Skip to main content

Full text of "comptesrendusheb57acad"

See other formats


^r.^^  »'*«^y^ 


•iln'K 


WHITNEY  LIBRARY, 
HARVARD   UNIVERSITY. 


THE  GIFT  OF 
J.    D.    WIIITNKY, 

Sluiffis  Hooper  Praf<$ior 


MÏÏSEUM  OF  COMPAEATIVE  ZOÔLOGY 


^ 


./^:^Ui^?'î 


\m 


r^F 


s(i^pfc<voW'^vV^o\- 


ria^T^"^'' 


MQ 


m  -«M 


i^i^} 


'j:'nhM 


\ 


COMPTES  RENDUS 


liEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


PABIS.   —    IMPRIMERIE   1)R   MALLEI -BACDRUEn,   RUE   UE  SF.INE-SAINT-GERMAIN,    10,    PRÈS   l'iNSTITUT. 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES   SÉANCES 

DE  L  ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


CONFORMEMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 

L'ii     Dixfe     3u    <3    'OmMet    i835 , 

PAR    MM.    LES    SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS 


TOME  CINQUANTE-SEPTIE»IE. 

JUILLET  —  DÉCEMBRE  1863. 


PARIS 


*) 


MALLET- BACHELIER,    IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES    COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    l'acADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Quai  des  Augustins,  n"  55. 
■^^863 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  6  JUILLET  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.   —  Note  sur  les  fondions  des  vaisseaux  des  plantes; 

parM.  Ad.  Brongniart. 

«  En  présentant  clans  deux  des  séances  précédentes  des  observations  de 
M.  Arthur  Gris  sur  la  structure  des  vaisseaux  et  sur  leurs  fonctions,  j'ai  pris, 
au  moins  en  partie,  la  responsabilité  des  faits  qui  y  sont  avancés  et  que 
j'avais  vérifiés  avec  soin  avant  de  les  faire  connaître  à  l'Académie. 

»  Des  objections  ont  été  élevées  contre  les  conséquences  de  ces  observa- 
tions, et  je  demande  la  permission  d'y  répondre  en  quelques  mots,  parce 
qu'ils  touchent  à  une  question  très-importante  pour  la  physiologie,  et 
qu'avant  qu'elles  soient  discutées  à  fond  par  M.  Gris  lui-même  dans  le  Mé- 
moire qu'il  prépare  sur  ce  sujet,  il  me  paraît  utile  de  ne  pas  laisser  s'accré- 
diter certaines  opinions  que  je  crois  inexactes. 

»  Je  n'insisterai  pas  sur  les  expériences  de  M.  Dalimier,  car  elles  établi- 
raient seulement  que  pour  divers  arbres  et  à  certaines  époques  de  l'année, 
une  partie  au  moins  des  vaisseaux  du  bois  seraient  occupés  par  de  l'air.  Les 
expériences  de  M.  Gris  établissent  au  contraire  que,  sur  plusieurs  arbres  et 
pendant  une  période  déjà  assez  étendue,  la  plupart  des  vaisseaux  du  bois, 
peut-être  tous,  renferment  une  sève  sucrée.  Ces  deux  faits  ne  sont  pas  en 
contradiction  d'une  manière  aussi  positive  qu'on  pourrait  le  croire,  et  peu- 
vent être  également  vrais  ;  mais  il  s'agira  d'établir  lequel  est  le  plus  général, 
le  plus  persistant,  si  l'état  de  plénitude  ou  de  vacuité  des  vaisseaux  ne  varie 
pas  d'après   la  structure  propre  des  divers  arbres,  l'époque   de   l'année, 


f  6  ) 
pciit-étie   même  de  la  journée,  la  nature  de  la  sève,  et  suivant  le  calibre 
divers  des  vaisseaux  contenus  dans  le  bois. 

»  Quant  à  l'objection  présentée  par  M.  Lecoq  dans  une  des  dernières 
séances,  elle  n'a  aucun  rapport  avec  les  faits  observés  par  M.  Gris  ni  avec 
lesfonctions  des  vaisseaux  ;  en  effet,  tous  les  botanistes  savent  que  les  plantes 
aquatiques  citées  par  M.  Lecoq  n'ont  pour  ainsi  dire  pas  de  vaisseaux,  à 
peine  une  ou  deux  trachées  d'une  extrême  ténuité  dans  l'axe  de  leur  tige  ou 
de  leurs  nervures  principales.  Des  recherches  anatomiques  déjà  anciennes 
et  celles  plus  récentes  de  M.  Chatin,  de  M.  Gaspary  et  d'autres  botanistes 
l'ont  bien  établi.  Or  ou  ne  saurait  admettre  que  ce  sont  ces  vaisseaux  diffi- 
oilement.visibles  avec  de  forts  grossissements  du  microscope  que  M.  Lecoq  a 
vus  à  l'œil  nu  et  dont  il  a  vu  s'échapper  de  nombreuses  bulles  d'air  lors- 
qu'il piquait  les  nervures  ou  les  liges  des  Potamoqeton  et  d'autres  plantes 
aquatiques.  Les  bulles  d'air  dont  le  dégagement  a  été  observé  par  ce  savant, 
et  qu'il  considère  comme  s'échappant  du  tissu  vasculaire  et  constituant 
<lans  les  vaisseaux  une  véritable  circulation  d'air,  provenaient  évidemment 
des  nombreuses  et  larges  lacunes  dont  sont  pourvues  toutes  les  plantes 
aquatiques  et  celles-ci  en  particulier,  lacimes  qu'on  sait  très-bien  être  rem- 
plies d'air,  au  moins  pour  la  plupart,  mais  dont  les  fonctions  n'ont  aucun 
rapport  avec  celles  des  vaisseaux  du  bois,  et  par  conséquent  avec  la  question 
traitée  par  M.  Arthur  Gris. 

»  Je  dois  ajouter  que  dans  la  Notice  adressée  en  iSS^  à  l'Académie  par 
M.  Lecoq  sur  le  même  sujet  et  rappelée  dans  la  Note  plus  récente  du  même 
auteur,  il  n'était  pas  question  des  vaisseaux,  mais  des  grands  tubes  des  tiges 
des  Potnmogelon  et  des  Myrioj)hyUum,  expression  qui  pouvait  s'appliquer 
aux  longues  lacunes  de  ces  plantes,  et  qui  paraissait  tout  à  fait  étrangère 
.lux  vrais  vaisseaux,  dont  la  structure  est  si  différente.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  De  la  variabilité  dans  l'espèce  du  Poirier;  résultai 
d'expériences  faites  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  i853  à  1862  inclu- 
sivement; par  M.  Decaisne. 

«  Le  nombre  déjà  presque  illimité  et  toujours  croissant  des  variétés  dans 
les  arbres  fruitiers,  les  légumes  et,  en  général,  tous  les  végétaux  économi- 
ques, est  un  i)hénomène  auquel  la  science  a  donné  jusqu'ici  trop  peu 
d'allention.  On  a  d'autant  plus  lieu  de  s'en  étonner,  qu'il  a  été  remarqué 
des  personnes  même  les  plus  étrangères  à  l'étude  des  plantes,  et  que,  de 
tout  temjjs,  il  a  été  l'objet  d'une  importante  considération  de  la  part  des 
cultivateurs. 


(  7  ) 
»   Les  écrivains  de  l'antiquité,  Théophraste,  Pline,  Cohimelle  et  quelques 
autres,  comme  ceux  qui  leur  ont  succédé  à  une  époque  beaucoup  plus 
rapprochée  de  nous,  les  frères  Bauhin,  Ch.  Estienne,  J.  Dalechauijjs,  etc., 
ont  signalé  un  assez  grand  nombre  de  ces  variétés,  surtout  dans  les  arbres 
fruitiers,  où  elles  étaient  le  plus  apparentes;  maison  en  chercherait  vaine- 
ment l'origine  dans  leurs  écrits,  et,  quoiqu'ils  laissent  vaguement  supposer 
qu'elles  sont  ou  peuvent  être  le  produit  de  la  culture,  aucun  d'eux  ne  dit 
]jositivement  que  telle  variété  nouvelle  est  née  de  telle  autre;  aucun  d'eux 
n'explique  pourquoi  elles  ont  été  se  multipliant  de  siècle  en  siècle.  Ces 
formes  nouvelles  seraient-elles  donc,  comme  on  Ta  prétendu  récemment, 
de  véritables  espèces,  restées  inaperçues  jusqu'au  jour  où  on  eut  l'idée  de 
les  assujettir  à  la  culture,  ou  bien  ne  seraient-elles  que  des  modifications 
d'espèces  anciennement  connues  et  douées  de  la  faculté  de  revêtir  des 
aspects  divers,  suivant  les  circonstances  de  lieux  et  de  climats?  On  s'étonnera 
peut-être  qu'une  telle  question  soit  posée  devant  l'Académie,  tant  il  semble 
naturel  de  croire  que  l'espèce  est  sujette  à  varier;  mais  on  remarquera 
bientôt  que  cette  question  n'est  point  de  celles  que  l'on  doive  laisser  sans 
examen  :  si  elle  a  de  l'importance  pour  la  pratique  agricole,  elle  n'en  a  pas 
moins  pour  la  science  elle-même. 

»  Deux  écoles,  je  dirais  volontiers  deux  hypothèses,  divisent  aujourd'hui 
les  botanistes.  La  plus  ancienne,  celle  que  je  pourrais  appeler  l'école  de 
Linné,  admet  la  variabilité  des  espèces,  dans  des  limites,  il  est  vrai,  qu'il 
n'est  pas  toujours  facile  de  préciser.  De  là  ces  espèces  larges,  polymorphes, 
quelquefois  vaguement  définies,  mais  en  général  faciles  à  caractériser  par 
une  courte  phrase  descriptive.  L'autre  école,  qui  est  surtout  de  notre 
temps,  et  qui,  je  crois,  pourrait  s'appeler  l'école  de  l'immuabilité,  nie  de  la 
manière  la  plus  formelle  la  variabilité  dans  le  règne  végétal.  Pour  elle,  les 
formes  spécifiques  ne  se  modifient  jamais  et  à  aucun  degré,  et  dès  que  deux 
plantes  congénères  présentent  des  différences  saisissables,  si  faibles  qu'elles 
soient,  ces  deux  plantes  sont  deux  espèces  radicalement  distinctes  dès  l'ori- 
gine des  choses.  Avec  cette  manière  de  voir,  qui  a  trouvé  dans  M.  Jordan, 
de  Lyon,  un  défenseur  très-éloquent  et  très-convaincu,  toutes  les  races  et 
toutes  les  variétés  admises  par  l'autre  école  deviennent  autant  d'espèces; 
aussi  les  flores  locales  se  sont-elles  prodigieusement  amplifiées  lorsqu'elles 
ont  eu  pour  auteurs  des  hommes  imbus  de  ces  idées. 

»  Que  les  botanistes  linnéens  aient  fait  des  espèces  trop  larges  en  léunis- 
sant  sous  une  même  dénomination  spécifique  des  formes  réellement  dis- 
tinctes, c'est  ce  que  je  suis  loin  de  contester;  mais  ce  sont  là  des  fautes  de 


(8) 
d('-lail,  inévitables  dans  un  premier  recensement  de  flore  générale  du  globe, 
inconvénients  que  l'expérience  corrige  tous  les  jours.  On  aurait  tort,  à  mon 
sens,  d'v  cliorcher  la  condamnation  du  principe  n)ème  qui  les  a  dirigés,  la 
variabilité  des  types  spécifiques.  Il  l'aut  reconnaître  cependant  que  leurs 
adversaires  sont'en  droit  d'exiger  la  preuve  de  cette  variabilité,  presque 
toujours  plus  hypothétique  que  démontrée.  C'est  là,  en  effet,  qu'est  le 
nœud  de  la  question,  car  s'il  vient  à  être  établi  que  ce  que  nous  avons  con- 
sidéré jusqu'ici  comme  de  simples  altérations  d'un  type  plus  général  est 
réellement  inuuuable,  que  nos  variétés  prétendues  sont  des  espèces,  malgré 
leurs  affinités  apparentes,  il  faudra  donner  raison  à  ces  adversaires,  et 
admettre  dans  nos  catalogues  descriptifs  toutes  ces  menues  espèces,  quel 
qu'en  soit  le  nombre  et  quelque  embarrassante  que  devienne  une  nomen- 
clature trop  éiendue.  Mais  est-ce  bien  là  qu'est  le  progrès?  est-ce  là  surtout 
qu'est  la  vérité?  Beaucoup  de  bons  esprits  en  doutent;  non-seulement  ils 
craignent  de  voir  la  Botanique  descriptive  dégénérer  en  une  science  de 
mots,  mais  ils  se  demandent  encore  si,  après  tout,  l'immuabilité  des  formes 
est  mieux  prouvée  que  leur  variabilité.  Une  seule  voie  est  ouverte  pour 
trancher  le  différend;  il  ne  s'agit  plus  de  discuter,  mais  d'observer  et  d'ap- 
porter des  faits,  et  c'est  dans  ce  but  que  j'ai  entrepris  l'expérience  dont  j'ai 
à  entretenir  l'Académie. 

»  Aux  yeux  de  M.  Jordan  (i),  toutes  nos  races  et  toutes  nos  variétés 
d'arbres  fruitiers,  de  Poiriers  entre  autres,  sont  des  espèces  distinctes  inva- 
riables, se  conservant  toujours  semblables  à  elles-mêmes  dans  toutes  les 
générations  possibles,  d'où  il  suit  que  ces  arbres  ne  proviennent  pas, 
comme  on  le  croit  communément,  d'un  seul  ou  même  d'un  petit  nombre 
de  tvpes  spécifiques  que  la  culture  a  fait  varier,  mais  d'autant  de  types  pre- 
miers qu'il  y  a  de  variétés  discernables  (2).  Ainsi,  pour  ne  nous  attacher 
qu'au  Poirier,  où  les  pépiniéristes  comptent  déjà  plus  de  5oo  variétés,  il 
faudrait  admettre  au  moins  5oo  espèces  primitives  ;  et  comme  elles  n'existent 
mille  part  à  i'état  sauvage,  la  logique  entrauie  M.  Jordan  à  conclure  que 
leur  domestication  remonte  à  l'époque  antédiluvienne  de  l'humanité,  et  que 
nous  ne  les  possédons  aujourd'hui  que  parce  qu'elles  ont  été  conservées 
dans  l'Arche  qui  a  sauvé  Noé  et  sa  famille  (3).  A  la  rigueur,  le  fait  se  conçoit 


(i)  Alexis  JoEDAN,  De  l'origine  de  diuerscs  variétés  ou  espèces  d'arbres  fruitiers  et  autres 
végétaux  généralement  cultivés  pour  les  besoins  de  l'homme,  i853.  Paris,  Baillière  ;  p.  3o,  etc. 
{•}.)  Ibid.,  p.  39.,  etc. 
(3)   Ibid.,  p.  89,  Cit. 


(  9) 
comme  possible;  mais  que  de  suppositions  à  entasser  les  unes  sur  les  autres 
pour  les  rendre  vraisemblables!  N'est-il  pas  plus  simple  d'expliquer  cette 
multitude  toujours  croissante  de  variétés  congénères  par  le  principe  de  la 
variabilité  des  espèces,  si  cette  variabilité  peut  être  démontrée?  Or,  je  crois 
qu'elle  l'est;  l'Académie  connaît  déjà  les  étonnantes  transformations  qui 
ont  été  observées  récemment  au  Aluséuni  dans  le  groupe  des  Courges  et 
des  Melons,  où  les  variétés  aussi  se  comptent  par  centaines  ;  les  faits  que 
j'ai  à  signaler  dans  le  Poirier  sont  de  même  ordre  et  conduisent  à  des  con- 
clusions toutes  semblables,  qui  sont  d'une  part  l'apparition  contemporaine 
de  races  nouvelles,  leur  instabilité  par  les  croisements,  et  en  définitive  l'unité 
spécifique  de  toutes  les  races  et  variétés  de  Poiriers  cultivés. 

Il  En  1 853,  j'ai  fait  un  nombreux  semis  de  pépins  de  poires,  choisies 
l'année  précédente  dans  quatre  variétés  acceptées  pour  bien  distinctes  par 
tous  les  arboriculteurs,  savoir  :  notre  ancienne  poire  d'Angleterre,  connue  de 
tout  le  monde;  la  poire  Bosc,  dont  la  forme  est  celle  d'une  calebasse  allon- 
gée et  la  peau  uniformément  de  couleur  cannelle;  la  poire  Belle-Alliance, 
de  forme  ramassée  et  colorée  de  jaune  et  de  rouge,  et  la  poire  Sauger,  variété 
sauvage  ou  à  peu  près  sauvage,  et  qu'on  a  nommée  ainsi  parce  que  les 
feuilles  de  l'arbre  rappellent,  par  leur  villosité  blanchâtre,  celle  de  la  Sauge 
commune.  Pour  faire  ce  dernier  semis,  j'ai  employé  toute  la  récolte  d'un 
arbre  qui  croît  isolément  sur  la  route  de  Marcoussis  au  Gué.  Les  pépins  de 
ces  poires  ont  levé  dans  l'année  même  du  semis,  à  l'exception  de  ceux  de  la 
poire  d'Angleterre,  qui  ne  l'ont  fait  que  l'année  suivante,  et  cela  dans  deux 
semis  différents  (i853  et  i854),  sans  que  je  puisse  en  déterminer  la  cause. 
Un  très-petit  nombre  seulement  de  ces  arbres  a  commencé  à  fructifier,  et  je 
le  regrette,  parce  que  les  résultats  qu'ils  m'auraient  fournis,  si  tous  avaient 
donné  fruit,  auraient  été  bien  plus  variés,  et,  par  cela  même,  plus  concluants 
que  ceux  que  j'ai  à  soumettre  aujourd'hui  à  l'Académie.  On  saisira  cepen- 
dant du  premier  coup  d'oeil,  à  l'inspection  des  figures  coloriées,  combien 
les  fruits,  dans  chacune  de  ces  catégories,  sont  déjà  modifiés  dès  la  première 


génération. 


»  Ainsi,  dans  la  variété  du  poirier  Sauger,  quatre  arbres  qui  ont  fructifié 
ont  donné  quatre  formes  de  fruits  différentes  :  l'une  ovoïde,  toute  verte; 
une  seconde  ramassée  et  presque  maliforme,  colorée  de  rouge  et  de  vert; 
une  troisième  plus  déprimée  encore;  enfin  une  quatrième,  régulièrement 
pyriforme,  du  double  plus  grosse  que  les  précédentes  et  uniformément 
jaune.  De  la  poire  Belle-Alliance  sont  sorties  neuf  variétés  nouvelles  dont 

C.    R.,  i863,   ii'f  Semestre.    T.  LVIi,  N»  1.)  ^ 


(  lo) 
;iuciJne  ne  reproduit  la  variété  mère,  soit  par  la  forme,  soit  par  la  grosseur, 
soit  par  le  coloris,  soit  enfin  par  l'é|)oqiie  de  maliirité;  il  y  en  a  deux  surtout 
(lue  je  ferai  remarquer,  l'une  pour  son  volume  plus  que  double  de  celui  de 
la  poire  Helle-Alliauce,  l'autre  pour  sa  forme  ramassée,  qui  rappelle  les 
poires  maliformes  ou  bergamotes.  La  poire  Bosc  a  produit  de  même  trois 
nouveaux  fruits  différant  du  type,  l'un  des  trois  se  trouvant  même  si  sem- 
blable à  l'un  des  fruils  obtenus  du  poirier  Sauger,  qu'on  aurait  peine  à  l'en 
distinguer.  Les  varialions  ne  sont  pas  moins  grandes  dans  le  semis  de  la 
poire  dAuglelerrc,  où  six  arbres  fructifiants  nous  donnent  six  formes  nou- 
velles', tout  aussi  différentes  les  unes  des  autres  et  de  la  forme  mère,  que  le 
sont  entre  elles  la  plupart  de  nos  anciennes  variétés  :  l'un  des  sujets  m'a 
n)éme  fourni  des  fruils  d'hiver,  sendîlables  à  la  poire  de  Saint-Germain. 

»  Ce  n'est  pas  seulement  par  les  fruits  que  les  arbres  issus  d'une  même 
variété  ont  différé;  c'est  aussi  par  leur  différence  de  précocité,  par  le  port 
et  par  la  forme  des  feuilles.  Ces  différences  sont  frappantes  pour  qui  observe 
ces  arbres  rapprochés  dans  les  mêmes  planches  du  jardin.  Autant  d'arbres, 
autant  d'aspects  différents  :  les  uns  sont  épineux,  les  autres  sont  sans  épines; 
ceux-ci  oui  le  bois  grêle,  ceux-là  l'ont  gros  et  trapu  ;  sur  quelques  sujets  du 
poirier  d'Angleterre,  la  v;uialion  est  allée  jusqu'à  produire,  la  première  année 
du  semis,  des  feuilles  lobées,  semblables  à  celles  de  l'Aubépine  ou  du  Ppus 
j  ijionidi.  Rien  n'aurait  donc  été  plus  facile  que  de  faire  de  ces  jeunes  arbres 
presque  autant  d'espèces  nouvelles,  pour  peu  qu'on  eût  partagé  les  idées 
de  l'école  moderne  et  qu'on  n'eût  pas  su  d'où  ils  provenaient. 

»  Il  n'est  pas  possible  de  douter  que  la  culture  ne  soit  une  grande  cause 
de  variations  potn-  les  plantes,  et  cela  pour  la  complexité  des  éléments 
cpi'ellc  met  en  œuvre.  Dans  nos  jardins,  elles  subissent  des  transformations 
rapides,  ooniparativemeut  a  ce  qui  se  passe  dans  la  nature;  c'est  ainsi,  par 
exemple,  que  le  Coquelicot,  leBluet  et  le  Pied-d'Alouette  restent  toujours 
tres-u  ni  formes  à  l'état  sauvage,  tandis  que  dans  nos  parterres  ils  se  modifient 
de  la  manière  la  plus  remarquable.  Les  fleurs  du  Coquelicot  passent  du  rouge 
vif  au  blanc  pur,  ou  même  au  noir,  par  l'extension  de  la  macule  de  couleur 
foncée  qui  est  à  la  base  de  chaque  pétale;  d'autres  fois  elles  se  panachent 
de  deux  couleurs,  ou  enfin  elles  deviennent  très-doubles  de  simples  qu'elles 
étaient  à  l'état  normal.  La  fieur  du  Bluet  et  celle  du  Pied-d'Alouette,  si  uni- 
formément bleues  dans  les  champs,  changent  |)resque  toujours  leur  coloris 
après  quel(pies  années  de  culture;  elles  deviennent  blanches,  roses,  violacées 
ou  loiu  a  fait  violettes;  il  est  rare  qu'elles  conservent  leur  teinte  primitive. 
Je  ferai  remarquer  qu'on  ne  saurait  attribuer  ces  variations  à  un  croisement 


(  •■  ) 

avec  d'autres  espèces,  puisque  les  fleurs  ici  sont  fécondées  par  leur  propre 
pollen  bien  avant  répanouissement  des  corolles,  que  ces  variations  finissent 
par  devenir  héréditaires,  comme  le  sont  de  vrais  caractères  spécifiques. 
L'hérédité  des  formes  n'est  donc  pas  le  privilège  exclusif  de  l'espèce;  elle 
appartient  aussi  à  des  variétés  ou  à  des  races  dont  l'origine  est  bien  connue, 
et,  par  conséquent,  ce  n'est  pas  un  critériiun  indiscutable  pour  décider  que 
telle  forme  voisine  d'une  autre,  trouvée  à  l'état  sauvage  et  reconnue  hérédi- 
taire, est,  à  cause  de  cela,  une  espèce  différente  de  cette  dernière. 

»  La  théorie  de  Van  Mons  est  très-souvent  en  défaut  :  en  voici  un  exemple 
pris  entre  cent  autres  et  qui  trouve  naturellement  sa  place  ici.  D'après  ce 
pomologiste,  on  peut  préjuger  la  qualité  des  fruits  d'un  jeune  arbre  de  semis 
à  l'inspection  de  son  bois.  Ce  bois  resseitible-i-il  à  celui  de  bonnes  variétés 
connues,  les  fruits  qui  en  sortiront  seront  de  bonne  qualité,  et  réciproque- 
ment. Les  poires  de  Chaumontel,  Crassane,  Archiduc-Charles,  de  Pente- 
côte, des  Urbanistes  sont  universellement  reconnues  pour  des  fruits  de  pre- 
mier ordre;  cependant  leiu's  arbres  diffèrent  étrarigement  les  uns  des  autres, 
ceux-ci  ayant  les  scions  longs  et  grêles,  ceux-l;i  les  ayant  gros  et  fermes,  etc. 
Ce  petit  groupe  d'arbres,  que  je  prends  au  hasard,  offre  presque  toutes  les 
variations  connues  dans  le  port,  l'aspect  et  le  bois  des  Poiriers.  C'est  au 
surplus  ce  que  prouvent  encore  mieux  les  expériences  citées  plus  haut,  expé- 
riences qui  nous  ont  fait  voir  dans  un  même  semis  des  arbres  inermes  et 
épineux,  droits  et  divariqués,  glabres  ou  velus,  etc.  Il  n'y  a  donc  rien  de 
vrai  dans  l'assertion  de  Van  Mons,  lorsqu'il  dit  que  l'aspect  du  bois  et  des 
feuilles  du  Passe-Colmar  s'est  reproduit  dans  la  poire  Frédéric  de  Wurtem- 
berg; que  le  Saint-Cermain  a  donné  de  sa  forme  à  l'Urbaniste;  que  la  poire 
de  Rance  ressemble  à  s'y  méprendre  au  Gracioli^  ainsi  que  le  Doyenné  à  la 
poire  de  Pentecôte. 

»  Tout  varie  dans  le  Poirier,  même  la  nature  de  la  sève.  Ori  en  a  la  preuve 
pour  cette  dernière  dans  les  succès  très-divers  de  la  greffe,  suivant  les  sujets 
adoptés.  Toutes  les  races  et  variétés  de  Poiriers  reprennent  de  greffe  sur  le 
Poirier,  c'est-à-dire  sur  franc,  mais  toutes  ne  reprennent  pas  sur  le  Coignas- 
sier,  par  exemple  les  Poiriers  de  Rance,  Clairgeau,  Bosc,  Duchesse  de 
Mars,  etc.  Lorsqu'on  veut  multiplier  ces  variétés,  et  qu'à  défaut  de  sauva- 
geons on  est  obligé  d'employer  le  Coignassier,  on  greffe  ce  dernier  avec  la 
Jaminette,  le  Sucré-V^ert,  la  Crassane,  la  poire  d'Abbeville,  espèces  très- 
vigoureuses  qui  s'acconmiodent  de  cette  sorte  de  sujet,  et,  lorsque  ces  gi-effes 
sont  reprises,  elles  reçoivent  à  leur  tour  celles  des  variétés  dont  la  sève  ne 

2.. 


(  1=^  ) 

sympathise  pas  avec  celle  du  Coignassier.  C'est  là  une  opératiou  connue  et 
pratiquée  de  tous  les  pépiniéristes. 

»  r.a  "randeur  relative  des  fleurs  et  l'aspect  du  feuillage  nous  offrent  des 
variationsnonmoinsfrappantes.  Certaines  variétés,  la  Catillac,  la  Saint-Gall, 
l'Épargne,  la  poire  de  Vallée,  etc.,  ont,  avec  des  pétales  largement  arrondis 
et  ondidés,  des  corolles  de  5  à  6  centimètres  de  large,  et  leurs  arbres,  dans 
la  végétation  printauière,  sont  aussi  blancs  et  aussi  cotonneux  que  le  Poi- 
rier Sauger.  D'autres,  tels  que  les  Poiriers  de  Héric,  Sylvange,  Fortunée,  etc., 
à  pétales  ovales  ou  lancéolés,  ont  les  fleurs  de  moitié  plus  petites,  leur  dia- 
mètre ne  dépassant  pas  3  centimètres.  Enfin  le  Muséum  possède  dans  ses 
collections  un  Poirier  qui  porte  par  erreur  le  nom  de  Chartreuse,  dont  les 
pétales  linéaires-lancéolés  sont  à  peine  larges  de  3  millimètres  sur  9  de 
longueur.  Ce  serait  donc  en  vain  qu'on  chercherait  des  caractères  spécifi- 
ques dans  les  proportions  de  la  fleur  et  des  organes  qui  la  constituent. 

»  Prétendra-t-on  trouver  ces  caractères  dans  la  grosseur  et  la  forme  du 
fruit?  Nous  avons  déjà  vu  ces  deux  éléments  varier  dans  les  semis  dont  il  a 
été  question  plus  haut,  et  cependant  mon  expérience  n'a  encore  porté  que 
sur  quatre  variétés,  dont  quelques  arbres  seulement  ont  fructifié.  Les  modi- 
fications eussent  été  bien  autrement  grandes  si  j'avais  pu  expérimenter  sur 
toutes  les  variétés  connues  de  Poiriers.  On  jugera  des  énormes  différences 
qui  existent,  sous  le  rapport  du  volume,  entre  certaines  d'entre  elles,  lors- 
que je  rappellerai  que  les  poires  sauvages,  que  les  botanistes  ont  nommées  un 
peu  prématurément  Pjru5  longipes  et  P.  nzarolifera,  ne  dépassent  pas  la  gros- 
seur d'un  pois,  tandis  que  nos  énormes  poires  d'Amour  et  de  Livre  égalent 
pour  la  taille  un  melon  de  moyenne  grosseur  ;  c'est  au  moins  12  à  iSoofois 
le  volume  des  premières.  Je  ferai  une  remarque  analogue  au  sujet  de  la  va- 
riété de  couleur  que  nous  offre  leur  chair  ;  on  en  voit  de  verdâtre,  de  jaune, 
de  saumonée  et  de  rouge. 

i>  Mais  peut-être,  dira-t-on,  ce  sont  là  précisément  des  caractères  qui  té- 
moignent de  la  difiérence  spécifique  de  ces  divers  Poiriers.  Assurément  je  ne 
demanderais  pas  mieux,  car  rien  ne  plait  tant  à  l'esprit  du  botaniste  classifi- 
cateur  que  ces  caractères  tranchés,  ces  hiatus  dans  la  série  des  formes  con- 
génères qui  tout  à  la  fois  facilitent  son  travail  et  fournissent  un  point  d'appui 
à  sa  nomenclature.  Il  est  satisfait  quand  ses  coupes  spécifiques  bien  délimi- 
tées lui  semblent  concorder  avec  la  nature,  qui  est  son  idéal.  Malheureuse- 
ment, il  n'en  est  point  ainsi  dans  le  groupe  des  Poiriers;  des  miscroscopi- 
ques  Prnis  nzarolifera  et  longipes,  on  passe  par  une  transition  insensible  à  la 
poireMille-au-Godel,  poire  cultivée  aux  environs  de  Saint-Brieuc,  qui  est  à 


(  i3  ) 
ijeine  plus  grosse  que  les  premières;  de  celle-ci  on  arrive  à  lapoiredeSept-en- 
Gueule,  ou  Petit  Muscat,  autre  variété  ou  plutôt  assemblage  de  sous-variétés 
où  les  fruits  oscillent  entre  le  volume  d'une  noisette  et  celui  d'une  noix.  Tout 
à  côté  se  présentent  une  multitude  de  races,  de  sous-races,  de  variétés  et  de 
variations  de  poires  sauvages,  de  toutes  les  formes  et  de  toutes  les  grosseurs, 
depuis  celles  de  la  poire  Mille-au-Godet,  jusqu'à  celle  de  nos  moyennes  poi- 
res cultivées,  et,  dans  ces  dernières,  on  arrive  des  plus  petites  aux  plus 
énormes  par  une  série  indéfinie  d'intermédiaires  où  se  montrent  en  même 
temps  tous  les  accidents  de  formes  et  de  coloris,  depuis  les  poires  Musette 
et  Cornemuse,  si  singulièrement  atténuées  (i),  jusqu'à  ces  poires  déprimées 
que  l'on  a  très-justement  comparées  à  des  pommes. 

»  Comment  saisir,  je  le  demande,  un  caractère  spécifique  dequehjue  va- 
leur dansun  ensembleoù  toutes  les  formes  les  plus  extrêmes  se  relient  par  des 
gradations  insensibles  et  en  nombre  illimité'' Ce  serait  vouloir  trouver  ce 
que  la  nature  n'a  pas  fait  et  la  forcer  d'entrer  dans  un  cadre  artificiel.  A 
quelque  hypothèse  qu'on  se  rattache,  relativement  à  la  nature  de  l'espèce,  il 
faut  bien  reconnaître  qu'elle  sç  présente  à  nous  sous  des  aspects  très-divers; 
tantôt  resserrée  entre  d'étroites  limites,  nettement  caractérisée  et  ne  variant 
pas  sensiblement,  mais  tantôt  aussi  prodigieusement  large,  polymorphe  et 
pour  ainsi  dire  divisible  à  l'infini.  A  ce  point  de  vue  les  Poiriers  ne  sont  pas 
une  exception  ;  beaucoup  d'autres  genres  de  plantes  offrent  le  même  luxe  de 
formes  secondaires  et  sont  poiu'  les  classificateurs  une  pareille  source  d'em- 
barras. 

»  Presque  tous  les  pomologistes,  j'entends  ceux  qui  sont  dignes  de  ce 
nom,  ont  essayé  de  classer  les  Poiriers;  tous  y  ont  échoué,  en  ce  sens 
([u'il  n'ont  jamais  pu,  à  cause  de  l'entremêlement  des  caractères,  faire  une 
classification  tant  soit  peu  naturelle  et  qui  embrassât  toutes  les  variétés  con- 
nues. J'ai  cru,  comme  mes  prédécesseurs,  au  début  de  mes  études,  pouvoir 
entreprendre  ce  travail  avec  quelque  chance  de  succès  ;  aujourd'hui  je  suis 
désabusé  de  cette  espérance,  et  je  ne  crains  pas  de  déclarer  que  toute  clas- 
sification sera  purement  artificielle.  Le  seul  principe  qu'on  puisse  adop- 
ter ici  avec  utilité  sera,  je  crois,  l'époque  de  maturité  des  fruits,  parce  que 


(  i)  Ces  modifications  de  la  forme  du  fruit  dans  le  Poirier  rappellent  de  la  manière  la  plus 
frappante  celles  qu'on  observe  dans  les  Courges  comestililes,  le  Melon  et  les  Gourdes,  où  on 
voit  de  même  des  fruits  s'allonger,  devenir  même  tout  à  fait  serpentiformes,  et  d'autres  qui 
au  contraire  se  raccourcissent  et  vont  jusqu'à  s'aplatir  dans  le  sens  antéro-postérieur.  — 
Conf.  Natidin,  Annales  des  Sciences  naturelles,  t.  VI,  i856. 


(  -4  ) 
.111  point  (le  vue  des  usages  économiques  celle  considération  domine  toutes 
les  autres,  et,  dans  ce  cas  encore,  il  conviendra  d'assigner  à  ces  époques  de 
maturité  d'assez  larges  limites. 

„  Ni  la  forme  des  fruits,  ni  leur  volume,  ni  leur  coloris,  m  leur  saveur, 
pas  plus  que  le  port  et  les  faciès  des  arbres,  la  couleur  du  bois,  la  grandeur 
du  feuillage  et  des  fleurs,  etc.,  ne  peuvent  fournir  des  ba;-es  à  une  classifica- 
tion, parce  que  tous  ces  caractères  sont  purement  individuels,  qu'ils  ne  se 
transmettent  pas  fidèlement  par  la  voie  de  génération  et  qu'il  n'est  même 
pas  sans  exemple  qu'ils  s'altèrent  sur  un  seul  et  même  individu,  par  le  fait 
de  circonslances  locales  qu'on  ne  peut  pas  toujours  expliquer. 

»   Les  partisans  de  la  pluralité  d'espèces  dans  le  groupe  d'arbres  qui  nous 
occupe  pourront  m'objecter  que  si  dans  cette  multitude  de  formes  inter- 
médiaires nous  sommes  désormais  incapables  de  reconnaître  des  types  spé- 
cifiques distincts,  cela  tient  à  ce  que  ces  espèces  premières  se  sont  croisées 
des  milliers  de  fois  les  unes  avec  les  autres,  que  leurs  hybrides,  doués  de 
fertilité,  ont  augmenté  dans  une  énorme  proportion  le  nombre  des  croise- 
ments, et  que  de  là  sont  sorties  ces  formes  innombrables  qui  font  le  déses- 
poir des  classificateurs.  Je  suis  loin   de  nier  ici   les  croisements   et   leur 
influence,  je  dis  même  que  rien  ne  me  paraît  plus  vraisemblable  ;  il  n'est  du 
moins  guère  possible  d'en  douter  lorsqu'on  voit  ce  qui  se  passe  dans  un 
verger  de  Poiriers  en  fleurs,  où  les  abeilles,  attirées  d'une  lieue  à  la  ronde, 
butinent  du  matin  au  soir,  brouillant  les  pollens  de  toutes  les  variétés  et 
les  disséminant  sur  les  stigmates  auxquels  la  nature  ne  les  destinait  pas. 
Mais  on  remarquera  que  ces  fécondations,  supposées  contre  nature,  sont 
toujours  fructueuses,  que  toutes  les  fleurs  qui  reçoivent  du  pollen  d'un  Poirier 
quelconque  nouent  leur  ovaire,  et  que  les  fruits  développés  contiennent 
toujours  des  graines  fertiles  (i).  Eh  bien,  je  le  demande,  cette  fécondité  con- 
stante, après  tous  les  croisements  possibles,  en  fera-t-on  une  preuve  de  la 
iliversité  d'espèce  des  types  primitifs?  C'est  précisément  le  contraire  qui  se 
présente  à  l'esprit,  et  quand  on  a  vu  le  même  fait  se  produire  siu-  d'autres 
espèces  à  la  fois  bien  caractérisées  et  tout  aussi  polymorphes  que  le  Poirier, 


{ i)  Je  ne  connais  d'exception  apparente  à  cette  fertilité  que  les  Poires  sans  pépins  et  Comte 
de  Flandre  dont  les  fruits  sont  sans  pépins  ;  mais  cela  ne  prouve  nullement  l'inefficacité  du 
pollen,  qui  d'ailleurs  pourrait  tout  aussi  bien  être  celui  de  l'arbre  lui-même  que  celui  d'un 
arbre  d'une  autre  variété.  En  effet,  j'ai  reconnu  (|ue  celte  absence  de  pépins  dépend,  pour 
la  première  de  ces  variétés,  de  l'avortement  plus  ou  moins  complet  des  ovaires,  et  pour  la 
seconde  du  ilffaiit  absolu  d'ovules. 


(  i5  ) 
par  exemple,  dans  le  Potiron  [Cucurbita  maxima),  la  Citrouille  commune 
[C.  Pepo),  la  Courge  nnisquée  (C.  inoscliatn),  la  Gourde  {Lacjenaria  vulgaris) 
et  le  Melon  [Cucumis  Melo),  où  se  voient  de  même  les  plus  étranges  diversités 
de  formes,  de  grosseur,  de  couleur,  de  consistance  et  de  saveur  des  fruits, 
on  est  forcément  conduit  par  l'analogie  à  n'admettre  dans  le  Poirier  qu'i/of 
seule  espèce  nalurelle.  On  remarquera  d'ailleurs  que  dans  tous  ces  groupes 
spécifiques  si  polymorphes,  c'est  le  fruit  qui  varie  le  plus,  et  que  dans 
tous  ausbi  ce  fruit  est  infère,  c'est-à-dire  constitué  par  un  réceptacle  dans 
lequel  les  ovaires  sont  immergés.  L'adhérence  de  l'ovaire  serait  donc  l'état 
organographique  qui  se  prêterait  le  mieux  à  la  voriahilité  du  fruit.  Ce  que 
nous  savons  des  Ombellifères,  des  Cupuliferes  et  des  genres  Néfliers  et  Ro- 
siers, chez  lesquels  le  fruit  est  pareillement  infère,  n'affaiblit  certainement 
pas  cette  manière  de  voir. 

))  La  greffe,  comme  quelques-uns  le  soutiennent,  modifie-t-elle  les  carac- 
tères des  variétés?  Pour  mon  compte,  je  ne  le  crois  pas;  je  n'ai  du  moins 
rien  observé  qui  confirmât  cette  opinion.  Duh.'unel,  par  exemple,  faisait 
remarquer  il  y  a  un  siècle  que  la  poire  Impériale  à  feuilles  de  chêne  (encore 
une  variation  curieuse  de  feuillage  que  j'aurais  pu  signaler  plus  haut) 
n'avait  jamais  que  trois  loges  à  l'ovaire  au  lieu  de  cinq.  Aujourd'hui  encore 
c'est  ce  qu'on  peut  constater;  tous  les  fruits  de  cette  variété  n'ont  toujours 
que  trois  loges;  cependant  elle  n'a  été  propagée  que  par  la  greffe  depuis  le 
temps  de  Duhamel.  Bien  d'autres  faits  du  même  genre  pourraient  être 
signalés  à  l'appui  de  l'inefficacité  de  la  greffe,  relativement  aux  caractères 
des  variétés,  ceux  par  exemple  que  fournit  la  saveur  des  fruits  si  remarqua- 
blement différente  d'une  variété  à  une  autre. 

»  C'est  donc  une  erreur  contre  laquelle  il  est  bon  de  protester  que  de 
croire  à  la  dégénérescence  de  nos  races  d'arbres  fruitiers,  par  suite  de  l'em- 
ploi constant  de  la  greffe  dans  leur  propagation.  On  ne  citerait  pas  un  seul 
fait  authentique  qui  le  démontrât;  ceux  qu'on  a  allégués  dépendaient  de 
causes  toutes  différentes,  parmi  lesquelles  il  faut  mettre  en  première  ligne 
des  climats  ou  des  sols  incompatibles  avec  les  exigences  particulières  des 
variétés,  et  très-souvent  aussi  une  culture  mal  entendue  ou  les  abus  de  la 
taille  si  fréquents  aujourd'hui,  et  qu'on  f;iit  volontiers  passer  pour  des  per- 
fectioiniements.  Nos  anciennes  poires,  si  justement  estimées  il  y  a  un  siècle 
ou  deux,  sont  encore  telles  aujourd'hui  que  lorsqu'elles  étaient  le  plus  en 
honneur;  elles  mûrissent  aux  mêmes  époques  et  se  conservent  tout  aussi 
longtemps.  Il  suffit,  en  effet,  de  citer  nos  poires  d'Épargne,  la  Crassane,  le 
Saint-Germain,  le  Doyenné,  le  Chaumontel,  le  Bon-Chrétien  d'hiver  et  les 


Bergamotes  de  Pentecôte,  désignées  aujourd'hui  par  le  nom  de  Doyenné 
d'hiver,  pour  se  convaincre  que  nos  variétés  anciennes  n'ont  rien  perdu  de 
leurs  bonnes  qualités.  Si  on  les  néglige,  ce  n'est  pas  qu'elles  aient  dégénéré, 
c'est  seulement  parce  que  les  pépinéristes  sont  intéressés  à  donner  la  vogue 
à  leurs  nouveautés.  Cette  dégénérescence  des  anciennes  races,  acceptée  sans 
contrôle,  n'est  en  réalité  rien  autre  chose  qu'une  de  ces  habiletés  indus- 
trielles si  facilement  excusées  au  temps  où  nous  vivons. 

>i  Serait-il  plus  vrai,  comme  l'a  prétendu  Van  Mons  el  comme  le  croient 
encore  beaucoup  de  pomiculteurs,  que  les  pépins  des  bons  fruits  produisent 
des  sauvageons  à  fruits  acerbes,  retournant  par  là  à  ce  qu'on  suppose  les 
types  spécifiques?  Je  n'hésite  pas  à  affirmer  le  contraire,  et  je  défie  qu'on 
cite  lui  seul  exemple  d'un  fruit  de  qualité  ayant  été  fécondé  par  le  pollen 
de  sa  propre  fleur  ou  des  autres  fleurs  de  même  race,  dont  les  pépins  aient 
donné  naissance  à  un  sauvageon.  Qu'une  variété  méritante  soit  fécondée 
par  une  variété  sauvage  ou  à  fruits  acerbes,  il  naîtra  certainement  du  semis 
de  ses  pépins  des  variétés  nouvelles  qui  lui  seront  pour  la  plupart,  sinon 
toutes,  inférieures  en  qualité;  il  pourra  même  s'en  trouver  dans  le  nombre 
dont  les  fruits  seront  tout  aussi  mauvais  que  ceux  de  la  variété  sauvage  qui 
a  fourni  le  pollen,  mais  cette  dégénérescence,  si  on  veut  lui  donner  ce  nom, 
n'est  rien  autre  chose  que  la  conséquence  d'un  métissage  mal  assorti.  On 
peut  tenir  |)our  certain  que  toute  variété  distinguée  de  Poirier,  et  je  dirais 
même  de  tous  nos  arbres  à  fruits,  si  elle  n'est  fécondée  que  par  elle-même, 
donnera  naissance  à  de  bons  fruits;  ils  pourront  différer  et  différeront  même 
probablement,  tantôt  par  un  caractère,  tantôt  par  un  autre,  de  la  variété 
même,  mais  aucun  ne  prendra  les  caractères  du  sauvageon,  pas  plus  que 
nos  Melons-Cantaloups  ne   reprennent  par  le  semis  les  formes,  la  taille 
et  la  saveur  des  petits  Melons  sauvages  de  l'Inde,  ou  que  nos  Choux-Cabus 
ou  nos  Choux-Fleurs  ne  retournent  à  quelqu'une  de  ces  espèces  sauvages  si 
différentes  de  port  (pii  croissent  sur  les  falaises  de  l'Océan  ou  de  la  Médi- 
terranée. 

>.  Quoi  qu'en  disent  donc  les  partisans  de  l'immuabilité,  les  espèces,  dans 
le  règne  végétal,  sont  douées  d'une  grande  flexibilité,  et  ce  n'est  pas  une 
vaine  hypothèse  que  celle  qui  rattache  à  un  même  type  spécifique  des  races 
el  des  variétés  quelquefois  très-différentes  d'aspect,  mais  ayant  la  même 
organisation  morphologique,  et  capables  de  s'allier  les  unes  aux  autres  par 
croisement  comme  les  membres  d  une  même  famille.  Je  sais  bien  qu'il  y 
lura  toujours  des  cas  douteux,  même  après  l'épreuve  du  croisement  fertile 
dans  toute  la  série  des  générations  possibles,  mais  ce  n'est  pas  une  raison 


(  >7  ) 
pour  séparer,  comme  aulant  d'entités  primordialcment  distinctes,  ce  que 
tant  de  faits  d'observation  et  tant  d'analogies  nous  montrent  comme  pou- 
vant procéder  par  voie  d'évolution  d'un  seul  et  premier  type  spécifique. 
Transportons  l'une  quelconque  de  nos  races  de  Poiriers  dans  tontes  les 
régions  du  globe;  partout  où  elle  pourra  vivre,  elle  tendra  à  se  mettre  en 
harmonie  avec  les  milieux,  et  on  peut  être  assuré  qu'au  bout  de  quelques 
générations  elle  aura  donné  naissance  à  de  nouvelles  et  nombreuses  va- 
riétés. Ce  fait,  qui  s'est  réalisé  sous  les  yeux  de  l'homme,  pour  toutes  les 
plantes  économiques  très-répandues  dans  le  monde,  donne  la  clef  de  ces 
espèces  polymorphes,  si  embai-rassantes  pour  les  botanistes  classificateurs, 
et  qui  ne  sont  devenues  telles  que  parce  que  la  nature  les  a  elle-même  dissé- 
minées sur  d'immenses  étendues  de  pays.  » 

ANATOMiiî  véGétaIjE.   —  Nole  siir  les  vaisseaux  propres,   les  vaisseaux   du 
latex,  etc.;  par  M.  Thém.  Lestiboudois.  (Troisième  Mémoire.) 

I 

«  Nous  avons  montré,  dans  nos  précédentes  communications,  que  les 
sucs  colorés  des  végétaux  sont  contenus  dans  des  réservoirs  de  structure 
extrêmement  variée:  ce  sont  tantôt  des  vaisseaux  anastomosés  en  réseau, 
tantôt  des  tubes  droits  et  rigides,  des  utricules  en  séries  ou  en  amas  irrégu- 
liers, des  méats,  des  lacunes  vasiformes  ou  irrégulières.  Ils  n'ont  donc  pas  le 
caractère  d'un  système  vasculaire;  même  lorsqu'Hs  ont  incontestablement 
la  forme  des  vaisseaux  à  leur  origine  et  dans  la  plus  grande  étendue  de  leur 
parcours,  ils  ne  se  distribuent  pas  à  la  manière  des  vaisseaux  dans  les 
organes  où  ils  se  terminent. 

»  Il  faut  ajouter  qu'ils  ne  se  rencontrent  pas  dans  la  généralité  des  plantes, 
ni  dans  toutes  les  parties  dune  même  plante.  Ainsi,  ils  cessent  d'exister 
dans  les  racines  de  V Asclepias  syriaca. 

»  Une  disposition  plus  remarquable  encore  peut  être  observée  dans  VJcer 
campestre.  Dans  cet  arbre  l'écorce  des  jeunes  tiges  et  des  jeunes  rameaux 
a  un  suc  laiteux  abondant,  contenu  dans  des  vaisseaux  larges,  flexueux, 
difficiles  à  apercevoir  parce  qu'ils  sont  entourés  d'utricules  pleins  de  grains 
un  peu  verdàtres  que  l'iode  ne  rend  pas  bleus  ;  mais  lorsqu'on  déchire  un 
fragment  d'écorce,  on  voit  entre  les  fibres  corticales  des  filets  extrême- 
ment ténus,  fort  extensibles,  qui  ne  sont  rien  autre  chose  que  le  liquide  lai- 
teux coagulé  en  une  substance  éminemment  élastique,  et  s'étirant  en  filets 
très-minces,  offrant  des  renflements  divers  et  représentant  parfaitement  les 
vaisseaux  dits  en  étal  de  contraction.  Dans  les  fragments  assez  transparents 

G.  R.,  i863,  ^rae  Scmeslrc.  (T.   LVII,  N»   1.)  J 


(  i8  ) 
on  voit  les  vaisseaux  eux-mêmes,  fort  différents  des  fibres,  et  dont  les  parois 
se  distinguent  peu  du  liquide  qu'elles  enferment.  Ils  ont  une  apparence  si 
parliculière,  qu'on  peut  douter  que  ce  soient  eux  qui  ont  été  vus  par  les 
auteurs  qui  ont  décrit  d'u.ie  manicM-e  si  peu  précise  les  Uuicifères  de  l'Acer 

fjlataiinidcs. 

»  L'existence  des  vaisseaux  propres  dans  les  jeunes  tiges  ne  peut  donc 
être  révoquée  en  doute  ;  mais  les  couches  récentes  des  écorces  qui  ont  plus 
de  trois  ou  quatre  ans  en  sont  privées,  et  les  racines  n'en  laissent  pas 
apercevoir,  de  sorte  que  dans  les  tiges  âgées  et  dans  les  racines  les  tissus 
nouveaux  qui  appartiennent  à  la  méine  formation  que  les  rameaux  les  plus 
récents  ne  laissent  voir  aucune  trace  de  suc  laiteux,  tandis  que  ce  suc  est 
abondant  dans  les  productions  de  l'année. 

u  Ce  suc  n'est  donc  pas  l'élément  essentiel  de  l'accroissement  des  végé- 
taux. 11  manque  parfois  dans  les  parties  les  plus  essentielles  des  plantes.  Il 
faut  ajouter  qu'on  le  trouve  dans  certaines  espèces  et  qu'il  disparaît  dans 
les  espèces  les  plus  voisines  :  ainsi  VJcer  plal^vidides  a  un  suc  parfaitement 
laiteux,  tandis  que  VJcer  pseiidojjlatonus,  qui  a  tant  de  rapport  avec  lui,  n'a 
que  des  sucs  parfaitement  limpides.  Même  observation  pourrait  être  faite 
pour  les  Ombclliferes.  Ainsi  les  sucs  colorés  ne  peuvent  être  considérés 
comme  l'agent  indispensable  de  la  vie  ;  ils  existent  ou  font  défaut  dans  les 
espèces  les  plus  rapprochées,  ils  manquent  dans  les  organes  les  plus  impor- 
tants, ils  sont  renfermés  dans  des  réservoirs  de  structure  tout  à  fait  diffé- 
rente. Sans  doute  il  est  des  vaisseaux  qui  paraissent  articulés,  parce  que  les 
rétrécissements  qu'ils  présentent  peuvent  aller  jusqu'à  constituer  des  cloi- 
sons, ou  parce  que,  lorsqu'on  les  observe,  ils  se  sont  rompus  en  pièces 
diverses  ;  mais  il  est  des  réservoirs  qui  sont  originairement  formés  d'utri- 
cules  unis  bout  à  bout.  Il  en  est  qui  sont  en  masses  irrégulières  :  on  ne  peut 
donc  les  considérer  comme  ayant  formé  primitivement  des  vaisseaux. 

»  Ce  fait  étant  hors  de  doute,  on  a  émis  l'opinion  qu'il  fallait  distinguer 
les  liquides  colorés,  renfermés  dans  les  vaisseaux,  de  ceux  qui  étaient  con- 
tenus dans  les  ulricules,  les  méats,  les  lacunes;  que  les  premiers  seuls  étaient 
le  suc  nutritif  et  qu'on  trouvait  leurs  analogues  dans  tous  les  végétaux.  Nous 
arrivons  donc  à  étudier  la  cinquième  et  la  sixième  question  que  nous  avons 
posées  :  nous  nous  demandons  d'abord  si  on  peut,  en  réalité,  faire  deux 
catégories  distinctes  des  sucs  colorés. 

>.  Ku  vérité,  on  ne  peut  trouver  aucun  caractère  qui  puisse  servir  à  éta- 
blir entre  eux  une  ligne  de  démarcation  ;  souvent  les  sucs  qui  sont  conte- 
nus dans  des  vaisseaux  diffèrent  plus  les  uns  des  autres  par  leur  composition 


(  '9) 
qu'ils  ne  diffèrent  de  ceux  qui  sont  dans  des  utricules.  Les  uns  contiennent 
des  matières  graisseuses,  les  autres  des  substances  toutes  différentes,  comnme 
le  caoutchouc;  les  uns  sont  doux  et  alimentaires,  les  autres  acres  et  véné- 
neux; les  uns  renferment  des  alcaloïdes  doués  de  propriétés  énergiques, 
d'autres  sont  privés  de  ces  principes  immédiats  de  composition  complexe. 
On  ne  trouve  pas  de  plus  forte  différence  entre  les  liqiiides  des  divers  réser- 
voirs. Si  donc  aucun  signe  ne  peut  faire  reconnaître  ni  les  uns  ni  les 
autres,  par  quelle  raison  déclarerait-on  les  uns  des  sucs  spéciaux,  sécrétés, 
excrémentitiels,  et  faire  des  autres  le  suc  vital,  le  fluide  alimentaire?  Cette 
distinction  est  véritablement  trop  arbitraire. 

»  Elle  peut  d'autant  moins  être  admise  que  dans  certaines  plantes,  comme 
leChélidonium,  que  nous  avons  cité,  les  sucs  colorés  de  la  tige  sont  dans  des 
vaisseaux,  tandis  que  ceux  de  la  racine  sont  renfermés  dans  des  utricules. 
Ces  sucs  conservent  toutes  leurs  propriétés,  quoique  les  organes  qui  les  con- 
tiennent aient  changé  de  forme.  Ils  affectent  les  nombreuses  configurations 
qui  sont  propres  aux  tissus  v.égétaux. 

»  Nous  avons  à  rechercher  maintenant  s'il  est  vrai  que  dans  l'universalilé 
des  végétaux  non  lactescents,  on  trouve  des  vaisseaux  constituant  un  réseau 
capillaire  tel  que  M.  Schullz  l'a  décrit  et  dessiné,  et  ne  différant  des  vais- 
seaux lactescents  que  parce  que  les  liquides  qu'ils  renferment  sont  limpides 
au  lieu  d'être  colorés.  Ici  nous  abordons  la  plus  importante  des  questions 
que  nous  avons  posées;  car  si  l'on  trouve  dans  tous  les  végétaux  un  ordre 
de  vaisseaux  semblables,  contenant  des  liquides  qui  ne  différent  que  par 
leur  limpidité  ou  leur  coloration,  on  devra  altrdiuer  à  ce  système  vasculaire 
des  fonctions  d'une  importance  générale,  et  considérer  les  uns  et  les  autres 
comme  les  canaux  parcourus  par  la  sève  descendante,  ou  le  suc  nourricier. 

»  Les  observations  nombreuses  que  nous  avons  faites  ne  nous  permet- 
tent pas  de  douter  que  dans  la  généralité  des  végétaux  non  lactescents  on 
trouve  des  tubes  pleins  d'un  liquide  élaboré  dans  lequel  on  observe  des 
granules  souvent  très-abondants,  d'unvolume  variable.  Je  lésai  rencontrés 
dans  presque  tous  les  végétaux  où  je  les  ai  cherchés;  par  exemple,  ou  peut 
en  constater  la  présence,  avec  une  extrême  facilité,  dans  les  Cucurbitacées, 
dont  les  tissus  transparents,  minces,  affectent  de  larges  dimensions.  Si  on 
enlève  une  tranche  verticale  d'un  faisceau  fibro-vasculaire  diiPepo,  après 
l'avoir  soumis  à  l'ébuliiîion,  on  voit  que  la  portion  corticale  de  ces  fais- 
ceaux est  presque  entièrement  formée  de  tubes  dans  lesquels  on  aperçoit  das 
granules  nageant  dans  un  liquide.    Ces  granules  sont  petits,  inég,".ux,  de 

forme  mal  déterminée,  quelquefois  un  peu  verdàtres. 

3.. 


(    20) 

»  Mais  ces  liquides  cliiTèiciU  essentiellement  des  liquides  colorés.  Ceux-ci 
contiennent  du  caoutchouc,  des  matières  graisseuses,  des  principes  dont 
les  propriétés  sont  souvent  d'une  énergie  singulière,  et  qui  ne  sont  nulle- 
ment en  rap|)ort  avec  les  organes  qu'ils  seraient  chargés  de  former;  ils 
ne  bleuissent  pas  sous  l'influence  de  l'iode.  Les  sucs  des  tubes  droits  sont 
d'une  composition  simple.  M.  Trécul  a  montré  {InstUtit,  n°  1/(87,  P-  ^iS) 
que  les  granules  des  fibres  corticales  deviennent  bleus,  lorsqu'ils  sont 
pénétrés  d'caii  iodée;  ils  contieinient  donc  de  l'amidon,  principe  qui  est 
isomère  avec  la  cellulose,  base  de  tous  les  tissus. 

»  Sous  le  rapport  des  propriétés  physiques,  les  sucs  que  nous  compa- 
rons ne  sont  pas  moins  distincts;  les  uns  sont  colorés,  comme  nous  l'avons 
dit,  les  autres  sont  limpides;  on  remarque  bien  qu'ils  sont  granulifères, 
mais  ils  no  prennent  pas  les  mêmes  apparences  quand  ils  sont  extravasés.  La 
différence  est  extrêmement  saisissante  quand  on  examine  les  sucs  laiteux  et 
les  sucs  limpides  de  l'écorce  dans  un  végétal  où  l'on  peut  facilement  les 
séparer,  dans  VJcercampestre,  par  exemple  Si  l'on  place  une  goutte  de  suc 
laiteux  sur  un  verre,  on  voitque,  tant  qu'il  soit  séché,  il  s'étire  en  tilamenls 
très-longs,  élastiques.  Quand  il  se  sèche,  il  se  prend  en  masse  uniforme, 
demi-transparente,  dans  laquelle  on  ne  reconnaît  pas  les  granules,  et  qui 
reste  parfaitement  indivise.  Si  on  place  sur  le  verre  une  goutte  de  suc  lim- 
pide, il  se  sèche  promptement,  et  se  fendille  à  l'instar  des  substances  gom- 
meuses.  Les  fen  tesqui  se  produisent,  fines  ou  plus  élargies,  anastomosées  dune 
manière  irrégulière,  imitent,  à  s'y  méprendre,  des  fibres  réticulées.  On  croi- 
rait voirie  réseau  d'une  feuille.  C'est  une  des  illusions  les  plus  singulièresqne 
puisse  donner  le  microscope.  Mais  on  constate  que  les  parties  qui  donnent 
l'image  de  fibres  anastomosées  ne  sont  que  des  fentes  qui  s'opèrent  par 
dessiccation  dans  le  suc  gommeux  desséché  :  les  unes  apparaissent  d'une 
manière  instantanée,  les  autres  s'allongent  par  leur  extrémité  comme  les 
fissures  du  verre  qui  se  fend  par  une  légère  pression.  Il  est  quelquefois  bien 
difficile  de  saisir  celle  formation,  tant  est  grande  la  rapidité  avec  laquelle 
la  substance  desséchée  se  fendille.  Mais  on  peut  facilement  voir  se  former  le 
réseau,  en  plaçant  sous  la  lentille  du  microscope  une  tache  de  suc  cortical 
desséché,  en  poussant  légèrement  l'haleine  humide  sur  elle  sans  la  dé- 
placer, et  en  l'observant  promptement.  D'abord  tout  est  obscur,  parce  que 
l'humidité  de  l'haleine  a  détruit  la  transjiarence  des  verres;  mais  bientôt  on 
aperçoit  nettement  les  objets,  l'humidité  a  permis  à  la  substance  gom- 
meuse  de  se  réunir  en  une  seule  masse,  puis  la  dessiccation  reproduit  un 
nouveau  réseau  de  fentes,  toutes  différentes  des  premières.  Si  on  observe 


(    21     ) 

le  suc  cortical  des  jeunes  pousses,  ou  de  l'écorce  âgée  de  IV/cer  pseudo- 
plalamis,  qui  n'a  pas  de  suc  laiteux,  on  constate  tous  les  phénomènes  que 
présentait  le  suc  limpide  de  VJcer  campesire.  On  ne  peut  donc  pas  dire 
que  les  sucs  limpides  des  végétaux  non  lactescents  soient  les  analogues 
des  sucs  colorés;  ils  ont  leurs  analogues  dans  les  végétaux  lactescents, 
mais  ce  ne  sont  pas  les  sucs  qui  ont  une  couleur  spéciale  et  des  qualités 
propres.  Nous  ajouterons  que  les  tubes  qui  les  renferment  ne  ressemblent 
pas  aux  vaisseaux  réticulés;  ces  tubes  se  rencontrent  surtout  dans  les  parties 
de  récente  formation;  ils  sont  minces,  transparents,  de  diamètre  variable. 
Ils  ne  sont  pas  anastomosés  en  réseau,  ils  sont  droits,  parallèles,  et  se  ter- 
minent en  pointe  plus  ou  moins  aiguè,  appliquée  sur  des  tubes  semblables, 
ou  s'unissent  bout  à  bout  par  luie  ligne  transversale  avec  les  tubes  qui 
leur  font  suite.  Nous  avons  observé  des  tubes  semblables  dans  la  Vigne, 
V Anlirrhinum  majiis,  le  Nicotiana  Tabacwn,  le  Mercurialis  anima,  le  Pelar- 
(joniiim   zonale,    le  Clieirantlms  Cheiri,  le  Brassica  oleracen,  etc. 

))  Si  on  soumet  à  la  macération,  pendant  quelques  joiu's,  les  tissus  conte- 
nant les  tubes  granulifères,  ils  s'isolent  facilement,  et  l'on  parvient  à  bien 
constater  leurs  caractères. 

»  S'ils  sont  soumis  à  une  macération  prolongée,  ils  deviennent  extensi- 
bles, se  rétrécissent  en  certains  points  par  la  traction,  de  manière  que  leur 
cavité  s'efface  presque  entièrement  et  qu'ils  se  présentent  comme  des  filets 
ténus,  dont  le  liquide  granulifère  n'est  plus  qu'une  faible  traînée  de  petits 
corpuscules  rangés  sur  une  seule  ligne.  Quelques-uns  de  ces  tubes  présen- 
tent des  articulations  obliques  ou  transversales  provenant  de  l'union  des 
tubes  avec  ceux  qui  leur  font  suite. 

»  Ces  tubes,  en  raison  de  leur  transparence,  de  la  ténuité  de  leurs  parois, 
de  l'absence  de  fentes  et  de  perforations,  de  l'existence  des  granules  na- 
geant dans  le  liquide  qu'ils  renferment,  ont  donc  des  points  de  ressemblance 
avec  les  vaisseaux  qui  renferment  des  liquides  colorés,  mais  ils  présentent 
des  dissemblances  fort  notables. 

»  Ces  derniers  sont  flexueux,  rameux,  anastomosés.  Les  tubes  nous 
ont  paru  droits,  parallèles,  accolés  les  uns  aux  autres,  clos  à  leurs  extré- 
mités, dans  les  plantes  que  nous  avons  citées  et  dans  beaucoup  d'autres 
encore,  comme  V  Àrum  italiciim,  Y  Impatiens  Balsamina ,  le  Menjanlhes 
Irijhliatn  ,  le  Cynara  Scotfnias,  etc.  Nous  avons  vu  dans  quelques  plantes, 
par  exemple  dans  le  Brassica  oleracea,  des  commencements  de  division, 
mais  non  des  anastomoses,  ni  surtout  un  réseau  compliqué. 


(  ") 

«  D'où  vient  qu'un  observateur  aussi  liabiie  que  M.  Schultz  a  admis  et 
figure-  celle  disposition  réliculaire:'  Est-ce  par  l'entraînement  de  son 
système?  est-ce  en  raison  des  divisions  partielles  qu'il  a  pu  apercevoir? 
est-ce  parce  qu'en  certain  cas  les  utricules,  en  partie  détruits  par  la  macé- 
ration, résistent  dans  leurs  lignes  de  jonction  et  se  présentent  comme  un 
réseau,  ainsi  que  nous  l'avons  vu  plusieurs  fois?  est-ce  enfin  parce  que  des 
filaments  mycoderniiques ,  développés  dans  les  eaux  de  macération  ,  et  se 
présentant  comme  des  tijbes  transparents,  ramifiés,  quelquefois  articulés, 
ont  été  pris  pour  des  lissus  appartenant  à  la  plante  sur  laquelle  ils  se  sont 
développés? Nous  ne  saurions  le  dire.  Mais  dans  les  observations,  que  nous 
avons  multipliées  à  dessein,  nous  n'avons  pu  rencontrer  les  tubes  réticulés 
qui  ont  été  donnés  pour  les  analogues  des  vaisseaux  propres. 

»  Quant  aux  trois  états  d'arliculalion,  d'expansion  ou  de  contraction, 
admis  par  M.  Schultz,  ils  me  paraissent  le  résultat  ou  de  la  structure  naturelle 
des  tubes,  ou  des  préparations  auxquelles  ils  ont  été  soumis.  Naturellement 
ils  peuvent  être  arlirulé s  puisque  les  tubes  sont  plus  ou  moins  courts  et  qu'ils 
s'unissent  quelquefois  bout  à  bout  par  des  extrémités  rectangulaires;  ils 
peuvent  aussi  paraître  articulés  quand  les  parois  se  rompent  par  suite  de 
macération  et  que  la  continuité  du  tube  est  maintenue  par  le  suc  épaissi 
qu'ils  contiennent;  les  tubes  peuvent  paraître  en  état  d'expansion  ou  de 
contraction  parce  qu'ils  sont  de  diamètre  fort  variable,  dans  leur  par- 
cours; ils  peuvent  d'ailleurs,  selon  les  circonstances,  être  pleins  ou  vides. 
Enfin  par  la  macération  leurs  parois  perdent  leur  consistance;  ils  sont 
donc  extensibles  et  peuvent  prendre  l'apparence  d'un  simple  filet  ;  il  se  peut 
même  qu'on  prenne  pour  le  tube  une  traînée  du  liquide  granulifere,  plus 
glutineux  et  plus  résistant  que  les  parois. 

»  Ces  tubes  se  nuancent  d'ailleurs  avec  les  fibres ,  de  manière  qu'on  voit 
tous  les  intermédiaires  entre  les  fibres  à  parois  épaisses  et  poreuses,  à  cavité 
presque  oblitérée,  et  celles  dont  les  parois  sont  d'une  ténuité  extrême.  Les 
fibres  sont  fermes  et  poreuses  dans  les  tissus  complètement  formés;  elles 
présentent  des  parois  de  moins  en  moins  épaisses,  à  mesure  qu'on  lesob.serve 
dans  les  parties  de  formation  plus  récente,  de  sorte  que  dans  les  tissus  les 
plus  récemment  créés  elles  offrent  la  conformation  qui  les  a  fait  prendre 
pour  des  lalicifcres;  dans  tous  les  cas  leurs  extrémités  sont  conformées 
de  la  uiènie  manière.  Les  fibres  se  nuancent  non-seulement  par  le  degré 
d'épaisseru  de  leurs  parois,  mais  aussi  par  la  quantité  de  matière  granuleuse 
qu'ils  renferment  :  cette   matière  devient  de  plus  en  plus  rare  à   mesure 


(  23  ) 
que  les  tubes  deviennent  plus  anciens,  que  leurs  parois   deviennent  plus 
épaisses  et  leur  cavité  plus  rétrécie  ;  mais,  si  rétrécie  qu'elle  soit,  il  est  bien 
rare  que  la  cavité  ne  conlietine  pas  des  granules  en  certain  nombre. 

»  Quand  la  cavité  devient  bien  apparente,  les  grains  s'y  montrent  souvent 
abondants;  quand  les  tissus  sont  incomplètement  formés,  cjue  leurs  parois 
sont  peu  distinctes,  les  granules  y  apparaissent  en  faible  quantité. 

»  Ces  tubes  se  montrent  dans  les  faisceaux  fibro-vasculaires  et  ne  sont 
pas  disséminés  dans  la  moelle  ou  le  parencbyme  de  l'écorce  comme  les 
vaisseaux  propres. 

«  Nous  ajouterons,  pour  montrer  que  ces  tubes  graïudifères  ne  sont  pas 
identiques  avec  ces  f'ernicrs,  qu'on  les  rencontre  dans  les  végétaux  qui  ont 
des  sucs  colorés  comme  dans  ceux  qui  en  sont  privés.  Ainsi  V Asclepias 
syriaca  et  les  autres  espèces  du  même  genre,  ainsi  V Acer  platanoules,  etc., 
ont  des  faisceaux  fibreux,  fort  distincts  des  vaisseaux  propres  que  de  Mirbel 
a  pris,  mal  à  propos,  pour  des  vaisseaux  laiteux,  qui  sont  parfaitement 
semblables  aux  fibres  corticales  ordinaires,  et  qui  passent  par  tous  les  états 
que  nous  venons  de  décrire,  offrant  des  parois  épaisses  et  des  cavités  puncti- 
formes,  ou  des  parois  amincies  et  des  cavités  fort  apparentes,  contenant 
des  granules  rares  ou  abondants.  Ce  tissu  fibreux  accompagne,  comme 
nous  l'avons  dit,  les  faisceaux  trachéens  dans  les  feuilles.  Les  tubes  qui  le 
composent  s'amincissent,  deviennent  moins  longs,  accompagnent  les  ner- 
vures dans  leurs  divisions  et  concourent  conséquemment  à  former  !e  réseau 
foliaire. 

i>  Leurs  parois  ayant  perdu  leur  épaisseur,  on  ne  peut  plus  les  distinguer 
aussi  bien  que  dans  la  zone  extérieure  des  faisceaux  corticaux  des  tiges.  Ce- 
pendant, dans  quelques  plantes,  comme  le  Ficus  elaslica,  on  voit  encore  un 
demi-cercle  de  petits  points  transparents  au-dessous  des  faisceaux  uiférieurs 
du  pétiole  et  au-dessus  de  ses  faisceaux  supérieurs. 

»  Dans  le  plus  grand  nombre  des  plantes,  on  peut  facilement  séparer  le 
tissu  qui  renferme  les  tubes  corticaux  des  vaisseaux  trachéens,  et  on  le  dis- 
tingue facilement,  fort  nettement,  des  vaisseaux  propres.  Il  faut  donc  penser 
qu'ils  représentent  un  tout  autre  élément,  d'autant  plus  que  nous  savons 
que  les  liquides  qu'ils  contiennent  ne  sont  pas  de  même  nature. 

«  Ainsi  les  tubes  rencontrés  dans  le  plus  grand  nombre  des  végétaux,  et 
renfermant  des  liquides  transparents,  granulifères,  n'ont  pas  la  forme  des 
vaisseaux  propres;  ils  ne  sont  pas  rameux,  anastomosés  en  réseau;  ils  sont 
analogues  aux  tubes  fibreux  et  se  nuancent  avec  eux;  ils  occupent  la  même 
place;  ils  ont  des  parois  de  plus  en  plus  épaisses  à  mesure  qu'ils  deviennent 


(  24  ) 

plus  anciens;  ils  sont  droirs,  simples,  serrés  en  faisceaux,  aigus  ou  rectan- 
oulaires  aux  extrémités,  s'appliquant  contre  les  extrémités  de  tubes  sem- 
blables, pour  former  des  filaments  ou  fibres,  non  un  système  vasculaire 
aiiaslomosé  en  réseau;  enfin  ils  contiennent  lé  même  liquide.  Us  se  trouvent, 
non-seulement  dans  les  végétaux  non  lactescents,  mais  aussi  dans  ceux  qui 
ont  des  vaisseaux  colorés.  On  doit  donc  les  considérer  comme  distincts  de 
ces  derniers.  Ils  sont  les  commencements  des  tubes  fibreux,  se  nuancent 
avec  eux  et  empruntent  successivement  tous  leurs  caractères. 

u  Nous  n'allons  pas  jusqu'à  dire  toutefois  qu'on  ne  peut  trouver  dans 
les  végétaux  des  vaisseaux  anastomosés  eu  réseau  et  contenant  des  sucs 
"ranulifères  non  colorés.  Les  immenses  variétés  des  produits  des  végétaux 
autorisent  à  penser  que  les  sucs  contenus  dans  les  vaisseaux  peuvent  n'être 
pas  toujours  colorés  par  les  granules  qu'ils  tiennent  en  suspension.  U  y  a 
mieux  :  on  a  remarqué  que  certains  végétaux  lactescents,  originaires  des 
pays  tropicaux,  ne  contiennent  que  des  sucs  liquides  quand  ils  croissent 
dans  nos  climats;  ils  ne  sécrètent  plus,  sous  l'influence  d'une  température 
abaissée,  des  sucs  d'une  composition  aussi  achevée.  Ils  doivent  pourtant 
conserver  les  appareils  qui  leur  sont  propres  ;  seulement  les  liquides  qu'ils 
renferment  ne  jouiront  plus  des  propriétés  qu'ils  auraient  acquises  si  leur 
action  vitale  avait  conservé  toute  leur  énergie.  La  seule  chose  que  nous 
ayons  voulu  dire,  c'est  que  les  tubes  des  végétaux  normalement  privés 
de  sucs  colorés  ne  nous  paraissent  pas  les  analogues  des  vaisseaux  pro- 
pres. 

»  Il  nous  paraît  donc  démontré  qu'on  ne  rencontre  pas  dans  les  végé- 
taux un  système  vasculaire  analogue  à  ceux  qu'on  rencontre  dans  les  ani- 
maux, transportant  et  distribuant  les  sucs  nutritifs  préparés  par  des  organes 
spéciaux  :  les  vaisseaux  propres  eux-mêmes  n'ont  pas  ce  caractère.  Si  à  leur 
origine  ils  constituent  des  tubes  capillaires  anastomosés,  ils  ne  se  terminent 
pas  de  même. 

>>  Les  vaisseaux  trachéens  sont  fermés  à  leurs  extrémités  et  anastomosés  ; 
s'ils  communiquent  entre  eux,  c'est  accidentellement.  Us  sont  aptes,  en 
raison  de  leur  longueur,  à  transporter  rapidement  les  liquides  à  une  grande 
distance  ;  mais  ils  ne  les  répandent  que  par  la  perméabilité  de  leurs  parois. 

.)  Les  tubes  corticaux  et  les  fibres,  qui  n'en  sont  que  des  modifications, 
présentent  une  disposition  analogue  ;  ils  sont  clos  comme  les  utricules  et  se 
nuancent  avec  ces  derniers  ;  leurs  parois  ne  se  laissent  traverser  que  par  les 
substances  litpiidcs. 

'.  On  ne  peut  donner  utilement  le  nom  de  latex  au  liquide  qu'ils  ren- 


(  '^^  ) 

ferment,  car  ce  nom  a  été  donné  à  des  sucs  essentiellenienl  distincts.  Ou  ne 
peut  donner  à  ces  tubes  le  nom  de  vaisseaux  laUciJères,  car  ce  ne  sont  pas  des 
vaisseaux  dans  le  sens  qu'on  a  voidu  allribuer  à  ce  mol.  Il  a  d'ailleurs  été 
employé  poiu' désigner  des  conduits  essentiellement  différents.  Les  ex|)res- 
sions  de  Inlex  et  de  vaisseaux  Inlici/èies  me  semblent  donc  propres  à  jeter  de  la 
confusion  dans  la  science;  elles  pei'pétueraieni  une  idée  inexacte  en  faisant 
attribuer  aux  végétaux  des  fonctions  centralisées  comme  dans  les  animaux. 
Dans  les  plantes,  tous  les  éléments  organiques  jouissent  d'une  vie  indi- 
vidueUe  et  concourent  à  lenlrctien  de  la  vie  couimune  ;  tous,  jusqu'aux 
utricules  qui  constituent  les  plus  simples  poils,  sont  des  organes  de  trans- 
mission et  sont  le  siège  d'élaborations;  dans  tous,  les  liquides  é|)rouvent 
des  mouvements  de  cyclose  ou  degyration,  et  des  matériaux  propres  à  la 
nutrition  se  préparent  par  une  action  qui  combine  les  principes  élémen- 
taires ou  sépare  ceux  qui  sont  nuisibles  ou  inutiles.  Choque  organe  utri- 
culaire  on  vascidaire  crée  ainsi  les  substances  qui  sont  pro|)res  à  son  accrois- 
sement; chacun  laisse  transsuder  ceux  qui  forment  au  contact  de  ses  parois 
les  tissus  nouveaux  quiconservent  immuableniPUt  les  caractères  de  l'espèce, 
lors  même  que  la  masse  des  sucs  élaborés  provient  d'une  autre  espèce 
greffée  ;  chacun,  enfin,  peut  fournir  des  sucs  aux  parties  éloignées,  comme 
il  en  a  reçu  lui-même.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  hlcu  <C  aniline  ;  par  M.  A.-W.  Hofm.w.v. 

«  Parmi  les  diverses  phases  qui  marquent  le  développement  de  l'industrie 
des  matières  colorantes  dérivées  de  la  houille,  la  découverte  de  la  trans- 
formation du  rouge  en  bien  d'aniline  occupera  toujours  un  rang  des  plus 
distingués.  Cette  transition,  indiquée  pour  la  première  fois  par  MM.  Girard 
et  de  Lair  (brevet  français,  2  janvier  1861),  deux  jeunes  chimistes  du  labo- 
ratoire de  M.  Pelouze,  et  plus  tard  observée  aussi  par  MM.  Peisoz,  de 
Luynes  et  Salvélat  [Com-iles  ren  lus,  mars  1 8G1 ,  t.  LU,  p.  45o,  et  8  avril  i  861 , 
t.  LU,  p.  700),  est  devenue  la  base  d'une  industrie  qui,  sous  rimpulsioii 
de  MM.  Renard  frères  et  Franc,  de  Lyon,  et  j)lus  récemment  entre  les  mains 
de  MM.  Simpson,  Maule  et  Nicholson  en  Angleterre,  a  rai)idement  acquis 
des  proportions  colossales. 

»  La  transformation  du  rouge  en  bleu  d'aniline  s'accomplit  par  un  pro- 
cédé très-simple,  qui  coiisiste  essentiellement  à  traiter  la  losaui'ine  à  uîie 
température  élevée  par  de  Taniline  en  excès.  Le  mode  d'opération  n'est  nul- 

C.  R.,  i863,  2'"»  S>'n:eslre.  l'T.  I.VII,  N"   1.)  4 


(  26) 
lemenl  iiidiflereiU.  La  transt'ormation  s'accomplit  avec  facilité  quand  or. 
chauffe  lies  sels  de  rosaniline  en  présence  de  l'aniline,  ou  réciproquement  la 
rosaniline  avec  des  sels  aniliciues.  En  outre,  la  nature  des  acides  com- 
binés avec  les  bases  n'est  pas  sans  influence  sur  le  résultat  de  l'opération  , 
les  fabricants  donnant  une  préférence  marquée  aux.  acides  organiques,  tels 
que  les  acides  acétique  et  benzoïqne.  L'action  de  l'aniline  sur  la  rosaniline 
elle-même  est  très-lente,  mais  à  la  longue  il  y  a  formation  de  bleu. 

>)  La  production,  sur  luie  très-grande  échelle,  de  la  nouvelle  matière  co- 
lorante, a  attiré  l'atlenLion  sur  les  pliénomèncs  les  plus  saillants  qui  accom- 
pagnent la  transforoiation  du  rouge  en  bleu  d'aniline;  d'iui  autre  côté,  les 
procédés  de  purification  que  doit  subir  le  produit  brut  ont  déjà  fourni  des 
renseignements  précieux  sur  le  caractère  chimique  de  la  nouvelle  suljstance. 
MM.  Girard  et  de  Lair,  dont  les  noms  sont  si  intimement  associés  au  déve- 
loppement de  l'industrie  des  dérivés  colorants  de  la  houille,  ont  constaté 
(|ue  la  métamorphose  de  la  rosaniline  s'opère  avec  dégagement  de  torrents 
d'ammoniaque,  et  M.  Nicholson,  qui  unit  an  génie  de  l'industriel  les  habi- 
tudes de  l'investigateur  scientifique,  s'est  assuré  (jue  la  matière  colorante 
bleue  est  invariablement  le  sel  d'une  base  elle-même  incolore  comme  la  ro- 
saniline. Mais  la  relation  qui  existe  entre  ces  deux  bases  incolores,  et  par 
conséquent  la  nature  de  la  réaction  qui  transforme  la  rosaniline  en  son  dé- 
rivé bleu,  avaient  échappé  jusqu'ici  à  l'examen  des  chimistes.  Ce  fut  donc 
avec  un  véritable  plaisir  que  j'acceptai  l'offre  de  mon  ami  M.  Nicholson  de 
me  fournir  les  matériaux  nécessaires  à  l'étude  de  cette  question.  Le  sel 
que  m'envoya  M.  Nicholson,  et  qu'il  avait  lui-mé(ne  préparé,  était  le 
chlorhydrate. 

Clilorhrdrnte{\).  —  Cette  substance  se  présente  sous  la  forme  d'une  poudre 
faiblement  cristalline,  d'inio  couleur  brun-bleuâtre,  qui,  à  loo  degrés,  de- 
vient d'un  brun  pur.  Elle  est  complètement  insoluble  dans  l'eau  froide  ou 
bouillante,  à  tel  pouit  cpie  les  eaux  de  lavage  s'écoulent  parfaitement  inco- 
lores. Elle  est  également  insoluble  dans  l'éther,  mais  elle  se  dissout,  quoi- 
que avec  peine,  dans  l'alcool,  en  lui  comm  ini(piaut  la  magnifique  nuance 
bleu  foncé  qui  caractérise  cette  matière  colorante.  Une  solution  alcoolique 
saturée  et  bouillante  dépose  le  chlorhydrate,  par  le  refroidissement,  en  gra- 
nules cristallins  indistincts.  Quand  on  évapore  celte  solution,  elle  aban- 
dornie  la  matière  colorante  sous  la  forme  d'une  mince  pellicule,  qui  réflè- 


(i)  Le  produit,  imparliutement  piuifit-,  contient  une  autre  substance  dont  l'étude  m'oc- 
rupe  en  ce  moment. 


(  27  ) 
chit  la  lumière  avec  un  éclat  inétailiqiie  particulier,  moitié  cuivreux,  moitié 
doré. 

)>  Ce  sel  a  la  même  com|iosition,  qu'on  le  sèche  clans  le  vide  ou  à  loo  de- 
grés. Plusieurs  analyses,  effectuées  sur  des  échantillons  de  provenance  diffé- 
rente, conduisent  indubitablement  à  l'expression 

C^^H'^N'Cl. 

Celte  formule  contient  l'histoire  du  bleu  d'aniline  ;  car  non-seulemcul  elle 
précise  son  caractère  chimique  et  la  relation  qui  le  rattache  à  la  rosaniline, 
mais  elle  explique  encore  de  la  manière  la  plus  satisfaisante  la  réaction  qui 
accomplit  la  transformation  du  ronge  eu  bleu  d'aniline. 

»  L'interprétation  simple  et  naturelle  de  la  formule  que  je  viens  d'énon- 
cer fait  envisager  la  nouvelle  substance  comme  le  cldorlijdrate  de  roianUine 
triphénylique 

C»«  H"  N^  Cl  =  C=°  H"'(C''H=  )' N%HC1, 

et  la  transformation  de  la  matière  coloi'ante  rouge  en  son  dérivé  bleu  se 
représentera  alois  })ar  l'équation 

^20  H"  N%  H  Cl  -h  3  C  H^  N  =  C'-"  H"=  (C  ir  )'  N%  H  Cl  +  3  H»  K . 

Sel  de  rosaniline.  Aniline.  Sel  de  rosaniline  Iriphcnylique.  Ammo- 

niaque. 

Voilà  le  résultai  principal  de  ce  travail  dont  tout  le  reste  découle  d'une 
manière  simple  et  naturelle.  J'avais  déjà  eu  l'honneur  de  le  communiquer  à 
l'Académie  dans  sa  séance  du  i8  mai. 

M  Base  libre.  —  La  séparation  de  la  base  du  chlorhydrate  ne  présente 
aucune  difficulté.  Dissous  dans  l'alcool  ammoniacal,  ce  sel  donne  un  liquide 
jaunâtre,  cpii  contient  la  base  à  l'état  de  liberté  en  même  temps  que  du 
chlorure  d'ammonium.  L'ébullition  fait  reparaître  la  nuance  bleue,  le  sel 
étant  reproduit  avec  dégagement  d'ammoniaque  ;  l'addition  de  l'eau,  au 
contraire,  donne  naissance  à  un  précipité  blanc  ou  grisâtre  de  rosaniline 
tripliènylifiue.  Le  meilleur  procédé  pour  se  procurer  celte  substance  à  l'étal 
de  pureté  exigé  par  l'analyse  consiste  à  verser  dans  l'eau  une  solution  con- 
centrée du  chlorure  dans  l'alcool  auanoniacal  ;  la  base  se  sépare  alor&en 
une  masse  caillebottée  qui  se  rassemble  bientôt  à  la  surface  du  liquide. 
Pendant  les  opérations  du  lavage  et  surtout  de  la  dessiccation,  même  dans 
le  vide,  le  précipité  blanc  acquiert  peu  à  peu  une  nuance  bleuàtie.  La  sub- 
stance séchée  dans  le  vide,  exposée  à  inie  températinc  de  loo  degrés,  prend 
une  coloration  brun   foncé   qu'elle   relient    après    le   refroidissement.    A 

4-. 


(  28  ) 
loo  degrés,  elle  fond  légc-rement,  mais  sans  changer  de  poids.  La  rosaniline 
Iripliényliqne  manifeste  des  tendances  cristallines,  mais  jusqu'ici  je  n'ai  pas 
rénssi  à  l'obtenir  en  cristanx  distincts.  La  solution,  dans  l'alcool  comme 
dans  l'éthei-,  qui  dissout  également  la  base"  avec  la  plus  grande  i'acilité, 
l'abandonne,  même  par  l'évaporalion  spontanée,  à  l'état  d'un  résidu  pres- 
que amor|)lie.  L'analyse  de  la  base  lui  assigne  la  composition  c[ui  correspond 
à  celle  du  chlorhydrate  déjà  examiné,  savoir  : 

On  voit  donc  que  la  rosaniline  Iriphényliquese  sépare  de  ses  combinaisons 
sdinesà  l'état  d'hydrate,  exactement  comme  la  rosaniline  elle-même. 

»  Les  formules  précédentes  se  confirment  par  l'analyse  de  plusieurs  sels 
de  la  rosaniline  triphényliquc  ;  ceux-ci  furent  préparés,  sans  exception,  en 
traitant  la  base  libre  par  les  aciiles  voulus.  Les  propriétés  de  ces  sels  les 
rapprochent  tellement  du  chlorhydrate,  qu'il  serait  impossible  de  les  dis- 
tinguer sans  avoir  recours  à  l'analyse.  Le  nitrate  est  peut-être  un  peu  plus, 
le  sidfate  un  peu  moins  soluble  dans  l'alcool  que  le  chlorhydrate.  Les  sels 
suivants  ont  été  soumis  à  l'analyse. 


Bionibyclral»?. 


C  H'=N^Br  =  C-''H'«(C''Il=)^N%HBr. 

lodhytlmte. 

Nilr.ilp. 


C  H"  N*  O'  =--  C:-"  H'^^C  II')'  N',  HNO'. 

Sulfate. 


i  -70   TIOl  \3  CfV    \  '  II-    SO' 

(.     Il     ^   M)    -c20H<«(C''H^/N»   I   "   ^'^  • 

;.  On  se  rappelle  que  la  rosaniline,  outre  ses  coud>inaisons  mouatomi- 
qiies  ordinaires,  donne  naissance  à  une  série  de  sels  triatomic[ues,  pins  so- 
lidités et  comparativement  incolores.  J'ai  tenté  en  vain  de  former  des  com- 
posés analogues  du  dérivé  triphényliquc. 

))  Alliait  (les  coips  réducteurs  sur  lu  rusaiiiliitc  (riijltéii)  lifjut.  —  La  lacilite 
avec  laquelle  la  rosaniline  est  attaquée  par  les  agents  réducteurs,  et  le  sou- 
\i  Mu-dii  secours  précieux  que  m'avait  fourni  l'étude  de  la  leucaniline  dans 


(  -^9) 
la  déterininalioii  de  la  lorimilede  la  rosaniliiie,  iiiecoiulaisireiit  à  somuettie 
le  dérivé  triphénylique  a  la  même  réaction.  Cette  substance  en  elTel  cède 
Facilement  à  l'attaque  du  suUnre  d'annnoniinn  et  de  l'hydrogène  naissant. 

»  La  solution  alcoolique  du  clilorhydrate,  abandonnée  en  contact  avec 
le  zinc  et  l'acide  chlorhydrique,  se  tlécolore  rapidement.  Le  liquide  clair, 
additionné  d'eau,  laisse  déposer  un  précipité  blanc  à  peine  cristallin,  qu'on 
sépare  du  chlorure  de  zinc  par  des  lavages  à  l'eau,  et  des  impuretés  acciden- 
telles en  le  traitant  par  l'éther,  qui  le  dissout  facilement. 

»  Quand  on  a  recoiu's  au  sidfiu'e  d'ammonium  pour  opérer  la  léduc- 
tion,  la  substance  est  souvent  souillée  par  du  soufre  et  des  produits  secon- 
daires. On  eu  effectue  la  séparation  en  traitant  la  masse  impure  par  le  sul- 
fiu'e  de  carbone  c[ui  dissout  le  soufre  et  le  produit  de  la  réduction,  et  laisse 
une  substance  brune  résineuse  dont  la  natin-e  n'a  pas  encore  été  examinée. 
Le  mélange,  qui  reste  après  l'évaporation  du  sulfure  de  carbone,  est  traité 
à  plusieurs  reprises  par  une  solution  bouillante  de  soude  caustique  cjui  s  em- 
pare du  soufre.  On  purifie  le  résidu  insoluble  en  le  dissolvant  dans  l'éther 
qui  le  laisse  déposer,  par  l'évaporation  spontanée,  sons  la  forme  d'une  ré- 
sine cassante.  Malheureusement  ce  composé  n'est  plus  basique,  mais  sa  com- 
bustion a  fourni  des  chiffres  qui  se  confondent  avec  les  valeurs  indiquées 
pai'  la  théorie  : 

»  Cette  substance  est  donc  la  Icnccuùline  Iriplién^lique,  et  l'on  remar([uera 
que  le  produit  de  la  réduction,  ainsi  que  la  leucaniline  elle-même,  est 
anhydre  :  constance  de  rapport  qu'on  a  signalée  déjà  entre  la  rosaniline  et 
son  dérivé  triphénylique.  Sous  l'influence  des  agents  oxydants,  le  corps  hy- 
drogéné se  retransforme  rapidement  en  la  substance  qui  lui  a  servi  de  point 
de  départ.  L'expérience  réussit  le  mieux  avec  le  chlorure  de  platine.  La  so- 
lution incolore  de  leucaniline  triphénylique, chauffée  avec  quelques  gouttes 
de  chlorure  de  platine,  régénère  la  magnifique  coloration  bleue  qui  distingue 
les  sels  de  la  base  non  hydrogénée. 

1)  La  transformation  du  rouge  en  bleu  d'aniline  ouvre  des  points  de  vue 
variés  et  intéressants.  Une  imagination  vive  serait  peut-être  entraînée  à 
spéculer  sur  le  lien  qui  existe  entre  couleur  et  composition;  mais  d'autres 
questions  réclament  plus  impérieusement  l'attention  de  l'expérimentateur. 

»  Jusqu'à  présent  les  chimistes  ne  possédaient  aucune  méthode  de 
pliénjlation.  Les  chlorure,  bromure  et  iodure  de  la  série  phényliqiie  n'ont 
été  qu'imparfaitement  étudiés;  mais   nous  savons  déjà  qu'ils  sont   loin  tie 


(  3o  ) 
posséder  ce  caractère  |)lastiq!io  des  composés  correspondants  des  séries 
inélliylique  et  étliyliqne,  qui  donne  une  si  grande  valeur  à  ces  substances 
connue  agents  de  reclierche.  ÎS'ons  ne  savons  pas  substituer  le  phényle  à 
riivdrogène  par  des  procédés  empruntés  à  l'expérience  acquise  dans  la  série 
des  alcools  ordinaires.  I,a  diphéu\  lamine  et  la  lri|)bénylamine  n'existent  que 
dans  la  conception  des  cliimistes.  Il  était  léservé  à  l'expérimenlalion  parti- 
eidiére,  et  que  j'appellerais  presque  instinctive,  de  l'industrie,  de  cnn)bler 
eelle  lacune. 

»  I.a  Iransformalitjn  du  longe  en  bleu  d'aniline  suggère  plusieurs  autres 
questions  que  je  ne  puis  passer  sous  silence,  quoique  j'espère  m'en  occuper 
ailleurs  avee  plus  de  détails. 

»  Dans  cette  réaction,  y  aurait-il  simplement  un  écliang(;  entre  les  atomes 
d'hvdrogcne  et  de  phényle,  ou  bien  la  molécule  de  rosaniline  abandouue- 
rail-ellede  l'auHnoniacpie  pour  s'approprier  de  l'aniline? 

»  Je  n'ai  i)as  la  prétention  île  l'époridre  à  ces  questions,  mais  je  ilemaiide 
la  permission  de  rapporter  brièvement  quelques  faits  j)our  servu-  de  maté- 
riaux à  la  solution  i]u  problème. 

»  Dérivés  mélhyUijucs,  élliyH(jiiei>  cl  otnyliqiieî,  de  la  losaniline.  —  ]j  inter- 
prétation des  résultats  consignés  dans  les  pages  précédentes  devait  uaturelle- 
ineul  conduire  à  l'étude  de  la  rosaniline  sous  l'influence  des  procédés 
ordu)aires  de  substitution, en  d'autres  termes,  au  tiaitement  de  ce  corps  par 
lesiodurcs  de  méihyle,  d'élliyleet  d'ainyle.  Je  ne  décrirai  pas  le  plaisir  que 
j'éprouvai  en  voyant  la  couleiu"  bleue  intense  du  produit  de  réaction, 
lorsque  après  vingt-quatre  heures  je  relirai  du  digesteur  les  tubes  renfer- 
mant le  mélange.  L'action  des  iodures  méthylique  et  éthvlique  s'accomplit 
aisément  à  loo  degrés;  l'ioduic  d'aniyle  exige  une  température  de  i6o  à 
i8o  degrés.  La  jnésence  de  l'akooi  facilite  la  l'éaction. 

»  Je  n'ai  encore  examiné  en  détail  que  l'aclion  de  l'iodure  d'éthyle.  Le 
dérivé  éthvlique  est  un  iodiire  (jui  se  dissout  dans  l'alcool  avec  luie  magni- 
fique coloration  bleue-violacée.  J.a  puissance  tinctoriale  de  la  solution  est  à 
peine  inférieure  à  celle  de  la  rosaniline  elle-même,  et  l'industrie  ne  dédai- 
gnera peut-élre  pas  celte  voie  nouvelle  indiquée  par  la  science  pure. 

»  Le  dérivé  bleu  éihyliqiie  delà  rosaniline,  ainsi  qu'on  devait  s'y  attendre, 
présente  avec  |;i  l'osaniline  elle-même  de.-,  analogies  plus  grandes  que  le 
composé  Inphénylique.  Ces  analogies  laissaient  pre.ssentir  des  difficultés  de 
séparation  qu'il  valait  mieux  éviter  du  |)remier  coup.  L'iodure  résultant  de 
la  réaction  fut  donc  décomjiosé  |)ar  la  sotide,  et  le  dérivé  élliylique,  encore 
mélangé  de  rosaniline  non  altérée  ,  fut  de  nouveau  soumis  à  l'action  de 


(  3i  ) 
l'iodiire  d'étliyie.  Après  un  deuxième  emploi  de  ce  procédé,  ou  précipita 
par  l'eau  la  solution  alcoolique  du  produit  final,  c[ui  laissa  déposer  luie 
sidjstance  molle  résinoïde,  se  solidifiant  par  le  refroidissement  en  une  masse 
cristalline,  d'nn  éclat  métallicjue,  rappelant  à  la  lois  celui  des  sels  de  rosa- 
niline  et  de  son  dérivé  phénylicpie.  Jl  a  suffi  d'une  nouvelle  recristalli- 
sation dans  l'alcool  étendu  poin-  obtenir  l'iodnre  à  l'état  de  pureté.  I,a 
condjustioii  et  le  dosage  de  l'iode  ont  fourni  des  résultats  qui  s'accordent 
avec  la  formule 

c-«  1130 ^3 1  ^ ç;.o ]i<o^c-  \vy  ^%    C-  Ii=  I. 

»  On  voit  que  la  répétition  fréquente  du  procédé  d'éîhylation  avait  pro- 
duit dans  ce  cas,  non  pas  Viodhydrale  de  losaniline  Uiélhyiique,  mais 
Y  iodélliylale  de  cette  base,  résultat  fort  intéressant  eu  ce  sens  qu'il  pai.MÎt  fixer 
le  degré  de  substitution  propre  à  la  rosaniline  elle-même. 

»  Les  faits  acquis  par  l'étude  de  l'action  de  l'iodnre  d'étliyie  sur  la  rosa- 
niline ouvre  un  nouveau  champ  de  recherche  c]ui  promet  ime  riche  moisson 
de  résultats.  Le  remplacement  de  l'hydrogène  dans  la  l'osaniline  par  des 
radicaux  autres  que  le  méthyle,  l'éthyle  et  l'amyle,  donnerait-il  naissance  à 
d'antres  couleurs  que  le  bleu?  et  la  chimie  finira-t-elle  par  nous  apprendre 
à  construire  systématiquement  des  molécules  colorantes,  dont  on  prédira 
la  nuance  particulière  avec  autant  de  certitude  que  le  point  d'ébulliliou  et 
autres  propriétés  physiques  des  composés  dont  nous  concevons  à  priori 
l'existence? 

»  Cette  idée  était  sans  doute  pré.sente  à  l'esprit  de  M.  E.  Kopp,  lorsque 
avec  une  rare  sagacité  il  teriiunait  son  beau  Mémoire  sur  le  rouge  rl'aniline 
par  les  mots  suivants  : 

n  L'hydrogène  pouvant  également  être  remplacé  par  le  méthyle,  l'amyle, 
»  le  phényle,  etc.,  ou  peut  prévoir  l'existence  d'une  série  très-nombreuse 
«  de  composés  appartenant  tous  au  même  type,  et  qui  tous  peuvent  con- 
»   stitner  des  matières  colorantes  ,  soit  rouges,  soit  violettes,  soit  bleues.  » 

»  Cette  conception,  qui  ne  paraissait,  il  y  a  deux  ans,  qu'un  rêve  scienti- 
fique, s'achemine  déjà  à  grands  pas  vers  son  accomplissement. 

"  Je  me  propose  de  contiiuier  ces  recherches  et  de  soumettre  à  l'Acadé- 
mie, dans  une  nouvelle  comnuuiication,  les  résultats  fournis  par  l'examen 
de  deux  autres  matières  colorantes  dérivées  de  la  rosaniline,  savoir,  le  i)erl  et 
le  violel  d'aniline,  ainsi  que  de  la  matière  colorante  bleue  connue  sous  le 
nom  iVazidinc,  do!)t  les  propriétés  générales  présentent  une  analogie 
frappante  avec  la  rosaniline  triphénylique. 


(32    ) 

I)  En  lermin.u>l,  (|u  il  iiu'  soil  permis  d'exprinier  mes  remercîmenls  h 
M.  le  docteur  Geyger,  donl  le  secours  intelligent  a  beaucoup  facilité  mes 
ex|)érieuces.  » 

Il  APPORTS. 

GÉOLOGIE.  —  Ivippoit  sur  jitusieitrs  Mémoires  de  M.  Pissis,  relatifs  à  la 
sUucHtrc  orof/mpliifiiie  et  à  la  consiittUion  (jéolocjique  de  l'Amérique  du  Sud, 
cl,  en  jinrlicultcr,  des  Andes  du  Chili. 

(Coinmissnires,  MM.  Éiie  de  Beaiuiiont,  Boiissingault,  Daubrée, 
Cil.  Sainte-Claire  Deville,  rapporteur.) 

(.  I,;i  simple  énumération  des  Mémoires  (i)  dont  nous  avons  à  rendre  un 
compte  sommaire  à  l'Académie  témoigne  assez  que  leur  auteiu-  a  recueilli 
des  données  de  nature  très-variée  sur  une  contrée  qui  embrasse  prés  du 
tiers  du  vaste  continent  de  l'Amérique  du  Sud. 

»  Peu  d'explorateiu's  ont  montré  plus  de  dévouement  et  de  persévérance 
que  M.  Pissis.  Parti  d'Europe,  en  iS^i,  l>our  le  Brésil,  on  le  trouve  encore, 
viu^l-deux  ans  après,  entreprenant  avec  résolution  et  exécutant  avec 
succès  une  tâche  immense,  la  carte  de  la  république  du  Cbili,  au  double 
point  de  vue  de  la  Géodésie  et  de  la  Géologie. 

))  Dès  son  premier  voyage,  trois  communication;  avaient  été  faites  par 
lui  a  l'Académie  des  Sciences. 

»  L'une  d'elles,  pré.senlée  le  28  mars  184^,  avait  pour  objet  le  gisement 
et  l'exploitation  de  l'or  au  Brésil.  L'auteur  y  fixe  l'étendue  du  terrain  auri- 
fère, qui  se  développe  sur  une  longueur  de  plus  de  quatre  cents  lieues.  Il 
indique  l'âge  et  la  nature  de  cette  formation  (gneiss  et  talcite  pbylladi- 
lorme^;  il  détermine  nettement  les  limites  entre  lesquelles  sont  comprises 
les  roches  aurifères;  il  fait  voir  que  l'étage  des  ilabirites  est  à  la  fois  le  plus 
riche  et  le  plus  récent  de  ceux  qui  contiennent  les  métaux  précieux;  il  éla- 

U)  Ceî  M'-moires  portent  les  titres  suivants  :  Sur  la  structure  orogrnphiquc  des  Andcx  du 
Chili  (séance  du  5  avril  i855);  Etudes  sur  l'orographie  et  sur  la  constitution  géologique  du 
Chili  (deux  Mémoires;  séances  des  25  fi-viier  et  G  octobre  i856)  ;  Recherches  sur  les  systèmes 
de  soutènement  de  l'Amérique  du  Sud  (di'ux  Mémoires  :  séances  des  25  février  i856  et 
!"■  février  l85S);  Sur  Its  produits  de  la  vuUanicité  correspondant  aux  dicerscs  époques  géo- 
logiques'\"  Q\  a'^  partie  ;  séances  des  iGavril  1862  et  12  janvier  iSG3). 

Deux  Membres  di'r.Aradfnve,  AIM.  Dufrérioy  et  Constant  Prévost,  qui  faisaient  pirlie  des 
Commissions  clrirj,'ées  d'examiner  cpiel(iues-uns  de  ces  Mémoires,  étant  di;céd's  depuis  lors, 
ont  et^'  remplafés  par. M.  Cli.  Sainte-Claire  Deville. 


(  33  ) 
blit  enfin  que  cette  circonstance  est  liée  à  un  phénomène  chimique  intéres- 
sant, à  savoir,  la  substitution  de  l'oxyde  de  manganèse  à  l'oxyde  de  fer. 

»  Le  second  Mémoire,  consacré  à  la  Géologie  de  la  partie  australe  du  Brésil 
et  aux  soulèvements  qui  ont  produit  son  relief,  a  été  publié  dans  le  Recueil  des 
Savants  étrangers,  sur  les  conclusions  d'un  Rapport  très-favorable  de 
M.  Dufrénoy. 

»  M.  Pissis  avait  aussi  utilisé  sa  présence  au  Brésil  en  recueillant  une 
série  d'observations  météorologiques  qu'il  a  soumises  à  l'Académie  (séance 
liu  17  juillet  1843). 

»  Après  un  séjour  en  France  de  moins  de  deux  années,  employées  par  lui 
au  rangement  et  à  l'étude  des  collections  qu'il  avait  déposées  au  Muséum 
d'Histoire  naturelle,  M.  Pissis  retournait  de  nouveau  en  Amérique,  et,  cette 
fois,  s'occupait  avec  succès  de  relever  les  hautes  cimes  qui  entourent  le  lac 
de  Titicaca.  Les  altitudes  attribuées  par  lui  à  l'IlUmani  et  au  Nevado  de 
Sorata  se  trouvaient  conformes  à  celles  que,  de  son  côté,  M.  Pentland  dé- 
duisait des  mesures  exécutées  lors  de  son  second  voyage  en  Bolivie,  et  dont 
M.  Pissis  n'avait  pu  avoir  connaissance  (i).  Cet  heureux  accord  de  deux 
habiles  observateurs  établissait  sans  aucun  doute  possible  que  le  Chimbo- 
raço  dépasse  réellement  d'une  centaine  de  mètres  environ  les  deux  colosses 
du  haut  Pérou. 

»  C'est  encore  à  M.  Pissis  qu'était  réservé  le  mérite  de  déterminer,  du 
moins  par  une  opération  géodésique  complète,  la  hauteur  de  l'Aconcagua, 
le  plus  élevé  jusqu'ici  des  pics  connus  de  l'Amérique.  Mesuré  au  moyen 
de  deux  bases  différentes,  l'Aconcagua  a  6834  mètres,  et  dépasse  le  Chim- 
boraço  de  3oo  mètres  environ  (2). 

)i  Au  point  de  vue  géologique,  M.  Pissis  a  fait  voir  que  cette  montagne, 
ordinairement  désignée  sous  le  nom  de  Volcan  d'Aconcagua,  n'a  en  réalité 
rien  de  volcanique.  «  Elle  se  compose,  dit  M.  Pissis,  depuis  la  base  jusqu'au 
»  sommet,  de  roches  stratifiées  :  les  plus  inférieures  sont  ces  mêmes  por- 
«  phyres  que  l'on  rencontre  à  chaque  pas  dans  les  Andes,  et  celles  du 
»  sommet,  à  en  juger  par  quelques  blocs  détachés,  paraissent  se  rapporter 
»   au  terrain  crétacé.   Elle  occupe  le  milieu  d'un  grand  cirque  situé  un  peu 

(i)  Voir  Comptes  rendu.i,  t.  XXIX,  p.  i3.  • 

(2)  M.  Pentland,  au  moyen  d'un  angle  de  hauteur,  a  évalué  l'altitude  de  ce  pic  à 
■jSoo  mètres,  ce  qui  diffère  très-peu  de  l'altitude  qui  avait  été  obtenue  en  mer  par  les  capi- 
taines Beechey  et  Fitz-Roy.  (Voir  Comptes  rendus,  t.  V,  p.  ^03,  et  t.  XLVI,  p.  io36.) 

C.  R.,  iS63,  2°"^  Semestre.  (T.  LVII,  N»  1.)  5 


{  34  ) 
.  à  l'est  de  la  ligne  de  faîte  des  Andes,  dont  il  est  séparé  par  la  vallée  où 
„  nail  le  Rio  de  Mendoza.  Quelques  roches  syénitiques  se  montrent  dans 
,,  la  partie  inférieure  du  cirque,  qui,  à  l'époque  où  je  le  visitai,  se  trouvait 
>.  presque  ei-.lièremcnt  rempli  par  la  neige,  circonstance  qui  ne  m'a  pas 
,.  permis  de  m'assurer  s'il  s'y  trouve  des  roches  érnptives  d'une  origme 

»  plus  récente,  w 

.)  Malgré  la  juste  réserve  de  l'auteur,  il  semble  difficile  de  ne  pas  con- 
clure de  cette  courte,  mais  substantielle  description,  que  le  pic  d'Aconcagua 
occupe  le  fond  <run  vaste  cratère  de  soulèvement. 

»  Au  reste,  cette  montagne  est  loin  d'être  isolée.  Nous  trouvons  dans  un 
antre  Mémoire  de  l'auteur  la  mention  de  trois  antres  pics,  voisins  de  l'Acon- 
cagua,  et  qui,  mesurés  par  U.  Pissis,  atteignent  respectivement  6799, 
6527  et  6347  mètres.  Tout  indique  donc  que  là  se  trouve  la  masse  de  mon- 
tagnes la  plus  élevée  de  tout  le  continent  américain. 

»  Les  résultats  du  grand  travail  topographique  et  géologique  dont  nous 
venons  d'extraire  quelques  chiffres  sont  déjà  publiés  pour  trois  provinces 
du  Chili,  celles  de  Santiago,  deValparaiso  et  d'Aconcagua.  En  i858,  un  de 
nos  confrères,  le  plus  compétent  en  ce  qui  touche  l'histoire  naturelle  du 
Chili,  M.  Claude  Cay,  a  fait  à  l'Académie  un  Rapport  verbal  fort  étendu  (i) 
sur  les  travaux  relatifs  à  cette  dernière  province.  Nous  n'avons  rien  à  ajouter 
à  l'appréciation  bienveillante  qui  y  a  été  faite  des  résultats  obtenus  par 
M.  Pissis,  Nous  voulons  seulement  faire  observer  que,  indépendamment 
des  desciiptions  locales  et  en  quelque  sorte  monographiques  dont  se  com- 
pose nécessairement  un  travail  de  ce  genre,  l'auteur  a  su  tirer  de  ses 
recherches  des  conséquences  générales  de  deux  ordres  différents. 

»  Les  unes  s'appliquent  à  la  stratigraphie  générale.  Elles  forment  deux 
Mémoires  sur  les  divers  systèmes  de  soulèvement  qui  ont  imprimé  au  con- 
tinent sud  américain  son  relief  actuel.  On  concevra  aisément  qu'il  serait 
impossible  de  suivre  l'auteur  dans  la  discussion  approfondie  à  laquelle  il  se 
livre.  Il  nous  suffira  de  dire  que  l'étude  comparée  des  accidents  orogra- 
phiques et  de  la  classification  chronologique  des  terrains  a  amené  M.  Pissis 
à  distinguer  jusqu'à  présent  uetij  directions  générales,  à  savoir  : 

»  i"  Le  sptème  chilien,  le  plus  moderne  da  tous,  et  postérieur  aux  sables 
marins  d'Atacama,  si  remarquables  par  leurs  dépôts  de  nitrates,  et  au  ter- 
rain de  transport  de  la  Paz; 


(1)   Comptrs  rrndus,  t.  XLVI,   p.   io34- 


(  35) 

«  0°  Le  système  de  lu  chnîne  principale  des  Andes  du  Chili,  postérieur  aux 
dépôts  lacustres  et  marins  de  la  Bolivie,  du  Chili  et  de  la  Patagonie;  direc- 
tion presque  exactement  nord-sud;  apparition  des  trachytes;  filons  argenti- 
fères ; 

»  3°  Le  système  des'chahies  transversales  du  Chili,  postérieur  aux  calcaires 
et  aux  marnes  saliferes;  direction  à  peu  près  est-ouest  (E.  6  à  lo"  N.); 
roches  labradoriques;  gîtes  cuprifères  ; 

»  4"  Le  système  de  la  chaîne  occidentale  du  Chili,  antérieur  aux  marnes 
saliferes  et  postérieur  aux  grès  rouges;  direction  sensiblement  la  même  que 
celle  du  premier  système  ;  roches  syénitiques;  pyrites  aurifères; 

»  5"  Le  système  de  la  chaîne  orientale  des  Andes,  dont  le  soulèvement, 
contemporain  de  l'éruption  des  porphyres  quartzifères,  a  eu  lieu  pendant  la 
période  jurassique; 

»  6"  Le  système  de  l'itacolumi,  dont  l'apparition  est  postérieure  au  cal- 
caire carbonifère  et  antérieure  au  dépôt  des  grès  rouges  de  l'Amérique  ; 

))  Enfin  (7°,  8°,  9°),  les  soulèvements  des  terrains  schisteux  de  l'Amérique 
du  Sud ,   dont  M.  Pissis  distingue  trois  différents  ,  tous  très-anciens. 

»  A  la  fin  de  ce  second  Mémoire,  Tauleur  résume  l'histoire  géologique 
du  continent  sud-américain,  et  la  compare  à  celle  de  l'Europe,  au  double 
point  de  vue  du  synchronisme  des  terrains  et  de  la  direction  des  chaînes  de 
montagnes  suivant  lesquelles  ils  ont  été  soulevés.  On  lira  surtout  avec  un 
grand  intérêt  le  tableau  qui  a  été  reproduit  aux  Comptes  rendus,  et  dans 
lequel  les  neuf  systèmes  sud-américains  sont  mis  eu  regard  des  vingt  et  un 
systèmes  principaux  reconnus  en  Europe  par  M.  Elie  de  Beaumont.  Bien 
que  ce  tableau  ne  soit  présenté  par  l'auteur  que  comme  une  esquisse  incom- 
plète, et  il  faudra  sans  doute  bien  des  observations  encore  pour  la  complé- 
ter, il  témoigne  des  vues  générales  auxquelles  il  a  su  s'élever,  et  facilitera 
certainement  les  recherches  ultérieures  sur  la  géologie  de  cette  vaste 
contrée. 

»  Nous  ne  terminerons  pas  ces  considérations  sans  faire  encore  deux 
remarques,  qui  n'ont  pu  manquer  d'être  suggérées  à  votre  Rapporteur  par 
la  lecture  de  ces  deux  Mémoires. 

»  La  première,  c'est  que  le  plus  moderne  des  systèmes  cités  par  M.  Pissis 
coïncide  avec  l'un  des  grands  cercles  primitifs  du  réseau  pentagonal,  celui 
qu'on  pourrait  appeler  le  cercle  des  tremblements  de  terre  du  Chili,  et  dont  le 
caractère  tout  particulièrement  volcanique  a  été  signalé  ailleurs. 

»  En  second  lieu,   liant,  comme  on  doit  le  faire  en  stratigraphie  comT 

5.. 


(36) 
parée,  I  apparition  des  roches  émptives  aux  grands  ridements  de  la  surface 
du  globe,  l'auteur  arrive  à  cette  conclusion,  que,  «  d'après  toutes  les 
..  observations  qu'il  a  pu  réunir  dans  l'Amérique  du  Sud,  il  paraît  que 
»  chaque  système  de  soulèvement  se  trouve  caractérisé  par  l'émission 
»  d'une  roche  particulière;  »  opinion  qu'avait  déjà  suggérée  l'étude  d'au- 
tres formations  éruptives,  et  qui  semble  de  plus  en  plus  s'appuyer  sur  les 

faits. 

»  Nous  serions  ainsi  naturellement  amenés  à  rendre  compte  des  deux 
derniers  Mémoires  de  M.  Pissis,  qui  sont  intitulés  :  Recherches  sur  les  produits 
(le  la  vukanicité  correspondant  aux  diverses  époques  géologiques,  et  dans  lesquels 
l'auteur,  en  embrassant  l'histoire  des  produits  hydrothermiques  et  métal- 
lifères, ne  fait,  pour  ainsi  dire,  qu'élargir  le  sujet  dont  nous  venons  de 
parler,  puisque  les  dépôts  concrétionnés  ne  sont,  en  définitive,  que  le 
résultat  et  la  trace  des  émanations,  des  fumerolles  qui  ont  accompagné  ou 
suivi  chaque  éruption,  et  jouent  en  quelque  sorte,  dans  les  formations  de 
la  voie  ignée,  le  rôle  de  fossiles  caractéristiques.  Nous  aurions,  en  particu- 
lier, à  rechercher  comment,  dans  l'Amérique  australe,  la  composition  des 
dépôts  métallifères  aurait  été  d'autant  plus  simple  quils  sont  plus  anciens  :  ce 
qui  semble  constituer  une  anomalie  aux  lois  que  vérifie,  au  moins  d'une 
manière  générale,  l'ensemble  des  faits  jusqu'ici  bien  connus  et  bien  étu- 
diés. Mais  nous  savons  qu'un  autre  Rapporteur  se  propose  d'entretenir 
prochainement  l'Académie  des  deux  derniers  Mémoires  présentés  par 
M.  Pissis. 

»  Nous  nous  bornerons  donc  ici  à  rappeler  l'excellente  description  que 
l'auteur  donne  de  la  dernière  éruption  du  volcan  de  Chillan,  situé  à  peu  de 
distance,  vers  l'est,  du  grand  cercle  des  tremblements  de  terre  du  Chili,  éruption 
à  laquelle  il  a  eu  la  bonne  fortune  d'assister.  En  lisant  les  lignes  extraites 
de  son  Mémoire  et  |)ubliées  aux  Comptes  rendus  (t.  LIV,  p.  1186),  on  se 
convaincra  aisément  que  l'éruption,  commencée  le  a  août  1861,  a  suivi 
la  marche  ordinaire  et  qu'elle  présentait,  en  février  1862,  comme  le  Vésuve 
en  juin  i856,  la  pltase  strombolienne. 

»  On  voit  que  rien  de  ce  qui  a  trait  à  la  forme  et  à  la  division  générale 
des  reliefs  du  sol,  à  l'âge  des  roches  qui  les  constituent,  aux  phénomènes 
éruptifs  dont  ils  ont  été  ou  sont  encore  le  théâtre,  n'est  resté  étranger  aux 
études  de  M.  Pissis.  Si,  dans  un  aussi  vaste  sujet,  on  ne  peut  exiger  d'un 
seul  observateur,  même  en  vingt  années  de  recherches  assidues,  la  déter- 
mination exacte  et  précise  de  tous  les  points  sur  lesquels  s'est  poi'tée  son 


(  37  ) 
attention,  il  faut  du  moins  reconnaître  que  cette  somme  d'efforts,  en  tant 
(le  directions  diverses,  est  singulièrement  propre  à  préparer  les  fondements 
d'une  description  géologique  complète. 

»  Votre  Commission,  frappée  des  résultats  déjà  obtenus  par  M.  Pissis, 
vous  propose  de  le  remercier  de  ses  nombreuses  et  intéressantes  communi- 
cations, et  de  l'engager  à  persévérer  dans  des  recherches  qui ,  tout  en  lui 
permettant  de  donner  à  la  Géologie,  par  la  Géodésie,  une  base  positive,  lui 
fournissent  l'occasion  de  s'occuper  des  considérations  les  plus  élevées  de 
la  stratigraphie.   »  *^ 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 


MEMOIRES  LUS. 

PHYSIOLOGIE,  —  Sur  l'air  de  la  vessie  natatoire  des  Poissons; 
par  M.  Armaxd  Moreau. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Valenciennes,  Coste.) 

«  Les  analyses  faites  depuis  près  d'un  siècle  ont  montré  que  l'air  de  la 
vessie  natatoire  se  compose  des  gaz  oxygène,  azote,  acide  carbonique,  dont 
les  proportions  varient  suivant  les  espèces,  et  dans  chaque  espèce  varient 
suivant  les  individus.  Les  faits  que  je  vais  exposer  me  paraissent  de  nature 
à  jeter  quelque  lumière  sur  les  causes  de  ces  variations. 

11  Voici  quelle  fut  la  circonstance  fortuite  qui  m'amena  à  préciser  cer- 
taines conditions  et  par  suite  à  obtenir  des  résultats  inattendus.  J'avais 
placé  ilans  un  même  bassin  plusieurs  poissons  de  la  même  espèce.  L  un 
d'eux  s^uta  hors  de  l'eau  et  périt  à  terre;  j'analysai  l'air  contenu  dans 
la  vessie  natatoire,  et  je  sacrifiai  aussitôt  par  la  section  de  la  moelle  épi- 
niere  un  des  autres  poissons  restés  dans  l'eau.  L'analyse  fournit  chez  le 
premier  une  proportion  d'oxygène  inférieure  à  celle  qu'offrait  le  même  gaz 
chez  le  poisson  dont  j'avais  coupé  la  moelle.  Je  supposai  alors  que 
l'asphyxie  pouvait  à  elle  seule  faire  varier  les  proportions  des  gaz  de  la  ves- 
sie natatoire,  et  cette  hypothèse,  soumise  à  la  vérification  expérimentale, 
s'est  trouvée  juste,  comme  on  va  le  voir. 

»  Je  choisis  plusieurs  Perches  (Percajluvialis],  aussi  vives  que  possible,  et 
commençai  par  déterminer  la  proportion  d'oxygène  de  l'air  contenu  dans 


(38) 
leur  vessie  natatoire.  Cette  détermiualion  étant  faite,  je  plaçai  ces  poissons 
dans  des  bocaux  renversés  et  pleins  d'ean.  I/air  de  leur  vessie  contenait 
alors  une  proportion  d'oxygène  comprise  entre  19  et  aS  pour  100.  Les 
poissons  vécurent  un  temps  proportionné- à  la  grandeur  des  bocaux,  et 
lorsqu'ils  eurent  cessé  de  vivre  je  fis  l'analyse  de  l'air  de  leur  vessie  nata- 
toire, et  je  vis  que  chez  tous  l'oxygène  avait  complètement  disparu. 

I)  Pour  apprécier  les  proportions  du  gaz  que  contenait  la  vessie  nata- 
toire avant  de  soumettre  ces  poissons  à  l'asphyxie,  je  faisais  choix  de  plu- 
sieurs individus,  aussi  semblables  que  possible,  surtout  sous  le  rapport  de 
la  vif'ueur;  j'en  sacrifiais  une  partie  par  la  section  de  la  moelle,  et  je  con- 
sidérais les  nombres  extrêmes  représentant  les  proportions  d'oxygène  de 
lein-  vessie  natatoire  comme  les  limites  qui  convenaient  aussi  pour  les  autres 
que  je  soumettais  à  l'asphyxie;  parfois,  à  l'aide  d'un  trocart,  je  ponctionnais 
sous  l'eau  la  vessie  natatoire  et  je  recueillais  une  quantité  de  gaz  suffisante 
pour  l'analyse  :  la  détermination  delà  proportion  d'oxygène  est  alors  rigou- 
reuse et  à  l'abri  de  toute  objection. 

»  Pour  trouver  la  proportion  d'oxygène  tout  à  fait  nulle,  il  importe  d'at- 
tendre que  tout  signe  de  vie  ait  disparu  avant  de  refirer  le  poisson  et  de 
procéder  à  l'.inalyse;  sinon,  on  trouve  dans  la  vessie  natatoire  une  quan- 
tité d'oxygène  d'autant  plus  voisine  de  celle  qui  existe  normalement,  qu'on 
sacrifie  le  poisson  plus  plein  de  vie;  par  exemple,  je  recueillis  sur  une  Perche 
ponctionnée  sous  l'eau  une  partie  de  l'air  de  la  vessie  natatoire  et  je  retirai 
le  trocart  sans  achever  de  vider  l'organe.  La  quantité  retirée  égalait  98,75 
divisions.  Elle  fournit  une  proportion  d'oxygène  égale  à  19,24  pour  100. 
Ce  poisson  fut  soumis  à  l'asphyxie  dans  une  eau  limitée,  et  retiré  quand  le 
cœur  battait  encore  :  il  offrit  dans  la  vessie  natatoire  une  quantité  d'air 
égale  à  1 36,25  divisions  qui  fournit  une  proportion  d'oxygène  égale  à  3,66 
pour  100.  Ainsi,  dans  ces  conditions,  l'oxygène  diminue  peu  et  ne  disparaît 
tout  à  fait  qu'au  moment  où  la  vie  achève  de  s'éteindre. 

1)  La  Perche  est,  comme  on  sait,  un  poisson  dont  la  vessie  natatoire  est 
pourvue  de  corps  rouges  et  entièrement  close.  Je  montre,  dans  le  travail  d'où 
j'extrais  cette  Note,  ce  que  l'on  observe  relativement  aux  variations  de  l'a- 
cide carbonique  dans  les  mêmes  conditions,  et  comment  le  phénomène  de 
la  disparition  de  l'oxygène  se  modifie  chez  les  poissons  dont  la  vessie  na- 
tatoire n'offre  pas  de  corps  rouges.  Je  demanderai  à  l'Académie  la  per- 
mission de  lui  faire  une  communication  spéciale  relative  à  la  solution  du 
problème  inverse,  c'est-à-dire  relative  aux  conditions  physiologiques  dans 


(  39  ) 
lesquelles  il  faut  placer  le  poisson  pour  faire  grandir  la  proportion  de  l'oxy- 
gène et  la  faire  approcher  de  plus  en  plus  de  l'unité. 

))  Je  résume  cette  Note  en  disant  :  La  proportion  d'oxygène  contenue 
dans  la  vessie  natatoire  de  la  Perche  diminue  jusqu'à  zéro  quand  ce  poisson 
est  mis  dans  des  conditions  telles,  qu'il  ne  peut  plus  emprunter  ce  gaz  au 
milieu  ambiant.  J'ai  fait  ces  recherches  cet  hiver  dans  l'aquarium  du  Collège 
de  France,  dont  un  Membre  de  l'Académie,  M.  Coste,  a  généreusement  mis 
plusieurs  bassins  à  ma  disposition.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Recherches  siii'  tes  matières  coloranles  des  feuilles  ; 
/jor  MM.  Chati\  el  Fiuiol.  (Extrait  par  les  auteurs.) 

(Commissaires,  MM.  Tulasne,  Fremy,  Duchartre.) 

«  Le  travail  dont  nous  soumettons  les  premiers  résultats  à  l'Académie  est 
le  développement  de  recherches  d'abord  faites  séparément  par  l'un  de  nous 
(M.  Filhol)  siir  les  matières  colorantes  des  fleurs,  par  l'autre  (M.  Chatin)  sur 
les  sucs  nourriciers  des  végétaux  et  la  coloration  automnale  des  feuilles. 
Il  a  pour  point  de  départ,  dans  le  passé,  les  travaux  sur  le  même  sujet  de 
R.  Boyle,  de  Pelletier  et  Caventou,  de  Macqnart,  deBerzéliiis,  de  Midder,  de 
Morot,  Hiasiwetz,  Bolley,  Stein,  Wigand  et  Wiesner,  de  M.  Chevreul  et 
de  M.  Payen,  et  les  observations  aussi  neuves  qu'importantes  qu'a  faites  il  y 
a  peu  d'années  M.  E.  Fremy  sur  le  dédoublement  de  la  matière  verte,  etc. 
[Comptes  rendus  de  rjcadémie  des  Sciemes,  t.  L,  p.  4o8.) 

))  La  matière  avide  d'oxygène  (matière  provisoirement  nommée  A, 
Comptes  rendus,  t.  LI,  p.  8io),  et  qui,  sous  l'influence  de  ce  gaz,  s'altère  et 
colore  en  brun  les  feuilles  d'automne,  existe  en  quantité  notable  dans  les 
fleurs  aussi  bien  que  dans  les  autres  tissus  à  croissance  rapide. 

»  L'action  de  la  lumière  et  de  l'air  sur  la  chlorophylle  colore  celle-ci 
en  brun  jaunâtre  et  lui  fait  perdre  sa  propriété  de  passer  au  vert  par  l'acide 
chlorhydrique;  le  phénomène  est  le  même,  que  la  chlorophylle  soit  encore 
contenue  dans  les  tissus  végétaux  ou  qu'elle  ait  été  dissoute  dans  l'alcool. 
La  plus  légère  trace  d'un  acide  minéral  soluble  fait  d'ailleurs  passer  la  solu- 
tion verte  de  chlorophylle  au  jaunâtre. 

»  Si  l'acide  chlorhydrique  paraît  développer  en  quelques  cas  spé- 
ciaux une  matière  verte  dans  la  chlorophylle  jaunie  à  l'air,  c'est  qu'à  celle-ci 
est  mêlée  de  la  xanthine. 

»  L'action  combinée  de  l'air  et  de  la  lumière  siu- la  chlorophylle  est, 


(  4o  ) 

comme  l'a  constaté  M.  Fremy,  favorisée  par  les  bases;  elle  est  au  contraire 
entravée  par  les  acides,  dont  plusieurs  (les  acides  minéraux)  altèrent  tou- 
tefois la  chlorophylle.  Le  phénomène  donne  lieu  à  une  absorption  d'oxv- 
ene  et  à  une  production  de  gaz  sur  laquelle  nous  aurons  à  revenir  avec 


détails 


).  On  sait  que  M.  Payen  a  retiré  de  la  cuticnle  des  feuilles  plusieurs 
substances  grasses  (Payen,  Comptes  rendus,  t.  XLVIIl,  p.  Sg'i,  et  Précis  de 
Chimie  industrielle,  t.  II,  p.  Ji5).  Nous  avons  constaté  que  la  surface  des 
jeunes  feuilles  (les  pétales  des  fleurs  aussi)  est  recouverte  par  une  matière 
crasse  protectrice  dont  la  proportion  diminue  à  mesure  qu'on  se  rapproche 
de  la  période  automnale  ou  de  coloration  des  feuilles. 

«  Les  feuilles  vertes  étant  exposées  à  l'air  après  une  immersion  préa- 
lable dans  l'éther  qui  enlève  de  leur  surface  le  vernis  gras  qui  la  protégeait, 
prennent  la  couleur  feuille-morte.  Le  phénomène  de  coloration  se  produit 
plus  vite  si  à  l'éther  simple  on  substitue  l'éther  ammoniacal.  C'est  que  l'am- 
moniaque, comme  les  autres  alcalis,  favorise  l'altération  de  la  matière  A,  ma- 
tière qui  ne  résiste  pas  à  l'action  décomposante  des  agents  physico-chimiques 
une  fois  qu'elle  n'est  plus  suffisamment  protégée  par  le  vernis  gras  de  la 
surface,  et  sans  doute  aussi,  par  la  vitalité  des  cellules  altérée  par  l'éther. 
L'oxygène  de  l'air  est  remplacé  par  de  l'acide  carbonique.  Les  fleurs 
subissent  les  mêmes  changements  que  les  feuilles. 

»  La  plupart  des  feuilles  panachées  de  blanc  se  colorent  en  brun 
consécutivement  à  l'action  de  l'éther  ammoniacal  ;  très-rarement  elles 
restent  blanches  {Àcer  Negundo)  par  suite  de  l'absence  exceptionnelle  de  la 
matière  A. 

»  Les  feuilles  de  quelques  végétaux  {Malus,  etc.)  se  colorent  vers  la 
fin  de  l'été  en  jaune,  puis  en  rouge;  mais  jamais  d'abord  en  ronge,  puis  en 
jaune.  Les  feuilles  jaunes  soumises  à  l'action  successive  de  l'éther  ammo- 
niacal et  de  l'air  passent  au  rouge  en  absorbant  de  l'oxygène.  L'acide  sulfu- 
reux et  d'autres  corps  désoxydants  ramènent  les  feuilles  rouges  à  l'état  de 
feuilles  jaunes.  Les  feuilles  jaunes  et  surtout  les  feuilles  ronges  contiennent 
d'ailleurs  plus  ou  moins  de  la  matière  brune  des  feuilles  mortes. 

«  Les  feuilles  jaunes  paraissent  donc,  dans  les  espèces  pouvant  offrir 
la  coloration  rouge,  etc.,  être  le  premier  degré  d'oxydation  des  feuilles 
rouges.  Dans  quelques  plantes,  telles  que  l'Abricotier  {Armeniaca),  le  Peu- 
plier (Po/;«/»s),  la  coloration  des  feuilles,  fixée  au  jaune,  n'atteint  jamais 
le  rouge;  c'est  un  arrêt  d'oxydation.  On  peut  aussi  regarder  les  fruits  jaunes 


(  4r   ) 
du  Framboisier  {lîubiis  Idœus),  du  Prunier  [Primiis],  au  Groseillier  {Ribes),etc  , 
comme  des  arrêts  de  développement,  ou    mieux,   d'oxydation,  des  frnits 
rouges  que  produisent  d'autres  variétés  des  mêmes  espèces. 

«  Les  feuilles  rouges  contiennent  habituellement  encore  de  la  ma- 
tière jaune,  celle-ci  étant  placée  au-dessous  de  la  matière  rouge  qui  farde  la 
surface.  Cette  matière  jaune  à  laquelle  la  substance  rouge  est  superposée 
peut  être  isolée  par  l'érher,  puis  changée  promptement  en  matière  rouge 
sons  la  double  influence  de  l'ammoniaque  et  de  l'air. 

»  La  cyanime,  observée  dans  les  feuilles  du  Pelaigoniiiin  zonrAe  par 
M.  Chevreul,  et  dans  celles  de  plusieurs  autres  végétaux  par  M.  Fremy, 
colore  en  rouge  un  certain  nombre  de  feuilles  (Fî//s,  etc.);  mais  c'est  une 
substance  différente,  caractérisée  par  sa  non-coloration  à  la  lumière  diffuse, 
qui  rou'git  les  feuilles  du  Berberh. 

»  L'éther  enlève  aux  feuilles  du  'Noyer  [Jugions  regin)  une  matière  inco- 
lore, qui  prend  sous  l'influence  de  l'ammoniaque  et  de  l'air  une  belle 
couleur  violette.  Cette  matière  se  détruit  pendant  la  coloration  automnale. 
Elle  n'existe  pas  dans  les  feuilles  au  printemps. 

»  Lorsqu'on  fait  agir  du  chlorure  de  fer  en  solution  éthérée  sur  des 
feuilles  vertes,  blanches,  jaunes,  rouges  ou  brunes,  ces  feuilles  devien- 
nent d'un  noir  pinson  luoins  foncé.  L'élher  ferré  indique  encore  la  pré- 
sence des  substances  tanniques  dans  les  feuilles  mortes  très-brunes  ne  con- 
tenant plus  que  des  traces  de  ces  principes.  Les  feuilles  décolorées  de  Vy^cer 
Negiindo,  qui,  nous  l'avons  dit,  ne  prennent  pas  la  teinte  feuille-morte  sous 
l'influence  de  l'éther  ammoniacal,  noircissent  au  contact  de  l'éther  ferré. 

n  Le  quercitrin,  matière  colorante  isolée  du  Quercitron  [Qucrciis  linc- 
loria)  par  M.  Chevreul,  qui  l'a  retrouvée  dans  quelques  fleurs  [JEscu- 
lus,  etc.),  existe  dans  les  feuilles  et,  en  général,  dans  toutes  les  parties  her- 
bacées des  végétaux. 

»  Avec  le  quercitrin  coexiste  assez  souvent  le  tannin,  quelquefois 
l'acide  gallique,  matières  qui  ont  avec  lui  ce  caractère  commun  de  donner 
une  couleur  brune  avec  les  sels  de  fer.  A  côté  du  quercitrin  ou  en  son 
absence,  ou  trouve  aussi  la  qnercétine  et  la  méline  (  Bolley,  Stein  ). 

»  Ces  matières,  quercitrin,  tannin,  acide  gallique,  etc.,  qu'on  peut 
dire  de  même  famille  et  dont  la  troisième  dérive  même,  au  moins  en  dehors 
de  la  vie,  de  la  seconde,  ont  une  diffusion  ou  généralité  d'existence  très- 
différente;  le  quercitrin  est  le  plus  répandu;  le  tannin  l'est  beaucoup  moins; 
l'acide  gallique  est  rare. 

C.  R  ,  i863,  ■!"'<:  Semestre.  (T.   LVII,  K»   |.)  O 


(    43    ) 

»  Il  ressort  implicitement  des  présentes  recherches  que  ce  qu'on  a  dit 
(lu  tonnin  vert  doit  être  généralement  rapporté  aux  quercitrins.  La  suite 
de  ces  recherches  dira  si  au  mot  généralement,  ici  adopté  par  réserve, 
no  devra  pas  être  substitué  le  mot  toujours.  Alors  il  n'y  aurait  qu'iui  tannin, 
ce  tannin  i^ailique  dont  M.  Pelouze  a  fait  une  étude  si  remarquable. 

»  Pendant  la  coloration  automnale  des  feuilles,  les  matières  qui  colo- 
rent les  sels  de  fer  disparaissent,  et  leur  destruction  a  lieu  dans  l'ordre  sui- 
vant :  quercitrin,  tannin,  aciile  gallique.  Cet  ordre  de  destruction  est  le 
même  que  celui  do  leiu"  diffusion,  qui  est  sans  doute  celui  de  leur  importance 
physiologique. 

»  La  liqueur  cupro-potassique,  communément  employée  à  constater  la 
présence  du  glucose,  mais  qui  est  aussi  réduite  par  un  grand  nondjre  d'au- 
tres matières  d'origine  organique,  notamment  par  la  plupart  dé'  celles, 
si  bien  étudiées  par  M.  le  professeur  Payen,  qui  incrustent  la  cellulose,  et, 
ce  qui  est  plus  inattendu,  par  la  cellulose  elle-même,  la  liqueur  cupro- 
potassique  donne  un  moyen  facile  de  reconnaître  le  mélange  du  tannin  au 
quercitrin.  Énergiquement  réduite  par  le  tannin,  la  base  cuprique  de  la 
liqueur  d'essai  n'éprouve  aucune  réduction  en  présence  du  quercitrin.  La 
réduction  de  la  cellulose  et  du  tannin  par  la  liqueur  cupro-potae.sique  est 
importante  à  considérer  dans  certaines  études  de  physiologie  végétale. 

»  Il  est  maintenant  acquis  que  les  sucs  des  plantes,  et  surtout  ceux  des 
parties  herbacées,  c'est-à-dire  des  organes  dans  lesquels  se  passent  les 
phénomènes  les  plus  actifs  delà  végétation,  renfernsent  deux  sortes  de  ma- 
tières dont  le  rôle  important  ressort  de  leur  extrême  diffusion  elle-même, 
savoir  :  \°  la  matière  incolore  qui  produit  la  coloration  brune  des  feuilles 
d'automne  ;  i°  le  quercitrin  ou  les  matières  analogues  connues  sous  le  nom 
de  quercétine,  méline,  etc.  » 

CRISTALLOGRAPHIE.  —  Morpliogénie  moléculaire,  principes  mathématiques; 

par  M.  M. -A.  Gaudi.\. 

Il  La  raison  des  combinaisons  chimiques  est  une  raison  mathématique, 
c'est-à-dire  que  les  molécules  (ou  groupes  d'atomes)  sont  formées  unique- 
ment par  la  nécessité  d'établir  un  équilibre  statique  moyen  (i)  entre  tous  les 


(i)  Je  souligne  ce  moi  pour  ([u'il  soit  bien  entendu  que  les  atomes  ne  sont  jamais  en  repos, 
qu'ils  exécutent  sans  cosse  des  mouvements  curvilignes,  sous  l'impulsion  de  leur  gravilalion 
mutuelle  et  d'autres  ébranlements  qu'ils  subissent  de  la  part  de  l'éther. 


{  43) 
atomes  composant  une  molécule,  d'où  résultent  des  polyèdres  géométriques 
réguliers,  ayant  rm  rapport  géométrique  direct  avec  le  cristal  qu'elles  engen- 
drent; ce  qui  découle  de  principes  très-simples  et  peu  nombreux  que  je 
vais  établir. 

»  1°  Le  nombre  des  atonies  composant  une  molécule  est  un  nombre 
absolu;  par  conséquent,  sous  ce  rapport,  leur  fixité  est  immuable. 

»  2°  Toutes  les  molécules,  sans  exception,  sont  formées  d'éléments  li- 
néaires (ou  files  d'atomes)  parallèles  entre  eux,  composés  de  i,  de  3,  de  5 
ou  de  7  atomes,  tous  nombres  premiers;  d'où  il  suit  que  ces  molécules  for- 
ment un  réseau  unique  ou  représentent  un  assemblage  de  3,  de  5  ou  de  7 
réseaux  parallèles  entre  eux  et  perpendiculaires  à  l'axe  de  la  molécule,  ef  de 
plus  ces  éléments  linéaires  sont  aussi  indivisibles,  étant  composés  d'atomes 
différeitts,  n'ayant  jamais  entre  eus  de  commun  diviseur. 

»  3°  Le  nombre  des  éléments  linéaires  des  molécules  à  /j  et  à  G  côtés 
est  toujours  un  nombre  impair,  et  les  grands  axes  étant  en  nombre  impair, 
tandis  que  les  petits  axes  sont  en  nondîre  pair,  il  ne  peut  y  avoir  de  commun 
diviseur  entre  eux. 

»  4°  Dans  les  polyèdres  triangulaires  équilatéraux,  le  nombre  des  élé- 
ments linéaires  est  un  nombre  pair,  et  par  conséquent  divisible  par  2  ; 
mais  comme  les  grands  axes  y  sont  égaux  à  l'unité  on  au  nombre  4,  tandis 
que  le  nombre  des  petits  axes  n'est  jamais  un  multiple  de  4,  on  est  limité 
à  la  division  par  2,  qui  ne  donne  que  deux  grands  axes  pour  une  molécule, 
condition  incompatible  avec  la  formation  il'un  polyèdre  géométrique  régu- 
lier quelconqvie. 

»  5"  L'assemblage  des  éléments  linéaires  d'une  molécule,  sauf  des  cas 
très-rares,  n'est  susceptible  de  produire  qu'un  seul  polyèdre  géométrique  ré- 
gulier; l'exception  la  plus  remarquable  existe  pour  la  formule  des  azotates, 
des  chlorates,  des  bromates  et  des  iodatcs  de  monoxyde,  représentée  par  le 
symbole  général  i  A,  2B,  6C.  Ces  9  atomes,  par  une  exception  unique,  don- 
nent lieu  à  3  polyèdres  géométriques  réguliers  différents;  mais  dans  la  na- 
ture ces  sels  alfectent  aussi  trois  formes  cristallines  différentes  incompatibles 
entre  elles,  et  chacune  de  ces  formes  est  en  rapport  géométrique  direct  avec 
chacun  des  polyèdres  géométriques  réguliers  que  l'on  peut  engendrer  avec 
ces  9  atomes  de  trois  espèces  différentes,  comme  je  le  montrerai  prochai- 
nement à  l'aide  d'un  petit  nombre  de  figures. 

»  6°  En  partant  de  la  molécule  la  plus  complexe  du  système  hexagonal, 
on  arrive  successivement,  en  la  démembrant  par  degrés,  à  toutes  les  antres 

6.. 


■(  44  ) 

niolôciiles  à  3  et  à  6  côtés.  Par  exemple,  de  la  molécule  d'acide  stéarique, 
qui  .st  composée  de  Gi  axes  parallèles  eutre  eux  (7  grands  axes  à  7  atomes 
et  54  petits  axes  à  3  atomes),  on  passe,  par  la  substitution  d'un  petit  axe  au 
"rand  axe  central,  à  l'herschelite  composée  aussi  de  61  axes,  et  cristallisant 
de  même  en  prisme  hexaédrique  régulier;  ce  qui  montre  que  l'acide  stéa- 
rique est  lui  mica  de  la  chimie  organique,  comme  l'herschelite  est  un  mica 
de  la  chimie  inorganique.  Par  d'autres  démembrements  successifs,  on  passe 
de  l'acide  stéarique  à  la  chabasie,  de  la  chabasie  à  l'oligoclase,  de  l'oligo- 
clase  à  l'albite,  de  l'albite  au  feldspath  ortiiose,  du  feldspath  orthote  au 
chlorure  de  calcium  hydraté,  du  chlorure  de  calcium  hydraté  à  la  forme 
hexagonale  des  azotates  de  monoxyde,  de  l'azotate  de  nionoxyde  à  l'hypo- 
sulfite  de  soude,  de  l'hyposullite  de  soude  à  l'alumine,  du  mèmehyposulfite 
de  soude  à  la  molécule  plane  de  l'ammoniaque  et  de  l'acide  su^furique 
anhydre  en  vapeur;  en  séparant  en  deux  cette  molécule  plane,  il  en  résulte, 
d'une  part,  la  molécule  biatomique  des  gaz  simples,  et,  d'autre  part,  [)ar 
substitution,  la  molécule  biatomique  aussi  de  l'oxyde  de  carbone  ou  de 
l'acide  chlorhydrique;  la  moitié  de  ces  molécules  linéaires  est  un  atome 
isolé  qui  représente  la  molécule  monatomique  du  mercure  en  vapeur;  ùtant 
cet  atome,  il  reste  l'éther,  milieu  matériel  indéfini,  cause  immédiate  de  tous 
les  phénomènes  naturels;  supprimant  l'éther,  il  reste  l'espace,  milieu  imma- 
tériel infini  qui  contient  tout. 

»  7°  I-es  molécules  se  groupent  entre  elles  pour  former  des  cristaux,  comme 
les  files  d'atomes  pour  former  des  molécules;  c'est-à-dire  que  les  axes  de 
ces  molécules  se  placent  toujours  parallèlement  entre  eux  :  il  n'y  a  d'exception 
à  cette  règle  que  pour  le  système  cubique,  où  les  axes  moléculaires  se  dis- 
|)Osent  suivant  trois  plans  rectangulaires  entre  eux,  créant  ainsi  un  milieu 
parfaitement  hoiiiogène  dans  toutes  les  directions,  qui  exclut  par  conséquent 
la  double  réhaction. 

»  Cette  théorie  nouvelle  est  donc  essentiellement  mathématique,  elle  est 
destinée  à  faire  disparaître  un  grand  nombre  d'erreurs  fondamentales  qui  se 
perpétuent  dans  les  formules  atomiques  et  dans  la  cristallogénic.  J'espère 
donc  que  l'Académie  la  jugera  digne  d'attention  et  voudra  bien  renvoyer 
mon  traviiil  à  l'examen  d'une  Commission.  » 

Le  Mémoire  de  M.  Gandin  est  renvoyé  à  l'examen  d'inic  Commission 
composée  de  Î\I M.  Becquerel,  Poncelet,  Pelouze,  Delaunay,  Daubrée. 


(  45  ) 

MÉMOIRES  PRÉSEI\TES. 

31.  LE  Ministre  de  la  Coxfédération  Suisse  transmet  im  travail  de 
M.  L.  Lavizzari,  portant  pour  titre  :  'c  Nouveaux  phénomènes  ries  corps 
cristallisés  «. 

Ce  Mémoire,  qui  est  accompagné  de  nombreuses  figures,  est  renvoyé 
à  l'examen  d'une  Commission  coiHposée  de  MM.  Regnault,  Delafosse  et 
Pasteur. 

THÉRAPEUTIQUE.  —  Action  exercée  sur  la  pupille  par  iexUail  de  la  fève  du 
Calabar  (Physostigma  venenosum)  ;  extrait  d'une  Note  de  M.  Giraldès. 

(Commissaires,  MM.  Bernard,  Cloquet,  Fremy.) 

«  Le  fruit  de  celte  légumineuse  possède  des  propriétés  toxiques  bien  con- 
nues; mais  la  propriété  de  faire  contracter  la  pupille  n'est  connue  que 
depuis  les  recherches  du  D""  Fraser,  recherches  consignées  dans  sa  thèse 
inaugurale  soutenue  à  Edimbourg  en  1862:  cette  propriété,  d'ailleurs,  a  été 
depuis  constatée  par  plusieurs  médecins  et  physiologistes  anglais. 

1)  La  fève  du  Calabar  n'est  pas  connue  chez  nous,  et  c'est  grâce  à  la  bien- 
veillance de  M.  le  D"^  Fraser  qu'il  m'a  été  donné  de  me  procurer  cette  sub- 
stance et  de  pouvoir  faire,  dans  mon  service  à  l'hôpital  des  Enfants  malades, 
quelques  expériences  dont  voici  le  résidtat  : 

•'  Sur  huit  enfants  de  l'âge  de  trois,  quatre,  six,  huit,  douze  et  treize  ans, 
et  chez  lesquels  la  pupille  était  largement  dilatée,  une  goutte  de  solution 
d'extrait  de  la  fève  de  Calabar  dans  de  la  glycérine  a  été  introduite  avec  un 
petit  pinceau  entre  les  deux  paupières  ;  chez  tous,  quelques  minutes  après,  la 
contraction  de  la  pupille  était  manifeste  ;  au  bout  de  quinze  à  vingt  minutes, 
cette  contraction  était  portée  aussi  loin  cpie  possible,  et  les  dimensions  de  la 
pupille  étaient  réduites  au  minimum  et  avaient  à  peine  un  demi-millimètre  de 
diamètre.  Chez  l'un  des  enfants,  chez  lequel  la  pupille  avait  été  préalablement 
dilatée  au  moyen  du  sulfate  d'alropiue,  et  dont  la  dilatation  était  portée  à 
son  maximum,  au  bout  de  vingt  minutes  l'ouverture  pupillaire  était  revenue 
sur  elle-même,  s'était  contractée  de  façon  à  n'offrir  qu'un  demi-millimètre 
de  diamètre. 

"  Cette  contraction,  ainsi  que  cela  a  été  remarqué  par  d'autres  obser- 
vateurs, cesse  après  quinze  à  vingt  heures;  cbez  les  enfants  en  question, 
vingt-quatre  heures  après,  la  pupille  était  revenue  à  son  état  premier.  Cette 


(46  ) 
propriété  de  faire  contracter  rapidement  la  pupille  peut  offrir  de  précieuses 
ressources  en  oplithalmologie.  » 

M.  Dai.i.emagxf,  adresse  une  Note  qui  se  rattache  à  celle  qu'il  avait  pré- 
sentée à  la  séance  du  i5  juin  dernier,  à  l'occasion  d'une  communication  de 
H.  Knhlimnn  >•  sur  la  conservation  des  matériaux  de  construction  ».  L'auteur 
fait  remarquer  (pic  dans  l'indication  donnée  au  Compte  rendu  du  sujet  de 
sa  première  Note,  l'omission  du  mot  plâtre,  oublié  par  le  typographe,  altère 
complètement  le  sens  d'ime  phrase.  «  J'avais,  dit-il,  parlé  de  la  silicalisntion 
seulement  pour  constater  que  j'avais  le  premier,  et  avant  i854,  reconnu  et 
déclaré  qu'on  ne  pouvait  réussir  à  silicatiser  le  plâtre  d'ime  manière  satis- 
faisante, et  que  M.  Kuhlmann,  malgré  ses  assertions  si  longtemps  contraires, 
avait  été  amené  à  le  proclamer  lui-même  en  i863.    » 

Dans  d'autres  parties  de  sa  Note  et  delà  précédente,  l'auteur  soulève  en- 
core sur  d'autres  points  des  questions  de  priorité,  mais  comme  ce  n'est  pas 
pour  lui  qu'il  réclame,  le  Compte  rendu,  en  indiquant  le  sujet  de  ces  Notes, 
n'a  pas  à  s'occuper  de  cette  partie. 

(Renvoi  aux  Commissaires  précédemment  nommés:  MM.  Dumas,  Balard.) 

M.  IIi-BEnT adresse  de  Trawsfynydd  (pays  de  Galles)  un  Mémoire  sur  un 
système  de  simplification  de  l'écriture  qu'il  a  imaginé  et  qu'il  croit  de  nature 
à  rendre  de  grands  services,  en  raison  de  sa  rapidité  qui  égale  presque 
celle  de  la  sténographie.  Appliqué  à  l'invention  de  l'abbé  Caselli,  la  panté- 
légraphie  autographique  [voir  \e  Moniteur  dn  5  mai  i863),  ce  système  per- 
mettrait de  quadrupler  le  nombre  des  dépêches  qu'on  peut  transmettre 
dans  un  temps  doiniè.  La  nouvelle  invention  appliquée  à  la  chirographie 
est  un  moyen  de  ménager  le  ten)ps;  elle  s'applique  aussi  à  la  typographie 
et  devient  un  moyen  de  ménager  l'espace. 

(Renvoi   à    l'examen   d'une  Commission  composée    de  MM.   Mathieu   et 

Laugier.) 

M.  Dei.ac.nay  présente  ime  Note  concernant  des  expériences  qu'il  a  faites 
sur  des  rliiens  enrcicjés  et  des  chevaux  morveux,  expériences  qui  lui  font 
concevoir  l'espérance  d'arriver  par  luie  sorte  d'inoculation  à  préserver  les 
animaux  de  l'une  ou  de  laulre  maladie. 

(Commissaires,  MM.  Rayer,  Bernard,  Longct.) 


(47) 

M.  Moread-LemoiiXE  adresse  une  rédaction  nouvelle  d'un  INÎémoire  dont 
il  avait  commencé  la  lecture  dans  la  séance  du  18  mai  dernier. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés:  MM.  Babinet 

et  Pasteur.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  SECRÉTAinE  PERPETUEL  présente  au  nom  de  M .  J.-E.  Cornay  un 
«  Mémoire  sur  le  métisme  animal  dans  les  espèces  humaines  ». 

Et  au  nom  de  M.  H.  Boule/  un  «  Rapport  sur  la  rage  considérée  au  point 
de  vue  de  l'hygiène  publique,  de  la  police  sanitaire  et  de  la  prophylaxie  », 
Rapport  lu  à  l'Académie  impériale  de  Médecine  dans  les  séances  du  2  et  du 
9  juin  i863. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  encore  parmi  les  pièces  imprimées  de 
la  Correspondance  : 

1°  Un  opuscule  de  M.  Seiix  sur  le  céphalaematome  des  enfants  nou- 
veau-nés ; 

2°  La  Correspondance  médite  de  Linné  avec  Claude  et  Antoine  Richard, 
traduite  et  annotée  par  M.  Landrin. 

PHYSIQUE. — Sur  la  chaleur  spécifique  des  corps  solides;  déductions  relatives  à  ta 
nature  composée  des  corps  réputés  simples;  par  M.  H.  Kopp.  (Suite.) 

«  Lorsqu'on  retranche  de  la  chaleur  atomique  des  différents  oxydes 
métalliques  celle  des  métaux  qu'ils  renferment,  ou  de  la  chaleur  ato- 
mique de  sels  oxygénés  celle  de  tous  les  éléments  combinés  avec  l'oxygène, 
on  obtient  pour  la  chaleur  atomique  de  l'oxygène  une  valeur  sensiblement 
plus  petite  que  6.  Les  chiffres  qu'on  obtient  pour  de  telles  déterminations 
indirectes  de  l'oxygène  ne  sont  pas  aussi  concordants  qu'on  pourrait  le 
désirer;  néanmoins  je  ne  pense  pas  que  la  chaleur  atomique  de  l'oxygène 
diffère  beaucoup  de  4-  Lorsqu'on  compare  les  chaleurs  atomiques  des 
carbonates  R-GÔ'  et  R€ô'  avec  les  chaleurs  atomiques  des  oxydes 
R''0'(=3Rt>)  et  R-t>%  on  trouve  que  celle  des  carbonates  est  sensible- 
ment moindre.  De  telles  comparaisons  montrent  que  la  chaleur  atomique 
du  carbone  à  l'état  de  combinaison  est  sensiblement  égale  à  celle  du  dia- 


(48) 
niant,  =  i,8  pour  G.  D'autres  comparaisons  du  même  genre  conduisent  à 
admettre  que  les  chalcins  atomiques  d'autres  éléments  sont  beaucoup  plus 
petites  que  celles  qu'on  déduiiait  de  la  loi  de  Dulong  et  Petit.  C'est  ainsi 
que  la  chaleur  atomique  de  l'Iiydrogène  égale  2,3  environ;  celle  du  bore 
<>st  comprise  entre  2  et  3  ;  celle  du  silicium  égale  4  environ;  même  celle  du 
fluor  paraît  être  sensiblement  plus  petite  que  6,4. 

>'  Lorsqu'on  calcule,  à  l'aide  des  nombres  ainsi  obtenus  pour  les  cha- 
leurs atomiques  des  éléments,  la  chaleur  atouiique  et  la  chaleur  spécifique 
des  combinaisons,  on  obtient,  dans  un  très-grand  nombre  de  cas,  des  ré- 
sultats qui  s'accordent  d'une  manière  très-satisfaisante  avec  ceux  qui  sont 
déduits  des  expériences  directes.  Dans  beaucoup  d'autres  cas  on  observe,  à 
la  vérité,  des  différences;  mais  on  constate  des  différences  du  même  ordre 
dans  les  chaleurs  atomiques  expérimentales  de  combinaisons  analogues, 
même  de  celles  qui  reuferment  comme  éléments  correspondants  des  corps 
qui,  à  l'état  libre,  possèdent  sensiblement  les  mêmes  chaleurs  atomiques. 
Dans  les  déterminations  de  chaleurs  spécifiques  de  M.  Regnault,  celte  dif- 
férence a  atteint  quelquefois -j^  des  chaleurs  atomiques  dont  il  s'agit,  et  dans 
certains  cas  elle  était  plus  considérable. 

>•  Les  résultats  de  mes  recherches  confirment  et  étendent  la  proposition 
déjà  énoncée  par  divers  expérimentateurs,  savoir  :  que  parmi  les  corps  con- 
sidérés comme  simples,  et  pris  à  l'état  solide,  tous  ne  suivent  pas  la  loi  de 
Dulong  et  Petit.  Pour  un  ceitain  groupe  d'éléments  cette  loi  est  valable; 
mais  du  moment  qu'elle  n'est  pas  générale  et  qu'elle  ne  s'applique  pas  à 
des  éléments  déterminés,  sou  application  à  certains  autres  éléments  peut 
paraître  douteuse.  Le  soufre  présente  un  de  ces  cas  douteux.  La  chaleur 
spécifique  du  soufre,  déterminée  par  i\L  Regnault,  donne  à  la  vérité  pour 
ce  corps  nue  chaleur  atomique  =6,5,  qui  se  rapproche  beaucoup  de  celle 
que  possèdent  les  métaux.  Mais  la  chaleur  spécifique  du  soufre  a  été  déter- 
minée entre  98  degrés  et  la  température  ordinaire,  et  la  température  de 
98  degrés  est  déjà  très-voisine  du  point  de  fusion  du  soufre.  Des  détermina- 
tions que  j'ai  faites  entre  47  degrés  et  la  température  ordinaue  m'ont  donné 
des  résultats  d'après  lesquels  la  chaleur  atomique  du  soufre  serait  =  5,2 
seulement,  et  ce  nombre  s'accorde  avec  celui  qu'on,  déduit  indirectement 
des  chaleurs  atomiques  des  sulfures.  Dans  certains  cas  il  est  donc  difficile 
ou  presque  im|)ossible  de  décider  si  tel  élément,  comparé  à  un  autre,  suit 
ou  non  la  loi  de  Dulong  et  Petit.  Si  la  loi  de  Dalouir  et  Petit  était  "éné- 
raie,  on  pourrait  en  déduire  des  conséquences  importantes  concernant  les 


(49) 

corps  qu'on  envisage  comme  élémeiils  et  la  question  de  savoir  quels  sont 
ceux  qu'on  doit  envisager  comme  tels;  on  arrive  à  des  conséquences  non 
moins  importantes,  si  l'on  reconnaît  que  tous  les  corps  simples  ne  suivent 
pas  cette  loi. 

w  Lorsqu'on  compare  les  chaleiu's  atomiques  des  corps  solides,  on  remar- 
que, en  générai,  qu'elles  croissent  avec  la  complication  de  la  composition, 
avec  le  nombre  des  atomes  élémentaires  qui  sont  contenus  dans  un  atome  de 
lacombinaison.il  en  est  surtout  ainsi  pour  des  combinaisons  qui  ne  ren- 
ferment que  des  éléments  auxquels  s'applique  la  loi  de  Dulong  et  Petit.  Si 
cette  loi  était  générale  et  s'appliquait  à  Ions  les  éléments,  on  on  pourrait 
tirer  la  conséquence  que  voici  :  en  laissant  indécise  la  question  de  savoir 
si  les  corps  indécomposables  et  considérés  comme  éléments  sont  réellement 
des  corps  simples  ou  seulement  des  corps  possédant  une  composition  inac- 
cessible à  nos  moyens  d'analyse,  l'égalité  des  chaleurs  atomiques  de  ces 
substances  montre,  dans  ce  dernier  cas,  que  l'art  des  décompositions  a 
trouvé  sa  limite  dans  des  corps  offrant  le  même  degré  de  complication. 

»  En  d'autres  termes,  si  les  corps  que  nous  considérons  comme  des  élé- 
ments ne  sont  pas  des  corps  simples,  ce  sont  au  moins  des  combinaisons  du 
même  ordre,  et  ces  combinaisons,  il  faut  le  remarquer,  montreraient  une 
grande  divergence  de  propriétés,  comme  on  le  remarque  par  exemple 
pour  les  métaux,  le  soufre,  l'iode.  Une  telle  conclusion  serait  légitime  et  la 
chaleur  atomique  d'un  corps  fournirait  un  critérium  certain  pour  décider 
la  question  de  savoir  si  ce  corps  doit  être  rangé  au  nombre  des  éléments 
ou  être  envisagé  comme  une  combinaison.  Ce  fait,  qu'on  a  trouvé  pour 
l'iode  la  chaleur  atomique  que  la  loi  de  Dulong  et  Petit  assigne  aux  élé- 
ments, tt  pour  le  chlore,  indirectement,  la  même  chaleur  atomique,  mettrait 
hors  de  doute  la  conséquence  que  ces  corps,  s'ils  sont  des  corps  composés, 
le  sont  au  même  degré  que  d'autres  éléments  auxquels  s'applique  la  loi  de 
Dulong  et  Petit. 

»  De  telles  déductions,  qui  seraient  d'une  haute  importance  pour  décider 
les  questions  relatives  à  la  nature  de  certains  élétnents,  pour  savoir  par 
exemple  si  le  chlore  est  un  corps  simple  ou  un  corps  composé  (un  peroxyde), 
ne  sont  plus  légitimes  du  moment  que  la  loi  de  Dulong  et  Petit  n'est  plus 
reconnue  comme  une  loi  générale,  mais  qu'elle  s'applique  seulement  à  tel 
ou  tel  groupe  de  corps  considérés  comme  élémentaires.  Si  d'un  côté  on  con- 
sidère la  chaleur  atomique  comme  donnant,  eu  général,  la  mesure  de  la 
complication  moléculaire,  si  d'un  autre  côté  on  constate  que  tous  les  corps 

C.  R.,  i863,  ara»  Semestre.  (T.  LVII,   N»   J.)  7 


(  5o) 
considérés  comme  élémentaires  ne  possèdent  pas  la  même  chaleur  atomique, 
on  arrive  à  cette  conséquence,  que  l'art  des  décompositions  s'arrête  d'une 
part  à  des  combinaisons  du  même  ordre  (par  exemple  les  métaux),  d'autre 
part  à  des  substances  |)ossédant  une  composition  plus  simple.  Dès  lors  il 
n'est  pas  impossible  qu'un  corps  reconnu  composé  puisse  posséder  la 
même  chaleur  atomique  qu'un  corps  réputé  simple.  Ainsi  un  peroxyde  qui 
renfermerait  un  élément  dont  la  chaleur  atomique  fût  égale  à  celle  de  l'hydro- 
gène, soit  2,3  environ,  posséderait  une  chaleur  atomique  =  2,  3  +  4  =  6,  3, 
c'est-à-dire  sensiblement  égale  à  celle  des  métaux,  ou  du  chlore,  ou  de 
l'iode.  Le  chlore  pourrait  être  un  tel  peroxyde;  au  moins  les  déductions 
tirées  des  chaleurs  spécifiques  ne  sont  pas  contraires  à  cette  hypothèse. 

»  On  peut  trouver  étonnant  ou  même  invraisemblable  que  les  corps 
réputés  simples,  qui  peuvent  se  remplacer  dans  des  combinaisons,  comme 
l'hydrogène  et  les  métaux,  ou  même  qui  peuvent  entrer  dans  des  combuiai- 
sons  isomorphes,  comme  le  silicium  et  l'étain,  possèdent  cependant  des  cha- 
leurs atomiques  différentes.  Mais  ce  fait  n'est  pas  plus  extraordinaire  qu'un 
autre  fait  bien  constaté,  savoir  :  que  des  corps  simples  et  des  corps  reconnus 
composés,  tels  que  l'hydrogène  et  l'acide  hypoazotique,  ou  le  potassium  et 
l'ammonium,  peuvent  se  remplacer  dans  des  combinaisons  où  le  même  ca- 
ractère chimique  persiste,  ou  même  dans  des  combinaisons  isomorphes. 

»  Mais,  d'un  autre  côté,  on  conçoit  aisément  que  de  telles  différences  dans 
les  chaleurs  atomiques  des  éléments,  différences  qui  se  manifestent  encore 
dans  leurs  combinaisons  les  plus  simples,  deviennent  de  moins  en  moins  ap- 
parentes, à  mesure  que  ces  combinaisons  se  compliquent,  et  renferment, 
indépendamment  des  atomes  à  chaleur  atomique  inégale,  un  plus  grand 
nombre  d'atomes  de  la  même  espèce  et  possédant  la  même  chaleur  ato- 
mique.  » 

CHIMIK  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  la  coloration  en  vert  du  bois  mort;  nouvelle 
matière  colorante,  acide  xylochloérique ;  Note  de  M.  Fordos,  présentée 
par  M.  Dumas. 

«  On  rencontre  dans  les  forêts  du  bois  mort  depuis  longtemps  et  déjà 
en  voie  d'érémacausie,  qui  présente,  à  l'intérieur,  une  coloration  verte  parti- 
culière, quelquefois  très-intense.  J'ai  pensé  qu'il  serait  intéressant  de  sou- 
mettre à  l'examen  chimique  ce  phénomène  de  coloration  très-curieux,  et  je 
viens  faire  connaître  les  résultats  que  j'ai  obtenus. 


(  5i  ) 

»  Les  premiers  échantillons  de  bois  coloré  eu  vert  que  j'ai  eus  à  ma  dispo- 
sition avaient  été  pris  sur  des  chênes  de  la  forêt  de  Fontainebleau  par 
M.  Cazin,  secrétaire  général  de  la  Société  d'émulation  pour  les  sciences 
pharmaceutiques.  J'ai  reçu  depuis  quelques  fragments  de  bois  ofirant  la 
même  coloration,  et  ramassés  à  terre  dans  la  torêt  de  Saint  Germain.  T^'exa- 
men  de  ce  bois  m'a  conduit  à  isoler  une  belle  matière  colorante  verte,  pa- 
raissant jouir  d'une  grande  stabilité,  et  susceptible,  je  crois,  de  recevoir  des 
applications  importantes,  si  l'ou  jiarvonait  à  se  la  procurer  facilement.  Cette 
matière  colorante  est  solide,  amorphe;  vue  en  masse,  elle  est  vert  foncé 
tirant  sur  le  bleu,  avec  lui  reflet  cuivré;  examinée  en  couches  minces  sur 
une  capsule  de  verre,  telle  qu'on  l'obtient  par  l'évaporation  spontanée 
de  sa  dissolution  dans  le  chloroforme,  elle  est  d'un  beau  vert  bleu,  demi- 
transparent,  avec  un  reflet  rougeâtre.  Elle  est  insoluble  dans  l'eau,  l'éther, 
le  sulfure  de  carbone,  la  benzine;  elle  est  insoluble  ou  à  peine  soluble 
dans  l'alcool  ;  elle  est* soluble  dans  le  chloroforme  et  l'acide  acétique  cris- 
tallisable. 

»  Elle  ne  paraît  pas  altérée  parles  acides  minéraux,  même  concentrés; 
elle  se  dissout  dans  les  acides  sulfurique  et  nitrique  et  donne  des  dissolu- 
tions vertes  ;  l'eau  la  précipite  de  ces  dissolutions. 

))  Les  alcalis  lui  donnent  une  teinte  vert-jaunâtre  en  se  combinant  avec 
elle  ;  et  quand  on  agite  avec  de  l'eau  ammoniacale  la  dissolution  de  la  ma- 
tière colorante  dans  le  chloroforme,  la  matière  colorante  se  sépare  du  dis- 
solvant, et  produit  avec  l'ammoniaque  un  composé  vert-jaunâtre  insoluble 
dans  l'eau  et  le  chloroforme  ;  si  l'on  ajoute  de  l'acide  pour  saturer  l'ammo- 
niaque, et  que  l'on  agite  de  nouveau,  la  matière  colorante  devenue  libre  se 
redissout  dans  le  chloroforme,  et  reproduit  la  liqueur  verte  primitive.  Les 
dissolutions  de  potasse,  de  chaux,  de  carbonate  de  soude,  de  bicarbonate 
de  potasse  et  de  sous-acétate  de  plomb  se  comportent  comme  l'eau  ammo- 
niacale. 

))  L'eau  chlorée  ajoutée  en  quantité  suffisante  à  la  dissolution  delà  matière 
colorante  verte  dans  le  chloroforme  transforme  cette  matière  colorante  en  une 
substance  jaiaie,  que  le  chloroforme  retient  en  dissolution,  et  si  l'on  agite 
avec  de  l'ammoniaque,  après  la  réaction  du  chlore,  on  voit  se  produire  un 
composé  rouge  insoluble  dans  l'eau  et  le  chloroforme. 

»  Indépendamment  de  la  matière  colorante  verte  dont  je  viens  de  donner 
les  propriétés,  il  existe  dans  le  bois,  mais  en  très-pelite  qiumtilé,  une  ma- 
tière colorante  rouge  assez  altérable,  et  dont  voici  les  principaux  carac- 

7-- 


(    52    ) 

lercs  :  elle  est  insolublo  dans  l'eau,  l'élher,  le  sulfure  de  carbone,  la  ben- 
zine ;  elle  est  soluble  dnns  le  chloroforme  et  l'alcool,  et  c'est  à  Taide  de  ce 
dernier  dissolvant  que  l'on  peut  la  séparer  de  la  matière  verte.  Elle  forme 
avec  l'animoniaiiiie  un  composé  vert  foncé  insoluble  dans  l'eau  et  le  chlo- 
roforme ;  on  oblientce  composé  quand  on  agite  avec  de  l'eau  ammoniacale 
la  dissolution  de  la  matière  ronge  dans  le  chloroforme,  et  l'on  peut,  en  ajou- 
tant \in  acide  |)our  saturer  l'ammoniaque,  rendre  au  chloroforme  la  matière 
colorante  rouge. 

»  Pour  extraire  ces  matières  colorantes  on  épuise,  par  des  traitements 
successifs  avec  le  chloroforme,  le  bois  coupé  en  petits  copeaux.  On  obtient 
des  dissolutions  vertes,  que  l'on  agite  avec  de  l'eau  acidulée  pour  débar- 
rasser la  matière  colorante  d'un  peu  de  chaux  qui  l'accompagne.  Après  ce 
traitement,  la  dissolution  chloroformique  est  d'un  vert  plus  bleuâtre  ou 
même  bleu  vfrdàtre.  On  la  sépare  de  l'eau  acide,  et  on  la  distille  après 
lui  avoir  ajouté  de  l'eau  distillée;  on  a  comme  produit  distillé  le  chloro- 
forme et  pour  résidu  la  matière  colorante  verte  tenue  en  suspension  dans 
l'eau  ;  on  recueille  celle-ci  sur  un  petit  filtre,  et  on  la  traite  par  de  l'alcool 
pour  lui  enlever  la  matière  colorante  rouge  qui  ne  s'y  trouve  qu'en  très-mi- 
nime quantité,  et  plus  spécialement  dans  les  premiers  traitements  du  bois 
par  le  chloroforme.  L'alcool  dissout  la  matière  colorante  rouge  et  un  peu 
de  matière  verte;  on  abandonne  cette  dissolution  à  l'évaporalion  spontanée 
et  on  traite  le  produit  d'abord  par  de  l'élher,  qui  dissout  un  peu  de  matière 
brune,  et  puis  par  un  peu  d'alcool  à  gS  degrés,  qui  dissout  la  substance 
rouge  et  la  laisse  comme  résidu  par  évaporation  spontanée. 

.)  Je  me  suis  demandé  quelle  pouvait  être  l'origine  de  la  inalière  colo- 
rante verte  du  bois  mort.  Je  ne  pense  pas  que  l'on  doive  l'attribuer  à  une 
altération  particulière  du  ligneux,  bien  que  celui-ci  se  trouve  dans  un  état 
d'érémacausie  plus  ou  moins  avancé.  Je  ne  crois  pas  non  plus  que  l'on 
puisse  attacher  de  l'importance  à  la  présence  d'insectes  dont  on  trouve  les 
traces  dans  la  plupart  des  échantillons,  car  alors  la  matière  colorante  de- 
vrait se  montrer  de  préférence  dans  les  endroits  que  l'insecte  a  habités  ;  or, 
la  matière  colorante  est  répandue  dans  toutes  les  parties  du  bois.  Cette  der- 
nière circonstance  me  semble  aussi  exclure  les  champignons  ou  produc- 
tions cryptogamiques;  mais  dans  ce  dernier  cas  on  peut,  pour  s'éclairer, 
avoir  recours  au  microscope.  L'examen  microscopique  ne  m'a  rien  indiqué 
de  particulier,  si  ce  n'est  une  coloration  uniforme  des  vaisseaux  et  des  fibres 
ligneuses  ;  mais,  comme  je  n'ai  pas  l'habitude  de  ce  genre  de  recherches. 


(  53) 
j'ai  prié  M.  Miissat,  jeune  et  habile  naturaliste,  de  vouloir  bien  en  fjire  de 
son  côté  un  examen  attentif.  M.  Mussat  a  vu,  comme  moi,  les  fibres  et  les 
vaisseaux  uniformément  colorés  en  vert;  il  n'a  pu  observer  aucun  corps 
étranger,  aucune  production  cryptogamique,  et  il  a  vu,  en  expérimen- 
tant sous  le  microscope,  les  vaisseaux  et  les  fibres  céder  la  matière  colorante 
au  chloroforme  et  à  l'acide  acétique  cristallisable  et  se  décolorer,  [-.a  colo- 
ration du  bois  me  paraît  due  à  un  phénomène  de  teinture,  et  ce  phénomène 
me  semble  pouvoir  être  attribué  à  une  transformation  spéciale,  soit  des 
substances  astringentes  contenues  dans  le  bois  au  moment  de  sa  mort,  soit 
plutôt  des  matières  apportées  dans  le  bois  mort  par  les  sucs  de  l'arbre  qui 
ont  pu  y  pénétrer  par  imbibition  ;  car  je  rappellerai  que  les  fragments  de 
bois  soumis  à  mon  examen  avaient  été  pris,  pour  la  plupart,  sur  des  arbres, 
et  que,  pour  ceux  qui  ont  été  trouvés  à  terre,  on  peut  admettre  que  la  co- 
loration était  produite  lorsqu'ils  y  sont  tombés. 

»  La  matière  colorante  rouge  offre  de  l'analogie  avec  une  subslancetrès- 
répandue  dans  le  règne  végétal,  et  que  l'on  a  appelée  cyanine,  pnrncarlhn- 
mine.  Elle  en  diffère  cependant  par  quelques  caractères;  mais  j'ai  eu  trop 
peu  de  produit  pour  l'étudier  suffisamment. 

»  I.a  matière  colorante  verte,  que  l'on  aurait  pu,  au  premier  abord,  con- 
sidérer comme  de  la  chlorophylle,  en  diffère  par  ses  propriétés  chimiques. 
Il  ne  serait  pas  impossible  cependant  que  ces  deux  matières  colorantes 
eussent  la  même  origine;  et  si,  comme  je  le  suppose,  la  matière  verte  du 
bois  a  été  apportée  par  les  sucs  propres  de  larbre,  ne  pourrait-on  pas  ad- 
mettre que  les  éléments  qui  donnent  naissance  à  la  chlorophylle  dans  les 
feuUles  et  les  parties  vertes  des  plantes  ont  produit  dans  le  bois  la  matière 
colorante  verte,  et  ne  trouverait-on  pas  alors  dans  l'observation  de  ces  laits 
la  preuve  que  la  chlorophylle  ou  du  moins  ses  éléments  sont  fournis  par  la 
sève  des  plantes? 

»  J'ai  cherché  à  opérer  sur  cette  matière  colorante  lui  dédoublement 
analogue  à  celui  que  M.  Fremy  a  produit  sur  la  chlorophylle;  mais  je  n'ai 
pu  réussir  :  la  matière  colorante  devient,  il  est  vrai,  d'un  vert  plus  bleu 
sous  l'influence  des  acides,  mais  c'est  en  cédant  à  ces  derniers  un  peu  de 
chaux,  qui  tend  à  lui  donner  une  couleur  vert-jaunâtre,  ainsi  que  je  l'ai  dit 
en  parlant  de  l'action  des  alcalis  sur  cette  substance.  La  matière  colorante 
verte  ne  fournit  de  substance  jaune  dans  aucun  cas.  Je  la  considère  comme 
une  matière  colorante  spéciale,  et  je  propose  de  la  désigner  sons  le  nom 
à'acide  xylocliloérkjue,  de  ^i^)ov,  bois,   et  de  yloipoç,  vert,  nom  qui  rap- 


(  54  ) 

pelle  son  origine,  sa  couleur  el  la  propriété  qu'elle  a  de  s'unir  aux  bases. 
»  Je  profiterai  de  celte  circonstance  pour  engager  les  chimistes  à  adopter, 
comme  je  le  fais  ici  et  comme  je  l'ai  fait  dans  mon  travail  sur  les  suppura- 
li„„s  hlciws,  à  adopter,  dis-je,  pour  désigner  les  matières  colorantes,  un  nom 
complexe  formé  de  deux  mois  grecs  ou  latins  propres  à  indiquer  l'origine 
et  la  couleur  de  la  matière  colorante,  et  à  donner  à  ce  mot  la  terminaison  en 
im-  pour  les  matières  qui  jouent  le  rôle  de  bases,  la  terminaison  en  ique 
précédée  du  mot  acide,  pour  celles  qui  jouent  le  rôle  d'acides,  et  enfin  la 
terminaison  en  ose  pour  les  matières  colorantes  indilférentes.  11  me  semble 
que  l'adoption  d'une  nomenclature  basée  sur  ces  principes  faciliterait 
beaucoup  l'étude  des  matières  colorantes,  déjà  si  nombreuses,  et  dont  le 
nombre  va  croissant  chaque  jour.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE  —   Recherches  sur  les  loluiles  et  leurs  homologues  ;  Note 
de  M.>I.  A  Riche  et  P.  Bekard,  présentée  par  M.  Peligot. 

«  La  classe  des  amides  a  été  fort  étudiée,  mais  il  n'en  est  pas  de  même 
des  anilides  et  surtout  des  composés  correspondants  fournis  par  la  loluidine 
et  les  autres  bases  homologues.  Nous  nous  occupons  depuis  quelque 
temps  de  l'étude  de  ces  corps,  et,  si  nous  publions  ces  premiers  résultats, 
c'est  en  raison  de  l'intérêt  qu'ils  peuvent  offrir  aux  fabricants  des  matières 
colorantes  retirées  du  goudron  de  houille. 

..  Comme  chacun  lo  sait,  l'aniline,  obtenue  par  la  réaction  du  fer  et  de 
l'acide  acétique  sur  la  nitrobenzine,  est  soumise  à  une  rectification  :  dans 
certaines  usines  on  a  remarqué  que  des  huiles  de  houille,  très-estimées 
d'ailleurs,  connues  sous  le  nom  de  benzines  anglaises,  donnaient  à  la  fin  de 
celle  seconde  distillation  une  boue  épaisse,  impropre  à  la  fabrication  des 
matières  colorantes.  Cette  boue  (^st  un  mélange  d'huiles  diverses  et  d'un 
corps  solide  qui  fait  l'objet  de  cette  Note.  Pour  le  séparer,  on  expose  la 
masse  pendant  quelques  jours  sur  un  corps  poreux,  des  briques  par  exemple, 
on  la  comprime  ensuite  dans  un  linge  sous  une  presse  énergique.  Une  huile 
visqueuse  s'en  échappe  et  on  obtient  un  pain  jaunâtre  qu'on  traite  par  une 
grande  quantité  d'eau  bouillante  dans  une  marmite  de  foule.  On  jette  la 
liqueur  sur  une  chausse  en  laine.  T.e  liquide  dépose  par  le  refroidissement 
des  aiguilles  blanches,  souillées  encore  par  des  huiles.  On  les  en  débarrasse 
lol.'deini  nt  jiarune  deuxième  cristallis:ilion  dans  l'eau  bouillante  suivie  par 
une  ou  deux  cristallisations  ilaus  l'alcool  à  '6G  degrés. 


(  55  ) 

»  Ce  corps  cristallise  irordinaire  en  longues  et  belles  aiguilles  blanches. 
Notablement  soluble  dans  l'eau  bouillante,  il  ne  l'est  pas  sensiblement  dans 
l'eau  froide.  11  se  dissout  en  très-grande  quantité  dans  l'alcool  bouillant; 
il  est  moins  soluble  dans  l'éther.  Il  fond  à  i45  degrés, età  cette  température 
il  émet  déjà  des  vapeurs  blanches  trés-âcres  qui  se  condensent  en  aiguilles 
dans  les  parties  froides  du  vase.  Par  le  refroidissement  le  liquide  se  con- 
crète en  une  masse  cristalline.  Il  ne  bout  pas  à  3o5  degrés,  limite  de  notre 
thermomètre,  mais  à  35o  degrés  il  distille  avec  violence  en  ne  laissant  qu'un 
résidu  insignifiant  de  charbon.  Aussi  avons-nous  pu  prendre  la  densité  de 
sa  vapeur,  grâce  à  MIVI.  Deville  et  Troost  qui,  avec  leur  bienveillance 
habituelle,  ont  mis  à  notre  disposition  leur  appareil  à  température  con- 
stante, celle  de  la  vapeur  du  mercure  en  ébuUition.  Celte  densité  a  été 
trouvée  égale  à  5,32. 

»  Sa  formule  est 

C'«H"AzO^  =  4vol. 
En  effet,  on  a 

I.                         II.  m.                        IV.  Théorie. 

Carbone 72, i3  72,71  72,37  72,57  72,48 

Hydrogène 7,97  8,25  7,58               7,67  7,81 

Azote 9,79  9,33  9,35                  .,  9,39 

Oxygène »                      »  «                      ,  10,82 


100,00 


»  La  densité  de  vapeur  vérifie  cette  formule,  car  la  densité  donnée  par  le 
calcul  est  5, 1 7 .  En  effet,  l'équivalent  de  ce  corps  est  1 49  et  ■    ^^°'°  ^  =  5,17. 

»  Il  restait  à  trouver  la  formule  rationnelle  de  ce  corps  et  son  mode  de 
génération. 

»  Comme  il  se  produit  de  l'acétone  dans  cette  fabrication,  on  pouvait 
supposer  que  cette  formule  devait  être  écrite  : 

(C'2H=)      \ 
(C*H'02)    Az, 
G- H'        ) 

mais  tous  nos  efforts  pour  en  tirer  de  l'aniline  sont  restés  infructueux.  Au 
contraire  ce  corps  fournit  de  l'acide  acétique  et  de  la  toluidine  dans  diverses 
réactions,  de  sorte  qu'il  faut  le  considérer  comme  l'amide  acétique  de  la 
toluidine  ou  ïacélo-lolidcle. 


(  56) 

»  On  a,  en  effet, 

C'*H' 
C"H"  AzO^  =  (CMl'O*)  I  Az. 
H 

»  Quand  on  fait  passer  la  vapeur  de  ce  corps  dans  un  tube  de  porcelaine 
cliauffé  au  rouge  sombre,  on  obtient  une  niasse  brune  solide  qui  renferme, 
outre  de  la  matière  primitive  non  altérée,  vni  mélange  de  loluidine  et  de 
résine. 

li  Quand  on  la  fait  bouillir  avec  de  la  lessive  de  potasse,  elle  ne  s'altère 
que  lentement;  mais  si  on  la  distille  brnsqueuient  sur  de  la  potasse  fondue, 
elle  se  change  eu  acide  acétique  et  en  toluidine  sans  qu'on  remarque  la 
moindre  coloration  dans  la  masse.  On  a  constaté  l'identité  de  ce  dernier 
corps  avec  la  toluidine  par  l'examen  de  ses  propriétés  physiques,  par  son 
analyse  et  par  celle  du  chloroplatinate 

»  La  potasse  qui  avait  servi  à  cette  réaction  a  été  dissoute  dans  l'eau, 
traitée  par  un  courant  d'acide  carbonique  :  la  liqueur  a  été  évaporée  à  sec; 
jjuis  on  a  repris  par  l'alcool  qui  n'a  dissous  qu'un  acétate  alcalin. 

»  L'acéto-loluide  s'échauffe  au  contact  du  chlore  et  du  brome  :  de  l'acide 
chlorhydrique  ou  bromhydrique  se  dégage  et  il  reste  une  masse  visqueuse 
connue  de  la  térébiMithine  ancienne.  L'acide  nitriipie  moyennement  con- 
centré l'attaque  avec  énergie  en  dégageant  des  vapeurs  rutilantes  :  l'eau  en 
précipite  une  résine  jaunâtre  soluble  dans  les  alcalis.  L'acide  chlorhydrique 
et  l'acide  sulfurique  en  dissolvent  même  à  froid  mie  grande  quantité  :  l'eau 
la  reprécipite  inaltérée.  Quand  on  la  chauffe  avec  de  l'acide  phosphorique, 
il  se  dégage  des  fumées  blanches,  et  il  reste  un  résidu  charbonneux  tres- 
abondanl.  Avec  le  perchlorure  de  phosphore  la  matière  fond  et  s'échauffe. 
Le  liquide  obtenu  par  distillation,  redistillé  de  nouveau,  fournit  de  l'oxy- 
chlorure  de  phosphore  et  un  liquide  jaune  qui  se  découipose  par  l'eau  en 
précipitant  une  matière  blanche  ressemblant  à  la  matière  primitive. 

»  L'iodure  d'éthyle  en  excès  ne  fait  que  la  dissoudre  à  loo  degrés  dans 
des  tubes  scellés;  mais  (piaud  on  niaiiilient  ces  deux  substances  en  contact 
à  i8o  degrés  pendant  quinze  à  vingt  heures,  il  se  forme  un  liquide  brun 
très-acide.  Si  l'on  sépare  l'iodure  d'éthyle  par  distillation  au  bain-marie,  il 
reste  un  li(|iude  brun  qui,  distillé  avec  de  la  potasse,  donne  une  huile 
ambrée.  (.À'tte  huile  contient  de  la  diélhyltoluidine,  bouillant  à  i3o  degrés, 
que  nous  avons  analysée,  et  des  produits  bouillanls  à  une  température  plus 


(  57  ) 

élevée.  Les  acides  saturés  par  la  potasse  sont  de  l'acide  iodhydrique  et  de 
l'acide  acétique. 

B  II  restait  à  préparer  synthéliquemeiit  cette  matière.  A  cet  effet,  nous 
avons  distillé  un  mélange  à  équivalents  égaux  d'acide  acétique  et  de  tolni- 
dine,  et,  fractionnant  les  produits,  nous  avons  recueilli  séparément  le  der- 
nier cinquième,  qui  se  solidifie  dans  le  récipient.  Ce  corps  est  un  mélange 
de  toluidine  et  de  toluide  acétique,  car  il  fond  de  70  à  80  degrés,  et  quand 
on  le  traite  par  de  l'eau  acidulée,  qui  dissout  la  toluidine,  on  obtient  un 
résidu  blanc  fondant  à  i45  degrés. 

»  Nous  avons  répété  cette  synthèse  au  moyen  de  l'aniline  pure  do  l'in- 
digo traitée  par  l'acide  acétique,  et  nous  avons  obtenu  de  même  pour 
résidu  un  mélange  d'aniline  et  d'anilide  acétique,  corps  isolé  déjà  par 
M.  Cahours,  puis  étudié  par  Gerhardt. 

«  Nous  concluons  de  ces  recherches  que  les  fabricants  de  matières  colo- 
rantes dites  à  l'aniline  éviteraient  une  perte  notable,  si  au  lieu  de  rectifier 
le  liquide  seul,  ils  le  redistillaient  avec  une  petite  quantité  d'une  base 
hydratée,  telle  que  la  chaux  éteinte  ou  la  soude  caustique  :  la  toluidine  et 
même  l'aniline  entraînées  par  l'acide  acétique  seraient  remises  en  liberté. 
En  terminant,  nous  remercions  M.  Morel,  ingénieur  chimiste  de  l'usine  de 
MM.  Poirier  et  Ghappat,  d'avoir  bien  voulu  mettre,  avec  une  grande  obli- 
geance, à  notre  disposition  les  matériaux  de  ce  travail.  » 

M.  Garrigou  présente  quelques  remarques  relatives  aux  Notes  récentes 
de  M.  Eug.  Roberi  et  de  M.  Scipion  Gras,  concernant  la  non-contempora- 
néité  de  l'homme  et  des  espèces  éteintes  de  grands  Pachydermes. 

M.  LiWDiER  adresse  une  Note  «  sur  l'observation  des  ondes  atmosphé- 
riques des  hautes  régions  »,  et  stu'  le  parti  que  l'on  peut  tirer  de  cette 
observation  pour  prévoir,  parfois  plusieurs  jours  d'avance,  l'approche  d'une 
tempête. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Le  Verrier.) 

M.  Lemaikf.  rappelle,  à  l'occasion  d'une  Note  récente  de  M.  Pasteur  siii' 
la  putréfaction,  les  commiuiications  qu'il  a  faites  à  l'Académie  en  1860 
et  1862,  communications  dans  lesquelles  il  a  cherché  à  faire  ressortir  le 
rôle  des  infusoires  d;uis  le  phénomène  de  la  puir.'ficlion. 

C.  R.,  i863,  a-ne  Semestre.  (T.  LVII,  N"  l.)  8 


(  58) 

M.  Chevaxdier  adresse  de  Die  (  Drôme)  une  Note  sur  un  œuf  monstrueux, 
et  V  joint  la  pièce  elle-nièinp  conservée  dans  l'esprit-de-vin. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Coste.) 

M.  BoLLMAXx-Co.vDY,  qui  avait  précédemment  adressé  au  concours  pour 
le  prix  Barbier  diverses  pièces  imprimées  et  manuscrites  concernant  les  pro- 
priétés désinfectantes  des  manganates  et  permanganates  alcalins,  prie  l'Aca- 
démie de  vouloir  bien  renvoyer  à  l'examen  de  la  Commission  chargée  île 
jugor  ce  concours  un  autre  opuscule  qu'il  avait  publié  quelque  temps 
auparavant  et  qui  a  pour  titre  :  «  Désinfection  et  moyen  de  prévenir  des 
maladies  ».  [Voir  an  Bulklin  bibliocjrapliique.) 

M.  IIaussha.nn  prie  l'Académie  |de  vouloir  bien  comprendre  parmi  les 
pièces  de  concours  pour  le  prix  de  Statistique  l'ouvrage  qu'il  lui  a  présenté 
il  y  a  quelques  semaines  et  qui  a  pour  titre  :  «  Paris  immobilier  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  Da.n'bom  adresse  une  Note  concernant  l'action  heureuse  qu'a  exercée 
sur  des  plaies  superficielles  récentes  l'immersion  dans  l'eau  accumulée  au 
fond  du  gazomètre  de  l'Hospice  des  aliénés  de  Charenton. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  T". 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  6  juillet  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Rapport  mr  la  raije  considcrce  au  point  de  vue  de  l'Itjgiéne  publique,  de  ta 
police  scmiiaire  cl  de  la  prophylaxie;  par  M..  H.  BOULEY.  (Extrait  du  Bulletin 
de  V Académie  impériale  de  Médecine.)  Paris,  i863;  in-8°. 

Recherches  sur  les  maladies  des  enfants  nouveau-nés  [céphalœmatome) ;  par 
V.  Seux.  Paris,  i8G3;  in-8°. 

Correspondance  inédite  de  Linné  avec  Claude  Richard  et  Jntoine  Richard 


(  59  ) 

(1764-1774))''''"^"''^^'  annotée  par  A.  Laindrin.  (Extrait  des  Mémoires  de 
la  Sociéic des  Sciences  naturelles  de Seine-et-Oise.)  Versailles,  i86'3;  in-S". 

Leçon  sur  lu  fermentation  alcoolique,  projessée  le  jeudi  "j  mai  i863  à  la 
Faculté  des  Sciences  de  Dijon;  par  M.  Laduey.  (Extrait  de  la  Revue  viiuole.) 
Dijon,  i863;  in-8". 

Essais  sur  les  recherches  à J aire  et  les  réactifs  à  employer  dans  les  visites  des 
officines  de  pharmacie,  les  magasins  de  drogueries  et  d'épiceries,  etc.;  par 
M.  A.  Chevallier.  Paris,  1862;  in-8°. 

Practical...  Lithotomie  cl  lilhotrilic  pratiques,  ou  Recherches  sur  les  meil- 
leurs moyens  de  débarrasser  de  la  pierre  la  vessie  urinaire^  /«i;' Henry  Thompson. 
Londres,  i863;  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Civiale,  qui  fait  remarquer  que 
l'auteur,  en  1862  et  1860,  avait  obtenu  le  prix  de  la  fondation  Jackson 
pour  des  travaux  se  rapportant  également  aux  maladies  des  voies  uri- 
naires.  ) 


Ti^^  nno  ^g"! 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  15  JUILLET  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUMCATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  LE  .^îiNisTRE  DE  l'I\strcctio\  PUBLIQUE  traiismet  ampliation  d'un  décret 
impérial  en  date  du  6  courant  qui  confirme  la  nomination  de  M.  le  contre- 
amiral  Paris  à  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Géographie  et  Navigation 
par  suite  du  décès  de  J7.  Bravais. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Paris  prend  place  parmi  ses 
confrères. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  Denis  {de  Commercy),  l'un  de  ses  Correspon- 
dants pour  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.  Le  savant  médecin, 
ainsi  qu'on  l'apprend  par  une  Lettre  de  son  fils  adressée  à  M.  le  Président, 
est  décédé  à  Toul,  le  3  de  ce  mois. 

M.  Bertrand  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  des  «  Lettres 
siu'  les  révolutions  du  globe  )>,  par  feu  M.  Alexandre  Bertrand,  son  père, 
ouvrage  dont  il  vient  de  faire  paraître  la  sixième  édition  en  y  joignant  de 
nouvelles  Notes  et  une  Préface. 

«  M.   LE  Président  ayant  invité  le  Secrétaire  perpétuel  à  adresser  les  re- 
mercîments  de  l'Académie   à  M.  Joseph  Bertrand,  M.  Élie  de  Beaumont 

C.  R.,  i8G3,2™«  Se>7iesirc.  (T.  LVII,  N»  2.)  9 


(62    ) 

répond  qu'il  sacquittcra  de  ce  devoir  avec  d'autant  plus  de  plaisir,  que  i'ou- 
vra-e  de  M.  Alexandre  Bertrand  lui  paraît  être,  parmi  ceux  qui  sont  acces- 
sibles à  la  généralité  du  public  instruit,  l'un  des  plus  propres  à  faire  com- 
prendre les  rapports  qui  existent  entre  la  Géologie  considérée  sous  les  points 
de  vue  habituels  de  l'Histoire  naturelle,  et  l'étude  du  globe  terrestre  consi- 
dérée aux  points  de  vue  de  l'Astronomie,  de  la  Mécanique  et  de  la  Physique. 
11  doit  en  partie  cet  avantage  aux  Notes  qui  font  suite  au  texte  primitif,  Notes 
qui  dans  l'édition  actuelle  ont  reçu  de  M.  Joseph  Bertrand  d'importants  et 
utiles  développements  où  il  se  montre  le  digne  et  lucide  interprète  des 
Laplace  et  des  Fourier,  de  même  que  son  père,  dans  le  corps  de  l'ouvrage,  a 
su  mettre  a  la  portée  de  tous  les  plus  belles  découvertes  de  Cuvier.   » 

CHIMIE  ORGAiNiQUE.  —  Recherches  sur  Ics  pétroles  ci  Jmérique  ; 
par  MM.  J.  Pelouze  et  Aug.  Cauouiis. 

«  Dans  deux  Notes  successives  que  nous  avons  présentées  à  l'Académie 
sur  les  pétroles  d'Amérique,  nous  avons  fait  connaître  huit  carbures  d'hy- 
drogène appartenant  à  la  série 

dont  le  gaz  des  marais  forme  le  premier  terme. 

»  Dans  le  travail  que  nous  avons  l'honneur  de  lui  soumettre  aujourd'hui, 
nous  nous  proposons  de  faire  connaître  quatre  nouveaux  termes  de  cette  série 
que  nous  avons  retirés  de  ces  mêmes  pétioles  par  des  distillations  fraction- 
nées, les  matières  étant  ultérieurement  purifiées  par  l'action  successive  de 
l'acide  sulfurique  concentré,  du  carbonate  de  sonde,  une  digestion  sur  du 
chlorure  de  calcium  anhydre,  une  distillation  sur  du  sodium,  et  {inalement 
par  une  nouvelle  rectification. 

»  Le  premier  terme  que  nous  avons  séparé  bout  entre  196  et  200  degrés. 
C'est  un  liquide  incolore  et  très-limpide  dont  l'odeur  est  légèrement  téré- 
bcnthinée.  Sa  densité  est  de  0,776  à  la  température  de  20  degrés.  Le  brome, 
l'acide  nitrique  fumant  et  l'acide  sulfurique  au  maximum  de  concentration 
ne  l'attaquent  pas  à  froid.  Le  mélange  de  ces  deux  acides  agit  sur  le  car- 
bure lorsqu'on  soumet  ces  corps  à  la  température  de  lébullition. 

M  Prolonge-t-on  l'action,  ou  voit  se  former  une  petite  quantité  d'un  pro- 
duit solide  et  cristallisable,  il  se  sépare  une  huile  jaunâtre  un  peu  plus  pesante 
que  l'eau  ;  de  plus  ou  démêle  au  milieu  du  gaz  nitreux  l'odeur  des  acides 
volatils  qui  appartiennent  à  la  série  acétique. 

I)   L'analyse  de  ce  produit  nous  a  douné  les  résultats  suivants  ; 


(  63] 
»   I.   o^'',  365  de  matière  ont  donné  par  la  combustion  avec  l'oxvde  de 
cuivre  o^"',  607  d'eau  et  i^',  i35  d'acide  carbonique. 

»   II.  0^^393  d'un  second  échantillon  ont  donné  o^',  544  d'eau  et  i^'',  219 
d'acide  carbonique. 

»Ces  résultats,  traduits  en  centièmes,  conduisent  aux  nombres  suivants  : 

I.  '   II. 

Carbone ^4 '79  84,58 

Hydrogène '5,42  i5,36 

et  s'accordent  avec  la  formule  C"''H-^  En  effet,  ou  a 
C'« i44  84,70 

H'« 26  i5,3o 


170  100,00 

»  Celle-ci  se  trouve  pleinement  confirmée  par  la  détermination  de  la 
densité  de  vapeur  de  ce  carbure.  En  effet,  l'expérience  nous  a  fourni  les 
nombres  suivants  : 

Température  de  l'air 16" 

Température  de  la  vapeur 235° 

Excès  (le  poids  du  ballon i^'',07i 

Capacité  du  ballon 36i" 

Baromètre o™ ,  762 

Air  restant 0,000 

D'où  l'on  déduit  pour  le  poids  du  litre 7>772 

Et  par  suite  pour  la  densité  cherchée 5,972 

Le  calcul  donne 5,987 

»  En  conséquence  nous  désignerons  ce  produit  sous  le  nom  d'hydrure  de 
lauryle. 

»  Le  second  produit  bout  entre  216  et  218  degrés.  C'est  un  liquide  inco- 
lore et  très-limpide  dont  l'odeur  est  un  peu  plus  térébenthinée  que  celle  du 
carbure  précédent.  Sa  densité  est  de  0,792  à  la  température  de  20  degrés. 
Le  brome,  l'acide  azotique  fumant,  l'acide  sulfurique  au  maximum  de  con- 
centration, ainsi  que  le  mélange  de  ces  deux  acides,  se  comportent  à  son 
égard  comme  avec  le  composé  précédent. 

»  L'analyse  de  cette  substance  nous  a  donné  les  nombres  suivants  : 

>>  o'',  44^  de  matière  ont  donné  par  la  combustion  avec  l'oxyde  de  cuivre 
0^^612  d'eau  et  iS'^,371  d'acide  carbonique. 

»  D'où  l'on  déduit  pour  la  composition  en  centièmes  : 

Carbone 85,  o4 

Hydrogène,...      i5,37 

9'- 


(64) 
nombres  qui  s'HCCordeiit  avec  la  formule  C=»H=«.  En  effet,  on  a 

C".  ....••  i56       84,78 

H" 28  l5,22 

184       100,00 

»  Celle-ci  se  trouve  pleinement  confiruiée  par  la  détermination  de  la 
densité  de  vapeur  qui  nous  a  fourni  les  nombres  suivants  : 

Teiii|xiatiiie  de  l'air 16" 

Teiiipéialure  de  la  vapeur 203° 

Excès  de  poids  du  ballon o^'',  87  i 

Capacité  du  ballon 276" 

Baromètre o-^j^Ga 

Air  restant o  ,000 

D'où  l'on  déduit  pour  le  poids  du  litre 8,494 

Et  par  suite  pour  la  densité  cherchée 6,569 

Le  calcul  donne 6 ,48 1 

»  Nous  désigneronspar  suite  ce  composé  sous  le  noui  (ïhjdruredt  cocwrle. 

»  Le  troisième  terme  que  nous  sommes  parvenus  à  isoler  à  l'état  de 
pureté  bout  entre  2%  et  240  degrés.  C'est  un  liquide  incolore  et  très-lim- 
pide dont  l'odeur  ne  diffère  pas  sensiblement  de  celle  du  produit  précédent. 
Quant  à  ses  propriétés,  elles  sont  entièrement  analogues  :  même  résistance 
à  l'action  de  certains  réactifs,  attaque  facile  par  le  chlore  et  formation  de 
produits  de  substitution  tout  semblables. 

»  L'analyse  de  ce  composé  nous  a  donné  les  résultats  suivants  : 

»  08'',  353  de  matière  nous  ont  donné  par  leur  combustion  avec  l'oxyde 
de  cuivre  0^,485  d'eau  et  i^"",  096  d'acide  carbonique. 

«   D'où  l'on  déduit  pour  la  composition  en  centièmes  : 

Carbone 84,67 

Hydrogène....      i5,25 

nombres  cpii  s'accordent  avec  la  formule  C"'!!'".  En  effet,  on  a 

C» 168  84,85 

H'" 3o  i5,i5 

198  100,00 

»  Nous  avons  comme  précédemment  déterminé  l'équivalent  de  cette 
substance  au  moyen  de  la  densité  de  sa  vapeur. 


(  65  ) 
»  L'expérience  nous  a  fourni  les  résultats  suivants  : 

Température  de  l'air 20° 

Température  de  la  vapeur 281° 

Excès  de  poids  du  ballon   "1984 

Capacité  du  ballon ■292''' 

Baromètre o"',76i 

Air  restant - o ,  000 

D'où  l'on  déduit  pour  le  poids  du  litre 9)07*3 

Et  par  suite  pour  la  densité  cherchée •  .  .  7  )0'9 

Le  calcul  donne *3)974 

»  Nous  désignerons  par  suite  ce  produit  sous  le  nom  d'hydinre  de  my- 
ristyle. 

n  Le  dernier  ternie  que  nous  sommes  parvenus  à  séparer  de  l'échantillon 
d'huile  peu  volatile  que  nous  avions  à  notre  disposition  se  présente  après 
purification  sous  la  forme  d'un  liquide  incolore  entièrement  semblable  au 
précédent  et  par  l'aspect,  et  par  l'odeur,  et  par  la  manière  dont  il  se  com- 
porte avec  les  réactifs.  Il  bout  entre  aSS  et  260  degrés.  Soumis  à  l'analyse,  il 
nous  a  donné  les  résultats  suivants  : 

»  o^"^,  384  de  matière  fournissent  par  leur  combustion  avec  1  oxyde  de 
cuivre  o^"',  617  d'eau  et  i^^igS  d'acide  carbonique. 

»  D'où  l'on  déduit  pour  la  composition  en  centièmes  : 

Carbone 84 , 7 1 

Hydrogène....      i4>9*' 

nombres  qui  s'accordent  avec  la  formule  C"'H'-.  En  effet,  on  a 

C^» i8o  84,91 

H" 32  15,09 

212  100,00 

»  La  densité  de  vapeur  de  cette  substance  continue  complètement  cette 
formule. 

B  En  effet,  l'expérience  directe  nous  a  donné  le  nombre  7,523,  le  calcul 
donne  7,467- 

»  Il  n'est  pas  douteux,  d'après  cela,  que  l'on  pourra  retirer  des  pétroles 
américains,  en  suivant  la  méthode  que  nous  avons  indiquée,  la  série  des 
termes  supérieurs  de  ce  curieux  groupe  jusqu'aux  paraffines  les  moins 
volatiles  dont  l'équivalent  doit  être  trés-élevé. 

»  Dans  notre  dernière  communication,  nous  avons  annoncé  que  ces 
divers  hydrures  soumis  à  l'action  du  chlore  fournissaient,  comme  premier 


(66) 
produit  de  substitution,  des  composés  qui  ne  sont  autres  que  les  éthers 
clilorliydriques  des  divers  alcools  qui  s'y  rapportent.  Nous  allons  faire  con- 
naître ici  sommairement  ces  divers  produits. 

»   Parmi  les  divers  échantillons  des  pétroles  américains  que  nous  avons 
examinés   il  en  est  un  qui  nous  a  fourni  sensiblement  le   sixième  de  son 
volume  d'un  produit  bouillant  au-dessous  de  35  degrés.  Par  une  nouvelle 
rectification,  nous  avons  pu  séparer  une  certaine  proportion  d'un  liquide 
bouillant  au-dessous  de  20  degrés  qui,  par  des  traitements  fractionnés,  nous 
a  donné  finalement  un  liquide  très-mobile  bouillant  entre  +5  et  + 10  degrés. 
Traité  par  le  clilore  sec,  ce  dernier  fournit  une  substance  qui,  purifiée  |)ar 
■  des  lavases  au  carbonate  de  soude,  une  dessication  sur  du  chlorure  de  cal- 
cium,  et  finalementsoumise  à  la  distillation,  nous  a  donné  une  certaine  quan- 
tité d'un  produit  incolore  et  très-limpide  bouillant  entre  64  et  68  degrés. 

»   L'analyse  de  ce  composé  nous  a  donné  les  nombres  suivants  : 

»   I.  os^/ioode  matière  nous  ont  donné,  par  leur  combustion  avec  l'oxyde 
de  cuivre,  o8%358  d'eau  et  os%765  d'acide  carbonique. 

»   II   oE'',363  du  même  produit  nous  ont  donné  oS%537  de  chlorure  d'ar- 
gent, soit  oS'',r398  de  chlore. 

u   Ces  résultats,   traduits  en  centièmes,  conduisent  aux   nombres  sui- 
vants : 

1.  11.  Théorie. 

Carbone 52,i5  "  C  48,0      5i  ,89 

Hydrogène 9,93  »  H'  9,0         9,78 

Chlore »  38,5i  Cl  35, o       38,38 

92,0     100,00 

»  Il  suit  de  là  que  la  portion  la  plus  volatile  des  pétroles  que  nous  avons 
soumis  à  l'analyse  renfermerait  de  l'hydrure  de  butyle,  dont  le  point  d'é- 
bullition  doit  être  voisin  du  zéro  du  thermomètre,  et  que  le  produit  pré- 
cédent ne  serait  autre  que  le  chlorure  de  (mtf  le;  c'est  ce  que  confirme  du 
reste  la  détermination  de  la  densité  de  vapeur  de  ce  produit  : 

Température  de  l'air iS" 

Température  de  la  vapeur 1 14° 

Excès  de  jioids  du  ballon o8'',5io 

Capacité  du  ballon 288" 

Baromètre o'",763 

Air  restant 0,000 

D'où  l'on  déduit  pour  le  poids  du  litre.  .  .  .  4)^69 

Et  par  suite  pour  la  densité  cherchée 3,3o2 

Le  calcul  donne 3 ,228 


(  07  ) 

»  Nous  avons  fait  voir  dans  nos  Notes  précédentes  que  les  hydrures 
d'amyle  et  de  caproyle  traités  par  le  chlore  donnaient,  comme  premier  pro- 
duit de  substitution,  le  chlorure  d'amyle  et  de  caproyle,  et  nous  annoncions 
dès  notre  dernière  communication  que  les  divers  homologues  de  ces  car- 
bures, soumis  à  l'action  du  même  agent,  fournissaient  la  série  des  chlo- 
rures analogues. 

»  C'est  ainsi  que  l'hydrure  d'œnanthyle 

nous  a  donné  dans  ces  circonstances  un  produit  qui,  purifié  par  des  procé- 
dés semblables  à  ceux  que  nous  avons  indiqués  pour  le  chlorure  de  caproyle, 
nous  a  donné  un  composé  bouillant  entre  i48  et  i52  degrés  auquel  l'ana- 
lyse assigne  la  formule 

C'M1"CI 

que  confirme  entièrement  la  densité  de  vapeur  de  ce  produit. 
»  En  effet,  l'expérience  nous  a  donné  les  nombres  suivants  : 

Température  de  l'air i6° 

Terapcrature  de  la  vapeur. 200° 

Excès  de  poids  du  ballon o5'','j28 

Capaciié  du  balloa 3o5'^"' 

Baromètre C" ,  nôi 

Air  restant o  ,000 

D'où  l'on  déduit  pour  le  poids  du  litre 6, 180 

Et  par  suite  pour  ta  densité  cherchée 4>779 

Le  calcul  donne 4»  707 

»  L'hydrure  de  caproyle 

donne  pareillement  un  premier  produit  bouillant  entre  168  et  172  degrés 
dont  la  composition  est  exprimée  par  la  formule 

COH-'Cl 

que  confirme  la  densité  de  vapeur. 

»  En  effet,  l'expérience  nous  a  fourni  le  nombre  5,273;  le  calcul  donne 
5,201. 

»  L'hydrure  de  pelargyle 

C'^H-" 

fournit  un  premier  produit  de  substitution  bouillant  entre  i85  et  188  degrés, 


(68  ) 
.ioiil  la  composition  est  représentée  parla  formule 

C'«H'»C1. 
.,   La  détermination  de  la  densité  de  vapeur  de  ce  produit  nous  a  fourni 
les  nombres  suivants  : 

Température  de  l'air   19° 

Température  de  la  vapeur 238° 

Excès  de  poids  du  ballon o^^SSi 

Capacité  du  ballon s'jS" 

Baromètre o"' ,  7^7 

Air  restant o  ,000 

D'où  l'on  di'duit  pour  le  poids  du  litre 7  ,458 

Et  par  suite  ]>our  la  densité  cherchée 5,769 

Le  calcul  donne 5 ,093 

i>   Les  carbures 

C"H-% 

Q28yj30^ 

soumis  à  l'action  du  chlore,  nous  ont  donné  les  produits 

C^H^'Cl    bouillant  entre  204  et  206  degrés. 

C"H-'C1  »  222  et  225 

C"H''C1  »  240  et  245 

C"H="C1  »  258  et  262 

C"H"C1  "  vers  280       i. 

C"  H"  Cl  »  près  de  3oo 

»  Nous  n'avons  pu  déterminer  d'une  manière  utile  la  densité  de  vapeur 
que  du  premier  de  ces  termes  homologues,  les  autres  laissant  aux  tempéra- 
tures élevées  auxquelles  s'effectue  la  détermination  un  produit  dont  la  cou- 
leur d'un  brun  assez  intense  semble  annoncer  une  décomposition  partielle. 

)i  Si  l'on  songe  que  dans  le  forage  des  puits  destinés  à  l'extraction  de  ces 
huiles  on  a  signalé  le  dégagement  constant  d'un  gaz  qui  présente  tous  les 
caractères  du  gaz  des  marais,  on  voit  que  sous  l'influence  des  grands  phé- 
nomènes géologiques  qui  ont  déterminé  la  formation  de  ces  substances 
il  s'est  produit  une  série  non  interrompue  de  composés  homologues,  dont 


(  G9) 
les  premiers  termes  sont  gazeux,  tandis  que  les  derniers  exigent,  pour  leur 
volatilisation,  une  température  bien  supérieure  à  celle  de  l'ébullition  du 
mercure  et  qui  se  caractérisent  tous  par  luie  grande  indifférence  chimique. 

»  Quant  à  la  nature  des  substances  qui  ont  engendré  ces  produits  si 
divers,  on  ne  saurait  avoir  que  des  présomptions  à  leur  égard,  un  même 
composé  pouvant  donner  naissance  à  des  produits  très-variés,  suivant  les 
circonstances  dans  lesquelles  s'est  opérée  sa  décomposition.  Ces  composés, 
quelle  qu'en  soit  l'origine,  que  nous  laissons  aux  géologues  le  soin  d'établir, 
n'en  présentent  pas  moins  lui  intérêt  puissant,  lorsqu'on  songe  qu'on  peut 
les  considérer  comme  le  point  de  départ  de  combinaisons  nombreuses  et 
variées  (alcools,  aldéhydes,  acides,  ammoniaques,  etc.),  qui  forment  la  ma- 
jeure partie  des  produits  de  la  nature  organique. 

»  Dans  les  échantillons  nombreux  qui  nous  sont  parvenus  de  sources 
assez  diverses,  nous  n'avons  jamais  rencontré  ni  benzine,  ni  aucun  de  ses 
homologues,  ce  qui  semblerait  assez  indiquer  qu'on  ne  saurait  faire  dériver 
ces  carbures  de  la  houille,  ou  que,  s'ils  en  proviennent,  il  faudrait  admettre 
que  cette  substance  aurait  éprouvé  une  décomposition  différente  de  celle 
qu'elle  subit  lorsqu'on  la  soumet  à  une  distillation  lente  ou  rapide,  effectuée 
à  une  température  basse  ou  élevée.  Ces  produits  ressemblent  beaucoup  au 
contraire  à  ceux  qui  se  forment  lorsqu'on  soumet  à  des  tempéiatures  éle- 
vées les  divers  acides  gras  et  les  alcools  qui  leur  correspondent,  ainsi  qu'une 
foule  de  corps  organiques  qui  renferment  le  carbone  et  l'hydrogène  dans 
les  rapports  d'équivalent  à  équivalent,  ou  dans  des  rapports  très-rapprochés 
de  celui-là;  c'est  ce  que  l'un  de  nous  a  constaté,  et  ce  qui  ressortdes  re- 
cherches fort  intéressantes  que  MM.  Wurtz  et  Berthelot  ont  communiquées 
dans  ces  derniers  temps,  relativement  à  l'action  réciproque  de  ces  mêmes 
alcools  et  de  l'acide  sulfurique  concentré  d'une  part,  du  chlorure  de  zinc  de 
l'autre.   » 


PHYSIQUE.  —  Description  d'un  nouveau  spcctromètre  à  vision  directe  rendu 
plus  simple  et  moins  dispendieux  ;  par  M.  B.  Valz. 

«  Pour  observer  l'étonnante  variété  des  raies  spectrales  que  présentent 
déjà  un  faible  nombre  d'étoiles,  le  spectromètre  à  vision  directe  est  le  plus 
commode  et  même  le  seul  qu'on  puisse  employer  pour  ces  importantes  re- 
cherches. Cet  ingénieux  appareil  fut  d'abord  proposé,  comme  bien  d'autres 
très-dignes  d'intérêt,  par  M.  Amici,  au  moyen  de  trois  prismes;  mais,  comme 
ils  doivent  être  placés  en  sensinverse,  la  dispersion  s'y  trouve  réduite  au  tiers 

C.  R.,  i863.  2"«  Semestre.  (T.  LVII,  N"  2.)  lO 


(    70    ) 

environ  de  celle  cl  un  seul  prisme.  Pour  obvier  à  un  pareil  inconvénient  et 
augmenter  autant  que  possible  la  dispersion,  il  a  fallu  augmenter  hors  de 
foule  proportion  le  nombre  des  prismes.  Portés  à  ciiicj,  ils  rétablissaient  à 
peine  la  dispersion  avec  lui  seul.  Au  nombre  de  sept  et  de  neuf,  ils  l'augmen- 
taient de  plus  en  plus,  et  M.  Merz,  les  ayant  portés  jusqu'à  orne,  en  a  obtenu 
irimporlauts  résultats.  Mais  un  pareil  nombre  de  prismes,  sur  une  aussi 
"rande  épaisseur,  doit  absorber  une  forte  partie  de  la  lumière,  rendre  l'in- 
struuieut  bien  plus  dispendieux  qu'avec  le  nombre  de  prismes  seulement 
nécessaire  pour  produire  la  même  dispersion  et  exclure  un  plus  grand 
nombre  d'étoiles.  Il  fallût  donc  conserver  la  même  direction  au  rayon  avec 
une  forte  dispersion  et  le  petit  nombre  de  prismes  seulement  nécessaire. 
L'idée  inc  vint  alors  qu'on  pourrait  y  parvenir  en  faisant  parcourir  au 
rayon  une  circonférence  entière.  Pour  cela,  soit  a  l'angle  d'un  prisme  iso- 
cèle, /  l'angle  d'incidence,  et  n  l'indice  moyen  de  réfraction.  En  admettant 
la  déviation  minimum  ou  le  rayon  réfracté  parallèle  au  côté  opposé  à  l'angle 
(lu  prisme,  ^^  a  sera  l'angle  de  réfraction,  et  on  aura  sin  i  =  /isin|rt. 
L'angle  entre  les  côtés  latéraux  de  deux  prismes  sera  li,  et  celui  entre  deux 
côtés  opposés  à  l'angle  des  prismes  deviendra  i8o°  -ha  —  21.  Si  on  prend 
en  général  pour  le  flint  «  =  i,y,  on  aura  pour  4  prismes  a=  70°  55', 
/  =  80°  28'  ;  pour  6  prismes  a=  61°  53',  /  =  60''  56',  et  pour  8  prismes 
n  =  :>2"'io',  /^AS^AS'. 

»  Mais  un  rayon  ne  pouvant  être  admis,  comme  il  est  prescrit,  ni  sortir 
du  polygone  étoile  des  prismes,  on  n'en  emploiera  que  la  moitié  pour  faire 
tiécrire  d'abord  180  degrés  au  rayon  et  ensuite  encore  180  degrés  à  l'aide 
d'un  prisme  rectangle  isocèle  par  une  double  réflexion,  pour  trois  prismes 
réfringents,  et  où  le  rayon  suit  la  direction  abcdj.  Deux  prismes  pourraient 
sufllre,  à  la  rigueur;  mais  ils  produiraient  une  trop  forte  incidence ,  et 
cjuatre  prismes  donneraient  une  moindre  dispeision;  car,  en  prenant  suc- 
cessivement, avec  les  flints  de  Giiinand  à  l'acide  borique,  «=  1,68  et  1, 
72,   la   dispersion   pour  /)  |)rismes  serait    de    la'V'i'i',    et    pour    3    prismes 

l5"  ')!'. 

»  [>a  lunette  du  micromètre  et  son  éclair:ige  ne  deviennent  plus  néces- 
saires, et  leur  suppression  simplifiera  encore  l'appareil  ;  car  \\  suffira  d'ame- 
ner chaque  raie  du  spectre  sous  le  fd  de  la  liuiette  par  le  déplacement  du 
système  entier  des  |)rismes,  qui  sera  indiqué  jiar  une  graduation  aj)- 
propriée. 

»  J'aurais  désiré  pouvoir  confirmer,  par  l'exécution,  la  théorie  de  cet 
appareil,  en  le  construisant  moi-même,  si  j'avais  encore  5  ma  disposition 
la  forge,  l'atelier  et  les  tours  verticaux  et  horizoïilal,  avec  les  bassins  en 


(7'  ) 
cuivre  que  j'avais  établis  à  l'ohservaloire  pour  le  travail  des  verres  optiques, 
et  par  le  secours  desquels  j'avais  f.iit  construire  mon  réticule  à  sommets  al- 
ternes, mes  lunettes  réciproques,  mon  micromètre  à  double  image,  adopté 
à  Greenwich,  un  autre  à  retournement  pour  éluder  les  inégalités  des  vis, 
deux  microscopes  composés  avec  micromètres  pour  fractionner  les  divi- 
sions des  instruments,  un  sjihéromètre  à  branches  variables,  et  des  objec- 
tifs simples  de  20  et  /[O  centimètres  d'ouverture,  pour  être  achromatisés 
par  une  combinaison  de  crown  et  de  flint  de  demi-grandeur,  ce  que  ma 
retraite  m'a  empêché  de  mettre  à  exécution.    » 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  les  spectres  prismatiques  des  eorps  célestes; 
par  le  P.  Secchi. 

«  L'étude  des  spectres  prismatiques  des  corps  célestes  a  une  double  im- 
portance :  y"  celle  d'établir  l'existence  et  la  nature  de  leurs  atmosphères, 
et  2°  celle  de  pouvoir  répondre  à  certaines  questions  d'ordre  cosmique  très- 
intéressantes,  relatives  surtout  aux  mouvements  propres  des  étoiles.  Mon 
prédécesseur,  le  P.  Sestini,  et  moi-même,  dans  les  années  passées,  nous 
nous  sommes  occupés  de  ce  sujet,  et  c'est  avec  les  nouveaux  moyens  qui  ont 
été  acquis  à  la  science  que  je  l'ai  repris  dans  ces  derniers  temps  ;  je  demande 
la  permission  de  présenter  à  l'Académie  les  résultats  auxquels  je  suis  par- 
venu. L'appareil  avec  lequel  j'ai  fait  mes  observations  spectrométriques  a 
été  un  spectromètre  de  poche  que  j'imaginai  d'appliquer  directement  à 
l'oculaire  du  grand  équatorial  de  Merz,  et  auquel  M.  Jansseii,  alors  à  Rome, 
appliqua  une  échelle  réfléchie  par  la  surface  du  prisme,  pour  déterminer  la 
position  des  raies,  et  une  lame  de  cristal  à  réflexion  devant  la  fente,  pour 
introduire  la  lumière  d'une  bougie  ou  de  l'alcool  salé  pour  fixer  le  point  de 
départ  des  raies. 

»  De  nombreuses  études  furent  faites  d'abord  avec  le  concours  dv 
M.  Janssen  lui-même,  études  qui  durent  être  interrompues  en  partie  à  cause 
de  ma  santé,  en  partie  à  cause  d'autres  travaux  plus  urgents.  I^e  premier 
appareil  a  reçu  depuis  différents  perfectionnements,  et  à  létat  où  il  est 
actuellement  doit  se  ranger  parmi  les  appareils  les  plus  commodes  de  celte 
espèce  et  les  plus  simples.  Comme  les  détails  des  observations  doivent  ]ia- 
raître  dans  les  publications  de  l'Observatoire,  je  ne  parlerai  ici  cpie  des  ré- 
sultats auxquels  je  suis  parvenu. 

»  Mes  recherches  se  sont  étendues  sur  les  planètes  et  les  étoiles:  je  pnrleiai 
d'abord  des  planètes. 

1  o.. 


(  72  ) 

a  Pour  Jupiter,  Saturne,  Vénus  cl  Mars,  de  nombreuses  observations, 
accompagnées  de  dessins  multipliés  et  correspondant  à  des  soirées  diffé- 
rentes ont  démontré  que  dans  la  lumière  réfléchie  par  ces  astres  existent 
non-seuIcnuMit  les  raies  propres  de  la  lumière  solaire  directe,  mais  que 
quclqucs-uuos  de  ces  raies  sont  énormément  renforcées  et  dilatées  en  bandes 
par  leurs  atmosphères  agissant  de  la  même  manière  que  le  fait  sur  le  spectre 
solaire  l'atmosphère  terrestre.  En  un  mot,  les  spectres  de  ces  planètes  sont 
de  même  espèce  que  le  spectre  atmosphérique  terrestre,  avec  la  différence 
cependant  que  certains  rayons  sont  plus  absorbés  que  par  l'atmosphère 
terrestre  elle-même,  de  sorte  que  ces  bandes  sont  plus  sombres,  surtout 
pour  Saturne. 

»  Pour  démontrer  cette  décomposition,  j'ai  commencé  par  faire  une 
étude  assez  soignée  de  l'atmosphère  terrestre,  en  procédant  de  la  même 
manière  et  avec  le  même  instrument  que  pour  les  planètes.  Voici  une  obser- 
vation, qui  pourra  être  répétée  par  toute  personne  ayant  à  sa  disposition 
l'appareil  dit  spectroscope  de  poche  de  Ji.  Ilofman.  On  ôte  la  petite  lunette, 
qui  pour  ces  études  ne  peut  pas  servir,  car  elle  affaiblit  trop  la  lumière, 
et  on  regarde  à  l'œil  nu  à  travers  le  spectroscope.  Si,  pendant  que  le  soleil 
est  très-haut  et  près  du  méridien,  on  mire  à  une  surface  blanche  assez 
réfléchissante  comme  un  bâtiment,  ou  une  feuille  de  papier  exposée  au 
soleil,  on  verra  les  raies  solaires  assez  fines  et  bien  nettes;  si  on  dirige 
alors  à  l'horizon  éloigné  le  speclromèlre,  on  verra  ces  raies  s'élargir 
dans  les  régions  surtout  du  rouge  et  du  jaune,  et  ou  verra  même  paraître 
des  bandes  qu'on  ne  voyait  pas.  En  changeant  alternativement  la  direction 
de  l'instrument  du  papier  à  l'atmosphère,  on  se  rendra  maître  de  l'ob- 
servation avec  beaucoup  de  facilité,  et  l'on  apprendrai  reconnaître  quelles 
sont  les  bandes  qu'on  appelle  atmosphériques  terrestres.  Ces  bandes  sont, 
comme  l'ont  moiilré  les  travaux  de  M.  Janssen,  composées  de  raies  très- 
fînes,  mais  l'instrument  de  poche  ne  peut  les  séparer. 

»  Pour  voir  si  les  planètes  ont  ces  raies,  il  suffit  de  les  regarder  avec  le 
spectroscope  appliqué  à  la  lunette  :  on  voit  facilement  paraître  de  larges 
bandes  près  de  Bet  C  de  Eraunhofer,  et  des  deux  côtés  de  la  raie  D,  bandes 
qui  ont  une  complète  ressemblance  avec  les  spectres  atmosphériques  terres- 
tres. L'observation  devient  très-instructive  et  concluante,  si  on  choisit  un 
moment  où  la  lune  soit  à  peu  près  à  la  hauteur  des  planètes  qu'on  veut 
examiner.  En  dirigeant  alors  alternativement  la  lunette  vers  la  lune  et  vers 
les  planètes,  on  voit  la  dinVrence  énorme  des  spectres,  car  celui  de  la  lune 
n'a  que  les  raies  solaires  assez  fines,  et  s'il  y  a  quelque  effet  atmosphérique 
lunaire  ou  terrestre,  il  est  très-faible  et  imperceptible;  au  contraire,  on  voit 


(73  ) 
sur  les  planètes  de  larges  bandes  dans  les  places  indiquées,  qui  paraissent 
de  véritables  fils  noirs,  si  l'atmosphère  est  tranquille.  J'ai  répété  plusieurs 
fois  cette  observation  curieuse,  et  pendant  plusieurs  soirées,  les  trois  pla- 
nètes Jupiter,  Vénus  et  Saturne  étantmaintenantdans  une  position  favorable. 
Les  dessins  des  spectres  planétaires,  faits  avec  beaucoup  d'attention  dans 
les  soirées  sombres,  conduisent  à  la  même  conclusion.  On  déduit  de  là  : 
1°  que  la  lune  n'a  pas  d'atmosphère,  ou  que  si  elle  en  a  une  son  effet  est 
peu  sensible  et  demande  pour  son  examen  des  recherches  plus  délicates; 
2°  que  les  planètes  ont  certainement  une  atmosphère  qui,  dans  sa  composi- 
tion, ne  s'éloigne  pas  beaucoup  de  la  nôtre.  L'existence  d'une  atmosphère 
n'était  pas  douteuse,  mais  on  ne  pouvait  deviner  quelle  était  sa  composi- 
tion :  le  spectroscope  vient  nous  répondre  sur  cette  question. 

»   Je  me   suis  demandé   quel   est  l'élément   qui  produit   cetle  absorp- 
tion parmi  ceux  qui  composent  l'atmosphère?  Après  de  nombreuses  re- 
cherches, je  suis  arrivé  à  la  conclusion  que  Vagent  principal  est  la  vapeur 
aqueuse.  Les  preuves  de  cette  conviction   sont  celles-ci  :    ayant  fait  une 
longue  suite  d'observations  sur  ces  bandes,  j'ai  trouvé  que  dans  les  jours 
où  l'atmosphère  était  sèche  et   d'un  bleu  foncé   et  avec  la  tramontane, 
on   ne  pouvait  pas  voir  ces  bandes  au  zénith,  et  même  à  Ihorizon  elles 
n'étaient  pas  très-fortes;   surtout  la  bande  intermédiaire  a,  h,  c,  d,  nom- 
mée C*  par  Brewster,  n'était  pas  visible.  Au  contraire,  dans  les  jours  de 
grande  humidité  et  d'atmosphère  blanchâtre  et  vaporeuse,  ces  bandes  se 
voyaient  très-bien,  non-seulement  à  l'horizon,  mais  même  à  luie  hauteur 
considérable.  Dans  des  jours  à  demi  voilés  et  brumeux,  je  les  ai  vues  même 
très-près  du  zénith.  Ainsi,  pendant  les   nuits  où  la   lune   par   l'effet  des 
vapeurs  revêt  une  couleur  verdâtre,  je  les  ai  vues  sur  le  disque  même  de  la 
lune.  Si  on  regarde  au  soleil  couchant  ou  peu  après  son  coucher  la  lumière 
atmosphérique,  on  voit  ces  bandes  plus  sombres  et  tranchées  lorsque  l'at- 
mosphère est  plus  vaporeuse  et  colorée  en  rouge.  Dans  les  jours  un  peu  va- 
poreux, on  peut  les  voir  même  à  travers  une  petite  épaisseur  d'atmosphère 
horizontale,  comme  celle  qui  sépare  les  montagnes  éloignées  de  i  G  kilo- 
mètres ou  des  nuages  assez  bas. 

1)  On  ne  peut  donc  refuser  d'admettre  comme  certain  que  si  la  vapeur 
aqueuse  n'est  pas  la  seule  cause  de  ces  bandes,  elle  est  au  moins  la  princi- 
pale, et  il  serait  difficile  d'en  indiquer  une  autre.  Après  cela  il  est  très-pro- 
bable que  cet  élément  existe  aussi  dans  les  atmosphères  des  autres  planètes  ; 
ce  qui  ne  doit  pas  surprendre,  car  en  Mars  on  a  vu  des  vestiges  non  douteux 
de  fusion  de  glaces.  Saturne,  que  tout  indique  comme  environné  d'une  dense 
atmosphère,  serait  la  planète  qui  absorbe  le  plus  les  rayons  de  la  bande  C, 


(  74  ) 
et  dans  lui,  aussi  bien  qu'en  Jupiter,  surtout  près  des  bords  de  leur  disque, 
j'ai  réussi  à  voir  même  les  traces  de  la  bande  C°.  Pour  les  étoiles  fixes, 
l'importance  est  encore  plus  grande,  car  un  déplacement  des  raies  fourni- 
rait une  preuve  de  leur  mouvement  {voir  Billet,  Optique,  t.  I,  p.  85);  mais 
la  précision  avec  laquelle  ou  peut  faire  ces  observations  est  encore  loin  de 
l'exactiliule  que  demanderait  le  sujet.  Cependant  l'étude  comme  on  peut  le 
faire  à  présent  n'est  pas  dépourvue  d'intérêt.  Je  viens  d'examiner  plusieurs 
fois  et  lie  dessiner  les  spectres  de  35  des  étoiles  principales,  et  les  conclusions 
auxquellesje  suis  arrivé  sont  celles-ci  : 

»  1°  ].es  étoiles  colorées  en  jaune  ou  en  rouge  ont  en  général  des  spectres 
avec  plusieurs  bandes  obscures,  surtout  dans  la  partie  la  moins  réfrangible. 
A  cette  classe  appartiennent  Antarès,  Betelgeuse  (aOrion),  Aldébaran. 
Algol,  p  Pégase,  Arcturus,  p  Ursa-  minoris,  etc.,  dont  les  spectres  sont 
si  discontinus,  qu'on  peut  les  comparer  à  ceux  de  l'étincelle  électrique  dans 
rai)pareil  de  Puibmkorff.  Ces  bandes  sont  ordinairement  très-mal  terminées 
et  rappellent  les  spectres  atmosphériques  terrestres  et  planétaires.  Au  con- 
traire, les  étoiles  blanches  ont  en  général  un  petit  nombre  d'interruptions, 
ordinairement  dans  la  partie  la  plus  réfrangible,  et  ces  bandes  sont  bien 
tranchées  à  leiu-  bord  :  Sirius,  Rigel,  jSScorpii,  Castor,  Ç  Ursre  majoris, 
êiV/.,  a  L\ra  (Véga),  â'  Orion  ;  a  (Alpha)  Lyre  est  remarquable  cependant 
pour  avoir  quelque  petite  bande  même  dans  sa  partie  la  plus  réfrangible. 

»  a"  La  position  des  bandes  dans  les  étoiles  de  la  première  classe  colorées 
est  en  général  d'accord  avec  les  fortes  raies  du  spectre  solaire,  lesquelles  sont 
les  régions  C,  D,  E,  F  de  Fraunhofer;  mais  entre  celles-ci  il  y  a  des  groupes 
qui  n'ont  pas  la  même  force  dans  le  spectre  solaire,  quoique  pour  la  mul- 
tiplicité des  raies  dans  celui-ci  on  puisse  toujours  en  tracer  quelqu'une  de 
second  ordre  qui  coïncide  avec  celles  des  étoiles.  Les  raies  des  étoiles  blan- 
ches sont  bien  souvent  en  désaccord  avec  celles  du  soleil,  surtout  lesraiesG 
et  H.  Cependant  la  raie  F  est  commune  à  toutes  les  étoiles  que  j'ai  observées 
jusqu'ici,  (pioiqu'elle  ne  voit  pas  toujours  la  plus  forte  (Arcturus,  Spica, 
Rigel,  etc.). 

>.  3"  Dans  les  étoiles  jaunes  et  rouges  existe  communément  la  raie  D, 
qui  manque  ou  est  très  difticile  à  voir  dans  les  blanches  (excepté  a  Lyra 
et  a  Virginis  dans  lesquelles  elle  se  voit  très-bien).  On  avait  conclu  à 
la  présence  du  sodium  dans  ces  étoiles,  mais  après  avoir  examiné  les  spec- 
tres de  différents  métaux  dans  la  machine  de  Ruhmkortf,  j'ai  reconnu  que 
dans  le  voisinage  de  D  et  à  une  telle  distance  de  la  raie  du  sodium  que  mon 
ai)]iareil  ne  jiourrait  pis  mesiuer,  existent  beaucoup  d(!  métaux  qui  don- 
nent cette  bande  (fer,  cuivre,  platine,  zinc,  charbon,  etc.),  et  d'après  cela  on 


(  75  ) 
ne  peut  rien  affirmer  de  parliculier  sur  cette  substance,  car  il  est  visible  cjiic 
selon   la  théorie  des  absorptions,  cette   bande  peut    piovenir  d'un    grand 
nombre  de  substances,  dans  les  limites  de  inesiu-e  possibles  pour  les  étoiles. 

»  Je  travaille  actuellement  à  la  confection  d'un  catalogue  et  des  dessins  de 
ces  specties,  dont  il  paraîtra  ini  essai  d;iiis  les  publications  de  l'Observa- 
toire; mais  le  travail  est  plus  difficile  et  plus  long  qu'on  n'imagine  ordi- 
nairement, car  pour  bien  voir  il  faut  avoir  les  étoiles  en  position  favorable 
le  plus  haut  possible,  et  que  l'atmosphère  soit  très-calme  comme  pour 
la  mesure  des  étoiles  doubles  les  plus  difficiles.  Une  petite  agitation  ou  scin- 
tillation dans  l'étoile  efface  tout,  et  cela  explique  les  divergences  entre  les 
différentes  observations. 

»  Il  serait  prématuré  de  se  prononcer  sur  la  question  du  inouvenient  des 
étoiles  en  se  fondant  sur  ces  observations,  mais  s'il  y  a  probabilité  de  réus- 
site, on  trouvera  peut-être  plus  de  ressources  dans  les  étoiles  blanches  que 
dans  les  colorées,  car  celles-ci  montrent  les  bandes  à  peu  près  à  la  place  de 
notre  soleil,  tandis  que  les  antres  sont  à  des  positions  différentes.  Mais 
avant  tout,  il  faudra  perfectionner  la  méthode  d'observation,  et  il  est  évident 
que  ces  recherches  ne  pourront  se  faire  qu'avec  de  grandes  lunettes  ou 
avec  les  miroirs  argentés  de  M.  Foucault,  qui  en  raison  de  la  grande  quan- 
tité de  lumière  admise  pourront  seuls  supporter  des  appareils  plus  forts  de 
décomposition  spectrale.   » 

MÉTiiOROLOGlE.   —   Note  sur  la  grêle  tombée  à  Clerinonl-Ftvrand 
le  '^  juillet    i8()3;    par   SI.  II    Lecoq. 

«  Depuis  la  grêle  mémorable  du  27  juillet  i8'35,  qui  m'avait  engagé  à 
recueillir  et  à  soumettre  à  l'Académie  les  faits  remarquables  qui  se  sont 
alors  accomplis,  aucune  chute  un  peu  importante  de  grêlons  n'était  venue 
assaillir  la  ville  de  Clermont. 

»  Depuis  plusieurs  années,  une  extrême  sécheresse  l'ègne  dans  le  centre 
delà  France;  les  hivers  y  sont  sans  neige  et  les  printemps  sans  pluie.  Les 
orages,  qui  sont  alors  pendant  l'été  le  seul  espoir  c[ue  l'on  ait  de  voir  le  sol 
|)artiellemeut  arrosé,  sont  suivis  avec  beaucoup  d'attention.  En  général,  les 
vents  du  sud  et  ceux  de  lonest,  cpii  soufflent  pendant  qu'ils  se  forment,  les 
amènent  du  côté  de  Clermont,  mais  presque  toujours  ils  se  divisent  et  lais- 
sent Clermont  sur  le  bord  d'une  vaste  enceinte  au-dessus  de  laquelle  ils  pas- 
sent sans  verser  une  goutte  d'eau. 

Cjt  effet  tient-il  aux   nappes  et  aux  pics  de  basalte  dont  Clermont  est 


(76) 
piilouréPNous  l'ignorons;  mais  la  niasse  de  fer  contenue  dans  ces  basaltes 
mat^nétiques  est  considérable  et  pourrait  certainement  exercer  une  action 
sur  des  nuées  surbaissées  et  chargées  d'électricité.  En  supposant  que  ces 
basaltes  aient  une  action  quelconque  sur  les  nues,  il  y  a  des  jours  excep- 
tionnels, comme  nous  allons  le  voir  par  l'exemple  suivant  : 

11  Le  3  juillet,  après  une  matinée  dont  la  chaleur  était  accablante,  le  ciel 
montra,  vers  i  heures,  des  cumulus  nombreux  dont  la  marche  irrégu- 
lière et  souvent  contrariée  annonçait  un  certain  désordre  dans  les  hautes 
régions  de  l'atmosphère.  Vers  3  heures  on  ne  distinguait  plus  de  nuages 
isolés-  ils  étaient  confondus  en  un  voile  immense,  énorme  nimbus  d'un  gris 
de  plomb  qui  cachait  partout  le  bleu  du  ciel.  Les  éclairs  et  les  coups  de 
tonnerre  se  succédaient  avec  rapidité. 

»  Vers  6  heures  du  soir,  au  milieu  d'un  roulement  continuel  de  ton- 
nerre, je  vis  arriver  de  l'ouest,  sous  le  voile  gris  du  nimbus,  un  nuage  ex- 
traordinaire, marchant  rapidement  et  directement  sur  Clermont.  Il  était 
situé  à  une  hauteur  qui  n'atteignait  pas  l'altitude  du  Puy-de-Dôme,  c'est-à- 
dire  à  moins  de  i5oo  mètres.  Au  lieu  de  présenter  un  voile  complet  placé 
sous  le  grand  nimbus,  ce  nuage,  dont  toutes  les  parties  étaient  violemment 
agitées,  ressemblait  à  un  immense  réseau  ayant  des  mailles  de  différentes 
grandeurs,  à  travers  lesquelles  on  apercevait  le  gris  de  plomb  du  nimbus. 

»  On  remarquait,  dans  la  partie  du  liuage  à  grêle  qui  formait  le  réseau, 
beaucoup  de  mouvement  et  une  sorte  de  rotation  irrégulière.  Des  flocons 
blancs  ou  gris  se  détachaient  d'un  point  et  traversaient  l'espace  vide  des 
mailles  pour  se  réunir  à  d'autres  parties.  Au  bout  d'un  certain  temps,  la 
portion  du  nuage  qui  formait  le  réseau  laissait  pendre  de  longs  prolonge- 
ments gris  ou  blancs. 

»  Il  était  impossible  de  se  méprendre  sur  la  nature  du  météore  qui  avan- 
çait rapidement  et  en  ligne  directe  sur  Clermont.  On  entendait,  à  une 
faible  hauteur,  un  bruit  confus  comme  d'un  nombreux  convoi  de  voitures 
roulant  sur  le  pavé.  En  quelques  minutes  ce  bruit  prit  beaucoup  plus  d'in- 
tensité et  devint  réellement  effrayant,  mais  il  fut  bientôt  effacé  par  les 
coups  réitérés  de  gros  gréions  sur  les  tuiles  et  sur  les  vitres  des  maisons. 

»  La  chute  des  gréions  ne  dura  pas  plus  de  cinq  minutes,  sans  eau,  sans 
vent;  ce  ne  fut  qu'un  peu  plus  tard  que  de  larges  gouttes  accompagnèrent 
la  grêle. 

»  Le  sol  était  couvert;  les  plus  gros  grêlons  avaient  le  volume  d'une 
noix  ;  ils  étaient  formés  par  la  soudure  d'autres  gréions  et  offraient  une 
surface  très-rugueuse.  Je  n'avais  jamais  vu  de  formes  aussi  variées  pendant 


(  77  ) 
la  même  chute  de  grêle.  Le  plus  grand  nombre  des  grains  avaient  le  volume 
d'une  grosse  noisette.  Les  uns  .étaient  entièrement  ronds,  d'nutres  étaient 
aplatis  comme  des  lentilles;  plusieurs  n'étaient  que  des  segments  de  sphère 
à  trois  liices  polies;  quelques-uns  étaient  transparents,  d'autres  opaques  et 
blancs  comme  de  la  neige  et  tout  remplis  de  bidles  d'air  microscopiques. 
Enfin  il  y  avait  aussi  des  gréions  formés  de  couches  concentriques  avec 
noyau  opaque,  ovale  ou  arrondi. 

»  Ce  qui  m'a  le  plus  frappé  dans  la  chute  de  ce  météore,  c'est  que  le 
lendemain,  après  avoir  parcouru  le  terrain  dévasté  et  avoir  recueilli  mes 
renseignements,  je  reconnus  que  le  réseau  avec  des  mailles  vides,  sous  la 
forme  duquel  le  nuage  à  grêle  m'était  apparu,  n'était  pas  une  illusion  mais 
une  réalité. 

»  Jamais  grêle  n'était  tombée,  sans  vent,  d'une  manière  plus  régulière, 
relativement  au  réseau  nuageux  dont  elle  s'échappait.  Des  espaces  éloignés 
de  quelques  mètres  étaient  ravagés  ou  préservés.  Dans  ceux  qui  présentaient 
ce  dernier  caractère,  quelques  gréions  seulement  avaient  touché  le  sol  par 
suite  de  répulsion  entre  eux  ou  de  chocs  reçus  en  tombant.  Ces  effets  étaient 
surtout  sensibles  sur  les  vignes,  dont  la  belle  végétation  et  les  larges  feuilles, 
atteintes  par  les  projectiles  du  nuage,  indiquaient  l'étendue  et  la  largeur 
des  mailles  du  réseau,  lesquelles  ne  dépassaient  pas  60  à  100  mètres.  Le 
réseau  à  grêle  était  du  reste  si  irrégulier,  qu'il  était  rare  de  voir  deux  pro- 
priétés voisines  également  ravagées. 

1)  Je  n'ai  pas  su  que  la  grêle,  venant  de  l'ouest,  ait  commencé  sa  chute 
avant  Clermont.  Elle  a  continué  pendant  quelque  temps  au  nord  et  à  l'est 
de  cette  ville  sans  y  causer  de  grands  dégâts.  Le  réseau,  une  fois  déchargé 
de  ses  masses  glacées,  s'est  réuni  au  nimbus  supérieur  qui,  pendant  la  soirée, 
a  versé  à  l'est  de  Clermont  de  grandes  quantités  d'eau. 

»  Voilà  plus  de  trente  ans  que  j'obsei've  avec  soin  les  effets  météorolo- 
giques dont  l'atmosphère  est  le  théâtre  au-dessus  du  sol  de  l'Auvergne;  j'ai 
cru  intéressant  de  signaler  un  fait  qui  m'a  paru  nouveau  pour  l'histoire 
d'un  des  plus  mystérieux  phénomènes  de  l'aérographie.  » 


C    R.,  186S,  î"i«  Semestre.  (T.  LVIl,  K»  2.)  I  I 


(78  1 

RAPPORTS. 

CHIMIE  APPLiQUÉli.  -  Rapport  sur  les  procédés  d'extraction  du  sucre  colonial 
et  indigène,  comnmniqués  à  l'Académie  par  M.  Alvauo  Rey.voso  et 
3DI.  PÉIUERC/  Possoz. 

f Commissaires,  MM.  Dumas,  Pelouze,  Payeii  rapporteur.) 
«  Les  procédés  d'extraction  du  sucre,  que  l'Académie   nous  a  chargés 
d'examiner,  se  fondent,  d'une  part,  sur  l'emploi  des  sulfites,  et  d'un  autre 
côté  sur  l'application  de  la  chaux,  alternant  sou  action  avec  celle  de  l'acide 
carbonique,  parfois  avec  le  concours  d'acides  plus  puissants. 

„  11  semble,  au  premier  abord,  que  rien  de  nouveau  ne  saurait  distin- 
auer  les  unes  des  autres  ces  applications  de  la  science  à  l'industrie. 
°  «  Chacun  sait,  en  effet,  que  depuis  très-longtemps  l'acide  sulfureux  en 
usa-e  pour  suspendre  la  fermentation  des  vins  fut,  plus  tard,  employé  en 
vue'' de  muter  (rendre  muet  ou  non  fermentescible)  le  jus  sucré  du  raisin 
dont  on  se  proposait  d'obtenir  du  sirop;  qu'en  i8,o,  Proust,  Membre  de 
l'Académie  des  Sciences,  appliquait  dans  les  mêmes  intentions  le  sulfite  de 
chaux  et  déterminait  les  doses  convenables  pour  obtenir  une  décoloration 
momentanée;  que  même,  prévoyant  dès  lors  l'extension  plus  grande  de  ce 
moyen,  il  s'exprimait  ainsi  :  «  On  pourra  un  jour,  avec  quelques  gros  de 
»  sulfite,  mettre  le  moût  de  la  canne,  de  l'érable,  du  pahnier  à  l'abri  de 
,.  ces  fermentations  brusques  qu'ils  subissent  lorsqu'on  tarde  de  les  porter 

j)   à  la  chaudière  (i).    » 

»  Que  plusieurs  années  après,  Edouard  Stollé  essayait  en  grand  l'appli- 
cation de  l'acide  sulfureux  avec  le  concours  de  la  chaux  au  traitement  du 
jus  des  betteraves. 

«  Qu'eu  i8Z|f),  M.  Melsens,  dont  les  expériences  avaient  attiré  à  celte 
époque  l'attention  publique,  proposait  d'ajouter  au  jus  de  betteraves  liô^e 
bisulfite  de  chaux,  à  i  o  degrés  Baume,  ou  -^  dans  le  jus  des  cannes,  de  défé- 
quer, puis  de  filtrer,  évaporer  et  neutraliser  au  besoin  par  la  chaux. 

»  Relativement  à  l'application  de  la  chaux  et  de  l'acide  carbonique,  en 
vue  d'épurer  le  jus  des  betteraves,  nous  pourrions  rappeler  les  moyens  dé- 
crits par  plusieurs  chimistes  manufacturiers,  notamment  la  méthode  fondée 
par  MM.  Rousseau  frères,  qui  fut  l'objet  d'un  Rapport  favorable  à  l'Acadé- 


(i)  Bulletin   de  Pharmacie,   t.   III,   p.    l34,    et   Dictionnaire    des   Décourcrtcs,    t.  XIV, 
p.  38i  à  383. 


(79) 
mie  des  Sciences,  et  n'a  cessé  depuis  lors  d'être  employée  avec  succès  dans 
un  grand  nombre  de  sucreries  indigènes  en  France,  en  Allemagne  et  en 
Russie. 

»  On  aurait  pu  croire  qu'en  ce  qui  touche  l'acide  sulfureux  et  les  sul- 
fites, la  chaux  et  l'acide  carbonique,  appliqués  à  l'épuration  des  jus  sucrés, 
soit  de  la  canne,  soit  de  la  betterave,  la  science  avait  dit  son  dernier  mot, 
que  l'industrie  avait  tout  essayé.  Il  restait  cependant,  des  deux  parts,  d'im- 
portants progrès  à  réaliser  par  des  méthodes  nouvelles;  et  l'on  pourra  voir 
que  la  science,  à  cet  égard,  n'aurait  encore  rien  de  trop  délicat  pour 
éclairer  ou  même  pour  suivre  la  marche  des  opérations  manufacturières. 

»  M.  Alvaro  Reynoso  adressait  à  l'Académie,  le  6  janvier  i863,  une  Note 
sur  l'emploi  du  bisulfite  de  chaux  dans  la  fabrication  du  sucre  de  canne.  Cette 
Note  était  extraite  du  Diario  de  la  Marina,  publié  à  la  Havane  le  7  mars  iSSg. 
L'auteur  signalait  l'emploi  du  bisulfite  de  chaux  dans  l'industrie  saccharine 
comme  très-nuisible  ou  susceptible,  du  moins,  d'occasionner  des  inconvé- 
nients notables  qu'un  excès  de  chaux  eût  évités  :  les  réactions  nuisibles  con- 
sistent, suivant  l'auteur,  en  ce  que  le  bisulfite,  soit  directement,  soit  par  sa 
transformation  en  sulfate  plus  acide  sulfurique,  est  capable  d'intervertir  le 
sucre  et  de  produire  pendant  l'ébullition  des  composés  ulmiques;  en  un 
mot,  de  rendre  une  partie  du  sucre  incristallisable  et  de  déprécier  le  reste 
par  une  coloration  brune  plus  intense.  M.  Reynoso  conclut  en  disant  que, 
dans  le  cas  où  le  bisulfite  de  chaux  peut  être  utile,  ce  composé  doit  tou- 
jours être  accompagné,  non-seulement  de  la  quantité  de  chaux  suffisante 
pour  saturer  tout  l'acide  sulfureux,  mais  qu'en  outre  on  doit  employer  un 
excès  de  chaux  et  s'en  assurer,  soit  au  moyen  du  papier  de  tournesol,  soit 
par  l'insufflation  de  l'air  des  poumons,  qui,  chargé  naturellement  d'acide 
carbonique,  doit  produire  sur  le  liquide  une  pellicule  de  carbonate  cal- 
caire. L'auteur  annonce  qu'en  opérant  de  cette  manière  il  a  obtenu  les 
meilleurs  résultats  dans  des  essais  en  grand  sur  les  habitations  dites  la  Ar- 
monia,  la  Conception,  San-Domincjo  et  San-José,  quatre  sucreries  appartenant  à 
M.  de  Aldama. 

»  Par  une  Lettre  adressée  à  M,  Dumas  et  insérée  au  Compte  rendu  le  6  oc- 
tobre 1862,  M.  Reynoso  avait  annoncé  que  dans  les  conditions  précitées  et 
suivant  ses  conseils,  le  sulfite  de  chaux  était  employé  sur  une  grande  échelle 
dans  l'île  de  Cuba. 

»  L'Académie  apprendra,  sans  doute  avec  intérêt,  la  suite  de  ces  obser- 
vations et  des  applications  en  grand  du  bisulfite  de  chaux,  surtout  si  la 
description  est  accompagnée  de  quelques  détails  sur  les  appareils  évapora- 

1 1 . 


(  8o) 
toires,  les  moyens  employés   pour  prévenir  ou  enlever   les  incrustations 
calcaires  ,  enfin  sur  les  proportions  et  les  caractères  des  sucres  obtenus. 

»  En  résumé,  sauf  les  inconvénients  qui  peuvent  résulter  des  incrusta- 
tions, lorsqu'il  s'agit  d'effectuer  la  concentration  des  jus  dans  les  appareils 
clos,  et  plus  encore  dans  les  chaudières  tnbnlaires,  M.  Reynoso  nous  sem- 
ble avoir  indiqué  des  conditions  favorables  à  l'emploi  du  bisulfite  de  chaux 
dans  les  sucreries  coloniales. 

»  De  leur  côté,  MM.  Périer  et  Possoz  ont  été  conduits,  par  de  nom- 
breuses et  persévérantes  recherches  sur  des  cannes  à  sucre  importées  d'Es- 
pagne et  des  colonies,  à  une  méthode  distincte,  caractérisée  par  l'emploi  du 
sulfite  neutre  de  soude,  en  vue  d'éviter  toute  chance  d'incrustation,  soit 
dans  les  chaudières  ouvertes,  soit  dans  les  appareils  tubulaires  clos,  évapo- 
rant sous  une  pression  amoindrie  des  o,5  aux  0,9  de  la  pression  atmosphé- 
rique ordinaire. 

»  Les  bons  résultats  qu'ils  avaient  obtenus  dans  leurs  essais  de  labora- 
toire s'étant  reproduits  eu  grand  aux  colonies,  MM.  Périer  et  Possoz,  en 
communiquant  à  l'Académie  leurs  procédés,  invitaient  les  Commissaires  à 
suivre  quelques  opérations  expérimentales,  afin  de  vérifier  leurs  assertions. 

»  Ils  désiraient,  en  outre,  nous  rendre  témoins  d'essais  comparatifs  sur 
le  jus  des  betteraves  traité  par  une  méthode  récemment  perfectionnée.  Ce 
qui  caractérise  leur  système  dans  ce  dernier  cas,  c'est  non-seulement  l'em- 
ploi fractionné  de  l'hydrate  de  chaux  avec  élimination  partielle  par  l'acide 
carbonirpie  a|)rès  la  dsuxième  addition,  puis  élimination  totale  après  la 
dernière  addition  de  chaux;  mais  c'est  aussi  luie  épuration  plus  avancée  à 
l'aide  de  la  saturation  partielle  des  carbonates  alcalins  dissous,  et  tout  en 
réduisant  des  0,7$  la  quantité  du  noir  animal. 

»  Voici  un  compte  rendu  succinct  des  expériences  faites  en  notre  pré- 
sence le  19  février  dernier. 

»  On  pèse  7  kilogrammes  de  betteraves  blanches  (un  peu  altérées),  va- 
riétés à  collets  verti  et  roses.  Elles  fournissent,  par  le  râp.ige  et  la  pression, 
525o  grammes  de  jus  ayant  une  densité  de  io4o.  Ce  jus  chauffé  à  -}-  70  de- 
grés est  déféqué  avec  0,006  de  chaux,  en  chauffant  jusqu'à  la  première  appa- 
rence d'ébullition  ;  le  liquide  alors  filtré  est  limpide,  mais  offre  une  teinte 
brune  orangée  rouge  âtre. 

»  Comme  point  de  départ  et  pour  se  ménager  un  terme  de  comparaison, 
i5oo  grammes  de  ce  jus  sont  traités  par  0,001  de  chaux,  puis  par  l'acide 
carbonique  en  excès;  on  chauffe  à  l'ébullition  et  l'on  filtre.  1000  grammes 
du  liquide  clair  sont  évaporés  jusqu'à  ce  que  la  température  d'ébullition 


(  8i  ) 
s'élève  à -+- 1 15  degrés  :  le  sirop  ainsi  obtenu  est  brun,  trouble  et  visqueux; 
on  le  verse  dans  un  verre  conique  en  y  ajoutant  i  gramme  de  menus  cristaux 
de  sucre,  afin  d'établir  des  centres  d'attraction  cristalline  (i). 


Épuration  du  jus  des  betteraves  par  triple  addition  de  chaux  et  double  injection  d'acide 
carbonique.  (Procédé  dt-  MM.  Périer  et  Possoz.) 

»  aSoo  grammes  du  même  jus,  pris  après  la  défécation  des  525ogranmies, 
reçoivent  0,00 1 5  de  chaux  par  petites  doses,  au  fur  et  à  mesure  que  la  sa- 
turation par  l'acide  carbonique  s'accomplit,  en  laissant  à  la  fin  dominer 
un  excès  de  chaux  représentant  o,oo3.  On  s'en  assure  en  mélangeant  3  cen- 
timètres cubes  d'une  solution  titrée  de  prolochlorure  de  fer  avec  i  volume 
du  jus,  mélange  qui  produit  en  effet  une  tache  verte  lorsqu'une  goutte  du 
liquide  surnageant  est  mise  en  contact  avec  une  goutte  d'une  solution  faible 
de  prussiate  rouge  de  potasse.  On  filtre  alors  tout  le  jus,  puis  on  y  ajoute 
par  petites  doses  o,oo4  de  chaux  en  injectant  en  même  temps  i  volume  suf- 
fisant d'acide  carbonique,  pour  que  cet  acide  s'y  trouve  en  excès;  ce  qu'on 
reconnaît  sans  peine  au  moment  où  l'eau  de  chaux  précipite  une  petite 
quantité  du  liquide  filtré.  On  porte  alors  le  jus  ainsi  traité  à  l'ébullition, 
soutenue  quelques  instants  afin  d'éliminer  l'excès  d'acide  carbonique  ;  on 
filtre  alors  et  l'on  constate  que  le  liquide  clair  ne  renferme  plus  de  quan- 
tités appréciables  de  chaux,  car  il  ne  se  trouble  pas  immédiatement  par 
l'oxalate  d'ammoniaque. 

»  Ce  jus  sucré  limpide,  exempt  de  chaux  et  mieux  épuré  de  substances 
organiques  étrangères  que  par  les  autres  moyens  usuels,  fut  traité  compa- 
rativement de  deux  manières  :  1000  grammes  évaporés  rapidement,  jusqu'à 
ce  que  la  température  de  l'ébullition  s'élevât  à  +  i  i5  degrés,  donnèrent 
un  sirop  fluide  beaucoup  moins  coloré  que  celui  de  la  première  opération  ; 
on  le  versa  dans  un  verre  en  y  ajoutant  i  gramme  de  sucre  poiu-  amor- 
cer la  cristallisation. 

»  L'autre  quantité  de  1000  grammes  de  jus  limpide  fut  neutralisée 
aux  0,8  par  ime  solution  aqueuse  à  o,o3  d'acide  sulfureux,  dont  on  a  em- 

(1)  En  opérant  sur  4oo  graninies  du  jus  carbonate  filtré,  on  a  reconnu  qu'il  contenait  par 
litre  ré([uivalent  de  0"'^,8  de  chaux,  non  précipitable  dans  ces  circonstances  par  l'acide  car- 
bonique, retenue  par  des  matières  organiques  étrangères  au  sucre  et  colorées.  On  verra  par 
les  expériences  suivantes,  faites  sur  une  autre  partie  du  même  jus  déféqué,  que  ces  composes 
peuvent  être  précipiîés  presque  complètement  par  des  additions  en  doses  suffisantes  de 
chaux  et  d'acide  carbonique. 


(  8^) 
ployé  i5  centimètres  cubes  pour  transformer  en  sulfites  la  plus  grande 
partie  des  carbonates  alcalins  (de  potasse,  de  soude  et  d'ammoniaque). 
L'évaporation  rapide,  jusqu'au  terme  de  cuite  (ou  correspondant  à  la  tem- 
pérature de  ii5  degrés),  donna  un  sirop  plus  fluide  encore  et  moins  co- 
loré que  le  sirop  de  l'opération  précédente;  il  fut  de  même  versé  dans  un 
verre  avec  i  gramme  de  sucre  poiu'  rendre  plus  facile  la  cristallisation. 

»  Les  trois  masses  cristallines  produites  par  ces  trois  opérations  offrirent 
des  caractères  en  rapport  avec  ceux  de  chacun  des  sirops,  car  elles  étaient 
graduellement  plus  abondantes  et  moins  colorées. 

»  On  peut  déduire  de  ces  trois  expériences  des  conclusions  précises,  en 
parfaite  concordance  avec  les  faits  nombreux  constatés  dans  les  applications 
en  grand  : 

»  Le  produit  de  la  première  opération  correspondante  au  traitement 
des  jus  par  la  défécation  ordinaire  qui  enlève  les  matières  azotées  et  pecti- 
ques  coagulables  par  la  chaux,  et  à  une  épuration  incomplète  par  une  dose 
insuffisante  de  chaux  et  une  seule  saturation  à  l'aide  de  l'acide  carbonique, 
contenait  encore  une  forte  proportion  de  substances  organiques  étrangères 
colorées  et  colorables,  unies  sans  doute  aux  0,0008  de  chaux  non  précipi- 
table  par  l'acide  carbonique  dans  ces  conditions. 

»  Dans  la  deuxième  opération,  les  effets  utiles  de  deux  additions  de 
chaux,  précipitée  par  l'acide  carbonique,  partiellement  d'abord,  puis  tota- 
lement ensuite,  ont  été  rendus  évidents  par  l'élimination  plus  complète  des 
matières  étrangères  colorées  et  de  la  chaux,  dont  les  réactifs,  effectivement, 
n'accusaient  plus  la  présence. 

»  Si  l'on  considère  que,  sous  l'influence  d'un  léger  excès  de  chaux,  le 
précipité  de  carbonate  entraîne  avec  lui  ces  matières  en  se  colorant  lui- 
même,  graduellement  moins,  à  mesure  que  l'opération  s'avance,  on  sera 
porté  à  reconnaître  avec  M.  Chevreul  que  le  carbonate  de  chaux,  à  l'état 
naissant  au  sein  du  liquide,  fixe  par  voie  d'attraction  capillaire  ces  matières 
organiques  en  formant  une  sorte  de  laque  ;  qu'en  outre  l'alcalinité  de  l'eau 
favorise  la  fixation  de  l'oxygène  atmosphérique  sur  certaines  substances 
organiques,  et  par  conséquent  leur  altération,  qu'enfin  les  additions  suc- 
cessives de  chaux  et  d'acide  carbonique  peuvent  en  partie  prévenir  cette 
altération  spéciale. 

»  Les  mêmes  phénomènes  et  de  semblables  résultats  se  sont  d'ailleurs 
reproduits  dans  une  seconde  série  d'expériences  faites  en  présence  de 
M.  Chevreul. 

»  Il  est  tout  simple  d'admettre  que  le  liquide  sucré  étant  débarrassé  des 


(83) 
matières  étrangères,  la  dernière  addition  de  chaux  soit  entièrement  préci- 
pitée, avec  ce  qui  reste  de  chaux  dans  le  liquide,  par  l'excès  d'acide  carbo- 
nique qui  ne  rencontre  plus  alors  les  mêmes  obslacles  à  son  action. 

»  Dans  la  troisième  opération  on  avait  poussé  plus  loin  les  réactions  favo- 
rables en  saturant  par  l'acide  sidfureux  (après  élimination  complète  de  la 
chaux)  les  0,8  des  carbonates  alcalins,  en  vue  d'éviter  les  effets  ordinaires 
des  réactions  alcalines  qui  produisent  des  coloration^  brunes  en  présence  des 
traces  de  glucose  et  de  plusieurs  substances  organiques  facilement  alté- 
rables. 

»  Dans  la  pratique  en  grand  on  parvient  très-aisément  aujourd'hui  à  satu- 
rer les  0,8  des  carbonates  alcalins  :  il  suffit  pour  cela  de  saturer  complè- 
tement, par  exemple,  8  hectolitres  de  jus  sur  10,  puis  d'y  mélanger  ensuite 
les  2  hectolitres  mis  en  réserve. 

))  Par  l'effet  même  de  décoloration  qu'ils  produisent,  les  sulfites  alcalins 
se  changent  en  sulfates  ;  mais  il  pourrait  rester  des  sulfites  non  transformés 
qui  communiqueraient  aux  sucres  un  goût  désagréable  :  les  inventeurs  évi- 
tent cet  inconvénient  en  effectuant  la  saturation  avec  un  mélange  d'acide 
sulfurique  et  d'acide  sulfureux;  la  proportion  des  sulfites  produits  se 
trouve  par  là  réduite  d'autant,  et  l'inconvénient  disparaît. 

»  Le  mode  de  saturation  précité  constituerait  peut-être  un  procédé  nouveau 
si  ,  conformément  à  une  description  donnée  par  MM.  Périer  et  Possoz  ,  on 
l'appliquait  au  jus  de  betteraves  filtré  ,  après  une  seule  saturation  de  la 
chaux  par  l'acide  carbonique  en  excès.  Dans  ce  cas,  les  opérations  se  trou- 
veraient simplifiées,  et  les  ustensiles  nécessaires  moins  nombreux.  Il  pourrait 
être  intéressant  de  comparer  ce  procédé  avec  ceux  dont  nous  avons  vérifié 
expérimentalement  les  résultats. 

))  En  tout  cas,  après  l'épuration  et  la  saturation  des  jus,  il  ne  reste  qu'à 
les  évaporer  dans  les  appareils  tubulaires  à  triple  effet,  où  aucune  incrusta- 
tion calcaire  n'est  plus  à  craindre.  Lorsque  la  concentration  arrive  à  aS  ou 
26  degrés  Baume,  on  filtre  sur  le  noir  animai,  dont  la  dose  est  réduite  des 
trois  quarts  ;  enfin,  on  termine  l'opération  au  degré  de  cuite  dans  une  chau- 
dière close,  où  la  pression  atmosphérique  peut  être  réduite  à  volonté  au 
dixième  de  la  pression  normale.  Les  perfectionnements  introduits  dans  les 
procédés  de  MM.  Périer  et  Possoz,  signalés  par  leurs  diverses  communica- 
tions, depuis  l'époque  oi'i  un  premier  Rapport  fut  présenté  à  l'Académie,  ne 
sont  plus  à  l'état  d'essai  ;  ils  sont  adoptés  dans  cinquante  usines  en  France. 
On  pourra  juger  des  résultats  qu'ils  produisent  régulièrement,  en  examinant 
l'échantillon,  déposé  sur  le  bureau,  des  sucres  cristallisés  partiellement  du- 


(  84  ) 
rant  la  dernière  évaporation,  puis  égouttés,  claircés  aux  sirops,  et  finalement 
à  l'aide  de  la  vapeur  globulaire  dans  les  centrifuges  Seyrig.  Ce  sucre  ne  le 
cède  eu  rien,  pourla  blancheur  et  la  pureté,  aux  sucres  indigènes  et  exotiques 
directement  obtenus,  jusqu'ici,  à  l'aide  d'une  double  filtration  sur  une  quan- 
tité quadruple  de  charbon  d'os. 

11  La  seconde  série  d'expériences  effectuées  devant  la  Commission  est  rela- 
tive au  traitement  du  jus  des  cannes  à  sucre.  45oo  grammes  de  cannes 
d'Otaïti,  variété  à  superficie  verdâtre  venant  de  Cuba,  pressées  deux  fois 
dans  un  laminoir,  ont  donné  8270  grammes  de  jus  ayant  une  densité  de 
1078  (10°, 5  Baume)  à  -+- 15  degrés  centésimaux. 

n  Dans  1000  grammes  de  ce  vesou  froid  on  ajouta  2  grammes  de  chaux, 
l'acide  carbonique  y  fut  insufflé  jusqu'à  disparition  de  la  nuance  jaunâtre; 
on  fit  bouillir,  puis  filtrer;  le  liquide  clair  reçut  un  courant  d'acide  car- 
bonique, et,  par  petites  portions,  3  grammes  de  chaux  (préalablement 
hydratée,  comme  dans  toutes  les  expériences,  par  dix  fois  son  poids  d'eau 
chaude);  lorsque  l'excès  d'acide  carbonique  fut  sensible  à  l'eau  de  chaux, 
on  fit  bouillir  pour  chasser  cet  excès  d'acide  et  l'on  filtra.  La  chaux  ayant 
été  ainsi  éliminée,  on  décomposa  presque  complètement  les  carbonates  alca- 
lins par  une  addition  d'acide  sulfureux  :  12  centimètres  cubes  d'une  solu- 
tion à  o,o3  suffirent. 

»  On  fit  alors  évaporer  jusqu'au  degré  de  cuite,  c'est-à-dire  jiisques  à  élé- 
vation à  -t-  ii5  degrés  de  la  température  d'ébullition  ;  le  sirop  étant  versé 
dans  un  verre  on  amorça  la  cristallisation  avec  i  gramme  de  sucre;  la  cuite 
s'était  opérée  très-fiicilement,  à  feu  nu  (par  la  flamme  du  gaz).  Le  liquide 
sirupeux  était  limpide  et  très-peu  coloré,  il  a  produit  une  masse  cristalline 
régulière  de  très-belle  apparence. 

u  Ce  procédé,  comme  on  le  voit,  élimine  toute  la  chaux;  il  s'applique 
en  effet  dans  les  sucreries  où  l'évaporation  s'effectue  par  le  vide  à  l'aide 
d'appareils  clos  qui  doivent  être  mis  à  l'abri  des  incrustations. 

))  MM.  Périer  et  Possoz  ont  simplifié  cette  méthode  eu  supprimant  la  dé- 
fécation par  la  chaux  et  les  inconvénients  que  présente  celte  substance  rare- 
ment assez  pure  aux  culouies.  lis  sont  parvenus  à  ce  résultat  en  complé- 
tant leur  procédé  au  sulfite  neutre  de  soude  par  une  sorte  de  clarification 
faite  avant  l'évaporation,  comme  nous  le  dirons  plus  loin. 

»  Leur  procédé  primitif  au  sulfite  de  soude,  destiné  aux  habitations  co- 
loniales dans  lesquelles  l'évaporation  a  lieu  à  l'air  libre,  se  réalise  dans  les 
conditionsde  l'expérience  suivante  faite  devant  nous  :  1  kilogramme  du  même 
vesou  reçut  à  froid  4  décigrammes  de  sulfite  neutre  anhydre;  on  fit  éva- 


(  85  ) 
porer  à  rébullition,  en  ayant  le  soin  d'enlever  les  écumes  au  furet  à  mesure 
de  leur  formation;  il  ne  se  produisit  plus  d'écumes  vers  i8  à  20  degrés 
Baume.  Le  jus,  devenu  limpide,  conserva  ce  caraclère  jusqu'au  degré  de 
cuite;  on  obtint  un  sirop  jaunâtre  d'une  nuance  claire,  légèrement  plus 
foncée  que  le  précédent.  Versé  dans  un  verre,  amorcé  avec  i  gramme  de 
sucre  et  maintenu  comme  les  autres  à  l'étuve,  il  s'est  pris  graduellement 
en  une  masse  cristalline  régulière  d'apparence  un  peu  moins  belle  que  dans 
la  précédente  opération. 

»  Le  principal  avantage  de  ce  procédé  aux  colonies,  où  il  est  déjà  trè.s- 
répandu,  est  d'être  aisément  applicable  dans  les  sucreries  dépourvues  d'ap- 
pareils évaporatoires  par  le  vide. 

»  Quant  aux  grandes  usines  où  Ion  opère  en  vases  clos,  l'écumage 
n'étant  pas  possible,  il  fallait  clarifier  le  jus  avant  de  le  soumettre  à 
l'évaporation.  Voici  de  quelle  façon  le  but  a  pu  être  atteint.  Ce  fut  en  ajou- 
tant aux  sulfites  des  substances  susceptibles  de  former  promptement  dans 
le  jus,  avec  les  matières  organiques  étrangères  au  sucre,  des  composés  inso- 
lubles. Ce  résultat  a  été  économiquement  obtenu  surtout  à  l'aide  d'une 
argile  calcaire  commune  (formée  de  silicate  d'alumine  68,  carbonate  de 
chaux  3o,  magnésie,  oxyde  de  fer,  sable  2).  i  à  4  de  cette  argile  pour  2  de 
sulfite  neutre  de  soude  suffisent  dans  3ooo  litres  de  jus  pour  effectuer  en 
quelques  instants  d'ébullitiou  tuie  clarification  complète  qui  permet  de 
pousser  la  concentration  dans  les  appareils  jusqu'au  terme  de  cuite  sans 
écumage  et  sans  qu'on  ait  à  redouter  des  incrustations  calcaires. 

)>  Après  avoir  constaté  les  résultats  favorables  obtenus  dans  les  sucreries 
indigènes  à  l'aide  des  procédés  décrits  et  graduellement  perfectionnés  par 
MM.  Périer  et  Possoz  ;  après  avoir  vérifié  dans  des  expériences  de  labora- 
toire l'exactitude  des  faits  qu'ils  avaient  annoncés  relativement  aux  mé- 
thodes d'épuration  des  jus  de  la  betterave  et  de  la  canne  à  sucre,  nous  avons 
l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  d'accorder  son  approbation  à  la  direc- 
tion scientifique  et  pratique  qu'ils  poursuivent  avec  de  persévérants  efforts.  « 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

GÉOLOGIE.  —  Rapport  verbal  sur  la  publication  de  la  Carte  (jéologique  de 
la  Suisse;  par  M.  Daubrée. 

* 
«  L'exploration  géologique  de  la  Suisse  est  en  ce  moment  l'objet  d'une 

étude  détaillée,  sur  laquelle  l'Académie  voudra  bien  me  permettre  d'appeler 

C.  R.,  i863,  3">e  Semi-stre.  (T.  LVII,  N"  2.)  '2 


(  «6  ) 

son  atlontion,  à  propos  de  la  première  livraison  d'un  travail  dont  elle  a 
réceninient  rerii  l'hommage. 

»  Déjà,  il  y  a  dix  ans,  MM.  Studer  et  Escher  ont  publié  une  Carte  géolo- 
gique de  la  Suisse,  qui  est  entre  les  mains  de  tous  les  géologues.  C'était  un 
premier  tableau  d'ensemble  dont  l'échelle,  de  ^g^'^^Q  seulement,  n'était  pas 
assez  grande  pour  bien  représenter  un  sol  à  la  fois  aussi  accidenté  et  aussi 
remarquable  que  la  région  montagneuse  de  ce  pays. 

))  La  Société  helvétique  des  sciences  naturelles  ayant  reçu,  en  i858,  de 
l'Assemblée  fédérale  une  allocation  destinée  à  favoriser  des  recherches 
utiles  à  la  Suisse,  elle  décida  que  cette  subvention  serait  consacrée  à  l'exé- 
cution d'une  Carte  géologique  de  plus  grande  dinjension.  La  direction  de 
l'œuvre  fut  confiée  à  ime  Commission  composée  des  deux  éminents  auteurs 
de  la  Carte  actuelle,  et  de  MM.  Merian,  Desor  et  Alphonse  Favre  :  le  travail 
à  entreprendre  ne  pouvait  donc  être  placé  sous  un  meilleur  patronage. 

))  On  connaît  quelles  difficultés  présente  l'étude  détaillée  des  Alpes,  où 
les  terrains  stratifiés  sont  presque  dépourvus  de  fossiles  sur  de  grandes 
épaisseurs,  et  où  les  allures  des  couches  déchirées  ne  peuvent  être  souvent 
reconnues  que  par  des  ascensions  pénibles.  Pour  surmonter  ces  difficultés 
qui  trouvent,  il  est  vrai,  une  sorte  de  compensation  dans  le  charme  qu'in- 
spirent ces  magnifiques  montagnes,  la  Commission  a  dû  faire  appel,  en  de- 
hors de  son  sein,  à  plusieurs  géologues  déjà  connus  par  de  consciencieux 
travaux. 

»  Dans  l'impossibilité  d'adopter  l'échelle  de  ^^,  „„„,  on  se  servira  de  la 
Carte  de  M.  le  général  Dufour.  L'échelle  de  cette  dernière,  qui  n'est  que  de 
TôûTiûrô'  obligera  à  supprimer  des  détails  intéressants  à  divers  titres,  mais 
elle  aura  l'avantage  de  mieux  faire  ressortir  les  traits  généraux  de  la  struc- 
ture du  sol.  Le  travail  est  préalablement  exécuté  sur  des  cartes  minutes, 
au  TT^-fT^;  ^t  au  5-^0-5^,  offrant  les  courbes  horizontales  de  niveau,  que  les 
explorateurs  doivent  rendre  à  la  fin  de  chaque  campagne,  coloriées  géolo- 
giqucment  et  accompagnées  de  profils,  ainsi  que  d'un  texte  explicatif. 

))  Dans  une  première  livraison,  la  Commission  vient  de  publier  le  Jura 
bàlois,  OMivre  de  M.  le  professeur  Albert  Muller,  de  Bâle.  La  Carte,  accom- 
pagnée de  nombreuses  coupes  et  d'un  texte  en  langue  allemande,  repré- 
sente une  région  dont  M.  Merian  a  donné  une  excellente  description  il  y  a 
déjà  quarante  ans,  c'est-à-dire  à  une  époque  où  l'on  commençait  à  peine  à 
distinguer  sur  le  continent  les  subdivisions  du  terrain  jurassifjue.  La  feuille 
représentant  la  partie  orientale  des  Grisons  est  sur  le  point  de  paraître. 

»  La  pairie  de  Saussure  a  toujours  été  féconde  en  naturalistes.  C'est  ce 


(  87  ) 
que  confirme  complètement  la  lecture  du  volume  druis  lequel  l'histoire  de 
la  géographie  physique  de  la  Suisse  vient  d'être  exposée  par  le  président 
de  la  Commission  géologique,  M.  Studer,  lui-même  l'un  des  principaux  re- 
présentants contemporains  de  celte  phalange.  Le  zèle  et  l'habileté  dés  col- 
laborateurs, réunis  dans  une  pensée  commune  de  science  et  aussi  de  patrio- 
tisme, ne  fera  donc  pas  défaut.  Il  est  à  désirer,  et  nous  ne  saurions  en 
émettre  trop  formellement  le  vœu,  que  la  Commission  continue  à  trouver 
auprès  du  gouvernement  fédéral  l'appui  matériel  qui  est  nécessaire  à  l'ac- 
complissement de  son  oeuvre.   » 

aiÉMOIRES  LUS. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  iMicrograpliie  atmosphérique  ;  par  M.  J.  Samuelsox. 

«  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  aujourd'hui  au  juge- 
ment de  l'Académie,  je  décris  les  expériences  que  j'ai  poursuivies  pendant 
plusieurs  années  sur  l'air  atmosphérique  et  les  germes  qu'il  tient  en  suspen- 
sion. 

»  En  i856,  j'exposais  à  Hull,  en  Angleterre,  des  infusions  de  chlorophylle 
de  chou,  et  j'y  trouvais  dos  types  infiisoires  [Glaucoinascintillans). 

n  En  1862,  j'exposais  à  Liverpool  les  mêmes  infusions  et  d'autres  dans 
lesquelles  la  viande  formait  l'élément  infusé.  M.  le  D'  Balbiani,  iiion  colla- 
borateur, exposait  de  son  côté  les  mêmes  substances.  Nous  y  avons  trouvé 
plusieurs  types  infusoires  :  des  Cyclides,  Kolpodes,  Trachélies,  Kérones, 
Monades,  Vibrions,  et  le  Cuxomoiui.s  acumiiuUn.he  D' Balbiaui  a  découvert  le 
C/clidiiiin  glaucoma  dans  ses  infusions  et  dans  la  ponssière  mouillée  de  sa 
fenêtre.  Il  a  trouvé  le  Circomonas  acuminata  dans  ses  infusions.  J'ai  moi- 
même  trouvé  ce  type  dans  mes  infusions  et  dans  de  l'eau  pure  distillée  expo- 
sée subséquemmcnt.  Je  l'ai  dessiné  et  décrit. 

a  En  1862,  désirant  savoir  si  partout  l'atmosphère  tenait  en  suspension 
les  mêmes  corpuscules,  j'ai  secoué  la  poussière  de  divers  échantillons  de 
chiffons  tirés  des  pays  étrangers,  et  j'ai  obtenu  ainsi  la  poussière  du  Japon, 
d'Alexandrie,  de  Trieste,  de  Tunis,  du  Pérou  et  de  JMelbourne.  Je  les  ai 
conservées  jusqu'au  26  juin  i863  et  puis  semées  à  travers  de  la  mousseline 
dans  de  l'eau  distillée  et  exposées  au  dehors.  J'ai  exposé  en  même  temps 
de  l'eau  pure  distillée  dans  une  boîte  triple,  dont  les  couvercles  consis- 
taient en  carrés  de  verre  bleu,  jaune  et  rouge. 

»  J'ai  trouvé  dans  toutes  ces  poussières  une  foule  d'infusoires,  surtout  des 
Monades  bien  développées,  Vibrions,  etc.,  et  j'ai  décrit  une  nouvelle  Jinibe, 

12.. 


(  88  ) 
a  motion  rapide,  observée  dans  la  poiissiore  d'Egypte.  11  y  eut  un  accroisse- 
ment de  la   vie   pendant   les  Irois   ou   quatre   premiers  jours,  puis  dimi- 
nulion. 

»  Dans  l'eau  pure  distillée  je  n'ai  rien  trouvé  tant  que  les  couvercles 
de  verre  colorié  ont  été  placés  de  telle  sorte  qu'ils  arrêtaient  la  chute  de  la 
poussière.  Mais  quand  j'ai  laissé  la  poussière  pénétrer  dans  les  vaisseaux  qui 
contenaient  l'eau,  j'ai  trouvé  (le  lendemain)  un  sédiment  léger  qui  consistait 
en  particules  minérales  et  végétales,  empâtées  dans  une  pellicule  gélati- 
neuse. Cette  pellicule  s'est  montrée,  sous  un  plus  fort  grossissement,  formée 
de  Monades  sessiles,  qui  ont  subséquemmeut  repris  la  vie  et  peuplé  les 
eaux. 

Conclusions. 

»  1°  L'atmosphère,  dans  toutes  les  parties  du  monde,  est  plus  ou  moins 
chargée  de  corpuscules  appartenant  aux  trois  règnes  de  la  nature,  animal, 
végétal  et  minéral  :  de  particules  de  silex,  de  craie,  etc.,  de  substances 
végétales  fraîches  et  en  état  de  décomposition,  de  fibrilles  animales  et  végé- 
tales, de  kystes  et  de  germes  d'infusoires,  et  probablement,  dans  des  cas 
plus  rares,  de  vers  néraatoïdes. 

»  2°  Les  infusoires  consistent  pour  la  plupart  en  germes  des  types  obscurs 
connus  aujourd'hui  sons  les  noms  de  Monades,  Vibrions,  Kolpodes,  etc., 
mais  aussi  enCyclides,  Trachélies,  Kolpodes,  Kérones,  Vorticelles,  etc. 

»  3°  Ces  corps  organisés  se  trouvent  dans  des  quantités  variables  selon 
la  condition  de  l'atmosphère,  plus  abondants  quand  l'atmosphère  est  sèche, 
et  moins  quand  il  y  a  eu  beaucoup  de  pluie;  ils  flottent  dans  toute  l'atmo- 
sphère, et  ordinairement  ils  pénètrent  partout  avec  elle. 

n  4°  La  ténacité  de  vie  dont  sont  doués  ces  germes  est  beaucoup  plus 
forte  que  ne  l'admettent  quelques  observateurs,  et  surtout  les  partisans  de  la 
génération  spontanée,  principalement  dans  les  formes  obscures,  Fibrio,  Monas 
et  Bacteriuni,  qui  retiennent  la  vitalité  dans  des  circonstances  physiques 
Irès-peu  favorables,  et  qui  par  l'addition  de  l'eau,  aidée  des  rayons  du  so- 
leil, se  raniment  après  une  suspension  de  vie  très-prolongée. 

»  Il  est  impossible  de  limiter  le  temps  qu'il  faut  pour  éteindre  cet  attribut 
de  la  révivification,  mais  j'ai  trouvé  que  quand  ils  ont  repris  la  vie  les  con- 
ditions physiques  les  affectent  sensiblement. 

«  Le  froid  les  tue.  Les  rayons  liuiiineux  et  les  rayons  chimiques  du  soleil 
facilitent  leur  développement  plus  que  les  rayons  calorifiques. 

»  Je  crois  que  ces  rayons,  quand  ils  accélèrent  la  décomposition  des  sub- 
stances organiques,  produisent  des  infusoires  par  génération  spontanée,  mais 


(89) 
qu'en  facilitant  la  décomposition  des  substances  organiques,  les  rayons  four- 
nissent pour  ainsi  dire  à  ces  germes,  qui  viennent  d'être  doués  do  l'exis- 
tence, le  moyen  de  croître  plus  rapidement. 

»  Il  me  semble  impossible  que  les  particules  microscopiques  entraînées 
par  l'atmosphère  dans  de  l'eau  distillée  puissent  donner  naissance  par  gé- 
nération spontanée  à  la  foule  d'infusoires  qui  y  apparaissent  dans  une  seule 
nuit,  et  la  condition  immobile  dans  laquelle  j'ai  trouvé  ces  germes  avant 
qu'ils  eussent  pris  la  vie  est  pour  moi  une  évidence  très-forte  en  faveur  de 
leur  préexistence.    » 

HYGIÈNE.  —  Du  climal  et  en  pavlicidier  des  lieux  de  Venise; 
par  M.  Grimaud  ,  de  Caux. 

(Commissaires   précédemment   nommés:   MM.    Chevreul,   Morin, 

Rayer,   Combes.  ) 

(i  Orientation.  —  Peu  de  villes  sont  mieux  orientées  que  Venise.  Elle  a  la 
mer  au  midi  et  la  montagne  au  nord.  Le  soleil  monte  à  l'horizon  du  côté 
du  Lido,  à  la  pointe  de  San  Nicolo  ;  il  en  descend  derrière  lit  Sainte,  vers 
Fusine.  Du  matin  au  soir  il  est  sur  mer,  d'où  il  envoie  sans  obstacle  sur  la 
ville  ses  rayons  bienfaisants. 

»  En  prolongeant  les  lignes  des  quatre  points  cardinaux  on  rencontre  : 
au  nord,  à  la  distance  de  20  lieues,  un  grand  mur  de  protection,  les 
Alpes  ;  au  midi,  l'Adriatique  dans  toute  sa  longueur  ;  puis  la  Méditerranée 
par  son  plus  grand  travers,  menant  à  la  côte  plate  de  l'Afrique,  vis-à-vis 
de  Barkah,  non  loin  de  l'oasis  d'Ammon  :  5oo  lieues  d'espace  ouvert,  ne 
présentant  au  vent  aucun  obstacle;  à  l'est,  les  montagnes  de  la  Croatie, 
qu'on  va  toucher  en  traversant  l'Adriatique  au  fond  du  golfe,  et  qui 
viennent  Itemper  leur  pied  dans  le  Quarnero;  à  l'ouest  enfin,  les  plaines 
arrosées  par  le  Pô,  qui  aboutissent  aux  Alpes  de  Turin  et  deNovi. 

»  Topographie.  —  Venise,  en  pleine  lagune,  entourée  d'eau,  est  donc 
assise  au  milieu  d'un  grand  espace  plat,  dont  je  viens  de  limiter  dans  tontes 
les  directions  l'horizon  extrême. 

»  Au  temps  des  Romains,  les  bords  de  cette  lagune  étaient  des  lieux  de 
délices.  Martial  voulait  finir  ses  jours  à  Altino.  Aujourd'hui  Altino  et  ses 
environs  sont  fiévreux,  ainsi  que  tous  les  lieux  de  la  terre  ferme  confinant 
au  littoral.  Un  pareil  changement  a  ses  causes. 

>  De  grands  fleuves  coulaient  librement  dans  la  mer.  Attila  paraît  :  les 
populations  qui  vivaient  sur  ces  rives  fleuries  cherchent  un  refuge  contre 


(  90  ) 
les  ravages  de  ses  hordes  sur  les  Ilots  qui  surgissaient  au  milieu  de  la 
l.ii^une  voisine.  Dans  cette  retraite  sûre  elles  se  fortifient,  c'est-à-dire 
iiu'elles  maintiennent  l'eau  au  pied  de  leurs  demeures,  avec  la  profondeur 
et  l'étendue  qui  rendent  ce  rempart  naturel  inexpugnable.  Et,  comme  l'eau 
leur  vient  de  deux  côtés,  par  les  fleuves  avec  des  atterrissements,  et  par  la 
mer  sans  aucuns  troubles,  ils  accueillent  la  mer  et  repoussent  les  fleuves, 
afin  de  mieux  assurer  l'efficacité  de  cette  fortification  d'espèce  nouvelle. 

»  Libre  accès  laissé  aux  eaux  de  la  mer,  éloignement  des  eaux  de  rivière, 
tel  est  le  principe  qui,  dès  l'origine,  a  guidé  les  habitants  de  Rialto  et  a 
servi  de  base  à  la  constitution  présente  de  la  lagune  de  Venise.  Et  voici 
quelle  est  cette  constitution. 

»  Marche  dujlol.  —  Le  flot  de  la  mer  entre  en  lagune  à  la  fois  par  cinq 
ouvertures  de  dimensions  inégales.  A  chaque  ouverture  il  creuse  un  chenal 
proportionné  à  la  masse  des  eaux  qu'il  roule.  Les  courants  s'avancent  en 
s'étalant  jusqu'à  la  terre  ferme,  en  même  temps  que,  des  deux  côtés,  ils 
vont  à  la  rencontre  les  uns  des  autres.  Quand  le  flot  se  retire,  chaque 
courant  retourne  à  la  mer  par  son  même  chemin.  Mais  la  rencontre  d'une 
masse  d'eau  avec  l'autre  s'élant  faite  selon  une  ligne  déterminée  par  l'éta- 
lage, cette  ligne  constitue  une  véritable  ligne  de  faîte,  limitant  en  réalité 
deux  vallées  contiguës. 

»  Effets  de  la  marée.  —  Les  lignes  de  faîte  se  dessinent  au  moment  où  le 
flot  reculant  commence  à  découvrir  la  lagune.  Elles  portent  le  nom  de  parti 
acqua.  Les  j)arli  (icqua  divisent  la  lagune  en  trois  bassins  principaux,  trois 
lagunes  distinctes  :  il  y  a  la  lagune  d'Altino,  la  lagune  de  Malaniocco  et  la 
lagune  de  Venise,  qui  relie  les  précédentes. 

))  Pendant  longtemps  les  Vénitiens,  dans  l'intérêt  de  leur  sûreté,  n'eurent 
souci  que  de  la  lagune  du  milieu.  Voulant  la  préserver  des  atterrissements, 
ils  en  éloignèrent  la  Brenta,  dont  l'ancien  lit,  dans  Venise,  est  maintenant 
rempli  par  cette  belle  nappe  d'eau  qui  forme  le  canal  de  Saint-Marc  et  le 
canal  de  la  Giitdecca,  et  que  l'on  parcourt  dans  toute  sa  longueur  lorsqu'on 
veut  aller  en  gondole  à  Fusine.  Cet  ancien  lit  de  la  Brenta  remonte  dans 
les  terres  jusqu'au  Dolo,  au-dessus  d'Oriago  et  de  la  Mira.  La  Brenta  n'en- 
voie vers  la  lagune  qu'un  filet  d'eau  pour  la  Seriola,  et  le  peu  qu'il  en  faut 
pour  entretenir,  au  moyen  de  l'écluse  du  Dolo  et  de  Fusine,  une  faible  na- 
vigation entre  Venise  et  Padoue.  Ainsi  les  eaux  de  la  Brenta  n'entrent  point 
dans  la  lagune  de  Venise.  Au  moyen  de  grands  travaux  d'art,  elles  sont 
rejetées  dans  le  bassin  de  Malaniocco,  où  elles  rencontrent  les  eaux  de  l'A- 


(9^  ) 
(lige  et  même  du  Pô,  tandis  que  les  eaux  du  Silc  et  d'autres  courants  plus 
faibles  vont  joindre  celles  de  la  Piave  dans  la  lagune  d'Altino. 

»  Conséquences  liyqiéniqiies  et  application.  —  La  lagune  du  milieu  n'ad- 
mettant point  d'eaux  douces,  la  salubrité  y  est  parfaite.  Mais  les  autres 
lagunes  où  l'eau  douce  vient  se  mêler  à  l'eau  salée  sont  insalubres  comme 
tous  les  marécages.  Il  faui,  en  effet,  une  résistance  vitale  d'une  certaine 
énergie  pour  ne  pas  éprouver  l'influence  des  émanations  lacustres  et  pour 
ne  pas  contracter  des  fièvres  de  marais,  quand  on  veut  fréquenter  la  lagune 
d'Altino  ou  celle  de  Malamocco.  J'ai  eu  à  mon  service  un  gondolier  dont 
le  frère  gagnait  sa  vie  à  chasser  le  gibier  dans  la  lagune  de  Malamocco. 
Le  chasseur  passait  régulièrement  trois  mois  de  l'année  dans  l'inaction  à 
Venise,  pour  se  guérir  de  la  fièvre.  C'était  pourtant  un  garçon  robuste  et 
acclimaté.  Pour  celui  qui  ne  réunit  pas  toutes  les  conditions  de  la  santé, 
qui  se  sentirait  la  moindre  tendance  à  un  dérangement  quelconque  de  son 
état  normal,  aller  passer  la  nuit  dans  ces  parages  et  en  revenir  indemne 
serait  un  hasard  dont  il  devrait  toute  sa  vie  remercier  la  Providence. 

»  Il  faut  rendre  justice  aux  médecins  du  pays  :  au  plus  léger  mal  de  tête, 
au  plus  petit  sentiment  de  lassitude  dans  les  membres,  au  moindre  symp- 
tôme gastrique  ou  intestinal,  ils  vous  défendent  toute  excursion  en  dehors 
du  bassin  de  Venise,  sous  peine  d'en  revenir  avec  la  fièvre,  avec  la  fièvre 
des  marais,  avec  la  fièvre  pernicieuse  peut-être,  qui,  si  elle  est  méconnue 
au   premier  accès,  vous  enlèvera  au  troisième. 

»  Pour  les  mêmes  causes,  la  fièvre  est  endémique  aux  bords  de  la  lagune, 
mais  pas  bien  loin  dans  les  terres.  A  une  courte  distance  de  Fusine,  non  loin 
des  Moranzani,  il  y  a  une  villa  c|ui  tient  de  l'élégance  d'un  palais:  elle  s'ap- 
pelle Malcontenta  ;  le  nom  dit  la  chose.  A  Mestre  aussi,  au-dessus  du  fort 
de  Marghera,  les  fièvres  sont  assez  fréquentes;  tandis  qu'au  sortir  de  cette 
petite  ville,  le  Terraglio  est  bordé,  jusqu'à  Treviso,  de  maisons  de  campagne 
patriciennes  qui  rappellent  des  grandeurs  passées.  On  n'aurait  pas  tant 
recherché  et  embelli  des  lieux  naturellement  insalubres.  Quand  ou  est  ma- 
lade en  terre  ferme,  il  faut  retourner  à  Venise  pour  recouvrer  la  santé. 
En  1846  l'été  fut  très-chaud,  l'automne  pluvieux.  L'eau  ayant  séjourné  sur 
le  sol  plus  longtemps  qu'à  l'ordinaire,  la  fièvre  se  montra  où  on  n'avait 
pas  l'habitude  de  la  craindre,  et  toutes  les  villegqiaiure  furent  abrégées: 
on  rentra  pour  se  guérir  du  mal  ou  pour  s'en  préserver. 

■»  J'ajouterai  encore  un  détail  concernant  la  salubrité  toute  spéciale  de  la 
ville. 

M   A  Venise,  les  canaux  ne  fout  pas  seulement  fonction  de  rue  pour  les 


(92  ) 
«ondoies  ;  ils  tout  aussi  fonction  d'émonctoire  pour  les  habitations,  et  d'égout 
pour  les  véritables  rues  dans  lesquelles  on  chemine  à  pied;  de  façon  que  la 
lagune  celte  nappe  d'eau  presque  donnante,  est  en  réalité  la  cloaca  maxima 
d'une  population  de  120000  âmes  (eu  un  temps  200000),  agglomérée  sur 
un  très-petit  espace.  Là,  depuis  des  siècles,  tout  va  dans  le  canal  :  à  Texcep- 
liou  des  scoazze,  des  matières  solides  encombrantes,  tout  est  jeté  par  la 
fenêtre  pour  ainsi  dire  au  pied  des  maisons,  et  la  vase  des  canaux  n'est 
point  corrompue  ;  et  \eJan(jo  que  l'on  extrait  de  temps  à  autre  avec  la  dra- 
gue, pour  maintenir  la  profondeur,  est  porté  derrière  la  Giudecca,  sans 
inconvénient  pour  la  santé  j)ublique.  Là  il  se  dessèche  et  finit  par  procurer 
des  extensions  de  terrain  aux  dépens  de  la  lagune. 

»  A  Londres,  il  y  a  trois  ans,  on  criait  avec  raison  à  la  peste,  parce  qu'à 
chaque  marée  la  Tamise  découvrait  ses  bords  plus  que  de  coutume.  A  Ve- 
nise aussi  la  marée  découvre  toutes  les  six  heures  et  met  à  sec  la  barène  et 
les  petits  canaux,  sans  qu'on  ait  rien  à  redouter.  Que  conclure  de  cela,  si  ce 
n'est  qu'à  Venise  il  y  a  des  éléments  de  conservation  qui  n'existent  point  à 
Londres,  et  qu'à  Londres  aussi  les  eaux  de  la  Tamise  n'ont  pas  les  mêmes 
propriétés  que  les  eaux  de  la  lagune  à  Venise. 

»  Je  termine  par  un  autre  rapprochement.  Supposez  un  instant  que  Paris 
n'ait  pas  d'égout,  et  que  la  Seine,  au  lieu  d'être  un  cours  d'eau,  soit  un  lac 
d'eau  douce  venant  se  ramifier  et  baigner  le  pied  des  maisons,  absolument 
comme  la  lagune  de  Venise.  Supposez  ensuite  qu'on  se  contente  de  jeter 
dehor.s,  comme  on  le  fait  à  Venise,  ce  qui  est  confié  maintenant  aux  réser- 
voirs étanches  dont  chaque  maison  est  armée.  Combien  faudra-t-il  de  jours, 
combien  d'heures  pour  que  Paris  soit  un  foyer  pestilentiel?  » 

PHYSIQUE.  —  Mémoire  sur  les  retards  de  l'ébiUlition  et  de  la  congélation  des 
liquides,  sur  les  formations  de  la  grêle  et  de  la  neige;  j>ar  M.  J.-F.  Artcr. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

<c  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de 
l'Académie,  après  avoir  rappelé  ce  que  j'ai  dit  dans  une  précédente  com- 
munication sur  la  condensation  des  liquides  à  leurs  surfaces  libres  et  auprès 
des  parois,  puis  indiqué  les  diverses  causes  qui  retardent  l'ébullition  des 
liquides  dans  différents  vases,  je  démontre  que  des  enveloppes  sphériqnes 
qui  ont  la  même  force  résistent  à  des  actions  élastiques  qui  leur  sont  inté- 
rieures, de  manière  que  Ion  a  la  proportion  D:fl?::e:E,  dans  laquelle  D  etrf 
représentent  les  diamètres  intérieurs,  E  et  e  les  forces  élastiques. 


(93  ) 
»  En  faisant  flotter  des  sphères  d'eau  dans  un  mélange  convenable  d'es- 
sence de  girofle  et  d'huile  de  lin  ou  d'huile  d'amandes  {BibUolhèque  de 
Genève, i86ï,  t.  XII,  archives,  p.  210),  M.  L.  Dufour  en  a  obtenu  de 
18  millimètres  de  diamètre  qui  étaient  encore  hqnides  à  i3o  degrés,  de 
12  millimètres  à  plus  de  i4o  degrés,  de  6  milhmètres  à  i65  degrés,  de 
j  millimètres  à  l'jS  degrés. 

>.  La  proportion  précédente  donne  18°"°:  la"""  :  :  2'"'",576:x=:  i=""°,7i7  ; 
i8:6::5,982:.r=  r-"™99/j;  i8:3::8,5i2:.r=:  i="",4i9.  Pour  a  voir  égard  à 
la  pression  de  l'air  sur  le  liquide,  j'ai  diminué  d'une  atmosphère  les  tensions 
de  la  vapeur  d'eau  à  140,  i65  et  1178  degrés.  Les  trois  résultats:  1,717; 
1,994;  1,419  atmosphère,  ne  sont  pas  trop  éloignés  de  la  tension  2,671  at- 
mosphères de  la  vapeur  à  i3o  degrés,  diminuée  de  i  atmosphère.  La  moyenne 
de  ces  trois  résultats  est  1,710  atmosphère.  En  faisant  ces  expériences, 
M.  Dufour,  qui  n'en  coiuiaissait  pas  l'explication,  ne  les  a  pas  dirigées  con- 
venablement pour  obtenir  la  plus  haute  température  que  chaque  globule 
d'un  diamètre  déterminé  pouvait  supporter  sans  dégager  de  la  vapeur. 

))   En  représentant  par  D  le  diamètre  intérieur  d'une  sphère  creuse,  et 
par  P  la  pression  qu'exerce  sur  l'unité  de  surface  la  force  élastique  qu'elle 

renferme,  je  j)rouve  que  -j-  exprime  la  force  qui  tend  à  séparer  ses  deux 

liémisphères  sur  chaque  unité  de  longueur  de  la  circonférence  qui  leur  est 
commune.  En  faisant  successivement  D  =:  18,  12,6,  3  millimètres,  et 
P=  1,671;  2,576;  5,982;  8,5 12  atmosphères,  on  obtient 

DP 

—  =  7,5195;   7,728;  8,973;  6,384  atmosphères. 

En  multipliant  760  millimètres  par  la  densité  13,598  du  mercure,  on  ob- 
tient io334""",48  pour  la  hauteur  de  l'eau  qui  équilibre  la  pression  atiiio- 
sphérique,  et  par  suite  io334"sy^8  ou  io8%33448  pour  cette  même  pres- 
sion sur  1  millimètre  carré  de  surface. 

»  En  mnltipliant  successivement  ioS'',33448  par  7,5195;  7,728;  8,973; 
6,384  atmosphères,  on  obtient  77S'',7io;  ']Ç)^',èG5;  92S'',73i  ;  65s'',975  pour 
les  actions  qui  tendent  à  séparer  les  hémisphères  de  chacune  des  quatre 
sphères  ci-dessus  dans  i  millimètre  de  longueur  sur  leur  circonférence  com- 
mune. La  moyenne  de  ces  quatre  résultats  est  796"^, 070. 

i>  Pour  simplifier  la  théorie  précédente,  on  y  a  négligé  la  résistance  pro- 
duite par  la  couche  condensée  qui  enveloppe  chaque  sphère,  et  qui  appar- 

C.    R.,  i8G3,  2"^'  Semestre.    T.  LVU,  N"  2.)  '3 


(94) 
lient  au  liquide  dans  lequel  elles  flottent,  ainsi  que  celles  qui  sont  dues  aux 
condensations  successives  que  les  deux  couches  concentriques  éprouvent 
par  leur  affinité  et  par  leurs  cohésions. 

»  Les  résultats  des  calculs  précédents  prouvent  donc  que  les  retards  de 
l'ébuilition  des  sphères  de  l'eau,  qui  sont  en  équilibre  dans  un  autre  fluide 
de  même  densité,  proviennent  des  résistances  des  deux  couches  concentri- 
ques liquides  condensées  qui  les  enveloppent,  dont  l'une  appartient  à  l'eau 
et  l'autre  au  fluide  qui  les  entoure.  Les  retards  d'ébullition  de  diverses  dis- 
solutions, du  chloroforme  et  de  l'acide  sulfureux  liquide,  observés  par 
M.  Dufour,  sont  dus  aux  mêmes  causes,  mais  il  est  impossible  d'y  appli- 
quer les  calculs  précédents:  i''  parce  que  les  observations  ne  sont  ni 
assez  précises,  ni  assez  variées  ;  2°  parce  qu'on  ignore  les  tensions  normales 
des  vapeurs  de  ces  liquides  aux  diverses  températures.  Les  retards  de  con- 
•^élation  de  l'eau,  du  soufre  et  du  phosphore  fondus  qu'éprouvent  leurs 
globules,  qui  flottent  librement  dans  un  liquide  ou  entre  deux  couches 
fluides,  proviennent  de  l'inertie  de  leurs  molécules  qui  les  empêche  de  se 
présenter  lès  unes  aux  autres  par  les  faces  convenables  à  la  solidification 
(Bibliothèque  de  Genève,  1861,  t.  X;  archives,  p.  3/|6,  et  t.  XI,  Archives, 
p.   23). 

M  Dans  mon  livre  sur  la  Capillarilé,  j'ai  indiqué  la  manière  dont  se  tor- 
maient  les  vésicules  creuses  des  nuages.  Échauffées  fortement  par  le  soleil, 
l'air  intérieur  qu'elles  renferment  se  dilate  ainsi  que  la  tension,  toujours 
maximum,  de  la  vapeur  qu'elles  contiennent  ;  ces  dilatations  augmentent  les 
volumes  de  ces  vésicules  et  les  obligent  à  s'élever  dans  des  couches  atmo- 
sphériques plus  froides  où  elles  peuvent  descendre  beaucoup  au-dessous  de 
zéro  sans  se  congeler.  Lorsque  le  refroidissement  ou  des  secousses,  etc., 
déterminent  leur  congélation  partielle  ou  toiale,  il  en  résulte  des  vési- 
cules solides  creuses  et  remplies  de  gaz.  Quand  ime  vésicule  totalement 
congelée  rencontre  une  vésicule  liquide,  cette  dernière  s'étend  plus  ou 
moins  sur  la  première  solide  et  peut  s'y  solidifier.  Si  la  vésicule  rencontrée 
est  congelée  et  recouverte  d'eau,  le  liquide  de  cette  dernière  la  réunit  au 
premier  corps  et  peut  ensuite  se  solidifier.  Ces  actions  engendrent  de  petits 
grêlons.  Les  grêlons  augmentent  aussi  par  la  vapeur  atmosphérique  qui  se 
dépose  dessus  à  l'état  liquide  avant  de  se  solidifier.  D'après  les  quantités  de 
vapeur  et  surtout  d'eau  à  l'état  vésiculaire  que  peut  contenir  l'air,  on  ne 
doit  guère  s'étonner  des  volumes  qu'atteignent  quelquefois  les  grêlons  avant 
leur  chute. 


(95) 

»  Les  applications  précédentes  des  résultats  auxquels  j'avais  été  conduit 
en  examinant  les  actions  moléculaires  des  corps  sont  une  nouvelle  preuve 
de  l'exactitude  de  ma  Théorie  capillaire.  Celte  Théorie,  qui  établit  des  liens 
si  intimes  entre  la  Physique,  la  Chimie  et  l'Organisation,  ne  me  paraît  pas 
suffisamment  indiquée  par  l'expression  :  Théorie  capillaire. 

»  Il  me  semble  que  l'on  devrait  la  définir  ainsi  :  Théorie  et  conséquences 
des  actions  moléculaires  des  corps.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

M.  Velpeau  présente,  au  noiii  de  l'auteur,  31.  Courty,  professeur  à  la 
Faculté  de  Médecine  de  Montpellier,  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Nou- 
veau perfectionnement  apporté  à  la  litliotritie  par  le  broiement  de  la  pierre 
en  une  seule  séance  » . 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Velpeau,  Jobert, 

Longet.) 

MÉTALLURGIE.  —  Nouveaux  moyens  de  traitement  des  minerais  argentifères. 
Extrait  d'une  Note  de  M.  J.-A.  Pocmakède,  présenté  par  M.  Peligot. 
(Première  partie.) 

(Commissaires,  MAT.  Boussingault,  Peligot,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Il  y  a  déjà  quelques  années  qu'ayant  été  chargé,  au  Mexique,  par  une 
grande  Compagnie  d'exploitation  de  mines,  de  me  livrer,  tant  dans  mon 
laboratoire  que  dans  ses  vastes  ateliers,  à  des  études  suivies  sur  les  incon- 
vénients que  pouvait  présenter  pour  elle  la  pratique  de  la  méthode  de  trai- 
tement dite  de  Freiberg,  et  d'indiquer  s'il  était  possible  de  trouver  les 
moyens  propres  à  prévenir  ces  derniers,  je  fus  à  même  de  constater  plu- 
sieurs faits  importants  qui  ont  déjà  été  décrits  dans  un  long  travail,  et  que 
je  me  bornerai  à  indiquer  ici  d  une  manière  sommaire,  en  ne  m'attachant  à 
décrire  avec  quelques  développements  que  ceux  qui  ont  servi  de  point  de 
départ  aux  modifications  radicales  que  j'ai  fait  subir  au  procédé  saxon,  que 
j'ai  déjà  mises  en  pratique  sur  une  assez  grande  échelle  et  qui  font  l'objet 
essentiel  de  cette  première  communication  à  l'Académie  sur  ce  sujet. 

'»  Je  dirai  donc  qu'il  résulte  des  nombreux  essais  auxquels  je  me  livrai 
à  cette  époque  : 

i3.. 


(96) 

»  i"  Que  les  pertes,  qui  dans  les  divers  ateliers  de  la  susdite  Compagnie 
s'élevaient  à  28,  3o  et  35  pour  100  de  l'argent  que  l'essai  docimasique  indi- 
quait dans  k's  minerais,  étaient  occasionnées,  d'abord  et  comme  on  le 
savait  déjà,  par  des  volatilisations  qui  se  produisaient  dans  le  fourneau  à 
réverbère,  mais  qui  provenaient  principalement  d'une  chloruration  unpar- 
faite  de  l'argent  des  minerais,  qui,  après  sept  et  liuit  heures  de  grillage, 
arrivaient  rarement  à  renfermer  à  l'état  de  chlorure  plus  de  80  pour  loo 
de  celui  qu'ils  contenaient  primitivement; 

»  2°  Que  cette  chloruration  imparfaite,  quiétaitd'autant  plusdéfectueuse 
que  la  teneur  des  minerais  était  plus  élevée,  provenait  elle-même  de  ce 
que,  tandis  que  l'argent  de  ceux-ci  se  transformait  en  chlorure,  en  vertu 
d'une  réaction  mal  comprise  et  très-irrégulièrement  conduite,  il  se  produi- 
sait dans  le  fourneau  un  phénomène  inverse  :  il  y  avait  réduction  d'une 
partie  du  chlorure  déjà  formé  et  régénération  de  sulfure  d'argent  ou  d'ar- 
gent natif,  qui,  obtenu  dans  des  circonstances  pareilles,  n'est  pas  susceptible 
d'être  amalgamé  dans  le  tonneau  d'amalgamation  ; 

»  3°  Que  le  phénomène  lui-même  de  la  transformation  de  l'argent  en 
chlorure,  pendant  le  grillage,  était  le  résultat  d'une  action  directe  du  sel 
marin  sur  l'argent  natif  ou  sur  les  combinaisons  argentifères  du  minerai, 
s'eflectuant  sous  l'influence  d'une  grande  quantité  de  matières  feldspa- 
thiques  ou  quartzeuses,  et  ne  dépendait  pas,  comme  on  l'a  admis  jusqu'à  ce 
jour,  des  phénomènes  d'oxydation  du  soufre,  qui  se  produisent  dans  ce 
cas,  et  qui  ne  font  que  gêner  la  marche  de  l'opération;  en  d'autres  termes, 
que  la  présence,  dans  les  minerais,  du  soufre,  de  l'acide  sulfurique  ou  de 
sulfates,  n'était  nullement  nécessaire  pour  opérer  la  transformation,  à 
l'état  de  chlorure,  de  l'argent  que  ceux-ci  peuvent  contenir.  Les  expé- 
riences fort  simples  que  je  vais  décrire  mettront  en  évidence  la  vérité  de 
ce  fait  important. 

))  Si  à  du  quartz  finement  pulvérisé  anhydre  ou  hydraté,  qui  ne  ren- 
ferme point  de  matière  étrangère,  on  mêle  une  petite  quantité  (environ  i 
pour  100)  d'argent  fin  très-divisé,  1  ou  3  pour  1 00  de  sel  ordinaire,  et  qu'on 
introduise  ce  mélange  dans  un  creuset  de  terre  muni  de  son  couvercle,  que 
l'on  chauffe  de  manière  à  le  maintenir  environ  une  demi-heure  à  la  tempé- 
rature rouge,  l'argent  métallique  primitivement  mélangé  se  trouve  dans  ce 
cas  complètement  transformé  en  chlorure.  En  traitant  le  produit  pulvéru- 
lent qui  résulte  de  cette  calcination  par  l'ammoniaque  caustique  étendue, 
jusqu'à  épuisement  complet,  saturant  les  liqueurs,  etc.,  on  arrive,  en  effet; 


(97) 
en  prenant  les  précautions  d'usage,  à  obtenir  la  quantité  de  chlorure  que 
le  calcul  indique. 

H  Si,  au  lieu  de  faire  entrer  dans  la  composition  du  susdit  mélange  l'argent 
fin,  on  mêle  cà  sa  place  de  l'argent  sulfuré,  du  sulfure  d'argent  antimoniai 
ou  toute  autre  combinaison  minéralisatrice  argentifère,  la  réaction  est  la 
même  que  dans  le  cas  précédent,  du  moins  cpiant  à  la  production  du  chlo- 
rure d'argent;  celle-ci  ne  se  trouve  modifiée  de  manière  à  contrarier  les 
réactions  du  traitement  métallurgique,  que  tout  autant  qu'on  a  fait  intervenir 
dans  le  mélange  certaines  quantités  de  plomb  sulfiu-é  ou  métallique,  ou 
des  quantités  relativement  grandes  de  pyrites  cuivreuses,  produits  qui  don- 
nent lieu,  eux  aussi,  à  la  formation  de  chlorures,  qui  viennent  modifier  les 
propriétés  du  chlorure  d'argent. 

«  Si  enfin  on  remplace  dans  le  mélange  en  question  le  quartz  par  une 
matière  feldspalhique,  comme  une  argile,  par  exemple,  seule  ou  plus  ou 
moins  mêlée  avec  des  matières  qu'on  retrouve  souvent  dans  les  gangues 
naturelles,  telles  que  carbonates  terreux,  oxydes  de  fer,  etc.,  la  chloruration 
s'effectue  encore  de  la  même  manière  et  avec  la  même  facilité. 

«  Que  se  passe-t-il  dans  ces  réactions?  Évidemment  il  y  a  là  des  faits 
curieux  à  mettre  en  lumière!  Ceux  par  exemple  qui  se  produisent  lorsqu'on 
opère  la  transformation  de  l'argent  métallique  en  chlorure  au  milieu  d'une 
gangue  feldspathique  me  semblent  particulièrement  dignes  de  fixer  l'atten- 
tion des  chimistes;  car  le  radical  alcalin  du  sel  marin,  qui  dans  ce  cas  est 
déplacé  par  l'argent,  vient,  comme  j'ai  eu  occasion  de  l'observer,  produire 
sur  les  éléments  de  la  gangue  certains  effets  de  réduction  fort  curieux, 
qui,  bien  étudiés,  pourront  jeter  du  jour  sur  la  nature  de  quelques  corps 
que  nous  ne  connaissons  encore  que  d'une  manière  très-imparfaite.  Mais 
ce  serait  sortir  des  limites  naturelles  de  ce  travail,  que  d'aborder  aujour- 
d'hui de  pareilles  questions,  sur  lesquelles  je  me  propose  d'ailleurs  de  reve- 
nir bientôt.  Il  me  suffit  pour  le  moment  de  démontrer  que  la  chloruration 
des  minerais  est,  à  quelques  excejjtions  près,  une  opération  toujours  facile 
à  réaliser  quand  on  se  place  dans  les  conditions  cpie  je  viens  d'indiquer  et 
qui  n'ont  rien  de  commun  avec  celles  dans  lesquelles  on  cherchait  à  se 
placer  antérieurement. 

»  Je  décris  ensuite  dans  mon  Mémoire  une  méthode  d'essai  et  de  trai- 
tement qui  repose  sur  ces  premières  données  et  qui  permet  d'arriver  à 
extraire  tout  l'argent  que  les  minerais  renferment.  » 


(98) 

PHYSIQUE.  —  Analyse  spectrale  de  l'étincelle  électrique  produite  dans  les 
liquides  et  les  qnz.  Extrait  d'une  Note  de  M.  Daniel. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Fizeau,  Edm.  Becquerel.) 

«  Dans  toutes  mes  expériences  j'ai  fait  usage  d'un  appareil  de  Ruhmkorff, 
de  grandeur  moyenne,  avec  ou  sans  condensateur  dans  le  circuit,  et  j'ai 
toujours  employé  des  étincelles  très-courtes,  de  a  à  3  millimètres,  si  ce  n'est 
dans  certains  milieux  qui  n'offrent  pas  un  grande  résistance  au  passage  du 
courant. 

D  De  tétincelle  dans  les  liquides.  —  Les  liquides  dont  je  me  suis  servi  sont  : 
l'éther  sulfuriquo,  l'alcool  absolu,  le  sulfure  do  carbone,  l'essence  de  téré- 
benthine, la  benzine,  l'aniline,  l'huile  de  naplitc,  le  chloroforme,  le  proto- 
chlorure de  phosphore,  les  éthers  chlorhydrique,  bromhydrique,  iodhy- 
drique,  l'huile  des  Hollandais  et  enfin  l'eau  distillée.  J'ai  employé,  comme 
électrodes,  des  boule.s  de  zinc,  de  cuivre,  de  laiton,  de  cadmium,  de 
bismuth,  d'antimoine,  d'étain,  de  plomb,  de  fer,  d'aluminium,  de  cuivre 
amalgamé,  d'argent,  de  platine;  des  fragments  de  nickel  et  de  cobalt,  mé- 
taux obtenus  dans  un  très-grand  état  de  pureté  par  M.  Jacquelain. 

»  Les  boules  plongeant  dans  le  liquide  soumis  à  l'expérience,  l'étincelle 
est  généralement,  poin- la  même  distance  d'exj)losion,  plus  vive  que  dans 
l'air.  Sa  coulein-  varie  avec  la  nature  du  métal  et  avec  celle  du  liquide. 

»  Cette  étincelle  donne  un  spectre  dans  lequel  on  aperçoit  les  raies  carac- 
téristiques du  métal  qui  forme  les  pôles,  en  nombre  d'autant  plus  grand  que 
ce  métal  est  plus  volatil.  Ces  raies  sont  très-nettes,  pourvu  que  l'étincelle  ne 
soit  pas  trop  forte.  Généralement,  elles  deviennent  très-confuses  et  dispa- 
raissent même  complètement,  si  le  condensateur  est  dans  le  circuit.  C'est 
parce  qu'il  employait  l'étincelle  d'un  condensateur  que  Masson  n'a  pas  vu 
les  raies  métalliques  dans  les  liquides. 

»  Dans  les  carbures  d'hydrogène,  tels  que  l'essence  de  térébenthine, 
l'huile  de  naphte,  la  benzine,  substances  que  l'étincelle  décompose  très-ra- 
pidement, l'observation  n'est  possible  que  pendant  quelques  instants,  à 
moins  que  l'on  n'opère  dans  un  courant  de  ces  liquides.  Dans  tous  les  cas 
les  premières  étincelles  suffisent  j)oiu'  montrer  que  le  phénomène  est  sensi- 
blement le  même  que  dans  l'élhcr  sulfurique  ou  dans  l'alcool. 

«  Il  faut  employer  le  condensaleur  et  disposer  dans  le  circuit  deux  inter- 
ruptions ,  la  première  dans  l'air  et  la  seconde  dans  l'eau,  pour  obtenir  avec 
ce  liquide  une  étincelle  suffisamment  intense.  On  aperçoit  encore  les  raies 


(  99  ) 
principales  des  métaux  volatils,  mais  accidentellemeiil,  et  elles  ne  sont  pas 
nettes. 

M  Outre  les  raies  caractéristiques  de  chaque  métal,  on  voit  le  spectre  du 
charbon  et  les  raies  principales  de  l'hydrogène,  dans  tous  les  liquides  qui 
renferment  ces  éléments.  La  raie  ronge  de  riiydrogène  est  toujours  très- 
nette  et  très-brillante. 

»  Le  spectre  du  charbon  n'est  pas  toujours  complet  ;  les  raies  du  violet 
sont  rarement  visibles;  mais  les  raies  rouges,  jaunes,  vertes,  et  surtout  les 
raies  bleues  ne  manquent  jamais.  C'est  ce  second  spectre  qui  rend  l'étincelle 
plus  brillante  dans  les  liquides  que  dans  l'air. 

»  L'appareil  d'induction  fonctionnant  d'iuie  manière  continue,  il  se  dé- 
pose du  charbon  sur  les  boules,  après  un  temps  plus  ou  moins  long,  et  il  se 
produit  alors  un  spectre  continu,  spectre  du  charbon  solide  incandescent, 
qui  finit  par  prendre  une  grande  intensité  et  par  masquer  le  spectre  métal- 
lique et  le  spectre  de  la  vapeur.  Cependant,  il  ne  masque  jamais  complète- 
ment les  raies  des  métaux  volatils  et  rarement  les  raies  les  plus  brillantes  du 
charbon. 

»  Eu  résumé,  l'étincelle  dans  les  liquides  fournit  trois  spectres  :  le  spec- 
tre du  métal,  le  spectre  de  la  vapeur  du  liquide  (des  éléments  de  cette 
vapeur),  et,  après  quelque  temps,  le  spectre  du  charbon  solide  incandescent. 

»  Les  raies  métalliques  sont  généralement  plus  brillantes  dans  le  sulfure 
de  carbone,  dans  les  éthers  chlorhydrique,  bromhydrique,  iodhydrique, 
dans  le  chloroforme,  que  dans  les  autres  liquides. 

»  Tout  se  passe,  quand  l'étincelle  se  produit  au  sein  d'une  masse  liquide, 
comme  si  elle  éclatait  dans  la  vapeur  de  ce  liquide  :  c'est  ce  que  j'ai  vérifié 
par  un  grand  nombre  d'expériences. 

»  De  rétincelle  dans  lesviipeurs  et  les  gaz.  —  J'ai  opéré  avec  des  étincelles 
courtes,  dans  un  courant  de  gaz  ou  de  vapeur  sous  la  pression  atmosphé- 
rique, courant  qu'il  est  toujours  facile  d'accélérer,  de  ralentir  ou  d'arrêter. 
J'emploie,  à  cet  effet,  un  petit  tube  entourant  les  deux  boules  de  l'excita- 
teur et  portant  latéralement  deux  tubulures.  Le  gaz  purifié  arrive  par  la 
tubulure  inférieure  et  s'échappe  par  la  tubulure  supérieure. 

»  Dans  la  vapeur  des  liquides  indiqués  précédemment,  les  phénomènes 
sont  les  mêmes  que  dans  le  liquide  qui  la  fournit;  mais  les  spectres  ont 
plus  d'éclat.  On  aperçoit,  généralement,  le  spectre  du  métal  et  le  spectre  de 
la  vapeur,  ou,  plus  exactement,  des  éléments  de  la  vapeur. 

»  Ou  peut  observera  loisir  les  deux  spectres  superposés,  en  faisant  jaillir 
les  étincelles  dans  un  tube  renfermant  de   l'alcool  jusqu'au  niveau  de   la 


(  loo  ) 
boule  inférieure,  ou  en  faisant  couler  le  liquide  goutte  à  goutte  le  long  de 
la  tige  supérieure  de  l'excitateur.  On  obtient  alors  le  spectre  du  métal,  le 
spectre  du  charbon  et  les  principales  raies  de  l'hydrogène.  Rien  ne  révèle 
la  présence  de  l'oxygène,  qui  d'ailleurs,  d'après  plusieurs  observateurs,  ne 
devient  pas  libre. 

»  En  employant  comme  électrodes  des  fragments  du  charbon  que  l'on 
obtient  en  faisant  passer  des  vapeurs  de  différents  carbures  d'hydrogène  à 
travers  un  tid^e  de  porcelaine  incandescent,  on  observe,  quand  on  par- 
vient à  empêcher  la  production  du  spectre  continu,  exactement  le  même 
spectre  qu'avec  tous  les  carbures.  L'étincelle  peut  donc  vaporiser  ce  charbon 
plus  facilement  que  le  charbon  des  cornues  :  avec  ce  dernier,  on  n'arrive 
pas  au  même  résultat.  On  conçoit  dès  lors  pourquoi  ce  charbon,  préparé  en 
masses  assez  considérables  par  M.  Jacquclain,  donne  un  arc  voltaïciue  plus 
régulier  dans  ses  effets  que  le  charbon  des  cornues. 

»  Dans  les  gaz  suivants  :  hydrogène,  azote,  acide  carbonique,  protoxyde 
d'azote,  bioxyde  d'azote,  ammoniaque,  sous  la  pression  atmosphérique  ou 
sous  une  pression  un  peu  plus  forte,  le  s|K-ctre  des  métaux  volatils  domine. 

»  Avec  le  cuivre,  l'argent,  le  platine,  le  spectre  du  gaz  ou  de  ses  élé- 
ments est  plus  nettement  accusé. 

»  Dans  l'azote  :  raies  fines  dans  l'orangé  et  le  jaune,  bandes  bleues.  Le 
tube  est  fluorescent. 

))  Dans  l'hydrogène  :  raies  caractéristiques  de  ce  gaz,  bandes  bleues. 

»  Dans  l'ammoniaque  :  spectres  de  l'azote  et  de  l'hydrogène,  fluores- 
cence. 

»  Le  spectre  des  gaz  n'est  jamais  très-brillant,  mais  il  est  suffisam- 
ment accusé  pour  qu'on  y  reconnaisse  les  spectres  que  donnent  les  tubes  de 
Gessler. 

»  Le  spectre  du  gaz  me  paraît  fourni  surtout  par  l'auréole  de  l'étincelle  ; 
car  en  opérant  dans  l'air  et  en  dirigeant  dans  le  tube  un  courant  de  ce  gaz 
par  une  tubulure  latérale  disposée  à  la  hauteur  de  l'étincelle,  on  voit  l'au- 
réole se  déplacer  latéralement;  elle  sort  du  champ  de  l'instrument,  le  trait 
ne  se  déplace  pas  sensiblement  :  les  bandes  bleues  et  violettes  de  l'azote  dis- 
paraissent presque  complètement;  les  raies  du  métal  persistent. 

))  Quand  l'étincelle  jaillit  dans  certains  gaz,  les  raies  caractéristiques  du 
métal  qui  forme  les  électrodes  deviennent  très-brillantes.  On  peut  leur  don- 
ner de  l'éclat,  tout  le  inonde  lésait,  en  employant  un  condensateur;  mais 
elles  deviennent  plus  larges  et  souvent  confuses.  Ici,  rien  de  semblable; 
elles  peuvent  être  éblouissantes  sans  cesser  d'être  nettes  sur  les  bords. 


(   lo.   ) 

»  Dans  la  vapeur  de  sulfure  de  carbone,  les  raies  du  cuivre,  du  zinc,  du 
laiton,  de  l'argent,  sont  très-brillantes.  Il  en  est  de  même  dansl'acidc  sulfu- 
reux et  dans  l'acide  sulfhydrique. 

»  Dans  l'oxygène,  les  raies  des  métaux  volatils  ont  à  peu  près  la  même 
intensité  que  dans  l'air.  Mais  le  plomb  donne,  dans  ce  gaz,  des  raies  plus 
intenses  :  on  apeiçoit  netleiuput  dans  l'indigo  deux  raies  fiui  ne  se  voient 
qn'à  peine,  quand  le  tube  est  plein  d'air.  Les  deux  raies  que  ce  métal  donne 
dans  le  rouge  et  le  violet  extrêmes  sont  plus  brillantes  dans  l'oxygène  que 
dans  l'air. 

»  Dans  la  vapeur  des  éthers  chlorhydrique,  bromhydrique,  iodhv- 
drique,  de  chloroforme,  tous  les  métaux  employés,  le  platine  excepté,  don- 
nent, comme  dans  ces  corps  à  l'état  liquide,  des  raies  Irés-brillantes.  Il  en 
est  de  même  dans  le  chlore  et  le  brome. 

»  Dans  l'acide  chlorhydrique,  les  raies  du  cuivre,  du  zinc,  du  laiton,  du 
cadmium,  de  l'argent,  du  nickel,  du  cobalt,  du  fer,  de  l'étain,  du  plomb, 
sont  éblouissantes  et  d'une  netteté  remarquable.  Avec  des  boules  de  pla- 
tine, on  voit  une  ou  deux  raies  assez  belles;  le  spectre  du  chlore  domine  : 
il  est  parfaitement  indiqué  par  ses  groupes  de  r.iies  vertes,  visibles  avec 
la  plupart  des  métaux.  Le  spectre  de  l'hydrogène  est  accusé  par  ses  raies 
caractéristiques.  Je  crois  que  c'est  surtout  dans  l'acide  chlorhydrique  qu'il 
convient  d'observer  les  raies  que  fournissent  les  métaux  proprement  dits. 

"  En  résumé  :  la  constitution  de  l'étincelle  est  toujours  la  même,  quel  que 
soit  l'état  du  milieu  dans  lequel  on  la  produit,  qu'il  soit  liquide  ou  gazeux. 

»  Il  y  a,  généralement,  i°  volatilisation  du  métal  polaire  et  incandes- 
cence de  la  vapeur  produite;  2°  incandescence  des  éléments  du  milieu  tra- 
versé par  le  courant.  Dans  certains  cas,  le  milieu  seul  ou  même  l'un  de  ses 
éléments  semble  devenir  incandescent.  Dans  d'autres  cas,  c'est  surtout  la 
vapeur  métallique  qui  devient  lumineuse. 

»  Tous  les  corps  simples  qui  ont  pour  les  métaux  une  grande  affinité, 
qu'ils  soient  libres  ou  engagés  dans  une  combinaison  facilement  décompo- 
sable  par  l'étincelle,  donnent  de  l'intensité  au  spectre  métallique.  ■> 

PHYSIQUE.   —  Faits  tendant  à  dénrontrer  l'action  électrique  des  rayons  solaires. 

Note  de  M.  Cu.  Musset. 


»  Les  sciences  physiques  et  naturelles  sont  depuis  longtemps  en  posses- 
sion de  faits  qui  prouvent  la  manière  différente  dont  agit  sur  certains  cor[)s 

C.  R.,  i863,  a"»»  SemeHre.  (T,  LVII,  W  2.)  '4 


(     '02    ) 

la  lumière  solaire,  selon  qu'elle  est  directe,  réfléchie  ou  diffuse.  Une  Note 
récente  du  P.  Sanna-Solaro  sur  l'action  électrique  des  rayons  solaires, 
contient  des  observations  nouvelles  qui  caractérisent  cette  différence 
(l'influence  de  la  lumière.  En  faisant  des  expériences  sur  l'action  variée  des 
couleurs  du  spectre  solaire  dans  la  genèse  des  infusoires,  j'ai  recueilli 
des  faits  tellement  confirmatifs  de  ceux  que  publie  le  savant  étranger,  qu'il 
est  peut-être  utile  de  les  faire  connaître. 

))  Dans  mes  expériences  je  me  suis  servi  du  galvanomètre  de  Nobili.  A 
l'ombre,  les  aiguilles  de  l'appareil  sont  dans  une  immobilité  complète;  mais 
sitôt  qu'elles  sont  frappées  par  les  rayons  solaires,  n'importe  l'heure  et 
la  température,  elles  exécutent  des  oscillations  dont  l'amplitude,  variable 
(le  minute  en  minute,  peut  aller  jusqu'à  90  degrés.  Si  une  cause  naturelle 
ou  artificielle,  un  nuage  ou  un  écran,  intercepte  les  rayons,  les  aiguilles 
deviennent  bientijt  stationuaires.  Mais  alors  un  léger  choc  imprimé  à  l'ap- 
pareil détermine  de  nouvelles  oscillations,  moins  amples,  et  qui  cessent 
pour  ne  plus  recommencer  si  l'appareil  est  resté  quelque  temps  dans  l'om- 
bre. Pendant  la  nuit  le  même  choc  n'est  pas  suivi  d'oscillations,  les  aiguilles 
tremblent  sur  place.  Les  oscillations  sont  extrêmement  irrégulières;  elles 
diffèrent  en  rapidité,  en  amplitude,  même  parfois  en  direction  ;  les  ai- 
iiuilles  s'arrêtent  brusquement  ou  lentement,  rétrogradent  ou  avancent.  On 
les  voit  rester  quelques  secondes  en  repos,  pour  recommencer  leurs  oscil- 
lations, tantôt  avec  une  sorte  d'effort,  tantôt  sans  hésitation  ;  en  un  mot, 
l'irrégularité  est  la  loi  de  leurs  mouvements.  Je  ne  les  ai  jamais  vues  suivre 
le  soleil  dans  son  cours,  toujours  elles  ont  oscillé  entre  deux  grands  cercles 
passant  l'un  parle  sud,  l'autre  par  l'ouest.  Cette  circonstance,  contraire 
à  l'observation  du  P.  Sanna-Solaro,  tient  peut-être  à  l'aimantation  des 
aiguilles.  J'ai  également  constaté  que  les  lumières  artificielles,  telles  que 
celle  d'une  lampe  Carcel,  n'avaient  aucune  influence  directrice. 

»  Dans  le  but  d'aller  lui  peu  plus  au  fond  de  la  cause  de  ces  phénomènes, 
j'ai  successivement  fait  tomber  sur  l'appareil  les  couleurs  du  spectre  ;  il  ma 
paru,  sans  que  je  puisse  l'affirmer,  car  durant  cette  expérience  j'ai  malheu- 
leuseuient  été  souvent  dérangé,  il  m'a  paru,  dis-je,  que  l'action  des  rayons 
violets  était  la  plus  énergique. 

»  A  quelle  cause  rattacher  ces  singuliers  mouvements?  Je  crus  dès  le 
principe  qu'ds  étaient  le  résultat,  soit  d'une  rupture  d'équilibre  dans  la 
température,  soit  et  plutôt  de  courants  ascendanlset  descendants  dansl'inté- 
rieur  du  glol)e  piotectour.  Plusieurs  personnes  à  qui  j'avais  fait  |iait  de  mes 
observations,  n'ont  pas  hésité  à  voir  dans  l'agitation  de  l'air  intérieur  l'ex- 


(  io3  ) 
plication  des  faits  avec  d'autant  plus  de  raison  apparente,  que  la  cloche  du 
galvanomètre  est  ouverte  par  le  haut.   Mais  il  m'a  été  facile  de  me  con- 
vaincre que  l'objection  n'était  pas  fondée. 

»  i"  Un  thermomètre  placé  dans  l'intérietn-  du  globe  n'accuse  aucun 
changement  brusque  dans  la  température; 

1)  2"  Que  la  cloche  soit  ouverte  ou  exactement  fermée,  les  oscillations 
sont  absolument  identiques; 

»  3°  Des  barbes  allongées  de  duvet  placées  tant  sur  les  aiguilles  que  sur 
les  bords  du  limbe  métallique  gradué  n'ont  jamais  donné  aucun  signe  d'agi- 
tation, et  cependant  j'a!i  pris  la  précaution  de  les  regarder  avec  une  forte 
loupe. 

»  Mais  ce  qui  démontre  jusqu'à  l'évidence  que  les  oscillations  n'ont  pas 
leur  cause  dans  l'agitation  de  l'air,  c'est  que  si  on  fait  tomber  les  rayons  sur 
le  globe  selon  un  plan  qui  ne  passe  pas  par  les  aiguilles,  celles-ci  restent 
immobiles.  Je  n'hésite  donc  pas  à  voir  là  une  action  électrique  des  rayons 
solaires.  D'ailleurs,  en  songeant  au  rôle  immense  que  le  soleil  joue  dans  la 
nature,  n'est-il  pas  rationnel  d'admettre  une  influence  électrique?  A  l'ombre 
la  chlorophylle  disparaît,  la  plante  s'étiole,  les  feuilles  des  mimosas  s'en- 
dorment, le  chlore  et  l'hydrogène  restent  mélangés,  et  les  aiguilles  demeu- 
rent immobiles.  Mais  si  les  rayons  frappent  ces  corps,  la  plante  verdoie  et 
renaît,  les  feuilles  se  réveillent_,  les  deux  gaz  se  combinent  et  les  aiguilles 
oscillent.  Ces  divers  phénomènes,  pris  entre  tant  d'autres,  ont  une  telle 
analogie,  qu'ils  pourraient  légitimer  l'opinion  qui  par  induction  ascendante 
rattacherait  à  luie  influence  électrique  les  actions  si  multiples  et  souvent  si 
mystérieuses  du  soleil  sur  la  nature.   » 

PHYSIQUE.  —  Mémoire  sur  les  moyens  de  dimimier  In  résistance  intérieure 
des  piles  vollaïques,  et  sur  les  ejjets  de  celle  diminution  dans  les  appareils  à 
grandes  intensités;  par  M.  J.-B.  Viollet.  (Extrait  par  l'auteur.) 


«  On  sait  que  plusieurs  obstacles  s'opposent  à  la  construction  des  piles 
voltaïques  capables  de  produire  économiquement  des  courants  d'une  grande 
intensité,  et  qu'un  des  principaux  consiste  dans  la  résistance  intérieure  de 
la  pile.  Parmi  les  modifications  de  l'appareil  auxquelles  on  pouvait  songer 
pour  échapper  à  cette  difficulté  l'accroissement  de  surface  des  vases  poreux 
se  présentait  naturellement.  Mais  dans  l'état  actuel  de  la  fabrication  de  ces 
vases,  on  se  trouvait  bientôt  arrêté,  parce  que  cet  accroissement  diminue  la 

14.. 


(  .o4  ) 

perméabilité,  en  exigeant  une  augmentation  d'épaisseur,  et  fait  perdre  une 
forte  partie  de  l'avantage  attendu. 

»  J'ai  donc  cherclié  à  produire  des  vases  poreux  présentant  aux  liquides 
un  passage  beaucoup  plus  facile,  et  je  suis  parvenu  depuis  quelque  temps  à 
en  exécuter  de  tels,  par  |)liisieurs  moyens  dont  le  principal  consiste  à  inter- 
poser dans  un  mélange  céramique  convenable  une  matière  susceptible  d'être 
plus  tard  détruite  et  de  laisser  îles  pores  très-nombreux,  capables  de  donner 
un  produit  aussi  spongieux  qu'on  le  juge  utile.  La  matière  dont  je  parle  est 
ordiuaircmenl  une  substance  orgunique  pulvérulente  qui  disparaît  par  la 
cuisson. 

»  J'ai  exécuté  ainsi  des  vases  beaucoup  plus  poreux  que  ceux  dont  on  se 
sert  actuellement,  et  ces  nouveaux  vases,  quoique  plus  épais,  ont  donné, 
toutes  choses  égales  d'ailleurs,  des  intensités  notablement  plus  fortes  que 
des  vases  poreux  ordinaires  qui  avaient  cependant  été  améliorés  déjà  par 
l'usage. 

«  L'accroissement  considérable  de  la  perméabilité  des  vases  n'augmente 
pas  autant  qu'on  le  croirait  d'abord  l'influence  nuisible  des  fdtratious  d"un 
compartiment  ilu  couple  dans  l'autre  et  la  consommation  inutile  qui  en 
résulte.  Pour  rendre  cet  inconvénient  très-négligeable,  il  suffit  de  faire  en 
sorte  que,  par  l'effet  de  leursdensités  respectives,  les  deux  colonnes  liquides 
soient  en  équilibre  dans  les  deux  compartiments. 

»  Quoique  l'on  puisse  accroître  dans  une  proportion  très  considérable 
la  pera::éabilité  des  vases,  je  ne  dois  cependant  pas  exagérer  l'importance 
absolue  de  l'augmentation.  La  résistance  du  vase  poreux  n'est,  en  effet, 
qu'une  fraction  de  la  résistance  intérieure  totale  du  couple;  et  quand  même 
on  supprimerait  entièrement  le  diaphragme,  on  n'anéantirait  pas  la  résis- 
tance intérieure  apportée  par  les  liquides,  ni  celle  du  circuit  extérieur. 
Aussi,  dès  que  les  vases  ont  atteint  un  certain  degré  de  porosité,  on  a 
beau  les  rendre  de  plus  en  plus  perméables,  on  n'observe  bientck  que  des 
accroissements  d'intensité  de  moins  en  moins  marqués. 

w  Mais  l'augmentation  pour  ainsi  dire  indéfinie  de  la  porosité  permet- 
tant d'agrandir  considérablement  les  dimensions  des  vases  et  de  laisser, 
malgré  l'accroissement  nécessaire  de  l'épaisseur  des  parois,  ces  vases  aussi 
et  même  plus  perméables  que  les  plus  poreux  de  ceux  qui  sont  aujourd'hui 
en  usage,  il  est  clair  que  ce  moyen  permet  de  diminuer  la  résistance  inté- 
rieure dans  des  proportions  beaucouj)  plus  fortes  que  si  l'on  se  bornait  à 
modiher  la  porosité  des  vases  sans  eu  changer  les  dimensions.  Il  est  d'ail- 
leurs évident  que,  plus  les  vases  sont  grands,  moins  il  faut  en  assembler 


(  io5  ) 
pour  mtensiré,  lorsque  l'on  veut  obteuir  un  effet  donné,  ce  qui  diminue 
considérablement  les  difficultés  et  la  main-d'œuvre. 

»  Dans  le  Mémoire,  je  termine  par  une  analyse  fort  élémentaire  et  par 
la  discussion  de  plusieurs  formules,  montrant  l'importance  des  amélio- 
rations que  l'accroissement  de  la  porosité  des  vases  apporte  dans  les  piles,  et 
je  fais  voir  qu'elle  permet  : 

))    i"  D'augmenter  l'intensité  dans  un  même  circuit  extérieur; 

»  2°  De  diminuer  très-notablement,  quand  le  circuit  extérieur  n'est  pas 
fort  résistant,  le  nombre  des  couples  de  tension  nécessaires  pour  obtenir 
luie  même  intensité; 

»  i"  D'employer  utilement,  pour  parvenir  aux  mêmes  intensités,  des 
réactions  chimiques  donnant  lieu  à  de  moindres  forces  électromoîrices.  » 

M.  Vaussix-Chardanxe soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  système  de 
son  invention  pour  prévenir  les  ^w/to  (/e  j/os  d'éclairmje,  d'eaux  forcées,  etc. 

"  Ces  moyens,  dit  l'auteur,  consistent  principalement  dans  une  double 
enveloppe  de  tuyaux  de  conduite  et  dans  ini  système  de  robinets  aussi 
simple  dans  sa  construction  qu'efficace  dans  son  emploi.    » 

M.  Plagxiot  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  faire  examiner  lui  niveau 
de  son  invention  dont  il  envoie  un  modèle. 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Mathieu  et  Delaunay.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  MixVisTRE  DE  LA  Marixe  adrcsse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut, 
un  exemplaire  du  nnmérode  juillet  delà  «  Revue  maritime  et  coloniale  ». 

M.  le  Secrétaire  PERPÉTCEi,  présente,  au  nom  de  l'auteur,  M.  Annibal  de 
Gasparis,  un  Mémoire  «  sur  la  détermination  des  orbites  planétaires  ». 

M.  Delaunay  est  invité  à  faire  de  ce  Mémoire,  qui  est  écrit  en  italien  et 
publié  à  Naples,  l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  Cor- 
respondance, un  nouveau  volume  des  "  Grandes  Usines  delà  France  »,  par 
M.  Turgan,  et  appelle  l'attention  sur  les  planches  gravées  qui  s'y  trouvent, 
notamment  sur  les  clichés  de  M.  Dulos. 


(  io6) 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  classe  d'équations  du  quatrième  deqré. 
Extrait  d'une  Lettre  adressée  à  M.  Hermite  par  M.  Brioschi. 

«  Permettez-moi  de  vous  entretenir  un  moment  de  quelques  relations 
entre  les  équations  analogues  à  celles  du  multiplicateur,  dans  la  théorie  des 
fonctions  elliptiques,  et  celles  de  la  théorie  des  formes  cubiques  à  trois  in- 
déterminées; ces  relations,  établissant  une  nouvelle  liaison  entre  ces  formes 
et  la  transformation  du  troisième  ordre  des  fonctions  elliptiques,  peuvent 
avoir  quelque  intérêt  pour  vous  qui  le  premier  avez  signalé  un  fait  analy- 
tique de  la  même  espèce.  Soient  ST  les  invariants  d'ime  forme  cubique  ter- 
naire U  ;  s,  t  ceux  de  sa  transformée  canonique  : 

x'  +  ^^  +  z'  -+-  6  Ixjz  ; 

en  indiquant  avec  d  le  déterminant  de  la  substitution  propre  à  réduire  U  à 
la  forme  canonique,  on  aura 

S^d's  =  hdH[P-\),      T  =  dH  =  d'{8l'  +20/' 

et  les  racines  X,,  .r,,  X3,  x^  de  l'équation 

(i)  x*-6Sx=  +  8Tx-3S=  =  o 

peuvent  s'exprimer  au  moyen  des  formules 


13 


\fx]^ld\J — 6,  \^JC2^{l  —  i)d\J^,  y/jc^^Çl  —  ix)d\/'2,  \Lvt=[l — a.'^)d\Ji, 

a  étant  une  racine  cubique  imaginaire  de  l'unité;  c'est-à-dire,  les  deux  pro- 
priétés évidentes  des  coefficients  de  l'équation  supérieure  donnent  pour  les 
racines  les  deux  conditions 


y/xa  +  v/xj  +  v^Xj  =  —  \J —  3x,,         y/xj  +  a y/xg  +  a}  \/x,  ^  o . 

Or  on  peut  déterminer  deux,  et  seulement  deux  fonctions  entières  de  yjx, 
qui  ont  la  propriété  de  vérifier  deux  équations  linéaires  analogues  aux 
précédentes.  En  nommant  \/X  une  quelconque  de  ces  fonctions,  et  X,, 
Xj,...,  les  valeurs  de  X  correspondantes  à  x  =  x,,X2,...,  on  doit  avoir  pour 
ces  fonctions 


VX  -(-  v'Xj  +  s/X,  =  -  y/-  3X, ,       VXj  +ûLsjX,-\-  a?  y/X,  =  o, 
et  l'on  trouve  très-facilement  que  ces  fonctions  sont 

(a)  VX=V^>      VX  =  (x'-7Sx-i-8T)v'^. 


(  I07  ) 
Évidemment  l'équation  dont  les  racines  sont  données  par  les  valeurs  de  la 
seconde  de  ces  fonctions  correspondantes  à  x  =  x,,  Xj,...,  aura  la  forme  de 
l'équation  (i),  et  cela  aura  lieu  aussi  pour  l'équation  dont  les  racines  sont 
les  valeurs  d'une  fonction  linéaire  des  deux  fonctions  (2)  correspondantes 
à  x  =  x,,  .Tj,....  Or  on  a  le 

))  Théorème  I.  —L'équation  dont  les  racines  sont  données  parles  valeiirsde 
l'expression 

correspondantes  à  a:  =  X,,  Xn,...,esl  la  suivante: 

X'  -  es^^jX^-  +  8T,4X  -  3  s:,  =  o, 

Sab-i  T^ab  indiquant  les  invariants  de  la  forme  rtU  +  ^H,  et  H  le  hessien  de 
la  forme  U. 

»  J'ai  cherché  aussi  les  deux  fonctions  entières  de  s/x  qui  satisfont  aux 
équations  suivantes  : 


v/x"j  +  v/X3-f-vX,  =  v/-3X,,      v/X^+aV^s+K^X,  =  0; 
elles  sont 

(x'-5Sx  +  8T)V^,      (x--5S)v'x, 

et  l'on  a 

»  Théorème  II.  —  L'équation  dont  les  racines  sont  données  par  les  va- 
leurs de  l'expression 

(3)  ^X=-\[a[x'-SSx  +  8T)-b(lx^-5S)]s/x, 

correspondantes  à  x  =  x,,  Xj,...,  est  la  suivante  : 

X*  —  eS-'^X^  +  ST-'^X  -  3  (S'^'-f  =  o, 

S"*,  T"*  étant  les  invariants  de  la  forme  cubique  a'S  +  b^,  et  $,^lesdenx 
contre-variants  du  troisième  ordre  de  la  forme  U. 

»   Corollaire  1. —  En  supposant  dans  l'expression  (2)  a  =  0,  b=i,   on 
aura 

VX=^(x'-7S;c  +  8T)  yjx, 
de  laquelle,  au  moyen  de  l'équation  (1),  on  déduit 

X=  — -2T; 


(   '08  ) 

mais  dans  ce  cas 

S,i  =  4T=-3S^  T,4  =  9S=-8r, 

par  conséquent,  en  substituant  dans  l'équation 

X'  _  G  (4r  -  3S^)  X=  +  8T(9S^  _  8r)  X  -  3(4'P  -  38=»)'  =  o, 

l'expression  38"  )■  —  sT  au  lieu  de  X,  on  obtiendra  l'équation  à  racines 
réciproques  de  l'équation  donnée. 

»   Corollaire  2.  —  En  supposant  dans  l'expression  (  3  )  a  =  i ,  b  =  o,  on 
aura  par  l'équation  (i) 

X  =  3S  fa:+-^-  2T, 


mais  dans  ce  cas, 

S°*  =  4(T=  +  3S=),    T''*  =  8T(9S'— T»). 

Par  conséquent,  en  posant  au  lieu  de  X,  dans  l'équation 

X*  -  24  (T=  +  38' )  X^  +  64T  (gS'  -  T=)  X  -  48  (T=  4-  3  S')^  =  o, 
l'expression 

X  =  2(6Sj-T), 

on  aura  l'équation 

(4)  i2Sj*-8Tj=-6S=j='+6STj-T--  7S'  =  o, 

dont  les  racines  auront,  avec  les  racines  de  l'équation  (i),  la  relation 


^=7i^+|)' 


comme  vous  l'avez  déjà  démontré. 

»  En  dernier  lieu,  en  supposant  a:=o,  h=  —  i ,  on  a 

X_— g^--6-, 

et  on  obtiendra  l'équation  à  racines  réciproques  de  l'équation  (4)-  » 

PHYSIQUE.  —  Réponse  de  M.  A.  Dcpré  à  des  remarques  qui  le  concernent  dans 
une  communication  de  M.  Reech.  Note  présentée  par  M.  Bertrand. 

M  M.  Reech  affirme  la  possibilité  d'établir,  sans  avoir  recours  au  principe 
de  l'équivalence,  l'équation 

(i)  xL  =  {i-hat)y 


(  109  ) 
que  j'ai  démontrée  dans  le  Compte  rendu  du  1 8  mai,  C'est  là  une  erreur  que, 
dans  l'intérêt  des  travaux  présentés  en  mon  nom  à  l'Académie  depuis  plu- 
sieurs années,  je  ne  puis  éviter  de  combattre. 

)>  L'équation  (i)  renferme  des  quantités  L  et  X' définies  et  mesurées  avec 
grand  soin  par  M.  Regnault,  le  coefficient  limite  a  de  dilatation  des  gaz  et 
la  température,  sur  la  définition  de  laquelle  il  est  inutile  que  je  levieiine  ici. 
Cette  relation  m'a  permis  de  prévoir  des  faits  remarquables  que  les  expéri- 
mentateurs ne  manqueront  pas  de  vérifier. 

»  M.  Reech  n'arrive  à  rien  de  tel,  puisqu'il  conserve  jusqu'à  la  fin  des 
fonctions  inconnues  de  la  température  R,  r,  qu'il  ne  précise  pas  suffisamment, 
car  il  omet  de  dire  si  les  dilatations  dont  il  parle  ont  lieu  avec  ou  sans  travail 
complet.  Quand  bien  même  les  quantités  R  et  r,  qui  dépendent  du  travail 
mécanique  tant  interne  qu'exlerne  et  par  suite  de  l'équivalent  dont  l'utilité 
est  contestée  dans  cette  question,  seraient  remplacées  par  des  quantités  con- 
nues, il  resterait  à  établir  la  valeur  de  la  fonction  T  donnée  sans  démonstra- 
tion, et  mes  précédents  travaux  montrent  que  cela  n'est  possible  qu'en 
s'appuyant  sur  les  principes  de  l'équivalence  et  de  l'égalité  de  rendement. 

»  M.  Ciausius,  dont,  à  mon  grand  regrel,  je  ne  connais  pas  les  travaux 
écrits  dans  une  langue  autre  que  la  mienne,  a  adressé  à  l'Académie  une 
réclamation  de  priorité  relative  à  la  même  formule.  Je  pense  qu'il  n'en  a 
point  tiré  les  mêmes  conséquences  que  moi  et  que  son  mode  de  démons- 
tration est  tout  différent;  toutefois,  les  extraits  insuffisants  que  j'ai  lus  ne 
m'autorisent  nullement  à  parler  de  ce  sujet  en  détail,  et  j'attendrai  la  déci- 
sion de  la  Commission  nommée  par  l'Académie.    » 

MÉTÉOROLOGIE—  Sur  l'existence  à  la  Havane  des  arcs  surnuméraires  et  sur  les 
arcs-en-ciel  obseivés  en  tSGa.  Lettre  de  M.  Andrès  Poey  à  M.  Élie  de 
Beaumont. 

«  Les  théories  de  Descartes  et  de  Newton  sur  l'arc-en-ciel  ne  tiennent 
nullement  compte  des  arcs  signalés  en  1666  par  Mariotte,  nommés  supplé- 
mentaires et  surnuméraires  par  Young,  et  secondaires  par  Arago;  arcs  en  géné- 
rai alternativement  ronges  et  verts  qui  bordent  à  l'intérieur  l'arc-en-ciel  de 
premier  ordre.  La  théorie  de  Young,  fondée  sur  l'interférence  des  rayons, 
soumise  à  une  solution  analytique  par  3L  Airy  et  expérimentalement  par 
JNL  Miller,  paraît  être  plus  satisfaisante. 

»  D'après  la  dernière  théorie,  les  arcs  surnuméraires  exigeraient  au  moins 

C-  R.,  i863,  2">=  Semestre.  (T.  LVII,  N»  2.)  l5 


(  'lo  ) 
Il  ois  conditions  essenliellos  à  lenr  complèle  formalion  :  i"  le  plus  giand 
noirihre  de  gouttes  d'eiui  ;  2"  leur  |)lus  parfaite  spliéricité;  3°  leur  plus 
petite  dimension  possible.  On  voit  de  suite  l'intérêt  qui  se  rattache  à  l'étude 
de  ces  arcs  sous  toutes  les  latitudes  du  globe;  car,  ainsi  que  l'a  très-judi- 
cieusement observé  Arago,  si  dans  quelques  légions  les  arcs  surnuméraires 
manquaient  toujours,  il  faudrait  en  conclure  que  toujours  aussi  la  pluie  s'y 
détache  des  nuages  à  un  état  de  grosseur  inusité,  assignable  d'ailleurs  par  le 
calcul.  Cette  simple  manifestation  optique  pourrait  donc  nous  donner  une 
idée  assez  exacte  sur  la  distribution  géographique  de  la  quantité  d'eau  de 
pluie.  D'un  autre  côté,  si  ces  arcs  ne  s'étendent  point  jusqu'à  l'horizon, 
n'est-il  pas  curieux,  remarque  Arago,  de  trouver  dans  une  particularité  de 
l'arc-en-ciel  la  preuve  que  la  quantité  de  pluie  doit  être  d'autant  moindre 
qu'on  la  reçoit  dans  un  récipient  plus  élevé! 

)i  Slalheureusement  l'étude  des  arcs  surnuméraires  dans  la  région  équa- 
toriale  du  globe  a  été  très-négligée.  Les  observations  de  M.  d'Abbadie  ne 
concordent  nullement  avec  les  miennes;  car  tandis  que  ce  savant  affirme 
n'avoir  jamais  aperçu  d'arcs  surnuméraires  à  Olinde  (Brésil)  et  dans  les 
régions  équinoxiales,  même  par  une  pluie  d'une  extrême  finesse,  à  la 
Havane,  au  contraire,  je  les  observe  très-souvent  jusqu'au  point  d'avoir 
vu  même  trois  alternances  d'arcs  rouges  et  verts,  et  d'autres  fois  Varc  verl- 
jaune-serin  si^mdé  pdv  Langwitli  et  dernièrement  par  M.  de  Tessan.  Arago 
ajoute  encore  que  les  observations  faites  pendant  la  camj)agne  de  ta  Vénus 
confiinient  plutôt  qu'elles  ne  contredisent  les  remarques  de  M.  d'Abbadie. 
Bouguer  aussi  avait  souvent  observé  les  arcs  surnuméraires  sur  la  Cordillère 
du  Pérou  où  le  ciel  est  quelquefois  de  la  plus  grande  sérénité. 

))  Voici  maintenant  quelques  faits  principaux  observés  en  1862  dans  ces 
arcs.  Le  28  mai  à  G''  22™  du  soir,  on  vit  un  double  arc-en-ciel  dont  l'intérieur 
n'offrit  qu'une  bande  jaunâtre  et  surnuméraire.  Le  28  juillet  à  6  heures  du 
soir,  un  arc-en-ciel  complet  et  d'un  grand  éclat  présenta  une  double  rangée 
d'arcs  surnuméraires  à  trois  teintes  disposées  ainsi  :  rouge,  jaune  et  vert. 
Ce  qu'il  eut  de  remarquable  fut  que  l'arc-en-ciel  se  prolongea  dans  une 
étendue  de  10  degrés  sur  l'azur  du  ciel,  où  il  n'y  avait  la  moindre  trace  ni 
de  nuages,  ni  de  vapeur  d'eau.  Le  polariscope  bis-quartz  et  à  double  rota- 
lion  d'Arago  n'accusa  même  pas  la  plus  légère  différence  de  ton  dans  la 
comparaison  que  je  fis  avec  d'autres  portions  du  ciel  bleu.  Le  plan  de  pola- 
lisation  était  horizontal  ou  parallèle  à  l'horizon.  La  même  observation  a 
été  faite  le  22  octobre  à  8  heures  du  matin,  mais  d'une  manière  plus  inté- 
ressante :  c'était   un   double  arc-en-ciel,  où  les  couleurs  de  l'arc  de  second 


(  «tl  ) 

ordre  apparaissaient  l)ien  plus  inten.ies  et  détinies  sur  ia  portion  bleue  du 
ciel  que  sur  la  partie  nuageuse.  Il  disparut  quelques  minutes  après,  et  alors 
les  couleurs  de  l'arc-en-ciel  de  premier  ordre  et  celles  de  la  double  ranaée 
d'arcs  surnuméraires  verts  et  rouges  qui  l'accompagnaient  prirent  plus 
d'éclat. 

»  J'avais  déjà  observé  ce  phénomène  le  3o  septembre  1839  à  5  heures  du 
soir  :  sur  des  fragments  de  cumulus  passagers,  qui  versaient  des  gouttes 
d'eau  à  leur  passage  au  zénith,  il  s'était  formé  un  arc-en-ciel  complet. 
Lorsque  ces  cumulus  eurent  cessé  de  traverser  cet  espace,  l'arc-en-cic! 
demeura  toujours  visible  sur  l'azur  du  ciel  pendant  dix  minutes,  sans  altéra- 
tion de  son  éclat  ni  sans  perdre  aucune  de  ses  couleurs.  Ensuite  le  bleu 
s'effaça  le  premier,  probablement  par  la  difficulté  de  le  distinguer  du  fond 
de  même  teinte,  car  ce  fut  ensuite  l'exlrémité  la  moins  réfrangible,  à  partir 
du  roiige,  qui  commença  à  disparaître.  Le  12  février  i836,  M.  Wartmann 
observa  à  Genève  un  arc-en-ciel  par  lui  temps  serein. 

»  Non-seulement  ce  fait  est  incontestable,  mais  encore  toute  la  série  de 
phénomènes  météorologiques  qui  dérivent  des  nuages  s'observe  sous  un  ciel 
parfaitement  serein  et  parfois  d'une  grande  diaphanéité.  J'ai  fait  voir  en  i855 
que  les  vapeurs  élastiques,  dont  la  dissémination  ne  trouble  point  ou  ne 
trouble  que  fort  peu  la  pureté  de  l'air,  peuvent  se  groiq;cr  et  former  de 
véritables  nuages  transparents. 

»  Voici  un  autre  phénomène,  bien  plus  remarquable  et,  à  ma  connais- 
sance, jusqu'ici  sans  exemple.  Le  17  novembre,  à  7  heures  du  matin,  une  por- 
tion d'arc-en-ciel  de  ao  degrés  apparut  au  N.-N.-O.  sur  des  cumulus  couleur 
d'ardoise  claire.  Tout  à  coup  la  portion  d'arc,  conq^rise  vers  le  N.  jusqu'à 
8  degrés  d'élévation  au-dessus  de  l'horizon,  fut  animée  durant  trois  minutes 
d'un  mouvement  vibratoire  assez  rajjide,  suivant  la  normale  de  l'arc,  de 
manière  à  présenter  une  série  de  bandes  transversales  alternativement 
colorées  et  obscures.  Toutes  ces  bandes  semblaient  converger  vers  le  centre 
de  l'arc-en  ciel  où  justement  se  trouvait  un  cumulus  plus  obscur  que  ceux 
du  fond.  Il  y  avait  en  outre  deux  séries  d'arcs  surnuméraires,  et  l'ensemble 
de  cette  apparition  ne  dura  que  cinq  nunutes.Une  heure  plus  tard,  à  8  heures, 
une  autre  portion  d'arc-en-ciel  double  et  d'égale  dimension  que  la  pre- 
mière se  présenta  au  même  endroit.  L'arc  primaire  était  plus  brillant  que 
l'arc  secondaire,  et  dans  les  deux  le  violet  atteignait  l'horizon,  le  premier 
ayant  offert  trois  rangées  d'arcs  surnuméraires.  C'était  le  plus  grand  nombre 
d'alternances  que  j'avais  observé  jusqu'ici;  mais  M.  Haidiuger  a  présente, 
dans  la  séance  du   l'i  mars  1862,  à  l'Académie  des  Sciences  de  Vienne,  la 

i5.. 


(     '12    ) 

description  d'un  triple  arc-en-ciel  avec  cinq  séries  d'arc  surnuméraires  qu'il 

aurait  observés. 

»  Je  ne  puis  mieux  comparer  le  mouvement  vibratoire  de  la  portion 
d'arc-en  ciel  du  17  novembre,  ainsi  que  l'effet  des  tranches  annulaires,  alter- 
nativement colorées  et  obscures,  résultant  de  cette  vibration,  qu'aux  phé- 
nomènes de  la  lumière  stratifiée  dans  les  tubes  de  Geissler,  lorsque  le  cou- 
rant électrique  est  très-intermittent.  Cette  circonstance  m'a  rapporté  à  la 
mémoire  la  théorie  mécanique  de  M.  Riess  sur  la  stratification  de  la  lumière 
électrique.  Pour  que  la  stratification  ait  lieu  dans  le  sein  de  l'atmosphère, 
il  suffirait  d'un  état  plus  ou  moins  considérable  de  raréfaction,  accompagné 
d'une  tension  électrique  pins  ou  moins  forte.  Or  ces  deux  conditions 
peuvent  fort  bien  exister  sous  un  ciel  orageux.  Le  cumulus  qui  occupait  le 
centre  de  l'arc-en-ciel,  et  vers  lequel  les  stries  allaient  converger,  électrisé 
de  signe  contraire  au  fond  nuageux  du  ciel,  aurait  pu  encore  exercer  une 
puissante  attraction  siu- la  lumière  de  l'arc-en-ciel. 

»  Langwith  dit  qu'il  n'a  jamais  vu  des  arcs  surnuméraires  vers  l'horizon, 
ce  qu'il  attribuait  à  d'autres  propriétés  qu'auraient  les  gouttes  d'eau  vers  la 
base  de  l'arc.  Arago  affirme  aussi  <(  que  dans  les  régions  inférieures,  près  de 
»  l'horizon  et  même  assez  haut  au-dessusde  ce  plan,  on  n'en  aperçoitjamais 
»  de  traces,  du  moins  en  Europe.  »  Ces  assertions  sont  en  partie  démenties 
à  la  Havane,  car  j'ai  parfois  vu  très-distinctement  les  arcs  surnuméraires  se 
prolonger  jusqu'à  l'horizon,  mais  je  n'en  ai  jamais  aperçu  dans  l'arc-en-ciel  de 
second  ordre.  On  a  observé  en  1862,  à  l'Observatoire  delà  Havane,  quatre- 
vingt-dix-huit  arcs-en-ciel,  soit  complètement  formés,  soit  n'offrant  que  des 
portions  d'arcs  détachés  et  isolés.  Voici  leur  distribution  mensuelle  com- 
parée au  nombre  de  jours  de  pluie  : 

Mois.                   .Arcs-en-ciel.       Jours  de  pluie.  Alois                        Arcs-cn-ciel.         Jours  de  pluie 

Janvier 2  4                      Juillet 10  18 

Février 2  8                     Août 19  16 

Mars I  8  Septembre...  4  ^i 

Avril 2  4                      Octobre 20  24 

Mai M  17  Novembre...  7  16 

Juin i3  22  Décembre...  7  i5 

Total 98 

>'   Ce  tableau  fait  ressortir  une  relation  assez  intime  qu'il  y  aurait  entre  le 
nombre  d'arcs-en-ciel  et  le  nombre  de  jours  de  pluie  durant  les  deux  sai 
sons  bien  caractérisées  de  notre  climat.  Il  y  a  cependant  une  exception 


(   «13  ) 

remarquable  pour  le  mois  de  septembre,  où,  sur  vingl  et  un  jours  de  pluie, 
on  n'aurait  observé  que  quatre  arcs-en-ciel  dont  un  seul  fut  complet  et 
double.  Cette  différence  ne  paraît  consister  ni  dans  l'état  nuageux  du 
disque  solaire,  ni  dans  la  quantité  de  nuages  visible  à  l'opposé  du  soleil, 
mais  plutôt  dans  quelque  condition  particulière  de  leur  constitution  phy- 
sique. Pour  confirmer  cette  hypothèse,  j'ai  fait  le  relevé  de  1  état  de  diapha- 
néité  du  disque  solaire  aux  heures  où  l'arc-en-ciel  généralement  se  mani- 
feste, c'est-à-dire  de  6  à  9  heures  du  matin  et  de  3  à  6  heures  du  soir,  en 
tenant  également  compte  du  lever  et  du  coucher  de  cet  astre  durant  ces 
deux  mois.  Le  tableau  stùvant  indique  le  nombre  de  fois  que  le  soleil  avait 
disparu  au  moment  de  l'observation  horaire  : 

Octobre.  Différence. 

5 1   fois .  6 

48     »  :.(-) 

14     »  9 


Septembre, 

Soleil  couvert .  .  .  . 

45   fois. 

Soleil  nébuleux    .  . 

5o     :> 

Pluie  invisible.  .  .  . 

5      » 

Total 

100  fois. 

1 1 3  fois .  1 3 

»   On  voit  donc  qu'en  octobre  précisément  le  disque  solaire  a  été  dans 
treize  occasions  plus  couvert  qu'en  septembre. 

Nature  des  arcs-en-ciel  suivant  leur  apparition. 

Portion  d'arcs  simples 76  cas. 

Portion  d'arcs  doubles 7  « 

Portion  d'arcs  simples  avec  arcs  surnuméraires 3  « 

Portion  d'arcs  doubles  avec  arcs  surnuméraires 1  » 

Arcs-en-ciel  complets  simples.  . .    .  8  » 

Arcs-en-ciel  complets  doubles [  >. 

Arcs-en-ciel  complets  simples  avec  arcs  surnuméraires o  » 

Arcs-en-ciel  complets  doubles  avec  arcs  surnuméraires 2  » 

Arcs-en-ciel  complets  et  partiellement  doubles  avec  arcs  surnuméraires.  i  » 

Arcs-en-ciel  du  matin 27  » 

Arcs-en-ciel  du  soir 76  u 

Direction  des  portions  d'arcs. 

N aras.  E.-S.-E.  .  .        7  cas.  O.-NO    3  cas. 

N.-N.-E...        6     1.  S.-E 23     »  N.-0 11      ■ 


N.-E 17      »  S.-S.-E.  ..  2     ..  N.-N.-0 3     >. 

E.-N.-E...        2      »                     S.-0 4      "  Région  zénithale.         t 

£ 4     »                   0 I      .. 

3i  cas.  37  cas                                                     18  cas. 


(■>/,) 

»  On  remarque  dans  ce  lableau  :  i°  une  grande  disproportion  entre  les 
arcs-en-ciel  complets  qui  sont  uniquementaunombrede seize,  elles  portions 
d'arcs  qui  s'élèvent  au  contraire  à  quatre-vingt-sept  apparitions;  i°  que  les 
arcs  surnuméraires  ont  accompagné  d'un  côté  les  arcs-en-ciel  complets, 
mais  (ntiérenient  ou  partiellement  doubles,  et  jamais  l'arc  primaire  et  simple, 
tandis  que  d'autre  part  il  n'y  a  eu  qu'un  seul  cas  de  portion  double  d'arcs 
qui  en  ait  offert  ;  3°  que  les  arcs-en-ciel,  de  3  à  7  heures  du  soir,  dépassent 
grandement  ceux  observés  de  6  à  9  heures  du  matin,  et  qu'au  delà  de  ces 
heures  ils  sont  très-rares;  4"  que,  par  suite,  les  portions  d'arcs  sont  bien 
plus  fréquentes  vers  l'E.  que  vers  l'O.,  ayant  excédé  le  S.-E.  de  sept  cas 
sur  le  N.-E.    » 

PHYSIQUE  DU  GLOr.E.  —  Oscillations  du  sol  manifestées  par  des  jterlurbalioiis 
dans  le  réf/inie  de  quelques  pidts  attésiens.  Note  de  MM.  Degousée  et 
Laurext. 

«  Pendant  l'année  1862,  les  deux  sondages  de  Saâda  et  Solthans,  cercle 
de  Bou  Saâda  (Hodna),  province  de  Constantine,  présentèrent  des  accidents 
très-extraordinaires.  M.  Jus,  directeur  des  travaux,  nous  informa  des  faits 
qui  se  produisaient.  Isolés,  ces  faits  pouvaient  se  ranger  dans  la  catégorie 
des  accidents  qui  affectent  quelquefois  les  travaux  de  sondage,  obstruc- 
tion, par  suite  de  la  chute  du  ciel  argileux  qui  recouvre  souvent  les  couches 
sableuses  aquifères,  écrasement  des  colonnes  par  les  argiles,  etc.  Mais  les 
circonstances  ordinaires  ne  se  présentaient  pas  suffisamment  pour  justifier 
uniquement  ces  idées.  Il  y  avait  là  des  causes  qui  agissaient  plus  énergique- 
nient  que  d'habitude  et  qu'il  était  difficile  de  s'expliquer  ;  aussi,  aux  bonnes 
indications  que  M.  Jus  nous  donnait  sur  la  nature  de  ces  accidents,  se 
représentant  de  nouveau  après  leur  réparation,  nous  ne  pûmes  que  lui 
répondre  : 

«  Vos  accidents  sont  bien  singuliers  ;  n'avez-vous  jamais  pensé  à  des 
)i  oscillations  souterraines  du  sol?  En  Espagne,  dans  le  sud,  que  j'ai  par- 
»  couru  l'année  dernière,  on  a  établi  un  système  d'observations  qui  a  permis 
)>  de  constater  vingt-trois  secousses  en  une  année.  A  Naples,  lors  d'une 
»  éruption  du  Vésuve,  sans  tremblement  de  terre  apparent,  nos  deux  sondes 
))  ont  été  simultanément  prisonnières  au  forage  du  Palais  et  à  celui  de 
"   la  Victoria.    » 

»  Les  puits  ont  été  réparés  et  avaient  repris  leur  écoulement  depuis  plu- 
sieurs mois;    leur  débit   était  régulier,  et   tout  faisait  supposer  cjue  leur 


(  i>5  ) 
régime  était  définilivemen!  établi,  lorsque  nous  reçûiiies  la  Lettre  suivante 
(le  M.  Jns,  accompagnant  son  Rapport  hel)domaclaire  des  travaux. 

«  Sondage  d'El  AnatI,  i3  juin  i8('i3. 

»   Messieurs, 

.)  Il  vient  de  se  passer  daiis  le  Hodna  un  fait  météorologique  dont  je 
»   m'empresse  de  vous  rendre  compte. 

»  La  journée  du  lo  juin  avait  été  insupportable;  la  température  était  de 
»  37  degrés  à  midi  par  un  vent  d'ouest,  et  l'atmosphère  chargée  au  point 
M   qu'il  était  difficile  de  respirer. 

»  Vers  5  heures  du  soir  le  vent  a  cessé,  et  tout  laissait  à  présumer  que 
))  nous  aurions  une  nuit  tranquille,  lorsqu'à  i  i  heures  du  soir  un  ouragan 
)>  terrible  s'est  élevé  dans  la  plaine  :  lèvent  d'ouest  soufflait  avec  une  telle 
»  violence,  qu'il  lançait  dans  le  vide  des  cailloux  aussi  gros  que  des  noix  ; 
))  le  ciel  était  en  feu  au  nord,  le  tonnerre  grondait,  toutes  les  tîntes  arabes 
»  étaient  par  terre,  déchirées  en  morceaux,  et  les  femmes  jetaient  des  cris  de 
"  frayeur,  croyant  à  la  fin  du  monde.  L'eau  de  la  source  d'El  Anatt 
)i  avait  26  à  27  degrés  au  moins;  dans  les  réservoirs,  elle  a  conservé  cette 
»  température  pendant  tout  le  temps  de  l'ouragan.  Quant  à  nous,  nous 
»  étions  cramponnés  à  la  chèvre  et  aux  tentes  qui  étaient  restées  de- 
«  bout.  A  minuit,  le  vent  était  tellement  fort,  que  j'ai  pensé  pour  un  mo- 
»  ment  à  ce  que  nous  allions  devenir,  lor.sque  tout  à  coup  une  violente 
i)  secousse  (je  n'ose  dire  un  tremblement  de  terre,  cependant  c'est  bien  le 
»  mot  que  je  devrais  employer)  a  apaisé  la  tempête  comme  par  enchante- 
«   meut.  De  mémoire  d'indigène  on  n'avait  jamais  vu  cela. 

)i  Le  II,  mon  premier  soin  fut  de  prendre  des  nouvelles  de  nos  puits,  et 
))   voici  les  résultats  qu'on  m'en  a  rapportés  : 

"  Ain  Kelba.  —  La  cuve  s'est  affaissée  pendant  l'ouragan  ;  l'eau  a  cessé 
)i   de  couler  et  a  repris  son  cours  primitif;  les  arbres  ont  été  déracinés. 

»  Saula.  —  S'est  arrêté  entièrement  la  nuit  du  10. 

»  Solthans  (le  dernier  puits).  —  A  cessé  de  couler  la  nuit  du  lo,  a  repris 
))   son  cours  le  1 1  et  a  disparu  de  nouveau. 

»  J'ai  organisé  de  suite  une  petite  chèvre  que  j'ai  installée  sur  le  puils  de 
»  Solthans;  la  soupape  descendue  m'a  donné  l'explication  suivante  de  l'ar- 
»   rêt  de  l'eau. 

"  Les  tuyaux  neufs  d'ascension  sont  encore  broyés  à  71  mètres  (même 
))   profondeur  qu'à  Saïda,  ,et  les  terrains  bouchent  le  passage  de  la  source). 

»   Il  y  a  vraiment  de  quoi  être  découragé;  je  sais  bien  qu'il  n'y  a  nulle- 


(  "6  ) 
i>   ment  de  noire  faute,  c'est  bien  malheureux  de  voir  un  travail  qui  m'a 
»   donné  tant  de  misères  être  détruit  par  des  causes  inconnues.    » 

»  Ici  les  effets  d'oscillations  du  sol  ont  été  sensibles,  et  on  ne  peut  guère 
mettre  en  doute  leur  influence  sur  les  couches  aquifères.  La  secousse  de 
tremblement  de  terre  dans  le  Ilodna  ne  se  trouvc-t-elle  pas  confirmée  par 
celles  qui,  les  jours  suivants,  sont  venues  agiter  si  vigoureusement  le  sol  de 
l'Espagne  méridionale. 

»  P.  S.  Jusqu'à  présent,  ces  singuliers  phénomènes  ne  se  produisent  que 
dans  cette  localité.  Tous  les  autres  puits  restent  dans  les  conditions  régulières 
d'un  écoulement  constant.    « 

M.  Élie  DE  ÏÎK.\iJMOXT  fait  remarquera  cette  occasion  qu'on  a  pu,  pour 
d'autres  forages  artésiens,  constater  le  rapport  dont  .MM.  Degousée  et 
Laurent  citent  des  exemples.  Ainsi  M.  Hervé  Mangon  ayant  déterminé  pres- 
que journellement,  depuis  près  de  deux  ans,  la  quantité  de  matières  ter- 
reuses tenues  en  suspension  clans  l'eau  du  puits  arlésien  de  Passy,  a  constaté 
que  les  époques  où  la  quantité  de  ces  matières  avait  subi  une  augmentation 
exceptionnelle  avaient  correspondu  à  celles  pour  lesquelles  les  relevés 
de  M.  Alex.  Perrey  accusaient  des  trépidations  du  sol  en  différents  pays. 

PALÉONTOLOGIE.  —  Nouveaux  ossements  fossiles  adressés  poj' M.  Husson. 
Lettre  à  M.  Élie  de  Beaumont. 

«  Toul,  le  i"  juillcl  iSCÎ. 

«  Vous  avez  été  assez  bienveillant  pour  présenter,  lundi,  ma  Note  à 
l'Académie,  et  vous  avez  demandé  l'analyse  de  la  dent  d'éléphant.  Peut-être 
auriez-vous  désiré  avoir  quelques  autres  ossements.  Aussi  je  m'empresse  de 
vous  en  adresser  par  le  chemin  de  fer.  Ce  sont  : 

»   N"  1.   Débris  d'une  dent  étiquetée  chez  moi  n°   i; 

»  N°  2.  Débris  d'une  dent  étiquetée  n°  i; 

»  N"  5.   Petite  portion  d'os  trouvé  dans  le  diluvium  des  fortifications; 

»   N**  4.  Débris  provenant  du  même  terrain  et  du  même  endroit; 

u  N"  o.  Grande  |)orlion  d'os  trouvé  il  y  a  quinze  ou  vingt  ans  dans  le 
même  lieu,  je  crois.  Je  reverrai  mes  notes  à  ce  sujet,  et  s'il  n'en  était  pas 
ainsi  je  vous  l'écrirais. 

»  Les  quatre  dents  ou  portions  de  dent  non  enveloppées  proviennent 
du  terrain  remanié  des  forlificalions.  » 

Les  ossements  adressés  par  M.  Husson  seront  remis  à  M.  Chevreul,  avec 
prière  d'en  faire  l'analyse. 


("7) 

M.  DiTiiocssET,  qui  avait  présenté  en  mars  dernier  un  Mémoire  sur  les 
populations  de  la  Perse,  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  ce 
Mémoire  qui  n'a  pas  été  l'objet  d'un  Rapport.  L'auteur  a  reproduit  sous  une 
forme  un  peu  plus  développée  ses  observations  dans  un  opuscule  dont  il 
offre  un  exemplaire  à  l'Académie. 

M.  Altobelli,  qui  avait  précédemment  adressé  d'Aquila  un  Mémoire 
imprimé  «  sur  l'emploi  de  la  poudre  de  salsepareille  dans  les  inflammations 
érylhémateuses  etphlegmoneuses  »,  prie  l'Académie  de  lui  faire  savoir  si  ce 
travail,  sur  lequel  il  souhaitait  obtenir  son  jugement,  a  été  l'objet  d'un 
Rapport. 

(Renvoi  à  M.  Andral  à  qui  l'ouvrage  avait  été  soumis.) 

M.  Jeanjaquet,  qui  avait  précédemment  soumis  au  jugement  de  l'Aca- 
démie un  Mémoire  sur  les  taches  du  soleil,  puis  un  appendice  à  ce  travail, 
adresse  aujourd'hui  un  deuxième  supplément  qui  est  renvoyé  comme 
l'avaient  été  les  deux  premières  pièces  à  l'examen  de  M.  Babinet. 

M.  DE  Crena  présente  un  Mémoire  sur  un  appareil  qu'il  a  imaginé  pour 
obtenir  instantanément  le  nombre  des  membres  d'une  assemblée,  et,  en  cas 
de  scrutin,  la  répartition  des  votes. 

M.  Dupin  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  Mémoire  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  s'il  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  E.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPniQCE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i3  juillet  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Éludes  de  Balistique  théorique  et  expérimentale,  ajrant  particulièrement  pour 
objet  les  nouvelles  armes  à  feu  portatives  de  l'armée  impériale  et  royale  et  les 
carabines  Minié  de  r arméejrançaise ;  par  J.-G.  BOEHM  (extrait  des  Annales 
de  la  Société  royale  des  Sciences  de  Bohème);  traduit  de  l'allemand  par 
E.  Taudieu.  Paris,  i863;  vol.  in-8°  avec  3  planches.  (Présenté  au  nom  de 
l'auteur  par  M.  iMathieu.) 

Essai  d'une  Flore  mjcologique  de  la  région  de  Montpellier  et  du  Gard.  — 

C.  R.,  i8G3,  2""  Sewcslre.  (T.  LVII,  N»  2.) 


l6 


(ii8) 
Observations  sur  les  Acjaricinés,  suivies  d'une  énumération  métliodique,  par  J. 
DE  Seynes.  Paris,  i863;  in-8°  avec  planches.  (Présenlé  au  nom  de  l'auteur 
par  M.  Duchartre.) 

Les  Grandes  Usines,  éludes  induslrielles  tu  France  et  à  l'étranger;  par 
Turgan;  3"^  série.  Paris,  i8G3;  vol.  in-4°,  avec  de  nombreuses  planches. 

Etudes  sur  les  populations  de  la  Perse  etpa^s  limitrophes  pendant  trois  années 
de  séjour  en  Asie;  par  le  commandant  E.  DuHOUSSET.  (Extrait  de  la  Revue 
Orientale  et  Américaine.)  Paris,  i863;  br.  in-8°. 

Lettres  sur  les  révolutions  du  globe,  par  Alexandre  Bertrand;  6"  édition, 
précédée  d'une  préface  par  J.  Bertrand,  Membre  de  l'Institut.  Paris;  vol. 
in-i2. 

Du  refroidissement  nocturne  et  de  l'écliauj/ement  diurne,  pendant  l'hiver  de 
Montpellier,  des  diverses  espèces  de  terres  cultivées;  par  Charles  Martins. 
(  Extrait  du  tome  V  des  Mémoires  de  l 'Académie  des  Sciences  et  Lettres  de  Mont- 
pellier, année  i863.  )  Montpellier,  i863;  in-4°. 

Formule  générale  pour  trouver  la  latitude  et  la  longitude  par  les  hauteurs 
hors  du  méridien  ;  par  honis  Pagel.  Paris,  i863;  br.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  d'Agriculture,  Commerce,  Sciences  et  Arts  du  dépar- 
lement de  ta  Marne  ;  année  1862.  Chalons-sur-Marne;  vol.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  et  archéologiques  de  la  Creuse  ; 
t.  III.  Guéret,  J862;  in-8<*. 

Verhandlungen. ..  il/emones  de  la  Société  des  Naturalistes  de  Baie;  3°  partie, 
4*  et  dernière  livraison.  Bàle,  i863;  vol.  in-8°. 

Ueber...  Sur  la  parallaxe  de  l'étoile  "LL  7.12.^^;  par  A.  Krueger.  (Extrait 
des  Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  finlandaise.)  Helsingfors,  i863;  br. 
in-4°. 

Rapporti...  Rapports  entre  les  accumulations  électriques  sur  deux  sphères 
conductrices  de  rayon  connu  exprimés  en  termes  finis;  par  le  prof.  VOLPICELLI. 
(Extrait  des  Alti  délia  Acadcmia  de  Nuovi  Lincei.)  Rome,  i863;  in-4". 

Rendiconto...  Société  royale  de  Naples.  Comptes  rendus  de  l'Académie  des 
Sciences  physiques  et  mathe'matiques ;  2®  année,  fasc.  6,  juin  i863.  Naples, 
i863;  inV,". 

Suila...  Mémoire  sur  la  détermination  des  orbites  planétaires  ;  par  M.  Anni- 
bal  DE  Gasparis.  (Extrait  des  J(a'  délia  R.  Acudeniia  délie  Scienze  fisiche  e 
matemaliche.)  Naples,  i863;  in-4°. 

Planta...  Plantes  cryplogamiques  de  l'ordre  des  Champignons,  du  genre 
Aspergillus,  «/xV-c  glaucus  (Fries;,  trouvées  dans  le  poumon  humain;  par  le 
D'  Carlos  May  FiGUEiRA.  Lisbonne,  1862;  in-8°. 


(  "9  ) 

Ouvrages  adressés  par  M.  Vatteinare. 

Report...  Rapport  du  Surintendant  de  la  topographie  des  côtes  sur  les  tra- 
vaux exécutés  dans  le  cours  de  l'année  iSS'j.  Washington,  i858;  vol.  in-4°. 

Transactions...  Transactions  de  la  Société  centrale  d' agriculture  de  l'Étal 
de  New-Vork,  avec  un  résumé  des  Comptes  rendus  de  la  Société  agricole  des 
comtés;  t.  XX,  année  1860.  Albany,  1861  ;  vol.  in-8°. 

Address...  Discours  prononcé  devant  la  Société  centrale  d'Agriculture  de 
l'Etat  de  New -York,  le  "i  février  1862;  par  G.  Geddes.  Albany,  1862;  br. 
in-8°. 

Transactions...  Transactions  de  la  Société  d'Agriculture  de  l'Étui  dt^ 
Connecticut  pour  l'année  1859.  Hartford,  1860;  in-8°. 

Médical...  Communications  médicales  et  Bulletin  de  la  i']^  convention  médi- 
cale du  Connecticut  pour  l'année  1862;  nouvelle  série,  11°  23.  New-Haven, 
i862;in-8°. 

Tijdschrift...  Journal  d'Entomologie ,  publié  par  la  Société  d'Entomologie 
néerlandaise,  sous  la  direction  de  MM.  J.  Van  der  Hoeven  et  M. -G.  Verloren  ; 
vol.  II,  III  et  IV,  et  livraisons  i,  2  et  3  du  vol.  V;  1859-1861,  livr.  in-8°. 

Bryologia  Javanica,seu  Descriptio  muscorum  frondosorum  Archipelagi  Indici, 
iconibus  illustrata ;  auctoribus  F.  DoZY  et  J.-IÏ.  MOLKENBOER,  post  mortem 
auctoTum  edentibus  R.-B.  Van  den  Bosch  et  G. -M.  Van  der  Sande  Lacoste; 
fasc.  12  a  22.  Lugduni  Batavoruin,  i858et  iSSq;  livraisons  in-4°. 

Kruidkundige. . .  Observations  sur  la  botanique  des  Indes  néerlandaises  ,•  par 
M.G.-L.  Blume;  liv.  i  à  3  et  5  à  17.  Batavia,  1825-1826,  16  livraisons  in-8''. 
(La  4*  manque.) 

Ijerigten...  Comptes  rendus  et  communications  de  la  Société  d'Agriculture 
et  de  Botanique  d'Utrecht;  vol.  I,  livr.  1-6,  et  vol.  II,  livr.  i;  1843-1849, 
7  livraisons  in-4''. 

Boiiwstoffen...  Matériaux  pour  servir  à  une  faune  des  Pajs-Bas;  par  J.-A. 
Herklots  ;  vol.  I,  vol.  II,  n°»  i  et  2  ;  vol.  III,  n°  i.  Leyde,  i853-i859; 
4  livraisons  in-8°. 

Magazijn...  Magasin  d' Agriculture  et  de  Botanique;  par  J.-C.  Ballot. 
Utrecht,  1 857-1 858;  6  livraisons  in-8°. 

Afwijkingen...    Observations   météorologiques  et   thermoméiriques  dans  les 
Pays-Bas  en  1857  et  i858  {Magasin  d'Agriculture  et  de  Botanique)  ;  br.  in-4''. 
Jaarboek...   Jnnuaire  de  la  Société  royale  Néerlandaise  pour  iencourage- 
mcnt  de  l' horticulture  ;  année  i854;  in-8°. 


(     >20    ) 

Flora...  Flore  des  Indes  néerlandaises;  par  F.-A.-W.  Miquel;  i"  cahier. 
Sumatra-Amsterdam,  1860;  in-8°. 

De  bodem...  Le  terrain  sur  lequel  repose  la  ville  d^  Amsterdam  ;  par  V .  Hah- 
TiNG.  Amsterdam,  i85a.  iii-4°  avec  planches. 

Tuinbouw-Fiora...  Flore  des  Pays-Bas  cl  de  ses  colonies;  vol.  I,  II  et  111, 
années   i854,  i855  et  i85G.  Leyde,  livraisons  in-8°  avec  planches. 

Annales  d' Horticulture  et  de  Botanique,  ou  Flore  des  jardins  du  royaume  des 
Pays-Bas,  et  histoire  des  plantes  cultivées  les  plus  intéressantes  des  possessions 
néerlandaises  aux  Indes  orientales,  de  r Amérique  et  du  Japon  ;  publiées  par  la 
Société  royale  d'Horticulture  des  Pays-Bas  ;  vol.  II  à  V,  1859-1862.  Leyde, 
livraisons  in-8°  avec  planches. 

Report...  Rapport  de  la  Commission  des  Brevets  d'invention  pour  l'an- 
née 1860;  Arts  et  Manufactures  ;  \o\.  I  et  II.  Washington,  1861  ;  2  vol.  in-S". 

Report...  Rapport  de  la  Commission  des  Brevets  d'invention  pour  l'an- 
née 1861  ;  Agriculture.  Washington,  1862;  vol.  in-8''. 


rnmoc^^^t 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  20  JUILLET  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUXICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

GÉOLOGIE.—  Tableau  des  données  numériques  qui  fixent  iSg  cercles  du  réseau 
pcntacjonal;  par  M.   L.   Eue  de  Beaumoxt. 

«  J'ai  eu  riionneiir  d'entretenir  plusieurs  fois  l'Académie  des  grands 
cercles  qui  composent  le  réseau  pentagonal^  et  des  nombres  par  lesquels 
on  peut  exprimer  la  position  de  chacun  d'eux  sur  la  sphère  terrestre. 

»  La  position  d'un  grand  cercle  est  fixée  sur  le  globe  lorsqu'on  donne 
la  longitude  L  du  méridien  auquel  il  est  perpendiculaire,  et  la  longueur 
de  l'arc  b  de  ce  méridien  compris  entre  le  pôle  de  la  terre  et  le  point  d'in- 
tersection. Un  grand  cercle  est  toujours  divisé  par  l'équateur  en  deux 
parties  égales,  situées  l'une  dans  l'hémisphère  boréal  et  l'autre  dans  l'hémi- 
sphère austral.  Dans  chacun  des  deux  hémisphères,  il  coupe  perpendicu- 
lairement un  méridien,  et  les  longitudes  L  et  L'de  ces  deux  méridiens  diffè- 
rent de  i8o  degrés,  tandis  que  relativement  aux  deux  intersections,  les 
distances  polaires  b  sont  les  mêmes.  Pour  nous,  habitants  de  l'hémisphère 
boréal,  il  est  naturel  de  considérer  de  préférence  l'intersection  située  dans 
cet  hémisphère  :  je  l'ai  fait  constamment. 

»  Lorsqu'un  grand  cercle  présente,  comme  ceux  du  réseau  pentagonal, 
des  points  d'un  caractère  spécial  situés  à  des  distances  assignables  l'un  de 
l'autre,  il  faut  encore,  pour  ne  rien  laisser  d'indéterminé  dans  sa  position, 
donner  la  longueur  de  l'arc  c  compris  entre  l'un  de  ces  points  remarquables 
et  l'intersection  orthogonale  avec  le  méridien. 

»  Je  suis  en  mesure  de  mettre  aujourd'hui  sous  les  yeux  de  l'Académie 
le  tableau  des  valeurs  numériques  des  quantités  Ij,  b  et  c  pour  un  certain 
nombre  de  grands  cercles  du  réseau  peiitagonal,  savoir  :  pour  les  6i  cercles 
principaux,  et  poiw  98  cercles  auxiliaires;   iSg  en  tout.   Parmi  ces  grands 

c.  R.,  iS63,  2"^'  Semestre.  (T.  LVII,  N»  3.)  '7 


(     122    J 

cercles  sont  compris  tous  ceux  qui  ont  été  employés  ou  essayés  pour  repré- 
senter différents  systèmes  de  montagnes.  Les  autres  ont  été  calculés  d'après 
diverses  considérations  qu'il  serait  inutile  de  mentionner  ici. 

»  Presque  tous  ces  cercles  sont  gravés  en  lignes  pleines  ou  diversement 
ponctuées,  suivant  les  classes  auxquelles  ils  appartiennent,  sur  le  globe  de 
M.  Dien,  de  3o  centimètres  de  diamètre,  sur  lequel  M.  Laugel  a  tracé, 
d'après  mes  données,  avec  une  intelligence  et  une  dextérité  remarquables, 
le  réseau  pentagonal:  on  pourra  les  y  trouver  et  les  y  suivre  de  l'œil  très- 
facilement.  J'ai  riionneur  de  déposer  un  exemplaire  de  ce  globe  sur  le 
bureau  de  l'Académie. 

«  Je  ne  reviendrai  pas  en  ce  mouieut  sur  les  définitions  des  différentes 
classes  de  cercles  du  réseau  pentagonal.  J'ai  donné  à  cet  égard  les  détails 
nécessaires  dans  ma  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  p'.  SgS  et  suivantes. 
Je  me  bornerai  à  expliquer  la  forme  que  j'ai  cru  devoir  donner  aux  tableaux 
numériques  qui  forment  l'objet  principal  de  ma  communication  actuelle. 

»  Chacun  des  cent  cinquante-neuf  grands  cercles  dont  j'ai  fixé  la  position 
y  occupe  une  ligne  contenant  trois  nombres  de  degrés.  Toutes  ces  lignes  sont 
semblables,  et  chacune  d'elles  est  indépendante  de  toutes  les  autres.  L'ordre 
dans  lequel  elles  seraient  écrites  avait  en  lui-même  peu  d'importance,  et 
j'aurais  peut-être  préféré  l'ordre  alphabétique  si  j'avais  pu  trouver  poiu' 
chacun  des  cent  cinquante-neuf  grands  cercles,  comme  je  l'ai  fait  pour 
quelques-uns  des  grands  cercles  principaux,  une  désignation  géographique 
suffisamment  claire  et  distincte.  Ne  pouvant,  faute  de  [)areilles  désignations, 
me  réduire  à  un  simple  dictionnaire,  j'ai  adopté  nn  ordre  méthodique  au- 
quel je  trouve  l'avantage  de  fixer  l'attention  sur  la  manière  dont  les  grands 
cercles  du  réseau  pentagonal  sont  ajustés  entre  eux,  ajustage  qui,  très-pro- 
bablement, n'a  pas  été  sans  influence  sur  l'ordre  chronologique  dans  lequel 
se  sont  produites  les  différentes  rides  dont  l'écorce  solide  du  globe  terrestre 
s'est  successivement  hérissée. 

»  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  établi  ailleurs  (i),  les  quinze  grands  cercles  pri- 
mitifs du  réseau  pentagonal  forment  cinq  systèmes  trirectangulaires  ajustés 
entre  eux  suivant  les  lois  de  la  symétrie  pentagonale  et  corresjiondanl  res- 
pectivement aux  faces  de  cinq  cubes  inscrits  dans  la  sphère  (a). 

1 1)   Notice  sur  les  systcinrs  de  moiitiigncs,  p.  goS. 

(2)  Chacun  de  ces  cinq  systèmes  trirectangulaires  est  susceptible  de  se  confondre  avec 
les  quatre  autres  si  on  le  fuit  tourner  successivement  autour  de  ses  quatre  diagonales  do 
44°28'39"  ou  de  ';5"3i'2i",  ainsi  que  je  l'ai  indiqué  dans  les  Comptes  rendus,  t.  XXXUI, 
p.  I  35  (séance  du  1 1  août  i85i),  et  dans  ma  Notice  sur  les  systiiiies  de  montagnes,  p.  909, 
et  non  de  180  degrés,  comme  je  l'avais  écrit  par  un  lapsus  calaiiti  dans  le  Compte  rendu  de  la 
séance  du  9  septembre  i85o  i  t.  XXXI,   p.  328). 


(     >23) 

»  Les  dix  grands  cercles  que  je  nomme  icosoéclriques  ou  octaédriques  cor- 
respondent à  la  fois  aux  viugt  faces  d'un  icosaèdre  régulier  et  à  celles  de 
cinq  octaèdres  réguliers,  un  pour  chaque  système  frirectangulaire.  Dans  la 
formation  de  ces  cinq  octaèdres,  chaque  cercle  octaédrique  est  employé 
deux  fois,  ce  qui  augmente  l'importance  individuelle  de  chacun  d'eux. 

»  Les  six  grands  cercles  que  j'appelle  dodécaédriques  rcijuliers  corres- 
pondent aux  douze  faces  d'un  dodécaèdre  régulier  unique,  qui  est  eu 
quelque  sorte  le  résumé  le  plus  simple  de  la  symétrie  pentagouale. 

»  Enfin  les  trente  grands  cercles  auxquels  j'applique  la  dénomination 
de  dodécaédriques  rhomboidaux  se  divisent  en  cinq  groupes,  dont  chacun 
appartient  à  l'un  des  cinq  syslèmes  Irirectangulaires  et  y  leprésente  un 
dodécaèdre  rhomboïdal  régulièrement  adaplé  au  cube  et  à  l'octaèdre. 

»  Le  tableau  n°  1  présente,  avec  leurs  données  numériques  respectives  et 
avec  des  désignations  géographiques  faciles  à  retrouver  sur  le  globe,  les 
grands  cercles  qui  correspondent  aux  cinq  systèmes  trirectangulaires,  aux 
cinq  octaèdres  et  au  dodécaèdre  régulier  unique. 

»  Le  tableau  n°  1  renferme  les  trente  dodécaédriques  rhomboïdaux, 
divisés  en  cinq  groupes,  dont  chacun  correspond  à  l'un  des  cinq  dodé- 
caèdres rhomboïdaux. 

»   Restaient  à  classer  les  grands  cercles  auxiliaires. 

«  Parmi  ces  derniers,  j'ai  d'abord  considéré  les  trente  bissecteurs  des 
angles  de  60  degrés. 

»  Ces  grands  cercles  passent  respectivement  aux  vingt  points  I  pôles  des 
octaédriques,  où  ils  divisent  respectivement  en  deux  parties  égales  les  angles 
de  60  degrés  que  forment  en  ces  mêmes  points  les  grands  cercles  primitifs 
du  véseriu  pentagonat.  Passant  chacun  aux  deux  pôles  d'un  octaédrique,  les 
bissecteurs  dont  il  s'agit  sont  perpendiculaires  à  cet  octaédrique  qu'ils  ren- 
contrent constamment  en  un  point  H  extrémité  d'un  des  axes  de  l'un  des 
systèmes  trirectangulaires.  De  là  il  résuite  que  chaque  système  frirectangu- 
laire contient  six  des  bissecteurs  que  nous  considérons,  lesquels  y  sont  pour 
ainsi  dire  conjugués  à  six  octaédriques,  auxquels  ils  sont  respectivement 
perpendiculaires.  Ces  douze  cercles  correspondent  aux  vingt-quatre  faces 
d'un  hexalétraèdre,  et  les  faces  de  l'bexatétraèdre  se  dédoublent  suivant  les 
lois  ordinaires  de  l'hémiédrie,  pour  former  deux  dodécaèdres  pentagonaux 
dont  l'un  est  constitué  par  les  octaédriques  et  l'autre  par  les  bissecteurs  des 
angles  de  60  degrés.  Mais  chacun  des  trente  bissecteurs  ne  concourt  à 
former  qu'un  seul  dodécaèdre  pentagonal,  tandis  que  chacun  des  dix  oc- 
taédriques concourt  à  en  former  trois,  ce  qui  est  un  nouveau  signe  de 
l'importance  des  octaédriques. 

»   Les  bissecteurs  des  angles  de  60  degrés  ont  poiu-  pôles  les  points  a  du 

17.. 


(  124  ^ 
réseau  pentagonal.  Le  tableau  n°  5  renferme  ces  trente  bissecteurs  groupés 
et  rano'és  conformément  au  rôle  qu'ils  jouent  dans  les  cinq  hexatétraèdres 
auxquels  ils  appartiennent. 

..  Les  trente  bissecteurs  des  angles  de  36  degrés  que  forment  aux  centres 
des  douze  pentagones  les  grands  cercles  primitifs  du  réseau  jouent  un  rôle 
analof'ue  aux  précédents  et  se  conjuguent,  de  leur  côté,  avec  les  six  dodé- 
caédriques  réguliers,  pour  produire  cinq  hexatétraèdres,  d'où  dérivent,  du 
moins  en  apparence,  dix  dodécaèdres  pentagonaux,  cinq  formés  par  les 
bissecteurs  et  cinq  par  les  dodécaédriques  réguliers.  Mais,  ainsi  que  je  1  ai 
fait  remarquer  ailleurs  (i),  les  faces  de  ces  dodécaèdres  pentagonaux  for- 
ment, avec  les  faces  du  cube  sur  lequel  elles  s'appuient,  des  angles  de 
Si^/lS'S".  Or  cet  angle  est  celui  pour  lequel  le  dodécaèdre  pentagonal,  qui 
est  généralement  irrégulier,  se  réduit  au  dodécaèdre  régulier.  Il  résulte  de 
là  que  les  cinq  dodécaèdres  pentagonaux  que  semblent  former  les  six  dodé- 
caédriques réguliers  se  réduisent  à  un  seul  qui  est  le  dodécaèdre  régulier 
unique  déjà  mentionné  ci-dessus,  comme  étant  le  résumé  le  plus  simple  de 
la  symétrie  pentagonale.  Quant  aux  cinq  dodécaèdres  pentagonaux,  formés 
par  les  bissecteurs  des  angles  de  36  degrés,  ils  sont  eux-mêmes  réguliers, 
mais  ils  demeurent  distincts.  Chacun  d'eux  n'est  adapté  qu'à  l'un  des  cinq 
systèmes  trirectangulaires,  et  c'est  l'ensemble  seulement  de  ces  cinq  dodé- 
caèdres qui  est  en  rapport  complet  de  symétrie  avec  le  réseau  pentagonal. 
L'ajustage  de  ces  six  dodécaèdres  réguliers  présente  quelque  chose  de  cu- 
rieux à  étudier,  et  de  même  que  l'ajustage  des  cinq  octaèdres  entre  eux  et 
avec  l'icosaèdre,  il  pourra  donner  lieu  à  des  considérations  qui  serviront  à 
déterminer  à  priori  l'ordre  chronologique  de  la  lorm^ion  des  systèmes  de 
montagnes. 

»  Les  bissecteurs  des  angles  de  36  degrés  ont  pour  pôles  les  points  h  du 
réseau  pentagonal.  Le  tableau  n°  i  renferme  ces  trente  bissecteurs  groupés 
et  rangés  d'après  le  rôle  qu'ils  jouent  dans  les  cinq  hexatétraèdres  qu'ils 
concourent  à  former. 

»  Enfin,  le  tableau  n"  5  contient  les  trente-huit  autres  grands  cercles 
auxiliaires  que  j'ai  calculés.  Ces  trente-huit  grands  cercles  appartiennent  à 
différentes  séries  de  soixante  cercles  chacune,  dont  plusieurs  correspondent 
à  des  hexatétraèdres  ou  à  des  trapézoèdres,  et  dont  chacune,  si  elle  était 
compléïe,  pourrait  donner  lieu  à  une  classification  méthodique;  mais 
n'ayant  encore  calculé  que  quelques  cercles  de  chacune  de  ces  séries,  je 
me  suis  borné  dans  le  tableau  n°  5  à  rapprocher  les  cercles  qui  appar- 
lieimont  à  des  calégories  analogues,  en  signalant  ceux  qui  sont  exactement 
les  homologues  les  uns  des  autres. 

(i)  Comptes  rendus ,  t.  XXXI,  p.  .352,  séance  du  9  septembre  i85o. 


(    125    ) 

Tableau  N"   t. 


Les  quinze  grands  cercles  primitifs  du  réseau  pentagonal. 


\"  système  li-ircctansulairc. 


Primitif  de  l'Etna  i système  du  Ténare). 

Piimitif  (lu  Groenland  et  du  Chili 

Primitif  equatorial 


L:=  70.50. 29,. '|9  0. 
L=  20.  8. 16, 3(5  E. 
L=i48. 39. 38,3s  E. 


J=  8.16.47,80 
i=  6.4i.56,3'| 
6  =  79.19.10.75 


c  =  5 1 . 4()  ■  I  > ,  f)6  (  T  ) 
c=  8.20. 1 4, o3  (H) 
0=    19. 16.25,34  (I 


2"  système  trirectniigiihiire. 
1  '     0     ,     „ 

1.   Primitif  do  Lisbonne.  ., L=    4''-53.  i3.o6  E. 

ô.   Piimilif  du  mont  Saint-Élie  ("Amérique  Russe  I L=  141 .39.59,92  E. 

Cl.    Primitif  —  Floride,  Terre  d'Arnhem  i^ Nouvelle-Hollande) |    L=ii7.    8  4o,o5  E. 


i = 32.45. 5S, 17 

C=     11 

.■.4.16,54 

D) 

''=  7--''l-  7j'-5 

r-  53 

58.  .54, 23 

I 

J  =  5()  Il  5o,49 

e=  44 

53.34,39 

D) 

3°  système  trirectnngiilairc. 


Primitif  de  Saiiit-Kilda  (système  du  Tlmringei-wald) . 
8.    Primitif — Medine,  Valdivia. 


39.14.35,31  O. 

90. 12.   5,83  E. 


9.   Primitif —lac  Supérieur,  cap  San-'fhonié    (Brésil).,.., |   L=  i44  ■  47.4' ■ '7  O. 


6  =  28.35. 14 ,  19 
6  =  49.22.48,27 
6  =  26. 1  i.5o,P5 


c:=  28.  6.  0,00  (D) 
c^  26.23.09,91  (1) 
c^  101 .  19.18,85  (1 


■i"  système  trireetniig, 


ilair 


10.  Primitif  Je  la  Nouvelle-Zemble  {système  du  Rhin). 

11.  Primitif —  Cuba,  cap  Sandy  (Nouvelle-Hollande) 
l'2.   Primitif  —  illontagnes  Rocheuses,  îles  Galapagos. .  . 


L=    80.49.28,53  E. 
L=  176. 17.50,93  E. 


6  =  1 4 ■ 1 2 . 37 , 60 
6^=64  .^>3.45,20 
6^20.38. 16,72 


C^ 

36 

37. 

4  2 

63 

D 

c  = 

i3 

57 

5 

21 

1 

c  = 

53 

•  t.l 

i3 

S6 

1 

13. 


15. 


S"  système  trirectangitlaire 
L=     2.39 


Primitif  du  Laïufs-End 

Primitif —  presqu'île  Alaska,  terre  de  Van  Dieinen 

Primitif  du  cap  Caslle  ou  Paternoster(C"''' du  cap  de  B"^"-Espérance) 


18,46  E. 
L=;  105.42. 32, 3i  O. 
L^  142.45.57,35  E. 


6^39.  3.67.41 
6  =  21.12.48,38 
6  =  43.23.20,63 


3.56.23,71  (D) 
63.26  19,52  (I 1 
50.46.   4,i4  (I) 


Les  dix  octaèdriques . 


\°'  octaèdre . 


1 .  Octaédrique  —  lac  Baikal,,ile  du  Prince  Edouard 

2  Octaédrique  du  cap  Cod  ^  Etals-Unis) 

3.  Octaédrique  du  mont  Sinaï  (  système  des  Pyrénées) 

4.  Octaédrique  de  Pile  Trinidad  (  Océan  Atlantique  austral)... 


L  =  i54  2.15.45  E. 
L=i22.58.56,72  O. 
L=  24.18.39,41  O. 
L=   71.52.36,81  E. 


6  =i24*-^8. 10,  i5 
6  =  35.40  18, 5i 
6  =  45.52.35,93 
6  =  33.28.25,42 


e=  66. 32 .30, 59  (H  ) 
c=  58.38.10,97  (1) 
c=  28.24.28,33  (T) 
c=   42.45.56,97  (T) 


Octaédrique  des  Garrow-Hills  (Inde) 

Octaédrit|ue  —  Cochabainba,  golfe  de  Pechely. 

Octaédrique  du  Mulehacen ■ 

Octaédrique  n®  3  répété 


2'  octaèdre. 


L=i2i  54.28.30  E. 
L=i62.55.  6,80  O. 
L=   91.41.18,82  O. 


6^6û.  3. 58, 60 
6^  13.59.  5,66 
6  =   5 . 1 9 . 5o , 96 


43.31 .  10,02  ^H) 
6o.46.24,47(T) 
3i.3o.2,i5  iT) 


3"  octaèdre. 


8.  Octaédrique  —  iles  Sous  le  Vent,  cap  A  alsch  ,)  Nouvelle-Guîuée) 
Octaédrique  n"   1  répété    

9.  Octaédrique  de  Nijney-Tagilsk    

Octaédrique  du  Mulehacen  repété 


L=    97.28.59,49  O. 
L=    23.28.39,48  E. 


6  =  75.47.    1)11 
6^  27.21 .44  '  '8 


c=  36.  7.14,91  ;t) 
c=    17.    5.34,91   (T) 


10 


Octaédrique  n°  5  répété. 
Octaédrique  n^  2  répété. 
Octaédrique  n"  9  répété. 
Octaédrique  d'Hindoê.... 


■4''  octaèdre. 


49.44.36,94  O. 


6=  10.   8.45,07 


f=    25.35.33,64  (T) 


Oclaédrii[ue  n"  8  ucpélé  . . 
Octaédrique  11°  6  répété  . . 
Octaédrique  n^  10  répété  . 
Octaédrique  n**  4  répété. . . 


S°  octaèdre. 


Les  six  dodécaédriques  réguliers. 

Dodécaèdre  règidier  unique. 


Dodécaedrique  régulier  —    cap   Corientcs,  Singapoor .. 

Dodécaedrique  régulier  —  Sénégal,  IVouvelle-Guinéo 

Dodécaedrique  régulier  —  Açores,   Terre  de  Van  Diemen  . 

Dodécaedrique  régulier  —  Brésil,   Japon 

Dodécaedrique  régulier  —  Spilzberg,  lac  Supérieur 

Dodécaedrique  régulier  —  Mer  Caspienne,   Terre  Graliam 


L=i7i.  6.28,87  O. 
L=  36.21  .33.90  E. 
L=  75.27.48,44  O. 
L=  5i  .29.29,82  E. 
L=  11.45.15,44  E, 
L=ii3.    1.29,83  E. 


6  =  5o..'|6.  3,08 
6  =  63.47.53,43 
6  =  39.43.35.69 
6=^  1  .20.52,o3 
6^10.   4  •  3o ,  96 

6=:  23,  12.40,33 


c=  67.    9.40,93   (H; 

c=  34.57.51,74  (H) 

c=  26  43.26,55  (H) 

c=  46.35.45, 19  (H) 

e=  39.33.43,72  (H) 

c=  61.17.31,46  (H  I 


(     126 


c  c  c  o  o  o 
c.=.=.c.c-c. 


:;    s:    C  C  »    w 

z  z  n  rz   z  S 

-  =; c.  =- 


=.£•« 


2  wô 


ze- 


CMWRmO 


tt-  c-  c-  c  c-  *- 


^1     LO  M     00  O  -E^ 


c.-t^-o  o  o  a 


p>   ri   Pi   fï   ft   ft 


.a^  ci-as.  owc  o 


«   Wi  —  i.-^  GO  o 


o  c  c  o  o  o 


3-r -r  -r  û-o. 
s-  ré-  :£•  râ-  *"  " 


H  j 


3  r--:^  - 


p^  r<  tr*  r  t- r 


§^ 


OCOROR 


&•  &•  c-  ?-  ft-  ^ 


1   fï   "^  fï   Pi  fi 


lid 

- 

o 

OC  OC  C5  ODOi 

c 

■^1 

o  o- 

no 

C 

C? 

C 

O 

n 

o 

o 

o 

O 

CL 

£. 

c-  c 

„ 

H. 

„ 

_ 

„ 

„ 

3-  =r 

— • 

•^ 

__ 

=r 

r. 

c 

n 

3 

Cr 

:- 

F" 

F 

~ 

~ 

= 

=: 

=: 

= 

= 

= 

S= 

» 

» 

— 

— 

— , 

r 

-) 

V 

Oi 

jj 

", 

CL 

a. 

CL 

m 

C 

_ 

u 

^rî 

c. 

Cl- 

i:i 

rt 

f5- 

•  Q  O  "  CL  jL 


'  ^    M     -j 


t=f 


a. 


c- r- 1- r- p-"  r-        ^ 


r=i  c=]  o  O  RI  K 


C"  ©•  ©•  c-  ^  c- 


f^   fï    pj  Pi   Pi   Cï 


>o  «■  c;  (ic  OC  -O 

Dooaoo 

c   o    C'   o   c   o 
Cl.  CL  c.  c  c  CL 


9  o  o  c  c  c 
3  =  33  =  5 
Ç^  cr  c-  c-  p-  tr 

=  c  i  =  ?5 

PS  H  c  ?  ~  z; 

=^a.  ^  — t?  §" 
»  s-  g-  5  :?  ; 

ÏT  ?  "  r-  ^*  « 
CL  i_  n  S  c  -, 

s-  =  «  S'^ 

s  s  ^  s  <  s 


c     r-  - 

C     "  H- 


r*  t- C- r- r  r- 


OJ  C7)  Cl  U;  h 


c-  ïï-  e-  &•  C^  ^ 


-C^  Cï^  tû  -o    Cl 


-t^  w  oc  -  i^  c 


Pi    Pi    ri    PJ    Pi    PI 


COCTîO   OS  - 


O  C^  **  Ci  j-c  ^ 

o  c  c   o  c  o 

d,  C-  c-  £-  c  Q. 


O     :     :     ;     C     3 


2  S  g'-  P  C  C^ 

^  2  =  2  ;3  :? 


,'  !§  c5    et    S 


=:  Et  ^-  -3  H.  ^ 

3    =     '     *   " 


o  «  =" 

§  i  « 


5.  s 

£  o. 
a.  s. 


5  " 
3.  o. 


I!  Il  II  il  II  II 


Cî  Cl^J  -t- 


1^. 


O 


2 


OROPïOO 


c-  ^  ^  c-  o  *- 

Il  II  II  II  II  II 

LfJ  tn  tr>  ï>3       ■- 


O  .!>.  t^'vC    O    C 


fi    n    P;    Pi    n 


0->  lO   Cl  OJ  tn  o; 


li    t^  sj    t>i 


13' 


o 


<) 


=0 
s 

o 


5 


\r>  -  to  te  00  r- 


-  r-co  O   r* 


Il  II  II  II  II  II 

b    U    t»    o    U    U 


—   —         es  or:   ■-■ 

^  rO   C:  Ci  c^eo   — 
es   -   l-^îO 

Il  II  II  II  II  11 

^  -a  pQ  «o  •£  >a 


ij 

d  d  Cad  w'  d 

'.s  00  oc  Cî  r-f^ 

ro  0  to  c<i  0    c* 

'^  c 
0 

■<rco  ro  iTî   - 

■  0 

^iJ,J.J.JfJ 


13     _ 
'  t==  ■'::; 
c 

«^    ":,     - 


2 

1/5  n 


■  -O 

"^  ^    î'!    "^ 

I  -ii  ^  -  « 

—  ^         -  a;  «u 

=  C  =■    p  T3  -O 

ti  O  ta  &3  , 

C  D  C   C    '-   ^ 

^  '-  c    o    "    '^ 

'O  o  cj  u  s  s 


u 

t- 

i 

0 

0 

o; 

0 

u 

u 

0 

O) 

C; 

0 

tn 

;c;q 

" 

C3 

— 

an 

-^C*  CO-^  iOO 


îC  00   i^  ei   a   ' 


tj     (J     W     CJ     U     (rf 


"  O  co  ^.a-  Oî^crco 


-a  <s  -c  -a  -a  i-o 


O  O  ûj  W  O  O 


0    M 

C-.ufTcOco" 

0  - 

■c- 

co  rr>«jr 

îs  CM  un 

-  (0^=r 

II 

II 

II 

Il  II  II 

^û-O; 


3"  t. 


=  -  ? 


5  *—  -u  ^  o 

--9d 


o 


I  '. 


X2:  =  ix  = 


1)   CJ   i)   cj   C   «j 

«  o  u  o  o  o 
c;  o  a>  O)  o  C; 

■x    m    en    c/i    1/1    «î 

S  êë  i=  ic  2  is 


t-  00  ~  o  —  -T' 


tj   u   u   ;j   tj  u 


"  —  fo  -^r  -  LO 
"^^^  r^  Cl  -<  QO  lo 

~   ri   -  <iO   t^GO  en 

Il  II  II  II  II  II 

-c  .a  rA  ■<  •«  -A 


awoooo 


1^^^^^ 


;    I 


=  :  Z^a  ; 
■E  ■  ^  s  -  - 

^  =  -- o  t 

=  =  .ïïSgJ 
=r  cT  ^  ^.2  -S 

•as  ~  —     . 


3;  o  a;  cj  o 


ôi 

'/l 

t«    tf) 

■fi    <r. 

- 

exe 

e=c= 

^ 

-^ 

n  zD  tr-  ■y:> 

Cl  r^^*5  ce  00  - 


;j   (j   u   cj   ;j   c^ 


QC   Cl  o  lO  o  o 


-a  -û  .*  .^  <i  -a 


\àÔ^\à^Ô 

'^  GO    —    —  ÏO  CO 

~"GO    Cl  "■    es  un  vD 
to    —         co  tO 

Ln  co  -  i-o  co 

°  p'  r^  -   -  0  co 
"-  co  0  co   r-  C-- 

Il  II  il  il  i  iï 

U_J  ^  _!  ,J  _] 

tD' 


X 


I  ^ 


—  —    (/ï 

s  -■= 

.  ~    ' 

-  o2 


-   n  ^  1 


3h 


-3-5  — 


-îrf  ■«  'O 

^    u    ~- 

0.0.  a 


;>   —   ^   ;-   ^   ^ 
t>   QJ   a   cj   o   D 


-M 

u 

0 

Ô 

0 

C) 

CJ 

OJ 

0) 

0 

- 

n 

K 

s: 

PS  33 

co  00  co  00  -^r  w 


co  CO    O    P'    l'^QO 

M  co  •<-  es  ^TT  01 


<-r;    Cl  o-.iTi   o  u~^ 
-   <N   pi        ur:    r; 

■  -•^co  co   o    c    c 


•^  .<ï  <;  -a  -;;  .^ 


OOWOûJ  W 

-   citn  co  0  L-: 

co 

-    -  co    P)-^ 

^  C; 

co  -   PI  00  0 

—  co  co  V,— 

]  _;  ^^  _:  -1 


19  a 


î  Q  1/1 


OO-r- 
1.    I    c 


;.    t.    kl    U    £1    Cri 
O   CJ    c;    CJ    CJ   O 


r, 

0 

n> 

QJ 

a 

<;) 

0 

(fl 

03  33  cep;  s:  (» 

(   1^8  ) 


r  »  X  ai  sr  «; 

f  -j:  U.  V  iXi  V- 

n  n  'z  n  n  n 

'^  n  n  n  ri  fi 

n"  n"  -T  o  !î  îT 

=  =  c  =  c  s 


1  5: 


scscoc 


-. 

ÎJ-S 

LOILC 

Ui 

SOhS 

■^  c 

„ 

to 

u* 

c^oc 

■^l-O 

.^ 

IC 

V 

■JO 

*.l 

ce 

-' 

iJ 

-   ^ 

" 

c-  c-  a-  e- 

c- 

--. 

!l  II  II  II  II  II 

K3 

- 

^ 

J^ClO 

te  — 

_ 

^ 

^^ 

■-^ 

—v 

^ 

^^ 

0 

w 

^-^î: 

CT. 

1 

y.   l>5-0(^ 

a. 

3C 

»-o 

" 

ce 

ife- oc  K3  H- o  ce 

cr'  7'  ï-  c/^'  !/■•  K 

«)  V    u)  t/i    tr  tr 

C  ra   ra  n   o  C 

c  o   n  o   o  c 

o  ^  re  ^  fî  rt 

t    T    -î    -5    -^    ■-: 

=  ::  =  =:  =  X 


"~~  "H  Sf^ 


3    3-"      c- 

o  o   w  D  -■ 

O    (B    ?*-  —  E 
f    O    —    fî    fC 

^       ra  *^  ?^ 


Il  II  II  II  II  II 


U»0 

00 

o^_ 

-0    00 

^  ^~i 

-c^ 

i»3 

a: 

î*; 

C  O  O  R  O  ff 


^  c-  c-  ^  e-  *■ 


ri    P)    fï    o    P)    fï 

Il  II  II  II  II  11 


u   c^  n:   K9   k^   en 
00  (-1 1,''0   Cî  w 


00  Ui  -    n:   Ci  -  "^ 


occacc 


00  -J  Cï  en  ►&•! 


es 

3:  W 

^ 

3= 

ff. 

iT> 

Tr 

(T 

0 

0 

n 

fS 

0 

0 

o    irs  ra   o   C3 


oaoooc 


V- 

lA 

tr 

in 

1/1 

v 

pi 

^ 

;- 

a- 

C 

C 

S 

G 

2 

u 

re 

53 

0 

0 

G- 

se 

0 

'^ 

i^' 

a 

1 

u 

"3 

-r 

2. 

-î 

C 

C 

r 

0 

T 

u 

C 

?* 

? 

0 

- 

S! 

c. 

0 

y) 

n 

a. 

-Tl 

Q 

n 

t: 

tf* 

u 

fO 

0) 

•p 

rr-r  t-r  r- 


tsBOCOC 


c-  o-  lï-  :r*  c-  c- 

Il    II    II    II    II    II 


f^   ^   ri   n   n   r^ 

Il  II  II  II  II  II 


oosooo 


^^  «— 0000  ^ 


CSSsrKStB 


0  0 

=    C 

•s. 

c 

0   c^ 

0  S" 
-î  -5 

r-rrr-r 

X  X  =  =  a:  JE 

s  = 

= 

H 

S  X 

w 

C 

cr 

ir  ^. 

V-- 

tr 

U    K 

kh 

0 

3 

ce 

W    (T     C    —     Cl*  _ 


f  > 


c  o  = 

X     «^     — 


3  S  !« 


to 


2 


r- r- r- c- [- r- 


n!  O  O  O  w  w 


(î«  la-  C-  c>  0 

^ 

II 

Il  II 

II 

II 

II 

t.*. 

OJ 

s: 

■sO    lo 

— ~^ 

" 

^  = 

M 

01  C/" 

^ 

ocoocu 

bJ 

!>. 

» 

CJi 

-  to 

t^ 

-.1 

0  w 

O-J 

-t> 

OJ  (LO  0C--O 

— ^ 

n 

fï     Ci 

ïï 

fi 

n 

Il  II  II 

II 

II 

II 

j:^ 

wo 

C; 

0 

Ui 

CïO 

0 

OJ  Oi 

_ 

». 

<LC 

M   00  ui;o 

^) 

OJCl  ûe.=r^ 

0^ 

cî  oc  c 

U»  Cl 

OOOOCCt 


Cï  en  *>  co  ïnS  ^- 


cewsewoïce 

en 

0 

0 

n 

n 

ft  (D   f^   ra  Q  ffi 

œ  a  j=  =  s  = 

srasxss: 

s  ^  ^  t^  o  c^ 

o  ~  £  s  3  r- 

-,     T     3     _     3     Ç 


s"  5' 


3    » 


fT    ce 


=  =3-t 


^  a)  O 

ffi    o)    (6 


r-t-r  r  t-r 


O  "—    N3^    î^  b 


OPltflOpC 


o-  a-  c-  ^  c-  îî- 
Il   II   II    II   II   II 


!^   ^   O    fi   fi 


^   o   o   Ci  -   o 


Ci  CJ'  oc  OJ  ClîC 
o  tn  o    Ci  i^-O  '^ 


a 


Os 


a 

a" 
■«■ 
s 

c; 

^. 

R 


a 
s 


o 

S- 

a 

a 


es 

a 
3 


a 

s 


12C 


aS^Tœ^   P   £,t^^   S   ^f 


r-  r^rn 

O^ro 

r^to  a 

CN  UD     - 

O 

r^OtO 

rO 

^rr-^  (M 

tnio    " 

U   U   tj    u   u 


QQ      C5Q 


-   rî 

cû  ri  -  lo  c^iD  a>  -1 

M  OO 

in*^ 

Cl 

p'  -  in.   ri  00  u-j    l>Ln    t^oo 

-  m  co  '^  m  o  cjiun 

><rco  en 

M-î  t^ 

(H^  c£)   f  ro  o  co  *^"^  c^  r^co 

o   fjoo^^^   -^-rr^ 

-  CO 

«   c^ 

^ 

m  -.  o 

Lo  -  -  t^  a^  o  r^y3 

in  o  co 

to  -3- 

-n   r* 

—        «  ro  Lo  V.3-CO       in  -v— 

Cl    M  ^r-ro  m  m  m 

o    Cl    Ci 

c-i    — 

in  in 

OICO  LO    M    G    o  CO    o  o  co 

vrroo  -^in  -  vn  o  Cl 

Oin  «- 

rO-^^ 

uo   - 

co  ^^c^    r*    Cl    f)         vr-         es 

Il  II  II  II    II    II  II  II    11    11  II    II    II 


;j   tj   u  o   ^ 


^uot^uouo 


^  ai  o  o  c^  o 


l^  LTÎ    (^        ^-3- 


r^  r--'0  fi 


m  u^  tr:  ^^  n 


-  -  C  -  C7S 


M    M  «3  ^a-  O 


O  O  oi-o  CCI  co  te  in 


■o  pQ  bO  "â  vO 


<i»û^i*-a»a<ï»c-c»o 


^  -Cl  .Cl  -c  o  >■ 


uouMcij     a 


o  ro  te 


MO       Ul 


WWWOWuMWWO   WOWOCdOOW   WWW   WC   OW 


^^   fi  m   ^^r   ^^3*o-i  o  o  co  i-^  ï^io  .-  ir:   ^o  ^^o  —  o:j  —  o  cî   r^  ci^^   r^  o   '^1 


^^j,j^^ 


►j  j  j  ^  j  j 


_!  ^  >: -j -]  .j  ^  I-:  ^  >j     >j  >j  ^  >j  >j  hJ  >J  I-!     iJiJi-]     .Ji-:     .^.^ 


S 


a 


■  .5^-^  t  ■> 

;j  -1)    o  — 

•:?  «  Ter 

■  .2  ^  ■-  c 
.  =  "Ô  S  '^ 


S 


■  «  :-«-5 


ca 


s  °  =  p,w  ^  ï  z 

«  -^->   rt   tJS""   o   c   ,« 


5  2  5 


?«=;  y. 


^    «  ~  -c  ~ 


=  -5  g. S 


B  "*    uj     -     _    j.    ^ 
■^  -^  ■-    (/i    "  T3    = 

f_  S  O  -a  cf  o  ^  o 

"c  o  X    ■•   '■  "^  n 

■o  H  o  „•  -  H  2  H 
H"°-^  •=  -  a  ~  . 
KBKaSKK  ^H 
«^oaaici:C^^ 
cr  tr  c-  o'  tr  ~"^ 


b.ï  = 


-^    •  >  ■ 


-   1 

:§  A  * 

"=:   S     . 

.    3 

ca-d    . 

u,       QJ          ■ 

■    3 

^       &       • 

■     t3 

■    O 

■^  ?=  : 

.  S 
o 

rt   « 

•  <u 

-T3  t;    • 

OJ     QJ        . 

■eu 

P3efl    ■ 

.  ■— ' 

OQ    ; 

.     CJ 

■    QJ 

>-..-    ■ 

eu    = 

.    tJ 

ï'C  : 

^    <^ 

►j^  • 

t^ 

tn    n     . 

Oï 

■  TS 

:=  o    . 

s*^  : 

-^ii  ■ 

'.     « 

o  V    ' 

>  '^  . 

:o 

^Cxi_ 

-  '—'     0, 

■.«-«  ï 

Hh-~ 

îii^r^ 


1    ^    " 

"n  '"^  '^ 

•■S-. 2 
S  o 

wo 


g     .    C     ■    c  ' 

c  .-a 


•  S   -^  §  l 
■  "'.^  P--Qi  a 

dj    ^    en    R 
C  .qÎ    3  "^    ■-- 


I      ^   O      ta    r. 

1    tn    S  ^  _0 


•G    =    «    -    ^ 

•   oT  o    i  "^"^ 
.   •  —    -    CJ  - 

^-.  C-  o  as  («  "! 

-,    3   e         '^   ÛJ 


■.:|~ 


•  .5  o 

:  ^  a 

■  ^  o 


5  2-?, 


,S  ÏC 


,^  5 


O  o 


■'S  c'a 
s  p   s 


■  =   o    ?,, 

«   o   ^ 

•lil 

^-•^'^ 

;  £  £  S 

■  fc-S'ïï 


I  tfi    .  ~ 


•0-   = 


-3  s -5 , 

co  "y    ffi  t,    3      • 

—   S   =  ï-<"  C-Z 

■5 13  -  =  =  ï;  3 

s  1,  n  -  -*  -ï  <=  ^  .:r  -  - 


ce    Q)  "^ 

°  -a  : 


:«=;■=  5 


.'^ZJ 


■^    3 


;  oT  "=  o  ^ 


,     U     i.   "t.     i. 


ij    C" 


-<U  -o  -O)  -o  -D  -O)     Ij  —■ 

•OJ    -QJ    -QJ   .Qi      QJ    ■Q)     *.*      N 


.    >>    X 


O    QJ    4)    QJ    0)    u/    - 

sssssm 

^^  c-<  co  "^  in  to 


« .-  ~. 


^^  0)  01  o  2  5; 

■;    3  3    =  ï    3 

■ï  T=  -3  -^  ,    -s 

-.  -aj  .;;  .5j  î;  -31 

^5     O  O    O  t     O 

™     «  N    M  -n      ?J 

,>-  -o  'Cl  -3)  ^  -Cl    . 

-:;  n  H  n  c?  «  -i 


31    31     , 
3    =    5 


^    .Q  ÏQ-o  oTo  '2a    :  .--■=  31"  -  -.2 

•    •    ■  •■!    •    ■    ■     ■  =  'g  i"  -2  "S  3  " 


U    t.  - 

^,     31    3      . 
.-■^■^ 
S^    «1 

S  5  Cl- 


H^"HH 


■Cl   •-*  -Û  -a  -c  -Q  «û 

Q  ;aQOo 


t-t-HS-H^E 


—     M     N    *-i''   M 


31      I 

K  -il 


,    —     wOoOOOOOO 


■O'   c  "2/  -n  ■1'  -o  -o  -cj  "3*  -t  -oj  -ai  -qJ  -o  "(u  -o  -QJ  o   c   o   o   a  c   — 


HHH 


ffl  -3 

H 


:hhhhhe^hhh     hhhhqqdg     qSÎS 


"S  :  s 


:-5        B= 


11  -c   ï  -« 

:  c^  a 
5(5    i5 


c.  R  ,  i863,  i^'  Semestre.  (T.  LVII,  N"  5.) 


i8 


(  >3o  ) 
»  Les  grands  cercles  consignés  dans  les  cinq  tableaux  précédents  ont  tous 
été  calculés  en  partant  de  points  du  réseau  pentacjonal  déterminés  eux- 
mêmes  en  latitude,  en  longitude  et  dans  l'orientation  de  l'iui  des  cercles  qui 
s'y  croisent,  comme  ceux  dont  j'ai  donné  des  tableaux  dans  les  Conipies 
rendus,  t.  XXXllI,  p.  i35,  et  dans  ma  Notice  sur  les  systèmes  de  luorilaqnes, 
p.  to^^ô  et  \o!ii.  Le  plus  souvent  j'ai  fait  usage  des  formules  coimues  : 

sinè  =  sinrtsinB,     tang6'  =  tangacosB,     cotC  =  cusr/ tangB. 

»   Les  nombres  obtenus  ont  été  vérifiés  de  différentes  manières. 

«  Beaucoup  de  cercles  ont  été  calculés  deux  et  même  trois  fois  en  par- 
lant de  points  différents.  Pour  d'autres  les  chiffres  obtenus  ont  été  employés 
a  calculer  d'autres  cercles  ou  des  points  qui  ont  eux-mêmes  été  vérifies. 

Il  Enfin  un  grand  nombre  de  ces  mêmes  cercles  ont  été  vérifiés  par  la 
méthode  dont  je  donne  un  exemple  en  abrégé  dans  la  Note  suivante  pour 
les  personnes  qui  ont  quelque  habitude  de  ces  sortes  de  calculs. 


Point  H  de  la  mer  de  la  Chine  : 

LatitudeS".  i6'.43">^i  i^-  Longitnde  iO(^".9'.3o",5i  E. 

a  =81°. 43'-  «î'Sig- 

L.  cot8i''.43'.  i2",iy  =  9,i62y43i,  L.  cos  8i°.4-3'.  12",  19  =  9, 1683922 

Différence  pour  10" i447  Différence  pour  10" i447 

i"  correspond  à '4?  1 7  '  '  correspond  à '44  >  7 

Pour  chacun  des  cercles  qui  se  croisent  en  H,  on  aura 

cot  a  ^=  cet  b  (OS  C,  cos  n  =  cos  b  cosr . 

Primitif.  —  Groenland -Chili  : 

L=    20". 8'.  16", 36e.  *  =6<'.4i'.5(i",24,  (  =8°.2o'.  i4",o3  iH)  (*,, 
1 09" .  9' .  3o" ,  5 1  E 

C=   89"'.i'..4",i5 
L.  cot  6°. 4i'-56", 24  =  10,9301284  L.  cos6''.4i'. 56", 24  ^=9,9970248 

L.cosSg".    i'.i4",i5=    8,2328175  L.  sin  8".2o'.  i4",o3  =9,  i6i3655 

L.  cot  a  =    9 , 1 629459  \-..  cos«  =9,1 5839o3 

Ce  calcul  de  vérification  donne  donc  pour  L.  cotn  une  valeur  trop  grande  de  28,  ce  qui 

.     280         i"        . 
correspond  a  une  erreur  de  —, —  =:  -z-  environ,  cl  pour  L.  cosrt  une  valeur  trop  petite  de  ici, 

1477         5  '  1    !  . 

(  *)  H  du  Groenland  situe  à  lyo  degrés  dv  H  delà  iiiei' do  la  Chine. 


(   i3,  ) 

ce  qui  correspoiul  à  une  erreur  de     /:     =:=  -jr^  environ.  Ces  deux  erreurs,  ne  s'élevant  cha- 

447         ^ 
cune  qu'à  une  fraction  de  seconde,  sont  négligeables. 

Li'  même  procédé,  applique  aux  autres  cercles  qui  se  croisent  au  point  H  de  la  mer  de  la 
Chine,  donne  les  résultats  suivants  : 


Primitif  équatorial 


Par  cot« -t-  8,   erreur  -j,  environ, 

10 

i" 

Par  cos  a -f- 1  o  >>       — v  » 

•4 


Octaédrique.  —  Cochabamba,  golfe  de  Pechely  : 


,  r 

Par  cet  a — 14,   erreur  —  environ , 

m 

,  1" 

Par  cosa —  <S  »       -5         » 

10 


Octaédrique  de  Nijney-Tagilsk  : 


Par  cot« —  b,   erreur  —  environ, 

'  22 

Par  cosa — i  )  »       —         » 

1  ?. 

Dodécaédrique  régulier.  —  Cap  Corientes,  Singapoor  : 

i" 

Par  cotrt —  8,   erreur  -5  environ , 

10 

1" 
Par  cosn -t-  2  »       —         » 

Dodécaédrique  régulier.  —  Sénégal,  Nouvelle- Guinée  : 

Par  cotfl +23,   erreur  -tt-  environ, 


Par  cosa +21  "       ~Â~         " 

Dodécaédrique  rhomboulal.  —  H  mer  de  la  Chine,  I  Perse,  T  Etna  : 

■" 

Par  cot« —  4>   erreur  -^-^  environ, 

00 

i" 
Par  cosa — 07  "       ~7"         " 

Dodécaédrique  rhomboïdal.  —  H  nier  de  la  Chine,  I  Nouveau-Mexique 

t" 

Parcot« —   I,    erreur -7^  environ , 

145 

1" 
Par  cosa —  2  »       —  » 

•J2 


8.. 


(  i32  ) 

Bissecteur  IH    —  H  mer  de  la  Chine,  I  Soudan  : 


Par  rotfl — i  i  ,   erreur  -^  environ, 

c 
Pa  r  cos  a —   o  »       —         • 


Bissecteur  111.  —  H  mer  de  la  Clilne,  I  au  N.  des  îles  Sandwicli  : 

" 
Parcot« +14  >   erreur — environ. 


10 


I 

Par  cos« +1  »       —F7 

'44 


Bissecteur  DU   —  H  de  la  nier  de  la  Chine,  D  Remda  : 

i" 

Parc()l« —   2,   erreur  —  environ, 

72 

i" 
Parcos« —   2  »       —         • 

72 

Bissecteur  DB.  —  H  de  la  mer  de  la  Chine,  D  Amérique  Russe  : 

1" 

Par  cotrt —   I  ,    erreur  —t^  environ  , 

145 

1" 
Par  cos« 4-2  >'       —         » 

72 

Uexatétracdrii]ue  Wba.  —  Alpes  principales  : 

Parcotfl —    I,   erreur —;- environ, 

1" 

Par  cosrt +1  »       -77         » 

'44 

Ce  procédé  assez  expéditif  met  généralement  en  évidence,  avec  une  rigueur  inexorable, 
toutes  les  fautes  un  peu  notables,  et  met  sur  la  voie  de  les  corriger.  La  plus  grande  des 
erreurs  qu'il  fait  ressortir  ici  de  l'emploi  des  quantités  L,  i  et  c  relatives  à  treize  cercles  dif- 
férents, quantités  calculées  en  partant  de  points  du  réseau  pcntagonal  très-éloignés  les  uns 
des  autres,  est  d'un  quart  de  seconde.  Des  erreurs  de  cet  ordre  ne  supposent  pas  nécessai- 
renienl  des  fautes  de  calcul.  Les  tables  de  logarithmes  de  Callet  à  sept  décimales,  que  j'em- 
ploie habituellement,  introduisent  naturelleuieut  des  erreurs  semblables.  Pour  en  apprécier 
l'importance,  il  suffit  de  remarquer  qu'une  seconde  de  degré  terrestre  est  égale  à  environ 
3o  mètres;  d'où  il  résulte  qu'un  quart  de  seconde  équivaut  à  7  ^  mètres.  Si  le  dôme  du 
Panthéon  était  placé  au  point  H  de  la  mer  de  la  Chine,  les  treize  arcs  de  grands  cercles  qui,  de 
diverses  régions  du  globe,  convergent  vers  ce  pointu,  aboutiraient  tous  f/anj/'/nrcnVHrrfurfdwr. 


(  «33) 

CHIMIE  APPLIQUÉK.  —  Recherches  chimiques  sur  la  teinture  ;  par  M.  CHEVREtL. 

«  J'ai  parlé  précédemment  de  la  nécessité  de  dépouiller  les  étoffes  des 
corps  étrangers  qu'elles  peuvent  retenir,  avant  de  les  soumettre  à  des  expé- 
riences précises,  enti'tprises  avec  l'intention  d'apprécier  l'influence  des  eaux 
naturelles  en  opérant  dans  des  circonstances  semblables  comparativement 
avec  l'eau  distillée  :  c'est  dire  que  les  résultats  des  expériences  compo- 
sant le  Xlli^  et  le  xiv^  Mémoire  de  mes  Recherches  chitniques  sur  la  Teinture 
ont  été  obtenus  avec  des  étoffes  passées  à  l'acide  chlorhydrique. 

TREIZIÈME    MÉMOIRE. 

PREMIÈRE    PHASE    DE    MES    RECHERCHES. 

»  Les  étoffes  de  laine,  de  soie  et  de  coton  ont  été  teintes  comparativement 
dans  trois  circonstances  :  i*^  sans  mordant;  a°  avec  mordant  d'alun;  3° 
avec  mordant  d'alun  et  de  bitartrate  de  potasse,  et  cela  dans  l'eau  distillée, 
dans  l'eau  de  Seine  et  dans  l'eau  d'iui  puits  des  Gobelins. 

)i  Les  étoffes  de  laine  ont  été  teintes  au  bouillon  et  les  étoffes  de  soie  et 
de  coton  à  froid. 

u   Etoffes  non  moi  (lancées. 

»  Les  différences  des  étoffes  non  mordancées  teintes  dans  les  trois  eaux 
sont  plus  ou  moins  grandes. 

»  La  simple  vue  des  étoffes  teintes  avec  le  campèche  et  le  brésil  dans  les 
eaux  de  Seine  et  de  puits  donne  la  preuve  que  celles-ci  ont  agi  par  leurs  sels, 
en  un  mol  que  ces  sels  ont  fait  l'office  de  mordant. 

M  II  eu  est  de  même  de  la  teinture  avec  le  fustet.  Les  différences  sont 
moindres  avec  les  autres  matières  colorantes,  quant  à  la  différence  de  la 
couleur  de  la  gamme;  mais  quant  à  l'intensité  de  la  couleur  qui  produit  ce 
que  je  nommele  ton,  la  différence  est  grande  entre  la  laine  teinte  en  cochenille 
et  même  en  garance,  d'une  part  dans  l'eau  distillée  et  d'une  autre  part  dans 
les  eaux  de  Seine  et  de  puits.  La  raison  en  est  la  production  d'une  laque 
résultant  de  l'union  de  la  plus  grande  partie  de  la  matière  colorante  avec  les 
bases  insolubles  de  ces  deux  dernières  eaux,  avant  l'union  du  reste  de  la 
matière  colorante  avec  l'étoffe. 

))  Enfin,  on  voit  que  l'eau  de  puits  n'a  pas  agi  conformément  à  l'opinion 
d'après  laquelle  on  admettrait  qu'elle  aurait  une  action  semblable  à  celle  de 
l'eau  de  Seine,  qui  serait  seulement  plus  intense  à  cause  d'une  plus  torte 
proportion  de  carbonate  de  chaux. 


(  i3/|  ) 

»  La  soie  non  mordancée  présente,  comme  la  laine  avec  la  cochenille, 
un  ton  plus  élevé  dans  l'eau  distillée  cpie  dans  les  deux  autres  eaux. 

»   Elle  présente  le  résultat  inverse  avec  la  gaiide. 

»  Les  différences  des  cotons  non  niordancés  à  l'égard  du  Brésil  et  de  la 
garance  sont  peu  prononcées. 

»  Elles  sont  extrêmes  pour  le  campéche  et  même  le  Tustet  et  le  bois  jaune 
employé  avec  l'eau  de  puits;  elles  sont  sensibles  à  l'égard  de  la  gaude.  Le 
coton  à  l'eau  de  puits  est  le  plus  beau. 

»   Etoffes  inordancées. 

»  J.   Alwiées. 

„  Les  laines  akmées  teintes  au  campéche  sont  peu  différentes.  Les  diffé- 
rences sont  bien  plus  grandes  pour  le  brésil,  la  cochenille,  la  garance,  le 
fustet,  le  bois  jaune,  le  sumac  et  même  la  gaude. 

»  Les  soies  akmées  présentent  peu  de  différence  à  l'égard  du  campéche, 
du  brésil,  du  bois  jaune,  du  quercitron,  du  sumac. 

.>  Elles  en  présentent  une  très-sensible  à  l'égard  de  la  gaude  et  surtout 
de  la  cochenille,  mais  elle  est  inverse  de  la  première.  La  soie  est  beaucouj) 
plus  belle  avec  l'eau  distillée  et  la  cochenille  qu'avec  les  deux  autres  eaux, 
et  celles-ci  sont  au  contraire  plus  favorables  à  la  gaude. 

»  Les  cotons  alunës  sont  très-différents  à  l'égard  du  campéche,  du  fustet; 
ils  montrent  moins  de  différence  à  l'égard  du  brésil,  de  la  garance,  de  la 
cochenille,  de  la  gaude.  Enfin  les  différences  sont  plus  prononcées  que  ces 
dernières  à  l'égard  du  bois  jaune,  du  quercitron  et  du  sumac. 

»   B.   Akmées  et  tarifées. 

n  Les  laines  alunëes  et  tarlrées  présentent  entre  elles  plus  de  différence  avec 
le  campéche  que  les  laines  alunées. 

»  Les  différences  sont  moindres  avec  le  brésil,  la  garance,  le  bois  jaune 
et  la  gaude. 

»  Les  teintures  opérées  dans  les  eaux  de  Seine  et  de  puits  sont  plus 
belles  a  l'égard  des  teintures  opérées  dans  l'eau  distillée,  avec  le  cam- 
péche. le  brésil,  le  fustet,  le  bois  jaune,  le  quercitron  et  la  gaude. 

»  La  teinture  en  cochenille  et  en  garance  dans  l'eau  distillée  est  supé- 
rieure à  la  teinture  opérée  dans  les  deux  autres  eaux.  Même  résultat  pour  les 
laines  simplement  alunées. 

»   Résultats  inverses  pour  la  gaude. 

»  Les  soies  alunées  et  tarlrées  teintes  en  campéche,  en  brésil,  en  fustet, 
sont  fort  différentes.  Elles  le  sont  sensiblement  en  garance,  en  cochenille, 
en  quercitron,  en  sumac,  et  moins  en  bois  jaune. 


(   i35  ) 

»  Les  cotons  alunés  et  Unirés.  Les  différences,  assez  grandis  a  l'égard  du 
campéche,  du  fustet,  sont  moindres  à  l'égard  du  brésil,  du  bois  jaune,  du 
sumac. 

I.   Différence  faible  à  l'égard  de  la  garance,  du  quercilron  et  de  la  gaude. 

Conclusions  dei  expériences. 

»  La  différence  de  couleur,  et  surtout  celle  de  ton  ,  des  étoffes 
teniles  dans  l'eau  distillée,  l'eau  de  Seine  et  l'eau  de  puits  est  si  grande  et  si 
variable,  eu  égard  aux  diverses  matières  colorantes,  qu'il  est  impossible 
d'arriver  à  aucune  généralité,  relativement  à  une  préférence  absolue  qu  ou 
accorderait  à  l'une  des  eaux  à  l'exclusion  des  deux  autres;  par  exemple 
l'eau  distillée  donne  les  tons  les  plus  élevés  avec  la  cochenille  sur  la  lame 
et  la  soie  non  mordancées  et  mordancées,  et  l'eau  de  puits  les  moins  élevés, 
tandis  qu'avec  la  gaude  le  résultat  est  inverse  dans  les  deux  eaux. 

«   Cochenille. 

»  L'eau  distillée  a  donné  les  meilleurs  résultats  pour  les  laines  et  les  soies 
mordancées  ;  pour  la  soie  non  mordancée  et  le  coton,  l'eau  de  Seine  en  a 
donné  de  préférables  à  ceux  de  l'eau  de  puits. 

»  Les  cotons  sans  mordant  étaient  à  peu  près  les  mêmes  a  l'égard  des 
trois  eaux,  ainsi  que  les  cotons  alunés;  ceux-ci  étaient  les  plus  beaux.    , 

)i   Garance. 

»  Résultats  analogues  pour  les  laines,  mais  différence  de  ton  mouidre 
qu'avec  la  cochenille. 

o  L'eau  distillée  a  donné  les  meilleurs  résultats  pour  les  soies;  pour 
les  cotons,  la  différence  est  faible  à  l'égard  des  trois  eaux;  en  général,  plus  de 
rouge  avec  l'eau  de  puits  qu'avec  l'eau  de  Seine;  pas  de  différence  à  l'égaid 
des  trois  eaux  entre  le  mordant  alun  et  le  mordant  alun  et  tartre. 

»    Campéche. 

»  L'eau  distillée  a  donné  les  meilleurs  résultats,  exce|)té  avec  l'alun  et  le 
tartre  ;  et  l'eau  de  puits  en  a  donné  de  meilleurs  que  l'eau  de  Seine,  quant 
aux  laines. 

»  L'eau  distillée  a  «lonné  les  meilleurs  résultats  pour  les  soies  et  les 
colons  non  mordancés. 

»  Les  soies  alunées  et  tartrées,  les  cotons  alunés  et  tartres  et  les  cotons 
alunés,  sont  trop  différents  de  couleur  pour  les  comparer.  Les  soies  alu- 
nées sont  peu  différentes. 

»  L'influence  de  l'acide  tartrique  pour  alfaibhr  l'uifluence  de  l'aliui  a 
été  surtout  remarquable  dans  l'eau  distillée  à  l'égard  des  trois  étoffes. 


(  i36) 

»   Brésil. 

»  Les  différences  des  effets  obtenus  s'expliqvient  bien  par  les  sels  des 
eaux  de  Seine  et  de  puits. 

»  Les  différences  que  présenlent  les  laines  non  mordancées  et  mordancées 
s'expliquent  bien  par  les  sels  des  eaux  de  Seine  et  de  puits;  les  différences 
portent  plus  sur  la  couleur  que  sur  le  ton  ;  meilleurs  résultats  sans  excep- 
tion. Les  couleurs  obtenues  sur  la  soie  et  le  coton  sont  plus  piires  avec 
l'eau  distillée  qu'avec  les  eaux  de  Seine  et  de  puits. 

•>  L'eau  de  puits  a  été  surtout  inférieure  à  l'eau  de  Seine  pour  la  soie  sans 
mordant  et  pour  la  soie  et  le  coton  alunés  et  tartres. 

»  Fitslet. 

n  Les  trois  étoffes  teintes  dans  l'eau  dis'tillée  sans  mordant  et  avec  mor- 
dant n'étaient  pas  semblables  certainement,  mais  les  différences  ne  présen- 
taient rien  d'important;  il  en  était  autrement  de  l'eau  de  Seine,  et  surtout 
de  l'eau  de  puits  ;  car  l'influence  de  l'eau  de  Seine,  et  surtout  de  la  seconde, 
pour  donner  du  rouge  au  coton,  et  même  à  la  soie,  a  été  remarquable. 

)i   Bois  jaune. 

)>  r/influence  des  sels  des  eaux  de  Seine  et  de  puits  a  été  sensible.  L'eau 
de  puits  a  donné  de  meilleurs  résultats  que  l'eau  de  Seine  et  l'eau  distillée 
quand  il  s'est  agi  des  étoffes  mordancées. 

n   Quercitron. 

»   Les  résultats  ont  été  à  peu  près  analogues  à  ceux  du  bois  jaune. 

»    Gniide. 

y  L'eau  de  puits  a  donné  les  meilleurs  résultats,  viennent  ensuite  ceux  de 
l'eau  de  Seine. 

L'alun  a  donné  des  couleurs  plus  intenses  que  l'alun  et  le  tartre. 

1)   Sumac. 

«  L'eau  distillée  a  paru  meilleure  que  l'eau  de  puits  et  l'eau  de  Seine,  et 
celle-ci  a  paru  inférieure  à  l'eau  de  puits. 

Résultiits  d'une  exposition  de  six  mois  à  Vair  lumineux  des  étoffes  teintes  dans  l 'eau 
distillée,  l 'eau  de  Seine  et  l 'eau  de  puits. 

«  1°  Il  est  remarquable  que  le  fustet,  le  bois  jaune,  le  quercitron,  la 
gaude  et  le  sumac  sont  plus  stables  sur  la  soie  que  sur  la  laine,  quand 
on  a  égard  à  la  bauteur  du  ton  de  la  matière  colorée  restée  sur  les  étoffes 
après  une  exposition  de  six  mois  au  soleil. 

■•  9°  Il  est  remarquable  encore  que  la  couleurdu  sumac,  qui  baisse  sur  les 
laines  et  sur  les  soies  alunées,  sur  la  soie  sans  mordant  et  sur  la  soie  alunée 


(  >37  ) 
et  tartrée,  teintes  dans  l'enii  de  puits,  s'élève  sur  les  trois  colons  teints  dans 
l'eau  distillée,  sur  le  colon  sans  mordant  et  sur  le  coton  aluné  et  tarlré 
teints  dans  l'eau  de  Seine. 

M  3°  L'influence  de  l'étoffe  est  évidente  dans  les  cas  précités;  mais  lors- 
que la  matière  colorante  s'altère,  est-ce  en  vertu  d'une  action  de  l'étoffe, 
action  que  n'exercerait  pas  l'étoffe  sur  laquelle  la  matière  colorante  prend 
du  ton?  Ou  bien  est-ce  l'inverse?  l'action  de  cette  étoffe  concourrait-elle, 
en  vertu  d'une  véritable  action  chimique  dérivée  de  l'aftinité  ou  de  toute 
autre  force,  affinité  ou  force  qui  n'agirait  pas  dans  les  étoffes  sur  lesquelles 
la  matière  s'abaisse  de  ton? Si  celte  hypothèse  était  vraie,  il  faudrait  recon- 
naître que  certains  corps  pourraient  neutraliser  l'influence  de  l'étoffe,  car 
le  sumac  a  baissé  sur  le  coton  ahnié  teint  dans  l'eau  de  Seine,  et  sur  les  trois 
cotons  teints  dans  l'eau  de  puits. 


QUATORZIÈME   MÉMOIRE. 

»  Les  différences  entre  les  résultats  que  je  viens  d'exposer  et  ceux  qu'on 
pouvait  prévoir,  d'après  ce  qu'on  savait  des  eaux  de  Seine  et  des  eaux  des 
puits  de  Paris,  étaient  si  grandes,  que  je  crus  devoir,  avant  de  tirer  des  con- 
clusions définitives  de  mon  travail,  entreprendre  de  nouvelles  expériences: 
dans  tous  les  cas  ma  conclusion  était  celle-ci. 

>■  J'avais  constaté  d'une  manière  précise  et  comparaliTe,  au  moyen  d'é- 
toffes pures  et  des  cercles  chromatiques,  les  différences  obtenues  de  l'usage  en 
teinture  de  l'eau  de  Seine  et  de  l'eau  d'un  puits  des  Gobelins,  compa- 
rativement avec  l'eau  distillée.  C'est  la  première  phase  de  mon  travail 
(treizième  Mémoire). 

))  J'entrepris  de  nouvelles  recherches  pour  trouver  la  cause  des  différences 
observées,  et  voici  une  deuxième  phase. 


DEUXIEME    PHASE    DE    MES    RBCHEECHES. 


»  La  deuxième  phase  de  mes  recherches  repose  sur  le  principe  que,  poiu* 
acquérir  la  certitude  de  la  connaissance  de  la  cause  matérielle  des  effets 
produits  en  teinture  par  l'eau  de  Seine  et  par  l'eau  de  puits,  il  faut  repro- 
duire ces  mêmes  effets  avec  de  l'eau  distillée,  dans  laquelle  on  a  dissous  les 
corps  que  l'on  sait  être  contenus  dans  l'eau  de  Seine  et  dans  l'eau  de  puits. 

"  En  conséquence  je  préparai  avec  de  l'eau  distillée  des  solutions  de  sul- 
fate de  chaux  pur,  de  craie,  de  carbonate  de  chaux  acide  et  de  plâtre,  el  je 
teignis  dans  ces  quatre  solutions,  comparativement  avec  de  l'eau  distillée, 

C.    R.,  iSG3,  3™=  Semestre.    T.  LVll,  N»  5.)  iQ 


(  i38  ) 
ainsi  que  je  l'avais  fait  précédemment  en  teignant  dans  l'eau  de  Seine  et 
dans  l'eau  de  puits. 

»  Les  résultats  furent  satisfaisants  à  l'égard  de  l'action  du  sulfate  de 
chaux,  du  carbonate  de  chaux  et  du  plâtre,  pour  expliquer  l'effet  de  l'eau 
de  Seine.  Je  dis  satisfaisants,  en  tenant  compte  de  la  petite  quantité  de  car- 
bonate de  fer  que  cette  eau  contient.  Mais  aucun  des  résultats  obtenus 
n'expliqua  l'action  de  l'eau  du  puits  des  Gobelins  sur  un  certain  nombre 
de  principes  colorants. 

Conclusions  relativement  aux  étoffes  non  mordancées  teintes  dans  des  eaux  tenant  différents 

corps  en  solution. 

j>  Eau  de  sulfate  de  chaux. 

»  Elle  agit  généralement  comme  l'eau  distillée.  Ce  n'est  que  rarement 
que  le  sel  agit  par  sa  base  à  l'instar  d'un  très-faible  alcali. 

»  Le  sulfate  de  chaux  peut  agir  encore  en  modifiant  le  pouvoir  dissol- 
vant de  l'eau.  Par  exemple,  l'eau  de  sulfate  dissolvant  moins  bien  que  l'eau 
distillée  certaines  substances  colorantes,  si  ces  substances  colorent  en 
fauve,  par  exemple,  il  pourra  arriver  que  la  couleur  des  étoffes  sera  moins 
rabattue  en  opérant  dans  l'eau  de  sulfate  de  chaux  que  dans  l'eau  distillée. 
»  Eau  de  chlorhydrate  de  chaux. 

«  Des  étoffes  que  l'on  submerge  dans  de  l'eau  de  chlorhydrate  de  chaux 
se  comportent  avec  les  matières  colorantes  dont  je  me  suis  servi,  pour  la 
plupart  des  cas,  comme  les  étoffes  passées  dans  l'eau  de  sulfate  de  chaux. 

»  Mais  les  résultats  pourraient  être  différents,  si  l'on  teignait  dans  des 
eaux  de  chlorhydrate  de  chaux  susceptibles  de  précipiter  la  matière  colo- 
rante dont  on  ferait  usage. 

«   Eau  de  sous-carbonate  de  chaux. 

»  Elle  agit  à  l'instar  d'un  alcali  faible.  Mais  pour  en  évaluer  l'effet,  d  faut 
toujours  tenir  compte  de  la  proportion  de  l'eau  relativement  à  l'étoffe,  à 
cause  de  la  faible  solubilité  du  sous- carbonate  de  chaux,  et  du  cas  où  l'eau 
ne  se  renouvelle  pas  et  de  celui  où  elle  peut  se  renouveler. 
»   Eau  de  carbonate  de  chaux  acide. 

»  Elle  est  susceptible  d'agir  avec  plus  d'énergie  que  l'eau  de  sous-car- 
bonate de  chaux,  parce  que  la  solution  renferme  plus  de  carbonate  quand 
on  la  prépare,  comme  je  l'ai  fiut,  au  moyen  du  gaz  acide  carbonique  et  de 
la  craie  en  excès  tenue  en  suspension  dans  l'eau. 

»  En  outre,  lorsque  l'acide  carbonique  qui  dépasse  la  composition  de 
sous-carbonate  s'évapore  et  qu'une  matière  colorante,  comme  celle  du 
sumac  par  exemple,  est  présente,  il  peut  y  avoir  une  altération  profonde  de 


(  i39) 
cette  matière  sous   l'influence  de  l'oxygène  atmosphérique  qui  est   alors 
absorbé. 

»   Eau  de  plâtre. 

»  Tous  les  résultats  que  j'ai  obtenus  sont  d'accord  avec  la  composition 
de  cette  eau  représentée  par  du  sulfate  de  chaux  et  du  sous-carbonate  de 
chaux. 

TROISIÈME    PHASE    DE    MES    RECHERCHES. 

»  Ainsi  conduit  à  entreprendre  la  troisième  phase  de  mes  recherches,  je 
soumis  les  eaux  de  Seine  et  de  puits  à  de  nouvelles  expériences,  qui  me  con- 
duisirent à  constater  les  faits  suivants  : 

»  1°  L'eau  de  Seine  renferme  une  matière  colorante  susceptible  d'altérer 
la  blancheur  des  étoffes  de  laine  et  de  soie  qu'on  y  plonge  pendant  plu- 
sieurs jours. 

»  2°  L'eau  du  puits  des  Gobelins  renferme  du  carbonate  de  cuivre  qui 
colore  la  laine  et  la  soie  en  bleuâtre.  Elle  azuré  donc  les  étoffes  qu'on  y 
plonge. 

j>  3"  Toutes  les  deux  contiennent  du  carbonate  de  fer. 

«  4°  L'infusion  de  brésil  est  extrêmement  sensible  au  cuivre  de  l'eau  de 
puits  ;  elle  produit  une  couleur  violette  et  il  se  précipite  une  laque  dans 
laquelle  il  y  a  de  la  chaux  et  des  oxydes  de  fer  et  de  cuivre. 

»  5°  L'infusion  de  fustet  est  rougie  aussi  par  le  sel  cuivreux  de  l'eau  de 
puits. 

»  J'ai  étudié  comparativement  les  effets  du  sulfate  et  du  carbonate  de 
protoxyde  de  fer  acide  et  les  effets  du  sulfate,  de  l'acétate  et  du  carbonate 
de  cuivre  acide  sur  les  étoffes. 

Sulfate  de  protoxyde  de  fer. 

»  Les  étoffes  mordancées  avec  le  sulfate  de  protoxyde  de  fer  se  teignent  : 

En  4  et  4  bleu  violet  rabattu,  et  2  bleu  violet  rabattu,  avec cochenille. 

En  3  et  4  orangé  rabattu,  et  3  violet  rouge  rabattu,  avec garance. 

En  4>  5  et   I  violet  rabattus,  avec brésil. 

En  bleu  violet,  3  bleu  violet  et  2  bleu  violet  rabattus,  avec campéclie. 

En  orangé  jaune,  4  orangé  jaune,  2  orangé  jaune  rabattus,  avec,    fustet. 
En   I  orangé  jaune,  4  orangé  jaune,  2  orangé  jaune  rabattus,  avec,  bois  jaune. 
En  5  orangé  jaune,  3  orangé  jaune,  3  orangé  jaune  rabattus,  avec  quercitron. 
En  orangé  jaune,   i  orangé  jaune,  4  orangé  jaune  rabattus,  avec,    gaude. 
En  violet,  3  violet,  violet  rouge  rabattus,  avec sumac. 

»   Le  sumac  se  rapproche  de  la  cochenille. 

19.. 


(  '40  ) 

Sulfate  de  cuivre. 

»   Les  étoffes  morJaiicée»  avec  le  sulfate  de  cuivre  se  teignent  : 

En  I  violet  ronge,  4  violet  rabattus,  3  violet,  avec cochenille. 

En  2  orangé,  5  rouge  orangé,   rouge  orangé  rabattus,  avec ...  .  garance. 

En  rouge,  i  rouge,  4  violet  rabattus,  avec hrésil. 

En  I  bleu  violet,  i  bleu  violet,  3  bleu  rabattu,  avec carapèche. 

En  orangé  jaune,  orangé  jaune,   rouge  orangé  rabattus,  avec,  fustet. 

En  3  jaune,  3  jaune,  5  orangé  jaune  -^j,  avec bois  jaune. 

En  4  jaune,  2  jaune,  3  orangé  jaune  jj,  avec quercitron. 

En  4  jaune,  i  jaune  rabattus,  5  orangé  jaune,  avec gaude. 

En  5  orangé  jaune,  2  orangé  jaune,  i  orangé  jaune  rabattus,  avec,  sumac. 

.)  L'acétate  de  cuivre  se  comporte  comme  le  sulfate,  sauf  avec  la  coche- 
nille et  la  laine  ;  il  violette  le  brésil,  rougit  le  fustet,  surtout  dans  la  teinture 
du  coton  ;  il  verdit  la  gaude. 


»  Après  ces  expériences  j'ai  teint  les  étoffes  non  mordancées,  les  étoffes 
alunées,  les  étoffes  alunéesettartrées  dans  l'eau  de  Seine,  l'eau  de  puits,  l'eau 
de  sulfate  de  chaux,  l'eau  de  craie,  l'eau  de  carbonate  de  chaux  acide,  l'eau 
plâtrée,  comparativement  avec  l'eau  distillée. 

»  Je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  les  résultats  de  ces  expériences. 

M  Les  plus  grandes  différences  portent  sur  les  étoffes  non  mordancées 
teintes  dans  l'eau  de  puils  avec  le  campèche,  le  brésil,  le  fustet  surtout,  la 
garance,  le  bois  jaune  et  le  simiac. 

»  Mais  ces  expériences  n'expliquaient  pas  pourquoi  la  laine  et  la  suie, 
teintes  avec  le  fustet  dans  l'eau  de  puits,  avaient  plus  de  rouge  que  la  laine 
et  la  soie  teintes  dans  les  eaux  calcaires  et  les  eaux  cuivreuses.  Fallnif-il 
admettre,  outre  l'alcali  et  le  cuivre  dans  l'eau  de  puits,  l'existence  d'un 
troisième  corps  ? 

»  Je  fus  assez  heureux,  après  plusieurs  recherches,  de  triompher  de  cette 
dernière  dilficulté  par  les  expériences  suivantes; 

»   20  centimètres  cubes  de  décoction  de  fustet  furent  mêlés  avec  : 

I"  200  centimètres  cubes  d'eau  de  carbonate  de  chaux  acide; 
2"  200  centimètres  cubes  d'eau  de  carbonate  de  cuivre  acide; 

\    loo  centimètres  cubes  du  premier  carbonate; 

(    100  centimètres  cubes  du  deuxième  carbonate. 

»  Eu  teignant  dans  ces  trois  liqueurs,  on  constata  le  fait  intéressant  que 
le  mélange  des  deux  carbonates  donna  une  teinture  plus  rouge  à  la  laine  et 
;,  la  soie  que  les  deux  carbonates  appliqués  séparément. 


(   i4r   ) 
»  Ainsi  les  recherches  de  la  Iroisième  phase  on\.  donc  complètement  rempli 
l'objet  que  je  m'étais  proposé  en  les  entreprenant. 

Conclusions  définitives. 

»   Eau  de  Seine. 

»  Elle  agit  surtout  par  son  carbonate  de  chaux. 

r  Elle  agit  aussi  par  son  carbonate  de  fer. 

»  Enfin  elle  peut  agir  par  une  matière  organique  susceptible  de  colorer 
la  laine  et  la  soie,  surtout  au  roux. 

»   Eau  du  puits  des  Gobelins. 

»  L'eau  du  puits  des  Gobelins  agit  dans  tous  les  cas  par  son  carbonate 
de  chaux  ; 

»  Et  avec  les  matières  colorantes,  telles  que  la  cochenille,  le  bois  de  Bré- 
sil, le  bois  de  campêche,  le  fustet,  par  un  sel  cuivreux,  le  carbonate. 

»  Le  bois  de  Brésil  est  surtout  propre  à  démontrer  l'extrême  différence 
des  étoffes  teintes  dans  l'eau  de  puits  d'avec  celles  qui  le  sont  dans  l'eau  de 
Seine,  dont  l'action  se  compose  surtout  de  celle  d  u  carbonate  de  chaux  et  du 
carbonate  de  fer. 

»  Les  conclusions  de  ce  travail,  relatives  à  l'usage  des  eaux  naturelles  dans 
les  arts  et  dans  l'économie  animale,  seront  exposées  dans  le  Compte  rendu 
prochain.    » 

PHYSIQUE.  —  Nouveau  speclromètre  à  vision  directe.   Note  de  M.  Valz, 
faisant  suite  à  sa  communication  du  i3  juillet. 

«  De  nouvelles  considérations  m'ayantfait  reconnaître  qu'on  pourrait  en 
quelque  sorte  augmenter  indéfiniment  la  force  de  dispeision  de  l'appareil, 
je  compléterai  comme  suit  mes  idées  à  ce  sujet  : 

»  Les  onze  prismes  réfringents,  employés  par  M.  Merz,  peuvent  donner 
une  dispersion  de  ilfiO)'  moindre  que  celle  des  trois  prisînes  seulement; 
mais  il  est  possible  d'obtenir  une  plus  forte  dispersion  encore,  en  faisant 
parcourir  270  degrés  par  réfraction  au  rayon,  et  90  degrés  par  une  simple 
réflexion  dans  un  prisme.  Avec  six  prismes,  la  dispersion  serait  de  9.1°  35'. 
Pour  cinq  prismes,  rt  =  58"  36',  ?'=  56°  18',  et  la  dispersion  28°  33'.  Si  on 
n'employait  que  quatre  prismes,  rt  =  65°i2',  j=66°2o',  et  la  dispersion 
3i°  46',  mais  le  spectre  ne  pourrait  être  vu  en  entier.  Enfin  on  pourrait  faire 
parcourir  au  rayon  une  circonférence  entière  en  plaçant  les  prismes  en  hé- 
lice, de  façon  que  les  extrêmes  soient  au-dessus  l'un  de  l'autre:  alors,  pour 
neuf  prismes,  a  =  /|8°  26',  i=  /j/j"  i3',  et  la  dispersion  38°  i3';  avec  huit  pris- 
mes, la  dispersion  serait  45"  67',  mais  le  spectre  ne  se  verrait  plus  en  entier. 


(     l42    ) 

On  pourrait  ainsi  augmenter  indéfinimenl  la  dispersion,  en  faisant  parcourir 
au  rayon  plusieurs  circonférences,  par  la  disposition  des  prismes  sur  plu- 
sieurs tours  d'hélice;  mais  comme  alors  on  n'apercevrait  qu'une  partie  du 
spectre,  il  sera  plus  simple  et  plus  avantageux  d'avoir  des  spectromètres 
pour  chaque  partie  du  spectre.  Ainsi,  pour  une  des  moitiés,  on  aurait  avec 
six  prismes  a  =  6i°  18',  i=6o° ^o',  et  pour  l'autre  «  =  62"  3o',  i=6i°  i5', 
et  la  dispersion  totale  sera  40°  48'.   » 

NOMEVATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  décerner  le  prix  Bordin  pour  l'année  i863, 
question  concernant  les  courants  thermo-électriques. 

MM.  Pouillet,  Becquerel,  Regnault,  Fizeau  et  Edm.  Becquerel  réunissent 
la  majorité  des  suffrages. 

MÉMOIRES  LUS. 

OBGANOGÉNIE  VÉGÉTALE.  —  Etudes  sur  l'évolution  des  bourgeons  et  sur  la 
force  qui  préside  à  ta  séparation  des  divers  organes  végétaux;  par  M.  Ch- 
Fermond.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Brongniart,  Decaisne,  Duchartre.) 

a  Quand  on  examine  un  bourgeon  naissant,  on  reconnaît  au  microscope 
qu'il  n'est  constitué  que  par  une  multitude  de  petites  cellules  assez  sem- 
blables et  intimement  liées  entre  elles;  mais  bientôt  cette  petite  masse  de 
tissu  cellulaire  se  fend  par  le  sommet,  et  cette  fente  se  poursuit  d'un  seul 
côté  pour  les  feuilles  alternes  (raonocotylédones),  ou  de  deux  côtés  pour 
les  feuilles  opposées,  ou  de  trois,  de  quatre,  de  six  côtés  pour  les 
feuilles  verticillées,  en  même  temps  qu'une  séparation  se  fait  concentrique- 
ment  entre  les  parties  circulaires  et  la  partie  centrale.  Au  centre  de  ces 
organes,  eu  général  peu  développés,  et  qui  alors  prennent  le  nom  d'écaillés, 
se  trouve  donc  une  petite  masse  indivise  de  tissu  cellulaire  qui  se  compor- 
tera de  la  même  façon  en  observant  d'ordinaire  la  loi  d'alternance;  mais 
les  organes  qui  se  sépareront  cette  seconde  fois,  mieux  nourris  ou  protégés 
déjà  par  les  premières  écailles,  acquerront  un  plus  grand  développement. 
La  masse  indivise  centrale  nouvelle  subira  le  même  sort  et  donnera  lieu  à 
d'autres  organes  qui  se  développeront  encore  mieux,  et  ainsi  de  suite, 
jusqu'à  ce  que  Ton  soit  arrivé  à  reconnaître  la  figure  de  la  feuille  particu- 
lière à  l'espèce  sur  laquelle  on  fait  l'observation.  Or  il  arrive  un  moment  où 
cette  masse  centrale,  bien  enveloppée  par  les  organes  appendiculaires  déjà 


(  i43  ) 
très-développés,  est  si  petite,  que  l'on  ne  sait  plus  distinguer  le  phénomène 
de  séparation  dont  nous  venons  de  parler,  quoique  pourtant  cette  sépara- 
tion se  continue  encore  :  c'est  qu'alors,  dès  qu'elle  se  prononce,  les  organes 
appeiidiculaires  naissants  prennent  aussitôt  l'apparence  de  mamelons  qui, 
par  leur  développement  ultérieur,  revêtiront  la  forme  connue  de  l'organe 
appendiculaire. 

»  C'est  à  cette  force  qui  oblige  les  parties  à  se  séparer  les  unes  des  autres, 
et  dont,  plus  tard,  nous  ferons  connaître  le  mécanisme,  que  nous  avons 
cru  devoir  donner  le  nom  d'exastosie  ou  écastosie  (du  grec  iKctcTToç,  chaque 
individu),  parce  qu'en  effet  elle  sépare,  individualise,  pour  ainsi  dire,  plus 
ou  moins  profondément  les  diverses  parties,  si  bien  qu'elles  ne  sont  plus 
liées  les  unes  avec  les  autres  que  par  des  points  très-restreints. 

w  Afin  de  bien  se  rendre  compte  des  phénomènes  dus  à  l'exastosie,  il 
faut  dès  à  présent  distinguer  trois  formes  de  cette  propriété  générale,  savoir  : 
i"  celle  qui  sépare  conccntriquement  les  parties  autour  de  l'axe,  telles  que 
les  feuilles,  les  bourgeons,  les  sépales,  etc.,  et  que  nous  appellerons eamïosic 
centripèle,  parce  qu'elle  tend  à  marcher  vers  le  centre  de  l'axe;  2"  celle  qui 
sépare  circulairement  en  une  ou  plusieurs  les  parties  que  l'exastosie  centri- 
pète a  déjà  séparées  de  façon  à  constituer  des  organes  plans  alternes,  opposés 
ou  verticillés;   nous  la  nommons  exastosie  circulaire  ou  plane. 

M  3°  La  troisième  forme  de  l'exastosie  est  celle  qui  fait  que  les  parties 
qu'ont  divisées  les  exastosies  centripète  et  circulaire  sont  séparées  les  unes 
des  autres  par  un  tube  cylindrique  ou  prismatique  nommé  entre-nœud  ou 
mérithalle,  parce  qu'il  est  en  effet  placé  entre  les  points  d'où  émergent  les 
organes  appendiculaires  et  où  se  trouvent  des  renflements  que  l'on  nomme 
noeuds  vitaux.  Si  nous  portons  notre  attention  sur  ces  nœuds  vitaux,  nous 
ne  tarderons  pas  à  reconnaître  que  bien  souvent,  selon  les  espèces  où  on 
les  observe,  ils  sont  le  siège  d'une  articulation  qui  permet  de  détacher  les 
mérithalles  les  uns  des  autres  comme  s'ils  n'avaient  été  que  collés  ensemble 
{Equisetiim,  Vilis,  etc.).  Pareillement,  vers  la  fin  de  la  saison,  presque  toutes 
les  feuilles,  les  folioles  mêmes  des  feuilles  dites  composées,  se  désarticulent 
de  l'axe  qui  les  porte  et  tombent  d'elles-mêmes.  Les  pédoncules  ne  sont  pas 
exempts  de  cette  désarticulation  spontanée  quand  les  fleurs  qu'ils  portent 
ont  rempli  leurs  fonctions  [Asparacjus  ojjiciiiatis,  JEsculiis  tiippocastanuin,  etc.). 
Enfin,  c'est  grâce  à  de  semblables  désarticulations  spontanées  que  les 
carpelles  et  certains  bourgeons  (bulbilles)  tombent;  que  certaines  car- 
pelles (lomentacées)  se  séparent  par  articles  et  que  les  graines  se  sèment 
d'elles-mêmes,  etc. 


(  i44  ) 

«  En  présence  de  ces  faits  irrécusables,  il  est  donc  bien  établi  que  la 
petite  masse  de  tissu  cellulaire,  unique  et  homogène  dans  le  principe,  n'a 
pas  seulement  subi  des  séparations  verticales,  concentriques  et  latérales, 
mais  encore  des  séparations  transversales,  que  nous  désignons  sous  le  nom 
d'exastosic  transversale.  Si  maintenant  nous  observons  qu'en  agissant  ainsi, 
ces  trois  forn)es  de  i'exastosie  dirigent  leur  action  suivant  les  trois  dimen- 
sions de  l'étendue  :  longueur,  largeur  et  profondeur  ou  épaisseur,  nous 
reconnaîtrons  que  ces  trois  exastosies  en  se  produisant  simultanément  ont 
précisément  pour  effet  de  délimiter  et  circonscrire  d'autres  petits  amas  de 
cellules  ayant  chacune  une  vie  particidière  dans  la  vie  générale  de  l'individu, 
et  leurs  mouvements  propres  dont  la  variabilité  entraînera  nécessairement 
des  différences  dans  les  parties  produites.  C'est  la  réunion  de  ces  trois 
formes  de  I'exastosie,  prises  strictement  à  leur  naissance,  qui  conduit  logi- 
quement à  la  nécessité  de  reconnaître  dans  les  parties  végétales  des  centres 
vitaux  que,  pour  plus  de  simplicité  et  surtout  à  cause  de  leurs  propriétés, 
nous  nommerons  plijtogènes. 

»  Le  plus  souvent  les  mérithalles  se  succèdent  sans  phénomènes  extraor- 
dinaires, produisant  autour  d'eux  des  feuilles  et  des  bourgeons,  puis  des 
fleurs.  Dans  ce  cas,  si  l'on  vient  à  couper  transversalement  l'axe  ou  tige, 
on  y  trouve  un  seul  canal  médullaire  généralement  arrondi.  Les  exastosies 
sont  normales.  Mais  il  peut  arriver  que  ce  phytogéne,  ne  s' étant  pas  encore 
constitué  à  l'état  de  bourgeon,  se  comporte  dans  son  développement  de 
façon  à  produire  des  phénomènes  anormaux.  Ainsi,  il  se  peut  que  ce  phy- 
togéne, avant  de  produire  aucune  des  parties  latérales  et  circulan-es  qui 
constituent  les  organes  appendiculaires,  se  divise  en  deux  parties  par  suite 
de  l'action  de  I'exastosie  centripète,  et  qu'alors,  au  lieu  de  former  un  seul 
axe,  il  en  forme  deux  qui  d'ordinaire  marchent  parallèlement  dans  leur 
évolution.  Dans  ce  cas,  on  a  le  phénomène  nommé  dédouhlemenl,  lequel 
présente  trois  modifications  appréciables,  i"  Si  I'exastosie  est  complète,  les 
deux  axes  seront  entièrement  séparés  ;  ainsi  isolés,  ils  se  comporteront  d'une 
manière  normale,  et  chacun  d'eux  offrira  un  canal  médullaire  arrondi.  2°  Il 
se  peut  que  I'exastosie  centripète  se  prononce  beaucoup  moins,  et  qu'elle 
se  traduise  à  l'extérieur  par  un  aplatissement  de  l'axe  et  par  une  rainure 
longitudinale  plus  ou  moins  profonde  sur  l'une  ou  sur  les  deux  faces  de  cet 
axe.  Dans  cette  circonstance,  si  l'on  coupe  l'axe  transversalement,  on  remar- 
quera qu'il  s'est  formé  deux  canaux  médullaires  dont  l'ensemblo  simule  un  8 
àc  chiffre  (Moquin-Tandon),  et  d'autant  plus  distincts  que  les  sillons  étaient 
plus  profonds,  ce  qui  accuse  un  état  exaslosique  plus  prononcé.  3°  Enfin, 


(  '45) 

si  l'exastosie  centripète  est  encore  moins  prononcée  que  dans  l'exemple 
précédoiit,  quoique  manifeste  encore,  le  phénomène  ne  se  traduira  que  par 
l'aplatissement  de  l'axe  et  par  lui  bourgeon  lui-n)éme  aplati  comme  l'axe, 
et  dans  le  même  sens.  La  section  transversale  d'une  semblable  tige  ne  montre 
plus  deux  canaux  médullaires,  mais  un  seul,  qui  a  alors  une  forme  elliptique. 
Cet  état  particulier  est  un  conuiiencement  de  la  monstruosité  que  les  phy- 
siologistes appellent  y«5c/e  ou  lige  fasciée.  Tous  ces  phénomènes  constituent 
des  excès  d'exastosie  centripète,  puisqu'au  lieu  d'iui  élément  on  est  forcé 
d'en  reconnaître  deux. 

»  Par  contre,  il  y  a  une  autre  série  d'anomalies  que  nous  désignerons 
sous  le  nom  de  déjauh  dexaslosie,  et  dans  laquelle  viennent  se  ranger  tous 
les  phénomènes  connus  sous  le  nom  impropre  de  soudure. 

»  Nous  terminons  notre  Mémoire  par  des  réflexions  qui  conduisent  aux 
conséquences  suivantes  : 

»  1°  Les  phénomènes  de  l'exastosie  sont  en  général  d'autant  plus  mar- 
qués qu'on  les  observe  chez  les  végétaux  les  plus  élevés  dans  les  classifica- 
tions méthodiques. 

)•  i"  L'exastosie  centripète  est  d'une  importance  plus  grande  que  les 
deux  autres  formes  de  l'exastosie  et  se  retrouve  d'autant  plus  développée 
qu'on  l'observe  chez  les  végétaux  les  plus  élevés  dans  les  différents 
groupes. 

u  3°  L'exastosie  circulaire  est  d'une  importance  moins  grande  que 
l'exastosie  centripète  et  se  montre  souvent  d'autant  plus  développée  dans 
les  fleurs  qu'on  l'observe  dans  les  espèces  les  plus  élevées  dans  les  diffé- 
rents groupes. 

))  4°  L'exastosie  transversale  est  d'une  importance  inférieure  aux  deux 
autres  et  peut  indifféremmnnt  se  rencontrer  dans  tous  les  groupes  végé- 
taux.   » 

MÉ3I01UES  PRÉSENTES. 

CHIMIE.  —  Dosage  et  équivalent  du  cuivre;  par  MM.  E.  Millon 

et  Co.^lMAILLE. 

(Commissaires,  MAL  Payeii,  Peligot.) 

«  Dopage.  —C'est  à  l'état  de  bioxyde  que  le  cuivre  se  dose  le  plus  habituel- 
lement; si  simple  que  l'opération  soit  en  apparence,  elle  entraîne  néan- 
moins une  erreur  plus  ou  moins  sensible  :  le  dosage  est  toujours  faible. 

C.  R.,  i8e3,  2™"  Semestre.  (T.  LVII,  N"  5.)  20 


(  i46  ) 

»  Vient-on  à  précipiter  l'oxyde  de  cuivre  par  la  polasse  et  à  le  calciner, 
le  filtre  dans  lequel  rox)'de  est  retenu,  et  dont  il  est  impossible  de  le  déta- 
cher, réduit  une  partie  du  cuivre;  il  faut  alors  réoxyder  le  métal.  Mais  la 
calcination  à  l'air  libre  ou  même  dans  un  cornant  d'oxygène  pur  ne  re- 
forme pis  comjilélement  le  bioxyde;  l'oxygénation  du  métal  reste  au-dessous 
de  CuO,  si  prolongée  que  soit  la  réaction.  On  a  forcément  recours  à  l'acide 
nitrique  dont  l'action  oxydante  est  radicale;  alors  apparaît  un  autre  incon- 
vénient. Au  moHient  où  le  nitrate  de  cuivre  achève  de  se  décomposer,  il  y 
a  du  bioxyde  entiainé  par  le  jet  de  vapeurs  nitreuses.  On  rend  ce  phéno- 
mène très- visible,  en  opérant  dans  un  petit  ballon  de  verre,  d'une  capacité 
de  loo  centimètres  cubes  et  surmonté  d'u!i  col  long  de  7  à  8  centimètres. 
La  décomposition  du  nitrate,  conduite  avec  tout  le  ménagement  possible, 
n'en  tapisse  pas  moins  l'intéiieur  du  ballon  et  son  col  tout  entier  d'une 
j)oudre  impalpable  d'oxyde  cuivrique;  celui-ci  même  s'échappe  hors  du 
ballon  en  quantité  appréciable. 

»  En  opérant,  avec  le  plus  grand  soin,  dans  un  creuset  de  platine  d'une 
capacité  comparativement  très-grande  et  bien  fermé  par  son  couvercle,  nous 
avons  eu  encore  une  perte  notable:  iS%33o5  de  cuivre  pur  n'ont  donné 
que  i^'',66o5  de  bioxyde,  au  lieu  de  it'%6675.  Cette  perte  est  la  moindre 
de  toutes  celles  que  nous  avons  constatées,  en  variant  beaucoup  les  condi- 
tions de  la  calcination. 

»  Pour  échapper  à  ces  difficidtés,  nous  avons  préféré  doser  le  cuivre  à 
l'état  métallique.  L"  bioxyde  est  |)récij)ité  par  la  potasse,  le  précipité  lavé  à 
chaud  et  séché  est  brûlé  aveclefdtre  dans  une  large  capsule  de  platine.  Le 
résidu  de  cette  calcination  ne  contracte  aucune  adhérence  avec  les  parois 
de  la  capsule,  et  on  le  fait  passer  de  celle-ci  dans  une  nacelle  de  platine  où 
s'opère  la  réduction  par  un  courant  d'hydrogène  pur. 

»  Ce  mode  de  dosage,  rapproché  des  indications  que  fournit  la  précipi- 
tation de  l'argent  métallique  par  le  cuivre  à  l'état  d'oxydule,  permet  de 
rectifier  nos  idées  actuelles  sur  la  composition  de  plusieurs  combinaisons 
dans  lesquelles  entre  le  cuivre.  En  voici  quelques  exemples. 

«  Le  beau  composé  violet  que  l'on  obtient  en  faisant  bouillir  une  solu- 
tion d'acétate  de  cuivre  avec  du  sucre,  et  que  l'on  considère  comme  du 
protoxyde  do  ciùvre  pur,  renferme  toujours  2  pour  100  do  bioxyde  de 
cuivre,  avec  interposition  de  ^  pour  100  de  matière  organique,  analogue 
au  sucre  ou  au  caramel. 

»  L'hydrate  jaune  de  protoxyde  de  ciùvre  s'écarle  encore  bien  davan- 


(  '47  ) 
tage  de  la  coinpositioti  qu'on  lui  assigne  et  ne  reiifeime  jamais  moins  de 
4  pour  loo  de  bioxyde. 

»  L'existence  du  carbonate  de  protoxyde  de  cuivre,  bien  qu'elle  ait  été 
indiciiiée  par  un  liabile  observateur,  est  très-douteuse;  au  moins  ce  sel  ne 
se  forme-t-il  jamais  dans  la  réaction  des  carbonates  ou  des  bicarbonates 
alcalins  sur  le  protocblorure  de  cuivre. 

1)  Équivalent  du  cuivre.  —  A|)rès  avoir  obteiai,  d'une  part,  la  purification 
du  cuivre,  et,  d'autre  part,  son  dosage,  avec  une  précision  dans  laquelle  la 
pratique  nous  inspirait  de  jour  en  jour  plus  de  confiance,  nous  avons  cru 
qu'il  n'était  pas  sujjerflu  de  faire  quelques  expériences  sur  la  détermination 
de  l'équivalent  de  ce  métal. 

»  Comme  le  bioxyde,  provenant  du  nitrate  de  cuivre,  ne  cbange  pas  de 
poids  à  la  suite  de  plusieurs  calcinations  successives  sur  une  lampe  d'alcool, 
nous  avons  pris  cet  oxyde  pour  point  de  départ  :  il  a  été  réduit  par  un  cou- 
rant d'hydrogène  sec,  purifié  par  son  passage  à  travers  une  longue  colonne 
de  tournure  de  cuivre,  chauffée  an  rouge.  En  outre,  l'eau  provenant  de  la 
réduction  de  l'oxyde  était  recueillie  et  pesée. 

»  Deux  cxpérieiices  faites  avec  de  l'hydrogène,  dégagé  de  l'eau  par  le 
zinc  et  l'acide  sulfurique,  ont  donné  les  nombres  suivants  : 

Première  cjcpcrience. 

Bioxyde  de  cuivre  employé D,'ji45 

Cuivre  réduit 5,3565 

Eau  produite i  ,5325 

Eau  théorique i  ,53o2 

Deuxième  c.vpérience. 

Bioxyde  de  cuivre , 3 ,  3945 

Cuivre  réduit ■?.,  7086 

Eau  produite o  ,7680 

Eau  théorique ^-ill^l 

»  Dans  une  troisième  expérience,  l'hydrogène  provenant  de  la  décom- 
position de  l'eau  par  la  pile,  l'eau  n'a  pas  été  recueillie. 

Troisième  expérience. 

Bioxyde  de  cuivre  employé 2,7880 

Cuivre  réduit 2  ,2240 

20.. 


(  '48  ) 

»   On  trouve  ainsi  pour  poids  de  l'équivalenl  du  cuivre  : 

Première  expérience 894, 3 1 

Deuxième  expérience 894 ,80 

Troisième  expérience 3g4 ,55 

En  moyenne 394,55 

))   MM.  Erdmaiin  et  Marchand  avaient  indiqué  896,60,  en  remplacement 
lu  nombre  de  Berzélius  qui  est  SgS,  55.   » 


CHIMIE  MiNliRALOGiQaE.  —  De  la  l'eprodiiclion  du  rutile,  de  In  brookile  et  de 
leurs  variétés;  pi olojluorure  de  titane.  Note  de  M.  P.  Hautefeuille,  pré- 
sentée par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

(Commissaires,  MM.  Delafosse,  Fremy,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Rutile.  —  On  obtient  facilement  l'acide  titanique  cristallisé  en  faisant 
passer  sur  du  titaiiate  de  potasse,  mélangé  de  chlorure  de  potassium,  un 
courant  d'acide  chlorhydrique.  Le  mélange  contenu  dans  une  capside  de 
platine  est  chauffé  au  rouge  blanc  dans  un  grand  creuset  de  terre,  où  deux 
tubes  de  porcelaine  lûtes  sur  le  couvercle  permettent  d'établir  un  courant 
de  gaz  acide  chlorhydrique.  L'acide  titanique  mis  en  liberté  et  modifié  par 
l'acide  chlorhydrique  cristallise  en  prismes  accolés  les  uns  aux  autres.  Ces 
cristaux  prismatifjues,  transparents  et  jaunes,  offrent  tous  une  zone  carac- 
téristique de  huit  faces  présentant  les  angles  de  i35  degrés  des  faces  verti- 
cales d'un  prisme  à  base  carrée,  comme  ceux  qu'a  obtenus  M.  H.  Sainte- 
Claire  Deville  en  fiùsant  passer  de  l'acide  chlorhydrique  sur  de  l'acide 
titanique  amorphe  chauffé  au  rouge.  La  densité  de  ces  cristaux  a  été  trou- 
vée égale  à  4,'"^,  ce  qui  les  identifie  avec  le  rutile. 

»  lîulite  aciculaire.  —  Un  mélange  de  titanaleet  de  fluotitanate,  obtenu  en 
fondant  ensemble  de  l'acide  titanique  pur  et  du  fluorure  de  potassium,  sou- 
mis au  rouge  vif  à  l'action  de  l'acide  chlorhydrique,  fournit  des  cristaux 
prismatiques  isolés,  terminés  par  de  beaux  |)ointeaients  octaédriques.  Au- 
cun de  ces  prismes  ne  présente  plus  de  quatre  faces;  ces  faces,  très-planes 
dans  le  voisinage  des  arêtes  du  prisme  ou  du  pointenient,  réfléchissent  un 
peu  irréguHèreuient  la  lumière  sur  les  autres  points  de  leur  surface.  Ces  cris- 
taux ressemblent,  par  leur  forme  cl  leur  couleur  d'un  jaune  d'or,  au  rutile 
aciculaire  enfermé  dans  les  cristaux  de  quartz  de  Madagascar.  La  densité 
de  ces  cristaux  est  f\,i6.  La  comparaison  suivante  entre  l'angle  des  faces 
de  l'octaèdre^',  donné  par  j\L  Des  Cloizeaux,  et  celui  que  j'ai  mesuré,  établit 


(  '49) 
l'identité  de  ces  cristaux  avec  le  rutile  aciculaire  naturel  : 

Dus  Cluizeaiiï.  Tiouvé. 

b'b- i35°5'  rSSoiS' 

»  Quelques-uns  de  ces  prismes  sont  colorés  en  bleu  tellement  foncé,  qu'on 
les  croirait  noirs,  si  la  nuance  ne  perdait  beaucoup  de  son  intensité  près  de 
leurs  extrémités.  J'attribue  cette  coloration  au  protofluorure  de  titane  pro- 
duit par  une  réduction  accidentelle  (i).  Ces  cristaux  colorés  établissent  un 
nouveau  point  de  conlact  entre  les  cristaux  artificiels  et  naturels  de  cette 
variété,  ces  derniers  étant  souvent  aussi  gris  d'acier  sur  une  partie  ou  sur  la 
totalité  de  leur  longueur. 

»  La  petite  quantité  de  fluorure  titanique  qu'exhale  le  mélange  en  fusion, 
pendant  le  passage  du  courant  d'acitie  cblorhydrique  imparfaitement  des- 
séché, donne  naissance  à  des  prismes  rectangulaires  portant,  comme  ceux 
baignés  par  le  fluotitanate,  le  pointement  caractéristique  du  rutile  :  donc  on 
n'obtient  pas  de  brookilc  en  faisant  réagir  la  vapeur  d'eau  sur  le  fluorure 
titanique,  du  moins  au  rouge  vif. 

»  Rutile  laminaire.  —  Ij'acide  titanique  en  dissolution  dans  le  fliiosilicate 
de  potasse  cristallise  au  rouge  vif  sous  l'influence  de  l'acide  chlorhydrique, 
en  lames  à  structure  lamcllcuse,  sur  lesquelles  on  peut  mesurer  les  angles 
(le  i35  degrés  du  prisme  à  huit  pans  du  rutile;  c'est  là  le  rutile  laminaire 
qu'on  rencontre  à  New-Jersey  (États-Unis).  Ces  cristaux,  d'une  légère 
nuance  verte,  sont  pulvérisés,  traités  par  le  bisulfate  d'ammoniaque  à  une 
température  inférieure  au  rouge  dans  un  creuset  de  platine.  La  matière 
fondue  ne  renferme  point  de  silice,  l'eau  tiède  la  dissolvant  sans  résidu. 
L'acide  titanique,  précipité  de  sa  dissolution  par  l'ammoniaque,  puis  cal- 
ciné au  rouge,  n'est  pas  coloré  et  pèse  ce  que  pesaient  les  cristaux  employés. 
Cette  analyse  prouve  cpie  ces  cristaux  ne  renferment  que  de  l'acide  ti- 
tanique. 

»  Sagéiiile.  —  Un  mélange  d'acide  titanique,  de  silice,  de  fluosilicate  de 
potasse  chauffé  au  rouge  vif  dans  un  courant  d'acide  chlorhydrique,  donne 
naissance  à  une  infinité  de  petites  aiguilles  implantées  de  champ  sur  ini 
squelette  de  silice.  Ces  aiguilles,  d'un  gris  jaunâtre,  sur  lesquelles  j'ai  pu 
mesurer  des  angles  de  90  degrés,  présentent  une  analogie  incontestable  avec 
la  sagénite  de  Saussure.  L'analyse  assigne  à  ces  cristaux  la  composition  du 
rutile. 

»   I^a  sagénifc  artificielle  se  colore  en  jaune  \erdàlre  à  une  température 

(i)  P^oir  plus  loin  le  procédé  qui  permet  de  produire  à  volonté  ces  cristaux  colorés. 


(  i5o  ) 
voisine  du  ronge,  et  reprend  ;i  peu  près  sa  coloration  primitive  j)ar  le  re- 
froidissement :  c'est  là   une  propriété  de  l'acide  titaiiique  précipité  qu'on 
n'avait  pas  signalée  dans  l'acide  cristallisé. 

»  Ces  synthèses  minérales  ne  sont  pas  tontes  nouvelles,  [."acide  titanique 
a  été  obtenu  cristallisé  sous  la  forme  du  rutile  par  bien  des  mélhodes; 
mais  aucune  ne  donne  la  série  complète  des  variétés  de  cette  espèce,  ce  que 
l'action  combinée  sur  l'acide  titanique  des  fluorures  et  de  l'acide  chlorhv- 
drique  permet  de  réaliser  avec  luie  grande  facilité. 

I)  Brooliili:.  —  [/acide  chlorliydrique  conserve  au  rouge  sombre  la  remar- 
quable propriété  de  donner  des  cristaux  d'acide  litauique  en  réagissant  sur 
un  mélange  d'acide  titanique,  de  silice  et  de  fluosilicate  de  potasse,  [.'acide 
titanique  cristallisé  à  cette  température  se  présente  en  lames  transparentes 
d'une  grande  fragilité.  Ces  lames  ont  la  densité  de  la  brookite  dont  el!es  ont 
également  la  forme,  ce  qui  résidte  de  la  comparaison  suivante  entre  les 
angles  de  deux  zones  caractéristiques  donnés  par  les  auteurs  et  ceux  que 
j'ai  mesurés  dans  les  zones  correspondantes  : 

Li:vy.  Dos  C  loizeaux  Trouvé. 

/('' l4l''4l'  l4i''4o' 

/''b' i43'>57'  i43''43' 

n  On  peut,  sur  quelques  lames,  mesurer  l'angle  delà  face  A'  avec  la  face  b^  ; 
cet  angle  de  i32°3o'  n'est  pas  caractéristique,  mais  en  clivant  une  de  ces 
lames  parallèlement  aux  stries  de  la  face  h' ,  l'angle  de  la  face  M  de  clivage 

avec  la  face  b^  étant,  comme  dans  la  brookite,  de  iSq  degrés,  cette  mesure 
établit  que  les  stries  de  la  face  dominante  h'  sont  parallèles  aux  faces  M  du 
prisme  à  base  rhombe  comme  dans  l'espèce  naturelle. 

»  On  ne  trouve  pas  de  silice  dans  ces  cristaux,  que  la  densité  et  la  forme 
identifient  à  la  lirookite  lamelliforme  implantée  sur  les  roches  de  l'Oisans  et 
du  Saint-Gothard. 

»  Arkansilc.  —  [/opération  précédente  réalisée  dans  un  vase  en  charbon 
de  cornue  donne  des  cristaux  noirs  de  même  densité  que  ceux  de  la  variété 
de  brookite  appelée  arkansite.  Ces  cristaux  noirs  portent  des  faces  triangu- 

laires  /r'  et  e^  très  brillantes,  et  une  face  rectangulaire  //' fortement  striée, 
[.es  angles  suivants  établissent  l'identité  de  ces  cristaux  avec  ceux  d'ar- 
kansite  : 

Des  Cloîze.iiix.     Trouvé. 

e^  b"' i34°  i33°3o' 

h' b" i32"25'     I32O30'. 


(    i5r    ) 

»  Il  est  remarquable  que  la  fiice  e^,  la  plus  brillante  de  cette  variété  arti- 
ficielle, soit  également  la  plus  nette  dans  les  cristaux  d'aïkansite  des  États- 
Unis. 

»  On  trouve  dans  ces  cristaux  des  traces  de  fluor;  il  serait  intéressant  de 
rechercher  cet  élément  dans  l'arkansile  naturel. 

)>  La  reproduction  de  la  biookite  met  une  fois  de  plus  en  évidence  le 
parti  que  l'on  peut  tirer  de  l'acide  clilorhydrique  comme  agent  minérali- 
s.Hteur  pour  transformer  nos  produits  de  laboratoire  en  matières  minérales 
identiques  à  celles  que  l'on  rencontre  dans  la  nature  (i). 

»  Prolofluorure  de  titane.  —  Lorsqu'on  chauffe  du  fluotitanate  dépotasse 
dans  un  courant  d'hydrogène  sec,  chargé  d'une  petite  quantité  d'acide 
chlorhydrique,  le  fluorure  titanique  mis  en  liberté  passe  à  l'état  de  proto- 
fluorure de  titane,  comme  le  prouve  l'analyse  suivante  : 

Titane 56,  i  Ti     56,3 

Fluor 4"îO  FI     43i7 

Perte  en  fluor.  ...  3,q 

^  ioo,o 

ioo,o 

»  Cette  analyse  délicate  a  été  faite  en  attaquant  le  protofluorure  par  la 
potasse  caustique  et  le  nitre  dans  un  creuset  d'argent,  el  en  suivant,  |iour 
doser  le  fluor  à  l'état  de  fluorure  calcique,  les  précautions  indiquées  par 
M.  H.  Rose. 

I.  Le  prolofluorure  obtenu  à  très-haute  température  se  présente  en  cris- 
taux prismatiques  d'un  beau  violet  foncé.  Le  grand  éclat  des  pans  de  ces 
prismes  permet  de  mesurer  des  angles  de  i35  degrés  caractéristiques  du 
prisme  à  base  carrée.  Une  petite  quantité  d'acide  titanique  pouvant  être  la 
cause  de  cette  cristallisation  prismatique,  je  demanderai  à  l'Académie  la 
permission  de  revenir  un  peu  plus  tard  sur  ce  point  délicat. 

»  Rutile  aciciilaire  coloré  par  le  jirotofhiorut e  de  titane.  —  La  préparation  du 
rutile  aciculaiie  réalisée  dans  un  creuset  de  charbon,  en  maintenant  long- 
temps en  fusion  le  mélange  de  titanale  et  de  fluotitanate  avant  de  faire 
passer  le  courant  d'acide  chlorhydrique^  doiuie  des  cristaux  bleus  renfer- 
mant jusqu'à  5  pour  loo  de  fluor,  tout  en  conservant  la  densité,  l'asjX'ct 
et  le  ])oinlemcnt  du  rutile  aciculaire,  comme  le  prouve  la  mesure  suivante  : 

b'  b'  i43°43'. 

(i)  F;j;>  les  Notes  de  M  H.  Ueville,  Comptes  rendus,  t.  LU,  p.  i264;  t.  LUI,  p.  i6i 
f  '99- 


(  '5^  ) 

B  La  coloration  du  rutile  aciculaire  est  due  au  protofluorure  de  titane, 
car  ces  cristaux,  dissous  J3ar  le  bisulfate  d'ammoniaque,  donnant  un  poids 
d'acide  titanique  inférieur  au  poids  de  la  matière  employée,  ne  renferment 
point  d'oxyde  bleu  de  titane  (i). 

»  L'anatase  doit-elle  aussi  sa  coloration  à  ce  protofluorure  ou  bien  à 
l'oxyde  salin  TiO-,  Ti'O'  découvert  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  ?  Cette 
question  ne  peut  être  résolue  que  par  de  nouvelles  recherches;  cependant 
l'excellente  analyse  de  l'analase  du  Brésil,  faite  par  M.Damour,  ayant 
donné  un  poids  d'acide  titanique  inférieur  tle  près  de  i  centième  du  poids 
(le  la  matière  employée,  l'existence  du  prototluorure  de  titane  dans  l'échan- 
tillon analysé  est  bien  probable  (2). 

»  Ces  recherches  ont  été  faites  dans  "le  laboratoire  de  l'École  Normale 
supérieure,  sous  la  direction  de  mon  excellent  maître  M.  H.  Sainte-Claire 
Deville,  dont  les  conseils  m'ont  été  bien  précieux  pour  ce  travail  que  je 
poursuis  depuis  une  année.  » 

CHIMIE  MINÉRALOGIQUE    —  Sur  l'acide  vanadicjiie .   Extrait   d'une  Note    de 

il3.  Phipson. 

(Commissaires,  MM.  Fremy,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Depuis  les  expériences  de  M.  Beauvallet,  qui  a  constaté  en  iSSg  l'exis- 
tence de  petites  quantités  d'acide  vanadique  dont  l'argile  de  Gentilly  près 
Paris,  j'ai  fait  des  recherches  sur  la  quantité  d'acide  vanadique  contenue 
dans  plusieurs  substances  minérales.  J'ai  préféré,  pour  extraire  ce  corps 
des  argiles,  etc.,  employer  une  méthode  semblable  à  celle  imaginée  par 
Sefstrom.  Je  calcine  la  substance  en  poudre  fine  avec  la  moitié  environ 
de  son  poids  de  salpêtre,  et  je  fais  bouillir  le  produit  dans  de  l'eau.  L'acide 
vanadique  est  précipité  à  l'état  de  vanadate  barytique  qui  est  ensuite  con- 
verti en  vanadate  ammonique.  Pour  l'extraclion  de  l'acide  vanadique  en 
grand,  ce  procédé  peut  être  simplifié  comme  je  le  dirai  plus  loin. 

»  Dans  les  argiles,  j'ai  rencontré  ordinairement  de  l'acide  titanique 
(indiqué  déjà  par  M.  Riley)  et  de  l'acide  tantalique  (indiqué  par  M.  Terreil). 


(1)  Cette  méthode  d'analyse,  ([u'on  ne  peut  accepter  sans  le  contrôle  du  dosage  direct  du 
fluor,  donne  cependant,  en  l'appliquant  au  protofluorure  de  titane,  la  quantité  théorique 
d'acide  titanique,  soit  r)3,2  pour  100. 

(2)  Annales  de  Physique  et  de  Chimie,  3^  série,  t.  X. 


(  -53) 
J'ai  également  trouvé  ces  deux  substances  dans  ie  résidu  qu'on  obtient  en 
dissolvant  dans  l'acide  chlorliydrique  le  carbonate  de  fer  argileux. 

»  La  substance  que  j'ai  nommée  vanadiiim-ochre  (i)  contient  près  de 
2  pour  loo  d'acide  van;ulique.  C'est  une  espèce  de  limonite  rouge-pourpre,  à 
poudre  jaunâtre,  formée  de  petits  grains  durs,  solides,  réunis  par  un  ciment 
argileux  qui  m'a  donné  à  l'analyse  les  chiffres  suivants  : 

Eau  et  un  peu  de  matière  organique 12,60 

Oxyde  ferrique 57  ,5o 

Alumine 5, 00 

Acide  vanadique i  îQO 

Acide  phosphorique 1,10 

Acide  titanique Traces. 

Magnésie o ,  3o 

Chaux 0,20 

Acide  carbonique 0,24 

Sable  quartzeux 20,00 


99 '94 
»  L'acide  vanadique  me  paraît  exister  dans  ce  minerai  à  l'état  de  phos- 
phate, Vd^  Ph',  décrit  par  Berzélius,  et  j'ai  toujours  trouvé  de  l'acide 
vanadique  dans  les  minerais  de  fer  contenant  de  l'acide  phosphorique. 
Voici  maintenant  les  résultats  quantitatifs  que  j'ai  obtenus  avec  plusieurs 
substances  minérales  dans  lesquelles  l'acide  vanadique  est  accidentel  : 

Acide  vanadique 
Substance  examinée,  pour  loo. 

Argile  de  Londres  (Londres) o,023 

Argile  de  Londres  (Londres) o,o56 

Gault  de  Sussex. .  , 0,046 

Gault  de  Sussex 0,070 

Argile  blanche  (Ypres,  Belgique).  .  .  o,o33 

Oligiste  micacé  (Anglet.) o,4o  (beaucoup  d'acide  phosphorique). 

Hématite  rouge  (Anglet.) 0,92         Id.  Id. 

Vanadium-ochre  (Saxe) i  ,62  Id.  Id. 

Vanadium-ochre  (Saxe) i  ,go  Id.  Id. 

Plusieurs  argiles  et  oxydes  de  fer.  . .  Quantité  indéterminée. 

»  Poiu-  préparer  l'acide  vanadique  sur  une  grande  échelle  au  moyen 
de  plusieurs  de   ces  substances,  notamment  la  limonite   vanadifére  et  le 

(r)  Journal  de  la  Société  Chimique  de  Londres;  i863,  p.  244- 

C.  R.,  i863.  a"!»  Semestre.  (T.  LVII,  N°  3.)  21 


(  >54  ) 
pechblende,  on  Iraife  le  minerai  en  poudre  fine  par  la  moitié  on  le  quart 
de  son  poids  de  salpêtre,  on  fait  bouillir  la  masse  calcinée  daus  une  petite 
quantité  d'eau,  on  filtre.  Si  le  volume  de  liqueur  est  trop  grand,  on  le  réduit 
par  évaporation.  On  sature  alors  ce  liquide  avec  du  chlorure  amnioniqne 
et  on  laisse  reposer  vingt-quatre  à  trente-six  heures  :  l'acide  vanadiquc  se 
sépare  à  l'état  de  vanadate  ammoniqiie.  Pour  avoir  ce  produit  chimique- 
ment pur,  il  taut  suivre  le  procédé  analytique  ordinaire.  Le  vanadate  ammo- 
nique  calciné  avec  précaution,  et  au  contact  de  l'air,  donne  l'acide  vana- 
dique.  Le  chlorure  animonique  dans  !a  liqueui-  d'où  l'acide  vanadique  a  été 
séparé  peut  être  utilisé  de  nouveau.    » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Nouveau  mode  de  rept oduclion ,  à  l'aide  de  In  liiinière, 
de  toute  espèce  de  dessins,  cjravés^  imprimés,  photographiés,  etc.  Extrait 
d'une  Note  de  M.  Monv.4N. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Fizean.) 

«  ...  Mon  procédé,  simple,  prompt  et  facile,  peut  être  exposé  en  peu  de 
mots.  Sur  une  pierre  à  lithogra|)hier,  préalablement  enduite,  dans  un  lieu 
obscur,  d'un  vernis  com[)osé  d'albumine  et  de  bichromate  d'ammoniaque, 
je  place  le  recto  de  l'image  à  reproduire,  que  cette  image  soit  sur  verre,  siu- 
toile  ou  sur  papier  (celui  de  Saxe  est  naturellement  préférable,  mais  tout 
autre,  ayant  quelque  transparence,  suffit  à  l'opération).  Cela  fait,  j'expose 
ma  pierre  à  l'action  de  la  lumière,  de  '5o  secondes  à  2  ou  3  minutes  seule- 
ment, si  elle  est  au  soleil;  de  10  à  aS  minutes  au  plus,  si  elle  est  à  l'ombre. 
Au  bout  de  ce  peu  de  temps,  j'enlève  l'image  et  je  lave  ma  pierre,  d'abord 
à  l'eau  de  savon,  puis  à  l'eau  pure,  et  immédiatement  je  l'encre  avec  le 
rouleau  d"inq)rimerie.  Le  dessin  est  déjà  fixé,  car  l'image  commence  à 
se  révéler  en  noir  sur  fond  blanc.  Alors  je  gomme,  je  laisse  sécher  quelques 
minutes,  et  l'opération  est  terminée;  on  peut  mettre  sous  presse  et  tirer.... 

»  On  couiprend  que  la  hnnière  a  fixé  le  vernis  et  l'a  rendu  insoluble, 
partout  où  elle  a  frappé;  mais  qu'au  contraire  toutes  les  parties  de  la  pierre 
ombragées  par  l'image  sont  restées  solubles,  conséquemment  attaquables 
par  la  soude  et  par  l'acide,  outre  qu'elles  retiennent  la  substance  du  savon  : 
l'action  produite  ici  sur  la  pierre  tient  à  la  fois  delà  graviu'e  et  de  la  litho- 
graphie. 

»  Quant  aux  avantages  du  procédé,  on  jm'uI  les  résiuncr  ainsi  :  simplicité 
et  rapidité  de  l'opération;  exactitude  de  la  reproduction  ;  aucun  besoin  de 
clichés  nécjatijs  sur  verre  ou  sur  papier  :  le  moiMAe  positij  est  ohtçini  positif  ; 


(  i55  ) 
conservation  absolument  intacte  et  immaculée  du  modèle;  solidité  au  moins 
égale  ;'i  celle  de  la  gravure   sur  pierre    proprement   dite;   enfin   extrême 
économie  du  procédé,  à  raison  du  bas  prix  des  substances  employées. 

»  Je  serais  heureux  que  l'Académie  des  Sciences  voulût  bien  inviter 
quelques-uns  de  ses  Membres  à  assister  aux  expériences  que  j'offre  défaire 
sous  leurs  yeux. 

»  Je  joinsà  la  présente  communi:Mtion  quelques-unes  de-  épreuves  tirées 
dans  ces  derniers  jours.   » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Dosarje  de  l'aride  rnrbotmfue  de  l'rnr.   Extrait  d'une 

Note  de  M.  Mène. 
(Commissaires,  MM.  Payen,  Boussingault,  Pelouze.) 
«  Les  tableaux  que  j'ai  l'honneur  de  transmettre  à  l'Académie,  dit  l'au- 
teur dans  la  Lettre  d'envoi,  présentent  le  relevé  de  tous  les  dosages  de 
l'acide  carbonique  de  l'air  que  j'ai  faits  depuis  le  mois  de  juillet  1862.  J'ose 
espérer  que  ce  travail  sera  utile,  tant  pour  les  questions  d'hvgiène  que  pour 
la  physiologie  végétale.  Comme  je  poursuis  à  mon  laboratoire  les  mêmes 
études  pendant  cette  année  encore,  j'espère  que  des  conclusions  sérieuses 
pourront  en  résulter.  La  méthode  que  j'ai  employée  pour  mes  analyses  a 
été  présentée  à  l'Académie  des  Sciences  dans  sa  séance  du  24  mars  1862,  je 
n'ai  donc  pas  à  y  revenir.  Pour  le  calcul,  je  ferai  remarquer  que  je  n'ai  pas 
tenu  compte  de  l'état  de  l'almosphère,  ni  des  températures  ou  pressions 
barométriques,  etc.;  tout  a  été  calculé  en  moyennes.... 

»  En  considérant  ces  tableaux  qui  représentent  les  observations  de  treize 
mois,  on  est  conduit  à  reconnaître  : 

»  1°  Que  pendant  toute  une  année  l'acide  carbonique  n'existe  pas  dans 
l'atmosphère  en  même  quantité; 

)>  2°  Que  pendant  les  mois  de  décembre  et  janvier,  l'acide  carbonique 
est  à  peu  près  en  égale  quantité;  que  ce  gaz  augmente  en  février,  mars, 
avril  et  mai,  pour  diminuer  de  juin  à  août;  qu'il  y  a  ensuite  une  augmen- 
tation de  septembre  à  novembre,  pendant  laquelle,  au  mois  d'octobre,  est 
atteint  le  maximum  de  l'année; 

»  3"  Que  pendant  la  nuit  il  y  a  toujours  plus  d'acide  carbonique  que  le 
jour; 

1)  /)"  Il  paraîtrait  exister  une  légère  oscillation  de  gaz  acide  carbonique 
pendant  le  jour  :  ce  serait  vers  midi  que  l'on  remarquerait  une  petite 
augmentation; 

»   5°  Enfin,  qu'après  luie  pluie  l'acide  carbonique  se  trouve  presque  tou- 

21. 


(  i56  ) 
jours  en  plus  grande  quantité  dans  l'atmosphère  qu'avant  la  tombée  de 

l'eau. 

»  Je  rappellerai  qu'en  i85i,  à  la  Société  d'Agriculture  de  Paris,  j'avais 
déjà  remarqué  quelques-uns  de  ces  résultats  qui  sont  consignés  au  Bulletin 
des  séances,  t.  Yll,  2' série,  i85i-i852.   » 

M.  Ghersi  (John)  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  ouvrage  manu- 
scrit sur  un  nouveau  système  de  navigation,  et  un  Mémoire  également  ma- 
nuscrit sur  un  cjonvernail  de  proue  de  son  invention.  Ces  deux  travaux,  qui 
sont  écrits  en  anglais  et  accompagnés  de  nombreuses  figures,  seront  exami- 
nés par  une  Commission  composée  de  MM.  Duperrey,  de  Tessan  et  Paris. 

M.  VioLAND  adresse  de  Colmar  un  Mémoire  «  sur  l'arnica  et  sur  ses 
propriétés  physiologiques  et  thérapeutiques  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bussy.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Foley,  une 
«  Étude  sur  le  travail  de  l'homme  dans  l'air  comprimé  »,  ouvrage  destiné 
au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

«  En  étudiant,  dit  l'auteur,  les  maux  de  l'homme  soumis  à  de  trop  brus- 
ques variations  barométriques,  j'ai  pensé  aux  animaux  qui  supportent  sans 
en  souffrir  de  grandes  différences  de  pression  quand  ils  se  déplacent  dans 
le  sens  vertical,  et  j'ai  cru  pouvoir  attribuer  cette  précieuse  faculté  chez  les 
uns  à  des  sacs  aériens,  chez  les  autres  à  une  vessie  natatoire,  chez  ceux-ci 
à  des  modifications  pulmonaires,  chez  ceux-là  enfin  à  des  poches  à  gaz, 
supposant  ainsi,  comme  on  le  voit,  à  certains  organes  des  usages  qu'à  ma 
connaissance  on  ne  leur  avait  pas  encore  attribués.   >> 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de 

Chirurgie.  ) 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente  encore,  au  nom  de  M.  Parlalore, 
un  opuscule  intitulé  :  «  Considérations  sur  la  méthode  naturelle  en  Bota- 
nique ». 

—  Et  au  nom  de  M.  Bonjcan,  un  ouvrage  ayant  pour  titre  :  «  La  Savoie 
agricole,  mdustrielle  et  manufacturière  ;  suivi  d'une  Notice  sur  la  percée 
du  mont  Cenis  ». 


(  '57) 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  de  la  Correspon- 
dance, les  deux  ouvrages  suivants  : 

«    i"  Le  Baron  Larrey,  par  le  Général  Baron  Joacli.  Amberl  ». 
«   2°  De  l'inoculation  delà  péripneumouie  de  l'espèce  bovine,  envisagée 
au  point  de  vue  scientifique,  par  le  D'  L.  ïJ'itlems  ». 

M.  Barral,  qui,  en  présentant  dans  une  précédente  séance  une  «  Étude 
analytique  sur  le  blé,  la  farine  et  le  pain  »,  avait  exprimé  le  désir  d'être 
compris  dans  le  nombre  des  candidats  pour  la  place  vacante  dans  la  Section 
d'Économie  rurale,  par  suite  du  décès  de  M.  de  Gasparin,  présente  aujour- 
d'hui un  travail  imprimé  sur  le  même  sujet,  et  demande  que  cet  ouvrage 
soit  renvoyé  à  la  Section  d'Économie  rurale. 

GÉOLOGIE.  —  Extrait  d'une  Lettre  adressée  à  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville 
par  M.  A.  LoNGOBARDO,  agent  consulaire  de  France  à  Catane. 

«  Catane,  le  8  juillet  i863. 

»  Depuis  le  mois  de  mai,  l'Etna  nous  a  fait  entendre  des  détonations;  le 
cratère  a  subi  de  grands  changements  par  de  très-sensibles  échancrures; 
des  flammes  ont  quelquefois  illuminé  le  cratère.  Hier,  dans  l'après-midi,  à 
de  fortes  détonations  a  succédé  une  pluie  de  cendres  cjui  a  duré  peu,  mais 
qui  a  fini  par  couvrir  entièrement  d'une  légère  couche  toute  notre  ville.  Ce 
matin,  le  bruit  court  (sans  que  je  puisse  vous  en  garantir  l'exactitude)  que 
l'Etna  a  fait  éruption  du  côté  septentrional,  à  la  partie  supérieure  de  son 
sommet,  entre  Broute  et  Maletto.  Ce  que  je  puis  assurer,  c'est  que,  ce 
matin,  le  grand  cratère  lançait  des  colonnes  de  fumée  et  de  vapeur,  et  que, 
hier  au  soir,  on  voyait  la  réverbération  de  ce  nouvel  incendie. 

)•  J'ai  cru  vous  être  agréable  en  vous  faisant  connaître,  sans  perdre  un 
instant,  ce  que  j'ai  observé  moi-même.   » 

MICROGRAPHIE.  —  Sur  l'organisation  et  la  nature  des  Psorospermies ; 

par  M.   Balbiam. 

«  Il  règne  encore  une  grande  obscurité  sur  la  nature  des  productions 
singulières  découvertes  par  J.  Millier  sur  divers  Poissons  d'eau  douce  et 
désignées  sous  le  nom  de  Psorospermies.  Néanmoins  tous  les  observateurs 
s'accordent  à  les  placer  dans  le  règne  animal,  soit  qu'ils  les  décrivent  comme 
une  classe  particulière  de  parasites,  ou  qu'à  l'exemple  de  MM.  Leydig  et 
Lieberkùhn  ils  les  fassent  entrer  dans  le  groupe  des  Grégarines. 


(  '58  ) 
»  Mes  observations  personnelles  m'ont  conduit  a  une  conclusion  diffé- 
rente. Je  me  propose  en  effet  de  montrer  que  tous  tes  caractères  des  Psoro- 
sponnies  sont  ceux  de  véritables  végétaux,  et  que  si  Ton  a  méconnu  jiis- 
quici  leur  nature  réelle,  c'est  qu'on  n'avait  qu'une  notion  insuffisaiite  des 
conditions  d'organisation  et  de  vie  de  ces  êtres.  Dans  cette  Note  je  parlerai 
de  l'organisation  dos  Psorospermies  ;  je  traiterai  des  pbénomènes  de  leur 
dévelopiiement  dans  une  autre  communication. 

»  Les  Psorospermies  sont  des  corpuscules  microscopiques  transparenls 
(l«nt  la  foiine  et.  le  vohiiae  varient  presque  autant  que  les  différentes 
espèces  de  Poissons  chez  lesquelles  &n  les,  rencontre.  Leur  forme  est  tantôt 
presque  complètement  globuleuse,  tantôt  plus  ou  moins  déprimée,  lenticti/- 
laire  ou  ovale,  d'autres  fois  enfin  plus  ou  moins  allongée,  cylindrique  ou 
fusiforme.  Ordinairement  l'une  des  extrémités  est  plus  atténuée  que  l'autre 
ou  se  termine  par  une  véritable  pointe,  tandis  que  le  bout  opposé  est  plus 
ou  moins  obtus  et  arrondi.  Quelquefois  ce  bout;  se  prolonge  en  rme  sorte 
de  queue  simple  ou  bifurquée;  nous  verrons  plus  loin  comment  on  doit 
expliquer  la  présence  de  cet  appendice.  Quant  à  leur  volume,  il  dépasse 
souvent  à  peine  celui  des  globules  rouges  du  sang  chez  la  plupart  des 
Poissons. 

»  Quelles  que  soient  les  variations  que  l'on  remarque  dans  leur  confor- 
mation extérieure,  ces  corpuscules  se  composent  toujours  d'tme  enveloppe 
ou  coque  résistante  et  d'une  cavité  renfermant  différents  organes  dans  son 
intérieur.  La  coque  est  formée  de  deux  valves  concaves  qui  s'appliquent 
exactement  par  leurs  bords  comme  les  deux  moitiés  d'une  coquille  de  noix. 
Ces  valves  sont  sans  structure  appréciable  et  laissent  facilement  apercevoir 
les  parties  contenues  dans  leur  intérieur.  Les  alcalis  caustiques,  les  acides 
minéraux  déterminent  après  un  temps  variable  leur  séparation,  mais  ne 
parviennent  point  à  les  dissoudre,  même  après  un  contact  prolongé  à  chaud 
ou  à  froid,  tandis  que  les  parties  contenues  sont  plus  ou  moins  rapidement 
dissoutes  par  ces  agents.   La  déhiscence  de  la  coque  par  l'écartement  des 
valves  se  fait  aussi  d'une  manière  spontanée  au  moment  de   la  reproduc- 
tion, pour  laisser  échapper  les  organes  propagateurs.  Chaque  valve  est  en- 
tourée à  sa  circonférence  d'un  anneau  élastique  formé  de  deux  pièces  qui 
s'articulent  sur  la  ligne  médiane  et  se  terminent  par  des  prolongements  fili- 
formes plus  ou  moins  nombreux.  Dans  les  circonstances  ordinaires  ces  fila- 
ments sont  peu  visibles  et  restent  appliqués  contre  le  bord  de  la  valve; 
mais  au  temps  de  la  reproduction  ils  s'en  écartent,  grossissent  en  s'allon- 
geant  cl  se  portent  dans  différentes  directions.  Ces  filaments,  comme  nous 


(  '59) 
le  verrons  en  traitant  du  développement,  sont  de  véritables  organes  de  coii- 
jugaison  à  l'aide  desquels  deux  Psorospermies  voisines  s'entourent  muiael- 
lement,  se  fixent  solidement  l'une  à  l'antre  et  se  maintiennent  en  contact 
pendant  toute  la  dnrée  des  phénomènes  de  propagation.  Chez  quelques 
Midividus,  ces  filaments,  au  lieu  de  se  replier  le  long  des  bords  des  valves, 
s'étendent  dans  la  direction  de  l'axe  du  corps,  et,  en  se  réunissant  dans  une 
longueur  variable,  constitnent  le  prolongement  catidal  simple  et  divisé  que 
Millier  et  d'autres  observateurs  ont  décrit  comme  un  caractère  particulier 
<le  certaines  Psorospermies. 

»  Ij'inlérieur  de  la  cavité  de  la  coque  présente  sur  l'une  de  ses  extrémités 
<]eux  petits  organes  vésiculeux,  brillants,  pyriformes  ou  plus  ou  moins  el- 
liptiques et  allongés,  qui  convergent  symétriquement  vers  la  pointe  du  cor- 
puscule à  laquelle  ils  adhèrent  par  leur  extrémité  effdée  ou  col,  tandis  que 
par  leur  fond  terminé  en  cul-de-sac  ils  divergent  plus  ou  moins  e!  regardent 
vers  l'intérieur  de  la  cavité.  Au  point  où  ces  vésicules  viennent  se  réunir, 
la  coque  du  Psorosperme  est  percée  d'un  petit  orifice  qui  fait  communiquer 
sa  cavité  avec  l'extérieur.  Chaque  vésicule  est  formée  elle-même  d  une 
paroi  assez  épaisse,  finement  granuleuse,  et  d'une  cavité  que  remplit  entiè- 
rement un  filament  roulé  en  spirale.  Ordinairement  on  ne  parvient  à  aper- 
cevoir ce  filament  qu'après  avoir  comprimé  la  vésicule  qui  le  contient, 
mais  on  le  met  plus  aisément  en  évidence  en  employant  une  solution  assez 
concentrée  de  potasse  ou  de  soude  caustique.  Sous  l'influence  de  ces  réac- 
tifs, l'on  voit  en  effet  presque  imnîédiatement  ap|)araitre  à  l'un  des  pôles 
(lu  corpuscule  deux  flagelliuns  plus  ou  moins  droits  ou  flexueux,  qui  ne 
sont  autre  chose  que  les  filaments  priinitivement  contenus  dans  les  vésicules 
et  que  l'action  de  l'alcali  a  fait  subitement  saillir  hors  de  celles-ci  en  se 
déroulant  et  apparaître  à  l'extérieur.  Dans  ces  conditions  on  remarque  que 
les  filaments  traversent  le  [)etit  orifice  dont  est  percé  le  sommet  de  la  coque 
et  qu'il  adhère  encore  par  sa  base  au  col  de  la  vésicule  restée  en  place.  La 
longueur  des  filaments  déroulés  dépasse  souvent  trois  ou  cjuatre  fois  celle 
du  Psorosperme  tout  entier  et  atteint  même,  dans  certaines  espèces,  jusqu'à 
huit  on  dix  fois  cette  dernière.  Ils  s'effilent  graduellement  à  partir  de  la  base 
et  se  terminent  par  une  pointe  allongée  que  l'on  a  souvent  beaucoup  de 
peine  à  apercevoir  à  cause  de  son  extrême  ténuité.  Je  suis  très-porté  à  croire, 
comme  on  le  verra  quand  je  traiterai  des  phénomènes  du  développement, 
que  les  filaments  en  question  remplissent  chez  les  Psorospermies  un  rôle 
analogue  à  celui  des  anthérozoïdes  des  autres  Cryptogames.  Indépendam- 
ment des  vésicules  que  je  viens  de  décrire,  on  remarque  dans  la  cavité  des 


{  '6o  ) 
Psorospermies  un  nombre  variable  de  très-pelits  globules  brillants  et  ho- 
mogènes disposés  souvent  d'une  manière  symétrique  autour  des  vésicules 
précédentes.  Ces  globules  ne  sont  antre  chose  que  des  organes  de  même 
nature  que  ces  dernières,  mais  restés  à  un  état  rudimenfaire  et  destinés  seu- 
lement à  atteindre  leur  développement  complet  au  moment  de  la  reproduc- 
tion. L'on  voit  en  effet  à  cette  époque  chaque  Psorosperme  renfermer  trois, 
quatre,  et  quelquefois  même  jusqu'à  liuit  vésicules  offrant  tous  les  caractères 
j)récédemment  décrits. 

Le  reste  de  la  cavité  du  Psorosperme  est  rempli  par  une  substance  gluti- 
lineuse  et  homogène  que  sa  feible  réfringence  rend  souvent  difficile  à  dis- 
tinguer, mais  que  l'action  des  réactifs  met  aisément  en  évidence  en  la  dé- 
tachant des  parois  de  la  cavité  et  en  la  concentrant  vers  le  milieu  de  celle- 
ci  sous  la  forme  d'un  gros  no\an  ou  globule  de  sarcode.  Le  même  effet  se 
produit  spontanément  au  moment  de  la  propagation,  et  l'on  voit  alors  ce 
globule,  devenu  une  véritable  spore,  se  dégager  peu  à  peu,  à  l'aide  de  mou- 
vements de  contraction  lents,  des  valves  qui  le  tenaient  emprisonné  et  se 
mouvoir  à  la  manière  des  Amibes  à  travers  les  organes  et  les  tissus  avant  de 
reproduire  de  nouvelles  générations  de  Psorospermes. 

»  On  trouve  ces  parasites  dans  tous  les  organes  des  Poissons,  où  ils  forment 
des  amas  plus  ou  moins  volumineux.  Il  n'y  a  guère  que  les  muscles  du  tronc 
et  les  centres  nerveux  où  je  n'ai  pas  encore  réussi  à  les  découvrii-.  Cepen- 
dant la  rate  et  les  reins  paraissent  être  leur  siège  de  prédilection.  Ils  suivent 
ordinairement  dans  leur  développement  le  trajet  des  ramifications  artérielles, 
logés  dans  des  follicules  formés  aux  dépens  de  la  gaîne  celluleuse  des  artères. 
Chez  certains  Cyprins,  tels  que  la  Tanche,  on  les  rencontre  fréquemment 
aussi  dans  la  vessie  natatoire  où  leur  présence  détermine  la  formation  de 
tumeurs  d'un  volume  souvent  considérable,  d'ini  blanc  jaunâtre,  à  surface 
mamelonnée  et  dont  les  parois  sont  formées  par  un  dédoublement  de  la 
membrane  vésicale  hypertrophiée  et  épaissie.  Il  est  remarquable  que  ces 
tumeurs  siègent  constamment  sur  la  portion  antérieure  ou  courte  portion 
de  la  vessie  natatoire,  recouvertes  par  la  capsule  fibreuse,  molle  et  fai- 
blement adhérente  qui  enveloppe  cette  partie  de  l'organe.  Chez  un 
grand  nombre  de  Tanches  qui  ont  été  ouvertes,  soit  par  mon  collègue 
M.  A.  jMoreau,  dans  le  cours  des  recherches  qu'il  poursuit  depuis  un  temps 
assez  long  sur  la  vessie  aérienne  des  Poissons,  soit  par  moi-même,  nous 
n'avons  jamais  observé  cette  altération  siégeant  sur  la  portion  postérieure 
ou  longue  portion  de  la  vessie.  Chez  plusieurs  de  ces  animaux,  ces  parasites 
s'étaient  développés  en  si  prodigieuse  abondance,  que  tous  les  organes  es- 


(  '6.  ) 
sentiels  à  la  vie  en  étaient  littéralement  farcis  et  qu'il  en  était  résulté  nn 
véritable  état  cachectique  de  ces  Poissons,  caractérisé  par  la  décoloration 
générale  de  leurs  tissus  et  une  diminution  considérable  des  globules  san- 
guins rouges  coïncidant  avec  une  multiplication  extrême  des  globules 
blancs.   >> 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  l'orcine.  Note  de  M.  V.  De  Luynes, 

présentée  par  M,  Dumas. 

«  L'orcine  a  été  découverte  en  1829,  par  Robiquet,  qui  a  fait  connaître 
en  même  temps  quelques-unes  de  ses  propriétés.  Elle  a  été  ensuite  l'objet 
de  travaux  remarquables  de  MM.  Dumas,  Scliunck,  Stenhouse,  Gerhardt, 
Laurent,  Strecker,  etc. 

»  Si  l'orcine,  après  avoir  été  étudiée  par  des  chimistes  aussi  illustres, 
nous  ottre  encore  quelques  lacunes  dans  son  histoire,  cela  doit  être  attribué 
surtout  à  la  rareté  de  cette  substance  et  à  son  prix  élevé,  comme  le  décla- 
rent du  reste  quelques-uns  des  auteurs  que  je  viens  de  citer. 

»  J'ai  donc  di"i  me  préoccuper  tout  d'abord  de  la  préparation  de  l'orcine; 
et  je  suis  parvenu,  en  décomposant  l'acide  érythrique  par  la  chaux  sous 
pression  à  1 5o  degrés,  à  me  procurer  l'orcine  dans  des  conditions  où  toute  la 
dépense  se  réduit,  pour  ainsi  dire,  au  prix  du  lichen  dont  on  l'extrait;  de 
sorte  que,  dès  à  présent,  l'orcine  peut  être  considérée  comme  appelée  à  de- 
venir un  produit  industriel,  du  jour  où  l'on  trouvera  qu'il  est  avantageux 
de  l'employer  dans  les  arts. 

»  Plusieurs  hypothèses  ont  été  faites  sur  la  nature  chimique  de  l'orcine. 
La  plupart  des  chimistes  la  considèrent  comme  une  substance  neutre;  Lau- 
rent et  Gerhardt  font  remarquer  que,  par  sa  formule  C'*H'0',  elle  pour- 
rait être  une  isomère  de  la  saligénine,  et  se  rattacherait  peut-être,  par 
quelque  métamorphose,  à  la  série  salicylique;  M.  Rosing  observe  que 
l'orcine  se  rapproche  beaucoup  de  l'acide  pyrogallique,  tant  par  les  réac- 
tions qu'elle  est  susceptible  de  produire,  que  par  son  mode  de  génération. 
Enfin,  M.  Berthelot  dit  que  l'orcine  semble  devoir  être  classée,  soit  parmi  les 
alcools  diatomiques,  soit  plutôt  dans  un  groupe  particulier  de  corps  qu'il 
désigne  sous  le  nom  générique  de  phénols,  dont  ferait  également  partie 
l'acide  pyrogallique,  et  dont  l'acide  phénique  serait  le  terme  caractéristique. 

»  Les  essais  que  j'ai  faits  jusqu'à  présent,  pour  rattacher  l'orcine  à  la 
série  salicylique,  ne  m'ont  donné  aucun  résultat  satisfaisant  ;  je  n'ai  pas  été 

C.  R.,  i863,  ï"'<:  Semestre.  (T.  LVII,  N»  3.)  22 


(  -G^  ) 
plus  heureux  en  sounietlant  l'orcine  aux  réactions  caractéristiques  des  al- 
cools. J'ai  étudié  alors  ses  propriétés  comparativement  à  celles  de  l'acide 
phénique  et  de  l'acide  pyrogallique.  Ce  sont  les  premiers  résultats  de  ces 
études  que  j'ai  Thonneur  de  présenter  à  l'Académie. 

))  Si  l'orcine  est  neutre  aux  papiers  réactifs,  il  faut  néanmoins  recon- 
naître que,  dans  certains  cas,  elle  paraît  se  comporter  comme  un  acide;  en 
effet,  lorsqu'on  projette  du  carbonate  de  soude  desséché  dans  de  l'orcine 
fondue,  il  se  produit  un  dégagement  d'acide  carbonique. 

1)  Lorsqu'on  verse  une  solution  aqueuse  d'orcine  dans  une  dissolution  de 
silicate  de  soude,  la  silice  est  précipitée;  on  peut  même  faire  cette  expé- 
rience d'une  manière  plus  curieuse,  en  plaçant  un  cristal  d'orcine  dans  une 
solution  bouillante  de  silicate  de  soude.  L'orcine  ne  paraît  pas  se  dissoudre  ; 
mais  si  l'on  examine  ensuite  le  cristal,  on  voit  que  l'orcine  a  disparu,  et 
qu'elle  a  été  remplacée  par  de  la  silice  gélatineuse. 

»  Cette  tendance  acide  est  conforme  aux  faits  antérieurement  connus; 
on  sait,  en  effet,  que  l'orcine  forme  avec  l'oxyde  de  plomb  une  combinaison 
définie  découverte  et  analysée  par  M.  Dumas. 

»  L'orcine  précipite  les  solutions  de  certaines  bases  organiques.  Si  l'on 
verse  une  solution  aqueuse  concentrée  d'orcine  dans  une  solution  concen- 
trée et  légèrement  acide  de  sulfate  de  quinine,  on  voit  la  liqueur  se  trou- 
bler ;  au  bout  de  quelques  instants,  il  se  rassemble  au  fond  du  vase  une 
matière  huileuse  qu'on  lave  avec  un  peu  d'eau  ;  cette  matière  devient  solide 
par  son  exposition  à  l'air  sec  ;  elle  renferme  de  l'orcine  et  de  la  quinine. 

»  Le  sulfate  de  cinchonine  agit  sur  l'orcine  de  la  même  manière. 

»  Dans  les  mêmes  circonstances  l'acide  pyrogallique  donne,  avec  le  sul- 
fate de  quinine,  un  précipité  jaune  cristallisé. 

M  Le  chlore  attaque  l'orcine  et  la  transforme  en  un  produit  chloré,  dé- 
couvert par  Schunck  et  étudié  depuis  par  Stenhousc  ;  mais  il  se  forme  en 
même  temps  une  matière  résinoïde  qui  empêche  la  purification  de  cette 
substance,  de  sorte  que  sa  composition  n'a  pu  être  déterminée.  J'ai  préparé 
cette  matière  à  l'état  de  pureté  en  attaquant  l'orcine  par  un  mélange  de 
chlorate  de  potasse  et  d'acide  chlorhydrique;  l'analyse  conduit  à  la  for- 
mule C'Il^CPO*;  c'est  donc  de  l'orcine  trichlorée  analogue  à  l'orcine 
tribromée  de  Laurent  et  Gerhardt. 

»  H  n'est  pas  inutile  de  faire  remarquer  que,  dans  les  mêmes  circon- 
stances, l'acide  phénique  donne  de  l'acide  phénique  trichloré. 

»  Lorsqu'on  verse  de  l'acide  azotique  monohydraté  sur  l'orcine,  elle 


(  i63  ) 
prend  feu  ;  si  au  contraire  on  projette  peu  à  peu  l'orcine  dans  l'acide  fumant 
refroidi,  elle  se  dissout  sans  dégagement  de  vapeurs  nitreuses.  L'eau  préci- 
pite une  matière  rouge  soiuble  dans  les  alcalis. 

»  En  étudiant  d'une  manière  méthodique  l'action  de  l'acide  azotique  à 
différents  états  de  concentration  sur  l'orcine,  j'ai  été  conduit  à  des  résultats 
intéressants,  au  point  de  vue  des  matières  colorantes  qu'on  peut  en  dériver. 

»  Jusqu'à  présent  ces  matières  ont  toujours  été  obtenues  en  soumettant 
les  lichens  eux-mêmes,  ou  les  principes  colorables  qu'ils  renferment,  à  l'ac- 
tion simultanée  de  l'air  et  de  l'ammoniaque.  C'est  ainsi  que  Robiquet  a 
transformé  l'orcine  en  matière  colorante,  en  la  plaçant  sous  une  cloche  à 
côté  d'un  vase  contenant  une  solution  ammoniacale.  C'est  aussi  parce  pro- 
cédé que  M.  Dumas  a  préparé  l'orcéine,  dont  il  a  déterminé  les  propriétés 
et  la  composition.  On  peut  encore  exposer  à  l'air  une  solution  d'orcine 
dans  l'ammoniaque  ;  au  bout  de  deux  ou  trois  jours  la  liqueur  se  prend  en 
une  masse  violette. 

»  Si  dans  l'expérience  de  M.  Dumas  on  remplace  l'ammoniaque  par  de 
l'acide  azotique  ordinaire,  ou  mieux  par  de  l'acide  à  l\o  degrés,  de  ma- 
nière à  exposer  l'orcine,  à  la  température  ordinaire,  à  l'action  lente  des 
vapeurs  d'acide  azotique,  on  remarque  que  la  surface  de  l'orcine  brunit  peu 
à  peu  ;  au  bout  de  quelques  jours  les  cristaux  paraissent  rouges  dans  toute 
leur  masse.  L'orcine  est  alors  transformée  en  une  matière  colorante  qui 
par  ses  propriétés  paraît  différente  de  l'orcéine. 

»  Cette  matière  est  soiuble  dans  l'eau,  l'alcool  et  l'éther  ;  elle  teint  sans 
mordant  la  laine  et  la  soie  en  rouge  ;  l'ammoniaque  la  rend  violette  d  une 
manière  passagère,  les  alcalis  fixes  d'une  manière  permanente;  les  acides 
font  passer  au  rouge  clair  sa  solution  violette.  Elle  est  précipitée  de  sa  solu- 
tion aqueuse  par  le  sel  marin,  et  se  redissout  dans  l'eau  lorsque  le  sel  a  été 
entraîné  par  le  lavage. 

»  Je  suis  occupé  à  étudier  cette  matière  et  à  rechercher  si  elle  se  rattache 
aux  produits  signalés  dans  l'orseille  ou  le  tournesol,  ou  à  d'autres  substances 
colorantes.  Mais  j'ai  cru  devoir,  dès  aujourd'hui,  signaler  les  circonstances 
remarquables  dans  lesquelles  elle  j)rend  naissance. 

»  Ces  expériences  ont  été  faites  au  laboratoire  de  recherches  et  de  per- 
fectionnement de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris.   » 


•il. 


(164) 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Nouvelle  méthode  pour  jauger  les  Jluides.  Note  de 
M.  Th.  Schlœsi.xg,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Les  méthodes  qui  ont  servi  à  déterminer  les  quantités  d'eau,  de  vapeur 
et  d'air  s'écoulant  dans  un  canal  ou  par  un  orifice,  ont  toujours  reposé  sur 
des  données  et  des  expériences  purement  mécaniques,  et  personne,  je  crois, 
n'a  encore  songé  à  faire  intervenir  la  chimie  dans  de  semblables  questions. 
La  méthode  que  je  vais  indiquer  peut  donc  offrir  quelque  intérêt,  en  deliors 
de  celui  que  lui  donne  l'importante  question  du  jaugeage  des  fluides. 

»  Elle  me  paraît  très-simple  et  tout  à  fait  élémentaire.  Soit  F  la  quantité 
d'un  fluide  s'écoulant  dans  un  canal  pendant  l'unité  de  temps;  je  suppose 
l'écoulement  constant;  j'introduis  dans  le  canal  un  fluide  auxiUaire  qui  se 
mélange  intimement  avec  le  premier,  et  auquel  je  suppose  aussi  un  écou- 
lement constant  dont  je  sais  la  mesure;  soit/ la  quantité  de  ce  fluide  auxi- 
liaire écoulée  dans  l'unité  de  temps.  En  un  point  du  parcours  où  le  mélange 
est  parfait,  je  puise  un  échantillon  et  je  l'analyse.  Je  trouve  une  quantité  i|/ 

.         F        -i 

du  fluide  F,  et  une  autre  o  de/.  Il  est  évident  que  j'ai  la  proportion  -7  =  -' 

ou  F  =  ~-f.   La  détermination  de/,  c'est-à-dire  de  la  quantité  de  fluide 

auxiliaire  écoulée  dans  l'unité  de  temps,  pourra  se  faire  par  les  moyens 
connus  dont  la  précision  est  aujourd'hui  en  quelque  sorte  illimitée;  l'exac- 
titude du  JHugeage  du  fluide  ne  dépendra  donc  que  de  celle  de  l'analyse 
chimique.  Pour  rendre  celle-ci  aussi  grande  que  possible,  il  restera  à  choisir 
le  fluide  auxiliaire  parmi  les  corps  que  la  chimie  sait  doser  exactement,  lors 
même  qu'ils  sont  délayés  dans  un  très-grand  volume  d'un  autre  fluide. 

«  Au  lieu  de  prendre  pour  l'analyse  un  échantillon  unique  du  mélange 
des  fluides,  il  conviendra  d'échantillonner  continûment  pendant  toute  la 
tlurée  de  l'expérience,  et  d'analyser  la  somme  des  échantillons  successifs. 
On  s'affranchira  ainsi  de  la  condition  de  constance  de  l'écoulement  de  /, 
et  il  suffira  de  connaître  la  quantité  qui  s'en  est  débitée  du  commencement 
à  la  fin  de  l'expérience. 

»  Dans  la  plupart  des  cas,  F  a  un  ilébit  constant,  comme  je  l'ai  supposé, 
du  moins  pendant  les  quelques  minutes  que  demande  une  expérience.  Je 
citerai  pour  l'eau  :  les  déversoirs,  vannes,  moteurs  hydrauliques,  canaux, 
rivières  même;  pour  la  vapeur  :  les  chauffages;  pour  l'air  :  les  ventilateurs, 
la  ventilation  en  général,  les  cheminées,  etc. 

»   Mais  il  est  d'autres  cas  où  F  est  variable.  Alors,  pour  que  l'échantil- 


(  i65  ) 
lonnage  soit  fidèle,  il  faut  :  ou  faire  varier  /  en  même  temps  que  F,  de 
manière  que  le  rapport  entre  les  deux  fluides  soit  constant;  ou  faire  un 
échantillonnage  continu,  et  observer  un  rapport  constant  entre  le  poids  de 
mélange  des  fluides  écoulé  dans  chaque  élément  de  temps,  et  le  poids  de 
l'échantillon  correspondant  :  la  somme  des  échantillons  successifs  recueillis 
dans  ces  conditions  représentera  fidèlement  les  sommes  de  F  ety  écoulées 
pendant  l'expérience. 

»  Il  faut  remarquer  que  lorsque  F  est  variable,  il  est  en  même  temps 
presque  toujours  périodique;  exemple  :  pompes,  vapeur  alimentant  les 
machines  motrices....  Il  sera  souvent  possible  en  pareil  cas  de  transformer 
l'écoulement  variable  en  écoulement  constant  par  quelqu'un  des  moyens 
connus. 

»  La  nature  du  fluide  auxiliaire  et  le  dispositif  pour  le  répandre  et  le 
mêler  dans  le  fluide  F,  et  pour  assurer  la  fidélité  de  l'échantillonnage, 
doivent  changer  selon  la  nature  du  fluide  à  jauger  et  les  conditions  dans 
lesquelles  il  s'écoule. 

»  S'agira-t-il  de  jauger  de  l'eau,  les  chlorures  de  calcium  et  de  sodium 

paraissent  devoir  être  d'un  bon  emploi  comme  fluides  auxiliaires,  à  cause 

de  l'extrême  précision  du  dosage  du  chlore.  Exemple  :  jaugeage  de  l'eau 

passant  dans  im  moteur  hydraulique  ;  le  fluide  auxiliaire  est  une  dissolution 

de  sel  marin  contenant  1 5o  grammes  de  chlore  pour  i  kilogramme  de  liquide; 

on  en  a  dépensé  2000  kilogrammes  en  600  secondes,  durée  de  l'expérience. 

Dans  10  kilogrammes  de  l'échantillon  recueilli,  on  trouve  2  grammes  de 

chlore.  On  a  donc 

■Il      10  000  —  2      , 
i =  ^999- 

En  désignant  pary  le  chlore  écoulé  en  une  seconde,  on  a 

y  =  3oo''Xg^  =  oS5. 

En  conséquence, 
F  (eau  passée  dans  la  roue  en  une  seconde)  =  o'',  5  X  4999  —  ^^9^^  ^■ 

»  S'il  y  a  lieu  de  craindre  que  la  roue  n'ait  pas  mêlé  suffisamment  les 
deux  fluides,  on  multipliera  les  prises  d'échantillon  en  aval,  pour  suppléer, 
par  une  bonne  moyenne,  au  défaut  de  mélange. 

»  Les  eaux  courantes  contenant  du  chlore,  il  faudra  évidemment  doser 
ce  corps  dans  l'eau  naturelle,  prise  immédiatement  avant  l'expérience,  et 
dans  les  échantillons,  et  prendre,  pour  ©,  la  différence. 


(  i66) 

!■  Faudra-l-il  jauger  la  vapeur  qui  s'écoule  dans  un  tuyau,  j'aurai  recours 

à  l'ammoniaque,  corps  volatil  et  susceptible  d'un  dosage  rapide  et  exact  par 

les  liqueurs  titrées.  L'échantillonnage  sera  fait  par  un  petit  alambic  chargé 

de  condenser  les  quantités  de  vapeur  et  d'ammoniaque  qui  représenteront 

les  fluides  F  ety'. 

)i  Enfin,  s'il  s'agit  de  jauger  un  courant  gazeux,  l'acide  carbonique,  une 
vapeur  acide,  comme  celle  de  l'acide  chlorhydrique,  une  vapeur  alcaline, 
comme  celle  de  l'ammoniaque,  du  gaz  de  l'éclairage,  tous  corps  suscep- 
tibles d'un  dosage  précis,  lors  même  qu'ils  sont  étendus  dans  de  très- 
grands  volumes  d'autres  gaz,  pourront  être  employés  selon  les  cas. 

«  Je  n'ignore  pas  qu'une  méthode  générale  de  jaugeage  comme  celle 
que  je  propose  n'acquiert  une  valeur  réelle  que  lorsqu'elle  a  été  contrôlée 
par  des  expériences  variées;  aussi  ai-je  l'intention  de  profiter  des  ressources 
nombreuses  que  m'offre  à  cet  égard  le  service  des  tabacs,  auquel  je  suis 
attaché,  pour  tenter  des  expériences  sur  le  débit  des  appareils  à  vapeur,  à 
ventilation,  et  même  sur  les  moteurs  hydrauliques  employés  dans  ses  éta- 
blissements. » 

PHYSIQUE.  —  Sur  l'analogie  de  l'étincelle  d'induction  avec  toute  autre  décharge 
électrique;  par  M.  J.-M.  Seguin.  Extrait  d'une  Note  présentée  par 
M.  Pasteur. 

«  Les  faits  examinés  dans  le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à 
l'Académie  s'accordent  à  prouver  que  l'étincelle  d'induction  n'a  rien  de  plus 
singulier  que  toute  autre  décharge  électrique,  et  que  ses  propriétés  rentrent 
dans  les  lois  de  l'électricité  ordinaire. 

»  On  fait  voir  en  particulier  qu'une  foule  de  circonstances  modifient 
l'aspect  de  l'étincelle,  en  y  faisant  prédominer  soit  le  trait  de  feu,  soit  l'at- 
mosphère lumineuse;  que  la  décharge  entière  peut  même  être  réduite  à 
l'une  ou  à  l'autre  de  ces  deux  formes,  sans  que  ses  propriétés  soient  essen- 
tiellement changées. 

))  Enfin,  en  observant  l'étincelle  soit  entre  des  électrodes  différents,  soit 
dans  des  milieux  différents,  et  examinant  au  spectroscope  soit  le  trait  de  feu, 
soit  l'atmosphère  lumineuse,  on  recherche  les  substances  incandescentes 
qui  contribuent  à  ces  deux  parties  de  l'étincelle,  et  on  constate  que  l'illumi- 
nation du  gaz  traversé  par  la  décharge  est  plus  marquée  dans  le  trait  de  feu, 
tandis  que  l'éclat  de  l'auréole  dépend  davantage  de  la  présence  des  parti- 
cules enlevées  par  la  décharge  aux  électrodes.   » 


(  i67  ) 

CHIMIE  MÉTALLURGIQUE.  —  Sur  l' élimination  du  phosphore  dans  tes  fontes. 
Note  de  M.  H.  Caron,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Les  nombreuses  tentatives  que  j'ai  faites  dans  le  but  d'éliminer  le 
phosphore  des  fontes  ont  été  infructueuses  jusqu'à  ce  jour,  et  bien  plus, 
j'ai  été  à  même  de  constater  que  la  fonte  absorbe  en  grande  partie  le  phos- 
phore qui  l'environne  au  moment  de  sa  formation ,  surtout  si  les  laitiers 
sont  siliceux.  Ainsi,  ayant  traité  plusieurs  fois  des  minerais  complètement 
exempts  de  phosphore,  par  du  charbon  de  bois  additionné  de  phosphate  de 
chaux  et  de  silice,  j'ai  constamment  retrouvé  dans  la  fonte  ainsi  produite 
presque  tout  le  phosphore  que  j'avais  mis  dans  le  creuset  à  l'état  de  phos- 
phate. Voici  du  reste  les  résultats  exacts  de  mes  expériences  :  un  minerai 
de  fer  carbonate  de  Benndorf  a  été  réduit  dans  un  creuset  brasqué  par  du 
charbon  mélangé  de  phosphate  de  chaux. 

»  La  quantité  de  phosphate  de  chaux  a  été  calculée  d'après  le  rendement 
du  rainerai,  de  manière  à  pouvoir  introduire  i  pour  loo  de  phosphore  dans 
la  fonte  obtenue. 

Phosphore  pour  lOO  de  fonte. 

N"  1.  —  Réduction  avec  i5  pour  loo  de  silice o>92 

N"  2.  —  Réduction  avec  lo  pour  loo  de  silice o,8() 

N"  5.  —  Réduction  avec  5  pour  lOO  de  silice 0,87 

N°  4.  —   Réduction  sans  addition o  ,85 

N°  5.  —  Réduction  avec  5  pour  100  de  carbonate  de  chaux. .  .  0,82 

IN"  6.  —  Réduction  avec  10  pour  100  de  carbonate  de  chaux..  0,82 

»  Puisqu'il  semble  n'exister  aucun  moyen  d'enlever  aux  fontes  le  phos- 
phore qu'elles  contiennent  et  qu'en  outre  elles  ne  manquent  jamais  de 
s'allier  à  ce  corps  lorsqu'elles  le  rencontrent,  il  sera  important  d'écarter 
toutes  les,causes  qui  peuvent  contribuer  à  introduire  ce  métalloïde  nuisible 
dans  la  fabrication  des  fontes.  Parmi  ces  causes  il  en  est  une  à  laquelle  on 
attache  ordinairement  peu  d'importance,  mais  qui  cependant  me  paraît  digne 
d'examen  :  c'est  la  composition  chimique  des  combustibles  végétaux. 

»  Presque  tous  les  bois  contiennent  du  phosphore,  aussi  les  fontes  au 
bois  faites  avec  des  minerais  où  l'on  ne  rencontre  pas  traces  de  phosphore 
en  renferment  toujours  au  moins  0,2  pour  100  (i).  A  cette  dose  le  phos- 
phore n'est  pas  nuisible;  à  o,5  pour  100  il  est  encore  inoffensif,  mais  à 

\i)  Karsten. 


(  >68  ) 
0,7  pour  100  le  fer  qu'on  obtient  se  brise  déjà  par  la  percussion  bien  qu'il 
puisse  encore  être  plié  à  angle  droit. 

»  Il  sera  donc  de  la  plus  grande  importance  de  ne  jamais  employer  des 
charbons  capables  de  donner  à  la  fonte  0,7  pour  100  de  phosphore. 

»  Pour  arriver  à  ce  résultat  il  est  nécessaire  de  choisir  avec  discernement 
lo  bois  qui  doit  être  employé  à  la  réduction  du  minerai. 

»  Les  différentes  essences  de  bois  contiennent  des  quantités  différentes 
de  phosphore,  non-seulement  suivant  la  nature  du  terrain  qui  les  produit, 
mais  aussi  dans  le  même  terrain,  suivant  leur  espèce.  Berthier  [Essais  par  la 
voie  sèchent.  I,  p.  262)  a  fait  à  ce  sujet  des  analyses  connues  de  tous  les 
métallurgistes  ,  mais  sans  insister  sur  le  point  qui  m'occupe  aujourd'hui. 

))  Le  chêne  de  la  Roque-les-Arts,  par  exemple,  dont  les  cendres  con- 
tiennent 0,008  d'acide  phosphorique,  ne  pourrait  être  remplacé  comme 
réducteur  par  du  charme  de  la  Somme  ou  de  la  Nièvre,  dont  les  résidus  de 
la  combustion  renferment  jusqu'à  0,09  ou  0,10  du  même  corps.  Ces  deux 
essences  donnant  à  peu  près  la  même  quantité  de  cendres,  il  est  évident  que 
le  chêne  de  la  Roque-les-Arts,  qui  n'introduirait  au  maximum  que  o,  1 2  pour 
joo  de  phosphore  dans  la  fonte  (i),  serait  préférable  au  charme  de 
la  Nièvre  qui  pourrait  en  apporter  au  moins  i  pour  100.  I^a  quantité  de 
phosphore  absorbée  dans  le  premier  cas  serait  inoffensive,  mais  dans  le 
deuxième  cas  elle  deviendrait  incontestablement  nuisible. 

)i  Ainsi  donc,  s'il  est  indispensable,  pour  obtenir  des  fontes  de  bonne  qua- 
lité, de  choisir  avec  soin  les  minerais  à  réduire,  il  n'est  pas  moins  important 
de  s'assurer  que  le  réducteur,  c'est-à-dire  le  combustible,  n'apportera  pas 
au  métal  des  impuretés  nuisibles  qu'on  ne  pourrait  plus  enlever  ensuite.  » 

M.  Dehaut  adresse  des  remarques  sur  une  communication  récente  de 
M.  Decaisne  concernant  la  variab'd'dé  dans  l'espèce  (ht  Poirier. 

«  —  Sans  nier  cette  variabilité,  dit  M.  Dehaut,  je  crois  qu'on  ne  saurait 
en  voir  la  démonstration  dans  des  expériences  dont  les  résultats  viennent 
plutôt  confirmer  ce  que  l'on  sait  de  la  production  des  hybrides.  Le  passage 
suivant,  que  j'emprunte  à   dessein  au   travail  de   M.  Decaisne,  fournit   la 

(  I  )  Il  est  facile  d'arriver  à  connaître  le  maximum  de  phosphore  que  peut  absorber  une 
fonte  (par  le  combustible)  pendant  sa  fabrication,  si  l'on  connaît  la  quantité  de  phosphore 
contenue  dans  le  charbon  de  bois  employé  et  la  quantité  de  fonte  produite  par  un  poids 
donné  de  ce  charbon. 


(  •%  ) 

preuve  que  ses  recherches  conduisent  à  des  conclusions  tout  autres  que 
celles  qu'il  en  a  tirées  :  "  Je  suis  loin  de  nier  ici  les  croisements  et  leur  in- 
>'  fluence,  je  dis  même  que  rien  ne  me  parait  plus  vraisemblable;  il  n'est 
»  du  moins  guère  possible  d'en  douter,  lorsqu'on  voit  ce  qui  se  passe  dans 
)>  un  verger  de  poiriers  en  fleurs  où  les  abeilles,  attirées  d'une  lieue  à  la 
»  ronde,  butinent  du  matin  an  soir,  brouillant  les  pollens  de  toutes  les 
!i  variétés  et  les  disséminant  sur  des  stigmates  auxquels  la  nature  ne  les  des- 
"   tinait  pas.  » 

»  La  justesse  de  cette  observation,  poursuit  M.  Dehaut,  est  frappante, 
et  me  semble  jeter  lui  doute  sérieux  sur  tontt^  expérience  tians  laquelle 
on  ne  s'est  pas  mis  en  garde  contre  la  possd^ilité  d'ime  fécondation  étran- 
gère, soit  par  l'intermédiaire  d'insectes,  soit  même  par  le  Iranspoit  aérien 
du  pollen  d'autres  arbres.  Or, M.  Decaisne  n'a  pris  aucune  précaution  contre 
ce  genre  de  difficulté » 

«  M.  Decaisne  fait  observer  qu'il  a  discuté  dans  sa  Note  la  question  de 
l'hybridité,  et  que  c'est  précisément  parce  que  toutes  les  poires  qu'il 
a  examinées  contiennent  des  pépins  fertiles  qu'il  est  arrivé  à  conclure 
l'unité  spécifique  des  Poiriers  cultivés,  ainsi  que  le  prouve  le  paragraphe 
dont  M.  le  docteur  Dehaut  ne  donne  qu'une  partie  et  auquel  il  renvoie.    r> 

M.  Place  annonce  l'intention  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie 
un  photomètre  de  son  invention  qui  permet  de  noter  d'une  manière  absolue 
l'intensité  de  la  lumière  naturelle  ou  artificielle,  instrument  applicable  à 
divers  usages,  et  qui,  mis  à  la  disposition  du  photographe,  aura,  entre  autres 
avantages,  celui  de  le  préserver  d'une  erreur  bien  souvent  commise,  celle 
d'attribuer  à  la  perfection  plus  grande  d'un  nouveau  procédé  la  beauté  des 
résultats  obtenus,  quand  ce  succès  tient  uniquement  au  jour  plus  favorable. 
Si  M.  Place  veut  adresser  une  description  de  son  instrument,  elle  sera  sou- 
mise à  l'examen  d'une  Commission. 

M.  ScHi.MKo  adresse  d'Olmutz  (Moravie)  deux  ouvrages  écrits  en  alle- 
mand et  intitulés,  l'un  n  Constitution  de  l'univers  «,  l'autre»  Habitants  des 
planètes  i> . 

L'auteur,  dans  une  Lettre  d  envoi  écrite  en  latin,  annonce  l'intention  de 
donner  une  nouvelle  édition  du  premier  de  ces  deux  ouvrages  avec  des  cor- 
rections et  additions.  Il   a  déjà  fait  ces  changements  écrits  à  la  main  sui' 

C.  R.,  i86:i,  2"'«  Semcslre.  (T.  LVIl,  N»  3.)  ^3 


(  17°  ) 
Jexeiuplaire   envoyé   à  F  Académie   afin    d'avoir   son   avis  avant   de  rien 
iiii[)iinier. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  que,  d'après  les  usages  constants  de  l'Académie, 
cette  demande  ne  peut  être  prise  en  considération. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Chimie  présente  la  liste  suivante  de  candidats  pour  une 
place  de  Correspondant  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Desormes  : 

En  première  ligne M.  Favre. 

En  deuxième  ligne M.  Dessaignes. 

En  troisième  ligne,  ex  aequo  et  j  M.  Cuancel. 

par  ordre  alphabétique.   .    .jM.  Lamy. 

Les  titres  des  candidats  sont  exposés  par  M.  Fremy. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  ao  judlet  1 863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum  ;  par  M .  i.  Decaisnk  ;  62=  livraison.  Paris, 
in-4°,  avec  planches. 

Du  terrain  (ptalernair-e  et  de  l'ancieimeté  de  l'Iionmie  dans  le  nord  de  la 
France,  d'après  les  leçons  professées  au  Muséum  par  M.  d Arc hiac,  recueillies 
e(/ju/;/(ees  prtr  Eugène  Trut AT.  Paris,  i863;  in-S".  (Présenté  par  M.  d'Ar- 
chiac.) 

Réfutation  du  système  des  vents;  par  M.  J.  BouRGOis.  1  Extrait  de  la  Revue 
Maritime  et  Coloniale.)  Paris,  i863;  in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur 
par  M.  Duperrey.) 

Considér-ations  sur  In  méthode  naturelle  en  Botanique  ;  par  Philippe  Parla - 
TORK.  Florence,   i863;  in-S". 


(   17'   ) 

Examen  critique  du  Mémoire  de  M.  Pasteur  relatij  aux  générations  spon- 
tanées; par  M.  le  D'N.  JOLY.  (Extrait  des  Mémoires  de  r Académie  impériale 
des  Sciences  de  Toulouse.)  Toulouse;  br.  iii-S". 

Le  Blé  et  le  Pain  ;  liberté  de  la  boulangerie  ;  par  J.-A.  Bakral.  Paris,  i863  ; 
vol.  in-S".  (Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  d'Économie  rurale.) 

Le  baron  Larrey  ;  par  le  général  baron  Joachim  Ameert.  Paris,  i863; 
br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Flourens.) 

De  l'inoculation  de  la  pleuropnewnonie  de  l'espèce  bovine  envisagée  au  point 
de  vue  scientifique;  par  le  D''  L.  WiLLEMS.  Bruxelles,  i863;  br.  in-S». 

Théorie  des  surfaces  de  révolution  à  courbure  moyenne  constante;  pai 
L.  LiNDELOF.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  de  Finlande.) 
Helsingfors,  i863;  br.  in-^". 

La  Savoie  agricole,  industrielle  et  manufacturière,  suivi  d'une  Notice  histo- 
rique surlapercée  du  montCenis;  par  J.  BoNJEAN.  Chambéry,  i863;  in-12. 

Appareil  scolaire  perfectionné;  parF.-P.  Lallement,  br.  in-8°. 

Silzungsberichte...  Comptes  rendus  de  l'Académie  impériale  des  Sciences 
de  Vienne  [classe  des  Sciences  mathématiques  et  naturelles);  t.  XLVII,  livrai- 
sons 3  et  4>  Sciences  mathématiques;  et  t.  XLVII,  livraisons  1,  2  et  3, 
Sciences  naturelles.  Vienne,  i863;  in-8''. 

Jahrbucb...  Jnmiaire  de  l'Listitutl.  R.  géologique  de  Fienne;3innée  i863; 
vol.  XIII,  n°  I,  janvier  à  mars.  Vienne,  in-4°. 

Der  Weltenbau...  La  constitution  de  l'univers,  sa  formation  et  sa  mer- 
veilleuse harmonie  ;  par  J.-G.  SCHIMKO.  Vienne,  1847  >  i'^-S"- 

Die  Planetenbewohner...  Les  habitants  des  planètes;  par  le  même.  Olmulz, 
r856;  iii-8°.  (Addition  à  l'ouvrage  précédent.) 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  27  JUILLET  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUMCATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Présidext  de  l'Ixstitct  invite  rAcadéiiiie  des  Sciences  à  procéder 
au  choix  des  lecteurs  qui  devront  la  représenter  dans  la  séance  publique 
annuelle,  séance  dont  la  date  est  fixée  au  vendredi  i4  août. 

CHIMIE  APPLIQUÉE.    —   Suite  des  recherches  chimiques  mr  la  teinture; 

par  M.  E.  Chevreul. 

CONCLUSIONS    DES    TREIZIÈME    ET   QUATORZIÈME    MÉMOIRES   ET    RÉFLEXIONS 

GÉNÉRALES. 

APPLICATIONS    AUX    ARTS. 

n  Les  recherches  sur  l'emploi  en  teinture  de  l'eau  de  Seine  et  de  l'eau 
de  puits,  faites  comparativement  avec  remploi  de  leau  distillée,  montrent 
combien  l'industrie  est  intéressée  à  connaître  les  effets  des  eaux  naturelles 
qui  intervieiuient  dans  ses  opérations.  Et  certes,  si  l'eau  chi  puits  que  j'ai 
examinée  n'a  pas  été  aux  Gobelins  constamment  d'usage  en  teinture,  cepen- 
dant elle  l'a  été  quelquefois  à  ma  connaissance  sans  qu'on  se  soit  jamais 
douté  de  l'influence  qu'elle  pouvait  exercer.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  in- 
structif de  voir  l'influence  qu'elle  aurait  pu  avoir  dans  l'industrie  particu- 
lière, effets  qui  auraient  été  inexplicables  sans  les  recherches  que  je  viens 
d'exposer. 

«   Supposons  qu'un  blanchisseur-apprêtenr  d'étoffes  de  laine  en  eût  eu  à 

G.  R.,  i863,  2'n«  Semestre.  (T.  LVII,  N"  4.)  24 


(  '7-1  ) 
sa  disposition  en  même  temps  que  de  l'eau  de  Seine  :  il  aurait  bientôt  re- 
marqué la  supériorité  de  la  première,  parce  que  le  sel  cuivreux  donnant  à 
une  étoffe  de  laine  ou  de  soie  un  œil  d'azur,  c'est  un  avantage  dont  l'eau  de 
Seine  est  dépourvue. 

))  Mais  supposons  que  l'étoffe  de  laine,  après  avoir  élé  apprêtée,  eût 
été  dans  le  cas  d'être  passée  à  la  vapeur;  alors,  sous  l'influence  de  la 
réaction  que  j'ai  décrite  en  iS'^-j,  le  soufre  que  la  laine  contient  naturelle- 
ment aurait  formé  avec  le  cuivre  du  sel  un  sulfure  de  couleur  de  rouille 
qui  aurait  succédé  à  la  blancheur  azurée  de  la  laine.  Je  présente  à  l'Acadé- 
mie un  écheveau  de  laine  azurée  dans  l'eau  du  puits  des  Gobelins  et  un 
écheveau  de  la  même  laine  soumis  à  la  vapeur,  afin  de  montrer  que  je  n'a- 
vance pas  une  supposition  gratuite.  Au  reste,  la  supposition  précédente 
n'est  que  le  rappel  du  fait  qui  s'est  passé  en  iSS^  (i). 

«  Les  recherches  exposées  dans  ce  Mémoire  et  le  précédent  (XIV  et  XIII) 
sont  une  démonstration  parfaite  du  grave  inconvénient  de  Vabsola  dans 
nos  jugements.  Effectivement,  que  répondre  à  la  demande  :  Quelle  est 
la  meilleure  eau  pour  la  teinture?  lorsqu'on  voit  d'abord  la  diversité  des 
résultats  obtenus  avec  l'eau  distillée,  l'eau  de  Seine  et  l'eau  de  puits 
employées  dans  des  circonstances  semblables  avec  une  même  matière  colo- 
rante, puis  telle  matière  colorante  qui  donne  le  meilleur  résultat  avec  l'eau 
distillée,  tandis  que  telle  autre  le  donne  avec  l'eau  de  puits;  évidemment 
tout  est  relatif,  les  circonstances  étant  les  mêmes,  à  la  matière  colorante. 
Seulement,  les  différences  une  fois  constatées  d'une  manière  précise,  lors- 
qu'il s'agit  de  reproduire  un  résultat  obtenu  avec  une  eau  impure,  sachant 
quel  est  le  corps  auquel  cette  eau  doit  la  propriété  qui  en  fait  préférer  l'u- 
sage à  l'eau  pure,  on  ajoute  à  celle-ci  ce  corps  qu'on  sait  nécessaire  pour 
obtenir  le  résultat  désiré. 

APPLICATION    A    LCSACE    DF.S    EAUX    UÈDICIXALES. 

»  Quelle  application  peut-on  faire  de  la  méthode  que  je  viens  de  formu- 
ler, mise  en  pratique  pour  rechercher  des  espèces  chimiques,  causes  des 
différences  observées  en  teinture  selon  qu'on  opère  avec  une  eau  naturelle 
ou  avec  de  l'eau  distillée? 

)>  Je  réponds  que  cette  méthode  s'applique  à  la  question  de  reconnaître 
les  espèces  chimiques,  causes  des  effets  curatifs  qui  font  prescrire  des  eaux 
médicinales  pour  combattre  des  maladies  déterminées. 

(i)  Voir  Compte  rendu  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences,  séance  du   26  décembre 
J837. 


(175) 

»  Bien  des  gens,  élrangers  à  la  connaissance  fies  manières  dont  l'esprit 
humain  procède  dans  la  recherche  de  la  vérité  considérée  au  point  de  vue  le 
plus  général  de  l'ensemble  des  problèmes  qu'il  se  propose  de  résoudre,  sou- 
riront sans  doute  de  voir  un  système  d'expériences  institué  dans  l'intention 
d'éclairer  la  science  et  la  pratique  de  la  teinture,  aboutira  une  question  de 
thérapeutique.  N'ayant  jamais  senti  le  besoin  de  justifier  auprès  des  gens 
dont  je  parle  les  opinions  auxquelles  ma  conviction  est  acquise,  je  suis  fort 
indifférent  à  l'accueil  qu'ils  leur  feront;  ma  seule  prétention  est  d'exposer 
aux  esprits  sérieux  des  inductions  auxquelles  mont  conduit  des  études  mul- 
tipliées, soutenues  par  l'amour  du  vrai  et  animées  de  l'espérance  que  les 
esprits  auxquels  je  m'adresse  ne  verront  dans  mes  inductions  que  le  désir  de 
faire  concourir  des  méthodes  déduites  de  recherches  précises  sur  des  objets 
peu  complexes,  si  on  les  compare  à  ceux  du  ressort  de  la  médecine,  que  je 
me  propose  d'éclairer  en  leiu'  appliquant  des  méthodes  précises  dans  l'in- 
térêt du  progrès  scientifique  et  conformément  aux  considérations  que  j'ai 
exposées  sur  la  philosophie  naturelle. 

»  Que  l'on  veuille  bien  réfléchir  à  la  suite  des  raisonnements  d'après 
lesquels  je  suis  arrivé  à  reconnaître  la  cause  de  la  différence  en  teinture  de 
l'eau  du  puits  des  Gobelins  et  de  l'eau  de  Seine  employées  comparativement 
avec  l'eau  distillée,  et  l'on  verra  en  effet  que,  s'il  s'agissait  de  rechercher  la 
cause  spéciale  d'un  phénomène  physiologique,  ou,  en  d'autres  termes,  celle 
d'un  effet  organoleptique  quelconque,  la  marche  à  suivre  serait  semblable 
à  celle  que  j'ai  suivie,  sauf  la  complication  du  dernier  cas.  Mais  admettons 
que  la  nouvelle  recherche  n'aboutisse  pas,  parce  que  le  sujet  que  l'on  se 
propose  d'éclairer  par  l'application  renferme  encore  trop  de  causes  d'obs- 
curité pour  l'être  actuellement,  on  saura  d'une  manière  précise  l'existence 
de  ces  causes  et  ce  qu'il  conviendra  d'entreprendre  pour  les  dissiper.  On 
saura  dés  lors  qu'il  faudra  se  garder  de  raisonner  comme  si  ces  causes 
n'existaient  pas,  et  que  l'intérêt  de  la  vérité  exigera  l'ajournement  de  toute 
conclusion  définitive  à  l'époque  où  de  nouvelles  études  permettront  enfin 
de  la  formuler. 

»  Lorsqu'on  examine  l'état  de  nos  connaissances  les  plus  générales  sur  les 
eaux  médicinales,  on  voit  que  nous  sommes  redevables  à  l'empirisme  de  la 
connaissance  des  actions  diverses  exercées  par  les  eaux  sulfureuses,  les 
eaux  ferrugineuses  et  les  eaux  alcalines  sur  l'économie  animale,  et  qu'à  lui 
appartient  la  distinction  de  ces  eaux  médicinales  en  trois  groupes,  relative- 


ment à  leur  usage  en  médecine. 


24. 


(   '76  ) 

»  Je  compare  cet  état  de  nos  connaissances  à  l'état  où  étaient  nos  con- 
naissances avant  mes  iravaux  sur  l'influence  en  teinture  de  l'eau  de  Seine, 
de  l'eau  de  puits  et  de  l'eau  distillée. 

»  Maintenant  je  vais  examiner  successivement  quelles  seraient  les  con- 
naissances sur  les  eaux  médicinales  qui  correspondraient  à  chacune  des  trois 
phases  par  lesquelles  j'ai  passé  pour  donner  la  théorie  de  l'influence  en 
leiultue  de  l'eau  de  Seine  et  de  l'eau  de  puits  relativement  à  l'eau  distillée. 

PREMIÈRE  PHASE.  —  Des  connaissnnccs  relatives  aux  propriétés  thérapeutiques 

des  eaux  médicinales. 

»  Si  l'on  résume  les  expériences  exposées  dans  le  treizième  Mémoire,  que 
l'on  considère  la  précision  avec  laquelle  on  a  déterminé,  au  moyen  des 
cercles  chromatiques,  les  couleurs  différentes  que  la  lame,  la  soie  et  le 
coton  ont  prises  dans  les  trois  eaux,  on  voit  que  ce  travail  a  conduit  à  des 
résultats  bien  autrement  précis  que  ceux  que  nous  devons  à  l'empirisme 
relativement  à  l'influence  thérapeutique  des  eaux  médicinales  sulfureuses, 
ferrugineuses  et  alcalines. 

))  Mes  expériences  montrent  ce  qui  manque  en  précision  à  ces  connais- 
sances eu  même  temp.sque  la  marche  qu'il  convient  de  suivre  pour  les  faire 
avancer. 

»  Il  faudrait  prendre  les  eaux  sulfureuses,  les  eaux  ferrugineuses,  les  eaux 
alcalines  les  moins  complexes,  étudier  des  effets  bien  constatés  produits  par 
chacune  des  eaux  sulfureuses,  par  chacune  des  eaux  ferrugineuses,  par 
chacune  des  eaux  alcaluies  dont  on  aurait  choisi  nn  certain  nombre  dans 
chaque  groupe,  en  appréciant,  autant  que  possible,  l'analogie  ou  la  diffé- 
rence des  localités  où  les  malades  vont  prendre  ces  eaux. 

»  En  outre,  l'étude  des  eaux  d'un  même  groupe  devrait  s'étendre,  non- 
seulement  aux  localités  où  sourdent  ces  eaux,  mais  encore  aux  individus 
qui  les  prennent.  Car  la  diversité  des  résultats  de  teinture  qu'on  peut  obser- 
ver entre  des  écheveaux  de  laine,  de  soie  et  de  coton  teints  dans  un  même 
bain  colorant,  correspond  assez  bien  ;i  la  diversité  d'action  qu'une  même 
eau  médicinale  peut  avoir  sur  différents  individus  d'après  leurs  idiosyn- 
crasies  respectives. 

M  Enfin,  avant  la  conclusion  finale,  il  faudrait  prendre  en  considération 
encore  l'influence  qu'une  grande  diversité  de  localité  peut  exercer  sur  l'éco- 
nomic  animale,  ainsi  que  le  changement  d'habitude  produit  par  le  dépla- 
cement des  malades. 


(  '77  ^ 

DEUXIÈME  PHASE.  —  Les  différences  entre  tes  effets  d'eaux  médicinales  une  fois  constatées 
d'une  manière  précise,  en  rechercher  la  cause. 

»  On  a  vu  que  les  différences  d'effet  en  teinture  des  eaux  distillées  de 
Seine  et  de  puits  une  fois  observées  et  définies,  il  a  fallu  en  rechercher  les 
causes;  et  que  poiu-  cela  on  a  eu  recours  à  la  synthèse  en  prenant  les  es- 
pèces chimiques  indiquées  par  l'analyse  dans  les  eaux  de  la  Seine  et  de  puits, 
et  formant  avec  l'eau  distillée  autant  de  solutions  qu'il  y  avait  d'espèces 
chimiques  dont  on  pouvait  soupçonner  l'influence  en  teinture.  Cette  re- 
cherche, exposée  dans  la  première  partie  du  quatorzième  Mémoire,  a  mon- 
tré l'insuffisance  des  analyses  chimiques  dans  le  cas  présent;  aussi  est-ce 
l'occasion  de  traiter  de  l'usage  qu'on  doit  faire  en  médecine  des  analyses 
des  eaux  médicinales  envisagées  au  point  de  vue  où  je  les  considère  Uiain- 
tenant. 

»  Lorsqu'il  s'agit  d'une  eau  sulfureuse,  d'une  eau  ferrugineuse,  d'une 
eau  alcaline,  le  médecin  doit  avoir  avant  tout  la  certitude  qu'une  eau  sul- 
furée, soit  par  l'acide  sulfhydrique,  soit  par  un  sulfure,  qu'une  eau  ferrugi- 
neuse composée  de  carbonate  de  protoxyde  de  fer,  qu'une  eau  de  carbo- 
nate de  soude,  produisent  des  effets  déterminés,  parce  qu'il  doit  savoir,  par 
sa  propre  expérience,  ce  dont  les  corps  tenus  en  solution  sont  capables  sur 
l'économie  animale. 

»  Mais  par  la  raison  que  toutes  les  eaux  sulfureuses,  toutes  les  eaux 
ferrugineuses,  toutes  les  eaux  alcalines,  ne  produisent  pas  des  effets  iden- 
tiques, il  doit  chercher  la  cause  des  différences  que  présentent  des  eaux 
sulfureuses,  des  eaux  ferrugineuses,  des  eaux  alcalines  qu'il  peut  ordonner, 
et  c'est  à  lui  de  voir  si  parmi  les  corps  accompagnant  le  soufre,  le  fer, 
l'alcali,  corps  signalés  par  l'analyse  chimique,  il  en  existe  quelqu'un  capable 
de  produire  l'effet  dont  on  cherche  la  cause. 

»  Il  est  extrêmement  probable  que  les  résultats  obtenus  dune  première 
recherche  ne  seront  pas  plus  heureux  que  ne  l'ont  été  les  expériences  expo- 
sées dans  la  première  partie  du  quatorzième  Mémoire.  De  là  donc  la  néces- 
sité de  se  livrer  à  des  recherches  correspondantes  à  celles  que  nous  avons 
décrites  dans  la  deuxième  partie  du  même  Mémoire. 

TROISIÈME    PHASE. 

»  Une  fois  qu'on  aura  constaté  que  les  corps  auxquels  ou  avait  attribué 
d'abonl  l'action  thérapeutique  d'une  eau  minérale  donnée  ne  l'expliquent 
pas,  il  faudra  se  livrer  à  la  recherche  d'autres  corps. 

»  Et  c'est  ici  qu'il  faudra  recommencer  les  analyses  comme  je  lai  fait 


(  .78  ) 
pour  l'eau  de  Seine  el  l'eau  du  puits  des  Gobelins,  mais  je  ne  dissimule 
])oinl  les  difficultés  de  telles  recherches;  car  évidemment  le  succès  en  est 
subordonné  à  la  double  direction  d'un  chimiste  et  d'un  médecin  physiolo- 
giste, tous  les  deux  du  rang  le  plus  élevé  dans  les  sciences,  et  c'est  parce  que 
j'apprécie  mieux  que  personne  ces  difficultés  que  les  réflexions  suivantes  sur 
le  concours  indispensable  de  la  chimie,  de  la  pliy&iolocjie  et  de  la  mtdccinc 
pratique  pour  éclairer  la  connaissance  des  eaux  médicinales  ne  pourront 
paraître  déplacées  à  ceux  qui  veulent  sérieusement  le  progrès  de  ces  cou- 
naissances;  et  si  je  n'ajoutais  rien  aux  observations  qui  précèdent,  je  ris- 
querais de  voir  mes  inductions  repoussées  comme  stériles,  parce  qu'à  la 
simplicité  des  recherches  d'où  je  pars  on  opposerait  la  complexité  d'un 
sujet  du  domaine  de  la  médecine  que  j'ai  le  désir  d'éclairer  au  point  de 
vue  critique. 

1)  La  facilité  avec  laquelle  on  a  admis  les  résultats  de  l'analyse  sans  avoir 
l)réalal)lement  examiné  si  elle  était  précise,  exacte,  et  si  les  effets  théra- 
peutiques d'une  eau  analysée  étaient  expliqués  par  la  nature  des  corps  in- 
diqués par  le  chimiste,  a  été  la  cause  de  bien  des  erreurs  lorsqu'il  s'est 
agi  de  la  préparation  des  eaux  médicinales  dites  arlificielles. 

»  Par  exemple,  longtemps  on  a  ignoré  l'existence  de  l'arsenic  dans  cer- 
taines eaux  médicinales  ;  eh  bien  !  qu'on  eût  voulu  alors  imiter  une  de  ces 
eaux,  et  en  admettant  bien  entendu  que  le  composé  arsenical  qu'elle  con- 
tient exerce  une  certaine  action  organoleptique,  et  évidemment  on  aurait 
échoué  dans  l'imilation. 

»  L'imitation  d'une  eau  médicinale  n'est  donc  possible  qu'avec  !a  certi- 
tude acquise  de  connaître  tous  les  principes  constituants  de  cette  eau. 
Des  lors  le  médecin  connaissant  par  expérience  l'efficacité  d'une  eau  médi- 
cinale naturelle  dans  laquelle  se  trouve  un  composé  arsenical  que  nous 
avons  supposé  être  efficace,  aurait  échoué  si,  au  lieu  de  prescrire  l'eau 
naturelle,  il  eût  prescrit  l'eau  artificielle. 

H  Sachant  la  complexité  du  sujet,  je  commence  par  reconnaître  quatre 
causes  principales  susceptibles  de  concourir  aux  effets  des  eaux  médici- 
nales prises  à  leurs  sources  respectives,  et  qui  rendent  bien  plus  difficile 
une  détermination  de  ces  effets  aussi  satisfaisante  que  l'a  été  la  détermina- 
tion des  couleurs  dans  celles  de  mes  recherches  correspondant  à  la  pre- 
mière phme. 

»  Les  quatre  causes  sont  : 

»  1°  Les  matières  définies  ou  espèces  chimiques  contenues  dans  l'eau 
médicinale  examinée; 


{  179  ) 

»  2°  L'influence  des  circonstances  climatériques  où  cette  eau  est  prise 
par  les  malades  ; 

»  3"  Le  changement  apporté  dans  les  habitudes  par  le  déplacement  des 
malades  ; 

))   4°  L'influence  des  idiosyncrasies  respectives  des  malades. 

»  Je  suppose  un  chimiste  et  un  médecin  j^hysiologiste  réunis  avec  l'inten- 
tion de  remonter  des  effets  d'une  eau  minérale  à  la  nature  des  corps  con- 
tenus dans  cette  eau,  et  auxquels  on  doit  attribuer  la  cause  de  ces  effets. 

»  Ils  chercheront,  en  discutant  les  effets  de  cette  eau  recueillis  parreni- 
pirisme,  s'ils  expliquent  par  la  nature  des  corps  dissous  dans  Icau  les  effets 
de  celle-ci,  en  tenant  compte,  bien  entendu,  autant  qu'ils  le  pourront,  de 
l'influence  des  causes  indiquées  par  les  numéros  a,  3  et  4  précédents. 

))  Pour  contrôler  leurs  inductions,  ils  feront  une  solution  dans  l'eau  dis- 
tillée des  corps  indiqués  par  l'analyse,  en  ayant  égard,  bien  entendu,  a 
leurs  proportions  respectives.  Ils  la  feront  prendre  à  un  certain  nombre  de 
personnes,  en  même  temps  qu'ils  feront  prendre  l'eau  médicinale  naturelle  à 
un  même  nombre  de  personnes  choisies  aussi  semblables  aux  premières 
que  possible. 

»  Je  suppose  que  l'expérience  comparative  eût  porté  sur  une  eau  arseni- 
cale, avant  qu'on  eût  reconnu  l'arsenic  dans  celle-ci;  évidemment,  en  sup- 
posant ce  principe  doué  d'activité  dans  l'eau  médicinale,  l'eau  faite  à  l'imi- 
tation de  celle-ci  n'aurait  pas  produit  d'effet,  et  dès  lors  le  chimiste  et  le 
médecin  physiologique  se  trouvant  dans  ce  que  j'ai  appelé  la  deitxiènie  phase 
de  mes  recherches,  ils  auraient  recherché  quel  pouvait  être  le  corps,  cause 
des  effets  inconnus. 

')  Et  s'ils  eussent  trouvé  le  composé  arsenical  et  qu'ils  eussent  produit  avec 
l'eau  distillée  et  ce  composé  arsenical  une  eau  semblable  k  l'eau  médicinale, 
ils  auraient  été  dans  la  troisième  phase,  où  je  me  suis  trouvé  lorsque  j'ai 
reproduit  par  la  synthèse  les  effets  de  l'eau  de  puits  cuivreuse. 


))   Voici  encore  des  conséquences  qui  se  déduisent  de  mes  expériences  : 
»  Quand  il  s'agit  de  l'usage  d'une  eau  médicinale  en  thérapeutique,  il  est 
nécessaire,  pour  qu'il  réponde  à  l'intention  du  médecin  qui  le  prescrit,  de 
prendre  cette  eau  dans  les  conditions  où  l'usage  en  a  fait  connaître  l'effica- 
cité, puisque  j'ai  démontré  : 

»    i"  Que  la  distillation  de  l'eau  du  puits  des  Gobelins  en  précipite  uu 
change  l'arrangement  des  principes  cuivreux  et  ferrugineux,  de  sorte  que 


(  i8o  ) 

l'eau  concentrée  n'agit  plus  sur  la  décoction  du  bois  de  brésil  comme  le  fait 
l'eau  du  puits  simplement  filtrée. 

«  2°  Que  l'évaporation  à  siccité  de  l'eau,  de  ce  puits  et  même  de  l'eau 
de  Seine  a  complètement  changé  la  constitution  des  matières  qui  étaient 
tenues  eu  solution  dans  les  eaux  naturelles,  puisque  l'eau  pure  restituée 
aux  résidus  de  l'évaporaliou  des  deux  eaux  précipitées  a  donné  deux  solu- 
tions différentes  de  l'eau  de  puits  et  de  l'eau  de  Seine. 

))  On  commettrait  donc  une  grave  erreur  si  on  pensait  qu'en  restituant 
au  résidu  de  l'évaporatian  d'une  eau  minérale  l'eau  quelle  a  perdue  on  re- 
produirait une  eau  identique  à  l'eau  naturelle. 

»  Enfin  l'observation  que  le  carbonate  de  chaux  et  le  carbonate  de  fer 
ont  une  action  bien  plus  énergique  pour  rougir  le  fustet,  quand  ils  agissent 
simultanément,  que  quand  ils  agissent  isolément,  démontre  la  possibilité 
que  deux  corps  dissous  dans  luie  eau  médicinale  produisent  un  effet  orga- 
noleptique  beaucoup  plus  énergique  dans  un  même  sens  que  ne  produi- 
laient  deux  eaux  médicinales  dont  chacune  ne  contiendrait  qu'un  des  deux 
corps  à  l'exclusion  de  l'autre. 

»  Si  l'on  me  demandait  la  manière  de  procéder  pour  se  faire  une  opinion 
sur  la  qualité  bonne,  médiocre  ou  mauvaise  d'une  eau  naturelle  destinée  à 
servir  aux  besoins  de  l'économie  animale,  je  répondrais  qu'une  eau  qui  ne 
laisse  pour  looo  parties  que  de  0,09  à  0,20  de  résidu  après  l'évaporation, 
et  qui  d'ailleurs  est  fraîche  en  été,  et  en  outre  inodore,  insapide,  aérée,  est 
de  très-boime  qualité;  que  des  eaux  inodores,  insapides,  aérées,  laissant 
de  o,4o  à  o,5o  de  résidu  fixe  calcaire,  peuvent  être  bonnes  sans  égaler  les 
premières  (i).  Enfin  j'ajouterais  la  condition  que  ces  eaux  ne  se  colore- 
raient pas  par  l'acide  suif  hydrique,  ou  en  d'autres  tern)es  qu'elles  seraient 
dépourvues  de  cuivre  et  de  plomb;  car  si  on  est  intéressé  à  connaître  les 
bonnes  qualités  d'une  eau  potable,  on  doit  l'être  également  à  avoir  la  cer- 
titude que  les  moyens  employés  pour  faire  arriver  l'eau  au  heu  même  de 
la  consommation  ne  seront  pas  susceptibles  d'en  compromettre  la  bonne 
qualité,  ainsi  que  peuvent  le  faire  le  cuivre  et  le  plomb  employés  comme 
pompe  ou  tuyaux  do  conduite. 

»  Supposons  que  l'on  veuille  aller  plus  avant  dans  la  connaissance  d'une 
eau  qu'il  s'agiia  de  consommer  comme  potable  plus  ou  moins  loin  de  sa 
source  ou  des  lieux  qu'elle  arrose;  il  faudra  eu  ce  cas  aller  en  ces  lieux 
pour  juger  de  son  influence  sur  ceux  qui  la  consomment  depuis  longtemps. 

(l)  Mémoire  sur  plusieurs  réactions  chimiques  qui  intéressent  l'hygiène  des  cités  popu- 
leuses, lu  à  l'Académie  des  Sciences  les  9  et  16  de  novembre  1846.  (Mémoires  de  l'acadé- 
mie des  Sciences,  t.  XXIV,  note  3.) 


(  '8i  ) 
Il  est  entendu  qu'il  y  a  nécessité  de  s'enquérir  des  écrits  dont  elle  a  pu 
avoir  été  l'objet.  En  définitive,  on  fera  ce  que  conseille  un  architecte  chargé 
d'élever  un  monument  durable  ;  c'est  que  dans  le  cas  où  il  ignorerait  la 
qualité  des  pierres  destinées  à  son  œuvre,  il  devrait  visiter  les  carrières  où 
elles  gisent  et  voir  dans  les  environs  les  édifices  construits  le  plus  ancienne- 
ment avec  ces  mêmes  pierres.  » 

«  M.  Le  Vekrier  présente  à  l'Académie  un  nouveau  volume  des 
Annales  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris,  t.  VII.  Ce  volume  comprend 
sept  Mémoires,  savoir  :  Sur  le  mouvement  et  la  compensation  des  chro- 
nomètres, par  M.  Yvon  Villarceau  (ce  Mémoire  fait  l'objet  d'uneNote  sépa- 
rée); —  Sur  les  inégalités  à  longues  périodes  du  mouvement  des  planètes, 
par  M.  Puiseux  ;  —  Sur  le  Magnétisme,  par  MM.  Desains  ot  Charault; 
—  Sur  le  calcul  des  termes  du  développement  de  la  fonction  perturba- 
trice, par  M.  Bourget;  —  Sur  le  mouvement  de  rotation  de  la  Lunette 
méridienne,  par  M.  Yvon  Villarceau  ;  —  Sur  l'orbite  de  la  planète  Eugénie, 
par  M.  Lœvy  ;  —  Sur  l'application  des  phénomènes  capillaires  à  la  con- 
struction de  divers  thermométrograplies,  par  M.  Barbier. 

«  M.  Le  Verrier  présente  à  l'Académie,  en  son  nom  et  au  nom  de 
M.  le  général  Elondel,  Directeur  du  Dépôt  de  la  Guerre,  un  Mémoire  com- 
prenant la  discussion  des  opérations  astronomiques  faites  en  i856  pour  la 
détermination  de  la  longitude  de  la  station  géodésique  de  Berri-Bouy,  près 
Bourges. 

»  Les  observations  astronomiques  ont  été  faites  par  M.  Le  Verrier  et 
M.  Rozet.  Le  Dépôt  de  la  Guerre  vient  de  relier  avec  précision  la  station 
de  Berri-Bouy  à  la  tour  de  Bourges.  Ce  travail  a  été  exécuté  par  M.  le 
capitaine  Beaux. 

u  De  l'ensemble  des  opérations  il  résulte  que  la  détermination  astrono- 
mique de  la  longitude  ouest  de  la  station  Berri-Bouy  excède  la  détermi- 
nation géodésique  de  o%4o  ^'i  temps,  ou  de  6",o  en  arc.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  le  mouvement   moléculaire  des  gaz; 
par  ^l.  Thomas  Graha.m  (i). 

0  Dans  ce  travail  nous  nous  sommes  occupé  du  mouvement  molécu- 

(i)  L'Académie,  sur  la  demande  de  plusieurs  de  ses  Membres,  a  autorisé  la  reproduction 
intégrale  de  la  Note  de  M.  Graliam,  quoique  dépassant  en  étendue  les  limites  réglementaires. 
C.  R.,  i863,  2™«  Semestre.  (T.  LVII,  N»  4.)  ^5 


(  i82  ) 
laire  des  gaz,  surtout  en  vue  de  leur  passage,  sous  pression,  à  travers  de 
fixes  parois  ou  des  plaques  poreuses,  et  de  la  séparation  partielle  des  gaz 
mélangés,  qu'on  peut  obtenir  par  de  pareils  moyens,  comme  nous  le  mon- 
trerons plus  loin. 

»  Le  point  de  départ  de  ces  recherches  fut  un  examen  nouveau  et  tant 
soit  peu  prolongé  de  la  diffusion  des  gaz  (dépendant  de  ce  même  mouve- 
ment moléculaire).  Cet  examen  conduisit  à  quelques  résultats  nouveaux 
qui  pourraient  bien  présenter  de  l'intérêt,  soit  pour  la  théorie,  soit  pour 
les  applications. 

))  Le  diffusiomètre,  tel  qu'il  avait  d'abord  été  construit,  se  composait 
simplement  d'un  tube  cylindrique  en  verre,  ayant  un  peu  moins  de  i  pouce 
anglais  (=  25'°'",4)  de  diamètre  et  environ  lo  pouces  de  longueur;  en  fer- 
mant l'une  de  ses  extrémités  par  une  plaque  en  plâtre  de  Paris,  d'envi- 
ron I  de  pouce  d'épaisseur,  on  l'avait  converti  en  une  espèce  d'éprouvetle 
à  gaz  (i). 

»  Mais  depuis  on  a  trouvé  une  matière  bien  préférable  pour  la  prépa- 
ration de  plaques  poreuses  dans  le  graphite  (ou  plombagine)  artificiellement 
comprimé  de  M.  Brockedon,  tel  qu'il  est  employé  pour  la  fabrication  des 
crayons.  Le  graphite  se  vend  à  Londres  sous  forme  de  petits  cubes  à  base 
de  1  pouces  carrés.  Au  moyen  d'une  scie  faite  avec  un  ressort  d'acier,  on 
peut  facilement  découper  ces  cubes  en  plaques  de  i  à  2  millimètres  d'é- 
paisseur. 

»  En  usant  à  sec  ces  plaques  sur  un  grès  plat,  on  peut  les  amincir  au 
point  de  ne  plus  présenter  que  l'épaisseur  d'à  peine  ^  millimètre.  En  dé- 
coupant maintenant  dans  une  pareille  plaque  de  graphite  un  disque  circu- 
laire (qui  n'est  pas  pins  épais  qu'un  pain  à  cacheter,  mais  qui  malgré  cela 
présente  encore  une  assez  grande  ténacité),  et  le  fixant  au  moyen  d'un 
ciment  résineux  à  l'une  des  extrémités  du  tube  de  verre  déjà  mentionné,  on 
ferme  ce  dernier  et  on  le  transforme  en  diffusiomètre. 

»  Pendant  qu'on  remplit  ce  tube  d'hydrogène,  au-dessus  de  la  cuve  à 
mercure,  on  empêche  les  effets  de  la  porosité  du  graphite  en  le  couvrant 
momentanément  avec  une  feuille  mince  de  gutta-percha,  qu'on  y  applique 
bien  exactement.  Celle-ci  étant  ensuite  enlevée,  la  diffusion  gazeuse  s'effec- 
tue immédiatement  à  travers  les  pores  du  graphite.  En  4o-6o  minutes  tout 

(i)  Sur  la  loi  de  la  diffusion  des  gaz,  par  Th.  Graham;  Transactions  de  la  Société  Royale 
d'Edimbourg,  vol.  XII,  p.  222,  ou  bien  Philosophical  Magazine,  i834,  vol.  II,  p.  175, 
263  et  35 1 . 


(  i83  ) 
l'hydrogène  s'échappe  du  diffusiomètre  et  est  remplacé  par  un  volume 
d'air  atmosphérique  beaucoup  moins  considérable  (environ  {),  conformé- 
ment à  la  loi  de  la  diffusion  des  gaz.  Pendant  ce  temps,  le  mercure,  à  moins 
qu'on  n'y  mette  obstacle,  s'élève  dans  le  tube,  formant  une  colonne  de  plu- 
sieurs pouces  de  hauteur  :  ce  fait  constitue  une  démonstration  des  plus 
frappantes  de  l'intensité  de  la  force  avec  laquelle  s'effectue  la  pénétration 
réciproque  des  différents  gaz. 

»  Le  graphite  natif,  qui  possède  une  structure  lamellaire,  ne  paraît  pré- 
senter que  peu  ou  même  pas  de  porosité  :  on  ne  peut  donc  l'employer  à 
la  place  du  graphite  artificiel,  comme  parois  de  diffusion. 

»  Après  ce  dernier,  c'est  la  poterie  non  vernie  qui  se  prête  le  mieux  à 
cet  usage.  Les  pores  du  graphite  artificiel  paraissent  être  réellement  de 
dimensions  si  minces,  qu'il  est  impossible  au  gaz,  en  masse,  de  traverser  la 
plaque.  Il  semble  qu'il  n'y  a  que  les  molécules  gazeuses  isolées  qui  puissent 
passer,  mais  cependant  sans  être  gênées  par  aucun  frottement  ;  car  évidem- 
ment les  pores  le  plus  petits  dont  nous  puissions  supposer  l'existence  dans 
le  graphite  doivent  être  de  véritables  tunnels,  comparativement  aux  dimen- 
sions minimes  de  l'atome  élémentaire  d'un  corps  gazeux.  La  cause  motrice 
paraît  résider  uniquement  dans  ce  mouvement  intérieur  des  molécules,  qui 
est  maintenant  admis  généralement  comme  une  des  conditions  essentielles 
de  la  matière  à  l'état  gazeux. 

»  Conformément  à  l'hypothèse  physique  actuellement  adoptée  (i),  un 
gaz  est  regardé  comme  constitué  par  une  infinité  de  particules  ou  d'atomes 
sphériques,  solides,  doués  d'une  élasticité  parfaite,  et  qui  se  meuvent  dans 
toutes  les  directions,  mais  avec  des  vitesses  différentes,  suivant  la  nature 
du  gaz.  Renfermées  dans  un  vase  non  poreux,  les  particules  en  mouvement 
se  heurtent  constamment  contre  les  parois,  et  occasionnellement  s'entre- 
choquent elles-mêmes,  sans  qu'il  puisse  en  résulter  aucune  perte  de  mou- 
vement, grâce  à  l'élasticité  parfaite  de  ces  particules. 

n  Si  la  substance  du  vase  est  poreuse,  comme  cela  a  lieu  dans  le  diffusio- 
mètre, alors  les  atomes  de  gaz  sont  projetés  à  travers  les  canaux  ouverts 
(par  suite  du  mouvement  moléculaire  signalé)  et  finissent  par  s'échapper. 
Mais  simultanément  l'air  atmosphérique  ou  un  gaz  quelconque,  se  trou- 


(i)  D.  Bernoulli,  J.  Herepath,  Joule,  Krœnig,  Claiisiiis,  Clerk  Maxwell  et  Caz.in.  Le 
mérite  d'avoir  fait  revivre  cette  hypothèse  et  de  l'avoir  appliquée  le  premier  à  l'explication 
des  phénomènes  de  diffusion  doit  être  justement  attribué  à  M.  Herepath.  Voir  Physique 
mathématique,  2  vol.,  par  John  Herepath  (1847  )■ 

25.. 


(  i84  ) 
vant  à  l'extérieur  du  vase,  est  transporté  à  son  tour,  et  de  la  même  ma- 
nière, à  l'intérieur  et  remplace  le  gaz  qui  s'échappe.  Ce  même  mouvement 
moléculaire  ou  atomique  e.st  également  la  cause  de  la  force  élastique  et  du 
pouvoir  de  réagir  contre  la  compression  que  nous  observons  dans  les  gaz. 
11  est  accéléré  par  la  chaleur  et  ralenti  par  le  froid,  la  tension  du  gaz  étant 
augmentée  dans  le  premier  cas  et  diminuée  dans  le  second. 

.1  Ce  mouvement  moléculaire  n'éprouve  aucune  altération  dans  le  cas 
même  où  le  même  gaz  se  trouve  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur  du  vase,  et 
conséquemment  en  ^contact  avec  les  deux  côtés  de  la  plaque  poreuse.  En 
effet,  dans  ce  cas,  les  molécules  gazeuses  entrent  et  sortent  par  les  pores 
exactement  dans  la  même  proportion,  et  produisent  ainsi  un  échange  qui 
n'est  rendu  perceptible,  ni  par  un  changement  de  volume,  ni  par  aucun 

autre  phénomène. 

„  Si  les  gaz  en  communication  sont  de  natures  différentes,  mais  possè- 
dent approximativement  la  même  densité  et  la  même  vélocité  de  mouve- 
ment moléculaire,  comme  cela  a  lieu,  par  exemple,  pour  l'azote  et  l'oxyde 
de  carbone,  alors  il  y  a  simplement  échange  de  molécules  sans  changement 
de  volume.  Si  au  contraire  les  gaz,  communiquant  par  la  paroi  poreuse, 
sont  de  densités  et  de  vitesses  moléculaires  différentes,  alors  la  i)énétration 
réciproque  cesse  évidemment  d'être  égale  dans  les  deux  directions. 

»  Noiis  avons  fait  précéder  ces  observations  préliminaires  à  la  considé- 
ration des  phénomènes  que  présente  le  passage  d'un  gaz  à  travers  la  plaque 
de  graphite,  dans  une  seule  direction,  soit  sous  pression,  soit  par  l'effet  de 
sa  seule  force  élastique.  Nous  supposerons  que  le  vide  soit  maintenu  d'un 
côté  du  diaphragme  poreux,  tandis  que  de  l'air  ou  un  autre  gaz  soumis  a 
une  pression  constante  se  trouve  en  contact  avec  l'autre  côté. 

>.  Le  passage  du  gaz  clans  l'espace  vide  peut  s'effectuer  de  trois  manières 
différentes,  ou  plutôt  de  deux  autres  manières,  outre  celle  que  nous  ve- 
nons d'indiquer. 

V  1.  Le  gaz  entre  dans  le  vide  en  passant  par  une  seule  ouverture  très- 
petite,  percée  en  paroi  mince,  telle  qu'une  piqûre  faite  avec  une  pointe  en 
acier  très-fine  dans  une  feuille  de  platine. 

>,  La  rapidité  du  passage  des  différents  gaz  dépend  alors  de  leur  pesan- 
teur spécifique,  conformément  à  la  loi  pneumatique  que  M.  John  Robinson 
a  déduite  du  théorème  bien  connu  deTorricelli,  sur  la  vitesse  d'écoulement 
des  fluides. 

.  Un  gaz  se  précipite  dans  le  vide  avec  la  vitesse  acquise  par  un  corps 


(  i85) 
pesant,  en  tombant  de  la  hauteur  d'une  atmosphère  composée  du  gaz  en 
question  et  supposée  partout  d'une  densité  uniforme. 

»  La  hauteur  de  cette  atmosphère  uniforme  sera  en  raison  inverse  de  la 
densité  du  gaz.  L'atmosphère  d'hydrogène,  par  exemple,  serait  seize  fois 
plus  haute  que  celle  de  l'oxygène. 

»  Mais  la  vitesse  acquise  par  la  chute  d'un  corps  pesant  n'étant  pas  di- 
rectement proportionnelle  à  la  hauteur,  mais  à  la  racine  carrée  de  la  hau- 
teur, il  en  résulte  que  la  vitesse  d'écoulement  des  différents  gaz  dans  le  vide 
sera  en  raison  inverse  de  la  racine  carrée  de  leurs  densités  respectives.  La 
vitesse  d'écoidement  de  l'oxygène  étant  représentée  par  i,  celle  de  l'hy- 
drogène sera  exprimée  par  4  =  V  'C- 

))  Cette  loi  a  été  soumise  à  une  vérification  expérimentale  (i).  La  loi 
d'écoulement  des  gaz  que  nous  venons  de  citer  est  tout  à  fait  analogue  à 
celle  qui  règle  la  diffusion  moléculaire,  mais  il  importe  d'observer  de  suite 
que  les  phénomènes  d'écoulement  ou  d'effusion  sont  très-distincts  et  d'une 
nature  essentiellement  différente  de  ceux  dediffusion, 

»  C'est  le  gaz  en  masse  qui  participe  aux  mouvements  d'effusion,  tandis 
que  ce  ne  sont  que  les  molécules  du  gaz  qui  sont  affectées  par  le  mouvement 
de  diffusion  :  généralement  la  vitesse  d'écoulement  d'un  gaz  est  plusieurs 
milliers  de  fois  plus  grande  que  la  vitesse  de  diffusion.  La  vitesse  d'écou- 
lement de  l'air  est  aussi  rapide  que  la  vitesse  de  translation  du  son. 

»  2.  Si  l'orifice  d'écoulement  est  percé  en  parois  de  plus  en  plus  épais- 
ses et  se  convertit  ainsi  en  tube,  les  vitesses  d'effusion  sont  soumises  à  des 
perturbations.  Ou  observe  cependant  de  nouveau  un  rapport  constant  entre 
les  vitesses  d'écoulement  des  différents  gaz,  lorsque  le  tube  capillaire  ac- 
quiert une  longueur  assez  considérable,  c'est-à-dire  lorsque  la  longuein- 
dépasse  au  moins  4ooo  fois  le  diamètre. 

»  Ces  nouveaux  rapports  constituent  les  lois  de  la  transpiration  capillaire 
des  gaz  (2);  elles  ne  varient  pns,  que  le  tube  capillaire  soit  en  cuivre  ou  en 
verre,  et  paraissent  indépendantes  de  sa  nature  et  de  sa  composition. 

»  Cela  provient  sans  doute  de  ce  qu'une  couche  de  gaz  excessivement 
ténue  reste  adhérente  à  la  surface  interne  du  tube,  et  que  le  frottement  a 
heu  en  réalité  entre  les  molécules  du  gaz,  et  ne  peut  être  influencé  par  la  na- 
ture de  la  substance  du  tube. 

y>  Les  vitesses  de  transpiration  ne  dépendent  pas  de  la  densité  et  sont  eu 

(i)  Sur  le  mouvement  des  gaz,  P/hVo^.  Trans.,  1846,  p.  5-3. 
(2)  Ibid.,  p,  5g I,  et  Philos.  Trans,,  1849,  P'  ^49' 


(  i86) 
réalité  singulièrement  différentes  des  vitesses  d'effusion.  La  vitesse  de  trans- 
piration de  l'oxygène  étant  =  i,  celle  du  chlore  =  i,5,  celle  de  l'hydro- 
gène z=  2,7.6,  celle  de  la  vapeur  de  l'éther  à  de  basses  températures  égale 
ou  presque  égale  à  la  vitesse  de  l'hydrogène,  celle  de  l'azote  et  de  l'oxyde 
de  carbone  presque  la  moitié  de  celle  de  l'hydrogène,  celle  du  gaz  oléfiant, 
de  l'ammoniaque  et  du  cyanogène  =2,  c'est-à-dire  le  double  ou  approxi- 
mativement le  double  de  celle  de  l'oxygène;  celle  de  l'acide  carbonique 
=  1,376,  et  celle  du  gaz  des  marais  =  1,81 5. 

M  Pour  le  même  gaz  la  transpirabilité  pour  des  volumes  égaux  croît  avec 
l'augmentation  de  la  densité,  qu'elle  soit  produite  par  le  froid  ou  par  la 
pression. 

»  Les  rapports  entre  les  vitesses  de  transpiration  des  différents  gaz  ne  pa- 
raissent présenter  aucune  relation  constante  avec  les  autres  propriétés  con- 
nues de  ces  mêmes  gaz,  et  constituent  une  classe  de  phénomènes  extrê- 
mement remarquables,  précisément  par  leur  isolement  au  milieu  des  faits 
connus  concernant  les  gaz. 

»  L'une  des  propriétés  de  la  transpiration  est  immédiatement  applicable 
à  la  pénétration  des  gaz  à  travers  les  pores  de  la  plaque  de  graphite.  Les 
tubes  capillaires  offrent  au  passage  du  gaz  une  résistance  analogue  à  la  ré- 
sistance due  au  frottement,  en  ce  sens  qu'elle  croît  proportionnellement 
avec  la  surface  et  augmente  par  conséquent  à  mesure  que  les  tubes  se 
multiplient  ou  diminuent  de  diamètre,  la  section  totale  du  passage  des  gaz 
restant  constante. 

»  La  résistance  au  passage  d'un  liquide  à  travers  un  tube  capillaire  est, 
d'après  les  observations  de  Poiseuille,  très-approximativement  en  raison  du 
diamètre  du  tube  élevé  à  la  quatrième  puissance. 

»  Pour  les  gaz,  cette  résistance  au  passage  augmente  également  très-rapi- 
dement dans  les  mêmes  circonstances,  mais  la  loi  n'en  a  pas  encore  été 
déterminée. 

>)  Il  en  résulte  cependant  avec  certitude  cette  conséquence  qu'en  dimi- 
nuant de  plus  en  plus,  et  pour  ainsi  dire  indéfiniment,  le  diamètre  des  tubes 
«apiliaires,  on  ralentit  aussi  à  peu  près  indéfiniment  l'écoulement  du  fluide, 
au  point  qu'il  cesse  d'être  appréciable.  On  peut  donc  concevoir  lui  assem- 
blage de  tubes  capillaires  assez  nombreux  pour  que  leurs  sections  réunies 
constituent  une  large  surface,  tandis  que  cependant  chaque  tube  individuel 
est  trop  étroit  pour  permettre  un  écoulement  sensible  de  gaz,  même  sous 
pression .  Une  masse  solide  et  poreuse  peut  parfaitement  présenter  ces  mêmes 
conditions  de  difficulté  de  pénétration  comme  l'agrégation  de  tubes  capil- 


(  i87  ) 

laires,  et  en  effet,  cet  état  de  porosité  paraît  être  réalisé  d'une  manière  pins 
ou  moins  approximative  par  toutes  les  masses  minérales  résultant  d'une 
agrégation  de  particules  légère  et  peu  compacte,  telles  que  la  chaux  vive, 
le  plâtre,  le  stuc,  la  craie,  l'argile  calcinée,  les  poudres  terreuses  non  cris- 
tallines analogues  à  l'hydrate  de  chaux  ou  à  la  magnésie  qui  ont  été  com- 
primées par  une  pression  énergique;  mais  c'est  le  graphite  artificiel  qui  pré- 
sente peut-être  au  plus  haut  degré  cet  état  de  porosité. 

»  3.  Une  plaque  de  graphite  artificiel,  quoiqu'elle  paraisse  pratiquement 
impénétrable  aux  gaz  sous  le  rapport  des  deux  genres  de  passage  que  nous 
venons  de  décrire,  est  peut-être  facilement  traversée  par  l'effet  du  mouve- 
ment moléculaire  ou  de  diffusion  des  gaz.  On  le  démontre  en  comparant  le 
temps  nécessaii'e  pour  le  passage  de  volumes  égaux  de  différents  gaz  sou- 
mis à  une  pression  constante.  Déjà  antérieurement  on  avait  trouvé  les  nom- 
bres suivants  pour  le  passage,  à  travers  un  tube  de  verre  capillaire,  de  volumes 
égaux  d'oxygène,  d'hydrogène  et  d'acide  carbonique  placés  dans  les  mêmes 
conditions  de  pression  et  de  température. 

Temps  exigé  pour  la   transpiration  capillaire. 

Oxygène i 

Acide  carbonique 0,72 

Hydrogène o  ,44 

»  Le  passage  des  mêmes  gaz  sous  la  pression  d'une  colonne  de  mercure 
de  100  millimètres  de  hauteur,  ayant  été  maintenant  observé  en  faisant 
usage  d'une  plaque  de  graphite  artificiel  de  ^  millimètre  d'épaisseur,  donne 
les  résultats  suivants  : 

Temps  employé  pour  te  passage  moléculaire. 

Racine  carrée 
delà 
densité.  (Oxygène  =1.) 

Oxygène r  i 

Acide  carbonique i  ,  1886  i ,  1760 

Hydrogène • 0,2472  o,25oa 

»  Il  paraît  d'après  cela  que  la  durée  du  passage  à  travers  la  plaque  de 
graphite  ne  présente  aucune  relation  avec  le  temps  exigé  pour  la  transpira- 
tion capillaire  de  ces  mêmes  gaz,  temps  que  nous  avons  indiqué  plus  haut. 

»  Les  chiffres  observés  se  rapprochent  en  outre  beaucoup  de  ceux  que 
fournit  le  calcul,  en  prenant  pour  base  la  racine  carrée  des  densités  des  trois 


(  i88  ) 
gaz,  comme  le  montre  le  dernier  tableau,  et  jusque-là  ils  s'accordent  avec 
les  temps  de  diffusion  théoriques  qui  sont  généralement  attribués  à  ces  mêmes 
gaz. 

»  Pour  multiplier  les  expériences  en  les  variant,  on  dispose  la  placpie  de 
graphite  de  manière  à  faire  pénétrer  les  gaz  dans  le  vide  deTorricelli,  en  les 
soumettant  en  conséquence  à  la  pression  entière  de  l'atmosphère. 

)'  Des  volumes  égaux  de  gaz  exigèrent  pour  la  pénétration  les  temps 
suivants  : 

Racine  carrée 
Temps.  de  la  densité. 

Oxygène i  i 

Air  atmosphérique o,g5oi  0,9607 

Acide  carbonique i  ,  1860  i  ,  1760 

Hydrogène o ,  35o5  o ,  i5oi 

»  Cette  pénétration  des  gaz  à  travers  les  pores  de  la  plaque  de  graphite 
paraît  être  due  à  leur  mouvement  moléculaire  propre,  sans  que  les  phéno- 
mènes de  transpiration  y  prennent  la  moindre  part. 

»  Elle  semble  offrir  l'exemple  le  plus  simple  possible  du  mouvement 
moléculaire  ou  de  diffusion.  Ce  résultat  doit  être  attribué  à  la  porosité  d'une 
si  admirable  finesse  de  la  plaque  de  graphite.  Les  pores  ou  canaux  paraissent 
être  assez  petits  pour  empêcher  complètement  la  transpiration  et  le  passage 
en  masse. 

»  On  pourrait  comparer  le  graphite  à  une  espèce  de  tamis  moléculaire 
qui  ne  laisse  passer  que  des  molécules. 

»  Avec  une  plaque  en  stuc,  la  pénétration  des  gaz  sous  pression  est  très- 
rapide,  et  les  volumes  d'air  et  d'hydrogène  qui  passent  dans  le  même  temps 
sont  dans  le  rapport  de  i  à  2,891 .  Ce  dernier  nombre  se  rapportant  à  l'hy- 
drogène  est  intermédiaire  entre  le  volume  de  transpiration  ^2,04  et  celui 
de  diffusion  =3,8,  et  indique  que  le  passage  des  gaz  à  travers  le  stuc  n'est 
point  un  résultat  simple  (le  résultat  d'une  cause  unique),  mais  la  résultante 
de  deux  causes  réunies. 

»  Avec  une  plaque  de  biscuit  d'une  épaisseur  de  2"™, 2,  le  volume  d'hy- 
drogène (l'air  étant  =1)  atteignit  3,704,  se  rapprochant  donc  beaucoup  de 
3,8,  nombre  exprimant  l'effet  du  mouvement  moléculaire.  Pour  le  même 
gaz,  la  rapidité  de  passage  à  travers  le  graphite  paraît  être  très-approxima- 
tivement  proportionnelle  à  la  pression. 

»  On  observe  en  outre  que  l'hydrogène  pénètre  dans  le  vide  à  travers 
la  plaque  de  graphite  avec  sensiblement  la  même  vitesse  absolue  que  lorsque 


(  '89) 
le  même  gaz  se  diffuse  clans  l'air;  ce  fait  important  démontre  que  la  force 
dimpulsion  est  la  même  dans  les  deux  cas. 

»  La  mobilité  moléculaire  peut  donc  être  considérée  comme  identique 
avec  le  mouvement  de  diffusion  des  gaz;  le  passage  d'un  gaz  dans  le  vide 
à  travers  une  plaque  poreuse,  comme  diffusion  dans  un  seul  sens  ou  une 
seule  direction,  c'est-à-du-e  comme  tliffusion  simple,  et  la  diffusion  ordi- 
naire ou  le  passage  de  deux  gaz  dans  des  directions  opposées,  comme  diffu- 
sion double,  composée  ou  réciproque. 

/)  Almolyse. —  I,es  considérations  précédentes  permettent  de  prévoir  qu'on 
peut  arriver  à  une  sépaiation  partielle  d'un  mélange  de  gaz  et  .vapeurs  de 
diffusibililés  différentes,  en  permettant  à  ce  mélange  de  se  diffuser  à  travers 
une  plaque  de  graphite  dans  le  vide.  Cette  nouvelle  méthode  d'analyse 
présentant  un  caractère  pratique  et  étant  susceptible  d'applications  très-éten- 
dues, il  paraît  convenable  de  la  distinguer  par  un  nom  spécial  [iamolysc\ 
La  séparation  sera  d'autant  plus  considérable  que  la  pression  sera  plus 
grande,  et  elle  atteint  son  maximum  en  permettant  aux  gaz  de  se  diffuser 
dans  un  vide  presque  parfait. 

»  Un  grand  nombre  d'expériences  furent  faites  à  ce  point  de  vue;  les 
plus  intéressantes  sont  sans  doute  celles  qui  ont  rapport  à  la  concentration 
de  l'oxygène  de  l'air  atmosphérique.  Une  certaine  quantité  d'air  renfermée 
dans  un  ballon  étant  mise  en  communication  avec  le  vide,  à  travers  une 
plaque  de  graphite,  l'azote  devra  passer  plus  rapidement  que  l'oxygène  dans 
le  rapport  de  1,0668  à  i,  et  la  propoi-tion  d'oxygène  doit  donc  devenir 
plus  forte  dans  l'air  qui  n'a  pas  encore  quitté  le  ballon.  En  effet,  Taiigmen- 
tation  de  la  proportion  d'oxygène  fut  trouvée,  lorsque  le  volume  d'air  du 
ballon  s'était  réduit  de  1  volume  : 

A  0,5  volumes,   de 0,4^  pour   100 

A  0,25  »  0,98  » 

A  G ,  1 25  »  I  )  54  • 

A  0,0625  »  2,02  » 

En  d'autres  termes,  la  quantité  d'oxygène  s'était  accrue  de  21  à  23, 02 
pour  100  dans  le  dernier  seizième  d'air  restant  dans  le  ballon. 

»  Les  plus  remarquables  effets  de  séparation  furent  produits  au  moyen  du 
tube  almolyseur. 

»  11  consiste  tout  simplement  en  un  tuyau  très-étroit  en  porcelaine  ou 
poterie  non  vernie,  tel  que  par  exemple  un  tuyau  de  pipe  à  fumer  en  tene 

C.  R.,  i863.  ame  Semestre.  (T.  LVU,  N»  4.)  26 


(  »9o  ) 
lie  deux  pieds  de  longueur,  fixé  au  moyen  de  bouchons  dans  un  tube  eu 
verre  plus  court  et  plus  large,  de  manière  à  faire  ressembler  le  tout  à  tui 
réfrigérant  de  Liebig.  Le  tube  en  verre  est  mis  en  communication  avec  une 
machine  pneumatique,  de  manière  à  maintenir  le  vide  le  plus  cocnpiet 
possible  dans  l'espace  annulaire  compris  entre  les  deux  tubes. 

»  On  dirige  ensuite  un  courant  d'air  atmosphérique  ou  d'un  mélange 
quelconque  de  gaz  à  travers  le  tuyau  en  terre  de  pipe,  et  on  recueille  les 
gaz  à  mesure  qu'ils  se  dégagent  de  l'autre  extrémité  du  tuyau.  I.e  mélange 
de  gaz  ainsi  almolysé  a  évidemment  diminué  de  volimie,  de  toute  la  quan- 
tité de  gaz. qui  a  passé,  à  travers  les  pores  du  tuyau  en  terre,  dans  le  tube 
en  verre  et  de  là  dans  le  récipient  de  la  machine  pneumatique.  Plus  le  cou- 
rant de  gaz  est  lent  dans  le  tuyau  en  terre,  plus  sera  aussi  considérable  la 
perte  en  volume. 

i>  Mais  par  contre,  dans  le  gaz  recueilli,  les  éléments  gazeux  plus  denses 
auront  été  concentrés  dans  un  rapport  arithmétique,  pendant  que  le  voliune 
total  du  mélange  aura  été  diminué  dans  un  rapport  géométrique.  Dans  l'une 
des  expériences,  la  proportion  d'oxygène  dans  lair  atmosphérique,  qui 
avait  traversé  le  tube  atmolyseur,  s'était  élevé  à  al\,5o  pour  loo,  constituant 
une  augmentation  de  16,7  pour  100  de  la  quantité  totale  d'oxygène  existant 
normalement  dans  l'air. 

»  En  opérant  avec  des  gaz  où  la  différence  de  densité  et  de  diffusibilité 
est  aussi  grande  que  celle  qui  existe  entre  l'oxygène  et  l'hydrogène,  la  sépa- 
ration est  évidemment  beaucoup  plus  complète.  Un  mélange  détonant  de 
2  volumes  hydrogène  et  i  volume  oxygène,  en  passant  par  le  tube  atmo- 
lyseur,  fournit  de  l'oxygène  ne  renfermant  plus  que  g, 3  pour  100  d  hydro- 
gène, et  dans  lequel  on  peut  faire  brûler  une  bougie  sans  provoquer  d'ex- 
plosion; en  opérant  avec  un  mélange  de  volumes  égaux  d'oxygène  et 
d'hydrogène,  la  proportion  de  ce  dernier  gaz  est  aisément  réduite  de  5o  à 
5  pour  100. 

1)  I nier -dif fusion,  double  diffusion  des  gaz.  —  La  construction  du  tliffu- 
siomètre  a  reçu  un  perfectionnement  important  de  la  part  de  JM.  le  professeur 
Bunsen,  par  l'addition  d'un  levier  arrangé  de  manière  à  souhner  ou  à 
déprimer  le  tube  dans  la  cuve  à  mercure. 

»  Mais  la  niasse  de  stuc  faisant  fonction  de  plaque  poreuse  dans  son 
instrument  semble  être  trop  volumineuse,  et  susceptible  de  se  détacher 
spontanément  des  parois  du  tube,  lorsqu'elle  est  séchée  à  l'aide  de  la 
chaleiu'. 

»   Cet  illustre  physicien  ne  parait  d'ailleurs  plus  attacher  une  extrême 


(   '9'  ) 
importance  au  nombre  3,4  qu'il  avait  obtenu  pour  l'hydrogène.  Il  est  cer- 
tainement   assez   remarquable  que   dans   mes   anciennes    expériences    les 
nombres  trouvés  dépassaient  plutôt,  au  lieu  d'en  approcher  seulement,  le 

nombre  théorique  pour  l'hydrogène,   --=r^  =  3,  7994- 

V 0,6926 

11  En  se  servant  de  stuc  comme  diaphragme,  les  cavités  de  la  plaque 
poreuse  forment  environ  un  quart  du  vohuiie  total  et  affectent  sensiblement 
le  nombre  en  question,  suivant  qu'elles  sont  ou  ne  sont  pas  comprises  dans 
la  capacité  de  l'instrument. 

'1  En  commençant  constamment  la  diffusion  avec  ces  cavités  remplies 
d'hydrogène,  les  nombres  actuellement  obtenus  en  employant  une  plaque 
de  stuc  de  12  millimètres  d'épaisseur  et  séchée  sans  l'aide  de  la  chaleur, 
les  nombres  trouvés  furent  3,783,  3,8  et  3,739.  Lorsque  le  volume  des 
cavités  du  stuc  était  ajouté  à  la  fois  à  l'air  et  à  l'hydrogène,  les  nombres 
étaient  3,93i,  3,949  et  3,883  lorsque  cette  addition  n'était  point  faite  à 
ces  volumes. 

»  La  plaque  de  graphite,  au  contraire,  à  cause  de  son  peu  d'épaisseur,  et 
le  volume  trop  minime  de  ses  pores  pour  qu'il  soit  nécessaire  d'en  tenir 
compte,  ne  présente  point  une  pareille  cause  d'incertitude.  Avec  une  plaque 
de  graphite  de  2  millimètres  d'épaisseur,  le  nombre  pour  le  passage  de  l'hy- 
drogène dans  l'air  fut  trouvé  =3,876,  et  celui  pour  l'hydrogène  dans 
l'oxygène  =  4)  1^4  (:><i  lieu  de  4)- 

»  En  employant  une  plaque  de  graphite  de  i  millimètre  d'épaisseur, 
l'hydrogène  foiu-nit  le  nombre  3,993,  l'air  étant  i.  Avec  une  plaque  de 
o""",  5  d'épaisseur,  les  nombres  exprimant  le  rapport  de  l'hydrogène  a 
l'air  s'élevèrent  à  3,984,  4, 068  et  4,067.  Une  pareille  divergence  entre 
le  nombre  expérimental  et  le  nombre  théorique  fut  observée  également 
en  diffusant  de  l'hydrogène  dans  l'oxygène  ou  dans  l'acide  carbonique,  au 
lieu  de  le  diffuser  dans  l'air.  Toutes  ces  expériences  fiu-ent  faites  au-dessus 
du  mercure  et  avec  des  gaz  desséchés. 

»  On  voit  que  les  nombres  de  ces  expériences  se  rapprochent  plus  de 
ceux  de  la  théorie,  lorsque  la  plaque  de  graphite  est  épaisse  et  que  la  diffu- 
sion se  fait  par  suite  avec  une  grande  lenteur.  Lorsque  la  diffusion  est  très- 
rapide,  comme  cela  arrive  avec  des  plaques  minces,  il  est  possible  qu'il  se 
forme  quelque  chose  de  semblable  à  des  courants  dans  tes  canaux  du 
graphite,  courants  qui  suivent  la  direction  de  l'hydrogène,  et  qui  dans 
leur  masse  font  rétrograder  une  petite  quantité  d'air  ou  du  gaz  plus  lent 
quel  qu'il  soit. 

26.. 


(   '9^  ) 

»  On  ne  peut  guère  se  rendre  compte  d'une  autre  manière  de  cette 
légère  prédominance  que  le  gaz  plus  léger  et  plus  rapide  setidsle  toujours 
acquérir  pendant  la  diffusion  à  travers  un  dia|)hragme  poreux. 

»  En  dernier  lieu,  il  apparaît  que  la  mobilité  moléculaire  ou  diffusive 
exerce  une  certaine  influence  sur  réchauffement  des  gaz  par  le  contact  avec 
des  surfaces  liquides  ou  solides  chauffées. 

))  C'est  le  contact  des  molécules  gazeuses  avec  une  surface  possédant  une 
température  différente  qui  paraît  être  la  condition  du  transport  de  la  cha- 
leur ou  du  mouvement  calorifique  de  l'une  à  1  autre. 

»  Plus  le  mouvement  moléculaire  du  gaz  est  rapide,  plus  sera  fréquent 
le  contact  des  molécules,  plus  aussi  s'effectuera  vile  la  communication  de 
la  chaleur.  De  là  probablement  le  grand  pouvoir  refroidissant  d'hydrogène 
comparé  à  celui  de  l'oxygène  ou  de  l'air.  Les  trois  gaz  possèdent  à  volume 
égal  la  même  chaleur  spécifique,  mais  un  objet  chaud  placé  dans  de  l'hy- 
drogène est  réellement  touché  3,8  fois  plus  souvent  que  s'il  se  Irouvaitdans 
l'air,  et  4  fo's  plus  souvent  que  s'il  était  environné  d'une  atmosphère 
d'oxygène. 

»  Dallon  avait  déjà  attribué  cette  propriété  refroidissante  particulière  lie 
l'hydrogène  à  sa  grande  «  mobilité.  »  Cette  même  propriété  moléculaire  de 
l'hydrogène  le  recommande  pour  l'application  dans  les  machines  à  air  où  il 
s'agit  de  chauffer  et  de  refroidir  alternativement  et  rapidement  des  volumes 
enfermés  de  gaz.   » 

RAPPORTS. 
HYDRAULIQUE.    —    Rapport  sur  un    Mémoire  présenté  par  M.  Razix,  ingé- 
nieur des  Ponts  et  Chaussées,  sur  le   mouvement  de  rcaii  dans  les  canmix 

dé(  ouverts. 

(Commissaires,  MM.  Du|)in,  Poncelet,  Combes,  Clapeyron, 
Morin  rapporteur.) 

»  Les  ingénieurs  qui  s'occupent  du  mouvement  de  l'eau  dans  les  canaux 
et  les  tuyaux  de  conduite  ont  depuis  assez  longtemps  déjà  reconnu  que  les 
formules  déduites  par  Prony  d'un  nombre  restreint  d'expériences  faites 
dans  des  circonstances  peu  comparables  n'étaient  applicables  qu'à  certains 
cas. 

»  D'imepart,  leur  forme  assez  compliquée  en  rend  l'application  un  |)eu 
longue,  malgré  l'usage  des  tables  calculées  potn-  la  faciliter,  et  de  l'autre 
l'influence  de  la  nature  des  parois  dont  ces  formules  font  abstraction  a  été 
trop  nettement  constatée  par  les  belles  recherches  de  feu  M.  Darcy  sur  le 


(  '93  ) 
mouvement  de  l'eau  dans  les  tuyaux  de  conduite,  pour  qu'il  ne  fût  pas 
devenu  nécessaire  d'entreprendre  des  études  analogues  pour  reconnaître, 
s'il  était  possible,  les  lois  de  cette  même  influence  sur  le   mouvement  de 
l'eau  dans  les  canaux. 

«  Aussi,  dès  l'année  i854,  dans  un  Rapport  approuvé  par  l'Académie  sur 
les  premiers  travaux  de  M.  Darcy,  relatifs  aux  tuyaux  de  condiiite,  avions- 
nous  appelé  l'intérêt  de  la  Compagnie  et  la  bienveillance  du  Gouvernement 
sur  les  recherches  que  ce  savant  ingénieur  avait  déjà  entreprises  el  se  pro- 
posait de  poursuivre  sur  cette  question. 

i>  Ni  l'appui  du  Ministre  des  Travaux  ])uli|ics,  ni  le  concours  d'ingcnieurs 
habiles  et  dévoués  à  la  science  n'ont  manqué  à  M.  Darcy.  Les  ressources 
nécessaires  avaient  été  mises  à  sa  disposition;  M.  Baumgarten,  ingénieur 
en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  lui  avait  prêté  l'aide  d'iuie  longue  expé- 
rience acquise  dans  les  travaux  du  Rhin;  M.  Ritter,  alors  ingénieur  ordi- 
naire attaché  au  service  hydraulique  de  la  Côte-d'Or,  l'avait  assisté  de  son 
dévouement.  Mais  M.  Darcy  n'avait  pas  mesuré  l'étendue  de  la  tâche  qu  il 
s'était  imposée  aux  forces  qui  lui  restaient  après  de  longs  travaux.  D'une 
autre  part,  M.  Baumgarten  et  M.  Ritter,  appelés  par  les  exigences  du  service 
à  d'autres  destinations,  avaient  été  séparés  de  M.  Darcy  en  i856,  au  mo- 
ment où,  les  préparatifs  préliminaires  étant  achevés,  les  expériences  allaient 
commencer. 

»  Il  était  réservé  à  M.  Bazin,  que  M  Darcy  s'était  adjoint  dès  cette 
époque,  de  le  seconder  d'abord,  et  plus  tard  après  sa  mort  si  regrettable, 
survenue  en  i858,  de  réunir,  de  compléter  et  de  discuter  les  résidtals  de 
tant  de  nombreuses  et  délicates  expériences,  et  den  déduire,  pour  l'art  de 
1  ingénieur,  les  conséquences  importantes  auxquelles  elles  conduisent. 

))  Le  travail  dont  nous  avons  à  rendre  compte  à  l'Académie  est  donc 
l'œuvre  de  plusieurs  ingénieurs.  11  a  été  conçu,  organisé,  commencé  par 
M.  Darcy,  jjoursuivi  sous  sa  direction  jusqu'à  sa  mort;  mais  l'exécution 
d'une  très-grande  partie  des  expériences,  la  discussion  de  leurs  résultats, 
ainsi  que  les  déductions  scientifiques  qui  en  découlent,  et  qui  sont  exposées 
dans  le  Mémoire  de  M.  Bazin  avec  une  remarquable  lucidité,  doivent  être 
considérées  connue  apjiartenant  en  propre  à  cet  ingénieiu-. 

»  Le  Mémoire  que  M.  Bazin  soumet  au  jugement  de  l'Académie  est  par- 
tagé en  quatre  sections  principales,  ayant  pour  objet  : 

»    1°  Les  expériences  sur  les  canaux  à  l'égime  uniforme; 

»    1°  Les  expériences  sur  la  distribution  des  vitesses  dans  les  courants; 

»   3°  Les  expériences  sur  le  mouvement  varié; 


(  194  ) 

»  4°  I-'fis  expériences  sur  le  mouvement  des  oudes. 

o  L'étendue  considérable  de  ces  recherches,  qui  sont  contenues  et  discu- 
tées dans  quatre  volumes  manuscrits  in-folio,  accompagnés  de  quarante 
planches  parfaitement  exécutées  par  M.  Cliapuis,  conducteur  des  Ponts  et 
Chaussées,  nous  a  obligés  à  en  partager  l'examen  entre  deux  Membres  de 
la  Commission  qui  ont  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  les  Rapports 
i)artiels  dont  nous  allons  lui  faire  connaître  le  premier,  principalement 
relatif  au  mouvement  de  l'eau  dans  les  canaux  à  régime  uniforme. 

£>u  mouvement  uniforme  de   l'eau  dans  les  canaux. 

))  Avant  d'analyser  la  partie  principale  de  ce  long  ensemble  de  recher- 
ches qui,  commencé  en  i8j5,  n'a  été  terminé  qu'en  18G2,  il  est  néces- 
saire de  dire  quelques  mots  des  dispositions  prises  pour  assurer  l'exac- 
titude des  résultats  observés  et  des  conséquences  qu'il  est  permis  d'en 
déduire. 

»  Disposilions générales.—  Pour  l'exécution  des  expériences,  et  afin  de  leur 
donner  un  caractère  tout  à  fait  pratique,  comp;irable  à  celui  des  circon- 
stances où  l'on  pourrait  a%'oir  à  se  servir  des  règles  que  l'on  espérait  en 
déduire,  M.  Darcy  avait  fait  établir  au  bief  n"  67  du  canal  de  Bourgogne  Une 
rigole  de  5q6'",5o  de  longueur  qui,  après  avoir  suivi  parallèlement  ce  canal 
sur  45o  mètres,  se  détournait  à  gauche  pour  verser  dans  la  rivière  d'Ouche 
les  eaux  qu'elle  avait  empruntées  au  canal.  Cette  rigole,  dont  les  parois 
étaient  revêtues  en  planches  de  peuplier,  convenablement  maintenues  par 
des  cadres,  avait  dans  œuvre  2  mètres  de  largeur  sur  o'°,95  de  profondeur. 
Elle  était  enveloppée  à  l'extérieur  par  un  corroi  à  très-peu  près  imper- 
méable, et  ses  dimensions  intérieures  ont  permis  d'y  installer  de  faux  plan- 
chers pour  opérer  sur  des  pentes  diverses  et  des  profils  variés,  selon  les 
formes  que  l'on  se  proposait  d'étudier. 

»  Prise  d'eau.  — L'emi  que  l'on  voulait  faire  couler  dans  cette  rigole  était, 
à  l'origine,  simplement  empruntée  au  canal  à  175  mètres  en  aval  de  l'écluse 
n*"  56,  au  moyen  d'un  vannage  à  quatre  ouvertures  de  i  mètre  de  largeur, 
pouvant  avoir  o'",4o  de  hauteur;  mais  l'observation  ne  tarda  pas  à  mon- 
trer que,  pour  obtenir  un  écoulement  régulier  et  normal  de  l'eau  dans  la 
rigole,  il  était  nécessaire  d'établir,  entre  le  vamiage  et  cette  rigole,  im  bas- 
sin ou  un  bief  de  distribution  particulier,  terminé  par  un  barrage  muin 
d'orifices  plus  petits  et  plus  nombreux. 

1.  C'est  ce  qui  conduisit  M.  Darcy  à  faire  construire  un  deuxième  barrage 
percé  de  douze  orifices  de  o^jtio  sur  o'",20,  avec  encadrements  et  ventelles 


(  '95) 
en  cuivre,  se  rapprochant  autant  qtie  possible  des  formes  et  des  proportions 
des  orifice»  à  contraction  complète,  si  bien  étudiées  par  IMM.  Poucelet  et 
Lesbros,  dans  leurs  belles  recherches  sur  l'écoulement  de  l'eau. 

»  Mais  nous  devons  dire  de  suite  que  les  dispositions  locales  et  le  rap- 
prochement des  orifices  ayant  occasionné  quelques  différences  dans  la 
valeur  des  coefficients  de  la  dépense,  on  a  été  obligé  de  se  livrer  à  des 
expériences  spéciales,  très-utiles  d'ailleurs,  pour  déterminer  les  valeurs 
particulières  qu'il  convenait  de  lui  attribuer  dans  chacun  des  cas  variés  qui 
se  sont  présentés. 

»  Ces  expériences  étaient  rendues  faciles,  et  l'exaclitude  de  leiu's  résul- 
tats ne  pouvait  rien  laisser  à  désirer,  attendu  que  la  grande  étendue  de  la 
rigole  régulière,  dans  laquelle  les  eaux  pouvaient  éire  reçues,  permettait 
de  déterminer  exactement  le  volume  d'eau  qui  y  avait  afflué. 

M  Outre  l'usage  ultérieur  qui  a  éié  fait  de  ces  résultats  pour  les  recher- 
ches spéciales  qui  sont  l'objet  du  Mémoire,  elles  ont  donc  pu  fournir  des 
données  utiles  à  l'art  de  l'ingénieur,  quant  à  l'écoulement  de  l'eau  par  des 
vannages  accolés  plus  ou  moins  nombreux. 

1)  Moyens  employés  pour  déterminer  la  vitesse  en  différents  points  d'une 
même  section.  —  L'étude  de  la  distribution  des  vitesses  dans  les  différentes 
parties  d'une  même  sectioii,  faite  dans  un  courant,  est  l'une  des  questions 
les  plus  délicates  et  les  plus  controversées  de  l'hydraulique,  et  sa  solution 
ne  pouvant  être  obtenue  que  par  l'expérience,  la  recherche  des  instruments 
à  employer  présente  une  grande  importance.  Aussi  a-t-elle  depuis  longtemps 
occupé  les  hydrauliciens.  Il  était  réservé  à  feu  M.  Darcy  d'arriver,  par  des 
perfectionnements  bien  conçus  et  bien  étudiés,  à  rendre  d'un  usage  com- 
mode et  sur  l'appareil  connu  sous  le  nom  de  tube  de  Pitot,  qui,  jusqu'à  lui, 
n'inspirait  qu'une  médiocre  confiance  aux  observateurs. 

»  On  sait  que  c'est  eu  lySa  que  Pitot  présenta  à  l'Académie  des  Sciences 
l'appareil  qui  porte  son  nom,  et  qui  ■<  consistait  en  une  longue  tringle  en 
»  bois  de  section  triangulaire,  dans  l'une  des  faces  de  laquelle  étaient  logés 
«  deux  tubes  en  verre.  L'im  de  ces  tubes  était  horizontalenient  recourbé 
)i  à  son  extrémité  inférieiu-e;  l'autre,  an  contraire,  descendait  verticalement 
)>  jusqu'au  niveau  de  la  partie  rocourbée  du  premier.  » 

»  L'opinion  de  Pitot  était  que  son  appareil,  exposé  au  courant  de  l'eau, 
donnerait,  par  la  différence  de  niveau  existant  entre  les  deux  colonnes 
d'eau  logées  dans  les  deux  tubes,  la  hauteur  due  à  la  vitesse  du  fluide  au 
point  que  l'on  considérait,   et  qu'il  serait  facile,  dès  lors,   de  déduire  la 


(  '96  ) 
vitesse  cherchée  au  moyen  de  la  relation  V-  =  2g/?,     h  étant  la  différence 
observée. 

M  L'idée  était  simple  et  ingénieuse  ;  mais,  malgré  les  tentatives  de  Dubtiat 
et  de  plusieurs  expériraentateurs,  diverses  circonstances  s'étaient  opposées 
jusqu'ici  à  ce  que  l'on  en  déduisît  lui  moyen  commode  et  suftisammeiit  sûr 
(le  déterminer  la  vitesse  des  différents  filets  fluides  d'une  même  secîion.  Il 
était  réservé  à  M.  Darcy  de  les  faire  disparaître  par  un  ensemble  de  dispo- 
sitions ingénieuses,  auxquelles  il  a  été  conduit  par  des  considérations  déve- 
lopp  es  dans  son  Mémoire  sur  le  Mouvement  de  l'eau  dans  les  tuyaux  de  con- 
duite, auquel  nous  renverrons  aussi  pour  la  description  de  rinsfrument. 

u  D'après  ces  considérations,  l'élévation  h'  du  niveau  dans  le  premier 
des  deux  tubes  qu'il  employait  et  la  dénivellation  fi'"  dans  le  second,  par 
rapport  au  niveau  général  du  courant,  donneraient,  par  leur  somme  //'-(-  //' 
introduite  dans  la  formule 

la  vitesse  des  filets  fluides  à  l'extrémité  du  tube  horizontal,  si  Ion  connais- 
sait le  coefficient  p.'  par  une  tare  préalable  de  l'instrument. 

«  Tels  sont  la  formule  et  les  moyens  employés  par  M.  Darcy  ;  mais  il  y  a 
ajouté  d'autres  dispositions  ingénieuses  qui  rendent  les  observations  plus 
faciles  et  plus  sûres.  On  les  trouvera  décrites  dans  le  Mémoire  de  M.  Bazin. 

»  Tare  du  tube  jaugeur.  —  Après  les  indications  que  nous  venons  de 
donner  des  perfectionnements  apportés  au  tube  de  Pitot  par  M.  Darcy,  il 
est  nécessaire  de  justifier  la  confiance  que  lui  et  ses  collaborateurs  ont 
ajoutée  aux  indications  qu'il  leur  a  fournies  pour  leurs  importantes  expé- 
riences, en  faisant  connaître  les  différents  procédés  qu'ils  ont  employés  pour 
les  vérifier. 

»  X  cet  effet,  ils  ont  procédé  au  tarage  de  cet  instrument  de  trois  manières 
différentes  : 

»  i"  En  mesurant,  à  l'aide  de  flotteurs,  la  vitesse  superficielle  d'un  cou- 
rant et  en  comparant  les  résultats  obtenus  aux  indications  i\u  tube; 

«  0°  En  faisant  mouvoir  l'instrument  avec  une  vitesse  connue  dans  une 
eau  tranquille  ; 

»  '3°  Eu  mesurant,  à  l'aide  du  tube,  la  vitesse  en  un  grand  nombre  de 
points  de  la  section  transversale  d'un  courant,  et  en  comparant  ensuite  la 
valeur  du  débit  connu  à  l'avance  avec  les  indications  de  l'instrument. 

«   Ces  trois  modes  de  tare,  complètement  indépendants  les  uns  des  autres, 


(   '97  ) 
ont  donné  pour  le  coefficient  |u,'  de  la  forniide  : 

Le  premier,      moyenne  de  ga  expériences fi'^i,oo']; 

Le  deuxième,   moyenne  de  32  expériences [i'  =  i,o34; 

Le  Iroisième,    moyenne  de  3i    expériences fi'=o,gg3. 

)'  M.  Bazin  fait  remarquer  que  les  résultats  fournis  par  le  mouvement 
d'une  barque  ont  dû  donner  des  valeurs  im  peu  trop  fortes  pour  le  coeffi- 
cient de  tare,  par  suite  de  la  forme  de  lavant-bec  de  cette  barque,  qui 
déterminait  nne  certaine  inclinaison.  C'est  par  ce  motif  que  Ion  a  pris  pour 
Ja  valeur  définitive  du  coefficient  de  la  formule  la  moyenne  arithmétique 

di               •'         1    1    I           ■  ■•             1                           1 ,007 -1- o,qq3 
e  la  première  et  de  la  troisième  valeur,  qui  est   — — ^^^^^  =  i ,  oo. 

»  Ce  coefficient  dépend  d'ailleurs  des  proportions  des  appareils,  et  si! 
est  constant  pour  un  même  instrument,  il  varie  de  l'un  à  l'autre,  selon  la 
disposition  et  les  dimensions  relatives  des  orifices. 

»  Après  cet  examen  préalable,  mais  nécessaire,  des  moyens  d'expérmieii- 
tation  organisés  par  M.  Darcy  et  mis  en  usage  par  M.  Bazin,  il  convient 
d'aborder  la  question  la  plus  importante  qui  est  l'objet  principal  des  belles 
et  laborieuses  recherches  dont  ce  dernier  ingénieur  nous  présente  les  ré- 
sultats et  la  discussion  dans  son  remarquable  Mémoire;  c'est  celle  de  la 
résistance  que  les  parois  des  canaux  et  des  rivières  offrent  au  mouvement 
de  l'eau  parvenu  à  l'état  de  régime  uniforme. 

»   On  sait  que  la  formule  donnée  par  Prony  et  qui  devient 

dans  laquelle  R  est  le  rapport  de  l'aire  A  de  la  section  transversale  du  cou- 
rant au  périmètre  mouillé  S  de  cette  section  ou  ce  que  l'on  nomme  le  lajou 

mojen,  I  :=  —  la  pente  par  mètre  courant  ou  le  rapport  supposé  constant 

de  la  pente  totale  TI  à  la  longueur  L  considérée,  U  la  vitesse  moyenne, 
a  et  b  des  coefficients  numériques  constants,  n'a  été  basée  que  sur  la 
discussion  d'un  petit  nombre  d'expériences  faites  dans  des  circonstances 
qui  n'étaient  en  réalité  que  fort  peu  comparables. 

I)  Depuis  longtemps  beaucoup  d'hydrauliciens  avaient   proposé   de  la 
modifier. 

»  Quelques  ingénieurs,  et  généralement  les  auteurs  italiens,  étaient  reve- 
nus à  la  formule  monôme  proposée  dès  1775  par  M.  de  Chézy,  et  qui  est 

RI  =  ^U% 
dans  laquelle  on  fait  ordinairement  b  =  o,ooo4. 

C.    R.,  i8G3,  î-n^  Semestre,    T.  LVII,  N°  4.)  ^7 


(  '98  ) 
»  M.  de  Saint-Venant  remplaçait  dans  la   même  formule  l'exposant  2 

par  —  en  laissant  au  coefficient  b  à  peu  prcs  la  même  valeur. 

»  Mais  tous  ces  hydrauliciens  avaient  continué  à  admettre  d'après 
Dubuat  que  la  nature  de  la  paroi  était  sans  influence  sensible  sur  l'inten- 
sité de  la  résistance  qu'elle  oppose  au  mouvement,  ce  qui  ne  pouvait  plus 
être  considéré  même  comme  approximativement  exact,  depuis  les  expé- 
riences de  M.  Darcy  sur  l'écoulement  de  l'eau  dans  les  tuyaux  de  conduite, 
qui  avaient  mis  en  évidence  l'influence  très-considérable  qu'exercent  l'état 
des  parois  et  la  nature  de  la  matière  dont  ils  sont  formés. 

»  Si,  pour  des  surfaces  aussi  régulières  que  celles  des  parois  intérieures 
des  tuyaux,  il  était  devenu  désormais  incontestable  que  la  résistance  qu'elles 
opposent  au  mouvement  des  fluides  dépend  essentiellement  de  leur  nature 
et  de  leur  état,  il  était  évident  qu'il  devait  en  être  àjortiori  de  même,  quand 
il  s'agissait  du  mouvement  de  l'eau  dans  des  canaux  ou  dans  des  rivières, 
dont  les  parois  présentent  des  aspérités  de  proportions  bien  plus  grandes. 

»  Pour  mettre  en  évidence  l'inexactitude  des  formules  employées  jusqu'à 
ce  jour  et  obtenir  quelques  indications  sur  l'écart  auquel  elles  pouvaient 
conduire,  M.  Darcy  pria  d'abord  M.  Baumgarten  d'exécuter  des  expériences 
préliminaires  sur  le  canal  de  Marseille,  qui  offre  une  grande  variété  de 
profils  et  des  matières  de  parois  très-diverses. 

»  Ces  expériences,  faites  en  mai  i855,  montrèrent  que,  si  pour  une  par- 
tie de  l'aqueduc  de  Roquefavour,  dont  le  fond  avait  une  surface  très-unie 

et  des  côtés  en  briques  bien  rejoinloyées,   la  valeui-  du  rapport  —  n  était 

guère  que  la  moitié  de  celle  que  lui  assignent  les  anciennes  formules,  elle 
en  devenait  à  peu  près  le  double  pour  tuie  partie  du  canal  dont  les  parois 
étaient  en  terre. 

»  D'autres  expériences  plus  variées,  exécutées  en  i856par  M.  Bazin  sur 
des  canaux  rectangulaires  de  même  pente  et  de  même  largeur,  mais  dont 
les  parois  ont  présenté  les  matières  suivantes  :  ciment  pur,  briques  posées  à 
plat,  petit  gravier  de  o^jOi  à  o^jOa  de  diamètre,  gros  gravier  de  o™,  o3  à 
o"',o5  de  diamètre,  mainteiuies  par  un  enduit  déciment,  ont  montré  qu'à 

mesure  que  le  débit  et  la  vitesse  augmentaient  les  valeurs  du  rapport  — ,, 

au  lieu  de  varier  seulement  de  0,000327  ■*  o.oooSSg  comme  les  formules 


(  '99  ) 
de  Prony  l'indiquent,  avaient  été  en  décroissant  : 

Pour  les  parois  en  ciment,  de.. 0,000242  à  OjOooiTa 

"  en  planches,  de o,ooo4i  i    à  0,00022g 

»  en  briques,  de o,ooo4o8  à  O,ooo2'j7 

»  en  gravier,  de 0,000882  à  0,000472 

"  en  cailloux,  de o,ooi454  à  0,000661 

»  Enfin,  une  antre  expérience  faite  sur  un  canal  à  section  demi-circulaire 
a  même  montré  qu'entre  une  paroi  enduite  de  ciment  mélangé  d'un  tiers 
de  sable  et  une  paroi  en  ciment  pur,  il  existait,  en  faveur  de  la  seconde, 
une  différence  de  résistance  qui,  à  penle  égale,  pouvait  augmenter  le  débit 

dans   le  rapport   de    1   à   1,1 3  ou  de  —  environ. 
"  .  7.7 

»  Il  devint  donc  évident,  par  ces  expériences  comparatives,  que  la  na- 
ture des  parois  avait,  pour  les  canaux,  de  même  que  pour  les  tuyaux  de 
conduite,  sur  la  valeur  de  la  résistance  qu'elles  opposent  au  mouvement  de 
l'eau,  bien  plus  d'influence  même  que  M.  Darcy  n'en  avait  trouvé  dans  ce 
dernier  cas. 

)>  D'autres  expériences  non  moins  concluantes  ont  été  exécutées  sur  les 
rigoles  dépendantes  du  canal  de  Bourgogne,  et  qui  se  trouvaient  dans  les 
conditions  normales  des  canaux  ordinaires.  Leurs  résultats  montrent  :  1°  que 
la  résistance  dans  ces  rigoles  a  toujours  été  beaucoup  plus  considérable 
que  les  formules  de  Prony  et  d'Eytelwein  ne  le  faisaient  penser;  2°  que  les 

valeurs  du  rapport  —  décroissent  à  mesure  que  le  débit  augmente. 

)>  On  a  reconnu  enfin,  par  deux  de  ces  séries,  que  la  présence  seule  de 
la  mousse  sur  les  parois  d'un  perré  peut  faire  croître  la  résistance  dans  le 
rapport  de  i  k  2. 

»  En  présence  de  ces  variations  si  grandes  d'un  rapport  que  les  hydrau- 
liciens  avaient  presque  tous  jusqu'ici  regardé  comme  à  peu  prés  constant, 
et  dont  la  valeiu-  paraît  dépendre  de  tant  d'éléments  divers,  il  semble  impos- 
sible de  chercher  à  en  déterminer  la  loi  par  des  considérations  physiques 
ou  maihémaliques  générales.  On  est  alors  réduit  à  étudier  les  cas  princi- 
paux qui  se  présentent  le  plus  souvent  dans  la  pratique,  et  à  cherchera  lier 
les  résultats  par  des  formules  d'interpolation  qui  les  représentent  avec  une 
exactitude  suffisante  pour  les  besoins  des  applications. 

»   Dubuat  avait  déjà  remarqué  que  le  rapport  —  diminuait   lorsque   le 

rayon  moyen  R  =  ë  et  la  vitesse  augmentent,  mais  les  limites  entre   les- 

27.. 


(  aoo  ) 
quelles  il  avait  pu  faire  varier  les  données  de  ses  expériences  étaient  trop 
restreintes  pour  qu'il  pût  dt'terminer  la  loi  de  celte  variation. 

»  D'une  autre  part,  l'examen  des  diverses  séries  d'expériences  rapportées 
«ians  le  Mémoire  de  M.  Bazin  montrant  que  la  valeur  de  ce  rapport  paraît 
tendre  vers  une  certaine  limite  constante,  il  s'ensuit  qu'en  désignant  cette 


RI 


limite  par  a  la  valeur  du  rapport  —-,  aurait  pour  expression  générale 

|-^  =  «+/(RU). 

M.  Bazin  a  comparé  les  résultats  des  expériences  aux  deux  formes  les  plus 
simples  de  la  fonction  inconnue,  en  supposant  successivement 

/(RU)=|     et    /(RU)  =  1, 

et  en  choisissant  pour  cette  comparaison  cinq  séries  d'expériences  pour 
lesquelles  la  pente  I  par  mètre  courant  était  la  même  et  égale  à  o'",oo49,  et 
poiu-  lesquelles  le  profil  rectangulaire  avait  des  largeurs  presque  identiques. 
Dans  ces  expériences  les  vitesses  ont  varié,  dans  des  limites  étendues  qui 
compreiuient  et  dépassent  même  celles  des  cas  de  la  piatique,  où  l'on  a  à 
calculer  les  proportions  à  donner  aux  canaux  de  navigation  et  d'usines. 

»  Or,  en  représentant  tous  les  résultats  des  observations  par  des  con- 
structions graphiques;  en  prenant,  dans  tous  les  cas,  les  valeurs  du  rap- 
port —  pour  ordonnées,  et  successivement  pour  abscisses  celles  de  —  et 

celles  de  —■,    M.  Bazin  a  reconnu  que  pour  une  même  pente  de  o™,oo49 

et  un  mèmeprofd,  les  points  ainsi  déterminés  se  trouvaient,  dans  les  deux 
cas,  à  très-peu  près  sur  des  lignes  droites,  dont  il  a  trouvé  ainsi  l'équation 
pour  chacun  des  cinq  canaux  sur  lesquels  ces  expériences  ont  été  faites, 
tandis  que  les  formules  qui  font  abstraction  de  la  natiu-e  des  parois  et  qui 
seraient,  d'après 

T,  RI  T  o,ooo444 

Prony   , —  =  o,ooo3o9-<-        u       ' 

17     .     I  •  RI  o/'r-  0,000024 

Eytelwein ^,  =  o,ooo366-f-    '  ^, 

1 

et  M.  de  Saint-Venant.    .   .     ^  =  0,000401  (^)", 
étant  aussi  représentées  graphiquement,   il  est  facile  de  reconnaître  qu'au- 


(     20I     ) 

cune   d'elles  ne  reproduit  les  résultats  des  observations  et  que  par  con- 
séquent elles  doivent  toutes  être  abandonnées. 

))  Influence  de  la  pente  I.  —  Mais  si  les  cinq  séries  d'expériences  piccé- 
denles,  faites  dans  des  canaux  qui  avaient  tous  la  même  pente  et  des  profils 
rectangulaires  identiques  et  dans  lesquels  la  nature  seule  des  parois  a  varié, 
ont  servi  à  montrer  la  nécessité  de  tenir  compte  de  ce  dernier  élément,  et  si 
leurs  résultats  peuvent  être  à  peu  près  indifféremment  représentés  par  l'une 
ou  l'autre  des  deux  formules  d'interpolation  précédentes,  en  y  introduisant 
les  valeiu-s  convenables  pour  les  coefficients,  il  restait  à  savoir  si  l'une  ou 
l'autie  de  ces  formules  pouvait  convenir  pour  des  pentes  et  des  profils 
différents.  C'est  ce  qui  a  f\it  l'objet  des  expériences  exécutées  en  i858  et 
iSSg  par  M.  Bazin,  après  !a  moit  prématurée  de  M.  Darcy. 

M  Afin  de  ne  pas  compliquer  la  question  de  l'influence  accidentelle  et  déjà 
signalée  que  des  différences,  en  apparence  très-légères,  dans  la  nature  des 
j)arois,  pouvaient  exercer,  on  se  décida  à  opérer  sur  trois  pentes  différentes 
deo'",oi5o,  o",  0059  et  o'°,oo88G  par  mètre,  avec  des  canaux  en  planches 
rectangulaires  ayant  tous  la  même  largeur  de  i'",9G  environ. 

«  Pour  étudier  l'influence  de  parois  présentant  des  aspérités  diverses, 
sans  changer  la  nature  des  nialériaux,  on  se  résolut  à  n'employer,  dans 
tous  les  cas,  que  le  bois,  et  à  crçer  dans  les  parois  de  plusieurs  des  canaux 
en  expérience  des  aspérités  artificielles,  en  y  fixant  régulièrement  des  liteaux 
de  o'",o-27  de  largeur  sur  o'",oio  d'épaisseur  que  l'on  a  placés  d'abord 
à  o",  01,  puis  à  o^joS  les  uns  des  autres.  On  a -eu  ainsi  neuf  séries  dex- 
l)érienccs  faites  sur  trois  canaux  identiques  cliacpie  fois  quant  aux  parois, 
mais  de  pentes  différentes. 

)>   En    calculant  pour  chacune    de   ces  séries  la  valeur   du   rapport  — » 

M.  Bazin  a  recoiniu  que  cette  valeur  va  toujours  en  diminuant,  à  mesure 
que  le  volume  d'eau  débité  et  la  vitesse  augmentent,  et  que,  pour  le  débit 
d'un  même  volume,  ce  rapport  augmente,  mais  assez  lentement,  avec  la 
pente  et  la  vitesse  ou  à  mesure  que  la  hauteur  d'eau  s'accroît. 

M   Ainsi,  en  passant   du  débit  de  o™*^,  100   en   une   seconde  à  celui  de 

RT 

i™'^,236,    la   valeur   de:p^  varie   :    pour    le  canal  à  parois  en  planches,  de 

0,000420  à  0,000226  pour  la  pente  de  o'^jOoiS;  pour  le  canal  à  parois 
garnies  de  liteaux  espacés  de  o^'jOi,  elle  varie  de  o.ooo6.54  à  o,ooo338,  et, 
pour  le  canal  à  parois  garnies  de  liteaux  espacés  de  o™,o5,  elle  varie 
de  o , 00 1 3^g  à  o , ooo65q . 


(     202    ) 

»  On  est  donc  conduit  à  conclure  de  cette  discussion  que  la  for- 
,„i,le  ^  —  a  +  —  î  qui  n'est  autre  chose  que  la  formule  binôme  adoptée  pnr 
Pronv    et   par  Eyteiwein  et  employée  jusqu'ici,  doit   être  complètement 

r>  r  o 

abandonnée,  tandis  que  la  formule  ^î  —  "  "^  r  P»''^''  beaucoup  plus  con- 
venable pour  représenter  les  résultats  de  l'observation  relatifs  à  un  même 
état  des  parois  et  à  des  pentes  diverses. 

»  Inliuence  de  la  forme  du  profil  transversal  des  canaux,  —  Les  canaux  ont 
le  plus  souvent  pour  profil  un  rectangle  ou  un  trapèze,  quelquefois  cepen- 
dant, quand  ils  sont  étroits  et  profonds  par  rapport  à  leur  largeur,  ce  der- 
nier profil  se  rapproche  beaucoup  de  la  forme  triangulaire.  Enfin  les  radiers 
de  certaines  rigoles  en  maçonnerie  ont  un  profil  en  arc  de  cercle. 

»  Les  expériences  relatives  à  l'influence  de  la  forme  du  profil  des  canaux 
dont  les  résultats  sont  consignés  dans  le  Mémoire  de  iNL  B,izin  ont  été  exé- 
cutées : 

»  1°  Sur  trois  canaux  en  planches  à  section  rectangulaire  de  i"',i97  sur 
o^.So  et  o'",48  de  largeur; 

»  2°  Sur  deux  canaux  à  section  en  trapèze,  dont  l'un  avidt  r  mètre  de  lar- 
geur au  fond  et  des  talus  inclinés  à  l\5  degrés,  et  l'autre  o'",945  de  largeur 
au  fond  avec  une  paroi  verticale  et  l'autre  inclinée  à  45  degrés; 

»  3°  Sur  un  canal  en  planches  à  section  triangulaire,  dont  les  côtés 
étaient  inclinés  à  45  degrés. 

))  Les  six  séries  d'expériences  exécutées  sur  ces  canaux,  et  dans  lesquelles 
les  vitesses  ont  varié  de  o™,  73  à  2",4o  en  une  seconde,  s'accordent  toutes,  à 
peu  près,  pour  montrer  que  la  figure  du  profil  transversal  ne  paraît  pas 
exercer  une  influence  assez  grande  pour  qu'il  y  ait  lieu  d'en  tenir  compte 
dans  les  applications. 

»  Mais  les  sections  circulaires,  par  suite  de  la  suppression  des  angles  et  de 
la  continuité  de  leiu-  contour,  semblent  donner  lieu,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  à  une  résistance  sensiblement  moindre  que  celle  qui  est  offerte 
par  des  profils  anguleux,  ce  qui  justifie  l'usage  adopté  de  donner  aux  cu- 
neltesdes  égouts  un  jHofil  à  peu  près  circulaire. 

»  Des  canaux  el  des  rigoles  à  petite  section. —  Lorsqu'il  s'agit  de  petits  ca- 
naux à  grande  pente  ou  de  rigoles  analogues  à  celle  que  l'on  emploie  poui' 
les  irrigations  et  qui  par  la  présence  des  herbes  et  l'irrégularité  de  leurs  |)a- 
rois  offrent  une  résistance  très-grande^  quoique  la  vitesse  ne  dépasse  guère 

un  mètre  par  seconde,  le  rapport  —  ne  semble  plus  suivre  la  même  loi  que 


(     203    ) 

pour  les  grands  canaux,  et  de  même  que  M.  Darcy  l'avait  remarqué  au 
sujet  des  tuyaux  de  conduite  où  la  vitesse  est  très-faible,  c'est  le  rapport 

RT 

yr  qui  paraît  devenir  constant  pour  une  même  pente,  mais  croissant  avec 

la  penle.  Ce  cas  n'étant  pas  celui  qui  importe  le  plus  à  l'art  de  l'ingénieur. 
nous  ne  nous  y  arrêterons  pas  dans  ce  Rapport. 

•)  Expériences  pratiques  sur  les  rigoles  du  canal  de  Bourgogne. —  Après  avoir 
discuté  les  résultats  des  expériences  diverses  exécutées  pour  démêler  la  loi 
que  pouvait  suivre  la  résistance  des  parois  dans  difterents  cas,  M.  Bazin 
s'occupe,  dauh^  le  troisième  chapitre  de  son  Mémoire,  de  chercher  à  repré- 
senter par  des  formules  d'interpolation  d'une  exactitude  suffisante  pour  la 
pratique  de  l'art  de  l'ingénieur  les  résultats  des  nombreuses  expériences 
faites  sur  les  divers  canaux  ou  rigoles  dépendant  du  canal  de  Bourgogne  et 
qui  offraient  les  diverses  natures  de  parois  que  l'on  rencontre  le  plus 
souvent. 

i>  Rigole  de  décharge  du  réservoir  de  Grosbois.  —  Deux  séries  d'expériences 
ont  été  faites  sur  le  mouvement  de  l'eau  dans  cette  rigole,  dont  les  parois  en 
moellons  rejointoyés  en  ciment  offrent  une  surface  très-régulière.  Elle  a 
i",8o  de  largeur  au  fond  et  des  parois  à  peu  près  verticales  ayant  im  fruit 
deyp.  Le  fond  était  recouvert  d'un  léger  dépôt  limoneux. 

»  La  vitesse  a  varié  de  2",  757  à  6'°,  a/jg,  ce  qui  excède  probablement 
les  limites  atteintes  dans  toutes  les  expériences  précédentes,  et  la  vitesse  de 
superficie  s'est  élevée  jusqu'à  9"",  16. 

»  Les  pentes  des  parties  sur  lesquelles  on  a  opéré  ont  été  égales  à  o™,o37 
et  à  o™,  101  par  mètre. 

)'  La  représentation  graphique  des  résultats  a  montré  qu'ils  pouvaient 
être  leprésentés  avec  ime  exactitude  suffisante  par  les  formules  d'interpo- 
lation suivantes  : 

,  .         ^  ,       „     „  ,  RI  ot        o,oooo53 

(1)  Pente  de  0^,007  par  mètre —  =  0,000200-1 , 

,    ,        „  ,  ,  RI  o  o, 000040 

(2)  Pente  de  o"",  10 1  par  mètre —  =  0,000009  H j^ 

n  Malgré  leur  dissemblance  apparente,  qui  dénote  l'influence  de  la  pente 
sur  la  valeur  des  coefficients,  les  deux  formules  ci-dessus  fournissent  à  très- 
peu  près  les  mêmes  valeurs  du  rapport  —  • 

»  Les  pentes  des  canaux  et  des  rigoles  atteignant  rarement  o™,o37  par 
mètre  et  presque  jamais  o",  101  par  mètre,  l'on  voit  que  la  formule  (i) 


(    204    ) 

pourra  être  employée  dans  la  plupart  des  cas,  où  les  revéteincnts  seront 
de  nuMiie  n;ilure  que  ceux  de  la  rigole  dont  il  est  ici  question. 

»  Formules  praliqiics  d'inlerpolalion,  —  Si  la  discussion  des  nombreuses 
expériences  rapportées  par  M.  Bazin  monlre  que  la  formule  binôaie 

RI  =  «U  +  b{J-, 

adoptée  par  Prony  et  par  Eytelweiu,  non  plus  qu'aucune  formule  monôme 
à  coefficient  constant  indépendant  de  la  nature  des  parois  et  de  la  peute, 
ne  peuvent  représenter  les  résultats  de  l'observation,  la  formule 

RI  S 

proposée  par  M.  Darcy  el  appliquée  par  M.  Bazin,  quoique  plus  voisine  de 
l'exactitude,  ne  peut  être  d'accord  avec  l'observation  qu'autant  que  ses 
coefficients  a  et  /3  recevraient  pour  chaque  cas  particulier  des  valeurs  spé- 
ciales. 

»  Or  la  nature,  l'état  des  parois,  la  quantité  plus  ou  moins  grande  et 
sans  cesse  variable  d'herbes  qui  les  recouvre,  sont  autant  de  causes  indépen- 
dantes, dont  il  n'est  possible  à  aucune  théorie  ni  à  aucune  formule  de  tenir 
compte. 

»  11  faut  donc  de  toute  nécessité  se  contenter  de  réduire  le  nombre  des 
cas  spéciaux  à  admettre  à  un  petit  nombre,  qui  se  rapportent  aux  circon- 
stances les  plus  ordinaires  de  la  pratique,  et  chercher  à  déduire  de  l'ensem- 
ble des  expériences  des  formules  usuelles  d'interpolation  d'une  exactitude 
suffisante. 

»  Pour  y  parvenir  et  pour  relier  autant  que  possible  les  observations 
antérieures  aux  nouvelles,  M.  Bazin  fait  remarquer  d'abord  que,  d'une  part, 
Dubuat  avait  opéré  sur  de  petits  canaux  en  bois,  et  que  ce  sont  ses  expé- 
riences qui  ont  servi  de  base  à  la  formule  de  Prony,  tandis  que  les  hydrau- 
liciens  allemands  ont  expérimenté  principalement  sur  de  grands  cours 
d'eau. 

M  Classant  ensuite  entre  eux  les  canaux  selon  la  nature  de  leurs  parois, 
il  distingue  quatre  types  principaux  auxquels  il  cherche  à  rattacher  tous 
les  autres;  ce  sont  les  suivants  : 

»    1°  Parois  très-unies  (ciment  lissé,  bois  raboté  avec  soin,  etc.); 

»  2"  Parois  unies  (pierre  de  taille,  brique,  planche,  ciment  mélangé  de 
sable,  etc.); 

»   3°  Parois  peu  nnies  en  maçonnerie  de  moellons  ; 

»  '1°  Parois  en  terre. 


(  2o5  ) 

))  H  ne  s'occupe  d'ailleurs  que  des  canaux  à  section  rectangulaire  ou  en 
trapèze. 

»  De  la  discussion  de  tous  les  résultats  des  expériences  qui  peuvent 
rationnellement  se  rattacher  à  l'un  des  quatre  types  précédents,  M.  Bazin 
a  déduit  les  formules  pratiques  suivantes  : 

....  RI  /         o,o3\ 

i"  type,  parois  tres-unies ,     —  =  0,00001  (  i  H — ^)' 

2*  type,  parois  unies —  =  0,00019(1-1 — ^)' 

o.  ^                  •  RI  /  /     ,   o,25\ 

5^  type,  parois  peu  mues —  =  0,00024  I  i  H — s~   ' 

4    type,  parois  en  terre —  =  *^iO°o^°  (  '  ^ — w~ 

))  Puis,  en  représentant  graphiquement  d'abord  les  lignes  droites  dont 
ces  formules  expriment  l'équation,  et  reportant  sur  ces  figures,  en  y  dési- 
gnant par  des  lettres  particulières  tous  les  résultats  des  expériences  an- 
ciennes ou  nouvelles,  selon  que,  par  la  nature  des  canaux  où  elles  ont  été 
faites,  elles  se  rapportent  à  l'un  ou  à  l'autre  de  ces  quatre  types,  il  fait 
voir  que  ces  résultats  de  tous  les  observateurs  peuvent  être,  avec  une  exac- 
titude suffisante  pour  la  pratique,  reproduits  par  la  formule  correspondante. 
C'est  ce  que  justifient  les  figures  de  la  PL  XXI  du  Mémoire  de  M.  Bazin. 

»  Il  y  a  même  cela  de  remarquable  que  l'une  des  figures  qui  semblent 
reproduire  avec  le  plus  d'exactitude  les  résultats  des  observations  est  la 
ligue  droite  [fig.  1)  sur  laquelle  sont  reportés  les  résultats  des  expériences 
sur  les  canaux  ou  rivières  à  parois  en  terre,  dues  à  Dubuat  sur  le  canal  du 
Jard  et  sur  la  rivière  de  Hayne,  à  Funk  sur  le  Weser,  à  M.  Baumgarten 
sur  le  canal  de  Marseille,  celles  des  expériences  exécutées  sur  la  Seine  en 
i85i-i852  par  M.  Villevert,  sous  la  direction  de  M.  Poiréc,  ingénieur  des 
Ponts  et  Chaussées,  et  en  1 852-1 853  par  M.  Bonnet,  sous  la  direction  de 
M.  Léveillé,  ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées;  sur  la  Saône,  en  i858-i859, 
sous  la  direction  de  M.  Léveillé,  ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,  et  enfin 
ceux  des  six  séries  spéciales  d'expériences  exécutées  par  M.  Bazin  sur  les 
rigoles  de  Chazilly  et  de  Grosbois  du  canal  de  Bourgogne.   » 

(  Foir\a  suite  au  Compte  rendu  de  la  séance  du  3  août.) 

C.  R.,  i8G3,  2'"=  Semesire.  (T.  LVll,  N»  4.)  28 


(    206   ) 

NOMIIVATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrnlin,  à  la  noiiiiiiatioii  d'un  Cor- 
respondant qui  remplira  pour  la  Section  de  Chimie  la  place  de  Correspou- 
dant  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Desormes, 

Au  pretnior  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  87, 

M.  Favre  a  obtenu 35  suffrages. 

M.  Dessaignes 2 

M.  Favre,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  déclaré  élu. 

MÉMOIRES  LUS. 

STATISTIQUE.  —  Essai  d'une  théorie  des  réseaux  'de  chemins  de  Jér,  fondée  sur 
l'observation  des  faits  et  sur  les  lois  primordiales  qui  président  au  groupe- 
ment des  populations  ;  par  M.  Léon  Lalanne. 

(Commissaires,  MM.  Mathieu,  Élie  de  Beaumont,  Lamé,  Clapeyron.) 

«  Ijes  voies  de  communication  déterminent  sur  l'étendue  des  territoires 
qu'elles  sillonnent  un  ensemble  de  figures  à  contours  irréguliers  auquel  on 
a  très-justement  appliqué  le  nom  de  réseau. 

»  La  première  considération  à  laquelle  donne  lieu  l'examen  d'un  réseau, 
à  quelque  degré  d'avancement  qu'il  se  trouve,  est  relative  à  sa  densité,  au 
resserrement  plus  ou  moins  prononcé  des  mailles  qui  le  composent  ou  le 
composeront  un  jour.  On  s'est  accordé,  jusqu'à  présent,  à  prendre  pour 
mesure  de  cet  élément  important  qui  représente  la  richesse  spécifique  d'un 
État  en  chemins  de  fer,  le  rapport  du  développement  du  réseau  à  la  super- 
ficie du  territoire.  Cependant  il  est  facile  de  prouver  que  ce  rapport  peut 
prendre  des  valeurs  très-différentes  pour  deux  pays  également  bien  desser- 
vis, mais  soit  inégaux  en  étendue  et  de  figures  semblables,  soit  d'égale  su- 
perficie et  dissemblables  de  figure;  que,  parconséquent,  il  nefournit  qu'une 
aj)préciation  trompeuse  de  l'élément  que  l'on  considère.  La  véritable  me- 
sure de  la  densité  d'un  réseau  est  évideniment  en  raison  inverse  de  la  dis- 
tance moyenne  qui  sépare  chacun  des  points  du  territoire  du  tronçon  le 
plus  voisin  du  réseau.  La  détermination  de  cette  distance  moyenne  est  une 
question  de  géométrie  et  d'analyse  tout  à  fait  analogue  à  la  détermination 
des  centres  de  gravité,  mais  moins  simple.  Elle  exige  d'abord,  dans  l'inté- 
rieur de  chacune  des  mailles  du  réseau,  un  ensemble  de  constructions  gra- 
phiques ayant  pour  but  de  tracer  les  divisoires  ou  lignes  de  partage  des  deux 


(    207    ) 

côtés  desquelles  les  populations  doivent  se  diriger  vers  des  chaînons  diffé- 
rents de  la  maille.  Ces  divisoires,  dans  l'hypothèse  la  plus  simple  et  la  plus 
généralement  applicable  aux  chemins  de  fer,  sont  exclusivement  composées 
de  lignes  droites;  dans  d'autres  hypothèses  et  même  quand  il  s'agit  d'un 
réseau  de  routes  ordinaires,  les  divisoires  peuvent  être  composées  d'arcs  de 
cercles,  ou  d'une  combinaison  de  lignes  droites  et  d'arcs  de  sections  coni- 
ques. Le  calcul  de  la  distance  moyenne,  lorsqu'il  s'agit  d'arriver  à  un 
tronçon  accessible  dans  toute  son  étendue,  dépend  de  la  construction  des 
centres  de  gravité  dans  des  figures  planes,  les  unes  entièrement  composées 
de  lignes  droites,  les  autres  terminées  par  im  arc  de  conique.  Mais  si  l'accès 
ne  peut  avoir  lieu  qu'en  certains  points,  ce  qui  est  noiamment  le  cas  d'un 
chemin  de  fer,  la  valeur  de  la  distance  moyenne,  même  pour  des  contours 
entièrement  rectilignes,  dépend  d'une  intégrale  qui  représente  le  dévelop- 
pement d'un  arc  de  parabole  et  peut  s'obtenir  par  logarithmes.  Si  la  divi- 
soire  qui  limite  un  coté  de  la  figure  est  im  arc  de  cercle,  on  tombe  sur  une 
intégrale  réductible  à  deux  transcendantes  elliptiques,  l'une  de  première, 
l'autre  de  deuxième  espèce,  dont  les  tables  calculées  par  Legendre  font  con- 
naître les  valeurs  numériques.  Dans  la  pratique,  on  peut  substituer  aux 
formules  rigoureuses  données  par  la  théorie  un  procédé  très-simple  à  l'aide 
duquel  on  obtiendra,  avec  une  approximation  suffisante,  la  longueur  réelle 
de  la  distance  moyenne  de  tous  les  points  d'un  territoire  au  point  du  ré- 
seau qui  les  dessert. 

B  Le  Mémoire  résumé  Irès-sommairement  ici  renferme,  comme  applica- 
tion spéciale  des  principes  exposés  dans  cette  première  partie,  le  détail  de 
toutes  les  constructions  et  des  calculs  nécessaires  à  la  détermination  de  la 
distance  moyenne  dans  l'intérieur  de  la  grande  maille  en  forme  de  quadrila- 
tère qui  comprend  actuellement  le  réseau  français  entre  Dijon,  Montbard, 
Bourg  et  Màcon  ;  et  dans  l'intérieur  de  chacune  des  quatre  mailles  partielles 
dont  se  composerait  la  grande  maille,  si  l'on  y  exécutait,  en  sus  de  la  ligne 
de  Chàlon  a.  Dôle  déjà  décrétée,  deux  autres  lignes  partant  toutes  deux  de 
Lons-le-Saulnier  et  dirigées,  l'une  vers  le  nord-ouest  jusqu'à  la  rencontre  de 
la  ligne  de  Chàlon  à  Dôle,  l'autre  vers  le  sud-ouest  jusqu'à  la  grande  artère 
qui  descend  de  Dijon  à  Màcon. 

»  La  seconde  partie  du  Mémoire  a  pour  but  la  recherche  des  lois  qui 
président  à  la  configuration  des  réseaux  de  chemins  de  fer.  Sans  partir  d'au- 
cune idée  préconçue  et  en  se  bornant  à  l'examen  attentif  des  trois  réseaux 
qui  présentent  aujourd'hui  l'ensemble  le  plus  complet  en  France,  en  An- 
gleterre, dans  l'Amérique  du  Nord,  on  reconnaît  que  les  réseaux  de  chemins 

28.. 


(    208    ) 

de  fer  sont  itssiijeUis,  dans  leur  contexture  générale  et  dans  les  figures  parti- 
culières qu'ils  affectent,  à  des  conditions  géométriques  très-simples  qui 
peuvent  élre  résumées  de  la  manière  suivante  : 

M  1°  Les  mailles  d'un  réseau, à  mesure  que  les  lignes  se  multiplient,  tendent 
de  plus  en  plus  vers  la  forme  triangulaire,  de  sorte  que  l'espace  sur  lequel 
s'étend  le  réseau  finirait  par  être  recouvert  d'une  sorte  de  carrelage  exclusi- 
vement composé  de  triangles. 

Il  2°  Ces  triangles  teiideutà  se  grouper  six  par  six  autour  d'un  mémepoint 
ciMilral  qui  est  à  la  fois  le  centre  d'un  hexagone  et  de  six  rayonnements 
dirigés  vers  les  sommets  de  l'hexagone. 

»  '3°  Lorsqu'il  y  a,  dans  le  réseau,  un  certain  nombre  de  pointements 
qointuj^les,  il  y  a,  par  compensation,  des  pointements  septuples  en  nombre 
à  peu  près  égal,  de  sorte  que  le  chiffre  6  exprime  bien  le  nombre  moyen  des 
lignes  qui  parlent  de  chaque  point. 

»  4"  Autour  de  quelques  centres  de  convergence  et  de  divergence  vérita- 
blement exceptionnels,  centres  qui,  en  général,  coïncideront  avec  la  capi- 
tale de  l'État,  le  nombre  des  rayonnements  peut  s'élever  jusqu'à  douze. 

»  5"  Dans  les  régions  où  le  réseau  est  encore  incomplet,  à  un  certain 
degré  de  sa  formation  on  remarque  des  centres  qui,  au  lieu  de  six  rayons 
divergents,  n'en  ont  que  trois,  faisant  entre  eux  des  angles  égaux,  et  laissant 
pour  plus  tard  la  place  des  trois  autres  rayons. 

»  On  aurait  une  explication  très-simple  de  l'existence  de  ces  faits  remar- 
quables si  on  admettait  que  les  villes  qui  sont  les  centres  des  rayonnements 
sextuples  sont  placées  à  tles  distances  égales  les  unes  des  autres,  car  les 
triangles  équilatéraux  formés  par  la  jonction  deux  à  deux  des  villes  voisines 
composent  des  hexagones  réguliers  enchevêtrés  les  uns  dans  les  autres,  dont 
l'ensemble  reproduit  l'image  d'un  réseau  homogène  et  complet  qui  recou- 
vrirait tout  le  territoire.  Or  la  tendance  de  trois  agglomérations  de  popula- 
tion de  même  ordre  à  occuper  les  sommets  d'un  triangle  équilatéral  est 
manifestée  par  une  foule  de  caractères  qui  ne  peuvent  laisser  aucun  doute 
sur  cette  loi  de  l'éqitilalérie.  Cette  loi,  cause  immédiate  de  celles  qui  viennent 
d'être  signalées  dans  la  configuration  des  réseaux  de  chemins  de  fer,  n'est  à 
son  tour  que  la  conséquence  d'une  loi  primordiale  que  Buffon  a  formulée 
sous  le  nom  de  raison  des  obstacles  réciproques.  Inapplication  à  la  forme  des 
cellules  des  abeilles  qu'U  en  avait  tirée  était  inexacte  ;  mais  le  principe 
(ju'd  avait  signalé  n'a  rien  que  de  très-rationnel  lorsqu'on  l'applique  à  la 
manière  dont  les  premières  tribus  humaines  ont  dû  se  grouper  à  la  surface 
du  globe.  Les  accidents  de  cette  surface,  les  fleuves,  les  montagnes,  les  forêts, 


(    209    ) 

de  simples  variations  dans  la  force  productive  du  sol,  en  un  mot  les  inéga- 
lités de  toute  nature  ont  joué  un  rôle  nécessairement  considérable  et  troublé 
mainte  fois  la  loi  de  l'équilatérie.  L'influence  des  causes  naturelles  a  été 
déjà  signalée,  et  M.  Élie  de  Beaumont  en  a  donné  un  bel  exemple  lorsqu'il 
a  fait  voir  qu'une  foule  de  grandes  villes  se  trouvent  sur  les  cercles  de  son 
réseau  pentagonal  ou  dans  leur  voisinage  immédiat  et  souvent  près  de  leurs 
croisements.  Quoiqu'il  soit  bien  certain  que  les  grandes  agglomérations  de 
population,  que  les  grands  pôles  attractifs  sesont  formés,  en  général,  dans 
des  lieux  préparés  par  la  nature,  surtout  à  l'aide  des  phénomènes  géologi- 
ques, il  n'en  est  pas  moins  important  de  remarquer  que  l'équilatérie,  malgré 
la  puissance  de  ces  causes  d'anomalie,  subsiste  dans  les  moyennes.  On  peut 
en  outre  constater  que  les  triangles  à  peu  |)rés  équilatéraux  occultent,  dans  la 
triangulation  par  préfectin-es,  par  sous-préfectures  et  surtout  par  cantons, 
une  proportion  beaucoup  plus  considérable  que  celle  qu'indique  le  calcul 
des  probabilités,  ce  qui  démontre  clairement  la  tendance  de  l'équilatérie. 

»  Parmi  les  conséquences  nombreuses  de  la  loi  de  l'équilatérie,  il  en  est 
deux  plus  frappantes  que  les  autres.  La  première  consiste  en  ce  que  la  dis- 
tance entre  deux  agglomérations  de  population  d'un  même  ordre  et  voisines 
doit  être  un  multiple  exact  de  la  distance  entre  deux  agglomérations  d'un 
ordre  inférieur.  Or,  des  mesures  directes  prises  avec  soin,  quoique  sur  des 
cartes  à  petite  échelle,  ont  donné,  pour  les  distances  moyennes  de  deux  chefs- 
lieux  de  département,  d'arrondissement  et  de  canton  contigus,  en  France, 
les  nombres  87'"',638,  43""',  438,  i4'^'',5i7.  La  première  de  ces  dis- 
tances est  sensiblement  double  de  la  deuxième,  et  celle-ci  triple  de  la  troi- 
sième ;  de  sorte  que  les  mesures  directes  concordent  d'une  manière  surpre- 
nante avec  les  indications  de  la  théorie.  La  seconde  conséquence,  déduite 
des  propriétés  d'une  figure  composée  de  points  répartis  suivant  les  centres 
et  les  sommets  d'un  réseau  d'hexagones  régulieis,  consiste  en  ce  que  les  dis- 
tances dont  il  vient  d'être  question  doivent  être  en  raison  inverse  des  raci- 
nes carrées  des  nombres  de  centres  de  chaque  ordre,  racines  diminuées  d'une 
unité. 

»  Or,  en  appliquant  celte  règle  aux  88  préfectures,  368  sous-préfectures, 
287G  chefs-lieux  de  cantons,  3^  iS^  communes  que  le  recensement  constate 
dans  la  France  continentale,  on  trouve  que  la  distance  de  deux  préfectures 
est  égale  à  deux  fois  celle  de  deux  sous-préfectures,  à  six  fois  celle  de  deux 
cantons,  à  vingt-quatre  fois  celle  de  deux  communes  ;  ou  plus  exactement, 
au  lieu  des  nombres  a,  6,  24,  on  trouve  2,169,  6,280,  22,885  qui  ne  dif- 


(    2IO    ) 

lerent  des  précédents  que  de  ~,  j^,  ^V»  nouvelle  et  décisive  confirmation 
de  la  théorie. 

))  Ces  lois  de  l'équilatérie  et  des  distances  multiples  fournissent  des  bases 
solides  à  la  théorie  des  réseaux  de  voies  de  communication.  Elles  permettent 
d'assigner  d'avance  le  développement  du  réseau  qui  joindrait  deux  à  deux 
toutes  les  agglomérations  de  population  d'un  certain  ordre.  On  trouve  ainsi, 
abstraction  faite  des  inflexions  dues  aux  courbes,  que  les  longueurs  déve- 
loppées des  chemins  ou  des  fds  télégraphiques  qui  uniraient  deux  à  deux  les 
88  préfectures,  les  368  arrondissements,  les  2876  cantons,  les  87  157  com- 
munes, seraient  exprimées  en  kilomètres  par  les  chiffres  20, 353,  44>4i8, 
125,600,   453,450.   » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  MoRVAX  avait  dans  la  précédente  séance  soumis  au  jugement  de  l'Aca- 
démie un  procédé  de  reproduction  photo-lithographique  des  images  sur 
papier  ;  sur  la  demande  de  M.  Pouillet,  l'un  des  Commissaires  désignés  pour 
l'examen  de  cette  invention,  l'Académie  adjoint  à  la  Commission  M.  le  Ma- 
réchal Vaillant^  qui  a  eu  l'occasion  de  s'occuper  d'un  mode  analogue  de 
reproduction. 

ANATOMIE  COMPARÉE  DES  VÉGÉTAUX.  —  De  l'analomie  des  Câlinées  dans  ses 
rapports  avec  l'organographie  et  la  léralolocjie ;  /Jnr  M.  Ad.  Chatis.  (Extrait 
|)ar  l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  Rapports  avec  L'organograpliie.  —  Les  suçoirs  se  distinguent  :  dans  le 
Cytinus  par  le  développement  tardif  du  cône  vasculaire;  dans  VHydnora, 
par  leur  tendance  générale  à  se  fixer  sur  des  racines  nourricières  qui, 
bientôt  atrophiées  au  delà  de  la  plante  parasite,  paraissent  alors,  comme 
dans  beaucoup  d'Orobanches.  avoir  moins  été  pénétrées  par  la  parasite  que 
s'être  implantées  elles-mêmes  dans  les  tissus  de  celle-ci. 

»  Le  rhizome^  même  réduit  aux  caractères  anatomiques  qui  le  distinguent 
de  la  vraie  tige,  manque  dans  le  Cytinus.  Il  est  au  contraire  fort  développé 
dans  VHydnora.,  où  il  porte  des  tubérosités  vers  lesquelles  se  dirigent  habi- 
tuellement, d'un  cercle  de  gros  faisceaux  placés  a  l'intérieur  du  rhizome,  de 
petits  faisceaux  cpie  composent  exclusivement  des  vaisseaux  courts  et 
ponctués-rayés,  paraissant   avoir  une  double  destination.    C'est  par  leur 


(    ^M     ) 

extrémité  que  s'opère  (dans  les  deux  cas  qu'il  m'a  été  donné  d'observer) 
l'adhérence  avec  les  racines  nourricières,  et  par  là  ils  jouent  le  rôle  de 
suçoirs.  Les  vaisseaux  qui  se  dirigent  vers  chacun  de  ces  tubercules  rappel- 
lent d'ailleurs  complétemenl ,  par  leur  raccourcissement  extrême  et  les 
ponctuations  de  leur  surface,  ceux  des  cônes  vasculaires  de  la  généralité  des 
suçoirs  dans  les  autres  végétaux.  J'ajoute  que  bon  nombre  de  ces  derniers, 
portant  leurs  suçoirs  sur  la  longueur  des  racines  comme  VHydnora  porte  ses 
tubérosités  à  la  surface  de  son  rhizome,  présentent  souvent  de  multiples 
suçoirs  (sans  emploi  aussi)  que  représentent  de  simples  tubérosités  vers 
lesquelles  se  dirigent  (encore  comme  dans  V Hydnora)  de  courts  vaisseaux 
ponctués  qui  ne  sont  autres  que  leur  cône  vasculaire. 

»  Le  second  rôle  des  tubérosités  du  rhizome  de  Y  Hydnora  est  de  formel' 
le  point  de  départ  du  développement  de  la  fleur.  C'est  en  effet  à  la  suite 
d'une  métamorphose  spéciale,  qu'd  est  possible  de  suivre  sur  quelques- 
luies  d'entre  elles,  que  les  tubérosités  de  V  Hydnora  donnent  naissance  à 
l'appareil  de  fructification,  lequel  s'élève  ainsi  du  rhizome  comme  un  cham- 
pignon de  son  mycélium. 

)>  Bien  développée  dans  le  Cytinns,  la  tige  proprement  dite  manque  dans 
VHydnora  ou  n'y  est  représentée  que  par  un  étroit  plateau  rattachant  la 
fleur  au  rhizome.  I^a  structure  de  ce  plateau,  à  faisceaux  vasculaires  mul- 
tiples et  épars,  s'écarte  d'ailleurs  de  celle  du  rhizome  de  VHydnora  pour  se 
rapprocher  de  la  disposition  présentée,  dans  les  Orobanchées,  par  VHyo- 
banclie,  par  le  Conopholis  surtout,  et  qui  est  l'attribut  ordinaire  des  plantes 
monocotylédones. 

»  La  structure  de  ce  plateau-tige  pourrait  être  invoquée  à  l'appui  de 
l'opinion  deLindley,  que  VHydnora  n'est  pas  sans  tenir  par  quelques  points 
aux  monocotylédones,  dont  il  a  la  fleur  trimère. 

»  Les  éta mines  de  VHydnora  ne  sont-elles,  suivant  l'opinion  commune, 
qu'au  nombre  de  trois  ?  Je  crois  plutôt  à  trois  groupes  d'étamines  : 
1°  parce  que  le  nombre  très-considérable  des  replis  de  l'anthère,  dans  l'hy- 
pothèse d'une  étamine  solitaire  devant  chacun  des  trois  lobes  du  périanthe, 
dépasse  de  beaucoup  ce  qui  existe  en  d'autres  plantes,  notamment  chez  les 
Cucurbitacées;  2°  et  surtout  parce  que  la  courbe  transversale  de  l'anthère 
nous  montre,  dans  le  connectif,  un  assez  grand  nombre  de  faisceaux  vascu- 
laires rappelant  la  structure  du  connectif  dans  le  Cylinus  et  le  Nepenlhes, 
plantes  dont  les  anthères,  soudées  en  une  seule  tête,  représentent  de  huit  à 
seizeélamines.  \' Hydnora  aurait  alors,  non  trois  étamines,  mais  trois  groupes 
d'étamines  synanthéres;  un  seul  de  ces  groupes  représenterait  alors  l'an- 


(    212    ) 

drocéc  tout  entier  du  Cpinuselâii  IS'cfjentlies.  La  question  soulevée  ici  par 
l'anatomie  pourrait  être  élucidée  par  l'orgauogénie  ;  mais  les  matériaux 
manquent  en  Europe  pour  suivre  ce  dernier  point  de  vue,  que  je  recom- 
mande aux  botanistes  voyageurs.  La  méthode  analogique,  avec  laquelle  le 
naturaliste  devra  toujours  compter,  quels  que  soient  les  progrès  de  l'ana- 
tomie et  de  l'organogénie  ,  nous  apprend  d'ailleurs  que  dans  plusieurs 
ordres  naturels  un  groupe  d'organes  se  développe  là  où  semblerait  devoir 
être  un  organe  solitaire.  Les  noms  des  deCandolle,  de  Dnnal  et  deMoquin- 
Taudon  se  présentent  ici  d'eux-mêmes. 

»  Rapports  avec  la  tératologie.  —  Des  Cytinus  parasites  sur  \eCislusae- 
tiens  m'ayant  été  envoyés  d'Algérie  pour  servir,  avec  divers  Cytinus  déve- 
loppés sur  les  Cistes  des  environs  de  Montpellier  et  de  Nîmes,  à  mes  études 
d'anatomie,  l'examen  que  j'en  fis  me  conduisit  à  l'observation  de  deux  faits 
anormaux  d'un  caractère  vraiment  extraordinaire  (le  dessin  s'en  trouve  dans 
la  PL  XCII  bis  de  V yénatomie  comparée  des  végétaux). 

»  L'un  de  ces  faits  est  une  anomalie  de  l'ovaire  dans  laquelle,  au  lieu  des 
trophospermes  pariétaux  portant  les  multiples  ovules  du  Cytinus,  il  n'existe 
qu'une  masse  parenchyniateuse  pendant  du  sommet  de  la  loge  qu'elle  rem- 
plit presque  en  entier.  Dans  cette  masse  parenchymateuse,  et  aussi  suspen- 
due à  sa  base,  se  distingue,  par  un  tissu  plus  délicat  et  plus  pâle,  un  corps 
globulo-ovoïde  qui  semble  se  rattacher  aux  tissus  de  la  colonne  stylaire.  On 
dirait  de  la  masse  parenchymateuse  un  ovule  pendant  du  sommet  de  la  loge 
et  du  corps  globulo-ovoïde,  une  sorte  de  sac  embryonnaire. 

)>  Cette  singulière  anomalie,  qui  rappelle  l'ovaire,  à  un  seul  ovule  pen- 
dant, du  Cynoinorium,  se  répétait  dans  toutes  les  fleurs  femelles  d'un  Cytinus 
ayant  d'ailleurs  l'apparence  extérieure  tout  à  fait  normale. 

»  Le  second  cas  de  monstruosité  a  été  observé  sur  de  jeunes  sujets  portés 
sur  le  même  pied  de  Ciste  de  Crète  que  le  Cytinus  adulte  offrant  l'anomalie 
de  l'ovaire.  Ces  jeunes  sujets,  quoique  déjà  longs  de  6  à  8  millimètres,  ne 
jirésentaient  encore  à  leur  surface  aucune  des  écailles  q>ii,  à  cet  âge,  recou- 
vrent déjà  les  jeunes  Cytinus.  Et,  fait  non  moins  anormal,  leurs  faisceaux 
vasculaires  n'étaient  pas  ordonnés  sur  un  cercle  comme  dans  le  Cytinus., 
mais  épars  comme  dans  le  Cynomorium,  le  plateau-tige  de  YHydnora  ou  le 
stipe  des  monocotylédones.  Par  leur  mode  de  groupement  et  leurs  ponctua- 
tions, les  vaisseaux  tenaient  d'ailleiu's  |)lus  du  Cynomorium  que  du  Cytinus. 

D  J'ajoute  que  par  leur  forme  conoide  et  leur  surface  non  recouverte  d'é- 
cailles,  les  jeunes  individus  monstrueux  rappelaient  le  premier  âge  du  Cjno- 
morium  (moins  peut-être  les  papilles  observées  sur  celui-ci  par  M.  Weddell). 


(  2i3  ) 

»  Comment  expliquer  les  deux  cas  de  tératologie  dont  il  vient  d'être 
donné  une  description  sommaire  ?  Par  une  hybridation  du  Cytiiius  et  du 
Cynomorium  ?  Mais  ce  dernier  ne  paraît  croître  qu'à  une  distance  de  plus 
de  80  kilomètres  du  lieu  où  a  été  recueilli  le  C/limis,  et  d'ailleurs  les 
affinités,  quoique  réelles,  ne  sont  pas  telles  entre  ces  deux  genres  de  plantes 
(M.  Ad.  Brongniart  place  les  Rafflésiacécs  entre  les  Cytinéeset  lesBalano- 
phorées),  qu'elles  ne  semblent  opposer  à  leur  croisement  plus  d'obstacles 
encore  que  les  distances. 

»  Il  appartient  aux  botanistes  habitant  l'Algérie  de  rechercher  les  cas 
analogues  et  de  les  suivre  dans  leurs  diverses  phases,  puis,  s'ils  croient 
pouvoir  le  faire  d'une  manière  plausible,  de  les  interpréter.  » 

M.  Rack  (Albert)  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  travail  sur  les 
combinaisons  de  l'acide  acétique  anhydre  avec  les  acides  borique  et  arsé- 
nieux.  Ce  travail  se  rattache  à  des  recherches  de  M.  Schutzenbergcr;  ce  chi- 
mi^ite  ayant  obtenu  par  voie  de  synthèse  ces  deux  composés,  n'était  pas  encore 
parvenu  à  confirmer  par  l'analyse  l'exactitude  des  formules  par  lesquelles 
il  les  représentait,  de  sorte  qu'il  était  encore  possible  de  n'y  voir  que  des  mé- 
langes. C'est  pour  combler  cette  lacune  et  sur  l'invitation  de  M.  Schutzen- 
bergcr lui-même  que  M.  Rack  a  entrepris  ses  recherches,  qu'il  a  d'ailleurs 
étendues  aux  combinaisons  de  l'acide  borique  anhydre  avec  les  acides  bu- 
tyrique et  œnanihylique. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Pelouze,  Regnault.  ) 

M.  Druelle  adresse  de  Niort  deux  Notes,  l'une  sur  la  composition  d'une 
poudre  qu'il  regarde  d'après  l'essai  qu'il  en  a  fait  comme  plus  avantageuse 
que  la  fleur  de  soufre  pour  combattre  l'oïdium  du  raisin,  l'autre  sur  une 
substance  qu'il  propose  de  substituer  à  la  poudre  de  charbon  dont  les  fon- 
deurs en  métaux  se  servent  pour  prévenir  l'adhérence  du  métal  avec  les 
moules.  Chacun  sait  que  l'inhalation  de  cette  poudre  donne  lieu  à  la  longue 
à  un  engorgement  charbonneux  des  poumons.  M.  Druelle  croit  pouvoir 
assurer  que  la  poudre  qu'il  propose  est  exempte  de  tout  inconvénient  pour 
les  ouvriers  qui  en  font  usage,  tout  en  remplissant  également  bien  le  but 
qu'ils  se  proposent. 

Cette  dernière  Note  sera,  conformément  à  la  demande  de  l'auteur,  com- 
prise dans  le  nombre  des  pièces  de  concours  pour  le  prix  dit  des  Arts  insa- 
lubres ;  la  première  est  renvoyée  à  l'examen  de  IM.  Decaisne. 

C.  R.,  i863.  ^me  Semestre,  fi.  LVU,  N°  4  )  2g 


(    2«4    ) 

M.  Robin  adresse  de  Bordeniix  un  volumineux  Mémoire  sur  le  cafi'*,  sa 
culture,  ses  propriétés  physiologiques  et  thérapeutiques,  etc. 

M  Bussy  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  manuscrit  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  s'il  est  de  nature  à  être  renvoyé  à  l'examen  d'une  Com- 
mission. 

CORRESPONDANCE. 

M.  I.F.  .Hl.MSTRE  DE  L.4  M.4RI\E  ET  DES  CoLOMES  adrCSSC  UU  VolumC  inti- 
tulé :  «  Réfutation  du  système  des  vents  de  M.  Maury,  par  M.  Bourgois, 
capitaine  de  vaisseau    ". 

Un  exemplaire  de  ce  travail,  publié  par  articles  détachés  dans  les  der- 
niers numéros  de  la  Revue  Maritime  et  Coloniale,  avaitété  dans  la  précédente 
séance  présenté  par  M.  Duperrey,  (pii  eu  avait  indiqué  de  vive  voix  les  prin- 
cipaux résultats. 

M.  LE  .Ministre  de  l'Agricitlture,  du  Co.mmerce  et  des  Trav.4ix  pcbijcs 

adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut,  le  tome  XLIY  des  brevets  d'in- 
vention pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  i8/|'i- 

ÎW.  LE  Secrét.\ire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
correspondance  : 

\°  Un  ouvrage  sur  les  résections  sous-périostées,  par  M.  J.  Greiis  y  Manso. 

Cet  ouvrage,  écrit  en  espagnol  et  publié  à  Grenade,  donne  l'historique 
des  divers  travaux  concernant  la  régénération  des  os;  il  est,  sur  la  dt^mande 
de  M.  le  Président,  renvoyé  à  l'examen  de  M  Flourens,  avec  prière  d'en 
faire  l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

2°  Une  collection  de  Mémoires  sur  divers  sujets  d'économie  rurale,  par 
MM.  Lawes  et  Gilbert. 

Ces  travaux,  écrits  en  anglais  el  publiés  successivement,  ont  été  réunis  en 
deux  volumes  in-8°  et  uu  volume  in-4''  sous  le  titre  de  «  Mémoires  df  Ro- 
thamsted  »,  du  nom  de  la  ferme  expérimentale  dans  laquelle  ont  été  faites 
ces  expériences.  Un  Atlas  de  quatre  planches  fait  coiuiaitre  les  principales 
dispositions  du  laboratoire  de  l'établissement. 

M.  Balard  est  invité  à  faire  connaître  à  l'Académie  ces  im|)ortanls  travaux 
par  un  Rapport  verbal. 


(  ^'5  ) 
3"  Une  Monographie  vilicole,  par  M.  Rcy,  publication  sur  laquelle  l'au- 
teur aurait  désiré  que  l'Académie  porlât  un  jugement. 

Les  régies  que  s'est  imposées  l'Académie  relativement  aux  ouvniges  écrits 
en  français  et  publiés  en  France  ne  permettent  pas  que  celui-ci  devienne 
l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

If  Les  numéros  4-6  de  la  Revue  de  Sériciculture  comparée,  que  public 
M.  Guérin-Méneville. 

5°  Deux  opuscules  de  M.  le  D'  Clirestien,  de  Montpellier,  qui  prie  l'Aca- 
démie de  vouloir  bien,  quand  elle  aura  à  nommer  à  quelque  place  de 
Correspondant  dans  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  se  rappeler  les 
publications  qu'il  lui  a  adressées  à  diverses  reprises. 

M.  Chrestien,  en  terminant  sa  Lettre,  exprime  la  crainte  queson  précédent 
envoi  ne  soit  pas  parvenu  à  l'Académie.  Il  le  trouvera  mentioiuié  au  Compte 
rendu  de  la  séance  du  iS  août  1862,  t.  LV,  p.  3^8. 

PHYSIQUE.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une  communication  du  P.  Sa  clii 
sur  les  spectres  prismatiques  des  corps  célestes;  par  M.  J.  Jaxssex. 

ti  Le  P.  Secchi  vient  de  publier,  dans  le  dernier  Co.nple  rendu,  une 
Note  sur  les  spectres  des  planètes  dont  les  conclusions  ne  me  paraissent 
pas  exactes;  je  demanderai  donc  à  présenter  à  cet  égard  quelques  obser- 
vations. 

»  En  étudiant  avec  mou  petit  spcctroscope  de  poche  les  spectres  que 
fournit  la  lumière  atmosphérique,  le  P.  Secchi  remarque  que  les  bandes 
telluriquesnébulpuspssont  plus  visibles  lesjoursds  grande  humidité  et  d'at- 
mosphère blanchâtre  et  vaporeuse,  que  lorsque  l'atmosphère  est  sèche  et 
d'un  bleu  foncé;  il  en  conclut,  relativement  à  la  cause  qui  produit  ces  ban- 
des, que  «  l'agent  principal  est  la  vapeur  aqueuse  ». 

))  Si  cette  conclusion  était  légitime,  il  y  aurait  là  un  fait  très-important 
acquis  à  la  science;  mais  malheureusement  elle  est  en  contradiction  avec 
les  observations  les  mieux  conduites  et  les  plus  sainement  interprétées. 

M  J'ai  moi-même  remarqué,  au  moment  où  je  construisais  le  petit  spcc- 
troscope qui  sert  au  P.  Secchi  dans  ses  études,  que,  quand  le  ciel  se  trouve 
voilé  par  un  beau  rideau  de  nuages  blancs,  les  bandes  nébuleuses  tellu- 
riqnes  sont  beaucoup  plus  visibles  que  par  un  ciel  pur,   mais  je  reconnus 

en  même  temps  la  cause  de  ce  fait. 

29  . 


(2,6    ) 

»  Ijorsque  l'atmosphère  est  légèrement  voilée  de  nuages  blancs,  un  point 
déterminé  du  ciel  envoie  à  l'œil  une  quantité  de  lumière  beaucoup  plus 
grande  que  quand  le  ciel  est  pur,  et  cette  lumière  provient  des  réflexions 
multipliées  qui  ont  eu  lieu  sur  les  particules  aqueuses.  Dans  ces  condi- 
tions, le  spectre  qu'on  obtient  est  plus  lumineux  ;  en  outre,  il  est  formé 
de  rayons  qui  ont,  par  le  fait  de  leurs  réflexions  nombreuses,  traversé  de 
grandes  épaisseurs  d'atmosphère:  ces  deux  conditions  expliquent  parfaite- 
ment la  vision  plus  facile  et  plus  marquée  des  bandes  telluriques  qui  a  lieu 
alors.  Ici  la  vapeur  du  nuage  n'a  servi  que  de  réflecteur  pour  faire  parve- 
nir à  l'instrument  des  rayons  qui  ont  traversé  de  grandes  épaisseurs  d'at- 
mosphère, mais  on  ne  serait  aucunement  en  droit  d'attribuer  à  l'action  de 
cette  vapeur  elle-même  la  présence  des  bandes  telluriques. 

))  En  effet,  si,  en  se  plaçant  dans  ces  conditions  beaucoup  mieux  détinies 
que  celles  de  l'observation  de  la  lumière  des  nuages,  on  opère  sur  la  lu- 
mière directe  du  soleil,  analysée  avec  de  puissants  spectroscopes,  toute  in- 
certitude disparaît.  Voici,  en  effet,  les  conclusions  qui  ressortent  des  études 
que  je  poursuis  sur  ce  sujet. 

»  Les  raies  telluriques  du   spectre  solaire  sont  toujours  visibles  dans 
l'instrument,  leur  intensité  dépend  seulement  de  la  hauteur  du  soleil  sur 
l'horizon,  c'est-à-dire  de  l'épaisseur  d'atmosphère  traversée  par  les  rayons. 
»   Leur  place  est  fixe  et  invariable  dans  le  spectre,  quels  que  soient  l'é- 
poque de  l'année,  le  lieu  où  on  les  observe. 

»  Enfin  la  présence  de  nuages  ou  vapeurs  nuageuses  sur  le  trajet  des 
rayons  solaires  n'ajoute  rien  à  leur  intensité,  et  nuit  au  contraire  à  leur 
visibilité  en  affaiblissant  la  quantité  de  lumière  reçue. 

»  Il  résulte  donc  de  tout  ceci  que  la  vapeur  d'eau,  dans  cet  état  physique 
particulier  où  elle  constitue  les  nuages  et  les  vapeurs  atmosphériques,  ne 
saurait  être  invoquée  comme  la  cause  des  raies  telluriques  du  spectre  so- 
laire, et,  dès  lors,  les  conclusions  que  le  P.  Secchi  en  tire,  relativement  à  la 
constitution  de  l'atmosphère  des  planètes,  ne  peuvent  être  considérées 
comme  fondées. 

))  D'ailleurs,  l'observation  de  bandes  nébuleuses  faite  dans  un  très- 
petit  instrument  est  tout  à  fait  insuffisante  pour  nous  conduire  à  la  con- 
naissance de  la  composition  des  atmosphères  planétaires.  Ces  bandes  sont 
en  effet  des  agglomérations  de  raies  pouvant  caractériser  les  corps  les  plus 
divers,  et  tant  qu'on  ne  sera  pas  parvenu,  d'une  part  à  séparer  ces 
groupes  complexes  eu  raies  distinctes,  et  d'autre  part  à  déterminer  les 
systèmes  de  raies  qui  caractérisent  les  tlifférenls  gaz,    on  ne  j)ourra  rien 


(    217    ) 

prononcer,  avec  quelque   apparence  de  certitude,  touchant  la  composi- 
tion de  ces  atmosphères.    » 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  la  courbure  des  surfaces.  Note  de  M.  l'abhé  Aoust, 
présentée  par  M.  Le  Verrier. 

«  La  courbure  d'une  section  droite  faite  dans  une  surface,  ainsi  que  la 
courbure  de  cette  surface,  s'exprime  simplement  au  moyen  des  courbures 
des  courbes  coordonnées  tracées  sur  cette  surface,  lorsque  ces  courbes  sont 
les  deux  systèmes  de  ses  lignes  de  courbure.  Mais  si  les  courbes  coordon- 
nées sont  quelconques,  elles  se  coupent  sous  un  angle  variable  d'un  point 
à  l'autre,  et  alors  les  expressions  des  courbures  de  la  surface  et  de  la  sec- 
tion droite  présentent  une  certaine  complication.  Or,  si  l'on  introduit  dans 
ces  expressions  les  courbures  inclinées  des  courbes  coordonnées  dont  nous 
avons  déjà  fait  usage  dans  notre  Théorie  géométrique  des  coordonnées  cur- 
vilignes quelconques  [Comptes  rendus,  t.  LIV,  p.  462),  ces  expressions 
deviennent  à  la  fois  simples  et  significatives. 

»  1.  Soient  les  paramètres  |3|,  (Oo  dont  les  variations  déterminent  sur  la  sur- 
face F  un  système  de  coordonnées  curvilignes  quelconques;  d 7,.,  ci (72  les 
arcs  élémentaires  de  ces  courbes,  le  premier  provenant  de  la  variation  p,, 
et  le  second  de  la  variation  p».  Nous  avons  appelé  angle  de  contingence  in- 
cliné de  la  courbe  a^  l'angle /j  des  tangentes  aux  deux  courbes  d'une  même 
série  (pj),  menées  par  deux  points,  infiniment  voisins,  de  l'arc  o-,  correspon- 
dant à  une  valeur  déterminée  de  p,  ;  courbure  inclinée  de  l'arc  c,,.  le  rap- 
port de  l'angle /o  à  l'arc  d<j-2-  La  direction  de  ce  rayon  de  courbure  est  celle 
de  l'arc  de  cercle  de  rayon  de,  décrit  du  sommet  de  l'angle  j^  entre  ces 
deux  côtés.  Si  l'on  appelle  pi,,  [j..^  les  rayons  de  courbure  inclinée  des 
arcsf/o-,,  d(j2]  du  un  déplacement  normal  à  la  surface,  au  point  que  l'on 
considère;  R,,  Ro  les  rayons  principaux  de  courbure  en  ce  point;  rie  rayon 
de  courbure  d'une  section  normale  quelconque  dont  l'élément  est  c/o-,  Ton 
aura  la  relation  suivante  : 

cos  fi|  dn        cos  p,  dn 

laquelle  indique  que  les  projections  des  courbures  inclinées  des  deux  lignes 
coordonnées  (Y 0-,,  ^Co  sont  égales. 

u   2.   Courbure  d'une  section  droite  en  Jonction  des  courbures  des  courbes 

coordonnées  et  de  leurs  courbures  inclinées.  —  Soient  ->  -  les  courbures  de 


(2,8) 

da.,  dc^.  Appelons  -  i  -  )   -  les  projections  des  courbures  -  ?  r  '  -  sur  la 

'^'  r,      r,       n  '       J  ),,      A,      ft, 

normale  à  la  surface  :  la  formule  que  nous  avons  trouvée  est 

/-\  .      /^-  .      /  /N      _      ,/\ 

r  r,  Ti  n 

Si  le  systéiiie  devient  orthogonal  quelconque,  -  devient  la  seconde  cour- 
bure géodésique  de  l'une  quelconque  des  deux  courbes  coordonnées, 
c'est-à-dire  le  rapport  de  l'angle  de  deux  plans  normaux  infiniment  voisins, 
menés  à  la  surface  suivant  une  ligne  coordonnée  à  l'élément  de  cette  courbe  ; 

en  appelant  -  cette  seconde  courbure  géodésique,  la  formule  précédente 
devient  : 

I         sin'rfo-,  drs        cosV/o-,  drs         2  sin  rfo-,  da  cos  </<7,  da 

-  = 1 1 

Quand  le  système  orthogonal  est  formé  par  les  lignes  de  courbure  de  la  sur- 
face, on  retombe  sur  la  formule  d'Euler. 

»   3.   Courbures  de  la  surface  enjonclion  des  courbures  des  courbes  coordon- 
nées  et  de  leurs  (ourbures  inclinées.  —  Nous  avons  trouvé  la  formule: 

sin'  (/<;,  dfj,  i  i 

'^^  R,  R,         ~  7^,~  V 

Si  le  système  des  coordonnées  devient  orthogonal  quelconque,  on  retombe 
sur  la  formule  connue  : 


H,R, 


Si  les  éléments  rf(7,,  dci  sont  dirigés  suivant  deux  tangentes  à  la  surface  con- 
juguées, et  qu'on  appelle  v,,  v._,  les  rayons  de  seconde  courbure  géodé- 
sique des  arcs  d<7^,  da^,  l'on  a  : 

x\ 

,«.  cos'rfcr,  da, i 

^     '  R,R.        ~  ~   ^' 

Si  l'on  élimine  n  entre  les  deux  formules  (i)  et  (2),  et  que  les  angles  que 
forment  entre  eux  les  é\én\entsdc,  da,,  da^  soient  pris  positivement  ou 
négativement,  suivant  que  la  rotation  se  fait  d'un  côlé  ou  de  l'autre  autour 
du  point  commun  à  ces  trois  éléments,  on  aura  la  courbure  de  la   surface 


(  219^ 
exprimée  au  moyen  des  courbures  de  trois  courbes  quelconques  tracées  sur 
la  surface,  et  des  angles  qu'elles  forment  entre  elles  : 

,  A  sin^ d a  d (Tt  s\n' d a ,  da,  sin'rfa-irfa         isin'dir  rla^  sxn'da.da,         7.s]n''c/(7,dai\n'da,di! 

R,  R,  ~~  7^,  r, 

/■^        .       ^\  .        -'^ 

îsin'r/a- rftr,  sin'c/7  </<7,  s\n'dada, 

(4)/ 

sin'rfo-,  rfuj         sin*rf(7,  rfd 


On  voit  que,  dans  le  cas  le  plus  général,  il  faut  six  éléments  pour  déter- 
miner la  courbure  de  la  surface,  et  que  celte  courbure  est  une  fonction 
symétrique  de  ces  éléments. 

»   4.   Courbure  sphérique  d'une  surface  enfonrlion  des  courbures  des  courbes 
coordonnées  et  de  leurs  courbures  inclinées.  —  Nous  avons  la  formule 

(5)  îT  +  5-     sin''/<r.'-/'î  =  -  H 

\  Ri        Rj  /  r,        rj  « 

Quand  le  système  est  rectangulaire,  on  tombe  sur  une  formule  connue.  Si 
les  éléments  da,.,  da^  sont  dirigés  suivant  des  tangentes  conjuguées  à  la 
surface,  on  trouve  une  formule  analogue  à  laformide  (3)  : 

(6)  —(75 f~  n     1  S'"'^'^i  dn,  cosda,  da,  = ■ 

\R|  Rï/  ■■*  V:, 

L'élimination  de  n  entre  les  deux  formules  (i)  et  (5)  donne  la  courbure 
sphérique  de  la  surface  en  fonction  des  courbures  de  trois  courbes  tracées 
sur  la  surface,  et  des  angles  qu'elles  font  entre  elles  : 

I    /'  1  I  \    .     <^  .-"^  ,-^'^,  sin  2  idadeA        im7.{da,d(!, 

\  I 1 sin  da  da,  sinaa,  da^  sin  da^da  =  ^ H ^ ' 

)  \R,        Rj/  2r,  2/- 

(7)  ■  .  y^ 

1  sin  2  [da-i  da) 

Si  l'on  détermine  les  valeiu's  de  —  et  de  —  au  moyen  des  deux  formules  (4) 

Ri  Rj 

et  (7),  on  obtient  deux  expressions  simples  et  symétriques  des  deux  cour- 
bures principales  de  la  surface  en  fonction  des  courbures  de  trois  courbes 
quelconques  tracées  sur  la  surface  et  des  angles  qu'elles  forment  deux  à 
deux  entre  elles.  » 


(    220    ) 

PATHOLOGIE.  —  Recherches  sur  les  injusoires  du  saïuj  dans  la  maladie  connue 
sous  te  nom  de  sang  de  raie;  par  M.  G.  Davaise.  Note  présentée  par 
M.  Cl.  Bernard. 

«  Sons  le  nom  de  sang  de  rate  on  désigne  une  maladie  très-meurtrière 
des  bêtes  à  laine  qui  règne  fréquemment  par  épizootie  durant  les  grandes 
chaleurs  de  l'été. 

))  En  i85o,  j'ai  pu  examiner  avec  M.  Rayer  plusieurs  cas  de  cette  mala- 
die, soit  dans  son  laboratoire  à  Paris,  soit  dans  une  excursion  à  Chartres, 
où  j'accompagnai  ce  savant  maître.  Avant  ce  voyage,  M.  Rayer  avait  inoculé 
un  mouton  avec  le  sang  de  la  rate  d'un  autre  mouton  mort  de  la  maladie 
dont  il  est  ici  question,  et  cette  inoculation  avait  déterminé  la  mort  au  troi- 
sième jour.  Je  répétai  cette  expérience  sous  ses  yeux  à  Chartres,  et  en  pré- 
sence de  plusieurs  médecins  et  vétérinaires  distingués  du  pays  ;  elle  fut  suivie 
du  même  résultat.  De  nouvelles  inoculations,  pratiquées  ensuite  sur  divers 
animaux  par  les  savants  dont  je  viens  de  faire  mention,  montrèrent  que  la 
insi\a(Me  au  sang  de  raie  est  transmissible,  non-seulement  au  mouton,  mais 
encore  au  bœuf,  au  cheval  et  à  d'autres  animaux  qu'elle  tue  eu  deux  ou 
trois  jours. 

»  J'ai  donc  pu,  dès  cette  époque,  faire  des  recherches  sur  la  constitution 
du  sang  dans  cette  maladie  épizootique.  Dans  une  première  observation,  le 
sang,  examiné  au  microscope  huit  à  dix  heures  après  la  mort,  m'offrit  un 
très-grand  nombre  de  bacterium  ;  or,  chez  le  mouton  vivant  et  sain  ou  tué 
à  la  boucherie,  on  ne  trouve  jamais  dinfusoires  de  ce  genre. 

»  Chez  le  mouton  inoculé  par  M.  Rayer  avec  le  sang  de  la  raie  du  pré- 
cédent, l'examen  étant  fait  deux  heures  et  demie  après  la  mort,  je  trouvai 
également  dans  le  sang  un  grand  nombre  de  corpuscules  identiques  avec 
les  premiers. 

)>  Dans  une  Note  insérée  aux  Bulletins  de  la  Société  de  Biologie  pour  l'an- 
née i85o,  M.  Rayer,  rendant  compte  des  recherches  que  nous  avions  faites 
à  Paris  et  dans  notre  voyage  à  Chartres,  s'exprime  ainsi  au  sujet  du  sang  de 
ces  deux  moutons  :  «  Le  sang  examiné  au  microscope  se  comportait  comme 
»  celui  du  mouton  atteint  de  sang  de  rate,  qui  avait  servi  à  rinoculation. 
»  Les  globules,  au  lieu  de  rester  bien  distincts,  comme  les  globules  du 
»  .sang  sain,  s'agglutinaient  généralement  en  masses  irrégulières;  il  y  avait 
)i  en  outre  dans  le  sang  de  petits  corps  filiformes,  ayant  environ  le  double 
i>  eu  longueur  d'un  globule  sanguin.  Ces  petits  corps  noffraient  point  de 
«   moiwements  spontanés.    •> 


(22  1     ) 

n  L'existence  des  bactéries  dans  le  sang  de  ces  deux  montons  attira  tout 
particulièienicnt  mon  attention;  car  le  court  espace  de  temps  cpii  avait  existé 
entre  le  moment  de  la  mort  et  celui  de  notre  examen,  surtout  dans  le  second 
cas,  me  portait  à  penser  que  les  bactéries  n'avaient  point  été  le  produit 
d'une  décomposition  putride,  mais  qu'elles  avaient  préexisté  à  la  mort  des 
animaux  qui  nous  les  offr.iient.  Je  pensai  dès  lors  à  vérifier,  lorsque  l'occa- 
sion s'en  présenterait,  ce  fait  de  l'existence  d  infusoires  filiformes  chez  le 
mouton  atteint  de  samj  de  raie  et  à  rechercher  si  le  développement  d'êtres 
microscopiques  assez  voisins  des  conferves  ne  serait  point  la  cause  de  la 
détérioration  du  sang  et  consécutivement  de  la  mort  de  l'animal. 

Il  L'occasion  ne  s'était  point  encore  offerte  et  d'autres  soins  ne  m'avaient 
pas  permis  de  la  chercher  activement,  lorsque  M.  Pasteur,  en  février  1861, 
publia  son  remarquable  travail  sur  le  ferment  butyrique,  ferment  qui  con- 
siste en  petites  baguettes  cylindriques,  possédant  tous  les  caractères  des 
vibrions  ou  des  bactéries.  Les  corpuscules  filiformes  que  j'avais  vus  dans 
le  sang  des  uioutons  atteints  de  sançj  de  rate  ayant  une  grande  analogie  de 
forme  avec  ces  vibrions,  je  fus  amené  à  examiner  si  des  cor|)uscules  ana- 
logues ou  du  même  genre  que  ceux  qui  déterminent  la  fermentation  buty- 
rique, introduits  dans  le  sang  d'un  animal,  n'y  joueraient  pas  de  même  le  rôle 
d'un  ferment.  Ainsi  s'expliqueraient  facilement  l'altération,  l'infection 
rapide  de  la  masse  du  sang  chez  un  animal  qui  aurait  reçu  accidentellement 
ou  expérimentalement  dans  ses  veines  un  certain  nombre  de  ces  bactéries, 
c'est-à-dire  de  ce  ferment. 

11  Ces  réflexions  me  faisaient  désirer  plus  vivement  encore  d'examiner 
de  nouveau  le  sang  des  animaux  altein!s  de  sang  de  raie,  mais  deux  étés 
s'écoulèrent  sans  que  j'aie  pu  me  procurer  aucun  mouton  affecté  de  cette 
maladie.  Dernièrement,  M.  le  D''  Diard,  médecin  distingué  de  Dourdan  , 
m'annonça  qu'elle  régnait  dans  sa  contrée,  et  qu'im  fermier  avait  perdu 
douze  moutons  en  huit  à  dix  jours  ;  en  même  temps,  d'après  ma  demande, 
il  m'envoyait  du  sang  d'un  de  ces  moutons. 

»  Le  sang  n'avait  point  encore  d'odeur  de  putréfaction  ;  il  avait  la  cou- 
leur violacée  ordinaire  dans  la  maladie  du  sang  de  rate  ;  examiné  au  micro- 
scope, il  renfermait  un  nombre  immense  de  bacterinin  sans  mouvements,  et 
tout  à  fait  semblables  à  ceux  que  j'avais  déjà  observés  en  i85o. 

M  J'inoculai  immédiatement  de  ce  sang  (21  juillet  i863)  à  deux  lapins  et 
à  un  rat  blanc,  tous  très-bien  portants  et  vigoureux,  ayant  leur  sang  par- 
faitement normal.  Vingt-quatre  heures  après,  ces  trois  animaux  n'offraient 

C.  R.,  i863,  2m»  Semestre,  (T.  LVII,  N"  4.)  ^^ 


(    222    ) 

aucun  changement  dans  leur  apparence;  leur  sang,  examiné  avec  beaucoup 
(le  soin,  était  s;:in  et  ne  contenait  aucun  bactcrium. 

))  Quarante-trois  heures  après  l'inoculation,  l'un  des  lapins  fut  trouvé 
mourant  ;  je  me  hâtai  d'examiner  son  sang,  pris  par  une  incision  de  la 
langue,  et  j'y  constatai  la  présence  d'une  énorme  quantité  de  bactéries  iden- 
tiques avec  celles  du  mouton.  Le  nombre  de  ces  corpuscules  était  tel,  que  je 
ne  puis  en  donner  bien  l'idée  qu'en  le  comparant  aux  myriades  des  fila- 
ments spermaliques  de  la  semence  des  animaux. 

»  l.e  sang  du  second  lapin  ,  examiné  quarante-huit  heures  après  l'inocu- 
lation, n'offrit  aucun  infusoire  quelconque  ;  le  lendemain,  l'animal  mourut 
inopinément,  soixante-trois  heures  après  l'inoculation.  Son  sang,  examiné 
une  demi -heure  après,  contenait  aussi  un  nombre  considérable  de  bactéries 
en  tout  semblables  aux  précédentes. 

.'  Un  troisième  lapin,  inoculé  avec  le  sang  du  premier  et  pendant  que 
ce  sang  était  encore  tout  frais,  mourut  au  bout  de  dix-sept  heures,  après 
une  très-courte  agonie.  Examiné  presque  à  l'instant  de  la  mort,  le  sang  con- 
tenait les  mêmes  bactéries  que  les  précédents.  Le  nombre  de  ces  corpus- 
cules était  moins  considérable,  toutefois  il  surpassait  de  beaucoup  celui  des 
globules  sanguins. 

»  lie  rat  fut  inoculé  une  seconde  fois  avec  le  sang  du  premier  lapin, 
néanmoins  il  est  encore  vivant  (26  juillet)  et  n'offre  rien  de  particulier  dans 
son  sang. 

»  Les  bacterium  du  sang  de  rate  sont  des  filaments  libres,  droits,  roides, 
cylindriques,  d'une  longueur  variable  entre  4  et  i  2  millièmes  de  millimètre, 
d'une  minceur  extrême  ;  les  plus  longs  offrent  quelquefois  une  et  très-rare- 
ment deux  inflexions  à  angle  obtus;  par  un  très-fort  grossissement  on  dis- 
tingue des  traces  d'une  division  en  segments;  ils  n'ont  absolument  aucun 
mouvement  spontané.  Par  la  dessiccation  ils  conservent  leur  forme  et  leur 
apparence.  L'acide  sulfurique,  la  potasse  caustique  en  solution  concentrée 
ne  les  détruisent  pas;  ils  se  comportent  à  l'égard  de  ces  réactifs  comme  les 
conferves  les  plus  simples. 

>)  Lorsque  le  sang  se  putréfie,  les  traces  de  leur  segmentation  deviennent 
plus  visibles;  ils  s'infléchissent  en  divers  sens  et  se  divisent  par  segments. 
Autant  que  j'en  puis  juger  aujourd'hui,  ils  disparaissent  complètement 
lorsque  le  sang  est  tout  à  fait  en  j)utréfaction.  Ce  fait  seul  les  séparerait 
nettement  de  toute  cette  catégorie  d'iufusoires  qui  se  forment  dans  les  ma- 
tières en  putréfaction,  si  d'ailleurs  ils  ne  s'en  distinguaient  déjà  par  leur  dé- 


(    223    ) 

veloppement  dansclii  sang  vivant,  pour  ainsi  dire,  et  sans  aucune  odeur  ca- 
ractéristique. 

»  Il  y  a  longtemps  que  des  médecins  ou  des  naturalistes  ont  admis  tliéo- 
riquemen.t  que  les  maladies  contagieuses,  les  fièvres  épidémiques  graves,  la 
peste,  etc.,  sont  déterminées  par  des  animalcules  invisibles  ou  par  des  fer- 
ments, mais  je  ne  sache  pas  qu'aucune  observation  positive  soit  jamais  ve- 
nue confirmer  ces  vues.  Je  n'aborderai  point  aujourd'hui  la  question  de 
savoir  si  les  bactéries  du  snrn^  de  rate  jouent,  chez  le  mouton  et  chez  les 
animaux  inoculés,  le  rôle  de  ces  animalcules  ou  le  rôle  d'un  ferment.  J'es- 
père jjouvoir,  à  la  suite  de  nouvelles  observations,  apporter  bientôt  quel- 
que lumière  sur  ce  sujet,  observations  qui,  étendues  aux  maladies  plus  ou 
moins  analogues  chez  l'homme,  acquerraient  lui  nouveau  degré  d'intérêt. 

»  Je  me  borne  pour  le  moment  à  signaler  un  fait  que  je  crois  nouveau. 
L'examen  de  six  animaux  atteints  ou  morts  du  sang  de  raie  a  montré  six  fois 
dans  leur  sang  les  mêmes  êtres  microscopiques.  Ces  corpuscules  se  sont 
évidemment  développés  pendant  la  vie  de  l'animal  mfecté,  et  leur  relation 
avec  la  maladie  qui  a  entraîné  la  mort  ne  peut  être  mise  en  doute.  » 

.MÉCANIQUE.  —  Recherches  sur  le  inouveinenl  et  la  compensation  des  chrono- 
mètres. Note  de  M.  \  von  Vill.4rceau,  présentée  par  M.  Le  Verrier. 

«  La  mesure  de  l'espace  et  du  temps  est  la  base  essentielle  des  travaux 
astronomiques;  les  asuonomes  ne  peuvent  donc  apporter  trop  de  soins  au 
perfectionnement  des  méthodes  et  des  instruments  de  mesure.  Si  les  appareils 
optiques  ont  été  l'objet  de  recherches  assidues,  depuis  la  substitution 
des  télescopes  et  lunettes  aux  simples  pinnules,  jusqu'à  la  réalisation  des 
grands  télescopes  de  i\L  Foucault,  on  n'en  saurait  dire  autant  des  appareils 
chronométriques.  Le  degré  de  précision  que  les  pendules  ont  atteint  dès 
l'origine  explique  jusqu'à  un  certain  point  comment  les  astronomes  ont 
pu  se  préoccuper  davantage  du  perfectionnement  des  lunettes  et  des 
cercles.  D'ailleurs,  les  chronomètres  proprement  dits,  ou  montres  marines, 
étant  d'un  us;)ge  moins  fréquent  et  moins  prolongé  dans  les  observatoires 
que  les  pendules,  les  imperfections  des  chronomètres  ont  pu  subsister 
sans  graves  inconvénients  pour  les  astronomes. 

»  Mais  il  n'en  est  plus  de  même  dans  les  usages  du  chronomètre  appli- 
qué à  la  navigation.  Dans  la  marine  à  vapeur,  la  sécurité  des  navigateurs 
dépend  de  la  marche  de  leurs  chronomètres,  car  les  longitudes  y  sont 
presque  exclusivement  fournies  par  ces  instruments. 

»  Depuis  les  indications   de   Pierre   Leroy   sur  les  conditions  de   l'iso- 

3o.. 


(    234    ) 

chronisme,  iiii  travail  important  sur  le  nièiue  sujet  a  été  publié  par 
M.  Phillips;  mais  la  théorie  du  mouvement  d'iui  chronomètre  sous  l'in- 
/liii'iice  des  diverses  résistances  et  des  variations  de  température  n'avait 
jioint  encore  été  faite  jusqu'ici.  Cette  théorie  est  l'objet  du  Mémoire  dont 
je  jirésenie  ici  un  extrait. 

))  Dans  la  première  partie  de  ce  Mémoire,  les  conditions  d'isochronisme 
étant  supposées  réalisées  par  l'inie  ou/l'autre  des  solutions  de  ses  devanciers, 
j'étudie  d  abord  le  mouvement  d'un  chronomètre  soumis  à  une  tempéra- 
ture constante.  S'élcvant  graduellement  des  questions  les  plus  simples  aux 
questions  les  plus  complexes,  il  tient  compte  finalement  de  la  résistance  des 
pivots,  de  la  résistance  de  l'air  proportionnellement  au  carré  de  la  vitesse, 
de  l'effet  des  chocs  produits  par  la  rencontre  de  la  roue  d'échappement  avec 
la  palette  du  balancier,  et  de  l'affaiblissement  de  l'action  du  ressort  mo- 
teur, si  le  chronomètre  est  dépourvu  de  fusée. 

»  Considérant  les  diverses  résistances  comme  des  quantités  très- petites 
du  premier  ordre,  on  arrive  à  ce  résultat  :  que  l'intervalle  de  deux  ballemenls 
consécutifs  ne  diffère  du  double  de  la  durée  de  l'oscillation  qui  aurait  lieu 
en  l'absence  de  toute  résistance,  que  de  quantités  dont  une  seule  peut  s'éle- 
ver au  premier  ordre  de  petitesse.  Cette  altération  est  en  raison  inverse  du 
carré  de  l'amplitude  et  proportionnelle  à  la  fois  à  la  résistance  des  pivots  et 
à  l'angle  compris  entre  la  position  d'équilibre  du  balancier  et  celle  qu'il 
occupe  à  l'instant  où  il  reçoit  le  choc  de  la  roue  d'échappement.  L'exis- 
tence de  ce  terme,  eu  égard  aux  habitudes  des  horlogers  de  produire  le  choc 
avant  le  passage  par  la  position  d'équilibre,  explique  le  fait  bien  fréquem- 
ment observé  de  l'accélération  de  la  marche  des  chronomètres  avec  le  temps. 
En  réduisant  l'angle  dont  il  s'agit  à  être  très-petit,  l'altération  s'abaisserait 
au  deuxième  ordre  de  petitesse. 

»  L'étude  des  circonstances  du  choc  qui  se  produit  dans  l'échappement 
fait  comprendre  comment  la  roue  d'échappement  mène  le  balancier  et  com- 
ment on  pourrait  éviter  cet  effet. 

»  J'ai  déterminé  les  relations  qui  s'établissent  dans  un  chronomètre 
jjarvenu  à  son  étal  de  régime  permanent,  en  faisant  tout  dépendre  de  l'am- 
])litude  correspondante  à  ce  régime:  j'ai  reconnu  qu'elle  est  sensiblement 
indépendante  du  degré  d'élasticité  des  organes  qui  subissent  l'action 
du  choc.  Celte  amplitude  dépend  particulièrement  des  données  géométri- 
«jues  relatives  à  l'échappemenl  ;  elle  est  d'ailleurs  proportionnelle  aux  ra- 
cines carrées  du  moment  d'inertie  du  balancier  et  du  moment  de  la  force 


(  aaS  ) 
qui  sollicite  la  roue  d'écliapj3ement,  et  en  raison  inverse  île  la  racine  carrée 
du  moment  d'inertie  de  cette  même  roue  et  du  moment  de  la  force  que  le 
ressort  spiral  exerce  sur  le  balancier  à  la  distance  augulaire  i  de  sa  position 
d'équilibre.  Il  est  éiabli,  en  outre,  que,  malgré  les  variations  de  la  force 
motrice  ou  des  résistances  qui  les  produisent,  et  celle  des  amplitudes  qui  en 
résultent,  l'angle  compris  entre  la  position  du  balancier  à  l'instant  du  choc 
et  sa  position  d'équilibre  reste  sensiblement  constant.  On  en  déduit  les 
règles  relatives  à  l'écliappement,  et  en  particidier  celles  qu'il  faudrait  appli- 
quer pour  éviter  les  effets  de  l'épaississement  des  huiles  qui  ont  été  indiqués. 
1)  Ces  modifications  réalisées  assurent  la  régularité  de  la  marche  du  cluo- 
nométre  à  température  constante. 

»  Dans  la  deuxième  partie  de  mon  Mémoire,  j'établis  les  conditions 
relatives  à  la  compensation  et  exjjose  avec  détails  la  théorie  des  lames 
bimétalliques.  Une  première  solution  du  problème  est  obtenue  en  négli- 
geant les  termes  qui  dépendent  des  carrés  des  variations  de  température. 
Revenant  ensuite  sur  les  termes  négligés,  on  forme  l'équation  de  condition 
relative  à  l'anéantissement  de  ces  termes,  et  l'on  discute  les  moyens  d'y  sa- 
tisfaire suivant  les  cas.  Afin  de  fixer  les  idées  sur  l'importance  des  termes 
dont  il  s'agit,  on  donne  une  évaluation  numérique  de  ceux  que  fournit  le 
balancier,  les  seuls  que  l'on  puis.se  évaluer  sans  le  secours  de  l'expérience. 

»  Les  diverses  opérations  relatives  à  la  compensation  sont  résumées  avec 
ordre,  et  le  Mémoire  se  termine  par  quelques  considérations  sur  les  formules 
empiriques  propres  à  représenter  la  marche  de  chronomètres  plus  ou  moins 
imparfaitement  compensés.  » 

liLECTlîO-PllY.slOLOGlE.  —  Expériences  constellant  ('électricité  du  sang  chez  les 
animaux  vivants.  Note  de  M.  H.  Scocïetten,  présentée  par  M.  Velpeau. 

«  Les  physiciens  et  les  médecins  les  plus  éminents  se  sont  beaucou[) 
occupés  des  phénomènes  électro-physiologiques;  depuis Galvani  jusqu'à  ce 
jour  des  travaux  d'un  haut  intérêt  ont  été  publiés,  mais  presque  tous  ont 
eu  pour  objets  les  sensations  et  surtout  les  contractions  provoquées  dans 
les  muscles  par  la  décharge  ou  par  le  courant  électrique;  il  n'en  existe  pas 
c[ui  aient  été  entrepris  dans  le  but  de  prouver  l'existence  et  de  déterminer  le 
caractère  de  la  réaction  électrique  du  sang  rouge  sur  le  sang  noir.  Ce  fait 
étant  de  la  plus  grande  importance  sous  le  rapport  physiologique,  nous 
avons  pensé  à  combler  cette  lacune. 

n  Des   précautions  nombreuses   étaient  indispensables  pour  éviter  les 


(    2-2fi    ) 

erreurs,  il  fallait  démontrer  que  c'était  bien  au  sang  et  non  à  toute  autre 
cause  qu'était  dû  le  dégagement  du  fluide  électrique  :  voici  les  dispositions 
qui  ont  été  prises  : 

»  Première  expérience.  —  Le  3  novembre  1862,  un  cheval  âgé  de  qua- 
torze ans,  destiné  à  être  abattu,  fut  mis  à  ma  disposition;  secondé  par 
M.  Démange,  médecin  vétérinaire  distitigué,  l'artère  carotide  droite  et  la 
veine  jugulaire  gauche  furent  mises  à  nu  et  complètement  isolées  des 
parties  environnantes.  Deux  ligatures,  fixées  par  un  nœud  facile  à  liétaclier, 
furent  placées  sur  l'un  et  l'autre  vaisseau,  laissant  entre  elles  un  intervalle 
do  douze  centimètres  environ,  précaution  prise  pour  éviter  toute  perte  de 
sang.  La  partie  de  l'un  et  l'autre  vaisseau  comprise  entre  les  deux  ligatures 
fut  ouverte  longitudinalement  dans  l'étendue  de  2  centimètres,  afin  de 
faire  écouler  la  faible  quantité  de  sang  qui  s'y  trouvait  contenue. 

»  Arrivé  à  ce  temps  de  l'opération,  nous  prîmes  deux  tubes  en  verre 
destinés  à  être  introduits  dans  les  vaisseaux,  et  qui  avaient  été  disposés 
comme  il  suit. 

))  Ces  tubes,  longs  de  10  centimètres  et  de  i  centimètre  de  diamètre, 
sont  ouverts  à  chaque  extrémité  qui  est  arrondie  et  faiblement  effilée  pour 
pouvoir  pénétrer  plus  facilement  dans  les  vaisseaux.  A  l'intérieur  de  chacun 
de  ces  tubes  est  une  lame  en  platine  de  [o  centimètres  carrés  de  surface, 
pliée  plusieurs  fois  sur  elle-même,  selon  sa  longueur,  en  forme  d'évenlail; 
un  fil  en  platine,  de -|^  centimètre  de  section,  est  soudé  à  la  lame;  ce  fil, 
long  de  25  centimètres,  est  enduit  d'un  vernis  de  gutta-percha,  excepté  à 
l'extrémité  libre  qui  doit  se  rattacher  au  fil  de  laiton,  lequel  est  entouré  de 
soie  et  aboutit  à  un  excellent  galvanomètre  de  Nobili.  Cet  instrument  étant 
orienté  et  l'aiguille  à  zéro,  l'opération  fut  continuée. 

»  L'un  des  tubes  fut  introduit  dans  la  veine,  ce  qui  se  fit  très-aisément; 
nous  rencontrâmes  plus  de  difficulté  pour  l'artère,  dont  le  calibre  est  beau- 
coup moins  grand  que  celui  de  la  veine. 

»  Les  tubes  étant  en  place,  des  ligatures  nouvelles  fixèrent  sur  leur  cir- 
conférence, en  haut  et  en  bas,  les  parois  de  chaque  vaisseau;  les  ligatures 
premières  étant  alors  enlevées,  le  sang  put  passer  à  travers  les  tubes,  et, 
pour  qu'on  ne  pût  pas  supposer  l'existence  de  courants  transmis  par  le 
tissu  des  vaisseaux  artériels  et  veineux,  il  fut  coupé  circidairement;  les 
tubes  furent  ainsi  totalement  isolés,  et  aucun  courant  électrique,  autre  que 
celui  fourni  y.ar  le  sang,  ne  pouvait  parvenir  au  galvanomètre. 

»  Des  que  le  circuit  fut  formé,  l'aiguille  de  iinsirumeut,  chassée  vivement 
contre  l'arrêt,  indiqua  un  courant  positif  pour  le  sang  artériel,  c'est-à-dire 


(  2^7  ) 
que  le  sens  du  courant  iuléiieur  allait  du  sang  veineux  au  sang  artériel.  Le 
cheval  ayant  fait  quelques  niouvemenls  qui  dérangèrent  les  appareils,  il 
nous  fut  impossible  de  déterminer  le  degré  auquel  l'aiguille  se  sei-ait  fixée. 

»  Deuxième  expérience.  —  La  même  expérience  fut  répétée  le  i8  mai 
i863,  sur  un  cheval  affaibli  par  l'âge  et  la  maladie;  toutes  les  précautions 
précédemment  indiquées  furent  soigneuseisient  observées.  Dès  que  le  cir- 
cuit fut  fermé,  l'aiguille  du  galvanomètre  indiqua  de  nouveau  que  l'élec- 
tricité positive  s'échappait  du  sang  artériel;  mais,  cette  fois,  il  nous  fut 
possible  de   déterminer  la   déviation  :  l'aiguille  se  fixa  au  55*^  degré. 

M  Troisième  expérience.  —  Cheval  âgé,  malade,  ayant  â  peine  mangé 
depuis  la  veille,  presque  impassible  à  la  douleur  provoquée  par  les  opéra- 
tions; nous  pûmes  facilement  constater  le  degré  de  déviation  de  l'aiguille; 
elle  se  fixa  au  5o^  degré  positif  du  galvanomètre. 

))  Qiintriènie  expérience.  —  Le  cheval  estâgé  de  quinze  ans,  il  est  vigoureux, 
et  c'est  poiu'  cause  de  blessure  à  la  jambe  qu'il  est  destiné  à  être  abattu.  Au 
lieu  d'introduire  les  tubes  pour  constater  la  réaction  du  sang  rouge  sur  le 
sang  noir  sur  l'animal  lui-même,  nous  nous  proposâmes  de  mettre  les  deux 
sangs  en  contact  par  l'intermédiaire  d'un  vase  poreux. 

»  L'animal  fut  saigné,  presque  au  même  moment,  à  l'artère  carotide 
gauche  et  à  la  veine  jugulaire  droite,  préalablement  mises  à  nu  ;  les  deux 
liquides  t(n'ent  reçus,  le  sang  artériel  dans  un  vase  en  grès  d'un  litre  de  ca- 
pacité, qu'il  remplit  aux  deux  tiers;  le  sang  veineux  dans  un  vase  poreux 
n'ayant  pas  encore  servi  :  la  quantité  de  sang  désirée  étant  obtenue,  les  deux 
vaisseaux  furent  liés. 

»  Des  électrodes  en  platine,  de  lo  centimètres  carrés  de  surface,  furent 
plongés  dans  l'un  et  l'autre  liquide;  à  l'instant  la  réaction  fut  très-éner- 
gique: à  la  première  impulsion  l'aiguille  alla  bondir  contre  l'arrêt  du  gal- 
vanomètre. Bientôt  elle  se  fixa  à  75  degrés  et  s'y  maintint  invariablement 
pendant  dix  minutes.  Lorsque  le  sang  fut  coagulé,  mais  non  décomposé, 
elle  marquait  encore  70  degrés. 

«  La  direction  du  courant  fut  identiquement  la  même  que  celle  remar- 
quée dans  les  expériences  précédentes,  c'est-à-dire  que  le  sang  artériel 
donnait  le  signe  positif,  ce  qui  indiquait  que  le  sens  du  courant  s'établissait 
du  sang  noir  au  sang  rouge.  Celte  dernière  expérience,  répétée  plusieurs 
fois,  donna  des  résultats  constants  quanta  la  direction  et  à  l'intensité  du 
courant. 

))  Ces  expériences  doivent  contribuer  à  éclaircir  plusieurs  points  obscurs 
de  la  physiologie;  mais  il  nous  est  impossible,  en  ce  moment,  d'en  déduite 


(    228    ) 

toutes  les  conséquences  qu'on  peut  entrevoir  :  nous  nous  bornerons  à  indi- 
quer les  plus  importances.  Puisqu'il  est  démontré  que  le  sang  rouge  et  le 
snng  noir,  dans  leur  contact  à  travers  les  parois  des  vaisseaux  qui  font  l'of- 
fice de  véritables  vases  poreux,  donnent  des  réactions  électriques  constatées 
par  le  galvanomètre,  on  doit  admettre  que,  toutes  les  parties  de  notre  corps 
étant  parcourues  par  les  fluides  sanguins,  il  y  a  nécessairement  dégagement 
conslant  d'électricité  jusque  dans  la  tramela  plus  déliée  de  nos  tissus;  que 
chaque  molécule  organique  est  sans  cesse  stimulée  par  le  fluide  électrique 
(ini  s'échappe^  et  que  c'est  piincipalement  sous  l'influence  de  cette  excita- 
tion incessante  que  s'exécutent  toutes  les  fonctions.  C'est  ainsi  que  l'oxy- 
gène contenu  dans  le  sang  rouge  brûle  les  molécules  organiques  avec  les- 
quelles il  est  en  contact,  et  produit  la  calorification,  merveilleuse  fonction 
sans  laquelle  la  vie  est  impossible.  C'est  également  sous  l'influence  de  l'élec- 
tricité que  s'opère,  pendant  la  digestion,  l'élection  des  molécufes  nutritives, 
et  plus  tard  l'assimilation  ;  il  en  est  de  même  de  la  respiration,  des  sécré- 
tions internes  et  externes,  et,  en  un  mot,  de  toutes  les  fonctions  quelque 
simples  ou  compliquées  ciu'elles  soient.  L'électricité  est  le  moteur  de  tous 
les  actes  organiques;  tout  s'arrête  lorsque  le  mouvenient  électrique  cesse. 
Ajoutons  qne  cette  électricité  dégagée  se  recompose  à  l'instant,  et  qu'il  n'y 
a  pas  d'électricité  libre  s'échappant  du  corps 

)>  Les  faits  que  nous  venons  de  rapporter  concordent  parfaitement  avec 
les  phénomènes  électriques  développés  pendant  la  combustion;  en  effet,  on 
sait  que,  pendant  la  combustion,  le  charbon  prend  l'électricité  négative  et  l'air 
ambiant  l'électricité  positive,  ou,  pour  être  plus  exact,  que  le  courant  s'éta- 
blit du  charbon  à  l'oxygène  de  l'air  (i);  or,  la  principale  action  du  sang 
louge,  en  raison  de  l'oxygène  qu'il  contient,  est  de  produire  dans  nos  tis- 
sus une  véritable  combustion.   » 

PHYSIOLOGIE  VÉGitTALE.  —  Eludes  chimiques  sur  la  végétation  des  Mucédinées, 
particulièrement  de  /'Ascophora  nigrans;  par  M.  Raulin.  Note  présentée 
par  M.  Pasteur. 

«  On  voit  souvent  se  développer  sur  les  matières  organiques  naturelles 
tout  un  monde  microscopique.  Dans  ces  dernières  années,  M.  Pasteur  a 
montré  cjue  ces  petits  êtres  se  développent  également,  bien  qu'en  général 

(i)  Gaugain,  Sur  le  développement  de  l'électricité  f/iii  accompagne  la  combustion.  [Comptes 
rendus  de  C Académie  des  Sciences,  t,  XXXVUI,  p.  73i;  Paris,  i854.) 


(    229     ) 

avec  moins  d'activité,  dans  des  mélanges  artificiels  de  principes  relative- 
ment simples  et  de  composition  connue,  tels  que  le  sucre,  le  nitrate  d'am- 
moniaque et  une  faible  proportion  de  matières  minérales,  où  dominent 
l'acide  phosphorique,  la  potasse,  la  magnésie. 

»  Je  me  suis  proposé  de  faire  une  étude  rigoureuse  de  l'influence  des 
éléments  minéraux  sur  le  développement  des  Mucédinées  au  sein  de  ces 
milieux  artificiels  de  composition  déterminée  et  aussi  simples  que  possible 
Mes  résultats  ne  s'appliquent  encore  qu'à  une  seule  espèce,  VJsœphora 
nigrans;  mais  je  les  crois  susceptibles  d'être  généralisés,  au  moins  en 
partie. 

»  1°  Par  un  choix  convenable  de  matières  minérales,  on  peut  rendre  le 
développement  de  cette  plante  aussi  rapide  dans  un  milieu  artificiel  que 
dans  les  liquides  les  mieux  appropriés  ;  la  végétation  suit  une  marche  régu- 
lière jusqu'à  ce  que  l'un  des  éléments  essentiels  fasse  défaut. 

»  2°  Les  substances  minérales  les  plus  utiles  sont,  par  ordre  d'impor- 
lance  :  le  phosphore,  le  potassium,  le  magnésium,  le  soufre,  le  manganèse. 

»  Ces  éléments  ont  été  employés  sous  la  forme  de  phosphate  d'ammonia- 
que, carbonates  de  potasse  et  de  magnésie,  sulfate  d'ammoniaque,  carbo- 
uale  de  manganèse. 

»   Un  liquide  renfermant  toutes  ces  substances  produira,  par  exemple 
20  grammes  de  plante  ;  un  autre,  qui  n'en  diffère  que  par  la  suppression  du 
manganèse,  ne  produira  que  5  grammes  dans  le  même  temps;  la  suppres- 
sion du  soufre  seul  réduira  la  récolte  à  •.  grammes;  celle  du  magnésium  et 
du  potassium  à  i  gramme;  celle  du  pbospore  à  os^S. 

»   3°  Les  quantités  de  ces  éléments  qu'il  suffit  d'employer  ne  forment 
qu  une  fraction  très-faible  du  poids  total  de  la  plante  qu'on  veut  obtenir 
uiouis  de  2  centièmes,  et  elles  diminuent  à  partir  du  phosphore. 

»  4°  D'autres  éléments  interviennent  peut-être  encore  rlans  le  dévelop- 
pement de  ce  végétal,  mais  en  moindre  proportion. 

»  En  résumé,  le  développement  régulier  et  abondant  de  cette  Mucédinée 
exige  la  réunion,  sous  forme  convenable,  d'un  assez  grand  nombre  de  corps 
simples.  Les  poids  respectifs  de  ces  éléments  qui  suffisent  rigoureusement 
sont  de  divers  ordres  de  grandeur  :  considérables  pour  les  premiers,  tels 
que  le  carbone,  l'hydrogène,  l'oxygène;  à  peine  appréciables  pour  les  der- 
niers, bien  que  ceux-ci  soient  encore  tres-utiles,  j'oserais  presque  dire  néces- 
saires. 

»  J'ai  tenté  quelques  essais  relatifs  à   l'absorption  de  l'azote  libre  en 

C.  R.,  i863,  2"'=  Semestre.  (T.  LVII,  N"  4.)  3  j 


(  2io  ) 
opérant  toujours  sur  la  même  Mucédinée,  VJscopliora  nicjrans.  Voici  le  pro- 
cédé expérimental  auquel  j'ai  eu  recours  : 

»  Deux  tubes  de  verre  d'un  demi-litre  de  capacité  environ  sont  soudés 
par  une  extrémité  à  des  tubes  de  très-petit  diamètre  et  recourbés  ;  j'y  intro- 
duis des  volumes  à  peu  près  égaux  de  liquides  convenablement  préparés; 
je  les  place  tous  deux  dans  la  glace  fondante  et,  au  bout  de  quelque  temps, 
je  les  ferme  simultanément  à  la  lampe  ;  je  les  porte  ensuite  dans  une  étuve  : 
dans  l'un,  la  plante  végète,  parce  que  le  liquide  renferme  les  aliments  néces- 
saires et  des  spores  de  la  Mucédinée  ;  dans  l'autre,  rien  ne  se  développe, 
parce  que  j'ai  acidulé  sensiblement  le  liquide  par  l'acide  sulfurique. 
Quelques  jours  après,  j'agite  les  tubes  avec  précaution  pour  briser  des 
ampoules  qui  y  sont  renfermées  et  qui  contiennent,  l'une  de  la  potasse, 
l'autre  de  l'acide  pyrogallique  :  ces  deux  liquides  absorbent  intégralement 
l'oxygène  et  l'acide  carbonique;  l'azote  reste  seul.  Ou  reporte  les  tubes 
dans  la  glace  fondante,  et  on  fait  plonger  dans  le  mercure  l'un  à  côté  de 
l'autre  les  tubes  capillaires  soudés  aux  gros  tubes.  On  en  brise  la  pointe;  le 
mercure  monte  à  l'iutérieur,  et  la  différence  des  niveaux  accuse  l'absorp- 
tion de  l'azote  si  elle  a  eu  lieu. 

»  Ce  procède  permet  de  remplacer  les  mesures  assez  nombreuses  des 
procédés  ordinaires  par  une  seule,  la  mesure  directe  de  la  quantité  qu'on 
veut  obtenir;  à  la  détermination  des  volumes  on  substitue  celle  des  pres- 
sions, qui  peut  se  faire  plus  exactement  ;  enfin,  toutes  les  opérations  se 
faisant  dans  un  vase  hermétiquement  clos,  on  évite  toutes  les  erreurs  que 
comporte  la  manipulation  des  gaz  et  des  réactifs. 

))  Par  deux  autres  expériences  semblables,  faites  à  blanc  et  convenable- 
ment disposées,  on  tient  compte  de  la  différence  de  solubilité  des  gaz  et  de 
tension  des  vapeurs,  chose  à  peu  près  impossible  par  les  procédés  habituels. 

»  Les  résultats  que  j'ai  obtenus  jusqu'ici,  par  cette  méthode  et  par 
d'autres,  me  portent  à  croire  que  l'azote  libre  n'est  absorbable  dans  aucun 
cas.  Cependant  je  n'ose  encore  me  prononcer  définitivement  sur  une  ques- 
tion aussi  délicate,  que  les  savants  les  plus  distingués  ont  résolue  en  des 
sens  différents. 

»  Ces  expériences,  que  M.  Pasteur  a  bien  voulu  encourager  et  guider 
par  ses  lumières,  ont  été  inspirées  par  ses  travaux.  Je  les  ai  commencées 
dans  son  laboratoire,  à  l'École  Normale,  et  continuées  au  lycée  de  Brest.  » 


(    23l     ) 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Sur  la  proportion  des  étiiers  contenus  dans  les  vins,  et  sur 
quelques-uns  des  changements  qui  s'j-  produisent.  Note  de  Id.  Beuthelot, 
présentée  par  M.  Balard. 

«  Les  vins  ei  les  liqueurs  fermenlées  renferment  divers  alcools  et  divers 
acides  susceptibles  d'exercer  une  action  réciproque,  qui  n'est  pas  sans  in- 
fluence sur  les  changements  progressifs  éprouvés  par  ces  liqueurs.  Mais  les 
notions  que  l'on  possède  à  ce  sujet  sont  pour  la  plupart  assez  vagues.  J'ai 
pensé  qu'il  était  possible  de  les  préciser  davantage,  à  l'aide  de  mes  recher- 
ches sur  les  affinités.  Ce  n'est  pas  que  je  me  dissimule  combien  sont  com- 
plexes et  délicates  les  questions  relatives  à  ces  produits  naturels,  dont  les 
effets  physiologiques  résultent,  non  d'iuie  cause  unique,  mais  d'une  mul- 
titude d'actions  exercées  à  la  fois  par  des  principes  si  fugaces  et  si  peu 
abondants.  Les  problèmes  de  ce  genre  peuvent  cepemlaut  être  éclaircis  en 
s'attachant  à  ne  traiter  que  des  points  isolés  et  bien  définis. 

»  Je  vais  examiner  successivement  :  i°  Quelle  est  la  quantité  totale  des 
éthers  qui  peuvent  exister  dans  un  vin  ou  liqueur  fermentée  ; 

»   2°  Comment  s'opère  la  formation  progressive  de  ces  éthers  ; 

»   3°  Quelle  est  la  nature  des  éthers  contenus  dans  le  vjn; 

»  4"  Je  terminerai  en  exposant  quelques  essais  que  j'ai  faits  pour  isoler 
les  principes  dans  lesquels  réside  le  goût  vineux  et  le  bouquet  des  vins. 

•  »  L  Soit  un  vin  ou  liquide  fermenté,  conservé  dans  un  vase  de  verre  scellé 
et  privé  d'air  d'une  manière  absolue;  admettons,  en  outre,  que  les  sucres 
ont  complètement  disparu  et  que  la  liqueur  ne  renferme  ni  mycodermes 
ni  ferments.  Les  actions  réciproques  entre  les  acides  et  les  alcools  contenus 
dans  cette  liqueur  s'effectuent  d'une  manière  aussi  nécessaire  que  la  réac- 
tion normale  des  acides  sur  les  alcalis  ;  elles  tendent  vers  un  certain  équi- 
libre qui  sera  atteint  seMement  au  bout  de  plusieurs  années.  C'est  cet 
équilibre  que  je  vais  essayer  de  définir.  Voici  d'après  quels  principes  : 

»  i"  J'ai  prouvé  que,  dans  les  liqueurs  diluées,  la  quantité  d'éther  qui  se 
forme  est  sensiblement  proportionnelle  au  |)oids  total  de  l'acide  contenu 
dans  ces  liqueurs.  Le  coefficient  de  proportionnalité  dépend  du  rapport 
qui  existe  entre  l'alcool  et  l'eau. 

•>  2"  La  quantité  relative  d'éther  formé,  c'est-à-dire  d'alcool  entré  en 
combinaison,  est  la  même,  qu'il  s'agisse  d'un  système  formé  par  un  seul 
alcool  et  un  seul  acide,  ou  par  plusieurs  alcools  et  plusieurs  acides  :  elle 
ne  dépend  que  du  rapport  entre  la  somme  des  équivalents  des  acides  et  la 
somme  des  équivalents  des  alcools.  J'ai  établi  ce  principe  eu  particulier  sur 

3i. 


(    ^32    ) 

(les  mélanges  renfermant  les  acides  acétique,  succinique,  tartrique,  et  les 
alcools  ordinaire,  amyliqne,  glycérique,  acides  et  alcools  qui  existent  dans 
les  liqueurs  fcrmentées. 

»  Ceci  posé,  pour  calculer  la  quantité  d'éther  existant  dans  une  liqueur 
parvenue  à  l'état  d'équilibre,  on  cherchera  d'abord  le  poids  de  l'eau  et  celui 
des  alcools  contenus  dans  la  liqueur  :  on  peut  se  borner  à  l'alcool  ordinaire 
et  à  la  glycérine,  voire  même  négliger  cette  dernière,  sans  erreur  sensible 
sur  le  résultat.  On  déterminera  ensuite  le  titre  acide  de  la  liqueur  au  moyen 
d'une  solution  alcaline  normale;  l'eau  de  baryte  est  la  solution  que  je  pré- 
fère. Le  tableau  suivant,  déduit  de  mes  expériences,  indique,  d'après  ces 
données,  la  quantité  proportionnelle  d'éther  qui  existe  dans  la  liqueur,  ou, 
plus  exactement,  le  poids  d'alcool  combiné  aux  acides  dans  les  éthers;  car 
le  poids  absolu  de  ces  éthers  n'est  pas  connu,  tant  que  les  acides  ne  le  sont 
pas  individuellement. 


Poids  de  l'alcool  é 

thérifié. 

(Le 

poids  de  ralcool  équivalent 

à 

l'acide 

total   actuellement 

'loponion  d' 

'eau. 

Proportion 

d'alcool 

en 

poids. 

libre 

dans  : 

la   liqueur 

étant  100.  y 

95 

5 

8,5 

90 

10 

.4,5 

85 

i5 

20,5 

80 

20 

26,0 

75 

25 

32,0 

environ. 

w  Au  lieu  de  recourir  à  ce  tableau,  on  peut  se  borner  à  la  formule  sui- 
vante :  en  indiquant  par/  la  fraction  d'alcool  éthérifiée  (définie  comme  ci- 
dessus)  et  par  A  la  proportion  centésimale  d'alcool  dans  un  mélange  rapporté 
Tuiiquement  à  l'alcool  et  à  l'eau  : 

7  =  1, 17  A  +  2,8. 

»  Cette  formule  est  applicable  tant  que  la  liqueur  ne  renferme  pas  plus  de 
20  à  25  pour  100  d'alcool. 

»  Soit,  par  exemple,  le  vin  de  Formichon  (Beaujolais)  de  i858.  Ce  vin  est 
assez  vieux  pour  que  la  formation  des  éthers  puisse  être  regardée  comme  à 
peu  près  terminée.  Dans  ce  vin  on  a  trouvé,  pour  88  parties  d'eau,  12  par- 
ties d'alcool;  d'où  r  =  16,8.  Or,  le  titre  acide  de  ce  vin  équivaut,  pour 
I  litre,  à  6  grammes  d'acide  acétique,  c'est-à-dire  à  4^', 6  d'alcool  ordinaire; 
d'où  il  résulte  que  la  quantité  d'alcool  qui  se  trouve  sous  forme  d'éther  est 

égale  à  -^— ^ —  =o^',8  environ  par  litre.  L'acide  combiné  équivaut  à  i^%o 


(  a33  ) 
d'acide  acétique,  et  l'acide  total,  tant  libre  que  combiné,  à  7^',o.  J'ai  con- 
trôlé ce  résultat  par  l'expérience  suivante.  Après  avoir  reconnu  que  5o  cen- 
timètres cubes  du  vin  ci-dessus  exigent,  pour  èlre  saturés,  32'^'',5  d'eau  de 
baryte  normale,  j'ai  introduit  5o  centimètres  cubes  du  même  vin  et  5o  centi- 
mètres cubes  d'eau  de  baryte  dans  un  matras;  j'ai  scellé  le  vase  et  je  l'ai 
chauffé  à  loo  degrés  pendant  deux  jours.  Au  bout  de  ce  temps,  j'ai  trouvé 
que  la  quantité  totale  de  baryte  neutralisée  s'élevait  à  38*^^,6.  Il  y  a  donc 
eu  6",i  de  baryte  neutralisée  par  suite  de  la  réaction  opérée  à  loo  degrés. 
Bien  que  le  vin  renferme  divers  principes  altérables  parles  alcalis  à  loo  de- 
grés, et  qui  ont  pu  concourir  à  saturer  la  baryte,  cependant  leur  propor- 
tion est  assez  faible  pour  qu'il  soit  permis  d'attribuer  à  la  décomposition 
des  étbers  la  presque  totalité  de  la  saturation  (i).  Elle  représente  rg  p.  loo 
du  titre  acide  primitif,  au  lieu  de  17  indiqués  par  la  formule. 

»  Dans  ce  qui  précède,  je  suis  parti  de  l'état  d'équilibre  pour  calculer  la 
proportion  d'alcool  éthérifié.  Si  l'on  voulait,  au  contraire,  prendre  pour 
point  de  départ  un  liquide  dans  lequel  les  acides  et  les  alcools  n'auraient 
encore  exercé  aucune  réaction  (ce  qui  est  un  cas  purement  idéal,  puisque, 
dans  une  liqueur  fermentée,  l'alcool  prend  naissance  et,  par  conséquent, 
réagit  successivement),  on  aurait  le  tableau  suivant  : 

Poids  de  Palcool  (z) 
qui  doit  b'élhérifier, 
ralcool  équivalent  à 
Proportion  d'alcool  (B).     l'acide  total  étant  mo. 

8,0 

12,5 

21  ,5 

»  A  ce  tableau  répond  la  formule  suivante  : 

z  =  o,gB  +  3,5. 

»  Ces  deux  tableaux  représentent  deux  limites,  entre  lesquelles  se  trouve 
compris  l'état  de  toutes  les  liqueurs  vineuses  dans  lesquelles  la  réaction  des 
acides  sur  les  alcools  n'est  pas  encore  accomplie. 

»  II.  La  succession  des  phénomènes  d'éthérificalion  dans  de  pareilles 
liqueurs  dépend  à  la  fois  de  la  composition  initiale  des  liqueurs,  à  partir  du 
moment  où  la  fermentation  est  terminée,  et  des  changements  qu'elles 
peuvent  éprouver  dans  le  cours  de  leur  conservation. 

(i)  Ceci  ne  serait  plus  vrai  si  le  vin  contenait  encore  du  sucre. 


'roportion  i 

l'eau. 

Proportion 

95 

5 

90 

10 

85 

i5 

80 

30 

(  234  ) 

»  Les  effets  qui  dérivent  de  la  composition  initiale  peuvent  être  prévus 
d'une  manière  générale,  d'après  les  résultats  de  mes  recherches.  Il  suffira  de 
dire  que,  dans  une  liqueur  diluée,  la  vitesse  de  la  combinaison  devient,  au 
bout  d'un  certain  temps,  et  demeure  ensuite  comparable  à  ce  qu'elle  est 
dans  un  système  formé  uniquement  d'acide  et  d'alcool.  Rappelons,  pour 
préciser  les  idées,  qu'en  opérant  à  la  température  ordinaire,  sur  l'alcool  et 
sur  l'acide  acétique,  à  équivalents  égaux,  les  f  de  la  quantité  d'éther  pos- 
sible sont  formés  au  bout  de  cinq  à  six  mois,  les  f  au  bout  d'un  an. 
Deux  aiuiées  n'ont  pas  sufii  pour  épuiser  la  réaction;  cependant  elle  est 
alors  bien  près  de  son  terme,  les  ~  de  la  quantité  d'éther  possible  se  trou- 
vant réalisés.  Avec  les  acides  polybasiques,  tels  que  ceux  qui  dominent 
dans  le  vin,  la  combinaison  est  un  peu  plus  rapide.  Ajoutons  enfin  que  la 
chaleur  accélère  la  formation  des  éthers  ;  le  froid  la  ralentit.  Ces  indications 
peuvent  donner  une  idée,  sinon  des  phénomènes  qui  se  passent  précisé- 
ment et  qui  dépendent  de  la  composition  individuelle  de  chaque  liqueur, 
mais  au  moins  de  la  marche  générale  de  l'éthérification.  On  voit  que,  d'après 
ces  données,  l'acidité  du  vin  doit  aller  en  diminuant,  de  telle  sorte  que  les 
vins  ordinaires,  en  deux  ou  trois  ans,  perdent  de  i  à  |^  de  leur  acidité,  sui- 
vant leur  richesse  en  alcool,  par  le  seul  fiiit  de  la  formation  des  éthers. 

»  J'ai  raisonné  jusqu'ici  eu  supposant  que  les  proportions  relatives  d'al- 
cool, d'acide  et  d'eau  ne  changent  pas  dans  les  liqueurs  pendant  tout  le 
cours  de  leur  conservation.  Mais  il  n'en  est  pas  ainsi  dans  la  réalité;  des 
causes  très-diverses  peuvent  accroître  ou  diminuer  la  quantité  de  l'alcool 
ou  celle  de  l'acide.  Sans  entrer  dans  leur  discussion  détaillée,  il  suffira  de 
dire  que  leur  influence  peut  être  résumée  en  deux  mots  :  toutes  les  fois  que 
l'alcool  (i)  ou  l'acide  (a)  augmente,  la  proportion  d'éther  tend  à  augmen- 
ter, en  vertu  d'une  réaction  lente  qui  s'établit  aussitôt.  Toutes  les  fois  que 
l'alcool  (3)  ou  l'acide  (4)  diminue,  la  quantité  d'éther  possible  diminue; 
si  la  réaction  était  déjà  parvenue  à  son  terme,  une  certaine  quantité  d'éther 
sera  décomposée. 


(  I  )  Addition  d'alcool  ;  sucrage  ou  dédoublement  lent  des  glucosides  naturels  contenus  dans 
le  jus,  suivi  d'une  nouvelle  ferinenlalion;  endosmose  opérée  dans  les  tonneaux  de  bois; 
congélation,  etc. 

(a)  Fermentations  spéciales;  dédoublement  de  glucosides  ou  d"amides;  oxydation,  etc. 
•    (3)  Évaporation,  oxydation,  etc. 

(4)  Fermentations  spéciales;  précipitation  de  la  crème  de  tartre,  par  suite  de  l'accroisse- 
ment de  l'alcool  ou  de  l'addition  de  lartrate  neutre  de  potasse,  etc. 


(  235  ) 
»  Enfin  ceriains  ferments  peuvent  dédoubler  les  éthers   déjà   formés, 
comme  je  l'ai  montré  en  étudiant  la  réaction  delà  pancréaline  sur  l'éther 
acétique.    •< 

CHIMIE  ORGANIQUE. — Faits  nouveaux  concernant  les  métamorphoses  alcooliques. 
Note  de  M.  E.  Millon,  présentée  par  M.  Pelouze. 

«  Le  Mémoire  de  M.  Pasteur  sur  la  fermentation  alcoolique  repose  sur 
cette  idée  fondamentale  que  le  fermentde  l'alcool  trouve,  dans  l'assimilation 
des  sels  ammoniacaux,  l'azote  nécessaire  à  sa  régénération.  De  cette  façon, 
les  globules  anciens  contribueraient  directement  à  la  formation  des  globules 
nouveaux,  par  un  phénomène  d'organisation  immédiatqni  ferait  disparaître 
l'ammoniaque,  introduite  au  sein  d'un  mélange  fermentescible. 

»  L'expérience  décisive  de  M.  Pasteur  a  consisté  à  faire  une  addition 
connue  detartrate  d'ammoniaque  dans  une  solution  aqueuse  de  sucre  candi 
qui  recevait  d'autre  part  des  cendres  de  levure  et  une  petite  quantité  de 
levure  fraîche  bien  lavée. 

»  Après  quelques  jours  d'une  fermentation  sensible,  l'opération  a  été 
interrompue  et  le  dosage  de  l'ammoniaque  a  permis  de  constater  une  perte 
que  M.  Pasteur  attribue  à  la  formation  de  globules  nouveaux  qui  se  seraient 
ainsi  incorporé  l'azote  nécessaire  à  leur  existence. 

»  En  répétant  cette  même  expérience  plusieurs  fois,  je  suis  tombé,  dans 
la  détermination  de  l'ammoniaque,  sur  des  nombres  souvent  identiques  à 
ceux  que  M.  Pasteur  indique  ;  mais  je  me  suis  attaché  en  outre  à  rechercher 
si  l'acide  carbonique  dégagé  par  la  fermentation  du  sucre  entraînait  l'am- 
moniaque perdue  par  le  liquide  fermentescible.  Cette  constatation  était  de 
toute  rigueur  avant  de  formuler  une  conclusion  aussi  radicalement  neuve 
que  celle  à  laquelle  M.  Pasteur  s'est  arrêté. 

»  En  employant  un  appareil  convenablement  disposé,  par  exemple  des 
tubes  à  boules  remplis  d'eau  aiguisée  par  les  acides  hydrochlorique  ou  sul- 
furique,  à  travers  lesquels  circule  le  gaz  acide  carbonique  dégagé  par  Ja 
fermentation  alcoolique,  on  reconnaît  que  ce  gaz  emporte  une  proportion, 
variable  de  l'ammoniaque  combinée  à  l'acide  tartrique. 

»  Lorsque  la  fermentation  est  lente,  la  quantité  d'ammoniaque  entraînée 
parle  gaz  carbonique  représente  i5à  aS  pour  loode  la  quantité  totale  con- 
tenue dans  le  tartrate.  Mais  si  la  température  ambiante  et  la  proportion  de 
ferment  développent  une  fermentation  énergique,  le  gaz  carbonique  em- 
porte jusqu'à  80  pour  100  de  l'ammoniaque  combinée  à  l'acide  tartrique. 


(236) 
Ainsi  le  tartrate  d'ammoniaque  introduit  par  M.  Pasteur  dans  un  mélange 
fermentcscible  abandonne  à  l'acide  carbonique  une  partie  de  l'alcali  vo- 
latil qu'il  renferme  ;  il  lui  en  cède  d'autant  plus  que  la  production  d'acide 
carbonique  est  plus  active,  c'est-à-dire  que  dans  ce  phénomène  la  masse 
fait  sentir  son  influence  au  profit  de  l'acide  le  plus  faible.  C'est  une  des  ma- 
nifestations les  plus  ordinaires  de  l'affinité  chimique,  et  il  est  impossible  de 
découvrir  dans  ces  conditions  de  fermentation,  imaginées  par  M.  Pasteur, 
rien  qui  ressemble  à  une  action  physiologique  ou  vitale. 

»  La  vérification  des  faits  que  je  viens  de  signaler  est  d'une  extrême  fa- 
cilité; mais  pourdécider  que  l'ammoniaque  n'est  pas  assimilée  par  de  nou- 
veaux globules,  il  faut  aussi  en  faire  le  dosage  dans  les  liquides  fermentes 
et  y  rechercher  le  restant  de  l'ammoniaque  unie  à  l'acide  tartrique.  Cette  dé- 
termination est  assez  délicate  ;  elle  est  influencée  par  une  métamorphose 
particulière  du  sucre  qu'on  n'a  pas  sou|)çonnée  jusqu'ici,  et  qui  consiste 
en  une  production  d'alcool  sans  dégagement  d'acide  carbonique. 

»  Cette  métamorphose  est  exercée  par  la  levvire  de  bière,  dans  des  con- 
ditions que  je  me  réserve  de  faire  connaître  bientôt  ;  elle  me  semble  donner 
naissance,  en  même  temps  qu'à  l'alcool,  à  une  combinaison  dacide  car- 
bonique et  de  sucre,  analogue  à  celle  des  acides  sulfurique,  tartrique  et 
citrique  avec  le  glucose.  Quoi  qu'il  en  soit  de  l'existence  de  ce  composé 
nouveau  sur  lequel  j'aurai  à  revenir,  lorsqu'on  recherche  l'ammoniaque  à 
la  suite  de  cette  nouvelle  métamorphose,  en  employant  la  magnésie  comme 
l'a  fait  M.  Pasteur,  on  recueille  du  carbonate  d'ammoniaque  au  lieu  d'am- 
moniaque caustique,  et  le  titrage  ne  se  fait  plus  avec  l'exactitude  habituelle. 

»  Il  me  suffit  aujourd'hui  d'indiquer,  comme  un  avertissement,  cette 
métamorphose  nouvelle  du  sucre  en  alcool,  sans  dégagement  d'acide  car- 
bonique, avec  les  difficultés  qu'elle  entraîne  pour  la  constatation  de  l'am- 
moniaque dans  les  liquides  fermentes.  Cet  avertissement  aura  sans  doute 
l'avantage  de  prévenir  quelques  erreurs  possibles,  ou  même  d'en  redresser 
quelques-unes  déjà  commises. 

»  Dans  une  prochaine  comnuinication,  je  reprendrai  ce  sujet  avec  tous 
les  développements  exigibles.    » 

M.  Thicer  transmet  une  Lettre  écrite  de  Catane  en  date  du  9  juillet,  par 
M.  B.  Griwina,  qui  donne  quelques  détails  sur  l'éruption  actuelle  de  l'Etna. 
«La  lave  s'épanche  par  une  nouvelle  ouverture  qui  s'est  faite  au-dessous  du 
sommet,  du  côté  nord,  où  la  pente  étant  rapide  n'oppose  que  peu  d'obstacles 
à  la  marche  des  matières  épanchées,  tandis  que  le  sable  s'élève  en  tourbil- 


(    2^7  ; 
ions  du  sein  du  grand  cratère.  <>  M.  Gravina  a  recueilli  dans  son  jardin  à 
Calane  lui  échantillon  de  ce  sable  qu'il  a  joint  à  sa  Lettre. 

M.  Triger,  qui  est  sur  le  point  de  se  rendre  en  Sicile,  annonce  rintentiun 
de  communiquer  à  l'Académie  les  observations  qu'il  pourra  faire  concernant 
l'éruption  et  ses  produits.  Il  exprime  le  désu'  que  les  cendres  volcaniques 
dont  il  transmet  l'échantillon  envoyé  par  M.  Gravina  soient  remises  à 
M.  H.  Sainte-Claire  DeviUe. 

Ln  séance  est  levée  à  .t  heures  un  quart.  F. 


BULLETIN"    !{IIIJL10«îi.\l'IilOlE- 


i/.-^catiéniie  a  reçu  dans  ia  séance  du  ij  |uillet  iH63  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Annules  de  l  Obsetvaloire  impérial  de  Paris,  pahliées  par  M.  U.-J.  Lk 
Vehkier,  Directeur  de  l'Observatoire.  —  Mémoires,  t.  VII.  Paris,  i863; 
vol.  in-Zi°. 

Détermination  astronomique  île  la  longitude  de  Bourges  par  V Obstmaloin- 
impérial  et  le  Dépôt  de  la  Guerre.  (Extrait  du  VHP  volume  des  Annales  de 
r Observatoire  impérial  de   Paris.)   Paris  ;  in-4°- 

Description  des  machmes  et  procédés  pour  lesquels  des  brevets  d  invention 
ont  été  pris  sous  le  régime  de  la  loi  du  5  juillet  i844;  *■  XI.I\^  Paris,  i863; 
vol.  in-4°.  (Ouvrage  transmis  par  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du 
Commerce  et  des  Travaux  publics.) 

Traité  des  nppUealions  de  iannljse  mathématique  eut  jeu  des  échecs;  par 
C.-F.  DE  JjENIsch;  t.  111.  Saint-Pétersbourg,  i863;  iu-8".  (Présenté  au  nom 
lie  l'auteur  ])ar  M.  Liouville.) 

Animaux  jossiles  et  Géologie  de  l'Jtlique  ;  par  Albert  Gaudry;  5''  livraison. 
Paris,  i863;  in-4"avec  planches. 

Du  travail  dans  l'air  comprimé  :  Elude  niédicrde,  hygiénique  et  biologique 
faite  au  pont  d' Argenteuil;  par  k.-E.  FOLEV.  Paris,  i863;  in-8°.  (Destiné  au 
concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  1864.) 

Réful'ilion  du  système  des  vents  de  M.  3'Iaury;  par  M.  J.  BouRGOls.  (Extrait 

C.  R.,  i863,  2""  Semestre.  (T,   LVII,  N"  4.)  -J^ 


(  -^38  ) 
delà  Revue  Maritime  et  Coloniale.)  Paris,  i863;  iii-8°.  (Ouvrage  transmis 
jiar  S.  Exe.  M.  le  Minisire  de  la  Marine.) 

L'JtmospluTe,  le  Sol,  les  Engrais;  leçons  professées  de  i85o  à  1862  à  la 
chaire  municipale  et  à  l'Ecole  préparatoire  des  Sciences  de  Nantes;  par  Adol- 
phe BoniiCRiiE.  Paris;  vol.  in-12. 

Paléontologie  française,  ou  Description  des  animaux  invertébrés  fossiles  de  la 
France^  continuée  par  une  réunion  de  paléontologistes.,  sous  la  direction  d'un 
comité  spécial.  [Terrain  crétacé.)  11™*  livraison.  Paris,  1862;  in-8°;  avec 
planches. 

Etude  sur  la  théorie  de  la  grêle  et  des  trombes,  suivie  de  considérations  sur  la 
nature  des  taches  du  Soleil;  par  M.  Henry.  Troyes,  i863;  in-8°. 

Lettre  à  MM.  les  Rédacteurs  du  Montpellier  médical  sur  l'efficacité  des  eau.x 
naturelles  de  Baréges  contre  le  Pityriasis  palmaria  [dartre  squameuse  d'y4li- 
hert);  par  le  D'' Chrestien.  (Extrait  du  Montpellier  médical,  mai  i863.) 
Montpellier,  i863;  demi-feuille  in-8°. 

Exposé  des  titres  scientifiques  du  D'^  Chrestien.   Montpellier,  i863;   in-4°. 

Rapport  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier  sur  les  titres  du  D'^  Chres- 
tien, candidat  à  la  chaire  de  Thérapeutique  cl  de  Matière  médicale;  par 
M.  EuSTER.  Montpellier,  i863;in-4°. 

Monographie  viticole  du  coteau  de  l'Ermitage  et  des  vignobles  qui  l'avoi- 
sinent  :  Croze,  Mercurol,  Lainage,  Gervans,  Serves,  etc.,  etc.;  par  M.  Rey. 
(Extrait  du  Sud-Est,  journal  agricole  et  horticole.)  Grenoble,  1861;  br. 
in-8°. 

Comptes  rendus  des  Séances  et  Mémoires  de  la  Société  de  Biologie;  t.  IV  de 
la  3^  série,  auiiée  1862.  Paris,   i863;  vol.  111-8°. 

Mémoires  de  la  Société  d' Agriculture,  des  Sciences,  Arts  et  Belles  Lettres  du 
département  de  V  Jubé  ;  t.  XIV,  n^  série,  n°*  65  et  66  ,  i"  et  2"  trimestres  de 
l'année  i863.  Troyes,  i863;in-8<'. 

Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  des  Sciences  médicales  de  Paris; 
rédigé  par  le  D*^  ALIX.  Paris,  i863;  br.  in-8°. 

Protestation  contre  le  barrage  projeté  dans  la  vallée  de  la  Semaine  en 
amont  de  Thiers  :  considérations  sur  les  barrages  industriels,  Saint-Etienne, 
Annonay,  Saint-Féréol ;  par  J.-B.-Al.  Degouson.  Clermont-Ferrand,  i863; 
in -8°. 

Mémoire  sur  lliistoire  de  la  création  au  sein  de  notre  sphère  universelle;  par 
Roch  Constant.  Paris,  i863;  br.  in-8°. 

The  Rothamsted...   Mémoires  de  Rolhamsted  :  Recherches    sur  la  Chimie 


(  239  ) 
(i(j)tc()(e  et  (a  Physiologie,  y/(/;  J.-B.  Lawes,  de  Rotliamsted,  et  J.-H.  Giluekt. 
(Recueil  d'opuscules  publiés  de  1847  a  i863.)  Londres,  i863;  2  vol.  in-S". 

Reports...  Résultats  de  quelques  recherches  chimiques  sur  le  développement 
des  animaux  et  des  végétaux,  par  les  mêmes.  (Extrait  des  Philosoplueal 
Transactions.)  Londres,   i863;  in-4°' 

Drawings...  Dessins  et  plans  du  laboratoire  de  l'établissement  de  Rotham- 
sted;  4  planches  in-fol.  oblong. 

Ces  volumes  sont  renvoyés  à  l'examen  de  M.  Balard,  avec  invitation  d'en 
faire  l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

On  ihe  discovery...  Sur  la  découverte  du  métal  thallium ;  par  William 
Crookes.  (Extrait  au  Philosophical  Magazine.)  Londres,  ]863;  i  feuille 
in-8°. 

Results...  Résultats  des  observations  météorologiques  Jaites  à  l'Observatoire 
royal  du  cap  de  Bonne-Espérance,  du  i"  jcmvier  1842  au  i"''  janvier  i863, 
avec  une  Notice  des  observations  faites  par  LacaiLLE  en  i75i-52  (s.  I.); 
1862;  4  feuilles  in-fol. 

Yerallgemeinerung...  Généralisation  du  théorème  d'Euto  sur  les  po- 
lyèdres; /)ar  Johan.-Bened.  Listing.  Gœttingue,  1862;  in-4°.  (Présenté  au 
nom  de  l'auteur  par  M.  Liouville.) 

Accademia...  Académie  virgilienne  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts; 
année  i863.  Mantone,  i863;  br.   in-8°. 

Ensayo...  Essai  diéorico-pratique  sur  les  résections  sous-périostées ;  par  le 
D' J.  Greus  y  Manso.  Grenade,  1862;  in-8". 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  3  AOUT  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOINS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ZOOLOGIE.—  Du  Crocodile  à  mâchoire  6our50w/7ee(Crocodiliisphysognathus); 

par  M.  A.  Valenciennes. 

«  M.  Raynal,  professeur  de  physique  au  collège  impérial  de  Poitiers, 
occupe  les  loisirs  de  sa  chaire  à  l'étude  de  l'histoire  naturelle;  il  a  pris  goût 
aux  sciences  naturelles,  par  les  leçons  de  zoologie  qu'il  a  reçues  à  l'École 
Normale,  dont  il  est  un  des  élèves  distingués.  L'étude  de  l'histoire  naturelle 
paraît  innée  dans  cette  famille.  Le  frère  de  M.  Raynal  est  officier  dans  la 
marine  impériale;  il  met  à  profit  le  temps  passé  dans  les  différentes  stations 
oii  il  est  appelé  dans  les  mers  de  l'Inde,  de  la  Chine,  et  à  la  Nouvelle- 
Calédonie. 

»  Il  a  formé  dans  ces  voyages  des  collections  importantes  pour  l'étude 
des  Mollusques,  en  ayant  soin  d'envoyer  en  Europe  avec  les  collections 
de  coquilles,  les  animaux  qui  y  habitent,  il  a  ainsi  fait  connaître  plu- 
sieurs Mollusques  dont  les  collections  du  Muséum  sont  enrichies,  et  qui  ont 
éclairci  plusieurs  points  encore  obscurs  de  cette  classe  d'animaux. 

»  Après  avoir  saisi  l'occasion  de  cette  courte  digression,  pour  rendre 
justice  aux  travaux  de  l'officier  de  marine,  je  me  hâte  de  revenir  au  pro- 
fesseur de  physique. 

))  M.  Raynal,  qui  a  pris  à  l'École  Normale,  dans  les  leçons  de  notre  con- 
frère M.  Delafosse,   et  dans  celles  de  M.  Hébert,  des  connaissances  en 

C.  R.,  i863,  ame  Semestre.  (T.  LVII,  N»  S.)  -  33 


(  -^42  } 
fféoloi'ie,  a  porté  s.ni  attention  sur  les  formations  de  la  Vienne,  et  ayant 
facilement  reconnu  l'oolithedes  environs  de  Poitiers,  il  a  vu  rà  et  là,  dans 
la  carrière  dite  le  Grand  Pont,  sur  la  counnune  de  Chiisseueudle,  à  6  kilo- 
mètres nord,  des  dents  et  quelques  fragments  d'os  fossiles.  Il  s'est  bientôt 
assuré  que  les  dents  coniques  et  sillonnées  étaient  celles  d'un  Crocodile, 
et  alors  il  m'a  adressé  un  bloc  d'oolitlie  et  quelques  fragments  d'os,  pour  me 
prier  de  lui  donner  mon  avis  sur  ces  fossiles. 

»  Ayant  étudié,  ayant  suivi  leur  trace  avec  activité,  j'ai  fii.i  par  dé- 
couvrir plus  que  je  ne  croyais  d'abord,  et  le  résultat  me  paraît  digne  d'être 
mis  sous  les  yeux  de  l'Académie.  Etant  surtout  aidé  par  l'habileté  de 
M.  Merlieux,  j'ai  6ni  par  obtenir  cette  grande  plaque,  prétentée  à  l'Aca- 
démie, et  qui  était  entièrement  cachée  dans  la  gangue. 

)/  Elle  porte  les  deux  maxillaires  droit  et  gauche,  avec  onze  a  treize 
alvéoles  dentaires,  séparés  l'un  de  l'autre  par  leurs  cloisons  maxillaires, 
mais  le  plancher  du  fond  a  été  emporté  par  la  fossilisation. 

»  Nous  trouvons  rapo|)hyse  antérieure  du  froistal  principal,  pour  me 
servir  de  l'expression  de  Cuvier.  Entre  le  maxillaire  et  cette  apophyse  du 
frontal,  ou  trouve  une  empreinte  qui  nous  marque  la  place  et  l'étiindue  du 
frontal  antérieur  et  du  lacrymal;  os  importants  de  l'ostéologie  de  la  face 
du  Crocodile. 

I)  Tout  à  fait  sur  le  devant  et  entre  les  deux  maxillaires  sont  les  deux  os 
du  nez.  Ces  naseaux  longs  et  grêles  ont  bien  le  caractère  de  ces  pièces 
osseuses  des  Crocodiles. 

»  Nous  n'avons  rien  autre  des  parties  supérieures  du  crâne  de  ce  Cro- 
codile, qui  avait  cependant  le  museau  allongé  et  grêle  comme  celui  du 
Gavial  du  Gange,  ou  de  l'autre  espèce,  ou  du  Crocodile  de  Bornéo  (i). 

»  L'élude  de  la  mâchoire  inférieure  donne  la  forme  du  museau  grêle  et 
long  de  notre  espèce,  mais  plus  seiublable  à  celle  du  Ciocodilus  Scltlccjelii,  Bv. 

»  Une  longue  symphyse  creusée  d'un  sillon  bien  marqué  nous  fait  con- 
naître que  cette  mâchoire  était  armée  de  quinze  dents  coniques,  sillonnées 
et  quelquefois  un  peu  arquées.  Ces  deux  maxillaires  inférieurs  se  pro- 
longent au  delà  de  la  symphyse  et  ont  cinq  dents  au  delà.  Ce  Crocodile  por- 
tait donc  vingt  dents  de  chaque  côté,  quarante  en  tout  en  bas,  et  il  en 
avait  plus  en  haut,  selon  la  loi  de  dentition  de  tous  les  Crocodiles.  Au  delà 
de  l'arcade  dentaire,  le  maxillaire  s'étend  en  une  apoj)hys«  découpée  et 
plate  qui  atteignait  le  quart  de  la  branche,  et  dépassait  en  dedans  et  sous 

(i)  Crocodilus  Schlegelii,  Blainv.,  Ostéogr.,  p.  5,  n°  3,  et  ])1.  11,  fig. 


(  ^43  ) 
le  siiraiigulaire  la  moitié  de  la  longueur  de  la  branche.  Les  operculaires, 
ces  os  ainsi  nommés  par  Adrien  Camper,  s'étendent  au  delà  de  la  sym- 
physe, en  montrant  un  caractère  de  forme  que  ne  |>résente  auciui  autre 
Crocodile.  Ils  sont  cliacun  renflés  en  une  grosse  boule  ovale-oblongue,  que 
j'ai  voulu  signaler  à  l'attention  des  zoologistes  en  appelant  cette  espèce 
CiiOCODiLUS  PHYSOGNATHUS.  Nous  pouvons  poursuivre  l'étude  de  celte 
màchoii'e,  composée  comme  à  l'ordinaire  de  l'angulaire,  du  sm'anguiaire, 
du  complémentaire,  et  d'une  petite  portion  de  l'articulaire.  Le  grand  creux 
que  le  complémentaire  laisse  au  devant  de  lui  sur  la  face  internede  la  bran- 
che existe  comme  dans  les  autres  Crocodiles;  mais  l'angs-laire  s'élargit  et 
couvre  la  mâchoire  à  l'extérieur,  en  s'articulaut  avec  le  surangulaire,  de 
sorte  que  le  grand  trou  ovale  des  autres  Crocodiles  n'existe  plus  ici,  ce  qui  est 
encore  un  caractère  distinctif  de  tontes  les  autres  espèces  de  Crocodiles. 

M  J'ai  encore  trouvé  plusieurs  os  épars  :  tel  serait  le  pariétal,  encore  assez 
facile  à  reconnaître,  pnis  plusieiu's  autres  mutilés  que  dans  cette  preii.ière 
présentation  je  n'ose  encore  reconnaître. 

"  Ce  Crocodile  vient,  comme  je  l'ai  dit  en  commençant,  de  l'oolithe  de 
Poitiers.  Il  y  a\ait  dans  la  gangue  un  fragment  de  coquille  voisine  'Jes 
Pccten,  et  une  autre  portant  une  charnière  à  deux  fossettes  cardinales  qui 
la  placeraient  près  des  Spondyles,  coquilles  évidemment  marines. 

»  Or,  tous  les  Crocodiles  connus  vivent  dans  les  eaux  douces  et  u'entient 
pas  dans  les  eaux  marines.  Cet  habitat  e^t  donc  lui  fait  très-remarquable 
et  toujours  important  à  signaler,  à  cause  des  nombreuses  espèces  de  Croco- 
diles fossiles  que  l'on  trouve  avec  des  espèces  marines  dans  la  craie  et  dans 
le  calcaire  tertiaire  avec  les  animaux  marins. 

"  Malgré  la  longueur  du  museau  de  ce  reptile,  vousne  m'avez  pas  entendu 
désigner  l'animal  de  ce  genre  sous  d'autre  nom  que  sous  celui  de  Cro- 
codile. 

»  J'ai  la  conviction  que  l'on  a  donné  beaucoup  trop  d'extension  à  la 
pensée  de  Cuvier. 

"  11  ne  considérait  d'abord  que  deux  formes  génériques  de  Crocodile,  les 
Crocodiles  et  les  Caïmans;  essayant  de  suivre  les  lois  zoologiques  de  la  dis- 
tribution des  espèces  sur  le  globe  :  les  Crocodiles  de  l'ancien  monde  et  les 
Caïmans  des  eaux  douces  d'Amérique.  Le  beau  travail  de  notre  illustre 
maître  fait  découvrir  de  nouvelles  espèces,  et  alors  cpielqnes  Caïmans  se 
montrent  en  Afrique,  et  des  CrocodUes  sont  découverts  en  Amérique. 

«  On  retrouve  enfin  deux  CrocodUes  dans  le  Gange,  et  alors  Cuvier 
établit  trois  subdivisions  ou  sous-genres  dans  le  genre  unique  des  Croco- 

33.. 


(  244  ) 

diles,  que  ceux  qui  ne  se  font  pas  une  idée  assez  nette  de  la  méthode  ap- 
pellent décidément  des  genres. 

u  Si  l'on  regarde  les  planches  de  Cuvier  on  ne  tarde  pas  à  se  convaincre 
qu'en  plaçant  après  le  Crocoditus  acutus  le  Crocodile  de  Schlegel,  Bv.,  et  le 
Crocodilus  leplorynchus.  Mur vay  [Proceed.  zoot.  Soc,  fig.  9),  on  arrive  à  la 
forme  du  Crocodde  du  Gange  ou  Gavial.  Toutes  ces  espèces  ont  le  ca- 
ractère DOMINATEUR  que  Cuvier  nous  a  appris  à  apprécier  dans  chaque 
genre  naturel. 

»  Les  reptiles  ont  le  cœur  et  le  poumon,  ou  organes  respiratoires,  conte- 
nus dans  une  unique  cavité  viscérale;  les  os  de  la  face  fixés  entre  eux  par 
des  sutures  immobiles  comme  celles  du  crâne;  les  os  de  la  face  étant  mobiles 
sur  le  crâne  chez  tous  les  autres  ovipares.  Je  développerai  d'ailleurs  cette 
pensée  dans  le  Mémoire  in  extenso  qui  paraîtra  dans  le  recueil  des  Mémoires 
de  l' Académie.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Recherches  nouvelles  sur  la  conservation  des  matériaux 
de  construction  et  d'ornementation  ;  par  M.  Fréd.  Kuhlmann. 

Modifications  apportées  à  la  constitution  chimique  des  marbres,  des  agates  et  de  différentes 

pierres  employées  dans  la  joaillerie. 

0  Je  disais,  dans  la  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie 
dans  sa  séance  du  22  juin  dernier  : 

«  La  coloration  artificielle  de  l'opale  mérite  de  fixer  l'attention  des 
«  minéralogistes;  car  c'est  la  pâte  elle-même  de  cette  pierre  qui  a  pris  des 
«  nuances  qui  peuvent  être  utilisées  par  les  joailliers.  Elle  semble  conduire 
))  à  des  recherches  nouvelles  sur  l'origine  des  matières  bitumineuses  qui 
»   se  trouvent  quelquefois  engagées  dans  le  cristal  de  roche.  » 

»  Pour  faciliter  sur  ce  point  les  appréciations  des  minéralogistes  et  des 
géologues,  j'ai  cherché,  par  des  essais  chimiques,  à  jeter  quelque  jour  sur 
la  question  soulevée. 

»  J'ai  cru  intéressant  pour  la  science  de  constater  expérimentalement 
que,  lorsque  l'opale  est  injectée  artificiellement  par  une  matière  bitumi- 
neuse qui  lui  donne  les  caractères  physiques  du  quartz  enfumé,  il  y  avait 
entre  la  substance  artificielle  et  celle  naturelle  une  identité  de  composition 
tout  au  moins  en  ce  qui  concerne  le  principe  colorant. 

)i  II  était  à  présumer  que,  si  les  matières  bitumineuses  peuvent  pénétrer, 
dans  des  circonstances  données,  par  u\w.  sorte  de  cémentation,  dans  des 
pierres  dures  et  leur  dotuier  l'aspect  enfumé,  il  devait  en  être  de  même  de 
certains  corps  oxygénants  ayant  la  propriété  de  détruire  les  matières  bitu- 
muieuses. 


(  245  ) 

»  L'expérience  est  venue  à  l'appui  de  cette  opinion,  et  ce  qui  n'était 
chez  moi  qu'une  simple  présomption  est  arrivé  aujourd'hui  à  l'état  de 
preuve  matérielle. 

»  L'opale  enfumée  artificiellement  se  blanchit  complètement  par  son 
contact,  même  peu  prolongé,  avec  du  nitrate,  du  chlorate  ou  du  bichro- 
mate de  potasse  à  l'état  de  fusion  ignée.  Le  même  phénomène  a  lieu  en 
substituant  à  l'opale  colorée  par  le  brai  du  quartz  ou  du  cristal  de  roche 
enfumés,  et,  dans  l'une  comme  dans  l'autre  circonstance,  il  se  forme  de 
l'acide  carbonique. 

»  D'autres  quartz  paraissent  aussi  devoirleur  coloration  à  quelque  matière 
organique  combustible.  Ainsi,  la  belle  couleur  du  quartz  améthyste  dispa- 
rait lorsqu'on  met  en  contact,  dans  les  mêmes  circonstances,  ce  quartz  avec 
les  corps  oxydants  dont  j'ai  donné  l'énumération  (i).  Il  en  a  été  de  même 
d'un  quartz  rose. 

)i  Après  ces  démonstrations,  on  comprendra  facilement  que  la  seule 
calcination  au  contact  de  l'air  puisse  produire  des  phénomènes  ana- 
logues. 

»  Au  point  de  vue  de  l'imprégnation  de  bitumes,  les  agates,  quoique 
présentant  moins  d'eau  dans  leiu*  composition,  se  comportent  comme 
l'opale.  Si  faible  que  soit  cette  quantité  d'eau,  l'agate  en  contient  assez 
cependant  pour  qu'en  s'échappant  cette  eau  facilite  la  pénétration  du  brai 
dans  la  pâte  siliceuse.  Mais  le  cristal  de  roche,  la  topaze,  l'aigue-marine, 
où  la  silice  est  anhydre,  ne  se  laissent  injecter  de  brai  que  par  leurs  fis- 
sures. 

»  Notre  savant  confrère  M.  Babinet,  en  examinant  du  spath  d'Islande 
que  j'avais  imbibé  de  brai  dans  les  mêmes  circonstances,  a  constaté  que  ce 
spath  polarise  fortement  la  lumière,  comme  les  cristaux  biréfringents  colo- 
rés. Le  rayon  qui  passe  en  plus  grande  abondance,  dit  M.  Babinet,  est  pola- 
risé dans  un  plan  perpendiculaire  à  la  section  principale.  C'est  là  un  fait 
important  qui  mérite  de  fixer  toute  l'attention  des  physiciens. 

»  Le  bitume  existe  souvent  d'une  manière  très-manifeste  dans  le  silex 
pyromaque,  et  peut  en  être  extrait  par  une  lessive  de  soude  on  de  potasse 
caustiques  chauffées  sous  une  pression  de  4  à  5  atmosphères.  Le  silex  est 
ainsi  blanchi  de  même  que  s  il  avait  été  calciné  au  contact  de  l'air,  et  l'an 
peut  lui  faire  reprendre  sa  couleur  noire  au  moyen  du  brai  bouillant  et 

(i)  Il  me  reste  à  examiner  toutefois  si  la  décoloration,  tlans  cette  circonstance,  ne  résulu 
pas  d'une  modification  de  l'oxyde  de  manganèse,  qui  est  considéro  généralement  comme  le 
principe  colorant  des  améthystes. 


(  246  ) 
détruire  de  nouveau  cette  couleur  par  les  divers  agents  d'oxydation  dont 
j'ai  fait  usage  dans  mes  expériences  sur  l'opale  enfumée. 

I)  J  ai  voulu  confirmer  aussi  par  des  expériences  nombreuses  et  con- 
cluantes une  autre  proposition  établie  dans  ma  communication  précédente, 
à  savoir  :  que  l'action  du  brai  à  haute  température  sur  les  matières  miné- 
rales ne  se  manifeste  pas  seulement  par  dos  infiltrations  dans  les  fissures  ou 
les  pores  de  ces  matières,  en  leur  communiquant  des  couleurs  plus  ou 
moins  sombres,  mais  que,  dans  un  très-grand  nombre  de  circonstances,  ce 
brai  intervient  aussi  comme  désoxydant,  et  cela  toujours  sans  altération  de 
la  forme  ou  diminution  delà  consistance  des  pierres. 

»  A  l'exemple  déjà  cité  de  la  pyrolucite,  de  la  malachite,  de  l'azurite,  de 
l'arséniate  de  cuivre,  il  convient  de  joindre  celui  du  sesquioxyde  de  fer. 

«  Sous  l'influence  désoxydante  du  brai,  le  peroxyde  de  fer  passe  à  l'état 
(l'un  oxyde  noir  dont  la  dissolution  dans  l'acide  chlorhydrique  précipitt; 
en  vert  par  la  pot;isse,  et  donne  du  bleu  de  Prusse  par  le  ferrocyanide  et  en 
même  temps  par  le  ferrocyanure  de  potassium.  Cette  observation  n'est  pas 
sans  importance,  car  l'oxyde  de  fer  est  l'un  des  principes  colorants  les  plus 
habituels  des  marbres,  des  agates,  et  intervient  dans  la  constitution  d'une 
infinité  d'autres  minéraux. 

.•  Les  résultats  de  très-nombreuses  expériences  m'ont  permis  de  consta- 
ter que,  dans  son  contact  à  chaud  avec  la  plupart  de  ces  minéraux,  le  brai 
n'agissait  pas  seulement  par  infiltration,  comme  je  viens  de  le  dire,  mais 
qu'il  modifiait  encore  profondément  leur  composition  et  leur  aspect  phy- 
sique par  la  réduction  partielle  des  oxydes  qu'ils  renferment. 

»  Je  résumerai  le  plus  succinctement  possible  par  séries  et  dans  un  onire 
logique  les  principaux  résultats  obtenus. 

I.   Pénétration  uniforme  du  brai,  sans  actions  sur  les  principes  constituants. 

>.  À.  Du  marbre  blanc  de  Carrare  a  été  transformé  entièrement  en  marbre 
noir  très-dense  et  parfaitement  polissable,  et  cela  en  opérant  sur  des  frag- 
ments ayant  près  de  i  décimètre  d'épaisseur. 

»  B.  Des  marbres  de  Sainte-Anne  et  de  Boulogne,  peu  chargés  d'oxyde 
de  fer,  deviennent  d'un  fond  gris-ardoise  avec  des  veines  noires  sur  les  points 
où  la  porosité  a  été  plus  grande. 

»  C.  Du  marbre  bleu  fleuri  prend  également  une  couleur  presque  noire; 
les  veines  de  ce  marbre,  dues  à  l'oxyde  noir  de  fer,  disparaissent  presque 
entièrement,  tant  la  couleur  générale  du  marbre  devient  sombre. 

»  D.  L'opale  prend  une  teinte  enfinuée  bleuâtre;  il  en  a  été  de  mémo 
d'un  quartz-agate  couleur  de  miel. 


(  ^47  ) 
»  E.   L'arragonite  fibreuse,  l'analcime  de  feldspath  et  des  cristaux  de 
dolomle  et  de  spath  fluor  ont  tellement  absorbé  de  brai,  qu'on  pouvait  les 
considérer  couime  pénétrés  uniformément  dans  toutes  les  parties. 

II.   Pénétration  locale  du    brai  par  tes  fissures. 

»  A.  Dans  cette  série  se  rangent  les  spaths  d'Islande,  le  quartz  hyalin, 
le  cristal  de  roche,  la  topaze,  l'aiguc-maiine,  le  cjuartz  fibreux. 

»  B.  Les  concrétions  siliceuses  que  dépose  l'eau  du  Geyser,  eu  Islande, 
entièrement  blanches,  acquièrent  les  caractères  d'une  agate  blanche  rubanée 
de  noir  susceptible  de  recevoii-  nu  très-beau  poli. 

III.   Pénétration  du   brai  ai'ec  désoxydation  des  oxydes  colorants. 

»  A.  Dans  le  marbre  jaune  fleuri  et  le  marbre  de  Sienne,  colorés  prin- 
cipalement par  du  carbonate  de  fer  hydraté,  la  couleur  jaune  passe  au  gris 
et  au  noir  sur  les  points  où  ce  carbonate  de  fer  est  déposé  en  plus  grande 
quantité  dans  la  masse,  et  y  détermine  des  veines. 

»  B.  Le  marbre  onyx  devient  gris  avec  veinage  tres-accidenté  en  noir,  et 
sa  dureté  augmente  considérablement. 

1)  C.  Les  marbres  rouges  de  Bourgogne  et  la  griotte  deviennent  plus 
foncés;  les  veines  blanches  du  marbre  de  Bourgogne  se  colorent  en  noir.  Ce 
derniçr  marbre  gagne  beaucoup  en  dureté. 

»  D.  Le  porter  perd  «es  veines  dorées  par  la  réduction  du  peroxyde  de 
fer,  qui  lui  sert  de  principe  colorant. 

»  E.  Les  marbres  vert  des  Alpes,  vert  d'Egypte  prennent  une  plus 
g.rande  intensité  de  couleur;  le  marbre  vert  des  Alpes  devi'ent  plus  dur  et 
reçoit  un  plus  beau  poli:  le  marbre  leventeau  prend  des  couleurs  plus 
variées  et  plus  foncées. 

»  F.  Une  agate  rose  veinée  de  brun  a  pris  des  nuances  plus  nourries, 
des  cristaux  de  quartz  logés  au  centre  ont  présenté  un  aspect  éclatant  avec 
reflets  dorés.  Une  agate  rubanée,  colorée  en  rouge,  jaune  et  blanc,  a  donné 
des  résultats  analogues.  Une  agate  blanche,  veinée  de  violet  et  de  gris,  a 
donné  une  agate  grise  veinée  de  noir. 

»  G.  Un  jaspe  jaune,  veiné  de  vert,  a  donné  de  magnifiques  nuances 
noire  et  rouge. 

»  H.  Une  brèche  siliceuse  rouge,  mouchetée  de  jaune,  a  pris  une  couleur 
brune  mouchetée  de  gris. 

IV.   Déso.r.ydations  sans  infiltration  de  brai. 

»  Désireux  de  produire  par  désoxydation  sur  les  marbres  et  les  agates 


(  248  ) 
des  modifications  de  couleur  non  influencées  par  la  présence  assombris- 
sante du  brai,  j'ai  maintenu  des  fragments  de  ces  pierres  pendant  quelque 
temps  en  contact  avec  du  cyanure  de  potassium  fondu,  et  j'ai  obtenu  les  ré- 
sultats espérés  de  colorations  nouvelles  et  des  plus  remarquables  dans  toutes 
leurs  parties.  La  vivacité  des  couleurs  était,  pour  plusieurs  agates  et  jaspes 
ainsi  transformés,  rehaussée  par  la  couleur  d'un  blanc  mat  éclatant,  que, 
sur  quelques  échantillons,  la  perte  de  l'eau  d'hydratation  a  donnée  à  des 
veines  siliceuses  restées  transparentes  et  presque  inaperçues  dans  l'état  pri- 
mitif. 

V.  Modificalion  des  matières  minérales  naturelles  par  des  agents  oxydants. 

>.  Entré  dans  la  voie  des  réactions  chimiques,  j'ai  fait  sur  les  marbres,  les 
agates  et  diverses  pierres  précieuses,  une  série  correspondante  d'essais, 
en  remplaçant  le  brai  ou  le  cyanure  de  potassium  par  du  nitrate,  du  chlo- 
rate ou  du  bichromate  de  potasse. 

I)  Ces  agents  d'oxydation,  qui  m'avaient  déjà  servi  à  démontrer  l'iden- 
tité du  principe  colorant  du  quartz  et  du  silex  enfumés  naturels  et  de  l'opale 
blanche  enfumée  par  le  brai,  ou  enfin  du  silex  blanchi  ef  pénétré  artificielle- 
ment de  brai,  m'ont  permis  de  détruire  le  bitume  qui  sert  de  principe  colo- 
rant à  beaucoup  de  marbres.  Ainsi,  le  marbre  bleu  fleuri,  maintenu  en  con- 
tact pendant  quelque  temps  avec  du  nitrate  de  soude  fondu,  devient  blanc 
veiné  de  jaune.  Les  marbres  de  Sainte-Anne,  les  marbres  des  Écaussines,  ont 
perdu  par  le  même  traitement  une  grande  partie  de  leur  couleur  noire  ; 
mais  aussi,  en  perdant  leur  principe  bitumineux,  ces  marbres,  contraire- 
ment à  l'effet  habituel  de  la  bitumination  artificielle,  ont  perdu  un  peu  de 
leur  dureté.  Cette  dureté  pourrait  leur  être  rendue,  toutefois,  en  les  impré- 
gnant de  brai.  Certains  marbres,  tels  que  le  vert  des  Alpes,  le  vert  d'Egypte, 
le  leventeau,  ont  pris  des  couleurs  plus  claires  très-éclatantes  et  des  nuances 
nouvelles.  Le  marbre  de  Sienne  a  échangé  sa  couleur  jaune  en  une  cou- 
leur d'un  rose  admirablement  veiné  de  rouge.  Les  pierres  siliceuses  qui, 
comme  la  pierre  à  fusil,  subissent  déjà  l'action  oxydante  de  l'air  à  une 
haute  température,  se  sont  décolorées  avec  vme  rapidité  extraordinaire  dans 
des  bains  de  nitrate,  de  chlorate  et  surtout  de  bichromate  de  potasse. 

»  Des  jaspes  veinés  de  jaune  et  de  vert  ont  passé  au  rouge  éclatant  veiné 
de  blanc. 

)i  Une  calcédoine  chrysoprase  a  perdu  une  grande  partie  de  sa  couleur 
verte,  et  sa  translucidité  a  été  détruite  par  déshydratation.  On  sait  que 
cette  pierre,  dans  l'état  naturel,  est  assez  perméable  pour  qu'on  ait  tenté 


(  249  ^ 
souvent  de  lui  donner  fraiidideusoment  une  couleur  plus  foncée  en  la  lais- 
sant séjoiu-ner  pendant  quelque  temps  dans  une  dissolution  de  nitrate  de 
cuivre,  qui  n'a  aucune  action  sur  les  principes  constituants  de  la  pierre  (i). 

»  Plus  les  pierres  soumises  à  mes  essais  étaient  dures  et  denses,  plus  l'in- 
fluence des  agents  dont  j'ai  fait  usage  s'exerçait  difficilement.  Les  grenats  et 
les  émeraudes  pâlissent,  puis  parfois  se  décolorent,  mais  fort  lentement. 
Un  travail  récent  de  M.  I.œvy  a  déjà  fait  sotipcoiuier  que  l'émeraude  pour- 
rait devoir  sa  couleur  à  quelque  matière  organique. 

»  Une  tourmaline  verte  d'Amérique  et  du  quartz  lydien  ont  résisté  aux 
agents  d'oxydation  et  de  désoxydatiou;  il  en  a  été  de  même  des  rubis,  et 
jusqu'ici  mes  tentatives  pour  détruire  la  couleur  sombre  des  diamants  en- 
fumés n'ont  pas  été  couronnées  de  succès.  Ces  pierres  précieuses  présentent, 
en  raison  de  leur  densité,  une  grande  résistance  à  l'action  des  agents  oxy- 
dants qui  blanchissent  rapidement  le  quartz,  le  cristal  de  roche  enfumé  et 
les  quartz  améthyste.  Il  importe  d'ajouter  que,  dans  le  traitement  du  dia- 
mant, on  se  trouve  placé  entre  deux  écueils  :  celui  de  ne  pas  agir  a.ssez 
énergiquement  pour  détruire  les  matières  colorantes  accidentelles  dont  ils 
sont  imprégnés,  et  celui  de  brûler  le  diamant  lui-même.  Ainsi,  l'action  du 
bichromate  de  potasse,  à  une  température  élevée,  donne  lieu  à  une  com- 
bustion lente  du  diamant;  sa  surface  devient  rugueuse  et  se  recouvre 
d'oxyde  vert  de  chrome  qui  y  adhère  avec  une  grande  force  et  dont 
je  n'ai  pu  le  dépouiller  que  par  un  traitement  subséquent  au  nitrate  de 
potasse.  J'ai  commencé  des  expériences  dans  lesquelles  je  cherche  à  rem- 
placer une  température  très-élevée  qui  expose  à  brûler  le  diamant,  par  une 
action  prolongée  à  température  modérée.  Entré  dans  la  voie  tracée,  il  ne 
me  paraît  pas  impossible  d'arriver  au  but  de  ces  dernières  tentatives,  dont 
le  succès  intéresserait  à  un  haut  degré  la  joaillerie.  Lorsque  l'on  fait  agir  le 
bichromate  de  potasse  sur  des  opales  ou  des  agates  imprégnées  de  bitume, 
ce  bichromate  est  également  décomposé  par  le  carbone,  et  les  opales  se 


(i)  Il  importe  aussi  de  bien  saisir  la  distance  tjui  sépare  mes  transformations  chimiques 
des  applications  presque  superficielles,  sur  des  marbres  blancs,  de  quelques  matières  colo- 
rantes organiques  qui  s'altèrent  en  peu  de  temps  et  ne  participent  en  rien  à  la  constitution 
du  marbre. 

Pour  mieux  varier  dans  l'industrie  l'aspect  des  marbres  et  des  agates,  mes  transformations 
peuvent  se  faire  à  volonté  sur  une  partie  seulement  de  leur  masse,  en  ne  plongeant  pas 
entièrement  ces  pierres  dans  les  bains  oxydants  uu  désoxydants. 

G.  R.,  i863,  2™=  Semestre.  (T.  LVII,  N»  S.)  34 


(  25o  ) 

teignent  en  vert.  La  seule  imprégnation  de  bichromate  de  potasse,  et  l'ac- 
tion subséquente  d'une  température  assez  élevée  pour  décomposer  ce  sel, 
permettent  d'arriver  au  même  résultat  sans  l'intervention  désoxydante  d'une 
matière  bitumineuse. 

VI.   Infiltrations  métalliques  par  réduction. 

»  La  facilité  avec  laquelle,  à  une  température  élevée,  certains  liquides 
peuvent  pénétrer  dans  des  pierres  dures,  m'a  conduit  à  imaginer  un  moyen 
d'introduire  des  lamelles  de  plomb  ou  d'argent  dans  des  cristaux  de  roche, 
des  topazes,  etc. 

1)  A  cet  effet,  je  fais  chauffer  au  rouge  brim  ces  cristaux  dans  un  bain  de 
chlorure  de  plomb  ou  de  chlorure  d'argent,  et  lorsque  les  fissures  des 
pierres  immergées  sont  bien  imprégnées  du  composé  métallique,  je  les  laisse 
refroidir  lentement,  pour  ensuite  réduire  l'oxyde  ou  les  chlorures,  en  pla- 
çant les  cristaux  qui  en  sont  imprégnés,  enveloppés  de  feuilles  de  zinc, 
dans  de  l'acide  sulfurique  étendu  d'eau.  Dans  ces  circonstances,  l'hydro- 
gène naissant  réduit  le  plomb  et  l'argent,  d'abord  à  la  surface,  puis  succes- 
sivement jusque  dans  les  parties  les  plus  centrales  des  cristaux.  J'ai  été 
conduit  à  faire  ces  dernières  expériences  par  le  désir  de  donner  une 
explication  des  infiltrations  métalliques  naturelles. 

»  En  général,  dans  mes  études  sur  toutes  ces  transformations,  j'ai  pris 
pour  guide  les  réactions  qui  doivent  s'accomplir  souvent,  mais  très-lente- 
ment, dans  la  nature,  et  qui  donnent  lieu  à  une  foule  d'épigénies.  Dans  leur 
formation,  les  produits  naturels  ont  dû  se  trouver  sous  des  influences  tantôt 
oxydantes,  tantôtdésoxydantes;  ainsi,  sans  faire  intervenir  les  agents  chimi- 
ques spéciaux  auxquels  j'ai  eu  recours  comme  moyen  de  démonstration, 
nous  trouvons  dans  l'action  lente  de  l'air  une  source  inépuisable  d'oxygène 
toujours  prêt  à  entrer  en  combinaison,  et  les  corps  sont  souvent  admira- 
blement disposés  à  ces  combinaisons  par  leur  nature  poreuse  ou  leur  con- 
stitution chimique  :  de  même  il  existe  une  cause  permanente  de  désoxyda- 
tion  dans  les  altérations  que  subissent  les  matières  organiques  par  la 
putréfaction  et  la  présence  des  matières  bitumineuses  qui  sont  les  derniers 
produits  organiques  de  leur  décomposition. 

»  Aussi  n'est-il  pas  étonnant  de  trouver  beaucoup  de  minéraux  calcaires 
et  siliceux  plus  ou  moins  imprégnés  de  bitume,  et,  dans  ce  cas,  les  oxydes 
qui  peuvent  les  accompagne^'  se  présentent  généralement  au  minimum 
d'oxydation.  Ces  mêmes  minéraux,  au  contact  de  l'air,  subissent  des  modi- 


(  ^5i  ) 
fications  qui  consistent  principalement  dans  la  superoxydation  des  oxydes 
entrés  dans  leur  formation.  Ces  effets  se  remarquent  d'une  manière  remar- 
quable dans  certains  marbres,  où  la  masse  générale  se  trouve  cliargée  do 
protoxyde  noir  de  fer,  et  où  des  crevasses  ont  été  pénétrées  subséquemment 
de  calcaire  chargé  de  sesquioxyde  de  fer.    » 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  diffusion  ries  gaz  à  travers  certains  corps  poreux. 
Note  de  M.  Cii.  M.\tteiicci. 

«  Parmi  les  phénomènes  de  physique  moléculaire  découverts  dans  ces 
derniers  temps,  on  a  dû  certainement  être  frappé  par  ceux  que  M.  H.  Sainte- 
Claire  Deville  a  annoncés  à  l'Académie  dans  les  séances  du  2  février  et 
du  25  mai  de  cette  année.  Il  s'agit  d'un  courant  de  gaz  hydrogène  qu'on  fait 
passer  dans  un  tube  poreux  entouré  de  l'atmosphère  et  qu'on  trouve  à  la 
sortie  du  tube  complètement  changé  en  un  courant  d'air  atmosphérique. 
Cette  expérience  est  encore  plus  frappante  lorsqu'on  substitue  au  tube 
poreux  un  tube  de  platine  chauffé  à  une  certaine  température;  mais  comme, 
dans  ce  cas,  outre  l'action  du  corps  poreux,  il  faut  ajouter  l'influence 
propre  du  platine  pour  condenser  les  gaz,  je  me  suis  borné  dans  cette  Note 
à  étudier  la  première  expérience  du  passage  des  gaz  à  travers  un  tube 
poreux.  Je  me  suis  rappelé  en  cette  occasion  avoir  dans  le  temps  fait 
l'analyse  des  gaz  contenus  dans  des  gousses  de  pois,  de  fèves  et  surtout 
dans  celles  du  Cotutea  arborescens,  dans  lesquelles  j'avais  trouvé  une  quantité 
abondante  d'acide  carbonique.  J'ai  repris,  étant  à  la  campagne,  ces  expé- 
riences et  j'ai  vérifié  ces  résultats.  La  quantité  d'acide  carbonique  contenue 
dans  l'air  de  ces  gousses  varie  de  2  à  6  pour  100,  suivant  le  degré  de 
maturation  du  fruit,  l'heure  du  jour  et  l'état  de  l'atmosphère.  J'ai  même 
remarqué  que,  en  détachant  ces  gousses  de  la  plante,  il  faut  laisser  pas.ser 
plusieurs  heures  et  quelquefois  des  jours  entiers  pour  ne  plus  y  trouver  que 
de  l'air  atmosphérique  pur.  On  sait  aussi  qu'en  exposant  à  l'air  des  esto- 
macs de  poulet  ou  des  vessies  remplies  de  différents  gaz,  il  faut  des  jours 
entiers  pour  ne  plus  trouver  dans  ces  vessies  que  de  l'air  atmosphérique. 
Ces  résultats  ne  s'accordent  pas  si  facilement  avec  les  expériences  de  M.  De- 
ville,  à  moins  d'admettre  que  l'état  de  courant  et  la  petite  pression  à 
laquelle  le  gaz  est  soumis  dans  le  tube  poreux  rendent  beaucoup  plus  facile 
la  sortie  du  gaz  à  travers  les  interstices  de  ce  tube.  J'ai  commencé  par 
répéter  l'expérience  de  M.  Deville  en  faisant  passer  le  courant  du  gazhydro- 

34./ 


(    252    ) 

gène  ou  d'acide  carbonique  à  travers  un  long  morceau  d'intestin  de  poulet 
ou  d'agneau,  et  j'ai  trouvé  que  ces  gaz  passaient  à  peu  près  purs,  quand 
même  le  courant  passait  lentement.  Au  lieu  des  tubes  de  terre  poreuse,  que 
je  n'ai  pas  réussi  à  me  procurer,  j'ai  employé  un  tube  de  8  à  lo  millimètres 
d'é[)aisseMr  formé  avec  du  plâtre  à  mouler  que  j'avais  laissé  dessécher  au 
soleil.  Avec  ces  tubes  de  plâtre,  les  résultats  se  rapprochent  de  ceux  de 
M.  Deville.  Les  expériences  sont  faciles  à  faire  avec  l'acide  carbonique,  car 
on  n'a  dans  ce  cas  qu'à  absorber  l'acide  carbonique  par  la  potasse.  J'ai 
ainsi  trouvé  que,  quand  le  courant  est  très-lent  et  que  la  pression  n'est  que  de 
quelques  millimètres,  il  n'y  a  plus  que  8  à  lo  pour  loo  d'acide  carbo- 
nique dans  le  gaz  sorti  du  tube  :  le  reste,  c'est  de  l'air  atmosphérique  pur. 
En  augmentant  la  pression  et  la  rapidité  du  courant,  on  voit  aussi  aug- 
menter la  quantité  d'acide  carbonique  et  on  peut  arriver  jusqu'à  y  trouver 
8o  à  90  d'acide  carbonique.  Avec  des  courants  de  la  même  rapidité 
et  avec  un  tube  de  plâtre  dont  la  paroi  avait  une  épaisseur  à  peu  près 
li-iple,  je  trouvais  des  quantités  beaucoup  plus  grandes  d'acide  carbonique 
dans  le  gaz  sortant  du  tube.  En  répétant  dans  les  mêmes  conditions  ces 
expériences  avec  le  gaz  hydrogène,  j'ai  trouvé,  comme  on  pouvait  s'y 
attendre,  que  la  diffusion  de  ce  gaz  est  encore  plus  rapide  que  celle  de 
l'acide  carbonique.  Il  est  probable  que  l'épaisseur  du  tube  poreux  employé 
par  M.  Deville  était  encore  plus  petite  que  celle  du  tube  plus  mince  de  plâtre 
avec  lequel  j'ai  opéré,  de  sorte  qu'on  peut  admettre  qu'on  arriverait  avec 
le  tube  de  plâtre  aux  mêmes  résultats  obtenus  avec  les  tubes  de  terre 
poreuse.  Il  restait  ainsi  à  expliquer  la  différence  trouvée  entre  les  mem- 
branes prises  à  l'état  frais  sur  des  animaux  et  des  végétaux  et  les  tubes  de 
terre  et  de  plâtre.  On  réussit  à  cela  facilement  en  imbibant  le  tube  de  plâtre 
d'eau.  Il  est  très-probable  que  ce  qui  arrive  pour  le  plâtre  réussit  égale- 
ment avec  la  terre  poreuse.  Lorsque  le  tube  de  plâtre  a  été  imbibé  d'eau, 
même  imparfaitement,  j'ai  trouvé  à  la  sortie  du  tube  l'acide  carbonique  et 
le  gaz  hydrogène  aussi  purs  qu'à  l'entrée  et  comme  avec  l'intestin.  Ainsi 
donc  les  colonnes  capillaires  d'eau  qui  remplissent  les  interstices  du  tube 
de  plâtre  et  de  terre  empêchent  la  diffusion  des  gaz,  qui  a  lieu  très-facile- 
ment lorsque  ces  colonnes  n'existent  pas,  comme  si  ces  gaz  se  trouvaient, 
sous  une  certaine  pression,  en  présence  du  vide.  Quand  les  colones  capil- 
laires d'eau  interviennent,  ces  phénomènes  changent  en  quelque  sorte  de 
nature  et  acquièrent  une  grande  analogie  avec  les  phénomènes  d'endos- 
mose. En  effet,  il  faut  alors  considérer  les  deux  gaz  comme  séparés  par  une 


■(  253  ) 
couche  plus  ou  moins  continue  d'eau,  dans  laquelle  ces  deux  gaz  entrent 
en  dissolution  avec  des  affinités  très-inégales.  Les  deux  gaz,  une  fois  dissous 
dans  l'eau,  s'exhalent  de  nouveau  chacun  en  présence  du  milieu  différent, 
comme  si  c'était  un  espace  vide.  On  voit  ainsi  apparaître  des  différences  qui 
dépendent  en  grande  partie  de  la  solubilité  inégale  des  deux  gaz.  Ainsi  une 
grande  vessie  contenant  du  gaz  hydrogène,  mais  très-imparfaitement  renj- 
plie,  suspendue  dans  une  cloche  pleine  d'acide  carbonique,  ne  tarde  pas  à 
se  gonfler  par  une  grande  quantité  d'acide  carbonique  qin  y  pénètre  en 
laissant  sortir  une  quantité  bien  plus  petite  de  gaz  hydrogène.  Des  phéno- 
mènes analogues  ont  certainement  lieu  dans  l'acte  de  la  respiration  pul- 
monaire. » 

PHYSIOLOGIE.    —    Sur    les    mariages  comanguins.  Extrait   d'une    Note    de 

M.  Segcin  aîné. 

«  L'excellent  article  de  M.  Bourgeois  sur  les  alliances  consanguines, 
publié  il  y  a  quelque  temps  dans  les  Comptes  rendus  (séance  du  26  janvier 
i863),  a  contribué  puissamment  à  tranquilliser  les  membres  des  familles, 
qui,  se  trouvant  dans  le  même  cas,  n'étaient  pas  doués  d'une  force  d'esprit 
suffisante  pour  résister  aux  impressions  pénibles  qui  devaient  être  la  con- 
séquence des  nombreuses  attaques  dont  ces  mariages  sont  devenus  le  sujet 
depuis  quelques  années. 

»  J'aime  à  croire  que  les  auteurs  des  observations  isolées  qui  ont  surgi 
de  toutes  paris  à  ce  sujet  ont,  avec  les  meilleures  intentions  du  monde, 
cherché  la  plupart  du  temps,  et  même  à  leur  insu,  à  étayer  des  idées  pré- 
conçues chez  eux,  en  portant  leur  choix  de  préférence  sur  des  observa- 
tions isolées  conformes  à  lenr  manière  de  voir,  et  cela  sans  soupçonner  ni 
même  se  douler  le  moins  du  monde  qu'ils  pouvaient  affecter  péniblement 
des  personnes  qu'ils  n'avaient  nullement  l'intention  de  contrister.  C'est 
pourquoi  j'ai  cru  devoir  cori'oborer  l'observation  de  M.  Bourgeois  par  celle 
de  dix  alliances  de  ma  propre  famille  avec  celle  des  Montgolfier,  afin  de 
combattre,  par  des  résultats  sur  une  aussi  grande  échelle,  des  observations 
sans  suite  et  sans  liaison  entre  elles,  et  que,  cependant,  leurs  auteurs  ont 
cru  suffisantes  pour  servu-  de  base  à  une  prétendue  loi  qui  devait  en  être 
la  conséquence. . . . 

»  Voici  le  tableau  de  ces  alliances  avec  leurs  résultats  : 


(  254  ) 


NOJrS  DES  CONJOINTS. 


1"  Jean-Baptiste  de  Montgolfier.. 
Méhame  de  Montgolfier ] 


DEGRÉ 

de 
PAHENTÉ 


Cousins  eerraains. 


2"  Élie  de  Montgolfier \ 

Pai  LiNE  Duret,  née  de  Jea."<>e|  Cousins  germains, 
de  Montgolfier ' 


3"  Raymond,  fils  d'ÉLiE  de  Mont-i 

golfier ' 

Julie  Seguin,  née  d'AucusTiNE.i 
fille  de  Jeanne  de  Montgolfier 


Cousins  germains 


4'  Laibent.  flls  d'ÉLiE  de  Mont 

golfier 

llÉLiiNE  Seguin,  née  d'Auois-^  Cousins  germains 
TINE,  fille  de  Jeanne  de  Mont 
golfier 


DATE 

des 

mariages 


5"  Eugène  de  Montgolfier. 
Jenny  de  Montgolfier. . 


.) 


i  Cousins  germains. 


6"  Marc  Seguin i 

ArorsTiNE,  fille  do  Jeanne  de/  Cousins  germains. 
Montgolfier ) 

7°  En  secondes  noces  :  ) 

AiGiSTiNE, fille d'ÉLiE  de  Mont-) Oncle  et  nièce.  .. 
golfier ) 


8'  Camille  Seguin. 


CÉLiE,  fille  do  Jeanne  Seguin. 


Cousin?  aermains 


9'  l'AiL  Seguin ] 

TiiÉiiiiSE,  fille  de  Camille  Se-[Oiicleet  nièce. 
guin ) 

10"  Joseph  Seguin ] 

MvRiE,  fille  de  Lydie  de  Mont-) Cousins  germains. 
golfier ) 


1845 


1812 


1840 


i84o 


1845 


nombre 
d'enfants 


i838 


i8i4 


18  40 


i858 


61 


VIVANT 

en 

1863. 


ANNÉES 
vécues 

jusqu'en 
18G3. 


520 


320 


i,0 


55 


45o 


320 


I  845  ans 


M  ,1e  n'ai  jamais  appris  qu'il  y  eût  parmi  tous  les  enfants  provenant  de 
ces  mariages  aucun  cas  de  surdi-mutité,  d'hydrocéphalie,  de  bégayement 
ou  de  six  doigts  à  la  main.  « 


(  a55  ) 

M.  Favre,  récemment  nommé  à  une  place  de  Correspondant  pour  la 
Section  de  Chimie,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

RAPPORTS. 

HYDRAULIQUE.  —  Siiile  (kl  Rapport  sur  un  Mémoire  présenté  pur  M.  Bazin, 
ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,  sur  le  mouvement  de  l'eau  dans  les 
canaux  découverts. 

(Commissaires,  MM.  Dupin,  Poncelet,  Combes,  Ciapeyrou, 
Morin  rapporteur.  ) 

((  Rapport  entre  la  vitesse  moyenne  et  la  vitesse  maximum.  —  Une  autre 
recherche  fort  importante  pour  les  applications,  c'est  celle  du  rapport  qui 
existe  dans  un  courant  d'eau  entre  la  vitesse  moyenne  U  et  la  vitesse  maxi- 
mum V  déduite  de  l'observation  directe  faite,  le  plus  souvent,  à  l'aide  de 
flotteurs. 

»  On  sait,  en  effet,  que  dans  la  plupart  des  cas  l'on  est  réduit  pour  le 
jaugeage  des  cours  d'eau  à  déterminer  par  ce  moyen  la  vitesse  V  à  la  sur- 
face et  à  en  conclure  à  l'aide  de  la  formule  empirique  donnée  par  Prony, 

U        V-+-2.372 


V  ~  V-f-3.i53 

la  vitesse  moyenne  U  que  l'on  multiplie  ensuite  par  la  surface  du  profil 
moyen  du  cours  d'eau  dans  la  portion  où  l'on  a  opéré. 

»  Or,  cette  formule  empirique  n'a  été  dédnite  par  Prony  que  des  expé- 
riences faites  parDubuat  sur  de  petits  canaux  en  bois  et  ne  saurait  évidem- 
ment convenir  à  tous  les  cas,  puisqu'il  est  maintenant  bien  démontré  par 
les  études  de  M.  Darcy  et  de  M.  Bazin  que  la  résistance  des  parois,  qui  a 

une  grande  influence  sur  la  valeur  du  rapport  —■,  varie  beaucoup  avec  la 

nature  de  ces  parois. 

»  Il  était  donc  nécessaire  d'étudier  la  marche  que  ce  rapport  avait  pu 
suivre  dans  les  nouvelles  et  nombreuses  recherches  de  M.  Bazin,  et  cette 
question  présentait  par  elle-même  des  difficultés  assez  grandes. 

»  En  effet,  quoique  dans  les  cours  d'eau  les  filets  animés  de  la  vitesse 
maximum  soient  généralement  très-près  de  la  surface,  l'on  sait  cependant 
que  dans  les  courants  profonds  cette  vitesse  maximum  ne  se  trouve  qu'à 
une  distance  de  la  surface  d'autant  pins  grande  que  la  profondeur  est  plus 
considérable  par  rapport  à  la  largeur.  11  y  a  longtemps  que  les  bateliers  du 


(  256  ) 
Rhin  et  nos  pontonniers  savent  qu'un  bateau  charge  et  ayant  un  fort  tirant 
d'eau  marche,  en  descendant,  plus  vite  que  l'eau  qui  le  soutient  ou  que  les 
corps  flottants  à  la  surface. 

»  Il  suit  de  là  que  les  observations  faites  avec  des  flotteurs  ne  donnent  pas 
toujours  la  valeur  de  la  vitesse  maximum,  à  moins  qu'ils  ne  soient  conve- 
nablement immergés. 

..  D'une  autre  part,  quand,  à  l'inverse,  le  courant  n'a  qu'une  petite  pro- 
fondeur, pour  peu  que  le  flotteur  soit  épais,  la  plus  grande  vitesse  étant 
alors  très-près  de  la  surface,  il  est  très-difficile  de  contrôler  les  indications 
des  flotteurs  par  celles  du  tube  jaugeur,  qui  ne  sont  exactes  que  quand  ce 
tube  est  suffisamment  immergé. 

»  L'on  comprend,  par  ce  peu  de  mots,  la  difficulté  du  problème  d'hy- 
draulique expérimentale  que  se  proposait  d'étudier  M.  Bazin  et  la  nécessité 
où  il  s'est  trouvé  de  choisir,  parmi  les  séries  d'expériences  dont  il  disposait, 
celles  qui  étaient  le  moins  exposées  aux  anomalies  résultant  des  deux  causes 
principales  que  nous  venons  d'indiquer,  ainsi  que  de  quelques  autres  moins 
importantes. 

»   L'examen  général  des  résultats  d'observation  lui  ayant,  dès  l'abord, 

montré  que  le  rapport  —  diminuait  à  mesure  que  la  résistance  de  la  paroi 

V 

augmentait,  il  en  a  conclu  qu'il  devait  exister  entre  le  rapport  —  et  le  rap- 

RI 

port  — ?  qu'il  a  désigné  par  A,  une  relation  de  la  forme 


V  ,. /RI 


RI 


attendu  que  cr  doit  évidemment  être  égal  à  l'unité  quandy(  —  j  sera  nul. 

»  Parmi  les  formes  que  peut  prendre  la  fonction  inconnue,  la  plus  simple 
étant 

dans  laquelle  K  serait  un  coefficient  constant,  M.  Bazin  a  recherché  si  effec- 
tivement cette  formule  ne  serait  pas  assez  d'accord  avec  les  résidtats  de 
l'observation  pour  qu'au  moyen  d'une  valeur  déterminée  du  coefficient  K, 

le  rapport  —  pût  être  représenté  par  la  formule 


(  25;  ) 
Or,  en  tirant  de  cette  formule 


V  _ 


v/^-î 


et  en  calculant  d'après  les  observations  pour  lesquelles  les  valeurs  de  la 
vitesse  déterminées  à  l'aide  des  flotteurs  et  contrôlées  avec  le  tube  jaugeur 
ont  offert  le  plus  de  régularité,  M.  Bazin  a  trouvé  que,  si  la  valeur  du  coef- 
ficient K  varie  un  peu  avec  celle  du  rapport  —■,  elle  ne  s'éloigne  cependant 
guère  de  la  valeur  moyenne  K=  i/i,3  ou  plus  simplement  K=  i/j,  tant 
que  —  n'excède  pas  0,001000,  ce  qui  est  le  cas  le  plus  général. 

))  Tl  suit  de  là  que  le  rapport  de  la  vitesse  maximum  observée  près  de  la 
surface  à  la  vitesse  moyenne  U  serait  donné,  entre  les  limites  des  observa- 
tions les  plus  régulières,  par  la  formule 


V 


d'où  l'on  peut  tirer 

V-  u  =  i4s/Ri. 

V 

')   Cette  formule  montre  que  le  ra[)port  —  de  la  vitesse  près  de  la  surface 

à  la  vitesse  moyenne  croît  proportionnellement  à  la  racine  carrée  du  rayon 
moyen  R,  proportionnellement  à  la  racine  carrée  de  la  pente  I  par  mètre 
courant,  et  en  raison  inverse  de  la  vitesse  moyenne  U. 

»  Dans  les  canaux  dont  la  largeur  est  très-grande  par  rapport  à  la  pro- 
fondeur d'eau,  le  rayon  moyen  diffère  très-peu  de  cette  profondeur,  et 

y 

alors  le  rapport  -  croit  proportionnellement  à  la  racine  carrée  de  la  pro- 
fondeur. 

»  Comparaison  des  résultats  de  la  formule  précédente  avec  les  résultats  Journis 
par  la  formule  de  Prony  et  par  iexpérience.  —  La  question  dont  il  s'agit  ici 
ayant  pour  les  cours  d'eau  une  grande  importance,  puisque,  la  plupart  du 
temps,  l'on  ne  peut  déterminer  que  la  vitesse  à  la  surface  à  l'aide  de  flot- 
teurs, il  était  nécessaire  de  mettre  en  regard  les  résultats  déduits  de  l'obser- 
vation avec  ceux  de  la  formule  proposée  et  avec  ceux  de  la  formule  de 

C.  R.,  i8C3,  jme  Semeslre.  (T.  LVII,  N»  S.)  ^^ 


(  258  ) 
Prouy.  C'est  ce  qu'a  fait  avec  soin  M,  Bazin  dans  un  tableau  où  les  vitesses 
de  superficie  observées  ont  varié  de  o"',3i5  à  plus  de  6°',oo  en  une  se- 
conde. 

»  L'examen  de  ce  tableau  montre  que  si  la  formule  de  Prony  s'accorde 
assez  bien  avec  l'observation,  lorsque  la  résistance  des  parois  est  peu  consi- 
dérable, comme  il  était  facile  de  le  prévoir,  puisqu'elle  a  été  déduite  d'ex- 
périences faites  sur  des  canaux  en  bois,  il  n'en  est  plus  de  même  à  mesure 
que  cette  résistance  augmente. 

»  11  convient  de  faire  remarquer,  avec  M.  Bazin,  que  l'erreur  que  l'on 
peut  commettre  en  appliquant  la   formule  qu'il  propose  aux  quinze  ex- 

■n  T 

périences  où  la  valeur  de  j-p  dépasse  0,001000  n'atteint  pas  en  moyenne 

o^ioS  ou  0,097  ^^  '*  P^"^'^  petite  vitesse  moyenne  U  =  o^iSiS  observée 
dans  ces  quinze  expériences,  tandis  que  celle  que  peut  donner  la  formule  de 
Prony  s'élève  en  moyenne  à  o™,2o5  ou  à  0,398  de  cette  plus  petite  vitesse, 
et  que,  parfois,  elle  atteint  plus  de  la  moitié  de  la  valeur  de  la  vitesse 
déduite  de  l'observation. 

)i  II  résulte  donc  de  cette  discussion  que  la  relation  entre  la  vitesse  maxi- 
nuun  observée  près  de  la  surface,  à  l'aide  de  flotteurs  ou  d'autres  moyens, 
et  la  vitesse  moyenne,  peut  être  représentée  avec  l'exactitude  nécessaire  pour 
les  applications  par  la  farnude 

V  -  U  =  1 4  v/RÎ     ou    u  =  V  -  1 4  s/ Ri. 

>)  Lorsqu'il  s'agit  du  jaugeage  d'un  cours  d'eau,  l'on  peut  déterminer  par 
l'observation  directe  les  quantités  V,  R  et  I,  et,  par  conséquent,  la  vitesse 
moyenne  U,  qu'il  suffit  ensuite  de  multiplier  par  l'aire  de  la  section  transver- 
sale pour  obtenir  le  débit,  sans  qu'il  soit  nécessaire  alors  de  tenir  compte 
de  la  résistance  des  parois,  dont  l'influence  est  implicitement  coniprise 
dans  les  valeurs  qu'ont  prises  les  quantités  connues. 

»  En  joignant  la  formule  précédente  à  celles  qui,  pour  les  quatre  types 
auxquels  on  peut  rapporter  la  plupart  des  canaux  dont  on  veut  étudier  le 
régime  ou  que  l'on  veut  établir  dans  des  conditions  à  peu  près  données,  on 
|>oiu-ra  résoudre  les  questions  d'application  qui  se  présentent  à  l'ingénieur, 
et  l'on  aura  la  certitude  d'obtenir  des  solutions,  sinon  rigoureuses,  au 
moins  plus  exactes  que  celles  que  l'on  pouvait  jusqu'ici  déduire  des  règles 
coninics. 

»  A.  l'exemple  de  Prony,  M.  Bazin  a  cru  devoir  joindre  à  son  Mémoire 
des  Tables  destinées  à  faciliter  les  calculs  relatifs  au  mouvement  uniforme 
de  l'eau  dans  les  canaux. 


(    2J9    ) 

»   Les  foi  mules  d'interpolation  auxquelles  il  est  parvenu  étant 
g  =  a  +  |,     doli  l'on  tire     RI=(a  +  ^)u-      et      U-        ^' 


v/^ 


1 
R 


et  U  =  V-i4\/RI,     d'où     Hr= ^^ 


-+-  "4  i/« 


R 


il  a  calculé  pour  les  quatre  types  des  canaux  auxquels  il  propose  de  rap- 
porter les  différents  cas  de  la  pratique  : 

»  1°  Deux  Tables  faisant  connaître  pour  toutes  les  valeurs  du  rayon  moyen 
R  que  l'on  peut  rencontrer  dans  la  pratique  les  valeurs  correspondantes  de 

a+1  et  de  \/^-  +  l; 

»  2"  Deux  Tables  donnant  les  valeurs  du  rapport  -  de  la  vitesse 
moyenne  à  la  vitesse  maximum  pour  les  différentes  valeurs  du  rayon 
moyen  R  ou  du  coefficient  a  -h  ^^ 

»  Ces  Tables  peuvent  être  utiles,  mais  les  formules  sont  assez  simples  et 
d'un  usage  assez  commode  pour  qu'elles  ne  soient  pas  nécessaires  atix 
ingénieurs. 

»  Recherches  sur  la  résistance  que  l'air  exerce  sur  la  surjace  d'un  courant.  — 
L'on  a  souvent  attribué  à  cette  résistance  luie  influence  assez  considérable 
pour  qu'il  soit  nécessaire  d'en  tenir  compte,  et  M.  Darcy  s'était  aussi  pro- 
posé d'étudier  cette  question  assez  délicate  en  même  temps  que  la  réparti- 
tion des  vitesses,  soit  dans  une  même  section  transversale,  soit  dans  une 
section  longitudinale. 

))  Pour  y  parvenir,  il  fit  faire  en  iSSy  un  tuyau  rectangulaire  auquel 
il  donna  o^jSode  largeur  sur  o™,  5o  de  hauteur,  et  plus  tard,  en  1869, 
M.  Bazin  en  fit  établir  un  deuxième  de  o"',48  de  largeur  sur  o'°,3o  de  hau- 
teur. On  détermina  d'abord  les  volumes  d'eau  débités  par  ces  tuyaux  cou- 
lant à  gueule  bée  sous  une  pente  donnée,  puis  on  enleva  leur  paroi  supé- 
rieure et  l'on  y  fit  de  nouveau  couler  l'eau  à  surface  découverte. 

»  D'autres  expériences  spéciales  ayant  montré  que,  dans  l'écoulement  par 
les  tuyaux  pleins  les  vitesses  des  filets  placés  aux  mêmes  distances  verticales 
au-dessus  et  au-dessous  de  l'axe  des  tuyaux  étaient  égales,  il  s'ensuivait 
qu'en  supposant  le  profil  du  canal  partagé  en  deux  moitiés  par  une  ligne 
horizontale,  il  s'écoulait  par  chacune  d'elles  des  volumes  égaux.  Cela  posé, 

35.. 


(    200    ) 

si,  dans  le  canal  découvert  de  même  largeur,  l'on  faisait,  avec  la  même  pente 
motrice,  couler  une  nappe  fluide  d'une  épaisseur  égale  à  la  moitié  de  la 
hauteur  du  canal  fermé,  l'influence  de  la  résistance  retardatrice  que  l'air 
pouvait  exercer  sur  la  surface  devait  se  manifester  en  rendant  le  volume 
d'eau  écoulé  dans  le  canal  ouvert  inférieur  à  la  moitié  de  celle  qu'avait 
débitée  le  tuyau  plein  de  même  largeur. 

»    Or  deux  expériences  très-comparatives,  faites  dans  les  conditions  que 
nous  venons  d'indiquer,  ont  donné  les  résultats  suivants  : 


TlTiMI  DE  On',80  DE  LARGEUR. 

. ■ f 

TIYAU  DE  0">,48  DE  LARGEUR. 

Fermé. 

Découvert. 

Fermé. 

Ouvert. 

Hauteur o'",5o 

Pente o"',oo427 

Débit o"><:,6i8 

Hauteurd'eau  o™,2458 

Pente o"" ,00^30 

Débit. .o""':,3o7 

Hauteur o"^,3o 

Pente o"", 00627 

Débit omc.igi 

Hauteurd'eau  o™,i5io 

Pente 0"", 00600 

Débit omc^oga 

»  Ces  expériences  ayant  été  d'ailleurs  faites  par  un  temps  calme,  elles 
semblent  indiquer  que  l'air  n'oppose  pas  au  mouvement  de  l'eau  une  résis- 
tance assez  notable  pour  contrarier  l'écoulement  de  l'eau,  du  moins  en  ce 
qui  concerne  le  volume  d'eau  débité. 

»  Mais  il  n'en  est  pas  à  beaucoup  près  de  même  quant  à  la  répartition  des 
vitesses  des  filets  fluides  qui  traversent  une  même  section.  Des  expériences 
nombreuses  faites  avec  beaucoir|)desoin  par  M.  Bazin  à  l'aide  du  tube  jaugeur 
de  M.  Darcy,  et  par  lesquelles  il  a  déterminé  les  vitesses  en  quarante-cinq 
pointssymétriquement  répartisd'un  même  profil  transversal,  lui  ont  d'abord 
montré,  conmie  nous  l'avons  indiqué  plus  haut,  que  la  répartition  de  ces 
vitesses  dans  les  tuyaux  fermés  se  faisait  avec  une  très-grande  symétrie,  et 
que  si,  à  l'aide  de  certaines  opérations  graphiques  très-simples  qu'il  indique, 
on  déterminait  dans  chacun  de  ces  profils  le  lieu  des  filets  animés  d'égales 
vitesses  à  différentes  distances  de  l'axe  du  tuyau,  on  obtenait  des  courbes 
fermées  parfaitement  symétriques  et  qui  se  rapprochaient  d'autant  plus  de 
la  forme  de  rectangles  à  angles  arrondis  et  à  côtés  parallèles  aux  parois  du 
luyau,  qu'elles  se  rapportaient  à  des  filets  plus  voisins  de  ces  parois. 

>)  Mais  M.  Bazin  a  trouvé  qu'il  en  était  tout  autrement  dans  les  canaux 
découverts.  Les  courbes  des  filets  d'égale  vitesse  les  plus  voisines  des  parois 
sont  encore  des  rectangles  dont  les  côtés  verticaux  s'arrêtent  à  peu  près  à 


(  26i  ) 
angle  droit  à  la  surface  ;  mais  à  mesure  qu'on  s'éloigne  des  parois  et  que  les 
vitesses  vont  par  conséquent  en  croissant,  ces  courbes  tendent  de  plus  en 
plus  à  se  fermer  vers  leur  partie  supérieure,  et  elles  viennent  couper  la  sur- 
face du  liquide  sous  des  angles  de  plus  en  plus  aigus.  Enfin,  quand  la  pro- 
fondeur du  courant  atteint  ou  dépasse  le  tiers  de  la  largeur  du  canal,  les 
courbes  les  plus  voisines  du  milieu,  et  dans  lesquelles  la  vitesse  est  la  plus 
grande,  se  ferment  complélement  et  limitent  ainsi  luie  sorte  de  noyau  fluide 
central,  dont  tous  les  filets  traversent  le  profil  avec  une  même  vitesse  supé- 
rieure à  celle  de  tous  ceux  de  la  surface.  Cette  tendance  des  courbes  à  se  fer- 
mer est  d'autant  plus  sensible,  que  la  résistance  des  parois  est  plus  considé- 
rable ou  que  les  vitesses  sont  moindres. 

»  Des  effets  analogues  se  manifestent  avec  tous  les  profils  de  canaux,  et  la 
forme  seide  de  ces  courbes  est  influencée  par  celle  du  canal. 

»  M.  Bazin,  en  déterminant  ces  courbes  d'égale  vitesse,  a  eu  soin  de  dis- 
tinguer celle  qui  est  relative  aux  filets  animés  de  la  vitesse  moyenne,  mais 
elle  ne  présente  pas  de  circonstances  particulières. 

»  Les  expériences  délicates,  dont  nous  venons  d'indicjuer  en  peu  tie  mots 
les  résultats  les  plus  saillants,  montrent  d'une  manière  évidente,  comme  le 
fait  très-bien  remarquer  M.  Bazin,  que  la  distribution  des  vitesses  dans  un 
courant  découvert  est  beaucoup  plus  compliquée  qu'on  n'aurait  pu  le  pen- 
ser, en  voyant  la  régularité  parfaite  avec  laquelle  elles  se  répartissent  au  con- 
traire dans  l'intérieur  d'un  tuyau  fermé. 

M  Comment  ces  différences  dans  les  vitesses  des  filets  qui  traversent  laie 
même  section  et  leur  répartition  dans  cette  section  se  produisent-elles  sans 
que  le  volume  d'eau  débité  paraisse  eu  être  influencé,  ainsi  que  sem- 
blent le  prouver  les  observations  comparatives  faites  entre  les  débits  des 
tuyaux  fermés  et  des  canaux  découverts  dont  nous  avons  rapporté  plus  haut 
les  résultats?  C'est  ce  que  la  science  n'a  encore  pu  expliquer  complètement. 

»  Quoi  rpi'il  en  soit,  M.  Bazin  ayant  eu  le  soin  de  déterminer  pour  un 
grand  nombre  de  profils  réguliers  rectangulaires  ou  circulaires,  sept,  huit 
et  jusqu'à  dix  courbes  de  situation  des  filets  animés  de  vitesses  égales,  il  a 
fourni,  parce  long  et  patient  travail,  aux  géomètres  qui  voudront  s'occu- 
per de  la  recherche  des  lois  de  la  répartition  des  vitesses  dans  les  nappes 
fluides,  des  données  précieuses  qui  leur  manquaient  jusqu'à  ce  jour,  pour 
vérifier  l'exactitude  des  hypothèses  que  l'on  peut  faire  sur  ces  phénomènes 
délicats. 

»  Vnrialion  de  la  vitesse  des  filels  fluides  dans  une  même  verticale.  — M.  Bazin 
s'est  aussi  occupé  de  cette  recherche,  qui  a  été  traitée  par  beaucoup  d'iiy- 


(  i6î  ) 
drauliciens,  et  il  a  employé  à  cet  effet  le  tube  jaugeur  de  M.  Darcy,  à  l'aide 
duquel  on  peut  obtenir  des  indications  plus  exactes  et  surtout  beaiicouj) 
ijUis  comparables  entre  elles  que  celles  que  fournissent  les  autres  moyens 
mis  en  usage.  Mais  les  csnaux  sur  lesquels  il  a  fait  ses  observations  ne  pré- 
sentaient malheureusement  que  des  profondeurs  d'eau  comprises  entre 
o"',i07  et  o™,35o,  avec  des  vitesses  moyennes  respectivement  égales  à 
2™,  5oq  et  à  ï'",6']5,  c'est-à-dire  entre  des  limites  beaucoup  trop  restreintes 
pour  cni'il  lui  ait  été  possible  de  démêler  la  véritable  loi  de  la  variation  des 

vitesses. 

»  De  la  discussion  des  observations  qu'il  lui  a  été  possible  de  faire, 
M.  Bazin  a  pensé  pouvoir  déduire  que  l'excès  de  la  vitesse  V  à  la  surface 
sur  la  vitesse  i>  d'un  filet  situé  à  une  profondeur  h  au-dessous  de  cette  sur- 
face, dans  un  canal  de  pente  I  et  de  profondeur  H  données,  variait  comme 
le  carré  de  la  profondeur  h  et  était  exprimé  par  la  formule 


i'  =  vRi-R(^ 


dans  laquelle  : 

»   V  est  la  vitesse  maximum  supposée  très-voisine  de  la  surface, 

»   f  la  vitesse  d'un  filet  situé  à  la  profondeur  h, 

»  H  la  profondeur  totale  du  courant, 

»  R  un  coefficient  constant  peu  différent  de  20. 

1)   On  tire  de  cette  formule 

ce  qui  montre  que  la  vitesse,  à  une  profondeur  donnée  //,  croît  à  mesure 
(jue  la  profondeur  totale  augmente,  mais  non  d'une  quantité  constante,  ou 

<pie  le  paramétre  de  la  parabole,  dont  l'abscisse  est  g  \  RI ,  varie  avec  la 

profondeur  H,  au  lieu  de  rester  constant  comme  le  pense  un  savant  ingé^ 
nieur  qui  a  proposé  une  théorie  du  mouvement  uniforme  des  eaux  courantes. 

»  La  formule  précédente  ne  s'applique  d'aillem-s  qu'à  des  cas  où  la  vi- 
tesse maximum  est  très-voisine  de  la  surface,  ce  qui  est  celui  des  expériences 
discutées  par  M.  Bazin. 

»  Elle  s'éloigne  un  peu  de  celle  que  M.  Boileau  a,  de  son  côté,  cru  pou- 
voir déduire  d'expériences  faites  aussi  sur  de  faibles  profondeurs  d'eau,  et 
d'après. laquelle  la  relation  géométrique  entre  les  profondeurs  et  les  vitesses 
des  différents  filets  situés  sur  une  même  verticale  serait  aussi  représentée 


(  263  ) 
par  une  courbe  à  peu  près  parabolique,  dont  le  sommet  correspondant  à  la 
plus  grande  vitesse  serait,  pour  les  cas  observés  par  cet  officier,  à  une  pro- 
fondeur voisine  du  cinquième  de  celle  de  l'eau  dans  le  canal. 

11  II  serait,  comme  on  le  voit,  à  désirer  que,  profitant  de  la  facilité  que 
donne  le  tube  jaugeur  de  M.  Darcy  d'obtenir  la  vitesse  des  filets  situés  à 
toutes  les  profondeurs,  M.  Bazin,  ou  quelque  autre  ingénieur  placé  dans  des 
circonstances  favorables,  put  opérer  sur  un  grand  coiu-s  d'eau,  tel  que  le 
Rhin  ou  le  Rhône,  et  étendre  ces  recherches  entre  des  limites  assez  larges 
pour  qu'il  fût  possible  de  démêler  la  véritable  loi  de  variation  des  vitesses 
des  filets  qui  passent  dans  une  même  verticale. 

»  Outre  l'intérêt  que  cette  question  présente  au  point  de  vue  pincement 
scientifique,  comme  elle  conduirait  à  la  connaissance,  au  moins  très-appro- 
chée, de  la  vitesse  de  fond,  elle  pourrait  avoir  pour  l'art  de  l'ingénieur  une 
véritable  utilité. 

»  Du  mouvement  varié  dans  les  canaux.  —  On  sait  que  l'étude  du  mouve- 
ment de  l'eau  dans  les  courants  dont  le  régime  n'est  pas  uniforme  a  fait 
l'objet  de  recherches  importantes  dues  à  M.  Poncelet  et  à  INI.  Bélanger,  qui 
ont  donné  une  expression  analytique  de  l'abaissement  de  la  surface  de  l'eau 
dans  ces  courants,  entre  deux  profils  où  la  vitesse  moyenne  est  différente. 
Dans  cette  expression  entrent  un  coefficient  numérique  du  terme  qui  con- 
tient ces  vitesses  et  les  coefficients  ordinaires  de  la  résistance  des  |)arois, 
auxquels  on  suppose  des  valeurs  à  peu  près  égales  à  celles  qu'ils  ont  dans  le 
cas  du  régime  uniforme. 

»  M.  Bazin  s'est  proposé  de  discuter  les  résultats  de  cette  formule  dans 
les  divers  casque  peut  présenter  le  mouvement  varié  et  de  les  comparer  à 
ceux  de  l'observation. 

I)  Malheureusement  les  circonstances  de  ce  mouvement  sont  le  pins  sou- 
vent si  tumultueuses,  qu'il  est  bien  difficile  d'obtenir  des  mesures  suffisam- 
ment précises  de  la  hautein-  et  de  la  forme  des  remous. 

»  La  répartition  des  vitesses  dans  une  même  section  et  la  résistance  des 
parois  pouvant  d'ailleurs  ne  pas  être  les  mêmes  que  dans  le  mouvement 
uniforme,  on  conçoit  combien  il  est  difficile  d'une  part  à  la  théorie  et  de 
l'autre  à  l'expérience  de  démêler  et  d'établir  la  véritable  loi  de  semblables 
phénomènes. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  partie  des  recherches  de  M.  Bazin,  en  fournis- 
sant de  nouveaux  éléments  d'observation  recueillis  avec  le  plus  grand 
soin,  ne  peut  que  contribuer  à  jeter  du  jour  sur  cette  délicate  partie  de  la 
question  du  mouvement  de  l'eau  dans  les  canaux. 


(  264  ) 
..  En  résumé,  l'on  voit,  par  l'analyse  détaillée  que  nous  avons  faite  du 
Mémoire  de  M.  Bazin,  que  la  nature  des  parois  exerce  sur  la  valeur  de  la 
résistance  qu'elles  opposent  au  mouvement  de  l'eau  une  influence  qu'il 
n'est  pas  permis  de  négliger,  comme  l'ont  fait  Prony,  Eytelweui  et  tous  les 
hydrauliciens  qui  ont  donné  des  régies  pratiques  à  ce  sujet,  et  que  cette  in- 
fluence varie  tellement  d'une  paroi  à  une  autre,  qu'il  n'est  pas  possible  de 
représenter  par  une  même  formule  tous  les  cas  qui  peuvent  se  présenter 

dans  la  pratique. 

»  Plusieurs  géomètres  ont  cherché  dans  ces  derniers  temps,  à  l'aide  d'hy- 
pothèses plus  ou  moins  ingénieuses,  à  soumettre  au  calcul  ces  délicates 
questions;  mais,  comme  ces  hypothèses  n'étaient  qu'incomplélement  con- 
formes aux  véritables  circonstances  du  mouvement  des  liquides,  les  consé- 
quences auxquelles  l'analyse  les  a  conduits  ne  se  sont  pas  trouvées  d'accord 
avec  l'observation,  même  dans  le  cas  du  mouvement  uniforme. 

«  La  solution  de  cette  importante  question  échappe  donc,  comme  tant 
d'autres  de  physique  mécanique,  à  l'analyse  mathématique.  L'ingénieur,  qui 
a  cependant  besoin  de  règles  pour  se  guider  dans  les  applications,  est  ainsi 
forcé  de  recourir  à  l'observation  et  de  se  contenter  des  formules  empiriques 
qui  en  représentent  les  résultats.  Sans  doute  cette  manière  de  résoudre  des 
questions  d'un  si  grand  intérêt  n'a  pas  l'éclat  de  solutions  déduites  de 
théories  scientifiques  basées  sur  des  considérations  plus  ou  moins  ingé- 
nieuses, mais  trop  souvent  aussi  sur  des  hypothèses  peu  conformes  aux 
faits  naturels.  Les  ingénieurs  qui,  connue  M.  Darcy,  M.  Bazin  et  d'autres, 
se  vouent  avec  une  persévérance  poussée  jusqu'à  la  perte  de  la  santé  et  de 
la  vie,  n'en  méritent  pas  moins  la  reconnaissance  des  amis  de  la  science. 

„  En  poursuivant  l'œuvre  entamée  par  M.  Darcy  et  en  la  complétant  par 
une  discussion  aussi  savante  que  lucide,  M.  Bazin  n'a  pas  seulement  fait 
un  travail  d'une  grande  valeur  pour  l'art  de  l'ingénieur;  mù  par  un 
pieux  souvenir  pour  la  mémoire  du  chef  qui  lui  avait  ouvert  la  voie,  il  a 
largement  indiqué  la  part  due  à  son  prédécesseur  pour  la  conception  et 
pour  l'organisation  générale  de  ces  recherches,  mais  la  sienne  n'en  reste  pas 
,noins  ires-considérable  et  ne  peut  manquer  d'être  justement  appréciée  par 
l'Académie  et  parle  corps  distingué  auquel  il  a  l'honneur  d'appartenir. 

n  En  conséquence,  vos  Commissaires  vous  proposent  d'accorder  l'appro- 
bation de  l'Académie  au  Mémoire  de  M.  Bazin,  et  d'en  ordonner  l'impres- 
sion dans  !e  Recueil  des  Savants  étrangers,  ainsi  que  l'envoi  de  ce  Bapport  a 
M .  le  Mmistre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics.    » 
Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 


(  265  ) 

MÉMOIRES  LUS. 

MÉDECINE  LÉGALE.  — De  la  responsabilité  légale  des  aliénés; 
par  M.  A.  Brierre  de  Boismont. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Flourens,  Andral.) 

L'auteur,  en  terminant  ce  Mémoire,  le  résume  dans  les  propositions 
suivantes  : 

«  J°  Le  meilleur  moyen  d'apprécier  la  nature  de  la  responsabilité  des 
aliénés  est  de  tenir  un  journal  quotidien  et  longtemps  continué  de  leurs 
actes. 

»  a'^  Les  monomanies  (délires  partiels),  les  folies  dites  raisonnantes, 
sont  les  catégories  qui  réunissent  le  plus  d'exemples  propres  à  éclairer  la 
question. 

»  3°  Les  observations  des  malades  appartenant  à  ces  sections  établissent 
de  la  manière  la  plus  incontestable  qu'ils  sont  mobiles,  variables,  inconsis- 
tants, ordinairement  sans  esprit  de  suite,  cédant  à  tous  les  courants  d'idées, 
dépourvus  de  sens  moral,  artificieux,  rusés,  menteurs,  irritables,  pensant 
tout  haut,  divulguant  leurs  projets,  et  par  conséquent  incapables  de  se  con- 
duire comme  les  autres  hommes,  parce  qu'ils  ont  perdu  le  pouvoir  de  se 
contrôler. 

i>  4°  Ces  caractères  ne  sont  pas  les  seuls  qui  modifient  la  responsabilité  ; 
elle  est  encore  fortement  influencée  par  les  changements  du  tempéra- 
ment, de  l'humeur,  l'affaiblissement,  l'abaissement  du  niveau  intellectuel 
et  moral,  la  perversion  des  instincts,  l'éclosion  des  plus  mauvais  senti- 
ments, etc. 

»  5"  Un  fait  d'une  haute  importance,  c'est  qu'il  n'est  pas  rare,  au  milieu 
de  cette  variété  de  phénomènes  morbides,  de  voir  les  malades  parler,  agir, 
écrire  très-raisonnablement  dans  les  intervalles  souvent  fort  cotuts  de 
leurs  accès. 

n  6°  Les  mononianies,  les  folies  dites  raisonnantes  peuvent  se  mani- 
fester tantôt  avec  de  l'excitation,  tantôt  avec  de  la  dépression,  et  ces  deux 
formes,  qui  se  succèdent  souvent,  constituent  des  états  également  morbides 

»  7*^  L'analyse  des  faits  indiqués  nous  autorise  à  émettre  l'opinion  que 
les  aliénés  ne  sont  pas  responsables  de  leurs  actes  pendant  la  durée  de  leiu 
mal,  et  qu'en  conséquence  il  n'existe  pas  de  responsabilité  générale. 

C.  R  ,  i863,  2™e  Semestre.  (T.  LVII,  N»  S.)  ^^ 


(  -266  ) 

»  6"  Sans  nier  la  lespousabililé  partielle,  cju«  nous  admettons  dans  une 
c<;r(aine  mesure  pour  les  intervalles  lucides,  les  nionomanies  au  début, 
celles  dont  l'idée  fixe  est  reconnue  et  toujours  niaiulenue,  nous  déclarons 
que  l'altération  de  l'intelligence,  limitée  à  un  seul  ou  à  un  petit  nombre  de 
points,  suivie  dans  ses  manifestations  consécutives,  ne  nous  permet  pas  de 
comparer  cette  responsabilité  à  celle  des  accusés  dont  la  raison  est  restée 
intacte.  C'est  aussi  la  conséquence  qui  résulte  de  la  doctrine  de  l'unité  de 
l'âme  et  de  la  solidarité  de  ses  facultés. 

»  g"  Si  les  aliénés  accusés  de  crimes  ne  peuvent  être  punis  comme  les 
coupables  dont  la  raison  n'a  jamais  souffert,  ils  doivent  être  séquestrés  dans 
leur  intérêt  et  dans  celui  de  la  société. 

«  lo"  Ce  sont  les  différences  tranchées  qui  séparent  ces  deux  responsa- 
bilités qui  nous  ont  fait  proposer  de  créer  un  asile  particulier  pour  cette 
catégorie  d'insensés. 

"  1  i"  Les  recherches  sur  la  responsabilité  doivent  être  étendues  aux 
aliénés  à  instincts  irrésistibles,  à  folie  transitoire,  aux  faibles  d'esprit,  et  aux 
épileptiques,  parce  qu'il  est  également  impossible  de  contester  que  l'im- 
puissance de  la  volonté,  l'imperfection  native  du  cerveau,  physique  et  intel- 
lectuelle, la  complication  de  la  folie  et  de  l'épilepsie,  ne  soient  des  condi- 
tions toutes-puissantes  qui  changent  la  nature  des  actes  criminels. 

V  I  2°  Pour  établir  une  doctrine  sur  ces  questions  capitales,  il  tant  faire 
entrer  dans  l'éducation  les  notions  de  la  science  de  l'homme  (rapports  du 
physique  et  du  moral)  qui  ont  été  jusqu'alors  complètement  bannies  de 
l'enseignement.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Expiialion  iwclitme  et  diurne  des  feuilles.  Feuilles 
colorées  ;  jiar  ^l.  B.  Couexwixder.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Boussingault,  Payen,  Decaisne.) 

c"  1°  Ou  sait  que  pendant  la  nuit  les  feuilles  expirent  généralement  de 
l'acide  carbonique.  Je  démontre,  dans  mon  Mémoire,  que  cette  expiration 
\arie  en  quantité,  suivant  la  température,  et  uiéme  qu'elle  devient  tout  à 
fait  nulle  ou  à  peu  près  lorsque  le  thermomètre  approche  de  zéro. 

»  Dans  l'obscurité  aitificielle  et  pendant  le  jour,  les  plantes  exhalent 
aussi  de  l'acide  carbonique  en  proportion  plus  considérable  que  pendant 
la  nuit,  parce  que  d'ordmaire  la  température  est  plus  élevée. 

"  2"  A  la  lumière  du  jour,  et  suitout  au  soleil,  les  jeunes  pousses,  les 
bourgeons  laissent  échapper  de  l'acide  carbonique,  quelquefois  en  quan- 


(  267  ) 

tité  abondante.  J'ai  constaté  ce  phénomène  par  de  nombreuses  expériences 
effectuées  en  plein  air  à  la  campagne,  sur  les  bourgeons  du  marronnier, 
du  peuplier,  du  charme,  du  poirier,  etc.,  etc. 

»  Il  résulte  nécessairement  de  ces  faits  que,  dans  leur  jeune  âge,  les 
feuilles  n'ont  pas  la  propriété  d'absorber  l'acide  carbonique  de  l'air,  et  de 
le  décomposer  lorsqu'elles  sont  exposées  à  la  lumière.  Cette  propriété, 
on  le  sait,  leur  est  acquise  plus  tard,  et  elle  augmente  à  mesure  que  les 
feuilles  grandissent  et  se  développent. 

))  3°  Les  feuilles  adultes  n'expirent  jamais  d'acide  carbonique,  soit  par 
un  temps  clair,  soit  par  un  temps  obscur,  lorsqu'elles  sont  exposées  en 
plein  air  et  qu'elles  reçoivent  de  la  lumière  de  toutes  parts;  mais,  au  con- 
traire, elles  en  exhalent  généralement  lorsqu'on  les  maintient  dans  un  ap- 
partement où  elles  ne  sont  pas  exposées  aux  rayons  du  soleil. 

»  Voici  comment  je  suis  arrivé  à  constater  cette  loi.  Pendant  plusieurs 
années,  j'ai  été  préoccupé  de  savoir  poiu'quoi  certaines  plantes  adultes 
expirent  quelquefois  de  l'acide  carbonique  pendant  le  jour.  Je  faisais  des 
expériences  multipliées,  soit  dans  mou  jardin,  soit  dans  mon  laboratoire, 
en  ayant  soin,  en  ce  dernier  cas,  de  puiser  l'air  extérieur,  pour  renouveler 
dans  ma  cloche  celui  qui  était  attiré  par  l'aspirateur  de  mon  appareil. 
Tantôt  les  plantes  exhalaient  de  l'acide  carbonique,  tantôt  elles  n'en  exha- 
laient pas.  Mon  laboratoire  étant  éclairé  par  de  grandes  fenêtres  latérales, 
je  ne  pouvais  pas  soupçonner  que  les  observations  que  j'y  faisais  n'avaient 
pas  lieu  dans  des  conditions  normales.  Je  désespérais  de  découvrir  la  cause 
de  cette  anomalie  apparente,  lorsqueenfin  je  fis  une  expérience  qui  me  mit 
sur  la  voie  de  la  vérité. 

»  Un  jour,  j'opérais  dans  mon  jardin  sur  i;ne  plante  d'ortie  commune 
que  j'avais  fait  pousser  dans  un  pot  à  fleurs.  Le  temps  était  couvert,  la  tem- 
pératTU'e  de  i5  à  18  degrés.  Depuis  le  matin  jusqu'à  midi,  je  n'observai 
pas  le  moindre  dégagement  d'acide  carbonique.  A  ce  moment,  il  me  vint  à 
l'idée  de  transporter  mon  appareil  dans  mon  laboratoire,  dont  je  laissai 
les  fenêtres  ouvertes.  Ainsi  que  je  l'avais  remarqué  bien  des  fois  en  pareille 
circonstance,  je  vis  en  peu  de  temps  que  la  plante  exhalait  de  l'acide  carbo- 
nique, car  l'eau  de  baryte  dans  laquelle  je  recevais  cet  acide  blanchissait 
fortement,  et  le  soir  le  dépôt  de  carbonate  barytique  était  considérable.  Le 
lendemain,  je  fis  une  nouvelle  observation,  mais  en  opérant  en  sens  in- 
verse, c'est-à-dire  en  commençant  dans  le  laboratoire  et  en  finissant  eu 
plein  air. 

M  Pendant  plusieurs  années,  j'ai  fait  des  expériences  semblables  sur  un 

36. 


(268  ) 
^rantl  nombre  de  plantes,  et  j'ai  constamment  observé  le  même  phénomène. 
La  quantité  fKacide  carbonique  que  les  feuilles  peuvent  produire  dans  un 
appartement  varie  suivant  leur  nature,  l'intensité  de  la  lumière  diffuse,  la 
température,  etc.;  celles  qui  m'en  ont  donné  invariablement  sont,  entre 
autres  :  le  colza  ,  l'hélianthe,  la  vigne,  le  lilas,  la  fougère,  la  giroflée, 
l'ortie,  etc.,  etc. 

»  Au  contraire,  je  n'ai  jamis  trouvé  de  feuilles  susceptibles  d'exhaler  de 
l'acide  carbonique,  lorsqu'elles  sont  exposées  au  grand  jour  et  en  pleine 
lumière,  même  par  un  temps  sombre  et  pluvieux. 

))  4°  Les  feuilles  colorées  en  rouge,  en  brtm,  en  pourpre,  etc.,  jouissent- 
elles  des  mêmes  propriétés  que  les  autres? 

M  J'ai  fait  beaucoup  d'expériences  sur  ce  sujet,  avec  des  rameaux  de 
noisetier  ou  de  hêtre  pourpre,  des  plantes  d'alriptex  ou  de  coleus,  etc., 
et  je  puis  affirmer  que  ces  végétaux  ne  diffèrent  en  rien  des  plantes  vertes, 
quant  à  la  propriété  d'absorber  de  l'acide  carbonique  à  la  lumière  ou  d'en 
exhaler  dans  l'obscurité. 

»  Il  est  donc  inexact  de  dire,  d'une  manière  absolue,  que  c'est  par  leurs 
parties  vertes  que  les  feuilles  décomposent  l'acide  carbonique  de  l'air  sous 
l'influence  des  rayons  solaires.    » 

CHIRURGIE.  —  Mémoire  sur  la  réduction  des  hernies  étranglées  par  la 
compression  élastique  des  bandes  de  caoutchouc;  par  M.  Maiso.\.veuve. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Cloquet,  Jobert  de  Lamballe.  i 

«  Il  y  a  sept  ans  environ  que  j'eus  l'idée  d'appliquer  à  la  réduction  des 
hernies  la  puissance  élastique  du  caoutchouc.  Ce  fut  aux  hernies  volumi- 
neuses et  seulement  engouées  que  je  m'adressai  d'abord.  Ces  premières 
tentatives  eurent  un  succès  si  constant  et  si  complet,  que,  malgré  quelques 
hésitations,  je  crus  devoir  appliquer  la  nouvelle  méthode  à  la  réduction  des 
hernies  véritablement  étranglées.  Dans  les  hernies  inguinales  et  les  hernies 
ombilicales  assez  volumineuses  poin-être  pédiculisées  et  enveloppées  par  la 
bande  élastique,  les  résultats  furent  aussi  complets  que  possible.  Les  her- 
nies les  plus  fortement  étranglées,  et  qui  avaient  résisté  aux  plus  énergiques 
efforts  du  taxis  ordinaire,  purent  être  réduites  en  quelques  minutes,  sans 
accident  et  sans  violence. 

»  Quelques-uns  de  ces  faits  ont  été  consignés  en  iSSq  dans  la  thèse  de 
M.  Gustave  Morel,  l'un  de  nos  élèves.  Chaque  année,  depuis  lors,  nous  en 


(  269) 

nvons  montré  de  semblables  à  notre  clinique.  D'une  autre  part,  en  no- 
vembre 1862,  M.  le  D""  Vannebi'oucq,  l'un  de  nos  anciens  internes,  actuel- 
lement professeur  à  l'École  de  Lille,  en  a  communiqué  plusieurs  à  la  Société 
de  Médecine  du  Nord;  enfin,  dans  le  cours  de  cette  année  même,  à  l'Hôtel- 
Dieu,  nous  en  avons  observé  trois  extrêmement  remarquables. 

))  Mais  tous  ces  faits  ne  se  rapportaient  qu'à  des  hernies  inguinales  ou 
ombilicales  d'un  certain  volume,  et  les  hernies  crurales,  ainsi  que  les  bubo- 
nocèles  inguinaux,  échappaient  à  l'application  de  notre  premier  procédé 
(procédé  d'enveloppement);  c'est  pour  remplir  cette  lacune  que  j'ai  conçu 
l'idée  d'un  instrument  spécial  (le  réducteur  herniaire),  lequel  se  prête 
merveilleusement  à  l'application  de  la  compression  élastique  sur  les  hernies 
d'un  petit  volume. 

»  Grâce  à  ces  deux  procédés  d'une  même  méthode,  procédé  par  enve- 
loppement et  procédé  par  compression  directe,  exécutés  l'un  et  l'autre  au 
moyen  de  la  bande  en  caoutchouc,  nous  avons  la  conviction  que  l'opération 
sanglante,  si  cruelle  et  si  dangereuse  (elle  donne  une  mortalité  de  60  pour 
100),  verra  chaque  jour  diminuer  le  champ  de  son  application,  et  bientôt 
même  elle  n'aura  peut-être  plus  sa  raison  d'être. 

Description   des  procédés. 

»  i"  Procédé  par  enveloppement  applicable  aux  hernies  volumineuses.  — 
Par  trois  ou  quatre  tours  circulaires  fortement  serrés,  on  pédiculise  d'abord 
la  tumeur  herniaire  avec  la  bande  de  caoutchouc,  puis,  dirigeant  les  doloires 
de  la  bande  sur  le  corps  même  de  la  tumeur,  on  enveloppe  celle-ci  très- 
exactement,  en  la  recouvrant  d'une  série  de  tours  obliques  qui,  par  leur 
nombre,  finissent  par  exercer  une  pression  puissante  et  continue,  sous  l'in- 
fluence de  laquelle  la  hernie  se  réduit  avec  une  rapidité  surprenante,  deux 
ou  trois  minutes  en  moyenne. 

))  2°  Procédé  par  compression  directe  applicable  aux  hernies  peu  saillantes. 
—  On  passe  sous  les  reins  du  malade  la  plaque  lombaire  du  réducteur;  on 
applique  sur  la  hernie  la  pelote  réductrice,  armée  de  sa  tige  transversale, 
dont  les  extrémités  correspondent  à  celles  de  la  plaque  lombaire;  on  réunit 
ces  extrémités  correspondantes  au  moyen  de  plusieurs  tours  de  la  bande 
élastique:  cette  manœuvre  produit  déjà  une  compression  puissante;  puis,  si 
l'on  veut  l'augmenter  encore,  on  fait  mouvoir  la  vis  de  la  pelote  qui, 
remontant  la  tige  transversale,  tend  de  plus  en  plus  la  bande  de  caoutchouc 
et  produit  en  conséquence  une  pression  considérable,  mais  toujours  élas- 
tique. 


(  270  ) 

»  L.i  tliéorie  de  cette  méthode  est  basée  sur  ce  principe,  que,  dans  les 
hernies  étranglées,  ce  n'est  pas  l'orifice  herniaire  qui  se  resserre  pour  pro- 
duire l'étranglement,  mais  bien  l'organe  borné  qui  se  gonfle  et  vient 
s'étrangler  lui-même.  D'où  la  conséquence  qu'en  ramenant  par  une  com- 
pression méthodique  l'organe  tuméfié  à  son  volume  normal,  il  est  toujours 
possilile  de  le  faire  repasser  par  l'orifice  qu'il  avait  franchi.    » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  le  Maréchal  Vaillant  présente  une  Note  de  M.  Le  Mu//er  concernant 
une  espèce  de  coccus  indigène  de  l'Algérie  dont  la  couleur,  quand  on  l'é- 
crase, rappelle  celle  delà  cochenille,  Coccus  Opuntiœ,  et  dont  il  semble  qu'on 
pourrait  également  faire  usage  en  teinture.  L'auteur,  qui  est  attaché  à  la 
section  topographique  de  l'État-Major  général  à  Alger,  a  eu  l'occasion, 
dans  l'exercice  de  ses  fonctions,  d'observer  cet  insecte,  qui  est  très-abon- 
dant dans  le  Sahel,  surtout  dans  la  partie  nord.  On  le  trouve  principa- 
lement sur  des  plantes  de  la  famille  des  Ombellifères,  où  le  duvet  coton- 
neux, d'une  blancheur  éclatante,  dont  sou  corps  est  recouvert,  le  fait 
aisément  apercevoir.  S'il  se  trouvait  avoir  quelque  valeur  comme  substance 
tinctoriale,  il  serait  aisé  de  se  le  procurer  en  quantité,  et  il  y  aurait  ainsi  de 
l'occupation  pour  bien  des  petites  mains  encore  incapables  d'un  travail  plus 
pénible. 

La  Note  de  M.  Le  Mulier  et  un  spécitnen  de  ces  coccus  qui  l'accom- 
pagne sont  renvoyés  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Che- 
vreul  et  Blanchard. 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  — Remarques  à  l'occasion  du  dernier  Mémoire  de  M.  Raulin, 
sur  la  végétation  des  Mucédinées  ;  par  M.  G.  Vaille. 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Decaisne,  Peligot.) 

«  Depuis  le  jour,  maintenant  fort  éloigné  de  nous,  où  je  conçus  pour  la 
première  fois  le  dessein  de  rechercher  les  conditions  qui  règlent  la  produc- 
tion des  végétaux,  une  pensée  dominante  a  inspiré  mes  efforts  et  dirigé 
toutes  mes  tentatives.  Il  me  paraissait  que  le  but  que  je  me  proposais  serait 
atteint  si  l'on  parvenait  à  rendre  un  sol  artificiel  dépourvu  par  lui-même 
de  toute  fertilité  capable  de  produire  à  l'égal  de  la  bonne  terre.  Pour  cela 
il  fallait  évidemment  recourir  à  l'emploi  d'un  certain  nombre  de  corps 
déduits  de  la  composition  des  végétaux  eux-mêmes.  La  suppression  succès- 


(     271     ) 

sive,  mais  toujours  un  à  un,  de  chacun  des  termes  dans  le  mélaiiij;e  mitial 
employé  comme  l'expression  la  plus  parfaite  des  coiuiitions  de  fertilité, 
devait  mettre  en  évidence  leur  degré  d'importance. 

1)  Il  fallait  avant  tout  réussir  à  réaliser  un  milieu  passif  approprié  aux  exi- 
ueiices  de  la  vie  végétale;  il  fallait  aussi  se  soustraire  à  l'intervention  acci- 
dentelle  des  agents  dont  on  voulait  étudier  les  effets;  il  fallait  enfin, 
antérieiu'einent  à  toute  antre  question,  s'appliquera  découvrir  les  disposi- 
tions physiques  les  plus  favorables  au  succès  des  cultures  dans  ces  con- 
ditions artificielles.  Plusieurs  années  se  passèrent  donc  en  tâtonnements  et 
en  essais  de  tout  genre.  Un  jour  vint  cependant  où  je  pus  considérer  la 
méthode  d'expérimentation  à  laquelle  je  devais  me  confier  comme  défi- 
nitivement fixée  :  je  lui  dois  en  effet  la  réalisation  d'une  partie  des  recher^ 
ches  dont  j'avais  arrêté   le   plan  depuis  bien  longtemps. 

»  Il  importe  peu  au  but  que  je  me  propose  aujourd'hui  de  rappeler  sur 
quel  ordre  de  considérations  je  me  fondais  pour  composer  le  mélange  type 
destiné  à  la  fécondation  des  sols  artificiels,  il  me  suffira  de  dire  qu'il  était 
formé  par  la  réunion  des  produits  suivants  : 

i"  Matière  azotée  (i)  ; 

1"  Phosphate  de  chaux  ; 

3°  Phosphate  de  maynésie; 

4°  Sulfate  de  chaux  ; 

5°  Chlorure  de  sodiuui  ; 

6"   Hydrate  de  peroxyde  de  fer; 

-]"  Sihcate  de  potasse; 

8°  Sihcate  de  soude. 

»   Or,  quels  ont  été  les  résultats  des  expériences  dont  je  viens  de  rappeler 


(i)  Georges  Ville,  Recherches  expérimentales  sur  la  végétation,  iSS'].  Opuscule  in-8", 
p.  i55.  A  la  librairie  de  M.  Rlallet-Bachelier.  Comptes  rendus  de  r Académie  des  Sciences, 
i4  décembre  1857,  t.  XLV,  p.  997. 

Ces  premières  recherches,  exécutées  dans  des  pois  de  lerre  ordinaire,  à  cause  des  ayents 
qu'ils  cèdent  à  l'eau,  ne  produisirent  que  des  résultats  approximatifs  ;  ils  devinrent  défini- 
tifs à  mes  yeux  à  partir  de  i858,  lorsqu'on  commença  d'employer  des  pots  de  biscuit  de 
porcelaine  trempés  dans  la  cire  fondue.  (Comptes  rendus  de  V  Académie  des  Sciences,  \'i  sep- 
tembre i858,  t.  XLVII,  p.  438.)  Pour  la  suite  de  mes  recherches,  voyez  dans  le  même 
Recueil  aux  séances  suivantes  :  i3  septembre  i858;  21  mars  i85g;  i3  août  1860;  17  sep- 
tembre i86o;  Il  novembre  1861;  7  juillet   1862. 


(  272  ) 

l'origine  et  la  destination?  Quels  furent  les  effets  produits  par  la  sup- 
pression de  chaque  constituant  dans  le  mélange  précédent?  Elles  entraînè- 
rent un  abaissement  considérable  dans  le  poids  des  récoltes;  leur  absence 
alla  même  pour  les  phosphates  jusqu'à  rendre  la  végétation  absolument 
impossible.  Si,  pour  la  facilité  du  discours  et  l'évidence  de  la  discussion, 
nous  appelons  engrais  complet  la  réunion  des  huit  agents  que  nous  venons 
d'énumérer,  la  série  suivante  résumera  les  effets  les  plus  importants  que 

nous  avons  obtenus. 

1857.  1860.  1857. 

Engrais  complet  Engrais  complet  Engrais  complet 
1857.                         moins                       moins  moins 

Engrais  complet,     la  matière  azotée  la  potasse.  les  phosphates 

Récolte  sèche  produite  par  )     ^^jr^gg  6",85  6s%02  o5%6o 

ao  grains  de  froment.  .  ( 

»  Groupés  dans  le  même  ordre,  les  résultats  observés  par  M.  Raulin  sur 
VAscophora  nujrans  sont  exprimés  par  les  chiffres  suivants  : 

Récolte  sèche ao^'.oo  »  .^So5(.)  o^s5o 

»  Le  travail  de  M.  Rauhn  se  résout  donc  dans  une  application  aux  Mucé- 
dinées  de  la  méthode  appliquée  antérieurement  par  moi  aux  végétaux  supé- 
rieurs. Ses  résultats  confirment  les  miens  au  point  de  se  confondre  quel- 
quefois avec  eux. 

»  Les  résultats  que  je  viens  de  rappeler  présentent  un  grand  intérêt, 
non-seulement  par  la  lumière  qu'ils  répandent  sur  le  degré  d'utilité  des 
agents  régulateurs  de  la  production  des  végétaux,  mais  encore  par  le  moyen 
nouveau  et  inattendu  qu'ils  nous  offrent  pour  analyser  les  terres  à  l'aide 
d'essais  raisonnes  de  culture.  Je  m'explique  :  si  l'engrais  complet  produit  ao 
sur  une  terre  donnée,  et  que  sur  la  même  terre  l'engrais  privé  de  potasse 
produise  18,  17  ou  19,  n'est-il  pas  évident  que  le  sol  est  pourvu  de  cet 
alcali?  Ce  que  je  dis  de  la  potasse  s'applique  pareillement  aux  phosphates, 
à  la  matière  azotée,  etc.,  etc.  Suivant  donc  que  l'effet  des  engrais  incom- 
plets se  rapproche  ou  s'éloigne  de  celui  produit  par  l'engrais  complet,  on 
peut  conclure  avec  une  entière  sécurité  à  la  présence  ou  à  l'absence  dans 
'  le  sol  de  l'agent  qui  fait  défaut  dans  l'engrais  incomplet  lui-même.  Finale- 
ment on  peut  donc,  par  des  essais  de  cette  nature,  analyser  les  terres,  non 


(i)  M.  Raulin  a  supprime  à  la  fois  et  en  même  temps  la  potasse  et  la  magnésie. 


(  ^73  ) 

assurément  dans  toute  la  rigueur  de  ce  mot  ou  quantitativement,  mais  du 

moins  les  analyser  par  rapport  aux  besoins  des  végétaux  et  à  leur  moyen 

d'absorption,  ou  qualitativement,  ce  qui   n'est  pas  moins  difficile  et  bien 

autrement  essentiel. 

>)   Lorsque  les  récoltes  du  champ  d'expérimentation  de  Vincennes  seront 

terminées,  je  montrerai  combien  sont  intéressants  et  peuvent  devenir  utiles 

des  essais  de  cette  nature. 

)y  D'après  M.  Raulin,  les  Mucédinées  ne  tirent  point  d'azote  de  l'air.  Il 

n'a  jamais  réussi  à  constater  une  fixation  d'azote  ayant  cette  origine.  Je  ne 
sais  pas  jusqu'à  quel  point  on  ne  pourrait  pas  opposer  les  expériences  de 
M.  Jobin,  dont  les  résultats  ont  été  différents,  à  celles  de  M.  Raulin,  mais 
eu  supposant  celles  de  ce  dernier  inattaquables,  que  serait-on  fondé  à  con- 
clure à  l'égard  des  végétaux  supérieurs?  Ne  sait-on  pas  que  les  Mucédinées 
sont  impuissantes  à  réduire  l'acide  carbonique  de  l'air  pour  s'en  assimiler 
le  carbone  ?  Je  ne  présume  donc  pas  que  M,  Raulin  ait  l'intention  d'étendre 
ses  conclusions  aux  végétaux  les  plus  élevés.  Son  expérience  n'a  donc 
qu'un  intérêt  secondaire  pour  moi.  Mais  puisque  la  question  de  l'origine 
de  l'azote  dans  les  végétaux  semble  vouloir  renaître  de  ses  cendres,  à 
mon  tour  je  me  crois  autorisé  à  exprimer  mon  sentiment.  Ma  déclaration 
sera  courte  et  nette  :  je  maintiens  dans  toute  leur  intégrité  mes  anciennes 
conclusions.  Depuis  1857  je  n'ai  pas  cessé  un  seul  jour,  de  près  ou  de  loin, 
de  m'occuper  de  ce  grave  sujet.  Or  mes  recherches,  qui  du  laboratoire 
se  sont  étendues  à  la  grande  culture,  m'autorisent  à  formuler  à  titre  de  con- 
clusions les  deux  propositions  suivantes  : 

»  1°  Il  y  a  des  cultures  dont  les  produits  contiennent  beaucoup  d'azote, 
et  sur  le  rendement  desquelles  les  nitrates  et  les  sels  ammoniacaux  n'exer- 
cent aucune  influence. 

»  2°  Dans  un  sol  artificiel  d'une  composition  invariable^  le  choix  indi- 
viduel de  certaines  graines  détermine  un  excès  de  rendement  quelquefois 
énorme  et  une  fixation  d'azote  considérable  (2  à  3  grammes);  effet  qu  il  est 
impossible  de  produire  par  l'addition  d'une  matière  azotée  dans  le  sol. 

»  J'ai  l'honneur  de  placer  sous  les  yeux  de  l'Académie  un  tableati  photo- 
graphique fort  éprouvé  par  l'usage,  car  il  sert  depuis  1860  aux  démonstra- 
tions de  mon  cours  au  Muséum  d'Histoire  naturelle,  et  où  sont  représentés 
les  effets  que  je  viens  de  rappeler  eu  regard  de  ceux  de  M.  Raulin.  » 

C.    R.,  i863,  2""^  Semestre,   T.  LVll,  N»  S.)  ^7 


(  274  ) 

PHYSIOLOGIE.  —    De  l' absorption  des  tnédicainenls  par  ta  peau  saine. 
Note  de  M.  X.  Delore,  présentée  par  M.  Bernard. 

(Commissaires,  MM.  Rayer,  Bernard,  Longet.) 

'(  Les  médicaments  qu'on  applique  sur  la  peau  saine  sont-ils  absorbés? 
Telle  est  la  question  dont  j'ai  cherché  la  solution  et  qui  a  soulevé  les  opi- 
nions les  plus  diverses.  Je  pense  que  l'aclion  d'un  grand  nombre  de  médi- 
caments se  borne  à  une  impression  locale  sur  les  papilles  du  derme  ;  ainsi 
les  narcotiques  ont  une  action  sédative,  les  résolutif* une  action  excitante; 
de  même  la  plupart  des  eaux  minérales.  Je  suis  loin  cependant  de  nier  l'ab- 
sorption cutanée. 

)i  Pour  moi,  un  médicament  absorbé  est  celui  qui  s'est  introduit  dans 
les  vaisseaux  du  derme,  et  dont  on  retrouve  la  trace  évidente  dans  l'orga- 
nisme. Il  y  a  pour  constater  l'absorption  un  procédé  médical  qui  peut  in- 
duire en  erreur,  car  l'effet  thérapeutique  n'implique  pas  nécessairement 
l'absorption  du  médicament.  Il  y  a  aussi  un  procédé  physiologique  que  j'ai 
suivi  exclusivement.  J'ai  admis  la  pénétration  du  mercure,  quand  il  y  avait 
salivation;  de  la  belladone,  quand  il  y  avait  dilatation  de  la  pupille;  de 
l'iode,  quand  je  le  retrouvais  dans  les  urines.  J'ai  entouré  mes  recherches, 
qui  ont  été  fort  nombreuses,  de  toutes  les  précautions  possibles,  pour  les 
rendre  plus  positives. 

»  J'ai  seulement  relaté  1 17  observations  :  voici  l'indication  sommaire 
des  substances  employées  ;  pommade  iodure  de  potassium,  10  cas;  pom- 
made iodure  de  potassium  rance,  3;  pommade  iodée,  6;  baume  de  Lau- 
sanne, i5;  comparaison  du  baume  de  Lausanne  et  de  la  pommade  iodure 
de  potassium,  (i  ;  baume  de  Lausanne  glycérine,  3  ;  baume  de  Lausanne  et 
huile  d'amandes  douces,  4;  glycérolés,  5  ;  pommade  au  beurre  de  cacao,  2; 
huile  iodée,  3;  solutions  dans  l'eau  pure,  a;  baume  iodure,  5;  frictions 
diverses,  i5;  emplâtres,  10;  belladone,  i3;  bains,  4»  cyanure  jaune,  3; 
préparations  mercurielles,  8. 

»  Les  expériences  faites  dans  ces  117  observations  sélèvent  au  chiffre 
de  i38,  qui  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

»   Résultats  positifs,  i\g;  négatifs,  60;  douteux,  9. 

»   Dans  la  moitié  des  faits,  il  y  a  donc  eu  absorption. 

»   De  ces  recherches  je  tirerai  les  conclusions  suivantes  : 

»  i"  La  peau  saine  est  susceptible  d'absorber  toutes  les  substances  so- 
lubles  dans  l'eau  ; 


(  275  ) 

»  2°  Cette  absorption  est  tellement  difficile  et  irrégulière,  qu'on  no  peut 
compter  SIM' la  méthode  ialraleptique  d'une  façon  certaine. 

»  3''  L'absorption  de  la  peau  est  favorisée  ou  contrariée  par  plusieurs 
conditions  qui  sont  relatives  : 

»  A.  A  l'énen/ie  ou  à  la  mollesse  du  sujet,  qualités  qui  ont  une  grande 
influence  sur  l'absorption.  Quant  à  l'âge,  mes  expériences  me  permettent 
de  conclure  qu'elle  est  plus  facile  chez  les  jeunes  sujets.  Elle  se  fait  égale- 
ment mieux  dans  les  points  où  la  peau  est  mince,  comme  les  bourses,  le 
cou,  les  aisselles,  etc.;  c'est  le  contraire  dans  les  lieux  où  elle  est  plus  épaisse, 
comme  au  dos  et  aux  jambes.  L'étendue  de  la  surface  sur  laquelle  on  fric- 
tionne et  la  durée  de  la  friction  ont  une  influence  prononcée  sur  son 
succès. 

w  B.  A  la  nature  du  médicament.  —  Les  sels  solubles  que  j'ai  expérimentés 
m'ont  paru  jouir  d'un  degré  d'absorption  identique.  J'ai  choisi  pour  type 
l'iodure  de  potassium,  à  cause  de  son  innocuité  et  de  la  facilité  de  le  re- 
connaître ;  je  crois  pouvoir  appliquer  les  données  qu'il  m'a  fournies  à  tous 
les  sels  également  solubles. 

»  I^es  substances  insolubles  ne  sont  jamais  absorbées;  j'en  excepte  le 
mercure  métallique,  qui  jouit  d'une  remarquable  facilité  de  s'introduire  à 
travers  la  peau. 

))  L'eau  simple  employée  comme  véhicule  jouit  d'une  efficacité  à  peu  près 
nulle.  L'axonge,  l'huile,  le  beurre  de  cacao,  la  glycérine  n'ont  pas  de 
}>ouvoir  spéciaL 

»  Le  meilleur  moyen  pour  faire  absorber,  c'est  d'employer  une  substance 
ii'ritante.  Les  alcooliques  et  les  alcalins  séparés,  mais  surtf>ut  unis  ensemble, 
réussissent  fort  bien.  Ils  favorisent  l'absorption  en  amincissant  l'épiderme, 
car  si  leur  emploi  est  trop  prolongé  il  se  produit  des  excoriations.  Le  mé- 
dicament qui  m'a  fourni  les  résultats  les  plus  constants  et  les  plus  réguliers 
est  ce  que  j'ai  appelé  le  baume  de  Lausanne;  il  contient  de  l'iodure  de 
]iotassium  incorporé  à  du  savon  et  à  de  l'alcool.  L'iodure  de  potassium 
peut  être  remplacé  avec  succès  par  du  sulfate  d'atropine  ou  tout  autre  sel 
soluble. 

»  C.  Au  mode  d'emploi  du  médicament.  — .Les  corps  gras,  comme  véhicule, 
sont  préférables;  ils  permettent  en  effet  de  prolonger  la  friction,  qui  est  le 
meilleur  mode  pour  faire  pénétrer  les  médicaments,  à  cause  de  la  pression 
qui  l'accompagne  toujours.  Les  pommades  remplissent  bien  ce  but;  mais  il 
faut  en  varier  la  composition  suivant  l'irritabilité  du  sujet  ou  delà  région. 

37.. 


(  276) 
La  chaleur  est  favorable  à  l'absorption  ;  elle  rend  en  effet  l'épiderme  moins 
résistant  et  la  desquamation  des  cellules  superficielles  plus  facile. 

g  4°  Causes  d'erreurs.—  Un  malade  qui  prend  son  repas  les  mains  encore 
enduites  d'une  pommade  dont  il  veut  se  frictionner,  peut  fort  bien  en  avaler 

sans  le  savoir. 

»  L'absorption  pulmonaire  peut  aussi  servir  de  porte  d'entrée  pour  les 
médicaments  volatils.  Mes  recherches  m'ont  appris  que  cette  absorption 
était  insio^nifiante  pour  l'iode,  et  nulle  pour  le  mercure  et  la  belladone.  » 

M.  GouBADx  adresse  d'Alfort  un  «  Mémoire  sur  un  monstre  double  para- 
sitaire de  la  famille  des  Polygnathiens  et  du  genre  Épignathe.  « 

L'animal  observé  par  M.  Goubaux  est  une  génisse  âgée  de  quinze  mois 
environ  que  possède  l'Hippodrome  de  Paris.  Cette  bête,  très-vigoureuse  et 
bien  portante,  a  le  corps  et  les  membres  normalement  conformés  ;  mais  la 
tète  présente  plusieurs  particularités  remarquables. 

Le  front  est  muni  de  deux  cornes  qui  ont  la  position  et  la  grandeur  ordi- 
naires ;  de  plus,  deux  autres  cornes  tout  aussi  longues,  dirigées  en  avant  et 
divergentes,  naissent  d'une  saillie  située  à  la  hauteur  des  yeux.  Au-dessous 
de  cette  saillie  se  présente  un  petit  corps  ayant  la  forme  d'un  mamelon,  mais 
recouvert  de  poil  comme  toute  la  peau  environnante.  A  droite  et  à  gauche 
sont  des  paupières  libres  garnies  de  cils  à  leurs  deux  bords,  et  un  peu 
au-dessous  se  montrent  les  vestiges  d'une  troisième  paupière.  Le  doigt 
introduit  dans  ces  fentes  ne  fait  reconnaître  aucun  représentant  du  globe 
de  l'œil.  Enfin  les  narines  sont  au  nombre  de  trois,  dont  les  deux  extrêmes 
sont  bien  conformées  pendant  que  la  moyenne  semble  résulter  de  la  fusion 
de  deux  cavités  en  une  seule. 

Le  Mémoire  de  M.  Goubaux  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission 
composée  de  MM.  Serres  et  Milne  Edwards. 

CORRESPONDANCE . 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  autorise  l'Académie  à  prélever 
sur  les  fonds  restés  disponibles  la  somme  qu'elle  avait  demandée  pour  cou- 
vrir les  frais  de  gravure  et  de  tirage  des  planches  appartenant  à  un  volume 
des  Mémoires  actuellement  sous  presse. 

L'Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Lyon  adresse,  pour 
la  bibliothèque  de  l'Institut,  deux  nouvelles  suites  de  ses  Mémoires  : 
Sciences,  t.  X,  XI  et  XII;  Letlres,  t.  VIII,  IX  et  X. 


(  ^77  ) 

La  Société  d'Agricultcre,  d'Histoire  naturelle  et  des  Auts  utiles  de 
Lyon  adresse  de  même  les  tomes  IV,  V  et  VI  de  ses  Annales. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  l'auteur,  M.  F.  Balley, 
un  Mémoire  imprimé  ayant  pour  titre  :  «  Endémo-épidémie  et  météorologie 
de  Rome  :  études  sur  les  maladies  dans  leurs  rapports  avec  les  divers 
agents  météorologiques  ».  Ce  travail  est  accompagné  d'un  Atlas  dans 
lequel  les  résultats  des  observations  faites  à  Rome  de  i85o  à  1861  sont 
offerts  dans  des  tableaux  synoptiques  et  figurés  par  des  courbes  de  manière 
à  faire  ressortir  la  connexion  entre  la  météorologie  et  la  palhogénie. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  encore,  parmi  les  pièces  imprimées 
de  la  Correspondance,  un  travail  de  M.  BrunSécliaud,  intitulé  :  «  De  l'alié- 
nation mentale  considérée  au  point  de  vue  étiologique,  et  de  la  coloni- 
sation comme  moyen  hygiénique  et  curatif  de  cette  maladie  ». 

Ce  Mémoire  est  destiné  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  Chi- 
rurgie. 

«  M.  Dumas  présente  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Debray,  professeur  au 
lycée  Charlemagne,  un  ouvrage  intitulé  :  Cours  élémentaire  de  Chimie. 

»  M.  Dumas,  qui  a  examiné  cet  ouvrage  avec  une  attention  particulière, 
serait  heureux  de  lui  donner  les  éloges  que  méritent  la  clarté  de  sa  rédac- 
tion et  le  choix  des  matériaux.  Mais,  l'auteur  ayant  cherché  à  reproduire 
l'enseignement  de  M.  Dumas  lui-même,  et  ayant  fait  un  emploi  très-intel- 
ligent des  notes  que  ce  dernier  avait  mises  à  sa  disposition,  il  ne  reste  k 
M.  Dumas  qu'à  le  remercier  d'avoir  rajeuni  et  conservé  la  tradition  d'un 
cours,  résultat  de  trente  années  d'études  et  d'observations  assidues  effec- 
tuées sur  le  public  nombreux  et  choisi  qui  fréquente  la  Sorbonne.   »| 

ASTRONOMIE.  —  Livres  astronomiques  du   roi  D.   Alphonse  X  de  Castille, 

recueillis,  annotés  et  commentés  parD.  M.  Rico  y  Sinobas.  (Ouvrage  publié 
par  ordre  royal.  Grand  in-folio;  Madrid,  i863.  Premier  volume  présenté 
par  M.  Le  Verrier.) 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  dit  M.  Rico  y  Sinobas,  le 
premier  volume  imprimé  des  ouvrages  astronomiques  écrits  dans  le  xnf 
siècle  par  l'ordre  formel  du  roi  de  Castille,  Alphonse,  dit  le  Savant,  auquel 
ils  ont  valu  la  gloire  d'être  appelé  un  des  plus  grands  astronomes  de  son 


{  ^78  ) 
feiiipS;  comme  aussi  le  plus  grand  politique  de  son  siècle  pour  ses  Codes 
civil,  administratif  et  pénal,  et  l'écrivain  le  plus  éloquent  pour  ses  ouvrages 
historiques,  poétiques  et  littéraires. 

u  Sans  s'occuper  de  ce  qui  a  rapport  aux  travaux  législatifs,  poétiques 
et  littéraires  du  roi  Alphonse,  j'espère  que  l'Académie  voudra  bien  fixer 
son  attention  sur  le  premier  volume  des  ouvrages  astronomiques  qjii,  en 
Espagne,  sont  appelés  Àl/j/tonsiiis,  comme  témoignage  de  respect  et  de  con- 
sidération pour  l'ancien  roi  de  Castille  et  empereur  élu  d'Allemagne. 

»  On  trouvait  incomplet  l'original  manuscrit  de  cet  ouvrage,  qui  est 
longtemps  resté  dans  la  bibliothèque  de  l'Université  d'Alcala,  et  auquel  il 
manquait  soixante  grandes  feuilles  en  parchemin  ;  mais  on  a  réussi  à  le 
compléter,  grâce  aux  travaux  et  investigations  de  M.  Rico  y  Sinobas,  Mem- 
bre de  l'Académie  des  Sciences  de  JMadrid.  Il  y  a  deux  ans  que  j'ai  exa- 
miné la  copie  de  l'ouvrage  complet  du  roi  Alphonse,  dans  lequel  je  trouvai 
un  des  premiers  livres  sur  l'Astronomie  piatique  des  astronomes  d'Occident, 
écrit  en  espagnol,  sous  la  direction  de  ce  roi.  Pas  de  grec,  pas  de  latin, 
pas  (l'arabe;  c'était  ime  de  nos  langues  vulgaires  et  occidentales,  dans  le 
but  sans  doute  que  la  vraie  science,  fille  de  tous  les  siècles,  pût  être  bien 
étudiée  et  bien  comprise  en  Europe  par  le  plus  grand  nombre  d'hommes 
du  moyen  âge  et  des  époques  suivantes.  L'Académie  apprécie  bien  qu'il 
sei'ait  très-facile  de  faire  de  grandes  et  importantes  réflexions  philoso|)hi- 
ques  sur  cette  heureuse  hardiesse  de  i-os  devanciers,  à  laquelle  nous 
sommes  redevables  d'iui  ouvrage  écrit  au  milieu  du  xni"  siècle,  avec  le 
seul  secours  d'une  de  nos  langues  d'Occident;  toutefois,  pour  ne  pas  m'ex- 
poser  à  fatiguer  l'attention  de  l'Académie,  je  passerai  tout  de  suite  au  fond 
même  de  l'ouvrage.  Il  fut  divisé  par  le  roi  Alphonse  en  seize  parties;  mais, 
observe-t-il,  en  raison  du  besoin  qu'avaient  les  anciens  astronomes  de  con- 
naître toutes  les  constellations,  leurs  noms  et  la  place  de  la  plus  i;,rande 
partie  des  étoiles,  il  vouUit  que  son  ouvrage  commençât  par  un  Catalogue 
des  étoiles  fixes  arrangé  et  rectifié  pour  son  temps,  et  devant  en  quelque 
sorte  servir  d'introduction  aux  autres  parties  de  l'œuvre  dans  lesquelles  il 
devait  être  traité  des  appareils  et  instruments  nécessaires  pour  observer  les 
positions  et  les  mouvements  des  étoiles  fixes,  comme  des  planètes  nommées 
étoiles  movediras  (mouvantes). 

«I  Ce  Catalogue  forme  une  partie  de  ce  premier  voluine,  et  Alphonse  le 
Savant  nous  dit  que  c'est  le  même  qu'on  avait  trouvé  dans  le  cahier  de 
son  siècle,  sous  le  nom  de  Ptolémée,  mais  avec  l'addition  de  17°  8'  en  lon- 
gitude pour  le  mouvement  séculaire  des  fixes,  ainsi  que  les  calculs  et  les 


(  279  ) 
observations  le  lui  avaient  fait  reconnaître.  Cependant,  dans  le  Catalogue  Ai- 
phonsin,  on  trouve  supprimées  différentes  étoiles  de  Ptolémée,  comme  la 
So"^  du  Centaure  et  la  i  i''  du  Loup,  et  de  plus  sept  étoiles  du  Poisson  mé- 
ridional, pai'ce  que  les  plus  savants  astronomes  du  xiii'^  siècle,  ainsi  que 
d'autres  plus  anciens,  au  dire  du  roi  Alphonse,  avaient  cherché  lesdites 
étoiles  dans  les  endroits  signalés  par  Ptolémée,  et  personne  n'avait  pu  réus- 
sir à  les  y  distinguer. 

M  Le  Catalogue  Alphonsin  est  divisé  en  quatre  livres.  Dans  les  trois  pre- 
miers, on  traite  des  constellations  boréales,  zodiacales  et  méridionales; 
dans  le  quatrième,  les  astronomes  de  l'ancien  Tolède  ont  réuni  tous  les 
noms  que  les  Arabes  avaient  donnés  à  33o  des  principales  étoiles,  et  l'in- 
terprétation,  en  espagnol  du  xiii*^  siècle,  desdits  noms,  suivie  de  cinq 
notes  additionnelles  :  la  première,  sur  les  44  étoiles  choisies  par  Ptolémée 
pour  les  placer  dans  son  Astrolabe  ;  la  seconde,  sur  les  étoiles  nébuleuses 
qui  ne  furent  pas  nommées  par  Ptolémée;  la  troisième,  sur  les  47  étoiles 
fixes  dont  ce  même  astronome  n'avait  pas  fait  mention  également;  la  qua- 
trième, sur  les  i4  étoiles  rectifiées  et  observées  directement  à  Tolède,  par 
l'ordre  du  roi  Alphonse,  pour  les  placer  dans  son  Astrolabe;  la  cinquième 
enfin,  sur  les  quatre  parties  du  ciel  dans  lesquelles  on  ne  peut  voir  aucune 
étoile. 

»  En  outre,  dans  ce  Catalogue  se  trouvent  réunies  quelques  explications 
éloquentes  et  poétiques  sur  les  étoiles  et  sur.  les  constellations  d'une  cer- 
taine importance  pour  l'histoire  de  l'Astronomie,  et  quelques  indications 
très-courtes  sur  l'Astrologie.  Par  les  premières,  il  est  bien  facile,  je  crois, 
d'apprécier  les  vérilabk^s  lumières,  comme  astronome,  du  roi  Alphonse, 
qui,  non  content  deconsmenter  et  de  coordonner  les  opinions  des  savants 
de  son  époque,  fit  encore  écrire  différents  ouvrages  d'Astronomie  pratique, 
dont  il  traça  lui-même  le  plan;  il  y  ajouta  des  indications  très-importantes 
sur  les  principes  scientifiques  qui  devaient  former  la  base  du  travail,  et  sur 
les  ouvrages  qui,  croyait-il,  pouvaient  fournir  d'utiles  connaissances  pour 
le  meilleur  achèvement  de  son  grand  Codex  d'Astronomie. 

»  Je  présenterai  à  l'Académie  \\u  seul  morceau  détaché  de  ce  premier 
volume,  pour  prouver  la  manière  singulière  avec  laquelle  le  roi  Alphonse 
traitait  dans  son  époque  certaines  questions  astronomiques,  bien  qu'elles 
aient  perdu  aujourd'hui  de  leur  importance. 

»  En  traitant  de  la  Petite  Ourse,  le  roi  Alphonse  tlit  :  «  Il  y  a  des  astro- 
»  nomes  qui  l'ont  supposée  un  char  avec  son  timon,  d'autres  disent  qu'elle 
»   avait  la  forme  d'un  animal  qui  pouvait  être  tout  aussi  bien  un  lion,  un 


(  28o  ) 
»  ioup,  un  chien,  qii  une  ourse  femelle  ou  mâle.  Voilà  donc  1  existent' 
n  d'animaux  célestes  habitant  l'endroit  du  ciel  où  se  trouve  cette  constella- 
)'  tion  reconnue  par  les  anciens  savants,  et  cela  parce  qu'ils  avaient  aperçu 
))  quatre  étoiles  en  forme  carrée  et  trois  en  ligne  droite.  Il  fallait  que  leur 
»  vue  eût  mie  portée  bien  plus  grande  que  la  nôtre,  que  l'air  fût  trcs-clair. 
i>  Puisqu'ils  disent  que  c'est  une  ourse,  admeltons-le  avec  eux;  ils  furent 
»  bien  heureux  de  pouvoir  le  reconnaître.   » 

»  En  finissant  ce  Rapport,  je  dirai  à  l'Académie  qu'avec  l'ouvrage  d'As- 
tronomie pratique  du  roi  Alphonse  le  Savant,  un  des  plus  grands  amis  de 
sauit  Louis  de  France,  la  science  a  trouvé  des  livres  bien  peu  connus  sur  les 
règles  qu'avaient  suivies  les  artistes  des  xi*  et  xill*^  siècles,  à  Tolède,  dans 
la  construction  des  instruments  astronomiques,  et  de  plus  la  méthode  em- 
ployée par  les  astronomes  de  la  même  époque  pour  faire  leurs  observations, 
et  pour  résoudre  les  ion  ou  i  lo  problèmes  les  plus  élevés  de  l'Astronomie 
à  l'aide  desdits  instruments  :  les  quadrants,  les  grandes  armilles,  les  astro- 
labes ronds  et  plats,  particuliers  et  universels,  l'horlogerie  solaire,  hydrau- 
lique et  mécanique,  à  roues,  poids  moteurs,  avec  des  régulateurs  très-ingé- 
nieux, le  tout  appliqué  à  l'Astronomie,  pour  que  cette  science  fût  utile 
à  son  tour  et  avantageusement  appliquée  à  la  Cosmographie,  la  Géodésie, 
la  Géographie,  l'Art  nautique,  et  à  d'autres  connaissances  des  anciens  temps. 
Voilà,  dans  un  petit  résumé,  l'ouvrage  du  roi  Alphonse,  très-heureux  dans 
la  société  de  ses  astronomes,  mais  qui,  d'après  l'histoire,  ne  connut  pas  le 
bonheur  au  sein  de  sa  famille.   « 

ASTRONOMIE.  —  Lumière  zodiacale.  —  Bolide  du  4  mars  i863.  Extrait  d'une 
Lettre  de  M.  le  D"^  Heis,  professeur  à  l'Université  de  Munster,  à  M.  Faye. 

«  Je  ine  proposais  depuis  longtemps  de  vous  communiquer  les  obser- 
vations que  je  vous  avais  promises  sur  la  lumière  zodiacale;  malheureuse- 
ment je  n'ai  point  obtenu  les  observations  correspondantes  d'Australie  sur 
lesquelles  je  comptais.  Voici  ce  que  M.  Neumayer,  directeur  du  FlacjslafJ 
Observalory .,  à  Melbourne,  m'écrit  à  ce  sujet,  en  date  du  2^  février  dernier  : 
«  Je  dois  vous  faire  remarquer  que  la  saison  actuelle  n'est  pas  favorable  à 
))  ces  observations  dans  le  voisinage  des  côtes  :  le  soir,  la  lumière  zodia- 
»  cale  est  à  peine  visible,  et  après  minuit  le  ciel  se  voile,  en  sorte  que  tous 
))  mes  efforts  pour  obtenir  des  observations  correspondantes  aux  vôtres 
»  ont  été  sans  résultats.  En  juin,  juillet  et  août,  le  ciel  sera  plus  favorable 
»  et  je  ne  manquerai  pas  de  vous  communiquer  mes  résultats,  »  Quant  à 


(  28.  ) 
moi,  j  observe  ce  phénomène  d'une   manière  régulière;  je  vous  prie  de 
communiquer  à  l'Académie  les  observations  que  j'ai  faites  depuis  la  fin 
de  1862. 

»  Dans  peu  de  temps  j'aurai  le  plaisir  de  vous  adresser  le  résultat  de 
mes  recherches  sur  un  grand  bolide  qui  a  été  vu  le  4  mars  dernier  eu 
Allemagne,  en  Belgique  et  en  Angleterre.  Je  me  suis  donné  beaucoup  de 
peine  pour  en  déterminer  la  trajectoire  aussi  exactement  que  possible,  et 
je  ne  crois  pas  m'écarter  beaucoup  de  la  vérité  en  assignant  pour  la  hau- 
teur du  bolide  au  début  et  à  la  fin  de  l'apparition  les  chifCres  de  i3/j  et  de 
26  kilomètres  au-dessus  du  sol.  La  vitesse  était  de  63,3  kilomètres  par 
seconde  et  le  diamètre  de  421  mètres.    « 

ASTEOINOMIE.  —  Observations  sur  la  lainière  zodiacale^,  jailes  à   Munster,  en 
Westphalie  (5i"58'  10",  latitude  21"  10''  E.   Paris);  par  M.  Heis. 

«    1862.    Dec.     1-4.       i'j''45"'.   La  lumière  zodiacale  vers  S. -E.  très-faible. 
Dec.  g  et  10.   ^''.   La  lumière  zodiacale  vers  S. -O.  très-faible. 
Dec.    16.  6''.  La  lumière  zodiacale  faible. 

Bord  supérieur:  a=3oo"',  iî=— 1°,  Sac"— 2»,  34o°-t-3'',  SSo^+S". 
Sommet  :   36o°  +  4''  (')• 

Bord  inférieur  :  35o°  —  4°»  34o°  —  11°,  320°  — 21". 
Dec.   22.        G*"  i5".  La  lumière  zodiacale  faible. 

Bord  supérieur:    2go''  +  6",   3oo°  + 6°,  3io''-4- 5",   Sao^  +  S", 

335° +  5",  340" -+-3°. 
Sommet  :   347°  H-  2°. 

Bord  inférieur  :  345°  — 7°,   34o°  —  1 1",  33o°  — 18°,   320"— 21°, 
3io°—  i5". 
»    i863.    Janv.   9.  6'' 45'".   Bord  supérieur:  340°+ 12°,  0"+ 125°,  io°-f-ii°. 

Sommet  :  21°+ 8°. 

Bord  inférieur  :  io°+io°,  0° — 5°,  35o° —  10°,  340°—  i5°. 
Janv.    i5.       ô""  3o'°.   La  lumière  zodiacale  passablement  claire. 

Bord  supérieur:  32o° +  12°,  33o°  +  i  2°,  34o°  +  ii°,  35o°+io°, 

o°4-  10",  io°+io°. 
Sommet:  20° -f- 6°. 

Bord  inférieur  :  10°  +  4°,  0°  —  5°,  35o°  —  1 1°. 
Févr.  5.  8''.  La  lumière  zodiacale  claire. 

Bord  supérieur  :  34o°+i3'',   35o°  +  i4°,  0° -f- i4°>  io°+i4°. 

Sommet  :  23°+  12°. 

Bord  inférieur:  20° +  5°,  10° — 4°;  0°—  '3°. 

(i)  Le premiernombre  désigne  l'ascension  droite,  le  second  la  déclinaison  du  point  observe. 
G.  R.,  i8C3,  2"":  Semestre.  (T.  LVU,  N»  i>.)  38 


(    282     j 

Fpvr.  9.  8".  Bord  siipcrieiir  :  340°+ 16»,  350°+  17°,  oo-t-iS",  10° -1-  19', 

20°+i9°,5,  3o°  +  2o°,  4o°+  19°. 
Sommet  :  45°+  17°. 

Bord  inférieur  :  4o°+  12",  3o°  +  3",  20"'  —  6",  10"  —  i5". 
F<"vr.    i4-        8".  Bord  supérieur  :  34o"+i7'',  35o°+ 18°,  o°+i9'',  10° -1-21'', 
20" +  21",  30°+ 22°,  4o"  +  22''. 
Sommet  :  49°  +  20°. 

Bord  inférieur  :  4°"  +  10°,  3o"  +  2",  20"  —  7°,  10"  —  16°. 
Févr.    l5.       &'.  Sommet  :  5i° +  21". 

Les  bords  les  mêmes  quii  févr.  14. 
Févr.    17.        8''.  La  lumière  zodiacale  très-claire,  la  couleur  orange,  en  compa- 
raison avec  la  voie  lactée. 
Bord  supérieur  :  34o"  +  25°,   35o°  +  25°,  0°  +  26°,   10° +  27°, 

20°  +  26°,  3o°  +  25°,  40"  +  24°. 
Sommet  :  53° +  21°. 

Bord  inférieur  :   5o°  +  1 5°,  ^o"  +  9°,  3o°  +  0°,  20"  —  1 1". 
Févr.   20.       8''.  La  lumière  zodiacale  visible  (l'âge  de  la  lune  aJ  16''),  les  bords 

ne  sont  pas  distincts. 
Mars  8.  8\  Bord  supérieur;  ]o°  +  33°,  2-,°  +  Sa",  3o° +  3i",  4o° -t-3o°, 

5o°  +  28°,  60"+ 25°. 
Sommet  :  65° +  23°. 

Bord  inférieur  :   5o°  +  1  3°,  4»°+  7",  3o"  +  2°,  20  —  4"- 
Avril  (i.         9"i5"'.    Bord    supérieur:    4o°  +  43°,    5o°  +  42°,     60° +  39°, 
70°  +  35",  80°  +  3o",  90°  +26°. 
Sommet  :  98°  +  22". 
Bord  inférieur  :  90"  +  20°,    80°+ 16",     70°+ 1 3°,    60° +9", 

5o°+  1°. 
La  lumière  zodiacale  était  très-claiie  dans  la  région  des  Pléiades. 
Avili    1  o.        9".  Bord  supérieur  :  5o°  +  42°,  60°  +  4o°,  70°  +  37",  80"+  34°, 
90"  +  3o". 
Sommet:  98° +25°. 

Bord  inférieur  :  90°  +  20°,  80"  +  16",   70"  +  1 3°,  60°  +  9". 
Avril  11.         8''  i5".  Les  bords  les  mêmes.    1  i""  So"  dans  les  constellations  de- 
là Balance  et  de  la  Vierge,  une  faible  lueur  à  remarquer. 
Avril  1 3  et  14.  8'' 45".    Bord    supérieur:     20°  +  43°,     3o°  +  44°>    4o°-t-44% 
5o°+43°,  60" +  42°,  70°  +  4o°,  8o"  +  39",  9o°  +  35°. 
Sommet  :  99°  +  29°. 

Bord  inférieur  :  90°  +  ao",  80"  +  1  7°,  70"  +  1 0°,  60"  +  6^ 
La  lumière  zodiacale  très-claire,  les  limites  très-distinctes. 
Avril  i9et  20.  9''.  La  lumière  zodiacale  très-large. 

Bord  supérieur  :    4o"  +  44°>    ^0°  +  44";    '^o"  +  4 '  ".   70"  -I-  39°. 

80°  +  38",  90»  +  35°. 
Sommet:    100° +  28°. 
Bord  inférieur  :  95°+  17°,  90°+  i3",  80"+  10".    » 


(  283  ) 

CHIMIE.   —  Note  sur  les  volumes  spécifiques  des  combinaisons  liquides; 

par  M.  Hermaw  Kopp. 

«  Mes  recherches  sur  les  volumes  spécifiques  des  combinaisons  liquides 
ont  démontré,  pour  un  grand  nombre  de  cas,  qu'il  y  a  égalité  des  volumes 
spécifiques  (pris  pour  les  points  d'ébullition)  pour  des  substances  isomères 
ou  dont  l'une,  comparée  à  l'autre,  contient  dans  sa  formule  nG  de  plus 
et  a«H  de  moins;  de  plus,  que  les  volumes  spécifiques  de  deux  combinai- 
sons, dont  les  formules  diffèrent  de  nGfP',  différent  de  72.22. 

»  Ces  régularités  ne  sont  pas  restreintes  aux  combinaisons  analogues  ou 
douées  du  même  caractère  chimique.  La  régularité  qu'une  différence  des 
volumes  spécifiques  =^n.2'2  correspond  à  luie  différence  nGH-  dans  les  for- 
nmles  n'existe  pas  seulement  pour  les  séries  homologues,  mais  aussi  pour 
des  combinaisons  d'un  caractère  chimique  différent,  comme  c'est  le  cas 
pour  l'aldéhyde  G^WQ  et  l'acétone  G'H'=€^,  ou  pour  l'alcool  G'H^O  et 
léther  G'H'"©,  etc.  L'égalité  des  volumes  spécifiques  n'existe  pas  seule- 
ment pour  des  combinaisons  isomères  dont  le  caractère  chimique  est  le 
même,  comme  pour  l'amyle  et  le  butyl-caproyle  (G" II--)  ou  le  formiate 
d'éthyle  et  l'acétate  de  mélhyie  (G'FPO^),  etc.,  mais  aussi  pour  des  com- 
binaisons d'un  caractère  chimique  aussi  différent  que  l'acide  acétique  et  le 
formiate  de  méthyle  (G-H'O-),  ou  l'éther  éthylique  et  l'alcool  butyli- 
lique  (G'H'"Ô),  etc.  Enfin,  l'égalité  des  volumes  spécifiques  des  combi- 
naisons différant  dans  leurs  formules  de  -hriG  et  — 2 «H,  n'existe  pas 
seulement  pour  des  combinaisons  dont  le  caractère  chimique  est  le  même, 
comme  pour  les  acides  benzoique  et  valérique  (G'H'O-  et  CH'^O"),  ou 
pour  le  benzoate  de  méthyle  et  le  butyraîe  d'éthyle  (G'H'O'  et  CH'^O^),  ou 
pour  le  benzoate  de  benzyle  et  le  valérate  d'amyle  (G'*H''0'  et  G'^H'^O'^), 
ou  pom^  l'aniline  et  la  butylamine  (G^H'N  et  G'H"N),  ou  pour  le  benzo- 
nitrile  et  la  valéronitrile  (G'H'^N  et  G^H'N),  etc.,  mais  aussi  pour  des  com- 
Innaisons  dont  la  caractère  chimique  est  tout  à  fait  différeni,  comme  poui- 
le  phénol  et  l'élhcr  éthylique  {G''H''0  et  G*H'"0),  ou  pour  le  cymol  et  le 
bulyle  (G'» H"  et  G'H"),  etc. 

»  Pourtant  ces  régularités  n'ont  pas  lieu  d'une  manière  tout  à  fait  gé- 
nérale. Voilà  ce  que  j'ai  mis  hors  de  doute  poiu' les  combinaisons  azotées. 
Les  volumes  spécifiques  de  l'aniline  et  de  la  butylamine  sont  égaux, 
=  106,8;  les  volumes  spécifiques  du  benzonitrile  et  du  valéronitrile  sont 
encore  égaux,  =  iai,5.  Mais  il  n'y  a  pas  égalité  des  volumes  spécifiques 
pour   l'aniline  G'^H'^N  et    la   valéronitrile  G^  H"  N,    ni    pour  le    benzoni- 

38.. 


(  284  ) 
trile  G'H'N  et  la  butylaniine  €*H"N,   quoique  pour  ces  combinaisons 
aussi  les  formules  diffèrent  de  -triG  et  — inll. 

»  Les  régularités  dans  les  volumes  spécifiques  que  j'ai  mentionnées  ne  se 
montrent  donc  pas  dans  tous  les  cas  où  les  formules  empiriques  des  combi- 
naisons les  pourraient  faire  présumer.  Les  combinaisons  désignées  comme 
nitriles  ou  cyanures  des  radicaux  des  alcools  et  les  combinaisons  désignées 
sous  le  nom  d'ammoniaques  composées  appartiennent  à  deux  groupes  dif- 
férents quant  aux  régularités  dans  les  volumes  spécifiques.  En  comparant 
des  combinaisons  appartenant  aux  groupes  différents,  on  ne  retrouve  plus 
les  régularités  qui  se  montrent  si  l'on  compare  des  combinaisons  appar- 
tenant au  même  groupe. 

))  L'étude  des  volumes  spécifiques  conduit  donc  à  partager  les  combi- 
naisons liquides  en  certains  groupes,  cbaque  groupe  étant  caractérisé 
par  cette  propriété  que  les  combinaisons  qui  lui  appartiennent  montrent, 
lorsqu'on  les  compare  entre  elles,  les  régularités  susdites,  et  chaque  groupe 
étant  séparé  des  autres,  par  cette  circonstance  qu'en  comparant  des  combi- 
naisons appartenant  à  des  groupes  différents,  on  ne  retrouve  plus  ces  régu- 
larités. Or,  autant  que  je  puis  en  juger,  ces  différents  groupes  paraissent 
coïncider  avec  les  différents  types  que  l'étude  des  propriétés  chimiques  a 
fait  établir. 

))  Pour  les  combinaisons  liquides  qui  ne  contiennent  que  du  carbone,  de 
l'hydrogène  et  de  l'oxygène,  j'avais  reconnu  également  (i)  que  ces  régula- 
rités n'existent  nullement  pour  elles  d'une  manière  générale.  Je  me  suis 
assuré  de  ce  fait  qu'on  ne  peut  pas  comparer  certaines  combinaisons  oxygé- 
nées, l'aldéhyde  ou  l'acétone,  par  exemple,  à  d'autres  combinaisons  égale- 
ment oxygénées,  savoir  :  aux  acides,  aux  alcools,  aux  élhers.  Pour  donner 
une  expression  générale  pour  les  volumes  spécifiques  de  ces  substances, 
j'ai  dû  admettre  que  l'oxygène  peut  entrer  dans  de  tulles  combinaisons 
avec  deux  volumes  spécifiques  différents.  J'ai  fait  voir  que  les  volumes  spé- 
cifiques de  combinaisons  G"H*(0)'ô''  sont  représentés  (pour  les  points 
d'ébuUition)  d'une  manière  assez  satisfaisante  par  la  formule 

a.  j  I  H-  Z».  5,5  4-  6'.  12,2  +  r/.  7,8, 

(Q-)  désignant  l'oxygène  contenu  dans  un  radical  et  O  désignant  l'oxygène 
typique  (contenu  dans  la  combinaison  hors  d'un  radical).  J'ai  insisté  sur 
cette  conclusion,  que  s'il  y  avait  quelque  chose  de  fondé  dans  cette  suppo- 

(i)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3'  série,  t.  LI,  j).  458. 


(  285  ) 
sition,  l'égalité  des  volumes  spécifiques  que  j'avais  démontrée  pour  un  si 
srand  nombre  de  combinaisons  isomères  devait  faire  défaut  dans  certains 
cas.  Il  n'y  a  pas  beaucoup  de  combinaisons  isomères  et  appartenant  à  des 
types  différents  qui  se  prêtent  à  la  décision  de  cette  question  ;  il  est  évident 
que  la  différence  dans  les  volumes  spécifiques  dont  il  s'agit  se  détermine 
avec  d'autant  moins  de  sûreté,  que  les  volumes  spécifiques  des  substances 
isomères  sont  plus  grands,  et  cju'il  faut  s'adresser  de  préférence  à  des  com- 
binaisons qui  possèdent  un  petit  volume  spécifique.  J'avais  espéré  de  pou- 
voir résoudre  la  question  par  la  détermination  expérimentale  des  volumes 
spécifiques  de  l'acétone  et  de  l'alcool  allylique  ;  le  calcul  donne  (pour  les 

points  d'ébullition)  le  volume  spécifique  de  l'acétone        ^    ^     '  1  =  78,  2, 

-ta  ri'         I 

le  volume  spécifique  de  l'alcool  allylique  0  =  73,8.  Pour  le  volume 

spécifique  de  l'acétone,  les  déterminations  expérimentales  avaient  donné 
77,3  —  77»^  ;  mais  je  n'ai  pas  pu  faire  des  expériences  sur  la  densité  et  la 
dilatation  de  l'alcool  allylique,  à  cause  des  difficultés  que  présenle  la  pré- 
paration de  cette  substance  dans  l'état  de  pureté. 

»  Depuis,  la  science  a  été  enrichie  par  la  découverte  de  l'oxyde  d'éthy- 
lène,  combinaison  isomère  de  l'aldéhyde,  mais  qui  présente  des  propriétés 
chimic|ues  qui  la  font  rapporter  à  un  autre  type.  Si,  dans  la  constitution 
intime  de  l'aldéhyde  et  de  l'oxyde  d'éthylène,  il  existe  une  différence  telle 

que  nous  les  exprimions  par  les  formules         ^     '  et  €'H*!ô)  et  q 

l'on  calcule  le  volume  spécifique  d'après  les  nombres  que  j'ai  donnés  pour 
les  volumes  spécifiques  des  éléments,  on  trouve,  pour  les  points  d'ébulli- 
tion, le  volume  spécifique  de  l'aldéhyde  =  56,2,  le  volume  spécifique  de 
l'oxyde  d'éthylène  =5 1,8.  Les  points  d'ébullition  de  l'aldéhyde  et  de 
l'oxyde  d'éthylène  sont  21  degrés  et  i3",  5.  La  dilatation  de  l'oxyde  d'éthy- 
lène par  la  chaleur  n'a  pas  encore  été  étudiée;  mais  on  peut  bien  admettre, 
sans  erreur  sensible,  pour  de  petits  intervalles  de  température,  que  les 
contractions  de  l'oxyde  d'éthylène  et  de  l'aldéhyde,  à  partir  des  points 
d'ébullition,  sont  les  mêmes  pour  les  mêmes  abaissements  de  tempéra- 
ture. D'après  mes  déterminations,  le  volume  de  l'aldéhyde,  pris  =  i  au 
point  d'ébullition  de  ce  liquide,  est  =^0,9658  à  o  degré  et  =0,9774  à 
7,  5  degrés  (i3,  5  degrés  au-dessous  du  point  d'ébullition).  Les  volumes  spé- 
cifiques de  l'adéhyde  et  de  l'oxyde  d'éthylène  devraient  donc  être  pour 
o  degré  =  56,  8  X  0,9658  =  5/|,3  et  5i,8  x  0,9774  =  5o,6,  et  les  poids 


ne 


(  286  ) 
spéciûqnes  pour  la   même   température  (le  poids  atomique  étant   :=  44) 

— ^  =  0,8 lo  et  tJ^  =  0,870,  nombres  assez  différents  pour  que  la  ques- 
54,3         '  5o,6  '  I  n  T 

tion  paisse  être  décidée  indubitablement  par  l'expérience. 

»  J'ai  fait  part  de  ces  considérations  à  M.  Wurtz,  qui  n'avait  pas  encore 
publié  une  détermination  du  poids  spécifique  de  l'oxyde  d'étliyléne.  Il  a 
déterminé,  pour  o  degré,  le  poids  spécifique  de  ces  deux  isomères.  11  a  trouvé 
pour  l'aldéhyde  0,807  (M.  Pierre  avait  trouvé  0,806;  mes  propres  déter- 
minations avaient  donné  0,801  ;  une  expérience  de  M.  Liebig,  réduite  à 
o  degré,  0,81 3),  pour  l'oxyde  d'éthylène  0,898  (une  détermination  antérieure 
lui  avait  donné  0,895).  Ces  nombres  s'accordent  d'une  manière  satisfaisante 
avec  ceux  que  les  considérations  précédentes  m'avaient  fait  prévoir;  ils 
prouvent,  et  c'est  là  le  fait  capital,  que  ces  deux  isomères,  l'aldéhyde  et 
l'oxyde  d'éthylène,  n'ont  pas  le  même  volume  spécifique. 

»  Les  opinions  des  chimistes  diffèrent  quant  à  la  question  de  savoir  si  la 
constitution  intime  des  combinaisons  peut  être  reconnue  par  l'étude  des 
propriétés  chimiques.  Les  formules  rationnelles  que  l'on  attribue  aux  com- 
binaisons sont  considérées  par  les  uns  comme  exprimant  avec  plus  ou  moins 
de  vraisemblance  cette  constitution;  par  les  autres,  comme  prêtant  seule- 
ment un  moyen  pour  représenter  certaines  réactions.  Pour  les  uns,  les  types 
chimiques  représentent  la  structure  intime  des  molécules,  et  chaque  combi- 
naison ne  peut  être  attribuée  qu'à  un  seul  type;  pour  les  autres,  les  formules 
typiques  ne  font  qu'indiquer  les  décompositions  et  les  substitutions  qu'une 
combinaison  éprouve  dans  certaines  circonstances.  Ces  derniers  chimistes 
admettent  que  la  même  combinaison  pourrait  être  représentée  par  diffé- 
rentes formules  typiques  qui  exprimeraient  la  manière  dont  se  comporte  la 
combinaison  dans  des  circonstances  différentes.  On  ne  peut  pas  nier  que  la 
même  combinaison  peut  se  comporter  dans  des  circonstances  différentes 
comme  si  elle  appartenait  à  des  types  différents  au  point  de  vue  chimique, 
c'est-à-dire  comme  si  les  atomes  qui  y  sont  contenus  prenaient  un  nouvel 
arrangement  sous  l'influence  d'agents  chimiques;  l'étude  chimique  d'une 
substance  peut  motiver  un  avis,  mais  ne  peut  pas  décider  d'une  manière 
indubitable  laquelle  des  différentes  formules  rationnelles  qui  représentent 
les  réactions  est  l'expression  fidèle  de  la  structure  de  sa  molécule  et  du 
groupement  des  atomes  dont  elle  est  formée.  Mais  d'un  autre  côté  on  ne 
saurait  mettre  en  doute  que  dans  une  combinaison  donnée,  où  les  atomes 
sont  à  l'état  de  repos,  et  tant  que  cette  combinaison  existe,  on  ne  peut 
admettre  qu'un  seul   arrangement  des  atomes ,  représenté  par  une  seule 


(  ^87  ) 
formule  rationnelle  ou  lypique.  L'étude  des  propriétés  qu'une  substance 
présente  dans  cet  état  de  repos  des  atomes,  c'est-à-dire  l'étude  des  pro- 
priétés physiques,  promet  de  venir  en  aide  à  l'étude  des  propriétés  chimiques 
pour  fixer  celte  formule.  Sans  vouloir  attribuer  trop  d'imj)orlt!iice  aux 
volumes  spécifiques  comme  moyen  de  reconnaître  la  constitution  d'un 
composé,  je  crois  pourtant  que  ce  qui  précède  a  une  certaine  importance 
pour  la  solution  de  celte  question,  et  qu'il  peut  prêter  un  appui  utile  pour 
l'étude  chimique  d'une  substance.  Il  est  bien  probable  que  les  combinaisons 
qui,  comparées  entre  elles,  montrent  les  régularités  mentionnées  dans  les 
volumes  spécifiques,  ou  qui  se  rangent  sous  ce  rapport  dansîe  même  groupe, 
possèdent  une  constitution  analogue,  et  que  par  suite  la  comparaison  des 
volumes  spécifiques  peut  contribuer  à  faire  reconnaître  les  couiposés  doués 
de  la  même  structure  de  la  molécule  ou  appartenant  au  même  type.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Sw  les  élhers  contenus  dans  les  vins  et  sur  quelques-tms 
des  changements  qui  s')'  produisent;  par  M.  Bekthelot.  (Suite. 

<i  111.  Jusqu'ici  j'ai  développé  des  notions  générales  qui  me  paraissent 
applicables  à  la  neutralisation  des  acides  par  les  alcools  contenus  dans  les 
liqueurs  vineuses  ;  pour  aller  plus  loin,  il  faudrait  savoir  précisément  quels 
sont  les  étherset  les  acides  renfermés  dans  ces  liqueurs,  éthers  et  acides  tort 
peu  connus  jusqu'à  présent.  Sans  être  encore  en  mesure  de  résoudre  la 
question  dans  toute  son  étendue,  voici  cependant  certains  résultats  que  je 
crois  utile  de  signaler. 

»  1°  Les  acides  contenus  dans  les  vins  appartiennent  pour  la  plupart  au 
gi-oupe  des  acides  très-oxygénés,  fixes  ou  peu  volatils,  et  polybasiques, 
tels  que  les  acides  tartrique_,  succinique,  malicjue,  citrique,  etc.  Entre  autres 
preuves  de  ce  fait,  je  citerai  les  suivantes: 

»  Le  vin,  agité  avec  son  volume  d'éther,  ne  cède  à  l'éther  qu'une  pro- 
portion d'acide  extrêmement  faible  et  comparable  à  celle  que  l'éther  enlevé 
à  une  solution  tartrique  de  même  titre.  Or,  si  le  vin  renfermait  des  acides  à 
quatre  équivalents  d'oxygène,  autres  que  l'acide  acétique,  ces  acides  se  re- 
trouveraient dans  la  solution  éthérée.  Ces  mêmes  acides  possèdent  une 
odetu'  très-caractéristique  qui  devrait  exister  dans  le  vin,  puisque  la  quantité 
d'eau  est  telle,  que  les  quatre  cinquièmes  au  moins  du  poids  total  des  acide;-,, 
et  souvent  davantage,  demeurent  en  liberté.  Or,  à  l'exception  de  cerfauis 
vins  d'Espagne  à  odeur  de  bouc,  on  n'observe  rien  de  pareil. 

»   2°  J'ai  reconnu  que  les  acides  polybasiques,  tels  que  les  acides  tartri- 


(  288  ) 
que  et  succinique,  réagissant  en  petitequantité  sur  un  mélange  de  90  parties 
d'eau  cl  de  10  parties  d'alcool,  donnent  principalement  naissance  à  des 
éthers  acides,  tels  que  l'acide  éihyl-succinique,  l'acide  éthyl-tartriqne,  etc. 
La  proportion  d'étlier  neutre  formée  dans  ces  conditions  est  faible  et  moin- 
dre que  le  vingtième  du  poids  de  l'éther  acide. 

))  3°  Ce  résultat  s'applique  aux  vins  que  j'ai  étudiés.  Je  m'en  suis  assuré 
par  le  procédé  suivant.  Je  prends  un  demi-litre  de  vin,  j'en  salure  les  acides 
par  de  la  potasse  employée  en  très-léger  excès,  et  j'agite  aussitôt  la  liqueur 
avec  25o  centimètres  cubes  d'éther  pur.  Je  décante  et  je  filtre  l'éllier 
qui  surnage  et  qui  doit  contenir  la  presque  totalité  des  éthers  neutres;  je 
l'introduis  dans  un  tube  de  verre  très-fort,  effilé  d'avance.  J'ajoute  dans  le 
tube  10  centimètres  cubes  d'une  solution  titrée  de  baryte,  je  scelle  le  tube 
et  je  le  chauffe  à  100  degrés  pendant  un  centaine  d'heures.  Au  bout  de  ce 
temps,  je  titre  de  nouveau  la  baryte.  La  perte  de  litre  (i)  serait  proportion- 
nelle au  poids  de  l'alcool  contenu  dans  les  éthers  neutres  du  vin,  si  ces 
éthers  neutres  étaient  les  seules  substances  capables  de  saturer  les  alcalis, 
parmi  celles  que  l'éther  hydrique  enlève  au  vin  neutralisé. 

»  En  effet,  j'ai  vérifié  que  o^^  100  d'éther  acétique,  dissous  dans  100  cen- 
timètres cubesd'un  mélange  de  10  parties  d'alcool  et  90  parties  d'eau,  pou- 
vaient être  dosés  assez  exactement  par  la  méthode  ci-dessus. 

n  Malheureusement  l'extrait  éthéré  du  vin  renferme  diverses  substances 
distinctes  des  éthers  neutres,  et  capables  de  saturer  la  baryte,  comme  je  le 
montrerai  bientôt.  C'est  pourquoi  la  perte  de  titre  de  la  solution  alcaline 
représente,  non  le  poids  même  de  l'alcool  combiné  dans  les  éthers,  mais 
une  limite  maximum,  au-dessous  de  laquelle  ce  poids  demeure  compris. 
Voici  quelques  nombres  à  cet  égard. 

«  Dans  le  vin  de  Formichon  (Beaujolais\  1860,  le  poids  de  l'alcool  con- 
tenu dans  les  éthers  neutres  est  inférieur  à  ^tToTô  *^"  poids  du  vin  et  à  j^ôo 
de  l'alcool  total. 

))  Dans  le  vin  de  Pomard  (i858),  à  bouquet  très-développé,  la  pro- 
portion est  inférieure  à  xTuTTù  ^^^  poids  du  vin  ;  dans  le  vin  de  Médoc  (i858), 
^  rshn^'i  dans  le  vin  de  Saint  Emilion  (1837),  à  T^^nr- 

11   Ces  nombres  montrent  combien  est  petite  la  quantité  des  éthers  neu- 


(i)  J'ai  toujours  été  obligé  de  corriger  cette  perte  de  celle  qu'un  volume  égal  du  même 
éther,  chauffé  dans  les  mêmes  conditions  avec  de  la  baryte,  fait  éprouver  à  cet  alcali  ;  car- 
ie n'ai  pas  réussi  à  me  procurer  de  l'éther  absolument  privé  de  toute  réaction  sur  la  baryte. 
Il  se  forme  par  là  une  matière  analogue  à  la  résine  d'aldéhyde. 


(  289  ) 
très  contenus   dans  le  vin.    Une  proportion  si   faible  peut  sans  doute  in- 
fluernotablement  sur  l'odenret  sur  le  goût  d'un  vin;  mais  la  nature  de  piin- 
cipes  aussi  peu  abondants  échappe  à  nos  moyens  actuels  d'analyse. 

»  J'ajouterai,  enfin,  qu'ayant  traité  par  la  chaux  en  vase  scellé  l'extrait 
éthéré  obtenu  avec  plusieurs  litres  de  vin  de  Formichon  (neutralisé  avant 
le  traitement  par  l'éther),  il  ne  s'est  pas  formé  de  sel  calcaire  insoluble  en 
proportion  sensible,  mais  seulement  des  sels  solubles,  trop  peu  abondants 
d'ailleurs  pour  l'étude. 

»  Il  résulte  de  ces  faits  que  les  éthers  contenus  dans  les  vins,  et  dont  la 
proportion  peut  être  calculée  par  les  formules  données  précédemment,  sont 
principalement  des  éthers  acides  ou  acifles  viniques.  De  tels  éthers  sont  gé- 
néralement fixes  et  à  peu  près  sans  action  sur  l'odorat.  Ils  peuvent  au  con- 
traire agir  sur  le  goût,  et  c'est  à  leur  formation  lente  que  je  suis  porté  à 
attribuer  la  fusion  des  goûts  multiples  et  de  durée  inégale  que  présentent 
les  vins  récents,  lesquels  goûts  se  transforment  en  cette  saveur  continue  qui 
appartient  aux  mêmes  vins  après  quelques  années. 

»  IV.  Les  faits  et  les  considérations  que  je  viens  d'exposer  restreignent 
dans  des  limites  assez  étroites  l'influence  que  la  formation  des  éthers  peut 
exercersur  le  bouquet  des  vins.  Ils  n'expliquent  point,  par  exemple,  les  chan- 
gements si  profonds  et  si  rapides  que  le  goût  du  vin  éprouve  lorsque  ce 
liquide  est  soumis  à  l'action  de  la  chaleur,  ou  exposé  au  contact  de  l'air  sur 
luie  large  surface  :  car  ces  deux  circonstances  sont  incapables  de  modifier 
brusquement  la  proportion  des  éthers. 

»  Les  principes  qui  commimiquent  aux  vins  la  saveur  vineuse  sont 
d'un  tout  autre  ordre.  Ces  principes  peuvent  être  isolés  en  agitant  à  froid 
le  vin  avec  de  l'éther  ordinaire,  et  en  évaporant  l'éther  à  luie  très-basse 
température  et  en  l'absence  complète  du  contact  de  l'air.  On  obtient  ainsi 
lui  extrait  dont  le  poids  est  inférieur  au  millième  de  celui  du  vin.  Le  goût 
vineux  et  le  bouquet  se  trouvent  concentrés  dans  cet  extrait,  tandis  que  la 
vinasse,  privée  d'éther  au  moyen  d'un  courant  gazeux,  en  demeure  à  peu 
près  dépourvue,  tout  en  conservant  une  saveur  acide  et  alcoolique  fort  peu 
agréable.  L'extrait  éthéré  que  l'on  obtient  ainsi  est  extrêmement  altérable 
sous  l'influence  des  mêmes  causes  qui  modifient  le  bouquet  du  vin.  Pour 
peu  qu'on  le  chauffe  à  35  ou  4o  degrés,  cet  extrait  prend  un  goût  de  cuit, 
semblable  à  celui  du  vin  chauffé.  Si  l'on  n'a  pas  exclu  l'air  des  appareils 
pendant  l'évaporation,  ou  si  on  laisse  le  liquide  au  contact  de  l'air,  il  se 
modifie  aussitôt  en  prenant  l'odeur  du  vin  répandu.  J'ajouterai  enfin  que 

C.  R  ,  l863,  î-ne  Semestre.   (T     LVII,  N"  S.)  ^9 


(  ^9°  ) 
cet  extrait  présente  à  la  fois  l'odeur  vineuse  générale  et  l'odeur  propre  du 
vin  sur  lequel  on  opère. 

»  Il  est  lornié  de  divers  principes  parmi  lesquels  j'ai  observé  les  sub- 
stances suivantes,  communes  aux  divers  vins  de  Bourgogne  et  de  Bor- 
deaux sur  lesquels  j'ai  opéré  : 

»    i"  Une  petite  quantité  d'alcool  aniylique; 

»  2°  Une  huile  essentielle  insoluble  dans  l'eau  qui  pourrait  être  l'éther 
œnanthique  ; 

»  3°  Une  petite  quantité  d'acide  dont  on  peut  éviter  la  présence  dans 
l'extraitéthéré  en  saturant  exactement  le  vin  par  la  potasse,  avant  de  l'agi- 
ter avec  l'éther. 

»  A  l'aide  de  cette  même  précaution,  on  évite  dans  l'extrait  la  présence 
d'une  trace  de  matière  colorante  jaune  qui  s'y  rencontrerait  autrement. 
Les  divers  principes  cités  jusqu'ici  ne  représentent  pas  les  propriétés  essen- 
tielles des  vins,  mais  il  en  est  autrement  du  composé  suivant. 

«  4"  Un  principe  beaucoup  plus  important  et  dont  la  facile  altération 
sous  l'influence  de  l'air  ou  de  la  chaleur  répond  à  celle  des  vins.  Ce  prin- 
cipe réduit  à  froid  l'oxyde  d'argent  ammoniacal,  précipite  le  tartrate  cupro- 
potassique  et  briniit  par  la  potasse.  Ce  principe  est  presque  fixe,  quoique 
faiblement  volatil  avec  la  vapeur  d'éther.  Il  est  fort  soluble  dans  l'eau 
et  dans  l'alcool.  L'éther  l'enlève  à  l'eau,  ce  que  ne  fait  pas  le  sulfure  de 
carbone.  La  chaleur  l'altère  avec  une  extrême  promptitude.  Il  se  détruit 
dans  un  extrait  exposé  pendant  quelque  temps  au  contact  de  l'air.  Ce  prin- 
cipe est  tout  à  fait  distinct  de  l'aldéhyde  ordinaire,  signalé  dans  le  vin  par 
divers  observateurs  et  que  je  n'y  ai  point  rencontré.  Il  est  probable  qu'il 
appartient  au  groupe  des  aldéhydes  très-oxygénés,  dérivés  des  alcools  polya- 
tomiques. 

«  5"  Un  principe  peu  volatil,  dont  l'odeur  rappelle  encore  le  vin  d'une 
manière  éloignée  et  qui  résiste  à  l'action  de  l'oxyde  d'argent  ammoniacal. 
Peut-être  résultc-t-il  de  quelque  transformation  du  corps  précédent. 

»  Je  n'ai  pas  eu  assez  de  matière  pour  soumettre  ces  divers  principes  à 
des  essais  suffisamment  approfondis  et  pour  en  établir  la  nature  chimique. 
D'ailleurs,  l'extrême  altérabilité  du  principe  oxydable  entrave  beaucoup 
les  recherches.  Mais  ce  sont,  à  mon  avis,  les  propriétés  de  ce  principe  qui  doi- 
vent intervenir  pour  expliquer  la  plupart  des  phénomènes  relatifs  au  goût 
vineux  et  au  bouquet  des  vins.   » 


(    291     ) 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  théorie  de  la  double  réfraction.  Note  de 
M.  Ch.  Galopin,  de  Genève,  présentée  par  M.  Lamé. 

«  L'équation  connue  dont  les  trois  racines  représentent  les  carrés  des 
vitesses  de  propagation  des  ondes  planes  pouvant  s'écrire  : 

(0     (G'— «')(H'-o)»)(I'-w^)-g'(G'-w=)— 5'(H'— M=)  — 3={I'-w=)+2Ç53=o, 

en  posant 

G'  =  (A4-L)cos'/-f-(B  +  R)cosV7j+(C  +  Q)cos-/ï,  (,' =  aPcosmcos/;, 

H'  =  (A  +  R)cosV+(B-HM)cos=OT-t-(C  +  P)cos'/2,  5  =  aQcos/cos/z, 

r  =  (A  +  Q)cos-/+(B  +  P)fos'm  +  (C4-N)cos'«,  3  =  2Rcos/cos;«, 

il  s'agit  de  la  réduire  à  l'équation  qui  ne  donne  que  les  deux  valeurs  de  w^, 
relatives  à  la  lumière,  savoir  : 

,     >  cos-  /  cos-  m  cos'  n 

/,  m,  n  étant  les  angles  que  fait  avec  les  axes  la  normale  aux  ondes  planes. 
Cauchy  a  effectué  cette  réduction  dans  le  tome  V  des  Exercices  niathéma' 
tiques,  par  une  analyse  détaillée  qui  le  conduit  à  une  équation  de  même 
forme  que  l'équation  (2);  mais  de  cette  méthode,  qui  exige  que  A,  B,  G 
soient  nuls,  résultent  des  conséquences  inadmissibles  quant  à  la  direction 
des  vibrations  lumineuses.  Aussi  Cauchy  lui-même  a-t-il  abandonné  plus 
tard  cette  manière  de  voir,  en  indiquant,  dans  le  tome  XVIII  des  Mémoires 
de  l'académie,  une  marche  qui  conduit  à  des  résultats  en  tout  point  iden- 
tiques à  ceux  de  Fresnel  ;  toutefois,  il  n'y  a  pas  apporté  une  rigueur  suffi- 
sante, et  la  présente  Note  a  pour  objet  de  suppléer  à  ces  lacunes. 

»  L  Admettons  avec  Fresnel  que  les  vibrations  sont  perpendiculaires  au 
plan  de  polarisation^  ou,  ce  qui  revient  au  même,  que  la  vitesse  de  propa- 
galion  est  égale  pour  des  vibrations  de  même  direction,  on  en  déduit  entre 
les  coefficients  A,  B,  G,  P,  Q,  R  les  relations  : 

G+Q=B-hR=a-,     A+R=G+P=:^>%     Bh-P=A+Q=c% 

a,  b,  c  étant  les  vitesses  de  propagation  des  ondes  parallèles  à  chaque  plan 
coordonné. 

»  IL  Le  fait  que  les  rayons  dont  le  plan  d'incidence  se  confond  avec  un 
des  plans  coordonnés  donnent,  dans  la  double  réfraction  biaxe,  les  mêmes 
résultats  que  ceux  auxquels  conduit  la  construction  connue  d'Huyghens, 

39"  • 


(    292    ) 

pour  les  cristaux  uiiiaxes,  nous  fournit  trois  nouvelles  relations  : 

(M-P)(N-P)=4P%     (L-Q)(N-Q)^4Q%     (L-R)(M-R)  =  4R^ 

En  regardant  les  différences  entre  a,  b,  c  comme  infiniment  petites  du  pre- 
mier ordre,  et  négligeant  les  quantités  du  second  ordre,  les  relations  pré- 
cédentes peuvent  s'écrire  : 

2RQ  ,         ,,        „         3PR         ,„         T..        „         2PQ     ,      o 

F  Q  n 

et  réduisent  l'équation  (i)  à  la  forme  plus  simple  : 

■  ON  2  RQ  cos'  /  2  PR  cos'  m  2  PQ  cos'  n  

^     ''  P(w'  — a^)  ~*~   Q(w^  —  b'j   "^   R(to=  —  f')  ~   '  ■ 

•«  III.  Nous  démontrons  ensuite  que  pour  donner  les  deux  valeurs  de  t.>^ 
relatives  à  la  lumière,  et  qui  diffèrent  peu  de  a'',  b^,  C',  l'équation  (3)  doit 
être  remplacée  par  la  suivante,  qui  est  du  second  degré  en  r^)^  : 

.  .  ^  cos'  /  cos-  /"  cos'  n       

^^'  P(w»  — a=)  ~^  Qlw^-i!.')  ^   R  (<»'  —  c)  "  °' 

»  IV.  Enfin  les  racines  de  l'équation  (4)  sont,  aux  infiniment  petits  du 
second  ordre  près,  les  mêmes  que  celles  de  l'équation  {i)  trouvée  par 
Fresnel,  et  à  laquelle  nous  voulions  arriver.   » 

M.  Zaliwski  adresse  une  Note  sur  les  teintes  que  prennent  les  diverses 
parties  du  ciel  dansles  jours  très-chauds,  comparées  aux  teintes  différentes 
de  la  lumière  électrique  dans  l'air  à  la  pression  ordinaire,  dans  l'air  raréfié 
et  dans  le  vide. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Pouillet.) 

M.  RoGojsKi  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un  Mémoire 
qu  il  avait  présenté  et  sur  lequel  il  n'a  pas  été  fait  de  Rapport.  Ce  travail  a 
pour  titre  :  «  Principes  d'une  classification  rationnelle  des  éléments  et  des 
composés  chimiques  ». 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  F. 


■        (  293  ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  3  août  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Rapport  du  Secrélnire  perpétuel  de  i Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres  sur  les  travaux  des  Commissiotis  de  publication  de  cette  Âcndénne  pen- 
dant le  premier  semestre  de  Cannée  i863.  Paris,  in-4°. 

Mémoires  de  C Académie  impériale  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de 
Lyon,  Classe  des  Sciences,  t.  X,  XI  et  XII;  et  Classe  des  Lettres,  t.  VIII, 
IX  et  X.  Paris  et  Lyon,   i  SSg- 1 862  ;  6  vol .  in-8°. 

Annales  des  Sciences  physiques  el  naturelles  d' Agriculture  et  d'Industrie,  pu- 
bliées par  la  Société  impériale  d'Agricultiire,  etc.,  de  Lyon;  3*^  série, 
t.  IV,   V  et  VI;  (1860  1862).  Lyon  et  Paris,  3  vol.  in-8°. 

Actes  de  l'Académie  impériale  des  Sciences,  Belles- Lettres  et  Arts  de  Bor- 
deaux; 3^  série,  24^  année,  1862;  3"  et  4*  trimestres.  Paris,  1862;  ii)-8°; 
deux  exemplaires. 

Cours  élémentaire  de  Chimie  j  par  H.  Debray.  Paris,  i863;  vol.  in-S",  avec 
de  nombreuses  figmes  intercalées  dans  le  texte.  (Présenté  par  M.  Dumas.) 

Mémoire  sur  la  loi  de  production  des  sexes  chez  les  plantes,  les  animaux  et 
l'homme;  par  M.  Thury.  Genève,   i863;  br.  in-8°. 

De  l'aliénation  mentale  considérée  au  point  de  vue  étiologique,  et  de  la  colo- 
nisation comme  moyen  hygiénique  et  curatif  de  cette  maladie;  par  J.-B.-P. 
Brun-SéCHAUD.  ['EyL\.Ya.\\.  Au  Congrès  scientifique  de  France.)  Bordeaux,  i863; 
br.  in-8°.  (Destiné  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie 
de  1864.) 

Endémo-épidémie  et  météorologie  de  Rome.  —  Etudes  sur  les  maladies  dans 
leurs  rapports  avec  les  divers  agents  météorologiques  ;  par  M.  F.  Balley. 
Paris,  i863;  in-S",  avec  atlas  in-4°  oblong. 

Documents  sur  l'organisation  de  la  médecine  des  pauvres  dans  'es  (  ampagnes  ; 
par  le  D'  V.  NiVET.  Clermont-Ferr.uid,    i863;  br.  in-8°. 

Répertoire  encyclopédique  de  photographie  ;  par  H.  DE  LA  Blanghère;  partie 
non  périodique,  t.  I  et  II,  et  partie  périodique,  t.  III,  n"  i,  2  et  3.  Paris, 
1  vol.  et  3  livraisons  in-8°. 

On  arlificial.. .  Sur  la  dilatation  artificielle  de  l'orifice  et  du  col  de  l'utérus, 
au  mnjen  d'une  pression  fluide  s  exerçant  d'en  haut  ;  réponse  ci  MM.  Ktiller. 
d'Edimbourg,  Arnolt  et  Barnes,  de  Londres;  par  H. -S.  Stoher,  de  Boston. 
(Extrait  du  Boston  Médical  and Surgical  Journal.)  Boston,  i863,  br.  in-8". 

Traforo...    Percement   des  Alpes  entre  Bardonnèche  et  Modane  :  Rapport 


(  294  ) 
fait  jxir  lu  Direction  des  travaux  à  la  Direction  générale  des  Chemins  de  fer. 
Turin,  i863;  in-4°. 

Considerazioni...  Considérnlions  critiques  sur  les  nouveaux  principes  de 
physiologie  végétale  du  professeur  Gaetano  Ccmtoni,  et  sur  les  observations 
fhimico-physiologiques  concernant  r acide  carbonique  des  plantes,  des  profes- 
seurs Passerini  et  Giorgini ;  par  le  professeur  Pellegrino  Beutini.  Sienne, 
i863;  br.  in-8^ 

Libros...  Livres  de  la  science  d'astronomie  du  roi  Alphonse  X  de  Castille, 
recueillis,  annotés  et  commentés  par  Don  Manuel  Rico  y  SjkoeaS;  ouvrage 
publié  par  ordre  de  Sa  Majesté;  t.  I.  Madrid,  i863;  vol.  iu-fol.  (Présenté 
au  nom  de  l'auteur  par  M.  Le  Verrier.) 


PUBLICATIONS     PÉUIODIQUES      REÇUES      PAR      l'aCADÉMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    JLILLET    I8G3. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  [Académie  des  Sciences;  i*''  se- 
mestre i863,  n°  26,  et  0.^  semestre,  n°'  i  à  4  ;  in-4°. 

Annales  de  V Agriculture  française  ;  5*  série,  t.  XXI,  11°'  11  et  12;  in-8''. 

Annales  forestières  cl  métallurgiques;  22*  année,  t.  II,  juin  i863;  in-S". 

Annales  médico-psychologiques;  [f  série;  t.  II,  n°  4)  juillet  i8G3;  in-S". 

Annales  de  la  Société  d hydrologie  médicale  de  Paris;  comptes  rendus  des 
séances;  t.  IX,  11*  livraison  ;  in-8". 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France;  1°  i3,  aS*  livraison,  juin 
]863;  10-8". 

Annales  delà  Propagation  de  la  foi;  n"  20g;  juillet  i863;  in-8". 

Atti  délia  Società  italiana  di  Scienze  naturali;  fasc.  2  (f.  4  à  7).  Milan; 
in-8". 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXVIII,  n"'  17  à  19; 
in.8". 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse  ;  juin  i863;  in-8". 

Bulletin  de  l' Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique  ;  2''  série,  t.  VI,  n°  5  ; 
in-8". 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  impériale  et  centrale  d Agriculture  de  France; 
2's«rie,  t.  XVIII,  n"  7;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  [industrie  nationale,  rédigé  par 
MM-  GOMiiES  et  Peligot;  2*  série,  t.  X,  mai  i863;  in-4". 


(  '^95  ) 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  9^  année,   juin  i863; 
in-8". 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  juin  r863;  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux  de  Paris;  t.  V;  n°  4i  juillet; 
in-S". 

Bulletin  de  l'Académie  rojale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgicpie ;  32"  année,  2*^  série,  t.  XV,  n°  5;  in-8°. 

Bulletin  du  Laboratoire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle  de  M.  Ch.  MÈNE; 
juillet  i863.  Lyon;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  l'industrie  minérale;  t.  VIII,  2''  livraison  (octo- 
bre, novembre  et  décembre  1862);   in-8°  avec  Atlas. 

Bulletin  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris;  t.  III;  4"  f'asc,   septembre 
à  décembre  1862;  in-8°. 

Bullettino  meteorologico  delC  (Jbservatorio  del  Collegio   romano;  vol.  11, 
n"  12.  Rome;  in-4°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  12"  année,  t.  XXIII,  n"'  i  à  4;  in-8°. 

Catalogue  des  Brevets  d'invention;  année  1862,  n°  12;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  36"  année,  n°'  77  à  88;  in-8°. 

Gazette  médicale  de  Paris;  33*  année,  t.  XVIII,  n°'  27  à  3o  ;  in-4''. 

Gazette  médicale  d'Orient ;6''  Année,  juin  i863;  in-4*'. 

Il  Nuovo  Cimento —  Journal  de  Physique,  de  Chimie  et  d'Histoire  naturelle; 
t.  XVI,  octobre  et  novembre  1862.  Turin  et  Pise;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  ;  27"  année,  i863,  n°^  i3  et  i4;  in-8". 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  t.  IX,  4*^  série, 
juillet  i863;in-8°. 

Journal   de    la  Société  impériale   et  centrale  d'Horticulture;   t.  IX,  juin 
i863;in-8". 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  22*  année,  t.    XLI,  juillet    i863; 
in-8°. 

Journal  des  Vétérinaires  du  Midi;  26"  année,  t.  VI,  juillet  i863;  in-S". 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  29*  année,  n"*  i8 
à  20  ;  in-8°. 

Journal   de   Mathématiques  pures   et    appliquées  ;  avi-il  i863;  in-4". 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  t.  1,  juillet  i863;  in-8''. 

Journal  desjabricants  de  sucre;  4'' année,  n°*  i3  à  16;  in-4''. 

L'Abeille  médicale;  20*  année,  n°'  27  à  3o  ;  in-4°. 

L'Agriculteur  praticien;  3"  série,  t.  IV,  n"  18  ;  in-8°. 


(  296  ) 
LJrl  médicat;  (.f  année,  t.  XVII,  juillet  i363;  in-8°. 
L'Jrt  dentaire;  f  année,  nouvelle  série  ;  juin   i863;  in-Zi". 
La  Culture,-  5«  année,  t.  V,  n°  i;  in-8°. 
La  Lumière;  iS"  année,  n<"  12  et  i3  ;  in-4°. 
La  Médecine  contemporaine;  5"  année,  n°'  12  et  i3;  in-4°. 
La  Science  pittoresque  ;  8*  année;  n"»  10  à  i3;  in-A". 
La  Science  pour  tous;  8"  année  ;  n"'  3t  à  34  ;  in-4°. 
Le  Gaz;  f  année,  n"  5;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  la  Pliolorjraphie  ;  3"=  année,  n°'  8  et  9;  in-4'*. 
Le  Technolocjiste ;  24*  année,  juillet  i863;  in-8°. 

Les  Mondes.  . .  Revue  hebdomadaire  des  Sciences  et  de  leurs  applicalious  aux 
Arts  et  à  V Industrie;  1"=  année,  t.  I,  livraisons  21  à  24;  in-8°. 
Magasin  pittoresque;  Si"  année  ;  juillet  i863;  in-4°. 
Montpellier  médical:  Journal  mensuel  de  Médecine;  6«  année,  t.  X;  juillet 

i863;in-8°. 
Monatsbericht...  Compte  rendu  mensuel  des  séances  de  t Académie  royale 

des  Sciences  de  Prusse  ;  mars,  avril  et  mai  i863;  in-8°. 

Nachrichten...  Nouvelles  de  l'Université  de Gœllingue;  i863,  n"  i2;in-i2. 
Nouvelles  Annales   de  Mathématiques;    2"  série;   juillet  i863;in-8°. 
Pharmaceutical  Journal  and  Transactions;  1^  série,  vol.  V,  n°  i  ;  ui-8°. 
Presse  scientifique  des  Deux  Mondes;  année  1 863,  t.  1",  n"^  1 3  et  1 4  ;  in-8". 
Répertoire  de  Pharmacie;  20*  année;  t.  XX,  juillet  i863;  m-S". 
Revista  de  obras  publicas.  Madrid  ;  t.  XI,  n°=  i3  et  i4;  in-A"- 
Revue  de  Thérapeutique  médico-chininjicale;  3o*  année,  n°*  1 3  et  1 4;  in  8". 
Revue  maritime  et  coloniale;  t.  VII,  juillet  i863;  in-8°. 
Revue  de  Sériciculture  comparée;  n"'  4^  5  et  6;  in-S". 
The  journal  of  the  rojal  Dublin  Society;  n"  29,  avril  i863;  in-8°. 
The  anthropological  Revieiv  and  Journal  of  the  anthropological  Society  of 
London;rf  i,  mai  i863;  in  8°. 


ERRATA. 

^Séance  du  27  juillet  i863.) 

Page  207,  ligne  27,  au  lieu  de  Montbard,  lisez  Mouchard. 

Page  209,  ligne  i5,a«  lieu  de  tendance  de  l'équilatérie,  lisez  tendance  à  l'équilatérie. 

1  I 

Page  218,  formule  (2),  au  lieu  de  -1    Usez  — . 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  10  AOUT  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


aiEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Gésékal  Muri\  offre  à  l'Académie  un  exemplaire  de  louvrage 
(ju'il  vient  de  publier  sous  le  ihre  d' Etudes  sur  ta  ventilation. 

«  En  présentant  à  l'Académie  les  deux  volumes  qui  contiennent  les 
résultats  des  recherches  auxquelles  je  me  suis  livré  depuis  plusieurs  années 
siu-  la  ventilation  des  lieux  habités,  je  me  bornerai  à  lui  faire  connaître 
les  titres  généraux  des  chapitres  de  cet  ouvrage. 

»  Le  chapitre  l"  contient  un  résumé  des  renseignements  que  j'ai  pu  re- 
cueilhr  et  me  procurer  en  Angleterre  sur  la  ventilation. 

')  Le  chapitre  II  renferme  un  rappel  sonnnaire  des  lois  générales  des 
mouvements  de  l'air  et  une  indication  des  conditions  auxquelles  doit  satis- 
faire la  ventilation. 

»  Le  chapitre  III  traite  du  renouvellement  et  de  la  rentrée  de  l'air  dans 
les  lieux  habités. 

;  »  Le  chapitre  IV  renferme  l'application  de  la  théorie  du  mouvement  des 
gaz  à  la  circulation  de  l'air  dans  les  cheminées  et  dans  les  conduits  de 
ventilation. 

»  Le  chapitre  V  contient  les  résultats  des  expériences  que  j'ai  exécutées 
sur  les  effets  de  ventilation  produits  par  les  cheminées  d'appartement  et 
par  divers  autres  appareils. 

C.  R  ,  i863,  2m«  Semeslre.  (T.  LVII,  N»  6)  4° 


(298  ) 

»  Le  chapitre  VI  est  consacré  à  l'examen  comparatif  des  divers  systèmes 
employés  en  France,  d'après  les  résultats  des  expériences  exécntées  par 
divers  ingénieurs  et  par  le  service  du  Génie  Militaire. 

>)  Le  chapitre  VII  renferme  les  résultats  des  expériences  faites  par  mes 
soins  dans  des  salles  d'école  et  ceux  des  expériences  exécutées  par  le  service 
du  Génie  Militaire  dans  des  chambres  de  caserne. 

»  Le  chapitre  VIII  traite  du  volume  d'air  nécessaire  à  l'assainissement 
des  lieux  habités. 

»  Le  chapitre  IX  contient  un  examen  sommaire  des  divers  systèmes  de 
calorifères  employés  dans  les  appareils  de  ventilation. 

»  Le  chapitre  X  est  consacré  aux  dispositions  particulières  aux  différents 
édifices,  tels  que  :  les  hôpitaux,  les  prisons,  les  casernes,  les  écoles,  les 
salles  d'asile,  les  amphithéâtres,  les  salles  d'assemblées,  les  églises,  les 
salles  de  spectacle,  les  habitations  particulières,  les  ateliers,  les  lieux  d'ai- 
sances, les  écuries  et  les  étables. 

»  Enfin,  dans  des  notes,  je  fais  connaître  les  résultats  obtenus  pour  la 
ventilation  du  Théâtre-Lyrique  et  du  théâtre  de  la  Gaîté,  avec  les  appareils 
incomplets  qui  y  ont  été  établis.  « 

PHYSIQUK.  —  Jddition  à  de  précédentes  communications  sur  un  nouveau 
spectromèlre  à  vision  directe.  Note  de  M.  B.  Valz. 

(t  En  poursuivant  mes  calculs  sur  les  dispersions  du  spectromètre  à 
circonférence  entière,  j'ai  pu  reconnaître  qu'il  était  possible  de  diminuer 
avantageusement  le  nombre  des  prismes  qu'on  pouvait  y  employer.  Pour 
calculer  l'angle  de  ces  prismes,  j'avais  employé,  comme  il  était  convenable, 
lindice  moyen  de  réfraction  ;  mais  ce  n'était  pas  indispensable,  et  s'il  pou- 
vait y  avoir  quelque  avantage  à  recourir  à  un  autre  indice  de  réfraction 
compris  entre  les  extrêmes,  il  serait  convenable  de  le  faire.  C'est,  en  effet, 
ce  qui  a  lieu  pour  diminuer  le  nombre  des  prismes  employés  lorsque  l'indice 
de  réfraction  est  pris  au-dessus  de  l'indice  moyen,  et  c'était  ce  que  j'avais 
déjà  fait  pour  augmenter  la  dispersion  eu  partageant  le  spectre  en  deux 
parties  vues  séparément.  On  pourrait  ainsi,  à  la  rigueur,  réduire  les 
neuf  prismes,  que  nous  avions  trouvés  nécessaires  avec  l'indice  moyen 
de  réfraction,  à  cinq,  et  même  à  quatre,  avec  vui  plus  fort  indice;  mais, 
ainsi  que  nous  l'avons  déjà  remarqué,  il  y  aurait  quelque  inconvénient,  et 
il  est  plus  convenable  de  se  borner  à  employer  six  prismes.  Dans  ce  cas, 
en  prenant  l'indice  extrême  déjà  supposé  n  =  1,72,  on  trouverait,  d'après 


(  299 

^ i-* 

i8o° 


1     f  1  I  "  .  180°         ,  .  ,  ,         , 

ia  lormule  cot  -  rt  =;  s-;  —  cot j  ou  m  est  le  nombre  des  prismes, 

■>  100°  m  '  ' 


(T  =  6o"/|2',  i  =  60^11',  et  la  dispersion  serait  de  i2°49';  avec  «=i,'7i, 
a  =61"  18',  '  =  60°  40',  et  la  dispersion  24°3'2';  avec  l'indice  le  plus  faible, 
alors  possible,  72=1,708,  a  =  6i°i^\  i  =:  60° 4^',  et  la  dispersion  33*" 3 1'. 
On  voit  combien  la  dispersion  augmente  fortement  avec  d'assez  faibles 
variations  dans  les  angles  et  les  indices  qui  peuvent  la  porter  ainsi  presque 
au  triple  de  sa  moindre  valeur.  » 

PATHOLOGIE.  —  Nole  sui  l'oplillialmie  prodiiile  par  le  soufrage  des  vignes; 

par  M.  P.  BoDissoN. 

«  Depuis  quelques  années,  l'opération  agricole  du  soufrage  des  vignes 
dans  le  midi  de  la  France  nous  a  doimé  l'occasion  d'observer  un  grand 
nombre  d'ophthalmies.  La  plupart  des  travailleurs  chargés  de  cette  opéra- 
lion ,  qui  se  renouvelle  depuis  le  mois  d'avril  jusqu'au  mois  d'août,  à 
chaque  invasion  de  l'oïdium,  sont  atteints  d'une  irritation  oculaire  plus  ou 
moins  intense.  Certains  sont  obligés  de  renoncer  à  ce  genre  d'occupation. 

»  Pour  apprécier  l'influence  éliologique  du  soufrage  sur  la  production 
des  ophthalmies,  il  nous  a  paru  utile  de  tenir  compte  des  circonstances 
suivantes. 

»  Localités.  —  Les  ophthalmies  sont  surtout  communes  dans  les  dépar- 
tements de  l'Hérault,  de  l'Aude  et  du  Gard  qui  sont  les  principales  régions 
viticoles  du  midi  de  la  France.  Dans  le  seul  département  de  l'Hérault  , 
I Go 000  hectares  sont  plantés  en  vignes,  et  la  pratique  du  soufrage  est 
généralement  adoptée.  On  voit  par  ce  fait  quelle  fraction  considérable  de 
la  population  des  campagnes  est  anruiellement  exposée  à  subir  les  effets 
de  la  poussière  de  soufre. 

»  Etal  des  poussières  sulfureuses. — Le  soufre  est  employé  à  l'état  de  fletus, 
ou  soufre  sublimé,  et  à  l'état  de  tritiualion.  La  première  espèce  contient 
une  quantité  appréciable  d'acide  sulfurique  libre ,  la  seconde  n'en  renferme 
que  des  traces  insignifiantes.  Aussi  l'action  chimique  du  soufre  sublimé 
est-elle  plus  prononcée  que  celle  du  soufre  trituré.  Examinée  au  microscope, 
la  poudre  du  soufre  sublimé  présente  des  globules  très-divisés  et  arrondis; 
celle  du  soufre  trituré  offre  des  particules  irrégulières  et  anguleuses.  On 
peut  en  conclure  que  l'action  mécanique  de  cette  dernière  est  plus  irritante 
que  celle  des  fleurs  de  soufre.  Mais  comme,  à  cet  état  de  division,  l'irritation 

40.. 


(  3oo  ) 
mécanique  est  beaucoup  moins  active  sur  la  conjonctive  oculaire  que  l'irri- 
tation chimique,  il  en  résulte  que  l'emploi  du  soufre  trituré  est  moins  nui- 
sible pour  les  yeux  que  celui  du  soufre  sublimé,  ce  que  démontre  l'expé- 
rience. 

»  Insinimenls  pour  la  dijfusion  du  soufre.  —  Le  nombre  de  ces  instruments 
a  beaucoup  varié.  Les  principaux  sont  le  soufflet  et  le  sablier  nuini  ou  non 
de  houppe.  Les  appareils  qui  opèrent  une  projection  limitée  de  poudre 
sulfureuse,  comme  le  soufflet,  exposent  moins  les  yeux  des  travailleurs  que 
les  instruments  qui  favorisent  la  diffusion  de  cette  même  poudre  dans 
l'atmosphère. 

»  Durée  du  travail  ;  conditions  extérieures.  —  En  moyenne,  un  ouvrier  est 
occupé  sept  heures  par  jour  à  l'opération  du  soufrage  des  vignes,  et  répand 
lo  kilogrammes  de  soufre.  L'opération  dure  cinq  jours  par  hectare,  et  se 
renouvelle,  suivant  les  circonstances,  trois  ou  quatre  fois  dans  la  saison. 
Nous  avons  remarqué  que  les  ophthalmies  sont  surtout  fréquentes  au  der- 
nier soufrage,  et  que  la  chaleur  et  la  sécheresse  accroissent  les  effets  exci- 
tants de  l'air  chargé  de  molécules  de  soufre. 

»  Etat  des  individus  emplojés  au  soufrage.  —  Les  femmes  et  même  les 
enfants  étant  principalement  chargés  de  ce  travail  sont  aussi  le  plus  fré- 
quemment atteints  d'ophthalmie.  I^es  sujets  qui  ont  eu  des  irritations 
oculaires  antérieures  d'origine  diathésique  ou  accidentelle  subissent  des 
exaspérations  inflammatoires. 

»  L'ophthalmie  produite  par  le  soufrage  des  vignes,  que  pour  abréger 
on  pourrait  nommer  opldhalmie  des  soufreurs,  rentre  dans  la  catégorie  des 
inflammations  par  cause  externe  ;  elle  est  généralement  peu  grave  et  consiste 
dans  une  conjonctivite.  Elle  se  distingue  plutôt  par  sa  cause  que  par  la 
spécialité  de  ses  caractères. 

»  Les  travailleurs  atteints  de  cette  affection  ont  les  yeux  rouges,  lar- 
moyants, tuméfiés.  Ils  éprouvent  une  douleur  pongitive  assez  pénible, 
surtout  pendant  le  milieu  de  la  journée ,  lorsque  la  chaleur,  la  lumière  et 
la  réverbération  sont  intenses.  Ils  se  plaignent  de  photophobie  et  d'irradia- 
tions douloureuses  vers  le  front.  Cette  irritation  s'apaise  par  le  repos  de  la 
nuit  et  par  des  lavages  à  l'eau  fraîche.  Mais  l'irritation  se  reproduit  par  la 
même  cause,  et  l'accumulation  des  effets  ne  tarde  pas  à  se  traduire  par  une 
ophthalmie  plus  ou  moins  intense.  Celle-ci  se  manifeste  sous  plusieurs 
formes. 

»  1°  La  plus  commune  est  l'inflammation  de  la  caroncule  lacrymale  et 
du  repli  semi-lunaire  de  la  conjonctive.  L'examen  de  l'œil  fait  découvrir  à 


(  3oi   ) 
son  grand  angle  des  particules  sulfureuses  masquées  par  du  mucus,  mais 
dans  lesquelles   l'examen  microscopique   fait  retrouver  les  caractères  du 
soufre  sublimé  ou  trituré. 

))  2°  Une  autre  forme  plus  sérieuse  est  la  conjonctivite  proprement  dite. 
Elle  est  ordinairement  à  forme  aiguë,  sans  atteindre  jamais  le  degré  puru- 
lent. !1  est  très-rare  qu'elle  occasionne  des  taches  liératiques  ou  d'autres 
désordres  graves.  Chez  les  sujets  affectés  de  dyscrasie,  elle  prend  une 
marche  chronique,  revêt  surtout  les  caractères  de  l'ophthalmie  tarsienne 
et  occasionne  la  lippitude  et  la  chute  des  cils. 

))  3°  Une  troisième  forme  d'irritation  oculaire  s'accompagne  d'ecchy- 
moses sous-conjonctivales. 

»  Les  moyens  à  opposer  à  l'ophthalmie  des  soufreurs  sont  prophylacti- 
ques ou  curatifs. 

»  Les  premiers  consistent  surtout  dans  le  choix  des  soufres  ,  dans 
l'adoption  de  bons  instruments,  dans  l'emploi  de  voiles  ou  de  lunettes,  et 
dans  quelques  pratiques  hygiéniques  après  le  soufrage. 

»  Parmi  les  moyens  récemment  proposés  pour  le  soufrage  économique 
de  la  vigne,  le  mélange  de  soufre  et  de  chaux  s'est  montré  nuisible  et  a  rendu 
les  ophthalmies  plus  fréquentes.  Le  soufre  plâtré,  au  contraire,  est  mieux 
supporté  par  les  yeux,  mais  il  ne  paraît  pas  exempt  d'inconvénients  pour 
les  organes  respiratoires. 

'I  Lorsque,  malgré  les  précautions  susindiquées,  l'ophthalmie  se  produit, 
on  la  combat  avec  succès  par  les  méthodes  de  traitement  qui  conviennent 
aux  conjonctivites  franches.  » 

M.  Mac-Lear,  nommé  Correspondant  de  la  Section  d'Astronomie  en 
remplacement  de  feu  /)/.  Bond,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

Sa  Lettre,  écrite  du  Cap  de  Bonne-Espérance  où  il  est  directeur  de 
l'Observatoire  royal,  contient,  avec  une  courte  indication  de  ses  travaux 
habituels,  le  rappel  d'un  travail  accompli  déjà  depuis  quelque  temps,  la 
mesure  d'un  arc  du  méridien  entreprise  pour  vérifier  et  étendre  celle 
qu'avait  faite  en  1702  le  savant  abbé  de  La  Caille.  Le  compte  rendu  de  ce 
travail  déjà  imprimé  paraîtra  prochainement,  et  M.  Mac-Lear  s'empres- 
sera d'en  adresser  un  exemplaire  à  l'Académie. 


(  3o2  ) 

NOMIÎVATIOIVS 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission de  deux  Membres  pour  la  révision  des  comptes  de  l'année  1862. 

MM.  Mathieu  et  J.  Cloquet  réunissent  la  majorité  des  suffrages, 

RAPPORTS. 

HYDRAULIQUE.  —  Rapport  sur  In  partie  du  Mémoire  de  M.  Bazik  relative 
aux  remous  et  à  la  propagation  des  ondes. 

(Commissaires,  MM.  Dupin,  Poncelet,  Combes, 
Morin,  Clapeyron  rapporteur.) 

«  M.  Bazin,  dans  une  seconde  partie  de  ses  recherches  expérimentales 
sur  l'hydraulique,  aborde  la  question  si  difficile  et  encore  si  peu  approfon- 
die des  mouvements  ondulatoires  qui  se  produisent  dans  les  liquides. 

))  Dans  un  sujet  si  vaste  et  renfermant  des  questions  d'un  ordre  si  élevé, 
M.  Bazin  a  dû  restreindre  son  point  de  vue;  ses  études  ont  porté  seidemeni 
sur  un  cas  relativement  simple,  celui  d'ondes  isolées  se  propageant  dans 
des  canaux  rectilignes  doni  l'eau  est  stagnante  ou  s'écoule  avec  une  vitesse 
uniforme,  soit  dans  le  sens  où  la  vague  se  propage,  soit  dans  le  sens  opposé. 

»  Dans  ces  deux  premiers  cas,  l'onde  a  des  dimensions  restreintes  en  lon- 
gueur; elle  est  produite  par  l'injection  subite  et  de  courte  durée  d'une 
masse  d'eau  dans  le  canal. 

»  Si  au  contraire  l'injection  dure  un  temps  considérable,  la  vague  pren- 
dra en  longueur  des  dimensions  beaucoup  plus  grandes  qui  seront  en  pro- 
portion de  la  durée  de  l'injection;  l'intumescence  ainsi  produite  prend  le 
nom  de  remoifs,  elle  a  l'apparence  d'une  tranche  d'eau  qui  s'avancerait  en 
"lissant  sur  la  surface  du  canal. 

»  Comme  dans  le  cas  de  la  vague  isolée,  M.  Bazin  examine  le  cas  où  le 
phénomène  se  produit  dans  un  canal  renfermant  de  l'eau  en  repos,  et  celui 
ou  celle-ci  s'écoule  avec  une  vitesse  uniforme  dans  le  sens  où  se  propage  le 
remous,  ou  en  sens  contraire.  Ce  dernier  cas  fixe  particulièrement  l'atten- 
tion de  l'auteur,  parce  qu'il  reproduit  sur  une  échelle  restreinte  le  phéno- 
mène imposant  connu  dans  la  partie  maritime  des  grands  fleuves  sous  dif- 
férents noms  :  barre,  mascaret,  pororoca,  et  en  fournit  l'explication 
naturelle. 

»   Cette  partie  de  l'hydraulique  avait  été  déjà  abordée  par  quelques  expé- 


(  3o3  ) 
rimentateurs  parmi  lesquels  il  convient  de  citer  en  première  ligne  MM.  Scott 
Russeil  et  Bidone.  Le  premier  a  publié  en  i845  des  expériences  très-inté- 
ressantes sur  la  propagation  dans  un  canal  rectiligne  d'une  onde  isolée  pro- 
duite par  l'injection  subite  d'une  petite  niasse  d'eau  dans  le  liquide  sta- 
gnant qui  le  remplit.  Cette  onde,  qu'il  nomme  onde  de  iranslalion,  onde 
solilaire,  jouit  de  propriétés  remarquables;  la  saillie  qu'elle  produit  à  la 
surface  de  l'eau  est  d'une  régularité  parfaite;  elle  marche  sans  laisser  en 
arrière  de  traces  de  son  passage  et  sans  que  rien  annonce  en  avant  sa  venue 
prochaine.  Elle  parcourt  ainsi  de  grands  espaces  sans  qu'on  observe  dans 
sa  forme  d'altération  sensible  quand  la  profondeur  reste  constante.  Sa 
vitesse  est  celle  qu'acquerrait  un  corps  grave  tombant  d'une  hauteur  égale 
à  la  moitié  de  la  distance  du  sommet  de  la  vague  au  fond  du  canal. 

)i  Cette  onde  paraît  devoir  les  propriétés  particulières  qui  la  caractérisent 
à  ce  que  le  mouvement  qui  la  produit  s'étend  aux  parties  les  plus  pro- 
fondes du  canal;  lorsque  l'agitation  est  seidement  superficielle,  la  loi  de 
propagation  est  tout  autre;  ainsi,  comme  l'a  remarqué  le  général  Morin, 
loi'squ'un  canot  se  meut  dans  un  canal  étroit  et  profond,  il  produit  dans 
certaines  conditions  de  vitesse  une  vague  qui  l'accompagne;  si  l'on  vient  à 
arrêter  celui-ci,  la  vague  quitte  le  canot  et  se  propage  en  avant,  d'abord  avec 
sa  vitesse  originelle,  qui  est  celle  qu'avait  le  canot,  et  par  conséquent  sans 
relation  avec  la  profondeur  du  canal.  Ce  n'est  que  plus  tard,  et  lorsque 
l'agitation  superficielle  se  sera  étendue  à  toute  la  profondeur  de  l'eau,  que  la 
loi  proposée  par  M.  Scott  Russeil  pourra  se  manifester. 

)>  Bidone  publia,  en  iSa/j?  des  expériences  sur  le  remous  qui  se  produit 
dans  un  canal  à  faible  pente,  rempli  d'une  eau  courante,  lorsqu'on  l'arrête 
subitement  par  l'abaissement  d'une  vanne  :  l'eau  s'élève  contre  cet  obstacle 
et  perd  sa  vitesse.  Ainsi  réduite  à  l'état  de  repos,  elle  devient  à  son  tour  un 
obstacle  au  mouvement  de  l'eau  qui  vient  ensuite,  et  dont  la  vitesse  sub- 
siste encore;  celle-ci  s'élève  à  son  tour  en  perdant  sa  vitesse,  l'intumescence 
ainsi  produite  a  une  hauteur  constante  au-dessus  du  fond  et  se  propage, 
dans  le  sens  opposé  au  courant,  avec  une  vitesse  uniforme  lorsque  la  pro- 
fondeur du  courant  l'est  elle-même.  Bidone  étudie  les  circonstances  diverses 
du  phénomène  et  en  représente  la  loi  par  une  formule  qui  coïncide  avec 
celle  de  M.  Scolt  Russeil  lorsque  la  hauteur  de  l'intumescence  est  très- 
faible. 

»  Les  expériences  de  ces  deux  auteurs  ont  été  faites  dans  des  canaux  de 
petites  dimensions  qui  s'éloignaient  trop  des  conditions  de  la  pratique  pour 
qu'elles  pussent  lui  offrir  un  guide  certain. 


(  3o4  ) 

»  Cette  question  du  mouvement  des  vagues  ne  pouvait  manquer  d'ap- 
peler l'attention  des  "éomètres,  qui  en  ont  fait  l'objet  de  recherches  suivies; 
nialhein'cusement  les  forces  de  l'analyse  moderne  n'ont  pas  prévalu  contre 
les  difticultés  de  la  question.  Il  convient  cependant  de  rappeler  ce  qu'on 
lit  à  ce  sujet  dans  la  Mécanique  analytique  de  Lagrange.  11  se  restreint  au 
cas  où  le  canal  est  peu  profond  et  horizontal.  Il  suppose  que  le  fluide,  dans 
son  mouvement,  ne  s'élève  ni  ne  s'abaisse  au-dessus  ou  au-dessous  du 
niveau  qu'infiniment  peu,  et  qu'en  outre  les  vitesses  horizontales  sont  aussi 
très-petites.  «  Alors,  dit-il,  la  vitesse  de  propagation  des  ondes  sera  la  même 
»  que  celle  qu'un  corps  grave  acquerrait  en  descendant  d'une  hauteiu' 
»  égale  à  la  moitié  de  la  profondeur  d'eau  dans  le  canal.  »  Si  restreintes 
que  soient  les  hypothèses  dans  lesquelles  se  place  Lagrange,  il  convient 
donc  de  faire  remonter  à  lui  la  découverte  de  la  loi  que  Scott  flussell  a 
eu  le  mérite  de  vérifier  dans  des  conditions  de  grandeur  finie,  quoique 
encore  bien  restreintes. 

y>  Cette  revue  .sommaire  des  travaux  antérieurs  montre  combien  les 
expériences  de  M.  Bazin  offraient  d'importance  et  d'opportunité.  Pou- 
vant disposer  des  rigoles  d'alimentation  et  des  biefs  du  canal  de  Bour- 
gogne, il  les  a  faites  sur  luie  échelle  supérieure  à  ce  qu'avaient  pu  faire 
ses  prédécesseurs,  et  qui  se  rapproche  des  conditions  ordinaires  de  la 
pratique.  Son  canal  d'expérience  a  2  mètres  de  large,  les  parois  sont 
formées  de  madriers  joiutifs,  la  section  est  rectangulaire.  Le  fond  est  réglé 
sur  une  pente  de  1  \  millimètre  par  mètre  environ.  Il  opère  sur  des  hau- 
teurs d'eau  variant  entre  o™,682  et  o™,3o7  à  l'extrémité  la  plus  pro- 
fonde, et  qui,  en  raison  de  l'inclinaison  du  fond,  se  réduisent  à  o,44'  c' 
0,066  à  l'extrémité  opposée.  L'onde  dont  on  étudie  la  marche  se  produit 
de  la  manière  suivante.  A  une  certaine  distance  du  point  où  commencent 
les  observations  est  luie  prise  d'eau  en  communication  avec  le  canal;  on  y 
a  établi  un  barrage  percé  de  plusieurs  ouvertures  munies  de  clapets  dis- 
posés de  façon  à  pouvoir  s'ouvrir  et  se  fermer  subitement.  L'eau  retenue  à 
un  niveau  supérieur  peut  être  injectée  à  volonté  dans  le  canal  et  y  produire 
l'intumescence  dont  on  étudie  le  mouvement.  L'agitation  tunuiltueuse  qui 
s'observe  d'abord  dans  le  voisinage  de  la  prise  d'eau  se  régularise  bientôt 
et  se  résout  eu  luie  vague  aux  formes  régulières  qui  se  jiropage  avec  une 
vitesse  qui  varie  avec  les  divers  points  d'observation.  A  mesure  que  la  pro- 
fondeur diminue,  la  hauteur  de  la  vague  s'accroît,  et  si  l'on  nomme  H  la 
profondeur  de  l'eau  avant  l'arrivée  do  la  vague  au  point  que  Ion  considère, 
et  h  la  hauteur  de  la  vague  au-dessus  du  niveau  général,  la  vitesse  de  pro- 


(  3o5  ) 
pagation  est  donnée  par  la  formule 

\'g{li  +  h}. 

C'est  la  loi  de  M.  Scott  Rnssell, 

n  On  conçoit  qtie  cette  hauteur  croissante  de  la  vague  a  une  limite;  il 
arrive  un  moment  où  elle  se  brise  et  s'écroule  dans  un  tourbillon  d'écume. 
Ce  phénomène  se  produit  lorsque  la  hauteur  s'approche  d'être  égale  à  la 
profondeur  du  canal.  Après  que  la  vague  a  déferlé,  ses  débris  donnent  nais- 
sance à  une  série  de  vagues  plus  petites  qui  se  brisent  à  leur  tour  lorsque  la 
profondeur  vient  à  leur  manquer. 

»  Si,  au  lieu  d'injecter  l'eau  dans  le  canal,  on  en  retire  subitement  une 
certaine  quantité  en  lui  ouvrant,  pendant  un  temps  très-court,  une  issue 
à  travers  le  barrage  placé  à  l'une  de  ses  extrémités,  il  se  produit  une  dé- 
pression qui  se  propage  sur  toute  sa  longueur;  on  remarque  que  cette 
espèce  de  vague  négative  n'a  pas  des  formes  aussi  nettes  et  aussi  régulières 
que  l'onde  saillante  étudiée  précédemment.  L'onde  négative  est  suivie 
d'autres  ondulations  qu'il  n'a  pas  été  possible  de  faire  disparaître,  comme 
l'avait  aussi  constaîé  M.  Scott  Russell;  elle  ne  parait  pas  non  plus  pouvoir 
parcourir  d'aussi  grands  espaces  sans  déformation  sensible.  La  détermina- 
tion des  circonstances  diverses  du  phénomène  n'est  pas  susceptible  d'au- 
tant de  précision  ;  cependant  la  vitesse  de  propagation  calculée  par  la  for- 
mule 

V(H  -  h)g 

s'accorde  fort  bien  avec  l'expérience;  la  même  loi  s'appliquerait  donc  à  la 
vitesse  de  propagation  de  l'onde  positive  et  de  l'onde  négative,  puisqu'il 
suffit,  pour  passer  de  la  première  à  la  seconde,  de  changer  h  en  —  h. 

»  Les  mêmes  expériences  ont  été  répétées  en  deux  points  du  canal  de 
Bourgogne  sur  une  plus  grande  échelle  :  d'abord,  dans  le  bief  de  partage. 
La  cuvette  du  canal  est  en  maçonnerie;  sa  section  est  un  rectangle  de  6™,5o 
de  largeur;  sa  profondeur  d'eau  de  ■i.'",^o.  Les  ondes  positives  étaient  pro- 
duites par  l'introduction  subite  d'un  volume  d'eau  accumulé  dans  une  ri- 
gole d'alimentation;  les  ondes  négatives,  en  ouvrant  pendant  un  instant 
les  vannes  de  la  première  écluse  du  versant  de  l'Yonne.  La  même  loi  se 
vérifia. 

M  Une  seconde  série  d'expériences  eut  lieu  dans  un  des  biefs  du  canal  de 
Bourgogne,  versant  de  la  Saône.  La  section  du  canal  était  sensiblement  un 

C.  R.,  i8G3,  î^e  Semestre.  (T.  LVII,  N»  G.)  4' 


(  3o6  ) 
trapèze  de  lo  mètres  de  largeur  au  plafond,  avec  talus  inclinés,  à  a  mètres 
de  base  sur  i  mètre  de  hauteur.  On  a  pris  pour  hauteur  H  la  profondeur 
niovenne  obtenue  en  divisant  la  section  par  la  largeur  à  la  ligne  d'eau.  La 
profondeur  variait  de  i™,37  à  i"',44-  Les  ondes  positives  étaient  obtenues 
en  ouvrant  les  vannes  de  l'écluse  d'amont  pendant  quelques  instants,  et  les 
ondes  négatives  en  ouvrant  celles  de  l'écluse  d'aval.   Les  vitesses  déduites 
de  la  formule  s'accordent  avec  celles  de  l'expérience,  à  l'exception  toute- 
fois de  celles  qui  se  rapportent  à  la  propagation  des  ondes  négatives  dans 
la  section  à  forme  trapézoïdale;  dans  ce  dernier  cas,  la  formule  donne  des 
vitesses  inférieures  à  celles  qu'indique  l'expérience.   La  section  du  canal 
paraît  donc  avoir  dans  ce  cas,  sur  la  vitesse  de  propagation,  une  influence 
encore  peu  connue,  et  qui  ferait  désirer  des  expériences  faites  sur  une  plus 
grande  échelle. 

»  Il  était  encore  intéressant  de  savoir  si  la  même  loi  s'applique  à  la  pro- 
pagation de  la  vague  dans  un  courant  marchant  dans  le  même  sens  ou  dans 
un  sens  opposé.  Si  toutes  les  molécules  d'un  courant,  comprises  dans  une 
même  section,  étaient  animées  d'une  même  vitesse,  il  n'est  pas  douteux  que, 
par  rapport  à  un  observateur  animé  de  la  vitesse  du  courant,  l'eau  serait 
en  repos,  et  que  la  vitesse  relative  de  la  propagation  de  l'onde  serait  celle 
qui  vient  d'être  déterminée,  on,  ce  qui  revient  au  même,  la  vitesse  absolue 
mesurée  par  rapport  aux  berges  du  canal  serait  v'g(H  +  h)  it  «,  u  étant 
la  vitesse  du  cours  d'eau.  Le  signe  +  se  rapporterait  au  cas  où  l'onde  se 
propagerait  dans  le  sens  du  courant,  le  signe  —  au  cas  où  elle  marche- 
rait dans  le  sens  opposé.  Mais  il  n'en  est  pas  ainsi,  et  l'inégalité  de  vitesse, 
en  différents  points  de  la  section  du  cours  d'eau,  peut  altérer  d'ime  ma- 
nière très-sensible  la  loi  établie  pour  un  liquide  en  repos.  Il  était  donc 
intéressant  de  consulter  l'expérience  sur  ce  point. 

»  M.  Bazin  constate  que  lorsqu'une  onde  positive  remonte  un  courant, 
elle  perd  sa  régularité  de  forme,  et  sa  hauteur  diminue  plus  rapidement 
que  dans  le  cas  où  l'eau  est  stagnante  :  ce  phénomène  est  d'autant  plus  pro- 
noncé que  le  courant  est  plus  rapide;  cependant  la  formule  v  g(H  +  h)  —  u 
se  vérifie  encore  d'une  manière  satisfaisante;  mais  pour  de  faibles  vitesses 
de  propagation,  le  calcul  donne  des  valeurs  un  peu  trop  grandes;  il  les 
(louiie  \\x\  peu  trop  faibles  dans  le  cas  des  ondes  négatives. 

»  Pour  les  ondes  marchant  dans  le  sens  du  courant,  l'accord  de  la  for- 
mule avec  l'expérience  est  très-satisfaisant  pour  les  ondes  positives,  et  un 
peu  moins  pour  les  ondes  négatives,  dont  la  vitesse  est  un  peu  inférieure  à 
ce  qu'indique  le  calcul. 


(  3o7  ) 

»  Dans  1111  deuxième  chapitre,  M.  Bazin  étudie  les  lois  de  la  propagation 
d'un  remous  dans  une  eau  en  repos.  Dans  le  chapitre  précédent,  rinjeclioii 
d'eau,  à  l'une  des  extrémités  du  canal,  avait  lien  dans  un  temps  très-court  ; 
si  au  contraire  l'injection  est  permanente,  l'onde  s'allonge  indéfiniment  et 
prend  l'aspect  d'une  couche  liquide  qui  s'avancerait  progressivement  sur  la 
surface  de  l'eau  en  repos.  Les  expériences  ont  lieu  dans  les  mêmes  canaux 
qui  ont  servi  à  l'étude  des  mouvements  de  l'onde  solitaire  et  dans  les  mêmes 
conditions  de  profondeur  variable. 

B  Voici  les  circonstances  principales  du  phénomène.  En  tête  du  remous 
se  produit  une  vague  dont  la  hauteur  est  supérieure  de  moitié  environ  à 
celle  du  plan  d'eau  qui  la  suit;  en  avant  de  la  première  onde,  on  n'observe 
aucun  signe  précurseur  de  son  arrivée;  en  arrière,  l'eau  est  animée  d'une 
certaine  vitesse  dans  le  sens  du  mouvement  de  propagation.  Lorscpie  la 
profondeur  est  considérable,  la  première  onde  a  une  forme  régulière  el 
allongée;  si  la  profondeur  vient  à  diminuer,  elle  devient  plus  courte,  plus 
aiguë  au  sommet,  s'incline  en  avant  et  offre  une  tendance  au  défcrlemenl 
qui  se  produit  enfin  lorsque  la  profondeur  cesse  de  dépasser  la  hauteur 
de  la  vague.  La  vitesse  de  propagation  est  encore  donnée  par  la  formule 
v/(H  +  h)g ,  h  étant  la  hauteur  au-dessus  du  plan  d'eau  primitif  de  la  vague 
qui  marche  en  tète  du  remous;  néanmoins,  quand  le  déferlemetit  a  lien,  la 
formule  donne  des  vitesses  trop  faibles. 

«  On  peut  se  rendre  compte  du  déferlement  de  la  manière  suivante  :  à 
mesure  que  la  profondeur  diminue,  la  vitesse  de  propagation  diminue  elle- 
même;  elle  finit  par  devenir  insuffisante  pour  que,  le  débit  restant  con- 
stant, la  masse  d'eau  affluenle  trouve  place  derrière  elle;  l'onde  surélevée 
qui  marche  en  tête  du  remous  se  déforme,  sa  base  s'amoindrit,  sa  ciêle 
devient  plus  aiguë  et  s'élève  :  or,  nous  avons  vu  qu'une  onde  ne  peut  se 
maintenir  qu'autant  que  sa  hauteur  est  inférieure  à  la  profondeur  de  l'eau 
dans  laquelle  elle  se  propage;  elle  se  brise  donc  enfin  et  se  résout  dans 
une  barre  d'écume  poussée  en  avant  par  la  masse  d'eau  qui  la  suit. 

)>  M.  Bazin  montre  ensuite  que  ce  phénomène  devient  imminent  lorsque 
la  vitesse  U  du  courant,  capable  de  fournir  le  débit  q  sur  l'unité  de  largeur 
et  sur  la  profondeur  H  du  canal,  dépasse  la  vitesse  d'un  corps  pesant  tom- 
bant d'une  hauteur  égale  à  cette  profondeur. 

»  Il  reste  à  déterminer  la  vitesse  de  propagation  V  que  prend  le  remous 
pour  un  débit  ^,  dans  un  canal  renfermant  de  l'eau  stagnante  d'une  pro- 
fondeur H.  Cette  vitesse  V  étant  Vg^  (H  -^-h)  il  s'agit  d'exprimer  h,  hauteur 

4i-. 


(  3o8  ) 
de  la  vague  qui  marche  en  tète  du  remous,  en  fonction  du  débit  :  il  arrive  à 

1  équation  du  troisième  degré  V  —  g^Hw  =  —■>  en  prenant  -pour  le  rap- 
port entre  la  hauteur  de  la  première  vague  et  la  hauteur  du  plan  d'eau  qui 
la  suit,  que  lui  donne  l'expérience  avec  une  exactitude  suffisante. 

»   Il  montre  enfin  par  des  calculs  numériques  que   lorsque  — y=^   est 

H  \ga 

inférieur  à  0,70,  l'équation  du  troisième  degré  peut  être  remplacée  par  la 

formule  très-simple 

»  Dans  le  chapitre  III,  M.  Bazin  traite  le  cas  du  remous  qui  se  produit 
dans  un  canal  dont  on  arrête  l'écoulement  par  l'abaissement  subit  d'une 
vanne.  L'eau  s'élève  contre  l'obstacle,  perd  sa  vitesse  de  translation  et 
forme  obstacle  au  mouvement  de  l'eau  affluenfe  qui  s'élève  à  son  tour,  et 
ainsi  de  suite.  L'intumescence  produite  par  l'eau  devenue  stagnante  se  pro- 
page vers  l'amont  avec  une  vitesse  uniforme,  en  conservant  son  niveau. 
M.  Bazin,  après  avoir  décrit  les  expériences  de  Bidone  sur  ce  snjet,  déve- 
loppe les  résultats  des  expériences  faites  par  M.  Darcy  et  par  lui  sur  une 
beaucoup  plus  grande  échelle.  Il  remarque  que  le  remous,  en  s'avançant 
vers  l'amont,  présente  une  onde  à  surface  arrondie  dont  la  hauteur  dépasse 
le  plan  d'eau  qui  s'établit  en  arrière,  lorsque  l'agitation  qui  succède  à  cette 
première  onde  s'est  calmée. 

»  Il  constate  d'abord  que  la  formule  de  M.  Scott  Russell  se  vérifie  encore 
dans  ce  cas,  en  prenant  pour  hauteur  h  de  l'onde  celle  plus  élevée  qui  pré- 
cède les  autres  à  la  naissance  du  remous.  Mais  pour  arriver  à  la  valeur  nu- 
mérique de  la  formule  \'[ll-hh)  g —  U,  il  faut  connaître  h.  Or  h  est  dans 
un  rapport  que  donne  l'expérience  avec  l'élévation  du  plan  d'eau  stagnante 
qui  s'établit  après  le  passage  du  remous  et  qui  elle-même  dépend  de  la 
vitesse  U  du  courant.  On  arrive  ainsi,  pour  la  détermination  de  la  vitesse 
de  propagation  ,  à  une  équation  du  troisième  degré,  dont  la  racine  réelle  est 
donnée  approximativement  par  la  formule  très-simple 


v=-|u  +  v 


H- 


fl  est  à  remarquer  que  cette  valeur  de  V  peut  se  déduire  de  la  formule  du 
chapitre  précédent  en  retranchant  U  du  second  membre,  ce  qui  indique 
que  les  phénomènes  étudiés  dans  ces  deux  chapitres  sont  régis  par  la  même 


(  3o9) 
loi,  et  peuvent  être  ramenés  l'un  à  l'autre  en   imprimant  un   mouvement 
relatif  à  l'observateur. 

»  M.  Bazin  aborde  ensuite  un  cas  plus  compliqué,  celui  où  le  courant 
dont  on  interrompt  le  cours  a  lieu  sur  un  fond  légèrement  incliné  :  le  fait 
principal  qu'il  observe  est  que  dans  ce  cas  la  surface  de  l'eau,  après  le 
passage  du  remous,  n'est  pas  parfaitement  horizontale,  mais  affecte  une 
courbure  tournant  sa  concavité  vers  le  haut. 

»  Le  quatrième  chapitre  traite  le  cas  où,  dans  un  courant  établi,  on  en 
projette  un  second;  c'est  le  cas  d'un  fleuve  dans  lequel  remonte  la  marée  ou 
qui  se  gonfle  par  siùte  de  l'accroissement  subit  du  débit  d'un  affluent. 
M.  Darcy  en  a  fait,  en  1 856,  l'objet  de  plusieurs  séries  d'expériences  com- 
plétées en  1867  par  M.  Bazin.  La  prise  d'eau  supérieure  entretient  dans  la 
rigole  un  courant  déterminé,  réglé  par  un  barrage  situé  à  45o  mètres  en 
avaL  Une  deuxième  prise  d'eau  voisine  de  ce  dernier  verse  dans  le  premier 
courant  un  second  dont  on  règle  le  débit  à  volonté  et  que  nous  nommons 
le  courant  d'avat,  par  opposition  au  premier  que  nous  nommons  le  coiuant 
d'amont.  Soit  Q  le  débit  de  celui-ci,  Q'  le  débit  de  celui-là.  Si  Q'  est  très- 
petit  par  rapport  à  Q,  le  courant  d'aval  sera  emporté  par  le  courant  d'amont, 
il  ne  s'en  formera  pas  moins  un  remous  se  propageant  vers  l'amont,  mais 
formé  par  les  eaux  mêmes  du  courant  d'amont,  luie  partie  q  du  débit  Q 
sera  employée  à  produire  ce  remous.  Si  fj  s'accroît  successivement  jusqu'à 
devenir  Q,  le  courant  d'amont  est  complètement  arrêté  et  l'eau  devient 
stagnante  dans  toute  la  partie  parcourue  par  le  remous,  et  les  eaux  seules 
du  courant  d'aval  s'écoulent  par-dessus  le  déversoir.  Si  Q'  continue  de  s'ac- 
croître, une  portion  q'  de  ce  débit  remontera  vers  l'amont,  le  surplus  Q'—q' 
s'écoulera  seul  par  le  déversoir. 

»  Les  nombreux  tableaux  du  chapitre  IV  reproduisent  tous  les  détails 
des  phénomènes  compliqués  qui  se  produisent  dans  ces  conditions  pour  des 
débits  différents  du  courant  d'amont  ou  du  courant  d'aval  et  pour  différ 
rentes  profondeurs  du  canal. 

»  On  constate  d'abord  que,  sauf  le  cas  où  l'onde  déferle  ou  remonte  le 
courant  avec  une  vitesse  très-faible,  les  formules  établies  plus  haut  se  véri- 
fient d'une  manière  satisfaisante.  Elles  contiennent,  comme  on  sait,  la  hau- 
teur h  de  l'onde  qui  marche  en  tète  du  remous.  Dans  le  cas  où  l'on  aurait  à 
prévoir  la  vitesse  de  propagation  que  produirait  un  courant  secondaire 
venant  à  l'encontre  du  courant  principal,  il  faut  exprimer  h  en  fonction  du 
débit  q  de  cet  affluent.  La  solution  est  donnée  par  une  équation  du  troi- 
sième degré,  dont  la  racine  applicable  à  la  question  est  exprimée  avec  une 


(  5'o) 

approximation  suffisante  par  la  formule  V  =  \g^  +  ^  U'  —  U,  U  étant  la 

vitesse  du  courant  principal  et  U'  la  vitesse  qui,  pour  une  profondeur  H, 
débiterait  le  volume  q. 

)>  On  sait  que  l'onde  commence  à  déferler  lorsque  sa  hauieur  s'approche 
d'être  égale  à  la  profondeur  du  canal.  M.  Bazin  eu  déduit  que  ce  phéno- 
mène devient  imminent  lorsque  U  -+-  U'  dépasse  Va  g  H. 

»  Un  dernier  chapitre  est  consacré  à  l'étude  du  mascaret.  Ce  phéno- 
mène, déjà  si  remarquable  dans  la  Gironde  et  dans  la  Seine,  atteint,  connue 
on  sait,  les  proportions  les  plus  imposantes  à  l'embouchure  du  Gange  et  du 
fleuve  des  Amazones.  M.  Bazin  en  décrit  les  circonstances  principales,  et 
rappelle  les  explications  proposées  par  différents  auteurs  ;  il  adopte  sur  ce 
point  l'opinion  de  Bremontier,  développée  depuis  par  notre  ingénieux  con- 
frère M.  Babinet,  et  à  laquelle  tous  les  hydrauliciens  paraissent  aujourd'hui 
ralliés.  Mais  M.  Bazin  va  plus  loin,  les  lois  qu'il  a  établies  sur  la  propaga- 
tion des  remous  lui  permettent  d'analyser  tous  les  détails  du  phénomène 
et  de  donner  des  chiffres  qui  en  précisent  les  circonstances.  Il  prend  pour 
exemple  un  fleuve  formant,  à  partir  de  la  mer,  un  canal  régulier  de  2  mètres 
de  profondeur;  les  eaux  s'écoulent  avec  une  vitesse  de  1  mètre  dans  la  mer 
an  moment  de  la  marée,  qui  s'élève  de  2™,4o  par  heure,  soit  de  o'°,20  par 
chaque  intervalle  de  cinq  minutes.  Il  suppose  seulement  que  cet  exhausse- 
ment, au  lieu  d'être  continu,  se  fait  brusquement  par  tranche  de  o™,20.  La 
première  va  donner  lieu  à  une  onde  qui  se  propagera  avec  la  vitesse 


y/g-  2,2  -  I  =  3™,64. 

»  L'eau  du  fleuve  s'écoulant  sur  une  section  accrue  de  0,20,  la  vitesse 
se  réduit  et  le  débit  primitif  de  2  mètres  par  seconde,  diminué  du  débit 
nouveau  qui  a  lieu  sous  l'influence  de  cette  vitesse  réduite,  doit  être  égal 
précisément  à  l'accroissement  du  voliune  du  remous  qui  est  égal  à  sa 
vitesse  3*°, 64  multipliée  par  la  hauteur  du  remous  0,20.  On  trouve  ainsi  que 
la  vitesse  de  i  mètre  se  réduit  à  o'^iSS.  A  l'arrivée  d'une  seconde  tranche  de 
0,20  elle  ne  sera  plus  que  de  o'",!'^,  mais  la  vitesse  de  propagation  de  la 
nouvelle  onde  s'élèvera  à  4™>27,  à  cause  de  la  profondeur  accrue  et  de  la 
diminution  de  la  vitesse  du  courant.  Après  ul^  nouvel  intervalle  de  cinq 
minutes,  une  nouvelle  onde  remonte  avec  une  vitesse  de  4'°5  88.  L'eau  du 
fleuve  à  sa  suite  a  entièrement  perdu  sa  vitesse  primitive;  elle  commence  à 
remonter  vers  l'amont,  et  l'élévation  progressive  du  niveau  commence  à  se 
laire  aux  dépens  des  eauîf  affluant  de  la  mer.  On  voit  comment  les  ondes 


(3,,   ) 

qui  se  succèdent  vont  en  s'accéléraiit  :  les  premières  seront  donc  successi- 
vement atteintes  par  celles  qui  les  suivent;  la  rencontre  des  deux  premières 
aura  lieu  à  7400  mètres  de  l'embouchure;  leur  hauteur  sera  de  o^/jo  et 
leur  vitesse  \/g-  2  ,  4o  —  i  =  3",  85;  mais  à  ce  moment  la  troisième  onde  ne 
sera  qu'à  4oo  mètres  en  arrière,  elle  rejoindra  en  quelques  minutes  la  tète 
du  flot  dont  la  hauteur  s'élèvera  à  o'",6o  et  la  vitesse  à  y/g".  2,60  =  4io5. 

M  On  voit  comment  l'arrivée  successive  de  petites  ondes  élémentaires 
produit,  au  bout  d'ini  certain  temps,  une  onde  unique  résultant  de  leur 
réiniion  qui  peut  s'élever  à  une  hauteur  considérable.  Tant  qu'elle  se  pro- 
page dans  une  profondeur  suffisante,  elle  conserve  sa  figure  allongée  et  ne 
déferle  pas  ;  mais  si  elle  rencontre  un  haut  fond  et  que  sa  hauteur  s'approche 
d'égaler  la  profondeur  du  chenal,  elle  s'écroule  en  une  masse  écumeuse  et 
donne  alors  naissance  au  mascaret  proprement  dit. 

»  La  nature  ne  présente  jamais  la  régularité  des  données  sur  lesquelles 
nous  venons  de  raisonner,  cependant  elle  s'en  rapproche  quelquefois  assez 
pour  qu'on  puisse  trouver  dans  les  faits  naturels  un  contrôle  suffisant  de 
la  théorie  :  c'est  ce  à  quoi  parvient  M.  Bazin  à  l'aide  d'expériences  sur  le 
mascaret  de  la  Seine,  extraites  d'un  travail  fait  en  1826  par  M.  Poirée  et 
en  i856  par  M.  Partiol.  li'état  des  eaux  du  fleuve  était  à  peu  près  le  même 
à  ces  deux  époques,  mais  les  travaux  d'endiguement  exécutés  dans  cet 
intervalle  ayant  accru  de  plusieurs  mètres  la  profondeur  du  chenal,  M.  Bazin 
constate  que  la  vitesse  du  flot  V  s'est  accrue  dans  les  proportions  qu'indique 

la  formule  V:=  V§^(H  +  h)  — :  U.  On  voit  que  la  vitesse  du  flot,  qui  augmente 
avec  la  profondeur  du  chenal,  diminue  quand  la  vitesse  du  courant  descen- 
dant augmente.  Si  le  volume  engendré  par  l'onde  est  inférieiu'au  débit  du 
fleuve,  l'eau  après  le  passage  de  l'onde  se  porte  encore  vers  l'aval;  s'il  lui 
est  supérieur,  le  courant  change  immédiatement  de  direction.  Le  déferle- 
ment a  lieu  lorsque  la  vitesse  du  fleuve,  plus  la  vitesse  due  au  débit  de  la 
marée  sous  la  profondeur  H,  est  supérieure  à  y/agH. 

»  Nous  terminons  là  le  résumé  du  Mémoire  de  M.  Bazin  sur  les  remous 
et  la  propagation  des  ondes.  Dans  toute  l'étendue  de  ce  travail  remarquable, 
monument  de  sagacité  et  de  persévérance,  l'auteur  ne  s'écarte  pas  dés 
règles  du  raisonnement  le  plus  rigoureux  et  de  la  plus  sévère  crilique.  Il 
sera  consulté  avec  fruit  par  les  savants  qui  chercheront  à  approfondir  la 
théorie  encore  si  obscure  du  mouvement  ondulatoire  des  liquides  pesants, 
et  par  les  ingénieurs  qui  auront  à  s'occuper  de  l'amélioration  de  la  naviga- 
tion dans  la  partie  maritime  des  fleuves  à  marée. 


(  3. a  ) 
»  Vos  Commissaires,  à  l'occasion  de  cette  seconde  partie  du  Mémoire 
de  M.  Bazin,  ne  peuvent  donc  que  réitérer  le  vœu  dont  le  général  Morin 
s'est  rendu  l'organe  à  l'occasion  de  la  première,  d'accorder  l'approbation 
de  l'Académie  au  travail  de  M.  Bazin  sur  l'hydraulique,  d'en  ordonner 
l'impression  dans  le  Recueil  des  Mémoires  des  Savants  étrangers,  ainsi  que 
l'envoi  de  ce  Rapport  à  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et 
des  Travaux  publics.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

ZOOLOGIE.  —  Rapport  sur  le  voyage  de  M.  lîocounT  àSiam. 

(Commissaires,   MM.    Valenciennes,  Decaisne,  de  Quatrefages,  Blanchard, 

Milne  Edwards  rapporteur.) 

«  Dans  sa  séance  du  23  février  dernier,  l'Académie  nous  a  chargés  de 
lui  rendre  compte  des  résultats  scientifiques  obtenus  par  M.  Bocourt  pen- 
dant un  voyage  à  Bangkok,  capitale  du  royaume  de  Siam. 

»  En  1861,  le  consul  général  de  France  en  Chine,  M.  dcMontigny,  dont 
le  zèle  pour  la  science  est  bien  connu  de  l'Académie,  profita  de  ses  rela- 
tions amicales  avec  les  rois  de  Siam,  pour  obtenir  de  ces  princes  la  pro- 
messe d'un  don  considérable  d'animaux  vivants  pour  notre  Muséum  d'his- 
toire naturelle,  et,  sur  la  demande  des  professeurs  de  cet  établissement,  le 
Ministre  de  l'Instruction  publique  décida  qu'un  de  nos  employés  serait 
chargé  d'aller  à  Bangkok  recevoir  ce  présent  au  nom  de  l'Empereur,  et  de  di- 
riger le  transport  de  ces  animaux  de  Siam  à  Paris.  L'administration  du  Muséum 
voulant  profiter  de  cette  occasion,  non-seulement  pour  enrichir  sa  Ména- 
gerie, mais  aussi  pour  se  procurer  une  collection  des  différentes  produc- 
tions naturelles  de  cette  partie  de  l'Inde,  proposa  au  Ministre  de  confier 
cette  mission  à  une  personne  déjà  versée  dans  l'étude  de  la  Zoologie,  et 
conformément  à  ces  vues  on  fit  choix  de  M.  Bocourt,  qui  depuis  longtemps 
était  attaché  aux  laboratoires  du  Jardin  des  Plantes,  et  qui  était  à  la  fois 
un  dessinateur  habile^  un  excellent  préparateur  et  un  naturaliste  familiarisé 
avec  la  plupart  des  branches  de  la  Zoologie.  Un  des  hommes  de  service  de 
la  Ménagerie  (le  sieur  Royer)  lui  fut  adjoint,  et  le  5  septembre  1861,  muni 
d'instructions  données  par  plusieurs  Membres  de  l'Académie,  ainsi  que  par 
l'administration  du  Muséum,  il  se  mit  en  roule,  à  la  suite  de  l'ambassade 
siamoise  qui,  après  avoir  séjourné  quelque  temps  à  Paris,  retournait  dans 
l'Inde.  Son  voyage  se  fit  très-rapidement  par  la  voie  de  la  mer  Rouge,  et 
après  avoir  touché  à  Ceyian  et  à  Singapoor,  il  arriva  à  Bangkok  le  10  dé- 


[(  3i3  ) 

cembre.  Les  deux  rois  de  Siam,  ainsi  que  leurs  ministres,  l'accueillirent  avec 
faveur  et  lui  renouvelèrent  les  promesses  qu'ils  avaient  déjà  faites  à  M.  de 
Montigny,  pour  qui  ils  témoignèrent  beaucoup  d'estime  et  d'amitié. 
M.  Bocourt  fut  puissamment  aidé  par  les  agents  de  la  France  dans  cette 
partie  de  l'Inde,  et  plus  particulièrement  par  M.  d'Istria,  qui  remplissait 
temporairement  les  fonctions  de  consul  français  à  Bangkok;  mais  la  per- 
sonne qui  lui  rendit  les  services  les  plus  considérables  fut  un  des  mendires 
de  nos  missions  étrangères,  M.  l'abbé  Larnaudie,  et  nous  saisissons  avec 
empressement  l'occasion  qui  se  présente  ici  pour  en  remercier  publique- 
ment ce  digne  et  zélé  ecclésiastique. 

»  Aussitôt  son  installation  effectuée,  M.  Bocourt  s'appliqua  activement  à 
réunir  des  échantillons  de  la  faune  des  environs  de  Bangkok,  à  préparer  ces 
objets  et  à  les  cataloguer.  Il  étendit  ses  excursions  zoologiques  jusqu'à 
Muany-Pexabury  et  à  Agulhia,  où  il  eut  l'occasion  d'assister  à  la  capture 
d'une  troupe  d'Éléphants,  et  d'observer  quelques  particularités  intéres- 
santes des  moeurs  de  ces  animaux.  D'après  les  instructions  qui  lui  avaient 
été  données  par  notre  confrère  M.  de  Quatrefages,  M.  Bocourt  utilisa  aussi  son 
talentde  dessinateur  au  service  de  la  collection  anthropologique  du  Muséum, 
et  il  profita  aussi  de  la  présence  à  Bangkok  d'un  artiste  habile  (M.  Rossier) 
pour  ob'.enir  ime  série  nombreuse  de  photographies  représentant  les  momi- 
ments  et  les  sites  les  plus  remarquables  de  cette  partie  du  royaume  de  Siam. 
Enfin,  le  3o  juillet  1862,  après  avoir  reçu  les  animaux  donnés  au  Muséum 
d'histoire  naturelle  par  les  rois  de  Siam  et  par  quelques  autres  personnes, 
M.  Bocourt  s'embarqua  à  bord  du  transport  la  Gironde,  pour  se  rendre  à 
Singapoor  et  de  là  à  Suez,  en  touchant  à  Anjer  et  à  Aden.  I^e  i5  novembre 
dernier,  il  fut  de  retour  à  Paris. 

»  Ainsi  qu'on  devait  s'y  attendre,  la  mortalité  fut  très-forte  parmi  les  ani- 
maux à  qui  l'on  faisait  faire  si  rapidement  lui  trajet  d'environ  2600  lieues, 
et  si  MM.  Pascalis  et  Jaurès,  qui  commandaient  les  bâtiments  de  l'État  sur 
lesquels  M.  Bocourt  prit  successivement  passage,  ne  l'avaient  aidé  de  tout 
leur  pouvoir,  il  lui  aurait  été  impossible  de  remplir  sa  mission  ;  mais  dans 
cette  occasion,  comme  dans  beaucoup  d'autres  circonstances,  les  officiers 
de  la  marine  impériale  ont  servi  les  intérêts  de  la  science  avec  un  grand 
dévouement,  et  notre  voyageur  a  pu  remettre  entre  les  mains  des  admi- 
nistrateurs du  Muséum  un  nombre  considérable  d'animaux  vivants  très- 
précieux.  Nous  n'entretiendrons  pas  l'Académie  des  grands  Mammifères  et 
des  Reptiles  qui  ne  présentaient  rien  de  nouveau  pour  les  zoologistes,  tels 

G.  R.,  i8G3,  2"'<:  Semestre.  (T.  LVII,  N»  6.)  '      4'* 


(  3.4) 

que  des  Éléphants,  un  Tigre  et  des  Crocodiles;  mais  nous  signalerons, 
])armi  les  animaux  dont  notre  Ménagerie  publique  a  été  eiuicliie  de  la  sorte, 
(juelques  espèces  qui  n'étaient  encore  connues  que  très-imparlaitement,  et 
qui  maintenant  pourront  être  mieux  étudiées.  Tel  est  le  Ccwus  Duvaucelii, 
dont  nous  n'avions  que  la  femelle  et  dont  nous  possédons  maintenant  un 
mâle  adulte  ;  un  Paradoxuro  d'espèce  nouvelle  et  le  Phasiaiius  pielaliis,  qui 
n'avait  pas  encore  été  vu  vivant  en  Europe.  Parmi  les  Mammifères  destinés 
au  rthisétun  par  les  rois  de  Siani,  il  y  avait  aussi  deux  Cerfs  fort  voisins  de 
l'Axis,  qui,  à  première  vue,  nous  ont  ])aru  cependant  eu  différer  et  devoir 
apj)aitenir  à  luie  espèce  nouvelle  pour  la  science;  mais  par  suite  d'une  cir- 
constance particulière,  celte  question  est  restée  indécise  et  ne  pourra  être 
résolue  qu'ultérieurement. 

»  En  résiuné,  M.  Bocourl  mérite  beaucoup  d'éloges  pour  la  manière 
dont  il  a  rempli  sa  mission  officielle  ;  mais  il  a  rendu  à  la  Zoologie  des  ser- 
vices encore  plus  considérables  en  formant,  pour  le  Muséum,  des  collec- 
tions nombreuses  de  préparations  taxidermiques  et  d'autres  objets  précieux 
aux  yeux  des  naturalistes.  Il  a  rapporté  près  de  quatre  cents  peaux  d'Oiseaux 
et  de  Mammifères,  environ  mille  Reptiles  et  Poissons  conservés  dans 
l'alcool,  un  nombre  non  moins  considérable  de  coquilles  et  da  coraux, 
plus  de  huit  cents  Insectes  et  plusieurs  pièces  anatomiques,  ainsi  que  divers 
échantillons  de  plantes  et  de  roches.  Beaucoup  de  ces  objets  appartiennent 
à  des  espèces  qui  n'étaient  pas  encore  représentées  dans  les  galeries  du 
Muséum,  et  qiielques-uns  d'entre  eux  paraissent  même  élre  conqilétement 
nouveaux  pour  la  science.  M.  Bocourt  se  propose  de  publier  prochainement 
la  description  des  parties  les  |3lus  intéressantes  de  sa  belle  collection,  et  dans 
les  manuscrits  qu'il  a  soumis  au  jugement  de  l'Académie  nous  trouvons 
des  notes  relatives  à  une  première  série  de  ces  espèces  nouvelles.  Ainsi  il  y 
fait  connaître  deux  espèces  de  Singes  qu'il  désigne  sous  les  noms  de  Macacus 
Jnamila  et  de  M.  pallidus ;  deux  Passereaux,  dont  l'un  est  voisin  des 
Martins-Pècheurs,  mais  paraît  être  nouveau  pour  les  ornithologistes,  et  sera 
appelé  Ca//ifii/cjo»  Islrifina;  l'autre,  le  KUlacincla  a/Jinis,  ne  diffère  que  peu 
du  K.  rnicrowa;  six  espèces  nouvelles  de  Reptiles  de  l'ordre  des  Ophidiens  ; 
une  espèce  nouvelle  du  genre  Rina;  trois  Silurioniens  nouveaux,  dont  l'un 
appartient  au  Panrjnsias  de  M.  Valencienncs,  et  un  autre  qui  paraît  devoir 
constituer  le  type  d'une  nouvelle  division  générique  établie  par  M.  Bleeker 
sous  le  nom  à'Helerobcmjm.  Dans  les  notes  de  M.  Bocourt  nous  trouvons 
aussi  la  description  de  plusieurs  coquilles  nouvelles  qui  appartiennent  aux 


(  3.5) 
genres  Unio,  Monocondyle,  Paliidine,  Cyclostoine  et  Anipiillaire  ;  enfin  il  y 
fait  connaître  également  deux  espèces  nouvelles  de  Madrépores. 

»  Lorsque  tous  les  objets  recueillis  par  M.  Bocourt  auront  été  étudiés 
d'une  manière  approfondie,  cette  liste  d'espèces  nouvelles  sera  certaine- 
ment beaucoup  augmentée  ;  et  par  le  peu  c[ue  nous  venons  d'en  dire,  on 
voit  que  ce  naturaliste  actif  et  intelligent  a  su  rendre  son  voyage  double- 
ment utile  à  la  science  :  d'une  part,  en  remplissant  très-bien  la  mission  offi- 
cielle dont  il  avait  été  chargé,  et,  d'autre  part,  en  exécutant  avec  zèle  les 
instructions  qu'il  avait  reçues  officieusement  des  zoologistes  de  l'Académie. 
Nous  ne  pouvons  que  féliciter  M.  Bocourt  d'avoir  obtenu  en  si  peu  de 
temps  des  résultats  si  considérables,  et  nous  proposerons  à  l'Académie  de  le 
remercier  de  la  communication  intéressante  qu'il  lui  a  faite.  » 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 

MÉMOIRES  LUS. 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Sur  le  ver  à  soie  du  chêne  Yama-Maï  du  Japon, 
expériences  faites  au  Jardin  Zoologique  d'acclimatation.  Note  du  Directeur 
M.  RuFz  DE  Lavison. 

«  Le  Jardin  d'Acclimatation  a  reçu  en  février  dernier,  de  la  Société  impé- 
riale zoologique  d'Acclimatation,  5  grammes  de  graine  d'un  nouveau  ver 
à  soie  du  chêne  du  Japon  désigné  sous  le  nom  de  Yama-Mdi,  qui  veut  dire 
ver  de  montagne. 

))  Cette  graine  avait  été  envoyée  par  M.  Eugène  Simon. 
))  Les  éclosions  ont  commencé  le  22  mai  et  étaient  terminées  le  16  avril. 
»  Les  vers  ont  été  nourris  avec  le  chêne  ordinaire  qui  pousse  dans  le 
bois  de  Boulogne,  Qaercus  pedunculata,  dont  la  végétation  avait  été  activée 
pour  cette  destination.  Les  5  grammes  ont  donné  83  vers  dont  on  a  obtenu 
77  cocons.  Les  vers  ont  commencé  à  coconner  le  i"  juin,  le  dernier  cocon 
a  été  obtenu  le  25  juin. 

«  Douze  cocons  ont  été  soumis  au  dévidage  et  ont  produit  1  grammes  de 
soie  grège  qui  sont  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

M  Les  cocons  du  Bombyx  Vama-Maïse  dévident  avec  autant  de  facilité  que 
ceux  du  mûrier;  leur  produit  est  à  peu  près  le  même:  il  faut  de  12  à 
i4  kilogrammes  de  cocons  en  moyenne  des  uns  ou  des  autres  pour  pro- 
duire I  kilogramme  de  soie. 

»  Cette  soie  est  un  peu  moins  brillante  que  celle  du  mûrier  ;  mais  elle  est 
beaucoup  plus  forte  et  un  peu  plus  grosse. 

42.. 


(  3i6  ) 

»  La  durée  de  l'éducation  des  vers  du  chêne  du  Japon  est  environ  de 
cinquante  à  soixante  jours,  depuis  leur  naissance  jiîsqu'au  moment  où  les 
vers  commencent  à  filer;  ils  mettent  environ  huit  jours  pour  terminer 
leur  cocon,  et  ce  n'est  que  trente  ou  trente-cinq  jours  après  qu'a  lieu 
l'éclosion  du  papillon. 

»  La  ponte  a  lieu  quatre  jours  après  la  sortie  du  papillon. 

»  Par  une  mesure  bien  entendue,  la  Société  d'Acclimatation,  qui  avait 
réparti  la  graine  du  Yama-Maï  entre  différentes  personnes,  a  réuni  au  jardin 
du  bois  de  Boulogne,  au  nombre  de  96,  la  plupart  des  cocons  obtenus,  afin 
d'assurer  la  récolte  de  la  graine  et  d'éviter  la  disproportion  des  mâles  et  des 
femelles  qui  arrive  souvent  dans  les  éducations  et  empêche  la  féconda- 
tion. Sur  ce  nombre,  plus  de  vingt  sont  dus  à  M.  le  Maréchal  Vaillant,  qui  a 
aussi  communiqué  à  la  Société  plusieurs  Notes  intéressantes  sur  l'éducation 
à  laquelle  il  a  donné  des  soins  éclairés.  C'est  ainsi  que  le  Jardin  d'Acclima- 
tation sera  en  mesure  de  propager  cette  précieuse  graine.   » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

MÉT.\Lt.URGiE.  —  Etudes  sur  les  fers  cl  les  aciers;  par  M.  de  Cizaxcqiirt. 

(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Morin,  IL  Sainle-Claire  Deville.) 

((  La  détermination  des  conditions  que  doivent  remplir  les  produits,  et 
parliculièrement  ceux  qui  sont  fondus,  pour  être  susceptibles  d'étirage,  est 
une  des  questions  les  plus  intéressantes  de  la  métallurgie  du  fer  et  de 
l'acier. 

"  J'ai  étudié  et  décrit  eu  détail  la  méthode,  découverte  par  M.  Bessemer, 
qui  présente  une  série  nouvelle  et  variée  de  produits  fondus.  Elle  permet 
de  suivre  tous  les  phénomènes  auxquels  donne  lieu  l'action  de  l'air  atmo- 
sphérique sur  la  fonte  en  fusion.  L'insufflation  de  l'air  dans  la  fonte  à  cet 
état  paraît  déterminer  d'abord  la  combustion  des  éléments  plus  oxydables 
que  le  fer,  notamment  celle  du  silicium,  des  métaux  terreux  et  peut-être 
celle  du  manganèse;  puis  celle  du  carbone  combiné  et  celle  du  carbone 
graphite.  Ces  combustions  paraissent  s'opérer  successivement  en  produisant 
un  affinage  régulier,  et  en  donnant  lieu  à  un  accroissement  constant  de  tem- 
pérature. Lorsqu'elles  sont  terminées,  le  fer  devient  le  combustible  prin- 
cipal et  brûle  en  même  tem])s  cpie  le  soufre  et  le  phosphore,  qui  échappent 
ainsi,  siu'tout  le  dernier  corps,  à  l'affinage  pratiquement  possible.  L'affinage, 
si  énergique  en  apparence,  atteint  sa  limite  par  l'accroissement  des  affinités 
du  fer  pour  l'oxygène  à  luie  température  très-élevée,  et  dans  les  conditions 


(3i7) 
où  ce  métal,  se  trouvant  chargé  de  gaz  oxydants  en  dissolution,  passe  à  un 
état  particulier  précédant  la  véiitable  oxydation  en  devenant  fer  suraffiné 
on  oxygéné.  On  arrête  l'opération  dès  que  cet  état  est  atteint.  Il  sultit  alors 
d'ajouter  à  ce  produit  liquide  une  certaine  quantité  de  fonte  crue,  pour  le 
convertir,  dans  la  plupart  des  cas,  en  métal  étirable  plus  ou  moins  car- 
buré. Si  l'on  essaye  de  couler  sans  addition  le  métal  suraffiné  très-fusible, 
les  gaz  qu'il  contient  produisent,  par  leurs  dégagements  dans  les  moules, 
une  véritable  éruption,  et  les  parties  solidifiées  sont  incapables  d'être 
étirées. 

»  L'addition  de  fonte  modifie  la  nature  des  gaz  enJes  faisant  passer  au 
maximum  de  carburation,  sans  que  pour  cela  ils  cessent  de  se  montrer  à  la 
coulée.  Si  cette  addition  est  faite  en  quantité  insuffisante  pour  carburer  sen- 
siblement la  masse,  l'opération  permet  de  comparer  deux  métaux  de  com- 
position très-rapprochée  :  l'un  inétirable  contenant  en  dissolution  des  gaz 
oxydants,  l'autre  étirable  ne  contenant  que  des  gaz  au  maximum  de  carbu- 
ration. 

o  J'ai  continué  l'observation  des  phénomènes  produits  par  les  gaz  dans 
les  diverses  élaborations  que  subissent  les  aciers. 

»  Dans  les  fonderies,  à  la  fusion  et  lors  de  la  coulée  des  aciers  et  fers  plus 
ou  moins  carbures,  j'ai  constaté  que  les  gaz  existent  dans  tous  les  produits 
liquides;  qu'ils  s'y  trouvent  en  quantité  d'autant  plus  grande  que  la  lem-' 
pérature  du  métal  est  plus  élevée.  Lors  du  refroidissement,  ils  se  dégagent 
toujours  d'une  manière  très-sensible  vers  la  solidification.  Toutefois  ils  pa- 
raissent être  fixés  en  partie  lorsque  la   cristallisation  intervient,  ce  qui  se 
manifeste  particulièrement  pour  les  aciers  durs,  tandis  que  pour  les  aciers 
doux,  et  cela  avec  d'autant  plus  de  force  qu'ils  sont  plus  doux,  les  gaz  pro- 
duisent par  leur  dégagement  des  phénomènes  tout  à  fait  analogues  au  ro- 
chage.  Ce  dégagement  des  gaz  constitue  vme  des  difficultés  contre  lesquelles 
on  lutte  dans  les  fonderies,  à   laide  de  précautions  considérées  partout 
comme  indispensables.  L'ensemble  des  faits  observés  permet  de  constater 
que  les  produits  fondus  étirables,  aciers  et  fers  plus  ou  moins  carbures,  à 
l'état  liquide,  contiennent  toujours  en  dissolution   des  gaz  salures  de  car- 
bone; au  contraire,  la  présence  certaine  des  gaz  oxydants  dans  ces  mêmes 
produits  suffit  pour  les  rendre  incapables  d'étirage.  Le  mode  d'observation 
ne  permet  pas  d'ailleurs  d'ap|)récier  la  quantité  d'azote  dont  ces  gaz  peuvent 
se  trouver   mélangés.   Dans  les  élaborations  où  les  aciers  et  fers  plus  ou 
moins  carbures  sont  préparés  par  l'action   du  rechauffage  à  recevoir  les 
effets  du  travail  mécanique,  j'ai  reconnu  qu'en   descendant  au  moins  jus- 
qu'à la  température  du  rouge,  ces  métaux  sont  toujours  imprégnés  de  gaz. 


(3.8) 
Je  ne  citerai  pour  le  déinonlrer  ici  que  la  facilité  avec  laquelle  ils  se  brûlent 
ou  se  carburent,  jusque  clans  leurs  parties  intimes,  suivant  la  nature  des 
gaz  avec  lesquels  ils  se  trouvent  en  contact.  Ces  actions  sont  d'autant  plus 
rapides  que  la  température  est  plus  élevée,  la  masse  de»  gaz  intervenants  plus 
importante  ou  plus  souvent  renouvelée.  Les  produits  carbures  offrent  une 
série  de  termes  étirables  entre  des  liaiites  chimiquement  peu  différentes, 
mais  qui  cependant  laissent  dans  la  pratique  une  latitude  suffisante  pour 
permettre  d'obtenir,  d'une  même  base  ferreuse,  divers  degrés  de  dureté 
bien  tranchés.  Les  produits  deviennent  inétirables  dès  que  les  gaz  oxydants 
y  ont  existé;  si  la  pénétration  est  locale  et  partielle,  letirage  disparaît  au 
point  touché,  l'action  produite  se  révèle  par  un  défaut  apparent. 

«  Les  gaz  saturés  de  carbone  peuvent  donc  seuls  exister  dans  les  pro- 
duits étirables  à  l'état  fondu  et  au  rouge;  comme  la  présence  des  gaz  est  une 
des  conditions  d'existence  des  métaux  du  fer  aux  températures  élevées,  on 
ne  saurait  donc  assurer  avec  trop  de  soin  la  carburation  des  gaz  qu'ils  ren- 
ferment. Je  ne  puis  indiquer  ici  les  conséquences  pratiques  que  j'ai  tirées 
de  ce  fait,  et  que  j'ai  exposées  dans  mon  travail. 

»  J'ai  été  également  conduit,  par  l'ensemble  de  l'étude  des  phénomènes 
que  je  viens  de  rappeler  succinctement,  à  une  conclusion  théorique  sur  la 
constitution  de  l'acier. 

»  Les  aciers  de  diverses  duretés  résultent  toujours  de  l'action  du  gaz 
carbonique  (  oxyde  de  carbone)  plus  ou  moins  mélangé  d'azote  sur  le  fer. 
Je  laisse  de  côté,  pour  y  revenir  en  terminant,  le  rôle  chimique  de  l'azote. 
L'action  du  gaz  carbonique  sur  le  fer  se  traduit  par  l'introduction  d'une 
cerlame  quantité  de  carbone  dans  la  masse  ferreuse  solide  et  par  la  conser- 
vation du  gaz  carbonique  à  l'état  de  fluide  élastique,  dans  les  pores  molécu- 
laires de  cette  masse.  La  partie  solide  et  le  gaz  ont  ainsi  un  élément  chimi- 
que commun,  le  carbone. 

»  La  quantité  des  gaz  retenus  dans  les  aciers  varie  avec  la  température. 
Les  aciers  à  l'état  liquide  contiennent  en  dissolution  luie  grande  quantité 
de  gaz  carbonique  plus  ou  moins  mélangé  d'azote.  Ces  gaz  s'échappent  tou- 
jours d'une  manière  notable,  mais  probablement  aussi  se  fixent  en  partie 
vers  la  solidification,  et  par  le  fait  de  la  cristallisation  lorsqu'elle  se  pro- 
duit. Les  gaz  persistent  dans  la  masse  jusqu'au  rouge,  c'est-à-dire  jusqu'à 
l'état  pâteux,  lorsqu'on  descend  d'une  température  plus  élevée,  ou  ils  v 
apparaissent  de  nouveau  lorsqu'on  y  arrive  par  l'élévation  de  la  tempéra- 
ture d'une  masse  qui  en  avait  été  privée. 

"  La  trempe  emprisonne  les  gaz  dans  les  pores  moléculaires  en  s'oppo- 
sant  à  la  cristallisation,  à  laquelle  la  présence  des  gaz  apporte  un  nouvel 


(  3.9) 
obstacle.  La  trempe  sans  recuit  réalise  ainsi  l'immixtion  gazeuse  maximum 
et  maintient  les  gaz  à  la  tension  la  plus  élevée.  Le  recuit  suivi  d'un  refroi- 
dissement lent,  en  permettant  le  retour  plus  ou  moins  avancé  à  l'état  cris- 
talhn,  amène  un  dégagement  jiartiel  des  gaz  ou  provoque  leur  fixation  par- 
tielle à  l'état  de  combinaison  chimique.  L'élasticité  de  l'acier  trempé  résulte 
de  celle  du  gaz  emprisonné.  Le  gonflement  à  la  trempe  découle  naturelle- 
ment de  la  présence  de  ce  gaz.  La  grande  résistance  et  la  fragilité  de  l'acier 
trempé  sont  les  conséquences  de  l'élat  plus  ou  moins  vilrcux  dans  lecjucl 
les  aciers  sont  saisis  par  la  trempe. 

»  La  pratique  conduit  à  distinguer  avec  le  plus  grand  soin  les  fers  acié- 
renx  qui  donnent  des  aciers  stables,  des  fers  non  aciéreux  qui  ne  donnent 
que  des  aciers  instables;  bien  qu'il  ne  paraisse  pas  y  avoir  de  limite  tran- 
chée qui  sépaie  les  uns  des  autres,  d'une  manière  absolue.  La  stabilité  des 
aciers  qu'ils  produisent  pourrait  donner  un  des  éléments  théoriques  du 
classement  des  fers,  qui  repose  encore  tout  entier  sur  leur  valeur  com- 
merciale et  la  connaissance  de  la  nature  et  de  l'origine  de  leurs  mine- 
rais. Les  vrais  fers  à  acier  sont  ceux  dont  les  propriétés  moléculaires  se 
prêtent  à  ce  jeu  du  gaz  carbonique  que  je  viens  de  faire  connaître,  et  qui . 
comportent,  dans  leurs  aciers,  des  fixations  et  des  dégagements  alternatifs 
de  ce  gaz.  Ces  propriétés  moléculaires  paraissent  du  reste  en  relation  a\  ec 
celles  qui  se  prêtent  à  la  conservation  du  magnétisme.  Au  contraire,  les 
fers  non  aciéreux  ne  se  prêtent  cju'imparfaitement  à  l'emprisonnement  du 
gaz  et  aux  fixations  alternatives  par  absorptions  chimiques.  Les  dépôts  de 
carbone  graphite  ont  ime  plus  grande  tendance  à  se  produire  dans  leurs 
combinaisons  carburées.  Ils  ne  paraissent  retenir  le  carbone  que  d'une  ma- 
nière instable,  grâce  peut-être  à  des  combinaisons  plus  compliquées.  Si  on 
les  juge  d'après  les  résultats  pratiques  connus  jusqu'à  ce  jour,  leurs  pro- 
duits analogues  à  l'acier,  par  suite  de  la  facilité  avec  laquelle  ils  perdent  leur 
dureté  dans  les  retours  au  feu,  ne  paraissent  être  que  des  pseudo-aciers. 

«  C'est  sans  doute  dans  la  production  de  ces  derniers  que  l'azote  (en 
dehors  des  cas  où  il  peut  être  retenu  par  emprisonnement  accidentel)  et 
certains  métalloïdes  pourraient  jouer  un  rôle  chimique  quil  serait  intéres- 
sant de  bien  connaître.  Mais  on  conçoit  que  les  vrais  aciers  puissent  s'en 
passer,  jiuisqu'il  suffirait  même,  à  la  l'igueiu',  de  considérer  le  carbone 
comme  agent  unique,  pour  expliquer  les  phénomènes  qu'ils  présentent;  en 
observant  que,  dans  ceux  où  il  interviendrait  à  l'état  gazeux,  on  le  retrou- 
verait toujours  se  manifestant  expérimentalement  à  l'état  d'oxyde  de  car- 
bone.   M 


(    ^^20    ) 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  le  mouvement  des  liquides  dans  tes  tubes  de 
très-petit  diamètre;  par  M.  Emile  Mathieu. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Lamé,  Duhamel,  Bertrand.) 

«  Les  lois  du  mouvement  d'un  liquide  dans  un  tube  de  très-petit  dia- 
mètre ont  été  étudiées  [Mémoires  des  Savants  étrangers,  t.  IX)  par  M.  Poi- 
seuille,  qui  a  trouvé  par  l'expérience  que  le  produit  de  l'écoulement 
correspondant  à  l'unité  de  temps  peut  être  représenté,  en  supposant  la 
températiH'p  invariable,  par  la  formule 

(i)  Q  =  K  —  , 

n  étant  la  pression  exercée  sur  le  liquide,  D  le  diamètre  du  tube,  /  sa  lon- 
gueur, enfin  K  une  constante  qui  dépend  de  la  nature  du  liquide. 

»  Nous  allons  soumettre  le  même  phénomène  à  l'analyse,  et  nous  re- 
trouverons la  formule  de  l'expérience. 

»  Quand  un  liquide  coule  dans  un  tube  capillaire,  nous  supposerons  qu'il 
existe  une  couche  de  liquide  adhérente  au  tube,  et  plus  dense  que  le  reste 
du  liquide;  son  mouvement  est  nul  ou  insensible,  et  son  contact  avec  le 
tube  empêche  que  l'écoulement  du  liqtiide  dépende  de  la  nature  du  tube; 
cette  adhérence  tient  à  la  force  de  cohésion  du  liquide  et  du  verre,  ou  plutôt 
an  frottement  qui  est  proportionnel  à  cette  force. 

»  La  supposition  que  je  fais  n'est  pas  contraire  à  l'expérience;  car,  ainsi 
que  le  fait  remarquer  M.  Poiseuille,  quand  on  examine  le  mouvement  du 
sang  à  l'aide  du  microscope  dans  les  vaisseaux  vivants  des  batraciens  ou 
des  mammifères,  on  reconnaît  que  la  vitesse  est  à  son  maximum  dans  l'axe 
du  vaisseau,  et  qu'elle  diminue  quand  on  s'avance  de  l'axe  vers  les  parois, 
près  desquelles  elle  est  d'une  extrême  lenteur. 

»  Cela  posé,  considérons  un  tube  circulaire  de  rayon  R  et  de  longueur  /. 
Soit  rdrdôdl  le  volume  d'un  élément  liquide  renfermé  dans  ce  tube,  r  dé- 
signant sa  distance  à  l'axe,  d9  l'angle  sous  lequel  il  est  compris  entre  deux 
plans  passant  par  cet  axe;  désignons  aussi  par  v  la  vitesse  du  liquide  à  la 
distance  r  de  l'axe.  Le  mouvement  de  cet  élément  est  retardé  par  l'élément 
semblable  qui  se  trouve  au  delà  par  rapport  à  l'axe,  et  il  est  accéléré  par 
l'élément  qui  se  trouve  en  deçà.  Admettons  que  cet  élément  liquide,  en  frot- 
tant par  sa  Aice  rdS  dl  la  plus  voisine  de  l'axe,  gagne  une  quantité  de  force 


(    32.     ) 

représentée  par 

clr 

N  étant  une  constante  qui  varie  avec  le  liquide;  si,  au  lieu  de  désigner  une 
vitesse,  v  représentait  une  température,  cette  expression  indiquerait  le  flux 
de  chaleur  qui  entrerait  par  la  face  rdQdl.  Cette  loi  étant  admise,  l'élé- 
ment liquide  par  la  face  opposée  perdra  une  quantité  de  force  représentée 
par 


-  Nddcfl 
la  résultante  de  ces  deux  actions  sera 


^dQdi     ^  ,"' dr. 


dr 


Intégrons  de  o  à  /,  nous  aurons 


N  dQ  /  -^^-Ç-^  dr, 

dr 

pour  l'action  due  au  frottement  qui  s'exerce  sur  le  cylindre  qui  a  pour 
base  rdrdS,  et  pour  longueur  la  longueur  /  du  tube.  D'autre  part,  ce 
cylindre  de  longueur  /  est  aussi  sollicité  par  la  force  Wdr .  rdB,  en  désignant 
par  n  la  pression  par  unité  de  surface.  Et  comme  le  mouvement  du  liquide 
est  uniforme,  on  a  l'équation 


ou 


Urdidô  +  l^dôl  —^ — -dr  =  o, 

dr 


[     dv' 

n/-(/r^-NZ      ^,     'dr. 

dr 


En  intégrant,  on  a 


i-r    '■"  TiT   7  dv 

n  -  =  —  N/r-r  +  const. 

2  dr 


»  Si  l'on  fait  r  =  o  dans  cette  équation,  on  trouve  que  la  constawte  doit 
être  nulle  ;  on  a  donc 


dr  2N   /  '' 


G.  R.,  i863,  2""^  Semestre.  (T.  LVll,  N"  6.)  4^ 


(  3aa) 
d'où 

v  = sr  7  — ^-  const. 

2N     /      2 

La  vitesse  de  la  courbe  qui  est  en  contact  avec  le  tube  est  nulle;  doue, 
quand  r  =  R,  on  a  t'  =  o,  et  l'équation  précédente  devient 

(-)  ^  =  4^7(1^^-^^)' 

ce  qui  donne  le  mouvement  d'un  point  quelconque  du  liquide. 

»  Quant  à  la  vitesse  moyenne  du  liquide,  elle  est  donnée  par  la  for- 
mule 


0        t/O 


rdrd^ 


et,  en  ayant  égard  à  la  valeur  (2)  de  v,  on  a 

I    n 

et  l'on  a  enfin,  pour  la  quantité  de  liquide  écoulé  dans  l'unité  de  temps, 

(3)  Q  =  ;^R^.  =  ^?R^ 

formule  identique  à  l'expression  (1)  donnée  par  l'expérience. 

1)  Si  le  tube  n'est  pas  suffisamment  grand,  il  est  naturel  de  penser  que 
la  vitesse  ne  pourra  plus  être  supposée  nulle  au  contact  du  tube,  et  que  la 
dépense  doit  être  plus  grande  que  celle  qui  est  donnée  par  la  formule  {3j. 
Ce  résultat  est  conforme  à  l'expérience. 

»  Si  l'on  considère  encore  un  liquide  qui,  comme  le  mercure,  ne  soit 
pas  susceptible  de  mouiller  le  tube,  il  est  évident  que  l'on  ne  peut  plus 
supposer  qu'il  existe  au  contact  du  tube  une  couche  de  liquide  dont  le 
mouvement  soit  nul;  on  n'aura  plus  alors  les  formules  (2)  et  (3),  et  le  mou- 
vement du  liquide  dépendra  de  la  matière  du  tube  ;  le  phénomène  devien- 
dra donc  plus  complexe. 

»  Supposons  maintenant  qu'au  lieu  d'un  tube  circulaire  on  ait  un  tube 
de  très-petite  section,  mais  de  forme  quelconque. 

»  Prenons  dans  ce  tube  un  élément  dxdjdl;  il  sera  sollicité,  par  la  face 
djdl  la  plus  voisine  de  l'origine  des  coordonnées,  par  une  force  de  frotte- 


(  3a3  ) 
ment  représentée  par 

et,  par  sa  face  opposée,  il  est  sollicité  par  la  force 
la  résultante  de  ces  deux  actions  est 

De  même,  ce  cylindre  est  sollicité  par  la  force 

l^dxdj  dl~ 

Enfin,  si  l'on  considère  le  filet  liquide  qui  a  dxdj  pour  base  et  pour  lon- 
gueur toute  la  longueur  /  du  tube,  on  voit  que  les  forces  qui  agissent  stu- 
lui  sont 

l^ldxdj  —^,     ^Idxdj  -j^'     Udxdr; 


on  a  donc  l'équation 


d'i>         d^v  n   


»  Supposons  que  la  section  du  tube  soit  l'ellipse 

on  aura,  pour  la  vitesse  fd'un  point  quelconque  du  liquide,  pour  la  vitesse 
moyenne  v,  et  pour  la  quantité  Q  de  liquide  écoulé  dans  l'unité  de  temps, 
les  formules  suivantes  : 

^  ~~  4N/(a'+  è=)' 

Supposons  deux  lames  indéfinies  dans  le  sens  de  la  largeur,  de  longueur  /, 
qui  soient  parfaitement  planes  et  parallèles,  et  situées  à  une  distance  très- 

43.. 


(  3a4  ) 
petite  2  {?,  on  aura  les  formules 

(5)  Q  =  ïn7' 

Q  représentant  la  dépense  par  unité  de  largeur. 

»  Il  serait  important  de  rechercher  par  l'expérience  si  les  formules  (4) 
et  (5)  ont  effectivement  lieu.    » 

ASTUONOMlE.  —  Sut  la  rotation  de  In  Lune  et  sur  la  libration  réelle  en  latitude. 
Extrait  d'un  Mémoire  de  M.  Cn.  Simon,  présenté  par  M.  Le  Verrier. 

(Commissaires,  MM.  Mathieu,  Paye,  Serret.) 

«  On  sait  que  le  mouvement  de  la  Lune  autour  de  son  centre  de  gravité  a 
été  étudié  principalement  par  Lagrange  et  par  Poisson.  C'est  à  Lagrange 
que  l'on  doit  la  théorie  de  la  libration  réelle  en  longitude  et  l'explication 
des  lois  de  D.  Cassini.  Poisson  signala  plus  tard,  dans  la  libration  réelle  en 
latitude,  une  inégalité  qui  a  pour  argument  la  distance  du  périgée  lunaire 
au  nœud  ascendant  de  l'orbite,  et  que  Lagrange  avait  omise. 

»  En  reprenant  ce  problème  sous  un  nouveau  point  de  vue,  j'ai  cru  re- 
connaître que  l'analyse  dont  Poisson  avait  fait  usage,  d'après  Lagrange  et 
Laplace,  était  insuffisante.  11  résulte  en  effet  des  formules  de  Poisson  que, 
si  l'on  fait  abstraction  de  l'excentricité  de  l'orbite,  l'inclinaison  de  l'équa- 
teur  lunaire  sur  l'écliptique  reste  constante.  Or,  on  conçoit  à  priori  que 
cela  ne  peut  pas  être,  et  que  l'axe  de  rotation  de  la  Lune  doit  subir,  sous 
l'action  de  la  Terre,  une  nutation  semi-mensuelle  analogue  à  la  nntafion 
semi-annuelle  que  subit  l'axe  de  la  Terre  sous  1  action  du  Soleil.  On  pour- 
rait croire,  à  la  vérité,  que  cette  nutation  semi-mensuelle  est  insensible; 
mais  le  calcul  prouve  qu'elle  est  sensible,  c'est-à-dire  qu'elle  est  du  même 
ordre  de  grandeur  que  les  autres  quantités  que  l'on  considère,  et  il  est  à 
remarquer  que  c'est  précisément  cette  nutation  qui  fait  du  problème  de  la 
rotation  de  la  Lune  un  cas  singulier  du  problème  général  de  i.i  rotation  d^s 
corps.  Elle  consiste  en  effet  en  une  oscillation  de  l'axe  de  rotation  qui  s'exé- 
cute dans  le  plan  de  la  section  principale  du  globe  lunaire  perpendiculaire 
au  grand  axe  dirigé  vers  la  Terre;  de  sorte  que,  pendant  une  période  égale 


(  325  ) 
à  la  moitié  d'une  révolution  de  la  Lune  par  rapport  à  la  ligne  des  nœuds  de 
l'orbite,  on  peut  se  représenter  le  phénomène  de  la  rotation  de  cet   astre, 
en  faisant  rouler  sans  glissement  le  plan  de  cette  section  principale  sur  un 
cône  ondulé  dont  la  base  est  une  épicycloïde  sphérique  sans  nœuds. 

»  Les  termes  qui  dépendent  de  l'excentricité  produisent  une  natation  à 
longue  période  que  l'on  peut  aussi,  avec  une  approximation  suffisante,  con- 
sidérer comme  plane.  Si  on  la  compose  avec  la  première,  on  obtient  une 
image  complète  du  phénomène,  en  faisant  rouler  et  glisser  en  même 
temps  sur  un  cône  épicycloïdal  le  plan  de  la  section  principale  dans  la- 
quelle s'exécutent  les  oscillations  de  l'axe  de  rotation. 

n  Le  point  de  vue  auquel  je  me  suis  placé  m'a  conduit  à  déterminer  les 
conditions  auxquelles  la  Lune  a  dû  satisfaire,  dans  son  état  initial,  pour 
que  son  mouvement  de  rotation  soit  devenu  tel  que  nous  l'observons.  J'ai 
essayé  de  faire  voir  que  ces  conditions  sont  naturellement  remplies  dans  la 
célèbre  hypothèse  qui  termine  V Exposition  du  système  du  monde.  » 

PHYSIQUE.  —  Faits  démontrant  Vinfiuence  électrique  des  rayons  solaires; 
par  M.  Ch.  I^Icsset.  (Deuxième  Note.) 

«  Dans  une  Note  récente  adressée  à  l'Académie  des  Sciences  et  publiée 
dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  i3  juillet,  je  croyais  pouvoir  con- 
clure, d'après  certains  faits  d'observation,  à  une  influence  électrique  du 
soleil  sur  des  aiguilles  aimantées  astatiques.  J'apporte  aujourd'hui  des  faits 
nouveaux  qui  donnent  à  ma  conclusion  antérieure  luie  éclatante  confir- 
mation. Je  n'ai  malheureusement  à  ma  disposition  qu'un  nombre  fort  res- 
treint d'appareils  électriques;  mais  les  expériences  que  j'ai  faites,  quoique 
très-simples,  ont  le  grand  avantage  d'être  faciles  à  répéter. 

»  On  se  rappelle  que  pour  démontrer  l'état  calme  de  l'air  dans  l'inté- 
rieur de  la  cloche  du  galvanomètre,  je  m'appuyais,  entre  autres  preuves, 
sur  l'immobilité  pariaite  des  barbes  de  duvet  placées  tant  sur  les  aiguilles 
que  sur  le  bord  du  limbe  métallique  gradué.  Je  dois  dire  que  cette  observa- 
tion n'est  pas  rigoureusement  exacte;  car,  ayant  varié  mes  expériences,  j'ai 
constaté  que  les  aiguilles  oscillent  dès  le  commencement  de  leur  insolation, 
tandis  que  les  barbes  de  duvet  restent  immobiles.  Mais  j'ai  également  vu 
qu'il  est  possible  de  déterminer  à  volonté  une  agitation  dans  ces  dernières, 
sans  la  provoquer  dans  les  aiguilles,  et  qu'après  une  longue  insolation  le 
mouvement  oscillatoire  se  manifeste  dans  les  unes  et  les  autres.  Ce  sont  ces 
faits,  en  apparence  contradictoires,  qui  m'ont  mis  sur  la  voie  de  mes  non- 


(  3^6  ) 
velles  expériences.  Je  me  suis  demandé  pourquoi  les  aiguilles  étaient  si  sen- 
sibles au  passage  brusque  de  l'ombre  à  la  lumière,  tandis  que  les  barbes  de 
duvet  exigeaient  une  plus  longue  exposition  au  soleil. 

»  En  examinant  de  plus  près  ces  dernières,  je  crus  discerner  que  leur  agi- 
tation était  le  résultat  plutôt  d'une  action  électrique  venant  du  globe  même 
que  de  courants  ascendants  et  descendants  dans  l'air  de  la  cloche;  et  ce 
qui  nie  confirma  dans  cette  opinion,  c'est  que  les  plus  longues  barbes  de 
duvet,  et  par  conséquent  les  plus  rapprochées  des  parois  de  la  cloche, 
étaient  aussi  les  plus  vivement  agitées.  J'eus  alors  l'idée  d'expérimenter  avec 
le  pendule  électrique,  l'électroscope  à  paille  et  un  carillon  électrique.  J'ex- 
posai ces  instruments  au  soleil  en  même  temps  que  le  manche  isolant  de 
l'électrophore  de  Volta,  ainsi  qu'un  morceau  de  résine.  Dans  le  commence- 
ment, mes  électromètres  restèrent  insensibles  à  l'approche  du  bâton  de  verre 
et  de  la  résine.  Mais  quelle  ne  fut  pas  ma  satisfaction,  lorsque,  après  une 
heure  environ  de  forte  insolation,  je  vis  le  bâton  de  verre  appuyé  sur  le 
bouton  de  l'électroscope  déterminer  une  divergence  dans  les  pailles  de  plus 
de  3o  degrés!  La  boule  de  sureau  du  pendule  électrique  fut  aussi  vivement 
attirée;  il  m'a  paru  également,  quoique  je  puisse  moins  l'affirmer,  que  le 
carillon  électrique  s'électrisait  au  contact  du  bâton  de  verre.  Quant  au 
morceau  de  résine,  il  ne  m'a  fourni  que  de  faibles  résultats;  cependant, 
approché  de  l'électroscope,  il  déterminait  une  convergence  bien  évidente 
dans  les  pailles  préalablement  chargées  d'électricité  positive. 

j(  Mais  pour  que  l'expérience  réussisse  et  triomphe  de  tout  doute,  il  finit 
que  le  ciel  ne  soit  pas  nuageux  et  que  le  soleil  soit  ardent  ;  alors  le  bâton 
de  verre  échauffé  dans  sa  masse  agit  avec  une  grande  intensité;  il  attire 
alternativement  chacune  des  pailles  jusqu'aux  parois  de  la  cloche,  et, 
tout  en  la  perdant  peu  à  peu,  il  conserve  son  influence  électrique  pendant 
plus  d'une  demi-heure  et  l'électroscope  met  quelquefois  plus  de  dix  minutes 
à  se  décharger. 

»  Nul  doute  que  je  n'aie  besoin  de  revenir  sur  ces  expériences  et  de  les 
nmltiplier  ;  mais  il  est  dès  à  présent  démontré  que  la  liuuière  ou  la  chaleur 
solaire  électrise  fortement  certains  corps;  et  ainsi  l'influence  électrique  du 
soleU,  hier  encore  hypothétique,  est  aujourd'hui  certaine.    » 

Cette  Note  est  renvoyée,  ainsi  que  la  précédente,  à  la  Commission  déjà 
nommée  pour  les  communications  de  M.  Sanna  Solaro,  Commission  qui  se 
compose  de  MM.  Pouillet,  Fizeau  et  Edm.  Becquerel. 


(3.7  ) 

PHYSIOLOGIE.   —  Recherches  expérimentales  sur  Cabsorplion  par  le  técjumenl 
externe.  Note  de  M.  L.  Parisot,  présentée  par  M.  Cl.  Bernard. 

(Commissaires,  MM.  Rayer,  Bernard,  Longet.) 

((  Du  rôle  de  la  peau  clans  le  bain  médicamenteux.  —  L'argument  le  pins 
puissant  que  l'on  ait  invoqué  pour  établir  le  pouvoir  absorbant  de  la  peau 
est  le  passage  dans  les  humeurs  des  matières  salines  ou  autres,  employées 
en  dissolution  sous  la  forme  de  bains,  lotions,  etc.  ;  ce  passage,  une  fois 
établi,  serait,  sans  contredit,  la  preuve  la  plus  préremptoire.  Aussi  est-ce 
dans  cette  voie  qu'ont  été  dirigées  mes  investigations. 

»  Le  choix  des  substances  à  expérimenter  ne  m'a  pas  été  indifférent;  il 
fallait  une  matière  qui  n'exerçât  aucune  action  chimique  sur  la  peau;  qui, 
normalement,  ne  fit  pas  partie  intégrante  de  nos  humeurs;  qui  ne  piit  être 
décomposée  dans  nos  tissus,  et  dont  la  présence  pùl  être  décelée  facilement 
dans  les  produits  excrémentitiels.  Je  crus  que  l'iodure  de  potassium,  le 
cyanure  jaune  de  potasse,  le  chlorate  de  potasse,  le  sulfate  de  fer,  la  bella- 
done, la  digitale  et  la  rhubarbe  réunissaient  ces  conditions  :  d'ailleurs,  elles 
avaient  à  mes  yeux  un  caractère  bien  précieux,  elles  avaient  servi  de  base 
aux  expériences  que  je  voulais  contrôler. 

»  Je  les  ai  expérimentées  toutes  sur  moi-même  ;  quelques-unes,  telles 
que  l'iodure  de  potassium  et  le  chlorate  de  potasse,  ont  été  employées  en 
même  temps  sur  de  jeunes  malades  dont  l'affection  réclamait  l'emploi  de 
ces  remèdes  ;  leur  peau  était  intacte,  et  la  finesse  des  tissus  devait  être  une 
condition  favorable  à  l'imbibition.  J'ai  expérimenté  pendant  les  journées 
chaudes  de  l'été  et  de  l'automne  des  années  1859,  1860  et  1861  :  la  tempé- 
rature extérieure  a  oscillé  entre  18  et  27  degrés  centigrades;  la  température 
du  bain  n'a  jamais  été  inférieure  à  28  degrés  ni  supérieure  à  3o  degrés.  La 
durée  des  bains  a  été  d'une  heure  à  deux  heures  pour  moi,  et  de  trente  mi- 
nutes à  une  heure  pour  les  enfants.  Les  baignoires  étaient  en  bois  et  toujours 
recouvertes  avec  soin. 

»  Les  bains  ont  été  administrés  le  matin  et  à  jeun;  les  urines  et  la 
salive  ont  été  constamment  examinées  avant  chaque  expérience;  la  même 
substance  a  été  expérimentée  pendant  trois  à  huit  jours  de  suite;  chaque 
jour  la  salive  et  les  urines  étaient  soumises  aux  réactifs  propres  à  déceler  la 
présence  de  la  substance  en  dissolution;  le  même  examen  a  été  continue 
encore  pendant  huit  jours  après  la  cessation  des  bains. 

«   Alors  les  substances  qui  avaient  été  dissoutes  dans  les  bains  ont  été 


(328) 

pendant  plusieurs  jours  administrées  par  la  bouche,  et  toujours  les  liquides 
excrémentitiels  en  ont  accusé  la  présence  sous  l'influence  des  réactifs  chi- 
miques. A  cet  égard  j'ai  constaté  la  loi  formulée  par  M.  Cl.  Bernard,  à  savoir 
que  l'iodure  de  potassium  se  trouvait  dans  la  salive  plusieurs  heures  avant 
d'être  décelé  dans  les  urines. 


Tableau  sommaire  des  expériences. 


SUJETS 

de 

l'expkriesce. 


SUBSTANCES 

en 

dissolution 

DANS     LE    BAIS. 


DUREE 
du 

DAIX. 


Il  petits  garçons  (      5o  à  loo  grammes  ,    ,  -^^ 

de  2  à  12  ans. . .  r  d'iodure  de  potassium.  ( 
I  I 

4  petites  filles  de(      5o  à  loo  grammes      )      ,    .    ,      , 

?ih  1  ans I  d'iodure  de  potassium.  ) 

I  I 

Adulte  de  4:  ans.  '  ^°°  S^^™'"'^'  '^''°'^"''"  !     ^  heures. 
'         de  potassium.  ) 

1  I 

Petite    fille      de(  loo  grammes  de  chlo- 

5  ans (        rate  de  potasse. 

I  I 

Petite     fille     de  j  loo  grammes  de  chlo- )      j  heure 
V  ans /         late  de  potasse.        S 

I  I 

Adulte  de  47  ans.  p°°  grammes  de   eya-j     ^  ,,^^^^^ 

'  mire  jaune  de  potasse.  S 

i  1 

Adulte  de  47  ans.  (  ^O"  «rammes  de  sulfate       ^  ^^^^^^ 

I  de  fer. 


heure. 


,  I  kilogramme 

Adulte  de  4?  ans.     ,    .     ...      ■    ,    „    .  2  heures. 

'  (  de  feuilles  de  belladone  ' 

1  I 

2  heures. 


!i  ki 
de  feuiU 


I   kilogramme 


[■ 


es  de  digitale. 


.    ,      ,    ,  .  -   kilogramme  )  liain 

'        '  j  de  rhubarbe.  \   de  jambes. 

1  I 


DUREE 
de 

l'expérience. 


EXAMEN 
de 

LA    SALIVE. 


EXAMEN 
des 

LIUNES. 


.   .    o  .  Pas  de  traces  d  lodure)  Pas  de  traces  diodurc 

j  a  o  jours.  , 

/  de  potassium. 


5  à  8  jours. 
10  jours. 
5  jours 

0  jours. 
5  jours. 
S  jours. 

1  jour. 
I  jour. 
I  jour. 


Idem. 


Idem. 


de  potassium. 
Idem. 

Idem. 


S  Pas  de  traces  de  chlo-  |  Pas  de  traces  de  chlo- 
rate de  potasse.       )        rate  de  potasse. 


Idem. 


\  Pas  de  traces  de  cya- 


[  nure  jaune  de  potasse,  inure  jaune  de  potasse 


Pas  de  sulfate  de  fer. 


Idem. 


Pas  de  traces  de  cja- 


Pas  de  sulfate  de  fer. 


RÉSt'LTAT    DE    L'exPÉRIESCE. 

Pas  de  dilatation  des  pupilles. 

Pas  de  ralentissement  de  la  circulation. 

Pas  de  matières  colorantes  dans  les  urines. 


»  Je  crois  que  ces  expériences  me  permettent  d'établir  les  propositions 
suivantes  : 

I)  1°  Les  sels,  comme  l'iodure  de  potassium,  le  chlorate  de  potasse,  le 
prussiate  jaune  de  potasse,  le  sulfate  de  fer,  ainsi  que  les  matières  colorantes 
de  la  rhubarbe  en  dissolution  dans  l'eau,  ne   sont  aucunement  absorbés 


(  329  -' 
parla  peau,  même  après  deux  heures  d'iminersion  ;  car  quelque  soin  qu'on 
apporte  dans  les  reclierches  de  ces  diverses  substances,  on  n'en  peut  ren- 
contrer la  moindre  trace  dans  les  urines  et  la  salive  par  lesquelles  elles  sont 
ordinairement  éliminées,  et  où  on  les  retrouve  constamment  lorsqu'elles 
ont  été  introduites,  même  en  quantité  extrêmement  faible,  dans  l'orgs^ 
nisme. 

»  a"  Les  matières  toxiques  végétales  (digitaline  et  atropine)  en  dissolu- 
lions  aqueuses  ne  sont  nullement  absorbées  par  la  peau  ;  car  le  séjour  pro- 
longé dans  des  bains  qui  renferment  des  doses  considérables  de  ces 
matières  ne  donnent  jamais  naissance  au  plus  léger  symptôme  d'empoison- 
nement. 

1'  Dans  une  prochaine  Note,  j'établirai  le  rôle  de  l'épiderme  en  présence 
de  l'eau,  du  chloroforme  et  de  l'alcool.    » 

GÉOLOOIE.  —  Sur  tes  terrains  de  (rnusport  des  environs  de  Tout.  Ctwernes 
à  ossements.  Extrait  d'une  Note  de  M.  Hussox. 

(Commissaires,  MM.  Valenciennes,  Ch.   Sainte-Claire  Deville,  Daubrée.) 

((  L'arrondissement  de  Toul  compte  un  certain  nombre  de  grottes  ou 
cavernes;  mais  je  m'occuperai  seulement  des  principales,  dites  Trous  de 
Sainte-Reine,  en  face  de  Picrre-la-ïreiche.  Elles  terminent  l'oolithe  infé- 
rieure proprement  dite,  el  sont  recouvertes  immédiatement  par  \eJiiUers- 
earï/j,  au-dessus  duquel  se  remarquent  notre  premier  sous-groupe  ini  peu 
important  de  Xa  grande  oolithe,  puis  le  calcaire  siliceux  avec  rognons  de 
silex  pyromaque.  Les  deux  plus  intéressants  de  ces  systèmes  de  grottes 
ou  trous  sont  ceux  de  la  fontaine  et  du  portique..  . .  Le  terrain  qu'ils  ren- 
ferment, fouillé  à  d'assez  grandes  profondems,  a,  de  haut  en  bas,  la  com- 
position suivante  : 

»  1°  Une  argile  plus  ou  moins  épaisse  (20  à  60  centimètres  et  plus), 
soit  compacte,  soit  terreuse^  généralement  très-peu  ou  point  effervescente, 
de  couleur  variable,  tantôt  durcissant,  tantôt  se  délitant  à  l'air,  souvent 
affectant  la  forme  d'une  limonite  de  belle  couleur  noire  à  reflet  métallique, 
d'autres  fois  constituant  un  véritable  terreau.  Cette  couche  est  recouverte 
de  stalagmites  dans  les  chambres  B  et  C,  mais  au  delà  elle  est  à  découvert; 
seulement,  parfois,  elle  en  contient  des  débris  détachés  des  parois  de  la 
caverne.  Il  arrive  encore  que  les  couches  en  contact  avec  les  stalagmites 
forment  des  espèces  de  conglomérats,  lorsqu'il  y  a  eu  infiltration. 

c.    R.,  i8fi3,  ^"o  Si-meslrr     T.  LVM,  N"  6.)  ^4 


(33o) 

»  2°  Au-dessous  de  l'argile  précédente  existe  une  épaisseur  souvent  très- 
considérable  de  sable  présentant,  soit  à  l'état  de  couches  distinctes  ou 
d'alternances,  soit  simplement  sous  forme  de  nids  ou  de  veines,  les  carac- 
tères ci-dessous  :  sable  quelquefois  exclusivement  siliceux,  d'autres  fois  plus 
ou  moins  argileux,  plus  ou  moins  aggloméré,  de  couleur  variable,  souvent 
comme  rnbané  et  rarement  effervescent. 

»  Ces  grottes  renferment  très-peu  de  cailloux  roulés,  si  ce  n'est  dans  le 
voisinage  de  leurs  ouvertures.  Ceux  qu'on  y  trouve  appartiennent  aux 
roches  vosgiennes. 

«  Jusqu'à  présent  je  n'ai  rencontré  aucun  fossile  dans  la  couche  sa- 
bleuse; mais  il  n'en  est  pas  de  même  de  l'argile.  Voici  l'énumération  des 
ossements  ou  portions  d'ossements  découverts;  ils  ont  été  examinés  au 
Muséum  de  Nancy,  avec  le  concours  de  M.  Godron,  doyen  de  la  Faculté 
des  Sciences  : 

)>   Nombreuses  mâchoires  d'ours  (t7rs«s  5/3e/œus)  ; 

u  Fémurs,  humérus,  cubitus,  côtes,  vertèbres  et  autres  débris  indéter- 
minés du  même  animal; 

»  Dents  et  débris  d'ossements  d'hyène  [Hyœna  spelœa)  ; 

»  Coprolithes  nombreux,  probablement  d'hyène; 

»   Canon  d'un  pied  postérieur  de  ruminant,  probablement  d'un  cerf; 

1)   Portion  de  mâchoire  et  dents,  probablement  d'un  sanglier  ; 

»  Coprolithes  d'un  insectivore  indéterminé  :  ils  proviennent  de  la  couche 
située  sur  la  limonite  des  trous  du  portique  et  sont  déjà  anciens,  tout  en  étant 
postérieurs  sans  doute  au  diluvium,  bien  qu'on  en  trouve  d'adhérents  à  la 
limonite;  mais  celle-ci  n'était  vraisemblablement  pas  en  place; 

»  Nombreux  débris  de  mâchoires  et  ossements  divers  non  encore  déter- 
minés et  api^artenant,  les  uns  au  diluvium,  les  autres  à  l'époque  moderne. 

»  Tous  ces  fossiles  proviennent  des  chambres  et  des  couloirs  situés  au 
delà  de  la  chambre  B  et  ont  été  trouvés  aussi  bien  au  milieu  de  ces  divers 
emplacements  qu'à  l'entrée  des  pièces  etau  point  de  jonction  des  embran- 
chements. 

»  Pour  compléter  la  description  des  trous  de  Sainte-Reine,  il  me  reste 
à  parler  de  leur  couche  postdiluvienne  et  à  signaler  deux  causes  d'er- 
reur qu'ils  présentent,  par  rapport  à  l'étude  des  fossiles. 

»  T.a  couche  de  formation  actuelle  se  compose  d'une  portion  des  terres 
sous-jacentes  et  de  détritus  ou  débris  organiques  récents,  quelquefois  en  si 
grande  abondance,  que  le  sol  res.semble  à  une  sorte  de  guarto.  Aussi  répand-il 
souvent,  un  peu  plus  loin  qu'à  la  fontaine,  une  lorte  odeur  de  poudretle. 


(  ^3i  ) 

»  Quant  aux  deux  causes  d'erreur,  les  A'oici  : 

»  1°  Tous  les  conduits  souterrains,  à  partir  de  la  fontaine,  sont  sillonnés 
de  trous  de  renards  et  de  blaireaux,  souvent  très-profoutls  et  s'étendant  au 
loin.  Ces  trous  expliquent  la  présence  d'ossements  de  nature  récente,  dans 
des  endroits  où  ils  n'auraient  pas  dû  se  trouver,  et,  réciproquement,  les 
renards,  en  creusant,  ont  fait  parvenir  des  débris,  incontestablement 
anciens,  dans  des  produits  de  formation  toute  récente. 

»  2°  A  l'entrée  de  la  chaml)re  C,  je  trouvai,  pour  ainsi  dire  en  mélange 
avec  une  belle  mâchoire  et  deux  vertèbres  d'ours,  un  os  d'origine  récente. 
Le  tout  était  recouvert  par  une  épaisse  stalagmite.  Je  fus  longtemps  à  m'ex- 
pliquer  cette  bizarrerie;  mais  je  finis  par  reconnaître  qu'à  une  époque 
indéterminée,  un  trou  avait  été  pratiqué  dans  le  voisinage  de  la  mâchoire, 
puis  rebouché,  etqu'une  nouvelle  stalagmite  s'était  reformée  par-dessus. 
C'est  même  de  cet  endroit  que  provient  le  conglomérat  argilo-siliceux  que 
j'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  des  Sciences. 

»  J'arrive  aux  ossements  humains  et  aux  ustensiles  eu  silex. 

»  1°  Je  n'ai  trouvé  d'ossements  dans  aucune  de  ces  galeries  souterraines; 
il  en  existe  bien  en  face,  rive  gauche  de  la  Moselle,  dans  des  fissures  du 
coteau  dit  sous  la  Treiche;  mais  c'est  un  ossuaire  rappelant  un  combat  qui 
fut  autrefois  livré  dans  cette  partie  du  territoire  de  Pierre-la-Treiche. 

'I  2°  Le  trou  du  portique  ns'a  offert  cinq  ou  six  sortes  de  cubes  et  une 
espèce  de  coin  en  silex;  mais  ils  ont  été  trouvés  dans  la  couche  tout  à  fait 
récente,  et  puis  ces  formes  sont  celles  qu'affectent  nos  nodules  de  silex  du 
quatrième  sous-groupe  de  la  grande  oolithe  quand  ils  se  brisent,  ainsi  qu'il 
sera  facile  d'eu  juger  par  les  échantillons  ci-joints.  Ce  quatrième  sous-groupe 
est  précisément  situé  à  une  dizaine  de  mètres  au-dessus  de  l'entrée  des 
grottes.  )) 

CHIRURGIE.  —  Mémoire  sur  la  possibililë  du  cathélérisine  du  duodcnum  et  de 

la  portion  suivante  de  l'intestin  grêle;  par  M.  Blanxiiet. 

(Commissaires,    MM.    Serres,    J.   Cloquet,   Bernard.) 

Ce  Mémoire  contient  l'observation  de  quatre  cas  dans  lesquels  cette 
opération  a  été  pratiquée  avec  succès,  soit  pour  faciliter  l'expulsion  de 
corps  étrangers  engagés  dans  le  tube  digestif,  soit  pour  faire  disparaître 
certaines  occlusions  intestinales  et  rétablir  le  cours  des  matières  dans  l'intes- 
■  tin.  Les  sensations  accusées  par  les  patients  semblaient  prouver  suffisam- 
ment que  la  sonde  avait  pénétré  bien  au  delà  du  pylore;  des  expériences 
faites  sur  le  cadavre  ont  prouvé  qu'en  effet  il  n'y  avait  nulle  difficulté  sé- 

44.. 


(  332  ) 
rieuse  à  faire  pénétrer  la  sonde  œsophagienne  dans  le  duodénum  pf  dans 
la  première  partie  du  jéjunum. 

)»  Maintenant  que  ce  calliétérisme  de  1  iutesliu  grêle  est  reconnu  pos- 
sible et  aisément  praticable,  n'aura-t-il  pas,  dit  l'auteur,  plus  d'une  appli- 
cation utile?  Cela  ne  semble  pas  douteux.  Il  sera,  comme  le  démontrent 
nos  observations,  un  moyen  efficace  de  déterminer  les  contractions  intes- 
tinales. Il  aidera  au  diagnostic  des  affections  organiques  du  pylore  et 
de  l'intestin  :  rétrécissements,  tumeurs,  occlusions,  corps  étrangers,  etc.  Il 
permettra  de  porter  au  delà  de  l'orifice  pylorique  des  substances  nutritives 
ou  médicamenteuses  qui  ne  pourraient  être  supportées  par  l'estomac  ma- 
lade. Il  permettra  d'évacuer  les  gaz  qui  s'accumulent  quelquefois  dans 
l'intestin  et  déterminent  de  graves  accidents.   » 

Trois  des  observations  rapportées  dans  le  Mémoire  de  M.  Blanchet  ont  été 
faites  à  l'Institution  impériale  des  Sourds-Muets,  et  les  opérations  prati- 
quées en  présence  de  plusieurs  des  personnes  attachées  au  service  médi- 
cal de  l'établissement. 

M.  A.-B.  LcNEL  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  intitulé  : 
«   Nouvelle  théorie  sur  les  combustions  humaines  spontanées  ». 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Rayer,  Bernard.) 

M.  ViRLET  adresse  une  Note  dont  il  indique  le  sujet  dans  les  termes  sui- 
vants :  «  ii'ophite  des  Pyrénées  n'est  pas  une  roche  éruptive,  mais  une 
roche  de  sédiment  métamorphique;  «lie  appartient  à  la  formation  du  trias, 
et  y  représente,  avec  les  marnes  gypseuses  et  salifères,  l'étage  du  muschel- 
kalk.    » 

Cette  Note  est  renvoyée  a  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  et  Daubrée. 

M.  HtBERT,  qui  avait  précédemment  soumis  au  jugement  de  l'Académie 
un  «  Mémoire  sur  un  système  de  simplification  de  l'écriture  »,  en  adresse 
aujourd'hui  un  second  portant  pour  litre  :  «  Langage  abréviatif  pour  con- 
verser avec  les  sourds-muets  ». 

«  Ce  nouveau  travail,  que  le  premier  a  rendu  facile,  doit,  dit  l'auteur, 
servir  à  retirer  les  sourds-muets  du  pénible  isolement  dans  lequel  ils  se 
trouvent,  et  leur  fournir  les  moyens  d'étudier  plus  promptement  les  prin- 
cipes nécessaires  et  la  connaissance  des  langues  écrites  et  parlées.  » 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  pour  le  précédent 
Mémoire  :  MM.  INIalhieu  et  Laugicr.) 


C  333  ) 

CORRESPOIVDAIVCE. 

M.  LE  Ministre  de  la  Marine  adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut^ 
le  numéro  de  juillet  de  la  «  Revue  maritime  et  coloniale  ». 

M.  LE  Surintendant  du  relevé  géologique  de  l'Inde  adresse  de  Calcutta 
les  livraisons  3,  4  t't  5  de  la  deuxième  série  de  la  Paleonlologia  indica. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  l'auteur,  un  ouvrage 
intitulé  :  «  Coup  d'œil  liistoriqiie  sur  la  projection  des  cartes  de  géogra- 
phie »,  Notice  lue  à  la  Société  tle  Géographie  de  Paris  dans  sa  séance  pu- 
blique du  ig  décembre  1862,  par  M.  D'Avezac. 

Cet  ouvrage  présente  un  tableau  historique  complet  des  tentatives  faites 
depuis  les  anciens,  Anaximandre,  Hécatée,  etc.,  jusqu'à  nos  jours,  dans  le 
but  de  trouver  les  combinaisons  les  plus  satisfaisantes  pour  représenter 
sur  un  plan  la  surface  courbe  de  la  sphère  terrestre. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente  encore  plusieius  opuscules  de 
M.  Dewahjue  sur  les  terrains  fossilifères  de  la  Belgique. 

—  Il  présente  enfin  quatre  opuscules  de  M.  Nociuès  sur  la  constitution 
géologique  des  Pyrénées,  et  donne  lecture  des  passages  suivants  de  la 
Lettre  d'envoi. 

n  J'ai,  dès  l'année  1861,  ainsi  que  le  constate  ma  brochure  sur  le  terrain 
crétacé  deTercis,  prouvé  l'existence  de  la  craie  inférieure  dans  les  Pyrénées 
occidentales.  Cependant  M.  Leymerie  [Comptes  rendus,  t.  LIV,  p.  683)  si- 
gnale, comme  un  fait  nouveau  en  1862,  la  découverte  faite  par  lui,  aux  en- 
virons d  Orthez,  de  la  craie  inférieure  représentée  par  l'étage  aptien  avec 
Exocjjra  simiala.  M.  Leymerie  semble  exclure  le  néocomien  des  Pyrénées; 
il  y  voit  surtout  du  cénonianieu  avec  deux  ou  trois  fossiles  qui  lui  sont 
familiers.  Dans  mon  Mémoire  imprimé,  je  crois  avoir  prouvé  que,  dans  les 
Pyrénées  occidentales,  comme  dans  la  portion  orientale  de  la  chaîne,  il  y 
a  un  étage  crétacé  placé  à  un  niveau  plus  bas  que  l'aptien  :  cet  étage,  c'est 
le  néocomien  supérieur  ou  moyen,  bien  caractérisé  par  sa  faune  spéciale. 

»   M.  Leymerie,  dans  sa  Note  communiquée  à  l'Académie  à  la  séance  dn 


(  334) 
24  mars  1862,  fait  aussi  de  la  Clape  et  d'une  partie  des  Corbières  une  dé- 
pendance de  l'aptien.  M.  Leymerie  risque  fort  d'être  bientôt  seul  de  son 
opinion  ;  car  tous  les  paléontologistes  qui  ont  étudié  les  fossiles  de  la  Clape 
ont  reconnu  une  faune  néocomienne  mélangée  de  quelques  espèces  du 
gault.  Du  reste  le  gault  bien  caractérisé  se  trouve,  avec  sa  faune  spéciale, 
au-dessus  de  nos  calcaires  néocomiens,  aux  environs  de  Saint-Paul-de- 
Fenouillet. 

»  Le  néocomien  se  trouve  donc  aux  deux  extrémités  de  la  chaîne  des  Pyré- 
nées :  dans  la  partie  orientale,  à  Opoul,  Vingran,  Saint- Paul-de-Fenouillet 
(Pyrénées-Orientales),  les  Corbières  et  la  Clape  (Aude);  dans  la  région  occi- 
dentale, sur  un  point  isolé,  aux  environs  de  Tercis,  et  ailleurs  peut-être.  On 
comprend  qu'à  cette  distance  les  dépôts  néocomiens,  séparés  par  toute  la 
longueur  de  la  chaîne  des  Pyrénées,  doivent  présenter  des  différences  strati- 
graphiques,  minéraloglques  et  surtout  paléontologiques  très-sensibles.  Du 
reste,  dans  le  texte  de  la  carte  géologique  des  Pyrénées-Orientales,  je  com- 
pléterai les  preuves  qui  démontrent  l'existence  du  néocomien  dans  la  chaîne 
pyrénéenne. 

))  Qu'il  me  soit  permis,  en  terminant,  de  réparer  une  omission  commise 
dans  ma  Note  sur  une  grauwacke  devonienne  fossilifère  des  Pyrénées 
[Comples  rendus ,  t.  LVI,  p.  1122).  C'est  M.  d'Archiac  qui  a  bien  voulu 
caractériser  les  fossiles  devoniens  cités  dans  cette  Note.  » 

GÉOLOGIE.  —  Nouveaux  délaits  concernant  la  mâchoire  humaine  de  Moulin- 
Quignon.  Lettre  de  M.  Boucheu  de  Perthes  à  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  Abbeville,  2  août  iS63. 

»  La  Lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire  le  3i  du  mois 
dernier  m'a  été  bien  agréable.  Je  craignais  que  cette  polémique  des  jour- 
naux à  laquelle  je  suis  resté  complètement  étranger  n'eût  altéré  la  bien- 
veillance que  vous  m'avez  toujours  témoignée  et  à  laquelle  je  tiens  plus  que 
je  ne  saïu'ais  dire. 

»  La  seule  Lettre  que  j'aie  fait  imprimer  sur  ce  sujet  est  celle  que  je  vous 
ai  adressée  en  réponse  à  un  article  de  VOpinion  nationale  qui  fendait  à  faire 
croire  qu'à  une  autre  époque  vous  aviez  considéré  le  banc  de  Moidin- 
Quignou  comme  appartenant  au  diluvium  ,  et  conséquemment  à  vous 
mettre  en  contradiction  avec  vous-même,  ce  qui  s'écartait  en  tout  point 
de  la  vérité.  Ce  que  vous  avez  dit  à  l'Académie  en  juin  dernier  est  absolu- 


(335) 
ment  ce  que  vous  me  disiez  en  i845,  1846  et  iS/iy;  vous  n'avez  pas  varié 
d'opinion ,  mais  sans  vous  rendre  à  la  mienne  vous  avez  été  loin  de  me 
décourager,  bien  au  contraire  vous  m'avez  toujours  engagé  à  poursuivre 
mes  recherches,  et  ceci  encore  je  l'ai  dit  et  imprimé. 

)i  Depuis  longtemps  la  mâchoire  de  Moulin-Quignon^  que  j'aurais  laissée 
dormir  au  fond  de  son  banc  si  j'avais  pu  prévoir  tous  les  ennuis  qu'elle 
m'a  causés,  n'est  plus  en  ma  possession.  Je  l'ai  donnée  à  la  galerie  d'an- 
thropologie, où  elle  doit  être.  Elle  a  déjà  été  analysée  par  plusieurs  de  nos 
plus  célèbres  chimistes  anglais  et  français,  et  je  crois  que  M.  Chevreul  est 
du  nombre;  toutefois  je  n'en  suis  pas  sûr.  Au  surplus,  je  suis  de  l'avis  de 
M.  d'Archiac,  qui,  d'après  ce  que  j'ai  lu  il  y  a  quelques  jours  dans  la  Presse, 
pense  que  cette  mâchoire  est  très-secondaire  dans  la  question,  et  que  cette 
quantité  de  silex  taillés,  qu'on  trouve  aujourd'hui  partout,  en  France  comme 
en  Angleterre  avec  V Elcplias primigenius,  prouve  suffisamment  lacontempo- 
ranéité. 

»  Reste  ensuite  à  décider  si  cet  Eléphant,  ainsi  que  le  Rlii)ioceros  ticlio- 
rhimis  si  commun  ici,  n'a  pas  vécu  dans  nos  climats  plus  longtemps  qu'on 
ne  le  croit  généralement. 

»  La  mâchoire  de  Moulin-Quignon  n'est  pas  le  premier  fossile  humain 
que  j'aie  rencontré,  j'en  ai  remis  d'autres  échantillons  trouvés  à  Mesniers,  à 
M.  Bush,  de  la  Société  Royale  de  Londres,  qui  les  analyse  en  ce  moment; 
j'en  ai  aussi  envoyé  à  Paris.  Je  suis  convaincu  que  ces  fossiles  sont  bien  moins 
rares  qu'on  ne  pense.  Voici  ce  que  j'écrivais  il  y  a  déjà  longtemps  :  «  Nous 
»  ne  sommes  qu'au  premier  pas  dans  la  voie  des  découvertes  de  l'homme 
»  primitif  et  nous  arriverons  à  des  résultats  imprévus  :  avant  dix  ans,  cet 
»  homme  fossile  qu'on  a  tant  de  peine  à  vouloir  reconnaître,  on  l'aura 
»  trouvé  partout  :  il  suffit  de  se  bien  convaincre  que  ce  n'est  ni  par  l'appa- 
»  rence  ni  même  par  l'analyse  que  l'on  peut  juger  l'âge  d'un  os;  que 
)>  celui  qui  a  été  six  mois  au  soleil  ou  quelques  années  dans  le  tuf  ou  tout 
»  autre  terrain  absorbant  paraîtra  plus  vieux  et  offrira  moins  de  gélatine 
»  que  celui  qui  a  été  six  mille  ans  ou  plus  enfoui  dans  une  argile  grasse, 
>'  un  terrain  crayeux,  dans  la  tourbe,  dans  la  glace  surtout.  Il  en  est  de 
»  même  des  haches  et  autres  instruments  de  pierre.  Le  torrent  ne  choisit 
B  pas,  il  entraîne  tout  ce  qu'il  rencontre  sur  le  sol,  le  vieux  comme  le  neuf. 
»  Les  temps  anté-historiques  ont  été  longs,  les  bancs  doivent  donc  contenir 
3  des  os  et  des  silex  taillés  de  périodes  bien  différentes.  La  patine  des 
»  haches  et  l'état  de  détérioration  des  os  ou  ce  qu'on  appelle  \eur  Jossililé 


(  336  ) 

«  ne  prouvent  rien  anlre  chose  que  leur  enfouissement  clans  certains  ter- 
))  rains,  ou  bien  plutôt  leur  longue  exposition  à  l'air  avant  cet  enfouisse- 
»  ment.  C'est  donc  la  nature,  la  position,  la  profondeur,  l'immobilité  et 
»  surtout  la  certitude  de  l'état  vierge  d'un  banc  qui  doivent  servir  àdéter- 
»  miner  l'âge  d'un  os.  Quant  à  son  analyse  faite  isolément  ou  comparative - 
»  ment  avec  d'autres  os  provenant  de  couches  différentes,  non-seulement 
«  elle  ne  peut  conduire  à  aucune  conclusion  certaine,  mais  elle  est  très- 
»   propre  à  induire  en  erreur.    » 

»  Telle  est  mon  opinion.  Est-elle  fondée?  C'est  à  la  science,  et  surtout  à 
vous  à  qui  elle  doit  tant,  à  en  décider.  Mais  il  est  temps  qu'on  s'entende  sur 
ce  mot  fossile  qui  jusqu'à  ce  jour  n'a  jamais  été  défini  d'une  manière  pré- 
cise.   )> 

GÉOLOGIE.  —  Remarques  sur  le  (fiscmenl  de  Mouliu-Quignoii,  à  l'occasion 
de  la  Lettre  de  M.  Boucher  de  Perthes;  par  M.  Éme  de  Beau.moxt. 

«  La  Lettre  de  l'honorable  M.  Boucher  de  Perthes  est  une  réponse,  on 
le  comprend,  à  une  Lettre  que  je  lui  avais  adressée  moi-même  pour  répondre 
à  une  première  Lettre  qu'il  m'avait  écrite  spontanément. 

«  J'ai  pensé  qu'indépendamment  de  l'intérêt  attaché  aux  détails  nou- 
veaux contenus  dans  la  Lettre  de  M.  Boucher  de  Perthes,  l'Académie  se 
plairait  à  rendre  justice  au  sentiment  de  délicatesse  qui  lui  a  fait  prendre 
la  plume.  Je  suis  en  même  temps  heureux  et  honoré  qu'un  homme  voué, 
comme  M.  Boucher  de  Perthes,  au  culte  de  la  science  dans  son  acception  la 
plus  pure,  ait  pu  retrouver  dans  sa  mémoire  l'opinion  que  je  m'étais  formée, 
il  v  a  vingt  ans,  de  l'âge  relatif  des  terrains  de  transport  des  environs 
d'ÀbbeviIlc. 

»  Cette  opinion  consiste  essentiellement  à  distinguer  du  diluvium  pro- 
prement dit,  du  diluvium  alpin,  certains  dépôts  de  gravier  qui,  comme 
celui  de  Moulin-Quignon,  lui  ressemblent  plus  ou  moins. 

)>  Je  rapporte  l'origine  de  ces  derniers  à  l'action  des  causes  actuelles  dont 
le  jeu,  suivant  moi,  n'a  été  interrompu  que  momentanément  par  les  phéno- 
mènes diluviens,  et  auxquels  certains  géologues  voudraient  aussi  rapporter, 
contrairement  à  mon  opinion,  le  diluvium  lui-même.  On  n'a  fait  que  recou- 
rir, d'une  autre  manière  que  moi,  aux  causes  actuelles,  en  cherchant  l'origuie 
du  banc  de  gravier  de  Moulin-Quignon  soit  dans  l'action  de  glaces  analo- 
gues aux  glaces  polaires  qui  auraient  flotté  sur  la  baie  de  Somme,  soit  dans 


(  337  ) 
plusieurs  changements  successifs  de  niveau  de  la  masse  générale  du  sol  con- 
tinental. Je  ne  saurais  dire  que  le  recours  à  d'aussi  grands  phénomènes, 
pour  l'explication  d'un  aussi  petit  effet,  me  [)araisse  pleinement  justifié, 
mais  il  me  sera  permis  de  faire  remarquer  que,  si  le  banc  de  gravier  de 
Moulin-Quignon  est  dû  à  l'un  ou  à  l'autre  de  ces  deux  phénomènes  si 
différents,  ou  même  à  leur  concours,  il  est  clair  que,  conformément  à 
mon  opinion,  il  n'appartient  pas  au  diliivinin  proprement  dit. 

1)  II  est  également  évident  que  si  ce  même  banc  de  gravier  de  Moidin- 
Quignon  résulte  d'un  mélange  postérieurement  effectué  des  éléments  du 
diluiniiin  (pis  et  du  dikivium  roiiqe^  il  n'appartient  pas  au  diluvium  cjris, 
qui  est  le  diluvium  proprement  dit,  le  diluvium  alpin,  que  je  considère  avec 
M.  Cuvier  comme  représentniit  la  fin  de  la  période  des  Eléphants  fossiles 
et  conune  antérieur  à  l'apparition  de  l'homme. 

)>  On  a  cherché  néanmoins  à  prouver  que  je  suis  dans  l'erreur  en  sépa- 
i-ont  le  gravier  de  Mouliii-Quignon,  ainsi  que  beaucoup  d'autres  dépôts 
de  gravier,  sable  et  limon  des  plateaux  de  la  Picardie,  du  diluviiuii  alpin, 
et  pour  cela  on  a  critiqué  mon  idée  de  recourir  tout  simplement,  pour  la 
formation  de  ces  dépôts,  aux  causes  actuelles  les  plus  habituellement  eu 
action,  les  orages,  les  gelées,  les  neiges,  etc.  J'opposerai  ici,  en  passant, 
quelques  chiffres  à  ces  critiques. 

1.  D'après  la  Notice  imprimée  de  M.  Boucher  de  Perthes(i),  le  banc  de  gra- 
vier de  Moulin-Quignon  se  trouve  à  3o  mètres  au-dessus  de  la  Somme  à 
Abbeville,  et  par  conséquent  à  Sg  mètres  au-dessus  de  la  mer.  Il  est  do- 
miné, à  moins  de  2  kilomètres  de  distance,  par  les  points  qui,  sur  la  carte 
de  l'État-Major,  portent  les  cotes  de  6i,  65,  67  mètres;  à  moins  de  3  kilo- 
mètres, par  un  point  qui  porte  la  cote  80  ;  à  moins  de  5  kilomètres,  par  des 
points  qui  portent  la  cote  de  100  mètres.  En  ayant  égard  à  la  fois  aux  dif- 
férences d'altitudes  et  aux  distances,  on  trouve  que  les  pentes  dirigées  de 
ces  différents  points  vers  le  banc  de  gravier  de  Moulin-Quignon  dépassent 
toutes  —j  ou  o" 34' -42",  58,  c'est-à-dire  qu'elles  sont  plus  que  décuplesde 
la  limite  supérieure  de  la  pente  des  rivières  navigables,  et  qu'elles  dépassent 
même  celles  que  l'Isère,  l'Arve,  la  Bruche  (Vosges),  présentent  dans  des  par- 
ties de  leur  cours  assez  voisines  de   leurs  sources  (2)  où  leurs  eaux,  dès 


(i)   Comptes  rendus,  t.  LYI,  [>.   7791  séance  du  20  avril    i863. 

(2)   Voir,  ;\  la  fin  tle  mes  Recherches  sur  la  structure  et  l'ur-iginc  du  mont  Etna,  le   tableau 
C.  R.,  i863,  i^e  Semesli-e.  (T.  LVII    N»  G.)  4^ 


(  338  ) 
qu'elles  sont  un  peu  gonflées,  coulent  avec  une  extrême  impétuosité  et  sont 
capables  des  plus  grands  ravages.  Pour  que  des  ravages  pareils  aient  été 
produits  par  les  eaux  sur  les  plateaux  ondulés  de  la  Picardie  formés  de 
terrains  peu  cohérents,  il  faut  seulement  qui!  y  ait  plu  ou  neigé  une  seule 
J'ois  avec  une  abondance  suffisante  ;  et  qui  pourrait  se  flatter  d'assigner  la 
limite  supérieure  du  plus  grand  des  effets  de  ce  genre  qui  ont  pu  se  pro- 
duire aux  environs  d'Abbeville  depuis  le  coumiencemeut  de  Vc'njede  pierre.^ 

»  On  a  affirmé  avec  insistance  que  le  banc  de  gravier  de  Moulin-Quignon 
est  plus  ancien  que  les  tourbes  des  bords  de  la  Somme.  Ce  dépôt  de  gra- 
vier pourrait  en  effet  remonter  aux  premiers  siècles  de  l'âge  de  pierre, 
tandis  que  les  tourbes  du  nord  de  la  France  sont  eu  partie  postérieures 
aux  voies  romaines.  S'il  en  est  ainsi,  on  concevra  d'autant  mieux  comment 
les  ossements  d'Eléphants  et  de  Rhinocéros  ont  pu  subir  sans  se  briser  le 
remaniement  quia  produit  ce  dépôt  etd'autres  semblables  :  ils  étaient  alors 
moins  fossilisés  et  moins  friables  qu'ils  ne  le  sont  aujourd'hui  ;  mais  il  n'en 
serait  pas  moins  vrai  que  le  dépôt  de  Moulin-Quignon  aurait  été  formé, 
comme  les  tourbes,  sous  l'empire  des  causes  actuelles,  et  qu'il  appartien- 
drait comme  elles  à   la  période  moderne. 

M  11  fait  partie  de  cet  ensemble  de  dépôts  meubles  qui  s'est  formé  et 
se  forme  encore  sur  la  surface  de  la  terre  ferme  par  laction  des  agents 
atmosphériques,  et  que  je  désigne  sous  le  nom  de  dépôts  meubles  sur  des 
pentes,  par  opposition  avec  les  alluvions  des  rivières  qui  constituent  le  fond 
plat  des  vallées. 

»  Les  dépôts  meubles  sur  des  pentes  sont  particulièrement  abondants 
dans  les  départements  du  nord  de  la  France,  par  suite  de  la  nature  peu 
cohérente  des  dépôts  eocènes,  miocènes,  pliocènes  qui  recouvrent  la  craie, 
et  dans  la  masse  desquels  sont  sculptées  les  faibles  ondulations  du  sol. 

»  Les  dépôts  meubles  sur  des  pentes  se  produisent  encore  tous  les  jours. 
A  chaque  averse,  on  voit  s'en  former  un  nouvel  élément  dans  le  jardin  du 
Luxembourg,  où  le  sable  des  allées  semble  mis  exprès  poiu-  alimenter  ce 
petit  phénomène.  Les  dépôts  meubles  sur  des  pentes,  les  alluvions  des 
vallées,  les  cordons  littoraux  et  les  tourbes,  considérés  tous  dans  leur  en- 
semble, sont  essentiellement  contemporains. 

«   Je  ne  pousserai  pas  plus  loin  aujourd'hui  cette  discussion,  j'attendrai 

n°  6  :  Valeurs  numériques  des  pentes  de  divers  cours  d'eau  {^Mémnires  pour  servir  h  une 
descrifjtion  géologique  de  ta  France,  t.  IV,  p.  222,  et  Annales  des  Mines,  3'  série,  t.  X, 
p.  572). 


(  339) 
que  la  mâchoire  humaine  exhumée  à  Moulin-Qiiigiion  ait  été  analysée;  je 
trouve  très  justes  les  coiisitlératious  (roù  l'honorable  M.  Boucher  de  Perthes 
conclut  que  cette  analyse  ne  décidera  rien  d'une  mmiière  absolue;  mais  je  par- 
tage l'opinion  des  savants  anglais  qui,  en  s'occupant  de  cette  même  analyse, 
ont  prouvé  qu'ils  ne  regardent  pas  comme  inutile  de  connaître  la  composi- 
tion d'un  ossement  trouvé  dans  une  position  discutable.  Les  chronomètres 
naturels,  tels  que  les  dunes,  les  deltas  des  fleuves,  les  cascades  ne  fournissent 
pas  des  mesures  absolues.  La  dispersion  de  la  matière  animale  d'un  os  est 
elle-même  une  sorte  de  chrnnomèlre  naturel,  cpi'on  doit  savoir  réduire  à  sa 
juste  valeur,  mais  qu'on  ne  doit  pas  affecter  de  négliger.  Mon  désir  serait 
que  la  mâchoire  de  Moulin-Quignon  fût  comparée  chimiquement,  non- 
seulement  aux  ossements  fossiles  extraits  du  dUuvium  proprement  dit,  mais 
encore  aux  ossements  humains  retirés  des  sépultures  gauloises  ou  gallo- 
romaines,  et  à  ceux  qui  sont  conservés  en  si  grand  nombre  dans  les  cata- 
combes de  Paris.   » 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  quelques  équations  qui  dérivent  de  la  théorie 
mécanique  de  la  chaleur;  par  M.  R.  Clausius. 

«  Dans  une  Note  insérée  dans  le  Compte  rendu  du  i5  juin,  j'ai  eu  l'hon- 
neur de  communiquer  à  l'Académie  quelques  équations  que  j'ai  signalées 
comme  conséquences  de  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur.  M.  Reech, 
dans  le  Compte  rendu  du  ag  juin,  fait  une  ex|)osition  d'après  laquelle  on 
pourrait  croire,  au  premier  coup  d'oeil,  cpie  mes  équations  peuvent  être 
établies  par  de  simples  opérations  algébriques  indépendantes  de  cette 
théorie  nouvelle.  Mais  en  examinant  de  plus  prés  les  équations  de  M.  Reech, 
on  se  convaincra  qu'elles  sont  bien  différentes  des  miennes. 

>>  Par  des  déductions  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  détailler  ici,  M.  Reech 
fait  ressortir  une  équation  que  j'écrirai  avec  les  lettres  employées  dans  ma 
première  Note.  Soient  donc  t  la  température  d'un  liquide  quelconque  et  de 
sa  vapeur,  r  la  chaleur  latente  de  vaporisation,  c  la  chaleur  spécifique  du 
liquide  et  h  la  quantité  introduite  par  moi  que  je  nommerai,  pour  plus  de 
brièveté,  la  chaleur  spécifique  de  la  vapeur  saturée  ;  alors  l'équation  rappe- 
lée, qui  dans  la  Note  de  M.  Reech  est  désignée  par  (4),  s'écrit  comme  il 
suit  : 

où  T  est  une  fonclion  encore  inconnue  de  la  température  /. 

45. 


(  34o) 
»   Après  avoir  fait  quelques  calculs  avec  cette  équalion,  M.  Heech  Hit  à  la 
fin  que^  si  l'on  met 

T  =  rt  +  /  =  273  -I-  /; 

son  équation  se  confond  avec  la  première  équation  de  ma  Note,  d'où  dé- 
coule aussi  la  seconde  comme  conséquence.  Mais  il  ne  dit  pas  par  quelle 
raison  il  faut  mettre  T  =  a  +  /,  ni  même  par  quelle  raison  sa  fonction  T 
doit  être  la  même  pour  tous  les  liquides;  et  pourtant  c'est  précisément  ce 
point  qui  est  le  plus  essentiel. 

»  Aussi  longtemps  que  T  est  regardée  comme  une  fonction  inconnue, 
l'équation  de  M.  Reech  se  comprend  d'elle-même,  car  en  lui  donnant  la 
forme 

1   f/r  _   1  (ir         c  —  h 

on  voit  facilement  qu'il  doit  toujours  exister  une  fonction  de  t  qui,  mise  à  la 
place  de  T,  satisfait  à  cette  équation,  quelles  que  soient  les  fonctions  de  t 
qui  expriment  les  quantités  c,  r  et  //.  L'équation,  dans  celte  forme  indé- 
terminée, ne  nous  présente  donc  aucune  relation  entre  ces  dernières  quan- 
tités; mais  c'est  seulement  de  la  connaissance  que  nous  avons  de  la  fonc- 
tion T  que  dépend  la  valeur  que  cette  équation  peut  avoir  pour  nous. 

D  Cette  connaissance  doit  être  déduite  de  la  théorie  mécanique  de  la  cha- 
leur, et  plus  spécialement  du  second  théorème  principal  de  cette  théorie, 
que  j'ai  nommé,  dans  la  forme  nouvelle  que  je  lui  ai  donnée  (*),  le  théorème 
de  l'équivalence  des  transformations. 

»  Représentons-nous  qu'un  corps  quelconque  subit  des  changements 
d'état,  qui  s'effectuent  de  telle  manière,  que  les  changements  inverses  sont 
aussi  possibles  ;  alors,  ])our  chaque  série  circulaire  de  changements,  par 
laquelle  le  corps  revient  à  la  fin  à  son  état  initial,  le  théorème  rappelé  nous 
donne  l'équation  suivante: 


f 


T    =°' 


oùdQ  est  l'élément  de  la  chaleur  que  le  corps  reçoit  ou  rend  pendant  ses 
changements  (les  quantités  de  chaleur  reçues  et  rendues  étant  comptées 
comme  opposées  par  le  signe),  et  T  représente  une  fonction  de  la  tempéra- 

(*)  «  Sur  une  forme  nouvelle  du  second  théorème  principal  de  la  théorie  mécanique  de  la 
chaleur.  »  [Jnnalcs  de  Poggendoiff,  t.  XCIII,  p.  48';  Journal  de  Liouviltc,  t.  XX,  p.  63; 
Philosopliicnl  Magazine,  IV'  série,  t.  XII,  p.  81.) 


(  34i  ) 
tiire  que  le  corps  a  au  moment  où  il  reçoit  ou  rend  l'élément  de  chaleur, 
fonction  qui  est  indépendante  de  la  nature  du  corps  et  de  l'espèce  des  chan- 
gements qu'il  subit.  Par  une  considération  spéciale,  qui  repose  aussi  sur  les 
principes  de  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur,  j'ai  démontré  que,  très-vrai- 
semblablement, cette  fonction  n'est  autre  chose  que  la  tempéraliire  absolue. 

»  C'est  par  l'application  de  celte  équation  au  cas  spécial  considéré  par 
M.  Reech,  qu'on  peut  délenninerla  fonction  inconnue  T  dans  son  équation. 
On  trouvera  par  là  qu'elle  doit  être  la  même  que  celle  qui,  désignée  aussi 
par  T,  est  contenue  dans  l'équation  précédente,  et  qui,  dans  mes  premiers 
Mémoires,  se  trouve  dans  plusieurs  équations  sous  la  forme  a  -h  t. 

»  Je  me  |)ermettrai  de  dire,  en  terminant,  quelques  mots  pour  préciser 
encore  mieux  la  connexion  qui  existe  entre  les  i\eu\  théorèmes  princijiaux 
de  la  théorie  mécanique  de  la  clialeur  et  les  équations  qui  peuvent  servir 
pour  calculer  la  quantité  h. 

»  J'ai  développé,  dans  mes  Mémoires,  deux  équations  qui  contiennent  Â, 
à  savoir  : 

(,)  i;+.-/,  =  A(,-.)|. 

^     '  dt  a  -\-t 

OÙ  t,  r,  c  el  a  ont  les  significations  déjà  rappelées,  p  est  la  pression  de  la 
vapeur,  c  et  i  sont  les  volumes  d  une  unité  de  poids  du  liquide  et  de  la  va- 
peur saturée,  enfin  A  est  l'équivalent  calorifique  d'une  unité  de  travail.  La 
première  de  ces  deux  équations  est  une  conséquence  du  théorème  de  l'équi- 
valence de  la  chaleur  et  du  travail  mécanique,  et  la  seconde  est,  comme 
je  viens  de  dire,  une  conséquence  du  théorème  de  l'équivalence  des  trans- 
formations. De  ces  deux  équations  on  obtient  immédiatement  une  troi- 
sième : 

(3)  r  =  A{a  +  t){s-af£, 

qui  est  une  des  équations  les  plus  connues  de  la  théorie  mécanique  de  la 
chaleur,  et  qui  se  trouve  déjà,  quoique  sous  une  autre  forme,  dans  l'im- 
portant Mémoire  de  M.  Clapeyron  (*),  avec  cette  seule  différence  qu'il  y  a 
là,  au  lieu  de  A{a  +  <),  une  fonction  de  température  C,  qui  doit  être  la 
même  pour  tous  les  corps,  mais  dont  la  forme  n'est  pas  encore  déterminée. 

{*)  Journal  fie  l'École  Polytechnique,  t.  XIV,  p.  178. 


(  342  ) 
»   L'ordre   suivant   lequel  j'ai   développé   les  trois  équations  n'est  pas 
le  même  que  celui  dans  lequel  elles  sont  placées  ici.  J'ai  commencé  par 
établir  les  équations  (i)  et  (3),  et  j'en  ai  déduit  l'équation  (a).   Mais  c'est 
seulement  luie  différence  de  forme  qui  ne  touche  p;is  au  principe.    » 

(Commissaires  précédemment  nommés:  MM.  Lamé,  Bertrand,  Clapeyron.) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  la  (jiicslion  des  rapports  entre  les  variations  météorolo- 
giques et  les  perturbations  magnétiques.  Lettre  de  ^h  H.  Broux,  à  l'occasion 
d'une  communication  du  P.  Secchi. 

«  Observatoire  de  Trevaucore  (Inde),  5  juin  iSC3. 

»  Le  P.  Secchi  trouve  de  nouveau  que  j'ai  fait  tout  autre  chose  que  hii. 
Il  dit  qu'il  a  «  discuté,  non  la  forme,  mais  la  direction  »  du  vent  (Comptes 
rendus,  20  avril  i863,  p.  755).  Si  cela  était  exact,  ma  Note  n'aurait  pas  été 
nécessaire,  ni  sa  réponse.  Je  donne  ici  textuellement  son  résidtat  que  j'ai 
examiné;  les  italiques  sont  de  lui. 

«  Je  dois  dire  qu'ici  à  Rome  toute  grande  bourrasque  est  ordinairement 
))  précédée  ou  accompagnée  par  une  perturbation  magnétique.  »  (Voyez 
Comptes  rendus,  i8  novembre  1861,  p.  899.) 

i>  Je  ne  comprends  pas  après  cela  qu'il  puisse  dire  qu'il  ne  discute  pas 
la  force  du  vent,  et  que  je  ne  suis  pas  sur  le  même  terrain  que  lui.  Je  n'ai 
fait  que  chercher  les  valeurs  en  chiffres  des  mots  bouirasque  et  perturba- 
tion magnétique.  Le  P.  Secchi  cependant  fait  à  mes  discussions  les  objec- 
tions suivantes  : 

n  1°  Que  dans  la  première  partie  je  prends  «  pèle-mèle  toutes  les  direc- 
»  tions  des  vents  forts,  mais  comme  le  vent  du  sud  fait  baisser  et  celui  du 
0   nord  fait  relever  le  barreau,  l'effet  doit  être  nul.  » 

»  Cette  conclusion  n'est  pas  exacte,  puisque  ce  n'était  pas  la  position 
moyenne,  ni  le  sens  du  mouvement  que  j'ai  étudié,  mais  la  quantité  du 
mouvement  indépendamment  du  signe;  et  comme  la  baisse  et  la  hausse  sont 
toutes  les  deux  considérées  positives,  aucune  combinaison  ne  pourrait  pro- 
duire un  résultat  nul.  J^es  signes  donnés  dans  la  discussion  indiquent  que 
le  mouvement  (ou  «  la  différence  des  ordonnées  »  )  est  plus  ou  moins  que 
le  mouvement  moyen  {Comptes  rendus ,  a5  mars  i863,  p.  54 1).  Le  P.  Secchi 
oublie  aussi  que  j'ai  cru  déjà  démontrer  que  la  position  de  l'aimant  (où 
les  signes  de  la  hausse  et  de  la  baisse  sont  considérés)  est  indépendante  de 
la  direction  du  vent    (Comptes  rendus,  7  octobre    r86i,  p.  628).  » 

»   2"  Queje   «  cherche  les  dix  jours  de  plus  grande  force  du  vent  »   et 


(  343  ) 
»   que  je  «  nefrouve  pas  que  les  plus  grandes  perturbations  magnétiques 
»    correspondent  a  ces  jours.  » 

»  Ceci  n'est  pas  exact  non  plus.  J'ai  trouvé  que  pendant  ces  dix  jours  i^el 
un  jour  avant  et  après)  la  pertiu-bation  magnétique  était  un  peu  moindre 
que  la  moyenne,  c'est-à-dire  que  la  marche  diurne  de  l'aimant  était  aussi 
calme  qu'à  l'ordinaire.  Les  plus  grandes  perturbations  n'étaient  pas  en 
question. 

»  3"  Que  je  me  limite  à  un  jour  de  distance  de  la  bourrasque  ou  de  la 
perturbation,  tandis  que  lui  il  tiouve  que  les  effets  vont  jusqu'à  quatre 
jours. 

»  Dans  la  première  partie  de  ma  discussion,  j'ai  pris  86  jours  de  bour- 
rasque, qui,  avec  les  jours  avant  et  après,  font  a58  sur  62G  jours  d'observa- 
tion, ou  I  jour  sui"  2^  (plus  exactement,  i  jour  sur  2^,39).  Si  l'on  pre- 
nait quelques  jours  de  bourrasque  déplus  et  si  l'on  étudiait  chaque  jour 
après  jusqu'au  quatrième,  tous  les  jours  de  l'année  seraient  compris,  et  on 
serait  sur  d'avoir  à  peu  près  toutes  les  perturbations  magnétiques  à  un, 
deux,  trois  ou  quatre  jours  après  une  bourrasque.  On  sait  qu'ainsi  l'on 
trouve  que  le  temps  change  près  d'un  changement  de  la  lune,  dont  il  y  a 
huit  dans  une  lunaison. 

»  4°  Que  je  n'ai  choisi  que  dix  jours  (de  chaque  année)  de  plus  grande 
perturbation  magnétique  (et  un  jour  avant  et  après),  et  que  ces  perturba- 
tions-ià  «  sont  dues  aux  aurores  boréales  ou  australes,  »  qui  «  ont  lieu 
M  dans  des  régions  si  éloignées  de  nous,  que  s'il  y  a  des  changements  de 
j>  temps  qui  les  accompagnent,  ils  ne  nous  arrivent  que  très-tard.  »  Comptes 
rendu?,  20  avril  i863,  p.  756.) 

»  Il  me  paraît  que  ce  sont  des  résultats  à  démontrer.  Les  grandes  per- 
turbations magnétiques  sont-elles  dues  aux  aurores  boréales,  ou  sont-elles 
toutes  les  deux  dues  à  une  cause  commune?  Les  observations  discutées  ont 
été  faites  (en  grande  partie  par  moi-même)  eu  Ecosse,  où  les  grandes  au- 
rores boréales  passent  le  zénith  :  sont-elles  là  très-éloignées?  Les  change- 
ments de  temps  accompagnent-ils  les  aurores  boréales  dans  ces  régions?  Les 
petites  perturbations  magnétiques  ont  aussi  des  aurores  boréales  souvent 
vues  seulement  dans  les  plus  hautes  latitudes,  et  ainsi  apparemment  encore 
plus  éloignées  de  nous  que  les  grandes  :  les  changements  de  temps  cpu'  les 
accom|)agnent  (selon  le  P.  Secchi)  arrivent-ils  plus  vite  que  les  autres,  ou 
ont-ils  d'autres  sources  parce  que  les  perturbations  ou  les  aurores  sont  plus 
petites? 

>   Cependant  le  P.  Secchi  n'a  pas  remarqué  que  j'ai  considéré  aus^i  les 


(  3/,4  ) 

dix  jours  de  cliaqiie  année  de  ce  qu'il  appelle  la  plus  grande  perturbation 
magnétique  par  défaut  d'excursion,  laquelle  perturbation  ne  peut  pas,  je 
crois,  être  attribuée  aux  aurores  boréales,  et  que  ces  vingt  jours  donnent  le 
même  résultat  que  les  autres.  Les  quarante  jours  de  plus  grande  perturba- 
tion magnétique  ainsi  choisis  dans  les  deux  années  de  uiinimum  perturba-- 
tion  magnétique  i  844  et  i845,  avec  les  quatre-vingts  jours  avant  et  après, 
donnent  une  proportion  à  tous  les  joiu's  d'observation  qui,  il  me  paraît,  ne 
mérite  pas  l'étonnement  que  le  savant  astronome  fonde  sur  des  hypothèses 
si  douteuses. 

»  Une  opinion  que  j'ai  présentée  n  a  pas  été  comprise  à  cause  d'une 
faute  typographique,  mois  ayant  été  imprimé  au  lieu  de  mois  [Comptes 
7-endus,  i.  LVI,  p.  544)  ligne  27). 

»  Pour  ne  pas  prolonger  la  discussion,  je  ne  touche  pas  sur  les  points 
mineurs.    >■ 

PHYSIQUE  DU  GLOBE. —  Expériences  sur  l'ozone  ou  l'oxygène  naissant  exhalé 
par  les  plantes  et  répandu  dans  l'air  de  la  campagne  et  de  la  ville.  Lettre 
de  M.  A.  PoEY  à  j\l.  Élie  de  Beaumont. 

'(  Permettez-moi,  Monsieur,  de  vous  communiquer  quelques  expériences 
que  j'ai  faites  sur  ce  nouvel  état  de  l'oxygène  que  Van  Marum  connaissait 
dès  l'jSS  et  que  les  chimistes  ont  appelé  ozone.  Je  me  suis  fort  j)eu  préoc- 
cupé de  la  nature  physico-chimique  de  ce  corps  dont  j'ai  tâché  uniquement 
(le  constater  la  présence  ou  l'absence  dans  la  végétation,  dans  l'air  de  la 
campagne  et  de  la  ville,  quel  que  fût  du  rcsie  l'état  allotropique  que  pouvait 
alors  affecter  l'oxygène  et  indépendamment  de  toute  théorie  émise  ou  vé- 
rifiée. Les  résultats  auxquels  je  suis  arrivé  me  paraissent  intéressants,  tant 
à  raison  de  la  différence  de  latitude,  que  parce  qu'ils  ne  concordent  point, 
soit  en  partie,  soit  dans  l'ensemble,  avec  les  recherches  de  même  nature  en- 
treprises par  MM.  Scoutetlen,  Cioéz,  de  Luca,  Kosmann  et  autres  expéri- 
mentateurs. 

)i  Répondant  aux  objections  de  MM.  Bineau  et  Scoutetten,  M.  Cloèz 
signale  son  expérience  qui  consiste  à  placer  une  bandelette  de  papier  ozo- 
nocospique  dans  deux  cloches  de  verre,  dont  l'une  est  enveloppée  de  papier 
noir  et  1  autre  non,  et  le  renversant  sur  un  gazon  éclairé  par  le  soleil,  il 
observe  que  la  bandelette  de  la  cloche  de  papier  noir  ne  se  colore  pas,  tandis 
que  l'autre  se  colore.  D'où  M.  Cloëz  conclut  «  que  la  coloration  est  in- 
!<   dépendante  de  la  présence  des  végétaux,  et  qu'elle  est  le  résultat   d'une 


(  345  ) 
»  action  simultanée  de  l'air,  de  la  vapeur  et  de  la  lumière  sur  le  papier; 
>i   action  qui  rentre  dans  celles  que  j\T.  Chevreul  a  fait  connaître  dans  ses 
M   recherches  chimiques  sur  la  teintine  (r).    » 

»  Non-seulement  la  conclusion  théorique  de  ce  savant  ne  me  paraît  pas 
suffisamment  concluante,  mais  encore  toutes  les  expériences  diversement 
modifiées,  que  j'ai  pratiquées  ici  dans  une  caféière  en  rase  campagne,  m'ont 
fourni  des  résidlats  différents.  En  premier  lieu,  s'il  est  admis  en  physio- 
logie végétale  que  c'est  l'action  de  la  lumière  solaire,  ambiante  ou  directe, 
qui  dégage  l'oxygène  des  plantes,  n'est-il  pas  naturel  que  le  réactif  placé 
dans  la  cloche  couverte  de  papier  noir  ne  se  soit  point  coloré  ?  Ensuite, 
les  deux  cloches  étant  d'égale  capacité,  la  quantité  d'air  et  d'humidité  n'est- 
elle  pas  la  même  de  part  et  d'autre  ? 

»  Mais  passons  à  mes  expériences  qui  confirment  cependant  à  un  très-haut 
degré  l'action  simultanée  des  grandes  masses  d'air  ambiant  sur  la  produc- 
tion de  l'ozone  dans  la  végétation  ou  en  dehors  de  son  influence. 

»  Le  i'^''  avril  i863,  à  3  heures  du  soir,  j'ai  placé  sous  un  cylindre  creux 
en  verre,  de  80  centimètres  de  hauteur  sur  22  centimètres  de  largeur,  im 
arbrisseau  de  j/ojai'/er  aromatique  décrit  par  Descourtilz  (Psidiiim  aromali- 
cum)^  qui  végétait  dans  un  jardin  à  la  campagne;  j'y  ajoutai  aussi  plusieurs 
tiges  détachées  d'albahaca  et  autres  plantes  vertes  et  aromatiques  qui  pro- 
duisent abondamment  des  huiles  essentielles.  T/extrémité  inférieure  de  ce 
cylindre  fut  solidement  enterrée  dans  le  sol  et  recouverte  tout  autour  de  terre 
mouillée  et  pressée  jusqu'à  la  hauteur  de  4  centimètres  au-dessus.  La  partie 
supérieure  du  cylindie  fut  couverte  d'une  feuille  de  papier  blanc  par- 
faitement collée.  Ayant  préalablement  placé  plusieurs  bandes  de  papier 
ozonocospique  de  Jame  (de  Sedan)  sur  différents  points  des  parois  in- 
ternes, à  la  surface  du  sol,  au-dessous  du  couvercle,  sur  le  goyavier  et  les 
autres  plantes,  le  tout  se  trouvait  comme  hermétiquement  fermé,  ne  pou- 
vant laisser  passage  qu'à  la  très-petite  quantité  d'air  qui  aurait  pu  pénétrer 
dans  la  terre  du  sol. 

))  Voici  maintenant  ce  que  j'observai:  dans  les  premières  vingt -quatre 
heures  écoulées,  le  cylindre  se  trouvant  exposé  vers  le  nord  à  une  tres-forte 
lumière  ambiante  et  garanti  vers  le  sud  des  rayons  solaires,  tous  les  réactifs 
demeurèrent  entièrement  blancs.  Il  s'était  imiquement  déposé  de  la  vapeur 
d'eau  à  la  surface  interne  du  cylindre,  laquelle  avait  en  grande  partie  terni 


(i)   Comptes  rendus,  i856,  t.  XLIII,  p.  762. 

C.  R.,  i863,  ^rae  Semestre.  (T.   LVIl,  N»  G.)  4^ 


(  3/,6  ) 
ses  parois.  Dans  les  vingt-quatre  heures  suivantes,  je  mouillai  fortement 
le  sol  de  manière  à  provoquer  luie  grande  humidité  dans  l'intérieur  et  jus- 
qu'à ce  que  la  surface  interne  du  cvlindre  fût  recouverte  d'une  couche 
assez  épaisse  de  vapeur  d'eau,  et  je  laissai  alors  pénétrer  les  rayons  directs 
du  soleil.  Cependant  le  réaclif  n'offrit  aucune  variation.  Au  bout  de  trois 
jours,  je  |)erçai  avec  une  épingle  le  papier  du  couvercle  d'une  nndtitude 
de  petits  trous  afin  de  laisser  passage  à  une  certaine  quantité  d'air  ambiant, 
et  je  remarquai  alors  une  forte  émanation  aromatique  qui  se  dégageait  de 
l'intérieur;  le  rayotuiement  solaire  traversait  le  cylindre.  Encore  vingt- 
quatre  heures  après,  et  le  réactif  était  toujours  blanc.  Enfin  le  4  avril,  a 
midi,  j'enlevai  complètement  le  couvercle  de  papier  et  je  fus  aussitôt  ren- 
versé par  une  très-foi'te  émanation  d'une  atniosphère  odorante  qui  s'était 
condensée  dans  le  cylindre,  et  le  dépôt  de  la  vapeur  d'eau  ne  tarda  pas  à  se 
dissiper.  Eh  bien,  sans  rien  changer  à  la  disposition  du  cylindre  ni  des 
plantes,  et  par  la  seule  circonstance  de  les  avoir  mis  au  contact  direct  de 
l'air  ambiant,  au  bout  d'une  heure  uniquement,  c'est-à-dire  à  i  heure  du 
soir,  le  réactif  ozonocospique  avait  pris  une  légère  coloration;  aussitôt  après 
le  coucher  du  soleil,  il  s'était  déjà  noirci,  et  le  lendemain,  à  ^''So^du 
matin,  sa  teinte  dépassait  le  dernier  ton  de  l'échelle  de  Bérigny,  à  savoir 
le  n°  20.  C'était  en  un  mot  la  nuance  la  plus  intense  que  j'eusse  obtenue 
jusqu'ici. 

»  Ne  paraît-il  pas  démontré  dans  cette  expérience  que  ni  l'action  de  la 
lumière,  ni  celle  de  l'humidité,  ni  la  petite  quantité  d'air  contenue  dans  le 
cylindre,  n'ont  pu  colorer  le  réactif,"  lequel  est  devenu  uniquement  sensible 
au  contact  des  grandes  masses  d'air  ambiant? 

»  Voici  encore  d'autres  expériences  qui  confirment  ce  fait.  Le  lendemain 
5  avril,  à  4*"  3o"'  du  soir,  je  plaçai  sur  le  gazon  éclairé  par  le  soleil  l'ouver- 
ture d'un  bocal  renversé  contenant  à  l'extrémité  supérieure  une  bande  île 
papier  ozonocospicpie,  et  à  côté,  extérieurement  et  à  l'air  libre,  luie  autre 
bande.  Comme  on  voit,  cette  expérience  est  identique  à  celle  de  M.  Cloëz, 
et  cependant  à  i  i  heures  du  soir  la  bande  du  bocal  était  encore  blanche, 
tandis  que  la  bande  de  l'extérieur  marquait  le  11°  18,  ton  très-élevé.  A  la 
même  heure,  j'avais  aussi  introduit  plus  loin  l'extrémité  d'une  branche  de 
caféier  dans  un  autre  bocal  en  verre,  ayant  soin  de  fermer  ensuite  parfaite- 
ment l'ouverture.  Je  disposai  également  une  bande  du  réactif  à  l'intérieur 
du  bocal  et  une  autre  à  l'extérieur  sur  la  même  branche.  A  r  t  heures,  la 
première  bande  interne  fut  trouvée  encore  incolore  et  l'extérieure  marqua 
le  n°    10,  moins  que  celle  du  gazon,  par  la  circonstance  que  le  vent  l'avait 


(  347  ) 
précipitée  sur  le  soi.  I^es  trois  observations  que  je  viens  de  signaler  ont  été 
plusieurs  fois  répétées,  toujours  avec  quelques  modifications  nouvelles  el 
sur  différentes  plarjtes  dans  le  courant  des  deux  dernières  années. 

»  En  dehors  des  expériences  que  je  viens  de  citer,  et  de  bien  d'autres 
qu'il  serait  trop  long  d'énumérer,  j'avais  encore  entrepris  une  série  régu- 
lière d'observations  ozonométriques  comparatives  et  simultanément  faites 
a  différentes  hauteurs  dans  la  végétation  et  à  l'air  libre,  tandis  qu'à 
l'observatoire  de  la  Havane  on  poursuivait  la  série  d'observations  horaires 
nuit  et  jour  commencée  le  i6  janvier  de  cette  année,  ce  qui  me  permettait 
de  comparer  à  toutes  les  heures  l'état  ozonométrique  de  la  campagne  avec 
celui  de  la  ville.  Kh  bien,  les  conclusions  tirées  de  ces  nouvelles  recherches 
viennent  confirmer  les  expériences  faites  dans  des  vases  clos  à  l'égard  de 
l'action  simultanée  des  grandes  masses  d'air  ambiant  que  j'ai  signalée  plus 
haut.  Pour  corroborer  ce  fait,  je  pouvais  disposer  de  trois  séries  d'observa- 
tions faites  à  la  ville  :  la  première  à  l'observatoire,  à  21  mètres  au-dessus 
du  sol,  et  deux  autres  au  bord  de  la  mer,  dont  l'une  au-dessus  d'un  bour- 
bier immédiat,  tandis  qu'à  la  campagne  j'enregistrais  les  indications  de  c]uatre 
autres  séries  ;  lune,  à  12  mètres  d'élévation  sur  un  terrain  inculte  de 
terre  rougeàtre  composée  principalement  d'oxyde  de  fer;  la  seconde,  de  4  à 
8  mètres,  dans  la  végétation  même,  sur  des  bananiers  et  autres  arbres  verts 
et  aromatiques;  la  troisième,  de  1  à  a  mètres,  dans  les  caféiers  touffus,  el 
enfin,  la  quatrième  série,  de  10  à  20  centimètres  au-dessus  du  sol. 

»  Ces  sept  séries  d'observations  m'ont  donc  fourni  les  résultats  suivants  : 
la  quantité  d'ozone  accusée  par  le  papier  réactif  Jame  (de  Sedan),  avec  peu 
d'exception,  a  suivi  à  la  ville  une  marche  descendante  de  l'observatoire  au 
bord  de  la  mer,  puis  an  bourbier  inunédiat  ;  tandis  qu'à  la  campagne  la 
marche  fut  ascendante  du  sol  incidte  jusqu'à  4  centimètres  de  hauteur  dans 
la  végétation,  où  parfois  elle  était  moins  sensible  qu'à  i  ou  2  mètres;  et, 
en  terme  général,  l'ozone  de  la  campagne,  sans  distinction  de  localité  et 
d'altitude,  a  toujours  été  plus  abondant  qu'à  la  ville.  Ainsi,  si  d'un  côté  à  la 
ville  l'ozone  atmosphérique  se  trouve  être  en  relation  directe  avec  la  quan- 
tité d'air  eu  mouvement  et  sa  libre  circulation,  d'un  autre  côté,  à  la  cam- 
pagne, la  végétation,  unie  à  cette  première  circonstance,  vient  augmenter 
sa  production  dans  des  proportions  remarquables. 

1  Je  n'ai  jamais  pu  obtenir  à  la  campagne  aucune  trace  d  ozone  dans  des 
ttnniers  de  chevaux  et  de  vaches,  tandis  que  sa  présence'  était  très-sensd3le 
à  la  distance  de  2  mètres  à  l'air  libre.  Les  feuilles  et  les  branches  sèches  des 
végétaux  et  des  arbres  produisent  bien  moins  d'ozone  que  les  vertes.  Enfin 

46.. 


(  348) 
il  y  il  de  très-grandes  différences  dans  la  manifestation  de  l'ozone,  suivant 
la  nature  des  végétaux,  suivant  qu'ils  sont  plus  ou  moins  aromatiques  et 
qu'ils  exhalent  plus  ou  moins  abondamment  des  huiles  essentielles. 

w  11  y  aurait  encore  une  autre  question  capitale  que  j'aurais  voulu  abor- 
der dans  celte  Note,  mais  l'espace  et  le  temps  me  manquent.  C'est  la  pro- 
duction de  l'ozone  dans  toute  la  durée  de  la  nuit  qui  est  bien  plus  abondante 
que  pendant  le  jour,  autant  à  la  ville  qu'à  la  campagne,  fait  que  la  théorie 
admise  sur  le  dégagement  de  l'oxygène  par  l'action  solaire  laisse  dans  la 
plus  profonde  obscurité.  J'ajouterai  uniquement  que  l'humidité  atmosphé- 
rique joue  un  rôle  considérable  dans  le  développement  de  l'ozone,  ainsi 
que  les  brouillards. 

»  De  toutes  ces  expériences  et  observations,  me  sera-t-il  permis  maui- 
tenant  de  déduire  d'une  manière  générale  que  l'oxygène  exhalé  des  plantes 
ne  se  trouve  point  à  l'état  naissant  ou  d'ozone,  ou  encore  que  l'état  allo- 
tropique de  l'oxygène  ozonisé  différerait  de  l'état  allotropique  de  l'oxygène 
naissant;  en  d'autres  termes,  l'oxygène  posséderait-il  deux  ou  trois  états 
allotropiques,  comme  le  veut  M.  Schœnbein  :  l'ozone,  Vantozone  etVox/gène 
ordinaire  (i)  ?   » 

PATHOLOGIE.  —  Présence  des  bactéries  dans  le  sang.  Lettre  de  M.  Sigxoi-. 

«  L'Académie,  dans  sa  séance  du  27  judlet  dernier,  a  eu  communi- 
cation d'une  Note  très-intéressante  de  M.  Davaine,  sur  les  bactéries  qu'on 
rencontre  fréquemment  dans  le  sang  des  moutons  atteints  de  sang  de  raie, 
et  sur  les  inoculations  faites  à  titre  d'expériences  sur  divers  animaux. 
C'est  pour  compléter,  autant  qu'il  est  en  moi,  cette  communication,  que 
j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  votre  appréciation  quelques  observations  que 
j'ai  recueillies  à  ce  sujet. 

»  Ces  singulières  productions,  observées  par  Fuchs  en  1848,  par 
M.  Brauell  de  Dorpat  et  M.  Pollender,  ont  été  signalées  à  l'attention  des 
vétérinaires  par  M.  Delafond  et  décrites  par  lui  dans  le  Bulletin  des  séances 
de  la  Société  des  Vétérinaires  de  1860. 

»  M.  Delafond  avait  constaté  la  présence  de  ces  bactéries  dans  le  sang 
des  animaux  charboiuieux  seulement.  Il  est  probable  que  s'il  eût  pu  conti- 
nuer ses  études,  il  eût  constaté,  comme  moi,  leiu'  |)résencc  dans  quelques 
autres  maladies  du  cheval.  J'ai  pu  en  effet  les  observer  maintes  fois  dans 

(i)  Journolfùr  prahtiche  Chemie,  t.  LXXXVI,  p.  65. 


(  3/,9  ) 
la  maladie  de  cet  animal  qualifiée  de  diathése  typlioïde,  injîiieina,  etc.,  etc., 
dont  les  modes  de  manifestation  sont  très-différents.  C'est  ainsi  qu'il  m'est 
arrivé  de  les  rencontrer  fréquemment,  soit  chez  les  animaux  ayant  succombé 
à  la  forme  thoraciqiie  ou  à  la  forme  abdominale  de  cette  affection,  soit 
encore  chez  les  chevaux  morts  à  la  suite  de  celle  de  ses  formes  qui  se  carac- 
térise par  des  raptus  hémorragiques,  et  plus  souvent  chez  ceux  ayant 
succombé  à  la  forme  paraplégique,  qui  est  l'un  de  ses  modes  d'expression 
le  plus  ordinaire;  car  il  est  remarquable  que,  malgré  In  diversité  des 
organes  frappés  par  la  maladie,  l'étude  histologique  permet  de  constater, 
dans  ces  circonstances  d'apparences  si  diverses,  des  lésions  analogues,  d'où 
on  est  logiquement  autorisé  à  présiuner  entre  elles  une  identité  de  nature. 

»  Je  les  ai  également  rencontrées  dans  le  sang  d'un  animal  ayant  suc- 
combé à  la  suite  d'une  gangrène  provoquée  par  action  traumatique.  Je 
relaterai  brièvement  le  fait  que  je  signale. 

»  IjC  17  novembre  1861,  le  cheval  n''98i4  de  l'établissement  du  Pan- 
théon est  confié  à  un  palefrenier  pour  être  tondu  :  cet  homme,  dans  un 
accès  de  brutalité,  frappe  l'animal  avec  la  pointe  de  ses  ciseaux  à  la  partie 
supérieure  et  postérieure  du  scapidum;  immédiatement  ime  hémorragie 
sons-cutanée  abondante  se  déclare,  et  le  membre  devient  le  siège  d'un 
engorgement  chaud  et  douloureux  très-étendu  ;  le  22,  on  voit  apparaître 
l'emphysème,  des  phlyctènes,  et  l'animal  meint  le  a3  de  la  gangrène.  A 
l'autopsie,  on  trouve  les  lésions  ordinaires  fie  cette  affection,  et  on  constate 
dans  le  sang  la  présence  des  bactéries  en  grande  abondance. 

»  Toutes  ces  observations  micrographiques  ont  été  faites  immédiatement 
ou  peu  de  temps  après  la  mort,  dans  un  espace  qui  a  varié  entre  ime  heure 
et  six  heures.  Une  seule  fois  j'ai  pu  constater  la  présence  de  ces  petits  corps 
pendant  la  vie  de  l'animal;  mais  je  dois  noter  qu'ils  étaient  d'une  dimension 
beaucoup  plus  petite  que  ceux  qu'on  rencontre  d'ordinaire  et  peu  nom- 
breux. Le  sang  de  cet  animal  a  été  conservé  plusieurs  jours,  et  il  n'a  été 
possible  de  remarquer  aucun  changement  dans  le  nombre  et  les  dimensions 
de  ces  productions. 

!•  J'ai  inoculé  plusieurs  fois  le  sang  ainsi  altéré  à  de  jeunes  moutons,  et 
deux  fois  ces  inoculations  ont  été  suivies  de  mort.  Le  premier  cas  est  relaté 
page  667  du  Bulletin  de  la  Société  Vétérinaire,  séance  du  12  avril  1860.  La 
seconde  inoculation  suivie  de  mort  a  été  faite  le  i"  décembre  1861,  a 
2  heures  de  l'après-midi,  et  l'animal  succombe  le  4»  à  2  heures  de  relevée, 
après  quelques  heures  de  tristesse  et  d'inappétence.  Le  cadavre  est  emphy- 
sémateux ;  en  écartant  la  toison,  on  voit  la  peau  de  tout  le  corps  colorée  en 


(  35o  ) 
violet  foncé;  en  dépouillant  l'animal,  on  trouve  dans  le  tissu  cellulaire 
sous-cutané  des  tumeurs  sanguines  occupant  principalement  le  voisinage 
des  ganglions;  ainsi  à  l'entrée  de  la  poitrine  et  aux  aines.  L'abdomen  con- 
tient un  peu  de  sérosité  sanguinolente  ;  la  rate  est  \ui  peu  augmentée  de 
volume;  la  boue  splénique  est  noire  et  poisseuse,  et  contient  des  bactéries 
en  abondance,   ainsi  que   le  sang  de  tout  le  reste  du  cor|)s. 

»  Ces  lésions  ne  sont  pas  les  seules  qu'on  rencontre  dans  ces  affections  : 
on  trouve  quelquefois,  en  effet,  des  globules  de  forme  particulière,  régu- 
lièrement arrondis,  plus  grands  que  les  globules  blancs  normaux  dont  ils 
ont  un  |)eu  l'apparence;  ils  sont  réunis  par  îlots  et  en  grande  abondance. 
Ils  se  composent  d'une  cellule  extérieure  d'apparence  bullaire,  reflétant 
chez  quelques-uns  une  teinte  violette;  au  centre  de  cette  cellule  se  Ironvent 
plusieurs  noyaux  dont  le  double  contour  est  bien  marqué.  Chez  quelques- 
uns  ce  noyau  a  la  forme  de  sablier  particulière  aux  cellules  qui  se  repro- 
duisent par  scission,  en  sorte  qu'on  a  évidemment  sous  les  yeux  une  alté- 
ration dont  les  éléments  sont  en  voie  de  multiplication,  ce  qui  expliquerait 
du  reste,  jusqu'à  un  certain  point,  la  marche  rapide  de  ces  affections. 

:i  Le  sang  présente  ordinairement  ce  caractère  remarquable,  que  si  on 
l'examine  après  la  mort,  le  plus  souvent  les  globules  ont  disparu,  et  on  trouve 
des-  cristaux  de  formes  diverses  résultant  de  leur  dissolution,  et  dont  les 
plus  abondants  ont  une  grande  analogie  avec  les  cristaux  de  cholestérine. 

"  Les  cellules  du  foie  sont  presque  invisibles  au  milieu  des  globules  grais- 
seux qui  les  gorgent.  Les  fibrilles  musculaires  coutienuent  des  globules 
graisseux  abondants,  et  leur  aspect,  si  élégamment  strié,  a  |)resque  totale- 
ment disparu  sous  cet  envahissement.  Ce  phénomène  est  surtout  remar- 
quable sur  les  psoas  dans  les  paralysies  que  je  signalais  plus  haut. 

;-  La  présence  de  la  graisse  eu  plus  grande  abondance  dans  tous  les  tissus 
et  liquides  de  l'économie,  l'existence  de  ces  bactéries  analogues,  selon 
M.  Davaiue,  au  produit  qui  se  développe  dans  la  fermentation  butyrique, 
font  soupçonner  que  la  présence  des  éléments  graisseux  doit  jouer  un  rôle 
dans  l'apparition  de  cette  affection,  surtout  si  nous  faisons  remarciuer  que 
ce  sont  toujours  les  animaux  les  plus  gras,  ceux  tpii  ont  la  plus  belle  ajjpa- 
rence,  qui  sont  frappés  par  la  maladie. 

»  Je  dirai  pour  résumer  cette  Noie,  que  j'ai  dû  faire  aussi  br^>ve  que 
possible  : 

"  i"  Que  les  bactéries  ne  sont  pas  |)arlicidieres  au  sang  des  animaux  at- 
teints de  sang  de  rate,  ainsi  que  le  prouvent  les  observations  précitées: 


(  35i    t 

»  2"  Que  le  sang  qui  les  contient  est  inoculable,  et  qu'on  retiouve  dans 
le  sang  des  animaux  inoculés  des  bactéries  en  grande  abondance  ; 

»  3"  Que  la  présence  de  la  graisse  dans  les  tissus  et  liquides  de  l'écouo- 
inie,  l'état  d'obésité  des  animaux  qui  sont  victimes  de  l'affection,  la  simili- 
tude signalée  jîar  M.  Davaineentre  ces  bactéries  et  le  produitde  lafermenla- 
tion  butyrique,  permettent  de  présumer  le  rôle  important  que  joue  la  graisse 
dans  la  production  de  celte  maladie.  Il  va  sans  dire  qu'il  manque  à  cette 
dernière  conclusion  une  démonstration  rigoureuse,  et  que  je  la  présente 
ici  seulement  à  titre  d'indication.  » 

PATHOLOGIE  —  Nouvelles  recherches  sur  les  injusoires  du  sang  clans  In  maladie 
connue  sous  le  nom  de  sang  de  rate;  par  M.  C.  I>a vaine.  Note  présentée 
par  M.  Cl.  Bernard. 

"  Les  résultats  de  mes  premières  investigations  sur  les  infusoires  du  san(/ 
(le  rate,  commiuiiquées  à  l'Académie  dans  la  séance  du  27  juillet,  ont  été 
pleinement  confirmées  par  de  nouvelles  recherches. 

»  Sur  quatorze  inoculations  pratiquées  sur  des  lapins  avec  du  sang  frais 
infecté  de  bactéries,  quatorze  fois  des  bactéries  semblables  se  sont  produites 
et  toujours  la  mort  s'en  est  suivie.  Dans  plusieurs  cas  les  infusoires  ont  été 
observés  deux,  quatre  et  cinq  hem-cs  avant  la  mort  de  l'animal  inoculé. 
Dans  plusieurs  de  ces  cas,  du  sang  pris  à  l'animal  encore  vivant  a  transniri 
la  maladie  et  a  déterminé  la  mort  avec  infection  par  des  bactéries. 

0  Les  bactéries  se  développent  dans  le  sang  et  non  dans  un  organe  spé- 
cial. Lorsque,  par  luie  recherche  persévérante,  on  découvre  au  début  de 
l'infection  quelques-uns  de  ces  corpuscules,  ils  sont  très-courts  en  même 
temps  que  très-rares,  mais  bientôt  on  les  voit  se  uudtiplier  et  s'accroître 
rapidement;  leur  évolution  complète  ne  met  qu'un  petit  nombre  d'heures 
à  s'accomplir  :  un  lapin  dont  le  sang  ne  m'offrit  que  quelques  rares  bacté- 
ries, longues  au  plus  de  quatre  à  six  millièmes  de  millimètre,  mourut  au 
bout  de  quatre  heures  ;  son  sang  examiné  immédiatement  renfermait  uu 
nombre  considérable  de  bactéries  dont  quelques-unes,  les  plus  longues  que 
j'aie  encore  observées,,  avaient  atteint  jusqu'à  cinq  centièmes  de  millimètre 
de  longueur.  Chez  quelques  animaux  ces  corpuscules  sont  généralement 
plus  longs  que  dans  les  cas  ordinaires,  mais  ils  n'offrent  aucune  différence 
autre  que  celle-là;  leur  nombre  alors  est  généralement  moindre.  La  lon- 
gueur qu'acquièrent  parfois  ces  fdaments  engagerait  à  ks  classer  parmi  le.s 


(  35*  ) 
conferves,  mais  je  laisse  pour  le  inoment  cette  question  qui  n'a  pas  ici  grande 
importance. 

»  Le  nombre  des  bactéries  est  très-variable  d'un  animal  à  l'autre;  après 
mes  preuuères  inoculations  ce  nombre  décrut  très-rapidement  et  devint  huit 
ou  dix  fois  moindre  que  celui  des  corpuscules  sanguins.  J'ai  pu  croire  alors 
que  la  puissance  de  propagation  des  bactéries  allait  s'affaibli.ssant  chez  le 
lapin,  mais  je  me  suis  convaincu  plus  tard  qu'il  n'en  était  rien;  en  effet, 
sur  une  série  de  onze  individus  inoculés  successivement  les  uns  des  autres, 
le  dixième  m'offrit  dans  son  sang  des  myriades  de  bactéries  comme  le  pre- 
mier. Je  ne  puis  m'expliquer  ces  variations  que  par  celles  de  la  température 
atmosphérique  qui  s'est  abaissée  puis  relevée  pendant  la  durée  de  ces 
expériences. 

«  Dès  que  l'animal  infecté  meurt,  les  bactéries  cessent  de  se  multiplier  et 
de  s'accroître;  dans  le  sang  conservé  hors  des  vaisseaux,  elles  se  détruisent, 
comme  je  l'ai  déjà  dit,  ou  se  transforment.  Dans  tous  les  cas,  en  même  temps 
qu'elles  perdent  leur  apparence  primitive,  elles  perdent  la  faculté  de  se 
propager  chez  l'animal  vivant  :  deux  inoculations  pratiquées,  l'une  avec  du 
sang  de  mouton  conservé  depuis  huit  jours,  l'autre  avec  du  sang  de  lapin 
conservé  depuis  dix  jours,  n'ont  déterminé  ni  la  maladie  du  sang  de  rate,  ni 
la  formation  de  bactéries. 

»  Lorsque  du  sang  frais  est  desséché  rapidement  à  l'air  libre,  les  bacté- 
ries conservent  la  faculté  de  s'inoculer;  c'est  ce  que  j'ai  constaté  par  plu- 
sieurs expériences  :  ce  sang  desséché  peut  supporter  une  chaleur  de  gS 
à  loo  degrés,  sans  qu'elles  perdent  pour  cela  leur  faculté. 

»  Du  sang  frais  fut  renfermé  dans  un  tube  qui  fut  maintenu  pendant 
dix  minutes  dans  de  l'eau  en  ébullition;  ce  sang  ayant  été  introduit  ensuite 
sous  la  peau  d'un  lapin,  1  animal  mourut  avec  des  bactéries  au  bout  de 
trente  et  une  heures.  La  cuisson  serait  donc  insuffisante  pour  détruire  leur 
vitalité. 

»  Sur  quatorze  lapins,  la  durée  moyenne  de  la  vie,  depuis  l'inoculation 
jusqu'à  la  mort,  a  été  de  quarante  heures;  la  durée  la  plus  courte  de 
dix-huit,  et  la  plus  longue  de  soixante-dix-sept  heures.  Cette  durée  est  plus 
longue  chez  les  animaux  adultes  et  vieux  que  chez  les  jeunes. 

>)  Dans  cet  espace  de  temps  l'apparition  des  bactéries  est  très-tardive; 
mais  du  moment  où  elles  apparaissent,  l'animal  n'a  plus  que  quelques  heures 
à  vivre  :  le  plus  long  intervalle  ipie  j  aie  constaté  entre  l'apparition  des  bac- 
téries et  la  mort  de  l'animal  inoculé  a  été  de  cinq  heures;  la  durée  moyenne 
de  l'incubation  sérail  donc  de  trente-cinq  heures. 


(  353) 

>'  Dans  cette  période  d'iiici'.bation,  l'animal  n'a  rien  perdu  de  sa  force  et 
de  son  agilité;  ce  n'est  que  dans  les  deux  dernières  heures,  alors  que  les 
bactéries  existent  en  quantité  notable,  que  le  lapin  cesse  de  manger  et  de 
courir;  il  reste  couché  sur  le  ventre,  s'affaiblit  rapidement  et  meurt  sans 
aucun  autre  phénomène  apparent;  quelquefois  la  mort  est  précédée  de 
légers,  mouvements  convulsifs. 

»  L'autopsie,  pratiquée  immédiatement,  laisse  voir  tous  les  organes 
sains;  le  cœur  et  les  gros  vaisseaux  sont  toujours  distendus  par  des  caillots 
très-consistanls.  La  coagulation  du  sang  est  la  seule  cause  apparente  de  la 
mort.  Le  microscope  donne  déjà  pendant  la  vie  les  indices  de  cette  coagu- 
lation ;  en  effet,  dès  que  les  bactéries  se  multiplient  d'une  manière  notable, 
les  globules  rouges  semblent  acquérir  un  certain  degré  de  viscosité  qui  les 
fait  s'agglutiner  les  uns  aux  autres  par  petits  amas. 

>)  Les  organes  ne  renferment  des  bactéries  qu'en  raison  de  leur  vascula- 
rité  :  la  rate  est  celui  de  tous  qui  en  contient  le  plus,  et  ces  corpuscules  y 
sont  toujours  en  nombre  véritablement  prodigieux.  Cet  organe,  sain  en 
apparence,  est  cependant  un  peu  plus  volumineux  qu'à  l'état  normal;  il 
paraît  être  un  foyer  actif  de  la  production  des  bactéries,  mais  c'est  sans 
doute  en  raison  de  sa  grande  vascularité.  Après  la  rate  viennent  le  foie,  le 
rein,  puis  le  poumon.  [,e  cerveau,  les  muscles,  les  glandes  et  les  ganglions 
lymphatiques  en  contiennent  exclusivement  dans  les  vaisseaux  interposés  à 
leurs  tissus. 

»  L'expérience  ayant  montré  que  l'apparition  des  bactéries  dans  le  sang 
précède  celle  des  phénomènes  morbides,  il  est  naturel  de  rattacher  l'exis- 
tence de  ces  phénomènes  à  celle  des  bactéries,  lesquelles,  jouissant  d'une  vie 
propre,  s'engendrent  et  se  propagent  à  la  manière  des  êtres  doués  de  vie. 
Tant  que  le  sang  ne  les  contient  c|u'en  germe,  tant  que  leur  développement 
ne  s'est  pas  effectué,  les  phénomènes  morbides  ne  se  produisent  point  non 
plus.  Mais  dans  l'examen  de  ces  questions,  si  l'on  se  place  à  un  autre  point 
de  vue,  il  paraîtra  probable  que  le  sang  dans  lequel  les  bactéries  n'ont 
point  encore  fait  leur  apparition  sera  incapable  de  les  propager  chez  un 
nouvel  animal  ;  c'est-à-dire  que,  pendant  la  période  d'incubation,  les  bacté- 
ries ne  pourraient  être  semées  et  la  maladie  du  sang  de  rate  ne  pourrait  être 
communiquée  par  l'inoculation.  « 


C.  R.,  i863,  a""  Semestre.  (T.  LVII,  N"  6.)  4? 


(  354  ) 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALK.  —  Observations  sur  la  nature  des  gaz  produits  par  Us 
plantes  submergées  sous  l'injluence  de  In  lumière.  Note  de  M.  S.  Cloez, 
présentée  par  M.  Chcvrenl. 

»  Les  circonstances  diverses  clans  lesquelles  on  peut  se  placer  pour  étu- 
dier la  végétation  des  plantes  submergées,  sans  s'éloigner  beaucoup  des 
conditions  normales  de  la  vie  de  ces  plantes,  justilient  le  choix  que  M.  Gra- 
tiolet  et  moi  en  avons  fait  dans  nos  recherches  commencées  en  1848  et 
communiquées  l'année  suivante  à  1  Académie  des  Sciences. 

1)  Nous  avons  constaté  d'abord  que  le  gaz  exhalé  par  les  plantes  aqua- 
tiques exposées  à  la  lumière  dans  de  l'eau  ordinaire  légèrement  imprégnée 
d'acide  carbonique  contenait,  outre  l'oxygène,  une  certaine  quantité 
d'azote. 

»  Quelle  pouvait  être  la  source  de  cet  azote?  fallait-il  l'attribuer  à  l'air 
dissous  dans  l'eau  ou  confiné  dans  les  lacunes  du  végétal,  ou  bien  l'azote 
produit  provenait-il  de  la  décomposition  de  la  substance  même  de  la 
plante? 

«  En  employant  de  l'eau  naturelle  bien  purgée  W'air  par  une  ébullition 
prolongée  et  contenant  par  litre  environ  3o  centimètres  cubes  d'acide  car- 
bonique que  l'on  renouvelait  à  mesure  que  l'oxygène  se  dégageait,  nous 
avons  trouvé  que  huit  tiges  de  Potamogelon  perfoliatuni  occupant  un  volume 
de  184  centimètres  cubes  ont  produit  en  huit  jours  d'exposition  à  la  lu- 
mière 4''S  ^5 2  d'un  mélange  gazeux  dans  lequel  l'analyse  a  indiqué  la  pré- 
sence de  3'", 9696  d'oxygène  et  o''',2824  d'un  gaz  non  absorbable  par  une 
lame  de  cuivre  plongeant  dans  de  l'acide  chlorhydrique,  gaz  que  nous 
avons  considéré  comme  étant  de  l'azote  pur. 

«  D'après  nos  essais,  le  volume  d'azote  libre  confiné  dans  la  plante  au 
moment  de  son  introduction  dans  l'appareil  était  de  o'",  o3i;  nous  nous 
sommes  crus  autorisés  à  conclure  que  la  différence  de  o'", a5i4  existant 
entre  ce  nombre  et  celui  qui  représente  la  quantité  totale  du  gaz  non  absor- 
bable recueilli  dans  le  cours  de  l'expérience  provenait  de  la  décomposition 
de  la  substance  même  de  la  plante. 

»  Notre  conclusion  s'est  trouvée  confirmée  par  le  dosage  de  la  quantité 
d'azote  entrant  dans  la  composition  de  la  plante,  avant  et  après  l'expé- 
rience. Dans  le  premier  cas,  nous  avons  obtenu  5,a3  dazotc  pour  100  de 
plante  sèche,  et  dans  le  second,  après  six  jours  d'exposition  au  soleil  dans 
de  l'eau  carboniquée,  le  végétal  desséché  ne  contenait  plus  que  3,74  d'azote 
pour  100. 


(  355  ) 

»  Maintenant,  Li  nature  du  gaz  non  absorbable  trouvé  dans  nos  expériences 
est-elle  bien  établie?  Ce  gaz  est-il  de  l'azote  pur,  comme  nous  l'avons  dit, 
ou  bien  est-ce  nn  mélange  d'azote  et  d'oxyde  de  carbone,  comme  semblent 
le  démontrer  les  récentes  et  nombienses  expériences  dn  savant  académicien 
?.I.  Bonssingault? 

»  Pour  éclaircir  ce  point,  il  était  nécessaire  de  répéter  quelques-unes  de 
nos  anciennes  expériences,  et,  pour  ne  pas  compliquer  la  question,  il  fallait 
opérer  exactement  d.;ns  les  mêmes  conditions  où  nos  premières  observations 
ont  été  faites. 

»  J'ai  donc  établi  d'abord  un  appareil  destiné  à  contenir  des  plantf^s 
aquaticpies  dans  de  l'eau  naturelle  continuellement  renouvelée;  douze  tiges 
de  Polamogeton  peifolialum  prises  dans  la  Seine  ont  été  réunies  trois  à  trois, 
on  a  lesté  cbaque  faisceau  d'herbe  au  moyen  d'une  petite  lame  de  plomb 
fixée  à  sa  base,  puis  on  a  introduit  le  tout  dans  un  flacon  de  i5  litres  de 
capacité  qui  était  traversé  par  un  courant  continu  dcau  fraîche. 

»  L'expérience,  commencée  le  6  juillet,  a  duré  jusqu'au  3o  du  même 
mois;  il  s'est  déj;agé  chaque  jour  envii'on  o'",  aSo  d'un  mélange  gazeux  qui 
a  été  analysé  souvent,  et  dans  lequel  je  me  suis  attaché  surtout  à  constater 
la  présence  de  l'oxyde  de  carbone. 

»  Le  gaz  exhalé  dans  cette  expérience  ne  contenait  pas  d'acide  carbo- 
nique; son  oxygène  a  été  dosé,  tantôt  au  moyen  du  phosphore  à  chaud, 
tantôt  et  plus  souvent  au  moyen  du  pyrogallate  de  potasse  que  l'on  a  eu 
soin  de  laisser  charpie  fois  en  contact  avec  le  gaz  pendant  six  heures  au 
moins. 

))  La  composition  centésimale  des  mélanges  gazeux  recueillis  et  analysés 
à  diverses  époques  de  l'expérience  de  cinq  en  cinq  jours  est  la  suivante  : 

i^^'jour.  5'^juur.  iû*^jour.  iD'^jour.        20*^  jour, 

ce  ce  ce  ce  ce 

Oxygène 46' o^         44 1^3         42)'5         4oi02         38,5 

Résidu  non  absorbable 53,92         55, 17         57,85         ^9,98         61, 5 

100,00       100,00       ioo,oo        100,00        ioo,o 

«  Chaque  résidu  gazeux  séparé  de  la  dissolution  de  pyrogallate  a  été 
additionné  de  -j^  environ  de  son  volume  d'oxygène  et  de  -^  de  gaz  de  la 
pile;  on  a  fait  détoner  le  mélange  dans  l'eudiomètre,  puis  on  a  mesuré  le 
volume  du  gaz  restant  après  l'explosion;  on  a  mis  ensuite  le  résidu  en  con- 
tact pendant  deux  ou  trois  heures  avec  un  petit  cylindre  de  potasse  hydratée, 
et  on  a  facilement  encore  mesuré  le  gaz  en  tenant  compte  des  variations  de 
température  et  de  pression. 

47- 


(  356  ) 
»  Voici  les  résultats  numériques  des  analyses  eudiométriques  exécutées  ; 
chaque  volume  mesuré  a  été  ramené  par  le  calcul  à  la  température  de  o  et 
sous  la  pression  de  o™,  760  : 

("■"■jour.       5' jour.       lo^jour.       i5'jour.       20°  jour, 
ce  ce  ce  ce  ce 

Volume  du  résidu  gazeux 12,54  ^^9^  91^7  10, i5  i3,i7 

O.xygène  ajouté i,25  0,88  1,00  1,16  1  ,45 

Volume  avant  l'explosion '3,7g  9)8i  10,57  11, 3i  i4,6-2 

Gaz  de  la  pile  ajouté 4>57  3,G2  6,o3  4)54  5,48 

Volume  après  l'explosion i3,8o  9,82  10, 53  11,28  i4)6' 

Volume  après  l'action  de  la  potasse.  . .  13,78  9,80  10, 52  11,28  i4,6o 

»  Ce  tableau  montre  que  les  résidus  gazeux  soumis  à  l'analyse  eudiomé- 
trique  ne  contiennent  pas  de  traces  appréciables  de  gaz  combustibles  :  ou 
peut  les  considérer  comme  de  l'azote  pur. 

»  Il  est  à  noter  ici  que  les  plantes  qui  ont  servi  à  l'expérience  ont  con- 
tinué à  végéter  comme  si  elles  avaient  été  fixées  au  fond  de  la  Seine  par 
leurs  racines;  les  feuilles  sont  restées  parfaitement  vertes,  plusieurs  tiges  ont 
commencé  même  à  fructifier  et  presque  toutes  ont  donné  naissance  à  de 
nombreuses  racines  adventives. 

))  Pour  compléter  mes  expériences,  il  me  restait  à  examiner  la  nature  des 
gaz  fournis  par  une  plante  aqviatique  exposée  à  la  lumière,  dans  de  l'eau 
commune  aérée,  non  renouvelée  et  légèrement  imprégnée  d'acide  car- 
bonique. 

M  J'ai  disposé  l'appareil  de  façon  à  recueillir  la  totalité  des  gaz  produits. 
L'expérience  faite  dans  ces  conditions  anormales  ne  peut  pas  durer  plus  de 
six  à  huit  jours;  les  plantes  souffrent  manifestement  dans  le  milieu  où  on 
les  a  placées,  elles  s'épuisent  peu  à  peu  et  finissent  par  se  décolorer. 

»  Le  gaz  dégagé  contient  plus  ou  moins  d'acide  carbonique  que  Ion 
enlève  au  moyen  de  la  potasse;  la  portion  qui  reste  est  traitée  ensuite  par 
le  pyrogallate,  et  le  résidu  non  absorbable  est  soumis  à  l'analyse  eudio- 
métrique. 

»  L'expérience  commencée  le  a6  juillet  a  duré  cinq  jours.  Je  me  suis  con- 
tenté d'analyser  les  gaz  dégagés  les  i",  3''  et  Séjours. 

0   Voici  d'abord  les  résultats  obtenus  pour  la  composition  centésimale  : 

i''''jour.  Séjour.  5' jour. 

ce  ce  ce 

Oxygène 70,103  87,52  90,875 

Résidu  non  absorbable 29,897  12,48  9,'25 

100,000  100,00  100,000 


(  357  ) 
»    Voici  maintenant  les  résultats  de  l'analyse  eudiométrique  : 

i'^''jour.  2'^jour.  3*=  jour, 

ce  ce  ce 

Volume  du  résidu  gazeux 1 1 ,87  io,33  9)25 

Oxygène  ajouté.  . .    2,0g  i  ,58  i  ,36 

Volume  du  mélange  avant  l'explosion 13,96  i'?9'  10,61 

Gaz  de  la  pile  ajouté 5,53  4>8o  4>28 

Volume  après  l'explosion i3,95  ••592  10,60 

Volume  après  l'action  de  la  potasse '3,95  'i!92  'OjSg 

»  Je  complais  à  priori  trouver  une  certaine  quantité  de  gaz  combustible 
dans  celte  expérience;  mais,  en  présence  des  résultats  de  l'analyse  eudiomé- 
trique, je  me  trouve  conduit,  comme  dans  le  cas  précédent,  à  considérer  le 
gaz  non  absorbable  comme  de  l'azote  pur.    » 

OPTIQUE  MINÉUALOGIQUE.  —  Sur  les  propriétés  optiques  biréfringentes  et  sur 
la  forme  cristalline  de  iambljcjonile.  Note  de  I^î.  Des  Cloizeaux,  présentée 
par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Dcville. 

«  L'amblygonite,  espèce  minérale  très-rare,  n'avait  été  trouvée,  jusque 
dans  ces  dernières  années,  qu'aux  environs  de  Penig,  en  Saxe,  en  petites 
masses  ou  en  rognons  engagés  au  milieu  du  granité,  dans  du  lépidolite  vio- 
lacé, avec  quariz,  tourmaline  et  g-renat.  M.  Brush  a  annoncé  récemment 
[Journal  of  Sciences  and  Jrts,  vol.  XXXIV,  septembre  1862)  qu'on  l'avait 
rencontrée  dans  un  gisement  tout  semblable  près  d'Hébron,  État  du  Maine, 
en  masses  laminaires  transparentes  ou  semi-transparentes,  pénétrant  le  lé- 
pidolite violet,  avec  albite,  quartz,  tourmalines  rouges,  vertes  et  noires,  cas- 
sitérite  et  apatite. 

»  D'après  M.  Breithaupt,  l'amblygonite  de  Penig  possède  deux  clivages 
assez  faciles  inclinés  entre  eux  de  106°  10',  et  un  troisième  plus  difficile, 
tangent  à  l'arèle  aiguë  des  deux  premiers  et  faisant  avec  cliacun  d'eux  un 
angle  de  ia6"55'.  Dans  les  échantillons  d'Hébron  que  M.  le  professeur 
Brush  a  bien  voulu  m'envoyer,  j'ai  observé  les  deux  clivages  qui  se  coupent 
sous  un  angle  de  io5  à  106  degrés,  mais  il  m'a  été  impossible  d'observer  le 
troisième,  dans  la  direction  indiquée  par  M.  Breithaupt. 

»  On  avait  généralement  cru  jusqu'ici  que  la  forme  cristalline  du  minéral 
était  un  prisme  rhomboïdal  droit  ou  oblique,  suivant  les  faces  verticales  du- 
quel se  faisaient  les  deux  clivages  faciles  ;  mais  l'étude  de  ses  propriétés 
optiques  biréfringentes  ne  permet  pas  d'adineltre  celte  opinion,  et  elle  prouve 


(  358  ) 
qu'en  réalité  le  type  cristallin  est  le  prisme  doublenieut  oblique.  En  exami- 
nant attentivement  les  échantillons  d'IIébron,  on  remarque  en  effet  que  les 
deux  clivages  principaux  ne  sont  pas  également  faciles,  et  que  l'un  se  pro- 
duit sur  de  larges  surfaces  d'un  éclat  nacré,  tandis  que  l'autre  ne  s'obtient 
que  sur  des  surfaces  moins  étendues,  d'un  éclat  vitreux;  on  trouve  de  plus 
lui  troisième  clivage  difficile,  interrompu,  mais  fournissant  cependant  de 
petites  plages  assez  unies  et  assez  miroitantes  pour  se  prêter  à  l'usage  du 
goniomètre  de  réflexion 

»  Si  l'on  amincit  suffisamment  une  lame  parallèle  au  clivage  vitreux,  ou 
y  voit,  a  l'aide  du  microscope  polarisant,  des  courbes  isochromatiques  qui 
annoncent  deux  axes  optiques  très-écartés,  situés  dans  un  plan  presque  ri- 
goureusement normal  au  clivage  et  parallèle  à  l'arèle  d'intersection  de  ce 
clivage  avec  le  clivage  nacré.  Observés  clans  l'huile,  les  anneaux  manifestent 
à  la  fois  les  caractères  de  la  dispersion  croisée  et  ceux  de  la  dispersion  incli- 
née; car  lorsque  le  plan  des  axes  coïncide  avec  le  plan  de  polarisation,  les 
barres  qui  traversent  chacun  des  deux  systèmes  d'anneaux  offrent  des  bor- 
dures bleues  et  rouges  disposées  en  se  contrariant,  et  dont  les  nuances  sont 
notablement  plus  vives  dans  un  système  que  dans  l'autre  •,  à  45  degrés  du 
plan  de  polarisation,  les  couleurs  qui  bordent  les  deux  hyperboles  présentent 
une  disposition  symétrique,  mais  une  intensité  différente,  et  le  diamètre  des 
anneaux  est  un  peu  plusgraud  d'un  côté  que  de  l'autre.  La  mesure  de  l'écat- 
tement  dans  l'huile  prouve  que  la  dispersion  des  axes  optiques  est  faible  ; 
elle  m'a  donné  : 

2H  =  io6'  34' 3o"  rouge;      106°  19' 3o"  jaune  ;      106°  6' 3o"  bleu. 

Cet  angle  est  l'angle  obtus  que  les  axes  optiques  font  entre  eux  en  traversant 
l'huile,  et  sa  bissectrice  est  positive. 

»  Une  plaque  taillée  normalement  à  l'arête  d'intersection  des  deux  cli- 
vages principaux,  offrant  par  compensation  avec  la  lame  de  quartz  le  carac- 
tère néçiatif,  m'a  fourni  pour  l'angle  aigu  des  axes  vus  dans  l'huile  : 

2H  =  96"  37'  3o"  rouge  ;     96°  4G'  jaune  ;     97"  10'  3o"  bleu. 

Ijorsque  le  plan  des  axes  est  parallèle  au  plan  de  polarisation,  celte  plaque 
laisse  voir  une  dispersion  horizonlale  assez  forte,  modifiée  par  une  dispersion 
inclinée  qui  amène  une  différence  très-marquée  dans  la  vivacité  des  couleurs 
placées  au-dessus  et  au-dessous  des  barres  transversales  desticiix  .systèmes 
d'anneaux. 

»  Les  deux  plaques  qui  ont  servi  à  mes  mesures  étant  bien  perpendicu- 


(  359) 
laines  aux  deux  bissectrices,  on  peut  leur  appliquer,  sans  craindre  une  grande 
erreur,  le  procédé  que  j'ai  indiqué  dans  une  communication  précédente  (i), 
et  en  déduire  les  valeurs  approximatives  suivantes  pour  l'écartement 
réel  des  axes  optiques  et  pour  l'indice  moyen  (l'indice  de  l'huile  étant 
n  =  1,466  rouge,  1,468  jaune,  1,478  bleu): 

2  V  =  85° 56'  /3  =  1 ,606  rouge, 
2V  =  86°6'  /3=  1,608  jaune, 
2  V  =  86°  22'      /3  =  1,619  bleu. 

»  D'après  quelques  essais  faits  sur  la  variété  de  Penig,  elle  m'a  paru 
offrir  les  mêmes  propriétés  optiques  biréfringentes  que  celle  d'Amérique. 

»  Quant  à  la  forme  primitive  de  l'amblygonite,  l'examen  des  échantillons 
d'Hébron  conduit  à  la  considérer  comme  étant  un  parallélipipède  obli- 

quanele  dont  les  incidences  sont  : 

mt  =  i35  degrés, 

pm  =  [o5  degrés  en  avant, 

pt  =    88°  3o'  en  avant, 

angle  plan  de  la  base  =  i37°4o'22", 

angle  plan  de  la  face  m  =    7 2° 9'  54", 

angle  plan  de  la  face^=  11 3°  6'. 

»  Suivant  la  basep,  a  lieu  le  clivage  le  plus  facile  à  éclat  nacré  ;  suivant 
la  face  de  gauche  m,  le  clivage  moins  facile  à  éclat  vitreux,  et  suivant  la 
face  de  droite  t,  un  clivage  difficile  et  interrompu.  Si  l'on  ajoute  à  ces  trois 
clivages  celui  que  M.  Breithaupt  a  cité  sur  les  échantillons  de  Penig  dans  la 
zone  pm,  et  pour  lequel  on  peut  admettre  une  inclinaison  d'environ  127  de- 

grés  sur  y:;  et  d'environ  128  degrés  sur  m  postérieure,  avec  le  symbole  c^  • 
si  de  plus  on  regarde  comme  parallèle  à  la  petite  diagonale  de  la  base  un 
clivage  très-difficile  dont  j'ai  seulement  entrevu  des  traces  dans  la  zone  mt, 
et  qui  ferait  avec  m  un  angle  voisin  de  i  26  degrés,  on  aura  les  éléments  néces- 
saires pour  déterminer  les  longueurs  relatives  des  trois  arêtes  du  parallélipi- 
pède primitif.  Ces  longueurs  seraient 

b  :  c  '.  h  :  :  looo  :  1 1 79, 743  1 1433,768 

et  l'on  en  déduirait  pg'  gauche  =  ii3°2'. 

(i)  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  séance  du  22  avril  1861. 


(  36o  ) 
»  Mes  observations  permettent  donc  en   résumé  d'établir   les  faits  sui- 
vants : 

»  L'amblygonite  ÀP  P  +  (Li,  Na)'P'  +  Al-  FI'  +  (Li,  Na)  Fl  cris- 
tallise dans  le  système  dn  prisme  dovdileuient  obliqne. 

»  Elle  possède  trois  clivages  inégalement  faciles,  parallèles  anx  faces  du 
parallélipipède  primitif  et  se  coupant  sous  des  angles  d'environ  135  degrés, 
io5  degrés  et  88"  3o'. 

»  Les  axes  optiques  sont  très-écartés  ;  leur  plan  est  sensiblement  normal 
au  clivage  moyennement  facile  à  éclat  vitreux  ;  la  bissectrice  de  leur  angle 
aigu  est  nécjalive  et  parallèle  à  l'arête  d'intersection  du  clivage  nacré  et  du  cli- 
vage vitreux  ;  autour  de  cette  bissectrice,  les  anneaux  font  voir  une  disper- 
sion liorizonlale  combinée  avec  une  dispersion  inclinée  très-notable  (  i  ).   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Seconde  Note  sur  le  menthol;  pur  M.  Oppexheim. 

«  Aux  éthers  décrits  dans  une  communication  antérieure  (2),  nous  devons 
ajouter  l'iodure  et  le  bromure  de  menlhyle,  et  quelques  dérivés  de  ces  sub- 
stances. 

»  L'iodure  de  mentliyle  ^'^fl"!  s'obtient  à  l'état  de  pureté  en  broyant 
dans  un  mortier  3  équivalents  de  menthol  avec  2  équivalents  d'iodure  de 
phosphore  et  2  équivalents  d'iode.  La  masse  devient  liquide.  On  la  lave 
avec  une  solution  étendue  de  carbonate  de  soude,  et  on  la  secoue  avec 
du  mercure  pour  enlever  l'excès  d'iode.  L'iodure  de  menthyle  est  un  li- 
quide lourd  et  légèrement  jaunâtre.  L'action  sur  cet  éther  d'une  solution 
alcoolique  de  protosulfure  de  potassium,  qui  aurait  pu  fournir  un  homo- 
logue de  l'essence  d'ail,  consiste  dans  la  mise  en  liberté  du  menthène  €'"11" 
et  de  l'hydrogène  sulfuré.  La  réaction  d'une  solution  alcoolique  d'ammo- 
niaque sur  l'iodure  de  menthyle  commence  à  froid  et  finit  au-dessous  de 
100  degrés  en  reproduisant  le  menthène. 

»  Le  bromure  de  menthyle  G'^H'^Br  s'obtient  par  l'action  de  2  équiva- 
lents de  protobroinure  de  phosphore  sur  3  équivalents  de  menthol.  C'est  un 
liquide  presque  incolore,  qui  se  décompose  par  l'ébullition  comme  le  corps 
précédent,  auquel  il  ressemble  par  la  plupart  de  ses  réactions.  Le  brome 


(1)  Une  Lettre  de  M.  Brush  vient  de  m'apprendre  qu'un  de  ses  assistants,  M.  Allen,  a 
trouvé  tout  récemment  à  Hébron  un  cristal  de  i  pouce  de  diamètre,  dont  le  caractère  tri- 
clinique  a  été  reconnu  d'une  manière  inrontestable  par  M.  J.  Dana. 

(2)  Voir  Comptes  rendus,  t.  LUI,  p.  3^g,  août  1861. 


(  36.  ) 
donne  avec  lui  plusieurs  produits  de  substitution  dont  les  premiers  sont 
liquides.  Mais,  de  même  que  si  l'on  mêle  plusieurs  solutions  de  sels  diffé- 
rents, il  se  produit  toujours  le  sel  le  moins  soluble,  ainsi,  si  l'on  ajoute  du 
brome  à  un  excès  de  bromure  de  menthyle,  il  se  produit  toujours  des  bro- 
mures solides  qui  se  déposent  comme  une  poudre  blanche  dont  le  volume 
augmente  en  proportion  du  brome  qu'on  ajoute.  Celte  poudre,  insoluble 
dans  l'alcool,  peu  soluble  dans  l'éther  et  très-soluble  dans  le  sulfure  de  car- 
bone, est  formée  au  moins  de  deux  corps  différents.  Si  on  ajoute  une  quan- 
tité de  sulfure  de  carbone  insuffisante  pour  dissoudre  le  tout,  on  obtient 
par  l'évaporation  de  la  solution  filtrée  de  petits  prismes  durs  et  brillants 
auxquels  l'analyse  assigne  la  formule  C'H'^Br". 

11  Le  chlorure  de  menthyle,  traité  par  le  brome,  donne  un  corps  ana- 
logue, le  chlorure  de  menthyle  pentabromé  C'H'^Br'Cl.  Ce  corps,  cristal- 
lisé dans  le  sulfure  de  carbone,  consiste  en  petits  cristaux  blancs  qui  se 
groupent  en  mamelons  et  qui  possèdent  une  odeur  caractéristique  de  musc. 
Les  quelques  cristaux  qui  se  séparent  des  mamelons  montrent  des  fijces 
rhombiques  d'un  grand  éclat. 

»  Le  chlorure  de  menthyle  a  beaucoup  de  stabilité.  Le  sulfure  d'argent  et 
le  sulfocyanure  de  potassium  ne  l'attaquent  pas,  et  on  ne  parvient  pas  à 
compléter  les  actions  qu'exercent  sur  lui  le  protosulfure  de  potassium  et 
l'ammoniaque,  même  si  on  chauffe  leurs  solutions  à  i4o  degrés  pendant 
trente  heures.  Le  menthène  ainsi  obtenu  contient  encore  du  chlorure.  Le 
menthène  prend  également  naissance  dans  l'action  du  zinc-éthyle  turle 
chlorure  de  menthyle  et  dans  l'action  de  ce  dernier  corps  sur  le  menthylale 
de  soude.  Cette  réaction  peut  être  exprimée  par  la  formule 

G"'H''NaQ  +  €"'H"Cl  =  NaCl-h  G'<'H=<'0+  G'»H'\ 
»  Le  sodium  attaque  le  chlorure  de  menthyle  lentement,  en  se  couvrant 
d'une  couche  violacée.  En  chauffant  ensemble  ces  corps  à  i5o  degrés 
pendant  quarante-huit  heures,^on  obtient  un  liquide  dont  l'analyse  s'ac- 
corde bien  avec  la  formule  du  menthyle,  mais  qui,  à  l'état  gazeux,  n'a  que  la 
moitié  de  la  densité  calculée  et  qui  bout  à  quelques  degrés  seulement  au- 
dessus  du  point  d'ébullition  du  menthène. 

1)  Comme  les  radicaux  des  alcools  aromatiques  obtenus  par  M.  Canniz- 
zaro  et  M.  Rossi  sont  des  corps  solides  et  cristallisés  dont  la  densité 
s'accorde  avec  la  loi  générale,  on  est  porté  à  exprimer  la  réaction  qui 
vient  d'être  décrite  de  la  manière  suivante  : 

a^'oH^Cl-f-  aNa  =  aNaCl  ■+-  G"U"  -h  G'»  H". 

G.  R.,  i863,  a™»  Semesire.  (T.  LVII,  N»  6.)  48 


(  362  ) 
Ces  deux  hydrocarbures,  le  menlhène  et  l'hydrure  de  menihyle,  ont  des 
points  d'éljullifion  trop  rapprochés  pour  qu'on  puisse  les  séparer  par  la  dis- 
tillation ;  et  comme  on  ne  connaît  pas  de  combinaison  directe  du  menthène 
avec  le  brome,  il  ne  reste  que  la  densité  de  vapeur  et  le  point  d  ebullition 
pour  prouver  la  production  de  ces  deux  carbures. 

»  En  traitant  le  menthol  par  des  oxydants,  le  perxoyde  de  manganèse  ou 
le  bichromate  de  potassium  et  l'aci  le  sulfurique,  le  brome  et  l'eau  ou 
l'acide  azotique,  on  obtient  des  produits  résineux,  bromes  et  nitrés,  mal 
définis.  Si  on  considère  l'ensemble  de  ces  réactions,  la  difficulté,  sinon  l'im- 
possibilité d'obtenir  l'aldéhyde  et  l'acide  correspondant  au  menthol,  et  sur 
tout  la  mise  en  liberté  du  menthène  par  tant  de  réactions  différentes,  on 
est  frappé  de  l'analogie  que  présente  ce  corps  avec  les  pseudo-alcools  dont 
M.  Wurtz  a  établi  l'existence  dans  la  série  ordinaire.  Toutefois,  tant  qu'on 
n'a  pas  établi  qu'un  parallélisme  égal  existe  dans  la  série  de  l'alcool  ally- 
lique,  on  n'est  pas  justifié  à  considérer  le  menthol  comme  un  hydrate.  Il 
est  aussi  probable  que  le  grand  nombre  d'atomes  de  carbone  masque  dans 
ce  corps  les  analogies  avec  les  véritables  alcools. 

»  L'action  sur  la  lumière  polarisée,  qu'on  trouve  dans  le  menthol  et 
à  un  plus  haut  degré  encore  dans  ses  éthers  acétique  et  butyrique,  ne  peut 
pas  être  constatée  pour  l'iodure  et  le  chlorure  de  menihyle  et  le  dérivé 
brome  de  cet  éther.  Ces  exceptions  sont  d'autant  plus  curieuses  que  le 
menthène  obtenu  de  l'iodure  de  meutliyle  par  l'ammoniaque  ou  le  sulfure 
de  potassium  dévie  très-sensiblement  à  droite  la  lumière  polarisée  et  se 
distingue  par  cela  même  du  menthène  inactif  produit  par  l'action  du 
chlorure  de  zinc  sur  le  menthol,  qui,  lui,  dévie  à  gauche  le  plan  de  pola- 
risation.   » 

MINÉRALOGIE.  —   Note  sur  [analyse  de  l'alunite  du  mont  Dore  [Puj-de-Dome)  ; 
par  M.  J.  Gautier-Lackoze.  Extrait  présenté  par  M.  Balard. 

«  ....  Au  milieu  des  roches  alunifères  indiquées  par  Cordier  dans  son 
Mémoire  sur  le  pic  de  Sancy,  se  rencontre  l'alunite  qui,  à  la  suite  de  mes 
expériences,  est  devenue  l'objet  d'une  exploitation  qui  se  poursuit  avec 
succès  depuis  cinq  ans.  Cette  alunite  est  très-abondante  an  haut  de  la 
vallée  de  la  Dogne,  au  pic  de  Sancy,  àla  chutede  la  cascade,  dansleravin  de 
la  Craie,  l.e  filon  exploité  d'après  mes  indications  a  loo  mètres  environ  de 
haut  sur  5o  à  Go  mètres  de  largo.  La  toiture  en  est  formée  par  une  variété 
d'alunite  caverneuse  presque  complètement  siliceuse,  ne  donnant  pas  de 
coloration  bleue  parle  cyanure  jaune  et  contenant  une  pins  grande  quantité 


{  363  ) 
de  soufre,  à  plus  gros  globules  surtout,  que  les  échantillons  les  plus  sulfurés 
de  l'alunite  exploitée.  Le  dessous  du  filon  est  une  argile  parsemée  quelque- 
fois de  mica,  et  qui,  traitée  sans  calcination  par  l'acide  sulfurique,  donne 
du  sulfate  d'alumine. 

>•  Douée  d'une  cohésion  presque  égale  à  celle  du  quartz,  l'alunite  est 
d'un  blanc  grisâtre  ;  l'action  de  l'air  la  rend  d'abord  d'un  vert  bleuâtre, 
puis  rubigineuse.  Sa  cassure  est  légèrement  conchoïde.  Elle  est  plus  ou 
moins  parsemée  de  petits  globules  de  soufre  (si  on  la  réduit  en  poudre  et 
qu'on  la  lessive  avec  du  sulfure  de  carbone,  elle  donne  par  kilogramme 
73s'',3o  de  soufre).  On  trouve  quelques  filons  qui  renferment,  en  assez 
grande  quantité,  de  petits  cristaux  de  sulfure  de  fer;  ces  filons-là  ne  contien- 
nent pas  de  soufre. 

»  La  densité  de  l'alunite  est  de  2,48 1 . 

1)  Touchée  avec  une  solution  de  cyanure  jaune,  l'alunite  devient  immédia- 
tement d'un  beau  bleu.  Réduite  en  poudre  et  agitée  avec  de  l'eau,  le  liquide 
filtré  donne,  par  le  même  cyanure,  lui  précipité  bleu.  Séchée,  elle  perd  de 
10  à  12  pour  100  de  son  eau  qu'elle  reprend  si  on  l'abandonne  à  l'air.  Sa 
composition  chimique  varie  un  peu,  comme  on  doit  s'y  attendre. 

»  Voici  celle  qui  se  présente  le  plus  souvent  : 

Eau 10   » 

Soufre 7,33 

Potasse 5,6g 

Acide  sulfurique a5,55 

Oxyde  de  fer '  )93 

Alumine 23 ,53 

Résida  siliceux 24,66 

Perte i  ,  3 1 

100,00   » 

PHYSIQUE  DU   GLOEE.  —  Pluie  de  sable  qui  est  tombée  sur  une  pnilie  de 
l'archipel  des  îles  Canaries,  le  \^  février  i863. 

«  M.  Daitbrce  présente  au  nom  de  M.  Berthelol,  consul  de  France  à 
Sainte-Croix  de  Ténériffe,  un  échantillon  de  sable  qui  s'est  abattu,  comme 
une  pluie,  sur  toute  la  partie  occidentale  de  l'archipel  des  iles  Canaries,  le 
7  février  dernier,  pendant  la  nuit  et  dans  la  matinée  du  même  jour.  Les 
bâtiments  qui  se  trouvaient  sur  les  atterrages  des  îles  de  Ténériffe,  de  Palma, 
de  Gomère  et  de  l'île  de  Fer  en  furent  saupoudrés.  Le  pic  de  Ténériffe, 
alors  couvert  de  neige,  fut  lui-même  coloré  en  jaune  par  cette  poussière 


(  364  ) 
pendant  plusieurs  heures  et  jusqu'à  son  sommet.  Le  temps  était  très-ora- 
geux et  le  tonnerre  se  faisait  souvent  entendre. 

»  Ce  sable  est  de  couleur  blonde,  d'un  grain  presque  impalpable.  11  fait 
fortement  effervescence  avec  les  acides,  qui  lui  enlèvent  environ  moitié  de 
son  poids  de  carbonate  de  chaux.  Le  résidu  insoluble  se  compose  de  très- 
petits  grains  de  quartz,  la  plupart  hyalins  et  incolores,  quelques-uns  jaunes 
et  opaques. 

»  Par  son  aspect  comme  par  sa  composition  minéralogique,  ce  sable 
présente  une  identité  complète,  à  la  ténuité  des  grains  près,  avec  le  sable 
du  désert  du  Sahara,  notamment  avec  un  échantillon  des  environs  de 
Biskra,  que  possède  la  galerie  de  Géologie  du  Muséum.  Comme  dans  le 
sable  du  désert,  on  rencontre  quelques  menus  débris  de  coquilles  qui  pa- 
raissent contemporaines  de  l'époque  du  dépôt  de  ce  sable.  L'examen  mi- 
croscopique n'y  a  pas  fait  découvrir  d'autres  corpuscules  de  nature  or- 
ganique. 

»  Il  n'est  pas  douteux  que  ce  sable  n'ait  été  enlevé  au  sol  du  désert  du 
Sahara,  qui  est  distant  de  ces  îles  de  plus  de  32  myriamètres;  il  paraît 
avoir  été  transporté  par  une  sorte  de  trombe  à  une  hauteur  de  plus  de 
4ooo  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  de  manière  à  atteindre  la  zone 
du  contre-courant  atmosphérique.   » 

M.  MoNDixo  adresse  de  Palerme  une  Lettre  relative  à  une  communication 
qu'il  avait  faite  au  commencement  de  cette  année  sous  le  tilre  de  «  Projet 
d'un  nouveau  baromètre  w. 

Cette  Lettre  est  renvoyée,  comme  l'avait  été  la  Note  originale,  à  l'examen 
de  M.  Babinet. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  E.   D.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  lo  août  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Etudes  sur  la  ventilation;  par  Arthur  MORIN  ;  t.  I  et  IL  Paris,  i863;  2  vol. 
in-8°. 

Nouvelles  suites  à  Buffon,  formant  avec  les  œuvres  de  cet  auteur  un  cours 
complet  d'Histoire  naturelle;  t.  VI,  Histoire  des  Insectes,  gênera  des  Coléoptères; 
par  M.  Th.  LaCOKDAIRE.  Paris,  i863;  in-8°,  avec  planches. 

■         I  iiiii«< 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  17  AOUT  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DR  L'ACADÉMIE. 

PHYSIOLOGIE.    —   Bégénérntion  et  réparation   des  tissus; 
par  M.   JoBERT  DE  Lamballe. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  exposer  la  continuation 
de  mes  recherches  sur  la  réparation  et  la  régénération  des  organes. 

»  Ua  savante  Compagnie  se  rappellera  peut-être  que  mon  avant-dernière 
lecture  a  été  faite  sur  la  régénération  des  tendons  ;  cette  fois  j'aurai  l'hon- 
neur de  lui  faire  connaître  les  recherches  expérimentales  que  j'ai  tentées 
sur  les  os.  Et  d'abord  je  mentionnerai  les  doctrines  et  les  théories  connues, 
mais  je  le  ferai  aussi  succinctement  que  possible. 

»  Avant  d'exposer  le  résultat  de  mes  observations  sur  la  cicatrice  des  os, 
je  dirai  quelques  mots  sur  la  structure  du  tissu  osseux  qui  a  fourni  à  des 
expérimentateurs  habiles  un  sujet  d'études  et  de  recherches  intéressantes. 

«  Depuis  le  moment  de  leur  apparition  dans  le  fœtus  jusqu'à  leur  déve- 
loppement complet,  les  os  passent  par  une  série  de  transformations  succes- 
sives. Je  n'insisterai  pas  sur  les  divers  phénomènes  d'ostéogénie  en  les  sui- 
vant dans  leur  ordre  d'apparition.  Je  dirai  seulement  qu'à  une  époque  inu- 
tile à  préciser,  le  cartilage  se  développe  dans  la  masse  gélatineuse  primi- 
tive; que  la  cartilaginification  est  achevée  vers  le  deuxième  mois;  qu'à 
partir  de  cette  époque  des  points  d'ossification  apparaissent  cà  et  là  jusqu'à 

C.  R.,  iS63,  2""  Semestre.  (T.   LVII,  N»  7.)  49 


(  366  ) 
la  naissance,  où  le  corps  des  os  longs  et  les  os  larges  sont  déjà  très-déve- 
loppés. 

"  Peu  à  peu  l'élément  organique  qui  prédominait  d'abord  est  pénétré 
par  la  matière  salino-terreuse,  de  façon  que  chez  l'adulte  les  substances 
organisées  et  inorganiques  sont  en  proportions  à  peu  près  égales.  La  vitalité 
du  tissu  osseux  est  d'autant  plus  grande  qu'on  l'examine  à  une  époque  plus 
rapprochée  de  l'enfance.  Elle  diminue  avec  l'âge,  et  cette  circonstance  nous 
explique  la  flexibilité  des  os  dans  les  premières  années  et  In  facilité  avec 
laquelle  se  fait  la  consolidation  des  fractures,  tandis  qu'une  grande  friabi- 
lité et  des  conditions  tout  à  fait  opposées  se  rencontrent  chez  les  vieillards. 

»  Le  tissu  osseux  résulte  de  l'arrangement  de  fibres  et  de  lamelles  affec- 
tant des  directions  variées,  mais  identiques  dans  tous  les  points,  malgré  la 
différence  d'aspect  qu'offrent  les  couches  profondes  comparées  aux  couches 
superficielles. 

»  La  substance  spongieuse  forme  les  nombreuses  cellules  qu'on  rencon- 
tre à  l'intérieur  et  à  l'extrémité  des  os. 

»  D'après  les  idées  actuellement  régnantes  en  micrographie,  la  substance 
salino-terreuse,  eu  envahissant  la  substance  amorphe  du  cartilage  ou  du 
blastème  non  cartilagineux  qui  précède  la  formation  de  l'os,  se  dépose 
par  couches  concentriques  plus  ou  moins  régulières  autour  des  éléments 
dont  sont  composés  ces  tissus. 

»  De  là  les  canaux  de  Havers  qui  renferment  les  vaisseaux  sanguins,  de 
là  les  cavités  osseuses  dans  lesquelles  se  trouvent  les  cellules  du  cartilage. 
Toutefois  ces  cellules  se  sont  déformées  pour  devenir  cellules  osseuses;  elles 
ont  émis  dans  toutes  les  directions  des  prolongements  qui  les  font  commu- 
niquer toutes  entre  elles,  et  quelques-unes  avec  l'intérieur  des  canalicules 
vasculaires. 

»  Cette  disposition  permet  aux  phénomènes  de  la  nutrition  de  s'accom- 
plir dans  l'intérieur  de  la  substance  osseuse,  à  une  grande  distance  des  vais- 
seaux sanguins. 

»  Il  entre  en  outre,  dans  la  composition  des  os,  des  membranes,  des 
vaisseaux,  des  nerfs,  etc.  Cette  richesse  anatomique  constitue  un  ensemble 
favorable  à  leur  réunion  ;  on  en  reste  bientôt  convaincu  lorsqu'on  consi- 
dère en  particulier  les  divers  tissus  qui  entrent  dans  leur  structure. 

»  Une  membrane  admise  par  les  uns,  repoussée  par  les  autres,  véritable 
réseavi  formé  par  des  vaisseaux  et  des  nerfs,  offre  une  vitalité  et  une  sensi- 
bilité non  douteuse.  Elle  est  regardée  par  M.  Flourens  comme  un  organe 
exclusif  de  résorption,  tandis  que  d'autres  auteurs  pensent  qu'elle  préside. 


(367  ) 
pour  une  très-grande  part,  à  la  nutrition  de  l'os.  Sans  nier  qu'elle  puisse 
servir  à  la  nutrition  des  couches  internes  de  l'os,  je  pense  que  ses  usages 
sont  principalement  relatifs  à  la  formation  de  la  moelle. 

»  Les  vaisseaux  artériels  pénètrent  par  le  trou  nourricier,  par  les  nom- 
breuses ouvertures  dont  sont  percées  les  extrémités  des  os  longs,  et  par  le 
périoste. 

•>  Les  veines  sont  constituées  par  la  membrane  interne  seulement.  Elles 
sont  criblées  d'ouvertures  jjar  lesquelles  le  sang  y  arrive. 

»  Les  nerfs  suivent  le  même  trajet  que  les  artères.  M.  le  professeur  l)u- 
méril  les  a  disséqués  avec  soin,  et  depuis  lui  des  anatomistes  français  et 
allemands  les  ont,  par  de  rigoureuses  dissections,  suivis  jusque  dans  leurs 
terminaisons  les  pins  déliées. 

»  La  surface  externe  des  os  est  enveloppée  par  une  membrane  cellulo- 
fibreuse  appelée  perios/e.  Cette  membrane  adhère  à  l'os  par  des  prolonge- 
ments fibreux. 

»   On  a  fait  jouer  an  périoste  un  grand  rôle  relativement  au  développe- 
ment et  à  la  régénération  des  os.  Des  expériences  intéressantes  ont  été  ten- 
tées pour  découvrir  ses  propriétés. 
»  Le  périoste  est-il  sensible  ? 

»  Haller,  sur  différents  animaux,  l'a  coupé,  briilé,  déchiré,  sans  qu'ils 
manifestassent  la  moindre  douleur.  Sur  l'homme  il  n'a  découvert  aucune 
sensibilité  de  cette  membrane,  et  cependant,  sur  le  péricràne,  il  croit  avoir 
fait  souffrir  les  animaux  par  la  cautérisation  et  l'incision. 

»  Il  a  répété  souvent  les  mêmes  expériences,  et  il  est  demeuré  convaincu 
"  qu'il  n'est  pas  si  aisé  de  décider  si  cette  membrane  a  du  sentiment.  » 
(P.  i38.) 

»  J'ai  cru  qu'il  convenait  de  rapporter  ici  quelques  expériences  de 
Haller. 

»  Expérience  35,  sur  un  chien,  le  aS  novembre  1760  :  «  Je  m'en  suis 
»  servi  pour  les  expériences  de  la  dnre-mère.  Je  lui  ai  touché  le  péricràne 
»  avec  de  l'huile  de  vitriol,  et  il  y  a  paru  sensible.  » 

»  Expérience  ?>&,  sur  un  chien,  le  3o  novembre  :  «  J'ai  découvert  le  pé- 
«  ricrâne,  je  l'ai  touché  avec  de  l'huile  de  vitriol,je  l'ai  irrité  avec  le  scalpel, 
»   et  l'animal  n'a  pas  paru  sentir  la  moindre  chose.    » 

»  Expérience  "i-j,  sur  un  chat,  le  i"  décembre  :  «Il  m'a  paru,  en  irritant 
»   le  péricràne  mis  à  nu,  qu'il  avait.du  sentiment.  » 

»  Expérience  38,  sur  un  autre  chat,  le  même  jour  :  «  Cet  animal  était 
»  fort   vif  et  fort  impatient  ;  je  lui  découvris  la  partie  inférieure  du  bord 

49- 


(  3G8  ) 
)i   du  tarse  et  le  périoste  avec  les  ligaments  qui  couvrent  les  os.  Je   les 
"   brftiai  avec  de  l'huile  de  vitriol.   L'animai  n'y  parut  pas  sensible  et  ne 
I)   cria  point.    » 

»  Il  paraît  donc  prouvé  que  le  périoste  est  insensible,  et  ce  n'est  qu'ex- 
ceptionnellement qu'on  y  découvre  de  la  sensibilité  dans  les  régions  où  les 
nerfs  pénètrent  dans  les  os. 

»  A  des  époques  différentes,  on  s'est  beaucoup  occupé  du  développement 
des  os  et  du  mode  suivant  lequel  ils  se  régénèrent.  Dans  ces  derniers  temps, 
M.  Flourens,  pour  éclairer  cette  question,  a  étudié  l'action  de  la  garance 
sur  les  os  et  a  repris  les  expériences  de  Belcbier  et  de  Duhamel. 

»  Il  a  vu  que  l'accroissement  de  l'os  se  faisait  par  couches  colorées  ou 
non  colorées,  selon  qu'on  employait  ou  qu'on  suspendait  l'usat^e  de  la  ga- 
rance. Mais  il  a  noté  qu'à  mesure  que  les  parois  des  os  s'accroissaient  par 
la  superposition  des  couches  externes,  le  canal  médullaire  s'accroissait  aussi 
par  la  résorption  des  couches  internes. 

»  Les  résultats  du  travail  de  M.  Flourens  siu-  cette  question  se  réduisent 
aux  propositions  suivantes  : 

»    i"  Les  os  croissent  en  grosseur  par  couches  externes  et  superposées. 

»   2°  Ils  croissent  en  longueur  par  couches  terminales  et  juxtaposées. 

»  3"  A  mesure  que  des  couches  nouvelles  sont  déposées  à  la  face  externe 
de  l'os,  des  couches  anciennes  sont  résorbées  à  sa  face  interne. 

»  4°  L'ossification  consiste  dans  la  transformation  régulière  et  successive 
du  périoste  en  cartilage  et  du  cartilage  en  os. 

M  MM.  Serres  et  Doyère  ont  établi  que  la  coloration  des  os  par  la  ga- 
rance n'étaitqu'un  phénomène  deteinture  ;  quesans  être  extérieure  au  tissu 
de  l'os,  la  coloration  ne  pénétrait  cependant  qu'à  une  profondeur  très-peu 
considérable;  que  la  marche  de  la  coloration  est  subordonnée  à  la  marche 
générale  du  sang  dans  les  capillaires;  que  le  système  capillaire  des  os  a  une 
double  origine  artérielle,  et  que  c'est  à  cette  double  origine  qu'est  due  la 
dualité  du  système  général  de  coloration.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

(CHIRURGIE.  —  Calhélérisme  obluraleur  de  Curèlre;  ses  imiications,  son  ulililé 
et  sa  supériorité  sur  le  calhélérisme  vésical  dérivatif;  par  M.  Revbakd,  de 
Lyon. 

«  Je  donne,  dit  M.  Reybard,  le  nom  de  catliétérisme  obluraleur  de  l'urètre 
à  une  opération  qui  consiste   à  faire  uriner   les  nialades   en  introduisant 


(  369  ) 
simplement  une  sonde  dans  le  canal,  au  lieu  de  l'introduire  dans  la  vessie. 
On  n'a  pas  cru  jusqu'à  ce  jour  qu'il  fût  possible  de  vider  la  vessie  autre- 
ment qu'en  introduisant  une  sonde  dans  ce  réservoir.  On  peut  néanmoins 
obtenir  ce  résultat,  dans  la  plupart  des  cas,  avec  une  sonde  à  renflement 
olivaire  introduite  simplement  dans  le  canal,  soit  qu'on  la  laisse  à  demeure, 
soit  qu'on  la  retire  après  la  miction.  Cette  espèce  de  calhétérisme  n'est  pas 
seulement  plus  facile,  il  est  encore  moins  douloiu'eux  et  n'a  presque  auciui 
des  inconvénients  et  des  dangers  du  cathétérisme  vésical,  comme  on  le 
verra  parles  détails  que  je  vais  donner  clans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur 
de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie....  » 

Ce  Mémoire,  trop  long  pour  élre  imprimé  en  totalité  dans  le  Compte 
rendu  et  dont  nous  avons  dû  nous  borner  à  reproduire  l'introduction,  est 
renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Serres,  Jobert  de 
Lamballe  et  Civiale. 

M.  Passot  lit  une  NoSe  ayant  pour  titre  :  «  Réponse  à  une  objection 
écrite  par  M.  Bertrand  en  marge  de  la  Note  présentée  par  lui  le  8  mars  1 85iS 
«  sur  la  loi  de  la  variation  de  la  force  centrale  dans  les  mouvements  plané- 
»   taires  déduile  exactement  du  principe  des  aires  ». 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés: 
MM.  Delaunay,  Rertrand.) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

GÉOLOGIE.  —  Ai>pUcalion  du  réseau  penlagonal  à  la  coordinalinn  des  sources 
de  pétrole  et  des  dépôts  bitumineux  ;  par  M.  E.  B.  de  Chancourtois.  (Pre- 
mière partie.) 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Pélouze,  Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  La  communication  de  MM.  Pelouze  et  Cahours  insérée  au  Compte  rendu 
du  1 3  juillet  donnant  lieu  de  soulever  la  question  de  l'origine  des  pétroles 
et  des  bitumes,  je  viens  soumettre  à  l'Académie,  sur  ce  sujet,  des  considéra- 
lions  géologiques  que  j'ai  eu  l'occasion  de  produire  sommairement  dans 
une  de  mes  leçons  de  cet  hiver  à  l'Ecole  des  Mines. 

»  Quoique  les  phénomènes  de  la  vie  végétale  ou  animale  jouent  ou 
puissent  jouer  à  coup  sur  un  rôle  important  dans  la  fixation  et  l'accumula- 
tion des  produits  naturels  hydrocarbures,  il  me  semble  qu'en  ayant  égard 
seulement  à  ces  phénomènes  on  reste  ordinairement  à  une  grande  distance 


(  370  ) 
rie  la  cause  véritablement  originaire  et  souvent  même  tout  à  fait  en  dehors 
de  la  voie  qui  pourrait  y  faire  remonter.  Pour  moi,  les  produits  hydrocar- 
bures sont  en  générai  des  résultats  plus  ou  moins  directs  d'émanations, 
c'est-à-dire  de  phénomènes  éruptifs,  et  j'en  donnerai,  je  crois,  une  preuve 
convaincante  en  faisant  ressortir  des  faits  d'alignement  qui  n'ont  évidemment 
leur  raison  d'être  que  dans  l'existence  des  fissures  de  l'écorce  terrestre. 

»  En  terminant  le  travail  sur  la  distribution  des  gîtes  de  fer  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  présenter  le  7  aoîit  1862,  j'jivais  été  frappé  de  voir  les  gîtes  de 
bitume  de  Seyssel  el  les  gîtes  des  environs  de  Clermont  fournir  un  aligne- 
ment rigoureusement  parallèle  à  la  direction  du  système  des  Pays-Bas.  En 
lisiinl  dans  les  annales  des  Mines  (/j''  livraison  de  1862)  l'intéressant  Rappoi't 
de  M.  Gauldrée-Boileau  sur  l'exploitation  de  l'imile  minérale  dans  l'A- 
mérique du  Nord,  j'ai  été  frappé  également  de  voir  que  les  principaux 
gites  des  États-Unis  étaient  situés  sur  le  prolongement  du  faisceau  de  frac- 
tures qui  donne  passage  au  Saint-Laurent,  et  je  me  suis  bientôt  aperçu 
que  ce  faisceau  prolongé  dans  notre  hémisphère  allait  passer  à  une  localité 
célèbre  par  ses  sources  de  pétrole,  à  la  presqu'île  d'Apcheron  par  laquelle 
la  chaîne  du  Caucase  se  perd  dans  la  Caspienne,  près  de  Bakou.  Telle  est  la 
donnée  initiale  du  présent  travail,  par  lequel,  en  décrivant  les  princi- 
pales lignes  de  grand  cercle  qui  relient  les  gîtes  de  naphie,  de  pétrole 
ou  d'asphalte  des  diverses  parties  du  globe,  je  me  propose  d'esquisser 
l'application  du  réseau  pentagonal  à  la  coordination  et,  par  suite,  à  la 
recherche  des  sources  ou  des  dépôts  de  matières  bitumineuses  en  général. 

M  Une  partie  des  cercles  que  j'ai  été  amené  à  considérer  figurent  parmi 
les  169,  dont  les  données  numériques  ont  été  publiées  en  tableau  par 
M.  Élie  de  Beaumont  (Compte  rendu  du  20  juillet).  D'autres,  du  même 
ordre  que  plusieurs  auxiliaiies  mentionnés  dans  ce  tableau,  pourront, 
j'espère,  contribuer  à  son  extension.  Leur  choix  ou  leur  détermination  ré- 
sulte d'opérations  graphiques  que  j'ai  exécutées  sur  le  globe  où  M.  Laugel 
a  tracé  le  réseau  pentagonal,  en  me  servant  de  fils  tendus  et  m'aidant  des 
limbes  d'une  monture  ordinaire  dont  le  double  jeu  permet  toujours  de 
profiler  un  grand  cercle  quelconque.  C'est  la  première  phase  d'une  étude 
de  ce  genre. 

»  Les  cercles  une  fois  distingués  ou  déterminés,  le  calcul  très-simple  des 
points  où  ils  coupent  les  méridiens  des  gîtes  fait  connaître  leur  mode  d'ajus- 
tage avec  la  dernière  précision,  et  donne  le  moyen  de  descendre  aux  études 
de  détail  qui  intéressent  la  pratique.  Mais  je  n'ai  point  poussé  mon  travail 
jusque-là  :  je  j)rétends  donc  seulement,  dans  les  coïncidences  que  j'em- 


(  ^71  ) 
ploie,  au  degré  d'exactitude  que  comportent  les  procédés  sus-nientionnés. 

»  Dans  la  description  des  cercles,  j'indiquerai  non-seulement  les  gites 
bitumineux  qui  les  jalonnent,  mais  aussi  les  traits  principaux,  hydrogra- 
phiques, orographiqnes  et  géologiques  avec  lesquels  ils  sont  en  rapport.  Un 
verra  ultérieurement  que  les  accords  signalés  intéressent  tous  la  question 
que  je  traite,  envisagée  de  son  point  de  vue  le  plus  général. 

•>  Le  premier  cercle  auquel  je  m'arrêterai  dans  la  direction  d'ensemble 
indiquée  ci-dessus  va  du  point  H  voisin  de  Tchuanlepec  au  point  H  de  la 
mer  des  Indes,  en  passant  par  le  point  b  voisin  de  Derbend.  11  sort  de 
l'isthme  de  Tehuantepec  par  le  volcan  de  Tuxtla,  pénètre  dans  la  Floride 
par  la  baie  de  Pensacola,  coupe  la  Kanawa  en  Virginie,  près  de  Salzwerk, 
longe  les  premières  rides  des  Alleghanys  dans  la  région  carbonifère  de 
Pittsburg,  s'appuie  sur  un  coude  du  Saint-Laurent,  au  nord-est  de  Potsdam, 
rase  ensuite  le  cap  Farewel,  passe  aux  Feroé,  traverse  la  péninsule  Scandi- 
nave par  Christiania  et  le  bord  du  lac  Wenern,  rase  l'île  de  Gothland, 
pénètre  en  Russie  parallèlement  au  cours  moyen  de  la  Duna,  passe  au  con- 
fluent du  Donetz  et  du  Don,  au  lac  Bolschoï,  séparation  des  eaux  des  Manytch. 
et  rejoint  Bakou  en  limitant  la  dépression  infra-océanique  de  la  Caspienne.  11 
traverse  ensuite  le  désert  salé  de  la  Perse,  dont  il  sort  par  la  province  de  Rir- 
man,  renommée  par  ses  sources  bitumineuses,  passe  au  milieu  des  Mal- 
dives, puis  revenant  vers  Tehuantepec  est  jalonné  par  l'île  de  Gallego. 

»  Ce  cercle  hexatétraédrique  Wba  ahW,  que  j'appellerai  provisoirement 
du  Saint-La urenl  et  de  la  Duna,  est  à  peu  près  l'axe  du  faisceau  bitumineux. 

»  Un  autre  cercle  très-voisin,  passant  aux  mêmes  points  H,  est  excessive- 
ment remarquable.  Voici  les  principaux  points  et  traits  de  son  parcours  : 
les  bouches  mêmes  du  Mississipi,  que  l'on  sait  marquées  par  des  salzes;  le 
cours  moyen  de  l'Alabama  et  celui  du  Tennessee  dans  les  dernières  rides 
méridionales  des  Alleghanys;  les  régions  de  l'Ohio  (entre  Pomeroy  et 
Wheeling)  et  de  l'Alleghany  où  se  trouvent  le  principales  sources  d'huile, 
entre  autres  celles  de  Mecca  et  d'Oilcreek  ;  la  direction  de  la  rivière  Geuessee, 
Ottawa,  le  district  de  Julianehaab,  où  se  trouvent  des  sources  thermales,  au 
Groenland;  en  Islande,  les  fumerolles  de  Reykholar  et  la  soufrière  du  IvraOa 
dont  les  épanchements  bitumineux  ont  parfois  couvert  de  nappes  en- 
flammées le  lac  Myvatn;  Trondhyem;  le  Volga  à  sa'  source  et  à  son 
embouchure;  rive  de  la  Caspienne  au  nord  du  Raraboghaz;  le  lac  salé  du 
Seistan  ;  les  Maldives.  Je  l'appellerai  cercle  de  l'Alabama,  de  i À llecjlianj  et 
du  Voign. 

»  Le  dodécaédrique  rhomboïdal  n"  i,  très-voisin  du  cercle  précédent, 


(    ^72    ) 

lui  est  déjà  sensiblement  parallèle  en  Islande  oii  j'ai  facilement  reconnu  sa 
direction  dans  huit  lignes  jalonnées  par  des  fumerolles  et  des  volcans,  ou 
appuyées  sur  des  contours  topographiqnes  (0. 

»  Enfin  les  sources  d'huile  d'Enniskillen  et  autres  localités  voisines  du 
lac  Saint-Clair,  au  Canada,  dépendent  peut-être  d'un  dernier  cercle,  part:^nt 
du  même  point  H,  passant  à  la  Nouvelle-Orléans,  aux  grands  fjords  de 
Goothaab  au  Groenland,  aux  bords  nord-est  du  lac  Ladoga  et  de  la  Cas- 
pienne, et  sortant  de  l'Asie  par  les  bouches  de  l'Indus.  Mais  les  directions 
croisantes  que  je  signalerai  plus  loin  sont  sans  doute  plus  importantes 
dans  la  région  bitumineuse  du  Canada. 

»  Si  l'on  s'éloigne  du  premier  cercle  en  sens  inverse,  on  en  aperçoit  de 
suite  un  cinquième  déterminé  par  le  point  T,  voisin  d'Odessa  :  c'est  un 
hexalétraédrique  HèTT/;H.  Voici  les  points  et  les  traits  de  son  parcours  : 
iiots  du  golfe  du  Mexique,  bouches  de  lAppalachicola  en  Floride;  New- 
York;  traits  de  la  baie  du  Saint-Laurent;  gîtes  bitumineux  d'Elgin  en 
Ecosse;  Copenhague;  presqu'île  de  Taman,  à  l'embouchure  de  la  mer 
d'Âzof,  où  M.  de  Verneuil  a  signalé  des  sources  de  pétrole;  côte  de  la 
mer  Noire;  Ararat;   pointe  du  détroit  d'Ormuz  et  côte  de  Mascate. 

))  Une  parallèle  à  ce  cercle,  menée  par  le  gîte  de  pétrole  de  Ham-Hormuz, 
dans  le  Chusistan,  marque  les  principaux  sillons  de  la  chaîne  du  Kurdistan, 
entre  l'Arabie  et  la  Perse,  où  elle  passe  sensiblement  par  Chuzder,  Rirmand- 
jah,  Suléimaniêh  et  Djulamerik.  C'est  une  ligne  jjarliculièrement  remar- 
quable par  sa  coïncidence  avec  les  centres  de  population  ;  car,  indépen- 
damment des  quatre  capitales  du  Kurdistan  oriental,  elle  rencontre  sensi- 
blement, dans  son  prolongement  vers  le  Tchatirdagh  de  Crimée,  les  villes 
de  Van,  d'Erzeroum,  de  Trébizonde  et  de  Simferopol. 

)>  L'un  des  hexatétraédriques,  bissecteurs  des  angles  de  36  degrés,  le 
n°  l'i  du  tableau  qui  joint  les  mêmes  points  H  au  point  D  de  l'Europe,  sem- 
ble limiter  le  faisceau  en  question.  Voici  son  itinéraire  :  traits  de  l'isthme  de 
ïehuantepec;  cap  Hatteras;  ligne  principale  de  Terre-Neuve;  Dublin;  le 
Snowdon  ;  les  bouches  du  Rhin  ;  coudes  du  Danube  à  Pesth  et  à  la  Do- 
brudscha,  Amasserah,  extrémité  du  bassin  houiller  d'Asie  Mineure;  Bag- 
dad, Bassorah  et  direction  de  l'Euphrate  dans  le  voisinage;  les  Maldives; 
enfin   les  îles  Juges,  au  sud   de  la  Nouvelle-Zélande. 

»   Enfin,  il  faut  noter  que  l'oclaédrique  du  Sinaï  et  des  Pyrénées  passe 


(i)  Notes  avec  caile  du  voyage  de  5.  A    I.  ii'  |)rinco  Napoléon  dans  les  nuis  du  Nord 


(  373  ) 
aux  mêmes  points  H  d'étoilement,  ainsi  que  le  dodécaédrique  régulier  du 
lac  Supérieur  et  du  Spitzberg.  Ces  deux  cercles,  qui  s'écartent  également 
du  premier  que  j'ai  considéré,  limitent  un  fuseau  du  globe,  aussi  remarquable, 
on  le  voit,  par  ses  alignements,  autrement  dit  par  les  fissiu'es  concordantes, 
perpendiculaires  au  primitif  de  la  Nouvelle-Zemble  ou  du  système  du  Rhin, 
que  parles  bassins  de  combustibles  fossiles  stratifiés  qui  y  sont  exploités, 
soit  dans  l'ancien,  soit  dans  le  nouveau  monde. 

»  Un  croiseur  bien  remarquable  est  le  cercle  qui  va  du  point  H,  au  sud 
des  îles  Aleutiennes,  au  point  a  de  l'île  de  Cuba  :  c'est  un  homologue 
Hbaab^i  du  cercle  du  Saint-Laurent  et  de  la  Duna,  et  il  lui  est  presque 
perpendiculaire  aux  bouches  mêmes  du  Mississipi,  dont  il  règle  le  cours  au- 
dessous  de  la  Nouvelle-Orléans.  Voici  les  points  et  traits  de  son  parcours  : 
gîtes  bitumineux  de  Holguin,  à  l'île  de  Cuba;  baie  de  Cariaco,  en  Vene- 
zuela, où  M.  de  Humboldt  a  signalé  une  source  de  napbte  sortant  du 
mkascliisle ;  épanouissement  duMaranon  ou  Amazones;  fondduPara;  Bahia; 
îleTrinidad;  îles  Saint-Paul  et  Amsterdam;  extrémité  est  de  l'île  de  Sum- 
bava,  c'est-à-dire  point  très-voisin  du  Tumboro;  milieu  de  l'archipel  des 
Mariannes;  enfin,  région  des  lacs  salés  et  bitumineux  des  territoires  de 
Nevada  et  d'Utah  dans  l'Amérique.  Je  l'appellerai  cercle  des  bouches  du 
Mississipi.  La  baie  de  Cariaco  étant  d'ailleurs  voisine  du  fameux  lac  de  bi- 
tume de  la  Trinité  des  Antilles,  on  pourrait  l'appeler  cercle  des  Trinités  el 
du  Tumboro. 

1)  Je  préfère  la  première  dénomination,  parce  qu'elle  me  donne  lieu  d'in- 
sister, en  terminant  cette  première  partie  de  nson  travail,  sur  lui  fait  gé- 
néral qui  sera  l'un  des  arguments  de  ses  conclusions,  je  veux  parler  de  la 
concordance  des  cercles  d'émanations  bitumineuses  avec  les  cours  des 
grands  fleuves  près  de  leurs  embouchiu'es.    » 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  le  rôle  de  l'épidémie  en  présence  de  l'eau,  du  chloroforme 
et  de  l'élher ;  par  M.  L.  Parisot. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :   MM.   Rayer,   Bernard,    Longet.) 

'<  A  priori,  la  constitution  anatomique  de  la  peau  devait  refuser  la  pro- 
priété absorbante  qu'on  attribue  à  sa  couche  superficielle.  L'enduit  sébacé 
dont  est  imprégné  l'épiderme  forme  un  vernis  protecteur  qui  s'oppose  à  la 
pénétration  des  liquides.  La  paume  des  mains  et  la  plante  des  pieds,  qui, 
comme  l'a  démontré  M.  Sappey,  sont  dépourvues  de  l'appareil  sébacé,  sont 

C.  II.,  i8f:3,  n"^'  Hempsue.  (T.  LVU,  N»  7.)  JO 


(374) 
les  seules  parties  du  tégument  qui  doivent  se  laisser  imbiber.  Tout  le  monde 
sait  que  leur  immersion  prolongée  clans  l'eau  froide  ou  tiède  amène  effec- 
tivement des  modifications  sensibles  dans  l'épiderme  de  ces  régions.  Nous 
avons  cherché  à  vérifier  expérimentalement  ces  données  de  l'anatomie;  et 
comme  il  s'agissait  de  montrer  uniquement  le  phénomènephysique  de  l'imbi- 
bition,  je  fis  choix  pour  ces  expériences  de  cadavres  de  jeunes  enfants,  dont 
l'épiderme,  en  raison  de  sa  minceur,  doit  se  laisser  facilement  imprégner. 
Ici,  j'eus  recours  à  la  balance.  Ses  indications  devaient  être  précises,  elles  ne 
pouvaient  être  contredites  ni  masquées  par  les  phénomènes  d'inhalation. 
»  1°  Petit  garçon  de  douze  jours  de  naissance.  On  le  lave  à  l'eau  chaude 
et  on  l'essuie  parfaitement  :  l'ombilic,  l'anus  et  le  méat  urinaire  sont  enduits 
de  térébenthine  de  Venise. 

»   Poids  avant  le  bain,  3o5o  grammes. 

))  H  est  plongé  dans  l'ange  de  la  fontaine  de  mon  laboratoire  dont 
l'eau  se  renouvelle  constamment  et  dont  la  température  moyenne  est  de 
lo  degrés  centigrades.  On  le  dispose  de  manière  que  la  tète  soit  hors  de 
l'ean  :  on  le  maintient  dans  celte  attitude  vingt-quatre  heures.  Au  sortir 
du  bain,  on  l'essuie  minutieusement  :  il  pèse  2o55  grammes. 

»  Le  même  jour,  on  dispose  avec  les  mêmes  précautions,  et  on  main- 
tient pendant  le  même  temps,  dans  le  même  bain,  un  petit  garçon  de  dix- 
sept  jours  de  naissance;  ici,  l'épiderme  de  tout  le  cou  est  enlevé,  aucune 
partie  n'est  enduite  de  térébenthine. 

1)   Poids  du  sujet  avant  le  bain,  2172  grammes. 
»   Poids  du  sujet  après  le  bain,  2182  grammes. 

»  Après  vingt-quatre  heures  de  séjour  dans  l'eau  froide,  ils  ont  gagné 
l'un  5  grammes,  l'autre  10  grammes,  ce  dernier  présentant  une  surface 
dénudée  ;  chez  tous  deux  l'épiderme  de  la  paume  des  mains  et  de  la  plante 
des  pieds  était  blanc  et  ridé.  Je  les  laisse  exposés  dans  mon  laboratoire  pen- 
dant vingt-quatre  heures;  au  l)Out  de  ce  temps,  je  les  pèse  de  nouveau  : 
ils  étaient  revenus  chacun  au  poids  initial,  ils  avaient  perdu  par  l'évapora- 
tion  le  liquide  qu'ils  avaient  gagné  par  l'imbibition. 
»  Poids  du  premier  sujet,  2o5o  gran)nies. 
>)   Poids  du  deuxième  sujet,  2170  grammes. 

0  Ce  dernier,  dont  l'épiderme  du  cou  était  dénudé,  avait  perdu 
2  grammes  de  son  poids  initial.  Soupçonnant  que  l'eau  ne  pouvait  s'intro- 
duire que  par  la  paume  des  mains  et  la  plante  îles  pieds,  j'enduis  ces  par- 
ties de  térébenthine. 

»   Poids  du  premier  sujet  avant  le  bain,  2o54  grammes. 


(  3-75  ) 

»   Poids  du  deuxième  sujet  (non  enduit  de  térébenthine),  2180  grammes. 

»  Tous  deux  restent  dans  le  bain  pendant  trois  heures;  au  bout  de  ce 
temps,  on  les  retire  :  le  poids  n'a  pas  ^arié  chez  le  premier  sujet,  il  a  aug- 
menté de  10  grammes  chez  le  second  dont  le  derme  dénudé  n'avait  pas  été 
recouvert  de  térébenthine.  J'ai  répété  ces  expériences  sur  dix  autres  sujets 
à  peu  près  du  même  âge,  et  je  suis  arrivé  toujours  aux  mêmes  résultats, 
quelle  que  soit  la  températiu'e  du  bain. 

»  Par  là  il  est  évident  que  Pépiderme  de  la  paume  des  mains  et  de  la 
plante  des  pieds  est  le  seul  point  du  tégument  qui  se  laisse  imbiber;  c'est  la 
seule  voie  d'introduction  pour  les  liquides  du  dehors.  Ces  régions  doivent 
cette  propriété  à  l'absence  de  matière  sébacée;  car  si  on  les  couvre  d'un 
vernis  imperméable  à  l'eau,  le  phénomène  d'imbibilion  est  suspendu. 

>>  Le  chloroforme,  l'alcool,  l'éther  dissolvent  phis  ou  moins  complète- 
ment la  matière  sébacée,  comme  l'a  établi  M.  Hébert,  et  peuvent  ainsi  faire 
pénétrer  jusqu'au  derme  les  substances  qu'ils  tiendraient  en  dissolution. 
Les  expériences  dont  je  vais  présenter  un  résumé  sommaire  établissent  co:n- 
bien  le  choix  d'un  menstrue  influe  sur  l'action  d'un  médicament  dans  l'or- 
ganisme : 

»  Solution  d'atropine  dans  du  chloroforme  (oS'',o5  d'atropine  pour 
ao  grammes  de  chloroforme);  j'en  ai  imbibé  une  feuille  de  coton  que  j'ai 
appliquée  sur  le  front;  la  dilatation  de  la  pupille  s'est  manifestée  après  trois 
minutes,  au  bout  de  cinq  minutes  elle  était  complète;  la  dilatation  était  à 
peu  près  égale  des  deux  côtés;  trouble  dans  la  vision;  l'appareil  reste 
appliqué  un  quart  d'heure,  la  peau  est  rouge»  chaude  et  brûlante.  Une 
heure  après,  ces  signes  d'inflammation  ont  disparu. 

»  En  remplaçant  le  chloroforme  par  une  égaie  quantité  d'esprit-de-vin, 
on  observe  luie  différence  très-grande  dans  la  rapidité  de  l'absoiption,  car 
au  lieu  de  produire  la  dilatation  au  bout  de  trois  minutes,  il  n'y  avait  encore 
aucun  effet  au  bout  de  vingt  minutes;  elle  commençait  seulement  après 
trente  minutes;  aussi  la  rougeur  et  la  chaleur  de  la  peau  existaient  à 
peine. 

»  L'atropine  fut  dissoute  dans  de  l'eau  tres-faiblement  acidulée  par  l'acide 
acétique;  je  n'observai  aucune  dilatation  de  la  jiupille. 

•'  Il  me  semble  que  ces  faits  sont  de  nature  à  modifier  nos  idées  actuelles 
sur  l'absorption  et  sur  le  choix  des  substances  employées  à  l'extérieur,  soit 
en  topiques  simples,  soit  en  frictions.  » 

5o  . 


(376) 

ZOOLOGIE.  —  Corcus  olgéiiens  supposés  propres  àjournir  une  matière  linctoiuilc. 
Lettre  adressée  à  l'occasion  d'une  comuiunicatioii  récente  de  M.  Le  Mulier, 
par  W .  CoiXDK. 

«    L'Académie  me  permettra  de  lui  rappeler,  à  l'occasion  de  cette 

communication,  mes  cinq  ou  six  communications  sur  les  Pucerons  et  les 
Gallinsectes  d'Algérie,  et  d'ajouter  que  je  les  ai  accompagnées  d'exem- 
plaires desséchés  adressés  directement  à  M.  !e  professeur  Blanchard,  chargé 
d'examiner  ces  Notes.  Parmi  les  Gallinsectes  que  je  signalais,  et  qui,  i)our 
la  plupart,  ont  été  recueillis  dans  la  pépinière  du  Gouvernement  à  Boue,  il 
s'en  trouvait  plusieurs  possédant  au  plus  haut  degré  les  propriétés  tincto- 
riales de  la  cochenille,  une  très-belle  espèce,  entre  autres,  que  je  trouvai 
sur  une  grosse  courge,  et  dont  ime  variété  est  également  parasite  du 
Nerium  Oleander.  Dans  la  Note  qui  en  faisait  mention,  je  m'attachais  à  lairr 
ressortir  la  propriété  colorante  de  cette  espèce.  » 

(Renvoi  aux  Commissaires  nommés  pour  la  Note  de  M.  Le  Mulier  : 
MM.  Chevreul  et  Blanchard.) 

51.  EvRAn»  adresse  une  Note  concernant  l'exploitation  industrielle  des 
vinasses  de  mélasse  de  betteraves. 

La  présence  du  nitrate  de  potasse  dans  ces  mélasses  avait  été  depuis  long- 
temps signalée  ;  mais  on  ne  supposait  pas  que  l'extraction  en  pût  être 
rémunératrice,  M.  Evrard  l'obtient  par  un  procédé  très-simple,  qui  consiste 
à  recueillir  et  à  faire  égoutter  par  la  turbine  un  abondant  dépôt  cristallin 
qui  se  forme  dans  les  vinasses  concentrées,  et  à  épurer  ce  dépôt  par  des 
cristallisations.  «  Les  eaux  mères,  après  la  cristallisation  du  nitrate  de  po- 
tasse accompagné  de  chlorure,  constituent,  dit  M.  Evrard,  un  liquide 
visqueux  qui  contient  encore  plus  de  potasse  que  celle  représentée  par  le 
nitrate  extrait.  La  calcination  doit  donc  être  opérée  pour  détruire  la  matière 
organique  et  isoler  la  potasse  à  l'état  de  carbonate.  Les  produits  pyrogénés 
de  cette  calcination,  en  raison  de  leur  richesse  en  matière  azotée,  m'ont 
donné  l'idée  d'une  deuxième  industrie  qui  utiliserait  la  vinasse  de  bette- 
rave, et  m'y  ont  fait  voir  la  matière  prédestinée  des  cyanures.  »  L'auteur 
termine  en  indiquant  brièvement  le  procédé  auquel  il  a  songé,  et  dans 
lequel  il  a  cherché  à  mettre  à  profit  ce  qu'il  a  appris  dans  l'enseignement 
de  M.  Pelouze  sur  la  fabrication  des  cyanures. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Pelouze.) 


(377) 

M.  KosMANN'  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  intitulé  ; 
«  Nouvelles  recherches  surl'aloès  ». 

(Commissaiies,  MM.  Chevreul,  Balard,  Bussy.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  MoRix  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  uu  petit  instrument  de  l'in- 
vention de  M.  Herni.  de  Schlagintiveit.  Cet  instrument,  qu'on  peut  appeler 
roulette  métrique,  dont  la  circonférence,  en  rapport  exact,  soit  avec  le  mètre, 
soit  avec  toute  autre  mesure,  permet  de  déterminer  sur  des  plans,  sur  des 
cartes,  sur  des  figures  quelconques,  le  développement  des  lignes  droites 
ou  courbes. 

«  On  comprend  facilement  que  ce  petit  instrument,  trés-portatif,  peut 
être  utile  pour  toutes  les  opérations  qui  ont  pour  objet  la  mesure  des  lignes, 
et  que,  dans  beaucoup  de  cas,  il  peut  donner  des  résultats  d'une  précision 
suffisante.   » 

M.  DiTMAS,  faisant  fonction  de  Secrétaire  perpétuel,  présente  au  nom  du 
même  saviint  un  opuscule  sur  les  températures  moyennes  et  les  lignes  iso- 
thermes dans  l'Inde,  pour  l'année  et  les  saisons.  [Voir  au  Bulletin  biblio- 
yraphique.) 

^1.  1}i;mas  signale  encore  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  correspon- 
dance : 

1°  Un  Mémoire  de  M.  Eucj.  Flachat,  intitulé  :  «  Questions  de  tracé  et 
d'exploitation  :  comparaison  entre  un  profil  à  inclinaison  de  i5  millimètres 
et  un  profil  à  inclinaison  de  aS  millimètres  ;  —  emploi  des  rails  en  acier 
sur  les  rampes  de  aS  millimètres...  » 

2°  Un  Mémoire  de  M.  J.-J.-^N.  Perier  sur  l'ethnogénie  égyptienne. 

3"  Un  Mémoire  de  M.  Eucj,  Fournier  sur  la  fécondation  des  Phanéro» 
games. 

M.  Dumas  signale  de  même  parmi  les  ouvrages  en  langue  étrangère  lui 
Mémoire  de  Af.  de  Simone  et  en  donne  de  vive  voix  une  idée.  C'est  un  opuscule 
publié  sous  forme  de  Lettre,  adressée  à  M.  Cristin,  directeur  de  l'Ecole 
vétérinaire  de  Naples,  sur  une  maladie  qui  en  Sicile  fait  périr  beaucoup  de 
jeunes  mulets.  {Voir  au  Bulletin  bibliographique.) 

L'auteur  se  trouvant  en  18/(7  à  Mistretta,   province  de  Messine,  y  en- 


(  378  ) 
tendit  parler  pourla  première  fois  de  cette  maladie  qui  d'ailieurs  n'élail  pas 
nouvelle  dans  le  pays,  car  depuis  plusieurs  années  elle  était  un  sujet  d'inquié- 
tudes poin-  tous  les  agriculteurs  s'occupant  de  la  production  des  mulets, 
lis  la  désignaient  sous  le  nom  d' altossaliwa  (en  italien,  attossicamenlo,  intoxi- 
cation), et  voici  ce  qu'ils  en  disaient  :  Les  jeunes  mulets  provenant  de  la 
première  ou  delà  seconde  portée  des  juments,  après  être  nés  sains  en  appa- 
rence, n'ont  pas  plutôt  teté  leur  mère  durant  quelques  jours,  qu'ils  deviennent 
malades  et  meurent.  Cela  se  reproduit  même  assez  souvent  après  les  deux 
premières  portées  et  tant  qu'on  donne  à  la  jument  un  âne  pour  étalon, 
(^n  avait  essayé  différents  moyens  pour  obvier  à  ce  mal  :  ainsi,  lorsqu'on 
faisait  saillir  la  jument  attossala,  non  plus  par  un  âne,  mais  par  un  cheval, 
le  poulain  vivait  d'ordinaire;  on  avait  encore  paru  obtenir  de  bons  résultais 
en  faisant  teter  la  mère  supposée  allossala  par  un  mulet  né  d'une  autre  mère. 

M.  de  Simone  apprit  de  plusieurs  propriétaires  de  haras  que  ce  mal 
était  considéré  comme  héi-éditaire.  Ses  observations,  interrompues  par  les 
événements  politiques  de  1848,  ne  lui  permirent  pas  de  porter  un  jugement 
sur  ce  point,  mais  voici  ce  qu'elles  lui  apprirent  sur  d'autres  : 

Quatre  viiois  environ  après  la  monte,  les  juments  engraissent  notable- 
ment, et  cet  engraissement  est  déjà  un  phénomène  morbide.  De  quatre  mois 
et  demi  à  cinq  mois,  les  mamelles  sont  énormément  distendues  par  un  lait 
aqueux  couleur  de  sérum  qui  coule  des  mamelons.  Cela  diminue  graduel- 
lement, puis  reparait  peu  de  temps  avant  la  mise-bas  ;  cela  ne  se  voit  d'ail- 
leurs que  dans  le  cas  où  le  produit  doit  être  un  mulet,  car  quand  la  mère  a 
été  couverte  par  un  cheval  cela  n'arrive  jamais  (i). 

Une  Lettre  de  M.  de  Simone  sur  ce  sujet  avait  paru  en  1861  dans  le 
Journal  des  races  d'animaux  domestiques  qui  se  publie  à  Naples,  et  fut 
reproduite  dans  le  Journal  de  l'École  vétérinaire  supérieure  de  Turin.  Un 
peu  avant  cette  publication,  deux  autres  Mémoires  avaient  paru  sur  le 
même  sujet,  traitant  des  causes  présumées  de  la  maladie  et  des  moyens 
d'y  reméciier.  L'auteur  en  donne  l'analyse  dans  sa  nouvelle  brochure,  les 
discute  et  résume  dans  les  propositions  suivantes  les  résultats  tant  de  ses 
propres  observations  que  de  celles  d'autres  personnes  compétentes  : 

«  1"  Il  n'est  pas  exact  de  dire  que  les  juments  qui  empoisonnent  leur  pro- 
géniture n'éprouvent  elles-mêmes   aucun    mal,    puisque   l'engraissement 


(i)   On  a  (lit  à  IM.  de  Siiiiotn'  qiU'  l'on  a  des  exemples,  rares  il  est  vrai,  tle  qiuliine  cluise 
de  semblable  quand  c'est  une  âuesse  qui  est  couverte  jiar  un  cheval. 


(  379^ 
signalé  plus  haut  et  le  gonflement  des  mamelles  sont  évideuuiient  des  phé- 
nomènes morbides. 

»  2°  I.e  cours  de  la  maladie  peut  être  plus  ou  moins  rapide,  mais  ne  dé- 
passe guère  huit  jours.  Un  des  symptùaies  fréquents  est  l'hématurie, mais  il 
est  si  loin  d'être  constant,  que  dans  douze  cas  observés  par  moi  il  a  manqué 
dix  fois. 

I)  3°  A  l'autopsie  cadavérique,  les  principaux  organes  ne  présentent 
point  d'altération  grave;  communément,  ce  qu'on  observe  chez  ces  jeunes 
mulets,  c'est  une  coloration  en  jaiuie  du  tissu  musculaire,  l'accumulation 
(le  la  bile  dans  le  foie  et,  quand  il  y  a  eu  hématurie,  la  vessie  pleine  d'un 
sang  noir  tibriueux.  Les  muqueuses  gastro-enlériques  paraissaient  générale- 
ment dans  l'état  normal.  Dans  un  cas  cependant  j'y  ai  vu  tme  turgescence 
assez  générale  ;  dans  cpielques  points  l'épithélium  se  détachait,  dans  d'autres 
il  y  avait  comme  une  dégénérescence  graisseuse,  dans  d'autres  enfin  une 
saillie  des  follicules,  mais  sans  exsudation  ;  les  glandes  de  Peyer  étaient 
intactes. 

»  Deux  mulets  enlevés  à  la  mère  et  donnés  à  une  autre  jument  et  en 
partie  alimentés  avec  du  lait  de  vache  n'ont  pas  souffert;  ils  ont  grandi  ré- 
gulièrement et  sont  restés  gais  comme  ils  l'étaient  peu  d'heures  après  leur 
naissance.  Trois  autres,  après  huit  jours  de  ce  régime,  et  deux  autres  après 
vingt  jours,  ont  été  rendus  à  leur  mère  et  ont  teté  son  lait  ;  ils  sont  tous 
morts,  ce  cjui  ne  s'accorde  pas  avec  ce  qui  était  annoncé  dans  le  second  des 
écrits  dont  j'ai  parlé  et  qui  avait  été  publié  par  la  Société  d'Acclimatation. 
Ainsi  il  est  constant  pour  moi  qu'un  éloignemeut  temporaire  ne  suffit  pas, 
mais  que  le  mulet  qu'on  a  retiré  à  sa  mère  ne  lui  doit  être  jamais  rendu.  » 

M.  DuM.4.s  appelle  enfin  l'attention  sur  inie  Note  du  D''  Giov.  Polit,  qui 
fait  partie  du  troisième  volume  des  «  Actes  de  l'Institut  royal  Lombard  des 
Sciences,  Lettres  et  Beaux-x\rts  ».  Cette  Note  a  pour  titre  :  ■  De  l'emploi  des 
sulfites  et  lijposiilfttes  pour  prévenir  lu  maladie  dominante  des  vers  à  soie  ».  Les 
succès  obtenus  en  Italie  à  l'aide  de  ce  moyeu  prophylactique  détermineront 
probablement  à  l'essayer  en  France,  et  comme  il  pounail  l'être,  cette  année 
même,  pour  les  éducations  tardives,  il  a  paru  utile  de  lui  donner  quelque 
publicité,  en  reproduisant  au  Compte  rendu  cette  Note,  qui  a  été  lue  à 
l'Institut  Lombard  dans  la  séance  du  22  janvier  i8G3. 

«  Une  longue  série  d'expériences,  dit  le  D''  PoUi,  m'ayant  fait  recon- 
naître dans  les  hyposulfiles  la  propriété  de  paralyser  les  ferments  morbi- 


(  38o  ) 

fiques  et  d'être  en  même  temps  très-bien  tolérés  par  l'organisme,  je  pro- 
posai à  notre  illustre  collègue  le  Cav.  Vittadini  d'en  essayer  pour  les  vers  à 
soie.  lien  fit  en  effet,  le  printemps  dernier,  une  expérience  sur  ime  petite 
échelle,  il  est  vrai,  mais  conduite,  comme  on  devait  s'y  attendre  de  la  pari 
d'un  aussi  habile  naturaliste,  c'est-à-dire  de  manière  à  donner  des  résultats 
très-nets. 

»  Un  petit  lot  de  quatre  cents  vers  à  soie,  provenant  d'une  graine  parfai- 
tement saine,  fut  séparé  en  deux  portions  placées  dans  des  conditions  iden- 
tiques, à  cela  près  que  l'une  était  alimentée  avec  de  la  feuille  préparée  au 
sulfite  de  soude,  et  l'autre  avec  la  feuille  naturelle. 

»  Les  deux  cents  vers  nourris  avec  la  feuille  naturelle  donnèrent  des  papil- 
lons malades  et  dont  la  graine  aussi  fut  mauvaise.  Les  deux  cents  nourris 
avec  la  feuille  sulfitée  (i)  se  conservèrent  tous  en  bon  état,  ils  montèrent 
à  la  branche  et  firent  leur  cocon  d'une  manière  satisfaisante,  et  les  papil- 
lons donnèrent  une  graine  reconnue  saine. 

»  Ces  résultats  m'ayant  été  communiqués  par  le  D"^  Vittadini,  en  sep- 
tembre dernier  je  proposai  à  un  de  mes  amis,  l'abbé  F.  Canctta,  qui  faisait 
une  petite  éducation  automnale  sur  les  bords  du  lac  IMajeur,  de  répéter 
l'essai  :  il  y  consentit  et  me  communiqua  les  résultats  obtenus  dans  la  Note 
suivante,  que  je  transcris  textuellement  : 

«  Au  mois  de  septembre  1862,  M.  Meynard  de  Valreas  m'expédiait  deux 
)'  onces  de  graine  de  vers  à  soie,  qui  devaient,  m'assurait-il,  éclore  le  9 
»  du  même  mois.  La  froide  température  de  ces  jours-là  retarda  un  peu 
)i  l'éclosion,  mais  elle  fut  complètement  terminée  du  i3  au  i4-  Jusqu'à  la 
)i  troisième  mue,  les  vers  furent  très-beaux  et  sans  aucun  signe  de  la  ma- 
»  ladie;  à  la  quatrième,  un  peu  de  noir  commença  à  se  montrer,  et  quel- 
»   ques  vers  à  diminuer  au  lieu  de  grossir. 

»  Quand  le  D"^  Polli  m'eut  envoyé  de  Milan  le  sulfite  de  soude  qui  devait 
»  servir  à  l'expérience,  je  fis  aussitôt  prendre  sur  les  claies  quatre  cents 
»  vers  ayant  passé  la  quatrième  mue,  en  les  choisissant  aussi  égaux  que  pos- 
1'  sible  en  grosseur  et  en  apparence  de  santé.  Je  les  plaçai  sur  deux  claies, 
»   deux  cents  sur  chaque,  et  les  maintins  dans  des  conditions  identiques  d'air 


(i)  La  préparation  consistait  à  immerger  de  quelques  centimètres,  et  pendant  cinq  à  six 
heures,  le  gros  Ijout  d'une  jeune  brandie  de  mûrier  garnie  de  ses  feuilles  dans  une  solution 
aqueuse  d'une  partie  de  sulfite  de  soude  dans  dix  parties  d'eau.  La  solution  pénétrait  promp- 
tement,  jiar  voie  d'absoiption,  dans  le  parenchyme  des  feuilles,  qui  étaient  alors  détachées 
et  données  aux  vers  à  soie. 


(38.  ) 
1)  et  de  traitement,  aûn  que  les  résultats  fussent  comparables.  Ayant  dissous 
»  le  sulfite  de  soude  dans  lo  parties  d'eau,  je  plongeai  dans  la  solution 
»  quelques  rameaux  de  mûrier  chargés  de  feuilles  en  quantité  suffisante 
«  pour  fournir  un  repas  à  deux  cents  vers.  Deux  fois  le  jour,  matin  et  soir, 
»  je  donnais  aux  vers  à  soie  de  l'une  des  claies  la  feuille  des  rameaux  qui 
)i  avaient  été  dans  la  solution  indiquée  durant  vingt-quatre  heures  (et 
»  pas  davantage,  car  au  delà  la  feuille  se  pâmait),  et  quatre  autres  fois, 
»  c'est-à-dire  deux  fois  de  jour  et  deux  fois  de  nuit,  je  leur  donnais  de  la 
»  feuille  naturelle. 

»  Les  vers  placés  sur  l'autre  claie  avaient  aussi  leurs  six  repas  servis  aux 
»   mêmes  heures,  mais  tous  avec  la  feuille  naturelle. 

»  Après  quelques  jours,  mes  deux  cents  vers  nourris  avec  la  feuille  sul- 
"  fitée  étaient  beaux  et  bien  vifs,  pendant  que  les  autres,  bien  qu'assez 
»  beaux,  étaient  comme  endormis  et  presque  immobiles. 

»  Tous  les  vers  ont  continué  à  manger  pendant  douze  jours  après  la 
»  quatrième  mue,  et  alors  quelques-uns  ont  commencé  à  filer.  En  quatre 
»  jours  les  vers  traités  avec  la  feuille  sulfitée  m'ont  donné  107  cocons, 
»  ceux  de  l'autre  division  seulement  19.  Les  autres,  c'est-à  dire  les 
»  quatre-vingt-treize  de  la  première  brigade  et  les  cent  quatre-vingt-un  de 
»  la  seconde,  ont  été  encore  laissés  plusieurs  jours  sur  les  claies  et  n'ont 
«  donné  aucun  cocon.  Bien  est  que  les  autres  vers  provenant  comme  ceux- 
»  ci  des  deux  onces  de  graine  m'en  ont  donné  très-peu.  Aucun  même  des 
»  cocons  n'a  été  parfait;  tous  étaient  faibles  et  légers,  et  il  n'en  est  pas  sorti 
»  un  seul  papillon,  ce  que  j'attribue  à  la  saison  trop  avancée  et  à  l'état 
»  des  feuilles  presque  privées  d'humidité  et  ainsi  incapables  de  fournir 
»   une  nourriture  suffisante. 

M  J'observai  également  qu'après  la  mort  des  vers  le  corps  de  ceux  qui 
»  avaient  mangé  de  la  feuille  préparée  se  desséchait  sans  se  corrompre,  pen- 
»  dant  que  pour  les  autres  la  putréfaction  des  corps  se  décelait  parunepuan- 
»  teur  très-sensible.    » 

»  Je  n'ai  rapporté,  poursuit  le  D'  Polli,  ces  deux  petits  essais  que  pour 
appuyer  la  probabilité  de  l'utile  action  qui  pourrait  expliquer  le  trai- 
tement par  le  sulfite  de  soude  comme  moyen  de  prévenir  ou  de  guérir  la 
maladie  des  vers  à  soie  et  pour  montrer  dans  tous  les  cas  l'innocuité  de  ce 
médicament  et  sa  facile  tolérance  par  l'organisme.  Il  faudrait,  je  le  sais,  des 
expériences  plus  étendues  et  plus  variées  pour  établir  la  valeur  réelle  de  cet 
agent  thérapeutique  que  recommanderait  d'ailleurs  une  application  com- 
mode et  économique. 

C.  R.,  i863,  2«i«  Semestre.  (T.  LVII,  N»  7.)  ^  ' 


(  382  ) 

»  En  vue  de  ces  futures  expérimentations,  je  me  permettrai  d'indiquer  ici 
quelques-unes  des  conditions  auxquelles  il  conviendra  de  se  conformer 
pour  obtenir  de  bons  résultats: 

»  i"  La  dose  la  plus  convenable  pour  la  solution  aqueuse  est  de  i  partie 
de  sel  pour  20  ou  3o  d'eau;  une  solution  plus  concentrée  fait  faner  trop 
proniptement  la  feuille. 

»  2°  L'imbibition  des  feuilles  s'obtient  en  plongeant  dans  la  solution  le 
bout  taillé  en  bec  de  flûte  de  jeunes  branches  bien  chargées  de  feuilles  et 
en  les  y  laissant  environ  six  heures.  On  peut  aussi  imbiber  les  feuilles 
détachées  et  pourvues  de  leur  pédoncule  ;  on  superpose  les  feuilles,  et  les  pé- 
doncules, placés  côte  à  côte,  sont  introduits  entre  le  bord  et  le  couvercle 
d'un  bassin  en  fer-blanc  contenant  la  solution  saline;  une  heure  d'une  pa- 
reille immersion  sera  suffisante  (i). 

«  3"  La  feuille  sulfitée  sera  donnée  aux  vers  deux  fois  le  jour,  à  douze 
heures  d'intervalle,  au  lieu  d'une  ration  de  feuilles  naturelles,  et  on  veillera 
à  ce  qu'elle  soit  complètement  consommée.  Une  très-petite  quantité  de  sul- 
fite de  soude  doit  suffire  à  produire  sur  les  vers  l'effet  voulu,  d'après  ce  que 
nous  savons  de  la  dose  trouvée  efficace  et  suffisante  pour  l'homme.  Poiu' 
l'adulte  du  poids  de  5o  kilogrammes,  la  dose  ordinaire  thérapeutique  est  de 
10  à  i5  grammes  par  jour;  ainsi,  pour  chaque  gramme  pesant  de  ver  à 
soie,  il  ne  faudrait  pas  plus  de  ~  de  milligramme  de  sulfite  dans  les  vingt - 
quatre  heures  (2).  Si  au  sulfite  de  soude  on  substituait  l'hyposulfite,  la  moi- 
tié de  la  dose  suffirait.  Celui-ci  serait  peut-être  préférable  pour  le  traite- 
ment prophylactique. 

B  Pour  faciliter  les  expériences  en  donnant  un  moyen  expéditif  de  consta- 
ter la  présence  du  sulfite,  je  conseillerai  l'emploi  d'un  papierréactifpréparé  à 


(i)  La  pratique  conduira  sans  doute  à  découvrir  des  uioyens  plus  commodes  et  plus  cx- 
péditifs  de  préparer  les  feuilles;  mais  nous  devons  dès  à  présent  avertir  qu'il  ne  faut  pas 
songer  à  remplacer  l'absorption  vitale  des  feuilles  par  leur  aspersion  avec  la  solution  de 
sulfite  de  soude,  parce  que  celui-ci  exposé  à  l'air  se  convertit  peu  à  ])eu  en  sulfiUe  qui  est 
amer,  purgatif  et  nullement  antiseptique  ;  d'ailleurs,  pai-  suite  de  l'évaporation,  la  feuille  se 
trouverait  couverte  d'une  efflorescence  saline  qui  rebuterait  les  vers  à  soie. 

(2)  La  comparaison  entre  les  vers  à  soie  et  les  mammifères  a  déjà  été  faite  par  MM.  Rt- 
gnaultet  Reiset  dans  leurs  «  llecherdies  surla  respiration  »  [.Innnlcs  de  Chimie  et  de  Physique. 
août  i833).  La  fonction  respiratrice,  en  tant  que  consommation  d'oxygène  et  formation  d'a- 
cide carbonique,  fut  trouvée,  à  poids  é^al,  aussi  active  dans  les  vers  à  soie  que  dans  les 
•Tiammifèrcs  et  les  ijrands  oiseaux. 


(  383  ) 

peu  près  comme  le  papier  ozonométrique,  c'est-à-dire  de  bandes  de  papier 
Joseph  trempé  dans  une  solution  de  i  partie  d'iodiue potassique,  i  d'amidon 
et  3oo  d'eau;  le  papier  une  fois  séché  est  bleui  par  une  immersion  rapide 
dans  le  chlore.  Ce  réactif  est  d'une  extrême  sensibilité  et  permettra  de 
constater  dans  inie  goutte  d'eau,  et  même  d'un  liquide  coloré,  la  présence 
d'un  dixième  de  milligramme  de  sulfite  et  même  d'un  vingtième  si  la  teinte 
du  papier  est  légère.  Avec  ce  moyen  on  pourra  suivre  exactement  le  pas- 
sage des  sulfites  tant  dans  les  feuilles  de  mûrier  que  dans  le  corps  des  vers 
à  soie  et  dans  leurs  humeurs.  Cela  servira  à  guider  dans  les  recherches 
qui  sembleraient  utiles  pour  arriver  à  la  détermination  du  mode  d'action 
du  médicament  ou  pour  en  diriger  l'emploi. 

«  Nous  accueillerons  avec  reconnaissance,  M.  Vittadini  et  moi,  toute  ob- 
servation qui  tendrait  à  rendre  plus  concluants  les  résultats  des  expériences 
que  nous  devons  faire  au  printemps  prochain  et  que  nous  nous  empresserons 
de  communiquer  à  l'Académie  ;  l'efficacité  des  sulfites  pour  arrêter  ou 
prévenir  la  fermentation  morbide  étant  un  fait  bien  établi,  les  résultats 
obtenus  de  leur  emploi  ne  pourront  manquer  de  jeter  du  jour  sur  la 
maladie  des  vers  à  soie.  Si  nos  essais  ne  réussissent  pas,  ce  sera  luie  preuve 
que  la  maladie  n'est  pas  de  nature  septique,  dissolutive  ou  fermentative, 
attendu  que  l'action  des  sulfites  peut  être  considérée  comme  une  sorte  de 
rénclij  nosologique  au  moyen  duquel  on  explore  le  caractère  d'une  classe 
donnée  de  maladies.  Si  le  caractère  soupçonné  ne  s'y  trouve  pas,  on  saura 
que  c'est  d'un  autre  côté  qu'il  faudra  chercher.  Si  le  résultat,  au  contraire, 
est  favorable,  le  champ  des  recherches  sera  circonscrit;  on  pourra  pénétrer 
plus  profondément  dans  la  nature  du  mal  et  on  sera  en  meilleure  condi- 
tion pour  trouver  le  traitement  convenable.    » 

M.  Rayer  transmet  une  Lettre  de  M.  Thury,  qui  prie  l'Académie  de  vou- 
loir bien  faire  examiner  par  une  Commission  les  faits  qu'il  a  consignés  dans 
son  Mémoire  «  sur  la  loi  de  la  production  des  sexes  ». 

'(  J'ajouterai  à  l'appui  de  la  demande  de  M.  Thury,  dit  M.  Rayer,  que 
notre  confrère  M.  Boussingault  m'a  écrit  qu'il  allait  répéter  sur  l'espèce 
bovine  une  expérience  faite  récemment  en  Suisse,  et  qui  a  confirmé  les  faits 
annoncés  par  l'auteur.  Mais  pensant  qu'une  expérience  semblable,  faite  sur 
une  très-grande  échelle,  serait  seule  propre  à  juger  la  question,  j'ai  prié  notre 
confrère  M.  le  Maréchal  Vaillant  d'obtenir  de  l'Empereur  l'autoiisation 
nécessaire  pour  que  cette  expérience  fût  répétée  dans  les  fermes  agricoles 

5i. 


(  38/,  ) 
dépendant  du  ministère  d'État,  et  à  sa  demande  Sa  Majesté  s'est  empressée 
de  l'accorder.  » 

(Commissaires,  MM.  Boussingault,  Rayer,  Bernard,  Maréchal  Vaillant.) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  l'état  de  l'atmosphère  pendant  la  première  (juinzaine 
d'août,  d'après  les  renseignements  recueillis  à  l'Observatoire  impérial  de 
Paris.  Note  de  M.  Marié-Davy,  communiquée  par  M.  Le  Verrier. 

«  La  température  a  été  notablement  élevée  pendant  cette  période,  parti- 
culièrement le  dimanche  9  août,  où  le  thermomètre  a  atteint  36  degrés  à  l'Ob- 
servatoire. L'Observatoire  étant  l'un  des  points  de  Paris  où  la  température 
s'approche  le  plus  de  celle  que  l'on  observerait  en  rase  campagne,  sur  beau- 
coup d'autres  points  de  la  ville  la  température  a  pu  monter  à  38  ou  39  degrés, 
même  à  l'ombre,  sous  l'influence  de  la  réverbération  du  sol  et  des  édifices 
voisins.  Il  en  résulte  que,  si  l'on  compare  ces  dernières  températures  avec 
les  documents  conservés  dans  la  science  et  recueillis  à  l'Observatoire  depuis 
une  longue  série  d'années,  on  peut  être  amené  à  considérer  cet  été  comme 
beaucoup  plus  exceptionnel  qu'il  ne  l'est  en  réalité.  La  température  élevée 
du  9  a  d'ailleurs  été  de  très-courte  durée,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  le 
tableau  suivant,  contenant  les  températures  maximum  et  minimum  des 
seize  premiers  jours  d'août  : 


Jates. 

Minimum. 

Maximum. 

I 

,2,5 

24,1 

2 

4,0 

26,2 

3 

l4,2 

25,8 

4 

i3,5 

28,7 

5 

16,9 

27,6 

6 

16,6 

25,9 

■3 

•4.3 

26,0 

8 

16,9 

29.7 

9 

16,8 

35,9 

10 

.6,4 

3o,o 

1 1 

16,0 

28,, 

13 

i3,4 

25,6 

i3 

14,6 

3. ,4 

'4 

14,0 

27,1 

.5 

,6,4 

3,,, 

16 

16,8 

27,1 

«   Il  est  a  remarquer  que  les  plus  fortes  clialeurs  ont  toincidé  avec  l'ap- 


(  385  ) 
parition  de  tourbillons  plus  ou  moins  intenses  qui  ont  abordé  l'Europe  par 
ses  côtes  occidentales,  et  l'ont  traversée  de  l'Ouestà  l'Està  des  latitudes  iné- 
gales. Sur  les  cartes  météorologiques  construites  chaque  jour,  on  constate 
pour  le  8  l'existence  d'un  semblable  mouvement  de  l'air  sur  l'Ecosse  et 
l'Irlande  où  la  pression  est  descendue  à  761  millimètres  à  Nairn,etoù  le 
vent  souffle  avec  assez  de  force  dans  des  directions  qui  varient  de  l'O.-N.-O 
au  S. -S. -E.  La  France  est  restée  en  dehors  du  mouvement  pendant  les 
journées  du  8  et  du  9  ;  la  pression  s'y  est  élevée  à  7G7,  le  vent  s'y  est  montré 
faible  et  indécis,  ce  qui  a  contribué  à  rendre  la  chaleur  plus  pénible.  Peu  à 
peu,  cependant,  l'agitation  s'est  propagée  jusqu'à  nous,  et  le  mélange  des 
diverses  couches  de  l'atmosphère  a  fait  tomber  le  thermomètre  à  25",G, 
maximum  du  12. 

»  Un  semblable  phénomène  vient  de  se  produire,  mais  avec  plus  d'éner- 
gie et  à  une  distance  plus  rapprochée  de  nous. 

))  Le  1 3,  un  tourbillon  semblait  se  montrer  vers  les  côtes  Ouest  de  France 
et  d'Angleterre,  mais  il  fut  promptemcnt  dominé  par  un  autre  qui  se  des- 
sina nettement  le  i4  à  lOuest  des  côtes  d'Irlande.  Ce  jour-là  le  thermomètre 
descendait  à  754, G  à  Valentia  (S.-O.  d'Irlande).  Le  lendemain  i5,  le  phé- 
nomène avait  marché  vers  le  N.-E.,  et  le  baromètre  marquait  74(2  à  Gal- 
way  et  à  Greencastle.  (Toutes  ces  pressions  sont  ramenées  au  niveau  de  la 
mer.)  Le  mouvement  cette  fois  n'avait  pas  seulement  envahi  l'Angleterre,  il 
s'étendait  jusque  sur  le  nord  de  la  France.  A  Paris  toutefois  l'agitation  était 
encore  très-faible  à  la  surface  du  sol,  le  thermomètre  atteignait  3i  degrés, 
tandis  que  les  nuages  qui  couvraient  le  ciel  témoignaient  de  l'agitation  des 
régions  élevées  de  l'air.  Le  dimanche  iG,  les  documents  anglais  font  défaut, 
mais  la  forme  des  courbes  isobarométriques  qui  traversent  le  nord  de  la 
France  et  la  Hollande  font  présumer  que  le  centre  du  phénomène  est 
sur  l'Ecosse.  Aujourd'hui  lundi  17,  nous  le  retrouvons  sur  la  mer  du  Nord; 
et  probablement  nous  le  verrons  les  jours  suivants  traverser  le  Danemarlv, 
le  midi  de  la  Suède  et  de  la  Baltique,  puis  redescendre  vers  le  S.-E.  du 
côté  de  la  mer  Noire  en  s'effaçant  graduellement.  C'est  là  du  moins  la 
marche  assez  ordinaire  du  phénomène  quand  il  aborde  l'Europe  aux  lati- 
tudes de  l'Irlande. 

))  Le  mélange  assez  vif  des  diverses  couches  de  l'atmosphère,  produit  par 
un  tourbillon  dont  l'axe  de  rotation  n'est  jamais  vertical,  amène  nécessaire- 
ment un  abaissement  de  température,  une  condensation  de  vapeur  d'eau  e! 
l'apparition  des  nuages.  Mais  il  y  a  loin  de  là  à  l'effet  qui  serait  produit  par 
l'invasion  des  alizés  du  S.-O  dans    nos   régions.    L'air  est  encore  d'une 


(  386  ) 
grande  sécheresse,  et  son  état  hygrométrique  ne  dépassait  pas  0,4  aujonr- 
d'hui  à  3  heures.  Aussi  n'avons-nous  jusqu'ici  nulle  part  dans  l'Europe 
occidentale  de  véritables  pluies  de  quelque  étendue,  mais  seulement  des 
grains  très-circonscrits  et  d'une  faible  durée;  tandis  qu'il  n'est  pas  tombé 
une  goutte  d'eau  à  l'Observatoire,  il  a  plu  momentanément  en  divers  points 
autour  de  Paris. 

»  En  ce  moment,  la  pression  est  faible  sur  la  mer  du  Nord  (752  à  Scar- 
borough;  moyenne,  761  à  762,  sur  la  France;  un  peu  faible  sur  les  côtes 
nord  de  la  INIéditerranée,  769  à  Barcelone  ;  assez  forte  sur  les  côtes  du  Por- 
tugal, 766  a  Porto.    » 

<<  M.  Le  Verrier  communique  en  même  temps  les  Bulletins  météoro- 
logiques publiés  par  l'Observatoire  depuis  le  i^'  août.   » 

PATHOLOGIE,  —  Nouvelles  recherches  sur  les  infusoires  du  sang  dans  In  maladie 
connue  sous  le  nom  de  sang  de  rate;  par  M.  C.  Da vaine.  (Communiquées 
dans  la  séance  du  10  août  i86'i.)  Fin  de  la  Note. 

Après  avoir  dit  que  pendant  la  période  d'incubation,  c'est-à-dire  tant 
que  les  bactéries  n'ont  pas  encore  paru  dans  le  sang  de  l'animal  inoculé, 
ces  bactéries  ne  pourraient  être  propagées  et  la  maladie  du  sang  de  raie  ne 
pourrait  être  communiquée  par  l'inoculation  à  un  autre  animal,  M.  Da- 
vaine  ajoute  : 

«   L'expérience  suivante  confirme  ces  vues  d'une  manière  péremptoire. 

»  Un  lapin  que  je  désignerai  par  la  lettre  A,  adulte  et  très-vigoureux,  fut 
inoculé  avec  trois  ou  quatre  gouttes  au  plus  du  sang  d'un  lapin  infecté  de 
bactéries  et  encore  vivant.  Quarante-six  heures  après  l'inoculation  (le  terme 
moyen  de  la  mort  étant  outre-passé  de  six  heures),  j'examinai  avec  soin  le 
sang  de  ce  lapin  A  et  je  n'y  trouvai  aucune  bactérie.  Je  tirai  alors  des  veines 
de  l'oreille  douze  à  quinze  gouttes  de  sang  qui  furent  injectées  dans  le  tissu 
cellulaire  sous-cutané  d'un  autre  lapin  âgé  d'environ  deux  mois  et  demi 
et  que  je  désignerai  par  la  lettre  B.  Neuf  heures  après  cette  inoculation, 
j'examinai  de  nouveau  le  sang  du  lapin  A,  et  j'y  constatai  la  présence  d'un 
grand  nombre  de  bactéries;  immédiatement  je  tirai  des  veines  de  l'oreille 
un  certain  nombre  de  gouttes  de  sang  que  j'injectai  dans  le  tissu  cellulaire 
sous-cutané  d'un  autre  lapin,  frère  du  lapin  B  et  de  même  grosseur  que  lui. 
Je  le  désignerai  par  la  lettre  C. 

M   Une  "heure  environ  après  cette  inoculation,  le  lapin  A  mourut  ;  vingt 


(  387  ) 
heures  après,  le  lapin  C,  le  dernier  inoculé  et  avec  le  sang  contenant  les 
bactéries,  mourut  aussi.  L'examen  de  son  sang  permit  d'y  constater  la  pré- 
sence des  bactéries.  Quant  au  lapin  B,  inoculé  avec  le  sang  du  lapin  A 
quarante-six  heures  après  l'inoculation  de  ce  dernier,  dix  heures  avant  sa 
mort,  et  lorsque  son  sang  ne  contenait  pas  encore  de  bactéries  ,  le  lapin  B 
est  vivant  et  bien  portant  aujourd'hui,  huit  jours  après  l'inoculation  ;  or,  la 
plus  longue  durée  de  la  vie  après  l'inoculation  du  sanrj  de  rate  a  été,  parmi 
toutes  nos  expériences,  de  soixante  dix-sept  heures,  soit  trois  jours. 

»  Il  n'est  pas  besoin,  je  pense,  de  faire  ressortir  par  un  résumé  des  faits 
exposés  ci-dessus  le  rôle  des  bactéries  du  sang  de  rate.  Personne,  sans  doute, 
dans  l'état  actuel  de  la  science,  ne  cherchera  en  dehors  de  ces  corpuscules 
l'agent  de  la  contagion,  agent  mystérieux,  insaisissable,  qui  se  développe- 
rait et  se  détruirait  dans  les  mêmes  conditions  que  les  bactéries,  qui  joui- 
rait des  mêmes  propriétés  physiologiques  qu'elles.  Cet  agent  est  visible  et 
palpable  ;  c'est  un  être  organisé,  doué  de  vie,  qui  se  développe  et  se  pro- 
page à  la  manière  des  êtres  vivants.  Par  sa  présence  et  par  sa  multiplication 
rapide  dans  le  sang,  il  apporte  dans  la  constitution  de  ce  liquide,  sans  doute 
à  la  manière  des  ferments,  des  modifications  qui  font  promptement  périr 
l'animal  infecté. 

"  L'étude  des  bactéries  du  sang  de  rate  soulève  d'autres  questions  qui  ont 
fait  aussi  l'objet  de  mes  recherches  ;  mais  les  résultats  en  sont  encore  trop 
peu  précis  pour  que  j'en  entretienne  aujourd'hui  l'Académie.» 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  théorie  de  la  double  réfraction; 
par  M.  DE  Saint- Venant. 

«  Dans  une  Note  du  3  août  (p.  agi),  M.  Ch.  Galopin,  de  Genève,  adopte, 
en  les  rendant  analytiquemeut  plus  rigoureuses,  les  considérations  du  §  I" 
d'un  Mémoire  du  20  mai  i83g  [Mémoires  de  l'académie  des  Science^, 
t.  XVIII),  où  M.  Cauchy  montrait  qu'au  moyen  de  quelques  hypothèses 
ou  pouvait  tirer  des  équations  de  son  Mémoire  de  mai  i83o  sur  la  hunière 
[Exercices,  t.  V,  et  Bulletinde  Férussac)  des  résultats  conformes  à  la  supposi- 
tion deperpendiculariîédes  vibrations  aux  plans  de  polarisation,  de  Fresnel. 
Il  paraît  penser  que  la  manière  différente  dont  Cauchy  arrivait  à  la  siuface 
d'onde  de  Fresnel  vers  la  fin  de  son  Mémoire  de  i83o  exige  absolument 
qu'on  fasse  arbitrairement  nulles  certaines  constantes  A,  B,  C,  c'est-à-dire  les 
pressions  primitives  dans  le  fluide  éihéré Nous  croyons  devoir  présenter 


(  388  ) 
sur  ce  sujet  les  observations  suivantes,  dont  les  éléments  sont  fournis  par 
notre  Mémoire  du  i6  mars  1863. 

Avec  les  notations  de  M.  Galopin,  on  a  pour  l'équation  de  Cauchy, 
donnant  les  vitesses  de  propagation  ±  w  des  trois  paires  d'ondes  planes 
dont  la  normale  commune  tait  les  angles  Z,  ni,  n  avec  les  coordonnées 
rectangles  x,  y,  z,  prises  perpendiculairement  aux  trois  plans  de  symétrie 
de  contexture  qui  existent  dans  le  milieu  : 

en  posant,  quand  on  néglige  les  termes  d'ordre  supérieur  régissant  la  dif- 
férence des  couleurs, 

G'=  {A  +  L)cos=/+{B-|-  R)cos'm  +  (C+Q)cos'/(,  Ç=  (P  +  P')cosmcos«, 
H'=  (A  +  R)cosV+(B+M)cos'to  +  (C  +  P)  cos'n,  5  =  (Q  +  Q')  cos«  cos/, 
r  =  (A  +  Q)  cosV+ (B  +  P)eosvw  + (C  +  N)cos'«,       5  =  (R  + R')  cos/ cosw; 

formules  où  A,  B,  G  sont  les  composantes,  suivant  les  x,  j',  z,  divisées  par 
la  densité  p  de  1  éther,  des  pressions  qui  s'exerçaient  dans  l'élher  sur  l'unité 
superficielle  de  petites  faces  perpendiculaires  à  ces  coordonnées,  antérieu- 
rement aux  déplacements  moléculaires  qui  y  sont  provoqués  par  l'ébranle- 
ment (ou  les  composantes  que  nous  appelons  p^x,  p^y,  plz  à  notre  extrait 
du  tome  LVI,  p.  4/5); 

»  L,  M,  N  sont  les  quotients,  par  la  même  densité  p,  des  coefficients 
d'élasticité  directe  (que  nous  appelons  a^cxxxi  ^r/m  ^"sz)?  c'est-à-dire  des 
rapports  des  composantes  normales  de  pression  développées  par  les  dila- 
tations de  même  sens  x,  j,  z  à  ces  dilatations; 

»  P,  Q,  R  sont  les  quotients  par  p  de  ce  qu'on  nomme  les  élasticités  tan- 
gentielles  (a,.j^.-,  a-j..^.,  a.xyxy)  on  '^s  coefficients  de  glissement  ou  de  torsion, 
rapports  des  composantes  tangentielles  py.,  ^„,  p^y  aux  glissements  de 
même  sens,  c'est-à-dire  aux  petits  changements  de  grandeur  des  angles  pri- 
mitivement droits  des  petites  lignes  matérielles  j  et  z,  z  et  x,  x  et  y; 

»  Enfin  P',  Q',  R'  les  quotients  par  p  des  élasticités  latérales  (aj.^.„,  a^.^^, 
•Axxyy),  coefficients  que  nous  ne  faisons  pas  ici  égaux  à  P,  Q,  R,  afin  de 
montrer  que  les  résultats  ci-après  peuvent  être  accommodés  à  l'opinion  de 
ceux  des  géomètres  qui  leur  croient  des  valeurs  différentes. 

»  Pour  obtenir  donc,  en  iSSg,  la  perpendicularité  des  vibrations  aux 
plans  de  polarisation,  ainsi  que  l'égalité,  aussi  supposée  par  Fresnel,  des 
vitesses  de  propagation  pour  les  vibrations  de   même  direction,  Cauchy, 


(389) 

suivi  en  cela  par  M.  Galopin,  égale  la  vitesse  y/B  +  R,  fournie  par  la  for- 
mule (i)  pour  l'onde  plane  parallèle  aux  xj  dont  les  vibrations  sont  paral- 
lèles aux  JT,  à  la  vitesse  y/C  +  Q  de  l'onde  plane  parallèle  aux  zjr  dont  les 
vibrations  sont  aussi  parallèles  aux  ar,  et  ainsi  des  autres,  ce  qui  leur  donne, 
en  appelant  a,  b,  c  ces  trois  vitesses  de  propagation  principales, 

C+Q  =  B  +  R  =  «',      A  +  R  =  C  +  P  =  l5>^      B  +  P  =  A  +  Q  =  c=. 

Or,  il  en  résulte 

A-P  =  B-Q  =  C  — R; 

en  sorte  que  les  pressions  normales  principales  A,  B,  C,  antérieurement  aux 
ébranlements  de  l'éther,  se  régleraient  dans  l'intérieur  d'un  cristal  biréfrin- 
gent, de  sorte  que  leurs  différences  B  —  C,  C  —  A,  A  —  B  soient  justement 
égales  aux  différences  Q  —  R,  R  —  P,  P  —  Q  entre  les  trois  élasticités  tan- 
gentielles  ou  de  résistance  au  glissement. 

»  Aucune  relation  pareille  n'existe  dans  les  solides  entre  les  pressions 
primitives  et  les  coefficients  des  réactions  élastiques  mises  ultérieurement  en 
jeu.  On  ne  saurait  concevoir  aucune  loi  d'action  moléculaire  qui  fournisse 
des  relations  d'un  pareil  genre,  même  dans  l'éther,  où  il  y  a  bien  plus  lieu 
de  penser  que  la  pression  primitive,  égale  sur  les  diverses  faces  du  cristal, 
est  aussi  la  même  en  tous  sens  dans  son  intérieur  à  l'état  naturel.  Nous  ne 
pensons  donc  pas  qu'il  y  ait  aucunement  lieu  de  prendre  les  relations  pré- 
cédentes entre  A,  B,  C,  P,  Q,  R  pour  base  d'un  accord  entre  l'analyse  des 
mouvements  vibratoires  et  la  théorie  de  Fresnel,  dont  l'opinion  sur  ce  point 
n'a  pu  être  l'objet  «^'aucune  confirmation  expérimentale. 

>)  Heureusement  qu'il  n'est  nullement  nécessaire  d'y  recourir  pour  obte- 
nir la  surface  d'onde  qui  résume  si  bien  les  découvertes  les  mieux  avérées  de 
notre  grand  physicien.  On  peut  même,  comme  nous  nous  en  sommes  assuré, 
sans  supposer  nulles  les  constantes  A,  B,  C  ou  les  pressions  antérieures  p^ar, 
phi  ^s-'  comme  Cauchy  le  faisait  pour  simplifier  en  i83o  (p.  5i),  rendre 
l'équation  du  troisième  degré  (i)  décomposable  en  une  du  premier  degré  et 
une  du  deuxième  de  la  forme  connue  qu'on  veut  obtenir,  et  cela  exactement 
et  non  approximativement,  ou  sans  supposer,  comme  Cauchy  (1839),  que 
a,  b,  c  ou  P,  Q,  R  diffèrent  infiniment  peu  les  uns  des  autres. 

»   Faisons,  en  effet,  pour  abréger, 

A  cos*/-|-  B  cos^;/(  +  Ccos'«  =  p,,, 

c'est-à-dire  appelons  po  la   pression  primitive  (divisée  par  p)  sur  l'unité 

c,  R.,  i863,  2"'«  Semestre.  (T.  LVII,  N»  7.)  ^2 


(  390) 
superficielle  de  tout  plan  parallèle  aux  oncles,  et  supposons  qu'avec  les  rela- 
tions suivantes  de  Cauchy,  adoptées  par  M.  Galopin, 

(a)  (M-P)(N-P)-(P+P')-=o,  (ê)(N-Q){L-Q)-(Q+Q')==o,  (7)  (L-R){M-R)-(R4-RT=o, 

on  ait  cette  quatrième  relation,  aussi  de  Cauchy  (i83o,  p.  67), 

(0")    (L-Q)(M-R)(N-P)+{L-R)(M-P)(N-Q)-2(P  +  P')(0  +  Q')(R+R')  =  o; 

alors  l'équation  (i)  pourra  être  réduite  identiquement  (ou  sans  se  servir  de 
cos -l  +  cos- m  -h  cos^ n^  i)  à. 

{.,     («      p,     Lco.  ^     Mcos/«-Ncos«)|  +(QRcos=/+PRcos=,„+PQcos'«)(cos^/+cos^'"  +  cosv,) 

car  si  on  appelle  pour  un  instant  «,  S,  7,  c?,  s  les  premiers  nombres  des  cinq 
équations  qu'on  vient  d'écrire,  il  est  facile  de  reconnaître,  par  des  dévelop- 
pements comparatifs,  que  l'équation  (i)  peut  s'écrire 

1  +  a(G'—  W-)  cos'm  cos-«  +  ê(H'—  w")  cos'/j  cos^l)  _  ^ 
~    I       +'/(l' —  M^)  cos'lco&'m  — S  cos'lcos' m  cos^  n    \ 

en  sorte  que,  par  suite  de  a,  ê,  7,  â  nuls,  elle  se  réduit  bien  à  £  =  o  ou  à 
l'équation  (s). 

«   Or,  cette  équation  [s)  se  décompose  en  deux  autres  : 

»  1°  w'=  (A  +  L)cos-/4-(B  +  M)cos'm4-(C  +  N)cos=«, 

qui  donne  les  vitesses  de  propagation  des  ondes  à  vibrations  presque  nor- 
males et  non  lumineuses  ; 

»  2°  L'équation  du  quatrième  degré  résultant  de  l'a^olade  de  (s)  égalée 
à  zéro.  Si  l'on  y  met  pour  p^  sa  valeur 

A  cos'  /  +  B  cos'  m  +  C  cos'  « , 

elle  représente,  en  coordonnées  polaires  l,  m,  n  pour  les  angles,  et  w  pour 
le  rayon  vecteur,  la  surface  polaire  réciproque  de  celle  des  ondes  lumi- 
neuses, par  rapport  à  la  sphère 

et  l'équation  en  coordonnées  ordinaires  de  cette  même  surface  réciproque 
du  quatrième  degré  s'obtiendrait  en  divisant  tout  par  0/  et  remplaçant 


ces'  /  cos'  m  ces'  n 


pai 


(  391  ) 
»  Mais  comme  on  peul  l'écrire,  vu  cos-  /  +  cos^  +  m  -\-  ces-  «  =  i , 
cos'  /  cos-  m  COS"  n 

on  voit  que  lorsque  la  pression  p^,  antérieure  à  tout  déplacement,  est  indé- 
pendante de  /,  m,  n,  ou  la  même  en  tous  sens,  comme  dans  l'éther  autour 
du  cristal,  c'est-à-dire  quand  A  =  B  =  C  (ce  qui  est  une  hypothèse  incom- 
parablement plus  plausible  que  B  —  C=Q  —  R,  C  —  A  =  R  —  P),  on 
voit  que  la  surface  en  question  est  de  même  forme  que  la  polaire  de  l'onde 
de  Fresnel,  et  que  cette  onde  s'en  déduit  exactement  par  une  analyse  connue, 
en  faisant  préalablement 

»  Nous  avons  montré  ailleurs  (même  Mémoire  du  16  mars)  que  lorsque 
les  élasticités  dans  les  trois  sens,  représentées  par  L,  M,  N  ou  par  P,  Q,  R, 
n'avaient  entre  elles  que  des  différences,  non  pas  infiniment  petites  ou 
très-petites  du  premier  ordre  (comme  Cauchy,  1839,  et  l'auteur  de  la  Note 
de  i863  le  supposent),  ce  qui  est  un  peu  loin  de  la  réalité  pour  certains 
cristaux,  mais  n'excédant  pas  la  moitié  ou  les  deux  tiers  de  leurs  grandeurs, 
et  tout  le  monde  peut  le  vérifier  numériquement,  que  les  relations  (a),  (S), 
(7),  ((?)  de  Cauchy  diffèrent  très-peu  de 

2P  +  P'=v/MN.  2Q  +  Q'=v/NL,  2R  +  R'=v/LM, 
qui  donnent  le  mode  de  distribution  le  plus  naturel  des  élasticités  autour  de 
chaque  point,  et  qui  expriment  avec  une  grande  approximation  que  l'éther 
se  trouve  à  l'état  de  simple  inégalité  de  condensation  en  divers  sens,  qui  est 
l'état  où  le  supposent  tous  les  physiciens  d'après  les  faits,  en  sorte  qu'on 
peut  penser  que  ces  conditions  sont  toujours  remplies,  ou  exactement  ou 
presque  exactement.  Nous  avons  aussi  discuté  les  conditions  ou  relations, 
plus  simples  mais  plus  nombreuses  et  moins  générales,  que  G.  Green  avait 
proposé  d'admettre,  et  nous  avons  fait  voir  que,  même  sans  supposer  P  =  P', 
Q  — Q',  R  =  R',  elles  devaient  imposer  l'isotropie,  qui  exclut  la  biré- 
fringence. 

»  Ainsi  malgré  l'espèce  de  concession  faite  en  1839  par  Cauchy  aux  opi- 
nions contraires  à  la  sienne,  ce  qu'il  y  a  de  mieux  jusqu'à  présent,  pour 
concilier  les  résultats  de  la  théorie  de  l'élasticité  avec  les  faits  et  les  lois 
dont  nous  devons  la  révélation  au  génie  de  Fresnel,  est  ce  qui  a  été  pro- 
posé par  Cauchy  à  la  suite  de  ses  admirables  travaux  de  i83o,  au  cas  où 
l'on  tient  compte  d'une  pression  ^o  t'a'is  l'état  naturel  ou  antérieur  aux 
déplacements  moléculaires.   » 

52.. 


(  39^  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE. — Nouvelles  obsewatioiis  concernant  l'action  du  chlorure  de 
zinc  sur  l'alcool  amjlique  ;  par  M.  Ad.  Wi'RTz. 

«  J'ai  pris  6  kilogrammes  d'alcool  amyliqiie  du  commerce,  et  l'ayant 
soumis  à  la  distillation  fractionnée,  j'ai  séparé  d'abord  tonte  la  partie 
bouillant  avant  128  degrés;  j'ai  recueilli  ensuite  ce  qui  a  passé  entre  128 
et  i32  degrés;  puis  j'ai  continué  la  distillation  jusqu'à  ce  que  le  thermo- 
mètre se  fût  élevé  à  i38  degrés.  Le  résidu  qui  devait  renfermer  les  alcools 
supérieurs  pesait  120  grammes. 

»  Après  l'avoir  mis  en  contact  avec  la  potasse  caustique,  je  l'ai  distillé 
au  bain  de  sable  à  siccité,  et  j'ai  chauffé  ce  qui  a  passé  pendant  deux  jours 
avec  delà  potasse  caustique  à  120  degrés,  en  vase  clos.  Du  liquide  ainsi 
purifié  j'ai  pu  retirer  par  distillation  fractionnée  3o  grammes  d'un  liquide 
passant  de  i4o  à  160  degrés  et  17  grammes  d'un  liquide  passant  de  r6o 
à  210  degrés. 

>)  La  partie  passant  de  i4o  à  160  degrés  possédait  à  peu  de  chose  près 
la  composition  de  l'alcool  hexylique  (caproique).  Il  renfermait  C  =  69,  5 
et  H  =  i3,/|.  Théorie,  C  =  70,  5;  H  =  i3,  7.  On  a  donc  pu  retirer  de  cet 
alcool  amylique  brut  -j  pour  100  environ  d'alcool  caproique. 

»  La  partie  du  liquide  qui  avait  passé  de  128  à  i32  degrés  a  été  soumise 
à  l'ébuUition  pendant  quatre  jours  avec  de  la  potasse  caustique,  puis  dis- 
tillée. Le  produit,  séparé  de  l'eau,  ayant  été  distillé,  on  a  recueilli  ce  qui  a 
passé  de  i3o  à  i32  degrés.  On  a  obtenu  3oio  grammes  de  ce  liquide, 
qui  possédait  exactement  la  composition  de  l'alcool  amylique  :  C  =  68,i2; 
H  =  i3,8o.    Théorie,  0  =  68,19;  H  =  i3,63. 

»  I  kilogramme  de  cet  alcool  amylique  pur  a  été  mis  en  digestion  pen- 
dant vingt-quatre  heures  avec  2  kilogrammes  de  chlorure  de  zinc  fondu  ; 
puis  le  tout  a  été  distillé.  Le  produit,  condensé  dans  un  réfrigérant  de 
Liebig  et  dans  un  récipient  bien  refroidi,  a  été  séparé  de  l'eau  et  distillé. 
On  a  séparé  d'abord  ce  qui  a  passé  avant  5o  degrés  et  on  l'a  mis  de  coté  ; 
puis  on  a  recueilli  ce  qui  a  passé  de  5o  à  i3o  degrés  et  on  a  fait  chauffer 
cette  portion  pendant  douze  heures  avec  un  excès  de  sodium,  en  ayant 
soin  d'ouvrir  de  temps  en  temps  la  pointe  effilée  du  ballon  pour  laisser 
échapper  l'hydrogène.  Dans  une  seconde  distillation  fractionnée,  on  a 
recueilli  ce  qui  a  passé  au-dessous  de  53  degrés  et  on  a  réuni  cette  partie  à 
l'amylène  qui  avait  passé  au-dessous  de  5o  degrés;  puis  on  a  recueilli 
a8  grammes  d'un  produit  passant  entre  53  et  i  10  degrés.  Celte  dernière 


(393) 
portion  a  été  chauffée  de  nouveau  avec  du  sodiiun  pendant  dix  heures,  puis 
soumise  à  deux  nouvelles  distillations  fractionnées.  Dans  la  première,  on  a 
recueilli  ce  qui  a  passé  entre  55  et  85  degrés;  dans  la  seconde,  on  a  recueilli 
ce  qui  a  passé  entre  55  et  -jS  degrés, 

»  En  résumé ,  après  quatre  distillations  fractionnées ,  on  a  recueilli 
i35  grammes  d'un  produit  passant  entre  35  et  5o  degrés  et  formé  en  très- 
grande  partie  par  de  l'amylène,  et  8  grammes  d'un  liquide  passant  entre  55 
et  75  degrés,  et  formé  en  très-grande  partie  par  de  l'hexyléne.  La  quantité 
de  ce  produit  s'élevait  donc  à  près  de  6  pour  100  de  la  quantité  d'amylène 
obtenue,  et  si  l'on  voulait  admettre  que  sa  formation  était  due  à  de  l'alcool 
hexylique,  comme  le  présume  M.  Berthelot,  contenu  dans  l'alcool  amylique 
réputé  pur,  il  faudrait  supposer  que  cet  alcool  amylique  contenait  près  de 
6  pour  100  d'alcool  hexylique,  alors  que  de  l'alcool  amylique  brut  on  n'a 
pu  retirer  que  v  pour  100  d'alcool  hexylique  (i). 

»  Une  telle  supposition  paraît  peu  probable,  et  il  semble  plus  naturel 
d'admettre,  comme  je  l'ai  proposé,  que  l'hexyléne  se  forme,  soit  par  des 
condensations  de  molécules  entières  d'amylène,  soit  par  suite  de  déchire- 
ments de  certaines  de  ces  molécules  et  par  la  fixation  des  débris  sur 
d'autres.  Dans  l'expérience  que  j'ai  décrite,  j'ai  exagéré  à  dessein  la  dose  de 
chlorure  de  zinc  pour  rendre  la  réaction  plus  violente.  Je  reconnais  néan- 
moins que  la  présence  d'autres  alcools  dans  l'alcool  amylique  jette  une 
certaine  incertitude  sur  l'interprétation  que  j'ai  cru  devoir  préférer,  et  je 
rappelle  ici  que  dans  mes  deux  communications  précédentes  j'ai  moi-même 
appelé  l'attention  sur  cette  cause  d'incertitude.  Il  est  possible,  en  effet,  que 
l'alcool  amylique,  purifié  avec  le  plus  grand  soin,  renferme  des  traces 
d'autres  alcools. 

»  Cependant,  tout  bien  considéré,  je  ne  crois  pas  que  ce  soient  ces  im- 
puretés qui  aient  pu  me  donner  les  quantités  relativement  assez  considé- 
rables des  autres  hydrogènes  carbonés  que  j'ai  signalés.  Si  je  n'ai  pas  dé- 
montré rigoureusement  ce  point,  je  crois  l'avoir  rendu  très-probable.  J'ai 
poursuivi  ces  expériences  ingrates,  dans  l'espoir  qu'elles  pourraient  jeter 


(i)  Dans  celte  évaluation  on  a  rapporté  la  quantité  d'hexylène  formée  à  la  quantité 
d'amylène,  et  on  a  supposé  que  ces  deux  hydrogènes  carbonés  se  formeraient  en  quantités 
proportionnelles  aux  quantités  d'alcool  hexylique  et  d'alcool  amylique  contenues  dans  un 
mélange  j  cela  paraît  légitime,  car  on  sait  que  l'hexyléne  peut  se  condenser  comme  l'amylène, 
et  il  est  naturel  de  supposer  que  le  chlorure  de  zinc  agit  sur  l'alcoof  hexylique  comme  sur 
l'alcool  amylique. 


(  394  ) 
quelque  jour  sur  le  mode  d'accroissement  des  molécules  des  hydrogènes 
carbonés,  et,  partant,  sur  la  formation  des  homologues. 

»  J'ai  essayé  récemment  de  les  rendre  plus  démonstratives.  Dans  le  but 
de  fixer  sur  de  l'amylène  €H-  ou  nGH°,  j'ai  distillé  sur  du  chlorure  de  zinc 
un  mélange,  en  cjuantilés  équivalentes  d'alcool  amvlique  et  d'esprit-de- 
bois,  l'un  et  l'autre  purifiés  avec  soin.  J'ai  lavé  avec  de  l'eau  le  produit  qui 
avait  passé,  et  je  l'ai  traité  par  le  sodium  et  soumis  à  des  distillations  fi'ac- 
tionnées,  comme  je  l'ai  indiqué  précédemment.  Sur  35  grammes  d'amylène 
passant  de  35  à  5o  degrés,  je  n'ai  obtenu,  après  quatre  distillations  frac- 
tionnées, que  3  grammes  d'un  produit  passant  de  55  à  77  degrés,  soit  8,5 
pour  100  seulement.  L'expérience  est  donc  peu  concluante. 

»  Ayant  remplacé  l'esprit-de-bois  par  l'alcool  ordinaire,  j'ai  obtenu, 
après  les  mêmes  séries  d'opérations,  sur  /Jo  grammes  d'amylène,  passant 
de  35  à  5o  degrés,  7  grammes  d'un  produit  passant  de  80  à  io5  degrés, 
c'est-à-dire  17,5  pour  100  de  la  quantité  d'amylène.  Ici  la  proportion  de 
l'hvdrocarbure  supérieur  est  un  peu  plus  considérable,  et  il  semble  s'être 
formé  une  certaine  quantité  d'heptylène  (ou  d'un  isomère)  par  la  fixation 
de  G^W"  sur  CH'".  Le  produit,  qui  avait  passé  de  80  à  io5  degrés,  possé- 
dait d'ailleurs  une  odeur  aromatique  bien  différente  de  celle  de  l'amylène. 
Néanmoins  le  résultat  n'est  pas  aussi  net  qu'on  pourrait  le  désirer.  Je 
compte  répéter  l'expérience  en  variant  les  conditions.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Sur  le  dosage  de  la  crème  de  larlre,  de  l'acide 
tartrique  et  de  la  potasse  contenus  dans  tes  vins;  par  MM.  Berthelot  et 
A.  DE  Fleuriec. 

«  L  —  Nous  avons  entrepris  d'étudier  les  acides  contenus  dans  les  vins  et 
nous  avons  commencé  par  l'acide  tartrique,  le  plus  connu  d'entre  eus. 
Nous  avons  cherché  d'abord  un  procédé  pour  doser  la  crème  de  tartre, 
c'est-à-dire  le  composé  tartrique  qui  se  sépare  naturellement  des  vins,  pen- 
dant leur  conservation,  et  qui  s'y  trouve  en  dissolution.  Après  divers  essais, 
nous  nous  sommes  arrêtés  au  procédé  suivant. 

»  On  prend  10  centimètres  cubes  devin,  on  les  introduit  dans  un  petit 
matras,  on  y  ajoute  5o  centimètres  cubes  d'un  mélange  d  alcool  et  d'éther  à 
volumes  égaux  ;  on  agite  le  tout,  on  bouche  et  on  abandonne  le  matras 
pendant  vingt-quatre  heures  à  la  température  ordinaire.  Au  bout  de  ce 
temps,  la  crème  de  tartre  se  trouve  précipitée  et  adhérente  aux  parois  du 
vase,  tandis  que  les  acides,  l'eau  et  le  reste  des  matières  contenues  dans  le  vin 


(  395  ) 
demeurent  en  solution  au  sein  du  mélange  éfhéro-alcoolique.  Ce  mélange 
retient  en  outre  -i  milligrammes  environ  de  crème  de  tartre  dont  il  est  né- 
cessaire de  tenir  compte. 

»  Pour  opérer  le  dosage,  on  décante  la  liqueur,  on  la  jette  sur  un  petit 
filtre  :  on  lave  le  précipité  par  décantation,  dans  le  matras  même,  avec  une 
petite  quantité  du  mélange  étliéro-alcoolique,  que  l'on  jette  sur  le  même 
filtre.  On  place  ce  filtre  sur  le  matras,  on  le  perce,  on  le  lave  avec  de  l'eau, 
enfin  on  introduit  le  filtre  même  dans  le  matras;  on  chauffe,  et  un  moment 
après  on  détermine  le  titre  acide  au  moyen  d'une  liqueur  normale  de  baryte. 

»  Nous  avons  établi  cette  méthode  à  l'aide  d'expériences  faites  sur  une 
solution  aqueuse  de  crème  de  tartre  à  laquelle  nous  avions  ajouté  à  l'avance 
lo  pour  loo  d'alcool.  Après  quelques  jours  de  repos,  on  obtient  ainsi  une 
liqueur  comparable  à  la  plupart  des  vins;  elle  renferme  environ  3  grammes 
de  crème  de  tartre  par  litre.  L'eau  de  baryte  était  titrée  de  façon  que  lo  cen- 
timètres cubes  de  la  solution  précédente  exigeassent  environ  5o  divisions 
de  baryte.  Ce  procédé  a  été  vérifié  également  pour  des  liqueurs  contenant, 
soit  un  excès  d'acide  tartrique,  soit  de  petites  quantités  d'autres  acides 
organiques.  Il  demeure  approximatif,  même  en  présence  d'une  proportion 
considérable  d'acides  organiques  étrangers.  Ce  n'est  qu'en  présence  d'un 
énorme  excès  de  ces  derniers  qu'il  cesse  d'être  applicable.  Nous  indique- 
rons plus  loin,  en  parlant  du  dosage  de  la  potasse,  un  caractère  propre  à 
indiquer  les  cas  de  ce  genre,  d'ailleurs  exceptionnels  dans  l'élude  des  vins. 

»  II.  —  En  appliquant  ce  procédé  à  l'étude  de  divers  vins,  nous  av((iis 
trouvé  que  : 

»  \°  Dans  certains  vins  la  quantité  de  crème  de  tartre  contenue  en  disso- 
lution était  précisément  la  même  que  dans  une  solution  saturée  de  crème  de 
tartre  renfermant  les  mêmes  proportions  d'eau  et  d'alcool  que  le  vin.  Ce  fait 
a  été  vérifié  notamment  sur  les  vins  suivants,  dont  le  titre  acide  total  était 
sextuple  environ  de  celui  de  la  crème  détartre:  Formichon  1860  et  18G2 
(3  grammes  par  litre).  C'est  un  contrôle  d'autant  plus  précieux  pour  la  mé- 
thode, que  ces  deux  vins  ne  contiennent  pas  d'acide  tartrique  libre,  tout  en 
renfermant  d'autres  acides  organiques  à  l'état  de  liberté. 

»  2°  Dans  la  plupart  des  cas,  la  proportion  de  la  crème  de  tartre  est  infé- 
rieure à  celle  d'une  liqueur  saturée.  La  différence  s'élève  notamment  à 
moitié  dans  le  Formichon  iSSg  et  dans  le  Savigny  1860;  dans  le  Médoc 
i858  et  dans  le  Montpellier  ordinaire.  Le  Savigny  iBSg  et  le  Saint-Émilion 
1857  ne  renferment  presque  que  le  tiers  de  la  proportion  de  crème  de 
tartre  nécessaire  pour  les  saturer.  Les  proportions  les  plus  petites  ont  été 
trouvées  dans  du  vin  de  Savigiiy   1861  qui   avait  été  soumis  à  la  congé- 


(  396) 

lation  (moins  d'un  gramme  par  litre),  et  dans  du  vin  de  Sauteiiay  i858  qui 
avait  éprouvé  un  commencement  d'altération  et  subi  plusieurs  collages 
un  demi-gramme  par  litre). 

»  Dans  aucun  cas  la  proportion  de  crème  de  tartre  n'a  été  trouvée  supé- 
rieure à  celle  qui  répondrait  à  une  liqueur  saturée. 

»  Il  n'existe  aucune  relation  entre  la  quantité  de  crème  de  tartre  contenue 
dans  un  vin  et  son  acidité  totale.  En  effet,  dans  deux  vins  de  même  titre 
acide  et  de  même  titre  alcoolique,  tels  que  Formichon  iSSget  Formichon 
i86a,  la  crème  de  tartre  a  varié  du  sinqîle  au  double.  Le  chiffre  le  plus 
fort  correspond  a  une  liqueur  saturée  de  crème  de  tartre  et  répond  ici  au  vin 
le  plus  nouveau.  Ce  fait  est  essentiel,  car  il  montre  que  les  variations  ne 
paraissent  pas  dues  à  une  action  décomposante  notable  qui  serait  exercée 
sur  la  crème  de  tartre  par  les  acides  libres  contenus  dans  les  vins  examinés. 

»  Ajoutons  encore  que  du  vin  de  Formichon  1857,  conservé  depuis  ces 
trois  dernières  années,  d'une  part  en  bouteille,  d'autre  part  dans  un  ballon 
scellé  à  la  lampe  après  y  avoir  fait  le  vide,  contenait  dans  les  deux  cas 
exactement  la  même  quantité  de  crème  de  tartre. 

u  III.  —  Nous  avons  pensé  que  la  méthode  qui  vient  d'être  décrite  pou- 
vait être  apphquée  à  doser  approximativement  la  quantité  totale  d'acide 
tartrique,  et  même  la  quantité  totale  de  potasse  contenue  dans  les  vins. 
C'est  ce  qui  résulte  des  expériences  suivantes, 

»  1"  On  prend  une  solution  étendue  d'acide  tartrique,  on  la  partage  en 
deux  parties  égales,  on  neutralise  exactement  une  des  deux  moitiés  par  la 
potasse,  on  mélange  les  deux  liqueurs.  L'addition  à  un  pareil  système  du 
mélange  étbéro-alcoolique  susnommé  précipite  la  totalité  de  l'acide  tartrique 
sous  la  forme  de  crème  de  tartre  (sauf  la  trace  de  crème  de  tartre  soluble 
dans  le  mélange).  On  peut  ajouter  à  la  liqueur  de  petites  quantités  d'acides 
organiques  sans  altérer  notablement  les  résultats. 

»  2"  D'après  ces  faits,  pour  reconnaître  si  un  vin  contient  de  l'acide  tar- 
trique libre,  indépendamment  de  la  crème  de  tartre,  il  suffit  de  prendre 
5o  centimètres  cubes  de  ce  vin,  d'en  saturer  10  centimètres  cubes  par  la 
potasse,  de  les  mélanger  avec  les  4o  autres,  de  prendre  ~  du  mélange  et  d'y 
ajouter  5o  centimètres  cubes  du  mélange  éthéro-alcoolique.  Si  le  vin  ren- 
ferme de  l'acide  tartrique  libre,  on  obtient  un  précipité  plus  abondant 
qu'avec  la  liqueur  primitive.  L'excès  d'acidité^du  précipité  répond  à  peu  près 
a  la  moitié  du  poids  de  l'acide  tartrique  libre  du  vin.  Ce  procédé  a  toujours 
été  applicable  aux  vins  que  nous  avons  analysés,  parce  que  leur  acidité 
totale  est  beaucoup  plus  forte  que  celle  qui  répond  à  la  crème  de  tartre 
qu'ils  contiennent.  Or  on  ne  saurait  admettre  la  coexistence  du   tarirale 


(  397  ) 
neutre  de  potasse  et  d'un  acide  organique;   car  une  solution  de  tartrate 
de  potasse,  additionnée  d'une  trace  d'acide  acétique  ou  autre,  puis  traitée  par 
le  mélange  éfhéro-alcoolique,  donne  lieu  à  un  précipité  de  crème  de  tartre. 

»  D'autre  part,  nous  avons  vérifié  l'exactitude  du  procédé  en  ajoutant  au 
vin  de  Formichon  de  petites  quantités  d'acide  tartrique  que  nous  avons 
ainsi  retrouvées  dans  le  précipité. 

»  3°  Eu  appliquant  cette  méthode  a  l'étude  de  divers  vins,  nous  avons 
trouvé  que  la  plupart  d'entre  eux  ne  contenaient  pas  d'acide  tartrique  libre. 
C'est  ce  que  nous  avons  reconnu,  notamment  avec  les  vins  suivants  :  For- 
michon 1860,  1861,  1862;  Savigny  1859,  1860,  1861  gelé;  Savigny  1862, 
(Pinot  rouge  et  Pinot  blanc);  Montpellier  ordinaire;  Médoc  i858;  Saint- 
Émilion  1857. 

1)  Dans  des  cas  peu  nombreux,  1  addition  de  la  potasse  a  donné  lieu  à  un 
accroissement  de  précipité.  Ce  cas  s'est  présenté  avec  Formichon  i858  et 
Brouilly  i858  (acide  libre  égal  à  la  moitié  de  l'acide  contenu  dans  la  crème 
détartre),  et  avec  Formichon  i85c).Dans  ce  dernier  vin,  l'acide  tartrique  libre 
était  double  de  celui  de  la  crème  de  tartre,  et  égal  à  2^'',  2  par  litre;  l'acide 
tartrique  total,  tant  libre  que  combiné,  =  3s%3:  c'est  le  maximum  d'acide 
tartrique  que  nous  ayons  rencontré  dans  les  vins.  Le  minimiun  a  été  trouvé 
dans  le  Savigny  gelé  1861  (acide  tartrique  total  =  o^'',  7  par  litre)  et  dans 
le  Sautenay  i8;")8  altéré  (o^'',  4).  Dans  la  plupart  des  cas,  le  poids  de  l'acide 
tartrique  total  est  donné  par  celui  de  la  crème  de  tartre,  dont  il  repré- 
sente les  ~. 

■»  Cette  absence  d'acide  tartrique  libre  dans  la  plupart  des  vins  exa- 
minés est  un  fait  très-important.  En  effet  l'acidité  de  la  crème  de  tartre 
ne  représente  qu'une  faible  fraction  de  leiu*  acidité  totale.  Dans  le  For- 
michon i858,  par  exemple,  l'acidité  totale  (i)  équivaut  à  7^'',4  d'acide  tar- 
trique par  litre,  tandis  que  celle  de  la  crème  de  tartre  représente  seule- 
ment i^%  I  d'acide  tartrique,  et  celle  de  l'acide  tartrique  excédant  o^',  5;  il 
y  a  donc  une  acidité  équivalente  à  5^'',  8  qui  résulte  d'autres  acides.  L'acide 
succinique  y  concourt  pour  i»"',  5  au  plus,  d'après  les  expériences  de 
M.  Pasteur,  et  l'acide  acétique  pour  quelques  décigrammes,  d'après  celles 
de  M.  Béchamp.  Il  reste  une  acidité  équivalente  à  4  grammes  environ  et  qui 
représente  des  acides  fixes,  peu  ou  point  connus  (2).  A  ce  chiffre  il  faudrait 

(1)  Cette  acidité  ne  comprend  pas  l'acide  carbonique  que  nous  avons  pris  soin  d'éliminer, 
et  qui  d'ailleurs  est  très-peu  abondant  dans  les  vins  anciens. 

(2)  ^o/r  l'ouvrage  de  M.  Maumené,  p.   io4  et  suiv. 

C-  R.,  i863,  ■X'"''  Semestre.  (T.  LVII,  N»  7.)  53 


(398  ) 
encore  ajouter  le  poids  des  acides  combinés  avec  les  bases  contenues  dans  ie 
vin.  On  voit  par  ces  faits  jusqu'à  quel  point  l'étude  du  vin  réclame  de  nou- 
velles recherches.    » 

CHIMIE  APPLIQUEE.  —  Sur  les  r/nz  conictius  dans  le  vin;  par  301.  Bertheloi 

et  A.  DE  Fi,EimiEc. 

(I  Nous  avons  examiné  les  gaz  dissous  dans  le  vin,  principalement  en  opé- 
rant sur  le  vin  de  Formichon  de  1 869,  conservé  en  bouteilles  depuis  trois  ans. 
Ces  gaz  sont  :  1°  l'acide  carbonique  :  sa  proportion  varie  et  va  en  dimi- 
nuant à  mesiu'c  que  l'on  s'éloigne  de  l'époque  de  la  fermentation;  elle  était 
très-faible  dans  le  vin  susnommé;  2°  l'azote  :  sa  proportion  a  été  trouvée 
égale  à  environ  20  centimètres  cubes  par  litre  du  vin  ci-dessus.  Ce  gaz  a  été 
isolé  par  la  méthode  de  déplacement  à  froid,  en  agitant  le  vin  à  plusieurs 
reprises  avec  son  volume  d'acide  carbonique  absolument  pur. 

w  Nous  n'avons  pas  trouvé  trace  d'oxygène  dans  le  vin  analysé.  Ce  vin 
était  d'ailleurs  parfaitement  transparent  et  présentait  toutes  les  propriétés 
d'un  vin  en  très-bon  état  de  conservation. 

»  L'absence  de  l'oxygène  dans  le  vin  examiné  est  un  fait  très-important, 
il  s'accorde  avec  l'existence  du  principe  oxydable  signalé  dans  le  vin  par 
l'un  de  nous  et  avec  la  prompte  altération  que  le  vin  subit  sous  l'influence 
de  l'air.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  question  de  l'ncide  acétique  annoncé  comme  un 
produit  de  la  fermentation  alcoolique.  Lettre  de  M.  Maumexé,  présentée 
par  M.  Pelouze. 

!<  M.  Béchamp  vient  de  signaler  la  présence  de  l'acide  acétique  dans  les 
produits  de  la  fermentation  alcoolique.  M.  Pasteur  admet  le  fait  connue 
exact.  3'ai  eu  l'occasion  d'examiner  la  question,  et  je  crois  que  les  vins  bien 
faits  ne  renferment  pas  d'acide  acétique.  Permettez- moi  de  rappeler 
l'article  728  de  mon  ouvrage  (p.  5 16)  : 

«  On  trouve  dans  certains  vins  de  l'acide  acétique,  et  l'on  a  pu  voir, 
»  dans  le  cours  du  présent  ouvrage,  l'action  d'où  provient  cet  acide.  Sa 
»  détermination  demande  beaucoup  d'attention.  Nous  avons  vu  (§  166  : 
»  que  plusieurs  personnes  regardent  comme  acide  acétique  la  substance 
»  volatile  obtenue  pendant  la  distillation.  La  volatilité  n'est  pas  à  beaucoup 
«   près  un  caractère  suffisant. 

»  Si  l'on   distille  en  effet  une  dissolution  d'acide  carbonique   dans   un 


(399) 
»  mélange  quelconque  d'eau  et  d'alcool,  le  produit  de  la  distillation  rou- 
»  gira  la  teinture  de  tournesol  comme  un  acide  énergique  et  demandera 
»  pour  sa  neutralisalion  complète  une  quantité  très-notable  de  soude  caus- 
»  tique.  Rien  de  plus  facile  à  comprendre  :  l'acide  carbonique  étant  beau- 
»  coup  plus  soluble  dans  l'alcool  que  dans  l'eau,  les  premiers  produits  de 
»  la  distillation,  qui  sont  toujours  très-alcooliquès,  sont  riches  en  acide 
"  carbonique  et  colorent  le  tournesol  comme  de  l'acide  sulfurique  étendu. 
»  On  peut  s'en  assurer  d'une  autre  manière  encore  :  on  agite  de  l'alcool 
»  absolu  dansim  flacon  d'acide  carbonique  sec  ;  la  dissolution  ne  change 
>)  pas  le  moins  du  monde  la  nuance  du  tournesol  ;  mais  ajoute-t-on  de 
»  l'eau,  sur-le-champ  la  nuance  passe  au  rouge  pelure  d'oignon.  Ces  obser- 
»  varions  s'accordent  avec  celles  de  M.  Malaguti.  Les  vins  de  Champagne 
»  dont  la  fermentation  a  lieu  dans  des  tonneaux  ne  renferment  pas  en  gé- 
»  néral  d'acide  acétique.  On  n'en  trouve  plus,  en  tenant  compte  de  la 
»   remarque  précédente.  » 

»  J'ai  cru  pouvoir  passer  sous  silence  dans  mon  livre  le  fait  essentiel  qui 
m'a  donné  la  conviction  de  l'absence  d'acide  acétique.  Plusieurs  fois  j'ai 
neutralisé  le  produit  de  la  distillation  parla  potasse,  et  après  évaporation 
j'ai  essayé  d'obtenir  la  production  du  cacodyle;  jamais  je  n'ai  pu  déve- 
lopper la  moindre  trace  d'odeur. 

»  Il  me  paraît  donc  au  moins  douteux  que  l'acide  acétique  soit  un  pro- 
duit réel  de  la  fermentation  alcoolique.  Les  vins  de  Champagne  sont  faits 
avec  les  plus  grands  soins  ;  ils  sont  toujours  saturés  d'acide  carbonique  de- 
puis le  pressoir,  et  ils  n'ont  pas  le  contact  réel  de  l'air  à  aucune  époque  de 
leur  fabrication.  On  peut  les  assimiler  sans  hardiesse  aux  liqueurs  obtenues 
par  fernienlatiou  dans  le  laboratoire,  et  les  regarder  même  comme  plus 
faciles  à  maintenir  abrités  du  contact  de  l'air  par  la  grande  quantité  d'acide 
carbonique  tenu  en  dissolution.  I/absence  d'acide  acétique  n'est-elle  pas, 
en  ces  conditions,  très-probable?  Je  la  regarde  comme  certaine.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  lesélhers  de  la  terpine  ;  par  M.  Oppenueim. 

«  Pour  déterminer  jusqu'à  quel  point  la  terpine  ressemble  aux  alcools, 
il  importe  d'essayer  tous  les  moyens  propres  à  coadiiner  cette  substance 
avec  des  acides  oxygénés. 

»  On  sait  que  le  chlorure  de  benzoyie  produit  avec  la  terpine  des  hydro- 
carbures simples  et  condensés,  et  que  le  chlorhydrate,   l'iodhydrate  et  le 

53.. 


(  4oo  ) 
hromhydrate  de  terpiléne,  traités  avec  l'acétate  d'argent,  donnent  naissance 
au  terpinol  (i). 

»  Chauffée  avec  une  solution  étendue  d'acide  acétique,  la  terpincse  dis- 
sout sans  se  transformer  en  terpinol,  et  cristallise  par  le  refroidissement  en 
belles  aiguilles.  L'acide  concentré  ne  tarde  pas  d'en  régénérer  l'hydrocar- 
bure, comme  du  reste  M.  Berthelot  l'a  déjà  fait  remarquer,  et  l'acide  buty- 
l'ique  n'agit  qu'à  aoo  degrés  en  produisant  le  même  effet. 

»  Cependant,  lorsque  l'anhydride  acétique  est  mise  en  contact  avec  la 
terpine  anhydre,  on  obtient  un  résultat  différent.  Si  l'on  chauffe  ces  sub- 
stances au-dessus  de  t6o  degrés,  ou  pendant  longtemps  à  une  température 
moins  élevée,  on  obtient,  il  est  vrai,  d'abord  le  terpinol,  et,  en  chauffant 
plus  longtemps  encore,  des  hydrocarbures;  mais  avec  des  précautions  con- 
venables, cette  méthode  fournit  des  quantités  plus  ou  moins  considérables 
du  monoacétate  de  la  terpine. 

»  Voici  la  manière  dont  il  faut  opérei'.  On  inlroduit  dans  un  ballon  des 
équivalents  égaux  des  deux  substances,  on  le  ferme  à  la  lampe,  et  on  chauffe 
jusqu'à  i/|0  degrés.  De  temps  en  temps  on  ouvre  le  ballon  pour  en  retirer 
quelques  gouttes  du  liquide  qu'on  mêle  avec  de  l'eau.  Tant  que  l'eau  sépare 
de  ce  liquide  une  quantité  considérable  de  cristaux  de  terpine,  on  continue 
à  chauffer.  Lorsque  cette  quantité  devient  très-peu  considérable,  on  in- 
terrompt l'opération.  En  général,  on  doit  chauffer  de  trente  à  quarante 
heures.  On  refroidit  le  liquide  pour  en  séparer  la  terpine  tenue  en  solution, 
on  le  lave  avec  de  l'eau  et  avec  une  solution  étendue  de  carbonate  de  soude, 
on  le  dessèche  sur  du  chlorure  de  calcium,  et  on  le  soumet  à  l'analyse. 
Tantôt  il  constitue  de  l'acétate  assez  pur,  tantôt  il  doit  être  purifié  par  une 
distillation  fractionnée  dans  le  vide.  L'acétate  formé  distille  au  commen- 
cement, à  la  fin,  ou  au  milieu  de  l'opération,  suivant  la  nature  et  la  con- 
densation des  substances  qui  y  sont  mêlées.  Les  analyses  suivantes  ont  été 
faites  avec  les  produits  de  quatre  opérations  différentes  plus  ou  moins  bien 
réussies  : 

1.  II.  III.  IV.  Théorie. 

C        67,63        66, (ji        '55,94        66,  i3        67,28 
H         'ï)49         '">76         iï)'4  —  10,28 

»  L'eau  de  baryte  transforme  ce  corps  en  hydrocarbure.  On  a  dosé  la 
quantité  d'acétate  de  baryte  formée.  o8'',36o  de  substance  ont  fourni  0^%  1 53 
de  sulfate  de  baryte,  au  lieu  de  o^"",  1^3  que  demande  la  théorie.  En  tout  cas, 

(1)  Voir  Comptes  rendus,  t.  LV,  p.  4o6,  et  Bulletin  de  la  Société  Chimique,  1862,  p.  84. 


(  4oi  ) 

si  cette  méthode  n'a  pas  encore  produit  l'acétate  en  état  de  pureté,  elle  a 
mis  hors  de  doute  l'existence  de  cette  combinaison. 

»  Le  monoacétate  de  la  terpine  <ï-  H'  O  |  O  se  décompose  par  l'éljul- 

H         ) 
lition;  sous  2  centimèlres  de  pression,  il  bout  de  i4o  à  i5o  degrés  environ. 
Son  odeur  est  analogue  à  celle  de  l'essence  d'oranges,  comme  celle  du  fer- 
pinol,  en  même  temps  qu'elle  rappelle  celle  de  l'acide  acétique. 

»  On  a  essayé  en  vain  de  former  des  combinaisons  de  la  terpine  avec 
d'autres  acides  oxygénés.  L'acide  cyanhydrique  anhydre,  chauffé  avec  la 
terpine  à  100  degrés,  en  dissout  plus  que  deux  fois  son  propre  poids,  mais  il 
la  dépose  en  beaux  cristaux  par  le  refroidissement. 

»  Ces  recherches,  comme  les  précédentes,  ont  été  faites  au  laboratoire 
de  M.  Wurtz.    » 

PHYSIQUE.    —    De   la  forme   globulaire   que    les   liquides   et   les   gaz  jjeuveiil 
prendre  sur  leur  propre  surface;  par  M.  S.  Meunier. 

«  On  ne  peut  filtrer  certains  liquides,  tels  que  l'alcool  ou  l'acide  acétique 
cristallisable,  sans  donner  lieu  à  la  formation  de  petits  globules  qui  courent 
en  tous  sens  à  la  surface  du  liquide  et  sont  bientôt  absorbés  par  lui.  Lorsque 
je  remarquai  ce  fait  pour  la  première  fois,  je  ne  doutai  pas  qu'il  ne  fût  par- 
faitement connu  ;  mais  ne  l'ayant  vu  signalé  dans  aucun  livre,  et  M.  Demain 
n'y  faisant  aucune  allusion  dans  une  communication  récente  (i)  sur  un  sujet 
analogue,  j'ai  cru  devoir  eu  poursuivre  l'étude.  Je  chercherai  dans  cette 
Note  le  procédé  le  plus  commode  de  formation  des  globules. 

»  Pour  l'alcool,  pour  l'acide  acétique,  pour  leséthers,  etc.,  on  peut  pro- 
jeter le  liquide  sur  sa  propre  surface  au  moyen  d'une  pipette.  Les  globules 
sont  nombreux,  assez  gros,  et  présentent  exactement  l'aspect  des  sphéroïdes 
que  M.  Boutigny  fait  naître  sur  une  capsule  incandescente.  Pas  plus  que 
ceux-ci  ils  ne  touchent  ht  surface  sur  laquelle  ils  sont  produits,  ce  qui  peut 
être  vérifié  directement.  Ainsi  je  projette  un  sphéroïde  d'alcool  parfaitement 
incolore  sur  de  la  teinture  d'iode  fortement  colorée  eu  rouge.  S'il  y  avait 
contact,  le  globule  se  colorerait,  tandis  qu'il  reste  absolument  incolore. 
D'ailleurs,  en  se  plaçant  convenablement  par  rapport  au  jour,  on  aperçoit 
sous  le  globule  une  dépression  bien  nette,  dépression  qui  n'aurait  pas  lieu 

(1)   Comptes  rendus,  t.  LVI,  p.    !lo3. 


(    402    ) 

dans  le  cas  de  contact.  T^es  globules  ainsi  formés  ont  une  existence  très-éphé- 
mère (on  verra  plus  loin  comment  j'ai  pu  prolonger  le  phénomène);  lorsque 
l'un  d'eux  est  absorbé  par  le  liquide,  ce  n'est  généralement  pas  d'un  seul 
coup,  mais  en  plusieurs  fois.  Après  chaque  absorption  partielle  il  y  a  pro- 
jection, dans  le  sens  vertical,  d'une  partie  du  globule,  et  cette  partie,  en 
arrivant  au  contact  de  la  surface,  reforme  un  petit  sphéroïde.  Deux  globules 
viennent-ils  à  se  rencontrer  et  se  confondre,  il  y  a  de  même  absorption 
partielle,  projection  de  matière  et  formation  d'un  tout  petit  globule. 

a  Mais  la  formation  des  globules  au  moyen  de  la  pipette  ne  réussit  qu'avec 
un  petit  nombre  de  hquides.  Dans  le  plus  grand  nombre  de  cas,  il  faut 
opérer  de  la  manière  suivante  :  on  introduit  luie  baguette  de  verre  sous  la 
surface  du  liqTiide,  puis  on  soulève  une  goutte  que  l'on  pose  sur  celte  sur- 
face. La  goutte  donne  naissance  au  globule  qui  se  promène  sur  le  liquide 
pour  être  bientôt  absorbé.  En  opérant  ainsi,  tous  les  liquides  que  j'ai  étudiés 
ont  produit  des  globules,  bien  que  certains  d'entre  eux,  l'eau  par  exemple, 
ne  l'aient  fait  que  très-difficilement. 

>)  Tonte  difficidté  disparait  si  l'on  recouvre  le  liquide  en  expérience  d'une 
couche  d'un  autre  liquide  avec  lequel  il  ne  puisse  se  mêler.  Dans  ce  second 
liquide,  le  globule  perd  une  partie  de  son  poids,  et  cet  allégement  se  tra- 
duit par  une  prolongation  de  durée  et  une  augmentation  de  grosseur.  Sous 
le  rapport  de  la  durée,  les  globules  donnés  par  le  sulfure  de  carbone  sous 
l'eau  occupent  le  premier  rang;  au  point  de  vue  de  la  grossein-,  ceux  de 
l'eau  sous  la  benzine  sont  des  plus  lemarquables.  A  l'égard  de  ces  derniers, 
il  y  a  lieu  de  signaler  la  manière  dont  ils  sont  absorbés  :  l'absorption  se 
fait  en  cinq  ou  six  temps  rapprochés  et  donne  chaque  fois  un  globule  beau- 
coup plus  petit  que  le  précédent.  Disons  enfin  que,  lorsque  deux  liquides 
sont  ainsi  superposés,  outre  que  le  liquide  inférieur  donne  des  globules 
nu-dessus  de  la  surface  de  séparation,  on  peut  forcer  le  liquide  supérieur 
à  donner  des  globules  au-dessous  de  cette  même  surface,  de  sorte  que  l'on 
obtient  en  même  temps  deux  espèces  différentes  de  globules. 

»  La  production  des  globules  d'un  liquide  peu  dense  dans  ini  liquide 
plus  lourd  m'a  cont'uit  à  penser  que  les  gaz  pourraient  donner  des  globules 
dans  les  liquides.  L'expérience  a  confirmé  cette  prévision.  De  l'eau  aérée 
étant  chauffée  modérément,  des  bulles  de  gaz  se  sont  élevées  jusqu'à  la  sur- 
face de  séparation  des  fluides  et  ont  présenté  toutes  les  particularités  offertes 
par  les  glol)ules  liquides.  F.t  c'est  parce  que  je  regarde  la  cause  qui  main- 
tient le  globule  d'air  dan--,  l'eau  connue  résidant  dans  la  masse  gazeuse  et 
s'exerçant  au  plan  de  séparation  de  celle-ci  avec  le  liquide,  que  j'ai  cru  pou- 


(  4o3  ) 
voir,  dans  le  titre  de  cetle  Note,  donner  au  mot  surface,  en  l'appliquant  aux 
deux  espèces  de  fluides,  une  extension  inaccoutumée. 

»  En  résumé,  il  résulte  de  ce  qui  précède  que  la  faculté  de  donner  des 
globules  doit  être  considérée  comme  une  propriété  générale  des  fluides.  C'est 
tout  ce  que  je  me  proposais  de  montrer.  » 

ASTRONOMIE.  —  Résultais  des  observations  d'étoiles  filantes,  Jaites  durant  le 
maximum  des  9,  10  eM  i  août,  avec  les  résultats  des  jours  qui  l'ont  précédé  et 
suivi;  par  M.  Coulvier-Guavier. 


Heures 

Nombre 

Moyenne 

Durée 

Nombre 

moyennes 

horaire 

de 

Ciel 

des 

des 

des 

h 

3  en  3 

Année.     Mois. 

Dates. 

visible. 

observations. 

étoiles. 

observations. 

minuit. 

observations 

h       m 

h      m 

Éloilos. 

Etoiles. 

l863.   Juillet. 

•7 

'9 

5,0 

3,4 

I  ,00 
I  ,00 

6 

7 

12,45 
I2,3o 

6,3 

«,4 

*       "3 

22 

7.4 

1 ,5o 

•4 

10, 3o 

10,8 

26 

8,5 

I  ,25 

'9 

3,07 

9>i 

10,3 

27 

7,4 

1 ,5o 

21 

2,00 

ir,i 

) 

Août. 

3 

4,0 

1 ,00 

i5 

9,3o 

23,0 

20,4 

4 

4,> 

I  ,25 

i3 

9,37 

16,0 

5 

3,5 

0,75 

10 

9,22 

22, 1 

6 

4,5 

2,00 

i5 

10,00 

12,0 

1 

7 

5,0 

2,00 

4i 

10,45 

33,7 

[     24,  t 

8 

8,0 

3,00 

61 

10, 3o 

26,7 

] 

9 

7,4 

6,00 

.67 

12,00 

3o,5 

10 

9,0 

5,75 

739 

12,00 

121,2 

66,7 

1 1 

8,5 

5,75 

294 

12  ,00 

48,6 

12 

5,5 

3,5o 

II 1 

I  ,00 

46,. 

j 

i3 

8,0 

2,00 

61 

10, 3o 

38,2 

35,3 

"4 

6,0 

2,25 

35 

9,52 

20,8 

) 

«  Il  résulte  de  l'examen  du  tableau  ci-dessus,  qu'en  partant  des  deux 
observations  des  17  et  19  juillet  on  a  pour  nombre  boraire  moyen  à  minuit 
ramené  à  un  ciel  serein  7  étoiles  3  dixièmes  d'étoile.  Ensuite,  en  prenant 
la  moyenne  de  3  en  3  observations,  on  a  successivement  pour  le  26  juillet 
10  étoiles  3  dixièmes  d'étoile;  puis  le  4  août,  20,4  ;  le  7  août,  a4,i.  En- 
suite, pour  la  moyenne  des  9,  10  et  11  août,  on  trouve  66  étoiles  7  dixièmes 
d'étoile;  enfin,  pour  le  i3  août,  35,3. 

»  Le  tracé  de  la  courbe  montre  bien  la  marche  ascendante  et  descendante 
du  phénomène,  ou,  en  d'autres  termes,  comment  le  nombre  horaire  moyen 
croît  et  décroît. 


(  4o4  ) 

»  Toutes  les  observations  qui  sont  rapportées  dans  ce  tableau  ont  été 
faites  en  dehors  de  la  présence  de  la  Lune,  ou  bien  durant  ces  observa- 
tions la  lumière  de  la  Lune  était  si  faible,  qu'elle  n'a  en  rien  influé  sur  leur 
lésultat. 

»  J'ai  eu  l'honneur  de  faire  observer  à  l'Académie  des  Sciences,  au  mois 
d'août  1861,  que  l'année  i858  avait  marqué  le  terme  de  la  marche  descen- 
dante du  phénomène  depuis  1848,  époque  de  sa  plus  grande  hauteur,  puis- 
que nous  avions  alors  pour  nombre  horaire  des  9,  10  et  1 1  août  1 10  étoiles 
filantes.  En  1 858  le  nombre  était  descendu  à  3c),3,  tandis  qu'aujourd'hui 
nous  le  trouvons  à  66  étoiles  7  dixièmes  d'étoile.  C'est  donc  une  augmen- 
tation du  nombre  horaire  moyen  à  minuit  des  9,  10  et  11  août,  pour  i863, 
de  27  étoiles  L\  dixièmes  d'étoile.  Nous  pouvons  donc  maintenant  espérer  de 
revoir  cette  apparition  d'août  dans  toute  sa  magnificence.  » 

M.  Lavizzari  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la 
Commission  à  l'examen  de  laquelle  a  été  renvoyé  son  Mémoire  intitulé  : 
'(  Nouveaux  phénomènes  des  corps  cristallisés  ». 

(Renvoi  aux  Commissaires  désignés  dans  la  séance  du  8  juillet  : 
MM.  Regnault,  Delafosse,  Pasteur.) 

I^a  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  D. 


BCLLETIM    BIBLIOGRAPHIQCE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  10  août  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Coup  iVœil  historique  sur  ta  projection  des  cartes  de  géographie  :  Notice  hte 
à  la  Société  de  Géotjrnphie  de  Paris  ;  par  M.  d'Avezac.  Paris,   i863;  in-8°. 

Dépots  jurassiques  du  Languedoc  j)yrénéo-méditerrnnéen  comparés  à  ceux 
des  bassins  du  Rhône  et  de  Paris;  par  A. -F.  NOGUÈS.  (Lu  à  la  Société  d'Agri- 
culture, d'Histoire  naturelle  et  des  Arts  utiles  de  Lyon.)  Lyon,  1862;  in-8". 

Sur  le  terrain  jurassirpie  du  Languedoc  pyrénéo-méditerranéen  ;  par  le  même. 
(Extrait  du  Congrès  scientijicpie  de  France.)  Bordeaux;  br.  in-8°. 

Sur  le  terrain  crétacé  de  Icrcis ;  par  le  même.  (Extrait  du  même  recueil.) 
Bordeaux  ;  br.  in-8°. 


(  4o5  ) 

Notice  géologique  sur  les  J Ibères;  par  le  même.  (Extrait  du  même  recueil.) 
Bordeaux;  br.  in-S". 

Observations  sur  le  terrain  anlbraxifère  de  In  Belgique;  par  G.  Dewalque. 
(Extrait  des  Bulletins  de  l' Académie  royale  de  Belgique.)  Bruxelles;  br.  in-8°. 

Note  sur  les  fossiles  siluriens  de  Grand-3Ia)iil,  près  de  Gembloux  ;  par  le 
même.  (Extrait  du  même  recueil.)  Bruxelles;  quart  de  feuille  in-8°. 

Note  sur  quelques  points  fossilifères  du  calcaire  Eifélien;  par  le  même. 
(Extrait  du  même  recueil.  )  Bruxelles  ;  quart  de  feuille  in-8°. 

De  la  fécondation  dans  les  Cryptogames  ;  thèse  préseutéc  au  coucours  pour 
l'agrégation  (section  d'Histoire  naturelle);prtr  Léon  Vaillant.  Paris,  i863; 
in-8°. 

Des  sucres;  par  A.  Naquet.  Paris,  i863;  in-S". 

L'Jrt  défaire  le  vin;  parC  Ladrey.  Paris,  i863;  in- 12.  (Présenté  au  nom 
de  l'auteur  par  M.  Pasteur.) 

De  l'hygiène  des  ouvriers  employés  dans  les  fdatures;  par  J.  PiCARD.  Paris 
et  Strasbourg;  br.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  d'anthropologie  de  Paris;  t.  I  ;  fasc.  4-  Paris,  i  863  ; 
in-8°  avec  planches. 

Mémoires  de  l' Académie  impériale  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres  de 
Dijon;  2*  série,  t.  X,  année  1862.  Dijon,  i863;  in-8°. 

Memoirs...  Mémoires  relatifs  au  relevé  géologique  de  l'Inde  :  Paleontolo^ia 
indica,  avec  figures  et  descriptions  des  restes  organiques  trouvés  dans  le  cours 
du  relevé  géologique  ;  publié  par  ordre  de  S.  Exe.  le  Gouverneur  général 
de  l'Inde,  sous  la  direction  de  Thomas  Oldham,  surintendant  du  Belevé 
géologique  de  l'Inde;  2*  série,  livraisons  3,  4  et  5.  Calcutta;  in-4°  avec 
planches. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  17  août  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Observatoire  Impérial.  Bulletins  du  i"a«  \ 6  août  j863.  Feuilles  autogra- 
phiées  in-fol. 

Longitudes  clironométriques  des  principaux  points  de  la  côte  du  Brésil,  rap- 
portées au  premier  méridien  de  Bio- Janeiro;  par  M.  Mouchez.  (Extrait  des 

C.  R.,  i863,  2n>«  Semestre.  (1.  LVII    N»  7.)  ^4 


(  4o6  ) 
Annales  liydwgraphiques.)  Paris,   i863;  in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'au- 
teur par  M.  Duperrey.) 

De  la  fécondation  dans  les  Phanérogames;  par  Eugène  FOURNlER.  Thèse 
présentée  au  concours  d'agrégation  (section  d'Histoire  naturelle).  Paris, 
i863;in-8°. 

De  l'absorption  dans  le  bain  médicamenteux;  par  M.  REVEIL.  (Extrait  des 
Annales  de  la  Société  d' hydrologie  médicale  de  Paris,  t.  IX.)  Paris,  i86.j; 
in-S". 

Sur  l'ethnogénie  égyptienne  ;  par  J.-A.-N.  Perier.  (Extrait  des  Mémoires 
de  la  Société  d' Anthropologie.)  Paris,  i863;  in-8''. 

Mémoire  sur  le  service  médico-chirurgical  de  la  construction  du  chemin  de 
fer  de  Lisieux  à  Honfleur  (  section  de  Pont-l'Evèque  à  Quettevitle)  ;  par  le  C 
P.-E.  DE  Lamotte.  Pont-l'Évéque,  i863;  in-8°.  (2  exempl.) 

Chemins  de  Jer  :  Questions  de  tracé  et  d'exploitation;  par  Eiig.  FlaCHAT. 
Paris,  i863;  in-8°. 

Remarks...  Remarques  sur  la  lumière  des  météores,  en  tant  qu  affectés  par 
la  chaleur  latente  ;  par  Benj.  V.  Marsh.  (Extrait  de  V An\ericnn  Journal  of 
Science,  etc.; va].  XXXVI.)  Philadelphie,  i863;  br.  in-8*>. 

Videnskabelige...  Communications  scientifiques  de  la  Société  d'Histoire 
naturelle  de  Copenhague;  aimées  1861  et  1862.  Copenhague,  1862  el  i863; 
2  vol.  in-8°. 

Uber  die...  Sur  la  température  moyenne  de  i année  et  des  saisons,  el  le 
caractère  général  des  isothermes  dans  l'Inde  et  la  haute  Asie;  par  H.  VON 
SCHLAGINTWEIT.  (Extrait  des  Comptes  rendus  de  l'Académie  de  Berlin.)  Ber- 
lin i863;  broch.  in-8". 

A  Gorôg...  L'antiquité  grecque  dans  ses  rapports  avec  la  question  géologi- 
que ;  par  G.  ScHVARCZ.  Pesth,  i863;  iu-4°.  (En  hongrois.) 

Foldtani...  Sur  les  essais  géologiques  de  l'antiquité  grecque  jusqu'au  temps 
d'Alexandre  le  Grand;  i"  volume;  par  ]e  même.  Pesth,  i863;  in-8°.  (En 
hongrois.  ) 

Lampsacusi...  Etude  sur  Straton  de  Lampsaque ;  2*  édition,  i'"  livraison  ; 
par  le  même.  Pesth,  i863;  in-8°.  (En  hongrois.)  (Ces  trois  ouvrages  sont 
présentés  au  noui  de  l'auteur  par  M.  d'Archiac.  ) 

Memorie...  Mémoires  de  l'Institut  royal  Lombard  des  Sciences,  Lettres  tt 
Arts;  vol.  IX,  fasc.  3.  Milan,  i863;  in-4°- 

Atti. . .  Actes  de  l'Institut  royal  Lombard  des  Sciences,  Lettres  et  Arts;  vol.  III, 
fasc.  II  à  14.  Milan,  i863;  ui-4°. 

Studi...    Etudes  stratigraphiques  et  paléonto logiques  sur  l'infralias  dans  (es 


(  4o7  ) 

montagnes  du  golfe  de  la  Spezia;  par  le  prof.  Giov.  Capellini.  Bologne, 
i86a;  in-/i°. 

Carta.  .  .  Catie  géologique  du  golfe  de  la  Spezia  et  de  la  vallée  du  Magra 
inférieur  ;  par  le  même.  (Présentés  au  nom  de  l'auteur  par  M.  d'Archiac.) 

Sul  cosi  detto...  Sur  la  maladie  des  jeunes  mulets  connue  en  Sicile  sous  le 
nom  de  nttossicsunentoi  empoisonnement]  ;  par  le  D''Gius.  DE  SIMONE.  Naples, 
i863;br.  in-8°. 


Eli  RATA. 

(Séance  du  3  août   i863.) 

Page  262,  ligne  az,  au  lieu  rie 


Usez 


.^V-K^./.==V-|v'M-^'^ 


(Séance  du    10  août   i863.) 


Page  3i3,  ligne  29,  au  lieu  de  MM.  Pascalis  et  Jaurès,  lisez  MM.  Fisrjuet,  Pascaiis  et 
Jaurès. 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  24  AOUT  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MSi:MOmES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

ZOOLOGIE.  —  Sur  la  méthode  expérimentale  en  général,  et  en  particulier 
sur  un  mode  de  distribution  des  espèces  zoologiques  dite  par  étages;  par 
M.  E.  Chevreul. 

«  M.  Chevreul,  en  communiquant  à  l'Académie  un  spécimen  de  distri- 
bution des  espèces  zoologiques  d'après  un  mode  qu'il  appelle  par  étages^  a 
résumé  d'une  manière  fort  concise  un  travail  d'ensemble  sur  les  sciences 
dites  physiques  et  naturelles. 

»  Ce  travail,  partagé  en  trois  livres,  sert  d'introduction  à  ses  Considérations 
sur  l'histoire  de  la  Chimie. 

»  Il  va  en  donner  une  idée  sommaire  en  renvoyant  au  prochain  Compte 
rendu  le  spécimen  de  distribution  par  étages  des  espèces  zoohgicpies,  le  temps  ne 
permettant  pas  l'impression  des  deux  tableaux  représentant  ce  mode. 

a  Le  P''  livre  traite  de  notions  de  philosophie  générale  ; 

')  Le  IP  livre,  de  notions  principales  du  ressort  de  la  Chimie,  et  des  rap- 
ports de  cette  science  avec  les  connaissances  humaines; 

>  Le  IIP  livre  comprend  des  notions  qui  au  premier  aspect  peuvent 
paraître  étrangères  à  la  Chimie,  mais  qui  en  définitive  s'y  rattachent  par 
l'histoire  de  l'Alchimie  surtout. 

»  Les  communications  faites  a  l'Académie,  par  M.  Chevreul,  ne  concer- 
nent que  le  F'  et  le  IP  livre. 

C.  R.,  i8C3.  î^s  S'-meslre.  (T.  LVII,  N»  8.)  55 


(  4io) 

Livre  P"'.  —  Notions  de  philosophie  générale. 

»  Leur  ol)jet  est  de  définir  les  mots  matière,  corps,  propriétés,  fait,  et 
l'expression  méthode  à  posteriori  expérimentale,  ces  définitions  étant  les  élé- 
ments des  notions  complexes  du  ressort  du  livre  II. 

«  Les  définitions  du  livre  I"  établissent  avant  tout  l'identité  existant, 
(l'une  part,  entre  la  notion  grammaticale  du  substantif,  de  VadjectiJ,  et  du 
'iubstanlif  abstrait  dérivé  de  l'adjectif,  ou  autrement  de  Vattribut,  de  la  propriété, 
et  d'une  autre  part,  la  notion  scientifique  du  corpset  de  ses  propriétés  ;  car  en 
définitive,  ne  connaissant  le  substunlij  que  par  les  qualités  et  les  attributs 
exprimés  par  des  adjectifs,  ne  connaissant  la  matière  ou  les  corps  que  par 
\eurs  propriétés,  nous  ne  connaissons  le  concret  (substantif,  matière,  corps} 
que  pnvVabstrait  (adjectifs,  attributs,  qualités,  propriétés);  or  ce  sont  ces 
attributs,  ces  qualités,  ces  propriétés,  que  scH/emeiU  nous  connaissons  dans 
le  concret,  que  M.  Chevreul  définit  desjails  (i). 

»  Après  avoir  défini  la  méthode  expérimentale:  l'opération  par  laquelle  l'es- 
})rit  institue  des  expériences  propres  à  confirmer  ou  à  infirmer  une  suppo- 
sition qu'il  a  faite  dans  l'intention  de  déduire  la  cause  immédiate  d'un  phé- 
nomène sur  lequel  il  a  fixé  son  attention,  M.  Clievreul  passe  au  livre  II  de 
l'introduction. 

I>ivRK  II.  — Des  notions  principales  du  irssort  de  la  Chimie  et  des  rapports  de  ectte  science  avec 

les  connaissances  humaines. 

»  M.  Chevreul  montre  l'étendue  du  domaine  de  la  Chimie  pure  et  de  la 
Chimie  appliquée;  il  insiste  sur  l'objet  qu'elle  se  propose,  de  ramener  la 
matière  à  des  types  définis  par  Vensemble  de  leurs  propriétés  physicpies,  chi- 
miques et  orcjanoleptiques,  types  appelés  ESPÈCES  CHIMIQUES.  C'est  cet  objet 
qui  la  distingue  de  toute  autre  science. 

>'  M.  Chevreul,  en  définissant  ensuite  l'espèceen  Botanique  et  en  Zoologie, 
montre  la  différence  cpii  distingue  l'espèce  dans  les  corps  vivants,  de 
l'espèce  chimique  qui  comprend  l'espèce  minéralogique  et  l'espèce  géolo- 
gique. 

»  S'il  existe  quelque  analogie  entre  l'étude  de  l'espèce  chimique  envisagée 
au  point  de  vue  statique,  c'est-à-dire  sans  qu'elle  éprouve  de  changements,  et 
l'étude  de  l'espèce  virante,  d'iui  autre  côté  l'étude  de  l'espèce  chimique  en- 
visagée au  point  de  vue  dynamique,  c'est-à-dire  lorsqu'elle  s'unit  à  une  autre 

(i)  Lettres  à  !\L  Viilemain,  sur  la  mithode  tt  la  difinition  tin  mot  fait.  Garnier  frères, 
nif  des  S:iint-Pcres,  n"  6. 


(  4..  ) 
espèce,  ou,  si  elJe  est  composée,  lorsqu'eUe  se  décompose,  présente  une 
circonstance  dans  laquelle  ne  se  trouve  jamais  l'espèce  d'un  corps  vivant. 
C'est  précisément  cette  dernière  circonstance  qui  s'oppose  à  l'ajjplication 
rigoureuse  aux  espèces  chimiques  de  la  inélliode  naturelle  à  laquelle  les 
espèces  des  corps  vivants  sont  soumises. 

»  M.  Chevreul  montre  les  connexions  des  sciences  dites  physiques  et  na- 
turelles, en  classant  celles-ci  en  deux  colonnes  dont  la  première  représente 
la  science  du  concret  et  la  deuxième  la  science  de  l'abstrait.  Chaque  science 
du  concret  a,  dans  la  colonne  de  l'abstrait,  une  ou  plusieurs  sciences  cor- 
respondantes : 

Science 
Au  point  (Je  vue  du  concret.  Au  point  de  Tuo  de  Vabsirait. 

i    Attribut. 
Qualité. 
Propriété. 

Chimie Physique. 

\  Botanique  )  relativement  à  l'étude I  Botanique  1  relativement  à  la  méthode 

)  Zoologie     )  des  individus  (  Zoologis      )  naturelle. 

,      .      ■  ,     .  (  Anatoniie     ]  [   Aiiatomie   ) 

Anatomie  zoologique {  ,  \  '. 

(  comparée,    j  j  générale.     \ 

Physiologie  zoologique Physiologie  comparée. 

Médecine .  .  Médecine  comparée. 

Nominalisme Réalisme. 


»  En  terminant  ce  tableau  par  le  nominalisme  et  le  réalisme,  et  en  rap- 
pelant la  définition  précédente  du  mo\.  fait,  on  voit  comment  la  science  de 
l'abstrait  sort  du  concret  par  la  faculté  d'abstraire  dont  l'esprit  de  l'homme 
est  doué,  et  comment  la  science  fait  retour  au  concret  pour  connaître 
celui-ci,  en  réunissant  à  chaque  corps,  à  chaque  être,  à  chaque  chose,  par 
la  synthèse,  ce  que  l'analyse  en  avait  séparé. 

»  Cette  distribution  des  éléments  scientifiques  ordonnés  conformément 
aux  définitions  précédentes  des  expressions  fait  et  méthode  à  posteriou 
expérimentale^  une  fois  admise,  M.  Chevreul  ne  peut  accepter  des  classifi- 
cations où  les  sciences,  telles  que  l'esprit  de  l'homme  les  a  distinguées, 
sont  divisées  et  subdivisées  d'après  ce  que  chaque  classificateur  appelle  le 

55.. 


(    4l2    ) 

rationalisme.  La  division  du  savoir  de  l'homme  en  sciences  diverses  est  la 
conséquence  de  la  faiblesse  de  l'esprit  humain  qui,  privé  du  savoir  suprême, 
ne  peut  connaître  qu'à  la  condition  de  procéder  successivement  par  l'ana- 
lyse d'abord,  et  par  la  synthèse  ensuite. 

)i  La  faculté  d'abstraire  et  la  faculté  de  réunir  ensuite  par  la  synthèse 
les  éléments  séparés  par  l'analyse,  en  plaçant  l'homme  à  une  distance  si 
grande  des  animaux,  que  l'on  a  proposé  de  le  placer  dans  un  règne  distinct 
du  règne  animal  proprement  dit,  il  faut  reconnaître  que  ces  mêmes  facultés 
le  mettent  bien  au-dessous  d'iui  être  qui  serait  doué  du  savoir  suprême. 

»  Une  fois  que  les  facultés  de  l'esprit  humain,  d'abstraire  et  de  réunir 
ensuite  par  la  synthèse  des  éléments  séparés,  sont  considérées  à  ce  point  de 
vue,  la  philosophie  ne  peut  que  gagner,  en  apercevant  deux  causes  d'er- 
reur menaçant  sans  cesse  l'exactitude  des  recherches  de  l'homme  occupé 
à  connaître  la  cause  immédiate  des  phénomènes  qu'il  observe  : 

»  t"  Une  analyse  défectueuse,  ne  donnant  pas  des  abstractions  simples, 
précises,  ou  des  abstractions  complexes  définies  de  manière  à  prévenir  toute 
erreur  ; 

»  2°  Une  synthèse  défectueuse,  pronjpte  à  réunir  des  abstractions  com- 
plexes mal  définies,  et  exposée  sans  cesse  à  prendre  la  partie  pour  le  tout. 

»  L'histoire  des  sciences  est  principalement  instructive  quand  elle  est 
écrite  à  ce  point  de  vue,  et  il  faut  dire  qu'elle  eût  été  bien  plus  fructueuse 
pour  la  connaissance  de  l'esprit  humain  et  pour  les  progrès  de  la  raison,  si 
on  eût  insisté  sur  les  erreurs  provenant  de  la  faiblesse  de  l'esprit,  au  lieu 
de  s'appesantir,  comme  on  l'a  fait,  sur  ce  qu'on  appelle  si  improprement  les 
erreurs  des  sens. 

»  Avec  cette  manière  de  voir,  on  ne  fait  plus  dans  l'histoire  d'une 
science  deux  périodes  distinctes  et  successives,  l'une  qu'on  appelle  période 
d'analyse  ou  de  division,  et  une  autre  qu'on  appelle  période  de  synthèse  ou 
d'association,  et  l'on  se  garde  bien  de  sacrifier  les  Aommes  qu'on  appelle  ana- 
lystes aux  /iommes  qu'on  a])\)e\\e  synttiélistes.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Lettre  de  M.  Boussingaclt  à  M.  Chevreul. 

«  Je  termine  ainsi  la  première  partie  des  Recherches  entreprises  pour  exa- 
miner si  les  feuilles  émettent  du  gaz  azote  quand  elles  décomposent  l'acide  car- 
bonique sous  Cinfluence  de  la  lumière  :  «  De  l'ensemble  des  faits  on  peut,  je 
»  crois,  conclure  que,  pendant  la  décomposition  de  l'acide  carbonique 
»  par  les  parties  vertes  des  végétaux,  il  n'y  a  ni  absorption  ni  émission 
»  d'azote,  et  que  si  les  volumes  de  ce  gaz  obtenus  d'une  même  plante. 


(4i3  ) 
>>  avant  et  après  l'exposition  au  soleil,  quoique  tres-peu  différents,  n'ont 
"  cependant  jamais  été  absolument  égaux,  cela  a  tenu  uniquement  à  cette 
»  circonstance  que,  dans  chacune  de  mes  expériences,  l'atmosphère  retirée 
»  des  feuilles  qui  avaient  fonctionné  à  la  lumière  avait  acquis  une  très- 
si  faible  quantité  de  gaz  combustible  dont  il  reste  à  préciser  l'origine  : 
'I   c'est  ce  qne  je  ferai  dans  la  seconde  partie  de  ce  travail  (i).    » 

»  Conformément  au  programme  que  je  m'étais  tracé,  j'ai  commence 
dans  l'été  de  1862  une  série  d'expériences  pour  constater  si,  dans  l'atmo- 
sphère, l'oxygène  que  donneraient  les  feuilles  renfermerait  les  minimes 
quantités  d'oxyde  de  carbone  que  j'avais  constatées  dans  celui  dégagé  par 
les  plantes  submergées.  Ce  procédé  a  consisté  à  faire  pénétrer  les  extrémités 
de  branches  attenantes  à  l'arbre  dans  une  atmosphère  formée  d'air  et 
d'acide  carbonique,  et  contenue  sous  une  cloche  d'une  grande  capacité. 
L'air  était  ensuite  examiné,  après  l'avoir  privé  de  l'acide  carbonique. 

»  Les  difficultés  que  j'ai  eu  à  vaincre  pour  installer  les  appareils  ont  été 
assez  multipliées.  Aussi,  les  résultats  de  1862  n'ont  pas  été  satisfaisants. 
J'ai  recommencé  cette  année,  et  je  crois  être  arrivé  à  cette  conclusion  que 
les  feuilles,  je  puis  même  dire  les  branches,  en  fonctionnant  dans  des  condi- 
tions aussi  semblables  que  possible  aux  conditions  normales,  émettent  de 
l'oxygène  qui  ne  présente  pas  d'indices  du  gaz  combustible  que  j'ai  constam- 
ment trouvé  dans  Toxygène  des  plantes  submergées  fonctionnant  dans  les 
appareils  que  j'ai  décrits. 

»  Voici  un  résultat  foiuaii  par  des  branches  de  tliuj^a  exposées  pendant 
douze  heures  en  plein  soleil. 

»  IjC  gaz  dépouillé  d'acide  carbonique  renfermait  68  d'oxygène  et 
32  d'azote.  C'est  à  cet  état  qu'on  la  introduit  dans  l'eudiomètre. 

Gaz  à  zéro  et  pression  o"',76 ^Sg,  16     (25'^'',giG) 

Après  introduction  de  l'hydrogène.  .  .      33o,o8 

Hydrogène 70,92 

Devant  prendre  oxygène 35 ,  46 

Gaz  devant  disparaître 106,  38 

Après  explosion,  gaz 223,73 

Gaz  disparu.  . 106, 35 

»  Ceci  s'accorde  avec  ce  que  vous  avez  communiqué  à  l'Académie.  Je 

(i)   Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  t.  LXVI,  p.  428. 


(  4'4  ) 

n'ai  pas  voulu  atfeudre  la  publication  de  la  deuxième  partie  de  mes 
Recherches  pour  féliciter  M.  Cloèz  sur  la  parfaite  exactitude  du  résultat 
qu'il  a  obtenu.  Vous  trouverez  dans  celte  deuxième  partie  des  faits  bien 
inattendus.   » 

«  M.  Chevhecl,  à  la  suite  de  cette  Lettre,  dit  que  M.  Cloèz  a  reconnu 
que  les  feuilles  ne  décomposent  l'acide  carbonique  qu'en  raison  de  la  ma- 
tière verte  qu'elles  contiennent,  et  que  les  parties  jaunes  ou  rouges  de 
certaines  feuilles  ne  donnent  pas  lieu  à  cette  décomposition.  C'est  ce  que 
M.  Cloèz  a  reconnu  en  opérant  comparativement  sous  l'influence  d'une 
insolation  de  deux  heures.  Il  communiquera  prochainement  ses  recherches 
à  l'Académie.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sitr  la  Jorinaùon  de  rhwuiis  cl  du  nilre; 
par  M.   Ch.   Bloxdeau.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Payen,  Peligot.) 

«  Il  y  a  vingt  ans,  alors  que  j'étudiais  l'action  qu'exercent  les  acides,  et  en 
particulier  l'acide  sulfurique,  sur  la  cellulose,  je  fus  conduit  à  l'observation 
d'un  fait  curieux  :  c'est  qu'avant  de  se  combiner  à  la  cellulose,  l'acide  sul- 
furique transforme  cette  substance  en  une  matière  qui  lui  est  isomère  et  qui 
possède  les  propriétés  les  plus  remarquables. 

))  Cette  substance,  que  je  désignai  sous  le  nom  deyjj/mj'nose,  parce  qu'étant 
portée  à  la  température  de  i4o  degrés  elle  se  décompose  spontanément  en 
carbqne  et  vapeur  d'eau,  possède  non-seulement  la  propriété  de  se  combiner 
à  l'acide  azotique  et  de  donner  ainsi  naissance  à  la  poudre-coton,  mais  en- 
core d'absorber  avec  beaucoup  d'activité  certains  gaz  et  en  particulier 
l'ammoniaque,  l'acide  chlorhydrique  et  l'hydrogène  sulfuré,  cette  absorp- 
tion se  produisant  avec  dégagement  de  chaleur  et  combinaison  du  gaz  ou 
de  ses  éléments  avec  la  fidminose. 

1)  L'absorption  de  ces  divers  gaz  est  généralement  accompagnée  d'un 
dégagement  de  chaleur  assez  considérable  pour  prouver  l'existence  d'une 
action  chimique  énergique;  et  en  effet  l'ammoniaque  se  fixe  sur  la  fulminose 
et  produit  un  composé  azoté  correspondant  à  celui  qui,  avec  l'acide  azo- 
tique, constitue  la  poudre-coton. 

»  Cette  puissance  absorbante  exercée  par  la  fulminose  sur  les  gaz  pré- 
sente beaucoup  d'analogie  avec  la  faculté  que  possède  le  charbon  de  bois 


(4i5) 
qui,  lui  aussi,  absorbe  les  gaz,  mais  en  quantité  différente;  car,  d'après  nos 
expériences,  nous  voyons  que  la  fulminose  n'agit  énergiquement  que  sur 
les  gaz  qui  contiennent  de  l'hydrogène. 

»  Une  seconde  propriété,  tout  aussi  curieuse  que  la  précédente,  nous  est 
offerte  par  cette  même  substance  :  elle  agit  à  la  manière  du  platine  et  avec 
autant  d'énergie  que  ce  métal,  pour  déterminer  la  combinaison  de  l'oxy- 
gène et  des  gaz  combustibles  à  la  température  ordinaire. 

»  Toutes  ces  propriétés  se  retrouvent  avec  le  même  degré  d'intensité 
dans  ime  autre  substance  qui  est  également  une  modification  de  la  cellulose 
produite  sous  l'influence  du  développement  de  deux  champignons  micro- 
scopiques qui  ont  été  étudiés  par  MM.  Sowerby  et  Knowles,  et  auxquels 
ils  ont  donné  les  noms  de  Xyloslroma  cjigantiwn  et  de  Boletiis  Incrjmans. 

»  Lorsque  le  bois  se  trouve  soustrait  à  l'influence  de  la  force  vitale  et 
placé  dans  des  conditions  de  température  et  d'humidité  convenables,  il  ne 
tarde  pas  à  être  envahi  par  une  ou  deux  espèces  de  mycodermes  d'aspect 
filamenteux,  de  couleur  blanche,  et  qui,  venant  s'intercaler  entre  les  couches 
du  bois,  puisent  dans  lintérieur  des  fibres  et  des  vaisseaux  les  matières 
azotées  nécessaires  à  leur  développement  et  laissent  pour  résidu  une  sub- 
stance ayant  la  plus  grande  analogie,  par  ses  propriétés  et  sa  composition, 
avec  la  fulminose.  Lorsqu'on  traite  successivement  par  une  dissolution 
alcaline  de  potasse,  par  de  l'acide  chlorhydrique  étendu  et  enfin  par  de 
l'eau  bouillante  un  fragment  de  bois  mort  de  tilleul,  ou  obtient,  comme 
résidu,  une  matière  blanche  très-friable  qui,  soumise  à  l'analyse,  présente 
la  composition  de  la  cellulose  et  possède  en  outre  toutes  les  propriétés  de 
la  fulminose. 

•>  Cependant,  au  premier  abord,  on  serait  tenté  de  croire  que  ces  deux 
substances  ne  sont  pas  identiques.  En  effet,  si  l'on  traite  le  bois  mort  par 
l'ammoniaque  ou  l'acide  sulfurique,  on  voit  cette  substance  noircir,  ce  qui 
n'a  point  lieu  lorsqu'on  opère  sur  la  fulminose;  mais  cette  différence  pro- 
vient de  ce  que  dans  le  bois  iiiort  il  se  trouve  diverses  sidjstances  qui 
accompagnent  la  cellulose,  \a  sclérogciie,  entre  autres,  sur  laquelle  le  végétal 
mycodermique  n'a  agi  qu'en  l'amenant  à  un  état  de  division  tel ,  que 
l'acide  sulfurique  et  l'alcali  volatil  l'attaquent  avec  la  plus  grande  facilité 
en  donnant  naissance  à  un  produit  fortement  coloré  en  noir,  à  réaction 
légèrement  acide,  et  qui  peut,  en  se  combinant  aux  alcalis  et  aux  bases, 
donner  naissance  à  des  sels,  tous  de  couleiu'  noire,  tantôt  solubles,  tantôt 
insolubles  dans  l'eau.  Lorsqu'on  se  débarrasse  par  des  lavages  successifs 
'  à  l'eau  rendue  alcaline  par  la  potasse,  puis  par  de  l'eau  acidulée  et  enfin  par 


(  4i6) 
un  traitement  à  l'alcool,  de  toutes  les  matières  qui  accompagnent  la  cellu- 
lose ainsi  que  des  filaments  de  la  substance  organisée  qui  pénètrent  en 
tous  sens  le  bois,  on  obtient  une  matière  qui  alors  ressemble  complètement 
à  la  fulminose  et  qui  ne  noircit  plus  sous  l'influence  de  l'alcali  volatil  et 
de  l'acide  sulfurique. 

»  Les  faits  que  nous  venons  d'exposer  nous  permettent  de  rendre 
compte  à  la  fois  des  modifications  que  le  bois  éprouve  pour  se  transformer 
en  humus,  et  du  rôle  que  joue  ce  dernier  dans  la  nitrification. 

»  Privé  de  la  vie  végétale,  il  ne  tarde  pas  à  être  envahi  par  les  germes 
d'un  mycoderme,  lequel,  se  développant  aux  dépens  des  matières  conte- 
nues dans  l'intérieur  des  cellules  et  des  fibres  du  bois,  le  transforme  en  une 
substance  d'une  faible  cohésion,  isomère  de  la  cellulose,  et  qui  possède  la 
propriété  d'absorber  les  gaz  et  en  particulier  l'ammoniaque.  Ce  dernier,  en 
réagissant  sur  les  débris  de  la  sclérogène,  les  colore  en  noir  et  forme  une 
espèce  de  combinaison  qui,  étant  soluble,  pénètre  dans  les  pores  de  la  cellu- 
lose modifiée,  et  lui  communique  cette  teinte  noire  qui  est  caractéristique 
de  l'humus.  L'ammoniaque  et  l'oxygène  sont  condensés  par  l'humus,  et 
cette  condensation  développe  une  quantité  de  chaleur  suffisante  pour  dé- 
terminer la  combustion  de  l'ammoniaque  et  sa  transformation  en  eau  et 
acide  azotique;  de  là  production  d'azotate  d'ammoniaque,  qui  peut 
échanger  sa  base  avec  la  potasse,  la  soude,  la  chaux,  et  former  ainsi  les 
divers  azotates  qui  contribuent  si  puissamment  à  la  végétation. 

»  Les  faits  principaux  contenus  dans  mon  Mémoire  se  réduisent  aux 
suivants  : 

.1  1°  Transformation  du  bois  en  fulminose  sous  l'influence  d'une  végé- 
tation mycodermique; 

»  1°  Propriété  absorbante  exercée  par  la  fulminose  à  l'égard  de  certains 
gaz,  et  en  particulier  de  l'ammoniaque  et  de  l'oxygène; 

'  3*^  Combustion  dans  les  pores  de  la  fulminose  des  éléments  de  1  am- 
moniaque et  leur  transformation  en  eau  et  acide  azotique  :  cette  combus- 
tion lente  est  rendue  manifeste  par  la  lumière  que  répand  dans  l'obscurité 
le  bois  mort  : 

)  4°  Identité  de  l'humus  et  de  la  fulminose,  le  premier  de  ces  corps  ne 
devant  sa  couleur  noire  qu'à  la  substance  soluble  qui  prend  naissance  par 
suite  de  l'action  de  l'aiiunoniaque  sur  les  débris  de  la  sclérogène  ou  ma- 
tière incrustante  des  cellules. 

"  Tous  ces  faits,  il  faut  bien  le  reconnaître,  ne  sont  pas  entièrement 
nouveaux  :  la  plupart,  au  contraire,  avaient  été  déjà  observés. 


(  4.7  ) 
»  Mais  on  n'était  pas  parvenu  à  préciser  la  nature  de  la  substance  qni 
jouissait  des  propriétés  curieuses  que  l'on  avait  observées.  En  démontrant 
que  cette  substance  n'est  autre  qu'une  modification  isomérique  de  la  cellu- 
lose que  nous  avions  découverle  il  y  a  déjà  longtemps,  nous  croyons  avoir 
donné  au  phénomène  de  !a  nitrificaîion  l'inferpréfation  la  plus  simple 
qu'il  puisse  comporter.  » 

SIÉ MOIRES  PRÉSEî^'TÉS. 

ORGANOGRAPHIE  VÉGÉTALE.  —  Éludes  sur  révolution  des  boiiir/eons.  {Seconde 
partie  :  Des  mullipUcalions  organiques)  ;  pnr  M.  Ch.  Fekmond. 

(Renvoi  aux  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Brongniart, 

Decaisne,  Duchartre.) 

«  Dans  la  première  partie  de  ce  travail,  nous  avons  essayé  de  donner 
luie  idée  de  l'exastosie,  force  ou  {)ropriété  que  présente  le  tissu  cellulaire  de 
se  séparer  pour  former  les  organes  axiles  et  appendicidaires,  et  nous  avons 
fait  voir  que  les  trois  formes  de  cette  force,  en  agissant  simultanément,  avaient 
pour  effet  de  délimiter  et  de  circonscrire  de  petits  amas  de  cellules  que  nous 
avons  nommés  pli)  togènes.  Un  phytogène  est  donc,  dans  le  principe,  un  petit 
amas  sphérique  de  tissu  cellulaire  capable  de  se  développer  en  axes  et  en 
appendices.  Pour  comprendre  ce  phénomène,  il  faut  concevoir  cpi'arrivé  à 
un  certain  degré  de  développement,  ce  phytogène,  par  exastosie,  se  subdi- 
vise eu  plusieurs  autres  phytogènes.  Comme  base  à  tout  raisonnement  idté- 
lieur,  nous  admettons  (ce  que  nous  démontrerons  plus  tard)  qu'il  se  forme 
normalement  douze  phytogènes  disposés  autour  d'un  treizième  central. 
Nous  distinguons  ce  phytogène  composé  qui  en  résulte  par  le  nom  de  pro- 
topliytoijène. 

»  Quand  un  protophytogène  se  développe  normalement,  les  phytogènes 
secondaires  sont  disposés  ainsi  qu'il  suit  :  trois'inférieurs,  qni  entrent  dans 
la  composition  des  mérilhalles;  six  circuldires  et  trois  supérieurs  placés  sur 
les  six  circidaires  assemblés  par  couples.  Dans  les  monocotylédones,  les 
six  circulaires  et  les  trois  supérieurs  entrent  dans  la  composition  du  seul 
cotylédon  ou  de  la  seule  feuille  qui  se  forme  à  la  fois,  et  il  n'y  a  exastosie 
que  d'un  seul  côté  par  où  sort  le  produit  de  l'évolution  du  phytogène  cen- 
tral devenu  à  son  tour  protophytogène.  Dans  les  dicotylédones  (types),  il 
y  a  trois  exastosies  circulaires  et  formation  de  trois  cotylédons  ou  de  trois 
feuilles,  pur  l'assemblage  et  le  développement  de  deux  des  phytogènes  cir- 

C.    R.,  i8(i3,   2">«  Semestre     T.  LVII,  N»  0.)  56 


(4i8) 

culaireset  un  des  pliytogéncs  supérieurs;  ces  trois  organes  appeiidiculaires 
se  réduisent  souvent  à  deux  opposés,  et  c'est  ce  qui  constitue  l'état  normal 
de  la  plupart  des  dicotylédones  à  feuilles  opposées.  On  voit  donc  que  les 
pliytogènes  simples  concourent  à  la  formation  des  organes  appendiculaires, 
tandis  que  les  j)rotophytogènes  servent  à  former  les  organes  axiles. 

»  Les  nouvelles  études  que  nous  venons  d'entreprendre  sur  le  dévelop- 
pement des  bourgeons  nous  conduisent  à  ranger  sous  le  nom  de  chorises 
des  phénomènes  identiques  ne  différant  les  uns  des  autres  que  par  l'état 
plus  ou  moins  complet  du  phénomène,  ou  par  le  nombre  des  éléments 
surajoutés,  ou  par  la  disposition  de  ces  éléments  :  d'où  nous  avons  tiré  la 
division  suivante  que  nous  tâcherons  de  justifier  dans  le  court  extrait  qu'il 
nous  est  permis  de  faire. 

idiplasiqucs  (J'/^Aas-ioî,  double);  vrai dédoubleraent. 
triplasiques  (rpi/rA«3-ioî,  triple), 
pollaplasique  [-TioXXxivXitno;,  multiple). 
(  diplasiques. 
centripètes  { triplasiques. 

r^iiuiisL-  ues  '  i        ,,      ,     ■ 

\  (  pollaplasiques. 

I  (  planes  :  diplasiques,  triplasiques  ou  pollaplasiques  fascies  ). 

\  organes  axiles.  <  circulaires  :  triplasiques  ou  pollaplasiques. 

{ sphériques  :  pollaplasiques. 

>'  Ceci  posé,  voici  ce  que  l'on  peut  observer  dans  l'étude  des  chorises  des 
axes,  que  seules  nous  examinerons  ici. 

»  Avant  de  se  constituer  protophylogène,  un  piiytogéne  peut  prendre 
les  différentes  formes  de  multi[)lications  suivantes  : 

)'  i"  Il  peut  subir  une  première  division  en  deux,  trois  ou  successive- 
ment plusieurs  pliytogènes  formant  plus  tard  autant  de  protophytogenes 
accolés  suivant  un  même  plan  et  qui  seront  l'origine  des  fascies. 

»  2"  Dans  sa  première  division,  il  se  peut  que  trois  centres  vitaux  ou  pliy- 
togènes se  forment  en  se  disposant  en  triangle,  et  chacun  d'eux  devenant 
protophy togène,  il  en  résulte  une  tige  triple.  Quelquefois,  après  s'être  divisé 
à  la  manière  d'un  protophytogène  normal,  chacun  des  phytogènes  circu- 
laires peut  devenir  protophytogène  à  son  tour  et  avant  de  former  les  organes 
appendiculaires  ;  alors  il  en  résulte  autant  de  protophytogenes  ou  axes 
accolés  suivant  un  cercle,  et  qui  seront  l'origine  d'une  anomalie  peu  con- 
nue jusqu'à  ce  jour.  Dans  ce  cas,  ordinairement,  le  phytogène  central 
avorte,  et  la  tige  reste  creuse.  Quelquefois  même  chaque  phytogène  circu- 
laire peut  subir  l'influence  de  la  diplasic  ou  de  la  trijjlasic  ou  même  de  la 


(4i9) 
])ollaplasie(rare).  Ces  divers  états  constituent  alors  l'équivalent  d'une  fascie 
qui  au  lien  d'être  plane  est  circulaire. 

»  3°  Enfin,  il  arrive  fréquemment  que  le  phytogène  étant  devenu  pro- 
tophytogéne,  chacun  des  pliytogènes  secondaires  périphériques  devient 
protophytogène  donnant  alors  des  phytogènes  tertiaires  périphériques, 
qui  deviennent  eux-mêmes  protophytogènes,  et  ainsi  de  suite,  accolés  sui- 
vant une  portion  de  sphère,  sans  donner  d'organes  appendicnlaires,  mais 
augmentant  peu  à  peu  de  volume  et  formant  aussi  l'équivalent  d'une  fascie, 
qui  n'est  plus  ni  plane,  ni  circulaire,  mais  qui  est  sphérique.  Voilà  pourquoi 
nous  avons  cru  devoir  distinguer  ces  chorises  par  les  dénominations  sui- 
vantes :  1°  épipédochorise  {iTdTTic^oi;,  plan),  c'est  la  fascie  des  auteurs; 
2"  cyclochorise  (zt/zAoc,  cercle),  cette  chorise  n'est  décrite  nulle  part; 
3"  sphérochorise  [G(pxipa.,  sphère),  c'est  la  loupe  ou  l'exostose  des  auteurs. 

»  Ces  dénominations  ont  l'avantage  d'indiquer  nettement  la  nature  du 
phénomène,  et  de  présenter  un  lien  commun  que  n'ont  pas  entre  elles  les 
dénominations  admises  jusqu'à  ce  jour. 

»  ÉpipéDOCHOrises.  —  Dans  cette  série  d'anomalies  on  peut  distinguer  : 
i"  les  diplasiques,  qui  sont  les  plus  simples  :  elles  se  composent  de  deux 
axes  accolés  qui  finissent  le  plus  souvent  par  se  séparer  en  formant  alors 
un  vrai  dédoublement  :  elles  sont  très-fréquentes  dans  les  'Vignes,  Capu- 
cines, Cerisiers,  Solrmum,  etc.  ;  2°  les  triplasiques,  très-fréquentes  aussi 
chez  les  plantes  à  végétation  luxuriante  (  Tropœoliiin  majus,  Lyciiim  barbara, 
Prunus  cerasus,  etc.);  les  pollaplasiques,  plus  rares,  quoique  fréquentes 
encore.  Ce  sont  elles  que  les  auteurs  ont  coutume  de  désigner  sous  le  nom 
àefascies.  Nous  ne  retracerons  point  ici  leurs  caractères;  mais  nous  dirons 
qu'il  n'est  pas  rare  de  les  voir  se  résoudre  en  une  midtitude  d'axes  situés 
dans  le  même  pian,  les  uns  encore  fasciés  et  les  autres  normaux. 

M  Cyclochorises.  —  Dans  cette  nouvelle  série  d'anomalies  les  axes  sont 
cylindriques;  ils  ont  un  gros  volume  relatif;  ils  sont  le  plus  souvent  creux, 
sillonnés  longitudiualement  et  à  mérithalles  courts.  Leurs  feuilles  et  leurs 
fleurs  sont  souvent  groupées  plusieurs  ensemble  et  parfois  unies  dans  une 
plus  ou  moins  grande  partie  de  leur  étendue.  Quelquefois  ces  cyclo- 
chorises se  résolvent  en  autant  d'axes  qu'il  en  entrait  dans  leur  composi- 
tion. 

»  La  plus  simple  de  ces  anomalies  est  la  triplasique,  attendu  que  la  dipln- 
sique  ne  pourrait  se  présenter  qu'avec  une  forme  aplatie,  et  conséquemment 
rentrerait  dans  les  épipédochorises.  Cette  cyclochorise  est  fréquente  dans  le 
Hyacinthus  ori€ntalis,et  c'est  à  elle  que  l'on  doit  cette  remarquable  multipli- 

56.. 


(  420  ) 

cité  de  fleurs  que  donne  la  Jacinthe  dite  de  Hollande,  puisque  la  Jacinthe 
ordinaire  n'en  porte  habituellement  qu'une  dizaine.  On  trouve  la  preuve  de 
l'existence  de  cette  cyclochorise  dans  les  considérations  suivantes  :  i°  souvent 
l'axe  est  terminé  par  trois  fleurs  disposées  en  triangle  et  dans  un  état  de  déve- 
loppement sensiblement  égal;  i°  souvent  aussi  l'extrémité  de  l'axe  est  divi- 
sée en  trois  axes  distincts;  3°  quelquefois  l'exastosie  s'est  fait  sentir  jusqu  à 
la  base  des  trois  axes,  et  l'on  a  ainsi  trois  hampes  disposées  en  triangle  ; 
4"  enfin,  d'autres  fois,  par  exastosie,  un  seul  se  détaclie  des  deux  autres,  qui 
foraient  alors  une  épipédochorise  diplasique  présentant  une  face  interne 
devant  laquelle  se  trouve  exactement  placé  l'axe  qui  s'en  est  séparé. 

»  La  cyclochorise  pollaplasique  s'est  présentée  à  notre  observation  dans 
le  Pisum  sativum  (var.  Knight).  Sa  tige,  normale  à  sa  base^  se  renfle  peu  a 
peu  au  point  d'acquérir  un  volume  considérable,  portant  alors  dix-huit  à 
vingt  sillons  longitudinaux  parcourus  par  des  fibres  qui  donnent  à  chaque 
sillon  un  aspect  strié.  L'axe  est  cylindrique,  complètement  creux  et  à 
mérithalles  courts  relativement;  les  feuilles  partent  deux,  trois  ou  quatre 
ensemble  d'un  même  po^nt,  au  milieu  de  deux  grandes  stipules,  et  leurs  pé- 
tioles amplifiés  sont  souvent  unis  entre  eux  et  forment  une  fascie  qui  se  divise 
à  son  sommet.  A  l'aisselle  de  ces  pétioles  fasciés  se  trouvent  deux,  trois  ou 
(juatre  bourgeons  floraux  quelquefois  fasciés  eux-mêmes,  mais  portant  des 
fleurs  et  des  légumes  normaux. 

»  Nous  avons  retrouvé  des  caractères  analogues  dans  des  axes  à'  Eno- 
llicra  Hennis,  de  Lanipsana  çommttnis,  d^^llliœa  rosea,  de  Campanula  médium, 
de  Delphiniam  Jjacis,  de  Brassica  oleracea,  etc.  I^'étude  de  ces  anomalies 
nous  a  permis  de  reconnaître  une  cyclochorise  dans  l'inflorescence  des  Ficus 
et  des  Mithridalea,  laquelle  cyclochorise  se  divise  profondément  dans  l'in- 
florescence anomale  du  Didiscus  cwndeus. 

»  SpiiiiROCiiORiSES.  —  Cette  anomalie  ne  peut  être  que  pollaplasique. 
C'est  elle  qui  constitue  ce  que  Us  auteurs  ont  nommé  loupe  ou  exoslose ; 
mais  la  manière  dont  elle  se  recouvre  quelquefois  de  bourgeons,  comme  on 
peut  le  voir  dans  celle  du  Tilleul,  par  exemple,  est  vnie  preuve  en  faveur 
de  notre  manière  d'envisager  le  phénomène.  Quelquefois  la  plupart  des 
bourgeons,  subissant  l'influence  de  l'exastosie,  se  développent  séparément 
et  constituent  ce  que  les  botanistes  ont  nommé  polycladie;  mais  il  est  aisé 
de  reconnaitre  que  le  phénomène  est  le  même  dans  les  deux  cas,  et  ce  n'est 
que  l'exastosie  qui  en  a  fait  la  différence. 

))  Cette  anomalie  nous  semble  se  retrouver  normalement:  i°  à  l'état  indi- 
vis, dans  les  axes  des  Melocaclus,  Echinocaclus,  Echinopsis,  elc;  2°  à  l'état  de 


(  4^1  ) 

partitions  dans  les  inflorescences  en  tète  du  Platane,  du  Mûrier  à  papier; 
dans  les  sertules  des  Allium,  les  ombelles,  les  calalhides,  etc.  ;  si  bien  qu'il 
ne  nous  semble  nullement  exagéré  d'avancer  que  l'on  pourrait  établir  la 
série  suivante  : 

»    1°  Sphérochorise  des  axes  (exostoses,  cactées  globuleuses,  etc.); 

«  2°  Sphérochorise  des  inflorescences  et  des  fleurs  (sertules,  ombelles, 
calathides,  capitules  ou  inflorescence  en  tète  du  Platane  et  du  Mûrier  ^a 
papier,  etc.); 

»  3"  Sphérochorise  des  pétales  [Calyslegia  pubescens ,  Kerria  japo- 
tiiccij  etc.); 

»  4°  Sphérochorise  des  étamines  (Ricimts); 

»  5°  Sphérochorise  des  carpelles  (Fraises,  certains  fruits  de  Renoncula- 
cées,  etc.); 

»  6°  Sphérochorise  des  semences  (fruits  globuleux  à  placentation  cen- 
trale, comme  les  Primulacées,  par  exemple).   » 

GÉOLOGIE.  —  AppUcalion  du  réseau  pentagonal  à  la  coordination  des  sources 
de  pétrole  et  des  dépôts  bitumineux  ;  par  M.  E.  lî.  de  Chaxcourtois. 
(Deuxième  partie.) 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Pelouze,  Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Dans  ma  première  Note  j'ai  décrit  le  faisceau  de  fissures  qui  a  d'abord 
appelé  mon  attention,  et  qui  est  en  effet  l'un  des  plus  remarquables  au  point 
de  vue  de  la  coordination  des  gîtes  bitumineux,  et  j'ai  indiqué  un  premier 
croiseur  également  très-important.  Je  donnerai  maintenant  la  description 
sommaire  de  tous  les  cercles  qui  me  paraissent  intéresser  la  question,  en 
les  énumérant  à  peu  près  dans  l'ordre  où  je  les  ai  aperçus  : 

M  PriiniliJ  n'^  g  du  lac  Supérieur^  perpendiculaire  à  l'octaédrique  du  Sinai 
et  des  Pyrénées. —  Barbade  ;  région  adamantine  de  Minas-Geraes  ;  et,  entre 
autres  points  éruptifs,  lile  Soufre,  juste  aux  antipodes.  Sa  direction  est 
surtout  marquée,  dans  l'Amérique  du  Nord,  par  une  parallèle  voisine  jalon- 
née sur  les  gîtes  du  Canada  voisins  du  lac  Saint-Clair  et  ceux  du  comté  de 
Trumbull,  clans  l'Ohio.  Cette  ligne  passe  à  Keevenaw-Point,  extrémité  des 
fameux  gîtes  de  cuivre  et  d'argent  natifs  du  lac  Supérieur,  puis  à  l'île 
Royale.  Une  autre  parallèle,  qui  marque  la  coupure  des  Alleghanys  suivie 
parle  Potomac,  va  passer  précisément  par  les  gîtes  d'Oilcreek,  dans  le  comté 
de  Venango  en  Pensyivanie.  Ces  lignes  peuvent  être  considérées  comme 
faisant  partie  d'un  faisceau  dont  les  points  de  concours  seraient  le  point  H 


(  ko.1  ) 
(le  l'Atlantique,  pies  de  Rio-Janeiro,  et  le  point  H  des  îles  Bonin,  an  sud  du 
.lapon. 

»  Cercle  de  l'Irawady  et  de  l'Hudsoii.  —  Côte  de  Boston,  parallèle  au  lac 
Cliamplain  et  aux  cours  de  l'Hudson  et  du  Connecticut;  gîtes  d'Holguin, 
île  de  Cuba;  golfe  deDarien;  Andes  de  Quito,  où  leTunguragua  et  le  Sangaï 
donnent  souvent  d'énormes  épanchements  du  produit  bitumineux  appelé 
ino/a;  région  volcanique  antarctique;  rochers Tryal;  mérapi  de  Sumatra;  gîtes 
de  pétrole  du  Pégn,  près  de  Rangoun,  et  gîtes  de  la  vallée  d'Ava  ;  direction 
du  cours  de  l'Irawady;  coupure  de  l'Himalaya  traversée  par  le  Yaru- 
Tzang-Po  pour  gagner  le  Bramah-Poutra  ;  point  minimum  du  Gobi,  entre  les 
lacs  Lopnoor  et  Rarauoor  ;  soufrière  d'Ouroumtsi,  dans  les  monts  Thian- 
schan  ;  bouches  de  l'Obi  ;  coupure  de  la  Nouvelle-Zemble;  Spitzberg;  baie 
de  Disko,  au  Groenland,  où,  indépendamment  de  ses  rapports  avec  les  gîtes 
de  combustible,  il  semble  limiter  la  portion  de  la  côte  en  voie  d'abaisse- 
ment. Ce  cercle  ne  passe  que  par  des  points  secondaires  a  et  c  du  réseau. 

»  Un  cercle  diagonal  l  h  l,  partant  des  mêmes  points  II  que  le  dodécaé- 
drique  rhomboïdal  n°  6  du  système  des  Andes,  doit  être  mentionné  comme 
passant  aux  volcans  bitumineux  de  l'équateur  et  aux  volcans  du  Japon.  Il 
longe  d'ailleurs  la  chaîne  volcanique  du  Guatemala  et  relève  les  points 
suivants:  pic  d'Orizaba,  San  Francisco,  Gounoug-Api  de  Sumatra,  îles 
Marion  et  Crozet;  cours  moyen  de  l'Oucayali  au  Pérou. 

»  Cercle  des  bouches,  du  Cnmbodje  dirigé  du  point  H  des  Acores  sur  la 
Barbade  et  la  Trinité.  — Gîtes  de  mercure  de  Huancavelica  au  Pérou;  point  H 
de  la  Tasmanie;  embouchure  du  Cambodje  et  direction  du  Mechong;  lac 
l'ongrinoor,  près  de  Lassa  au  Thibet;  lacs  Issikul  et  Balkasch,  au  pays  des 
Kirghis;  gîte  d'argent  avec  calcaire  bitumineux  de  Kongsberg  en  Norwége; 
gîte  bitumineux  d'Elgin  en  Ecosse.  Une  parallèle  voisine  joint  le  volcan 
Peshan  k  une  fumerolle  voisine  du  lac  Balkasch.  Ce  cercle  forme  faisceau 
avec  l'octaédrique  de  Nidjni-TaguUsk  dont  il  est  très-voisin. 

"  Cercle  du  haitl  Indus.  —  Trinité;  Acores;  point  D  centre  du  pentagone 
européen  ;  bouches  du  Volga;  coin-s  supérieur  de  l'Indus,  entre  l'Himalaya 
et  le  Karakorum;  bouches  du  Gange  et  de  l'Irawady;  le  Tomboro  de 
Sumbava,  qui  est  presque  aux  antipodes  de  la  Trinité;  région  des  lacs  et 
des  Alpes  de  l'Australie;  détroit  deFoveaux. 

»  Ce  cercle,  diamétral  Da,  est  très-étroitement  compris  entre  le  trapé- 
zoédrique  n°  i3  Dtb  du  Finistère  et  le  diamétral  Da  du  système  des  Pays- 
Bas  qui  intéressent  tous  deux  le  nord  de   la  France.  Les  gîtes  bitumineux 


(  423  ) 
du  Bas-Rhin  dépendent  sans  doute  de  l'une  des  trois  directions^  et  proba- 
blement aussi  les  gypses  parisiens. 

B  Cercle  llka  du  fleuve  Jaune  et  de  la  Lena,  partant  du  point  II  du  lac 
Supérieur.  —  Crochet  de  l'Ohio  au-dessous  de  Cincinnati;  direction  de  la 
Floride;  gîtes  de  bitume  à  l'est  de  la  Havane;  chaîne  volcanique  de  la  Nou- 
velle-Grenade; gîtes  de  mercure  de  Huancavelica  au  Pérou;  gîtes  d'argent 
amalgamé  d'Arqueros  au  Chili;  volcan  d'Aconcagua;  île  des  Étals;  Singa- 
pour; bouches  du  Cambodje;  points  d'émanation  des  provinces  de  Kuansi 
et  de  Shansi  en  Chine;  cours  du  fleuve  Jaune  dans  la  même  province; 
cours  inférieur  de  la  Lena. 

»  Un  cercle  Tabc  paraît  représenter  lui  faisceau  qui  comprend  les  points 
suivants  :  points  volcaniques  de  la  côte  d'Aracan,  golfe  du  Bengale;  gîtes 
de  bitume  voisins  d'Ava;  points  volcaniques  des  provinces  Szutchuan  et 
Schansi;  groupe  volcanique  du  Riioutchevsk  au  Kamtchatka;  direction  de 
la  presqu'île  de  Californie;  îlots  Saint-Félix  et  Saint- Ambroise;  Cordillère 
volcanique  de  l'Araucanie  ;  îles  Marion  et  Crozet.  Les  fameuses  sources  de 
gaz  de  Tséou-Liéou-Tsing  paraissent  dépendre  d'une  parallèle  très-voisine. 
Une  autre  parallèle  donne  grossièrement  le  cours  inférieur  de  l'Amour  qui 
pourrait  servir  à  le  désigner. 

»  Cercle  du  Rhône  et  de  C  Adour  et  des  bouches  de  C Amazone.  —  Cours  du 
Mondego,  en  Portugal  ;  l'Adour,  près  de  Dax,  où  l'on  connaît  des  gîtes  de 
bitume  ;  Plomb  du  Cantal  ;  Lyon  ;  cours  du  Rhône  au-dessous  de  (ienève, 
c'est-à-dire  près  de  Seyssel  ;  volcan  de  Peshan  dans  le  Thianschan  ;  ligne 
de  séparation  des  eaux  du  fleuve  Bleu  et  du  fleuve  Jaune,  près  des  sources 
de  ce  dernier?  Point  volcanique  et  sourcss  de  gaz  du  Szutchuan  et  du 
Kuansi  ;  côte  du  Queensland,  en  Australie  ;  détroit  de  Cook  ;  traversée  de 
l'Amérique  duSud,  de  la  saline  d'Atacama  aux  bouchesde  l'Amazone,  paral- 
lèlement au  Tapajos. 

»  Un  cercle  Hg  que  j'appellerai  du  fleuve  Oural,  joint  le  point  H  de 
l'Atlantique  (au  nord  de  l'équateur)  au  point  II  de  la  Nouvelle-Guinée, 
avec  l'itinéraire  suivant  :  île  de  Fer  des  Canaries  ;  bouches  du  Guadalquivir; 
côte  de  Barcelone  ;  gîtes  de  bitume  de  Monaco  et  d' Amiano,  près  de  Parme  ; 
côte  de  Vénétie  ;  gîte  de  mercure  d'Idria  ;  lac  Balaton  ;  le  cours  de  l'Oural 
à  Orsk;  le  volcan  Hotcheou  du  Thianschan  ;  les  ilôts  volcaniques  au  nord 
de  Luçon  ;  le  Rotomahana  ou  mer  chaude  de  Tile  nord  de  la  Nouvelle-Zé- 
lande; le  gîte  d'argent  amalgamé  d'Arqueros,  prés  de  Coquimbo,  au  Chili; 
embouchure  de  Maranaho.  Une  parallèle  voisine  joint  le  cap  Santa-Maria 
des  Algarves  au  gîte  de  mercure  d'Almaden. 


(4^4  ) 

»  Ce  cercle  est  sensiblement  parallèle  en  France  au  trapézoédrique  n°  28 
Te  du  système  du  Hundsruck  duquel  dépend  le  gîte  de  mercure  du  Pala- 
tinal.  Il  paraît  d'ailleurs  former  faisceau  avec  le  primitif  n"  4  de  Lis- 
Ijonne. 

)i  Cercle  du  Karasou  ou  liaul  Euphrate.  —  Il  est  dirigé  du  point  b  deDer- 
bend  sur  l'île  Soufre  au  sud  du  Japon.  Voici  son  parcours  :  bouches  de 
l'Ulu-Djara  (Osus),  dans  le  lac  Aral  ;  points  volcaniques  d'Ouroumtsi  et  de 
HotchcoUjdans  le  Thiauschan  ;  district  des  montagnes  de  feu  ou  salzes  ga- 
zeuses du  Sliansi  ;  beaucoup  de  points  de  l'océan  Pacifique  ;  île  Chiloé  ; 
bouches  de  la  Plata  ;  traversée  de  l'Afrique,  du  cap  Palmas  au  cap  Millah  ; 
Gulek-Boghaz  (Pylae  Ciliciae)  au  coude  du  Taurus  ;  cours  du  Karasou, 
Euphrate  supérieur.  Une  parallèle  passant  par  le  Rasbek  règle  aussi  le  cours 
supérieur  du  Kisil-Irmak  (Halys),  entre  Kaisarieli,  auprès  du  mont  Argée,  et 
Sivas,  où  s'observe  une  fora)ation  gypseuse.  Une  autre  parallèle  menée  par 
l'Ararat  donne  la  principale  ride  de  l'île  de  Chypre  et  passe  à  l'oasis  dépri- 
mée deSiouah. 

»  Cercle  de  l'Araxe.  —  Coiu's  de  l'Araxe  ;  gîte  asphallique  de  la  mer 
Morte  ;  crochet  du  Nil  à  Siout  ;  région  du  lac  Tchad  :  île  Saint-Thomé  ; 
traversée  de  la  pointe  de  l'Amérique,  très-près  du  détroit  de  Magellan.  Dans 
l'autre  sens  :  rive  nord  du  Raraboghaz  de  la  Caspienne  ;  lac  Aral  ;  lac  salé 
d'Upsanoor  ;  détroit  de  Matsmaï.  Enfin  par  une  coïncidence  curieuse  pour 
un  cercle  passant  à  Gomorre,  le  premier  jalon  rencontré  dans  l'océan  Paci- 
fique est  l'îlot  appelé  la  Femme-de-Loth. 

M  Dans  l'Asie  Mineure,  une  parallèle  extrêmement  voisine,  partant  des 
gîtes  de  pétrole  de  Bakou,  donne  la  ligne  des  salzes  du  lac  Ourmiah  et  passe 
à  Ninive,  dont  les  monuments  étaient,  comme  on  sait,  construits  en  gypse. 
Une  autre  parallèle,  menée  par  l'Ararat  et  le  point  b  de  Derbend,  |)asse  au 
Sipandaghi  et  traverse  le  lac  de  Van,  dont  j'ai  fait  connaître  la  nature  alca- 
line. Une  autre  parallèle,  menée  par  la  bouche  du  Nil  de  Damiette,  passe 
aux  lacs  Natron  et  atteint  le  lac  Tchad,  dans  le  voisinage  duquel  le  natron 
est  exploité. 

))  Un  faisceau  qui  comprend  les  gîtes  bitumineux  de  1  Emilie,  près  de 
Plai-sance,  de  Parme  et  de  Modène,  et  le  gîte  de  l'île  Brazza,  en  Daimatie, 
sort  de  l'Arabie  par  le  cap  Madraka,  et  passe  au  sud  de  la  Nouvelle-Zélande, 
à  l'île  Bounty;  traverse  l'isthme  de  Guatemala  et  comprend  les  gîtes  de  la 
Havane.  On  peut  y  rapporter  par  des  parallèles  le  gîte  de  Dax,  celui  de 
Zante,  Mile,  Santorin  et  la  mer  Morte. 

»  Le  dernier  faisceau  que  je  décrirai  est  déterminé  par  les  gîtes  de  l'Emilie 


(  425  ) 
et  celui  de  Zante.  Son  prolongement  au  sud  enfile  la  mer  Rouge  et  le  détroit 
de  Bab-el-Mandel,  passe  à  Mahé  des  Séchelles,  à  l'île  Clerk,  au  sud  de  la 
Nouvelle-Zélande;   il  entre  en  Amérique  parle  cap  San-Lucas,  extrémité 
de  la  presqu'île  de  Californie;  passe  au  confluent  du  Ransas  et  du  Missouri, 
pui#|}rès  du  saut  de  Sainte-Marie  à  l'île  Manitoulin,  où  l'on  a  signalé  aussi 
le  bitume.    Ce  faisceau,  prolongé  en  sens  inverse,  passe  au  mont  Rose, 
coupe  le  Jura  vers  Salins,  comprend  le  cours  moyen  de  la  Seine  à  partir  de 
Montereau,  et  passe  ainsi  sur  Paris,  où,  il  ne  faut  pas  l'oublier,  les  émana- 
tions sont  largement  représentées  parle  dépôt  gypseux.  On  peut  rattacher 
à  ce  faisceau  par  des  parallèles  :  Santorin,  Athènes,  l'île  Brazzo,  Londres  et 
Birmingham,  puis  les  gites  métallifères  et  bitumineux  du  Palatinat  et  du 
Derbyshire. 

»  J'appellerai  le  cercle  de  ce  faisceau  cercle  de  la  Seine.  C'est  un  diamé- 
tral parlant  du  point  D  au  nord  de  Madagascar. 

>)  Il  limite  avec  le  primitif  de  Saint-Kilda  ou  du  système  du  Thuringer- 
wald  un  fuseau  qui  comprend  les  gites  de  houille  de  la  Grande-Bretagne 
et  ceux  de  la  Belgique  et  du  nord  de  la  France. 

»  Cette  nomenclature,  encore  fort  incomplète  assurément,  me  permettra 
néanmoins  d'exposer  les  conclusions  théoriques  de  mon  étude. 

»  En  la  terminant,  je  dois  rappeler,  pour  mettre  en  garde  contre  toute 
interprétation  exagérée  de  mes  alignements,  que  je  produis  ici  seulement 
une  esquisse,  une  simple  reconnaissance  graphique  correspondant  à  celle 
que  l'on  peut  exécuter  sur  une  carte  plane  avec  la  règle  et  l'équerre,  et 
d'autant  plus  imparfaite  que  l'instriunent  spliérique  est  moins  précis  et  plus 
difficile  à  manier.    » 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  l'auteur,  M.  Van  dev 
Mensbnicujhe,  luie  brochure  intitulée  :  «  Note  sur  la  Théorie  mathématique 
des  courbes  d'intersection  de  deux  lignes  tourna!:!  dans  le  même  plan 
autoiu-  de  deux  points  fixes  ». 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  fait  bonnnage  à  1  Académie,  au  nom  de 
M.  Franc.  Zanledesciti,  d'un  opuscule  en  italien  sur  la  Thermographie  des 
minima,  des  maxiina  et  des  moyennes,  tirés  d'observations  faites  en  cin- 
quante-cinq stations  com[)rises  entre  les  36"24'  et  47'^  de  latitude  nord 
et  les  4°  48'  et  96"  8'  de  longitude  orientale  du  méridien  de  Paris,  dans  une 
période  de  137  années,  de  1725  a  1861. 

C.  R.,  i863,  2""=  Semeslre.  (T.  LVII,  N°  8.)  57 


(  4^6  ) 

31.  Élie  de  Beaujiont  présente,  au  nom  de  l'aïUeur,  M.  Jrcangelo  Scacclii, 
un  Mémoire  imprimé, en  italien,  «  surlestartratesdestrontianeetdebaryte  ». 
(Cet  ouvrage  est  renvoyé  à  M.  Pasteur  pour  un  Rapport  verbal.) 

GÉOLOGIE.  —  Sur  tes  gisements  d'ossements  de  grands  animaux  et  de  pierres 
travaillées  des  environs  de  Nancy.  Lettre  de  M.  Eig.  Robert  à  M.  Élie 
de  Beau  mont, 

«   Précy-sur-Oise,  le  i5  aoûl  iS33. 

»  En  i83o,  j'avais  rencontré  sur  la  partie  la  plus  élevée  de  la  côte  de 
Toul  qui  regarde  Nancy,  etau  bord  delà  grande  rontede  Paris  à  Strasbourg, 
desdébris  d'un  jeune  Éléphant  {Elephas  primigenius)  enveloppés  de  cailloux 
roulés  fortement  cimentés  par  une  terre  argilo-ferrugineuse.  Le  gisement  de 
ces  fossiles,  que  je  n'avais  pas  eu  le  temps  d'étudier,  appartenait  sans  doute 
«  aux  petits  dépôts  diluviens  répandus  partout  à  la  surface  et  dans  les  anfractuo- 
»  sites  des  roches  en  place.  »  (Séance  du  i8  mai  de  l'Académie  des  Sciences.) 

»  Ayant  voulu  revoir  ces  jours-ci  l'endroit  où  j'avais  observé  en  passant 
des  débris  de  pachyderme  (i),  je  n'ai  plus  rien  trouvé;  l'exploitation  du 
calcaire  oolithique  avait  complètement  fait  disparaître  l'anfractuosité  où 
cailloux  et  ossements  s'étaient  arrêtés  pendant  le  transport  diluvien  ;  mais 
elle  avait  mis  à  nu  de  nombreuses  crevasses  remplies  de  terre  rougeâtre  et 
de  cailloux  roulés,  empruntés  évidemment  aux  petits  dépôts  diluviens  qui 
couronnent  la  côte  de  Toul.  Il  m'a  paru  aussi  que  ce  remplissage  s'était  fait 
lentement  et  à  plusieurs  reprises,  suivant,  au  reste,  les  circonstances  atmo- 
sphériques qui  y  ont  donné  lieu  ;  car  les  parois  de  ces  crevasses,  qui  donnent 
quelquefois  accès  à  de  petites  cavernes,  sont  profondément  érodées  par  les 
eaux  et  les  agents  atmosphériques.  Il  a  donc  fallu  beaucoup  de  temps  pour 
qu'elles  prissent  cet  aspect  caverneux. 

»  Ce  serait  au  fond  de  l'une  de  ces  crevasses,  à  Maxeville,  que  j'ai  explo- 
rée avec  le  plus  grand  soin,  que  l'on  aurait  trouvé,  dansées  derniers  temps, 
des  ossements  humains  accompagnés  de  débris  d'Aurochs  et  de  Cerf  gigan- 
tesque, avec  des  haches  grossièrement  taillées  en  trapp  des  Vosges.  J'ai  fait 
fouiller  ce  prétendu  gisement  devant  les  personnes  qui  l'auraient  découvert 
et  qui  veulent  l'assimiler  à  celui  d'Abbeville,  en  le  considérant,  bien  en- 
tendu, comme  diluvien.  Il  m'a  été  impossible  d'y  découvrir  le  plus  petit 
fragment  d'os  et  de  trapp,  et  j'ai  été  réduit,  pour  me  dédommager,  à  voir 

(i)  On  n'apprendra  peut-être  pas  sans  intérêt  que  près  de  là,  il  a  été  recueilli  une  très- 
petite  molaire  d'Eléphant  (pour  ainsi  dire  un  germe),  qui  me  semble  avoir  appartenu  au 
même  animal  dont  le  Muséuin  doit  posséder  la  petite  défense  que  je  lui  ai  offerte  en  i83o. 


(    427     ) 

les  collections  que  les  jeunes  MM.  Gaiffe  et  Benoît  m'ont  assuré  avoir 
faites  eux-mêmes  sur  les  lieux. 

»  Sans  vouloir  contester  l'authenticité  des  ossements  humains  (l'un  d'eux 
est  une  mâchoire  qui  m'a  paru  fort  ancienne,  semblable,  pour  moi,  à  celles 
que  j'ai  recueillies  dans  les  monuments  celtiques)  et  de  quelques  fragments 
de  trapp  imitant  à  peu  près  des  haches  ou  des  pointes  de  flèche,  dans  les- 
quels il  est,  toutefois,  bien  difficile  de  reconnaître  ime  intention  humaine, 
il  m'est  resté,  dis-je,  les  plus  grands  doutes  à  l'égard  des  pierres  qui  ont 
véritablement  la  forme  de  haches.  On  croirait  ces  dernières  fidèlement  co- 
piées sur  celles  de  Saint-Acheul  ;  et  dans  tous  les  cas,  elles  portent  des 
empreintes  de  coups  de  marteau  d'une  fraîcheur  désespérante;  il  n'y  a  même 
pas,  dans  les  interstices  de  la  pierre,  la  moindre  accumulation  d'argile  rou- 
geâtre,  ni  la  plus  faible  incrustation  calcaire  ou  ferrugineuse,  qui  auraient 
dû,  ce  me  semble,  leur  servir  de  patine.  En  un  mot,  je  crains  bien  qu'il  n'y 
ait  eu  beaucoup  de  supercherie  dans  la  création  de  ces  collections  qui  ren- 
ferment, cependant,  je  dois  le  dire,  des  choses  très-intéressantes  au  point 
de  vue  de  la  paléontologie. 

»  Qui  ne  voit  maintenant,  en  admettant,  à  la  rigueur,  la  réalité  d'une 
association  d'ossements  et  de  pierres  travaillées  dans  une  des  crevasses  de 
Maxeville,  qu'il  s'est  passé  là  quelque  chose  d'analogue  à  ce  que  M.  Élie  de 
Beaumont  a  fait  valoir  pour  expliquer  la  présence  d'une  mâchoire  humaine 
dans  les  sablières  de  Moulin-Quignon,  à  savoir  :  remaniement  de  cailloux 
roulés  et  de  débris  de  grands  Mammifères  perdus,  empruntés  au  diluvium 
situé  au-dessus,  mélangés  à  des  débris  de  l'homme  ainsi  qu'à  des  produits 
de  son  industrie  abandonnés  primitivement  à  la  surface  du  sol;  les  uns  et 
les  autres  ayant  pénétré  à  différentes  époques  dans  des  crevasses  dont  l'ou- 
verture affleure  le  sol  et  se  trouve  aujourd'hui  comblée  par  de  la  terre  végé- 
tale ?  Au  lieu  de  former  des  dépôts  meubles  sur  des  pentes  comme  à  Abbe- 
ville,  tous  ces  matériaux,  d'âges  différents  et  de  composition  si  diverse, 
auraient  rempli  ici,  dans  la  vallée  de  la  Meurthe,  les  nombreuses  crevasses 
qui  régnent  dans  le  calcaire  oolithique.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  les  terrains  superficiels  de  la  Touraine,  et  sur  les  haches  en  silex. 
Lettre  de  M.  l'abbé  C.  Chevalier  à  M.  Élie  de  Beaumont  (i). 

«  c  ivray-sur-Cher,  le  i8  août  i863. 

»   Je  viens  de  lire  dans  le  dernier  numéro  des  Comptes  rendus  de  C Acn- 

(i)  M.  l'abbé  C.  Chevalier,  curé  de  Civray-sur-Cher,  et  secrétaire  perpétuel  de  la  Société 

57.. 


(  428  ) 
demie  des  Sciences  vos  nouvelles  observations  au  sujet  de  la  mâchoire  et  du 
gisement  de  Moulin-Quignon.  J'ai  l'honneur  de  vous  transmettre,  en  vous 
priant  de  les  communiquer  à   l'Académie,  quelques  faits  qui  viennent  a 
l'appui  de  vos  réflexions. 

»  Les  terrains  que  vous  ajipelez  dépôts  meubles  sur  des  pentes  se  retrouvent 
à  chaque  pas  en  Touraine,  avec  les  caractères  que  vous  leur  assignez,  et  j'ai 
eu  l'occasion  de  les  noter  fréquemment  en  levant  la  carte  géologique  et  agro- 
nomique du  département  d'Indre-et-Loire.  Ces  terrains  sont  formés  de  pièces 
meubles,  sables,  argiles,  fragments  crayeux  ou  siliceux,  provenant  de 
terrains  plus  anciens,  entremêlés  de  débris  de  l'industrie  humaine,  et  ils 
s'accroissent  journellement  sous  nos  yeux,  principalement  à  la  base  des 
coteaux,  par  le  jeu  des  agents  météorologiques.  J'ai  constaté  que  depuis  la 
fin  de  la  période  gallo-romaine,  le  talus  de  nos  coteaux  s'est  ainsi  avancé 
de  quatre  à  cinq  mètres  dans  les  vallées,  sur  une  hauteur  de  deux  ou 
trois  mètres.  Dans  la  vallée  du  Cher,  que  j'habite,  il  faut  en  effet  éventrer 
les  talus  à  cette  profondeiu'  poin- rencontrer  les  vestiges  de  l'époque  gallo- 
romaine,  tels  que  voies  romaines,  aqueducs,  poteries  samiennes,  mon- 
naies, etc.  A  mon  avis,  l'étude  archéologique  ne  doit  point  être  séparée 
de  l'étude  géologique  du  terrain  dont  il  s'agit,  et  je  suis  convaincu  que  la 
trouvaille  de  débris  anciens  de  date  bien  déterminée,  dans  le  gisement  de 
Moulin-Quignon  ou  dans  son  prolongement,  viendra  bientôt  apjjorter  la 
plus  éclatante  confirmation  à  votre  théorie.  C'est  un  point  que  je  me 
permets  de  recommander  à  toute  la  sagacité  de  M.  Boucher  de  Perthes,  per- 
suadé que  la  solution  de  la  difficulté  qui  divise  aujourd'hui  le  monde  savant 
est  tout  entière  dans  cette  double  étude  du  terrain. 

•>  Quant  aux  instruments  de  Ydge  de  pierre,  je  dois  vous  dire.  Monsieur, 
fpie  nulle  part  en  Touraine,  quoiqu'ils  s'y  rencontrent  assez  fréquemment, 
on  n'en  a  trouvé  dans  le  diluvium  proprement  dit  :  on  les  trouve  tous,  soit  à 
la  surface  du  sol,  à  une  très-médiocre  profondeur,  soit  dans  les  dépôts 
meubles  des  pentes. 

»  A  cette  occasion,  je  suis  heureux  de  pouvoir  signaler  à  l'Académie  cinq 
ateliers  d'instruments  de  l'âge  de  pierre  que  j'ai  récemment  découverts  en 
Touiaine,  sur  les  bords  de  la  Ci-eusc  et  de  la  Claise.   Les  coteaux  de  ces 


«l'Agriculture  de  Tours,  et  de  la  Société  Archéologique  de  Touraine,  est  chargé  de  l'exécu- 
tion de  la  carte  Géologiquc-Jgronnmique  du  département  d'Indre-et-Loire.  Il  a  eu  de  fré- 
quentes occasions  d'étudier  les  différentes  parties  du  département  sous  les  points  de  vue 
auxquels  sa  Lettre  fait  allusion.  E.   D.   B. 


(  429  ) 
rivières  sont  couverts  d'un  dépôt  meuble  superficiel  de  l'étage  miocène, 
dépôt  rempli  de  zoophytes  silicifiés,  de  silex  et  de  brèches  siliceuses,  avec 
des  argiles,  des  minerais  de  fer  hydroxydé,  des  sables  et  des  grès,  que  je 
regarde  avec  vous  comme  contemporains  des  grès  et  sables  supérieurs  de 
Fontainebleau.  Les  silex  de  cette  formation  sont  rubanés,  jaspés  et  riche- 
ment nuancés  par  l'oxyde  de  fer.  En  les  voyant,  je  fus  frappé  de  leur  éclat, 
et  je  conçus  aussitôt  l'idée  que  nos  aïeux  de  l'âge  de  pierre,  malgré  leur 
barbarie,  avaient  dû  être  frappés  comme  moi  des  teintes  variées  de  cette 
matière.  Cette  hypothèse  me  conduisit  à  la  découverte  de  plusieurs  ateliers 
d'instruments  en  silex,  notamment  à  laPetite-Guerche  (près du  Moulin-aux- 
Roys),  à  Chambon  (jardin  potager  de  la  Custière)  (i),  à  Barrou  (berges  de 
la  Creuse),  à  Pressigny-le-Grand  (domaine  de  la  Villate)  et  à  Paulmy  (prés 
du  Châtellier).  Dans  ces  lieux  on  rencontre  en  abondance  des  instruments 
de  silex,  depuis  la  pierre  mère  de  laquelle  ils  ont  été  détachés  par  la  taille 
à  l'état  d'ébauche,  jusqu'aux  instruments  parfaits  et  aux  rebuts,  en  passant 
par  tous  les  degrés  de  fabrication.  Ces  curieux  spécimens  de  l'industrie 
primitive  ont  été  déposés  par  moi  au  musée  de  la  Société  Archéologique  de 
Touraine,  où  on  peut  les  étudier.  Maintenant  que  l'éveil  est  donné,  je  suis 
convaincu  que  l'on  retrouvera  un  grand  nombre  d'ateliers  de  ce  genre  dans 
la  région  des  silex  supeificieis.  Je  me  hâte  d'ajouter  que  si  les  silex  bruts 
appartiennent  bien  authentiquement  à  un  terrain  antédiluvien,  les  silex 
ouvrés  se  trouvent  toujours,  comme  vous  lavez  établi,  soit  dans  le  diliivium 
remanié,  soit  dans  les  terrains  meubles  des  pentes,  de  formation  continue. 

»  Parmi  les  pièces  curieuses  extraites  de  ces  ateliers,  je  dois  citer  surtout 
un  outil  servant  au  polissage  des  instruments  en  pierre.  Ce  polissoirn'est 
qu'un  gros  silex  très-dur,  creusé  de  rainures  profondes,  dont  le  diamètre 
et  la  forme  sont  en  parfait  rapport  avec  les  haches  de  pierre.  En  introdui- 
sant une  hache  dans  ime  de  ces  rainures,  et  en  la  frottant  vivement,  on 
parvient  à  lui  donner  un  poli  très-fin.  Cet  outil,  fort  important  pour  l'his- 
toire des  arts,  a  été  trouvé  à  la  surface  du  sol,  dans  les  bois  du  Châtellier, 
à  Paulmy. 

«  En  terminant,  j'ajouterai  qu'il  n'a  encore  été  rencontré  aucun  fossile 
dans  nos  terrains  superficiels. 

»  De  tous  ces  faits  je  me  crois  en  droit  de  conclure,  au  moins  en  ce  qui 


(i)  Ces  deux  premiers  ateliers  m'ont  été  indiques  par  M.  de  Ctiastaigner. 


{  43o  ) 
regarde  la  Touraine,  que  rien  ne  démontre  la  contemporanéité  de  1  homme 
avec  le  diluvium  et  avec  VElephas  primigenius.  » 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  la  distillalion  des  liquides  riiélnn(jés  et  sur  la  pureté 
de  l'alcool  amylique.  Note  de  M.  Berthelot,  présentée  par  M.  Balard. 

..  L'origine  véritable  des  carbures  multiples  que  l'on  obtient  dans  la  réac- 
tion du  chlorure  de  zinc  sur  le  produit  désigné  sous  le  nom  d'alcool  amj- 
lique  dépend  du  degré  de  pureté  de  ce  produit,  comme  M.  Wiu-tz  le  recon- 
naît dans  sa  dernière  Note.  Or,  s'il  est  certain  que  la  masse  principale  de 
cette  substance  est  formée  par  l'alcool  amylique,  C'°H'-0'*,  il  est  beaucoup 
plus  difficile  d'y  démontrer  l'absence  de  quelques  centièmes  d'alcool  ca- 
proylique,  C'^H'*0^,  ou  butylique,  C*H'°0-.  L'existence  de  6  centièmes 
d'alcool  caproylique  notamment,  dans  l'alcool  amylique,  suffirait,  d'après 
M.  Wurtz,  pour  rendre  improbables  les  interprétations  proposées  par  ce 
savant.  Aucune  analyse  élémentaire,  aucune  détermination  de  propriétés 
physiques  ne  saurait,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  démentir  l'existence 
de  mélanges  de  cet  ordre,  quand  il  s'agit  des  alcools  homologues.  Comme 
la  distillation  est  le  seul  procédé  de  séparation  qui  ait  été  employé  par 
M.  Wurtz,  j'ai  pensé  à  faire  intervenir  dans  la  discussion  de  nouvelles  don- 
nées, fondées  sur  l'étude  de  In  distillation  des  liquides  mélangés.  J'ai  choisi 
des  liquides  neutres,  d'une  pureté  éprouvée,  de  densités  très-inégales  et  dont 
les  points  d'ébullition  différaient  de  ao  à  3o  degrés;  je  les  ai  mélangés  deux 
à  deux,  en  proportions  telles,  que  le  liquide  le  moins  volatil  était  le  moins 
abondant,  et  je  les  ai  soumis  à  une  distillation  fractionnée.  Voici  les  faits  : 

Premier  mélange  :  alcool  g2,  eau  S  (en  poids). 

Point  d'ébullition  de  l'alcool 78° 

Point  d'ébullition  de  l'eau 100 

Différence 22° 

Produits.  Poids.  Densilé  à  20°. 

Mélange  initial ,  100  o,8i4 

Premier  produit 2,8  0,811 

Deuxième  produit.  ...  i5,2  0,8 14 

Troisième  produit.  ...  65,7  o,8i4 

Quatrième  produit.  .. .  7,4  0,818 

Résidu 1,5  0,821 

»  Ces  résultats,  concordants  avec  ceux  de  Saussure,  de  Sommering,  de 


(  43i  ) 

Joss  et  de  Soiibeiran,  montrent  qu'une  distillation  simple  n'opère  pas  de 
séparation  sensible  dans  lui  mélange  de  92  parties  d'alcool  et  de  8  parties 
d'eau.  Pendant  la  distillation  d'un  pareil  mélange,  opérée  sous  la  pression 
et  dans  les  conditions  ordinaires,  la  portion  qui  se  vaporise  à  chaque  instant 
renferme  les  deux  corps  mélangés  dans  le  même  rapport  que  la  partie  liquide 
ce  qui  rend  toute  séparation  impossible.  Les  parties  successives  offrent  dans 
lenr  composition  et  dans  leur  densité  de  vapeur  la  même  constance  de 
jM'opriétés  qui  caractérise  une  substance  définie  :  s'il  s'agissait  de  1  alcools 
homologues,  tels  que  les  alcools  amylique  et  caproylique,  dont  la  compo- 
sition ne  diffère  qne  de  2  centièmes  sur  le  carbone  et  de  i  millième  sur 
l'hydrogène,  l'analyse  indiquerait  une  composition  identique  à  celle  du 
corps  le  plus  abondant. 

Second  mélange  :  sulfurr  de  carbone  92;  alcool  (i)  8. 

Point  (l'ébuUitioii  du  sulfure  de  carbone 4^° 

Alcool. 


Différence 

y" 
30° 

Proponi 
de  carb< 

ProJiiits. 

Mélange  initial 

Poids. 
100 

8,0 

» 

•       4,5 

IJensité  à  20°. 
I  ,200 

ion  de  sulluie 
jne  (en  poidij. 

92 

Premier  produit 

Produit  principal.  . . . 
Résidu 

1,194 
1,195 
1,257 

91  (calculée 

9' 
99 

»  Ces  nombres  mettent  en  lumière  un  fait  très-reinarquable.  L'alcool, 
c'est-à-dire  le  liquide  le  moins  volatil,  a  passé  avec  les  preiuiers  produits 
distillés;  tandis  que  le  sulfure  de  carbone,  c'est-à-dire  le  liquide  le  plus 
volatil,  est  demeuré  à  peu  près  pur  à  la  fin  de  l'opération  :  résultat  coiUraire 
aux  idées  que  se  font  la  plupart  des  chimistes  sur  la  séparation  par  distilla- 
tion des  liquides  mélangés. 

»  Avant  d'en  indiquer  l'explication,  je  crois  devoir  remarquer  que  si  1  al- 
cool était  mélangé  au  sulfure  dans  une  proportion  inférieure  à  8  centièmes, 
il  est  évident  qu'il  passerait  également,  et  plus  rapidement  encore,  dans  les 
produits  les  plus  volatils.  Au  contraire,  s'il  est  en  proportion  convenable, 
l'alcool  se  concentrera  dans  les  produits  les  moins  volatils,  conformément 
aux  idées  reçues. 


Rigoureusement  anhydre. 


(  432  ) 
))  Voici  d'ailleurs  une  expérience  qui  le  démontre. 

Troisième  mélange  :  sulfure  de  carbone  88,6;   alcool  11,4. 

Proportion  de  sulfure 
l'roduils.  l'oids.  Uunsité  à  23°.  de  carbone. 

Mélange  initial 100  1,172  88,6 

Premier  produit 3,8  '  ,  184  90,0  (calculée). 

Premier  principal ....  »  '  5  '  89  90 , 5 

T>  •  -j  a   o  to  ri-        \  (calculée  et 

Résidu i,o  0,958  45>o      ^ 

(      trouvée). 

))  Si  l'on  compare  ces  résultats  aux  précédents,  on  est  conduit  à  admettre 
qu'il  existe  nécessaireiuent  un  mélange  d'alcool  et  de  sulfure  de  carbone,  tel 
que  l'alcool  se  trouve  dans  la  portion  vaporisée  en  même  proportion  que 
dans  la  partie  restée  dans  la  cornue  :  ce  mélange  se  comportera  à  la  façon 
d'une  substance  homogène,  inséparable  par  une  distillation  opérée  sous  la 
pression  atmosphérique. 

»  L'expérience  prouve  que  l'on  obtient  lui  semblable  mélange  avec 
gi  parties  de  sulfure  de  carbone  et  g  parties  d'alcool  (en  poids).  Ce  mélange 
bout  entre  43  et  44  degrés  et  se  maintient  à  celte  température  depuis  le 
cominencement  jusqu'à  la  fin  de  la  distillation. 

Quatrième  mélange  ;  sulfure  de  carbone  90,  q  ;  alcool  9,  i . 

Proportion  de  sulfure 
Produils.  Poid.s.  Densité  à  23".  de  carbone. 

Mélange  initial 100  '>'%  9°i9 

Premier  produit 6,3  'j'89  90)9 

Produit  principal »  •  )  189  90,9 

Résidu 5,4  '>'77  89,4 

M  Voici  maintenant  l'explication  de  ces  phénomènes,  fondée  sur  des 
notions  essentiellement  physiques.  Si  l'on  fait  bouillir  sous  une  certaine 
pression  un  mélange  de  deux  liquides,  ils  se  vaporisent  tous  deux  à  la 
fois,  suivant  des  rapports  de  poids  déterminés  par  le  produit  des  densités 
des  vapeurs  multipliées  par  leurs  tensions  actuelles  dans  les  conditions 
de  l'expérience.  Soit,  par  exemple,  le  sulfure  do  carbone  et  l'alcool; 
supposons  d'abord,  pour  ne  pas  compliquer  l'explication,  que  ces  deux 
liquides  n'exercent  aucune  action  réciproque  et  conservent  leurs  densités 
de  vapeurs  théoriques;  leurs  tensions  réunies  feraient  équilibre  à  la  pression 
atmosphérique  à  la  température  de  [\o  degrés  environ,  ces  tensions  étant. 


(  433  ) 

k  cette  température,  d'après  M.  f\egnault  : 

Pour  le  sulfure  de  carbone 6i  ,8 

Pour  Talcool '3,4 

75,2 

»  Les  poids  des  deux  liquides  qui  se  vaporiseraient  seraient  entre  eux 
comme  les  produits  de  ces  tensions  par  les  densités  de  vapeurs  '76  et  46, 
c'est-à-dire  comme  7,7*.  ••  La  composition  de  la  partie  distillée  serait  donc 
la  suivante  :  88,5  sulfure  et  1 1 ,5  alcool.  En  d'autres  termes,  étant  donné  un 
mélange  de  88, 5  de  sulfure  et  de  1 1 ,  5  d'alcool,  si  les  deux  liquides  n'exer- 
çaient aucune  action  réciproque,  ce  mélange,  soumis  à  la  distillation 
sous  la  pression  ordinaire,  n'éprouverait  aucune  séparation,  la  composi- 
tion de  la  partie  vaporisée  étant  la  même  que  celle  de  la  partie  liquide. 
Si  la  proportion  de  l'alcool  était  inférieure  à  11, 5,  tout  l'alcool  serait  en- 
traîné dans  les  premiers  produits  qui  devraient  offrir  la  composition  pré- 
cédente, et  il  resterait  à  la  fin  du  sulfure  de  carbone  pur.  Si  au  contraire 
l'alcool  s'élevait  à  plus  de  1 1 , 5,  tout  le  sulfure  distillerait  d'abord,  mélangé 
avec  11,5  d'alcool;  puis  l'alcool  pur  distillerait  à  la  fin. 

»  Les  choses  ne  se  passent  pas  tout  à  fait  ainsi,  parce  que  les  deux  liquides 
exercent  l'un  sur  l'autre  une  action  réciproque,  attestée  par  leur  action 
dissolvante  mutuelle  et  par  la  diminution  de  la  tension  totale  de  leurs 
vapeurs  (expériences  de  M.  Regnault  et  de  M.  Magnus).  Cette  influence 
tend  à  diminuer  la  tension  individuelle  de  chacun  des  deux  liquides,  suivant 
une  loi  inconnue,  mais  qui  dépend  de  la  composition  du  mélange  et  qui 
paraît  atténuer  dans  la  plus  forte  proportion  la  tension  du  liquide  le  moins 
abondant  :  de  là  résulte  l'élévation  progressive  et  continue  du  point  d'ébul- 
lition  d'un  mélange,  toutes  les  fois  que  la  proportion  du  liquide  le  moins 
volatil  tend  à  devenir  prépondérante.  De  là  aussi  l'existence  d'une  certaine 
quantité  du  liquide  le  moins  abondant  dans  tous  les  produits  obtenus. 
Cependant  les  expériences  ci-dessus  montrent  que  les  phénomènes  con- 
servent, dans  le  cas  du  sulfure  de  carbone  et  de  l'alcool,  la  même  signifi- 
cation générale  que  s'il  n'y  avait  pas  d'action  réciproque.  La  proportion 
de  l'alcool  dans  le  mélange  inséparable  par  distillation  sous  la  pression 
ordinaire  est  égale  à  9  centièmes,  d'après  l'expérience,  chiffre  qui  ne 
s'écarte  guère  de  la  proportion  11, 5  calculée  en  négligeant  l'action  réci- 
proque. 

»  En  résumé,  deux  liquides  neutres,  dont  le  point  d'ébullition  diffère 

C.  R.,  i863,  2"n«  Semestre.  (T.  LVM,  N»  8.)  58 


(  /.3/,  ) 
(le  20  à  3o  degrés,  étant  mélangés  en  proportion  telle,  que  le  moins  volatil 
s'élève  à  8  ou  10  centièmes,  il  arrivera  fréquemment,  sinon  toujours,  qu'ils 
ne  pourront  pas  être  séparés  l'un  de  l'autre  par  distillation  sous  la  pression 
ordinaire.  Dans  les  cas  ci-dessus,  il  existe,  au  voisinage  de  ces  proportions, 
un  mélange  tel,  que  la  composition  de  la  partie  vaporisée  est  la  même  que 
celle  de  la  partie  liquide,  et  ce  mélange  se  comporte  comme  une  substance 
homogène.  Ces  faits  me  paraissent  spécialement  applicables  au  cas  de  deux 
alcools  homologues  mélangés,  d'autant  mieux  que  leurs  densités  de  vapeurs 
sont  moins  différentes  et  l'intervalle  de  points  d'ébullition  plus  petit  que  dans 
le  cas  du  sulfure  de  carbone  et  de  l'alcool.  Si  l'alcool  amjlique  a  fourni  à 
M.  Wurtz  ^  pour  100  d'alcool  caproylique,  isolahle  à  la  fin  de  la  distilla- 
tion, c'est  que  la  substance  sur  laquelle  il  a  opéré  représentait  un  mélange 
situé  notablement  au  delà  du  mélange  inséparable  par  distillation  :  les  con- 
sidérations tirées  de  la  tension  des  vapeurs  en  général,  des  densités  de 
vapeur  presque  égales  de  ces  alcools,  et  de  leurs  points  d'ébullition,  dont  la 
différence  n'est  guère  que  la  moitié  de  celle  qui  sépare  l'alcool  ordinaire  du 
sulfure  de  carbone,  indiqueraient  au  moins  10  ou  1 5  centièmes  du  liquide 
le  moiiis  volatil.  Sans  insister  sur  ce  chiffre,  que  je  donne  seulement  pour 
fixer  les  idées,  il  me  suffira  d'avoir  rappelé  par  les  expériences  précédentes 
l'attention  des  chimistes  sur  les  phénomènes  qui  se  passent  dans  toute  sépa- 
ration par  distillation.  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Éludes  sur  les  modifications  du  sucre  de  canne  sous 
r influence  des  ferments  alcooliques;  par  M.  F.-V.  Jodi.v. 

«  Lorsque,  vers  la  fin  de  l'année  1861,  j'annonçai  la  découverte  d'un  nou- 
veau sucre,  dérivé  du  sucre  de  canne  sous  l'influence  d'un  ferment  alcoo- 
lique spécifique  (voir  Com/)<e5  re/î(/it5,  t.  LUI,  p.  1252),  je  remarquai  que 
le  pouvoir  rotatoire  de  ce  produit,  auquel  je  donnais  le  nom  ùe  parasnc- 
charose,  était  sensiblement  ég.d  et  de  signe  contraire  à  celui  de  l'élément  gau- 
che [lévulose)  du  sucre  de  canne  interverti  par  les  acides. 

»  M'inspirant  dès  lors  des  idées  que  les  beaux  travaux  de  M.  Pasteur  sur 
l'acide  racéinique  ont  introduites  dans  la  science,  je  demeurai  convaincu 
que  (lu  moment  où  la  saccharose  (sucre  de  canne)  pouvait  dans  certaines 
conditions  donner  les  deux  produits  symétriques  : 

parasaccharose  -+-  1 07°/"  (environ)     et     lévulose  —  107°  '\, 

elle  (levait  aussi  pouvoir  donner  un  sucre  inactif,  c'est-à-dire  dépourvu  de 
pouvoir  rotatoire. 


(  435  ) 

"  Guidé  par  ce  point  de  vue,  j'en  cherchai  la  réahsation  dans  remploi 
des  conditions  qui  permeltent  d'obtenir  les  deux  premiers  sucres,  c'est-à- 
dire  l'application  des  affinités  physiologiques  de  la  fermentation  alcoolique. 

»  Après  être  restées  longtemps  infructueuses,  mes  tentatives  ont  entin 
réussi  :  en  abandonnant  librement  aux  influences  atmosphériques  des  dis- 
solutions composées  suivant  certaines  proportions  avec  le  sucre  candi,  le 
phosphate  de  soude,  le  sulfate  d'ammoniaque  et  l'eau  distillée,  j'ai  obtenu 
dans  plusieurs  cas  les  manifestations  d'une  fermentation  alcoolique  à  la 
suite  de  laquelle  le  sucre  primitif  se  trouvait  en  grande  partie  transformé 
en  saccharose  inactive. 

»  Le  ferment  qui  se  produit  dans  ces  conditions  est  une  torulacée  formée 
de  globules  arrondis  dont  les  plus  gros  ont  o™™,oo6  ào™'",oo8  de  diamètre. 
Parleur  grosseur  ils  se  rapprochent  de  la  levure  de  bière  ordinaire,  mais 
ils  s'en  distinguent  par  leur  mode  d'action  sur  le  sucre  de  canne;  sous  ce 
rapport  ils  partagent  les  caractères  de  la  Tovula  Pnslorii  (ferment  de  la 
parasaccharose),  sur  lesquels  je  crois  m'étre  déjà  suffisamment  expliqué 
(voir  Comptes  rendus,  t.  LV,  p.  721). 

»  Le  nouveau  sucre,  la  saccharose  inactive,  paraît  être  un  sucre  iucris- 
tallisable.  Du  moins,  un  échantillon  d'une  dizaine  de  grammes,  que  je 
garde  depuis  près  de  quatre  mois,  a  jusqu'ici  conservé  une  transparence 
complète  sans  donner  aucun  indice  de  granulations  cristallines. 

)i  Cette  propriété  négative,  en  rendant  très  difficile  la  purification  de  la 
saccharose  inactive,  pourrait  inspirer  de  justes  soupçons  sur  son  existence 
comme  espèce  chimique  ,  si  d'un  autre  côté  cette  substance  ne  possédait  pas 
simultanément  deux  caractères  absolus  dont  la  réunion  me  paraît  devoir 
exclure  la  supposition  d'un  mélange  de  deux  sucres  différents  à  pouvoir 
rotatoire  contraire. 

1)  En  effet  la  nouvelle  saccharose  ne  réduit  pas  la  liqueur  de  Fehiing.  Or, 
de  tous  les  sucres  connus  jusqu'à  ce  jour,  la  lévulose  est  le  seul  qui  soit 
lévogyre;  il  devrait  par  conséquent  entrer  comme  l'un  des  éléments  com- 
pensateurs dans  tout  mélange  inactif  et  lui  communiquer  son  pouvoir  ré- 
ducteur sur  la  liqueur  de  Fehiing. 

»  Considérée  au  point  de  vue  chimique,  la  saccharose  inactive  paraît 
jouir  de  propriétés  remarquables.  J'ai  eu  jusqu'à  présent  trop  peu  de  ma- 
tière pour  les  étudier  dans  tout  leur  développement  et  surtout  avec  une 
précision  suffisante.  Je  citerai  cependant  quelques  faits  qui  présentent  un 
certain  intérêt  indépendamment  de  la  signification  qu'on  pourra  sans  doute 

58.. 


(  436  } 
plus  tard  mieux  leur  assigner,  et  de  la  parfaite  exactitude  des  nombres  qui 
serviront  à  les  exprimer. 

»  Les  acides  étendus  agissent  sur  la  saccharose  inactive  comme  sur  le 
sucre  de  canne,  c'est-à-dire  qu'ils  communiquent  à  leurs  solutions  une 
forte  action  lévogyre  sur  la  lumière  polarisée  et  un  pouvoir  réducteur  con- 
sidérable sur  le  cupro-tartrate  potassique.  La  grandeur  de  ce  pouvoir 
réducteur  paraît  être  sensiblement  la  même  dans  les  deux  cas.  Quant  au 
pouvoir  rotatoire,  tandis  que  celui  du  sucre  de  canne  devient,  après  l'ac- 
tion des  acides,  égal  à  —  26°  'S^ ,  celui  que  prend  la  saccharose  inactive 
par  les  mêmes  influences  n'est  pas  moindre  que  —  69°  \.  On  peut  prévoir 
à  priori  qu'à  cette  différence  doivent  s'en  rattacher  d'autres. 

»  On  sait,  en  effet,  d'après  l'élégante  expérience  de  M.  Dubrunfaut,  que 
le  sucre  de  canne  interverti  est  un  mélange,  à  équivalents  égaux,  de  glucose 
ordinaire  53° /'  et  de  lévulose  106°  ^^,  de  manière  que  son  pouvoir  rota- 
toire est  exactement  la  moyenne  arithmétique  de  ceux  des  deux  éléments 

+  53°- 106°  ^„  ^, 
=  -26°,5\. 

On  sépare  ces  deux  éléments  l'un  de  l'autre  en  traitant  par  la  chaux  une 
solution  de  sucre  interverti.  L'élément  dextrogyre  (glucose)  se  combine 
à  la  chaux  en  formant  un  saccharate  calcaire  très-soluble,  tandis  que  la 
combinaison  analogue  de  l'élément  lévogyre  est  relativement  très-peu 
soluble. 

»  J'ai  essayé  d'appliquer  cette  méthode  à  des  solutions  de  saccharose 
inactive  préalablement  traitées  par  l'acide  sulfurique  étendu,  et  j'ai  obtenu 
de  la  sorte  plusieurs  saccharates  calcaires  de  solubilité  différente.  En  les 
décomposant  par  l'acide  carbonique,  j'ai  pu  en  étudier  quelques-uns,  et  je 
puis  foi'muler  ainsi,  dès  à  présent,  le  résultat  de  ces  études  : 

»  1°  La  saccharose  inactive,  traitée  à  chaud  par  les  acides  étendus,  se 
résout  en  plusieurs  sucres  caractérisés  par  leur  pouvoir  rotatoire; 

»  2°  Tous  ces  sucres  dérivés  paraissent  lévogyres  et  se  distinguent  nette- 
ment de  la  lévulose,  le  seul  sucre  à  rotation  gauche  que  nous  connaissions 
jusqu  ici. 

»  En  généralisant  les  faits  contenus  dans  cette  Note  et  mes  précédents 
Mémoires,  et  en  les  réunissant  aux  faits  analogues  acquis  depuis  déjà  long- 
temps à  la  science,  nous  sommes  comluits  à  considérer  le  sucre  de  canne 
comme  un  type  chimique  polymorphe  d'une  extrême  importance  en  chimie 
physiologique.  Sons  une  forme  ou  sous  une  autre  nous  le  retrouvons  dans 


(437) 
toute  manifestation  de  la  grande  fonction  naturelle  de  la  vie;  il  suffit  de 
nous  rappeler  ses  rapports  encore  incomplètement  connus  avec  l'amidon  et 
la  cellulose,  cette  trame  de  la  vie  végétale,  et  les  travaux  si  remarquables  de 
M.  Cl.  Bernard  sur  la  glycogénie  animale. 

»  Substance  éminemment  organique,  il  est  le  terme  principal  d'une 
série  très-étendue  dont  tous  les  membres  se  rattachent  entre  eux  par  des 
relations  qu'il  n'est  pas  encore  possible  de  bien  définir,  mais  qui  paraissent 
ressortir  d'un  ordre  particulier  d'affinité  différant  autant  de  l'affinité  orga- 
nique que  celle-ci  diffère  elle-même  de  l'affinité  minérale. 

»  Lorsque  nous  formons  un  sel,  nous  mettons  en  jeu  une  force  naturelle 
dont  l'essence  nous  est  parfaitement  inconnue,  et  que  nous  appelons  affinité 
minérale.  Si  nous  formons  un  éther,  nous  nous  servons  encore  d'une  force 
très-analogue  à  la  précédente,  mais  qui  cependant  en  diffère  à  certains 
égards,  et  que,  par  cette  raison,  nous  pouvons  distinguer  sous  le  nom 
à'affinilé  organique.  [Voir,  sur  les  différences  des  sels  et  des  éthers,  M.  Ber- 
iheiot.  Chimie  organique,  t.  I,  p.  192.) 

1)  Élevons-nous  encore  reprenons  l'organisation,  c'est-à-dire  la  vie,  dans 
ses  manifestations  les  plus  infimes  et  les  plus  élémentaires,  comme  une 
force  dont  nous  ignorons  l'essence,  mais  que,  dans  certaines  limites,  nous 
pouvons  modifier  et  diriger  dans  un  sens  déterminé,  en  prenant  notre  point 
d'appui  sur  ces  affinités  minérales  et  organiques  qui  la  précèdent  dans 
l'ordre  naturel  de  la  création,  et  lui  servent,  par  conséquent,  de  substra- 
tum;  nous  entrons  alors  dans  la  chimie  physiologique  dont  le  vaste  do- 
maine renferme  tous  ces  phénomènes  de  fermentation  si  nombreux  et  si 
complexes.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  transjormalion  en  sucre  de  la  peau  des  serpents; 

j)ar  M.   S.  DE  Luc  A. 

«  Dans  la  séance  du  i5  juillet  1861,  j'ai  communiqué  à  l'Académie  mes 
recherches  sur  la  transformation  en  sucre  de  la  peau  des  versa  soie.  Voulant 
étendre  ces  recherches  sur  la  peau  des  serpents,  je  me  suis  adressé  à 
M.  Duraéril,  professeur  au  Jardin  des  Plantes,  qui,  avec  une  extrême  obli- 
geance dont  je  le  remercie  beaucoup,  a  mis  à  ma  disposition,  pendant  les 
deux  dernières  années,  une  grande  quantité  de  dépouilles  de  serpents  de  la 
Ménagerie  du  Muséum. 

«  Mes  premiers  essais,  faits  en  1861  et  1862,  n'ont  pas  donné  de  résul- 
tats bien  nets  et  précis  relativement  à  la  transformation  de  ces  dépouilles 


(438  ) 

en  sucre  :  toutes  les  réactions  présentaient  une  certaine  difficulté  d'exécu- 
tion qui  était  inhérente  à  la  nature  presque  cornée  et  sèche  des  peaux  sur 
lesquelles  j'expérimentais.  Dans  les  mois  passés  de  cette  année  j'ai  fait  de 
nouvelles  recherches  dans  la  même  direction,  en  modifiant  cependant  mes 
premières  expériences.  Les  résultats  que  j'ai  obtenus  récemment  me  per- 
mettent d'annoncer  à  l'Académie  que,  dans  la  peau  des  serpents,  se  trouve, 
quoique  en  très-petile  quantité,  une  matière  analogue  à  la  cellulose  des  vé- 
gétaux, soluble  dans  la  liqueur  cupro-ammoniacale,  et  capable  de  se  trans- 
former en  glucose  qui  réduit  le  tartrate  de  cuivre  et  de  potasse,  et  qui  fer- 
mente sous  l'influence  de  la  levure  de  bière  en  donnant  de  l'acide  carbo- 
nique et  de  l'alcool. 

»  Dans  ces  recherches,  une  des  plus  grandes  difficultés  à  surmonter  est 
l'élimination  des  matières  azotées  de  la  peau  des  serpents  :  c'est  une  opéra- 
tion longue  qu'on  doit  conduire  très-lentement,  à  une  température  modérée, 
et  en  évitant  avec  soin  toute  action  brusque  de  la  part  des  réactifs.  J'ai  fait 
des  essais  préhminaires  pour  fixer  les  limites  de  cette  action  :  ainsi,  l'éther 
et  l'alcool  agissant  à  froid  sur  les  dépouilles  des  serpents  par  un  contact  de 
quarante-huit  heures  se  sont  colorés  à  peine  et  ont  dissous  quelques  traces 
seulement  de  matière  organique  ;  l'acide  sulfurique  étendu  de  son  propre  vo- 
lume d'eau  produit  une  contraction  sur  les  dépouilles,  mais  l'acide  sulfu- 
rique concentré  dissout  beaucoup  de  la  matière  organique  des  peaux  qui, 
après  ce  traitement,  deviennent  minces  et  déliées  sans  perdre  cependant  leur 
forme  primitive;  l'acide  chlorhydrique  étendu  d'eau  n'y  exerce  aucune 
action  apparente,  mais  l'acide  chlorhydrique  fumant  y  produit  une  élégante 
coloration  violette  qui  est  propre  aux  substances  protéiques;  l'acide  azotique 
concentré  colore  fortement  en  jaune  ces  dépouilles  qui  se  contractent  et 
acquièrent  un  éclat  soyeux,  lequel  persiste  même  après  le  lavage;  enfin,  la 
potasse  exerce  une  action  énergique  sur  la  peau  des  serpents,  même  à  la 
température  ordinaire,  eu  produisant  une  espèce  de  gélatine  qui,  traitée 
avec  beaucoup  d'eau,  laisse  déposer  une  matière  blanche  et  floconneuse. 

))  Il  résulte  de  tous  ces  essais  que  l'acide  sulfurique  concentré  et  la 
potasse  en  solution  sont  les  réactifs  les  plus  convenables  et  qui  agissent  le 
mieux  sur  la  peau  des  serpents.  Eu  employant  ces  deux  réactifs,  en  pro- 
longeant leur  contact  et  en  opérant  à  la  température  ordinaire,  ou  arrive  à 
éliminer,  en  grande  partie,  les  substances  azotées  contenues  en  abondance 
dans  la  peau  des  serpents,  et  à  obtenir,  comme  résidu,  une  matière  qui, 
quoique  douée  elle-même  d'une  grande  résistance  aux  réactifs  chimiques, 
peut  êtrCj  en  opérant  avec  beaucoup  de  soin,  transformée  en  glucose  fer- 


(  439) 
mentescible.   Voici  les  expériences  les  plus  décisives  qui  montrent   cette 
transformation. 

»  Des  peaux  de  serpents  traitées  directement  avec  une  solution  dô  cuivre 
ammoniacal,  ont  cédé  à  ce  dissolvant,  après  un  contact  prolongé  aidé  par 
l'agitation,  une  matière  qu'on  a  pu  mettre  en  liberté  en  neutralisant  la 
liqueur  par  un  acide.  Cette  matière,  par  l'action  des  ferments  et  des  acides 
faibles,  peut  réduire  le  tartrate  de  cuivre  et  de  potasse. 

»  On  a  fait  bouillir  dans  un  litre  d'eau  contenant  3()^',']5o  de  potasse 
caustique  des  peaux  de  serpents  pesant  5o  grammes,  après  leur  avoir  fait 
subir  un  traitement  par  l'acide  sulfurique  concentré.  Après  refroidissement, 
on  a  mélangé  le  tout  avec  beaucoup  d'eau,  et  on  a  lavé  plusieurs  fois,  par 
décantation,  la  partie  indissoute;  cette  partie  a  été  traitée  par  le  cuivre 
ammoniacal,  et  on  a  obtenu  une  liqueur  alcaline  qui,  neutralisée  par  l'acide 
chlorhydrique,  a  déposé  une  matière  blanche  et  légère,  et  celle-ci,  chauffée 
d'abord  dans  de  l'eau  faiblement  acidulée,  a  réduit  le  tartrate  de  cuivre  et 
de  potasse. 

1)  Le  2 1  février  de  cette  année,  5o  grammes  de  peaux  de  serpents  ont  été 
mis  en  contact  avec  une  solution  de  cuivre  ammoniacal,  et  laissés  jusqu'au 
i^'  mai,  c'est-à-dire  pendant  plus  de  deux  mois,  en  agitant  de  temps  à 
autre  le  mélange.  On  a  filtré  ensuite  la  liqueur  sur  du  verre  cassé  et  sur  de 
l'amiante  (opération  qui  a  duré  plusieurs  jours  à  cause  de  la  lenteur  avec 
laquelle  le  liquide  passe  à  travers  les  peaux  devenues  presque  gélatineuses), 
on  l'a  étendue  d'eau  et  on  l'a  neutralisée  par  l'acide  chlorhydrique  ;  par  le 
repos  il  s'est  déposé  une  matière  floconneuse  qu'on  a  lavée  plusieurs  fois 
par  décantation.  Une  partie  de  cette  matière,  qu'on  a  fait  bouillir  un  instant 
avec  quelques  gouttes  d'acide  sulfurique  étendu,  a  fourni  un  liquide  clair 
qui,  après  l'avoir  rendu  alcalin,  a  réduit  nettement  le  tartrate  de  cuivre 
et  de  potasse. 

»  Enfin,  j'ai  opéré  sur  5o  grammes  de  peaux  de  serpents,  après  leur  avoir 
fait  subir  à  la  température  ordinaire  le  contact  prolongé  de  l'acide  sulfurique 
concentré  et  de  la  potasse  caustique  en  solution.  J'ai  lavé  par  décantation  la 
matière  indissoute  et  je  l'ai  desséchée  sur  delà  porcelaine  et  ensuite  à  l'étuve, 
en  évitant  tout  contact  avec  la  poussière  de  l'atmosphère;  puis  j'ai  broyé 
cette  matière  dans  un  mortier  de  porcelaine  avec  de  l'acide  sulfurique 
très-concentré,  et  j'ai  obtenu  ainsi  une  masse  gélatineuse,  comme  du  muci- 
lage végétal,  qui  a  été  abandonnée  à  elle-même  pendant  vingt-quatre  heures. 
Après  ce  temps  ou  a  versé  cette  matière,  par  petites  portions,  dans  une 
grande  quantité  d'eau  bouillante  eu  agitant  continuellement  et  en  y  ajoutant 


(  44o  ) 

d'autre  eau  à  mesure  de  l'évaporalion.  On  a  continué  à  faire  bouillir  pen- 
dant six  heures,  et  on  a  laissé  ensuite  le  mélange  en  repos  pendant  vingt- 
quatre  heures;  on  l'a  neutralisé  à  froid  par  la  craie  en  poudre,  et  on  l'a 
laissé  encore  en  repos  vingt-quatre  heures.  Le  liquide  a  été  séparé  par  dé- 
cantation du  sulfate  de  chaux,  sur  lequel  on  a  versé  une  nouvelle  quantité 
d'eau  bouillante  en  agitant  et  en  laissant  ensuite  le  mélange  s'éclaircir.  Le 
jour  suivant,  on  a  décanté  la  nouvelle  liqueur,  qu'on  a  réunie  à  la  première 
et  qu'on  a  évaporée  au  bain-marie.  Le  résidu  obtenu  par  cette  évaporation 
a  été  traité  par  de  petites  quantités  d'eau  pour  le  séparer  du  sulfate  de 
chaux  et  d'autres  matières  indéterminées.  La  solution  aqueuse  a  été  de 
nouveau  évaporée  au  bain-marie,  et  l'on  a  obtenu  ainsi  une  matière  vis- 
queuse un  peu  jaunâtre,  qui  réduit  fortement  le  tartrate  de  cuivre  et  de 
potasse,  et  qui  fermente  par  l'action  de  la  levure  de  bière  avec  production 
d'acide  carbonique  et  d'alcool. 

»  Cet  acide  carbonique  ainsi  obtenu  était  complètement  absorbable  par 
la  potasse  caustique;  l'alcool  retiré  de  la  liqueur  fennentée,  par  des  distil- 
lations fractionnées,  a  pu  être  isolé  au  moyen  du  carbonate  de  potasse  cris- 
tallisé ;  il  brûle  avec  une  flamme  légère  et  sans  laisser  de  lésidu  ;  par  le  frot . 
tement  entre  les  mains  il  s'évapore  en  répandant  une  odeur  agréable,  mais 
qui  rappelle  un  peu  celle  des  matières  animales;  enfin  on  a  pu  obtenir  de 
cet  alcool  quelques,  centimètres  cubes  d'hydrogène  bicarboné  par  l'action 
de  l'acide  sulfurique. 

»  Ces  résultats  démontrent  que  la  peau  des  serpents  peut  fournir,  quoique 
en  très-petite  quantité,  une  matière  isomère  de  la  cellulose  des  végétaux, 
et  ils  font  en  outre  connaître  que,  dans'le  mécanisme  organique  des  plantes 
et  des  animaux,  la  nature  se  sert  des  mêmes  principes  généraux  pour  l'ac- 
complissement des  différents  phénomènes  de  la  vie. 

»  Je  me  propose  de  continuer  ces  recherches  sur  la  peau  d'espèces  de 
serpents  bien  déterminées.  » 

CHIMIE  LÉGALE.  ^   Note  sur  les  réactions  qui  aident  à  déceler  la  présence  de 
l'opium  ou  de  la  morphine;  par  M.  Ad.  Vincent. 

«  Dans  les  cas  d'empoisonnement  par  l'opium  ou  ses  préparations,  par 
la  morphine  ou  ses  sels,  le  chimiste  est  appelé  à  rechercher  la  substance 
toxique  dans  les  produits  des  vomissements,  dans  les  liquides  de  l'estomac, 
les  déjections  alvines,  l'urine  et  les  viscères. 

»  Les  matières  suspectes  peuvent  être  mélangées  de  certaines  liqueurs 


(  44i  ) 

administrées  comme  antidotes,  lorsque  l'agent  toxique  n'a  pu  être  totale- 
ment expulsé  par  les  vomissements,  ou  lorsque  les  tentatives  pour  évacuer 
le  poison  sont  demeurées  sans  résultat.  Je  citerai  particulièrement  les  infu- 
sions concentrées  de  café,  de  thé,  les  solutions  de  tannin,  de  noix  de  galle, 
préconisées  et  considérées  comme  boissons  stimulantes  devant  annihiler  les 
effets  hypnotiques  et  stupéfiants  de  ces  narcotiques;  cependant  il  importe 
de  se  rappeler  que  ces  infusions  contiennent  du  tannin  et  qu'elles  déter- 
minent ainsi  la  formation  d'un  composé  insoluble  (i). 

»  Si,  dans  le  cours  de  ses  recherches  et  dans  des  circonstances  exception- 
nelles, le  chimiste  parvient  à  isoler  la  morphine  et  à  en  constater  les  caractères 
physiques  et  chimiques,  ce  résultat  souvent  inespéré  sera  toujouïs  très-diffi- 
cile à  atteindre  quand,  par  suite  de  l'absorption,  la  quantité  de  poison 
ingéré  sera  réduite  à  une  fraction  minime. 

>i  II  faudra  donc  se  reporter  aux  conditions  les  plus  ordinaires  de  l'ex- 
pertise, à  la  constatation  des  réactions  dites  caractéristiques.  Une  simple  énu- 
mération  des  faits  suffit  à  démontrer  que  ces  colorations  n'ont  point  toute 
l'importance  qu'on  y  attache,  et  que  l'opérateur  peut  s'égarer  s'il  suit  avec 
une  entière  confiance  les  indications  fournies  par  les  réactifs  ci-après  : 

»  i"  Acide  azotique.  —  L'acide  azotique  en  excès  colore  les  solutions 
d'opium  en  jaune  orange  ;  il  jaunit  d'abord,  puis  rougit  la  solution  d'un  sel 
de  morphine  et  colore  le  tannin  en  jaune  orange,  puis  rouge. 

»  2°  Acide  iodique. —  Les  solutions  d'opium  se  troublent  et  prennent  la 
coloration  rouge-orange;  les  solutions  d'un  sel  de  morphine  passent  à  la 
teinte  rouge-orange  ou  rouge-brun  ;  le  tannin  mélangé  à  l'acide  iodique  pro- 
duit une  coloration  rouge-brun  ;  le  sulfocyanure  de  potassium  donne  une 
coloration  jaune-orange;  enfin  l'urine  décompose  aussi  l'acide  iodique,  d'où 
coloration  rouge  pâle. 

»  3"  Acide  iodique  et  colle  d'amidon. —  Avec  les  solutions  d'opium,  colo- 
ration bleue  qui  tarde  quelquefois  à  se  produire.  Avec  la  solution  d'un  sel  de 
morphine,  on  obtient  facilement  la  décomposition  de  l'acide  iodique  et  la 

(i)  Orfila  reconnaît  que  le  composé  insoluble  n'est  point  sans  action  nuisible  sur  l'éco- 
nomie animale,  et,  en  ce  qui  se  rapporte  à  la  noix  de  galle,  que  le  précipité  formé  peut  cire 
dissous  par  un  excès  de  decoctuin.  Ce  savant  toxicologiste  attribue  à  la  noix  de  galle  et  au 
tannin,  l'action  dissolvante;  mais  cette  propriété  appartient  aussi  à  l'eau  elle-même  employée 
en  forte  proportion,  et  l'action  sera  notablement  activée  par  une  élévation  de  température. 
D'où  la  nécessité  de  s'abstenir  de  gorger  le  malade  de  liquide. 

0.  R.,  i863,  a""»  Semestre.  (1.  LVII,  N*»  8.)  Sq 


(  442  ) 

formation  de  l'iodure  bleu  d'amidon.  Le  sulfocyanure  de  potassiiitii,  le 
bouillon,  l'urine  produisent  encore  cette  coloration.  Mon  ami  et  collègue 
Langouné  avait  déjà  remarqué  que  les  matières  animales  azotées  donnaient 
le  même  résultat  (affaire  Castel,  i84i)- 

«  4°  Perchlorure  de  fer.  —  Ce  réactif  colore  les  solutions  d'opium  en 
rouge  vineux,  en  raison  de  la  présence  de  l'acide  méconique  ;  mais  nous 
savons  que  cette  coloration  s'obtient  encore  en  versant  quelques  gouttes 
d'une  solution  de  perchlorure  de  fer  sur  de  la  salive,  propriété  attribuée 
aux  sulfocyanures  que  l'on  peut  rencontrer  aussi  dans  le  suc  gastrique. 

»  Le  perchlorure  de  fer  produit  dans  la  solution  d'un  sel  de  morphine 
la  coloration  bleu  pâle;  dans  une  infusion  de  thé,  la  coloration  noir-bleu; 
dans  une  solution  de  tannin,  couleur  bleue;  dans  une  infusion  de  café,  cou- 
leur vert  clair,  puis  vert  sombre;  mais  il  faut  tenir  compte  de  la  présence  de 
la  matière  colorante  jaune  du  café. 

»  Que  conclure  de  tout  ceci,  si  ce  n'est  que  les  caractères  chimiques 
invoquéspour  révéler  dans  un  cas  d'empoisonnement  la  présence  de  l'opium, 
de  la  morphine  ou  de  ses  sels,  ne  conduiront  souvent  qu'à  des  doutes,  à 
une  suspicion  d'empoisonnement  ou  à  l'impunité,  si  le  malade  a  été  soumis 
à  la  médication  ordinaire  par  le  café,  le  thé,  la  noix  de  galle?  Mais  rappe- 
lons-nous qu'en  chimie  légale  le  doute  est  sans  valeur,  et  que  les  inductions 
tirées  des  réactions  colorées,  rapprochées  des  commémoratifs,  des  signes 
physiologiques,  feront  ranger  ces  caractères  au  nombre  des  éléments  de 
conviction,  mais  ne  permettront  pas  d'établir  devant  la  loi  la  preuve  de 
l'empoisonnement.    » 

TOXICOLOGIE.    —  Sur  les  effets  toxiques  du  thatliuin.   Note  de  M.  Lamt, 

présentée  par  M.   Dumas. 

«  Dans  un  Mémoire  relatif  au  thallium,  dont  l'Académie  a  bien  voulu 
ordonner  l'impression  dans  le  Recueil  des  Savants  étrangers,  j'ai  cru  devoir 
faire  observer  (i)  que  les  composés  du  nouveau  métal  ne  me  paraissaient  pas 
sans  danger  sous  le  rapport  des  effets  toxiques.  J'attribuais  en  effet  à  une 
sorte  d'empoisonnement  par  les  composés  thalliques  les  douleurs,  accom- 
pagnées d'une  lassitude  extrême,  que  j'avais  ressenties  à  la  suite  de  mes  tra- 
vaux, principalement  dans  les  membres  inférieurs.  Les  faits  quej'ai  l'honneur 
de  communiquer  aujourd'hui  à  l'Académie  ne  peuvent  laisser  de  doute  sur 

(i)  Voir  Jnnales  de  Chimie  et  Physique,  t.  LXVII,  3^  série,  p.  4o6. 


(  443  ) 
la  nature  vénéneuse  des  combinaisons  du  lliallium;  et,  si  je  m'empresse  de 
les  publier,  c'est  dans  le  but  d'appeler  sur  eux  l'attention  des  savants,  au 
double  point  de  vue  toxique  et  thérapeutique. 

"  J'avais  fait  dissoudre  5  grammes  de  sulfate  de  thallium  pur  dans  du 
lait  pour  les  faire  prendre  à  deux  jeunes  chiens,  âgés  de  deux  mois  et  pesant 
3  kilogrammes  chacun.  Mais,  après  avoir  goûté  le  liquide,  ces  animaux  n'y 
voulurent  plus  toucher.  Le  lendemain,  dans  l'après-midi,  la  porte  du  chenil 
où  ils  étaient  enfermés  fut,  à  mon  insu,  laissée  ouverte  par  la  négligence 
d'un  domestique,  et  tout  le  lait  disparut,  mangé  sans  aucun  doute,  ainsi 
que  va  le  prouver  la  suite  de  cette  Note,  par  deux  poules,  six  canards  et  une 
chienne  de  moyenne  taille. 

))  Quelques  heures  après  la  disparition  du  lait  empoisonné,  la  chienne 
devint  triste,  inquiète  et  refusa  de  prendre  son  repas  habituel.  Dans  la  nuit, 
elle  fut  saisie  de  douleurs  aiguës,  composées  d'élancements  brusques,  ra- 
pides, qui  lui  arrachaient  des  cris  presque  incessants.  Le  matin,  ces  douleurs 
n'avaient  diminué  ni  de  fréquence  ni  d'intensité.  Le  pauvre  animal  refusait 
toujours  foute  boisson  et  toute  nourriture;  les  traits  de  sa  face  étaient  alté- 
rés, son  dos  se  courbait  sous  les  étreintes  de  la  souffrance,  ses  flancs  étaient 
aplatis,  sa  respiration  oppressée,  sa  salivation  abondante.  Les  membres  pos- 
térieurs, agités  d'abord  de  mouvements  cnnvulsifs,  devinrent  peu  à  peu 
partiellement  paralysés.  Le  siège  de  la  souffrance  était  évidemment  dans  les 
intestins;  on  la  calmait  momentanément  par  la  pression  ou  des  frictions  sur 
le  ventre. 

»  Sous  l'influence  de  l'idée  préconçue  que  le  thallium  ne  pouvait,  à  si 
faible  dose,  produire  de  tels  effets  d'empoisonnement,  je  ne  songeai  pas 
à  faire  administrer  fout  d'abord,  parle  vétérinaire,  aux  soins  duquel  l'animal 
fut  confié,  de  l'iodure  de  potassium  comme  contre-poison.  La  journée  tout 
entière  s'écoula  sans  que  les  douleurs  parussent  diminuer.  Le  lendemain 
matin,  la  paralysie  avait  fait  des  progrès;  la  chienne  était  dans  un  état  de 
prostration  complète;  pourtant  elle  me  reconnaissait  encore  et  faisait  des 
efforts  pour  me  témoigner  sa  satisfaction  quand  j'allais  près  d'elle.  Enfin 
elle  succomba  le  surlendemain  matin,  soixante-quatre  heures  après  avoir 
pris  le  poison.  Pendant  la  maladie,  on  n'avait  observé  ni  vomissements,  ni 
déjections  alvines. 

»  La  veille,  on  avait  trouvé  morts  ou  mourants  une  poule  et  six  canards. 
Dans  ceux  de  ces  oiseaux  qui  vivaient  encore  au  moment  où  l'on  s'aperçut 
de  l'accident,  on  constata  la  paralysie  plus  ou  moins  complète  des  membres 
postérieurs. 

59- 


(  444  ) 

»  Enfin  les  deux  jeunes  chiens,  qui  n'avaient  que  fort  peu  goûté  du  lait 
empoisonné,  étaient  devenus  tristes  et  paraissaient  très-f;Uigués;  bientôt  ils 
turent  agités  de  tremblements  convulsifsetne  se  soutmrent  que  difficilement 
sur  leurs  jambes  de  derrière  ;  puis  survinrent  des  douleurs  aiguës  et  finale- 
ment la  mort,  quatre  jours  après  l'intoxication,  et  malgré  les  efforts  que  Ion 
avait  faits  pour  sauver  ces  chiens  par  un  régime  normal  deux  jours  aupa- 
ravant. 

«  En  faisant  l'autopsie  de  ces  différents  animaux,  nous  fûmes  frappés  de 
ne  voir  ni  lésions,  ni  inflammations  graves.  La  vésicule  biliaire  de  la  chienne 
était  seulement  distendue  outre  mesure,  et,  dans  quelques  canards,  diverses 
membranes  séreuses,  celle  du  foie  en  particulier,  avaient  une  couleur  blan- 
châtre granulée. 

»  Quant  à  la  nature  du  poison,  l'analyse  spectrale  nous  la  révéla  promp- 
tement  et  avec  la  plus  grande  facilité.  En  effet,  en  examinant  au  spectroscope 
de  petits  morceaux,  de  la  grosseur  d'une  lentille,  des  différents  organes  des 
animaux  morts,  je  reconnus  immédiatement  le  thallium  à  sa  raie  verte  si 
tranchée  et  si  caractéristique.  L'intestin,  contenant  et  contenu,  renfermait 
le  métal  en  plus  grande  abondance  que  la  chair  musculaire  et  les  os  ;  la 
membrane  séreuse  blanchâtre  du  foie  plus  que  la  substance  même  de  cet 
organe.  Une  dent,  comme  on  pouvait  s'y  attendre,  ne  me  présenta  aucune 
trace  de  thallium. 

»  Huit  jours  après  cet  accident,  qui  m'avait  enlevé  une  belle  chienne  de 
chasse  et  une  partie  de  ma  basse-cour,  on  remarqua  qu'une  deuxième  poule 
était  malade  :  elle  avait  les  ailes  pendantes,  ne  se  soutenait  que  pénible- 
ment et  en  chancelant  sur  ses  pattes,  et,  chose  curieuse,  quand  elle  vou- 
lait manger,  son  cou  ne  s'allongeant  pas  assez,  les  coups  de  bec  ne  pouvaient 
atteindre  la  nourriture.  Pendant  trois  jours  elle  languit  dans  cet  état.  Je  la 
fis  tuer  et  je  pus  constater  la  présence  du  thallium  dans  l'intestin.  Mais  le 
poison  était  en  quantité  très-minime,  et,  dans  les  autres  organes,  je  ne  pus  en 
observer  de  traces,  en  me  bornant  à  la  méthode  d'examen  que  j'ai  indiquée 
plus  haut. 

1)  Ainsi,  onze  animaux  :  deux  poules,  six  canard.s,  deux  jeunes  chiens  et 
une  chienne  de  moyenne  taille,  avaient  succombé  successivement  à  un  em- 
poisonnement provoqué  par  5  grammes  de  sulfate  de  thallium. 

a  Afin  d'être  mieux  convaincu  encore  de  l'énergie  de  ce  poison,  j'ai  fait 
prendre  i  décigramme  seulement  de  sulfate  à  un  jeune  chien  du  même  âge 
que  les  deux  premiers,  et  cet  animal  a  succombé  quarante  heures  après  avoir 
pris  le  poison. 


(  445  ) 

»  11  résulte  des  faits  qui  précèdent  que  le  sulfate  de  thallium  est  un  poison 
énergique,  et  que  les  deux  principaux  symptômes  de  l'empoisonnement 
qu'il  provoque  sont,  en  premier  lieu,  la  douleur,  dont  le  siège  est  dans  les 
intestins  et  qui  se  manifeste  par  des  élancements  excessivement  douloureux 
se  succédant  avec  rapidité  et  comme  des  secousses  électriques;  en  second 
lieu,  des  tremblements,  puis  une  paralysie  plus  ou  moins  complète  des 
membres  inférieurs. 

»  Peut-être  pourrais-je  ajouter  à  ces  caractères  la  constipation,  la  rétrac- 
tion ou  la  dépression  du  ventre,  le  manque  absolu  d'appétit  ;  mais  je  me 
borne  aux  deux  symptômes  qui  m'ont  le  plus  frappé.  On  remarquera  d'ail- 
leurs l'analogie  de  ces  phénomènes  avec  ceux  qui  caractérisent  la  colique  et 
l'arthralgie  saturnines. 

»  Les  faits  contenus  dans  la  présente  Note  me  paraissent  de  nature  à 
fixer  toute  l'attention  des  médecins  et  des  physiologistes.  Les  sels  de  thal- 
lium, le  sulfate  et  surtout  le  nitrate,  sont  remarquablement  solubles  ;  ils 
n'ont  que  peu  de  saveur,  et  peuvent  par  conséquent  être  introduits  aisé- 
ment dans  l'économie.  Mais  en  même  temps  il  n'existe  pas  de  poison,  si  je 
ne  m'abuse,  qui  puisse  être  suivi,  recherché  jusque  dans  ses  moindres  traces, 
à  travers  tous  les  tissus  de  l'organisme,  avec  autant  de  facilité,  grâce  à  la 
simplicité  et  à  la  délicatesse  de  la  méthode  de  MM.  Rirchhoff  et  Bunsen, 
comme  aussi  à  la  netteté  et  à  la  sensibilité  de  la  raie  verte  du  thallium.  Les 
savants  conipétents  pourront  donc  étudier,  non-seulement  les  symptômes 
produits  par  des  doses  variables  du  nouveau  poison,  ou  les  lésions  de  tissus 
qu'il  engendre,  mais  encore  rechercher  sûrement  par  quels  organes  il  est 
absorbé,  par  quelles  voies  il  est  expulsé. 

»  Je  ne  terminerai  pas  sans  faire  une  remarque,  que  la  lecture  de  cette 
Note  aura  sans  doute  déjà  suggérée:  c'est  l'importance  des  services  que  pourra 
rendre  la  méthode  d'analyse  spectrale  dans  une  foule  de  questions  du  do- 
maine de  la  physiologie,  et  en  particulier  dans  les  recherches  de  médecine 
légale.   » 

TÉRATOLOGIE.  —  Nouvelles  recherches  sur  la  produclion  artificielle  des  mons- 
truosités. Note  de  M.  C.  Dareste,  présentée  par  M.  Cl.  Bernard.  (Extrait.) 

«  J'ai  déjà,  à  plusieurs  reprises,  fait  connaître  à  l'Académie  les  résultats 
de  mes  recherches  sur  la  production  artificielle  des  monstruosités  dans 
l'espèce  de  la  poule. 

»  Je  n'ai  pu  cette  année  consacrer  que  quelques  semaines  à  ces  sortes  de 


(  446) 
travaux.  Toutefois,  daus  ce  court  espace,  j'ai  pu  observer  un  assez  grand 
nombre  de  monstruosités.  Un  grand  nombre  de  celles  que  j'ai  obtenues 
cette  année  s'étaient  déjà  produites  dans  mes  expériences  des  années  pré- 
cédentes ;  je  n'j'  reviendrai  donc  pas  aujourd'hui.  Mais  j'ai  observé  plu- 
-sieurs  faits  nouveaux  qui  me  paraissent  dignes,  à  beaucoup  d'égards,  de 
fixer  l'attention  des  physiologistes. 

1)   .Te  citerai  en  première  ligne  un  cas  de  duplicité  du  cœur. 

»  Cette  anomalie  a  été  à  diverses  reprises  signalée  par  plusieurs  anato- 
mistes;  mais  aucune  des  observations  ne  présentait,  jusqu'à  présent,  de 
garanties  suffisantes  d'authenticité.  C'est  pourquoi  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire, 
qui  les  a  rapportées  dans  son  ouvrage,  ne  les  a  mentionnées  qu'avec  un 
point  de  doute. 

»  Tout  récemment  un  physiologiste  danois,  M.  Panum,  a  fait  connaître 
deux  cas  parfaitement  authentiques  de  duplicité  du  cœur,  qu'il  avait 
observés  sur  des  embryons  de  poule  retirés  de  l'œuf. 

»  J'ai  pu  observer  cette  année  un  cas  de  ce  genre.  L'œuf  avait  été  mis 
en  incubation  le  24  juin  et  ouvert  le  4  juillet.  Je  fus  frappé,  au  moment  où 
j'ouvris  l'œuf,  par  l'aspect  insolite  que  présentait  le  viteilus.  11  n'y  avait 
aucune  trace  visible  de  vaisseaux  sanguins.  Le  milieu  du  jaune  était  occupé 
par  une  vésicule  ovoïde  dont  la  plus  grande  longueur  avait  à  peu  près 
I  centimètre.  Sur  les  bords  de  la  partie  antérieure  de  cette  vésicule,  on 
voyait  de  chaque  côté  deux  vésicules  contractiles  qui  ont  battu  sous  mes 
yeux  pendant  près  de  dix  minutes. 

»  En  y  regardant  de  plus  près,  je  me  suis  assuré  que  la  vésicule  médiane 
était  l'amnios,  distendu  par  le  liquide  amniotique,  et  contenant  dans  son 
intérieur  un  embryon  vivant.  Les  vésicules  contractiles  étaient  deux  véri- 
tables cœurs,  composés  chacim  d'une  vésicule  auriculaire  et  d'une  vésicule 
ventriculaire,  dont  les  battements  se  succédaient  d'une  manière  régulière. 
Ces  deux  cœurs  étaient  entièrement  en  dehors  de  l'amnios,  et  présentaient 
par  conséquent  une  ectopie  complète. 

1)  Il  eût  été  fort  intéressant  d'étudier  la  disposition  du  système  vascu- 
laire  et  se.s  rapports  avec  les  deux  cœurs.  Mais  il  m'a  été  impossible  de  faire 
cette  étude,  parce  (jue  le  sang  était  complètement  incolore  et  que,  par 
conséquent,  il  ne  me  permettait  pas  de  suivre,  dans  l'intérieur  de  l'embryon, 
la  disposition  des  vaisseaux  sanguins.  On  comprend  d'ailleurs  que  la  peti- 
tesse de  l'embryon  ne  m'ait  point  permis  d'essayer  des  injections.  J'ai  déjà 
eu  d'ailleurs  occasion,  dans  un  précèdent  Mémoire,  de  faire  connaître  cet 
état  particulier  du  sang  que  j'ai  rencontré  dans  plusieurs  embryons  mons- 


(  447  )      ■ 
trueux,  et  qui  résulte  nou  de  l'absence,  mais  de  la  diminution  très-consi- 
dérable  des  globules. 

»  L'embryon  ne  s'était  pas  encore  retourné.  La  tète  était  très- petite,  de 
la  grosseur  d'une  tète  d'épingle,  et  ne  présentait  ancnne  trace  d'yeux  ni  de 
vésicules  encéphaliques.  Il  n'y  avait  point  de  membre  supérieur  gauche. 

»  Le  pédicule  de  l'amnios  existait  encore.  Je  n'ai  trouvé  aucune  trace 
d'allantoide. 

»  J'ai  eu  du  reste  plusieurs  fois  occasion  d'observer  de  semblables  laits 
d'atrophie  excessive  de  la  tète,  qui  se  rattachaient  probablement  à  cette 
forme  de  monstruosité  décrite  par  Geoffroy  Saint-Hilaire  sous  le  nom  de 
Iriocéphalie. 

»  Je  n'avais  jamais  observé,  dans  mes  précédentes  recherches,  de  cas  de 
monstruosité  par  fusion  d'organes.  Cette  année,  j'ai  observé  deux  faits  de 
ce  genre. 

»  Le  premier  m'a  présenté  un  cas  de  symélie.  L'œuf  avait  été  mis  en 
incubation  le  3  juillet  et  ouvert  le  i6  juillet.  L'embryon  était  mort  depuis 
quelque  temps.  Je  n'ai  pu  l'étudier  complètement;  mais  j'ai  constaté,  de  la 
manière  la  plus  certaine,  une  fusion  complète,  sur  la  ligne  médiane,  des 
membres  postérieurs,  qui  formaient  un  membre  postérieur  unique,  mais 
beaucoup  plus  volumineux  que  ne  le  sont  les  membres  postérieurs  des 
embryons  de  poule  observés  à  cette  époque  de  l'incubation.  Il  eût  été  fort 
intéressant  de  savoir  si  dans  ce  symèle,  comme  dans  les  symèles  humains, 
le  pied  était  renversé;  mais  l'embryon  était  trop  jeune  pour  me  permettre 
de  constater  ce  fait. 

»  L'amnios  avait  encore  son  pédicule  et  présentait  en  avant  une  large 
ouverture  ombilicale.  Je  n'ai  point  vu  d'allantoide. 

»  Le  second  fait  était  bien  plus  remarquable  encore.  L'incubation  avait 
commencé  le  3  juillet,  et  l'œuf  avait  été  ouvert  le  20  juillet.  L'embryon  était 
mort  :  il  ne  s'était  point/etourné,  et]était  par  conséquent  couché  à  plat  sur 
le  vitellus.  La  tète  seule  était  renversée  et  couchée  sur  le  côté  gauche,  comme 
dans  l'état  normal. 

1)  Il  n'y  avait  qu'iui  œil,  placé  sur  la  ligne  médiane,  immédiatement  au- 
dessus  du  bec  supérieur.  Cet  œil  était  rudimentaire  et  seulement  indiqué  par 
la  choroïde.  Il  n'y  avait  également  qu'une  seule  vésicule  cérébrale.  J'avais 
donc  sous  les  yeux  un  véritable  cas  de  cyclopie. 

»  Le  membre  supérieur  gauche  était  rudimentaire,  tandis  que  le 
membre  supérieur  droit  et  les  deux  membres  postérieurs  avaient  leurs 
dimensions  normales. 


(  448  ) 

»  L'ombilic  était  largement  ouvert.  Il  y  avait  une  éventration  complète. 
Le  cœur,  le  foie,  l'estomac  faisaient  hernie  au  travers  de  l'ombilic.  Le  cœur 
était  renversé;  la  région  ventriculaire  était  dirigée  vers  la  tête,  tandis  que 
la  région  auriculaire  était  plus  voisine  de  l'ouverture  ombilicale.  J'ai  con- 
staté l'existence  d'une  bride  membraneuse  qui  unissait  le  foie  aux  bords 
de  l'ombilic. 

»  Le  pédicule  amniotique  persistait  encore. 

»  Je  n'ai  pu  malheureusement  étudier  tous  ces  faits  avec  le  soin  qu'ils 
méritaient,  car  les  embryons  étaient  morts  depuis  quelque  temps  lorsque 
j'ai  ouvert  les  œufs.  Mais  je  crois  devoir  publier  dès  à  présent  ces  observa- 
tions, quoique  incomplètes,  parce  qu'elles  me  donnent  l'espoir  fondé  de 
produire  artificiellement  toutes  les  formes  possibles  de  monstruosités 
simples.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Expériences  sur  l'allération  spontanée  des  œufs;  par  M.  Al. 
Donné.  Présentées  par  M.  Pasteur. 

«  Permettez-moi  de  vous  communiquer  les  résultats  d'une  série  d'ob- 
servations sur  un  sujet  que  vous  avez  traité  à  fond  dans  votre  Mémoire:  con- 
cernant les  Corpuscules  organisés  qui  existent  au  sein  de  l'atmosphère  et  dans 
votre  Examen  de  la  doctrine  des  générations  spontanées. 

M  Je  me  suis  proposé  de  rechercher  ce  qui  se  passe  dans  luie  matière 
organisée,  abandonnée  à  elle-même  et  naturellement  à  l'abri  des  germes 
répandus  dans  l'air,  sans  l'intervention  d'aucun  agent  physique  ou  chi- 
mique. L'œuf  des  oiseaux  m'a  paru  réaliser  ces  conditions.  En  effet,  la  ma- 
tière organisée  de  l'œuf  est  naturellement  préservée  du  contact  des  agents 
extérieurs  par  une  enveloppe  que  l'on  peut  considérer  comme  imperméa- 
ble aux  particules  et  aux  germes  répandus  dans  l'air;  la  matière  qui  le 
compose  est  d'un  ordre  très-élevé  dans  l'organisation,  car  elle  contient 
tous  les  principes  constituants  d'animaux  haut  placés  eux-mêmes  dans 
l'échelle.  Ces  éléments  sont  tout  prêts  à  entrer  dans  le  mouvement  vital, 
sous  l'influence  du  germe  animal  qu'ils  renferment  et  qu'ils  sont  chargés  de 
nourrir;  ils  vivent  presque,  c'est  déjà  presque  un  animal  vivant.  D'un 
autre  côté,  ils  ne  manquent  pas  de  l'air  nécessaire  au  développement  de  la 
vie,  ils  en  contiennent  au  contraire  une  portion  notable,  destinée  sans  doute 
aux  premiers  besoins  de  la  respiration  du  petit.  La  présence  de  cet  air  est 
généralement  admise,  mais  j'ai  voulu  la  constater  de  nouveau  et  m'assurer 
de  sa  nature;  d'après  les  analyses  auxquelles  M.  le  professeur  Béchamp  a 


(  449) 
bien  voulu  se  livrer  sur  ma  demande,  cet  air  présente  la  composition  sui- 
vante : 

»  Première  expérience.  —  Air  rassemblé  vers  le  gros  bout  dans  six  œufs 
conservés  depuis  un  mois  : 

Azote 80, g3 

Oxygène I9'°7 

•  100,00 

»  Deuxième  expérience. 

Azote 79,  75 

Oxygène 20,25 

100,00 

«  C'est  donc  à  peu  près  de  l'air  atmosphérique,  très-pur  et  très-propre 
à  l'entretien  de  la  vie,  puisque  encore  une  fois  il  doit  servir  à  allumer 
la  première  étincelle  de  vie  dans  l'embryon  qui  va  naître.  N'y  a-t-il  pas 
là  toutes  les  conditions  les  plus  favorables  à  une  génération  spontanée  : 
une  matière  animale  complexe,  capable  d'entrer  dans  de  nouvelles  combi- 
naisons, en  présence  d'un  air  vivifiant,  renfermée  dans  sa  coque  et  aban- 
donnée à  elle-même?  Ces  éléments  organiques,  ou  plutôt  tout  organisés, 
ne  vont-ils  pas  se  séparer  quand  le  germe  de  l'œuf  non  vivifié  ne  les  retien- 
dra plus  unis,  et  à  la  moindre  impulsion,  au  moindre  mouvement  de  fer- 
mentation, ne  les  verra-t-on  pas  donner  naissance  à  ces  organismes  infé- 
rieurs qui  se  produisent  avec  une  si  merveilleuse  facilité  dans  des  conditions 
en  apparence  moins  favorables? 

»  J'ai  choisi  l'œuf  de  poule  pour  mes  expériences.  Je  ne  copierai  pas  ici  le 
registre  de  mes  observations  ;  les  résultats  sont  tellement  conformes,  que  je 
vais  me  borner  à  les  consigner. 

»  Des  œufs  de  poule  tout  frais,  étiquetés,  ont  été  placés  chaque  semaine 
par  séries  dans  des  coquetiers  sur  la  fenêtre  de  mon  cabinet,  situé  au  second 
étage  et  à  l'exposition  du  levant.  I^es  uns  sont  demeurés  intacts,  les  autres 
ont  été  percés  au  sonmiet  d'une  ouverture  capable  d'admettre  le  bout  du 
petit  doigt.  Ces  œufs  ont  subi,  pendant  les  quatre  mois  indiqués,  des  varia- 
tions de  température  allant  de  10  à  12  degrés  centigrades  jusqu'à  3o  et  36 
au-dessus  de  zéro.  Au  bout  de  huit  jours  environ,  plus  ou  moins  suivant 
le  temps,  les  œufs  ouverts,  après  avoir  subi  un  certain  dessèchement  de  leur 
matière  abaissée  au-dessous  de  l'ouverture,  ont  constamment  montré  sur 
la  membrane  qui  recouvre  l'albumen  de  petites  taches  veloutées,  blanches 

C.  R.,  186:^,  2"'=  Semestre.  (T.  LVII,  N"  8.)  6o 


(  45o  ) 
avec  des  points  d'iiii  vorl  foncé.  A  l'œil  nu,  on  reconnaissait  la  moisissure 
avec  ses  caractères  ;  saisie  avec  des  pinces^  placée  sur  une  lame  de  verre, 
délayéi  avec  un  peu  d'eau  pure,  cette  végétation  montrait  au  microscope, 
avec  un  grossissement  de  3oo,  les  filaments  du  pmiciliwn,  accompagnés, 
lorsque  le  temps  avait  été  assez  chaud,  d'une  sorte  de  fructification  compo- 
sée de  corps  jaunes,  en  forme  de  calebasse. 

i>  Ces  corpuscules  jaunes  n'existaient  que  dans  la  matière  verte,  je  ne  les 
ai  jamais  rencontrés  mêlés  aux  filaments  blancs.  La  matière  de  l'œuf  lui- 
même,  examinée  au  microscope,  ne  présente  absohnnent  aucun  mouve- 
ment et  on  n'y  découvre  ni  vibrions,  ni  bacterium,  ni  aucun  animalcule. 
Mais  bientôt,  sous  l'influence  des  agents  extérieurs,  l'œuf  s'altère,  les  mou- 
ches l'envahissent  et  tous  les  phénomènes  de  la  putréfaction  se  déclarent, 
avec  accompagnement  d'anmialcnlos  microscopiques  et  même  de  gros  vers 
visibles  à  l'œil  nu.  On  retarde  singulièrement  cette  putréfaction  si,  au  lieu  de 
laisser  Y ccuï  ouvert  à  l'air  libre,  on  le  recouvre  d'un  verre  renversé.  Les 
moisissures  se  flétrissent  peu  à  peu,  quelques /;«cte»7um  apparaissent,  mais 
il  y  a  plutôt  tendance  de  la  matière  à  se  dessécher  qu'à  se  pourrir. 

»  Les  choses  se  passent  autrement  pour  les  œufs  mis  en  expérience  sans 
être  ouverts.  Ceux-ci  restent  des  semaines  et  des  mois,  même  pendant  les 
grandes  chaleurs  de  l'été,  sans  subir  aucune  altération  putride.  Ouverts  par 
l'extrémité,  après  quatre,  huit  ou  dix  semaines,  ils  montrent  un  dk/c  (c'est 
ce  vide  qui  contienr  l'air  analysé  plus  hautj  d'autant  plus  grand  que  l'œuf 
date  de  plus  loin.  (Je  me  suis  en  effet  assuré,  par  des  pesées  exécutées  tous 
les  huit  jours,  que  les  œufs  perdent  successivement  de  leur  poids;  les  chiffres 
ne  sont  pas  encore  relevés.)  L'œuf  n'exhale  aucune  odeur,  et  rien,  absolu- 
ment rien  de  vivant,  soit  de  la  vie  végétale,  soit  de  la  vie  animale,  ne  s'est 
produit,  ni  à  la  surface  de  la  mend)rane,  ni  dans  l'intérieur  de  la  matière; 
pas  trace  d'infusoires  ni  de  végétaux  microscopiques. 

»  Mais  après  plusieurs  jours  d'exposition  au  contact  de  l'air  extérieur, 
on  voit  naitre  les  petites  taches  de  moisissure  décrites  plus  haut,  avec  leurs 
filaments,  leurs  chajjelets  et  leurs  corps  jaunes  que  le  microscope  permet 
de  constater  et  d'étudier.  Puis  les  phénomènes  de  putréfaction  commencent, 
surtout  par  l'influence  des  insectes  qui  s'abattent  sur  la  matière,  putréfac- 
tion que  l'on  retarde  beaucoup,  je  le  répète,  en  plaçant  l'œuf  sous  un  verre; 
mais  dans  tons  les  cas,  un  peu  plus  tôt,  un  peu  plus  fard,  les  vers  infusoires 
naissent  dans  la  substance. 

»  Cette  résistance  de  l'œuf,  d'une  malièreanimale  si  complexe,  à  la  putréfac- 
tion, au  bout  (le  semaines  et  de  mois,  par  de  grandes  variations  de  tempéra- 


(  45i  ) 
lure,  tant  qu'on  ne  donne  pas  accès  à  i'air  e\térieiH',  ne  vous  senible- 
t-elle  pas  assez  remarquable?  Je  croyais,  je  l'avoue,  et  beaucoup  de  per- 
sonnes sont  peut-èlre  encore  dans  la  même  opinion,  que  des  œufs  aban- 
donnés à  eux-mêmes  pendant  les  chaleurs  de  l'été  ne  devaient  pas  tarder  à 
se  gâter,  à  entrer  en  putréfaction,  et  je  m'attendais  en  les  ouvrant,  au  bout 
d'un  on  deux  mois,  à  les  trouver  fétides  et  en  proie  à  tons  les  phénomènes 
de  la  décomposition.  Il  n'en  est  rien,  et  j'ai  poussé  l'expérience  si  loin  à  cet 
égard  et  sur  un  si  grand  nombre  d'œufs,  que  je  crois  pouvoir  affirmer  qu'il 
n'y  a  pas  de  limite  à  cette  conservation  (je  ne  parle  pas  de  leur  fraîcheur 
comme  aliment,  bien  entendu),  et  que  l'œuf  irait  ainsi  en  se  desséchant  jus- 
qu'à la  fin,  sans  fermenter  ni  pourrir. 

>/  Et  cette  stérilité  absolue,  quant  à  la  jjroduction  d'êtres  végétaux  ou 
animaux,  de  la  part  d'une  substance  si  riche  en  éléments  d'oiganisation, 
n'est-elle  pas  une  nouvelle  et  forte  objection  contre  1:ï  théorie  des  généra- 
tions spontanées? 

»  Il  y  a  pourtant  une  circonstance  où  la  matière  de  l'œuf  ne  reste  pas 
ainsi  intacte,  quoique  à  l'abri  de  l'air  extérieur.  Ce  fait  est  assez  curieux  et 
me  paraît  toucher  à  un  point  délicat  de  la  question  des  ferments,  éclairée 
d'une  si  vive  lumière  par  vos  belles  expériences.  Cette  matière  de  l'œuf  qui 
ne  s'altère  pas,  dans  le  sens  de  la  putréfaction,  tant  qu'on  la  laisse  dans  son 
état  normal,  subit  promptement  l'action  de  la  décomposition  si  par  des  se- 
cousses on  détruit  sa  structure  physique,  c'est-à-dire  si  on  rompt  la  trame, 
les  cellules  du  corps  albumineux,  et  qu'on  opère  ainsi  le  mélange  du  jaune 
et  du  blanc.  Alors,  même  sans  accès  de  l'air  extérieur,  en  se  garantissant 
même  de  cette  intervention  par  lui  surcroît  de  précaution,  tel  qu'une 
couche  de  collodion  répandue  à  la  surface  de  l'œuf,  on  voit  tous  les  phé- 
nomènes de  décomposition  apparaître,  après  ini  temps  plus  ou  moins  long 
suivant  la  températuie,  mais  toujours  en  moinsd'un  mois;  tous  les  phéno- 
mènes de  décomposition,  excepté  toutefois  la  production  d'êtres  vivants  de 
l'un  ou  de  l'autre  règne,  car,  quel  que  soit  le  degré  de  pourriture  auquel  on 
laisse  arriver  l'œuf,  on  n'y  peut  pas  découvrir  la  moindre  trace  d'animal- 
cules ni  de  végétaux  microscopiques;  la  matière  de  l'œuf  est  trouble,  d'une 
couleur  livide;  elle  exhale  une  odeur  fétide  au  moment  où  on  brise  la  coque, 
mais  rien ,  absolument  rien  ne  bouge  dans  cette  matière,  rien  ne  vit,  et 
l'examen  microscopique  le  plus  attentif  et  le  plus  répété  n'y  fait  pas  dé- 
couvrir le  moindre  être  organisé  ou  vivant.  Une  fois  au  contact' de  l'air 
extérieur,  la  décomposition  marche  rapidement  avec  son  cortège  d'infu- 
soires  et  d'êtres  microscopiques. 

60. 


(  45a  ) 
«  N'est-ce  pas  là  une  nouvelle  preuve  de  la  nécessité  de  l'intervention 
des  germes  répandus  dans  l'atmosphère  pour  donner  naissance  à  des  êtres 
vivants  ?  » 

CHIRURGIE   —  Nouvelle  méthode  de  réunion  des  plaies  simples,  sans  laisser  de 
cicati  ice  dijjorme .  Note  de  M.  Tavernier,  présentée  par  M.  Velpeau. 

«  Depuis  un  an  j'étais  sollicité,  par  une  famille  de  ma  clientèle,  à  enlever 
un  kyste  de  la  grosseur  et  de  la  forme  d'un  petit  œuf  de  pigeon  qui  s'était 
développé  à  la  partie  gauche  du  cou,  le  long  du  bord  postérieur  du  muscle 
sterno-cléido-mastoïdien,  chez  une  jeune  fille  de  quinze  ans,  très-forte 
pour  son  âge  et  pleine  de  vigueur. 

»  L'épidémie  d'érysipèles  meurtriers  qui  régnait  alors  me  fit  remettre 
l'opération  à  un  moment  plus  favorable,  et  c'est  au  commencement 
d'avril  i863  que  j'ai  consenti  à  entreprendre  cette  ablation. 

»  Après  avoir  incisé  la  peau  longitudinalement  et  dans  toute  son  épais- 
seur, j'ai  pu  saisir  ce  kyste,  le  dégager  du  tissu  graisseux  environnant,  et 
l'extraire  de  la  cavité  dans  laquelle  il  était  profondément  logé;  car  il  ne 
faisait  pas  une  forte  saillie  sous  la  peau.  Jusque-là,  rien  d'extraordinaire, 
rien  qui  ne  se  fasse  tous  les  jours. 

»  Mais  je  tenais  à  ce  que  cette  opération  ne  déformât  pas  le  cou  de  ma 
jeune  personne;  je  désirais  surtout  que  la  profondeur  occupée  par  le  kyste 
fût  remplie  et  que  la  cicatrice  ne  fiît  pas  entraînée  au  fond  d'un  cul-dc-sac, 
comme  il  arrive  souvent  pour  les  glandes  suppurées,  dans  les  écrouelles. 
Je  voulais,  enfin,  que  la  cicatrice,  restant  de  niveau,  parfaitement  droite, 
simulât  une  simple  égratignure  et  disparût  totalement  avec  l'âge  :  j'ai  réussi 
dans  les  deux  tiers  de  mes  vœux,  le  temps  seul  pourra  me  donner  satisfac- 
tion pour  la  troisième  partie. 

»  Afin  d'arriver  à  ce  résultat,  tant  désiré  de  part  et  d'autre,  j'ai  imaginé 
de  fermer  provisoirement  la  plaie,  longue  de  8  centimètres,  avec  des  serres- 
fines,  petites  pinces  élastiques  connues  de  tous  les  chirurgiens.  Après  que  le 
sang  eut  rempli  le  vide  laissé  par  le  kyste  et  cessé  de  se  répandre  abondam- 
ment au  dehors,  j'ai  exécuté  la  fermeture  définitive,  en  déposant  de  proche 
en  proche,  à  partir  de  l'angle  supérieur  de  la  plaie,  une  couche  de  collo- 
diou,  jusqu'à  la  première  serre-fine  que  j'ai  retirée  pour  la  placer  au-des- 
sous de  la  seconde;  puis  j'ai  continué  l'occlusion,  en  ayant  le  soin  scrupu- 
leux de  maintenir  les  bords  de  la  plaie  à  un  niveau  parfait  et  de  les  fixer 
avec  une  nouvelle  application  de  coUodion.  J'ai  enlevé  ma  seconde  serre- 


(  453  ) 
fine  pour  agir,  à  sa  place  et  au-dessous  du  point  qu'elle  occupait,  de  la 
même  manière  que   pour  la  première,  et  jai  continué  jusqu'à  ce  que  je 
fusse  arrivé  à  l'angle  inférieur  dont  j'ai  laissé  un  seul  point  libre. 

»  Le  tout  a  été  consolidé  par  une  large  et  épaisse  couche  de  collodion  ap- 
pliquéesur  le  petit  ruban  de  réunion.  Les  bords  de  la  plaie  ainsi  affrontés  se 
sont  cicatrisés  sans  la  moindre  déviation,  le  fond  de  la  plaie  s'est  rempli,  la 
peau  s'est  maintenue  sur  le  niveau  du  plan  arrondi  du  cou;  il  n'est  pas  sorti 
une  seule  goutte  de  pus  par  l'ouverture  que  la  prudence  m'avait  conseillé 
de  laisser  libre. 

u  Au  bout  de  huit  jours  j'ai  enlevé  la  couche  de  collodion;  la  cicatrice, 
rouge  mais  droite,  était  parfaitement  prise  dans  foute  son  étendue.  De- 
puis l'époque  de  l'opération  jusqu'à  ce  jour,  c'est-à-dire  depuis  quatre  mois 
et  demi,  la  cicatrice  s'est  raccourcie  ;  elle  se  décolore  et  promet  de  réa- 
liser mon  troisième  désir,  celui  de  devenir  invisible  à  un  oeil  non  prévenu. 
On  voit  tout  de  suite  les  avantages  qu'on  peut  retirer  de  ce  procédé  :  il  em- 
pêche que  les  cicatrices  soient  déprimées. 

»  Il  remplace  avantageusement  les  bandelettes,  souvent  infidèles  dans 
leur  action,  et  qui  par  leur  opacité  empêchent  le  chirurgien  de  voir  les 
progrès  de  la  guérison. 

»  Il  supprime,  dans  la  plupart  des  cas,  les  points  de  suture  dont  l'appli- 
cation douloureuse  ajoute  une  plaie  à  une  autre  et  provoque  souvent  ime 
inflammation  qui  compromet  le  succès  de  l'opération. 

»  Il  met  enfin  les  plaies,  avec  perte  de  substance,  à  l'abri  du  contact 
de  l'air;  en  recouvrant  celles-ci  d'un  linge  coUodionné  et  fixant  celui-ci 
avec  du  collodion  liquide,  on  obtient  facilement  ce  résultat.  » 

M.  A.  Panizzi,  bibliothécaire  principal  du  British  Muséum,  au  nom  de 
cette  institution,  adresse  des  remercîments  à  l'Académie  pour  l'envoi  des 
«  Comptes  rendus  »  de  ses  séances,  rSSg-iSGi;  des  tomes  XVI  et  XVII  du 
«  Recueil  des  Savants  étrangers  »  et  de  «  l'Atlas  des  cercles  chromatiques  » 
de  M.  Chevreul. 

M.  le  D*^  Renard  écrit,  au  nom  de  l'administration  du  Musée  public  de 
Moscou,  pour  annoncer  l'envoi,  par  la  voie  de  l'ambassade  russe  à  Paris,  de 
la  première  livraison  du  bel  ouvrage  publié,  aux  frais  du  Musée,  sous  le 
titre  de  «  Copies  photographiques  des  miniatures  des  manuscrits  grecs  con- 
servés à  la  Bibliothèque  synodale  de  Moscou  »,  et  prie  l'Académie  de  com- 
prendre le  Musée  de  cette  ville  au  nombre  des  établissements  auxquels  elle 


(454) 

t'ait  don  de  ses  publications.  Il  demande  aussi  que  l'Académie  veuille  lui 
accorder  ses  anciennes  publications. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

M.  le  D"^  Rexard,  au  nom  de  la  Société  impériale  des  Naturalistes  de 
Moscou,  f;!it  hommage  à  l'Académie  des  numéros  a  à  4  du  Bulletin  de  la 
Société  pour  1862. 

M.  Rayer  présente,  au  nom  de  M.  le  /)'"  Picard,  un  Mémoire  intitidé  : 
«  Des  accidents  occasionnés  par  les  arbres  et  les  courroies  de  transmission 
l't  des  moyens  de  les  prévenir  »,  et  que  l'auteur  adresse  au  concours  pour 
le  prix  concernant  les  Arts  insalubres. 

(Renvoi  à  la  future  Conmiission.) 

M.  Marié-Davy  adresse,  au  nom  de  M.  Le  Verrier  absent,  les  Bulletins 
météorologiques  de  1  Observatoire  impérial  de  Paris  du  16  au  21  août. 

31.  GuvoN  fait  hommage,  au  nom  de  l'auteur,  M.  Ernest  de  Berg,  biblio- 
thécaire au  Jardin  impérial  de  Botanique  de  Saint-Pétersbourg,  des  ouvrages 
suivants  : 

i''  «  Répertoire  de  la  Littérature  des  Sciences  minéralogiques,  géolo- 
giques et  paléontologiques  concernant  la  Russie,  jusqu'à  la  fin  du  xviii''  siè- 
cle »  (en  allemand); 

2°  Addimenta  ad  Pritzelii  thesaiirum  literaturœ  botanicœ  ; 

3°  Calalogm  bibliolliecœ  Horli  imperialis  botanici  Petropolitani ; 

4°  «  Catalogue  des  dessins  de  plantes  exécutés  et  conservés  au  Jardin 
impérial  de  Botanique  de  Saint-Pétersbourg  ». 

M.  le  D'  Caron,  à  l'occasion  de  la  discussion  qu'ont  soulevée  les  commu- 
nications de  M.  le  D'  Boudin  sur  la  question  des  mariages  consanguins, 
adresse  une  Note  renfermant  des  observations  qui  viennent  à  lappui  de 
I  opinion  émise  par  ce  médecin. 

(Renvoi  à  la  Commission  chargée  de  l'examen  des  travaux  de  M.  Boudin; 
Commission  qui  se  compose  de  MM.  Andral,  Rayer,  Bernard,  Bienaymé.) 

M.  Ch.  Guéris  adresse  une  Note  sur  un  nouvel  appareil  hydraulique. 
(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Combes.) 


(  455  ) 

M.  Castillon-Cmchet  adresse  une  Note  avec  dessins  sur  une  pompe  mue 
par  la  force  du  vent  et  dont  le  principe  est  un  pendule  duquel  la  tige,  pro- 
longée au  delà  du  point  de  suspension,  est  garnie  à  son  extrémité  d'une 
voile  qui  se  présente  alternativement  au  veut  et  obliquement  à  lui. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Combes.) 

jyjme  yeuve  RotssEL  écrit  pour  annoncer  que,  s'occupant  depuis  long- 
temps de  météorologie,  elle  désirerait  faire  part  de  ses  observations  à  l'Aca- 
démie. On  répondra  à  cette  dame  qu'elle  peut  envoyer  son  travail  qui  sera 
examiné  avec  attention. 

M.  John  Ghersi  demande  et  obtient  l'autorisation  de  retirer  un  Mémoire 
présenté  par  lui  à  la  séance  du  20  juillet  dernier. 

M.  F.  Neucourt  explique  que  l'ouvrage,  dont  il  avait  précédemment 
annoncé  l'envoi,  est  un  ouvrage  imprimé  ayant  pour  titre:  «  Des  Maladies 
chroniques  »,  et  demande  qu'il  soit  admis  au  concours  pour  les  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  Albert  R.\ck  écrit  pour  demander  de  hâter  le  travail  de  la  Commis- 
sion chargée  de  faire  un  Rapport  siu'  un  travail  antérieurement  présenté 
par  lui. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  Méret,  dans  une  Lettre  adressée  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  pré- 
sente quelques  considérations  sur  la  limite  qui  sépare  l'intelligence  des 
animaux  de  celle  de  l'homme,  considérations  appuyées  sur  quelques  faits 
qu'il  a  eu  occasion  d'observer. 

(Renvoi  à  MM.  Flourens,  Cl.  Bernard.) 

M.  DE  Saint- Venant  écrit  pour  demander  des  renseignements  sur  Du 
Buat,  ancien  Correspondant  de  l'Institut,  qui  a  rendu  à  la  science  hydrau- 
lique de  grands  services,  et  sur  lequel  il  s'occupe  de  publier  une  Notice 
biographique. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  É.  D.  B. 


(  456  ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  9.4  août  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Noie  sur  la  théorie  mathématique  des  courbes  d'intersection  de  deux  lignes 
tournant  dans  le  même  plan  autour  de  deux  points  fixes;  par  G.  VAN  DER 
MENSnRUGGHE.  (Extrait  des  Mémoires  couronnés  et  des  Mémoires  des  Savants 
étranc/ers,  publiés  par  l'Académie  royale  de  Belgique.)  Bruxelles,  i863  :  br. 
in-S". 

Observation  d'un  cas  de  métrite  parenchymaleuse,  suivie  de  physométric  ou 
lytnpanite  utérine;  par  le  D''  B.  LuNEL.  (Extrait  de  i Abeille  médicale.) 
Paris,  i863;  demi-feuille  in-8°. 

Transactions...  Transactions  de  la  Société  Zoologique  de  Londres;  vol.  IV, 
partie  7;  vol.  V,  part,  i  et  1.  Londres,  1862;  in-4'*. 

Proceedings.:.  Comptes  rendus  des  séances  de  la  Société  Zoologique  de 
Londres;  1861,  part.  3,  juin  à  décembre;  1862,  part,  i",  janvier  à  avril; 
part.  2,  avril  à  juin;  part.  3,  juin  à  décembre.  Londres,  4  ^'ol-  in-8°. 

List...  Liste  des  animaux  vertébrés  vivant  dans  les  jardins  de  la  Société 
Zoolocjique  de  Londres.  186a;  Londres,  br.  in-8''. 

On  cephalization...  Sur  la  céphalisation  et  sur  te  méc/asthènc  et  le  micro- 
sthène,  au  point  de  vue  de  la  classification;  par  James  D.  Dana.  (Extrait  de 
V American  Journal of  Sciences  and  Arts,  vol.  XXXVL)  Br.  in-8''. 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  Naturalistes  de  Moscou;  publié  sous  la 
rédaction  du  D' Renard  ;  année  1862;  n"^  2,  3  et  4-  Moscou,  1862;  3  vol. 
in-8''. 

Catalogue  alphabétique  et  méthodique  des  dessins  de  plantes  exécutés  et  con- 
servés au  Jardin  impérial  de  Botanique  à  Saint-Pétersbourg .  Saint-Pétersbourg, 
1857;  br.  in-8°. 

Calalogus  sjstematicus  bibliothecœ  Horti  imperialis  botanici  Petropolilani  ; 
niravit  E.  DE  Berg.  Petropoli,  i852;  vol.  in-8°. 

Addimenta  ad  Pritzelii  thesaurum  literaturœ  botanicœ;  collegit  et  composait 
E.  DE  Berg.  Halis,  iSSq;  br.  in-8°. 

Addimenta  ad  thesaurum  literalarce  botanicœ  altéra;  collegit  et  composait 
E.  DE  Berg.  Petropoli,  1862;  br.  in-8". 

Repertoriimi . . .  Bépertoire  bibliographique  des  Sciences  minera  logiques,  géo- 
logiques, patéontologiqucs  et  métallurgiques  de  la  Russie  jusqu'à  la  fm  du 
XViii'  iiècle; parE.  DE  Berg.  Saint-Pétersbourg,  1862;  in-8".  (Eu  allemand.) 

Tntorno...  Etudes  du  projesseur  Zantcdeschi  sur  la  distribution  du  calorique 
dans  l^ atmosphère  de  l' Italie;  iu-8". 

Analisi...  Analyse  chimique  de  deux  nouvelles  sources  d'eaux  minérales  de 
Montecatino  en  Toscane.,  connues  sous  le  nom  de  Nuova  acqua  dell'  Olivo- 
Acqua  délia  sainte;  faite  par  Or^zio  SlLVESTRI.  (Extrait  dn  Rediconlo  de' 
Invori  eseguiti  net  laboratorio  di  chimica  dclC  Università  di  Pisa.)  Naples, 
i863;  iu-4°. 

Dei  tartrati...  Des  tarlrates  de  strontiane  et  de  baryte;  par  A.  Scacchi. 
Naples,  i863;  in-4°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  31  AOUT  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ZOOLOGIE.  —  Spécimen  d'une  distribution ,  dite   par  étages,  des  espèces 
zoologiques  ;  par  M.  Chevrecl.  (Suite.) 

«  La  grande  difficulté  que  présente  la  classification  des  espèces  zoolo- 
giqiies  en  séries,  c'est  que  les  espèces  de  corps  vivants  sont  bien  autrement 
complexes  par  l'ensemble  des  rapports  mutuels  de  leurs  propriétés  ou  attri- 
buts que  ne  le  sont  les  séries  arithmétiques  ou  géométriques  exprimées 
par  des  nombres.  A  la  vérité  les  propriétés  prises  pour  caractères  des 
espèces,  distribuées  en  genres,  familles,  ordres,  classes,  etc.,  n'étant  cpi'en 
petit  nombre  relativement  aux  propriétés  que  la  classification  n'énonce 
pas,  la  distribution  des  espèces  en  séries  est  plus  facile  qu'elle  ne  le  serait 
dans  le  cas  contraire  où  toutes  les  propriétés  seraient  prises  en  considéra- 
tion; mais  il  arrive,  lorsqu'on  examine  des  espèces  classées  en  séries  depuis 
un  certain  temps,  que  les  rapports  mutuels  sur  lesquels  repose  la  distri- 
bution des  espèces  sont  rarement  conservés.  Dès  lors,  à  raison  des  nou- 
veaux rapports  que  l'on  croit  plus  naturels  que  les  anciens,  il  faut  changer  la 
classification  des  espèces,  de  celles  même  qu'on  croyait  le  mieux  connaître. 

»  Si  Ion  tend  à  classer  les  espèces  d'animaux  d'après  leurs  degrés  res- 
pectifs d'organisation,  de  manière  que  les  premières  sont  jugées  supérieures 
à  celles  qui  les  suivent,  il  s'en  faut  beaucoup  que  dans  ces  classifications 
les  espèces  supérieures,  du  moins  celles  des  Mammifères,  par  exemple, 
occupent  des  places  parfaitement  en  harmonie  avec  les  degrés  respectifs 
des  facultés  que  l'on  fait  dépendre  de  l'intelligence  et  même  de  l'instinct. 

C.  R.,  i8G3,  2""  Semeslre.  (T.  LVII,  N»  9.)  6l 


(  458  ) 
»  A  quoi  cela  tient-il?  C'est  que,  tout  en  reconnaissant  en  général  l'in- 
fluence qu'un  certain  développement  du  système  nerveux  exerce  sur  les 
facultés  dont  je  parle,  si  on  prend  en  considération  les  formes  du  cerveau 
et  même  les  traits  de  la  pliysionomio,  quand  il  s'agit  des  individus  de  l'es- 
pèce humaine  examinés  au  point  de  vue  respectif  de  leurs  facultés  intellec- 
tuelles, nous  n'avons  rien  encoredeprécissur  ce  sujet,  malgré  de  nombreuses 
tentatives  faites  pour  juger  des  qualités  intellectuelles  d'après  l'observation 
des  organes,  en  en  considérant  la  forme,  l'étendue  relative  qu'ils  occupent, 
leur  structure  et  les  proportions  respectives  de  leurs  tissus  constituants; 
car  cette  observation  toute  physique  ne  donne  rien  de  précis  sur  l'activité 
dont  les  organes  soumis  à  l'examen  sont  doués  à  l'état  vivant. 

»  Le  peu  de  relation  qu'une  observation  attentive  aperçoit  aujourd'hui 
entre  les  organes  et  les  facultés  de  l'ordre  le  plus  élevé  que  nous  attribuons 
aux  animaux  est-il  conforme  à  l'importance  que  la  philosophie  doit  se 
faire  de  la  méthode  naturelle?  Je  ne  l'ai  jamais  pensé;  mais,  celte  opinion 
admise,  il  serait  fâcheux  qu'on  voulût  suppléer  à  l'observation  en  cher- 
chant à  modifier,  sous  le  prétexte  de  rectifier,  des  rapprochements  qui  repo- 
sent sur  des  faits  observés  qu'on  a  lieu  de  croire  exacts.  Dès  lors  je  n'hésite 
point  à  dire  quelon  doitcontinuer  la  marche  suivie  aujourd'hui  par  lesanato- 
mistes  et  les  zoologistes  les  plus  distingués  ,  mais  avec  la  condition  expresse 
de  donner  une  attention  toute  particulière  à  la  relation  établie  entre  les 
facultés  appelées  intelleclueltes  et  instinctives,  et  les  organes,  tels  qu'ils  se 
présentent  à  l'observation  approfondie,  afin  de  savoir  s'il  existe  une  har- 
monie satisfaisante  entre  ces  facultés  et  ces  mêmes  organes. 

»  La  conséquence  de  l'état  de  choses  que  je  viens  de  signaler  est  qu'en 
disposant  les  espèces,  les  genres,  les  familles  d'un  même  ordre  (i),  d'après  la 
considération  d'une  organisation  physique  jugée  supérieure  à  l'organisation 
pliysique  d'espèces  appartenant  à  un  ordre  différent,  on  pourra  apercevoir 
dans  celui-ci,  au  point  de  vue  des  facultés  intellectuelles,  des  espèces  supé- 
rieures à  des  espèces  du  premier  ordre. 

»  Par  exemple,  l'ordre  des  Quadrumanes  précède  l'ordre  des  Carnassiers, 
et  celui-ci  les  ordres  des  Marsupiaux,  des  Rongeurs,  des  Edentés,  et  des 
Pachydermes  auxquels  appartiennent  l'Éléphant  et  le  Cheval.  [Règne  animal 
de  Cuvier.  ) 

))  Si  vous  motivez  la  supériorité  de  l'ordre  des  Quadrumanes  par  la  supé- 
riorité de  rOrang,  du  Chimpansé  et  du  Gorille,  Singes  que  l'on  a  toujours 
considérés  comme  les  êtres  les  plus  rapprochés  de  l'homme  par  leur  orga- 

(i)   Ordre  en  zooloyie,  c'est  une  sulidivision  immédiate  d'une  classe  d'animaux. 


(  469  ) 
nisadon  physique  et  par  des  facultés  intellectuelles  supérieures  à  celles  des 
autres  animaux  mammifères,  n'est-il  pas  évident  que  les  Makis,  Quadru- 
manes comme  les  Singes  que  je  viens  de  nommer,  comparés  à  l'égard 
de  l'inleiligence  avec  les  Carnivores  des  genres  Chien  et  Phoque,  seront 
tout  à  fait  inférieurs  à  ceux-ci?  Il  y  a  donc  désaccord  entre  l'organisation 
physique  et  les  facultés  intellectuelles;  car,  aux  yeux  de  tous,  le  Chien 
est  bien  supérieur,  comme  animal  intelligent,  aux  Makis.  Même  résultat 
pour  le  Phoque. 

»  Ma  conclusion  est  donc  qu'on  ne  peut  ranger  les  espèces  animales  dans 
luie  série  unique,  comme  Bonnet  et  de  Blainville  ont  tenté  de  le  faire  à  des 
époques  différentes  :  et  après  avoir  réfléchi  aux  séries  parallèles,  proposées 
par  plusieiu's  naturalistes,  je  n'y  ai  vu  que  de  vains  palliatifs  au  vice  radical 
de  la  série  unique,  et  sans  doute  des  éludes  ultérieiu'es  ne  manqueront 
pas  d'altérer  la  rectitude  des  séries  parallèles  en  obligeant  le  naturaliste 
à  disposer  des  espèces  entre  les  lignes  mêmes  de  ces  séries,  et  à  revenir 
ainsi  à  la  classification  dite  réticulée. 

»  Je  conçois  un  mode  de  classification  exempt  des  inconvénients  que 
présentent  une  série  unique  et  même  des  séries  parallèles,  et  parce  que  je 
n'ai  nulle  prétention  à  établir  ini  système  de  Zoologie,  mais  simplement 
d'exposer  quelques  idées  propres  à  faire  disparaître  les  inconvénients  dont 
je  viens  de  parler,  je  vais  comme  spécimen  appliquer  mes  vues  à  la  dispo- 
sition de  quelques-unes  des  espèces  de  l'ordre  des  Quadrumanes  et  de  l'ordre 
des  Carnassiers,  en  les  classant  d'après  le  mode  que  j'appelle  par  étages.  Ces 
espèces  sont  disposées  sur  deux  plans  superposés  horizontalement;  le  plan 
supérieur  reçoit  les  Quadrumanes,  et  l'inférieur  les  Carnassiers. 

»  Les  espèces  considérées  par  les  naturalistes-anatomistes  comme  les  plus 
parfaites  occupent  la  partie  centrale  du  plan;  les  autres  espèces  sont  dis- 
posées autour  des  premières  et  à  des  distances  d'autant  plus  grandes  du 
centre  que  leur  organisation  est  jugée  moins  parfaite. 

)>  S'il  existe  des  modifications  d'organisation  très-diverses,  on  place  les 
espèces  qui  les  présentent  sur  des  rayons  différents  partant  du  centre  ; 

»  Et  s'il  existe  des  modifications  analogues  entre  les  espèces  de  genres 
différents,  on  place  ces  genres  sur  un  même  rayon,  et  l'on  fait  ainsi  une  série 
d'espèces. 

«  Ne  sachant  pas  si  l'Orang-Outang,  le  Chimpansé  et  le  Gorille  doivent 
être  considérés  comme  différant  par  leur  organisation  au  point  de  vue  de 
leur  supériorité  respective,  je  les  dispose  sur  la  circonférence  d'un  cercle 
dont  le  centre  est  celui  du  plan.  Leur  place  se  trouve  à  l'extrémité  des  trois 

6i.. 


(  '|6o  ) 
rayons  qui  divisent  la  circonférence  en  trois  arcs  de  120  degrés  chacun.  Si 
les  trois  espèces  élaient  réellement  différentes  d'organisation  au  poii\t  de 
vue  de  leur  supériorité  respective,  il  faudrait  les  déplacer  pour  les  mettre  à 
des  distances  différentes  du  centre. 

»  Je  placerai  le  plan  des  Carnassiers  au-dessous  des  Quadrumanes,  et  je 
mettrai  au  centre  les  espèces  les  mieux  organisées,  à  savoir  :  le  Chien,  le 
Phoque,  l'Ours  et  le  Chat. 

»   Sur  le  rayon  où  se  trouve  le  Citât,  je  placerai  le  Guépards 

»  Sur  le  rayon  où  se  trouve  le  Chien,  je  placerai  la  Civette,  puis  la 
(jCiiette  ; 

»  Sur  le  rayon  où  se  trouve  le  Phoque,  je  placerai  VOtarie,  YEnhjdre, 
la  Zowfre  aboutissant  à  la  Marte; 

)i  Enfin,  sur  le  rayon  où  se  trouve  VOurs,  je  placerai  le  Sitbursits,  le  Mélès 
ou  Blaireau,  et  ce  rayon  comme  le  précédent  aboutira  à  la  Loutre. 

»  De  sorte  que  l'artifice  que  je  propose  permet  de  ranger  les  espèces  eu 
séries  convergentes  si  le  besoin  s'en  fait  sentir. 

»  Les  avantages  de  la  distribution  par  étages  des  espèces  zoologiques 
sont  incontestables,  car  elle  se  prête  à  représenter  aux  yeux  toutes  les  rela- 
tions que  l'esprit  peut  apercevoir  entre  ces  espèces. 

»  1°  Si  un  ordre  ne  présentait  qu'un  type  d'organisation  dans  les  genres 
et  les  espèces  qui  le  composeraient,  lui  seul  rayon  tiré  du  centre  du  plan 
représenterait  l'ensemble  de  ces  espèces,  et  le  tableau  indiquerait  claire- 
ment ce  fait. 

»  2°  Si  un  ordre  présentait  des  séries  parallèles  d'espèces  aussi  rigoureu- 
sement déterminées  dans  leurs  distances  respectives  que  le  sont  les  termes 
des  séries  numériques,  vous  traceriez  des  circonférences  concentriques,  vous 
prendriez  des  points  équidistants  sur  la  courbe  de  moindre  rayon  que  vous 
distingueriez  par  les  lettres  a,  a',  a",  a',  a",  a^ ,  a7\...,  et  vous  tireriez  de 
ces  points  des  droites  parallèles.  Aux  points  d'intersection  avec  la  deuxième 
courbe,  vous  écririez  les  lettres  h,  b',  b" ,  h",  b",  b",  b'"',...;  sur  les  points 
d'intersection  de  la  troisième  courbe,  les  lettres  c,  c',  c",  c'",  c",  c'',  C'...., 
et  ainsi  de  suite. 


(  46i  ) 

»  Cette  figure  indiquerait  qu'il  n'y  a  pas  un  type  unique  d'organisation, 
mais  bien  qu'il  existe  autant  de  types  «,  a\  a",  «'",  a",  a',  a"',...,  que  de 
têtes  de  séries. 

»  3°  Si  un  ordre  présente  des  séries  convergentes,  le  second  tableau 
montre  la  facilité  avec  laquelle  on  les  présente  :  ainsi,  le  Phoque  et  ses  dé- 
rivés d'une  part,  et  d'une  autre  part  l'Ours  et  ses  dérivés,  sont  sur  deux 
lignes  qui  aboutissent  à  la  Marte. 

»  4°  Si  un  ordre  présente  des  séries  divergentes,  cas  le  plus  ordinaire, 
je  crois  du  moins,  dans  la  classe  des  Mammifères,  le  premier  tableau  témoigne 
de  la  manière  de  satisfaire  à  cette  condition. 

»  5°  On  peut  par  des  lignes  établir  des  rapports  entre  les  diverses 
espèces  d'un  même  plan. 

»  Que  l'on  vouliît  établir  une  relation  entre  deux  espèces  placées  à  deux 
étages  consécutifs,  on  y  parviendrait  en  tirant  une  ligne  dans  un  plan  ver- 
tical passant  par  les  deux  points  dont  il  s'agirait  de  montrer  la  correspon- 
dance. 

»  Par  exemple,  s'il  s'agissait  du  Galéopithèque  du  premier  tableau  et  des 
Chéiroptères  du  deuxième,  on  tirerait  du  premier  point  au  deuxième  point 
une  ligne  oblique  aux  deux  plans. 

M  Si  l'on  avait  quelque  motif  pour  que  cette  ligne  fût  une  veiiicalc  (les 
deux  plans  sont  supposés  horizontaux),  on  satisferait  à  cette  condition  à 
l'aide  d'une  convention  f/'ALTiTUDE  que  je  vais  expliquer.  Du  point  Galéopi- 
thèque du  premier  plan  on  tirerait  une  perpendiculaire  au  deuxième  plan, 
et  on  la  prolongerait  quelque  peu  au-dessous;  c'est  précisément  à  l'extrémité 
inférieure  de  cette  ligne  qu'on  imaginerait  la  place  des  Chéiroptères,  d'après 
la  convention  cpie  l'on  compenserait  par  abaissement  ce  dont  le  rapproche- 
ment du  centre  tendrait  à  élever  l'organisation  des  Chéiroptères,  qui  sont 
placés  dans  le  deuxième  tableau  plus  loin  du  centre  que  ne  l'est  le  Galéo- 
pitlièque  dans  le  premier  tableau.  Si  le  cas  était  inverse,  c'est-à-dire  si  le 
Galéopithèque  était  plus  éloigné  du  centre  du  premier  plan  que  les  Chéi- 
roptères ne  le  sont  du  centre  du  deuxième  plan,  on  reculerait  leur  place 
de  ce  centre,  et  on  compenserait  l'éloignement  par  une  élévation  dans  le 
sens  de  la  verticale.  Ces  deux  cas  montrent  que  la  compensation  d'al- 
titude serait  négative  {—)  dans  le  premier  cas  et  positive  (-+-)  dans  le  second. 

»  En  résumé,  on  voit  : 

»  1°  Comment,  sur  le  plan  des  Quadrumanes,  l'organisation  des  espèces 
s'affaiblit  à  mesure  qu'on  s'éloigne  du  centre; 

»   2°  Comment  la   forme  principale  va  en   s'affaiblissant  sur  le  rayon 


(  462  1 
partant  du  centre  et  sur  lequel  se  trouve  ïine  des  trois  formes  les  plus  par- 
faites des  Quadrumanes; 

1)  3"  Comment  il  est  possible  de  représenter  la  modification  que  peuvent 
affecter  des  formes  qui  ne  rentrent  pas  dans  l'une  des  trois  formes  centrales; 

>)  4°  Comment  il  est  possible,  en  opérant  la  distribution  des  espèces  de 
Carnassiers  sur  le  plan  inférieur  au  premier,  d'établir  une  correspondance 
entre  les  espèces  de  Carnassiers  et  les  espèces  de  Quadrumanes; 

»  5°  Comment,  si  le  Chien  est  inférieur  aux  Singes  les  plus  parfaits,  il  en 
est  rapproché  bien  plus  que  les  Makis;  car  si  dans  le  sens  vertical  il  y  a 
infériorité  du  haut  en  bas,  cette  infériorité  peut  être  estimée  bien  moindre 
qu'on  n'estime  la  distance  de  deux  espèces  du  même  plan  qui  se  trouvent 
très-éloignées  l'une  de  l'autre; 

u  6"  La  possibilité,  par  des  altitudes  différentes  prises  sur  chacun  des 
plans  où  se  placeraient  des  espèces  d'un  même  genre  présentant  une  no- 
table différence  dans  les  facultés  intellectuelles,  de  faire  saisir  de  nouveaux 
rapports  entre  les  espèces  de  deux  ou  plusieurs  plans  superposés. 


»  Je  crois  en  avoir  dit  assez  pour  donner  une  idée  juste  des  avantages  de 
la  distribution  dts  espèces  zooloyiques  ]iar  étages. 

»  Elle  est  applicable  à  la  classification  des  races  humaines;  à  celle  des 
espèces  d'un  genre;  à  celle  des  genres  d'une  famille;  à  celle  des  ordres 
d'une  classe,  et  à  celle  des  classes  d'un  embranchement, 

»  Je  fais  le  plus  grand  cas  des  facultés  attribuées  à  l'intelligence  et  aux 
instincts,  et  dès  à  présent  on  doit  les  prendre  en  considération,  lorsqu'il 
s  agit  de  classification,  parce  que  leur  existence  se  manifestant  par  des  phé- 
nomènes, ces  facultés  sont  nécessairement  parties  de  l'organisation,  et 
jamais  on  ne  sera  satisfait  tant  qu'une  classification  sera  faite  comme  si  elles 
Jiexistaient  pas.  On  doit  donc  en  tenir  compte;  mais  avec  la  réserve  que 
tant  que  la  science  sera  ce  qu'elle  est  actuellement,  il  faudra  se  garder  de 
déranger  l'ordre  suivant  lequel  on  subordonne  les  espèces  zoologiques  les 
inies  aux  autres,  comme  je  l'ai  dit  explicitement  plus  haut.  Ce  qui  me  paraît 
utile,  c'est  que  dans  la  classification  j)av  étages,  si  des  espèces  paraissent,  en 
vertu  de  leur  organisation,  devoir  être  placées  au  centre  relativement  à 
d'autres  espèces  évidemment  plus  intelligentes,  il  faudra  éloigner  celles-ci 
du  centre;  mais  on  en  fera  la  remarque  explicite,  afin  que  les  personnes 
qui  partagent  mes  opinions  cherchent  si  ce  résultat,  que  je  trouve  opposé 
au  liul  lie  la  méthode  naturelle  teWe  que  je  me  la  représente,  ne  peut,  par  un 


PLAN   DES  QUADRUMMES 


X. 


Cûlcoo  ,  . 


Oulséiti 


C.R.,1863,     Z™=Seme3tre.(T,  LVIl,  N"9 


11 


PLAN    DES    CARNASSIERS 


(  /i^/re/tA 


Ivsrc/'ivù 


C.R.,1863,     ?/"^^Seineslre.{T.LVll,  N  ^:  9 


(  /|63  ) 
examen  approfondi,  être  expliqué  conformément  à  cette  méthode,  parce 
qu'alors    cette  recherche  conduirait  à   trouver    dans  l'organisation   phy- 
sique des  faits  qui  auraient  échappé  jusque-là  à  l'observation.  » 

CHIRURGIE.  —  Bec-de-lièvre  double,  compliqué  de  In  saillie  de  l'os  incisif  et  d  une 
large  division  congénitale  de  la  voûte  et  du  voile  du  palais.  Restauration  de  la 
voûte  palatine  par  auloplastie  périoslique.  Absence  de  toute  régénération  osseuse 
au  bout  de  trois  mois.  Note  de  M.  Sédillot. 

«  Parmi  les  progrès  inspirés  par  les  beaux  travaux  de  M.  Floureiis  sur  la 
légénération  périostique  des  os,  la  palatoplastie  du  professeur  Langenbeck 
est  certainement  l'un  des  plus  remarquables.  On  sait  que  cet  habile  et  célè- 
bre chirurgien,  continuant  et  perfectionnant  les  tentatives  de  Roux  et  de 
Dieffenbach,  a  eu  l'heureuse  hardiesse  de  détacher  la  totalité  du  périoste  des 
deux  moitiés  divisées  de  la  voûte  palatine,  et  de  se  servir  des  lambeaux  ainsi 
formés  pour  combler  l'écartement  des  os,  rétablir  l'intégrité  de  la  voûte  pala- 
tine, et  remédier  à  cette  affreuse  difformité  qui  était  restée  jusqu'à  nos  jours 
incurable.  J'ai  répété  à  la  clinique  de  Strasbourg  cette  belle  opération,  et 
je  ne  pouvais  trouver  une  meilleure  occasion  d'étudier  la  question  tant 
controversée  des  régénérations  périostiques  des  os. 

»  L'Académie  a  déjà  reçu  de  nombreuses  communications  sur  ce  sujet, 
et,  malgré  la  multiplicité  et  l'importance  des  faits  soumis  à  sa  haute  apprécia- 
tion, tous  les  doutes  n'ont  pas  encore  été  levés  et  l'on  a  continué  à  récla- 
mer la  preuve  certaine  et  incontestable  de  la  reproduction  d'un  os  par  des 
surfaces  ou  des  gaines  périostées. 

»  Mon  malade,  âgé  de  treize  ans,  a  été  opéré  le  2,3  mai.  La  tissure  pala- 
tine présentait  lo  millimètres  de  largeur  en  avant,  17  en  arrière  au  niveau 
de  la  naissance  du  voile.  La  moitié  droite  de  la  voûte  palatine  avait  20  milli- 
mètres et  la  moitié  gauche  i5  millimètres  de  largeur.  Les  lambeaux  périos- 
tiques furent  rapprochés  et  réunis  sur  la  ligne  médiane  avec  un  plein  succès  ; 
et  après  la  staphyloraphie,  faite  quelques  jours  plus  tard  (3o  mai),  la  diffor- 
mité n'existait  plus,  et  la  voûte  et  le  voile  du  palais  étaient  rétablis,  à  l'ex- 
ception d'une  étroite  ouverture  de  8  à  10  millimètres  de  longueur,  en  arrière 
de  l'os  incisif.  Il  eût  été  de  la  dernière  imprudence  de  vouloir  terminer  l'opé- 
ration en  un  seul  temps  :  les  lambeaux  périostiques  n'auraient  plus  été  suffi- 
samment soutenus,  et  la  division  simultanée  des  grandes  artères  palatines  et 
de  la  naso-palatine,  ou  palatine  antérieure,  aurait  rendu  la  mortification 
imminente.  C'est  le  26  août  seulement,  trois  mois  après  les  premières  opé- 


(  464  ) 

mtioiiS)  que  nous  avons  détaché  le  périoste  en  arrière  des  canines  supé- 
rieures et  de  la  première  petite  molaire,  pour  combler  la  portion  persistante 
antérieure  de  la  fissure,  et  nous  avons  alors  constaté,  avec  M.  le  professeur 
Bœckel,  qu'à  ce  nioment  la  portion  de  la  voûte  reconstituée  depuis  trois 
mois  par  les  lambeaux  périostiques  n'offrait  aucune  trace  d'ossification. 
Les  tissus  étaient  souples,  élastiques,  dépressibles,  sans  dureté  à  la  pression, 
et  la  pointe  du  bistouri  promenée  sur  la  surface  nasale  ou  périostée  du  lam- 
beau ne  rencontra  pas  le  moindre  noyau  d'ossification. 

)i  Ce  fait  négatif  ne  démontre  pas  l'impossibilité  absolue  des  régénéra- 
tions osseuses  par  des  lambeaux  déplacés  du  périoste;  mais  il  prouve  au 
moins  le  peu  d'importance  que  méritent  les  affirmations  contraires,  tant 
qu'elles  restent  dénuées  de  caractères  scientifiques  positifs  et  certains. 
Nous  avons  demandé  qu'on  mît  sous  les  veux  de  l'Académie  un  os  véri- 
tablement régénéré  par  le  périoste,  et  cet  appel  n'a  pas  encore  été  entendu. 

»  Si  le  périoste  n'a  pas  ici  reproduit  d'os,  nous  devons  reconnaître  que 
l'os  dénudé  a  reproduit  du  périoste,  et  les  parties  de  la  voûte  palatine,  mises 
à  nu  par  la  dissection  et  le  transport  des  lambeaux  vers  la  ligne  médiane,  se 
sont  couvertes  d'un  nouveau  périoste  et  d'une  nouvelle  membrane  muqueuse 
dont  il  serait  [lossible  de  tirer  ultérieurement  parti  dans  le  cas  où  quelques 
fentes  ou  pertuis  fistuleux  seraient  à  fermer. 

»  Si  quelques  changements  survenaient  dans  l'état  des  tissus  périostes 
employés  à  l'occlusion  de  la  voûte  palatine,  j'aurais  l'honneur  d'en  infor- 
mer l'Académie.  » 

M.  Dumas,  faisant  fonction  de  Secrétaire  perpétuel,  présente,  au  nom 
de  M.  le  contre-amiral  Paris,  la  deuxième  partie  (texte  et  atlas)  de  l'ou- 
vrage intitulé  :  «  L'Art  naval  en  1862  à  l'Exposition  universelle  de  IjOndres  »; 

Et  au  nom  de  M.  de  Marlius,  un  exemplaire  des  «  Glossaria  (ingiiarxim 
Brasiliensiwn  »  [voir  au  Bulletin  bibliocjraphicjue). 

MÉMOIRES  LtS. 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —    Définir  par  la  véi/étalion  l'étal  molt'culaire  des  corps; 
analyser  la  terre  végétale  par  des  essais  de  culture;  par  M.  Georges  Ville. 

(Commissaires,  MM.  Boussingault,  Payen,  Peligot.  ) 

«  L'année  dernière  j'ai  appelé  l'attention  des  savants  sur  quelques  faits 
de  végétation  d'un  ordre  nouveau  dont  il  m'était  alors  inipossible  de  définir 


(465) 
avec  sûreté  le  véritable  caractère  et  de  prévoir  toutes  les  conséqiieuces. 
Plus  heureux  aujourd'hui,  je  me  crois  en  mesure  d'assigner  à  mes  résultats 
leur  véritable  signification.  Se  servir  de  la  végétation  pour  nous  aider  à  dé- 
finir l'état  moléculaire  des  corps;  analyser  qualitativement  la  terre  végétale 
par  des  essais  raisonnes  de  culture:  tels  sont,  dans  leur  plus  haute  géné- 
ralité, les  faits  dont  je  vais  m'efforcer  de  mettre  en  lumière  la  certitude  et 
l'utilité. 

»  J'ai  publié  Tannée  dernière  deux  résultats  que  j'ai  besoin  de  rappeler, 
car  ils  ont  servi  de  point  de  départ  aux  recherches  présentes. 

»  Le  premier,  c'est  qu'à  proportion  égale  d'azote  les  chlorhydrates 
d'éthylamine  et  de  méthylamine  produisent  sur  la  végétation  autant  d'effet 
que  le  chlorhydrate  d'ammoniaque.  Sous  l'influence  de  ces  trois  composés 
les  récoltes  s'équilibrent  au  point  de  se  confondre  (i). 

»  Le  second,  c'est  que,  dans  les  mêmes  conditions,  l'urée  produit  beau- 
coup plus  d'effet  que  l'éthylurée.  Avec  le  secours  de  l'urée  le  rende- 
ment étant  exprimé  par  i8^'',89,  avec  l'éthyhn-ée  il  ne  l'est  plus  que  par 
as^ôa  (2). 

M  Or,  le  chlorhydrate  d'éthylamine  étant  actif,  je  me  demande  pourquoi 
l'éthylurée  ne  l'est  point? 

>'  Un  corps  composé  étant  donné  et  ce  corps  étant  assimilable  parles 
végétaux,  si  on  modifie  sa  composition  sans  porter  atteinte  à  son  type  chi- 
mique, les  dérivés  accusent  des  propriétés  fort  différentes  à  l'égard  des  vé- 
gétaux, suivant  le  degré  atteint  par  la  substitution. 

»  Supposons  que  Ion   choisisse  l'ammoniaque  I    Az  •  H    1  comme  type 

\     'h/ 

initial.  Vient-on  à  remplacer  un  équivalent  d'hydrogène,  un  seul,  par  le 
groupe  C*H'  ou  C-H%  le  dérivé  conserve  à  l'égard  des  végétaux  toute  l'ef- 
ficacité du  générateur.  Le  chlorhydrate  d'ammoniaque  ayant  produit  i  ■j^'^.'in. 
avec  le  chlorhydrate  d'éthylamine  et  de  méthylamine  les  rendements  sont 
exprimés  par  16^'', ai,  inSf^g/j.  i^es  dérivés  conservent  encore  dans  toute 
leur  intégrité  les  propriétés  des  types  générateurs,  lorsque,  pour  un  double 
équivalent  d'ammoniaque  condensé  en  un  seul  qui  devient  diatomique,  ou 
remplace  H^  par  un  radical  qui  est  lui-même  diatomique.  Tel  serait,  par 

(  I  )    Comptes  rendus  de  F  Académie  des  Sciences,  t.  LV,  p.  32  cl  suiv.  ;    1 862. 
(2)  Toujours  à  égalité  d'azote  :  o^',\  10  dans  les  deux  cas. 

C.  R.,  i863,  2"i«  Semestri'.   (T.   LVH,  N»  9.)  ^2 


(466) 
exemple,  le  carbonyle  C^O*.  A  l'appui,  et  comme  justification  de  cette  pro- 
position, je  puis  citer  l'urée  dont  les  bons  effets  égalent  ceux  des  sels  ammo- 
niacaux eux-mêmes,  et  par   conséquent  des  sels  d'éthyle  et  de  métliy la- 
mine (i). 

»  La  substitution  est- elle  poussée  plus  loin?  si  elle  atteint  le  second 
équivalent  d'hydrogène,  et  à  plus  forte  raison  les  suivants,  l'activité  fonc- 
tionnelle des  dérivés  diminue  jusqu'au  point  de  s'éteindre  complètement. 
La  même  conclusion  s'applique  aux  dérivés  de  la  diamuioniaque.  La  neu- 
tralité de  l'éthylurée  déjà  citée  en  est  une  preuve  remarquable. 

»  J'ai  di(  tout  à  l'heure  qu'on  pouvait  remplacer  dans  le  sel  ammoniac 
la  totalité  de  l'hydrogène  par  le  groupe  C*H'  à  parité  d'équivalents,  si  bien 
qu'on  possède  les  deux  composés  correspondants 

AzHXh,     Az(C^H=)*Ch. 

»  Grâce  à  la  généreuse  libéralité  de  M.  Hofmann,  j'ai  pu  expérimenter 
le  chlorure  de  tétréthylammonium.  Il  s'est  montré  absolument  inerte.  Avec 
le  secours  de  o^'',  iio  d'azote  à  l'état  de  chlorure  d'ammonium,  aa  grains 
de  sarrasin  ont  produit  9^*^,9 1  de  récolte  sèche  :  avec  le  chlorure  de  tétré- 
thylammonium le  rendement  est  descendu  à  oS',91 . 

»  J'aurais  attaché  un  prix  inestimable  à  pouvoir  expérimenter  le  chlorure 
de  diéthylammonium;  mais  n'ayant  pu  réussir  à  me  procurer  ce  produit 
avec  toutes  les  garanties  de  pureté  désirables  je  lui  ai  substitué,  grâce  encore 
au  concours  de  M.  Hofmann,  la  diméthyloxamide  et  ladiéthyloxamidc  qui 
lui  correspondent.  Or,  ces  deux  produits  se  sont  montrés  absolument 
neutres  et  même  nuisibles,  alors  que  l'oxamide  est  efficace  à  l'égal  de 
l'oxalate  d'ammoniaque  (2). 

))  Si  les  végétaux  sont  influencés  à  ce  point  par  des  atteintes  de  la  plus 
exquise  délicatesse  apportées  à  la  composition  des  corps  avec  lesquels  on 
les  met  en  rapport,  il  en  résulte  que  les  végétaux  nous  offrent  un  moyeii 
nouveau  pour  en  explorer  l'état  moléculaire  et  nous  aider  peut-être  à  le 
définir.  Qui  aurait  pu  prévoir  à  priori  l'inertie  de  l'éthylurée  et  du  chlo- 
rure de  tétréthylammonium  et  de  la  diéthyloxamide,  en  face  des  propriétés 
contraires  de  l'urée,  du  chlonne  d'ammonium  et  de  l'oxamide?  Qui  aurait 


(i)  yoyez  le  Mémoire  déjà  cité. 

(  2  )  A  proportion  égale  d'azote,  l'oxamide  produit  la  moitié  moins  d'effet  que  l'urée,  et 
l'oxalate  d'ammoniaque  la  moitié  moins  que  le  sel  ammoniac.  En  traitant  dos  effets  de 
l'aniline  je  me  demanderai  pourquoi  cette  différence. 


(467  ) 
|ni  prévoir  qu'un  jour  viendrait  où  la  végétation  nous  permettrait  de  suivre 
avec  autant  de  sûreté  les  déplacements  progressifs  opérés  par  substitution  au 
sein  d'un  système  moléculaire  dont  le  type  originaire  persisterait? 

»  Quant  à  l'espérance  que  je  conçois  de  fonder  sur  des  essais  de  culture 
lui  mode  nouveau  d'investigation  pour  nous  aider  à  définir  le  véritable  état 
moléculaire  des  corps,  il  me  reste,  par  un  exemple  circonscrit,  à  montrer 
si  je  m'en  exagère  l'importance  et  l'utilité. 

i>  Pendant  longtemps  les  chimistes  ont  ignoré  ou  méconnu  la  véritable 

natvu'e  de  l'urée.  Les  dissentiments  qui  régnaient  entre  eux  venaient  des 

réactions  multiples  et  quelquefois  contradictoires  que  ce  corps  présente, 

autant  que  des  interprétations  différentes  qu'on  peut  leur  donner.  Sans 

entrer  dans  le  détail  de  ces  réactions  qui  sont  rapportées  dans  mon  Mémoire, 

on  peut  réduire  à  trois  principales  les  formules  attribuées  à  l'urée.  Or, 

l'esprit  libre  de  tout  parti  pris,  demandons  à  la  végétation  de  prononcer 

entre  elles. 

Licbig.  Gerhardl.  ffurtz. 

Oxjtle  de  cyanammoniiim 
Cjanale  anomal   d'ammoniaque.  et.  d'hydrogène.  Diammoniaque  carbonylée. 

[  H^* 
TT^  Az-  {H- 


HO 


C-0- 


»  L'iu'ée  produit  sur  la  végétation  une  influence  favorable  des  plus 
actives.  Il  y  a  plus,  son  effet  utile  est  juste  égal  à  celui  des  sels  ammonia- 
caux. Si  l'acide  cyauique  fait  partie  de  l'urée,  il  doit  lui-même  être  actif  à 
l'égal  des  sels  ammoniacaux.  Or,  il  n'en  est  rien.  Les  cyanates  n'exercent 
aucune  influence  appréciable  sur  la  végétation.  Avec  l'urée,  la  récolte  a  été 
lo^'jSy,  avec  le  cyanate  de  potasse  i^%43  (  culture  de  sarrasin). 

»  Après  cette  preuve  de  la  neutralité  des  cyanates,  est-on  fondé  à  faire 
figurer  l'acide  cyauique  au  nombre  des  constituants  de  l'urée? 

))  L'idée  de  représenter  l'urée  comme  de  l'oxyde  de  cyanammoniutn  et 
d'hydrogène,  admise  par  Gerhardt,  ne  se  concilie  pas  mieux  avec  le  témoi- 
gnage des  végétaux.  Un  grand  nombre  d'expériences  m'ont  appris  que  les 
cyanures  et  les  ferrocyanures  étaient  décidément  nuisibles  dans  un  sol  de 
sable  calciné,  alors  que  la  neutralité  des  cyanates  m'était  déjà  connue  (i). 

(i)  Celte  objection  ne  sera  tout  à  fait  probante  qu'après  avoir  expérimenté  quelques  com- 
posés cyanogènes  par  substitution,  tels  que  la  cyanamide  par  exemple.  C'est  donc  encore 
un  point  à  réserver. 

62.. 


(  468  ) 

»  Reste  donc  la  supposition  que  l'urée  appartient  au  type  ammoniaque 
duquel  elle  diffère  par  sa  double  atomicité  et  par  la  substitution  du  carbo- 
nyle  C^O"  à  un  double  équivalent  d'hydrogène. 

»  Si  telle  est  la  véritable  constitution  de  l'urée,  son  action  sur  les  végé- 
taux doit  être  favorable;  elle  s'explique  de  soi.  Je  dirai  plus,  l'effet  du  chlor- 
hydrate d'éthylamine  s'étant  montré  égal  à  celui  du  chlorhydrate  d'am- 
moniaque, il  est  vraisemblable  que  cette  parité  d'action  doit  s'étendre  a 
l'urée.  Or,  l'expérience  confirme  cette  prévision  de  la  manière  la  plus  satis- 
faisante. Avec  l'urée,  la  récolte  égale  17^, ■78;  avec  le  chlorhydrate  d'ammo- 
niaque, lyS'jS^.  Une  autre  fois,  avec  l'urée  la  récolte  a  été  i8s'',5o,  et  avec 
le  sel  ammoniac  ï'j^^'i']  (culture  de  froment  en  1861  et  1862). 

»  Par    conséquent,  la   formule  Az"     H"       est  bien  celle  qui  semble  le 

(   Q2Q2 

mieux  convenir  à  l'urée. 

M  Trouvera-t-on  cette  déduction  prématurée  et  la  preuve  sur  laquelle 
elle  est  fondée  insuffisante?  Nous  avons  le  moyen  de  la  contrôler  et  de  la 
raffermir. 

»  L'oxamide  dérive  de  l'oxalate  d'ammoniaque,  comme  l'urée  du  carbo- 
nate. Leur  mode  de  génération  est  le  même,  leur  composition  correspon- 
dante. Eh  bien,  l'oxamide  est  active  à  l'égal  de  l'oxalate  d'ammoniaque. 

»  Cet  ensemble  harmonieux  et  concordant  de  preuves  ne  justifie- t-il  pas 
la  proposition  par  laquelle  j'ai  commencé,  lorsque  j'ai  dit  qu'à  l'aide  de  la 
végétation  on  pouvait  pénétrer  l'état  moléculaire  des  corps  et  apporter  un 
ordre  nouveau  de  preuves  pour  aider  à  fixer  leurs  formules?  Ainsi  se  trouve 
donc  remplie  la  première  partie  du  programme  cpie  je  m'étais  tracé. 

>'  J'ai  l'honneur  de  placer  sous  les  yeux  de  l'Académie  un  Atlas  photo- 
graphique consacré  à  la  représentation  des  cultures  dont  il  a  été  question 
dans  le  cours  de  cette  étude.  Je  réserve  pour  un  deuxième  Mémoire  l'ana- 
lyse de  la  terre  végétale  par  des  essais  raisonnes  de  culture.  » 

GÉOGRAPHIE.  —  Eclaircissements  cjéocjraplàqiics  mr l' AfrkjHC  centrale  el  orientale; 
par  M.   Tkémaux.  (  Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Géographie  et  de  Navigation.  J 

«  Ea  traversée  de  l'Afrique,  de  la  Méditerranée  à  Zanzibar,  sur  la  mer 
des  Indes,  parle  haut  Nil,  vient  d'être  accomplie.  MM.  Speke  et  Grant  ont 
achevé  l'œuvre  vigoureusement  commencée  au  nord,  sur  le  fleuve  Blanc, 


(  469  ) 
par  M.  d'Arnaud  et  ses  nombreux  successeurs,  au  sud,  par  MM.  Burton  et 
Speke.  Cette  grande  route  divise  l'Afrique  centrale  inconnue  en  deux  par- 
ties :  l'une  à  l'ouest,  qui  s'étend  jusqu'au  golfe  de  Guinée;  l'autre  à  l'est, 
entre  la  mer  des  Indes  et  l'Abyssinie.  C'est  cette  dernière  qui  va  nous  occuper, 
et  que  nous  espérons  faire  connaître  dans  ses  traits  généraux. 

»  Une  hypothèse  défectueuse  et  pourtant  généralement  adoptée,  faute  de 
développements  plus  précis,  a  été  accueillie  en  France,  en  Angleterre,  en 
Allemagne,  en  un  mot,  presque  partout  où  l'on  s'occupe  de  science  géogra- 
phique. Elle  consiste  dans  un  système  qui  ramène  le  Gibe  et  autres  rivières 
d'Inaria  et  de  Kafa  dans  le  bassin  du  fleuve  Blanc,  au  lieu  de  les  laisser  à 
leurs  débouchés  naturels,  la  mer  des  Indes  et  le  fleuve  Bleu.  Il  en  résulte  la 
déformation  complète  des  grands  traits  caractéristiques  de  cette  contrée. 

»  Disons  d'abord  que  malgré  l'accord  apparent  qu'il  y  a  dans  l'en- 
semble du  système  adopté,  les  différences  d'application  sont  inexplicables. 
Par  exemple,  M.  Beke  identifie  l'ile  Laku  avec  l'île  Denab,  tandis  que 
M.  d'Abbadie  l'identifie  avec  celle  des  Ellien,  qui  sont  à  plus  de  4  degrés 
au  sud.  Le  R.  P.  Massaja  indique  un  peuple  galla  et  beaucoup  d'eau  au 
confluent  du  Sanbat.  M.  Debono  indique  au  contraire  un  peuple  nègre  et 
peu  d'eau.  Cette  impossibilité  d'arriver  à  des  exijlications  admissibles  devait 
cependant  faire  reconnaître  qu'il  y  a  quelque  chose  d'incompris  dans  ce 
système. 

»  Des  considérations  que  nous  avons  développées  dans  notre  Mémoire, 
il  résulte  :  i"  que  la  vaste  spirale  qui  ramène  les  eaux  d'Inaria  et  de  Kafa 
dans  le  bassin  du  fleuve  Blanc  ne  saurait  exister;  2"  aue  le  Baro  ne  doit 
pas  former  le  haut  cours  du  Sanbat;  3"  que  le  fleuve  Bleu  a  sa  principale 
source,  ou  tout  au  moins  une  de  ses  principales,  vers  le  5"  degré  de  lati- 
tude nord;  4°  que  la  chaîne  de  montagnes  dont  les  extrémités  nord  sont, 
d'une  part,  près  de  Fa-Zoglo,  au  sud  duSennâr,  et  de  l'autre  près  d'Inaria, 
se  prolonge  sans  interruption  dans  le  sud,  à  l'est  du  fleuve  Blanc  et  du  lac 
'Nianza. 

»  En  remontant  le  fleuve  Bleu,  nous  le  quittâmes  au-dessus  de  Fa-Zoglo, 
pour  remonter  dans  la  Nigritie  par  la  vallée  du  Toumate,  qui  se  confond  en 
quelque  sorte  avec  celle  de  l'Yribous,  dont  elle  n'est  séparée  que  par  de  fai- 
bles ondulations  de  terrain.  Un  peu  au-dessus  du  dixième  parallèle  nord, 
nous  franchîmes  la  chaîne  de  montagnes  du  Hamatché,  à  la  hauteur  des  pics 
de  Ra-Dok  et  de  Fa-Dok.  Là,  du  haut  de  la  chaîne,  se  développa  sous  nos 
yeux,  à  l'ouest,  l'immense  plaine  du  fleuve  Blanc,  parsemée  de  montagnes 


(  470  ) 
de  roches  primitives  très-abruptes,  et  dans  laquelle  la  chaîne  du  Hamatché 
envoie  de  siombreux  cours  d'eau.  La  limite  entre  cette  chaîne  et  la  plaine  se 
dirige  au  sud,  loà  12  degrés  ouest;  du  côté  de  i'Yahous,  à  l'est,  elle  se 
dirige  directement  au  sud,  ce  qui  indique  qu'à  mesure  que  la  chaîne  s'élève 
davantage  elle  prend  aussi  plus  de  largeur. 

»  Une  des  stations  qui  me  fut  le  plus  utde  pour  rattacher  les  différents 
pays  que  j'avais  sous  les  yeux  fut  celle  que  je  fis  sur  le  Fa-Ronia,  mont  gra- 
nitique qui  dresse  ses  flancs  presque  inaccessibles  au  milieu  des  autres  mon- 
ticules de  la  vallée  du  fleuve  Bleu,  près  du  confluent  de  l'Yabous  et  de 
l'Abaï.Dece  sommet,  j'avais  sous  les  yeux,  à  l'est,  les  montagnes  du  sud-ouest 
de  l'Abyssinie,  où,  selon  Bruce,  sont  les  sources  du  fleuve  Bleu.  Au  sud  ma 
vue  s'étendait  directement  dans  la  large  vallée  de  l'Yabous.  Cette  vallée, 
située  sous  3o°3i'  de  longitude  orientale,  s'étend  fort  loin  au  sud  du 
dixième  parallèle  nord.  Elle  est  bordée  à  l'ouest  par  la  chaîne  du  Hamatché, 
qui  la  sépare  du  bassin  du  fleuve  Blanc;  à  l'est,  par  les  régions  élevées  de 
Wallaga. 

)>  D'après  les  renseignements  que  j'ai  recueillis,  l'Yabous  est  la  principale 
branche  du  fleuve  Bleu.  Le  cheik  Arbab,  qui  nous  accompagnait,  dit  qu'elle 
prend  sa  source  à  un  mois  de  marche  dans  le  sud,  qu'elle  sort  avec  grand 
bruit  des  rochers  d'une  vaste  chaîne  de  montagnes  qu'elle  sépare  en  deux; 
que  la  branche  qui  va  en  Abyssinie  est  secondaire.  D'autres  renseignements 
confirment  ce  même  fait,  d'importance  relative,  que  d'ailleurs  les  mesu- 
rages  approximatifs  semblent  confirmer. 

»  Tous  les  renseignements  s'accordent  donc  à  donner  beaucoup  d'im- 
portance au  cours  de  l'Yabous.  Des  renseignements  recueillis  par  Caillaud, 
et  quelques-uns  recueillis  par  Bruce,  confirment  cette  hypothèse.  Mais  le 
premier,  pour  avoir  voulu  appliquer  à  la  branche  venant  d'Abyssinie  des 
données  qui  se  rapportaient  à  celle  venant  du  sud,  s'est  trouvé  dans  l'im- 
possibilité de  faire  concorder  sa  carte  avec  ses  renseignements  écrits.  Bruce, 
pour  avoir  fait  le  haut  du  fleuve  Blanc  de  ce  qui  était  en  réalité  la  princi- 
pale branche  du  fleuve  Bleu,  n'a  pu  placer  sur  sa  carte  l'Yabous,  qui  selon 
ses  propres  données  écrites  se  serait  superposé  à  cette  même  branche,  ce 
qui  en  effet  devait  avoir  lieu.  En  prenant  à  la  lettre  les  renseignements  don- 
nés par  MM.  d'Abbadie,  des  Avranchers,  Vaudey  et  autres,  il  résulte  que 
les  eaux  des  versants  ouest  du  Rafa  et  d'Inaria  tombent  dans  la  vallée  de 
l'Yabous,  et  non  dans  le  bassin  du  fleuve  Blanc,  comme  on  l'avait  admis 
par  erreur.   Les  eaux  du  Gibe  et  du  Gojab,  que  l'on  avait  également  sup- 


(  47'  ) 
posés  appartenir  au  bassin  du  fleuve  Blanc,  se  déversent  dans  la  mer  des 
Indes,  ainsi  qu'une  nouvelle  Lettre  du  R.  ?.  des  Avranchers  l'a  confirmé 
postérieurement  au  même  fait  déjà  rectifié  par  nous. 

»  Du  moment  où,  selon  les  données  que  nous  avons  rapportées,  l'Ya- 
bous  se  divise  en  deux  branches,  dont  l'une,  le  Baro,  a  sa  source  dans  un 
lac  au  sud  de  Gobo,  l'autre,  qui  ne  peut  être  que  le  Bago,  plus  à  l'ouest,  a 
sa  source  à  trente  jours  de  .marche  au  sud  du  onzième  parallèle,  il  en  ré- 
sulte que  chaînes  et  vallées  continuent  à  s'élever  jusqu'au  sud  du  sixième 
parallèle,  où  les  chaînes  se  relient  par  les  lignes  de  partage  des  eaux  du 
fleuve  Bleu,  de  la  mer  des  Indes  et  du  bassin  du  fleuve  Blanc.  Du  pouit 
très-élevé  où  se  trouve  la  principale  source  du  fleuve  Bleu,   la  chaîne  sf' 
continue  au  sud.  Cela  résulte  :    i°  de  la  probabilité  même  que  cette  chaîne 
arrivée  à  ce  |)oint  élevé  ne  doit  pas  finir  brusquement,  puisqu'elle  borde  le 
bassin  du  fleuve  Blanc  qui  continue  à  s'élever  parallèlement;   2°  de  diffé- 
rents noms  indiqués  dans  cette  direction  et  qui  commencent  par  le  mol  Fa 
qui  veut  dire  montagne;  3°  enfin  de  renseignements  positifs  qui  sont  ceux 
du  R.  P.  Angelo,  rapportés  par  M.  Brun-Rollet  avant  qu'il  ait  subi  l'in- 
fluence des  systèmes  préconçus.  Il  nous  apprend  qu'à  l'est  des  Berry  sont 
des  montagnes  du  pays  d'Imadou  qui  sont  très-élevées  et  font  partie  de  la 
chaîne  qui  sépare  les  Gallas  des  races  noires,  à  sept  ou  huit  jours  de  la  rive 
du  Nil  à  Mardjon.  Il   ajoute  que  ces  montagnes  donnent  naissance   aux 
principales  sources  du  Sanbat.  Soliman-Abou-Zaïd  dit  de  son  côté  qu'à 
l'est  des  Berry  le  terrain  est  boursouflé  par  des  montagnes  qui  se  conti- 
nuent vers  la  haute  Ethiopie.  Nous  voyons  donc  d'une  manière  on  peut 
dire  positive  la  chaîne  des  montagnes  se  prolonger  dans  le  sud. 

»  En  présence  des  données  et  renseignements  clairs  et  précis  que  nous 
venons  de  mentionner,  on  se  demande  comment  un  système  si  complète- 
ment contraire  à  la  réalité  a  pu  être  généralement  admis.  Voici  ce  qui  nous 
semble  avoir  été  la  source  de  cette  erreur.  En  iSSq,  M.  Jomard  publia, 
avec  carte,  des  renseignements  qu'il  avait  recueillis  du  jeune  Galla  Ouaré 
qu'il  élevait  chez  lui.  Ouaré  était  parti  d'un  pays  nommé  Limou,  situé  dans 
le  voisinage  de  la  rivière  Abaï  ou  Habahia  coulant  au  sud  ;  rivière  qui  n'était 
autre  qu'un  contour  de  l'Abai  déjà  connu,  ayant  accidentellement  cette  di- 
rection. M.  Jomard  crut  y  voir  un  deuxième  fleuve  et  un  deuxième  pays  du 
même  nom,  qu'il  plaça  à  4  degrés  plus  au  sud,  en  dirigeant  l'ensemble 
de  cette  rivière  au  S.-S.-O.  L'erreur  est  évidente  puisque,  pour  justifier  cette 
hypothèse,  il  faudrait  admettre  non  seulement  deux  Abaï,  deux  Limou, 
mais  encore  deux  Sibou,  deux  Léha,  deux  Didessa  ou  Badessa,  deux  Horo  ou 


(  47=^  ) 
JIaio,deLivGoiuleioa,deux  rivières Ouelmal,  etc.,  en  un  mot,  deux  contrées 
semblablement  disposées  et  portant  les  mêmes  noms.  L'année  suivante,  sur- 
vint l'expédition  égyptienne  qui  remonta  le  fleuve  Blanc  jusqu'à  un  point 
qui  se  trouvait  être  précisément  dans  le  prolongement  et  à  peu  de  distance 
de  ce  prétendu  Habahia.  Dès  lors  on  crut  y  voir  l'origine  du  fleuve  Blanc, 
et  chacun  des  voyageurs  qui  s'avança  vers  ces  régions  interpréta  dans  ce 
sens  les  renseignements  qu'il  recevait.  D'un  autre  côté,  Caillaud,  influencé 
par  l'ancienne  opinion  que  la  principale  brandie  du  fleuve  Bleu  venait 
d'Abyssinie,  appliqua  ses  propres  données  sur  sa  carte,  contrairement  à  ses 
renseignements  écrits,  ce  qui  encouragea  les  voyageurs  au  Kafa  à  envoyer 
les  rivières  de  ce  pays  au  fleuve  Blanc,  ne  supposant  pas  dans  cette  direc- 
tion un  autre  bassin  assez  important  pour  les  recevoir.  Mais  l'Habaliia  de 
M.  Jomard  disparaissant  du  lieu  où  il  avait  été  placé,  le  fleuve  Blanc  ayant 
été  reconnu  venir  du  sud,  et  le  principal  affluent  du  fleuve  Bleu  reprenant 
sa  véritable  direction  vers  le  sud,  que  reste-t-i!  de  tout  le  système  admis  et 
de  ses  origines?  Bien!  si  ce  n'est  un  vaste  ensemble  d'erreurs  qu'il  importe 
de  détruire. 

»  Des  observations,  renseignements  et  remarques  que  nous  avons  déve- 
loppés dans  notre  Mémoire,  il  résulte  donc  qu'au  sud  du  Sennâr  et  de 
l'Abjssinie,  entre  le  haut  fleiive  Blanc  et  la  mer  des  Indes,  les  eaux  sont 
régies  par  un  vaste  ensemble  de  montagnes,  dont  le  nœud  principal  est  au 
sud  du  sixième  parallèle,  sous  les  3a*  et  33*  degrés  de  longitude  orientale, 
vers  les  monts  Imadou.  Les  branches  nord  s'étendent  d'une  part  au  mont 
Fa-Zoglo  au  sud  du  Sennâr;  d'autre  part,  dans  Inaria  et  même  jusqu'en 
Abyssinie;  et  la  branche  sud  s'étend  du  côté  des  monts  Obala,  Kinia  et 
Kilimandjaro,  qui  conservent  des  neiges  perpétuelles  sous  l'équateur.  Ce 
vaste  ensemble  de  montagnes  régit  toutes  les  eaux  de  l'Afrique  orientale; 
la  partie  comprise  entre  les  principales  branches  nord  forme  le  bassin  du 
fleuve  Bleu;  les  versants  ouest  de  cette  vaste  chaîne  appartiennent  au  bassin 
du  fleuve  Blanc,  et  ceux  de  l'est  à  la  mer  des  Indes.  « 

CHIKURGIE.  —  De  la  co)tte)dion  de§  hernies  réduclibles;  parallèle  des  trois 
principaux  systèmes  :  bandages-ceintures^  bandages  à  ressort ^  bandages  rigides,- 
par  M.  DrPRÉ. 

(Commissaires,  MM.  J.  Cloquet,  Jobert  de  Lamballe.) 

L'auteur,  après  avoir  fait  ressortir  les  inconvénients  des  deux  premiers 
systèmes  de  bandages,  fait  connaître  dans  les  termes  suivants  le  troisième, 
dont  il  est  l'inventeur  : 


(  473  ) 

«  Nofre  système  des  bandages  rigides  peut  se  réaliser  au  moyen  de  con- 
slructions  variées;  celui  que  je  décris  ici  oousiste  en  une  tige  rigide,  cylin- 
drique on  aplatie,  et  présentant,  par  exemple  dans  le  cas  de  hernie 
inguinale  ou  crurale  double,  trois  arcades,  l'une  médiane  à  concavité  infé- 
j'ieure,  et  les  deux  antres  latérales  à  concavité  supérieure.  Ses  extrémités, 
au  lieu  de  conserver  l'horizontalilé  du  corps  de  l'arc,  sont  recourbées  ver- 
ticalement par  en  bas.  L'arc  n'est  pas  latéral,  mais  transversal  antérieur;  il 
va  d'une  hanche  à  Taulre. 

1)  Aux  branches  verticales  sont  fixées  les  deux  moitiés  d'une  demi-cein- 
ture postérieiue  qui  se  boucle  à  la  façon  d'une  patle  de  pantalon.  On  la 
serre,  on  la  desserre  à  volonté;  ainsi  la  pression  ne  dépend  pas  d'un  retrait 
élastique  dont  la  tension  ne  peut  jamais  èlre  rigoureusement  déterminée, 
qui  convient  aujourd'hui  et  ne  convient  plus  demain  ;  elle  est  en  rapport  avec 
la  nécessité  actuelle,  lechirurgien  et  le  malade  |)euvent  la  modérera  leur  gré. 
Deux  pelotes  sont  assujelties  derrière  les  arcades  latérales,  à  l'aide  de  lames 
fenéirées,  rivées  aux  deux  côtés  de  ces  arcades.  Une  vis,  passant  à  travers  la 
fenêtre,  s'engage  dans  un  écrou  rivé  lui-même  à  récns>>on  ou  platine,  sup- 
port de  la  pelote.  Cette  vis  fixe  la  pelote  sur  la  lame  fenêirée.  On  peut  in- 
cliner cette  pelote  en  la  faisant  pivoter  autour  de  la  vis  sur  son  axe  antéro- 
poslérieur,  et  la  fixer  par  un  tour  de  vis  à  tel  point  de  l'étendue  de  la 
fenêtre  que  l'on  jugera  k  propos  de  le  faire.  La  pelote  pourra  être  aussi  faci- 
lement remplacée  par  une  autre  que  l'on  jugera  plus  convenable. 

»  Deux  lanières  en  cuir,  parlant  de  chaque  côté  du  bord  inférieur  de 
la  demi  ceinture  postérieure,  seront  fixées  à  un  bouton  que  présente  la 
branche  verticale  au  bas  de  sa  face  externe,  et  permettront  de  faire  basculer 
les  pelotes  à  volonté.  Le  contre-appui  se  fait  aux  lombes,  sur  une  large 
surface,  et  non  pas  dans  un  lieu  circonscrit,  comme  dans  les  bandages  à 
ressort.  Les  hanches  sont  ménagées,  la  pression  en  avant  n'a  lieu  que  sur 
les  pelotes,  et  il  n'y  a  pas  de  déperdition  de  force.  » 

M.  Grimaud  (d'Angers)  communique  l'introduction  et  les  conclusions 
d'un  Mémoire  «  sur  la  nature  et  le  traitement  de  la  rage  »,  Mémoire  qui 
ne  peut  être  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission,  l'auleur  déclarant  qu'a- 
près avoir  longtemps  attendu  lui  tour  de  lecture  pour  son  travail,  il  s'est  dé- 
terminé à  le  faire  imprimer. 

M.  Grégoire  Ht  quelques  parties  d'une  Note  ayant  pour  titre  :  "  Sur  les 
infections  charbonneuse,  puridente  et  rabique  » . 

(Commissaires,  MM.  Rayer,  Bernard.) 

C.  R,,  i863,  2"^  Semestre.  (T.  LVII,  N"  9.)  *  "^ 


(  474  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Serre  (d'Uzès)  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant 
pour  titre  ;  «  Toxonograpliie  réimicnne  ou  Ecriture  des  dislances  par  te  grou- 
pement des  arcs  rétiniens  compris  entre  les  axes  optiques  {i)  et  les  axes  secon- 
daires ». 

Ce  Mémoire,  qui  ne  peut,  en  raison  de  son  étendue  et  des  nombreuses 
figures  qui  l'accompagnent,  être  reproduit  intégralement  dans  les  Comptes 
rendus,  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Conunission  composée  de  MM.  Pouillet, 
Fizeau  et  Bernard.  L'auteur,  d'ailleurs,  donne  dans  les  paragraphes  sui- 
vants une  idée  du  but  qu'il  s'est  proposé  dans  ses  recherches  et  des  résultats 
auxquels  il  est  arrivé  : 

"  Les  positions  diverses,  prises  par  les  points  lumineux  dans  le  champ 
de  la  vision,  sont  au  nombre  de  douze,  dont  sept  peuvent  être  considérées 
comme  cardinales,  savoir  : 

■»    1°  Sur  la  bissectrice,  hors  de  l'horoplère  ; 

)i   2°  Sur  la  bissectrice,  dans  l'horoptère; 

»  '6°  Sur  l'horoptère,  à  gauche  du  point  de  mire  où  se  coupent  les  axes 
optiques  ou  polaires; 

»  4°  Hors  de  la  bissectrice,  dans  l'écartement  des  axes,  hors  de  l'ho- 
roptère, à  gauche  (et  à  droite); 

»  5°  Hors  de  la  bissectrice,  dans  l'écartement  des  axes,  dans  l'ho- 
roptère, à  gauche  (et  à  droite); 

»   6"  Hors  des  axes  et  de  l'horojjtère,  à  gauche; 

»   ']"  Hors  des  axes,  dans  l'horoptère. 

»  Les  rayons  émanés  des  points  lumineux,  situés  dans  ces  douze  ré- 
gions, frap|)ent  la  rétine  de  chaque  œil  concurremment  avec  ceux  émis 
par  le  point  de  mire,  dans  la  direction  des  axes  polaires.  Ils  limitent  avec 
ceux-ci  des  arcs  équatoriaux,  dont  le  groupement  devient  le  signe  indica- 
teur de  la  région  où  se  trouve  le  point  lumineux.   » 

CORRESPONDAIVCE. 

M.  LE  Ministre  de  l** Agriculture,  dit  Commerce  et  des  TRAv.4ts  publics 

adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  le  premier  numéro  du  Cata- 
logue des  Brevets  d'invention  pris  en  i863. 

(i)  Synonyme  de  polaires,  principaux. 


(  475  ) 

M.  Dumas,  faisant  les  fonctions  de  Secrétaire  perpétuel,  signale  parmi  les 
pièces  imprimées  de  la  Correspondance  deux  volumes  de  M.  Zeugner,  de 
Zurich,  sur  diverses  parties  des  machines  à  vapeur  et  spécialement  des 
locomotives; 

Et  deux  nouveaux  volumes  des  «  Mémoires  de  l'Académie  de  Nancy  »  ^ 
l'un  consacré  aux  travaux  de  l'Académie  pendant  l'année  i86a,  l'autre 
contenant  des  documents  pour  servir  à  la  description  scientifique  de  la 
Lorraine. 

La  Société  d'Histoire  naturelle  de  Dublin  annonce  l'envoi  du  volume 
de  ses  Comptes  rendus  pour  l'année  1862,  et  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
en  retour  la  comprendre  dans  le  nombre  des  institutions  auxquelles  elle 
adresse  ses  Comptes  rendus  hebdomadaires. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

M.  Leueboullet,  dont  les  recherches  d'embryogénie  comparée  sur  le 
développement  t!e  la  Truite,  du  Lézard  et  du  Limnée  ont  obtenu  le  grand 
prix  des  Sciences  physiques  pour  l'année  i856,  fait  hommage  à  l'Académie 
d'un  exemplaire  de  ce  Mémoire  qu'il  vient  de  publier. 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Recherches  chimiques  sur  le  pain  et  sur  le  blé  découverts 
à  Pompéi.  Note  de  M.  S.  de  Luca. 

((  En  exécutant  des  fouilles  à  Pompéi  le  9  août  de  l'année  dernière,  sous 
la  direction  de  M.  Fiorelli,  on  a  découvert  une  maison  entière  de  boulanger, 
avec  le  four,  dont  l'ouverture  était  fermée  par  ime  large  porte  en  fer  munie 
de  deux  poignées.  Dans  l'intérieur  du  four  il  y  avait  quatre-vingt-un  pains, 
dont  soixante-seize  du  poids  de  5oo  à  600  grammes,  quatre  du  poids  de 
700  à  800  grammes,  et  enfin  un  pesant  1204  grammes. 

»  Tous  ces  pains  ont,  à  peu  de  chose  près,  la  même  forme;  mais  un 
examen  minutieux  montre  entre  eux  quelques  différences  que  je  vais 
signaler  :  ainsi  les  soixante-seize  pains  de  petite  dimension  sont  de  forme 
circulaire  et  présentent  un  diamètre  moyen  de  20  centimètres;  on  remarque 
au  centre  une  dépression  au  fond  de  laquelle  on  a  cru  reconnaître  l'em- 
preinte d'une  sorte  de  marque  de  fabrique;  leurs  bords,  relevés  et  arrondis, 
sont  partagés  en  huit  divisions  ou  lignes  allant  du  centre  vers  la  circon- 

63.. 


(  47^  } 
féreiice,  de  manière  à  partager  la  partie  supérieure  du  pain  en  huit  lobes; 
entîn  une  espèce  d'entaille  circidaire  extérieure  et  horizontale  partage 
chaque  pain  en  deux  parties  superposées  et  formant  pour  ainsi  dire  deux 
calottes,  l'une  qui  se  trouvait  en  contact  avec  la  sole  du  four,  et  l'autre 
supérieure,  bombée  et  partagée  en  fragments  cunéiformes. 

»  Les  quatre  pains  du  poids  chacini  de  700  à  800  grammes  ne  diffèrent 
des  précédents  que  parce  qu'ils  ont  un  diaTiiètre  moyen  de  24  centimètres, 
et  parce  qu'ils  manquent  de  l'entaille  circulaire  que  portent  tous  les  autres. 

»  Enfin,  le  pain  qui  pèse  1204  grammes  a  un  diamètre  compris  entre 
3 1  et  32  centimètres;  il  est  semblable  par  la  forme  aux  soixante-seize  pains 
déjà  décrits,  et  n'en  diffère  que  par  sa  smfacc  supérieure,  qui  se  trouve 
partagée  en  quatorze  lobes,  et  eu  ce  que  chacun  de  ces  lobes  porte  dans  son 
milieu  une  marque  ou  empreinte  semblable  à  celle  qui  se  trouve  au  centre 
de  chaque  pain,  ce  qui  ferait  supposer  que  ces  pains  se  débitaient  par 
quartiers. 

»  Les  divisions  allant  du  centre  à  la  circonférence  semblent  avoir  été 
formées  au  moyen  d'un  couteau  ou  d'un  autre  outil  semblable  par  simple 
pression,  tandis  que  l'entaille  circulaire  extérieure  semble  pratiquée  aussi 
à  l'aide  d'un  couteau  ,  mais  elle  ne  paraît  pas  avoir  été  faite  d'un  seul 
coup.  Le  cercle  n'est  pas  continu,  et  démontre  que  le  boulanger  se  reprenait 
deux  ou  trois  fois  pour  le  tracer. 

»  Il  est  à  remarquer  que  deux  des  soixante-seize  pains  ne  portent  pas 
l'empreinte  centrale.  Peut-être  n'étaient-ils  pas  destinés  à  la  vente.  En  tout 
cas  il  paraît  démontré  que  les  anciens  ne  fabriquaient  pas  ces  sortes  de  pains 
dans  un  moule,  mais  qu'ils  les  façonnaient  à  la  main.  Les  Romains  réser- 
vaient les  moules  pour  la  pâtisserie  et  pour  les  petits  pains  de  fantaisie 
d'ime  forme  plus  compliquée.  J'ajouterai  que  la  forme  des  pains  trouvés  à 
Pompéi  s'est  conservée  à  Palerme,  à  Catane  et  dans  l'intérieur  de  la  Sicile. 
On  y  façonne  encore  à  la  main  des  pains  qui  ont  presque  la  même  forme 
que  ceux  découverts  dernièrement  à  Pompéi. 

»  Tous  ces  pains  mesurent  eu  hauteur,  à  la  partie  relevée,  de  6  à  7  centi- 
mètres, tandis  que  la  partie  centrale  qui  correspond  à  la  marque  ne  va 
pas  au  delà  de  3  à  4  centimètres. 

»  De  ces  quatre-vingt-un  pains,  douze  seulement  se  trouvent  dans  le 
musée  de  Naples;  les  soixante-neuf  autres  sont  conservés  à  Pompéi.  Le 
poids  et  les  dimensions  de  ces  pains  sont  indiqués  dans  le  tableau  suivant  : 


(  477  ) 


i 

HAUTEUR 

UAUTEL'K 

! 

M'MliROS 
,  d'ordre 

POIDS. 

D[AMliTl\E 
uiojon. 

moyenne 

>]es 

tdtrtis 

MJMÊROS 

d'ordre. 

POIPS. 

DIAMÈTRE 

moyen. 

moyenne 

lies 

bords. 

OBSERVATIONS. 

1 

1 

■) 
.! 

M)0 

5S[ 

'9,'> 
.70,5 

2T,5 

6,0 
6,1 
6,2 

29 
30 
31 

585 
593 
553 

20,5 

30,5 
20,5 

G,  5 
6,5 
6,0 

Los  pains  du  n"  1  au  n"   Il 
ont  une  forme  régulière  et  se 
Irourenl  au  .Musée  de  Naples; 
les  autres,  qui  portent  un  nu- 

i 

53o 

i9jO 

C,i 

32 

397 

20,5 

G, 7 

méro  différent    de  1  à   fi9,  se 

5 

576 

19,5 

6,0 

33 

592 

'9,5 

(i,0 

trouvent  à  Pompcî 

G 

557 

19,5 

6,0 

34 

5G9 

20,0 

6,0 

7 
9 

58, 
573 
571 

19.0 
iS,5 

21,5 

6,. 
6,0 
6,3 

35 
3G 
37 

5'|i 
7,5 
572 

ai  ,5 
33,5 
2. ,5 

6,0 
6,5 
6,0 

Le  pain  11"  is  .1    i;  iobe-,  <•) 
au  milieu  de  cbaïun  deux  il 
y  a  une  emprciiile  iini  semlile 
de  forme  tiian^ulaiie. 

10 

583 

'9,5 

6,3 

38 

6.1 

■9,5 

6,0 

II 
12 

593 
573 

20  j  5 
'9,5 

C,o 
6,0 

39 
40 

537 
45s 

20,5 
'9,5 

6,5 
6,0 

Los  pains  n"'  ÎI  et  32  man- 
quent d'empreinte  centrale. 

41 
42 
43 

486 
583 
2O7 

'9,0 
20,0 
20,0 

6,0 

6,0 

Les  pains  u"  3?,  23.  2V  et  36 
manfjuent  de   renlaiile    extC"- 
rioure  circulaire. 

1 

399 
6.6 

20,5 
20,5 

6,5 
6,4 

;i 

538 

31,5 

6,5 

44 

4='l 

'9,5 

6,0 

'i 

Cl 

7 

571 
583 
519 
598 

21  ,0 
30,0 
20,5 
21,5 

6,5 
6,5 
6,5 
6,1 

45 
46 
47 

48 

534 
584 
567 
G08 

21,0 

30,5 
21,5 
20,0 

6,0 
6,5 
G, 5 
6,0 

Les   pains  n"'  G,  16,  20,  vo, 
43  44,51.55  et  57  sont  en  par- 
tie  brisés,   et   les    fiagments 
qui    mamiuent  Ji'uirt     pu  olre 
i-valué«. 

S 

54. 

ai,o 

6,0 

49 

616 

20,5 

6,0 

i) 

590 

20,0 

6,0 

50 

6o5 

■9,5 

6,4 

lU 

5i6 

'9.'1 

6,2 

51 

45. 

20,0 

6,5 

11 

592 

21 ,5 

6,5 

52 

619 

18,5 

6,5 

12 

5oû 

i9i5 

6,0 

53 

6,4 

20,5 

6,4 

13 

58^ 

20,0 

6,1 

54 

Goi 

3.  ,5 

6,3 

14 

554 

20,5 

6,4 

55 

389 

'9,5 

G,o 

15 

549 

30,0 

G, 5 

56 

S97 

20,0 

6,0 

IG 

/,So 

21,0 

6,5 

57 

455 

23,5 

6,0 

17 

555 

21,0 

6,0 

58 

584 

'9,5 

G/l 

18 

.204 

3i,5 

G, 5 

59 

589 

20,0 

6,5 

19 

537 

20,0 

6,0 

60 

5ii 

20,5 

6,0 

20 

428 

'9>5 

6,3 

Cl 

595 

20,0 

6,5 

21 

55o 

20,5 

6,0 

62 

GoG 

20,0 

6,5 

22 

801 

33,5 

G, 4 

63 

598 

30,5 

6,0 

23 

783 

23,5 

6,5 

04 

545 

21  ,0 

6,2 

24 

705 

25,5 

6,0 

C5 

5Go 

19,5 

6,4 

25 

598 

20,0 

6,0 

66 

58o 

21  ,0 

6,4 

2G 

587 

20,5 

6,4 

67 

549 

20,5 

6,2 

27 

593 

30,0 

6,3 

68 

Go5 

20,0 

6,0 

28 

593 

20,5 

6,0 

69 

^99 

20,5 

6,3 

»  Tous  ces  pains  sont  d'un  brun  noirâtre  à  la  partie  extérieure;  mais 
cette  teinte  est  plus  affaiblie  vers  les  parties  centrales,  où  l'on  observe  des 


(4:8) 

cavités  plus  ou  moins  grandes,  comme  dans  le  pain  ordinaire.  La  croûte  est 
un  peu  dure  et  compacte,  tandis  que  la  mie,  qui  est  poreuse,  se  défait  faci- 
lement entre  les  doigts  et  présente  un  éclat  à  peu  près  semblable  à  celui  de 
la  houille. 

»  Ce  pain  contient  de  l'humidité,  qu'il  abandonne  entièrement  à  la  tem- 
pérature de  iio  à  I20  degrés;  mais  cette  humidité  est  inégalement  distri- 
buée dans  la  masse  du  pain  :  en  effet,  la  partie  centrale,  qui  a  une  faible 
consistance,  contient  environ  iZ  pour  loo  d'eau,  tandis  que  la  partie  exté- 
rieure, qui  est  compacte,  n'en  contient  que  i3  à  21  pour  100.  Le  pain  perd 
un  peu  de  son  humidité  lorsqu'on  l'expose  à  l'air  libre,  et  surtout  lorsque 
la  température  en  est  un  peu  élevée. 

))  L'azote  est  de  même  inégalement  distribué  dans  le  pain  de  Pompéi  : 
la  partie  extérieure  dose  2,8  pour  100,  tandis  que  la  partie  centrale  n'en 
contient  que  2,6  pour  100.  La  croûte,  réduite  en  poudre,  épuisée  par  l'eau 
et  ensuite  desséchée,  ne  contient  que  i,65  pour  joo  d'azote;  la  partie  inté- 
rieure, au  contraire,  par  le  même  traitement,  en  donne  2,28  pour  100. 
Les  eaux  de  lavage,  évaporées  au  bain-marie,  ont  laissé  des  résidus  hu- 
miques  qui  dégagent  de  l'ammoniaque  lorsqu'on  les  chauffe  avec  de  la 
potasse. 

)<  Le  poids  des  cendres  que  donne  ce  pain  par  l'incinération  est  très- 
variable  :  ainsi,  la  partie  en  contact  avec  la  sole  du  four  donne  en  moyenne 
17  pour  100  de  cendres;  la  partie  supérieure  externe  en  fournit  i5, 5 
pour  100,  et  les  parties  centrales  ne  laissent  que  i3,5  pour  100  de  cendres  ; 
cette  quantité  descend  quelquefois  à  1 1  et  même  jusqu'à  7  pour  100. 

»  Il  ne  m'a  pas  été  possible  d'établir  avec  certitude  la  composition  élé- 
mentaire de  ce  pain,  parce  que  la  quantité  de  carbone  diminue  progressi- 
vement de  la  circonférence  au  centre,  tandis  que  l'hydrogène,  au  contraire, 
s'y  retrouve  en  proportions  croissantes.  Ceci  prouve  que  la  décomposition 
des  substances  organiques  contenues  dans  le  pain  ne  s'est  pas  opérée  brus- 
quement par  l'action  des  températures  très-élevées,  mais  qu'elle  s'est  faite  par 
la  seule  influence  du  temps  et  des  agents  extérieurs,  qui  ont  pu  néanmoins 
agir  avec  une  extrême  lenteur  sur  le  pain  de  Pompéi,  quoiqu'il  fût  renfermé 
dans  un  grand  four  à  peu  près  hermétiquement  clos.  La  sole  de  ce  four 
avait  2'",  5o  de  diamètre  sur  au  moins  2  mètres  de  hauteur  centrale.  Un 
homme  peut  s'y  tenir  debout  avec  les  bras  élevés. 

j>  Les  chiffres  suivants  démontrent  la  variabilité  de  composition  du  pain 
de  Pompéi  ; 


(  479) 

I.  II.  III.  IV.  V. 

Eau 23,0  20,3  21,1  »  ig,6 

Carbone 34,3  27,2  3g, o  »  » 

Hydrogène 8,4  6,5  4>3  •  » 

Azote 2,6  2,8  2,8  »  » 

Oxvgène  (])ar  différence). .  ^^A  3o,o  10,2  »  » 

Cendres 7,2  i3,2  16,6  16,9  11,8 

»  Ce  pain  contient,  quoique  en  petite  quantité,  des  matières  solubles 
dans  l'eau  et  dans  l'alcool.  Ces  matières  passent  légèrement  colorées  en 
noir  à  travers  les  filtres,  et  sont  azotées. 

»  Il  résulte  de  ces  recherches  que  le  pain  de  Pompéi,  qui  a  pu  se  con- 
server dans  des  conditions  exceptionnelles,  et  presque  hors  du  contact  de 
l'air  et  des  agents  extérieurs,  ne  présente  pas  dans  toutes  ses  parties  la  même 
composition,  et  que  les  parties  centrales  sont  celles  qui  contiennent  en  plus 
grande  abondance  les  éléments  qui  concourent  à  la  formation  des  matières 
organiques. 

»  Dans  une  prochaine  séance ,  je  communiquerai  à  l'Académie,  si  elle  me 
le  permet,  les  recherches  chimiques  faites  sur  le  blé  trouvé  à  Pompéi,  et 
chez  le  même  boulanger.  « 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  quelques  dérivés  de  Uijdrale  d'amjlène; 

par  M.  Ad.  Wcrtz. 

«   Hydrate  de  biamjlène  ou  éllier  amjiénique.  —  Lorsqu'on  traite  l'iodhy- 
drate  d'amylène  par  l'eau  et  l'oxyde  d'argent,  il  se  forme,  comme  je  l'ai 
établi  antérieurement,  de  l'aniylène  et  de  l'hydrate  d'amylène;  mais  lorsque 
ce   dernier  a  passé  à   la  distillation,    le   thermomètre  s'élève  jusque  vers 
170  degrés.  La  proportion  du  produit  qui  passe  en  dernier  lieu,  par  rapport 
à  l'hydrate  d'amylène  formé,  n'est  point  constante  :  quelquefois  elle  est 
presque  insignifiante.  Ayant  mis  de  côté  ce  produit,  dans  mes  diverses  pré- 
parations d'hydrate  d'amylène,  j'en  ai  recueilli  une  quantité  suffisante  pour 
pouvoir  l'étudier.   Purifié  par  distillation  fractionnée,  il  passe  vers  i63  de- 
grés (de  i6o  à  i65  degrés).  C'est  un  liquide  insoluble  dans  l'eau,   doué 
d'une  odeur  aromatique.  Sa  densité  à  0°  =  0,909.  Il  a  donné  à  l'analyse 
des  résultats    qui    s'accordent   d'une  manière  satisfaisante   avec   la   for- 
mule G^H^'Ô  qui  est  celle  de  l'oxyde  d'amyle  ou  éther  amylique.  Pour- 
tant le  nouveau  corps  n'est  point  identique,  mais  isomérique  avec  l'éfher 
amylique,  et  il  existe  entre  ces  deux  corps  les  mêmes  relations  qu'entre 
l'hydrate  d'amylène  et  l'alcool  amylique. 


(  48o  ) 

)i  On  pourrait  nommer  le  nouveau  corps  hydrnle  de  biamylène  (i  ,  |)our 
marquer  qu'il  renferme  i  molécules  d'amylène  combinées  avec  i  molé- 
cule d'eau. 

i>  Lorsqu'on  y  dirige,  à  froid,  un  courant  de  gaz  iodliydrique.  la  liqueur 
se  sépare  en  deux  couches  aussitôt  qu'elle  est  saturée.  L'une  de  ces  cou- 
ches est  de  liodhydrale  d'amylène,  l'autre  une  solution  aqueuse  d'acide 
iodhydrique. 

»  Lorsqu'on  le  chauffe  pendant  longtemps,  dans  un  tuhe  scellé,  de  i8o 
à  aon  degrés,  il  se  dédouble  en  amylène  et  en  hydrate  d'amylène 

G'OH-'O  =  G'H^'Ô -h  €'H'». 
Les  fornudes 

H  r  ''  €^'H-r 

représentant  l'alcool  amylique  et  l'éther  amylique,  on  peut  représenter 
riivdrate  d'amylène  et  l'éther  amylénique  par  les  formules 

qui  rendent  compte  d  une  manière  satisfaisante  des  réactions  de  ces  corps 
et  qui  sont  l'expression  des  idées  autrefois  émises  parM.  Dumas  sur  l'alcool 
et  l'éther. 

»  L'éther  amylénique  se  forme  en  vertu  de  la  réaction  suivante  : 

2[G  =  H'%HI]-f-Ag'0  =  aAgl4-^][]',;JH'Q. 

»  Acétate  d'amylène.  —  J'ai  préparé  une  certaine  quantité  de  cet  éther 
par  le  procédé  que  j'ai  indiqué,  c'est-à-dire  en  faisant  réagir  l'iodhydratc 
d'amylène  sur  un  mélange  refroidi  d'acétate  d'argent  et  d'éther  ordinaire. 
L'acétate  d'amylène,  parfaitement  neutre  et  bouillant  vers  laS  degrés,  se 
dédouble,  en  grande  partie,  en  acide  acétique  et  en  amylène,  lorsqu'on  le 
maintient  pendant  longtemps  à  une  température  voisine  de  200  degrés.  Cette 
réaction  permet  d'envisager  l'acétate  d'amylène  comme  une  combinaison 
d'acide  acétique  et  d'amylène,  au  même  titre  que  l'iodhydrate  d'amylène 
est  une  combinaison  d'amylène  et  d'acide  iodhydrique. 

(1)  Je  dis  hianiylène  et  non  dianijlcnc  pour  éviter  une  confusion  avec  l'hydrate  du  »li;i- 
hiylène  ou  paramylènc  €'°H".H'0-  I-es  reactions  de  l'éllier  amvlénique  niDUtrcnt  qu'il  ren- 
ferme en  réalité  deux  inoiéeules  d'amylène  qui  ne  se  sont  point  soudées  l'une  à  l'autre. 


(  48i  ) 
»  J'ajoute  que  ces  noms,  ainsi  que  les  formules  rationnelles 

€"H",  HI      et      €''H'%G-H*Ô^ 

lodhydiale  d'aniyli  ne.  Acétate  d'aniylène. 

expriment  les  réactions  les  plus  saillantes  de  ces  corps  et  nullement  l'arran- 
gement moléculaire. 

))  Je  n'ai  |)oint  réussi  à  unir  l'acide  acétique  à  l'amylène  en  chauffant  les 
deux  corps  pendant  plusieurs  jours  au  bain-marie.  La  facilité  avec  laquelle 
l'acétate  d'amylène  se  dédouble  à  une  température  élevée  explique,  jusqu'à 
un  certain  point,  ce  résultat  négatif. 

»  Clilorlij'drate  d'amylène.  —  Ce  corps  bout  vers  go  degrés.  Sa  densité 
à  o°  =  o,883.  Sa  densité  de  vapeur,  prise  à  igS  degrés,  m'a  donné  le 
chiffre  3,58,  très-voisin  du  chiffre  théorique  3,688  qui  répond  à  une  con- 
densation du  chlorhydrate  d'amylène  en  a  volumes  (i).  Ce  résultat  con- 
firme les  faits  indiqués  par  M.  Cahours.  [Comptes  rendus,  t.  XLVI,  p.  904) 

»  Lorsqu'on  détermine  la  densité  de  vapeur  du  chlorhydrate  d'amylène 
à  des  températures  trés-élevées,  on  obtient  des  chiffres  qui  sont  sensiblement 
la  moitié  des  précédents.  Ayant  pris  cette  densité  dans  la  vapeur  de  mercure, 
selon  le  procédé  de  M.  H.  Deville,  j'ai  obtenu  le  chiffre  1,74.  tfne  seconde 
expérience,  faite  en  chauffant  le  ballon  au  bain  d'huile  à  291  degrés,  m'a 
donné  le  chiffre  i  ,808.  Mais  ces  chiffres  expriment  en  réalité  la  densité  d'un 
mélange  d'acide  chlorhydrique  et  d'amylène,  ce  dont  il  est  facile  de  s'as- 
surer en  ouvrant  les  ballons  sous  le  mercure  :  il  reste  une  quantité  plus  ou 
moins  considérable  de  gaz  chlorhydrique.  Une  certaine  portion  de  ce  gaz 
se  combine  de  nouveau  avec  l'amylène  pendant  le  refroidissement.  Ainsi, 
dans  la  première  expérience,  où  l'appareil  s'est  refroidi  lentement  avec  le 
fourneau,  il  est  resté  26  centimètres  cubes  d'acide  chlorhydrique  saturé  de 
vapeur  d'amylène  à  23  degrés,  alors  que  la  quantité  totale  de  gaz  chlorhy- 
drique existant  dans  le  mélange  de  vapeurs,  à  35o  degrés,  était  =:  66'^'^, 8 
réduits  à  la  température  de  o  degré.  Dans  d'autres  expériences  la  quantité 
d'acide  chlorhydrique  qui  est  restée  à  l'état  de  liberté  dans  le  ballon  a  été 
beaucoup  plus  considérable,  surtout  dans  le  cas  où  le  refroidissement  a 
été  brusque.  Il  résulte  de  ces  faits  que  le  chlorhydrate  d'amylène  se  dé- 
double entièrement,  à  une  température  élevée,  en  acide  chlorhydrique  et  en 
amylène. 

(i)  H=ivol.;   HCl  =  2vol.;   H'0  =  2vol.;    G'H"'  =  2vol. 

C.  R.,  i8G3,  2'°«  Semestre  (T.  LVII,  N"  9.)  64 


(    482    ) 

»  Lorsqu'on  le  chauffe  avec  de  l'ammoniaque,  de  l'amylène  est  mis  en 
liberté  (i).  » 

CHIMIE   APPLIQUÉE.    —  Sur  te  bouquet  des   vins.   Extrait  d'une  Note 

de  M.  Macmené. 

«  Dans  l'espoir  d'acquérir  quelques  notions  utiles  sur  le  bouquet  des 
vins,  j'ai  fait  les  expériences  suivantes  : 

)>  En  employant  deux  petites  gouttes  d'éther  œnanthique  (ou,  si  l'on 
veut,  d'un  produit  obtenu  en  distillant  60  litres  de  lie  de  vin  bien  fraîche 
avec  autant  d'eau  dans  un  bain  de  chlorure  de  calcium),  à  l'instant  le 
liquide  a  pris  une  odeur  de  vin. 

»  Ensuite  on  a  ajouté,  par  gouttes,  i  centimètre  cube  d'essence  de  poires, 

,,,.,,,  Il  volume  d'éther  valéro-amylique, 

c  est-a-dire  du  mélange 1  -   o/-   1       - 

(  b  volumes  a  alcool  a  ob  degrés. 

«  Les  premières  gouttes  ont  développé  un  bouquet  qui  appartient  à  cer- 
tains vins;  mais  en  poussant  jusqu'au  centimètre  cube,  l'odeur  de  poires 
devient  sensible  et  ne  laisse  plus  confondre  le  liquide  avec  du  vin. 

»  J'ai  ajouté  deux  gouttes  d'éther  butyrique  ordinaire  :  le  bouquet  s'est 
rapproché  de  celui  du  bon  vin  de  Bouzy. 

»  En  variant  ces  expériences,  on  peut  imiter  le  bouquet  des  vins.  Les 
éthers  dont  l'acide  et  la  base  ont  tous  deux  un  équivalent  élevé  paraissent 
les  plus  propres  à  développer  des  odeurs  semblables  à  celles  du  vin. 

')  La  saveur  des  liquides  ainsi  préparés  n'est  pas  aussi  rapprochée  de  la 
saveur  des  vins  que  l'odeur.   « 

«  M.  DcMAS,  dont  M.  Maumené  invoque  l'opinion  dans  sa  Lettre, 
comme  s'étant  occupé  de  cet  objet,  a  constaté  depuis  longtemps,  en  effet, 
sur  une  grande  échelle,  par  des  études  analytiques  et  synthéti(iues,  que  le 
bouquet  des  vins  est  dû  à  la  présence  décomposés  éthérés complexes,  formés 
par  des  acides  ou  des  alcools  appartenant  aux  numéros  moyens  ou  élevés 
de  la  série  des  acides  gras.    « 

(i)  Lorsqu'on  chauffe  l'iodhydrale  d'amylène  avec  de  l'ammoniaque,  on  met  en  liberté 
une  quantité  notable  d'amylène.  L'iodure  d'ammonium  formé  en  même  temps  contient  une 
petite  quantité  d'une  base  formant,  avec  l'acide  clilorhydrique  et  le  chlorure  de  platine,  un 
sel  double  soluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool  et  cristallisant  en  paillettes  jaune-orangé.  Les 
analyses  que  j'ai  faites  jusqu'ici  de  ces  paillettes  ne  répondent  pas  à  la  composition  du  chlo- 
rure double  d'aniylammonium  et  de  platine. 


(  483  ) 

M.  Rouget  demande  et  obtient  l'aulorisation  de  taire  prendre  copie  d'un 
Mémoire  «  sur  la  terminaison  des  nerfs  dans  les  muscles...  »  qu'il  avait  pré- 
senté à  la  séance  du  29  septembre  1862. 

M.  MouLiiVE  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  se  prononcer  sur  la  valeur 
d'un  mode  de  propulsion  qu'il  propose  d'appliquer  aux  navires  de  la  manne 
marchande  et  qu'il  considère  comme  plus  économique  que  l'hélice  :  il  a 
décrit  cet  appareil  sous  le  nom  de  Piston  propulseur,  dans  un  opuscule 
qu'il  adresse  en  double  exemplaire. 

Les  usages  constants  de  l'Académie  relativement  aux  ouvrages  écrits  en 
français  et  publiés  en  France  ne  permettent  pas  de  renvoyer  la  brochure 
de  M.  Mouline  à  l'examen  d'une  Commission. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  3i  août  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Observatoire  impérial.  Bulletins  du  l'j  au  21  août  i863  (présentés  dans  la 
séance  du  2l[AoùV)  et  du  22  au  sgaoûl  i863.  Feuilles  autographiées,  in-fol. 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum  ;  par  M.  J.  Décaisse;  G4''  livraison.  Paris, 
in-4°,  avec  planches. 

L'Art  naval  en  1 862  à  l'Exposition  universelle  de  Londres  :  état  actuel  de  la 
marine;  par  M.  le  contre-amiral  Paris  ;  2*  partie,  Machines  marines,  Pro- 
pulseurs. Paris,  vol.  in-8°  avec  atlas  in-fol.  oblong. 

Lignes  sous-marines  télégraphiques  d^ Europe  aux  Amériques,  de  l' Atlantique 
au  Pacifique;  parD.  Arturo  DE  Marcoartu.  Paris,  i863;  in-8°.  (Présenté 
au  nom  de  l'auteur  par  M.  le  général  Morin.) 

Mémoires  de  V Académie  de  Stanislas;  1862.  Nancy,  i863;  vol.  in-8°. 

Mémoires  de  l  Académie  de  Stanislas  :  documents  pour  servir  à  la  descrip- 
tion scientifique  de  la  Lorraine.  Nancy,  1862;  vol.  in-8". 

Le  Piston  propulseur;  par  Eug.  MOULINE.  Paris,  i863:  br.  in-4°.  (Plu- 
sieurs exemplaires.) 


(  484  ) 

Mémoires  de  C Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique;  L  IV,  7*  fasc. 
Bruxelles,  i863;  in-Zi°. 

Réflexions  pratiques  sur  l'insuffisance  et  la  réorcjnnisation  des  secours  médi- 
caux et  pharmaceutiques  dans  le  déparlement  du  Puy-de-Dôme;  par  M.  J.-J.-H. 
Aguilhon.  Paris,  i863;  in-8°. 

La  vie  et  l'œuvre  de  Charles-Frédéric  Gerhardt,  suivies  de  notes  et  de  déve- 
loppements relatifs  aux  doctrines  unitaires;  par  J.-H.-F.  Papillon.  Paris, 
i863;  in-8°. 

Tableaux  synoptiques  des  cas  d'exemption  et  de  reforme  du  service  militaire 
en  France; parM.  leD'B.  LuNEL;  4*  édition.  Paris,  1862;  in-8°.  (Plusieurs 
exemplaires.) 

On  the  permian...  Sur  les  roches  permiennes  du  nord-est  de  la  Bohème; 
par  sir  R.-I.  MURCHISON.  (Extrait  du  Quarterly  Journal  of  the  Geological 
Society. )Bv.  in-8°. 

On  the  gneiss...  Sur  le  gneiss  et  tes  autres  roches  azoiques,  et  sur  les  forma- 
tions paléozoïques  qui  reposent  sur  ces  roches  en  Bavière  et  en  Bohême;  par  le 
même.  (Extrait  du  même  recueil.)  Londres,  i863;  br.  in-8°. 

Glossaria...  Glossaires  des  diverses  langues  et  dialectes  que  parlent  les  In- 
diens dans  l'empire  du  Brésil;  par  le  D''  C.-F.-Ph.  VON  Martius.  Erlangen, 
i863;  in.8°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  7  SEPTEMBRE  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  MORIN. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

«  M.  MiLNE  Edwards  présente  ia  première  partie  du  VHP  volume  de 

ses  Leçons  sur  la  Physiologie  et  l'Analomie  comparée  de  l'homme  et  des  ani- 
maux. Dans  ce  fascicule  l'auteur  termine  l'histoire  des  fonctions  de  nutri- 
tion. B 

«  M.  Emile  Blanchard  présente  de  la  part  de  l'un  des  Correspondants 
étrangers  de  l'Académie,  M.  A.  V.  Nordmann,  professeur  à  l'Université  de 
Helsingfors,  im  Mémoire  imprimé,  relatif  à  des  Moules  comestibles  [Mj- 
tiliis  edulis)  gigantesques,  recueillies  sur  les  côtes  de  l'île  d'Edgecombe, 
près  Sitcha  (Amérique  Russe).  Il  signale  à  cette  occasion  quelques-unes  des 
circonstances  dans  lesquelles  des  animaux  sans  vertèbres  et  même  cer- 
tains Vertébrés,  comme  les  Poissons,  peuvent  acquérir  des  dimensions 
dépassant  infiniment  les  limites  ordinaires. 

»  Rappelant,  d'autre  part,  que  la  Syrie  est  une  région  du  monde  où  l'on 
rencontre  des  Insectes  orthoptères  de  grande  taille,  M.  Ém.  Blanchard  met 
sous  les  yeux  de  l'Académie  une  espèce  de  la  famille  des  Locustides  et  du 
genre  Saga,  recueillie  aux  environs  d'Alep,  dont  les  proportions  dépassent 
beaucoup  celles  de  ses  congénères  connus  actuellement.  Ce  remarquable 
Insecte  a  été  offert  ces  jours  derniers  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  par 
M.  Delair,  rédacteur  du  Cosmos.  » 

C.  R.,  i863,  2™=  Semestre.  (T.  LVII,  N<=  10.)  65 


(  486) 

ZOOLOGIE.  —  Sur  le  Lemining  de  Norvège  (Lemmus  norvégiens,  Desmarest). 

Note  de  M.  Guyox. 

a  Le  genre  Lemming  (i)  constitue,  comme  on  sait,  un  groupe  de  petits 
mammifères  tous  répartis  dans  les  régions  boréales,  et  tous  aussi  remar- 
quables sous  différents  rapports,  notamment  sous  celui  de  leurs  émigra- 
tions. Ces  émigrations  sont  non  périodiques,  comme  celles  de  la  Sauterelle 
voyageuse  [Acridium  peregriniiin) ,  et  s'accompagnent,  comme  elles,  de 
ravages  plus  ou  moins  considérables  sur  les  points  de  leur  parcours.  Seu- 
lement les  ravages  du  Lemming  se  font  pendant  les  ténèbres  de  la  nuit, 
tandis  que  ceux  de  l'insecte  voyageur  se  font  au  grand  jour. 

»  Le  Lemming  de  Norvège,  le  seul  dont  je  doive  m'occuper  ici,  habite 
le  sommet  des  montagnes,  où  il  se  nourrit  principalement  de  lichens  et  de 
mousses.  Comme  fous  ses  congénères,  il  dort  le  jour  et  ne  s'éveille  qu'à 
l'approche  de  la  nuit.  Il  est  alors  d'une  activité  qui  déborde,  pour  ainsi 
dire,  tout  son  être  :  il  se  meut,  en  quelque  sorte,  dans  tous  les  sens  à  la 
fois,  en  déchirant,  rongeant  et  murmurant. 

»  Il  y  avait  déjà  quelques  aimées  que  le  Lemming  norvégien  n'avait 
émigré,  lorsqu'il  émigra  de  nouveau  au  printemps  de  cette  année,  mais 
moins  nombreux  que  de  coutume  (2).  On  le  vit  alors,  et  à  sa  manière  ordi- 
naire, se  répandre  dans  le  pays,  ensuivant  le  bord  des  rivières  et  des  lacs, 
et  en  traversant  les  populations  situées  sur  son  parcours.  A  mon  passage 
à  Lillehamar,  dans  la  première  quinzaine  de  juillet,  on  en  voyait  encore  de 
nondjreux  individus  courir  dans  les  jardins,  le  long  des  maisons,  et  traverser 
les  rues,  toutes  jonchées  de  leur  morts.  La  ville  que  je  viens  de  nommer,  Lil- 
lehamar, est  sise  au  nord  du  lac  Miœsen,  sur  le  contre-fort  d'une  des  mon- 
tagnes les  plus  pittoresques  de  la  Norvège,  au  point  de  vue  de  l'admirable 
cascade  qui  la  sillonne. 

»  Le  Lemming,  malgré  sa  délicate  existence,  est  plein  de  force  et  de  cou- 
rage. Il  fuit  d'abord,  si  on  le  poursuit;  mais  bientôt  il  s'arrête  et  fait  vive 
défense,  à  l'aide  de  ses  griffes  et  de  ses  dents  qui  mordent  profondément. 
Cette  défense  s'accompagne  de   cris    très-aigus,  et  qui  ne  sont  pas  sans 


(i)  Les  Norvégiens,  tani  des  villes  que  des  campagnes,  prononrtnt  Itiiirri  (lr»w/ir). 
(2)  Il   éniiyrait  en  même  tenij)s,   aussi  en   petit  nombre,  dans  la  Suède  du   Nord  et  en 
Finlande. 


(  487  ) 
inspirer  quelque  crainte,  lorsqu'on  veut  saisir  le  jjetit  mammifère  (i).  On 
assure,  et  je  n'en  serais  nullement  étonné,  qu'il  peut  mourir  sous  le  coup 
des  agaceries  dont  il  serait  l'objet.  lies  individus  se  battent  souvent  entre 
eux,  et  j'ai  tout  lieu  de  croire  que,  dans  certaines  circonstances,  ils  se  dévo- 
rent l'un  l'autre.  Toujours  est-il  que,  parmi  les  cinq  individus  dont  il  sera 
question  plus  loin,  il  m'est  arrivé  d'en  trouver  un  qui  était  mort  avec  la 
partie  supérieure  du  cou  et  des  épaules  absolument  dénudée  par  un  arra- 
chement de  la  peau  qui  la  recouvrait. 

i>  L'émigration  du  Lemming  a  beaucoup  préoccupé  les  naturalistes. 
Quelle  en  est  la  cause?  Pour  les  uns,  im  hiver  rigoureux  dont  l'animal 
aurait  le  pressentiment;  pour  les  autres,  le  manque  ou  la  rareté  des  sub- 
sistances sur  les  points  où  il  vit  ;  ])Our  d'autres  encore,  leur  grande  multipli- 
cation certaines  années.  Examinons,  l'iuie  après  l'autre,  ces  trois  causes  assi- 
gnées à  l'émigration  du  Lemming  : 

))  1°  Un  hiver  rigoureux  dont  l'animal  aurait  le  pressentiment.  S'il  en  était 
ainsi,  l'émigration  se  ferait  toujours  à  ime  époque  plus  ou  moins  rappro- 
chée de  l'hiver.  Or,  l'émigration  de  cette  année  s'est  faite  au  printemps. 

»  2°  Le  manque  ou  la  rareté  des  subsistances  sur  les  points  oii  il  vil.  Le  Lem- 
ming, comme  nous  l'avons  déjà  dit,  se  nourrit  de  lichens  et  de  mousses. 
Or,  les  lichens  et  les  mousses  des  montagnes  où  il  vit  ne  sont  pas  moins 
abondants  cette  année  que  les  précédentes. 

))  3°  La  grande  multiplication  de  Ccmimal  certaines  années.  Cette  cause  nous 
paraît  la  plus  plausible,  et  nous  nous  y  arrêterons  en  attendant  qu'on  en 
trouve  une  autre  qui  le  soit  davantage. 

»  Ou  a  dit  que  le  Lemming,  dans  ses  émigrations,  suivait  une  direction 
invariable,  toujours  eu  ligne  droite;  qu'aucun  obstacle  ne  l'arrêtait  dans  sa 
marche,  ni  fleuve  ni  montagne;  que  les  fleuves  étaient  traversés  à  la  nage, 
les  montagnes  gravies  ou  contournées,  etc.  Sans  doute  que,  sur  ces  diffé- 
rents points,  un  peu  de  merveilleux  a  été  mêlé  à  l'histoire  de  l'intéressant 
petit  mammifère  (a). 

»  Selon  toutes  les  probabilités,  la  direction  qu'il  suit  dans  ses  émigra- 
tions lui  est  donnée  par  la  déclivité  ou  pente  du  terrain  ;  il  descendrait  donc 
toujours,  dans  sa  marche,  comme  l'eau  de  ses  montagnes. 

(i)  D'un  autre  côté,  les  habitants  croient  sa  morsure  venimeuse,  de  sorte  qu'il  est  fort 
difficile  de  pouvoir  se  le  procurer  par  leur  intermédiaire. 

(2)  Voir  ce  qu'en  dit  M.  de  Quatrefages,  dans  son  excellent  article  sur  le  genre  Campagnol 
[Dktionnaire  universel  d'Histoire  naturelle,  dirigé  par  Charles  d'Orbignv,  t.  III). 

65.. 


(  488  ) 

»  Selon  toutes  les  probabilités  encore,  à  un  moment  donné,  dans  les 
années  d'émigration,  et  comme  répondant  à  un  appel  général,  les  Lemmings 
descendraient  de  leurs  montagnes  respectives,  se  réuniraient  à  leur  base  et 
continueraient  ainsi  leur  marche  à  travers  le  pays.  Cette  marche,  comme  on 
sait,  se  fait  en  colonnes  plus  ou  moins  serrées,  selon  le  nombre  des  émigrants, 
colonnes  qui  s'affaiblissent  chaque  jour  davantage,  par  la  mort  tragique  qui 
les  moissonne  si  rapidement  dans  leur  parcours.  Et,  en  effet,  outre  que,  dans 
les  lieux  habités,  beaucoup  périssent  sous  les  pas  de  l'homme  et  sous  la  dent 
de  nos  animaux  domestiques  (le  chien,  le  chat,  le  porc),  les  animaux  sau- 
vages, qui  suivent  leiu's  colonnes,  leur  font  une  guerre  acharnée.  Ceux-ci 
sont  tous  les  oiseaux  de  proie,  et,  parmi  les  Mammifères,  l'isatis  et  le 
renard.  On  assure  même  que  le  renne,  malgré  sa  nature  herbivore,  ne 
l'épargnerait  pas.  D'où  résulte  que  le  Lemming  quitte  ses  montagnes  pour 
ne  plus  les  revoir;  qu'il  les  quitte  pour  marcher  à  une  mort  certaine,  et  que 
la  continuation  de  l'espèce  n'est  assurée  que  par  les  individus  restés  au 
foyer. 

»  Quels  seraient  donc  ces  derniers?  On  pourrait  supposer  que  ce  sont  ou 
les  plus  vieux  et  les  infirmes,  ou  les  plus  jeunes,  encore  trop  petits  ou 
trop  faibles  pour  prendre  part  à  l'émigration,  ou  bien  aussi  les  plus  prudents, 
les  plus  sages  :  qui  sait  ?. . . 

»  Les  ravages  faits,  cette  année,  par  le  Lemming  ont  été  minimes;  il  est 
vrai  qu'il  était  moins  nombreux  que  de  coutume,  ainsi  que  nous  l'avons 
déjà  dit  précédemment.  Toujours  est-il  que  c'est  un  animal  vorace  et  qui 
consomme  beaucoup.  J'ajoute  qu'il  boit  souvent,  et  en  assez  grande  quan- 
tité à  la  fois,  à  en  juger  d'après  les  quelques  individus  dont  il  me  reste  à 
parler  (i). 

»  Jamais  le  Lemming  n'avait  été  vu  vivant  en  France.  Je  devais  donc, 
tout  naturellement,  chercher  à  me  le  procurer  ainsi.  J'en  avais  réuni  cinq 
individus  ;  mais,  sur  ce  nombre,  trois  sont  morts  avant  de  quitter  la  Norvège. 
Les  deux  autres,  embarqués  sur  la  mer  du  Nord,  se  sont  parfaitement 
accommodés  de  la  vie  maritime,  et,  lorsque  nous  touchions  au  port  (le  Havre), 
après  une  assez  longue  traversée  (quinze  jours),  ils  croquaient  le  biscuit 
aussi  bien  et  avec  le  même  appétit  que  le  matelot.  Ils  ne  mangeaient  pas 
moins  volontiers  noix,  noisettes,  amandes,  raisins  et  autres  friandises,  aux- 

(i)  Je  leur  donnais  à  boire  en  plaçant  au  haut  de  lenr  cage  une  éponge  imbibée  d'eau; 
ils  venaient  y  puiser  atout  moment,  et  de  manière  à  m'obliger  de  renouveler  souvent  l'ira- 
bibition  de  l'éponge. 


(489) 
quelles  j'associais,  de  temps  à  autre,  des  produits  de  leurs  montagnes,  dont 
j'avais  fait  provision,  tels  que  le  fruit  du  Ritbus  arcticus  et  celui  de  plusieurs 
Vaccinium  (i).  Les  choses  se  continuaient  ainsi  à  Paris,  depuis  notre  com- 
mune arrivée,  lorsque,  il  y  a  peu  de  jours,  l'un  de  mes  deux  voyageurs  fut 
trouvé  mort  dans  sa  cage  (2);  l'autre,  sans  doute,  aura  prochainement  le 
même  sort,  et  c'est  dans  cette  prévision  que  j'ai  voulu  ne  pas  différer  plus 
longtemps  à  mettre,  sous  les  yeux  de  l'Académie,  mon  dernier  voyageur, 
pensant  qu'elle  verrait  avec  quelque  intérêt  un  représentant  en  vie  du 


Lemming  de  Norvège.  » 


ME^ÎOIRES  LUS. 


ANATOMIE  COMPARÉE.  —  Quelques  mois  sur  une  ostéograpliie  des  Sirènes, 
accompagnés  d'une  ostéologie  des  Pachydermes  e.l  des  Cétacés.  Note  de 
M.  J.-F.  Braxdt,  accompagnant  la  présentation  de  dessins  préparés 
pour  son  ouvrage. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Milne  Edwards,  Valenciennes.) 

«  J'ai  l'honneur  d'entretenir  l'Académie  d'un  travail  que  j'ai  fini  sur  le 
grand  Lamantin  du  Nord  [Rliytina  borealis  seu  Slelleri),  découvert  et  décrit 
par  Steller,  mais  détruit  par  les  hommes  il  y  a  déjà  plus  d'un  siècle.  Ce 
travail  fournit  la  description  très-détaillée  du  squelette  presque  entier  de 
l'animal  gigantesque  comparé  avec  les  autres  genres  de  la  famille  des 
Sirènes,  nommément  les  Manatis,  les  Dugongs  et  les  Halithéries.  Ces  der- 
niers sont  classés  parmi  les  animaux  antédiluviens,  et  peuvent,  à  raison 
de  la  présence  de  vestiges  des  pieds  de  derrière,  être  considérés  comme 
les  formes  les  plus  parfaites  de  la  famille;  les  Rhytines  au  contraire,  à 
cause  du  défaut  des  dents  chez  les  adultes,  comme  les  plus  imparfaits.  Si 
cette  supposition  était  exacte,  les  Dugongs  formeraient  une  forme  inter- 
médiaire entre  les  Halithéries  d'une  part  et  les  Rhytines  d'autre  part,  tandis 
que  les  Manatis,  malgré  les  différentes  affinités  qu'ils  offrent  avec  les  Du- 
gongs, les  Halithéries  et  avec  les  Rhytines,  seraient  des  formes  collatérales 
se  distinguant  par  la  queue  et  les  dents,  et  sous'ce  rapport  se  rapprochant 
des  Pachydermes,  nommément  des  Tapirs  et  Dinothériums.  De  cette  nia- 


(i)   J'acciniiim  Myrtillus,  uliginosnm,   Vitis  idœa. 

[2)  Avec  l'œil  affaissé  et  la  cornée  0|)aque.  C'élail  la  suite  d'une  inflammation  due  sans 
doute  à  une  lumière  ou  trop  vive,  ou  trop  prolong('e,  à  laquelle  les  animaux  auront  été 
exposés  dans  leur  transport. 


(  '190  ) 
mère   les  Sirènes  se    rattacheraient  aux  Pachydermes  de  deux  différents 
côtés,  par  les  Hahthériums  et  par  les  Manatis. 

»  Au  reste,  mon  travail  expose  également  l'ostéologie  comparée  des  Pa- 
chydermes et  des  Cétacés,  et  je  tâche  de  démontrer  que  les  Sirènes  ne  sont 
pas  des  Cétacés,  mais  plutôt  des  Pachydermes  purement  aquatiques,  qui, 
au  reste,  selon  les  principes  de  nos  classifications,  peuvent  aussi  très-bien 
former  lui  ordre  à  part.  « 

PALÉONTOLOGIE.  —  Quelques  observations  sur  /'Elasmotherium; 
par  M.  J.-F.  Bra.\dt. 

«  L'autre  objet,  dont  je  prends  la  liberté  d'entretenir  aujourd'hui  l'Aca- 
démie, c'est  V Elasmotherium,  animal  fossile  dont  on  ne  connaît  d'une  ma- 
nière bien  certaine  jusqu'à  présent  que  la  moitié  d'une  mandibule  conservée 
dans  le  Muséum  de  l'Université  de  Moscou,  mais  qui  manque  de  deux  dents, 
et  une  mâcheliere  déposée  dans  le  Muséum  de  l'Académie  impériale  des 
Sciences  de  Saint-Pétersbourg.  V Elasmotherium,  d'après  la  figure  de  la  man- 
dibule, appartient  sans  doute  à  la  famille  des  Rhinocéros,  mais  il  se  distin- 
gue, par  la  conformation  de  ses  niàchelières  très-singulières  et  énormes, 
non-seulement  de  tous  les  Rhinocéros,  mais  également  de  tous  les  autres 
Mammifères  vivants  et  fossiles.  Dans  cet  état  de  choses,  la  moindre  obser- 
vation nouvelle  qui  peut  ajouter  à  nos  connaissances  sur  cet  animal  qui 
semble  si  remarquable  doit  vivement  intéresser  les  naturalistes.  Des  deux 
dents  qui  manquent  à  la  mandibule  du  Muséum  de  Moscou,  l'une  est 
î'avant-dernière  mâcheliere.  Une  visite  que  j'ai  faite  au  Muséum  de  l'Uni- 
versité de  Charkow  m'a  permis  de  découvrir  cette  dent  qui  semble  même 
appartenir  à  la  même  mandibule.  Cette  dent  remarquable  paraît  avoir  été 
trouvée  dans  le  pays  des  Cosaques  du  Don.  J'ai  l'honneur  de  la  mettre  sous 
les  yeux  de  l'Académie,  qui  la  jugera  peut-être  digne  de  son  attention,  s'il 
est  vrai,  comme  je  le  crois,  que  jusqu'ici  on  n'a  jamais  vu  en  France  une 
dent  de  V Elasmotherium.  Au  reste,  il  faut  remarquer  que  dans  les  galeries 
du  Jardin  des  Plantes  se  trouve  la  partie  cérébrale  d'un  crâne  fossile  décrit 
par  Duvernoy  (Sur  les  Rhinocéros  fossiles  de  la  Collection  cranioscopique 
deGall,  Archives  du  Muséum,  i853,  p.  laS)  sous  le  nom  de  Stéréocéros,  qui 
offre  parfiiitement  le  type  général  des  parties  correspondantes  d'un  crâne 
(le  Rhinocéros.  C'est  pourquoi  M.  le  professeur  Kaup,  à  Darmstadt  [Bronn 
Jahrl).  fur  Minerai.,  1840;  s.  453),  a  émis  l'opinion  que  le  Stéréocéros  de 
Duvernoy  pourrait  bien  n'être  autre  que  Y  Elasmotherium .  Cette  assertion  du 


(  49'  ) 
naturaliste  de  Darmstadt  me  paraît  en  effet  assez  probable,  d'autant  plus 
que  d'après  ce  que  j'ai  observé  moi-même  la  mandibule,  dont  les  galeries 
du  Jardin  offrent  le  modèle  en  plâtre,  semble  en  rapport  avec  le  crâne  de 
ce  Stéréocéros.   » 

PATHOLOGIE.  —  Note  sur  rinjection  purulente;  par  M.  Batailhé  (i). 
(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Andral,  J.  Cloquet,  Bernard.) 

«  Dans  ma  troisième  Note  sur  l'infection  purulente,  j'ai  annoncé  que  les 
liquides  putréfiés  avaient  une  puissance  toxique  énorme,  et  que  de  plus 
cette  puissance  variait  suivant  le  degré  de  putréfaction  et  autres  conditions 
encore  inconnues.  Des  expériences  ont  été  faites  pour  juger  cette  manière 
de  voir. 

»  i"'*'  Expérience.  —  Chien  de  i5  livres.  Injection  de  ^5  à  5o  centi- 
grammes de  pus  très- fortement  putréfié.  Mort  au  bout  de  3  jours. 

»  .-autopsie.  —  Foie  ramolli,  infiltré  de  gaz,  crépitant  comme  un  poumon; 
un  grand  nombre  de  bulles  très-petites  soulèvent  la  capsule  de  Glisson. 
Rate  dans  le  même  état,  à  un  degré  moindre.  Quelques  bulles  de  gaz  soulè- 
vent la  capsule  fibreuse  des  deux  reins.  Poumons  sains.  Sang  liquide  noir; 
des  bulles  de  gaz  se  dégagent  de  ce  sang. 

»  li"^  Expérience  (12  avril).  —  Chienne  pesant  l\o  livres.  Injection,  5o  cen- 
tigrammes environ.  Mort  au  bout  de  36  heures^ 

»  Autopsie  (^Q  heures  après  la  mort).  —  Foie,  comme  le  chien  précédent. 
Sang,  comme  chez  le  chien  précédent.  Rate  et  reins,  rien.  Poumons  :  les 
deux  hépatisés,  ou  mieux  carnifiés,  ne  crépitant  pas  du  tout. 

»  III^  Expérience  {12  a.\'ci\).  —  Chien  de  20  livres.  Injection,  5o  centi- 
grammes. Mort  au  bout  de  24  heures. 

»  Autopsie  (i4  heures  après  la  mort).  —  Foie  sain.  Rate  saine.  Sang 
fluide;  pas  de  gaz.  Poumon  droit  :  son  lobe  inférieur  présente  deux 
noyaux  apoplectiformes  du  volume  d'une  grosse  noix.  Le  lobe  inférieur  du 
poumon  gauche  présente  un  nojau  pareil. 

»  // "  Expérience.  —  Chien  pesant  environ  i5  kilogrammes.  7  et  9  mai, 
injection  de  aS  centigrammes  de  pus  putréfié.  Le  chien  meurt  le  sixième 

(1)  La  première  partie  de  ce  travail,  jusqu'à  la  troisième  expérience  inclusivemeni,  était 
contenue  dans  un  paquet  cacheté  déposé  le  20  avril  i863  et  aujourd'hui  ouvert  sur  la  de- 
mande de  l'auteur.  Un  autre  pli,  déposé  le  6  mars,  est  également  ouvert  et  le  contenu 
parafé  par  M.  Dumas,  faisant  fonction  de  Secrétaire  perpétuel. 


(  492  ) 
jour.  (Il  a  vécu  112  heures.)  Les  symptômes  ont  été  :  grand  abattement, 
diarrhée  abondante  et  fétide,  haleine  fétide,  etc. 

»  Autopsie.  —  Le  poumon  droit  et  le  poumon  gauche  présentent  chacun 
une  hépatisation  bien  marquée  du  lobe  inférieur.  De  plus,  le  lobe  inférieur 
du  poumon  droit  est  parsemé  de  petits  abcès  au  nombre  de  i5  à  20.  Quel- 
ques noyaux  apoplectiformes  dans  son  lobe  supérieur  ;  plèvres  saines,  foie 
sain;  sang  diffluent,  sans  caillot. 

»  V^  Expérience.  — Chien  pesant  18  kilogrammes  environ.  7,  9  et  1 1  mai, 
injection  de  pus  putréfié,  20  centigrammes.  Mort  le  septième  jour.  (Il  a  vécu 
148  heures.)  Il  a  présenté  à  peu  près  les  mêmes  phénomènes  que  le  précé- 
dent, avec  quelques  particularités  remarquables.  Avant  la  troisième  injection 
ce  chien  ne  paraissait  presque  pas  malade;  après  la  troisième  injection  et 
au  bout  de  quelques  heures,  ce  chien  ne  bougeait  presque  plus.  Il  y  a  donc 
eu  une  sorte  d'incubation. 

»  j4ulopsie.  —  Le  poumon  droit  présente  à  sa  base  trois  gros  abcès  du 
volume  d'une  noix.  Deux  de  ces  abcès  sont  ouverts  dans  la  plèvre  droite. 
Cette  plèvre  droite  contient  environ  un  litre  de  liquide  purulent.  La  plèvre 
gauche  contient  un  grand  verre  de  liquide  analogue.  Le  poumon  gauche 
est  sain.  Sang  diffluent,  sans  caillots;  foie  sain. 

Réflexions  sur  les  expériences  IV  et  V. 

»  Dans  les  expériences  IV  et  V,  où  les  chiens  ont  vécu  de  cinq  à  six 
jours,  on  a  observé  des  abcès  métastatiques  dans  les  poumons,  et  chez  l'un 
des  chiens  une  pleurésie  purulente. 

»  Des  quantités  très-minimes  de  pus  putréfié  (5o  à  Go  centigrammes)  ont 
été  injectées  successivement.  Donc  le  pus  putréfié  mêlé  au  sang  à  petites 
doses  produit  des  abcès  métastatiques,  quand  on  fait  dans  les  veines  des 
injections  successives,  et  que  les  animaux  vivent  quelques  jours  de  manière 
que  les  abcès  aient  le  temps  de  se  former. 

»  Or,  chez  l'homme,  à  la  surface  des  plaies  récentes,  il  y  a  des  liquides 
putréfiés,  comme  l'atteste  l'odeur  qu'elles  exhalent  les  premiers  jours  (du 
moins  quand  elles  ont  été  pansées  avec  un  corps  gras,  des  émollients,  etc.). 
Ces  liquides  putréfiés  passent  dans  les  veines,  d'où  l'infection  purulente, 
d'où  les  abcès  métastatiques. 

Réflexions  sur  les  expériences  I,  II  et  III. 

M  Dans  ces  trois  expériences  il  n'y  a  pas  eu  d'abcès  métastatiques.  Les 
animaux  n'en  sont  pas  moins  morts;  seulement  ils  sont  morts  au  bout  de 


(  493  ) 
3  jours,  36  heures,  a4  heures.  Ils  sont  morts  aussi  rapidement,  probable- 
ment à  cause  de  la  quantité  considérable  de  poison  introduite  en  une  seule 
injection  (  5o  centigrammes  à  la  fois).  Dès  lors  les  abcès  métastatiques  n'ont 
pas  eu  le  temps  de  se  former.  Seulement,  chose  bien  remarquable,  le  troi- 
sième chien  présentait  des  noyaux  apoplectiformes  précurseurs  des  abcès 
métastatiques,  quoiqu'il  n'ait  vécu  que  vingt-quatre  heures  après  l'infection. 

»  Il  est  aussi  des  hommes  qui  succombent  à  l'infection  purulente,  sans 
présenter  des  abcès  métastatiques.  Ce  sont  ceux  qui  meurent  dans  les  pre- 
miers jours  des  plaies  et  des  opérations. 

»  D'après  ces  expériences,  celles  rapportées  dans  les  Notes  I  et  II, 
d'après  les  imprimés  sur  l'infection  purulente  (Thèse  de  M.  Blanc,  Lettre 
sur  l'insalubrité  des  hôpitaux),  je  conclus  : 

»  1°  Que  le  mot  infection  purulente  doit  disparaître  de  la  science;  qu'il 
doit  être  remplacé  par  la  dénomination  injection  putride  des  premiers  jours, 
(  pour  distinguer  cette  infection  de  l'infection  putride  entendue  dans  le  sens 
ordinaire). 

M   2°  Le  terme  phlébite  suppurative  infectieuse  doit  également  disparaître, 
la  phlébite  suppurative  ne  produisant  pas  l'infection. 

»  3°  Il  y  a  un  moyen  fort  simple  de  prévenir  l'empoisonnement  dit  infec- 
tion purulente.  Il  faut  panser  les  plaies  récentes  à  la  façon  des  anciens  :  avec 
les  alcools  (alcool,  eau-de-vie,  vulnéraire,  vin,  etc.), avec  les  baumesliquides 
(Fioraventi,  du  Commandeur,  etc.),  qui  empêchent  la  putréfaction  des  li- 
quides, bouchent  les  veines  et  les  lymphatiques  ouverts.  Dans  quelques 
cas  exceptionnels  même,  il  faut  recourir  aux  caustiques,  ou  même  au  fer 
rouge,  dans  les  cas,  par  exemple,  où  il  y  a  de  grosses  veines  ouvertes  et 
béantes. 

>i  4°  Il  faut  faire  l'application  des  mêmes  principes  à  la  fièvre  puerpérale 
qui  est,  elle  aussi,  une  infection  putride  des  premiers  jours,  et  traiter  l'utérus 
d'une  femme  qui  vient  d'accoucher  comme  l'on  doit  traiter  une  plaie  ré- 
cente. On  sauverait  ainsi  quinze  à  vingt  mille  femmes  environ  qui  meurent 
tous  les  ans,  eu  France,  de  la  fièvre  puerpérale.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Quelques  faits  pour  servir  à  l'étude  de  l'eau  de  la  pluie; 
par  M.  Robinet.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Boussingault,  Balard.) 

«  Au  moyen  d'un  appareil  convenablement  disposé  j'ai  recueilli  l'eau 
de  la  pluie,  à  Paris,  le  plus  souvent  possible,  depuis  le  i"  mars  1862  jus- 

C.  R,,  1S6.1,  2"'=  Semestre.  (T.  LVII,  N"  10.)  G6 


(494  ) 

qu'au  8  septembre  i863,  c'est-à-dire  pendant  une  période  de  dix-huit  mois. 

»  Chaque  ibis  j'ai  déterminé  les  degrés  hydrotimélriques  de  ces  eaux. 
Les  observations  sont  au  nombre  de  ii8.  La  moyenne  générale  des  de- 
grés hydrotimétriques  est  3°,  27. 

))  Les  douze  premiers  mois,  divisés  en  quatre  périodes  ou  saisons  de 
de  trois  mois  chacune,  ont  donné  pour  chacune  d'elles,  en  degrés  hydro- 
timétriques, des  moyennes  croissantes  du  printemps  à  l'hiver. 

»  L'agitation  de  l'atmosphère  paraît  avoir. été  sans  influence  sur  la  pro- 
portion des  matières  fixes  dissoutes  dans  l'eau  de  la  pluie. 

»   La  circonstance  de  jour  ou  de  nuit  paraît  également  indifférente. 

»  Plusieurs  fois,  après  des  sécheresses  plus  ou  moins  prolongées,  Feau 
de  la  pluie  a  paru  plus  chargée  de  matières  fixes;  mais  ce  phénomène  n'est 
pas  constant. 

»  Si  l'on  recueille  successivement  des  fractions  d'une  même  pluie  con- 
tinue, ou  si  l'on  éprouve  plusieurs  pluies  de  la  même  journée,  par  exemple, 
on  observe  que  la  proportion  des  matières  fixes  va  en  diminuant.  Quelques 
exceptions  ne  permettent  pas  de  douter  de  la  règle. 

»  L'eau  de  la  pluie  à  Paris  contient  principalement  du  sulfate  de  chaux 
et  une  matière  organique  peu  connue.  La  proportion  du  sulfate  de  chaux 
peut  s'élever  jusqu'à  20  grammes  et  plus  par  mètre  cube. 

»  L'acide  carbonique,  supposé  à  l'état  de  liberté,  n'est  pour  rien  dans 
les  degrés  hydrotimétriques  de  l'eau  de  la  pluie. 

n  L'eau  de  la  pluie  a  la  propriété  de  mousser  par  l'agitation  plus  qu'au- 
cune des  eaux  qui  ont  pu  lui  être  comparées. 

»  L'eau  de  la  pluie  de  Paris  mêlée  avec  du  nitrate  d'argent  se  colore 
en  rouge  de  diverses  teintes  et  forme  même  un  dépôt  de  couleur  grenat. 

»  Le  principe  grenat  contient  de  l'argent. 

))  La  nature  de  la  substance  qui  produit  ce  phénomène  de  coloration 
n'est  pas  connue.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

TOXICOLOGIE.  —  Expériences  su?'  l'action  jjli^siologique  des  sels  de  ihallium. 
Noie  de  M.  Paclet,  présentée  par  M.  Milne  Edwards. 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Payen,  Bernard.) 

«  Des  expériences  qui  viennent  d'être  rapportées,  dit  l'auteur  en  termi- 
nant son  Mémoire,  je  crois  pouvoir  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

>i  1"  Le  thalluim  est  un  poison  dont  l'action  est  beaucoup  plus  énergique 


(  495  ) 
que  celle  du  plomb;  ou  peut  le  ranger  parmi  les  métaux  les   plus  véné- 
neux. 

»  2°  Le  carbonate  de  thallium  administré  à  forte  dose  (  i  gramme)  tue 
les  lapins  en  quelques  heures  (T*  expérience). 

»  3°  Donné  à  plus  faible  dose,  il  tue  en  quelques  jours  en  produisant 
un  ralentissement  de  l'action  respiratoire  et  des  troubles  dans  la  locomotion 
(tremblement  général  et  défaut  de  coordination  des  mouvements,  II'',  III*  et 
IV"  expérience). 

»  4°  Son  action  est  la  même,  soit  qu'on  l'emploie  en  frictions  sur  la  peau, 
sail  qu'on  l'injecte  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané;  seulement,  dans  ce 
dernier  cas,  une  très-faible  dose  peut  amener  la  mort  (5  centigrammes, 
III'  expérience). 

»  5''  Toutes  les  fois  que  son  administration  a  déterminé  la  mort,  les  ani- 
maux paraissent  avoir  succombé  à  l'asphyxie. 

»  6"  L'analyse  spectrale  est  un  très-bon  moyen  de  déceler  de  très-faibles 
quantités  de  thallium  dans  les  organes  qui  peuvent  en  contenir. 

«  7"  Enfin,  le  carbonate  de  thallium  administré  à  très-faibles  doses  peut 
être  toléré,  et  dans  ce  cas  son  action  ressemble  beaucoup  à  celle  des  sels 
de  mercure.  Peut-être  la  thérapeutique  pourrait-elle  l'employer  avec 
avantage  dans  les  cas  où  les  mercuriaux  sont  indiqués.    » 

TÉRATOLOGIE.  —  Sur  un  monstre  simple  dans  la  légion  moyenne,  double 
supérieurement  et  inférieurement.  Mémoire  de  M.  Camille  Dareste, 
présenté  par  M.  Milne  Edwards.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Milne  Edwards,  Longet.) 

«  Dans  la  classification  tératologique  d'Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire, 
les  monstres  doubles  sont  répartis  en  trois  tribus  ainsi  caractérisées  : 
«  1°  monstres  comj)létemcnt  doubles;  -i"  monstres  doubles  inférieure- 
»  ment  et  simples  supérieurement  ;  3°  monstres  doubles  supérieurement  et 
»  simples  inférieurement.  »  Ces  trois  tribus  semblaient  épuiser  le  nombre 
des  combinaisons  monstrueuses  possibles. 

»  .l'ai  eu  récemment  occasion  d'étudier  un  poulet  monstrueux  qui  m'a 
présenté  une  combinaison  nouvelle,  car  il  était  simple  dans  la  région 
moyenne  et  double  supérieurement  et  inférieurement. 

»  Si  étrange  qu'une  pareille  organisation  puisse  nous  paraître  au  premier 
abord,  elle  s'explique  cependant  de  la  façon  la  plus  satisfaisante  par  la 
réunion  sur  le  même  sujet  de  deux  monstruosités  que  l'on  aurait  pu  croire 

66. 


(  496) 
incompatibles,   l'opodidymie  et  Tiléadelphie.  Le  sujet  était  trop  altéré  pour 
qu'il  m'ait  été  possible  d'étudier  les  parties  molles  ;   mais  l'observation  du 
squelette  ne  m'a  laissé  aucun  doute  sur  cette  détermination. 

«  L'opodidymie  était  indiquée  par  l'existence  de  deux  becs  attachés  à  un 
crâne  unique.  L'intervalle  qui  séparait  ces  deux  becs  présentait  une  orbite 
contenant  un  œil  unique,  mais  appartenant  évidemment  par  moitié  aux  deux 
sujets  composants. 

»  L'iiéadelphie  était  caractérisée  par  la  disposition  de  la  colonne  verté- 
brale qui,  simple  dans  la  région  dorsale  et  la  région  lombaire,  se  bifurquait 
dans  la  région  sacrée.  Chacune  de  ces  colonnes  vertébrales  portait  un  bas- 
sin et  un  train  de  derrière  parfaitement  complets.  J'ai  pu  constater  l'existence 
de  deux  anus,  fait  qui  indique  évidemment  une  bifurcation  de  la  partie 
terminale  de  l'inteslin. 

»  Il  y  avait  de  plus  une  anencéphalie  complète,  présentant  tous  les  carac- 
tères ostéologiques,  les  seuls  que  j'aie  pu  observer,  qui  ont  été  indiqués 
dans  les  monstruosités  anencéphaliques  observées  dans  l'espèce  humaine. 
Ce  fait  est  d'autant  plus  intéressant  que  l'anencéphaiie  n'avait  jamais  été 
observée  dans  la  classe  des  oiseaux.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Sur  les  acides  du  vin,  à  propos  d'une  Note  de  M.  Mau- 
mené,  mseVe'e  au  Compte  rendu  du  17  août  dernier;  par  M.  A.  Bécha.mp. 
(Extrait.) 

«  Ce  n'est  pas  de  l'acidité  des  produits  de  la  distillation  des  liqueurs  fer- 
mentées  que  j'ai  conclu  à  la  formation  de  l'acide  acétique,  mais  j'ai  isolé 
cet  acide  lui-même  et  l'ai  transformé  en  chlorure  d'acétyle.  J'ai  plus  de 
100  grammes  d'acétate  de  soude  retiré  de  fermentations  bien  normales 
faites  à  l'abri  de  l'air.  Moins  de  huit  jours  suffisent  pour  se  convaincre  de  la 
réalité  de  ces  faits. 

»  Avant  de  s'assurer  si  le  vin  contient  normalement  de  l'acide  acétique, 
il  faut  savoir  si  le  moût  de  raisin  que  l'on  emploie  ne  contient  point 
déjà  quelque  acide  volatil  ;  car,  parmi  les  éléments  ou  principes  immédiats 
du  même  moût,  les  uns  se  retrouvent  intacts  dans  le  vin  ou  s'éliminent  en 
partie,  les  autres  se  transforment.  Eh  bien!  les  moûts  de  tous  les  raisins  que 
j'ai  étudiés  ou  employés  dans  mes  expériences  contenaient  un  acide  volatil, 
dont  il  faut  tenir  compte  quand  on  veut  déterminer  la  quantité  totale  d'acide 
acétique  que  fournit  un  vin.  Je  demande  la  permission  de  rapporter  l'expé- 
rience suivante,  que  l'on  |)eut  facilement  répéter  maintenant  que  lesven- 
ilanges  sont  sur  le  point  de  se  faire  partout. 


(  497  ) 

»  Deux  litres  de  moût  de  raisin  Terret-boiirret  et  un  litre  d'eau  ont  été 
mêlés;  le  mélange  étant  filtré  a  été  distillé  de  iaçon  qu'aucun  point  de  la 
surface  de  l'appareil  ne  fût  surchauffé.  On  a  recncilli  i  litres  de  produit; 
il  rougit  franchement,  quoique  lentement,  le  papier  de  tournesol;  il  a  été 
saturé  par  la  potasse  caustique,  réduit  à  [\o  centimètres  cubes  environ,  et 
distillé  avec  un  léger  excès  d'acide  phosphorique.  Le  résultat  est  un  liquide 
très-acide  qui  pour  sa  saturation  exige  i™,g  d'une  liqueur  potassique  au 
titre  de  -^\^  d'oxyde  de  potassium. 

M  D'autre  part,  i  1 5o  centimètres  cubes  du  même  moût  ont  été  mis  à  fer- 
menter spontanément  dans  un  appareil  bien  clos,  presque  plein  et  muni 
d'un  tube  abducteur  plongeant  dans  l'eau.  La  température  pendant  la  durée 
de  la  fermentation  n'a  pas  dépassé  26  degrés.  An  bout  de  quinze  jours,  bien 
que  l'opération  ne  fût  pas  terminée  et  qu'il  se  dégageât  encore  de  l'acide 
carbonique,  que  par  conséquent?  on  eût  là,  par  surcroît,  une  garantie  de 
la  non-intervention  de  l'air,  on  a  soumis  le  liquide  fermenté  à  la  distillation, 
après  l'avoir  filtré,  et  on  a  recueilli  les  \^  du  produit.  On  a  saturé  par  la 
potasse,  évaporé,  etc.  Le  résidu  distillé  avec  l'acide  phosphorique  a  fourni 
un  liquide  très-acide  qui  a  exigé  6'='=,i  de  potasse  au  même  titre  que  plus 
haut:  si  nous  retranchons  de  ce  nombre   i*^",!,  titre  de  l'acide  volatil  de 

I  i5o  centimètres  cubes  du  moût  employé,  il  reste  5  centimètres  cubes  de 
dissolution  alcaline  pour  représenter  l'acide  volatil  produit  par  la  fermen- 
tation. Si  cet  acide  est  de  l'acide  acétique,  sa  quantité  seraoS'^,3.  La  liqueur 
saturée  a  de  nouveau  été  distillée  avec  l'acide  phosphorique,  l'acide  obtenu 
a  été  transformé  en  sel  de  soude.  La  dissolution  a  été  abandonnée  à  cristal- 
lisation :  elle  se  prit  d'abord  en  gelée,  grâce  à  la  matière  inconnue  quej'ai 
déjà  signalée  dans  ma  première  Note,  et  peu  à  peu  les  cristaux  d'acétate  de 
soude  parurent.  Mais  on  peut  faire  une  autre  expérience  pour  se  convaincre 
qu'il  y  a  là  de  l'acide  acétique.  On  dessèche  le  sel  et  on  le  traite  dans  un 
tube  par  un  mélange  éthérifiant  d'alcool  absolu  et  d'acide  snlfurique  con- 
centré :  le  dégagement  d'éther  acétique  peut  convaincre  les  plus  incrédules. 

II  suffit,  comme  on  le  voit,  d'opérer  sur  10  litres  de  vin  bien  J ail,  pour 
obtenir  assez  d'acétate  de  soude  pour  répéter  toutes  les  expériences  qui 
caractérisent  l'acide  acétique.  « 

La  Note  de  M.  Béchamp  et  celle  présentée  à  la  précédente  séance  par 
M.  Maumené  sont  renvoyées  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Payen,  Peligot,  Fremy. 


(  '.98  ) 

Sur  la  demande  de  M.  Milne  Edwards  un  travail  imprimé  de  M.  Ktioch 
sur  le  développement  et  les  migrations  des  Botriocéphales  est  compris  dans 
le  nombre  des  pièces  admises  au  concours  pour  les  prix  Montyon. 

CORRESPONDANCE. 

M.  i.E  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  la  première  livraison 
du  tome  XI  des  «  Annales  de  la  Société  d'Emulation  du  département  des 
Vosges  ». 

M.  LE  Ministre  de  la  Guerre  adresse  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut 
un  exemplaire  du  tome  IX  de  la  troisième  série  du  «  Recueil  des  Mémoires 
de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Pharmaeie  militaires  »  auquel  est  annexé 
un  atlas  des  observations  météorologiques  faites  à  Rome  de  i85oà  1861. 

CFtiMlE  APPLIQUÉE.  —  Recherches  chimiques  sur  le  pain  et  sur  le  blé  découverh  à 
Pompéi;  par^l.  S.   de  Luca.  (Deuxième  partie.) 

«  Dans  la  même  maison  du  boulanger  où  ont  été  trouvés  les  pains,  à 
Pompéi,  on  a  découvert  un  moulin  ou  ntola  en  pierre,  tout  monté,  formé 
de  deux  pièces,  c'est-à-dire  de  la  meta  ou  meide  fixe,  inférieure,  conique  ou 
en  forme  de  cloche,  et  du  catillus  ou  meule  mobile  extérieure  qui  s'adap- 
tait exactement  sur  la  meta.  Cette  partie  supérieure  recevait  le  blé,  comme 
nous  le  faisons  dans  nos  petits  moulins  de  ménage  destinés  à  la  trituration 
de  certaines  épices.  On  a  découvert  aussi,  sur  le  sol  et  contre  les  murs,  des 
pièces  de  rechange  destinées  à  ce  moulin. 

»  Le  sol  de  la  boulangerie  présentait  un  tas  de  blé  qui,  réduit  en  farine, 
servait  à  faire  le  pain  qu'on  devait  cuire  dans  le  four  placé  en  face  du  mou- 
lin. La  même  pièce  renfermait  en  outre  une  grande  jarre  en  terre  pour  laver 
le  blé  au  moyen  de  l'eau  qui  était  amenée  par  un  conduit  en  plomb  muni 
de  robinet. 

n  Ce  blé,  qui  semble  avoir  appartenu  à  une  bonne  qualité  de  froment,  a 
conservé  toute  sa  forme  :  il  est  d'un  brun  noirâtre,  mais  sur  quelques 
points  de  sa  surface  on  distingue  luie  matière  blanchâtre;  il  est  poreux  et 
se  défait  facilement  sous  la  pression  des  doigts.  Le  poids  d'un  seul  de  ces 
grains  oscille  entre  17  et  19  milligrammes.  En  effet  : 


(  499  ) 

5o  grains  pèsent. .. .     0,927  i  pèse  en  moyenne o,oi85 

5o   ....    .1    0,848  "    0,0169 

1 00   ....    »    I  )  7  •  o  "    


0,01 


100  ....   »   1)74°  "   0,0174 

20   ....   >'   o ,  36 1  »    o ,  o  1 80 


320                                5,586  o>o879 

En  moyenne  i  grain  pèse oi^',  0175. 

»  La  quantité  d'eau  contenue  dans  le  même  blé  est  indiquée  par  les  chif- 
fres suivants  : 


Eau  obtenue 

à  110  degrés' 

Eau 

en  moyenne 

Poids  du  blé 

— -.- 

sur 

100  parties 

emplojc. 

en  lolalilé. 

sur  100  parties. 

de    1 

blé   ordinaire. 

1,716 

o,38o 

22, 1 

» 

2,298 

0,478 

20,8 

» 

4,339 

I  ,023 

23,5 

" 

Moyenne  : 

11 

22, 1 

i4,o 

«  Au  moyen  de  l'incinération  on  a  obtenu  du  blé  de  Pompéi  les  nombres 
suivants  : 

Cendres  obtenues  Cendres  en  moyenne 


Poids  du  blé 
employé. 

en  totalité. 

sur  100  parties. 

sur  100  parties 
de    blé   ordinaire, 

2,277 

0,335 

.4,7 

» 

1,686 

0,240 

l4,2 

» 

I,3l2 

0,176 

■3,4 

u 

0,263,5 

o,o38 

•4>4 

u 

Moyenne  : 

» 

,4,2 

1,5 

»  Par  conséquent  ce  blé  peut  être  considéré  comme  étant  formé  de  : 

Matières  volatiles  à  1 1  o  degrés 22,1 

Matières  destructibles  par  l'action  de  la  chaleur  et  de  l'air 63,7 

Cendres  ou  matières  fixes 14»^ 

100,0 

»  Dans  les  cendres  du  blé  de  Pompéi  on  trouve  toutes  les  substances 
minérales  contenues  dans  le  blé  ordinaire,  c'est-à-dire  de  l'acide  phospho- 
rique  en  excès,  de  la  potasse  et  de  la  soude,  de  la  magnésie  et  de  la  chaux, 
du  chlore  et  de  l'acide  sulfurique,  de  la  silice,  du  fer  et  des  traces  de  man- 
ganèse. Je  donnerai  prochainement  l'analyse  quantitative  de  ces  cendres. 

1)  Lorsqu'on  chauffe  ce  blé  hors  du  contact  de  l'air  dans  un  tube  de 


(  5oo  ) 
verre  fermé  à  l'une  de  ses  extrémités  et  recourbé,  plein  de  mercure  et  com- 
muniquant par  l'autre  extrémité  ouverte  avec  un  bain  de  mercure,  l'eau 
contenue  dans  le  grain  se  condense  d'abord,  puis  on  voit  se  dégager 
des  gaz  dans  lesquels  on  constate  la  présence  de  l'acide  carbonique,  de 
l'oxyde  de  carbone,  des  traces  d'iiydrogène  et  d'azote.  6  grains  de  blé  pesant 
o^^iro  ont  fourni  7*^^,5  de  mélange  gazeux  dont  les  deux  tiers  étaient  de 
l'acide  carbonique. 

»  La  même  expérience,  faite  suro^', iio  de  pain  de  Pompéi,  a  donné 
presque  le  double  de  mélange  gazeux  (i3",5)  dont  un  peu  plus  que 
les  deux  tiers  (9'^'',  5)  étaient  constitués  par  de  l'acide  carbonique.  Des 
carbures  liquides  en  très-petite  quantité  colorent  l'eau  de  condensation. 

»   L'analyse  élémentaire  du  blé  fournit  en  moyenne  sur  100  parties  : 

Carbone 53 , 7 

Hydrogène 3,4 

Azote 2,3 

)i  La  composition  centésimale  du  blé  de  Pompéi  peut,  par  conséquent, 
être  représentée  de  la  manière  suivante  : 

Eau 32,1 

Carbone 53, ■j 

Hydrogène 3,4 

Azote 2,3 

Oxygène  (par  différence) ^,3 

Cendres 1 4  >  ^ 

100,0 

)'  Si  l'on  fait  abstraction  de  l'eau  contenue  dans  ce  blé  et  si  alors  on 
compare  sa  composition  avec  celle  qu'a  assignée  M.  Boussingault  au  blé 
ordinaire,  on  aura  les  proportions  suivantes  : 

Pour  le  blé  récolté  en  i836 

Pour  le  blé  de  Pompéi 
de  dix-huit  siècles. 

Carbone 68,  g 

Hydrogène 4)4 

Oxygène 5,5 

Azote 3,0 


Cendres . 


en  plein 

dans  une  terre 

champ. 

de  jardin. 

46,10 

45,5. 

5,80 

5,67 

43,40 

43,00 

2.29 

3,5i 

2,41 

2,3l 

100,0  100,00  100,00 

Les  cendres  sont  en  très-grande  proportion  dans  le  blé  de  Pompéi,  mais 


(  5oi  ) 
il  est  probable  que  cet  excès  de  matières  minérales  est  dû  à  de  l'eau  qui  n'a 
cessé  d'agir  lentement  pendant  le  long  intervalle  de  dix-huit  siècles  en 
s'infiltrant  à  travers  le  terrain  qui  recouvrait  le  blé  et  qui  a  laissé  à  sa  sur- 
face les  particules  blanches  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  Cette  observation  s'ap- 
plique aussi  au  pain  de  Ponipéi  dont  les  cendres  sont  en  plus  forte  propor- 
tion. L'analyse  quantitative  éclaircira,  je  l'espère,  l'origine  de  cette  quantité 
considérable  de  cendre. 

»  L'eau  et  l'alcool,  réagissant  sur  le  blé  de  Pompéi,  soit  à  froid,  soit  à 
chaud,  se  colorent  légèrement  en  brun  en  donnant  des  solutions  qui,  éva- 
porées au  baiu-marie,  laissent  pour  résidus  de  petites  quantités  de  matière 
contenant  de  l'azote.  L'éther  et  le  sulfure  de  carbone  n'enlèvent  presque 
rien  à  ce  blé. 

))  L'observation  microscopique  ne  dénote  dans  le  blé  de  Pompéi  aucune 
matière  organisée  capable  de  se  colorer  par  l'iode;  il  ne  contient  non  plus 
aucune  des  substances  cpii  réduisent  le  tartrate  de  cuivre  et  de  potasse  ou 
qui  fermentent  par  la  levure  de  bière.  La  surface  extérieure  correspondant 
au  fruit  proprement  dit  et  qui  constitue  une  des  parties  du  son  est  opaque, 
lisse,  et  se  détache  facilement  de  la  partie  centrale  cpii  montre  encore  distinc- 
tement le  tissu  celluleux  du  grain  normal. 

i>  La  quantité  d'azote  contenue  dans  ce  blé  correspond  précisément  à 
celle  qu'on  rencontre  dans  le  blé  ordinaire;  et  ceci  mérite  d'èlre  noté,  car 
après  dix-huit  siècles  le  blé  de  Pompéi,  en  perdant  de  l'hydrogène  et  presque 
tout  son  oxygène,  conserve  intégralement  son  azote  et  peut-être  tout  son 
carbone.  Cette  perte  ne  peut  pas  être  attribuée  à  une  chaleur  élevée,  mai\  à 
l'action  du  temps  et  aux  agents  de  l'atmosphère. 

»  En  résumé,  lebléde  Pompéi,  tout  en  conservant  sa  forme  primitive,  a 
perdu  toute  trace  de  produit  organique,  et  ne  contient  ni  gluten,  ni  amidon, 
ni  sucre,  ni  matières  grasses:  il  s'est  décomposé  de  telle  manière  qu'on  y 
retrouve  encore  tout  l'azote  et  presque  tout  le  carbone  du  blé  ordinaire; 
mais  les  éléments  minéraux  que  j'y  ai  découverts  en  très- forte  proportion 
doivent  probablement  leur  origine  aux  eaux  qui,  tenant  en  suspension  ou 
en  dissolution  ces  matières  salines,  les  auront  déposées  sur  la  partie  char- 
bonneuse, perméable  et  amorphe  de  ce  blé.  « 

«  M.  DE  Paravey  présente  à  l'Académie  quelques  considérations  sur 
l'existence  d'un  oiseau  voisin  de  l'Autruche,  mais  beaucoup  plus  grand  et 
analogue  à  XEpiornis,  qui  serait  signalée  dans  \ Encyclopédie  japonaise.  Il 

C.  R .,  i8C3,  2>"=  Semestre.  (T.  LVII,  N"  10.)  ^7 


(    5o2    ) 

demande  à  l'Académie  de  prendre  des  mesures  pour  obtenir  la  traduction 
de  cet  ouvrage,  au  moins  pour  les  parties  qui  concernent  les  sciences 
naturelles.  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  7  septembre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Observatoire  impérial.  Bulletins  du  3i  août  au  5  septembre  i863.  Feuilles 
autographiées  in-fol. 

Leçons  sur  la  physiologie  et  l'anatomie  comparée  de  V homme  et  des  animaux 
faites  à  lu  Faculté  des  Sciences  de  Paris;  par  H.  MiLNE  Edwards;  t.  VIII, 
1''^  partie  :  Nutrition.  Paris,  i863;  vol.  in-S". 

lîeclierches  d'embryologie  comparée  sur  le  développement  de  la  Truite,  du 
Lézard  et  du  Limnée;par  A.  Lereboullet.  Paris,  i863;  vol.  in-8°. 

Hydraulique.  Utilisation  de  la  force  vive  de  l'eau  appliquée  à  P industrie  ; 
critique  de  la  théorie  connue  et  exposé  d'une  théorie  nouvelle;  par  L.-D.  Gi- 
rard. Paris,  i863;  in-4'',  avec  atlas  in-fol. 

De  l'atrésic  des  voies  génitales  de  lafemme;  par  le  D'  Albert  PUECH.  Paris, 
1864;  in-4^ 

Recueil  de  Mémoires  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Pharmacie  militaires, 
rédigé  sous  la  surveillance  du  Conseil  de  santé  ;  par  MM.  BoUDiN,  Grellois  et 
Langlois;  publié  par  ordre  du  Ministre  de  la  Guerre;  3''  série,  t.  IX. 
Paris,  i8G3;  vol.  in-8°. 

Météorologie  et  météorographie,  pathogénie  et  nosographie,  ou  Eléments  de 
recherches  sur  la  connexion  entre  les  divers  agents  météorologiques  et  la  patho- 
génie civile  et  tnilitaire  à  Rome  [de  i85o  à  1861);  par  le  D''  Balley.  (Atlas 
annexé  aux  n"*  l^\  et  42  du  Recueil  de  Mémoires  de  Médecine,  de  Chirurgie  et 
de  Phar-macie  militaires.)  Faris,  i863;  in-4°  oblong. 

Jetés  de  P  Académie  impériale  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Bor- 
deaux ;  3"  série,  25*  année  ;  i863,    i''"^  trimestre.  Paris,  i863;  in-8°. 

Discours  académique  sur  le  principe  vital  de  i homme,  prononcé  le  3i  oc- 


{  5o3  ) 
tobre  1772  à  la  séance  solennelle  de  rentrée  du  Ijudovicée  Médical  de  Mont- 
pellier; par  P.-J.  Barthez,   traduit  du  latin  et  accompagné  d'un  avant- 
propos  et  de  notes  historiques  et  critiques  par  Adelphe  Espagne;   2^  édi- 
lion.  Montpellier,  i863;in-4°. 

Transformation  de  i Arithmétique,  ou  Précis  élémentaire  sur  i application  des 
logarithmes  et  sur  leur  application  aux  différents  usages  des  calculs;  par  P.-C. 
Henuy-Mary.  Reims,  i863;  in-12. 

Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  historiques  et  naturelles  de  l'Yonne; 
année  1 863,  XVII''  volume,  i"  et  2*^  trimestre.  Auxerre,  i863;in-8". 

Annales  de  la  Société  ci  Emulation  du  département  des  Vosges;  t.  XI, 
i"  cahier,  i86r.  Épinai,  1862;  in-8". 

Séance  publique  de  l'Académie  des  Sciences,  Agriculture,  Arts  et  Belles- 
Lettres  d'Aix.  Aix,   i863;  in-8°. 

Carte  des  circonscriptions  diocésaii^es  avant  1789  dans  les  anciennes  pro- 
vinces ecclésiastiques  d'Arles,  d'Aix  et  d'Embrun,  pour  servir  à  l'intelligence 
des  divisions  civiles  et  administratives  de  la  Province  l'omaine  à  la  fm  du 
iv^  siècle  après  J.-C;  dressée  par  M.  A.  Reinaud  PE  Fonvert.  1861  ;  une 
feuille,  format  atlas. 

Tabula  regionis  Salyorum  ex  Strabone  necnon  antiquarum  civitatum  ejusdeui 
nominis  ex  Plinio...  1861;  une  feuille,  format  atlas. 

(Ces  deux  Cartes  sont  éditées  par  l'Académie  des  Sciences,  Agriculture, 
Arts  et  Belles-Lettres  d'Aix.) 

Naturgeschichte...  Histoire  naturelle  du  Botriocephalus  latus  étudié  parti- 
culièrement dans  son  développement  ;  par  le  D''  J.  Knoch.  (Extrait  des  Mémoires 
de  l'Académie  impériale  de  Saint-Pétersbourg .)  Septième  série  ;  t.  V. 

Notiz  ..  Note  sur  une  variété  gigantesque  de  la  Moule  commune  (Mytilus 
edulis,  forma  gigantea)  provenant  des  côtes  de  l'Amérique  Russe;  par  le  D' 
Alex.  V.  NORDMANN.  Moscou,  i863;  br.  in-8''. 

Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg  ;  7*  sé- 
rie, t.  V,  n°  5.  Saint-Pétersbourg,  1862;  vol.  in-4°. 


(  5o4  ) 


ERRATA. 

(Séance  du  17  août   i863.) 

Page  3qo,   ligne  lo,   au  lieu  de  nombres,    lisez  membres. 

Même  page,  ligne  i3,  au  lieu  de  —  e  ,  lisez  —  t-\--j.(. 

Page  391,  ligne  3  en  remontant,  au  lieu  de  au  cas  où,  lisez  en  l'étendant  au  ras  où. 

(Séance  du  3i  août  i8G3.) 
Page  478,  ligne  9,  au  lieu  de  i3  à  21,  lisez  19  à  21. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  14  SEPTEMBRE  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  MORIN. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

M.  LE  Pkésidext  de  l'Ixstitut  rappelle  que  la  prochaine  séance  trimes- 
trielle est  fixée  au  5  octobre,  et  invite  l'Académie  à  lui  faire  connaître  en 
temps  opportun  le  nom  de  celui  de  ses  Membres  qui  aura  été  désigné  pour 
faire  une  lecture  dans  cette  séance. 

MÉMOIRES  LUS. 

M.  Tremblay  lit  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  L Artillerie  rayée  de 
Sauvetage  ». 

Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  de  Tessan  et  Paris. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE.   —  Note  sur  les  propriétés  calorifiques  et  expansives  des  gaz; 

par  M.  F.  Reech. 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Combes,  Clapeyron.) 

((  De  retour  à  Paris,  je  trouve  une  Note  de  M.  Dupré  et  une  autre  de 
M.  Clausius,  dans  les  Comptes  rendus  du  1 3  juillet  et  du  lo  août,  au  sujet  de 
mes  assertions  dans  le  cahier  du  29  juin. 

»  J'accepte  le  reproche  qu'on  me  fait  de  n'avoir  pas  déterminé  T  eu 

C.  R  ,  i863,  2116  Semestre,  (T.  LVII,  N"  II.)  68 


(  5o6  ) 

fonction  de  t;  mais  je  ne  comprends  pas  qu'on  puisse  dire  que  je  n  ai  pas 
défini  exactement  r  et  R.  Jla  Note  n'est  pas  intitulée  :  Sur  (juelques  tqua- 
lions  de  la  théorie  inécnnique  de  la  chaleur,  mais  :  Sur  les  propriétés  calorifiques 
et  expansives  desfiuides  élastiques.  Mon  but  a  été  de  faire  voir  de  quelles  équa- 
tions ou  aurait  pu  faire  usage  de  tout  temps  sans  connaître  quUine  somme 
déterminée  de  chaleur  équivaut  à  une  somme  déterminée  de  travail.  Ainsi, 
dans  le  cas  des  gaz,  en  considérant  v,  t  comme  des  variables  indépendantes, 
j'admets  pour  o*Qune  expression  telle  que 

(i)  âQ  =  Adv  +  bdt. 

V  On  voit  immédiatement  que  b  est  la  chaleur  spécifique  sous  volume 
constant.  En  désignant  par  a  la  chaleur  spécifique  sous  pression  constante, 
et  par(p(f,  p)  =  t,  cette  relation  qui,  en  vertu  de  la  loi  de  Mariotte  et  de 
la  loi  de  Gay-Lussac,  devient  vp  =  G  (!5  4-  t),  on  démontre  sans  difficulté 
qu'il  est  nécessaire  qu'on  ait 

(2)  A  =  ia-b] 


do 


»  Mais  la  relation  (2)  n'avance  en  rien  la  connaissance  du  second  membre 
de  l'équation  (i)  tant  que  a,  b  ne  sont  pas  connus. 

»  L'expression  de  t?Q  peut  n'être  pas  une  différentielle  exacte,  mais  alors 
il  y  a  un  certain  diviseur  T  tel  qu'on  obtiendra  une  différentielle  exacte  en 
posant 

(3)  ./«=^=.... 

»  En  se  servant  de  l'équation  (1)  pour  développer  le  second  membre  de 
l'équation  (  3)  on  trouve  la  condition  que  voici  : 

,,.  -  d  f  A.\  d    i  b 

(4) 


'dt  \T  }         dv  yi 

»  D'après  cette  seule  condition,  T  pourra  élre  luie  fonction  de  f,  t.  J'ai 
fait  voir  que  dans  le  cas  des  vapeurs  T  est  une  fonction  de  t  seulement. 

))  La  condition  (4)  étant  supposée  satisfaite,  l'équation  (3j  sera  inté- 
grable  et  reviendra  sous  forme  finie  à  une  relation  telle  que 

(5)  <]j{v,p)  =  n. 

G'est  là,  pour  une  valeur  constante  quelconque  de  n,  l'équation  générale 
des  courbes  de  détente  d'un  gaz  dans  une  enveloppe  non  perméable  à  la 
chaleui'. 


(    D07    ) 

)>  L'équation  (5)  étant  supposée  connue,  l'équation  (i)  revient  u 

(6)  âQ  =  T(/n. 

On  est  libre  de  considérer  T  comme  une  fonction  de  t,  n  ;  on  a  alors 

âQ=f{t,  ?i)dn. 

»  Si  l'on  représente  par  <Ym  l'aire  comprise  entre  deux  courbes  infini- 
ment rapprochées  de  l'espèce  n  =  const.,  on  doit  regarder  comme  évident 
que  l'expression  la  plus  générale  de  cl  m  sera  de  l'espèce 

d (•)  =  F  [t ,  7i)  du. 

On  est  libre  de  désigner  par  k  le  rapport  de  F  (^,  ii')  î»-J  {t,  n).  On  a  alors 

(7)  doy=:F{t,  7i)dn=kTdn  =  /xâQ. 

»  Cela  étant,  je  suppose  qu'on  veuille  trouver  l'aire  S  comprise  dans  une 
ligne  fermée  quelconque  s.  Je  me  sers  du  signe  j  pour  indiquer  une  inté- 
gration tout  à  l'entour  d'une  ligne  fermée  S.  Il  est  évident  alors  qu'on  aura 

S=    r  f}di>     et  aussi     S=    l  '  F  {t,  n)  dn  =    j    kâQ; 

mais  pour  que  ces  deux  expressions  de  S  soient  égales,  il  est  nécessaire  et 
suffisant  qu'on  obtienne  une  différentielle  exacte  en  écrivant 

(8)  dQ  =  kâQ-  pdv. 

»  Dans  le  cas  des  vapeurs  je  trouve,  au  moyen  de  l'expression  dec?Q  de 
ma  précédente  Note,  que  le  second  membre  de  l'équation  (8)  ne  peut  être 
une  différentielle  exacte  qu'autant  qu'on  aura 

d{/.-T)  ^  T(W-«')     dp 
^9i  de  L  '  dt' 

Il  s'ensuit  qu'alors  k  ne  pourra  être  qu'une  fonction  de  t. 

»  Dans  lecasdes  gaz,  au  moyen  de  l'équation  (i),  l'équalion  (8)  revient  à 

dQ.  =  [kk.  —  p)dv  +  kbdt. 
Pour  que  le  second  membre  soit  une  différentielle  exacte,  il  faut  qu'on  ait 

,      .  r/(/-A)         d{l.b)^dp 

^      '  dt  dv  dt 

68..  ' 


(  5o8  ) 
Au  moyen  de  l'équation  (4)  cela  revient  à 

,      .  A  d{/,T)         b  d{kT)  _  dp 

'"^  T        dt  T      rfc      ~   dt' 

»  Il  y  a  à  faire  remarquer  que  les  conditions  (4)>  (io)>  ('0  ne  feront 
jamais  que  deux  conditions  distinctes,  et  qu'il  sufûra  que  deux  d'entre  elles 
soient  satisfaites  pour  que  la  troisième  le  soit.  Le  but  de  ces  conditions  est 
de  faire  trouver  les  expressions  de  T  et  A'  quand  on  connaîtra  à  priori  les 
propriétés  calorifiques  et  expansives  d'un  fluide  élastique.  Il  y  a  longtemps 
que  j'attends  la  publication  des  dernières  expériences  de  M.  Regnault,  pour 
voir  ce  qu'on  trouvera  à  ce  point  de  vue  pour  T  et  k  dans  différents  cas. 
»  On  parvient  à  des  relations  analogues,  parfaitement  équivalentes  à 
celles  des  conditions  (4),  (lo),  (ii),  quand,  au  lieu  de  f,  t^  on  considère 
comme  des  variables  indépendantes  soit  p,  t,  soit  v,  p,  soit  encore  v,  n,  ou 
p,  n,  ou  f,  71,  soit  enfin  deux  autres  variables  Ç,  vj  desquelles  dépendront 
complètement  chacune  des  trois  quantités  v,  p,  t. 

»  Dans  chaque  cas  on  n'aura  à  se  préoccuper  que  de  former  les  expres- 
sions de  a,  h,  puis  de  rendre  des  différentielles  exactes,  d'abord  le  second 
membre  de  l'équation  (3),  puis  le  second  membre  de  l'équation  (8).  C'est  là 
ce  qui  fait  le  pivot,  la  généralité  et  le  haut  degré  de  simplicité  de  ma  théorie. 
Je  suis  dispensé  d'avoir  recours  à  des  considérations  synthétiques  infinité- 
simales d'autant  d'espèces  que  l'on  peut  faire  de  choix  de  variables  indé- 
pendantes, et  je  ne  cours  pas  la  chance  de  me  tromper  ou  de  rester  incom- 
plet, ainsi  que  cela  peut  arriver  par  un  défaut  d'attention  dans  l'une  des 
voies  synthétiques  en  question,  quand  on  ignore  que  le  but  est  de  rendre 
des  différentielles  exactes  les  secontls  membres  des  équations  (8)  et  (3). 

»  Si  l'on  cherche  à  attribuer  une  signification  physique  à  l'équation  (8), 
on  ne  peut  guère  faire  autrement  que  de  considérer  le  produit  At?Q  comme 
représentant  une  quantité  de  même  espèce  que  le  produit  pdi\  c'est-à-dire 
comme  représentant  du  travail;  k  est  alors  le  travail  par  unité  de  chaleur, 
et  il  est  la  somme  de  travail  emmagasinée  dans  un  fluide  élastique,  tant 
sous  forme  de  chaleur  que  sous  forme  de  compression.  A  ce  point  de  vue 
déliante  généralité,  A  sera  susceptible  de  varier  d'un  fluide  élastique  à  un 
autre.  Pour  qu'il  y  ait  un  équivalent  mécanique  de  la  chaleur  qui  ne  dé- 
pende pas  de  la  nature  d'un  fluide  élastique  (pour  qu'il  soit  impossible  de 
créer  du  travail  avec  rien),  il  suffit  à  la  rigueur  que  k  soit  une  fonction  de  t, 
la  même  pour  toutes  les  espèces  de  fluides. 

»  Il  est  généralement  admis   aujourd'hui  que  k    est   une    constante. 


(  5o9) 
M.  Clausius  démontre  que  T  doit  être  une  certaine  fonction  de  f,  la  même 
pour  toutes  les  espèces  de  fluides  élastiques.  A  ce  double  point  de  vue,  ma 
théorie  conduit  aisément  aux  équations  de  MM.  Diipré  et  Clausius.  J'ajoute 
que  si  l'expérience  contredisait  l'un  des  principes  au  sujet  de  T  et  A%  mes 
équations  seules  continueraient  de  subsister. 

»  Dans  le  cas  d'une  masse  d'air,  en  admettant  à  la  fois  la  loi  de  Mariotte, 
la  loi  de  Gay-Lussac  et  les  expériences  de  M.  Regnault,  on  a  d'abord 

a  =  const.  =  0,2375; 
on  trouve  ensuite 

T  =  5  +  «  =  273  +  f, 
h  =  const.  et  k  =  const. 

En  employant  la  valeur  de  T  dans  la  théorie  de  la  vapeur  d'eau,  on  trouve 

A- =  434; 

puis  en  reportant  cette  valeur  de  k  dans  la  théorie  de  l'air,  on  trouve 

A  =  0,1699   et   J  =  1,3979. 

»  Ce  rapport  est  d'accord  avec  celui  qu'on  déduit  de  la  vitesse  du  son, 
d'après  la  théorie  de  Laplace.  J'admets  d'ailleurs  qu'on  doit  continuer 
d'accepter  la  formule  de  Laplace. 

»  J'ajoute  que  pour  une  barre  solide  comme  pour  une  colonne  de  fluide, 
la  vitesse  u  du  son  peut  être  représentée  par  la  commune  relation  que  voici  : 

alors  qu'on  désigne  par  g  l'intensité  de  la  pesanteur,  v  le  volume  de  i  kilo- 
gramme de  matière,  e  le  coefficient  d'élasticité  qui  figure  dans  les  équations 
de  la  résistance  des  matériaux. 

»   Dans  le  cas  de  l'air  on  a  explicitement 


à  la  condition  que  v^^  p^  soient  les  valeurs  particulières  de  v,  p  pour  i  =  o.  » 

PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  la  chaleur  chimique  et  la  chaleur  voltaïque; 
par  M.  F.  Raoult.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Regnault.) 

«   La  mesure  de  la  chaleur  produite  par  un  courant  électrique  dans  le 


(  5io  ) 
circuit  entier,  y  compris  la  pile,  a  jusqu'à  présent  offert  de  fort  grandes  dil- 
ficultés.  J'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  un  procédé  qui  permet 
de  l'obtenir  aisément. 

»  Soit  proposé  de  déterminer  la  chaleur  voltaique  totale  W  d'un  élé- 
ment E. 

«  Je  dispose  dans  un  calorimètre  une  spirale  formée  d'un  fil  de  platine 
fin  enroulé  autour  d'un  tube  de  verre  et  aboutissant,  par  deux  tiges  en 
cuivre,  avec  les  pôles  M  et  N  d'une  forte  pile  de  Daniell  P.  En  même  temps, 
je  mets  les  pôles  M  et  N  en  communication  avec  ijne  boussole  de  sinus  à 
fil  long  et  de  sensibilité  convenable.  (C'est  la  boussole  à  sensibilité  variable 
que  j'ai  décrite  dans  mon  Élude  des  forces  éieclromotrices  (i);  le  fil  a  un 
diamètre  de  -j^  de  millimètre  et  une  longueur  de  36oo  mètres;  la  chaleiu 
que  le  courant  y  produit  est  complètement  négligeable.  ) 

»  J'observe  : 

))    1°  L'intensité/  du  courant  dérivé  dans  la  boussole  à  long  fil  ; 

»  2"  La  quantité  de  chaleur  c  communiquée  par  la  spirale  au  calori- 
mètre ; 

»  3°  L'augmentation  p  du  poids  de  la  lame  de  cuivre  dans  l'un  des  élé- 
ments de  la  pile; 

))  4°  L'intensité  F  du  courant  produit  dans  la  boussole  par  l'élément  E 
dont  on  veut  connaître  la  chaleur  voltaique  W. 

»  Ensuite  j'obtiens  W,  c'est-à-dire  la  chaleur  dégagée  par  le  courant 
de  l'élément  E,  lors  de  la  dissolution  d'un  équivalent  de  métal,  au  moyen 
de  la  formule 

p  f 

(3 1,6  est  l'équivalent  du  cuivre). 

»  La  démonstration  de  cette  formule  est  fort  simple.  L'intensité  f  du 
courant  dérivé  dans  la  boussole  à  long  fil  est  proportionnelle  à  la  différence 
des  tensions  électriques  des  points  de  dérivation  M  et  N,  et  mesure  cette 
différence;  f  est  donc  la  force  électromotrice  d'un  élément  de  résistance 
nulle  qui  produirait  dans  la  spirale  le  même  courant  que  la  pile  P,  et  qui, 
pour  un  équivalent  de  métal  dissous,  y  dégagerait  une  quantité  de  chaleur 

égale  à  ^        '  '    •  Les  quantités  de  chaleur  produites  par  le  courant  dans 

un  même  circuit,  pour  un  équivalent  de  métal  dissous,  étant  proportion- 

(i)  Thèse  présentée  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris,  le  i3  mai  i863. 


(5ii  ) 
nelles  aux  forces  éleotromotrices,  un  élément  de  résistance  nulle  et  de 
force  électromotrice  F,  c'est-à-dire  produisant  dans  la  boussole  un  cou- 
rant d'intensité  F,  dégagerait  dans  la  spirale,  lors  de  la  dissolution  d'un 
équivalent  de  métal,  une  quantité  de  chaleur  représentée  par 

P  f 

ainsi  que  je  l'ai  avancé. 

»  Voici  les  données  d'une  expérience  faite  en  vue  de  déterminer  la  cha- 
leur voltaïque  d'un  élément  Daniell,  cuivre  dans  sulfate  de  cuivre,  zinc  dans 
sulfate  de  zinc. 

»  La  pile  P  est  composée  de  six  grands  éléments  Daniell  : 

y=  0,5281, 

c  =:  5o2,3  calories, 
yy  =  2  23  milligrammes, 
F  =  0,1^52. 

»  Durée  de  l'expérience,  5  minutes. 

Il  Température  de  l'air,  aS  degrés. 

»  Calculant  W  d'après  ces  données,  on  trouve 

\V  =  236i4  calories. 

»  J'ai  modifié  les  expériences  en  remplaçant  plusieurs  éléments  de  la 
pile  par  des  éléments  de  Bunsen,  en  en  faisant  varier  le  nombre,  en  opé- 
rant pendant  des  temps  plus  ou  moins  longs,  et  j'ai  toujours  obtenu  des 
résultats  concordants;  les  résultats  extrêmes  ont  été  22859  et  24012.  La 
moyenne  de  vingt  expériences  où  toutes  les  données  ont  varié  du  simple 
au  double  est 

W  =:  23 602  calories. 

(Le  calorimètre  dont  je  me  suis  servi  est  le   calorimètre  à  mercure  de 
MM.  Favre  et  Silbermann,  un  peu  simplifié.) 

»  J'ai  mesuré  directement  la  chaleur  dégagée  par  la  substitution  du  zinc 
à  I  équivalent  de  cuivre  (3iS'',6)  dans  une  dissolution  concentrée  de  sul- 
fate de  cuivre,  et  j'ai  trouvé 

23  564  calories. 

Le  nombre  de  MM.  Favre  et  Silbermann  est  23ao5. 

»  Il  résulte  de  là  que  dans  l'élément  Daniell,   la  chaleur  produite  par 


(  5i2  ) 
le  courant  est,   à  très-peu  prés,  égale  à  la  chaleur  dégagée   par  l'actiou 
chimique. 

M  L'élément  Daniell  est  le  seul  où  il  en  soit  ainsi.  Pour  d'autres  élé- 
ments, la  chaleur  produite  par  le  courant  dans  le  circuit  entier  et  la  cha- 
leur produite  par  l'action  chimique  sont  souvent  notablement  différentes. 
Voici  quelques-uns  des  résultats  que  j'ai  obtenus  : 


ELEMENTS. 


CUALEDR 

chimique. 

voltaïque 

23564 

236o2 

i56gi 

12438 

i64o2 

7789 

A Zinc  ,    sulfate    de     zinc  —  Cuivre,  sulfate  de  cuivre. . 

B Zinc  ,    acétate     de    zinc  —  Plomb,  acétate  de  plomb. . 

C Cuivre,  azotate  de  cuivre  —  Argent,  azotate  d'argent. 

»  Ainsi,  tandis  que  dans  l'élément  A  le  courant  reproduit  la  chaleur  chi- 
mique tout  entière,  le  courant  dans  l'élément  C  n'en  reproduit  pas  même 
la  moitié.  Pourquoi  cette  action  si  différente  dans  deux  éléments  de  con- 
stitution toute  semblable?  Il  y  a  là  une  difficulté  sérieuse,  digne  de  l'atten- 
tion des  physiciens.   » 

ANTHROPOLOGIE.  —  Sur  les  effets  de  la  consanguinilé ,  de  la  syphilis  et  de 
l'alcoolisme  combinés  et  observés  dans  une  même  famille.  Mémoire  de 
M.  GuiPON,  présenté  par  M.  Rayer. 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Rayer,  Rernard.) 

Les  faits  exposés  par  l'auteur  dans  ce  Mémoire  et  tres-soigneusement 
observés  par  lui  l'ont  conduit  à  des  conclusions  qu'il  résume  dans   les 

termes  suivants  : 

«  1°  La  consanguinité  exerce  une  influence  déprimante  sur  la  force  vi- 
tale, et  notamment  sur  un  de  ses  principaux  et  plus  importants  attributs,  la 
puissance  de  reproduction  ou  de  continuation  de  l'espèce. 

»  2°  Si  la  stérilité  ne  s'observe  pas  chez  les  consanguins,  elle  se  constate 
du  moins  sur  leur  progéniture. 

«  3°  La  consanguinité  porte  atteinte  aux  fonctions  de  relation  et  aux  or- 
ganes des  sens  eux-mêmes,  comme  l'ouïe,  la  parole,  ainsi  que  plusieurs 
observateurs  l'ont  démontré,  et  la  vue,  ainsi  que  les  faits  que  j'ai  repro- 
duits plus  haut  le  prouvent  péremptoirement  après  d'autres  faits  du  même 
genre. 

»  4°  Aidée  de  causes  plus  ou  moins  analogues  dans  leurs  effets,  telles 
que  la  syphilis  et  l'alcoolisme,  elle  peut  produire  des  troubles  profonds  de 


(5i3) 
l'innervation,  de  la  vitalité,  comme  la  paralysie  et  la  gangrène  spontanée. 

«  5°  L'intelligence  elle-même  peut  participer  à  cette  dégénérescence  et 
l'imbécillité  ou  un  certain  degré  d'idiotie  en  résulter. 

»  6°  Une  seule  fonction,  une  seule  faculté  semble  en  être  accrue,  c'est 
le  sens  génital,  précisément  celui  dont  le  but  final,  la  procréation,  est  le 
plus  compromis.   » 

M.  Tavigxot,  dans  une  Note  portant  pom-  titre  :  «  La  Méthode  cjalvano- 
caustique  urélrale  »,  expose  les  bons  résultats  qu'il  a  obtenus  dans  le  trai- 
tement des  rétrécissements  organiques  de  l'urètre  par  la  méthode  galvano- 
caustique  thermique,  et  donne  quelques  détails  sur  son  procédé  opératoire. 

(Commissaires,  MM.  Bernard,  Civiale.) 

M.  Baudi\  présente  un  alcoomètre  accompagné  d'une  échelle  densimé- 
trique  qui  résume  ses  travaux  relatifs  à  cet  instrument,  et  prie  l'Académie 
de  vouloir  bien  hâter  le  Rapport  de  la  Commission  déjà  saisie  de  ses  précé- 
dentes communications  sur  ce  sujet. 

(Renvoi  aux  Commissaires  déjà  nommés  :  MM.  Chevreul,  Pouillet,  Fremy.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  MixisTUE  DE  l'Ixstructiox  PUBLIQUE  transmet  un  opuscule  adressé 
de  Naples  par  M.  le  D'^  G.  Barracano,  et  ayant  pour  titre  :  «  De  l'emploi  du 
soufre  contre  la  maladie  des  raisins  ». 

Les  Lords  Commissaires  de  l'Amirauté  de  la  Grande-Bretagxe  adres- 
sent pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut  la  série  des  cartes  et  plans  publiés 
par  le  Bureau  hydrographique  pendant  les  deux  dernières  années,  et  celle 
des  Instructions  nautiques  qu'elle  a  fait  paraître  depuis  son  précédent  envoi. 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Turin  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  des  cinq  derniers  volumes  de  ses  Comptes  rendus,  et  lui  adresse  le 
XX^  Volunie  de  ses  Mémoires.  [Voir  au  Bulletin  bibliographique.) 

31.  Dumas,  faisant  les  fonctions  de  Secrétaire  perpétuel,  signale  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspondance  : 

1°  Un  volume  intitulé  :  «  Recherches  sur  les  affinités,  De  la  formation 

C.  R.,  i863,  2'ne  Semestre.  (T.  LVII,  K»  II.)  6g 


(  5.4  ) 
et  de  la  décomposition  des  éthers  »,  par  MM.  Berthelot  et  Péan  de  Sainl- 
Gitles  (troisième  et  quatrième  parties); 

2"  Un  opuscule  de  M.  Cam.  Dareste,  ayant  pour  titre  :  «  Recherches  sur 
les  conditions  de  la  vie  et  de  la  mort  chez  les  monstres  ectroméiiens,  célo- 
somiens  et  exencéphaliens  produits  artificiellement  dans  l'espèce  de  la 
Poide  »  ; 

3"  Une  thèse  de  physique  présentée  par  M.  Sire  à  la  Faculté  des  Sciences 
de  Besançon  pour  obtenir  le  grade  de  docteur,  et  avant  pour  titre  : 
«  Étude  sur  la  forme  globulaire  des  liquides  <•. 

ASTRONOMIE.  —  Sur  les  étoiles  filantes  du  mois  d'anàl;  Lettre  de  M.  Heis  à 
M.  Faye,  et  remarques  de  M.  Faye  au  sujet  de  (elle  comiiiunicntion. 

«  Voici  d'abord  la  traduction  de  la  Lettre  du  D''  Heis  : 
«  r.a  richesse  de  l'apparition  météorique  dans  la  dernière  période 
»  d'août  a  été  des  plus  remarquables.  Le  grand  nombre  des  observateurs 
»  que  j'avais  réunis  à  Miinsicr  (vingt  jeunes  gens  étudiant  les  mathémati- 
!■  ques  à  notre  Faculté  de  Philosophie)  m'a  permis  d'obtenir  des  résultats 
»   précis.  Voici  le  résumé  de  nos  observations  : 

Août. 


Heures.  Le  8.         Le  9.        Le  10.        Le  11.       Lr  12.        Le  i3.       Le  1^. 

De    9  à  10 26  4'  9^  24  45  33  iS 

10  à     I  I 67  57  144  90  54  44  2C) 

1 1  à  12 58  61         i65  98  69  44         " 

1 2  à  1 3 «  >i  1 59  »  "  »  " 

1 3  à  1 3  1 5™ »  -  89  »  »  " 

Somme i5i  iSg         600         212  168         121  47 

Moyenne  horaire..        5o  53  i4i  71  56  4"         24 

»  Le  nombre  des  étoiles  filantes  était  si  grand  le  lo,  que  l'on  n'a  pu  tenir 
•  compte  des  petites.  Chaque  apparition  était  inmiédiatement  marquée  sui 
»  des  cartes  célestes.  Les  observateurs  étaient  placés  sur  l'observatoire  de 
)i  manière  à  avoir  une  vue  entièrement  libre  sur  tout  le  tour  de  l'horizon; 
»  chaque  région  du  ciel  avait  plusieurs  observateurs,  mais  des  mesures 
»  étaient  prises  pour  qu'aucune  étoile  vue  à  la  fois  par  plusieurs  observa- 
»  teurs  ne  fût  notée  en  double.  Nous  avons  été  particulièrement  frappés 
»  cette  année  de  l'éclat  des  traînées  des  étoiles  filantes  et  de  leur  longue 


(  5i5  ) 

fliirée.  A  l'oeil  iiii  cette  durée  a  été  estimée  être  de  7,  10,  iZj  et  iiiêtne  une 
fois  de  43  secondes.  Mais  avec  une  lunette  de  nuit  (un  chercheur  de  co- 
mètes) j'ai  pu  observer  pendant  55  secondes  !a  traînée  d'une  étoile  qui 
apparut  à  9''3i'"i8%  pendant  i  minute  celle  d'une  autre  étoile  à 
ra''52'"20%  et  enfin  pendant  a™ 48'  la  traînée  de  l'étoile  qui  parut  à 
î2''ii™46\  J'ai  suivi  avec  intérêt  les  changements  que  ces  traînées  pa- 
raissaient subir  jusqu'à  leur  disparition  totale.  Large  au  commencement, 
la  traînée  se  courbait  ensuite  et  semblait  se  nouer,  puis  se  déchirait  eti 
tronçon  et  s'évanouissait.  Je  ne  désespère  même  pas  de  pouvoir,  dans 
quelque  occasion  future,  examiner  le  spectre  fourni  par  cette  lumière. 
»  La  plupart  de  ces  étoiles  avaient  leur  point  de  divergence  dans  la  con- 
stellation de  Persée ,  en  un  point  qui  a  déjà  été  déterminé  par  moi. 
[Voyez  \çVosmo&  de  M.  de  Humbolrit.) 

»  Nous  avions  organisé,  pour  cette  période  d'août,  un  grand  nombre  de 
stations  correspondantes  en  divers  lieux,  particulièrement  à  Peckelot  et  à 
Dorsten  dans  les  provinces  Rhénanes,  à  Gaesdonck  en  Westphalie,  à 
Straelen  et  Liegburg  dans  les  provinces  i^russiennes  du  Rhin,  et  à  Franc- 
tort-sur-le-Mein.  J'ai  déjà  calculé  plusieurs  apparitions  d'étoiles  parmi 
celles  dont  l'identité  a  pu  être  constatée;  voici  les  résultats  trouvés  pour 
les  hauteurs  de  ces  étoiles  au  commencement  (//)  et  à  la  fin  [W)  de  leurs 
trajectoires. 

Le  8  août. .  . 


»        ,,,,., 

Le 

1 1  août . . . 

»    

Dorsten 

—  Gaesdonck. 

/('=  i4i 

kilomètres. 

h"  - 

=  126  kilomètres. 

Miiiister 

—  Gaesdonck. 

122 

B 

4' 

u 

Munster 

—  Francfort. 

io4 

U 

4" 

» 

Francfort 

—  Gaesdonck. 

no 

u 

85 

u 

Riûnster 

—  Francfort. 

i3o 

» 

74 

M 

Miinsier 

—  Francfort. 

182 

.. 

74 

» 

)'   Les  observations  simultanées  faites  à  Miinster  et  à  Francfort  donnent 
»   pour  différence  de  longitude  4™  12%  5  f*).  » 

Remarques  de  M.  F.4ye. 

"    Je  demanderai  à  l'Académie  de  faire  quelques  remarques  sur  la  T.ettre 
de  mon  savant  correspondant.  M.  Coulvier-Gravier  ayant  présenté  à  l'Aca- 


La  Connaissance  des  Temps  donne  4'"  14^- 

69. 


(  5t6  ) 
demie  les  observations  qu'il  a  faites  sur  le  même  phénomène,  il  est  intéres- 
sant de  comparer  les  deux  séries.  Mais  comme  l'observateur  français  a 
ramené  à  minuit  les  nombres  d'étoiles  filantes,  en  tenant  compte  de  la  varia- 
tion horaire,  il  convient  d'appliquer  le  même  système  de  réduction  aux 
nombres  de  M.  Heis.  Or,  en  partant  des  nombres  horaires  assignés  par 
M.  Coulvier-Gravier  pour  lesg,  lo  et  ii  aoîit  d'uneannée  moyenne  (*), 


Heures. 

Nombre  horaire. 

Fa 

cteur  cojiclii 

De     9  à   10..  . 

3. ,4 

1,87. 

De   lo  à  11..  . 

44,8 

1 ,3i  I 

De  II   à   12.. 

5o,3 

1,168 

De  12  à  i3.. . 

67,2 

0,874 

De  i3  à  14..  . 

79'2 

0,742 

De   i4  à  i5..  . 

82,1 

o,7i5 

on  calcule  aisément  le  facteur  par  lequel  il  faudra  multiplier  le  nombre 
3i,4,  par  exemple,  qui  répond  à  l'intervalle  de  9  à  10  heures,  pour  obte- 
nir le  nombre  58,75  qui  répond  à  peu  près  à  l'intervalle  de  ti^'So"  à 
12"  30"". 

»  C'est  ainsi  que  j'ai  obtenu  pour  les  observations  de  Miinster  les  nombres 
horaires  suivants  qui  répondent  à  minuit  : 


Munster. 

Paris. 

8  août. 

68 

26,7 

9     " 

74 

3o,5 

10     » 

174 

121  ,2 

1 1     » 

92 

48,6 

12        » 

78 

46,1 

i3     . 

57 

38,2 

14     » 

36 

21,0 

1)  Pour  comparer  ces  deux  séries,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  qu'à 
Miinster  il  y  avait  beaucoup  plus  d'observateurs  qu'à  Paris,  et  que  l'in- 
fluence de  la  sérénité  du  ciel  ou  de  l'illumination  nocturne  de  l'atmosphère 
dans  les  deux  stations  ne  saurait  être  identiquement  la  même.  C'est  donc  la 
marche  de  ces  nombres  qu'il  faut  comparer  plutôt  que  leur  grandeur  abso- 
lue. Or  il  est  facile  de  voir,  en  formant  leurs  différences  successives,  ou 
mieux  encore  en  traçant  les  courbes  correspondantes,  que  le  phénomène 

(*)  Précis  des  recherches  sur  les  météores,  Paris,  186),  p.  1 10. 


(5i7) 
a  très-sensiblement  suivi  la  même  marche  clans  les  deux  stations,  malgré 
une  différence  de  5°i8'  en  longitude  et  de  3'^8'  en  latitude.  En  outre  les 
heures  d'observation  n'étaient  pas  les  mêmes;  car  on  observait  générale- 
ment à  Munster  de  9  heures  à  minuit,  tandis  qu'à  Paris  on  prolongeait  le 
plus  souvent  l'observation  jusqu'à  3  heures  du  matin  :  de  là  des  réductions 
fort  différentes  pour  obtenir  le  nombre  horaire  de  minuit,  réductions  sur 
lesquelles  on  doit  craindre  quelque  incertitude,  surtout  dans  le  voisinage 
d'un  maximum  aussi  marqué  que  celui  de  la  nuit  du  10  au  1 1  août. 

M  L  examen  des  nombres  de  Munster  permet  de  fixer  approximativement 
l'instant  du  maximum.  Eu  construisant  une  courbe  avec  les  nombres 
horaires  donnés  pour  la  nuit  du  10  au  11  par  le  D"'  Heis,  et  ramenés 
à  un  même  instant,  on  trouve  que  le  maximum  est  arrivé  vers  1 1""  1 5™,  temps 
moyen  de  Miinster.  Il  serait  curieux  de  voir,  par  les  nombres  correspon- 
dants de  Paris  que  SI.  Coulvier-Gravier  n'a  pas  publiés,  si  le  maximum,  a 
Paris,  a  eu  lieu  à  la  même  heure  absolue,  c'est-à-dire  vers  10'' 54™,  temps 
moyen  de  Paris.  Dans  tous  les  cas,  il  résulte  des  observations  de  M.  Heis 
que  le  maximum  de  l'apparition  de  i863  répond  à  3i7°4-V  de  longitude  de 
la  Terre,  et  je  pense  qu'il  serait  utile  d'exprimer  ainsi  l'époque  des  maxima 
des  années  précédentes,  que  M.  Coulvier-Gravier  a  suivi  régulièrement  de- 
puis 1842,  je  crois,  afin  déjuger  nettement  des  relations  que  ce  remarquable 
phénomène  présente  avec  le  mouvement  annuel  de  notre  globe  :  une  même 
date  civile  ne  répondant  pas  toujours,  en  effet,  au  même  point  de  l'orbite 
terrestre.  » 

PHYSIQUE.  — Egalité  des  pouvoirs  éniissifs  et  absorbants; 
par  M.  DE  LA  Provostaye.  (Extrait.) 

«  Dans  mon  travail,  je  mentionne  ce  que  l'expérience  a  appris  sur  les  pou- 
voirs émissifs  et  absorbants  des  corps  doués  de  pouvoirs  réflecteurs  réguliers, 
et  je  rappelle  qu'on  n'a  pas  opéré  sur  les  corps  diffusants,  et  que  la  théorie 
n'a  rien  appris  de  plus  sur  ces  derniers.  II  est  vrai,  M.  Kirchlioif  (.//i/ia/ci-  de 
Cliimie  et  de  Phjsique  de  iu'm  1861)  n'établit  point  de  distinction,  et  on  pour- 
rait croire,  vu  la  généralité  des  énoncés,  que  les  rayons  diffusés  sont  impli- 
citement compris  par  lui  dans  les  rayons  désignés  comme  réOécliis.  Il  est 
à  croire  néanmoins  qu'il  n'en  est  rien,  car  il  calcule  (p.  171  et  172)  la 
marche  des  rayons  en  s'appuyant  sur  une  propriété  de  minimum  qui  ne 
s'applique  évidemment   pas   aux   rayons    irrégulièrement  réfléchis.   Cette 


(  5.8  ) 
partie  du  raisonnement  sert  à  prouver  (|).  i^S  et  suiv.)  que  la  proposition 
relative  à  l'égalité  des  pouvoirs  émissifs  et  absorbants  est  applicable  aux 
corps  quelconques.  Si  la  remarque  précédente  n'est  pas  erronée,  il  faut 
ajouter  une  restriction  et  dire  :  niix  corps  quelconques  doués  d'un  jiou\>oir 
réflecteur  régulier. 

»  Ce  sont  donc  ces  derniers  corps  exclusivement  qui  ont  été  l'objet 
des  études  de  MM.  Poisson,  Fourier,  Kirchhoff,  et  aussi  de  mes  propres 
études.  Dans  toutes  on  part  du  même  principe,  à  savoir  :  que  dans  une 
enceinte  dont  tous  les  points  sont  à  la  même  température,  on  peut,  sans  trou- 
i)ler  l'équilibre,  introduire  un  ou  plusieurs  corps  pris  aussi  à  la  même  tem- 
pérature. Cette  identité  du  point  dedépart  est  plus  apparente  que  réelle,  et  il 
semble  que  M.  Kirchhoff  donne  au  principe  une  extension  qu'il  ne  doit 
pas  recevoir.  C'est  cette  opinion  qui  m'avait  conduit  [Annales  de  janvier)  à 
faire  une  objection  à  sa  démonstration.  Sa  réponse,  insérée  aux  Annales  de 
juin,  ne  m'a  pas  convaincu,  et  je  lui  demande  la  permission,  dans  l'intérêt 

de   la  science,  de  maintenir   mon  observation Voir  deux  passages  de 

Fourier  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  2'  série,  t.  XXVII,  p.  23() 
et  253. 

»  Dans  la  pensée  de  Fourier,  les  corps  auxquels  le  principe  est  appli- 
cable sont  des  corps  réels  susceptibles  de  se  refroidir  et  de  s'échauffer — 

»  Enfin  le  principe  est  un  principe  expérimental.  11  a  été  ou  il  a  pu  être 
vérifié  pour  tous  les  corps  auxquels  on  est  en  droit  de  l'appliquer. 

»  Si  au  contraire  on  imagine,  comme  M.  Kirchhoff,  lU)  corps  doué  d'un 
pouvoir  réflecteur  absolu,  c'est-à-dire  un  être  fictif  avec  lequel  lavérifica- 
liou  est  impossible,  et  si  on  prétend  que  l'introduction  d'un  pareil  corps 
dans  l'enceinte  ne  troublera  pas  l'équilibre,  je  me  bornerai  à  dire  que  cela 
n'est  aucunement  prouvé.  Il  est  clair  qu'on  étend  le  principe  et  que  c'est 
niliquement  par  analogie  qu'on  le  regarde  comme  applicable  à  un  cas 
limite 

)'  De  la  supposition  qu'un  pareil  corps  ne  trouble  pas  l'équilibre,  ou 
déduit  que  son  pouvoir  émissif  est  mil.  Si  cela  est,  ce  corps,  pris  à  une 
température  de  1000,  de  loooo  degrés,  et  introduit  dans  une  enceinte 
placée,  ne  réchauffera  pas,  ne  changera  rien  à  son  état.  Ou  conviendra  que 
ceci  heurte  de  front  toutes  les  idées  physiques,  et  qu'il  est  dés  lors  permis 
de  s'airéter  devant  Vcxtension  hypothétique.... 

I)  Après  avoir  examiné  le  sens  et  les  limites  du  principe  fondamental  de 
l'équilibre  dans  les  enceintes,  partons  des  conséquences  auxquelles  il  a 


(5i9) 
conduit.  L'une  des  principales  est  l'égalité  des  pouvoirs  émissifs  et  absoi- 
bants.  Je  ne  reviendrai  pas  sur  les  procédés  divers  suivis  pour  l'élablir  par 
MM.  Poisson,  Fourier,  Kirchhoff,  et  par  moi-même;  je  rappellerai  seule- 
ment que,  dans  le  Mémoire  inséré  aux  //»»ïft/es  de  janvier  i863,  j'ai  indiqué 
certaines  difficultés  tenant  à  la  divergence  des  rayons  qui  ne  paraissaient 
pas  avoir  été  écartées  par  les  trois  physiciens  que  je  viens  de  nommer.  Ces 
difficultés,  j'ai  tenté  de  les  résoudre;  les  physiciens  jugeront  si  j'ai  réussi. 

»  Il  me  reste  à  reproduire  les  observations  faites  sur  mon  travail  par 
M.  Kirchhoff.  Voici  ses  propres  paroles  [annales  de  juin  i863)  : 

»  Quant  à  la  démonstration  que  l'auteur  propose  pour  remplacer  la 
»  mienne,  on  peut  d'abord  lui  reprocher  de  ne  pas  avoir  la  même  gériéra- 
»  lité  et  de  s'appuyer  inutilement  sin-  le  résultat  d'expériences  qui,  par 
»  leiH'  nature,  ne  présentent  pas  le  caractère  d'une  grande  précision.  î\Iais 
»   l'objection  principale  qu'on  doiî  lui  adresser  est  la  suivante. 

»  M.  de  la  Provostaye  considère  une  enceinte  d'égale  température  don! 
»  un  seul  élément  oi  est  doué  d'un  pouvoir  réflecteur,  tandis  que  tous  les 
»  autres  sont  noirs.  Suivant  lui,  l'équilibre  de  la  chaleur  exige  que  la 
M  quantité  de  chaleur  qui,  en  partie  par  émission,  en  partie  par  réflexion. 
»  est  envoyée  de  w  à  un  autre  élément  de  l'enceinte  w',  soit  égale  à  la  quan- 
»  tité  de  chaleur  qui  est  envoyée  de  u'  à  w.  Ce  principe  constitue  l'axiome 
»  sur  lequel  M.  de  la  Provostaye  base  sa  démonstration.  Mais  on  serait 
»  tout  aussi  bien  en  droit  de  prendre  pour  axiome  le  principe  même  de 
»  l'égalité  des  pouvoirs  émissifs  et  absoibants  qu'il  s'agit  de  démontrer, 
))   car,  à  priori,  l'un  n'est  pas  plus  évident  que  l'autre.  » 

»  Il  est  vrai,  pour  écarter  la  difficulté  relative  à  la  divergence  des  rayons, 
j'ai  cru  devoir  recourir  une  seule  fois  k  ['expérience.  Au  lieu  d'une  détermi- 
nation demandée,  il  y  en  a  vingt  pour  des  corps  différents.  Sans  doute, 
elles  n'ont  pas  une  précision  géométrique,  mais  chacune,  prise  à  part,  suffit, 
et  toutes  s'accordent  à  donner  le  même  résultat.  Cet  accord  est  rassurant. 
Quant  à  l'utilité  du  recours  à  rexj)érience,  si,  comme  je  le  crois,  la  diffi- 
culté n'avait  pas  été  résolue  autrement,  je  ne  saurais  le  regarder  comme 
inutile. 

»  Passons  à  l'objection  principale  de  M.  Kirchhoff.  Dans  les  conditions 
posées,  l'échange  de  chaleur  entre  w  et  0/  se  fait  effectivement  comme  je  l'ai 
indiqué.  Ce  n'est  point  un  axiome,  c'est  une  simple  conséquenre  prouvée. 

)i  En  effet,  dans  une  enceinte  dont  tous  les  éléments  sont  noirs  sauf  uu 
seul  w  doué  de  pouvoir  réflecteur,  quand  l'équilibre  existe  : 


(    520    ) 

»  i"  Un  élément  noir  quelconque  «'  envoie  vers  Venccinte  oilicreinie 
quantité  de  chaleur  égale  à  celle  qu'il  reçoit  (principe  de  l'équilibre); 

»  a'*  Ce  même  élément  noir  w'  envoie  vers  la  portion  noire  de  l'enceinte 
précisément  autant  qu'il  en  reçoit. 

V   (Ceci  a  été  démontré  §  2  du  Mémoire  en  question.) 

»  3°  Donc,  par  une  simple  soustraction,  on  voit  que  w'  envoie  vers  w 
précisément  autant  qu'il  en  reçoit  par  émission  et  par  réflexion.  » 

CHIMIE.  —  Sur  l'acide  acétique  des  vi7is;  /jor  M.  S.  De  Luca. 

«  Sans  vouloir  réclamer  aucun  droit  de  priorité  sur  la  constatation  de 
l'acide  acétique  dans  les  vins,  je  crois  cependant  pouvoir  rappeler  que  j'ai 
communiqué  à  l'Académie  des  Sciences,  dans  sa  séance  du  8  août  1 869,  un 
travail  exécuté  sous  ma  direction  par  MiM.  Silvestri  et  Giannelli,  ayant 
pour  titre  :  «  Recherches  chimiques  sur  les  vins  de  la  Toscane,  »  et  dont 
un  extrait  a  été  inséré  dans  les  Coinplcs  rendus  de  ladite  séance. 
■  »  Il  est  dit  dans  cet  extrait  :  «  Tous  les  vins  toscans,  sans  exception, 
»  contiennent  de  l'acide  acétique  libre,  qui  sans  doute  est  un  des  produits 
»  de  l'oxydation  de  l'alcool.  «  J'ajouterai  que  ces  recherches  ont  porté  sur 
soixante-sept  variétés  de  vins,  et  que  la  constatation  de  l'acide  acétique  a  été 
faite  sur  la  partie  distillée,  non-seulement  par  le  papier  bleu  de  tournesol 
qui  rougissait,  maisaussi  en  neutralisant  le  même  liquide  par  le  carbonate  de 
soude,  et  en  traitant  le  résidu  de  l'évaporation  par  quelques  gouttes  d'acide 
sulfurique  pur  ou  mélangé  avec  un  peu  d'alcool.  On  obtenait  ainsi  con- 
stamment, ou  de  l'acide  acétique,  ou  bien  de  l'élher  acétique,  liquides  vo- 
latils et  ayant  des  propriétés  caractéristiques. 

i>  J'ai  attaché  une  certaine  importance  a  ces  recherches  sur  les  vins  de  la 
Toscane,  non  pas  y^arce  qu'ils  contenaient  de  l'acide  acétique,  dont  la  pré- 
sence ne  devait  étonner  personne,  mais  à  cause  de  la  constatation  de  la 
glycérine  qui  devait  se  trouver  dans  ces  vins  comme  produit^  constant  du 
dédoublement  du  sucre  de  raisin,  conformément  aux  importants  travaux 
de  M.  Pasteur.  En  effet,  on  a  retiré  des  vins  toscans,  comme  il  est  dit  dans 
l'extrait  mentionné,  une  certaine  quantité  de  glycérine  ayant  toutes  les 
propriétés  de  la  glycérine  qu'on  obtient  des  corps  gras.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Recherches  sur  la  Jormnlion  de  la  malicre  grasse  dans 
les  olives  ;  par  M.  S.  De  Luca. 

('  A  la  suite  de  mes  précédentes  communications  faites  pendant  les  deux 


(  5.1  ) 
dernières  années  sur  la  formation   de  la  matière  grasse  dans  les  olives,  je 
soumets  à  l'appréciation  de  l'Académie  les  résultats  que  j'ai  obtenus  par 
d'autres  recherches  exécutées  postérieurement  sur  le  même  sujet. 

»  Les  expériences  ont  porté  sur  une  série  d'olives  recueillies  aux  envi- 
rons de  Pise,  en  Toscane,  depuis  le  i5  juin  jusqu'au  g  décembre  de  l'année 
1860.  On  a  opéré  sur  les  olives  desséchées  à  la  température  de  iio  à 
Ï10  degrés,  et  en  cet  état  on  a  déterminé  leur  poids,  celui  du  noyau  et  de 
la  pulpe,  et  aussi  les  matières  solubles  dans  le  sidfure  de  carbone.  La  quan- 
tité d'eau  contenue  dans  les  olives  avait  été  dosée  d'abord  à  l'étuve  Gay- 
Lussac.  Voici  le  tableau  qui  indique  ces  résultats  : 

Matières 
solubles 
Poids  à  l'état  sec  clans  CS'  sur 

Eau  sur  — — ■^•^_-- —'•' 100  parties 

iNuméros  Époque  100  parties  d'une  d'un  d'une  d'olives 

d'ordre.  de  la  recolle.  d'olives.  olive.  noyau  (").     pulpe  (*  ).     desséchées. 

1  25  juin  1860....  56,7  0,002  »  »  1,0 

2  2  juillet  1860..  .  56,3  0,007  °  °  ''7 

3  ■  8 .  .  . .  ■)  66 ,  o  0,024  »  "  0,8 

4  16.  ...  "  ...  .  60,8  o,o38  •'  «  1,0 

5  22....  »  68,7  OjOgg  »  •'  1,7 

6  2g  ...  »  72,6  o ,  1 24  »  »  1,2 

7  5  août  1860 67,0     0,176      '       "       3,7 

8  12....  »  64,3     0,256    0,167    0,08g     4j3 

9  ig....  »  .  ...    57,3     0,317    0,240    0,077     3''' 

10  26. .......    .  54,3  o,385         0,263         0,122  g, 5 

11  2 septembre  r 860         52,3  o,535         o,34g         0,187  7>i) 

12  9 >>    49 > 5  0,574         o,3g5         0,179         i4,8 

13  16 »    5o,6  0,583         o,384         o,igg         22,3 

14  23 4'.)'^  0,716         0,409        0,307         ^3'9 

15  3o »    48; '  0,741         0,393        0,348        25,7 

16  7  octobre  1860..         4^'^  o,85i  0,397         0,454         32,9 

17  i4 »   48,0  0,788        0,359        0,42g        32,7 

18  21 »    45)4  0,864         o,4i5         0,449        33,6 

19  28....   »   46>9  0,887        o,4i3        0,474        35,6 

20  4  •novembre  1860         43)2  0,974         *')4''  o,563         37,5 

21  II....    ■)    38, g  o,ggg         0,394         o,6o5         38,  i 

22  18....    »    ....  43)6  o,g48         o,3gi  0,557         4'-' 

23  25.  ...    »    4'  )3  0,958         0,391  0,567         43)6 

24  2  décembre ... .  3o,3  0,903         o,366         0,537         35,6 

25  9----    "    25,3  i  ,o32         0,422         0,610         36,3 

(*)  Il  n'a  pas  été  possible  de  séparer  la  pulpe  du  noyau  des  olives  n°'  1  à  7. 

C.  R.,  i863,  î-ne  Semestre.  (T.  LVII,  ti"  H]  7O 


(    522    1 

»  Il  résulte  des  nombres  consignés  dans  ce  tableau  que  le  poids  des  olives 
augmente  avec  le  progrès  de  la  végétation  jusqu'au  mois  de  novembre,  mais 
que  leur  noyau  est  le  premier  à  se  développer  :  son  accroissement  s'opère 
dans  les  premières  périodes  de  la  végétation,  c'est-à-dire  pendant  les  deux 
mois  de  juillet  et  d'août,  et  puis  il  reste  stationnaire  ;  et  en  effet,  dans  les 
mois  successifs,  il  n'y  a  pas  une  variation  sensible  de  poids.  Au  contraire, 
la  pulpe  augmente  continuellement  de  poids  jusqu'à  la  maturité  complète 
du  fruit. 

»  La  quantité  d'eau  qui  se  trouve  dans  les  olives  diminue  progressive- 
ment à  leur  maturité  :  aussi  elle  est  de  60  à  70  pour  100  dans  les  premières 
phases  de  la  végétation,  tandis  qu'elle  ne  s'élève  qu'à  i5  pour  100  à  la  der- 
nière période  de  l'accroissement  et  de  la  maturité  des  olives. 

»  Le  sulfure  de  carbone  enlève  aux  olives  plusieurs  substances  de  nature 
différente,  parmi  lesquelles  il  y  a  des  matières  colorantes  et  particulièrement 
de  la  chlorophylle  qui  va  toujours  en  diminuant  à  mesure  que  le  fruit  s'ap- 
proche de  la  maturité.  La  matière  grasse,  au  contraire,  s'y  trouve  en  très- 
petite  quantité  dans  les  premières  périodes  de  la  végétation,  augmente  à 
mesure  que  le  fruit  grossit,  et  elle  est  en  quantité  maximimi  lorsque  les 
olives  sont  mûres  et  ont  perdu  complètement  toute  trace  de  teinte  verdàtre. 
Il  est  aussi  à  remarquer  que  lorsque  le  noyau  n'augmente  plus  de  poids, 
c'est  alors  précisément  que  la  matière  grasse  s'accumule  dans  le  fruit  en 
plus  grande  proportion.  » 

M.  le  D"^  BiLLOD,  médecin  en  chef  de  l'asile  deSainte-Gemmes-sur-Loire, 
près  Angers,  demande  qu'une  Commission  spéciale  soit  chargée  d'étudier 
la  question  de  la  pellagre  dans  l'Asile  dont  le  service  médical  lui  est  confié, 
où  il  en  a  signalé  la  présence. 

Cette  demande  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  nommée  pour 
de  précédentes  communications  de  l'auteur.  Commission  qui  se  compose  de 
MM.  Serres,  Flourens  et  Rayer. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  D. 


(  523 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  1 4  septembre  i863  les  ouvrages  d(jnt 
voici  les  titres  : 

Recherches  sur  les  affinités.  De  la  formation  et  de  la  décomposition  des  étliers  ; 
/;ar  MM.  Berthelot  et  PÉAN  de  Saint-Gilles  ;  3"  et  4*  parties.  Paris,  i863; 
in-8°. 

Recherches  sur  les  conditions  de  la  vie  et  de  la  mort  chez  les  monstres  ectro- 
méliens,  célosomiens  et  exencéphnliens,  produits  artificiellement  dans  l'espèce  de 
la  Poule;  par  M.  Camille  Dareste.  Lille,  i863;  br.  in-8". 

Etude  sur  la  forme  globulaire  des  liquides  (Thèse  présentée  à  la  Faculté 
des  Sciences  de  Besançon,  pour  obtenir  le  grade  de  docteur  es  sciences); 
par  M.  Georges  Sire.  Besançon,  i863;  in-4°. 

Rapport  sur  les  travaux  du  Conseil  central  de  Salubrité  et  des  Conseils  d'ar- 
rondissement du  département  du  Nord  pendant  Cannée  1862;  n°  21.  Lille, 
i863;  in-8«. 

Rapport  fait  aux  Associations  médicales  des  arrondissements  de  Laon,  Saint- 
Quentin  et  Vervins,  sur  un  projet  d'organisation  de  médecine  gratuite  des  indi- 
gents; par  leD"'  J.  GuiPON.  Laon,  1862;  in-S*^.  (Adressé  au  concours  pour 
les  prix  de  Médecine  et  Chirurgie.) 

Channel...  Le  Pilote  de  la  Manche  ;  1"  partie,  côtes  sud-ouest  et  sud  d'An- 
gleterre; 2*  édition.  Londres,  i863;  i  vol.  in-8°. 

North...  Le  Pilote  de  la  mer  du  Nord;  4*=  partie,  rivières  de  la  Tamise  et 
du  Medivay  et  cotes  de  la  mer  du  Nord  de  Calais  à  Skaw.  Londres,  i863; 
1  vol.  in-8". 

The  Adrialic...  Le  Pilote  de  l' Adriatique ,  d'après  les  travaux  de  Campana, 
Visconti  etSmylh  et  le  Portulan  de  Marieni.  Londres,  1861  ;  i  vol.  in-8°. 

The  West  India...  Le  Pilote  des  Lndes  occidentales  [mer  des  Antilles); 
vol.  I",  du  cap  Nord  de  l'Amazone  au  cap  Sable  de  la  Floride,  avec  les  îles  en 
face.  Londres,  1861;  vol.  in-8°. 

70.. 


(  52/s  ) 
The  gulf.  •  -   Le  l'ilote  du  golfe  de  Siam;  par  J.  RiCHARDS  ;  2®  édition.  Lon- 
dres, i863;  br.  in-8°. 

The  Guernesey...  Le  Pilote  de  l'île  de  Guernesej...  Londres,   i863;  br. 
in-8^ 

The  Admirahy  List...  Liste  de  V Amirauté ,  corrigée  jusqu'en  janvier  i8G3 
pour  les  phares  des  régions  suivantes  :  Iles-Britanniques  ;  —  Cotes  nord  et  ouest 
de  France,  d'Espagne  et  de  Portugal-  —  Méditerranée,  mer  Noire  et  mer 
d'Jzof;  —  Mer  du  Nord  [Belgique,  Hollande,  Danemark  et  Norvège),  Bal- 
tique et  mer  Blanche  ;  —  Côtes  et  lacs  de  l' Amérique  du  Nord  [possessions  bri- 
tanniques); —  Amérique  du  Sud  et  Côte  ouest  de  l'Amérique  septentrionale  ;  — 
Antdles  et  côtes  adjacentes;  —  Etats-Unis;  —  Côtes  ouest  et  sud  de  V Afrique;  — 
Afrique  australe,  Indes  orientales,  Chine,  Australie  et  Nouvelle-Zélande. 
Jjondres,  1 863  ;  9  brochures  in-8°. 

Tide  Tables. . .  Tahlesdes  marées  pour  les  ports  de  la  Grande-Bretagne  et  F  Ir- 
lande pour  l'année  iSG'i.  Londres,  1862;  in-8''. 

Tables...  Tables  des  azimuts  du  Soleil,  depuis  son  leverjusquà  10  heures  du 
nuilin  et  depuis  2  heures  jusquà  son  coucher,  pour  les  parallèles  de  49  et  5o  de- 
grés de  latitude  nord;  par  J.  BuKDWOOD.  —  Tables  semblables  pour  les  paral- 
lèles 5o-52;  par  le  même.  Londres,  1862  ;  2  br.  in-8°. 

General...  Instructions  générales  pour  les  relevés  hydrographiques  exécutés 
j)ar  ordre  de  l'Amirauté.  Londres,  1862;  br.  in-S". 

Practical...  Règles  pratiques  pour  évaluer  les  déviations  du  compas  causées 
par  le  fer  d'un  vaisseau.  Londres,  18G2;  br.  in-8°. 

Admiralty...  Catalogue  des  cartes,  plans,  vues  et  instructions  nautiques; 
publiés  par  l'Amirauté,  édité  et  revu  par  Edw.  Dunsterville,  commandant 
de  la  Marine  royale.  Londres,  1862;  vol.  in-8°.  Quatre-vingt-huit  cartes, 
plans,  vues  publiés  par  l'Amirauté  Britannique  pendant  les  années  1861-G2. 

The  Canadian...  Le  Naturaliste  et  Géologue  canadien;  Comptes  rendus  des 
travaux  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Montréal;  vol.  YIII,  n°*  i,  2  et  3: 
3  br.  in-8". 

Arzneigebrauch...  De  la  pratique  et  de  la  méthode  du  D'^  Schroth;  par 
C.  M^iTTMACK.  Hambourg,  i8G3;  br.  in- 12.  (Plusieurs  exemplaires.) 


{  525  ) 

Meiiiorie...  Mémoives  de  C Académie  royale  des  Sciences  de  Turin;  2'  série, 
t.  XX.  Turin,  i863;  vol.  in-4''. 

Société  royale  de  Naples;  Compte  rendu  de  i Académie  des  Sciences  phy- 
siques et  mathématiques  ;  3'' année,  iasc.  8;  août  i863.  Naples,  i863;  br. 
in-4". 


PUBLICATIONS      PÉltlODlQUES     REÇUES      PAR     l'aCADÉMIE     PENDANT 
LE    MOIS    d'août    1863. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences;  1*''  se- 
mestre i863,  11°  26,  et  1"  semestre,  n"'  5  à  9  ;  in-4°. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BOUSSINGAULT,  Regnault  ;  avec  une  Revue  des  travaux  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique publiés  à  tétranger,  par  MM.  WuRTZ  et  Verdet  ;  3"  série,  t.  LXVIII, 
juillet  i863;  in-8°. 

Annales  de  r Agriculture  française  ;  5"  série,  t.  XXII,  n°*  1  et  2  ;  in-8". 
Annales  forestières  et  métallurgiques;  22"  année,  t.  II,  juillet  i863;  in-S". 
Annales  de  la  Société  d hydrologie  médicale  de  Paris;  comptes  rendus  des 
séances;  t.  IX,  12*  livraison  ;  in-8". 

Atti  délia  Società  italiana  di  Scienze  naturali ;  fasc.  3  (f.   8   à  11).  Milan; 
in-S". 

Atti  delVimp.  reg.  Instituto   Veneto    di  Scienze,   Lettere   ed  Arti ;  t.  IX, 
5*^  et  6"  livr.  Venise,  in-8°. 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse  ;  t.  XVI,  n"'  66  et  67.  Genève;  in-8''. 
Bulletin  de  l' Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXVIII,  n°*  20  et  21; 
in-S". 

Bulletin  de  V Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique  ;  2"  série,  t.  VI,  n°  6  ; 
in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture  de  France; 
2«  série,  t.  XVIII,  n°  8;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'industrie  nationale,  rédigé  par 
MM.  Combes  et  Peligot;  2"=  série,  t.  X,  juin  i863;  in-4°. 


(  526  ) 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  9*  année,  juillet  i863; 
in-8°. 

Bulletin  des  travaux  de  la  Société  impériale  de  Médecine  de  Marseille;  "]"  an- 
née; n°3,  juillet  i863;  in-B". 

Bulletin  de  la  Société  d^ acclimatation  et  d' Histoire  naturelle  de  Vile  de  la 
Réunion;  t.  I,  n°  3;  juillet  i863.  Saint-Denis  (Réunion)  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris;  t.  IV;  1'*  fasc,  janvier  à 
mars  i863  ;  in-B". 

Bullettino  meteorologico  dell'  Observatorio  del  Collegio   romano;  vol.   II, 
11"  i3.  Rome;  in-4°. 

Bullettino  dell'  Associazione  nazionale  Italiana  di  mutuo  soccorso  degli  scien- 
ziati  letterati  edartisti;  If  livr.  Naples;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  1 2^  année,  t.  XXIII,  n*"  5  à  9  ;  in-B". 

Catalogue  des  Brevets  d'invention  ;  année  iB63,  n°  1  ;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  36*^  année,  n°'  89a  loi  ;  in-8°. 

Gazette  médicale  de  Paris;  33*  année,  t.  XVIII,  n°'  3i  à  35  ;  in-4°. 

Gaz-ette  médicale  d'Orient;  6*  année,  juillet  i8G3  ;  in-4°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  ;  27*  année,  iB63,  n°*  i5  et  16;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  t.  IX,  4*  série, 
août  i863;in-8°. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  t.  IX,  juillet 
i863;  in-8^ 

Journal  de  Pharmacie  et  de   Chimie;  22*  année,    t.    XLI,   août    i863; 
in-8°. 

Journal  des  Vétérinaires  du  Midi;  26*  année,  t.  VI,   août  i863;  in-S". 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  icf  année,  n°*  ai 
à  24  ;  in-8". 

Journal  de   Mathématiques  pures  et  appliquées;  mai  et  juin  i863;  in -4°. 
Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  t.  I,  aoiit  i863;  in-B". 

Journal  desjabricants  de  sucre;  4^  année,  n°*  17  à  20;  10-4°. 


(  5^7  ) 

L'Abeille  médicale;  20"  année,  n*"  3i  à  35;  in-4°. 

L'Agriculteur  praticien;  3"  série,  t.  IV,  n"'  ig,  20  et  ai  ;  in-S". 

LArt  médical;  9"  année,  t.  XVII,  août  i863;  in-S". 

L'Art  dentaire;  7*  année,  nouvelle  série;  juillet   i863;  in-4''. 

La  Culture;  5*  année,  t.  V,  n°'  3  et  4;  in-8°. 

La  Lumière;  13"  année,  n"'  i4  et  i5;  in-4°. 

La  Médecine  contemporaine;  5®  année,  n°'  14  et  i5;  in-4". 

La  Science  pittoresque  ;  8*  année;  n°'  i4  à  18;  in-4°. 

La  Science  pour  tous;  8^  année  ;  n°'  35  à  3g  ;  in-4°. 

Le  Gaz;  7*  année,  n"  6;  in-4''- 

Le  Moniteur  de  la  Photographie  ;  3"  année,  n"*  10  et  11  ;  in-4°. 

Le  Technologiste ;  24*  année,  août  i863;in-8°. 

Leopoldina. . .  Organe  officiel  de  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature, 
publié  par  son  Président  le  D'  C.-Gust.  Carus;  n°  4»  juillet  i863;  in-4°. 

Les  Mondes.  .  .  Revue  hebdomadaire  des  Sciences  et  de  leurs  applications  aux 
Arts  età  l'Industrie;  i'^  année,  t.  I,  livr.  25,  et  t.  II,  livr.  i  à  4;  in-8°. 

Magasin  pittoresque;  3i"  année  ;  août  i863;  in-4°. 

Montpellier  médical  :  Journal  mensuel  de  Médecine;  6'  année,  t.  X;  août 
i863;  in-S". 

Monthly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d' Astronomie  de  Londres; 
vol.  XXIII,  n''8;  in- 12. 

Nachrichten...  Nouvelles  de  l'Université  de Gœttingue;  i863,  n"  16;  in-12. 

Nouvelles  Annales   de  Mathématiques;    2*  série;   août  i863;in-8°. 

Presse  scientifique  des  Deux  Mondes;  année  i863,  t.  I",  n°'  lôet  16;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  10^  année;  t.  XX,  août  i863;  in-8°. 

Revista  de  obras  publicas;  t.  XI,  n°'  i5  et  16.  Madrid;  in-4''. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale;  3o*  année,  n°*  i5  et  16;  in-b". 

Revue  maritime  et  coloniale;  t.  VII,  août  i863;  in-8°. 

Revue  viticole ;  5*  année;  n°  5,  juin  i863;  in-8°. 


I  iiy  iii 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  21  SEPTEMBRE  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  MORIN. 


MÉMOIRES  ET  COMMUINICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —M.  Mathieu  présente  à  l'Académie,  de  la  part  du  Bureau 
des  Longitudes,  la  Connaissance  des  Temps  pour  l'année  i865. 

Il  entre  ensuite  dans  quelques  détails  sur  l'état  actuel  de  cette  éphémé- 
ride. 

«  Le  Bureau  des  Longitudes  désirait  depuis  plusieurs  années  donner  plus 
de  développement  à  la  Connaissance  des  Temps,  afin  d'en  rendre  l'usage 
encore  plus  commode  pour  les  astronomes  et  les  marins.  Mais  des  diffi- 
cultés indépendantes  de  sa  volonté  l'avaient  forcé  d'ajourner  ses  projets  : 
aussitôt  que  ces  difficultés  ont  été  aplanies  par  une  auguste  intervention, 
il  s'est  empressé  de  profiter  des  ressources  mises  à  sa  disposition  pour 
réaliser  les  améliorations  qu'il  avait  conçues. 

«  Aux  éphémérides  ordinaires  du  Soleil,  présentées  sous  une  forme  mieux 
appropriée  aux  exigences  pratiques  du  calcul,  on  a  ajouté  les  coordonnées 
rectilignes  du  Soleil  rapportées  au  plan  de  l'équateur.  Les  éphémérides  de 
la  Lune  ont  été  entièrement  remaniées  et  considérablement  augmentées. 
Les  ascensions  droites  et  les  déclinaisons  de  cet  astre  sont  données  tous  les 
jours  d'heure  en  heure  au  lieu  de  douze  heures  en  douze  heures.  Cette  impor- 
tante addition  est  très-précieuse  pour  les  marins  :  elle  simpUfie  beaucoup 

G.  R.,  i8G3,  2™=  Semestre   (T.  LVll,  N"  12.)  7' 


(  53o  j 
les  calculs  qu'ils  ont  à  foire  à  la  mer,  et  aujourd'hui  ils  peuvent  se  servir 
avec  une  égale  facilité  des  épliémérides  du  Soleil  et  de  la  Lune. 

»  Les  positions  des  planètes,  qui  n'étaient  données  qu'à  la  minute  et  à 
plusieurs  jours  d'intervalle,  se  trouvent  maintenant  à  la  seconde  et  fraction 
de  seconde  tous  les  jours  pour  Mercure,  Vénus,  Mars,  Jupiter,  Saturne,  et 
de  quatre  en  quatre  jours  pour  Uranus  et  Neptinie.  Les  astronomes  trouvent 
donc  dans  la  Connaissance  des  Temps  les  éléments  indispensables  pour  effec- 
tuer la  comparaison  de  leurs  observations  aux  Tables  astronomiques.  Aux 
positions  apparentes  d'un  très-grand  nombie  d'étoiles  à  l'instant  de  leur 
passage  au  méridien  de  Paris,  on  a  joint  des  Tables  où  l'on  trouve  pour 
chaque  jour  certaines  quantités  qui  servent  à  transformer  la  position 
moyenne  d'une  étoile,  prise  dans  un  catalogue,  en  position  apparente  dans 
le  ciel. 

»  La  disposition  adoptée  pour  les  distances  lunaires  est  plus  commode 
qu'anciennement  :  elle  facilite  singulièrement  les  calculs  d'interpolation 
que  les  marins  doivent  faire  lorsqu'ils  cherchent  l'heure  de  Paris  qui  cor- 
respond à  une  dislance  lunaire  observée. 

»  Le  chapitre  des  phénomènes  a  été  entièrement  refondu.  Les  éclip.ses 
de  Soleil  sont  données  avec  tous  les  détails  nécessaires  :  des  cartes  font 
connaître  pour  chaque  éclipse  la  marche  de  l'ombre  de  la  Lune  sur  la  sur- 
face de  la  Terre  et  indiquent  immédiatement  pour  chaque  pays  la  phase  qui 
peut  être  observée.  Les  données  relatives  aux  occultations  des  étoiles  sont 
présentées  sous  une  forme  qui  permet  au  voyageur  de  reconnaître  si  telle 
ou  telle  occultation  peut  être  observée  sous  la  latitude  du  lieu  qu'il  occupe 
sur  le  globe,  et  de  calculer  en  peu  de  temps  toutes  les  circonstances  de 
l'occultation  qu'il  se  propose  d'observer. 

»  Tels  sont,  en  résumé,  les  perfectionnements  apportés  par  le  Bureau 
des  Longitudes  à  la  Connaissance  des  Temps.  On  se  rendra  compte  de  l'ac- 
croissement de  travail  qui  en  est  résulté,  quand  on  saura  que  le  nombre  des 
feuilles  dont  se  composait  l'ancienne  Connaissance  des  Temps  aurait  été  porté 
de  vingt-quatre  à  trente-six  feuilles  par  suite  des  améliorations  introduites 
dans  la  rédaction  de  cet  ouvrage.  Le  travail  a  donc  été  augmenté  d'au  moins 
moitié.  Si  le  volume  actuel  ne  paraît  pas  plus  gros  que  les  anciens,  c'est  que 
les  types  ont  été  changés,  agrandis,  et  que  les  pages  contiennent  aujourd'hui 
un  plus  grand  nombre  de  chiffres  qu'autrefois.  Ce  surcroît  considérable 
de  tiavail,  les  nombreux  remaniements  qui  ont  été  faits  à  l'imprimerie,  ont 
dû  naturellement  apporter  du  retard  dans  la  publication  de  la  Connaissance 


(  53.  ) 
des  Temps.  Mais  maintenant  que  les  formes  des  feuilles  sont  établies  et  con- 
servées à  l'imprimerie,  la  publication  marche  rapidement  :  les  deux  derniers 
volumes  ont  paru  en  moins  de  deux  ans,  ce  qui  est  sans  exemple.  L'impres- 
sion est  commencée  pour  le  volume  de  1866,  qui  paraîtra  vers  le  milieu  de 
l'année  prochaine,  et  qui  sera  suivi  de  bien  près  par  le  volume  de  l'année 
1867. 

»  Les  dernières  ressources  mises  si  libéralement  à  la  disposition  du 
Bureau  des  Longitudes  ont  permis,  non-seulement  de  subvenir  aux  nou- 
veaux frais  d'impression,  mais  encore  d'abaisser  notablement  le  prix  de  la 
Connaissance  des  Temps.  » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  les  étoiles,  filantes,    leur  théorie  et  l'observation  de  ces 

phénomènes;  par  M.  Faye. 

«  Dans  la  Lettre  dont  j'ai  lu  des  extraits  à  la  dernière  séance,  le  D''  Heis 
se  plaint  du  peu  d'intérêt  que  rencontre  en  France  l'étude  des  étoiles  filantes. 
Le  reproche  est  fondé,  je  l'avoue,  mais  l'indifférence  du  public  français  est 
assez  bien  justifiée,  ce  me  semble,  par  les  nombreuses  déceptions  auxquelles 
cette  étude  a  conduit  jusqu'à  présent  les  astronomes  qui  s'en  sont  occupés. 
On  n'est  même  pas  arrivé  à  formuler  une  hypothèse  capable  de  s'adapter 
passablement  aux  principaux  faits;  quant  aux  mesures,  c'est  à  peine  si  l'on 
j)eut  donner  ce  nom  aux  déterminations  les  plus  indispensables,  celles  des 
distances  et  des  vitesses:  aussi  les  astronomes  se  sont-ils  résignés  à  rejeter 
les  distances  et  les  vitesses  pour  ne  considérer  que  les  directions,  dont 
l'étude  doit  tant  à  mon  savant  correspondant  de  Munster. 

»  Pour  répondre  autant  qu'il  est  en  moi  à  l'appel  amical  du  D'  Heis,  je 
vais  tâcher  de  compléter  les  hypothèses  les  plus  accréditées;  ensuite  j'indi- 
querai le  moyen  pratique  d'obtenu'  enfin  de  véritables  mesures  assez  pré- 
cises pour  servir  de  base  aux  recherches  futures  dont  la  théorie  nous  in- 
diquera la  nécessité. 

»  IjCs  deux  hypothèses  qui  ont  actuellement  cours  sont  celle  des  chi- 
mistes, car  les  chimistes  ont  ici  voix  délibérative,  et  celle  des  astronomes. 
Les  premiers,  du  moins  Berzelius  et  plusieurs  autres  savants  chimistes  avec 
lui,  considèrent  les  aérolithes  comme  des  satellites  de  la  Terre,  d'origine 
lunaire;  or  comme  les  étoiles  fdantes,  les  globes  filants,  les  boHdes  et  les 
aérolithes  sont  évidemment  des  phénomènes  connexes,  la  même  hypothèse 
doit  s'étendre  à  l'ensemble  de  ces  corps,  qu'on  se  représentera  comme  les 

71.. 


(  532  ) 
produits  des  diverses  déjections,  roches,  cendres  ou  fumées,  provenant  ori- 
ginaireoient  des  volcans  lunaires  aujourd'hui  éteints  (i).  Les  astronomes, 
Olbers,  Laplace  en  tète,  ont  longtemps  soutenu  cette  idée;  ils  y  ont  renoncé 
à  cause  des  vitesses  énormes  que  leur  donnait  l'observation.  Aujourd'hui 
les  astronomes  attribuent  tous  ces  phénomènes  à  des  anneaux  de  matière 
cosmique,  circulant,  non  plus  autour  de  la  Terre,  mais  autour  du  Soleil, 
anneaux  planétaires  dont  l'origine  se  rattacherait  à  l'hypothèse  cosmogo- 
nique  de  Laplace.  L'anneau  de  Saturne  serait  une  sorte  de  spécimen  de 
ces  anneaux,  et  pour  compléter  l'analogie,  il  suffirait  que  l'orbite  un  peu 
excentrique  de  l'une  des  lunes  de  Saturne  vînt  percer  le  plan  de  l'anneau 
dans  l'une  de  ses  régions,  et  passât  en  dehors  ou  en  dedans  de  l'anneau  dans 
la  région  ^opposée  :  ce  satellite-là,  suivant  une  remarque  de  M.  Chasles, 
aurait  des  étoiles  filantes. 

»  Si  on  compare  l'une  ou  l'autre  de  ces  hypothèses  avec  les  faits  géné- 
raux les  mieux  établis,  on  en  reconnaît  aussitôt  l'insuffisance.  Lesfaitsgéné- 
raux  dont  je  parle  sont  les  étoiles  sporadiques  qui  apparaissent  toute  l'année 
à  raison  de  dix  ou  onze  environ  par  heure,  dans  toutes  les  directions  ima- 
ginables, en  présentant  seulement  une  variation  horaire  bien  caractérisée  par 
les  travaux  de  MM.  Saigey  et  Coulvier-Gravier  ;  puis  les  étoiles  filantes  pé- 
riodiques (soumises  à  la  même  variation  horaire)  qui  apparaissent  par 
essaims  vers  les  9,  10  et  1 1  août,  avec  une  régularité  bien  remarquable,  de- 
puis i8/|2;  enfin  les  étoiles  périodiques  de  novembre,  dont  les  maxima  se 
déplacent  irrégulièrement  d'une  année  à  l'autre,  et  ont  même  entièrement 
disparu  aujourd'hui. 

»  Ainsi  un  phénomène  tout  à  fait  irrégulier,  mais  de  toutes  les  nuits;  un 
phénomène  d'une  régularité  parfaite  qui  revient  tous  les  ans  à  la  même 
époque;  puis  un  phénomène  intermédiaire,  dont  les  retours  changent  rapi- 
dement de  date  ou  même  de  mois,  et  qui  parfois  manque  entièrement,  voilà 
ce  que  j'appelle  les  faits  généraux  auxquels  toute  hypothèse  doit  s'adapter. 

»  J'ai  montré,  dans  la  dernière  séance,  en  rapprochant  im  maximum 
déterminé  en  1842  par  M.  Houzeau,  du  maximum  déduit  des  dernières 
observations  de  M.  le  D''  Heis,  le  degré  de  constance  de  l'apparition  d'août 


(i)  L'immense  majorité  des  étoiles  filantes  se  dissipent  clans  l'atmosphère  sans  pénétrer 
jiis(|u'aux  couches  inférieures.  Elles  sont  donc  dues  à  des  matières  d'une  consistance  très- 
faible;  elles  nediffèrent  pas  autrement  des  aérolithes,  dont  la  niasse  et  la  consistance  beaucoup 
plus  grande  leur  permet  d'atteindre  le  sol  avant  une  dissipation  coniplèie. 


(  533  ) 
dont  la  périodicité  a  été  signalée  pour  la  première  fois  par  M.  Quételet.  Il 
serait  facile  de  multiplier  ces  épreuves,  si  les  détails  des  observations  avaient 
été  publiés:  en  me  bornant,  pour  quelques  époques  intermédiaires,  1848, 
1849,  1 85o  et  i853,  aux  moyennes  horaires  de  M.  Coulvier-Gravier,  publiées 
d'année  en  année  dans  les  Comptes  retuliis,  je  trouve  (i)  : 

An  nioiïient  du  maximum. 

Longitudes      Pièces-        Longitudes 
de  la  Terre,      sions.     relatives  à  iï63. 

1842 3i7°55  +  17'  3i8!i2 

1848 317.49  +  12  3i8.    I 

1849 817.57  +  12  3i8.  9 

1850 3i8.   7  +   II  3r8.i8 

1833 317.44  -+-    6  3iB.   . 

1863 317.44  »  317.44 

»  Cette  régularité,  cette  constance,  qui  paraîtrait  encore  mieux  peut-être 
par  un  calcul  plus  complet,  m'a  engagé  à  consulter  les  apparitions  an- 
ciennes que  M.  Edouard  Biota  recueillies  dans  les  Annales  chinoises.  On  sait 
que  les  astronomes,  ou,  si  l'on  veut,  les  astrologues  chinois,  étaient  obligés 
de  noter  tous  les  phénomènes  célestes,  et,  qui  pis  est,  de  les  interpréter.  Ils 
n'ont  pas  manqué  de  noter  quelques-unes  des  plus  remarquables  appari- 
tions d'étoiles  filantes.  Pour  apprécier  ces  observations  qui  remontent  à  plus 
de  deux  mille  ans,  il  faut  se  rappeler  ce  qu'est  encore  aujourd'hui  le  phé- 
nomène d'août.  Chaque  année  le  nombre  des  étoiles  filantes  va  en  croissant 
à  partir  delà  fin  de  juillet;  mais  c'est  le  9,  le  10  et  le  1 1  août  qu'il  est  le  plus 
marqué.  Le  maximum  a  lieu  vers  le  10,  mais  tantôt  ce  maximum  est  très- 
marqué,  parce  que  le  nombre  des  météores  double  ou  triple  presque  subite- 
ment ce  jour-là;  tantôt  la  courbe  des  observations  présente  une  courbure 
plus  uniforme,  en  sorte  que  des  observateurs  non  prévenus,  ou  gênés  par 
des  nuages,  pourraient  prendre  le  9  ou  le  1 1  indifféremment  pour  la  date 
du  point  culminant  de  l'apparition.  Des  discordances  d'un  ou  deux  jours 
doivent  donc  être  considérées  comme  très-admissibles,  quand  il  s'agira 
d'observations  anciennes. 


(i)  J'ai  laissé  de  côté  les  observations  gènces  par  la  Lune  ou  le  mauvais  temps,  ainsi  que 
les  années  où  Fauteur  n'a  donné  que  des  moyennes  prises  de  trois  en  trois  jours.  Du  reste, 
je  ne  donne  ces  chiffres  qu'à  titre  de  premier  aperçu  :  les  époques  du  maximum  ont  été  obte- 
nues graphiquement.  Il  faudrait  connaître  les  nombres  horaires  eux-mêmes  et  non  des 
moyennes  relatives  à  minuit. 


(  534  ) 

»  En  outre,  si  l'on  peut  négliger  la  précession  pendant  le  cours  de  quel- 
ques années,  cela  ne  sera  plus  permis  dans  l'examen  des  siècles  antérieurs. 
Si  le  phénomène  du  lo  août  répond  à  un  même  point  de  l'orbite  terrestre, 
sa  date  devra  diminuer  d'un  jour  à  chaque  période  de  71,6  ans  comptée 
dans  le  passé,  eu  sorte  que  71G  ans,  par  exemple,  avant  l'époque  actuelle, 
le  phénomène  a  di!i  arriver  vers  le  3i  juillet. 

»  Eh  bien,  les  Annales  chinoises  citent  une  apparition  le  5  aoiit  i45i  : 
le  calcul  indique  le  4  aoijf.  Elles  mentionnent  d'autres  apparitions  analogues 
entre  le  u5  et  le  3o  aoîit  dans  les  années  924...,  9^3,  à  ime  époque  où  le 
maximum  a  dû  tomber  le  28,  et  d'autres  encore  de  820  a  84',  toujours 
du  25  au  3o,  alors  que  le  maximum  devait  coïncider  avec  le  27. 

»  Mais  pour  étendre  et  préciser  davantage  ces  curieux  rapprochements, 
passons  du  résumé  au  détail,  reportons-nous  à  la  Table  des  apparitions  pour 
lesquelles  les  textes  chinois  citent  un  nombre  considérable  d'étoiles  filantes 
[Mémoires  des  Savants  étrangers,  t.  X,  p.  352).  Voici  les  dates  juliennes  dé- 
duites, par  M.  E.  Biot,  des  Annales  chinoises;  à  côté  j'ai  inscrit  la  date  gré- 
gorienne correspondante,  et  dans  la  quatrième  colonne  la  date  grégorienne 
qui  répondait  alors  au  point  de  l'orbite  terrestre  où  se  passe  aujourd'hui  le 
phénomène  du  10  août  (1). 


Années. 

Date  jul 

licnne. 

Date  grégorienne. 

Date  répondant  au  lo  Aoûi  actuel. 

83o 

22  juillet 

26  j 

uillet 

27  juillet 

833 

23 

u 

27 

» 

27 

» 

835 

22 

» 

26 

» 

■^7 

»• 

841 

21 

" 

25 

» 

27 

i> 

924 

(    23 

» 

(  26 
'/  28 

j  28 

u 

925 

\    22 

1     23 

u 

1  '' 
\  28 

u 

28 

u 

926 

22 

); 

27 

" 

28 

» 

933 

(     20 
/     25 

u 

\     25 

\  3o 

,J 

,Us 

" 

i45i 

27 

l» 

5 

août 

4 

août 

[ I 863  29     »  10»  1 

)>   L'accord  des  deux  dernières  colonnes  est  h'appant. 


(i)  Il  n'y  a  qu'une  exception,  c'est  la  date  de  l'apparition  de  865;  mais  en  se  reportant 
au  texte  chinois  traduit  par  M.  Biot,  on  voit  aisément  qu'il  ne  s'agit  que  d'une  étoile  unique 
avec  sa  traînée,  et  non  de  l'apparition  d'un  nombre  considérable  d'étoiles  filantes. 


(  535  ) 

»  Ainsi,  avec  les  siècles,  le  phénomène  remonte  le  cours  des  dates  et 
avance  d'un  demi-mois  en  mille  ans,  précisément  comme  le  ferait  l'arrivée 
de  la  Terre  à  nn  point  fixe  de  l'écliptique.  La  seule  conclusion  que  l'on 
puisse  tirer  d'un  pareil  fait,  c'est  que  l'anneau  d'astéroïdes  vient  couper 
l'orbite  terrestre  par  un  point  sensiblement  invariable  qui  a  aujourd'hui 
pour  longitude  3i8  degrés,  et  que  les  choses  se  passent  ainsi  depuis  plus 
d'un  millier  d'années.  Les  variations  d'intensité  du  phénomène,  reconnues 
récemment,  n'offrent  d'ailleurs  aucune  difficulté.  En  admettant  vingt  ans, 
par  exemple,  pour  la  période  de  la  variation  d'intensité,  le  phénomène 
s'expliquerait  par  une  inégale  densité  de  l'anneau  combinée  avec  une  diffé- 
rence de  ^  entre  le  temps  de  sa  rotation  et  la  durée  de  l'année. 

))  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  du  phénomène  de  novembre  :  les  appa- 
ritions célèbres  de  1799  et  de  i833  ont  bien  eu  lieu  du  la  au  i3,  mais  les 
autres  ne  se  sont  guère  présentées  à  la  même  époque;  elles  arrivent  du 
26  octobre  au  16  novembre,  et  même  elles  ont  totalement  disparu  anjour- 
d'hui.  Il  paraît  donc  que  si  l'apparition  d'août  s'explique  très-simplement 
par  la  présence  d'un  anneau  de  météores  circulant  autour  du  Soleil  et  cou- 
pant l'orbite  de  la  Terre  vers  l'un  de  ses  noeuds,  celle  de  novembre  est  un 
phénomène  beaucoup  plus  complexe.  Enfin  les  étoiles  sporadiques  qui 
apparaissent  chaque  nuit  dans  toutes  l^s  directions,  constituent  à  leur  tour 
lui  troisième  phénomène  différent  des  deux  premiers. 

»  lime  semble  qu'on  donnerait  à  l'hypothèse  astronomique  l'extension 
nécessaire  pour  comprendre  ces  trois  grands  faits,  en  considérant  qu'à 
sou  passage  à  travers  l'anneau  du  mois  d'août  la  Terre,  ou  plutôt  la  pla- 
nète double  Terre  et  Lune,  ne  doit  pas  s'emparer  seulement  des  corpuscules 
qui  pénètrent  dans  son  atmosphère  et  qui  désormais  font  corps  avec  elle, 
mais  aussi  de  ceux  qui  passent  assez  près  d'elle  avec  une  vitesse  comprise 
entre  de  certaines  limites,  de  manière  à  devenir  de  véritables  satellites.  Ces 
satellites,  très-excentriques  pour  la  plupart,  rentrent  alors  dans  l'hypothèse 
de  Laplace  qui  en  attribuait  l'origine  aux  anciens  volcans  lunaires,  et  avec 
lesquels  il  pensait  expliquer  l'ensemble  du  phénomène.  A  ces  météores 
satellites  j'attribuerais  l'apparition  continue  des  étoiles  sporadiques  et  peut- 
être  même  une  influence  prépondérante  sur  le  phénomène  d'octobre  à 
novembre.  La  provision  actuelle  de  ces  satellites  finirait  par  s'épuiser  si  elle 
ne  se  renouvelait  chaque  fois,  vers  le  10  août,  aux  dépens  de  l'immense 
anneau  de  matière  cosmique  qui  circule  autour  du  Soleil.  C'est  ainsi  qu'on 
s'expliquerait,  par  exemple,   un   fait  bien   remarquable  :   l'apparition  de 


(  536  ) 
novembre  1837  fut  vue  en  Angleterre  avec  une  grande  splendeur,  comme 
une  véritable  pluie  de  météores,  tandis  qu'en  Prusse  on  ne  voyait  absolu- 
ment rien  dej)his,par  un  ciel  magnifique,  que  les  rares  étoiles  sporadiques 
d'une  nuit  ordinaire.  On  conçoit  qu'un  essaim  de  satellites  puisse  ainsi  se 
localiser,  mais  on  ne  le  comprendrait  guère  d'un  anneau  circulant  autour 
du  Soleil(i). 

»  Si  cette  idée,  qui  paraît  fondre  assez  heureusement  en  une  seule  les 
hvpothéses  antagonistes  des  chimistes  et  des  astronomes,  était  acceptée,  il  y 
aurait  lieu  de  rapporter  à  la  Terre  et  non  plus  au  Soleil  les  mouvements 
d'une  partie  de  ces  météores;  il  faudrait  distinguer  entre  les  flux  d'étoiles 
filantes  d'août  qui  intéressent  toute  la  Terre,  et  les  flux  moins  réguliers  des 
satellites  qui  n'intéresseraient  qu'une  fraction  de  la  surface  du  globe,  à  sa- 
voir la  plus  rapprochée  du  périgée  de  ces  météores.  Ceux-ci  subiraient  avec 
le  temps,  de  la  part  de  la  Lune  et  du  Soleil,  des  perturbations  considérables 
auxquelles  les  météores  solaires  échappent  naturellement.  Mais  pour  une 
pareille  étude,  il  ne  suffit  plus  de  compter  des  étoiles  filantes,  il  faut  en 
déterminer  la  direction,  la  distance,  la  vitesse,  et  nous  sommes  ainsi  con- 
duits à  aborder  la  seconde  partie  de  cette  Note,  c'est-à-dire  les  méthodes 
de  mesure. 

«  Ce  qui  a  décidé  les  astronomes  à  rejeter  absolument  l'hypothèse  des 
satellites  de  la  Terre,  c'est  l'énorme  vitesse  qu'ils  attribuent,  en  vertu  de 
leurs  mesures,  à  ces  essaims  de  météores.  On  a  trouvé,  en  effet,  des  vitesses 
variant  de  aS  à  1^5  kilomètres  par  seconde,  c'est-à-dire  plus  de  cinq  fois 
la  vitesse  de  la  Terre  dans  son  orbite. 

»  Mais  de  tels  résultats  sont  tout  simplement  impossibles,  même  dans 
l'hypothèse  d'anneaux  circumsolaires,  car  la  plus  grande  vitesse  absolue 
qu'un  corps  appartenant  à  notre  système  puisse  acquérir  sous  l'action  du 
Soleil  ne  saurait  dépasser,  dans  la  région  que  nous  parcourons,  f\5  kilo- 
mètres par  seconde.  11  y  a  plus,  la  vitesse  relative  d'astéroïdes  circulant 
autour  du  Soleil  d'im  mouvement  direct,  comme  la  Terre  elle-même,  et 
dans  des  orbites  assez  peu  inclinées  sur  l'écliptique,  ne  peut  être  que  la 

(i)  L'apparition  de  novembre  1799  n'a  élc  aperçue  qu'en  Amérique,  du  Groenland  à 
l'équateur;  celles  de  i83i  et  i832,  seulenfent  en  Europe;  celles  de  i834,  aux  Etats-Unis 
exclusivement.  On  ne  peut  donc  dire  qu'en  novembre  la  Terre  se  trouve  dans  un  anneau 
d'astéroïdes  circumsolaires  :  ce  phénomène  ainsi  limité  convient  mieux,  j'imagine,  à  un 
anneau  de  satellites. 


(587) 
différence  de  vitesses  absolues  à  peu  près  semblables  (sauf  les  effets  momen- 
tanés de  l'attraction  terrestre),  et  ne  doit  pas  dès  lors  dépasser  une  cer- 
taine fraction  de  celle  de  notre  globe,  fraction  encore  affaiblie  par  la  résis- 
tance de  Fair. 

»  Voyons  donc  comment  ces  vitesses  relatives  des  étoiles  filantes  ont  élé 
obtenues  et  le  crédit  qu'elles  méritent  en  elles-mêmes,  indépendamment  de 
l'impossibilité  théori(pie  qu'on  pent  leur-  objecter.  Pour  déterminer  une 
vitesse,  il  faut  mesurer  la  longueur  de  la  trajectoire  et  le  temps  employé  à 
la  parcourir.  La  première  opération  suppose  qu'on  ait  mesuré  la  distance 
du  mobile  à  l'observateur.  Commençons  donc  par  là. 

))  Quand  il  s'agit  de  mesurer  la  distance  d'un  point  inaccessible,  la  science 
ne  nous  offre  qu'un  seul  moyen,  c'est  de  prendre  une  base  de  longueur 
connue  et  de  mesurer  les  angles  à  la  base  du  triangle  dont  le  sommet  est  le 
point  observé.  Prenons,  pour  fixer  les  idées,  une  base  de  quelques  lieues 
pour  obtenir  une  distance  quadruple.  Si  nous  mesurons  les  angles  à  i  minute 
près,  nous  obtiendrons  la  distance  à  ■~^;  si  nous  les  mesurons  à  i  degré 
près,  nous  aurons  la  distance  à  ^  environ;  mais  si  nos  directions  sont  in- 
certaines de  plusieurs  degrés,  nous  ne  pourrons  plus  compter  sur  rien. 

))  Ce  dernier  cas  est  précisément  celui  où  se  trouvent  les  astronomes 
quand  il  s'agit  d'étoiles  filantes.  Ils  rencontrent  même  une  difficulté  de 
plus,  car,  dans  le  cas  habituel  de  l'arpentage,  le  plan  du  triangle  est  donné, 
en  sorte  que  les  rayons  visuels  se  coupent  du  moins   quelque  part,  tandis 
que,  dans  le  cas  des  étoiles  filantes,  le  plan  du  triangle  lui-même  n'est  pas 
donné,  et  les  directions  observées,  loin  de  se  rencontrer,  passent  générale- 
ment bien  loin  l'une  de  l'autre.  Il  suffit,  pour  le  comprendre,  de  se  rappeler 
comment  on  opère.  Chaque  observateur  (il  y  en  a  deux  qui  observent  simul- 
tanément aux  deux  extrémités  d'une  base  de  plusieurs  lieues)   opère  sans 
savoir  ce  que  fait  son  voisin  :  il  lui  faut  observer  dans  le  court  espace  d'une 
ou  deux  secondes  le  point  de  départ  et  le  point  d'extinction  de  chaque 
étoile  qui  file;  il  doit  rapporter  en  imagination  ces  points,  que  rien  ne  dis- 
tingue plus,  aux  étoiles  voisines  par  des  sortes  d'alignements,  puis  il  marque 
de  souvenir  ces  points  sur  une  carte  céleste.  Comment  pourrait-il  ne  pas 
se  tromper  le  plus  souvent  de  plusieurs  degrés?  S'agit-il  de  déduire  de  là  la 
vitesse?  il  faut  encore  tenir  compte  de  l'incertitude  du  temps  apprécié;  or 
ici  l'appréciation  d'une  durée  est  d'un  tout  autre  ordre  que  l'appréciation 
de  l'instant  d'un  simple  phénomène,  où  les  astronomes  exercés  obtien- 
nent des  résultats  si  étonnants  d'exactitude. 

C.  K.,  !8G3,  2""=  Semestre.  (T.  LVU,  N"  12.)  7^ 


(  538  ) 

»  Ainsi,  d'un  côté,  les  vitesses  obtenues  sont  impossibles;  d'autre  part, 
le  procédé  employé  pour  les  obtenir  n'offre  aucune  garantie  d'exactitude  : 
nous  sommes  donc  amené  à  rejeter  ces  vitesses  et  à  chercher  un  autre  sys- 
tème de  mesure  capable  de  fournir  enfin  les  résultats  dont  la  science  a  besoin. 

»  Le  système  que  je  propose  consiste  à  appliquer  les  instruments  de  me- 
sure, non  plus  aux  étoiles  filantes  elles-mêmes,  comme  on  a  tenté,  mais  en 
vain,  de  le  faire  en  Allemagne  (i),  mais  aux  traces  persistantes  qu'un  grand 
nombre  de  ces  météores  laissent  après  eux  dans  les  régions  élevées  de 
l'atmosphère.  Souvent  ces  traînées  de  poussière  ou  de  fumée  incandes- 
cente durent  assez,  comme  on  a  pu  le  voir  luiuli  dernier  par  la  Lettre  du 
D"^  Heis,  pour  laisser  à  deux  observateurs  le  temps  de  pointer  leurs  lu- 
nettes aux  deux  extrémités  de  la  trajectoire,  et  même  en  un  point  intermé- 
diaire. Ces  lunettes  étant  fixées,  on  en  relèvera  la  direction  à  l'aide  de 
cercles  d'ascension  droite  et  de  déclinaison,  ou  d'azimut  et  d'apozénith  fixés 
à  chacune  d'elles,  et  l'on  obtiendra  enfin  de  véritables  mesures  angulaires. 
Quant  aux  temps  d'apparition  et  de  disparition,  ils  doivent  être  enregistrés 
électriquement  en  chaque  station.  De  plus  un  fil  télégraphique  doit  unir 
les  deux  stations,  non  pas  pour  déterminer  leur  différence  de  longitude,  mais 
pour  permettre  aux  observateurs  de  s'avertir  mutuellement.  Les  traînées 
d'étoiles  filantes  que  j'ai  moi-même  observées  à  Paris  à  l'aide  de  lunettes  de 
nuit  m'ont  paru  suscesptibles  d'un  pointé  suffisamment  exact,  lorsqu'elles 
(lurent  une  dizaine  de  secondes.  Si  les  astronomes  n'ont  jamais  eu  l'idée 
d'en  déterminer  la  position,  c'est  qu'ils  n'avaient  pas  sous  la  main  d'in- 
strument convenable,  susceptible  d'être  mû  avec  une  grande  rapidité  tout 
en  tournant  autour  de  certains  axes.  Les  traînées  que  le  D"^  Heis  mentionne 
dans  sa  Lettre  auraient  pu  être  presque  toutes  observées  ainsi. 

»  Ainsi,  en  chaque  station,  vers  l'époque  d'une  des  apparitions  exîraordi- 
naires  qui  reviennent  chaque  année,  je  placerais  deux  observateurs;  je  les 
voudrais  munir  chacun  d'une  lunette  montée  parallactiquement,  à  mou- 
vements très-faciles,  d'une  touche  électrique  correspondant  à  un  appareil 
d'enregistrement,  et  servant  à  donner  un  signal  à  l'autre  station.  Dans  ce 
système,  l'observateur  n'aurait  plus  à  noter  avec  précipitation,  à  l'aide  des 
étoiles  fixes,  les  points  où  l'étoile  filante  apparaît  et  s'évanouit,  puis  à  re- 
porter ces  points  sur  une  carte  céleste  en  ajoutant  une  nouvelle  erreur  à 
celle  de  la  première  estime.  Ces  appréciations  vagues,  dont  tout  le  monde 

'i)   A  l'aide  du  l'ingénieux  mr'téoroscnpe  en  bois  de  M.  de  Littrow. 


(  539) 
comprend  la  difficulté,  seraient  remplacées  enfin  par  des  mesures  effectives. 

0  Mais  il  ne  suffit  pas  de  déterminer  la  hauteur,  la  direction,  la  vitesse 
d'un  certain  nombre  d'étoiles  filantes;  il  reste  toute  luie  série  d'observa- 
tions d'un  autre  genr«,'  à  poursuivre,  celle  qui  nous  a  donné  nos  premiers  et 
nos  plus  sûrs  résultais  :  je  veux  parler  du  nombre  des  étoiles  filantes  qui 
apparaissent  jour  par  jour  sur  un  horizon  donné.  Pour  cela  il  n'y  a  guère 
d  antre  marche  à  suivre  que  celle  de  M.  Coulvier-Gravier,  mais  il  serait 
utile,  à  mon  avis,  d'établir  nn  centre  analogue  d'observations  continues  et 
régulières  dans  d'autres  régions  du  globe  terrestre  plus  favorablement  situées 
que  notre  zone  tempérée.  Au  Mexique,  par  exemple,  ou  au  Pérou,  tout  con- 
courrait à  assurer  le  succès  d'un  établissement  pareil  :  l'altitude,  qui  place 
l'observateur  au-dessus  de  la  couche  la  plus  opaque  de  l'atmosphère,  la 
sérénité  du  ciel,  l'égale  longueiir  des  nuits,  la  simplicité  des  lois  de  l'illumina- 
tion atmosphérique.  «  Pour  l'objet  qui  nous  occupe,  ditM.de  Humboldt(i), 
»  et  en  général  pour  toute  la  météorologie,  il  faut  ajourner  nos  espérances 
»  jusqu'au  moment  où  la  culture  scientifique  sesera  définitivement  répandue 
»  sur  la  zone  équinoxiale  de  l'Amérique  espagnole,  dans  ces  contrées  où  il 
»  existe  vers  3ooo  et  4ooo  mètres  d'élévation  des  villes  grandes  et  popu- 
I)  leuses,  »  Aujourd'hui  ce  vœu,  si  hasardé  qu'il  pût  paraître  à  M.  de  Hum- 
boldt,  est  à  la  veille  d'être  exaucé  :  signalons  au  Mexique  qui  se  réorganise 
les  services  qu'il  rendrait  à  la  science  et  à  la  civilisation  par  l'établissement 
d'observatoires  météorologiques,  car  au  Mexique  et  au  Pérou,  je  le  répète 
après  M.  de  Humboldt,  sont  les  plus  belles,  les  plus  importantes  stations 
scientifiques  du  globe  entier. 

»  Je  n'hésite  donc  pas  à  demander  que  notre  pays  réponde  dans  une 
certaine  mesure  à  l'appel  du  D'  Heis  :  s'il  est  un  sujet  digne  de  l'ardeur  des 
hommes  de  science,  c'est  assurément  ce  mystère  des  étoiles  filantes  qui 
défie  nos  astronomes  d'aujourd'hui  comme  il  tourmentait,  il  y  a  deux  mille 
ans,  les  astronomes  chinois  ;  qui  tient,  à  la  fois,  à  l'Astronomie  par  ses 
causes  premières,  à  la  Météorologie  par  ses  relations  avec  l'atmosphère,  à 
la  Chimie  par  lexteusion  ultraterrestre  des  lois  intimes  de  la  matière,  à  la 
Physique  enfin  par  la  plus  brillante  application  de  nos  idées  actuelles  sur 
la  production  mécanique  de  la  chaleur  et  de  la  himière.   » 


(i)  M.  de  Humboldt  parlait  de  la  lumière  zodiacale,  mais  ses  paroles  s'appliquent  aussi 
bien  aux  éloiles  filautes. 

72.. 


(  54o  ) 

ANATOMlE  COMPARÉE.  —  Recherches  sur  quelques  points  de  l'organisation  du 
Lepidosireii  annectens;  description  du  cerveau  (première  Note);  par 
M.  Serres. 

((  Dans  la  classification  méthodique  du  règne  animal,  les  animaux  qui  se 
trouvent  aux  limites,  soit  des  embranchements,  soit  des  classes,  sont  ceux 
qui  offrent  le  plus  d'intérêt  aux  anatomistes  et  aux  zoologistes.  Leur  orga- 
nisme présentant  des  caractères  mixtes  et  empiétant  sur  les  deux  classes  ou 
les  deux  embranchements,  il  en  résulte  une  anomalie  dans  leur  structure 
qui  rend  difficile  leur  véritable  classement. 

»  Le  singulier  genre  d'animaux  décrit,  en  nSSy,  par  MM.  Fitzinger  et 
Natterer  sous  le  nom  de  Lepidosiren  est  dans  ce  cas.  L'organisation  de  ces 
animaux  n'est  ni  franchement  erpétique,  ni  franchement  ichthyologique; 
elle  participe  à  la  fois  de  celle  de  ces  deux  classes.  Ce  mélange  du  type 
ichdiyologique  et  du  type  erpétologique  est  même  si  complet,  que  des  deux 
zoologistes  qui  les  premiers  ont  bien  étudié  la  structure  des  Lepidosiren, 
l'un,  M.  Owen,  les  range  parmi  les  Poissons,  l'autre,  M.  Bischoff,  les  classe 
parmi  les  Reptiles,  et  les  caractères  sur  lesquels  chacun  d'eux  se  fonde  pour 
leur  assigner  cette  position  contradictoire,  montrent,  en  effet,  que  ces  ani- 
maux ne  sont  ni  Reptiles  ni  Poissons,  si  on  leur  applique  rigoureusement  les 
signes  caractéristiques  de  ces  deux  classes. 

»  Quoique,  dans  sa  monographie  sur  l'organisation  du  Lepidosiren  para- 
doxa,  publiée  en  1 845,  M.  Hyrlt  se  prononce  définitivement  pour  leur  nature 
ichthyologique,  toutefois  la  valeur  des  caractères  sur  lesquels  il  se  fonde  ne 
nous  paraît  pas  assez  décisive  pour  entraîner  la  conviction  des  zoologistes. 

a  Dans  l'ordre  zoogénique,  les  Lépidosirens  seraient-ils  des  Reptiles 
amphibiens  arrêtés  dans  leur  développement,  et  cet  arrêt,  portant  plus  par- 
ticulièrement sur  les  membres  réduits  à  l'état  rudimentaire,  les  maintiea- 
drait-il  forcément  dans  leurs  habitudes  ichthyologiques  ?  Nous  examinerons 
plus  tard  ces  diverses  questions,  présentement  nous  allons  consacrer  cette 
première  Note  à  la  description  de  l'encéphale  du  Lepidosiren  annectens. 

»  Dans  son  travail  sur  le  Lepidosiren  paradoxa,  la  conservation  du 
squelette  et  des  autres  organes  n'a  pas  permis  à  M.  Bischoff  de  disséquer  le 
cerveau  ;  M.  Hyrlt,  qui  a  fait  une  description  si  précise  des  nerfs  de  la  tète, 
n'a  pu  en  donner  qu'une  notion  incomplète  à  cause  du  mauvais  état  de  con- 
servation de  cet  organe  chez  le  sujet  soumis  à  son  exameti.  Chez  le  Lepido- 
siren annectens,  M.  R.  Owen  a  donné  de  son  ensemble  une  description 
abrégée,  exacte  et  conforme  aux  déterminations  que  nous  avons  établies  des 


(  54i  ) 

éléments  de  rencéphale  chez  les  Reptiles  et  les  Poissons.  Ayant  rern  der- 
nièrement de  M.  Albert  Geoffroy  Sainf-Hilaire  deux  fœtns  à  terme  de  Lt'iJt- 
dosiren  annectem  (i),  j'ai  pensé  qu'il  serait  d'autant  plus  utile  de  déterminer 


(i)  Voici  une  Note  sur  les  mœurs  Uu  Lepidosiren  annectens  que  je  reçois  à  l'instant  de 
M.  Albert  Geoffroy  Sainl-Hilaire  : 

«  Je  m'empresse  de  satisfaire  au  désir  que  vous  m'avez  exprimé  de  connaître  la  façon 
dont  j'ai  fait  éclore  les  cocons  des  Lepidosiren  annectens  que  j'ai  eus  entre  les  mains. 

»  Le  7  mai  de  cette  année,  je  reçus  de  la  rivière  de  Gambie,  par  l'intermédiaire  d'un 
correspondant  anglais,  quatre  cocons  de  ces  curieux  Batraciens-Poissons. 

1)  Ils  étaient  places  dans  des  mottes  de  terre  très-argileuse  et  entièrement  sèche  ;  la  partie 
plate  du  cocon,  celle  qui  porte  l'ouverture  qui  donne  accès  à  l'air,  se  trouvait  en  dessus  et 
était  tellement  desséchée,  qu'elle  rendait  un  son  sec  lorsqu'elle  était  pressée. 

»  Je  crus  ne  recevoir  que  des  animaux  morts;  cependant  je  les  plaçai  dans  l'eau,  et,  deux 
jours  après,  mes  quatre  Lépidosirens  sortirent  de  leurs  enveloppes  et  se  mirent  à  serpenter 
dans  l'eau.  Mais  je  les  perdis,  car  je  les  avais  placés  dans  une  eau  trop  profonde,  je  leur  avais 
fourni  trop  peu  de  terre,  et  surtout  je  les  avais  trop  brusquement  inondés. 

«  Ayant  échoué,  je  voulus  recommencer  mon  essai,  et  j'eus  la  bonne  fortune  de  recevoir 
le  i4  juillet  dernier  deux  nouveaux  cocons. 

»  Je  pensai  que  les  Lépidosirens  déposaient  leurs  œufs  lors  d'une  crue  du  fleuve  dans  des 
vases  submergées  qui  se  découvraient  et  se  desséchaient  quand  l'eau  se  retirait,  et  que  ce 
n'était  qu'à  la  crue  suivante  que  les  jeunes  animaux  pouvaient  gagner  le  fleuve. 

»  J'esayai  de  reproduire  l'inondation  qui  devait  permettre  à  mes  animaux  de  sortir  de 
leurs  enveloppes  :  pour  cela,  j'entourai  les  blocs  de  terre  qui  les  contenaient  de  boue  argi- 
leuse, et  je  les  plaçai  dans  une  sorte  d'aquarium  en  verre.  J'y  versai  chaque  jour  un  peu 
d'eau,  de  façon  à  rendre  humide  toute  la  niasse  de  terre  sèche.  Je  remarquai  bientôt  que  la 
partie  supérieure  des  cocons  devenait  plus  souple,  qu'elle  se  détendait. 

»  Enfin,  quand  l'eau  fut  presque  au  niveau  du  dessus  des  cocons,  les  Lépidosirens  déchi- 
rèrent leurs  enveloppes.  L'un  d'eux  se  plongea  dans  la  vase  du  bac,  ne  laissant  passer  que 
l'extrémité  de  sa  tète  dans  l'eau  qui  recouvrait  la  terre;  l'autre  resta  plus  de  quinze  jours 
dans  son  cocon  déchii'é,  nous  donnant  fréquemment  occasion  d'observer  son  cri,  si  toute- 
fois le  bruit  produit  par  l'animal  n'est  un  bruit  purement  mécanique,  résultat  du  brusque 
retrait  du  Lepidosiren  dans  son  trou. 

»  La  position  que  les  animaux  occupent  le  plus  souvent  est  en  V,  la  queue  et  la  tète 
sortant  de  la  terre.  Le  Lepidosiren  de  temps  à  autre  se  projette  verticalement  hors  de  son 
trou  pour  venir  respirer  à  la  surface  ;  aussitôt  qu'il  a  chassé  l'air  contenu  dans  son  appareil 
respiratoire,  il  prend  une  nouvelle  provision  d'air  et  se  replace  dans  l'antre  qu'il  s'est  creusé 
dans  la  glaise,  comme  le  ferait  un  ver.  Il  semblerait,  d'après  cela,  que  ses  branchies  ne  lui 
permissent  pas  de  respirer  suffisamment. 

»  Après  avoir  longtemps  cherché  à  leur  faire  manger  des  vers  de  terre,  des  larves  d'in- 
sectes, sans  avoir  réussi,  je  me  suis  décidé  à  leur  offrir  de  jeunes  poissons  qu'ils  ont  manges 
avec  avidité. 

»  Mes  Lépidosirens  ont  grandi  déjà  de  0", 06,  ils  ont  maintenant  o™, 82  à  o™, 35  de  lon- 
gueur, » 


(  540 
la  composition  et  la  structure  de  leur  encéphale  d'après  les  règles  qui 
m'ont  dirigé  dans  l'étude  de  cet  organe,  que  ce  genre  d'animaux,  servant  en 
quelque  sorte  de  trait  d'union  entre  la  classe  des  Reptiles  et  celle  des  Pois- 
sons, mérite  au  plus  haut  degré  tout  l'intérêt  qu'excitent  les  types  de  transi- 
tion parmi  les  êtres  organisés. 

»  Des  deux  individus  soumis  à  mon  examen,  l'un  mesurait  de  l'extrémité 
de  la  tête  à  l'extrémité  de  la  queue  o™,25,  l'autre  o™,a7.  Dans  la  descrip- 
tion de  l'encéphale,  je  désignerai  ce  dernier  par  la  lettre  A  et  le  premier  par 
la  lettre  B. 

»  Lorsqu'on  a  enlevé  la  voûte  du  crâne  et  mis  à  découvert  l'encéphale, 
l'ensemble  de  cet  organe  ressemble  plus  à  celui  des  Reptiles  pérennibran- 
ches  qu'à  celui  des  Poissons  osseux  et  cartilagineux  (Owen).  Il  se  compose, 
en  le  considérant  d'arrière  en  avant  :  i°  d'un  feuillet  membraneux  qui  re- 
couvre en  partie  le  quatrième  ventricule  et  constitue  le  cervelet;  2°  d'un 
lobule  unique  ovalaire  et  légèrement  aplati,  lequel  correspond  aux  lobes 
optiques  des  Reptiles  et  des  Poissons;  3"  d'un  petit  corps  blanchâtre 
et  presque  quadrilatère,  enchâssé  dans  l'écartement  postérieur  des  lobes 
ce'rébraux  :  c'est  la  glande  pinéale,  dont  le  volume  dépasse  beaucoup  celui 
qu'il  présente  chez  les  Poissons  osseux  et  cartilagineux  ainsi  que  chez  les 
Reptiles;  4"  d'une  paire  de  lobes  allongés,  elliptiques,  déprimés,  correspon- 
dant aux  hémisphères  cérébraux  ;  5°  d'un  pédoncule  grêle  qui  est  la  conti- 
nuation de  chaque  lobe  cérébral,  et  qui  se  prolonge  jusqu'au  cartilage  eth- 
moïdal  où  il  se  renfle  en  formant  un  ganglion  de  la  face  inférieure  duquel 
se  détache  un  pinceau  de  filets  nerveux  qui  se  répandent  sur  les  feuillets  de 
la  membrane  pituitaire  ou  nasale.  Ces  pédicules  sont  évidemment  les  nerfs 
olfactifs,  et  ce  renflement  ganglionnaire,  si  bien  représenté  par  M.  Hyrit,  est 
évidemment  aussi  le  lobule  olfactif. 

»  Afin  de  bien  faire  apprécier  la  disposition  et  les  connexions  de  ces 
diverses  parties  de  la  face  supérieure  de  l'encéphale,  nous  devons  en  re- 
prendre la  description. 

1.  En  haut  de  la  moelle  épinière,  à  la  terminaison  de  cette  dernière,  se 
ti-ouve  le  calamiis  scriptorius  formé  par  le  déplissement  de  ses  cordons  pos- 
térieurs et  donnant  naissance  aux  corps  restiformes  dont  la  réunion  en  bas 
forme  le  bec  du  cnlamus.  Partant  de  cette  réunion,  chaque  lèvre  du  corps 
restiforme,  épaisse,  diverge  en  s'élevant,  et,  après  un  trajet  de  a  à  3  milli- 
mètres, elle  forme  un  angle  saillant  en  dehors,  |)uis  elle  se  porte  en  haut  et 
dépasse  sur  les  côtés  la  partie  postérieure  des  lobes  optiques;  elle  se  replie 
ensuite  sur  elle-même,  se  dirige  en  bas  et  en  dedans  et  forme,  en  se  réunis- 


(  543  ) 
saut  à  ses  congénères,  une  lame  médullaire  qui  recouvre  le  haut  du  qua- 
trième ventricule  et  constitue  le  cervelet,  dont  la  forme  se  rapproche  beau- 
coup de  celle  de  l'Esturgeon  chez  les  Poissons,  chez  les  Reptiles  de  celle  du 
Ménopome. 

»  Sur  le  sujet  B,  le  cervelet  se  terminait  par  un  tubercule  arrondi;  chez 
les  deux,  il  ne  recouvrait  que  les  deux  tiers  supérieurs  du  quatrième  ven- 
tricule. 

»  De  la  disposition  des  cordons  restiformes,  il  résulte  que  le  quatrième 
ventricule  a  la  forme  d'un  losange  semblable  à  celui  de  la  Raie  ronce,  chez 
les  Poissons  cartilagineux  ;  il  en  résulte  également  un  angle  rentrant  par- 
tant du  point  de  réflexion  de  ces  cordons,  angle  dans  lequel  vient  se  loger 
la  partie  postérieure  du  lobe  optique, 

»  C'est  dans  cet  angle  que  devrait  se  trouver  l'origine  du  nerf  de  la  qua- 
trième paire;  je  l'ai  cherché  en  vain  chez  les  deux  individus,  et  cette  absence 
reproduit  chez  le  Lépidosiren  celle  que  j'ai  observée  chez  la  Taupe  parmi 
les  Mammifères. 

»  Le  lobe  optique  suit  immédiatement  le  cervelet;  il  est  ovalaire,  un  peu 
déprimé,  se  loge  en  arrière  comme  nous  venons  de  le  dire,  dans  l'angle 
rentrant  des  cordons  restiformes.  Le  lobe  optique  paraît  double  au  premier 
aspect;  celte  duplicité  apparente  est  produite  par  une  bandelette  blanchâtre 
servant  de  raphé  médian  au  lobe  et  le  divisant  en  deux  demi-lobes;  chaque 
demi-lobe  est  parsemé  de  points  noirs  de  la  pie-mère,  ce  qui  fait  ressortir  le 
blanc  mat  de  la  bandelette  qui  en  est  entièrement  dépourvue.  A.  ré[)oque 
où  l'on  considérait  les  lobes  optiques  des  Poissons  comme  les  analogues  des 
hémisphères  cérébraux  des  Mammifères,  cette  bandelette  médiane  eu  eût 
assez  exactement  représenté  le  corps  calleux,  ou  la  commissure  d'union  des 
deux  hémisphères.  La  bandelette  du  lobe  optique  chez  le  Lépidosiren  pro- 
duit ce  résultat,  elle  ramène  à  l'unité  les  deux  lobes  optiques  si  distincts 
chez  les  Reptiles,  et  surtout  chez  les  Poissons  osseux  et  cartilagineux. 

»  Au  haut  de  la  bandelette  se  trouve  un  sillon,  et  au  delà  le  bourrelet  ar- 
qué contre  lequel  s'adosse  la  glande  pinéale,  glande  pinéale  qui  devient 
ainsi,  d'après  le  principe  des  connexions,  le  signe  irrécusable  de  la 
détermination  du  lobe  optique  et  des  hémisphères  cérébraux.  Si  la  bande- 
lette se  prolongeait  sur  ce  bourrelet,  le  lobe  optique  serait  divisé  en  quatre 
parties  et  son  aspect  représenterait  alors  les  tubercules  quadrijumeaux  des 
Mammifères.  Ce  résultat  serait  plus  manifeste  encore  chez  le  Ménopome  et 
le  Ménobranche,  parce  que  le  sillon  optique  transverse,  descend  plus  bas  chez 
ces  Reptiles  pérennibranches  que  chez  le  Lépidosiren.  Au  reste,  ne  serait- 


{  544  ) 

ce  pas  alors  la  répétition  du  mécanisme  de  la  transformation  des  lobes  op- 
tiques de  l'embryon  de  l'Homme  et  des  Mammifères  en  tubercules  quadri- 
jumeaux,  mécanisme  que  nous  avons  exposé  avec  tant  de  détail  dans  notre 
ouvrage  sur  l'analomie  comparée  du  cerveau  ?  La  longuevu'  du  lobe  optique 
du  Lepidosiren  annectens  est  de  4  millimètres,  sa  largeur  de   2  millimètres, 

»  Revenons  à  la  glande  pinéale  :  elle  a  d'avant  en  arrière  i  millimètre 
et  demi  de  long,  et  transversalement  i  millimètre;  elle  est  logée,  comme 
nous  l'avons  dit,  dans  l'angle  de  l'écartement  postérieur  des  lobes  céré- 
braux; si  on  écarte  ces  lobes,  on  voit  son  pédicule,  dont  le  volume  égale 
presque  celui  du  ruban  olfactif,  se  porter  en  avant  sur  la  crête  d'un  gros 
tubercule  prismatique  avec  lequel  elle  se  confond  après  un  trajet  d'environ 
■2  millimètres.  Ce  tubercule,  divisé  en  arrière,  est  évidemment  le  résul- 
tat delà  réunion  de  deux  masses  cérébrales  qui  correspondent  ans  couches 
optiques  des  Mammifères.  Il  n'y  a  supérieurement  aucune  trace  du  troisième 
ventricule  ;  le  pédoncule  de  la  glande  pinéale  semble  faire  l'office  de  la  com- 
missure molle  des  vertèbres  su[)érieures. 

»  Latéralement,  les  couches  optiques  sont  lisses,  inclinées,  et  elles  for- 
ment la  paroi  interne  du  ventricule  latéral  des  lobes  cérébraux.  Ceux-ci, 
les  lobes  cérébraux,  sont  allongés,  un  peu  bombés  dans  leur  partie  moyenne; 
leur  longueur  est  de  6  millimètres  chez  le  sujet  B  et  de  7  chez  le  sujet  A. 
Leur  largeur  à  la  partie  moyenne  est  de  2  millimètres  et  demi.  Leur  sy- 
métrie est  parfaite;  le  sillon  qui  sépare  le  lobe  droit  du  lobe  gauche  les 
divise,  les  isole  dans  toute  leur  étendue,  de  sorte  que,  comme  nous  l'avons 
fait  chez  ces  deux  individus,  on  peut,  sans  intéresser  leur  substance,  les  sé- 
parer entièrement  l'un  de  l'autre  jusqu'au  devant  des  couches  optiques. 
Cet  isolement,  cette  indépendance  des  lobes  cérébraux  les  distingue  de  ceux 
des  Poissons  cartilagineux  chez  lesquels  ces  deux  lobes  sont  plus  ou  moins 
intimement  unis.  J'insiste  sur  cette  dualité  si  tranchée  des  lobes  cérébraux, 
parce  que  M.  Hyrit,  qui  a  si  bien  exposé  les  nerfs  de  la  tète,  n'admet  qu'un 
seul  lobe  cérébral  chez  le  Lepidosiren  paradoxe^  bien  que  chez  le  Lepidosiren 
annectens,  qui  en  diffère  si  peu  par  la  forme  de  la  tète,  M.  R.  Owen  eût  déjà 
reconnu  et  figuré  les  deux  lobes. 

»  Le  ruban  du  nerf  olfactif  fait  suite  à  la  partie  interne  des  lobes  céré- 
braux. Chez  le  sujet  A  j'ai  vu  distinctement  trois  filets  d'origine  ;  la  longueur 
de  ce  ruban  étant  de  3  millimètres,  sa  largeur  ne  mesurait  qu'un  tiers  de 
miilunèlre.  Arrivés  sur  la  lame  cartilagineuse  de  l'ethmoïde,  ils  forment  un 
ganglion  que  M.  Hyrlt  a  parfaitement  figuré.  De  ce  ganglion,  qui  représente 
le  lobule  olfactif,  se  détache  un  ])iuceau  de  filaments  nerveux  qui  se  répan- 


(  545  ) 
dent  dans  les  plis  transversaux  de  la  membrane  pitiiittiire,  ainsi  que  l'ont 
exposé  MM.  Owen  et  Hyrlt. 

»  A  la  base  du  cerveau  on  remarque,  en  procédant  d'arrière  en  avant, 
d'abord  sur  la  ligne  médiane  la  suline  antérieure  des  cordons  de  la  moelle 
épinière  formant  un  petit  relief  en  forme  de  corde.  Cette  corde  offre  deux 
nodosités  blanchâtres  ressemblant  à  deux  ganglions.  Ces  nodosités  sont  à  la 
distance  l'une  de  l'autre  de  i  centimètre.  Sur  les  cotés  de  ce  raphé  médian 
sontles  cordons  pyramidaux  antérieurs,  grêles,  filiformes,  se  détachant  très- 
nettement  sur  le  sujet  A  et  s'entre-croisant  à  leur  partie  inférieure.  A  partir 
de  cet  entre-croisement  ils  s'élèvent  en  divergeant  légèrement  jusqu'au  haut 
de  la  moelle  allongée.  Arrivés  un  peu  au-dessus  de  l'extrémité  supérieure 
de  l'olive,  les  cordons  pyramidaux  écartés  l'un  de  l'autre  se  bifurquent  en 
formant  deux  arcs,  l'un  interne,  l'autre  externe.  Le  premier,  l'arc  interne,  se 
joint  à  son  congénère  sur  la  ligne  médiane,  au  haut  de  la  corde  qui  repré- 
sente la  suture  antérieure  des  cordons  delà  moelle  épinière  et  qui  finit  eu 
cet  endroit.  L'arc  externe,  moins  ouvert  que  l'interne,  se  porte  en  dehors, 
au-dessus  de  l'olive,  et  se  joint  à  un  pli  des  cordons  inférieurs.  Entre  la 
concavité  de  cet  arc  et  le  bord  supérieur  de  l'olive,  existe  une  dépression 
entourée  de  points  noirs  qui  m'a  paru  correspondre  à  l'insertion  du  nerf  de 
la  cinquième  paire.  Cette  disposition,  jointe  à  celle  que  forme  la  concavité 
de  l'arc,  correspond  au  bord  inférieur  de  la  protubérance  annulaire  des 
Mammifères,  ou  mieux  au  trapèze  de  leur  moelle  allongée.  Ici  devrait  se 
trouver  l'origine  de  la  sixième  paire  de  nerfs  :  je  l'ai  cherchée  en  vain  sur 
les  deux  individus. 

»  En  dehors  des  cordons  pyramidaux  sont  les  olives,  et  entre  ces  deux 
corps  se  trouve  une  rainure  qui  les  sépare,  rainure  dont  le  fond  est  parsemé 
de  points  noirs  et  dans  laquelle  arrivent  les  filets  d'origine  de  la  huitième 
paire  de  nerfs.  Les  olives  se  détachent  très-nettement  en  dehors  de  cette 
rainure;  elles  sont  dentelées  sur  les  côtés,  déprimées  au  milieu,  au  lieu 
d'être  bombées  comme  elles  le  sont  chez  les  Raies. 

»  Ce  festonnement  et  cette  dépression  représentent  assez  exactement  chez 
le  sujet  A  le  festonnement  de  la  coupe  horizontale  de  ces  corps  chez  les 
Mammifères.  L'olive  gauche  est  plus  accentuée  que  la  droite  chez  le  sujet  A  ; 
sur  le  sujet  B,  ces  corps  étaient  plus  contractés  par  l'action  de  l'alcool  :  c'est 
chez  celui-ci  cependant  que  les  filets  d'origine  des  nerfs  pneumogastriques 
étaient  le  plus  marqués.  Au-dessus  des  arcs  des  faisceaux  pyramidaux,  ou 
trouve  le  plancher  des  pédoncules  ou  des  cuisses  du  cerveau,  présentant  au 

C.  R.,  i8C3.  jme  Semestre.  (T.  LVII,   N"  12.)  73 


(  546) 
milieu  une  dépression  légèrement  cxcavée  et  simulant  le  fond  du  troisième 
ventricule  sans  en  être  cependant  l'analogue.  Je  fais  cette  remarque  par  la 
raison  que,  du  fond  de  celte  excavation,  on  voit  sortir  un  pédicule  servant 
d'origine  à  une  espèce  de  lobule  aplati  ayant  4  millimètres  de  long  et  i  mil- 
limètres de  large,  et  que  l'on  peut  considérer  comme  représentant  l'hypo- 
physe cérébrale  ou  la  glande  pituitaire  des  Mamuîifères;  le  pédicule,  en 
effet,  s'enfonce  entre  les  pédoncules  cérébraux,  se  convertit  en  vuie  tige  de 
3™", 5  de  long  qui  s'avance  jusqu'à  la  base  des  couches  optiques,  où  elle 
s'insère.  Le  lieu  de  cette  insertion  correspond  évidemment  à  l'infundibulum 
du  troisième  ventricule  des  Mammifères,  et,  d'après  le  principe  des  con- 
nexions, cette  tige,  analogue  à  la  tige  pituitaire  des  Mammifères,  devient  le 
caractère  indubitable  de  la  détermination  du  lobule  qu'elle  attache  à  la 
base  de  l'encéphale.  Ce  lobule  est,  en  effet,  la  glande  pituitaire  ou  l'hypo- 
physe cérébrale. 

»  La  surface  de  l'hypophyse  cérébrale  du  Lepidosiren  anneclens  est 
presque  plane;  sa  forme  rappelle  en  petit  celle  de  l'épiglotte;  elle  offre  sur 
cette  surface  trois  sillons  très-superficiels  qui  lui  donnent  un  aspect  parti- 
culier que  je  n'ai  rencontré  sur  aucun  autre  animal.  Le  sillon  antérieur,  le 
plus  court,  limite  le  pédicule  de  l'hypophyse  ;  de  sou  côlé  partent  deux  arcs 
dont  la  convexité  est  en  dehors  et  la  concavité  en  dedans,  et  qui  s'étendent 
jusqu'au  sillon  moyen.  Celui-ci,  plus  superficiel  encore  que  le  précédent, 
s'étend  jusqu'au  bord  de  l'hypophyse.  Le  troisième,  aussi  léger  et  plus  ar- 
qué, offre  les  mêmes  limites.  11  suit  de  la  présence  de  ces  sillons,  qui  sont 
des  ombres  plutôt  que  des  plis,  que  la  surface  de  ce  corps  est  divisée  très- 
superficiellement  en  quatre  compartiments  :  l'un,  inférieur,  est  ovoïde;  le 
second,  compris  entre  la  concavité  du  deuxième  arc  et  la  convexité  du  troi- 
sième, est  aplati  sur  les  côtés  ;  le  troisième  est  sphérique  ;  le  quatrième  enfin . 
qui  représente  le  pédicule  de  l'hypophyse,  est  très-court  et  s'enfonce  dans 
l'hiatus  formé  par  l'écartement  des  pédoncules  cérébraux,  où  il  s'effile  pour 
donner  naissance  à  la  tige  qui  l'attache,  comme  nous  venons  de  l'indiquer, 
au  plancher  du  troisième  ventricule.  En  dedans  ec  sur  les  parois  légèrement 
inclinées  de  ces  pédoncules,  on  voit  deux  filets  très-déliés,  d'un  blanc  mat 
Irès-tranché,  et  qui  en  bordent  l'excavation  ;  il  y  en  a  un  sur  chaque  pédon- 
cule :  je  ne  saurais  mieux  les  comparer,  pour  leur  ténuité,  qu'aux  pédicules 
de  la  glande  pinéale  de  la  Tortue  franche  et  à  ceux  du  Caïman  à  museau  de 
brochet.  Ces  filets,  qui  décrivent  un  arc  léger  en  se  portant  en  avant,  abou- 
tissent de  chaque  côté  à  un  très-petit  tubercide  arrondi  d'un  blanc  brillant, 
qui  les  fait  ressortir  malgré  leur  extrême  ténuité.  Que  sont  ces  petits  tuber- 


(  547  ) 
cilles?  Sont-ils  les  analogues  des  éminences  mamillaires?  Tont  semble  l'in- 
diquer :  d'une  parf,  leur  posilion  et  leur  connexion;  d'autre  part,  ce  filet 
à  l'extrémité  duquel  ils  sont  situés,  et  qui  paraît  être  le  filament  postérieur 
des  corps  mamillaires  de  l'Homme  découverts  par  Vie  d'Azyr,  et  sur  les- 
quels Tréviranus  a  fixé  l'attenlion  des  anatomistes.  Cependant,  se  peut-il 
que  les  éminences  mamillaires,  qui  sont  par  leur  isolement  un  caractère 
spécifique  de  l'Homme,  et  qui  déjà  ne  se  rencontrent  pins  à  l'état  d'isole- 
ment et  d'indépendance  ni  chez  les  Singes,  ni  chez  les  Carnassiers,  repa- 
raissent tout  à  coup  chez  le  Lcpidosiren  anneclens  dans  les  mêmes  conditions 
que  celles  qui  soni  caractéristiques  de  l'espèce  humaine?  J'avoue  qu'il  me 
répugne  de  souscrire  à  cette  détermination.  Il  me  paraît  plus  vraisemblable 
que  ces  petits  corpuscules  sont  les  représentants  de  l'élément  encéphalique 
que  j'ai  désigné  sous  le  nom  de  lobule  optique,  lobule  qui,  chez  les  Gre- 
nouilles, se  présente  sous  la  forme  de  deux  petites  vésicule»  blanchâtres,  et 
qui,  chez  les  Poissons  cartilagineux,  et  particulièrement  chez  les  Raies  et 
chez  l'Ange,  atteignent  un  si  grand  développement.   » 

(ia  suile  au  procliain  Compte  rendu.  ) 

M.  Ehrmanjv  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  volume  formé  de  la  réu- 
nion de  plusieurs  Mémoires  qu'il  a  successivement  publiés  :  sous  les  titres 
suivants:  «  Histoire  des  polypes  du  larynx;  — Description  de  deux  foetus 
monstres,  l'un  acéphale  et  l'autre  nionopode;  —  Observations  d'Anatomie 
pathologique,  accompagnées  de  l'histoire  des  maladies  qui  s'y  rapportent  », 
et  dont  les  pièces  sont  conservées  au  Musée  de  la  Faculté  de  Médecine  de 
Strasbourg. 

MÉMOIRES  mS. 

CHIRURGIE.  —  Mémoire  sur  V extirpation  des  tumeurs  éburnées  de  C orbite; 
par  M.  le  D''  Maisoxnelve.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Jobert,  Bernard.) 

«  Les  exostoses  de  l'orbite  doivent  être  rangées  au  nombre  des  affections 
osseuses  les  plus  redoutables.  Non-seulement  elles  chassent  l'œil  au  dehors 
en  produisant  une  difformité  horrible ,  mais  encore  elles  compromettent 
rapidement  la  vie  par  la  compression  qu'elles  exercent  sur  le  cerveau. 

»  Contre  les  graves  lésions,  la  médecine  est  toujours  impuissante;  la  chi- 
rurgie seule  a  le  pouvoir  de  les  détruire.  Mais  celte  destruction  tentée  par 

73.. 


(  548  ) 
les  moyens  ordinaires  était  une  œuvre  tellement  difficile,  que  les  plus  illus- 
tres opérateurs  i-efusaient  de  l'entreprendre,  ou  bien  n'arrivaient  presque 
jamais  à  la  conduire  à  bonne  fin. 

»  La  raison  de  cette  impuissance  est  que,  dans  la  crainte  de  produire  des 
délabrements  redoutables  en  attaquant  ces  tumeurs  à  leur  base,  on  s'ef- 
forçait de  les  morceler  pour  les  extirper  en  détail.  Or  ces  exostoses  ont  une 
résistance  telle,  que  les  instruments  les  mieux  trempés  refusent  d'entamer 
leur  tissu.  Il  en  résultait  des  opérations  interminables,  comme  celle  ré- 
cemment publiée  dans  les  Archives  ophlluitmolocjiqiies  de  Graisse,  où 
l'on  voit  que  les  chirurgiens  travaillèrent  de  la  gouge  et  du  maillet  cinq 
heures  durant,  pour  enlever  à  peine  un  tiers  de  la  tumeiu'. 

»  Dans  une  opération  dont  j'ai  publié  les  détails  en  i853,  j'avais  déjà 
cru  devoir  substituer  à  cette  méthode  désastreuse  du  morcellement  la  mé- 
thode plus  hardie  mais  bien  plus  prompte  et  surtout  plus  efficace  de  l'extir- 
pation en  bloc,  et  j'avais  eu  le  bonheur  d'obtenir  un  résultat  si  complet, 
que  non-seulement  le  malade  fut  guéri  de  sou  exostose  et  préservé  des  dan- 
gers redoutables  qu'entraîne  cette  affection,  mais  que  l'œil  replacé  dans 
l'orbite  recouvra  en  peu  de  jours  toutes  ses  fonctions  visuelles  et  même 
l'intégrité  de  ses  mouvements. 

»  C'est  un  fait  analogue,  mais  jilus  remarquable  encore,  que  je  viens 
soumettre  à  l'Académie.  Le  sujet  est  un  jeiuie  homme  de  dix-neuf  ans,  ma- 
lade seulement  depuis  dix-huit  mois.  La  tumeur  marchait  avec  une  rapidité 
extrême.  L'œil  était  complètement  sorti  de  son  orbite  et  ne  percevait 
presque  plus  la  lumière.  Déjà  des  accidents  cérébiaux  commençaient  à  se 
manifester.  Le  malade  était  menacé  d'une  mort  prochaine;  il  était  urgent 
de  prendre  un  parti.  Plusieurs  chirurgiens  éminents  ne  croyaient  pas  l'o- 
pération possible  ,  mais,  me  rappelant  le  fait  que  je  viens  de  citer,  je  ne  crai- 
gnis pas  de  l'entreprendre. 

))  Elle  eut  lieu  le  5  août,  devant  un  grand  concours  de  chirurgiens  et 
d'élèves.  Elle  fut  prompte  et  sans  incidents.  Ayant  attaqué  franchement  la 
tumeur  à  sou  point  probable  d'insertion  (au  côté  interne  de  l'orbite),  je  la 
détachai  en  quelques  secondes  en  brisant,  au  moyen  du  ciseau  et  du  maillet, 
l'os  dont  elle  tirait  son  origine;  puis,  par  des  efforts  lents  et  successifs,  je 
parvins  en  quelques  minutes  à  l'extraire  en  im  seul  bloc. 

1)  Son  poids  était  de  90  grammes  ;  son  diamètre  antéro-postérieur,  de 
62  millimètres;  son  diamètre  vertical,  de  5a  ;  son  diamètre  transversal,  de  40. 
Sa  face  interne  portait  vers  son  milieu  les  traces  de  son  adhérence  à  l'os 


(  549) 
elhmokle  dans  un  espace  de  4  centimètres  carrés.  Son  tissu  compacte  est  d'un 
blanc  de  lait  ;  il  est  notablement  plus  dur  que  l'ivoire, 

»  Aussitôt  après  l'opération,  l'œil  fut  replacé  avec  soin  dans  l'orbite;  la 
plaie  fut  rapprochée  par  sept  points  de  suture,  sauf  en  bas  où  je  ménageai 
un  pertuis  pour  l'écoulement  du  pus  et  pour  des  injections  détersives  avec 
l'acide  phénique  dilué. 

1)  Aucun  accident  n'a  traversé  la  cure,  et  aujourd'hui,  six  semaines  après 
l'opération,  le  jeune  homme  a  repris  toute  sa  santé,  sa  gaieté  et,  qui  plus  est, 
son  œil,  parfaitement  rentré  dans  son  orbite,  a  recouvré  toutes  ses  fonctions, 
la  vue  aussi  bien  que  les  mouvements. 

»  De  ces  deux  faits  si  semblables  et  si  remarquablement  heureux,  je 
crois  pouvoir  conclure  que,  dans  le  traitement  des  exostoses  éburnécs  de 
l'orbite,  la  méthode  d'extirpation  en  masse  doit  remplacer  avec  avantage 
l'ancienne  méthode  de  morcellement.   » 

TÉRATOLOGIE.  —  Mémoire  sur  le  mode  de  produclion  de  certaines  formes  de  la 
monstruosité  simple;  par^l.  C.  Dareste.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Mdue  Edwards,  Coste.) 

«  Ce  Mémoire  est  la  suite  d'un  travail  que  j'ai  présenté  à  l'Académie  au 
mois  de  novembre  1862  ,  et  dans  lequel  je  signalais  la  présence  constante 
d'arrêts  de  développement  de  l'amnios  avec  les  ectromélies,  les  célosomies, 
les  exencéphalies,  et  les  diverses  anomalies  secondaires  qui  accompagnent  si 
fréquemment  ces  trois  types  monstrueux.  Je  cherche  aujourd'hui  à  établir 
les  relations  qui  existent  entre  ces  anomalies  de  l'embryon  et  les  arrêts  de 
développement  de  l'amnios. 

»  J'ai  constaté,  dans  un  grand  nombre  de  cas  de  monstruosité  artificielle, 
que  les  arrêts  de  développement  de  l'amnios  sont  tantôt  l'effet,  et  tantôt  la 
cause  de  l'anomalie  de  l'embryon. 

»  La  célosomie  ne  peut  se  concevoir  sans  un  arrêt  de  développement 
des  parois  thoraco-abdominales,  et  par  conséquent  sans  un  arrêt  de  déve- 
loppement de  la  partie  antérieure  de  l'amnios,  celle  qui  forme  l'ouverture 
ombilicale.  Or  j'ai  constaté  bien  des  fois,'  par  l'observation  directe,  l'exis- 
tence d'adhérences  entre  les  viscères  qui  font  hernie  hors  de  la  cavité  abdo- 
minale, et  certaines  parties  de  l'aire  vasculaire;  adhérences  qui  sont  consti- 
tuées par  des  brides  membraneuses.  Les  viscères  unis  par  ces  adhérences  a 
l'aire  vasculaire  forment  un  obstacle  à  la  réunion  des  lames  ventrales  eu 
avant,  et  par  suite  à  la  formation  des  parois  thoraco-abdominales  et  à  celle 


(  55o  ) 
de  l'amnios  qui  s'y  rattache  d'une  manière  nécessaire.  Ici  donc,  l'arrêt  de 
développement  de  l'amnios  est  consécutif  à  l'anomalie.  Mais  il  peut  ensuite 
devenir,  à  son  tour,  le  point  de  départ  d'un  certain  nombre  d'anomalies 
nouvelles. 

»  En  effet,  les  arrêts  de  développement  de  l'amnios,  quelle  que  soit 
d'ailleurs  l'époque  à  laquelle  ils  se  produisent,  ont  pour  résultat  de  s'oppo- 
ser à  l'accroissement  de  cette  membrane  et  à  l'augmentation  de  capacité  de 
la  cavité  qu'elle  contient,  tandis  que  l'accroissement  de  l'embrvon  continue, 
lien  résulte  que  l'embryon  vient  s'appliquer  plus  ou  moins  complètement 
contre  l'amnios,  et  qu'il  y  éprouve,  dans  certaines  de  ses  parties,  des  pres- 
sions plus  ou  moins  fortes.  L'amnios  agit  donc  sur  l'embryon  d'une  ma- 
nière mécanique,  et  ces  actions  mécaniques  déterminent  dans  les  organes 
qu'elles  affectent,  tantôt  des  changements  de  position,  et  tantôt  des  atrophies 
])his  ou  moins  complètes. 

»  Les  atrophies  par  le  fait  d'une  compression  me  paraissent  expliquer  les 
divers  cas  d'ectromélie  que  j  ai  eu  occasion  d'observer,  et  aussi  les  diverses 
anomalies  de  la  face  qui  accompagnent  presque  toujours  les  exencéphalies. 
Dans  tous  ces  cas,  la  compression,  en  empêchant  l'arrivée  des  substances 
assimilables  dans  les  parties  qui  y  sont  exposées,  y  détermine  de  véritables 
arrêts  de  développement. 

)'  Les  changements  de  position  consistent  en  des  courbures  anomales  de 
la  colonne  vertébrale,  qui  accompagnent  très-souvent  la  célosomie;  en  des 
déviations  des  segments  des  membres  qui  rappellent,  à  certains  égards,  ce 
que  l'on  observe  dans  les  pieds  bots  ,  et  enfin  dans  les  diverses  hernies 
encéphaliques  qui  caractérisent  les  exencéphalies. 

»  Il  est  très-facile  de  s'expliquer  théoriquement  la  production  des  cour- 
bures anomales  de  la  colonne  vertébrale,  ou  des  déviations  des  membres 
par  le  fait  de  pressioris  extérieures.  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  quand 
il  s'agit  des  hernies  de  l'encéphale.  Ici  l'observation  seule  pouvait  me  faire 
connaître  le  mécanisme  de  la  production  de  ces  anomalies.  C'est  donc  là 
un  des  résultats  les  plus  curieux  et  les  plus  inattendus  de  mes  recherches 
tératologiques. 

»  J'ai  constaté  en  effet,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  qu'une  com- 
pression exercée  par  l'amnios  déprime  et  aplatit  les  vésicules  cérébrales 
qui,  en  même  temps,  s'élargissent  latéralement  de  manière  à  constituer  un 
rebord  saillant  qui  s'étend  au  delà  des  côtés  de  la  tète,  et  qui  est  séparé  du 
reste  de  la  tête  par  un  sillon  plus  ou  moins  profond.  Lorsque  l'ossifica- 
tion du  crâne  commence,  elle  s'étend  sur  toute  la  partie   de  la  tète  qui 


(  55i  ) 
est  inférieure  à  ce  sillon;  mais  elle  ne  peut  remonter  au-dessus.  J'ai  d'a- 
bord constaté  ce  fait  pour  les  hernies  totales  de  l'encéphale,  qu'Isidore 
Geoffroy  Saint-Hilaire  désignait  sous  les  noms  d' h/perencéphalies  et  de 
podencéphaties,  dans  lesquelles  l'encéphale  tout  entier  est  situé  en  dehors 
de  la  cavité  crânienne.  J'ai  eu  occasion  celle  année  d'observer  plusieurs 
exencéphalies  partielles  en  voie  de  formation,  et  j'ai  pu  constater  qu'elles 
se  forment  de  la  même  manière  que  les  exencéphalies  totales. 

»  L'idée  de  rattacher  à  des  pressions  extérieures  l'origine  d'un  certain 
nombre  d'anomalies  n'est  point  assurément  une  idée  nouvelle.  Elle  a  été 
soutenue  par  plusieurs  anatomistes,  parmi  lesquels  je  dois  citer  M.  Cru- 
veilhier.  Mais  on  n'a  fait  valoir  jusqu'à  présent,  à  l'appui  de  cette  thèse,  que 
des  considérations  purement  théoriques.  Je  raconte,  au  contraire,  ce  que 
j'ai  vu  dans  un  grand  nombre  de  cas;  et  je  puis  par  conséquent  établir 
ma   manière  de  voir  sur  l'observation  directe  des  faits. 

»  Je  dois  ajouter  cependant  que  la  cause  qui  produit  les  anomalies 
peut  n'agir  que  d'une  manière  temporaire,  et  qu'elle  doit  cesser,  par  con- 
séquent, lorsqu'elle  a,  pour  ainsi  dire,  épuisé  son  action.  La  compression 
produite  par  l'amnios  peut  cesser  à  un  moment  donné,  par  l'augmentation 
de  la  sécrétion  du  liquide  amniotique,  ou  par  un  changement  de  position 
de  l'embryon.  Les  brides  membraneuses  qui  produisent  la  célosomie  peu- 
vent se  déchirer.  Il  résulte  de  tous  ces  faits  que  la  cause  qui  produit  les 
anomalies  peut  à  un  certain  moment  cesser  d'être  appréciable. 

»  D'autre  part,  j'ai  lieu  de  croire  que  certaines  anomalies  peuvent  être 
le  résultat  de  causes  très-diverses,  et  que,  par  conséquent,  leur  formation 
s'explique  par  des   mécanismes  très-différents. 

»  Mais  si  je  ne  suis  pas  en  droit  d'affirmer  ce  qui  a  lieu  dans  la  tota- 
lité des  cas,  je  maintiens  cependant  que  dans  le  plus  grand  nombre  les 
choses  se  passent  ainsi  cjue  je  viens  de  le  dire. 

»  Je  dois  encore  ajouter  que  ces  faits  de  compression  extérieure  par  l'am- 
nios ne  peuvent  évidemment  avoir  lieu  chez  les  Batraciens  et  les  Poissons, 
dont  l'embryon  est  dépourvu  d'amnios,  et  que,  par  conséquent,  ces  deux 
types  zoologiques  doivent  être  à  l'abri  d'un  certain  nombre  de  monstruo- 
sités. Les  animaux  à  placenta,  comme  la  plupart  des  Mammifères,  doi- 
vent présenter  également  quelques  particularités  dans  le  mode  déformation 
des  anomalies  que  j'étudie  dans  ce  Mémoire.  Je  reviendrai  prochainement 
sur  tous  ces  faits.  » 


(  552  ) 

HYGIÈNE.  —  Injhience  fies  climats  du  midi  de  la  France  sur  les  affections 
chroniques  de  la  poitrine;  station  d'Ajaccio  [Corse);  par  M.  de  Pietra 
Santa.  (Extrait  par  l'aiileur.) 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Rayer.) 

0  Le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Aca- 
démie offre  les  principales  conclusions  de  deux  Rapports  adressés  à  M.  le 
Ministre  d'État  qui  m'avait  confié  la  mission  d'étudier  l'influence  des  climats 
du  midi  de  la  France  sur  les  affections  chroniques  de  la  poitrine.  J'ai  résumé 
dans  deux  formules  principales  les  conseils  qui  doivent  intéresser  les  valé- 
tudinaires et  les  médecins. 

»  Je  dis  aux  premiers  :  Le  séjour  des  climats  du  Midi,  pendant  la  froide 
saison,  est  utile  dans  les  affections  chroniques  de  la  poitrine,  à  la  condition 
de  s'y  rendre  de  bonne  heure,  pour  combattre  les  prédispositions  de  la 
maladie,  et  enrayer  ses  premières  manifestations;  à  la  condition  aussi  de 
s'astreindre  à  des  règles  d'hygiène  bien  entendues,  dont  la  principale  réside 
dans  l'observation  de  la  journée  dite  médicale  (période  comprise  entre 
lo  heures  du  matin  et  3  heures  de  l'après-midi,  qui  présente  une  certaine 
régularité  et  une  constance  bien  marquée  de  température). 

»  Je  dis  aux  médecins  :  Dans  le  choix  d'un  climat,  préoccupons-nous 
surtout  de  la  connaissance  exacte  de  ses  deux  principales  zones  (la  zone  du 
littoral,  attenante  immédiatement  à  la  mer,  où  l'air  est  sec,  vif,  tonique,  sti- 
mulant; et  la  zone  des  collines,  s'étendant  à  quelques  kilomètres  au  delà 
du  rivage,  où  l'air  est  sédatif,  tempéré,  imprégné  d'une  certaine  humidité). 
Approprions  chaque  type  de  climat  à  chaque  catégorie  de  maladie  (la 
forme  iorpide,  greffée  sur  une  constitution  lymphatique  ou  scrofuleuse, 
représente  l'alanguissement,  la  dénutrition  ;  la  forme  érëthique,  animée 
par  l'élément  subinflammatoire,  avec  les  réactions  de  l'élément  nerveux, 
réveille  les  sympathies  étendues  et  violentes  de  l'excitation),  et  après  une 
étude  attentive  et  analytique  de  chacun  de  ces  deux  éléments,  élevons-nous, 
par  un  travail  synthétique  de  l'esprit,  à  leur  coordination  logique  et  vérita- 
blement scientifique. 

»  Afin  de  mieux  déterminer  la  valeur  des  principes  que  je  venais  d'ex- 
poser, je  consacre  le  second  Rapporta  l'étude  d'un  climat  peu  connu,  mais 
très-digne  de  l'être,  je  veux  dire  le  climat  d'Ajaccio.  Il  possède,  en  effet,  les 
conditions  les  plus  favorables  : 

»    1°  Grande  pureté  de   l'atmosphère.  (L'état  de  sérénité  est  le  phéno- 


(  553  ) 
mène  le  pins  conslant.  Les  jours  nuageux  sont  l'exception  :  sur  365  jours 
de  l'année,  1 36  fois  beau  fixe,  5i  fois  couvert.) 

»  2"  Vicissitudes  atmosphériques  peu  marquées.  (La  différence  entre  les 
plus  grands  maxima  et  les  plus  grands  mininia  n'est  que  de  26, 3o  degrés 
centigrades.) 

»   3°  Variations  graduelles  dans  les  saisons. 

La  différence  entre  la  moyenne  de  l'hiver  el  celle  du  printemps  est  de ... .  3°,o4 

Id.  du  printemps  et  do  l'été y°,  1 3 

Id.  de  l'été  et  l'automne 5",2'j 

Id.  de  l'automne  et  de  l'hiver ô^^go 

»   4°  Moyennes  annuelles  de  la  tempéi'ature  très-satisfaisantes  (17", 55). 

»   5°  Moyenne  de  la  saison  d'hiver,  i4°,34. 

»  6°  Oscillations  limitées  de  la  colonne  barométrique  dans  ses  mouve- 
ments mensuels  et  diurnes. 

»  Ainsi,  en  mars  i863,  le  maximum  est  de  76™™, 39,  tandis  que  le 
minimum  ne  descend  qu'à  75™™, 26.  Le  5  du  même  mois,  les  observations 
prises  aux  diverses  heures  de  la  journée  donnent  :  pour  8  heures  du  matin, 
7 5™", 83;  pour  midi,  75™", 86;  pour  8  heures  du  soir,  75°"",86. 

»  Le  sol  de  la  contrée  est  généralement  calcaire,  recouvert  d'une  couche 
d'humus  fécondant;  la  campagne  est  aussi  agréable  que  pittoresque.  Les 
eaux,  salubres  et  abondantes,  remplissent  la  triple  condition  d'être  agréables 
à  boire,  propres  à  la  préparation  des  aliments  et  au  savonnage.  Le  climat 
tempéré  d'Ajaccio,  intermédiaire  entre  celui  de  la  Provence  et  celui  d'Alger, 
rentre  naturellement  dans  la  catégorie  des  climats  marins,  jouissant,  comme 
eux,  de  la  plus  grande  uniformité  et  de  la  plus  grande  égalité  de  tempéra- 
ture. Par  sa  position  topographique  au  fond  d'un  golfe  magnifique,  la  ville 
offre  aux  valétudinaires  la  zone  maritime,  où  l'air  est  sec,  tonique,  stimu- 
lant. Sa  salubrité  se  déduit  de  ces  trois  circonstances  :  1°  accroissement 
constant  et  progressif  de  la  population;  2°  augmentation  de  la  durée  de  la 
vie  moyenne;  3°  quantité  plus  considérable  de  personnes  arrivant  à  un  âge 
avancé. 

M  En  tenant  compte  de  la  pathologie  spéciale  de  la  localité,  et  des  obser- 
vations cliniques  de  praticiens  distingués,  on  arrive  à  constater  que  le 
climat  d'Ajaccio  exerce  tme  influence  salutaire  sur  les  lésions  des  organes 
de  la  respiration,  alors  que  prédomine  la  forme  torpide  et  lymphatique. 
Cette  influence   est   surtout  appréciable  quand  il  s'agit  de  conjurer   les 

C.  R.,  i863,  î"»'  Semestre.  (T.  LVII,  N»  12.)  74 


(  554) 
prédispositions  de  la  phthisie,  et  de  combattre  les  symptômes  qui  en  consti- 
tuent le  premier  degré.  Elle  est  moins  immédiate  à  l'apparition  des  symp- 
tômes généraux  (fièvre,  sueurs)  qui  font  pressentir  l'imminence  du  ramol- 
lissement et  de  la  désagrégation.  Dès  que  ces  phénomènes  se  généralisent, 
l'influence  du  climat  cesse  d'être  utile  pour  devenir  dangereuse  ou  funeste. 
»  Quant  aux  contre-indications,  elles  peuvent  se  résumer  dans  une  seule 
formule  :  la  présence  de  la  congestion  active  et  de  l'éréthisme.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ORGANOGRAPHIE  VÉGÉTALE.—   Sur  la  Structure  anormale  des  liges  des  Lianes; 
par  31.  L.  Netto.  (Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Commissaires,  MM.  Brongniart,  Decaisne.  ) 

«  Il  y  a  trente  ans  environ  que  Gaudichaud,  après  avoir  parcouru  quel- 
ques régions  du  nouveau  monde,  a  rapporté  en  France  une  grande  collec- 
tion d'échantillons  de  tiges  de  Lianes  interiropicales.  Depuis  lors,  les  bota- 
nistes hançais  et  étrangers  qui  s'occupaient  des  tiges  des  plantes  à  structure 
anormale  se  sont  misa  observer  plus  particulièrement  la  formation  curieuse 
des  différents  centres  ligneux  et  les  diverses  autres  anomalies  que  l'on  trouve 
dans  ces  tiges.  Mais  la  majeure  partie  de  leurs  travaux  a  été  faite  sur  des 
échantillons  secs,  rapportés  depuis  longtemps  par  des  voyageurs  qui  les  on! 
pris  sans  égard  aux  diverses  parties  de  la  plante,  ce  qui  est  très-important 
surtout  pour  l'étude  des  Lianes  à  structure  anormale.  D'un  autre  côté, 
les  observations  faites  sur  les  Lianes  vivantes  n'ont  pas  non  plus  donné  de 
meilleurs  résultats,  vu  que  celles-ci  n'acquièrent  jamais  dans  les  serres  le 
développement  qu'elles  ont  dans  nos  régions  intertropicales.  Cela  m'a  dé- 
terminé à  entreprendre  des  observations  qui,  grâce  aux  circonstances  dans 
lesquelles  je  me  trouve,  ont  pu  porter  sur  un  grand  nombre  de  Lianes  des 
plus  développées  et  en  même  temps  des  plus  remarquables. 

»  Les  Sapindacées  m'ont  présenté  la  majeure  partie  des  phénomènes  dont 
j'ai  l'honneur  de  présenter  les  observations  à  l'Académie.  C'est  cette  famille 
d'ailleurs,  parmi  les  Lianes,  qui,  dans  ce  pays,  a  fourni  les  tiges  les  plus 
curieuses  et  les  plus  variées  à  la  collection  de  Gaudichaud. 

1)  Dans  mon  Mémoire,  en  donnant  les  détails  de  mes  observations,  j'ex- 
pose comment  se  développent  les  divers  centres  ligneux  que  l'on  trouve 
dans  les  tiges  de  plusieurs  Lianes.  Les  structures  de  ces  tiges  et  les  nuances 
de  ces  structures  pouvant  s'arranger  suivant  un  certain  ordre,  depuis  les 


(  555  ) 
plus  éloignées  jusqu'aux  plus  voisines  du  type  dicotylédoné,  je  les  ai  di- 
visées en  trois  classes. 

Première  classe.  —  A  cette  première  catégorie  appartient  un  grand  nom- 
bre de  Sapiridacées,  parmi  lesquelles  j'ai  décrit  quelques  Serjania  et  un 
PaiiUinia  qui  m'ont  paru  les  plus  caractéristiques.  C'est  dans  les  branches  à 
divers  Ages  du  Serjmda  Dombejrinn  que  j'ai  pu  suivre  la  formation  des  cen- 
tres ligneux  qui  plus  tard,  dans  les  tiges  plus  développées  de  cette  Liane, 
constituent  autant  de  corps  ligneux  indépendants  les  uns  des  autres. 

»  Dans  une  coupe  transversale  faite  sur  une  lige  âgée  de  quinze  à  vingt 
jours  à  peine,  on  voit  qu'à  l'intérieur  de  chacun  des  angles  saillants  de 
cette  tige  crénelée  et  en  dehors  du  cylindre  ligneux  à  peine  ébauché,  il  se 
forme  un  faisceau  fibro-vascidaire  au  milieu  d'une  large  zone  de  paren- 
chyme que  l'on  pourrait  appeler,  avec  Ad.  de  Jussieu,  la  couche  herbacée. 
A  l'extérieur  de  ces  centres  ligneux  externes,  séparés  par  le  parenchyme 
environnant  du  corps  ligneux  central  et  disposés  à  j^eu  près  comme  les 
premiers  faisceaux  ligneux  d'une  jeune  tige  ordinaire,  on  aperçoit  la  couche 
du  liber  arrangée  en  autant  de  croissants  qu'il  y  a  de  centres  ligneux  exté- 
rieurs auxquels  ils  sont  opposés.  Peu  de  temps  après  la  première  période 
que  je  viens  de  signaler,  les  centres  ligneux  se  trouvent  constitués  tout  à  fait 
comme  les  tiges  dicotylédonées  ordinaires;  on  y  voit,  outre  la  couche  gé- 
nératrice et  les  tissus  corticaux,  des  faisceaux  ligneux  et  des  rayons  médul- 
laires autour  d'un  amas  de  fibres  ligneuses,  lequel  lui  sert  de  moelle.  La 
jiossession  de  ce  canal  proprement  dit,  ainsi  que  celle  des  vaisseaux  spiraux, 
parait  appartenir  exclusivement  au  corps  ligneux  central. 

»  Le  plus  souvent  il  se  forme,  tantôt  vers  le  premier  âge  de  la  branche, 
tantôt  bien  longtemps  après,  un  nouveau  centre  ligneux  entre  deux  des  pre- 
miers déjà  constitués,  lequel  produit  aussitôt  une  nouvelle  saillie  dans  le 
sinus  qui  lui  est  correspondant.  Dans  plusieurs  échantillons  que  je  conserve, 
de  '7  à  8  centimètres  de  diamètre,  le  liber  de  ces  tiges  rudimentaires  est  dis- 
posé en  cercles  de  feuillets  concentriques  à  côté  desquels  se  trouvent  très- 
souvent  des  lignes  de  méats  tantôt  vides,  tantôt  remplis  d'un  suc  jaunâtre, 
analogue  à  celui  que  chez  les  mêmes  plantes  on  voit  dans  les  vaisseaux  lym- 
phatiques. Dans  ces  mêmes  échantillons,  on  remarque  un  fait  très-curieux, 
et  dont  personne,  que  je  sache,  n'a  encore  parlé.  Ce  fait  c'est  la  reproduction 
par  l'écorce  des  centres  ligneux  primaires,  de  nouveaux  centres  ligneux 
dont  la  formation  est  en  tout  semblable  à  celle  des  centres  ligneux  apparte- 
nant aux  tiges  que  je  range  dans  la  classe  suivante. 

»   Deuxième  classe.  —  C'est  encore  un  Serjania  qui  m'a  fourni  le  type  de 

74- 


{  556  ) 
cette  structure,  laquelle  ne  diffère  de  la  précédente  qu'en  ce  que  ses  centres 
ligneux  ou  tiges  rudimentaires  se  forment  après  que  la  tige  centrale  est 
parfaitement  complète  et  même  beaucoup  plus  âgée.  Elle  offre  aussi  bien 
mieux  que  l'autre  le  phénomène  de  la  reproduction  des  fibres  et  des  vais- 
seaux par  le  tissu  parenchymateux  de  l'écorce,  phénomène  déjà  expliqué  à 
l'Académie  dans  les  travaux  que  M.  Trécul  a  publiés  dans  les  Comptes 
rendus  à  la  suite  de  ses  observations  sur  l'accroissement  en  diamètre  des 
végétaux  dicotylédones.  Voici  comment  dans  ce  Serjania  a  lieu  la  formation 
des  centres  ou  corps  ligneux  extérieurs.  Lorsque  la  force  génératrice,  après 
avoir  été  en  quelque  sorte  anéantie  vers  le  bois,  est  toute  portée  à  fonctionner 
du  côté  de  l'écorce,  on  remarque  d'abord  qu'une  nouvelle  couche  de  liber 
vient  s'interposer  entre  les  deux  zones  de  la  couche  génératrice  dont  lexté- 
rieure  prend  immédiatementl'aspectde  la  couche  herbacée,  etqu'ensuitecette 
force  génératrice  agissant  directement  sur  cette  nouvelle  couche  herbacée 
et  particulièrement  sur  ses  utricules  intérieurs,  chacun  de  ces  utricules 
allongés  dans  le  sens  tangentiel  de  la  tige  se  gonfle  d'abord  et  ensuite  se 
dédouble,  soit  dans  le  sens  de  son  plus  grand  diamètre,  soit  perpendiculai- 
rement à  celui-ci  vers  l'extérieur  de  l'écorce. 

»  Le  dédoublement  commence  tantôt  sur  les  utricules  qui  s'avancent 
dans  l'intérieur  des  cloisons  qui  séparent  en  lobes  les  faisceaux  du  liber, 
tantôt  sur  celles  qui  se  trouvent  plus  loin  de  celte  région.  Quoique  cette  ac- 
tion soit  très-rapide,  la  zone  des  utricules  sur  lesquelles  elle  agit  ne  se  prèle 
jamais  entièrement  au  dédoublement,  comme  dans  le  Cocculus  laurijblins. 
La  transformation  se  fait  seulement  par  des  îlots  dont  la  couleur  blanche 
ou  bleuâtre  les  dénonce  à  la  première  vue  dans  le  parenchyme  vert. 

»  La  rapidité  avec  laquelle  le  nouveau  tissu  de  ces  îlots  se  transforme  en 
fibre  et  en  vaisseaux  est  surprenante.  Lorsque  l'on  observe  attentivement  sur 
unecoupe  longituduiale  les  jeunes  utricules  de  ce  tissu,  on  les  voit  s'allonger 
progressivement  et  passer  ainsi  à  l'état  vasculaire.  C'est,  d'ailleurs,  à  peu 
de  différence  prés,  le  même  fait  que  M.  Decaisne  a  déjà  exposé  sur  le  Coc- 
culus tnurijolius,  dans  son  savant  Mémoire  sur  les  Lardizabalées,  avec  la  seule 
différence  que  j'ai  fait  remarquer  plus  haut.  Ces  îlols,  bientôt  après  cette 
première  phase,  sont  autant  de  centres  ligneux.  On  les  voit  parfois  dans  les 
vieilles  tiges  devenir  plus  gros  que  le  corps  ligneux  principal.  Quanta  l'ar- 
rangement des  autres  tissus,  ainsi  que  la  reproduction  des  petits  centres 
ligneux  par  l'écorce  des  premiers,  tout  s'accomplit  exactement  comme  dans 
les  Lianes  de  la  i"^*"  classe.  J'ai  examiné  avec  soin  toutes  les  racines  des 
Lianes  à  plusieurs  centres  ligneux,  et  j'ai  remarqué  que  ceux-ci,  quel  qu'en 


(  ^57  ) 
soit  le  nombre,  sont  entraînés  à  une  certaine  profondeur  de  la  plante  dans 
le  sol  parle  corps  ligneux  central. 

»   Troisième  classe.  —  A  cette  structure  appartient  la  majeure  partie  des 
Lianes  à  structure  anormale,  dont  les  tiges  ne  sont  pas  constituées  par  plu- 
sieurs corps  ligneux  indépendants.  Les  Baulnnia  sont  les  Lianes  les  plus  bi- 
zarres et  les  plus  abondantes  de  cette  division.  Mais  la  plante  qui  m'en  a 
fourni  le  plus  de  traits  caractéristiques,  c'est  un  Acacia  sarmenteux  et  arbo- 
rescent. Dans  une  coupe  transversale  faite  sur  une  brancbc  de  cette  Liane  âgée 
de  quelques  mois,  on  remarque  un  arrêt  de  la  force  génératrice  vers  les  deux 
côtés  (écorce  et  bois)  à  la  fois,  excepté  sur  quatre  points  à  peu  près  équidis- 
tants.  A  chacun  de  ces  points,  le  tissu  générateur  et  le  liber  formant  ensemble 
un  croissant  dont  la  convexité  est  tournée  en  dehors  réunissent  à  eux  seuls  la 
presque  totalité  de  la  vitalité  du  végétal.  Cette  particularité  devient  plus 
sensible  sur  une  branche  plus  âgée  de  la  même  plante.  Dans  celle-ci,  en 
effet,  le  bois  et  l'écorce  se  reproduisant  toujours  très-vite,  les  croissants 
qu'ils  formaient  au  commencement  se  sont  transformés  en  quatre  rayons  de 
faisceaux  ligneux,  lesquels  donnent  à  la  coupe  transversale  d'une  tige  plus 
âgée  la  forme  d'une  croix  dont  chaque  ra3'on  a  lui-même  celle  des  feuilles 
spatulées  du  Bellis  perennis.  C'est  à  l'extérieur  de  ces  rayons  que  la  force 
génératrice  se  montre  le  plus  active  :  à  partir  de  là  on  la  voit  diminuer  pro- 
gressivement vers  les  sinns  adjacents  dans  lesquels  elle  est  presque  nulle. 
Dans  les  Baulnnia,  au  lieu  de  quatre  rayons,  on  en  voit  se  développer  deux 
seulement;  poiu-  le  reste  ils  sont  analogues  à  l'^crtc/odont  je  viens  de  parler. 
»   Dans  les  trois  divisions  où  j'ai  été  amené  à  ranger  les  Lianes  que  j'ai 
étudiées  et  que  j'ai  décrites  dans  mon  Mémoire,  je  me  suis  attaché  à  subor- 
donner les  faits  observés  les  uns  par  rappori  aux  autres,  de  manière  à  faire 
suivre  les  nuances  du  développement  de  ces  Lianes.  Ces  faits  prouvent  ; 
))    1°  Que  l'on  peut  toujours  ramener  les  tiges  des  Lianes  d'une  structure 
bizarre,  quelque  soit  le  degré  de  leur  anomalie,  au  type  primitif  des  Dicoty- 
lédones, si,  en  les  étudiant  par  ordre,  on  les  classe  tellement,  qu'elles  se 
trouvent  rangées  en  chahion  et  formant  une  échelle  depuis  les  plus  rappro- 
chées jusqu'aux  plus  éloignées  de  ce  type. 

»  1°  Que  quelle  que  soit  la  structure  anormale  des  Lianes,  la  formation  et 
l'arrangement  des  diverses  parties  de  leurs  tiges  peuvent  s'expliquer,  soit 
par  un  défaut  d'équilibre  de  la  force  génératrice  dans  les  deux  zones  corres- 
pondantes au  bois  et  à  l'écorce  (5eryV(nm,  Paullinia,  etc.),  soit  par  la  distri- 
bution inégale  du  tissu  générateur  à  la  périphérie  de  l'aubier  dès  l'âge  le  plus 
jeune  de  la  tige  [Acacia,  Bauliinia,  etc.)  » 


(  558  ) 

PHYSIOLOGIE  GÉNÉRALE,  —expériences  sur  t'Iiélérogénie  exécutées  dans  t intérieur 
des  glaciers  de  la  Maladetta  [Pyrénées  d' Espagne);  par  M3I.  F. -A.  Pocchet, 
]\.  JoLY  cl  Ch.  Musset. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Milne  Edwards ,  Decaisne, 

Bernard.) 

«  Ail  dire  de  l'un  des  adversaires  les  plus  déclarés  de  l'hétérogénie,  «  il 
»  est  toujours  possible  de  prélever  en  un  lieu  déterminé  un  volume  notable, 
»  mais  limité,  d'air  ordinaire,  n'ayant  subi  aucune  espèce  de  modification 
M  physique  ou  chimique,  et  tout  à  fait  impropre  néanmoins  à  provoquer 
»   unealtération  quelconque  dans  une  liqueur  éminemment  putrescible  (i).  » 

»  Bien  qu'en  nous  appuyant  sur  de  nombreuses  expériences  nous  ayons 
déjà  réfuté  cette  assertion  de  M.  Pasteur,  nous  avons  voulu  nous  con- 
vaincre, ipso  facto,  si  l'air  des  hautes  montagnes,  non  altéré,  et  mis  en 
contact  immédiat  avec  ime  infusion  de  matière  organique,  est  réellement 
improductif. 

»  Dans  ce  but,  nous  avons  franchi  les  Pyrénées  françaises,  emjjortant 
avec  nous,  d'abord  à  laRencluse,  située  à  2o83  mètres  d'altitude,  puis  jus- 
qu'aux glaciers  de  la  Maladetta,  un  certain  nombre  déballons,  à  peu  près 
de -j  de  litre  de  capacité,  remplis  au  tiers  d'une  infusion  de  foin  filtrée  et 
bouillie  pendant  plus  d'une  heure.  Inutile  de  dire  que  ces  ballons  étaient 
complètement  vides  d'air,  puisqu'ils  avaient  été  fermés  à  la  lampe  au  mo- 
ment même  de  l'ébullition.  Mais  il  n'est  pas  hors  de  propos  de  faire  remar- 
quer qu'avant  d'ouvrir  nos  matras  nous  avons  pris  toutes  les  précautions 
indiquées  par  M.  Pastein\  Nous  avons  même  eu  soin  de  faire  éloigner  de 
nous  les  guides  qui  nous  accompagnaient,  ainsi  que  quelques  chasseurs 
d'isards  que  la  curiosité  avait  attirés  auprès  de  notre  laboratoire  en  plein 
air.  Enfin,  dans  le  but  d'éviter  la  poussière  de  nos  propres  vêtements,  et  à 
l'exemple  de  M.  Pasteur,  nous  avons  porté  le  scrupule  jusqu'à  élever  nos 
ballons  au-dessus  de  nos  tètes,  avant  d'en  briser  la  pointe  effilée  et  chauf- 
fée, à  l'aide  d'une  lime  préalablement  passée  dans  la  flamme  de  notre  lampe 
éolipyle. 

»  Le  25  août  i863,  à  8  heures  du  soir,  une  première  prise  d'air  se  fit  à 


(i)  L.  Pasteur,  Examen  de  la  doctrine  des  générations  spontanées  [annales  des  Sciences 
naturel/es,  t.  XVI,  4*^  série,  p.  nG). 


(  559  ) 
la  Rencluse.  Le  fluide  rentra  en  sifflant  dans  les  ballons  A,  B,  C,  D,  que 
nous  prîmes  le  soin  d'agiter,  de  manière  à  rendre  mousseuse  la  décoction 
de  foin  qui  s'y  trouvait  contenue.  Puis  ces  matras  furent  immédiatement 
fermés  à  la  lampe  éolipyle,  dont  la  flamme  légèrement  agitée  par  le  vent, 
mais  rendue  visible  par  l'obscurité  de  la  nuit,  ne  contraria  pas  trop  nos 
opérations. 

))  Le  lendemain  2G  août,  à  8  heures  du  matin,  après  une  marche  extrê- 
mement pénible  sur  des  blocs  de  granit  bizarrement  et  confusément  en- 
tassés, nous  arrivions  au  pied  des  glaciers  imposants  de  la  Maladetta.  Une 
très-profonde  mais  étroite  crevasse  de  ces  glaciers  nous  parut  l'endroit  le 
plus  convenable  pour  procéder  à  nos  expériences  (i).  Nous  nous  y  instal- 
lâmes en  effet  assez  commodément,  car,  indépendamment  de  l'abri  que  nous 
offraient  les  deux  murs  de  glace  qui  nous  environnaient,  nous  y  trouvâmes 
encore  l'avantage,  précieux  pour  nous,  de  rendre  visible  la  flamme  de  l'éoli- 
pyle.  Quelque  temps  après  nous'étre  installés  dans  l'intérieur  même  du  gla- 
cier, nous  ouvrions  d'abord  à  l'aide  de  la  lime,  puis  nous  fermions  à  la 
lampe,  avec  les  précautions  exagérées  déjà  prises  à  la  Rencluse,  quatre  bal- 
lons E,  F,  G,  H. 

»  De  retour  à  Luchon,  notre  premier  soin  fut  de  soumettre  à  l'examen 
microscopique  le  contenu  des  trois  ballons  X,  Y  et  Z  que  nous  y  avions 
laissés  trois  jours  auparavant.  Le  premier  (X)  était  largement  ouvert;  le 
deuxième  (Y)  était  bouché  à  l'aide  d'un  liège;  enfin  le  troisième  (Z)  avait 
été  fermé  à  la  lampe  pendant  l'ébullition.  Comme  on  pouvait  s'y  attendre, 
ce  dernier  ne  renfermait  absolument  rien  d'organisé.  X  et  Y,  au  contraire, 
contenaient  une  immense  quantité  de  Bactéries,  de  Monades,  des  touffes 
à" ÂspercjHlus,  etc.,  mais  pas  un  seul  Infusoire  cilié. 

»  L'examen  microscopique  des  vases  ouverts,  et  ensuite  fermés  à  la  Ren- 
cluse, et  dans  l'intérieur  du  glacier  de  la  Maladetta,  fut  fait  le  29  et  le 
3o  août,  à  Luchon  par  M.  Pouchet,  à  Toulouse  par  MM.  Joly  et  Musset. 

»  Les  mêmes  jours  nos  Lettres  se  croisaient  en  route,  et  de  part  et  d'autre 
nous  annonçaient  les  mêmes  résultats. 

BALLONS    OUVERTS    A    LUCHON,    LE    ig    AOUT     l863. 

»   Ballon  (A)  de  la  Rencluse.  —  Bactéries  mortes,  en  quantité  prodigieuse  ; 


(i)  Nous  nous  trouvions  alors  à  plus  de  3ooo  mctres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  c'est- 
à-dire  à  plus  de  looo  mètres  au-dessus  du  point  où  M.  Pasteur  a  fait  ses  expériences  du 
Montanvert, 


(  56o  ) 
Bactéries  vivantes  [Bnctcriitm  articu/aluin ,  Diij.),  en  petit  nombre.  Monas 
termo  (Mull.),    vivantes  et  mortes,   en   quantité  prodigieuse.  Monas   lens 
(Duj.)  vivantes  et  mortes,  assez  nombreuses.  Amibes  à  l'état  naissant. 

»  Ballon  (E)  du  (jlacier  de  la  Maladetla.  —  Monas  (ermo  et  Monas  lens, 
vivantes  et  mortes.  Spiriltum  iindula  (Duj.)  vivants. 

BALLONS    OUVERTS    LE    3o    AOUT. 

i>  Ballon  {B)dela  BencUise.  —  Beaucoup  de  touffes  de  Mycélium.  Spores 
de  levure  agrostique  extrêmement  nombreux.  Un  grand  nombre  de  ces 
spores  sont  en  germination.  Bactéries  mortes,  très-peu.  Vibrions  vivants. 
Point  d'Amibes. 

»  Ballon  (F)  du  glacier.—  Plusieurs  touffes  de  Mycélium,  de  Mucédinées 
articulées,  ramifiées,  différentes  de  celles  du  ballon  D.  Bactéries  vivantes, 
en  petit  nombre;  beaucoup  de  mortes.  F'ibrio  gigantea  (Pouchet)  nom- 
breux, mais  morts.  iMonas  lens  (Duj.)  vivantes,  peu  nombreuses,  un  grand 
nombre  de  mortes.  Amibes  vivantes  [cerLè  ). 

»  Cette  identité  dans  les  résultats  démontre  de  la  manière,  selon  nous  la 
plus  péremptoire,  que  l'air  des  hautes  montagnes,  à  peu  près  complètement 
dépourvu  de  germes,  d'après  nos  antagonistes  eux-mêmes,   n'empêche  pas 
les  décoctions  de  matières  organiques  de  devenir  très-fécondes.   Mais  ce 
n  est  pas  lui,  très-certainement,  qui  leur  apporte  les  éléments  de  leur  fécon- 
dité. Pour  les  organismes  les  plus  infimes,  comme  pour  les  êtres  les  plus 
compliqués  et  les  plus  parfaits,  il  est  l'indispensable  ^lahiilum  vilœ.  Mais, 
dans  le  cas  particulier  qui  nous  occupe,  nous  croyons  pouvoir  affirmer 
qu'il  n'a  pas  charrié  avec  lui  un  nombre  de  germes  suffisant  (si  toutefois 
germes  il  y  avait)  pour  expliquer  la  prodigieuse  fécondité  de  nos  ballons. 
Nous  disons  à  dessein  :  si  germes  il  y  avait;  car  les  observations  aéroscopi- 
ques,  faites  eu  même  temps  sur  les  hauteurs  où  nous  expérimentions,  nous 
ont  prouvé  jusqu'à  l'évidence  que  1 5o  décimètres  cubes  d'air,  recueillis  sur 
ces  sommités  élevées,  dans  un  moment  où  l'atmosphère  était  calme,  ne  ren- 
fermaient pas  un  seul  œuf,  pas  un  seul  spore,  pas  im  seul  débris  organique. 
Nous  ne  voulons  pas  dire  toutefois  que  la  masse  atmosphérique  n'en  con- 
tient jamais,  surtout   quand  elle  est  agitée,  mais  nous  répétons  avec  une 
conviction  profonde,  basée  sur  de  très-nombreuses  expériences,  que  c'est 
à  l'infusion  elle-même,  et  non  aux  prétendus  germes  flottant  çà  et  là  dans 
l'air,  qu'il  faut  attribuer  l'apparition  delà  vie  dans  nos  ballons. 

)'   Du  reste,  quelle  que  soit  l'interprétation  que  l'on  adopte  à  cet  égard,  il 
est  pour  nous  un  fait  avéré,  certain  :  c'est  que  nos  expériences,  exécutées 


(56i  ) 

dans  des  conditions  qui  d'après  la  théorie  semi-panspermiste  auraient  dû 
nous  donner  des  résultats  tout  négatifs,  nous  ont  fourni,  au  contraire,  une 
immense  quantité  d'Infusoires  et  de  Mucédinées, 

»  Donc  l'air  de  la  Maladetta,  et  en  général  l'air  des  hautes  montagnes, 
n'est  pas  «  impropre  à  provoquer  une  altération  quelconque  dans  une 
»  liqueur  éminemment  putrescible.   » 

>i  Donc,  et  jusqu'à  preuve  rigoureusement  contraire,  ce  sera  là  notre  con- 
clusion définitive   : 

»  La  panspermie  limitée  n'existe  pas,  et  l'hétérogénie,  ou  production 
d'un  nouvel  être,  dénué  de  parents,  mais  formé  aux  dépens  de  la  matière 
organique  ambiante,  est  pour  nous  une  réalité.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  la  question  de  [absorption  de  médicaments  par  la  peau 
saine;  remarques  de  M.  Deschamps  (d'Avallon)  à  l'occasion  dune  communi- 
cation récente  de  M.  Delore.  (Extrait.) 

«  J'ai  publié  dans  le  Bulletin  général  de  Thérapeutique^  en  i858,  t.  LIV, 
p.  4io,  un  travail  «  Sur  la  meilleure  forme  à  donner  à  quelques  prépara- 
»  tions  pharmaceutiques  destinées  à  l'usage  externe  »,  travail  dans  lequel 
je  prouve  que,  sons  l'influence  des  saponés,  les  agents  thérapeutiques  tra- 
versent promptement  le  derme  et  pénètrent  dans  l'économie;  qu'ainsi,  après 
quelques  frictions  faites  sur  l'épigastre  avec  un  saponé  composé  d'iodure 
de  potassium  (4  grammes),  eau  (4  grammes),  alcoolé  de  savon  (Sa  grammes), 
l'urine  contient  beaucoup  d'iode,  etc.  Dans  un  second  travail  sur  les  Sa- 
ponés publié  en  1860,  dans  le  même  journal,  je  fais  remarquer  que  l'axonge 
n'empêche  pas  l'iodiire  de  potassium  de  traverser  le  derme;  que  la  quan- 
tité d'iode  que  l'on  trouve  dans  l'urine  est  moins  grande  que  celle  qui  y 
pénètre  sous  l'influence  des  saponés;  qu'à  l'aide  d'un  saponé  on  peut  faire 
absorber  à  la  peau  une  assez  forte  proportion  d'huile,  etc. 

»  J'ai  prouvé,  dans  une  Note  présentée  en  1862  à  l'Académie  de  Méde- 
cine, que  la  pommade  d'iodure  de  plomb  n'était  pas  un  médicament  inutile, 
comme  on  pourrait  le  croire  en  raison  de  l'insolubilité  de  cet  iodure,  puis- 
qu'on trouvait  de  l'iode  dans  l'urine,  après  quelques  frictions  faites  sur  l'é- 
pigastre avec  cette  pommade.  J'explique  cette  réaction  de  la  manière  sui- 
vante. Lorsqu'on  fait  une  friction  avec  une  pommade,  un  liniment,  les  pores 
de  la  peau  sont  bouchés  et  rien  ne  pénètre;  mais,  comme  on  est  dans  l'ha- 
bitude de  recouvrir  les  parties  frictionnées  avec  un  linge,  le  linge  absorbe 
la  pommade,  devient  imperméable,  facilite  la  transpiration,  et  le  liquide 

C.  R.,  iSG.î,  2""=  Semestre.  (T.  LVII,  N"  12.)  yS 


(  562  ) 

sécrété  par  la  peau  dissout  les  principes  solubles  contenus  dans  la  pom- 
made, ou  modifie  la  constitution  des  composés  insolubles  et  altérables,  et 
les  principes  actifs  sont  placés  dans  des  conditions  favorables  pour  être  ab- 
sorbés, etc.,  etc. 

»  Dans  un  travail  sur  la  Glycérine,  également  publié  dans  le  Bulletin  ijé- 
néral  de  Thérapeutique  (3o  avril  i863),  j'ai  classé  les  excipients  d'après  la 
facilité  qu'ils  ont  de  faire  traverser  le  derme  aux  substances  médicamen- 
teuses. J'ai  fait  remarquer  que  la  glycérine  n'était  pas  douée,  comme  on 
le  disait,  d'une  grande  pénétration,  et  qu'elle  était  bien  loin  d'être  un 
excipient,  un  dissolvant  par  excellence,  etc.  Enfin,  j'ai  publié  dans  la  Revue 
Médicale,  le  i5  mai  i863,  un  travail  dans  lequel  j'étudie  l'action  des  sub- 
stances médicamenteuses  que  l'on  fait  dissoudre  dans  l'eau  des  bains  et  que 
je  termine  par  les  conclusions  suivantes  : 

«  La  peau  n'absorbe  aucune  substance  médicamenteuse  dans  un  bain. 
»  La  quantité  d'un  agent  médicamenteux  qui  pénètre  dans  l'économie  après 
M  une  série  de  bains  est  indépendante  de  l'action  des  bains.  Cette  absorp- 
»  tion  n'a  lieu  que  secondairement,  et  ne  s'effectue  qu'à  l'aide  des  sels  qui 
»  restent  à  la  surface  de  la  peau.  Les  bains  médicamenteux  ne  peuvent  pro- 
»  duire  auciuie  modification  interne.  Ils  sont  considérablement  intérieurs 
»  à  l'emploi  des  saponés  et  des  pommades. 

»  La  quantité  d'iode  qui  pénètre  dans  l'économie,  après  quatre  frictions 
»  faites  sur  l'épigastre  avec  4  grammes  de  pommade  renfermant  lo  cenli- 
»  grammes  d'iodure  de  potassium,  est  extraordinairement  plus  grande  que 
»  celle  qui  a  traversé  le  corps  après  huit  bains  qui  ont  été  faits  avec 
»  200  grammes  d'iodure.  4  grammes  de  pommade  d'iodure  de  plomb,  sub- 
»  stitués  aux  4  grammes  de  pommade  d'iodure  de  potassium,  abandonnent 
))  plus  d'iode  que  les  200  grammes  d'iodure  des  huit  bains...  » 
(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  dans  la  séance  du  3  août 

dernier   pour   le   travail  de  M.   Delore ,  Commission    qui  se  compose 

de  MM.  Rayer,  Bernard  et  Longet.) 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —   Du  rôle  des  Infusoires  dans  la  germination. 
Extrait  d'une  Note  de  M.  J.  Lemaire. 

(Commissaires,  MM.  Decaisne,  Pasteur.) 

Dans  cette  Note,  l'auteur  expose  sommairement  les  expériences  qui 
l'ont  conduit  à  admettre  que  les  Infusoires  jouent  dans  le  phénomène  de  la 
germination  un  rôle  important,  indispensable.  «  Si  l'on  place,  dit-il,  sur  de 


(  563  ) 
la  porcelaine  pulvérisée  ou  sur  une  éponge  humide  des  haricots,  des  lentilles, 
de  l'orge  ou  de  l'avoine,  on  voit  au  bout  de  vingt  heures,  lorsque  la  graine 
et  l'embryon  sont  encore  durs  et  cornés,  des  Bactéritnns  nombreux  dans  le 
sol  artificiel  et  sur  le  testa;  au  bout  de  quarante-huit  heures,  des  Vibrions 
et  des  Monades  apparaissent,  et  cela  aussi  bien  dans  les  conditions  ordinaires 
qu'en  employant  un  sol  préalablement  chauffé  au  rouge  et  arrosé  avec  de 

l'eau  distillée  bien  pure En  ajoutant  à  l'eau  distillée  i  ou  i  millièmes 

d'acide  phénique,  qui  empêche  le  développement  des  Infusoires,  la  ger- 
mination est  empêchée;  mais,  quand  l'acide  phénique  a  été  enlevé  par  une 
lotion  ou  par  sa  volatilisation,  la  germination  peut  encore  avoir  lieu  et  est 
encore  précédée  par  les  Infusoires  susnommés.   » 

PHYSIQUE  MATFIÉMATIQUE.  —  Détermination  des  relations  qui  existent  entre  la 
chaleur  rayonnante,  la  chaleur  de  conductibilité  et  l'électricité;  par  M.  de 
Colnet-d'Hcart, 

«  Dans  le  nouveau  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  juge- 
ment de  l'Académie,  je  démontre,  dit  l'auteur,  plusieurs  théorèmes  nou- 
veaux sur  les  rotations  moléculaires,  et  ces  théorèmes  m'ont  conduit  à  la 
théorie  de  l'électricité.  En  partant  des  équations  différentielles  qui  régissent 
les  petits  mouvements  moléculaires,  je  parviens  aux  équations  de  Fourier 
et  de  Ohm;  ces  équations  sont  des  cas  particuliers  de  deux  équations  beau- 
coup plus  générales,  qui  font  voir  que  les  corps  sont  diathermanes  pour  cer- 
tains rayons  calorifiques  et  athermanes  pour  d'autres  rayons.   » 

(Renvoi  à  la  Commission  déjà  nommée  pour  les  précédentes  communi- 
cations de  l'auteur  sur  la  même  question,  Commission  composée  de 
MM.  Becquerel,  Pouillet,  Fizeau,  et  à  laquelle  est  adjoint  M,  Lamé.) 

M.  Skrodzki  ,  dans  une  Note  adressée  de  Copenhague,  expose  le  plan  de 
recherches  qu'd  a  entreprises  «  sur  les  forces  d'attraction  et  de  cohésion  ca- 
pillaires »,  et  annonce  l'intention  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie 
son  travail  aussitôt  qu'il  l'aura  complété. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Poncelet,  Lamé 

et  Clapeyron.) 

M.  Dumas  envoie  de  Bordeaux  la  description  accompagnée  de  figures  de 
son  système  de  freins  pour  les  chemins  de  fer,  déjà  mentionné  dans  une 
Lettre  précédente. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  chemins  de  fer.) 

75.. 


(  564) 

M.  MoRi\  fait  remarquer  à  cette  occasion  que  sans  rien  préjuger  sur  le 
mérite  du  frein  de  M.  Dumas  qu'il  ne  connaît  point,  il  lui  paraît  utile  de  rap- 
peler que  pour  de  pareilles  inventions,  ce  n'est  pas  à  l'Académie  que  les 
auteurs  devraient  s'adresser,  mais  à  M.  le  Ministre  des  Travaux  publics  qui, 
si  le  système  semble  digne  d'attention,  peut  le  faire  soumettre  aux  expé- 
riences indispensables  pour  une  appréciation  définitive. 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ministre  des  Affaiues  étrangères  transmet  les  trois  premières 
livraisons  du  «  Musée  botanique  de  Leyde,  »  qui  lui  ont  été  adressées  pour 
l'Académie  des  Sciences  par  le  Ministère  néerlandais.  Cette  publication,  qui 
se  fait  sous  la  direction  de  M.  le  professeur  F. -A. -G.  MUjuel,  est  accom- 
pagnée de  très-belles  planches  coloriées. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  des  auteurs  les  ouvrages 
suivants  : 

1°  Des  recherches  sur  les  combinaisons  anilo-métalliques  et  sur  la  for- 
mation de  l'aniline,  par  M.  Hugo  Schijf.  L'auteur  avait  déjà  fait  connaître 
sommairement  ces  travaux  dans  des  Notes  qui  ont  trouvé  place  aux  Comptes 
rendus;  aujourd'hui  il  les  présente  dans  tout  leur  développement,  et  prie 
l'Académie  de  vouloir  bien  les  admettre  au  concours  pour  le  prix,  de  la 
fondation  Jecker,  prix  destiné  à  favoriser  les  progrès  de  la  Chimie  orga- 
nique. 

2°  Un  Mémoire  de  M.  P.-E.  de  LainoUe  «  sur  le  service  médico-chirur- 
gical de  la  construction  du  chemin  de  fer  de  Lisieux  à  Honfleur  ».  L'auteur, 
qui  a  eu  l'occasion  de  bien  observer  les  besoins  des  travailleurs  placés 
sous  sa  surveillance  médicale,  se  demande  si  on  a  toujours  songé  suffisam- 
ment à  ces  besoins  avant  l'ouverture  des  travaux.  «  Une  Compagnie  de  che- 
min de  fer,  qui  pour  l'exploitation  commerciale  de  son  réseau  possède  un 
matériel  si  important,  ne  pourrait-elle  pas,  dit-il,  établir  dans  des  proportions 
relatives  aux  exigences  de  la  construction,  un  matériel  indispensable  au  bien- 
étredes  ouvriers?  Chaque  fois  qu'il  s'agirait  d'établir  une  ligne  nouvelle,  les 
Compagnies  ne  devraient-elles  pas,  avant  la  mise  en  œuvre,  s'assurer  si  les 
ouvriers  trouveront  des  logements  commodes  et  une  nourriture  salubre  à 
bon  marché?...  Elles  combleraient  un  vide  déplorable  en  exigeant  l'établisse- 
ment de  maisons  en  planches  construites  sur  un  plan  analogue  à  celui  dont 
je  joins  ici  le  modèle  et  le  prix  de  revient.  » 


(  565  ) 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  encore,  parmi  les  pièces  imprimées 
de  la  Correspontlance,  un  Rapport  adressé  à  M.  le  Gouverneur  général  de 
l'Algérie  par  M.  le  commandant  Mircher,  sur  sa  mission  à  Gliadamès  en 
octobre  et  novembre  1862. 

La  Société  Linnéenxe  de  Londres  adresse  deux  volumes  de  ses  «Tran- 
sactions, »  avec  plusieurs  numéros  de  son  journal,  et  remercie  l'Académie  des 
Sciences  pour  l'envoi  de  ses  dernières  publications  :  Mémoires,  Recueil  des 
Savants  étrangers,  Comptes  rendus  hebdomadaires  et  Supplément  aux 
Comptes  rendus,  t.  II. 

La  Société  Royale  des  Sciences  de  Copenhague  envoie  le  volume  de 
ses  n  Mémoires  (Sciences  Mathématiques  et  Sciences  Naturelles)  pour  l'année 
1S61  »,  avec  le  Compte  rendu  de  ses  travaux  pendant  la  même  année,  et 
remercie  l'Académie  pour  l'envoi  de  plusieurs  volumes. 

PHYSIOLOGIE.  —  Mémoire  sur  l'action  du  bulbe  rachiilien,  de  la  moelle 
épinière  et  du  nerf  grand  sympathique  sur  les  mouvements  de  la  vessie; 
par  M.  Jules  Budge. 

a  J'ai  observé  le  1 1  août  i863,  sur  un  chien  âgé  d'nn  jour,  auquel  tout 
le  cerveau  était  enlevé  du  crâne,  que  la  vessie  s'est  contractée  chaque  fois, 
que  je  galvanisais  au  moyen  de  l'appareil  à  induction  le  bulbe  rachidien. 
La  vessie  avait  été  coupée  au  sommet,  et  l'urine  qu'elle  contenait  s'était 
vidée.  La  vessie  vide  montrait  plusieurs  plis,  qui  couraient  parallèlement  à 
l'axe  longitudinal  de  la  vessie.  A  chaque  irritation  du  bulbe  rachidien  la 
plaie  de  la  vessie  s'ouvrait,  ce  qui  s'explique  par  la  contraction  du  delrusor 
urinœ.  Quant  on  examinait  la  vessie,  on  remarquait  une  diminution  si 
considérable  du  voliune,  qu'on  ne  pouvait  point  s'y  tromper. 

»  Après  cette  observation  je  me  suis  occupé  de  chercher  la  limite  jusqu'à 
laquelle  on  pouvait,  par  une  irritation,  exciter  les  mouvements  de  la  vessie. 
En  galvanisant  les  hémisphères  du  cervelet,  les  couches  optiques,  les  corps 
striés,  les  hémisphères  du  cerveau,  la  vessie  restait  immobile;  mais  dès  qu'on 
touchait  les  corps  restiformes  vers  le  bord  du  cervelet,  et  la  partie  qui  se 
trouve  du  côté  extérieur  du  cervelet  et  des  tubercules  quadrijumeaux  et 
les  pédoncules  cérébraux,  on  remarquait  aussitôt  une  contraction  violente 
de  la  vessie.  Après  chaque  irritation  on  voyait  s'écouler  quelques  gouttes 


(  566  ) 
d'urine.  Quand  ces  parties  d'un  côté  avaient  perdu  leur  irritabilité ,  on 
voyait  de  nouveau  la  vessie  se  mouvoir,  si  l'on  galvanisait  les  parties  du  côté 
opposé.  J'ai  répété  les  mêmes  expériences,  seulement  avec  la  difiorence  que 
les  deux  nerfs  pneumogastriques  avaient  été  coupés,  sans  que  cette  opéra- 
tion ait  produit  quelque  changement  sur  le  résultat. 

»  Pour  reconnaître  avec  plus  d'exactitude  les  contractions  de  la  vessie 
si  petites  qu'elles  soient,  je  me  suis  servi  d'un  tube  de  verre  muni  d'une 
échelle  graduée  en  millimètres,  dans  lequel  j'avais  d'abord  introduit  de 
l'eau,  je  portais  ce  tube  dans  la  vessie,  soit  par  luie  ouverture  artificielle, 
soit  par  l'urètre;  dans  le  premier  cas  il  faut  que  l'urètre  soit  noué  avec 
un  ruban,  afin  que  l'eau  ne  puisse  pas  sortir.  Avec  une  telle  métiiode  on 
peut  parvenir  à  observer  les  plus  petites  contractions  de  la  vessie.  Cepen- 
dant on  ne  peut  pas  bien  employer  cette  méthode  pour  les  lapins,  parce  que 
la  vessie  est  beaucoup  plus  mince  que  chez  les  chiens,  et  que  la  pression 
de  l'eau  sur  les  parois  empêche  alors  les  contractions. 

»  Pour  éviter  des  erreurs,  il  faut  bien  savoir  distinguer  les  rétrécissements 
qui  proviennent  d'une  cause  autre  que  celle  de  l'irritation  des  nerfs,  quelle 
que  soit  la  méthode  dont  on  se  sert.  La  vessie  peut  se  contracter  spontané- 
ment comme  les  intestins  et  l'utérus;  mais  ces  mouvements  sont  en  général 
peu  considérables_,  surtout  au  commencement  de  l'expérience,  et  montrent 
même  une  grande  régularité,  tellement  que  l'eau  du  tube  monte  à  la  même 
hauteur  à  chaque  contraction.  De  cette  manière  il  sera  facile  de  distinguer 
l'effet  de  l'irritation  qui  provient  des  nerfs  irrités  de  celle  qui  est  produite 
par  les  mouvements  spontanés. 

)>  Les  muscles  qui  se  trouvent  dans  le  voisinage  de  la  vessie  se  con- 
tractent par  la  galvanisation  de  la  moelle,  et  sous  cette  influence  la  vessie  se 
resserre;  mais  cette  contraction  suit  immédiatement  la  galvanisation,  tandis 
qu'une  seconde  ou  une  seconde  et  demie  se  passe  avant  que  la  vessie  se 
contracte  par  l'irritation  de  ses  nerfs.  La  secousse  produite  par  la  contrac- 
tion des  muscles  peut  être  rendue  presque  nulle,  en  retenant  les  jambes  du 
chien  ou  en  coupant  les  nerfs. 

»  Le  rectum,  en  se  rétrécissant  et  en  s'élargissant,  produit  une  pression 
sur  la  vessie,  qui  peut  être  empêchée  par  une  coupe  transversale  au  travers 
de  l'organe  et  l'évacuation  de  son  contenu. 

»  Après  cette  exposition  de  ma  méthode  je  reprends  le  cours  de  mes 
observations.  J'ai  cherché  à  trouver  la  liaison  qui  existe  entre  le  bulbe  ra- 
chidien  et  les  fibres  nerveuses  qui  se  répandent  dans  les  muscles  de  la 
vessie. 


(  S67) 

»  Il  faut  d'abord  examiner  quels  sont  les  nerfs  de  mouvement  pour  la 
vessie.  On  connaît  par  l'anatomie  que  la  vessie  tient  ses  nerfs  de  deux 
sources  différentes:  i"  du  nerf  sympathique  lombaire,  et  respectivement  du 
plexus  hypogastrique  inférieur;  2°  du  troisième  et  du  quatrième  nerf 
sacral.  Ces  nerfs  forment  le  plexus  vésical  supérieur  et  inférieur. 

»  J'avais  déjà  observé  précédemment  (voir  le  Compte  rendu  du  1 1  octobre 
i858)  que  l'irritation  du  nerf  sympathique  lombaire  produit  des  con- 
tractions de  la  vessie,  du  rectum  et  des  vaisseaux  déférents.  En  galvanisant 
la  région  de  la  moelle  qui  correspond  à  la  quatrième  vertèbre  lombaire, 
j'ai  vu  se  manifester  des  contractions  énergiques  des  vaisseaux  déférents; 
mais  j'ai  trouvé  le  centre  spinal  pour  le  mouvement  de  la  vessie  d'une 
étendue  un  peu  plus  grande. 

M  II  n'y  a  pas  longtemps  que  M.  Gianuzzi  (voir  le  Compte  rendu  du 
5  janvier  i863)  a  confirmé  mes  observations  et  les  a  encore  agrandies.  Il 
trouvait  qu'on  obtient  des  contractions  qui  ont  lieu  au  bas-fond  de  la  vessie, 
qnand  on  galvanise  les  nerfs  formés  ordinairement  par  les  troisième ,  qua- 
trième et  cinquième  paires  sacrées,  et  que  les  mêmes  résultats  s'obtiennent 
par  l'excitation  des  filets  du  grand  sympathique  qui  viennent  des  ganglions 
mésentériques  et  se  rendent  aussi  au  plexus  hypogastrique  ;  enfin  que 
dans  la  région  lombaire  de  la  moelle  épinière  il  y  a  deux  points  principaux 
qui  président  aux  contractions  de  la  vessie,  l'un  situé  en  correspondance 
de  la  troisième  vertèbre  lombaire ,  l'autre  en  correspondance  de  la  cin- 
quième; que  le  point  correspondant  à  la  troisième  vertèbre  lombaire 
transmet  ses  effets  par  les  filets  qui  passent  préalablement  par  les  ganglions 
mésentériques  avant  d'aller  constituer  le  plexus  hypogastrique  ;  que  le  point 
de  la  moelle  placé  au  niveau  de  la  cinquième  vertèbre  lombaire  transmet 
son  action  par  des  filets  sacrés  qui  viennent  directement  former  le  plexus 
hypogastrique. 

»  Mes  nouvelles  expériences  ont  donné  le  résultat  suivant  sur  les  nerfs 
sacrés:  quand  on  met  à  nu  tous  les  nerfs  sacrés  d'un  chien,  on  trouve  que 
l'excitation  de  toutes  les  racines  postérieures  ou  sensibles  de  ces  nerfs  pro- 
duit des  mouvements  de  la  vessie.  Si  l'on  coupe,  ensuite,  ces  racines  posté- 
rieures et  si  l'on  irrite  les  racines  antérieures  de  ces  nerfs,  on  ne  voit  paraître 
les  mouvements  de  la  vessie  que  par  l'irritation  du  troisième  ou  du  quatrième 
nerf  sacré  et  non  pas  du  premier  ou  du  second.  Si  l'on  sépare  le  troisième 
ou  le  quatrième  nerf  sacré  de  la  moelle  épinière  et  qu'on  les  place  sur  un 
morceau  de  verre  pour  les  galvaniser,  on  voit  aussitôt  après  la  galvanisation 
la  vessie  se  mouvoir. 


(  568  ) 
»  Pour  savoir  si  les  mouvements  de  la  vessie  produits  par  l'excitation  du 
bulbe  rachidien  sont  causés  par  l'influence  des  fibres  de  l'organe  central 
sur  les  racines  antérieures,  j'ai  fait  les  expériences  suivantes  :  après  avoir 
irrité  le  bulbe  rachidien  d'un  jeune  chien  et  avoir  produit  par  là  des  mou- 
vements de  la  vessie,  j'ai  enlevé  les  arcs  des  cinq  vertèbres  cervicales  supé- 
rieures, de  la  septième  vertèbre  dorsale  et  de  la  quatrième  vertèbre  lom- 
baire, puis  j'ai  galvanisé  la  moelle  épinière  dans  tous  ces  points  et  j'ai 
vu  dans  ces  cas  paraître  les  mouvements  de  la  vessie.  Dans  une  autre  expé- 
rience semblable  j'ai  coupé  la  moelle  épinière  au-dessous  de  la  région  où 
l'irritation  avait  produit  les  mouvements  de  la  vessie,  et  ensuite  galvanisé 
au-dessus  et  au-dessous  de  cette  coupure;  dans  ce  cas  je  n'ai  jamais  vu 
paraître  aucun  mouvement  de  la  vessie  au-dessus  de  la  coupure,  mais 
chaque  fois  au-dessous  de  la  coupure.  Dans  une  autre  expérience  j'ai  coupé 
les  racines  du  troisième  et  du  quatrième  nerf  sacré,  puis  irrité  la  moelle  en 
plusieurs  endroits  différents:  l'effet  de  cette  opération  était  complètement 
nul  sur  la  vessie;  mais  lorsqu'on  galvanisait  les  bouts  périphériques  des 
racines  motrices  coupées,  l'eau  montait  avec  violence  dans  le  tube. 

»  De  ces  expériences  il  résulte  qu'entre  le  bulbe  rachidien  et  les  nerfs 
sacrés,  existe  une  communication  par  la  moelle  épinière,  en  vertu  de 
laquelle  sont  produits  les  mouvements  de  la  vessie.  Malgré  cela  il  n'était 
pas  encore  prouvé  que  ce  fût  l'unique  conduit  par  lequel  les  fibres  du 
bulbe  rachidien  étaient  en  communication  avec  les  fibres  motrices  de  la 
vessie,  et  il  restait  à  déterminer  à  quel  genre  appartenaient  les  fibres  de  la 
moelle,  dont  l'irritation  produisait  les  mouvements  de  la  vessie. 

')  J'ai  déjà  mentionné  ci-dessus  que  malgré  la  section  des  deux  nerfs 
pneumogastriques  l'irritation  du  bulbe  rachidien  produit  des  mouvements 
de  la  vessie.  Mes  nouvelles  expériences  m'ont  appris  que  le  nerf  sympa- 
thique n'est  pas  non  plus  le  nerf  moteur  pour  la  vessie,  comme  on  l'a  cru 
jusqu'à  présent.  On  peut  facilement  se  convaincre,  en  isolant  ce  nerf 
au-dessus  de  l'os  sacrum  et  en  le  galvanisant,  que  les  vaisseaux  déférents, 
le  rectum  et  la  vessie  se  contractent,  mais  j'ai  vu  à  mon  grand  étonnement 
que  cette  contraction  n'est  pas  directe  mais  réflexe.  Quand  on  met  à  nu  le 
nerf  sympathique  lombaire  d'un  chien  dans  toute  sa  longueur,  si  on  le 
prive  de  toutes  ses  communications  et  qu'on  le  coupe  dans  la  région  qui 
correspond  aux  reins,  qu'ensuite  on  le  galvanise,  on  ne  voit  aucune  trace 
de  mouvement  dans  la  vessie,  même  quand  le  nerf  est  en  communication 
avec  elle.  Il  s'ensuit  de  là  que  cet  organe  ne  reçoit  aucune  fibre  motrice  du 
nerf  sympathique.  Si,  au  contraire,  on  coupe  le  nerf  sympathique  près  du 


(  569  ) 
proinontorium  et  qu'au-dessus  de  la  coupure  ou  irrite  le  nerf,  les  mou- 
vements de  la  vessie  ne  manquent  pas  de  se  montrer,  même  quand  le 
nerf  n'est  pas  encore  en  communication  avec  elle;  on  voit  de  même  repa- 
raître les  mouvements  quand  on  a  coupé  deux  fois  le  nerf,  d'abord  du  côté 
de  la  seconde  vertèbre  lombaire,  puis  de  l'os  sacrum,  et  qu'on  galvanise  la 
partie  du  nerf  située  entre  les  deux  coupures;  les  mouvements  cessent  dès 
qu'on  a  coupé  les  rami  commtinicanles.  Ainsi  donc,  il  faut  que  les  fibres 
de  la  vessie  courent  dans  les  nerfs  sympathiques  lombaires  dans  le  sens 
centripète  et  arrivent  à  la  moelle  par  les  branches  communicantes. 

»   Je  tire  de  ces  observations  les  conclusions  suivantes  : 

»  i"  Les  seuls  nerfs  moteurs  de  la  vessie  qui  sont  connus  jusquà  pré- 
sent se  trouvent  dans  le  troisième  et  le  quatrième  nerf  sacré. 

»  2°  T>es  nerfs  sensibles  de  la  vessie  commu'niquent  par  les  nerfs  sympa- 
thiques lombaires,  et  de  là,  par  les  rami  communicantes ,  à  la  moelle  épi- 
nière,  et  produisent  les  mouvements  réflexes  de  la  vessie. 

»  3°  En  irritant  sur  un  chien  le  bulbe  rachidien  et  les  pédoncules,  de 
même  que  toute  la  moelle  épinière,  on  provoque  des  mouvements  de  la 
vessie.   » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  le  développement  du  Bothriocéphale  de  V homme.  Note  de 
M.  Bertolcs,  présentée  par  M.  Milne  Edwards. 

«  Jusqu'ici,  sauf  un  dessin  posthume  et  inédit  du  D''  Schubart,  les  natu- 
ralistes n'avaient  aucun  renseignement  sur  les  premières  phases  du  déve- 
loppement duBothriocéphale  de  l'homme  (i).  J'ai  été  assez  heureux  pour  ob- 
tenir deux  fois  des  embryons  de  cet  intéressant  parasite  :  la  première  fois  au 
mois  de  juin  18G2,  la  seconde  dans  le  courant  de  juillet  de  cette  année; 
j'ai  suivi  avec  soin  les  phénomènes  dont  l'œuf  est  le  siège  pendant  la  longue 
période  nécessaire  à  son  évolution  complète;  c'est  un  court  résumé  de  ces 
observations  que  je  présente  dans  les  lignes  suivantes. 

»  I/œuf  du  Bothriocéphale  de  l'homme  exige  pour  son  développement 
complet  un  séjour  de  six  à  huit  mois  dans  de  l'eau  courante  ou  fréquem- 
ment renouvelée. 

»   Au  moment  de  la  rupture  de  l'ovisac,  cet  œuf  est  composé  d'une  coque 


(i)  En  présentant  ce  travail,  M.  Milne  Edwards  rappelle  que  dans  une  des  dernières 
séances  il  a  déposé  sur  le  bureau  de  l'Académie  un  Mémoire  sur  le  même  sujet,  par 
M.  Knoch,  de  Saint-Pétersbourg. 

C.  R.,  i863,  1""'  Semestre.  (T.   LVII,  N»  J2.)  7^ 


(  Syo) 
ovoïde  d'un  brun  foncé,  résistante,  exactement  remplie  d'une  masse  gra- 
nuleuse amorphe. 

»  Au  bout  d'un  mois  au  plus,  ce  vilellus  se  divise  en  cellules  de  i5  mil- 
lièmes de  milli mètre  de  diamètre  ;  bientôt  après  apparaît  au  centre  une  tache 
transparente,  ou  tache  embryonnaire,  qui  se  développe  lentement  aux  dépens 
du  vitelliis,  tandis  que  celui-ci  se  rétracte  sur  lui-même,  laissant  entre  la 
coque  et  lui  un  espace  de  plus  en  plus  grand. 

))  Au  bout  de  six  mois,  la  tache  embryonnaire  a  envahi  toute  la  masse 
vitelliiie  ;  c'est  alors  qu'apparaissent  les  crochets  de  l'embryon,  chez  lequel 
se  manifestent  déjà  quelques  mouvements  de  contraction. 

M  Enfin,  au  bout  de  sept  à  huit  mois,  il  se  détache  de  la  petite  extrémité 
de  la  coque  une  calotte,  ou  opercule,  qui  livre  passage  à  l'embryon. 

»  Celui-ci  se  compose  de  deux  corps  sphériques  emboités  l'un  dans  l'au- 
tre. Le  corps  externe  a  la  forme  d'une  sphère  creuse  de  45  à  5o  millièmes 
de  millimètre  de  diamètre  ;  la  paroi  de  ce  corps -est  épaisse  d'environ  lo  mil- 
lièmes de  millimètre,  formée  de  grandes  cellules  prismatiques  accolées  les 
imes  aux  autres,  et  revêtue  extérieurement  d'une  forêt  de  grands  fouets 
vibratiles  d'une  finesse  extrême,  longs  de  loà  i5  millièmes  de  millimètre  et 
très-flexibles. 

»  Sous  l'impulsion  de  cet  appareil  vibratile  toute  la  masse  embryonnaire 
nage  rapidement  au  moment  de  l'éclosion,  en  tournant  sur  elle-même  ;  mais 
au  bout  de  quelques  heures  le  mouvement  se  ralentit,  cesse  bientôt,  et  le 
levèteracnt  ciliaire  semble  disparaître. 

»  A  l'intérieur  de  cette  sphère  creuse  se  trouve  un  autre  corps  également 
sphéroïde,  se  mouvant  librement  dans  son  enveloppe,  et  armé  vers  l'un  de 
ses  pôles  de  trois  paires  de  crochets  tout  à  fait  analogues  aux  six  crochets 
caractéristiques  des  embryons  de  Taenia. 

»  Ce  corps  externe,  formé  de  cellules  nucléées,  très-pâles  (de  5  millièmes 
de  millimètre  sur  3),  mesure  en  diamètre  de  35  à  /|0  millièmes  de  millimètre. 

»  Les  crochets,  sensiblement  semblables  dans  les  trois  paires,  atteignent 
une  longueur  totale  de  i3  millièmes  de  millimètre  ;  la  lame,  peu  recourbée, 
mesure  à  peu  près  le  tiers  de  la  longueur  totale;  le  manche,  rectiligne,  très- 
grêle,  est  long  de  9  millièmes  ;  l'apophyse  antérieure  [Zalinforlsatz)  fait  une 
saillie  considérable  (28  dix-millièmes  de  millimètre). 

M  L'analogie  que  présente  cet  embryon,  d'un  côté  avec  les  embryons 
(les  Trémalodcs  digénèses,  de  l'autre  avec  ceux  des  Cysto-ta?niens,  me  fait 
regarder  comme  hors  do  doute  que  le  sort  de  ce  jeune  parasite  est  d'aller 
s'enkyster  dans  le  parenchyme  de  quelque  animal  aquatique  pour  y  pour- 
suivre son  développement. 


(  571  ) 

M  Sans  vouloir  rien  affirmer  de  pins,  n'ayant  pas  encore  tenté  d'expérience 
à  ce  sujet,  je  crois  devoir  attirer  l'attention  des  helmintholognes  sur  un 
ver  dont  les  vrais  rapports  zoologiqnes  ont  été  méconnus  jnsqu'ici,  et  qui 
pourrait  n'être  antre  chose  que  le  scolex  du  Bothriocéphale  de  l'homme. 

»  Je  veux  parler  de  la  Ligiila  nodosa  de  Rudolphi,  qui  vit  enkystée  dans 
le  tissu  conjonctif  de  différentes  espèces  du  genre  Saimo;  je  me  suis 
assuré  que  cet  animal  n'est  autre  chose  qu'un  scolex,  dont  la  partie  dite 
céphaliqne,  profondément  invaginée  dans  une  portion  caudale  trèb-étroite 
et  très-longue,  présente  avec  l'appareil  de  fixation  de  notre  Bothriocéphale 
une  analogie  complète  de  forme  et  de  dimensions. 

»  J'ai  l'intention  d'entreprendre,  aussitôt  que  je  le  pourrai,  une  série 
d'expériences  dans  le  but  d'élucider  cette  intéressante  question.  » 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Recherches  cCanalyse  spectrale.  Seconde  Note 

de  M.  P.  VOLPICF.LLI  (i). 

«  1.  Le  résidu  de  l'eau  minérale  de  Tivoli  appelée  albida,  obtenu  par 
l'évaporation  ignée,  est  introduit  dans  la  flamme  oxy-hydrogénique.  En 
faisant  coïncider  la  raie  D  du  spectre  solaire  avec  la  division  loo  de  l'échelle 
millimétrique  du  spectroscope  monoprisme,  on  obtient  un  spectre  brillant 
avec  beaucoup  de  raies  et  de  bandes,  qui,  conformes  aux  dessins  des  spec- 
tres des  différents  métaux  (2),  m'ont  fait  voir  la  présence  du  : 

))  Kalium,  par  les  raies  65,  206,  1 18  et  i35  ; 

»  Natrium,  parla  raie  100; 

»  Calcium,  par  les  raies  f)0,  io5,  iio,  112  et  118; 

»  Lithium,  par  la  raie  81; 

»  Strontium,  par  les  bandes  dans  le  rouge,  et  par  la  raie  iSy  dans  le  bleu. 

»  La  présence  du  lithiiun  et  du  strontium  dans  Valbida  a  échappé  à 
l'analyse  chimique  de  MM.  Viale  et  Latini  (3),  comme  à  celle  de  MM.  Com- 
maille  et  Lambert  (4). 

»  Pour  l'analyse  spectrale  des  substances  fixes  dans  une  eau  minérale,  il 
faut  que  le  résidu  de  l'évaporation  ne  soit  ni  trop  réduit  à  siccifé,  ni  préparé 

(1)  Pour  la  première  '^ote,\o\r  Comptes  reruliix,  t.  LVI,  p.  ^qi. 

(2)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  3"  série,  t.  LXII,  PL  II;  ibid.,  t.  LXIV,  PI.  IV. 
—  L'Année  scientijîque; Paris,  i863,  p.  90. —  Annuaire  du  Cosmns;Parh,  l863,  p.  l45-  — 
Remèdes  Sciences  et  de  l'Industrie;  Paris,    |863,  p.  [76. 

(3)  Rome,  1857,  p.  33;  typographie  de  J.  Menicanti. 

(4)  Paris,  18G0,  p.  73;  Germer  Baillière,  libraire-éditeur,  rue  de  l'École-de-Médecine,  17. 

76.. 


(  572) 
plusieurs  jours  avant  d'être  soumis  à  l'aclion  calorifique  de  la  flamme.  Avec 
cette  précaution  indispensable,  on  évite  les  agrégations  moléculaires  qui 
s'opposent  à  la  production  des  raies  ou  bandes  spectrales,  caractéristiques 
des  différents  métaux,  ou  métalloïdes,  contenus  dans  l'eau  que  l'on  désire 
analyser. 

»  2.  La  pouzzolane,  soumise  à  l'analyse  spectrale,  m'a  démontré  la  pré- 
sence du  kalium,  du  natrium  et  du  lithium;  mais  je  dois  revenir  sur  cette 
analyse  importante. 

»  3.  L'arsenic  et  l'acide  arsénieux  ont  montré  à  la  susdite  flamme  un 
sjjeclre  sensiblement  continu.  Il  paraît,  d'après  cela,  que  la  présence  de 
ces  deux  substances  ne  pourra  être  constatée  par  l'analyse  spectrale  avec  un 
seul  prisme. 

»  A  cette  occasion  j'ai  confirmé  que  l'acide  arsénieux  favorise  la  fusion 
du  platine  (i);  mais  j'ai  trouvé  en  outre  que  l'arsenic  la  favorise  encore 
mieux.  En  effet,  si  un  décigramme  de  ce  métalloïde,  placé  dans  une  petite 
cuiller  de  platine,  est  soumis  à  la  flamme  oxy-hydrogénique,  le  métal 
tombe  liquéfié,  en  produisant  un  trou  dans  la  cuiller. 

»  4.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  la  raie  correspondante  à  la  division  ,65  de 
l'éclielle  millimétrique  dans  le  rouge  extrême  possède  deux  caractères 
indécis,  un  pour  l'hydrogène,  l'autre  pour  le  kalium. 

»  5.  Le  spectre  qu'on  obtient  de  la  base  bleue  de  la  flamme  du  carbure 
d'hydrogène  m'a  présenté  cinq  bandes,  c'est-à-dire  une  de  plus  que  celles 
trouvées  déjà  par  M.  le  D""  Attfleid  (2)  dans  toute  flamme  où  se  trouve  le 
carbone. 

»  6.  Les  raies  de  Fraunhofer  ont  été  utiles  à  l'optique  pratique,  en  pré- 
cisant les  indices  de  réfraction  et  les  pouvoirs  dispersifs,  ainsi  qu'à  l'analyse 
qualitative  pyrochromatique,  en  la  réduisant  en  analyse  spectrale,  c'est-à- 
dire  en  la  perfectionnant  par  la  dispersion  et  par  les  raies  fixes  de  significa- 
tion connue. 

»  7.  Le  soleil  étant  à  la  même  élévation  et  l'état  hygrométrique  de  l'at- 
mosphère étant  constant,  j'ai  trouvé  que,  en  augmentant  dans  certaines 
limites  l'épaisseur  du  diaphragme  par  lequel  je  faisais  passer  la  lumière 
avant  d'arriver  au  prisme  du  spectroscope,  les  raies  du  spectre  solaire  deve- 
naient plus  intenses  et  augmentaient  en  nombre.  Ainsi  la  diminution  de  la 

(i)   Brard,  Minéralogie  appliquée  aux  arts  ^  Paris,  1821,  t.  I,  p.  635, —  Dumas,  Traitèclc 
Chimie  appliquée  aux  arts,  t.  IV,  chap.  xiii. 
(2)  Cosmos,  vol.  XXII,  année  i8G3,  p.  SSg. 


(  573  ) 
lumière  et  l'augmentation  de  la  résistance  du  milieu  favorisent  la  production 
des  raies  spectrales.  Donc,  dans  ce  phénomène,  on  doit  reconnaître  un 
maximum  d'effet.  Cette  conséquence  s'accorde  avec  les  observations  de 
M.  Brewster  en  1822,  et  de  M.  Poggendorff  en  i836  (i).  En  outre,  on  peut 
en  conclure  aussi  que  l'augmentation  de  la  vapeur  d'eau  n'est  pas  néces- 
saire pour  que  les  raies  du  spectre  solaire  devieiuient  plus  intenses. 

»  8.  Avant  que  la  lumière  du  soleil  soit  arrivée  au  prisme,  je  l'ai  fait  passer 
par  un  tube  long  de  2  mètres  envirouj  dans  lequel  l'air  était  sec  à  une 
première  expérience,  et  saturé  de  vapeur  d'eau  à  une  seconde.  Les  circon- 
stances étant  égales  dans  les  deux  cas,  j'ai  trouvé  que  le  spectre  solaire 
présentait  toujours  les  raies  de  même  intensité  et  de  même  nombre.  Cela 
s'accorde  avec  ce  que  M.  Janssen  a  observé  avec  raison,  relativement  à  la 
cause  des  raies  spectrales  teiluriques  qui,  selon  cet  auteur,  ne  dépendent  pas 
delà  vapeur  d'eau,  mais  bien  de  l'élévation  du  soleil  (2),  comme  l'a  pensé 
M.  Brewster  (3). 

»  Le  R.  P.  Secchi  a  jugé  que  la  vapeur  d'eau  était  l'agent  principal  des 
raies  spectrales  teiluriques,  et  qu'il  serait  difficile  d'en  indiquer  un  autre  (/|). 
Cette  opinion  est  contraire  non-seulement  à  ce  qui  précède,  mais  encore 
aux  expériences  de  M.  Forbes  (5). 

»  9.  M.  Kirchhoff,  en  faisant  traverser  par  les  rayons  solaires  une  flamme  . 
chargée  des  vapeurs  de  natrium  et  voyant  renforcée  la  raie  D,  en  conclut 
que  ce  métal  est  la  cause  de  l'existence  de  cette  raie  dans  le  spectre  so- 
laire (6).  De  même,  j'ai  fait  traverser  par  les  rayons  du  soleil  la  flamme  oxy- 
hydrogénique,  l'atmosphère  étant  sèche:  les  raies  spectrales  teiluriques  n'ont 
augmenté  ni  d'intensité  ni  de  nombre,  quoique  cette  flamme  contienne  la 
vapeur  d'eau  dans  un  étal  très-favorable  à  la  production  des  raies  teiluri- 
ques. Tout  cela  s'accorde  avec  les  opinions  émises  par  MM.  Brewster, 
Forbes,  Poggendorfl  et  Janssen,  qui  n'attribuent  pas  la  production  des  raies 
teiluriques  à  la  vapeur  d'eau. 

(i)  Poggendorjfs  Annalcn,  i836,  t.  XXXVIII,  p.  61  et  p.  63,  note   i.  Dans  ce  Mémoire- 
très-intéressant  de  l'illustre  M.  Brewster,  publié  par  lui  dans  le  Philosophkal  Magazine, 
"i"  série,  vol.  VIII,  p.  384,  ""  trouve  plusieurs  découvertes  d'analyse  spectrale  qu'on  déve- 
loppe actuellement  avec  les  spectroscopes  modernes. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  LVII,  p.  2l5. 

(3)  Poggendorffs  Annalen,  t836,  t.  XXXVIII,  p.  6i  et  p.  63,  note  i. 

(4)  Comptes  rendus,  t.  LVII,  p.  yS,  ligne  i5,  et  ligne  6  en  remontant. 

(5)  Comptes  rendus,  t.  VIII,  année  iSSg,  p.  176,  ligne  4- 

(6)  Jnnalcs  de  Chimie  et  de  Physique,  3^  série,  t.LXII,  année  1861,  p.  i84. 


{  5:4  ) 

»  Le  R.  P.  Secchi  revient  sur  la  cause  de  ces  raies  en  l'attribuant,  tantôt 
à  la  vapeur  d'eau,  tantôt  à  la  vapeur  vésiculaire,  tantôt  à  des  particules  de 
glace  suspendues  dans  l'atmosphère,  et  tantôt  aux  différents  gaz  qui  s'y 
trouvent  (i).  Il  résulte  de  toutes  ces  incertitudes  que  ce  savant  astronome 
ne  soutient  plus  «  que  la  vapeur  d'eau  est  l'agent  principal  des  raies  tellu- 
»  riques  spectrales,  et  qu'il  serait  difficile  d'eu  indiquer  un  autre,  »  contrai- 
rement à  ce  qu'il  avait  avancé  (a).   » 

M.  Marmuse  donne  quelques  détails  concernant  un  bolide  qu'il  a  ob- 
servé à  Mous,  le  i3  septembre,  à  lo''  53™  du  soir. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Faye.) 
La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  ai  septembre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Bulletins  de  l'Observatoire  Impérial  du  5  au  i g  septembre  i863,  feuilles 
autograpliiées  in-fol. 

Musée  d'Ànatomie  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Strasbourg.  —  Histoire  des 
polypes  du  larjnx  ;  par  C.-H.  EhrmaîNN.  —  Description  de  deux  fœtus  monstres 
dont  l'un  acéphale  et  l'autre  monopode;  par  le  même.  —  Observations  d'ana- 
tomie  palhologicpie,  accompagnées  de  Vliistoire  des  maladies  qui  s'y  rapportent 
et  dont  les  pièces  sont  conservées  au  Musée  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Stras- 
bourcj;  par  le  même.  Strasbourg,  i85o,  iBSa  et  i863;  vol.  in-fol.  avec 
i8  planches  lithographiées. 

Mémoire  sur  le  service  médico-chirurgical  de  la  'construction  du  chemin  de 
fer  de  Lisicux  à  Honfleur,  section  de  Ponl-l' Evcque  à  Quetteville ;  par  le  D"" 
P.-E.  DE  Lamotte.  Ponl-rÉvéque,  i863;  in-8°. 

Mission  de  Ghadamès  {septembre  à  décembre  1862),-  Rapports  officiels  et 
documents  à  l'appui.  Alger,  i863;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  impériale  de  Médecine,  Chirurgie  et  Pharmacie  de  Tou- 


(1)  liitllcttiiw  Metcnrologico  du  i5  août  i8G3,  p.  i  l4' 

(2)  Comptes  rendus,  t.  LVII,  p.  78,  ligne  i5,  et  ligne  6  en  remontant. 


(  575  ) 
loiise;  63^  année,  i863  ;  n°'  i ,  2,  3  et  4»  janvier-août.  Toulouse,  4  Iji'-  in-S". 

Annales  de  la  Société  impériale  d^Jgticiiltiire,  Industrie,  Sciences,  Jrts  et 
Belles-Lettres  du  déparlement  de  la  Loire  ;  t.  VI,  livraisons  i,  2,  3  et  4-  Saint- 
Etienne,  1862;  2  br.  in-S". 

Philosophical...    Transactions  philosophiques  de  la  Société  Pioy aie  de  Lon- 
dres pour  l'année  1862;  vol.CLII,  parties  leta.  Londres,  1862-1863  ;  a  vol. 
in-4°. 

Fellows...  Liste  des  membres  de  la  Société  Royale  de  Londres  au  1"  décem- 
bre 1862;  in-4°. 

Proceedings.,.  Comptes  rendus  de  la  Société  Royale  de  Londres;  vol.  XII, 
n"  56,  in-S". 

Researches...  Recherches  sur  le  développement  de  la  corde  spinale  dans 
r Homme,  les  Mammifères  et  les  Oiseaux;  pari.  LoCKHAUT  Clarke.  (Extrait 
(\es  Philosophical  Transactions,  partie  2,  1862.)  Londres,  i863;  in-4''- 

Bessel's...  Tables  hypsométriques  de  Bessel ;  corrigées  par  Plantcmiou), 
réduites  en  mesures  anglaises  et  recalculées  par  Alexander  J.  Ellis,  br.  in-8°. 

The  Transactions...  Transactions  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres; 
vol.  XXIII,  3"  partie;  vol.  XXIV,  i"=  partie.  Londres,  1862-1863  ;  1  vol. 
in-4°. 

List...  Liste  des  Membres  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres  en  1862, 
br.  in-8°. 

Address...  Discours  d'ouverture  prononcé  à  la  séance  annuelle  de  la  Société 
Linnéenne  le  i[\  mai  1862;  par  G.  Bentiiam,  président,  avec  un  Obituaire 
et  des  Notices  biographiques  sur  les  Membres  qu'a  perdus  la  Société;  par 
George  BusK.,  secrétaire  de  la  Société.  Londres,  1862;  br.  in-8°. 

Joiu'nal...  Journal  des  travaux  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres. — Zoo- 
logie, vol.  VI,  n°  24;  vol.  VII,  n"'  25  et  26.  —  Botanique,  vol.  VI,  n°  24  ; 
vol.  VII,  n°^  25  et  26.  Londres,  i862-i863;  6  livraisons  in-8°. 

Proceedings...  Comptes  rendus  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Dublin, 
j>our les  années  1859a  1862.  Dublin,  1860  et  i863;  2  br.  in-8°.  (Double 
exemplaire.) 

On  the...  Sur  l'appareil  générateur  de  /'Hélix  aspcrsa  et  de  /H.  hortensis; 
/;ar  H.  Lawson.  (Extrait  des  Comptes  rendus  de  la  Société  d'Histoire  natu- 
relle de  Dublin.)  Br.  in-8°. 

A  Tract...  Manuel  de  Cristallographie  pour  l'usage  des  étudiants  de  l'Uni- 
versité; par  W.-II.  Miller,  professeur  de  Minéralogie  à  l'Université  de 
Cambridge.  Cambridge,  i863;  in-8''. 


(  ^76) 

Jalirbiich...  Annuaire  de l' Institut  I.  R.  géologique  de  Vienne;  année  i863, 
vol.  XIII,  n"  2,  avril-juin.  Vienne,  in-8°. 

Annales  Musei  Bolanici  Lugduno-Batavi ;  edidit  F.-A.-Guil.  MlQUEL;  t.  I, 
fasc.  I,  1  et  3.  Amstelodami,  i863;  in-fol. 

Untersuchungen...  Recherches  sur  les  mélalaniles,  et  sur  la  formation  du 
rouge  d'aniline ,  par  Hngo  SCHIFF.  Berlin,  1864  ;  in-8°.  (Adressé  au  con- 
cours pour  le  prix  Jeclier.) 

Untersuchungen...  Recherches  sur  l'histoire  naturelle  des  hommes  et  des 
animaux;  par  Jac.  MOLESCHOTT;  vol.  IX,  i"^"  livraison.  Giessen,  i863; 
in-8". 

Der  Kongelige.. .  Mémoires  de  la  Société  royale  des  Sciences  de  Copenhague, 
5*^  série  :  Sciences  mathématiques  et  naturelles;  V*  vol.  Copenhague,  i86i  ; 
vol.  in-4°. 

Oversigt. . .  Revue  des  transactions  de  la  Société  royale  des  Sciences  de  Copen- 
hague et  des  travaux  de  ses  Membres  pendant  l'année  1861  ;  par  le  professeur 
G.  FORCHHAMMER  ,  secrétaire  de  la  Société.  Copenhague,  vol.  in-8°. 

Memorie...  Mémoires  sur  diverses  questions  de  botanique;  par  M.  G.  Gas- 
PARRINI,  professeur  de  Botanique  et  directeur  du  Jardin  Royal  de  Naples: 
Embiyogénie  du  chanvre;  —  Maladie  des  orangers;  —  Modifications  des 
cellules  végétales.  Naples,  t863. 


ERRATA. 

(Séance  du  i/j  septembre  i863.) 

Page  5o6,  ligne  4  en  remontant,  au  lieu  de  ij/(p,  p)  =  n,  lisez  ^[v,  t)  =  n. 
Page  507,  ligne  |3,  au  lieu  de  S,  lisez  s. 

Page  509,  ligne  6  en  remontant,  au  lieu  de  {6  +  t),  lisez  l  — - —  j  ou  (i  -f-  xr)- 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  28  SEPTEMBRE  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


aiEaiOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ANATOMIE  COMPARÉE.  —  Rechercher  sur  quelques  points  de  l'organisation  chi 
Lepiflosiren  annectens;  description  du  cerveau;  par  M.  Serres.  (Suite  de 
la  première  Note.) 

«  En  avant  de  ces  lobules  optiques  si  exigus  se  trouvaient  les  nerfs  opti- 
ques qui,  chez  les  deux  individus,  égalaient  à  peine  la  moitié  du  calibre 
des  nerfs  olfactifs;  ils  naissent  sur  les  côtés  de 'la  ligne  médiane,  séparés 
l'un  de  l'autre  par  un  petit  intervalle  comme  chez  les  Raies,  parmi  les 
Poissons  cartilagineux.  De  leur  point  d'origine  ils  se  dirigent,  en  divergeant 
légèrement,  vers  la  partie  postérieure  de  la  hase  des  lobes  cérébraux  qu'ils 
traversent  sans  se  rencontrer,  et  par  conséquent  sans  s'entre-croiser,  comme 
ils  le  font  chez  beaucoup  de  Poissons  osseux.  En  arrière  de  l'insertion  des 
nerfs  optiques  nous  devions  rencontrer  les  nerfs  de  la  troisième  paire  ou  du 
moteur  oculaire  commun  ;  il  n'en  existe  aucune  trace  dans  les  deux  sujets.  Je 
n'ai  pas  besoin  de  dire  le  soin  que  j'ai  mis  à  constater  cette  absence,  ainsi  que 
celle  des  nerfs  de  la  quatrième  et  de  la  sixième  paire  cérébrale.  Comme  on  le 
sait,  ce  fait,  que  j'ai  signalé  le  premier  chez  la  Taupe,  la  ChrvsochloreduCap, 
le  Rat-Taupe  et  la  Cécilie,  est  si  opposé  à  l'idée  qui  fait  naître  tons  les  nerfs 
cérébraux  de  la  substance  même  de  cet  organe,  que  pendant  longtemps  les 
anatomistes  se  sont  refusés  à  l'admettre.  Présentement  il  est  généralement 

C.  R.,  i8G3,  a™"  Semeslre.  (T.  LVII,  ti"  13.)  77 


(  578  ) 
admis,  quoique  non  expliqué.  Au  reste,  chez  les  Lépidosirens  comme  chez 
la  Taupe,  il  coïncide  avec  l'absence  complète  des  muscles  de  l'œil  dans  les- 
quels ces  trois  nerfs  se  distribuent. 

))  La  duaHté  des  lobes  cérébraux  est  aussi  distincte  à  la  base  de  l'encé- 
phale que  sur  la  face  supérieure;  la  rainure  qui  les  sépare  les  isole  entière- 
ment l'un  de  l'autre,  et  cet  isolement  est  une  confirmation  de  la  loi  de 
symétrie  si  généralement  appliquée  dans  la  disposition  des  organismes  du 
régne  animai.  De  leur  partie  antérieure  émergent,  comme  déjà  nous  l'avons 
dit,  les  nerfs  olfactifs.  Entre  le  contour  de  la  base  des  lobes  cérébraux  et 
les  pédoncules  on  trouve  un  hiatus  qui  conduit  dans  ces  ventricules,  et 
par  lequel  pénètrent  dans  leur  intérieur  des  vaisseaux  choroïdiens.  Si  on 
insuffle  les  ventricules  par  cette  fente,  on  soulève  les  lobes,  et  en  les  écar- 
tant on  met  à  nu  la  terminaison  des  pédoncules  cérébraux  ou  le  ganglion 
optique,  dont  la  structure  est  des  plus  remarquables.  Unique  et  libre  dans 
l'intérieur  des  ventricules,  sa  forme  est  celle  d'un  cône  prismatique  aplati 
et  libre  sur  les  côtés;  en  avant,  il  est  tronqué;  en  haut,  sa  crête  est  sur- 
montée par  le  pédoncule  de  la  glande  pinéale  ;  en  bas,  la  rainure  produite 
par  l'adossement  des  deux  couches  optiques  est  comblée  par  un  ruban 
allongé,  épais,  moins  jaune  que  la  masse  de  la  couche  optique,  et  entre- 
coupé par  deux  sillons  d'une  extrême  ténuité.  En  arrière,  ce  petit  corps  fait 
saillie  dans  la  dépression  analogue  au  plancher  du  troisième  ventricule,  et 
au  milieu  de  laquelle  s'insère  la  tige  pituitaire  ou  de  l'hypophyse  cérébrale; 
en  avant,  ce  petit  corps  fait  également  luie  légère  saillie,  de  sorte  qu'au- 
dessous  et  aux  trois  quarts  environ  de  la  base  du  ganglion  optique  est  une 
tlépression,  de  laquelle  sort  un  cordon  noueux  de  5  millimètres  de  long 
quand  il  est  déplissé,  et  si  couvert  d'un  lacis  de  vaisseaux,  qu'au  premier 
aspect  on  le  prendrait  pour  le  corps  choroïdien.  Ce  cordon  unique,  et  sans 
analogue  dans  l'encéphalotomie  des  Vertébrés,  n'adhère  à  la  masse  du 
glanglion  optique  que  par  le  point  que  nous  venons  d'indiquer;  il  est  d'un 
gris  assez  foncé  et  transparent.  Arrivé  au  devant  de  ce  ganglion,  il  se  renfle 
et  forme  une  petite  masse  grise  et  transparente  aussi,  enlacée  dans  quatre 
rubans  de  substance  blanche  qui  semblent  être  les  racines  des  lobes  céré- 
braux. Cette  masse  de  substance  grise  et  son  cordon  pourraient-ils  être 
rapprochés  des  corps  striés  et  de  Vinsiila  des  Manunifères?  Quoi  qu'il  en 
soit  de  ce  rapprochement,  que  je  ne  hasarde  qu'avec  réserve,  il  est  tou- 
jours bien  remarquable  d'en  voir  sortir  quatre  faisceaux  :  deux  supérieurs, 
qui  paraissent  constituer  la  partie  antérieure  des  lobes  cérébraux,  et  deux 
inférieurs,  qui  semblent  en  former  la  partie  inférieure  et  postérieure. 


(  579) 

»  En  présence  d'une  disposition  si  singulière  et  si  inattendue,  même  dans 
l'encéplialogénie,  nous  ne  devons  pas  oublier  de  faire  remarquer  que  ce 
sont  des  fœtus  à  terme  sur  lesquels  sont  faites  ces  observations.  Existe-t-elle 
sur  le  Lépidosiren  adulte?  Les  lobes  cérébraux  sont-ils  sans<iutres  moyens 
d'union  avec  le  ganglion  optique  que  celui  de  ce  pédicide  noueux  qui  les 
attache  au  tiers  antérieiu'  de  sa  base  ?  C'est  par  des  observations  nouvelles, 
faites  sur  des  Lépidosirens  adultes,  qu'il  appartient  de  résoudre  cette  ques- 
tion. Au  reste,  chez  les  deux  sujets,  la  niasse  des  lobes  cérébraux  offrait  une 
petite  cavité  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  celle  des  ventricules  latéi'aux, 
et  qui  correspond  à  la  cavité  que  l'on  remarque  sur  les  hémisphères  céré- 
braux des  Mammifères  en  voie  de  formation.  En  signalant  cette  analogie, 
nous  devons  faire  remarquer  qu'elle  est  en  désaccord  avec  l'isolement 
de  la  masse  unique  des  couches  optiques  chez  le  Lépidosiren  aimectens. 

»  Vu  par  la  partie  latérale,  et  considéré  d'arrière  en  avant,  l'encéphale 
du  Lépidosiren  anneclens  montre  les  cordons  antérieurs,  le  cordon  latéral  et 
le  rebord  du  cordon  restiforme,  lequel,  chez  le  sujet  B,  formait  un  petit 
promontoire  que  l'on  ne  remarquait  pas  chez  le  sujet  A.  On  voyait  ensuite 
le  corps  olivaire,  renflement  du  cordon  latéral,  et  correspondant,  dans  le 
sujet  B,  à  l'angle  saillant  de  la  partie  moyenne  du  cordon  restiforme.  Arrivé 
à  la  partie  antérieure  de  l'olive,  le  cordon  latéral  se  divisait  en  deux,  et 
dans  l'écartement  produit  par  cette  division  on  voyait  l'insertion  du  nerf 
acoustique.  Puis,  des  deux  branches  de  la  division,  l'une  se  portait  en  haut 
vers  le  lobe  optique;  l'autre  inférieuremcnt  correspondait  à  la  partie  laté- 
rale de  l'hypophyse  cérébrale.  Le  cordon  latéral  s'amincit  ensuite  et  se  joint 
aux  cordons  antérieurs  de  manière  à  former  le  pédoncule  cérébral. 

»  De  même  que  chez  le  Lépidosiren  paradoxct,  il  n'y  a  chez  Vannectens  que 
(|uatre  paires  de  nerfs  cérébraux,  qui  sont,  d'avant  en  arrière,  la  paire 
olfactive,  la  paire  des  nerfs  optiques,  la  paire  des  nerfs  trijumeaux  et  celle 
des  nerfs  vagues.  Les  nerfs  moteurs  oculaires  communs,  comme  ceux  de  la 
quatrième  et  de  la  sixième  paire,  manquent  complètement.  Ce  fait,  vérifié 
déjà  par  MM.  B.  Owen  et  Hyrlt,  mérite  de  fixer  l'attention  des  anato- 
mistes. 

»  De  la  description  qui  précède  on  peut  déduire  en  premier  lieu  que 
l'en^céphale  du  Lepidosire7i  anneclens  ressemble  plus  à  celui  des  Reptiles 
qu'à  celui  des  Poissons,  et  particulièrement  des  Reptiles  pérennibranches, 
selon  la  juste  remarque  de  M.  R.  Owen.  Il  se  rapproche  des  Reptiles  par 
l'exiguïté  du  cervelet,  quoique  le  volume  des  corps  restiformes,  qui  con- 
traste avec  la  petitesse  de  cet  organe,  rappelle  le  volume  de  ces  corps  chez 

11-- 


(  580  ) 
les  Poissons  cartilagineux,  de  celui  en  particulier  de  la  famille  des  Raies. 
Il  se  rapproche  également  des  Reptiles  par  l'affaissement  du  lobe  optique 
et  l'unité  de  cet  organe,  toujours  double  et  si  fortement  développé  chez  les 
Poissons  osseipc  et  cartilagineux;  parle  volume  considérable  de  la  glande 
pinéale,  si  exiguë  dans  la  classe  des  Poissons,  qu'à  peine  peut-on  en  con- 
stater l'existence  sur  plusieurs  familles;  enfin  par  la  forme  des  lobes  céré- 
braux, qui  est  toute  erpétologique. 

»  En  second  lieu,  sur  les  côtés  et  à  la  base,  l'encéphale  du  Lepidosiren 
aniiectens  o{{reime  moelle  allongée  plus  ichthyologiquequ'erpétologique.  Le 
caractère  ichthyologique  est  produit  en  partie  par  les  cordons  pyramidaux 
antérieurs  qui,  entre-croisés  inférieurement,  se  divisent  en  haut  en  simulant 
un  faible  rudiment  du  corps  trapézoïde  des  Mammifères;  il  est  produit  sur- 
tout par  le  volume  des  corps  olivaires,  volume  qui  rappelle  celui  des  Raies 
et  des  Poissons  électriques. 

»  En  troisième  lieu,  le  volume  de  l'hypophyse  du  Lepidosiren  anncctens 
est  un  fait  ichtliyologique  qui  rappelle  celui  de  ce  corpschez  la  Raie  bouclée, 
le  Congre,  la  Morue,  le  Turbot,  etc.  Il  en  est  de  même,  malgré  leur  extrême 
petitesse,  de  l'isolement  des  tubercules  optiques. 

M  Quant  à  la  fusion  et  à  l'isolement  des  couches  optiques,  quant  au  pédi- 
cule de  matière  grise  qui  rattache  les  lobes  cérébraux  à  ce  ganglion  unique, 
ce  sont  des  faits  exceptionnels  qui,  à  raison  de  leur  étrangeté,  ont  besoin 
d'être  confirmés  par  l'examen  de  l'encéphale  de  ces  animaux  à  leur  état 
adulte.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

PATHOLOGIE.  —  Des  conditions  tnëtéoroloqiques  de  la  fièvre  puerpérale; 

par  M.  A.  Espag.ne. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Andral,  Rayer.) 

«  M.  Espflgne  rapporte  six  observations  de  fièvre  puerpérale,  recueillies 
à  Montpellier,  comparées  à  l'état  météorologique  de  l'atmosphère. 

»  Il  regarde  l'influence  de  la  pluie  et  des  vents  humides  comme  très- 
aclivedans  la  production  de  cette  maladie. 

»  Les  cas  les  plus  graves  ont  été  observés  pendant  les  mois  où  l'atmo- 
sphère a  été  le  plus  humide.  Outre  la  fièvre  puerpérale  proprement  dite, 
toutes  les  maladies  caractéri.sées  par  un  défluit  de  réaction  (diphthérie, 
érysi|)èle  des  nouveau-nés,  phlegmon  diffus,  infection  purulente,  etc.)  sont 


(  58.  ) 
aussi  plus  fréquentes  pcndaut  le  règne  de  la  même  constitution  atmosphé- 
rique.  » 

M.  Lemaire  commence  la  lecture  d'un  Mémoire  ayant  pour  titre  : 
<(  Nouvelles  recherches  sur  les  ferments  et  les  fermentations  ».  Cette  lec- 
ture sera  continuée  dans  une  prochaine  séance. 

Les  résultats  de  quelques-unes  des  expériences  décrites  dans  ce  Mémoire 
sont  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIOLOGIE. —   De  iinjluence  des  mouvements  respiratoires  sur  ceux  de  riris; 
par  M.  R.  Vigouroiix.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Bernard,  Longet.) 

n  ...  J'ai  constaté  que  tout  mouvement  bien  prononcé,  soit  d'inspiration, 
soit  d'expiration,  coïncide  avec  une  dilatation  de  la  pupille.  Mais  les  mou- 
vements respiratoires  paraissent  ne  pas  être  les  seuls  capables  de  déterminer 
cette  dilatation.  Toute  autre  contraction  musculaire  énergique  semble  pro- 
duire le  même  résultat.  Au  moment  même  d'une  contraction  énergique  du 
biceps  brachial  par  exemple,  ou  du  triceps  sural,  etc.,  on  voit  la  pupille  se 
dilater.  Je  dis  qu'd  semble  en  être  ainsi  à  cause  de  la  difficulté  qu'on  éprou\e 
à  produire  de  semblables  contractions  sans  altérer  le  rhythme  respiratoire; 
dans  les  cas  cependant  où  cette  condition  a  été  obtenue,  la  dilatation  s'est 
produite,  et  même  plus  marquée  c[ue  lorsqu'elle  est  due  simplement  aux 
mouvements  respiratoires.  Quelle  que  soit  celle  de  ces  circonstances,  respi- 
ration ou  autre  action  musculaire,  qui  le  produise,  l'accroissement  en  dia- 
mètre de  l'ouverture  pupillaire  n'est  pas  très-considérable.  Il  parait  varier 
d'un  cinquième  à  un  tiers. 

»  11  résulterait  de  ce  qui  précède  que  toutes  les  fois  qu'un  courant  ner- 
veux centrifuge  passe  dans  la  moelle,  au  niveau  de  l'origine  des  deux  pre- 
mières paires  dorsales,  une  portion  de  ce  courant  est  dérivée  sur  les  filets 
piipillaires  qui  naissent  de  ces  troncs  nerveux  et  va  faire  contracter  les 
fibres  radiées  de  l'iris. 

»  La  contraction  du  droit  interne  s'accompagne,  comme  on  le  sait,  de  la 
dilatation  de  la  pupille.  Le  droit  externe  et  les  autres  muscles  du  globe  de 
l'œil  et  de  la  paupière  supérieure  ne  produisent  rien  de  semblable.  On  peut 


(  582  } 
faire  la  même  remarque  pour  les  muscles  animés  par  le  nerf  facial  et  la 
portion  motrice  de  la  cinquième  paire.  Cette  différence  d'action  tient  sans 
doute  à  ce  que  la  troisième  paire  crânienne  est  la  seule,  parmi  les  nerfs  des 
muscles  volontaires  de  l'orbite  et  les  deux  autres  mentionnés,  qui  ait  des 
connexions,  à  son  origine,  avec  la  région  oculo-pupillaire. 

).  Ainsi  cette  action  indirecte  sur  la  pupille,  que  l'on  croyait  spéciale  à  la 
troisième  paire,  est  exercée  par  toutes  les  fibres  motrices  volontaires  qui  se 
trouvent  dans  la  moelle  cervicale.  Nous  verrons  plus  loin  si  elle  appartient 
.uissi  aux  fibres  centripètes. 

»  Les  exemples  de  cette  sorte  d'association  fatale  des  actions  nerveuses 
ne  sont  pas  rares  dans  l'économie,  surtout  pour  les  mouvements  volontaires. 
L  n  des  plus  intéressants  a  été  signalé  par  M.  Brown-Séquard.  11  consiste  en 
ce  qu'à  chacjue  inspiration  correspond  un  affaiblissement  ou  un  arrêt  mo- 
mentané du  cœur.  On  peut  facilement  constater  ce  fait  sans  recourir  aux 
vivisections;  il  suffit  d'ausculter,  en  le  faisant  respirer  profondément, un  de 
ces  malades  chez  lesquels  l'appréhension  de  l'examen  auquel  ils  sont  sou- 
mis détermine  des  palpitations.  Dans  ce  cas,  on  dirait  qu'à  chaque  inspira- 
tion une  portion  de  l'influx  nerveux  destiné  aux  muscles  inspirateurs  est 
déversée  sur  le  nerf  vague. 

»  Dans  un  Mémoire  sur  les  nerfs  vasculaires  et  calorifiques  {Journal  de 
la  Phyiiolocjie^  juillet  1862),  M.  Claude  Bernard  dit  cju'il  a  vu  la  pupdle  se 
dilater  sous  l'influence  des  excitations  douloureuses,  et  il  considère  cette 
dilatation  comme  un  des  effets  réflexes  de  la  douleur.  Si  l'on  remarque  que 
celle-ci  agit  toujours  sur  les  mouvements  respiratoires,  qu'elle  trouble  au 
plus  haut  point,  et  sur  les  mouvements  généraux,  on  verra  que  c'est  très- 
probablement  par  cet  intermédiaire  que  la  pupille  se  trouvait  influencée... 
Il  est  du  reste  certain  que  cette  influence  des  nerfs  centripètes  sur  les 
nerfs  pupillaires  existe,  ainsi  que  le  démontrent  les  expériences  de  M.  Chau- 
veau  sur  la  région  cilio-spinale  et  la  dilatation  de  la  pupille  dans  certains 
états  pathologiques  (  présence  d'cntozoaires  dans  le  tube  digestif,  etc.  . 

»  Il  est  établi  que,  chez  quelques  individus,  les  mouvements  de  l'iris  sont 
volontaires.  La  volonté  dans  ces  cas  agit-elle  directement,  ou  bien  plutôt 
par  l'intermédiaire  d'une  action  musculaire  quelconque? 

).  Des  deux  ordres  antagonistes  de  fibres  de  l'iris,  les  circnlaires  plus 
faibles  répondent  seulement  à  une  influence  sensorielle  spéciale;  la  cou- 
traction  des  radiées,  au  contraire,  est  en  rapport  avec  la  sensibilité  et  la  mo- 
tricité générales.  [Voir  le  Mémoire  cité  de  M.  Claude  Bernard  et  celui  de 
M.  Brown-Séquard  «  sur  l'influence  des  agents  physiques  sur  l'iris  ».)  » 


(  583  ) 

M.  ScHATTENMAXX  adi'esse  de  Bouxwiller  (Bas-Rhin)  un  Mémoire   sur   la 

culture  de  In  vigne  dans  les  déparlemenls  du  Haut  et  du  Bas-Rhin  et  dans  la 
Bavière  Rhénane  «. 

<(  Dans  ce  Mémoire,  dit  l'auteur,  j'aborde  différentes  questions  impor- 
tantes relatives  au  palissage,  à  la  plantation,  à  la  culture,  à  la  taille,  au 
pinçage  et  au  rognage  de  la  "vigne,  et  la  réalité  des  améliorations  que 
j'indique  trouve  sa  démonstration  pratique  dans  l'application  que  j'en  ai 

faite  à  mes  vignes  de  Bouxwiller  et  de  Rhodt  (Bavière  Rhénane) Une 

circonstance  qui  rend  désirable  la  prompte  adoption  du  mode  de  palissage  et 
de  culture  que  je  propose,  c'est  l'existence  de  l'oïdium  qui  s'est  manifesté 
cette  année  avec  plus  d'intensité  dans  les  vignes  cultivées  en  berceau 
(Kammerbau),  tant  dans  la  Bavière  Rhénane  que  dans  le  Bas-Rhin,  et  même 
dans  les  vignes  à  échalas  plantées  d'un  grand  nombre  de  pieds...  Les 
vignes  plantées  à  20000  pieds  par  hectare  qui  couvrent  le  sol  de  leur 
feuillage  sont  plus  particulièrement  atteintes  de  l'oïdium,  sans  doute  à 
cause  de  la  trop  grande  humidité,  tandis  que  les  vignes  où  l'air  et  le  soleil 
circulent  en  sont  en  général  préservées.  Le  mode  de  plantation  que  je 
propose  et  que  je  pratique  a  précisément  pour  effet  de  parer  aux  atteintes 
de  la  maladie;  aussi  mes  vignes  en  sont-elles  exemptes,  tandis  que  celles 
de  mes  voisins  en  souffrent  cruellement.  » 

Le  Mémoire  de  M.  Schattenmann  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commis- 
sion composée  de  MM.  Boussingault  et  Payen,  et  M.  Boussingault,  qui  est 
maintenant  dans  le  voisinage  des  vignes  où  ce  système  de  culture  est  pra- 
tiqué, sera  invité  à  les  visiter  pour  constater  les  résultats  obtenus. 

M.  M1T.SCULCS  soumet  au  jugement  de  l'Académie  des  i-echerches  sur  les 
modifications  de  la  cohésion  moléculaire  de  l'eau. 

Ce  Mémoire,  trop  étendu  pour  être  reproduit  intégralement,  et  qu'une 
analyse  ne  ferait  (ju'imparfaitement  connaître,  est  renvoyé  à  l'examen 
d'une  Commission  composée  de  MM.  Pouillet  et  Fizeau. 

M.  Bacdix  présente  un  «  Tableau  des  densités  de  l'alcool  et  de  l'éther 
mis  en  regard  du  pèse-esprits  de  Baume  »,  et  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  hâter  le  travail  de  la  Commission  à  l'examen  de  laquelle  ont  été  sou- 
mises ses  précédentes  communications  concernant  l'aréométrie. 

(Renvoi  aux  Commissaires  nommés  :  MM.  Chevreul,  Pouillet,  Fremy.) 


(  ■'^84  ) 


CORRESPONDANCE . 

M.  LE  3Ii.\isTRE  DE  l'Ixstructio.v  PUBLIQUE  tiansmet  une  Note  de 
M.  Chariot  Plé,  concernant  la  découverte  d'une  substance  qui  permettrait 
d'obtenir  sur  papier  des  images  pliotograpliiques  reproduisant  les  couleurs 
naturelles  des  objets  représentés. 

La  Note  ne  faisant  pas  connaître  la  composition  du  bain  dans  lequel  on 
plonge  le  papier  pour  lui  donner  les  propriétés  annoncées,  l'Académie  n'a 
aucun  moyen  de  s'assurer  de  la  réalité  de  cette  découverte.  L'auteur,  il  est 
vrai,  offre  de  lui  donner,  dès  qu'elle  en  témoignera  le  désir,  tous  les  détails 
nécessaires,  et  de  lui  envoyer  en  même  temps  des  épreuves  obtenues  par 
son  procédé.  On  attendra,  avant  de  nommer  une  Commission,  que  M.  Plé 
ait  satisfait  à  ces  deux  conditions. 


THÉRAPEUTIQUE.  —  De  la  substitution  parencliymateuse  :  méthode  thérapeutique 
consistant  dans  l'injection  de  substances  irritantes  dans  l'intimité  des  tissus 
malades;  par  M.  LuTOi\,  de  Reims. 

«  L  La  médication  substitutive  n'a  jusqu'ici  été  exercée  que  sur  les  sur- 
faces. J'ai  tenté  d'en  faire  l'application  aux  parties  les  plus  profondément 
situées,  sans  agir  pour  cela  sur  l'économie  tout  entière  par  l'absorption 
des  médicaments  dits  substitutifs. 

»  IL  La  substitution  profonde  ou  parenchjmateuse  consiste  dans  la  pro- 
duction artificielle  d'un  travail  morbide,  que  l'on  détermine  au  sein  des 
tissus  malades  par  le  dépôt  qu'on  y  fait  d'une  substance  de  la  matière 
médicale  convenablement  choisie. 

»  IIL  II  n'est  aucune  variété  du  travail  pathologique,  dérivant  de  l'irri- 
tation, qu'on  ne  puisse  imiter  par  l'introduction  au  sein  du  parenchyme 
d'une  substance  médicamenteuse  bien  appropriée. 

»  IV.  C'est  ainsi  que  l'on  obtient  :  i°  la  simple  irritation  douloureuse, 
analogue  à  celle  qu'occasic  nne  une  névralgie,  et  grâce  à  laquelle  on  pro- 
voque la  substitution  de  douleur;  a"  l'irritation  congestive,  qui  établit  la 
transition  entre  la  précédente  et  celle  qui  va  suivre,  et  qui  constitue  la 
substitution  par  congestion, ou  Jluxionnaire;  3°  l'inflammation  proprement  dite, 
avec  tontes  ses  formes  :  l'hypérémie,  l'exsudalion,  le  gonflement  doulou- 
reux, la  chaleur,  la  rougeur,  etc.,  et  ses  divers  modes  de  terminaison  :  la 


(  585  ) 
résolution,  l'adiiérence  cicatricielle,  l'induration,   l'atrophie,  la   suppura- 
tion, la  gangrène,  etc.,  ce  cjui  donne  la  substitulion  inflammatoire. 

))  V.  Les  substances  médicamenteuses,  qu'on  peut  porter  dans  les  paren- 
chymes malades,  sont  fout  aussi  multipliées  que  celles  qu'on  emploie  pour 
l'extérieur,  et  doivent  être  choisies  dans  la  même  catégorie  pour  des  effets 
analogues  à  obtenir.  J'ai  déjà  employé  :  i°  une  solution  saturée  de  sel 
marin,  pour  produire  la  substitution  de  douleur;  i°  l'alcool,  la  teinture 
de  cantharides,  la  teinture  d'iode,  qui  donnent  lieu  à  un  degré  de  plus 
d'irritation,  et  provoquent  utie  inflammation  légère  et  non  suppurative; 
3°  des  solutions  d'azotate  d'argent  plus  ou  moins  concentrées,  avec  les- 
quelles on  provoque  une  véritable  inflammation  phlegmoneuse  suivie  de 
suppuration;  4°  ""e  solution  saturée  de  sulfate  de  cuivre,  dont  les  effets 
sont  analogues  aux  précédents,  quoique  beaucoup  moins  marqués.  On 
pourrait  encore  mettre  en  usage  des  solutions  de  toutes  les  substances  irri- 
tantes ou  altérantes,  telles  que  le  bichlorure  de  mercure,  l'acide  arsénieux, 
le  tartre  stibié,  les  alcalins,  puis  l'huile  de  croton-tiglium  elle-même,  et 
les  teintures  des  plantes  acres,  etc. 

»  VI.  Le  procédé  opératoire  à  employer  pour  appliquer  la  méthode  est 
des  plus  simples.  Je  me  suis  servi,  dans  ce  but,  de  trocarts  explorateurs 
auxquels  j'adapte  une  petite  seringue  en  verre  contenant  la  solution  choisie 
et  à  la  dose  voulue,  ou  bien  encore  de  l'instrument  de  Pravaz,  lorsque  je 
veux  agir  avec  plus  de  précision  et  compter  les  gouttes  injectées. 

»  VIL  Les  applications  dont  la  nouvelle  méthode  est  susceptible  sont 
Irès-nombreuses.  Quelques-unes  ont  déjà  été  faites,  d'autres  à  essayer 
peuvent  être  indiquées  dès  à  présent.  C'est  ainsi  qu'elle  a  été  utilement 
employée  dans  les  cas  suivants  :  i°  Les  névralgies  et  les  douleurs  localisées. 
—  J'ai  eu  recours  à  la  substitution  profonde  dans  les  cas  de  névralgies 
trifaciale,  intercostale  et  sciatique,  et  dans  ces  douleurs  fixes  et  sans  ma- 
tière qu'on  rencontre  si  fi'équemmeiit  dans  la  pratique.  J'ai  agi  soit  en 
provoquant  la  simple  substitution  de  douleur,  soit  en  allant  jusqu'à  l'in- 
flammation j)hlegmoneuse.  a"  Les  adénopalliies  indolentes,  les  engorgements 
slrumeux  des  glandes.,  dont  on  ne  peut  espérer  la  résolution  spontanée  et 
prochaine.  —  J'ai  déjà  fait  l'application  de  la  substitution  parenchymateuse 
dans  plusieurs  de  ces  cas,  qui  sont  d'observation  journalière.  J'ai  simple- 
ment irrité,  ou  j'ai  fait  suppurer  ces  engorgements.  3"  Les  tumeurs  blanches, 
les  ostéites  localisées,  les  périostites,  les  caries,  le  mal  de  Pott,  etc.  —  Jusqu'à 
présent,  je  n'ai  opéré  que  sur  un  cas  d'ostéite  de  l'extrémité  inférieure 

C.  R.,  iSfiS,  s'"»  Scmnslre.  (T.  LVII,  N»  15.)  7^ 


(  586  ) 
des  os  de  la  jambe,  et  sur  une  ostéite  du  tarse.  Les  résultats  out  été  très- 
favorables.  J'ai  employé  la  teinture  d'iode  et  le  nitrate  d'argent.  4°  Les 
titincun,  de  diverse  nature,  akju'cs  on  clironiques.  —  On  peut  agir  par  voie  de 
substitution  soit  sur  les  tumeurs  aiguës,  telles  que  le  furoncle,  l'anthrax, 
le  phlegmon,  les  parotides,  etc.,  à  leur  début;  soit  sur  les  tumeurs  chroni- 
ques, comme  l'adénoïde  du  sein,  les  corps  fibreux  et  les  diverses  dégéné- 
rescences qui  ne  sont  pas  accessibles  au  bistouri  ou  à  l'emploi  des  caustiques. 
5"  Le  goitre.  —  J'ai  ])ratiqué  trois  fois  des  injections  de  teinture  d'iode  au 
sein  de  goitres  parenchyniateux.  Une  des  malades  est  entièrement  guérie; 
les  deux  autres  sont  en  voie  d'observation.  Ce  mode  de  traitement  est  tout 
à  fait  inoffensif.  &  —  Enfin,  on  comprend  que  les  applications  possibles 
de  la  substitution  parenchymaleuse  sont  presque  illimitées.  » 

MÉDECIJNE.  —  Action  du  quinquinn  sur  la  fièvre  tjphoide.  Fièvre  pernicieuse 
dothinentériquc ;  par  M.  G.  Pécholier. 

«  11  est  peu  de  maladies  qu'on  n'ait  voulu  guérir  de  nos  jours  par  le 
sulfate  de  quinine.  La  fièvre  typhoïde  n'a  pas  échappé  à  la  loi  commune. 
Chargé,  pendant  une  partie  de  Tété  dernier,  du  service  des  salles  militaires 
à  l'hôpital  Saint-Eloi  de  Montpellier,  j'ai  été  porté  par  la  constitution  mé- 
dicale régnante  à  administrer  diverses  préparations  de  quinquina  contre 
un  certain  nombre  de  fièvres  typhoïdes,  et  j'ai  pu  ainsi  contrôler  les  asser- 
tions de  mes  devanciers.  Pour  donner  en  quelques  mots  les  résultats  de 
mon  expérimentation,  je  partage  mes  observations  en  trois  catégories  : 

»  1°  La  lièvre  typhoïde  existait  simple  et  sans  complication.  Dans  ces 
circonstances  le  quinquina  n'a  pu  parvenir  à  enrayer  son  cours.  I^'intensité 
des  exacerbations  vespérines  a  bien  parfois  momentanément  diminué,  et 
la  fréquence  du  poids  est,  pour  un  instant,  devenue  moindre;  mais  les 
autres  symptômes  ont  persisté  et  se  sont  prononcés  davantage  :  la  fièvre  n'a 
pas  tardé  à  reprendre  toute  son  énergie,  malgré  la  continuation  de  l'antipé- 
riodique,  et  l'affection  typhoïde  a  suivi  son  évolution,  sans  que  sa  gravité  ait 
été  vraiment  modérée  par  l'amendement  superficiel  en  quelque  sorte  dû  au 
quinquina.  Ces  faits,  dont  les  analogues  sont  d'ailleurs  communs,  auto- 
risent à  refuser  au  quinquina  une  action  spécifique  contre  la  fièvre  typhoïde 
véritable. 

»  1°  La  fièvre  typhoïde  était  nettement  caractérisée,  mais  se  compli- 
quait   de  fièvre  rémittente   à  quinquina,  manifestée  surtout  par  l'heure, 


(  587  ) 
l'intensité  et  la  forme  des  reclonblemenis.  Sons  l'influence  ilu  quinquina 
les  exacerbations  ont  rapidement  disparu,  et  l'affection  typhoïde  elle-même, 
quoique  survivant  à  la  fièvre  rémittente,  s'est  amendée  et  s'est  d'ordinaire 
heureusement  et  promptement  terminée. 

»  3°  IjCS  symptômes  les  plus  expressifs  de  la  fièvre  typhoïde  (stupeur, 
épistaxis,  douleurs  et  gargouillements  de  la  fosse  iliaque,  diarrhée,  taches 
rosées,  etc.)  se  montraient  encore  ici  d'une  manière  évidente,  et  permet- 
taient de  conclure  à  l'existence  des  altérations  de  l'intestin  spéciales  à  cette 
maladie.  Ces  altérations  furent,  d'ailleurs,  constatées  chez  un  sujet  que 
l'ensemble  de  son  histoire  autorise  à  ranger  dans  notre  troisième  caté- 
gorie, et  qui  mourut  à  la  suite  d'une  complication  inopinée.  11  n'y  avait 
pas  là,  j'insiste  à  dessein  sur  ce  point,  de  vagues  états  typhoïdes,  mais  bien, 
au  point  de  vue  symptomatique,  des  fièvres  typhoïdes  qu'on  ne  pouvait 
méconnaître. 

))  Cependant,  comme  des  redoublements  semblables  à  ceux  des  fièvres 
de  notre  deuxième  catégorie  nous  engagèrent  à  essayer  le  quinquina,  nous 
fûmes  heureusement  surpris  de  voir  que  ce  médicament,  impuissant  contre 
la  fièvre  typhoïde  vraie,  coupait  court  subitement  aux  fièvres  de  cette  troi- 
.sième  espèce.  Une  convalescence  franche  commençait  le  lendemain  ou  le 
siu'lendemain  de  son  administration.  Or,  de  même  qu'en  présence  d'inie 
pneumonie  ou  d'une  apoplexie  présentant  dans  leur  cours  des  exacerba- 
tions et  jugulées  par  le  rpiinquina,  on  conclut  qu'on  a  eu  affaire  à  une  fièvre 
pernicieuse  pneumonique  ou  apoplectique,  de  même,  lorsque  nous  avons 
subitement  enrayé  ces  fièvres  typhoïdes  avec  exacerbations  par  le  quin- 
quina, nous  n'avons  pas  hésité  à  admettre  que  la  fièvre  typhoïde  servait 
alors  de  masque  à  une  autre  espèce  de  fièvre  pernicieuse.  Ainsi,  les  faits  fie 
cette  troisième  catégorie  démontrent  l'existence  d'une  fièvre  pernicieuse 
insuffisamment  connue  jusqu'ici  et  confondue  à  tort,  soit  avec  la  fièvi-e 
typhoïde  elle-même,  soit  avec  la  complication  de  la  fièvre  typhoïde  et  de  la 
fièvre  rémittente.  Pour  distinguer  nettement  ce  nouvel  état  morbide  de 
ceux  cjui  ont  avec  lui  des  traits  de  ressemblance,  nous  proposons  de  le 
uommev  Jièure  pernicieuse  (lotliinentéricitie.  Cette  forme  de  fièvre  pernicieuse 
est-elle  fréquente?  c'est  ce  que,  maintenant  que  notre  attention  est  éveillée 
sur  ce  point,  l'avenir  nous  apprendra. 

»  La  prèjiaration  de  quincpiina  qui  nous  a  le  mieux  réussi  contre  cet  état 
pathologique  est  l'association,  jonrnellement  usitée  à  Montpellier,  du  sul- 
fate de  quinine  avec  l'extrait  alcoolique  de  quinquina.  C'est,  en  effet,  pour 

78. 


(  588  ) 
nous  ici  une  sorte  d'axiome  clinique  que  le  sulfate  de  quinine  ne  possède 
])as  toutes  les  vertus  thérapeutiques  du  quinquina.  » 

ANTllf.OPOLOGIE.  —  Rcclierclies  sur  les  rripporls  qui  existent  entre  le  poids  des 
diveisos  du  squelette  chez  V homme  ;  par  M.  S.  De  Luca. 

«  Si  1  on  examine  un  être  quel  qu'il  soit,  appartenant  au  règne  organisé 
et  placé  dans  les  conditions  normales  de  l'existence,  on  trouve  que  toutes 
ses  parties  sont  intimement  proportionnées  entre  elles,  aussi  bien  sous  le 
rapport  du  poids  que  sous  celui  de  la  longueur  et  de  la  superficie. 
Lorsque  les  animaux  et  les  plantes,  dans  des  conditions  déterminées, 
ont  atteint  leur  plus  grand  développement,  ils  ne  dépassent  jamais  un  cer- 
tain poids,  de  même  qu'ils  n'acquièrent  point  une  taille  indéfinie  :  toutes 
leurs  parties  sont  alors  dans  un  rapport  constant. 

»  J'ai  essayé  de  déterminer  les  rapports  qui  existent,  quant  au  poids, 
entre  les  différents  os  du  squelette  chez  l'homme.  Je  me  suis  servi  pour 
cela  d'un  grand  nombre  de  matériaux  dont  une  partie  m'a  été  remise 
en  iSGi  par  M.  Duranli,  professeur  d'Analomie  à  l'Université  de  Pise.  Ces 
observations  ne  sont  pas  complètes;  elles  sont  néanmoins  assez  nombreuses 
pour  servir  de  base  à  quelques  remarques  importantes  sur  le  poids  des  os 
dans  le  squelette  humain.  Les  chiffres  que  je  donne  dans  le  tableau  annexé 
à  cette  Note  ont  été  pris  sur  le  squelette  d'un  honune  de  trente  à  qua- 
rante ans.  De  ces  chiffres,  et  d'une  foule  d'autres  observations  trop  nom- 
breuses pour  être  relatées  ici,  on  peut  tirer  les  conclusions  suivantes  relatives 
au  poids  des  os  : 

»  1°  Les  os  delà  moitié  droite  du  corps  humain  sont  plus  lourds  que  les 
os  correspondants  du  côté  gauche.  Cette  loi  se  trouve  exacte  même  pour  les 
os  de  la  tête. 

»  a"  Le  poids  des  os  situés  au-dessus  de  l'ombilic  égale  le  poids  des  os 
situés  au-dessous.  On  sait  que  dans  la  station  verticale  de  l'homme,  l'om- 
bilic représente  un  point  central  également  distant  des  deux  extrémités,  si 
l'on  suppose  les  deux  bras  relevés  verticalement  au-dessus  de  la  tête. 

«  3°  Le  poids  moyen  des  os  de  la  main  est  la  cinquième  partie  du  poids 
total  des  os  du  bras  entier,  de  même  que  la  longueur  de  la  main  est  le  cin- 
quième de  la  longueur  du  bras. 

»  4°  Le  poids  total  des  os  de  la  main  peut  rire  divisé  en  cinq  parties 
égales,  dont  une  est  représentée  par  le  carpe,  deux  par  le  métacarpe,   et 


(  589) 
deux  par  les  doigts.  La  première  phalange  représenle  en  poids  les  deux  tiers 
du  doigt  entier,  et  l'autre  tiers  est  représenté  par  la  phalangiue  et  la  pha- 
langette. 

»  5°  Les  os  de  la  main  pèsent,  en  moyenne,  moitié  moins  que  ceux  du 
pied. 

»  6°  Dans  le  pied,  le  poids  des  os  du  tarse  est  double  de  celui  des  os  du 
métatarse,  et  le  poids  des  orteils  peut  se  diviser  en  trois  parties  :  deux  pour 
les  phalanges,  et  une  pour  les  phalangines  et  les  phalangettes. 

w  n°  Ces  rapports  de  poids  paraissent  exister  aussi  chez  les  ai'.imaux  in- 
férieurs, et  les  recherches  que  j'ai  rinfenlion  de  poursuivre  sur  ce  sujet  ne 
seront  peut-être  pas  sans  quelque  utilité  pour  la  détermination  de  ces  ani- 
maux, pour  connaître  leur  âge  et  pour  reconstruire  les  squelettes  de  ceux 
dont  ou  ne  posséderait  qu'un  petit  nombre  d'ossements.  » 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Remarque  à  l'occasion  d'une  Note  insérée  dans  le 
Compte  rendu  de  la  séance  du  i/j  septembre  i863;  par  M.  A.  Dupré. 

«  M.  Reech  ayant  repris  un  débat  que  je  croyais  terminé  par  les  réponses 
que  M.  Clausius  et  moi  lui  avons  faites,  je  prie  l'Académie  de  me  per- 
mettre une  courte  réplique;  il  s'agit  d'ailleurs  d'une  question  très-impor- 
tante. 

»  Doit-on  suivre  l'exemple  de  quehjues  hommes  illustres,  au  nombre 
desquels  je  trouve  Poisson,  et  chercher  à  découvrir  des  propriétés  des  corps 
par  une  savante  analyse,  ou  bien  faut-il  se  borner  à  croire  cet  instrument 
précieux  bon  pour  déduire  d'un  principe  certain  les  vérités  qu'il  contient 
implicitement,  et  aussi,  d'une  hypothèse  probable,  des  conséquences  qui 
vérifiées  expérimentalement  serviront,  s'il  y  a  lieu,  à  élever  plus  tard  cette 
hypothèse  au  rang  des  propositions  démontrées? 

»  M.  Reech  dit  qu'en  maniant  habilement  l'analyse  on  peut  obtenir 
les  équations  de  M.  Clausius  et  les  miennes  sans  employer  les  deux  prin- 
cipes fondamentaux  de  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur.  Je  ne  partage 
nullement  son  opinion;  je  n'admets  pas,  par  exemple,  que  le  théorème 
qu  il  invoque,  relatif  à  l'existence  du  facteur  propre  à  rendre  différentielle 
exacte  une  fonction  de  deux  variables,  puisse  conduire  à  la  découverte 
d'une  seule  des  lois  qui  régissent  le  monde  matériel.  Lorsqu'une  équa- 
tion est  ilémonlrée  indépendamment  de  toute  observation,  elle  est  incon- 
testable, mais  en  même  temps  inféconde,  à  mouis  qu'on  ne  l'associe  avec 
d'autres  qui  ne  sont  point  dans  le  même  cas;  enfin  elle  es|;  du  domaine 


(  590) 
(les  Mathématiques  pures.  Je  n'admets  comme  valables  et  utiles  en  Méca- 
nique et  en  Physique,  que  les  démonstrations  mathématiques  appuyées  sur 
des  principes  solidement  établis  par  des  observations  bien  Agites.  Lorsqu'un 
savant  de  lAllemagne  affirma  le  premier  la  constance  de  l'équivalent  mé- 
canique de  la  chaleur,  il  fit  suivant  moi  une  hypothèse  trés-hardie  devenue 
aujourd'hui  le  principe  certain  de  l'équivalence,  à  cause  des  belles  expé- 
riences de  MM.  Joule,  Regiiault,  Hirn,  Favre  et  auti-es.  Le  second  principe 
fondamental  de  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur,  dont  je  crois  avoir  senl 
louriii  une  démonstration  rigoureuse,  n'étant  pas  susceptible  d'une  vérifi- 
cation aussi  directe,  n'a  dû  être  admis  définitivement  qu'après  la  concor- 
dance si  remarquable  que  j  ai  montrée  dans  mes  Mémoires  entre  ses  consé- 
quences nombreuses  et  les  résultats  obtenus  expérimentalement.  L'analyse 
appliquée  à  ces  deux  principes  ])eiit  conduire  à  des  déductions  tout  à  fait 
imprévues  et  très-utiles  poiu'  l'avancement  de  la  science,  ainsi  que  le  prou- 
vent les  travaux  de  M.  Clausius  et  de  quelques  autres  à  l'étranger,  et  ceux 
qui  ont  été  faits  dans  le  même  genre  en  France.  M.  Reecli  lui-même  ne  peut 
éviter  de  s'en  servir  (p.  5of))  pour  arriver  à  nos  équations,  et  cet  hommage 
qu'il  rend  malgré  lui  à  la  méthode  généralement  adoptée  fie  nos  jours  dans 
les  recherches  de  Mathématiques  appliquées  me  paraît  clore  le  débat  à 
notre  avantage. 

«  Quant  à  la  définition  des  fonctions  r  et  R,  elle  ne  peut  être  suffisante 
qu'autant  qu'on  indique  si  la  dilatation  a  lieu  avec  travail  complet  :  je  trouve 
naturel  de  supposer  que  cela  était  dans  la  pensée  de  M.  Reech;  mais  ad- 
mettre cette  influence  du  travail  externe  sur  les  quantités  de  chaleiu-,  c'est 
évidemment  supposer  déjà  le  principe  de  l'équivalence.  » 

31.  MoRELLET  donne  quelques  détails  siu'  un  cas  de  phosphorescence  de 
l'eau  de  mer  qui  s'est  présenté  dans  des  circonstances  différentes  de  celles 
on  on  l'a  le  plus  souvent  signalée. 

Le  i4  août  dernier,  l'auteur  de  la  Lettre  ayant  pris  un  bain  de  mer  sur  la 
plage  de  Carnou  près  Penols  (Hérault)  par  wne.  température  de  37  degrés 
centigrades  environ,  les  vêtements  avec  lesquels  il  s'était  mis  à  l'eau,  ainsi 
que  ceux  d'une  personne  qui  l'accompagnait,  les  luis  en  coton  pur,  les 
autres  en  laine  et  coton,  furent  rincés  à  l'eau  de  mer  et  déposés  dans  un  pa- 
nier où  ils  restèrent  entassés  jusqu'à  9  heures  du  soir. 

«  A  cette  heure,  dit  M.  Morellet,  je  songeai  à  les  en  tirer  pour  les  faire 
sécher;  a  la  première  pièce  que  je  touchai,  des  fusées  d'étincelles  partirent 


(  Sgt  ) 
sous  mes  doigts;  il  en  fut  de  nièuie  pour  la  seconde,  et  ainsi  jusqu'à  la  der- 
nière. Le  lendemain,  en  retirant  le  linge  de  la  corde  sur  laquelle  il  avait 
séché,  je  m'assurai  qu'aucun  corps  étranger  n'y  adhérait;  un  peu  de  sable 
fin  seulement  était  retenu  en  quelques  points  par  les  fils.  Le  17  j'ai  pris 
un  bain  sur  la  même  plage  et  voulu  voir  si  le  même  phénomène  se  repro- 
duirait; il  n'y  en  a  pas  eu  la  moindre  apparence.  Cela  tiendrait-il  à  l'abais- 
sement de  la  température  qui  le  second  jour  était  beaucoup  moindre  '  c  est 
ce  que  je  ne  saurais  dire.  » 

M.  DE  NoTARis,  dans  une  Lettre  adressée  de  Naples  et  écrite  en  iatiu, 
annonce  l'intention  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie  un  travail 
sur  la  trisection  de  l'angle,  et  demande  s'il  lui  sera  permis  de  le  présenter 
rédigé  en  italien. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  que  la  question  qui  l'a  occupé  est  une  de  celles 
que  l'Académie,  par  une  décision  déjà  ancienne,  ne  prend  point  en  consi- 
dération, et  qu'ainsi  l'envoi  de  sa  Note  serait  sans  objet. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  F. 


BULLETIN    BIBLIOURAPHIQl'E. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  28  septembre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Travaux  du  Conseil  d'hygiène  publique  et  de  salubrité  du  département  de 
la  Gironde  depuis  le  16  juin  1861  jusqu'au  16  juin  i863;  t.  VII.  Bordeaux, 
i863;  vol.  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  impériale  de  Médecine,  Chirurgie  et  Pharmacie  de 
Toulouse;  63^  année,  i863,  n"'  i  à  4j  janvier  à  août.  Toulouse,  i863; 
4  livraisons  in-8°. 

Observations  météorologiques  faites  à  Nijné-Taguilsk  (monts  Ourals,  gou- 
vernement de  Perm);  années  1861  et  1862.  Paris,  i863;  3  livraisons 
in-8°. 

On  the  Appalachians...  Sur  les  monts  Apalaclies  et  les  montagnes  Rocheuses 


(  SqO 
coininc  limite  des  temps  ciépoqites  dans  iliistoire  géologique  ;  par  J.-D.  DAîiA. 
(Extrait  deVJmcrican  Journal  oj  Science  and  Jrls,  vol.  XXXVI.)  Br.  in-S". 

Memoiie...  Mémoires  de  l'Institut  I.  R.  Vénitien  des  Sciences,  Lettres  et 
Arts;  vol.  XI.  Venise,  1862  ;  in-Zj". 

Sommario...  Sommaire  des  travaux  de  Chimie  tant  purs  iju\ij)j)li(jués  à  la 
Médecine,  à  la  Pharmacie,  à  l'Hygiène,  aux  Arts  et  à  l'Agriculture,  publié 
par  les  chimistes  italiens  pendant  Cannée  1862;  recueilli  par  P.  StefakeLLI 
et  F.  Sestini.  Florence,  i863;  in-B". 

Progetto. . .  Projet  de  classification  d'une  bibliothèque  ;  par  le  baron  Raffaele 
STAPiRABiiA.  Païenne,  i8(V3;  br.  in-S". 


COMPTE  REISDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  5  OCTOBRE  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


HEÊMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  AGRONOMIQUE.  —  Note  sur  des  feuilles  de  colza  malades; 
par  M.  J.  Isidore  Pierre.   (Extrait.) 

«  Depuis  quelques  années,  dans  diverses  parties  de  la  plaine  de  Caen,  le 
colza  paraît  sujet  à  certaines  maladies  qui  ont  pour  effet  habituel  une 
diminution  notable  du  produit  important  de  cette  plante  oléifère.  Au  nom- 
bre de  ces  affections  morbides  se  trouve  celle  qu'on  désigne  sous  le  nom  de 
blanc,  qui,  après  avoir  attaqué  les  feuilles,  quelques  semaines  avant  la  flo- 
raison, envahit  souvent  aussi  la  tige  et  peut  alors  diminuer  la  vigueur  de  la 
plante  et  sa  fécondité.  Pour  essayer  de  me  rendre  compte  de  l'influence  de 
l'invasion  de  la  maladie  sur  la  composition  générale  des  feuilles,  dans  des 
conditions  déterminées,  j'ai  choisi,  dans  diverses  parties  d'un  champ  de 
colza  partiellement  envahi  par  le  blanc,  quinze  plantes  saines  et  quinze 
plantes  malades,  en  m'astreignant  à  satisfaire  à  cette  double  condition  : 

))  \°  Que  chaque  pied  affecté  de  la  maladie  se  trouvât  placé  à  côté  d'un 
pied  sain; 

»  1°  Que  les  deux  plantes  contiguës  différassent  le  moins  possible  dans 
l'état  de  leur  développement. 

»  Je  pouvais  espérer,  en  procédant  ainsi,  que  le  nombre  des  plantes  et 

C.  R.,  i863,  zme  Semestre.  (T.  LVII,  N»  ii.)  79 


(  %4  ) 

leurs  conditions  relatives  de  position  et  de  développement  réduiraient,  au- 
tant que  possible,  la  différence  de  composition  des  feuilles  à  celles  qui  ré- 
sulteraient de  l'état  de  santé  des  unes  et  de  maladie  des  autres.  Sur  chaque 
pied,  sain  ou  malade,  j'ai  pris  deux  feuilles,  en  essayant  de  satisfaire  encore 
le  mieux  possible  aux  conditions  suivantes  : 

)i  1°  Que  les  feuilles  prises  sur  les  deux  pieds  coutigus,  l'un  sain  et  l'autre 
malade,  se  trouvassent  dans  des  régions  correspondantes  sur  les  deux 
plantes; 

»  1°  Que  le  développement  des  feuilles  prélevées  atteintes  du  blanc  dif- 
férât le  moins  possible  de  celui  des  feuilles  saines  du  pied  contigu. 

»  En  procédant  de  cette  manière,  je  n'obtenais  sans  doute  pas  les 
feuilles  les  plus  malades,  mais  en  procédant  autrement  j'étais  plus  exposé 
à  trouver  des  différences  dues  à  des  causes  multiples  et  plus  complexes.  J'ai 
donc  formé  ainsi  deux  lots  distincts,  l'un  comprenant  les  trente  feuilles 
prises  sur  les  quinze  plantes  saines,  l'autre  composé  des  trente  feuilles  ana- 
logues prélevées  sur  les  pieds  affectés  par  la  maladie.  Ces  der.:c  lots  de 
feuilles  ont  été  examinés  séparément,  et  j'ai  précisé  par  des  chiffres,  dans 
mon  Mémoire,  les  résultats  de  cet  examen  comparatif,  en  les  rapportant 
d'abord  kim  même  poids  des  deux  sortes  de  feuilles,  puis  à  un  même  nombre 
de  feuilles,  saines  ou  malades.  Ces  résultats  m'ont  semblé  pouvoir  se  résu- 
mer ainsi  : 

»  1°  La  maladie  dont  il  est  question  paraît  avoir  pour  effet,  comme  on 
pouvait  s'y  attendre,  d'entraver  le  développement  de  la  matière  organique 
dans  les  feuilles  qui  en  sont  atteintes. 

»  2°  Comparées,  sous  le  même  poids  de  matière  sèche  ou  de  matière  verte, 
avec  des  feuilles  saines  placées  dans  les  mêmes  conditions,  les  feuilles  ma- 
lades m'ont  fourni  un  excès  d'azote  d'environ  ao  pour  loo  de  la  proportion 
que  j'en  avais  trouvée  dans  les  feuilles  saines. 

1)  3°  Elles  sont  également  plus  riches  en  substances  minérales  (d'environ 
4o  pour  loo),  et  notamment  en  acide  phosphorique  et  en  chaux;  la  diffé- 
rence s'élève  à  plus  de  8o  pour  loo  de  la  proportion  de  ces  deux  substances 
contenues  dans  les  feuilles  saines. 

»  4°  J'ai  également  trouvé  dans  les  feuilles  malades  une  proportion  de 
soude  plus  élevée  que  dans  les  feuilles  saines. 

»  5°  A  poids  égal,  les  feuilles  saines  et  les  feuilles  malades  contiennent 
à  peu  près  la  même  proportion  de  potasse  et  la  même  proportion  de  ma- 
tières organiques. 

»   Si  l'on  s'en  tenait  à  cet  unique  point  de  vue  d'une  comparaison  à  poids 


(  595) 
égal  des  deux  sortes  de  feuilles,  on  négligerait  un  des  points  de  vue  les  plus 
importants  de  la  question. 

»  Il  ne  suffit  pas,  en  effet,  de  savoir  si,  dans  un  poids  donné  de  feuilles 
malades,  on  trouve  plus  ou  moins  de  telle  ou  telle  substance  que  dans  le 
mémo  poids  de  feuilles  saines  prises,  d'ailleurs,  dans  les  mêmes  conditions; 
mais  il  importe  beaucoup,  au  point  de  vue  cultural  et  agronomique,  de 
connaître  le  poids  total  de  ces  divers  éléments  constitutifs  que  renferme 
un  même  nombre  de  feuilles,  suivant  qu'elles  sont  saines  ou  malades.  En 
comparant,  à  ce  point  de  vue  particulier,  les  feuilles  saines  et  les  feuilles 
malades,  on  trouve  : 

»  1°  Que,  dans  les  feuilles  malades,  le  poids  total  de  l'azote  est  moindre 
que  dans  les  feuilles  saines,  et  que  la  différence  est  d'un  cinquième  environ; 

»  2"  Que,  dans  les  feuilles  malades,  le  poids  total  des  matières  organi- 
ques est  moindre  d'environ  5o  pour  100  que  le  poids  de  ces  mêmes  sub- 
stances contenu  dans  le  même  nombre  de  feuilles  saines  ;  ^ 

»  3°  Que  le  poids  total  des  matières  minérales  contenues  dans  les  feuilles 
malades,  comparé  au  poids  de  ces  mêmes  matières  contenues  dans  le  même 
nombre  de  feuilles  saines,  est  moindre  d'environ  un  sixième  dans  les  pre- 
mières ; 

»  4°  Que  le  poids  de  l'acide  phosphorique  contenu  dans  un  nombre  dé- 
terminé de  feuilles  malades  surpasse  d'environ  un  sixième  le  poids  de  la 
même  substance  que  fournirait  un  pareil  nombre  de  feuilles  saines; 

»  5°  Qu'il  existe  dans  les  premières  un  excès  de  chaux,  d'environ  un 
huitième,  sur  le  poids  de  cette  substance  qu'on  trouverait  dans  le  même 
nombre  des  dernières  feuilles  ; 

»  6"  Enfin,  les  feuilles  malades  ne  contiennent,  à  nombre  écjal^  que  les  six 
dixièmes  de  la  quantité  de  potasse  cjue  fourniraient  les  feuilles  saines. 

»  En  résumé,  le  foit  qui  m'a  paru  le  plus  saillant,  dans  cette  étude,  et  le 
plus  persistant,  à  quelque  point  de  vue  qu'on  se  place,  c'est  un  excès  très- 
notable  d'acide  phosphorique  et  de  chaux  dans  les  feuilles  malades. 

»  Le  fait  qui,  par  son  importance,  mérite  encore  d'être  signalé  à  côté  du 
précédent,  est  la  plus  grande  richesse  des  feuilles  malades  en  principes 
azotés  et  en  substances  minérales.  » 


79- 


(596) 

MÉilIOFRES  PRÉSEATÉS. 

CHlMlli  APPLIQUÉE.  —  fiecliercfies  loxicolorjiqucs  sur  la  transformation  de 
iarscnic  en  hydrure  solide,  par  l'hydrocjène  naissant,  sous  [influence  des 
composés  nilreux;  par  M.  Bloxdlot. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Pelouze.) 

«  On  sait  que  les  acides  dégagent  l'hydrogène  de  l'eau  en  présence  du 
zinc  ou  du  fer,  et  que,  quand  ce  gaz  naissant  rencontre  un  composé  so- 
luble  d'arsenic,  il  se  forme  un  hydrure  gazeux  (As H').  Or,   à  cette  règle 
générale  il  y  a  une  exception  pour  l'acide  azotique  et  ses  dérivés,  qui,  don- 
nant naissance  à  de  l'ammoniaque,  ne  produisent,  en  pareil  cas,  que  de 
l'hydrure  solide  (As- FI),  lequel  se  dépose  sur  le  zinc  ou  nage  dans  le  liquide 
sous  la  forme  de  flocons  bruns.  Il  en  est  ainsi,  non-seulement  avec  l'acide 
azotique  pur,  mais  aussi  avec  tous  les  autres  acides  lorsqu'ils   renferment 
la  moindre  proportion  d'un  composé  nitreux.  Toutefois  ces  réactions,  qui 
sont  d'une  sensibilité  extrême,   ne  se  manifestent  qu'autant  que  le  liquide 
ne  renferme  en  dissolution   ni  substances  organiques  qui,  presque  toutes, 
opposent  un  obstacle  plus  ou  moins  absolu  à  la  formation  de  l'hydrure 
solide,  ni  dissolutions  métalliques,  notamment  de  plomb,  qui,  en  se  dépo- 
sant sur  le  zinc,  empêchent  aussi  cette  formation.  C'est  pourquoi  l'expé- 
rience ne  réussit  complètement  qu'avec  du  zinc  et  des  acides  distillés.  Il 
résulte  de  là  que  le  fait  en  question  ne  saurait  constituer  une  méthode 
propre  à  la  recherche  judiciaire  de  l'arsenic;  mais  il   n'en  est  pas  moins 
d'une  grande  importance  pour  la  toxicologie,  car  il  signale,  dans  l'emploi 
de  la  méthode  de  Marsh,  un  double  danger  dont  on  ne  s'était  pas  douté 
jusqu'ici.   Le  premier  est  de  méconnaître  l'arsenic  contenu  dans  les  ma- 
tières suspectes.  Il  suffirait,  pour  cela,  que,  soit  l'acide  sulfiuique  employé, 
soit  les  liquides  suspects,  par  suite  des  traitements  qu'ils  ont  subis,  rece- 
lassent la  moindre  trace  d'un  composé  nitreux  ;  car  il  ne  se  manifesterait 
alors  que  de  l'hydrure  solide  au  lieu  d'hydrure  gazeux.  L'erreur  inverse 
pourrait  aussi  se  produire.  C'est  ce  qui  aurait  lieu,  par  exemple,  si  l'acide 
sulfurique  renfermait  à  la  fois  des  traces  d  arsenic  et  d'acide  azotique.  Dans 
ce  cas,  en  effet,  l'expérience  à  blanc  ne  produirait  que  de  l'hydrure  solide. 
Or,  si  croyant  d'après  cela  à  la  pureté  des  réactifs  on  introduisait  ensuite 
la  liqueur  suspecte,  et  que  celle-ci,  quoique  exemple  d'arsenic,  retînt  en- 
core lui  peu  de  matière  organique  incomplètement  détruite,  les  réactions 


(  597  ) 
changeant,  ce  qui  restait  d'arsenic  clans  l'appareil  prendrait  l'état  gazeux 
et  pourrait  ainsi  donner  lieu  à  une  erreur  fatale.   » 

CHIMIE   APPLIQUÉE.  —  Siiv  la  production  du  sulfate  de  soude  et  de  la   soude 
avec  les  sulfures;  par  M.  A.  Thibierge.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Balard.) 

«  L'industrie  soudière,  qui,  on  le  sait,  est  née  en  France  où  tout  d'abord 
elle  prit  un  développement  considérable,  tend  à  se  déplacer  pour  aller  fleuru- 
là  où  elle  trouve  à  meilleur  marché  les  matières  premières  qu'elle  recher- 
che.... Pénétré  de  l'importance  de  la  question,  je  me  suis  attaché  à  recher- 
cher les  moyens  de  préparer  le  sulfate  de  soude  et  la  soude  sans  passer  par 
les  chambres  de  plomb  et  les  fours  à  sulfate,  en  utilisant  des  matières  pre- 
mières peu  recherchées.  Je  crois  avoir  atteint  ce  résultat  en  brûlant  un 
mélange  de  sulfure  de  fer  ou  de  sulfure  de  fer  et  de  cuivre,  de  sel  et  de 
combustible  (tourbe,  lignite,  houille,  poussiers,  etc.) La  cendre  pro- 
duite, mélange  d'oxyde  métallique  et  de  sulfate  de  soude,  peut,  suivant  le 
besoin  : 

'>    i"  Donner  par  un  simple  lavage  et  une  évaporation  le  sulfate  de  soude  ; 

»  2°  Constituer  un  mélange  prêt,  par  son  union  avec  une  petite  propor- 
tion de  combustible,  à  produire  dans  le  four  à  soude  une  soude  de  haut 
titre  mêlée  de  sidfure  métallique.  Ce  dernier  rentre  dans  la  fabrication  du 
sulfate  de  soude.  » 

M.  GagiMage,  qui,  dans  une  précédente  communication  (26  octobre  185^), 
avait  indiqué  sommairement  les  moyens  qu'il  se  proposait  d'employer 
pour  utiliser  au  profit  de  l'agriculture  les  matières  charriées  par  les  eaux 
troubles  des  égouts  et  de  certains  courants  naturels,  adresse  aujoiu'd'hui 
la  description  et  la  figure  d'un  appareil  qu'il  a  imaginé  à  l'effet  de  recueillir 
ces  matières.  Il  annonce  s'être  assuré  récemment,  au  moyen  d'un  brevet,  la 
propriété  de  son  invention,  pour  laquelle  d'ailleurs  il  avait  déjà  sauvegardé 
ses  droits  de  priorité  par  le  dépôt  d'un  paquet  cacheté,  dépôt  accepté  par 
l'Académie. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Boussingault, 

Payen  et  Decaisne.  ) 

M.  Druelle  adresse  de  Niort  (département  des  Deux-Sèvres)  une  Note 
concernant  les  heureux  effets  qu'il  a  obtenus  de  l'emploi  du  sel  pour  pré- 


(  598) 
server  la  vigne  de  l'atteinte  de  l'oïdium.  Son  procédé  consiste  à  déposer  dans 
un  trou  peu  profond  creusé  au  pied  de  chaque  vigne,  au  mois  de  novembre 
ou  de  décembre,  un  demi-kilogramme  environ  de  sel  marin  non  raffiné.  Ses 
vignes  qui  l'an  passé  avaient  été  fort  ravagées  par  l'oïdium,  traitées  comme 
il   vient  d'être  dit,   en  ont  été  complètement  préservées. 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Decaisne.) 

M.  Sauvageon  expose  les  moyens  qui  lui  semblent  propres  à  écarter  de 
nos  campagnes  le  fléau  de  la  grêle,  moyens  qui  auraient  été  déjà,  dit-il, 
dans  le  département  de  l'Isère,  l'objet  de  quelques  essais  en  apparence 
satisfaisants. 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Babinet  etRegnault.) 

M.  GuÉRixEAD-AuBRY  soumet  au  jugement  de  l'Académie  la  description 
et  la  figure  d'\ui  moteur  de  son  invention. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Morin,  qui  jugera  si  cette  communication 
n'est  pas  de  l'ordre  de  celles  que  l'Académie  considère  comme  non 
avenues.  ) 

CORRESPOIVDAIVCE . 

M.  LE  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

adresse  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut  le  XLV  volume  des  brevets  d'in- 
vention pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  i844)  et  les  n°'  i  et  3  du  Catalogue 
des  brevets  pris  pendant  l'année  i863. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  opuscule  de  M.  Cli.  BelloUi  sur  un  moyen  d'obtenir 
de  la  graine  saine  de  ver  à  soie. 

L'auteur  ayant  fait  à  Varèse,  au  printemps  de  1862,  une  éducation 
précoce  devers  à  soie,  en  eut,  du  10  au  i4juin,  des  papillons  alertes 
et  bien  portants  qui  lui  donnèrent  quelques  onces  de  graine.  Cette  graine, 
examinée  au  microscope,  n'avait  d'œufs  malades  que  dans  la  proportion  de 
6  à  8  pour  100. 

L'éducation  avait  été  faite  à  la  manière  ordinaire;  seulement  les  vers 
avaient  dû  être  nourris  avec  des  feuilles  très-jeunes,  l'époque  peu  avancée 
de  la  saison  n'en  fournissant  point  d'autres.  M.  Bellotli  pensa  que  cette 


(  599) 
circonstance  pouvait  bien  avoir  contribué  pour  la  principale  part  au  résul- 
tat obtenu  :  on  avait  bien  supposé  déjà  qu'un  état  maladif  des  feuilles  pou- 
vait être  pour  beaucoup  dans  la  maladie  des  vers  et  la  mauvaise  qualité  de 
la  graine,  mais  cette  remarque  était  restée  à  peu  près  stérile.  La  nouvelle 
observation  y  ajoutait  quelque  chose  d'important  et  donnait  lieu  de  penser 
que  l'état  malsain  de  la  feuille  ne  commençait  qu'à  un  certain  état  de  son 
développement.  Sur  ce  point  l'expérience  seule  pouvait  décider,  et  M.  Bellotti 
s'estempressé  d'y  soumettre  sa  conjecture.  Il  a  pris  les  précautions  nécessaires 
pour  écarter  toute  chance  d'erreur  et  toute  cause  d'illusions.  Des  éduca- 
tions ont  été  faites  dans  des  circonstances  toutes  semblables,  sauf  en  ce 
qui  concerne  l'âge  des  feuilles  données  aux  vers,  et  suivies  soigneusement 
de  manière  à  ce  que  les  résultats  fussent  rigoureusement  comparables;  ces 
expériences,  dont  la  Note  fera  connaître  tous  les  détails,  sont  venues  con- 
firmer pleinement  la  justesse  des  vues  qui  les  avaient  fait  entreprendre. 

L'opuscule  de  M.  Bellotti  est  renvoyé,  à  titre  de  pièce  à  consulter,  à  la 
Commission  des  vers  à  soie. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  encore,  parmi  les  pièces  déposées 
sur  le  bureau,  un  dessin  représentant  des  modifications  nouvelles  apportées 
à  la  charrue  du  Calvados,  par  M.  Patjny,  directeur  d'un  établissement 
d'enseignement  agricole  à  Caen.  M.  Pagny  s'est  proposé  dans  cette  charrue: 
1°  de  faciliter,  au  moyen  d'un  timon  adapté  à  lavant-train,  la  manoeuvre 
de  la  charrue  par  les  jeunes  laboureurs,  et  le  dressage  des  jeunes  chevaux; 
2"  de  supprimer,  pendant  le  transport  de  la  charrue  sur  les  routes,  l'emploi 
de  toute  espèce  de  chariot  ou  traîneau,  en  faisant  supporter  la  charrue  par 
son  avant-train,  au  moyen  d'une  disposition  très-simple;  3°  enfin  de  ré- 
gler et  de  modifier  presque  instantanément  l'entrure  de  la  charrue  pen- 
dant la  marche,  au  moyen  d'une  disposition  extrêmement  simple,  facile- 
ment applicable  à  toute  espèce  de  charrue. 

M.  Isidore  Pierre,  qui  a  vu  fonctionner  et  fait  fonctionner  lui-même 
cette  charrue,  a  reconnu  qu'il  est  très-facile,  au  moyen  de  la  vis  disposée 
entre  les  mancherons,  d'augmenter  ou  de  diminuer  l'entrure  de  10  centi- 
mètres pendant  la  marche,  avant  que  les  chevaux  attelés  à  la  charrue  aient 
eu  le  temps  de  parcourir  2  mètres  ou  tout  au  plus  2™,  5o. 

M.  Velpeac  fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur,  M.  Lieb- 
reich,  d'un  exemplaire  de  son  Atlas  d'ophthalmoscopie,  représentant  l'état 


(  6oo  ) 

normal  et  les  modifications  pathologiques  du  fond  de  l'œil  visibles  avec 
l'ophthalmoscope. 

«  M.  Liebreich,  dit  M.  Velpeau,  a  dessiné  lui-même  toutes  ces  planches. 
D'iuie  fidélité  remarquable,  ces  planches  ont  demandé  à  l'auteur  un  temps 
et  une  patience  rares. 

»  M.  Liebreich,  préparateur  de  M.  Ilelmholtz  à  l'époque  où  ce  physiolo- 
giste inventait  l'ophthalnioscope,  paraît  être  le  premier  qui  ait  fait  l'appli- 
cation pratique  de  cet  instrument,  mis  en  nsage  aussi  par  MM.  Graefe  et 
Donders  à  l'étranger,  par  MM.  Cusco  et  Follin  à  Paris.  Dans  nue  série  de 
Mémoires  allemands  et  dans  un  Traité  français  de  l'examen  de  l'œil  ajouté 
à  la  traduction  de  Mackensie,  M.  Liebreich  a  déjà  décrit  cette  méthode  avec 
soin. 

»  L'Atlas  d'ophthalmoscopie,  qui  vient  compléter  ses  études,  contient 
cinquanle-sept  figures  tirées  d'une  collection  importante  appartenant  à 
I  auteur. 

»  Les  deux  premières  planches  représentent  le  fond  de  l'œil  normal, 
dans  toute  son  étendue  et  sous  des  aspects  variables,  suivant  les  individus. 

»  La  troisième  est  consacrée  à  l'étude  du  staphylome  postérieur,  cause 
des  hauts  degrés  de  myopie. 

M  Les  planches  4,  5,  6  et  7  sont  destinées  à  faire  voir  les  différentes  ma- 
ladies de  la  choroïde,  la  rétinite  pigmenlaire,  les  décollements  de  la  rétine, 
le  cysticerque  de  l'œil,  etc.,  etc. 

»  Les  planches  8,  9  et  10  représentent  les  nombreuses  maladies  de  la 
rétine,  coïncidant  avec  certaines  maladies  générales  :  affections  du  cœur, 
maladie  de  Bright,  syphilis,  leucémie,  etc. 

»  La  planche  11,  contenant  onze  figures,  est  consacrée  aux  maladies  du 
nerf  optique  :  excavation,  inflammation,  atrophie  de  ce  nerf,  résultant  du 
glaucome  et  de  diverses  maladies  du  cerveau  et  de  la  moelle  épinière. 

»  La  dernière  planche  a  rapport  à  certaines  anomalies  congéniales,  im- 
portantes à  connaître  pour  l'interprétation  de  certains  faits  particidiers 
que  l'on  rencontre  dans  les  études  ophthalmoscopiques. 

»  L'étude  des  maladies  de  l'œil  vient  de  faire  ainsi,  ajoute  M.  Velpeau, 
un  progrès  important.  Sans  accepter  comme  absolument  démontré  tout  ce 
qu'ils  avancent  sous  ce  rapport,  je  n'hésite  pas  à  dire  que  MM.  Helmhoitz  et 
Liebreich  d'abord,  Gra^fe  et  Donders,  Cusco  et  Follin  ensuite,  ont  bien 
mérité  de  la  science,  et  que  l'ophthalmoscopie  promet  de  faire  de  la  sorte 
|)our  l'œil  ce  que  Laennec  a  fait  pour  la  poitrine  en  inventant  l'ausculta- 
tion médiate.  » 


(  6oi  ) 

«  M.  Rayer  s'associe  aux  éloges  donnés  par  M.  Velpeau  au  beau  travail 
de  M.  Liebreicli,  et  au  juste  hommage  rendu  à  M.  Ilelmholtz  pour  l'inven- 
tion de  l'oplithalmoscope.  Les  connaissances  ophthalmologiques  ont  fait, 
dans  ces  derniers  temps,  de  tels  progrès,  qu'on  doit  rendre  grâces  à 
M.  Bouland,  ancien  Ministre  de  l'Instruction  publique,  d'avoir  créé,  dans  la 
Faculté  de  Médecine  de  Paris,  un  cours  complémentaire  d'ophthalmologie, 
confié  à  M.  Follin.  Les  Leçons  sur  l'exploration  de  l'œil,  à  l'aide  de  l'oplttlial- 
moscope,  que  vient  de  publier  ce  professeur  agrégé,  ont  paru  à  M.  Rayer 
mériter,  à  cette  occasion,  une  mention  particulière.  » 

M.  MiLNK  Edwards  présente  un  ouvrage  jjosthume  de  M.  Robineaii- 
Desvoidj,  sur  riiistoirc  naturelle  des  Diptères  des  environs  de  Paris,  publié 
par  les  soins  de  M.  Monceaux. 

PHYSIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  méthode  de  mesurer  l'action  chimique  des  rayons 
solaires.  Note  de  M.  T.-L.  Phipsox,  présentée  par  M.  Velpeau. 
'(  Ayant  observé,  par  hasard,  qu'une  solution  de  sulfate  d'acide 
molybdique  (c'est-à-dire  une  solution  d'acide  molybdique  dans  l'acide 
sulfurique  en  excès),  placée  sur  luie  des  planches  de  mon  laboratoire  où 
elle  reçoit  les  rayons  directs  du  soleil  pendant  trois  heures  chaque  jour, 
devint  bleu-verdâtre  pendant  le  jour  et  incolore  de  nouveau  pendant  la 
nuit,  j'ai  répété  l'expérience  plusieurs  fois  et  j'ai  trouvé  que  la  solution 
saline  exposée  au  soleil  est  réduite,  tandis  que  dans  l'obscurité  elle  devient 
incolore  de  nouveau  par  oxydation.  Pendant  l'insolation,  une  certaine 
quantité  d'acide  molybdique  perd  i  atome  d'oxygène  qui  se  combine  à 
l'eau  pour  former  du  bioxyde  d'hydrogène;  pendant  la  nuit  ce  dernier 
rend  i  équivalent  d'oxygène  à  l'oxyde  de  molybdène  produit;  par  consé- 
quent on  n'observe  aucun  dégagement  de  gaz.  Cette  réaction  curieuse 
peut  être  ainsi  représentée  : 

A  la  lumière  solaire Mo  0'  +  HO  =:  Mo  O^  +  HO-, 

Pendant  la  nuit MoO'  +  HO'  =  Mo  0=  ■+-  HO, 

le  tout  étant  en  présence  d'un  excès  d'acide  sulfurique. 

»  Rien  n'est  plus  facile  que  de  mesurer  la  quantité  de  réduction  qui  a 
lieu  sous  l'influence  des  rayons  solaires  dans  un  temps  donné,  d'autant 
plus  que  le  changement  n'est  pas  influencé  par  la  chaleur  des  rayons  so- 

C.  R.,  i863,  2'»'^  Semestre.  (T.  LVIl,  K"  15.)  8o 


(    602    ) 

laires;  en  faisant  même  bouillir  la  solution  pendant  longtemps,  on  n'ob- 
serve aucune  décoloration.  Une  solution  faible  de  permanganate  de  potassn 
détruit  la  teinte  bleu-verdâtre  produite  par  l'action  chimique  des  rayons 
solaires,  et  la  quantité  (le  volume)  de  permanganate  employée  indique  la 
quantité  relative  d'actinisme  pour  chaque  jour.  Pour  préparer  le  liquide 
moiybdique,  je  dissous  environ  lo  grammes  de  molybdate  d'ammoniaque 
dans  un  excès  d'acide  sulfurique  dilué;  du  zinc  raélailique  est  placé  dans 
cette  solution  jusqu'à  ce  qu'elle  devienne  bleu  foncé  ou  bleu-verdâtre 
presque  noir;  on  sépare  alors  le  zinc  et  on  ajoute  peu  à  peu  du  permanga- 
nate de  potasse  en  .s'arrélant  exactement  quand  la  liqueur  est  devenue  in- 
colore. Une  provision  de  cette  liqueur  ayant  été  faite,  on  en  expose 
chaque  jour  20  centimètres  cubes  aux  rayons  directs  du  soleil  pendant  une 
heure.  On  retire  alors  le  liquide  et  on  détermine  la  quantité  de  réduction 
au  moyen  d'une  solution  faible  de  permanganate  de  potasse  ou  de  bichro- 
mate de  potasse  de  force  connue.  Une  solution  de  o^'',  5o  de  permanganate 
dans  un  litre  d'eau  acidulée  d'acide  sulfurique  sert  très-bien.  On  la  laisse 
couler  dans  le  liquide  insolé  au  moyen  d'une  pipette  très-étroite  graduée 
en  100  divisions  égales.  I.e  degré  indiqué  sur  la  pipette  après  rétablisse- 
ment de  l'état  incolore  du  liquide  indique  pour  chaque  jour  le  degré 
d'actinisme,  comme  le  thermomètre  ordinaire  indique  le  degré  de  chaleur. 
»  Je  n'ai  pas  encore  fait  une  très-longue  série  d'expériences  au  moyen  de 
cette  mélhotle,  mais  je  trouve  déjà  que  les  variations  de  l'actinisme  suivent 
des  courbes  qui  varient  souvent  assez  subitement,  comme  les  courbes  ba- 
rométriques, avec  lesquelles  elles  ont  peut-être  des  rapports.   » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  composition  de  Veau  de  la  mer  Morte.  Note  de 
M,  Rocx,  présentée  par  M.  Pelouze.  (Extrait.) 

«...  Les  diverses  analyses  que  la  science  doit  à  Lavoisier,  Marcet,  Rla- 
proth,  Gay-Lussac,  Gmelin,  Boolh,  Boutronet  Henry,  de  Commines,  Mol- 
denhauer,  Boussingault,  établissent  d'une  manière  certaine  que  l'eau  du  lac 
Asphaltite  n'a  pas  la  même  composition  à  toutes  les  époques  de  l'année,  et 
que  les  substances  salines  qu'elle  tient  en  dissolution  varient,  non-seule- 
ment sous  le  rapport  de  la  quantité,  mais  peut-être  encore  dans  leur  nature. 
Ces  oscillations  dans  le  chiffre  des  principes  que  les  eaux  dissolvent  sont 
connues  de  toutes  les  personnes  qui  se  sont  occupées  de  l'hydrologie.  Plu- 
sieurs eaux  minérales  présentent  une  composition  variable,  suivant  l'époque 
de  l'année  où  on  les  récolte.  Il  n'est  pas  jusqu'à  l'eau  de  l'Océan  dont  la 


(  6o3  ) 
salure  oscille,  suivant  qu'on  l'examine  dans  les  zones  polaii-es,  tempérées, 
équatoriales,  à  la  surface  comme  à  une  grande  profondeur. 

»  L'eau  que  nous  devions  à  l'obligeance  de  M.  l'abbé  Person  avait  été 
puisée  dans  la  partie  septentrionale  delà  merMorle,  non  loin  de  l'embou- 
chure du  Jourdain,  le  24  avril  1862.  Elle  était  légèrement  alcaline  au  papier 
de  tournesol;  elle  se  colorait  en  l'ouge  carmin,  par  l'addition  de  quel- 
ques gouttes  d'alcoolé  de  campèclie;  chauffée  durant  quelques  minutes, 
elle  ne  se  troublait  pas  sensiblement.  Le  produit  de  l'évaporation  de  ce- 
liquide,  soumis  dans  une  cornue  à  l'action  d'une  assez  haute  température, 
a  donné  un  sublimé  blanc  qui  présentait  tous  les  caractères  du  sel  am- 
moniac. 

»  Traitée  par  le  procédé  de  M.  Boussiugault,  l'eau  de  la  mer  Morte  a 
fourni  des  proportions  appréciables  d'ammoniaque.  Évaporée  avec  précau- 
tion, à  la  température  de  100  degrés,  elle  a  laissé  un  résidu  d'un  blanc 
grisâtre,  du  poids  de  23»%756  par  100  grammes  d'eau.  Ce  produit  salin, 
privé  de  l'eau  de  cristallisation  qu'il  contenait,  en  le  chauffant  au  rouge 
obscur  pendant  quelque  temps,  et  tenant  compte  du  gaz  chlorhydrique 
éliminé  par  la  décomposition  du  chlorure  de  magnésium,  pesait  ao^^Goo. 

»  L'analyse  a  permis  de  reconnaître  dans  ce  résidu  les  principes  sui- 
vants : 

Chlorure  de  magnésium (),466 

Chlorure  de  sodium 6, 126 

Chlorure  de  calcium 3,  iSa 

Chlorure  de  potassium .  i  ,388 

Bromure  de  magnésium o,364 

Sulfate  de  chaux o,o58 

Hydrochlorate  d'ammoniaque.  .  .  o,oo4 

Carbonate  de  chaux \ 

Oxyde  de  fer >  o,o32 

Alumine ) 

Perte 0,010 

20,600 
Eau 79 ,400 

100,000 

»  L'eau  de  la  mer  Morte,  puisée  le  24  avril  1862,  près  de  l'embouchure 
du  Jourdain,  contenait  donc  206  grammes  de  sel  par  litre.  Nous  ne  possé- 
dons aucinie  eau  minérale  aussi  chargée  de  substances  salines;  aucune  ne 
contient  une  quantité  aussi  élevée  de  brome. 

80.. 


(  6o4  ) 

B  II  est  probable  que  l'énorme  proportion  de  bromure  de  magnésium 
qu'elle  renferme  lui  donne  des  propriétés  particulières,  spéciales,  que  la 
thérapeutique  pourrait  utiliser  dans  le  traitement  de  diverses  affections.  Si 
l'on  observe  qu'un  mètre  cube  de  cette  eau  contient  plus  de  3  kilo- 
grammes de  bromure  de  magnésium,  chiffre  qui  pourrait  encore  s'élever, 
puisque  Gmelin  a  dosé  ^^\'ic)3  de  bromure  magnésique  dans  looo  grammes 
de  ce  liquide,  on  comprendra  qu'il  serait  intéressant  d'essayer  l'emploi  de 
l'eau  de  la  mer  Morte  dans  la  cachexie  scrofuleuse,  les  maladies  syphi- 
litiques invétérées,  le  rachitisme,  les  tumeurs  des  os,  les  affections  chro- 
niques des  voies  respiratoires.  D'après  Pline,  les  riches  habitants  de  Rome, 
qui  soupçonnaient  ses  vertus  médicinales,  faisaient  apporter  de  l'eau  du  lac 
Asphaltite  pour  s'y  baigner.  L'analyse,  en  signalant  dans  l'eau  de  la  mer 
Morte  un  principe  d'une  extrême  activité,  en  proportion  exceptionnellement 
forte,  est  venue  confirmer  les  assertions  du  peuple-roi.  Le  bromure  de  ma- 
gnésium qui  donne  à  ce  liquide  des  propriétés  incontestables  doit  proba- 
blement son  origine  aux  immenses  dépôts  saliferes  qui  entourent  le  lac 
Asphaltite.  M.  Marchand  assure  avoir  rencontré  une  forte  proportion  de 
bromure  de  magnésium  dans  les  terres  situées  à  l'ouest  de  la  mer  Morte. 

o  Une  expérience  très-simple  démontre  la  présence  du  brome  dans  le 
liquide  que  nous  avons  analysé.  11  suffit  de  l'agiter  avec  un  demi-volume  de 
chloroforme,  après  l'avoir  additionné  d'un  peu  d'eau  chlorée,  pour  voir  la 
liqueur  éthérée  se  colorer  en  jaune  rougeâtre.  Le  chlore,  en  déplaçant  le 
brome  du  sel  magnésien,  permet  à  ce  métalloïde  de  se  dissoudre  dans  le 
chloroforme  qui  se  précipite  immédiatement,  revêtu  d'une  teinte  très-belle, 
tout  à  fait  caractéristique. 

»  La  médecine  devrait  soumettre  l'eau  de  la  mer  Morte  au  contrôle  de 
l'expérience;  l'art  photographique,  la  chimie,  qui  utilisent  chaque  jour  les 
bromures,  pourraient  demander  le  brome  au  lac  Asphaltite  :  il  est  certain 
que  si  l'industrie  exploite  un  jour  le  brome  et  les  bromures,  la  mer  Morte 
lui  offrira  un  vaste  et  inépuisable  réservoir  de  ces  produits.    »> 

CHIMIE.  —  5i/r  les  retalions  volumélriques  de  l'ozone.  Note  de  M.  J.-L.  Soret, 

présentée  par  M.  Regnaull. 

((  MM.  Andrews  et  Tait  ont  publié  un  iMémoire  remarquable  sur  les 
relations  volumétriques  de  l'ozone  (i),  et  tout  récemment  M.  de  Babo  s'est 

(i)  Philosophical  Transactions,   i8Go,  p.  ii3.  Les  résultats  de  MM.  Andrews  et  Tait  ne 


(  6o5  ) 

aussi  occupé  de  ce  sujet  (  i).  Les  résultats  auxquels  j'ai  été  conduit  à  i"aide 
de  procédés  tout  différents,  s'accordent  avec  ceux  que  ces  savants  ont 
obtenus. 

»  Pour  la  mesure  du  volume  du  gaz,  j'ai  employé  un  appareil  très-simple; 
il  se  compose  d'un  ballon  de  verre  jaugeant  2 5o  centimètres  cubes,  et  muni 
d'un  bouchon  soudéàl'émeri.  Le  col  de  ce  ballon  a  été  divisé  en  millimètres, 
et  l'appareil  calibré  avec  soin.  On  a  entouré  ce  récipient  d'un  manchon  en 
verre  supporté  par  une  pièce  en  fer-blanc  que  le  col  du  ballon  traverse  par 
une  tubulure  centrale.  On  introduisait  le  gaz  dans  le  ballon  préalablement 
rempli  d'eau  tlistillée  et  renversé  sur  un  vase  contenant  aussi  de  l'eau  dis- 
tillée. Pour  effectuer  la  mesure  du  volume,  on  remplissait  le  manchon  exté- 
rieur avec  de  l'eau,  dont  la  température  était  exactement  donnée  par  un 
thermomètre;  on  lisait  alors  à  quelle  division  le  gaz  affleurait  dans  le  col  du 
ballon,  et  l'on  tenait  compte  de  la  pression. 

»  On  a  le  plus  souvent  opéré  sur  de  l'oxygène  chargé  d'ozone,  obtenu 
par  l'électrolyseau  moyen  d'un  appareil  que  j'ai  déjà  décrit  [Comptes  rendus, 
1  mars  i863,  p.  392)  et  qui  permet  d'éviter  complètement  le  mélange  d'hy- 
drogène dans  le  gaz  dégagé. 

)<  Action  des  corps  oxydables.  —  On  a  principalement  étudié  l'action  de 
l'iodure  de  potassium.  A  cet  effet,  après  avoir  mesuré  le  volume  du  gaz 
chargé  d'ozone,  on  introduisait  dans  le  ballon  une  petite  quantité  d'iodure 
de  potassium  en  dissolution  avec  lequel  on  agitait  le  gaz  ;  on  lavait  les  parois 
avec  de  l'eau,  puis  on  mesurait  de  nouveau  le  volume  du  gaz  rigoureuse- 
ment ramené  à  la  température  initiale.  Le  ballon  pouvant  se  boucher  her- 
métiquement, il  est  facile  de  comprendre  comment  il  était  possible  d'effec- 
tuer ces  opérations  sans  perte  de  gaz. 

»  Il  convenait  en  outre  de  déterminer  la  proportion  d'ozone  contenue 
dans  l'oxygène;  on  pouvait  y  arriver  en  dosant  par  la  méthode  de 
M.  Bunsen  la  quantité  d'iode  mise  en  liberté  dans  l'iodure  de  potassiimi 


paraissaient  pas  avoir  été  universellement  acceptés;  c'est  ce  qui  m'a  déterminé  à  reprendre 
ce  sujet  en  utilisant  la  possibilité  de  préparer  par  l'électrolyse  de  l'oxygène  contenant  une 
assez  forte  proportion  d'ozone,  (Faprès  le  procédé  que  j'ai  fait  connaître  il  y  a  peu  de  temps 
[Comptes  rendus  de  V  Académie,  i  mars  i863,  et  Archives  des  Sciences  physiques  et  naturelles 
de  Genève,  mars  i863). 

(i)  Scitràge  zur  Kenntniss  des  Ozons  [Berichte  der  Naturf.  Gescllschaft  zu  Freiburg  in  Br., 
t.  III,  I*''  cahier).  Mes  recherches  étaient  presque  complètement  terminées  lorsque  a  paru  cet 
intéressant  travail,  qui  du  reste,  par  sa  nature,  diffère  beaucoup  du  mien. 


(  6o6  ) 
employé  dans  l'opération  qui  vient  d'être  décrite;  mais  dans  le  plus  grand 
nombre  de  cas  on  a  fait  l'analyse  sur  une  autre  portion  de  gaz  recueillie  dans 
nn  ballon  de  25o  centimètres  cubes  de  capacité. 

»  Pour  s'assurer  de  l'exactitude  que  l'on  peut  espérer  d'atteindre  dans  la 
mesure  des  volumes,  on  a  fait  un  certain  nombre  d'expériences  à  blanc, 
c  est-à-dire  en  opérant  sur  de  l'air  ou  de  l'oxygène  ne  contenant  pas  d'ozone. 
On  a  obtenu  ainsi  les  résultats  consignés  dans  la  première  partie  du  tableau 
suivant.  Le  gaz  subit  en  général,  dans  ces  conditions,  une  très-petite  diminu- 
tion de  volume,  que  l'on  doit  attribuer  à  la  dissolution  d'une  petite  quantité 
de  gaz  dans  les  liquides  avec  lesquels  on  l'agite. 

))  Les  résultats  obtenus  sur  l'oxygène  cbargé  d'ozone  sont  contenus  dans 
!a  seconde  partie  du  tableau  qui  donne  également  le  volume  qu'occuperait, 
dans  les  mêmes  conditions  de  pression  et  de  température,  la  quantité 
d'oxygène  absorbée  par  l'iodure  de  potassium  et  déduite  de  l'analyse. 

Action  de  l'iodure  de  potassium . 

GAZ  NE  CONTENANT  PAS  d'oZONE.  OXYGÈNE  CDAUGÉ  D^ZO>E. 


Diminution  de  vol 

lume. 

N 

ature  du 

gaz. 

Diraination  de 

vo 

lume. 

Vol 

urne 

do  Vosyçéne  absoi 

ce 
0,25 

1 

ce 
0,00 

ec 
4,25 

0,00 

1 

Air. 

o,3o 

2,  10 

0,00 

0,28 

2,24 

0,12 

0,32 

3,3i 

0,  12 

0,20 

3,70 

o,o5 

0, 10 

Oxygène. 

0,  i5 
0,20 

5,61 
4,88 

0,  12 

On  voit  que  la  diminution  de  volume  observée  est  très-petite,  et,  bien 
qu'elle  soit  en  général  un  peu  plus  forte  que  lorsque  le  gaz  ne  contient  pas 
d'ozone,  je  pense  qu'on  doit  l'attribuer  aux  causes  d'erreurs  inhérentes  au 
])rocédé  (i). 

»  En  répétant  l'expérience  avec  Yarsénile  de  soude,  au  lieu  do  l'iodure  de 
potassium,  on  a  obtenu  le  même  résultat. 

»  Ainsi,  comme  l'avaient  annoncé  MM.  Andrews   et  Tait,    «  l'oxygène 

i)  P.irmi  plusieurs  causes  d'erreur  que  l'on  peut  entrevoir,  il  faut  citer  le  fait  que  les 
reactions  compliquées  qui  se  passent  quand  on  met  le  gaz  chargé  d'ozone  en  présence  de 
l'iodure  de  potassium,  et  la  formation  de  substances  diverses  (iode,  potasse,  iodate  de  po- 
tasse, etc.),  peuvent  faciliter  la  dissolution  d'une  petite  proportion  de  gaz. 


(  6o7  ) 
»   chargé  d'ozone  ne  subit  pas  de  diminution  de  volume  lorsqu'on  le  traite 
)i   par  des  corps  oxydables.  » 

»  Action  de  la  chaleur.  —  Pour  détruire  l'ozone  par  la  chaleur,  je  ne  pou- 
vais pas  exposer  l'appareil  de  mesure  à  la  température  qu'il  faut  employer; 
mais  j'ai  trouvé  qu'il  est  facile  d'arriver  complètement  et  en  peu  de  temps 
au  même  résultat,  au  moyen  d'une  spirale  en  platine  chauffée  au  rouge 
sombre  |)ar  un  courant  électrique  ;  je  l'introduisais  dans  le  gaz  en  la  faisant 
ijasser,  sous  l'eau,  par  le  col  du  ballon.  On  déterminait  la  proportion 
d'ozone  j)ar  une  analyse  faite  sur  une  autre  portion  du  gaz  recueillie  dans 
un  second  ballon. 

»  En  soumettant  à  cette  opération  de  lair  ou  de  l'oxygène  dépourvu 
d'ozone,  on  observait  une  augmentation  insignifiante  clans  le  volume  appa- 
rent du  gaz,  comme  l'indiquent  les  chiffres  contenus  dans  la  première  partie 
du  tableau  suivant  (i). 

»  Eu  opérant  sur  l'oxygène  chargé  d'ozone,  on  obtient  au  contraire  une 
augmentation  de  volume  considérable.  La  seconde  partie  du  tableau  donne 
les  résultats  de  ces  expériences  ainsi  que  les  volumes  c|u'occuperait  dans 
les  mêmes  conditions  la  quantité  d'oxygène  absorbée  par  l'iodure  de 
potassium. 


Action 

de 

la 

chaleui\ 

GAZ    NE    COST: 

".NAXT    PAS    d'oZO.NE. 

A 

OXVGÈ.NE    CHARGÉ    d'uzONE. 

AngmeiUalioii 

ugnientatiou               \'o!ujiiecIc 

do  volume. 

Nature  du  gaz. 

de  volume. 

roxjgèiio  absorbé. 

Différence. 

ce 
0,07 

0,20 

(                  Air. 

3',83 
5, .4 

ce 
3,92 

5,. 4 

ce 

—0,09 
0,00 

o,o5 

) 

3,83 

3,28 

4-0,55 

jOxyyèneélectrolyliqiie 

de- 

0,90 

o,4i 

+0,49 

o,i8 

\     pourvu  d'ozone  par 

la 

3,02 

3,36 

-0,34 

\     clialt'iir. 

4,10 

3,87 

-i-0,20 

lOxygène  clectrolytique 

dé- 

3,70 

3,4, 

+0,29 

o,i5 

\     pourvu  d'ozone  par  1 

'io- 

3,80 

3,45 

+0 ,  35 

)     dure  de  potassium. 
«  Les  différences  consignées  dans  la  dernière  colonne  sont  a.ssez  petites 


(i)  J'attribue  cette  variation  à  ce  que,  dans  les  premiers  instants  pendant  lesquels  la  spirale 
est  chauffée,  l'eau  qui  la  mouille  est  rapidement  vaporisée  et  vient  se  condenser  sous  forme 
de  gouttelettes  sur  les  parois  du  ballon. 


(  6o8  ) 
pour  pouvoir  être  attribuées  aux  erreurs  d'expérience  (i);  on  doit  donc 
admettre  que  l'oxygène  chargé  d'ozone  subit  sous  l'action  de  la  chaleur  une 
augmentation  de  volume  égale  au  volume  qu'occuperait,  dans  les  mêmes 
conditions,  la  quantité  d'oxygène  que  ce  gaz  aurait  été  susceptible  d'aban- 
donner à  l'iodure  de  potassium. 

»  Action  de  la  potasse.  —  La  potasse  caustique  qui  détruit  l'ozone  n'agit 
pas  comme  les  corps  oxydables  :  son  action  se  rapproche  de  celle  de  la 
chaleur,  et  donne  lieu  à  une  augmentation  de  volume  incontestable. 

»  J'ai  répété  ces  diverses  expériences  sur  l'ozone  préparé  par  l'action  de 
l'électricité  d'induction  sur  l'oxygène  ordinaire,  au  moyen  de  l'appareil  de 
INI.  de  Babo.  J'ai  observé  exactement  les  mêmes  phénomènes. 

»  L'ensemble  de  ces  résultats  qui  confirment  ceux  de  MM.  Andrews  et 
Tait,  et  de  M.  de  Babo,  peut  s'expliquer  par  une  hypothèse  qui  a  déjà  été 
quelquefois  indiquée,  et  qui  consiste  à  supposer  que  les  molécules  d'ozone 
contiennent  plusieurs  atonies  d'oxvgène.  Un  grand  nombre  de  chimistes  et 
de  physiciens  admettent  que  la  molécule  d'oxygène  ordinaire  à  l'état  gazeux 
est  déjà  formée  de  la  réunion  de  a  atomes  et  constitue  un  oxyde  d'oxy- 
gène 00.  Si  l'on  adopte  cette  manière  de  voir  et  si  l'ozone  est  un  état  allo- 
tropique de  l'oxygène,  on  est  amené  à  supposer  que  la  molécule  d'ozone 
l'esulte  d'un  autre  arrangement  atomique.  Les  expériences  que  j'ai  rappor- 
tées sont  contraires  à  l'idée  que  cette  moléculesoit  formée  d'un  seul  atome  O, 
mais  ellessont  compatibles  avec  l'hypothèse  qu'elle  contienne  plusde  a  atomes. 
On  pourrait,  par  exemple,  concevoir  que  i  molécule  d'ozone  fût  com- 
posée de  3  atomes  000,  et  constituât  un  bioxyde  d'oxygène.  Dans  la  for- 
mation de  ce  corps,  aux  2  atomes  déjà  réunis  formant  la  molécule  d'oxy- 
gène libre,  qui  représente  2  volumes,  viendrait  s'ajouter  un  troisième  atome 
représentant  i  volume,  pour  former  i  molécule  d'ozone  représentant  2  vo- 
lumes. Les  propriétés  oxydantes  de  l'ozone,  la  constance  de  son  volume 
lorsqu'on  le  traite  par  les  corps  oxydables,  son  expansion  sous  l'influence 
de  la  chaleur,  et  la  contraction  que  subit  l'oxygène  sous  l'action  de  l'élec- 

(1)  11  faut  remarquer,  en  effet,  que  les  mesures  de  volume  faites  sur  l'eau  ne  comportent 
pas  un  degré  de  précision  absolu,  et  de  plus  que  le  volume  d'oxygène  absorbable  est  calcule 
d'après  l'analyse  faite  sur  une  autre  portion  du  gaz,  et  qu'il  peut  par  conséquent  être 
influencé  par  une  différence  accidentelle  entre  les  quantités  d'ozone  contenues  dans  les  deux 
ballons.  En  prenant  l'ensemble  des  résultats  consignés  dans  le  tableau,  on  trouve  que  l'aug- 
mentation de  volume  moyenne,  pour  une  expérience,  est  de  o",i8;  ce  chiffre  se  rapproche 
loat  à  fait  de  celui  que  l'on  observe  dans  les  expériences  faites  sur  du  gaz  ne  contenant  pas 
d'ozone. 


(6o9) 
Iricilé,  se  trouveraient  facilement  expliquées  clans  cette  hypothèse.  Il  est  clair 
que  rien  dans  les  faits  connus  ne  prouve  que  l'ozone  résulte  du  groupement 
de  3  atomtsplutôt  que  de  4,  5,  etc.  (i);  pour  déterminer  ce  nombre  il  fau- 
drait connaître  la  densité  de  ce  corps.  » 

PHYSIQUE. — Bathoréomètre  ou  spliéromèlre  électrique  de  M.  J.  Giordano. 

«  Je  viens  d'imaginer  un  nouvel  inslrument  de  précision  destiné  à  la 
mesure  des  épaisseurs  très-minces,  et  qui  n'est  fondé  ni  sur  le  ballottement 
par  défaut  de  stabilité  d'équilibre,  ni  sur  des  combinaisons  de  leviers, 
comme  les  sphéromètres  jusqu'ici  en  usage.  J'emploie  tout  simplement 
un  circuit  électrique  fermé  sous  certaines  conditions,  et  j'appelle  mon  ins- 
trument 6fl//iomè/re,  ou  mieux  ballioréomèlre  pour  désigner  son  but,  et  le 
moyen  par  lequel  il  est  atteint. 

»  Je  n'insisterai  pas  sur  les  organes  communs  aubathomètre  et  au  sphé- 
romèlre;  je  me  borne  à  dire  que  dans  le  bathomètre  l'écrou  avec  sa  vis 
micrométrique  est  porté  par  deux  colonnes  fixées  à  la  base  de  l'instrument, 
que  la  surface  supérieure  de  cette  base  est  formée  d'une  substance  iso- 
lante, cristal  ou  ivoire;  qu'on  a  ménagé  au  centre  de  la  base  une  ouverture 
dans  laquelle  on  a  entamé  une  plaque  métallique  communiquant  par  le 
moyen  d'un  fil  conducteur  avec  une  vis  de  pression  ;  enfin  que  l'écrou  com- 
munique de  son  côté  avec  une  seconde  vis  de  pression.  Si  alors  les  deux 
pôles  d'une  pile  très-faible  aboutissent  aux  deux  vis  de  jjression,  un  gal- 
vanomètre, placé  dans  le  circuit,  indiquera  par  la  déviation  de  l'aiguille 
que  le  circuit  est  fermé,  toutes  les  fois  que  la  pointe  de  la  vis  à  axe  vertical 
du  bathoréomètre  touche  la  plaque  métallique  de  la  base. 

»  Cela  posé,  pour  mesurer  l'épaisseur  d'une  lame  donnée,  il  faudra  faire 
deux  opérations,  c'est-à-dire  fermer  deux  fois  le  circuit  électrique  avec  ou 
sans  interposition  du  corps  mince,  faire  deux  lectures  connue  avec  le  sphé- 
romètre  ordinaire  et  prendre  la  différence. 


(i)  On  sait,  d'après  les  belles  expériences  de  MM.  H.  Sainte-Claire  Deville  et  Troost,  et 
celles  de  M.  Bineau,  que  la  densité  de  la  vapeur  de  soufre  est  trois  fois  plus  forte  prés  du 
point  d'ébullition  qu'à  une  température  très-élevée;  peut-être  existe-t-il  une  analogie  entre 
ces  deux  étals  du  soufre  et  les  deux  états  allotropiques  de  l'oxygène;  dans  ce  cas,  il  faudrait 
admettre  que  l'ozone  résulte  d'un  groupement  moléculaire  tel,  que  sa  densité  soit  trois  fois 
plus  grande  que  celle  de  l'oxygène  ordinaire. 

C.  R.,  i8fi3,  2"i=  Semestre.  (T.  LVII,  K"  i^O  8l 


(6io) 

»  Il  vaut  mieux,  en  général,  surtout  s'il  s'agit  de  substances  organiques, 
que  la  membrane  dont  on  veut  mesurer  l'épaisseur  soit  placée  entre  deux 
plaques  métalliques  à  faces  parallèles.  La  petite  pression  à  laquelle  les 
membranes  minces  sont  ainsi  soumises  fiicilife  la  mesure  de  leur  épais- 
seur, et  en  augmentant  dans  un  rapport  connu  le  poids  de  la  plaque  ou 
lame,  on  pourra  mesurer  leur  degré  de  compressibilité.  L'adjonction  des 
plaques  métalliques  est  absolument  nécessaire,  quand  il  s'agit  de  mesurer 
l'épaisseur  des  corps  isolants  ou  mauvais  conducteurs  de  l'électricité,  et 
alors,  de  plus,  les  deux  plaques  doivent  communiquer  métalliquement 
entre  elles  sans  accroissement  de  la  pression  due  au  poids  de  la  plaque 
supérieure. 

»  Quant  à  l'exactitude  des  mesures  bathoréométriques,  je  dirai  seulement 
qu'en  mesurant  dix  fois  la  même  petite  épaisseur  on  obtient  absolument 
le  même  résultat  avec  une  différence  toujours  inférieure  à  un  millième  de 
millimètre.  Quant  à  la  sensibilité,  il  suffira  d'énoncer  quelques  curieux  résul- 
tats auxquels  je  suis  parvenu  : 

»  1°  Une  écaille  de  mica,  détachée  d'une  feuille  de  plusieurs  décimètres 
carrés  de  surface,  m'a  donné  une  épaisseur  de  o"",oo3  :  donc  la  feuille, 
dont  répaisseur  était  de  o°"",oo6  à  peu  près,  contient  au  moins  deux  mille 
de  ces  écailles. 

»  2°  L'épaisseur  moyenne  d'un  fil  du  ver  à  soie  est  o""",oi4;  celle  du 
fil  de  l'araignée,  Segestria  perfida,  que  l'on  tend  au  foyer  des  lunettes, 
esto"'°',o37. 

»  3°  Le  papier  à  filtre  a  une  épaisseur  très-variable  selon  sa  qualité;  si 
on  le  transforme  en  parchemin  artificiel,  l'épaisseur  diminue  dans  les  qua- 
lités plus  grossières,  et  augmente  dans  les  qualités  plus  fines,  comme  l'in- 
dique le  tableau  suivant  : 

Qualité.  Epaisseur  normale.       Après  la  pergaminis.ition. 

I "  ordinaire 0,278  o, 252 

2^  ordinaire.  ...    o,  2o5  0, 180 

3'  ordinaire o,  i  «4  o,  120 

»  Cette  différence  tient  à  ce  que  l'action  de  l'acide  sulfurique,  quoique 
instantanée,  détruit  le  duvet  du  papier  ordinaire. 

»  4"  Les  feuilles  d'or  battu  en  France  ont  ime  épaisseur  de  o"™,oog, 
celles  de  Naples  n'atteignent  que  o""°,oo6  ;  aussi  la  dorure  est-elle  moins 
persistante.  L'épaisseur  de  la  peau  de  baudruche  est  de  o"",070. 


(6.1  ) 

))  5°  Les  cheveux  de  dix  individus  adultes  m'ont  donné  des  épaisseurs 
comprises  entre  o°"",o/i5  et  o°"",o5 1  ;  ceux  d'un  enfant  de  dix  jours  o°"",oo9  ; 
ceux  de  deux  jeunes  garçons  abyssins  élevés  dans  le  collège  de  Naples, 
âgés  l'un  de  quatre  ans,  l'autre  de  vingt,  m'ont  donné  o"",o67  et  o""°,io8. 

»  6°  Une  goutte  d'eau  distillée  ne  laisse  pas  de  résidu,  comme  on  sait, 
en  s'évaporant;  mais  une  goutte  d'eau  potable  laisse  une  tache  dont 
l'épaisseur,  bien  des  fois  moindre  qu'un  millième  de  millimètre,  peut  être 
déterminée  par  le  bathoréomètre.  Il  faut  en  dire  autant  pour  les  différents 
vernis. 

»  7°  En6n,  l'usage  du  bathoréomètre  s'applique  très-bien  à  la  détermi- 
nation des  dimensions  des  différents  organes  des  végétaux  et  des  animaux. 
Comme  essai,  je  joins  ici  le  tableau  suivant  : 

Espèces.  Parties  mesurées.  Épaisseur. 

mm 

Spams  annularis Écaille o,oi3 

Bos  boops,  petit Écaille o,o25 

Serranus  scriba,  petit Écaille o,oi  i 

Julis  vulgaris,  petit Écaille o.oio 

Mantis oratorla Membrane  de  l'aile o,oig 

Tipula  impcrialis Membrane  de  l'aile o,oig 

a  i>  Nerfs  ailaires o ,  o8 1 

Fanessa  atalanta Écailles  de  la  poussière  des  ailes o  ,007    » 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. . 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  5  octobre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Bulletin  et  caries  météorologiques  de  l'Observatoire  impérial,  du  2  septembre 
au  3  octobre  i863;  feuilles  autographiées,  in-fol. 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  brevets  d'invention  ont 
été  pris  sous  le  régime  de  la  loi  du  5  juillet  i844)  publiée  par  les  ordres  de 
M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics; 
t.  XLY.  Paris^  i863;  vol.  in-4''. 

Histoire  naturelle  des  Diptères  des  environs  de  Paris;  œuvre  posthume  du 
D'  Robineau-Desvoidy,  publiée  par  les  soins  de  sa  famille,  sous  la  direction 
de  M.  H.  Monceaux;  t.  I  et  IL  Paris,  i863;  2  vol.  in-S». 


(6,2) 

De  la  granulation  palpébrale ;  joar  Alexandre  QuADRi  (de  Naples).  Naples, 
i863;  br.  in-S". 

Allas  d'oplithalmoscopie  repi^ésentant  l'état  normal  et  les  modifications  pa- 
thologiques (lujond  de  l'œil,  visibles  à  r oplithalmoscope ,  composé  de  12  plan- 
ches et  5'] figures,  accompagnées  d'un  texte  explicatif  et  dessinées  d'après  na- 
ture; par  le  D''  Richard  LiEBREiCH.  Paris,  i863;  in-fol. 

Quadrature  du  cercle;  par  Ju\es  Adde.  Alger,  i863;  in-4°  oblong. 

Metodo...  Méthode  facile  pour  obtenir  dans  nos  pajs  des  graines  saines  de 
vers  à  soie;  proposée  par  Chr.  Bellotti.  Milan,  i8"63;  br.  in-8°.  (Renvoyé 
à  titre  de  document  à  la  Commission  des  vers  à  soie.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  12  OCTOBRE  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMENICATIOIXS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  ta  théorie  des  fonctions  elliptiques; 

par  M.  Hermite. 

«  En  développant  suivant  les  puissances  de  l'argument  les  trois  fonc- 
tions sin  amx,  cosamx,  Aanijr,  on  obtient  les  séries  suivantes  : 


sin  am  j:: 


■(i  + A-)  — ^  +  (t4-i4A--+A-') %-n:  — . 

^  '1.2.3       ^  ^  ^1.2.3.4-5 


cos  aui  X  =:  i  —  —  -i-( i  -\-  ^k 


2\ 


1.2  '1.2.3.4 


Aamx=  I  —  A-  ^^ h  Ik^-h^/r 


4 


1.2       ^  '1.2.3.4 


où  le  coefficient  d'un  terme  quelconque,  5 , est 

^  ^  I.2.3...2W  +  1        1.2.3. ..2n 

une  fonction  entière  et  à  coefficients  entiers  du  module  k^.  Mais  jusqu'ici  il 

n'a  pas  été  possible  d'en  obtenir  l'expression  générale,  et  tout  ce  que  ion 

sait  à  leur  égard  résulte  simplement  des  relations 

sin  am  (  kx,  -\  z=k sin am(jr,  k) , 
cosam  Ikx,  -j  =  Aam(jc,  A). 

On  reconnaît  ainsi  que  les  coefficients  de  sin  amx  sont  des  polynômes  réci- 
proques, et  que  le  développement  de  cosamx  donne  immédiatement  celui 

C.  R.,  iSG3,  2™«  Semestre  (T.  LVII,  N»  lH.)  82 


(6.4) 
de  Aamx.  C'est  de  cette  fonction,  cosamx,  que  je  vais  m'occuper  en  ce 
moment,  me  proposant  d'établir  à  l'égard  des  coefficients,  dont  voici  les 
premiers  d'après  Gudermann  : 

1  +  44^-'+  16A:*, 

i-f- 408  A-' +  9  (  2  A*  +  64  A% 

i  +  368HA-=  + 30768  A^+  i58o8A°4-256A% 


la  remarque  suivante. 

»  Posons  A;  =  cos  9  et  introduisons  les  arcs  multiples,  au  lieu  des  puis- 
sances du  cosinus;  en  les  multipliant  chacun  par  A  on  trouvera  successi- 
vement 

A+  4A^  =4cos5  -h  cos35, 
A+  44A'  +  i6A'  =  44cos5+  i6cos3ô  +  cos55, 
A  +  408  A'  -{-g\o.k^  -hSliP  =  QiT.  cos9  -+-  4o8cos35-f-64cos5ô  +  cos  7$. 

»  Ou  aperçoit  dans  ces  égalités  que  les  puissances  de  A  et  les  cosinus  des 
multiples  de  Q  ont  précisément  les  mêmes  coefficients.  Or,  en  général,  si  ion 

représente   le   coefficient    de  ^^ dans    le   développement    de 

cosama:  par 

n 

Ao  -t-  A,  /?■=  4-  A, A*  + .  .  .  +  A,,A="  =  ^,A,k-\ 

o 

on  aura  cette  relation  : 

2  A,cos-'"^'  ô  =  V  A,  cos(2«  -+-  i  —4')  ^1 

qu'on  peut  facilement  démontrer,  comme  on  verra.  Mais  je  veux  d'abord 
taire  voir  par  un  exemple  comment  elle  sert  à  calculer  directement  les  nom- 
bres entiers  Aq,  A,,  A»,  etc. 

»  Soit  «  =  4  :  R'i  faisant,  pour  simplifier.  A,  =4''ïi>  e*  posant  A^  =  i ,  on 
trouvera,  en  remplaçant  par  les  arcs  multiples  les  puissances  du  cosinus  : 

cos9  +  4«i  cos'5  +  i6rt2Cos'5  +  64rt3Cos''ô  -t-  25604  cos'5 
=  cosô  +  rt,  (cos3ô  4-  3cosô)  +  rt2(cos  59  +  5cos35  4-  locosô ] 
-l-rt3(cos75  -+-  7cos5  Ô+  21  cos3ô  4-  35cos6) 
4- «4  (cosQÔ  4-  9COS76  4-  36cos55  4-84cos39  4-  i26cos5). 


(6i5) 
On  en  conclut,  entre  les  quatre  inconnues,  les  cinq  équations  que  voici  : 

I  =a<, 

i6rt2  =  I  +  3fl,  +  loflj  +  35^3-1-  1  aôfl,, 
64«3  =  rt,  4-  5^2  +  21^/3  4-84(74, 
256«4  =  «3  4-  gflj. 

Leur  somme  conduisant  à  une  identité,  on  peut  omettre  l'une  d'elles,  et  si 
l'on  exclut  la  troisième,  un  calcul  facile  donne  : 

«,  =  922,     ^2=1923,     «3  =  247,     <i4  =  r, 

ce  qui  conduit  en  effet  au  coefficient  rapporté  plus  haut,  d'après  Guder- 
mann.  Laissant  de  côté  l'étude  de  ces  équations  considérées  en  général,  et 
me  bornant  à  remarquer  les  valeurs 

A„  =  4", 

A„_,  =  4'"-'-(2«4-i)4"-S 

_  9"-^' -9-8" 
^'  -  TE ' 

j'arrive  à  la  démonstration  de  l'égalité 

^  A,cos-'+'ô  =  2A,cos(2rt4-  I  —  40  ^5 

et  à  cette  occasion,  comme  j'aurai  à  faire  usage  de  la  transformation  du  se- 
cond ordre,  je  vais  donner  diverses  formules  qui  s'y  rapportent,  et  qui  peu- 
vent être  utiles  dans  bien  d'autres  circonstances. 

»  La  principale,  celle  dont  toutes  les  autres  peuvent  être  tirées,  est 

■  /-  )  sin  am  x 
sin  am 


[(,^„.,iii,]  =  (i 


■  X-  sin'ama: 


Il  suffit  pour  cela  d'opérer  tour  à  tour  sur  les  fonctions  au  module  pri- 
mitif k,  et  au  module  transformé,  en  employant  les  relations  de  la  transfor- 
mation du  premier  ordre;  on  le  démontre  en  partant  de  ce  théorème 
arithmétique  que  tous  les  systèmes  linéaires 


a,     b  I 


82.. 


(6'6) 

dans  lesquels  nd  —  bc  est  un  nombre  premier  yij,  sonl  donnés  par  un  seul 
d'entre  eux  : 


)  o,     p  i 


eu  le  composant  à  droite  et  à  gauche  avec  des  systèmes  i    '  ',  '  au  détermi- 

naut  I .   Or  l'ensemble  des  relations  relatives  à  la  transformation  du  pre- 
mier ordre  consiste  dans  ces  formules,  savoir  : 


sinamlAo", -jl  =  Asinamj:, 


cos  am  [kx,  -  j  =  Aam:r, 
Aam  [kx^  -r  )  =  cosama:. 


,  .       ,  ,\         /sinanijc 

sm  am  zj:,  k  )  ■= ; 


cos  am  (  ix,  k'  )  = ■> 

Aam(/>,  k!) 


cos  a  m  x 
Aamx 


cosama: 

sinam.r 


/.,,         i\         //f'sii 
sui  am   ik  .r,  —    = 

\       ^  y      cos 

cosam  [ik!  X, 
Aam  \ik' x^  -p 


axax 

Aam  j: 

-^ 

cos  a  m  .c 

I 


SUI  am    ifix,  —    = 


/i  J            Aanijr 
cosam  iikx,  V  I  = ' 

\  "■  /         "^  aiiij; 

.  /.,        i/t'\        cosanu 

,  Aajn{ikx,-j-]  = 

\  \  ^  J         Aainx 

/i'  sinam.r 


sinam 


(k'x:-^y. 


Aamx 
/,,        ik\         cosainx 

cosam  [k  X,  —   =  — -, 

I\        '  /  /          Aamx 
Aam  ( /l'.r,  '—]  = 
\        '  /'/        AamjT 

»  Ou  eu  tire  par  un  calcul  facile,  pour  la  transformation  du  second  ordi'e. 


(6.7) 


les  formules  suivantes 


II. 


III. 


IV. 


VI. 


su^tam 


cosam 


lam    I 


sinam 


cosam 


Aam 


[ 


suiam 


cosam 


Aam 


sin  am 


cos  a  m 


Aam 


[ 


suiam 


cosam 


Aam 


sitiam 


cosam 


{i-j-k)x,- 


■}.  \/x 


I  +  k)x^ 


-+  k)x 


_  (1  +  /:) 

sinam.r 

I  +  X  s 

D'ain.r 

cosam  jr  Aam.»; 

I  +/sin-am.r 

I  —  Xsin 

=  am.r 

Xsin'am  j; 


;,  V.        av/'T  (' (1  H- /')  sinam.r  cosam  JT 

'^^^  I  +  k'\  ~       I— (n-X')sin'am.r      ' 


I  +  A.  J'J:', 


1  + 


'        '   I  H-  /'J  I  — (i 


Aamx 


'  i+x'j  I— (1+/' 

*'+«■)-.  Ifs] 


/  '  )  sin-  am  x 

sin-am.),- 

)sin-amjr 

k  '  -\-  if;  )  sin  am  X  A  am  x 


[h  —  (X')  /sin'am.r 
cosam.r 


k  —  M'jsin'am  j; 

/        .,  X    ^     •i\Jikk'  I  I —  (/•  + /X') /sin-am. >■ 

+  ""'J-*''  F+mJ  "~  ,_(/_, -A') A- sin' amx" 

"I ('(i  -|- A  )sinamx 

J         cos  ara. 3-  Aam.r  ' 

>      '  1  + Aj        c 


I  +  k)ix 


X  sin'amx 


k)ix, 


I  +  k')x, 


I  —  k 
I  •+-  k 
—  k 


cosam  jrAam.a; 
—  A  sin-am  X 
anix 

I  +  A'isinamxcosam  X 


I  +  A 


1         I  —  A  sin- 
J        cosam.cA 


Aam  a- 


(l  +  k')x,  i^l  =.  ■-('  +  ^-')^i"'amx 
^  ^     '  H-/'J  Aamor 

'         I  +  A'J  Aamj; 

,         .;,s        A  +  ZA'! (k  —  r'A')  sinamjrAani  jr 


cosam  X 

I  ■ —  (A  —  ik'  )  A  sin'am  .c 


(A-  —  ik')x,  — ^ 

^  A  —  lA'J  cosam.j; 

Aam  [(k  -  ik')x,  iJliin^  l^ii  +  lilM^m^^mx 
L  '       k —  (A  J  cosam  X 

)'  J'omets  d'écrire,  pour  abréger,  toutes  celles  qui  en  résulteraient  par  le 


(6i8) 
changement  de  signe  de  A  ou  A',  et  par  le  changement  des  modules  trans- 
formés en  leurs  inverses,  et  ne  conduiraient  pas  par  conséquent  à  de  nou- 
velles formes  analytiques  dans  les  seconds  membres.  C'est  dans  le  dernier 
groupe  que  nous  trouverons  la  relation  conduisant  à  l'identité  que  nous 
voulons  établir.  En  partant  en  effet  de  l'égalité 

_    ,  ,  ,  ,,,  ,        ^       {k — /^')'^sin'amx 

cosr      ■''-"-- 


1  am  I  (  X-  -  ik  ) X,  j^-J^  J  =  - 


on  en  déduira,  par  le  changement  de  signe  de  A', 

//         .,,\        k — '/'l         I — (k -k- ili')kûri'&mx 

cosam    {k-\-ik]x,- ,,    = ^^ ; 

_  '        A -t- '^  J  cosam X 

d'où  il  sera  facile  de  tirer 

(A  +  /A')cosam  [(A  -  ik')x,  ^^]  +;A  -  ?A')cosam  [(A  +  /A').r,  ^^H 

=  aAcosaniJ?. 
Or,  en  posant  A  =  ces 6,  cette  égalité  prendra  cette  forme 

e'^cosam  (e"  '   x,  e'^")  -^  é~'^  cosam  {e'^ x,  e~^'^)  =  2  cosô  cosamx, 

et  la  relation  que  nous  nous  sommes  proposé  de  démontrer  en  résulte 
évidemment,  en  comparant  dans  les  deux  membres  les  coefficients  d'une 
même  puissance  de  la  variable.  » 

Note  sur  tes  vitraux  peints  et  la  vision  des  objets  colorés;  par  M.  Chevreul. 

«  J'avais  retenu  un  tour  de  lecture  pour  communiquer  aujourd'hui  à 
l'Académie  un  travail  où  j'examine  les  vitraux  colorés  des  églises  sous 
quatre  rapports  : 

»  1°  Les  différentes  sortes  de  verre  qui  entrent  dans  la  confection  de  ces 
vitraux  ; 

»  2°  La  nature  d'une  couche  solide  que  l'atmosphère  tend  à  déposer  sur 
leur  face  externe; 

»  3°  Le  moyen  d'enlever  cette  couche  sans  nuire  à  la  couleur  des  vitraux, 
lors  même  qu'il  s'agit  de  la  sorte  de  verre  qu'on  dit  peint; 

»  4°  L'exposé  des  causes  auxquelles  j'attribue  les  beaux  effets  des  anciens 
vitraux. 

')  Il  y  a  une  vingtaine  d'années  qu'une  personne  très-honorable,  char- 


(6i9) 
gée  de  la  restauration  des  vitraux  d'une  des  anciennes  cathédrales  de  France, 
me  pria  de  lui  indiquer  un  moyen  de  restaurer  des  vitraux  devenus  abso- 
lument opaques  par  une  très-longue  exposition  à  l'atmosphère. 

»  Je  réussis,  comme  ou  pourra  en  juger  par  l'échantillon  que  je  présen- 
terai à  l'Académie  dans  la  séance  prochaine. 

»   Pourquoi  n'ai-je  pas  publié  mon  procédé? 

))  La  raison,  la  voici  :  mon  ami,  M.  deGasparin,  auquel  j'avais  montré  cet 
échantillon,  en  parla,  avec  trop  d'éloge  peut-être,  an  Comité  archéologique, 
qu'il  présidait.  Qu'arriva-t  il?  c'est  que  la  plupart  des  membres  du  Comité 
condamnèrent  le  procédé  sans  le  connaître  et  sans  en  avoir  vu  les  résultats, 
et  l'on  assimila,  si  j'ai  bonne  mémoire,  Vendiiil  qui  rendait  les  vitraux 
opaques  à  la  patine  d'une  médaille  antique;  cependant,  je  pense  qu'il  y  a 
quelque  différence  entre  rendre  la  transparence  à  des  vitraux  qui  l'ont  perdue 
et  cjue  l'on  veut  conserver  en  place,  et  enlever  la  patine  à  une  médaille  de 
métal  dont  la  nature  est  d'être  opaque.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  pourra  lire  !a 
condamnation  de  mon  procédé  dans  l'un  des  Bulletins  de  l'ancien  Comité 
archéologique  du  Ministère  de  l'Instruction  publique. 

"  La  personne  qui  m'avait  confié  ces  vitraux  fut  tellement  alarmée  du 
procès-verbal  de  la  séance  auquel  je  fais  allusion,  qu'elle  me  pria  de  garder 
le  silence  sur  mon  procédé  et  sur  l'origine  des  vitraux  qui  avaient  servi  à 
mes  expériences;  car,  me  dit-elle,  si  vous  parliez,  toutes  les  commandes 
qu'on  m'a  faites  me  seraient  retirées.  Je  me  suis  rendu  à  ce  désir;  et  en  publiant 
aujourd'hui  mon  procédé,  je  nommerai  l'artiste  auquel  je  l'ai  communiqué  et 
qui  le  pratique  maintenant  pour  les  vitraux  de  l'église  de  Saint-Gervais.  Cet 
artiste  est  M.  Prosper  Lafaye,  qui  a  suivi  les  cours  du  contraste  des  couleurs 
que  j'ai  cessé  de  faire  aux  Gobelins  depuis  1862,  et  qui  a  renoncé  à  la  peinture 
des  tableaux  pour  se  livrer  exclusivement  à  la  fabrication  des  vitraux  peints 
et  à  la  restauration  de  ceux  que  le  temps  a  détériorés. 

»  M.  Prosper  Lafaye,  auteur  de  plusieurs  tableaux  qui  font  partie  des 
galeries  de  Versailles,  a  soumis  un  Mémoire  à  l'Académie  des  Beaux- Arts,  et 
cette  Académie  m'a  prié  de  me  réunir  à  une  Commission  qu'elle  a  chargée 
d'examiner  le  Mémoire  de  cet  artiste. 

»  Après  m'étre  inscrit  pour  la  lecture  de  nîon  travail  sur  les  vitraux,  j'ai 
pris  connaissance  d'un  Mémoire  de  l'honorable  M.  Plateau,  Correspondant 
de  l'Académie  des  Sciences,  sur  un  phénomène  de  couleurs  juxtaposées. 

»  Je  vais  en  reproduire  les  deux  premiers  alinéa  : 

«  Tous  les  physiciens  qui  se  sont  occupés  des  phénomènes  subjectifs 
»   de  la  vision  connaissent  la  loi  du  contraste  simultané  des  couleurs  si  par- 


(    620    ) 

»  faitement  établie  par  M.  Chevreul.  D'aprtîs  cette  loi,  lorsque  l'œil  voit 
»  simultanément  deux  espaces  colorés  contigus  présentant  respectivement 
»  des  teintes  différentes,  il  juge  ces  deux  teintes  modifiées  de  telle  manière 
»  qu'à  chacune  d'elles  s'ajoute,  en  certaine  proportion,  la  complémentaire 
»  de  l'autre.  Ainsi,  quand  on  observe  deux  morceaux  d'étoffe  juxtaposés, 
»  l'un  d'un  rouge  pur  et  l'autre  d'un  jaune  également  pur,  la  couleur  du 
»  premier  semble  tirer  sur  le  violet  et  celle  du  second  sur  le  vert  ;  si  les 
»  deux  morceaux  d'étoffe  sont,  l'un  vert,  l'autre  orangé,  la  cotdeur  du 
))  premier  paraît  se  rapprocher  davantage  du  bleu,  et  celle  du  second 
))   semble  plus  rougeâtre,  etc. 

»  Or,  des  expériences  que  j'ai  effectuées  il  y  a  un  grand  nombre  d'an- 
»  nées  m'ont  fait  connaître  un  cas  qui  échappe  à  la  loi  de  M.  Chevreul.  Ce 
»  cas  se  présente  lorsqu'on  regarde  d'une  distance  différente  une  bande 
)i  colorée  très-élroite  sur  un  fond  étendu  teint  d'une  autre  couleur  :  alors  la 
))  couleur  de  la  bande  étroite,  au  lieu  de  se  trouver  modifiée  par  la  com- 
»  plémentaire  de  celle  du  fond  ,  semble  au  contraire  combinée  avec  la  cou- 
»   leur  de  ce  même  fond.    » 

»  Or,  avant  de  lire  mon  Mémoire  sur  les  vitraux  à  l'Académie,  j'ai 
voulu  répéter  les  expériences  de  1\1.  Plateau,  quelque  simple  que  l'ex- 
plication m'en  paraisse.  Si  on  se  i-eporte  à  mes  écrits  sur  le  contraste 
ot  sur  les  effets  optiques  des  étoffes  de  soie,  on  sera  convaincu  qu'il  n'y 
a  pas  de  grands  ni  de  beaux  effets  de  couleur  dans  les  vitraux  peints  hors 
du  principe  que  je  qualifie  de  vision  distincte,  et  que  la  manière  dont  M.  Pla- 
teau dispose  les  surfaces  colorées  qu'il  observe  en  met  l'effet  dans  une 
condition  opposée  à  celle  de  ce  principe.  Je  me  servirai  des  expériences 
mêmes  de  M.  Plateau,  qui  ont  été  répétées  par  M.  Quetelet,  le  secrétaire  de 
l'Académie  des  Sciences  de  Bruxelles,  comme  d'un  argument  des  plus  forts 
en  faveur  de  la  nécessité  d'observer  ce  principe  dans  la  juxtaposition  des 
verres  composant  les  vitraux  peints,  de  sorte  que  rien  ne  pouvait  arriver 
plus  à  propos  que  le  Mémoire  de  M.  Plateau  pour  la  thèse  que  je  soutiens.  » 

CHiRURGlli.  —  Du  succès  de  l'ouranoplastie  avec  oii  sans  ossification  përiostique; 

par  M.  C   Sédillot. 

«  La  nouveauté  et  l'importance  de  l'opération  de  l'ouranoplastie,  dont 
j'ai  eu  l'honneur  d'entretenir  dernièrement  l'Académie  (séance  du  3i  août 
i863),  m'engagent  à  entrer  dans  quelques  détails  sur  cette  remarquable 
conquête  de  notre  art. 

»   La  doctrine  de  l'incurabilité  des  fissures  congénitales  de  la  voûte  pala- 


(  62.  ) 
tine  avait  été  acceptée  et  semblait  si  définitive  en  France,  que  les  guérisons 
annoncées  en  Allemagne  par  le  professeur  Langenbeck,  en  i86r,  n'avaient 
pas  assez  frappe  l'attention  pour  qu'aucun  chirurgien  de  notre  pays  ait 
paru  lenté  de  les  renouveler  et  en  ait  publié  d'observations.  Il  est  vrai  que, 
sur  les  cinq  malades  dont  M.  Langenbeck  avait  rapporté  l'histoire,  deux 
succès  seulement  avaient  été  obtenus,  et  dans  des  cas  où  la  fissure  de  la 
voûte  n'était  pas  complète. 

»  Aujourd'hui  que  le  succès  communiqué  par  nous  à  l'Académie  montre 
la  possibilité  de  la  guérison  des  fissures  même  les  plus  compliquées,  il  n'est 
pas  douteux  que  de  semblables  opérations  ne  soient  appliquées  avec  empres- 
sement par  tous  les  chirurgiens  qui  en  trouveront  l'occasion,  et  ce  sera 
probablement  d'autant  plus  prompt,  comme  en  témoigne  notre  propre 
expérience,  qu'une  foule  de  malades  condamnés  jusqu'à  ce  jour  à  supporter 
leur  difformité  ou  à  recourir  à  l'emploi  des  obturateurs  réclameront  les 
secours  de  la  chirurgie,  des  qu'ils  en  connaîtront  les  ressources  et  les  heu- 
reux résultats. 

»  L'ouranoplastie,  comme  nous  avons  dit,  était  la  conséquence  des  tra- 
vaux de  M.  Flourens  et  des  procédés  déjà  appliqués;  mais  les  hésitations 
et  les  craintes  qui  avaient  empêché  les  chirurgiens  de  réaliser  ce  grand 
progrès  reposaient  sur  des  considérations  trop  légitimes  pour  qu'il  ne  soit 
pas  sans  intérêt  de  les  rappeler.  On  professait  que  les  os  mis  à  nu  devaient 
s'exfolier,  et  dans  les  cas,  peu  nombreux  il  est  vrai,  où  cette  exfoliatiou  n'ar- 
rivait pas,  on  la  supposait  insensible  et  moléculaire  plutôt  que  de  douter  de 
la  théorie.  Dans  certains  cas,  l'exfoliation,  sorte  de  nécrose  superficielle, 
pouvait  se  changer  en  mortification  totale  des  os  affectés,  et  pour  ceux  de 
la  face,  et  particidièrement  pour  ceux  de  la  voûte  palatine,  le  danger  sem- 
blait imminent. 

»  On  n'ignorait  pas  que  dans  les  nécroses  phosphorées,  dont  j'ai  le  pre- 
mier entretenu  l'Académie  (séance  du  9  mars  1846),  les  os  de  la  face  par- 
tiellement ou  entièrement  atteints  ne  se  reproduisaient  pas,  malgré  la  con- 
servation du  périoste  et  de  toutes  les  parties  molles  environnantes,  et  il  en 
est  de  même  des  nécroses  syphilitiques,  si  spécialement  fréquentes  aux 
maxillaires  supérieurs  et  à  la  voûte  du  palais.  Dans  ce  dernier  cas,  cepen- 
dant, les  os  placés  entre  deux  périostes,  nasal  et  buccal,  semblaient  offrir 
des  conditions  de  régénération  extrêmement  favorables,  puisque  le  travail 
ostéogénique  av;iit  deux  sièges  et  deux  organes  dont  la  vascularité  et  la 
vitalité  ne  laissaient  rien  à  désirer.  Il  était  donc  très-rationnel  de  supposer 
que  les  surfaces  de  la  voûte   palatine,  mises  à  nu  par  la  dissection  et  la 

C.  R  ,  i863,  2"i»  Semestre.  (T.   LVII,  K"  lo.)  83 


(    622    ) 

séparation  du  périoste,  seraient  frappées  de  nécrose,  et  qu'on  aggraverait 
l'état  des  malades,  dont  les  fissures  congénitales  seraient  agrandies  bien  loin 
d'être  oblitérées. 

))  Les  hésitations  chirurgicales  étaient  donc  parfaitement  légitimes,  et 
on  pouvait  également  se  demander  ce  que  deviendraient  des  lambeaux 
détachés  de  leurs  adhérences  osseuses.  Ces  lambeaux  seraient-ils  assez 
solides  pour  produire  une  cloison  définitive  entre  les  deux  cavités  buccale 
et  nasale  et  résister  aux  pressions  continuelles  inhérentes  aux  fonctions  de 
ces  parties?  Ces  craintes  devaient  néanmoins  diminuer  et  disparaître  devant 
la  haute  affirmation  du  célèbre  secrétaire  de  l'Académie,  et  la  conviction 
que  le  périoste  produirait  une  nouvelle  voûte  palatine  allait  conduire  à 
des  essais  des  plus  favorables;  on  sait  aujourd'hui  quels  en  ont  été  les  ré- 
sultats. L'expérience,  cette  dernière  raison  du  doute  et  de  l'inconnu,  a 
démontré  que  la  voûte  palatine  dénudée  par  le  chirurgien  n'était  pas 
frappée  de  nécrose,  qu'elle  se  recouvrait  parfaitement  d'un  nouveau  périoste, 
et  que  les  lambeaux  détachés  et  réunis  sur  la  ligne  médiane  y  acquéraient 
une  épaisseur,  une  résistance  et  une  solidité  suffisantes  pour  l'obturation  et 
le  rétablissement  fonctionnel  des  deux  cavités  naso-buccales. 

»  La  question  de  savoir  si  les  lambeaux  périostiques  rétablissent  la  con- 
tinuité d'une  voûte  véritablement  osseuse  a  dès  lors  beaucoup  perdu  de 
son  importance  pratique  dans  le  cas  particulier  qui  nous  occupe. 

»  M.  Langenbeck  et  quelques  autres  chirurgiens  croient  avoir  nettement 
constaté  la  présence  de  surfaces  osseuses  de  nouvelle  formation  ;  si  nous 
n  en  avons  pas  observé  de  notre  côté,  nous  n'en  contestons  nullement  la 
possibilité  et  nous  nous  bornons  à  en  réclamer  une  preuve  positive  et  incon- 
testable pour  changer  en  conviction  et  en  confiance  scientifiques  un  fait 
aussi  important  et  aussi  fécond  en  conséquences  ultérieures. 

»  Le  danger  de  la  mortification  des  lambeaux  pouvait  être  aussi  le  sujet 
de  sérieuses  inquiétudes,  si  l'on  considère  que  les  artères  nourricières  seraient 
divisées,  les  lambeaux  séparés  et  nécessairement  froissés  par  les  manoeuvres 
de  l'opération,  réduits  par  leur  rétractilité  à  une  sorte  de  cordon  ou  de 
ruban  d'une  assez  longue  étendue,  traversés  et  comprimés  par  de  nombreux 
points  de  suture. 

1)  On  a  vu  cependant  qu'en  pratiquant  l'ouranoplastie  en  deux  temps, 
de  manière  à  n'atteindre  en  premier  lieu  que  les  artères  palatines  posté- 
rieures et  n'intéressant  la  naso-palatine  qu'après  le  rétablissement  des  ana- 
stomoses de  la  moitié  postérieure  du  voile,  on  échappait  à  ces  dangers  et 
(pie  la  vitalité  des  lambeaux  restait  assurée. 


(  623  ) 

»  Nous  avons  supposé  la  fissure  palatine  bornée  à  la  voûte  et  s'arrétanl 
a  l'arcade  dentaire.  Dans  les  cas  où  la  fente  congénitale  est  encore  plus 
étendue  et  atteint  l'arcade  dentaire  elle-même,  les  procédés  d'occlusion 
deviennent  d'une  application  plus  délicate  et  plus  difficile  et  réclament  dès 
à  présent  chez  les  jeunes  enfants  lui  traitement  plus  rationnel  de  la  projec- 
tion en  avant  de  l'os  incisif. 

»  Nous  demandons  à  l'Académie  la  permission  de  lui  adresser  sur  ce 
sujet  une  prochaine  communication,  » 

MÉMOIRES  LUS. 

CHIRURGIE.  —  Note  sur  linnocuilé  et  sur   l'efficacité  de  la  cautérisation  des 
cavités  utérines;  par  M.  A.  Cocrty. 

Commissaires,  MM.  Velpeau,  J.  Cloquet,  Jobert  de  Lamballe.) 

a  Depuis  longtemps  M.  Jobert  de  Lamballe  a  montré  qu'on  peut  cauté- 
riser la  surface  du  col  de  l'utérus  au  fer  rouge,  sans  déterminer  de  dou- 
leur, sans  provoquer  aucun  accident  sérieux,  et  en  procurant  aux  malades 
l'avantage  considérable  de  voir  guérir,  par  ce  seul  moyen,  des  granulations 
fongueuses  ou  des  ulcères  résistant  à  l'application  des  topiques  les  plus 
variés.  Je  me  propose  de  signaler  seulement  deux  nouveaux  ordres  de 
faits  : 

»  i"  L'efficacité  et  l'innocuité  de  la  cautérisation  de  la  cavité  du  col 
utérin  avec  le  fer  louge; 

»  2°  L'efficacité  et  l'innocuité  de  la  cautérisation  de  la  cavité  du  corps 
de  Tutérus  avec  un  crayon  de  nitrate  d'argent  laissé  à  demeure  dans  cette 
cavité. 

))  L  La  cautérisation  actuelle  de  la  cavité  cervicale  de  l'utérus  a  été  prati- 
quée par  moi  plus  de  trois  cents  fois.  J'ai  recueilli  les  cent  premières  obser- 
vations, il  y  a  plus  de  six  ans;  j'ai  suivi  les  malades,  je  me  suis  assuré  de 
l'innocuité  des  suites,  de  la  conservation  des  dunensions  normales  de  l'ori- 
fice utérin,  du  retour  naturel  de  la  menstruation,  de  la  grossesse,  enfin 
de  la  parturition  noimale.  Je  puis  dire  que  je  n'ai  constaté,  à  la  suite  de 
cette  cautérisation,  aucun  accident,  ni  primitif,  ni  consécutif. 

»  IL  La  cautérisation  de  la  cavité  du  corps  a  été  faite  par  moi  plus  sou- 
vent encore.  Je  suis,  sans  aucun  doute,  au-dessous  de  la  réalité  en  disant 
qu'à  cette  heure  je  l'ai  pratiquée  plus  de  cinq  cents  fois. 

)   Je   me  sers    du  crayon    de   nitrate  d'argent   fondu.   Je  le   porte,   à 

83.. 


(  6a4  ) 
l'aide  d'instruments  divers  trop  longs  à  décrire,  jusque  dans  la  cavité  uté- 
rine. A  ce  moment,  au  lieu  de  mettre  tous  mes  soins  à  l'en  retirer  iutact, 
je  les  mets  au  contraire  à  le  casser  et  à  le  précipiter  dans  celte  cavité,  de 
manière  à  l'y  abandonner. 

»  Or,  je  puis  dire  que  je  ne  connais  pas  de  moyen  plus  héroïque  que  le 
séjour  du  crayon  de  nitrate  d'argent  fondu  dans  la  cavité  utérine,  dans  le 
traitement  des  granulations  fongueuses  de  cette  cavité ,  pour  lesquelles 
Récamier  avait  inventé  sa  curette,  et  surtout  dans  le  traitement  des  leucor- 
rhées chroniques  et  rebelles,  qui  font,  chacun  le  sait,  le  désespoir  des  ma- 
lades et  des  médecins.  Je  n'ai  pas  constaté  d'accidents  sérieux  à  la  suite  de 
ce  mode  de  traitement.  D'abord  certains  accidents  locaux,  tels  que  la  cau- 
térisation du  vagin,  sont  prévenus  par  l'introduction  à  demeure  d'im 
tampon  chargé  d'eau  salée  qui  neutralise  le  nitrate  d'argent.  L'inflamma- 
tion est  prévenue  par  de  grands  bains,  des  irrigations  vaginales,  le  repos  ab- 
solu. Pour  la  cavité  du  corps  comme  pour  celle  du  col,  et  plus  encore  que 
pour  la  surface  de  ce  dernier  organe,  l'existence  bien  avérée  d'un  état  inflam- 
matoire est  une  contre-indication  formelle  à  l'emploi  du  fer  rouge  ou  des 
caustiques.  Cette  seule  règle  fera  éviter  bien  des  malheurs. 

»  Il  me  reste  à  dire  ce  qui  se  passe  dans  la  cautérisation  de  la  cavité  du 
corps  de  l'utérus,  quelles  sont  les  causes  particulières  de  son  innocuité,  et 
quelles  sont  aussi  les  causes  générales  de  l'innocuité  de  la  cautérisation 
appliquée  sur  les  diverses  parties  de  l'utérus. 

»  Pour  ce  qui  est  de  l'innocuité  de  la  cautérisation  de  la  cavité  utérine, 
on  comprend  facilement  que  l'introduction  à  demeure  du  nitrate  d'argent 
dans  cette  cavité  ne  soit  pas  aussi  dangereuse  qu'elle  paraît  l'être  de  prime 
abord.  La  présence  même  du  crayon  détermine  une  hypersécrétion  qui  pro- 
tège la  membrane.  Le  crayon  est  enveloppé  de  ce  mucus  qui  se  coagule 
d'abord  autour  de  lui,  et  dès  lors  ce  n'est  plus  qu'à  travers  cette  enveloppe 
que  se  produit  un  échange  entre  le  caustique  et  les  sécrétions  de  la  cavité 
utérine.  On  en  a  la  certitude  en  voyant  sortir,  après  sept  à  huit  jours,  le 
crayon  de  nitrate  d'argent  ou  plutôt  sa  forme;  car  il  est  décomposé,  il  est 
ramolli,  il  a  un  aspect  feuilleté;  enfin,  il  est  évident  qu'il  a  été  profondé- 
ment altéré  par  son  séjour  dans  la  cavité  utérine,  mais  en  même  temps  qu'il 
ne  s'y  est  pas  dissous  comme  dans  im  verre  d'eau.  Il  s'est  fait,  je  le  répète, 
des  échanges  successifs  entre  les  éléments  dont  il  se  compose  et  ceux  du 
mucus  sécrété  par  la  membrane  interne  de  la  matrice.  Celle-ci  n'a  donc 
subi  que  graduellement  l'impression  du  caustique. 

»  A  quoi  tient  donc  cette  innocuité  de  la  cautérisation  en  général,  et  de 


(  625  ) 
quelques  aiilres  actions  plus  ou  moins  énergiques  auxquelles  on  a  pu  sou- 
meltre  sans  danger  réel  la  muqueuse  utérine  ?  Elle  me  paraît  tenir  à  deux 
causes  : 

»  La  première,  c'est  qu'habituellement  la  cautérisation  porte  sur  des 
tissus  exubérants  bypertrophiques,  tels  qu'il  s'en  produit  si  facilement 
dans  un  organe  dont  la  composition  anatomique  et  la  nature  physiologique 
sont  d'èlre  toujours  en  instance  d'organisation.  L'excédant,  en  quelque 
sorte,  est  détruit  par  le  caustique,  le  tissu  propre  de  l'organe  n'est  pas 
atteint. 

»  La  seconde,  c'est  que  cet  état  physiologique  dans  lequel  se  trouve  con- 
tinuellement l'utérus,  et  qui  l'assimile  en  quelque  façon  aux  organes  en  train 
dcsedévelopper,  facilitesingtdièrementpourluilesréparationsde  tissu.  Aussi 
est-il  souvent  difiicilc  d'apercevoir  la  moindre  trace  de  cicatrice  après  la 
cautérisation.  La  nuiqueuse  peut  n'être  pas  atteinte  dans  les  éléments  con- 
stitutifs. Mais,  en  la  supposant  atteinte,  ne  peut-elle  passe  régénérer?  Les 
phénomènes  de  la  grossesse,  ceux  de  la  simple  menstruation  ne  nous  en 
donnent-ils  pas  la  certitude  ?  » 

MICROGRAPHIE.  —  Nouvelles  recherches  sur  les  fermenls  et  sur  les  fermentations  ; 
par  M.  J.  Lemaire.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Bernard,  Longet.) 

"  Dans  le  Mémoire  dont  je  donne  ici  le  résumé,  après  avoir  discuté  plu- 
sieurs assertions  de  M.  Pasteur,  je  fais  connaître  mes  propres  expériences. 
J'ai  saturé  d'acide  carbonique  pur  des  liqueurs  riches  en  Vibrions  vigou- 
reux, puis  fermé  à  la  lampe  les  tubes  qui  les  contenaient.  Dans  ces  condi- 
tions, au  bout  de  quarante-huit  heures,  le  plus  grand  nombre  de  ces  ani- 
maux étaient  immobiles,  et  le  sixième  jour  tous  étaient  morts.  Dans  quatre 
tubes  différents  le  même  résultat  a  été  obtenu.  M.  Pasteur  admet  que 
]es  Bacteriuin  absorbent  l'oxygène  et  que  les  Vibrions  vivent  d'acide  carbo- 
nique. Je  ne  puis  accepter  cette  théorie,  me  fondant  sur  les  expériences  pré- 
cédentes, et  sur  ce  que  le  Bacteriuin  termoeile  Vibrion  linéolesont,  pour 
plusieurs  zoologistes  comme  pour  moi,  le  même  animal  à  un  degré  différent 
de  développement;  comment  croire  que  l'animal  qui  est  Bacteriuin  le  matin 
et  Vibrion  quelques  heures  plus  tard,  vive  dans  des  conditions  si  différentes? 

»  Je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  tubes  fermés  à  la  lampe  qui 
contiennent,  les  uns  de  la  viande,  les  autres  de  la  farine  de  blé  ou  des  feuilles 
de  sureau  dans  de  l'eau.  Chaque  tube  contient  une  certaine  quantité  d'air. 


(  626  ) 
Dans  un  autre  tube  la  viande  est  tassée  et  seulement  en  présence  de  l'air, 
Ces  matières,  qui  ontélé  placées  dans  un  grenier  depuis  le  4  août,  ont  subi 
4o  degrés  de  chaleur,  et  présentent  le  même  aspect  que  les  premiers  jours. 
D'après  d'autres  expériences  qui  confirment  les  résultats  des  précédentes, 
je  conclus  que  la  putréfaction  commence  en  vase  clos  à  l'aide  de  l'oxygène 
que  contiennent  les  vases  et  les  substances  mises  en  expérience.  Ce  gaz 
permet  aux  Bacterium,  Vibrions  et  Spirittwn  que  l'on  y  constate  de  naître 
et  de  vivre  un  certain  temps;  mais  lorsque  l'oxygène  est  consommé,  ils 
meurent  et  la  putréfaction  s'arrête.  Cette  explication  me  paraît  en  rapport 
avec  ce  qui  est  enseigné  depuis  longtemps. 

»  D'après  M.  Pasteur,  la  gangrène  n'est  pas  une  putréfaction.  Il  nu- 
semble  que  le  célèbre  chimiste  confond  la  gangrène  sèche,  qui  est  une  de-.- 
siccalion  des  tissus  pai- défaut  de  nutrition,  avec  la  gangrène  humide  dans 
laquelle  on  trouve  tout  ce  qui  caractérise  la  putréfaction.  Je  ne  saurais 
admettre  de  ferment  spécial  pour  chaque  espèce  de  fermentation;  les  phé- 
nomènes chimiques  de  ces  transformations  sont  complexes:  si  l'on  admet 
un  ferment  spécial  pour  l'alcool,  l'acide  acétique,  etc.,  il  serait  rationnel 
d'en  admettre  un  pour  chaque  corps  qui  se  produit. 

»  Pour  prouver  qu'il  n'existe  pas  de  ferment  spécial  pour  provoquer 
chaque  espèce  de  fermentation,  je  puis  citer  un  grand  nombre  d'expériences 
que  j'ai  faites.  Dans  les  unes  des  Baclerium,  Vibrions,  Spirillum  et  des 
Monades  ont  transformé  de  l'eau  distillée  sucrée  en  alcool,  puis  en  acide 
acétique.  Ces  mêmes  animalcules  ont  transformé  de  l'eau  distillée,  addition- 
née de  I  ou  de  2  pour  100  d'alcool,  en  acide  acétique. 

))  Dans  la  fermentation  de  la  farine  de  blé  j'ai  constaté  dans  l'espace  de 
quinze  jours  des  Bacterium,  Vibrions,  Spirillum,  Amibes,  Monades  et  des 
Paramécies,  puis  des  Microphytes.  Le  résultat  a  été  modifié  en  faisant  fer- 
menter la  décoction  de  farine.  Cela  tient  à  la  grande  quantité  d'amidon 
dissoute  et  aux  acides  qui  se  développent  en  notable  proportion. 

»  Je  divise  la  fermentation  putride  en  deux  périodes  que  j'appelle/e7;f/e  et 
d'épuration.  Dans  la  période  fétide,  j'ai  constaté  trente  espèces  de  Micro- 
zoaires;  Dujardin  dit  avoir  trouvé  jusqu'à  cinquante  espèces  d'infnsojres 
dans  une  matière  en  putréfaction.  La  période  d'épuration  est  annoncée, 
lorsqu'on  opère  à  la  lumière,  par  l'apparition  de  la  matière  verte.  Alors  les 
Infusoires  qui  ont  provoqué  la  période  fétide  disparaissent  peu  à  peu,  et, 
dans  les  expériences  que  j'ai  faites,  je  les  ai  vus  remplacés  par  des  Euglé- 
niens,  des  Vorticelles  et  des  Prolococcus.  Je  pense  que  l'épuration,  dans 
ce  cas,  est  principalement  due  à  l'action  de  l'oxygène  qui  produit  la  matière 


(6.7  ) 
verte;  toutefois,  dans  certains  cas  où  il  ne  se  forme  pas  de  matière  verte. 
je  ne  suis  pas  encore  bien  fixé  sur  la  manière  dont  cette  épuration  s'opère. 
L'épuration  peut  être  telle,  sous  l'influence  de  la  matière  verte,  que  de 
l'eau  croupie,  noire,  infecte,  devienne  lim])ide  et  potable. 

»  J'ai  étudié  l'influence  cju'exercent  les  milieux  sur  le  développement  des 
ferments.  Des  zoologistes  ont  déjà  signalé  la  grande  influence  qu'exercent 
sur  le  développement  des  Infusoires  les  diverses  variations  que  peut  pré- 
senter l'atmosphère.  Ries  expériences  démontrent  que  les  poussières  atmo- 
sphériques servent  d'aliment  aux  Infusoires.  Dans  certains  cas,  ce  sont  elles 
seules  qui  permettent  le  développement  et  la  nuiltiplication  de  ces  petits 
êtres. 

«  Je  me  suis  assuré  que  dans  les  matières  animales  et  végétales  neutres, 
ce  sont  des  Microzoaires  qui  conunencent  la  décomposition,  et,  lorsque  les 
liqueurs  deviennent  acides,  des  Microphytes  apparaissent  et  les  animalcules 
deviennent  immobiles.  Dans  le  melon,  où  la  quantité  de  matières  sucrées 
et  azotées  est  associée  à  une  faible  proportion  d'acide,  on  voit  simultané- 
ment apparaître  des  animalcules  et  des  Mucédinées. 

))  Dans  les  substances  franchement  acides,  ce  sont  des  Microphytes  qui 
commencent  la  décomposition,  et,  lorsque  les  acides  sont  transformés  de 
manière  à  ne  plus  nuire  aux  Microzoaires,  ces  petits  animaux  apparaissent 
et  avec  eux  d'autres  phénomènes  chimiques.  L'apparition  des  espèces  appar- 
tenant au  règne  végétal  et  au  règne  animal  me  paraît  subordonnée  à  la 
composition  chimique  des  substances. 

»  L'influence  des  acides  est  si  grande  sur  l'ordre  d'apparition  des  fer- 
ments, que  l'on  peut  à  volonté,  en  acidulant  faiblement  les  substances 
végétales  neutres  ou  diverses  matières  animales,  faire  naître  des  Micro- 
phytes à  la  place  des  Microzoaires;  et  réciproquement,  en  étendant  d'eau 
les  substances  naturellement  acides,  faire  naître  des  animalcules  à  la  place 
de  petits  végétaux.  Les  acides  que  j'ai  employés  pour  aciduler  les  substances 
neutres  sont  les  acides  acétique,  citrique,  lactique,  malique  et  tartriqne.  Je 
me  suis  assuré  par  des  expériences  que  ces  acides,  à  très-faible  dose,  tuent 
les  animalcules.  C'est  à  cette  action  toxique  que  j'ai  attribue  les  résultats 
intéressants  que  j'ai  obtenus. 

»  Je  ne  saurais  admettre  la  théorie  de  M.  Pasteur  sur  l'acétification  du 
vin.  Je  pense,  avec  les  chimistes  et  les  fabricants,  qu'indépendamment  de 
l'action  du  ferment  il  y  a  aussi  oxydation  directe.  Contrairement  à  M.  Pas- 
teur, j'admets  que  le  il/^'cof/er/?îrt  f  nu' transforme  l'alcool  en  acide  acétique. 
En  prenant  la  fermentation  acétique  ab  ovo  dans  le  moût  de  raisin,  la  sui- 


(  6a8  ) 
vaut  dans  le  vin,  dans  le  vinaigre  et  dans  la  décomposition  de  celui-ci, 
j'ai  constaté  que  c'est  en  présence  du  même  mycoderme  que  s'opèrent 
toutes  ces  transformations.  Remarquons  qu'indépendamment  de  ces  com- 
posés chimiques  il  s'en  forme  d'antres,  et  que,  plus  tard,  des  animal- 
cules viennent  aider  les  mycodernies  à  achever  la  transformation  de  ce 
corps.  Les  mycoderuies  se  développent  à  cause  de  l'aciùilé  naturelle  du 
moût  de  raisin  ou  chi  vin.  Ce  n'est  pas  pour  faire  de  l'acide,  mais  parce 
qu'il  y  a  un  acide  qu'ils  s'y  développent  en  abondance.  C'est  une  question 
de  milieu. 

»  J'appellerai  d'une  manière  toute  particulière  l'attention  de  l'Académie 
sur  l'influence  qu'exercent  les  acides  sur  le  développement  des  tissus  des 
végétaux.  Cette  influence  des  acides  permet  d'expliquer  des  questions  encore 
obscures.  C'est  à  l'acidité  delà  sueur,  du  sang  du  ver  à  soie  et  de  la  salive 
que  l'on  peut  attribuer  le  développement  des  Microphytes  dans  certaines 
affections  cutanées  rebelles,  dans  la  muscardine,  et  de  VOidiiim  albicans 
dans  le  muguet.  Le  tannin,  le  quinquina  et  les  acides  végétaux  sont  anti- 
septiques, parce  qu'ils  agissent  comme  poison  sur  les  Microzoaires.  C'est 
pour  le  même  motif  que  le  houblon  agit  comme  conservateur  de  la  bière. 
Il  rae  paraît  enfin  que  l'on  peut  attribuer  les  alternatives  de  fétidité  et  de 
non-fétidité  que  présentent  fréquemment  de  grandes  masses  de  matières  en 
décomposition,  la  température  restant  la  même,  à  la  formation  de  corps 
toxiques  pour  les  Microzoaires.    » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ASTRONOMIE.  —  Second  Mémoire  sur  la  rotation  de  la  Lune  et  sur  la  liliration 
réelle  en  latitude;  par  M.  Ch.  Simon.  (Extrait  par  l'auteur;  présenté  par 
M.  Le  Verrier.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Mathieu,  Faye,  Serret.) 

«  Ce  travail  est  divisé  en  deux  parties.  Dans  la  première,  j'examine  les 
modifications  que  l'égalité  des  moyens  mouvements  de  rotation  et  de  révo- 
lution introduit  dans  les  lois  de  la  libration  réelle  en  latitude.  Contraire- 
ment à  l'opinion  de  quelques  auteurs,  je  démontre  que  les  deux  phéno- 
mènes de  l'égalité  de  ces  moyens  mouvements  et  de  la  coïncidence  des 
noeuds  moyens  de  l'équateur  et  de  l'orbite  sont  complètement  indépendants 
l'un  de  l'autre;  de  ce  que  les  satellites  de  Jupiter,  par  exemple,  paraissent 
tourner  sur  eux-mêmes  dans  le  même  temps  qu'ils  tournent  autour  de 


(  6^9) 
leur  planète,  on  ne  peut  pas  conclure  rigoureusement  que  les  nœuds  de 
leurs  équateurs  sur  le  plan  de  l'orbite  de  cette  planète  coïncident  avec  les 
nœuds  de  leurs  orbites  jovicentriques.  Mais  l'égalité  des  moyens  mouve- 
ments de  rotation  et  de  révolution  modifie  d'une  manière  remarquable  les 
oscillations  périodiques  de  l'axe  lunaire,  et  particulièrement  la  nutation 
semi-mensuelle  que  j'ai  déterminée  dans  mon  premier  Mémoire.  Cette  nu- 
tation se  compose  de  deux  oscillations  elliptiques,  de  même  période,  de 
même  amplitude  et  de  sens  contraires,  qui  donnent  pour  résultante  une 
oscillation  plane.  Poisson  n'avait  déterminé  qu'une  seule  des  deux  oscilla- 
tions composantes;  aussi  le  caractère  singulier  du  phénomène  lui  avait-il 
complètement  échappé. 

»  Dans  la  seconde  partie,  je  donne  les  expressions  complètes  des  coor- 
données sélénocentriques  d'une  tache  lunaire,  et  j'établis  les  formules  né- 
cessaires pour  comparer  la  théorie  aux  observations.   » 

ANATOMlE  COMPARÉE.  —  Sur  la  structure  du  système  nerveux  des  Mollusques 
gastéropodes.  Extrait  d'un  Mémoire  de  M.  Salvatobe  Trinchese,  présenté 
par  M.  Blanchard. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Blanchard.) 

«  Jusqu'ici  nos  connaissances  sur  la  structure  du  système  nerveux  des 
Mollusques,  comme  de  tous  les  Invertébrés,  sont  demeurées  fort  incom- 
plètes. On  ignorait  encore  si  les  différents  noyaux  médullaires  qui  forment  le 
collier  œsophagien  présentent  tous  la  même  structure,  ou,  au  contraire,  si 
chacun  d'eux  offre  une  structure  particulière.  On  manquait  en  outre  de 
faits  précis  sur  la  structure  des  éléments  nerveux  qui  constituent  les  nerfs, 
et  rien  n'avait  été  observé  relativement  à  la  manière  dont  ils  se  terminent 
dans  les  muscles  des  Mollusques  qui  n'ont  que  des  fibres  lisses.  C'est  poiu- 
combler  ces  lacunes  que  j'ai  entrepris  mes  recherches. 

»  I^es  types  que  j'ai  choisis  pour  mes  études  sont  :  VHetix  Pomatia,V Arion 
rujus,  et  le  Lymnœus  stagnalis. 

»  Dans  tous  les  centres  nerveux  de  ces  animaux,  indistinctement,  se 
trouvent  : 

"  i"  Des  cellules  rondes  ou  pyriformes  de  dimension  variable,  envelop- 
pées par  une  gaîne  épaisse  de  tissu  conjonctif; 

»  2°  Des  cellules  petites,  de  forme  irrégulièrement  triangulaire,  autour 
desquelles  on  n'aperçoit  aucune  enveloppe; 

C.  R.,  i863.  2">=  Scmesire.  (T.  LVII,  N»  lo.)  84 


(6^o) 

»  3°  Des  noyaux  libres  ou  myélocites  semblables  à  ceux  qu'on  rencontre 
dans  la  substance  grise  du  système  cépbalo-racbidien  des  Vertébrés. 

»  Je  ne  puis,  dans  ce  court  résumé  de  mon  travail,  insister  sur  la 
structme  de  ces  éléments;  leur  description  m'entraînerait  trop  loin.  Je  dirai 
seulement  que  chez  ces  animaux  il  n'y  a  pas  de  cellules  apolaires  ou  unipo- 
laires; les  bipolaires  sont  très-rares.  Les  cellules  offrent  ordinairement  quatre 
prolongements.  Chaque  cellule  envoie  un  prolongement  à  chacune  des  cel- 
lules qui  l'entourent;  tandis  que  d'antres  prolongements  passent  entre  ces 
dernières,  et  vont  se  rendre  à  d'autres  celhdes  plus  ou  moins  éloignées. 

»  I^es  cellules  nerveuses  occupent,  en  général,  la  périphérie  des  gan- 
glions. La  partie  centrale  de  ceux-ci  n'est  remplie  que  par  des  fibres  ner- 
veuses et  du  tissu  conjonctif.  Les  cellules  nerveuses  d'un  même  ganglion 
n'ont  jamais  toutes,  ni  la  même  dimension,  ni  la  même  forme.  Les  plus 
grandes  cellules  constituent,  à  peu  d'exceptions  près,  la  couche  la  plus  péri- 
phérique. A  mesure  que  l'on  approche  du  centre  du  ganglion,  on  voit  leur 
diamètre  diminuer  graduellement.  La  couche  la  plus  profonde  est  formée 
de  cellules  très-petites  et  de  noyaux  libres.  Celte  disposition  montre  que  ces 
éléments  sont  dans  un  état  de  développement  continuel. 

»  Après  ces  caractères  de  structure  communs  à  tous  les  centres  médul- 
laires, il  importe  de  préciser  les  particularités  que  présentent  les  différents 
groupes  de  noyaux  médullaires. 

»  Les  deux  ganglions  cérébroïdes,  dans  leur  région  supérieure,  sont  for- 
més de  grosses  cellules  rondes  et  de  cellules  pyriformes.  Ces  éléments,  dis- 
posés en  groupes,  émettent  tons  des  prolongements  qui  vont  former  les 
nerfs. 

))  A  l'égard  de  la  disposition  des  cellules,  on  remarque  que  les  plus  volu- 
mineuses, déforme  ronde,  se  trouvent  placées  à  distance  très-régulière  les 
unes  des  autres.  Dans  l'intervalle  de  deux  celhdes  rondes,  il  y  en  a  constam- 
ment de  pyriformes  dont  les  prolongements  se  croisent.  Dans  la  région 
inférieure  des  deux  masses  cérébroïdes,  on  observe  des  cellules  triangulaires 
très-petites. 

))  A  la  partie  antérieure  de  ces  mêmes  masses,  il  y  a  chez  X Hélix  et  VJrion 
quatre  petits  ganglions  de  la  nature  de  ceux  qui  ont  été  désignés  sous  le 
nom  de  ganglions  cérébroïdes  accessoires.  Ces  noyaux  médullaires  sont  cachés 
sous  les  enveloppes  du  cerveau  et  ne  peuvent  être  vus  qu'en  rendant  celles- 
ci  transparentes  au  moyen  de  certains  réactifs,  et  en  soumettant  l'organe 
à  im  faible  grossissement.  De  ces  ganglions  les  deux  extérieurs  doivent  être 
appelés  optiques,  car  ils  donnant  naissance  aux  nerfs  de  ce  nom.  Ils  se  com- 


(  63i  ) 
posent  de  noyaux  libres  et  de  fibres  nerveuses  provenant  de  la  partie  anté- 
rieure des  masses  cérébroïdes.  Les  noyaux  libres  occupent  à  eux  seuls  la 
portion  externe  du  ganglion,  les  fibres  nerveuses  en  occupent  l'interne-  la 
ligne  de  séparation  de  ces  deux  éléments  est  très-nette.  Les  deux  gano-fions 
internes,  tres-différents  des  premiers,  sont  composés  de  cellules  volumi- 
neuses pressées  les  unes  contre  les  autres. 

»  Sur  le  trajet  des  connectifs  qui  luiissent  le  cerveau  au  ganglion  du  pied 
existe  un  petit  ganglion  composé  de  cellules  réunies  en  groupes  dont  la  dis- 
position rappelle  celle  des  compartiments  d'une  orange. 

«  Dans  le  ganglion  pédicux  ou  abdominal,  composé  de  plusieurs  noyaux 
médullaires,  il  y  a  également  des  différences  de  structure  très-prononcées 
Sur  une  coupe  longitudinale  prise  sur  un  des  côtés  du  ganglion,   chez 
nelix  par  exemple,  on  reconnaît  quatre  groupes  de  cellules  pyriformes 
occupant  toute  la  région  supérieure  et  postérieure.  Dans  la  région  inférieure 
se  trouve  un  groupe  de  cellules  petites  et  rondes.  Si  au  contraire  on  fait  une 
coupe  transversale  sur  la  région  supérieure  de  ce  même  organe,   on  voit 
trois  groupes  de  cellules  séparés  par  des  cloisons  épaisses  de  tissu  conjonc- 
tit.   De  ces  groupes  les  deux  latéraux  sont  formés  de  cellules  rondes  et 
petites,   communiquant  toutes  entre   elles  par  de  nombreux  cyl.ndraxes 
Les  groupes  moyens  sont  composés  de  cellules  trois  ouquatre  fois  plus  volu- 
mineuses cpie  celles  des  deux  groupes  précédents,  et  forment  un  cercle  très- 
regu  ler   Au  centre  de  ce  cercle  on  voit  une  cellule  qui  a  trois  ou  quatre 
fois  le  diamètre  des  cellules  qui  en  forment  la  circonférence  et  qui  envoie 
a  celles-ci  de  nombreux  prolongements. 

>.  Quant  aux  nerfs  périphériques,  ils  sont  formés  de  tubes  très-minces 
ayant  dans  leurs  parois  des  noyaux  semblables  à  ceux  qu'on  observe  chez 
les  animaux  supérieurs  dans  l'état  embryonnaire.  La  manière  dont  ils  se 
terminent  dans  les  muscles  mérite  d  être  remarquée.  L'élément  nerveux, 
arrive  sur  la  fibre  musculaire,  perd  sa  paroi  propre,  et  le  cylind.raxe  seul 
y  pénètre  en  se  divisant  en  deux  filaments  très-grêles.  Ceux-ci  se  dirigent  en 
sens  contraire,  parcourent  chacun  une  moitié  de  la  fibre  musculaire,  et, 
arrives  aux  extrémités  de  celle-ci,  se  terminent  en  pointe  très-fine. 

'.  Pour  mettre  en  évidence  le  cylindraxe  dans  l'intérieur  de  la  fibre 
musculaire  et  montrer  qu'il  ne  rampe  pas  à  sa  surface,  j'ai  fait  des  coupes 
transversales  sur  des  faisceaux  musculaires  et  j'ai  constaté  que  le  cvhn- 
draxe  occupait  le  centre  de  chaque  fibre  musculaire.  Dans  quelques-unes 
de  celles-ci  on  observe  même  deux  cylindraxes  dont  l'un  est  plus  fin  que 

84.. 


(  632  ) 
l'autre.  Le  procédé  que  j'ai  suivi  dans  ces  recherches  consiste  à  faire  ma- 
cérer un  morceau  île  muscle  dans  l'eau  acidulée  avec  de  l'acide  nitrique, 
et  à  isoler  ensuite  les  fibres  au  moyen  d'aiguilles. 

»   L'ensemble  de  ces  recherches  conduit  à  ces   résultats  : 

»  i"  Que  le  système  nerveux  des  Mollusques  se  compose  des  mêmes 
éléments  que  ceux  des  animaux  vertébrés; 

»  2"  Que  les  différents  noyaux  médullaires  du  collier  œsophagien  ont 
une  structure  différente; 

')  3°  Que  chez  les  types  où  la  centralisation  des  noyaux  médullaires  est 
le  plus  marquée,  la  fusion  de  ceux-ci  ne  s'accomplit  dans  le  ganglion  du 
pied  que  vers  sa  moitié,  et  que,  à  ses  régions  supérieure  et  inférieure, 
les  noyaux  sont  séparés; 

»  4°  Que  l'élément  nerveux  pénètre  dans  l'intérieur  des  6bres  muscu- 
laires de  ces  animaux  (fibres  lisses)  et  s'y  termine  en  pointe.   » 

THÉRAPEUTIQUE.  —De  l'atcoolë  de  Gunco,  de  ses  effels  prophylactiques  et  curatijs 
dans  les  maladies  vénériennes^  de  son  injluence  dans  le  pansement  des  plaies. 
Extrait  d'une  Note  de  M.  N.  Pascal. 

(Commissaires,  MM.  Rayer,  Jobert  de  Lamballe.  ) 

«  Depuis  longtemps  déjà,  plusieurs  naturalistes  célèbres  avaient  expé- 
rimenté contre  la  morsure  des  serpents,  les  propriétés  antiseptiques  du 
suc  du  Gnaco  {Mikania  Gitaco,  de  la  famille  des  Synanthérées,  tribu  des 
Corymbifères).  Les  habitants  des  diverses  régions  où  croît  cette  plante 
l'employaient  encore  de  temps  inunémorial  dans  une  foule  de  cas,  soit  à 
l'intérieur,  soit  en  applications  locales  dans  l'usage  externe.  Tout  cela  était 
loin  d'être  suffisamment  constaté;  d'ailleurs,  il  y  avait  raison  de  douter  si  la 
plante  qui  avait  servi  aux  expériences  de  Mutis,  de  Vargas,  et  à  celles 
d'autres  expérimentateurs,  était  bien  toujours  la  même.  Afin  de  nous 
mettre  en  garde  contre  ces  objections,  nous  réunîmes  plusieurs  des  plantes 
désignées  sous  le  nom  de  Guaco,  Huaco,  Guao,  etc.,  et  nous  les  employâmes 
tantôt  séparément,  tantôt  associées  ;  l'association  des  principes  du  Mikania 
Guaco  et  de  ceux  du  Guao  de  Cuba  nous  a  donné  un  alcoolé  suscep- 
tible de  rendre  à  la  thérapeutique  et  à  l'hygiène  des  services  importants. 

»  Les  expériences  qui  ont  établi  d'une  manière  positive  les  propriétés 
hygiéniques  et  médicales  de  cet  alcoolé  comprennent  aujourd'hui  une 
période  de  sept  années.  Commencées  en  Italie  en    1837,    elles   ont  été 


(  633  ) 
continuées  en  France  depuis  iBSg,  elles  observations  des  médecins  italiens 
ont  été  largement  complétées  ou  confirmées  par  celles  de  plusieurs  membres 
du  corps  médical  français  dont  l'autorité  n'est  point  contestée.  « 

PATHOLOGIE.  —  Sur  les  lésions  cérébro-spinales  consécutives  nu  diabète.  Note 
de  M.  le  D"^  Marchal  (de  Calvi),  présentée  par  M.  Velpean.  (Extrait 
par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Bernard,  Longet.) 

'(  L'auteur  s'est  proposé,  dans  ce  Mémoire^  d'établir  que  des  lésions 
cérébro-spinales  sont  souvent  produites  par  le  diabète,  tandis  que  jusqu'à 
présent  on  n'avait  considéré  ces  lésions  que  comme  pouvant  occasionner 
le  diabète.  Il  cite  à  l'appui  vingt-trois  observations,  desquelles  il  résulte, 
suivant  lui,  que  la  congestion  et  l'apoplexie  cérébrales,  la  paralysie  ascen- 
dante, le  trouble  des  facultés  intellectuelles,  etc.,  se  sont  présentés  à  titre 
d'accidents  diabétiques.  Dans  un  des  cas  qu'il  rapporte,  il  y  eut  ulcération 
de  la  cornée  et  fonle  de  l'œil,  comme  chez  les  animaux  que  Magendie  ren- 
dait diabétiques  sans  le  savoir  en  les  nourrissant  de  sucre  exclusivement.  Il 
termine  par  un  rapprochement  entre  la  goutte  et  le  diabète,  qu'il  considère, 
dans  sa  variété  la  plus  commune,  comme  la  goutte  dans  le  sang.  La  goutte, 
le  diabète,  le  rhumatisme,  la  gravelle  acide,  les  dartres,  sont  des  mani- 
festations congénères  de  la  grande  diathèse  urique.  » 

PATHOLOGIE.  —  Sur  la  présence  d'infusoires  du  genre  Bacterium  dans  le  sang 
humain.  Note  de  M.  Tigri,  présentée  par  M.  Velpeau. 

Cette  Note,  adressée  de  Sienne  et  écrite  en  italien,  renferme  onze  obser- 
vations desquelles  l'auteur  croit  pouvoir  conclure  : 

«  1°  Que  dans  le  sang  de  l'homme  et  dans  des  conditions  spéciales  de 
maladie  peuvent  se  développer,  durant  la  vie,  des  infusoires  du  genre 
Bacterium  ; 

»  2°  Que  des  infusoires  du  genre  Mûnas  et  Vibrio  se  montrent  dans  le 
sang  des  cadavres,  s'y  développent  et  peuvent  être  considérés  comme  agents 
de  la  putréfaction.  » 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Rayer,  Bernard.) 

31.  Mandet  adresse  de  Tarare  deux  Notes,  l'une  sur  un  moyen  tendant 
à  vulgariser  l'emploi  du  sulfate  d'ammoniaque  pour  rendre  les  mousselines 


(  634  ) 
ininflammables,  l'autre  sur  une  modification  qu'il  a  fait  subir  a  un  pare- 
ment pour  le  tissage  des  étoffes  de  coton  et  de  lin,  déjà  signalé  sous  le  nom 
de  parement  snlubre  comme  permettant  aux  tisserands  de  conserver  leurs 
fils  humides  en  même  temps  qu'ils  travaillent  dans  un  air  sec.  I/auteur 
prie  l'Académie  de  vouloir  bien  comprendre  ces  deux  Notes  dans  le  nombre 
des  pièces  admises  à  concourir  pour  le  prix  dit  des  Arts  insalubres. 

M.  Dumas  envoie  une  addition  à  ses  précédentes  communications  sur  un 
frein  pour  les  chemins  de  fer,  qu'il  désigne  par  le  nom  àe  frein  modérateur. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Poncelet,   Piobert, 

Clapeyron,  Séguier.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ministre  de  la  Marine  adresse  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut 
le  numéro  d'octobre  de  la  «  Revue  Maritime  et  Coloniale  ». 

Le  Bureau  central  de  Statistique  de  Suède  adresse  à  l'Académie  un 
exemplaire  de  la  première  livraison  de  son  «  Rapport,  pour  les  années  i856- 
1860,  sur  l'état  et  le  mouvement  de  la  population  de  la  Suède  ». 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  d'une  Lettre  de  M.  Jules  Tliore, 
qui  annonce  que  son  père,  M.  Fr.-Hon. -Franklin  Thore,  décédé  à  Dax 
(Landes)  le  21  septembre  i863,  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  le  capital 
d'une  rente  de  200  francs  qui  serait  destinée  à  la  fondation  d'un  prix  à 
l'auteur  du  meilleur  Mémoire  sur  quelque  point  de  l'histoire  des  Cryp- 
togames ou  des  Insectes  d'Europe. 

M.  Jules  Thoré  annonce  qu'il  tient  la  somme  nécessaire  à  la  disposition 
de  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

PHYSIQUE.  MATHÉMATIQUE.   —  Réponse  à  des  remarques  insérées  dans  le 
Compte  rendu  du  a8  septembre  i863;  par  M.  F.  Reech. 

«  J'ai  l'honneur  de  déclarer  à  l'Académie  que  M.  Dupré  s'est  mépris  sur 
mes  intentions  et  sur  ma  manière  de  voir.  Je  ne  crois  à  aucune  vertu  propre 
de  l'analyse  algébrique  pour  faire  découvrir  des  lois  physiques.  Je  suis  du 
parti  de  ceux  qui  admettent  que  l'analyse  algébrique  ne  rend  que  ce  qu'on 
V  met.   Je  la  crois  indispensable  pour  faire  découvrir  toutes  les  consé- 


(  635  ) 
quences  logiques  d'un  principe  ou  d'une  hypothèse  concernant  des  gran- 
deurs. 

»  J'ai  vouhi  faire  connaître  les  équations  générales  des  propriétés  calo- 
rifiques et  expansives  des  fluides  élastiques,  sans  idée  préconçue  sur  la  nature 
de  la  chaleur.  Je  suis  parvenu  à  faire  entrer  dans  ces  équations  des  quantités 
T,  ^  qui,  à  pr/on,  peuvent  être  des  fonctions  quelconques  de  deux  des  variables 
(',  p,  t,  mais  qui,  au  point  de  vue  d'un  équivalent  mécanique  de  la  chaleur, 
doivent  être  des  fonctions  de  t  seulement,  et  dont  l'une,  A",  serait  même 
une  constante  d'après  l'opinion  généralement  reçue  (très-vraisemblable 
d'ailleurs). 

»  Qu'il  doive  y  avoir  une  théorie  mécanique  de  la  chaleur,  cela  n'est  pas 
contestable.  En  effet,  quelle  est  la  cause  des  mouvements  de  la  matière 
inorganique  (et  même  de  la  matière  organique)  à  la  surface  de  la  terre,  si  ce 
n'est  la  chaleur,  alors  qu'on  fait  abstraction  de  la  cause  des  marées  dont 
les  effets  sont  trop  minimes  et  d'une  spécialité  trop  restreinte  pour  qu'il  y  ait 
lieu  d'en  parler  ici?  Qu'on  se  représente  le  globe  terrestre  placé  dans  une 
enceinte  d'une  température  constante  et  égale  partout.  Ne  voit-on  pas  que 
dans  ce  cas-là,  à  la  longue,  il  n'y  aurait  plus  ni  courants  d'air,  ni  pluies,  ni 
sources,  ni  rivières,  ni  fleuves,  ni  mouvement  de  la  matière  inorganique 
d'aucune  sorte,  et  par  suite  ni  végétation  ni  vie?  Un  état  d'équilibre  pareil  à 
la  mort,  en  toutes  choses,  succéderait  à  ce  qui  est.  Inversement,  qu'on  se 
représente  le  globe  dans  un  état  de  repos  universel,  et  que  tout  à  coup  on  y 
fasse  arriver  de  la  chaleur,  non  uniformément  partout,  mais  de  la  chaleur  en 
certaines  régions,  et  du  froid  dans  d'autres  régions.  Ne  voit-on  pas  que  les 
lois  de  l'équilibre  cesseront  d'être  satisfaites?  Les  corps  ayant  la  propriété  de 
se  dilater  par  la  chaleur  et  de  se  contracter  par  le  froid,  il  n'y  aura  plus  équi- 
libre ni  dans  l'atmosphère,  ni  dans  l'Océan.  Des  courants  se  produiront  dans 
l'air  et  dans  la  mer.  Il  y  aura  des  vaporisations  et  des  condensations;  par 
suite,  des  pluies,  des  sources,  des  rivières  et  des  fleuves.  Il  y  aura,  [)ar  consé- 
quent, im  état  de  mouvement  de  la  matière  inorganique  qui  durera  aussi 
longtemps  que  de  la  chaleur  sera  reçue  par  certaines  régions  du  globe  et 
cédée  par  d'autres. 

»  La  même  loi  fondamentale  a  été  reconnue  nécessaire  dans  l'état  de 
fonctionnement  des  machines  motrices  à  vapeur  et  à  gaz.  Il  faut,  par  con- 
séquent, qu'il  y  ait  une  certaine  relation  entre  un  travail  produit  et  les  deux 
sommes  de  chaleur  (/,  q',  dont  l'une  q'  sera  reçue  par  un  fluide  élastique  à 
une  température  élevée  ^',  et  dont  l'autre  (j  sera  cédée  par  le  fluide  à  une 
température  basse  t. 


(  636  ) 

))  Je  respecte  et  j'honore  grandement  les  savants  qui,  par  leurs  travaux, 
ont  contribué  à  nous  faire  connaître  explicitement  une  telle  relation. 

»  Il  est  généralement  admis  (et  démontré)  que  la  relation  en  question  se 
réduit  à  deux  principes  tels,  que  dans  mes  équations  générales  des  fluides 
élastiques  on  doit  faire 

k  =  constante,     T  =  273  H-  t. 

Je  ne  nie  pas  cela  ;  je  suis  fort  disposé  à  l'admettre  et  même  à  le  corroborer 
par  mes  propres  intuitions;  mais  je  pense  qu'un  procédé  général  de  calculs 
serait  utile  pour  qu'on  pût  distinguer  aisément  parmi  différentes  équations, 
qui  sont  et  qui  peuvent  être  journellement  produites,  celles  qui  sont  d'ac- 
cord avec  les  principes  en  question  de  celles  qui  ne  le  seraient  pas.  Beau- 
coup de  ces  équations  sont  fondées  sur  des  considérations  infinitésimales 
trop  isolées  ou  trop  incomplètement  développées  pour  que  le  lecteur  doive 
V  avoir  une  entière  confiance.  Il  y  a  d'ailleurs  autant  d'espèces  de  considé- 
rations différentielles  que  de  choix  de  deux  variables  indépendantes  parmi 
les  quatre  quantités  f,  p,  t,  u,  et  il  serait  vraiment  pénible  que,  pour  se 
tenir  au  courant  de  la  science,  il  fallût  que,  au  gré  de  différents  auteurs,  on 
fût  obligé  de  subir  la  fatigue  d'autant  d'espèces  de  considérations  infinitési- 
males. Pour  mon  compte,  j'y  ai  renoncé  déjà.  Quand  je  veux  vérifier  quelque 
équation  que  ce  soit  dans  la  théorie  des  fluides  élastiques,  j'ai  recours  à  ma 
théorie  générale  ;  j'y  considère  comme  des  variables  indépendantes  celles  de 
léquation  dont  je  me  propose  de  faire  la  vérification.  Je  ne  me  préoccupe 
plus  de  considérations  infinitésimales  sur  des  figures.  Je  me  borne  à  former 
algébriquement  les  expressions  des  chaleurs  spécifiques  a,  b  et  à  rendre  des 
différentielles  exactes  les  seconds  membres  des  deux  expressions 

f/n  =  ^=...,     dQ  =  kâQ-pdv. 

J'attribue  àT  et  k  les  valeurs  admises,  et  si,  en  m'y  prenant  ainsi,  je  ne  véri- 
fie pas  l'équation  en  question,  je  conclus  que,  de  deux  choses  l'une,  ou 
l'auteur  de  l'équation  s'est  trompé,  ou  bien  il  admet  quelque  autre  principe 
que  les  deux  reconnus  strictement  nécessaires  dans  l'état  actuel  de  la 
théorie. 

>i  Je  laisse  à  apprécier  si  mes  équations  ont,  en  effet,  l'utilité  que  je  leur 
assigne,  ou  bien  si  je  suis  le  jouet  d'une  illusion. 

»  En  tout  ceci  il  n'y  a  rien  qui  soit  en  désaccord  avec  les  travaux  de 
MM.  Dupré  et  Clausius.  Si  j'ai  attendu  ime  réclamation  de  priorité  de  l'un 


(  637  ) 
de  ces  savants  pour  intervenir  dans  le  débat  et  faire  connaître  une  partie  de 
mes  propres  recherches,  c'est  que  sans  cette  réclamation,  qui  a  fortement 
ravivé  mes  souvenirs,  je  n'eusse  pas  songé  à  retourner  à  mes  manuscrits 
pour  en  extraire  ce  qui  dut  l'objet  de  mes  deux  précédentes  Notes  et  de 
celle-ci.  » 

PHYSIQUE.  —  Les  corps  divers  portés  à  l'incandescence  sont-ils  également 
lumineux  à  même  température  P  par  M.  F.  de  la  Pkovostaye. 

«  D'après  des  observations  de  M.  P.  Desains  et  moi  qui  remontent  à 
neuf  ans  et  ont  été  insérées  au  tome  XXXVIIl  des  Comptes  rendus  de  l'aca- 
démie des  Sciences,  les  corps  divers  portés  à  l'incandescence  sont  très-iné- 
galement lumineux  à  même  température.  M.  E.  Becquerel  (Annales  de 
Chimie  et  de  Physique,  t.  LXVIII,  p.  gS  etg^)  déclare  nettement  que  d'après 
ses  expériences  les  nôtres  sont  erronées,  et  aussi,  p.  io4,  «  que  les  corps  so- 
0  lides  tels  que  le  platine,  l'asbeste,  le  charbon  et  l'or,  depuis  le  moment 
"  où  ils  commencent  à  devenir  tous  lumineux,  c'est-à-dire  depuis  480  à 
M  490  degrés  jusqu'aux  températures  les  plus  élevées,  ont  donné  sensible- 
»  ment  les  mêmes  effets  au  photomètre,  »  ce  qui  est  absolument  contraire 
à  ce  que  nous  avons  cru  voir  ([).  Voici  comment  il  critique  notre  procédé  : 

■<  Ils  se  sont  servis  pour  cette  détermination  de  petites  lames  d'or  et  de 
»  platine  recouvertes  de  diverses  substances  et  échauffées  par  un  courant 
»  électrique.  » 

»   Puis,  après  avoir  indiqué  le  photomètre  : 

«  Il  est  possible  que  les  différents  points  des  lames  métalliques  parcou- 
«  rues  ainsi  par  le  courant  électrique  et  recouvertes  de  substances  diffé- 
«  rentes,  placées  dans  l'air,  se  refroidissent  inégalement  vite,  et  ne  soient  pas 
»  au  même  instant  à  même  température.  C'est  par  ce  motif  que  diverses 
1)  matières  échauffées  ainsi  ont  paru  devenir  visibles  à  partir  de  limites  dif- 
»  férentes  de  température,  tandis  qu'au  contraire,  d'après  les  expériences 
»  qui  vont  être  citées  plus  loin,  les  corps  solides  qui  ont  été  soumis  à  l'ex- 
»  périence  ont  commencé  à  devenir  lumineux  à  partir  du  même  degré 
»   thermouiétrique.  » 


(i)  Pour  ne  rien  omettre,  nous  devons  dire  qu'à  la  page  97  je  trouve  les  lignes  suivantes  : 
«  J'ai  admis  que  les  corps  commencent  à  émettre  de  la  lumière  à  partir  de  la  même  limite 
u   de  température,  quoique  avec  une  intensité  différente » 

C.  R.,  i863,  i^e  Semeslrc.  (T.   LVII,  fi»  13.)  85 


(  638  ) 

»  Remarquons  d'abord  que  dans  la  Note  à  laquelle  renvoie  M.  E.  Bec- 
querel, nous  n'avons  point  dit  que  les  diverses  matières  échauffées  ont  paru 
devenir  visibles  à  partir  de  limites  différentes  de  température  (  i  ),  mais  bien 
que,  dans  des  circonstances  d'échauffement  identiques,  des  surfaces  de 
natures  différentes  envoient  des  quantités  de  lumière  très-inégales. 

»  Quant  à  l'objection  sur  l'inégalité  de  température  des  diverses  parties 
de  la  lame,  quelques  détails  sur  la  disposition  de  l'expérience  la  feront  dis- 
paraître. Concevons  une  lame  de  platine  PP'  très-mince,  dont  la  face  anté- 
rieure soit  métallique  et  la  face  postérieure  couverte  d'oxyde  noir  de 
cuivre  CC.  Si  la  lame  a  partout  la  même  épaisseur,  évidemment  les  deux 
moitiés  droite  et  gauche  seront  également  échauffées  par  le  courant  élec- 
trique, et  ni  l'action  de  l'air  ni  l'action  du  rayonnement  ne  peuvent  troubler 
cette  égalité.  Supposons  maintenant  qu'on  ait  noirci  la  partie  postérieure  de 
la  moitié  gauche  et  la  partie  antérieure  de  la  moitié  droite  :  cette  inversion 
ne  peut  altérer  les  températures  des  deux  moitiés,  qui  demeurent  toujours  les 
mêmes  quoique  leurs  parties  identiques  regardent  des  points  opposés  de 
l'espace. 

»  Venons  à  l'inégalité  d'épaisseur.  Si  la  portion  droite  est  plus  mince, 
elle  sera  plus  échauffée,  et  l'oxyde  qui  la  recouvre  à  la  partie  antérieure, 
pour  cette  seule  cause,  pourra  être  plus  lumineux  que  le  platine  de  la  por- 
tion gauche.  Mais  alors  cette  dernière  moitié  sera  plus  épaisse,  elle  sera 
moins  chaude,  et  l'oxyde  qui  la  recouvre  à  l'arrière  devra  être  moins  lumi- 
neux que  le  platine  de  la  partie  mince  adjacente.  L'expérience  montrant 
que  l'oxyde  est  plus  lumineux  sur  les  deux  faces,  l'inégalité  observée  n'est 
pas  explicable  par  une  différence  dans  l'épaisseur  des  deux  moitiés  de  la 
lame. 

»  M.  Becquerel  poursuit  : 

i<  D'un  autre  côté,  il  aurait  été  préférable,  dans  les  expériences  précé- 
»  dentés,  de  comparer  l'intensité  de  la  lumière  émise  par  une  surfacr 
»  incandescente  à  l'intensité  d'une  lumière  fixe,  et  non  pas  à  celle  d'une 
»   autre  portion  de  la  même  surface.  » 

»  L'avantage  est  contestable,  car  dans  la  première  méthode  une  seule 
erreur  est  possible,  celle  à  laquelle  on  est  exposé  dans  toute  observation 
physique  ;  dans  la  seconde,  on  a  deux  erreurs  de  ce  genre  à  redouter,  et  de 
plus  deux  nouvelles  erreurs  qui  peuvent  provenir  d'une  variation  de  l'inten- 

(i)  Il  est  vrai,  l'un  de  nous  a  dit  quelque  chose  de  semblable  ;  toutefois,  cen'est  point  en 
1854,  c'est  dans  son  travail  imprimé  en  janvier  i8G3. 


(639) 
site  lumineuse  du  secoucl  corps  et  d'une  variation  de  la  lampe  pendant  le 
temps  qui  s'écoule  entre  les  deux  observations. 

»  Pour  comparer  les  pouvoirs  émissifs  du  platine  et  de  l'oxyde  de  cuivre, 
nous  nous  étions  placés  dans  une  enceinte  noire  à  basse  température,  de 
sorte  que  la  lumière  reçue  par  l'œil  provenait  uniquement,  d'un  côté  du 
platine,  de  l'autre  de  l'oxyde  de  cuivre.  On  opérait  donc  bien  sans  altéra- 
tion et  sans  mélange  sur  les  quantités  qu'il  s'agissait  de  comparer. 

))  Quant  à  M.  E.  Becquerel,  il  a  cru  devoir  placer  les  corps  étudiés  dans 
un  tuyau  en  terre,  formant  enceinte,  porté  tout  entier  à  la  même  tempéra- 
ture que  ces  corps.  Il  cherche  à  démontrer  que  l'enceinte  n'a  pas  d'in- 
fluence; puis,  après  avoir  vu  que  dans  ces  circonstances  le  platine,  l'or,  le 
charbon,  l'asbeste,  etc.,  envoient  la  même  quantité  de  lumière  à  même  tem- 
pérature, il  conclut  de  son  observation  que  tous  les  corps  ont  le  même 
pouvoir  émissif  pour  la  chaleiu'  lumineuse. 

»  11  est  tout  à  fait  impossible  d'admettre  une  pareille  proposition. 

»  Personne  ne  conteste,  s'il  s'agit  de  la  chaleur,  qu'un  élément  de  pla- 
tine, par  exemple,  pris  dans  une  enceinte  dont  tous  les  points  sont  égale- 
ment chauffés,  et  qui  reçoit  d'un  élément  noir  une  quantité  de  chaleur  que 
nous  représenterons  par  loo,  n'en  renvoie  autant  au  moment  de  l'équilibre. 
Seulement  le  mot  renvoyer  ne  signifie  pas  émettre.  Si  on  opère  à  la  tempé- 
rature de  l'eau  bouillante,  le  platine  n'émet  qu'une  quantité  de  chaleur 
égale  à  lo;  c'est  par  réflexion  qu'il  renvoie  l'excédant,  égal  à  90. 

))  Évidemment  tout  se  passe  pour  la  lumière  comme  pour  la  chaleur,  et 
si  le  platine  envoie  autant  de  lumière  que  le  charbon,  c'est  que  la  lumière 
émise  par  celui-ci  est  égale  à  la  lumière  partie  émise,  partie  réfléchie,  en- 
voyée par  le  platine. 

»  M.  E.  Becquerel  reconnaît  (p.  104,  dernières  lignes)  que  le  platine 
réfléchit  la  lumière  de  l'enceinte  dès  que  celle-ci  devient  un  peu  plus 
chaude  que  lui.  Il  réfléchit  dès  lors  tout  aussi  bien  la  lumière  de  l'enceinte 
à  même  température.  Ainsi,  non-seulement  l'action  de  l'enceinte  n'est  pas 
négligeable,  mais  elle  produit  pour  certains  corps  réfléchissants  la  plus 
grande  partie  de  l'effet  observé.  Cela  étant,  l'expérience  de  M.  Becquerel 
est  une  confirmation  de  la  proposition  qu'il  attaque;  car  si  la  lumière  ren- 
voyée par  le  platine  provient  en  grande  partie  de  la  réflexion,  ce  qui  est 
absolument  certain,  la  quantité  qu'il  émet  est  nécessairement  beaucoup 
moindre  que  celle  émise  par  le  charbon  à  même  température.   » 

85.. 


(  64o  ) 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  les  iempèles  de  l'équinoxe.  Note  de 
M.  Marié-Davy,  présentée  par  M.  Le  Verrier. 

«  L'équinoxe  d'automne  [a  été  marqué  par  de  fréquentes  perturbations 
atmosphériques. 

»  Depuis  notre  dernière  communication  à  l'Institut,  le  17  août,  nous 
pouvons  compter  jusqu'à  six  tempêtes  successives  et  distinctes,  séparées 
par  un  intervalle  de  quelques  jours  d'un  calme  plus  ou  moins  complet. 
Toutes  ces  tempêtes  ont  présenté  des  caractères  communs  dans  leur  mode 
d'apparition  et  dans  leur  marche. 

M  Nous  voyons  leurs  premiers  symptômes  se  manifester  plusieurs  jours  à 
l'avance  sur  les  côtes  occidentales  de  l'Europe  par  l'inflexion  des  courbes 
d'égale  pression  barométrique;  puis  le  vent  monte  plus  ou  moins  rapidement 
sur  les  côtes  nord-ouest  de  France  et  d'Angleterre,  en  affectant  une  tendance 
très-marquée  à  tourner  autour  d'un  centre  de  dépression  qui  forme  le  cen- 
tre de  la  tempête.  Le  centre  lui-même  se  déplace,  tantôt  d'une  manière  ré- 
gulière et  progressive  de  l'ouest  à  l'est,  en  s'élevant  d'abord  vers  le  nord 
pour  redescendre  ensuite  vers  le  sud  après  avoir  franchi  l'Angleterre,  tantôt 
au  conlraire  avec  quelques  hésitations  qui  semblent  le  ramener  momenta- 
nément en  arrière. 

»  L'étude  de  ces  perturbations  offre  un  grand  intéi'ét,  soit  au  point  de 
vue  purement  scientifique,  soit  au  point  de  vue  des  probabilités  qu'on  en 
peut  tirer  relativement  aux  points  menacés  par  une  tempête  qui  se  prépare 
ou  qui  a  déjà  commencé  à  sévir.  Cette  étude  est  régulièrement  suivie  à  l'Ob- 
servatoire impérial  de  Paris  au  moyen  de  nos  cartes;  mais  jusqu'à  présent 
ces  cartes  étaient  restées  manuscrites  :  nous  avons  pensé  faire  une  chose 
agréable  et  utile  aux  météorologistes  en  les  insérant  dans  le  Bulletin  quo- 
tidien de  l'Observatoire. 

»  Déjà,  dans  le  Bulletin  du  1 1  septembre,  nous  avions  reproduit  les  cartes 
des  7  et  10  du  même  mois,  afin  de  montrer  la  nature  de  la  tempête  qui  sé- 
vissait alors  sur  l'Europe  et  d'indiquer  le  sens  et  la  rapidité  de  sa  marche. 

»  C'est  le  16  septembre  que  notre  publication  régulière  a  commencé; 
une  nouvelle  tempête  nous  semblait  se  préparer  sur  lOcéan,  et  nous  vou- 
lions qu'on  pût  la  suivre  dès  l'apparition  de  ses  premiers  indices. 

»  Le  17,  une  modification  très-marquée  se  manifestait  dans  la  distribution 
des  pressions  sur  l'Europe  occidentale.   La  courbe   barométrique  0^,765, 


(  64i  ) 
qui  la  veille  au  malin  se  relevait  vers  le  nord-ouest  sur  l'Irlande,  se  trouvait 
repliée  vers  le  sud  le  long  de  nos  côtes  et  de  celles  du  Portugal  jusqu'à  San- 
Fernando,  près  Cadix.  Les  probabilités  d'un  coup  de  vent  prochain  nous  pa- 
rurent assez  grandes  pour  qu'à  3  heures  nous  pussions  adresser  à  nos 
correspondants  d'Allemagne  la  dépèche  télégraphique  suivante  ;  «  Menace 
à  r ouest  sur  l'Océan.  » 

»  Le  i8,  cette  même  courbe  o",765  s'était  fermée  en  se  retirant  vers  le 
nord-est  et  n'embrassait  plus  que  la  France  et  une  partie  de  rAlIemagne.  En 
même  temps  la  courbe  760  avait  suivi  une  marche  parallèle  et  présentait 
dans  le  golfe  de  Gascogne  une  dépression  qui  forme  pour  nous  un  des 
signes  les  plus  caractéristiques  de  l'arrivée  des  tourbillons  sur  l'Europe 
moyenne,  et  que  nous  croyons  pouvoir  attribuer  à  ce  que  la  surface  lisse 
de  l'Océan  oppose  moins  de  résistance  que  la  surface  accidentée  du  sol  à  la 
transmission  de  l'impulsion  de  l'air  qui  la  recouvre.  L'atmosphère  parais- 
sait calme  encore;  un  très-petit  nombre  de  stations  éloignées,  Bruxelles, 
Leipzig,  Barcelone  et  Livourne,  indiquaient  un  vent  assez  fort,  taudis  que 
partout  ailleurs  le  vent  était  faible  ou  modéré.  En  même  temps  les  vents 
gardaient  encore,  sur  la  France  et  l'Espagne,  cette  direction  nord  ou  est  qui 
n'est  due,  dans  ces  conditions,  qu'à  un  remous  produit  par  les  vents  op- 
posés tendant  à  s'établir  dans  l'atmosphère. 

»  Dans  cette  situation,  quelles  que  soient  les  probabilités  de  l'arrivée  très- 
prochaine  d'un  tourbillon,  il  règne  encore  un  peu  d'incertitude  sur  le  point 
précis  par  lequel  il  abordera  nos  côtes,  et  par  suite  sur  le  sens  et  l'étendue 
du  mouvement  de  rotation  des  vents.  Néanmoins,  le  18,  à  3  heures,  nous 
adressions  télégraphiquemeut  à  nos  correspondants  les  probabilités  sui- 
vantes pour  le  lendemain: 

Battiquc  :  vent  de  nord-ouest  à  sud- ouest,  ciel  nuageux  ou  couvert. 
De  Dunkerque  à  Hambourg  :  vent  d'ouest  h  sud,  ciel  nuageux  ou  couvert. 
De  Brest  à  Dunkerqiie  :  vent  de  nord-ouest  e\  sud-sud-ouest,  ciel  nuageux  ou  couvert. 
De  Brest  à  Rochefnrt  :  vent  de  sud-est  à  sud  tournant  à  ouest  ou  nord-ouest,   ciel  nua- 
geux ou  couvert. 

De  Rochefort  à  Bilbao  :  vent  de  nord-est  à  sud -est  ou  sud-ouest,  ciel  beau  ou  nuages. 

De  Barcelone  à  Jlicante  :  vent  de  nord-est  à  sud-est  ou  sud-ouest,  ciel  beau. 

De  Port-Cendres  à  Jntibcs  :  vent  de  nord  à  est  ou  sud-est,  ciel  beau. 

D'Jntibes  à  Livourne  :  vent  de  nord  à  est  ou  sud-est,  ciel' beau. 

Partout  le  vent  clei'ra  fraîchir,  excepté  dans  la  région  de  Roclufort  et  Bilbao. 

»  Nous  voyons  en  effet,  le  19,  le  vent  tourner  graduellement  vers  les 
directions  indiquées  et  fraîchir  sur  la  Manche.  Toutefois,  à  Brest  seulement, 


(  642  ) 
il  était  fort  à  3  heures  du  soir.  C'est  sur  l'Angleterre  que  le  centre  du  toiu-- 
hilion  s'était  rapidement  porté;  mais,  par  exception,  ime  partie  des  dépè- 
ches anglaises  nous  firent  défaut  le  19;  et  nous  ne  pûmes  juger  que  pai- 
induction  de  la  force  de  la  tempête  qui  sévissait  déjà  sur  l'Angleterre,  et  de 
la  position  exacte  du  centre  du  mouvement.  Le  19,  à  3  heures,  nous  don- 
nions comme  probabilités,  pour  le  dimanche  20,  des  vents  de  sud  à  ouest 
dont  l'intensité  devait  s'élever  de  modéré  ou  assez/or/ jusqu'à /orf,  sur  la 
Manche  et  l'Océan,  avec  ciel  couvert,  et  pour  le  lundi  21  des  vents  plus 
accentués  s'étendant  jusque  sur  la  Méditerranée,  avec  un  temps  pluvieux. 
La  tempête  était  annoncée  pour  ce  jour  dans  le  golfe  de  Gascogne. 

»  La  tempête  a  suivi  son  cours,  avec  quelques  irrégularités  dans  sa  mar- 
che, les  20,  21 ,  22,  23,  24  et  25  septembre.  Le  25,  le  vent  était  faible  ou 
modéré  sur  presque  toute  l'Europe  à  8  heures  du  matin  ;  le  Havre  et  Heligo- 
land  accusaient  seuls  un  vent  fort.  Le  26,  le  calme  était  encore  plus  com- 
plet et  aucun  indice  de  prochains  coups  de  vent  ne  se  montrait  à  8  heures 
du  matin  sur  nos  côtes  occidentales.  La  Méditerranée  restait  seule  trés- 
tourmentée  et  sous  le  coup  d'une  menace  persistante. 

»  Le  lendemain  matin,  dimanche  27,  la  situation  se  trouvait  complète- 
ment changée;  un  second  tourbillon  y  accusait  son  arrivée  prochaine,  et 
des  le  soir  même  il  commençait  à  envahir  l'Europe,  du  nord  de  l'Angle- 
terre à  la  Méditerranée,  pour  disparaître  le  lendemain  aussi  rapidement 
qu'il  était  arrivé. 

))  Le  calme  qui  succéda  à  cette  bourrasque  ne  devait  pas  être  de  longue 
durée. 

»  Le  29,  nous  voyions  se  reproduire  sur  la  carte  du  matin  l'inflexion 
caractéristique  déjà  signalée  pour  le  18  septembre,  et  nous  pouvions  adres- 
ser à  nos  correspondants  avis  de  la  menace  qui  se  dessinait  pour  nous.  La 
marche  de  ce  deuxième  grand  tourbillon  a  été  singulièrement  hâtée  par  le 
passage  du  tourbillon  intermédiaire  du  27  au  28.  Aussi,  au  lieu  de  mettre 
deux  ou  trois  jours  pour  envahir  l'Europe  occidentale,  nous  le  trouvons, 
dès  le  2g  à  3  heures,  établi  sur  l'Angleterre  et  les  côtes  ouest  de  France. 
Nous  devons  rappeler  à  cette  occasion  que  les  dépêches  météorologiques  qui 
nous  arrivent  chac[ue  jour  de  i  1  heures  à  2  heures  sont  toutes  relatives  à 
7  ou  8  heures  du  matin;  que  les  renseignements  qui  peuvent  nous  être 
adressés  sur  l'état  du  ciel  au  moment  où  nous  établissons  nos  cartes  et  nos 
prévisions,  c'est-à-dire  de  2  à  3  heures  du  soir,  ne  nous  arrivent  que  le  len- 
demain matin,  et  qu'en  particulier  le  Bulletin  et  les  prévisions  de  l'amiral 
Fitz-Roy  ne  nous  parviennent  que  le  lendemain  par  la  poste. 


(  643  ) 

»  Ce  deuxième  tourbillon  a  été  d'une  grande  énergie.  Il  sévissait  encore 
sur  l'Europe,  lorsque  le  5  octobre  dernier  nous  voyons  une  troisième  fois 
se  reproduire  l'inflexion  des  lignes  barométriques  déjà  signalée  sur  le 
golfe  de  Gascogne.  Ce  même  jour,  5  octobre,  nous  adressions,  pour  la 
troisième  fois  depuis  le  17,  avis  d'une  menace  de  coups  de  vents. 

»   Le  6,  l'Angleterre  commençait  à  ressentir  des  vents  forts. 

»  Le  7,  l'atmosphère  s'ébranlait  sur  l'Europe  et  nous  indiquions  des 
vents  forts  ou  très-forts  pour  le  8  sur  les  côtes  de  France. 

»  La  marche  de  ce  dernier  tourbillon,  au  milieu  duquel  nous  nous  trou- 
vons encore  actuellement  aujourd'hui  lundi  12,  présente  quelques  parti- 
cularités sur  lesquelles  nous  dirons  quelques  mots. 

»  Les  6  et  7,  le  phénomène  ne  s'accuse  que  par  l'inflexion  des  courbes 
d'égale  pression  le  long  des  côtes  du  golfe  de  Gascogne  ;  toutefois  l'abais- 
sement très-marqué  de  la  pression  à  Valentia,  sur  la  pointe  ouest  de  l'Ir- 
lande, montre  que  le  phénomène  s'approche  de  ce  point.  Le  7,  le  centre 
du  tourbillon  se  dessine  assez  nettement  entre  Valentia,  Penzance  et  Brest  : 
le  8,  il  a  marché  vers  l'est  et  se  trouve  entre  Penzance,  Brest  et  Cherbourg; 
le  9,  il  a  rétrogradé  vers  l'ouest.  En  même  temps  les  courbes  se  sont  élar- 
gies, comme  si  elles  devaient  embrasser  un  tourbillon  plus  intense  reformé 
plus  à  l'ouest.  Cette  situation  persiste  en  s'aggravant  jusqu'au  lundi  12  oc- 
tobre, où  le  centre  du  tourbillon  reparait  sur  les  côtes  ouest  de  l'Irlande. 
Cette  fois  la  dépression  est  forte,  les  courbes  d'égale  pression  très-resserrées 
et  le  vent  très-fort.  Tout  présage  que  cette  dernière  sera  l'une  des  plus 
fortes  tempêtes  delà  saison. 

»  L'examen  de  nos  cartes  météorologiques  montre  que  généralement  d 
est  possible  de  pressentir  vingt-quatre  ou  quarante-huit  heures  à  l'avance 
l'arrivée  sur  nos  côtes  d'une  tempête  un  peu  durable.  Nous  ne  les  considé- 
rons toutefois  que  comme  une  première  ébauche,  bonne  pour  nous  guider 
dans  l'établissement  des  probabilités  du  lendemain  ou  du  surlendemain. 
Trop  souvent  nos  renseignements  nous  arrivent  trop  tard  ou  incomplets. 
Toutefois,  depuis  aujourd'hui  lundi  12,  les  documents  qui  nous  par- 
viennent d'Angleterre  ont  reçu  de  l'amiral  Fitz-Roy  un  très-utile  complé- 
ment par  l'adjonction  de  Nairn  et  Greencastle. 

»  L'incontestable  utilité  que  ce  genre  de  travail  peut  présenter  pour  la 
météorologie  nous  fait  vivement  désirer  de  l'étendre  sur  une  plus  large 
base.  Si  nos  cartes  peuvent  nous  faire  pressentir  une  tempête  et  nous  per- 
mettent de  la  suivre  dans  sa  course  à  travers  l'Europe,  elles  ne  nous  in- 
diquent rien  ou  presque  rien  sur  leur  lieu  d'origine  et  sur  leur  mode  de 


(  644) 

formation,  et  cependant  c'est  là  un  des  éléments  essentiels,  non-seulement 
de  la  science,  mais  de  ses  applications.  Nous  attacherions  la  plus  grande 
importance  à  la  construction  de  cartes  journalières  s'étendant  à  tout  Ihémi- 
sphère  nord,  fallût-il  une  année  pour  réunir  les  éléments  de  chacune  d'elles. 
Au  miUeu  de  l'incessante  mobilité  des  phénomènes  atmosphériques,  il  est 
très-certainement  de  grandes  lois  générales  qu'il  importe  d'en  dégager  et 
qu'on  peut  aller  rechercher  dans  les  années  antérieures.  Les  principales  de 
ces  cartes  pourraient  être  publiées  par  la  voie  de  notre  Bulletin,  dans  la 
forme  adoptée  pour  les  cartes  du  jour.  » 

M.  liViLDBERGER,  qui  avait  déjà  précédemment  adressé  à  l'Académie  plu- 
sieurs publications  concernant  des  procédés  de  son  invention  poiu-  les  Irai- 
tements  orthopédiques,  lui  envoie  aujourd'hui  de  Bamberg  trois  nouveaux 
opuscules  se  rapportant  au  même  sujet,  et  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
les  renvoyer  à  l'examen  de  la  Commission  chargée  de  décerner  les  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  de  la  fondation  Montyon. 

M.  BocRGocxE  adresse  une  semblable  demande  pour  un  ouvrage  sur 
iérjsipèle  dont  il  envoie  un  exemplaire. 

M.  BocQuiLLON,  auteur  d'un  Mémoire  intitulé  :  «  Revue  du  groupe  des 
Verbénacées  »,  Mémoire  dont  un  exemplaire  avait  été  présenté  il  y  a  quel- 
ques semaines,  en  adresse  un  second  comme  pièce  de  concours  pour  un 
])rix  qu'il  croit  à  tort  être  du  nombre  de  ceux  qu'a  proposés  l'Académie. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  12  octobre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  litres  : 

Bulletin  et  cartes  météorologiques  de  l' Observatoire  impérial,  du  4  «"  10  oc- 
tobre i863;  feuilles  aulographiées,  in-fol. 

Report. . .  Rapport  sur  les  progrès  relatifs  à  la  solution  de  certains  problèmes 
spéciaux  de  dynanuque;  par  M.  A.  Cayley.  (Extrait  du  Report  oj  the  Britistt 
Association  j or  the  advancement  of  science,  for  1862.)  In-8". 


(  645  ) 

Recherches  chimiques  et  crislallocjr  api  tiques  sur  les  luncjstates,  lesfhiotuiigstates 
et  les  silicotuncjslates  ;  par  M.  C.  Marignac.  (Extrait  des  Annales  de  Chimie 
et  de  Physique,  3^  série,  t.  LXIX.)  Paris,  br.  in-8°. 

Examen  des  perfectionnements  récents  dont  a  été  l'objet  l'opération  de  lu 
fistule  vésico-vayinale,  suivi  de  trois  nouvelles  opérations  pratiquées  avec  succès  ; 
par  M.  le  D"^  Herrgott.  Strasbourg,  i863;  br.  111-8".  (Présenté  au  nom  de 
l'auteur  par  M.  Velpeau.) 

Excursion  chirurgicale  en  Angleterre  :  Lettres  adressées  à  M.  le  professeur 
Bouisson;  par  A.  COURTY.  Paris  et  Montpellier,  i863;  in-S". 

Traité  de  l'érjrsipèle  considéré  comme  une  fièvre  exanthématique  essentielle, 
suivi  de  l'exposition  d'une  nouvelle  méthode  de  traitement  applicable  à  cette 
affection;  por  le  D'' Bourgogne  père.  Bruxelles,  i863;in-8°. 

Sur  la  transformation  de  l'arsenic  en  hydrure  solide  par  l'hydrogène  nnissani, 
sous  l'influence  des  composés  nitreux  ou  de  la  pression;  par  M.  Bloinoloi. 
Nancy,  i863;  br.  in-S". 

Rapport  fait  à  la  Société  d'Agriculture  et  de  Commerce  de  Cacn  sur  la  charrue 
de  M.  Pagny;  par  M.  Olivier.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  d' Agriculture 
et  de  Commerce  de  Caen.)  Caen,  i863;  br.  in-8°. 

Revue  du  groupe  des  Verbénacées;  par  M.  H.  Bocquillon.  Paris,  1861- 
i863;  vol.  in-8°,  avec  plusieurs  planches  gravées  sur  cuivre. 

Du  Guaco  et  de  ses  effets  prophylactiques  et  curnlifs  dans  les  maladies  véné- 
riennes; par  îvoël  Pascal.  Paris,  i863;  in-8°.  (2  exemplaires.) 

Jahrbuch...  Annuaire  de  l'Institut  I.  R.  géologique  de  tienne;  vol.  XII, 
n"  4  (septembre  à  décembre  1862).  Vienne,  vol.  in-4". 

Sveriges...  Bureau  central  de  Statistique  de  Suède.  Rapport  du  Bureau  sur 
l'étal  et  le  mouvement  delà  population  de  la  Suède  pour  les  années  1 856-1 860; 
I  "  livraison.  Stockholm,  ië63;  in-4''. 

Die  Riickgratsverkrûmmungen...  Des  courbures  ou  déviations  de  la  colonne 
vertébrale  ;  par  \e  W  i .  WiLDBERGER.  Leipsig,  1862;  br.  in-S",  avec  figures 
lithographiées. 

Praklische...  Expériences  pratiques  du  domaine  de  l'ordiopédie ;  par  le 
même.  Leipsig,  i863  ;  in-8",  avec  planches  gravées  sur  bois. 

Documents  à  l'appui  des  résultats  favorables  obtenus  par  ma  méthode  de  trai- 
ter les  luxations  spontanées  et  invétérées  de  l' articulation  coxo-fémorale;  par  le 
rnéme.  Leipsig,  i8G3;  in-8",  avec  figures  photographiées. 

Rendiconto...  Société  Royale  de  Naples  :  Sciences  physiques  et  mathémati- 
ques, Comptes  rendus...  ;  2"  année,  fasc.  7.  Nisples,  i863;  ii)-4''- 


c.  R.,  i8G3,  2"''  Semestre.  (T.  LVII,  N»  l!î.)  86 


(  646  ) 

PUBLICATIONS     PERIODIQUES     REÇUES      PAR      l'aCADÉMIE     PEXDA.VT 
LE    MOIS    DE    SEPTE.MBKE    1U65. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences  ;  2^  se- 
mestre i863,  n°'  loà  i3  ;  in-4°' 

Annales  de  Cliimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BOUSSINGAULT,  Regnault  ;  avec  une  Revue  des  travaux  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique publiés  à  l'étranger,  par  MM.  WURTZ  et  Verdet  ;  3^  série,  t.  LXVIIl, 
août  i863;  iii-8°. 

Annales  de  l^  Agriculture  française  ;  5"  série,  t.  XXII,  n°*  3,  4  et  5  ;  in-8". 

Annales  forestières  et  métallurgiques  ;  22"  année,  t.  II,  août  i863;  10-8". 

Annales  télégraphiques  ;  t.  VI  ;  jnillet-août  i863;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d hydrologie  médicale  de  Paris;  comptes  rendus  des 
séances;  t.  IX,  12*  livraison;  in-8". 

Annales  de  la  Société  météorologique  de  France;  t.  VIII;  1860,  i"  part., 
f.  16  321  ;  t.  XI,  i863,  2<^  part.,  f.  i  à  6;  in-B". 

Atti  deir  Academia  pontificia  de  Nuovi  Lincei;  i5^  année,  2*  à  S"  session. 
Rome;  in-4°. 

Atti  deirimp.  reg.  Instituto  Vcneto  di  Scienze,  Lettere  ed  Arti;  t.  IX, 
j^  livr.  Venise,  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France;  t.  XX,  feuilles  21  à  3o,  livrai- 
son de  juillet  i863  ;  in-8°. 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse;  t.  XVI,  n°  68.  Genève;  in-8''. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXVIII,  n°*  22  et  23; 
in.  8". 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse  ;  juillet  1 863  ;  in-8''. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  impériale  et  centrale  d Agriculture  de  France; 
2"  série,  t.  XVIII,  n'»  9;  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'industrie  nationale,  rédigé  par 
MM.  Combes  et  Peligot;  2"  série,  t.  X,  juillet  i863;  in-4''. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  juMet  i863;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  g"  année,  août  et  sep- 
tembre i863;  in-8". 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique;  32"  année,  2"^  série,  t.  XV,  n"'  6  et  7;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris;  t.  IV;  2*  fasc,  mars  à 
mai  1 863:  in-8''. 


(647  ) 
Butletlino  mcteorotogico   dett  Observalorio  del  Colletjio   ronuiuo;  \ol.    [I, 

11"  i4-  Rome;  in-4°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Jrls  et  à  l'Industrie;  i  2''  année,  t.  XXIII,  n"'  10a  i3: 
in-8°. 

Catalogue  des  Brevets  d'invention  ;  année  i863,  n°  n;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  36'*  année,  n"'  102  a  1 13;  in-S". 

Gazette  médicale  de  Paris,-  33*=  année,  t.  XVIII,  n"'  36  à  jg;  in-4''. 

Gazette  médicale  d Orient ;&  ixmwe,  août  i863;  in-4°. 

Journal  d' Agriculture  praticpie ;  27®  année,  i863,  n"^  57  et  18;  in-S". 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  t.  IX,  4*^  série, 
septembre  i863;in-8'*. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  t.  IX,  août 
i863;  in-8". 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie  ;  22^  année,  t.  XLI,  septembre  i863; 
in-8". 

Journal  des  Vétérinaires  du  Midi  ;  26"  année,  t.  VI,  septembre  i863;  in-8". 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  icf  année,  n"'  aS 
et  26  ;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  de  la  Càte-d'Or;  mai  et  juin  i863  ;  in-8''. 

Journal  de   Mathématiques  pures  et  appliquées;  juillet  i863;  in-4"- 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire  ;  t.  I,  septembre  i863;  in-8". 

Journal  des  fabricants  de  sucre;  4*  année,  n°^  21  à  24;  in-4". 

L'Abeille  médicale;  10"  année,  n°^  36  à  3g;  in-4°. 

L'Agriculteur  praticien;  3"  série,  t.  IV,  n°^  22  et  23  ;  in-8°. 

L'Jrt  médical;  9°  année,  t.  XVII,  septembre  i863;  in-8°. 

L'Art  dentaire;  7®  année,  nouvelle  série  ;  août   i863;  in-4''. 

La  Culture;  5^  année,  t.  V,  n°'  5  et  6;  in-8°. 

La  Lumière;  i3'*année,n°  17;  in-4''- 

La  Médecine  contemporaine;  5®  année,  n"^  16  et  17;  in-4''- 

La  Science  pittoresque  ;  8*  année;  n°'  19  à  22;  in-^°. 

La  Science  pour  tous;  8*  année;  n°'  l[0  k  ^S;  in-4°. 

Le  Gaz;  7*  année,  n"  7;  in-4''. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie  ;  3**  année,  n°*  12  et  i3;  in-4''. 

Le  Technologiste;  -î^i^  année,  septembre  i863;in-8°. 

Le  Courrier  des  Sciences  et  de  l'Industrie;  t.  I,  n°*  i  à  4;  in-S". 

Les  Mondes.  . .  Revue  hebdomadaire  des  Sciences  et  de  leurs  applications  aux 
Arts  et  à  l'Lidustrie;  1'"  année,  t.  II,  livr.  5  à  8;  in-8°. 


(  G48  ) 

Magasin  pittoresque  ;  Zi"  année  ;  seplembre  i863;  in-Zj". 
Montpellier  médical  :  Journal  mensuel  de  Médecine;  6^  année,  t.  X  ;  sep- 
tembre i863;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques  ;   2*  série;    seplenibie  i863;  mi-8". 
Presse  scientifique  des  Deux  Mondes;  année  i863,  t.  \",  11"'  17  et  18;  in-8°. 
PharmaceuticalJournal  and  Transactions  ;  1^  série,  vol.  V,  n°'2  et  3;  in-8°. 
Répertoire  de  Pharmacie  ;  10"  année;  t.  XX,  se|iten!bre  i863;  in-S". 
Revisla  de  ohras  publicas;  t.  XI,  n"'  17  et  18.  Madrid  ;  in-4''- 
Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale;  3o*  année,  n°*  i  7  et  18;  iii-8'\ 
Revue  maritime  et  coloniale;  t.  VII,  septembre  i863;  in-8°. 
Revue  viticole ;  5*  année;  n°  5,  juillet  18(53;  in-8°. 


»aaa'  ■■ 


COMPTE  REISDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  19  OCTOBRE  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


aiÊMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Secrétaike  perpétuel  aiinoiice  le  décès  de  M.  Mitscherliclt,  I  un 
des  huit  Associés  étrangers  de  l'Académie,  que  les  sciences  ont  perdu  le 
28  août  de  cette  année. 

M.  LE  Secrét.^ire  perpétuel  annonce  que  le  retour  de  M.  Élie  de  Beau- 
mont  se  trouve  retardé  par  suite  d'un  fâcheux  événement  :  madame  Éii(>  de 
Beaumont  s'est  fracturé  une  jambe. 

PHYSIOLOGIE  ET  CHIRURGIE.  —  Théories  du  cal;  par  M.  Jobert  de  L.\mballe. 

«  Le  mécanisme  que  la  nature  emploie  pour  la  réunion  des  os  fracturés 
a  attiré  de  tout  temps  l'attention  des  observateurs. 

»  Malgré  les  nombreux  travaux  dont  ils  ont  enrichi  la  science,  la  ques- 
tion est  restée  enveloppée  d'obscurité  jusqu'à  notre  époque,  où  de  nou- 
velles recherches  me  paraissent  avoir  agrandi  nos  connaissances  sur  ce 
sujet. 

Première  théorie.  —  Réunion  des  fragments  au  moyen  d'un  suc  osseux. 
»  Les  anciens  attribuaient  la  formation  du  cal  à  l'épanchement,  entre 
les  fragments,  d'une  matière  gélatineuse,  d'un  suc  osseux  qui  transsudait 
de  l'os  même  ou  des  parties  voisines,  lequel  acquérait  peu  à  peu  de  la  con- 

C.  R.,  i863,  2"'«  Semestre.  (T.  LVII,  N»  16.)  87 


(  65o  ) 
sistance,  et  soudait  solidement,  par  son  endurcissement,  les  deux  extré- 
mités de  l'os  fracturé.  Quelques-uns  admettaient  même,  avec  l'épanche- 
ment  de  la  matière  gélatineuse,  l'allongement  des  fibres  osseuses  et  leur 
jonction. 

»  Ambroise  Paré  pensait  qu'une  matière  était  exsudée  par  les  embou- 
chures des  veines  capillaires,  et  qu'à  l'entour  de  la  fracture  il  s'engendrait 
une  substance  dure  par  laquelle  les  fragments  étaient  agglutinés,  comme 
deux  morceaux  de  bois  le  seraient  par  la  colle  forte. 

Deuxième  théorie.  —  Organisation  et  ossification  du  sang. 

»  Antonio  Xeide,  en  suivant  les  progrès  de  la  consolidation  des  os  sur 
des  fractures  faites  à  des  grenouilles,  observa  qu'une  couche  de  sang  [la- 
mina cruenla)  environnait  les  fragments,  qu'elle  passait  par  des  transforma- 
tions successives  pour  arriver  à  l'état  cartilagineux,  puis  osseux,  et  qu'elle 
réunissait  les  bouts  divisés  par  une  espèce  de  virole. 

»  Suivant  Macdonale,  les  extrémités  des  os  fracturés,  dénudées  de  leur 
périoste,  sont  couvertes  d'un  sang  coagulé  qui  paraît  venir  en  partie  du 
périoste  lacéré,  et  en  partie  du  canal  médullaire.  Plus  haut  et  plus  bas,  le 
périoste  est  dense,  enflammé,  et  recouvre  une  matière  gélatineuse  qui  s'unit 
avec  le  sang  coagulé.  Il  n'admet  pas  que  la  matière  gélatineuse  du  cal  se 
change  en  cartilage,  mais  il  pense  que  la  substance  regardée  comme  carti- 
lagineuse est  un  os  réel,  flexible,  mou  et  acquérant  plus  tard  de  la  solidité 
par  la  pénétration  du  phosphate  calcaire.  Il  appuie  cette  opinion  sur  la 
coloration  de  la  matière  du  cal  chez  les  animaux  nourris  avec  de  la  ga- 
rance, tandis  que  ce  phénomène  est  étranger  aux  cartilages. 

»  John  Hunter  dit  «  que  les  vaisseaux  déchirés  versent  du  sang  qui 
»  remplit  l'espace  compris  entre  les  surfaces  des  fragments;  ce  sang  se 
»  coagule,  devient  vasculaire  avec  le  temps  et  forme  le  cal.  Les  artères  y 
»  déposent  la  matière  calcaire,  et  la  substance  primitive  est  convertie 
>i  d'abord  eu  cartilage,  puis  en  tissu  osseux.  La  matière  osseuse  commence 
))  par  se  développer  à  l'extrémité  des  fragments,  puis  s'étend  jusque  dans 
»   le  cal.   » 

»  John  Howsph  pense  que  l'épanchement,  dans  les  parties  environnantes, 
d'une  quantité  de  sang  en  rapport  avec  la  constitution  et  les  complications, 
est  le  premier  effet  d'une  fracture.  Il  s'extravase  dans  le  tissu  cellulaire  et 
le  périoste.  Un  épanchenient  est  fourni  par  les  vaisseaux  de  l'intérieiu-  de  la 
cavité  médullaire,  et  est  déposé  entre  les  fragments. 

»  La  coagulation  se  fait  promptement,  et  coïncide  avec  la  disparition  de 


(  65i  ) 
la  matière  colorante.  La  densité  du  périoste  augmente  peu  à  peu  et  prend 
les  caractères  du  cartilage. 

»  La  matière  osseuse  est  d'abord  déposée  sur  les  surfaces  de  l'os  auprès 
des  points  où  l'union  doit  se  faire  ;  elle  est  aussi  sécrétée  dans  l'intérieur  de 
la  cavité  médullaire;  elle  s'avance  entre  les  fragments,  et  pénètre  le  caillot 
qui  leur  est  interposé;  en  même  temps  a  lieu  la  diminution  du  coagulum 
sanguin. 

Troisième  théorie. —  Epanchcmcnt  d'un  sac  organique  qui  se  coiwcrtit  eu  cartilage, 

puis  en   os. 

»  Dans  l'opinion  de  Haller  et  Dethleef,  le  cal  se  forme  par  un  suc  géla- 
tineux qui  suinte  des  extrémités  fracturées,  et  surtout  de  la  moelle,  et  qui 
s  épanche  autour  des  fragments  et  dans  les  environs. 

»  Le  suc  augmente  peu  à  peu  de  consistance,  devient  cartilage,  et  eu 
divers  points  se  développent  des  noyaux  osseux  qui  finissent  par  effacer  la 
substance  cartilagineuse.  Suivant  ces  auteurs,  le  périoste  n'entre  pour  rien 
dans  la  formation  du  cal. 

«  Il  me  paraît,  dit  Haller,  que  le  cal  de  l'os  est  formé  par  un  suc  gélati- 
))  neux  (i)  qui  suinte  des  extrémités  fracturées  de  l'os  (2)  et  surtout  de  la 
»  moelle  (3),  et  qui  s'épanche  tout  autour  (4);  que  ce  suc  s'épaissit  par 
»  degrés  et  qu'il  devient  une  gelée  tremblante  (5)  ;  qu'il  passe  par  d'autres 
»  degrés  de  consistance,  et  devient  à  la  fin  cartilagineux  (6);  qu'il  se 
)i  forme  dans  ce  cartilage,  comme  dans  l'ossification  naturelle  (7),  des 
>)  noyaux  osseux  qui  grandissent,  qui  se  réunissent  et  qui  effacent  peu  à 
»  peu  la  substance  cartilagineuse. 

»  Que  le  cal  tout  à  fait  formé  est  un  véritable  os  spongieux  (8),  comme 
)>  celui  des  extrémités  des  os  longs.  Avec  le  temps,  ce  cal  devient  plus  com- 
11  pacte  (9).  Les  bouts  de  l'os  contribuent  presque  également  à  le  for- 
"  mer  (10). 

(i)  Expériences  g,    10,    i5,    16. 

(2)  Expciienees  9,    10,    i5. 

(3)  Expériences  g,    i3,    ?5. 

(4)  Expériences  g,    i5. 

(5)  Expériences  g,    i5,    16. 

(6)  Expériences  4)  9,    i3,    i5,    16. 

(•;)  Expériences   i,   8,  9,    ii,    12,    i3,    i5,    16. 
(8)  Expériences  4,  6,  8,   g,    1 1 ,    12,    i3,    i5. 
(g)  Expériences   i4,    i5. 
(10)  Expériences  9,   12,   i3,   i5. 

87.. 


(  65u  ) 

»  Que  le  périoble  n'a  aucune  part  à  ia  réunion  cies  os,  et  qu'il  ne  fait  pas 
"  partie  du  cal  qui  s'est  répandu  sur  ia  surface  extérieure  dans  quelques 
)>  expériences  (i),  et  qu'il  n'est  pas  attaché  au  cal  (2);  qu'il  ne  précède  pas 
»  la  formation,  mais  qu'il  la  suit  (3),  et  qu'il  ne  renaît  que  lorsque  le  cal 
»   est  bien  avancé. 

»  Qu'il  naît  dans  le  cal  des  vaisseaux  (4)  qui  se  rendent  aux  noyaux 
»  osseux,  absolument  comme  dans  l'ossificalion  naturelle;  que  la  garance 
»  ne  colore  ni  le  périoste  (5)  ni  le  cartilage  (6),  mais  qu'elle  teint  uniqiie- 
»  ment  les  os  (7),  et  même  les  noyaux  compris  dans  le  cartilage  (8)  et  le 
»  cal,  lorsqu'il  est  assez  endurci  pour  porter  le  nom  d'un  os  (9');  qu'elle 
)i  ne  colore  pas  non  plus  le  lait  ni  les  os  du  fœtus,  quand  elle  est  donnée  à 
»  la  mère  encore  pleine  des  petits  (10);  que  la  couleur  se  perd  avec  le  temps, 
»  quand  on  rend  à  l'animal  sa  nourriture  (1  1).  » 

')  Bordenave  établit  que  le  cal  semble  formé,  dans  les  premiers  temps, 
par  un  suc  gélatineux  qui  s'épanche  des  vaisseaux  rompus.  Cette  substance 
prend  bientôt  la  forme  d'iui  cartilage  dans  lequel  se  distribuent  quelques 
vaisseaux  qui  déposent  la  matière  osseuse.  Les  molécules  osseuses  étant 
réunies,  le  cal  se  change  en  une  substance  poreuse  qui  avec  le  temps  devient 
épaisse  et  compacte  comme  la  substance  des  os.  C'est  à  cette  même  théorie 
qu'on  peut  rattacher  l'opinion  de  Camper  et  celle  de  Troja. 

»  Ce  dernier  admet  encore  que  non-seulement  le  suc  épanché  s'ossifie, 
mais  que  le  périoste  peut  également  être  quelquefois  envahi  par  l'ossifica- 
tion, entre  les  fragments  chevauchés. 

»  Callisen,  John  Bell,  qui  adoptèrent  aussi  les  mêmes  idées,  ne  disent  pas 
cependant  que  le  suc  passe  par  l'état  de  cartilage,  avant  de  devenir  osseux. 


(1)  Expérience  i5. 

(2)  Expérience  i5. 

(3)  Le  douzième  jour,  expérience  i5. 

(4)  On  en   voit   les   points  dans  les  expériences   i5,   16,    et   les   vaisseaux  eux-iiiénies, 
expérience  i5.  Ils  sont  injectés  dans  l'expérience  iG. 

(5)  Expérience  1 . 

(G)   Expériences  i,  ;),  etc. 
(•j)  Expériences  3,  4,  5,  10. 
(8)  Expériences  1,3,8,9,  11,  i-?,,  i3,  i5. 
(g)  Expériences  3,  4i  5,  G,  7,  8,  9,  11,  1-2,  i3,  i4- 

(10)  Expérience  2.  Cette  expérience  contredit  ce  qu'on  lit  liaiis  un  journal.  On  y  dit  que  le 
lait  d'une  chienne  est  devenu  rouge  par  l'usage  de  la  garance. 
(il)  Expériences  i,  7. 


(  653  ) 

»  Delpech  fait  remarquer  que  cette  matière  devient  opaque,  puis 
osseuse. 

»  Miescher  vit  que  le  travail  de  la  consolidation  commençait  par  une  in- 
flammation qui  se  développait  dans  les  parties  molles  et  dans  les  os;  que 
sous  son  influence  un  liquide  roiigeàtre  et  gélatineux  exsudait  des  surfaces 
externes  et  médullaires.  Le  liquide  s'organise,  devient  cartilagineux,  puis 
osseux,  et  cette  couche  osseuse,  de  nouvelle  formation,  qui  entoure  les 
fragments  en  dedans  et  à  l'extérieur,  constitue  le  cal  primitif. 

»  Plus  tard,  les  surfaces  de  la  fracture  s'unissent  avec  ce  cal  primitif  et 
avec  la  substance  interposée  entre  les  fragments.  De  la  matière  osseuse  se 
forme  entre  les  surfaces,  et  le  cal  secondaire  est  achevé.  A  une  époque  plus 
avancée  il  est  impossible  de  distinguer  le  cal  de  l'os. 

Quatrième  théorie.  —  Formation  du  cal  aux  dépens  du périnstc  et  de  la  membrane 

médullaire. 

»  Cette  quatrième  théorie  compte  parmi  ses  partisans  Duhamel,  Fou- 
geroux,  Dupuytren,  MM.  Cruveilhier  etFlourens. 

»  Duhamel  (i)  apporta  dans  ses  recherches  ime  idée  préconçue  qui  lui 
faisait  assimiler  le  développement  des  os  à  celui  des  arbres,  par  l'endurcis- 
sement de  l'enveloppe  externe,  et  il  conclut  de  ses  premières  recherches 
que  le  cal  était  dû  à  l'épaississemeut  et  à  l'ossification  du  périoste.  Des 
expériences  ultérieures  lui  apprirent  que  le  périoste  en  se  gonflant  se  por- 
tait quelquefois  entre  les  fragments  (virole  externe  avec  prolongement 
entre  les  extrémités  fracturées),  que  d'autres  fois  ce  phénomène  se  passait 
en  même  temps  dans  le  périoste  et  dans  la  membrane  médullaire  (virole 
externe  et  interne  réunies  par  un  prolongement  interposé  entre  les  frae;- 
ments),  que  des  productions  osseuses  se  portaient  d'un  fragment  à  l'autre 
sans  virole  externe,  et  qu'enfin  chez  les  jeunes  animaux,  en  raison  de  la 
grande  vascularité,  la  réunion  pouvait  s'opérer  par  une  masse  osseuse.  La 
théorie  de  Duhamel  rencontra  un  grand  nombre  de  contradicteurs  parmi 
lesquels  Haller  fut  le  plus  ardent.  Dethleef,  I^udovig,  Bordenave,  Albinus, 
Wallher  attaquèrent  les  idées  du  célèbre  botaniste  sur  la  formation  du  cal  : 
mais  il  eut  aussi  des  défenseurs  au  nombre  desquels  on  compte  Daubanfon, 
Hunaud  de  I^assone,  Ilouro,  etc.  Fougeroux,  son  neveu  et  son  élève,  fut  le 
plus  zélé.  Il  publia  deux  Mémoires  pour  réfuter  les  arguments  dirigés  contre 
l'opinion  de  Duhamel  par  Haller,  Delhleef  et  Bordenave.  Malgré  tous  .ses 


(i)  Duhamel,  Observations  sur  la  réunion  des Jractures  des  os,  p.  97  et  222;  l'an  \']t\i. 


(654) 
efforts,  il  ne  parvint  pas  à  démontrer  d'une  manière  irrécusable  la  trans- 
formation du  périoste  en  tissu  osseux.  Dupuytren  admit  presque  com- 
plètement les  idées  de  Duhamel,  et  il  ajouta  que  non-seulement  le  périoste, 
mais  encore  les  ligaments,  le  tissu  cellulaire  et  les  couches  musculaire» 
])rofondes  s'ossifiaient  pour  former  une  virole  enveloppant  les  bouts  de  la 
fracture.  Poussant  ses  recherches  plus  loin  que  ne  l'avaient  fait  ses  devan- 
ciers, il  établit  de  plus,  comme  un  fait  constant,  que  la  réunion  des  frag- 
ments se  faisait  par  la  réunion  des  deux  cals  successifs. 

)i  Le  cal  provisoire  est  formé,  dans  l'espace  de  trente  à  quarante  jours, 
par  l'ossification  en  virole  du  périoste,  des  parties  environnantes,  et  l'ossi- 
fication du  tissu  médullaire.  Il  entoure  les  fragments,  et  n'a  qu'une  exis- 
tence temporaire,  l'absorption  le  détruisant  peu  à  peu  ;  sa  solidité  est  pro- 
])ortionnée  à  la  résistance  qu'il  doit  opposer  au  poids  des  parties  et  à  la 
contraction  des  muscles. 

»  Le  cal  définitif,  formé  par  la  soudure  immédiate  et  réciproque  des  sur- 
faces de  la  fracture,  n'est  jamais  achevé  avant  huit  mois  ou  un  an.  Il  offre 
une  très-grande  solidité,  et  une  résistance  telle,  que  l'os  se  casse  plus  facile- 
ment dans  les  autres  points  que  dans  celui  qu'il  occupe. 

»  M.Cruveilhierappuyapar  de  nouvelles  expériences  l'opinion  deDupuv- 
tren.  Il  admit  aussi  l'ossification  du  périoste,  de  la  membrane  médullaire 
et  des  muscles,  en  insistant  sur  la  manière  dont  les  muscles  situés  autour 
d'une  fracture  participent  à  la  consolidation.  Selon  lui,  les  tendons  et  les 
aponévroses  sont  les  parties  qui  restent  le  plus  longtemps  distinctes  au 
milieu  delà  masse  cartilagineuse. 

»  M.  Flourens  trouva  dans  ses  expériences  la  confirmation  des  idées  de 
Duhamel  c{ui  ne  voyait  dans  l'ossification  que  la  transformation  du  périoste 
en  os.  Il  indique  les  sources  du  cal,  et  établit  qu'il  provient  du  périoste 
auquel  il  tient,  et  avec  lequel  il  se  continue.  Des  pièces  nombreuses  ont  été 
présentées  à  l'Académie  des  Sciences  pour  démontrer  que  le  périoste  s'in- 
troduisait entre  les  fragments  et  les  unissait,  qu'il  passait  successivement 
par  l'état  de  fibro-cartilage,  de  cartilage  dans  lequel  se  développent  des 
noyaux  osseux 

»  Le  prétendu  cal  provisoire  ne  serait,  pour  M.  Flourens,  que  l'endur- 
cissement du  sang  et  de  la  lymphe,  épanchés  des  vaisseaux  divisés,  des  os, 
du  périoste  et  des  parties  molles,  tandis  que  le  véritable  cal  est  une  portion 
dos  nouvelle  résultant  de  l'ossification  du  périoste.    » 


(  655  ) 
CHIMIE  APPLIQUÉE  AUX  BEAUX -ARTS.  —  Mémoire  sur  les  vitraux  jji-.inls , 

par  31.   E.    ClIEVREUL. 

Chapitre  \".  —  Distinction  de  diverses  sortes  de  verre  qui  entrent  dans  ta   lunfcction   des 

vitraux  colorés. 

'<  1.  On  peut  distinguer  jusqu'à  trois  sortes  de  verre  dont  on  fait  usage 
dans  la  fabrication  des  vitraux,  colorés  destinés  principalement  à  la  déco- 
ration des  églises  dites  gothiques: 

»   i"  Du  verre  blanc  ordinaire  ou  incolore. 

»   2°  Du  verre  blanc  dont  une  face  seulement  est  colorée. 

«  Le  verre  rouge  de  protoxyde  de  cuivre  est  toujours  dans  ce  cas  ;  car 
le  verre  coloré  par  cet  oxyde  est  tellement  foncé,  que,  vu  en  masse,  il  paraît 
noir  :  de  là  dérive  la  nécessité,  pour  avoir  un  verre  transparent  de  couleur 
rouge,  de  plonger  une  canne  de  verrier  dans  un  pot  de  verre  incolore,  et 
de  la  plonger  ensuite  dans  un  pot  de  verre  rouge;  en  soufflant  le  verre  on 
obtient  un  manchon  de  verre  incolore  recouvert  d'une  couche  de  verre 
rouge  d'autant  plus  mince  que  la  proportion  du  verre  incolore  au  verre  rouge 
est  plus  forte  à  égalité  d'épaisseur  de  l'ensemble  des  deux  verres. 

»  Il  est  évident  que  ce  procédé  est  applicable  à  des  verres  d'une  cou- 
leur quelconque. 

»  "i"  Du  verre  coloré  en  toute  sa  masse;  tels  sont  les  verres  bruns,  lileus, 
pourpres,  jaunes,  orangés,  verts,  et  leurs  nuances. 

)'  2.  On  peut  peindre  sur  les  trois  sortes  de  verre;  et  si  l'on  veut  se 
rendre  compte  des  effets,  il  faut  distinguer  la  face  interne  du  verre  qui  voit 
l'intérieur  de  l'église  d'avec  la  face  externe  qui  voit  le  dehors. 

»  5.  Face  interne.  C'est  sur  elle  qu'on  dessine  le  trait  et  qu'on  applique 
l'ombre,  que  l'on  peut  monter  jusqu'au  noir. 

»  4.  Face  externe.  Par  exception,  on  peint  une  ombre  sur  la  face 
externe  quand  on  juge  nécessaire  d'augmenter  la  vigueur  de  l'ombre  de 
la  face  interne. 

»  5.  On  doit  mettre  les  couleurs  unies,  c'est-à-dire  celles  qui  ne  sont 
pas  ombrées,  sur  la  face  externe,  à  savoir  : 

»  Le  jaune, 

»  Les  carnations  (oxyde  de  fer  sanguin), 

«  Le  vert, 

»  Le  bleu, 

»  Le  pourpre. 

»  liC  pourpre  et  les  carnations  sont  exclusivement  appliqués  à  la  face 
externe. 


(  656  ) 
>i   G.  Le  vert,  le  bleu  et  le  pourpre,  qu'on  appelle  émaux,  s'appliquent 
quelquefois  sur  la  face  interne. 

))   7.  Au  xv!i*  siècle  on  a  fréquemment  employé  dans  les  petits  sujets  et 
dans  les  bordures  des  fenêtres  les  verres  dits  émaillés. 
»   Ces  verres  sont  blancs  ou  incolores. 

[  en  bleu  par  le  cobalt, 
)i   On  les  peint  avec  un  émail  coloré  -,  en  vert  par  le  cuivre  briilé, 

'  en  pourpre  par  le  manganèse. 
»   8.   L'émail  est  mêlé,  avant  d'être  appliqué  sur  le  verre,  avec  une  com- 
position appelée /onr/rt/î/^  roquette,  rocaille,  que  l'on  prépare  avec  un  sable 
siliceux  ou  des  cailloux  incolores,  du  minerai  de  plomb  et  du  nitre.  C'est 
donc  un  silicate  de  potasse  et  de  plomb,  une  sorte  de  cristal. 

CnAi'iTRF.  II.  —  Examen  de  deux  sortes  de  matières  retirées  mccnniquement  des  vitraux 
peints  de  l'église  Sniiit-Gervais,  et  d'une  poussière  recueillie  derrière  les  livres  d'une  biblio- 
thèque. 

»  \).  J'ai  extrait  mécaniquement  deux  matières  différentes  des  vitraux 
peints  de  l'église  Saint-Gervais  de  Paris  :  une  matière  cjrumelée,  fortement 
adhérente  au  verre,  et  une  autre  matière  également  adhérente,  formant 
inie  sorte  d'enduit  à  la  surface  externe  des  vitraux.  La  face  interne  est  salie 
par  une  matière  bien  moins  abondante  que  ne  l'est  l'enduit  de  la  face 
externe. 

Article  I.  —  Examen  de  la  matière  grumelée. 

»    10.   Elle  était  blanchâtre  et  orangé  jaunâtre. 

»  L'eau  ne  semblait  pas  l'attaquer. 

»  On  la  traita  par  de  l'eau  aiguisée  d'acide  azotique.  Il  se  produisit  une 
légère  effervescence  et  une  partie  de  la  matière  fut  dissoute.  I^a  partie  in- 
soluble était  de  nature  organique,  huileuse  et  de  couleur  jaune;  elle  hit 
lavée  à  grande  eau. 

))  (a)  Partie  insoluble  dans  l'eau  aiguisée  d'acide  azotique.  Elle  était  grasse 
et  visqueuse,  soluble  dans  l'alcool,  sauf  un  léger  résidu. 

"  Chauffée  avec  le  contact  de  l'air,  elle  brûlait  à  la  manière  des  corps 
gras  ou  résineux;  distillée  dans  un  petit  tube,  elle  donna  de  l'eau  acide 
mêlée  d'huile  empyreumatique  et  d'une  trace  d'ammoniaque.  Son  charbon 
laissait  une  trace  de  chaux  ferrugineuse. 

»  [b]  Partie  soluble.  L'alcool,  ajouté  à  la  solution  alcoolique  conceiUrée, 
en  sépara  du  sulfate  de  chaux,  et  la  liqueur  ainsi  précipitée  renfermait  de 
l'azotate  de  chaux  et  une  matière  organique;  on  traita  par  l'acide  sulhi- 


(  6.'Ï7  ) 
rique,  on  fit  évaporer  à  sec,  on  calcina,   et  le  résidu,  traité  par  l'eau,  se 
comporta  comme  du  sulfate  de  chaux  sans  mélange  de  sulfate  soluble. 

CONCLUSION. 

■>  11.  La  matière  grumelée  n'était  autre  chose  que  du  vieux  mastic  de 
vitrier  formé  d'huile  siccative  et  de  craie. 

Article  II.  —  Examen  des  vitraux  peints  de  Saint-Gcrvais. 

»  12.  Cet  enduit,  vu  au  microscope  sur  le  verre,  paraissait  formé  de 
cristaux  incolores  et  jaunâtres  :  de  là  sa  surface  inégale.  On  observait  de 
plus  des  traits  noirs,  de  sorte  que  la  couleur  grise  résultait  du  mélange  de 
parties  incolores  et  jaunâtres  avec  une  matière  noire. 

»  L'enduit,  mû  dans  un  tube  avec  un  petit  fragment  de  potasse  hydratée, 
dégagea  à  froid  de  l'ammoniaque  sensible  au  papier  rouge  de  tournesol. 

»  L'enduit  faisait  une  légère  effervescence  avec  l'acide  azotique;  nous 
verrons  qu'il  renfermait  du  sous-carbonate  de  chaux. 

»  L'enduit  fut  successivement  traité  par  l'eau  bouillante  et  par  l'alcool  ; 
on  obtint  : 

)i   A.   Un  extrait  aqueux  ; 

»   B.    Un  extrait  alcoolique  ; 

B   C.   Un  résidu  iiidissous. 

»  15.  A.  Extrait  aqueux.  —  L'eau  bouillante  était  colorée,  neutre  au 
papier  rouge  de  tournesol.  Le  chlorure  de  baryum  et  l'azotate  d'ammo- 
niaque y  accusaient  la  présence  de  quantités  notables  d'acide  sulfurique  et 
de  chaux  ; 

»   L'azotate  d'argent,  celle  d'une  quantité  notable  de  chlore. 

M  L'eau  d'acide  sulfhydrique  la  colorait  très-légèrement,  sans  y  faire  de 
précipité. 

»  La  solution  fut  évaporée  presque  à  siccité  ;  le  résidu  était  assez  forte- 
ment coloré  en  orangé  brun  par  une  matière  évidemment  plus  soluble  dans 
l'eau  qu'une  matière  incolore  ;  aussi  ajouta-t-on  de  l'eau  au  résidu  de  ma- 
nière à  le  laver.  Disons  tout  de  suite  que  ce  résidu  était  du  sulfate  de  chaux 
légèrement  coloré,  dont  la  solution  ne  contenait  pas  de  chlorure. 

»  La  partie  enlevée  par  l'eau  à  ce  sulfate  de  chaux,  évaporée  à  sec,  laissa 
un  résidu  qui  fut  traité  successivement  : 

»  (a)  Par  l'alcool  bouillant  à  o°,95o; 

))   {b)  Par  l'eau. 

>'  Du  sulfate  de  chaux  fut  encore  séparé. 

c.  R.,  i863,  2"'^  Semesire.  (T.  LVII,  N»  16  )  88 


(  658  ) 

))  14.  [a)  Lavage  alcoolique  à  o",95o.  Il  donna  des  cristaux  qui,  vus  au  mi- 
croscope, présentaient  la  forme  de  cubes,  de  cnbo-octaèdres,  d'octaèdres  et 
de  tables,  parfaitement  incolores.  Aussi  étaient-ils  distincts  d'une  matière 
de  couleur  orangée,  soluble  dans  l'éther  et  insoluble  dans  l'eau. 

"  Ces  cristaux  étaient  du  chlorure  de  sodiitin  sans  chlorure  de  potassium  ; 
car  j'attribue  le  très-léger  précipité  que  leur  eau  mère  donna  au  sel  ammo- 
niacal reconnu  plus  haut  (12). 

u  Les  cristaux  de  chlorure  de  sodium  en  octaèdres  me  rappelèrent  le 
chlorure  de  potassium  du  suint,  qui  affecte  les  mêmes  formes. 

»  15.  [b)  Louage  aqueux.  Il  donna,  après  la  concentration,  un  extrait 
roux  avec  des  cristaux  cubiques   et  octaédriques  de  chlorure  de  sodium. 

))  L'alcool  absolu  n'a  pas  dissous  la  matière  colorée,  qui  était  de  na- 
ture organique.   Il  a  dissous  du  chlorure  de  sodium. 

»  La  partie  indissoute  par  l'alcool  absolu  fut  entièrement  dissoute  par 
l'eau,  sauf  un  peu  de  sulfate  de  chaux  :  la  solution  aqueuse  ne  tenait 
qu'une  trace  de  ce  sel  ;  elle  contenait  du  chlorure  de  sodium  cristallisable 
en  cubes  et  en  octaèdres  et  une  matière  organique  insoluble  dans  l'alcool 
acide  au  papier  de  tournesol,  en  partie  neutralisée  par  de  la  chaux,  et  ne 
j)arais»anl  contenir  ni  ammoniaque  ni  potassium,  à  en  juger  par  l'action 
du  chlorure  de  platine. 

»  Cette  matière  organique  donna  à  la  distillation  un  produit  ammo- 
niacal légèrement  sulfuré. 


CONCLUSION. 


»    16.   L'eau  bouillante  avait  enlevé  à  l'enduit  : 

»  Une  matière  huileuse  insoluble  dans  l'eau  à  l'état  de  pureté  et  soluble 
dans  l'alcool  absolu; 

»  Un  sel  calcaire  à  acide  organique; 

)>   Un  sel  ammoniacal  à  acide  organique  probablement; 

»  Une  matière  organique  azotée  et  sulfurée.,  soluble  dans  l'eau  et  non  dans 
l'alcool  ; 

))   Du  chlorure  de  sodium  ; 

»  Enfin  beaucoup  de  sulfate  de  chaux. 

»  Je  l'ai  soumis  à  tous  les  essais  propres  à  en  faire  connaître  la  nature. 
,1e  citerai,  en  outre,  la  réduction  en  sulfure  que  je  lui  ai  fait  subir  en  le 
chauffant  avec  de  l'amidon  parfaitement  pur. 

»  17.  B.  Extrait  alcoolique.  (Vitraux  de  Paris.)  —  Le  résidu,  qui 
avait  été  épuisé  par  l'eau,  fut  traité,  comme  je  l'ai  dit  (12),  par  l'alcool 
bouillant. 


.   (  659  ) 

»  L'alcool  se  troublait  légèrement  par  l'eau. 

»  Évaporé,  il  laissa  un  résidu  coloré  qui,  sauf  beaucoup  moins  de  chlo- 
rure de  sodium,  m'a  paru  analogue  à  la  matière  de  l'extrait  alcoolique  ob- 
tenu de  l'extrait  aqueux  (Î4).   » 

»  18.  C.  RÉSIDU  INDISSOUS  PAR  l'eau  ET  l'alcool.  —  Il  paraissait  noir 
quand  il  était  mouillé,  et  gris  à  l'état  sec. 

»   Je  n'en  soumis  qu'une  très-faible  partie  à  la  distillation. 

»  Chauffé  dans  un  tube  de  verre  fermé  à  un  bout,  il  exhala  une  vapeiu' 
aqueuse  ammoniacale  ramenant  au  bleu  le  papier  rouge  de  tournesol,  mais 
sans  produit  huileux.  La  couleur  se  fonça  comme  s'il  y  avait  eu  une  matière 
organique.  En  chauffant  à  l'air  ce  résidu,  il  devint  rougCtàtre,  coloré  qu'il 
était  par  du  sesquioxyde  de  fer.  Il  fit  une  légère  effervescence  avec  l'acide 
chlorhydrique  ;  tout  fut  dissous  à  l'aide  de  la  chaleur,  sauf  un  résidu  siliceux 
absolument  incolore. 

»  19.  La  portion  du  résidu  qui  n'avait  pas  été  soumise  à  la  distdlation 
fut  mise  avec  l'acide  azotique;  il  y  eut  effervescence  et  solution  (o);  il 
resta  {h)  de  gros  flocons  noirs  qu'on  épuisa  de  toute  matière  soluble  dans 
l'eau. 

»  [a]  Solitlion  azotique.  La  solution  azotique  tenait  une  matière  organique 
en  solution  et  surtout  de  sesquioxyde  de  fer,  de  l'alumine  et  de  la  chaux 
provenant  du  carbonate. 

»  (/>)  Résida.  Quant  aux  flocons  noirs,  ils  étaient  formés  d'une  matière 
noire  très-carburée,  mais  retenant  assez  d'hydrogène  pour  se  ramollir  par 
la  chaleur,  brûler  avec  flamme  et  laisser  une  cendre  abondante  formée  de 
sesquioxyde  de  fer,  d'alumine,  qui  furent  dissous  par  l'acide  chlorhydrique, 
et  de  silice  sableuse  colorée  qui  ne  le  fut  pas.  Cesjîocoiu  noirs  étaient  abso- 
lument dépourvus  de  sulfate  de  chaux. 

M  20.  Je  cherchai  en  vain  le  plomb  et  l'étain  dans  le  résidu  indissous 
par  l'eau  et  l'alcool. 


CONCLUSION. 


»  21.  Ce  résidu  renfermait  une  matière  organique  azotée,  une  matière 
organique  très-carburée,  du  sous-carbonate  de  chaux,  de  l'argile  et  de  la 
silice  sableuse  (i). 

(i)  J'ai  tout  lieu  de  croire  que  l'enduit  de  quelques  vitraux  peut  conlenir  un  sel  calcaire 
insoluble  dans  l'eau  ;  car  j'ai  observé,  en  traitant  des  résidus  provenant  de  vitraux  de  Paris 
autres  que  celui  qui  a  servi,  un  résidu  qui  faisait  une  effervescence  bien  plus  vive  après  la 
distillation  qu'auparavant;  sauf  cela  l'analogie  existait  entre  ces  résidus. 

88.. 


(  66o  ) 


CONCLUSION    FINAIE. 


)i  22.  L'enduit  qui  recouvre  la  face  externe  des  vitraux  de  Saint-Gervais 
est  formé  : 

))  De  sulfate  de  chaux  ; 

n  De  sous-carbonate  de  chaux  ; 

»   D'un  sel  calcaire  dont  l'acide  est  organique; 

»  De  chlorure  de  sodium; 

»  D'un  sel  ammoniacal  ; 

1)  D'une  matière  azotée  et  sulfurée  d'origine  organique,  insoluble  dans 
l'alcool; 

»  D'une  matière  grasse  d'origine  organique  ; 

»   D'une  matière  très-carburée,  une  sorte  de  noir  de  fumée; 

»   D'argile  ferrugineuse  ; 

»  De  silice  sableuse. 

»  Cet  enduit  peut  avoir  deux  origines  : 

»  1°  Il  peut  provenir  des  matières  enlevées  aux  murs  par  les  eaux  plu- 
viales qui  viennent  ensuite  à  mouiller  les  vitraux,  et  au  mastic  employé  par 
le  vitrier; 

»   1°  Il  peut  provenir  des  vents  entraînant  des  poussières. 

"  Indubitablement  les  matières  organiques,  la  matière  très-carburée 
ressemblant  à  du  noir  de  fumée,  le  chlorure  de  sodium,  l'argile,  la  silice 
sableuse  ont  cette  origine  ;  il  est  probable  qu'il  en  est  ainsi  de  la  plus  grande 
partie,  au  moins  du  sulfate  de  chaux. 

»  Je  ne  crois  pas,  d'après  les  observations  que  j'ai  pu  faire,  que  la  tota- 
lité de  la  matière  grasse  de  l'enduil  provînt  du  mastic;  je  pense  que  la  plus 
grande  partie  piovenait  de  l'atmosphère. 

»  J'ajouterai  que  dans  plusieurs  essais  j'ai  reconnu  que  le  chlorure  de 
sodium  était  accompagné  d'une  matière  qui  développe  une  couleur  violette, 
du  moins  sous  l'influence  de  la  lumière,  avec  l'azotate  d'argent. 

Chapitre  III. — Procédé  pourncttoyi  ries  vitraux  peints  dont  le  temps  a  altère  la  transparence 
par  des  dépôts  produits  sur  la  surface  du  verre. 

»  J'expose  la  série  des  opérations  à  faire  pour  enlever  la  matière  des 
dépôts. 

»  (a)  On  les  lave  à  grande  eau. 

»  [b)  On  les  tient  plongés  dans  de  J'eau  de  sous-carbonate  de  soude  mar- 
quant 9  degrés  à  l'aréomètre  de  Baume,  pendant  le  temps  nécessaire  à  ce 


(  66i 
que  l'enduit  soit  mouillé,  ainsi  que  la  surface  du  verre  que  cet  enduit  re- 
couvre. Le  temps  peut  varier  de  cinq  à  douze  jours. 

'1   (c)  On  les  lave  à  grande  eau. 

»  (r/)  On  les  tient  plongés  ensuite  dans  de  l'acide  chiorhydrique  à  4  de- 
grés. 

«   (e)  On  les  lave  à  grande  eau. 

»  Voilà  le  traitement  qui  suffit  aux  vitraux  de  l'église  Saint-Gervais 
sur  lesquels  j'ai  opéré. 

»  Dans  le  cas  où  des  vitraux  présenteraient  des  parties  dont  l'enduit  n'au- 
rait pas  été  enlevé,  on  pourrait  soumettre  ces  parties  aux  opérations  sui- 
vantes : 

»  Frotter  les  parties  avec  de  la  poudre  de  brique  tamisée,  simplement 
mouillée  ou  imprégnée  d'acide  chiorhydrique  à  4  degrés. 

«  Enfin,  dans  le  cas  où  l'on  serait  pressé  d'opérer  un  nettoyage  en  quel- 
ques heures,  on  pourrait  aider  l'action  de  l'eau,  celle  du  sous-carbonate 
de  soude  ou  de  l'acide  chiorhydrique  à  4  degrés,  de  l'action  mécanique  d'un 
couteau  de  corne  et,  en  outre,  de  celle  de  la  poussière  de  brique. 

«  Au  reste,  je  ne  puis  trop  recommander  aux  personnes  qui  voudraient 
recourir  au  procédé  qui  précède,  de  l'essayer  sur  une  pièce  insignifiante 
des  vitraux  à  nettoyer,  afin  de  s'assurer  que  les  opérations  auxquelles  ils 
seraient  ensuite  soumis  n'auraient  aucune  fâcheuse  conséquence. 

»  Les  vitraux  de  deux  fenêtres  de  la  nef  de  l'église  Saint-Gervais  ont 
été  réparés  par  M.  Lafaye,  puis  remis  en  place;  ils  n'ont  point  été  nettoyés. 
Les  fenêtres,  si  je  suis  bien  informé,  ont  huit  mètres  de  hauteur;  la  frise 
avec  les  inscriptions  occupent  les  deux  mètres  inférieurs;  l'un  des  sujets  est 
Jésus-Christ  lavant  les  pieds  aux  apôtres;  l'autre  sujet  est  Jésu.s-Christ 
parmi  les  docteurs.  Il  sera  donc  facile  de  comparer  leurs  effets  avec  ceux 
des  autres  fenêtres  lorsque  M.  Lafaye  y  aura  appliqué  mon  procédé.  Au 
reste,  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  vitraux  dont  j'ai  nettové, 
il  y  a  une  vingtaine  d'années,  quinze  pièces;  les  autres  ne  l'ont  point  été 
poiu-  témoigner  de  l'efficacité  du  procédé. 

»  Je  lui  présente  aussi  des  vitraux  de  Saint-Gervais  que  j'ai  nettoyés,  et 
un  grand  échantillon  qui  l'a  été  par  M.  Lafaye. 

Chapitre  IV.  —  Nécessité,  pour  le  bel  effet  des  vitraux  peints,  ijue  tes  pièces  ,fui  les 
composent  soient  de  petite  dimension  et  encadrées  dans  du  plomb, 

»  Il  existe  une  différence  extrême,  quant  à  l'effet  sur  la  vue,  entre  des 
verres  colorés  de  petite  dimension  réunis  par  des  bandes  de  plomb   de 


(  662  } 

4  à  lo  et  même  12  millimètres,  et  les  mêmes  verres  simplement  juxtaposés 
sans  encadrement  opaque.  Quelle  en  est  la  cause?  C'est  que  dans  le  premier 
cas  In  vision  est  distincte^  tandis  qu'elle  ne  l'est  pas  dans  le  second. 

»  Effectivement,  la  plupart  des  yeux  à  une  certaine  distance  ont  peine 
à  percevoir  distinctement  dos  sensations  de  couleurs  diverses,  lorsque  les 
objets  colorés  de  petite  dimension  sont  juxtaposés  sans  être  séparés  par  un 
trait  ou  une  zone  étroite  distincte  à  la  vue  et  délimitant  parfaitement  les 
surfaces  colorées.  Or,  c'est  la  vision  confuse  des  bords  des  verres  simplement 
juxtaposés  qui  nuit  excessivement  à  l'effet  qu'ils  produiraient  s'ils  étaient 
enchâssés  dans  du  plomb. 

»  On  s'est  grandement  trompé  à  mon  sens,  quand  on  a  cru  perfectionner 
]es  vitraux  peints  des  grandes  églises,  et  surtout  ceux  de  la  nef,  en  augmen- 
tant l'étendue  des  pièces  de  verre,  et  en  diminuant  ainsi  l'étendue  du  plomb 
servant  d'encadrement,  sous  le  prétexte  de  s'approcher  davantage  des  effets 
de  la  peinture. 

»  A  mon  sens,  les  arts  divers  doivent  conserver  leur  caractère  spécial.  Je  n  ad- 
mets donc  pas  que  des  vitraux  anciens,  d'une  incontestable  beauté  de  cou- 
leur, seraient  perfectionnés,  sous  le  prétexte  qu'on  en  rendrait  le  dessin 
plus  correct  en  agrandissant  les  pièces  en  en  diminuant  les  plombs.  Il  est 
entendu  que  je  ne  parle  que  des  vitraux  des  grandes  églises,  des  vitraux  de 
la  nef  et  des  rosaces  surtout.  Car  je  reconnais  que  pour  des  chapelles,  des 
oratoires,  des  yjfraux  suisses  peuvent  être  d'un  bel  effet.  Au  reste,  un  des 
mérites  de  l'artiste  verrier  est  d'avoir  calculé  les  effets  des  vitraux  d'après 
la  distance  à  laquelle  ils  apparaissent  au  spectateur. 

))  Conformément  à  cette  manière  de  voir,  je  ne  pense  pas  que  les  vitraux 
actuels  de  la  nef  de  Notre-Dame  de  Paris  produisent  autant  d'effet  que  les 
anciens  vitraux  :  de  près,  le  dessin  peut  en  paraître  plus  correct  que  celui 
des  anciens;  mais  à  la  distance  où  on  les  voit  du  bas  de  l'église,  ce  mérite 
disparaît  et  alors  l'infériorité  des  effets  de  couleur  se  fait  sentir. 

»  A  la  vérité,  au-dessous  de  ces  vitraux  se  trouvent  des  fenêtres  éclairant 
siu'tout  la  partie  de  l'église  qu'on  appelle  les  tribunes;  elles  ne  sont  point  à 
vitraux  peints  ^  mais  à  verres  peints  en  tons  légers  dits  grisailles,  avec  encadrement 
de  verres  colorés,  formant  un  ensemble  dont  l'effet  rappelle  le  store  plutôt 
que  les  vitraux  peints.  Quelle  est  la  conséquence  du  voisinage  de  ces  deux 
rangées  de  fenêtres?  C'est  que  la  lumière  à  peine  colorée,  transmise  par  la  ran- 
gée inférieure,  qui  arrive  à  l'œil  en  même  temps  que  les  lumières  colorées  des 
vitraux  de  la  rangée  supérieure,  nuit  excessivement  à  celles-ci  par  sa  vivacité. 


(  G63  ) 
Malheureusement,  ces  effets  sont  peu  connus,  même  d'un  grand  nombre 
d'artistes. 

»  Un  exemple  plus  frappant  encore  de  l'inconvénient  dont  je  parle  est 
la  contiguïté  de  verres  incolores  doués  de  toute  leur  transparence,  avec, 
non  plus  des  vitraux  peinls,  mais  des  verres  peints  rappelant,  par  le  dessin, 
la  grandeur  des  figures  et  la  dégradation  de  la  lumière,  les  effets  des 
tableaux  proprement  dits.  Cet  exemple  se  voit  aux  Champs-Elysées,  dans  le 
palais  de  l'Industrie  :  la  couverture  en  verre  incolore  touche  à  des  peintures 
qui  sont  l'œuvre  d'un  artiste  justement  renommé,  dont  il  ne  m'appartient  pas 
de  faire  la  critique;  mais  dans  l'intérêt  de  l'art,  je  n'hésite  pas  à  soumettre 
les  remarques  suivantes  au  public,  relativement  à  la  nécessité  d'observer, 
dans  les  oeuvres  du  ressort  des  beaux-arts  qui  parlent  aux  yeux,  le  prin- 
cipe de  l'harmonie  générale  (i).  Ce  principe,  auquel  il  est  si  indispensable 
de  satisfaire,  pour  que  des  œuvres  répondent  à  l'attente  de  ceux  qui  en  ont 
eu  la  pensée,  est  d'une  grande  difficulté  à  observer  dans  la  pratique,  à  cause 
du  grand  nombre  de  personnes  qui  concourent  presque  toujours  d'une  ma- 
nière plus  ou  moins  indépendante  à  l'exécution  iWme  œuvre  unique,  comme 
l'est  l'œuvre  d'un  palais  où  interviennent  l'architecture ,  la  peinture , 
la  peinture  en  bâtiment,  le  tapissier  pour  tenture  et  pour  meubles,  l'ébé- 
niste !  Si  cette  difficulté  n'existait  pas,  comment  s'expliquerait-on  que  la 
même  volonté  eût  placé  dans  le  palais  de  l'Industrie  inie  peinture  sur  verre, 
qui  ne  doit  apparaître  aux  yeux  que  par  une  lumière  tout  à  fait  affaiblie 
relativement  à  la  lumière  blanche  transmise  par  les  vitraux  transparents  de 
la  couverture  de  l'édifice  contigus  à  cette  même  peinture?  Evidemment  cette 
lumière  blanche,  réfléchie  de  toutes  les  surfaces  de  l'intérieur  vers  la  surface 
intérieure  des  verres  peints,  nuit  excessivement  à  l'effet  de  ceux-ci,  puisque 
cette  lumière  blanche  est  réfléchie  en  partie  par  la  surface  intérieure  des 
verres  peints,  en  même  temps  que  ceux-ci  transmettent  une  lumière  colorée 
qui,  toujours  plus  faible  que  la  lumière  blanche,  est  encore  affaiblie  par  les 
ombres  destinées  à  donner  du  relief  à  la  peinture;  l'effet  résultant  de  la 
contiguïté  des  verres  incolores  et  des  verres  colorés  est  donc  tout  différent 
de  l'effet  qui  serait  produit  dans  le  cas  où  les  verres  peints  seraient  placés 
dans  une  pièce  limitée  où  la  lumière  ne  pénétrerait  que  par  ces  mêmes 
verres  et  frapperait  les  yeux  d'un  spectateur  placé  assezprès  des  verres  pour 
apprécier  tous  les  effets  que  l'artiste  a  voulu  produire! 

»  Dans  la  première  rédaction  de  ce  Mémoire,  avant  d'avoir  reçu  le  Mé-* 

(i)  De  la  loi  du  contraste  simultané  des  couleurs,  p.  648. 


(664  ) 
moire  de  M.  Plateau,  j'avais  placé  des  réflexions  sur  la  nécessité  de  bien 
distinguer,  pour  se  rendre  compte  des  effets  des  couleurs,  le  principe  de 
leur  contraste  simultané,  et  le  principe  de  leur  mêlancje;  mais  le  travail  dans 
lequel  le  Mémoire  de  M.  Plateau  m'a  engagé  m'a  déterminé  à  distraire  ce 
sujet  de  ma  première  rédaction  pour  le  reporter  à  la  prochaine  communi- 
cation que  je  ferai  à  l'Académie. 

DE    QnEtQtES    OPINIONS    RELATIVES    4nx    VITRAUX    PEINTS. 

1)  Si  les  effets  optiques  des  vitraux  étaient  plus  connus  et  mieux  connus, 
les  jugements  portés  sur  les  vitraux  modernes,  comparés  aux  anciens,  seraient 
plus  près  de  la  vérité,  et  dès  lors,  connaissant  la  cause  des  grands  effets  de 
ceux-ci,  on  n'exigerait  pas  la  reproduction  des  mêmes  effets  dans  des  con- 
ditions fort  différentes  que  dans  la  plupart  des  cas  on  a  imposées  aux  artistes 
verriers  modernes. 

»  J'ai  dit  pourquoi  les  verres  de  petite  dimension  plutôt  que  de  grande, 
encadrés  dans  du  plomb,  produisent  le  maximum  d'effet,  toutes  choses 
égales  d'ailleurs. 

))  La  conséquence  est  donc  que  si  l'on  exige  des  pièces  de  grande  di- 
mension et  la  suppression  d'un  grand  nombre  des  plombs,  l'artiste  verrier  ne 
pourra  produire  les  effets  anciens. 

»  J'ai  montré  l'inconvénient  d'éclairer  une  église  à  la  fois  par  des  lu- 
mières colorées  et  par  des  lumières  plus  vives  incolores  ou  faiblement  co- 
lorées ;  conséquemment  cette  circonstance  diminuera  le  bon  effet  des  vi- 
traux peints. 

»  Je  dois  ajouter  que  l'économie  fait  employer  aujourd'hui  des  verres 
beaucoup  plus  minces  qu'ils  ne  l'étaient  autrefois;  û  y  a  là  une  cause  in- 
dépendante de  l'artiste  moderne,  pour  que  ses  vitraux,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  soient  plus  criards  que  ne  l'étaient  les  anciens.  En  outre,  on  ne 
doit  pas  faire  un  mérite  à  ceux-ci,  relativement  au  défaut  détre  criards  qu  on 
reproche  aux  vitraux  modernes,  de  l'effet  produit  par  l'altération  du  verre, 
ou  par  un  enduit  convenable  résultant  de  l'action  du  temps. 

»  Enfin,  pour  être  juste  envers  l'artiste,  il  faut  lui  tenir  compte  de  l'exi- 
gence à  laquelle  il  est  aujourd'hui  souvent  soumis,  à  savoir,  que  ses 
vitraux  laissent  passer  une  lumière  suffisante  pour  permettre  une  lecture 
facile  aux  fidèles  qui  assistent  aux  offices. 

1)  D'un  autre  côté,  parmi  les  qualités  attribuées  aux  vitraux  anciens  et 
refusées  aux  vitraux  modernes,  il  en  est  deux  qui  tiennent  à  des  défauts  de 
la  fabrication  des  verres  anciens. 


(  665  ) 

»  Le  premier  défaut  tier.l  à  ce  que  beaucoup  de  verres  anciens  sont  d'iné- 
gale épaisseur,  en  d'autres  termes,  que  leurs  deux  surfaces  ne  sont  point 
parallèles,  qu'elles  présentent  des  parties  convexes  et  des  parties  concaves 
qui  agissent  tout  différemment  sur  la  lumière,  de  manière  à  produire  en 
définitive  des  effets  agréables. 

»  Le  second  défaut  est  chimique.  Il  tient  à  la  composition  du  verre  an- 
cien même,  qui  n'est  point  équivalente  à  du  verre  incolore  plus  un  principe 
colorant,  tel  que  le  proloxyde  de  cobalt,  le  sesquioxyde  de  manganèse,  etc.; 
le  verre  ancien  contient  beaucoup  d'oxyde  de  fer  intermédiaire  qui  le  co- 
lore en  vert,  indépendamment  des  oxydes  de  cobalt,  de  manganèse,  etc.,  et 
c'est  à  cette  existence  du  fer  qu'il  faut  attribuer  la  propriété  qu'ont  certains 
verres  anciens  colorés  par  du  cobalt  de  transmettre  une  couleur  bleue  dé- 
pouillée de  violet,  et  certains  verres  anciens  colorés  parle  manganèse  de 
transmettre  une  couleur  fort  différente  de  la  couleur  donnée  par  l'oxyde 
de  ce  métal  pur  à  un  verre  incoloi-e. 

))  On  voit  donc  que  de  beaux  effets  des  verres  anciens  tiennent  à  des  dé- 
fauts de  fabrication,  a 

«  P.  S.  —  Dans  une  prochaine  communication  je  ferai  connaître  la  com- 
position d'une  poussière  recueillie  sur  les  rayons  d'une  bibliothèque.   » 


«  M.  Regnault,  après  la  communication  de  mon  travail,  a  exprimé  une 
opinion  conforme  à  la  mienne,  relativement  à  la  nécessité,  pour  le  bel  effet 
des  vitraux  colorés,  que  la  lumière  transmise  dans  les  lieux  qu'ils  éclairent 
y  pénètre  à  l'exclusion  de  toute  lumière  blanche. 

>!  Il  avait  remarqué  en  outre  qu'une  des  causes  de  la  supériorité  d'effet 
des  vitraux  anciens  sur  les  vitraux  modernes  tient  aux  accideuîs  de  lumière 
provenant  de  l'inégalité  d'épaisseur  des  premiers,  d'où  résultent  des  surfaces 
convexes  et  concaves  qui  agissent  tout  autrement  sur  la  lumière  que  des 
surfaces  planes  et  parallèles. 

»  C'est  sous  l'impression  des  idées  précédentes  qu'il  a  proposé  à  l'auto- 
rité supérieure,  dans  un  Rapport  resté  inédit  : 

»  1°  De  fabriquer  les  verres  destinés  aux  vitraux,  non  plus  par  le  souf- 
flage, mais  par  le  coulage,  afin  d'éviter  l'effet  monotone,  sur  la  lumière,  des 
surfaces  planes; 

C.  R.,  i863,  z"'"  Semestre.  (T.   LVU,  N"  Î6.)  8g 


(  666  ) 

»  2°  De  mêler  différentes  matières  étrangères  aux  verres  pour  en  diminuer 
la  transparence. 

»  Je  regrette  vivement  que  M.  Regnault  n'ait  pu  réaliser  ses  projets,  dans 
]aconvi,ctionoù  jesuisdu  service  qne  Sèvres, sons  son  habile  direction,  aurait 
encore  rendu  à  l'industrie,  en  lui  donnant  des  spécimens  susceptibles  de 
reproduire  les  effets  des  anciens  vitraux.  Certes,  si  les  manufactures  impé- 
riales ont  une  raison  d'être,  c'est  à  la  condition  de  maintenir  le  bon  goût 
dans  les  produits  qu'elles  confectionnent  respectivement,  et  d'éclairer  des 
lumières  de  la  science  les  différentes  branches  de  l'industrie  qui  se  rattachent 
à  chacune  d'elles  en  parliculier.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

CHIRURGIE.  —  Cnlltétérisme  de  ii)itestin  c/rcle,  j)ralkjué  avec  succès  citez  une 
malade  dont  V estomac  ne  pouvait  supporter  la  présence  des  aliments.  Extrait 
d'une  Note  de  M.  Bi-anchet. 

(Coaimissaires  précédemment  nommés:  MM.  Serres,  J.  Cloquet,  Bernard.) 

«  M™^  de  X.,  âgée  de  vingt-quatre  ans,  a  éprouvé  il  y  a  deux  ans,  par 
suite  de  causes  morales,  des  perturbations  générales  dans  tout  le  système 
nerveux.  La  locomotion  est  devenue  impossible;  les  sens  de  la  vue  et  de 
l'ouïe  ont  subi  une  exaltation  de  sensibilité  qui  nécessite  l'obscurité  et  ne 
permet  pas  de  supporter  les  bruits  et  les  sons  d'aucune  espèce.  Depuis 
treize  mois,  l'estomac  ne  peut  tolérer  l'introduction  de  substances  solides 
ou  liquides  ;  il  survient,  quelques  minutes  après  leur  ingestion,  une  gas- 
tralgie des  plus  violentes,  accompagnée  le  plus  souvent  de  vomissements,  et 
suivie  de  réaction  au  cerveau  qui  cause  constamment  un  coma  de  deux  à 
trois  heures  de  durée. 

»  Tous  les  moyens  usités  en  pareil  cas  avaient  été  vainement  employés. 
Depuis  quelques  semaines  les  vomissements  étant  devenus  presque  constants, 
et  les  forces  de  la  malade  s'épuisant,  nous  nous  sommes  décidé  à  tentei'  le 
cathétérisme  de  l'intestin  grêle.  Le  12  octobre,  nous  avons  pratiqué  pour  la 
première  fois  celte  opération,  à  l'aide  d'une  sonde  en  gomme,  de  i",2o  de 
longueur,  préalablement  ramollie,  et  nous  avons  pu  introduire  de  la  sorte 
dans  le  tube  digestif  700  grammes  de  bouillon  additionné  de  3o  granmies 
d'élixir  de  pepsine,  et  un  verre  d'eau  rougie.  Toutes  ces  substances,  sous- 


(667) 
traites  à  l'action  du  pneumogastrique,  ont  pu  parcourir  les  voies  digestives, 
sans  donner  lieu  aux   mouvements  antipéristaltiques  de  l'intestin  et  aux 
crises  nerveuses  ordinaires.   » 

MÉDECIJNE.  —De  la  pellagre  dans  les  asiles  d'aliénés;  par  M.  H.  Landouzy. 
(Coiimiission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  Bien  que  mes  enquêtes  personnelles,  dans  vingt-sept  asiles  de  France  et 
d'Italie,  m'eussent  pleinement  convaincu  que  l'aliénation  était  une  cause 
rare  de  pellagre,  j'ai  voulu  compléter  l'étude  de  celte  importante  question 
en  priant  les  médecins  des  principaux  asiles  que  je  n'avais  pu  visiter,  de 
passer  une  revue  spéciale  des  mains  de  tous  leurs  sujets,  et  de  m'adresser 
les  résultats  de  leurs  recherches.  Ayant  su,  en  outre,  que  dans  l'établis- 
sement de  Clermont-sur-Oise,  le  plus  nombreux  de  France,  se  trouvait  un 
chiffre  assez  élevé  de  pellagres  parmi  les  aliénés,  je  m'empressai  de  me  ren- 
dre dans  cet  asile,  où  quarante-trois  pellagreux  me  furent  présentés  par  les 
médecins  en  chef,  MM.  Labitte  et  Pain.  Parfaitement  d'accord  avec  eux  sur 
la  nature  de  ces  quarante-trois  cas,  j'étais  au  premier  abord  assez  embar- 
rassé de  ce  chiffre,  en  présence  des  conclusions  de  ma  dernière  leçon, 
dans  laquelle  j'écartais  l'aliénation  mentale  de  l'étiologie  de  la  pellagre. 
Mais  les  explications  claires  et  précises  de  mes  savants  confrères  m'eurent 
bientôt  permis  de  résoudre  cette  apparente  difficulté.  En  effet,  sur  ces  i3oo 
aliénés  de  Clermont,  248  sont  des  pensionnaires  dans  de  parfaites  condi- 
tions de  nourriture  et  d'hygiène,  et  pas  un  des  pensionnaires  ne  devient  pella- 
greux !  400  indigents  employés  comme  colons  sont  dans  de  bonnes  con- 
ditions de  nourritiue  et  d'hygiène,  et  3  seulement  deviennent  pellagreux! 
642  indigents  sont  dans  d'assez  mauvaises  conditions  de  nourriture  et  d'hy- 
giène, et  38  deviennent  pellagreux  ! 

»  Même  résultat  à  Sainte-Gemmes  :  66  cas  de  pellagre  pour  une  période 
de  quatre  ans,  sur  un  total  de  1287  aliénés,  dont  pas  un  seul  pensionnaire! 
Et  notons  bien  ceci,  diminution  de  la  pellagre  en  iSSg,  sous  l'influence  du 
régime  alimentaire  et  particulièrement  de  plus  abondantes  portions  de  vin. 
»  Le  problème  est  donc  résolu,  et  quand  nous  voyons  :  1"  que  dans  qua- 
rante-sept asdes  visités  avec  soin,  il  n'est  pas  un  seul  pensionnaire  qui  soit 
devenu  pellagreux  ;  1°  que  sur  ces  47  asiles,  27  sont  complètement  exempts 
de  pellagre,  même  dans  la  division  des  indigents;  3"  qu'enfin,  d'après  des 
statistiques  inattaquables,  on  ne  voit  pas,  dans  les  asiles  de  France  et  d'Ita- 

89.. 


(  668  ) 
lie,   3  aliénés  sur  looo  devenir  pellagreux,  on  peut  porteries  conclusions 
suivantes  : 

»  La  pellagre  est  rare,  en  général,  dans  les  asiles  d'aliénés.  Lorsqu'elle 
s'y  rencontre,  elle  doit  être  attribuée,  soit  à  l'antériorité  méconnvie  du 
mal,  soit  simplement  aux  mauvaises  conditions  alimentaires  ou  hygiéni- 
ques qiu'  produiront,  chez  dos  aliénés  pauvres,  la  petla  rosa,  absolument 
comme  elles  la  produiraient  chez  desimpies  indigents  non  aliénés;  soit  enfin 
à  d'autres  conditions  locales,  latentes,  et  sur  lesquelles  la  science  n'est  pas 
encore  éclairée. 

»  Si  l'aliénation  mentale  était  la  cause  de  la  pellagre,  en  contribuant 
par  elle-même  à  la  débilitation  de  l'organisme,  comment  expliquer  cette 
absence  absolue  de  l'érythème  caractéristique  dans  vingt-sept  asiles  de 
France  et  d'Italie?  Ce  n'est  donc  pas  l'aliénation  qui  produit  la  pellagre 
dans  les  asiles,  mais  les  mauvaises  conditions  hygiéniques  dans  lesquelles  se 
trouvent  les  aliénés  indigents. 

»  Le  remède  est  à  côté  du  mal.  Quand  les  conseils  généraux  seront  dû- 
ment renseignés  sur  cette  grave  question  d'hygiène  publique,  la  pellagre 
disparaîtra  aussitôt  des  asiles  d'aliénés  et  des  dépôts  de  mendicité.  » 

M.  A.  Galibf.rt  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  ayj/ja/ei7  (/es</ne 
à  permettre  une  libre  et  complète  respiration  aux  personnes  qui  ont  à  séjourner 
ijuelrpie  temps  sous  l'eau  ou  qui  doivent  pénétrer  dans  un  milieu  rempli  do 
gaz  délétères  on  de  fumée.  «  Cet  appareil  se  compose  : 

»  1°  D'une  pièce  de  bois  ayant  la  forme  et  la  dimension  de  la  bouche 
humaine  ouverte;  i°  de  deux  tuyaux  en  caoutchouc  qui  lui  sont  adhérents, 
dont  la  longueur  est  déterminée  par  les  circonstances  où  l'on  doit  opérer; 
3"  d'un  pince-nez  destiné  à  empêcher  l'introduction  de  tout  liquide  ou  de 
tout  gaz  délétère  dans  les  fosses  nasales. 

»  La  pièce  de  bois  est  percée  de  deux  trous  à  chacun  desquels  correspond 
un  des  tuyaux.  L'opérateur  ayant  introduit  la  pièce  en  bois  dans  sa  bouche, 
après  s'être  préalablement  pincé  le  nez,  respire  en  portant  l'extrémité  de 
sa  langue  dans  un  des  trous;  il  l'y  maintient  tant  que  dure  l'inspiration.  Au 
moment  de  commencer  l'expiration,  il  porte  la  langue  dans  le  deuxième 
trou  et  l'y  maintient  aussi  jusqu'à  la  fin  de  l'expiration.  Il  recommence  le 
même  mouvement  pour  chaque  inspiration  et  expiration;  quelques  minutes 
d'exercice  suffisent  à  l'opérateur  nouveau  pour  que  sa  langue  se  porte 
instinctivement  dans  chacune  des  ouverttu'es;  d'ailleurs  une  erreur  n'occa- 
sionnerait aucune  espèce  d'inconvénient 


(669) 

»  Un  des  grands  avantages  de  cet  appareil  consiste  dans  la  rapidité  avec 
laquelle  on  peut  porter  des  secours,  notamment  dans  les  incendies;  en  effet, 
cet  appareil  est  très-portatif  :  un  quart  de  minute  suffit  pour  s'en  armer 
complètement,  et  l'on  peut  s'en  servir  sans  aucune  espèce  d'auxiliaire.  » 

M.  Galibert  pense  que  appareil  offre  encore  un  autre  genre  d'utilité  et 
que  la  thérapeutique  en  pourrait  tirer  parti  pour  des  bains  par  submersion 
complète  dont  l'action  dans  certains  cas  pourrait  être  préférée  à  celle  des 
bains  ordinaires,  où  toutes  les  parties  du  corps  ne  sont  pas  soumises  à  la 
même  pression.  Pour  cet  usage,  l'appareil,  tel  que  nous  venons  de  l'indi- 
quer, pourrait  suffire;  mais  pour  les  plongeurs  et  les  ouvriers  tenus  à  tra- 
vailler sous  l'eau,  M.  Galibert  a  imaginé  certaines  modifications  que  sa  Note 
fait  connaître. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  dit  des  Arts  insalubres.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ministre  de  l'Agricclture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

envoie,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  le  n"  4  fl^s  Brevets  d'invention 
pris  dans  l'année  i863. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Arthui 
Mangin,  un  volume  nouvellement  publié  sous  le  titre  de  «  Mystères  de 
l'Océan   ». 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  M.  Bâche,  le  modèle  en 
plâtre  d'un  solide  sur  la  surface  duquel  deux  systèmes  de  courbes  repré- 
sentent les  variations  diurnes  de  l'aiguille  aimantée,  telles  qu'elles  résul- 
tent, pour  les  années  i84o-i845,  de  la  discussion  des  observations  faites  au 
collège  Girard  de  Philadelphie  durant  ces  années;  sa  représentation  gra- 
phique a  été  donnée  dans  l'ouvrage  sur  ces  observations,  partie  II,  p.  11. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  l'image  pho- 
tographique d'un  métis  de  bouc  et  de  brebis,  et  donne,  d'après  une  Note 
de  M .  Balsamo,  secrétaire  de  la  Société  d'Agriculture  de  Terra  d'Otranto 
(Italie  méridionale),  quelques  détails  sur  la  conformation  et  les  habitudes 
de  l'animal.  M.  Balsamo  désigne  sous  le  nom  de  Tragosoïs  {rpayoç,  bouc. 
01;,  brebis)  cette  sorte  de  métis  qui  est  déjà  mentionnée  dans  les  au- 
teurs anciens,  mais  dont  l'apparition  est  toujours  assez  rare. 


(670) 

ANATOMIE  COMPARÉE.  — /?ec7?erc/ies  sur  la  signification  homoloqicjue  de  quelques 
piècesjaciales  dit  squelette  des  Poissons  ;  par  M.  H.  Hollard. 

ic  Modifiant  les  premières  conclusions  de  ce  travail,  par  suite  de  nou- 
velles études  sur  l'embryogénie  des  Poissons,  j'en  résume  aujourd'hui  les 
résultats  dans  les  termes  suivants  : 

»  1°  Le  groupe  des  cinq  pièces  faciales  comprises  dans  ce  qu'on  a  nommé 
l'aile  temporo-maxillaire,  l'aile  tympanique,  le  suspenseur  delà  mandibule 
comprend  deux  groupes  distincts,  qui  représentent  deux  pièces  ou  éléments 
primordiaux  du  squelette  cartilagineux,  visibles  pendant  toute  la  durée  de 
la  vie  embryonnaire. 

»  2°  Le  groupe  qui  procède  du  cartilage  antérieur  se  compose  du  tympa- 
nique et  du  jugal  de  Cuvier,  et  constitue  le  vrai  suspenseur  de  la  mâchoire 
inférieure,  avec  laquelle  il  est  articulé  par  sa  pièce  inférieure.  Le  groupe 
postérieur,  composé  des  trois  os  que  Cuvier  a  désignés  sous  les  noms  de 
temporal,  de  symplectique  et  Ae  préopercule,  est  un  suspenseur  hyoïdien. 

»  3"  Le  suspenseur  mandibulaire  constitue,  malgré  sa  division,  un  tout, 
qui  est  l'homologue  de  la  caisse  tympanique,  et  par  conséquent  de  l'os  carré 
des  Oiseaux. 

»  4°  I-e  suspenseur  hyoïdien  est  également,  malgré  sa  composition,  le  re- 
présentant d'un  seul  élément  squélétique,  qui  correspond  à  l'apophyse  ou 
os  styloïde  des  Mammifères.  Son  développement  extraordinaire  et  sa  divi- 
sion se  proportionnent  au  rôle  complexe  de  ce  suspenseur,  qui  non-seule» 
ment  porte,  chez  les  Poissons  osseux,  une  corne  hyoïdienne  composée  et 
très-grande,  mais  encore  rattache  à  lui  l'aile  operculaire,  fait  partie  des 
parois  de  la  chambre  branchiale  et  doit  se  prêter  à  des  mouvements  d'ex- 
pansion et  de  contraction. 

»  5°  Le  vrai  temporal  des  Poissons  n'est  pas  compris,  comme  le  pensait 
Cuvier,  dans  le  groupe  du  suspenseur  hyoïdien  ;  la  loi  des  connexions  nous 
désigne  ici  comme  écaille  temporale  la  pièce  que  Cuvier  nommait  le  rnas- 
tdidien.  » 

PHYSIQUE.  —  Addition  à  la  (juatrième  partie  des  Recherches  sur  les  pro- 
priétés optiques  développées  dans  les  corps  transparents  par  l'action  du 
magnétisme.  Note  de  M.  Verdet,  présentée  par  M.  Pastevu". 

«  Les  recherches  dont  j'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie 
un  résumé  dans  la  séance  du  6  avril  dernier  ont  établi  que,  dans  la  gêné- 


(  6?'  ) 
ralité  des  substances  transparentes,  la  dispersion  magnétique  des  plans  de 
polarisation  s'effectue  approximativement  suivant  la  loi  de  la  raison  réci- 
proque des  carrés  des  longueurs  d'onde,  et  quf  cette  loi  ne  souffre  pas 
l'exception  remarquable  à  laquelle  elle  est  sujette  dans  le  cas  des  substances 
actives  par  elles-mêmes. 

»  J'ai  fait  remarquer  que  cette  loi  était  absolument  contraire  à  une 
théorie  des  phénomènes  proposée  par  M.  Charles  Neumann,  mais  qu'elle 
s'accordait  également,  soit  avec  les  équations  différentielles  qui  se  déduisent 
d'une  théorie  proposée  par  M.  Clerk  Maxwell,  soit  avec  d'autres  équations 
différentielles  renfermant  les  dérivées  troisièmes  des  déplacements  molécu- 
laires prises  par  rapport  au  temps.  Mes  expériences  n'avaient  pas  la  préci- 
sion nécessaire  pour  autoriser  un  choix  entre  ces  deux  derniers  systèmes,  et 
elles  paraissaient  d'ailleurs  s'accorder  avec  une  conséquence  qui  leur  est 
commune.  Les  mêmes  calculs,  en  effet,  qui  montrent  que  ces  équations 
conduisent  à  la  loi  approximative  du  carré  des  longueurs  d'onde,  montrent 
aussi  que  l'approximation  de  cette  loi  sera  d'autant  moindre  que  les  coeffi- 
cients A,,  A3,...,  d'où  dépend  le  phénomène  de  la  dispersion  ordinaire^ 
auront  des  valeurs  plus  sensibles;  et,  d'un  autre  côté,  les  substances  qui 
m'ont  paru  s'écarter  le  pins  de  la  loi  (sulfure  de  carbone,  essences,  créo- 
sote) se  font  remarquer  par  la  grandeur  de  leur  pouvoir  dispei'sif. 

»  Afin  de  savoir  exactement  si  cette  coïncidence  avait  le  caractère  d'une 
loi  générale  de  la  nature,  et  d'apprécier  la  valeur  des  conceptions  théo- 
riques de  M.  Maxwell,  j'ai  entrepris  de  nouvelles  recherches  dans  les- 
quelles je  me  suis  efforcé  de  donner  plus  de  précision  aux  expériences.  .Te 
crois  y  être  parvenu,  tant  par  l'augmentation  de  la  puissance  des  appa- 
l'eils  magnétiques  que  par  Taccroissement  d'intensité  du  spectre  lumineux 
qui,  dans  la  méthode  employée  (celle  de  MM.  Fizeau  et  Foucault),  est  le 
sujet  final  de  l'observation  (i).  Mais  pour  ne  conserver  aucun  doute  sur  les 
résultats,  j'ai  prié  un  observateur,  très-exercé  à  ce  genre  d'expériences  (2  j, 
de  l'éprendre  les  mesures  les  plus  importantes,  et  l'accord  de  ses  dé- 
terminations avec  les  miennes  a  été  entièrement  satisfaisant.  Pour  des 
raisons    évidentes  d'elles-mêmes,  j'ai  soumis  d'abord   à    l'expérience  les 


^i)  Cet  accroissement  d'intensité  est  résulte,  tantôt  de  la  concentration  de  la  lumière  au 
moyen  d'une  lentille  cylindrique  sur  la  fente  nécessaire  à  la  production  du  spectre,  tantôt 
de  la  substitution  du  foyer  linéaire  de  cette  lentille  à  la  fente. 

{2)  M.  Gernez,  qui  s'occupe  avec  succès,  depuis  plusieurs  mois,  de  l'élude  du  pouvoir 
rotatoire  des  vapeurs  des  liquides  actifs. 


(672  ) 
deux  liquides  les  plus  transparents  et  les  moins  colorés  parmi  les  li- 
quides fortement  dispersifs  qui  avaient  fait  l'objet  de  mes  premières  re- 
cherches, le  sulfure  de  carbone  et  la  créosote  du  commerce.  Comme  l'étude 
de  ces  deux  substances  a  suffi  pour  résoudre  d'une  manière  décisive  les 
questions  que  je  m'étais  posées,  je  n'ai  pas  jugé  nécessaire,  pour  le  moment, 
d'étendre  mes  expériences  à  d'autres  corps. 

»  J'ai  trouvé,  en  effet,  pour  ces  deux  liquides,  les  séries  suivantes  de  va- 
leurs relatives  du  pouvoir  rotatoire  magnétique  correspondant  aux  diverses 
raies  du  spectre  : 


Valeur  absolue 

moyenne 

Température 

du  double  de  la 

moyenne 

rolation 

des 

F 

G 

pour  la  raie  E. 

observations. 

234 

1,704 

25.28 

0 
24,9 

24. 

.,723 

21.58 

24,3 

Sulfure  de  carbone.     o,5g2     0,768      1,000 
Créosote 0,573     0,758      1,000 

A  des  températmes  très-voisines,  j'ai  obtenu,  à  l'aide  d'un  cercle  ho- 
rizontal à  collimateur  et  à  lunette  excentrique,  construit  par  M.  Brunner  (i), 
les  valeurs  suivantes  des  indices  de  réfraction,  qui  confirment  ce  qu'on 
savait  déjà  de  l'inégalité  de  la  dispersion  du  sulfure  de  carbone  et  de  la 
créosote  : 

Température 
des 
B  C  D  E  F  G  H  observations. 

Sulfure      (  " 

de  carbone,  f  ''^"^   '>6i47    1,6240   i  ,6368   1,6487    1,6728   1,6956  24,4 

Créosote...     »   1,5369  i  .54'2o  1,5488  i  ,5553  1,5678  1,5792      23,9 

Ainsi  la  substance  la  moins  dispersive  s'écarte  de  la  loi  exacte  du  carré  des 
longueurs  d'onde  au  moins  autant,  et  probablement  même  davantage,  que 
la  substance  la  plus  dispersive.  La  relation  que  mes  premières  expériences 
pouvaient  faire  soupçonner  n'est  donc  pas  générale,  et  aucun  des  deux  sys- 
tèmes d'équations  qui  y  conduisent  ne  peut  être  pris  pour  l'expression  de  la 
vérité. 

»  Des  calculs,  qui  ne  peuvent  trouver  place  dans  ce  résumé,  Ibnt  mieux 
ressortir  le  sens  de  cette  conclusion.  Si  l'on  considère  l'indice  de  réfraction  n 
comme  une  fonction  de  la  longueur  d'onde  /,  les  équations  de  M.  Maxwell 


(i)   Cet  iiistrumenf  donnait  immédiatement  les  to  secondes  et  permettait  d'npprécicr  avec 
certitude  les  5  secondes. 


(  673  ) 
conduisent  a   représenter  le  pouvoir  rolatoire  coriespondant  a  une  lon- 
gueur donnée  d'ondulation  parla  formule 


(I) 


»*  Ti  I  n 


m  étant  le  coefficient  proportionnel  à  la  composante  de  l'action  magné- 
tique parallèle  aux  rayons  lumineux,  qui  entre  dans  ces  équations.  Les 
équations  qui  contiennent  les  dérivées  troisièmes  des  déplacements,  prises 
par  rapport  au  temps,  conduisent  a  la  formule 


(II) 


p  =  m  - 


n 


Tn.}' 


Enfin  les  équations  de  M.  Charles  Neumann  conduisent  a  la  formuh 


(III) 


P 


m\  n  —  1 


dl 


Pour  comparer  ces  diverses  formules  à  l'observation,  il  suffit  de  chercher  des 
expressions  empiriques  qui   représentent  exactement  les  indices  observés 

pour  chaque  substance  et  de  les  appliquer  au  calcul  de  — •  Des  expressions  à 

trois  termes,  du  genre  de  celles  qu'on  déduit  de  la  théorie  de  la  dispersion 
de  Cauchy,  m'ont  paru  les  plus  commodes  et  les  plus  exactes.  Elles  m'nni 
servi  à  calculer  les  nombres  suivants  : 


Sulfure  de  carbone .  - 


Formule  (I) 
Formule  (II) 
Formule  (III) 


C  D              E 

0,589  0,760  I ,000 

0,606  0,772  I ,000 

o,g43  o ,967  I ,000 


F 

G 

,234 

1,713 

,216 

I  ,640 

,034 

1,091 

F 

G 

,3,10 

1 ,6o3 

,200 

1,565 

,017 

1  ,<)4i 

C  D  E 

!  Formule  (I)        0,617  0,780  1,000 

Formule  (II j       0,628  0,78g  1,000 

Formule  (III)     0,976  0,998  1,000 

Il  est  clair  que  la  formule  (III)  est  absolument  contraire  aux  observations, 
que  la  formule  (II)  s'en  écarte  beaucoup,  et  que  la  formule  (I),  qui  paraît 
y  convenir  dans  le  cas  du  sulfure  de  carbone,  n'y  satisfait  en  aucune  façon 
dans  le  cas  de  la  créosote.  La  discussion  des  données  numériques  de  l'ex- 
périence montre  que  pour  établir  une  couicidence  entre  la  furmule  (I  )  et 
l'observation,  dans  le  cas  de  la  créosote,  il  faudrait  supposer  une  erreur 
moyenne  de  quarante  minutes  sur  les  mesures  des  rotations;  et  même,  si  I'oti 

c.  R.,  i863,   -■"'«  Semestre   (T.  LVII,  No  16.)  9O 


(  674  ) 
rétablissait  ainsi  l'accord  pour  les  raies  C  et  D,  on  augmenterait  1<;  désac- 
cord pour  les  raies  F  et  G,  et  vice  versa. 

»  Aucune  des  théories  proposées  jusqu'ici  n'est  doue  confirmée  par  l'ex- 
j>érience.  Il  y  a  plus  :  on  peut  affirmer,  ce  me  semble,  que  le  développement 
du  pouvoir  rotatoire  magnétique  n'est  pas  le  résultat  d'un  mécanisme 
imique,  le  même  dans  tous  les  corps,  et  troublé  seidement  par  les  causes 
d'où  résulte  le  yjhénomène  de  la  dispersion.  Ce  mécanisme  inconnu  a  sans 
doute  un  caractère  commun  dans  tous  les  corps,  puisqu'il  paraît  que  dans 
tous  les  corps  les  phénomènes  suivent  approximativement  la  même  loi  ;  mais 
il  doit  aussi  offrir  des  particularités  spéciales  à  chaque  corps,  que  la  con- 
naissance des  propriétés  optiques  est  insuffisante  à  faire  prévoir. 

»  Il  reste  d'ailleurs  établi  que  l'existence  d'une  grande  dispersion  a  pour 
conséquence  des  perturbations  sensibles  de  la  loi  simple  du  carré  des  lon- 
gueurs d'onde,  sans  être  la  cause  unique  de  ces  perturbations.  C'est  ainsi 
que  l'existence  d'une  forte  réfraction  a  pour  conséquence  habituelle  un  fort 
pouvoir  rotatoire  magnétique,  sans  que  ces  deux  propriétés  physiques 
soient  dans  une  relation  constante  l'une  avec  l'antre.  » 

TECHNOLOGIE.  —  Sur  t'iitidlé  et  les  inconvénients  des  cuvages  prolongés  dans 
la  fabrication  du  vin. — Sur  la  fermentation  alcoolique  dans  celle  fabrication. 
Note  de  M.  A.  Béchamp. 

«  On  peut  définir  le  cuvage  :  un  séjour  plus  ou  moins  prolongé  du  vin 
sur  les  peaux,  ou  sur  les  peaux  et  les  rafles  du  raisin. 

»  L'expérience  m'a  appris  que  les  cuvages  prolongés  ne  sont  jamais  nui- 
sibles; au  contraire,  ils  permettent  seuls  d'obtenir  des  vins  parfaits,  mais  ;i 
une  condition  :  c'est  que  l'on  évitera  soigneusement  le  contact  de  l'air. 

«  Les  anciens  auteurs  et  les  plus  récents  recommandent  impérieusement 
de  décuver  vite,  c'est-à-dire  «  aussitôt  que  le  premier  affaissement  du  clia- 
))  peau  a  commencé  d'être  sensible,  ou  lorsque  la  fermentation,  après 
»   avoir  atteint  son  maximum,  sera  dans  sa  période  décroissante.  » 

11  Pourquoi,  dans  la  manière  usuelle,  et  aujourd'hui  habituelle,  de  traiter 
la  fermentation  vineuse,  a-t-on  raison  de  se  hâter?  Parce  qu'il  faut  sous- 
traire le  vin  au  contact  du  chapeau,  avant  que  ce  contact  soit  devenu  nui- 
sible. Or,  le  contact  du  chapeau  devient  nuisible  dès  que  des  moisissures 
s'y  sont  développées  par  la  rentrée  de  l'air  dans  les  tonneaux  ou  dans  les 
cuves. 

»  Tant  que  la  fermentation  est  vive,  tout,  dans  le  tonneau,  est  imprégné 


(  675  ) 
d'acide  carbonique,  et  le  tonneau  Iiii-méine  en  est  lempli.  Pendant  ion! 
ce  temps  le  marc  sonlevé  (le  chapeau),  l'écume  et  le  vin  sont  soustraits  à 
l'influence  de  l'air  et  à  l'influence  plus  pernicieuse  des  germes  qu'il  apporte 
avec  lui.  Donc,  si  l'on  décuve  dès  que  le  chapeau  commence  à  s'affaisser, 
ou  des  que  la  fermentation  cesse  d'être  tumultueuse,  il  est  clair  que  l'on 
soustraira  le  vin  à  l'influence  des  organismes  que  ces  germes  peuvent  déve- 
lopper dans  le  chapeau.  Les  décuvages  précoces  n'ont  pas  d'autre  raison 
d'êîre,  bien  que  jusqu'ici  l'on  ne  se  soit  pas  bien  rendu  compte,  à  mon 
avis,  de  la  cause  de  cette  absolue  nécessité. 

»  Mais  est-il  bien  démontré  que  des  moisissures  se  développent  dans 
le  chapeau  et  dans  l'écume,  aussitôt  que  la  fermentation  cesse  d'être  vive? 
Rien  de  plus  vrai,  rien  de  pins  réel,  et  j'ajoute,  rien  de  plus  fâcheux  ! 

»  Pendant  l'automne  de  1862,  je  me  suis  assuré  de  la  naissance  des 
moisissures.  L'une  de  mes  fermentations  avait  été  faite  avec  le  même  raisui 
que  celui  qui  avait  servi  à  d'antres  expériences  (où  la  fermentation  avait  eu 
lieu  à  l'abri  de  l'air),  mais  où  l'air  avait  eu  accès  par  une  très-petite  ouver- 
ture. Le  cuvage  n'avait  pas  été  prolongé,  et  j'ai  constaté  la  formation  des 
moisissures  dans  presque  toute  la  profondeur  de  la  couche  des  marcs  sou- 
levés. Le  vin  que  j'ai  obtenu  n'était  ni  beau  ni  bon,  et  il  ne  s'est  pas  con- 
servé. Il  était  moins  alcoolique  et  contenait  plus  de  matières  extractivesque 
les  vins  faits  à  l'abri  de  l'air;  ceux-ci  étaient  excellents;  ils  se  sont  con- 
servés et  s'améliorent  tous  les  jours,  et  cependant  les  cuvages  avaient  duré 
d'un  à  trois  mois.  Mais  il  en  est  peut-être  autrement  dans  la  vinification 
en  grand  ?  Ce  serait  une  erreur  que  de  le  penser.  Non,  ici  comme  là,  et 
dans  des  conditions  bien  plus  défavorables,  les  moisissures  se  développent 
des  que  la  fermentation  cesse  d'être  tumultueuse,  et,  si  l'on  note  que  ce 
développement  coïncide  avec  la  température  relativement  élevée  des  pro- 
duits du  tonneau  ou  de  la  cuve,  ou  comprendra  que  son  effet  doit  être  bien 
plus  désastreux  que  dans  mon  expérience,  où  la  température  n'avait  pu 
s'élever  autant. 

»  J'ai  eu  l'occasion  de  vérifier  ce  fait  de  mon  expérience  pendant  les 
vendanges  de  cette  année,  sur  plusieurs  fermentations  en  grand,  faites  sur 
21  000  et  28000  litres.  Je  n'ai  pas  vu  un  seul  tonneau  dont  le  chapeau,  au 
septième  jour,  ne  fût  imprégné  de  moisissures  de  plusieurs  espèces,  de  fer- 
ments globuiiformes  différant  de  la  levure  de  bière,  et  de  ces  ferments  nom- 
breux affectant  des  formes  si  différentes  qui  se  résument  dans  l'expression 
de  filiforme,  que  j'avais  observés  dès  l'année  dernière  dans  mes  fermenta- 
tions de  laboratoire. 

90. 


(  676  ) 

»  11  en  est  de  même  de  l'écume  des  tonneaux  où  l'on  fait  le  vin  blanc  : 
elle  est  chargée  de  ces  petits  organismes,  dés  que  l'air  peut  rentrer  libre- 
ment dans  les  tonneaux,  ce  qui  arrive  inévitablement  dés  que  la  quantité 
d'acide  carbonique  n'est  plus  assez  grande  pour  s'opposer  efficacement,  par 
son  effort,  à  cette  libre  rentrée. 

»  Puisque  ces  productions  naissent  si  rapidement,  on  comprend  ia  né- 
cessité de  décuver  vite.  Je  le  répète,  c'est  là  l'explication  de  cette  pratique 
que  nous  ont  léguée  l'observation  et  l'expérience  des  anciens. 

»  La  conséquence  immédiate  de  ceci,  c'est  que  si  l'on  veut  éviter  l'in- 
lluence  de  ces  organismes,  il  fliut  décuver  avant  leur  développement,  c'est- 
à-dire  avant  la  fin  de  la  fermentation  tumultueuse.  On  tomberait  ainsi  dans 
l'excès  opposé  :  or,  l'excès  en  tout  est  fâcheux. 

»  Voici,  à  mon  point  de  vue,  en  quoi,  dans  ces  conditions,  les  cuvages 
prolongés  sont  funestes.  J'ai  remarqué  que,  dans  les  fermentations  où  l'air 
avait  eu  accès,  le  chapeau  prenait  rapidement  un  aspect  blafard,  que  la  saveur 
du  marc  avait  quelque  chose  de  désagréable  qui  n'était  pas  du  tout  vineux. 
Cet  état  va  en  augmentant  jusqu'à  ce  que  toute  la  surface  du  chapeau  soit 
devenue  aigre.  Or  cette  altération  gagne  rapidement  toute  la  profondeur 
du  chapeau,  grâce  à  sa  porosité.  Deux  jours  après  que  la  fermentation  tumul- 
tueuse a  cessé,  on  trouve  déjà  des  moisissures  à  plus  d'un  décimètre  de  pro- 
fondeur dans  le  marc  soulevé.  Donc  le  vin  peut  être  lui-même  atteint,  et, 
comme  le  chapeau  en  est  imprégné  par  capillarité,  on  comprend  que  le 
décuvage,  quelle  que  soit  la  marche  que  l'on  suive,  entraîne  avec  le  vin, 
outre  les  moisissures,  les  matières  altérées  du  chapeau.  C'est  de  là  que 
vient,  selon  moi,  la  saveur  désagréable  des  vins  que  l'on  obtient  dans  ces 
conditions;  voilà  d'où  vient  l'âpreté  détestable,  le  goût  de  terroir.  Ce  goût 
n'existe  pas  dans  les  longs  cuvages  faits  à  l'abri  de  l'air. 

»  Du  reste,  je  n'avance  là  rien  que  je  n'aie  vérifié.  Dans  les  vins  décuvés 
au  huitième  jour,  surtout  dans  les  vins  de  presse,  même  de  ceux  qui  avaient 
fermenté  dans  des  tonneaux  assez  bien  clos  pour  que  l'accès  de  l'air  ait  été 
restreint,  j'ai  constaté  la  présence  de  myriades  d'individus  de  ferments  de 
toute  forme. 

»  De  tout  cela  il  ressort  donc  que,  si  l'on  ne  peut  pas  éviter  l'accès  de 
i  air,  il  faut  décuver  tôt,  le  plus  tôt  possible,  au  risque  d'obtenir  des  pro- 
duits incomplètement  fermentes,  et  de  laisser  la  fermentation  s'achever 
dans  des  tonneaux  pleins,  comme  en  Champagne,  d'après  M.  Dumas. 

»  Maintenant,  voici  ce  que  mes  dernières  observations  m'ont  suggéré 
pour  faciliter  les  cuvages  plus  prolongés. 


(677) 

»  Je  prévois  que  de  longlemps  on  ne  pourra  changer  le  mode  de  procéder 
actuellement  en  usage,  puisque  les  installations  sont  faites  d'après  des  prin- 
cipes différents  de  ceux  que  j'ai  conçus.  Pour  les  utiliser,  pour  soustraire  le 
chapeau  au  contact  de  l'air,  et  pour  ramener  les  conditions  à  celles  des  ter- 
mentalions  en  vases  clos,  voici  comme  il  me  semble  que  l'on  devrait  pro- 
céder :  il  faudrait  immerger  le  chapeau  en  versant  du  vin  par-dessus,  avant 
que  la  fermentation  tumultueuse  touche  à  sa  fin;  remplir  le  tonneau  jus- 
qu'à la  bonde,  ouiller  avec  soin,  de  façon  que  la  plus  mince  couche  d'écume 
soit  exposée  à  l'air.  Pour  cela,  il  suffirait  de  tirer  le  vin  d'un  tonneau  voisin, 
pendant  que  la  fermentation  y  est  encore  vive  ou  sur  le  point  de  cesser  de 
l'être.  Un  tonneau  ou  une  cuve  destinés  à  cet  usage  seraient  établis  dans 
chaque  cellier  pour  chaque  espèce  de  vin,  et,  aussitôt  épuisé,  on  soumet- 
trait le  marc  à  la  presse  pour  le  répartir  dans  les  divers  tonneaux,  où  la  fer- 
mentation s'achèverait  ainsi  en  quelque  sorte  à  l'abri  absolu  de  l'air.  La 
combinaison  de  ce  moyeu  avec  ceux  que  j'ai  proposés,  dans  les  six  leçons 
que  j'ai  faites  récemment  sur  la  fermentation  alcoolique  dans  la  fabrication 
du  vin,  me  paraît  devoir  résoudre  la  question  delà  manière,  sinon  la  plus 
heureuse,  du  moins  la  plus  économique.  Plusieurs  des  faits  sur  lesquels  j'ai 
insisté  me  paraissent  les  uns  nouveaux  et  les  autres  oubliés,  je  demande  à 
l'Académie  la  permission  de  les  résumer  dans  les  conclusions  suivantes  : 

»  1 .  Le  sucre  de  canne  n'est  pas  un  sucre,  car  il  ne  possède  ni  la  faculté 
de  fermenter  directement,  ni  de  réduire  le  réactif  de  M.  B;irreswil.  Comme 
la  dextrine,  il  se  combine  avec  les  éléments  de  l'eau,  pour  se  convertir  en 
glucose,  sous  l'influence  des  acides  ou  d'un  ferment. 

»  2.  J'ai  montré,  depuis  longtemps,  que  le  ferment  glucosique  du  sucre 
de  canne  se  développe  spontanément  par  la  germination  des  germes  appor- 
tés par  l'air  dans  les  dissolutions  de  ce  corps.  J'ai  ainsi  fourni  la  démons- 
tration que  le  sucre  de  canne  peut  se  transformer  en  glucose  autrement 
que  par  les  acides. 

»  3.  La  levure  de  bière,  par  elle-même,  agissant  comme  une  moisissure, 
dans  le  premier  moment  de  son  action  sur  le  sucre  de  canne,  se  comporte 
comme  un  ferment  de  surcomposition  analogue  à  celui-là. 

•'  4.  Le  ferment  uait  à  l'aide  de  germes  venus  de  l'air,  dans  un  milieu 
où  coexistent  le  sucre  et  la  matière  albuminoïde.  Ceci  est  la  conséquence 
de  mon  travail  sui'  le  développement  des  moisissures  dans  l'eau  sucrée  et 
leur  action  subséquente  sur  le  sucre  de  cnnne. 

»  5.  A  la  suite  de  M.  Duîuas  j'ai  admis  que  le  ferment  est  un  être  orga- 
nisé qui  agit  et  se  nourrit  à  la  manière  des  animaux. 


(  6-8  ) 

»  6.  La  fermentation  alcoolique,  par  l'influence  du  ferment  sur  l'eau 
sucrée,  sans  l'addition  d'une  matière  albuminoide  dans  un  état  convenable, 
est  une  action  contre  nature;  car  l'être  organisé  ne  peut  pas  se  développer, 
se  nourrir  et  se  multiplier  normalement. 

»  7.  Pendant  la  fermentation,  dans  un  milieu  seulement  sucré,  les  glo- 
bules ne  peuvent  se  multiplier  et  s'accroître  qu'en  se  nourrissant  des  maté- 
riaux fournis  par  leurs  mères.  Voilà  pourquoi  le  ferment,  tout  en  se  multi- 
pliant, fournit,  en  poids  absolu,  moins  de  produit  qu'on  n'en  a  employé. 
Il  s'agit  ici,  bien  entendu,  des  fermentations  qui  ne  durent  pas  trop  long- 
temps, celles  où  l'on  a  employé  une  assez  grande  quantité  de  levure. 

■>  8.  La  fermentation  n'est  complète,  dans  le  sens  défini  par  M.  Dumas, 
que  si  le  ferment  est  convenablement  nourri. 

11  9.  Pendant  l'acte  physiologique  de  la  vie  du  ferment  (assimilation  et 
désassimilation)  dans  le  milieu  fermentescible,  il  y  a  dégagement  de  clialein-. 
L'élévation  de  la  température  est  en  rapport  avec  la  masse  qui  fermente,  la 
quantité  de  ferment,  c'est-à-dire  le  nombre  d'individus  qui  consomment,  et 
avec  la  température  initiale  du  mélange  et  du  milieu  ambiant.  Ceci  me  pa- 
rait une  conséquence  de  la  nature  plutôt  animale  que  végétale  de  la  cellule 
du  ferment. 

>>  10.  Dans  les  conditions  les  plus  physiologiques  de  la  fermentation,  il 
y  a  formation  nécessaire  d'acide  acétique  et  d'autres  acides  volatils. 

'1  11.  Si  des  acides  volatils  se  forment  dans  la  fermentation  alcoolique, 
les  éthers  odorants  de  ces  acides  doivent  se  développer  et  se  développent, 
en  effet,  dans  tous  les  cas. 

»  12.  Dans  le  moût  de  raisin,  la  naissance  du  ferment  accomplit  deu.v 
choses.  Le  ferment  élimine,  en  la  rendant  insoluble  dans  son  organisme, 
la  matière  albuminoide  du  raisin,  et  transforme  le  sucre  ainsi  que  d'autres 
matériaux  du  moût. 

))  13.  Le  vin  normalement  et  complètement  fait  ne  contient  plus  de  ma- 
tière albuminoide  proprement  dite. 

»  14.  Dans  la  fermentation  du  jus  de  raisin  le  sucre  ne  se  transforme 
pas  toujours  complètement,  parce  que  le  milieu  devient  trop  complexe. 
Une  expérience  a  montré  que  le  sucre  ne  se  transforme  intégralement  que 
lorsque  le  moût  n'en  contient  guère  plus  de  200  grammes  par  litre,  et  que 
dans  la  fermentation  du  moût  le  sucre  fournit  plus  d'alcool  et  moins  d'acide 
carbonique  que  n'en  exige  la  théorie. 

»  \ô.  D'après  Chaptal,  Le  Gentil  et  Poitevin  avaient  signalé  l'élévation 
de  la   température  pendant  la  fermentation  du  raisin.  La  température  est 


(  ^79) 
d'aurant  plus  élevée  que  celle  du  lieu  l'est  davantage,  et  la  masse  eu  feiuieii. 
lation  plus  considérable.  J'insiste  sur  les  inconvénients  du  trop  grand  déga- 
gement de  chaleur  pendant  la  fermentalion  vineuse. 

»  16.  Le  dégagement  considérable  de  chaleur  augmente  le  volume  dt- 
l'acide  carbonique,  et  par  suite  la  perte  d'alcool  et  des  composés  volatils 
éthérés  qui  se  forment  pendant  la  fermentation  et  qui  contribuent  à  former 
le  bouquet  des  vins. 

)i  17.  En  effet,  j'ai  constaté  la  formation  de  composés  éthérés  à  odeur 
de  fruits  pendant  la  fermentation  vineuse  comme  pendant  la  fermentation 
artificielle,  et  cela  comme  une  conséquence  de  la  formation  des  acides  vo- 
latils. 

«  18.  Le  développement  de  chaleur  étant  d'autant  moindre  que  l'on  fait 
fermenter  sous  un  plus  petit  volume  et  à  plus  basse  température,  il  s'ensuit 
que  l'on  fera  bien  d'éviter  les  fermentations  en  masses  trop  considérables. 

»  19.  J'ai  conseillé  les  cuvages  prolongés,  mais,  pour  qu'ils  soient  utiles 
et  non  dangereux,  il  faut  éviter  le  contact  de  l'air. 

»  20.  J'ai  noté  l'influence  désastreuse  de  l'air  et  de  la  naissance  des  moi- 
sissures dans  le  clmpeau  formé  par  le  marc  soulevé  dans  les  tonneaux  ou  1  on 
fait  fermenter  avec  peaux  ou  avec  peaux  et  rafles,  et  j'ai  attribué  à  ces  moi- 
sissures l'altération  des  matériaux  de  ces  marcs  et,  plus  tard,  l'altération  du 
vin  lui-même.  La  porosité  du  chapeau  et  les  moisissures  sont  une  cause  puis- 
sante de  l'absorption  de  l'oxygène  et  de  l'acétification  du  marc. 

»  21.  M.  Dumas  avait  depuis  longtemps  signalé  les  mucors  blanchàties 
qui  se  produisent  spontanément  dans  les  vins,  comme  une  cause  d'altération 
rapide  de  ces  liquides.    « 

L'Ikstitution  S.mithsoxienne  remercie  l'Académie  pour  l'envoi  de  ses  plus 
récentes  publications,  et  hd  envoie,  avec  son  Rapport  annuel  pour  i86r, 
plusieurs  volumes  ou  livraisons  de  Recueils  scientifiques  des  États-Unis. 

M.  Robinet,  qui  avait  lu  dans  une  des  précédentes  séances  un  Mémoire 
«  sur  quelques  faits  pouvant  servir  à  l'étude  de  l'eau  de  la  pluie  »  (voir  le 
Compte  7 c»f/»  de  la  séance  du  7  septembre  i863),  prie  l'Académie  de  vou- 
loir bien  l'autoriser  à  reprendre  son  travail  qu'il  se  propose  de  compléter. 

Cette  autorisation  est  accordée. 

M.  MiiiALiNEz  demande  et  obtient  une  semblable  autorisation  pour  le 
Mémoire  qu'il  avait  précédemment  adressé  d'Ancône  sous  le  tilre  suivant  : 
«  Le  Soleil  et  sa  relation  avec  les  autres  corps  célestes  ».  Ce  Mémoire,  pré- 


(  G8o  ) 
sente  a  la  séance  au  5  janvier  dernier,   avait  été  renvoyé  à  l'examen  de 
M.  Paye. 

La  séance  est  levée  à  5  henres.  F. 


BULLETIN'    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  u)  octobi-e  i863  les  onvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Les  mystères  de  l'Océan;  par  Arthur  M  Ain  Gl^.  Tours,  i864;  vol.  in-8°, 
avec  de  nombreuses  gravures  intercalées  dans  le  texte. 

Cours  de  physique  élémentaire  avec  les  applications  à  la  météorologie;  par 
P. -A.  Daguin.  Paris  et  Toulouse,  1 863;  vol.  in-8''  avec  figures  intercalées 
dans  le  texte.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Babinet.) 

Le  télégraphe  dans  ses  relations  avec  la  jurisprudence  civile  et  commerciale  . 
/;ar  FilippoSERiFllsl,  traduit  et  annoté  par  Lavi.\lle  DE  Lameillère.  Paris. 
i863;  in-8°. 

De  la  pellagre  sporadiguc;  quatrième  leçon  clinique,  par  H.  Lakdouzy. 
Paris;  br.  in-8". 

Recherches  sur  un  cyslique  polycéphale  du  Lapin,  et  sur  le  ver  qui  résulte  de 
sa  transformation  dans  l'intestin  du  Chien;  par  M.  C.  Baillet.  [Extrait  des 
Mémoires  de  l' Académie  impéricde  des  Sciences  de  Toulouse.)  Br.  in-8°. 

Notice  bibliographique  sur  les  publications  Jaites  par  la  Société  centrale 
d'Agriculture  de  Frcmce  pendant  un  siècle,  depuis  son  origine,  en  1761, /«s- 
(ju'en  1 86a  ;  dressée  par  Louis  Bouchard-Huzard.  (Extrait  des  Mémoires 
de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture  de  France,  année  1861.) 
Paris,   i863;  br.  in-8".  (2  exemplaires;  présenté  par  M.  Chevreul.) 

Rapport  sur  une  herborisation  jaite  le  i5  août  18G1  par  la  Société  Botanique 
de  France  à  Coucron  {Loire-Inférieure) ,  rédigé  et  présenté  à  la  Société  par 
M.  Edouard  DuFOua.  (Extrait  du  Bulletin  de  ta  Société  Botanique  de  France.) 
Paris,  quart  de  feuille  in-8". 

Notes  m/cologiques  ;  par  le  même.  (Extrait  des  Annales  de  la  Société  Aca- 
démique de  Nantes.  )  Nantes;  br.  in-8''. 

Rapport  sur  les  travaux  de  la  section  des  Sciences  naturelles  de  la  Société 
Académique  de  la  Loire- Injérieure  pendant  l'année  1862  ;  par  le  même.  (Ex- 
trait du  même  recueil.)   Nantes;  br.  in-8°. 

Leçons  sur  la  fermentation  vineuse  et  sur  la  fabrication  du  vin;  par  M.  Blt- 
CHAMP.  Monipellier,  i863;  vol.  in-12. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  26  OCTOBRE  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COSOIUIVICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE.  —  Noie  sur  l'irradiation  des  corps  incandescents; 
par  M.  Edm.  Becquerel. 

"  Dans  la  séance  du  12  octobre,  M.  de  la  Provostaye  a  présenté  une 
Note  dans  laquelle  il  discute  quelques-unes  des  conclusions  auxquelles  j'ai 
été  conduit  en  étudiant  l'irradiation  des  corps  incandescents,  conclusions 
qui  seraient  en  désaccord  avec  les  résultats  qu'il  avait  obtenus  antérieure- 
ment, conjointement  avec  M.  P.  Desains. 

»  Etant  absentde  Paris,  je  n'ai  pas  eu  connaissanceimmédiatement  de  cette 
Note,  et,  bien  que  dans  une  des  prochaines  séances  de  l'Académie  je  compte 
avoir  l'honneur  de  donner  communication  de  la  suite  de  mes  recherches 
sur  la  détermination  des  hautes  températures  et  l'irradiation  des  corps 
incandescents,  j'ai  voulu  répondre  dès  à  présent,  en  peu  de  mots,  à  la 
Note  dont  il  s'agit. 

»   Les  principaux  points  traités  dans  cette  Note  sont  les  suivants  : 

»  1°  Les  différents  corps  portés  à  l'incandescence  sont-ils  également 
lumineux  à  même  température? 

»  2°  Tous  les  corps  commencent-ils  à  devenir  lumineux  à  partir  de  la 
même  limite  de  température? 

M  En  ce  qui  concerne  le  premier  point,  M.  de  la  Provostaye  me  fait 

C.  R.,  |863,  2""?  Semestre.  (T.   LVII,  N»  17.)  9I 


(  682  ) 
tenir  un  langage  qui  n'est  pas  le  mien;  car  j'ai  bien  expliqué  au  commen- 
cement (le  mon  travail  (i),  et  j'ai  résumé  clans  la  cinquième  conclusion 
cette  conséquence  déjà  admise  de  l'inégalité  des  pouvoirs  émissifs  des  corps 
pour  la  lumière  à  température  égale;  j'ai  seulement  dit  que  dans  les  con- 
ditions de  mes  expériences  et  au  milieu  d'une  enceinte  dont  tous  les  points 
sont  également  échauffés,  certains  corps  opaques,  comme  le  charbon,  l'as- 
beste,  le  platine,  la  magnésie,  avaient  présenté  sensiblement  la  même  inten- 
sité lumineuse  par  irradiation  ;  mais  d'autres  corps,  conmie  le  fer,  le  cuivre 
oxydé,  ont  donné  des  résultats  moindres. 

»  D'un  autre  coté,  un  couple  thermo-électrique  platine-palladium  porté 
à  l'incandescence,  soit  au  milieu  d'un  tube  en  terre,  soit  dans  la  flamme 
d'un  chalumeau  à  gaz,  à  égalité  d'indication  rhéométrique,  avait  donné 
sensiblement  la  même  intensité  lumineuse.  Ce  dernier  résultat  était  très- 
important  pour  le  travail  dont  je  m'occupais  et  pour  les  conséquences  à 
en  déduire  relativement  à  la  fixation  des  limites  de  température  au  moyen 
de  la  méthode  optique  que  j'ai  indiquée.  Du  reste,  mon  but  n'a  pas  été  de 
déterminer  les  rapports  entre  les  pouvoirs  émissifs  des  corps  pour  la  lu- 
mière, mais  bien  de  rechercher  quelle  est,  pour  un  même  corps,  la  loi 
d'émission  quand  la  température  change. 

»  Quant  au  second  point,  M.  de  la  Provostaye,  dans  un  travail  pidjlié 
en  i863,  a  dit  que  tous  les  corps  ne  devenaient  pas  lumineux  à  partir  de  la 
même  limite  de  température,  et  les  résultats  expérimentaux  que  j'ai  obtciuis 
avec  plusieurs  substances  paraissent  contraires  à  cette  supposition.  » 

CHIiMIE  APPLIQUÉK  AUX  BEWX-Anrs.  —  Jppendice  au  Mémoire  sur  les  vitraux 
peints  et  observations  sur  la  diffusion  de  la  matière  ;  par  M.   Chevrecl. 

«  Je  n'ai  pas  eu  assez  d'enduit  des  vitraux  de  Chartres,  de  Bourges,  etc., 
pour  en  faire  un  examen  suffisant;  cependant  les  enduits  des  vitraux  des 
cathédrales  de  ces  deuxvilles  m'ont  présenté  des  résultais,  sinon  identiques, 
du  moins  analogues  à  ceux  que  j'ai  exposés  dans  le  Mémoire  précédent. 

»   J'ai  extrait  des  derniers  vitraux  : 

»  Une  matière  organique  azotée  soluble  dans  l'eau  ; 

»   Une  matière  colorante  jaune  ; 

»   Du  sulfate  de  chaux  ; 

»  Du  chlorure  de  sodium  octaèdre,  cubo-octaèdre,  cubique; 

(i)   Foir  t.  LXVIII  (les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique ,  3"  série. 


(  683  ) 

1)   Une  matière  grasse  soliible  dans  l'alcool  ; 

))   Du  noir  de  fumée  ; 

»   Du  soiis-carbonalc  de  diaux; 

»   De  Vargilejcrriigiiieiise  ; 

"   De  la  silice  sableuse. 

>i  La  proportion  du  sous-carbonale  de  chaux  au  sulfate  de  chaux  était 
notablement  plus  forte  que  dans  les  vitraux  de  Paris. 

»  Dans  des  vitraux  du  xni"  siècle,  j'ai  observé  des  pièces  qui  avaient  été 
corrodées  sur  la  face  externe,  et  dont  l'enduit  sur  la  face  interne  était  d'une 
épaisseur  égale  à  celle  de  l'enduit  externe  des  vitraux  de  Saint-Gervais  bien 
moins  anciens. 

»  Malheureusement  la  petite  quantité  d'enduit  des  vitraux  anciens  ne  m'a 
pas  permis  de  la  soumettre  à  tous  les  essais  auxquels  l'a  été  celui  des  vitraux 
de  Saint-Gervais.  Cependant  je  puis  dire  qu'il  y  avait  dans  l'enduit  des  pre- 
miers proportionnelleiiicnt  plus  de  sous-carbonate  de  chaux  relativement  au 
sulfate  de  même  base,  qu'il  y  avait  bien  moins  de  noir  de  fumée  et  de  matière 
organique  jaune,  susceptible  de  teindre  les  étoffes,  matière  qui,  si  elle  n'est 
pas  identique  à  celle  de  la  suie,  y  est  analogue. 

»  Lorsqu'il  y  avait  du  plomb,  il  n'y  en  avait  que  des  traces. 

»  J'ai  cherché  vainement  l'acide  azotique  dans  les  enduits. 

»  L'examen  des  enduits  des  vitraux  me  conduisit  à  faire  celui  de  la  pous- 
sière d'iuie  bibliothèque  dont  la  boiserie  de  chêne  avait  été  passée  à  l'encaus- 
tique il  y  a  quatre  ans  environ. 

»  Cette  poussière  vue  au  microscope  paraissait  formée  de  filaments  coiuts 
et  de  parties  grenues;  elle  se  mouillait  difficilement. 

»  L'eau  de  macération  était  très  légèrement  alcaline  au  papier  rouge  de 
tournesol. 

»  Elle  avait  dissous  : 

»  i**  Une  matière  oî-angcâlre,  formée  évidemment  de  trois  corps  au  moins  : 
d'un  principe  azoté,  d'un  principe  colorant  jaune  et  d'un  principe  gras; 

»    2°  Du  sulfate  de  ctiaux; 

»  3°  Du  chlorure  de  sodium  cristallisant  en  octaèdres,  cubo-octaèdres  et 
cubes; 

»   4"  ^"  set  ammoniacal. 

1)  L'alcool  bouillant,  appliqué  à  la  poussière  épuisée  par  l'eau,  laissa  dé- 
poser une  matière  floconneuse  à  laquelle  je  reconnus  toutes  les  propriétés  de 
la  cire.  J'en  dirai  plus  loin  l'origine. 

))  La  poussière,  épuisée  par  l'alcool,  fil  une  légère  effervescence  avec  l'eau 

91.. 


(  684  ) 
aiguisée   d'acide  azotique,  parce  qu'elle  contenait   du  sous- carbonate  de 
chaux;  aussi  la  liqueur  filtrée  précipitait-elle  de  l'oxalate  de  cette  base  par 
l'oxalate  d'ammoniaque;  elle  contenait  on  outre  une   quantité  notable  de 
peroxyde  de  fer  et  d'alumine. 

))  Le  résidu  indissous  par  l'eau,  l'alcool  et  l'acide  azotique,  d'un  brun 
noir,  était  formé  de  débris  de  laine  mêlés  peut-être  défibres  ligneuses,  de  ma- 
tière terreuse  qui  m'a  semblé  de  l'argile  sableuse,  et  de  noirdejiimée;  il  donna 
à  la  distillation  un  produit  très-ammoniacal. 

»  Quant  à  la  cire  séparée  de  la  poussière  par  l'alcool  bouillant,  elle  pro- 
venait sans  doute  de  la  cire  de  l'encaustique  de  la  bibliothèque,  et  certes 
il  est  remarquable  que  cette  matière  ait  passé  de  l'enduit  du  bois  de  chêne 
dans  la  poussière. 

»  Cette  diffusion  de  la  matière  est  vraiment  remarquable  pour  expliquer 
des  faits  qui  ne  le  seraient  pas  aulrememt.  Je  dois  ajouter  que  la  poussière 
renfermait  une  quantité  notable  de  spores  de  mucédinées;  car  une  petite 
quantité  de  poussière,  mise  avec  un  peu  d'eau  dans  un  verre  lèrmé,  se  cou- 
vrit d'une  couche  de  moisissure  très-épaisse  après  quelques  jours.  Je  ne 
puis  donc  douter  de  la  présence  des  spores  dans  cette  poussière. 

»  On  voit  combien  les  savants  qui  se  sont  occupés  de  rechercher  lori- 
gino  des  éléments  des  végétaux  ont  eu  raison  de  se  mettre  à  l'abri  des  pous- 
sières. 

))  Je  terminerai  cette  Note  par  quelques  observations  concernant  les  pro- 
priétés organoleptiques  de  diverses  matières. 

»  Diffusion  de  la  matière  odorante  d 'une  peau  de  bouc.  —  En  lavant  avec  de 
l'alcool  du  sulfate  de  chaux  extrait  des  vitraux  de  Saint-Gervais  et  contenu 
dans  un  filtre,  je  fus  frappé,  après  la  concentration  du  lavage,  d'une  odeur 
hircique;  ma  première  idée  fut  d'en  attribuer  l'origine  à  une  matière  de 
l'enduit,  mais  bientôt,  en  jetant  les  yeux  sur  le  bureau  de  mon  laboratoire, 
qui  me  sert  depuis  plus  de  vingt  ans  et  qui  est  couvert  d'une  peau  de  bouc, 
laquelle  a  été  tannée  et  teinte,  et  sachant  que  cette  peau  conserve  encore 
son  odeur  originelle,  je  recoinius  mon  erreur  en  flairant  le  filtre  dont  le 
papier,  après  un  contact  de  quelques  jours  avec  cette  peau,  en  avait  pris 
l'odeur.  Cette  observation  met  encore  en  évidence  un  fait  remarquable  de 
diffusion  de  la  matière. 


)'  Recherches  entreprises  pour  savoir  si  l'expérience  chimique  trouverait  des 
différences  entre  lejoin  d'un  même  pré  dont  une  partie  avait  vécjélé  au  soleil, 
tandis  que  l'autre  avait  végété  à  l'ombre.  —  INI.  Bourgeois,   membre  de  la 


(  685  ) 
Société  d'Agriculture,  présenta  l'été  dernier  deux  portions  de  foin  récoltées 
dans  le  même  pré,  mais  l'une  l'avait  été  dans  un  endroit  exposé  au  soleil  et 
l'autre  dans  un  endroit  ombragé. 

»  Trois  chevaux  refnsèrent  successivement  de  prendre  le  foin  venu  a 
l'ombre,  tandis  que  tous  les  trois  prirent  avec  empressement  le  foin  venu 
au  soleil. 

»  Ayant  soumis  ces  deux  foins  à  quelques  essais  comparatifs,  j'ai  vu  que 
l'examen  chimique  constatait  entre  eux  des  différences  réelles. 

»  Ainsi,  des  quantités  égales  de  chaque  foin  furent  mises  séparément  avec 
de  l'eau  dans  des  cornues  où  l'on  dirigea  un  courant  de  vapeur;  la  vapeur 
lut  recueillie  dans  des  ballons,  mode  d'opérer  que  j'avais  pratiqué  déjà  sur 
les  corps  gras  avec  M.  Gay-Lussac,  à  l'Arsenal. 

»  Le  foin  insolé  donna  un  produit  bien  moins  odorant  que  ne  l'était 
celui  du  foin  non  insolé,  ainsi  qu'on  devait  s'y  attendre. 

»  Ce  produit  déposa,  après  plusieurs  jours,  des  flocons  qui  occupèrent 
un  tiers  du  liquide;  le  produit  du  foin  non  insolé  ne  déposa  que  bien  plus 
tard  quelques  flocons  seulement.  Enfin  l'infusion  du  foin  insolé,  moins  odo- 
rante et  bien  plus  colorée  que  celle  du  foin  non  insolé,  se  couvrit,  dans  un 
flacon  ferméàTémeri  qu'elle  ne  remplissait  pas  complètement,  d'une  couche 
très-épaisse  de  moisissure,  tandis  que  l'autre,  dans  le  même  tem[>s,  n'en 
produisit  pas.  Je  conclus  de  ces  expériences  que  la  chimie,  ayant  reconnu 
des  dilférences  notables  entre  les  deux  foins,  fait  comprendre  comment  les 
chevaux  préfèrent  le  foin  insolé  à  celui  qui  ne  l'est  pas,  mais  elle  ne  peut 
dire  encore  pourquoi.  Quoi  qu'il  en  soit,  ces  observations  montrent  la 
possibilité,  en  chimie  physiologique,  de  tirer  de  l'observation  des  animaux 
d'utiles  indications.   » 

MÉMOIRES  LLS. 

TÉRATOLOGIE.  — Recherches  sur  t origine  et  te  mode  de  formation  des  monstres 
doubles  à  double  poitrine;  par  M.  Dareste.  (Extrait.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Serres,  Milne  Edwards, 

Coste.) 

'(  On  ne  peut  comprendre  aujourd'hui  les  cas  de  monstruosité  double, 
où  l'on  rencontre  des  organes  appartenant  par  moitié  à  chacun  des  sujets 
composants,  que  par  la  fusion  plus  ou  moins  complète  de  deux  corps  em- 
bryonnaires primitivement  distincts,  mais  développés  sur  unvitellus  unique. 


{  686  ) 
Or,  celte  fusion  des  deux  corps  embryonnaires  peut  se  faire  de  différentes 
façons.  Tantôt  l'union  est  latérale.  Tel  est  le  mode  d'union  que  M.  Lere- 
houllct  a  si  bien  étudié,  dans  ces  derniers  temps,  sur  les  monstres  doubles 
de  la  classe  des  Poissons.  Les  observations  de  M.  Lereboullet  sont  évidem- 
ment applicables  à  l'explication  de  certains  types  de  monstruosité  double 
chez  les  Vertébrés  supérieurs.  Tantôt,  au  contraire,  l'union  se  fait  par  les 
faces  antérieures  des  deux  corps  embryonnaires  :  c'est  ce  qui  arrive  dans 
les  monstres  doubles  à  double  poitrine. 

»  L'explication  de  l'origine  et  du  mode  de  formation  des  monstres  dou- 
bles à  double  poitrine  a  été,  jusqu'à  ces  derniers  temps,  l'un  des  plus  dif- 
ficiles problèmes  delà  tératologie.  Les  travaux  des  embryologistes  modernes 
et  mes  propres  recherches  me  semblent  en  donner  aujourd'hui  la  solution 
complète. 

»  Je  rappelle  brièvement  les  faits,  déjà  constatés  par  d'autres,  qui  m'ont 
servi  de  point  de  départ. 

»  Geoffroy  Saint-Hilaire  a  montré  que,  dansla  grande  généralité  des  cas, 
il  n'y  a  de  fusion  possible,  pour  les  organes  des  monstres  doubles,  qu'entre 
les  organes  homologues.  C'est  ce  que  l'on  appelle  la  loi  de  l'union  similaire 
qui  domine  toute  la  tératologie. 

»  M.  Serres  a  fait  observer  que  la  loi  de  l'union  similaire  entraine  néces- 
sairement après  elle,  pour  les  monstres  à  double  poitrine,  l'inversion 
splanchuique  complète  de  l'un  des  sujets  composants.  Il  a  rattaché  par  con- 
séquent, à  l'explication  de  l'inversion  splanchuique,  celle  de  l'origine  des 
monstres  à  double  poitrine. 

1)  M.  de  Baer  a  fait  connaître  la  relation  qui  existe  entre  l'inversion  des 
viscères  et  le  changement  de  position  de  l'embryon,  par  rapport  au  vitel- 
lus,  changement  de  position  qui,  dans  l'embryon  de  poule,  a  lieu  du  troi- 
sième au  cinquième  jour.  Il  a  constaté  sur  le  vitellus  l'existence  de  l'inver- 
sion chez  un  embryon  qui  s'était  couché  par  la  face  latérale  droite,  tandis 
que,  dans  l'état  normal,  c'est  la  face  latérale  gauche  de  l'embryon  qui  est 
en  rapport  direct  avec  le  vitellus. 

))  Enfin,  Allen  Thomson  a  montré  que  cette  observation  de  M.  de  Baer 
explique  comment  deux  embryons,  l'un  normal  et  l'autre  inverse,  peuvent 
se  souder  l'un  à  l'autre,  lorsqu'en  se  retournant  sur  le  vitellus  ils  se  font 
face  p^ar  les  régions  antérieures  de  leur  corps. 

»  Tous  ces  faits  nous  fournissent  évidemment  les  données  du  problème, 
mais  il  restait  à  en  déterminer  la  succession  et  l'enchaînement. 


(  687  ) 
«  J'ai  eu  plusieurs  fois  occasion,  dans  mes  recherches  expérimentales 
sur  la  production  des  monstres,  d'observer  l'inversion  des  viscères  et  d'en 
étudier  le  mode  de  formation.  J'ai  reconnu,  contrairement  à  l'opinion  de 
M.  de  Baer,  que  l'inversion  est  antérieure  au  retournement  de  l'embryon, 
et  qu'elle  commence  à  se  produire  dès  l'époque  où  le  cœur,  primitivement 
rectiligne,  présente  une  incurvation  latérale.  Dans  l'état  normal  cette  incur- 
vation se  produit  à  droite  de  la  colonne  vertébrale  ;  dans  l'inversion,  elle 
se  produit  à  gauche.  L'inversion  du  cœur  amène  l'inversion  de  l'allantoïde, 
qui  sort  au  côté  gauche  de  l'embryon,  tandis  que,  dans  l'état  normal,  elle 
sort  au  côté  droit.  La  position  de  l'allantoïde  à  la  sortie  du  corps  déter- 
mine ensuite  la  position  de  l'embryon  par  rapport  au  vitellus,  lorsqu'il  a 
effectué  son  retournement. 

»  Lorsque  l'allantoïde,  dans  l'état  normal,  sort  à  la  droite  de  l'embryon, 
l'embryon  se  couche  sur  le  côlé  gauche;  lorsque,  dans  l'inversion,  l'allan- 
toïde sort  au  côté  gauche,  l'embryon  se  couche  sur  le  côté  droit. 

»  Rien  n'est  maintenant  plus  facile  que  de  comprendre  la  formation  d'un 
monstre  à  double  poitrine.  Supposons  deux  corps  embryonnaires,  l'ini  nor- 
mal et  l'autre  inverse,  situés  parallèlement  l'un  à  l'autre  sur  un  même  vitel- 
lus, et  disposés  de  telle  sorte  que  les  anses  latérales  formées  par  les  cauirs 
occupent,  surfaire  vasculaire,  l'espace  qui  sépare  les  deux  embryons;  les 
deux  systèmes  vasculaires  et  souvent  aussi  les  deux  cœurs  s'uniront  entre 
eux,  et  cette  iniion  sera  le  premier  fait  de  la  fusion  des  endjryons.  Un  peu 
pins  lard  apparaîtront  les  deux  allantoïdes,  dont  l'une  sera  normale  et  dont 
l'antre  sera  inverse,  et  qui  ne  tarderont  pas  à  se  souder  l'une  avec  l'autre. 
L'apparition  de  ces  organes  déterminera  le  retournement  des  deux  em- 
bryons, qui  se  feront  face  l'un  à  l'autre  et  qui,  déjà  luiis  entre  eux  par  le 
système  vasculaire  et  par  l'allantoïde,  ne  tarderont  pas  à  s'unir  plus  intime- 
ment par  les  lames  ventrales. 

»  On  sait  que  les  lames  ventrales,  primitivement  étalées  des  deux  côtés 
de  la  colonne  vertébrale,  se  replient  en  dessous  de  l'embryon,  et  viennent 
se  réunir  en  avant,  sur  la  ligne  médiane,  pour  clore  la  cavité  thoraco-abdo- 
niinale.  La  position  inverse  que  les  deux  embryons  ont  prise  sur  le  vitellus 
met  en  présence,  aux  deux  extrémités  du  plan  d'union,  les  extrémités  des 
lames  ventrales  des  deux  sujets.  Elles  s'unissent  alors  l'une  à  l'autre,  des 
deux  côtés  du  plan  d'union,  comme  dans  un  sujet  simple;  elles  s'unissent 
en  avant  de  la  cavité  thoraco-abdominale. 

»  Les  lames  ventrales  ne  sont  alors  constituées  que  par  des  cellules  em- 


(  688  ) 

bi  voimaires.  Ce  n'est  que  plus  tard,  et  postérieurement  à  leur  union,  que  se 
forment  les  divers  organes,  peau,  muscles  et  os,  qui  forment  les  parois  défini- 
tives du  tronc.  Ces  organes  se  forment  sur  place,  dans  l'intérieur  des  blas- 
témes  préparés  à  l'avance  par  la  double  union  des  lames  ventrales  ;  ils  naissent 
soudés,  si  l'on  peut  parler  ainsi.  J'insiste  sur  ce  fait,  car  j'ai  la  conviction 
qu  un  grand  nombre  des  difficultés  que  soulève  la  théorie  de  la  formation 
des  monstres  tient  à  ce  que  beaucoup  de  faits  tératologiques  datent  de 
l'époque  où  les  organes  sont  constitués  par  des  cellules  embryonnaires,  et 
ne  présentent  pas  encore  les  éléments  histologiques  qui  les  caractériseront 
dans  leur  état  définitif. 

«  Il  résulte  de  ces  faits  que  la  formation  des  monstres  doubles  à  double 
poitrine  n'est  possible  que  chez  les  animaux  dont  les  embryons  se  retour- 
nent sur  le  vitellus,  ou,  eu  d'autres  termes,  possèdent  une  allantoïde.  Ils  ne 
pourront  donc  se  produire,  du  moins  par  im  semblable  mécanisme,  chez 
les  Batraciens  ni  chez  les  Poissons.  J'ai  eu  d'ailleurs  récemment  occasion 
de  faire  observer  que  les  Batraciens  et  les  Poissons,  dont  l'embryon  n'a  pas 
d'amnios,  sont  par  cela  même  à  l'abri  de  la  production  d'un  certain  nombre 
de  monstruosités  simples.  Ainsi  donc,  le  perfectionnement  de  l'organisa- 
tion est  une  condition  qui  détermine,  chez  les  Vertébrés  supérieurs,  le  déve- 
loppement de  divers  états  tératologiques  dont  les  Vertébrés  inférieurs  sont 
exempts.    » 

OKGANOGÉNIE  VÉGÉTALE.  —  Conséquences  à  déduire  des  défauts  d'exaslosie  pour 
In  manière  d  interpréter  la  jormation  de  certains  organes  appendiculaires  ; 
par  M.  Ch.  Fermosd. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.   Brongniarl.  Decaisne. 

Duchartre.) 

«  L'étude  des  défauts  d'exastosie  centripète  conduit  à  des  conséquences 
réellement  inattendues.  Le  premier  résultat  frappant  consiste  en  ce  que 
les  organes  appendiculaires  se  séparent  suivant  deux  systèmes  différents. 
Dans  le  premier,  le  pétiole  et  vine  partie  du  limbe  disparaissent  peu  à 
peu  sans  que  l'axe  porte  les  traces  de  cette  modification  [Lonicera  Caprifoliuni, 
Eucalyptus  cjlobulus,  etc.).  Mais  comme,  au  point  de  vue  phytogénique,  c'est 
la  seule  conséquence  que  nous  puissions  tirer  de  cette  observation,  nous  n'y 
reviendrons  plus.   Il  n'en  est  pas  ainsi  du  second  système,  dans  lequel  le 


(  689) 
défaut  d'exastosie  centripète  va  jusqu'à  ne  laisser  aucune  liberté  à  la  partie 
limbaire  de  la  feuille,  si  ce  n'est  des  traces  de  celle-ci  le  Ion"  de  la  tige. 

'  on 

Alors  la  tige  est  bordée  d'ailes  foliacées  ou  membraneuses  dérivant  des 
feuilles,  et  que  l'on  a  désignées,  dans  beaucoup  de  cas,  sous  le  nom  im- 
propre de  décurrences.  Dans  le  premier  système  le  défaut  d'exastosie  semble 
être  perpendiculaire  à  l'axe,  tandis  que  dans  le  second  il  est  réellement  pa- 
rallèle. En  observant  un  grand  nombre  de  ces  décurrences,  on  acquiert  la 
certitude  qu'elles  ne  sont  autres  que  les  parties  décurrentes  du  limbe  de  la 
feuille  sur  le  pétiole,  et  que  le  défaut  d'exastosie  centripète  a  reportées 
sur  la  lige.  Mais  selon  que  les  feuilles  sont  alternes^  opposées  ou  verti- 
cillées,  ce  défaut  foit  naître  des  différences  notables  dans  les  formes  qui  en 
résultent. 

»  J.  Feuilles  alternes.  —  Il  y  a  des  feuilles  dont  le  limbe  est  décurrent 
sur  le  pétiole,  et  quelquefois  ces  décurrences  sont'si  larges,  que  la  feuille  est 
pour  ainsi  dire  sessile,  comme  dans  le  Dicjilalis  purpuren.  Si  nous  supposons 
jin  défaut  d'exastosie  centripète  entre  l'axe  et  la  feuille,  nous  aurons  une 
véritable  décurrence  sur  l'axe,  et  dont  le  Sjinphytiim  officinale  nous  offre 
de  beaux  exemples.  Les  Scoljmus  hispanicus  et  gmndiflorus,  Onopoidon 
j4caiitliiiim  et  illjricum,  et  surtout  les  Cirsiwn  laiiceolatum  et  acnnlhoides,  et 
VEcliinops  spliœrocephalas,  portent  des  décurrences  caulinaires  qui  nous 
montrent  de  la  manière  la  plus  nette  qu'elles  ne  sont  que  des  décurrences 
pétiolaires  que  le  déI^;uU  d'exastosie  centripète  a  reportées  sur  l'axe;  car  les 
décurrences  caulinaires  et  pétiolaires  présentent  la  même  structure,  les 
mêmes  sinuosités,  les  mêmes  interruptions,  les  mêmes  dispositions,  en  un 
mot,  les  mêmes  accidents  de  forme  et  de  développement.  Il  y  a  quelques 
distinctions  à  faire  sur  ces  défauts  d'exastosie,  selon  que  les  feuilles  sont 
alternes  distiques,  tristiques,  quinconciales  ou  d'un  cycle  plus  élevé. 

»  Feuilles  alternes  distiques.  —  Si  l'on  examine  les  feuilles  ailées,  biptères, 
de  certains  Latlijnis,  du  Genista  sagittalis,  du  Bossiœn  Scolopendrin  et  du 
Carmiclinelia  australis,  on  ne  tarde  pas  à  reconnaître  que  ces  tiges  appar- 
tiennent à  deux  types  différents.  En  effet,  dans  les  Lalhyrus  et  Genista,  le 
plan  du  limbe  conserve  encore  une  position  perpendiculaire  à  l'axe,  et  le 
bourgeon  se  trouve  émerger  de  la  face  même  de  l'axe  ;  tandis  que  chez  les 
deux  autres,  le  plan  du  limbe  est  plutôt  parallèle  à  l'axe,  et  le  bourgeon  se 
trouve  exséré  sur  les  côtés  de  l'axe.  Le  défaut  d'exastosie  centripète  entre 
un  pétiole  ailé  et  un  axe,  par  alternance  distique,  donne  une  suffisante  ex- 
plication du  phénomène  dans  les  Lath/nis  et  le  Genista  sagittalis,-  mais  pour 

G.  R.,  i8C3,  2™»  Semestre.  (T.  LVII,  N"  17.)  9^ 


(  690  ) 

foinilir  une  explication  satisfaisante  de  l'autre  type,  il  faut  nécessairement 
admettre  le  même  défaut  exercé  sur  deux  feuilles  opposées. 

))  Feuilles  alternes  tristiques.  —  De  même  que  les  feuilles  alternes  distiques, 
par  défaut  d'exastosie  centripète,  doiuicnt  naissance  à  une  tige  biplère,  de 
même  ce  défaut  appliqué  aux  feuilles  alternes  tristiques  donne  lieu  aux 
tiges  tripières  des  Baccltaris  sacjitlalis  et  Genista  sagittatis,  sur  lesquelles  on 
peut  faire  les  mêmes  observations  relativement  aux  positions  du  limbe  et  des 
bourgeons. 

»  Feuilles  alternes  quinconciales,  etc.  —  Le  défaut  d'exastosie  centripète  a 
pour  effet,  sur  ces  plantes,  de  ne  donner  lieu  qu'à  des  décurrences  parallèles 
qui  ne  coïncident  pas,  pour  des  raisons  organogéniques  qu'à  cause  de  leur 
étendue  nous  ne  pouvons  reproduire  ici.  Mais  le  caractère  essentiel  du 
groupe  de  plantes  à  feuilles  alternes  de  cette  section  consiste  en  ce  que  tou- 
jours le  bourgeon  est  axillaire  et  naît  de  l'une  des  faces  de  la  tige,  que  la 
feuille  soit  peu  ou  entièrement  adhérente  à  l'axe,  ou  qu'elle  provienne  de 
l'alternance  distique,  tristique  ou  quinconciale. 

»  B.  Feuilles  opposées.  —  Les  feuilles  opposées  peuvent,  par  défaut 
d'exastosie  centripète,  donner  lieu  à  des  phénomènes  remarquables,  sans 
parier  de  la  disparition  totale  du  pétiole  et  d'une  portion  du  limbe,  comme 
on  l'a  vu  chez  le  Lonicera  Caprijolium.  Si  la  feuille  a  son  pétiole  ailé,  c'est- 
à-dire  si  son  limbe  est  décurrentsur  le  pétiole,  le  défaut  d'exastosie  centri- 
pète aura  pour  premier  effet  de  fondre  ensemble  le  pétiole  et  l'axe,  et,  dans 
ce  cas,  les  ailes  du  pétiole  appartenant  à  l'axe  y  formeront  deux  décur- 
rences :  une  de  chaque  côté  du  point  d'où  semble  naître  la  feuille.  On  saisit 
très-bien  ce  phénomène  dans  les  Ferbesina,  où  l'on  trouve  une  espèce  a 
feuilles  véritablement  pétiolées  [F.  serrala),  puis  une  espèce  à  feuilles  légère- 
ment (iécurrentes  sur  la  iige  [F. S ieyesbeckia) conduisant  évidemment  àla  dé- 
ciu'rence  beaucoup  plus  prononcée  du  Ferbesina  (data.  ]Mais  ce  ne  sont  la 
que  des  défauts  d'exastosie  centripète  relativement  peu  prononcés,  car  on 
peut  concevoir  que  le  phénomène  soit  tel,  que  non-seulement  les  deux  ailes 
opposées  de  chaque  côté  de  la  feuille  arrivent  à  se  confondre  et  à  ne  faire 
plus  qu'une  seule  ailede  chaque  côtéde  la  tige,  mais  encore  que  les  limbes 
tout  entiers  restent  adhérents  à  l'axe  en  augmentant  ces  ailes,  soit  en  largeur, 
soit  en  épaisseur.  Examinons  le  résultat  de  ce  défaut  d'exastosie  dans  les 
feuilles  opposées  ou  verticillées. 

u  Feuilles  opposées  toutes  dans  tin  même  plan.  —  Si  nous  concevons  une 
série  de  feuilles  dans  ces  conditions,  comme  on  en   voit  dans   quelques 


(%•  ) 

Euphorbia  [hypericifolia),  et  qu'un  déf;iut  d'esastosie  centripète  aura 
maintenues  entièrement  adhérentes  à  l'axe,  les  limbes  se  développant 
à  la  manière  ordinaire,  alors  les  deux  feuilles  opposées  unies  par  leur  face 
supérieure  contiendront  l'axe  dans  leur  centre.  De  cette  façon,  chaque 
double  demi-limbe  fera  sur  chaque  côlé  de  la  tige  l'effet  de  deux  ailes,  et 
une  succession  de  ces  feuilles  opposées  ainsi  appliquées  l'une  sur  l'autre 
donnera  à  l'axe  l'apparence  d'une  tige  de  Cactée  phyllomorphe,  un 
Phyllocactus  par  exemple.  Dans  cette  hypothèse,  ime  inclinaison  aller- 
native,  de  chaque  côté  de  l'axe,  des  doubles  feuilles,  explique  parfaitement 
les  sinus  que  l'on  observe  sur  ces  ailes  et  qui  seraient  constitués  par  le 
sommet  d'une  première  paire  et  la  base  d'une  troisième  inclinés  d'un  même 
côté.  Cette  inclinaison  peut  augmenter  de  façon  que  chaque  extrémité  de 
double  feuille  s'aimonce  par  un  sommet  plus  prononcé.  Dans  ce  cas,  le 
sinus  est  plus  profond  et  se  rend  quelquefois  à  l'axe  médian,  et  les  deux 
feuilles  unies  font  l'effet  d'une  sorte  de  décurrence  alternative  de  chaque 
côté  de  l'axe,  comme  on  le  voit  dans  V Acacia  alala.  Or,  si  l'on  suppose  ces 
deux  feuilles  ainsi  unies,  suffisamment  inclinées  pour  ne  tenir  plus  à  l'axe 
que  par  une  base  très-restreinte,  on  conçoit  aussitôt  une  feuille  dont  le 
limbe  n'est  plus  horizontal,  mais  vertical.  Mais  c'est  précisément  la  disposi- 
tion des  phjUodes  :  donc  l'aile  de  V Acacia  alatn  et  l'aile  plus  épaisse  des 
Cactées  phyllomorphes  ne  sont  autres  que  des  phyllodes,  adhérents,  par 
leur  côté,  à  l'axe  de  la  plante. 

»  Les  considérations  suivantes  sont  de  nature  à  justifier  cette  donnée. 
Nous  avons  déjà  dit  qu'une  feuille  de  monocotylédone  était  constituée  par 
tous  les  phytogènes  simples  périphériques  d'un  protophytogène,  tandis  que 
ces  mêmes  phytogènes  se  divisaient  en  deux  parties  pour  fiire  deux  feuilles 
opposées.  Par  conséquent,  les  deux  feuilles  opposées  d'une  dicotylédone 
équivalent  à  ime  feuille  de  monocotylédone.  Ceci  posé,  voici  ce  que  l'on 
peut  observer  : 

)>  Dans  les  genres  ï'ucca,  Liliiim,  les  feuilles  sont  planes  et  perpendicu- 
laires à  l'axe  ;  dans  le  Funkia  ovata,  la  base  de  la  feuille  se  rétrécit  en  une 
sorte  de  pétiole  formant  une  cannelure  arrondie  dont  l'ouverture  regarde 
l'axe  ;  chez  les  Hemerocallis  fitlva  ou/lava,  la  feuille  commence  à  être  pliée 
dans  sa  longueur,  en  formant  une  longue  cannelure  à  angle  aigu  au  fond  ; 
dans  les  Phormium  tenax  et  cookiamtm,  la  feuille  est  complètement  pliée 
longitudinalement  et  présente  vers  son  milieu  une  adhérence  plus  ou  moins 
étendue,  des  deux  côtés  de  la  feuille;  dans  les  Iris,  Gladiolus  et  beaucoup 

92.. 


(  t592  ) 
druilres  Iridéos,  les  feuilles  sont  complètement  repliées  et  les  deux  côtés 
adhérent  dans  presque  toute  leur  longueur,  excepté  à  la  base  où  se  trouve 
une  fente  à  côtés  très-rapprochés  ;  enfin,  dans  un  phyllode  l'adhérence  se 
fait  dans  toute  la  louirueur,  et  même  les  deux  feuilles  s'amincissent  en  une 
sorte  de  pétiole,  court  à  la  base;  et  puisque  chaque  feuille  de  monocotylé- 
done  représente  deux  feuilles  de  dicotylédone,  ou  chaque  demi-feuille  des 
premières,  une  feuille  entière  des  secondes,  on  voit  que  dans  l'adhérence 
face  à  face  des  deux  feuilles  de  dicotylédone  le  phénomène  est  analogue  à 
celui  qui  fait  les  feuilles  des  Iridées.  Mais  en  même  temps  que  l'on  fait  ces 
observations  on  ])eut  voir  que  la  feuille,  de  |)erpendiculaire  qu'elle  est  par 
rapport  à  l'axe,  devient  complètement  parallèle  à  la  façon  d'un  phyllode; 
donc  la  feuille  des  Iridées  est  l'analogue  des  phyllodes.  Voici  les  consé- 
cpiences  importantes  que  l'on  peut  tirer  des  faits  précédents  : 

»  A.  Si  le  phyllode  est  le  résultat  de  l'union  de  deux  feuilles  opposées, 
comme  le  sont  les  deux  côtés  d'une  feuille  d'Iridée,  il  doit  y  avoir  une 
somme  de  vitalité  et  un  tissu  cellulaire  doubles,  deux  conditions  qui  s'op- 
posent aux  exastosies  circulaires  et  doivent  maintenir  la  feuille  dans  une 
grande  intégrité.  Aussi  voyons-nous  les  phyllodes  être  en  général  très-sim- 
ples, sans  lobes,  découpures  ou  dents,  plus  épais  que  les  feuilles  ordinaues, 
caractères  que  nous  retrouvons  dans  les  feuilles  des  Iridées  et  dans  les  ailes 
des  Cactées  phyllonioi'phes. 

»  B.  Nous  savons  que  chez  les  monocotylédones  le  bourgeon  est  tou- 
jours axillaire;  mais  nous  avons  dit  que  deux  feuilles  de  dicotylédone, 
opposées  et  unies  par  leur  face  supérieure,  sont  les  analogues  d'une  feuille 
de  monocotylédone  :  par  conséquent,  ce  bourgeon  se  formera  exactement 
à  l'aisselle  des  phyllodes  des  Acacia  ;  dans  le  sinus  profond  que  forme  avec 
l'axe  chaque  aile  de  M  Acacia  alnla;  aux  sinus  des  phyllodes  continus  des 
Cactées  phyllomorphes,  c'est-à-dire  sur  leurs  bords  et  non'sur  leur  face,  ce 
qui  est  précisément  le  contraire  pour  les  tiges  ailées  résultant  du  défaut 
d'exastosie  centripète  des  axes  et  des  feuilles  alternes. 

1)  C.  La  théorie  des  doubles  feuilles  rend  compte  :  i°  de  la  propriété 
qvie  présentent  les  |)ln  llodes  et  les  Cactées  phyllomorphes  d'agir  à  la  ma- 
nière des  feuilles  dans  l'acte  de  la  respiration  ;  2"  de  la  complète  identité 
de  leurs  deux  faces;  3°  de  la  verticalité  de  leurs  limbes.   » 


(%3) 

CHIRURGIE.  —  Considérations  pratiques  sur  les  potjpcs  du  larynx.  Section  d'un 
polype  à  l'aide  d'un  simple  serre-nœud  recourbé.   Extrait  d'une  Note  de 

M.    MOUKA. 

(Commissaires,  MM.  J.  Cloquet,  Jobert  de  Lamballe.) 

«  Le  malade  W...,  qui  fait  le  sujet  de  notre  communication,  est  un  houuiie 
de  quarante  et  un  ans,  maréchal  des  logis  dans  la  garùe  de  Paris.  Sa  consti- 
tution est  bonne.  Il  a  eu  un  chancre  volant  sans  manifestations  constitution- 
nelles. Il  n'a  jamais  été  malade  de  la  gorge,  mais  il  s'enrhume  facilement 
du  cerveau.  Il  y  a  huit  ans,  il  a  eu  un  premier  enrouement  qui  a  duré  six 
à  sept  mois;  un  second  enrouement,  moins  long  que  le  premier,  est  survenu 
il  y  a  trois  ans.  Enfin,  à  la  fête  du  i5  août  1862,  il  s'est  enrhumé  et  il  a 
toussé  sans  cracher  pendant  plus  de  deux  mois.  Aujourd'hui,  4  novem- 
bre 1862,  la  toux  et  l'enrouement  sont  plus  prononcés  depuis  quatre  jours. 
L'enrouement  augmente  quand  il  fait  humide,  lorsque  le  malade  se  fatigue, 
ou  s'il  parle  plus  que  d'habitude.  Le  timbre  de  sa  voix  est  comme  fêlé,  dit- 
il.  Quelques  instants  après  que  W...  s'est  couché,  il  éprouve  une  espèce 
de  picotement,  de  chatouillement  à  la  gorge,  et  il  tousse  pendant  quelques 
minutes.  Cette  quinte  de  toux  se  présente  tous  les  soirs  et  parfois  aussi 
dans  le  jour,  mais  avec  moins  d'intensité;  elle  cesse  par  le  décnbitus  abdo- 
minal. 

»  Le  malade  se  souvient  d'avoir  craché  deux  ou  trois  fois  de  petits  mor- 
ceaux de  chair,  mais  il  ne  peut  préciser  l'époque  de  ce  phénomène. 

»  L'auscultation  de  la  poitrine  et  du  larynx  ne  nous  fait  rien  constater 
d'anomal. 

)»  Le  laryngoscope,  supporté  sans  trop  de  peine,  nous  fait  découvrir 
sur  le  bord  libre  de  la  corde  vocale  inférieure  droite,  près  de  son  insertion 
thyroïdienne,  une  tumeur  du  volume  d'un  gros  grain  de  groseille;  visible 
surtout  pendant  la  j)honation,  sa  surface  est  lisse  et  rouge.  Le  1 1  novembre, 
MM.  les  D"  Pasquier  et  Cuignet  viennent  s'assurer  de  l'existence  de  ce 
polype. 

»  A  défaut  d'instrument  spécial,  nous  avons  procédé  au  cathétérisme  du 
larynx  au  moyen  d'une  grosse  bougie  d'étain,  et,  par  la  compression  sur  le 
cartilage  thyroïde,  nous  avons  cherché  à  écraser  la  tmiieur.  Plusieurs  fois, 
à  des  intervalles  plus  ou  moins  éloignés,  en  présence  de  notre  confrère 
M.   Cuignet,   nous  avons   répété  cette  compression  sans  résultat  avanta- 


(  G94  ) 
geux.  Pendant  ce  teaips  le  polype  est  devenu  bilobé,  pétliculé  el  flottant. 

»  Des  pinces  de  diverses  formes,  introduites  dans  la  glotte,  tantôt  avec 
le  laryngoscope,  tantôl  sans  lui,  ne  nous  ont  pas  donné  plus  de  succès.  En 
voyant  la  tumeur  flotter  dans  la  glotte,  il  semblait  pourtant  qu'il  n'y  avait 
qu'à  la  placer  entre  les  mors  de  la  pince  pour  la  saisir;  mais  elle  glissait 
chaque  fois  entre  ces  mors,  quelque  précaution  que  nous  eussions  prise. 

»  Nous  n'avons  pas  été  plus  heureux  avec  le  polypotome  de  M.  Mathieu. 
Enfin,  le  i6  septembre  dernier,  après  avoir  fait  exécuter  par  M.  Charrière 
plusieurs  serre-nœuds  laryngiens  appropriés  à  la  disposition  anatomiqne 
de  l'organe  de  la  voix  de  notre  malade  et  aidé  de  notre  éclairage  lenticu- 
laire ou  pharyngoscopique,  nous  avons  introduit  dans  la  glotte,  avec  la 
main  droite,  Tanse  du  serre-nœud  à  une  profondeur  de  lo  à  1 1  centimètres. 
Au  moment  où  le  polype  pénétrait  dans  lanse,  la  toux  est  survenue  et  a 
chassé  au-dessus  des  cordes  vocales  la  tumeur  qui  flottait  dans  l'orifice  de 
la  glotte.  Ce  n'est  qu'à  la  troisième  application  de  notre  serre-nœud  que 
la  section  du  polype  a  été  faite  sans  aucune  entrave. 

»  Le  malade  W...  a  immédiatement  craché  du  sang  pur  cinq  à  six  fois. 
Ee  laryngoscope  appliqué  à  nouveau  nous  a  montré  la  glotte  libre,  La 
petite  tumeur  bilobée  avait  disparu;  elle  était  tombée  dans  la  poitrine 
malgré  la  forme  évasée  de  l'extrémité  du  serre-nœud.  Aucun  phénomène 
de  toux  ni  de  gêne  ne  s'est  manifesté  sur  le  moment,  et  la  voix  n'a  repris 
son  timbre  presque  naturel  que  trois  jours  après. 

))  Au  point  d'insertion  du  polype,  la  muqueuse  est  restée  légèrement 
tuméfiée.  Nous  avons  porté  sur  ce  point,  pendant  plusieurs  jours  de  suite, 
l'extrémité  d'un  porte-caustique  trempée  dans  nne  solution  de  nitrate  d'ar- 
gent, afin  de  détruire  ce  qui  pouvait  rester  du  pédicule » 

M.  Warren  de  la  Rue  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  une  double 
*^preuve  de  l'image  de  la  lune  obtenue  le  22  février  à  g**  5™  (i),  et  donne, 
sur  la  manière  dont  a  été  obtenue  cette  image,  les  détails  contenus  dans 
la  Note  suivante  : 

n  Les  deux  épreuves  photographiques  de  la  lune  que  j'ai  l'honneur 
d'offrir  à  l'Académie  ont  à  peu  près  gS  centimètres  de  diamètre.  Ce  sont 

(i)  Age  de  la  lune g, o  jours, 

Libration  en  longitude -|-  0°  1 7' 

I.ibration  en  latitude —  6°  1^'. 


(  695  ) 
des  épreuves  indirectes  du  même  négatif  original,  ayant  environ  a  i  centi- 
mètres de  diamètre.  Ce  négatif  original  a  été  obtenu  au  moyen  d'un  téles- 
cope dont  le  miroir  a  i3  pouces  anglais  de  diamètre  (Soy  millimètres),  et 
dont  la  longueur  focale  est  égale  à  neuf  fois  le  diamèlre.  On  a  pris  une  pre- 
mière épreuve  positive  au  collodion  sur  verre  avec  un  appareil  produisant 
uij  grossissement  de  i  à  9;  puis  les  négatifs  ont  été  obtenus  en  quatre 
quarts  distincts  avec  les  marges  nécessaires  pour  en  opérer  ensuite  la  réu- 
nion avec  toute  la  précision  désirable. 

»  L'une  des  épreuves  présentées  a  été  soumise  à  quelques  retouches, 
dans  le  but  de  faire  disparaîlre  les  défauts  résultant  soit  du  collodion  lui- 
même,  soit  de  l'agrandissement  des  plus  petits  défauts  primitifs. 

»  Afin  que  l'Académie  puisse  apprécier  le  peu  d'importance  des  cor- 
rections flûtes,  la  seconde  épreuve,  que  je  mets  en  même  temps  sous  ses 
yeux,  a  été  religieusement  conservée  dans  l'état  même  où  les  procédés  pho- 
tographicpies  l'ont  amenée. 

»  Sans  doute,  on  parviendra  dans  l'avenir  à  des  épreuves  plus  parfaites, 
et  l'on  peut  déjà  indiquer  la  voie  dans  laquelle  ces  nouvelles  améliorations 
seront  obtenues.  11  faut  surtout  diminuer  la  durée  de  l'exposition,  qui 
abrégera  en  même  temps  l'influence  des  agitations  atmosphériques  qui  nui- 
sent à  l'épreuve,  et  l'on  doit  croire  que  l'on  arriverait  à  ce  résultat  en 
augmentant  le  diamètre  du  miroir  par  rapport  à  sa  longueur  focale. 

»  Pour  être  vues  de  la  manière  la  plus  satisfaisante,  les  épreuves  présen- 
tées doivent  être  regardées  à  une  distance  de  2   mètres  environ.    » 

M.  Ferran  lit  l'extrait  d'un  Mémoire  concernant  des  expériences  qu'il  a 
faites  en  collaboration  avec  M.  H.  Favre.  Ce  Mémoire,  qui  a  pour  titre  : 
«  Maniement  en  mode  dynamique  de  l'électricité  dite  statique  »,  est  ren- 
voyé à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Pouillet,  Regnault. 
Edm.  Becquerel. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  DE  Pietra-Santa  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  comprendre  dans 
le  nombre  des  pièces  admises  à  concourir  pour  les  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie  de  la  fondation  IMontyon  son  >■  Rapport  à  M.  le  Ministre  d'État 
sur  l'influence  du  climat  du  Midi  dans  les  affections  chroniques  de  la 
poitrine  ». 

«  Ce  Rapport,  dit  l'auteur,  forme  le  complément  du  Mémoire  que  j'ai  eu 


(  696) 

riionneur  de  lire  devant  l'Académie  dans  sa  séance  du  21  septembre  der- 
nier. J'en  adresse  deux  exemplaires,  et  j'y  joins,  pour  me  conformer  à  une 
des  conditions  exigées  au  programme  du  concours,  une  indication  des  par- 
ties que  je  considère  comme  neuves.  « 

(Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  L.  Marquier  adresse  une  réclamation  de  priorité  à  l'égard  de 
M.  Morvan,  auteur  d'une  Note  communiquée  à  l'Académie  dans  la  séance 
du  ao  juillet  i863,  et  ayant  pour  titre  :  «  Nouveau  mode  de  reproduction  à 
l'aide  de  la  lumière  de  toute  espèce  de  dessins,  gravés,  imprimés,  photogra- 
phiés, etc.  » 

Cette  réclamation,  qui  est  accompagnée  de  copies  authentiques  du  brevet 
d  invention  de  M.  Morvan,  de  celui  qu'a  pris  M.  Marquier,  et  de  diverses 
autres  pièces  justificatives,  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission 
nommée  dans  la  séance  du  20  juillet,  Commission  qui  se  compose  de 
MM.  Pouillet  et  Fizeau. 

M.  Meret  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  travail  en  trois  parties 
sur  iinslinct  et  iUileUicjence  :  la  première,  parvenue  le  10  août,  n'avait  pas 
été  mentionnée  au  Comjjle  rendu,  parce  qu'on  la  pouvait  croire  adressée 
personnellement  à  M.  Flourens  ;  elle  avait  pour  titre  :  «  Limites  de  l'intelli- 
gence des  animaux  »;  la  seconde  est  relative  aux  «  Limites  qui  séparent 
l'instinct  de  l'intelligence  des  animaux  »  ;  la  troisième  aux  «  Limites  qui 
séparent  l'intelligence  de  l'homme  de  celle  des  animaux   ». 

Ce  travail  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Serres,  Flourens  et  Milne  Edwards. 

M.  d'Olixcocrt  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  admettre  au  nombre 
des  pièces  de  concours  pour  le  prix  Morogues  deux  Mémoires  manuscrits 
et  un  ouvrage  imprimé  qu'il  lui  a  soumis  de  iSS^  à  1861,  et  qui  ont  rap- 
port à  un  nouveau  système  de  culture  ayant,  entre  autres  avantages,  celui 
de  prévenir  les  inondations.  L'auteur  pense  que  ses  travaux  pourraient 
également  être  présentés  au  concours  pour  un  des  prix  de  la  fondation 
Montyon. 

Cette  demande  est  renvoyée  à  l'examen  des  Commissaires  chargés  de  dé- 
cerner le  prix  Morogues. 


(  %7  ) 

M.  Barthélémy  (J.-L.)  adresse  de  Marseille  une  Note  et  un  dessin  con- 
cernant des  modifications  qu'il  propose  d'introduire  dans  \es  fourneaux  des 
macinnes  à  vapeur. 

M.  Combes  est  prié  de  prendre  connaissance  de  cette  communication 
et  de  faire  savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nalure  à  devenir  l'objet  d'ini 
Rapport.  L'auteur  la  destinait  au  concours  pour  le  prix  extraordinaire  pro- 
posé pour  1864,  et  relatif  au  perfectionnement  de  la  navigation  par  la  va- 
peur; mais  la  question  a  rapport  exclusivement  à  la  marine  militaire,  ce 
qu'ignorait  M.  Barthéleniv. 

M.  DE  LotvRiÉ  présente  la  description  et  la  figure  d'un  appareil  pour  la 
navigation  aérienne  sans  ballon,  appareil  qu'il  désigne  sous  le  nom  d'Aé- 
roiiave. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Babinet.  ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Directeur  général  des  Douanes  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de 
l'Institut,  un  exemplaire  du  «Tableau  général  du  commerce  de  la  France 
avec  ses  colonies  et  avec  les  puissances  étrangères  pendant  l'année  1862   ». 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Lisbonne  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  d'une  nouvelle  série  des  Comptes  rendus. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  ouvrage  de  M.  Rossignol,  Membre  de  l'Institut,  ayant 
pour  titre  :  «  Les  métaux  dans  l'antiquité.  Origines  religieuses  de  la  métal- 
lurgie, ou  les  dieux  de  la  Samothrace  représentés  comme  métallurges 
d'après  l'histoire  et  la  géographie  ». 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  de  M.  Haime,  présentée  par  M.  Velpeau. 

«  Dans  la  séance  du  19  octobre  dernier  (i863)  de  l'Académie  des 
Sciences,  M.  Jobert  de  Lamballe  a  lu  un  Mémoire  historique  sur  la  théorie 
de  la  formation  du  cal;  à  cette  occasion,  M.  Flourens  a  rappelé  que,  l'un 
des  premiers,  il  avait  attiré  l'attention  sur  ce  fait  curieux  que  le  tissu 
musculaire  peut  se  transformer  en  os. 

C.  R  ,  i863,  2""=  Semeslre.  (T.   LVII,  IN»  17.)  g3 


(698) 

»  Celte  assertion  n'étant  accompagnée,  dans  l'article  cité,  ni  de  déve- 
loppements, ni  de  preuves  à  l'apiini,  me  donne  lieu  de  penser  que  j'ai 
peut-être  été  le  premier  à  observer  le  fait  dont  il  s'agit,  puisque  j'en  avais 
pris  note  dès  181  ■2,  et  que  je  l'ai  consigné  à  la  page  gS  de  ma  thèse  inau- 
gurale, soutenue  à  la  Faculté  de  Paris,  le  18  juillet  1816,  et  cilée  par 
l'auteur  de  l'article  Ossification  du  cal  du  grand  Dictionnaire  des  sciences 
médicales,  écrit  et  pidîlié  en  i8ic).  Or,  voici  ce  que  je  lis  dans  l'observa- 
tion d'un  cas  de  fracture  comminutive  de  l'humérus,  sur  ce  fait  que  je 
regardais  alors  comme  une  particularité  fort  singulière  : 

«  Cette  particularité,  disais-je,  est  une  dureté  extrême  que  je  sentis  à  Ira- 
»  vers  la  peau,  aux  environs  de  l'attache  inférieure  du  muscle  deltoïde, 
»  et  aux  portions  correspondantes  du  biceps  et  du  triceps  brachi;d,  dureté 
»  qui  se  continuait  dans  le  trajet  de  la  plaie,  et  paraissait  ne  faire  qu'une 
»  seule  et  même  pièce  avec  les  surfaces  adjacentes  de  l'humérus.  Elle  était 
»  formée  par  l' ossification  de  ces  muscles  qui  faisaient  corps  ensemble  et 
»  rendaient  le  bras  |)arfaitemeut  solide.  11  résultait  de  cette  induration 
»  des  puissances  motrices  une  grande  gêne  dans  les  mouvements  de  ce 
»  membre,  lesquels  furent  d'abord  extrêmement  bornés,  mais  qui  repa- 
»  rurent  sensiblement,  quoique  avec  beaucoup  de  lenteur,  en  même  temps 
»  que  ce  durcissement  osseux  conunenrait  à  disparaître.  Il  est  probable 
»  qu'il  sera  arrivé  à  ces  nuiscles,  dans  ce  cas,  ce  qui  arrive  au  périoste 
»  ossifié  dans  les  cas  de  fracture  simple,  c'est-à-dire  qu'il  s'y  sera  fait  une 
»  absorption  du  phosphate  calcaire,  et  qu'ils  seront  revenus  plus  ou  moins 
))   parfaitement  à  leur  premier  état.   » 

»  Si  je  ne  m'abuse,  et  sans  vouloir  revendiquer  absolument  une  priorité 
(jui,  d'ailleurs,  me  paraît  acquise  par  les  dates  que  je  viens  de  rappeler,  il 
m'a  semblé  que  je  pouvais  prétendre  à  une  place  quelconque,  sinon  en 
tête,  du  moins  en  compagnie  des  savants  illustres  qui  se  sont  le  plus  occu- 
pés de  cette  intéressante  question.   » 

PHYSIQUE.  —  Méthode  de  M.  W.  Thomson  pour  la  mesure  de  la  conductibilité 
électrique.  Jpplication  aux  métaux  fondus.  Note  de  M.  L.  de  La  Rive, 
présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Ou  doit  à  M.  W.  Thomson  une  nouvelle  méthode  de  mesure  de  la 
conductibilité  électrique.  En  employant  une  certaine  disposition  de  con- 
ducteurs dont  l'un  seulement  est  le  siège  d'une  force  électromotrice,  on 


{  699  ) 
fait  dépendre  l'intensilé  du  courant  dans  le  tll  d'ini  galvanomètre  dn  rap- 
port des  deux  résistances  électriques  que  l'on  compare.  Dans  cette  disposi- 
tion, les  deux  extrémités  du  fd  du  galvanomètre  aboutissent  à  deux  points 
pris  sur  deux  conducteurs  du  système,  et  ces  points  sont  déterminés  de  façon 
à  diviser  dans  un  même  rapport  les  résistances  totales  de  ces  deux  conduc- 
teurs. Or,  on  fait  voir  que,  si  ce  même  rapport  existe  entre  deux  antres  résis- 
tances du  système  qui  sont  d'une  part  la  résistance  inconnue  et  de  l'autre 
celle  qui  sert  d'unité,  l'intensité  du  courant  dans  le  galvanomètre  est  nulle. 
La  méthode  consiste  donc  à  faire  varier  la  résistance  connue  jusqu'à  ce 
que  le  courant  s'annule. 

»  Le  principe  est  le  même  que  dans  la  méthode  Whealstone,  que  l'on 
peut  en  effet  considérer  comme  résultant  d'un  cas  particulier  de  la  dispo- 
sition plus  générale  imaginée  par  M.  Thomson.  La  complication  assez 
grande  de  cette  disposition  de  conducteurs  doit  faire  préférer,  en  général, 
la  méthode  Wheatstone,  mais  celle-ci  devient  insuffisante  lorsque  les 
résistances  à  mesurer  sont  petites  par  rapport  aux  résistances  accessoires, 
tandis  que  par  la  méthode  Thomson  la  valeur  absolue  de  l'inconnue  est 
sans  influence  sur  l'exactitude  de  la  mesure.  Celte  différence  s'explique  par 
la  remarque  suivante.  Dans  la  méthode  Wheatstone,  l'équation  par  laquelle 

l'inconnue  se  trouve  déterminée  est =  A,  où  x  est  la  résistance  incon- 

a 

nue,  /;  la  résistance  des  conducteurs  qui  relient  x  au  système,  a  la  résis- 
tance étalon  et  k  le  rapport  numérique  dont  la  valein- résulte  de  la  lectiu'e 
du  rhéostat.  Lorsque  a-  diminue  par  rapport  à  b,  on  voit  que  l'erreur  rela- 
tive de  X  augmente,  celle  de  k  restant  constante.  Dans  la  méthode  Thom- 
.son,  A  est  déterminé.  C'est  la  valeur  de  a  qui  résulte  de  l'observation,  et 

l'équation  est  -z=k;  l'erreur  relative  de  x  est  constante  avec  celle  de  a. 

Les  résistances  provenant  de  contacts  imparfaits  sont  aussi,  dans  la  méthode 
Wheatstone,  une  cause  d'erreurs  d'autant  plus  notables  que  la  valeur  absolue 
de  jc  est  petite.  Dans  la  méthode  Thomson,  on  peut  disposer  les  points  de 
jonction  des  conducteurs  de  manière  à  faire  porter  ces  résistances  indé- 
terminées, non  plus  sur  x  et  sur  a,  mais  sur  les  deux  résistances  dont  le 
partage  sur  le  fil  du  galvanomètre  détermine  la  valeur  de  k.  Si  l'on  désigne 
par  R  et  A  R  les  deux  parties  dans  lesquelles  chacune  de  ces  deux  résistances 
se  trouve  divisée,  on  voit  qu'en  donnant  à  R  une  très-grande  valeur  les 

résistances  de  contact  n'altèrent  pas  sensiblement  le  rapport  — —  Enfin,  une 

93.. 


(  700  ) 
considération  analogue  rend  encore  préférable  l'emploi  de  cette   nouvelle 
méthode  dans  le  cas  où  le  conducteur  dont  on   mesure  la  résistance  est 
porté  à  une  température  élevée.  En  effet,  les  conducteurs  qui  le  relient  au 

reste  du  système  s'échauffent  nécessairement,  et,  dans  l'équalion =  k 

de  la  méthode  Wheatstone,  la  quantité  b  est  variable.  Dans  la  méthode 
Thomson,  en  donnant  à  R  et  AR  une  grande  valeur,  la  variation  provenant 
du  réchauffement  des  extrémités  est  insensible. 

))  Les  conditions  expérimentales  qui  rendent  la  méthode  Thomson  supé- 
rieure à  la  méthode  Wheatstone  sont  précisément  celles  où  l'on  se  trouve 
lorsqu'on  se  propose  de  mesurer  la  conductibilité  des  métaux  fondus.  En 
effet,  1°  la  résistance  inconnue  est  petite  par  rapport  aux  résistances  acces- 
soires, car  d'une  part  une  colonne  de  métal  fondu  ne  peut  être  ni  longue  ni 
d'un  diamètre  étroit,  et  de  l'autre  il  faut  éloigner  beaucoup  le  fourneau  où 
s'opère  la  fusion  de  l'appareil  de  mesure  ;  a"  il  y  a  des  résistances  de  contact 
variables;  3"  le  conducteur  est  à  une  température  élevée.  Les  expériences 
que  j'ai  faites  dans  le  laboratoire  de  chimie  de  l'École  Normale,  sous  la  pré- 
cieuse et  bienveillante  direction  de  M.  Sainte-Claire  Deville,  sont  de  nature 
à  montrer  que  la  méthode  convient  à  ce  genre  de  recherches. 

appareils.  —  J'ai  fait  faire  deux  instruments  spéciaux  :  un  rliéostalel  ce 
qu'on  pevit  appeler  un  compensat<;ut\  Ces  deux  appareils  sortent  des  ateliers 
de  M.  Froment.  Le  rhéostat  se  compose  essentiellement  d'un  fil  métallique 
tendu  le  long  d'une  règle  divisée  sur  laquelle  glissent  deux  chariots  portant 
chacun  une  lame  de  platine  qui  s'appuie  par  son  tranchant  sur  le  fil.  La 
partie  du  ûl  interceptée  entre  les  deux  lames  constitue  la  résistance  a,  et,  au 
moyen  de  la  règle  divisée,  on  la  mesure  à  un  dixième  de  millimètre  près. 
Le  compensateur  sert  à  déterminer  la  valeur  du  rapport  k.  Cet  appareil 
consiste  en  deux  séries  identiques  debobines,  formées  d'un  fil  de  maillechort 
de  o™™,i7  de  diamètre  offrant  une  grande  résistance.  Chaque  série  se  com- 
pose de  neuf  bobines;  la  première  constitue  la  résistance  R,  et  on  peut,  en 
additionnant  les  huit  autres  en  plus  ou  moins  grand  nombre,  former  AR  et 
donner  à  A  toutes  les  valeurs  entières  de  i  à  5o.  Les  deux  appareils  étaient 
installés  dans  une  salle  réservée  aux  instruments  de  précision.  Un  galvano- 
mètre à  très-long  fil  de  Ruhmkorff  provenant  du  cabinet  de  l'Ecole  de 
Médecine,  qu'on  avait  bien  voulu  me  prêter,  était  placé  à  a  mètres  environ 
du  rhéostat,  et  on  l'observait  au  moyen  d'une  lunette  horizontale  et  d'un 
prisme  à  réflexion.  Un  levier-clef  permettait  d'établir  momentanément  le 


(  70I  ) 
courant.  Des  fils  isolés  mettaient  en  communication  le  rhéostat,  le  compen- 
sateur et  le  galvanomètre,  soit  entre  eux,  soit  avec  la  pile  placée  sous  un  han- 
gar et  composée  de  deux  ou  trois  éléments  Bunsen,  soit  enfin  avec  la  ré- 
sistance à  mesurer  installée  dans  un  hiboratoire  à  fourneaux.  Pour  recevoir 
les  métaux  fondus,  j'ai  employé  des  tubes  en  U  en  porcelaine  de  Bayeux  de 
la  fabrique  de  M.  Gosse.  Ces  tubes  ont  une  longueur  de  aS  centimètres  et  un 
diamètre  intérieur  de  5  millimèlres;  leurs  deux  branches  parallèles  se  ter- 
minent par  des  godels  cylindriques  de  i  centimètres  de  diamètre  sur  4  de 
hauleur.  Pour  opérer  la  fusion  des  métaux  et  les  maintenir  à  une  tempéra- 
ture constante  et  connue,  je  me  suis  servi  de  bains  de  vapeurs  d'iiprès  le 
procédé  de  MM.  Sainte-Claire  Deville  et  Troost  dans  leurs  recherches  sur  les 
densités  de  vapeurs;  le  tube  était  suspendu  dans  l'intérieur  de  la  cornue  où 
s'opérait  la  distillation.  On  a  expérimenté  avec  le  mercure,  le  soufre  et 
le  cadmium  bouillants,  c'est-à-dire  aux  températures  de  358,  44o  ft 
86o  degrés. 

»  Coniinctibilité  d'un  métal  fondu.  —  On  mesurait  d'abord  la  résistance 
d'un  tube  plein  de  mercure,  puis,  ce  tube  étant  disposé  dans  la  cornue  et 
rempli  de  métal,  on  mesurait  la  résistance  pendant  la  distillation  de  la 
substance  employée.  Cette  résistance  se  maintenait  constante  dans  la  vapeur 
de  mercure,  et  aussi,  quoique  à  un  moindre  degré,  dans  celle  de  cadmium  ; 
mais  la  densité  du  soufre  est  trop  faible  pour  servir  à  maintenir  à  une  tem- 
pérature constante  une  masse  métallique,  et  les  résultats  obtenus  avec  cette 
substance  laissent  une  assez  grande  incertitude  sous  le  rapport  de  la  tem- 
pérature. Une  mesure  résulte  de  la  moyenne  de  deux  observations  différant 
l'une  de  l'autre  par  les  positions  relatives  des  deux  séries  de  bobines  du 
compensateur. 

»  Changement  de  résistance  dans  le  passage  de  l'état  solide  à  l'état  liquide.  — 
On  laissait  refroidir  la  colonne  métallique,  et  ou  faisait  une  série  d'observa- 
tions en  notant  les  instants  correspondants.  On  a  pu  ainsi  tracer  des  courbes 
dont  l'ordonnée  est  la  résistance  et  l'abscisse  le  temps,  et  sur  lesquelles  le 
passage  d'un  état  à  l'autre  se  traduit  par  une  branche  presque  verticale.  Les 
résultats  qu  on  a  déduits  de  ces  courbes,  en  prenant  les  deux  points  où  la 
courbure  change  pour  déterminer  les  résistances  au  point  de  fusion,  peuvent 
être  considérés,  à  cause  de  la  grandeur  delà  variation,  comme  étant  la  mesure 
approchée. 

))  Les  métaux  sont  :  étain  (acide  stannique  réduit  par  le  charbon),  plomb 
(acétate  de  plomb  calciné),  bismuth  (sous-nitrate  de  bismuth  réduit  par  le 
charbon),  cadmium  (cadmium  distillé),  imc  (zinc  distillé),  antimoine  (émé- 


(  702  ) 
tique  calciné  avec  du  nitre).  Le  mercure  employé  avait  séjourné  longtemps 
sous  l'acide  sulfurique.  Les  conductibilités  sont  rapportées  à  celle  du  mer- 
cure niir  à  2  1  degrés. 


COSDCCTI- 
blLITÉ 


Kiain 


TEMPEBATUflE 

I  i"  l'xpéiiencc.   i  ,89 
35go  '  a*^  expérience. .    1,88 

'      Moyenne 1,88 

une  expérience.   !)42 
\  Etat  liquide. ..  3,0 
I  État  solide. , . .   4i4 
1  i"  expérience.  0,715 
/  2*  expérience. .   o/ig^ 


860» .    . .  . 
point  de  fusion 


Plomb 


Bismuth.  < 


358". 


S600.. 


[  point  de  fusion. 


Moyenne.. . .  0,706 

uneexpérience.  o,'i96 

I  État  liquide.. .  0,73 

I  État  solide. . ..  0,34 


Cadmium.. 


Zinc. 


440° uneexpérience.  3,58 

,    .     .         (  État  liquide. . .   2,6 
point  de  fusion.  <  ■  ...  , 

"^  (  Elat  solide., .  .    5,2 


Antimoine.  < 


cosmxTi- 

TSUPéBATLRE.  DtLITÉ. 

/  1^^  expérience.  0,961 
SâS"..     ..)  2' expérience. .  0,966 

'      Moyenne    .  .   0,968 

une  expérience.  0,771 

Éial  liquide. .  .    1 ,0 

État  solide. ...    i  ,9 

-  expérience.  2,79 
expérience..   2,46 

(      Moyenne. . . .  2,6a 
{  État  liquide. .     2,8 
(  État  solide 5,0 

il'''  expérience.  0,790 
2*^  expérience..   0,776 
Moyenne. .  .  .   0,78^ 
(  Étal  liquide..  .  0,84 
!  État  solide. ...   0,69 


860"..  . 
point  de  fusion 

440" 

point  de  fusion 


(;: 


S600. 


,  point  de  fusion. 


»  On  n'a  pu  fondre  dans  la  vapeur  de  cadmium  ni  le  zinc  ni  le  cadmium 
à  cause  de  l'oxydation. 

»  Conclusions.  —  On  a  constaté  pour  l'étain,  le  plomb,  le  bismuth  et 
l'antimoine,  que  la  résistance  augmente  à  partir  du  point  de  fusion  jusqu'à 
la  limite  supérieure  dont  on  disposait.  L'augmentation  totale  correspondant 
à  5oo  degrés  entre  358  et  860  degrés,  divisée  par  la  résistance  à  358  degrés, 
est  de  o,32  pour  l'élain,  de  0,24  pour  le  plomb  et  de  o,  1 8  pour  le  bismuth, 
quantités  notablement  différentes  et  toutes  plus  petites  que  celle  que  l'on 
trouve  pour  le  mercure  en  se  servant  de  son  coefficient  connu. 

»  Pour  tous  les  métaux  ci-dessus,  il  y  a  une  variation  brusque  de  résis- 
tance correspondant  au  changement  d'état.  Pour  l'étain,  le  plomb,  le  cad- 
mium et  le  zinc,  la  résistance  augmente  à  peu  près  du  simple  au  double; 
|)our  le  bismuth  et  l'antimoine  la  variation  est  inverse,  et  plus  grande  pour 
le  bismuth  que  pour  l'antimoine.  » 

HiSTOiPii:  DES  SCIENCES.  —  Sur  quelques  turbines  décrites  et  figurées  dans  des 
ouvrages  du  xvi*'  siècle.  Extrait  d'inie  Note  de  M.  A.  de  Caligny. 

«  Parmi  les  roues  hydrauliques  décrites,  en  i588,  dans  un  ouvrage 
de  Ramelli,   intitulé:  Le  diverse  ed  arlificiose  machine,  etc.,  il  y  en  a  dont 


(  7o3  ) 
les  aubes  sont  de  véritables  surfaces  cylindriques  à  génératrices  verticales, 
qui,  au  premier  aperçu,  ont  beaucoup  de  ressemblance  avec  celles  d'une 
turbine  de  M.  Poucelet.  Ainsi,  dans  celle  de  la  figure  3,  p.  5,  le  canal 
conducteur  amène  l'eau  motrice  presque  tangeuticllenient  à  l'élément  exté- 
rieur de  la  courbure  de  chaque  aube.  Mais,  comme  la  surface  de  chaque 
aube  se  prolonge  jusqu'à  l'axe  vertical  de  la  roue,  la  veine  liquide  au 
centre  de  cette  roue  ne  s'échappe  pas  de  la  même  manière.  En  général, 
l'aspect  de  cette  ancienne  turbine  a  de  l'analogie  avec  celui  d'une  roue  à 
rayons  divergents,  tandis  que  la  courbure  des  aubes  tend  à  se  raccorder 
avec  la  circonférence  extérieure  dans  le  système  de  M.  le  général  Poncelet, 
dont  il  est  d'ailleurs  à  remarquer  qu'à  l'intérieur  de  la  roue  les  aubes  se 
recourbent  en  arrière.  Aussi  cette  turbine  décrite  par  Ramelli  offre,  même 
à  la  simple  vue,  un  caractère  tout  différent.  Il  est  essentiel  d'observer  que 
les  aubes  de  Ramelli  ne  sont  point  comprises  entre  deux  plateaux,  dont 
un  est  d'ailleurs  percé  au  centre  dans  le  système  de  M.  Poncelet. 

«  Ce  dernier  caractère  est  assez  bien  exprimé  dans  un  dessin  très-curieux 
de  la  planche  XVI  d'un  ouvrage  in-folio  publié  à  Venise  vers  la  fin  du 
XVi°  siècle,  ou  au  commencement  du  suivant,  intitulé  :  Fausti  Veranlii  ina- 
chinœ  novœ,  addila  decUtrntione  Intinn,  ilalica,  gallica,  luspnnicn  et  germa- 
nica.  Dans  cette  turbine,  les  aubes  courbes  ne  vont  plus  jusqu'à  l'axe  et  se 
raccordent  mieux  avec  la  circonférence  extérieure  que  dans  la  turbine  pré- 
citée, décrite  par  Ramelli.  Elles  sont  comprises  entre  deux  plateaux  paral- 
lèles auxquels  elles  sont  attachées.  Le  plateau  supérieur  est  plein,  l'infé- 
rieur est  percé  au  centre,  dans  l'espace  laissé  libre  par  les  aubes;  il  semble 
bien  du  moins,  d'après  le  dessin,  que  dans  ce  plateau  inférieur  le  cercle 
compris  entre  les  aubes  est  entièrement  enlevé.  Quant  au  nombre  de  ces 
aubes,  s'il  est  évidemment  trop  petit,  il  ne  paraît  pas  c[ue  dans  la  pensée  de 
l'auteur  ce  dessin  suffise  pour  déterminer  rigoureusement  ce  nombre;  car 
il  y  a  plus  d'aubes  daiîsle  moulin  à  vent  de  forme  analogue  décrit  dans  le 
même  ouvrage.  Il  est  vrai  que  dans  le  moulin  à  vent  dont  il  s'agit,  le  fluide 
ne  peut  sortir  par  dessous.  Il  ne  parait  pas  d'ailleurs  que  le  but  de  cette 
turbine,  dans  le  cas  particulier  représenté  par  l'auteur,  soit  précisément  le 
même  que  celui  de  la  roue  précitée  décrite  par  Ramelli,  dans  laquelle  l'eau 
était  amenée  sur  chaque  aube  successive  par  un  conducteur  fixe,  disposé 
extérieurement.  Le  dessin  de  cette  seconde  turbine  ne  présente  plus  de  con- 
ducteur, et  la  figure  de  la  planche  XVI  précitée  porte  seulement  pour  titre  : 
Molœ  ad  nipem  appemœ.  Dans  cette  figure,  l'auteur  n'indique  pas  d'autre 


(  7o4) 
but  que  de  montrer  simplement  de  quelle  manière  on  peut  établir  une 
roue  sur  le  flanc  d'un  rocher,  c'est-à-dire  en  laissant  plonger  l'axe  ver- 
tical à  une  profondeur  convenable  dans  une  rivière  qui  coule  au  pied  de 
ce  rocher,  à  un  niveau  qui  peut  varier,  et  dont  le  mouvement  suffit  pour 
faire  tourner  cette  roue,  quoiqu'elle  y  soit  entièrement  plongée.  On  peut 
même  se  demander  si,  dans  la  pensée  de  l'auteur,  le  plateau  inférieur  doit 
être  réellement  percé  au  centre,  et  s'il  n'y  a  pas  en  ce  point  une  erreur  dans 
le  dessin.  On  sait,  en  effet,  que  M.  Cagniard  de  Latour  a  fait  des  expériences 
sur  une  turbine  d'une  forme  analogue,  dont  les  aubes  étaient  perpendicu- 
laires à  deux  plateaux  pleins  et  parallèles,  et  qui  tournait  aussi  entièrement 
plongée  dans  une  rivière. 

»  L'auteur  précité,  le  savant  évéque  Veranzio,  connaissait  probablement 
l'ouvrage  de  Ramelli,  car,  d'après  diverses  recherches,  quoique  la  date 
précise  de  la  publication  de  son  ouvrage  dont  il  s'agit  ne  se  trouve  point 
sur  les  exemplaires  que  j'ai  eus  entre  les  mains,  il  ne  paraît  pas  qu'elle  puisse 
être  antérieure  à  iSgi  ni  même  probablement  à  iSgS.  Ces  deux  auteurs  ne 
disent,  ni  l'un  ni  l'autre,  si  ces  appareils  sont  de  leur  invention  ;  il  y  a  même 
lieu  de  croire  qu'ils  regardaient  la  question  comme  ayant  été  présentée  sous 
des  formes  assez  diverses  pour  ne  pas  considérer  chaque  figiu'e  séparée 
comme  exprimant  toute  la  portée  du  système.  L'ouvrage  de  Faust  Veranzio 
étant  traduit  en  cinq  langues,  il  y  a  eu  par  hasard  une  transposition  dans 
le  texte  français  de  la  note  relative  à  cette  roue;  mais  les  textes  des  quatre 
autres  langues  étant  parfaitement  d'accord  entre  eux,  comme  je  l'ai  vérifié, 
il  n'y  a  pas  à  s'y  tromper.  L'auteur  était,  ainsi  que  Ramelli,  un  des  hom- 
mes les  plus  savants  du  xvi"'  siècle.  Ce  sont  les  seuls  qui,  à  ma  connais- 
sance, aient  publié,  avant  M.  le  général  Poncelet,  des  roues  à  aubes  cour- 
bes, à  axe  vertical,  ces  aubes  ayant  des  génératrices  verticales  et  leur 
courbure  se  raccordant  plus  ou  moins  avec  la  direction  que  peut  avoir  l'eau 
affluente  à  la  circonférence  extérieure;  car  il  ne  faut  pas  les  confondre  avec 
les  turbines  dont  les  aubes  avaient  aussi  des  génératrices  verticales,  mais 
dont  la  courbure  était  évidemment  destinée  à  recevoir  un  choc,  même  quand 
cette  courbure  était  repliée  en  arrière,  vers  l'intérieur  de  la  roue,  comme 
dans  une  figure  du  grand  ouvrage  de  Bélidor. 

»  Quant  aux  conducteurs  fixes  amenant  l'eau  motrice  horizontalement 
|)ar  toute  la  circonférence  extérieure  d'une  roue  à  aubes  et  à  axe  vertical,  je 
signalerai  la  roue  horizontale  à  aubes  planes  d'Adamson,  qui  recevait  l'eau 
par  toute  sa  circonférence  extérieure  (  Philosopliical  Magazine,  t.  L,  et  Jour- 


(  7o5  ) 
nat  ofJrls  and  Sciences,  t.  IV).  Mais  cela  ne  so  lapporle  pas  à  la  turbine  de 
M.  Poncelet,  qui   n'a  proposé  qu'un   seul  conducteur.  Je  passe  donc  au 
point  le  plus  essentiel  de  cette  Note  quant  à  la  marche  de  l'esprit  humain 
dans  la  découverte  des  priiicipes. 

»  On  demandera  sans  doute  si  les  savants  précités  du  xvi^  siècle  ont  eu 
une  idée  sérieuse  du  bon  emploi  de  la  force  vive,  tel  qu'il  est  compris  au- 
jourd'hui dans  les  turbines.  Leurs  textes  sont  trop  succincts  pour  qu'on 
puisse  répondre  à  cette  question  d'une  manière  positive;  il  y  a  cependant 
une  circonstance  sur  laquelle  je  crois  devoir  appeler  l'attention  des  érudits, 
même  pour  le  cas  où  quelque  ancien  ouvrage  ne  me  serait  pas  assez  connu. 
Je  ne  trouve  pas  qu'aucun  des  auteurs  des  deux  derniers  siècles  ait  repro- 
duit les  formes  si  remarquables  des  aubes  de  P.amelli  et  de  Faust  Veranzio. 
Il  est  même  facile  de  voir  qu'ils  préfèrent  Ions  l'emploi  du  choc  proprement 
dit  sur  des  espèces  de  cuillers  offrant  même  en  général  des  surfaces  gauches. 
Bélidor  et  Borgnis  lui-même  n'ont  point  rappelé  les  deux  anciennes  dispo- 
sitions précitées  des  aubes  courbes,  dont  il  y  a  par  conséquent  lieu  de 
penser  que  les  auteurs  ont  eu  une  idée  qui  n'était  encore  généralement 
comprise  ni  de  leur  temps,  ni  même  dans  les  deux  siècles  qui  les  ont 
suivis,  jusqu'aux  savantes  recherches  d'Euler  et  de  Borda,  dont  il  est 
d'ailleurs  à  remarquer  que  les  aubes  courbes  avaient  des  dispositions  très- 
différentes. 

»  Je  citerai  seulement  ici,  relativement  aux  aubes  à  surfaces  gauches,  l'ou- 
vrage intitulé  :  Thealrum  niachinanim  novum,  per  Georgiuni  Jndream  Bock- 
leruin,  arcliilectum  et  ingeninriuni,  traduit  de  l'allemand  en  latin  par  Schmitz  ; 
Cologne,  1662.  On  y  voit,  planches  XLIV,  L,  etc.,  l'eau  arriver  latérale- 
ment, de  telle  manière  qu'il  serait  difficile  que  l'auteur  n'eût  pas  eu  une 
idée  quelconque  de  l'avantage,  indiqué  dans  le  siècle  suivant  par  de  Par- 
cieux,  consistant  à  utiliser  en  partie  l'ascension  de  l'eau  le  long  des  aubes 
d'une  roue  hydraulique.  Cet  ouvrage  est  d'ailleurs  le  seul  où  je  retrouve 
quelque  chose  d'analogue  à  la  disposition  de  la  turbine  précitée  de  Rameiii, 
mais  avec  cette  différence,  qui  change  tout  à  fait  l'état  de  la  question,  que  le 
fluide,  au  lieu  d'arriver  par  la  circonférence  exlérieiu'e  pour  torlir  par  le 
centie,  arrive  en  entier  par-dessous,  les  aubes  étant  attachées  à  un  plateau 
supérieur  plein;  de  sorte  que  le  fluide,  après  avoir  produit  son  action, 
sort  par  la  circonférence  extérieure  de  la  roue.  Le  dessin  de  cette  roue  se 
trouve  dans  la  planche  LXXXI,  qui  représente  une  turbine  éolique  ayant 
l)Our  moteur  un  courant  d'air  chaud.  Si  ce  système  se  rapporte  à  d'autres 

C.  R.,  i8t;3,  2'n»  S(-m«(;f.  (T    LMl,  Pi"  17.)  94 


(  7o6  ) 
turbines,  il  ne  détruit  pas  la  conséquence  générale  que  j'ai  cru  pouvoir  tirer 
ci-dessus  du  silence  des  auteurs  des  deux  derniers  siècles  sur  les  dispositions 
remarquables,  objet  spécial  de  cette  Note.  » 

TECHINOLOGIE.  —   De  l'emploi  de  lladle  dans  les  ciments  hydrauliques.  Extrait 
d'une  Note  de  M.  de  Saixt-Cricq-Casacx. 

«  Le  i'"^  février  i858,  M.  Vicat  déclarait  à  l'Académie  que  le  problème 
de  la  durée  en  eau  de  mer  des  composés  hydrauliques  pouvait  être  regardé 
comme  résolu.  Toutefois  il  remarquait,  dans  cette  Note,  qu'un  ciment  fort 
bon  par  lui-même  peut  se  prêter  à  l'imbibition  de  l'eau  de  mer,  et,  par  suite, 
à  ses  ravages,  s'il  a  été  fabriqué  par  un  temps  sec  et  cliaud,  et  employé  un 
certain  temps  après  sa  confection.  Cet  inconvénient  peut,  ce  me  semble, 
être  lui-même  combattu  en  se  guidant  d'après  certaines  données  récemment 
mises  au  jour,  notamment  par  celles  qu'a  données  M.  Kuhlmann  dans 
plusieurs  communications  faites  à  l'Académie,  et  antérieurement  M.  Ro- 
binet qui,  dès  i85o,  signalait  l'effet  prolecteur  de  la  peinture  à  l'huile 
employée  pour  certaines  inscriptions  tracées  sur  les  monuments  publics  en 
1792  et  i79"3. 

»  De  ses  remarques,  M.  Robinet  concluait  qu'une  légère  couche  d'huile 
de  lin  lithargyrée  préserverait  les  monuments  de  la  moisissure  et  des  cham- 
pignons. Il  est  vraisemblable  aussi  qu'elle  préserverait  les  ciments  de  l'imbi- 
bition de  l'eau  de  mer.  On  pourrait  encore  s'y  prendre  autrement,  en  ajou- 
tant un  peu  d'huile  à  un  ciment  gâché  dur  et  s'en  servant  comme  enduit. 

»  On  trouve  dans  le  Franklin- Journal  de  mai  1828  le  fait  suivant: 
«  En  1804,  un  bâtiment  espagnol  de  45o  tonneaux,  ayant  éprouvé  de  fortes 
»  avaries,  relâcha  à  Charlestown,  eu  Amérique,  pour  être  radoubé.  Après 
»  l'avoir  abattu  en  carène,  on  enleva  les  bordages  qui  couvraient  la  partie 
»  inférieure  de  la  coque,  et  on  trouva  dessous  une  couche  de  ciment  telle- 
»  ment  adhérente  aux  membrures,  qu'on  fut  obligé  de  la  briser  à  coups  de 
»  hache.  Le  capitaine  espagnol,  ayant  demandé  qu'elle  fût  remplacée  par 
»  une  nouvelle  couche,  donna  les  indications  suivantes  pour  sa  préparation  : 
»  on  prend  de  la  chaux  de  la  meilleure  qualité  et  bien  cuite,  on  l'éteint  en 
»  jetant  dessus  la  quantité  d'eau  strictement  nécessaire;  lorsqu'elle  est  re- 
»  froidie,  on  la  réduit  en  poudre  et  on  la  passe  à  travers  un  tamis  fin  en  fil 
»  métallique;  puis  on  jette  cette  poudre  dans  un  baquet  et  on  y  ajoute  de 
»  l'huile  de  poisson,  de  manière  à  amener  le  mélange  à  la  consistance  du 


(  7"7  ) 
»   mastic  de  vitrier.  On  l'applique  à  Taide  dune  truelle,  et  dés  le  lendemain 
»   il  était  déjà  devenu  assez  dur,  quoique  immergé  dans  l'eau.   » 

»  Le  charpentier  de  navires  qui  avait  réparé  ce  vaisseau,  en  envoyant 
ce  renseignement  au  journal,  ajoutait  qu'il  ne  doutait  pas  que  ce  ciment  ne 
pût  être  utilement  employé  pour  les  travaux  liydraidiques. 

»  Lors  de  la  construction  du  phare  d'Holyhead  (Angleterre),  tous  les 
moyens  connus  furent  employés  en  vain  pour  empêcher  la  mer,  furieuse 
dans  ces  paiages,  de  disjoindre  le  pied  des  énormes  murs  et  de  les  traverser. 
On  employa  tous  les  ciments,  on  revêtit  les  murs  de  bandes  de  cuivre,  mais 
sans  succès.  Enfin,  ayant  observé  qu'une  boiserie  enfoncée  en  terre  était 
tombée  en  pourriture,  excepté  dans  une  pjartie  enduite  d'une  couche  de 
peinture  à  l'huile  mêlée  de  sable  fin  et  de  mine  de  plomb,  on  mit  deux 
couches  de  cette  composition  à  la  base  de  la  tour.  Depuis  lors,  pas  une 
goutte  d'eau  n'a  pénétré  dans  la  muraille.    » 

M.  Phipso.\  adresse  de  Londres  quelques  observations  relatives  à  une 
communication  récente  de  M.  Morellet  sur  la  phosphorescence  de  l'eau 
de  mer,  phénomène  qu  il  a  eu  maintes  fois  l'occasion  d'observer  dans 
des  circonstances  analogues,  surtout  sur  la  côte  d'Ostende,  pendant  l'été, 
et  qu'il  a  mentionné  récemment  dans  son  ouvrage  sur  la  «  Phosphorescence 
dans  les  minéraux,  les  plantes  et  les  animaux  ». 

«  Le  phénomène,  dit  M.  Phipson,  est  dû,  comme  chacun  le  sait,  à  la 
Noctiluca  miliaris.  Un  certain  nombre  de  ces  animalcules,  qui  sont  presque 
microscopiques,  se  trouvent  emprisonnés  dans  les  vêtements  de  laine  après 
les  bains  de  mer,  et  y  rencontrent  assez  d'humidité  pour  continuer  à  vivre 
pendant  un  jour  ou  deux.  Il  est  bien  connu  qu'ils  ne  donnent  de  la  lumière 
que  lorsqu'ils  se  contractent;  or  c'est  ce  qu'ils  font  quand  on  remue  les 
vêtements  ou  quand  on  passe  le  doigt  dessus,  même  plusieurs  heures  après 
qu'on  a  pendu  ces  derniers  pour  sécher  ;  mais  on  ne  se  baigne  pas  toujours 
dans  une  eau  chargée  de  ces  animalcules,  et  alors  les  vêtements  ne  mon- 
trent pas  de  lumière  le  soir.   « 

M.  DE  Chancourtois  annonce  l'envoi  de  la  troisième  partie  de  son  Mé- 
moire intitulé  :  «  Application  du  réseau  pentagonal  à  la  coordination  des 
sources  de  pétrole  et  des  gîtes  de  bitume  ». 

Ce  travail  n'est  pas  encore  parvenu  à  l'Académie. 

94- 


(  7o8  ) 

M.  Brassecr  adresse,  comme  pièce  de  concours  pour  le  prix  biennal  qui 
doit  être  décerné  en  i865,  une  portion  d'un  travail  qui,  dit-il,  se  composera 
de  trois  parties.  Celle  qu'il  envoie  aujourd'hui,  mais  qu'il  annonce  comme 
devant  être  la  troisième,  a  pour  titre  :  «  De  l'atome,  de  ses  fonctions  et  do 
sa  destination  ». 

M.  DuYCKER,  qui  avait  présenté  en  i858  une  Note  destinée  au  concours 
pour  le  prix  du  legs  Bréant,  prie  l'académie  de  lui  fiiire  savoir  le  jugement 
qui  en  a  été  porté. 

Cette  pièce  a  été  soumise,  comme  toutes  celles  qui  avaient  été  présentées 
dans  la  même  année,  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie 
constituée  en  Commission  spéciale.  I^e  Rapport  sur  ce  concours  a  été  fait, 
et  la  Note  de  M.  Duycker,  qui  ne  s'y  trouve  point  mentionnée,  est,  parce 
fait,  comprise  dans  le  nombre  des  pièces  écartées  comme  ne  remplissant 
point  les  conditions  exigées  par  le  programme. 

M.  ViLLAi\  prie  l'Académie  de  hâter  le  travail  de  la  Commission  qui  avait 
été  chargée  de  l'examen  de  sa  Note  sur  un  appareil  de  son  invention  pour 
la  navigation  aérienne. 

Cette  denjande  est  renvoyée  aux  Commissaires  précédemment  désignés  : 
MM.  Piobert,  Morin  et  Séguier. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


(  709 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  ic)  octobre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

^cles  de  l'Académie  impériale  des  Sciences,  Belles- Lettres   et  Arts  de  Bur 
deaux;  3<=  série,  25*=  année;  i863,  2"  trimestre.  Paris,  i863;  in-8". 

Annales  de  la  Société  impériale  d'Agriculture,  Industrie,  Sciences,  Arts  et 
Belles-Lettres  du  département  de  la  Loire;  t.  VII,  année  i863,  1'^  et  2*  livrai- 
sons, janvier  à  juin.  Saint-Étienne,  i863;  in-8°. 

Report...  Rapport  du  Surintendant  du  relevé  topographique  des  côtes; 
exposition  des  progrès  de  cette  opération  pendant  l'année  i85g.  W.isliington, 
1860  ;  vol.  in-^°. 

Report...  Rapport  du  Surintendant  du  relevé  topographique  des  cotes  ;  expo- 
sition des  progrès  de  cette  opération  pendant  l'année  1860.  Washington,  1861; 
vol.  in-4°. 

Description...  Description  d'un  nouveau  genre  {Trjpanostome)  de  lafaniillv 
des  Mélanidées  et  de  quarante -cinq  nouvelles  espèces.  Description  de  deux  nou- 
velles espèces  exotiques  d'Unio.  Description  d'un  nouveau  genre  [Goniohasis) 
de  la  famille  des  Mélanidées,  etc.;  pn/'Isaac  I.liA.  (Extrait  des  Proceedings  0/ 
the  Academy  of  nntural  Sciences  oj  Phdadelphia.)  Br.  in-8. 

Observations...  Observations  sur  le  genre  Unio  avec  des  descriptions  de  nou- 
velles espèces  dans  la  famille  des  Mélanidées,  de  la  partie  molle  et  des  formes 
embryonnaires  de  ces  Mollusques,  et  description  d'un  nouveau  genre  et  de  nou- 
velles espèces  de  3Iélanidées ;  par  Isaac  Lea;  vol,  IX.  Philadelphie,  vol.  in-Zj". 

Annals...  Annales  de  l'Observatoire  astronomique  du  collège  Harvard; 
vol.  IV,  1"  partie.  Cambridge,  i863;  in-4*'. 

Report...  Rapport  du  Comité  des  inspecteurs  du  collège  Harvard  chargé  de 
visiter  l'Observatoire  dans  l'année  1  8G2,  avec  le  Rapport  du  directeur  de  l'Ob- 
servatoire. Boston,  i863;  br.  in -8°. 

Die  sùsswasser  Fische...  Les  poissons  d'eau  douce  de  l'Europe  moyenne; 
par  C.-Th.-E.-V.  SiEROLD.  Eeipsig,  i863;  in-8". 


(  7'o  ) 

Observations  de  la  yrande  nébuleuse  d'Orioii  faites  à  Kazan  et  à  Poulkova ; 
par  O.  Struve.  (Extrait  des  Mémoires  de  r Académie  impériale  des  Sciences 
de  Saint-Pétersbourg.)  Saint-Félershour g,  1862;  in-4°. 

Positiones  mediœ  stellarumfixarum  in  zonis  regiomontanis  a  Bessetio  inter 
+  i5°  et  -H  45°  declinalionis  observatarum,  ad  annuni  1826  reductœ  et  in  cala- 
logum  ordinalœ,  aiiclore  Maxirniliano  Weisse.  Petropoli,  i863;  vol.  in-4'*. 

Beobachtungen...  Observations  de  Mars  pour  l'opposition  de  i86a;  par  le 
I)'  A.  WiNNECKE.  Saint-Pétersbourg,   i863;  in-4''. 

Ueber...  Sur  les  étoiles  filantes  télescopicpies ;  Note  de  M.  A.  WiNNECKE; 
quart  de  feuille  in-8''. 

Kendiconto...  Société  Royale  de  Naples ;  Compte  rendu  de  i Académie  des 
Sciences  physiques  et  malhématicpies  ;  1"  année,  fasc.  9,  septembre  i863. 
Naples,    i863;  in-4°. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  26  octobre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  par  M.  J.  Decaisne;  65*  livraison.  Paris, 
i863;in-4°. 

Les  métaux  dans  l'antiquité.  Origines  religieuses  de  la  métallurgie,  ou  les  dieux 
de  la  Samothrace  représentés  comme  métallurges,  d'après  l'histoire  et  la  géogra- 
phie de  l'orichalque.  Histoire  du  cuivre  et  de  ses  alliages,  suivie  d'un  appen- 
dice sur  les  substances  appelées  Electre;  par  J.-P.  Rossignol.  Paris,  i863; 
vol.  in-8°. 

Direction  générale  des  Douanes  et  des  Contributions  indirectes  :  Tableau 
général  du  commerce  de  la  France  avec  ses  colonies  et  les  puissances  étrangères 
pendant  l'année   1862.  Paris,  i863;  vol.  in-4°. 

Maladies  des  organes  génitaux  externes  de  la  femme  ;  leçons  professées  à 
l'hôpital  de  Lourcine  par]e  ÏY  Alph.  GuÉRiN.  Paris,  i864;  vol.  in-8°.  (Pré- 
senté par  M.  Velpeau.) 

Du  croiserneiït  des  familles,    des   races   et  des    espèces;   par   M.    BoUDIN. 


(  7'i  ) 
i'^  partie:  Nécessité  du  croisement  des  familles.  Paris;  br.  in-8".  (Présenté 
par  M.  J.  Cloquet.) 

Expériences  sur  Ihétérogénie  exécutées  dans  l'intérieur  des  glaciers  de  ta 
Maladetta  [Espagne- Pyrénées) ;  par  MM.  F. -A.  Pouchet,  N.  Joly  et  Ch. 
Musset.  Paris,  demi-feuille  in-4°- 

Les  climats  du  midi  de  la  France  :  la  Corse  et  la  station  d' Ajaccio;  par  le 
D"^  PietraSanta.  Paris,  1864  ;  in-8°.  (Adressé  au  concours  pour  les  prix 
de  Médecine  et  de  Chirurgie.  ) 

Mémoires  de  l'Académie  d'Jrras;  t.  XXXV.  Arras,  i863;  vol.  in-8". 

Méthode  de  torréfaction  du  bois  en  forêt,  locomobileet  continue  ;  par  M.  J. 
Resqueut.  Paris,  i863;  br.  ia-8°. 

Bulletin  delà  Société  Vaudoise  des  Sciences  naturelles;  t. VII,  Bulletin  n°  5o. 
Lausanne,  i863;   in-8°. 

Mémoire  sur  le  calendrier  hébraïque,  précédé  d'un  chapitre  sur  le  calen- 
drier des  chrétiens  et  sur  ses  origines  ;  por  Martin  (d'Angers).  Angers,  i863; 
in-S". 

Quadrature  du  cercle.  Réponse  à  la  question  :  Existe-t-il  lui  rapport  commen- 
surable entre  le  cercle  et  d'autres  figures  géométriques?  par  un  Membre  de 
l'Association  Britannique  pour  l'avancement  de  la  science  (James  Smith); 
traduit  par  Armand  Granges.  Bordeaux,  i863;  br.  in-8'*. 

Ueber...  Des  influences  magnétique,  électrique  et  atmosphérique  dans  la 
production  des  maladies  ;  par  F  .-X.  Herman  HORN.  Munich,  i863  ;  br.  in-8". 

Das...  Action  de  l'électricité  sur  l'organisme  ;  par  le  même;  livraisons  3 
à  6  et  8  à  18.  Munich,  1 856- 1860;  i5  brochures  in-8°.  (Adressées  par 
l'auteur,  ainsi  que  le  précédent  opuscule,  au  concours  pour  le  prix  Bréant.) 


COMPTE  REISDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  2  NOVEMBRE  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


ME^ÎOUIES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Nouvelles  expériences  sur  le  principe  du  conlrasle 
simultané  des  couleurs,  et  sur  le  principe  de  leur  mélamje,  en  réponse  à  un 
Mémoire  de  M.  Plateau  sur  un  phénomène  de  couleurs  juxtaposées , 
inséré  dans  les  ^uWeims  do  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Belgique, 
2^  série,  t.  XVI;  par  M.   E.   Chevrecl. 

«  Je  rappellerai  les  deux  premiers  alinéa  du  Mémoire  de  M.  Plateau 
auquel  je  réponds,  alinéa  insérés  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  12 
d'octobre,  qui  se  résument  ainsi: 

«  Premier  alinéa.  Tous  les  physiciens  qui  se  sont  occupés  des  phéno- 
w  mènes  subjectifs  de  la  vision  connaissent  la  loi  du  contraste  simultané 
•<   des  couleurs,  si  jmrfaitcment  éiah\ie  par  M.  Chevreul. 

»  Deuxième  alinéd.  Un  cas  échappe  à  celte  loi,  c'est  lorsqu'on  regarde 
»  d'une  distance  suffisante  une  bande  colorée  Irès-étroite  stu-  un  fond  d  une 
«  autre  couleur  :  alors,  au  lieu  de  paraître  modifiée  par  la  complémentaire 
»  du  fond,  conformément  à  la  loi  du  contraste,  elle  semble  au  contraire  (om- 
»   hinée  cwec  la  couleur  même  de  ce  fond.  •> 

»  Lorsqu'un  homme  du  mérite  de  M.  Plateau,  auteur  de  travaux  si 
distingués,  non-seulement  sur  la  vision,  mais  encore  sur  la  forme  d'une 
masse  liquide  libre,  soustraite  à  l'action  de  la  pesanteur,  etc.;  enfin,  lorsque 
le  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Bruxelles  prête 
son  témoignage  à  l'exactitude  des  observations  de  M.  Plateau,  je  ne  puis 

C.  R.,  i8G3,  1"'^  Semestre  (T.  LVII,  N"  18.)  9^ 


(7'4) 

in'abstenir  de  soumettre  à  l'Académie  des  Sciences  de  l'Institut  et  au  pu- 
blic des  observations  en  réponse  au  IMémoire  de  l'Académicien  de  Bruxelles. 
1)  J'ai  répété  ses  expériences  et  les  ai  fait  répéter  par  plusieurs  personnes 
dans  la  condition  de  distance  prescrite,  et  je  n'ai  aucune  remarque  à  faire  sur 
leur  exactitude;  il  en  est  autrement  sur  la  manière  dont  elles  sont  exposées  et 
sur  la  liaison  qu'il  établit  entre  les  co(ic/us;'om-  qu'ilen  déduit  et  la  loi  du  contraste 
simultané  des  couleurs;  car  loin  d'en  dépendre,  elles  rentrent  évidemment, 
selon  moi,  dans  un  principe  diamétralement  opposé  à  la  loi  du  contraste 
simultané,  que  j'appelle  le  principe  du  mélange  des  couleurs  :  et  pour  qu'à 
l'avenir  on  sache  bien  la  différence  dont  je  parle,  je  vais  la  rappeler. 


Loi  (lu  mélange  des  couleurs. 


V  Elle  comprend  les  trois  articles  suivants  : 

»   1 .  Le  mélange  de  deux  couleurs  simples  donne  une  couleur  binaire 
franche. 

»  Le  louge  et  le  jaune  donnent  Vorangé. 

»   he  jaune  et  le /)/ew  donnent  le  vert. 

»  Le  bleu  et  le  roucje  donnent  le  violet. 

»  2.  Les  trois  couleurs  simples,  ou  plutôt  deux  couleurs  complémentaires 
l'une  de  l'autre,  donnent  le  noir  ou  un  gris  normal,  à  savoir  : 

»  Le  rouge  et  le  vert  ; 

»   he  jaune  et  le  violet; 

»   Le  bleu  et  Vorangé. 

»  Il  s'agit  des  couleurs  matérielles,  car  les  couleurs  complémentaires  du 
spectre  reforment  de  la  lumière  blanche. 

»  5.  Si  la  proportion  des  trois  couleurs  ou  de  deux  couleurs  com- 
plémentaires, mélangées  ne  donne  pas  du  noir  ou  un  gris  normal,  parce 
qu'il  y  a  une  couleur  prédominante  sur  les  autres,  le  résultat  du  mélange 
est  un  noir  ou  un  gris  coloré  de  la  couleur  dominante. 

Loi  (lu  conlrnstc  simultané  des  couleurs. 

).  Pour  en  observer  les  effets,  il  faut  juxtaposer  deux  zones  de  couleurs 
diverses  d'égale  dimension,  et  placer  à  un  ou  plusieurs  décimètres  de  cha- 
cune d'elles  une  zone  identique  propre  à  faire  juger  de  la  modification  que 
les  couleurs  des  zones  juxtaposées  semblent  avoir  éprouvée. 

»  La  loi  comprend  deux  articles,  le  contraste  de  ton  et  le  contraste  de 
couleur  proprement  dit  ou  de  nuance. 

»  î  .  Contraste  de  ton.  11  porte  sur  les  degrés  d'intensité  des  couleurs  rela- 
tivement au  blanc  ou  au  noir,  ou,  ou  d'autres  termes,  suivant  qu'elles  sont 
claires  ou  foncées. 


(7i5) 
»  2.   Contraste  de  couleur  ou  de  nuance.  Une  couleur  simple  ne  peut  être 
nuancée  que  par  l'addition  de  l'une  des  deux  autres  couleurs  simples. 
«  Exemples:  Le  rouge  ne  peut  être  nuancé  que  de  jaune  ou  de  bleu; 
he jaune,  de  l'ouge  ou  de  bleu; 
Le  bleu,  de  rouge  ou  de  jaune. 
»  Une  couleur  binaire,  l'orangé,  le  vert  et  le  violet,  ne  peut  l'être  que 
par  l'une  des  deux  couleurs  simples  qui  la  constituent. 

»   IJ orangé  ne  peut  donc  l'être  que  par  du  rouge  ou  du  jaune; 
«   Le  vert,  que  par  du  jaune  ou  du  bleu; 
»  Le  violet,  que  par  du  rouge  ou  du  bleu. 

Loi  du  contraste  simultané. 

«  Quand  deux  zones  juxtaposées,  différant  de  ton  et  de  couleur,  sont 
vues  simultanément,  la  plus  claire  perd  de  sa  couleur  tandis  que  la  plus 
foncée  en  gagne,  et  la  couleur  de  chacune  se  nuance  de  la  complémentaire 
de  sa  voisine. 

»  Dire  qu'elle  se  nuance  de  cette  complémentaire,  c'est  dire  que  ce 
qu'il  y  a  d'analogue  dans  la  couleur  de  chaque  zone  diminue. 

»  Par  exemple,  dans  la  juxtaposition  de  l'orangé,  formé  de  rouge  et  de 
jaune,  avec  le  violet,  formé  de  rouge  et  de  bleu,  l'orangé  et  le  violet  perdent 
du  rouge,  élément  commun  aux  deux  couleurs  juxtaposées. 

Conclusion. 

«  Le  principe  du  contraste  des  couleurs  est  donc  évidemment  diamétrale- 
ment opposé  à  celui  de  leur  mélange,  puisqu'il  arrive,  par  exemple,  que  le 
bleu  mêlé  avec  le  jaune  donne  du  vert,  tandis  que  juxtaposé  au  jaune,  au 
lieu  de  prendre  du  jaune,  il  prend  du  rouge,  et  que  le  jaune,  au  lieu  de 
prendre  du  bleu,  prend  du  rouge.  Au  lieu  de  se  rapprocher,  les  deux  cou- 
leurs s'éloignent  donc  l'une  de  l'autre. 

))  Dans  mon  ouvrage  De  la  loi  du  contraste  simultané-des  couleurs,  j'ai  envi- 
sagé d'abord  les  arts  (y  compris  les  beaux-arts)  qui  parlent  aux  yeux  par  des 
couleurs,  relativement  aux  deux  principes  que  je  viens  de  définir  :  et  j'ai  en- 
suite distingué  ces  arts  en  deux  catégories  d'après  la  considération  du  degré 
de  division  des  matières  colorées  qu'ils  emploient  respectivement. 

»  Première  catégorie.  —  Elle  comprend  les  arts  qui  emploient  des  ma- 
tières colorées  dont  la  division  paraît  infinie;  tels  sont  : 

»  La  peinture  à  l'huile,  à  l'aquarelle,  à  la  gouache,  etc.  ; 

»  La  peinture  fixée  par  le  feu  sur  porcelaine,  etc.,  et  sur  métaux. 

»  Deuxième  catégorie.  —  Elle  comprend  les  arts  qui  emploient  des  m»- 

9.5. 


(  7^6  ) 
tieres  colorées  d'une  étendue  sensible,  commefds  colorés,  cylindres  de  verre 
ou  d'émaux,  cubes  mosaïques. 

»   A  cette  catégorie  appartiennent  : 

»   Les  tapisseries  des  Gobehns  et  de  Beauvais  ; 

»   Les  tapis  de  la  Savonnerie  ; 

»    Les  mosaïques  ; 

))   Les  vitraux  colorés,  etc. 

))  Si  l'on  conçoit  sans  peine  la  reproduction  d'un  modèle  coloré  par  les 
arts  de  la  première  catégorie,  il  faut  quelque  peu  de  réflexion  pour  conce- 
voir connneni  les  arts  de  la  deuxième  catégorie  parviennent  au  même  but 
avec  des  matériaux  colorés  d'une  étendue  sensible  comme  le  sont  des  fils, 
de  petits  cylindres,  de  petits  cubes  colorés 

«  Le  but  est  atteint  lorsque  l'œiwre  est  telle  que  les  yeux  du  spectateur  snt- 
sissenl  (lislincleinent  les  formes  et  les  couleurs  du  modèle  reproduit,  à  une  dis- 
Irince  où  l'étendue  finie  de  chncjue  élément  cesse  d'être  perceptible;  alors  tes  ejjels 
de  la  vision  ne  se  rapportent  plus  au  principe  du  contraste,  mais  bien  à  celui 
du  mélange  des  couleurs. 

»  Voilà  l'explication  des  effets  observés  par  M.  Plateau. 

))  Au  lieu  de  regarder  la  zone  colorée  de  i  millimètre  de  largeur,  cou- 
pant par  moitié  un  fond  de  20  centimètres  de  largeur  sur  i5  de  hauteur, 
d'une  couleur  différente  de  celle  de  la  zone,  à  la  distance  où  la  couleur  de 
cette  zone  est  parfaitement  distincte  et  conforme  à  la  loi  du  contraste,  comme 
chacun  de  mes  auditeurs  peut  s'en  assurer  en  regardant  les  cartons  dé- 
posés sur  le  bureau,  à  la  distance  de  |  à  1  mètre,  M.  Plateau  s'est  placé  à 
une  distance  telle  que  l'effet  du  contraste,  cessant  d'être  distinct  à  cause 
du  peu  de  largeur  de  la  zone,  ^ effet  rentre  dans  le  principe  du  mélange,  et  lui- 
même  l'a  remarqué,  comme  en  témoignent  ses  propres  paroles  que  j"ai 
citées  :  sa  couleur  (celle  de  la  zone)  semble  se  combiner  avec  celte  du  fond. 

»  En  résumé,  si  M.  Plateau  avait  observé  dans  les  conditions  où  je  me 
place,  il  aurait  dit  : 

»  t"  Les  effets  du  principe  du  contraste  se  manifestent  dans  la  juxtaposi- 
tion d'une  petite  zone  de  i  millimètre  de  largeur,  tant  que  la  vision  de  la 
couleur  de  cette  zone  est  distincte; 

»  2"  Mais  à  la  distance  où  elle  cesse  de  l'être,  sa  couleur  semble  se  com- 
biner à  celle  du  fond,  et  dès  lors  l'effet  rentre  dans  les  effets  du  principe 
du  mélange  des  couleurs. 

*  Me  sera-t-il  permis  de  faire  remarquer  que  si  la  loi  du  contraste  sinnd- 
tané  a  été  si  longtemps  méconnue,  c'est  faute  d'avoir  procédé  par  la  nié- 


(7'7) 
thode  comparative,  à  savoir,  en  prenant  des  surfaces  diversement  colorées 
et  égales,  et  en  prenant  comme  normes  deux  échantillons  de  ces  mêmes  sur- 
ftices  juxtaposées  placés  à  distance  pour  juger  de  l'effet  de  la  juxtaposition, 
et  que  si,  plus  tard,  j'ai  pu  r.unencr  l'explication  des  effets  optiques  des 
étoffes  de  soie  à  ces  deux  principes,  et  en  outre  au  principe  de  la  réflexion 
de  la  lumière  par  un  système  de  cylindres  parallèles,  et  à  celui  de  la  ré- 
flexion de  la  linnière  par  un  système  de  cylindres  cannelés  perpendicu- 
lairement à  l'axe,  c'est  parce  que  je  me  suis  placé  dans  quatre  conditions 
parjiiitemenl  définies  par  la  double  considération  de  la  position  du  specta- 
teur relativement  à  la  source  de  la  lumière,  et  relativement  à  la  chaîne  et  a 
la   trame  de  l'étoffe? 

»  En  expérimentant  ainsi,  j'ai  pu  voir  que  l'effet  du  contraste  simultané 
est  réciproque  entre  les  couleurs  juxtaposées  et  que  la  manifestation  du 
phénomène  n'exige  pas  que  l'une  des  coideurs  n'ait  qu'une  faible  étendue 
par  rapport  à  l'autre,  comme  Haiiy  et  de  Laplace  le  croyaient,  et  plus  tard 
j'ai  pu  voir  que  les  quatre  principes  précités  ont  suffi  pour  exphquer  les 
effets  variés  que  présente  l'ensemble  des  étoffes  de  soie. 


))  Je  vais  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  plusieurs  exemples  de 
contraste  et  de  mélange  des  couleurs  jtropres  à  faire  voir  la  fécondité  dont 
ces  principes  sont  susceptibles  dans  l'application. 

Il  1.  Contrastes  de  ton.  —  Je  présente  le  contraste  de  chacune  des  trois 
couleurs  primitives,  le  rovige,  le  jaune  et  le  bleu,  sur  le  blanc  et  sur  le  noir. 

■I  Les  zones  de  8  centimètres  de  largeur  sont  placées  sur  des  fonds  for- 
mant un  encadrement  de  6  centimètres; 

»   Le  roucje  est  au   lo  ton  ; 

))  Le  jaune  est  au  7  ton  ; 

»   Le  bleu  est  au  8  ton. 

I)  Le  ton  du  rouge  est  abaissé  sur  le  noir  et  paraît  plus  jaune  ou  moms 
violet  que  sur  le  blanc. 

»  Le  ton  du  jaune  est  non-seulement  abaissé  sur  le  noir,  mais  il  a  perdu 
du  rouge. 

»  Le  ton  du  bleu  sur  le  noir  est  non-seulement  abaissé,  mais  il  parait 
notablement  plus  brillant. 

Conclusion. 

11  Tous   ces  effets  sont  conformes  au  principe  du  contraste  de  ton. 


»  Je  répète  la  série  en  prenant,  non  plus  une  zone  de  8  centimètres  de 


(7i8) 
largeur,  mais  une  série  de  petites  zones  de  i  millimètre  de  largeur  placées 
sur  des  fonds  blancs  et  noirs. 

»   Le  spectateur  est  supposé  être  de  4  à  7  mètres  de  distance. 

»  Zones  rouges.  Plus  foncées  sur  fond  blanc  que  sur  fond  noir,  mais 
moins  belles,  plus  grises,  moins  distinctes. 

»  Zones  jaunes.  A  peine  visibles  à  la  distance  de  7  mètres,  à  cause  du 
mélange  du  blanc  avec  le  jaune,  tandis  que  les  zones  sur  le  noir  sont  très- 
distinctes. 

»  Zones  bleues.  Sur  fond  blanc,  le  bleu  très-affaibli  par  le  mélange  de  la 
lumière  blanche  et  grisâtre  ;  sur  fond  noir,  ton  plus  élevé  et  couleur  plus 
pure,  moins  grise,  plus  brillante. 

Conclusion. 

»  Toutes  les  zones  sur  fond  noir  sont  plus  belles,  plus  vives  que  sur 
fond  blanc,  la  vue  en  est  plus  distincte. 

»  Toutes  les  couleurs  perdent  de  leur  ton  sur  fond  blanc  quand  on  les 
compare  à  la  couleur  correspondante  d'une  zone  de  8  centimètres  de  lar- 


»  Mais  il  me  reste  à  parler  d'un  effet  bien  remarquable  :  c'est  celui  qui 
résulte  d'un  encadrement  noir  des  zones  de  1  millimètre  placées  sur  fond 
blanc. 

»  Non-seulement,  à  distance  égale,  la  vision  des  zones  colorées  et  du  fond 
blanc  sur  lequel  elles  sont  placées  devient  plus  distincte,  mais  en  même 
temps  le  ton  de  la  couleur  s'abaisse  relativement  au  ton  des  zones  placées 
sur  fond  noir;  l'abaissement  tient  au  mélange  du  blanc  avec  la  couleur, 
comme  je  l'ai  dit  déjà.  Dans  ce  cas,  les  zones  rouges  sur  fond  blanc,  qui 
paraissaient  plus  foncées  que  sur  fond  noir,  s'abaissent  de  deux  tons  au-des- 
sous de  la  coideur  des  mêmes  zones  sur  fond  noir. 

»  J'ajouterai  que  des  zones  du  2  violet  rouge  5  ton  présentent,  comme 
les  zones  jaunes  et  les  zones  bleues,  des  résultats  semblables  ;  le  Ion  de  ces 
zones  sur  papier  blanc  encadrées  de  blanc  est  inférieur  au  ton  des  mêmes 
zones  sur  fond  noir,  et  lorsqu'elles  sont  encadrées  de  noir  elles  s'affaiblis- 
sent presque  à  l'égal  des  zones  jaunes. 

»  Ces  effets  sont  la  preuve  la  plus  démonstrative  de  la  grande  influence 
de  la  lumière  blanche  pour  affaiblir  les  effets  de  couleur  des  vitraux  peints, 
lorsqu'elle  se  trouve  associée  aux  lumières  colorées  qu'ils  transmettent. 

»  II.  —  Lorsqu'il  s'agit  de  la  distinction  des  couleurs,  par  exemple  de  la 
lecture  des  lettres  ou  des  chiffres,  c'est  au  contraste  de  ton  qu'il  faut  recourir 


(  7'9  ) 
pour  avoir  le  maximum  d'effet  ;  aussi  les  caractères  noirs  sur  fond  blanc  sont-ils 
les  plus  distincls  de  tous. 

»  Les  caractères  de  la  couleur  complémentaire  de  celle  du  fond  sont  peu 
distincts  lorsque  le  ton  des  deux  couleurs  est  égal. 

)•   Ils  le  deviennent  davantage  dans  le  cas  de  l'inégalité  du  ton. 

»  De  deux  couleurs  complémentaires  l'association  la  moins  distincte  est 
celle  du  rouge  et  du  vert,  parce  que  le  rouge,  la  couleur  la  plus  intense, 
est  associé  à  une  couleur  binaire  formée  de  la  couleur  la  plus  sombre,  le 
bleu,  et  de  la  couleur  la  plus  claire,  ou  la  moins  intense,  le  jaune. 

»  L'association  de  l'orangé  et  du  bleu  est  plus  distincte  parce  que  la  cou- 
leur la  plus  sombre  est  associée  à  une  couleur  binaire  formée  de  la  couleur 
la  plus  intense  et  de  la  couleur  la  plus  claire. 

»  L'association  du  violet  et  du  jaune  est  encore  plus  distincte,  parce  que  la 
couleur  la  plus  claire  est  associée  à  une  couleur  binaire  formée  de  la  couleur  la 
plus  intense  et  de  la  couleurla  plus  sombre;  aussi  est-ce  l'association  complé- 
mentaire qui  peut  se  rapprocher  le  plus  de  l'association  du  blanc  et  du  noir. 

»  IIL  Conclusions  relatives  à  l'association  de  deux  couleurs.  —  Lorsqu'on 
veut  avoir  des  associations  brillantes  de  couleurs  complémentaires,  il  faut 
les  disposer  en  zones  de  5  millimètres  au  moins,  afin  que  la  vision  en  étant 
distincte,  l'effet  soit  celui  du  contraste  et  non  celui  du  mélange. 

«  Car  avec  des  zones  de  i  millimètre,  à  une  très-faible  distance,  l'effet 
du  mélange  se  fait  sentir,  et  c'est  alors  du  brun  ou  une  couleur  très-ra- 
battuequi  se  manifeste  à  l'oeil  du  spectateur. 

M  D'après  ce  que  j'ai  dit,  on  voit  pourquoi  l'association  la  moins  favora- 
ble au  brillant  est  l'association  du  rouge  avec  le  vert.  Telle  est  la  raison  de 
la  couleur  sombre  que  présente  le  ruban  de  la  médaille  de  Sainte-Hélène. 
Il  gagnerait  beaucoup  à  ce  que  les  zones  eussent  5  millimètres  de  largeur  et 
que  le  veit  fût  plus  clair. 

»  Dans  le  cas  de  l'association  de  deux  couleurs  simples  et  exemptes  de 
noir,  jamais  les  couleurs  ne  perdent  leur  brillant,  lorsque  l'effet  qu'elles 
produisent  rentre  dans  le  principe  du  mélange;  seulement  alors,  au  lieu  de 
paraître  simple ,  le  rouge  et  le  jaune  paraissent  orangé;  le  jaune  et  le  bleu, 
vert  ;  le  rouge  et  le  bleu,  violet. 

»  IV. — Lorsqu'on  tourne  le  dos  à  une  fenêtre  et  qu'on  regarde  deux  mor- 
ceaux d'un  même  satin  (par  la  chaîne)  de  couleur,  disposés  sur  une  table  de 
manière  que  la  chaîne  d'un  des  morceaux  soit  dans  les  plans  de  la  lumière 
incidente,  tandis  que  la  chaîne  de  l'autre  morceau  soit  perpendiculaire  à 
ces  mêmes  plans,  le  premier  paraîtra  bien  plus  foncé  que  le  second.  Pour- 
quoi ?  C'est  que  le  premier  morceau  réfléchit  du  côté  opposé  à  celui  du 


(  720  ) 
spectateur  la  plus  grande  partie  de  la  lumière  qui  tombe  sur  sa  surface, 
taudis  que  lautre  morceau  réfléchit  beaucoup  de  cette  lumière  blanche 
du  côté  du  spectateur.  Or,  cette  lumière  abaisse  le  ton  de  la  couleur  comme 
cela  arrive  pour  les  zones  colorées  de  i  millimètre  placées  sur  fond  blanc. 

»  Les  étoffes  glacées  qui  appartiennent  au  taffetas,  la  seule  aruuire  qui 
rende  à  la  fois  visibles  la  chaîne  et  la  trame,  présentent  des  effets  vraiment 
remarquables,  quand  le  spectateur  en  regarde  deux  morceaux  disposés 
comme  les  satins;  car  la  couleiu'  delà  chaîne  disparaît  dans  le  premier  mor- 
ceau, et  la  couleur  de  la  trame  apparaît  seule  dans  le  second.  Si  le  spec- 
tateur regardait  un  glacé  rouge  et  bleu  face  à  la  hunière,  les  deux  morceaux 
paraîtraient  violets,  tandis  que  vus  dans  la  position  contraire,  le  premier 
morceau  aurait  paru  rouge,  couleur  de  la  trame,  et  le  second  bleu,  couleur 
de  la  chaîne. 

»  Résultats  analogues  en  observant  une  étoffe  glacée  appelée  caméléon, 
dont  la  chaîne  est  bleue  et  la  trame  formée  d'une  moitié  longitudinale  jViune 
et  d'une  moitié  longitudinale  rouge,  quanti  on  en  a  disposé  trois  morceaux 
de  la  manière  suivante  :  deux  morceaux  ont  la  chaîne  dans  les  plans  de  la 
lumière  incidente,  mais  la  moitié  jaune  de  la  trame  de  l'un  regarde  la  fenêtre, 
et  la  moitié  rowje  de  la  trame  de  l'autre  morceau  regarde  cette  même  fenê- 
tre ;  le  troisième  morceau  a  sa  chaîne  perpendiculaire  aux  plans  de  la 
lumière  incidente.  Le  spectateur,  tournant  le  dos  à  la  fenêtre,  voit  l'un  des 
deux  premiers  morceaux  jaune,  et  rouge  l'autre  morceau,  tandis  qu'il  voit 
bleu  le  troisième  morceau.  Que  le  spectateur  regarde  la  fenêtre,  les  trois 
morceaux  lui  paraîtront  d'une  couleur  rabattue  plus  ou  moins  grisâtre,  et  à 
peu  près  identique,  en  vertu  du  principe  du  mélange  des  trois  couleurs  pri- 
mitives ou  des  couleurs  complémentaires.  •■ 

HYGIÈNE    PUBLIQUE.    —  Noie  sur  l'assainissement  de  iair  par  la  vaporisation 

de  l' eau  ;  par  M .  A.  Morix. 

Il  Dans  le  cours  de  mes  recherches  siu"  la  ventilation,  j'ai  été  frappé  de 
l'insistance  avec  laquelle  les  ingénieurs  et  les  auteurs  anglais  qui  se  sont 
occupas  de  cette  question  ont  tous  signalé  les  avantages  que  présentaient, 
au  point  de  vue  de  la  salubrité,  les  dispositions  qui  avaient  pour  effet  de 
donner  à  l'air,  chauffé  ou  non,  que  l'on  introduit  dans  les  lieux  habités,  lui 
degré  notable  d'hygrométricité. 

))  Ainsi,  au  palais  du  Parlement  d'Angleterre,  où  l'air  qui  afflue  dans  la 
chambre  des  Communes  est  préalablement  chauffé  pendant  l'hiver  à  l'aide 
d'une  circulation  de  vapeur,  les  tuyaux  de  retour  delà  vapeur  condensée 
sont  baignés  dans  des  auges  remplies  d'eau,  qui,  en  s'échauffantà  leur  con- 


(  721  ) 
tact,  produit  une  certaine  quantité  de  vapeur  que  dissout  et  entraîne  l'air 
échauffé  qui  pénètre  dans  cette  salle. 

M  Dans  la  saison  d'été,  une  autre  disposition  produit  un  effet  analogue. 
L'air  extérieur,  appelé  des  cours  du  palais,  pénètre  dans  ime  vaste  chambre 
située  immédiatement  au-dessous  de  la  salle  des  séances,  par  plusieurs  baies 
très-larges,  au  devant  desquelles  tombe  une  sorîe  de  rideau  en  canevas 
destiné  à  arrêter  les  parcelles  fuligineuses  que  transporte  partout  l'atmo- 
sphère de  Londres.  En  avant  de  ce  rideau,  au  moyen  d'un  tuyau  percé 
d'un  très-petit  nombre  de  trous  capillaires,  l'ouverture  d'un  robinet  déter- 
mine la  chute  d'une  véritable  poussière  d'eau  à  peine  visible,  qui  se  mêle 
au  courant  d'air  affluent,  et  qui  est  dissoute  assez  complètement  pour  que 
le  sol  soit  à  peine  mouillé. 

»  En  réfléchissant  à  ces  deux  dispositions,  qui  toutes  deux  ont  pour  but 
et  pour  effet  d'augmenter  le  degré  d'hygrométricité  de  l'air,  il  m'a  semblé 
qu'elles  pouvaient  avoir  aussi  sur  la  salubrité  de  l'air  une  influence  plus 
importante  que  celle  qu'on  atlribue  ordinairement  à  la  présence  d'une  pro- 
portion plus  ou  moins  grande  de  vapeur  d'eau  dissoute  dans  l'air. 

»  Je  me  suis  demandé  si,  surtout  dans  le  dernier  cas,  la  vaporisation  de 
la  poussière  d'eau  traversée  par  l'air  affluent  n'était  pas  accompagnée,  comme 
celle  de  la  rosée,  comme  la  pluie  des  orages  et  conformément  aux  expé- 
riences de  Saussure  et  de  i\L  Pouillet,  du  développement  d'une  certaine 
quantité  d'électricité  qui  modifiait  d'une  manière  salutaire  l'état  de  cet  air, 
en  y  produisant  de  l'oxygène  actif. 

M  Si  cette  modification  ou  quelque  autre  analogue  était  constatée,  on 
conçoit,  en  effet,  que  des  dispositions  d'une  applicalion  facile  permettant 
de  la  produire  régulièrement,  il  y  aurait  là  un  moyen  simple,  économique  et 
d'une  grande  efficacité,  d'assainir  l'air  des  lieux  habités,  surtout  pendant  la 
saison  d'été,  et  même  pendant  l'hiver,  dans  tous  les  lieux  où  l'on  jugerait  utile 
d'établir  une  ventilation  régulière. 

»  On  sait,  en  effet,  que  l'air  renfermant  de  l'oxygène  actif  jouit  à  un 
très-haut  degré  de  la  propriété  de  détruire,  en  les  brûlant,  certains  miasmes, 
certaines  émanations  des  corps  en  putréfaction  ;  mais  il  n'est  pas  le  seul  gaz 
qui  possède  cette  propriété. 

)>  Il  m'a  donc  paru  utile  de  chercher  à  constater  par  des  expériences  di- 
rectes si  la  dispersion  et  la  dissolution  dans  l'air  d'une  certaine  quantité 
d'eau  à  l'état  de  poussière,  comme  on  l'emploie  d'ailleurs  dans  quelques 
établissements  thermiques,  modifiait  sensiblement  l'état  électrique  de  l'air. 

»  A  cet  effet,  j'ai  fait  faire  par  M.  Saint-Edme,  préparateur  du  cours  de 

C.  R.,  i863,  2"^'  Semestre.  (T.  LVII,  N»  18.)  96 


(    722    ) 

physique  au  Conservatoire  des  Arls  et  Métiers,  des  expériences  spéciales  qui 
ont  été  organisées  ainsi  qu'il  suit  : 

»  Des  bandes  de  papier  amido-iodiiré  ont  été  placées  dans  des  tubes  de 
verre  de  o'^joSo  de  diamètre,  recouverts  à  l'extérieur  de  papier  noir,  pour 
éviter  l'influence  de  la  lumière  sur  ces  papiers,  auxquels  on  a  joint  des 
bandes  de  papier  de  tournesol. 

»  Plusieurs  de  ces  tubes  ont  été  placés,  sous  une  certaine  inclinaison,  au 
milieu  de  la  poussière  d'eau  produite  par  le  jet  d'une  lance  terminée  par 
une  pomme  d'arrosoir,  en  plein  air,  dans  le  jardin;  d'autres  jets  semblables 
ont  été  essayés  ensuite  dans  la  galerie  d'expérimentation  établie  dans  l'an- 
cienne église,  et  par  conséquent  à  l'abri  de  l'action  solaire. 

»  Craignant  que,  dans  les  expériences  précédentes,  l'action  directe  de 
quelques  parcelles  aqueuses  qui  auraient  pu  mouiller  le  papier  n'ait  exercé 
de  l'influence,  je  les  ai  répétées  en  faisant  arriver  la  poussière  d'eau, 
très-divisée  par  son  passage  à  travers  une  toile  métallique,  dans  la  partie 
inférieure  d'un  tuyau  de  tôle  de  o™,3a  de  diamètre  et  de  3™, 70  de  lon- 
gueur, disposé  verticalement.  Les  papiers  iodurés  ont  été  placés  au  sommet 
de  ce  tuyau,  à  un  mètre  environ  au-desaus  des  atteintes  extrémes.du  jet  de 
l'eau,  de  façon  qu'ils  ne  pouvaient  être  touchés  par  aucune  gouttelette,  et 
que  la  seule  humidité  qu'ils  pouvaient  recevoir  ne  provenait  que  de  l'état 
hygrométrique  du  courant  d'air  qui  parcourait  ce  tuyau. 

"  Les  résultats  de  ces  nouvelles  expériences,  faites  le  4  septembi-e  dernier 
avec  des  papiers  de  tournesol  rougis  et  enduits  en  partie  d'une  dissolution 
simple  d'iodure  de  potassium  neutre,  ont  complètement  confirmé  ceux  des 
précédentes,  et  ce  papier  ioduré,  qui  était  à  l'abri  de  l'action  de  la  lumière, 
a  de  même  présenté  des  taches  légèrement  violacées. 

»  Enfin,  des  expériences  plus  récentes  du3[  octobre  dernier  indiquent 
encore  des  résultats  analogues  mais  plus  marqués,  parce  que  le  papier  est 
resté  exposé  une  heure  et  demie  à  l'action  de  l'air.  Je  les  mets  sous  les  yeux 
de  l'Académie. 

»  Ainsi,  dans  tous  les  cas,  le  courant  d'air  humide  qui  traversait  les 
tubes  employés  dans  les  premières  observations,  ainsi  que  celui  qui  dans 
les  dernières  circulait  dans  le  tuyau  de  o'^jSa  de  diamètre,  a  déterminé 
sur  les  papiers  amido-iodurés  ou  sur  les  papiers  enduits  d'iodure  de  potas- 
sium la  formation  de  taches  légèrement  violacées  ou  bleuâtres,  accusant 
une  action  analogue  à  celle  de  l'oxygène  actif,  et  siu'  le  papier  de  tourne- 
sol bleu  des  taches  rougeàtres  indiquant  la  présence  d'un  acide  qui  était  très- 
probablement  un  produit  niiré. 


(  7-3  ) 

»  Si  la  première  de  ces  indications  montre  qu'il  s'est  formé  de  l'oxygène 
actif,  la  seconde  semble  donner  à  penser  qu'après  cette  modification  de 
l'oxygène,  ou  concuri'emment  à  celle  production,  il  y  a  eu  formation  d'un 
acide. 

»  Je  me  garderai  bien  d'émettre  ou  même  de  laisser  entrevoir  sur  cette 
alternaiive  aucune  opinion  personnelle  :  je  laisse  à  de  plus  autorisés  que 
moi  le  soin  de  la  débattre  et  de  la  résoudre. 

»  Mais  l'oxygène  actif  et  l'acide,  qui  est  très-probablement  un  composé 
nitré,  ayant  tous  deux  la  propriété  de  détruire  certaines  émanations  des 
corps  en  putréfaction  ou  ces  corpuscules  que  Bergmann  appelait  les  im- 
mondices de  l'air  (i),  il  me  suffit  que  leiu'  présence  soit  constatée  dans  l'air 
qui  traverse  l'espèce  de  brouillard  formé  par  l'eau  versée  à  l'état  de  pous- 
sière, pour  qu'il  me  soit  permis  d'en  conclure  que  la  vaporisation  de  cette 
eau,  outre  l'accroissement  d'hygrométricité  et  l'abaissement  de  temoéra- 
tiu-e  qu'elle  peut  aussi  occasionner,  doit  avoir  sur  l'économie  animale  et 
pour  l'assainissement  des  lieux  habités  une  influence  qui  mérite  l'attention 
de  ceux  qui  s'occupent  des  questions  de  salubrité. 

»  Il  a  d'ailleurs  été  constaté  dans  ces  expériences  que  l'air  qui  s'était  ainsi 
chargé  de  vapeur  d'eau  avait,  comme  on  pouvait  le  prévoir,  une  tempéra- 
ture inférieure  à  celle  de  l'air  extérieur.  Ainsi,  dans  l'expérience  du  4  sep- 
tembre, où  aucune  goutte  d'eau  n'atteignait  le  thermomètre  placé  au  som- 
met   du  tuyau,    la  différence  a  été  de   i  |  degré.   Dans  une  expérience 

(i)  Les  vents  et  les  ouragans,  en  agitant  violemment  l'atmosphère,  les  courants  ascendants 
dus  aux  inégalités  de  température,  les  volcans  en  émettant  d'une  manière  incessante  des  gaz, 
des  vapeurs  et  des  cendres  tellement  divisées,  que  souvent  elles  vont  s'abattre  à  de  prodi- 
gieuses distances,  portent  et  maintiennent  dans  les  hautes  régions  des  corpuscules  enlevés 
à  la  surface  du  sol  ou  arrachés  à  la  partie  interne  et  peut-être  encore  incandescente  du  globe. 
Dans  les  phénomènes  liés  à  l'organisme  des  plantes  et  des  animaux,  ces  substances  si  ténues, 
d'origines  si  diverses,  dont  l'air  est  le  véhicule,  exercent  vraisemblablement  une  action 
bien  plus  prononcée  qu'on  n'est  communément  porté  à  le  supposer.  Leur  permanence  est 
d'ailleurs  mise  hors  de  doute  par  le  seul  témoignage  des  sens,  lors(]a'un  )ayon  de  soleil  pé- 
nètre dans  un  lieu  peu  éclairé  ;  l'imagination  se  figure  aisément,  mais  non  sans  un  certain 
dégoût,  tout  ce  que  renferment  ces  poussières  que  nous  respirons  sans  cesse  et  que  Bergmann 
a  parfaitement  caractérisées  en  les  noninianl  les  immondices  de  l'ntmosplièrc.  Elles  établissent, 
en  quelque  sorte,  le  contact  entre  les  individus  les  [dus  éloignés  les  uns  des  autres,  et  bien 
que  leur  proportion,  leur  nature,  et  par  conséquent  leurs  effets,  soient  des  plus  variés,  ce 
n'est  pas  s'avancer  trop  que  de  leur  attribuer  une  partie  de  l'insalubrité  qui  se  manisfestc 
habituellement  dans  les  grandes  agglomérations  d'hommes.  {Jgronomie,  Cliiiuic  ngrico'e  et 
Physiologie,  par  M.  Boussingault,  a''  édit.,  t.  II,  p.  236.) 

96.. 


(  7^4  ) 
antérieure,  un  thermomètre,  établi  aussi  en  dehors  de  l'action  directe  de 
l'eau,  avait  indiqué  une  différence  de  i  degrés  environ. 

»  L'air  était  donc  rafraîchi  en  même  temps  qu'il  éprouvait  une  modifi- 
cation analogue  à  celle  que  produit  un  courant  électrique.  On  pourrait  se 
demander  si  la  quantité  d'eau  qu'il  faudrait  ainsi  dépenser  ne  dépasserait 
pas  ce  qu'il  serait  possible  d'allouer  pour  une  amélioration  de  ce  genre.  Il 
est  facile  de  faire  voir  que  cette  crainte  ne  serait  pas  fondée. 

»  Je  me  borne  aux  indications  précédentes,  persuadé  que  si  les  résultats 
que  j'ai  obtenus  sont,  comme  je  le  pense,  confirmés  par  d'autres  expéri- 
mentateurs, ils  appelleront  l'attention  des  médecins  et  des  Commissions 
d'hygiène  sur  le  parti  que  l'on  peut  en  tirer  pour  l'assainissement  des  hô- 
pitaux ou  pour  d'autres  effets  physiologiques.  ■> 

PHYSIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Noie  en  réponse  à  des  observations  critiques 
présentées  à  l'Académie  par  MM.  Pouchet,  Joly  et  Musset,  dans  la  séance  du 
21  septembre  dernier  ;  par  M.  L.  Pasteub. 

«  Dans  mon  Mémoire  sur  la  doctrine  des  générations  spontartées,  j'af- 
firme «  qu'il  est  toujoiu's  possible  de  prélever,  en  un  lieu  déterminé,  un 
»  volume  notable,  mais  limité,  d'air  ordinaire  n'ayant  subi  aucune  espèce 
»  de  modification  physique  ou  chimique,  et  tout  à  fait  impropre  néan- 
»  moins  à  provoquer  une  altération  quelconque  dans  une  liqueur  érainem- 
))   ment  putrescible.    » 

»  Je  croyais  avoir  donné  de  cette  assertion  une  démonstration  en  quelque 
sorte  mathématique.  Je  trouve  cependant  au  Compte  rendu  de  la  séance  du 
21  septembre  dernier  une  relation  d'expériences  exécutées  dans  l'intérieur 
de  la  Maladetta  (Pyrénées  d'Espagne),  par  MM.  Pouchet,  Joly  et  Musset, 
qui  réfute,  au  dire  de  mes  persévérants  contradicteurs,  l'opinion  que  je 
viens  de  rappeler. 

»  Ces  expériences  sont  de  tout  point  pareilles  à  celles  que  j'ai  exécutées 
moi-même  sur  la  mer  de  glace,  sur  le  Jura,  et  au  pied  du  premier  plateau  du 
Jura,  au  mois  de  septembre  i86o. 

»  Je  me  félicite  que  ces  habiles  naturalistes  aient  pris  la  peine  d'aller  faire 
à  la  Renckise  et  à  la  Maladetta  ce  que  j'avais  fait  au  mont  Blanc  et  sur  un 
des  plateaux  du  Jura,  et  qu'à  mon  exemple,  comme  ils  le  disent  expressé- 
ment, ils  aient  éloigné  leurs  guides,  l'influence  de  leurs  vêtements  autant 
que  possible,  élevé  les  ballons  au-dessus  de  leurs  têtes,  et  chauffé  la  pointe 
avant  de  la  briser.  Tout  ceci  est  extrait  de  la  Note  à  laquelle  je  réponds. 


(  7^5  ) 
Cependant  j'ai  regretté  que  ces  messieurs  aient  brisé  la  pointe  des  ballons  à 
l'aide  d'une  lime  chauffée  préalablement,  au  lieu  d'une  pince.  Dans  ce  détail 
important  ils  se  sont  séparés  de  ma  manière  d'opérer.  Mon  Mémoire  dit  que 
j'ai  brisé  la  pointe  effilée  des  ballons  «  à  l'aide  d'une  pince  de  fer  dont  les 
))  longues  branches  venaient  d'être  passées  dans  la  flamme,  afin  de  brûler 
»  les  poussières  qui  pourraient  se  trouver  à  leur  surface  et  qui  ne  manque- 
»  raient  pas  d'être  chassées  en  partie  dans  le  ballon  par  la  rentrée  brusque 
»  de  l'air.  »  Pour  que  la  lime  fasse  l'office  de  la  pince  dont  je  parle,  il  faut 
de  toute  nécessité  que  la  lime  seule  touche  et  brise  la  pointe  du  ballon, 
que  le  pouce  et  la  main  n'interviennent  qu'à  distance,  parce  que  la  main, 
elle,  ne  peut  évidemment  être  chauffée  préalablement  comme  la  lime  ou  la 
pince(i). 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  on  voit  bien  qu'à  tout  prendre  mes  savants  adver- 
saires ont  apporté  des  soins  particuliers  dans  leurs  essais,  et  qu'ils  ont  été 
guidés  par  le  ferme  désir  de  répéter  minutieusement  mes  expériences. 

»  Mais  ce  qu'ils  ont  omis  d'appliquer,  et  ce  n'est  pas  devant  l'Académie 
des  Sciences  qu'il  sera  utile  de  faire  remarquer  l'éuormité  de  la  lacime,  c'est 
la  méthode  même  que  j'ai  mise  en  pratique. 

D  Et,  en  effet,  MM.  Pouchet,  Joly  et  Musset  ont  ouvert  quatre  ballons  à 
la  Rencluse  et  quatre  à  la  Maladetta,  Or,  j'en  avais  ouvert  vingt  à  la  mer  de 
glace,  vingt  sur  le  Jura,  vingt  au  pied  du  Jura,  ainsi  que  mon  Mémoire  en 
témoigne;  et,  s'il  n'y  avait  pas  eu  une  grande  difficulté  à  transporter  une 
multitude  de  ballons  vides  d'air,  à  pointe  effilée,  depuis  Paris  jusque  dans 
ces  trois  localités,  j'en  aurais  ouvert  cinquante  ou  cent  à  chacune  des 
stations. 

»  Qui  ne  voit,  eu  effet,  que  toute  la  métiiode  est  là?  Que  voulais-je  démon- 
trer? Entre  autres  choses,  que  dans  l'air  atmosphérique  d'une  localité 
quelconque,  ici  il  y  a  des  germes,  à  coté  il  n'y  en  a  pas,  plus  loin  il  y  en  a 
encore;  qu'd  n'y  a  donc  pas  dans  l'ataiosphére  continuité  de  la  cause  des 

(i)  J'ai  regretté  également  de  trouver,  dans  la  Note  de  MM.  Pouchet,  Joly  et  Musset,  l'in- 
dication suivante  :  «  Nous  prîmes  le  soin  d'agiter  les  ballons  de  manière  à  rendre  mous- 
>i  seuse  la  décoction  de  foin  qui  s'y  trouvait  contenue.  Puis  ces  niatras  furent  immédiate- 
»   ment  refermés  à  la  lampe.   » 

C'est  bien  faire  que  d'agiter,  quoique,  pendant  le  retour,  les  ballons  soient  assez  secoués. 
Mais  il  faudrait  agiter  après  avoir  fermé  les  ballons,  parce  que  les  agitaiions  brusques  opè- 
rent des  déplacements  et  des  rentrées  d'air  qui,  s'ils  se  font  à  petite  distance  des  mains  et 
des  vêtements  des  opérateuis,  peuvent  donner  lieu  à  des  causes  d'erreurs  dont  j'ai  pu 
apprécier  l'influence  non  douteuse. 


(  7^6) 
générations  dites  spontanées,  et  qu'enfin  c'est  une  opinion  entièrement 
erronée  que  la  plus  petite  quantité  d'air  commun  soit  capable  de  détermi- 
ner dans  des  infusions  le  dévelojipement  de  toutes  sortes  de  mucédinées  et 
d'infusoires.  Pour  établir  ces  faits,  si  durs  à  la  doctrine  des  générations 
spontanées,  et  qui  viennent  de  conduire  ses  partisans  à  la  Maladetta  dans 
le  vain  espoir  de  les  réfuter,  ma  méthode  consiste  à  prélever  dans  une  loca- 
lité quelconque  un  certain  nombre  de  volumes  d'air  et  à  en  étudier  l'ac- 
tion sin-  des  infusions.  Mais  une  conclusion  de  quelque  valeur  n'est  possible 
qu  à  la  condition  de  répéter  l'expérience  un  assez  grand  nombre  de  fois 
pour  que  le  hasard  n'amène  pas  des  résultats,  soit  tous  négatifs,  soit  tous 
positifs.  J'ai  ouvert  vingt  ballons  sin-  le  Jura,  et  cinq  m'ont  présenté  des  pro- 
ductions organisées  [i).  Supposons  que  j'aie  commis  la  faute  de  MM.  Pou- 
cliet,  Joly  et  Musset,  de  n'en  ouvrir  que  quatre,  j'aurais  pu  tomber  sur 
([uatre  de  ces  cinq  ballons  qui  m'ont  offeit  des  productions,  et  conséquem- 
ment  être  porté  à  penser  que  l'air  sur  le  Jura  est  toujours  fécond,  tandis 
qu'ayant  eu  quinze  ballons  qui  n'ont  rien  donné  d'organisé,  et  cinq  avec 
moisissiu'es  ou  infusoires,  j'ai  pu  dire  avec  une  certitude  ne  laissant  pas  la 
moindre  place  au  doute  :  «  que  l'on  peut  prélever  sur  le  Jura  des  volumes 
H  notables  mais  limités  d'air,  n'ayant  subi  aucune  espèce  de  modification 
»  physique  ou  chimique,  et  tout  à  fait  impropre  néanmoins  à  jirovoquer 
M   une  altération  quelconque  dans  une  liqueur  éminemment  putrescible.   » 

»  Le  lecteur  attentif  verra  que  je  ne  profite  même  pas  dans  cette  discus- 
sion de  l'avantage  que  me  donnent  mes  contradicteurs,  en  ne  parlant  de 
mucédinées  et  d'infusoires  que  pour  quatre  de  leurs  ballons  sur  huit,  cir- 
constance qui  établit  que  les  résultats  que  l'on  m'oppose  confirment  les 
miens.  Tant  que  MM.  Pouchet,  Joly  et  Musset  ne  pourront  pas  affirmer 
qiien  ouvrant  dans  une  localité  quelconque  un  c/iand  nombre  de  matras,  pré- 
jjnrés  exactement  selon  les  prescriptions  de  mon  Mémoire,  il  ny  en  a  pas 
qui  se  conservent  intacts,  et  que  tous  s'altèretit,  i\s  ne  feront  que  confirmer 
l'exactitude  parfaite  de  l'assertion  de  mon  Mémoire  qu'ils  prétendent 
léfuter.  Or,  je  mets  au  défi  que  l'on  produise  un  pareil  résultat. 

»  En  résumé,  voilà  un  exemple  nouveau  à  ajouter  à  tant  d'autres  dans  la 
liste  des  causes  des  erreurs  scientifiques,  où  nous  voyons  que  tout  en  s'effor- 
rant  de  reproduire  et  de  critiquer  les  expériences  d'un  auteur,  on  peut  ne 
pas  comprendre  du  tout  sa  méthode  d'expérimentation  et  croire  même 
qu'oii  le  réfute  quand  ou  nefait  que  confirmer  les  princi|)es  qu'il  a  établis.  » 

(i)   f'nir  mon   Mémoire. 


(  7^7  ) 

CHIRURGIE.  —  Des  procédés  d'ouranoplastie  applicables  aux  Jentes  congénitales 
de  la  vùiHe  palatine  compliquées  de  division  antérieure  de  l'arcade  dentaiiv 
et  de  projection  de  l'os  incisif.  Note  de  M.  Sédillot. 

«  Nous  avons  eu  rhoniieur  d'exposer  sommairement  à  l'Académie  les 
temps  principaux  de  l'ouranoplastie  appliquée  aux  fissures  congénitales  de 
la  voûte  palatine,  sans  division  de  l'arcade  dentaire,  et  on  a  pu  comprendre 
la  possibilité  de  réunir,  après  l'avivement,  les  lambeaux  périostes  emprun- 
tés aux  deux  moitiés  de  la  voûte.  La  mobilité  et  la  laxité  des  parties 
permettent  en  ai'rière  leur  rapprochement  et  leur  contact  en  avant  :  l'ar- 
cade dentaire  fournit  un  point  d'appui  aux  lambeaux  qui,  partant  d'un 
même  pédicule  sur  la  ligne  médiane,  peuvent  être  rapprochés  l'un  de  l'autre 
d'avant  en  arrière  et  de  dehors  en  dedans. 

u  11  n'en  est  plus  de  même  lorsque  l'arcade  dentaire  est  divisée.  Les 
lambeaux,  manquant  d'un  point  d'appui  central,  sont  nécessairement 
entraînés  en  bas  et  en  arrière  par  leur  poids  et  leur  rétractilité,  et  laissent  en 
avant  un  espace  libre  et  ouvert  dépendant  de  la  bifidité  de  la  voûte  et  de 
celle  de  l'arcade  dentaire.  Il  faut  donc  étudier  avec  le  plus  grand  soin  de 
pareilles  dispositions  pour  en  découvrir  les  ressources  et  les  procédés  de 
guérison.  Si  nous  examinons  les  anomalies  présentées  par  notre  malade, 
nous  trouverons  dans  les  moyens  mis  en  usage  pour  y  remédier  des  règles 
applicables  à  des  difformités  analogues  ou  diversement  compliquées. 

»  La  fissure  de  la  voûte,  au  niveau  de  l'écartement  de  l'arcade  dentaire, 
était  de  8  millimètres.  L'os  incisif,  projeté  en  avant  et  incliné  de  droite  à 
gauche  et  d'arrière  en  avant,  supportait  les  deux  incisives  médianes  large- 
ment développées.  Les  deux  incisives  latérales  dont  les  germes  appartien- 
nent normalement  à  l'incisif  n'y  existaient  pas,  mais  semblaient  s'être  repor- 
tées en  arrière,  dans  l'épaisseur  de  la  voûte  où  elles  doublaient  les  premières. 
La  fosse  nasale  droite  était  fermée  en  avant  par  la  jonction  du  voiner  au 
maxillaire  dans  l'étendue  de  quelques  centimètres.  Celle  du  côté  gauche 
était  restée  ouverte  dans  toute  sa  longueur.  Nous  avions  donc  sous  les 
yeux  une  fente  congénitale  de  la  voûte  complètement  médiane  en  arrière, 
où  les  deux  cavités  nasales  communiquaient  avec  la  cavité  buccale,  et 
latérale  gauche  en  avant,  où  le  vomer  fermait  la  fosse  nasale  droite. 

»  Apres  avoir  rétabli  l'intégrité  du  voile  et  de  la  partie  postérieure  de  la 
voûte,  nous  opérâmes  le  bec-de-lièvre  gauche  le  a3  juin,  et  deux  mois  plus 


(  72«  ) 
tard  nous  entreprîmes  rocclusioii   de   l'ouverture  palatine  antérieure,  la 
seule  dont  nous  ne  nous  étions  pas  encore  occupé  et  qui  présentait  i  cen- 
timètre de  longueur. 

»  Les  deux  lambeaux  périostes  avivés  sur  leurs  bords  internes  et  détachés 
de  l'arcade  dentaire  le  long  des  petites  molaires  et  des  canines,  n'étant  pas 
soutenus  en  avant,  tombaient  de  haut  en  bas  sur  la  langue.  Il  fallait  donc 
les  relever  et  les  maintenir  en  contact  entre  eux  et  avec  les  surfaces  osseuses. 
Ce  résultat  fut  obtenu  de  la  manière  suivante  :  sur  les  trois  fils  employés 
aux  points  de  suture,  les  deux  antérieurs  furent  ramenés  par  la  narine 
gauche  et  enroulés  el  noués  sur  une  petite  tige  transversale  rigide,  garnie 
de  caoutchouc  pour  ne  pas  blesser  la  narine,  et,  lorsque  ces  fils  durent  être 
retirés,  on  les  remplaça  par  une  plaque  de  plomb  modelée  sur  la  concavité 
de  la  vovite  et  maintenue  par  l'anse  d'une  ligature  dont  les  extrémités 
étaient  également  fixées  au  devant  de  la  narine  gauche. 

»  Les  lambeaux  ainsi  soutenus  de  bas  en  haut  ne  pouvaient  être  exposés 
à  une  compression  dangereuse,  puisqu'ils  étaient  en  partie  repoussés  vers 
l'espace  libre  de  la  fente  bucco-nasale,et  ils  adhérèrent  facilement  aux  os  et 
en  rendirent  la  fissure  presque  linéaire. 

»  On  pourrait,  dans  certains  cas  de  fentes  palatines  fort  étroites,  se  bor- 
ner à  un  seul  lambeau  que  l'on  renverserait  sur  le  côté  opposé  de  la  voûte, 
préalablement  avivé,  pour  l'y  réunir. 

»  On  ne  saurait  trop  recommander  de  faire  mouler  très-exactement  la 
voûte  du  palais  avant  de  pratiquer  l'ouranoplastie.  On  se  procure  ainsi  la 
facilité  d'avoir  à  sa  disposition  des  obturateurs  prenant  leur  point  d'appui 
sur  les  dents  et  susceptibles  de  soutenir  les  lambeaux  partout  où  on  le  juge 
nécessaire.  Avec  ces  précautions  on  peut  espérer  ramener  la  fente  palatine 
à  de  très-jietites  dimensions  ou  en  obtenir  l'oblitération  définitive,  soit 
spontanément,  soit  par  une  opération  d'une  conception  tout  à  fait  nouvelle. 
On  doit  compter  eu  premier  lieu  sur  le  recul  de  l'os  incisif  sous  la  pression 
continue  de  la  lèvre  restaurée,  ou  sous  l'influence  d'une  action  chirur- 
gicale directe.  Si  ces  moyens  sont  insuffisants,  on  aura  recours  à  rem[)loi 
du  périoste  intégralement  reformé  sur  les  surfaces  osseuses,  auxquelles  on 
aura  emprunté  ses  premiers  lambeaux  oblitérateurs.  La  remarquable  for- 
mule de  M.  Flourens  :  «  Les  os  refont  leur  périoste  »,  se  trouve  ici  parfaite- 
ment vérifiée,  et  au  bout  de  quelques  mois  on  peut  utiliser  sans  crainte 
ce  périoste  reproduit  et  s'en  servir  pour  remédier  aux  dernières  traces  des 
fissures. 


(  7^9  ) 

0  L'emploi  du  périoste  reformé  ouvre  donc  à  la  chirurgie  des  perspec- 
tives inespérées  que  nous  nous  bornerons,  en  ce  moment,  à  signaler. 

))  Parmi  les  autres  indications  du  traitement  des  fentes  palatines  congé- 
nitales, la  conservation  de  l'incisif  est  d'une  importance  capitale.  On  a  sou- 
vent donné  le  conseil  d'enlever  cet  os,  pour  faire  disparaître  la  saillie  du 
nez  et  du  tubercule  médian  et  favoriser  le  rapprochement  des  deux  moitiés 
divisées  de  l'arcade  dentaire.  Cette  doctrine  doit  être  absolument  repoussée, 
car  bien  loin  d'être  un  obstacle  à  l'ouranoplastie,  l'incisif  en  devient  le 
meilleur  élément  de  succès.  Ramené  à  sa  place  et  rétabli  dans  sa  continuité 
avec  l'arcade  dentaire,  il  constitue  un  point  d'appui  central  aux  lambeaux, 
diminue  la  longueur  de  la  fissure  et  contribue  à  la  fermer. 

»  Dans  le  cas  où  l'incisif  serait  réellement  trop  large  pour  être  repoussé 
en  arrière,  on  le  réduirait  à  un  plus  petit  diamètre  par  l'excision  de  ses 
bords.  Les  incisives  latérales  seront  sacrifiées,  mais  sans  grave  inconvé- 
nient, puisque  ces  dents  sont  le  plus  ordinairement  petites,  vacillantes  et 
condamnées  à  tomber  et  à  disparaître.  Quelquefois,  comme  je  l'ai  proposé 
[Médecine  opératoire  ;  Paris,  2^  édition),  les  incisives  médianes  sont  assez 
écartées  l'une  de  l'autre  pour  permettre  l'ablation  d'un  fragment  osseux 
intermédiaire  et  arriver  au  même  résultat  que  le  précédent. 

»  Si  l'incisif  est  trop  saillant  pour  être  graduellement  ramené  en  arrière, 
on  pratique  la  résection  d'iuie  portion  triangulaire  du  vomer  et  on  se  met 
sûrement  à  l'abri  des  hémorragies  par  un  procédé  que  nous  a\ons  depuis 
longtemps  recommandé  en  le  généralisant.  Les  vaisseaux  coupés  en  tra- 
vers et  rendus  libres  de  toute  adhérence  se  froncent,  se  raccoiucissent,  de- 
viennent sinueux,  perdent  de  leur  diamètre,  et  le  sang  ne  pouvant  plus  les 
parcourir  facilement  s'y  dépose  sous  forme  de  caillots  et  s'y  arrête.  Il  suffit 
donc  de  séparer  la  muqueuse  et  le  périoste  du  vomer  avec  un  ténotome  ou 
un  grattoir  pour  se  mettre  à  l'abri  de  l'hémorragie,  très-redoutable  chez 
les  jeunes  enfants,  et  qui  était  fréquente  lorsqu'on  excisait  en  même  temps 
l'os  et  ses  tissus  de  revêtement  avec  un  ostéotome.  Les  vaisseaux  restés 
adhérents  avec  des  orifices  béants  donnaient  du  sang  en  abondance  et 
étaient  très- difficiles  à  lier  ou  à  comprimer. 

»  Si  le  vomer  était  uni  à  l'un  des  côtés  de  la  voûte  palatine  et  qu'il  se 
prolongeât  en  avant  pour  se  joindre  à  l'incisif,  c'est  entre  ces  deux  points 
qu'il  devrait  être  excisé,  avec  la  précaution  de  laisser  à  l'incisif  le  plus  de 
saillie  possible,  sur  sou  prolongement  postérieur  ou  buccal. 

))  Il  est  assez  commun  de  trouver  les  deux  moitiés  de  l'arcade  dentaire 
divisées  à  gauche,  plutôt  qu'à  droite  ou  sur  la  ligne  médiane,  et  présentant 

G.  R.,  i863,  2'ne  Semestre.  (T.  LVII,  N»  J8.)  97 


(  733) 
des  courbures  d'un  diamètre  différent.  Ces  défauts  se  corrigent  peu  a  peu 
sous  la  pression  de  la  lèvre  reconstituée. 

»  Nous  résumerons  dans  l'ordre  suivant  les  principales  conditions  du 
succès  : 

1)  j"  Rétablissement  de  l'arcade  dentaire,  comprenant  comme  moyens 
opératoires  les  résections  partielles  de  l'incisif  et  l'ablation  d'une  portion 
du  voilier. 

»  a"  Possibilité  consécutive  de  former  des  lambeaux  périostes  partant 
d  un  pédicule  central  unique,  et  adhérant  à  la  face  postérieure  de  l'os  incisif. 

»   3°  Emploi  d'obturateurs  moulés  sur  la  voûte  palatine. 

»  4°  Recours  au  périoste  de  nouvelle  formation  pour  fermer  les  der- 
nières traces  des  fentes,  pertuis  ou  trajets  fistuleux,  dont  l'oblitération 
n'aurait  pas  été  complète. 

»  Après  la  guérisoîi,  les  traits  du  visage  et  la  forme  de  la  voûte  palatine 
reparaissent  réguliers;  les  aliments  et  les  boissons  cessent  d'être  rejetés  par 
les  fosses  nasales.  La  mastication  et  la  déglutition  sont  faciles  et  normales; 
la  parole  redevient  proinptenient  intelligible  et  distincte. 

»  Il  est  toutefois  nécessaire  de  rappeler,  comme  nous  avons  eu  déjà  l'oc- 
casion de  l'exposer  à  l'Académie  dans  nos  communications  sur  les  résul- 
tats de  la  staphyloraphie  [Comptes  rendus,  séance  du  29  décembre  i85i), 
que  les  opérés  ne  savent  pas  parler  par  suite  de  l'impossibilité  organique 
où  ils  se  trouvaient  de  se  livrer  à  sucun  exercice  de  prononciation,  et 
ils  doivent  apprendre  les  intonations  et  l'accent  de  leur  langue  natale.  Peu 
de  personnes  arrivent  à  bien  prononcer  les  langues  étrangères,  lorsqu'elles 
ne  les  ont  pas  parlées  dans  leur  jeune  âge.  Le  plus  grand  nombre  se 
trahit  par  un  accent  défectueux.  On  ne  saurait  donc  se  montrer  plus 
exigeant  à  l'égnrd  des  opérés  de  l'ouranoplastie.  Leurs  organes  sont  réta- 
blis, mais  l'usage  n'en  sera  recouvré  et  perfectionné  que  par  une  habitude 
de  chaque  jour  et  des  exercices  midtipliés.    » 

Remarques  ^/eM.  Flourens  à  l'occasion  de  la  précédente  communication. 

«  M.  Sédillot,  dans  le  remarquable  Mémoire  qu'il  adresse  aujourd'hui 
k  l'Académie,  s'exprime  ainsi  : 

"  La  formule  de  M.  Flourens  se  trouve  ici  parfaitement  vérifiée,  et  au 
))  bout  de  quelques  mois,  on  peut  utiliser  sans  crainte  ce  périoste  reproduit 
»  et  s'en  servir  pour  remédier  aux  dernières  traces  de  fissure. L'emploi  du 
))   périoste  refprmé  ouvre  donc  à  la  chirurgie  des  perspectives  inespérées.  » 

»  Cet  emploi,  signalé  par  M.  Sédillot,  est  un  second  pas,  et  un  grand  pas, 
de  ce  que  j'appelle  la  chirunjie  du  périoste. 


(  73i  ) 

»  J'écrivais,  il  y  a  vingt  ans,  dans  la  première  édition  de  mon  livre  : 

a  Le  périoste  est  la  matière,  l'organe,  Vélofje  qui  sert  à  toutes  ces  repro- 
»  ductions  merveilleuses  (les  reproductions  des  os,  ou  des  parties  d'os). 

»  Le  périoste  est  l'organe  qui  produit  les  os  et  qui  les  reproduit  :  aussi 
»  nulle  autre  partie  de  l'économie  animale  ne  jouit-elle  à  un  aussi  haut 
»   degré  de  la  faculté  de  se  reproduire. 

»  Quelques  jours  suffisent  à  sa  reproduction,  et  cette  reproduction  est 
»   inépuisable. 

»  On  peut  retrancher  une  portion  de  périoste,  elle  se  reproduit;  on  peut 
»   la  retrancher  encore,  et  elle  se  reproduit  encore,  etc.  (i).  » 

»  Voilà  ce  que  j'écrivais,  il  y  a  vingt  ans.  C'était  un  progrès  de  la  phy- 
siologie. On  peut  deviner  combien  il  m'est  doux  de  voir,  grâce  à  un  chi- 
rurgien aussi  éminent,  ce  progrès  passer  aujourd'hui  dans  la  chirurgie.  » 

ASTRONOMIE.  —  M.  Le  Verrier  présente  le  tome  XVIII  de  la  série  des 
Annales  de  l'Observatoire  Impérial  de  Paris,  consacrée  aux  Observations . 
Ce  volume  contient  les  observations  faites  en  l'année  1862,  ainsi  que  leur 
réduction. 

IttÉMOIRES  PRÉSENTES. 

GÉOLOGIE.  —  /Ipplicntion  du  réseau  pentagonal  à  l(f  coordination  des  sources 
de  pétrole  et  des  gîtes  bitumineux  ;  par  M.  E.  B.  de  Chancourtois  :  Troi- 
sième partie.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :   MM.   Chevreul,  Pelouze, 
Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Comme  complément  de  mes  précédentes  Notes  (2),  je  décris  aujourd'hui, 
au  point  de  vue  dominant  de  la  question  des  bitumes,  deux  systèmes  de 
lignes  dont  je  démontrerai  ultérieurement  avec  plus  de  détail  l'importance 
en  Europe,  sous  le  double  rapport  de  la  distribution  des  gîtes  minéraux 
de  toute  nature  et  de  la  configuration  topographique. 

))  Deux  cercles  dont  j'avais  mêlé  par  inadvertance  les  éléments  et  que 
j'avais  par  suite  improprement  appelés  :  le  premier,  cercle  du  Rhône,  de 
l'Adour  et  des  bouches  de  l'Amazone;  le  second,  cercle  du  fleuve  Oural, 
doivent  d'abord  être  rétablis  de  la  manière  suivante. 


(i)   Théorie  expérimentale  de  la  formation  des  os,  p.  'Ji. 
(2)  Foir  les  Comptes  rendus  des  1 7  et  24  ^°ût  i863. 

97- 


(  7 


32 


^ 


»  1°  Trapézoédrique  TmT  des  bouches  de  l'Amazone,  du  haut  Danube  ei 
du  fleuve  Oural. —  Ce  cercle,  qui  donne  en  Asie  l'axe  d'un  mince  faisceau 
comprenant  les  points  volcaniques  du  Tliianschan  voisins  du  volcan  Peshan, 
la  ligne  de  séparation  des  eaux  du  fleuve  Bleu  et  du  fleuve  Jaune,  près  des 
sources  de  ce  dernier,  les  points  volcaniques  et  soinxes  de  gaz  du  Su-Tchuan 
et  du  Kouansi,  et  les  volcans  de  Mindanao,  longe  ensuite  la  côte  du 
Queensland  en  Australie,  passe  au  détroit  de  Cook  et  traverse  l'Amérique 
méridionale,  de  la  saline  d'Alacama  aux  bouches  de  l'Amazone,  en  passant 
à  Potosi.  11  entre  enfin  en  Portugal,  très-près  du  cap  Mondego,  parallèle- 
ment au  cours  du  fleuve  du  même  nom;  puis  en  France,  parallèlement  au 
cours  de  l'Adour  et  de  la  Midouze,  près  de  Dax,  où  l'on  connaît  des  gîtes 
bitumineux;  passe  à  Pontgibaud  et  par  conséquent  très-près  du  Puy  de  la 
Poix  et  des  autres  gîtes  de  bitume  de  l'Auvergne;  chemine  de  Salins  à  Bâle, 
parallèlement  aux  crêtes  du  Jura  qui  dominent  l'Aar  et  au  cours  du  Doubs; 
règle  le  cours  moyen  du  haut  Danube;  coupe  le  Bohmerwaldet  les  Sudètes 
près  de  leurs  plus  hautes  cimes,  l'Arber  et  l'Altvater;  passe  à  Tarnowitz,et 
enfin  donne  le  coiu's  moyen  de  l'Oural  d'Orenbourg  à  Orsk. 

I)  Un  faisceau  parallèle  très-voisin,  de  20  minutes  de  largeur, comprend  : 
lessalines  de  Pancorbo  et  de  Briviesca,près  de  Burgos, les  sources  de  Sallies 
près  d'Orlhez,  Decazeville,  le  Cantal,  le  bassin  hoiiiller  de  Saint-Etienne, 
Lyon,  les  gîtes  de  cuivre  de  Chessy  et  les  gîtes  de  fer  de  la  Yerpillère  et  de 
Villebois,  Seyssel,  la  coupure  du  Bhône  au-dessous  de  Genève,  les  gîtes  de 
fer  des  environs  de  Brunn  en  Moravie,  les  gîtes  de  sel  de  Wieliczka  et  de 
Bochnia,  le  cours  de  la  Sem  et  de  la  Desna  de  Koursk  à  Tcheruigov,  le 
coude  du  Volga  au-dessus  de  Saratov,  Ouralsk  et  le  gîte  de  sel  d'illekskaia. 

»  Dans  une  bande  contiguc  de  20  minutes  de  largeur,  on  distingue  la 
crête  de  l'Oberland  et  le  sillon  parallèle  du  Rhône  dans  le  Valais  repérés 
respectivement  par  les  salines  de  Bex  et  les  sources  d'Aix  en  Savoie,  puis  le 
sillon  de  l'Inn  avec  les-salines  voisines  d'Inspruck  et  de  Salzbourg. 

»  Un  faisceau  de  10  minutes  environ,  mené  par  les  gîtes  de  bitume  et  de 
fer  de  la  basse  Alsace,  comprend  d'un  côté  :  Bayreuth,  Joachimslhal,  le 
Keilberg,  Carisbad,  Tœplitz,  le  lac  des  marais  de  Pinsk,  c'est-à-dire  la  sépa- 
ration des  eaux  de  la  Baltique  et  de  la  mer  Noire,  et  le  singulier  détour  du 
Volga  près  de  Samara;  de  l'autre  côté  :  Montbard  et  Avallon,  c'est-à-dire 
la  localité  où  Buffon  a  le  premier  signalé  la  nature  particulièrement  bitu- 
mineuse et  gypspuse  des  marnes  supraliasiques  et  le  gîte  classique  des  ar- 
koses;  puis  l'embouclune  de  la  Gironde,  enfin  les  gîtes  de  houille  et  de 
mercure  des  Asluries  et  le  cours  du  Minho. 


(  733  ) 

»  Un  faisceau  de  lo  minutes  comprend  le  cours  de  la  Loire  au-dessus 
de  Nantes,  Paris,  c'est-à-dire  le  centre  des  gypses  parisiens,  le  Stahlberg 
et  les  gîtes  métallifères  du  pays  de  Siegen,  le  gîte  de  selde  Stassfiilirt  et  la 
dépression  remarquable  suivie  par  la  Wartha  et  la  Netze. 

»  2°  Trapézoédrique  Tinl  du  Para  et  du  Guadalquivir.  —  Ce  cercle  pas- 
sant aux  mêmes  points  m  que  le  précédent,  dans  le  Brésil  et  dans  la  mer  de 
Chine,  donne  le  Rotomahana  ou  mer  chaude  de  la  Nouvelle-Zélande  et 
marque  la  bouche  du  Para;  approche  de  Palma  et  des  îles  Salvages;  entre 
en  Espagne  par  Cadix  et  y  rencontre  les  gîtes  métallifères  de  Linarès;  tra- 
verse la  Méditerranée  en  relevant  les  îlots  Colombrettes,  près  de  \'alence,  et 
l'île  Gorgone,  en  face  de  Livourne,  et  passe  aux  gîtes  de  soufre  voisins  de 
Cesena.  Le  cours  du  Guadalquivir  est  inscrit  dans  un  faisceau  parallèle  très- 
voisin  qui  comprend  en  outre  les  carrières  de  marbre  et  les  gîtes  de  mer- 
cure de  Carrare  et  de  Serravezza,  les  sources  de  gaz  de  Brigazzo  et  de  Pietra- 
Mala,  les  gîtes  de  soufre  des  environs  de  P»avenne  et  ceux  de  bitume  du 
Monte-Maggiore  en  Istrie,  les  mines  de  sel  de  Dees-Akna  en  Transylvanie, 
et  de  Saczava  en  Bukovine. 

»  Un  faisceau  de  3o  minutes  contigu  au  précédent  contient  les  gîtes  mé- 
tallifères de  Guadalcanal,  Almaden,  le  Cerro  de  Plata,  près  de  Terruel, 
l'amas  de  sel  de  Cardone,  la  source  de  bitume  de  Monaco,  les  salzes  des 
environs  de  Parme  et  deModène,  Idria,  le  lac  Balaton,  les  marais  natri- 
fères  de  Debreczyn,  les  gîtes  argentifères  de  Nagybania,  les  gîtes  de  sel 
du  comitat  de  Marmaros  et  ceux  des  environs  de  Kuty,  en  Gallicie. 

»  Une  ligne  déterminée  par  le  point  a,  près  de  Nisch,  et  le  Tchatir-Dagh, 
en  Crimée,  donne  le  cours  du  Vulturne  au-dessous  de  Capoue,  et  vient 
traverser  longitudinalement  en  Algérie  les  lacs  salés  d'Arzev  et  d'Oran. 
C'est  à  peu  près  l'axe  d'un  faisceau  de  parallèles  très-serrées,  échelonnées 
sur  une  largeur  d'environ  i  degré,  du  cap  Circé  au  cap  Campanella,  c'est- 
à-dire  embrassant  les  îles  Ponces,  les  champs  Phlégréens,  le  Vésuve,  la 
presqu'île  deSorrentc,  et  qui,  prolongé  par  grands  cercles,  comprend  Alger, 
les  gîtes  de  cuivre  de  Tenès  et  des  Mouzaïa,  et  les  îles  Fuertaventure  et 
Lancerote  des  Canaries;  tandis  que  dans  l'autre  sens  il  va  régler  le  cours 
du  bas  Danube  et  celui  du  Rouban. 

»  Ce  faisceau  pourrait  du  reste  être  rattaché  au  cercle  suivant  que  l'exa- 
men des  points  d'émanation  de  la  Sicile  m'a  conduit  à  ajouter  aux  cercles 
déjà  décrits. 

»  Hexatétraédrique  MmTb  de  la  mer  de  Mar)nara  dirigé  du  point  T  de 
l'Etna  sur  le  point  b  de  Derbend.— Voici  les  principaux  traits  et  points  de 


(  7^4  ) 
son  parcours  :  îlot  Antipaxo;  Gallipoli  des  Dardanelles;  Titlis;  Rhlva  ;  Yar- 
kand;  point  H  de  la  Nouvelle-Guinée;  île  Saiiit-Ambroise;  gîte  de  nitrate 
(le  soude  de  Tarapaca;  volcan  de  Lliriiua;  confl  lent  de  l'Aragouaya  et  du 
Tocantins;  Sainte-Lucie  des  îles  du  Cap- Vert,  dans  le  voisinage  desquelles 
on  a  signalé  le  pétrole  nageant  à  la  surface  de  la  mer;  anse  de  Ouro,  sur 
la  côte  d'Afrique;  ligne  des  oasis  au  delà  de  l'Atlas  et  de  l'Oued-el-Djeddi  ; 
côte  du  golfe  d'Hamamet;  Pantcllaria;  enfin,  les  Macalube  et  les  gîtes  de 
soufre  de  Girgenti  et  de  Castro-Giovanni. 

»  Le  concours  de  ces  cercles  aux  mêmes  points  m  voisins  de  Manille  et  de 
Matto-Grosso  (au  Brésil)  m'a  conduit  à  profiter  de  la  projection  gnomo- 
nique  du  pentagone  européen  publiée  par  M.  Élie  de  Beaumont  dans  sa 
Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  pour  étendre  et  détailler  leur  fuseau 
dans  cette  région  du  globe  par  le  tracé  de  i5o  lignes. 

»  Le  cercle  qui  a  les  points  m  pour  pôles  et  passe  conséquemment  au 
point  D  d'Europe  détermine  toutes  ces  lignes  comme  perpendiculaire  com- 
mun. Je  l'appellerai  donc  le  normal  du  système.  Ses  éléments  calculés  sont 
b=  i4°i4'36",92,     L=62''59'/i2",85. 

»  Mais  ce  cercle  normal,  qui  se  trouve  être  un  des  trapézoédriques  les 
plus  riches  en  points  variée  du  réseau,  est  en  même  temps  des  plus  impor- 
tants à  mon  point  de  vue  actuel.  Je  le  décrirai  donc. 

»  Trapézoédrique  TD6  d'0urf/7c//i  ou  du  lac  Tanganjika.  — Limite  des  îles 
Nordfries  du  Sleswig;  Cuxhaven,  à  l'embouchure  de  l'Elbe;  Goslar  et 
Andreasberg,  au  Hartz;  Erfurt;  point  D  de  Remda  ;  Salzbourg  et  Hallein; 
le  gîte  de  mercure  de  Pafernion  et  le  Bleyberg  de  Carinthie  ;  Idria  ;  Fiume, 
près  des  gîtes  de  bitume  du  Monte-Maggiore;  Vieste,  où  le  cercle  rase  l'épe- 
ron de  l'Italie;  Benghazy  et  le  bord  du  plateau  de  Barka  parallèle  à  la  côte 
dugolfedeSydra;  limite  orientale  de  l'oasis  de  Roufarah;  limite  occidentale 
des  montagnes  du  Daifour;  Oudjidji,  sur  la  côte  orientale  du  lac  Tangan- 
jika;  Tété,  sur  le  Zambèze;  enfin  Sofala,  Sabia  et  la  côte  d'Afrique,  des 
bouches  du  Sabia  au  cap  Lady-Gray. 

M  On  aperçoit  facilement  que  ce  cercle  fait  partie  d'un  nouveau  système 
de  lignes  transversal  au  premier  et  dont  je  placerai  provisoirement  les  points 
de  concours  aux  points  /,  pôles  du  trapézoédrique  T inT  des  bouches  de 
l'Amazone  el  du  fleuve  Oural,  qui  serait  en  conséquence  le  cercle  normal  de 
ce  second  système. 

»  Parmi  les  nombreux  alignements  que  j'ai  tracés  dans  cette  nouvelle 
direction,  je  citerai  : 

«  Une  ligne  parallèle  à  la  côte  de  Gothie  qui,  passant  à  Kongsberg, 


(  i^^  ) 

enfile  le  Siind  et  sort  de  la  Morée  par  le  cap  Gallo,  et  une  autre  ligne  allant 
de  Krageroe  à  Zante,  la  bande  de  3o  minutes  qu'elles  comprennent 
allant  couvrir  exactement  l'île  de  Jean-Mayen  ;  le  trapézoédrique  mené  du 
point  T  de  Finlande,  qui  passe  au  centre  des  marais  de  Pinsk,  marque  l'em- 
bouchure du  Bosphore,  passe  ensuite  au  Caire  et  donne  une  sorte  d'axe  du 
cours  du  Nil  dans  l'Egypte;  le  trapézoédrique  mené  du  point  T  de  l'Etna, 
qui  règle  le  cours  général  du  Rhin  de  Bingen  à  Wexel;  la  ligne  du  sillon  du 
Rhône,  de  Martigny  au  lac  de  Genève,  repérée  par  Rourbonne-les-Bains, 
Elgin  et  Brora,  et  celle  qui  joint  les  points  bitumineux  de  Monaco,  Seyssel 
et  Monlbard,  le  cap  Grinez,  Harrowgate,  Alston-Moor;  une  bande  de 
lo  minutes  qui  réunit  les  gîtes  d'étain  de  Penzance  et  de  Piriac  donne  les 
principaux  traits  de  la  côte  de  France  et  la  Gironde,  puis  comprend  encore 
Cardone,  Barcelone  et  aboutit  au  lac  Tchad. 

»  J'avais  déjà  remarqué  la  ligne  de  la  Seine  à  Paris  comme  donnant,  au 
sud,  lecours  de  l'Yonne  de  Clamecy  à  Chitry,  Lyon,  la  Durance  au-dessus  de 
Sisteron,  Saint-Tropez,  le  cap  Farinas,  c'est-à-dire  Carthage  à  quelques 
minutes  près.  Cette  ligne  s'est  trouvée  entrer  en  Angleterre  par  Hastings, 
passer  à  Greenwich  en  marquant  le  crochet  de  la  Tamise  au  sortir  de 
Londres,  puis  très-près  de  Matloc  et  d'Oldham,  et  relever  ensuite  une  série 
de  soimnités  pour  atteindre  le  point  T  des  Hébrides;  enfin,  couper  encore 
l'Islande  par  le  Rotlugia  et  le  Geyser.  On  voit  que  ce  cercle  est  aussi  un 
trapézoédrique  et  que  les  Observatoires  de  Paris  et  de  Greenwich  donnent 
à  peu  près  sa  direction,  mais  on  serait  encore  moins  loin  de  compte  avec  le 
dôme  de  Saint-Paul  et  la  flèche  de  Notre-Dame.  » 

MÉDECINE.  —  De  la  pellagre  dans  les  Iwapices  d'aliénés.  Extrait  d'une  Note 
adressée  par  MM.  L.abitte  et  Pai.v,  médecins  de  l'asile  d'aliénés  de  Cler- 
mont  (Oise),  à  l'occasion  d'ime  communication  récente  de  M.  Lan- 
douzy. 

«  Dans  sa  Note  du  19  octobre  courant,  M.  Landouzy  soutient  :  1°  que 
la  pellagre  est  rare  dans  les  asiles  d'aliénés;  2"  qu'elle  doit  être  attribuée, 
quand  on  l'y  rencontre,  non  pas  à  l'aliénation  mentale,  mais  aux  mauvaises 
conditions  d'hygiène  et  d'alimentation  agissant  sur  les  aliénés  indigents 
comme  sur  les  indigents  non  aliénés. 

»  Nous  soutenons,  au  contraire,  avec  M.  Billod  :  1°  que  l'aliénation 
mentale,  en  apportant  un  trouble  profond  dans  les  actes  de  la  nutrition, 
produit  un  état  spécial  de  cachexie  qui  se  traduit  par  plusieurs  symptômes  : 
diarrhée,  émaciation,  etc.;  2°  que  la  pellagre  n'est  qu'ime  conséquence  de 


(  736) 
l'altération  générale  de  l'organisme,  qu'une  des  manifestations  de  l'état 
cachectique. 

«  A  l'appui  de  ses  conclusions  citées  plus  haut,  M.  Landouzy  produit  les 
résultats  de  son  enquête  dans  47  asiles  de  France  et  de  l'étranger,  et  sa 
communication  à  l'Académie  dos  Sciences  a  surtout  pour  base  les  résultats 
de  nos  recherches  dans  l'asile  d'aliénés  de  Clermont,  que  M.  Landouzy 
expose  en  ces  termes  : 

»  Sur  i3oo  aliénés,  248  pensionnaires  sont  dans  de  bonnes  conditions 
))  d'hygiène  et  d'alimentation,  pas  un  pelhigreux;  400  colons  sont  dans 
)»  les  mêmes  bonnes  conditions,  3  seulement  deviennent  pellagreux;  642 
»  sont  dans  de  mauvaises  conditions  d'hygiène  et  d'alimentation,  38  peila- 
)>   greux.  » 

)>  Ce  sont  là  des  assertions  graves,  et  nous  ne  pouvons  laisser  passer  ces 
chiffres  sans  les  faire  suivre  d'un  commentaire  qui  leur  donne  leur  vraie 
signification  et  montre  qu'ils  ne  prouvent  rien  contre  les  idées  que  nous 
défendons. 

»  La  pellagre  est  rare  parmi  les  aliénés  pensionnaires,  ces  malades 
appartenant  à  une  classe  de  la  société  à  laquelle  les  conditions  de  vie  anté- 
rieure assurent  une  plus  longue  résistance  aux  causes  de  débilitation 
qu'apporte  avec  elle  l'aliénation  mentale.  Cependant,  dans  le  mois  d'août 
dernier,  nous  avons  pu  en  observer  deux  cas.  La  pellagre  est  rare  parmi  les 
malades  habitant  la  colonie  de  Fitz-Jamcs,  les  malades  envoyés  aux  travaux 
des  champs  étant  choisis  parmi  les  plus  valides  et  rentrant  dans  l'asile  dès 
que  s'ouvre,  pour  eux,  la  période  d'affaiblissement.  C'est  dans  l'asile  cen- 
tral que  nous  trouvons  le  plus  grand  nombre  de  pellagreux,  mais  non  pas  38, 
car  nous  sommes  loin  d'être  d'accord,  comme  le  dit  M.  Landouzy,  sur  la 
nature  de  tous  les  faits  que  nous  lui  avons  mis  sous  les  yeux. 

»  Admettons  même  ce  chiffre;  pourquoi  est-il  si  élevé,  se  demande 
M.  Landouzy?  Une  seule  explication  reste,  puisque  l'influence  de  l'aliéna- 
tion doit  être  écartée  :  ce  sont  les  mauvaises  conditions  d'hygiène  et  d'ali- 
mentation. Assertions  que  nous  avons  peine  à  comprendre  de  la  part  de 
M.  Landouzy  alors  qu'il  a  reçu  les  explications  les  plus  franches  sur  le 
régime  de  l'asile,  qui  est  celui  de  tous  les  asiles  publics,  régime  bien  supé- 
rieur à  celui  de  notre  bagne  de  femmes,  qui  contient  1200  détenues  et 
où  jamais  la  pellagre  n'a  fait  son  apparition;  alors  qu'il  a  applaudi  lui- 
même  aux  conditions  de  confortable  assurées  aux  malades  sous  le  rapport 
du  logement,  de  la  tenue,  etc. 

»  M.  Landouzy  veut  faire  de  la  pellagre  une  question  de  budget  :  c'est 


(  73?  ) 
une  erreur;  car  en  retardant  de  quelques  mois,  par  une  alimentation  un 
peu  plus  réconfortante,  la  période  inévitable  de  cachexie,  on  ne  parviendrait 
pas  à  détruire  la  cause,  qui  est  le  trouble  apporté  par  l'aliénation  dans  le 
fonctionnement  physiologique.  Faire  appel  à  la  générosité  des  conseils 
généraux,  c'est  donc  s'attaquer  à  l'ombre  du  mal. 

»  Pour  mieux  démontrer  que  la  présence  de  la  pellagre  dans  les  asiles 
d'aliénés  tient  à  des  conditions  spéciales  et  non  à  l'aliénation,  M.  Landouzy 
invoque  les  résultats  de  son  enquête  :  «  Dans  27  asiles  sur  47,  dit-il,  la  pel- 
»  lagre  a  été  introuvable.  »  Or,  voici  deux  faits  bien  propres  à  prouver  que 
le  savant  professeur  ne  s'est  pas  assez  défié  de  l'entraînement  vers  les  déduc- 
tions précipitées. 

»  Dans  le  tableau  publié  par  M.  Landouzy,  on  trouve  ceci  :  «  Asile  de 
"  Lille,  4i3  aliénés  :  pellagreux,  o.  »  Et  voici  que,  dans  le  numéro  du 
8  octobre  dernier  de  la  Gazette  des  Hôpitaux,  le  médecin  de  l'asile  de  Lille, 
M.  Joire,  publie  le  résultat  de  ses  recherches  depuis  que  son  attention  a  été 
attirée  sur  ce  point,  et  trou\e,  sur  5/|0  aliénés,  17  pellagreux  dont  il  raconte 
l'histoire. 

»  Le  tableau  de  M.  Landouzy  porte  :  «  Bicêtre,  960  aliénés  :  pellagreux,  o.  » 
Or,  200  de  ces  aliénés  viennent  d'être  évacués  siu'  l'asile  de  Clermont,  et  à 
cette  époque-ci  même  nous  avons  trouvé  2  cas  de  pellagre. 

»  Ainsi  se  trouvent  complètement  renversés  les  résidtats  de  celte  enquête, 
qui  a  été  déjà  l'objet  des  plus  vives  protestations  de  la  part  des  médecins 
de  Madrid.  Il  y  a  des  pellagreux  partout  où  il  y  a  des  aliénés,  mais,  pour 
les  trouver,  il  faut  faire  comme  M.  Billod,  M.  Joire,  examiner  avec  une 
attention  scrupuleuse.  Les  indigents  aliénés  ont  plus  de  chances  de  devenir 
pellagreux  que  les  indigents  non  aliénés,  car  ils  sont  dans  un  état  de  misère 
morale  qui  entraîne  la  dégradation  physique  en  dépit  de  tous  les  soins  dont 
on  les  entoure. 

»  Mis  personnellement  en  cause  devant  l'Académie  des  Sciences,  nous 
avons  voulu,  dans  cette  courte  Note,  nous  élever  contre  les  conclusions  du 
travail  de  M.  Landouzy  sur  les  rapports  de  la  pellagre  avec  l'aliénation 
mentale;  en  s'appuyant  sur  les  données  que  nous  lui  avions  fournies, 
M.  Landouzy  savait  combien  nos  interprétations  étaient  éloignées  des 
siennes  :  il  ne  s'étonnera  donc  pas  de  nous  voir  présenter,  à  notre  tour, 
devant  l'Académie,  des  explications  qui  deviennent  en  quelque  sorte  une 
défense.  » 

Cette  Note  est  renvoyée,  comme  l'avait  été  celle  de  M.  Landouzy,  à 
l'examen  de  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

C.  R.,  |863,  î""-  Si-meslre.  (T.  LVII,   «o  18.)  9^ 


(738) 

31.  Touche  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  sur  le  calcul 

(le  la  résislance  des  fluides. 

M.  Gexy  (E.)  adresse  de  Nice  un  travail  intitulé  :  n  Mémoire  sur  utu 
nouvelle  tliéoiie   des  calculs  transcendants,    suivi  d'une    Note   sur   la    vraie 

valeur  des  termes  du  raj)port  —^  après  la  limite  ». 

(Commissaires,  MM.  Piobert,  Morin,  Bertrand.) 

M"'=  Henry  présente  un  Mémoire  portant  pour  titre  :  Considérations  sur 
les  mouvements  centrifuges  des  corps  célestes. 

M.  Faye  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  Mémoire  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  s'il  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imj)rimées  de  la 
Correspondance,  deux  ouvrages  de  Mathématiques  présentés  par  M.  Chasles 
au  nom  de  leurs  auteurs,  MM.  Cremona  et  Clielini,  qui  en  font  hommage  a 
l'Académie  ; 

Et  ut)  ouvrage  de  M.  Arthur  Mancjin  ayant  pour  titre  :  «  Voyage  scienti- 
,  fique  autour  de  ma  chambre  » . 

MÉCANIQUE.  —  Expression  générale  des  conditions  d' isochronisme  du  pendule 
régulateur  à  force  centrifuge.  Note  de  M.  Léo.\  Foucault,  présentée  par 
M.  Le  Verrier. 

«  Le  pendule  régulateur  normal  (*),  fonctionnant  sous  l'angle  a,  a  pour 
durée  de  révolution 


(') 


//  COS  a. 


p 
»  En  remplaçant  g  par  sa  valeur  —  i  cette  formule  devient 


V- 


'/M  COS  a 

:  27r  f 


(*)  Je  désigne  comme  normal  le  régulateur  dont  les  deux  bras  sont  suspendus  à  un  seui 
point  pris  sur  l'axe. 


(  739) 

expression   dans  laquelle  on  voit  plus  clairement  comment  interviennent 

respectivement  la  masse  et  le  poids. 

p 
»  En  effet,  la  formule  est  vraie  quel  que  soit  — i  dont  la  valeur  diffère 

de  g  dès  qu'on  vient  à  tenir  compte  du  poids  des  masses  centrées  non  repré- 
sentées par  M  ;  P  est  alors  la  résultante  des  forces  verticales  qui  sollicitent 
les  masses  M  soumises  en  même  temps  à  la  force  centrifuge. 

»  Pour  que  t  devînt  constant,  il  faudrait  que  P  fût  multiplié  par 
cos  a;  on  aurait  alors,  quel  que  soit  a,  poiu-  la  durée  constante  de  révolu- 
tion, la  valeur  limite 

/7m 


»  Ainsi  la  condition  de  l'isochronisme,  considéré  indépendamment  de  la 
durée  de  révolution,  est  que,  au  lieu  d'une  force  constante  P  agissant  ver- 
ticalement sur  M,  on  ait  une  force  variable  /;  =  P  cos  a,  et  proportionnelle 
à  la  distance  verticale  du  centre  des  masses  M  au  point  de  suspension. 

>i  Au  moyen  du  parallélogramme  qui  complète  le  pendule  régulateuf, 
on  peut  effectivement  agir  sur  le  système  de  manière  à  modifier  l'effet  de  la 
pesanteur.  Pour  cela,  imaginons  qu'à  l'angle  inférieur  de  ce  parallélo- 
gramme, ordinairement  articulé  avec  un  coulant  ou  manchon  mobile  qui 
glisse  le  long  de  l'axe,  on  exerce  une  pression  verticale  f  uniformément 
variée  avec  la  hauteur  h,  de  telle  sorte  qu'au  niveau  même  du  point  de 
suspension  oîi  h  est  nulle,  cette  force  fasse  équilibre  à  la  résidtante  des 
poids  du  système;  quel  que  soit  d'ailleurs  le  coefficient  de  cette  variation, 
l'isochronisme  sera  réalisé. 

»  Pour  exercer  cette  pression  variable,  j'imagine  c[u'on  ait  recours  à  l'ac- 
tion d'un  coutre-poids  qui  descende  à  mesure  que  le  manchon  s'élève,  et, 
sans  rien  préjuger  sur  la  constitution  du  mécanisme,  je  cherche  la  loi  de 
ces  mouvements  concomitants,  en  supposant  simplement  un  contre-poids 
égal  à  la  résultante  des  poids  du  système  sur  le  manchon. 

»  D'après  ce  qui  vient  d'être  dit,  la  force  variable  à  appliquer  au  man- 
chon, en  vue  de  produire  l'isochronisme,  a  pour  expression 

/=_P(A/<  +  i), 

A  étant  le  coefficient  qui  détermine  la  variation  de  cette  force  ;  or,  poin- 
que  f  et  h  varient  proportionnellement,  comme  le  veut  la  formule,  il  faut 
que  dans  toutes  les  positions  du  système  la  vitesse  virtuelle  c/z  du  contre- 
poids estimée  verticalement  et  celle  dk  du  point  d'application  de  la  force 

98.. 


(  74o) 
communiquée  f  obéissent  à  la  relation  * 

^  =  A(/.-/0, 

ha  étant  la  valeur  de  h  pour  y  =  o;  et  par  suite,  on  a 

;  = ^ +  const. 

2 

»  Ainsi,  dans  toutes  les  positions  du  système,  l'espace  qui  mesure  la 
chute  du  contre-poids  est  proportionnel  au  carré  de  la  distance  du  man- 
chon au  point  Iiq,  et  l'on  peut  considérer  que  cette  loi  des  espaces  solidaire- 
ment parcourus  de  part  et  d'autre  constitue  la  condition  précise  de  l'iso- 
chronisme. 

»  Quand  le  manchon  arrive  à  la  position  h^,  l'action  du  contre-poids  est 
nulle,  et  la  durée  de  révolution  est  alors  donnée  par  la  formule  ordinaire  (i) 
en  fonction  de  l'angle  a;  mais  comme  on  a 

COS  a  =  —  /(„=—, 
A 

cette  durée  de  révolution,  qui,  par  le  fait  d'isochronisme,  s'étend  à  toutes 
les  amplitudes,  est  donnée  finalement  par  la  formule 


//M 


dans  laquelle  /  est  la  longueur  des  bras,  M  les  masses  fixées  à  l'extrémité  de 
ces  bras,  P  la  résultante  limite  des  poids  du  système  sur  le  manchon, 
et  A  le  coefficient  de  variation  de  la  force  f  :  toutes  quantités  constantes 
qui  déterminent  la  vitesse  angulaire  et  résument  les  conditions  essentielles 
de  l'isochronisme. 

»  Étant  donné  un  pendule  régulateur  d'une  longueur  quelconque,  on 
peut  donc  toujours  lui  imprimer  avec  l'isochronisme  une  vitesse  de  révolu- 
tion quelconque,  en  lui  associant  un  contre-poids  dont  la  chute  s'accélère 
uniformément  avec  la  hauteur  des  masses  en  mouvement.    » 

CHIMIE.  —  De  la  non-existence  du  ivasiuni  roninie  corjjs  simple  ; 
par  M.  J.  NicKLÈs. 

«  Le  wasium  a  été  indiqué  par  M.  Bahr  comme  existant  dans  l'orlhite  de 
Norvège,  dans  celle  de  l'ile  de  Rœnsholm,  ainsi  que  dans  la  gadolinite 
d'Ytterby.  Il  s'y  trouve  à  l'état  d'oxyde  associé  à  de  la  silice,  de  l'alumine. 


(  74i  ^ 
du  sesquioxyde  de  fer,  de  l'yttria,  de  la  cériiie,  du  didyrue,  de  la  chaux,  du 
mauganèse,  et  à  des  traces  d'urane,  de  thorine  et  de  tantale. 

M  Ces  minéraux  ne  renferment  guère  plus  de  i  pour  loo  de  ivasine 
(oxyde  de  wasium). 

»  Les  propriétés  que  M.  Bahr  signale  comme  caractéristiques  du  nouveau 
métal  n'offrent  selon  nous  aucune  particularité  nouvelle;  de  leur  examen 
résulte,  au  contraire,  la  conviction  que  la  wasine,  loin  de  receler  un  corps 
simple  nouveau,  n'est  qu'un  oxyde  complexe  dont  les  éléments  sont  connus; 
c'est  de  l'yttria  colorée  par  un  peu  d'oxyde  de  didyme  ou  d'oxyde  de 
terbium. 

»  Donc,  le  wasium  n'est  lui-même  que  de  l'yttriiun  contenant  un  peu  de 
ses  congénères,  le  didyme  ou  le  terbium;  c'est  ce  qui  résulte  du  tableau 
suivant,  dans  lequel,  pour  faciliter  la  comparaison,  les  propriétés  signalées 
comme  caractéristiques  du  wasium  ont  été  mises  en  regard  de  celles  qui, 
sur  la  foi  des  observations  faites  par  Gadolin,  Eckeberg,  Klaproth,  Vau- 
quelin,  Berzélius,  Wœliler,  Berlin  et  Mosander,  garantissent  l'autonomie 
de  l'yttrium. 

Acide  oxalique  et  oxalates  en  i       ,  .   .  ,  ,  ,  „      •   •  .  i  , 

,.,..,  i  Précipite  blanc Précipite  blanc. 

dissolution  acide ) 

!  Précipite  imparfaitement,  l'yt- 
tria n'étant  pas  insoluble 
dans  les  sels  ammoniacaux. 

i  Précipité     blanc,     insoluble   )   Précipité     blanc,     insoluble 


Potasse  caustique <        , 

dans  un  excès 


d 


ans  un  excès. 


Sulfate  de  potasse Précipité  blanc  cristallin. .  . .      Précipité  blanc  cristallin. 

, Au  chalumeau,  avec  le  borax,   j 

à  la  flamme  oxydante  et  à  >  Perle  transparente Perle  transparente. 


la  flamme  réductrice. 


La  perle,  exposée  à  la  flamme 

saccadée    du    chalumeau ,  ^  Blanche Blanche. 

devient | 

«  Il  faut  ajouter  que  l'azotate  de  wasine  est  de  couleur  rosée  tout 
comme  l'azotate  d'yttria,  quand,  comme  l'a  vu  Mosander,  ce  sel  contient 
du  didyme^  ou  quand,  comme  le  rappelle  Berzélius,  il  renferme  de  la 
terbine ; 

»   Que  sa  dissolution  aqueuse  fournit  par  l'évaporation  un  précipité  géla- 
tineux, de  même  que  l'azotate  d'yttria  d'après  Klaproth; 


(  74'^  ) 

»  Que  sous  l'influence  du  chlore,  du  cliarboii  et  d'une  haute  tempéra- 
ture, il  donne  un  sublimé  blanc  de  chlorure  volatil  (i),  tandis  que  le  capiit 
morluum  retient  un  chlorure  fixe  ni  plus  ni  moins  que  ryttriuni,  lequel, 
selon  M.  Wœhler,  ne  se  volatilise  que  partiellement  dans  ces  circonstances, 
une  portion  persistant  dans  le  résidu,  même  à  une  température  très-élevée, 
ce  qu'explique  très-bien  l'observation  faite  par  Berzélius,  suivant  laquelle  le 
chlorure  d'yttrium  n'est  pas  volatil  (2). 

«  La  ressemblance  entre  les  deux  corps  est  donc  parfaite,  et  il  est  évi- 
dent que  le  wasium  est  de  l'y  ttrium  impur.  La  couleur  brune  de  son  oxyde 
et  la  teinte  rosée  de  ses  sels  permettent  d'y  soupçonner  de  plus  la  présence 
d'un  peu  de  didyme  et  probablement  aussi  de  terbinm,  ce  congénère  de 
l'ytirium,  si  difficile  à  isoler,  et  qui  se  fait  remarquer  par  la  teinte  rouge  de 
ses  dissolutions  salines.   » 

TECHNOLOGIE.  —  Sur  les  anciens  vitrnux  colorés  des  églises,  el  sur  les  précautions 
à  prendre  pour  Les  netloyer.  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Boxtemps. 

(( Le  nettoyage  des   anciens  vitraux  ne  doit  être  opéré  qu'avec 

de  grandes  précautions.  Quoique  les  tniits  noirs  tracés  sur  les  verres 
de  couleur  des  vitraux  des  Xli®  et  xiii*  siècles  soient  généralement  assez 
bien  vitrifiés,  il  s'en  trouve  cependant  parfois  qui  ont  subi  tellement  peu 
l'action  du  feu,  qu'ils  peuvent  être  enlevés  avec  l'ongle  seulement;  j'in- 
voquerai à  cet  égard  le  .témoignage  de  M.  Viollet-Leduc,  de  M.  Boes- 
vilwald,  qui  se  sont  tant  occupés  de  vitraux.  Il  ne  serait  donc  pas  sans 
danger  de  laver  ces  anciens  vitraux  avec  de  l'acide  chlorhydrique  ou  autre 
qui  pourrait  effacer  complètement  des  traits  qui  ont  résisté  à  l'action  de 
tant  de  siècles. 

'>  Le  savant  administrateur  de  la  manufacture  de  Sèvres  a  dit,  à  l'occa- 
sion de  cette  discussion,  que  ce  qui  fait  la  différence  entre  les  anciens 
vitraux  et  les  modernes,  c'est  le  progrès  n)éme  des  verriers;  que  le  verre 
ancien  était  grossier,  plein  de  rugosités  qui  produisent  un  effet  très-artis- 
tique, et  qu'il  avait  en  raison  de  cela  proposé  à  la  manufacture  de  Sèvres 
l'usage  de  verre  moulé.  Je  prendrai  la  liberté  de  faire  observer  : 

)i    i"  Que  les  vitraux  des  xV^  et  xvi'=  siècles,  qui  sont  considérés  généra- 


^i)  Que  M.  Bahr  considère  comme  du  chlorure  de  thorium;  c'est  le  résidu  fixe  qui  con- 
tiendrait le  wasium. 

[n]    Traité  de  Chimir,  1846;   édition  française,  t.  II,  p.  167  et   170. 


(  743) 
lement  comme  des  chefs-d'œuvre,  les  vitraux,  par  exemple,  de  la  chapelle 
de  Vincennes,  ceux  de  la  chapelle  de  la  Vierge  dans  l'église  Saint-Gervais, 
les  vitraux  de  Saint-Godard  de  Rouen,  de  Champigny,  et  tant  d'antres, 
étaient  composés  de  verres  de  couleur  aussi  transparents,  aussi  exempts 
d'impuretés  que  les  verres  que  l'on  fabrique  aujourd'hui  ; 

w  2°  Que  si  les  vitraux  des  xn",  Siu"  et  xiv°  siècles  étaient  composés  de 
verres  de  couleur  moins  bien  affinés,  moins  bien  soufflés  que  les  nôtres, 
ce  n'est  pas  à  ces  imperfections  que  ces  vitraux  doivent  leur  merveilleux 
effet;  car  lorsqu'un  peintre  verrier  veut  faire  une  copie  exacte  d'un  ancien 
vitrail,  il  arrive  avec  les  verres  de  fabrication  récente  à  i\n  fac-similé  que 
l'on  peut  confondre  avec  l'original;  et  toutefois,  quand  il  s'agit  de  com- 
poser et  de  produire  un  autre  vitrail  du  même  style,  on  ne  retrouve  que 
bien  rarement  dans  cette  production  nouvelle  l'harmonie  générale,  le 
charme  de  composition  des  anciens.  Ce  n'est  pas  à  la  différence  des  maté- 
riaux qu'il  faut  en  attribuer  la  cause,  mais  à  l'inhabileté  de  l'artiste,  qui  ne 
possède  pas  au  même  degré  que  les  anciens  peintres  verriers  le  génie  déco- 
ratif appliqué  à  l'art  spécial  des  vitraux.  Ces  anciens  peintres  verriers  avaient 
le  sens  intime  de  la  loi  du  constraste  des  couleurs,  si  savamment  déve- 
loppée de  nos  jours  par  M.  Chevreul,  et  ils  produisaient  des  chefs-d'œuvre, 
non  pas  à  cause  de  l'imperfection  des  matériaux,  mais  pour  ainsi  dire 
malgré  cette  imperfection.  On  a  fait  de  nos  jours  quelques  essais  de  vitraux 
composés  de  verres  de  couleur  moulés,  et  je  dois  dire  que  ces  essais  ne 
sont  que  la  confirmation  de  l'opinion  que  je  soumets  à  l'Académie.  » 

TÉRATOLOGIE.  —  Sur  des  cas  de  palmidactylisme  se  reproduisant  dans  une  même 
famille  pendant  plusieurs  générations.  HxU-ait  d'une  Note  de  M.  Berigxy. 

11  Dans  la  première  génération  du  point  de  départ,  la  mère  avait  les 
troisième  et  quatrième  orteils  du  pied  droit  palmés  dans  toute  leur  lon- 
gueur, tandis  cpie  les  doigts  des  pieds  et  des  mains  de  son  mari  se  trou- 
vaient exempts  de  cette  anomalie. 

»  Dans  la  deuxième  génération,  qui  se  compose  de  sept  enfants  issus  de 
la  première,  quatre  filles  et  trois  garçons,  aucun  ne  présente  l'anomalie  de 
leur  mère. 

»  Dans  la  troisième  génération,  l'une  des  filles  met  au  monde,  entre 
autres  enfants,  une  fdle,  l'aînée,  dont  le  médius  et  l'annulaire  de  la  main 
droite  sont  palmés  comme  ceux  des  orteils  de  sa  grand'raère.  Une  autre 
sœur  a  aussi,  au  nombre  de  ses  enfants,  une  fille  et  un  garçon  portant  tous 


(  744) 

deux  à  la  main  droile  le  médius  et  l'anniilaire  palmés.  Sur  trois  garçons, 
frères  des  deux  filles  précitées,  un  seul  a,  sur  cinq  enfants  du  sexe  mascu- 
lin, l'aîné  de  ces  garçons  qui  vient  au  monde  avec  les  doigts  semblables  à 
ceux  de  sa  cousine  et  de  son  cousin. 

»  Voilà  donc  quatre  enfants  de  la  troisième  génération  qui  héritent  de 
la  digitation  anormale  de  leur  aïeule  maternelle. 

»  Dans  la  quatrième  génération,  l'un  des  arrière-pelits-enfanls,  l'aine  des 
garçons,  qui  a  aussi  une  soudure  du  médius  et  de  l'annulaire  de  la  main, 
droite  est  à  son  tour  père  de  deux  filles  jumelles  dont  l'une  reproduit  au 
pied  droit  l'anomalie  des  deux  orteils  de  sa  bisaïeule,  et  d'un  garçon  qui 
présente  à  la  main  droite  le  même  phénouiène  que  celui  de  son  père. 

»  Ces  faits  me  paraissent  curieux,  en  ce  sens,  d'abord,  qu'il  existe  une 
lacune  complète  de  cette  anomalie  congéniale  entre  la  première  et  la  se- 
conde génération  ;  ensuite,  parce  que  cette  infirmité  est  représentée  par  les 
enfants  aînés;  enfin,  parce  que  l'extrémité  des  membres  droits  présente 
constanunent  cette  anomalie.  » 

M.  Naick,  qui  avait  adressé  précédemment  à  l'Académie  une  Note  eu 
allemand  sur  la  résolution  des  équations  du  troisième  degré,  puis  une 
rédaction  en  latin  du  même  travail,  prie  rx\cadémie  de  vouloir  bien  hâter 
le  travail  de  la  Commission  à  l'examen  de  laquelle  a  été  renvoyé  ce  travail, 
dont  il  donne  aujourd'hui  une  courte  analyse  en  français. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  : 
MM.  Bertrand,  Serret.) 

M.  Callaud,  qui  avait  précédemment  fait  à  l'Académie  plusieurs  commu- 
nications relatives  à  des  piles  sans  vases  poreux,  de  son  invention,  adresse 
aujourd'hui  une  nouvelle  Note  dans  laquelle,  résumant  les  principaux 
avantages  de  ces  piles  sur  celles  qu'on  avait  jusqu'ici  le  plus  communé- 
ment employées,  il  ajoute  que  les  avantages  en  sont  aujourd'hui  si  généra- 
lement reconnus,  que  l'Administration  générale  des  lignes  télégraphiques 
vient  d'adopter  son  système. 

(Renvoi   aux  Commissaires  précédemment   nommés  :   MM.  Becquerel  et 
Pouillet,  et  M.  Edm.  Becquerel  en  remplacement  do  feu  M.  Despretz.) 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


745  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  2  novembre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Annales  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris,  publiées  par  U.J.  Le  Verrier, 
Directeur  de  l'Observatoire.  —  Observations;  t.  XVIII,  1862.  Paris,  i  863  ; 
I  vol.  in-4°. 

Bulletin  et  Cartes  météorologicjues  de  l'Observatoire  impérial,  du  1 1  au 
3i  octobre  1 863  ;  feuilles  autographiées,  in-foi. 

Mélanges  paléonlologiques  (lires  des  Ménwires  de  la  Société  de  Physique  et 
d'Histoire  naturelle  de  Genève,  t.  XVII);  i"  partie,  br.  in'4°;  parY.-i. 
PiCTET,  professeur  à  l'Académie  de  Genève. 

Matériaux  pour  la  Paléontologie  suisse,  ou  Recueil  de  monographies  sur  les 
fossiles  du  Jura  et  des  Alpes;  publiés  par  le  même;  3^  série,  13*^  livraison. 
Genève,  i863;  br.  in-8°. 

Voyage  scientifique  autour  de  ma  chambre;  par  M.  Artbur  Mangin,  avec 
une  préface-anecdote  par  M.  Pitre-Chevalier.  Paris,  1862;  i  vol.  in-8". 

Etoiles  fdantes  de  la  période  du  10  août  i863;  par  M.  Ad.  QuETELET^ 
Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  royale  de  Belgique;  br.  in-8°. 

Eludes  relatives  au  terrain  quaternaire  de  Maine-et-Loire  ;  par  M.  Charles 
MÉNiÈRE,  pharmacien  de  i'*  classe.  Angers,  i863. 

Les  truffes  de  Champagne;  par  J.-L.  Plonquet;  br.  in-8°,  i863. 

Mémoires  de  la  Société  impériale  d' Agriculture,  Sciences  et  Arts  d'Angers 
[ancienne  Académie  d'Angers);  t.  V,  cahiers  i  à  4.  Angers,  1862  (2  exem- 
plaires); t.  VI,  cahiers  i  et  2,  i863  (2  exemplaires). 

Atlas  de  la  Société  de  l'Luhistrie  minérale;  viii^  année,  3'^  livraison,  jan- 
vier, février,  mars  i863.  Saint-Étienne;  in-fol. 

Prodromus  monographiœ  Scilaminearum,  auctore  Paulo  HORANINOW,  cum 
tabulis  IV.  Petropoli,  mdccclxii,  in-fol. 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  la  Société  Philosophique  américaine; 
vol.  IX,  janvier  i863;  n"  69;  br.  in-8°. 

On  the  Archéoptéryx  of  von  Meyer...  Sur  l'Archéoptéryx  de  von  Meyer 
avec  une  description  des  restes  fossiles  d'une  espèce  à  longue  queue,  provenant 
du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen;  par  M.  OwEN  ;  in-4''. 

Sulla  teoria...  Mémoire  sur  la  théorie  des  systèmes  simples  des  coordon- 
nées, et  sur  la  discussion  de  l'équation  générale  du  second  degré  en  coordon- 

C.  R.,  i863,  2n>e  Semestre.  (T.  LVII,  N°  18.)  99 


{  746  ) 
nées  iriangidaires  et  tétraédriques  ;  par  le  professeur  Doni.  Chelini.  Bologne, 
i863;  in-4°. 

Siille  trasformazioni...  Note  sur  les  transformations  géométriques;  par  le 
professeur  L.  Cremona.  Bologne,  i863  ;  in-4''. 

Ces  deux  ouvrages  sont  présentés  au  nom  des  auteurs  par  M,  Chasles. 


PCULICATIOXS     PÉRIODIQUES     REÇCES      PAR     l'aCADÉMIE     PENDANT 
LE    MOIS    d'octobre    18GÔ. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'académie  des  Sciences;  2*  se- 
mestre i863,  n""  i4à  17;  in-4°. 

Annales  fie  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BoussiNGAULT,  Regnault ;  avec  une  Revue  des  travaux  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique publiés  à  l'étranger,  par  MM.  WURTZ  et  Verdet;  3*  série,  t.  LXVIII, 
septembre  i863;  in-8°. 

Annales  de  r Agriculture  française;  5*  série,  t.  XXII,  n°  6;  in-8". 

Annales  delà  Propagation  de  lafoi;  n"  210;  septembre  i863;  in-12. 

Atli  deir Academia  pontificia  de  Nuoui  Lincei;  16"'  année,  i''^  session. 
Rome;  in-4". 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse;  t.  XVI,  n"  69.  Genève;  in-8°. 

Bulletin  de  V Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXVIII,  n"  24;    in-8". 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse;  aoîit  i863;  in-8°. 

Bulletin  de  l' Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique  ;  t.  VI,  n"  7  ;  in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  impériale  et  centrale  d' Agriculture  de  France; 
2-=  série,  t.  XVIII,  n°  10;  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'industrie  nationale,  rédigé  par 
MM.  Combes  et  Peligot;  a*  série,  t.  X,  août  i863;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  août  i863;  in-8''. 

Bulletin  des  travaux  de  la  Société  impériale  de  Médecine  de  Marseille;  n"4) 
octobre  i863;  in-S". 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique  ;  32^  année,  2*^  série,  t.  XV,  n°  8;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris;  t.  IV;  3*  fasc,  juin  à 
août  i863;  in-S". 

Bulletin  du  Laboratoire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle  de  M.  Ch.  Meise; 
août  i863.  Lyon;  in-8°. 


(  747  ) 
BidleUino  deW  Associazione  nazionale  Itcdiana  di  muUio  soccorso  decjli  scitn- 
ziati  letterali  ed  artistt  ;  5'' livr.  Naples,   i863;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encjclopcdi(jue  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  12''  année,  t.  XXIII,  n°'i4  à  17; 
in-8°. 

Catalogue  des  Brevets  d'invention  ;  année  i863,  n"^  3  et  4;  in-8''. 
Gazette  des  Hôpitaux;  36"^  année,  n°'  ii4à  raS;  in-S". 
Gazelle  médicale  de  Paris;  33'^  année,  t.  XVIII,  11°*  4°  à  43;  in-4''. 
Gazette  médicale  d'Orient;  6"  année,  septembre  i863  ;  in-4°. 
Journal  d'Agriculture  pratique;  27*  année,  i863,  n°'  igetao;  in-S". 
Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  t.  IX,  4*^  série, 
octoljre  i863;  in-8''. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d' Horticulture  ;  t.  IX,  septembre 
i863;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;   11^  année,   t.  XLI,    octobre  i863; 
in-8°. 
Journal  des  Vétérinaires  du  Midi  ;  26*  année,  t.  VI,  octobre  t863;  in-8°. 
Journal  des  Connaissances  méilicales  et  pharmaceutiques;  29^  année,  n"*  a--, 
28  et  29  ;  in-8°. 
Journal  d'Agriculture  de  la  Côte-d' Or  ;  jmWe.t  i863;  in-8". 
Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire  ;  t.  I,  octobre  i863;  in-8°. 
Journal  desjabricanls  de  sucre;  4*^  année,  n°'  25  à  28;  in-4°. 
L'Abeille  médicale;  lof^  année,  n°'  [\o  '?i  43;  in-4°. 
L Agriculteur  praticien;  3"  série,  t.  IV,  n°*  24  et  26  ;  in-8". 
L'Art  médical;  9"  année,  t.  XVII,  octobre  i863;  in-8°. 
L'Art  dentaire;  7*  année,  nouvelle  série  ;  septembre  i863;  in-4''. 
La  Lumière;  i3'=  année,  n°  19;  in-4"'- 
La  Médecine  contemporaine;  5®  année,  n°  18;  in-4°. 
La  Science  pittoresque  ;  8*  année;  n°*  23  à  26;  in-4°. 
La  Science  pour  tous;  8*  année;  n°^  44  ^'  46  ;  in-4°. 
Le  Gaz;  7*  année,  n°  8;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie  ;  3"=  année,  n°^  i4  et  i5;  in-4°. 
Le  Tectmologiste;  afi^  année,  octobre  i863;in-8°. 
Le  Courrier  des  Sciences  et  de  l'Industrie;  t.  I,  n°'  5  à  6;  in-8°. 
Les  Mondes.  . .  Revue  hebdomadaire  des  Sciences  et  de  leurs  ajiplicalions  aux 
Arts  et  à  l'Industrie;  1"=  année,  t.  II,  livr.  10  à  12;  iii-S". 
Magasin  pittoresque  ;  3 1*  année  ;  octobre  i863;  in-4°. 


(  748  ) 

Moiiatsbericht...  Compte  rendu  mensuel  des  séances  de  [Académie  royale 
desSciences  de  Prusse;  juin  et  juillet  i863;  in-8°. 

Montpellier  médical:  Journal  mensuel  de  Médecine;  6*  année,  t.  X; 
octobre  t863;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques  ;   i^  série  ;    octobre  1 863  ;  in-8". 

Nachricliten...  Nouvelles  de  l'Université  de Gœttingue;  année  1 863,  n"  i^; 
in-i2. 

Observatorio...  Publications  de  l'Observatoire  météorologique  de  T Infant 
donLuiz,à  l'Ecole  polytechnique  de  Lisbonne;  n°'  lo  à  22,  37,  38  et  4^  ;  feuille 
in-folio  obiongue. 

Presse  scientifique  des  Deux  Mondes;  année  i863,  t.  1",  u"'  19  et  20;  in-8". 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  20*  année;  t.  XX,  octobre  i863;  in-8°. 

Revista  de  obras  publicas;  t.  XI,  n°  19.  Madrid  ;  in-4''. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirtirgicale;  3o*  année,  n"'  19  et  20;  in-8". 

Revue  maritime  et  coloniale;  t.  VII,  octobre  i863;  in-8°. 

Revue  viticole ;  5*  année;  août  et  septembre  i863;  in-8°. 

The  Canadian  naturalist  and  geotogist;  vol.  VIII  ;  n**  4  5  août  r863.  Mont- 
réal; in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  9  NOVEMBRE  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


ME.^ÎOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

Remarque  de  M.  Chevreul  relative  à  une  Lettre  insérée  dans  le  Compte  rendu 
de  la  séance  du  a  de  novembre, 

n  Dans  une  Lettre  insérée  au  Compte  rendu  de  la  séance  du  2  de 
novembre,  il  est  dit,  page  742  :  «  Tl  ne  serait  donc  pas  sans  danger  délaver 
M  ces  anciens  vilraux  avec  de  l'acide  chlorliydrique  ou  autre  qui  pourrai! 
)>  effacer  complètement  des  traits  qui  ont  résisté  à  l'action  de  tant  de 
»  siècles.  » 

))  Présumant  que  ce  passage  peut  concerner  le  procédé  décrit  dans  le 
Compte  rendu  de  la  séance  du  19  d'octobre,  je  réponds  par  deux  citations  : 
i^j'ai  prescrit  l'acide  chlorhydrique  à  4  degrés  de  l'aréomèlre  de  Baume 
(page  661),  ce  qui  ne  désigne  pas  l'acide  chlorhydrique,  car  cette  dernière 
expression  s'applique  à  un  acide  gazeux  et  plus  ordinairement  à  un  acide 
dissous  dans  l'eau,  et  formant  alors  une  solution  d'une  densité  de  1,21 ,  so- 
lution bien  différente  de  V acide  chlorhydrique  à  4  degrés  ;  1°  même  page,  on 
lit  :  «  Au  reste,  je  ne  puis  trop  recommander  aux  personnes  qui  voudraient 
»  recourir  au  procédé  qui  précède,  de  l'essayer  sur  une  pièce  insignifiante 
»  des  vitraux  à  nettoyer,  afin  de  s'assurer  que  les  opérations  auxquelles 
«  ils  seraient  ensuite  soumis  n'auraient  aucune  conséquence  fâcheuse.   » 

C.  R.,  i863,  2™=  St-meslre.  (T.  LVII,  N°  19.)  lOO 


(  75o) 
ALGÈBRE.  —  Sur  les  fondions  de  sept  lettres;  par  M.  Hekmite. 

«  En  représentant,  suivant  l'usage,  un  système  de  p  quantités  indépen- 
dantes par  la  notation  z,,  où  l'on  suppose 

i  =  o,    I,    2,.  .  .,   p—  I, 

toute  substitution  entre  ces  quantités  pourra  se  représenter  analytiqueinent 
de  la  manière  suivante 


l   on] A 


la  fonction  6[i)  étant  déterminée  de  manière  à  reproduire  dans  un  autre 
ordre  l'ensemble  des/;  valeurs  de  l'indice.  Ce  n'est,  il  est  vrai,  qu'une  abré- 
viation de  la  notation  explicite 


tZo,     Zp  ,  .  .   .  ,        Zp_f    I 


où  a,  ^,...,  A,  sont  les  nouveaux  indices,  et  qu'on  obtient  immédiatement 
par  la  formule  d'interpolation  ;  toutefois,  on  verra  qu'on  en  tire  quelques 
résultats  intéressants,  au  moins  à  l'égard  des  fonctions  de  sept  lettres,  en  pre- 
nant pour  symboles  de  distinction,  au  lieu  des  indices /=ro,  i,2,...,p — i, 
un  système  de  résidus  suivant  le  module  p.  Sous  ce  point  de  vue,  la  formule 
d'interpolation  se  simplifie  en  effet,  comme  nous  allons  d'abord  le  montrer. 
M  Soit,  pour  un  instant, 

(p{x)  =r  .r{x  —  i)(.r  —  2)...(.r  —  p  -h  i), 

on  aura,  comme  on  sait, 


5  (x) 


atf  [x] 


Or,  en  supposant  p  premier,  et  employant  le  théorème  connu 

(p  [jr)  ^  jcP  —  .T ,      mod.  p, 
d'où 

^'(,r)  =  -i, 

on  trouvera  inmiédiatement 

5(.r)^—  a{xP-'  — i)  —  b^l^P-'  +  xP-^-i-...  4-i) 

—  ex  {xP~-  +  2XP~^  +  .  . .  +  -iP'^  )  —•■■ 

—  kx[xP--  -h  [p  —  i)x/'-' +...+  (/;  -  i)^-"]. 


(  75'  ) 
Ordonnant  par  rapport  à  .r,  el  remarquant  que  les  nombres  a,  ^,.-i  ^S  coïn- 
cident, sauf  l'ordre,  avec  un  système  de  résidus,  de  sorte  que  leur  somme 
a  +  b  -h...  -i-  k^o,  mod.  p,  il  viendra 

ô(x)  =  a-  X  [b  +  ■xP--c-h...  +  {p  -  i)P-''k] 
—  x-[b-h  2P-'c-h...-h  {p  —  \)P-^k] 


-x''-^[b+2C+...  -+-{p-  i)k], 

ce  qui  est  un  polynôme  à  coefficients  entiers  du  degré  />  —  2,  et  dont  voici  la 
propriété  caractéristique. 

»   Formons  la  suite  des  puissances  0-{.r),  5'(x),...,  d''~^{x),  et  soit,  en 
général, 

6"{x)  =  {n)o  +  {n),x  -h  {n).x- -i-...  +  («)„(;,-2,^'" '''-", 
je  dis  qu'on  aura 

('Oo -!-(«)/'-(  +  {n)up-t}  +  ---  +(«)(«-l)(p-))=0. 

Effectivement,  n,  b,...,  A,  représentant  dans  un  ordre  quelconque  un  sys- 
tème de  résidus,  on  a 

e«(o)  +  5''(i)+...  +Q"{p—  \)  =  a" -\-b" -+-...  +A-« 

=  i"+a"  +  ...  +  A" 
^o,  mod.p, 

de  sorte  qu'en  éliminant  dans9"(jr)  les  puissances  de.r  dont  l'exposant  est 
supérieur  à  p  —  i ,  à  l'aide  de  la  relation  x''~'  5^  i,  le  coefficient  du  terme 
indépendant  auquel  on  sera  ainsi  amené  devra  être  congru  à  zéro. 

»  Et,  réciproquement,   tout  polynôme  à  coefficients  entiers,  de  degré 
p  —  2, 

ô{x)  —  G  -f-  Hx  +...  +Nx''-% 

qui  remplira  ces  conditions,  pourra  servira  désigner  une  substitution,  car 
en  faisant,  pour  un  instant, 

6(o)  =  a,     5(i)  =  è,...,     5(p-i)  =  A, 

la  fonction  [x  —  a){x  —  b)...{x  —  k)  coïncidera,  en  vertu  des  relations 

a"-hh"  +...  -^  A"=o, 

100.. 


(  752) 
avec  JcP  —  .T  ou  a:{jc  ~  i)...{x  —  p  -i-  i\  et,  par  conséquent,  rt,  ^,...,  k 
représenteront  un  système  de  résidus. 

»  Ces  premières  remarques  faites,  nous  allons  les  employer  à  l'étude  des 
substitutions,  en  partant  de  ce  fait  évident  de  lui-même,  que  si  Q  (x)  est  une 
fonction  quelconque,  propre  à  représenter  une  substitution,  la  suivante 

.^(jc)  =  a5(.r  +  /3)  +  7, 

en  excluant  la  valeur  a^o,  aura,  quels  que  soient /3  et  y,  la  même  propriété. 
Or  il  est  aisé  de  définir,  dans  un  tel  ensemble  d'expressions,  une  forme  réduite, 
unique,  qui, une  fois  connue, donnera  toutes  les  autres,  et  ce  qui  se  présente 
le  plus  naturellement  c'est  de  déterminer  a  de  manière  à  rendre  égal  à 
l'unité,  dans  9-  (j:),  le  coefficient  de  la  puissance  la  plus  élevée  de  la  variable, 
jS  en  faisant  disparaître  le  coefficient  de  la  puissance  immédiatement  infé- 
rieure, et  7,  entin,  de  sorte  qu'il  n'y  ait  pas  de  terme  indépendant.  On  pourra 
même  chercher  à  réduire  ultérieurement  .9^  (.r),  en  considérant  l'expression 
(/.^■{frjc),  où  il  restera  encore  lui  entier  arbitraire,  ajirès  qu'on  aura  rendu 
égal  à  l'unité  le  coefficient  du  terme  du  plus  haut  degré.  La  notion  des  formes 
réduites  ainsi  établie  pour  les  fonctions  0[x),  nous  allons,  en  considérant 
les  cas  de  ^  =r  5  et  p  =  7,  montrer  comment  elles  se  déterminent. 

Premier  cas  :  p  =  5. 
»  Les  formes  réduites  sont 

B-{x)^x,     X-,     x^  +  ax; 

la  seconde  est  à  exclure  atleridu  que  ^^  ( x)  ^  x*  ^  j ,  et  il  ne  reste  à  consi- 
dérer que  la  dernière  dont  le  carré  est  x'^-h^ax'^  +  a'  ^x"  (\  -\-  n'^)  -h  la. 
Devant  faire  disparaître  le  terme  indépendant,  il  faut  poser  a^o;  toutes  les 
autres  conditions  se  trouvant  d'ailleurs  remplies  par  l'expression  3-{x)^x', 
il  en  résulte  que  la  totalité  des  substitutions,  pour  un  système  de  cinq  lettres, 
s'obtiennent  en  employant  pour  indices 

ax  -+■  p, 
c({x-h  /3)*-f7, 

où  l'on  n'excepte  que  la  valeur  a^o.  M.  Beiti  avait  donné  déjà  ce  résultai 
dans  le  tome  11  des  Annales  de  Torlnlini,  et  récennnent  M.  Brioschi  en  a  fait 
l'application  la  plus  ingénieuse  dans  son  beau  travail  sur  la  mélhode  de 
Kronecker  poiu'  la  résolution  de  l'équation  du  cinquième  degré  [Jetés  de 
l'Institut  Lombard,  année  i858). 


(  753) 
Deuxième  cas  :  yo  =  '7. 
»  On  devra  partir  des  expressions 

^{jc)^jc,      jc',     x-^-\-nx,     x'' -h  ax' -h  hx ,      x^+ ax^  +  hx--^  ex, 

dont  la  seconde  et  la  troisième  sont  d'abord  à  rejeter,  le  terme  indépendant 
existant  nécessairement  dans  le  cube  de  l'une  et  le  carré  de  l'autre.  Soit  donc 

d- {x)  ^^i  x* -^  ax- -h  bx . 

Le  terme  indépendant  de  ^'  [x)  donne  immédiatement  a^o.  On  trouve 
ensuite 

{x'-^bxf=x\b^  +  ?,b]+?,b''+  1, 

d'où  cette  condition 

3è-  +  i=o,     /(E^dzS, 

et  par  conséquent  ces  deux  formes 

3- (jr)sHa'*  4- 3x,     x" —  ix. 

La  seconde  se  ramène  à  la  première  en  recourantau  dernier  mode  de  réduc- 
tion que  nous  avons  indiqué  en  commençant.  On  trouve  en  effet,  en  pre- 
nant s-  (a-)^jr''  —Sx, 

a-à[ax)^X'''  —  3a' a:, 

de  sorte  qu'il  suffit  pour  y  parvenir  de  poser  a'^—  i,  c'est-à-dire  de  pren- 
dre a  non  résidu  de  7.  Cela  étant  connu,  on  obtient  pour  la  série  des  puis- 
sances : 

.9-  [x)^x''  -t-3x, 

s--(x)  EEEsôx^  -+-  3  j:-, 

S-'  [x]  ^x'\ 
5-*(x)^3j:*  +  jj, 
1  ^'^  [x)^'ix'' +  6x'^ . 

Ainsi  toutes  les  autres  conditions  se  trouvent  remplies  d'elles-mêmes. 
)i  Soit  en  dernier  lieu 

.9-  (  x)  ;^E  x^  -4-  ax^  H-  bx-  +  ex  ; 

on  aura,  en  égalant  à  zéro  les  termes  indépendants  dans  le  carré,  le  cube,  et 
la  quatrième  puissance, 

2f  +  a^  ^o, 

é(3  +  &ac  +  b-)^o, 

ab-  +  4i'>"C^  +  a  (2fl  +  C-)  (1  -\-  inc  +  h-)-^^o. 


(  754) 
r^a  seconde  équation  conduit  à  supposer  d'abord  b^o,  ce  qui  réduit  la 
dernière  a 

(art  +  c^)  (2  +  2flc)5^o. 

Or, en  yfaisant  c^~ — a^^Za^.  elle  donne  l'identité 

:j(a  +  rt'')(i  —  rt')^2(a  — a')^o; 

on  a  donc  cette  expression 

â[x)^x^  ■+-  ax^  +  3a*x, 

où  a  reste  indéterminé,  mais  que  nous  pouvons  ramener  aux  cas  de  a^o, 
eta^i,  a^3,  d'après  la  relation 

a.9-(a.r)  i;^x'  —  aa" x^  +  Zn'^a- x. 

On  vérifiera  aisément  que  la  cinquième  puissance  ne  renferme  pas  d'ailleurs 
de  terme  indépendant.  Supposons  enfin  que  é  ne  soit  pas  ^o,  les  deux 
dernières  équations  donnent,  en  y  faisant  c^3a^. 


d'où  ces  deux  solutions 


(  rt'  Hs—  I,     b^  ±  1; 
on  en  conclut  ces  nouvelles  formes  réduites, 

s(a7)^EX^  +  aj?'±x=  + 3a^r     (aNR7), 
que  nous  ramenons,  en  opérant  comme  tout  à  l'heure,  à  celles-ci  : 

S-  [x)^X^  -^  2X-, 

S-  [x)  ^x"^  -\-  3x'  ±x-  —  X. 

En  résumé,  toutes  les  substitutions  d'un  système  de  sept  lettres,  au  nombre 
de  5o4o,  se  trouvent  représentées  de  cette  manière 

i^X  \  {l      ^X 

Z  \       t    z 

a  .r  -+-  /3     /        \       «0  {x  -1-/3)+  y 


3 

-ia'-hb^  —  o, 

fi  +a*  HE^o, 

a 

=  0,          b  =  ±L-i, 

(  755) 
la  fonction  0  [x)  prenant  successivement  ces  formes: 


2a?% 


x°  -+■  ax^  +  3 a^  J7  [a  c[uelconque ), 

x'^  -f-  ax'^  ±  X-  +  '5a-x    [a  non  résidu  de  7). 

C'est  le  résultat  que  j'ai  déjà  indiqué  dans  une  lettre  adressée  à  M.  Brioschi, 
et  publiée  dans  les  Annales  de  M.  Tortotini;  je  vais  le  compléter  en  présen- 
tant quelques  remarques  sur  les  diverses  fonctions  s-  {x),  et  me  servant  à 
cet  effet  des  formes  réduites  précédemment  obtenues,  savoir  : 

»  {x)^x''-{-3x,  X^  +  2X^,  x^-hx^  +  3x,  x^  +  3k^~x,  X^-i-?>X^±X^  —  X. 

A  l'égard  des  deux  premières,  je  distingue  en  deux  groupes  les  valeurs  de  x\ 
suivant  leur  caractère  quadratique  par  rapport  au  module  7;  on  trouvera 
ainsi  : 

x"^  -h3x^ix,     xR'j, 

^l\X,     xl^R'j, 

^x-,      XNR7. 

Pour  la  troisième,  je  distinguerai  les  indices  en  résidus  cubiques,  et  non 
résidus  par  rapport  à  7,  et  il  viendra 

.X*  4-  X*  +  3x^  —  2X,     x'R.  cubique  7, 
^=  +  2  cT ,     X  NR  cubique  7 . 

Pour  les  deux  dernières  enfin,  on  parviendra  encore  à  des  formes  mo- 
nômes, mais  sous  un  point  de  vue  bien  différent,  car  on  trouvera 

x^  4-  3.r'  —  a:  ^  3a;-,        .r  <  -  » 

:=  ô  X'  m     X    ^    —   5 

2 

et  par  suite,  en  faisant  £  =  it  i, 

.r' +  3a:'  + £.r- — x^  (3  4- £)x-,     x<  -> 

=  (-3  +  €)xS  x>l 
Ces  remarques,  qu'on  vérifie  facilement,  autorisent  jusqu'à  un  certain  point 


(  756) 
peut-être  à  supposer  que  dans  l'étude  des  formes  analytiques  de  substitu- 
tion pour  un  nombre  j^remier  quelconque  p  de  lettres,  les  expressions 
que  nous  avons  nommées  réduites  se  ramènent  elles-mêmes  à  d'autres  beau- 
coup plus  simples,  eu  considérant  les  valeiu's  de  l'indice  comme  résidus  ou 
non  résidus  de  puissances  dont  l'exposant  diviserait/; —  i,  ou  bien  encore 
comme  divisées  en  ces  deux  séries  : 


x=  I,    2,    3,.. 
P  -\-\     p- 


P—  I 


.r 


Soit,  par  exemple,  p=i  mod  4  ;  l'expression 

s,[x)  =  xP--\  ï-\-2' -^ ?>'  +  ... ^  UL:z±\\ 

-^ocP-'  Tu- 2= +  3'  +  ...+  {——)% 


-i-ji'i  +  2-+-3+   ...  -I-  y- — î- j     , 

devient  simplement  :  —  -  jc-  pour  x  <  -  et  ^ —  x^  pour  x  >  -■    Si  de 

plus^- est  lui-même  premier,  en  permutant  circulairement  les  coeffi- 
cients, on  aura  de  nouvelles  expressions  se  réduisant  dans  les  mêmes  con- 
ditions à x^"  et  -\ —  a;^",  l'exposant  w  étant  un  nombre  entier  moindre 


que 


2 

p—  ' 


»  Soit  en  second  lieu 

^[x)^ax'"\x    ^    ^  i  j  —  hx''\x    '    —  i/: 
il  est  clair  qu'on  aura  simplement 

ô-  {x)^2ax<",         xRp, 

c'est  à  cette  catégorie  qu'appartient,  dans  le  cas  de  /;  =  7,  l'expression 
B-{x)^ —  x^  —  2X*,  qui  vérifie  les  relations 


3-[.5-(x)J^x. 


(  757  ) 
Il  en  résulte  qu'on  a  un  système  de  168  substitutions  conjuguées  repré- 
sentées ainsi  : 

L    M  ;  («K7); 

(     ^ox  +  h    ]  \     "aâ{x+b)-t-c    J 

d'où  cette  conséquence,  indiquée  pour  la  première  fois  par  M.  Kronccker, 
qu'une  fonction  de  sept  lettres,  invariable  par  ce  sj'Stème  de  substitutions, 
ne  peut  avoir  que  trente  valeurs  distinctes.  » 

GÉODÉSIR.  —  Pyramide  de  Villejuif.  —  Rapport  jail  à  l' Académie  ; 
par  M.  Le  VEitniER. 

«  Les  pyramides  de  Villejuif  et  de  Juvisysont  les  extrémités  d'une  base 
géodésique  mesurée  en  i^Sô  par  ordre  de  l'Académie,  afin  de  vérifier  l'an- 
cienne base  de  Picart. 

))  Deux  habitants  de  Villejuif,  se  disant  propriétaires  du  terrain  sur  lequel 
est  située  la  première  pyramide,  ont  demandé  à  M.  le  préfet  de  la  Seine 
l'autorisation  de  la  démolir.  Ce  magistrat  a  renvoyé  leur  requête  au  direc- 
teur de  l'Observatoire,  et  celui-ci  à  son  tour,  sachant  que  cette  question  in- 
téressait au  plus  haut  point  l'Académie,  la  lui  a  remise.  L'Académie  a  chargé 
alors  M.  Le  Verrier  d'examiner  l'affaire  et  de  lui  présenter  un  Rapport. 

»  La  base  employée  par  Picart  en  1670,  la  base  vérifiée  par  Cassini 
en  1740,  enfin  la  base  mesurée  par  l'Académie  en  1756,  avaient  toutes  les 
trois  des  termes  différents,  quoique  peu  éloignés  les  uns  des  autres.  La 
base  de  1756  est  la  seule  qui  ait  eu  pour  termes  les  pyramides  actuelles  de 
Villejuif  et  de  Juvisy.  La  pyramide  de  Villejuil  fut  élevée  en  1742,  et  celle 
de  Juvisy  un  peu  plus  fard. 

»  L'Académie  remarqua  avec  justesse  que  si  les  termes  extrêmes  de  la 
base  de  Picart  n'étaient  plus  certains,  cela  importait  peu.  Picart  en  effet 
avait  déduit  de  ses  premiers  triangles  la  mesure  de  la  distance  du  centre  de 
la  tour  de  Montlhéry  au  centre  du  moulin  de  Brie-Comte-Robert,  et  ainsi 
cette  dernière  distance,  trouvée  par  Picart,  égale  à  i3i2i  toises,  pouvait 
être  considérée  à  la  place  de  la  base  de  Picart.  Tout  procédé  par  lequel  on 
pouvait  parvenir,  en  1 756,  à  mesurer  la  vraie  distance  de  la  tour  et  du  moulin 
suffisait  donc  à  la  vérification  qu'on  se  proposait  alors. 

»  En  conséquence,  les  Commissaires  de  l'Académie  mesurèrent  avec 
soin  la  distance  des  centres  des  pyramides  élevées  à  Villejuif  et  à  Juvisy,  et 

G.  R.,  i863,  2""'  Semnslrc.  (T.  LVII,  N»  19.)  'O' 


(  758) 
s'appuyant  sur  cette  base,   ils  en  conclurent   la  distance  de  la  tour  de 
Montihéryau  moulin  de  Brie-Comte-Robert,  savoir,  i3  io8  toises.  Ce  nombre 
est  plus  petit  de  i3  toises  que  celui  obtenu  par  Picart,  soit  une  toise  sut 
mille. 

»  L'Académie  voudra  conserver  les  pyramides  termes  des  opérations 
faites  |)ar  Elle  en  i  '^56,  et  cela  sera  d'autant  plus  facile  qu'elle  a  fait  en  l'jln 
l'acquisiliou  du  terrain  sur  lequel  est  élevée  la  pyramide  de  Villejuif  en 
particulier.  On  lit,  en  effet,  dans  les  procès-verbaux  de  l'Académie,  à  la 
date  du  mercredi  7  juin  1741  : 

«  Acquisition  de  l  Académie.  —  M.  Cassini  fait  savoir  à  la  Compagnie 
»  l'acquisition  qu'il  a  faite,  au  nom  de  l'Académie,  de  six  perches  déterre 
»  achetées  des  nommés  Cyr  Clavier,  père  et  fils,  au  terroir  de  Villejuilve, 
))  pour  y  élever  une  pyramide  destinée  à  fixer  le  terrain  de  la  base  mesurée 
»  au  même  lieu  pour  les  opérations  de  la  méridienne  de  France,  etc.,  et  il 
))  en  remet  le  contrat  passé  par-devant  Luicler,  notaire  du  bailliage  de 
»    Villejuifve,  le  9™''  may  de  la  présente  année.  » 

»  Et,  d'un  autre  côté,  guidé  par  cette  noie,  on  a  retrouvé  ilans  les  car- 
tons de  l'Académie  l'acte  d'acquisition  dont  parle  Cassini,  et  qui,  après 
avoir  été  présenté  par  lui  en  lySô,  est  mis  aujourd'hui  de  nouveau  sous  les 
yeux  de  l'Académie.  Cet  acte,  transcrit  sur  parchemin,  et  dont  lecture  est 
donnée,  est  parfaitement  conservé. 

»  AI.  Le  Verrier  propose  donc  à  l'Académie  de  charger  la  Commission 
administrative  de  prerjdre  toutes  les  mesures  nécessaires  pour  la  restaura- 
tion et  la  conservation  des  pyramides  de  Villejuif  et  de  Juvisy.  'i 

L'Académie  adopte  ces  conclusions  et  décide  que  M.  Le  Verrier  sera, 
pour  ce  travail,  adjoint  à  ta  Commission  administrative. 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Recherches  nouvelles  sur  la  conservation  des  matériaux 
de  construction  et  d'ornementation  ;  par  M.  Fréd.  Kuhlma\n.  (Suite.) 

VIII.   Modifications  dans  la  couleur,   la   dureté  et  la  cristallisation  dues  à    P action  de 

certains  fi  aides  élastiques. 

«  Comme  il  entre  dans  le  cadre  de  mes  recherches  sur  la  conservation 
des  matériaux  de  construction  et  d'ornementation  d'étudier  successivement 
tous  les  genres  d'altération  auxquels  ces  matériaux  sont  habituellement  ou 
peuvent  être  exceptionnellement  exposés,  j'ai  cru  devoir  rendre  aussi  com- 
plète qu'il  m'a  été  possible  de  le  faire  la  série  de  mes  expériences  concer- 


(  759) 
nant  en  particulier  l'action  des  corps  oxydants  ou  désoxydants  sur  les  mar- 
bres, les  agates  et  les  pierres  usitées  dans  la  joaillerie. 

»  J'ai  été  d'autant  plus  encouragé  à  approfondir  ces  recherches,  qu'à 
chaque  pas  elles  augmentaient  d'intérêt  au  triple  point  de  vue  de  la  forma- 
tion des  matières  minérales  naturelles,  de  leurs  transformations  et  de  leur 
cristallisation,  et  qu'elles  se  rattachaient  directement  à  un  travail  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  en  1857  (i),  travail  où  j'envisageais 
les  mêmes  phénomènes  dans  la  formation  des  roches  par  la  voie  humide. 

»  Après  avoir  constaté  que,  par  une  sorte  de  cémentation  ou  une  péné- 
tration par  capillarité,  les  propriétés  caractéristiques  de  certains  agents  chi- 
miques, les  uns  oxydants,  les  autres  désoxydants,  s'exerçaient  sur  les  oxydes 
métalliques  colorants  engagés  dans  les  marbres  et  même  dans  les  pierres 
siliceuses  les  plus  dures,  lorsque  ces  agents  sont  mis  eu  contact  à  l'état  de 
fusion  ignée  avec  ces  matières  minérales,  je  devais  présumer  quedes  modifica- 
tions analogues  pouvaient  être  produites  avec  plus  de  facilité  encore  en  fai- 
sant intervenir  à  l'état  de  fluides  élastiques  des  agents  ayant  les  mêmes  pro- 
priétés et  en  favorisant  également  les  réactions  par  une  température  plus  ou 
moins  élevée,  selon  la  nature  des  minéraux  et  leur  plus  ou  moins  facile 
décomposition  par  la  chaleur. 

»  Dans  la  nature,  les  phénomènes  de  l'altération  des  roches  ont  lieu  le 
plus  souvent  par  l'exposition  de  ces  roches  à  des  vapeurs  ou  à  des  gaz  alté- 
rants, en  dehors  des  circonstances  normales  où  l'air  est  le  principal  agent 
d'oxydation  ;  cela  est  vrai  surtout  lorsqu'il  s'agit  des  émanations  volcani- 
ques. Dans  ces  derniers  cas,  un  point  important  restait  à  examiner  :  c'est  la 
nécessité  de  l'intei  venlion  des  hautes  pressions  à  laquelle  les  géologues  ont 
souvent  subordonné  des  réactions  que  nous  ne  pouvons  apprécier  que  par 
leurs  résultais. 

»  Des  expériences  nombreuses  tentées  dans  cette  direction  m'ont  démon- 
tré jusqu'à  quel  point  les  matières  minérales,  même  les  plus  dures  et  les 
mieux  cristallisées,  peuvent  être  pénétrées  par  les  gaz  lorsque  leur  porosité 
est  augmentée  par  une  élévation  de  température,  et  avec  quelle  facilité  les 
réactions  chimiques  peuvent  être  produites  par  ces  gaz  au  contact  des 
oxydes  que  ces  matières  minérales  contiennent. 

»  Je  vais  énumérer  sommairement  les  principaux  résultats  produits  en 
dirigeant  des  courants  de  gaz  sur  diverses  de  ces  matières  contenues  dans 

(i)  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences,  séances  du  9  et  du  i5  no- 
vembre 1857. 

loi.. 


(76o) 
(les  tubes  de  porcelaine  et  chauffées  à  des  températures  élevées,  mais  non 
susceptibles  de  les  décomposer. 

o  A.  Oxygène.  —  Les  marbres  colorés  par  des  matières  bitumineuses  se 
décolorent.  Les  agates,  les  jaspes  jaunes  ou  verts  prennent  une  couleur 
brune  ou  d'un  rouge  vif.  Les  quartz  enfumés,  les  améthystes,  les  topazes  se 
décolorent  et  conservent  leur  transparence.  La  couleur  des  émeraudes,  du 
saphir,  du  disthène  bleu  et  du  grenat  pâlit.  Les  cornalines  rouges  et  jaunes 
se  décolorent,  mais  la  silice  qui  les  constitue,  en  perdant  son  eau  d'hydra- 
tation, devient  d'un  blanc  mat.  Il  en  est  de  même  des  veines  transparentes 
ou  translucides  qui  traversent  certains  jaspes. 

»  B.  Deuloxyde  d'azole.  —  Ce  gaz  agit  d'une  manière  générale  comme 
l'oxygène  :  il  décolore  de  même  l'améthyste,  la  cornaline.  Une  turquoise 
soumise  à  l'action  de  ce  gaz  au  rouge  brun  a  éclaté,  mais  les  fragments 
ont  conservé  leur  belle  couleur  bleue. 

»  C.  Chlore.  —  Son  action  ne  diffère  pas  de  celle  des  gaz  précédents,  quant 
à  la  décoloration  de  certaines  pierres  précieuses  :  le  diamant  seul  avec  le 
rubis  et  le  saphir  ont  résisté.  Par  l'action  du  chlore  et  du  gaz  acide  chlor- 
hydrique,  des  agates  et  des  jaspes  colorés  en  vert  et  en  orange  ont  pris  une 
couleur  brune,  f^'action  de  l'acide  chlorhydrique  sec  a  transformé  en  chlo- 
rure de  calcium  soluble  dans  l'eau,  et  cela  à  une  grande  profondeur,  des 
veines  de  carbonate  de  chaux  cristallisé  qui  traversaient  les  minéraux  sou- 
mis à  l'essai.  Cet  acide  permet  ainsi  de  faire  un  examen  en  quelque  sorte 
anatomique  de  certains  mélanges  minéraux  et  de  simplifier  leurs  formules. 
Il  peut  permettre  encore  d'enlever  par  sublimation  à  des  agates  rouges  et 
a  d'autres  minéraux  une  partie  du  peroxyde  de  fer  qui  les  imprègne  et 
qui  se  transforme  en  perchlorure  de  fer  volatil. 

»  D.  Hydrocjène.  —  Les  marbres  et  les  agates  colorés  en  rouge  par 
l'oxyde  de  fer  prennent  une  couleur  noire  par  l'effet  de  la  réduction  de  cet 
oxyde.  La  malachite  est  réduite  à  l'état  métallique;  le  lapis-lazuli  noircit; 
un  zircou  d'Expailly  coloré  en  grenat  s'est  décoloré,  mais  des  veines  noires 
y  sont  devenues  apparentes.  En  soumettant  ensuite  ce  zircou  à  un  cou- 
rant d'oxygène,  les  veines  noires  se  sont  transformées  en  veines  rouges,  et 
la  pâte  de  la  pierre  est  restée  incolore  et  transparente. 

1)  E.  Ainnioniacjue.  —  F.e  granit  rouge  prend  une  couleur  noire  de  même 
que  le  jaspe  sanguin.  I^a  malachite  est  réduite  à  l'état  métallique,  et,  ainsi 
que  je  l'ai  démontré  déjà,  1  j  pyrolucite  est  transformée  en  protoxyde  de 
manganèse  avec  production  d'acide  nitrique,  le  protoxyde  conservant  la 
forme  cristalline  de  la  pyrolucite. 


(  76r  ) 
»  F.  C/anoc/ène.  —  Ce  gaz  agit  comme  un  désoxydant  énergique;    il 
décolore  l'améthyste,  la  cornaline  jaune  el;  rouge,  avec  dépôt  de  charbon 
dans  les  fissures  de  ces  pierres.  Les  agates  rouges  deviennent  noires  par 
réduction  de  l'oxyde  de  fer. 

»  G.  Acide  sul [hydrique.  —  Le  diamant  enfumé,  le  diamant  jaune  et  le 
saphir  n'ont  pas  subi  d'altération.  Le  rubis  a  pris  une  teinte  violacée.  Le 
quartz  rose  et  l'améthyste  se  sont  décolorés  sans  cesser  d'être  transparents. 
La  cornaline  rouge  s'est  décolorée  et  a  perdu  sa  transparence  par  déshy- 
dratation. La  turquoise  a  pris  une  couleur  noire;  les  marbres,  les  agates, 
les  granits  colorés  par  de  l'oxyde  de  fer  ont  pris  une  couleur  noire.  De 
l'oxyde  de  fer  pur  s'est  transformé  en  une  masse  noire  recouverte  sur  les 
points  les  plus  chauffés  d'un  vernis  cristallin  jaune  avec  l'éclat  métallique 
du  sulfure  de  fer  naturel. 

»  J'ai  constaté  déjà  qu'en  opérant  à  froid  ou  à  des  températures  modé- 
rées, l'acide  sulfhydrique  transformait  le  carbonatede  plomb  natif  en  sulfure 
de  plomb  conservant  la  forme  des  cristaux  du  carbonate  de  plomb,  et  que 
la  malachite  donnait  dans  ces  mêmes  circonstances  du  sulfure  de  enivre  qui 
conserve  l'aspect  fibreux  et  rubané  de  la  malachite;  enfin,  qu'une  épigénie 
analogue  est  obtenue  en  faisant  réagir  l'hydrogène  sulfuré  sur  du  formiate 
de  plomb. 

»  J'ai  étendu  ces  réactions  à  la  transformation  en  sulfures  d'autres  pro- 
duits cristallisés,  notamment  du  carbonate  de  thallium  qui  m'a  donné  du 
sulfure  de  thallium  présentant  la  cristallisation  prismatique  du  carbonate; 
mais  en  répétant  ces  expériences,  je  me  suis  aperçu  que  si,  après  que  les 
sulfures  pseudomorphiques  sont  ainsi  obtenus,  on  continue  de  les  maintenir 
dans  un  courant  d'acide  sulfhydrique  en  élevant  graduellement  la  tempéra- 
ture, il  arrive  un  moment  où  les  cristaux  pseudomorphiques  se  détruisent 
pour  donner  naissance  à  des  groupements  de  cristaux  affectant  les  formes 
cristallines  propres  aux  sulfures. 

»  M.  Des  Cloizeaux  a  eu  l'obligeance  de  faire  un  examen  attentif  de 
ces  cristaux  artificiels  et  les  a  trouvés,  quant  à  leur  forme  cristalline,  géné- 
ralement conformes  aux  sulfures  natin-els  ;  mon  travail  contient  quelques 
indications  données  à  cet  égard  par  ce  savant  cristallographe.  Le  courant 
de  gaz  favorise  considérablement  ces  transformations  en  donnant  aux 
molécules  des  sulfures  une  plus  grande  mobilité  et  en  facilitant  leur 
volatilisation.  C'est  ainsi  que  le  sulfure  de  plomb  provenant  par  épigénie  du 
carbonate  donne  par  volatilisation  de  magnifiques  cristaux  cubiques  à  faces 


(  762) 

éclalaiites,  avec  très-peu  de  trémies.  Ces  cristaux  se  fixent  aux  parois  inté- 
rieures des  tubes  de  porcelaine  où  la  réaction  a  eu  lieu. 

»  Le  sulfure  de  cuivre  provenant  par  épigénie  de  la  malachite  donne 
des  tables  hexagonales  sans  macles  apparentes,  comme  la  cupréine  de 
Breitli;uipt,et  paraissant  se  cliver  suivant  la  base  des  cristaux.  Du  protoxyde 
de  cuivre  naturel,  soumis  à  un  courant  d'acide  suif  hydrique,  a  donné  nais- 
sance à  un  sulfure  de  cuivre  présentant  une  croûte  cristalline  d'un  bleu  in- 
digo cuivreux  cotiespondant  au  sulfure  naturel,  connue  sous  le  nom  de 
Kujifer-indifj.  Ajoutons  que,  d'après  M.  Des  Cloizejux,  la  cupréine,  ou  sul- 
fure de  cuivre  hexagonal,  est  souvent  associée  dans  la  nature  à  la  malachite. 

»  D'autres  cristallisations  de  sulfures  artificiels  ont  été  obtenues  en  sou- 
mettant, à  des  températures  élevées,  les  oxydes  d'argent  et  de  cadmium  à  un 
courant  d'acide  snlfhydrique.  Le  sulfure  d'argent  a  été  obtenu  cristallisé 
en  dodécaèdres  rliomboïdaux  groupés  d'une  netteté  remarquable.  Le  sul- 
fure de  cadmium  est  brun  ei  transparent;  il  criskillise  en  prismes  dodéca- 
gones réguliers  terminés  par  une  base  ou  par  une  ou  deux  pyramides  hexa- 
gonales qui  n'ont  pu  être  déterminées. 

»  Le  sulfure  de  thallium,  plus  volatil  que  les  deux  précédents  et  se  rap- 
prochant en  cela  du  sulftne  de  plomb,  donne  des  lamelles  cristallines  qui, 
dans  une  première  expérience,  ont  été  agglutinées,  par  suite  d'une  tempé- 
rature trop  élevée. 

»  J'ai  espéré  obtenir,  dans  les  mêmes  circonstances,  du  sulfure  de  zinc; 
mais  l'action  d'iui  coiu'ant  d'acide  snlfhydrique  surde  l'oxyde  blanc  de  zinc 
n'a  pas  produit  de  sulfure,  mais  seulement  de  l'oxyde  d'un  blanc  jaunâtre 
dont  une  partie  s'est  volatilisée  et  a  cristallisé  en  lames  aplaties  recou- 
vertes par  de  très-petits  cristaux  qui  paraissent  être  des  prismes  hexa- 
gonaux. 

IX.  —  Considérations  générales. 

»  Lorsqu'on  envisage  les  modifications  diverses  que  subissent  les  oxydes 
métalliques  engagés  dans  les  pâtes  siliceuses  et  dans  les  marbres  par  l'in- 
fluence des  agents  d'oxydation,  de  réduction  ou  de  snlfuralion,  l'on  arrive 
à  reconnaître  que  ces  modifications  sont  quelquefois  de  puissantes  causes 
de  désagrégation  de  ces  pierres,  indépendamment  des  changements  qui  en 
résultent  dans  la  coloration.  De  même  que  l'eau  qui  a  pénétré  dans  les 
pierres  poreuses  les  brise  par  son  gonflement  lors  de  sa  congélation,  de 
même  des  oxydes  en  se  peroxydant  ou  en  se  changeant  en  sulfures  peuvent 
à  la  longue  produire  la  désagrégation  des  pierres  les  plus  dures. 


(  763  ) 
»  Quand  il  y  a  soustraction  de  matière  par  désoxydation  de  certains 
oxydes  ou  destruction  de  matières  bitumineuses,  la  durcie  des  pierres  dimi- 
nue et  la  porosité  augmente,  et,  dans  ces  cas,  la  cause  de  la  désagrégation 
n'est  pas  aussi  grande;  mais  il  ne  saurait  en  être  de  même  lorsque,  dans 
une  pierre,  loo  d'oxygène,  par  exemple,  sont  portés  à  i5o,  ou  lorsque 
loo  d'oxygène  sont  remplacés  par  300  de  soufre.  Dans  ces  derniers  cas, 
les  causes  de  désagrégation  sont  les  mêmes  que  lorsque,  dans  un  plâtrage 
ou  dans  des  pierres  poreuses,  il  se  développe  du  salpêtre  par  une  fixation 
abondante  d'oxygène.  Ainsi,  par  ces  actions  chimiques  il  y  a  souvent 
diminution  dans  la  dureté,  tandis  que  le  contraire  a  lieu,  comme  je  l'ai 
signalé  précédemment,  lorsque  le  brai  pénètre  dans  les  marbres  ;  dans  ces 
derniers  cas,  les  marbres  sont  toujours  plus  durs  et  susceptibles  de  rece- 
voir un  plus  beau  poli. 

»  Dans  la  plupart  de  mes  expériences,  où  des  modifications  de  couleur 
ont  été  produites  par  superoxydalion,  j'ai  dû  faciliter  l'action  des  agents 
d'oxydation  par  une  température  élevée;  mais  ces  mêmes  phénomènes  s'ac- 
complissent indubitablement  aussi  à  la  température  ordinaire,  par  la  seule 
action  de  l'oxygène  de  l'air.  Seulement,  dans  ce  dernier  cas,  ils  s'accom- 
plissent beaucoup  plus  lentement.  Pour  s'en  convaincre,  il  suffit  d'exa- 
miner attentivement  l'aclion  de  l'air  sur  les  marbres  qui  ont  servi  de  revê- 
tement extérieur  à  d'anciens  monuments.  I^e  Dôme  et  le  Baptistère  de 
Florence  présentent  à  cet  égard  un  exemple  frappant. 

»  Les  jaspes  colorés  eux-mêmes  ne  résistent  pas  à  l'action  prolongée  de 
l'air,  surtout  lorsque  leur  porosité  est  augmentée  par  la  dissolution  dans 
l'eau  pluviale  des  veines  de  carbonate  de  chaux  qui  les  traverse  souvent. 
Ces  altérations  des  pierres  naturelles  justifient  à  un  haut  point  la  préfé- 
rence que,  dans  l'antiquité  et  le  moyen  âge,  on  a  généralement  donnée 
à  l'émail  dans  la  confection  des  mosaïques  destinées  au  décor  extérieur. 
Certes,  si  les  mosaïques  de  Saint-Marc  à  Venise,  de  Saint-Pierre  à  Rome 
et  du  portail  de  la  cathédrale  d'Orvieto  avaient  été  faites  en  pierre,  elles 
n'eussent  pas  conservé  cette  fraîcheur  de  coloration  qui  les  fait  tant  admirer 
aujourd'hui.  Cette  réflexion  s'applique  surtout  aux  mosaïques  de  Pompéi 
qui  constituent  une  des  plus  grandes  richesses  du  musée  de  Naples. 

»  Un  grand  nombre  de  mes  essais  viennent  à  l'appui  de  l'opinion  que 
beaucoup  de  nos  pierres  précieuses  sont  colorées  par  des  matières  organi- 
ques. Celte  opinion  a  été  émise  déjà  par  M.  Lewy  en  ce  qui  concerne  l'é- 
meraude,  et  par  M  Gauthier  de  Claubry  en  ce  qui  concerne  la  cornaline 
rouge. 


(  M  ) 

«  J'ai  déinonlré  que  cette  décoloration  ne  s'arrêtait  pas  à  ces  pierres; 
qu'elle  s'appliquait  entre  autres  pierres  précieuses  à  l'améthyste,  dont 
l'oxyde  de  manganèse  est  généralement  considéré  comme  le  principe  colo- 
rant. Cependant,  Ileinîz,  dans  une  analyse  de  Tamétliyste,  n'y  a  pas  trouvé 
plus  de  Toi'ôô  ^^  manganèse,  et  d'ailleurs  la  décoloration  de  l'améthyste 
en  présence  des  gaz  désoxydants  rend  difficilement  contestable  l'opinion  de 
1  existence  d'une  matière  organique.  Le  quartz  rose  de  Rabenstein  contient 
1  pour  loo  environ  d'oxyde  de  titane.  Il  serait  imprudent  de  se  prononcer 
en  faveur  de  la  coloration  de  ce  quartz  par  des  matières  organiques,  s'il 
est  vrai  qu'il  jouit  de  la  propriété  de  reprendre  sa  couleur  rose  quelque 
temps  après  qu'elle  a  été  détruite  par  la  chaleur. 

»  Le  fiiit  le  plus  important,  au  point  de  vue  géologique,  qui  résulte  des 
recherches  dont  je  viens  de  présenter  le  résumé,  c'est  que,  lorsque  des 
matières  minérales  ont  pris,  par  des  épigénies,  des  formes  pseudomorphi- 
ques,  leurs  molécules  conservent  une  tendance  à  constituer  des  cristaux 
ou  des  groupes  de  cristaux  d'après  les  formes  qui  leur  sont  propres, 
formes  que  ces  corps  affectent  habituellement  dans  la  nature;  mes  résultats 
démontrent  de  plus  que  ces  transformations  peuvent  être  obtenues  sans 
pression  et  sous  l'influence  des  causes  mêmes  qui  ont  déterminé  l'épigénie, 
avec  la  seule  différence  d'une  plus  grande  élévation  de  température. 

»  Des  exemples  que  j'ai  cités  pourront  jeter  quelque  jour  nouveau  sur 
les  phénomènes  si  variés  qui  se  produisent  sous  l'influence  des  émana- 
tions volcaniques,  dans  des  circonstances  où  la  production  des  sulfures 
est  si  fréquente  et  où  des  cristallisations  analogues  à  celles  du  fer  oligiste 
spéculaire  peuvent  certainement  avoir  lieu.  J'ai  constaté,  dans  un  travail 
publié  en  i858  (ij,  que  des  cristaux  isolés  peuvent  se  produire  par  la  voie 
humide,  sans  qu'il  y  ait  d'eau  de  cristallisation.  Aujourdhui  je  viens  si- 
gnaler de  nouveaux  exemples,  où  des  cristaux  non  volatils  isolément  se 
produisent  sous  l'influence  de  courants  gazeux  à  la  pression  ordinaire,  en 
surexcitant  la  propriété  cristallogénique  de  certains  oxydes  ou  sulfures  par 
l'action  d'une  température  élevée.  Puisse  l'ensemble  de  ces  faits  éclaircir 
quelques  points  encore  obscurs  de  l'étude  des  nombreuses  modiflca- 
tions  que  les  matières  minérales  subissent  à  la  surface  du  globe.  » 

(i)   Comptes  rendus  des  séances  de  l' Académie  des  Sciences,  séance  du  17  mai  i858. 


(  765  ) 

MICROGRAPHIE  ATMOSPHÉRIQUE.  —  Observations  failes  sur  l'air  de  la  cime  du 
mont  Blanc,  à  14800  pieds  d'altitude;  par  M.   Pouchet. 

«  Un  de  nos  plus  intrépides  explorateurs  des  Alpes,  le  D''  Rolb,  vient 
de  me  fournir  l'occasion  d'étutlier  l'air  provenant  des  plus  hautes  cimes 
de  cette  chaîne  de  montagnes. 

»  Dans  plusieurs  de  ses  excursions  au  milieu  de  celles-ci,  des  guides 
avaient  été  chargés  de  flacons  de  a5o  centimètres  cubes  de  capacité,  qui, 
à  l'aide  de  précautions  dont  le  détail  serait  trop  long,  avaient  été  remplis 
d'eau  bouillante,  afin  de  tuer  radicalement  tous  les  organismes  qu'ils  pour- 
raient contenir  (i). 

))  Parvenu  dans  les  endroits  dont  il  voulait  rapporter  de  l'air,  le  D' Kolb 
débouchait  ses  flacons  et  y  laissait  rentrer  ce  gaz  à  mesure  que  l'eau 
s'écoulait  (2).  Aussitôt  qu'im  flacon  en  était  rempli  on  le  bouchait  hermé- 
tiquement, après  quoi  on  enduisait  immédiatement  son  orifice  d'un  lut  de 
vernis  à  la  copale  et  de  vermillon.  Ces  flacons,  au  nombre  de  quatre,  furent 
expédiés  à  Rouen  immédiatement  après  la  descente  du  voyageur,  et  ils  y 
arrivèrent  tous  parfaitement  bouchés. 

»  Deux  des  flacons  contenant  de  l'air  pris  à  la  cime  du  mont  Blanc  furent 
renversés  et  débouchés  dans  une  décoction  de  trèfle  commun  ayant  subi 
une  ébullition  d'une  heure  et  encore  presque  bouillante.  I-e  liquide,  en  s'y 
précipitant  de  bas  en  haut,  démontra  que  ces  flacons  avaient  été  hermétique- 
ment clos,  l'air  qu'ils  contenaient  ayant  encore  conservé  toute  sa  raréfac- 
tion. 

»  Après  avoir  rebouché  ces  flacons  sous  le  liquide  chaud,  on  en  plongea 
le  goulot  dans  du  mercure  porté  à  la  température  de  160  degrés  pendant 
une  heure. 

»  Le  troisième  jour,  la  décoction,  qui  occupait  environ  le  tiers  des  vases, 
se  troubla,  et  il  était  évident  qu'il  s'y  produisait  des  Infuspires.   Observée 

(i)  Ces  flacons,  qui  bouchaient  parfaitement  à  l'énieri,  avaient  un  goulot  très-étroit.  Tous 
avaient  séjourné  dans  l'eau  bouillante  pendant  plus  de  45  minutes  après  en  avoir  été  remplis 
et  avant  d'être  enfin  bouchés  hermétiquement. 

(2)  Poussant  les  précautions  jusqu'à  l'excès,  avant  de  déboucher  ses  flacons,  le  D''Kolb 
avait  eu  le  soin  de  faire  éloigner  tous  ses  guides,  et  lui-même  d'en  tenir  constamment  l'ou- 
verture du  côté  d'où  venait  le  vent,  de  façon  qu'aucun  corpuscule  provenant,  soit  de  lui,  soit 
de  ses  compagnons,  ne  pût  s'y  introduire. 

C.  R.,  i863,  2"i«  Semeslre.  (T.  LVII,  N»  19.)  I02 


(  766) 
au  microscope,  on  la  trouva  remplie  de  Monades  vivantes,  d'une  grosseur 
moyenne  entre  le  Monai  lens  et  le  Monas  crepiisculuin,  de  Sjnrillum  et  de 
Bactéries.  On  y  observa  aussi  quelques  Amibes  immobiles. 

»   Un  flacon  d'air  pris  sur  le  sommet  du  Buct,à  une  altitude  de  gSoo  pieds, 
et  rempli  en  partie  de  la  même  macération,  donna  des  produits  absolument 


analogues. 


«  Dans  quelques  centimètres  d'air  provenant  des  sommets  du  raont  Rose 
j'ai  vu  se  produire  des  Monades  et  des  Vibrions. 

»  Ces  expériences  sur  l'air  du  mont  Blanc  et  de  quelques  autres  points 
culminants  des  Alpes  viennent  encore  démontrer  que,  quel  que  soit  le  lieu 
ou  l'altitude  d'où  provienne  celui-ci,  constamment  il  est  apte  à  produire  des 
animalcules  vivants,  ce  que  viennent  encore  de  prouver  les  dernières  expé- 
riences entreprises  sur  la  Maladetta  par  MM.  Joly,  Musset  et  moi. 

»  Cependant,  dans  toutes  ces  altitudes  considérables,  comme  je  le  démon- 
trerai par  de  nouvelles  observations,  on  reconnaît  que  l'air  est  presque  to- 
talement dépouillé  de  corpuscules  organiques.  Son  étude  et  l'examen  de  la 
neige  le  démontrent  évidemment.  On  n'y  découvre  ni  œufs  ni  spores.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

CHI.M1E.  —  Etude  sur  les  tungstates  et  sur  l'équivalent  du  tungstène; 
par    M,   J.   Persoz. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Fremy,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  1.  Le  tunsgstènc,  d'après  la  constitution  et  les  propriétés  de  ses  com- 
posés oxygénés,  appartient  au  groupe  des  radicaux  biatomiques,  l'arsenic, 
l'antimoine  et  le  pliospliore. 

»  2.  Son  équivalent  (O  =  loo),  déduit  de  nombreuses  expériences,  est 

1916  =  -^. 

»   3.   Le  tungstène  forme  deux  composés  oxydés  : 

[a)  Un  oxyde  WO',  oxyde  tungstique, 

[b)  Un  acide    W0%  acide  tungstique. 

»  4.  Par  leur  union,  ces  deux  composés  peuvent  engendrer  un  troi- 
sième oxyde  (du  genre  oxjdes  satins  de  Berzélius  et  de  M.  Dumas)  qui  cor- 
respond à  la  formule 

W0'  + W0'=:  2W0\ 

»  5.  L'acide  tungsîique  est  polybasique,  ses  sels  simples  ou  doubles  se 


(  767) 

représentent  par  les  formules  générales 

WO»,  MO,IIO  +  nAq, 
WO%MO,MO  +  nAq. 

»  6.  T/acide  tnngstique  peut,  à  la  manière  de  ses  congénères,  les  acides 
phosphoriqiie  et  antimonique,  se  modifier  physiquement  par  la  chaleur,  au 
point  que  sa  capacité  de  saturation  se  trouve  réduite  de  moitié;  on  peut 
donc  dire  qu'il  donne  naissance  à  un  nouvel  acide,  l'acide  métatuncj&licjue, 
dont  l'existence  dépend  d'ailleurs  de  conditions  bien  déterminées.  La  for- 
mule de  cet  acide  est 

(W0=)='     ou     W-O'o. 

)>   7.  Les  métatungstates  simples  se  représentent  par  la  formule 

(WO=)=MO,  110  + Aq. 

M  Ils  forment  facilement  des  sels  doubles  en  se  combinant,  soit  entre 
eux  : 

^  (WO')=MO,  H0| 

""^  (WO=fMO,Moi^     "ï' 

soit  avec  des  tungstates  simples  : 

(W0=)-M0,n0  1 
^*^  W0=    MO,Hoi^'^'ï- 

»  C'est  dans  ces  formules  que  rentrent  les  paratungstates  et  certains 
lungstates  acides. 

»  8.  Le  soufre,  le  chlore,  le  brome  se  combinent  avec  le  tungstène  en 
produisant  des  composés  qui  correspondent  exactement  aux  oxydes  et 
acides. 

»  9.  Le  tungstène,  pas  plus  que  le  phosphore,  n'engendre  cVo.xychh- 
nire.  Les  composés  que  l'on  a  ainsi  désignés  sont  des  combinaisons  en  pro- 
portions définies,  mais  variables,  (.Vacule  anhydre  avec  le  cliloride  corres- 
pondant. 1) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉE. 

ORGANOGÉNIE  VÉGÉTALE.  —  Composition  organophytogénique  des  feuilles; 

par  M.  Ch.  Fermond. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

o  Jusqu'à  ce  jour_,  la  plupart  des  botanistes  ont  été  conduits  à  n'admettre 

102. 


(768) 
que  deux  éléments  bien  distincts  dansla  feuille,  savoir  :  le  pétiole  et  le  limbe, 
considérant  comme  appartenant  au  pétiole  une  troisième  partie,  la  (/aine, 
qui,  selon  nous,  a  son  existence  particulière  ainsi  que  sa  croissance  indé- 
pendante. Nous  allons  chercher  à  démontrer  qu'une  feuille  peut  être  formée 
de  trois  parties  faciles  à  distinguer  dans  beaucoup  de  feuilles,  quoique  sou- 
vent une  des  parties  et  quelquefois  deux  puissent  faire  défaut. 

»  Feuilles  de  Monocotylëclones.  —  i"  Certains  végétaux  monocotyiédonés, 
pour  tout  organe  appeudiculaire,  ne  présentent  que  des  gaines  :  Cyperus  mi- 
nimus,  setaceus,  nrenarius,  prolifer,  etc.  ;  Scirpus  palustris,  laciistris,  acicu- 
Inris^  etc.;  Elœocliaris  ovnln;  Jnncits  filifonnis,  grandis,  riibens,  etc.  Par  cette 
observation,  l'existence  particulière  de  la  gaîne  n'est  déjà  pas  douteuse. 
C'est  la  feuille  dans  son  plus  grand  état  de  simplicité. 

»  2°  Si  nous  suivons  le  développement  des  bourgeons  qui  se  forment  sur 
le  rhizome  de  VJrundo  Donax,  nous  voyons  d'abord  se  produire  des  gaines 
simples,  uniformes;  mais  les  gaines  qui  viennent  après  sont  surmon- 
tées d'un  tout  petit  limbe  de  forme  triangulaire;  puis,  à  mesure  que  le 
végétal  se  développe,  ou  voit  successivement  les  gaines  fournir  un  limbe  de 
plus  en  plus  allongé,  si  bien  que  ce  limbe  finit  par  être  la  partie  dominante 
de  la  feuille.  Ici  les  deux  parties  sont  très-distinctes  et  sont  séparées  par  un 
petit  organe  nommé  ligule. 

»  3°  Dans  le  Cannu  jiepnlensis  on  voit  d'abord  des  gaines  seules  se  former, 
puis  un  limbe,  et,  plus  haut,  ou  coaunence  à  voir  le  limbe  se  séparer  de  la 
gaîne  par  une  sorte  d'étranglement  qui  arrive  bientôt  à  simuler  un  pétiole, 
mais  un  pétiole  membraneux  sur  ses  bords;  il  est  plus  distinct,  mais  très- 
court,  dans  les  Mnranta  arundinacea  et  bicolor;  il  est  bien  plus  développé 
dans  le  Strelitzia  régime,  et  très-allongé  dans  le  Ponlederia  cordata.  Comme 
on  le  voit,  il  est  facile  de  distinguer  trois  parties  dans  certaines  feuilles. 
Mais  la  gaîne  et  le  pétiole  ne  sont-ils  qu'un  seul  et  même  élément  de  la 
feuille?  Voici  comment  l'expérience  répond  à  cette  question. 

»  Avec  des  aiguilles  très-fines  nous  avons  fait  des  ponctuations  à  des  dis- 
tances égales,  sur  la  partie  médiane  des  gaines,  des  pétioles  et  des  limbes 
de  très-jeunes  pousses  des  Canna  nepalensis,  Arundo  Donax,  Allium  Cepa  et 
Porruni,  Hyacinthus  arienlatis  et  Funkia  ovata,  etc.,el  nous  avons  reconnu  que 
ces  ponctuations,  pendant  la  croissance,  gardaient  sensiblement  les  mêmes 
intervalles  au  sommet  des  feuilles,  tandis  qu'elles  s'éloignaient  proportion- 
nellement de  plus  eu  plus  vers  la  base.  Or,  dans  cette  progression  les  pé- 
tioles des  Canna  nepalensis  et  Funkia  ovata  avaient  complètement  suivi  le  sort 
de  la  nervure  médiane,  c'est-à-dire  que   les  distances  observées  sur  eux 


(  769) 

étaient  proportionnelles  à  la  plus  basse  position  des  ponctuations  au-dessous 
du  limbe,  et  en  rapport  avec  les  distances  proportionnelles  observées  au- 
dessus  dans  la  nervure  du  limbe.  Il  n'en  était  pas  ainsi  de  la  gaîne;  celle- 
ci  avait  pris  une  croissance  tout  à  fait  isolée,  et,  bien  que  se  produisant 
dans  le  même  sens  que  le  reste  de  la  feuille,  on  pouvait  constater  que  la  dis- 
tance des  points  marqués  sur  elle  ne  continuait  plus  la  progression  que  le 
pétiole  avait  observée  par  rapport  à  celle  que  l'on  trouvait  sur  le  limbe. 
En  effet,  les  deux  points  supérieurs  marqués  sur  la  gaîne  avaient  peu 
changé  de  distance  primitive,  tandis  que  le  point  le  plus  inférieur  du 
limbe  s'est  trouvé,  dans  VJtlinin  Cepa  et  V Arundo  Donax,  excessivement 
élevé  par  rapport  à  la  ponctuation  supérieure  de  la  gaîne,  ce  qui  indique 
bien  l'Hidépendance  de  croissance  de  la  gaîne  et  du  reste  de  la  feuille,  et 
par  conséquent  l'existence  particulière  de  la  gaîne. 

»  Feuilles  de  Dicotylédones.  — La  gaîne,  infiniment  plus  rare  dans  lesDico- 
tylédones,  a  cependant  son  analogue  et  son  indépendance  du  pétiole  dans 
beaucoup  d'Ombellifères,  par  exemple  dans  V Anrjelica  Razulsii,  le  Melano- 
selinum  decipiens,  etc.  Mais  en  observant  la  manière  dont  se  fait  le  déve- 
loppement du  bourgeon  dans  le  Pœonia  ojficinalis,  pour  les  feuilles  alternes, 
ou  dans  l'/Esculns  hippocaslcinnm,  pour  les  feuilles  opposées,  on  reconnaît 
que  l'organe  qui  semble  être  l'analogue  d'une  gaîne,  dans  les  premiers  or- 
ganes appendiculaires,  se  transforme  peu  à  peu  en  un  vrai  pétiole,  si  bien 
que  l'on  est  conduit  ici  à  considérer  cette  apparence  de  gaîne  comme  l'ana- 
logue d'un  pétiole,  et  c'est  sans  doute  pour  cette  raison  que  beaucoup  de 
célèbres  botanistes  ont  regardé  la  gaîne  comme  un  pétiole  dilaté. 

>)  Les  gaines  nous  paraissent  rares  dans  les  Dicotylédones,  à  cause  de  la 
particularité  que  possède  ce  groupe  de  plantes  d'offrir  deux  cotylédons  et 
souvent  deux  feuilles  opposées  qui  souvent  se  déplacent.  Mais  on  les  retrouve 
en  observant  qu'elles  peuvent  se  présenter  sans  exastosies  ou  avec  exastosies 
circulaires. 

n  1°  Avec  exastosie  d'un  seul  côté,  elles  forment  les  pe7;o/esf/i7rttà  plus  ou 
moins  embrassants  ou  ventrus  de  beaucoup  d'Ombellifères  [Angelica,  He- 
racleum,  etc.).  Quand  cette  gaîne  s'ouvre  complètement  et  qu'en  même 
temps  elle  se  sépare  de  chaque  côté  du  pétiole,  alors  elle  forme  les  stipules, 
lesquelles,  très-développées,  par  balancement  organique,  dans  le  Lathyrus 
Aphaca,  diminuent  de  volume  dans  le  Lathyrus pralensis ;  restent  adhérentes 
au  pétiole  dans  les  Rosa;  se  séparent  du  pétiole  et  réduisent  de  beaucoup 
leur  volume  dans  le  Rubus  coUinus  ;  ne  sont  plus  représentées  que  par  un 
simple  filament  dans  le  Rubus  idœus  et  par  une  simple  glande  dans  le  No- 
blevillea  Gestasiana.  Quand  la  gaîne  se  réduit  ainsi,  ou  lorsqu'elle  forme  des 


(77°) 
stipules  libres,  on  comprend  que  sa  feuille  ne  soit  plus  embrassante  et  qu'au 
contraire  elle  soit  attachée  à  l'axe  par  un  point  très-resireint. 

»  Mais  la  gaine  peut  se  séparer  du  pétiole  par  exastosie  centripète  ;  alors 
on  voit  le  sommet  de  la  gaîne  se  détacher  un  peu  du  pétiole  de  manière  à 
rappeler  laligule  des  Graminées  {Sium  lalijolhim,  Fœniculum  vulgare).DsiU9, 
le  Melinuthus  major  et  le  Drosera  nnglica,  cette  gaîne  ne  tient  plus  au  pé- 
tiole que  par  sa  base.  Enfin,  chez  le  Drosera  cjram'mifolia,  celte  gaîne  est 
complètement  libre  :  c'est  ce  nouvel  état  de  la  gaîne  qui  constitue  la  stipule 
nxillaire. 

n  1°  Le  défaut  d'exastosie  circulaire  en  fait  une  gaîne  analogue  à  celle 
des  Cypéracées,  de  quelques  Amomées,  de  quelques  Commélinées  {Ti^a- 
f/escc/na'a),  et  que  l'on  a  désignée  sous  le  nom  d'ocArca  (Polygonées,  Pla- 
tanées);  maison  remarque  cette  différence,  que  dans  les  Monocotylédones 
la  gaîne  entière  est  continuée  à  son  sommet  par  le  limbe,  tandis  que  chez 
les  Dicotylédones,  par  exastosie  centripète,  la  gaîne  entière  se  sépare  du 
pétiole  souvent  jusqu'à  sa  base.  Enfin  quelquefois  la  gaîne  entière  se  dé- 
tache de  chaque  côté  du  pétiole  et  forme  une  véritable  stipule  oppositifoliée, 
comme  dans  les  Ricins. 

»  Cette  manière  de  voir  est  complètement  d'accord  avec  les  données  que 
présente  la  phytogénie  des  divers  éléments  de  la  feuille  et  que  nous  ne 
pouvons  reproduire  ici.  Mais  ces  études  phytogéniqnes  conduisent  à  regar- 
der les  feuilles  triangulaires  du  Bulomus  iimbellalus,  du  Trujlochin  Barrelieri, 
de  V^sphoclelitie  lutta,  etc.,  comme  des  feuilles  uniquement  constituées  par 
une  gaîne  surmontée  d'un  pétiole  sans  limbe.  Or,  cette  manière  de  voir 
conduit  à  une  conséquence  remarquable.  En  effet,  dans  les  feuilles  de 
forme  triangulaire  que  nous  venons  de  citer,  on  peut  observer  que  l'une 
des  faces  du  triangle,  la  moins  bombée,  est  toujours  en  face  de  l'axe.  En  exa- 
minant sous  ce  point  de  vue  la  feuille  de  VEriophorum  gracile,  on  la  voit 
présenterdans  sa  longueur  un  léger  sillon  qui  fait  face  à  l'axe., Ce  sillon  lon- 
gitudinal se  trouve  beaucoup  plus  prononcé  dans  certaines  feuilles  [Tri— 
lama  glauca).  Dans  Y Hemerocallis  fuha,  ce  sillon,  plus  prononcé  encore,  en 
fait  une  feuille  pliée  longitudinalement  et  conséquemment  offrant  un  grand 
angle  rentrant.  Enfin,  dans  la  plupart  des  feuilles,  cet  angle  s'élargit  et  con- 
duit au  limbe  plan  de  beaucoup  de  feuilles  de  Graminées,  Cypéracées,  etc. 
De  sorte  que,  progressivement,  en  partant  de  la  feuille  du  Bulomus  umbcl- 
latus,  on  arrive  au  limbe  de  la  feuille  du  Lis  et  à  plus  forte  raison  à  celui  de 
la  feuille  des  Graminées.  Par  conséquent,  la  déduction  de  cette  analyse  est 
que,  si  l'on  considère  les  feuilles  triangulaires  dont  nous  avons  parlé  comme 
des  pétioles,  il  est  de  nécessité  rigoureuse  de  regarder  les  limbes  des  Gra- 


(  771  ) 
minées,  Cypéracées  et  quelques  autres  comme  des  pétioles;  car  sans  cela, 
où  devrait-on  s'arrêter  pom*  distinguer  le  pétiole  du  limbe? 

M  Mais  si  les  feuilles  triangulaires  ne  sont  composées  que  de  gaines  et  de 
pétioles,  les  feuilles  fistuleuses  des  Àlliiiin,  de  V y^upliodelus  fistutosiis,  eti-.^  qui 
ont  un  même  mode  de  formation,  ne  sont  aussi  composées  que  d'une  gaine 
et  d'un  pétiole,  car  elles  conservent  encore  un  reste  de  la  forme  triangu- 
laire que  nous  avons  reconnue  à  la  feuille  du  Butomus;  telle  est,  en  parti- 
culier, celle  de  \ Âsphodelus  fislulosus. 

))  Enfin,  par  une  suite  de  déductions  de  même  ordre,  on  arrive  à  con- 
clure que  les  feuilles  verticales  des  Iridées,  des  l'hormium,  Dianella,  etc., 
ne  sont  aussi  que  des  pétioles;  et  puisque,  d'une  part,  la  verticalité  du 
limbe  des  Iridées  conduit  si  bien  à  l'explication  du  phyllode,  en  même 
temps  qu'il  en  indique  la  nature,  et  que,  d'un  autre  côté,  les  parties  vagi- 
nales desfeuilles  de  Dicotylédones  se  transforment  si  visiblement  en  pétioles, 
il  est  raisonnable  de  penser  que  les  phyllodes  ne  sont  aussi  réellement  que 
des  pétioles,  et  nous  arrivons  ainsi,  par  une  voie  différente,  à  la  même 
manière  de  voir  que  les  autres  botanistes. 

»  En  admettant  ces  idées  générales,  on  voit  que  l'on  peut  faire  la  distinc- 
tion suivante,  savoir  :  que  les  feuilles  deMonocotylédones  sont  très-souvent 
formées  d'une  ijaîne  et  d'un  pétiole  seulement;  tandis  que  les  feuilles  de 
Dicotylédones  ne  sont  le  plus  souvent  formées  que  d'un  pétiole  et  d'un  limbe. 
Dans  les  premières,  le  limbe  fait  souvent  défaut,  pendant  que  dans  les  se- 
condes, c'est  plutôt  la  gaine.  On  trouve  d'ailleurs,  dans  les  deux  classes 
de  végétaux,  des  feuilles  constituées  par  les  trois  éléments  présentant  alors 
les  caractères  particuliers  à  chacun  d'eux.   » 

BOTANIQUE.  —  Faits  d'analomie  générale  et  de  physiologie  observés  sur  les 
Cjtinées.  Nutrition  et  respiration  des  plantes  parasites.  Note  de  M.  Ad.  Chatin, 
présentée  par  M.  Duchartre.  (Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Botanique.) 

«  Les  recherches  auxquelles  je  me  suis  livré  sur  les  plantes  de  l'ordre 
des  Cytinées  n'intéressent  pas  seulement  leur  classification,  la  morphologie 
et  la  tératologie,  mais  aussi  l'anatomie  générale  et  la  physiologie.  Je  viens 
aujourd'hui  soumettre  à  l'Académie  celles  de  mes  observations  relatives  à 
ces  dernières. 

»  I.  Les  faits  qui  importent  à  l'anatomie  générale  se  peuvent  résumer 
sommairement  dans  les  propositions  suivantes  : 


(  772  ) 

■n  Le  tissu  subéreux  existe  daus  le  rhizome  [Hydnora). 

»  Le  tissu  utriculaire  offre  jusqu'à  trois  zones  concentriques  fort  distinctes 
rhizome  de  l'Hydnora). 

)>  Les  fibres  corticales  font  défaut,  et  le  tissu  fîbro-ligneux  est  d'une 
délicatesse  très-grande. 

>)  Les  faisceaux  vasculaires  sont  épars  dans  le  plateau-tige  de  VHydnora  , 
comme  daus  quelques  Orobanchées  et  chez  les  plantes  monocotylédones. 

))  Les  vaisseaux  sont  de  deux  sortes,  et  non  tous  marqués  d'étrangle- 
ments répondant  à  des  cloisons,  comme  l'assurait  Meyer. 

Il  Enfin,  les  deux  types  de  direction  générale  (perpendiculaire  et  paral- 
lèle aux  valves)  des  cellules  du  tissu  fibreux  des  anthères  existent  ici,  le 
premier  dans  VHjdnora,  le  second  dans  le  Cytimis;  mais,  quelle  que  soit  la 
direction  des  cellules  à  filets,  elles  sont  toujours,  ceci  étant  un  attribut 
général  de  l'ordre,  ordonnées  sur  une  seule  assise. 

»  IL  Mes  recherches,  en  ce  qui  concerne  la  physiologie,  se  rapportent 
à  deux  fonctions  importantes,  la  nutrition  et  la  respiration. 

»  On  croit  encore  assez  généralement  que  les  végétaux  parasites  tirent 
de  leurs  nourrices  un  aliment  qu'ils  n'ont  plus  qu'à  s'assimiler  pour  leur 
développement,  sans  avoir  à  lui  faire  subir  une  nouvelle  élaboration. 
De  là  cette  croyance  que  les  parasites  partagent  les  qualités  diverses  des 
espèces  nourricières.  Mes  observations,  faites  tant  sur  les  Cytinées  que  sur 
les  Orobanchées  et  les  Loranthacées,  sont  peu  favorables  à  cette  manière 
de  voir. 

»  On  cite  le  Gui  [Viscum  album)  comme  étant  plus  riche  en  tannin 
quand  il  croît  sur  le  Chêne  que  lorsqu'il  vit  sur  le  Peuplier  [Populus],  le 
Pommier  (Malus),  etc.  ;  mais  telle  est  l'inexactitude  de  cette  assertion,  que, 
suivant  mes  observations,  le  Gui  du  Chêne  ne  contient  même  pas  la  plus  faible 
trace  de  vrai  tannin,  ou  tannin  gallique. 

)i  Quant  au  Lo/y//j//iu5  venu  sur  le  Stiyclmos,  et  qui  partagerait  les  pro- 
priétés toxiques  de  celui-ci,  les  expériences  que  j'ai  faites  ne  s'accordent 
point  avec  celles  antérieurement  publiées. 

»  UHydnora  est  recherché  comme  aliment  par  les  Africains,  et  cependant 
il  croît  sur  des  Euphorbes  dont  le  suc  acre  est  un  poison.  Les  sucs  rouges 
et  doucement  astringents  du  Cpinus  ne  se  retrouvent  pas  dans  le  Ciste,  sa 
nourrice;  ainsi  encore,  les  qualités  narcotiques  du  Chanvre  {Cannabis) 
n'existent  aucunement  dans  lOrobanche  qui  vit  sur  lui  en  parasite,  et 
qui  contient  au  contraire,  dans  les  utricules  de  son  parenchyme,  des  goutte- 
lettes oléo-résineuses  qui  manquent  au  Clianvre. 


(  773  ) 

»  Les  Pédiciilariées  noircissent  en  séchant,  en  raison  de  la  natine  spéciale 
de  leurs  sucs;  mais  jamais  rien  de  semblable  ne  se  produit  sur  les  espèces 
qui  les  nourrissent. 

»  Il  est  facile  de  multiplier  les  faits  de  cet  ordre  ;  mais  ceux  que  j'ai  cités 
suffisent  à  établir  que  les  plantes  parasites  élaborent,  changent  profondé- 
ment la  sève  puisée  par  elles  dans  leurs  nourrices. 

»  Au  point  de  vue  des  fonctions  de  respiration,  il  y  a  lieu  de  noter  tout 
d'abord,  chez  les  Cytinées,  les  données  anatomiques  suivantes  : 

11   Absence  de  stomates  ; 

»  Coloration  des  tissus  épidermiques  avec  présence,  dans  leurs  utricules, 
d'une  substance  oléo-résineuse  active  sur  l'atmosphère; 

»   Lacunes  dans  le  parenchyme  du  rhizome; 

»  Enfin,  fissures  multiples  du  tissu  cellulaire  très-lâche  de  la  surface 
externe  dans  l'appareil  floral  de  YHydnora,  seule  partie  de  la  plante  que 
baigne  l'atmosphère. 

')  J'ai  repris  et  complété  sur  le  Cytimis  les  expériences  qu'après  M.  le 
professeur  Lory  (i)  j'avais  instituées  autrefois  sur  les  Orobanches  (2). 
Comme  celles-ci,  et,  sans  doute,  comme  les  autres  parasites  non  vertes,  le 
Cjtimis  forme,  sous  l'influence  de  la  lumière  et  de  l'air,  et  aux  dépens  de 
son  carbone,  de  l'acide  carbonique. 

"  Deux  pieds  de  Cytinus,  détachés  de  la  nourrice  au  moment  même  de 
la  mise  en  expérience  et  cubant  ensemble  11  centimètres,  ont  fourni  en 
douze  heures,  à  la  lumière  solaire  et  à  une  température  de  24  à  3o  degrés 
centigrades,  3o  centimètres  cubes  de  gaz  carbonique  (  le  gaz  était  absorbé 
à  mesure  de  sa  production  et  remplacé  par  de  l'oxygène  qui  mainlenait  sen- 
siblement l'air  dans  sa  constitution  normale). 

»  Ces  expériences,  qui  généralisent  le  fait  de  la  respiration  animale,  quant 
au  résultat  chimique  extérieur,  des  végétaux  parasites  non  colorés  en  vert, 
démontrent-elle^  absolument  que  ces  végétaux  ne  décomposent  aucune 
portion  de  gaz  carbonique?  Telle  ne  sera  pas  ma  conclusion,  car  !a  quan- 
tité recueillie  de  ce  gaz  pourrait  n'être  que  la  résuhante  fournie  par  deux 
phénomènes  coexistants,  l'un,  moindre,  de  décomposition,  l'autre,  plus  in- 
tense, de  composition.  L'analyse  de  ces  phénomènes,  incontestablement 
difficile,  a  été  tentée  par  la  recherche  de  l'action  de  l'atmosphère  sur  les 


(i)  LoKY,   Annales  des  Sciences  naturelles,   3"^  série,   t.   VIII. 
(2)  Chatin,   Bulletin  de  la  Société  Botanique  de  France,   l.   III. 

C.  R.,  i803,  2"'=  SertK^sire.  (T.  LVII,  N°  19.)  Io3 


(  774  ) 
principes  immédiats  du  C/linus,  préalablement  isolés  des  tissus.  Mais  j'avoue 
n'avoir  réussi  qu'à  constater  la  production  d'acide  carbonique  par  deux  des 
matières  du  Cylimis^  savoir,  par  la  substance  oléo-résineiise,  et  par  cette  ma- 
tière primitivement  incolore  qui  existe  dans  la  sève  de  toutes  les  plantes  et 
donne  naissance,  par  l'action  de  l'oxygène  de  l'air,  à  la  matière  brune  qui 
colore  les  feuilles  mortes. 

»  Je  poursuis  sur  d'autres  plantes,  quelles  que  soient  les  probabilités  de 
réstdtats  encore  négatifs,  la  recherche  de  corps  immédiats  pouvant  détermi- 
ner, en  dehors  des  tissus  vivants,  la  réduction  de  l'acide  carbonique. 

»  Si  maintenant  on  considère  que  les  Cytinées  (comme  les  Orobanches) 
font  une  perte  incessante,  considérable,  de  carbone,  et  que  cependant  elles 
se  maintiennent  chargées  de  plus  de  matières  hydrocarbonées  que  les  es- 
pèces aux  dépens  desquelles  elles  vivent,  on  ne  conservera  plus  aucun 
doute  sur  ce  point  :  que  les  plantes  (phanérogames)  à  parasitisme  complet, 
y  compris  même  celles  qui  sont  absolument  privées  de  stomates,  modi- 
fient profondément  la  sève  puisée  par  elles  dans  leurs  nourrices. 

>)  Quant  au  phénomène  de  non-décomposition  du  gaz  carbonique  par 
les  végétaux  complètement  parasites  et  colorés  autrement  qu'en  vert,  le 
rapprochement  des  faits  observés  sur  les  Cytinées  et  sur  les  Orobanches 
permet  de  le  regarder,  avec  plus  de  fondement  que  par  le  passé,  comme 
l'expression  d'une  loi  générale. 

»  J'ajoute  que  les  parasites  complètes,  mais  vertes  [Viscum),  et  les  demi- 
parasites,  même  celles  plus  ou  moins  colorées  [Melampyrum  arvense),  dé- 
composent au  contraire  l'acide  carbonique,  ainsi  que  le  font  les  plantes 
communes,  quelle  que  soit,  suivant  les  expériences  de  Th.  de  Saussure  et 
de  P.  de  Candolle,  leur  coloration.   » 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Application  de  la  théorie  mécanique  de  la 
chaleur  à  ta  discussion  des  expériences  de  M.  Regnault  sur  la  comprcssibitité 
des  gaz.  Extrait  d'une  Note  de  M.  A.  Dupué,  présentée  par  M.  Bertrand. 

(i  J'ai  démontré,  il  y  a  plusieurs  années,  en  m'appuyant  sur  le  principe 
de  l'égalité  de  rendement,  une  formule  qui  renferme  les  lois  destinées  à 
remplacer  pour  les  gaz  celles  de  Mariottc  et  de  Gay-Lussac.  Lorsque  la 
température  demeure  constante,  les  volumes  ne  sont  inversement  propor- 
tionnels aux  pressions  qu'après  qu'on  lésa  tous  augmentés  d'une  quantité 
constante  c  qui  les  complète  et  que  j'appelle  covolume.  La  relation  à  la- 
quelle je  suis  parvenu  est,  en  prenant  pour  unité  le  volume  à  zéro  et  sous 


(  775) 
la  pression  '^60, 

(i)  -P — =    i-i-aO; 

■JDO        I  +  C  ^  '  ' 

elle  donne,  pour  deux  expériences  faites  à  la  même  température,  l'équation 

/M'  +  pC  =  p'v'  +  p'c, 

d'où  l'on  déduit  la  valeur  du  covolume 

(.)  ^--'^- 

En  multipliant  par  la  fraction  ^,  qui  diffère  tres-peu  de  l'unité,  on  obtient 
une  autre  valeur  suffisamment  approchée 

(3)  c=^(l^,-À, 

P  —P  \p^'         I 

dans  laquelle  figure  la  fraction  de  M.  Regnault,   4^  — i,  qui  doit  être, 

ainsi  que  la  différence  pv  —  p'v',  proportionnelle  k  p'  ~  p  et  non  pas  nulle, 
comme  le  veut  la  loi  de  Mariotte,  applicable  seulement  aux  gaz  dont  le 
covolume  est  négligeable.  Je  n'ai  pu  encore  fixer  la  valeur  de  ce  complé- 
ment, toujours  très-petit,  que  pour  quelques  gaz,  et  cela  eût  même  été  im- 
possible sans  les  progrès  si  remarquables  que  M.  Regnault  a  fait  faire  à  l'art 
des  expériences.  Quant  aux  autres  gaz,  la  proportionnalité  dont  il  vient 
d'être  question  ne  se  montre  point  dans  les  résultats  connus;  elle  est  altérée 
par  deux  causes  d'erreurs. 

»  La  première,  l'action  condensante  des  surfaces,  peut  être,  jusqu'à  un 
certain  point,  étudiée  analytiquement;  mais  il  y  a  lieu  à  distinguer  deux 
cas  :  celui  où  le  gaz  est  éloigné  de  son  point  de  liquéfaction,  et  celui  où  il 
en  est  assez  voisin  pour  que  l'attraction  en  change  l'état.  Dans  le  premier 
cas,  que  je  considère  seul  ici,  les  lois  de  Mariotte  et  de  Gay-T.ussac  donnent 
Hue  approximation  plus  que  suffisante;  leur  simplicité  doit  donc  porter  à 
en  faire  usage. 

»  Soient  D'  la  densité  du  solide  par  rapport  à  l'eau,  D  la  densité  normale 

du  gaz  relativement  à  l'air,  et  par  conséquent  — — ^  sa  densité  par  rapport 

à  l'eau.  L'attraction  du  solide  sur  une  molécule  gazeuse,  à  la  distance  r,  est 
évidemment  proportionnelle  au  produit  des  densités  par  une  fonction  de 
cette  distance  ;  elle  est  d'ailleurs  proportionnelle  cà  l'accroissement  de  pres- 

io3.. 


(  77G  ) 
si  on  et  l'on  a 

(4)  dp=-^^fr.rlr, 

ou,  en  intégrant  depuis  oo  jusqu'à  r  et  appelant  po  la  pression  loin  de  la 
surface, 

DD'    , 

(5)  TTV^'^-'---'^''^ 

Au  contact  cette  équation  devient 

DD'  ,  DD' 

(6)  7^r;r<(?=°--^<''  ,TT7-, 
Pi  =  Po  e                          =  Po  A  , 

A  ayant  la  même  valeur  pour  tous  les  corps. 

»  Si  nous  considérons  maintenant  le  poids  x  du  gaz  dissimulé  dans  une 
tranche  d'épaisseur  dr,  c'est-à-dire  l'excès  du  poids  de  cette  tranche  sur 
celui  d'un  même  volume  de  fluide  situé  loin  de  la  surface,  il  est  évidemment 

,   ,    T){p—p„)(ir 

proportionnel  a  — — -— ^ » 

(7)  da-=-^''(f-^'^dr. 

En  substituant  la  valeur  (5)  dep,  on  arrive  à  l'équation 

et  le  poids  total  s'obtient  en  faisant  r  =  o;  il  est 

BD/>„   „  /  DD' 


DD' 


»  Si  D,  D'  et  t  varient  de  telle  sorte  que  ne  change  point,  les 

'  *  I  +  af  o      i 

équations  précédentes  conduisent  à  plusieurs  lois  utiles  : 

»  i"  Le  rapport  des  pressions,  en  un  point  où  l'attraction  est  efficace  et 
loin  du  solide,  est  constant; 

»  a°  Le  poids  du  fluide  dissimulé  par  décimètre  carré  est  proportionnel 
à  la  pression  loin  de  la  surface; 

)i   3°  Il  est  proportionnel  à  la  densité  normale  du  gaz; 

»   4°  Il  est  en  raison  inverse  du  binôme  de  dilatation. 


(  777  ) 
»  Dans  la  plupart  des  expériences  faites  jusqu'ici,  le  corps  solide  employé 
était  le  verre  et  D'  était  à  peu  près  invariable.  Pour  comparer  l'hydrogène 
pris  à  zéro  et  sous  une  atmosphère,  à  l'azote  par  exemple,  il  faut  prendre 
ce  dernier  gaz  à  une  température  qui  donne 

0,972  ,,     ^ 

^^^—  =  O,  OOQUO  , 

c'est-à-dire  à  35^7  degrés.  Si  on  l'a  chauffé  à  volume  constant  en  partant 
des  circonstances  normales,  les  poids  dissimulés  seront  dans  le  rapport  de 
0,972  à  0,06926.  Pour  qu'ils  soient  égaux,  l'azote  devrait  encore  être 
amené  à  une  densité  quatorze  fois  plus  faible,  et  il  y  a  tout  lieu  de  présu- 
mer que,  pour  l'hydrogène,  l'action  condensante  des  surfaces  doit  être  dif- 
ficilement appréciable  à  la  balance.  Quand  l'acide  carbonique  ne  se  liquéfie 
pas,  il  faut  le  prendre  à  i44  degrés  pour  qu'il  soit  comparable  avec  l'air 
à  zéro. 

»  La  seconde  cause  d'erreurs  consiste  en  ce  que  le  mercure,  en  montant 
dans  les  tubes  au  moment  de  la  compression  des  gaz,  ne  s'applique  pas 
exactement  contre  le  verre;  une  petite  couche  de  fluide  non  raclé  sépare  ces 
deux  substances,  et  elle  n'est  pas  toujours  négligeable.  Si  on  appelle  j-  le 
rapport  de  son  poids  au  poids  total  du  gaz,  et  si  on  néglige  les  termes  du  se- 
cond degré  par  rapport  à  c  et  j-,  la  relation  (3)  devient,  en  conservant/)' 
pour  désigner  la  valeur  observée  , 

,       .  760     /  pv  \  760 

P — P  \p  ''  1       P — P 

On  voit  que  le  gaz  non  raclé  par  le  mercure  tend  à  augmenter  numérique- 
ment le  covolume  lorsqu'il  est  positif,  et  à  le  diminuer  lorsqu'il  est  négatif. 
»  Appliquons  d'abord  ce  qui  précède  aux  résultats  que  donne  M.  Re- 
gnault  dans  le  tome  P'  de  la  relation  de  ses  expériences,  page  i48.  Il  y 
indique  les  poids  19^^5396;  g^"', 58/(5;  5s'',7345  de  l'acide  carbonique  con- 
tenu dans  un  ballon  sous  les  pressions  760;  374,  i3;  284, 17-  Si  on  appelle 
P  et  P'  deux  d'entre  eux  correspondant  aux  pressions  p  et  p',  la  relation  (2) 
devient 

Elle  donne,  en  accouplant  la  première  expérience  successivement  avec  la 
seconde  et  la  troisième  , 

c  =  o,oo'^o65     et     c  =  o,oo7i5f. 


{ 11^  ) 

La  première  valeur  est  déterminée  dans  des  circonstances  évidemment 
moins  favorables,  et  il  est  étonnant  qu'elle  diffère  aussi  peu  de  la  seconde. 
Cela  tient  en  partie  à  ce  que,  dans  celte  manière  d'étudier  la  loi  de  com- 
pressibilité  à  l'aide  de  la  balance,  on  évite  entièrement  la  seconde  cause 
d'erreurs  et  on  rend  la  première  inefficace,  puisque,  d'après  mon  second 
théorème,  les  poids  P  et  P'  subissent  des  altérations  proportionnelles  qui 
sont  sans  influence  sur  la  valeur  de  c  (i  i).  Cette  méthode  me  paraît  la  meil- 
leure pour  la  mesure  des  covolumes;  on  aurait  une  grande  précision  en 
augmentant  les  différences  de  tension  employées. 

»  A  la  page  388,  M.  Regnault  donne,  dans  la  neuvième  colonne  du  troi- 
sième tableau,  trente-huit  valeiu's  que  prend  sa  fonction  pour  l'acide  carbo- 
nique étudié  en  le  forçant  à  occuper  dans  un  long  tube  deux  volumes,  l'un 
double  de  l'autre,  et  cela  sous  des  pressions  très-variées.  J'ai  appliqué  à  ces 
résultats  la  formule  (31,  et  j'ai  trouvé  des  valeurs  de  c  qui  montrent  une 
iiifluence  de  la  seconde  cause  d'erreurs  qui  croît  irrégulièrement  avec  la 
pression;  la  première  n'agit  point  encore  ici,  car  le  poids  de  l'air  dissimulé 
reste  constant  quand  la  surface  condensante  et  le  volume  diminuent, 
puisque  la  jjression  croît  dans  le  même  rapport. 

»  J'ai  calculé  de  la  même  manière  vingt-deux  valeurs  du  covolumc  de 
l'hydrogène,  au  moyen  des  nombres  contenus  dans  la  neuvième  colonne  du 
cinquième  tableau,  page  3g9;  la  moyenne  est 

—  c  =  o,ooo554  , 
et  les  écarts  sont  en  général  très-faibles.  Il  paraît  que  la  fluidité  bien  con- 
nue de  l'hydrogène  s'opj)ose  à  ce  qu'il  en  reste  une  couche  appréciable 
entre  le  verre  et  le  mercure. 

)»  Des  résultats  contenus  dans  le  tome  II,  aux  pages  235,  237,  238,  239, 
conduisent  aux  nombres  0,0012;  0,00175;  0,00202;  0,0064  pour  les  vo- 
lumes de  l'air,  de  l'oxygène,  de  l'oxyde  de  carbone  et  du  protoxyde  d'azote  ; 
mais  les  différences  sont  plus  grandes,  et  ces  valeurs  non  corrigées  pour  la 
seconde  cause  tl'erreiu's  sont  beaucoup  moins  sûres.    )i 

Cette  Note  et  celles  auxquelles  elle  fait  suite  sont  renvoyées  à  l'examen 
i\'\\ne  Commission  composée  de  MM.  Regnault  et  Bertrand. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  intégrales  aux  différences  finies. 
Note  de  M.  FédorThoman,  présentée  par  M.  Bertrand. 

(Commissaires,  MM.  Duhamel,  Bertrand.) 

a  Le  calcul  des  intégrales  aux  différences  finies  présente  encore  plusieurs 


(  779  ) 
lacunes  concernant  les  formules  générales.  Eiiler,  le  premier  géomètre  qui 
s'en  soit  occupé,  a  donné  les  termes  du  développement  de  A"(p(.r)  ;  mais 
la  formule  inverse  l"j'  n'a  pas  encore  été  obtenue. 
»   On  sait  que  l'intégrale  2";  est  de  la  forme 

+  lj  jdjc  +  VJ  +  P hdj\,  +  . . . , 
et  que  les  constantes  a,  p,  y, .  . . ,  sont  les  coefficients  de  la  série 

(;^  =  i;  +  ;7^  +  ;iL+---+|  +  v  +  p  +  ..., 
ce  qui  a  donné  lieu  à  l'expression  due  à  Lagrange  : 

/    hd  \-n 

Mais  cette  expression,  loin  d'être  une  formule  mathématique,  n'est  au  fond 
qu'un  renvoi  à  une  autre  formule,  et  ne  donne  nullement  la  loi  des  termes 
consécutifs  ;  et  cette  loi  est  d'autant  plus  difficile  à  établir,  que  les  termes 
proviennent  de  la  division  par  un  série  infinie  élevée  à  une  puissance  quel- 
conque. 

»  La  méthode  suivante  établit  la  loi  des  termes  dn  développement  de  2°^ 
par  un  calcul  très-simple,  au  moyen  des  nombres  de  Bernoulli. 

)i  Comme  il  s'agit  d'abord  de  connaître  les  termes  de  la  série  in- 
finie -, r'   soit  : 

A  =  (6"-!)-',       B  =  (e'=-0-=,       C  =  (e^ -.)-%..., 

on  a  directement 

B  =  —  A  —  dk.^ , 

C  =  -  B  -  i<^B., 
D=  -C  -  ^^C^, 
E  =  -  D  -  7  rfD,  ; 
par  conséquent,  les  valeurs  des  puissances  consécutives  de  -,  et  par 


(  78o  ) 
suite  celles  des  intégrales  d'un  ordre  quelconque,  s'obtiennent  au  moyen 
de  simples  différentiations  successives. 

»  En  désignant  par  51,  B,  C,  jD, . . . ,  les  nombres  de  Bernoulli,  on  a 
d'abord 


? 


I  e    ^  i         ,        ç        I 

= =  -  cot  hyp  -  —  - 

e?_i  ?  -t        2  2         2 

e^  —  e    ^ 

~?      2"^  (2)       (4)  ^  itj)       (8)  "^■••' 

par  conséquent  : 

"•^"/ij-^  2^(2)^"       (4)      ^"^  (6)      -'"       (8)      -^^ 

C'est  la  formule  de  Maclaurin  [Treatise  of  fluxions,  art.  828). 
»  De  là  on  obtient  immédiatement  l'intégrale  du  second  ordre 

ou,  en  remplaçant  ly  par  sa  valeur, 

wj  •^^^'- hj ^''-^ -^T^^- j^/^'--^ 74r  -''^^ w  ''^ 

(6)       -^"       (6)      -" 

+    (8)    "^•'^  (8)      ^'^- 
De  la  même  manière  on  obtient  la  valeur  de  l'intégrale  du  troisième  ordre: 


r> 


l'y 


^'^^■' -  i j  -^-^'^^  +  ^)  -  ^  ^^'■^-  74f  ^^' ^'^ 


2.5 CÂ',      se/i'  , 

(8)        -^•'^       (8)       -'■" 


>>  Toutes  ces  intégrales  s'appliquent  à  la  sommation  des  séries. 


(  78i  ) 
»  L'intégrale  du  premier  ordre  sert  à  déterminer  les  séries  de  la  forme: 

S  =  ç  (  j:)  +  ç3  (wf  +  w  )  4-  9  (.X  +  2  w  )  +  .  . .  +  y  (  j:  +  « oj  )  ; 

l'intégrale  dn  second  ordre  celles  de  la  forme  : 

S=rt.ç(x)  +(a+5)(j5(x  +  w)  +  (rt  +  26)çp(x+2iM)+...4-  (<-f4-«5)(p(jr+«u). 

L'intégrale  du  troisième  ordre  sert  à  sommer  les  séries  dont  les  coefficients 
forment  une  progression  arithmétique  du  second  degré,  par  exemple: 

S=a'^(s{a-)  +  {a+6y(p{jc-{-(,i)+{a+7.ôYf{x-+-2'j))+...-h{a+nôY'f{x  +  ntj}).)y 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —   Recherches  sur  la  composition  de  la  banane  du  Brésil: 
par  M.  B.  Corexavinder.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaire.*;,  MM.  Decaisne,  Peligot,  Gay.) 

i>  Les  chimistes  se  sont  peu  occupés  jusqu'à  ce  jour  de  l'étude  de  la  ba- 
nane, et  cependant  cette  production  tropicale  méritait  bien  de  fixer  leur 
attention,  puisqu'elle  forme  une  des  bases  de  la  nourriture  des  populations 
qui  habitent  je  voisinage  de  l'équateur.  M.  Boussingault,  il  est  vrai,  a  indi- 
qué dans  son  Traité  d'Économie  rurale  la  nature  des  éléments  qui  entrent 
dans  la  composition  de  ce  fruit;  mais  il  n'en  a  pas  fait  une  analyse  quantita- 
tive. Ayant  eu  l'occasion  de  recevoir  du  Brésil  une  certaine  quantité  de  ba- 
nanes qui  me  sont  parvenues  bien  saines  et  en  parfait  état  de  maturité,  j'ai 
profité  de  cette  occasion  pour  les  soumettre  à  quelques  recherches  dont  j'ai 
l'honneur  de  présenter  les  résultats  à  l'Académie. 

»  D'après  ces  recherches,  la  composition  chimique  de  la  banane  mûre 
du  Brésil,  dépouillée  de  sa  cosse,  peut  se  représenter  par  les  chiffres  sui- 
vants : 

Eau  î3,goo 

Albumine  végétale 4  jSao 

Cellulose o ,  200 

Matières  grasses o  ,632 

Sucre  de  canne,  sucre  interverti •  •    )  /-t- 

...  .  .,      -,       1   '9)657 

Acide  organique,  pectose,  traces  d  amidon   ) 

Acide  phosphorique 0,062   ) 

Chaux,  alcalis,  chlore,  fer,  etc 0,729  j     '  ' 

100 ,000 

C.  R.,  i863,  2™'  Semestre.  (T.  LVII,  N»  19.)  1^4 


(  78^  ) 

»  On  suppose  que  dans  les  bananes  qui  mûrissent  sur  l'arbre  qui  les  pro- 
duit, il  n'y  a  que  du  sucre  de  canne  :  ce  fait  peut  être  vérifié  par  les  chi- 
u)istes  qui  iiabite:!t  les  régions  équinoxiales. 

«  La  quantité  d'albumine  végétale  a  été  déterminée  par  deux  dosages 
d'azote  qui  m'ont  doinié  des  résultats  parfaitement  concordants. 

»  M.  Boussingault  nous  ayant  fait  connaître  les  rendements  en  bananes 
(l'un  bectare  de  terre,  dans  quelques  contrées  situées  entre  les  tropiques, 
ou  peut  comparer  la  production  en  matière  azotée  d'un  cbamp  de  bananes 
à  celle  d'un  cbamp  de  même  superficie  cultivé  en  blé  ou  en  pommes  de 
terre,  dans  les  pays  tempérés.  On  reconnaît  par  cette  comparaison  que  la 
récolte  tropicale  est  bien  plus  féconde  en  substances  essentiellement  nutri- 
tives que  celle  de  nos  climats. 

»  Les  cosses  de  la  banane  mûre  donnent  par  l'incinération  des  matières 
fixes  contenant  beaucoup  de  potasse  et  des  chlorures.  Ces  cendres  ont  la 
composition  suivante  : 

Carbonate  de  potasse 4/  »9^ 

Carbonate  de  soude 6 ,58 

Chlorure  de  potassium aS,  i8 

Phosphates  de  potasse  et  de  soude,  peu  de  sulfate .5,66 

Charbon 7  ,5o 

Chaux,  silice,  phosphates  terreux,  fer,  etc.    7  ,  'O 

100,00 

»  On  remarque  que  ces  cendres  sont  particulièrement  riches  en  car- 
bonate de  potasse  et  en  chlorure  de  potassium,  deux  sels  qui  ont  une 
grande  valeur  dans  le  commerce,  surtout  le  premier.    » 

PATHOLOGIE.  —  Résultat  dune  enquête  suivie  avec  le  plus  ijiand  soin  dans 
S'y  asiles,  sur  les  cas  de  pellagre  consécutive  A  l'aliénation  mentale  observés 
chez  les  aliénés  de  ces  établissements.  Note  de  M.  611.1.0D. 

(Renvoyé,  comme  les  précédentes  communications  relatives  à  la  pellagre, 
à  l'examen  de  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  Le  résultat  de  cette  enquête,  exposé  dans  les  tableaux  joints  à  ma  Note, 
peut  être  résumé  dans  les  propositions  suivantes  : 

»    i"  Que  sur  5^  asiles  44  ont  présenté  des  cas  de  pellagre  consécutive. 

»  2°  Que  le  nombre  de  ces  cas  s  est  élevé  à  56 1  poin*  une  population 
moyenne  de  28  000  environ,  soit  20  par  1000  aliénés. 


(  783) 

»  3°  Que  sur  les  i  3  asiles  dans  lesquels  il  n'en  a  pas  été  constaté,  il  en 
est  1  (Dôle  et  Saint-Alban)  pour  lesquels  la  chose  est  certaine  et  1 1  povu" 
lesquels  il  y  a  lieu  de  réserver  toute  opinion  à  défaut  de  renseignements. 

'1  4°  Qu'en  dehors  des  asiles  il  a  été  constaté  6  cas  de  pellagre  consécu- 
tive à  l'aliénation. 

»   5"  Qu'il  en  a  été  observé  4  dans  des  maisons  de  santé. 

»  6°  Qu'en  additionnant  tous  ces  chiffres  on  a  un  total  de  57 1  cas  connus 
de  pellagre  consécutive,  contre  80  cas  à  peine  de  pellagre  sporadique, 
depuis  les  premières  observations  jusqu'aux  plus  récentes. 

»  En  énonçant  ces  faits  je  tiens  à  constater  : 

»  1°  Que  le  régime  alimentaire  des  asiles  dans  lesquels  il  n'a  pas  été 
signalé  de  pellagre  n'est  pas  meilleur  que  celui  des  asiles  dans  lesquels  il 
en  a  été  signalé,  et  que  dans  ces  derniers  la  pellagre  s'est  montrée  indiffé- 
remment et  abstraction  faite  de  toute  différence  dans  ce  même  régime 
alimentaire. 

))  2°  Que  la  plupart  des  pellagreux  des  asiles  appartenant  à  la  classe  indi- 
gente étaient  soumis  dans  leur  milieu  antérieur  aux  plus  déplorables  condi- 
tions hygiéniques  et  n'y  avaient  pas  contracté  la  pellagre. 

»  3°  Que  s'ils  l'ont  contractée  après  être  devenus  aliénés  et  dans  les  condi- 
tions hygiéniques  relativement  excellentes  qui  constituent  le  régime  des  asiles, 
ce  ne  peut  être  évidemment  sous  l'influence  de  ces  mêmes  conditions. 

»  4°  Qiif^i  de  l'aveu  de  tous  les  médecins  compétents,  si  l'hygiène  d'éta- 
blissements dans  lesquels  les  aliénés  ont  du  pain  blanc  à  discrétion,  de  la 
viande  cinq  fois  par  semaine,  du  vin  tous  les  joins,  avec  de  bonnes  condi- 
tions de  vétureet  d'habitation,  était  l'hygiène  des  indigents  de  Lombardie, 
des  Landes  et  des  Astnries,  il  est  peu  probable  qu'un  seul  fût  atteint  de  la 
pellagre,  ce  mal  de  misère. 

»  Or,  si  les  aliénés  des  asiles  deviennent  pellagreux  dans  de  telles  condi- 
tions, qui  réaliseraient  bien  au  delà  j)our  nos  paysans  le  vœu  de  la  poule 
au  pot  d'Henri  IV,  on  est  rigoureusement  conduit  à  admettre  pour  l'expli- 
cation de  ce  fait  une  influence  autre  que  celle  de  ces  conditions,  et,  pour  qui 
a  \m  apprécier,  comme  les  observateurs  spéciaux,  son  action  débilitante, 
cette  influence  ne  peut  être  que  celle  de  l'aliénation  mentale. 

«  5°  Que  si,  dans  les  asiles,  les  aliénés  pensionnaires,  à  l'encontre  des 
aliénés  indigents,  n'ont  pas  en  général  la  pellagre,  cela  tient,  on  ne  peut  plus 
évidemment,  à  ce  que  les  aliénés  pensionnaires  sont  préservés  par  l'iiygiéne 
de  toute  leur  vie  antérieure  contre  les  effets  débilitants  de  l'aliénation  men- 

104.. 


(  784) 
taie,  tandis  que  les  aliénés  indigents  y  sont,  an  contraire,  fatalement  pré- 
])arés  par  la  leur. 

»  De  ce  qui  précède  on  peut  donc  rigoureusement  conclure  : 

»  1°  Que  la  pellagre  est  très-fréquenle  dans  les  asiles  d'aliénés,  plus  fré- 
quente même  qu  aucune  des  complications  connues  de  l'aliénation  mentale. 

»  a"  Qu'elle  ne  saurait  y  être  attribuée  aux  conditions  hygiéniques  pro- 
pres à  ces  établissements. 

))  3°  Que  la  principale,  pour  ne  pas  dire  la  seule  cause  de  la  pellagre 
dans  les  asiles  d'aliénés,  cause  prédisposante  bien  entendu,  est  l'aliénation 
mentale,  dont  les  effets  débilitants  viennent  s'ajouter  à  ceux  d'une  mauvaise 
hygiène  antérieure. 

»  Les  données  sur  lesquelles  repose  cette  Note  seront  publiées  in  extenso 
dans  un  document  que  j'espère  soumettre  prochainement  au  jugement  de 
l'Académie.  » 

CHIRURGIE.  —  Sur  les  inconvénients  et  les  dangers  des  cautérisations  intra-utérines 
profondes.  Note  de  M.  IVoiîat. 

«  Dans  la  séance  du  la  octobre  dernier,  M.  le  professeur  Courty  (de 
Montpellier)  a  communiqué  à  l'Académie  des  Sciences  une  Note  sur  linno- 
ruitéclsur  l'efficacité  de  la  cautérisation  des  cavités  utérines. 

a  On  est  surpris,  en  lisant  ce  travail,  des  succès  si  nombreux  et  si  con- 
stants annoncés  par  l'auteur.  Il  affirme,  en  effet,  n'avoir  jamais  vu  sur- 
venir aucun  accident,  ni  primitif,  ni  secondaire,  dans  3oo  cas  de  cau- 
térisation actuelle  de  la  cavité  cervicale  de  l'utérus,  non  plus  que  dans 
5oo  observations  de  leucorrhée  chronique  ou  de  granulations  intra-ulé- 
rines  traitées  au  moyen  du  crayon  de  nitrate  d'argent  laissé  à  demeure  dans 
la  cavité  de  la  matrice. 

»  Nous  sommes  obligé  de  convenir  que  ces  deux  modes  de  cautérisation 
de  l'utérus  sont  loin  d'avoir  fourni  des  résultats  aussi  avantageux  à  Paris 
qu'à  Montpellier.  Je  pourrais  citer  ici  plusieurs  faits  empruntés,  soit  à  ma 
pratiqHC,  soit  à  celle  de  confrères  très-distingués,  particulièrement  de 
(^homel  et  Ârau,  de  MM.  Riciiet,  Jobert  de  Lamballe,  Demarquay,  Leudet, 
etc.,  qui  témoignent  des  dangers  que  peut  entraîner  la  cautérisation  éner- 
gique et  profonde  des  cavités  utérines,  telle  que  la  préconise  M.  Courty. 

»  Il  est  incontestable  que  des  rétrécissements  et  même  des  oblitérations 
du  conduit  utérin  peuvent  être  la  conséquence  de  la  cautérisation  avec  le 
iér  rouge  ou  de  la  cautérisation  au  nitrate  d'argent  fondu  abandonné  dans 


(  785  ) 
la  cavité  utérine,  suivant  le  procédé  de  M.  Richet  (car  ce  chirurgien  avait 
employé  ce  mode  de  cautérisation  dès  l'année  i85o,  c'est-à-dire  bien  avant 
M.  Courty).  Mais  un  accident  plus  fréquent  et  plus  redoutable  encore, 
c'est  la  production  d'iuie  métro-péritonite  ou  de  phlcgmasies  péri-utérines 
suraigués  pouvant  amener  la  suppuration  et  la  mort.  M.  Courty  n'a  même 
pas  signalé  l'éventualité  de  ces  funestes  complications;  et  ses  conclusions 
trop  optimistes  sont  de  nature  à  inspirer  une  sécurité  dangereuse  à  ceux 
qui  seraient  lentes  de  l'imiter. 

»  Une  longue  expérience  m'a  démontré  combien  il  est  essentiel  de  se 
défier  de  la  prétendue  innocuité  des  cautérisations  intra-utérines  pro- 
fondes, de  se  garder  d'abuser  de  cette  pratique  et  de  n'y  avoir  recours  qu'à 
bon  escient  et  avec  la  plus  grande  circonspection. 

»  M.  Courty  ne  voit  d'autre  contre-indication  à  l'emploi  du  fer  rouge 
ou  des  caustiques  que  l'existence  bien  avérée  d'un  état  inflammatoire  de 
l'utérus.  A  mes  yeux,  il  est  une  contre-indication  plus  importante  et  plus 
formelle  encore,  c'est  la  présence  des  phlegmasies  de  la  région  péri-utérine 
qui  coexistent  si  souvent  avec  les  maladies  de  la  matrice.  J'ai  assez  longue- 
ment développé  ce  point  de  pratique  dans  mon  Traité  des  maladies  de 
l'utérus  et  dans  un  travail  spécial  inséré  en  18G2  dans  la  Revue  médicale  de 
Paris,  pour  qu'il  soit  inutile  aujourd'hui  d'insister  davantage  sur  ce  sujet.  » 

(Renvoi  à  l'examen   de   la   Commission   nommée  pour   le  Mémoire 

de  M.  Courty.) 

M.  DE  Caligjiy  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  ayant  pour 
titre  :  «  Considérations  nouvelles  sur  la  théorie  de  la  chaleur  appliquée  au  calcul 
des  effets  des  compresseurs  à  la  colonne  d'eau  du  mont  Cenis  ». 

(Commissaires,  MM.  Morin,  Combes.  ) 

M.  Valin  présente  des  considérations  sur  l'opération  métallurgique  con- 
nue sous  le  nom  de  Pattinsonage;  cette  opération,  qui  n'est  autre  chose 
que  la  concentration  de  l'argent  dans  le  plomb  d'œuvre  par  voie  de 
cristallisation,  serait,  suivant  M.  Valin,  applicable  dans  des  circonstances 
autres  que  celles  où  jusqu'à  présent  on  y  a  eu  recours.  11  reconnaît  d'ail- 
leurs n'avoir  pas  fait  les  essais  nécessaires  pour  confirmer  cet  espoir,  qui 
ne  repose  jusqu'à  présent  que  sur  des  vues  théoriques. 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Regnault,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 


(  786  ) 

M.  Freytag  adresse  de  Livourne  deux  Notes  relatives  au  calcul  des 
sinus. 

(Commissaires,  MM.  Moi  in,  Bertrand.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  invite  l'Académie  à  lui  faire 
savoir  si  elle  s'est  fait  rendre  compte  d'un  Mémoire  de  M.  Haremberl  sur 
la  phrénologie,  présenté  à  la  séance  du  i6  mai  iSSg. 

Ce  Mémoire  a  été  soumis  à  l'examen  de  MM.  Serres  et  Geoffroy,  qui  ne 
font  pas  jugé  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport.  On  portera  cette 
décision  à   la  connaissance  de  M.  le  Ministre. 

M.  LK  Mini.stre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  le  n"  5  des  Brevets  d'invention 
pris  dans  le  cours  de  l'année  i863. 

M.  LE  Ministre  de  la  Marine  adresse  la  livraison  de  novembre  de  la 
«   Revue  maritime  et  coloniale   ». 

L'Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne  adresse  une  nouvelle 
partie  de  ses  Mémoires  et  plusieurs  livraisons  de  ses  Comptes  lendus  pour 
l'année  i863  (classes  des  Sciences  physiques  et  mathématiques). 

CHIMIE  MÉTALLURGIQUE.  —  De  l'influence  des  flux  sur  la  composition  des  fontes 
mrmrjanésifères.  Note  de  M.  H.  Caron,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire 
Deville. 

«  Dans  une  des  dernières  Notes  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à 
lAcadémie  (i),  j'ai  fait  voir  par  des  expériences  appuyées  d'analyses  que  le 
manganèse  servait  dans  les  fontes  à  expulser  le  soufre  et  souvent  le  silicium  ; 
j'ajoutais  que  les  fontes  chargées  de  manganèse,  pouvant  servira  améliorer 
les  fontes  sulfureuses  et  siliceuses,  auraient  d'autant  plus  de  valeur  qu'elles 
seraient  plus  riches  en  manganèse.  Dès  lors,  il  était  important  de  chercher 
les  moyens  d'extraire  d'un  minerai  donné  la  fonte  la  plus  chargée  de  ce 
métal  épiirateur. 

»  Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  il  y  a  deux  causes  qui  influent  singn- 

(i)   Comptes  rendus,  i863,  p.  828. 


(  :87  ) 

lièrement  sur  la  richesse  des  fontes  en  manganèse  :  i°  le  fondant  employé 
dans  la  réduction  du  minerai;  2°  la  températiu-e  à  laquelle  s'effectue  cette 
réduction.  J'ai  constaté  les  effets  de  ces  deux  causes  par  des  expériences 
que  je  demande  la  permission  de  rapporter  ici. 

»  Le  minerai  avec  lequel  j'ai  opéré  est  un  carbonate  de  fer  et  de  matiga- 
nèse  ayant  la  composition  suivante  : 

Carbonate  de  fer 7'  )0 

Carbonate  de  manganèse i3,3 

Carbonate  de  magnésie 1 1  , 2 

Carbonate  de  chaux 0,2 

Silice  (quartis) 4>3 

100,0 

>i  Plusieurs  kilogrammes  de  ce  minerai  ont  été  finement  pulvérisés  et  mé- 
langés avec  soin  de  manière  à  offrir  un  tout-bien  homogène;  dans  chacun 
des  essais  dont  je  vais  donner  les  résultats,  j'ai  employé  une  même  quantité 
de  ce  minerai;  le  charbon  de  bois  mélangé  avec  le  minerai  a  été  employé 
dans  les  mêmes  conditions  ;  enfin,  les  creusets  étaient  tous  brasqués  avec  un 
mélange  de  graphite  de  cornue  à  gaz  et  de  mélasse  ou  de  coal-tar  (1). 

»  Le  tableau  suivant  indique  l'espèce  et  la  quantité  des  fondants  employés 
pour  100  de  minerai,  et  en  regard  la  couleur  des  fontes  obtenues  ainsi  que 
leur  teneur  en  silicium  et  en  manganèse.  Dans  les  expériences  n°  1  à  ti"  5 
inclus,  la  température  employée  pour  la  réduction  a  toujours  été  sensible- 
ment la  même;  la  température  pour  le  n°  6  a  été  aussi  basse  que  possible 
(assez  élevée  cependant  pour  permettre  à  la  fonte  de  se  rassembler);  dans 
l'essai  n"  7,  au  contraire,  j'estime  que  la  chaleur  aurait  été  largement  suffi- 
saute  pour  fondre  quelques  centaines  de  grammes  d'acier  doux. 


Couleur 

Manganèse 

Silicium 

Fondant. 

de  la  fonie. 

pour  100. 

pour  ICO. 

N°  1. 

Carbonate  de  chaux. 

10 

Blanche. 

7 '93 

o,o5 

N°  2. 

Carbonate  de  chaux. 

5 

Blanche. 

6,32 

0,08 

N»  3. 

Fluorure  de  calcium  . 

5 

Truites. 

4.70 

o,3o 

N"  k. 

Terre  siliceuse 

5 

Grise. 

3,8. 

0,55 

N"  5. 

Terre  siliceuse 

10 

Très-grise. 

2,25 

0,76 

N°  6. 

Terre  siliceuse 

5 

Grise. 

3,90 

o,5o  à  basse  température. 

N"  7. 

Terre  siliceuse 

5 

Grise. 

2,IO 

0,75  à  haute  tem])érature. 

(1)  Cette  brasque  résiste  admirablement,  même  pour  la  réduction  du  manganèse;  mais  avant 
de  l'employer,  il  est  nécessaire  de  débarrasser  le  graphite  des  matières  étrangères  (4^5 
pour  loo  environ)  qu'il  contient,  et  notamment  du  soufre  dont  il  renferme  plus  de  i  pour  100. 


(788) 

»  Les  essais  n°'  1 ,  2,  3,  4  et  5  montrent  que  pour  obtenir  avec  un  minerai 
donné  les  fontes  les  plus  riches  en  manganèse,  il  faut  employer  dans  les 
fondants  autant  de  chaux  qu'on  pourra  en  introduire  sans  nuire  à  la  fusibi- 
lité des  laitiers.  On  voit,  au  contraire,  que  la  proportion  de  manganèse 
diminue  lorsqu'on  augmente  la  quantité  de  fondant  siliceux,  et,  chose  re- 
marquable, à  mesure  que  le  manganèse  disparaît,  le  silicium  le  remplace 
dans  la  fonte. 

»  La  température  employée  pour  la  réduction  exerce  aussi  une  influence 
notable  sur  la  richesse  de  la  fonte  en  manganèse;  les  essais  n°^  6  et  7  mon- 
trent que  plus  la  température  a  été  élevée,  moins  on  trouve  de  manganèse 
dans  la  fonte,  mais  aussi  plus  on  y  rencontre  de  silicium.  Comme  dans  les 
essais  précédents,  le  silicium  et  le  manganèse  semblent  s'exclure  récipro- 
quement. 

»  Il  ne  sera  pas  non  plus  sans  intérêt  de  remarquer  la  nature  des  fontes 
obtenues.  La  chaux  en  quantité  suffisante  donne  des  fontes  blanches,  la 
silice  des  fontes  grises;  un  simple  changement  de  flux  suffit  donc,  la  tempé- 
rature restant  la  même,  pour  obtenir  à  volonté  une  fonte  blanche  ou  une 
fonte  grise,  une  fonte  à  acier  ou  une  fonte  à  fer. 

»  Je  n'insisterai  pas  davantage  sur  ces  résultats  qui  seront  parfaitement 
appréciés  par  les  praticiens,  je  me  bornerai  à  rappeler  que  je  ne  parle  aujour- 
d'hui que  des  fontes  obtenues  avec  des  minerais  de  fer  contenant  de  loxyde 
de  manganèse  ou  mélangés  avec  lui  ;  la  chaux  n'a  pas  précisément  la  même 
influence  sur  les  minerais  non  manganésifères  ;  mais  la  question  mérite 
d'être  traitée  d'une  manière  toute  spéciale,  et  je  demanderai  la  permission 
d'y  revenir  plus  tard. 

»  Les  essais  dont  je  viens  de  soumettre  les  résultats  à  l'appréciation  de 
l'Académie  ne  sont,  je  ne  saurais  trop  le  dire,  que  des  expériences  de  labo- 
ratoire; j'espère  néanmoins  qu'ils  pourront  être  de  quelque  utilité.  Ainsi, 
les  maîtres  de  forges  qui  mélangent  actuellement  des  minerais  riches  en 
manganèse  avec  leurs  minerais  ordinaires  (sulfurés  ou  silices),  dans  le  but 
d'améliorer  lenrs  produits,  pourront  sans  crainte  augmenter  peu  à  peu  la 
quantité  de  castine  qu'ils  emploient  habituellement,  sans  dinnnuer  toutefois 
d'une  manière  inquiétante  la  liquidité  de  leurs  laitiers;  si  les  fondants  ainsi 
modifiés  devenaient  par  trop  réfractaires,  une  addition  de  sel  marin  ou  de 
chlorure  de  calcium  leur  rendrait  bientôt  toute  la  fusibilité  désirable  (i). 

(i)  En  traitant  par  le  carbonate  de  chaux  les  résidus  de  la  fabrication  du  chlore,  on  obtient 
une  liqueur  contenant  du  chlorure  de  manganèse  et  du  chlorure  de  calcium,  Cette  Ijqueur, 


(  789 1 

Dans  ce  cas,  l'emploi  dn  spath  fluor  ou  de  la  krvolithe(i)  produirait  les 
mêmes  effets  ;  mais  ces  corps,  surtout  le  dernier,  contenant  toujours  des 
quantités  notables  d'acide  pliospliorique  essentiellement  nuisible  au  métal 
qu'on  veut  produire,  il  serait  indispensable  d'agir  alors  avec  la  plus  grande 
prudence.   » 

PHYSIQUE.  —  Sur  les  raies  du  spectre  solaire  ultra-violet.  Note  de  M.  Mascakt, 
présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

<c  J'ai  l'honneiu'  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  le  dessin  du  spectre 
solaire  ultra-violet,  avec  la  plupart  des  raies  qu'il  renferme.  La  méthode 
dont  j'ai  fait  usage  pour  obtenir  ce  résultat  est  la  copie  exacte  de  celle  qui 
sert  à  l'observation  du  spectre  lumineux.  J'ai  employé  un  goniomètre  à  col- 
limateur dont  les  deux  lentilles  sont  en  quariz  taillé  perpendiculairement 
à  l'axe  optique,  de  sorte  que  les  rayons  les  traversent  dans  des  directions 
peu  inclinées  sur  cet  axe.  Le  prisme  réfringent  est  aussi  en  quartz,  taillé 
parallèlement  à  l'axe,  et  j'observais  généralement  le  spectre  extraordi- 
naire, qui  est  le  plus  dévié.  Un  pareil  système  de  lentilles  est  complètement 
dépourvu  d'achromatisme,  mais  ce  défaut  n'empêche  pas  de  produire  un 
spectre  pur,  et  n'a  d'autre  effet  que  de  donner  lieu  à  un  changement  de 
point  considérable  quand  on  passe  des  rayons  les  moins  réfrangibles  aux 
plus  réfrangibles.  La  monture  de  l'oculaire  de  la  lunette  porte  un  réticule 
à  fils  croisés,  et  l'oculaire  lui-même  est  terminé  à  son  extrémité  intérieure 
par  une  plaque  photographique  dont  la  face  sensible  vient  se  placer  exac- 
tement derrière  le  réticule,  de  manière  à  prendre  l'empreinte  du  phénomène 
qui  se  produit  dans  son  plan. 

»  Cette  disposition  permet  de  mettre  rapidement  au  point  la  région  chi- 
mique que  l'on  veut  explorer,  bien  qu'elle  soit  invisible.  Il  suffit  en  effet  de 
produire  dans  le  plan  du  réticule  une  image  nette  de  la  limite  extrême  du 
spectre  lumineux,  de  la  raie  H  par  exemple;  on  enfonce  alors  l'oculaire  un 
peu  plus  loin  pour  porter  le  point  vers  les  parties  plus  réfrangibles,  et  l'on 

débarrassée,  par  la  filtration  ou  la  décantation,  de  l'arsenic  et  du  phosphore  qu'elle  contenait, 
et  desséchée  ensuite,  deviendrait  un  fondant  précieux,  si  on  parvenait  à  l'obtenir  à  bon 
marché. 

(i)  Le  spath  fluor  et  la  kryolithe  donnent  toujours  un  rendement  plus  considérable  en 
fonte. 

C.  R.,  i863,  i'n'  Semeslre.  (T.  LVII,  N»  19.)  'O^ 


(  79°  ) 
fait  une  expérience  en  remplaçant  l'oculaire  à  lentilles  par  l'oculaire  photo- 
graphique. Jj'examen  de  l'épreuve  obtenue  indique  dans  quel  sens  il  faut 
encore  déplacer  le  réticule.  Le  défaut  d'achromatisme  des  lentilles  ne  permet 
d'obtenir  de  la  netteté  qu'entre  des  limites  assez  restreintes,  et,  comme 
l'énergie  de  l'action  est  très-inégale  dans  les  différents  points,  le  temps  d'ex- 
position doit  varier  aussi;  il  est  donc  nécessaire  de  multiplier  les  expériences, 
et  il  ne  faut  pas  moins  de  huit  épreuves  différentes  pour  reproduire  nette- 
ment le  spectre  chimique  tout  entier. 

»  On  conçoit  aisément  qu'on  puisse  arriver  à  une  grande  finesse  de  dé- 
tails, parce  que  les  rayons,  concentrés  sur  une  très-petite  surface,  conserve- 
ront toujours  une  action  suffisamment  énergique,  quelque  petite  que  soit  la 
largeur  de  la  fente.  Je  me  servais  de  coUodion  assez  sensible  pour  donner 
une  photographie  ordinaire  en  cinq  ou  six  secondes,  et  le  temps  d'exposition 
dans  mes  expériences  n'a  jamais  dépassé  une  minute  et  demie.  On  peut 
mettre  les  épreuves  obtenues  dans  un  microscope  solaire,  et  prendre  des 
reproductions  positives  agrandies,  mais  les  résultats  sont  médiocres  à  cause 
du  peu  d'étendue  de  l'espace  qui  est  au  point;  il  vaut  mieux  les  examiner 
au  microscope,  mesurer  les  distances  des  raies  avec  une  vis  micrométrique 
montée  sur  le  porte-objet,  et  les  dessiner  avec  le  plus  grand  soin.  C'est  ainsi 
que  mon  dessin  a  été  obtenu  ;  les  distances  ne  sont  pas  rigoureusement  pro- 
portionnelles aux  déviations,  à  cause  des  petites  variations  de  grossissement  ; 
j'ai  cherché  surtout  à  reproduire  l'aspect  général,  la  forme  de  chaque  groupe 
et  les  intensités  relatives  des  raies. 

»  Plusieurs  physiciens,  notamment  MM. Ed.  Becquerel,  Stokes,Esselbach, 
se  sont  déjà  occupés  de  cette  question  et  ont  désigné  par  des  lettres  les  groupes 
de  raies  principaux.  Leurs  dénominations  ne  sont  pas  toujours  concordantes, 
les  dessins  sont  quelquefois  assez  imparfaits  pour  qu'il  soit  difficile  de  les 
reconnaître,  et,  en  outre,  on  a  donné  des  noms,  tantôt  aux  espaces  obscurs, 
tantôt  aux  espaces  brillants.  J'ai  pris  pour  guide  la  planche  publiée  par 
M.  Millier  dans  son  Traité  de  Physique,  en  appliquant  chaque  lettre  à  la  raie 
obscure  la  plus  remarquable  du  groupe  qu'elle  servait  à  désigner. 

»  Pour  donner  une  idée  de  la  précision  que  l'on  peut  atteindre,  il  me 
suffira  de  faire  remarquer  que  le  spectre  lumineux  dessiné  par  Fraiinhofer 
comprend  Sao  raies  depuis  A  jusqu'à  H,  et  que,  dans  un  espace  angulaire  à 
peu  près  égal,  depuis  H  jusqu'à  S,  j'ai  pu  en  indiquer  plus  de  280;  les  ré- 
sultats sont  donc  tout  à  fait  comparables  à  ceux  qu'on  obtient  avec  la 
lumière.  On  peut  d'ailleurs  augmenter  la  dispersion  en  multipliant  les  prismes 
réfringents,  comme  l'a  fait  M.  Kirchhoff,  observer  de  la  même  manière  les 


(  79'  ) 
raies  chimiques  brillantes  des  flammes  colorées  et  les  comparer  aux  raies 
obscures  du  spectre  solaire.  Je  me  propose  de  reprendre  ce  sujet  quand  les 
circonstances  me  le  permettront. 

»  Enfin,  la  mesure  des  déviations  et  des  longueurs  d'onde  peut  se  faire 
avec  toute  l'exactitude  désirable.  Le  réticule  qui  se  trouve  en  avant  de  la 
plaque  sensible  se  projette  et  se  dessine  sur  l'épreuve;  on  connaît  donc  le 
rayon  qui  correspond  à  la  déviation  observée.  En  échelonnant  un  grand 
nombre  de  mesures  semblables  dans  toute  l'étendue  du  spectre  chimique, 
on  peut  aisément,  à  l'aide  d'un  dessin,  en  conclure  la  déviation  d'mie  raie 
située  entre  deux  positions  du  réticule.  Les  longueurs  d'onde  se  mesurent 
avec  la  même  facilité;  j'ai  obtenu  des  résultats  excellents  avec  im  réseau  di- 
visé au  440*^  de  millimètre;  mais  je  n'ose  encore  publier  aucun  nombre, 
parce  que  j'ai  repris  aussi  la  mesure  des  longueurs  d'onde  des  rayons  lumi- 
neux, et  que  je  suis  conduit  à  des  résultats  trop  différents  de  ceux  de 
Fraùnhofer  pour  les  accepter  sans  de  nombreuses  vérifications.    » 

ÉLECTPiOPHYSlOLOGIE.  —  Expériences  nouvelles  pour  constater  l'électricité 
du  sang  et  en  mesurer  la  force  électromolrice .  Extrait  d'une  Note  de 
M.  H.  ScocTETTEN,  présentée  par  M.  Velpeau. 

«  ...  Notre  première  communication  sur  ce  sujet  ayant  donné  lieu  à 
des  objections  dont  nous  devons  tenir  compte,  nous  nous  sommes  appliqué 
à  modifier  notre  procédé  expérimental.  Avant  d'en  donner  la  description, 
nous  ne  pouvons  manquer  de  témoigner  notre  gratitude  envers  plusieurs 
physiciens  qui  ont  bien  voulu  nous  aider  de  leurs  conseils,  et  notamment 
envers  M.  Matteucci.  C'est  d'après  ses  suggestions  que  nous  avons  aban- 
donné le  platine  et  que  nous  l'avons  remplacé  par  le  zinc. 

»  Les  électrodes  sont  donc  en  zinc  amalgamé;  le  sang  rouge  et  le  sang 
noir  sont  mis  dans  un  vase  divisé  en  deux  compartiments  par  une  cloison 
poreuse;  deux  autres  vases  contiennent  une  dissolution  de  sulfate  de  zinc 
saturée  et  neutre;  des  mèches  de  coton  plongent  dans  l'un  et  l'autre  sang; 
deux  autres  mèches  de  même  nature  plongent  dans  la  dissolution  de  sulfate 
de  zinc;  ces  mèches  sont  rapprochées,  jusqu'au  contact,  de  celles  qui  sont 
dans  les  deux  sangs  ;  les  électrodes  en  zinc  sont  également  plongées  dans 
la  dissolution  ;  un  fil  en  laiton  les  relie  au  galvanomètre,  et  le  circuit  est  éta- 
bli. Trouvant  quelques  inconvénients  à  plonger  des  mèches  de  coton  dans 
des  liquides  qui  se  coagulent,  nous  les  avons  remplacées  par  de  petits  vases 
poreux  contenant  la  dissolution  de  sulfate  de  zinc.  Cettte  légère  modifica- 

io5.. 


(  79^  ) 
lion  de  l'appareil  ne  porte  aucune  atteinte  au  principe  sur  lequel  il  est  éta- 
bli;  elle  ne  fait  qu'en   rendre  l'application   plus  facile,  elle  é%'ite  aussi  ou 
diminue   l'influence  des  phénomènes  d'endosmose.   Voici  notre  appareil 
simplifié. 

»  Un  grand  vase  en  porcelaine,  à  large  ouverture,  de  la  capacité  d'un 
litre  et  demi,  a  été  rempli,  à  moitié,  de  sang  veineux;  au  milieu  de  ce 
liquide  plongeait  le  vase  poreux  contenant  4oo  grammes  de  sang  arté- 
liel;  deux  autres  petits  vases  poreux,  de  60  centimètres  cubes  de  capa- 
cité, contenaient  la  dissolution  de  sulfate  de  zinc  ;  ces  petits  vases  plon- 
geaient en  même  temps  dans  l'un  et  l'autre  sang;  les  électrodes  zinc 
plongeaient  dans  la  dissolution  et  ne  touchaient  pas  le  sang. 

»  Dès  que  les  électrodes,  rattachées  préalablement  au  galvanomètre  par 
des  fils  de  laiton,  pénétrèrent  dans  le  liquide,  le  courant  s'établit  aussitôt. 
»  Nos  expériences  furent  faites  le  2C)  octobre,  à  sept  heures  du  matin, 
eu  présence  de  chimistes,  de  physiciens  et  de  médecins  distingués.  Le  sang 
était  fourni  par  un  cheval  fort  âgé,  bien  portant,  mais  destiné  à  être  abattu 
dans  la  journée.  Le  sang  artériel  sortait  de  la  carotide  droite  en  même 
temps  que  le  sang  veineux  s'échappait  de  la  veine  jugulaire  gauche;  le  vase 
poreux  contenant  le  sang  artériel  fut  plongé  aussitôt  dans  le  sang  veineux, 
et  tout  l'appareil  fut  entouré  d'eau  à  la  température  de  4o  degrés  centési- 
maux pour  ralentir  la  coagulation.  Les  petits  vases  poreux  contenant  la 
dissolution  de  sulfate  de  zinc  furent  enfoncés,  jusqu'aux  deux  tiers  de  leur 
hauteiu",  dans  l'un  et  l'autre  sang;  les  électrodes  en  zinc  amalgamé  y 
furent  plongées  lentement  et  simultanément,  et  aussitôt  le  courant  se  ma- 
nifesta par  la  déviation  de  l'aiguille  :  il  indiquait,  comme  dans  les  expé- 
riences antérieures,  que  le  courant  interpolaire  était  positif,  allant  du  sang 
artériel  au  sang  veineux  à  travers  le  galvanomètre. 

»  L'aiguille  alla  d'abord  frapper  l'arrêt  de  l'instrument,  puis  elle  oscilla 
et  vint  finalement  se  fixer  au  GG'"  degré  où  elle  se  maintint  près  d'une 
heure,  bien  que  le  sang  fût  complètement  coagulé  :  après  ce  temps  l'ai- 
guille descendit  de  quatre  degrés,  et  nous  cessâmes  l'expérience. 

»  Le  galvanomètre  employé  était  celui  de  Nobili,  la  bobine  portant 
)0  000  tours. 

»  Dans  d'autres  expériences,  faites  le  même  jour,  dans  des  conditions 
identiques,  nous  avons  cherché  à  mesurer  laforce  électromotrice  du  sang.... 
»   I^e  procédé  de  M.  Wheatstone  ayant  le  désavantage  d'exiger  l'emploi 
de  rhéostats  à  très-grande  résistance,  et  d'autres  présentant  aussi  leurs  in- 
convénients, diverses  considérations  nous  ont  conduit  à  adopter  un  mode 


(  793) 
d'évaluation  emprunté  en  partie  à  MM.  Poggendorff  et  J.  Regnauld.  Nous 
avons  composé  des  couples  types,  à  courant  constant,  doués  d'un  pouvoir 
électromoteur  très-faible.  Ces  couples  sont  composés  d'étain  plongeant  dans 
une  dissolution  de  protochlorure  d'étain  et  de  sel  marin,  et  d'eau  salée 
contenant  du  chlorure  de  plomb. 

»  En  comparant,  par  le  procédé  de  Wheatstone,  ce  couple  type  au  cou- 
ple de  Daniell,  nous  avons  trouvé  que  ce  dernier  ayant  pour  force  électro- 
motrice 58,  le  couple  type  possédait  un  pouvoir  exprimé  par  4,5o. 

))  Maintenant,  pour  calculer  la  force  électromotrice  produite  au  contact 
du  sang  artériel  et  du  sang  veineux,  nous  avons  procédé  comme  il  suit.  Le 
sang  artériel  étant  versé  dans  un  vase  poreux,  l'autre  sang  mouillait  l'exté- 
rieur de  ce  vase.  Les  petits  vases  poreux  contenaient  une  dissolution  de  sul- 
fate de  zinc  pur,  ainsi  que  les  deux  lames  de  zinc  amalgamé;  ce  couple, 
mis  en  communication  avec  le  galvanomètre  de  loooo  tours,  a  donné  un 
courant  constant,  prouvant  que  l'électrode  eu  rapport  avec  le  sang  artériel 
prend  l'électricité  positive.  En  mettant  ce  couple  en  opposition  avec  le  couple 
type,  le  courant  change  de  sens,  ce  qui  démontre  que  la  force  dégagée  par 
la  réaction  des  deux  sangs  est  comprise  entre  o  et  4,5o.  Mais  il  nous  fut 
facile  d'arriver  à  une  appréciation  mieux  déterminée  de  la  force  électromo- 
trice. En  effet,  dans  trois  expériences  successives  nous  avons  obtenu  des  ré- 
sultats qui  concordent  d'une  manière  remarquable. 

Déviation 
de  Taiguille. 
Première  expérience.  „ 

Couple  de  sang  essayé  seul -I-  67   Tangente  =  2 ,  3569 

Couple  de  sang  en  opposition  avec  un  couple  type —  Sg  »        =1 ,6642 

Deuxième  expérience. 

Couple  de  sang  essayé  seul -(-65  »       =:  2,  i445 

Couple  de  sang  en  opposition  avec  un  couple  type.  .......     —  55  »       =:  i  ,4281 

Troisième  expérience. 

Couple  de  sang  essayé  seul +64  »       =  2,o5o4 

Couple  de  sang  en  opposition  avec  un  couple  type —  56  »       =1 ,483o 

»  La  moyenne  des  tangentes  positives  est  2,1839,  et  celle  des  tan- 
gentes négatives  i,525i.  Il  est  évident  que  la  force  électromotrice  que  l'on 
cherche  est  à  celle  du  couple  type  comme  le  premier  nombre  2,1839  ^^^  ^ 
la  somme  des  deux  tangentes 

2,1839  "*"  ïjSaSi  =  3,7090; 


(  794  ) 

iiinsi 

1 ,525 


,7090 


X  4)5o  =  1,82, 


qui  est  la  force  éleclromotrice  créée  au  contact  des  deux  sangs,  58  étant 
celle  du  couple  de  Daniell,  c'est-à-dire  100  représentant  le  pouvoir  électro- 
moteur  du  zinc  pur. 

')  Dans  le  cas  particulier  qui  nous  occupe  il  n'y  a  pas  lieu  de  craindre  les 
erreurs  résultant  de  grandes  déviations  de  l'aiguille  aimantée,  puisque  les 
nombres  positifs  et  négatifs  sont  peu  différents.  Mais  il  n'en  serait  pas  de 
même  dans  la  plupart  des  expériences,  ce  qui  fait  qu'il  est  essentiel  de  re- 
marquer qu'en  employant,  suivant  les  cas,  des  systèmes  d'aiguilles  plus  ou 
moins  asiatiques,  on  n'obtiendrait  que  des  déviations  assez  faibles  pour  être 
autorisé  à  considérer  leurs  tangentes  comme  l'expression  des  intensités  des 
courants. 

»  Nous  n'avions  à  mettre  en  jeu  qu'un  seul  couple  type,  mais  il  est 
facile  de  concevoir  que  la  manière  de  procéder  serait  la  même  si  la  force 
qu'on  veut  évaluer  était  comprise  entre  les  limites  de  n  et  n  -h  j  couples 
types  (i). 

»  Constatons  enfin  que,  dans  toutes  ces  expériences,  la  conductibilité 
des  circuits  ne  varie  jamais  que  de  la  quantité  qui  correspond  à  la  résistance 
d'un  seul  couple  type,  résistance  qui  peut  être  considérée  comme  nulle  si 
on  la  compare  à  celle  du  long  fil  du  galvanomètre  et  des  couples  qui  agis- 
sent en  permanence. 

»  Cette  méthode  d'opposition,  ainsi  modifiée,  peut  être  considérée  comme 
susceptible  d'accuser  des  résultats  d'une  grande  précision  ;   elle   est,  en 

(i)  Exemple  :  soit  .r  la  force  électromotrice  qu'il  s'agit  de  mesurer,  E  celle  d'un  couple 
ype,  n  et  n  +  1  les  nombres  d'éléments  entre  lesquels  est  compris  x;  soit  enfin  P  et  —  7 
la  valeur  des  tangentes  des  déviations  limites;  on  aura  : 

J7— «E  =  P, 

x  —  (n  +  i)E  =  —  q, 
d'où 

.T  =  ( H  «  1  E. 

Telle  est  l'expression  générale  de  r. 

P 

Dans  les  expériences  citées  plus  haut,  comme  «  =  o,  on  avait  .r  ^= E. 


(  795  ) 
outre,  d'une  application  facile  pour  toutes  les  recherches  qui  s'appliquent 
à  des  substances  ne  possédant  qu'un  faible  pouvoir  conducteur  pour  l'élec- 
tricité. » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Action  de  l'oxygène  sur  le  vin.  Note  de  M.  Berthelot, 

présentée  par  M.  Balard. 

«  J'ai  annoncé  qu'il  existait  dans  les  vins  de  Bordeaux  et  de  Bourgogne  un 
principe  oxydable  particulier,  comparable  à  un  aldéhyde,  et  que  l'on  peut 
isoler  en  agitant  le  vin  avec  de  l'éther  privé  d'air,  et  en  cvnporant  à  froid  ce 
dernier  liquide  dans  une  atmosphère  d'acide  carbonique.  C'est  à  ce  corps 
oxydable  que  j'ai  cru  pouvoir  attribuer  la  principale  part  dans  le  goût 
vineux,  parce  que  ses  altérations  sous  l'influence  de  l'air  et  de  la  chaleur 
répondent  précisément  à  celles  du  vin  lui-même.  En  poursuivant  mes  études, 
j'ai  été  conduit  à  examiner  l'action  que  l'oxygène  exerce  sur  le  vin.  J'ai 
opéré  principalement  sur  des  vins  de  Bourgogne  bien  authentiques,  que 
M.  P.  Thenard  a  eu  l'obligeance  de  mettre  à  ma  disposition. 

»  J'ai  trouvé  d'abord  que  ces  vins  (Clos-Saint-Jean,  i858;  Thorin,  i8.58) 
renfermaient  seulement  de  l'azote  et  de  l'acide  carbonique,  sans  oxygène, 
conformément  à  mes  premiers  essais.  Je  lésai  ensuite  saturés  d'oxygène,  par 
agitation  sur  le  mercure,  de  façon  à  prévenir  toute  évaporation.  Leur  bou- 
quet a  disparu  presque  aussitôt  pour  faire  place  à  une  odeur  de  vinasse  des 
plus  désagréables.  Cette  altération  est  bien  due  à  l'oxygène,  car  les  mêmes 
vins,  saturés  d'acide  carbonique  de  la  même  manière,  n'ont  éprouvé  au- 
cune modification  sensible  dans  leur  bouquet.  En  étudiant  de  plus  près 
cette  réaction,  j'ai  trouvé  que: 

»  1°  Le  volume  de  l'oxygène  absorbé  parle  vin  dans  les  premiers  mo- 
ments, comparé  à  celui  de  l'azote  qu'il  a  déplacé,  en  tenant  compte  de  la 
composition  de  l'atmosphère  gazeuse  qui  surnage  le  vin,  correspond  sensi- 
blement au  rapport  de  solubilité  de  ces  deux  gaz  dans  un  liquide  aqueux; 
d'où  il  résulte  que  l'oxygène  se  dissout  d'abord  sans  entrer  en  combinai- 
son. Mais  cet  état  de  simple  dissolution  dure  à  peine  quelques  instants. 

»  2°  Au  bout  de  trois  ou  quatre  minutes,  c'est-à-dire  en  extrayant  à  froid 
et  aussi  rapidement  que  possible  l'oxygène  dissous,  on  trouve  que  lo""",  5 
de  ce  gaz,  les  deux  tiers  de  la  quantité  absorbée  d'abord  par  un  litre  de 
vin  (i),  ont  complètement  disparu.  Ce  volume  d'oxygène  suffit  poiu'  dé- 
truire le  bouquet  d'un  litre  de  vin  de  Thorin  (i858). 

(i)  Ce  chiffre  répond  à  un  vin  qui  renfermait  encore  de  l'azote  et  de  l'acide  carbonique. 


(  796) 

»  3°  A  cette  première  absorption  rapide  succède  une  absorption  de  plus 
en  plus  ralentie.  Au  bout  de  deux  jours,  lo  centimètres  cubes  d'oxygène  par 
litre  de  vin  sont  de  nouveau  entrés  en  combinaison  ;  puis  4",  5  dans  le  cours 
des  deux  jours  suivants,  etc.  En  même  temps  la  teinte  rouge  du  vin  est  de- 
venue plus  vive,  et  la  matière  colorante  bleue  a  paru  se  brûler. 

»  L'absorption  de  l'oxygène  par  le  vin  est  ac^lérée  par  l'élévation  de 
la  température;  elle  est  rendue  presque  instantanée  par  l'addition  d'un 
alcali. 

»  Les  phénomènes  que  je  viens  de  décrire  me  paraissent  applicables,  soit 
à  l'emploi  du  vin  comme  aliment,  soit  aux  pratiques  usitées  dans  sa  conser- 
vation (i). 

»  Ils  prouvent,  en  effet,  avec  quel  soin  le  vin,  une  fois  fait,  doit  être 
préservé  de  l'action  de  l'oxygène  de  l'air,  puisque  le  contact  prolongé  de 
jo  centimètres  cubes  d'oxygène,  c'est-à-dire  de  5o  centimètres  cubes  d'air, 
suffit  pour  détruire  le  bouquet  d'un  litre  devin.  Peut-être  cependant  la 
présence  d'une  petite  quantité  d'oxygène  est-elle  utile  au  développement 
initial  du  bouquet  ;  c'est  un  point  à  éclaircir.  Mais  plus  tard  elle  ne  saurait 
être  que  nuisible.  C'est  à  la  pénétration  lente  de  l'oxygène  dans  les  bouteilles 
que  je  suis  porté  à  attribuer  la  destruction  totale  que  tout  vin  éprouve  à  la 
longue.  Le  goût  de  cuit  des  vins  gelés  provient  sans  doute  du  contact  avec 
l'air  inévitable  et  sur  une  surface  multipliée  qu'ils  ont  éprouvé  durant  le 
soutirage.  Si  les  soutirages  ordinaires  n'agissent  pas  de  la  même  manière, 
c'est  sans  doute  parce  que  la  surface  de  contact  est  moindre  et  que  le  vin 
récent,  étant  saturé  d'acide  carbonique,  en  dégage  une  portion  en  présence 
de  l'air,  de  façon  à  se  trouver  en  grande  partie  préservé,  un  très-petit 
volume  d'air  dégageant  un  volume  beaucoup  plus  grand  d'acide  carbonique, 
d'après  les  lois  d'échange  par  solubilité.  L'altération  du  vin  dans  les  bou- 
teilles en  vidange,  la  diminution  du  bouquet,  bien  connue  des  gourmets, 
dans  les  vins  simplement  transvasés,  sont  dues  à  l'action  de  l'oxygène.  La 
destruction  complète  du  goût  du  vin  par  l'addition  d'une  eau  minérale 
alcaline,  telle  que  l'eau  de  Vichy,  s'explique  également  par  les  faits  précé- 
dents. Il  n'est  pas  jusqu'à  l'addition  de  l'eau  au  vin  qui,  loin  d'être  un 
simple  mélange,  comme  on  le  croit  en  général,  ne  provoque  une  réaction 
capable  d'altérer  en  quelques  minutes  le  bouquet,  en  raison  de  l'oxygène 
dissous  dans  l'eau  elle-même  :  un  volume  d'eau  peut  ainsi  détruire  le  bou- 

(i)  Je  ne  prétends  parler  ici  que  des  vins  de  nos  climats,  et  non  des  vins  liquoreii.x  du 
Midi,  dont  la  constitution  paraît  différente  et  l'altérabilité  moindre, 


(  797  ) 
quel  d'environ  son   propre    volume  d'un    vin  comparable  à  ceux  que  j'ai 
étudiés.  Mais  je  ne  veux   pas  insister  davantage  sur  des  applications  que 
chacun  pourra  faire  aux  pratiques  diverses  de  l'alimentation.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  ioxjdaûon  des  alcools.  Note  de  M.  Berthelot, 

présente'e  par  M.  Balard. 

«  Les  expériences  publiées  dans  ces  derniers  temps  par  MM.  Wurtz, 
Wanklyn  et  Erlenmeyer,  et  Friedel,  sur  les  alcools  dérivés  de  l'amylène,  de 
l'hexyléne  et  de  l'acétone,  m'ont  engagé  à  faire  une  nouvelle  étude  des 
alcools  que  j'avais  obtenus  synthétiquement,  il  y  a  huit  ans,  au  moyen  du 
gaz  oléfiant  et  du  propylène. 

»  Entre  l'alcool  ordinaire  et  l'alcool  du  gaz  oléfiant,  je  n'ai  pu  découvrir 
aucune  différence,  ni  dans  les  propriétés  physiques  et  chimiques  de  ces  al- 
cools, ni  dans  les  propriétés  de  leurs  éthers.  Je  rappellerai  spécialement 
comme  caractéristique  l'identité  mesurée  de  la  forme  cristalline  de  l'éthyl- 
sulfate  de  baryte,  soit  qu'il  dérive  de  l'alcool  ordinaire,  soit  qu'il  dérive  du 
gaz  oléfiant.  A  ces  épreuves,  déjà  anciennes,  j'ai  ajouté  des  expériences 
d'oxydation.  Traité  par  l'acide  chromique,  l'acool  du  gaz  oléfiant  a  fourni 
de  l'aldéhyde  ordinaire,  complètement  caractérisé,  et  de  l'acide  acétique, 
c'est-à-dire  les  mêmes  produits  que  l'alcool  ordinaire.  Soumise  à  ces  nou- 
velles épreuves,  que  rendaient  nécessaires  les  progrés  récents  de  la  science, 
l'identilé  des  deux  alcools  s'est  donc  entièrement  vérifiée. 

»  L'alcool  propylique,  au  contraire,  comme  je  lai  fait  observer  à  plu- 
sieurs reprises,  se  présente  avec  des  propriétés  différentes,  selon  qu'il  est 
produit  par  fermentation  ou  préparé  au  moyen  du  propylène.  D'après 
M.  Friedel,  l'alcool  obtenu  au  moyen  de  l'acétone  représenterait  un  troi- 
sième type  différent  des  précédents. 

>'  J'ai  examiné  l'oxydation  de  l'alcool  du  propylène.  Traité  par  l'acide 
chromique,  il  s'attaque  avec  une  extrême  vivacité  et  donne  naissance  à  une 
grande  quantité  d'acétone  et  à  un  acide  que  je  n'ai  pu  encore  examiner  suf- 
fisamment, faute  de  matière. 

1)  La  formation  de  l'acétone  aux  dépens  de  l'alcool  du  propylène  résulte 
d'une  simple  déshydrogénalion 

C<'H»0='-H'  = 

Alcool  propylique. 
C.  R.,  i863,  2'««  Semestre.  (T.  LVil,  i\o  19.)  ^  ^^ 


(  798) 
Elle  prouve  que  l'iilcool  du  proj^yléne  est  identique  avec  l'alcool  obtenu 
en  iiydrogénant  l'atétone.  En  effet,  ce  dernier  alcool,  d'après  RI.  Friedel, 
régénère  précisément  l'acétone  sous  l'influence  d'un  mélange  d'acide  sul- 
furique  et  de  bichromate  de  potasse.  Ainsi  se  trouvent  corroborées  les  rela- 
tions entre  l'acétone  et  la  série  propyliqtie,  relations  que  faisaient  pressentir 
mes  expériences  sur  la  formation  du  propylène,  Cil",  et  de  son  hydrure, 
C°H',  aux  dépens  de  l'acétone  traité  par  l'acide  sulfurique,  et  qui  ont  été 
établies  d'une  manière  décisive  par  les  belles  recherches  de  M.  Friedel. 

»  L'origine  de  l'alcool  propylique  quia  engendré  l'acétone  donne  à  mon 
expérience  |>résente  une  significalion  plus  générale,  surlout  si  on  la  rappro- 
che des  caractères  anormaux  assignés  par  MM.  Wankiyn  et  Erlenmeyer  à 
l'aldéhyde  de  l'alcool  hexylique.  On  sait,  en  effet,  que  les  acétones  et  divers 
corps  pyrogénés  qui  les  accompagnent  (i)  offrent  la  plupart  des  propriétés 
des  aldéhydes.  Cette  analogie  s'explique  par  l'expérience  actuelle  qui  tend 
à  établir,  à  partir  de  la  série  propylique,  que  les  acétones  et  les  corps  pjro- 
(/énéi  congénères  représentent  les  aldéhydes  des  alcools  formés  par  l' hydratation 
des  carbures  d'hydrocjène.    » 

CFllMlE  APPLIQUÉE.  —Sur  le  principe  toxique  du  Coriaria  myrtiJoUa  (Redoul). 
Extrait  d'une  Note  de  M.  J.  Ribax,  présentée  par  M.  Balard. 

«  De  nos  expériences  sur  les  animaux  nous  déduirons  les  conclusions 
suivantes  : 

•))  Le  Redoul  doit  ses  propriétés  vénéneuses  à  un  glucoside,  la  coriamyr- 
tine,  qui  détermine  des  convulsions  semblables  à  celles  que  produit  la 
plante  elle-même. 

»  Les  effets  sont  énergiques.  0^*^,2  de  substance  administrés  à  un  chien 
de  forte  taille,  et  rejetés  en  partie  et  presque  aussitôt  par  les  vomissements, 
ont  produit  des  convulsions  horribles  au  bout  de  20  minutes,  et  la  mort 
en  i''i5™.  Pour  obtenir  une  action  violente  et  rapide  sur  leslapii.s,  o8'',o8 
environ  suffisent.  Lue  injection  sous-cutanée  contenant  oS',02  de  substance 
tue  un  lapin  en  25  minutes. 

»  Les  phénomènes  principaux  que  produit  la  coriamyrtine  sont  les  sui- 
vants :  secousses  vives  de  la  tète  se  communiquant  à  tous  les  membres,  con- 
vulsions cloniques  et  tétaniques  revenant  par  accès,  contraction  de  la 
pupille,  trismus,  écume  à  la  bouche.  Les  animaux  succombent  à  l'asphyxie 
et  à  l'épuisement  nerveux. 

(i)  Tels  que  le  butyral  et  le  valéral  de  M.  Chancel. 


(  799  ) 

»  Les  lésions  cadavériques  les  plus  importantes  sont  :  l'état  de  plénitude 
des  vaisseaux  gorgés  de  sang  brun  coagulé  dans  le  cœur  droit  et  gauche, 
dans  l'artère  pulmonaire,  la  veine  cave  inférieure,  les  taches  brunes  des 
poumons,  l'injection  des  méninges.  La  rigidité  cadavérique  apparaît  avec 
une  grande  rapidité. 

»  La  coriamyrtine  n'exerce  aucune  action  irritante  sur  la  muqueuse  in- 
testinale; elle  ne  détruit  pas  la  contraclilité  musculaire  propre.  » 

M.  CiMA,  à  l'occasion  d'une  communication  faite  à  l'Académie  le  17  août 
dernier,  pariW.  Meunier,  remarque  que  plusieurs  des  faits  rapportés  par  cet 
observateur  concernant  la  forme  globulaire  que  ptuvent  prendre  les  liquides 
sur  leur  propre  surface,  avaient  été  déjà  signalés.  «  J'ai  moi-même,  dit-il, 
donné,  dans  un  journal  de  physique  qui  se  publie  à  Turin,  //  nuovo  Ci- 
menlo,  vol.  III,  un  article  sur  ce  sujet,  et  j'ai  l'honneur  d'en  transmettre 
quelques  exemplaires  à  l'Académie.  Que  M.  Meunier  n'ait  pas  eu  connais- 
sance de  ma  Note  quand  il  a  présenté  la  sienne  à  l'Académie,  je  le  conçois 
d'autant  mieux  que  pareille  chose  m'est  arrivée  à  moi-même  :  j'ignorais, 
en  effet,  quand  je  publiais  mes  observations  sur  ce  phénomène,  qu'il  avait 
été  étudié  dès  1816  par  Bixio,  ainsi  que  le  constate  le  Journal  de  Physique, 
de  Chimie  et  d'Histoire  naturelle  publié  à  Paviepar  Brugnatelli;  année  1818.  » 

M.  André  Boucard  présente  une  Note  sur  les  conditions  du  problème  de 
la  locomotion  aérienne. 

M.  Bonnet  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire  sa- 
voir à  l'Académie  si  elle  est  de  natui'e  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  9  novembre  i863  les  ouvrages  ilont 
voici  les  titres  : 

Eludes  sur  les  machines  à  vapeur  marines  et  leurs  perfectionnements  ;  pai 
tM.  Victor  Delagour.  Paris,  in-8°. 

Coup  d'œil  sur  la  végétation  de  la  partie  septentrionale  du  département  de 
l'Aude;  par  M.  D.  Clos.  (Extrait  du  Congrès  scientifique  de  France.)  Bor- 
deaux, i863;  br.  in-S". 


(  8oo  ) 

Noie  SU)  l'érysipèle  considéré  principaltmenl  comme  pouvant  être  une  nia- 
Indie  à  quiitrpiina  ;  par  le  D'  LlÉGEY.  Bruxelles,  br.  in-S". 

Cinénialkpie  :  lliéorèines  généraux  relatifs  à  la  transmission  du  mouvement 
au  moyen  de  cordages^  par  M.  Cli.  Girault.  Caeii,  i863;br.  in-8". 

De  la  coexistence  des  maladies  de  l'utérus  et  des  lésions  de  la  réc/ion  péri- 
utérine;  des  indications  thérapeutiques  qui  en  résultent  ;  par  M.  NONAT.  Paris, 
1862;  br.  in-8". 

Mémoire  sur  la  Lii  de  production  des  sexes  chez  les  plantes,  les  animaux  et 
l'homme;  par  M.  TiiURY.  Genève,   i863;  in-8°. 

Mémoires  sur  la  Rajfmerie  impériale  de  salpêtre  de  Lille;  par  M.  H.  VIO- 
LETTE. Lille,  i863;  iii-8°. 

Recherches  expérimentales  sur  le  principe  toxique  du  Redoul  (Coriaria  myr- 
liiolia)  ;  par  Joseph  Riban.  Paris,  i863;  in-S". 

La  vérité  sur  le  choléra-morbus,  etc.  ;  3'  et  4'  livraisons.  Paris,  i863  ;  in-8°. 

Le  Droit  humain  :  Code  naturel  de  la  morale  sociale  expliqué  pai  la  cépha- 
Imnétr'ie  et  misa  la  portée  de  tout  le  monde;  par  Armand  Harembert.  Paris, 
18G2;  vol.  in-8°. 

SitzLingsberichte...  Comptes  j'endus  de  T  Académie  impériale  des  Sciences  de 
Vieime:  Sciences  mathématiques  et  naturelles;  t.  XLVII  [Sciences  mathéma- 
tiques)., livraisons  1  à  5;  t.  XLVII  [Sciences  naturelles),  livraisons  i,  2  et  3. 
Vienne,  i863;  in-8°. 

Abhantliiingen...  Mémoires  de  la  classe  des  Sciences  mathématiques  et  phy- 
siques de  l' Académie  royale  des  Sciences  de  Bavière  ;  vol.  IX,  3"  partie.  Mu- 
nich ,  i863;in-4". 


ERRATA. 

(Séance  dn  2  novembre  1863.) 

Page  738,  lignes  i  à  6.  L'interversion  des  deux  articles  qui  commencent  cette  page   a 
causé  une  conlusion  qui  doit  être  ainsi  réparée  pour  l'indication  des  Commissaires  désignés  : 

«    M.  Touche  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  sur  le  calcul  de  la  résistance 
(les  /laides. 

(Commissaires,  MM.  Piobert,  Morin,  Bertrand,  Bonnet.) 

M.  Geny  adresse   de  Nice  un  travail  intitulé  :  Mémoire  sur  une  nouvelle  théorie  des  cal- 
culs transcendants..  . 

(Commissaires,  MM.  Duliarael,  Bertrand.)   » 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  16  NOVEMBRE  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MÉMOIRES  ET  COMMUMCATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  Sur  lin  essai  de   reproduction   artificielle  d'un    minéral 

cosmique;  par  M.  Paye. 

«  J'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  dans  les  séances  du  i4  et 
du  2 1  septembre,  le  résultat  de  quelques  recherches  entreprises  sur  les  étoiles 
filantes  périodiques  du  lo  août.  Après  avoir  constaté,  par  les  observations 
des  vingt  dernières  années,  que  les  maxiina  de  ces  apparitions  coïncidaient 
avec  le  passage  de  la  Terre  par  un  même  point  déterminé  de  son  orbite, 
j'ai  recherché,  dans  les  anciennes  observations  chinoises,  si  celte  constance 
remarquable  se  soutiendrait  pour  les  siècles  antérieurs,  et  j'ai  eu  la  satis- 
faction de  constater  que  le  même  phénomène  se  produit  depuis  plus  de 
mille  ans  dans  les  mêmes  conditions  astronomiques.  De  retour  d'un  voyage 
récent,  je  viens  d'apprendre,  par  une  intéressante  brochure  de  M.  Quetelet 
sur  le  phénomène  du  mois  d'août  dernier,  qu'une  découverte  analogue  avait 
été  faite  presque  en  même  temps  en  Amérique  par  M.  Newton.  Je  me  hâte  de 
signaler  cette  circonstance  à  l'Académie,  non-seulement  pour  reconnaître  à 
M.  Newton  le  mérite  de  la  priorité,  mais  aussi  pour  montrer  combien  cette 
coïncidence  donne  de  force  à  nos  conclusions  communes.  J.a  doctrine  des 
étoiles  filantes  revêt  par  là  une  allure  plus  positive,  qui  la  recommande  plus 
que  jamais  à  l'attention  des  investigateurs.  Toutefois,  pour  lui  faire  faire  de 

C.  R.,  i863,  i^'  Semestre.  (T.  LVII,  N"  20.)  '07 


(    802     ) 

lapides  progrès,  il  serait  utile  que  toutes  les  branches  d'études  qui  s'y  rat- 
tachent fussent  poursuivies  simultanément.  On  sait  en  effet  que  le  phénomène 
des  étoiles  filantes  n'est  pas  exclusivement  astronomique;  il  intéresse  en- 
core la  physique,   la  chimie  et  la  minéralogie  :  la  physique,   en  ce  qu'il 
montre  à  l'œuvre  une  source  nouvelle  de  chaleur  et  de  lumière,  plus  intense, 
plus  puissante  peut-être  que  toutes  les  antres,  à  ce  point  qu'elle  suffirait  à 
elle  seule  pour  rendre  compte  de  la  chaleur  et  de  la  lumière  de  tous  les  so- 
leils. Grâce  aux  nouvelles  théories  dynamiques  de  la  chaleur,  on  a  pu  cal- 
culer ces  jours-ci  les  circonstances  détaillées  du  passage  de  ces  astéroïdes 
dans  notre  atmosphère,  de  manière  à  rendre  compte  des  faits  principaux 
tels  que  l'incandescence  subite  même  dans  les  hautes  régions  où  l'air  doit 
atteindre  une  raréfaction  excessive,  la  rupture  et  l'explosion  des  astéroïdes 
à  noyaux  solides,  et  la  vitrification  de  leurs  couches  superficielles  (i).  La 
chimie  reconnaît  que  c'est  par  ce   phénomène  seul  que  nous  entrons  en 
possession  de  la  matière  étrangère  à  notre  globe,  et  que  nous  pouvons  la 
soumettre  à  l'analyse  directe.  Enfin  la  minéralogie  trouve  dans  ces  pierres 
tombées  du  ciel,  à  côté  d'espèces  minérales  identiques  aux  nôtres,  d'autres 
espèces  qui   nous  sont  tout  à  fait  étrangères,  des  associations  d'éléments 
qui  ont  dû  se  faire  dans  des  circonstances  spéciales  et  dont  l'étude  peut  nous 
conduire  à  quelques  conclusions  positives  sur  ces  circonstances. 

»  C'est  ainsi  que  l'analyse  chimique  nous  apprend  que  les  principes  élé- 
mentaires des  aérolithcs  sont  identiques  à  nos  éléments,  de  telle  sorte  qu'un 
chimiste,  pour  trouver  par  exemple  l'équivalent  du  fer,  pourrait  s'adresser 
indifféremment  aux  fers  météoriques  ou  à  ceux  de  nos  usines.  Ce  résultat  con- 
firme l'opinion  des  astronomes  qui  placent  l'origine  première  des  étoiles  fi- 
lantes dans  la  région  circumsolaire  où  s'est  opérée  la  formation  de  notre 
propre  globe;  car  si  nous  les  trouvions  composées  d'éléments  nouveaux, 
totalement  différents  de  ceux  qui  nous  entourent,  on  serait  porté  à  conclure 
c[ue  ces  météorites  viennent  des  profondeurs  de  l'espace  les  plus  étrangères 
à  notre  petit  monde  solaire.  Peut-être  resterait-il  à  compléter  cette  étude  des 
éléments  premiers  en  appliquant  à  la  matière  cosmique  les  ressources  de 
l'analyse  spectrale. 

»  Mais  les  recherches  minéralogiques  offrent,  comme  je  le  disais  tout 
à  l'heure,  un  intérêt  encore  plus  direct.  A  côté  de  la  pyrite  magnétique,  du 
pyroxène,  de  l'angite,  de  l'olivine  surtout...,  qu'on  retrouve  à  la  fois  sur 

(i)  M.R.de  Reichenbacli,  dans  le  sixième  cahier  des  Annales  de  Pogge/nlorjf  pour  l8G3 
(analyse  dans  {a  Monitrur  scientifique  an  i''' octobre). 


(  8o3  ) 
terre  et  dans  les  matières  cosmiques,  avec  tous  les  caraciéres  de  l'identité, 
ces  recherches  ont  en  même  temps  révélé  des  espèces  totalement  étrangères 
au  globe  terrestre,  espèces  dont  la  formation  doit  tenir,  non  pas  à  des  lois 
différentes  de  l'affinité^  mais  à  des  conditions  spéciales  de  formation  qui  ne 
seraient  pas  réalisées  chez  nons. 

>)   Cherchons  à  préciser  cet  aperçu.  On  a  noté  dans  les  aérolithes  plu- 
sieurs types  de  ce  genre  :  le  fer  nickelifère,  par  exemple,  du  charbon  et 
même  un  hydrocarbure d'origineforcément  inorganique  (W6hler),etunphos- 
phure  métallique  tout  particulier.  Le  premier  conduit  simplement  à  penser 
que  ces  corps  proviennent  d'un  milieu  dépourvu  d'oxygène  libre  ou  fai- 
blement combiné,  et  cela  répond  bien  à  l'idée  que  nous  nous  faisons,  en 
astronomie,  du  vide  de  l'espace  céleste,  où  n'existent  ni  lair  ni  la  vapeur 
d'eau  terrestres  et  où  les  substances  aisément  oxydables,  comme  le  fer  et  le 
nickel,  doivent  se  conserver  indéfiniment,  tandis  que  sur  terre  elles  ne  tar- 
deraient pas  à  être  attaquées  et  détruites.  Le  deuxième  nous  embarrasserait 
si  l'on  ne  savait,  par  les  récentes  expériences  deM.Berthelot,  que  l'hydrogène 
peut  se  combiner  au  carbone  sans  l'intermédiaire  de  la  vie  organique.  Quant 
au  troisième,  il  n'a  pas  encore  été  étudié  au  point  de  vue  de  sa  formation  pas- 
sablement énigmatique:  on  ignore  si  nous  pourrions  ici  le  reproduire  de  toutes 
pièces.  Je  veux  parler  delà  schreibersite,  dont  la  composition  a  tomiqueest  celle 
d'un  phosphore  double,  parfaitement  défini,  defer  et  de  nickel;  on  le  retrouve 
constamment,  en  paillettes  ou  en  grains,  dans  les  aérolithes  pierreux  et 
même  dans  les  fers  météoriques,  dont  la  masse,  une  fois  dépouillée  méca- 
niquement de  ce  minéral,  ne  présente  plus  aucune  trace  de  phosphore.  Il  y 
a  là  quelque  chose  de  si  différent  du  règne  terrestre,  et  ce  minéral  est  telle- 
ment spécial  aux  météorites,  qu'il  y  aurait  un  véritable  intérêt  à  en  tenter 
la  reproduction.  La  schreibersite  se  présente  à  l'état  de  paillettes  ou  de 
petits  fragments  jaunes,  d'un  éclat  métallique,  semblables  à  la  pyrite  magné- 
tique, avec  laquelle  on  a  dû  souvent  la  confondre.  Elle  n'offre  pas  de  trace 
de  cristallisation  ;  l'aimant  l'attire  fortement  et  lui  communique  une  polarité 
durable;  enfin  elle  est  inattaquable  par  l'acide  chlorhydrique.  D'après  un 
savant  chimistedes  États-Unis,  M.  le  professeur  Lawrence  Smith,  qui  a  beau- 
coup insisté  sur  le  rôle  important  et  caractéristique  de  ce  minéral  exclusive- 
ment cosmique,  sa  formule  atomique  serait  Ni^  Fe^  Ph  (i).  C'est  à  la  schrei- 

( I  )  Cf.  Lawrence  Smith  dans  le  Tenth  annual  Report  of  the  Smithsonian  InstitMion ,  i  S56. 
Notresavant  Correspondant  M.  Damour  veut  bien  m'apprendre  que  la  nomenclature  des  miné- 
ralogistes a  varié  sur  ce  point  :  ainsi  le  professeur  Shepard  (h.  j.)  appelait  en  i843  (IrsUliti 
(insoluble)  le  phosphure  que  M.  Smith  (  u.  s.)  nomme  schreibersite  en  i856. 

107.. 


(  8o4  ) 
bersite  seule  qu'il  faut  attribuer  le  phospbore  des  météorites.  Notre  savant 
confrère,  M.  IJ.  Deville,  à  qui  j'ai  iait  part  de  mou  désir  de  tenter  la  repro- 
duction de  ce  minéral,  a  bien  voulu  mettre  son  laboratoire  à  ma  disposi- 
tion et  m'aider  de  ses  conseils.  L'opération  consistait  à  réduire  par  le  char- 
bon une  quantité  déterminée  d'oxyde  de  nickel  et  de  sesquioxyde  de  fer 
intimement  mêlée  avec  un  phosphate  à  base  de  soude  et  de  la  silice.  Voici 
les  quantités  adoptées  conformément  à  la  formule  ci-dessus  : 

Sesqiiioxvde  de  fer 8" 

Oxyde  de  nickel 3 , 7 

Pyrophosphate  de  soude 10,1 

Silice G 

Charbon 2 

»  Ce  mélange,  placé  dans  un  creuset  de  charbon  protégé  par  un  creuset 
en  terre,  a  été  porté  et  maintenu  quelque  temps  à  la  chaleur  blanche.  On  a 
obtenu  un  verre  noir  contenant  un  culot  métallique,  plus  une  croûte  très- 
distincte,  placée  entre  le  verre  et  le  culot,  un  peu  adhérente  au  premier, 
mais  nullement  au  second.  Le  culot  parait  être  un  alliage  ou  un  mélange 
intime  de  fer  et  de  nickel,  souillé  superficiellement  par  un  peu  de  sulfure 
dont  le  soufre  vient  probablement  de  l'oxyde  de  fer  dont  je  me  suis  servi. 
Attaqué  vivement  par  l'acide  chlorhydrique,  le  culot  dégage,  en  effet, 
d'abord  un  peu  d'hydrogène  sulfuré,  puis  de  l'hydrogène  pur.  Mais  la  zone 
intermédiaire  entre  le  fondant  et  le  culot,  où  se  serait  concentrée  pendant 
la  fusion  la  partie  tlu  phosphore  non  volatilisée  tout  d'abord,  est  formée  de 
paillettes  jaunes,  d'un  éclat  métallique  très-vif,  fortement  attirables  à  l'ai- 
mant et  complètement  inattaquables  à  froid  ou  à  chaud  par  l'acide  chlor- 
hydrique. Cette  substance  possède  donc  les  caractères  de  la  schreibersite. 
J'ai  l'honneur  de  placer  ces  divers  produits  sous  les  yeux  de  l'Aca- 
démie. 

»  Il  resterait  à  faire,  comme  vérification  nécessaire,  l'analyse  de  celte 
schreibersite  artificielle,  à  voir  si,  à  nos  feux  de  forge,  elle  peut  rester  inter- 
calée mécaniquement  dans  une  masse  de  fer  sans  lui  communiquer  son 
phosphore;  il  faudrait  aussi  examiner  si  la  nuance  verdàtre  que  l'on  trouve 
dans  certains  échantillons  météoriques  ne  serait  j)as  due  à  la  petite  quantité 
fie  cobalt  qui  s'y  trouve  ordinairement  (^  poiu'  100),  et  que  j'ai  dû  négliger; 
mais  l'Académie  voudra  bien  considérer  que,  de  ma  part,  cette  tentative  a 
eu  principalement  pour  but  d'appeler  siu"  ces  questions  l'attention  des  sa- 
vants compétents.  Toujours  est-il  que  le  minéral  le  plus  caractéristique  des 


(  8o5  ) 
substances  extra-terrestres  semble  avoir  été  reproduit  dans  des  circonstances 
assez  rapprocbées  des  indications  théoriques,  c'est-à-dire  à  l'aide  de  la  cha- 
leur et  à  l'abri  du  contact  des  agents  d'oxydation  :  or  c'est  là  ce  qui  a  dû 
avoir  lieu  pour  les  météorites,  dont  la  coulexture  générale  accuse  une 
origine  ignée,  et  où  les  moindres  parcelles  de  fer  se  sont  conservées  depuis 
des  milliers  de  siècles  sans  trace  d'altération,  mêlées  à  des  matières  inca- 
pables de  leur  céder  la  moindre  partie  de  leur  oxygène.  » 

GÉOMÉTRIE.  —  Noie  sur  In  théorie  de  la  déformnlion  des  surjaces  (jauches  ; 

par  M.  OssiAN  Boxxet. 

'(  M.  Minding  s'est  occupé  le  premier  de  la  détermination  des  surfaces 
gauches  applicables  sur  une  surface  gauche  donnée.  J'ai  ensuite  ajouté  quel- 
ques développements  à  la  solution  de  M.  Minding  dans  mon  Mémoire 
sur  la  théorie  générale  des  surfaces  Enfin.  M.  Bour  a  repris  dernièrement  la 
question  en  la  rattachant  à  la  théorie  générale  de  la  déformation  des  sur- 
faces. Dans  tous  les  travaux  publiés  jusqu'ici  sur  ce  sujet  intéressant,  on  a 
admis,  sans  démonstration,  que  les  surfaces  gauches  conservaient  en  se- 
déformant  leurs  génératrices  rectilignes;  or,  il  ne  paraît  pas  impossible, 
à  priori^  que  deux  surfaces  gauches  soient  applicables  l'une  sur  l'autre,  de 
telle  sorte  qu'aux  génératrices  rectilignes  de  l'une  correspondent  des  lignes 
géodésiques  non  rectilignes  de  l'autre;  c'est  cette  impossibilité  que  je  mepro- 
])ose  d'établir  en  toute  rigueur  dans  cette  Note. 

»  J'aurai  besoin  des  formules  que  M.  Codazzi  a  fait  connaître  dans  le 
Mémoire  remarquable  qui  a  obtenu  une  mention  honorable  au  concours 
de  1860.  Indiquons  ces  formules  dont  on  trouvera  plus  bas  une  démonstra- 
tion géométrique  très-simple. 

»  Je  considère  une  surface  2  dont  les  différents  points  soient  déter- 
minés par  deux  systèmes  de  lignes  orthogonales  (v),  (u).  Je  prends  un 
point  A  sur  cette  surface,  et  je  mène  en  ce  point,  la  normale  extérieure  AZ 
à  la  surface,  la  tangente  positive  AX  à  la  courbe  (c),  la  tangente  posi- 
tive AY  à  la  courbe  [u)  (on  suppose,  pour  fixer  les  idées,  AX,  AY,  AZ 
disposées  comme  le  sont  ordinairement  les  parties  positives  des  axes  coor- 
donnés, c'est-à-dire  de  façon  qu'en  se  plaçant  suivant  AZ  et  en  face  de  AX, 
on    ait    AY  à  droite)  ;   appelons    pour    la  courbe  (c)  :    eclii  l'élément    de 

l'arc,  —  la  courbure  géodésique,  —  la  courbure  normale,    —  la  seconde 

^i.f  ^it,f  p/,p 

courbure  ou  la  torsion  géodésique;  et  pour  la  courbe  («)  :  gdi>,  — t  — 1  — 

''/,ii       ^n.u       Pt.ti 


(  8o6  ) 
Jes  quatre  mêmes  éléments.  Posons  enfin 


.^="- 

i-  =  R, 

i=^- 

-^  =  5. 

»  En  désignant  par  x,  /,  z  les  cosinus  des  angles  que  AX,  AY,  AZ  forment 
respectivement  avec  un  axe  quelconque  ^'§,  on  aura 

I    d.r  ,,  _  dx  ,-  „ 

(g=-P.-4-Rr,     J  =  -S^-Qj, 
et  de  là  on  tirera,  en  exprimant  que  x,j,  z  existent  réellement, 

,     s  ]  dV  dS  -,_,        -._ 

(2)  ____hMQ  +  NR  =  o. 

!l?  +  ^  +  MS-NP=:o; 

\    df  du 

en  a  encore  les  relations  bien  connues 
/o\  R        s 

(3)  7  +  ^  =  °' 

(4)  "  M=-i*       N  =  ^% 

^     '  §•  oc  c  du 

lesquelles  se  déduisent  du  reste  aisément  de  ce  que  e.rdu -h  gjrlv  est  une 
différentielle  exacte,  quel  que  soit  l'axe  ^'|. 

»  Les  formules  qui  précèdent  donnent  la  solution  du  problème  général 
de  la  déformation  des  surfaces.  En  effet,  si  dans  les  équations  (2),  (3),  on 
considère  comme  connus  ectg-,  par  suite  M  et  N,  on  pourra,  au  moyen  de 
ces  équations,  obtenir  les  valeurs  générales  de  P,  Q,  R,  S  qui  conviennent 
à  toutes  les  surfaces  2'  applicables  sur  la  surface  donnée  2;  puis,  au  moyen 
des  équations  (i),  on  aura  x,  j',  z,  et  enfin,  par  de  simples  quadratures,  on 
déterminera  en  fonction  de  m  et  de  t*  les  trois  coordonnées  rectangles  'î,r,,Ç 
des  différents  points  des  surfaces  E'. 

»  Prenons  pour  surface  2  une  surface  gauche,  et  supposons  que  les 


(  8o7  ) 
courbes  (p)  relatives  à  cette  surface  soient  les  génératrices  reclilignes  :  nous 
aurons  pour  cette  surface,  et  par  suite  pour  toutes  les  stu-faces  2', 

I 

A,  B,  C  étant  des  fonctions  de  v  seul  ;  en  portant  dans  les  équations  (2)  et  (3) 
la  valeur  de  e,  ces  équations  se  simplifient  et  deviennent 

-PQ-RS=:ff„ 

^  _rfs_  _ 

dv  du  ~         Si  ^^» 

dq      15  _  „  p 

du  '^  dv  ~  S<  ^' 


R  +    -  =  o. 


ou  l'on  a  fait,  pour  abréger, 


du         f  "       du'  du   ~  0-' 

chassant  S  des  trois  premières  au  moyen  de  la  quatrième,  on  a 

o-R-    _P()  —   n 

dR         dV 

(5)  /è^rf^  +  lÂT^-^S'ï^' 

1         du  ^  dv    —  0^^^ 

que  l'on  peut  encore  écrire  de  la  manière  suivante  : 

SrR^-PQr=g„ 


[ibis) 


~~d^i       ^^"^  ~  *^' 

d^ 
O    ^«   ^    ./..    —  »  '  '  ^ 


»  Cherchons  maintenant  la  relation  qui  doit  exister  entre  P,  Q,  R  pour 
que  la  surface  2'  soit  gauche  :  pour  cela  exprimons  que  dans  cette  surface  les 
lignes  asymptotiques  de  l'un  des  systèmes  sont  des  lignes  géodésiques.  Oi 
l'équation  de  l'indicatrice  est,  en  prenant  AX  et  AY  pour  axes  des  ^  et  des  n 
[voyez  plus  bas), 

Pf  -    2R£/3-h^-/J'  =  ±  !.. 


(  8o8  ) 

Par  conséquent,  si  on  appelle  lu  l'angle  soiis  lequel  les  lignes  asymptotiques 
coupent  les  combes  (c),  on  a 

(  6  )  P  cos^  &)  —  2  R  sin  oj  cos  w  +  —  sin^  oj  =  o  ; 


.mais  pour  que  l'angle  w  convienne  à  ries  lignes  géodésiques,  il  faut  que 


I     fda' 


du 


ds' 


dv], 


2  eg  \  r/v  du 

OU  plus  simplement,  à  cause  de  e  =  i , 

(7)  (l'"  =  —  g'f'T'''; 

donc  la  relation  cherchée  est  le  résultat  de  l'élimination  de  oj  entre  les  équa- 
tions (6)  et  (7). 

»  On  peut  observer  que  les  équations  (6)  et  (7)  sont  satisfaites  pour 
w  =:  G  quand  P  ^  o;  alors  les  génératrices  rectiiignes  de  la  surface  1'  se 
confondent  avec  les  courbes  (i»),  et  par  conséquent  ont  pour  transformées 
les  génératrices  rectiiignes  de  la  surface  1;  laissant  ce  cas  de  côté,  je  diffé- 
rentie  l'équation  (6)  et  je  simplifie  le  résultat  au  moyen  de  l'équation  (7)  et 

Il        1    ■  ?'^''       Il    ■ 

de  la  relation  tangoj  ^"-7-   :  i  obtiens 

°  (lu        ' 

cos-cU-^gcotM- 


g,  I  2  (  — —  Pjsinucosw  +  2R(sin' w  —  cos^w) 


,dK 
1  sin  oj  cos  fjL)  -p  -f-  £•  cot  w  , 

(h  °  (lu 


d.9. 


d.- 


dv 


gCOi'ji 


OU,  en  posant  cotw  =:  »», 


"lui' 


r  ^  Q 

dK\  's 

^-^siKy'-^\j-du-' 


dp 


'R 

^+=^«'1^  g 


du    I 


d.- 


dv 


O, 


-2R§',=0, 


et  à  cause  des  équations  (5)  ou  (5  his)^ 


(8) 


rfp 

fr  

»  du. 


nr 


-  3 


f/R 


d.^  d.^ 

m'+  3i(  —^/H  -+--7^ 

'-'     du  dv 


2Rg,  =  o; 


l'élimination  de  oi  entre  les  équations  (6)  et  (7)  est  ainsi  ramenée  à  celle  de  m 
entre  l'équation  (8)  et  la  suivante 

(9)  P/M-  —  2  R/?j  -f-  -  =  o, 

en  laquelle  se  change  l'équation  (G),  lorsqu'on  remplace  cot  oj  par  sa  va- 


•  (  8o9  ) 
leuv m.  L'élimination  de  m  conduirait  àun  résultat  assez  compliqué:  il  con- 
vient d'éviter  cette  élimination  et  de  regarder  la  surlace  2'  comme  définie  par 
les  valeurs  de  m,  P,  Q,  R  qui  vérifient  le  système  des  équations  (5),  (8),  (9); 
c'est  ce  que  nous  forons  ;  toutefois,  nous  remplacerons  le  système  des 
équations   (5),    (8),  (9)   par    un  autre   plus   simple.  De   la  première  des 

équations  (5)  et  de  (9),  on  tire,  en  posant  ±  t /-  =  G, 
(10)  R=inV-hG,     ^  =  m-V  +  amG; 

portant  dans  les  autres  équations,  il  vient 

dP      itP      I    dm  \  dG 

%77?+ 7Z:  + V'^  7^ +=«"■'")  P  +  ^^  7^+^»'^  =  °' 

dP        r  dm       dm  J  dG        dG  !    dm  \ 


dP  dP        r  dm       dm  r\  dG        dG  1    dm 

f'f  ,'^P       /.         <lm  dm  \„      „        dG  dG         /,        dm      dm 


i)\g">'-, — r-i'i 
dit 


Multipliant  la  première  de  celles-ci  par  ?«^,  la  seconde  par  m,  la  troisième 

par  I,  et  retranchant  deux  à  deux  les  équations  obtenues,  on  a 

r        dm        dm  ,1  dG        dG  dm 

Ldm       dm  '\  dG  dG  V  dm       dm  ,  | 

s"''ir.^i;-s^^'^-"''^Y^s'''d;^-^'''iïï<-^^\:^^'"drc^'d^~^^^'+"^^^^^^ 

Opérant  de  la  même  manière  sur  ces  nouvelles  équations,  c'est-à-dire  mul- 
tipliant la  première  par  m,  la  seconde  par  i,  et  retranchant,  on  a 

dm  dm  ,  „ . 

en  laissant  de  côté  la  condition  G  =  o,  qui  répond  au  cas  des  surfaces  déve- 
loppables. 

))  Nous  concluons  de  laque  les  trois  équations  (i  i)  reviennent  aux  trois 
suivantes  : 

'  dm         dm  ,  .,  , 

,       ,  !  ^  '/'"  dG  d  G 

('2)  \   2^G—  +  crm-_  +  — r=o, 


du  ^        du  dv 


gni 


dP         dp         l     dm  \  ,,  dG  „ 

rf;^  +  7^+(&7^  +  ^«'"r '^^'^■^"^'^  =  °' 


C.  p..,  i8G3,  2'n«  Semesiro.  (T.   LVK,  W  20.) 


io8 


,        ,  .  ,  )      .  dm  dg 


(  8io  ) 
et  nous  avons  ainsi,  pour  déterminer /n,  P,  Q,  R,  les  équations  (12)  et  (10). 
»  Jusqu'ici,  nous  avons  laissé  g  quelconque,  maison  sait  que  l'on  a 

g^  =  kir  +  aBji  -h  C. 

A,  B,  C  étant  trois  fonctions  de  t»,  telles  que  AC — B' soit  positif,  et  dont 
l'une  peut  être  prise  arbitrairement;  si  on  dispose  de  cette  fonction  indé- 
terminée de  façon  que  AC  —  B'  =  1 ,  on  aura 

§'^2=',     par  suite     g=G  =  :±i, 

et  les  équations  (12)  deviendront 

dm         dm  ,      .,  , 

im 

dr.-'"Sb<    a. 

dP         dP         [     d 

' 1-   ^  - 

du  dv  X"  du 

Considérons  les  deux  premières.  Ces  équations  faisant  connaître  —  > 
-r  et  par  suite  <^/7i  ^   -r-  du-\-    -r   ^/i»,  en  fonction  de  m  et  de  ff,  m  n'existe 

(/('  '  du  dv  ^  o  ' 

réellement  qu'autant  que  g  admet  une  valeur  convenable.  On  pourrait  sans 
trop  de  difficultés  déterminer  la  valeur  générale  de  g-,  et  la  valeur  corres- 
pondante de  m,  mais  ce  calcul  n'est  pas  indispensable  à  l'objet  que  nous 
avons  en  vue.  Observons  seulement  que  lorsqu'on  s'est  donné  une  valeur 
convenable  de  g,  on  ne  peut  trouver  qu'une  seule  valeur  de  m  correspon- 
dante. En  effet,  des  deux  premières  équations  (12  bis)  on  tire  aisément 

/  J\ 

odm  +[m%-gg\dv-\  mg,  +  '^  )  Hu  =  o; 


dP         dP  I     dm  ,  -, 


pour  que  m  existe,  il  faut  que 


J 


et  l'on  voit  qu'on  ne  peut  avoir  plusieurs  valeurs  de  m  correspondantesà  une 
même  valeur  de  g,  qu'autant  que 

»5~o.  §  =  0'     d'où     fi=9(«)  et  g  =  9,  (?/)?j(c). 


(8ii  ) 
ce  qui  correspond  au  cas  des  surfaces  développables,  cas  que  nous  avons 
déjà  exclu. 

»  Il  résulte  de  là  et  de  ce  que  m.  est  la  cotangente  de  l'angle  w  sous  lequel 
les  génératrices  rectilignes  des  surfaces  1,'  coupent  les  lignes  (f),  que  s'il 
existe  plusieurs  surfaces  gauches  2',  dont  les  génératrices  rectilignes  ne  cor- 
respondent pas  aux  génératrices  rectilignes  de  2,  ces  surfaces  gauches 
auront  du  moins  pour  génératrices  rectilignes  des  lignes  conjuguées  entre 
elles. 

»  Il  reste  encore  à  comparer  urie  surface  gauche  2'  dont  les  génératrices 
rectilignes  ne  correspondent  pas  aux  génératrices  de  2  avec  une  surface 
gauche  1'  dont  les  génératrices  rectilignes  coïncident  avec  les  courbes  (f). 
Or  je  dis  que  par  cela  seul  que  g  a  l'une  des  valeurs  que  déterminent  les 
deux  premières  équations  (i  2  bis),  toute  surface  gauche  2',  dont  les  généra- 
trices rectilignes  coïncident  avec  les  courbes  (f),  ne  peut  être  qu'une  sur- 
face gauche  du  second  ordre  admettant  un  second  système  de  génératrices 
rectilignes  conjuguées  des  génératrices  rectilignes  des  surfaces  gauches  2', 
dont  les  génératrices  rectilignes  ne  coïncident  pas  avec  les  courbes  [v)  ;  de 
sorte  que  dans  tous  les  cas  deux  surfaces  gauches  2'  ont  pour  génératrices 
rectilignes  des  lignes  conjuguées  entre  elles. 

»  Pour  établir  ce  dernier  point  je  renverserai  la  question,  je  chercherai 
les  conditions^pour  que  parmi  les  surfaces  2'  il  y  ait  une  surface  du  deuxième 
ordre,  dont  les  génératrices  rectilignes  du  premier  système  coïncident  avec 
les  courbes  (v),  et  je  montrerai  que  l'on  obtient  précisément  les  deux  pre- 
mières équations  (r  2 /^ïs),  en  appelant  m  la  cotangente  de  l'angle  sous  le- 
quel les  génératrices  rectilignes  du  second  système  coupent  les  génératrices 
du  premier. 

»  En  effet,  puisque,  dans  la  surface  2'  que  nous  considérons,  les  cour- 
bes (p)  sont  des  génératrices  rectilignes,  onaPn=o;  par  conséquent  les 
équations  (5)  se  réduisent  à 

ou,  en  observant  que  g^g^  =  i,  d'après  ce  que  l'on  a  admis  plus  haut, 


R  = 

'  S"' 

rfQ_ 

ds 

du 

s" 

108. 


(  8.2  ) 
a.  étant  égal  à  rh  i .  Puisque  notre  surface  2'  admet  un  second  système  de 
génératrices  rectilignes,  on  a  aussi,  en  appelant  w  l'angle  sous  lequel  ces  gé- 
nératrices coupent  les  courbes  (p), 

—  2licosu -4-   -sinoj^o, 

E 

on,  en  remplaçant  R  par  sa  valeur 

,  ^     .  ■zaCOSM 

(i4)  Q  sin  0) =  o, 

et  puis 

(i5)  d rj)  =  —  g,  ch>. 

Différentions  l'équation  (  i/j)  et  simplifions  le  résultat  au  moyen  de  (i  5)  et  de 

la  relation  tangos  =  '—r--,  nous  aurons 

"  du 

I  aasinoA  .        i  dQ  dQ\        2y.coio)fd<r  \ 

_g,  (  Qeos«  +  —_)  +sm  o>  [-^^gcot  «  -  )  +  —^  ^-  +  gg,  cot  co  )  =  o, 

on,  en  posant  cot  w  =  m, 


/         dg 


^^Q     „«)...,  ''Q     'zlli  =  o 


et,  à  cause  de  l'équation  (i3), 

g  Xgdv")  dv  g 

équation  à  laquelle  il  faut  joindre  la  suivante 

(17)  --»i-Q  =  o, 

en  laquelle   se   change  (i4)  quand   on  remplace   cot  co  par  sa   valeur  m. 
Éliminant  enfin  Q  entre  les  équations  (i3},  (16),  (17),  il  vient 

2  dm  dg 

»     du  '"OO'  dv         "' 

dm  ds 

»     dv    ^   '"  di-         0="  ' 

équations  équivalentes  aux  deux  premières  équations  (12  his). 

»   La  propriété  que  nous  venons  de  démontrer,  et  d'après  laquelle  deux 


(8,3) 

surfaces  gauches  quelconques  ne  peuvent  èlre  développables  l'une  sui- 
l'autre  sans  que  les  génératrices  rectilignes  de  l'une  correspondent  aux  gé- 
nératrices de  l'autre,  est  d'autant  plus  remarquable  qu'il  existe  pour  des 
surfaces  non  réglées  une  propriété  tout  à  fait  opposée.  Ainsi,  dans  deux 
surfaces  non  réglées  développables  l'une  sur  l'autre ,  les  lignes  asympto- 
tiques  de  l'un  des  systèmes  ne  peuvent  jamais  être  des  lignes  conjugées,  à 
moins  que  les  surfaces  ne  coïncident.  Cette  seconde  propriété  résulte  sim- 
plement des  formules  de  M.  Codazzi;  en  effet,  si  on  suppose  P  =  o  avec 
M^o,  on  voit  par  les  équations  (2)  et  (3)  que  Q,  R,  S  seront  parfaitement 
déterminés  au  signe  près.  Or,  deux  surfaces  2',  pour  lesquelles  P,  Q,  R,  S 
ont  les  mêmes  valeurs  ou  des  valeurs  égales  et  de  signes  contraires,  coïn- 
cident nécessairement,  car  les  constantes  que  l'intégration  introduit  dans 
les  valeurs  de  .r,  j\  z  ne  modifient  que  la  j)osition  de  la  surface  par  rapport 
aux  axes  des  Ç,  v;,  Ç,  et  non  point  sa  forme.  Ce  dernier  point  demanderait, 
pour  être  complètement  élucidé,  des  développements  pour  lesquels  l'espace 
nous  manque.    » 

PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.   —  Limites  de  la   résistance  vitale  au  vide   et  à    la 
dessiccation  chez  tes  animaux  pseudo- ressuscitants  ;  par  M.  F.  Pouchet. 

«  I.a  question  de  la  résistance  vitale  est  une  des  plus  importantes  de  la 
biologie,  car  elle  est  intimement  liée  à  la  solution  de  son  plus  mystérieux 
problème. 

»  Deux  doctrines  se  trouvent  aujourd'hui  en  présence.  L'une  ne  voit 
dans  l'organisme  en  action  qu'un  phénomène  vital  ;  l'autre,  sans  oser  carré- 
ment l'avouer,  des  phénomènes  physico-chimiques. 

»  Si  un  animal  parfaitement  sec,  et  par  conséquent  mort  et  momifié, 
pouvait  être  rendu  à  la  vie  à  l'aide  de  quelques  gouttes  d'eau,  comme  cer- 
tains savants  le  prétendent,  la  seconde  hypothèse  triompherait  immédia- 
tement. C'est  ce  qu'on  a  voulu  démontrer  à  l'aide  d'incroyables  efforts. 

))  Par  des  expériences  nombreuses  j'avais  prouvé  surabondamment  que 
si  on  étalait  sur  une  plaque  de  verre  une  couche  très-mince  de  terreau  con- 
tenant des  animaux  dits  réviviscents,  en  lui  temps  fort  court,  deux  ou  trois 
mois  seulement  en  été,  ceux-ci  perdaient  l'extraordinaire  faculté  qu'on  leur 
accordait.  Personne  ne  récusait  l'exactitude  de  ces  expériences,  répétées 
devant  plusieurs  de  nos  physiologistes  les  plus  éminents;  mais  l'un  de 
ceux-ci  prétendit  que,  dans  ce  cas,  la  mort  arrivait  jn-obablement  plutôt 


(  8f4) 

par  le  fait  des  oscillations  hygrométriques  que  les  animalcules  éprouvaient 
que  par  celui  de  leur  simple  dessiccation.  Il  croyait  également  que  les  oscil- 
lations thermoméiriques  devaient  peut-être  aussi  contribuer  au  résultat  que 
j'obtenais.  Pour  renverser  ces  objections  je  n'avais  qu'une  seule  chose  à 
faire  ,  c'était  de  placer  les  animalcules  pseudo-ressuscitants  à  l'abri  de  ces 
oscillations  :  c'est  ce  que  j'ai  exécuté  dans  les  expériences  qui  suivent. 

»  A  cet  effet,  j'ai  pris  des  séries  de  tubes  de  2  décimètres  de  longueur  sur 
S  millimètres  de  diamètre,  et  pouvant  contenir  10  centimètres  cubes  d'air. 
Après  les  avoir  suffisamment  desséchés,  on  introduisit  dans  chacun  d'eux 
2  dècigrammes  de  terreau  très-abondant  en  animalcules  dits  réviviscents, 
recueilli  dans  un  lieu  très-sec,  et  desséché  ensuite  en  l'exposant  au  soleil 
pendant  dix  jours,  puis  pendant  dix  autres  jours  dans  le  vide  de  la  machine 
pneumatique.  Chaque  deux  dècigrammes  de  ce  terreau  ,  et  par  consé- 
quent chaque  tube,  contenait  en  moyenne  So  à  60  Rotifères  et  6  à  8  Tar- 
digrades  parfaitement  réviviscents  quand  on  commença  l'expérience.  Les 
tubes  furent  ensuite  fermés  à  la  lampe  ;  dans  quelques-uns  seulement 
on  introduisit  quelques  petits  morceaux  de  chaux,  que  l'on  sépara  du  ter- 
reau par  des  bourres  de  coton.  Ceci  fait,  on  disposa  les  tubes  par  série  de 
six  en  les  fixant  sur  de  petites  planchettes  que  l'on  plaça  dans  des  lieux 
très-variés,  de  manière  à  obtenir  des  expériences  décisives  et  qui  pussent 
convaincre  tout  le  monde. 

»  Constatons  d'abord  la  nullité  de  l'influence  des  oscillations  hygromé- 
triques. 

))  1°  Dans  une  série  de  tubes  qui  avait  été  placée,  six  des  mois  les  plus 
chauds  de  l'année,  sur  un  toit  exposé  au  midi,  quand  on  brisa  ces  tubes  on 
ne  trouva  pas  un  seul  animalcule  vivant.  Tous  étaient  contractés,  ce  qui 
indiquait  une  mort  déjà  ancienne. 

M  2°  Dans  une  autre  série  de  tubes  contenant  de  la  chaux,  on  obtint  ce 
résultat  complet  au  bout  de  quatre  mois  seulement. 

»  3°  On  arriva  au  même  résultat  en  desséchant  à  fond  les  animalcules  à 
l'aide  des  plus  énergiques  moyens  physico-chimiques. 

»  Dans  le  laboratoire  du  Muséum  de  Rouen,  qui  est  très-chaud  et  qui 
reçoit  très-longuement  le  soleil,  on  exposa  dans  le  vide  sec  de  la  machine 
pneumatique  des  plaques  de  verre  sur  lesquelles,  à  l'aide  d'un  tamis  de 
soie,  on  avait  étalé  une  très-mince  couche  de  terreau  très-abondant  en 
Rotifères  et  en  Tardigrades. 

»   En  été,  soit  que  l'on  opérât  en  suspendant  les  animalcules  sur  de  petites 


(  8.5  ) 
capsules  contenant  de  la  chaux,  soit  que  l'on  employât  l'acide  sulfiirique, 
dans  ce  vide  sec  (qui  fut  maintenu  à  environ  2  millimètres  par  une  tempéra- 
ture de  25  degrés  en  moyenne) ,  après  trois  mois,  tous  les  animalcules 
éparpillés  sur  les  plaques  de  verre  avaient  succombé  en  se  desséchant 
complètement.  Par  l'humectation  tous  restèrent  contractés,  et  pas  un  ne 
s'endosmosa. 

»  Il  est  évident  que  dans  les  deux  premières  expériences  que  nous  venons 
d'exposer  il  n'y  a  pas  eu  la  moindre  oscillation  hygrométrique,  et  que  si  les 
animalcules  ont  succombé,  il  ne  faut  l'attribuer  qu'à  leur  lente  et  parfaite 
dessiccation,  qui  est  arrivée  à  mesure  qu'ils  cédaient  leur  eau  d'interposition 
au  terreau  qui  est  plus  hygroscopique  qu'eux.  Pour  l'expérience  dans  le 
vide,  il  n'y  a  guère  eu  plus  d'oscillations  que  dans  les  premières. 

»  Ainsi  donc  tout  s'explique.  L'air  confiné  dans  des  tubes  et  le  vide  sec 
de  la  machine  pneumatique  prouvent  jusqu'à  l'évidence,  et  tout  le  monde 
en  conviendra,  que  ce  ne  sont  pas  les  oscillations  hygrométriques  qui  tuent 
les  animalcules,  mais  bien  leur  dessiccation  lente  et  graduelle. 

»  Démontrons  maintenant  que  les  oscillations  de  température  ne  jouent 
aussi  aucun  rôle  sur  la  mort  réelle  des  animalcules  pseudo-ressuscitants. 

»  Depuis  que,  devant  plusieurs  physiologistes,  j'ai  fait  franchir  subite- 
ment 100  degrés  de  température  à  des  Rotiféres  et  à  des  Tardigrades,  sans 
qu'ils  en  parussent  le  moins  du  monde  affectés ,  et  depuis  que  je  leur  ai 
même  fait  brusquement  sauter  129  degrés;  depuis  cela,  dis-je,  on  amis 
beaucoup  moins  d'importance  aux  oscillations  de  température.  Mais  vidons 
la  question  à  fond  et  prouvons  que  celles-ci  ne  jouent  évidemment  au- 
cun rôle  dans  le  cas  dont  il  s'agit,  ces  animalcules  étant,  par  leur  genre 
de  vie,  journellement  exposés  aux  plus  extrêmes  variations  atmosphériques. 

»  Pour  le  démontrer,  voici  ce  que  j'ai  fait  :  une  série  de  mes  tubes  a  été 
déposée  dans  une  étuve  dont  la  température  a  été  constamment  maintenue 
entre  5o  et  55  degrés.  Au  bout  de  quinze  jours,  tous  les  animalcules  con- 
tenus dans  ces  tubes  étaient  secs  et  morts,  et  même  depuis  longtemps,  car 
pas  un  seul  ne  s'endosmosa. 

»  Une  autre  série  de  tubes  contenant  des  fragments  de  chaux,  placée  à 
l'ombre  dansle  laboratoire  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Rouen,  après 
un  an,  ne  contenait  aucun  animalcule  vivant. 

»  En6n,  une  dernière  série  de  tubes,  contenant  quelques  fragments  de 
chaux,  ayant  été  placée  dans  une  cave  profonde  dont  les  oscillations  ther- 
mométriques n'ont  pas  dépassé  4  degrés,  n'offrait  aucun  animalcule  vivant 
après  un  an  et  demi. 


(  8'6) 

»  Dans  la  plupart  de  ces  cas,  comme  les  oscillations  de  température 
n'ont  pas  dépassé  5  degrés  de  l'échelle  thermométrique,  il  est  évident  que 
celles-ci  n'ont  pu  avoir  d'action  sur  la  mort  des  animalcules. 

11  Ainsi  donc,  ni  les  oscillations  hygrométriques,  ni  les  oscillations  ther- 
mométriques ne  peuvent  être  considérées  comme  les  causes  de  la  mort  des 
animalcules  pseudo-ressuscitants,  et  celle-ci,  dans  toutes  ces  expériences, 
n'a  été  évidemment  que  le  fiiit  de  la  dessiccation  lente  ou  rapide  de  ces 
animalcules,  qui  ont  cédé  peu  à  peu  leur  eau  d'interposition  à  du  terreau 
très-sec  et  beaucoup  plus  hygroscopique  qu'eux,  ou  qui  l'ont  cédée  à  la 
chaux,  dans  les  tubes  qui  en  contenaient. 

»  Ainsi  donc,  l'observation  et  l'expérience  s'unissent  pour  nous  rame- 
ner à  l'interprétation  rationnelle  des  phénomènes,  en  nous  démontrant  que 
l'hypothèse  des  résurrections,  qui  a  fait  l'étonnement  et  presque  l'amu- 
sement des  physiologistes  du  siècle  dernier,  ne  doit  plus  trouver  de  sérieux 
adhérents  dans  le  nôtre  :  ainsi  que  l'emboîtement  des  germes,  cette  idée  a 
fait  son  temps.   » 

XOMIÎVATIONS. 

La  Commission  du  grand  prix  de  Mathématiques  de  i863  (théorie  des 
phénomènes  capillaires)  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  adjoindre  un 
nouveau  Membre  en  remplacement  de  M.  Liouville  qui,  à  raison  de  l'état 
de  sa  santé,  a  demandé  à  n'en  plus  faire  partie. 

L'Académie  procède  à  cette  nomination  par  la  voie  d'un  scrutin,  dans 
lequel  M.  Serret  obtient  la  majorité  des  suffrages. 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.  —  Stir  V  air  delà  vessie  natatoire  des  Poissons; 

par  M.   A.  Mokeau. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  du  prix  de  Physiologie 

expérimentale.) 
«  Dans  la  communication  que  j'ai  faite  à  l'Académie  le  6  juillet  dernier, 
j'ai  annoncé  que  je  ferais  connaître  les  conditions  dans  lesquelles  il  faut 
placer  un  poisson  pour  faire  augmenter  de  plus  en  plus  la  proportion  de 
l'oxygène  contenu  dans  l'air  de  la  vessie  natatoire. 

»  Je  parlerai  d'abord  des  poissons  dont  la  vessie  natatoire  possède  un 
conduit  aérien,  conduit  à  l'aide  duquel  le  poisson  peut  chasser  au  dehors 


(  8i7  ) 
l'air  de  sa  vessie  natatoire  ou  emprunter  de  l'air  à  l'atmosphère  en  venant 
à  la  surface  de  l'eau. 

»  Le  poisson  placé  dans  un  vase  plein  d'eau  est  mis  sous  la  cloche  d'une 
machine  pneumatique  ;  à  mesure  que  l'air  se  raréfie,  des  bulles  de  gaz  sor- 
tent de  la  vessie  natatoire  par  le  canal  aérien  et  s'échappent  hors  des  ouïes 
et  de  la  bouche.  Quand  on  juge,  par  la  quantité  d'air  expulséet  par  l'abais- 
sement du  baromètre  qui  mesure  la  pression  intérieure  de  l'appareil,  que 
la  presque  totalité  de  l'air  est  sortie  de  la  vessie  natatoire,  on  fait  rentrer 
dans  la  cloche  l'air  atmosphérique  :  le  poisson,  qui  jusque-là  nageait  faci- 
lement, tombe  aussitôt  au  fond  de  l'eau  à  cause  de  l'augmentation  de  sa 
densité  ;  en  effet,  la  vessie  natatoire,  dont  l'air  est  raréfié,  diminue  immédia- 
tement de  volume  sous  le  poids  de  l'atmosphère;  on  transporte  alors  le 
poisson,  en  ayant  soin  qu'il  ne  sorte  pas  la  tète  hors  de  l'eau,  et  on  le 
plonge  dans  un  grand  bassin  où  l'eau  se  renouvelle  incessamment.  Le  pois- 
son repose  alors  sur  le  fond  du  bassin  où  le  retient  sa  densité  augmentée, 
il  y  reste  et  rampe  plutôt  qu'il  ne  nage;  par  moments  il  s'efforce  de  monter 
à  la  surface  de  l'eau,  mais,  devenu  trop  lourd,  il  n'atteint  qu'avec  peine  un 
diaphragme  disposé  d'avance  au-dessous  de  cette  surface,  et  retombe  sans 
avoir  pris  une  bulle  d'air.  Au  bout  de  quelques  jours,  et  pour  certaines 
espèces  au  bout  de  quelques  heures,  le  poisson  commence  à  nager  plus  faci- 
lement; je  juge  à  ce  signe  que  la  vessie  natatoire  s'est  remplie  d'un  air  nou- 
veau, air  qui  n'a  pu  être  emprunté  à  l'atmosphère.  Je  le  sacrifie  alors  par 
la  section  de  la  moelle  épinière  pratiquée  sous  l'eau,  j'applique  une  ligature 
sur  le  canal  aérien  et  je  porte  la  vessie  natatoire  sur  la  cuve  à  mercure 
pour  recueillir  l'air  nouveau  qu'elle  contient  et  en  déterminer  la  compo- 
sition chimique. 

»  L'analyse  de  cet  air  révèle  une  proportion  d'oxygène  bien  supérieure 
à  celle  qui  se  trouvait  dans  l'air  expulsé  par  l'action  de  la  machine  pneu- 
matique, et  bien  supérieure  aussi  à  la  proportion  que -contient  l'air  dissous 
dans  l'eau.  Je  vais  citer  des  exemples  : 

)i  Huit  Tanches  {Cjprimts  Tinca)  dirent  prises  dans  les  mêmes  conditions  ; 
sept  furent  sacrifiées  par  la  section  de  la  moelle  épinière;  l'air  de  leur 
vessie  natatoire  fournit  une  proportion  d'oxygène  inférieure  à  8  pour  loo 
pour  chacune  d'elles.  La  huitième  fut  soumise  aux  conditions  expérimen- 
tales que  je  viens  d'indiquer,  et  sacrifiée  au  bout  de  quinze  jours.  L'air  de 
la  vessie  natatoire  offrait  alors  60  pour  100  d'oxygène. 

))  Trois  Congres  {Murœna  Concjer)  furent  choisis  dans  des  conditions 

C.  R.,  i8G3,  a™»  Semeure.  (T.  LVII,  N°  20.)  IO9 


(8.8) 
zdentiques  :  l'un  d'eux  sacrifié  immédiatement  présenta  3o  pour  roo  d'oxy- 
gène. Un  autre  fut  soumis  à  l'action  de  la  machine  pneumatique  jusqu'à  ce 
que  la  colonne  de  mercure  fût  descendue  à  20  centimètres,  puis  il  fut  replacé 
dans  un  bassin  d'eau  de  mer;  sacrifié  deux  jours  après,  il  présenta 
62  pour  100  d'oxygène.  Le  troisième  Congre  fut  soumis  une  première  fois 
à  l'action  de  la  machine  pneumatique  mesurée  par  une  colonne  de  mercure 
de  9  centimètres,  puis  porté  dans  le  bassin  d'eau  de  mer;  le  lendemain  il 
fut  soumis  une  seconde  fois  et  avec  les  mêmes  précautions  à  l'action  de  la 
machine  pneumatique,  dans  le  but  de  faire  sortir  plus  complètement  l'air 
ancien  resté  dans  la  vessie  natatoire;  il  fut  reporté  ensuite  dans  le  bassin 
d'eau  de  mer,  et  sacrifié  après  vingt-quatre  heures  :  l'analyse  de  l'air  de  la 
vessie  natatoire  montra  que  l'oxygène  s'y  élevait  à  87  pour  100. 

»  Je  ne  mullipUerai  pas  davantage  ici  les  exemples;  ceux  que  je  viens  de 
citer  montrent  des  faits  nouveaux,  à  savoir  :  que  chez  les  poissons  qui  pos- 
sèdent un  canal  aérien  et  qui  ont  été  placés  dans  l'impossibilité  d'emiiriin- 
ter  les  gaz  de  l'atmosphère,  la  vessie  natatoire  se  remplit  bientôt  d'un  air 
nouveau  singulièrement  riche  en  oxygène  ;  de  plus,  que  l'air  se  renou- 
velle même  dans  les  espèces  dont  la  vessie  natatoire  ne  possède  pas  les 
organes  vasculaires  connus  sous  le  nom  de  corps  rouges. 

»  Je  vais  maintenant  parler  des  poissons  qui  ont  la  vessie  natatoire  com- 
plètement close.  Comme  on  ne  saurait  employer  avec  ces  poissons  le  pro- 
cédé de  la  machine  pneimiatique,  voici  celui  que  j'ai  mis  en  usage  pour 
enlever  l'air  de  la  vessie  natatoire.  Je  pratique  sur  ces  poissons  la  ponction 
de  la  vessie  natatoire  à  l'aide  d'un  trocart  fin,  et  je  recueille  sous  l'eau  une 
partie  de  l'air  contenu  dans  cet  organe.  L'épaisseur  des  tissus  qu'il  faut 
traverser  fait  que  la  plaie  très-étroite  produite  par  le  trocart  se  referme  à 
mesure  que  l'on  retire  cet  instrument,  et  ne  laisse  pas  entrer  l'eau  dans  la 
vessie.  Après  la  ponction,  je  laisse  vivre  le  poisson  dans  les  meilleures  con- 
ditions physiologiques,  et  je  le  sacrifie  au  bout  d'un  ou  de  plusieurs  jours. 
Voici  quelques  exemples  : 

»  Quatre  Perches  [Perça  Jluvialis)  furent  prises  dans  les  mêmes  condi- 
tions, et  ponctionnées  sous  l'eau.  L'air  de  leur  vessie  natatoire  contenait 
une  proportion  d'oxygène  comprise  entre  19  et  25  pour  100.  Elles  furent 
sacrifiées  au  bout  de  dix  jours.  La  proportion  d'oxygène  était  alors  com- 
prise entre  4o  et  65  pour  100. 

»  Une  Daurade  [Sparus  aurala)  fournit  par  la  ponction  un  air  contenant 
iG  pour  100  d'oxygène.  Sacrifiée  deux  jours  après,  elle  donna  58  pour  100. 


(  8-9) 
Une  autre  Daurade  fournit  17  pour  100.  Elle  est  sacrifiée  le  lendemain  et 
donne  5g  pour  100. 

»  Un  Lahre  [Labrus  variegattis)  offre  à  la  première  ponction  19  pour  ico 
d'oxygène,  et  vingt-quatre  heures  après  5-]  pour  100;  un  autre  Labre 
18  pour  100,  puis  85. 

»  Dans  ces  expériences  on  ne  peut  vider  complètement  la  vessie  nata- 
toire; il  reste  donc  une  fraction  de  l'air  qu'elle  contenait,  air  possédant 
une  forte  proportion  d'azote.  Si  l'on  considère  que  l'air  retiré  finalement, 
quand  on  sacrifie  le  poisson,  est  mélangé  avec  cette  fraction  d'un  air  ancien 
très-riche  en  azote,  et  que  ce  mélange  contient  cependant  une  proportion 
d'oxygène  qui  peut  s'élever  à  85,  87  pour  100  et  au  delà,  on  est  conduit 
à  penser  que  c'est  de  l'oxygène  pnr  qui  apparaît  dans  la  vessie  natatoire. 
Un  problème  nouveau  de  physiologie  générale  s'offre  donc  à  l'esprit. 

)i  Ainsi  le  physiologiste  est,  comme  nous  le  voyons,  maître  de  faire  aug- 
menter à  volonté  la  proportion  d'oxygène  dans  l'air  de  la  vessie  natatoire. 
Mais  il  importe  pour  cela  qu'il  se  place  dans  les  meilleures  conditions  pos- 
sibles, afin  que  le  poisson  soit  dans  un  état  normal  ou  de  santé  :  hors  de 
cet  état,  en  effet,  j'ai  toujours  vu  le  renouvellement  de  l'air  se  faire  avec 
lenteur,  et  l'air  nouveau  n'offrir  qu'une  faible  proportion  d'oxygène.  Il 
importe  aussi,  si  l'on  veut  avoir  une  proportion  maximum  de  ce  gaz,  de  ne 
pas  attendre  au  delà  d'un  certain  temps  pour  analyser  l'air  de  la  vessie 
natatoire. 

»  Après  avoir  parlé  des  conditions  dans  lesquelles  l'oxygène  augmente, 
je  dois  rappeler  celles  dans  lesquelles  il  diminue. 

»  Dans  ma  précédente  communication  à  l'Académie,  j'ai  dit  quel'asphyxie 
est  la  condition  qui  fait  diminuer  la  proportion  d'oxygène  dans  la  vessie 
natatoire,  et  en  outre  que  cette  proportion  diminue  peu  à  peu  et  n'est  égale 
à  zéro  que  dans  les  derniers  instants  de  la  vie  du  poisson. 

»  J'ajonterai  que  si  l'on  vent  obtenir  la  disparition  comjjlète  de  l'oxygène, 
il  importe  de  faiie  asphyxier  le  poisson  dans  une  quantité  d'eau  d'autant 
plus  grande  qu'il  est  plus  vigoureux  et  qu'il  possède  dans  sa  vessie  nata- 
toire un  air  plus  riche  en  oxygène.  Si  l'on  néglige  cette  précaution,  on 
pourra  encore  trouver  une  forte  proportion  de  ce  gaz  après  la  mort.  C'est 
ainsi  qu'après  avoir,  sur  un  Labre  très-vigoureux,  fait  monter  très-haut, 
par  des  ponctions  répétées,  la  proportion  d'oxygène,  je  plaçai  ce  poisson 
dans  une  quantité  d'eau  qui  suffisait  à  peine  pour  lui  permettre  de  se  mou- 
voir; il  y  périt  très-rapidement,  offrant  dans  sa  vessie  natatoire  un  air  qui 
contenait  encore  56  ponr  100  d'oxygène. 

loq.. 


(    820    ) 

"  Les  poissons  dont  la  vessie  natatoire  ne  possède  pas  de  corps  rouges 
ne  m'ont  offert  qu'une  diminution  relativement  faible  de  la  proportion 
d'oxygène,  lorsque  je  les  ai  soumis  à  l'asphyxie. 

»  Il  est  superflu  de  parler  des  variations  de  l'azote,  ce  gaz  s'offrant  dans 
l'air  de  la  vessie  natatoire  comme  étant  le  complément  de  l'oxygène. 

»  Je  n'ai  pas  parlé  de  l'acide  carbonique;  il  exis'e  cependant  dans  l'air 
delà  vessie  natatoire.  Mais  dans  la  plupart  des  espèces  que  j'ai  étudiées, 
j'ai  trouvé  qu'il  ne  s'élevait  que  rarement  au-dessus  de  2  ou  3  pour  100. 
De  plus,  j'ai  vu  que  ces  poissons,  soumis  à  l'asphyxie,  n'offraient  pas  une 
augmentation  de  ce  gaz  en  rapport  avec  la  diminution  de  l'oxygène.  L'étude 
des  variations  de  l'acide  carbonique  exige  des  expériences  spéciales  ;  je  n'en 
parle  pas  ici. 

»  Je  résume  ces  deux  communications  en  disant  :  L'air  de  la  vessie  nata- 
toire offre  une  composition  qui,  relativement  à  la  proportion  d'oxygène^ 
peut  varier  en  plus  ou  en  moins  dans  les  conditions  suivantes  : 

»  1°  L'oxygène  diminue  et  disparaît  dans  l'asphyxie  et  autres  conditions 
morbides  ; 

»  2°  Chez  le  poisson  à  vessie  natatoire  ouverte,  comme  chez  le  poisson  à 
vessie  natatoire  close,  l'air  se  renouvelle  sans  être  emprunté  à  l'atmosphère, 
et  la  rapidité  de  ce  renouvellement  est  en  raison  de  la  vigueur  du  poisson  ; 

»  3°  L'air  nouveau  présente  une  proportion  d'oxygène  bien  supérieure  à 
la  proportion  de  ce  gaz  contenue  habituellement  dans  l'air  de  la  vessie 
natatoire,  et  bien  supérieure  aussi  à  la  proportion  contenue  dans  l'air  dis- 
sous dans  l'eau. 

»  J'ai  fait  à  Paris  celles  de  ces  expériences  qui  ont  rapport  aux  poissons 
d'eau  douce;  j'ai  fait  les  autres  en  Bretagne,  à  Concarneau,  dans  les  bassins 
de  l'Aquarium  qu'un  Membre  de  l'Académie,  M.  Coste,  a  fondé  dans  im 
but  pratique,  tout  en  y  réservant  libéralement  une  place  pour  des  recherches 
de  pure  théorie.   » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

CHFMiE.   —   Eludes  chimujues  sur  le  cuivre.  Note  de    MM.   E.   Millo.v  et 
A.  CoMMAiLLE,  présentée  à  la  précédente  séance  par  M.  Pelouze.  (Suite.) 

(Commissaires  déjà  nommés  :  MM.  Pelouze,  Payen,  Peligot.) 

"  Dans  plusieurs  communications  précédentes, nous  avons  présenté  som- 
mairement l'étude  de  faits  divers  qui  se  rattachent  tous  à  l'histoire  du 


(821  ) 
cuivre  ;  avant  de  réunir  ces  recherches  clans  un   travail  d'ensemhle,  nous 
croyons  qu'il  est  utile  de  signaler  encore  quelques  résultats   destinés  sur- 
tout à  faire  voir  que  ces  révisions  chimiques  deviennent  de  jour  en  jour 
plus  nécessaires. 

»  Sulfites  de  cuivre .  —  La  composition  de  ces  sels,  étudiée  et  discutée  par 
plusieurs  chimistes,  semblait  bien  établie  depuis  le  travail  de  M.  Péan  de 
Saint-Gilles.  En  dirigeant  un  courant  de  gaz  acide  sulfureux  dans  une  solu- 
tion d'acétate  de  bioxyde  de  cuivre,  on  obtient  un  précipité  jaune  qui  se 
redissout  dans  la  liqueur;  mais  en  portant  celle-ci  à  l'ébullition,  il  se  fait 
un  abondant  dépôt  de  petits  cristaux  rouges.  M.  Péan  assigne  pour  compo- 
sition à  ces  cristaux 

Cu'0%  2S0%  2  HO. 

»  Le  dosage  total  du  cuivre  et  du  soufre,  contenus  dans  les  cristaux 
rouges,  s'accorde  avec  cette  formule;  mais  si  l'on  dose  séparément  le  cuivre 
à  l'état  de  protoxyde  et  le  cuivre  à  l'état  de  bioxyde,  on  trouve  que  la 
proportion  de  Cu^  est  trop  faible  de  2  pour  100  et  la  proportion  de  Cu  trop 
forte  de  3  pour  100.  En  outre,  on  reconnaît  que  le  sel  contient  jusqu'à 
3  pour  100  d'acide  sulfurique  mélangé  à  l'acide  sulfureux. 

»  En  résumé,  l'analyse  exacte  de  cette  combinaison  indique  jusqu'à 
6  pour  100  de  sulfate  de  bioxyde  interposé  dans  le  sel  dont  M.  Péan  donne 
la  composition  :  les  lavages  n'enlèvent  point  le  sulfate,  avant  de  décomposer 
le  sulfite  lui-même.  Cette  interposition  semble  constante,  car  nous  l'avons 
constatée,  par  des  chiffres  qui  restent  les  mêmes,  dans  trois  préparations 
successives  de  sulfite  rouge.  Toutefois,  on  parvient  à  s'y  soustraire  en  chan- 
geant le  mode  de  préparation  adopté  par  M.  Péan  et  par  MM.  Chevreul, 
Bottinger,  Dœpping  et  Rammelsberg,  qui  ont  examiné  ce  sel  avant  lui.  En 
définitive,  ce  composé,  exempt  de  tout  mélange  et  obtenu  dans  un  état  de 
pureté  irréprochable,  a  bien  pour  formule 

Cu=0^2S0^  2 HO, 

soit 

Cu'  O,  SO-  +  CuO,  SO'  +  2  HO. 

»  Il  offre  cette  particularité  analytique  assez  curieuse  de  fournir  les 
mêmes  nombres  en  bioxyde  de  cuivre  et  en  acide  sulfurique,  lorsqu'il  est 
pur  et  lorsqu'il  est  mélangé  de  6  pour  100  de  sulfate  de  bioxyde. 

»  Le  dépôt  jaune  formé  par  l'acide  sulfureux,  dans  une  solution  d'acétate 


(    822    ) 

de  bioxvde  de  cuivre,  a  été  considéré  par  M.  Péan  comme  un  hydrate  par- 
ticulier du  sel  précédent  ;  il  lui  assigne  pour  formule 

Cu»0%   2S0%   5H0. 

»  La  détermination  totale  du  cuivre,  faite  par  M.  Péan,  coïncide  très- 
exactement  avec  la  formule  précédente;  mais  en  dosant  la  proportion  rela- 
tive de  Cu^  et  de  Cii,  on  observe  des  écarts  inconciliables  avec  cette  formule 
et  bien  plus  prononcés  que  dans  l'analyse  du  sulfite  rouge. 

»  Nous  avons  obtenu  dans  diverses  préparations:  7,60,  11,66  et 
19,72  pour  100  de  cuivre  à  l'état  de  protosel;  la  formule  adoptée  par 
M.  Péan  exigerait  28,78  de  cuivre  à  l'état  de  protoxyde.  Malgré  les  varia- 
tions que  nous  signalons  dans  la  constitution  de  ce  composé,  le  dosage  total 
du  cuivre  donnait  toujours  le  même  nombre,  exactement  pareil  à  celui  que 
M.  Péan  a  indiqué.  Il  en  résulte  que  ce  produit  jaune  représente  un  mé- 
lange dans  lequel  le  poids  du  cuivre  demeure  fixe,  tandis  que  le  degré 
d'oxygénation  du   métal  varie  énormément  d'une  préparation  à  l'autre. 

1)  Il  est  probable  que  l'acide  sulftueux  et  l'acétate  de  bioxyde  de  cuivre 
donnent  d'abord  naissance  à  un  sulfate  de  bioxyde  insoluble  et  instable, 
dont  les  molécules  réagissent  les  unes  sur  les  autres,  l'acide  sulfureux  s' oxy- 
dant aux  dépens  du  bioxyde  de  cuivre,  jusqu'à  ce  que  le  sulfite  rouge 
apparaisse  et  fournisse  un  nouvel  état  d'équilibre  aux  éléments. 

»  Nous  avons  fait  quelques  essais  pour  obtenir  la  combinaison  de  l'acide 
sulfureux  avec  le  bioxyde  de  cuivre;  nous  y  sommes  parvenus  en  saturant 
de  l'alcool  absolu  par  du  gaz  sulfureux  et  en  y  projetant  de  l'hydrate  de 
bioxyde  de  cuivre.  Il  se  produit  une  poudre  verte,  insoluble  dans  l'eau, 
résistant  aux  lavages  et  uniquement  formée  d'acide  sulfureux,  d'eau  et  de 
bioxyde  de  cuivre. 

»  Dans  ce  sel,  le  bioxyde  de  cuivre  est  quadri-atomique,  alors  même 
que  l'alcool  saturé  dacide  sulfureux  est  employé  en  grand  excès.  La  for- 
mule de  cette  nouvelle  combinaison  est  la  suivante  : 

SO%4CuO,  7HO. 

u  c'est  un  exemple  de  plus  à  ajouter  aux  combinaisons  dans  lesquelles 
ou  voit  des  sels  à  oxyde  polyatomique  se  constituer  malgré  la  présence 
d'un  excès  d'acide. 

»  Proloclilorure  de  cuivre  ammoniacal  cl  bichlorure  de  platine.  —  La  réaction 
si  nette  du  protochlorure  de  cuivre  ammoniacal  sur  les  sels  d'argent,  qui  se 


(  8^3) 
réduisent  et  fournissent  un  poids  d'argent  métallique  rigoureusement  pro- 
portionnel à  la  quantité  de  protosel  de  cuivre,  nous  a  conduits  à  examiner 
les  rapports  d'affinité  existant  entre  le  protochlorure  de  cuivre  ammoniacal 
et  le  bichlorure  de  platine. 

»  Le  plaline  du  bichlorure  n'est  pas  réduit  à  l'état  métallique  et  est  seu- 
lement ramené  à  l'état  de  protochlorure;  quel  que  soit  l'excès  du  protosel 
de  cuivre,  la  réduction  ne  va  pas  plus  loin.  Il  ne  faudrait  pas  en  conclure 
de  suite  que  l'affinité  du  chlore  est  plus  forte  pour  le  platine  que  pour  l'ar- 
gent. Il  y  a  là  une  influence  particulière  qu'd  faut  attribuer  à  l'intensité  des 
combinaisons  que  le  protochlorure  de  platine  forme  avec  l'ammoniaque, 
combinaisons  dont  M.  Reiset  a  si  heureusement  fait  connaître  la  constitu- 
tion et  la  nature. 

»  Voici  ce  qui  se  passe  :  lorsqu'on  verse  le  bichlorure  de  platine  en  so- 
hition  concentrée  dans  une  liqueur  très-ammoniacale  saturée  de  protochlo- 
rure de  cuivre,  il  se  fait  un  précipité  cristallin,  violet,  quelquefois  d'une 
teinte  pure,  rappelant  les  belles  nuances  de  quelques  sels  cobaltiques,  d'au- 
tres fois  tirant  un  peu  sur  le  gris.  Dans  ce  dernier  cas,  les  cristaux  sont  plus 
petits;  ils  sont  toujours  formés  par  de  longs  prismes  terminés  carrément, 
isolés  ou  diversement  groupés  et  souvent  creusés  de  deux  cavités  coniques 
se  rapprochant  par  leur  pointe. 

»  Ces  cristaux,  très-stables  lorsqu'ils  sont  secs,  sont  insolubles  dans  l'eau, 
dans  l'alcool  et  ne  s'altèrent  qu'à  la  longue  par  les  lavages;  ils  ont  une 
composition  exactement  représentée  par 

Pt,  CiO 


-)  Cl,  AzH^ 


))  On  peut  dédoubler  leur  formule  et  les  considérer  comme  la  combinai- 
son d'un  bichlorure  de  cuivre  ammoniacal  Cu  Cl,  AzH%  décrit  par  R.  Kane, 
avec  le  chlorure  de  Magnus  PtCl,  AzH'.  Mais  il  est  plus  probable  que  cette 
combinaison  représente  le  chlorure  d'une  base  à  deux  métaux,  analogue 
aux  bases  unimétalliques  qui  ont  été  décrites  par  M.  J.  Reiset;  elleen  diffère, 
parce  qu'elle  contient  en  même  temps  du  cuivre  et  du  platine,  dont  les 
réactions  sont  également  masquées.  C'est  le  premier  exemple,  du  moins 
nous  le  pensons,  d'un  chlorure  ammoniacal  bimétallique.  Les  réactions  de 
ce  nouveau  composé,  tant  avec  les  acides  qu'avec  les  bases,  n'admettent 
guère  une  autre  supposition. 

))  Nous  aurions  à  faire  connaître  plusieurs  composés  intéressants  qui  en 
dérivent;  mais  cette  étude  nous  ferait  sortir  de  l'histoire  proprement  dite 
de  cuivre,  à  laquelle  nous  désirons  nous  borner  en  ce  moment.   » 


(  824  ) 

PATHOLOGIE.  —  Siif  la  question  de  la  pellngre  dans  les  asiles  d  aliénés. 
Extrait  d'une  Note  de  M.  Laxdoczy. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

«  Devant  publier  dans  les  journaux  de  médecine  une  réponse  suffisam- 
ment étendue  à  l'attaque  dont  l'une  des  conclusions  de  mon  dernier  tra- 
vail vient  d'être  l'objet  de  la  part  de  MM.  Labitle  et  Pain,  je  me  bornerai 
seulement  à  quelques  remarques  qui  permettront  déjuger  de  quel  côté  doit 
se  trouver  la  vérité  sur  l'importante  question  de  la  pellagre  dans  les  asiles 
d'aliénés. 

»  D'abord,  je  commence  par  protester  contre  une  grave  erreur  que  mes 
confrères  m'attribuent  dans  le  passage  suivant  de  leur  Note  : 

<(  Dans  le  tableau  de  M.  Landouzy,  on  trouve  ceci  :  Asile  de  Lille, 
»  417  aliénés;  pellagreux,  o.  Et  voici  que,  dans  le  numéro  du  8  octobre  der- 
»  nier  de  la  Gazette  des  Hôpitaux,  le  médecin  de  l'asile  de  Lille,  M.  Joire. 
M  publie  les  résultats  de  ses  recherches,  et  trouve,  sur  54o  aliénés,  17  pel- 
»   lagreux.   » 

»  Or,  rien  de  moins  exact  que  cette  accusation.  D'abord  M.  Joire  n'est 
pas  à  l'asile  de  Lille,  mais  à  l'asile  de  Lommelet.  Ensuite,  si,  cette  année, 
M.  Joire  a  trouvé  17  pellagreux  sur  54o  aliénés,  l'an  dernier,  à  l'époque  où 
a  été  dressé  mon  tableau,  il  n'en  a  pas  trouvé  un  seul  sur  les  556  aliénés  de 
son  asile!  L'enquête  de  M.  Joire,  qui  a  donné  le  chiffre  o,  a  été  faite  avec 
le  directeur  de  l'École  de  Médecine  de  Lille,  M.  Cazeneuve,  avec  deux  autres 
professeurs  dont  je  n'ai  pas  inscrit  les  noms,  et  avec  moi.  M.  Joire  a  donc 
porté  sur  ses  tablettes  le  même  chiffre  que  moi,  c'est-à-dire  zéro. 

»  Nous  avions  visité  également  dans  le  département  du  Nord,  avec  M.  de 
Smyttère,  l'asile  de  Lille;  avec  M.  le  docteur  Butin,  l'asile  d'Armentières, 
et  sur  ces  1640  aliénés  que  nous  avons  passés  en  revue,  main  par  main, 
nous  avions  noté  :  zéro  pellagre.  C'est  ce  résultat  qui  est  inscrit  dans  ma 
statistique. 

Il  Maintenant,  pourquoi  M.  le  docteur  Joire,  qui  n'avait  trouvé  que  zéro 
l'an  dernier,  après  une  visite  très-attentive  avec  nous,  a-t-il  trouvé  dix-sept 
pellagreux  sur  un  moindre  chiffre  d'ahénés  de  son  asile  ?  Il  serait  trop  long 
(le  discuter  ici  les  variations  des  conditions  alimentaires  selon  les  années, 
selon  la  qualité  et  le  prix  des  denrées,  etc.,  et  je  me  bornerai  à  rappeler 
qu'à  l'asile  de  Sainte-Gemmes,  le  médecin  en  chef,  M.  Billod,  ayant  substi- 


(  825  ) 

(lié,  pendant  une  année,  une  ralion  quotidienne  de  vin  à  la  ration  hebdo- 
madaire, a  déclaré  ne  pas  avoir  observé  un  seul  cas  de  pellagre.  A  l'asile  de 
Montreuil,  le  directeur,  M.  Berthand,  ayant  augmenté  le  nombre  des  co- 
lons (ouvriers  agricoles),  et  diminué  la  ration  de  légumes  secs  pour  la 
remplacer  par  des  légumes  frais,  je  n'y  ai  trouvé,  cette  année,  qu'une  di- 
zaine d'anciens  pellagreux,  au  lieu  d'une  trentaine  tant  anciens  que  nou- 
veaux que  j'y  trouvais  les  années  dernières,  quand  j'allais  en  chercher 
vingt-quatre  ou  vingt-cinq  des  plus  valides  pour  les  amener  à  ma  leçon  cli- 
nique de  Reims. 

»  Deux  mots  seulement  encore,  car  cette  simple  rectification  réduit  assez 
l'attaque  pour  que  je  borne  là  ma  défense. 

»  Si  c'est  l'aliénation  qui,  comme  entité  morbide,  produit  la  pellagre, 
pourquoi,  dans  les  asiles  de  France  et  d'Italie,  pas  un  seul  pensionnaire 
n'est-il  pas  devenu  pellagreux?  Pourquoi,  sur  les  48  asiles  français  et  ita- 
liens que  j'ai  visités,  ou  sur  lesquels  j'ai  reçu  de  précis  documents  des 
médecins  en  chef,  y  en  a-t-il  27  qui  sont  complètement  exempts;  /(  qui 
n'en  ont  qu'un  seid  ;  3  qui  n'en  ont  que  deux  ;  4  qi'i  "'en  ont  que  tiois  ; 
I  qui  n'en  a  que  quatre;  4  4111  n^it^  ont  que  de  cinq  à  huit?  Poussant  la 
discrétion  et  la  vérité  jusqu'à  l'extrême  dans  ces  chiffres,  j'en  ai  mis  10  à 
Turin,  sur  863  aliénés,  après  avoir  cependant  acquis  la  certitude  et  après 
avoir  montré  au  médecin  en  chef,  M.  Bonacossa,  par  ses  propres  notes, 
que  6  au  moins  étaient  évidemment  pellagreux  avant  que  d'être  aliénés. 
Ce  serait  donc  6  à  retrancher.  J'en  ai  mis  7  à  Lyon,  sur  800  aliénés,  malgré 
l'assurance  que  me  donnait  l'éininent  docteur  Arthaud,  que  la  plupart  de 
ces  sujets  avaient  eu  évidemment  la  pellagre  avant  l'aliénation. 

»  Comment  donc  mes  honorables  confrères  de  Clermont  viennent-ils  au- 
jourd'hui, devant  l'Institut,  m'accuser  publiquement  d'avoir  diminué  les 
chiffres  de  pellagreux,  tandis  que  je  les  ai  manifestement  augmentés  dans 
«ne  statistique  destinée  à  éclairer  l'une  des  plus  grandes  questions  de  mé- 
decine et  d'iivgiène  publique? 

»  Tout  le  monde  comprendra  parfaitement  les  différences  d'hygiène  et 
de  régime  alimentaire  entre  les  différents  asiles  d'aliénés  ;  mais  à  qui  fera- 
t-on  croire  que  l'aliénation  produit  la  pellagre  dans  les  uns,  et  ne  la  pro- 
duit pas  dans  les  autres  ?  Il  est  une  vérité  qu'il  faut  avoir  le  courage  d'énon- 
cer, «  c'est  que  les  budgets  ont  des  rigueurs  à  nulle  autre  pareilles,  et  que 
»  ceux  qui  répartissent  i^'',a5  ou  l'^^So  sur  les  besoins  d'un  aliéné  per- 
»  mettent  des  largesses  que  le  prix  de  i  franc  éloigne  d'une  manière  ab- 
li   sol  lie.    » 

G.  R.,  i8G3,  2""  Semestre.  (T.   LVll,   N»  20.)  '  '° 


(  826  ) 
»  Quel  est  l'auteur  de  celte  déclaration?  Ce  sont  mes  honorables  con- 
frères de  Clermont,  dans  leur  première  lettre,  qui  m'a  beaucoup  éclairé  sur 
la  véritable  étiologie  de  la  pellagre  dans  les  asiles.  Cette  déclaration  avait- 
elle  en  vue  l'influence  de  l'aliénation  ou  l'influence  du  régime?  Comment 
MM.  Pain  et  Labitfe  ont-ils  pu  espérer  faire  admettre  par  l'Académie  des 
Sciences  qu'un  professeur  de  clinique  médicale  qui  étudie  la  ])ellagre  de- 
puis quatorze  ans,  et  cjui,  depuis  quatre  années  consécutives,  lui  adresse 
régulièrement  le  résultat  imprimé  de  ses  travaux,  aura  pu  commettre 
six  erreurs  de  diagnostic  à  l'occasion  de  six  érythèmes  pellagreux  ?  Il 
fallait  laisser  au  médecin  de  Madrid  la  consolation  de  croire  à  une  erreur 
du  médecin  de  Reims,  et  ne  pas  me  fournir  l'occasion  solennelle  de  protes- 
ter. Que  MM.  Pain  et  Labitte  se  rendent  dans  les  hôpitaux  de  Madrid  mes 
observations  à  la  main,  et  ils  pourront  voir  alors  de  quel  côté  est  la  vérité. 
Quels  rapports,  d'ailleurs,  entre  l'influence  de  l'aliénation  sur  les  pellagreux 
de  Clermont,   et  la  présence  ou  l'absence  de  six  pellagreux  à  Madrid  ?  » 

ZOOLOGIE,  —  Essai  sur  la  classification  des  Mollusques  gastéropodes. 
Note  de  M.  Gouriet. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Valencienues.) 

"  Une  division  des  Gastéropodes,  basée  sur  les  organes  générateurs,  offre 
ce  vice  radical  que  beaucoup  d'espèces  réputées  hermaphrodites  sont  chaque 
jour  reconnues  unisexuées,  et  que  d'autre  part  des  Mollusques  manifestement 
voisins,  comme  les  Hélix  et  les  Cyclostomes,  sont  forcément  séparés  si  on  con- 
sidère leurs  organes  sexuels. 

)>  Aussi  la  plupart  des  auteurs  ont-ils  eu  raison  de  choisir  l'appareil  respi- 
ratoire comme  base  de  classification,  puisque  la  position  de  l'organe  prin- 
cipal de  l'hématose  entraîne  la  position  du  cœur  et  généralement  celle  de 
l'anus.  Cependant,  si  on  examine  la  division  la  plus  généralement  suivie,  celle 
de  Cuvier  par  exemple,  on  ne  peut  se  défendre  d'une  certaine  surprise  en 
voyant  sur  une  même  ligne  des  ordres  établis  d'après  plusieurs  caractères 
inégalement  importants,  quoique  puisés  pour  la  plupart  dans  Tappareil  res- 
piratoire. C'est  ainsi  que  pour  les  Nudibranches  on  considère  d'une  façon 
générale  la  position  à  découvert,  tout  en  faisant  une  restriction  pour  mettre 
à  part  les  Inférobranches  qui,  en  réalité,  sont  bien  des  Nudibranches.  Plus 
loin  on  n'envisage  que  la  forme  pectinée,  d'où  les  Pectinibranches,  sans  re- 
u)arquer  que  dans  d'autres  divisions,  les  Tectn)ranches  par  exemple,  il 
existe  aussi  parfois  cette  forme  de  branchies.  Ce  dernier  mot  deTectibranche 


(  827  ) 
offre  d'ailleurs  a  l'espril  le  même  sens  que  Scutibraiiche,  d'où  parfois  nue 
équivoque.  L'expression  de  Tubulibranche  semblerait  faire  croire  à  une 
forme  tubuleuse  des  branchies,  alors  qu'il  ne  s'agit  que  de  la  forme  tubu- 
lée  de  l'animal.  Pour  les  Hétéropodes  on  met  tout  à  fait  de  côté  l'examen 
des  branchies  pour  établir  en  parallèle  avec  les  divisions  précédentes  un 
caractère  de  médiocre  valeur,  la  forme  du  pied.  Le  mot  de  Cyclobranche 
serait  peut-être  le  plus  heureux  s'il  n'y  avait  de  confusion,  en  prenant  les 
choses  à  la  letlre,  entre  eux  et  les  Inférobranches. 

»  Ajoutons  enfin  (il  est  vrai  que  c'est  une  considération  moins  sérieuse) 
que  beaucoup  de  ces  expressions  sont  empruntées  à  deux  langues  à  la  fois. 
»  En  résumé,  disons  que  pour  étal)lir  des  ordres  on  a  fait  marcher  de  front 
tout  à  la  fois  la  position  des  branchies,  la  forme  des  branchies,  la  forme  du 
pied,  la  forme  générale  de  l'animal,  sans  assigner  à  ini  seul  de  ces  points  de 
vue  une  prééminence  marquée  sur  tous  les  autres.  Pour  mettre  eu  pratique 
ce  principe  de  subordination  de  caractères,  dont  l'auteur  de  la  classification 
précédente  est  l'illustre  père,  que  fallait-il?  Après  avoir  pris  l'appareil  respi- 
ratoire pour  base,  choisir  le  plus  important  de  ses  caractères  et  établir  sur 
lui  seulement  les  divisions  premières.  Cet  important  caractère,  quel  est-il.' 
Cet  doit  être  uniquement  la  position  des  branchies,  bien  supérieure  à  la 
forme.  Or  ces  liranchies  ne  peuvent  avoir  que  trois  positions  : 
»   Ou  tout  à  fait  extérieures; 

il  Ou  tout  à  fait  intérieures,  et  alors  cachées  dans  une  cavité  recouverte 
elle-même  par  une  cocpiille  généralement  enveloppante; 

»  Ou  bien  simplement  protégées  par  un  test  incomplet,  état  intermédiaire 
aux  deux  précédents. 

»  De  là  trois  grandes  divisions,  après  toutefois  qu'on  a  fait  des  Pulmonés 
une  sous-classe  à  jjart  :  les  Exobranches,  les  Stégibranches,  les  Endo- 
branches. 

»  I.  L'ordre  des  Exobranches  peut  se  subdiviser  ensuite  d'après  le  point 
de  la  périphérie  où  les  branchies  sont  insérées  : 

»    1°  Epibranches,  qui  les  ont  sur  le  dos  (Doris,  Glabelline,  etc.). 
»   2°  Péribranches,  autour  du  manteau  (Tritonie,  Glaucus,  Scyllée,  Plo- 
camocère,  etc.).  Les  Éolidies  tiendraient  à  la  fois  des  Epibranches  et  des 
Péribranches. 

»   3°  Hypobranches  (anciens  Inférobranches   de  Cuvier).  Les  Théthys 

tiendraient  à  la  fois  des  Epibranches,  des  Péribranches  et  des  Hypobranches. 

»   4"  Pleurobranches,  qui  les  ont  sur  le  côté  (Pleurobranche,  Pleuro- 

I  lO.. 


(  828  ) 
braiichide,  Laitiogère,  etc.).  Les  Pleiirohraiiches  conduisent  à  la  fois  aux 
Stégibranches  par  leur  petit  test,  à  la  plupart  des  Endobranclies  par  la  forme 
pectinée  des  branchies. 

»  II.  L'ordre  des  Stégibranches  (de  ars;)',  toit)  comprendrait  quatre 
divisions  : 

»  1°  Les  Stégibranches  proprement  dits,  correspondant  auxTectibranches 
de  Cuvier,  moins  les  Pleurobranches,  et  aux  Scutibranches  du  même 
auteur. 

»   2"  Les  Cyclobranches,  correspondant  à  ceux  de  Cuvier. 

»  3"  Les  Sîégibranches  hétéropodes  (anciens  Ilétéropodes  de  CnvierJ  qui 
ont,  si  on  prend  la  Carinaire  pour  type,  le  cœur  et  les  branchies  sous  une 
petite  coquille.  On  y  laisserait  la  Girole  d'Edwards  et  les  autres  Ilétéropodes, 
qui,  bien  que  dépourvues  de  coquille,  doivent  rester  auprès  de  la  Carinaiie 
à  cause  de  leur  analogie  avec  elle. 

»  4°  Enfin  les  Janthines,  qui  ont  leurs  lames  branchiales  à  demi  cachées 
par  la  coquille  et  qui,  comme  les  Hétéropodes,  méritent  une  place  à  jiarl  à 
catise  de  leur  curieux  appendice.  Leurs  branchies  pectinées  sont  aussi  une 
transition  des  Stégibranches  aux  Endobranches,  comme  entre  ces  derniers 
et  les  Exobranches  il  en  existe  une  par  l'entremise  des  Pleurobranches. 

))  III.  L'ordre  des  Endobranches  correspondrait  assez  bien  aux  Pectini- 
branches  et  aux  Tiibulibranches  de  Ctivier. 

»   On  pourrait  les  diviser  en  Tiu'biués  et  en  Tabulés. 

»  1°  Les  Turbines  (anciens  Pectinibranches)  pourraient  conserver  l'an- 
cienne subdivision  de  Cuvier  (Trochoïdes,  Capuloides,  etc.),  ou  mieux  celle 
beaucoup  plus  naturelle  de  M.  de  Blainville  (Siphonobranches  et  Asipho- 
nobranches). 

»  2°  Les  Tnbidés  seraient  les  anciens  Tubulibranches,  qui  n'ont  qu'un 
insignifiant  rapport  de  forme  avec  les  Serpules  et  autres  Annélides  tubicoles. 

>)  Les  rapports  qui  unissent  chacuivdes  ordres  précédents  avec  les  deux 
autres  sont  cause  que,  si  on  voulait  les  représenter  schémaliqnement,  on 
ne  devrait  point  les  établir  sur  une  seule  et  même  ligne,  ni  même  sur  deux 
ou  trois  lignes  parallèles,  mais  bien  selon  les  trois  sommets  d'un  triangle. 

»  La  classification  que  nous  venons  de  [proposer  ne  subsisterait  pas 
moins,  alors  même  qu'en  rejetant  la  considération  du  pied  locomoteur  ou 
remplacerait  l'expression  de  Gastéropode  par  celle  de  Céphalidien  (M.  de 
Blainville).  .Seidement,  à  l'instar  de  ce  grand  naturaliste,  on  placerait  dans 
les  Acéptialés  tons   ceux  des  Gastéropodes  de  Cuvier  cpii   n'ont  pf)iiit  de 


(   Sag  ) 
lète  apparente  cl  qui  feraimt  ainsi  une  sorte  de  transition  entre  les  Céplia- 
lidienset  les  Acéphales. 

»  Enfin,  pour  terminer  ce  sujet,  je  me  demande  si  la  présence  ou  l'ab- 
sence du  siphon  chez  les  Acéphales  ne  pourrait  pas  faire  établir  ces  derniers 
dans  une  position  semi-parallèle  avec  les  Turbines  Si|)honobranches  et  les 
Turbines  Asiphonobranches  dont  nous  avons  parlé  plus  haut.    « 

MÉTÉOROLOGIE.   —    Sur  les  cloik'S  filantes.   Extrait  d'un  Mémoire 

de  M.  Coulvier-Gravier. 

(Commissaires,  MM.   Babinet,  Regnault,  Faye,  Delaunay.) 

«  L'Académie,  je  l'espère,  n'a  pas  oubUé  les  nombreux  planisphères  que 
j'ai  eu  l'honnetu-  de  faire  passer  sous  ses  yeux,  et  les  Rapports  favorables 
de  ses  Commissions.  Je  me  permettrai  cependant  de  lui  rappeler  c[ue,  dans 
ces  communications,  j'ai,  entre  autres  résultats  nouveaux,  fait  connaître 
la  variation  horaire  des  étoiles  filantes,  qui  n'avait  pas  même  été  soupçonnée 
jusqu'alors;  que  j'ai  établi  les  époques  des  maximum  et  des  minimum; 
qu'enfin,  pour  le  maximum  du  12  au  i3  novembre  regardé  par  quelques 
astronomes  comme  toujours  aussi  brillant  qu'en  1799  et  i833,  j'ai  fait 
voir  qu'il  avait  disparu  complètement  pour  faire  place  à  un  véritable  mi- 
nimum. Cette  communication  a  été  faite  il  y  a  environ  quinze  ans,  et  il 
n'en  a  pas  fallu  moins  de  dix  pour  obtenir  des  astronomes  étrangers  l'aveu 
que  ce  maximum  n'était  plus  que  l'ombre  de  lui-même. 

>i  L'Académie  sait  aussi  avec  quel  soin,  quelle  persévérance  j'ai  suivi  les 
grandes  apparitions  d'août  dont  j'ai  tracé  avec  précision  la  marche  ascen- 
dante et  descendante.  Les  cartes  particulières  que  j'ai  dressées  pour  les 
uîiits  des  9,  10  et  I  I  août,  tendent  à  faire  voir  qu'il  n'existe  pas  de  point 
radiant  pa;  ticulier. 

))  La  dernière  partie  du  Mémoire  que  j'ai  1  honneur  de  soumettre  au- 
jourd'hui au  jugement  de  l'Académie,  est  consacrée  à  un  examen  des  di- 
vers systèmes  météorologiques  qu'on  avait  essayés  autrefois  et  qu'on  essaye 
encore  aujourd'hui.  Les  anciens,  privés  d'instruments,  n'avaient  pu  por- 
ter leur  attention  que  sur  les  nuages,  les  vents,  le  soleil,  la  lune,  etc.,  sans 
oublier  les  étoiles  filantes;  mais  comme  toutes  ces  observations  n'avaient 
pas  été  suivies  constamment,  la  science  météorologique  en  avait  souffert. 
Je  ne  parlerai  pas  du  système  lunaire,  car  l'Académie  sait  que  tous  ceux 
qui  ont  voulu  le  mettre  en  pratique  n'ont  trouvé  eu  fin  de  couipte  qu'un 
résultat  entièrement  négatif. 


(  83o  ) 

»  Si  chacun  prend  un  intérêt  si  vif  à  la  météorologie,  c'est  que,  sous  ce 
rapport,  il  lui  importe,  en  bien  des  circonstances,  de  connaître  ce  qu'il 
doit  craindre  ou  espérer  de  l'arrivée  successive  des  produits  météoriques. 
Il  s'agissait  donc  de  trouver  le  meilleur  moyen  de  satisfaire  ce  désir  si  lé- 
gitime. Le  moyen  tant  cherché  ne  pouvait  s'obtenir  par  un  travail  purement 
de  cabinet  ou  de  statistique  :  c'était  dans  une  observation  complète  de 
tous  les  météores  vus  dans  toutes  les  couches,  régions  et  zones  atmosphé- 
riques, aussi  loin  qu'il  était  permis  à  la  vue  de  l'homme  d'aller  les  cher- 
cher. L'Académie  sait,  par  toutes  mes  communications,  eu  quoi  consiste 
mon  système  météoiique;  je  n'y  reviendrai  pas,  je  dirai  seulement  que  ce 
qui!  était  important  de  découvrir,  c'était  le  signe  précurseur  de  toutes  les 
oscillations  barométriques,  et  c'est  ce  que  j'ai  obtenu.  Ce  signe  précur- 
seur, recueilli  dans  le  ciel  des  météores  filants,  nous  renseigne  non-seule- 
ment sur  la  hausse  ou  la  baisse  du  baromètre,  mais,  de  plus,  il  nous  doime 
en  même  temps  le  complément  des  renseignements  qui  nous  sont  indispen- 
sables afin  de  bien  connaître  la  force  du  météore  qui  va  se  produire. 

')  L'Académie  a  vu  surtout,  par  l'album  météorique  que  j'ai  eu  l'hon- 
neur de  lui  présenter  en  avril  dernier,  comment  la  hauteur  des  eaux  de  la 
Seine  (en  ne  nous  occupant  que  de  ce  qui  se  passe  dans  la  région  où  se 
font  les  observations)  était  en  rapport  avec  la  marche  des  résultantes  des 
étoiles  filantes  et  de  leurs  perturbations;  elle  a  vu  aussi  qu'il  en  était  de 
même  pour  la  chaleur  et  pour  le  froid.  Enfin,  elle  a  vu  qu'en  résultat  final 
la  prévision  totale  des  produits  météoriques  obtenus  à  la  fin  d'avril  se 
réalisait  dans  les  mois  suivants. 

))  Qu'il  me  soit  permis,  d'ailleurs,  de  faire  remarquer  que,  dans  mes  pre- 
mières Notes  comme  dans  mes  publications  plus  récentes,  j'ai  toujours 
recommandé  de  ne  pas  se  borner  aux  .seules  observations  fournies  par  les 
instruments  météorologiques,  mais  d'y  ajouter  au  moins,  à  défaut  des 
observations  d'étoiles  filantes,  celles  des  différentes  couches  de  nuages, 
indiquant  que  ce  serait  là  un  faible  progrès  en  météorologie,  mais  enfin  que 
ce  serait  un  progrès  pour  la  science  pratique.  L'Angleterre  s'est  emparée 
de  cet  avis  si  souvent  répété,  et  elle  a  pu  en  tirer  quelque  profit.  .Seule- 
ment, nous  pensons  qu'elle  a  eu  tort  de  ne  pas  faire  un  essai  d'observations 
d'étoiles  filantes,  qui  auraient  été  le  complément  des  mesures  adoptées 
pnr  l'Amirauté. 

)>  Je  terminerai  mon  Mémoire  en  annonçant  à  l'Académie  que  le  nombre 
.horaire  moyen  d'étoiles  filantes,  ramené  à  minuit  par  un  ciel  serein,  qui, 


(  83i  ) 
en   i833,  était  de  i3o,  et  qui,   depuis,   était  descendu  à  g  et  i  i ,  est  re- 
monté, le  12  et  le  i3  novembre  de  cette  année,  à  16,7,  ce  qui  montre  que 
ce  phénomène,  comme  celui  d'août,  reprend  une  marche  ascendante.  » 

CHIRURGIE.  —  Sur  un  cas  d'extirpation  presque  totale  de  la  lamjue  au 
moyen  de  la  cautérisation  en  flèches;  par  M.  Maisonseuve.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Serres,  J.  Cloquet,  Jobert  de  Lamballe.  ) 

i(  L'extirpation  totale  ou  presque  totale  de  la  langue  a  toujours  été  con- 
sidérée par  les  chirurgiens  comme  une  des  opérations  les  plus  graves  et  les 
plus  difficiles. 

»  C'est  d'abord  la  position  profonde  de  l'organe  qui  gène  la  manœuvre 
opératoire.  C'est  aussi  le  voisinage  immédiat  des  voies  digestives  et  respira- 
toires qui  donne  une  gravité  spéciale  aux  accidents  les  plus  simples,  en  eu 
faisant  luie  cause  de  suffocation  ou  d'empoisonnement.  C'est  enûn  l'extrême 
vascularité  de  l'organe  qui  déjoue  souvent  la  puissance  des  meilleurs  hé- 
mostatiques, et  laisse  le  chirurgien  dans  l'inquiétude  incessante  d'hémor- 
rhagies  redoutables. 

«  Aussi  voyons-nous  que  dans  le  petit  nombre  de  ces  opérations  dont  la 
science  nous  a  conservé  les  détails,  les  chirurgiens  ont  cru  devoir  s'entou- 
rer de  précautions  extrêmes  et  préluder  à  l'opération  principale  par  d'autres 
opérations  accessoires,  telles  que  la  division  transversale  des  joues,  la  divi- 
sion verticale  de  la  lèvre  inférieure  et  la  section  de  l'os  maxillaire  inférieur, 
l'extirpation  partielle  de  ce  même  os  maxillaire,  l'incision  transversale  des 
parties  molles  de  la  région  sus-hyoïdienne,  leur  incision  verticale,  la  liga- 
ture préalable  des  artères  linguales,  la  ligature  de  l'artère  carotide  ex- 
terne, etc.  Encore  toutes  ces  opérations  préliminaires,  souvent  fort  dange- 
reuses par  elles-mêmes,  n'offraient-elles  contre  les  accidents  spéciaux  de 
l'opération  qu'une  garantie  fort  précaire. 

1)  La  ligature  extemporanée  avait  semblé  promettre  de  meilleurs  résul- 
tats, mais  l'expérience  a  démontré  que  cette  méthode,  si  précieuse  à  tant  de 
titres,  n'offrait  pas  encore  une  sécurité  suffisante  contre  l'hémorrhagie  (i). 

(i)  Foir  les  observations  de  M.  Foucher,  de  M.  Pasturel  (Union,  •254),  o"^  'l^s  hémorrlia- 
gies  graves  ont  lieu  après  des  opérations  pratiquées  par  l'écrasement  linéaire  et  ont  eu  néces- 
sité, l'une  la  ligature  de  la  carotide  externe,  l'autre  la  ligature  en  masse  du  moignon. 


(  8:^2  ) 

»  Tel  était  l'état  des  choses  quand  j  eus  la  pensée  d'appliquer  a  cette 
grave  opération  la  méthode  nouvelle  de  la  cautérisation  en  flèches,  dont 
j'avais  obtenu  et  dont  j'ohtiens  chaque  jour  de  si  merveilleux  résultats  dans 
l'extirpation  des  tmneurs.  Cette  méthode,  en  effet,  possède  au  plus  haut 
degré  cette  puissance  hémostatique,  dont  l'insuffisance,  dans  les  autres  mé- 
thodes, était  la  cause  de  tant  d'accidents.  Mais  elle  a  de  plus  l'avantage  de 
n'exiger  aucune  opération  préliminaire  et  d'être  surtout  incomparablement 
plus  simple  qu'aucune  autre  dans  son  exécution  et  dans  ses  suites. 

»  Uue  crainte  cependant  nous  avait  arrêté  d'abord  dans  l'application  de 
cette  méthode  aux  tumeurs  de  la  langue,  c'était  de  voir  des  portions  de  sub- 
stances caustiques  pénétrer  dans  les  voies  digestives  et  y  déterminer  des  ac- 
cidents d'empoisonnement  ;  aussi  n'avons-nous  dû  procéder  qu'avec  pré- 
caution dans  nos  tentatives. 

«  Mais  l'expérience  ne  tarda  j)as  à  dissiper  toutes  ces  appréhensions,  et 
nous  en  sommes  arrivé  désoi-mais  à  cette  certitude  que  de  toutes  les  mé- 
thodes opératoires  appliquées  à  la  destruction  des  tumeurs  de  la  langue, 
la  cautérisation  en  flèches  est  de  beaucoup  la  plus  innocente,  en  même 
temps  qu'elle  est  la  plus  simple  dans  ses  suites  el  la  plus  facile  dans  son 
exécution. 

»   Il  va  sans  dire  que  dans  l'exécution  de  cette  méthode  les  flèches  doi-  ' 
vent  être  immergées  complètement  dans  le  tissu  de  la  tumeur.  » 

Suit  l'observation  d'un  malade  affecté  d'un  cancer  chez  lequel  la  presque 
totalité  de  la  langue  a  été  détruite  avec  succès  au  moyen  de  la  cautérisation 
en  flèches  et  chez  lequel  on  a  pu  adapter  une  langue  artificielle  en  gutta- 
percha  pour  faciliter  la  déglutition  et  la  parole. 

Le  malade  a  été  soumis  à  l'examen  des  Membres  de  l'Académie  dans  la 
salle  qui  précède  celle  des  séances. 

M.  DE  Caligxy  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  ayant  pour 
titre  :  «  Nouvelles  considérations  sur  quelques  anciennes  roues  hydrauliques  ver- 
ticales et  autres  décrites  et  figurées  par  les  auteurs  des  trois  derniers  siècles,  mais 
oubliées  dans  les  Traités  des  Machines  hydrauliques.  » 

(Commissaires  précédemment  nommés:  MM.  Combes,  Morin.) 

M.  Maxdet  adresse  de  Tarare  une  addition  à  sa  Note  sur  l'emploi  du 
■sulfate  (F ammoniaque  pour  rendre  les  mousselines  ininflammables,  et  y  joint 
divers  échantillons  de  tissus,  les  uns  tels  qu'ils  sont  livrés  au  marchand,  les 


(  833  ) 
autres  préparés  par  son  procédé  et  dont  l'éclat  ou  la  fraîcheur  des  teintes 
n'a  été  nullement  terni. 

Ces  pièces  sont  renvoyées,  comme  l'avait  été  la  première  Note  reçue,  à 
l'examen  de  la  Commission  du  prix  dit  des  Arts  insalubres. 

M.  GossART  adresse  un  Mémoire  intitulé:  «  Projet  d'une  Table  des  carrés 
destinée  à  faciliter  les  longs  calculs  ». 

(Commissaires,  MM.  Duhamel,  Morin,  Bertrand.) 

M.  Thassy  envoie  une  Note  accompagnée  d'une  figure  sur  mi  nouveau 
système  d'autolocomotion  aérienne  à  hélice. 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Faye.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  i.'Ambassadeir  d'Autriche  annonce  qu'un  Mémoire  a  été  adressé  de 
New-York  au  concours  pour  le  legs  Bréant  par  M.  Manus  Prister,  sujet 
autrichien.  Ce  paquet  a  été  retenu  à  l'Administration  centrale  des  postes 
pour  quelque  défaut  de  forme;  M.  l'Ambassadeur  prie  l'Académie  de  vou- 
loir bien  le  réclamer  et  lui  transmet  le  bulletin  délivré  par  l'Administration 
des  paquebots. 

«  M.leGéxéual  Mori.\  présente  de  la  part  de  M.  Michelot,  ingénieur 
des  Ponts  et  Chaussées,  une  Note  imprimée  extraite  des  annales  des  Ponts  et 
Clunissées.  sur  la  résistance  à  l'écrasement  des  pierres  calcaires  des  départe- 
ments de  la  Seine,  de  Seine-et-Oise,  de  la  Marne  et  de  l'Aisne.  » 

31.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance:  i°la  seconde  partie  d'une  publication  de  M.  Duchenne, 
de  Boulogne,  sur  le  mécanisme  delà  physionomie  humaine;  2° un  opuscule 
de  ;}7.iîoj(;ucefl»,  intitulé  :  «  Expériences  sur  la  dilatation  des  maçonneries  «; 
3"  luieNote  italienne  de  M.  G.  Campani  sur  la  production  de  l'urée. 

M.  Velpeau  présente,  au  nom  de  l'auteur,  M.  le  professeur  Tigri,  une 
Note  écrite  en  italien  «  sur  un  nouveau  cas  de  bactéries  dans  le  sang  d'un 
homme  mort  d'une  fièvre  typhoïde  à  l'hôpital  de  Sienne.   )> 

C.  R.,  1863,  a""  Semestre   (T.  LVll,  N"  i8.)  III 


(  834  ) 

«  M.  Le  Vekrier,  dans  la  séance  dernière,  à  la  suite  de  son  Rapport  con- 
cernant la  pyramide  de  Villejuif,  a  dit  que  plusieurs  des  bornes  et  des  signaux 
naturels  servant  de  repères  à  la  Géodésie  française  ont  disparu.  Il  a  exprimé, 
avec  plusieurs  Membres  de  l'Académie,  le  désir  que  l'État  prenne  toutes  les 
mesures  nécessaires  pour  la  conservation  et,  au  besoin,  pour  la  restauration 
des  bornes  et  des  signaux  de  la  triangulation  de  la  France. 

»  M.  le  Général  Blondel,  Directeur  du  Dépôt  de  la  Guerre,  transmet  à 
ce  sujet  à  l'Académie  la  Note  suivante,  qu'il  a  remise  à  M.  le  Maréchal 
Vaillant  : 

«  Le  Directeur  du  Dépôt  de  la  Guerre,  convenablement  autorisé  par  le 
))  Minisire,  a  l'honneur  de  faire  connaître  à  l'Académie  des  Sciences  qu'il 
»  s'associe  avec  empressement  aux  regrets  exprimés  par  H.  Le  Verrier  et 
»  plusieurs  Membres  de  l'Académie  à  l'occasion  de  certains  signaux  de  la 
»  Carte  de  France  malheureusement  disparus. 

»  Il  se  féliciterait  de  voir  prendre  toutes  les  mesures  propres  à  assurer 
»  la  conservation  de  ce  qui  subsiste  encore  des  bornes  qui  ont  marqué  sur 
»   le  sol  la  position  de  toutes  les  stations  de  premier  ordre.  » 

M.  Lytterhoevex,  chirurgien  en  chef  des  hô])itanx  de  Bruxelles,  annonce 
l'envoi  d'un  exemplaire  de  ses  œuvres  scientifiques  dont  il  prie  l'Académie 
de  vouloir  bien   accepter  l'hommage. 

M.  LE  Conservateur  DE  LA  Bibliothèque  de  Besançon  remercie  l'Académie 
pour  l'envoi  de  plusieurs  volumes  de  ses  publications,  et,  signalant  quelques 
lacunes  qui  existent  dans  la  série  qu'elle  possède  des  publications  de  l'In- 
stitut, demande  s'il  serait  possible  de  les  combler. 

(Renvoi  à  la  Connnission  administrative.) 

PHYSIOI-OGIE  VÉGÉTALE.  —  Remarques  sur  la  décomposition  dit  gaz  acide 
carbonique  par  les  feuilles  diuersement  colorées.  Noie  de  M.  S.  Cloez, 
présentée  par  M.  Chevrenl. 

Cl  Des  expériences  nombreuses  ont  établi  que  les  végétaux  pourvus  de 
feuilles  s'assimilent  du  carbone  sous  l'intluence  de  la  lumière,  par  la  réduc- 
tion de  l'acide  carbonique,  en  donnant  lien  à  un  dégagement  d'oxygène. 
Les  parties  des  plantes  exposées  au  jour  présentent  des  coideurs  variées, 
parmi  lesquelles  domine  la  verte;  c'est  la  couleur  ordinaire  et  poiu-  ainsi 


(  835  ) 

dire  normale  des  jeunes  tiges,  des  feuilles,  des  bractées,  des  calices,  etc., 
et  on  doit  la  considérer  comme  essentielle  aux  parties  qni  décomposent 
l'acide  carbonique. 

»  Certaines  plantes  paraissent  dépourvues  au  premier  abord  de  la  ma- 
tière verte  ;  ainsi  il  y  en  a  dont  les  feuilles  sont  brunes  ou  rougeàtres  ou 
d'un  pourpre  plus  ou  moins  foncé;  elles  vivent  et  s'accroissent  connue  les 
plantes  à  feuilles  d'un  vert  pur;  si  on  les  examine  attentivement,  on  recon- 
naît qu'elles  contiennent  toujours  isolément  à  l'état  de  mélange  une  quan- 
tité plus  ou  moins  grande  de  matière  verte,  et  mes  expériences  démontrent 
que  c'est  en  raison  de  cette  matière  que  se  fait  la  réduction  de  l'acide  car- 
bonique et  qu'a  lieu  par  suite  l'accroissement  de  la  plante. 

»  De  ce  que  les  parties  des  plantes  qui  ne  sont  point  vertes,  telles  que 
le  bois,  les  racines,  la  plupart  des  pétales,  les  panachures  blanches  des 
feuilles,  et  les  feuilles  qui  sont  devenues  totalement  rouges  ou  jaunes  en 
automne,  n'exhalent  pas  de  gaz  oxygène,  il  ne  faut  pas  en  inférer,  d'après 
Th.  de  Saussure,  que  la  couleur  verte  soit  un  caractère  essentiel  aux  parties 
qui  décomposent  le  gaz  acide  carbonique,  ni  un  résultat  nécessaire  de  cette 
décomposition.  De  Saussiu-e  appuie  son  opinion  d'iuie  expérience  faite  avec 
la  variété  de  X  Atriplex  liorlensis,  où  toutes  les  parties  vertes  sont  remplacées 
par  des  parties  rouges  ou  d'un  pourpre  foncé;  cette  plante  a  fourni  sous 
l'eau  de  source,  dans  l'espace  de  cinq  ou  six  heures,  sept  ou  huit  fois  son 
volume  de  gaz  oxygène,  qui  ne  contenait  que  o,i5deson  volume  de  gaz 
azote  (i). 

»  J'admets  que  la  plante  soumise  à  l'expérience  a  effectivement  décom- 
posé l'acide  carbonique,  j'ai  pu  vérifier  le  fait  en  répétant  l'essai;  mais  j'ai 
constaté  aussi  qu'il  existe  dans  le  tissu  de  la  feuille  rouge  <i' Atriplex,  ainsi 
que  dans  les  feuilles  rouges  ou  brunes  de  plusieurs  autres  plantes,  une  cer- 
taine quantité  de  matière  verte,  qui,  par  son  mélange  avec  un  principe  vio- 
let-rouge qu'on  peut  isoler  chimiquement,  fournit  une  teinte  rabattue, 
pourprée  ou  brunâtre,  où  la  couleur  verte  se  trouve  pour  ainsi  dire  complè- 
tement masquée. 

»  L'opinion  émise  par  de  Saussure,  opinion  reproduite  récemment  de- 
vant l'Académie  des  Sciences  par  31.  Corenwinder,  ne  me  parait  donc  pas 
admissible  :  les  feuilles  rouges  ou  jaunes  dépourvues  de  matière  verte  ne 
décomposent  pas  l'acide  carbonique.  J'ai  fait  à   ce  sujet  des  expériences 

(l)  Recherches  chimiques  sur  la  végétation,  p.  56. 

II  !.. 


(  836  ) 
comparatives  dont  les  résultats  sont  très-nets  et  de  nature  a  convaincre  les 
esprits  les  plus  difficiles. 

»  On  cultive  dans  les  jardins  comme  plante  d'ornement  une  espèce 
d'Amaranthe,  dont  la  plupart  des  feudles  sont  panachées  de  vert,  de  jaune 
et  de  ronge  ;  on  isole  facilement  avec  des  ciseaux  les  parties  différemment 
colorées,  et  en  les  exposant  simultanément,  dans  des  conditions  aussi  sem- 
blables que  possible,  à  l'action  de  la  lumière  dans  de  l'eau  ordinaire  dès- 
aérée  et  additionnée  d'une  petite  quantité  de  gaz  acide  carbonique, 
on  constate  que  les  parties  vertes  seules  produisent  du  gaz  oxygène,  tandis 
que  les  parties  jaunes  et  rouges  ne  fournissent  pas  la  moindre  bulle  de  ce 
gaz,  même  au  bout  de  douze  heures  d'exposition  au  soleil. 

»  VAinaranthus  laudalits  est  aussi  une  plante  d'ornement  qui  diffère  de 
la  précédente  en  ce  que  ses  feuilles  sont  uniformément  colorées  par  le  mé- 
lange intime  des  trois  couleurs  verte,  jaune  et  ronge,  qui  se  trouvent  sé- 
parées dans  V Amaranlhm  tricolor.  Ces  feuilles  ont  été  soumises  en  même 
temps  que  les  prt'cédentes  à  l'action  de  la  linuière  dans  de  l'eau  carhoni- 
quée;  elles  ont  fourni  de  l'oxygène,  mais  en  quantité  moindre  que  les  feuilles 
tout  à  fait  vertes;  c'était  le  résultat  prévu  et  que  l'expérience  a  heureuse- 
ment réalisé. 

1)  Les  expériences  sur  la  végétation  présentent  des  causes  diverses  et  im- 
prévues qui  tendent  à  influer  sur  les  résultats  :  on  doit  donc  mettre  tous  ses 
soins  à  noter  les  principales  circonstances  qui  les  accompagnent.  En  suivant 
cette  voie  il  m'a  paru  indispensable  de  déterminer  à  la  gamme  chromaticpie 
de  M.Chevreul  la  couleur  des  feuilles  sur  lesquelles  j'ai  opéré;  voici  les 
résultats  constatés  : 

Pour  y Amaranthus  tricolor. 

Partie  rouge  de  la  feuille 3^  violet-rouge,  lo'  ton. 

Partie  jaune  de  la  feuille 2"  orangé-jaune,  G"  ton. 

Partie  verte  de  la  feuille 5' jaune  avec  -^  rabat,  iS"  ton. 

Pour  V Jmaraitthus  Ifiudatus. 

Partie  supérieure  ou  interne  de  la  feuille..  .      4'^  violet-rouge  77  rabat,  1  1'  ton. 
Partie  inférieure  ou  externe  de  la  feuille.  .  .      5'  violet-rouge  ~  rabat,  lo"^  ton. 

»  Quant  aux  conditions  de  l'expérience  pour  la  décomposition  de  facidc 
carbonique,  elles  ont  été  les  mêmes  pour  les  quativ  espèces  de  feuilles;  on 
a  pris,  de  chacune  d'elles,  12  grammes  et  on  les  a  plongés  dans  un  flacon 
de  2  litres  de  capacité  préalablement  rempli  d'eau  carboniqnée  et   nunii 


(  837  ) 
d'un    tube  à   dégagement;  nu   bout  de  douze    beures   d'expositiou    a   la 
lumière,  on  a  arrêté  l'expérience  et  l'on  a  reconnu  : 

»  Que  les  parties  vertes  de  l'Amaranthe  tricolore  ont  donné  2^5  centi- 
mètres cubes  de  gaz  contenant  pour  loo  parties  en  volume  : 

Oxygène 85,64  210 

Acide  carbonique i  >24  7 

Azote 1 3 , 1 2  32 

100,00  241 

»  Les  parties  rouges  de  la  même  plante  n'ont  rien  donné,  de  même  que 
les  parties  jaunes. 

»  Les  feuilles  violet-rouge  de  r^mara»;//i<5  /flî/f/a<u5  ont  fourni  i48  cen* 
timètres  cubes  de  gaz  contenant  également  pour  100  volumes  : 

Oxygène 84,35 

Acide  carbonique i  ,57 

Azote 1 4 ,  08 

100,00 

))  Tous  ces  résultats  conduisent  à  cette  conclusion  déjà  énoncée  et  con- 
traire à  ro]iinion  de  Th.  de  Saussure,  à  savoir  :  que  les  feuilles  ne  décom- 
posent l'acide  carbonique  sous  l'influence  de  la  lumière  qu'en  raison  de  la 
matière  verte  qu'elles  contiennent,  et  que  les  parties  jaunes  ou  rouges  des 
plantes  ne  donnent  pas  lieu  à  cette  déconqiosition.  » 

CHIMIK  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  la  quinoline;  par  M.  Higo  Schiff. 

«  La  quinoline  se  combine  avec  les  sels  métalliques  et  fournit  des  com- 
posés comparables  aux  combinaisons  anilométalliques  que  nous  avons 
tlécrites  dans  nos  recherches  antérieures. 

M  Si  nous  admettons  dans  la  quinoline  G"  H""  N  un  radical  triato- 
niique  G""  H',  la  formule  générale  des  composés  mouométalloquiniquessera 


^  X  =  G'  H'  N,  MX, 

M      ) 


dans  laquelle  X  représente  un  radical  acide.  Ces  composés  sont  pour  la 
plupart  cristallisés  et  peu  solubles  dans  l'eau  froide.  L'eau  bouillante  ne 
les  décompose  qu'après  une  ébullifion  prolongée.  Exposés  à  l'air  et  a 
la  lumière  solaire,  ils  jaunissent   légèrement.  Les  combinaisons  avec  les 


(  838  ) 
métaux  tri  et  tétratomiques  s'obtiennent  difficilement,  et  se  décomposent 
avec  facilité. 

»   Le  cliiorhydrate  de  zincoqninoline 


rs  "     C1  =  G»H'N,  ZnCl 


se  préparc  par  l'addition  directe  et  cristallise  de  la  solution  chaude  en  de 
petits  prismes  apparemment  monoclines.  Nous  avons,  en  outre,  obtenu  le 
brom  et  l'iodhydrate.  Le  cadmium  forme  des  combinaisons  parfaitement 


analogues. 


))   Avec  le  nitrate  de  mercure,  la  quinoline  fournil  un  précipité  blanc,  le 

|,  NO%  peu  soluble  dans  l'eau  pure, 
Hg    ) 

mais  bien  plus  soluble  dans  l'eau  bouillante  acidulée  d'un  peu  d'acide 
nitrique.  Celte  solution  dépose  le  sel  cristallin  sans  le  décomposer.  Une 
ébullition  prolongée  transforme  le  sel  en  composés  polymercuroquino- 
liques.  La  potasse  le  colore  en  jaune  ;  si  l'on  chauffe,  il  se  manifeste  une 
coloration  brune.  Le  sel  est  transformé  en  une  masse  visqueuse,  tandis 
qu'iuie  partie  de  la  quinoline  se  volatdise  avec  les  vapeurs  d'eau.  Le  nitrate 
de  mercuroquinoline  se  prête  à  la  double  décomposition  avec  les  sels  alca- 
lins ;  mais  la  réaction  est  plus  nette  si  l'on  se  sert  de  l'acétate.  Si  une  solu- 
tion de  ce  dernier  est  chauffée  avec  des  sels  alcalins,  on  obtient  par  le 
refroidissement  des  sels  cristallins  des  différents  acides.  C'est  par  ce  mode 
que  jai  réussi  à  préparer  le  chlor,  brom  et  iodhydrate,  le  sidfafe  et  le 
chromate  de  mercuroq>iinoline.  Tous  ces  sels  se  décomposent  facilement  à 
une  élévation  de  température.  Le  chromate  jaune,  déjà  à  loo  degrés,  se 
transforme  en  luie  masse  visqueuse. 

)i   Le  cyanhydrate  de  merciuoquinoline 


nI^'"'    Cy  =  G»H'N,  GHgN, 

(    Hg 


obtenu  par  l'addition  directe,  cristallise  de  la  solution  aqueuse  en  de  longs 
prismes  brillants.  Le  composé  ne  montre  pas  les  phénomènes  de  disso- 
ciation que  nous  avons  décrits  du  cyanhydrate  de  mercuraline. 

n  Le  bichlorure  d'étain,  de  même  que  les  trichlornres  de  bismuth,  d'anti- 
moine et  d'arsenic,  se  combinent  directement  avec  la  quinoline;  u)ais  ces 
composés  ne  partagent  pas  de  la  stabilité  remarquable  des  combinaisons 
correspondantes  de  l'aniline. 


(  839  ) 
»  Envers  les  acides,  les  composés  métalloquinoliques  se  comportent 
comme  les  métallaniles.  Exception  faite  de  la  mercuroquinoline,  les  sels  se 
décomposent  en  fournissant  des  composés  doubles  bien  cristallisés  et 
solubles  sans  décomposition  dans  de  l'eau  acidulée.  La  composition  de  ces 
sels  doubles  n'est  pas  analogue  à  celle  des  sels  doubles  de  l'aniline.  Tandis 
que  ces  derniers  renferment  toujours  un  nombre  d'équivalents  d'aniline 
égal  à  l'atomicité  du  métal,  le  nombre  d'équivalents  de  la  base  dans  les  sels 
doubles  de  la  quinoline  est  souvent  inférieur  à  l'atomicité  du  métal.  Nous 
nous  contentons  de  citer  purement  les  formules  des  chlorures  doubles  sui- 
vants : 

Chlorure  zincoquinolique Zn  Cl,      GqH'  N  Cl. 

Chlorure  slibioquinolique Sb  Cl%     GqH'NCl. 

Chlorure  stannoquinolique.  ...  Sn  Cl',  2Cq  H'  N  Cl. 

Chlorure  bismoquinolique.  ...  Bi  Cl',  3€q  H'  N  Cl. 

»  La  quinoline  se  combine  au  cyanogène  en  se  colorant  en  rouge.  Nous 
nous  permettons  de  réserver  à  une  communication  ultérieure  les  résultats 
de  nos  études  sur  d'autres  combinaisons  quinoliques  et  sur  la  décom- 
position des  composés  métalloquinoliques.  » 

ANTHROrOLOGlE.  —  L'âge  de  la  pierre  dans  les  cavernes  de  la  vallée  de  Tarasron 
{Àriége).  Note  de  MM.  F.  Garrigou  et  H.  Filiiol,  présentée  par  M.  de 
Quatrefages. 

«  La  découverte  faite  en  Suisse,  en  Danemark,  etc.,  d'une  période 
anté-historique  d;uis  la  succession  des  populations  à  la  surface  de  notre 
globe,  tend  à  faire  penser  que  les  continents  devaient  être  habités  à  cette 
époque  dans  la  plupart  des  points  où  ils  le  sont  encore  aujourd'hui.  L'uni- 
formité des  pièces  recueillies  partout  où  l'on  a  pu  confirmer  les  décou- 
vertes des  savants  suisses  et  danois,  le  progrès  dans  l'emploi  successif  des 
matières  premières  alors  utilisées  par  l'homme,  font  supposer  que  l'intelli- 
gence humaine,  la  même  en  tous  lieux  dans  ses  manifestations  primitives,  a 
dû  subir  l'influence  de  bien  des  milliers  de  siècles  pour  arriver  au  point  où 
elle  en  est  aujourd'hui.  Deux  faunes  différentes  ont  eu  le  temps  de  se  suc- 
céder dans  la  nature  depuis  que  l'homme  y  a  fait  son  apparition.  Les  popu- 
lations chez  lesquelles  se  développèrent  les  trois  âges  de  la  pierre,  du  bronze 
et  du  fer,  paraissent  relier  l'homme  actuel  à  celui  d'Abbeville,  et  par  hù  à 
celui  de  Chartres. 


(  84o  ) 

»  Si  les  lacs  de  la  Suisse  servirent  aux  populations  anté-liistoriques  pour 
y  dresser  en  sécurité  leurs  huttes  de  bois  et  de  chaume,  il  était  naturel  que 
dans  d'autres  pays  des  hommes  doués  du  même  degré  de  civilisation  que 
ceux  des  habitations  lacustres,  et  possédant  des  moyens  analogues  pour 
fournir  à  leur  subsistance,  choisissent  pour  leur  refuge  et  leur  demeure  des 
abris  naturellement  creusés  dans  le  roc.         , 

»  Dans  nos  recherches  sur  la  question  de  l'homme  fossile,  certains  in- 
dices, exclusivement  retrouvés  à  l'entrée  de  quelques  cavernes,  nous  avaient 
déjà  mis  sur  la  voie  de  la  théorie  que  nous  émettons  aujourd'hui  les  pre- 
miers et  que  nous  croyons  pouvoir  démontrer. 

»  Sept  cavernes  ont  été  par  nous  examinées  dans  ce  but  avec  le  plus 
grand  soin.  C'est  aux  cavernes  de  Pradières,  deBédeillac,  deSabart,  de  Niaux 
(grande),  de  Niaux  (petite),  d'Ussat,  de  Fontanet,  que  nous  avons  princi- 
palement cherché,  jusqu'ici,  les  faits  que  nous  allons  énumérer.  Les  ca- 
vernes de  Lombrives,  de  Calâmes,  des  Gouttières,  des  Meuniers  ne  nous 
ont  encore  fourni  que  des  matériaux  incomplets. 

»  Ces  cavernes  sont  parfaitement  saines  à  l'entrée,  en  général  sans  cou- 
rant d'air;  formant  une  simple  salle  spacieuse  sans  issue  ou  une  grotte  peu 
profonde,  elles  sont  peu  humides  et  leur  voûte  est  dépourvue  de  stalactites. 
r>eur  sol  est  couvert  de  débris  calcaires  fragmentés,  véritable  talus  d'ébou- 
lement  intérieur,  pareil  à  celui  qui  recouvre  les  flancs  de  la  montagne.  Sous 
ce  talus  est  une  couche  de  terre  plus  ou  moins  argileuse.  A  partir  de  la  sur- 
face, on  commence  à  trouver  les  vestiges  de  la  présence  de  l'homme-,  mais 
c'est  surtout  en  s'enfonçant  à  un  ou  deux  mètres  dans  cette  terre  qu'on 
découvre  les  faits  les  plus  intéressants.  On  arrive  bientôt  sur  un  foyer  com- 
posé de  couches  successives  de  charbon  et  de  cendres,  à  l'approche  desquels 
on  trouve  en  abondance  les  objets  suivants  :  les  os  d'animaux  sont  frag- 
mentés d'une  manière  très-uniforme;  on  voit  qu'ils  ont  été  fendus  de  ma- 
nière que  la  moelle  put  en  être  facilement  retirée  ;  la  diaphyse  est 
toujours  ouverte,  les  léles  sont  entières,  les  crânes  constamment  brisés,  et 
cela  tant  chez  les  Carnassiers,  y  compris  le  Chien,  que  chez  les  Ruminants, 
dont  les  os  sont  souvent  calcinés.  Nous  n'avons  encore  vu  aucun  os  rongé 
par  un  animal,  malgré  le  très-grand  nombre  de  fragments  qui  nous  sont 
passés  dans  les  mains.  Des  masses  à' Hélix  nemoralis  sont  répandues  dans 
toute  l'épaisseur  du  foyer;  leur  contenu  a  dû  servir  de  nourriture  aux 
hommes  de  cette  époque. 

»  Avec  ces  ossements  brisés,  on  en  trouve  d'autres  travaillés  de  différentes 
manières  :  ainsi,  des  poinçons  faits  avec  des  os  longs  de  Bœuf,  de  Mouton 


{  84i  ) 

et  de  Porc.  La  moitié  de  ces  os  est  trés-régulièreraent  taillée  en  pointe  et 
l'autre  moitié  a  dû  servir  de  poignée.  Des  diaphyses  d'os  longs  très-épais  sont 
effilées  en  forme  de  lance,  quelques  pointes  de  flèche  sont  aussi  le  résultai 
d'un  travail  sur  des  os  courts. 

»  Des  fragments  de  silex  et  quelques  couteaux  de  même  substance  ac- 
compagnent les  objets  précités.  Chose  remarquable,  le  silex  n'est  pas  la 
seule  chose  qui  ait  servi  à  faire  des  instruments  tranchants.  Des  schistes  sili- 
ceux très-compactes  et  très-résistnnls  ont  été  taillés  en  grattoirs,  et  d'autres, 
soigneusement  usés  à  l'une  des  extrémités,  en  forme  de  couteaux.  Nous 
avons  même  retrouvé  l'im  des  noyaux  dont  on  a  retiré  les  grattoirs,  et  une 
dalle  de  grès  servant  à  l'usure  des  silex  taillés. 

))  Des  leptinites  pugillaires  à  grain  fin,  taillées  à  l'une  des  extrémités, 
ont  dû  probablement  servir  à  fragmenter  les  os  longs.  Des  haches  de  lepti- 
nite  |)eu  tranchantes  et  une  hache  en  serpentine  proviennent  des  cavernes 
de  Bédeillac  et  d'Ussat. 

»  Plus  de  vingt  meules  piquées,  comme  les  meules  de  nos  moulins,  en 
lepfinite,  eu  granit,  en  syénite,  de  dimensions  différentes,  variant  entre 
o'",20  et  o'^jGo  de  diamètre  (les  plus  petites  taillées  pour  être  tenues  à  la 
main),  proviennent  des  cavernes  d'Ussat,  de  Bédeillac,  de  Niaux  (petite). 

»  Des  fragments  de  quartzites,  évidemment  taillés  pour  être  tenus  à  la 
main,  portent  à  l'une  de  leurs  extrémités  une  surface  usée  par  frottement 
doux.  D'autres,  en  forme  de  boule,  portent  sur  l'un  des  points  de  leur  sur- 
face une  cavité  qui  semble  creusée  par  une  série  de  coups. 

>)  Avec  cela,  de  nombreux  fragments  d'une  poterie  grossière  contenant 
du  mica  et  des  fragments  de  quartz,  comme  celles  de  la  Suisse,  avec  deux 
formes  tout  à  fait  simples  et  primitives  dans  les  anses.  Ces  débris  de  poteries 
sont  tellement  petits,  qu'il  est,  pour  le  moment,  impossible  de  décrire  la 
forme  des  vases. 

»  Les  animaux  dont  les  ossements  ont  pu  être  étudiés  jusqu'ici  sont  : 
le  Cervus  elaplms,  un  très-grand  Boeuf,  un  Bœuf  plus  petit,  un  Mouton,  une 
Chèvre,  une  Antilope,  le  Chamois,  le  Bouquetin(?),  \eSusscTofa  férus,  un 
5usplus  petit  et  domestiqué,  le  Cheval(?),  le  Loup,  le  Chien,  le  Renard,  le 
Blaireau,  le  Lièvre,  deux  Oiseaux  dont  l'état  des  os  ne  nous  a  pas  permis  la 
détermination. 

»  De  ces  faits  et  de  la  découverte  des  pièces  que  nous  venons  d'énumérer, 
pièces  dont  nous  n'avons  voulu  faire  connaître  la  valeur  qu'en  les  compa- 
rant nous-mêmes  à  celles  des  musées  de  la  Suisse,  nous  croyons  pouvoir  tirer 
la  conclusion  suivante  : 

G.  R.,  i863,  z'"<=  Semesiie.  (T.  LVII,  N"  20.)  I  12 


(  842  ) 
»  Il  y  a  eu  dans  les  Pyrénées  ariégeoises  (et  sans  doute  aussi  dans  le  reste  de 
la  chaîne),  une  population  anté-historique  dont  les  moeurs  et  la  civilisation 
étaient  semblables  à  celles  des  populations  de  l'âge  de  la  pierre  en  Suisse. 
Ces  peuples  habitaient  l'entrée  des  cavernes  les  plus  saines  et  les  plus  spa- 
cieuses, se  nourrissaient  de  la  chair  des  animaux  qui  abondaient  dans  le 
pays,  faisant  des  armes  de  leurs  os  les  plus  résistants  ainsi  que  des  roches 
les  plus  dures.  Ils  cultivèrent  probablement  le  froment  comme  leurs  frères 
de  la  Suisse,  et  c'est  à  sa  trituration  qu'étaient  sans  doute  destinées  les  nom- 
breuses meules  que  nous  avons  découvertes.  Les  métaux  leur  furent  in- 
connus.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Réponse  de  MM.  N.  Joly  et  Ch.  Mcsset  aux  observations 
critiques  de  M.  Pasteur,  relatives  aux  expériences  exécutées  par  eux  dans  les 
(jlaciers  de  la  Maladettn. 

«  M.  Pasteur  vient  d'attaquer,  au  sein  de  l'Institut  (i),  les  conclusions 
que  nous  avions  tirées  de  nos  dernières  expériences  sur  l'hétérogénie  (2). 
Bien  que  nous  ayons  dit  ou  voulu  dire  précisément  tout  le  contraire,  l'habile 
chimiste  a  cru  pouvoir  affirmer  que  des  huit  ballons  ouverts  par  nous  sur 
les  hautes  cimes  des  Pyrénées,  quatre  seulement  s'étaient  montrés  féconds. 
Aujourd'hui  qu'il  a  en  mains  des  preuves  péremptoires  de  l'erreur  qu'il  a 
coimnise  sans  le  vouloir  (3),  M.  Pasteur  doit  vivement  regretter  de  nous 
avoir  condamnés  sans  nous  entendre,  et  même  avant  de  nous  avoir  lus  avec 
assez  d'attention. 

))  Quoi  qu'il  en  soit^  partant  de  cette  idée  inexacte  que  sur  huit  ballons 
quatre  seulement  nous  avaient  donné  des  productions  organisées,  notre 
adversaire  s'imagine  et  proclame  bien  haut  que,  loin  de  réfuter  la  théorie 


(i)   l'oir  les  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  séance  du  2  novembre  courant. 

(2)  Comptes  tendus,  séance  du  21  septembre  i863. 

(3)  Au  nombre  de  ces  preuves  ligurent  :  1°  une  lettre  explicative  écrite  par  nous  à 
M.  Pasteur  aussitôt  qu'il  nous  a  témoigné  le  désir  de  connaître  en  détail  le  contenu  des  vases 
examinés  à  Toulouse  :  nous  avons  été  surpris  de  voir  notre  savant  adversaire  prendre  la  pa- 
role au  sein  de  l'Institut,  avant  d'avoir  reçu  les  renseignements  qu'il  nous  avait  demandés; 
2°  la  minute  même  de  la  première  rédaction  de  la  Note  que  nous  avons  présentée  à  l'Acadé- 
mie des  Sciences  le  21  septembre  dernier;  3"  enfin,  une  brochure  intitulée  :  Les  Hétérogé- 
nistes  dans  les  glaciers  de  la  Maladetta.  Dans  cette  brochure,  dont  plusieurs  exemplaires 
sont  arrivés  à  Paris  quelques  jours  avant  la  réplique  de  M.  Pasteur,  il  est  dit  expressément, 
p.  32,  que  toutes  nos  infusions  étaient  peuplées  de  Microphytes  et  de  Microzoaires. 


(  843  ) 
semi-panspermisle,  nos  expériences  de  fa  Maladetta  en  confirment  la  vérité. 
Tout  en  rendant  pleine  justice  «  au  ferme  désir  »  que  nous  avons  eu 
de  répéter  «  minutieusement  »  ses  expériences,  tout  en  reconnaissant  les 
soins  particuliers  que  nous  avons  apportés  dans  nos  «essais,  »  M.  Pasteur 
nous  reproche  :  i"  d'avoir  emporté  avec  nous  à  la  Rencluse  et  jusqu'aux 
glaciers  de  la  Maladetta  un  nombre  de  ballons  trop  restreint;  a°  de  les  avoir 
agités  après  les  avoir  ouverts;  3"  d'avoir  commis  l'imprudence  de  les  ou- 
vrir avec  une  lime  préalablement  ciiauffée  à  la  flamme  d'une  lampe  éoli- 
pyle,  au  lieu  d'employer,  comme  lui,  une  pince  à  longues  branches,  égale- 
ment chauffée. 

»  Le  talent  incontesté  et  la  position  si  favorable  de  M.  Pasteur  ont 
donné  à  ses  pnroles  assez  de  retentissement  pour  que  nous  ne  pensions 
pas  devoir  rester  muets  sous  le  coup  de  ses  critiques. 

»  En  définitive,  que  voulions-nous  démontrer?  Le  peu  de  fondement  de 
la  doctrine  panspermiste,  comme  de  la  semi-panspermie.  Or,  M.  Pasteur 
prétendait,  et  il  soutient  encore  qu'à  mesure  que  l'on  s'éfève,  fe  nombre 
des  germes  en  suspension  dans  t'air  diminue  notablement.  Il  dit  que  ses 
expériences  sur  fe  Jura  montrent  surtout  la  pureté,  au  point  de  vue  qui 
nous  occupe,  de  l'air  des  hautes  cimes  couvertes  de  glace,  puisqu'un  seul 
des  vingt  ballons  remplis  par  lui  au  Montanvert  a  donné  naissance  à  une 
Mucédinée.  En  nous  élevant  à  looo  mètres  plus  haut  que  M.  Pasteur, 
nous  étions  autorisés  à  conclure,  à  fortiori,  que  nous  rencontrerions  des 
couches  d'air  d'une  pureté  presque  absolue.  Or,  cet  air  si  pur,  d'après  notre 
antagoniste  lui-même,  a  produit  dans  tous  nos  ballons,  dans  tous,  sans 
exception  aucune,  des  Microphytes  ou  des  Microzoaires.  De  bonne  foi,  un  tel 
résultat  est-il  défavorable  à  l'héterogénie?  On  pourra  dire  sans  doute  que 
c'est  un  pur  effet  du  hasard  :  le  démontrer  ne  sera  pas  aussi  facile. 

»  M.  Pasteur  insiste,  et  nous  reproclie  d'avoir  opéré  avec  un  nombre 
de  ballons  trop  restreint.  Il  n'ignore  pas  cependant,  puisqu'il  fes  signale, 
toutes  les  difûcuf tés  qu'on  éprouve  à  transporter  de  très-loin  et  à  de  très- 
grandes  hauteurs  des  ballons  à  pointe  effilée  et,  par  conséquent,  très- 
fragiles.  Le  nombre  de  huit  ballons  nous  a  paru  suffisant,  et  il  nous  le  paraît 
encore  aujourd'hui,  surtout  en  présence  des  résultats  tous  positifs  que  nous 
avons  obtenus. 

»  Un  de  nos  torts  les  plus  graves  aux  yeux  du  savant  Directeur  de  l'École 
Normale,  c'est  d'avoir  brisé  la  pointe  de  nos  ballons  à  l'aide  d'une  lime,  au 
lieu  de  nous  servir  d'une  pince  à  branches  allongées.  «  Par  là,  dit-il,  nous 

I  12.. 


(  844  ) 

»  avons  permis  aux  germes  attachés  à  nos  mains  et  à  nos  vêtements  de  se 
»  précipiter  dans  rinfiision,  en  même  temps  que  ceux  que  l'air  pouvait 
"  contenir  à  ces  hauteurs  presque  entièrement  inaccessibles. 

»  Nous  confessons  que  nous  n'avons  pas  cru  l'emploi  d'une  pince 
indispensable  au  succès  de  la  démonstration  que  nous  avions  en  vue; 
nous  avouerons  même,  s'il  le  faut,  que  nous  avons  eu  la  maladresse  de 
nous  servir  d'une  Urne  non  emmanchée.  Hâtons-nous  de  rappeler  toutefois 
ime  circonstance  atténuante  :  c'est  que,  au  pied  même  du  glacier  de  la 
montagne  Maudite,  nous  nous  sommes  lavé  les  mains  avec  de  la  neige  récem- 
ment tombée,  et  cela  après  avoir  eu  soin  d'en  racler  la  surface  pour  éviter 
les  poussières  qui  pouvaient  la  salir.  Là  il  nous  est  même  arrivé  de  faire 
bouillir  une  seconde  fois  l'un  de  nos  vases,  qui,  malgré  cet  excès  de  précau- 
tion, s'est  montré  fécond  comme  les  autres. 

»  Quant  aux  effets  produits  par  l'agitation  des  ballons  secoués  d'une 
main  au-dessus  de  nos  têtes,  M.  Pasteur  nous  permettra  de  ne  pas  y  attacher 
toute  l'importance  qu'il  leur  attribue.  L'air  est  si  pur  à  ces  grandes  hau- 
teurs (i),  l'ouverture  faite  à  nos  ballons  si  étroite  (tout  au  plus  2  ou  3  milh- 
mètres  de  diamètre),  et  nos  vêtements  avaient  été  si  soigneusement  brossés! 

»  En  résumé,  l'égale  fécondité  de  nos  matras  remplis  d'air,  soit  à  Luchoii, 
soit  à  la  Rencluse,  soit  dans  l'intérieur  même  des  glaciers  de  laMaladetta, 
semble  nous  autoriser  à  conclure  que  cette  fécondité  est  due  à  une  tout 
autre  cause  qu'à  ces  prétendus  germes  dont  nos  adversaires  parlent  sans 
cesse,  mais  qu'ils  n'ont  jamais  pu  nous  montrer.  Or,  c'est  précisément  cette 
conviction,  basée  sur  de  nombreuses  expériences  antérieures,  qui  nous 
avait  conduits  sur  les  sommets  glacés  de  la  Maladetta.  Notre  espoir,  nous 
ne  le  dissimulons  pas,  était  d'y  trouver  une  preuve  de  plus  en  faveur  de 
l'hétérogénie  et,  conséquemment,  contre  la  théorie  panspermiste  ou  semi- 
panspermiste. 

»  M.  Pasteur  est  venu  déclarer  devant  l'Académie  que  notre  espérance 
était  vaine,  et  qu'elle  est  complètement  déçue.  Il  termine  en  nous  portant  ce 
singulier  défi  scientifique  :  «  Tant  queMM.  Pouchet,  Joly  et  Musset  nepour- 


(1)  N'oublions  pas  que,  sur  vingt  ballons  remplis  d'air  au  pied  du  Jura,  M.  Pasteur  en  a 
trouvé  huit  renfermant  des  productions  organisées.  A  85o  mètres  d'altitude,  il  n'en  a  plus 
trouvé  que  cinq;  il  n'en  a  vu  qu'un  seul  altéré  sur  vingt  autres  remplis  au  Montanvert  (à 
2000  mètres  d'élévation),  «  par  un  vent  assez  fort,  soufflant  des  gorges  les  plus  profondes 
du  glacier  du  Bois.    ■> 


(  845  ) 
»  ront  pas  affirmer  qu'en  ouvrant,  dans  une  localité  quelconque,  un  cer- 
»  tain  nombre  de  malras,  vingt,  par  exemple,  préparés  exactement  selon 
»  les  prescriptions  de  mon  Mémoire,  il  n'y  en  a  pas  qui  se  conservent  intacts 
')  et  que  tous  s'altèrent,  ils  ne  feront  que  confirmer  l'exactitude  parfaite  de 
o  l'assertion  de  mou  Mémoire  qu'ils  prétendent  réfuter.  Or,  je  mets  au  défi 
«   que  l'on  produise  un  pareil  résultat.  » 

»  A  ce  défi  nettement  articulé,  il  nous  suffirait  d'opposer  les  résultats  de 
nos  dernières  expériences;  mais,  puisque  M.  Pasteur  les  déclare  entachées 
d'erreurs  provenant  de  ce  que  nous  n'avons  «  pas  compris  du  tout  sa  mé- 
»  thode  d'expérimentation  »  ;  de  ce  que  nous  avons  employé  un  nombre 
de  ballons  insuffisant;  de  ce  que  nous  les  avons  agités  après  les  avoir  ou- 
verts; enfin  de  ce  que,  pour  les  ouvrir,  nous  avons  eu  le  malheur  de  nous 
servir  d'une  lime  en  acier  (sans  manche!),  au  lieu  d'une  pince  en  fer,  nous 
relevons  le  gant  qui  nous  est  jeté  par  notre  savant  antagoniste,  et  nous  lui 
promettons  de  nous  conformer,  plus  scrupuleusement  encore  que  nous  ne 
l'avons  fait,  à  toutes  les  plus  minutieuses  précautions  qu'il  indique  comme 
étant  rigoureusement  indispensables.  Si  un  seul  de  nos  niatras  demeure 
inaltéré  au  contact  de  l'air  pris  à  Toulouse,  nous  avouerons  loyalement 
notre  défaite;  si  tous  se  peuplent  d'Infusoires  ou  de  Mucédinées,  que  répon- 
dra et  que  fera  M.  Pasteur?  Du  reste,  il  y  aurait  un  moyen  bien  simple  de 
terminer  cet  interminable  débat  :  ce  serait  que  l'Académie  des  Sciences 
de  Paris  voulût  bien  nommer  une  Commission  devant  laquelle  M.  Pasteur 
et  nous  répéterions  les  principales  expériences  sur  lesquelles  s'appuient  de 
part  et  d'autres  des  conclusions  contradictoires.  Nous  serions  heureux, 
quant  à  nous,  de  voir  l'illustre  Compagnie  prendre  en  sérieuse  considération 
le  vœu  que  nous  osons  formuler  devant  elle  (i).  » 

Remarques  de  M.  Flocrens  à  l'occasion  de  cette  communication. 

«.  On  me  reproche,  dans  plusieurs  journaux,  de  ne  point  dire  mon  opi- 
nion sur  la  génération  spontanée. 

B  Tant  que  mon  opinion  n'était  pas  formée,  je  n'avais  rien  à  dire. 


(i)  Il  ne  nous  semble  pas  inutile  de  faire  remarquer  en  terminant  que,  dans  la  Note  adres- 
sée par  nous  à  l'Académie,  nous  disions  formellement  que  les  résultats  observés  à  Toulouse 
par  M.  Musset  et  par  moi  étaient  identiques  à  ceux  que  M.  Pouchet,  notre  savant  et  digne 
collaborateur,  avait  obtenus  à  Luchon. 


(  846  ) 

»  Aujourd'hui  elle  est  formée,  et  je  la  dis. 

))  Les  exjîériences  de  M,  Pasteur  sont  décisives. 

»  Pour  avoir  des  animalcules,  que  faut-il,  si  la  génération  spontanée  est 
réelle?  De  l'air  et  des  liqueurs  putrescibles.  Or,  M.  Pasteur  met  ensemble  de 
l'air  et  des  liqueurs  putrescibles,  et  il  ne  se  fait  rien. 

»  La  génération  spontanée  n'est  donc  pas.  Ce  n'est  pas  comprendre  la 
question  que  de  douter  encore.  » 

M.  Pasteur  remarque,  a  l'occasion  de  la  récrimination  de  MM.  Joly  et 
Musset,  que  l'erreur  qu'il  a  commise  était  presque  inévitable;  en  ne 
parlant,  en  effet,  de  Mucédinées  et  d'Infusoires  que  pour  quatre  des  huit 
ballons  ouverts  par  eux,  MM.  Pouchet,  Joly  et  Musset  semblaient  indiquer 
que  les  quatre  autres  n'en  contenaient  point.  Cependant,  pour  plus  de  sûreté, 
M.  Pasteur  a  voulu  se  renseigner  près  de  M.  Pouchet  lui-même  ;  mais  ce 
savant  lui  ayant  fait  savoir  qu'il  ne  pourrait  donner  une  réponse  définitive 
qu'après  s'être  entendu  avec  ses  collaborateurs,  on  n'a  pas  cru  devoir  dif- 
férer davantage  une  communication  attendue  par  plusieurs  Membres  de 
l'Académie. 

M.  Pasteur  donne  ensuite  de  vive  voix  quelques  renseignements  sur  les 
résultats  d'une  expérience  qu'il  a  faite  tout  récemment  dans  une  des  salles 
même  de  l'Institut  à  la  demande  de  M.  Fremy,  résultais  qui  confirurient 
encore  les  conclusions  qu'il  avait  tirées  de  ses  expériences  précédentes. 

A  la  suite  de  ces  remarques,  MM.  de  Quatrefages,  H.  Sainte-Claire  Deville, 
Regnault  et  Milne  Edwards  prennent  successivement  la  parole  pour  faire 
remarquer  qu'aucune  des  précautions  recommandées  par  M.  Pasteur  et 
prises  par  lui  dans  ses  expériences  n'est  à  négliger  si  l'on  veut  se  préserver 
des  diverses  sources  d'erreurs  auxquelles  on  est  exposé  et  obtenir  des 
résultats  à  l'abri  de  toute  objection. 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Influence  exercée  par  l'humidité  de  l'air  sur  les  résultats 
des  observations  ozonométriques.  Extrait  d'une  Note  de  M.  Berigw. 

«  ...  Dès  i855,  dans  un  Mémoire  présenté  à  l'Académie,  j'avais  constaté 
que  par  les  temps  de  brouillard  très-humide,  et,  à  plus  forte  raison,  par  ceux 
debniine,  les  papiers  ozonométriques  n'indiquaient  aucune  coloration,  parce 
que  l'humidité  trop  forte  exerce  sur  ces  papiers  une  lixiviation  de  la  prépa- 


(  847  ) 
ration  chimique  dont  ils  sont  enduits;  tandis  qu'au  contraire  ils  accusaient 
une  coloration  plus  ou  moins  forte,  selon  que  le  brouillard  était  plus  ou 
moins  sec.  Ce  fait  se  maintient  constamment  depuis  huit  ans  que  je  me  livre 
à  ce  genre  d'observations,  et  il  m'est  toujours  signalé  par  les  savants  qui, 
tant  en  France  qu'à  l'étranger,  s'occupent  d'ozonoméfrie.  Le  résultat  qu'a 
obtenu  M.  le  général  Moriu  dans  l'intérieur  d'un  appartement  vient  con- 
firmer le  phénomène  remarqué  à  l'air  libre  par  un  brouillard  plus  ou  moins 
sec,  et  il  me  semble  qu'il  serait  très-intéressant  de  connaître  si  les  différents 
degrés  d'hygrométricité  de  l'air,  assaini  par  la  vaporisation  de  l'eau  dans 
les  conditions  où  s'est  placé  le  savant  Académicien,  ont  des  relations  avec 
les  diverses  nuances  que  donne  le  papier  ozonométrique. 

»  Dans  un  des  Mémoires  que  j'ai  successivement  présentés  à  l'Académie, 
j'ai  tracé  deux  courbes  :  l'une,  représentant  la  marche  de  l'état  hygromé- 
trique de  l'air;  l'autre,  placée  immédiatement  au-dessous,  indiquant  les  di- 
vers degrés  de  coloration  obtenus,  aux  mêmes  heures,  d'après  notre  échelle 
chromatique.  Ces  deux  courbes,  constantes  dans  leur  marche,  ont  les  rela- 
tions les  plus  intimes  ;  elles  montrent,  ainsi  que  d'ailleurs  l'a  prouvé  M.  Que- 
telet  dans  un  travail  statislique  très  intéressant,  que  plus  il  y  a  d'humidité 
dans  l'air  atmosphérique,  plus  il  s'y  trouve  d'électricité.  Ce  fait,  comme  celui 
constaté  par  M.  le  général  Morin,  prouve  déjà  que  le  papier  ozonométrique 
peut  démontrer  la  présence  de  l'électricité  dans  l'air.   » 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  9  novembre  1 863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Rede...  Discours  prononcé  à  ta  séance  de  l' Académie  des  Sciences  de  Ba- 
vière pour  l'anniversaire  de  sa  io!\^  session,  le  28  tnars  i863  (François  Bacon 
de  Verulam  e<  Histoire  des  Sciences  naturelles);  par  Just.  B""  v.  LiEniG. 
Munich,  1 862  ;  in-4'*. 

Denkrede...   Eloge  de  J. -And.  Wagner,  né  le  21  mars  1797,  mort  le  17  dé- 


(  848  ) 
cembre  r86i ,  prononcé  par  M.  C.-Philipp  vON  Map.tius  à  la  séance  publique 
du  aS  novembre  1862.  Munich,  1862;  in-4°- 

Ziir  Jubelfeier..  Communication  sur  plusieurs  expériences  et  observations 
nouvelles  du  domaine  de  la  chimie  pratique.  Mémoire  lu  à  la  Société  Physique 
de  Francfort  le  18  août  i863;  par  le  professeur  Rod.  Boettger  :  avec  une 
Notice  sur  diverses  questions  d'optique;  par  ïe  iproL  J.-J.  Oppel.  Commémo- 
ration séculaire  de  la  fondation  de  la  Société;  par  J.-T.  Senckenberg. 

Memorie...  Mémoires  de  l'Institut  royal  Lombard  des  Sciences,  Lettres  et 
Arts;  vol.  IX  (IIP  de  la  2<=  série),  fasc.  4.  Milan,  i863;  in-8". 

Atti. . .  Actes  de  l'Listitut  royal  Lombard  des  Sciences,  Lettres  et  Arts;  vol .  III, 
fasc.  i5  et  16.  Milan,  i863;  in-4°. 

Atti..,  Distribution  des  prix  à  l'Industrie  agricole  et  manufacturière  faite 
dans  la  séance  publique  de  l'Institut  royal  Lombard  le  j  août  i863. 

Nuove  esperienze...  Nouvelles  expériences  sur  la  vitesse  de  l'électricité  et  sur 
la  durée  de  l'étincelle  ;  par  R.  FEhlCl.  Pise,  i863;  br.  in-4°. 

Su  d'un...  Sur  un  phénomène  singulier  qui  s'obsewe  lorsqu'un  liquide  tombe 
goutte  à  goutte  sur  la  surface  d'un  autre  liquide  de  même  nature  ou  de  nature 
différente;  par  A.  CiMA  ;  demi-feuille  in-8°.  (4  exemplaires.) 

Colpo...  Coup  d' œil  sur  les  tremblements  de  terre  ressentis  à  Rome  dans  les 
années  1 858-62,  considérés  relativement  à  l'influence  de  la  Lune;  par  enté- 
rina Sc.\RPELLiNi.  Rome;  br.  in-8°. 

Di  alcune. . .  Mémoire  sur  quelques  armes  et  ustensiles  en  pierre  trouvés  dans 
les  provinces  méridionales  de  l'Italie,  et  sur  les  populations  de  la  péninsule  ita- 
lienne dans  les  temps  anté-historiques ;  par  le  D""  G.  NiCOLUCCl.  (Extrait  du 
i"""  volume  des  Actes  de  l'Académie  royale  des  Sciences  physiques  et  mathéma- 
tiques.) Naples,  i863;  in-4°. 

Di  un...  Mémoire  sur  un  ancien  crâne  phénicien  trouvé  dans  la  nécropole 
de  Tharros  en  Sardaigne ;  par  le  même.  (Extrait  des  Mémoires  de  l'Aca- 
démis  royale  des  Sciences  de  Turin.)  Turin,  i863;  in-4°. 

Ces  deux  Mémoires  sont  renvoyés  à  l'examen  de  M.  de  Quatrefages  pour 
un  Rapport  verbal. 


(  849  ) 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i6  novembre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Recherches  chimiques  sur  la  végétation  (2*  Mémoire);  pai-  B.  CORENWINDER. 
Lille,  i863;  in-8°. 

Des  vigiles  du  midi  de  la  France^  par  M.  Henri  MarÈS.  (Extrait  du  Livre 
de  la  ferme  et  des  maisons  de  campagne,  publié  sous  la  direction  de  M.  P. 
Joigneaux.)  Paris,  i863;  iu-S". 

Magnésie  calcinée  officinale.  Dosage  approximatif  de  la  chaux  contenue  dans 
la  magnésie,  parles  colorations,  au  moyen  de  solutions  titrées  de  chlorure  mer- 
cmique  [bichlorure  de  mercure);  par  le  D''Ch.  Brame.  Tours,  br.  in-8''. 

Le  docteur  Duveigé,  ou  Coup  d'œil  sur  l'état  de  l'hygiène  publique  et  de 
l'agriculture  en  Touraine  à  un  siècle  de  distance  Çi']6i  et  1861).  Discours 
prononcé  le  5  décembre  1861  à  la  séance  de  distribution  des  prix  de  l'Ecole 
de  Médecine  et  de  Pharmacie  de  Tours;  par  le  même.  Tours,  1861  ;  in-8°. 

Expériences  sur  la  dilatation  des  maçonneries;  par  M.  BOUNICEAU.  (Extrait 
des  Annales  des  Ponts  et  Chaussées.)  Paris:  br.  in-8°. 

La  guerre  d'Orient.  L'armée  anglaise  et  )niss  Nightingale  ;  par  C  Shrimpton. 
Paris,  i864;  in-8°. 

De  l'Algérie  sous  le  rapport  de  l'hygiène  et  de  la  colonisation  ;  par  le  IT 
Cabrol.  Strasbourg,  i863;  in-8°. 

De  la  rage.  Analyse  des  travaux  parus  jusqu  à  ce  jour  sur  cette  maladie, 
présentée  et  lue  le  \&  juillet  i%Gîi  à  la  Société  historique  et  scientifique  de Saint- 
Jean-d'  Angély  ;  par  M.  Ph.  Gyoux.  Saint-Jean-d'Angély,  i863;  in-8°. 

Mécanisme  de  la  physionomie  humaine,  ou  Analyse  électro-physiologique  de 
l'expression  des  passions  applicable  à  la  pratique  des  arts  plastiques;  par  le 
D'  DucHENNE  (de  Boulogne).  Feuilles  i3-i6  :  Atlas  photographié.  Paris, 
1862;  in-S". 

Revue  des  spécialités  et  des  innovations  médicales  et  chirurgicales,  fondée  et 
dirigée  par  ^'incent  Ddval;  1^  série,  t.  II;  novembre  i863  ;  in-8°. 

Société  des  Sciences  naturelles  du  grand-duché  de  Luxembourg;  t.  VI, 
année  1 863.  Luxembourg,  1 863  ;  in-8°. 

Notice  sur  les  comètes;  par  L.  Masset.  Sainte-Croix,  i863;  demi-feuille 
in-8°. 

Boston  Journal...   Journal  d'Histoire  naturelle  de  Boston,   contenant  les 

C.  R.,  i863,  2""'  Semeslrc.  (T.  LVII,  N»  20.)  I  '  3 


(  85o  ) 
communications  faites  à  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Boston  et  publiées 
sous  sa  direction;  vol.  VII,  n°^  2  et  3.  Boston,  1861  et  1862  ;  in-8°. 

Constitution...  Constitution  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  deBoston,  avec 
la  liste  de  ses  Membres  pour  l'année  i855. 

Compte  rendu  des  séances  de  la  Société d' Histoire  naturelle  de  Boston;  vol.  IX 
feuilles  4  à  1 1,  in-8°. 

Annual  report...  Rapport  annuel  de  la  Commission  administrative  du  Musée 
de  zoologie  comparée,  avec  le  Rapport  du  Directeur;  année  1862.  Boston, 
i8G3;  in -8°.  (2  exemplaires.  ) 

Address. ..  Discours  de  S.  E.  J.-A.  Andrew  aux  deux  branches  de  l'Assem- 
blée législative  de  Massachusetts.  Boston,  i863;  in-8°. 

iMemoirs...  Mémoires  de  l' Académie  américaine  des  arts  et  sciences;  nou- 
velle série,  vol.  VIII,  part.  2.  Cambridge  et  Boston,  i863;  in-4°. 

Proceedings...  Comptes  rendus  de  l' Académie  américaine  des  arts  et  sciences; 
vol.  V,  feuilles  49  à  58,  et  vol.  VI,  feuilles  i  à  10;  in-8°. 

Addresses...  Discours  prononcés  à  l'inauguration  de  Thom.  Hill  D.  D.  en 
qualité  de  président  du  collège  Harvard,  le  4  mars  i863.  Cambridge,  i863: 
in-8°. 

Journal...  Journal  de  V Académie  des  Sciences  d'histoire  naturelle  de  Phi- 
ladelphie; nouvelle  série,  vol.  V,  |).irt.  2  et  3.  Philadelphie,  186a  et  i863; 
in-4". 

Coast  survey...  Appendices  au  relevé  hydrorpaphique  des  Etats-Unis; 
n"*  16,  20,  21,  22,  23,  24  et  25  ;  2  br.  in-4°. 

Proceedings.. .  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences  natu- 
relles de  Philadelphie  ;  n"'  5  à  12  (avril  à  décembre  1862).  Philadelphie, 
1 862  ;  5  livraisons  in-8''. 

Catalogue...  Catalogue  du  Musée  médical  de  l'armée  des  Etats-Unis. 
Washington,  i863;  in-8°. 

Annals...  Annales  du  Lycée  d'Histoire  naturelle  de  New-York  ;  vol.  VII, 
n"'  i3à  16  (décembre  i86r  à  février  1862);  in-8°. 

Report...  Rapport  du  lieutenant-colonel  i .  Graham,  du  corps  des  ingénieurs 
topograpliiques  des  Etats-Unis,  sur  la  ligne  Mason  et  Dixon  (partie  des  an- 
ciennes limites  entre  le  Maryland  et  la  Pensylvanie.  Chicago,  1862;  in-8", 
avec  une  carte.  (2  exempl.) 

On  the  Flora...  Sur  la  Flore  de  la  période  devonienne  dans  le  nord- est  de 
l'Amérique,  par  i. -Vf.  DawSON.  (Extrait  du  Quarlerly  Journal  0/ the  Geolo- 
gical Socielj,  novembre  1862.)  In-8". 


(  85i  ) 

Preliminary...  Rapport  préliminaire  sur  le  huilième  recensement  (fin- 
iiée   1860);  par  J.-C.-G.  Rennedy.  Washington,  1862;  in-8°. 

Discussion. .  .  Publications  smithsoniennes.  Discussion  des  observations 
magnétiques  et  météorologiques  faites  à  l'Observatoire  du  collège  Girard  de  Phi- 
ladelphie pendant  les  années  1840  A  i845;  part.  2  à  6;  par  M.  D.  Bâche. 
Washington  ;  in-8°. 

Annal  report...  Rapport  annuel  des  régents  de  l'Institution  Smithsonienne. 
Exposition  des  opérations,  des  dépenses  et  de  l'étal  de  iinstilution  dans 
l'année  1861.  Washington,  1862;  in-S". 

Délia  statistica...  Renseignements  statistiques  sur  le  Tibre  durant  la  période 
comprise  entre  le  i"  janvier  1822  et  le  3i  décembre  1861.  Mémoire  lu  à  l'A- 
cadémie des  Quiriti  le  26  avril  i863;  par  Bettocchi.  Rome,   i863;  in-4''. 

Lalgiene...  Hygiène  dans  r éducation  et  l'instruction.  Discours  adressé  à 
ses  élèves  par  le  professeur  d'hygiène  et  de  médecine  légale  de  l'Université 
de  Pise,  le  D'  B.  Sadun.  Livourne,  i863  ;  br.  in-8". 

Produzione. . .  Production  de  l'urée  dans  la  décomposition  spontanée  de  l'acide 
cynnhydricpie  dilué;  par  G.  Campani;  quart  de  feuille  in-8. 

Rendiconto...  Société  rojale  de  Naples.  Compte  rendu  de  l' Académie  des 
sciences  ph/siques  et  mathématiques  ;  2^  année,  fasc.  10;  octobre  i863.  Na- 
ples, i863;  in-4''. 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 


SEANCE  DU  LUNDI  23  NOVEMBRE  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ZOOLOGIE.  —  Sur  un  sternum  de  Tortue  fossile  des  collines  (jypseuses  de  Sannois 
et  Argenteuil;  par  M.   A.    Valenciennes. 

«  Depuis  les  travaux  de  Cuvier  sur  la  faune  fossile  des  environs  de  Paris, 
nous  voyons  le  nombre  des  espèces  de  Vertébrés  s'augmenter  constam- 
ment. L'activité  de  M.  Hébert,  professeur  de  Géologie  à  la  Faculté  des 
Sciences,  a  beaucoup  contribué  à  accroître  le  nombre  de  ces  différents 
êtres. 

1)  Il  a  fait  don  à  l'École  Normale  des  fragments  d'une  grande  Tortue 
dont  il  a  enlevé  la  gangue  qui  déterminait  la  position  de  ce  fossile  du  gypse; 
mais  il  a  laissé  le  sulfate  gypseux  sur  un  autre  échantillon  déposé  dans  le 
cabinet  de  Géologie  de  la  Faculté  des  Sciences.  Nous  savons  donc  positive- 
ment que  l'animal  que  je  présente  ici  vivait  à  l'époque  de  la  formation  de 
noire  pierre  à  plâtre.  Il  a  trouvé  les  restes  de  cette  grande  Tortue  fossile 
dans  les  collines  gypseuses  de  Sannois.  En  les  déposant  dans  le  cabinet  de 
l'Ecole,  il  a  eu  soin  d'empâter  dans  de  la  cire  fondue  versée  sur  le  bloc  de 
pierre  les  nombreux  fragments  des  os  de  l'animal  perdu,  et  de  conserver 
ainsi  l'empreinte  des  parties  détruites.  La  place  et,  par  conséquent,  les  rap- 
ports entre  les  divers  débris  du  reptile  fossile  sont  donc  ceux  que  je  montre. 

»   On  a  pu  alors  rapprocher  et  ressouder  les  morceaux  de  l'animal  et 

C.  R.,  i863,  2m=  Sc-mestre.  (T.  LVII,  N"  21.)  I  '4. 


(  854  ) 
reconnaître  que  l'on  avait  devant  les  yeux   les  débris  d'une  très-grande 
Torine  dont  le  plastron  avait  an  moins  o'",70  de  long  snr  o"',4o  de  large. 

"  Aidé  par  la  patience  et  l'adresse  de  M.  Merlieux,  habile  artiste  bien 
connu  de  l'Académie,  j'ai  déterminé  le  côté  antérieur  et  l'arrière  de  l'ani- 
mal. J'ai  vu  pendant  longtemps  des  débris  de  cette  Tortue  sans  me  dé- 
cider à  les  présenter,  jusqu'à  ce  que  j'eusse  découvert  les  traces  de  suture 
qui  m'ont  permis  de  dénommer  les  pièces  dont  se  compose  tout  sternum 
de  Chélonien. 

"  On  sait  que  l'on  doit  à  M.  Etienne  Geoffroy  la  découverte  de  la  forma- 
tion du  sternum  des  Tortues  comme  de  celui  des  Oiseaux;  mais  il  faut 
dire  que  M.  Geoffroy  a  démontré  le  fait  de  la  composition  constante  du  ster- 
num des  Tortues  sans  y  ajouter  rien  à  ce  que  lui  fournissait  l'observation 
directe,  tandis  qu'entraîné  par  ses  idées  théoriques  sur  l'unité  de  composi- 
tion, il  ne  s'est  pas  astreint  à  la  même  exactitude  dans  ce  qu'il  a  présenté 
comme  la  conformation  du  sterntuu  des  Oiseaux. 

»  Les  Oiseaux  ont  le  sternum  composé  de  cuiq  pièces  seulement;  les 
Tortues  en  ont  constamment  neuf. 

M  Ce  nombre,  une  fois  déterminé,  m'a  guidé  pour  affirmer  ce  qu'était  le 
sternum  que  l'on  parvenait  à  leconstruire  avec  les  nombreux  fragments 
osseux  que  je  mets  sous  vos  yeux. 

))  Il  a  été  écrasé  et  il  ne  reste  de  la  carapace  que  le  bord  inférieur  du 
passage  pour  l'humérus. 

»  La  grande  échancrure  que  nous  voyons  ici  est  donc  l'échancriue 
humérale  droite  de  l'animal. 

«  Nous  retrouvons  ensuite  les  parties  du  sternum,  savoir  :  l'épisternal, 
i  espace  recouvert  par  les  fragments  de  l'hyosternal  et  de  l'hyposternal. 
enfin  le  xiphisternal. 

»  Nous  pouvons  suivre  assez  les  sutures  de  ces  os  pour  avoir  la  certitude 
(jue  la  partie  gauche  du  côté  droit  du  sternum  a  glissé  sur  le  dedans  du 
côté  droit. 

»  Nous  trouvons  quelques  traces  des  sutures  de  l'entosternal  du  sternum, 
ce  qui  permet  d'admettre  que  cette  Tortue  pouvait  être  une  Eniyde  d'eau 
douce,  ce  qui  est  conforme  aux  savantes  remarques  de  Cuvier  cl  d'Alexandre 
Brongniart  sur  la  nature  des  animaux  dont  on  trouve  les  restes  dans  ces  hori- 
zons géologiques.  Cependant  je  préfère,  dans  le  doute,  nommer  le  reptile 
de  notre  gypse  d'inie  dénomination  plus  générale,  et  appeler  l'espèce  du 
nom  du  géologue  qui  a  trouvé  ce  fossile,  la  désignant  par  le  nom  sjiécifique 
de  Ti  STUDO  Hlbkrtf,  Val.  » 


e 


(  855  ) 

PHYSIQUE.  —  liecherrlies  sur  In  délerminntion  des  hautes  lempéraUires; 
par  M.  Edmond  Becquerfx.  Deuxième  Mémoire.  (Extrait.) 

«  Dans  un  travail  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  I 
8  décembre  1862,  et  intitulé  Recherches  sur  la  déiermination  des  hautes  tem- 
pératures et  l'irradiation  des  corps  incandesce/its  (i),  les  déterminations  expé- 
rimentales des  hautes  températures  ont  été  obtenues  à  l'aide  de  l'intensité 
du  courant  thermo- électrique  donné  par  un  couple  platine-palladium, 
c'est-à-dire  d'un  pyromètre  thermo-électrique  ilont  la  marche  m'a  présenté 
une  régularité  remarquable  depuis  les  températures  les  plus  basses  jusqu'au 
rouge  blanc  ;  mais,  d'après  l'usage  généralement  adopté,  les  températures 
étant  évaluées  en  Fonction  de  la  dilatation  de  l'air,  j'ai  dû,  ilans  une  partie 
de  ce  travail,  comparer  la  marche  de  ce  pyromètre  thermo-électrique  avec 
celle  du  pyromètre  à  air. 

»  L'appareil  qui  m'a  paru  préférable  pour  cette  comparaison,  depuis  la 
glace  fondante  jusqu'à  des  limites  très-élevées,  est  le  pyromètre  à  air  dont 
la  disposition  a  été  donnée  par  M.  Ponillet,  parce  que  l'on  peut  agir  jusqu'à  la 
fusion  de  l'or,  et  qu'en  même  temps,  en  opérant  sur  une  certaine  masse  de 
gaz  dont  on  fait  varier  le  volume  et  la  pression,  on  peut  reconnaître  si, 
dans  l'uitervalle  de  deux  expériences,  la  masse  du  gaz  confiné  reste  toujours 
la  uïénie.  On  peut  également,  au  moyen  de  cette  disposition,  laisser  la  pres- 
sion du  gaz  la  même  tant  dans  les  hautes  que  dans  les  basses  températures. 

»  A  l'époque  oîi  j'ai  fait  ce  travail  j'avais  opéré  avec  un  appareil  à 
réservoir  en  platine,  et  je  n'avais  pu  me  procurer  des  ballons  en  porcelaine 
pour  comparer  entre  eux  le  pyromètre  à  air  et  le  pyromètre  thermo- 
electrique.  En  tout  cas,  aucune  détermination  expérimentale  faite  en  degrés 
'lu  pyromètre  thermo-électrique  ne  pouvait  être  modifiée.  Il  n'y  avait  que 
les  nombres  exprimant  les  rapports  entre  ces  degrés  et  les  degrés  centi- 
grades donnés  par  un  pyromètre  à  air  qui  eussent  pu  laisser  quelque  incer- 
titude. 

»  MM.  Henri  Deville  et  Troost  (2),  en  présentant  à  l'Académie,  dans  la 
séance  du  aS  mai  dernier,  une  Note  sur  la  mesure  des  températures  élevées, 
ont  voulu  expliquer  comment  il  pouvait  se  faire  que  les  températures  des 
points  d'ébullition  du  cadmium  et  du  zinc,  que  j'avais  déduites  d'expériences 
faitesavec  lepyromètre  à  airàreservoir  en  platine,  étaient  plus  basses  de  plus 

(i)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  S''  série,  t.  LXVIII,  \i.  49- 
(2)   Comptes  rendus  de  t' Académie  des  Sciences,  t.  LVI ,  p.  977. 

114.. 


(  856  ) 
(le  loo  degrés  que  celles  qu'ils  avaient  obtenues  au  moyen  d'un  ballon  en 
porcelaine  fonctionnant  comme  thermomètre  à  air  à  pression  constante. 
Ils  ont  supposé  que  le  platine  étant  perméable  au  gaz  hydrogène,  il  se  pro- 
duisait dans'  l'intérieur  de  l'appareil  en  platine  une  certaine  quantité  de 
vapeur  d'eau  qui  altérait  les  déterminations  de  température.  Or  mes  expé- 
riences avaient  été  faites  dans  des  conditions  telles,  qu'aucune  trace  de  gaz 
hydrogène  n'avait  pu  être  en  contact  avec  le  platine.  Néanmoins,  j'ai  repris 
les  expériences  de  comparaison  entre  le  pyromètre  thermo-électrique  et  le 
pyromètre  à  air,  et  j'ai  pu  me  procurer  des  appareils  à  réservoir  en  porce- 
laine, à  parois  épaisses  et  vernissées,  complètement  imperméables  au  gaz. 
J'ai  opéré  également  avec  un  pyromètre  à  réservoir  en  fer,  en  employant 
l'azote  comme  gaz  dilatable. 

»  Je  dois  d'abord  faire  remarquer  que  dans  la  comparaison  des  tempé- 
ratiu'es  données  parle  pyromètre  thermo-électrique  et  le  pyromètre  à  air, 
les  nombres  ne  doivent  pas  être  sensiblement  modifiés  depuis  la  glace  fon- 
dante jusqu'au  rouge  naissant,  car  j'ai  trouvé  pour  le  point  d'ébullition 
du  soufre  à  760  millimètres  de  pression  448"?  a,  nombre  qui  diffère  de  moins 
de  1  degré  du  nombre  447?  ^5  obtenu  directement  par  M.  Regnault  dans  ses 
recherches  sur  les  chaleurs  latentes. 

»  Non-seulement  j'ai  opéré  avec  le  pyromètre  à  air  en  maintenant  le 
volume  de  l'air  constant  et  en  faisant  varier  la  pression,  ainsi  qu'en  laissant 
la  pression  constante  et  en  faisant  varier  le  volume  ;  mais  j'ai  eu  recours  à  la 
méthode  que  l'on  peut  nommer  ïnéûiodevoluménomélrique,  laquelle  est  indé- 
pendante de  la  plus  ou  moins  grande  masse  de  gaz  que  peut  renfermer  l'appa- 
reil à  un  moment  donné.  Cette  méthode  est  celle  qui  est  usitée  quand  on 
détermine  les  volumes  des  corps  par  le  voluménomètre  de  M.  Regnault; 
elle  consiste  dans  le  jaugeage  de  la  masse  de  gaz  confinée  dans  le  réservoir 
à  une  température  déterminée,  par  rapport  à  la  masse  du  même  gaz  con- 
tenu à  une  température  constante  dans  une  partie  déterminée  et  jaugée  du 
manomètre. 

»  Cette  méthode  a  l'avantage  d'être  indépendante  de  la  petite  quantité 
de  gaz  que  l'on  pourrait  supposer  être  condensée  en  proportions  différentes 
aux  différentes  températures  sur  les  parois  intérieures  du  réservoir  du  pyro- 
mètre. Dti  reste,  je  dois  dire  que  dans  mes  expériences  rien  n'est  venu  indi- 
quer qu'il  y  ait  eu  une  proportion  notable  de  gaz  ainsi  condensé  contre  les 
parois  échauffées  de  la  porcelaine. 

»  Ce  qui  vient  prouver  l'exactitude  de  la  méthode  précédente,  c'est  que 
dans  les  expériences  dont  on  va  citer  les  résultats,  et  lorsque  la  tempé- 
rature des  pyromètres  à  gaz  a   été  bien  fixe,   dans  une  même  série  de 


(857  ) 
déterminations,  en  faisant  varier  la  masse  du  gaz  contenu  dans  l'appareil, 
ainsi  que  la  pression,  entre  les  limites  de  -j  à  2  atmosphères,  on  a  obtenu 
des  températures  comprises  entre  des  limites  peu  différentes. 

»  Parmi  les  températures  des  points  fixes  déterminés  dans  ce  travail,  je 
citerai  celle  de  l'ébuUition  du  zinc  à  la  pression  ordinaire  de  l'atmosphère. 
Ce  métal  se  trouvait  dans  des  cornues  en  fer;  mais  les  réservoirs  thermo- 
métriques  ne  baignaient  pas  immédiatement  dans  la  vapeur  de  zinc  :  ils 
étaient  placés  dans  un  tube  de  fer  fixé  latéralement,  pénétrant  à  l'intérieur 
de  la  cornue  et  fermé  de  toutes  parts,  de  façon  à  ne  laisser  passer  au  dehors 
que  la  tige  du  ballon.  Du  reste,  le  pyromètre  thermo-électrique,  placé  dans 
cette  moufle  ou  dans  la  cornue,  donnait  la  même  indication.  On  s'est  arrêté 
chaque  fois  quand,  la  température  étant  fixe,  ou  variant  peu  dans  un  sens 
ou  dans  l'autre,  suivant  l'indication  du  pyromètre  thermo-électrique,  on 
avait  distillé  environ  i  kilogramme  de  zinc.  Je  me  bornerai  à  rapporter  ici 
les  moyennes  de  dix  déterminations  expérimentales  faites  au  moyen  de  trois 
pyrométres,  deux  en  porcelaine  provenant  de  fabrications  différentes,  et  un 
en  fer,  ce  dernier  contenant  de  l'azote  desséché  ;  on  a  eu  : 

Avec  le  premier  pyrométre  à  air  en  porcelaine  (volume  à  o  degré  du  réservoir,  149",  578), 

moyenne  de  six  déterminations 884 ,0 

Avec  le  second  pyromètre  à  air  en  porcelaine  (volume  à  o  degré  du  réservoir,  Sy",  3oo), 

moyenne  de  deux  déterminations 898.0 

Avec    le    pyromètre    à   azote    en    fer    (volume    à    o  degré    du    réservoir,    i3i", 074), 

moyenne  de  deux  déterminations 891 .0 

Moyenne ...     89 1 ,  o 

M  Les  écarts  des  moyennes  sont  répartis  entre  i4  degrés. 

1)  J'ai  déterminé  dans  une  expérience  le  point  d'ébullition  du  zinc  à  l'aide 
de  la  méthode  du  thermomètre  à  air  à  volume  constant,  en  employant  un 
ballon  en  porcelaine  muni  d'un  col  formé  d'un  tube  capillaire  assez  allongé; 
on  a  introduit  de  l'air  sec  dans  l'intérieur  et  l'on  a  évité,  au  moment  de  la 
fermeture  de  l'extrémité  du  tube  à  l'aide  du  chalumeau,  l'introduction 
d'aucune  trace  de  vapeur  d'eau  dans  l'intérieur  de  l'appareil.  Le  nombre 
obtenu  a  été  de  920  degrés,  la  pression  atmosphérique  étant  ^GS  milli- 
mètres. Cette  valeur  est  un  peu  supérieure  aux  évaluations  précédentes  ; 
mais  la  première  méthode  me  paraît  devoir  être  préférée,  en  raison  de  ce 
qtie  le  jaugeage  de  la  masse  du  gaz  contenu  dans  la  capacité  du  thermomètre 
peut  se  faire  pendant  toute  la  durée  de  l'opération,  et  être  répété  un  grand 
nombre  de  fois,  de  sorte  que  l'on  peut  suivre,  pour  ainsi  dire,  la  marche  de 
la  température  et  juger  du  moment  où  l'appareil  est  dans  un  état  calori- 
fique stationnaire;  par  l'autre  procédé  une  seide  détermination  est   pos- 


(  858  ) 
sible,  et  elle  peut  être  <!n  excès  au  moment  île  l'observation,  dans  un  sens  ou 
dans  l'autre.  D'un  autre  côlé,  avec  ce  dernier  procédé  on  ne  peut  s'assurer 
si  toute  trace  de  vapeur  d'eau  n'existe  plus  à  l'intérieur  de  l'appareil,  tandis 
qu'avec  le  premier,  on  laisse  le  réservoir  du  pyrometre  au  rouge,  et  l'on  re- 
nouvelle l'introduction  du  gaz  sec  jusqu'à  ce  que  les  indications  thermomé- 
triques soient  les  mêmes. 

n  Dans  le  premier  travail,  j'avais  trouvé  93a  degrés  avec  le  pyromètre  à 
réservoir  en  platine;  les  résidtals  actuels,  comme  on  l'a  vu,  donnent  un 
nombre  inférieur  à  la  première  détermination;  celle-ci,  loin  d'être  en  défaut 
comme  trop  basse,  était  donc  encore  trop  élevée. 

»  MM.  Deville  et  Troost  ont  donné  le  nombre  de  io4o  pour  représenter 
la  même  température  de  changement  d'état  du  zinc;  ce  nombre  est  de 
i5o  degrés  supérieur  à  celui  que  j'obtiens  par  une  méthode  très-précise,  et 
se  trouve  par  conséquent  de  y  trop  élevé. 

»  Après  ces  déterminations,  j'ai  pris  de  nouveau  la  comparaison  entre 
les  degrés  du  pyromètre  thermo-électrique  et  ceux  du  pyromèlre  à  air 
formé  par  nu  appareil  en  porcelaine,  et  j'ai  reconnu  que  non-seulement  les 
nombres  que  j'avais  donnés  antérieurement,  depuis  le  rouge  naissant  jus- 
qu'au rouge  blanc,  n'étaient  pas  trop  bas,  comme  on  l'avait  pensé,  mais 
encore  devaient  être  abaissés.  Ainsi,  par  exemple,  on  aurait  : 

^Ollvelles  (lélermiriatiofts.  Delcrmiii.  antérieures. 

Ebullition  de  cadmium '720°  74''° 

Fusion  de  l'argent 9'(^°  960" 

Fusion  de  l'or 1 037°  1092° 

Fusion  du  palladium Entre  i36o  et    i38o°  Entre  1460  et  1480" 

„     .        ,       ,    .  (         Entre  [A61)  et    i48o°         /    „  _^  -0  „ 

fusion  du  platine ;  .    ..  .  _       J   Entre  i5do  et  iSSo" 

(  en  tout  cas,  inférieure  a  1000°  ( 

Limite  inférieure  de   la  tempéra-  \ 

ture  du  charbon  [lolaire  positif  J  2000"  » 

lie  l'arc  voltaique ) 

»  En  résuiué,  si  l'on  ne  peut  songer,  dans  l'évaluation  des  hautes  tem- 
pératures au  moyen  de  la  dilatation  des  gaz,  à  avoir  des  nombres  aussi 
précis  que  ceux  que  l'on  obtient  dans  les  basses  températures,  en  raison  de 
la  difficulté  avec  laquelle  on  maintient  les  températures  constantes  de  la  di- 
minution de  densité  des  gaz,  et  de  ce  que  l'on  ne  connaît  pas  exactement  la 
marche  de  la  dilatation  des  matières  employées,  en  se  servant  de  la  mélhode 
pyrométrique  employée  plus  haut  ou  peut  se  rendre  indépendant  de  la  plus 
ou  moins  grande  masse  de  gaz  employée  et  obtenir  des  résidtats  qui,  dans 
les  mêmes  conditions  calorifiques,  sont  très-peu  différents  l'un  de  l'autre. 


(  859) 
>)  Je  n'ai  tloiic  pas  à  modifier  les  conclusions  auxquelles  j'avais  été  con- 
duit dans  le  premier  travail;  au  conlraire,  les  nouvelles  recherches  dont 
j'ai  l'honneur  de  communiquer  un  extrait  à  l'Académie,  montrent  que,  dans 
la  comparaison  des  résultats  donnés  parle  pyromètre  thermo-électrique  et 
par  le  pyromètre  à  air,  loin  d'avoir  à  faire  subir  une  augmentation  à  la 
valeur  des  températures  exprimées  en  degrés  centigrades,  on  doit  au 
contraire  leur  assigner  des  limites  un  peu  moins  élevées.  » 

M.  Ch.  Saixte-Claike  Deville,  à  la  suite  de  cette  lecture,  fait  remar- 
quer à  l'Académie  que  son  frère  J/.  H.  SniiUe-Claire  Deville,  dont  le  nom 
a  été,  dans  le  Mémoire  de  M.  E.  Becquerel,  rattaché  à  des  résultats  repré- 
sentés comme  inexacts,  n'est  pas  présent  à  la  séance. 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Reehevches  expéiimcnlales  sur  le  dévelojipemenl  du  blé; 

par  M.  J.  IsiooiiE  Pierre. 

«  La  question  des  surchartjes  de  récoltes  donne  encore  lieu,  bien  souvent, 
à  la  fin  des  baux,  à  des  contestations  entre  propriétaires  et  fermiers.  Ceux-ci 
prétendent  que  les  plantes  n'épuisent  le  sol  qu'à  partir  de  la  foruîation  des 
graines,  c'est-à-dire  depuis  la  floraison  jusqu'à  la  maturité;  ceux  qui  ont 
a  défendre  les  intérêts  du  sol  répondent,  au  contraire,  qu'il  y  a  épuisement, 
c'est-à-dire  prélèvement  sur  le  sol,  quel  que  soit  l'état  plus  ou  moins  avancé 
du  développement  de  la  récolte,  et  que  ce  prélèvement  est  déjà  considé- 
rable au  moment  de  la  floraison.  Au  point  de  vue  pratique,  la  question  a 
paru  assez  grave  pour  occuper  les  agronomes  les  plus  éminenls.  Selon 
Mathieu  de  Dombasle,  une  plante  fécondée  renferme  déjà  tous  les  élénients 
nécessaires  à  l'accomplissement  normal  de  ses  fondions  vitales,  jusqii  à 
l'époque  de  sa  maturité. 

»  M.  Boussingaidt  a  trouvé,  au  contraire,  que,  ])our  le  blé,  le  poids  total 
de  la  récolte  pouvait  presque  doubler  depuis  la  floraison  jusqu'à  la  matu- 
rité. Si  je  viens  à  mon  tour,  après  d'aussi  savants  maîtres,  présenter  le 
résultat  de  mes  observations  personnelles,  c'est  que  le  procès  reste  encore 
pendant  aux  yeux  des  cultivateurs,  et  qu'on  ne  saurait  accumuler  trop  de 
preuves,  lorsqu'il  s'agit  d'établir  ou  d'infirmer  des  faits  d'une  importance 
pratique  aussi  capitale.  Il  y  a  environ  deux  ans,  j'ai  eu  l'honneur  de  pré- 
senter à  l'Académie  une  «  Étude  sur  le  développement  du  colza  «,  et  j'étais 
arrivé,  pour  ce  qui  concerne  le  poids  total  de  la  récolte  considérée  dans 
son  entier,  à  des  résultats  qui  se  rapprochaient  beaucoup  de  ceux  qu'avait 
obtenus  pour  le  blé  M.  Houssingault,  quoiqu'il  s'agit  déplantes  apjiartc- 


(  86o  ) 
iiaiil  a  tles  familles  botaniques  très-différenles.  Toutefois,  j'avais  été  con- 
duit alors  à  reconnaître  que   le  poids  total  de  l'azote  engagé  en  combinai- 
son dans  la  récolte,  celui  de  la  chaux  et  celui  des   sels  alcalins  cessaient 
d'augmenter  plusieurs  semaines  avant  le  moment  de  la  coupe  de  la  récolte; 
le  poids  de  l'acide  phosphorique,  au  contraire,  allait  en  augmentant  jus- 
(|u'à  la  fin.  Dans  le  travail  dont  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  les 
résultats  sommaires  à  l'Académie,  je  me  suis  proposé  de  faire  ime  étude 
semblable  sur  le  blé,  de  suivre  cette  plante,  la  balance  à  la  main,  pondant 
les  différentes  phases  de  son  développement.  Je  me  suis  proposé  de  chercher 
quelle  peut  être  la  marche  de  la  production  et  de  la  répartition,  dans  les 
diverses  parties  de  la  plante,   de  la  matière  organique  des  substances  azo- 
tées, des  principes  minéraux  les  plus  importants.  J'espérais  que  cette  étude 
me  conduirait  à  reconnaître  pendant  quelle  période  de  sou  développement 
une  récolte  de  blé  exerce  au  plus  haut  degré  son  pouvoir  épuisant  sur  le  sol 
qui  la  produit.  J'ai  donné,  dans  mon  Mémoire,  tous  les  détails  qui  m'ont 
paru  propres  à  préciser  les  conditions  dans  lesquelles  ont   été  faites  les 
observations,  les   précautions  prises  pour  assurer  dans  les  limites  du  pos- 
sible le  succès  des  expériences;  j'ai  donné  ensuite  les  nombreux  résidtats 
auxquels  j'ai  été  conduit  par  les  études  de  détail  des  différentes  parties  de 
la  plante,  à  chacune  des  époques  d'observation.  Enfin  j'ai  représenté,  pai' 
jilusieurs  séries  de  courbes  que  j'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  de 
l'Académie,  la  marche  des  variations  des  proportioiis  et  du  poids  total  des 
])rincipaux  éléments  constitutifs  des  diverses  parties  de  la  plante,  i-acines, 
feuilles,  tiges,  épis.  Ces  courbes  permettent  de  suivre,  beaucoup  mieux  qu'on 
ne  le  pourrait  faire  pendant  une  lecture,  l'ensemble  des  résultats  principaux 
de  mon  travail. 

))  En  me  bornant  donc  ici  aux  faits  les  plus  généraux  qui  paraissent 
être  les  conséquences  de  mes  études,  j'essayerai  de  les  résumer  en  disant  : 
que  s'il  n'est  pas  rigoureusement  exact  d'admettre,  avec  Mathieu  de  Dom- 
basle,  que  le  blé  n'emprunte  plus  rien  au  sol  après  sa  fécondation,  il  résulte 
de  mes  expériences  que,  plusieurs  semaines  avant  sa  complète  maturité,  la 
plante  cesse  d'éprouver,  dans  son  ensemble,  un  accroissement  de  poids 
sensible.  De  toutes  les  parties  de  la  plante,  l'épi  seul  paraît  faire  exception, 
et  augmenter  de  poids  jusqu'à  la  fin,  aux  dépens  des  autres  parties  de  la 
plante. 

»  Le  poids  total  de  l'azote  contenu  dans  la  récolte  complète,  le  poids 
total  dos  matières  orcjani(pies,  celui  des  alcalis,  de  la  cliaux,  de  la  magnésie,  de 
la  silice,  cessent  également  d'augmenter  un  mois  environ  avant  la  maturité 


(86i  ) 
du  blé.  Le  poids  total  de  Vacide  pitospliorique  paraît  seul  f.iire  exception, 
puisqu'il  a  encore  éprouvé,  pendant  les  dernières  semaines,  un  accroissement 
de  poids  de  plus  de  20  pour  100,  dont  l'épi  seul  a  profité. 

»  Enfin,  il  semble  résulter  de  mes  expériences  que  si,  après  la  floraison, 
le  blé  ne  contient  pas  encore  la  totalité  de  la  matière  organique  nécessaire  à 
son  entier  développement,  il  peut  déjà  contenir  la  presque  totalité  des  prin- 
cipes minéraux  qui  lui  sont  nécessaires,  ï'ncide  phosphorique  excepté;  par 
conséquent,  c'est  avant  cette  phase  de  son  développement  surtout  que  le  blé 
doit  puiser  dans  le  sol  ceux  des  éléments  de  son  organisme  que  le  sol  peut 
lui  fournir. 

»  Le  travail  auquel  je  me  suis  livré  m'a  conduit  à  faire  beaucoup 
d'observations  de  détail  sur  les  diverses  parties  de  la  plante;  les  bornes 
de  ce  compte  rendu  ne  me  permettent  pas  même  de  les  indiquer  ici  ;  aussi 
n'en  citerai-je  qu'une  seule  : 

»  De  toutes  les  parties  de  la  plante  considérée  dans  son  entier,  ce  sont 
les  nœuds  qui  contiennent  la  plus  faible  proportion  de  silice  et  la  plus  torte 
proportion  de  potasse;  ils  contiennent  à  poids  égal  moins  de  la  moitié  de 
ce  qu'on  trouve  de  silice  dans  la  partie  la  plus  pauvre  de  la  plante,  et  quatre 
fois  autant  de  potasse  qu'on  en  trouve  dans  celle  des  parties  qui  en  ren- 
ferme le  plus.   » 

ANATOMIE  VÉGÉTALE.  —  Note  sur  Ics  tissus  élémentaires; 
par  M.  Thém.  Lestibocdois. 

«  A  la  suite  de  longues  études  j'ai  entrepris  un  travail  embrassant  les  di- 
verses parties  de  l'anatomie  végétale. 

»  Je  désirerais  placer  sous  les  yeux  de  l'Académie  le  résultat  de  mes 
observations. 

))  J'ai  l'honneur  de  soumettre  aujourd'hui  à  son  jugement  la  partie  de 
mon  travail  qui  est  relative  aux  tissus  élémentaires  des  végétaux.  Elle  est 
accompagnée  de  très-nombreuses  figures. 

1)  J'ai  constaté  des  différences  innombrables  dans  la  forme,  la  consis- 
stance,  les  arrangements  de  ces  éléments  organiques;  j'ai  fait  connaître  des 
dispositions  nouvelles  dans  leurs  conformations;  mais  jai  fait  voir  que  les 
aspects  de  plus  en  plus  multipliés  qu'affectent  les  tissus  élémentaires  amè- 
nent des  transitions  de  plus  en  plus  nombreuses  ,  de  sorte  qu'on  ne  peut 
plus  établir  entre  eux  de  lignes  de  démarcation  bien  distinctes.  Par  une 
diversité  immense,  on  arrive  à  l'unité. 

G.  R.,  i863,  2'n<'  Semestre.  (T.  LVII,  N»  21.)  •  I  5 


(  862  ) 

»  Les  utricitles  si  divers  par  leurs  dimensions,  leurs  formes,  l'épaisseur, 
la  couleur,  la  consistance  de  leurs  parois,  les  pores,  les  fentes  transversales 
ou  spiralées  qui  les  pénètrent,  les  substances  qu'ils  renferment,  se  nuancent 
par  des  dégradations  insensibles. 

»  Les  tubes  qui  composent  les  fihres  ont  aussi  une  variété  infinie  de  ca- 
ractères; ils  sont  très-longs  ou  très-courts,  aigus  ou  rectangulaires  aux  ex- 
trémités, très-déliés  ou  très-larges;  leurs  parois  sont  d'une  grande  ténuité 
ou  d'une  épaisseur  considérable,  flexibles  ou  cassantes,  cylindriques  ou 
renflées,  etc.,  etc.  J'ai  montré  que  les  uns  sont  vides  et  les  autres  rem- 
plis de  granules  nombreux  ;  les  uns  présentent  des  parois  pellucides  et  sans 
pores,  les  autres  ont  des  pores  si  nombreux,  qu'on  ne  peut  les  distinguer 
des  vaisseaux  poreux;  d'autres  se  divisent  en  lanières  spiralées,  etc.;  mais, 
entre  des  conformations  si  dissemblables,  il  y  a  des  intermédiaires  si  nuan- 
cés, qu'on  peut  confondre  une  fibre  corticale  avec  une  fibre  ligneuse,  et  les 
diverses  fibres  avec  des  vaisseaux. 

»   Ces  derniers  organes  sont  les  mieux  caractérisés. 

»  On  en  a  admis  d'ordres  tout  à  fait  différents  :  les  vaisseaux  trachéens, 
les  vaisseaux  propres  et  les  latirifères;  parmi  les  trachéens,  on  a  compté  de 
nombreuses  espèces,  et  l'on  peut  en  admettre  un  beaucoup  plus  grand 
nombre  que  celles  qui  ont  été  décrites.  Ceux  qui  me  paraissent  avoir  les 
formes  le  mieux  arrêtées  sont  les  trachéens,  les  vaisseaux^en^HS,  scalari formes^ 
poreux,  auréolés,  rétilamellés,  articulés,  mixtes,  spiralo- striés,  coloïdes,  inlra- 
rc.lhilés,  etc.,  etc.  Chacune  de  ces  formes  présente  des  modifications  va- 
riées, de  façon  qu'en  définitive  on  ne  trouve  qu'un  seul  type,  altéré  de 
mille  manières,  et  se  confondant  d'ailleurs  avec  les  autres  éléments  orga- 
niques. 

»  Les  vaisseaux  propres  et  les  laticifères  ont  fait  naître  de  vives  discus- 
sions ;  les  botanistes  ont  eu  sur  leur  nature  des  manières  de  voir  fort 
divergentes.  Naguère,  l'opinion  dominante  considérait  comme  identiques  les 
vaisseaux  pleins  de  liquides  laiteux  et  ceux  qui  contiennent  des  liquides 
transparents;  elle  regardait  les  uns  ainsi  que  les  autres  comme  formant 
un  réseau  par  leurs  nombreuses  anastomoses,  et  constituant  un  appareil 
complet  de  circulation,  chargé  de  transporter  la  sève  élaborée  par  les  feuilles 
ou  sève  descendante  dans  toutes  les  parties  du  végétal. 

»  Une  étude  approfondie  des  réservoirs  des  sucs  laiteux  m'a  fait  recon- 
naître qu'ils  sont  loin  d'avoir  la  même  conformation  dans  les  diverses 
plantes.  J'ai  reconnu  que  les  sucs  colorés  sont  contenus  : 

»    i"  Dans  des  vaisseaux  pellucides,  rameux,  anastomosés,  commençant 


(  863  ) 
par  des  extrémités  capillaires,  mais  ne  se  terminant  pas  dans  tous  les  organes 
par  des  extrémités  ténues  et  ramifiées; 

)i  1°  Dans  des  utricules  plus  ou  moins  allongés,  en  séries  linéaires,  de 
manière  à  imiter  des  tubes  à  parois  minces  ou  à  parois  épaisses; 

»   3''  Dans  des  utricules  réunis  en  masses  irrégulières; 

»  4"  Dans  des  lacunes  droites,  cylindriques,  régulières,  imitant  des  vais- 
seaux à  parois  épaisses,  formées  d'utricules  généralement  serrés; 

»   5"  Dans  des  lacunes  irrégulières  formées  par  la  déchirure  des  tissus  ; 

!)  6"  Dans  des  méats  interutriculaires,  imitant  des  vaisseaux,  présentant 
souvent  des  dilatations  aux  points  de  réunion  des  utricules,  quelquefois 
encadrant  complètement  ces  derniers. 

»  J'ai  constaté  que  les  réservoirs  qui  prennent  une  forme  vasculaire  dans 
une  partie  peuvent  affecter  une  forme  différente  dans  une  autre  partie;  que 
ces  réservoirs  peuvent  exister  dans  un  organe  et  ne  plus  se  rencontrer  dans 
un  autre  organe  important. 

))  Ou  ne  peut  donc  considérer  comme  l'appareil  général,  et  pour  ainsi 
dire  exclusif,  de  la  circulation,  les  réservoirs  qui  montrent  des  dispositions 
si  dissemblables,  qui  d'ailleurs  contiennent  des  liquides  fort  hétérogènes, 
et  qui  manquent  dans  le  plus  grand  nombre  des  végétaux. 

»  Quant  aux  vaisseaux  contenant  des  liquides  transparents  et  granuli- 
fères,  rameux  et  anastomosés  comme  certains  vaisseaux  laiteux,  je  n'ai  pu 
en  constater  la  présence.  On  trouve  fréquemment  des  tubes  transparents, 
remplis  à  divers  degrés  des  liquides  granulifères;  mais  ces  tubes  sont  droits, 
simples,  non  anastomosés;  ils  ne  peuvent  se  distinguer  des  fibres  à  parois 
diversement  épaisses,  avec  lesquelles  ils  s'unissent  par  des  transitions  mul- 
tipliées. 

»  On  ne  peut  donc  admettre  dans  les  végétaux  un  appareil  circulatoire 
spécial  ;  toutes  les  parties  de  formes  diverses  peuvent  concourir  au  trans- 
port des  liquides  nourriciers,  et,  quelles  que  soient  la  diversité  des  confor- 
mations appartenant  aux  éléments  organiques  elles  fonctions  propres  qui 
peuvent  leur  être  assignées,  on  peut  rationnellement  considérer  comme 
établie  l'unité  de  tissus  dans  les  végétaux.   » 

M.  Lestiboudois,  en  achevant  la  lecture  de  cet  extrait,  dépose  sur  le  bureau 
le  travail  original  et  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  renvoyer  à  l'examen 
de  la  Section  de  Botanique. 


ii5. 


(  864  ) 

MÉMOIRES  LUS. 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Eloiles  filantes;  leurs  relations  avec  l'atmosphère;  oscillations 
barométriques;  par  31.  Chapelas.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  nommés  pour  les  communications  de  M.  Coulvier-Gravier  : 
MM.  Babinet,  Regnault,  Faye,  Delaunay.) 

«  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Aca- 
démie, je  me  suis  proposé  de  démontrer  et  de  représenter  graphiquement  un 
principe  émis  par  M.  Coulvier-Gravier,  savoir:  que,  par  l'observalion  des 
éloiles  filantes  et  de  leurs  perturbations,  on  peut,  quarante  heures  à  l'avance, 
prévoir  le  premier  mouvement  de  la  colonne  barométrique;  principe  d'une 
extrême  importance,  d'autant  plus  que  l'on  sait  que,  jusqu'aujourd'hui,  la 
météorologie,  se  contentant  de  recueillir  sur  tous  les  points  du  globe,  et  à 
grands  frais,  une  foule  d'observations,  n'a  pu  arriver,  malgré  ces  nombreuses 
recherches,  qu'à  des  résultats  relativement  peu  importants,  tels  que  la  pu- 
blication quotidienne  de  faits  existants.  De  plus,  que  d'anomalies  n'-a-ton 
pu  expliquer  et  combien  de  fois  a-t-on  taxé  d'inexactitude  les  instruments 
les  plus  perfectionnés! 

»  M'appuyant  sur  luie  hypothèse  faite  par  M.  Pouillet,  et  qui  mène  à  croire 
qu'au-dessus  des  nuages  les  plus  élevés,  là  où  l'air  est  plus  libre,  s'il  a  plus  de 
sérénité,  il  n'a  pas  plus  de  repos,  hypothèse  également  faite  par  le  météorolo- 
giste Haemlz,  qui  dit  textuellement  que  si  l'on  avait  un  instrument  propre  à 
indiquer  les  changements  de  direction  des  courants  des  hautes  régions  de 
l'atmosphère,  nue  foule  d  anomalies  se  trouveraient  expliquées,  je  démontre 
l'existence  de  courants  superposés  et  de  directions  diverses  dans  les  hautes 
régions  de  l'atmosphère,  courants  que  ne  peut  nous  indiquer  aucune  ob- 
servation ordinaire.  Ceci  posé,  donnant  pour  un  instant  à  l'atmosphère 
une  hauteur  de  a5  lieues,  je  fais  voir  que,  jusqu'à  présent,  pour  se  rensei- 
gner sur  les  différentes  transformations  atmosphériques  et  sur  les  oscillations 
barométriques,  on  n'a  tenu  compte  uniquement  que  de  ce  qui  se  passait 
entre  le  sol  et  la  limite  des  nuages  les  plus  élevés  ou  cirrus,  c'est-à-dire 
dans  une  zone  de  loooo  mètres,  ou  2  |  lieues  de  profondeur,  négligeant 
complètement  tout  ce  qui  pouvait  se  passer  dans  la  zone  supérieure,  plus 
profonde  de  21  ~  lieues.  Que  serait-ce  donc  si,  au  lieu  de  aS  lieues,  on 
adoptait  les  85  lieues  calculées  par  M.  Liais!  C'est  donc  évidemment  dans 


(  865  ) 
cetle  zone  supérieure  que  se  trouvent  les  éléments  météoriques  qui,  par 
leur  absence  dans  toute  discussion  des  phénomènes  de  la  nature,  ont  tou- 
jours entravé  les  progrès  de  la  science  météorologique. 

»  Or,  l'Académie  sait  que,  depuis  longues  années,  M.  Coulvier-Gravier 
s'occupe  des  météores  filants  dont  il  a  fait  une  étude  spéciale.  Elle  sait  que, 
ne  se  préoccupant  nullement  de  leur  origine  matérielle,  il  s'est  principale- 
ment attaché  à  rechercher  quelles  relations  pouvaient  exister  entre  les 
diverses  directions  qu'ils  affectent  dans  le  ciel  et  les  phénomènes  météoro- 
logiques qui  suivent  ces  apparitions.  Pour  nous,  l'étoile  filante,  qu'elle  s'en- 
gendre dans  l'atmosphère  même  ou  cju'elle  vienne  du  dehors,  n'obéit  pas, 
dans  notre  atmosphère  du  moins,  à  une  impulsion  propre,  mais  à  xuie  im- 
pulsion qui  lui  est  donnée  par  le  courant  qu'elle  rencontre.  L'étoile  filante 
n'est  donc  pour  nous  qu'une  véritable  girouette,  un  anémomètre  qui  nous 
signale  la  direction  et  la  force  des  courants  des  hautes  régions,  comme  la 
simple  girouette  et  les  nuages  nous  indiquent  la  direction  et  la  force  des 
courants  de  la  zone  inférieure.  De  plus,  les  étoiles  filantes,  dans  leur  par- 
cours, présentent  des  particularités  fort  remarquables  que  nous  dési- 
gnons sous  le  nom  deperlurbations.  Une  étoile  transportée  tout  d'abord  par 
un  courant  du  nord  rencontre,  après  un  certain  nombre  de  degrés  de  tra- 
jectoire, im  courant  de  sud-ouest,  par  exemple,  qui  la  dévie  de  sa  direction 
primitive  et  la  renvoie  suivant  sa  propre  direction.  On  dit,  dans  ce  cas, 
que  l'étoile  filante  a  été  perturbée  par  un  courant  de  sud-ouest,  et  c'est  ce 
dernier  courant  qui  doit  entrer  en  ligne  de  compte  dans  les  prévisions  mé- 
téorologiques. Enfin,  l'influence  de  ces  perturbations  ne  se  faisant  sentir 
sur  la  colonne  de  mercure  qu'environ  quarante  heures  après  l'apparition 
de  ces  signes,  on  se  trouve  par  cela  mèuie  renseigné  à  l'avance  sur  les  pre- 
miers mouvements  du  baromètre. 

»  Prenant  une  série  de  quatorze  années  d'observations  et  en  détachant 
toutes  les  perturbations  observées  pendant  cette  période,  par  des  calculs  tri- 
gonométriques  fort  simples  d  ailieuis,  et  eu  me  servant  avantageusement  de 
la  position  perpendiculaire  des  deux  lignes  fondamentales  nord-nord-est- 
sud-sud -ouest,  ouest-nord-ouest-est-sud-est,  météorologiquement  parlant,  je 
suis  arrivé  à  construire  une  courbe  barométrique  identique,  c'est-à-dire  in- 
diquant les  mêmes  oscillations  que  la  courbe  relevée  directement  à  l'in- 
strument, c'est-à-dire  au  moyen  des  hauteurs  barométriques  constatées 
quarante  heures  après  l'apparition  de  chacune  de  ces  perturbations,  ce  qui 
démontre  entièrement  le  principe  émis  au  commencement  du  Mémoire. 

»  Je  mets  également  sous  les  yeux  de  l'Acadéuùe  une  série  de  courbes 


(  866  ) 

tendant  à  faire  voir  que  la  résultante  des  perturbations  des  étoiles  filantes, 
et  la  direction  moyenne  des  vents  constatés  du  troisième  au  quatrième  jour 
après  l'apparition  de  ces  perturbations,  occupent  identiquement  la  même 
position  azimutale,  ce  qui  démontre  clairement  la  relation  intime  qui  existe 
entre  ces  perturbations  et  les  vents  constatés  trois  ou  quatre  jours  après  leur 
apparition.   )> 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  ta  dispersion  de  la  lumière.  Mémoire  de 
M.  Ch.  Briot,  présenté  par  M.   Bertrand.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Bertrand,  Fizeau.) 

«  On  considère  en  général  l'éther  comme  un  milieu  formé  de  molécules 
agissant  à  distance  les  unes  sur  les  autres.  Les  équations  différentielles  du 
mouvement  vibratoire  dans  les  milieux  homoédriques  renferment  les  déri- 
vées d'ordre  pair  par  rapport  aux  coordonnées  qui  déterminent  la  position 
d'une  molécule  quelconque.  On  admet  que  le  rayon  d'activité  des  molé- 
cules d'éther  est  très-petit  par  rapport  à  la  longueur  de  l'onde;  il  en  résulte 
que  les  coefficients  des  dérivées  successives  diminuent  très-rapidement;  en 
négligeant  les  termes  du  quatrième  ordre  ou  d'un  ordre  supérieur,  on  réduit 
les  équations  différentielles  à  des  équations  homogènes  du  second  ordre,  et 
ou  trouve  alors  que  la  vitesse  de  propagation  de  la  lumière  est  indépendante 
de  la  longueur  de  l'onde;  il  n'y  a  pas  dispersion. 

»  Cauchy  attribuait  la  dispersion  aux  termes  négligés  dans  les  équations 
différentielles,  et  principalement  aux  termes  renfermant  les  dérivées  du 
quatrième  ordre.  Si  l'on  conserve  ces  termes,  on  trouve  en  effet  une  vitesse 
de  propagation  variable  avec  la  longueur  d'onde,  et  d'autant  plus  grande 
que  la  longueur  d'onde  est  plus  grande,  ce  qui  est  d'accord  avec  l'observa- 
tion. Mais  cette  explication  me  paraît  présenter  une  difficulté  insurmontable; 
car  si  ces  termes  du  quatrième  ordre  produisaient  un  pouvoir  dispersif  assez 
énergique  dans  le  milieu  éthéré  qui  pénètre  un  corps  transparent  isotrope, 
comme  le  verre,  ces  mêmes  termes  auraient  une  influence  sensible  dans 
l'éther  libre;  or,  l'observation  des  étoiles  changeantes,  par  exemple  de  l'étoile 
Algol,  prouve  qu'il  n'y  a  pas  de  dispersion  appréciable  dans  le  vide,  c'est- 
à-diie  que  la  différence  de  vitesse  des  différents  rayons  lumineux  est  telle- 
ment petite,  qu'on  n'a  pas  pu  constater  une  différence  de  marche,  malgré 
l'énorme  distance  des  étoiles. 

»  Puisque  la  dispersion  n'existe  pas  d'une  manière  sensible  dans  l'éther 


(  8^7  ) 
libre,  et  qu'elle  existe  à  des  degrés  différents  dans  l'éther  qui  pénètre  les 
corps  transparents  formés  de  molécules  pondérables,  il  est  naturel  d'attri- 
buer ce  phénomène  à  la  présence  même  des  molécules  pondérables.  L'in- 
fluence des  molécules  pondérables  peut  se  manifester  de  deux  manières,  soit 
par  l'action  directe  des  molécules  pondérables  sur  l'éther  en  vibration,  soit 
indirectement  par  la  modification  que  ces  molécules  apportent  dans  la 
constitution  de  l'éther. 

1)  Quand  la  lumière  traverse  un  corps  transparent,  une  partie  plus  ou 
moins  grande  de  la  vibration  se  transmet  aux  molécules  pondérables,  le 
reste  passe  à  travers  le  corps.  Le  corps  s'échauffe  d'autant  moins,  et  par  con- 
séquent la  quantité  de  force  vive  transmise  aux  molécules  pondérables  est 
d'autant  plus  petite  que  le  corps  est  plus  transparent.  Dans  le  cas  idéal  d'un 
corps  parfaitement  transparent,  on  peut  admettre  que  les  molécules  pondé- 
rables restent  immobiles  pendant  que  l'éther  vibre.  Or  ontrouve  que  l'ac- 
tion directe  des  molécules  pondérables  immobiles  sur  l'éther  en  vibration 
introduit,  dans  l'expression  de  la  vitesse  de  propagation,  un  terme  variable; 
mais  ce  terme  variable  est  proportionnel  au  carré  de  la  longueur  de  l'onde, 
tandis  que,  d'après  l'expérience,  il  devrait  être  inversement  proportionnel  à 
ce  carré.  J'ai  donc  eu  recours  à  la  seconde  hypothèse. 

»  L'éther  pénètre  les  corps  transparents  et  remplit  les  cellules  formées  par 
les  molécules  pondérables;  mais  la  densité  de  l'éther  n'est  pas  la  même 
dans  l'étendue  d'iuie  cellule,  elle  varie  d'un  point  à  lui  autre,  en  reprenant 
la  même  valeur  aux  points  correspondants  des  diverses  cellules.  11  en  résulte 
dans  la  distribution  de  l'éther  des  inégalités  périodiques  dont  il  faut  tenir 
compte.  Les  équations  différentielles  du  mouvement  \ibratoire  ne  sont  plus 
des  équations  linéaires  à  coefficients  constants,  mais  des  équations  linéaires 
à  coefficients  périodiques.  Les  intégrales  elles-mêmes  se  composent  d'une 
partie  moyenne  et  d  nue  partie  périodique.  L'ensemble  des  observations 
semble  prouver  que  la  distance  des  molécules  pondérables,  et  par  consé- 
quent la  période,  est  très-petite  par  rapport  à  la  longueur  de  l'onde.  Il  est 
clair  que  la  partie  périodique  de  la  vibration,  variant  dans  l'étendue  d'une 
cellule  et  étant  tantôt  positive,  tantôt  négative,  disparaît  dans  l'ensemble  du 
phénomène;  il  en  résulte  que  le  phénomène  sensible  est  déterminé  par  la 
partie  moyenne  de  la  vibration;  mais  la  partie  périodique,  quoique  n'ayant 
pas  d'influence  appréciable  sur  la  sensation,  ne  doit  pas  être  négligée  dans 
le  cours  du  calcul  ;  car  elle  modifie  de  quantités  constantes  les  coefficients 
des  équations  qui  donnent  la  partie  moyenne  delà  vibration.  J'ai  déjà  essayé 
d'expliquer  la  polarisation  circulaire,  en  tenant  compte  des  inégalités  pé- 


(  868  ) 
riodiques  de  l'éther  dans  un  milieu  dissymétrique  [Comptes  rendus,  i6  jan- 
vier 1860)  ;  je  crois  qu'on  peut  expliquer  de  la  même  manière  la  dispersion. 
En  faisant  le  calcul  pour  un  milieu  isotrope  et  homoédrique,  j'ai  trouvé  que 
les  inégalités  périodiques  de  l'éther  exercent  luie  influence  notable  sur  la 
vitesse  de  propagation  delà  lumière;  elles  diminuent  d'abord  cette  vitesse 
d'une  quantité  constante  ;  elles  introduisent  ensuite  un  terme  variable  inver- 
sement proportionnel  au  carré  de  la  longueur  d'onde,  ce  qui  donne  naissance 
au  pouvoir  dispersif. 

»  Je  terminerai  par  deux  remarques  assez  curieuses.  Si  l'on  égale  à  zéro 
le  terme  variable  qui  produirait  la  dispersion  dans  l'éther  hbre,  on  obtient 
une  condition  à  laquelle  doit  satisfaire  la  force  qui  s'exerce  entre  deux  mo- 
lécules d'éther  ;  cette  condition  indique  que  les  molécules  d'éther  se  repous- 
sent en  raison  inverse  de  la  sixième  puissance  de  la  distance.  C'est  la  loi  à 
laquelle  m'a  déjà  conduit  l'étude  de  la  propagation  de  la  lumière  dans  les 
cristaux  biréfringents  (Comptes  rendus,  5  décembre  iSSgj.De  même,  si  l'on 
égale  à  zéro  le  terme  proportionnel  au  carré  de  la  longueur  d'onde,  terme 
provenant  de  l'action  directe  des  molécules  pondérables  sur  l'éther  eu  vibra- 
tion, on  obtient  une  condition  à  laquelle  doit  satisfaire  la  force  qui  s'exerce 
entre  une  molécule  pondérable  et  une  molécule  d'éther;  cette  condition 
indique  que  les  molécules  pondérables  agissent  sur  l'éther  suivant  la  loi  de 
Newton,  c'est-à-dire  en  raison  inverse  du  carré  de  la  distance.   » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  quelques  propriétés  des  surfaces  d'étendue 
minimum.  Mémoire  de  M.  G.  M.4Thet.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Bertrand,  Bonnet.) 

«  Entre  deux  points  fixes,  Mo  et  M,,  on  trace  une  courbe  quelconque 
dans  l'espace.  Soient  11  une  fonction  réelle  des  coordonnées  d'un  point 
quelconque  M  de  celte  courbe  par  rapport  à  trois  axes  rectangulaires,  et  o 
un  angle,  fonction  des  mêmes  coordonnées.  Le  point  M  décrivant  la 
courbe  de  Mo  en  M,,  on  multiplie  la  longueur  de  l'arc  infiniment  petit, 
compté  à  partir  de  chaque  position  du  point  M,  par  la  valeur  correspon- 
dante de  R,  et  on  fait  tourner  la  ligne  obtenue,  d'un  angle  égal  à  9,  autour 
d'un  axe  normal  à  la  courbe  en  M;  on  compose  ensuite  comme  des  forces 
les  lignes  infiniment  petites  ainsi  obtenues  :  est-il  possible  de  déterminer  les 
fonctions  R  et  <p,  et  la  normale  autour  de  laquelle  se  fait  la  rotation,  de  telle 
sorte  que  la  résultante  ne  dépende  que  des  coordonnées  des  points  3Io  et 
M|,  quelle  que  soit  la  courbe  qui  les  joint? 


(  869) 
1)  On  connaît  la  solution  de  ce  problème,  pour  le  cas  où  l'on  suppose 
que  toutes  les  courbes  qui  vont  de  Mo  à  M,  sont  dans  un  même  plan,  et  que 
l'axe  de  rotation  est  constamment  normal  à  ce  plan.  Si  j:  et  ^  sont  des 
coordonnées  par  rapport  à  deux  axes  rectangulaires  fixes,  pris  dans  ce  plan  ; 
si  l'on  a 

R=S/X^+Y%     tangy=.I-, 
X  et  Y  étant  des  fonctions  réelles  de  x  et  j-  ;  enfin  si  l'on  pose 


u  =  .T-hr\/-  i,     F(«)  =  X  + Yv'-  I, 

la  résultante  considérée  ci-dessus  n'est  autre  que  la  ligne  menée  de  l'origine 
des  coordonnées  au  point  qui  représente  la  valeur  de  l'intégrale 


prise  avec  la  valeur  initiale  zéro.  Or  on  sait  que,  pour  que  la  valeur  de  cette 
intégrale  ne  dépende  que  de  ses  limites,  il  faut  et  il  suffit  qu'on  ait 

rfX_  dY       dX  _       dY 
dx  dy         dy  dx 

pourvu  que  les  diverses  courbes  qui  conduisent  de  Mo  à  M,  ne  comprennent 
entre  elles  aucun  point  où  X  et  Y  ces.sent  d'être  continues. 

)i  J'ai  réussi  à  résoudre  complètement  le  problème  dont  l'énoncé  pré- 
cède, sans  faire  aucune  hypolbèse  sur  la  nature  des  courbes  et  sur  la  direc- 
tion de  l'axe  de  rotation,  sauf  la  condition  qu'il  soit,  en  chaque  point,  nor- 
mal à  la  courbe  décrite.  J'ai  trouvé  les  conilitions  suivantes,  dont  on  re- 
marquera l'analogie  avec  celles  que  l'on  trouve  dans  le  cas  particulier  indi- 
qué ci-dessus  : 

»  Pour  que  la  résultante  ne  dépende  que  des  coordonnées  des  points  Mo 
et  M, ,  il  faut  et  il  suffit  :  i°  que  toutes  les  courbes  tracées  entre  ces  deux 
points  soient  situées  sur  une  même  surface,  appartenant  à  la  classe  de  celles 
qu'on  appelle  surfaces  d'étendue  minimum,  el  du  reste  quelconques;  2°  que 
l'axe  autour  duquel  se  fait  la  rotation  soit  constamment  normal  à  cette  sur- 
face; 3°  que  R  et  (p,  considérées  comme  fondions  de  coordonnées  x  et  j-, 
relatives  à  un  certain  système  de  trajectoires  orthogonales  sur  la  surface, 
soient  de  la  forme 

Y 


R  =  ^/X'  +  Y^      tangy=-, 


C.  R.,  iS63,  2""^  Semeuie.  (T.  LVII,  N»  21.)  '  '" 


(  870  ) 

X  et  Y  étant  des  fonctions  réelles,  assujetties  simplement  à  satisfaire  aux 
conditions 

dx  dr         dy  dx 

»  Il  faut,  en  outre,  que  les  diverses  courbes  tracées  entre  Mo  et  M,  sur 
la  surface  puissent  se  ramener  l'une  à  l'autre  par  une  déformation  conti- 
nue, sans  passer  par  aucun  point  où  X  et  Y  cesseraient  d'être  continus. 

»  Ces  conditions  étant  remplies,  il  est  clair  que,  pour  chaque  système 
de  valeurs  de  R  et  ijs,  à  chaque  point  d'une  surface  minimum  correspond 
un  certain  point  de  l'espace.  Je  démontre  que  le  lieu  de  ces  points  est  une 
nouvelle  surface  d'étendue  minimum,  et  que,  si  la  surface  donnée  est,  par 
exemple,  celle  qui  est  engendrée  par  la  révolution  de  la  chaînette,  la  surface 
qu'on  en  déduit  peut,  moyennant  une  détermination  convenable  des  fonc- 
tions R  et  ©,  être  une  quelconque  de  ces  surfaces.  » 

M.  Bam-ey  adresse  de  Rome  une  nouvelle  Note  concernant  les  effets 
attribués  aux  alliances  consanguines  sur  la  fréquence  de  la  siii:di-mulilé 
chez  les  enfants  qui  proviennent  de  ces  alliances. 

L'auteur  a  pensé  que,  quand  il  s'agissait  d'une  investigation  sur  les  causes 
delasurdi-mutité,  la  voie  la  phisdirecte  est  celle  qui  prend  son  point  de  départ 
dans  un  hospice  de  sourds-muets,  et  se  dirige  de  manière  à  remonter  de  la 
condition  des  enfants  à  celle  des  parents.  Grâce  à  l'obligeance  du  direc- 
teur de  l'établissement,  M.Ralley  apu  obtenir  les  renseignements  désirés  pour 
tous  les  enfants  dont  les  familles  résident  encore  dans  les  États  pontificaux. 
Quant  à  ceux  qui  sont  nés  dans  des  provinces  aujourd'hui  détachées  du 
saint-siége,  il  n'y  a  pas  eu  de  réponse  aux  questions  posées,  questions  qui 
avaient  trait  non-  seulement  aux  rapports  de  parenté  du  père  et  de  la 
mère,  mais  encore  à  leur  état  de  santé,  rétrogradant  même,  sur  ces  deux 
points,  jusqu'aux  grands-pères  et  grand'mères. 

Dans  un  assez  grand  nombre  de  cas,  on  n'a  pu  savoir  si  les  enfants  étaient 
nés  sourds-muets  ou  s'ils  l'étaient  devenus  après  quelque  temps.  En  répon- 
dant à  celte  question,  qui  leur  était  aussi  posée,  plusieurs  des  parents  ont 
attribué  l'infirmité  à  une  maladie  survenue  dans  le  cours  de  la  première 
année,  du  sixième  au  huitième  mois,  c'est-à-dire  à  une  époque  où,  l'enfant 
ne  parlant  pas  encore,  on  pouvait  bien  n'avoir  pas  remarqué  que  déjà  il 
était  sourd. 

Sur  33  cas,  il  y  en  a  i3  où  la  siu'di-mutité  de  naissance  est  cerlair)e. 


(871  ) 

6  ou  l'incertitude  est  avouée,  14  où  on  attribue  la  surdité  à  une  maladie 
du  premier  âge. 

Des  i3  cas  constatés  de  surdi-mutité  de  naissance,  3  proviennent  d'al- 
liance consanguine;  mais  l'un  d'eux  est  particulièrement  remarquable 
par  la  proximité  des  conjoints  et  par  les  conditions  de  toute  leur  malbeu- 


reuse  lignée. 


Le  père  et  la  mère  jouissent  d'une  bonne  santé  :  le  père  est  né  d'un  ma- 
riage légitime;  la  femme,  un  peu  plus  âgée,  est  sortie  de  l'hospice  des  en- 
tants trouvés.  De  cette  union  les  quatre  premiers  produits  sont  des  enfants 
mort-nés,  le  cinquième  est  notre  sourd-muet,  le  sixième  est  une  naine; 
un  septième,  âgé  aujourd'hui  de  onze  ans,  est  le  seul  qui  n'offre  jusqu'ici 
rien  d'anormal. 

On  sait  aujourd'hui  que  les  deux  époux  ainsi  frappés  dans  leurs  descen- 
dants sont  frère  et  sœur,  enfants  du  même  père  et  de  la  même  mère.  La 
fille,  née  avant  le  mariage,  avait  été  exposée  par  eux,  n'avait  jamais  été  re- 
connue et  ignorait  quels  étaient  ses  parents. 

La  Note  de  M.  Balley  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  précé- 
demment nommée,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Andral,  Rayer, 
Bernard  et  Bienaymé. 

M.  PoGGioLi  présente  une  Note  sur  le  traitement  de  l'asthme  par  l'électri- 
cité statique. 

L'auteur  rapporte,  avec  tous  les  détails  nécessaires,  quatre  cas  d'asthmes 
rebelles  aux  traitements  ordinaires  et  traités  par  l'électricité  avec  un  sucés 
dont  la  rapidité  surprenait  presque  autant  le  médecin  que  les  malades.  L'au- 
teur a  d'ailleurs  grand  soin  de  faire  remarquer  que  ces  quatre  observations, 
et  d'autres  qu'il  aurait  pu  y  joindre,  sont  des  cas  d'asthme  véritable,  c'est- 
à-dire  d'une  névrose  de  l'appareil  respiratoire  ordinairement  périodique  et 
revenant  par  accès.  Il  n'a  nullement  songé  à  employer  son  mode  de  trai- 
tement contre  l'asthme  symptomatique  se  rattachant,  soit  à  une  affection 
du  cœur,  soit  à  un  emphysème  pulmonaire. 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Bernard.) 

M.  AcG.  DE  Lacroix,  à  l'occasion  d'une  communication  récente  da 
M.  Galibert  sur  un  appareil  destiné  à  permettre  la  libre  respiration  des 
hommes  immergés  dans  un  liquide  ou  dans  une  atmosphère  méphitique, 

1 16.. 


(  872  ) 
annonce  l'inlention  de  soumettre  procliainement  an  jugement  de  l'Académie 
la  description  et  la  figure  d'un  appareil  ajiplicable  aux  mêmes  usages,  et 
qui  fonctionne  avec  succès  depuis  i858  à  l'hôpital  militaire  thermal  d'Amé- 
lie-les-Bains. 

Cette  Lettre  est  renvoyée,  à  titre  de  renseignement  et  pour  conserver  à 
l'auteur  ses  droits  de  priorité,  à  la  Commission  du  prix  dit  des  Arts  insalu- 
bres, déjà  saisie  des  pièces  relatives  à  l'invention  de  M.  Galibcrt. 

M.  Verrier  présente  ini  Mémoire  ayant  poiu'  titre  :  «  Question  rela- 
tive aux  difformités  de  la  taille,  et  à  la  scoliose  en  particulier.  » 

L'auteur  passe  en  revue  dans  ce  Mémoire  les  divers  moyens  orthopédiques 
employés  contre  les  distorsions  de  la  colonne  vertébrale,  et  fait  ressortir  les 
inconvénients  de  chacun  de  ces  moyens;  il  ne  fait  pas  connaître  d'ailleurs 
ceux  qu'il  emploie  et  qu'il  dit  lui  avoir  réussi  quand  on  y  a  recouru  à 
temps. 

Renvoi  à  l'examen  de  M.  J.  Cloquet,  qui  jugera  si  cette  communication, 
dans  son  état  actuel,  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  DE  Maizière  envoie  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Origine  astro- 
nomique des  maladies  épidémiques»,  et  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le 
comprendre  dans  le  nombre  des  pièces  de  concours  pour  le  prix  du  legs 
Bréant. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine   et  de  Chirurgie  constituée  en 
Commission  spéciale.) 

M.  Delcambre  adresse  de  Lille  une  Note  imprimée  sur  ses  «  machines 
à  composer  et  à  distribuer  les  caractères  d'imprimerie  »  ;  il  y  joint  un  extrait 
manuscrit  des  jugements  qui  furent  portés  sur  ces  deux  appareils  quand  ils 
figuraient  à  l'Exposition  universelle  de  Londres,  et  prie  l'Académie  de 
vouloir  bien  comprendre  sa  double  invention  au  nombre  de  celles  qu'est 
destiné  à  récompenser  le  prix  fondé  par  M.  de  Tremont. 

Le  prix  de  la  fondation  Tremont  ne  sera  décerné  désormais  qu'en  1864. 
La  lettre  de  M.  Delcambre  sera  réservée  pour  être  mise  l'an  prochain  sous 
les  yeux  de  la  Commission  chargée  de  se  prononcer  sur  les  titres  des 
concurrents. 


(  873  ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  M,  E.-J.  Marey^  un 
ouvrage  ayant  pour  titre  :  »  Physiologie  médicale  de  la  circulation  du  sang, 
basée  sur  l'étude  graphique  des  mouvements  du  coeur  et  du  pouls  artériel, 
avec  application  aux  maladies  de  l'appareil  circulatoire». 

Cet  ouvrage,  conformément  au  désir  de  l'auteur,  sera  réservé  pour  le 
concours  Montyon  de  i8G4  (Médecine  et  Chiriugie). 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente  également  au  nom  de  l'auteur, 
M.  Mares,  un  ouvrage  sur  les  vignes  du  midi  de  la  France.  [Voir  le  Bulle- 
tin bibliograpliiqiie,  séance  du  16  novembre.) 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  enfin,  parmi  les  pièces  imprimées 
de  la  Correspondance,  un  opuscule  écrit  en  allemand  et  sur  lequel  l'auteur, 
M.  Millier,  désire  obtenir  le  jugement  de  l'Académie. 

Dans  cet  opuscule,  que  M.  Mùller  présente  comme  extrait  d'iui  ouvrage 
plus  étendu  encore  inédit,  deux  questions  principales  sont  traitées  :  l'une 
est  de  celles  dont  l'Académie  ne  s'occupe  points  l'autre  est  relative  à  une 
théorie  delà  musique  basée  sur  des  considérations  géométriques. 

M.  Duhamel  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  théorie  et  à  taire 
savoir  à  l'Académie  si  elle  mérite  son  attention. 

CHIMIE.    —  Sur  la  produclion  de  l'oxyde  de  carbone  dans  une  circonslance 
nouvelle.  Note  de  M.  F.  Calvert,  présentée  par  M.  Chevreul  (i). 

«  A  la  suite  de  recherches  très-intéressantes  sur  les  matières  colorantes, 
mon  savant  maître,  M.  Chevreul,  proposa  dès  1820  d'employer  les  dissolu- 
tions d'hématine  ou  d'acide  gallique  ou  pyrogallique  dans  la  potasse, 
pour  absorber  et  doser  l'oxygène  contenu  dans  certains  mélanges  gazeux  ; 
et,  quoiqu'd  eût  clairement  démontré  la  possibilité  d'analyser  l'air  par  ce 
procédé,  ce  moyen  ne  fut  adopté  généralement  que  plus  de  vingt  ans 
après,  lorsque  Liebig  l'employa  comme  moyen  d'analyse. 

«  Considéré  jusqu'ici  comme  supérieur  dans  ses  résultats  au  procédé 

(i)  En  présentant  cette  Note,  M.  Chevreul  a  déclaré  qu'elle  était  entre  ses  mains  depuis 
le  1 5  octobre  dernier. 


(  874) 
du  phosphore,  ou  encore  à  celui  de  Gay-Lussac  au  moyen  du  cuivre,  k; 
pyrogallate  de  potasse,  et  c'est  là  le  point  sur  lequel  je  crois  devoir  appeler 
l'attention  des  chimistes,  ne  peut  cependant  pas  donner  des  résultats  com- 
plètement exacts,  car,  en  même  temps  qu'il  absorbe  l'oxygène,  il  donne 
naissance  non-seulement  à  de  l'acide  carbonique,  comme  l'a  démontré 
M.  Chevreul,  mais  en  outre  à  un  produit  gazeux  qui  a  jusqu'ici  échappé  à 
l'observation  des  expérimentateurs. 

»  Si,  en  effet,  on  prend  une  éprouvette  remplie  de  gaz  oxygène  pur  (peu 
importe  le  procédé  au  moyen  duquel  il  a  été  obtenu),  et  qu'on  y  introduise 
un  mélange  d'acide  pyrogallique  et  de  potasse  en  dissolulion^  on  voit  qu'au 
bout  de  qTielques  heures  l'absorption,  d'abord  très-rapide,  s'arrête  et  cesse 
complètement  avant  que  tout  le  volume  gazeux  ait  dispai'u;  et,  si  on  essaye 
alors  le  gaz  restant,  on  trouve  que  ce  n'est  pas  de  l'oxvgène. 

»  Ayant  observé  ce  fait,  j'ai  été  conduit  à  détermitier  la  nature  de  ce 
résidu  gazeux;  pour  cela,  j'ai  fait  agir  du  pyrogallate  de  potasse  sur  une 
assez  grande  quantité  d'oxygène  pur,  et  j'ai  pu  constater  alors  que  le  gaz 
restant  après  vingt-quatre  heures  d'action  était  combustible,  et  brûlait  avec 
une  flamme  bleue  donnant,  comme  produit  de  sa  combustion,  de  Tacide 
carbonique  avec  tous  ses  caractères  chimiques.  J'en  ai  fait  passer  une  partie 
sur  de  l'oxyde  de  cuivre  chauffé  au  rouge,  et  j'ai  encore  obtenu  ainsi  de 
l'acide  carbonique  que  j'ai  pu  recueillir  et  doser  à  l'état  de  carbonate  de 
baryte. 

»  Mis  en  contact  avec  le  protochlorure  de  cuivre,  dissous,  soit  dans 
l'acide  chlorhydrique,  soit  dans  l'ammoniaque,  ce  résidu  gazeux  est  absorbé 
immédiatement,  et  par  conséquent  possède  le  caractère  de  l'oxyde  de  car- 
bone indiqué  par  M.  Leblanc. 

»  Après  avoir  fait  ces  premiers  essais,  j'ai  soumis  une  nouvelle  quantité 
de  ce  résidu  gazeux  à  l'analyse  eudioméfrique,  et  j'ai  trouvé  qu'un  volume 
de  ce  gaz  se  combinait  avec  un  demi-volume  d'oxygène,  donnant,  après  le 
passage  de  l'étincelle  électrique,  un  gaz  entièrement  absorbable  par  les 
alcalis  caustiques. 

M  C'était  donc  bien  à  de  l'oxyde  de  carbone  que  j'avais  eu  affaire,  et  le 
pyrogallate  de  potasse,  en  absorbant  l'oxvgène,  donne  donc  naissance  à  une 
certaine  quantité  d'oxyde  de  carbone.  J'ai  cherché  s'il  n'y  avait  pas  aussi 
de  l'hydrogène  carboné  formé  dans  cette  réaction,  mais  tous  mes  essais  ont 
été  infructueux  à  démontrer  la  présence  de  ce  dernier  composé. 

»  Si,  au  lieu  d'opérer  avec  de  l'oxygène  pur,  on  agit  sur  l'air,  en  faisant 
passer  plusieurs  litres  de  ce  gaz  parfaitement  privé  d'acide  carbonique  dans 


(875  ) 
des  appareils  de  Liebig  contenant  le  pyrogallale,  et  ensuite  sur  de  l'oxyde 
de  cuivre  chauffé  au  rouge,  les  résultats  obtenus  sont  les  mêmes  :  on  peut 
encore  démontrer  dans  ce  cas  la  formation  de  loxyde  de  carbone.  De  même, 
ce  gaz  prend  encore  naissance  quand  à  l'acide  pyrogallique  on  substitue, 
dans  le  mélange  avec  la  potasse,  l'acide  galliqne. 

»  Quant  aux  quantités  d'oxyde  de  carbone  formées,  elles  varient  selon 
la  concentration  de  la  dissolution  de  pyrogallate  employée,  et  surtout  selon 
que  l'on  a  recours  à  un  mélange  contenant  plus  ou  moins  d  acide,  le  maxi- 
mum de  production  paraissant  avoir  lieu  avec  un  mélange  d'acide  et  d'alcali 
à  équivalents  égaux,  ou  contenant  un  léger  excès  d'alcali.  Je  me  contenterai 
de  dire  ici  que  dans  une  série  de  dix  expériences  j'ai  obtenu  des  quantités 
d'oxyde  de  carbone  variant  de  i,(^g  à  2  pour  100  du  voliune  d'oxygène 
employé,  tandis  que  dans  d'autres  j'ai  eu  jusqu'à  4  pour  100. 

))  Je  me  permettrai  maintenant  de  faire  observer  à  l'Académie  que  cette 
production  si  inattendue  d'oxyde  de  carbone,  lorsqu'on  met  le  pyrogallate 
de  potasse  en  présence  de  l'oxygène  ou  de  l'air,  potu-rait  peut-être  rendre 
compte  de  la  présence  de  ce  gaz  trouvé  par  M.  Boussingault,  dans  ses 
recherches  si  intéressantes  du  reste,  dans  les  produits  gazeux  de  la  végéta- 
tion, en  même  temps  qu'elle  vient  confirmer  en  les  complétant  les  derniers 
travaux  de  M.  Cloèz  sur  le  même  sujet.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Expériences  sur  la  production  de  l'oxyde  de  carbone  par 
r action  de  l'oxygène  sur  le  pyrogallate  de  potasse.  Note  de  M.  S.  Ci.oez, 
présentée  par  M.  Chevreul. 

«  1°  On  a  introduit  successivement  dans  une  cloche  à  gaz  remplie  de 
mercure  o^'\i'j3i  de  gaz  oxygène  pur,  2  grammes  d'acide  pyrogallique 
dissous  dans  8  ^^rammes  d'eau  distillée,  et  4  grammes  de  potasse  en  disso- 
lution dans  le  double  ds  son  poids  d'eau. 

»  L'absorption  a  été  rapide,  il  y  a  eu  une  élévation  notable  de  la  tem- 
•pérature;  au  bout  d'une  heure,  le  résidu  gazeux  non  absorbé  occupait  un 
volume  de  o'",oro  environ;  on  a  ajouté  ime  nouvelle  portion  d'oxygène 
égale  à  o'",o474)  ce  qui  portait  le  volume  total  de  ce  gaz  à  o'",32o6. 

»  Le  gaz  ajouté  a  disparu  lentement;  pour  compléter  l'absorption  ou  a 
fait  passer  dans  la  cloche  i  gramme  d'acide  pyrogallique  dissous  dans 
4  grammes  d'eau  et  2  grammes  de  potasse  également  en  dissolution. 

»  On  a  laissé  le  gaz  en  contact  pendant  quatre  heures  avec  la  solution 
alcaline  de  pyrogallate. 

»   Le  résidu  gazeux  non  absorbable,  mesuré  alors  et  ramené  par  le  calcul 


(  876) 

à  zéro  et  à  o'",76o  de  pression,  s'est  trouvé  être  de  o'",oi  1^7  pour  o''',32o6 
d'oxygène  employé,  soit  3,546  pour  100. 

Analyse  eudiométrique  du  résidu  non  absorbablc. 

lu 
Volume  du  gaz  introduit  dans  l'eudiomètre 0,01  iS^ 

Oxvgi-'ne  ajouté 0,00616 

Volume  du  mélange 0,01753 

Gaz  de  la  pile o ,  oo588 

Résidu  gazeux  après  l'explosion 0,01  iq3 

Volume  du  gaz  disparu  (7CO) o,oo56o 

Acide  carbonique  absorbé  par  la  potasse  après  la  détonation.  0,01 17.8 

Résidu  d'oxygène o  ,oooG6 

»  Les  o'",oi  187  de  résidu  laissé  par  l'action  du  pyrogallate  sur  l'oxygène 
contiennent  donc  o'",oit28  d'oxyde  de  carbone;  ce  dernier  gaz  forme 
les  0,995  du  résidu;  rapportée  au  volume  d'oxygène  employé,  sa  quantité 
s'élève  à  3,5 1  pour  100.  Le  résultat  de  cette  expérience  confirme  ceux  que 
M.  Calvert  a  obtenus. 

»  2°  L'oxygène,  mélangé  de  gaz  azote  dans  la  proportion  qui  constitue 
l'air  atmosphérique,  se  comporte-t-i!  en  présence  du  pyrogallate  alcalin 
comme  l'oxygène  pur? 

))  Pour  résoudre  cette  question  on  a  introduit  dans  la  cloche  sur  le 
mercure  o'",  1962  d'air  atmosphérique,  2  grammes  d'acide  pyrogallique  dis- 
sous dans  8  grammes  d'eau,  et  /j  grammes  de  potasse  également  en  disso- 
lution ;  ou  a  eu  soin  d'agiter  le  mélange  pour  activer  l'absorption.  On  a  at- 
tendu une  heure,  puis  on  a  ajouté  à  cinq  reprises  différentes  et  d'heure  en 
heure  o'"', 08791  d'oxygène  piu-. 

»  Le  volume  de  l'oxygène  contenu  dans  les  o'",i962  d'air,  joint  au  vo- 
lume de  l'oxygenc  ajouté,  s'élève  ào'",23o55. 

»  On  a  trouvé  à  la  fin  un  résidu  non  absorbable  égal  à  o''',  i5375;  le 
volume  d'air  analysé  aurait  dû  fournir  o''',i5539  de  résidu^  en  admettant 
qu'il  n'y  ail  pas  eu  production  d'oxyde   de  carbone. 

Analyse  eudiométrique  du  résidu  non  absorbable. 

lit 
Volume  du  gaz  introduit  dans  l'eudiomètre 0,0096645 

Oxygène  ajouté o ,  0040740 

Volume  du  mélange 0,0187385 

Gaz  de  la  pile  ajouté o,oo36oo5 

Résidu  gazeux  après  la  détonation 0,01 35490 

Volume  disparu 0,0001895 

Acide  carbonicpie  absorbé  par  la  potasse  après  la  détonation  o ,  0008790 

Reste 0,018270 


(  877) 

»  Ainsi  le  gaz  analysé  renfermait  3,93  pour  100  d'oxyde  de  carbone, 
soit  o'", 00599  pour  le  tout. 

»  La  quantité  du  gaz  combustible  rapportée  au  volume  de  l'oxygène 
absorbé  s'élève  à  SjSyS  pour  100;  c'est  une  proportion  moindre  que  dans 
la  première  expérience  où  l'on  a  employé  de  l'oxygène  tout  à  fait  pur. 

»  La  production  d'oxyde  de  carbone  dans  la  seconde  expérience  prouve 
qu'il  y  a  eu  perte  ou  absorption  d'azote.  C'est  un  pointa  vérifier.  » 

CHIMIE.  —  Action  des  alcools  sur  les  élhers  composés.  Note  de  MM.  C.  Friedei. 
et  J.-M.  Crafts,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  En  nous  occupant  de  préparer  l'éther  silicique  mixte  triélhylmona- 
myliqiie,  par  l'action  de  l'alcool  amylique  sur  la  monochlorhydrine  étliyl- 
silicique  (i),  nous  avions  remarqué  la  formation  d'ime  petite  quantité  d'iui 
liquide  bouillant  à  une  température  plus  élevée  et  renfermant  une  propor- 
tion de  carbone  plus  forte  que  l'éther  mixte. 

»  La  réaction  semblait  pourtant  devoir  se  passer  rigoureusement  suivant 
l'équation 

Si  )  i  G^  H"  )  i  ) 

o^2H5     <^'+  H     <^=P^'H'     €^'  +  I^Cl, 


Cl 


C=H' 


sans  pouvoir  fournir  de  produits  accessoires  plus  carbonés. 

»  En  cherchant  à  nous  expliquer  la  formation  d'un  pareil  produit,  nous 
avons  été  amenés  à  supposer  qu'une  partie  de  l'alcool  amylique  pouvait 
réagir  sur  l'éther  mixte  déjà  formé  et  éliminer  l'éthyle  à  l'état  d'alcool,  en 
donnant  naissance  à  un  nouvel  éther  mixte  diéthyldiamylique. 

))  Une  expérience  directe  nous  a  prouvé  qu'il  en  est  bien  ainsi.  En  effet, 
en  distillant  ensemble  à  plusieurs  reprises,  ou,  encore  mieux,  en  chauffant 
dans  un  tube  scellé,  pendant  quelques  heures,  à  160  ou  180  degrés,  de 
l'alcool  amylique  avec  de  l'éther  silicique,  nous  avons  pu  constater  la  mise 
en  liberté  d'une  proportion  notable  d'alcool  ordinaire.  Le  point  d'ébulli- 
tion  des  produits  les  moins  volatils  s'élevait  depuis  celui  du  silicate  d'éthyle 
(i65  degrés)  jusque  vers  celui  du  silicate  d'amyle  (324  degrés),  et  les  der- 
nières portions,  décomposées  par  un  alcali,  ont  fourni  de  l'aleool  amylique. 

(l)   Comptes  rendus,   t.   LVI,   p.  592. 

C.  R.,  l8C3,  a™«  Semcsire  (T.  LVII,  N"  'il,)  1  l '] 


(   SyS) 
)i   L'étlier  silicique  n'est  pas  le  seul  qui  se  prête  à  cette  curieuse  réac- 
tion, où  l'on  voit  un  alcool  décomposer  un  éther  et  en  éliminer  un  autre 
alcool,   comme   une  base  décompose  un  sel   en   éliminant  la   base  qu'il 
renfermait. 

»  Ayant  chauffé  pendant  vingt-quatre  heures,  à  i6o  ou  i8o  degrés, 
deux  tubes  contenant,  le  premier  de  l'iodure  d'amyle  sec  avec  un  peu 
plus  de  2  équivalents  d'alcool  parfaitement  anhydre,  distillé  sur  du  sodium, 
et  le  second  de  l'iodure  d'éthyle  avec  lui  peu  moins  de  2  équivalents 
d'alcool  amyliquc,  on  a  remarqué  dans  les  deux  tubes  la  séparation  à  la 
surface  du  liquide  d'une  petite  couche  d'eau.  Le  premier  tube  renfermait  en 
outre  de  l'oxyde  d  éthyle,  dont  la  production  n'a  rien  qui  doive  étonner 
si  l'on  se  rappelle  les  faits  publiés,  il  y  a  quelques  années,  par  M.  Alvaro 
Reynoso,  puis  une  série  de  produits  dont  les  points  d'ébullition  montaient 
jusque  vers  celui  de  l'iodure  d'amyle.  Après  plusieurs  distillations  fraction- 
nées, on  a  pris  la  portion  assez  notable  qui  avait  passé  entre  60  et  80  de- 
grés; on  l'a  lavée  à  plusieurs  reprises,  d'abord  avec  de  l'eau,  puis  avec  de 
l'acide  sulfurique  concentré,  puis  encore  avec  de  l'eau;  on  l'a  desséchée  et 
distillée.  On  a  obtenu  ainsi  de  l'iodure  d'éthyle  bouillant  de  72  à  ^5  degrés, 
et  donnant  à  l'analyse  des  nombres  assez  rapprochés  de  ceux  qu'exige  la 
théorie,  pour  ne  laisser  aucun  doute  sur  l'identité  du  corps  analysé.  Le 
mélange  renfermait  en  outre  un  excès  d'iodure  d'amyle,  et  peut-être  de 
l'oxyde  mixte  éthylamylique.  Nous  nous  réservons  de  revenir  sur  ce  der- 
nier point,  la  séparation  de  produits  purs  dans  un  mélange  aussi  com- 
plexe n'étant  pas  sans  difficultés. 

1)  Le  second  tube  renfermait,  outre  la  petite  couche  d'eau,  des  liquides 
bouillant  depuis  60  jusqu'à  i5o  degrés.  Après  plusieurs  distillations, 
la  portion  bouillant  entre  i/|0  et  i5o  degrés  a  été  traitée  par  l'acide  sulfu- 
rique concentré,  lavée  à  l'eau,  séchée  et  distillée  de  nouveau.  En  rejetant 
les  premières  et  les  dernières  parties,  on  a  obtenu  un  liquide  passant  à  la 
distillation  d'une  manière  constante  à  146  degrés,  et  donnant  à  l'analyse  des 
nombres  très-rapprochés  de  ceux  qui  conviennent  à  l'iodure  d'amyle. 

)i  L'acétate  d'éthyle  se  comporte  de  même  en  présence  de  l'alcool  amy- 
lique.  Pour  le  benzoate,  et  surtout  pour  le  chlonu'e,  la  décomposition  pa- 
raît être  beaucoup  plus  difficile. 

»  L'oxalate  d'éthyle,  parfaitement  neutre,  chauffé  de  220  à  25o  degrés 
pendant  trente-six  heures,  avec  un  équivalent  d'alcool  amylique  dépouillé 
d'eau  par  une  distillation  sur  du  sodium,  a  fourni,  lors  de  l'ouverture  du 


(  879) 
tube,  un  mélange  d'acide  carbonique  et  d'oxyde  de  carbone,  ne  renfer- 
mant pas  d'hydrocarbures.  Le  liquide  était  resté  neutre;  à  la  distillation  on 
a  obtenu  de  l'éther  ordinaire,  de  l'alcool  qui  a  été  séparé  au  moyen  d'unje 
solution  de  sel  marin,  et  qui,  distillé  sur  la  baryte,  a  été  obtenu  pur;  à  une 
température  plus  élevée,  de  l'oxalate  d'éthyle.  Le  thermomètre  a  continué  à 
monter  et  la  dernière  portion  a  distillé  vers  260  degrés.  Après  plusieurs 
distillations,  on  a  séparé  un  produit  bouillant  de  269  à  261  degrés,  qui  avait 
exactement  la  composition  de  l'oxalate  d'amyie. 

»  Il  devait  s'être  produit  en  même  temps  de  l'éther  oxalique  mixte  éthyl- 
amylique.  En  effet,  entre  2i5  et  233  degrés,  on  a  recueilli  une  quantité  de 
liquide  assez  notable;  mais  on  n'a  pu  en  extraire  l'éther  mixte  à  l'état  de 
pureté.  Quand  on  le  distille  à  plusieurs  reprises,  il  paraît  se  scinder  en 
oxalate  d'éthyle  et  oxalate  d'amyie.  En  prenant  la  portion  bouillant  entre 
23o  et  243  degrés,  et  en  la  chauffant  pendant  vingt-quatre  heures  à  une 
température  de  220  à  200  degrés,  on  a  remarqué  à  l'ouverture  du  tube  le 
dégagement  d'une  petite  quantité  de  gaz.  Il  s'était  aussi  produit  des  traces 
d'érther  ordinaire,  et  trois  distillations  fractionnées  ont  suffi  pour  séparer 
ime  quantité  notable  de  deux  liquides  bouillant,  l'un  de  180  à  igo  de- 
grés (oxalate  d'éthyle),  l'autre  de  2i5  à  262  degrés  (oxalate  d'amyie).  La 
décomposition,  sans  être  complète,  était  beaucoup  plus  avancée. 

»  Il  résulte  des  faits  exposés  que  : 

»  1°  Les  alcools  réagissent  sur  les  éthers  composés  dérivés  d'alcools  dif- 
férents, et  en  éliminent  ces  derniers  alcools  ; 

»  2°  Cette  action  n'est  pas  spécifique  ou  due  à  une  affinité  plus  grande 
d'un  alcool  pour  un  acide  ;  elle  paraît  être  plutôt  une  action  de  masse  ; 

»  3°  Les  éthers  facilement  décomposables  par  l'eau  sont  aussi  ceux 
qui  se  prêtent  le  mieux  à  cette  décomposition  par  les  alcools.  Il  est  donc 
naturel  de  rapprocher  ces  deux  genres  d'action.    » 

A  5  heures  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 


(  88o  ) 

CO^ilTÉ  SECRET. 

La  Section  de  Géométrie  présente,  par  l'organe  de  M.  ChAsles,  la  liste 
suivante  de  candidats  pour  la  place  de  Correspondant,  vacante  par  suite 
du  décès  de  M.  Ostrogradski. 

En  première  ligne.  .  .      M.  Neimann à  Kônigsberg. 

M.   Ci,AusiDS à  Zurich. 

,  M.  Helsiholtz.   ...  à  Heidelberg. 
En  seconde  ligne,  par  i 

(M.  KiRCHHOFF.    ...  à  Heidelberg. 
ordre  alphabétique.  .   \ 

M.  Plucker à  Bonn. 

M.  W.  Thomson.  .  .  à  Glascow^. 

La  Section  ne  présente  cette  fois  que  des  savants  dont  les  études  ont 
porté  sur  les  applications  de  l'analyse  mathématique  aux  sciences  phy- 
siques. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés  :  l'élection  aura  lieu  dans  la 
prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  23  novembre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Rapport  présenté  à  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  rjgriculture,  du  Commerce  et 
des  Travaux  publics ,  par  l'Académie  impériale  de  Médecine  sur  les  vaccina- 
tions pratiquées  en  France  pendant  l'année  1861.  Paris,  i863;in-8°. 

Physiologie  médicale  de  la  circulation  du  sang,  basée  sur  l'étude  graphique 
des  mouvements  du  cœur  et  du  pouls  artériel,  avec  application  aux  maladies  de 
r  appareil  circulatoire  ;  par  le  C  E.-J.  Marey.  Paris,  i863;  vol.  in-8°  avec 
figures  intercalées  dans  le  texte.  (Ouvrage  adressé  au  concours  pour  les 
prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  18G4.) 

Recherches  sur  les  hdellodes  ou  hirudinées  et  les  trématodes  marins  ;  par 
MM.  P.-J.  VAN  Beneden  et  C.-E.  Hesse.  (Extrait  des  Mémoires  de  V Académie 
Royale  de  Relgique,  t.  XXXIV.)  Bruxelles,  i863:  in-4°. 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  50  NOVEMBRE  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUI^'ICATiOr^'S 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 
PHYSIOLOGIE  ET  CHiRUBGiE.  —  Théories  du  cal;  par  M.  Jobert  de  Lamualli:. 

Cinquième  théorie.  —  Réunion  des  fragments  au  moyen  de  bourgeons  cliarnus. 

«  L'idée  fondamentale  d'une  cinquième  théorie  est  que  la  réunion  des 
fragments  s'opère  par  un  mécanisme  analogue  à  celui  de  la  réunion  des 
parties  molles.  Des  bourgeons  charnus  s'élèvent  des  surfaces  fracturées,  se 
joignent  les  uns  aux  autres,  se  transforment  en  cartilage,  puis  en  os. 

»  Scarpa,  dans  ses  recherches  tendant  à  démontrer  la  structure  des  os, 
regarde  le  cal  comme  produit  par  une  substance  rouge  qui  pullule  de  l'os, 
et  qu'il  désigne,  d'après  Celse,  sous  le  nom  de  carancula,  à  cause  de  sa 
ressemblance  avec  la  caroncule  lacrymale.  Ces  bourgeons  charruis  devien- 
nent ensuite  cartilagineux,  et  plus  tard  les  artères  y  déposent  le  phosphate 
calcaire. 

)i  André  Bonn  discute  les  opinions  émises  avant  lui;  mais  û  ne  cite  au- 
cune expérience  qui  lui  soit  propre.  D'après  ses  observations  il  pense  que 
le  cal  commence  par  des  granulations  charnues  qui  s'élèvent  des  surfaces  de 
la  fracture ,  puis  se  réunissent  pour  former  une  membrane  analogue  au 
chorion,  qui  devient  osseuse  sans  avoir  été  cartilagineuse. 

))  Mais  le  mode,  dit-il,  suivant  lequel  tous  ces  phénomènes  arrivent,  est 
tout  à  fait  inconnu.  Le  cal  est  organisé  connue  1  os  lui-même. 


C.  R.,  iS63,  2™"  Scmcstie.  (T.  LVII,  N°  22.) 


ii8 


(  882  ) 

»  Bicbat  distingue  dans  la  formation  du  cal  trois  périodes. 

»  Dans  la  première  période,  le  développement  de  bourgeons  charnus  a 
lieu. 

»   Dans  la  deuxième  période,  ils  se  transforment  en  cartilage. 

))   Dans  la  troisième  période,  le  cartilage  se  change  en  os. 

))  Selon  lui,  le  cartilage  est  d'abord  cellulaire  et  vasculaire,  puis  il  con- 
tient du  tissu  cellulaire,  des  vaisseaux,  plus  de  la  gélatine  exhalée  par  les 
bourgeons  charnus,  et  enfin  la  substance  calcaire  s'ajoute  à  ces  éléments. 

«  Larrey  pensait  que  la  réunion  des  os  ne  pouvait  se  faire  que  par  les 
vaisseaux  propres  des  parties  osseuses  restées  intactes,  et  non  par  des  sub- 
stances intermédiaires  ou  par  l'ossification  des  membranes  fibreuses  et  cel- 
kileusesqui  tapissent  les  os  soit  à  l'extérieur,  soit  à  l'intérieur. 

»  Ces  membranes  n'ont,  pour  lui,  d'autres  usages  que  de  transmettre  les 
vaisseaux  nécessaires  à  la  nutrition  des  os  ;  ces  vaisseaux,  par  suite  du  tra- 
vail inflammatoire,  se  développent,  s'allongent,  s'anastomosent  entre  eux, 
le  phosphate  calcaire  se  dépose  dans  les  bourgeons  charnus,  et  le  cal  est 
constitué. 

Sixième  théorie.  —   Opinion  mixte. 

«  Suivant  les  espèces  de  fractures,  le  cal  peut  être  formé  par  de  la  lymphe 
qui  se  vascularise,  devient  cartilagineuse  et  osseuse,  ou  bien  par  des  bour- 
geons charnus  qui  subissent  les  mêmes  transformations. 

»  Hunter  admettait  que  dans  les  fractures  compliquées  de  plaie  exté- 
rieure, la  consolidation  s'opérait  par  la  voie  des  granulations  développées 
entre  les  deux  bouts  de  l'os  fracturé. 

«  Richeraiid  pensait  que  les  os  pouvaient  se  réunir  comme  les  parties 
molles,  par  première  intention,  par  abouchement  direct  des  vaisseaux,  et 
par  l'intermédiaire  de  la  gélatine  épanchée. 

»  Dans  la  réunion  par  seconde  intention,  qui  arrive  ordinairement,  lors- 
que la  coaptation  n'a  pas  été  parfaite,  la  soudure  a  lieu  au  moyen  d  une 
substance  fibro-cellulaire  qui  s'ossifie,  et  si  la  fracture  communique  avec 
l'air  extérieur,  il  se  développe  des  bourgeons  charnus. 

»  L'opinion  de  Léveillé,  de  Boyer,  diffère  à  peine  de  cette  manière  de 
voir. 

»  Des  recherches  ont  été  faites  par  MM.  Breschet  et  Villermé  sur  les  phé- 
nomènes qui  se  passent  pendant  la  consolidation  des  fractures  et  sur  la  for- 
mation du  cal;  j'indiquerai  rapidement  le  résultat  de  leurs  travaux.  Dans 
les  fractures  simples,  bien  réduites,  ils  distinguent  cinq  périodes. 

»  Première  période  (du  moment  de  l'accident  au  huitième,  au  onzième^ 


(  883  ) 
au  seizième  jour),  épanchement  du  sang  et  sa  coagulation  ;  inflammation  des 
parties  environnantes,  leur  tuméfaction,  oblitération  complète  ou  incom- 
plète du  canal  médullaire,  résorption  du  caillot. 

>)  Deuxième  période  (du  seizième  au  vingt-cinquième  jour),  fumeur  du 
cal  distincte  des  organes  environnants;  oblitération  du  canal  médullaire  au 
niveau  de  la  fracture,  et  par  la  membrane  médullaire  gonflée. 

»  Troisième  période  (du  vingtième  au  vingt-cinquième  jour,  au  tren- 
tième, au  soixantième,  suivant  l'état  de  santé  et  l'âge  du  malade),  cartilagi- 
nification  de  la  tiuneur  ducal  ;  ossification  succédant  promptement  à  l'état 
précédent  :  le  cal  est  alors  formé  par  deux  viroles,  l'une  externe  et  l'autre 
interne. 

»  Quatrième  période  (du  soixantième  jour  au  cinquième  ou  sixième 
mois),  transformation  du  tissu  du  cal  ossifié  qui  passe  de  l'état  de  tissu 
spongieux  à  celui  de  tissu  compacte,  formation  du  cal  définitif. 

1)  Cinquième  période  (du  sixième  au  douzième  mois),  disparition  de  la 
tumeur  du  cal  et  rétablissement  de  la  cavité  médullaire,  retour  du  périoste 
à  son  état  naturel,  reproduction  de  la  membrane  médullaire  et  de  la 
moelle. 

»  Dans  les  fractures  mal  réduites,  lorsque  les  fragments  ne  se  correspon- 
dent que  par  un  point,  il  devient  le  siège  de  la  soudure.  Lorsqu'il  y  a  che- 
vauchement et  que  les  surfaces  de  la  fracture  ne  se  correspondent  plus,  le 
périoste,  les  muscles  voisins  s'ossifient  pour  rétablir  la  continuité  au  moyen 
de  jetées  osseuses  qui  deviennent  de  plus  en  plus  solides  et  forment  le  cal 

définitif. 

»  Dans  les  fractures  compliquées  de  plaie  avec  suppuration,  le  tissu  des 
fraf^ments  se  ramollit  et  se  recouvre  de  bourgeons  charnus,  celluleux  et 
vasculaires  qui  se  réunissent  entre  eux  comme  dans  les  plaies  des  parties 
molles.  Le  cal  est  constitué  par  la  cicatrice  qui  s'ossifie  quand  la  suppura- 
tion est  tarie. 

Septième  théorie. 

))  Pour  les  auteurs  les  plus  modernes,  le  développement  du  cal  se 
ferait  comme  celui  des  autres  cicatrices.  Après  la  résorption  du  sang,  la 
lymphe  plastique  épanchée  serait  bientôt  envahie  par  un  grand  nombre 
de  cellules  qui,  suivant  les  uns,  s'y  développeraient  de  toutes  pièces,  suivant 
d'autres  seraient  le  résultat  de  la  multiplication  des  cellules  dites  plasma- 
tiques,  appartenant  aux  tissus  voisins.  Ces  cellules  seraient,  dans  tous  les 
cas,  séparées  par  un  tissu  soit  amorphe,  cartilagineux  et  bientôt  osseux.  A 
pe  de"ré,  elles  revêtent  tous  les  caractères  des  cellules  osseuses.  Si  nous 

1 18.. 


(  884  ) 
nous  en  tenons  à  ce  que  l'on  peut  constater  à  l'œil  nu,  nous  voyons  que, 
pour  ces  auteurs,  il  succéderait  à  l'épanchement  de  lymphe  i)lastique  l'ap- 
parition d'un  lissu  cellulaire  dense  et  fibreux,  lequel  peut  se  transfoimer 
directement  en  tissus  osseux  sans  passer  par  l'état  cartilagineux. 

))  Pour  M.  Virchow,  lorsqu'on  observerait  l'intermédiaire  de  ce  dernier 
état,  le  cartilage  serait  envahi  par  la  matière  terreuse  de  la  circonférence  au 
centre. 

M  Poiu"  lui,  la  consolidation  osseuse  peut  se  faire  aussi  bien  par  le  déve- 
loppement du  tissu  médullaire  de  l'os  que  par  celui  des  tissus  voisins. 

»  En  i855,  M.  M. -G.  Frémi  a  publié  des  recherches  chimiques  intéres- 
santes sur  les  os. 

»  Il  résulte  de  ses  analyses  que  la  substance  organique  à  laquelle 
MM.  Robin  et  Verdeil  ont  donné  le  nom  (Vosséine  est  isomérique  avec  la 
gélatine.  Notre  honorable  confrère  a  retrouvé  cette  matière  organique  dans 
le  cal,  ce  qui  prouve  que  les  os  et  la  cicatrice  osseuse  sont  de  même  nature. 

))  Les  nombreuses  et  ingénieuses  théories  qui  viennent  d'être  exposées 
prouvent  combien  la  doctrine  est  difficile  et  souvent  insuffisante.  Aussi 
est-il  vrai  de  dire  que  la  théorie  du  cal  est  encore  une  des  parties  mysté- 
rieuses de  la  science. 

»  Lorsqu'on  veut  découvrir  le  mécanisme  à  l'aide  duquel  la  nature  répare 
ou  refait  un  organe,  ce  n'est  pas  chose  facile,  et  voilà  pourquoi  il  convient  de 
rassembler  une  masse  de  faits  suffisante  pour  pouvoir  formuler  une  théorie. 

)>  En  effet,  on  ne  peut  établir  de  principes  qu'autant  que  tous  les  faits  se 
correspondent  et  se  coordonnent. 

))  La  régénération  des  os  est  un  acte  trop  complexe  pour  qu'on  puisse  le 
saisir  d'ini  seul  coup  d'œil,  attendu  les  formes  varices  sous  lesquelles  il 
peut  se  produire. 

B  Je  ne  parlerai  du  cal  humain  qu'après  avoir  fait  connaître  mes  expé- 
riences sur  les  animaux,  dont  la  cicatrice  osseuse  sera  désignée  sous  le 
nom  de  cal  comparé  ou  expérimental,  par  opposition  au  cal  de  l'homme  ou 
d'obseivation . 

»  Avant  d'entrer  dans  l'exposé  des  recherches  qui  nie  sont  personnelles, 
je  dois  dire  que,  parmi  les  faits  que  j'avance,  les  uns  ont  été  ob.servés  sur 
l'homme,  les  autres  sur  les  animaux. 

»  Sur  l'homme,  j'ai  étudié  la  succession  des  phénomènes  auxquels  don- 
nait lieu  la  présence  d'une  fracture,  et,  toutes  les  fois  que  les  blessés  ont 
succombé  à  la  gravité  ou  à  la  midtiplicité  des  lésions,  j'ai  examiné  dans  tous 
leurs  détails  les  résultats  du  travail  réparateur  dont  les  os  brisés  avaient  été 


{  885  ) 
le  siège.  Mais  si  l'on  songe  que  le  hasard  seul  offre  les  observations  qu'il 
nous  est  donné  de  faire  sur  Thonime,  que  l'expérience  est  moralement 
interdite  et  qu'on  ne  peut  rien  tenter  sur  son  semblable,  on  comprendra 
qu'il  est  nécessaire,  indispensable  que  l'opérateur  se  livre  aux  vivisections 
pour  découvrir  la  marche  que  suit  la  nature  pour  arriver  à  un  résultat. 

»  Il  n'y  a  pas  de  meilleur  moyen  de  préciser  les  fonctions  d'un  organe 
que  de  le  mettre  à  découvert  avec  le  scalpel,  et  c'est  en  pratiquant  sur  lui 
une  opération  que  l'on  peut  savoir  que!  en  sera  l'effet. 

1)  Une  opération  préconçue  faite  sur  l'homme,  sans  expérimentation 
préalable,  serait  exécutée  avec  hésitation,  timidité  et  incertitude,  l'opérateur 
n'ayant  aucune  idée  arrêtée  et  manquant  d'une  conviction  profonde  qui  lui 
donne  la  fermeté  nécessaire  pour  accomplir  lui  devoir  pénible  et  dou- 
loureux. 

»  L'existence  des  animaux  ne  peut  être  employée  d'une  manière  plus 
utile,  et  il  serait  déraisonnable  d'épargner  leur  vie  lorsqu'il  s'agit  de  la  con- 
servation de  l'homme. 

»  Les  progrés  immenses  que  la  physiologie  a  faits  dans  ces  derniers 
temps  sont  dus  aux  expériences  sur  les  animaux  vivants.  On  sait  qu'en  chi- 
rurgie beaucoup  d'opérations  hardies,  remarquables  et  d'une  utilité  incon- 
testable ont  eu  pour  démonstration  des  vivisections. 

»  L'importance  de  l'expérimentation  est  depuis  longtemps  prouvée  par 
les  travaux  des  Malpighi,  des  Duhamel,  des  Haller,  des  Detkff,  des  Grew, 
des  Leuwenhoeck,  des  Duverney,  des  Perant,  etc. 

»  L'Académie  des  Sciences  a  souvent  entendu  exposer  dans  cette  enceinte 
le  résultat  d'expériences  faites  par  beaucoup  de  ses  Membres,  sans  tenir 
compte  des  préjugés  qui  malheureusement  se  sont  réveillés  dans  ces  der- 
niers temps,  sous  l'influence  de  sociétés  pliilanthropiques  qui  ont  confondu 
les  sacrifices  nécessaires  pour  la  conservation  de  l'homme  avec  les  tortures 
inutiles  que  l'on  fait  subir  aux  animaux  pour  l'amusement  et  la  distraction 
des  spectateurs.  » 

CHIMIE.  —  Sur  l'apparition  du  gaz  oxyde  de  carbone  pendant  l'absorption  de 
l'oxygène  par  certaines  substances  vé(/étales;  par  M.  Boussixgai'lt. 

«  Une  communication  faite,  dans  la  dernière  séance,  i>ar  M.  Calvert,  me 
détermine  à  faire  connaître  diverses  observations  que  j'avuis  réservées  pour 
la  seconde  partie  de  mon  Mémoire  intitulé  :  Expériences  entreprises  pour 
rechercher  s'il  y  a  émission  d'azote  pendant  la  décomposition  de  l'acide  car- 
bonique par  lesjeuilles  submergées. 


(  886 

»  J'ai  constaté,  il  y  a  plus  d'une  année,  le  fait  annoncé  par  M.  Calvert,  à 
savoir  :  que  pendant  l'absorption  du  gaz  oxygène  par  le  pyrogallate  de 
potasse,  il  y  a  production  d'une  petite  quantité  d'oxyde  de  carbone.  J'ai 
consigné  cette  observation  dans  un  pli  cacheté  déposé  sur  le  bureau  dans 
la  séance  du  i"  septembre  1862. 

)j  En  demandant  à  M.  le  Président  de  vouloir  bien  ouvrir  ce  dépôt,  je 
n'ai  pas  d'autre  intention  que  celle  de  montrer  à  l'Académie  l'attention 
soutenue  que  j'apporte  dans  les  recherches  délicates  où  je  me  trouve 
engagé. 

»  Le  fait  que  je  rappelle  a  été  le  point  de  départ  d'expériences  qui  seront 
insérées  dans  mon  Mémoire.  Je  me  bornerai  à  présenter  ici  quelques  ré- 
sultats. 

Absorption  du  gaz  oxygène  par  le  pyrogallate  de  potasse. 

»  I.  Gaz  oxycjùne,  Si'^'ja.  — On  introduit  5  centimètres  cubes  d'une  solu- 
tion contenant  2  grammes  de  potasse;  on  fait  ensuite  passer  sous  la  cloche 
une  forte  balle  de  papier  imbibé  d'une  solution  renfermant  o'-'^S  d'acide 
pyrogalliqiie  ;  l'absorption  a  été  terminée  en  vingt  minutes. 

On  a  obtenu  pour  résidu 2^,77  d'oxyde  de  carl)one. 

Pour  100  reiitimètres  d'oxygène  absorbé..  .      3"^,4i   de  gaz  combustible  (i). 

M  II.  Dans  un  eudiomètre  contenant  100  centimètres  cubes  d'oxygène 
pur,  j'ai  fait  passer  une  balle  de  papier  imbibé  d'une  solution  formée  de 
5  centimètres  cubes  d'eau  dans  laquelle  on  avait  mis  o^',']S  de  potasse  et 
1  grammes  d'acide  pyrogalliqiie.  La  balle,  fortement  comprimée  dans  un 
moule,  était  fixée  à  l'extrémité  d'un  fil  de  platine.  J'avais  adopté  cette  dis- 
position dans  l'intention  de  faire  absorber  environ  les  ^  de  l'oxygène  par 
le  pyrogallate  que  l'on  aurait  facilement  renouvelé,  pour,  ensuite,  intro- 
duire du  gaz  de  la  pile  afin  de  doser  le  gas  combustible  dans  l'eudiométre 
où  aurait  eu  lieu  l'absorption;  mais  cela  fut  impossible.  A  peine  la  balle 
fut-elle  parvenue  dans  le  gaz  oxygène  qu'elle  s'échauffa  à  ce  point,  que  je 
crus  qu'elle  allait  s'enflammer;  les  parois  de  l'eudiométre  voisines  du  pyro- 
gallate acquirent  une  température  d'à  peu  près  70  degrés,  et  il  s'éleva  une 
vapeur  qui,  en  se  condensant,  forma  sur  le  mercure  une  couche  de  liquide 
de  2  millimètres  d'épaisseur.  Ce  liquide,  dont  on  ne  connaissait  pas  la  ten- 
sion, aurait  rendu  impossible  la  mesiu'e  des  gaz.  Je  dus  prendre  de  nou- 
velles dispositions. 

(i)  Les  volumes  de  gaz  mentionnés  dans  cette  Note  sont  donnés  après  réduction  à  la  tem- 
pérature de  0  degré  et  à  la  pression  de  o™,76. 


(  887  > 
»  III.  Dans  une  cloche  graduée,  renfermant  90""', 6  de  gaz  oxygène  pur, 
on  fit  passer  une  balle  de  pyrogallate.  Il  y  eut  production  de  chaleur, 
mais  pas  à  beaucoup  près  aussi  forte  que  celle  que  l'on  avait  remarquée 
lorsque  la  balle  était  fixée  à  l'extrémité  du  fil  de  platine,  le  contact  du  mer- 
cure étant  une  cause  de  refroidissement.  L'absorption,  d'abord  très-rapide, 
s'arrêta  bientôt;  pour  la  ranimer  on  fit  passer  successivement  sous  la  cloche 
quatre  balles  de  pyrogallate  qui  ne  suffirent  pas,  même  après  un  séjour  de 
vingt-quatre  heures,  pour  absorber  tout  l'oxygène.  L'absorption  eut  lieu 
immédiatement  lorsqu'on  eut  introduit  ao  centimètres  cubes  d'eau  dans 
lesquels  il  y  avait  oK'',3o  de  potasse  et  o^^ôô  d'acide  pyrogallique.  On  ra- 
massa le  résidu  gazeux  en  ajoutant  g'"',S  d'azote.  C'est  dans  ce  mélange  que 
l'on  dosa  l'oxyde  de  carbone;  on  trouva  qu'il  en  renfermait  0*^*^,93  déve- 
loppés pendant  l'absorption  de  90^,6  d'oxygène. 

Pour  100  centimètres  cubes  d'oxygène  absorbé.  .  .      i'''^,02  de  gaz  combustible. 

»   IV.    Gaz  oxygène,  107^^", i.  —  On  a  introduit  : 

2  centimètres  cubes  de  solution  alcaline  renfermant.  .      o^'',3o  de  potasse, 
2  centimètres  cubes  d'acide  pyrogallique  renfermant. .      o^',66  d'acide. 

»  L'absorption  de  l'oxygène  n'ayant  pas  été  complète,  vingt-quatre  heures 
après  on  a  fait  passer  sous  la  cloche  les  mêmes  doses  de  potasse  et  d'acide 
pyrogallique.  L'absorption  terminée,  on  a  eu  ini  résidu  de  o'^'^,43  d'oxvde 
de  carbone. 

Pour  100  centimètres  cubes  d'oxygène  absorbé.  .  .      o",4o  de  gaz  combustible. 

»  V.  Gaz  oxygène,  io5'^'',4.  —  On  a  introduit  les  mêmes  volumes  de  dis- 
solution de  potasse  et  d'acide  pyrogallique  que  dans  l'expérience  précédente, 
mais  en  une  seule  fois. 

On  a  obtenu  pour  résidu o'^'^,63  d'oxyde  de  carbone. 

Pour  100  centimètres  cubes  d'oxygène  absorbé.  .  .     o''"^,6o  de  gaz  combustible. 

»  VI .  Mélange  formé  de  : 

ce 

Oxygène 4^  >  7 

Azote 4^  >  7 

884 
Introduit  sous  la  cloche  : 

2  centimètres  cubes  d'une  solution  contenant     o^',3o  de  potasse, 

2  centimètres  cubes  d'une  solution  contenant     oS'',66  d'acide  pyrogallique. 

Après  l'action  du  pyrogallate,  on  a  mesuré  :  azote  45°"^, 75,  dans  lesquels 


•  888  ) 
l'analyse  eudiométriqiie  a  indiqué  o'^'^,i'-  d'oxyde  de  cai'l)oiie  apparu  pen- 
dant l'absorption  des  42*^*^,7  de  gaz  oxygène. 

Pour   100  cenlimètres   cubes  d'oxygène  absorbé.  .  .      "",4  de  gaz  combustible. 

»  La  quantité  du  gaz  combustible  dégagé  pendant  l'absorption  de  rox\- 
gene  par  le  pyrogallale  paraît  dépendre  de  l'intensité  de  la  réaction. 
Elle  est  plus  forte  dans  l'oxygène  pur  que  dans  un  mélange  d'oxygène  et 
(l'azote;  et  si  le  gaz  inerte  domine,  cette  quantité  devient  assez  faible  pour 
(ju  il  soit  nécessaire  d'avoir  recours  aux  moyens  les  plus  précis  de  l'analyse 
eutliométrique  pour  la  mettre  en  évidence.  Toutefois  il  est  vraisemblable 
que  l'émission  a  toujours  lieu,  pour  minime  qu'elle  soit,  et  c'est  probable- 
ment cette  circonstance  qui  fait  qu'en  analysant  l'air  atmosphérique  par  le 
pyrogallate,  on  trouve  généralement  un  peu  moins  d'oxygène  que  n'en 
donne  une  analyse  d'air  pris  à  la  même  source,  exécutée  par  la  combustion 
de  l'hydrogène.  Ainsi,  comme  j'ai  en  l'occasion  de  le  reconnaître,  si  par  la 
combustion  on  trouve,  dans  100  parties  d'air,  20,9  d'oxygène,  le  procédé 
parle  pyrogallate  n'en  donnera  que  20,8,  20,7  et  même  20, 5,  et  par  cela 
même  la  proportion  d'azote  se  trouve  sensiblement  augmentée.  Je  crois 
voir  une  preuve  de  ce  que  j'avance  dans  deux  analyses  faites  comparati- 
vement par  M.  Bunsen  : 

Dans  ICO  parties  d'air. 
Par  h'  pytogallaïc.       Par  la  comhusUon. 

Azote 79» '4  79'04 

Oxygène 20,86  20,96 

100,00  100,00 

»  La  différence  pour  l'oxygène  est  o,  1  en  moins  dans  l'analyse  par  le 
pyrogallate.  Si  on  l'attribue  à  l'apparition  d'une  très-minime  proportion 
d'oxyde  de  carbone,  qui  aurait  eu  lieu  durant  l'absorption  de  20,96  d'oxy- 
gène, on  aurait  une  émission  de  0,48  de  gaz  combustible  pour  une  absorp- 
tion de  100  d'oxygène.  Or  je  viens  de  montrer  un  dégagement  de 
0,38  d'oxyde  de  carbone  pour  une  absorption  de  100  d'oxygène  par  le 
pyrogallale,  lorsque  cet  oxygène  était  mêlé  à  une  forte  proportion  d'azote. 

»  On  a  attribué  le  manquement  en  oxygène  à  la  difficulté  d'enlever  par 
le  pyrogallate  les  dernières  parties  de  ce  gaz,  en  se  fondant  sur  ce  qu'en 
renouvelant  dans  l'endioinètre  la  balle  de  j)yrogallate,  en  en  prolongeant 
le  contact,  on  voit  diminuer  l'azote,  en  un  mot  on  voit  le  lapport  entre 
les  deux  gaz  se  rapprocher  davantage  de  celui  fourni  par  l'analyse  de  l'air 


(  889) 
faite  au  moyen  de  la  combustion.  Je  suis  fort  disposé  à  croire  que  l'effet 
produit  ne  dépend  pas  de  l'acide  pyrogallique  absorbant  les  dernières 
traces  d'oxygène,  mais  bien  de  la  potasse  absorbant  très-lentement  de 
l'oxyde  de  carbone,  comme  l'a  fait  voir  M.  Bertlielot  (i),  et  comme  j'ai 
pu  le  vérifier  tout  récemment. 

»  Ce  qui  précède  ne  diminue  en  rien  la  valeur  du  procédé  recommandé 
par  M.  Liebig  pour  doser  rapidement,  à  quelques  millièmes  près,  l'oxygène 
de  l'air  atmosphérique. 

»  Dès  que  j'eus  constaté  l'émission  d'une  ftiible  quantité  d'oxyde  de  car- 
bone pendant  l'absorption  de  l'oxygène  par  le  pyrogaliate,  j'ai  cessé  de 
faire  usage  de  ce  réactif.  Pour  rechercher  des  traces  de  gaz  combustible 
dans  l'oxygène  obtenu  de  la  décomposition  de  l'acide  carbonique  par  les 
feuilles  exposées  à  la  lumière,  on  soumettait  35  à  4o  centimètres  cubes  de 
gaza  l'épreuve  de  la  combustion,  en  faisant  intervenir,  soit  l'hydrogène,  soit 
le  gaz  de  la  pile,  en  opérant  dans  des  eudiomètres  d'une  grande  capacité. 

»  L'acide  pyrogallique  n'est  pas  la  seule  matière  organique  qui,  en  fixant 
loxvgène  à  la  température  ordinaire,  émette  de  l'oxyde  de  carbone. 

»  Jcide  gallique.  —  L'action  de  l'oxygène  sur  cet  acide,  en  présence  des 
alcalis,  a  été  étudiée  par  M.  Chevreul,  qui  s'exprime  ainsi  dans  ses  Leçons 
de  chimie  appliquée  à  la  teinture  (2)  : 

a  'Cet  acide  éprouve  les  altérations  les  plus  remarquables  lorsqu'il  est  à 
»  la  fois  en  contact  avec  l'eau,  un  alcali  puissant  et  le  gaz  oxygène.  Pour 
»  s'en  convaincre,  il  suffit  de  fiiire  arriver  du  gaz  oxygène  dans  des  cloches 
»  de  verre  placées  sur  le  mercure,  et  qui  contiennent  des  gallates  alcalins 
»  préparés  sans  le  contact  de  l'air.  Voici  le  résultat  de  plusieurs  expériences 
»   que  j'ai  faites  avec  quelque  soin  en  1820  : 

1)  I  centimètre  cube  d'eau  contenant  o^',  1  d'acide  gallique  et  0^%  i  d'hy- 
»  drate  de  potasse  absorbèrent  assez  rapidement  19  centimètres  cubes  de 
»  gaz  oxygène  et  prirent  en  même  temps  une  couleur  verte.  Ayant  ajouté 
B  qS"',  2  d'hydrate  de  potasse,  la  liqueur  passa  au  rouge  et  finit  par  absorber 
»  une  quantité  d'oxygène  qui  s'éleva  à  58  centimètres  cubes.  » 
»  M.  Chevreul,  dans  ses  conclusions,  dit  : 

«  Dans  cette  absorption,  il  se  produit  une  quantité  d'acide  carbonique 
»   qui  est  loin  de  représenter  tout  l'oxygène  absorbé.  >> 


(i)  Berthelot,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3'  série,  t.  XLVI,  p.  4^0. 
(2]  Vingtième  leçon,  t.  Il,  p.  48. 

C.  R.,  i863,  2"'«  Semestre.  (T.  LVII,  N»  22."  *  ^9 


(  sgo) 

»  J'ai  repris  en  1862  l'expérience  de  M.  Chevreiil. 

»  Dans  6  centimètres  cubes  d'eau  on  a  dissous  o^^g  de  potasse  et 
2  grammes  d'acide  gallique.  La  moitié  de  cette  dissolution  a  été  introduite 
sous  une  clociie  graduée  renfermant  io3  centimètres  cubes  d'oxygène  pur. 
On  a  agité  :  la  solution  s'est  colorée  en  vert  foncé  ;  il  y  eut  25  centimètres 
cubes  d'oxygène  absorbé.  Quatorze  heures  après,  le  volume  du  gaz  n'avait 
pas  diminué.  J'ai  fait  alors  passer  sous  la  cloche  5  centimètres  cubes  d'une 
solution  alcaline  contenant  o^"',  80  de  potasse;  aussitôt  le  liquide  prit  une 
teinte  rouge-bruu,  et  l'absorption  de  l'oxygène  fut  extrêmement  rapide. 
C'est  là,  on  le  voit,  l'expérience  de  M.  Chevreul. 

»  Cependant,  bien  que  l'absorption  ait  été  presque  instantanée,  elle  ne 
fut  pas  complète  :  il  resta  un  résidu  gazeux  de  i'^'',42. 

»  Comme  l'oxygène  employé  était  pur,  je  ne  compris  pas  d'abord  pour- 
quoi le  gallate  alcalin,  qui  eu  avait  absorbé  si  vite  ioi'^'^,6,  n'avait  pu 
en  absorber  io3  centimètres  cubes.  En  voici  la  raisou  :  le  gaz  résidu  n'était 
pas  de  l'oxygène,  mais  bien,  comme  l'indiqua  l'analyse  eudiométrique,  du 
gaz  oxyde  de  carbone. 

»  Ainsi,  pendant  l'absorption  par  le  gallate  alcalin  de  io3  centimètres 
cubes  d'oxygène,  il  y  a  eu  émission  de  i",/i2  d'oxyde  de  carbone. 

Pour   100  centimètres  cubes  d'oxygène  absorbé.  .  .      i'''^,38  de  gaz  combustible. 

»  Tannin.  —  Dans  une  cloche  renfermant  194''°, f)3  d'oxygène,  on  a  fait 
passer  6  centimètres  cubes  d'une  solution  aqueuse,  dans  laquelle  il  y  avait 
2  grammes  de  tannin  obtenu  par  le  procédé  de  M.  Pelouze  et  10  centi- 
mètres cubes  d'une  solution  alcaline  contenant  i^%5  dépotasse.  L'absorp- 
tion a  eu  lieu  en  très-peu  de  temps  ;  le  liquide  prit  une  teinte  rouge.  Il  est 
resté  un  résidu  gazeux  de  6*^*^,27,  que  l'analyse  a  démontré  être  du  gaz  oxyde 
de  carbone  émis  pendant  l'absorption  des  194'^'^, 93  d'oxygène. 

Pour  100  centimètres  cubes  d'oxvgène  absorbé.  .  .      3'^'^,2i  de  gaz  combustible. 

"  Dans  une  seconde  expérience,  faite  avec  du  tannin  d'une  autre  prove- 
nance, j'ai  eu,  pour  une  absorption  de  87*"^, 2  d'oxygène,  une  émission 
de  2",  54  d'oxyde  de  carbone. 

Pour  100  centimètres  cubes  d'oxygène  absorbé.  .  .      2",gi   de  gaz  combustible. 

»  Je  me  borne  à  rai^portcr  ces  deux  observations  ;  mais  j'ajouterai  que 
toutes  celles  que  j'ai  faites  établissent  que  pendant  l'oxydation  du  tannin 
à  la   températine   ordinaire,    il  y    a   production  d'une  certaine  quantité 


(Sgi  ) 
d'oxyde  de  carbone.  Ce  résultat  a  bien  son  importance,  puisque  le  t-inniii 
est  partout  dans  l'organisme  des  végétaux.  » 


A  la  suite  de  cette  communication  le  pli  cacheté  déposé  par  M.  Bous- 
singault  le  i •"■  septembre  1862  est,  sur  sa  demande,  ouvert  par  M.  le  Prési- 
dent et  lecture  est  donnée  du  contenu  qui  est  conçu  dans  les  termes  sui- 
vants : 

Note  déposée  à  l'Académie  le  i"  septembre  1862,  par  M.  Bocssingault. 

«  L'acide  pyrogallique  sursaturé  de  potasse,  constituant  un  pyrogallate 
très-alcalin,  a  été  proposé  par  M.  Liebig  comme  un  réactif  absorbant  aussi 
efficace  et  d'un  emploi  plus  facile  que  le  phosphore,  dans  le  cas  où  l'oxy- 
gène se  trouve  en  présence  de  gaz  combustible,  du  gaz  oxyde  de  carbone 
par  exemple,  dont  on  peut,  après  l'absorption  de  l'oxygène,  déterminer  la 
proporlion  par  une  combustion  dans  l'eudiomètre,  ou  par  l'action  absor- 
bante du  protochlorure  de  cuivre.  Or,  je  viens  de  constater  que  pendant 
l'absorption  du  gaz  oxygène  il  y  a  production  de  gaz  oxyde  de  carbone. 

»  J'ai  commencé  l'étude  de  la  réaction  de  l'oxygène  sur  l'acide  pyrogal- 
lique, en  présence  de  la  potasse,  et  c'est  pour  me  réserver  le  droit  de 
continuer  mes  recherches,  dans  le  cas  où  quelqu'im  traiterait  le  même 
sujet,  que  je  dépose  cette  Note,  en  y  insérant  les  résultats  d'une  expé- 
rience exécutée  le  iS  août  dernier.  Dans  un  flacon,  posé  sur  la  cuve  à 
mercure,  contenant  du  gaz  oxygène  extrait  du  chlorate  de  potasse  et  dans 
lequel  il  y  avait  un  peu  d'air  atmosphérique,  on  a  fait  passer  aS  centimètres 
cubes  d'eau  distillée,  puis  on  a  introduit  un  fragment  de  potasse  à  la  chaux. 
Après  la  dissolution  de  la  potasse,  on  a  fait  passer  dans  l'eau,  sur  le  mer- 
cure, une  forte  balle  de  papier  buvard  qu'on  avait  malaxée  dans  une  solu- 
tion très-concentrée  d'acide  pyrogallique  à  laquelle,  pour  donner  plus 
d'énergie,  on  avait  encore  ajouté  des  cristaux  aciculaires  du  même  acide. 

«  Le  gaz  sur  lequel  on  agissait,  ramené  à  o  degré  et  pression  0^,76,  occu- 
pait un  volume  de  i5o  centimètres  cubes. 

»  La  réaction  se  manifesta  aussitôt  après  l'introduction  de  l'acide  pyro- 
gallique; la  dissolution  prit  une  couleur  brune  très-foncée;  le  mercure  de 
la  cuve  s'élevait  dans  le  flacon  à  mesure  que  l'oxygène  disparaissait;  on 
agitait  le  mélange  pour  en  favoriser  l'action.  L'absorption  terminée,  on 
laissa  en  contact  pendant  cinq  heures  pour  enlever  les  dernières  traces 
d'oxygène. 

119.. 


(  892  ) 
»  Le  gaz  non  absorbé,  passé  sur  la  cuve  à  eau,  débarrassé  de  la  disso- 
lution de  pyrogallate  alcalin,  a  été  mesuré.  Il  en  restait 

i8",5,  à  la  température  de  i7",8,  la  pression  étant  o^j^aôi. 
Soit  16''', 55  à  o  degré  et  pression  o'",76. 

»   C'est  ce  gaz,  non  absorbable  par  le  pyrogallalo,  que  l'on  a  analysé  par 
le  protochlorure  de  cuivre  dissous  dans  l'acide  chlorhydrique. 
»   On  a  opéré  sur 

Gaz 168',  I,  à  la  température  de  17°, 8,  et  pression  o'",7436. 

Soit i3i  ,54  à  o  degré  et  pression  o'",76. 

»   Après  l'absorption  par  le  protochlorure  de  cuivre,  on  a  eu  : 

Gaz 86, 1,  à  la  température  de  17°, 8  et  pression  o"',7436. 

Soit 77  ,23  à  o  degré  et  pression  o"',76. 

Gaz  absorbé  par  le  réactif     54 , 3 1 

Pour  100  de  gaz,  4 1  ,2  de  gaz  absorbable  par  le  protochlorure. 
Dans  les   i6'^'^,55  de  gaz  que  le  pyrogallate  n'avait  pas  absorbés, 
6,82  de  gaz  absorbé  par  le  protochlorure. 

Azote. .  .      9,73 

»  Dans  les  i5o  centimètres  cubes  de  gaz  traités  par  le  pyrogallate  alca- 
lin, il  se  serait  donc  développé  6", 8  de  gaz  oxyde  de  carbone. 

»  Il  restait  à  s'assurer  que  dans  le  gaz  oxygène  soumis  au  traitement  par  le 
pyrogallate,  il  n'y  avait  plus  de  gaz  oxyde  de  carbone  qui  y  aurait  pu  être 
amené  par  une  cause  accidentelle.  Dans  ce  but  on  a  analysé  le  gaz  dans 
l'eudiomètre. 

Volume  à   o  degré 
Volume.        Température.       Pression.  el  pression  o'OjjS 

Gaz 35n,3  i8°,2  o"',3973  175,10 

Après    l'introduction     de     4^ 

pour  100  de  gaz  de  la  pile 

etdétonation 358,7  '^"''^  o"'>3948  •74!7o 

Gaz  disparu o,4o 

Pour  1 00  de  gaz o ,  23 

C'est-à-dire  qu'on  est  retombé,  après  la  combustion  du  gaz  de  la  pile,  sur 
le  même  volume  de  gaz  que  l'on  avait  introduit  dans  l'eudiomètre.  Il  n'y 
avait  donc  pas  de  gaz  combustible.  En  effet,  si  le  gaz  oxygène  traité  dans 
l'eudiomètre  eût  contenu  la  proportion  d'oxyde  de  carbone  dosé  par  le 
protoclilorure  de  cuivre,  après  l'absorption  effectuée  par  le  pyrogallate, 
soit  4,55  pour  100,  les  lyS  volumes  misa  détoner  avec  78  volumes  de  gaz 


(893) 
de  la  pile  auraient  éprouvé  une  diminution  de  4  volumes,  puisqu'ils  au- 
raient contenu  8  volumes  d'oxyde  de  carbone. 

»  Il  y  aurait  donc  eu,  dans  cette  expérience,  apparition  de  gaz  oxyde  de 
carbone  pendant  l'absorption  de  l'oxygène  par  le  pyrogallate  alcalin. 

»  Je  continue  ces  recherches,  qui  intéressent  au  plus  haut  degré  l'eu- 
diométrie,  puisque  le  pyrogallate  est  aujourd'hui  un  réactif  absorbant  gé- 
néralement usité,  suivant  les  conseils  des  chimistes  les  plus  éminenls.  » 

Remarques  de  M.   Chevreul  à  [occasion  de  la  communication 
de  M.  Boussingault. 

«  Je  demande  la  permission  de  faire  quelques  remarques  à  l'occasion  de 
l'importante  communication  de  mon  confrère  M.  Boussingault.  J'ai  parlé 
dès  i8i4  de  l'action  remarquable  de  l'acide  gallique  d'absorber  l'oxygène 
lorsqu'il  est  en  présence  d'un  alcali  en  excès,  et  ce  qui  m'a  frappé  dans  mes 
expériences,  c'est  que  l'absorption  d'un  minimum  d'oxygène  donne  lieu  à 
ime  couleur  bleue  ou  verte,  et  celle  d'un  maximum  d'oxygène  à  une  cou- 
leur rouge  qui  finit  par  passer  au  roux,  et  que  le  premier  phénomène  n'a 
lieu  qu'avec  un  minimum  d'alcali  excédant  la  neutralisation,  tandis  qu'au 
contraire  le  second  ne  s'observe  qu'avec  un  grand  excès  d'alcali. 

»  Tout  en  observant  que  l'acide  gallique  subhmé  que  l'on  considérait  alors 
comme  identique  à  l'acide  non  sublimé  absorbe  pareillement  le  gaz  oxy- 
gène en  se  colorant  lorsqu'il  est  en  présence  d'un  excès  d'alcali,  je  fis  la 
remarque  que  l'identité  des  deux  acides  n'existait  pas;  remarque  fondée, 
mais  la  distinction  des  deux  acides  ne  fut  admise  que  longtemps  après  mon 
observation. 

»  Mes  expériences  sur  l'influence  exercée  par  la  force  alcaline  sin-  la  com- 
bustibilité des  madères  organiques  s'étendirent  bientôt  à  l'hématine,  à  la 
brésiline,  à  la  carminé,  aux  principes  colorants  des  violettes,  de  la  filasse  de 
chanvre,  de  la  bile,  du  sang,  à  l'albumine,  à  l'huile  empyreumatiquc  prove- 
nant de  la  distillation  des  corps  gras,  etc.,  etc.  Je  constatai  encore  que  la 
potasse  concentrée  chauffée  avec  le  ligneux,  le  sucre  et  l'amidon  dans  le 
vide,  dégage  du  gaz  hydrogène  presque  pur,  puisque  pour  8o  volumes  ce 
gaz  ne  me  donna  par  la  combustion  que  3  volumes  de  gaz  carbonique,  et 
le  fait  le  plus  remarquable,  c'est  qu'il  n'y  a  pas  de  coloration;  mais  si 
après  la  distillation  le  résidu  de  la  cornue  a  le  contact  de  l'air,  l'oxygène 
est  absorbé,  la  matière  se  colore, -et  c'est  alors  que  la  production  de  la 
matière  que  M.  Braconnot  a  appelée  ulmine  se  manifeste  à  l'observateur 
par  une  couleur  brune. 


(  894) 

»  J'ai  insisté  sur  le  fait  que  les  liquides  animaux,  qui,  comme  le  sang,  sont 
en  présence  de  l'air,  sont  alcalins,  tandis  que  les  liquides  de  l'économie 
végétale  sont  généralement  acides. 

»  Je  n'ai  pas  cherché  à  approfondir  en  particulier  les  faits  que  j'ai  réunis 
en  généralités  au  point  de  vue  de  Vanalyse  organique  qu'on  nomme  immé- 
diate pour  la  distinguer  de  Vanalyse  organique  dite  élémentaire.  Évidemment, 
|)our  moi,  il  n'existe  d'analyse  organique  que  la  première,  l'analyse  élé- 
mentaire rentrant  dans  l'analyse  minérale. 

)i  Comme  je  l'ai  dit,  il  est  impossible  de  donner  une  formule  générale 
pour  l'analyse  immédiate,  puisqu'il  n'existe  pas  une  seule  matière  organi- 
que quoique  peu  complexe  dont  tous  les  principes  immédiats  soient  connus; 
c'est  cette  conviction  qui  m'a  déterminé  à  soiunettre  à  une  série  raisonnée 
d'opérations  analytiques  une  matière  excessivement  compliquée,  le  suint 
de  mouton,  afin  de  donner  un  exemple  détaillé  aux  jeunes  chimistes  qui  ne 
croiront  pas  déroger  en  se  livrant  à  une  branche  de  la  chimie  si  négligée 
aujourd'hui,  après  avoir  été  un  objet  de  travaux  incessants  pour  la  plupart 
des  élèves  de  Vauquelin.  Plusieursdes  Com/j^es/em/î/s  de  l'Académie  contien- 
nent des  Notes  extraites  de  ce  travail  qui  remontera  bientôt  à  quarante  ans. 

))  Quoiqu'il  y  ait  au  moins  quatre  corps  gras  fixes  nouveaux,  plusieurs 
corps  volatils  dont  les  uns  sont  acides,  les  autres  neutres,  qu'il  y  ait  des 
composés  azotosulfurés  doiiés  de  l'acidité,  et  qu'il  soit  curieux  au  point  de 
vue  physiologique  d'avoir  montré  que  le  mouton  sécrète  de  1  oxalate  de 
chaux  et  du  silicate  de  potasse,  qu'une  des  matières  azotosulfurées  est  sé- 
crétée aussi  par  l'homme,  j'avoue  cependant  que  c'est  surtout  l'espoir  d'être 
utile  à  la  chimie  pure  et  aux  sciences  physiologiques  qui  n'a  pas  cessé  de 
me  soutenir  dans  mes  recherches  si  longues,  si  difficiles  et  si  laborieuses 
d'analyse  immédiate  sur  le  suint,  entreprises  au  point  de  vue  le  plus  gé- 
nérai de  la  méthode.   « 

PHYSIQUE.  — Réponse  aux  critiques  de  M.  Ed.  Becquerel  5ur  tes  déterminations 
de  températures  élevées  de  MM,  H.  Sainte-Claire  Deville  et  L.  Troost. 
Note  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Nous  avons,  M.  Troost  et  moi,  démontré  par  des  expériences  précises 
que  le  platine  devient  perméable  à  l'hydrogène  à  une  température  élevée,  et 
nousen  avons  conclu  qu'un  vase  en  platine  étant  placé  au  milieu  de  charbons 
ardents  dans  une  atmosphère  qui  contient,  comme  on  le  sait,  une  notable 
quantité  d'hydrogène,  cet  hydrogène  pénètre  dans  l'intérieur  du  vase  de 
platnie,  s'y  brûle,  s'il  trouve  de  l'air,  et  forme  de  l'eau.  C'est  la  seule  expli- 


(  895  ) 
cation  admissible  de  cette  formation  de  vapeur  d'eau  que  M.  Ed.  Becquerel 
rencontrait  opiniâtrement  dans  son  pyromètre  en   platine  qu'il  avait  dû 
sécher  entièrement  en  se  conformant  en  cela  aux  prescriptions  ordinaires 
de  la  physique  expérimentale. 

»  A  cette  observation  mon  savant  confrère  répond  que  «  ses  expériences 
»  avaientété  faites  dans  des  conditions  telles,  qu'aucune  trace  de  gaz 
»  hydrogène  n'avait  pu  être  en  contact  avec  le  platine.  »  Cependant,  si  on 
consulte  le  Mémoire  de  M.  Ed.  Becquerel  [Annales  de  Physique  et  de  Chimie, 
t.  LXVIII,  p.  80,  3"  série),  on  trouve  que  «  le  réservoir  en  platine  a  été  intro- 
»  duitdans  le  tube  en  terre  AB  {PL  If^,fig-  0  ^^  5  centimètres  de  diamètre 
»  intérieur  qui  traversait  un  fourneau  MN.  Il  était  placé  au  milieu  du  tube 
»  de  terre....  »  Ce  tube  en  terre  était  d'ailleurs  fermé  à  ses  extrémités  par 
«  un  bouchon  en  terre  hité  à  l'entour  avec  de  l'argile.  »  Or,  ce  tube  on 
terre,  matière  éminemment  poreuse  et  endosniotique,  d'après  les  belles 
expériences  de  M.  Graham,  celles  de  M.  Jamin  et  les  miennes,  non-seule- 
ment laisse  passer  l'hydrogène,  mais  encore  le  concentre  autour  du  réservoir 
de  platine  qu'il  est  destiné  à  protéger.  Tout  était  donc  disposé  dans  l'expé- 
rience de  M.  Ed.  Becquerel  pour  que  cette  cause  d'erreur  eût  un  effet  aussi 
intense  que  possible.  L'expérience  suivante  complétera  cette  démonstration. 

»  M.  ïroost  et  moi  nous  avons  pris  un  de  ces  tubes  en  terre  dont  il  est 
question,  nous  y  avons  introduit  un  tube  de  platine  épais  et  sans  soudure 
qui  dépassait  le  tube  de  terre  des  deux  côtés,  et  nous  l'avons  fermé  avec  un 
bouchon  de  terre  lu  lé  avec  de  l'argile.  Ainsi  nous  avons  remplacé  le  pyromètre 
de  M.  Ed.  Becquerel  par  un  tube  de  platine  fermé  à  ses  deux  extrémités  par 
des  bouchons  en  caoutchouc  munis  de  tubes  en  verre.  Un  courant  d'air  sec 
traversait  avec  un  débit  de  i  à  2  litres  à  l'heure  le  tube  de  platine  qui  avait 
été  préalablement  séché  à  200  ou  3oo  degrés  dans  le  vide. 

)>  Ce  système  de  deux  tubes  concentriques  a  été  placé  dans  un  fourneau 
alimenté  par  du  charbon  de  cornues.  Au  moment  où  le  tube  de  platine  a  été 
rougi  par  le  feu,  des  vapeurs  d'eau  se  sont  montrées  dans  l'air  resté  sec 
jusque-là.  Nous  les  avons  recueillies  dans  un  tube  à  chlorure  de  calcium 
taré.  Nos  pesées  en  accusaient  déjà  35  milligrammes  dans  la  première 
heure  de  l'expérience.  L'hydrogène  exhalé  par  le  charbon,  s'introduisantau 
travers  du  tube  de  terre  dans  le  tube  de  platine  où  il  se  brûlait,  était  la  seule 
cause  du  phénomène.  Bientôt  cependant  le  charbon  violemment  chauffé 
perdait  son  hydrogène  et  ne  pouvait  plus  fournir  à  l'oxygène  de  l'air  (lui 
traversait  le  tube  de  platine  l'un  des  éléments  de  l'eau.  Aussi  la  production 


(  896  ) 

d'eau  cessait-elle  presque  entièrement.  Mais  il  suffisait  d'introduire  dans  le 
cendrier  du  fourneau  une  capsule  pleine  d'eau  pour  que  les  vapeurs  de 
cette  eau  décomposées  par  le  charbon  rendissent  à  l'atmosphère  du  four- 
neau l'hydrogène  qui  avait  disparu.  Dès  lors  l'eau  reparaissait  dans  le  tube 
dessiccateur  et  la  balance  en  accusait  autant  qu'au  commencement  de  l'ex- 
périence. 

»  Cette  observation  rend  compte  de  toutes  les  circonstances  bizarres 
qu'a  consignées  M.  Ed.  Becquerel  dans  son  Mémoire  et  qu'il  attribue  tantôt 
à  l'émission  d'une  innlière  gazeuse  par  \e  platine  (p.  85),  tantôt  à  une  absorp- 
tion de  l'oxygène  de  l'air  par  le  mercure  des  manomètres  (p.  89  et  90), 
hypothèses  également  inadmissibles. 

i>  M.  Ed.  Becquerel,  à  l'aide  de  nouvelles  expériences  dont  les  éléments 
principaux  n'ont  pas  été  publiés  et  qui  échappent  par  conséquent  à  toute 
discussion,  juge  en  sa  faveur  la  question  en  litige  entre  nous.  Cependant  il 
devrait  avant  tout  expliquer  une  différence  d'au  moins  48  degrés  qui  existe 
entre  ses  premières  déterminations  qu'il  ne  croit  entachées  d'aucune  cause 
d'erreur  et  les  nouvelles  qu'il  croit  meilleures.  Cette  simple  observation  nous 
suffirait  pour  ne  pas  accepter  la  condamnation  qu'il  prononce  contre  nous, 
si  la  cause  de  ces  divergences,  soit  avec  lui-même,  soit  avec  nous,  n'était 
évidente.  Car  il  dit  lui-même  que  «  les  réservoirs  (de  ses  thermomètres  à 
»  air)  ne  baignaient  pas  immédiatement  dans  la  vapeur  de  zinc  (i).  »  Or, 
non-seulement  le  contact  entre  le  thermomètre  et  la  vapeur  dont  on  déter- 
mine la  température  doit  être  immédiat,  mais  encore  il  faut  que  le  réservoir 
du  thermomètre  soit  séparé  des  parois  du  vase  distillatoire  par  une  ou  plu- 
sieurs couches  de  la  vapeur  elle-même.  C'est  là  le  principe  des  appareils 
qui  ont  servi  à  de  telles  déterminations,  et  dans  les  expériences  de  M.  Ed. 
Becquerel  il  est  entièrement  négligé.  Il  nie  semble  donc  que  ces  expériences 
n'offrent  pas  encore  des  garanties  suffisantes  pour  invalider  les  nôtres. 

»  Nous  avons  cru  cependant  devoir  refaire  une  expérience  nouvelle 
avec  l'appareil  en  fer  et  le  zinc  qui  nous  avaient  servi  dans  nos  premières 


(i)  Le  tube  de  fer  qui  sépare  le  thermomètre  delà  vapeur  de  zinc  dans  l'appareil  de  M.  Ed. 
Becquerel  se  trouve  dans  les  mêmes  conditions  physiques  que  le  tube  cylindrique  en  fer- 
blanc  entouré  de  vapeur  d'eau  dans  l'appareil  de  M.  Regnault  pour  les  chaleurs  spécifiques. 
Un  corps  placé  dans  cette  enceinte  arrive  très-lentement  à  f)?.  degrés,  terme  qu'on  dépasse 
péniblement  sans  jamais  atteindre  100  degrés.  Et  cependant  la  chaleur  latente  de  la  vapeur 
d'eau  est  incontestablement  très-supérieure  à  la  chaleur  latente  de  la  vapeur  de  zinc. 


(  897) 
déterminations;  nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  : 

Pression  au  moment  de  la  pesée  du  ballon  ouvert 'j59"'",54 

Température  de  la  balance 2i°,5 

Excès  de  poids 299"^,  5 

Pression  au  moment  de  la  fermeture  du  ballon 'j58""",22 

Volume  du  ballon 2'J7",93 

Air  resté 2.",  i4 

Dilatation  de  la  porcelaine  de  o  degré  au  point  d'ébuUiiion  du  zinc.  0,0119 

Densité  de  l'iode 8,7  16 

Température  déduite loSg" 

»  Ce  nombre  est  presque  identique  à  celui  que  nous  avions  déjà 
fixé  (1040  degrés).  Cette  coïncidence  indique  seulement  l'extrême  habitude 
que  nous  avons  de  ces  opérations  qui  nous  permet  de  reproduire  invaria- 
blement les  mêmes  conditions  de  chauffage.  Car  l'appareil  en  fer  dont  nous 
nous  sommes  servis,  et  que  M.  Ed.  Becquerel  a  adopté  après  nous,  présente 
bien  des  imperfections  que  M.  Regnault  a  déjà  signalées  et  que  nous  indi- 
querons plus  loin.  Il  est  cependant  très-propre,  comme  on  peut  le  voir 
d'après  ces  résultats,  à  la  détermination  des  densités  de  vapeur.  Mais  pour 
fixer  un  point  d'ébuUition,  il  faut  des  instruments  plus  si'irs  et  malheureu- 
sement plus  compliqués.  » 

PHYSIQUE.  —  Détermination  du  point  d'ébiillition  des  liquides  bouillant  à  haute 
température  ;  par  MM.  H.  Saixte-Claibe  Deville  et  L.  Troost. 

«  Dans  un  Mémoire  présenté  à  l'Académie  le  1  5  novembre  1857,  Comptes 
rendus,  t.  XLV,  p.  821,  nous  avons  fait  voir  les  premiers  que  l'on  pouvait  se 
servir  des  liquides  bouillant  à  haute  température  comme  sources  de  cha- 
leur constantes  et  susceptibles  d'être  appliquées  dans  les  recherches  de 
physique  expérimentale.  Nous  avons  employé  successivement  les  vapeurs 
de  mercure,  de  soufre,  de  cadmium  et  de  zinc  à  la  détermination  de  la 
densité  de  vapeur  d'un  grand  nombre  de  matières  qui  avaient  échappé 
jusqu'ici  à  toutes  les  tentatives  des  physiciens.  Les  résultats  obtenus  par 
notre  méthode  ont  été  une  consécration  très-précieuse  des  principes  sur 
lesquels  nous  nous  fondons.  Depuis,  M.  Ed.  Becquerel  et  d'autres  physiciens 
les  ont  utilisés. 

»  En  pesant  deux  ballons  tarés  en  porcelaine  de  même  volume  et  de 
même  nature,   l'un  rempli  de  vapeur  diode,  l'autre  rempli  de  la  vapeur 

G.  R  ,  1863,  1'"'  Semestre.  (T.  LVII,  N»  22.)  ^20 


(  898  ) 

qu'on  expérimente,  tons  les  deux  chauffés,  puis  fermés  dans  inie  enceinte 
où  la  température  a  été  maintenue  constante  par  un  liquide  en  ébullitiou, 
on  a  tous  les  éléments  nécessaires  au  calcul  de  la  densité  de  vapeur  cher- 
chée. 

»  Ainsi  on  n'a  besoin  ni  de  la  température  de  l'enceinte,  ni  du  coefficient 
de  dilatation  de  la  porcelaine,  quand  l'expérience  a  pleinement  réussi.  Il  en 
résulte  que  nos  densités  sont  indépendantes  de  ces  deux  constantes. 

»  Néanmoins,  ces  constantes  peuvent  intervenir  dans  des  corrections  de 
peu  d'importance,  quand  de  très-petites  quantités  d'air  sont  restées  dans  nos 
ballons.  C'est  pour  cela  que  nous  avons  cru  nécessaire  de  déterminer  le 
coefficient  de  dilatation  de  la  porcelaine  entre  o  degré  et  le  point  d'ébulli- 
tion  du  zinc,  en  employant  de  nouveaux  procédés  qui  nous  paraissent  pré- 
senter de  grandes  garanties  d'exactitude.  Quant  au  point  d'ébullition  du 
zinc,  il  fallait  le  déterminer  aussi  avec  le  métal  qui  servait  à  nos  expériences 
et  dans  les  conditions  physiques  au  milieu  desquelles  nous  nous  placions  : 
nous  l'avons  donc  déduit  des  nombres  que  nous  a  fournis  la  vapeur  d'iode, 
et  pour  cela  nous  avons  admis  que  les  coefficients  de  dilatation  et  de  com- 
pressibilité  sont  les  mêmes  pour  cette  vapeur  et  pour  l'air,  et  nous  avons 
basé  nos  calculs  sur  la  densité  théorique  de  la  vapeur  d'iode.  Ces  éléments 
sont  certainement  insuffisants  pour  permettre  de  calculer  rigoureusement  le 
point  d'ébullition  du  zinc  pur  :  mais  ils  nous  ont  permis  d'établir  avec  quel- 
que sécurité,  entre  des  limites  probablement  assez  rapprochées,  les  tempéra- 
tures auxquelles  étaient  portés  nos  appareils.  C'était  là  notre  seule  pré- 
tention. 

»  En  ce  moment  nous  reprenons  ces  déterminations  dans  des  condi- 
tions d'exactitude  et  de  précision  que  les  méthodes  connues  imposent 
aujourd'hui  à  tout  physicien.  Nos  expériences  sont  loin  d'être  terminées  : 
mais  désirant  conserver  la  priorité  pour  ce  qui  nous  appartient  dans  notre 
système  d'expérimentation,  nous  demandons  à  l'Académie  la  permission  de 
le  décrire  sommairement. 

»  Coefficient  de  dilalalion  de  la  porcelaine.  —  On  prend  un  tube  de  por- 
celaine sortant  du  même  four  que  le  thermomètre  à  air  dont  on  va  se  servir, 
on  trace  à  sa  surface  deux  traits  à  l'aide  de  l'acide  fluorique.  Après  l'avoir 
fixé  solidement,  on  le  refroidit  à  o  degré  en  l'entourant  déglace,  et  on  me- 
sure avec  un  cathétomètre  de  Gand^ey,  donnant  le  centième  de  millimètre, 
la  distance  comprise  entre  les  deux  traits  (5o  centimètres  environ).  On  fait 
passer  ensuite  au  travers  du  tube  un  courant  de  vapeur  de  zinc  qui  va  servir 
au:):  expériences  thermométriques,  en  préservant  l'appareil  au  moyen  d'une 


(  «99) 
grille  remplie  de  charbons  rouges  contre  l'action  trop  active  du  rayonne- 
ment. Si  on  mesure  alors  la  distance  entre  les  deux  traits,  on  a  les  éléments 
nécessaires  au  calcid  de  la  dilatation  cherchée.  En  refroidissant  de  nouveau 
le  tube  à  o  degré  et  déterminant  encore  la  distance  entre  les  deux  traits, 
on  voit  si  la  porcelaine  s'est  contractée  par  la  cuisson  qu'elle  vient  de 
subir. 

»  Thermomètre  à  air  en  porcelaine.  —  Nous  devons  à  M.  Gosse,  fabricant 
de  porcelaines  à  Bayeux,  les  appareils  dont  nous  avions  besoin  pour  effec- 
tuer notre  travail.  Depuis  sept  ans  au  moins  il  a  montré  une  complaisance 
inépuisable  en  appliquant  toute  la  connaissance  qu'il  a  de  son  art  à  satis- 
faire nos  exigences.  Enfin  il  a  réussi,  en  se  conformant  à  toutes  nos  indica- 
tions, à  nous  procurer  des  ballons  terminés  par  des  tubes  capillaires  de 
35  centimètres  de  longueur.  C'est  avec  la  même  complaisance  qu'il  a  fait 
depuis  pour  M.  Ed.  Becquerel,  que  nous  lui  avions  adressé,  des  ballons  sem- 
blables, mais  plus  petits,  qui  ont  servi  aux  dernières  expériences  que  ce 
physicien  vient  de  publier.  Malheureusement,  des  ballons  ainsi  faits  ne 
peuvent  être  vernis  intérieurement,  ce  qui  est  indispensable.  En  outre,  on 
ne  peut  déterminer  à  part  le  volume  du  ballon  et  le  volume  du  col  souvent 
très-irrégulier  à  l'intérieur,  deux  éléments  qu'il  est  nécessaire  de  connaître 
avec  la  plus  grande  exactitude.  Nous  y  avons  donc  renoncé,  et  nous  em- 
ployons maintenant  le  procédé  suivant  : 

»  Un  ballon  à  large  ouverture  (i  centimètre  environ  et  à  col  court, 
verni  sur  ses  deux  surfaces,  est  jaugé  avec  le  plus  grand  soin.  On  jauge 
également  un  tube  capillaire  en  porcelaine  aussi  régulier  que  possible 
et  surtout  dénué  de  fissures  intérieures.  On  les  soude  au  chalumeau  à  gaz 
hydrogène  et  oxygène  par  un  procédé  que  nous  ne  pouvons  décrire  ici,  et 
on  recommence  le  jaugeage  exact  de  l'appareil  complet.  Ces  jaugeages  se 
font  avec  de  l'eau  qu'on  fait  bouillir  longtemps  pour  chasser  tout  l'air  ad- 
hérent aux  parois  de  la  porcelaine.  On  suit  à  cet  égard  toutes  les  prescrip- 
tions indiquées  par  M.  Regnault  dans  son  grand  Mémoire  sur  les  coefficients 
de  dilatation. 

))  Nos  ballons  contiennent  de  275  à  3oo  centimètres  cubes.  Mais  ils  sont 
encore  trop  petits  (i).  Nous  aurions  voulu  imiter  encore  M.  Regnault,  qui, 
dans  ses  expériences  relatives  au  coefficient  de  dilatation  de  l'air,  emploie 
des  ballons  de  800  centimètres  cubes.  Mais  il  se  présente  ici  des  difficultés 

(i)  Quoi  qu'on  fasse,  à  cause  des  espaces  à  température  indéterminée,  on  est  oblige,  pour 
obtenir  quelque  précision,  d'opérer  sur  de  grands  volumes  d'air. 

120.. 


(  900  ) 
de  chauffage  d'un  ordre  tout  particulier,  sur  lesquelles  nous  reviendrons 
plus  tard.  Les  ballons,   d'ailleurs,  doivent  être  tout  à  fait  spliériques  pour 
résiter  plus  facilement  à  toute  déformation  permanente  à  haute  tempé- 
rature. 

»  INous  avons  songé  à  remplacer  la  porcelaine  par  un  métal.  Mais  nous 
aurions  été  privés  de  ce  grand  avantage  de  notre  méthode  qui  consiste  à 
déterminer  la  dilatation  de  l'enveloppe  de  notre  thermomètre  avec  la  vapeur 
même  de  la  substance  dont  nous  voulons  obtenir  le  point  d'ébullition.  On 
se  rend  ainsi  indépendant  de  la  température,  et  on  peut  espérer  d'obtenir 
toute  la  précision  avec  laquelle  ont  été  fixés  jusqu'ici  les  constantes  ou  coef- 
ficients dans  les  parties  moins  élevées  de  l'échelle  thermométrique  (i). 

»  Dans  nos  expériences,  le  ballon  plonge  dans  la  vapeur  jusqu'à  la  par- 
tie supérieure  et  large  de  son  col.  Quelques  centimètres  au-dessus,  le  col, 
dans  sa  partie  capillaire,  est  entouré  d'eau  maintenue  à  la  température  du 
laboratoire.  L'espace  à  température  incertaine  occupe  à  peine  un  ou  deux 
dixièmes  de  centimètre  cube.  Son  influence  sur  les  résultats  de  l'expérience, 
quand  le  ballon  est  suffisamment  grand,  est  entièrement  négligeable. 

»  La  porcelaine  vernissée  est  moins  hygrométrique  que  le  verre.  Dans  le 
vide  et  au  moyen  de  l'air  sec  elle  perd,  à  loo  degrés  ou  même  au-dessous, 
toute  humidité.  Cependant  nous  nous  sommes  astreints  à  opérer  toute  des- 
siccation au  rouge  et  dans  le  vide. 

»  Fase  distillatoire .  —  C'est  un  grand  creuset  en  plombagine  (2),  des- 
tiné à  fondre  l'acier  et  provenant  de  la  fabrique  de  M.  Coste,  à  Tilleur,  près 
Liège.  On  introduit  dans  sa  moitié  inférieure  1 7  kilogrammes  de  zinc  fondu. 
La  partie  supérieure,  destinée  à  recevoir  le  thermomètre,  contient  en  outre 
un  diaphragme  percé  de  trous  et  un  petit  appareil  en  terre  réfractaire  à 
circulation  de  vapeur.  Le  tout  ressemble  aussi  complètement  que  possible 
au  vase  dans  lequel  M.  Regnault  détermine  le  coefficient  de  dilatation  de 
l'air  au  moyen  de  la  vapeur  d'eau.  Le  zinc  distillé  se  condense  dans  un  tube 
de  terre  assez  large  et  retombe  dans  le  creuset,  de  manière  à  maintenir 
constants  la  composition  et  le  niveau  du  bain  métalliqtie. 


(1)  Il  eût  fallu,  pour  pouvoir  se  servir  de  therraomclres  à  parois  métalliques,  avoir  dé- 
montré leur  indifférence  chimique  sur  les  gaz  qu'on  y  renferme  et  leur  imperméabilité,  quand 
elle  existe. 

(2)  Nous  avons  renoncé  aux  vases  de  fer  parce  qu'ils  s'attaquent  trop  facilement  par  le 
zinc,  et  parce  que  la  conductibilité  de  leur  matière  rend  plus  dangereuse  l'inûuence  du  rayon- 
nement de  leurs  parois. 


(  90I  ) 

))  Manomètre.  —  C'est  l'appareil  employé  par  M.  Regnault,  décrit  dans 
son  Mémoire  sur  les  coefficients  de  dilatation  et  dessiné  dans  la  PL  /, 
fig.  19  [Mémoires  de  i Académie  dts  Sciences,  t.  XXI).  Son  principe  est, 
comme  on  le  sait,  le  même  que  celui  de  M.  Pouillet  ;  mais  nous  avons 
profité  de  tous  les  perfectionnements  que  ces  manomètres  ont  reçus,  soit  de 
M.  Regnault,  soit  des  constructeurs  dirigés  par  lui.  Nous  devons  lui  témoi- 
gner publiquement  notre  admiration  pour  la  facilité  et  l'exactitude  avec 
lesquelles  peuvent  se  faire  désormais  toutes  les  expériences  tliermométriques 
quand  on  suit  rigoureusement  ses  conseils.  Enfin  notre  instrument  a  été 
consiruit  par  M.  Golaz,  l'habile  artiste,  qui  nous  a  donné  toute  l'aide  de  son 
expérience  consommée. 

»  Nous  avons  toujours  opéré  une  pression  très-voisine  de  la  pression  at- 
mosphérique, d'abord  pour  éviter  toute  cause  de  déformation  temporaire 
ou  permanente  de  la  porcelaine,  phénomène  sur  lequel  on  ne  sait  rien  aux 
températures  où  nous  avons  opéré,  ensuite  pour  nous  mettre  à  l'abri  des 
variations  de  la  loi  de  Mariotte,  variations  qui,  si  elles  existent,  sont  incon- 
nues quant  à  leur  intensité,  quoiqu'on  en  puisse  prévoir  le  sens. 

»  Notre  manomètre  est  placé  dans  une  pièce  sans  feu  dont  la  tempéra- 
ture ne  varie  pas  sensiblement  pendant  la  durée  des  expériences,  et  com- 
munique au  travers  d'un  mur,  par  un  tube  de  cuivre  de  quelques  dixièmes 
de  millimètre  de  diamètre,  avec  le  réservoir  du  thermomètre  à  air. 

1)  Zinc.  —  Nous  prenons  du  sulfate  de  zinc  du  commerce,  que  nous  dis- 
solvons dans  l'eau  légèrement  acidulée  ;  nous  laissons  la  solution  limpide 
en  contact  prolongé  avec  de  l'hydrogène  sulfuré.  Nous  décantons,  nous  éva- 
porons à  sec,  et  nous  calcinons  le  sulfate  au  rouge  blanc  pendant  douze 
heures.  L'oxyde  restant  est  un  peu  jaune  :  on  le  lave  à  l'eau  commune,  on 
le  sèche  et  on  le  mélange  avec  son  poids  de  charbon  de  bois  et  un  peu  de 
goudron.  Le  mélange,  calciné  de  nouveau,  est  introduit  dans  une  grande 
cornue  de  terre  non  vernissée  (le  vernis  contient  toujours  du  plomb)  et 
chauffé  violemment  jusqu'à  cessation  complète  de  toute  vapeur  métallique. 
C'est  le  seul  procédé  qui  nous  ait  paru  praticable  pour  obtenir  à  l'état  de 
pureté  les  20  kilogrammes  de  zinc  dont  nous  avons  besoin. 

»  Quant  au  zinc  oiistillé  (  nous  en  avons  préparé  85  kilogrammes  en  frac- 
tionnant les  produits),  il  contient  des  quantités  très- variables  de  cadiniinn  et 
de  plomb  inégalement  réparties  sur  les  différents  lots  de  la  distillation.  Les 
premiers  nous  ont  donné  des  produits  qui  contenaient  jusqu'à  i5  à  20 
pour  100  de  cadmium,  et  les  derniers  renfermaient  beaucoup  de  plomb. 
Aussi  nous  ne  croyons  pas  devoir  donner  ici  les  nombres  très-variables  ob- 


(  Oo-i  ) 
icnus  avec  ces  différentes  matières,  qui  toutes  n'ont  pas,  d'ailleurs,  été 
analysées. 

»  Pour  d'autres  recherches,  nous  comptons  employer  des  alliages  de 
zinc  et  de  cadmium,  de  zinc  et  de  plomb,  pour  obtenir  des  températures  fixes 
dans  une  grande  étendue  de  l'échelle  thermométrique,  en  maintenant  con- 
stante dans  nos  vases  distillatoires  la  composition  de  l'alliage  volatil  sur  le- 
quel nous  opérons. 

»  L'Académie  comprendra  combien  il  faut  de  temps  pour  mener  à  fin 
un  travail  qui  exige  de  nous  de  nombreuses  expériences  et  surtout  de  nom- 
breuses et  délicates  analyses.  Nous  n'aurions  pas  osé  lui  soumettre  des  re- 
cherches en  voie  d'exécution,  si  nous  n'avions  à  côté  de  nous  un  redoutable 
concurrent  qui  presse  nos  pas.  Cette  lutte  amicale  ne  sera  pas,  nous 
l'espérons,  de  nature  à  nuire  aux  savants  :  à  coup  sûr,  la  science  en  pro- 
fitera.   » 

Réponse  à  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  par  M.  Ed.mo.nd  Becquerel. 

((  M.  Edmond  Becquerel  regrette  que  l'heure  avancée  de  la  séance  ne  lui 
permette  pas  de  répondre  tout  de  suite  aux  remarques  de  M.  H.  Sainte-Claire 
Ileville,  mais  il  le  fera  dans  la  première  séance.  En  attendant,  il  se  borne  à 
dire  qu'il  n'est  nullement  d'accord  avec  MM.  Sainte-Claire  Deville  et  Troost 
sur  les  résultats  qu'ils  ont  obtenus,  et  qu'il  les  conteste;  que  ses  expériences, 
en  ce  qui  concerne  la  détermination  du  point  d'ébullition  du  zinc,  ne 
se  sont  pas  bornées  à  une  seule  détermination  expérimentale,  comme 
MM.  Sainte-Claire  Deville  et  Troost  l'ont  fait  dans  leur  premier  Mémoire  et 
à  une  seule  faite  également  dans  le  second,  mais  sur  des  résultats  nom- 
breux et  suivis  avec  le  plus  grand  soin  pendant  plusieurs  mois;  qu'il 
comparera  dans  la  première  séance  les  méthodes  expérimentales  suivies,  et 
qu'il  indiquera  quel  est  le  degré  d'exactitude  ainsi  que  les  limites  d'erreurs 
que  l'on  peut  commettre  en  employant  celle  dont  il  a  fait  usage  dans  ses 
recherches.   » 

PHY-SIOLOGIE.  —   Adhésion  de   M.  Pouchet   à  la  protestation  contenue  dans 
une  Noie  récente  de  MM.  Joly  et  Musset. 

«  N'ayant  pu,  à  cause  de  mon  éloignement,  signer  la  réponse  aux  obser- 
vations de  M.  Pasteur  adressée  à  TAcadémie  par  MM.  Joly  et  Musset,  je 
déclare  aujourd'hui  que  je  m'y  associe  absolument.  J'atteste  que  sur  quel- 
que lieu  du  globe  où  je  prendrai  un  décimètre  cube  d'air,  dès  que  je  met- 
trai celui-ci  en  contact  avec  une  liqueur  putrescible  renfermée  dans  des  ma- 


(  9"3  ) 
tras  hermétiquement  clos,  constamment  ceux-ci  se  rempliront  d'organismes 
vivants. 

»  Dans  le  livre  que  je  viens  de  publier,  j'ai  démontré  que  si  l'habile  chi- 
miste que  combattent  avec  moi  les  deux  savants  de  Toulouse  obtient  dans 
ses  ballons  des  résultats  si  contradictoires,  cela  tenait  à  un  vice  fondamental 
dans  sa  méthode  expérimentale. 

»  Mais  nous  n'entreprendrons  ces  expériences,  qui  sont  ime  réminis- 
cence de  celles  de  Spallanzani,  que  pour  prouver  que  nous  ne  nous  dérobons 
à  aucune  objection.  Seulement,  au  lieu  d'employer  les  procédés  du  savant 
Directeur  de  l'Ecole  Normale,  qui  paralysent  toujours,  ou  même  parfois 
entravent  absolimienl  tous  les  phénomènes  biologiques,  nos  matras,  her- 
métiquement scellés,  auront  une  forme  un  peu  différente  des  siens,  et  le 
fluide  que  nous  emploierons  sera  analogue  à  celui  qui,  malgré  leurs  désirs 
et  leurs  prévisions,  donnait  des  organismes  vivants  dans  les  appareils  à  air 
calciné  de  Schwann,  de  Dusch  et  de  Schrœder.  » 

NOmiJVATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant pour  la  Section  de  Géométrie,  en  remplacement  de  feu  M.  (h- 
trofjradski. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  de  4<^  : 

M.  Neumann  obtient 4°  suffrages. 

M.  Helmholtz 3         » 

M.  Clausius 2  » 

M.  Sylvester i  » 

M.  IVeumaxn,  ayant  réuni  la  majorité  des  suffrages,  est  déclaré  élu. 

L'Académie  procède  ensuite,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  no- 
mination de  la  Commission  qui  sera  chargée  de  proposer  la  question  mise 
au  concours  pour  le  grand  prix  des  Sciences  naturelles  de  1 865. 

MM.  Milne  Edwards,  Flourens,  Bernard,  Brongniart,  Decaisne  réimissent 
la  majorité  des  suffrages. 

L'Académie  procède  enfin,  toujours  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomina- 
tion d  une  Commission  chargée  de  proposer  une  question  pour  sujet  du 
prix  Bordin  (Sciences  naturelles)  pour  i865. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Bernard,  Flourens,  Chevreul, 

Brongniart.) 


(9o4  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

«  *I.  LE  RIariéchal  Vaillant  dépose  sur  le  bureau  de  l'Académie  un 
Mémoire  de  M.  Martin  de  Br elles,  chef  d'escadron,  professeur  de  Sciences 
appliquées  à  l'Ecole  d'artillerie  de  la  Garde  Impériale.  Ce  Mémoire  traite 
de  Y Applicalion  de  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur  à  l'artillerie.  » 

(Commissaires,  MM.  Piobert,  Morin,  Maréchal  Vaillant.) 

liCONOMiE  RURALE.  —  Expériences  sur  les  limons  charriés  par  tes  cours  d'eau; 
par  M.  Heuvé-Mangon.  (Extrait  présenté  par  M.  Peligot.) 

(Commissaires,  MM.  Boussingault,  Payen,  Peligot.) 

«  La  fertilité  proverbiale  des  limons  que  le  Nil  dépose  chaque  année  sur 
les  plaines  de  l'Egypte,  et  le  succès  des  opérations  de  colmatage,  appellent 
naturellement  l'attention  sur  les  bénéfices  que  l'agriculture  peut  attendre 
d'un  judicieux  emploi  des  matières  solides  entraînées  par  les  eaux.  La  solu- 
tion du  problème  des  inondations  se  rattache  d'ailleurs  au  même  sujet  de 
la  manière  la  plus  intime.  Aussi  voit-on  un  grand  nombre  d'agronomes  et 
d'ingénieurs,  de  Gasparin  etPolonceau,  pour  ne  citer  que  les  plus  connus, 
signalera  l'envi  l'emploi  des  limons  comme  le  seul  moyen  de  faire  tourner 
au  profit  de  l'agriculture  et  de  la  richesse  publique  l'action  si  redoutée  des 
torrents  et  des  fleuves  les  plus  dangereux. 

»  Lorsqu'on  essaye  d'approfondir  ces  idées  si  simples  et  si  souvent  re- 
produites, on  reconnaît  qu'il  n'a  été  fait  sur  la  quantité  et  la  nature  des 
limons  de  nos  cours  d'eau  que  des  observations  peu  nombreuses,  et  que 
les  données  numériques,  indispensables  à  des  études  sérieuses  et  détaillées, 
font  presque  complètement  défaut.  J'ai  cherché  à  combler  en  partie  cette 
lacune,  en  apportant  quelques  chiffres  positifs  dans  une  discussion  où  l'on 
ne  peut  avancer  avec  sûreté,  sans  des  données  préalables  parfaitement  cer- 
taines. 

»  J'ai  donc  été  conduit  à  m'occuper  à  la  fois  de  deux  séries  d'expériences: 
1  une  ayant  pour  objet  l'étude  de  l'emploi  des  eaux  claires  dans  les  irriga- 
tions (i),  l'autre  l'emploi  des  eaux  limoneuses  au  colmatage  et  à  la  fertili- 
sation des  terres. 

(l)  Expériences  sur  l'emploi  des  cau.r  dans  les  irrigations  sous  différents  climats;  Paris, 
Diinod,   i863,  et  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences,  t.  LVI,  p.  292. 


(9o5) 

»  IjCS  troubles  dont  il  s'agissait  d'apprécier  la  nature  et  l'importance  va- 
rient d'un  jour  à  l'autre  dans  leur  proportion  par  mètre  cube  d'eau,  dans 
leur  composition,  dans  leur  quantité  absolue  subordonnée  elle-même  au 
volume  du  débit.  Pour  obtenir  des  chiffres  exacts  dans  leur  ensemble,  il 
faut  donc  organiser  des  séries  continues  d'observations,  et  déterminer  dans 
chaque  expérience  :  i°  la  quantité  de  limon  déposé  par  mètre  cidie  d'eau  ; 
2°  la  nature  de  ses  éléments  minéraux  ou  organiques;  3°  le  débit  du  cours 
d'eau  au  moment  de  la  prise  de  léchanlillon. 

»  On  trouvera  dans  le  Mémoire  les  détails  de  cette  longue  série  d'études, 
poursuivies  depuis  i858,  et  de  nombreux  tableaux  numériques  impossibles 
à  reproduire  ici. 

»  Mes  expériences  ont  porté  sur  la  Loire  et  ses  principaux  affluents,  sur 
le  canal  de  Carpentras  et  sur  la  Durance.  Je  me  bornerai,  faute  d'espace,  à 
signaler  seulement  quelques  faits  relatifs  à  cette  rivière. 

»  La  Durance  est  pour  ainsi  dire  la  seule  rivière  de  France  dont  les  eaux 
soient  largement  utilisées  pour  les  irrigations.  Dix-huit  canaux  d'arrosage 
lui  empruntent  69  mètres  cubes  d'eau  par  seconde,  à  l'étiage.  Elle  offre 
donc  les  enseignements  pratiques  les  plus  variés,  et  devait  particulièrement 
fixer  mon  attention. 

»  Il  convient  de  signaler  d'abord  l'importance  du  volume  des  limons 
entraînés  par  la  Durance.  Du  i"  novembre  iSSg  au  3i  octobre  1860,  elle 
a  entraîné  10  770313  mètres  cubes  de  matières  solides,  pesant  17  millions 
de  tonnes.  Un  cube  déterre  de  220  mètres  a  donc  été  enlevé  aux  terrains 
supérieurs  et  entraîné  dans  les  parties  basses  du  cours  de  la  rivière  jusqu'à 
la  mer. 

»  Si  ce  limon  se  déposait  entièrement  sin*  le  sol,  il  recouvrirait  d'une 
couche  de  i  centimètre  d'épaisseur  l'énorme  surface  de  107  703  hectares. 
S'il  était  amené  sur  la  Camargue,  il  pourrait  en  combler  les  marais  et  la 
transformer  en  plaine  des  plus  fertiles  en  moins  d'un  demi-siècle. 

»  Une  couche  de  o™,3o  d'épaisseur  de  ces  limons,  ou  3ooo  mètres  cubes 
par  bectare,  constitue,  dans  Vaucluse,  des  terres  excellentes.  La  Durance 
entraîne  donc  chaque  année  un  volume  de  terre  végétale  équivalent  à  celui 
de  3590  hectares.  En  cinquante  années,  elle  transporte  donc  à  la  mer  l'équi- 
valent du  sol  arable  d'un  département  moyen.  Ces  chiffres  expliquent  faci- 
lement comment  le  sol  de  plusieurs  des  régions  les  plus  fertiles  du  dépar- 
tement de  Vaucluse  a  été  formé,  à  des  époques  plus  ou  moins  anciennes, 
par  des  dépôts  limoneux  semblables  à  ceux  qui  se  produisent  encore  sous 

G.  R.,  i8G3,  2"'=  Semcsire.  (T.  LVll,  N»  22.)  J2I 


(  9«6  ) 
nos  yeux.  Ces  résultats  permettent  aussi  de  comprendre  comment  le  rivage 
de  la  mer  s'éloigne  d'Ailria  d'une  dizaine  de  mètres  par  an,  depuis  des 
siècles;  comment  les  embouchures  du  Rhône,  du  Rhin,  du  Pô,  etc.,  ont 
pu  se  modifier  depuis  les  temps  historiques;  comment  le  sol  de  la  vallée  du 
Nil  s'élève  de  o",  i  -26  environ  par  siècle. 

»  Le  relief  naturel  du  sol  a  suffi  pour  déterminer  le  dépôt  des  limons  qui 
forment  aujourd'hui  plusieurs  de  nos  plus  riches  vallées.  Il  appartient  à  la 
science  moderne  d'imiter  ces  exemples  et  de  ne  pas  laisser  perdre  dans  la 
profondeur  des  mers  de  tels  éléments  de  richesse  et  de  fertilit<'. 

»  La  composition  chimique  des  limons  donne  lieu  à  des  observations 
d'une  autre  nature.  Les  17  aSa  5oi  tonnes  de  matières  solides  entraînées  en 
un  an  parla  Durance,  à  Mérindol,  sont  formées  de  9  263  G86  tonnes  d'ar- 
gile, de  6840855  tonnes  de  carbonate  de  chaux,  de  i3  794  tonnes  d'azote, 
de  95  438  tonnes  de  carbone,  et  enfin  de  i  018  728  tonnes  d'eau  combinée 
et  de  matières  diverses,  le  tout  réuni  dans  les  conditions  favorables  à  la 
constitution  des  terres  arables  les  plus  fertiles. 

"  Une  seule  rivière  entraîne  donc  par  au,  à  l'état  de  combinaison  le  plus 
propre  au  développement  de  nos  plantes  cultivées,  13794  tonnes  d'azote, 
alors  que  l'agriculture  française  achète  au  dehors  au  prix  des  plus  grands 
sacrifices  d'autres  matières  azotées,  et  que  l'importation  du  guano,  qui 
fournit  à  peine  cette  quantité  d'azote  chaque  année,  coiàte  ime  trentaine 
de  millions  de  francs. 

«  La  proportion  de  carbone  contenu  dans  les  limons  exige  quelques 
explications. 

1)  Si  les  limons  charriés  en  un  an  par  la  Durance  se  perilent  en  totalité 
dans  la  profondeur  des  mers  et  qu'ils  y  soient  à  l'abri,  comme  on  peut  le 
supposer,  de  l'action  oxydante  de  l'air,  les  gS  438  tonnes  de  carbone  qu'ils 
renfermentse  trouvent  enlevées  à  la  terre  végétaleet  par  suite  à  l'atmosphère. 
Cette  quantité  de  carbone  entraînée  en  une  seule  année  et  par  une  seule 
rivière  dans  la  profondeur  des  mers  formerait  l'acide  carbonique  d'un  vo- 
lume d'air  normal  de  100  mètres  de  hauteur  et  de  904  242  hectares  de  base. 
Elle  est  égale  à  celle  que  fixerait  en  un  an  une  forêt  de  47  710  hectares 
d'étendue. 

»  L'action  contiinie  d'effets  de  cette  nature  et  la  formation  des  dépôts  de 
combustibles  fossiles  suffisent  à  expliquer  l'appauvrissement  en  acide  carbo- 
nique que  notre  atmosphère  paraît  avoir  subi  depuis  les  anciennes  périodes 
géologiques. 

»   Après  avoir  détermuié  la  quantité  de  limon  entraîné  par  la  Durance  et 


(  907  ) 

la  proportion  de  ses  éléments,  j'ai  cherché  à  me  rendre  comple  des  résul- 
tats que  donne  son  emploi  dans  la  pratique  agricole,  en  étudiant  à  leur  tour 
les  troubles  charriés  parle  canal  de  Carpentras. 

»  En  une  année,  déduction  faite  des  chômages,  les  eaux  du  canal  ont 
transporté  iZ'j  217  mètres  cubes  de  limons,  pesant  219  4o3  tonnes  et  con- 
tenant 119  588  tonnes  d'argile,  8/4978  tonnes  de  carbonate  de  chaux, 
223  tonnes  d'azote  et  i4oi  tonnes  de  carbone. 

»  En  poursuivant  cette  étude,  j'arrive  en6n  aux  pratiques  agricoles 
elles-mêmes,  c'est-à-dire  à  l'examen  des  diverses  cultiues  irriguées  où  l'on 
met  à  profit  les  eaux  chargées  de  limon  fournies  par  le  canal. 

»  Les  expériences  faites  sur  une  luzerne,  une  prairie  et  une  culture  de 
haricots  ont  démontré  que  les  quantités  de  limon  retenu  ]>ar  le  sol  étaient 
de  16,37  ^'  '°  tonnes  par  hectare,  représentant  une  couche  variant  de 
moins  de  i  millimètre  à  plus  de  2  millimètres.  Dans  des  cultures  plus  large- 
ment arrosées  l'exhaussement   du  sol  est  quelquefois  beaucoup  plus  fort. 

»  La  Loire  et  ses  affluents  fournissent  des  résultats  de  même  ordre  que  les 
précédents,  que  le  défaut  d'espace  ne  nous  permet  pas  de  mentionner  ici. 

»  En  résumé,  les  limons  que  les  fleuves  transportent  à  la  mer  sont  en- 
levés aux  terres  en  culture,  ou  bien  aux  surfaces  dénudées  du  territoire. 
Dans  le  premier  cas,  l'agriculture,  en  ne  les  arrêtant  pas,  abandonne  une 
partie  de  son  capital  le  plus  précieux,  laisse  échapper  une  partie  de  son 
domaine.  Dans  le  second  cas,  elle  réalise  un  manque  à  gagner,  elle  l'enonce 
à  une  conquête  que  la  nature  met  si  généreusement  à  sa  disposition. 

)i  Pour  faire  comprendre  l'importance  des  ressources  que  les  eaux  limo- 
neuses mettent  au  service  de  l'agriculture,  il  suffira  de  rappeler  qu'une 
seule  de  nos  rivières,  la  Durance,  transporte  chaque  année  10  millions 
de  mètres  cubes  de  limon  contenant  autant  d'azote  que  100  000  tonnes 
de  guano,  autant  de  carbone  que  pouriaient  en  fixer  par  au  47  000  hec- 
tares de  forêt. 

»  La  Durance  est  de  toutes  nos  rivières  celle  dont  les  eaux  sont  le 
mieux  utilisées,  et  cependant  un  dixième  seulement  de  ses  limons  profite  à 
l'agriculture. 

»  De  semblables  chiffres  disent  assez  la  grandeur  des  ressources  que  l'a- 
griculture peut  attendre  de  l'utilisation  des  limons  pour  le  cohnatage  des 
terrains  submersibles,  pour  l'amélioration  des  tern  s  pauvres  et  l'entretien 
delà  fertilité  du  sol  arable.  Ils  indiquent  l'utilité  de  recherches  analogues 
faites  sur  nos  grands  fleuves,  la  Gironde,  le  Rhône  et  leurs  afflueuls,  dont 
les  eaux  pourraient  trouver  de  si  fructueuses  applications.  Us  fournissent 

121.. 


(  9o8  ) 
enfin  des  éléments  essentiels  à  l'étude  de  la  formation  et  de  la  distribution 
de  la  terre  végétale,  en  donnant  la  mesure  de  la  puissance  de  transport  des 
cours  d'eau  naturels  et  de  la  grandeur  des  effets  que  l'on  peut  attribuer  à 
des  actions  semblables  suffisamment  prolongées. 

»  Les  matières  solides  entraînées  par  les  cours  d'eau  offrent  donc,  à 
tous  les  points  de  vue,  un  vif  intérêt  au  savant  comme  au  praticien.  C'est 
avec  une  grande  raison  que  M.  de  Gasparin  attachait  inie  si  grande  impor- 
tance à  l'étude  de  ces  matières.  Les  limons  sont,  en  effet,  un  des  plus  puis- 
sants moyens  de  créer  ou  d'améliorer  la  terre  végétale,  source  prennère  de 
toute  richesse,  cette  chair  du  globe  terrestre,  comme  l'appelait  un  illustre 
ingénieur.    » 

M.  d'Olixcourt  adresse  de  Bruxelles  une  nouvelle  Note  destinée  à  servir 
de  complément  aux  pièces  qu'il  a  déjà  présentées  au  concours  pour  le  prix 
de  la  fondation  Morogues  concernant  un  «  nouveau  système  du  culture  qui, 
en  augmentant  les  produits,  aurait  en  outre  pour  résultat  de  diminuer  les 
chances  d'inondation  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  du  prix  Morogues.) 

M.  LiAXDiEK  présente  une  Note  sur  les  ondes  atmosphériques  des  hautes 
régions,  sur  les  rapports  qu'elles  peuvent  avoir  avec  le  trajet  des  étoiles 
filantes  et  sur  les  circonstances  dans  lesquelles  surviennent  les  calmes  pour 
les  régions  inférieures. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  pour  les  communications 
de  M.  Coulvier-Gravier,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Babinet, 
Regnault,  Faye,  Delaunay.) 

M.  Bl'issox  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  sur  le  traite- 
ment de  la  folie. 

(Commissaires,  MM.  Andral,  J.  Cloquet.) 

CORRESPOND  AIVCE . 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  communique  des  pièces  relatives  à  un  nou- 
veau legs  fait  à  l'Académie. 

Ces  pièces,  adressées  par  J7.  Picard,  notaire  à  Versailles,  sont  des  extraits 
du  testament  de  Mademoiselle  A.-O.  Letellier,  l'amie  de  l'illustre  Savigny, 


(  P'JQ  ) 
sa  coiisolalrice,  son  appui.  Non  contente  d'avoir  allégé  les  longues  souf- 
frances de  ce  martyr  de  la  science,  d'avoir  prolongé  sa  vie,   elle  a  voulu 
prolonger  son  action  sur  les  progrès  de  la  zoologie  en  préparant  les  moyens 
de  continuer  son  oeuvre. 

Par  son  testament  en  date  du  i*"^  septembre  i856.  Mademoiselle  Letellier 
lègue  à  l'Académie  des  Sciences,  au  nom  de  M.  J.~C.  Lelorgne  de  Savigny, 
ancien  membre  de  l'Institut  d'Egypte  et  de  l'Institut  de  France,  une  somme 
de  20  000  francs  pour  que  l'intérêt  de  cette  somme  soit  employé  à  aider  de 
jeunes  zoologistes  voyageurs  qui,  n'étant  pas  subventionnés  par  l'État,  s'oc- 
cuperaient plus  spécialement  des  animaux  sans  vertèbres  de  l'Egypte  et  de 
la  Syrie;  mis  ainsi  en  état  de  publier  leurs  travaux,  ils  se  trouveraient  en 
quelque  sorte  les  continuateurs  des  recherches  faites  par  M.  de  Savigny  sur 
ces  contrées,  recherches  qui  n'ont  pu  être  terminées  par  suite  de  la  cruelle 
maladie  qui  l'a  précipité  dans  la  tombe. 

M.  BoussixGAULT  aunouce  la  mort  de  M,  Wisse,  voyageur  dont  l'Aca- 
démie avait  pu  apprécier  les  importants  travaux  géologiques  et  particuliè- 
rement les  recherches  sur  les  volcans  de  l'équateur.  M.  Wisse  est  mort  à 
Quito. 

M.  Fermoxd  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  le 
nombre  des  candidats  pour  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Botanique 
par  suite  du  décès  de  M.  Moquin-Tandon. 

M.  Fermond  joint  à  cette  demande  une  Notice  sur  ses  travaux  et  ses  pu- 
blications, un  exemplaire  du  premier  volume  de  son  «  Essai  de  Phytomor- 
phie  »  et  un  exemplaire  de  ses  «  Études  comparées  sur  les  feuilles  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Botanique.) 

M.  Vaillant,  qui  se  dispose  à  entreprendre  un  voyage  à  la  mer  Rouge 
et  se  propose  d'explorer  cette  région  au  point  de  vue  de  l'histoire  naturelle, 
demande  des  instructions  à  l'Académie. 

Une  Commission  composée  de  MM.  Milne  Edwards,  Decaisne,  de  Qua- 
trefages  et  d'Archiac  est  chargée  de  désigner  les  sujets  de  recherches  qui 
seront  plus  particulièrement  recommandés  au  voyageur. 


(  9'o  ) 

HYDRODYNAMIQUE.  —  Formule  (jénérale  de  V écoulement  des  fluides  élastiques 
avec  ou  sans  détente.  Note  de  M.  Alph.  Beau  de  Rochas,  présentée 
par  AI.  Babinet. 

«  1, 'expérience  montre  que  les  gaz  et  les  vapeurs,  .s'écoulant  par  des  ori- 
fices en  mince  paroi,  se  comportent  comme  des  fluides  incompressibles,  à 
cela  près  qu'au  lieu  d'être  constant,  le  coefficient  de  contraction,  qui  doit 
affecter  la  section,  diminue  entre  des  limites  peu  écartées,  depuis  les  plus 
faibles  jusqu'aux  plus  grandes  pressions.  On  en  conclut  que  dans  un  vase 
dont  les  dimensions  sont  grandes  par  rapport  à  celles  de  l'orifice  d'écoule- 
ment, le  principe  de  l'égalité  de  pression  dans  tous  les  sens  n'est  pas  sensi- 
blement altéré,  et  que  le  fluide  s'échappe  par  l'orifice  avec  la  même  densité 
qu'il  possède  dans  le  réservoir. 

»  L'expérience  montre  encore  que  les  ajutages,  et  notamment  les  aju- 
tages divergents  sous  certaines  conditions  d'angles,  ont  la  propriété  d'aug- 
menter la  dépense  dans  certaines  proportions,  c'est-à-dire  d'augmenter  la 
vitesse  de  l'écoulement  par  la  détente.  On  en  conclut  que  l'égalité  de  pres- 
sion qui  subsiste  toujours  dans  l'intérieur  du  vase  ne  subsiste  plus  dans 
l'ajutage,  et  que  la  pression  y  décroît  d'une  manière  continue  depuis  la 
section  d'entrée  jusqu'à  la  section  de  sortie. 

»  D'après  cela,  le  travail  de  l'écoulement  dans  la  section  contractée  est 
simplement 

(j  volinne  écoulé  à  la  densité  du  réservoir,  p  pression  intérieure  et  p'  pres- 
sion extérieure. 

»  Dans  la  délente,  le  volume  variable  étant  q,  la  pression  correspon- 
dante/; est  po  —  '   si  l'on  suppose  la  température  constante,  ou  p^  (—1    en 

tenant  compte  du  refroidissement,  k  étant  alors  le  rapport  des  capacités 
calorifiques  sous  pression  et  sous  volume  constants.  Les  courbes  de  détente 
obtenues  parles  indicateurs  de  pression  montrent  que  dans  la  détente  de  la 
vapeur  d'eau,  le  refroidissement  n'a  pas  d'ordinaire  une  influence  très-sen- 
sible, ce  qui  implique  une  restitution  de  chaleur  par  une  condensation  cor- 
respondante; mais  pour  les  gaz  en  général  et  l'air  en  particulier,  l'influence 
est  trcs-inarquée.  Dans  ce  cas,  qui  est  le  cas  général,  le  travail  de  la  défente 


(9"  ) 
du  volume  q^  au  volume  ç,  est  exprimé  par 

»  Égalant  la  force  vive  possédée  par  le  fluide  au  double  de  la  somme  des 

travaux,  prenant  pour  Ço  le  volume  de  l'unité  de  poids  dont  la  masse  est  ^» 

S 
I     Bo  (  I  -)-  a  ï  )  ,  ,  •  1        1      I  )        •    /     1  1 

soit  Oq  = -^  tTq  étant  le  poids  de  l  unité  de  volume  sous  la  nres- 

sion  Bo  et  à  la  température  <  ^  o,  observant  enfin  qu'en  nommant  p,   la 
la   force  élastique  qui  reste  au  gaz  lorsque  son   volume  est   devenu   ç,, 

a  \* 
V» 


on  a /:>,  =Po  (  T-j  '  l'expression   générale   de   la   vitesse  d'écoulement   des 
fluides  élastiques  prend  la  forme 


»  Dans  le  cas  d'un  orifice  en  mince  paroi,  la  détente  est  nulle,  p,  =  p^, 
et  l'expression  se  réduit  à  la  formule  connue 

laquelle  tend  vers  la  limite 


^    I  B.(l  H-a/) 


lorsque  l'écoulement  a  lieu  dans  le  vide  ou  lorsque  la  pression  intérieure 
est  très-grande  par  rapport  à  la  pression  extérieure. 

»  De  même,  lorsque  la  présence  d'un  ajutage  divergent  permet  la  détente 
de  po  à/7,,  l'expression  générale  lend  dans  les  mêmes  circonslances  vers  la 
limite 


VI         B.(i  +  aO 


—k 


Pa 


i-\P 


»  Quant  à  la  grandeur  de  la  détente,  elle  peut  être  poussée  depuis  p^ 
jusqu'à  p',  de  la  pression  intérieure  jusqu'à  la  pression  extérieure,  et  la 
détente  est  alors  complète  ;  car,  au  delà,  l'expression  de  m  devient  aussitôt 
imaginaire. 

»   Pour  obtenir  la  détente  au  degré  que  l'on  veut,  il  faut  régler  conveua- 


(  9'2  ) 
blement  l'ajutage  divergent.  A  cet  effet,  il  faut  satisfaire  dans  chaque  section 
à  la  condition  de  permanence  poiu  ■=  poWoWoi  jS,  w  et  m  étant  les  densités, 
sections  et  vitesses  correspondantes,  ou,  ce  qui  revient  au  même, 

Pour  que  l'on  ait  u  =  «o»  c'est-à-dire  pour  que  la  vitesse  soit  constante  dans 
toute  l'étendue  du  tube,  il  faut  et  il  suffit  que  ygw  ^  p^o^g.  L'expansion  se 
fait  alors  seulement  dans  le  sens  transversal. 

»  Pour  déterminer  la  vitesse  r  de  cette  expansion  dans  le  vide  suivant  le 
rayon  de  la  section  supposée  circulaire,  on  a 


d'r  dv  /r'M 

-— -     ou      —  =  p,     et 

de-  dt         r' 


=-r^y 


cl  ou 


»  Enfin,  pour  le  temps  t  qu'une  tranche  quelconque  met  à  passer  du 
rayon  Tq  au  rayon  /', 


tz= 


I  n'  dr 


dans  quoi  l'intégrale  indéfinie  du  second  membre  est,  en  faisant  ik—  i  =/«, 

J   \  r")  2    {m—\)r"' 


2   4(2'« — !)/■='"-'        2   4    (J(3//î— ijr""-' 


const. 


»  Or  dans  le  temps  <,  compté  à  partir  du  moment  où  la  tranche  consi- 
dérée a  passé  dans  la  section  de  contraction,  cette  tranche  a  parcouru  le 
long  de  l'ajutage  un  espace 

X  =  ut. 

Il  Si  l'on  construit  la  courbe  des  valeurs  de  r  correspondantes  aux  va- 
leurs de  x  pour  les  mêmes  valeurs  du  temps  i,  on  aura  le  profil  de  la  veine 
dans  le  vide.  Ce  sera  donc  celui  qu'il  faudra  donner  à  l'intérieur  de  l'ajutage 
pour  que,  pendant  le  cours  de  la  détente,  la  veine  le  parcoure  en  l'épousant 
exactement  sans  en  frotter  les  parois.  Mais  il  est  clair  que  le  même  ajutage 
ne  pourra  rigoureusement  servir  que  dans  les  mêmes  circonstances  de  pres- 
sion et  de  détente. 


(9'3) 
»  Dans  le  cas  où  il  s'agit  de  1  écoulement  de  la  vapeur  d'eau  et  où  les 
variations  de  la  température  sont  beaucoup  moins  étendues,  il  y  a  peu 
d'inconvénients  à  la  considérer  comme  constante.  Alors  l'expression  géné- 
rale de  la  vitesse  d'écoulement  devient,  en  nommant  â  la  densité  tubulaue 
de  la  vapeur  et  1  indiquant  le  logarithme  népérien, 

»  En  supposant  la  détente  complète /?,  =p',  et  si  Ion  fait  R=''— °^-^ '—, 

cette  expression  devient 


"  =  Y/aKI^Ç, 


ce  qui  est  la  formule  primitivement  donnée  par  Navier  comme  représentant 
généralement  la  loi  de  l'écoulement  des  fluides  élastiques,  tandis  qu'elle  ne 
convient  qu'au  cas  particulier  où,  la  température  pouvant  être  considérée 
comme  constante,  la  détente  est  complète,  et  dont  MM.  de  Saint-Venant  et 
Wantzel  ont  les  premiers  fait  connaître  le  défaut  de  généralité.  » 

PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  une  twuvelle  espèce  de  Gyrodus   [Gyrodus  Gobini). 
Note  de  M.  A  -F.  Noguès,  présentée  par  M.  Milne  Edwards. 

«  M.  Gobin,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées  à  Lyon,  m'a  communiqué 
un  fragment  de  mâchoire  fossde  trouvé  dans  un  calcaire  schisteux,  juras- 
sique, des  environs  de  Seyssel  (Ain).  Ce  fragment  de  mâchoire  appartient 
à  une  espèce  du  genre  Gyrodus  (Agassiz),  caractérisé  par  des  dents  elliptiques 
ou  circulaires,  ombiliquées.  A  la  mâchoire  supérieure,  les  maxillaires  n'ont 
pas  de  dents,  et  les  inter-maxillaires  ne  sont  garnis  que  de  quatre  à  six  in- 
cisives; le  vomer  en  compte  cinq  rangées  longitudinales,  qui  vont  en  dimi- 
nuant de  dimension  d'arrière  en  avant,  et  dont  la  rangée  médiane  est  tou- 
jours plus  développée.  A.  la  mâchoire  inférieure,  outre  les  incisives,  les  dents 
molaires  sont  plus  nombreuses  :  on  en  compte  quatre  rangées  de  chaque 
côté.  C'est  toujours  la  troisième  rangée  à  partir  du  bord  externe  qui  est  la 
plus  développée;  celles  des  deux  autres  rangées  sont  plus  petites  et  plus 
irrégulières.  Les  dents  de  la  mâchoire  inférieure  sont  ordinairement  ellip- 
tiques et  toujours  implantées  obliquement  sur  l'os,  du  moins  celles  des 
deux  rangées  principales.  Celles  de  la  mâchoire  supérieure  sont  plus  circu- 
laires ;  lorsqu'elles  sont  allongées,  elles  sont  toujours  transversales. 

C.  R.,  iS63,  2'"<'  Senfilie.  (T.  LVII,  N"  22.)  122 


(  9'4  ) 

»  Le  voiner  que  m'a  fourni  M.  Gobin  présente  tous  les  caractères  du 
genre  Gyrodm;  c'est  une  espèce  nouvelle  bien  caractérisée  par  ses  dents,  à 
laquelle  j'ai  donné  le  nom  de  l'ingénieur  qui  me  l'a  communiquée. 

»  Gyrodus  Gobini.  —  Cinq  rangées  de  dents  non  parallèles;  les  deux  ran- 
gées externes,  écartées  à  leur  extrémité  postérieure  de  a4  millimètres,  et  à 
leur  extrémité  opposée  de  9  à  lo  millimètres  :  longueur,  5o  millimètres 
environ.  Dans  la  rangée  médiane,  il  y  a  huit  dents  elliptiques;  le  plus  grand 
diamètre,  dirigé  transversalement  à  la  longueur  des  rangées,  est  d'environ 
3  millimètres  plus  long  que  celui  qui  le  coupe  perpendiculairement.  La  pre- 
mière dent  ou  la  plus  grosse,  en  arrière,  a,  grand  diamètre,  g  millimètres  ; 
petit  diamètre,  6  millimètres.  Mais,  à  partir  de  cette  première  dent,  les  trois 
suivantes  prennent  une  forme  de  plus  en  plus  circulaire  et  vont  en  dimi- 
nuant de  grosseur,  de  telle  sorte  que  la  quatrième  dent  a  environ  la  moitié 
de  la  grosseur  de  la  première.  Les  cinquième,  sixième  et  septième  rede- 
viennent elliptiques  et  vont  en  se  réduisant;  la  huitième  ou  dernière,  la  plus 
petite,  est  presque  circulaire;  son  diamètre  ne  dépasse  pas  3  à  4  milli- 
mètres,  c'est-à-dire  la  différence  entre  les  deux  diamèlres  perpendiculaires 
de  la  première.  Les  dents  de  cette  rangée  médiane  montrent  au  sommet  de 
leur  couronne  un  petit  bourrelet  central,  elliptique,  entouré  d'une  dépres- 
sion ou  sillon,  qui  sépare  ce  bourrelet  allongé  d'une  deuxième  portion  sail- 
lante, elliptique,  qui  forme  une  grande  partie  de  la  portion  supérieure  de 
la  courorme,  et  qui  est  séparée  de  la  base  de  la  dent  aussi  par  un  sillon  peu 
profond. 

»  De  chaque  côté  de  cette  rangée  médiane,  il  y  a  une  autre  rangée  con- 
tiguë  composée  de  onze  dents,  qui  sont  d'un  tiers  plus  petites  que  celles  de 
la  rangée  principale,  de  forme  presque  circulaire.  Les  bords  saillants  ou 
cercles  qui  entourent  le  sillon  sont  crénelés  et  comme  formés  par  une  série 
de  bourrelets,  ressemblant  à  la  carène  de  certaines  ammonites. 

»  La  saillie  centrale  du  sommet  est  entourée  d'un  sillon  circulaire,  et  au- 
tour de  celui-ci,  en  s'éloignant  du  centre,  se  montre  un  cei'cle  saillant  dé- 
passant la  partie  centrale.  Au-dessous  de  ce  cercle  comme  perlé,  autour 
de  sa  circonférence,  se  trouve  un  sillon  qui  sépare  la  couronne  de  la  racine. 

«  Les  dents  des  rangées  externes  sont  tronquées  au  bord  externe,  et 
comme  coupées;  elles  ont  une  forme  semi-cylindrique,  mais  il  leur  manque 
un  tiers  en  longueur  pour  compléter  les  demi-cylindres.  Elles  sont  lisses  sur 
leurs  apparentes  troncatures.  Ces  dents  sont  au  nombre  de  treize  sur  chaque 
côté  :  longueur,  l\  à  5  millimètres;  largeur,  3  millimètres  pour  celles  d'ar- 
rière; celles  d'avant,  deux  fois  moindres. 


(9>5) 
»   Le  Gyrodus  Gobini  ressemble  à  quelques  Gyrodus  décrils  par  M.  Agassiz, 
entre  autres  aux  G.Jrontatits,  ombiliciis,  jurassiens  et  Cuvieri;  mais  il  diffère 
de  toutes  ces  espèces  par  le  nombre,  la  forme  et  la  position  de  ses  dents.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Expériences  sur  les  feuilles  colorées; 
par  M.  B.   CoRENWiNDEK.  (Extrait.) 

V  ...Tout  récemment  un  savant  chimiste  a  annoncé  à  l'Académie  des 
Sciences  que  les  feuilles  ne  décomposent  l'acide  carbonique  qu'en  raison 
de  la  matière  verte  qu'elles  contiennent,  et  que  les  parties  jaunes  ou  rouges 
de  certaines  feuilles  ne  donnent  pas  lieu  à  cette  décomposition. 

»  Je  puis  affirmer  que  les  feuilles  sur  lesquelles  j'ai  fait  les  expériences 
exposées  dans  ma  Note  étaient  colorées  fortement  et  ne  présentaient  aucune 
partie  verte  apparente 

»  Toutefois,  je  sais,  comme  tout  le  monde,  que  les  feuilles  colorées  en 
rouge,  pourpre,  etc.,  contiennent  de  la  matière  verte  qu'on  peut  en  extraire 
à  l'aide  des  réactifs. 

»  Si  un  chimiste  prouvait  que  c'est  cette  matière  verte  dissimulée  qui 
opère  la  décomposition  en  question,  il  ferait  une  découverte  intéressante. 

»  Quant  à  moi,  sans  me  préoccuper  de  la  cause  de  ce  phénomène,  je 
puis  attester  que  certaines  feuilles  qui,  aux  yeux  de  tout  le  monde,  sont 
complètement  rouges,  pourpres  ou  noirâtres,  jouissent  de  la  propriété  d'ab- 
sorber de  l'acide  carbonique  quand  on  les  expose  aux  rayons  du  soleil.    « 

PHYSIQUE  DU   GLOBE.  —  Observations  éleclro-almosphéricpies   et 
électrotelluriques.  Quatrième  Note  (i)  de  M.  P.  Yolpicelu. 

«  Les  recherches  sur  l'électricité  de  l'atmosphère  m'ont  conduit  néces- 
sairement à  examiner  l'électricité  de  la  Terre;  et  j'ai  vu  que  quand  il  n'y  a 
pas  d'orages,  un  corps  isolé  se  charge  toujours  d'électricité  i)ositive  ou  néga- 
tive, selon  qu'il  monte  ou  qu'il  descend  dans  l'air  libre.  De  là  il  résulte  que 
les  expériences  électro-atmosphériques  doivent  s'exécuter  à  conducteur 
fixe,  et  non  à  conducteur  montant,  contre  ce  qui  se  pratique  à  l'Observa- 
toire du  Collège  romain. 

»  Moyennant  le  conducteur  fixe  j'ai  déjà  reconnu  (2)  la  période  diurne  de 

(i)  Pour  les  trois  communications  précédentes  voir  Comptes  rendus,  I.  LI,  p.  c)4>  '•  LH> 
p.  875;  t.  LUI,  p.  236. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  LUI,  p.  236  (4"  et  5°). 

122. 


(  9i6) 
(juallté  électro-atmosphérique,  soit  à  rUniversilé  romaine,  soit  au  Casino 
de  l'Aurore,  à  Villa-Ludovisi,  qui  est  à  qS  mètres  au-dessus  du  niveau  de 
la  mer,  où  il  m'est  permis  de  faire  des  expériences  par  une  faveur  particu- 
lière de  M.  le  prince  de  Piombino,  actuellement  à  Paris. 

»  J'ai  recouru!  aussi,  par  le  moyen  du  conducteur  fixe,  que  quand  il  ne 
pleut  pas  le  temps  devient  ou  plus  beau  ou  plus  mauvais,  selon  que  l'élec- 
tricité atmosphérique  passe  du  négatif  au  positif,  ou  vice  versa. 

»  La  nature  de  l'électricité  atmosphérique  varie,  dans  quelques  cas,  cinq 
ou  six  fois  dans  le  court  espace  de  trois  ou  quatre  minutes. 

»  On  ne  peut  arrivera  ces  trois  conséquences  avec  le  conducteur  mon- 
tant qui,  dans  les  jours  où  il  n'y  a  pas  d'orage,  donne  toujours  l'électricité 
positive,  puisqu'il  est  trop  influencé  par  l'électricité  de  la  Terre. 

»  Ce  que  dit  M.  Quetelet(i)  me  semble  vrai,  c'est-à-dire  qu'on  n'a  dé- 
montré aucune  relation  entre  1  électricité  de  l'atmosphère  et  le  magnétisme 
terrestre.  Quant  à  moi,  je  crois  que  même  si  celte  relation  existait,  elle  ne 
pourrait  se  manifester  avec  le  conducteur  montant  employé  à  l'Observa- 
toire du  Collège  romain,  parce  que  ce  conducteur  ne  peut  donner  la  vraie 
électricité  de  l'atmosphère. 

»  Mes  recherches  sur  l'électricité  tellurique  m'ont  amené  à  expérimenter, 
ici  à  Rome,  l'état  électrique  des  murs  d'un  bâtiment,  et  voici  ce  que  j'ai 
observé  : 

»  1°  Un  courant  électrique  passe  par  les  fils  qui  unissent  les  extrémités 
d'un  mur  avec  un  galvanomètre  de  douze  mille  tours,  et  se  dirige  de  l'ex- 
trémité la  plus  haute  à  la  plus  basse. 

))  2°  Ce  courant  croît  d'intensité  à  mesure  que  croît  la  distance  des  ex- 
trémités du  mur  à  partir  du  milieu. 

»  3°  Le  condensateur  à  piles  sèches  s'accorde  toujours  avec  le  galvano- 
mètre dans  ces  recherches,  pourvu  que  l'air  ne  soit  pas  trop  humide. 

»  4°  En  même  temps  j'ai  toujours  mis  le  galvanomètre  en  communication 
avec  l'électromètre  atmosphérique  à  conducteur  fixe,  sans  avoir  aucune 
manifestation  de  courant. 

»  5"  Près  du  milieu  du  mur  le  courant  est  insensible  et  le  condensateur 
ne  se  charge  nullement;  c'est  pourquoi  il  serait  un  peu  hasardé  de  dire 
avec    le    Bultelin  météorologique   du  Collège  romain  (2)    «  qu'il  est   imjjos- 

(i)  Institut,  n°  i484)  année  1862,  p.  igo.  —  Foir  aussi  Annales  de  l'Observatoire  royal 
de  Bruxelles,  t.  XIII,  année  1861,  p.  265. 

(2)  T.  I,  n"  7  du  3i  mai  1862,  p.  5o,  dernière  ligne,  et  ]>.  5i ,  première  ligne. 


(  9^7  ) 
»  sible  de  reconiiaUre  si  la  Terre  est  positive  on  négative,  parce  que  nous 
))  n'avons  aucun  moyen  de  reconnaître  l'état  électrique  absolu  d'un  corps.  » 
Le  même  journal  continue  à  dire  :  «  Celui  qui  trouverait  des  points  fixes 
»  absolus  aux  électromètres  rendrait  certainement  un  grand  service  à  la 
>i  science  (i).  »  Or,  puisque  dans  le  mur  on  passe  du  positif  au  négatif,  on 
doit  par  conséquent  admettre  un  état  absolu  neutre  dans  ce  nuir.  En  outre, 
si  une  grande  sphère  conductrice  isolée  est  recouverte  de  deux  hémisphères 
concentriques  que  l'on  enlève  ensuite,  celte  sphère  doit  présenter  un  état 
électrique  absolu.  Finalement,  M.  W,  Thomson  admet,  lui  aussi,  !a  possi- 
bilité d'avoir  des  états  électriques  absolus  (a). 

"  Quant  à  l'électricité  des  murs,  je  me  réserve  de  continuer  mes  re- 
cherches sur  les  causes  qui  influent  dans  ce  phénomène,  et  qui  porte  à 
considérer  certains  murs  comlne  des  piles  sèches.  Je  dirai  seulement  que 
dans  une  bonne  journée  un  mur  du  palais  de  M.  le  duc  Caetani  a  produit 
une  déviation  initiale  de  85  degrés  sur  les  deux  aiguilles  du  galvanomètre, 
et  que  peut-être  le  courant  des  murs,  qui  ne  coîite  rien,  pourra  s'augmenter 
et  même  s'utiliser.   » 

1^1.  l\oB.  KxiGHT  adresse  de  Philadelphie,  en  date  du  12  novembre,  une 
rectification  pour  une  Note  sur  les  causes  de  la  variation  de  l'aiguille  ai- 
mantée, qu'il  annonce  avoir  envoyée  par  un  précédent  navire. 

Cette  première  Note  n'est  pas  encore  parvenue  au  Secrétariat. 
A  4  heures  un  quart  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 


(i)  T.  I,  n°  7  du  3i  mai  1862,  p.  5i,  ligne  18. 

(2)  Archives  des  sciences  physiques  et  naturelles  de  Genéi'e,  nouvelle  période,  t.  XI,  uii- 
née  1861,  p.  224  et  225. 


(  9'8 


COMITE  SECRET. 


La  Section  de  Géométrie  jjropose  la  liste  suivante  de  candidats  pour  la 
place  de  Correspondant  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Sleiner. 

En  première  ligne.  .   .      M.  Sylvester à  Woolwich. 

M.  Hesse à  Kœnigsberg. 


En   seconde  ligne,  par 
ordre  alpliabéligue.  . 


M.  DE    JONQUIÈRES..     .     à    ToulOH. 

31.  Kroxecker.    ...   à  Berlin. 

M.  RicHEi.oT à  Berlin. 

M.  RiEMANN à  Gœttingue. 

M.  RozEN'HEui.    ...  à  Vienne. 

M.  Waerstrass.    .   .  à  Berlin. 


Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés  :  l'élection  aura  lien  dans  la 
prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  23  novembre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Sur  les  étoiles  filantes  et  leurs  lieux  d'apparition;  par  MM.  Ad.  QuETELET, 
Le  Verrier,  Haidinger  et  Poey.  (Extrait  des  Bulletins  de  l'Académie  Royale 
de  Belgique.)  Bruxelles;  br.  in-8°. 

Mémoire  sur  la  rage;  par  M.  Lafosse.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société 
impériale  de  Médecine,  Chirurgie  et  Pharmacie  de  Toulouse.)  Toulouse;  br. 
in-8°. 

Expériences  sur  l'aération  des  eaux  et  observations  sur  te  rôle  comparé  de 
l'acide  carbonique,  de  l'azote  et  de  l'oxygène  dans  les  eaux  douces  potables; 
propriétés  physiques  et  chimiques  de  ces  eaux  ;  par  M.  Jules  Lefort.  Paris, 
i863;  br.  in-4. 

Essai  d'une  théorie  géométrique  des  surfaces  (thèse  présentée  à  la  Faculté 
des  Sciences  de  Paris  pour  le  doctorat  es  sciences  maihématiques)  ;  par 
M.  A.  PiCART.  Paris,  i863;  in-4". 


(  9^9  ) 

De  l'application  de  lagiitta-percha  au  traitement  des  fraclurei ;  par  André 
Uytterhoeven.  Bruxelles,   i85i;  br.  in-8°. 

Note  sur  la  ventilation  naturelle  des  hôpitaux  et  des  édifices  publics  en  géné- 
ral; parle  même.  Bruxelles,   i853;  br.  in-8°. 

Sur  les  moyens  de  porter  immédiatement  secours  aux  blessés  sur  les  champs 
de  bataille;  par  le  môme,  Bruxelles,    i855;  br.  in-S". 

Encore  tm  mot  sur  les  moyens  déporter  immédiatement  secours  aux  blesse's 
sur  les  champs  de  bataille;  jiar  le  même.  Bruxelles,  i855;  br.  10-8". 

Mélanges  dechirurgie,  d'ophthalmologie  et  d' hygiène  publique  ;  parle  même. 
Bruxelles,  1859;  vol.  in-S". 

Notice  sur  l'hôpital  Saint-Jean.  Etude  sur  la  meilleure  manière  de  construire 
et  d'organiser  un  hôpital  de  malades  ;  par  le  même;  1^  édition.  Bruxelles, 
186-2;  vol.  in-8°. 

De  la  meilleure  manière  d'extraire  la  pierre  hors  de  la  vessie  ;  par  le  même. 
Bruxelles,  i863;  br.  in-8°. 

Lettre  sur  la  question  des  hôpitaux,  adressée  au  Conseil  d'administration  de 
i Association  internationale  pour  le  progrès  des  sciences  sociales;  par  le  même. 
Bruxelles,  i863;   br.  in  8". 

Quelle  est  la  qualité  nuisible  que  l'air  contracte  dans  les  hôpitaux  et  les  pri- 
sons, et  quels  sont  les  meilleurs  moyens  d'y  remédier;  par  A. -P.  Nahuys; 
traduit  du  latin  et  commenté  par  André  UYTTEnHOEVEN.  Bruxelles,  i863; 
br.  in-8°. 

Sur  la  théorie  de  raffouillement  glaciaire;  par  MM.  GaSTALDI  et  Gabr. 
DE  MoRTiLLET.  Milan,  1863  ;  br.  in-8°,  partie  en  italien  et  partie  en  français. 

Coupe  géologique  de  la  colline  de  Sienne;  par  M.  G.  DE  MORTiLLET. 
(Extrait  des  Alli  délia  Societa  ilaliana  di  Scienze  naturali;  vol.  V.)  Milan, 
br.  in-8°  avec  une  planche. 

Terrains  du  versant  italien  des  Alpes  comparés  à  ceux  du  versant  français; 
par  le  même.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France, 
t.  XIX.)  Paris;  br.  in-8°. 

Aviation  ou  navigation  aérienne  sans  ballons;  par  G.  DE  LA  Landelle. 
Paris,    i863;   vol.  in-12. 

Bibliothèque  et  cours  propulaires  de  Guebwiller.  Guebwiller,  i864;  in-8°. 

Travaux  de  l'Académie  impériale  de  Reims;  XXXV  vol.,  années  1861- 
1862,  n"'  I,  2,  3  et  4.  Reims,  i863;  2  vol.  in-8°. 

Del  collodio...  Du  collodion  considéié  comme  le  meilleur  moyen  thérapeu- 
tique clans  le  traitement  de  l'orchite  blennorrhagique ;  par  le  D''  A.  RicORDi. 
Milan,  i863;   br.  in-8°. 


(  9^0  ) 

Aiiszug...  ydnaljse  de  la  partie  malliémalique  de  mon  ouvrage  manuscrit 
«  La  Monocralie,  »  avec  des  propositions  tirées  des  œuvres  d'Arcliimède  et 
dHippocrale^  cl  des  éclaircissements  sur  ces  propositions;  par  Daniel-Griist 
MuLLER.  Aschaffenburg,  i863;  in-S". 

Die  Schiebersteiierungen...  Le  rè<jlement  des  tiroirs,  avec  une  application 
particulière  au  cas  des  locomotives;  par  le  D'' Gustave  ZeuîsER  ;  i"  édition, 
revue  et  corrigée.  Freiberg,  1862;  in-S". 

Das  Locomotiven...  Le  tuyau  soujjlant  des  locomotives;  recherches  théo- 
riques et  expérimentales  sur  l'aspiration  produite  par  un  courant  de  vapeur  et 
sur  la  jorce  de  succion  des  courants  liquides;  par  le  mêir.e.  Zurich,  i8()3; 
in-8°. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  3o  novembre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Le  docteur  Ernest  Godard.  Son  éloge;  p«r  le  D' Mautin-Mackon.  Sa  col- 
lecticm  archéologique  [simples  observations);  par  OWixier  BeauregaRD.  Paris, 
i863;in-8°. 

Observations  géologiques  sur  quelques  points  du  département  de  r Yonne; 
par  M.  Ed.  Hébert.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  historiques 
et  naturelles  de  l'Yonne.)  Paris,  i863;  br.  in-8°. 

Sur  le  non-synchronisme  des  étages  campanien  et  dordonien  de  M.  Coquand 
avec  la  craie  de  Meudnn  et  celle  de  Maëstricht.  Réponse  à  M.  Coquand;  par  le 
même.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France.)  Paris;  br. 
in-8°. 

Observations  sur  les  systèmes  bruxellien  et  laîkenien  de  Dumonl,  et  sur  leur 
position  dans  la  série  parisienne .,  Jaites  ci  Poccasion  du  Mémoire  de  M.  Le  Hon; 
par  le  même.  (Extrait  du  même  recueil.)  Paris;  br.  iu-S". 

Note  sur  la  craie  blanche  et  la  craie  marneuse  dans  le  bassin  de  Paris,  et 
sur  la  division  de  ce  dernier  étage  en  quatre  assises;  par  le  même.  (  Extrait  du 
même  recueil.)  Paris;  br.  in-8°. 

Recherches  sur  les  sut  faces  du  second  ordre;  por  l'abbé  AOUST;  i'*  partie. 
Marseille,  ig63;br.  in-8°. 

La  Terre  et  les  Mers,  ou  description  physique  du  globe;  par  Louis  FlGUlER. 
Paris,  i8G4;  vol.  in-4°. 

Précis  d'histologie  humaine,  d'après  les  travaux  de  récole  française;  par 
Georges  Pouchet.  Paris,  i864;  in-8°. 


(  921  ) 

Essai  de  phylomorphie,  ou  Etude  des  causes  qui  déterminent  les  principales 
J'ormes  végétales;  par  Ch.  Fermond  ;  t.  I.  Paris,  i864;  in-8". 

Etudes  comparées  des  feuilles  dans  les  trois  grands  embranchements  végétiat.x  ; 
par  le  même.  (Extrait  du  toine  11  de  l'Esuii  de  plipomorpliie.)  Vari^,  1864  : 
in-8°. 

Notice  sur  les  titres,  Mémoires  et  ouvrages  scientifiques  de  Ch.  Fermond. 
Paris,    1861  ;in-8°. 

Le  Fraisier;  par  le  comte  Léonce  DE  Lambertye.  Paris,  i864;  in-8". 

Les  inondations  en  France  depuis  le  vi^  siècle  jusqu'à  nos  jours  ;  jkw  Mau- 
rice Champion;  t.  V.  Ptiris,  i863;  iu-S".  (Destiné  au  concours  pour  le 
prix  de  Statistique.) 

Gouvernement  général  de  l'Algérie.  Catalogue  des  végétaux  et  graines 
disponibles  et  mis  en  vente  au  Jardin  d'acclimatation,  au  Hanmia  {près 
Alger),  pendant  l'automne  de  i863  et  le  printemps  de  1864.  Alger,  i863; 
br.  in-8°. 

Musée  Teyler.  Catalogue  systématique  de  la  collection  paléontologique  ;  par 
T.-C.  WiNKLEii;  i^Mivraison.  Harlem,  i863;  in-8°. 

The  Nauticai...  Almanacli  nautique  et  éphémérides  astronomiques  pour 
l'année  1867,  publié  par  ordre  des  lords  commissaires  de  l'Amirauté. 
Londres,  i863;  in-8°. 

Ephemerides...  Ephémérides  des  petites  planètes  pour  l'année  1864.  (Sup- 
plément au  Nauticai  A Imanac  pour  V année  1867.)  Londres;  in-S". 

Report...  Rapport  sur  la  3%^  réunion  de  l' Association  britannique  pour 
l'avancement  des  sciences,  tenue  à  Cambridge  en  octobre  18G2.  Londres,  i863: 
vol.  in- 8°. 

On  the  characters...  Sur  les  caractères,  le  mode  d'action  et  les  usages  thé- 
rapeutiques de  la  fève  du  Calabar  (Physostigma  venenosum,  Balfour);  pai 
Thomas  R.  Fraser.  Edimbourg,  i863;  in-S", 

Die  gasvolumelrische. . .  L'analyse  eudiométrique  coirmie  moyen  à  em- 
ployer pour  des  recherches  de  chimie  pure,  de  chimie  agricole  et  de  chimie 
industrielle;  par  le  D"'  Franz  SCHULZE.  Rostock,  i863;  br.  in-8°. 


C.  R.,  l8G3,  2"»^  Semeslre.  i  T    LVII,  N»  22..  "  ^3 


(  9=^2  ) 

PUBLICATlOJfS      PÉIIIODIQUES      REÇUES      PAR      l'aCADÉMIE     PEXDAXT 
LE    MOIS    DE    NOVEMBRE    l«03. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l' Académie  des  Sciences  ;  2'  se- 
mestre i863,  n"'  18  à  21  ;  in-^"- 

Annalesrle  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Du.MAS,  Pelouze, 
BnusSINGAULT,  Regnault;  avec  une  Revue  des  travaux  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique publiés  à  l'étranger,  par  MM.  WuRTZ  et  Verdet  ;  3*=  série,  t.  LXVIII, 
octobre  i863;  in -8°. 

Annales  de  la  So-iétc  Météorologique  de  France;  t.  XI;  i8G3,  2"  part., 
feuilles  7318;  in-8°. 

Annales  forestières  ec  métallurgiques;  22'^  année,  t. II.  octobre  i86'3;  in-8". 

An>iales  delà  Propagation  de  la  foi;  11°  211  ;  novembre  i863;  in- ta. 

Annales  télérp^^ydiiques;  t .  VI  ;  (septembre  à  octobre  i863);  in-S". 

Atli  del  reale  Instiluto  Lombnrdo  di  Scienze y Lettcre  ed  Arti;  fasc.  1 7  et  18. 
Milan  ;in-8°. 

Alli  deirimp.  reg.  Instiluto  Veneto  di  Scienze,  Leltere  ed  Arti;  t.  IX, 
8"=  et  9"  livr.  Venise,  in-8". 

Bul'clin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine  ;  t.  XXIX,  11°'  i ,  2  et  3  ;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France  ;  t.  XX,  feuilles  3i  à  48,  livrai- 
son d'octobre  ;  in-8'\ 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse  ;  septembre  i863;  in-S". 

Bulletin  des  sêcmces  de  la  Société  impériale  et  centrale  d Agriculture  de  France; 
a'' série,  t.  XVIII,  r."  11;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  [industrie  nationale,  rédigé  par 
MM.  Combes  et  Peligot;  2*=  série,  t.  X,  septembre  i863;  'm-[\°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Agriculture ,  Sciences  et  Arts  de  la  Sarthe^  1"  tri- 
mestre i863;  in-8''. 

Bulletin  de  la  Société  de  Geo^n7/;/»'e;  septembre  et  octobre  i863;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  g"  année,  octobre  i863; 
in-8". 

Bulletin  de  l'Académie  rojale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
BeUfique  ;  32"  année,  2"  série,  t.  XV,  n"*  9  et  10;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  académique  d'Agriculture,  Belles- Lettres,  Sciences  et 
Arts  de  Poitiers  ;  juin  et  août  1 803  ;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  de  l'industrie  minérale;  t.  VIII,  3*  livraison  (jan- 
vier-mars i863)-,    in-8"  avec  .Allas. 


(9^3) 

Bulletin  de  la  Sociélé  d'acclimatation  et  d'Histoire  naturelle  de  l'île  de  la 
Réunion  ;  n°  [\\  octobre  i863.  Saint-Denis  (Réunion)  ;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  procjrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  12"  année,  t.  XXIII,  n°^i8  à  ai  ; 
in-S". 

Catalogue  des  Brevets  d'invention  ;  année  i863,  n"  5;  in-8". 

Gazette  des  Hôpitaux;  30*^  année,  n°'  126  a  137;  iii-8". 

Gazette  médicale  de  Paris;  3'i^  année,  t.  XVIII,  n°'  44  à  4?  j  iH-4°- 

Il  Nuovo  Cimento Journal  de  Physique^  de  Chimie  et  d' Histoire  naturelle  ; 

mars  i863.  Turin  et  Pise;  in-B". 

Journal  d'Jgriculture  pratique;  27'' année,  i863,  n°^  21  et  22;  in-8". 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  t.  IX,  4*^  série, 
novembre  i863;in-8°. 

Journal  de  la  Sociélé  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  t.  IX,  octobre 
i863;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie  ;  22*  année,  t.  XLl,  novembre  i863; 
in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  29^  année,  n°'  3o, 
3 1  et  32  ;  in-8°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées  ;  août  et  septembre  i863; 
in -4°. 

Journal  desjabricants  de  sucre;  4^  année,  n°'  29  à  32;  in-4". 

L'Abeille  médicale;  20^  année,  n""  44  'i  47;  in-4°- 

L'Agriculteur  praticien;  3"  série,  t.  IV,  n°'  26  et  27  ;  m-8°. 

L'Art  médical;  9°  année,  t.  XVII,  novembre  i863;  in-8°. 

L'Art  dentaire;  7"  année,  nouvelle  série;  octobre  i863;  in-4°. 

La  Lumière;  iS"  année,  n"'  20  et  21  ;  in-4°- 

Im  Médecine  contemporaine  ;  5"  année,  n°^  20  et  21  ;  in-4". 

La  Science  pittoresque  ;  8^  année;  n°*  27  à  3o;  in-4°. 

La  Science  pour  tous;  8"  année;  n°^  47  à  ?i  ;  in-4°. 

Le  Gaz;  7®  année,  n°9;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  la  Plioiographie ;  S*' année,  n"^  î6  et  17;  in-4". 

Leopoldina...  Organe  officiel  de  l'Académie  des  Curieux  de  la  nature,  pu- 
blié par  son  président,  le  D'"C.-Gust.  Cabus;  n"'  5  et  6;  octobre  i863  ;  in-4^. 

Les  Mondes.  . .  Revue  hebdomadaire  des  Sciences  et  de  leurs  applications  aux 
Arts  et  à  l'Industrie;  i'^  année,  t.  II,  bvr.  i3  à  16;  iii-S". 

Montpellier  médical:  Journal  mensuel  de  Médecine;  6*^  année,  t.  X; 
novembre  i863;  in-8°. 


(  924  ) 
Nouvelles  Annales  de  Mathématiques  ;  a*  série;    novembre  i863;  in-8'\ 
Presse  scientifique  des  Deux  Mondes;  année  1 863,  t.  l",  n°'  21  et  22  ;  in-S". 
Pliarmaccutical  Journal  and  Transactions;  vol.  V,  n°*  /j  et  5;  in-8°. 
Revue  de  Thérapeutique  médico-chintrcjic aie;  3o*  année,  n^'ai  et  i-x;  in-8". 
Revue  maritime  et  coloniale  ;  t.  VII,  novembre  i863;  in-B". 
Revue  de  Sériciculture  comparée  ;  n"'  7,  8  et  9;  in-S". 

The  quarterly  journal  of  the  Chemical  Society;  2^  série,  t.  I,  juillet,  août 
et  septembre  186.1;  in-S". 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  7  DÉCEMBRE  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


3ÏEM0IUES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Ministre  de  l"'Instruction  publique  transmet  une  amplieition  d'un 
décret  impérial  eu  date  du  i5  novembre,  autorisant  l'Académie  à  accepter 
le  legs  qui  lui  a  été  fait  par  31.  Desmazières  d'une  somme  de  35ooo  francs 
dont  le  revenu  sera  affecté  à  la  fondation  d'un  prix  annuel  pour  le  meil- 
leur ou  le  plus  utile  écrit  sur  tout  ou  partie  de  la  cryptogamie. 

PHYSIQUE.—  06sen>rt«ions  de  M.  Ed.  Becquerel  sur  la  Note  de  MM.  H.  Sainte- 
Claire  Doville  el  Troost,  relative  à  l'évaluation  des  températures  élevées. 

<i  Dans  la  dernière  séance,  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  a  présenté,  tant  en 
son  nom  qu'au  nom  de  M.  Troost,  une  Note  relative  aux  résultats  que  j'ai 
obtenus  dans  l'évaluation  des  températures  élevées,  résultats  qui  sont  en 
désaccord  avec  ceux  qu'ils  ont  donnés.  Us  ont  critiqué  également  la  mé- 
thode expérimentale  dont  j'ai  fait  usage;  il  me  sera  facile  de  démontrer 
1  exactitude  de  cette  méthode  et  des  résultats  auxquels  elle  conduit,  et  par 
conséquent  que  les  nombres  qu'ils  donnent  comme  résultant  de  leurs  ob- 
servations me  paraissent  s'éloigner  des  valeurs  que  l'on  doit  trouver. 

))  Us  sont  revenus  sur  la  perméabilité  du  platine  porté  au  rouge  par  rap- 
port au  gaz  hydrogène;  ils  ont  supposé  que  le  réservoir  en  platine  du  pyro- 

C.  R.,  i863,  2""  Semesire.  (T.  LVII,  N°  23.)  '  ^4 


(  9^6  ) 
iiic'tie  dont  je  m'étais  servi  avait  laissé  pénétrer  du  gaz  hydrogène  qui,  en  se 
combinant  avec  l'oxygène  de  l'air  intérieur,  avait  altéré  l'effet  de  la  dilata- 
tion observée.  Ce  serait,  d'après  eux,  l'objection  la  plus  grave  à  faire  à  mes 
recherches,  objection  qu'ils  avaient  déjà  faite  dans  leur  première  Note. 

)>  Or,  dans  mon  premier  travail,  si  dans  une  série  d'expériences  l'appa- 
reil se  trouvait  placé  au  milieu  d'un  tube  en  terre,  dans  l'autre  il  était  en- 
touré d'une  douille  en  fer,  et  le  gaz  hydrogène  du  fourneau  ne  pouvait  pas 
arri\er  en  contact  avec  le  platine.  J'avais  aussi  employé  indifféremment  des 
tubes  en  terre,  en  porcelaine  et  en  fer,  et  je  n'avais  pas  cru  devoir  faire  atten- 
tion aux  différences  qu'ils  peuvent  présenter,  car  j'avais  constaté  par  avance 
que  le  pyromètre  porté  au  rouge  pendant  au  moins  une  heure  maintenait 
l'air  raréfié  par  une  machine  pneumatique,  sans  changement  notable  de 
pression.  Du  reste,  dans  les  diverses  expériences,  je  n'avais  observé  auc(uie 
irrégularité  subite  dans  la  dilatation;  il  devenait  donc  fort  peu  probable 
que  l'effet  signalé  ait  pu  se  produire  dans  le  premier  cas,  car  il  se  serait 
manifesté  seulement  au  moment  où  le  réservoir  aurait  été  porté  au  rouge, 
et  alors  le  défaut  de  régularité  de  marche  de  l'appareil  aurait  dû  être  accusé 
au  moyen  du  manomètre.  Je  dois  faire  observer  que  dans  l'expérience  nou- 
velle signalée  par  i\IM.  Deville  etTroost,et  qu'ils  ont  faite  dans  le  but  d'imiter 
la  disposition  du  |)remier  pyromèlredont  je  m'étais  servi,  ils  ont  enx-nièmes 
reconnu  [Comptes  rendus^  t.  LVII,  p.  SgS)  qu'au  bout  d'une  heure  l'in- 
troduction du  gaz  hydrogène  devait  s'arrêter,  et  comme  je  n'avais  pas, 
comme  eux,  à  introduire  une  capsule  pleine  d'eau  dans  le  cendrier  du  four- 
neau, je  devais,  au  milieu  de  l'expérience,  n'avoir  plus  d'introduction  de 
vapeur,  en  supposant  qu'il  y  en  ait  eu. 

»  Ainsi,  bien  qne,  d'après  ce  qui  précède,  l'assimilation  de  mon  réser- 
voii"  thermométrique  au  tube  en  platine  parcouru  par  un  courant  de  gaz 
ne  m'ait  pas  paru  suffisamment  établie,  néanmoins,  pour  éviter  toute  objec- 
tion de  ce  genre  dans  la  détermination  des  températures  élevées,  ainsi  que 
le  failde  changement  de  volume  que  j'avais  remarqué  avec  l'air  confiné,  j'ai 
éliminé  complètement  le  platine  dans  la  construction  des  appareils  pyro- 
métriques, et  j'ai  recommencé  mon  travail,  comme  on  l'a  vu,  en  n'em- 
jjloyant  que  des  a|ipareils  en  porcelaine  et  en  fer,  dont  quelques-uns  sont 
semblables  à  ceux  dont  MM.  Deville  et  Troost  ont  fait  usage.  Il  n'y  a  plus 
alors  de  supposition  à  faire  quant  à  la  production  de  vapeur  d'eau  a  l'inté- 
rieur des  pyromètres.  Ce  sont  les  résultats  de  ce  travail  que  je  suis  venu  pré- 
senter à  l'Académie  il  y  a  quinze  jours;  ils  sont  la  réponse  la  plus  nette  à 
l'objection  qui   m'est  faite,  et  démontrent,  au  moyen   d'expériences  nom- 


(  9^7  ) 
breiises  et  suivies  [)enclaiit  plusieurs  mois  avec  des  pyromèlres  à  réservoirs 
en  porcelaine  et  en  fer,  que  les  résultats  qu  on   m'oppose  sont  beaucoup 
trop  élevés. 

»  Du  reste,  il  est  facile  de  se  coiivaincre,  par  une  description  succincte 
des  procédés  d'expérimentation  employés,  cpie  celui  dont  j'ai  fait  usage  est 
très-simple  et  d'une  grande  exactitude  en  raison  du  contrôle  que  l'on  peut 
exercer  lors  des  déterminations  expérimentales,  tandis  que  celui  dont  se 
sont  servis  IVIM.  Devilie  et  Troost,  bien  qu'exact  en  principe,  peut  dans 
l'application,  à  moins  de  précautions  qu'il  n'est  peut-être  pas  possible  de 
prendre  toujours,  surtout  dans  les  températures  élevées,  donner  des  résul- 
tats qui  s'écartent  des  véritables  valeurs;  et  d'ailleurs,  ce  dernier  procédé 
ne  permet  pas  de  vérification  à  moins  de  faire  plusieurs  déterminations  suc- 
cessives. 

»  La  méthode  dont  je  me  suis  servi  est  basée,  comme  dans  mon  pre- 
mier Mémoire,  sur  l'emploi  des  appareils  si  précis  de  M.  PouiUet  et  de 
ceuxde  JVI.  Regnault;  mais  elle  a  été  bien  simplifiée  en  profitant  des  dis- 
positions qui  ont  été  données  par  M.  Regnault,  dans  ses  Recherches  sur 
la  mesure  des  températures  [Mémoires  de  l'Académie,  t.  XXI,  p.  i68).  Cette 
méthode  consiste  à  faire  varier  la  force  élastique  du  gaz  contenu  dans  le  pyro- 
mètre  à  r.ne  températuie  déterminée,  et  à  évahier  le  changement  de  volume 
du  gaz  dans  le  tulje  manométrique,  ainsi  que  la  variation  de  pression,  soit 
en  plus,  soit  en  moins.  En  exprimant  que  la  masse  du  gaz  reste  la  même,  oti 
a  une  formule  simple  dans  laquelle  il  n'entre  que  le  volume  du  ballon  du 
pyromètre  ainsi  que  la  température  inconnue,  en  fonction  du  change- 
ment de  volume  observé  dans  le  manomètre  et  des  forces  élastiques  du  gaz. 
Le  vokuiie  du  ballon  étant  connu,  ainsi  que  celui  du  tube  manométricpie, 
on  a  la  température  que  l'on  cherche  (i). 

»  L'expression  siaq)Ie  ou  la  fonction  delà  température  à  laquelle  on  est 
conduit  est  indépendante  de  la  masse  totale  du  gaz  qui  se  trouve  à  un 
moment  donné  dans  le  réservoir  du   pyrométre;  il  suffit  que  cette  masse 

Ci)  Si  l'on  appelle  V  le  volume  du  ballon  du  pyroraètre,  D  son  coefficient  de  dilatation 
cubique  et  T  sa  tempéi'ature;  m  le  volume  du  tube  capillaire  de  même  section  que  le  réser- 
voir et  qui  se  trouve  soudé  à  lui;  n  le  volume  du  tube  c'apillaire  en  verre  qui  joint  le  pyro- 
mètre  au  manomètre;  v  le  volume  du  tube  en  verre  du  nianomèîre  jusqu'au  niveau  du 
mercure  à  l'origine  de  l'observation;  k  le  coefficient  de  dilatation  cubique  du  vene,  et  /  la 
température  du  bain  d'eau  qui  entoure  ce  manomètre;  H  la  force  élastique  du  gaz  contenu 
dans  le  pvromèlre  et  mesuré  au  moyen  de  la  pression  barométrique  et  de  la  différence  des 
niveaux  du  mercure  dans  le  manomètre;  la  densité  du  gaz  à  o  degré  étant  d„  et  le  coelficicnt  de 

I  2/(. 


(  9^8  ) 
reste  la  même  pendant  que  l'on  observe  le  gaz  sous  deux  pressions  diverses. 
On  peut,  du  reste,  au  moyen  du  tube  à  trois  branches  qui  est  fixé  au  tube 
capillaire  en  verre  situé  à  la  partie  supérieure  du  manomètre,  enlever  du 
gaz,  en  remettre  d'autre  également  sec,  y  introduire  de  l'azote,  etc.,  et,  une 

dilatation  de  ce  gaz  étant  a,  on  a  pour  la  masse  de  gaz  renfermée  dans  l'appareil  : 


U(i 


+  DT) 


(" 


H-D 


T+^ 


l  +  a. 


T4-  t 


l-f-a- 


^)J 


"(■ 


kt)\  f/„H 


(i-t-afj   1  760 


Lorsque,  comme  je  l'ai  fait  avec  l'un  des  pyromètres,  une  partie  de  la  longueur  des  tubes  m 
et  n  se  trouve  maintenue  à  une  température  constante  0  autre  que  t,  par  un  bain  d'eau,  il 
suffit,  pour  la  correction  relative  à  la  petite  partie  de  m  qui  est  à  une  température  variable,  de 

>     ■•      -,   -  T-+-e 

supposer  cette  dernière  égale  a • 

Si  la  température  du  pyromètre  et  du  manomètre  restant  la  même,  on  fait  varier  la  force 
élastique  du  gaz  intérieur  en  versant  du  mercure  dans  la  branche  ouverte  du  manomètre  ou 
en  en  faisant  écouler,  et  que  cette  force  élastique  devienne  H',  le  volume  c  deviendra  c  +  « 
ou  V  —  a,  le  volume  a  mesuré  dans  le  tube  manométrique  étant  égal  à  cinq,  dix  ou 
quinze  centimètres  cubes.  On  aura,  en  supposant  par  e.xemple  H'  ]>  H, 


V(i+BT) 

(i+aT)    ' 


Th-A  /      ,       T+t 


T4-  t 


+  a. 


i'(t+//)        a(i+Xf){  rf.H' 


(I  4-afj         (i  +y.t)  i  760 


En  égalant  les  deux  expressions,  réduisant  les  facteurs  communs  et  exprimant  parj  la  valeur 
\ ^    "    /     Il  qui  représente  la  masse  de  la  petite  quantité 


de 


w  H-  D 


4-  a  - 


T-hf 


de  gaz  contenue  dans  les  tubes  capillaires,  laquelle,  dans  les  expériences,  était  assez  petite  pour 

être  au-dessous  de de  celle  contenue  dans  le  réservoir  V  du  pyromètre,  on  a 

3,00  '  •' 


V(i-4-DT) 

(i  +  aTj 


-t-J 


Dans  cette  expression  T  est  seule  inconnue;  il  suffit  donc  de  l'observation  des  deux  pressions 
H  et  H'  et  du  changement  de  volume  «  pour  déterminer  la  température  T  du  j)yromètre. 
Dans  le  calcul  de  T,  on  peut  éviter  de   résoudie  complètement  l'équation,  car  ) ,   dont  la 

valeur  n'atteint  pas  de  V,  contenant  aussi  T,  on  calcule  d'abord  par  approximation  une 


valeur  de  T,  en  su]qiosant  7  nul,  puis  ensuite,  en  exprimant^  au   moyen  du  nombre  que 


(  9^9  ) 
fois  le  petit  tube  refermé,  recommencer  une  nouvelle  détermination,  et  cela 
à  plusieurs  reprises,  pendant  que  la  température  du  pyrometre  est  sta- 
tionnaire.  Ou  peut  donc,  pour  ainsi  dire,  jauger  la  masse  de  gaz  contenue 
dans  la  capacité  du  pyromètre  pendant  toute  la  durée  de  l'opération  par 
des  observations  de  pression,  et  l'on  reconnaît  alors,  quand  les  détermina- 
tions sont  les  mêmes,  que  les  indications  pyrométriqties  sont  obtenues  dans 
des  conditions  régulières.  Il  est  facile  également  d'agir  sous  des  pressions 
initiales  différentes,  et  l'on  peut  arriver  ainsi  à  une  grande  précision. 
M.  Regnault,  dans  ses  Recherches,  indiquait  la  séparation  complète  du 
réservoir  thermométrique  et  du  manomètre  pendant  la  durée  de  l'action 
calorifique.  Dans  mes  expériences,  les  deux  appareils  ne  sont  restés  unis 
l'un  avec  l'autre  que  pour  pouvoir  suivre  d'une  manière  continue  la  mar- 
che ilu  pyromètre  à  air  avec  celle  du  pyromètre  thermo-électrique.  D'ail- 
leurs, le  tube  ou  robinet  à  trois  branches  permettait  de  changer  à  volonté 
la  pression  intéiieure  de  façon  à  la  rendre  toujours  peu  différente  de  la 
pression  atmosphérique. 

«  A  l'aide  de  la  méthode  précédente,  j'ai  pris  les  températures  d'ébulli- 
tion  de  l'eau,  au  mercure,  du  soufre,  et,  ainsi  que  je  l'ai  dit  précédem- 
ment (i),  pour  le  changement  d'état  de  ce  dernier  corps  j'ai  obtenu  à 
moins  de  i  degré  Ja  même  température  que  celle  qui  est  donnée  par 
M.  Regnault  dans  ses  Recherches  sur  les  forces  élasliques  des  vapeurs  (2). 

V  (  I  -H  DT  ) 

l'on  trouve,  on  arrive  à  obtenir — -^  ?  et  par  conséquent  T  ;  à  l'aide  de  deux  approxi- 

I  -t-  aT 

mations  de  ce  genre  on  a  la  température  inconnue. 

La  limite  d'erreur  de  cette  méthode  tient  en  majeure  ])artie  à  l'exactitude  avec  laquelle  la 

quantité  • est  déterminée  expérimentalement  au  moven  de  H,  H'  et  de  a.  Dans  les 

I  -|-aT 

expériences  que  j'ai  faites  et  avec  mes  appareils,  j'ai  vu  que  l'on  pouvait  avoir  une  différence 
de  quelques  millièmes  au  plus  dans  deux  expériences  consécutives.  A  l'aide  d'un  certain  nom- 
bre de  déterminations  dont  on  prend  les  moyennes,  on  arrive  à  une  évaluation  qui,  dans  les 
températures  élevées,  ne  peut  différer  de  la  véritable  valeur  que  d'un  petit  nombre  de  de- 
grés, ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin. 

(1).  Comptes  rendus,  t.  LVII,  p.  855. 

(2)  Je  ferai  remarquer  à  cette  occasion  que  MIM.  Deville  et  Troost  se  considèrent  couiuie 
les  premiers  qui  se  soient  servis  de  liquides  bouillant  à  haule  température  comme  donnant 
des  points  fixes  susceptibles  d'être  appliqués  dans  les  recherches  de  physique  expérimentale. 
Mais  la  fixité  de  la  température  d'ébullition  d'un  corps  à  une  pression  déterminée  est  admise 
depuis  longtemps,  et  l'on  connaît  l'étude  approfondie  qui  a  été  faite  sur  plusieurs  matières 
bouillant  à  hautes  températures  par  IM.  Regnault,  dans  ses  longues  et  importantes  Recherches 
sur  les  forces  élastiques  et  les  chaleurs  latentes  des  vapeurs  [Mémoires  de  t',-/cat/émie  des 
Sciences,  t.  XXI  et  XXVI,  p.  5o4,  520  et  suiv.). 


(9^o) 

»  J'ai  déterminé  alors  la  température  de  rébullilioii  du  zinc  dans  le  fer, 
qui  est  celle  où  je  me  suis  trouvé  en  désaccord  avec  MM.  DevilleetTroost.  Je 
me  suis  servi  de  trois  sortes  de  pyrometies  :  deux  en  porcelaine  et  un  en  fer 
contenant  de  l'azote  sec.  L'un  des  pyromètres  (provenant  de  la  fabrication 
de  M.  Gosse)  est  semblable  à  ceux  dont  MM.  DevilleetTroost  ont  fait  usage, 
sauf  les  dimensions  ;  il  est  vernissé  à  l'extérieur,  et  le  tube  en  porcelaine  qui 
s'y  trouve  soudé  est  à  diamètre  beauconp  plus  petit  que  celui  des  ballons 
qu'ils  avaient  employés,  ce  qui  diminue  la  correction  due  à  la  masse  d'air 
située  en  dehors  du  réservoir  thermométrique. 

M  J'ai  remarqué,  dans  le  projet  détaillé  d'expériences  que  MM.  Deville  et 
ïroost  se  proposent  d'entreprendre,  c|u'i]s  pensaient  que  les  ballons  en 
porcelaine  étaient  d'un  usage  incertain  à  cause  des  irrégularités  intérieures 
que  peuvent  présenter  les  tubes  qui  les  terminent.  Cela  peut  être  vrai  d'une 
manière  générale;  mais  pour  ceux  dont  j'ai  fait  usage,  le  volume  intérieur 
du  tube  a  été  diminué  encore  par  l'introduction  d'un  fil  métallique  de  pla- 
tine ou  (l'or,  de  sorte  que  ce  volume  a  été  inférieur  à  —  de  celui  du  bal- 

'  200 

Ion.  Ainsi,  les  irrégularités  signalées  ne  peuvent  avoir  ici  aucune  influence 
appréciable. 

»  Un  autre  pyromètre  ['provenant  de  chez  M.  Clauss)  était  en  porcelaine 
épaisse  et  vernissée  à  l'intérieur;  il  avait  le  réservoir  cylindrique,  et,  par 
une  dépression  à  la  base  du  cylindre,  permettait  au  pyromètre  thermo- 
électrique  de  se  placer  dans  l'axe  de  l'appareil. 

»  L'appart'il  en  fer  a  été  fait  avec  beaucoup  de  soin  par  M.  Golaz;  le  tube 
capillaire  en  fer  joint  au  réservoir  était  parfaitement  régulier  à  l'intérieiu', 
et  son  volume  a  été  réduit  de  beaucoup  par  l'introduction  d'un  fil  de  fer. 

»  J'ajouterai  que  les  réservoirs  thermométriques  n'ont  pas  présenté  de 
déformation  après  l'action  calorifique,  qui  d'ailleurs,  jusqu'à  l'ébullition 
du  zinc,  n'était  pas  très-forte;  cela  résulte  de  la  mesure  du  volume  de  ces 
réservoirs  avant  et  après  chaque  opération. 

»  Dix  séries  de  déterminations  avec  ces  divers  appareils  ont  conduit  à 
des  valeurs  qui  ne  diffèrent  que  de  quantités  peu  considérables,  eu  égard 
aux  difficidtés  que  présentent  les  déterminations  des  températures  élevées; 
en  effet  l'écart  des  moyennes  n'a  été  que  de  iZj  degrés  et  la  température 
moyenne  observée  a  été  de  891  degrés.  Bien  plus,  la  détermination  dans 
chaque  série  est  elle-même  la  moyenne  d'observations  faites  en  changeant 
la  qu;intité  de  gaz  renfermée  dans  l'intérieur  du  pyrométre,  et,  dans  chaque 
cas,  ou  n'a  pris  les  déterminations  numériques  que  lorsqu'elles  ont  été  con- 
stantes avec  chaque  appareil,  ainsi  qu'on  Ta  expliqué  plus  haut. 


(  93"  ) 
))  Je  dois  signaler  une  des  difficultés  que  l'on  rencontre  dans  la  détermi- 
nation des  températures  quand  elles  atteignent  le  rouge;  elle  réside  clans  la 
dessiccation  des  parois  des  réservoirs  thermométriques,  ainsi  que  du  gaz 
contenu.  Il  faut  maintenir  ces  réservoirs  à  la  température  rouge  pendant 
un  certain  temps  et  changer  l'air  un  grand  nombre  de  fois  pour  avoir  des 
résultats  sur  lesquels  on  puisse  compter.  Pour  montrer  la  limite  d'erreur 
que  l'on  peut  commettre  avec  les  appareils  que  j'ai  employés,  je  dirai  que 
dans  les  expériences  faites  avec  le  second  pyromètre  en  porcelaine,  dont  le 

volume  à  zéro  était  149'''', 578,  la  valeur  de —S  déterminée  par  ex- 
périence à  l'ébullition  du  zinc  dans  le  fer,  a  varié  de  34,95  à  35, 3o,  et  a  été 
en  moyenne  de  35",!  5;  la  différence  correspond  par  le  calcul  à  i5  degrés 
environ,  et,  comme  c'est  la  moyenne  précédente  qui  est  entrée  comme  un 
des  éléments  dans  le  calcul,  il  n'y  aurait  de  ce  fait  que 6  à  7  degrés  au  plus 
de  différence  sur  la  véritable  valeiu'  de  la  températin-e  à  mesurer. 

»  La  température  d'ébullition  du  zinc  se  trouvant  déterminée  de  cette 
manière,  j'ai  fait  usage  de  la  même  disposition  d'appareils,  mais  en  opérant 
avec  la  même  masse  de  gaz  confiné  dans  les  hautes  comme  dans  les  basses 
températures  et  en  comparant  le  volume  occupé  par  le  gaz  à  la  température 
d'ébullition  du  zinc  ainsi  qu'à  zéro,  c'est-à-dire  en  me  servant  du  pyro- 
mèlre  à  air  de  M.  Pouillet,  comme  dans  le  premier  Mémoire.  Par  ce  mode 
d'observation,  j'ai  souvent  remarqué  des  changements  anormaux  dans  la 
masse  totale  de  gaz  confiné  (surtout  avec  le  fer  et  l'azote)  dont  la  mé- 
thode précédente  est  indépendante;  néanmoins  la  moyenne  obtenue  avec 
la  porcelaine  n'a  différé  que  de  7  degi'és  du  nombre  indiqué  plus  haut. 

»  Je  me  suis  également  servi  de  la  méthode  dont  MM.  Deville  et  Troost 
ont  fait  usage,  méthode  employée  par  Dulong  et  Petit  lors  de  la  compa- 
raison de  la  marche  du  thermomètre  à  air  et  de  celle  du  thermomètre  à 
mercure.  Mais,  ainsi  que  M.  Regnault  l'a  montré  dans  ses  Recherches  sur 
la  dilatation  des  gaz  (i),  cette  méthode  exige  des  précautions  particulières 
pour  donner  des  résultats  exacts;  d'abord  inie  dessiccation  parfaite  des 
gaz  et  du  réservoir,  puis  des  précautions  extrêmes  pour  s'opposer  à  l'in- 
troduction du  gaz  dans  l'intérieur  au  moment  de  la  rupture  de  l'extrémité 
du  tube  sous  le  mercure;  ce  dernier  inconvénient  se  trouve  en  partie  cor- 
rigé par  l'emploi  d'un  petit  robinet  en  fer  à  l'extrémité  du  tube.  Quand  on 
opère  ainsi  à  des  températures  peu  élevées^  on  se  sert  de  réservoirs  en  verre 
portant  une  pointe  eftîlée  à  l'extrémité  du  col,  de  sorte  qu'il  est  facile  tle 

(1)   Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  t.  XXI,  p.  24  •>  34;   1847- 


(9^2  ) 
fermer  celte  pointe  par  l'application  rapide  du  dard  dû  chalumeau;  ensuite 
la  transparence  du  verre  permet  de  juger  de  la  hauteur  du  mercure  et, 
par  conséquent,  de  la  pression  du  gaz  intérieur  après  le  refroidissement. 
Pour  des  températures  au-dessus  du  rouge  et  avec  des  ballons  en  porce- 
laine, le  tube  en  porcelaine  peut  bien  être  soudé  à  son  extrémité,  comme 
I\î.  H.  Deville  l'a  fait  et  comme  je  l'ai  répété  d'après  ses  indications,  mais 
la  fermeture  a  lieu  au  chalumeau  à  gaz  et  non  pas  instantanément:  de  sorte 
que  l'on  peut  craindre  l'introduction  dun  peu  de  vapeur  d'eau  au  moment 
de  la  fermeluie.  Bien  plus,  en  raison  du  défaut  de  transparence  de  la  porce- 
laine, pour  évaluer  le  volume  du  gaz,  après  le  refroidissement,  on  est  obligé 
de  le  transvaser  dans  une  éprouvette  graduée. 

»  Pour  faire  usage  de  cette  méthode  avec  un  ballon  en  porcelaine,  et 
me  mettre  à  l'abri  autant  que  possible  de  ces  causes  d'erreur,  j'ai  fait  usage 
d'un  ballon  à  long  col  ;  j'ai  joint  le  tube  en  porcelaine  à  un  tube  en  verre 
effilé  au  moyen  de  mastic  qui  permet  aux  appareils  de  tenir  parfaitement 
le  vide.  J'ai  maintenu  la  jonction  des  tubes,  ainsi  que  la  plus  grande  partie 
de  ceux-ci,  à  basse  température  pendant  l'opération  ;  j'ai  desséché  le  ballon 
et  l'air  en  maintenant  le  ballon  au  rouge;  puis,  l'appareil  étant  à  la  tem- 
pérature d'ébullition  du  zinc,  j'ai  fermé  l'extrémité  du  tube  de  verre  en 
un  instant  très-court.  En  employant  ensuite  les  précautions  nécessaires 
pour  jauger  le  gaz  et  ramener  son  volume  à  o  degré  et  à  760  millimètres  de 
pression,  j'ai  obtenu  le  nombre  930  degrés,  qui  s'éloigne  des  détermina- 
tions précédentes,  mais  qui  est  de  120  degrés  au-dessous  du  nombre  indi- 
qué par  MM.  Deville  et  Troost  ;  mais,  en  raison  des  motifs  ci-dessus 
énoncés  et  des  causes  d'erreur  dont  je  ne  suis  pas  certain  de  m'ètre  mis 
complètement  à  l'abri,  je  ne  suis  pas  étonné  de  l'écart  que  j'ai  pu  observer 
entre  la  valeur  déterminée  ainsi  et  celle  qui  résulte  des  autres  méthodes  que 
j'ai  employées. 

»  Les  précautions  nombreuses  que  nécessite  ce  procédé,  qui  est  celui 
avec  lequel  MM.  Deville  et  Troost  ont  opéré,  peuvent  peut-être  indiquer 
la  cause  de  la  différence  entre  le  résultat  qu'ils  ont  obtenu  et  celui  que 
j'ai  donné,  quoique  cette  différence  soit  de  i5o  degrés.  En  effet,  dans  leurs 
recherches,  le  tube  eu  porcelaine,  joint  au  ballon  de  même  nature,  avait 
un  assez  fort  diamètre,  au  moins  ^  centimètre  à  l'intérieur,  sur  une  lon- 
gueur de  10  centimètres.  Il  était  ouvert  et  non  effilé  à  l'extrémité,  et  au 
moment  de  la  fermeture  au  chalumeau  à  gaz  avec  un  bouchon  en  porce- 
laine, qui  peut  affirmer  qu'il  n'y  ait  pas  eu  introduction  de  vapeur  d'eau 
dans  le  ballon?  Quand  on  a  cassé  le  col  sous  le  mercure,  quand  on  a  trans- 
vasé le  gaz,  qui  peut  assurer  que  la  masse  de  ce  gaz  soit  restée  la  même  ? 


(  933  ) 
D'un  autre  côté,  la  matière  de  l'enveloppe  n'a-t-elle  pu  exercer  aucune 
action  sur  les  gaz  qui  s'y  trouvaient  renfermés  à  haute  température? 

»  En  outre,  je  dois  faire  remarquer  que  MM.  Deville  et  Troost  n'ont 
fait  qu'une  seule  expérience  avec  l'air  atmosphérique  (i)  pour  établir  le 
point  d'ébullition  du  zinc,  et  que  c'est  sur  le  résultat  de  cette  expérience 
qu'ils  se  sont  fondés  pour  infirmer  les  nondjreuses  déterminations  expéri- 
mentales que  j'ai  faites  en  m'entourant  de  toutes  les  précautions  indiquées 
dans  l'emploi  de  la  dernière  méthode  dont  je  me  suis  servi.  Je  ne  parle  pas 
des  deux  évaluations  obtenues  par  MM.  Deville  et  Troost  avec  l'iode,  car 
ils  ont  reconnu  eux-mêmes  que  les  éléments  qu'ils  ont  donnés  étaient  in- 
suffisants pour  calculer  l'ébullition  du  zinc  pur  (2). 

M  On  pouvait  croire,  lorsque  mes  expériences  avaient  été  faites  seulement 
avec  le  pyromètre  à  réservoir  en  platine,  que  la  cause  d'erreur  signalée  par 
MM.  Deville  et  Troost  pouvait  expliquer  la  différence  entre  la  valeur  qu'ils 
ont  trouvée  et  celles  que  j'ai  données;  mais  aujourd'hui  une  différence 
encore  plus  grande  se  ti'ouve  entre  leur  résultat  et  ceux  rjue  j'indique  dans 
mon  second  Mémoire,  puisqu'elle  est  de  i5o  degrés.  Ils  ont  alors  supposé 
que  mes  pyromètres,  n'étant  pas  placés  immédiatement  dans  la  vapeur  de 
zinc,  mais  se  trouvant  dans  un  tube  en  fer  plongé  au  milieu  ilu  zinc  en  ébul- 
îition,  ne  prenaient  pas  la  température  du  métal  volatilisé;  mais  je  dois 
faire  remarquer  de  nouveau  que  dans  mes  recherches  le  pyrométre  à  air  ne 
marchait  jamais  qu'avec  le  pyromètre  thermo-électrique  platine-palladium 
placé  à  côté,  dont  les  indications  sont  si  régulières,  et  que  ce  dernier  m'a 
donné  sensiblement  la  même  indication  à  l'intérieiu'  du  tube  en  fer  bai- 
gnant dans  le  zinc  en  ébullition  même,  que  dans  un  tube  en  porcelaine  de 
l'épaisseur  du  ballon  et  plongeant  dans  le  zinc  par  la  partie  supérieure  de 
l'appareil,  c'est-à-dire  en  moyenne  i445  du  pyromètre  thermo-électrique, 
le  nombre  100  correspondant  à  l'ébullition  de  l'eau.  Je  ne  paiie  pas,  bien 
entendu,  des  variations  de  température  provenant,  soit  des  changements 
dans  la  pression  extérieure,  soit  d'effets  accidentels  qui  se  produisent  dans 

(i)   Annales  de  Cliiniie  et  de  Physique,  3"  série,  t.  LVIII,  p.  •2g4- 

(2)  Comptes  rendus,  t.  LVII,  p.  898.  Je  ferai  encore  observer  que  MM.  Deville  et  Troost 
ne  sont  pas  les  premiers  qui  aient  employé  une  matière  volatile  pour  déterminer  les  tempé- 
ratures et  pour  servir  de  terme  de  comparaison  dans  la  détermination  des  densités  de  va- 
peur ;  M .  Rejjnault,  dans  ses  Recherches  [Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  Z"  série,  t.  LXIII, 
p.  45,  et  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences),  avait  fait  usage  de  mercure  en  montrant 
que  l'appareil  en  porcelaine,  construit  à  cette  occasion,  constituait  une  espèce  de  thermo- 
mètre à  poids,  à  vapeur. 

C.  R.,  i863,  2'»«  Semestre  (T.  LVU,  N"  25.)  ^^^ 


(934) 
le  fourneau,  soit  encore  des  inégalités  provenant  de  ce  que  les  pyromèlres 
ne  sont  pas  au  même  instant  dans  le  même  état  calorifique.  Ainsi  les  diffé- 
rences de  température  à  l'intérieur  du  tube  en  fer  servant  de  moufle  et  dans 
le  zinc  en  ébullition  ne  m'ont  pas  paru  sensiblement  appréciables;  elles 
différeraient,  du  reste,  que  cela  n'aurait  aucune  influence  pour  mes  expé- 
riences de  comparaison  entre  la  marche  du  pyromètre  à  air  et  celle  du 
pyromèîre  thermo-électrique,  ces  deux  appareils  étant  toujours  placés  près 
i'ini  de  l'autre  (i). 

»  D'un  autre  côté,  je  n'ai  jamais  prétendu  déterminer  la  véritable  tem- 
pérature d'ébullition  du  zinc  pur;  mais  en  prenant  du  zinc  ordinaire  dans 
une  cornue  en  fer,  je  me  suis  placé  dans  les  mêmes  conditions  que  MM.  De- 
ville  et  Troost,  ne  cherchant  d'ailleurs  qu'à  me  procurer  un  point  fixe  qui 
put  servir  à  la  comparaison  des  pyromètres,  comparaison  qui  était  le  but 
de  mes  recherches. 

MM.  Deville  et  Troost  ont  demandé  ensuite  comment  il  y  avait  une  dif- 
férence entre  les  résultats  publiés  dans  mon  dernier  travail  et  ceux  du  pre- 
mier. Cela  résidte,  d'après  ce  que  j'ai  dit  il  y  a  quinze  jours,  de  l'effet  que 
j'avais  signalédansmou  premier  Mémoire,  et  qui  est  relatif  à  la  pctitediminu- 
tion  de  la  masse  gazeuse  confinée  dans  le  platine,  effet  dont  je  me  suis  mis 
à  l'abri  dans  mes  dernières  recherches  ;  et  je  ferai  remarquer  à  ce  sujet  que 
tandis  que  MM.  Deville  et  Troost  signalaient  dans  mes  expériences  la  pos- 

(i)  .Te  dois  dire  ici  que  je  connaissais  parfaitement  les  travauxde  M.  Regnault  sur  ce  sujpt, 
travaux  si  importants  qui  embrassent  toutes  les  questions  ayant  rapport  aux  phénomènes  calo- 
rifiques et  à  la  mesure  des  températures.  M.  Regnault  a  moxxlvc  [Mémoires  de  V  Jcndcmie  des 
Sciences,  t  XXVI,  p.  5i5  et  suiv.)  qu'il  pouvait  y  avoir  une  grande  différence  entre  la  tempé- 
rature des  parois  d'un  vase  en  fer  et  celle  du  mercure  en  ébullition  dans  ce  dernier,  de  sorte 
que  la  vapeur  de  mercure  pouvait  être  surchauffée  bien  au-dessus  de  358", 5.  Ces  effets  qui 
ont  lieu  avec  le  mercure,  liquide  qui  ne  mouille  pas  le  fer,  se  présentent-ils  avec  le  zinc  fondu 
qui  le  mouille,  mais  dont  la  chaleur  latente  et  la  capacité  calorifique  sont  faibles?  On  ne  sau- 
rait l'affirmer  sans  des  expériences  préalables.  Seulement,  j'aurais  dû  observer  avec  le  pyro- 
mètre à  air,  par  le  fait  de  la  surchauffe  des  parois,  une  température  plus  élevée  que  celle 
de  l'ébullition  du  zinc,  et  non  pas  trop  basse  comme  le  pensent  M,M.  H.  Sainte-Claire  Deville 
et  Troost. 

Mais  si  un  effet  de  ce  genre  se  produisait  avec  le  zinc,  il  expliquerait  peut-être  plutôt 
comment  MM.  II.  Sainte-Claire  Deville  et  Troost  ont  obtenu  une  température  trop  élevée. 
Quant  aux  pyromètres  avec  lesquels  j'ai  opéré,  dans  le  premier  comme  dans  le  second  tra- 
vail, ils  étaient  placés  dans  des  tubes  en  porcelaine  ou  en  fer  plongeant  dans  le  zinc  même 
en  ébullition,  à  la  partie  supérieure  du  bain  liquide,  condition  nécessaire  pour  se  rappro- 
cher le  plus  possible  du  point  d'ébullition  de  la  substance;  car  les  circonstances  ne  sont  plus 
les  mêmes  avec  cette  matière  que  lorsqu'on  prend  le  point  d'ébullition  de  l'eau. 


(935) 
sibilité  d'une  augmentation  de  volume  du  gaz  confiné  (nécessaire  pour  expli- 
quer une  température  trop  basse),  c'est  au  contraire  une  diminution  que 
j'avais  lieu  de  craindre  d'après  ce  que  j'avais  remarqué,  et  c'est  eu  effet  ce 
que  mes  expériences  postérieures  ont  démontré. 

»  MM.  Deville  et  ïroost,  dans  le  Mémoire  présenté  lundi  dernier  à  l'Aca- 
démie, décrivent  un  projet  d'expériences  pour  substituer  au  procédé  de 
détermination  de  température  dont  ils  s'étaient  servis  antérieurement,  le 
pyromètre  à  air  avec  tube  maiiométrique  tel  qu'on  l'emploie  habituelle- 
ment; mais  aucune  détermination  expérimentale  n'accompagne  ce  projet, 
et  je  pense  que  lorsqu'ils  se  seront  entourés  de  toutes  les  précautions  néces- 
saires, ils  trouveront  des  nombres  peu  différents  de  ceux  que  j'ai  indiqués. 

»  Ainsi,  par  une  étude  longue  et  attentive  faite  depuis  mon  premier  Mé- 
moire, je  me  suis  rendu  compte  avec  le  plus  grand  soin  des  conditions 
expérimentales  exigées  dans  l'emploi  des  pyrométres  à  air  et  à  azote,  ainsi 
que  dans  la  comparaison  de  ces  appareils  avec  le  pyromètre  thermo- 
électrique  platine-palladium,  et  les  résultats  de  mes  expériences  ne  me 
paraissent  laisser  aucun  doute  sur  leur  exactitude.  » 

M.  H.   Saixte-Claiue  Deville  répond  en  ces  lermes  : 

«  Je  ferai  remarquer  en  premier  lieu  que  ce  n'est  point  par  une  seule 
expérience^  comme  l'affirme  M.  Ed.  Becquerel,  que  M.  Troost  et  moi  avons 
établi  le  point  d'ébullition  du  zinc,  mais  en  réalité  par  trois  méthodes  diffé- 
rentes qui  nous  ont  donné  trois  résultats  concordants  (i).  Le  nombre  ainsi 
fixé  reçoit  d'ailleurs,  dans  le  même  Mémoire,  une  nouvelle  confirmation  par 
de  nombreuses  déterminations  de  la  densité  de  vapeur  du  soufre. 

»  En  second  lieu,  le  point  capital  dans  la  discussion  actuelle  me  paraît 
être  beaucoup  moins  !a  fixation  d'un  résultat  numérique  en  particulier 
que  la  valeur  des  méthodes  générales  employées  dans  ce  genre  de  recher- 
ches. Dans  ses  expériences  M.  Ed.  Becquerel  emploie-t-il  des  thermomètres 
à  parois  imperméables,  inextensibles  aux  températures  et  aux  pressions 
auxquelles  il  les  soumet,  dont  le  coefficient  de  dilatation  lui  soit  connu, 
dont  le  volume  puisse  être  réellement  mesuré,  dont  les  réservoirs  plongent 
dans  la  vapeur  essayée...,  etc.  Sans  ces  conditions  que  nos  propres  travaux 
nous  donnent  le  droit  d'exiger,  et  que  je  ne  trouve  pas  dans  les  expériences 
de  notre  savant  confrère,  il  est  impossible  de  compter  sur  une  approxima- 
tion qui  soit  en  rapport  avec  l'état  actuel  de  la  science. 


(i)  Voyez   Annaics  de  Chimie  et  de  Physique,  3'  série,  t.  LVIII,  p.  298. 

laS. 


(936) 
»  C'est  précisément   pour   arriver  à    cette   précision   que  nous  avons, 
M.  Troost  et  moi,  proposé  la  méthode  dont  j'ai  entretenu  l'Académie  dans 
la   dernière  séance.  Pour  le  moment  je  persiste  dans  toutes  mes  conclu- 
sions.   » 

Réponse  de  M.  E.  Becquerel  aux  observations  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  M.  Edmond  Becquerel  répond  à  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  qu'd 
maintient  ce  qu'il  vient  de  dire,  savoir  :  que  dans  le  Mémoire  publié  par 
MM.  Deville  et  Troost  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3*"  série, 
t.  LVIII,  p.  294,  il  n'est  fait  mention  que  d'une  seule  détermination  de 
température  du  point  d'ébullition  du  zinc  au  moyen  de  la  dilatation  de  l'air; 
quant  aux  déterminations  faites  au  moyen  de  l'iode  ou  d'autres  matières 
dont  la  dilatation  est  inconnue  et  qui  peuvent  réagir  sur  les  parois  des  ré- 
servoirs thermométriques,  elles  sont  hypothétiques.  11  ajoute  qu'à  l'égard 
des  autres  observations  il  s'en  tient  à  la  réponse  qu'il  a  faite  plus  haut.  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Eludes  sur  les  vins.  Première  partie  :  De  t'injluence 
de  l'oxygène  de  l'air  dans  la  vinification  ;  par  M.  L.  Pasteur. 

«  Le  vin  est  une  des  principales  richesses  agricoles  de  la  France.  Le  sol, 
le  climat,  l'exposition  dans  un  même  sol,  la  nature  des  cépages,  etc.,  sont 
autant  de  causes  de  modifications  dans  les  qualités  et  même  dans  la  nature 
propre  du  vin.  C'est  principalement  à  ces  causes  qu'il  faut  rapporter  les 
nombreuses  variétés  de  vins  de  notre  pays.  On  ne  changera  point  cela,  et  il 
y  a  intérêt  à  ne  pas  le  tenter.  Mais  il  est  certain  qu'un  même  moût  de  raisin, 
travaillé  de  diverses  façons,  peut  produire  bien  des  sortes  et  qualités  de 
vins.  Eu  outre,  les  altérations  des  vins  n'ont  rien  de  nécessaire.  On  doit 
pouvoir  les  prévenir,  puisqu'elles  sont  accidentelles.  Il  y  a  donc  à  faire  une 
part  assez  large  à  l'expérimentation  et  à  ses  conséquences  pratiques. 

»  J'ai  tenté  d'appliquer  à  l'étude  de  la  vinification  et  des  altérations  des 
vins  quelques-uns  des  résultats  de  mes  recherches  de  ces  dernières  années. 
Les  faits  nouveaux  auxquels  je  suis  arrivé  me  paraissent  de  nature  à  pro- 
voquer des  essais  utiles,  et  j'ose  espérer  qu'à  ce  titre  l'Académie  les  accueil- 
lera avec  indulgence,  malgré  les  lacunes  qu'elle  apercevra  dans  mon 
travail,  comme  je  les  aperçois  moi-même. 

>•  Ces  lacunes  sont  peut-être  inévitables,  parce  que  dans  un  tel  sujet  le 
savant  ne  peut  pas  tout  attendre  de  ses  propres  cttorts.  Lorsque  ses  expé- 
riences l'ont  conduit  à  des  vues  particulières,  il  doit  s'empresser  de  les 


(937) 
communiquer  au  public,  afin  de  les  soumettre  au  contrôle  d'essais  indus- 
triels qu'il  n'a  guère  les  moyens  d'effectuer  lui-même. 

)>  Je  m'occuperai  dans  celte  première  couununication  de  l'influence  de 
l'oxygène  de  l'air  dans  la  vinification. 

»  Tout  le  monde  connaît  l'ingénieuse  expérience  de  Gay-I^ussac  (pii 
démontra  ce  que  l'on  avait  depuis  longtemps  pressenti  et  énoncé  sans 
preuves,  que  l'oxygène  de  l'air  est  nécessaire  à  la  fermentation  du  moût  de 
raisin.  Le  jus  sucré  du  raisin  renfermé  dans  les  grains,  encore  réunis  à  la 
grappe  qui  les  portait  sur  le  cep,  ne  fermente  pas.  Il  était  dès  lors  facile  de 
prévoir  que  l'air,  et  dans  l'air  l'oxygène,  est  nécessaire  à  la  fermentation 
du  moût  de  raisin. 

»  Gay-Lussac  fit  passer  cette  idée  de  la  spéculation  dans  le  domaine  des 
faits  positifs.  Il  en  donna  la  preuve  expérimentale.  Après  avoir  écrasé  des 
grains  de  raisins  sous  une  éprouvette  renversée  pleine  de  mercure,  il  vit 
qu'ils  ne  fermentaieni  pas,  soit  seuls,  soit  au  contact  de  divers  gaz.  L'ad- 
dition d'une  petite  quantité  de  gaz  oxygène  di'terminait  au  contraire  la 
fermentation. 

»  En  étudiant  de  jjIiis  près  cette  curieuse  influence  de  l'oxygène  dans  la 
fermentation  alcoolique  du  moût  de  raisin,  j'ai  constaté  les  faits  suivants  : 

»  1°  Le  moût  de  raisin  ne  renferme  pas  du  tout  de  gaz  oxygène  en  dis- 
solution, et  seulement  de  l'acide  carbonique  et  de  l'azote.  J'ai  opéré  sur 
des  raisins  d'espèces  différentes,  blancs  ou  rouges.  Une  expérience  faite 
sur  du  moût  de  raisins  blans,  aussitôt  après  l'action  du  pressoir,  a  donné, 
par  litre  de  moût,  58  centimètres  cubes  de  gaz  ayant  pour  composition  en 
centièmes  : 

Acide  carbonique 78,5 

Azote 21,5 

Oxygène 0,0 


100,0 


»  1°  Si  le  moût  est  abandonné,  même  en  grande  surface,  au  contact  de 
l'air,  il  ne  s'oxygène  pas.  On  n'y  trouve,  jusqu'à  ce  que  la  fermentation  se 
déclare,  que  ces  mêmes  gaz  acide  carbonique  et  azote.  Par  conséquent 
l'oxygène  de  l'air  se  combine  au  fur  et  à  mesure  de  sa  dissolution  avec  des 
principes  oxydables  que  renferme  naturellement  le  jus  du  raisin. 

»  3"  Cette  combinaison  de  l'oxygène  de  l'air  avec  le  moût  n'est  pas  telle- 
ment rapide,  que  l'on  ne  puisse  avoir  du  moût  tenant  en  dissolution  du  gaz 
oxygène  pendant  quelques  heures.  On  atteint  ce  résultat  en  agitant  le  moût 
avec  l'air,  et  en  analysant  les  gaz  dissous  aussitôt  après  l'agitation. 


(  938  ) 
»  5  litres  de  uioûl  ont  été  agités  dans  une  grande  bouteille  de  lo  litres 
avec  leur  volume  d'air  pendant  une  demi-heure.  5o  centimètres  cubes  de 
gaz  extraits  du  inoùl  un  quart  d'heure  après  l'agitation  ont  laissé  r3  centi- 
mètres cnbes  de  gaz  non  absorbables  par  la  potasse,  lesquels  renfermaient 
20  pour  100  de  gaz  oxygène. 

>i  La  même  expérience  répétée  sur  le  même  moût,  en  laissant  reposer  le 
liquide  pendant  une  heure,  après  l'agitation  avec  l'air,  n'a  plus  fourni 
que  6  pour   100  d'oxygène  dans  le  gaz  privé  d'acide  carbonique. 

»  Enfin,  en  laissant  du  moût  dans  une  bouteille  bien  bouchée  en  contact 
avec  son  volume  d'air  (à  une  température  de  10  degrés  afin  de  retarder  la 
fermentation),  l'air  de  la  bouteille  renfermait  au  bout  de  quarante-huit 
heures  près  de  3  pour  100  de  gaz  carbonique,  et  i4  pour  100  de  gaz  oxy- 
gène seulement.  On  avait  agité  à  deux  reprises  le  moût  avec  l'air  pendant 
une  demi-heure.  Chaque  litre  de  moût  avait  donc  absorbé  environ  70  cen- 
timètres cubes  de  gaz  oxygène. 

»  La  combinaison  de  l'oxygène  de  l'air  avec  le  morit  modifie  sa  couleur. 
Le  moût  de  raisins  blancs,  à  peu  près  incolore  dans  le  grain  et  au  moment 
du  pressurage,  devient  jaune-brun  en  passant  par  les  états  intermédiaires. 
Le  moût  do  raisins  rouges  renferme  également  des  matières  incolores  qni 
brunissent  par  le  contact  de  l'air.  Enfin  l'odeur  du  moût  lécent,  qui  est 
faible  et  a  quelque  chose  de  vert,  prend  peu  à  peu,  s'il  n'est  pas  filtré, 
une  odeur  agréable,  éthérée,  au  moment  où  la  fermentation  connuence,  et 
celte  odeur  paraît  être  en  rapport  avec  une  aération  lente  du  moût. 

»  Mais  ce  qu'il  importe  peut-être  davantage  de  remarquer,  au  point  de 
vue  des  applications,  c'est  l'influence  considérable  de  l'aération  sur  la  fer- 
mentation du  moût. 

»  Laisse-t-on  le  moût  exposé  au  contact  de  l'air  en  grande  surface  pen- 
dant plusieurs  heures,  ou  l'agite-t-ou  avec  de  l'air,  opération  facile  à  pra- 
tiquer à  l'aide  d'un  soufflet  dont  la  douille  est  munie  d'un  tube  qui  plonge 
dans  la  cuve  ou  dans  le  tonncviu  (1),  la  fermentation  du  moût  aéré  est 
incomparablement  plus  acfive  que  celle  du  moût  non  aéré,  et  la  différence 
varie  avec  l'intensité  de  l'aération.  Et  il  est  digne  d'attention  que  l'aération 
peut  avoir  lieu  et  produire  des  effets  au  moins  aussi  sensibles,  alors  même 
qu'on  l'effectue  pendant  la  fermentation,  lorsque  le  liquide  est  déjà  chargé 
(1  acide  carbonique  et  de  levure  alcoolique. 


(1)  Je  ne  prctcnds  i)as  cependant  (lu'il  soit  indifférent   d'employer  l'un  ou  l'autre   de  ees 
deux  modes  d'acration. 


(939) 

»  L'aération  du  moût  à  des  degrés  divers  se  présente  donc  comme  l'un 
des  moyens  les  plus  propres  à  influer  sur  la  durée  et  l'achèvement  complet 
de  la  fermentation. 

)'  Dans  les  localités  où  la  vendange  n'a  lieu  qu'eu  octobre,  il  arrive  tré- 
queniment,  et  parliculièrement  dans  les  meilleures  années,  que  le  vin  reste 
doux  après  la  fermentation  tmnultueuse.  Ce  vin  un  peu  sucré  est  sujet  aux 
altérations,  et  il  n'est  pas  rare  de  le  voir  fermenter  insensiblement  pendant 
trois  ou  quatre  ans. 

»  On  peut  dire  que  dans  tous  les  cas,  à  moins  qu'il  ne  s'agisse  de  vins 
liquoreux,  il  est  utile  que  la  fermentation  se  termine  dès  l'origine.  Pour 
atteindre  ce  but,  l'aération  du  moût,  convenablement  appliquée,  sera  peut- 
être  un  moyeu  aussi  efficace  que  facile  à  mettre  en  pratique.  N'aura-t-elle 
pas  des  inconvénients  cachés?  Nuira-t-elle  à  la  couleur  que  l'on  recherche 
dans  les  vins,  à  leur  goût,  à  leur  bouquet?  Trouvera-t-on  au  contraire  sur 
ce  point  de  uoiiveaux  avantages?  C'est  ici  que  doit  intervenir  cette  alliance 
à  laquelle  je  faisais  allusion  tout  à  l'heure  des  essais  industriels  tentés  par 
les  propriétaires  intéressés,  et  des  indications  de  la  science.  Remarquons 
d'ailleurs,  qu'avantageuse  ou  nuisible,  l'aération  est  une  circonstance 
obligée  de  la  vinification.  Elle  mérite  donc  à  tous  égards  la  plus  sérieuse 
attention,  alors  même  que  l'on  ne  sortirait  pas  des  usages  habituels,  parce 
qu'elle  y  intervient  déjà  présentement,  à  l'insu  des  praticiens,  et  dans  luie 
mesure  abandonnée  au  hasard  des  circonstances  et  des  coutumes  locales. 

»  Une  autre  conséquence  facile  à  déduire  des  faits  que  j'ai  exposés,  c'est 
que  le  vin  doit  conlenir  des  principes  éminemment  oxydables.  M.  Boussin- 
gaidt  a  reconiui  depuis  longtemps  que  le  viu  ne  renfermait  pas  du  tout  de 
gaz  oxygène  en  dissolution,  et  il  avait  même  espéré  se  servir  de  la  connais- 
sance de  ce  fait  pour  déceler  l'addition  de  l'eau  ordinaire  au  vin.  Malheu- 
reusement, dès  le  lendemain  le  vin  ne  contenait  plus  d'oxygène  libre.  Ces 
faits  ont  élé  confirmés  récemment  et  étendus  par  M.  Berthelot,  qui  ne 
connaissait  pas  les  observations  de  M.  Boussingauit,  publiées  en  1809  dans 
une  de  ses  leçons  du  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers  à  laquelle  j'assistais. 

»  Ce  que  je  tiens  à  faire  observer  à  ce  sujet,  c'est  que  l'existence  dans 
le  moîit  du  raisin  de  matières  qui  absorbent  l'oxygène  de  l'air,  qui  l'absor- 
bent encore  après  que  la  fermentation  a  commencé,  entraîne  inévitablement 
celle  de  principes  semblables,  plus  ou  moins  modifiés  par  la  fermentation, 
dans  la  composition  du  vin  lui-même.  C'est  pour  ce  molif  que  l'on  ne 
trouve  pas  d'oxygène  dissous  dans  les  vins  conservés  en  vase  clos.  Si  le  vase 


(94o) 
qui  renferme  le  vin  n'est  pas  fermé,  le  vin  se  charge  de  gaz  oxygène,  et  l'air 
fin  vin  est  même  plus  riche  en  oxygène  que  l'air  atmosphérique,  comme  il 
arrive  pour  l'air  dissous  dans  l'eau.  Il  y  a  cependant  une  circonstance  où 
le  vin  exposé  au  contact  de  l'air  ne  contient  pas  d'oxygène  libre:  c'est 
lorsque  sa  surface  est  recouverte  en  tout  ou  en  partie  de  Mycoderma  vini,  ou 
fleurs  du  vin. 

»  L'oxygène  de  l'air,  qui  se  mêle  au  vin  exposé  au  contact  de  l'air,  ne 
s'absorbe  donc  pas  aussi  promptement  qu'il  se  dissout.  Sous  ce  rapport  le 
nioùt  de  la  vendange  est  plus  oxydable  ou  dissout  moins  vite  l'oxygène, 
puisque  ce  gaz  disparaît  au  fur  et  à  mesure  de  sa  dissolution,  quand  le 
moût  est  en  repos  au  contact  de  l'air. 

»  Si  l'on  étudie  les  gaz  du  moût,  pendant  et  après  la  fermentation,  on 
reconnaît,  comme  on  devait  s'y  attendre,  que  la  liqueur  est  saturée  de 
gaz  acide  carbonique  sans  mélange  d'aucun  autre  gaz  quelconque.  Dans  une 
expérience  faite  sur  du  vin  nouveau,  pris  sur  place,  dans  le  tonneau  même 
où  la  fermentation  avait  eu  lieu,  j'ai  trouvé  par  lilre  i'", 481  de  gaz  carbo- 
nique. Le  vin  était  à  la  températiu-e  de  7  degrés. 

»  Mais  dès  que  le  moût  a  fermenté  dans  la  cuve  et  que  le  vin  est  mis  en 
tonneau,  les  choses  changent  complètement.  Les  parois  du  tonneau  donnent 
lieu  à  une  évaporation  active,  variable  avec  l'épaisseur  des  douves,  avec 
l'état  du  tonneau,  avec  la  nature  du  vin,  et  enfin  avec  la  cave,  son  exposi- 
tion et  la  distribution  de  ses  courants  d'air. 

»  Des  effets  d'endosmose  de  gaz  et  de  vapeurs  ont  lieu  constamment  à 
travers  le  bois,  el  je  crois  pouvoir  démontrer  que  c'est  par  l'action  de 
l'oxygène  de  l'air  pénétrant  lentement  dans  le  tonneau  que  le  vin  se  fait,  et 
que,  sans  l'influence  de  l'oxygène,  le  vin  resterait  à  l'état  de  vin  nouveau, 
vert,  acerbe,  et  non  potable. 

)>  Analysons,  en  effet,  les  gaz  dissous  dans  un  vin  qui  a  été  mis  en  ton- 
neau depuis  quelques  mois  ou  depuis  quelques  années.  Les  analyses  aux- 
quelles je  fais  allusion  ont  été  et  doivent  être  effectuées  sur  place  au  moyen 
d'un  procédé  que  je  décrirai  ailleurs  (pour  ne  pas  allonger  trop  cette  com- 
miuiication),  et  de  façon  à  ne  pas  mettre  le  moins  du  monde  le  vin  en  con- 
tact avec  l'air  atmosphérique.  Voici  les  résultats  généraux  de  ces  détermi- 
nations. 11  y  a  absence  constante  de  gaz  oxygène.  La  raison  en  a  été  don- 
née tout  à  l'heiu'e.  On  trouve  de  l'acide  carbonique  en  proportions  variables. 
Cela  doit  être,  puisque,  après  la  fermentation,  le  vin  était  sursaturé  de  ce 
gaz.  Mais  ce  qu'il  faut  principalement  remarquer,  c'est  que  le  vin  renferme 


(94i  ) 
toujours  de  l'azote,  dont  la  proportion  est,  dans  tous  les  cas,  sensiblement 
la  même,  de  i6  centimètres  cubes  environ  par  litre.  Or  ce  gaz  ne  peut  avoir 
été  emprunté  qu'à  l'air  atmosphérique,  puisque  nous  avons  reconnu  que  le 
vin,  à  l'origine,  ne  contenait  en  dissolution  que  du  gaz  acide  carbonique 
pur.  Si  le  vin  s'est  saturé  de  gaz  azote,  c'est  qu'il  s'est  également  saturé 
d'air,  avec  cette  circonstance  importante  toutefois  que  l'oxygène  correspon- 
dant à  l'azote  ne  restant  pas  libre,  et  se  combinant  avec  les  principes  du 
vin,  un  renouvellement  incessant  de  l'oxydation  doit  avoir  lieu. 

«  On  comprendra  dès  lors  l'intérêt  qu'il  y  aurait  à  déterminer  cette  pro- 
portion d'oxygène  que  le  vin  absorbe  sans  discontinuité  pendant  le  long 
intervalle  de  son  séjour  en  tonneau,  et  ultérieurement  en  bouteille,  bien 
que,  dans  ce  dernier  cas,  l'absorption  soit  à  peine  sensible.  J'espère  arriver 
directement  à  ce  résultat.  Mais  je  puis  dés  à  présent  donner  de  cette  ab- 
sorption un  minimum  qui  accusera  l'influence  considérable  de  l'oxygène  de 
l'air  dans  la  vinification. 

»  Ce  minimum  est  fourni  par  la  connaissance  delà  vidange  qui  s'éfablil 
naturellement  dans  tous  les  tonneaux,  vidange  que  l'on  peut  mesurer  exac- 
tement par  l'ouillage.  Or  il  résulte,  tant  des  mesures  que  j'ai  prises  dans  le 
,Tura,  confirmées  par  des  renseignements  qui  m'ont  été  fournis  par  l'habile 
tonnelier-chef  du  Clos-Vougeot,  qu'une  pièce  de  bourgogne  de  228  litres 
se  vide  par  évaporation  de  plus  de  10  litres  par  année,  et  le  liquide  éva- 
poré est  remplacé  par  de  l'azote  et  de  l'acide  carbonique. 

»  L'oxygène  de  plus  de  10  litres  d'air  se  fixe  donc  chaque  année  sur  le 
vin  de  la  pièce.  Et,  comme  on  conserve  le  vin  en  pièces  le  plus  souvent 
trois  ou  quatre  ans  avant  de  le  mettre  en  bouteilles,  et  quelquefois  bien 
plus  longtemps,  il  est  facile  de  calculer  que,  dans  cet  intervalle,  chaque 
litre  de  vin  absorbe  de  3o  à  4o  centimètres  cubes  de  gaz  oxygène  pur. 

»  Mais,  je  le  répète,  ce  n'est  là  encore  qu'un  minimum  éloigné  de  l'ab- 
sorption de  l'oxygène.  Il  y  a,  en  effet,  un  échange  continuel  des  gaz  de 
l'intérieur  du  tonneau  avec  l'air  atmosphérique,  pendant  que  la  vidange 
par  évaporation  s'effectue.  Nous  pouvons  en  avoir  une  preuve  dans  la  dif- 
fusion de  l'acide  carbonique.  J'ai  dit  tout  à  l'heure  qu'un  litre  de  vin  nou- 
veau pris  à  la  température  de  7  degrés  avait  donné  près  de  i  |^  litre  de  gaz 
carbonique  dissous.  Le  même  vin  vieux  de  deux  années  n'ayant  subi  que 
deux  soutirages  en  mars  et  en  juillet,  sans  collage,  ne  renfermait  plus  par 
litre  que  200  centimètres  cubes  de  gaz  acide  carbonique.  Cette  différence 
donne  une  idée  de  la  diffusion  continuelle  des  gaz  dissous  dans  le  vin,  à 

C.  R.,  i863,  2'n<^  Semeslrc.  (T.  LVII,  N»  23.)  '  ^6 


(  942  ) 
travers  les  parois  du  tonneau.  La  proportion  d'oxygène  fixée  pendant  que 
le  vin  se  fait,   sur  les  principes  oxydables  empruntés  au   moût  du  raisin, 
est  donc  certainement  bien  supérieure  à  3o  ou  [\o  centimètres  cubes  par 
litre. 

»  Il  ne  me  paraît  pas  possible  de  douter  que  c'est  cette  oxydation  qui  fait 
vieillir  le  \'n\  et  qui  lui  enlève  ses  principes  acerbes  et  provoque  en  grande 
partie  les  dépôts  des  tonneaux  et  des  bouteilles.  Des  expériences  directes 
m'ont  prouvé,  en  effet,  que  l'oxygène  vieillit  le  vin  nouveau,  l'adoucit,  lui 
enlève  de  sa  verdeur,  et  que,  concurremment,  il  s'y  forme  des  dépôts  abon- 
dants. D'autres  essais  qui  n'ont  encore,  il  est  vrai,  que  trop  peu  de  durée, 
tendent  à  établir  que  le  vin  nouveau  conservé  dans  des  vases  hermétique- 
ment clos  ne  se  fait  pas  et  dépose  très-peu.  Cependant  l'action  de  l'oxy- 
t;ène,  pour  être  efficace,  doit  être  lente  et  ménagée.  Si  on  l'exagère,  on 
tombe  dans  les  phénomènes  signalés  par  M.  Berthelot,  qui  a  bien  vu  le  côté 
nuisible  de  cette  action  de  l'oxygène. 

)i  La  comparaison  de  ce  qui  arrive  à  un  même  vin  conservé  en  grands  ou 
eu  petits  tonneaux  offre  une  preuve  convaincante,  quoique  indirecte,  des 
observations  précédentes.  Plus  on  exagère  les  dimensions  des  futailles,  plus 
le  vin  met  de  temps  à  vieillir. 

»  Si  je  ne  me  trompe,  les  faits  dont  je  viens  d'entretenir  l'Académie  sug- 
céreronl  des  idées  nouvelles  sur  les  méthodes  à  suivre  pour  conserver  ou 
pour  vieillir  les  vins,  sur  l'action  des  courants  d'air  dans  les  caves,  sur  l'in- 
fluence des  tonneaux  neufs  ou  vieux,  plus  ou  moins  propres  à  l'évapora- 
tion.  Je  crois  qu'ils  donneront  également  l'explication  de  l'influence  des 
voyages  sur  le  vin.  C'est  là  évidemment,  à  cause  de  l'agitation,  un  moyen 
de  modifier  beaucoup  les  conditions  de  l'aération  du  vin  et  de  l'endosmose 
des  gaz.  Nul  doute  également  que  la  mise  en  bouteilles  a  principalement 
pour  effet  de  diminuer,  dans  une  grande  mesure,  l'aération  du  vin  et  d  al- 
longer beaucoup,  par  là  même,  la  durée  de  sa  confection,  ce  qui,  dans  le 
langage  ordinaire,  s'appelle  conservation  du  vin. 

))  Pendant  que  le  vin  se  fait  en  tonneau  ou  en  bouteille,  sous  l'influence 
de  l'oxygène  de  fair,  il  arrive  souvent  c}ue  des  altérations  spontanées  se 
manifestent  sans  causes  apparentes  bien  déterminées.  J'étudierai  ces  altéra- 
tions ou  maladies  des  vins  dans  une  prochaine  communication.    « 


(943) 

MATHÉMATIQUES.  —  Note  iiir  tes  ouvrages  de  Desargues;  par  M.  Chasi.es. 

«  Les  ouvrages  de  Desargnes,  géomètre  éiniiient  du  xvii"  siècle,  ne  nous 
sont  point  parvenus  :  il  n'en  restait  que  quelques  fragments,  conservés 
l)rincipalement  dans  les  ouvrages  de  Bosse,  ou  dans  quelques  autres  écrits 
de  l'époque. 

1)  Les  géomètres  regrettaient  vivement  cette  perte,  surtout  celle  du  Traite 
des  sections  coniques,  mis  au  jour  en  i  SSg,  sous  le  titre  de  :  Brouillon  piojecl 
d'une  atteinte  aux  événements  des  rencontres  d\m  cane  avec  un  plan;  ouvrage 
dont  Descartes,  Format  et  Pascal  ont  parlé  avec  éloges. 

»  Une  copie  de  ce  traité,  faite  par  de  la  Ilire,  en  1679,  ce  qui  semble 
indiquer  cjue  déjà  à  cette  époque  il  était  devenu  fort  rare,  s'est  retrou- 
vée, dans  ces  derniers  temps,  avec  un  exemplaire  des  traités  originaux, 
très-succincts,  sur  la  coupe  des  pierres  et  les  cadrants;  quatre  pages  in-folio, 
d'un  caractère  très-fin  (1).  L'Académie  s'est  empressée  de  faire  l'acquisition 
de  ces  fragments  précieux.  J'ai  eu  l'honneur,  à  cette  époque,  d'entretenir 
l'Académie,  avec  quelques  détails,  de  Desargues  et  de  l'intérêt  que  les  géo- 
mètres attachent  à  ses  ouvrages,  où  se  reconnaissent  les  premiers  pas  dans 
la  voie  des  méthodes  de  la  Géométrie  moderne  (2). 

»  M.  Poudra,  officier  supérieur  d'état-major  en  retraite,  auteur  d'un 
Traité  de  perspective-relief ,  sur  lequel  un  Rapport  a  été  fait  à  l'Académie  (3), 
et  d'un  Mémoire  sur  la  théorie  des  courbes  géométriqties,  qui  a  obtenu  un 
encouragement  de  l'Académie,  au  concoui-s  de  l'an  dernier  (4),  s'est  proposé 
de  sauver  de  l'oubli  cette  partie  des  œuvres  de  Desargues,  si  heureusement 
retrouvée;  et  surtout  de  réunir  les  autres  fragments  et  toutes  les  notions  sur 


(i)  Le  titre  de  cet  Écrit,  sommaire  et  substantiel,  est  :  Brouillon project  d'exemple  d'une 
manière  universelle  du  S.  G.  D.  L.  (du  sieur  Gérard  Desargues,  Lyonnois)  touchant  la  prac- 
tiqtte  du.  trait  à  preuves  pour  la  coupe  des  pierres  en  l'architecture;  et  de  l'éclaircissement 
d^une  manière  de  réduire  au  petit  pied  en  perspective  comme  en  géométral,  et  de  tracer  tous 
quadrans  plats  d'heures  égales  au  soleil.  Paris  en  août  1640. 

(2)  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  t.  XX,  p.  i55o-i554;  année  i845. 

Dans  la  séance  du  3i  mars  1862,  notre  confrère  M.  Piobert  a  fait  connaître  à  l'Aca- 
démie quelques  détails  sur  les  rapports  de  Desargues  avec  Pascal,  à  l'époque  où  celui-ci, 
très-jeune  alors,  fit  imprimer  son  premier  ouvrage  sur  les  mathématiques,  Y  Essai  pour  les 
coniques.  {Comptes  rendus,  t.  LIV,  p.  703-715.) 

(3)  Comptes  rendus,  t.  XXVII,  p.  880-901;  année  i843. 

(4)  Comptes  rendus,  t.  LVI,  p.  4'- 

ia6.. 


(  944  ) 
raiitoiir,  qui  se  peuvent  rencontrer  dans  les  ouvrages  de  l'époque.  Ce  tra- 
vail, fruit  de  recherches  persévérantes,  a  donné  lieu  aux  deux  volumes  dont 
M.  Poudra  a  l'honneur  de  faire  hommage  à  l'Académie. 

«  Le  premier  volume  renferme  les  ouvrages  retrouvés  de  Desargues. 
M.  Poudra  y  a  joint  des  analyses  qui  en  facilitent  la  lecture.  Nous  citerons 
surtout  un  commentaire  du  Traité  des  coniques,  que  rendaient  nécessaire  le 
style  souvent  obscur  de  l'auteur,  et  l'emploi  de  beaucoup  de  mots  nouveaux 
qui  ne  se  sont  pas  conservés. 

1)  M.  Poudra  a  réuni  dans  le  second  volume  les  idées  théoriques  et  pra- 
tiques de  Desargues  sur  la  perspective,  la  coupe  des  pierres  et  les  cadrants,  qui 
se  trouvent  dans  les  ouvrages  de  Bosse.  Il  y  a  joint  la  reproduction  de  divers 
écrits  de  l'époque,  devenus  excessivement  rares  ou  restés  inconnus,  qui  se 
rapportent  aux  ouvrages  de  Desargues.  Ces  écrits  montrent  combien  il  a  été 
difficile  de  faire  admettre  des  principes  rigoureux  dans  les  arts  de  construc- 
tion, et  de  lutter  contre  l'autorité  puissante  d'une  routine  empirique.  C'est 
sous  ce  rapport  surtout  que  le  nom  de  Desargues  se  doit  présenter  à  l'esprit, 
quand  on  parle  des  services  rendus,  au  commencement  de  notre  siècle,  par 
l'illustre  auteur  de  la  Géométrie  descriptive.  Aussi  est-ce  avec  raison  que 
notre  confrère  M.  Poncelet  a  nommé  Desargues  le  Monge  de  son  siècle  (i). 

»  Les  géomètres  accueilleront  avec  intérêt  les  documents  nouveaux  dus 
au  zèle  et  aux  recherches  actives  de  M.  Poudra.  » 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  communique  à  l'Académie  les  pièces  relatives 
a  un  article  du  testament  de  feu  M.  Caristie,  Membre  de  l'Institut,  men- 
tionnant un  legs  qu'il  a  voulu  faire  du  travail  important  de  M.  Percier,  éga- 
lement Membre  de  l'Institut,  sur  le  palais  duT  à  Mantoue. 

M.  Percier,  par  son  testament,  avait  fait  don  de  ce  splendide  recueil  à 
M.  Caristie,  sonélève.  Celui-ci,  voulant  en  disposer  à  son  tour  delà  manière 
la  plus  utile  pour  le  public  et  la  plus  honorable  pour  sou  vénéré  maître, 
a  laissé  à  cinq  de  ses  amis,  architectes  comme  lui,  le  soin  de  désigner  l'éta- 
blissement auquel  il  devrait  être  donné.  M.  Lebas,  de  l'Académie  des  Beaux- 
Arts,  aujonrd'luii  seul  survivant  des  cinq  personnes  désignées,  a  pensé  que 
le  précieux  volume  ne  pourrait  être  mieux  placé  que  dans  la  Bibliothèque 
de  l'Institut  impérial,  qui  possède  déjà  plusieurs  autres  œuvres  originales 
de  Percier. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

(i)    Traité  (les  propriétés  projectives  des  Jtg lires,  p.  xxx\in. 


(  945  ) 

M.  LE  Président  annonce  que  le  tome  LVI  des  Comptes  rendus  est  en  dis- 
tribution au  Secrétariat. 

NOMIiVATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant pour  la  Section  de  Géométrie,  en  remplacement  de  feu 
M.  Steiner. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  de  48  : 

M.  Sylvester  obtient 4'J  suffrages. 

MM.  de  Jonquières  et  M.  Richelot,  chacun.  .        i  « 

M.  Sylvester,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  déclaré 
élu. 

3IÉM0IRES  PRÉSENTÉS. 

M.  DE  Caligxy  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  ayant  pour 
titre  :  «  Expériences  sur  tes  trajectoires  des  molécules  à  l'intérieur  des  flots  et  sur 
les  vitesses  des  ondes  liquides  » . 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Piobert,  Combes.) 

M.  Delacroix  adresse  de  Perpignan  un  Mémoire  concernant  Vappareil  de 
plongeur  dont  il  avait  précédemment  entretenu  l'Académie  à  l'occasion  de 
la  présentation  faite  par  M.  Galiberld'un  appareil  destiné  à  de  semblables 
usages.  11  y  joint  un  extrait  des  Annales  de  la  Société  cC Hydrolocjie  médicale 
de  Paris,  concernant  cette  invention  qui  est  appliquée  depuis  six  ans  à  l'Iiô- 
pital  militaire  thermal  d'Amélie-les-Bains  pour  les  bains  à  immersion  com- 
plète, bains  reconnus  nécessaires  pour  certaines  affections  de  la  face  et  du 
cuir  chevelu  sur  lesquelles  jusque-là  on  n'avait  pu  agir  qu'indirectement.  Un 
appareil  complet  et  une  embouchure  détachée  qui  permet  de  mieux  voir 
le  jeu  des  soupapes  font  partie  de  cet  envoi. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Arts  insalubres.) 

M.  L.  Bardoux  envoie  de  Poitiers  une  Note  très-étendue  sur  les  procédés 
au  moyen  desquels  il  transforme  en  papiers  applicables  à  différents  usages, 
en  carton,  en  pâtes  plasticpies,  un  grand  nombre  de  produits  végétaux  tous 
assez  communs,  les  uns  de  mince  valeur  et  les  autres  considérés  jusqu'ici 
comme  de  simples  rebuts.  Il  y  joint  une  collection  des  principaux  papiers 


(  946  ) 
obtcMuis  par  ces  procédés,  dont  il  s'est  assuré  la  propriété  par  des  brevets 
d'invention. 

(Commission  des  Arts  insalubres.) 

M.  RoB.  KsiGHT  adresse  de  Philadelphie  une  Lettre  concernant  la  décou- 
verte qu'il  dit  avoir  faite  de  la  cause  des  variations  de  l'aiguille  aimantée. 
Il  annonce  également  une  théorie  du  système  solaire  à  laquelle  se  rattache- 
rait sa  découverte.  Cette  nouvelle  communication,  de  même  que  celle  qui 
a  été  mentionnée  au  précédent  Compte  rendu,  semble  supposer  une  autre 
pièce  qui  ne  serait  point  parvenue  à  l'Académie. 

Une  Commission  composée  de  MM.  Pouillet,  Edm.  Becquerel  et  Fizeau 
est  invitée  à  prendre  connaissance  de  ces  deux  Notes,  et  à  voir  si  elles  pré- 
sentent quelque  chose  d'assez  complet  pour  devenir  l'objet  d'un  Rapport 

CORRESPONDANCE . 

M.  LE  Ministre  de  l'Agriculture,  dc  Com.merce  et  des  Travaux  publics 

adresse  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut  le  n"  6  des  Brevets  d'inyention 
pris  dans  l'année  i863. 

M.  le  Président  présente,  au  nom  de  l'auteur,  M.  le  D"^  Berroni,  un 
opuscule  italien  sur  la  classiBcation  et  le  traitement  des  diverses  folies,  et 
sur  le  mouvement  des  malades  dans  l'asile  des  aliénés  de  Turin,  pendant 
l'année  1862. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  Fauteur,  M.  de  Billy, 
inspecteur  général  des  Mines,  une  Notice  sur  feu  M.  Dufrénoy^  lui-même 
inspecteur  général  des  Mines  et  Membre  de  l'Académie  des  Sciences. 

La  Société  des  Naturalistes  de  Bru.nx  (Moravie),  instituée  à  la  fin 
de  1861 ,  envoie  le  premier  volume  de  ses  Mémoires,  et  exprime  l'espoir  de 
recevoir  en  retour  les  publications  de  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.  ) 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —   Sur  la  tempête  des  2  et  3  décembre.  Note  de 
M.  Marié-Davy,  présentée  par  M.  Le  Verrier. 

((  La  tempête  qui  a  sévi  si  fortement  à  Paris  dans  les  journées  du  2  et 
du   i  décembre  est  duc   à  un  tourbillon  qui  a  envahi   l'Europe    par    les 


(  947  ) 
côtes  iiord-ouesl  de  l'Irlande  et  qui  achève  en  ce  moment  sa  course  au 
travers  de  la  Russie. 

»  Les  documents  qui  nous  sont  nécessaires  pour  faire  l'histoire  com- 
plète de  ce  grand  phénomène  ne  nous  sont  pas  encore  tous  parvenus;  mais 
ceux  que  nous  avons  déjà  recueillis  nous  permettent  de  fixer  les  particu- 
larités de  sa  marche  au  travers  de  l'Europe.  Dès  le  27  novembre,  l'aspect 
général  des  courbes  d'égale  pression  nous  inspirait  des  doutes  sur  la  con- 
servation du  calme  qui  régnait  assez  généralement  sur  nos  côtes.  Cette  si- 
tuation, toutefois,  se  maintint  jusque  dans  la  nuit  du  3o  novembre  au 
i"  décembre  avec  des  modifications  peu  importantes  au  premier  abord, 
mais  sur  lesquelles  nous  reviendrons. 

»  Le  i''  décembre,  la  carte  météorologique  construite  au  moyen  des  ob- 
servations faites  à  8  heures  du  matin  et  télégraphiées  à  Paris  accuse  nette- 
ment l'arrivée  d'un  tourbillon  sur  l'Irlande.  Les  documents  postérieurs 
semblent  nous  permettre  de  placer  le  centre  de  ce  tourbillon,  pour  8  heures 
du  matin,  à  5o  ou  60  lieues  des  côtes  nord-ouest  de  l'Irlande. 

»  Le  2,  à  8  heures  du  matin,  nous  trouvons  ce  centre  dans  les  environs 
de  Shrevvsbury,  au  sud  de  Liverpool.  Le  tourbillon,  au  lieu  de  suivre  sa 
marche  habituelle  vers  l'est,  avait  donc  été  refoulé  vers  le  sud.  En  même 
temps,  le  baromètre,  à  Paris,  descendait  avec  une  rapidité  extrême  et  attei- 
gnait 731  millimètres  vers  i  heure;  à  ce  moment  la  tempête  avait  atteint 
sur  Paris  une  extrême  violence.  Deux  fois  déjà,  dans  la  première  quinzaine 
de  novembre,  un  tourbillon  avait  traversé  presque  du  nord  au  sud  l'Angle- 
terre et  la  France,  et  tout  faisait  craindre  qu'il  en  fût  une  troisième  fois 
ainsi,  lorsqu'à  partir  de  i  heure  le  baromètre  se  mit  à  remonter  avec  autant 
de  rapidité  qu'il  était  descendu.  La  tempête  rebroussait  chemin  vers  le  nord. 
L'ébranlement  vers  le  sud  ne  devait  toutefois  pas  s'arrêter  complètement, 
et  dans  la  nuit  du  3  au  4  nu  vent  violent  s'élevait  sur  les  golfes  de  Lyon  et 
de  Gênes  cl  s'étendait  jusqu'à  l'Adriatique  nord. 

»  Le  3,1e  centre  du  tourbillon  était  revenu  sur  l'Angleterre  dans  le  voi- 
sinage d'York.  A  partir  de  ce  moment  le  phénomène  reprit  sa  marche  habi- 
tuelle vers  l'est. 

))   Le  4,  nous  le  voyons  un  peu  au  nord  de  Copenhague. 

»  Le  5,  il  semble  cpiitterla  Baltique  eutie  Liban  et  Rœnigsberg.  Mais  les 
documents  de  cette  région  sont  encore  trop  incomplets  pour  que  nous 
puissions  assigner  sa  marche  ultérieure. 

»  Les  positions  occupées  les  i",  2,  3,  4  et  5  décembre  par  le  centre  de 
ce  tourbillon,  qui  a  été  d'une  extrême  énergie,  montrent  que  sa  vitesse  de 


(948) 
translation  a  été  d'une  dizaine  de  lieues  à  l'heure.  C'est  une  vitesse  pareille 
que  nous  trouvons  encore  pour  les  plus  faibles  tourbillons  qui  traversent 
fréquemment  l'almosphère  de  l'Europe.  11  semble  donc  permis  de  croire 
que  la  cause  de  leur  progression  est  indépendante  de  leur  violence  et  qu'elle 
doit  tenir  à  un  mouvement  général  de  l'atmosphère  au  nord  de  l'Europe. 

»  Nous  trouverons  quelque  intérêt  peut-être  à  revenir  en  arrière  et  à  in- 
terpréter les  modifications  subies  les  28,  29  et  3o  novembre  par  les  courbes 
d'égale  pression. 

»  Nous  avons  dit  plus  haut  que  le  27  nous  considérions  le  temps  comme 
douteux.  Depuis  la  veille  le  vent  était  devenu  fort  de  l'est  à  San-Fernando, 
près  Cadix,  et  la  pression  commençait  à  y  faiblir  d'ime  manière  sensible, 
tandis  qu'elle  restait  très-élevée  .sur  l'Europe  centrale.  Le  28,  jour  où  nous 
considérions  la  situation  comme  très-douteuse,  la  baisse  barométrique  avait 
fait  de  nouveaux  progrès  sur  le  sud-est  de  l'Espagne,  en  tenant  compte  de 
ce  fait  bien  connu  que  les  oscillations  barométriques  y  sont  beaucoup 
moins  fortes  qu'à  des  latitudes  plus  élevées.  De  plus,  la  dépression  baromé- 
trique avait  gagné  le  golfe  de  Gascogne  où  la  pression  était  descendue  de 
^67™", 4  à  764™",  5  depuis  la  veille,  tandis  qu'à  Brest,  au  contraire,  à  Pen- 
zance,  à  Valentia,  le  baromètre  était  resté  presque  stationnaire;  il  était  même 
remonté,  à  Greencastle,  au  nord  de  l'Irlande;  enfin,  les  vents  étaient  de- 
venus forts  du  sud  ou  sud-ouest  sur  l'Irlande. 

»  Le  29,  qui  se  trouvait  un  dimanche,  nous  n'avons  pas  d'observations 
anglaises,  sauf  celle  de  l'observatoire  de  Greenwich  ;  mais  l'agitation  des 
cotes  irlandaises  s'était  étendue  au  golfe  de  Gasgogne,  où  le  baromètre  était 
descendu  à  760™™, 3,  ce  qui  formait  une  diminution  de  7  millimètres  en 
deux  jours.  La  baisse  barométrique  commençait  également  à  devenir  sen- 
sible à  Brest. 

)i  Le  3o,  la  pression  s'est  relevée  sur  l'Espagne  ;  elle  a  remonté  ini  peu  sur 
le  golfe  de  Gascogne,  tandis  qu'elle  est  descendue  de  5  millimètres  à  Brest, 
et  que  sur  l'Irlande  elle  est  à  peu  près  restée  stationnaire. 

))  Si  nous  rapprochons  ces  faits  de  la  marche  connue  du  tourbillon 
du  1'"'  au  5,  nous  arrivons  à  considérer  comme  très-probable  qu'ils  sont  les 
signes  sensibles  de  l'arrivée  progressive  de  la  tempête.  Le  centre  du  tour- 
billon se  serait  trouvé  :  le  3o,  à  peu  près  à  la  hauteur  de  l'embouchure  de 
la  Manche;  le  29,  à  la  hauteur  du  golfe  de  Gascogne;  le  28  ou  le  27,  à  la 
hauteur  des  Arores,  dans  le  voisuiage  desquelles  il  a  sans  doute  passé.  Peut- 
être  vient-il  du  golfe  du  Mexique,  et  avons-nous  été  atteints  par  un  véri- 
table cyclone. 


(949) 

»  Le  3  décembre,  Marseille  recevait  avis  que  le  Charles- Martel ^  vapeur 
français,  parti  de  Nev^'-York  le  21  octobre  en  destination  de  Marseille,  a 
sombré  à  la  suite  de  forts  coups  de  vent  essuyés  les  26  et  ij  octobre.  L'équi- 
page a  abandonné  le  navire  le  29  et  a  été  recueilli  par  le  navire  Saint-Georges 
allant  à  Buenos-Ayres. 

»  Le  Charles-Martel  a  été  sans  doute  atteint  par  le  tourbillon  qu'il  n'aïu'a 
pu  éviter. 

»  S'il  est  probable  que  ce  tourbillon  nous  arrive  des  basses  latitudes,  il 
l'est  tout  autant  que  beaucoup  d'autres  prennent  naissance  plus  près  de 
nous.  La  connaissance  de  leur  point  de  départ  doit  nécessairement  précéder 
toute  tentative  d'explication  de  leur  mode  de  formation.  Les  nombreux 
navires  de  toutes  nations  qui  ont  sillonné  l'Atlantique  pendant  le  mois  de 
novembre  dernier  |)ourraient  seuls  nous  fournir  les  documents  indispen- 
sables à  ces  recherches.  Quelque  peu  avancée  que  soit  l'étude  des  tempêtes, 
nous  en  savons  assez  pour  comprendre  que  chaque  pas  que  la  télégraphie 
pourra  faire  sur  l'Océan  aura  pour  résultat  de  donner  plus  de  promptitude 
et  de  sûreté  aux  avertissements  fournis  aux  ports,  et  que  chaque  progrès 
dans  la  connaissance  de  la  marche  des  tourbillons  aura  pour  effet  de  dimi- 
nuer le  nombre  des  naufrages  eu  pleine  mer. 

»  Si  jamais  un  câble  peut  être  jeté  entre  l'Europe  et  l'Amérique,  en  pas- 
sant par  les  Açores,  cette  dernière  station  pourrait  nous  signaler  deux  ou 
trois  jours  plus  tôt  l'arrivée  des  grandes  tempêtes.  » 

l'HYSIOLOGIE.  —  hecherches  expérimentales  sur  les  Jonctions  de  l'encéphale  des 
Poissons.  Note  de  M.  E.  Baudelot,  présentée  par  M.  Blanchard. 

«  Les  fonctions  de  l'encéphale,  objet  de  travaux  si  persévérants  chez  les 
Vertébrés  supérieurs,  ont  été  jusqu'ici  à  peine  étudiées  chez  les  Poissons. 
J'ai  donc  pensé  que  des  expériences  sur  ce  sujet  offriraient  un  intérêt  réel. 
Dès  mes  premières  tentatives,  je  reconnus  combien  il  est  désavantageux 
d'opérer  sur  des  sujets  de  grande  taille,  toujours  très-difticiles  à  manier,  à 
crâne  plus  ou  moins  résistant,  et  dont  le  cerveau  profondément  situé  est 
ordinairement  recouvert  d'iuie  épaisse  couche  de  graisse.  Je  pris  le  parti  de 
ui'adresser  de  préférence,  soit  à  de  jeunes  sujets,  soit  à  de  petites  espèces, 
et,  dans  cette  pensée,  je  fixai  mon  choix  sur  l'Épinoche  et  l'Épinochette, 
petits  poissons  chez  lesquels  je  remarquai  un  ensemble  de  qualités  qui  les 
rendaient  éminemment  propres  à  l'expérimentation.  L'intérêt  et  surtout  la 

C.  R.,  186S,  2"'=  Semestre.  (T.  LVII,  Nû  25.)  I  2'] 


(  95o  ) 
nettelé  des  résultats  que  j'ai  obtenus,  leur  degré  suffisant  de  généralité 
m'engagent  à  les  signaler.  Je  passerai  successivement  en  revue  les  fonctions 
des  lobes  cérébraux,  des  lobes  optiques,  de  la  moelle  allongée  et  du  cer- 
velet. 

»  Lobes  cérébraux.  —  Les  résultais  de  mes  ex|)ériences  sur  les  lobes  céré- 
braux concordent  parfaitement  avec  les  faits  déjà  signalés  par  Desmoulins 
et  Magendie.  Ainsi  la  perte  de  l'un  des  lobes  céi'ébraux,  même  celle  des 
deux  lobes  à  la  fois,  n'influe  en  rien  siu*  la  liberté  et  la  régularité  des  mou- 
vements. L'animal,  dont  la  vue  et  l'intelligence  semblent  parfaitement  con- 
servées, se  dirige  avec  la  même  agilité  et  avec  la  même  sûreté  qu'avant  l'opé- 
ralion.  Deux  Epinoches  auxquelles  j'avais  fait  subir  cette  mutilation  ont  |)u 
vivre  ainsi  jiendant  plus  d'une  semaine  sans  |irésenter  aucun  désordre  ap- 
préciable. On  voit  combien  ces  résidtats  différent  de  ceux  que  l'on  obtient 
chez  les  Vertébrés  supérieurs,  où  l'on  sait  que  la  destruction  des  hémisphères 
cérébraux  s'accompagne  toujours  d'un  état  de  stupeur  profonde  et  de  la 
perte  de  toutes  les  facidtés  intellectives. 

»  Lobes  opthjues.  —  i°  L'ablation  de  la  voûte  de  l'un  des  lobes  optiques, 
ou  bien  celle  des  deux  lobes  à  la  fois,  ne  détermine  aucun  désortlre  dans 
les  mouvements.  Je  m'empresse  néanmoins  d'ajouter  que  l'observateur  ne 
saurait  agir  ici  avec  trop  de  précautions,  car,  ainsi  que  nous  le  verrons  j^lus 
loin,  la  moindre  déchirure,  le  moindre  tiraillement  de  la  base  des  lobes  op- 
tiques est  suivi  immédiatement  de  perturbations  considérables  dans  les  fonc- 
tions motiices. 

»  a°  A|)rè.^  la  destruction  complète  de  la  voûte  des  deux  lobes  optiques 
la  vue  paraît  abolie,  l'animal  reste  le  plus  souvent  immobile  et  comme 
plongé  dans  la  stupeur;  quand  on  l'excite  il  fuit  ordinairement  avec  lenteur 
et  va  se  heurter  contre  les  objets  qu'on  lui  j^résente. 

»  3"  Lorsque  la  lésion  n'intéresse  que  le  sommet  de  l'un  des  lobes  op- 
tiques, la  vue  paraît  conservée  des  deux  côtés,  mais  l'animal  offre  souvent 
im  peu  plus  de  lenteur  dans  ses  déterminations. 

»  4°  I-^s  blessiu'es  de  la  base  des  lobes  optiques  .sont  constamment  sui- 
vies de  troubles  extrêmement  curieux  du  côté  des  facultés  motrices.  On 
sait,  depuis  les  belles  expériences  de  M.  Flourens,  que  chez  les  Mannnifères 
et  chez  les  Oiseaux,  la  lésion  de  l'uîi  des  pédoncules  cérébelleux  moyens 
détermine  fatalement  la  rotation  de  l'animal  autour  de  son  axe;  on  sait 
aussi,  d'après  le  même  savant,  que  des  mouvements  rotatoires  s'observent 
chez  les  l'>atraciens  après  l'ablation  de  l'im  ties  lobes  optiques,  mais  jusqu'ici, 
je  crois,  personne  n'a  démontré  que  chez  les  Poissons  la  lésion  de  certaines 


(  95.   ) 
parties  de  l'encéphale  pût  être  suivie  de  phénomènes  de  tournoiement.  Les 
faits  suivants,   je   l'espère,  établiront  cette  vérité  avec  tonte  la   certitude 
désirable. 

»  Lorsque  l'on  vient  à  picpicr,  soit  directement,  soit  à  travers  la  voûte 
du  crâne,  le  plancher  de  l'un  des  lobes  optiques,  l'animal  décrit  aussitôt 
en  nageant  un  mouvement  de  rotation  autour  de  son  axe.  Ce  mouvement 
s'effectue  toujours  vers  le  côté  opposé  à  la  lésion,  c'est-à-dire  qu'il  com- 
mence par  la  chute  de  l'animal  sur  ce  côté  et  se  continue  ensuite  dans  le 
même  sens. 

»  Le  nombre  des  tours  de  l'animal  sur  lui-même  dans  un  temps  donné 
est  extrêmement  variable  ;  ainsi  pai  fois  on  en  compte  i5,  3o,  4o  par  minute, 
mais  d'autres  fois,  après  une  simple  excitation,  leur  fréquence  devient  telle, 
que  j'ai  vu  desÉpinoches  exécuter  80,  100  et  jusqu'à  i  10  et  120  révolutions 
dans  une  minute. 

n  La  durée  de  ces  mouvements  lotatoires  n'est  pas  moins  remarquable 
que  leur  fréquence  :  je  les  ai  vus  se  continuer  dix,  douze  jours  et  même  da- 
vantage après  l'opération  ;  ils  s'effectuent  invariablement  dans  le  même  sens 
et,  dans  les  intervalles  de  repos  qui  les  séparent,  l'animal  reste  constamment 
couché  sur  le  flanc  opposé  à  la  lésion.  Presque  toujours  aussi  le  corps  se 
recourbe  pins  ou  moins  fortement  en  arc  de  cercle  vers  le  côté  opposé 
à  la  lésion. 

»  J'ai  remarqué  que,  lorsque  la  lésion  s'écarte  trop  du  sillon  médian  ou 
bien  a  eu  lieu  tout  à  fait  à  l'une  des  extrémités,  soit  antérieure,  soit  posté- 
rieure, du  lobe  optique,  les  phénomènes  de  rotation  deviennent  beaucoup 
moins  prononcés,  beaucoup  moins  nets,  ou  même  cessent  complètement  de 
se  pi'oduire. 

»  Souvent  les  mouvements  de  rotation  autour  de  l'axe  allernent  avec  des 
mouvements  en  manège  dirigés  aussi  vers  le  côté  opposé  à  la  lésion.  Ainsi 
quelquefois,  aussitôt  après  l'opération,  l'animal  présente  un  mouvement  de 
rotation  autour  de  l'axe,  puis  ce  mouvement  cesse  et  se  trouve  remplacé 
par  un  mouvement  de  manège;  la  rotation  autour  de  l'axe  peut  recommencer 
ensuite.  D'autres  fois,  c'est  le  contraire  qui  arrive  :  l'animal  n'exécute  d'abord 
qu'un  simple  mouvement  en  manège,  mais  bientôt  ce  mouvement  s'exagère, 
le  cercle  décrit  se  rétrécit  davantage,  l'animal  s'incurve  en  s'inclinant  de 
plus  en  plus  sur  le  côté,  enfui  à  un  certain  instant  l'équilibre  se  rompt,  le 
ventre  passe  en  haut  et  la  rotation  autour  de  l'axe  commence. 

»  Il  semble  donc  résulter  de  ces  derniers  faits  que  le  mouvement  de  rol.i- 
tion  autour  de  l'axe  et  le  mouvement  en  manège  ne  sont  pas  deux  mouve- 

127. 


(  952  ) 
ments  de   nature    réellement   différente,    mais   bien  une  seule  espèce  de 
mouvement,  le  premier  n'étant  sans  doute  que  l'exagération  du  second  et 
paraissant  dépendre  ou  d'une  lésion  plus  grave  ou  d'une  recrudescence 
passagère  dans  le  trouble  nerveux. 

)>  L'accord  n'ayant  pu  jusqu'ici  s'établir  entre  les  physiologistes  rela- 
tivement à  la  manière  d'expliquer  le  phénomène  si  singulier  du  tour- 
noiement, j'ai  essayé  d'analyser  ce  même  phénomène  chez  les  Poissons.  J'ai 
reconnu  d'abord  que  le  mouvement  rotatoire  ne  peut  pas  être  attribué  à  la 
paralysie  de  l'un  des  membres,  ce  qui,  du  reste,  est  conforme  à  l'opinion 
déjà  émise  par  M.  Longet  au  sujet  des  Mammifères;  je  me  suis  ensuite 
assuré  que  ce  mouvement  ne  résulte  pas  de  la  perte  de  la  vue  d'un  seul 
côté,  puis  enfin  qu'il  n'est  pas  la  conséquence  de  cette  légère  courbure  en 
axe  que  présente  ordinairement  le  corps  des  sujets  opérés.  En  effet  : 

»  (ry).  IjCs  moiivf'iuents  des  nageoires  ne  sont  nullement  altérés  et  les 
deux  membres  agissent  avec  une  régularité  parfaite  chez  les  sujets  que  l'on 
voit  tourner  ainsi  autoin*  de  leur  axe. 

»  [h).  La  section  de  l'iuie  des  nageoires  pectorales  sur  un  Poisson  sain 
n'entraîne  à  sa  suite  aucune  apparence  de  mouvement  de  rotation. 

»  (f  ).  Après  la  section  de  l'une  ou  l'autre  des  nageoires  pectorales  sur 
un  sujet  tournant  autour  de  son  axe,  la  rotation  continue,  avec  un  peu 
moins  de  vivacité,  il  est  vrai,  mais  toujours  du  même  côté. 

»  {d).  L'ablation  (ie  l'un  des  yeux  sur  un  Poisson  sain  n'est  suivie  d'au- 
cune espèce  de  troubles  dans  la  motilité. 

>•  (e).  Ce  n'est  pas  non  plus  la  légère  courbure  en  arc  du  corps  qui,  en 
se  combinant  au  mouveiiient  de  progression,  peut  déterminer  la  rotation 
autour  de  l'axe,  puisqu'il  arrive  souvent  que  la  rotation  s'effectue  surplace, 
le  corps  étant  dans  la  rectitude. 

"  Déduction  étant  faite  de  toutes  les  causes  précédentes,  je  présume  que 
le  tournoiement  poiurait  bien  être  le  résultat  d'un  sentiment  douloureux  de 
contracture  auquel  l'animal  chercherait  sans  cesse  à  échapper,  sentiment 
qui  résiderait  dans  les  muscles  antérieurs  du  tronc  du  côtf''  opposé  à  la 
lésion. 

))  Moelle  allongée.  —  La  base  des  lobes  optiques  n'est  pas  la  seule  partie 
de  l'encéphale  dont  la  lésion  soit  susceptible  de  déterminer  des  mou- 
vements de  rotation  autour  de  l'axe  ou  en  manège;  des  mouvements  iden- 
tiques à  ceux  que  nous  venons  de  décrire  se  produisent  également  lorsqu'on 
pique  l'une  des  moitiés  de  la  moelle  allongée;  seulement,  ici,  au  lieu  de 
s'effectuer  connue  précédemment  du  côté  lésé  vers  le  côté  sain,  les  niouve- 


(  953) 
menls  rotatoires  ont  lien  en  sens  inverse,  c'est-à-dire  du  côté  sain  vers  le 
côté  lésé.  Dans  l'état  de  repos,  l'animal  reste  toujours  couché  siu'  le  flanc 
correspondant  à  la  lésion;  enfin  le  corps  tend  aussi  à  se  recourber  en  arc 
vers  le  côté  lésé. 

»  En  comparant  les  effets  directs  qui  accompagnent  la  lésion  de  chacune 
des  moitiés  de  la  moelle  allongée,  aux  effets  entre-croisés  qui  résultent  de  la 
lésion  de  chacun  des  lobes  optiques,  on  est  donc  amené  à  conclure  qu'entre 
ces  deux  points  il  doit  exister  un  entre-croisement  des  fibres  nerveuses  avec 
passage  de  ces  fibres  d'un  côté  à  l'autre. 

»  Cervelet.  —  I.a  destruction  de  toute  la  portion  saillante  du  cervelet 
n'influe  ni  sur  la  régularité,  ni  sur  la  vivacité  des  mouvements  de  l'animal, 
dont  l'intelligence  et  la  liberté  d'action  semblent  parfaitement  conservées. 

»  Lorsque,  au  contraire,  on  détruit  les  parties  profondes  du  cervelet,  il 
ari'ive  parfois  que  l'animal  devient  chancelant  et  s'avance  en  oscillant  à 
droite  et  à  gauche  du  plan  médian,  ou  bien  il  se  produit  de  véritables 
désordres  dans  les  mouvements,  ce  que  j'attribue  aux  tiraillements  exercés 
pendant  l'opération  sur  les  fibres  profondes  qui  se  trouvent  en  communi- 
cation directe  avec  la  moelle  allongée.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —    Sur  la  fermentation   acétique    et  sur  la   combustion 
alcoolique.  Mémoire  de  M.  Ch.  Bloxdeau;  extrait  présenté  par  M.  Pelouze. 

«  L'acide  acétique  est  un  des  corps  que  l'on  rencontre  le  plus  fréquem- 
ment dans  la  nature  où  il  se  forme  sous  les  influences  les  plus  variées  et  qui 
toutes  servent  à  établir  que  les  éléments  des  substances  organiques  ont  la 
tendance  la  plus  prononcée  à  se  réunir  pour  constituer  cet  acide.  Ainsi,  si 
on  soumet  une  matière  organique  à  la  distillation,  il  est  bien  rare  qu'd  ne 
se  produise  pas  d'acide  acétique.  Si  on  abandonne  un  corps  organisé  à  la 
fermentation,  on  voit  cet  acide  apparaître.  On  le  retrouve  encore  dans  les 
graines  qui  germent,  dans  la  sueur  et  une  foule  d'autres  sécrétions;  entin, 
il  résulte  de  l'oxydation  de  certaines  substances,  et  en  particulier  de  l'al- 
cool, sous  l'influence  de  la  mousse  de  platine.  D'après  cela,  on  doit  être 
naturellement  porté  à  penser  qu'un  acide  qu'on  rencontre  dans  des  circon- 
stances si  diverses  doit  devoir  son  origine  à  des  causes  qui  ne  sont  pas  tou- 
jours les  mêmes.  Cependant,  on  n'a  généralement  admis,  ou  du  mouisétudié, 
qu'une  seule  des  causes  qui  président  à  la  formation  de  l'acide  acétique, 
celle  qui  produit  l'oxydation  de  l'alcool. 

»  C'est  dans  le  but  de  combattre  cette  manière  de  voir  qui  nous  parait 
trop  exclusive  que  nous  avons  cherché  à  déterminer  quelques-unes  des 


(  954  ) 
circoiislances  dans  lesquelles  l'acide  acéliqiie  se  produil;  et  il  nous  a  élé 
floniK"  de  constater  que  lorsqu'on  met  eu  ra|)port  de  l'eau  sucrée  avec  une 
matière  albiuninoïde  telle  que  du  caséum,  il  se  développe  des  mycoderriies 
qui  trouvent  dans  la  matière  azotée  les  éléments  nécessaires  à  leur  dévelop- 
pement, tandis  qu'ils  transforment  en  acide  acétique  le  sucre  contenu  dans 
la  liqueur.  r>a  transformation  qu'éprouve  le  sucre  dans  cette  circonstance 
paraît  être  une  condition  nécessaire  à  l'existence  des  inycodermes  qui  ne  se 
développent  rapidement  que  dans  une  liqueur  acide.  Si  ce  changement  ne 
s'était  pas  produit,  la  liqueur,  devenue  alcaline  par  suite  de  la  putréfaction 
du  caséum,  aurait  provoqué  le  développement  d'infusoires  qui  se  seraient 
opposés  à  la  végétation  des  micropViytes. 

»  C'est  à  la  même  cause  qu'il  ftiut  attribuer  la  production  de  l'acide  acé- 
tique qu'on  rencontre  en  si  grande  quantité  dans  la  cuve  des  ainidonniers, 
lequel  a  |)ris  naissance  par  suite  d'une  transformation  isomérique  qui  s'est 
opérée  dans  l'amidon. 

»  Ce  changement  d'état  du  sucre  ou  de  l'amidon  qui  deviennent,  sous 
l'uifluence  des  microphytts,  de  l'acide  acétique,  nous  paraît  constituer  un 
phénomène  spécial  auquel  on  peut,  par  analogie,  donner  le  nom  de  finnen- 
tatioit  acétique;  car,  dans  le  cas  actuel,  ces  deux  substances  ne  font  que  pas- 
ser de  l'état  neutre  à  l'état  acide  sans  changer  de  composition. 

M  II  n'en  est  plus  de  même  lorsque  l'acide  résulte  de  la  cond^ustion  d'une 
partie  des  éléments  des  matières  organiques  qui  se  trouvent  brûlées  par 
l'oxygène  de  l'air  sous  luie  influence  qui  ne  nous  paraît  pas  avoir  été  suffi- 
samment précisée.  A  la  vérité,  M.  Pasteur  a  dil  dans  ces  derniers  temps 
qu'il  existait  certaines  espèces  raycodermiques,  et  en  particulier  le  Tlfjxof/e/'ma 
aceti,  qui  possédaient  la  propriété  de  s'em[)arer  de  l'oxygène  de  l'air  et  de  le 
fixer  siu-  les  matières  organiques  telles  que  l'alcool,  qui  se  trouvait  ainsi 
brûlé  eu  partie  et  transformé  en  acide  acétique.  Les  expériences  dont  nous 
avons  donné  le  détail  dans  notre  Mémoire  nous  ont  prouvé  que  ce  n'était 
que  lorsque  le  mycoderme  s'était  constitué  à  l'état  membraneux  qu'il  jouis- 
sait de  la  propriété  de  s'emparer  de  l'oxygène  et  de  transformer  l'alcool  en 
acide  acétique.  Ce  serait,  par  conséquent,  une  propriété  inhérente  à  l'état 
mendjraueux  et  non  une  action  physiologique  qui  déterminerait  ce  chan- 
gement. 

»  Pour  prouver  qu'il  en  est  ainsi,  il  fallait  établir  que  les  membranes  qui 
se  forment  dans  les  tonneaux  où  se  fabrique  l'ox}  gène  jouissent  de  la  pro- 
priété décondenser  l'oxygène  et  de  déleiminer  la  combustion  des  produits 
hydrocarbonés;  il  fallait,  en  outre,  faire  voir  que  certaines  substances  mem- 


(955) 
braneuses,  telles  que  celles  qu'on  obtient  en  traitant  le  papier  par  l'acide 
sulfurique,  jouissaient  de  la  même  propriété,  laquelle  s'étendait  même  à  la 
cellulose  lorsqu'elle  était  disposée  en  lames  minces  comme  celles  qui  con- 
stituent les  copeaux  de  bois;  et  c'est  ce  que  nous  nous  sommes  efforcé  de 
faire,  ainsi  qu'on  le  verra  par  le  détail  des  expériences  consignées  dans 
notre  Mémoire. 

')  Nous  n'avons  rieiî  négligé  pour  parvenir  à  établir  cette  propriété  com- 
burante des  membranes,  car  c'est  dans  cette  faculté  analogue  à  celle  que 
possède  la  mousse  de  platine  que  nous  trouvons  l'explication  rationnelle 
de  plusieurs  phénomènes  importants,  tels  que  ceux  qui  concernent  la  res- 
piration des  végétaux  et  des  animaux.  Ces  combustions  lentes  produites  par 
l'intermédiaire  des  membranes  ouvrent  de  nouvelles  voies  aux  recherches 
de  la  chimie,  en  lui  fournissant  le  moyen  de  porter  l'action  comburante  de 
l'air  sur  diverses  substances  organiques  qui  pourront  passer  ainsi  successi- 
vement par  des  états  intermédiaires  dont  l'étude  ne  peut  manquer  de  pré- 
senter un  grand  intérêt.  D'un  côté,  ces  phénomènes  de  combustion  se  rat- 
tachent à  la  respiration  des  végétaux  et  des  animaux,  de  l'autre  il  se  produit 
également  au  sein  des  matières  en  décomposition;  de  telle  sorte  que  si, 
d'une  part,  la  vie  se  trouve  liée  à  l'action  des  substances  membraneuses,  la 
mort  et  le  retour  à  l'état  inorganique  paraissent  se  rattacher  à  la  même 
cause.    )) 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —   Sur  la  dislillalion  des  liquides  mélangés; 
par  M.  E.-J.  Maumexé.  * 

<(  Dans  la  séance  du  24  août  i863,  M.  Berthelot  a  présenté  des  expé- 
riences et  des  considérations  dont  il  a  cru  pouvoir  tirer  une  règle  précise 
pour  la  distillation  des  liquides  mélangés. 

»  Je  demande  la  [)ermission  de  faire  observer  que  la  présence  d'une  très- 
petite  quantité  de  matière  étrangère  amène  souvent  une  niodificalion  des 
résidtats  qui  ôte  toute  valeur  pratique  à  la  théorie  que  M.  Berthelot  a  cru 
bon  de  rappeler. 

1)  Un  mélange  d'alcool  et  d'essence  offre  un  exemple  frappant  des  diffi- 
cultés qui  peuvent  se  présenter. 

»  A  la  température  d'un  peu  plus  de  76  degrés  les  tensions  de  ces  deux 
liquides  sont,  d'après  M.  Regnauit: 

Vapeur  d'alcool 'J02""" 

Vapeur  d'esseuce 58 

"60 


(  956  ) 
»   Théoriquement,  les  poids  des  deux  liquides  qui  se  vaporiseraient  sc- 
iaient entre  eux  comme  les  produits  de  ces  tensions  par  les  densités  de  va- 
peurs 46  et  !  36,  c'est-à-dire  comme  4)1  est  à  1 ,  ce  qui  conduit  à  la  compo- 
sition 

Alcool 80 ,  36 

Essence •  9  >64 


100,00 


pour  le  mélange  indécomposable  par  l'ébuUition  sous  la  pression  ordi- 
naire. 

»  Un  liquide  plus  riche  en  essence  devrait  fournir  d'abord  à  la  distillation 
un  produit  très-rapproché  par  sa  composition  du  mélange  théorique  ainsi 
calculé  ;  mais  l'expérience  donne  des  résultais  bien  différents,  lorsque  l'es- 
sence est  devenue,  sous  l'influence  de  l'air,  de  la  colophane  en  très  petite 
proportion. 

»   Ij' hydrogène  liquide  du  commerce  est  un  mélange  de 

Alcool 64  volumes 

Essence 36       >> 

100  volumes 

»  La  densité  du  mélange  est  0,88267  à  -l-  9°, 8.  Il  entre  en  ébullition  à 
8a  degrés  sous  la  pression  o™,'764  (corrigée). 

»  Soumis  à  l'ébuUition  d'abord  au  baiu-marie,  puis  à  feu  nu,  il  donne 
(fort  peu  de  temps  après  sa  fabrication)  : 


Température 

Densité 

Proportion 

d'ébullition. 

à  +  io". 

d'essence  (calcul). 

Premier  produit.  .  . 

de 

82,0    à 

83, 0 

0,824 

38,67 

Deuxième  produit. . 

de 

83, 0 

83,5 

0,824 

38,67 

Troisième  produit. . 

de 

83,5 

83,9 

0,823 

37,33 

Quatrième  produit . 

de 

83,9 

84,6 

0,822 

36, 00 

Cinquième  produit. 

de 

84,6 

85,1 

0,818 

30,67 

Sixième  produit ,  .  . 

de 

85,1 

96,4 

0,809 

18,67 

Septième  produit.  . 

de 

i58,o 

170,0 

0,864 

93,24 

au  bain-marie. 


à  feu  nu. 


»  J'ai  observé  d'autres  faits  analogues;  mais  le  plus  extraordinaire   est 
celui  dont  on  vient  de  lire  les  détails. 
»   Il  résulte  de  ces  faits  : 
))    1°  Que  la  règle  théorique  calculée  pour  le  cas  de  deux  liquides  pins 


(957) 
et  inaltérables  à  l'air  ne  trouve  pins  d'application  lorsqu'un  des  liquides 
s'altère  même  en  très-petite  partie. 

»  2"  Que  la  règle  théorique  ne  serait  plus  applicable  au  cas  de  trois 
liquides,  le  troisième  pouvant  être  considéré  comme  tme  matière  étran- 
gère. 

»  3°  Que  la  distillation  fractionnée,  employée  en  chimie  poiu-  obtenir  des 
liquides  purs,  doit  être  soumise  à  une  étude  attentive  dans  chaque  cas  par- 
ticulier. Cette  marche  donne  quelquefois  des  séparations  régulières,  comme 
le  prouve  l'expérience  déjà  bien  longue  des  chimistes  qui  s'occupent  de 
chimie  organique;  mais,  d'après  cette  même  expérience,  des  difficultés 
que  la  théorie  ne  peut  faire  prévoir  et  presque  insurmontables  se  présentent 
dans  quelques  cas,  et  on  en  voit  la  preuve  bien  évidente  dans  l'exemple 
que  je  viens  de  rapporter. 

»  4"  Que  les  conclusions  de  M.  Berlhelot  ne  peuvent  être  appliquées, 
comme  il  l'a  fait,  au  travail  de  M.  Wurtz.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.—    Action  de  l'oxygène  sur  le  vin  ;  par  M.  E.-J.  3Iaumené. 

«  J'ai  annoncé  en  1862  (i)  quele  vin  limpidepeut  être  mis  en  contact  avec 
l'oxygène  pur,  même  pendant  près  d'une  année  et  sous  une  forte  pression, 
sans  en  être  altéré.  J'ai  proposé  d'administrer  ce  vin  aux  malades. 

>'  Récemment  l'Académie  a  été  entretenue,  par  M.  Berlhelot,  d'une  expé- 
rience dans  laquelle  du  vin  rouge  agité  avec  l'oxygène  sur  le  ?nercure  perd 
son  bouquet  et  la  plupart  de  ses  propriétés. 

»  J'ai  fait  agir  de  l'oxygène  très-pur  sur  trois  espèces  de  vin  rouge  (2), en 
ayant  soin  d'éviter  la  présence  du  mercure.  Le  vin  s'est  comporté  comme  le 
vin  de  Champagne  que  j'avais  employé  autrefois.  Aucune  altération  ne  s'est 
produite;  le  vin  a  pris  un  goût  plus  vif  et  a  fait  naître  cette  chaleur  d'esto- 
mac dont  j'ai  parlé  dans  ma  première  Note. 

»  Le  mercure  est  la  cause  de  l'altération  du  vin  :  il  la  produit  lentement 
quand  il  est  pur,  immédiatement  lorsqu'il  renferme  de  l'étain  (3),  du  zinc 
ou  du  plomb.  » 


(i)  Lettre  à  M.  Dumas  [Jnnales  de  Chimie  et  de  Physique). 

(2)  Du  bordeaux  vieux  de   i85c),  du  bourgogne  très-fin  de  1842,  du  vin  ordinaire   df 
Paris  (à  80  centimes  le  litre). 

(3)  Voir  mes  Indications  théoriques  et  pratiques  sur  le  travail  des  vins,  p.  588,  §  810. 

C.  R-,  i863,  2""^  Semeslre.  (T.  LVII,  N"  23.)  I  28 


(958  ) 

CHIMIE  APPLIQUÉE. — Sur  (es  générations  dites  spontanées.  Extrait  d'une  Lettre 
de  M.  BÉcHAMP  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

«  Le  système  physiologique  de  la  génération  spontanée  et  celui  de  la  pan- 
spermie  se  sont  de  nouveau  trouvés  en  présence  à  l'Académie.  J'ai  l'honneur 
de  vous  demander  la  permission  d'invoquer,  en  faveur  de  l'opinion  que, 
dans  la  séance  du  iG  novembre  dernier,  vous  avez  appuyée  de  votre  impo- 
sante autorité,  des  expériences  que  je  crois  aujourd'hui  à  la  fois  assez  nom- 
breuses, assez  complètes,  et  surtout  assez  démonstratives. 

»  Je  suis  d'autant  plus  libre  de  préoccupations  doctrinales,  que  je  suis 
tout  à  fait  désintéressé  dans  la  question  :  en  effet,  mes  e.vpériences  n'ont  pas 
été  entreprises  dans  le  but  de  vérifier  ou  de  combattre  l'un  plutôt  que 
l'autre  système;  elles  ont  été  commencées  sans  idées  préconçues,  et  les 
conclusions  en  ont  été  tirées  à  une  époque  où  la  question,  dans  sa  phase 
nouvelle,  n'était  pas  eiîcore  à  l'ordre  du  jour.  Elles  appuient  d'autant  plus 
la  manière  de  voir  de  M.  Pasteur,  qu'à  l'époque  où  je  publiais  mon  Mé- 
raoù'e  il  ne  s'était  pas  encore  occupé  lui-même  des  importantes  expériences 
que  tant  desavants  ont,  à  si  juste  titre,  trouvées  concluantes. 

M  Mon  point  de  départ  a  été  le  mode  d'action  de  l'eau  pure  sur  le  sucre 
de  canne,  et  mon  but,  alors,  d'étudier  l'influence  de  certaines  dissolutions 
salines,  notamment  du  chlorure  de  zinc,  sur  ce  composé  organique.  Le 
chlorure  de  zinc,  qui  transforme  si  facilement  la  fécule  en  fécule  soluble, 
n'a  pas  d'action,  dans  les  mêmes  circonstances  et  pendant  la  même  durée, 
sur  le  sucre  de  canne.  Je  notai  que  dans  l'eau  sucrée  pure  se  développaient 
des  moisissures  et  que  le  sucre  de  canne  se  transformait  en  glucose;  qu'en 
présence  du  chlorure  de  zinc  les  moisissures  ne  naissaient  point  et  que  le 
sucre  ne  se  transformait  point.  En  poursuivant  cette  remarque  je  ne  tardai 
jias  à  observer  que  la  transformation  du  sucre  de  canne  dans  l'eau  pure,  ou 
dans  certaines  dissolutions  salines,  coïncidait  toujours  avec  le  développement 
des  moisissiu'es  et  qu'elle  paraissait  d'autant  plus  rapide  que  ces  végétations 
microscopiques  étaient  plus  abondantes.  Peu  à  peu  j'ai  été  amené  à  for- 
muler la  proposition  suivante  :  «  1^'eau  froide  ne  modifie  le  sucre  de  canne 
»  qu'autant  que  des  moisissures  peuvent  se  développer,  ces  végétations  élé- 
»  mentaires  agissasit  esisuite  comme  ferment  (i)  »,  et  à  instituer  les  expé- 
riences qui  ont  été  commencées  à  Strasbourg  le  aS  juin  i856  et  continuées 
à  MontpelUer  jusqu'au  5  décembre  1857,  époque  où  elles  ont  été  publiées. 

(l)   Annales  de  Chimie  et  de  Plnsiijtie,  S"  série,  l.  lilV,  p.  32. 


(  9^9  ) 
»  C'est  en  partant  de  lopinioii  que  le  contact  plus  ou  moins  prolongé  de 
l'air  était  la  cause  du  développement  des  moisissures  que  les  précédentes 
expériences  et  celles  de  la  troisième  série,  qui  ont  été  commencées  à  Mont- 
pellier le  17  mars  iSSy,  ont  été  instituées,  et  continuées  depuis  sans  inter- 
iiiption. 

»  La  méthode  d'expérimentation  que  j'ai  adoptée  dans  ces  expériences, 
que  je  poursuis  depuis  neuf  ans,  diffère  en  deux  points  de  celle  des  auteiu's 
qui  m'ont  précédé  ou  suivi.  La  voici  telle  qu'elle  ressort  du  Mémoire  publie 
en  1867;  elle  consiste  : 

»   a.  A  mettre  la  matière  transformable  ou   fermentescible  (dans   mes 

expériences  d'alors  c'était  le  sucre  de  canne)  eu  présence  d'une  substance 

mortelle  pour  les  germes  que  l'air  peut  apporter  avec  lui.  La  substance 

employée  était  la  créosote,  ou  le  bichlorure  de  mercure,  ou  le  sulfite  et  le 

bisulfite  de  soude. 

»  fj.  A  mettre  la  même  matière  avec  de  l'air  débarrassé  des  poussières 
de  l'atmosphère,  lorsqu'on  voulait,  à  la  manière  de  Schwann  et  autres 
savants,  démontrer  que  cet  air  est  par  lui-même  infécond. 

»  7.  A  ouvrir  les  vases  contenant  In  dissolution  sucrée  dans  un  lieu 
déterminé  de  l'atmosphère,  lorsqu'on  voulait  conclure  que  si  des  orga- 
nismes se  développent,  les  germes  de  ces  organismes  étaient  apportés  par  cet 
air.  Ceci  est  la  méthode  qui  a  été  adoptée  aussi  par  M.  Pasteur. 

«  â.  A  étudier  les  transformations  du  milieu  cousécutivemenl  au  déve- 
loppement des  moisissures  lorsque  l'air  avait  eu  accès,  ou  à  noter  sa  con- 
servation lorsque  rien  ne  s'était  développé. 

»  Quel  a  été  le  résultat  de  l'application  de  cette  méthode  où  j'avais  pour 
chaque  exemple  trois  moyens  de  contrôle?  Le  voici  :  dans  les  trente-neuf 
expériences  que  j'ai  rapportées  en  i855  et  i85y,  qui  avaient  duré  à  cette 
époque,  les  unes  huit  mois,  les  autres  dix-sept  et  neuf  mois,  j'ai  constaté  : 
.1  1°  Que  les  moisissures  se  sont  développées  toutes  les  fois  que  l'air  e.st 
intervenu  ou  a  agi  sur  luie  dissolution  sucrée  pure  ou  additionnée  de  sels 
divers  et  de  substances  non  mortelles  pour  les  germes,  et  le  sucre  s'est  trans- 
formé parallèlement; 

»  2°  Que  toutes  les  fois  que  l'air  avait  été  purgé  de  poussières,  les  moi- 
sissures ne  se  sont  pas  développées,  et  le  sucre  ne  s'est  pas  transformé; 

w  3°  Que  toutes  les  fois  que  l'air  a  eu  un  libre  accès,  mais  que  la  disso- 
lution sucrée  était  additionnée  d'une  substance  mortelle  pour  les  germes, 
ou  qui  rendait  le  terrain  impropre  à  leur  développement  en  moisissures, 

celles-ci  ne  se  sont  pas  développées  et  le  sucre  ne  s'est  pas  transformé 

128.. 


(  9^0  ) 

»  ...  Au  point  où  la  question  eu  est  arrivée,  il  ne  s'agit  plus,  suivant  moi, 
de  savoirsiles  germes  des  Microplij  tes  et  des  Microzoaires  viennent  de  l'air, 
sont  transportés  par  l'air,  la  question  me  paraît  jugée,  mais  comment  il  se 
fait  que  le  terrain  a  une  si  grande  influence  sur  la  naissance  de  tel  on  tel  être. 

»  Jamais,  dans  l'eau  sucrée  pure  ou  additionnée  de  sels  minéraux  qui 
ne  s'opposent  pasà  la  germination  des  germes,  je  n'ai  vu  apparaître  que  des 
végétaiix  microscopiques,  celluleux,  suffisamment  caractérisés  et  souvent 
porteurs  de  sporanges  d'où  il  m'a  été  donné  de  voir  s'échapper  des  spores, 
mais  généralement  d'espèces  qui  m'ont  paru  différentes  selon  la  nature 
variable  du  milieu  :  autre  est  la  plante  qui  se  développe  dans  l'eau  sucrée 
pure,  antre  celle  qui  naît  dans  la  dissolution  additionnée  de  chlorure  de 
soditmi,  de  chlorure  de  strontium  ou  de  magnésium,  de  sulfate  mauganeux 
ou  d'acide  arsénieux,  etc.  Grâce  au  concours  habile  de  M.  Moitessier,  chef 
des  travaux  chimiques  de  la  Faculté,  je  pourrai  mettre  sous  les  yeux  de 
l'Académie  un  album  photographique  de  cette  flore  microscopique. 

»  Dès  qu'une  matière  albuminoïde  dans  un  état  convenable  est  introduite 
dans  l'eau  sucrée  et  que  l'on  ne  s'oppose  pas  à  la  germination  des  germes,  la 
scène  change  :  tantôt  c'est  la  levure  de  bière  qui  se  développe  et  qui  trans- 
forme le  sucre  en  glucose,  tantôt  c'est  le  ferment  globuleux  que  M.  Peligot 
a  découvert  dans  la  fermentation  visqueuse  et  qui  intervertit  aussi,  partiel- 
lement, le  sucre  en  glucose.  Si  après  que  la  levure  de  bière  est  apparue  et  a 
transformé  le  sucre  de  canne  en  glucose,  la  fermentation  alcoolique  s'établit 
et  s'accomplit,  une  nouvelle  intervention  de  l'air  fait  apparaître  de  nou- 
velles générations  d'êtres  qui  se  succèdent  et  s'entre-dévorent,  jusqu'à  ce 
que  tonte  la  matière  organique  soit  transformée  en  matière  organisée,  et 
finalement  en  matière  minérale;  car,  suivant  la  profonde  pensée  de  M.  Du- 
mas, «  les  fermentations  sont  des  phénomènes  du  même  ordre  que  ceux 
»  qui  caractérisent  l'accomplissement  régulier  des  actes  de  la  vieanimale  »; 
plusieurs  fermentations  successives  défont  brusquement  ou  peu  à  peu  des 
matières  organiques  complexes,  et  elles  les  ramènent,  en  les  dédoublant,  à 
l'état  inorganique  (t).  Dans  l'ordre  providentiel  que  l'on  entrevoit,  c'est 
là  certainement  le  but  de  la  création  de  ces  très-petits  êtres...  » 

«  A  l'occasion  de  cette  Note,  M.  Flourexs  fait  remarquer  que  la  com- 
mtmication  de  M.  Béchamp  arrive  après  coiqi.  La  question  est  résolue,  et 
complètement  résolue  par  les  expériences  ;idmirables  de  M.  Pasteur.  » 

(i)    Trriitc  (te  C/iiniie  appliquée  aux  nrls,  t.  VI,  p.  So/j  ;    i^^S. 


(96'  ) 

ÉCOiSOMiE  RURALE.  —  Sur  ta  cause  méléorologique  de  la  maladie  des  végétaux 
et  des  vers  à  soie.  Extrait  d'une  Note  de  M.  E.  Guéuin-Méxeville. 

<c  Dans  un  article  sur  les  Proiiostics  météorologiques,  publié  en  décembre 
i863  dans  le  Constitutionnel,  M.  Babinet  vient  de  donner  l'explication 
scientifique  du  phénomène  météorologique  auquel  j'attribue  la  maladie 
générale  des  végétaux,  et,  par  suite,  de  certains  animaux  plus  intimement 
liés  à  ceux-ci  par  leur  genre  de  nourriture,  tels  que  les  vers  à  soie. 

i>  J'ai  toujours  soutenu  et  j)ublié  que  cette  maladie  avait  pour  cause 
principale,  unique  peut-être,  un  phénomène  météorologique  ayant  pour 
effet  d'avoir  modifié  ou  plus  ou  moins  supprimé  le  sommeil  hivernal  des 
végétaux.  La  douceur  extraordinaire  de  nos  hivers  excitant  les  végétaux  à 
contre-époque,  a  produit  sur  eux  ce  qu'une  mauvaise  conservation  des  œufs 
de  vers  à  soie  amène,  c'est-à-dire  un  commencement  d'incubation  quand 
ils  devraient  rester  inactils  et  engourdis  comme  les  marmottes  sous  la  neige. 
Eu  magnanerie,  on  dit  des  œufs  qui  ont  éprouvé  ce  commencement  d'incu- 
bation eu  hiver,  qu'ils  sont  émus,  et  l'on  sait  que  les  vers  à  soie  qui  en  pro- 
viendront seront  attaqués  par  des  maladies  plus  ou  moins  intenses  qui  feront 
manquer  l'éducation  en  tout  ou  en  partie.  Il  en  est  de  même  des  végétaux, 
depuis  que  les  températures  propres  aux  saisons  sont  déplacées,  et  l'on  pour- 
rait dire  également  qu'ils  sont  émus  en  pleine  saison  d'hiver,  ce  qui  amène 
aussi  pour  eux  des  maladies. 

»  Jusqu'à  présent  l'observation  seule  des  faits  m'avait  conduit  à  la  théo- 
rie que  je  soutiens  et  qui  explique  si  simplement  et  si  bien  les  phénomènes 
observés  dans  les  déplorables  épidémies  des  végétaux  et  des  vers  à  soie. 
Aujourd'hui,  M.  Babinet  confirme  scientifiquement  ma  théorie  quand  il 
dit  :  «  Diverses  circonstances,  comme  le  déplacement  des  eaux  chaudes 
»  de  l'Atlantique,  l'affaiblissement  graduel  du  courant  aérien  venant  du 
»  sud-ouest  et  qui  domine  dans  l'Europe  occidentale;  enfin,  le  déplacement 
»  même  du  lit  de  ce  grand  fleuve  atmosphérique  qui,  dans  ces  dernières 
I)  années,  était  remonté  vers  le  nord  et  avait  interrompu  la  loi  de  décroisse- 
»  ment  graduel  de  la  température  en  allant  du  midi  au  nord  :  toutes  ces 
»  circonstances,  mises  en  ligne  de  compte,  peuvent  fournir  des  indications 
»  générales.   » 

»  Si  j'avais  eu  cet  appui  il  y  a  onze  ans  (i),  quand  j'ai  présenté  un  grand 

(i)  Dès  le  6  septembre  i852  j'exposais  ces  idées  et  les  faits  à  l'appui  dans  une  lecture 
faite  à  l'Académie  des  Sciences.  Elles  ont  été  développées,  à  la  suite  de  nouvelles  observa- 


(  962  ) 

travail  sur  la  maladie  des  vignes,  pour  le  concours  ouvert  à  ce  sujet  par  la 
Société  d'Encouragement,  ce  Mémoire,  résultat  de  nombreuses  observations 
faites  sur  tous  les  points  de  la  France,  en  Italie  et  en  Espagne,  aurait  eu  sans 
doute  lui  autre  sort » 

M.  IVoi'RRiGAT  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission à  l'examen  de  laquelle  a  été  renvoyé  un  Mémoire  qu'il  avait,  il  y 
a  quelques  mois,  présenté  à  l'Académie  par  l'intermédiaire  de  M.  le  Ministre 
delAgriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics. 

(c  Ce  Mémoire,  dit  l'auteur,  a  pour  but  défaire  ressortir  les  avantages  que 
la  sériciculture  doit  retirer,  au  double  point  de  vue  hygiénique  et  écono- 
mique, de  la  culture  du  mûrier  sauvage  à  grandes  feuilles  que  j'ai  importé 
du  Japon.  Ma  communication,  ajoute  M.  Nourrigat,  était  accompagnée 
d'un  carton  renfermant  les  spécimens  des  diverses  races  de  vers  à  soie 
améliorées,  races  qui,  à  l'aide  de  mon  mûrier  et  de  procédés  d'éducation 
que  je  me  propose  de  publier  prochainement,  ont  déjà  traversé  de  nom- 
breuses générations  sans  montrer  le  moindre  symptôme  de  maladies,  bien 
qu'élevés  dans  un  milieu  depuis  longtemps  infesté  par  l'épizootie.   » 

(Renvoi  à  la  Commission  des  vers  à  soie.) 

M.  Olivier  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  se  faire  rendre  compte  d'un 
Mémoire  qu'il  lui  a  présenté  sous  le  titre  de  «  Pathologie  morale,  »  et  dont  il 
a  élé  fait  mention  au  Compte  rendu  de  la  séance  du  26  janvier  dernier. 

(Renvoi  aux  Commissaires  nommés  :  MM.  Andral,  Rayer.) 

M.  Baitdeloque  présente  des  considérations  sur  l'emploi  des  anesthé- 
siques,  sur  les  accidents  auxquels  cet  emploi  donne  lieu,  et  sur  la  manière 
dont  il  conçoit  qu'on  devrait  les  combattre  quand  l'agent  emplové  a  été  le 
chloiofoi'me,  enfin  sur  d'autres  agents  auxquels  on  pourrait  suivant  lui 
avoir  recours  pour  endormir  la  sensibilité  sans  s'exposer  aux  mêmes  dan- 
gers. 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Serres  etRernard.) 

M.   CiiRisTOFFEi.  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  se  faire  rendre  compte 

lions,  dans  If  Journnl  d' Agriculture  pratique  du  29  février  i853,  puis  appuyées  de  nom- 
bienses  figures,  dans  un  travail  complet  dépose  à  la  Société  d'Rncouragement,  à  la  fin 
de  i854j  pour  'e  concours  de  la  maladie  de  la  vigne. 


(963) 
de  deux  Mémoires  qu'il  lui  a  adressés  de  Zurich,  au  mois  de  novembre  der- 
nier, et  dont  il  n'a  pas  été  fait  mention  dans  les  Comptes  rendus  publiés  de- 
puis cette  époque. 

«  Dans  un  de  ces  Mémoires,  dit  l'auteur,  je  donne  la  détermination  com- 
plète des  oscillations  d'un  système  de  molécules  à  constitution  périodique^ 
problème  qui  a  été  proposé  par  votre  célèbre  Cauchy.  L'autre  Mémoire,  qui 
n'est  qu'un  supplément  du  premier,  contient  une  recherche  algébrique  sur 
les  déterminants  des  formes  bilinéaires  à  coefficients  complexes.  » 

La  cause  du  retard  signalé  par  M.  Christoffel  est  connue  ;  elle  doit  cesser 
promptemeut,  et  les  deux  Mémoires  seront,  comme  le  désire  l'auteur,  ren- 
voyés à  l'examen  d'une  Commission. 

A  4  heures  un  quart  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Botanique  présente  la  liste  suivante  de  candidats  pour  la 
place  vacante  dans  son  sein  par  suite  du  décès  de  M.  Moqidn-Tandon. 

Au  premier  rang.      ...      M.  Naudi\. 
Au  deuxième  rang.    ...       M.  Chatin. 
Au  troisième  rang  es.  œ(\\\o  et  (   M.   Arthtr  Gris. 
par  ordre  alphabétique..    .  \   M.  Lestibocdois. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  et  demie.  f  • 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  7  décembre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

OEuures  de  Desargues,  réunies  et  analysées  parM.  Poudba;  t.  I  et  IL  Fans, 
i864;  2  vol.  in-8°. 

Rapport  sur  les  travaux  de  ta  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier  pendant 
l'année  scolaire  1862-1 863;  par  M.  Paul  Gervais.  Montpellier,  i8G3;  br. 
in-8°. 


(  964  ) 

Note  sur  M.  Dujrénoy,  Inspecteur  général  des  Mines;  par  M.  DE  Billy. 
(Extrait  des  /énnales  des  Mines.)  Paris;  br.  in-8°. 

Statistique  morale  de  i Angleterre  comparée  avec  la  statistique  morale  de  la 
France;  pur  A.  M.  GuERRY.  Paris,  i864;  vol.  iii-fol.  avec  planches. 

Notice  sur  l'huître;  par  Aristide  Vincent.  Chàteaulin  ;  br.  iii-S". 

Société  littéraire  et  scientifique  de  Castres  [Tarn).  Séance  générale  pu- 
blique du  5  juillet  i863.  Castres^  i863;  br.  in-8°. 

Appareils  préservateurs  des  fuites  de  gaz,  d'eaux  forcées,  etc.;  par  VauSSIN- 
Chardanne  ;  br.  in-8°.  (Destiné  au  concours  pour  le  prix  dit  des  Arts  insa- 
lubres.) 

Astronomical...  Observations  astronomiques,  magnétiques  et  météorologiques 
faites  à  l'Observatoire  royal  de  Greenwich  dans  l'année  1861,  sous  la  direc- 
tion de  George  Biddell  AiRY,  astronome  royal.  Londres,  i863;  vol.  in-4*'. 

Memoirs...  Mémoires  de  la  Société  royale  Astronomique  de  Londres; 
vol.  XXXI.  Londres,  i863;  vol.  in-4°. 

Philosophical...  Transactions  philosophiques  de  la  Société  Royale  de  Lon- 
dres pour  l'année  i8G3;  vol.  CLIII,  1'*  partie.  Londres,  i863;   vol.  in-4''. 

Errata...  Errata  pour  les  Tables  de  la  lune  de  Hansen,  publiées  dans  le 
Nautical  Almanac.  Bureaux  du  Nautical  Almanac;  10  mars  1862;  demi- 
feuille  in-8°. 

"Verhandlungen...  Transactions  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  et  de 
Médecine  d' Heidelberg ;  vol.  III,  2*  partie;  br.  in-8°. 

\erhandlungen. . .  Transactions  de  la  Société  des  Natuirilistes  de  Brùnn 
(P'vol.);  année  1862.  Brùnn,  i863;in-8°. 

SuUa  rabbia...  Sur  la  rage  ou  hydrophobie  rabique  ;  par  le  D"^  G.-B.  Te- 
DiCi.  Prato,  i863;  br.  in-8°  (plusieurs  exemplaires). 

Brevi...  Esquisse  de  classification  et  de  traitement  des  différentes  espèces  de 
Jolie,  avec  quelques  données  clinicostatistiques  sur  le  mouvement  des  malades  dans 
l'hospice  d'aliénés  de  Turin  durant  l'année  1862;  par  M.  F. -A.  Berroni. 
Turin,  i863;  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


»»»»» 


SEANCE  DU  LUNDI  14  DÉCEMBRE  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


ItfÈMOIRES  ET  COMMUÎXICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

PHYSIQUE,    —    Sur   la   perméabilité  du  fer  à    liante   température.     Note    de 
MM,   H.   Sainte-Claire  Deville  et  L,   Troost. 

«  M.  Troost  et  moi  nous  avons  appliqué  à  l'étude  de  la  perméabilité  du 
fer  une  méthode  d'observation  que  j'ai  employée  dans  mes  recherches  sur 
les  propriétés  endosmotiques  des  corps  poreux. 

»  Nous  n'aurions  pas  tardé  si  longtemps  à  publier  les  expériences  qui 
font  le  sujet  de  cette  Note,  si  les  matériaux  ne  nous  en  avaient  manqué  jus- 
qu'ici. Nous  aurions,  en  effet,  conservé  quelques  doutes  sur  le  fer  le  plus 
parfait  du  commerce,  lequel  est  simplement  une  éponge  rapprochée  par  le 
marteau,  comme  le  platine  ordinaire.  Mais  nous  avons  pu  nous  procurer, 
grâce  à  la  complaisance  du  capitaine  Caron,  un  tube  en  acier  fondu  telle- 
ment pauvre  en  carbone,  qu'il  ne  se  trempe  plus  (c'est  en  réalité  du  fer 
fondu),  tellement  doux,  qu'on  l'a  étiré  à  froid,  et  sans  soudure,  en  lui  lais- 
sant une  épaisseur  de  3  à  /J  millimètres. 

»  A  ce  tube  ont  été  soudés  à  l'argent  deux  autres  tubes  en  cuivre  de 
faible  diamètre,  et  le  tout  a  été  introduit  dans  un  tube  de  porcelaine  ouvert 
et  placé  dans  im  fourneau.  Ce  système  communiquait  par  des  joints  en 
mastic,  d'un  côté,   avec  un  appareil  fournissant  de  l'hydrogène   exempt 

G.  R.,  i863,  2""=  Semestre.  (T.  LVII,  N»  24.)  I  29 


(96(^  ) 
(l'uir  (ij;  de  l'aiilre  côté,  avec  un  tube  de  verre  recourbé  à  angle  droit, 
long  de  80  centimètres,  et  plongeant  dans  le  mercure  d'une  petite, cuve. 

»  On  a  fait  passer  l'hydrogène  pendant  huit  à  dix  heures  dans  l'appareil 
maintenu  à  une  température  élevée,  de  manière  à  épuiser  l'action  du  gaz 
hydrogène  sur  les  parois  du  fer  et  à  chasser  l'air  atmosphérique,  ainsi  que 
l'humidité  que  contient  le  tube  ou  qui  peut  s'y  former.  Alors  on  a  mter- 
rompu  le  courant  d'hydrogène  en  fondant  à  la  lampe  le  tube  de  verre  qui 
l'amenait,  et  l'on  a  pu  voir  le  mercure  monter  dans  le  tube  de  verre  plon- 
geant dans  la  cuve,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  atteint  une  hauteur  de  740  mUli- 
mètres,  différant  à  peine  de  la  hauteur  barométrique  (2).  Le  mercure  monte 
avec  une  vitesse  de  3  à  4  centimètres  par  minute  dans  la  première  moitié  de 
l'expérience,  et  ce  mouvement  s'accélère  quand  on  augmente  la  température 
du  fourneau. 

»  Ainsi,  le  vide  presque  complet  s'est  fait  dans  l'intérieur  de  l'apjiareil, 
et  l'hydrogène  a  traversé  les  parois  de  l'acier,  malgré  la  pression  atmosphé- 
rique, à  cause  de  l'énergie  endosmotique  des  molécules  métalliques.  Les 
parois  du  tube  font  donc  l'effet  d'une  pompe  parfaite,  capable  de  refouler 
l'hydrogène  jusqu'à  la  surface  extérieure  du  tube  qui  est  en  contact  avec 
l'air,  ou  plutôt  avec  l'azote  contenu  dans  le  tube  en  porcelaine.  Ainsi,  un 
tube  de  fer  porté  dans  un  foyer  où  les  gaz  sont  réducteurs  est-il  un  appa- 
reil des  plus  puissants  pour  absorber  tout  l'hydrogène  qui  s'y  trouve. 

))  Il  nous  reste  à  savoir  si  le  fer  laisse  passer  l'azote.  C'est  ce  que  nous 
apprendra  l'analyse  de  la  petite  quantité  de  gaz  restant  dans  nos  appareils. 
C'est  une  recherche  délicate  à  cause  de  la  difficulté  qu'on  éprouve  à  le 
déplacer  sans  altérer  sa  composition. 

»  Le  fer  doit  donc  être  exclu  de  la  construction  des  appareils  clos  et 
destinés  à  subir  l'action  d'une  température  élevée. 

»  J'étudie  en  ce  inoment  un  autre  genre  de  perturbations  sur  lesquelles 
j'appelle  l'attention  des  physiciens;  car  il  peut  être  d'une  grande  utilité 
pour  l'explication  de  certains  phénomènes  naturels.  Je  vais  rapporter  l'ob- 
servation d'un  fait  qui  er)  fera  comprendre  l'intérêt. 

»  En  coulant  moi-même  dans  une  bassine  rouge  de  feu  un  verre  des 
plus  limpides,  obtenu  dans  mon  laboratoire  par  M.  Debray,  qui  en  avait 
préparé  les  éléments  avec  plusieurs  kilogramriies  de  chaux  et  d'émeraude 

(i)  Cet  hydrogène  est  complètement  absorbable  par  l'oxyde  de  cuivre. 
(2)  Cette  e.\pcrience  a  été  répétée  huit  à  di.\  fois  en  donnant  les  résultats  les  plus  con- 
stants. 


(  9^7  ) 
fondus  dans  un  creuset  de  plombagine,  j'ai  vu,  au  moment  où  la  masse 
devenait  pâteuse,  s'en  dégager  de  toutes  parts  un  gaz  dont  les  bulles,  très- 
grosses  et  très-noinbreuses,  venaient  crever  à  la  surface.  Elles  prenaient  feu 
en  donnant  une  flamme  incolore  ou  légèrement  teintée  de  jaune,  qui  déce- 
lait, sans  aucun  doute,  sa  véritable  nature.  C'était  de  l'hydrogène  emprunté 
uniquement  aux  gaz  du  foyer  passant  au  travers  îles  parois  poreuses  d'un 
creuset  bien  clos.  Les  substances  vitreuses  sont  donc,  comme  l'argent, 
comme  la  litharge,  comme  bien  d'autres  substances  plus  nombreuses  qu'on 
ne  le  croit  généralement,  susceptibles  de  dissoudre  les  gaz.  Quelques-unes 
les  laissent  s'exhaler  à  un  certain  point  de  viscosité,  comme  le  verre  de 
l'expérience  que  je  décris.  D'autres  sans  doute  les  conservent,  comme  l'ob- 
sidienne, et  les  laissent  dégager  à  la  moindre  chaleur  pour  se  transformer 
en  pierres  ponces,  phénomène  qui  a  été  si  complètement  étudié  par  mou 
frère,  et  que,  si  je  ne  me  trompe,  il  n'a  pas  expliqué  autrt^'ment. 

))  Les  propriétés  chimiques  des  matières  vitreuses,  qui  heureusement  sont 
caractérisées,  comme  l'a  montré  mou  frère,  par  un  phénomène  physique 
facile  à  mesurer,  la  densité,  me  laissent  donc  encore  quelques  doutes,  que 
rexpérience(i)  seule  peut  dissiper,  sur  le  mode  d'emploi  qu'on  en  doit  faire 
dans  les  hautes  températures  pour  confiner  les  gaz. 

»  D'après  tout  ce  que  je  viens  de  dire,  on  sentira  combien  est  peu  exa- 
gérée la  prudence  que  j'ai  recommandée  de  vive  voix  dans  la  dernière 
séancedei' Académie,  combien  la  réserve  avec  laquelle  M.  Troostetmoi  nous 
gardons,  pour  les  mieux  contrôler,  nos  nombreuses  déterminations  ther- 
mométriques nous  est  commandée  par  des  difficultés  de  tout  genre,  qu'on 
ne  peut  écarter  sans  discussion  quand,  après  une  longue  et  laborieuse  expé- 
rience, on  en  a  découvert  les  effets  et  quelquefois  pressenti  les  causes.  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Note  relative  à  des  réclamations  de  priorité  soulevées 
[)arM.  Béchanip,  au  sujet  de  mes  travaux  sur  les  jermentations  et  les  généra- 
tions dites  spontanées;  par  M.  L.  Pasteur. 

«   M.  Béchanip  a  publié  dans  ces  derniers  temps  une  suite  d'articles  (2) 

(i)  L'iode  n'exerce  aucune  action  sur  le  feldspath  à  une  température  inférieure  à  sa  fusion, 
et  n'attaque  pas  la  porcelaine. 

{2)  Voir  Comptes  rendus  de  r Académie  des  Sciences,  t.  LVI,  p.  laSa  et  i233;  t.  LVII, 
p.  677  et  oSS,  et  un  ouvrage  avant  pour  titre:  Leçons  sur  ta  fermentation  vineuse;  Mont- 
pellier, i863. 

129.. 


(  968  ) 
au  sujet  des  fermentations  et  des  générations  dites  spontanées,  dans  lesquels 
un  œil  attentif  découvre  facilement  des  réclamations  de  priorité  s'adressant 
à  mes  travaux  sur  ces  mêmes  matières,  jointes  à  des  appréciations  histo- 
riques erronées.  Ce  savant  s'appuie  exclusivement  sur  une  Note  qu'il  a  in- 
sérée dans  les  Jnnales  de  Chimie  et  de  Physique  pour  l'année  i858,  et  qui  est 
intitulée  :  De  f  ii\fluence  que  l'eau  pure  ou  chargée  de  divers  sels  exerce  à  froid 
sur  le  sucre  de  canne. 

»  Celte  Note  établit  :  i°  que  l'eau  pure  n'intervertit  le  sucre  de  canne 
qu'autant  que  des  moisissures  ont  pu  prendre  naissance;  2"  que  la  créosote 
empêche  le  développement  de  ces  moisissures;  3°  que  si  l'on  fait  bouillir 
de  l'eau  sucrée  en  laissant  rentrer  dans  le  vase  de  l'air  qui  a  passé  dans  de 
l'acide  sulfurique,  il  n'y  a  pas  davantage  de  moisissures  formées 

»  Ces  faits  n'ont  aucun  rapport  avec  les  expériences  qui  me  sont  person- 
nelles (i). 

»  A  un  point  de  vue  général,  ont-ils  servi  la  question  des  générations  dites 
spontanées  ou  celle  des  fermentations?  Pas  le  moins  du  monde.  En  effet,  en 
ce  qui  concerne  les  générations  dites  spontanées,  M.  Béchamp  n'a  rien  ajouté, 
soit  aux  expériences  nombreuses  et  anciennes  sur  l'absence  de  développe- 
ment des  êtres  organisés  inférieurs  sous  l'influence  des  antiseptiques,  soit  à 
l'expérience  de  M.  Schultze,  que  M.  Béchamp  a  reproduite  avec  de  l'eau 
sucrée.  [Voir  l'expérience  de  Schultze  dans  mon  Mémoire  sur  les  généra- 
tions dites  spontanées.) 

»  En  ce  qui  concerne  la  théorie  des  fermentations,  M.  Béchamp  n'a  rien 
ajouté  aux  conséquences  des  observations  par  lesquelles  MM.  Dubrunfaut 
et  Mitscherlich  ont  démontré  que  la  végétation  cellulaire  levure  de  bière 
intervertit  le  sucre.  M.  Mitscherlich  a  même  été  bien  plus  loin  que  M.  Bé- 
champ, puisqu'il  a  montré  que  c'était  la  partie  soluble  de  la  levi'ue  qui  inter- 
vertissait le  sucre,  ce  que  M.  Béchamp  n'a  pas  encore  fait  pour  les  moisis- 
sures. {Voir  Rapports  annuels  deBerzélius;  Paris,  i8/i3.)  Il  n'en  a  pas  moins 
été  utile,  et  c'est  le  service  que  M.  Béchamp  a  rendu,  de  démontrer  que 
l'eau  sucrée  ne  s'intervertissait  que  dans  les  cas  où  l'introduction  de  l'air  et 
l'absence  des  antiseptiques  avaient  permis  la  formation  de  moisissiues.  Si 
M.  Béchamp  avait  pris  soin  de  rappeler  l'expérience  de  Schultze,  les  expé- 


(  I  )  Je  n'ai  point  étudié  l'interversion  du  sucre  de  canne,  et  tous  ceux  qui  connaissent 
mes  travaux,  savent  bien  que  si  je  l'avais  fait,  j'aurais  commencé  par  distinguer  essentiel- 
lement ce  phénomène  des  fermentations  proprement  dites  qui,  seules,  ont  fait  l'objet  de  mes 
recherches. 


(969) 

riences  sur  les  antiseptiques,  et  raction  delà  levure  de  bière  si  bien  étudiée 
par  M.  Mitscherlich,  il  verrait  mieux  aujourd'hui  sans  doute  que  sa  Note 
n'a  rien  à  faire  avec  les  progrès  accomplis  ultérieurement  dans  l'étude  des 
fermentations  ou  des  générations  dites  spontanées. 

»  Le  lecteur  qui  désirerait  se  rendre  compte  de  l'étendue  des  prétentions 
et  des  erreurs  historiques  de  M.  Béchamp  fera  bien  de  lire  la  préface  que 
ce  chimiste  a  placée  en  tète  d'un  petit  volume  qu'il  vient  de  pubHer  à  Mont- 
pellier, sous  ce  titre  :  Leçons  sur  la  fermentation  vineuse.  J'aurai  l'occasion 
d'en  parler  ailleurs.   » 

NAVIGATION.  —  Considérations   sur  les  navires  cuirassés. 
Mémoire  de  M.   l'Amiral  Paris. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  Mémoire  sur  la  question 
qui  occupe  le  plus  la  marine,  celle  des  navires  cuirassés. 

»  Cette  transformation  si  radicale  des  navires  de  guerre  a  complètement 
réussi  sur  des  eaux  tranquilles,  en  ce  qu'elle  a  été  réduite  au  calcul  du 
poids  des  canons,  des  ponts  et  des  mâts,  supprimés  et  remplacés  par  celui 
des  plaques  de  fer. 

»  Mais  il  n'en  a  plus  été  de  même  sur  une  mer  agitée,  en  ce  qu'en  chan- 
geant des  poids  considérables  de  position,  on  a  modifié  leur  réaction  sur 
l'ensemble,  parce  qu'ils  sont  alors  animés  de  mouvements  violents.  Aussi 
a-t-on  observé  bientôt  que  les  nouveaux  navires,  remarquables  à  tant  d'é- 
gards, avaient  le  défaut  de  rouler  plus  que  les  anciennes  constructions.  Il 
en  résulte  pour  eux  un  double  inconvénient,  en  ce  qu'au  lieu  de  batteries 
superposées  dont  les  plus  hautes  sont  hors  de  l'atteinte  des  vagues,  ils  ont 
toute  leur  force  située  à  peu  de  hauteur,  1^,70  à  2  mètres  au-dessus  de  la 
flottaison  en  calme.  Il  ne  faut  donc  pas  des  mouvements  très-étendus  pour 
les  forcer  à  fermer  les  sabords,  et,  de  plus,  ces  mêmes  roulis  découvrent 
toutes  les  six  ou  huit  secondes  le  bas  de  la  cuirasse,  qui  n'est  à  2  mètres 
sous  l'eau  qu'en  pleine  charge  et  au  milieu  seulement.  De  la  sorte  ils  an- 
nulent à  la  fois,  ou  du  moins  diminuent  beaucoup,  leur  force  et  leur 
défense. 

I)  Il  est  donc  naturel  que  cette  question  importante  m'ait  préoccupé  comme 
beaucoup  d'autres  officiers,  et  qu'elle  ait  réveillé  les  souvenirs  des  anciennes 
constructions  dont  les  mouvements  étaient,  d'un  commun  accord,  moins 
étendus  que  ceux  des  navires  plus  récents.  Ces  anciennes  formes  différaient 
surtout  des  nouvelles  en  ce  qu'au  lieu  de  sections  circulaires  sous  l'eau. 


(  970  ) 
siirmonlées  d  un  rectangle  611  dessus  de  la  flottaison,  elles  répétaient 
presque  hors  de  l'eau  les  courbes  qu'elles  avaient  en  dessous.  C'est  pour 
cela  qu'elles  avaient  cette  forme  nommée  rentrée,  à  laquelle  on  était  arrivé 
à  donner  tant  de  grâce.  Elle  se  rapprochait  ainsi  d'un  solide  de  révolution 
dont  l'axe  seiait  au  ras  de  l'eau,  et  qui,  s'il  était  homogène,  n'aurait  au- 
cune stabilité,  puisqu'on  le  ferait  tourner  avec  le  doigt.  Mais,  par  cela 
même  que  ce  solide  ne  possède,  par  sa  forme,  aucune  force  pour  se  main- 
tenir dans  une  position  ou  poiu"  y  revenir,  il  n'en  a  pas  non  plus  poui- 
se  détourner  de  celle  que  lui  imposerait  un  poids  placé  loin  de  son  axe. 
Au  contraire,  un  radeau  se  tient  à  plat  de  Ini-méme,  mais  il  est  remué 
par  toutes  les  ondulations  de  la  mer.  On  le  voit  tous  les  jours  en  compa- 
rant les  barriques  flottantes,  servant  à  désigner  des  hauts-fonds,  avec  les 
ci)f(reg  de  halage,  qui  sont  des  caisses  plates.  Quand  les  premières  montent 
et  descendent  sans  changer  d'angle,  les  seconds  sont  tourmentés  et  couverts 
d'écume. 

»  Mais  on  demandera  naturellement  :  Pourquoi  ces  anciennes  formes  ont- 
elles  été  abandonnées?  C'est  qu'à  côté  de  leurs  avantages  elles  présentaient 
l'inconvénient  d'exiger  beaucoup  de  lest,  et  que,  s'il  fallait  4oo  tonnes 
de  ce  dernier,  c'était  un  poids  pareil  d'approvisionnement  qui  était  laissé  à 
terre.  Aussi  a-t-on  cherché  à  résoudre  le  problème  attrayant  de  faire  des 
vaisseaux  sans  lest;  mais  ils  ont  eu  des  mouvements  si  violents,  qu'on  y  a 
renoncé.  Actuellement  la  machine  et  la  chaudière  sont  un  lest  permanent 
et  il  n'y  a  plus  à  craindre  de  chavirer  avec  trois  petites  voiles.  Parmi  les 
raisons  élevées  contre  la  rentrée,  il  y  avait  le  manque  d'espace  pour  les 
manœuvres  d'ensemble  sur  un  pont  étroit,  l'obstacle  pour  passer  d'un  na- 
vire à  l'autre  dans  un  abordage,  et  l'angle  trop  aigu  des  cordes  destinées 
à  maintenir  les  mâts.  Mais  sur  ini  navire  blindé  il  n'y  a  plus  de  manœu- 
vres d'ensemble  avec  trois  voiles  goélettes  et  un  hnnier  ;  avec  des  ma- 
chines de  4000  chevaux  de  force,  il  n'y  a  plus  d'abordage  possible,  et  il 
est  facile  de  maintenir  trois  mâts  légers.  Au  contraire,  nous  avons  vu 
(pi'il  est  plus  important  que  jamais  de  rouler  le  moins  possible.  Il  y  a 
aussi  lieu  de  remarquer  que  toutes  les  guerres  ont  eu  pour  théâtre  le^ 
Océans,  sous  Louis  XIV  et  jusqu'à  l'Empire;  mais  que,  depuis  la  jiaix,  les 
affaires  politiques  ont  retenu  les  escadres  sur  les  eaux  plus  tranquilles  de 
la  Méditerranée,  et  surtout  de  l'Archipel.  C'est  aussi  de  cette  époque  que 
datent  les  murailles  droites,  et,  on  peut  le  dire,  l'erc  des  gros  rouleurs. 

»  On  comprendra   cette  influence   des  formes  sur  les  mouvements  en 
considérant  que,  puisque  la  vague  élevée  d'un  côté  s'abaisse  de  l'autre,  c'est 


(  97'  ) 
la  tonne  extérieure  seule  qui,  à  bien  dire,  lui  donne  prise  pour  remuer  le 
navire  ;  mais  alors  elle  entraîne  tous  les  poids  dont  l'inertie  réagit  énergi- 
quement  et  suivant  leur  position,  à  tel  point  que  des  canons  ont  été  jetés  à 
la  mer  malgré  les  cordes  qui  les  attachaient. 

1)  Ce  rôle  des  poids  a  porté  à  comparer  les  oscillations  du  roulis  a  celles 
d'un  pendule,  ce  qui  ne  serait  vrai  que  si  le  navire  recevait  seulement  une 
première  impulsion.  Mais  il  est  loin  d'en  être  ainsi;  les  vagues  arrivent  pé- 
riodiquement et  toujours,  et,  au  lieu  d'être  le  cas  d'un  pendule,  c'ssî  celui 
d'une  balançoire  poussée  vigoureusement  :  si  celle-ci  oscille  dans  cinq  se- 
condes, par  exemple,  on  la  forcera  à  le  faire  dans  quatre  ou  dans  trois,  et 
les  mouvements  seront  brusques.  Si  elle  n'est  poussée  qu'au  bout  de  cinq 
secondes,  ils  seront  doux,  mais  plus  étendus;  enfin,  au  bout  de  six,  ils  de- 
viendront moindres,  parce  cjue  l'impulsion  se  fera  avec  la  différence  fies 
vitesses.  Comme  les  vagues  passent  à  peu  près  toutes  les  cinq  ou  huit  se- 
condes, suivant  la  grosseur  de  la  mer,  les  durées  sont  égales  à  celles  de 
ces  passages,  mais  les  amplitudes  et  les  secousses  sont  très-différentes. 
On  le  voit  lorsqu'avec  du  caluie  la  houle  donne  aux  ondes  toute  leur  sim- 
plicité, et  alors,  quelle  que  soit  la  dimension  de  chaque  navire,  chacun 
obéit  à  l'instant  à  l'impulsion.  Car  ce  qui  est  produit  par  des  poussées 
sur  la  balançoire  est  occasionné  par  des  dénivcllemenîs  pour  le  navire; 
ce  sont  3oo  mètres  cubes  qui,  sortis  de  l'eau,  se  trouvent  sans  soutien  et 
sont  en  train  de  tomber;  tandis  qu'à  l'opposé  3oo  autres  ou  même  plus  ten- 
dent à  monter,  parce  qu'ils  sont  plongés.  Ce  qui  vient  d'être  dit  parait  fort 
simple;  mais  si  on  veut  y  appliquer  le  calcul,  il  devient  impossible  de  trou- 
ver des  éléments  traduits  en  chiffres.  Car,  que  sont  ces  collines  c|ui  paraissent 
courir  si  vite,  qu'aucun  navire  n'a  pu  les  suivre,  et  dont  cependant  chaque 
molécule  s'est  bornée  à  monter  et  descendre  à  son  tour  et  presque  en  ca- 
dence? On  ne  connaît  même  pas  la  forme  d'une  vague,  et  les  savants  qui  se 
sont  occupés  d'hj'draulique  comprendront  qu'il  y  a  dans  ces  grands  mou- 
vements des  liquides  des  lois  qu'il  a  été  impossible  d'apprécier. 

«  Il  faut  donc  se  reporter  vers  les  formes  qu'une  ancienne  expérience 
avait  adoptées,  et  qui  ne  présentent  plus  d'inconvénients  ;  en  se  rapprochant 
d'un  solide  de  révolution,  elles  remueront  beaucoup  moins  et  ne  mettront 
pas  en  jeu  l'inertie  des  masses  de  fer  de  la  cuirasse.  C'est  ce  qui  m'a  conduit 
à  calquer  et  comparer  un  grand  nombre  de  constructions  de  l'époque  re- 
marquable de  Louis  XVI,  et  enfin  à  prendre  pour  type  le  célèbre  vaisseau 
le  Royal-Louis,  construit  en  17/io  par  Ollivier.  Seulement,  comme  il  fallait 
assortir  cette  construction  aux  conditions  des  cuirasses  et  de  la  marche  à 


(  972  ) 
la  vapeur,  elle  a  été  modifiée  vers  les  extrémités  d'une  manière  plus  appa- 
rente que  réelle  et  en  conservant  soigneusement  la  forme  des  coupes  trans- 
versales, qui  influent  le  plus  sur  le  roulis.  Comme  l'ancien  trois-ponts  por- 
tait des  poids  moins  considérables,  il  a  fallu  aussi  augmenter  les  dimen- 
sions, et  de  4730  tonnes  porter  le  déplacement  à  ^Soo,  ce  qui  excède  de 
1200  tonnes  le  poids  total  de  la  frégate  cuirassée  ta  Couronne,  parce  que 
l'artillerie,  rendue  tous  les  jours  plus  terrible,  exige  déjà  des  plaques  de 
o",! 5  sous  l'eau,  au  lieu  de  o",  12,  et  de  o",  12  au  lieu  de  o™,  10  dans  les 
hauts.  Il  a  fallu  aussi  employer  une  machine  de  11 00  chevaux  nominaux 
au  lieu  de  900,  autant  pour  traîner  une  plus  grande  masse  que  pour  lui  im- 
primer plus  de  vitesse. 

»  Telles  ont  été  les  bases  générales  du  plan,  construit  à  l'échelle  de  o",! 
pour  mètre,  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie. 

»  Ce  plan  offre  encore  des  particularités  dont  il  est  utile  de  dire  quelques 
mots  :  ainsi  sa  quille  est  horizontale,  comme  à  bord  des  paquebots  les  plus 
célèbres,  au  lieu  d'enfoncer  de  i",  20  de  plus  vers  l'arrière,  comme  la  plu- 
part des  navires  de  guerre.  On  gagne  ainsi  de  pouvoir  entrer  avec  le  même 
déplacement  dans  des  ports  qui  sans  cela  seraient  inaccessibles.  Mais  il  en 
résulte  que  l'hélice  n'aurait  pas  un  assez  grand  diamètre  pour  résister  à 
l'impulsion  d'une  machine  sur  une  masse  de  ^500000  kilogrammes.  Je 
propose  donc  d'avoir  deux  hélices,  comme  sur  quelques  petits  navires,  et 
j'y  vois  surtout  l'avantage  de  diviser  les  efforts  de  la  machine;  car,  dans  ces 
grands  appareils,  la  proportionnalité  des  efforts  à  la  dimension  des  pièces 
est  loin  d'être  exacte  en  pratique,  et  une  machine  de  1000  chevaux,  sem- 
blable dans  toutes  ses  parties  à  celle  de  5oo,  est  très-loin  de  se  trouver  dans 
d'aussi  bonnes  conditions  de  fonctionnement.  A  toute  volée,  ces  efforts  de 
plus  de  5oooo  kilogrammes  sur  une  seule  bielle  font  trembler  lorsqu'on 
voit  cette  pièce  s'élancer  cinquante  fois  dans  un  sens  et  revenir  cinquante 
autres  fois  dans  une  minute;  de  plus,  deux  hélices  s'appuyant  sur  une 
masse  d'eau  double  auront  moins  de  recul  qu'une  seule,  c'est-à-dire  que 
l'eau  cédera  moins  à  l'impulsion,  comme  le  large  pied  du  chameau  en- 
fonce peu  dans  le  sable.  L'effort  divisé  entre  deux  propulseurs  diminuera 
aussi  les  ruptures  trop  fréquentes  d'ailes,  qui  peuvent  mettre  de  tels  navires 
en  danger,  puisqu'ils  ont  trop  peu  de  voiles  pour  se  passer  de  moteur  mé- 
canique. Les  seides  personnes  qui  trouveront  des  inconvénients  aux  deux 
hélices  seront  les  marins  qui,  voyant  ces  propulseurs  s'étendre  davantage 
sur  les  côtés,  craindront  qu'ils  n'entourent  plus  facilement  des  objets  flot- 
tants autour  des  ailes  de  l'un  d'eux.  Mais  au  moins  on  aurait,  à  bien  dire, 


(973) 
un  propulseur  de  rechange  dont  l'action  unique  donnerait  encore  une  belle 
vitesse  sans  trop  gêner  le  gouvernail  pour  tenir  le  navire  en  route.  Si  cette 
idée  n'a  pas  encore  été  émise,  c'est  que  son  application  était  impraticable 
dans  une  construction  en  bois,  en  ce  que  la  charpente  intérieure  nommée 
membrure  aurait  été  découpée  par  le  passage  de  chacun  des  arbres.  Avec 
le  fer,  au  contraire,  la  membrure  prend  toutes  les  formes,  et  le  tube  de 
sortie  de  l'arbre  est  une  partie  intégrante  de  la  construction,  aussi  solide 
que  le  reste. 

»  Pour  terminer,  j'observerai  que  les  navires  cuirassés  actuels  pèsent  au- 
tant qu'un  ancien  trois-ponls  et  un  quart;  cependant,  ils  ne  sont  pas  plus 
hauts  sur  l'eau  qu'une  frégate.  Il  en  résulte  que  lorsque  le  vaisseau  ferme 
ses  batteries  hautes,  l'eau  passe  par-dessus  le  bâtiment  cuirassé  et  tombe 
en  partie  dans  la  cale,  d'où  les  pompes  seules  peuvent  l'extraire.  J'ai  donc 
proposé,  il  y  a  trois  ans,  d'adopter  les  mêmes  précautions  c[ue  les  paquebots 
rapides,  en  couvrant  leur  avant  d'un  pont  trés-étendu.  Mais,  comme  l'eau 
qui  a  passé  par-dessus  cette  surface  est  animée  d'une  vitesse  relative  égale 
à  celle  du  sillage  du  navire,  elle  s'écoulerait  rapidement  vers  l'arrière  et 
annulerait  la  protection  du  pont,  si  on  ne  plaçait  sur  celui-ci  des  rebords 
obliques  pour  changer  sa  direction  et  la  rejeter  en  dehors.  Sans  ces  pré- 
cautions, les  lourds  cuirassés  verront  passer  de  riches  paquebots  sans  pou- 
voir les  poursuivre,  parce  que  l'eau  tombée  dans  la  cale  éteindra  les  feux  de 
leurs  chaudières. 

»  Telles  sont  en  résumé  les  principales  modifications  que  je  viens  de 
proposer  à  la  marine,  et  dont  j'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  l'Aca- 
démie.  » 

».  M.  Tt'LAsxE  fait  hommage  à  l'Académie  du  tome  II  de  l'ouvrage  qu'il 
publie,  en  commun  avec  son  frère,  sous  le  titre  de  :  Selecla  FuiKjorum  Car- 
polocjia.  Ce  volume,  qu'accompagnent  trente-quatre  planches,  est  exclusi- 
vement consacré  aux  Pyrénomycètes,  et  fait  connaître  par  une  analyse  à  la 
fois  descriptive  et  iconographique  les  principaux  types  européens  de  trois 
des  groupes  les  plus  importants  de  cette  grande  classe  de  Champignons.  La 
pluralité  des  appareils  de  reproduction  dans  la  même  espèce  fongine  est 
parmi  lesPyrénomycètesunfait  d'organisation  si  ordinaire, que  MM. Tulasne 
ne  pouvaient  ne  pas  emprunter  à  ces  derniers  un  abondant  contingent 
d'exemples  à  l'appui  de  la  doctrine  mycologique  que  leur  livre  est  destiné 
à  soutenir  et  à  justifier.    » 

C.  R.,  i863,  a"'  Semestre.  (T.  LVII,  N»  24.)  '  3o 


(  974) 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Remarques  et  observations  pratiques  sur  le  Inliacje  et  sur 
le  rciidemenl  du  blé  dans  une  série  d'expériences  Jaites  sur  la  récolte  de  i863; 
par  M.  J. -Isidore  Pierre. 

«  Le  travail  dont  j'ai  eu  l'honneiir  de  présenter  à  l'Académie  un  résumé 
très-sommaire  dans  la  séance  du  23  novembre  m'a  conduit  à  faire  un  cer- 
tain nombre  d'observations  de  détail  de  quelque  intérêt  pratique.  Je  me 
bornerai  aujourd'hui  à  citer  celles  qui  se  rapportent  au  toilage  et  celles  qui 
concernent  le  rendement. 

»  Tallage.  —  En  comptant  aussi  exactement  que  possible,  dans  les 
expériences  que  j'ai  faites  sur  la  récolte  de  cette  année,  la  totalité  des  figes 
mortes,  grêles  ou  vigoureuses,  j'ai  pu  en  déduire  le  tallage  moyen  produit 
par  chaque  touffe  de  blé  qui  a  pu  échapper  aux  diverses  causes  de  destruc- 
tion auxquelles  est  exposée  la  plante  depuis  le  moment  des  semailles  jus- 
qu'au moment  où  elle  a  pris  assez  de  vigueur  pour  n'avoir  plus  à  redouter 
que  les  accidents  météorologiques  extraordinaires,  tels  que  grêle,  séche- 
resse tro])  prolongée,  etc.,  etc. 

Première    observation,  19  avril,    nombre  moyen  des  titjcs  par  pied .. .  4)3o 

Deuxième  observation,  16  mai,                                     »  3, 87 

Troisième  observation,  i3  juin,                                    u  4>^o 

Quatrième  observation,  2g  juin  ,                                    »  4>'0 

Cinquième  observation  ,  i3  juillet,                                 »  3,35 

Sixième      observation,  3o  juillet,                                »  3,4i 

Tallage  moyen 3,87 

C'est-à-dire  un  peu  moins  de  quatre  tiges  par  pied. 

»  De  la  comparaison  de  ces  divers  nombres  il  setnble  réstilter  que  le 
tallage  moyen  est  un  peu  plus  faible  dans  les  dernières  observations  que 
dans  les  premières.  Faudrait-il  en  conclure  que  les  planches  prises  pour 
types  n'offraient  pas  luie  suffisante  hoitiogénéité  ?  qtie  le  blé  n'y  était  pas 
assez  régulièretnent  réparti?  Je  serais  plutôt  disposé  à  attribuer  les  diffé- 
rences constatées  à  cette  circonstance,  qu'à  l'époque  des  dernières  observa- 
tions les  tiges  les  plus  anciennement  atrophiées  avaient  pu  éprouver  peti  à 
peu  une  altération  assez  avancée  pour  qu'on  ne  put  s'attendre  à  les  recueillir 
toutes  ;  et  si  l'on  considère  qu'tin  certain  nombre  de  ces  liges  rudimentaires 
ne  consisl.iietit  guère  qu'en  deux  feuilles  emboîtées  l'une  dans  l'autre,  on 
comprendra  facilement  que  la  disparition  de  l'une  de  ces  deux  feuilles 
devait  rendre  la  constatation  difficile. 


(  975  ) 

»  On  comprendra  également  sans  peine  que,  dans  les  deux  dernières 
observations,  lorsque  les  racines  du  blé  étaient  presque  sèches  et  la  terre 
plus  dure,  on  a  pu  être  exposé  plus  souvent  à  faire  fendre  et  à  compter 
séparément  deux  parties  d'une  même  touffe  primitive,  et  à  augmenter  ainsi, 
dans  une  certaine  mesure,  le  nombre  des  pieds,  ce  qui  diminuait  dans  le 
même  rapport  le  tallage  constaté. 

»  Les  résultats  de  l'observation  semblent  donner  quelque  créance  à  cette 
double  interprétation,  car  nous  voyons  en  même  temps  diminuer  le  poids 
total  des  tiges  et  augmenter  notablement  le  nombre  des  touffes. 

Nombre  total  Jos  tonfl'es       Nombre  total  Tiges  mortes 

sur  3  centiares.  des  tiges.  on  douteuses. 

19  avril 4' 5  1780  » 

16  mai 460  '778  » 

i3  juin 420  1764  764 

2ç)  juin 4  ■  2  •  688  8 1 6 

1 3  juillet 4/8  1600  746 

3o  juillet 45?-  i54o  648 

»  En  admettant  comme  suffisamment  établis  les  faits  que  nous  venons 
de  signaler,  il  en  résulterait  que,  pour  constater  le  tallage,  il  faudrait 
observer  la  plante  à  une  époque  où  les  tiges  les  plus  grêles  sont  encore 
douées  d'une  certaine  vitalité,  c'est-à-dire  au  moment  où  commence  avec 
une  certaine  activité  l'élongalion  des  tiges  normales. 

»  Si,  à  l'époque  de  la  maturité,  nous  comparons  le  nombre  total  des  épis 
récoltés  avec  le  nombre  total  des  tiges  comptées,  ou  avec  le  nombre  total 
des  touffes,  nous  trouvons  un  peu  plus  d'un  épi  pour  deux  tiges  en  moyenne  ; 
nous  trouvons  2  épis  par  pied  et  275  épis  par  mètre  carré.  Un  champ  qui  se 
trouverait  dans  des  conditions  semblables  contiendrait  donc  2760000  épis 
par  hectare,  et  chaque  épi  serait  produit,  en  moyenne,  par  une  étendue 
superficielle  d'environ  36  centimètres  carrés,  c'est-à-dire  par  une  siqierficie 
qu'on  peut  représenter  par  un  petit  carré  de  6  centimètres  de  côté.  Chaque 
|)ied  ayant  produit,  en  moyenne,  2  épis  dans  nos  expériences,  il  occuperait 
ainsi  un  espace  double,  c'est-à-dire  72  centimètres  carrés,  représenté  par 
un  petit  carré  d'un  peu  plus  de  8  centimètres  de  côté. 

»  Qiiehjiies  obsemations  sur  le  rendement.  —  On  a  trouvé  |)ar  une  déter- 
mination directe  que  i  décilitre  de  blé  qui  a  servi  de  semence  contenait 
1733  grains  ;  les  4o  litres  employés  en  contenaient  donc  693  3oo.  Répartis 
entre  17  ares  ou  entre  1700  centiares,  ces  ^o  litres  avaient  fourni  à  chaque 

i3o.. 


(976) 
centiare  4o8  grains.  Comme,  en  définitive,  chaque  centiare  n'a  produit  que 
146  pieds  mères  ou  touffes,  il  en  résulte  que  262  grains  (environ  64  pour  100 
de  la  semence)  n'ont  donné  aucun  produit,  soit  qu'ils  aient  pourri  en  terre, 
soit  qu'ils  aient  été  mangés,  ou  que  les  plantes  auxquelles  ils  ont  donné 
naissance  aient  péri  par  des  causes  diverses.  En  somme  il  y  a  donc  eu  perte 
d'environ  64  pour  100  du  grain  employé  comme  semence.  Si  de  cette  perte 
numérique  on  défalque  les  grains  notoirement  défectueux,  dont  le  nombre 
s'élevait  à  6,35  pour  100,  la  perte  de  grains  susceptibles  de  germer  sera 
un  peu  rédnite;  mais  il  n'en  reste  pas  moins  établi  que  57,6.5  pour  100,  ou 
pins  de  la  moitié  du  grain  employé,  n'a  rien  produit. 

»  Le  blé  récolté  sur  3  centiares  (supposé  complètement  privé  d'eau) 
pesait  791e'', 655,  soit  pour  i  centiare  263^^,885.  Comme  chaque  centiare 
a  produit,  en  moyenne,  275  épis  de  toutes  dimensions,  chaque  épi  moyen 
portait  donc  96  centigrammes  de  grains  complètement  privés  d'eau,  ou 
|S%o8  de  grains  pris  dans  l'état  d'humidité  où  se  trouvait  le  blé  quand  on 
l'a  battu  et  nettoyé. 

»  Or  on  a  trouvé  dans  100  grammes  de  ce  blé  244°  grains  ;  il  en  résulte 
que  le  poids  moyen  d'un  de  ces  grains  s'élève  à  4'  milligrammes,  ce  qui 
correspondrait  à  20,35  grains  par  épi  moyen.  Mais,  parmi  ces  grains,  il 
en  est  qui  sont  trop  iiiqiarfaits  pour  pouvoir  être  conservés  et  mis  en 
vente,  et  qui  constituent  les  déchets  ou  mauvaises  criblures.  J'ai  retiré 
directement  de  i  kilogramme  du  blé  récolté  1700  de  ces  grains  pesant 
ensemble  3nS'',  2 ,  ce  qui  donne  pour  le  poids  moyen  d'un  grain  défectueux 
17  f  milligrammes. 

»  Si  l'on  séparait  préalablement  de  la  totalité  de  la  récolte  ces  grains  dé- 
fectueux, le  poids  moyen  des  bons  grains  s'en  trouverait  plus  élevé;  il  se 
trouverait  porté  à  42  f  milligrammes.  Le  nombre  des  grains  défectueux, 
comparé  au  nombre  total  des  grains  récoltés,  en  représentait  6,97  pour  foo, 
soit  1,84  pour  26,35  grains  (un  peu  moins  de  2  grains  par  épi).  La  ré- 
colte de  chaque  épi  moyen  se  trouvait  donc  ainsi  représentée  : 

Bons  grains 24, 5 1 

Grains  défectueux i  ,84 


Total 26 , 3 


j 


»  Rapportée  h  l'hectare,  la  récolle  moyenne  et  complète  de  grain  se  trouve 
représentée  par  38  hectolitres  24   litres,  sur  laquelle  i  hectolitre  25  litres 


(  977  ) 
de  grains  complètement  défectueux  pesant  ensemble  89'''', G,  et  36  hecto- 
litres 99  litres  de  blé  marchand  pesant  2S7'3'''',8  (*). 

»  Le  rendement  total  obtenu  correspond,  en  volume,  à  i3i  fois  la 
semence  mise  en  terre,  et  à  plus  de  29  fois  la  semence  réellement  pro- 
ductive. » 

M.  SvLVESTER,  récemment  nommé  à  une  place  de  Correspondant  de  la 
Section  de  Géométrie,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

NOi^lIiVATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Mem- 
bre qui  remplira,  dans  la  Section  de  Botanique,  la  place  laissée  vacante 
par  suite  du  décès  de  M.  Moquiu-Taiidon. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  49  : 

M.  Naudin  obtient 34  suffrages. 

M.  Chatin 10         » 

M.  Lestiboudois 5  » 


M.  Naudin,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 


élu. 


Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  de  l'Empereur. 

L'Académie  procède  ensuite,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  no- 
mination de  la  Commission  chargée  de  proposer  une  nouvelle  question 
pour  le  grand  prix  des  Sciences  mathématiques,  la  question  sur  les  polyèdres 
ayant  été  retirée  du  concours  à  la  suite  du  Rapport  fait  au  nom  d'une  Com- 
mission par  M.  Serret  (séance  du  7  décembre). 

MM.  Bertrand,  Chasies,  Serret,  Bonnet,  Herniife  réunissent  la  majorité 
des  suffrages. 


(*)  Nous  croyons  utile  de  prévenir  que  la  manière  dont  nous  avons  égrené  notre  récolte 
a  dû  nous  donner  un  rendement  supérieur  à  celui  qu'on  eût  obtenu  par  les  procédés  usuels* 
déballage,  tandis  que  notre  mode  de  nettoyage  nous  a  donné,  au   contraire,   un   déchet 
moindre  :  en  sorte  que  nos  résultats  doivent  nécessairement  surpasser  un  peu  ceux  qu'on 
eût  obtenus  dans  une  pratique  courante. 


(  97«  ) 

MÉMOIKES   PRÉSEi\TÉS. 

ANTHROPOLOGIE.  —  Effets  des  alliances  consanguines.  Extrait  d'une  Note  de 
M.  Cadiot,  médecin  à  Vandeléville  (Menrthe). 

(Commissaires  précédemment  nommés  :    MM.   Andral,   Rayer,    Bernard, 

Biena ymé.  ) 

«  ...  J'ai  l'honneur  d'appeler  l'attention  de  l'Académie  sur  des  faits  ob- 
servés par  moi  dans  dix-huit  communes  du  ressort  de  ma  clientèle,  et  que 
j'ai  consignés  dans  un  Rapport  adressé  en  1862  à  M.  l'inspecteur  de  TAssis- 
tance  publique  de  la  Meurihe,  qui  les  a  relatés  dans  son  Compte  rendu  de 
la  même  année.  Ces  faits  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

»  Siu'  5/|  mariages  entre  parents  au  troisième  ou  au  quatrième  degré, 
i4  sont  restés  stériles;  7  ont  produit  des  enfants  tous  morts  avant  l'âge 
adulte;  18  ont  donné  des  enfants  scrofuleux  ourachitiques,  tuberculeux  ou 
dartreux,  sourds-muets  ou  idiots. 

»  Restait  quinze  familles  dont  la  descendance  est  saine  jusqu'à  présent, 
sans  que  rien  autorise  à  être  bien  rassuré  sur  l'avenir,  w 

?»i.  TiuGER,  qui  dans  la  séance  du  9  mars  dernier  avait  soumis  au  juge- 
ment de  l'Académie  un  travail  géologique  accompagné  de  «  profils  des  che- 
mins de  fer  de  Paris  à  Rennes,  de  Tours  au  Mans,  etc.,  transformés  en  coupes 
géologiques  »,  présente  de  nouveau  ces  profils  après  y  avoir  fait  les  additions 
qui,  d'après  les  remarques  de  M.  Elie  de  Beaiunont,  en  devaient  aug- 
menter l'intérêt. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  déjà  nommés:  MM.  dArchiac, 
Ch.  Sainte-Claire  Deville,  Daubrée.) 

M.  Blait.v'er  présente  «les  réflexions  relatives  à  ime  communication  faite 
il  V  a  quelques  mois  à  l'Académie  par  M.  Aucapilaine  sur  l'ilc  de  l'Etang- 
de-Diane  (cote  est  de  la  Corse). 

Le  sol  de  cette  île  est  exclusivement  composé  de  coquilles  d'huître 
entremêlées  sur  certains  points  de  coquilles  provenant  de  mollusques  non 
comestibles.  Les  pêcheurs  qui  fréquentent  ces  parages  prétendent  qu'au 
tomiis  dos  Romains  on  déposait  en  cet  endroit  les  coquilles  dont  le  mol- 
lusque salé  et  préparé  était  envoyé  sur  le  continent.  M.  Aucapitaiue  a  exposé 
les  raisons  qui  ne  lui  permettent  pas  d'admettre  cette  explication.  M.  Blau- 


(  979  ) 
lier  ne  l'admet  pas  davantage  dans  les  termes  où  elle  est  donnée,  mais  il 
y  voit  d'ailleurs  nne  formation  artificielle  due  à  l'action  des  hommes  et  re- 
montant à  l'époque  que  l'on  désigne  aujourd'hui  sous  le  nom  d'W^e  r/ep/e;re. 
«   Les  singuliers  amas  coquilliers  observés  en  Danemark  et  dans  diverses 
autres  contrées  du  littoral  de  la  Baltique,  dit  M.  Blaiiner,  ont  fous  été  una- 
nimement considérés  comme  des  œuvres  humaines  :  le  conseiller  Tliomsen, 
les  professeurs  Worsaë  et  Steenstrùp  les  ont  justement  rattachés  aux  pre- 
miers habitants  de  l'Europe  contemporains  des  mammifères  Bos  primic/e- 
nitis,    Ursits  spelœus,  Eleplias  primigenius ,   RInnoceros  ticliorldnus^   etc.   Ces 
amas  ont  été  appelés  rei/(/i(s  c/eci/îs/zie   «  kjoëkken-moedding.  »   M.  de  Qua- 
trefages,  pénétré  sans  doute  des  intéressants  résultats  obtenus  par  les  natu- 
ralistes Scandinaves,  a  repris  une  hypothèse  très-anciennement   émise,  à 
savoir  que  les  buttes  coquillières  connues  en  Vendée  sous  le  nom  de  Saint- 
Mirhel-en-r Hertn  étaient  dues  non  point  à  un  soulèvement,  mais  à  l'industrie 
des  hommes.  Des  fouilles  fiites  par  ce  savant  naturaliste  ont  confirmé  ce.i 
données.  Ajoutons  cependant  que  pour  nous  les  amas  de  Saint-Michel-en- 
i'Herm  remontent  à  une  époque  bien  antérieure  à  celle  que  M.  de  Quatre- 
fages    croit   pouvoir    leur   assigner   d'après   quelques   monnaies    par    lui 
découvertes  dans  ses  fouilles,  et  qu'on  peut  assimiler  ces  monceaux  co- 
quilliers aux  primitifs  entassements  de  la  Scandinavie;  je  ne  doute  pas  que 
des  fouilles  patiemment  dirigées  n'amènent  des  découvertes  identiques  à 
celle  de  MM.  Worsaë  et  Steenslriip.   » 

(Renvoi  à    l'examen   de  MM.    de  Quatrefages  et  Daubrée  précédemment 
désignés  pour  le  Mémoire  de  M.  Aucapitaine.) 

M.  KosMANN  adresse  de  Strasbourg  une  Note  concernant  les  cpianlilés 
relatives  d'ozone  des  plantes  et  de  l'air  atmosphérique  en  i863. 

(Commissaires,  MM.  Brongniarf,  Pouillet,  Regnault.) 

M.  Mène  envoie  une  suite  à  son  Mémoire  sur  les  scories  des  forges  à  lit 
houille.  Cette  deuxième  partie  est  consacrée  à  l'examen  des  scories  pro- 
duites dans  l'opération  du  puddlage. 

(Renvoi  aux  Commissaires  désignés  pour  la  première  partie  de  ce  travail  ; 

MM.  Balard,   Fremy.) 

M.  Freytag  présente  un  complément  à  sa  Note  sur  le  calcul  des  sinus. 
(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Morin,  Bertrand,  j 


(  98o  ) 

M.   CiiAMPOiii.LON  soumet   au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoii-e  sur 

quelques  efjets  pouvant  résulter  de  l'usage  du  sucre  et  des  remèdes  sucrés. 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Bernard,  Longet.  ) 

M.  Dumas  adresse  de  Bordeaux  un  résumé  de  ses  précédentes  commu- 
nications concernant  des  freins  nouveaux  à   l'usage  des  chemins  de  fer,  et 
annonce  l'envoi  prochain  de  deux  modèles  en  petit  du  système  qu'il  désigne 
sous  le  nom  àe  freins  par  correspondance,  et  de  celui  qu'il  nomme  maître 
frein. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Morin,  Clapeyron,  Séguier. ) 

M.  NouRRiGAT  envoie  de  Lunel  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Avan- 
tages de  la  culture  du  Mûrier  sauvage  sur  celle  du  Mûrier  greffé;  de  l'heu- 
reuse influence  que  sa  feuille,  donnée  en  aliment  aux  vers  à  soie,  exerce  au 
double  point  de  vue  hygiénique  et  économique  sur  la  constitution  de  l'in- 
secte et  sur  la  qualité  de  ses  produits  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  des  vers  à  soie.) 

M.  Nauck  adresse  de  la  Villa,  près  Lausanne,  un  travail  annoncé  par  ses 
précédentes  communications  «  sur  la  résolution  des  équations  numériques 
du  troisième  degré  ». 

(Commissaires,  MM.  Bertrand,  Serret.) 

M.  PiMONT,  qui  a  déjà  appelé  à  plusieurs  reprises  l'attention  de  l'Acadé- 
mie sur  l'invention  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  calorifuge  plastique,  lui 
transmet  aujourd'hui  divers  certificats  constatant  les  bons  résultats  qui  en 
ont  été  obtenus  dans  diverses  usines. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  dit  des  Arts  insalubres.  ) 

CORRESPONDANCE . 

M.  LE  Ministre  de  la  Marixe  et  des  Colonies  adresse,  pour  la  Biblio- 
thèque de  l'Institut,  la  livraison  de  décembre  de  la  Revue  maritime  et  co- 
loniale. 

M.  LE  Président  présente  au  nom  de  Fauteur,  M.   Fan  Dromme,  une 


(  98'   ^ 
Notice  sur  le  traitement  ciiratif  et  préventif  du  choléra  asiatique,  à  l'occasion 
d'une  épidémie  de  choléra  qui  a  sévi  à  Bruges  en  iSSg. 

M.  LE  Secuétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i"  La  Connaissance  des  Temps  ]iour  V  i\nuée  iS65  el  Y  Annuaire  du  Biirrau 
des  Longitudes  pour  l'année  1864. 

Ces  deux  volumes  sont  offerts  par  le  Bureau  des  Longitudes. 

2°  Les  soixante-seize  premières  feuilles  d'un  ouvrage  cjue  publie  à  Rome 
M.  le  professeur  /-*.  Snmjuinelli,  sous  le  titre  de  Florœ  Ronuinœ  Prodromus, 
ouvrage  que  des  cii'constances  indépendantes  de  la  volonté  de  l'auteur  ne 
lui  permettent  pas  de  présenter  entièrement  terminé. 

3°  Un  opuscule  de  M.  Courly  sur  les  substitutions  organiques. 

Ce  travail,  qui  date  déjà  de  quelques  années,  est  consacré  à  la  défense  de 
la  doctrine  de  la  subslilution  opposée  à  la  Ivansformation.  S'appuyant  prin- 
cipalement sur  des  considérations  d'embryologie,  l'auteur  soutient  que 
«  jamais  un  appareil,  un  organe  ou  un  tissu  ne  se  transforme  en  un  autre 
appareil,  un  autre  organe  ou  un  autre  tissu.  Lorscju'àla  place  qu'occupaient 
les  premiers  on  vient  à  rencontrer  les  seconds,  c'est  cpie  ceux-ci  se  sont 
substitués  à  ceux-là.  Il  s'est  opéré  une  sorte  de  remplacement  molécule  à 
molécule,  de  telle  façon  que  ce  n'est  plus  à  la  même  matière  que  l'on  a 
affaire.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  — Sur  les  matières  colorantes  dérivées  de  la  napltty lamine; 

par  M.  Hugo  Sciiiff. 

"  Il  y  a  quelques  années  que  nous  avons  décrit  le  naphtylurée,  l'éthyl- 
naphtylamine,  le  naphtylphosphamide  et  quelques  autres  dérivés,  el  nous 
avons  démontré  par  là  que  la  naphtylamine,  base  soliile  et  d'un  équivalent 
très-élevé,  se  comporte  d'iuie  manière  analogue  à  l'aniline.  Comme  cette 
dernière  base,  aussi  la  naphtylamine  fournit  des  matières  colorantes  par 
l'oxvdation,  et  Piria,  en  i85o,  a  été  le  premier  à  décrire  une  telle  ma- 
tière. D'après  nos  analyses,  cette  matière,  que  nous  appelons  oxpiaphty- 
lamme,  contient  les  éléments  de  la  naphtylamine,  plus  de  l'oxygène  : 

N.iphly  lamine.  Osj  naphtylamine. 

G.  R.,  i8C3,  z^e  S(,„,<,j,„.  (T    LVII,  N»  24.)  l3l 


(  98-^  ) 

«  Nous  avons  eu  l'occasiou  de  comparer  les  propriétés  de  notre  oxy- 
iiaphtylamine  avec  celles  de  la  préparation  originale  de  la  matière  de  Piria 
qui  se  trouve  dans  la  collection  du  laboratoire  de  notre  Université,  et  je 
les  ai  trouvées  tout  à  fait  les  mêmes. 

"  L'expression  la  plus  simple  de  notre  analyse  de  l'oxynaplitylaminc 
correspond  en  un  certain  degré  à  la  formule  G^H'-N^O,  qui,  il  y  a  quel- 
ques années,  a  été  proposée  pour  l'azaléine.  A  présent  on  a  trouvé  des  rai- 
sons pour  multiplier  cette  formule  de  l'azaléine,  et  il  ne  serait  pas  im{)os- 
sible  qu'iHie  telle  multiplication  fût  exigée  plus  tard  aussi  pour  l'oxy- 
naphtylamiiie. 

i>  Néanmoins  nous  devons  faire  observer  que  le  mode  de  formation  des 
couleurs  aniliques  et  naphtaliques  est  tout  à  fait  diiférent.  I/oxy dation  de  la 
naphtylamine  ne  fournit  pas  d'ammoniaque,  et  le  produit  de  la  réaction  ne 
contient  pas  l'acide  du  sel  de  naphtylamine,  tandis  que  la  formation  des 
couleurs  d'aniline  est  toujours  accompagnée  d'un  dégagement  d'ammo- 
niaque, et  que  l'acide  est  un  constituant  essentiel  de  ces  couleius.  Déjà 
l'observation  que  la  base,  exposée  à  la  lumière,  se  transforme  en  matière 
colorante,  et  que  cette  dernière  matière  ne  subit  aucun  changement  par  les 
alcalis,  démontre  que  la  présence  d'acide  n'est  pas  de  rigueur.  Dans  ces  der- 
niers temps  nous  avons  eu  occasion  d'examiner  une  préparation  de  naphty- 
lamine libre  de  notre  collection  ;  la  base  était  presque  entièrement  trans- 
formée en  une  matière  colorante  résineuse,  ressemblant  parfaitement  à  la  pâte 
de  violet  d'aniline  du  commerce.  Toutes  ces  observations  démontrent  que 
les  couleurs  d'aniline  ont  une  constitution  différente  des  couleurs  de  naph- 
tylamine. 

»  Jusqu'à  présent  la  naphtylamine  a  servi  seulement  pour  la  production 
de  couleurs  violettes.  Nous  avons  réussi  à  en  obtenir  une  matière  rouge 
écarlate  par  l'action  de  l'eau  régale  en  présence  de  l'acide  sulfinique  con- 
centré. Le  chlorhydrate  de  naphtylamine  est  dissous  dans  l'acide  suUurique 
contenant  un  peu  d'acide  azotique.  La  solution  bleu-verdâire  dépose  la  ma- 
tière rouge,  si  l'on  ajoute  de  l'eau,  en  évitant  toute  élévation  de  tempéra- 
ture. Si  l'on  opère  sur  le  sulfate  de  naphtylamine,  on  obtient  une  masse 
brunâtre,  mais  on  réussit  facilement  à  produire  aussi  le  rouge  de  naphty- 
lamine avec  le  sulfate,  si,  en  outre  de  l'acide  azotique,  l'acide  sulfurique 
est  additionné  d'un  peu  d'acide  chlorhydrique.  Cette  expérience  démontre 
que  la  production  de  la  matière  rouge  est  due  à  l'action  de  la  petite  quan- 
tité d'eau  régale. 


(  983  ) 

»   l^e  disiilfonaplitylcarbamide  N^  |  2€'"H'  ,  obteini  par  l'action  du  siil- 

Itiie  de  carbone  sur  la  naphtylamine,  peut  servira  la  production  d'une  ma- 
tière colorante  d'mi  jaune  tiès-intense.  La  solution,  d'un  vert  foncé,  de 
la  combinaison  dans  l'acide  sulfurique  se  colore  en  brun  par  l'addition 
d'un  peu  d'aciile  nitrique.  Cette  solution  étendue  d'eau,  ou  neutralisée  par 
un  alcali,  dépose  la  matière  jaune  en  forme  de  grands  flocons.    » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Remarques  relnlives  à  l'action  de  Hoxycjène  sur  le  vin; 

/w;- m.  Berthelot. 

«  Les  résultats  de  mes  expériences,  relatives  à  raction  de  l'oxygène  sur 
le  vin,  ayant  été  contestés  dans  la  dernière  séance  par  M.  Maumené,  je  crois 
ilevoir  faire  une  réponse  à  ce  sujet.  Les  faits  que  j'ai  observés  sont  faciles  à 
vérifier.  Il  suffit  d'agiter  le  vin  avec  de  l'oxygène  ou  même  avec  de  l'air; 
l'oxygène  s'absorbe  raj)idement.  Dans  ces  conditions,  il  dénature  et  dé- 
truit en  peu  de  temps  le  bouquet  des  vins  de  nos  climats.  Est-il  besoin 
d'ajouter  que  le  mercure  n'est  pour  rien  dans  ces  résultats,  qui  peuvent  être 
obtenus  en  son  absence  aussi  bien  qu'en  sa  présence?  Toutes  les  fois  qu'un 
vin  de  Bourgogne  ou  analogue  est  devenu  susceptible  de  conserver  l'oxygène 
à  l'état  de  simple  dissolution  au  delà  de  quelques  minutes,  c'est,  pour  moi 
et  pour  les  dégustateurs  liabiles  que  j'ai  consultés,  un  vin  fini  et  dénaturé. 
C'est  d'ailleurs  un  fait  d'expérience  vulgaire  que  l'altération  du  bouquet 
d'un  vin  répandu  ou  laissé  au  contact  de  l'air  :  je  me  suis  borné  à  l'expli- 
quer. J'ai  eu  le  bonheur  de  voir  la  plupart  de  mes  résultats  confirmés  pres- 
que aussitôt  dans  le  coiu's  d'un  travail  remarquable  qui  vient  d'être  publié 
par  M.  Pasteur  sur  la  vinification.  J'ajouterai  quelques  observations. 

»  L'action  de  l'oxygène  sur  le  vin  est  différente,  quant  à  ses  résultats, 
suivant  qu'elle  s'exerce  brusquement  et  par  agitation,  ou  lentement  et  par 
diffusion.  Par  agitation,  l'oxygène  s'empare  aussitôt  des  principes  tres-oxy- 
dables  qui  concourent  avec  les  éthers  'a,  former  le  bouquet  et  qui  sont 
répartis  dans  un  certain  voliune  de  vin.  Par  diffusion,  au  contraire,  l'oxy- 
gène, pénétrant  lentement  dans  les  couches  successives  de  la  liqueur,  n'est 
j)as  absorbé  seulement  par  les  principes  les  plus  oxydables;  mais,  après  leur 
avoir  fait  subir  une  première  altération,  il  a  le  temps  d'agir,  et  sur  les  pro- 
duits de  cette  altération,  pour  les  modifier  plus  profondénient,  et  sur  di- 
vers autres  principes  moins  combustibles.  C'est  cette  action   consécutive, 

i3,.. 


(  984  ) 
constatée  par  mes  expériences,  qui  préserve  les  coucîies  profondes,  au 
moins  pendant  un  certain  temps.  Quand  l'oxygène  agit  lentement  sur  un 
volume  déterminé  de  vin,  il  en  faut  donc  une  quantité  plus  considérable 
pour  détruire  en  totalité  la  partie  oxydable  du  bouquet  que  lorsque  ce  gaz 
agit  brusquement  sur  le  même  volume  de  vin. 

»  La  diversité  dans  les  résultats  n'est  pas  seulement  relative  à  la  quantité 
d'oxygène  nécessaire  pour  altérer  le  bouquet,  mais  elle  paraît  s'étendre  aux 
produitsmèuies  de  l'oxydation.  En  effet,  les  dépôts  qui  se  forment  dans  les 
vins  me  paraissent  dus,  au  moins  en  partie,  à  l'oxydation  lente  du  principe 
analogue  à  un  aldéhyde  que  j'ai  signalé:  d'où  résulte  une  matière  résineuse 
qui  s'unit  avec  une  partie  de  la  matière  colorante  et  de  la  crème  de  tartre 
pour  former  une  laque  insoluble  dans  le  milieu  où  s'opère  la  réaction.  H 
suffit  d'étudier,  soit  le  tartre  brut,  soit  les  dépôts  qui  se  produisent  dans  les 
bouteilles,  soit  les  produits  insolubles  de  l'évaporation  des  vinasses,  pour 
justifier  cette  interprétation.  Ainsi  s'explique  encore  un  fait  signalé  par 
M.  de  Fleurieu  et  par  moi,  à  savoir:  que  la  proportion  de  crème  de  tartre 
contenue  dans  les  vins  est  souvent  très-inférieure  à  celle  qui  correspond  à 
la  solubilité  normale  de  ce  sel  dans  un  simple  mélange  d'alcool  et  d'eau,  de 
même  titre  que  le  vin;  et  cependant  les  parois  des  bouteilles  contenant  les 
vins  sur  lesquels  nous  opérions  étaient  tapissées  par  un  dépôt  de  crème  de 
tartre;  mais  ce  sel  était  uni  à  des  matières  colorantes  et  résineuses  que  tout 
le  monde  a  pu  voir. 

))  C'est  en  se  conformant  aux  notions  que  je  viens  de  développer  que  l'on 
pourrait  essayer  de  vieillir  subitement  le  vin,  sans  arriver  cependant  à  la 
destruction  complète  de  ses  qualités  :  mais  il  faut  se  hâter  d'ajouter  que  sur 
les  deux  groupes  de  produits  qui  concourent  à  former  le  bouquet,  on 
n'obtiendrait  ainsi,  même  dans  l'hypothèse  la  plus  favorable,  qu'un  seul 
groupe,  celui  des  produits  qui  résultent  de  l'oxydation;  mais  on  n'obtien- 
drait pas  l'autre  groupe,  dû  à  des  phénomènes  d'étliérifîcation,  dont  les  lois 
fort  différentes  ont  été  exposées  dans  mes  précédentes  communications  à 
l'Académie. 

»  En  se  plaçant  au  terme  opposé  des  métamorphoses,  il  est  également 
utile  de  remarquer  que  dans  un  vin  usé,  comme  dans  un  cidre  tue,  les  pro- 
duits oxydables  du  bouquet  ont  seuls  disparu,  mais  les  éthers  subsistent, 
tant  que  les  proportions  relatives  d'eau,  d'alcool  et  d'acide  ne  sont  pas  chan- 
gées. De  là  les  discussions  qui  peuvent  s'élever  sur  la  conservation  plus  ou 
moins  complète  du  goût  et  de  l'odeur  des  vins  soumis  à  une  influence 
oxvdante. 


(  985  ) 
')  Mes  expériences  sur  la  combinaison  de  l'oxygène  avec  le  vin  expli- 
quent l'absence  de  l'oxygène  libre  et  la  présence  de  l'azote  dans  ce  liquide, 
faits  que  j'ai  observés  avec  M.  de  Fleurieu  :  j'ai  été  heureux  d'apprendre 
que  je  m'étais  rencontré  sur  ce  point  avec  un  observateur  tel  que  M.  Bous- 
singault.  D'après  ce  qui  m'est  affirmé,  cet  illustre  savant  a  signalé ,  dans 
ses  leçons  du  Conservatoire,  l'absence  de  l'oxygàne  dans  le  vin,  mais  sans 
en  faire  l'objet  d'iuie  publication  imprimée. 

»  J'ajouterai  en  terminant  que  diverses  rencontres  du  même  genre 
existent  entre  mes  recherches,  soit  déjà  publiées,  soit  encore  inédites,  sur 
l'oxydation  du  vin,  et  celles  que  M.  Pasteur  vient  d'annoncer  sur  le  même 
sujet.  Cette  coïncidence,  que  je  rappelle  pour  conserver  le  droit  de  pour- 
suivre mes  expériences,  est  pour  moi  un  gage  précieux  de  leur  exactitude: 
du  reste,  le  champ  est  assez  riche  pour  plus  d'un  travailleur. 

»  M.  Pasteur,  si  je  ne  me  trompe,  a  surtout  étudié  la  période  initiale, 
durant  laquelle  le  vin'se  fait  peu  à  peu  par  une  première  absorption  d'oxy- 
gène, tandis  que  je  me  suis  occupé  spécialement  de  la  période  finale,  du- 
rant laquelle  le  vin  se  détruit  lentement,  en  continuant  a  absorber  de 
l'oxygène.  Ce  double  phénomène  s'accorde  d'ailleurs  avec  l'existence  du 
principe  oxydable,  analogue  à  un  aldéhyde,  que  j'ai  signalé  dans  le  bou- 
quet, un  tel  principe  pouvant  se  former  par  une  première  oxydation  et  se 
détruire  ensuite  par  une  oxydation  plus  profonde. 

»  C'est  précisément  dans  un  état  intermédiaire  que  le  vin  possède  toutes 
ses  qualités  :  mais  les  limites  de  cette  période  moyenne  varient  pour  chaque 
dégustateur,  suivant  son  goût  individuel. 

»  Des  phénomènes  analogues,  dus  à  l'existence  d'un  principe  oxydable 
de  même  ordre  que  celui  du  vin,  mais  plus  volatil,  rne  paraissent  régler 
la  formation  et  la  durée  du  cidre  ;  il  en  est  sans  doute  de  même  de  diverses 
autres  liqueurs  fermentées.  » 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  la  distillation  des  liquides  mélangés.  Réponse  à  luie 
Note  de  M.  Maumené  par  M.  Beuthelot. 

«  En  m'attribuant  l'énoncé  «  d'une  règle  précise  sur  la  distillation  des 
)i  liquides  mélangés  »,  M.  Maumené  me  semble  ne  pas  avoir  compris  la 
Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  sur  cette  question. 
Dans  cette  Note,  j'ai  cherché  à  rappeler  par  des  expériences  l'attention  des 
chimistes  sur  les  phénomènes  physiques  qui  interviennent  dans  ce  genre  de 
distillation,  et  qui  peuvent  s'opposer  plus  ou  moins  complètement  à  une 
séparation  rigoureuse.  J'avais  indiqué  comment,  deux  liquides  étant  mé- 


(  986  ) 
langés,  «  ils  se  vaporisent  tous  deux  à  la  fois  suivant  des  rapi^orls  de 
)i  poids  déterminés  par  le  produit  des  densités  de  vapenrs  multipliées  par 
»  leurs  tensions  actuelles  dans  les  conditions  de  l'expérience,  »  énoncé  in- 
contestable, car  c'est  la  traduction  du  fait  lui-même;  et  j'avais  ajouté  cpie 
le  produit  dont  il  s'agit  serait  le  même  que  celui  de  la  densité  théorique  par 
la  tension  de  la  vapeiu'  envisagée  isolément,  s'il  n'était  pas  nécessaire  de 
tenir  compte  de  l'action  réciproque  des  liquides  mélangés,  laquelle  «  tend 
)i  a  duuinuer  la  tension  individuelle  de  chacun  des  deux  liquides  suivant 
Il   une  loi  inconnue,  mais  qui  dépend  de  la  composition  du  mélange.  » 

»  L'exemple  nouveau  cité  par  M.  Maumené  s'accorde  parfaitement 
avec  ces  notions.  S'il  était  permis  d'en  conclure  quelque  chose,  il  serait  très- 
favorable  aux  opinions  que  je  soutenais,  car  il  semble  prouver  qu'il  existe 
un  mélange  inséparable  (i)  d'alcool  et  d'essence  de  térébenthine,  renfermant 
.38  centièmes  (en  volume?)  du  liquide  le  moins  volatil,  et  cela  malgré  l'é- 
norme différence  de  80  degrés  entre  les  points  d'ébilllition.  Malheureuse- 
ment, celte  expérience,  au  lieu  d'être  faite  sur  un  mélange  d'alcool  pur  et 
anhydre  et  de  térébenthène  physiquement  homogène,  a  été  faite  siu'  un  mé- 
lange renfermant  de  l'alcool  hydraté,  comme  tous  les  alcools  du  commerce, 
même  ceux  que  Ion  appelle  absolus,  et  de  l'essence  ordinaire,  c'est-à-dire 
plusieurs  carbures  de  volatilité  différente,  des  produits  oxygénés  volatils, 
enfin  des  produits  fixes,  tels  que  la  colophane. 

»  Je  n'ai  jamais  abordé  lui  cas  aussi  compliqué,  m'étant  borné  aux  mé- 
langes formés  par  deux  liquides  seulement,  et  ayant  tâché  de  me  conformer 
au  précepte  donné  par  Descartes,  qui  prescrit  dans  son  Discours  sur  la  mé- 
thode «  de  conduire  par  ordre  ses  pensées,  en  commençant  par  les  objets 
»  les  plus  simples  et  les  plus  aisés  à  connaître,  j)our  monter  peu  à  j)eu, 
»  comme  par  degrés,  jusques  à  la  connaissance  des  plus  composés,  et  sup- 
»  posant  même  de  l'ordre  entre  ceux  qui  ne  se  précèdent  point  natiuelle- 
>■   ment  les  luîs  les  autres.  « 

CHIMIE  ORGANIQUE..  —  Sur  la  production  de  l'éther  mixte  étliyl-nmylicjue  et 
sur  l'étliérification  ;  par  M3I.  C.  Friedel  et  J.-M.  Crafts. 

«  Dans  la  communication  que  nous  avons  eu  l'hoiuieur  de  faire  à  l'Aca- 
démie, dans  sa  séance  du  23  novembre,  nous  avions  annoncé  que,  dans  la 
réaction  de  l'iodure  d'éthyle  sur  l'alcool  amylique,  il  se  produisait  proba- 

(1)  Par  distillation  sous  la  pression  ordinaire. 


(987  ) 

blement  de  l'élher  mixte  élhyl-amylique.  Il  nous  a  semblé  que  la  forina- 
tion  de  ce  produit  présentait  un  certain  intérêt  théorique  et  qu'il  valait  la 
peine  de  le  rechercher  au  miUeu  des  nombreuses  substances  qui  prennent 
naissance  dans  cette  réaction  compliquée. 

»  Pour  isoler  l'oxyde  mixte  éthyl-amylique,  qui,  d'après  M.  Williamson, 
bout  à  112  degrés,  nous  avons  pris,  dans  les  produits  de  l'action  de  l'al- 
cool amylique  sur  l'iodure  d'éthyle,  les  portions  bouillant  de  100  à 
120  degrés.  Elles  renfermaient  beaucoup  d'iodures.  Nous  les  avons  chaut- 
fées  avec  du  sodiiuii  dans  un  ballon  surmonté  d'im  réfrigérant  destiné  à 
faire  refluer  les  vapeurs.  Lorsque  le  sodium  est  resté  sans  action  sur  le 
liquide,  nous  avons  soumis  ce  dernier  à  la  distillation  fractionnée,  et,  après 
deux  ou  trois  opérations,  nous  avons  obtenu  une  certaine  quantité  d'im 
liquide  limpide,  d'une  odeur  éthérée  agréable,  bouillant  entre  110  et 
ii3  degrés.  Ce  produit  a  donné  à  l'analyse  les  nombres  exigés  jiar  la  for- 
mule de  l'oxyde  d'élhyl-amyle 


»  Nous  avons  fait  subir  les  mêmes  opérations  aux  portions  correspon- 
dantes des  produits  de  l'action  de  l'alcool  ordinaire  sur  l'iodure  d'amyle. 
Nous  y  avons  trouvé  également  l'oxyde  mixte.  Le  produit  analysé  renfermait 
un  léger  excès  de  carbone,  qu'il  est  facile  de  s'expliquer.  En  effet,  dans  ce 
cas,  le  mélange  dont  l'oxyde  a  été  extrait  contenait  une  proportion  plus 
grande  d'iodure  d'amyle.  Ce  dernier  a  fourni  de  l'arayle  par  l'action  du 
sodium,  et  l'on  comprend  que  la  moindre  trace  de  ce  produit  a  dû  élever 
sensiblement  la  proportion  de  carbone  de  la  matière  analysée. 

»  Ainsi,  dans  l'action  de  l'iodure  d'éthyle  sur  l'alcool  amylique  et  dans 
celle  de  l'iodure  d'amyle  siu'  l'alcool  vinique,  il  se  forme  de  l'oxyde  mixte 
éthyl-amylique. 

»  La  production  de  ce  corps  est  d'ailleurs  facile  à  comprendre.  L'iodure 
d'éthyle  et  l'alcool  amylique  réagissent  l'un  sur  l'autre,  comme  l'iodure 
d'éthyle  réagit  sur  l'éthylate  de  soude,  dans  la  belle  expérience  de  M.  Wil- 
liamson, et  de  l'acide  iodhydrique  est  mis  en  liberté 

CH"  \  G^  H"  1 

^^    }o  +  G^H'I  =  J:,j;,  JO  +  HL 

»  L'acide  iodhydrique  agit  sur  l'alcool  amylique  en  excès  et  forme  de 
l'iodure  d'amyle  et  de  l'eau.  L'eau  à  son  tour  peut  décomposer  les  iodures 
d'éthyle  et  d'amyle  en  régénérant  les  alcools  éthylique  et  amylique.  Il  se 


(988) 
produit  ainsi  une  sorte  de  décomposition  rotaloire,  dans  laquelle  les  mêmes 
éléments  entrent  un  certain  nombre  de  fois,  jusqu'à  ce  que  le  mélange  des 
produits  ait  atteint  un  état  d'équilibre  résultant  de  ce  qu'à  chaque  instant, 
pour  chaque  corps,  les  quantités  décomposées  et  reproduites  sont  égales. 

«  La  production  de  l'acide  iodhydrique  et  de  l'eau  n'est  pas  hypothé- 
tique. Nous  avons  déjà  signalé  la  séparation  d'une  certaine  quantité  d'eau 
à  la  surface  des  mélanges  liquides  après  la  réaction,  et  nous  nous  sommes 
assurés  que  cette  eau  renfermait  une  proportion  notable  d'acide  iodhy- 
drique libre. 

»  Voici  maintenant  pourquoi  nous  avons  insisté  sur  cette  réaction.  Elle 
nous  paraît  donner  un  appui  expérimental  à  certaines  idées  émises  sur 
l'éfhérification  de  l'alcool  vinique. 

»  On  sait  que  le  chlorure,  le  bronuire,  l'iodure  d'éthyle  ont  la  propriété 
de  transformer  en  éther  une  quantité  d'alcool  à  peu  près  indéfinie,  par  une 
action  que  l'on  a  placée  dans  cette  catégorie  de  phénomènes  mystérieux 
désignés  sous  le  nom  d'actions  de  présence.  Certains  chimistes,  pourtant, 
M.  Alvaro  Reynoso  entre  autres,  dans  son  Mémoire  sur  l'éthérification  (i), 
ont  émis  l'idée  que  cette  transformation  pouvait  être  attribuée  à  une  décom- 
position et  à  une  recomposition  successives  de  l'iodure  d'éthyle. 

»  La  formation  de  l'éther  mixte  éthyl-araylique  nous  paraît  faire  tou- 
cher au  doigt  cette  réaction  réciproque  et  successive. 

»  Ce  n'est  pas  seulement  aux  chlorures,  aux  bromures,  aux  iodures 
organiques,  que  cette  explication  peut  être  appliquée.  Elle  convient  aussi 
parfaitement  aux  chlorures,  aux  bromures,  aux  iodures,  aux  sulfates  métal- 
liques, dont  on  peut  aussi  admettre  une  décomposition  passagère. 

»  M.  Pasteur  a  montré,  dans  ses  belles  recherches  sur  la  fermentation, 
que  l'action  de  présence  du  ferment  n'est  autre  chose  qu'une  action  phy- 
siologique s'exerçant  successivement  sur  des  proportions  de  matière  très- 
considérables  par  rapport  à  la  masse  du  ferment  lui-même.  Il  nous  semble 
que  nous  avons  ici  quelque  chose  d'analogue.  Une  quantité  très-faible 
(l'iodure,  par  exemple,  peut,  par  sa  décomposition  et  sa  reproduction  suc- 
cessives, faire  passer  à  l'état  d'éther  une  masse  considérable  d'alcool,  l'io- 
dure se  retrouvant  après  la  fin  de  l'opération,  sans  que  sa  quantité  ait 
sensiblement  diminué.  L'action  de  présence,  dans  ce  cas,  est  donc  une  véri- 
table action  chimique  s'exerçant  successivement.  » 

(i)   Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  l856. 


(  989) 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Sur  le  diabète  non  sucré.  Note  de  M.  E.-J.  Maumeni^, 

présentée  par  M.  Peligot. 

<c  Cette  maladie  présente  une  particularité  très-remarquable  et  dont  je 
ne  vois  aucune  mention  nulle  part.  Le  poids  de  l'extrait  d'urine  évaporée  à 
100  degrés  est  extrêmement  faible.  Il  ne  s'élève  pas  à  plus  de  28^7  ou  2^'',S 
par  litre  au  maximum.  Et  comme  le  malade  ne  rend  pas  plus  de  8  litres  par 
jour,  il  s'ensuit  que  le  poids  des  matières  solides  de  l'excrétion  uiinaire 
ne  dépasse  pas  22  grammes. 

»  Voici  les  résultats  fournis  par  deux  malades  dont  les  urines  m'ont  été 
remises  par  mon  ami,  M.  H.  Landouzy,  avant  mon  départ  de  Reims  : 

lit.       _  gr  ffr 

Il  ,5  laisse  4i  16  ou  2,774  pai"  li'i'e  ]       '< 
1,5       "     3,65         2,433         ')       1  ^^  1004 
2,8       1)     6,34         2,264         "       ) 

^       ..           .    1  \  2,0       ■■     4-53         2,265         »       I  ^ 

Deuxième  malade [  ,  n,-  n   ,-  1  D=ioo2 


,  ,5       .. 

3,65 

2,433 

(  2,8       .. 

6,34 

2,264 

\  2,0 

4.53 

2,265 

(  2,0 

4.65 

2,325 

12,061 

Moyenne. 



2,4l2 

»  L'extrait  est  brun  foncé,  d'une  forte  odeur  d'urine,  avec  une  odeur  par- 
ticulière offerte  par  toutes  les  urines  diabétiques.  Il  est  rempli  de  cristaux. 
Je  le  fais  dissoudre  dans  l'eau,  j'y  ajoute  doucement  de  l'acétate  de  plomb 
en  très-petit  excès,  je  filtre  et  je  précipite  cet  excès  par  un  peu  de  sulfhy- 
drate  d'ammoniaque.  Je  filtre  de  nouveau  :  la  couleur  est  alors  jaune,  et  un 
peu  de  noir  animal  suffit  pour  l'enlever  presque  tout  entière  à  l'ébullition. 
La  liqueur  séparée  du  noir,  évaporée  au  bani-marie,  donne  un  sirop  qui 
se  prend  en  masse  par  refroidissement.  On  voit  déjà  nettement  que  les 
cristaux  sont  cubiques.  On  lave  avec  un  peu  d'alcool  à  36  degrés,  on  fait 
égoutter  sur  un  papier  soutenu  par  une  lame  de  verre;  ils  perdent  très-peu 
de  liqueur  sirupeuse  et  deviennent  tout  à  fait  blancs. 

»  0,164  de  ces  cristaux  donnent  o,i5i  de  chlorure  de  sodium  ou  92,1 
pour  100  (i). 

(i)  Ils  décrépitent,  fondent  au  rouge,  émettent  des  fumées,  coulent  comme  l'eau,  noir- 
cissent un  peu,  donnent  une  odeur  d'urine  et  offrent  un  peu  de  sulfure.  Ils  ont  la  saveur  du 
sel. 

G.  R.,  i8C3,  1'^^  Semestre   (T.  LVIl,  >°  24.)  132 


(  99°  ) 

I)  o,ioo  à  très-pen  près  donnent  avec  le  chlorure  de  platine,  au  bout  de 
huit  jours,  2  à  3  milligrammes  de  chlorure  double  de  platine  et  potassium. 

»  La  liqueur  alcooHque  évaporée  reproduit  le  sirop,  qui,  mêlé  d'acide 
azotique  (à  57  pour  100  d'eau),  donne  de  l'azotate  d'urée  en  abondance. 

»  Le  précipité  de  plomb  décomposé  par  HS  donne  de  l'acide  lactique, 
de  l'acide  phosphorique,  de  l'acide  sulfurique. 

»  Le  sulfure  de  plomb  traité  par  l'acide  HCl  étendu  donne  quelques  flo- 
cons grisâtres. 

»  En  résumé,  le  sel  marin  et  l'urée  sont  les  substances  qui  dominent 
dans  l'urine  diabétique  non  sucrée.  Les  autres  matières  sont  les  mêmes 
que  dans  l'urine  ordinaire.  Il  n'y  a  point  de  sucre. 

»   Les  2S%4  contenus  dans  1  litre  sont  représentés  par 

Chlorure  de  sodium t ,  28 

Urée o  ,g3 

Sels  ordinaires  de  l'urine o  >  ■  9 

2,4o     » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Sur  l'analjse  des    alliages   d'argent   et    de  plomb  ; 
par  M.  Ferdinand  Thomas. 

«  L'auteur,  dans  cette  Note,  propose  l'emploi  des  dissolutions  titrées 
d'ammoniaque  pour  dissoudre  le  chlorure  d'argent,  et  mettre  ainsi  en 
évidence  la  natiue  et  la  quantité  du  chlorure  de  plomb,  ou  bien,  comme 
l'avait  proposé  M.  d'Arcet,  de  fondre  et  de  réduire  le  chlorure  dans  un 
creuset,  et  de  coupeller  le  bouton  obtenu,  en  corrigeant,  au  moyen  de  la 
table  de  compensation,  l'erreur  due  à  la  coupellation.  » 

M.  Basset  adresse  une  réclamation  de  priorité  pour  la  démonstration  de 
quelques-uns  des  faits  qui  ont  ruiné  la  théorie  des  prétendues  générations 
spontanées.  Il  cite  à  l'appui  de  cette  assertion  deux  livres  qu'il  a  publiés, 
l'un,  en  i853,  sur  Y  alcoolisation,  l'autre,  en  i858,  sur  la  fermentation. 
Relativement  à  cette  dernière  question,  ses  recherches  l'ont  conduit  à  des 
résultais  notablement  différents  de  ceux  qui  ont  été  exposés  récemment 
au  sein  de  l'Académie. 

Comme  l'auteur  annonce  l'envoi  prochain  d'un  Mémoire'  dans  lequel  ses 
idées  seront  plus  complètement  développées,  nous  nous  bornerons  aujour- 
d'hui à  annoncer  sa  réclamation. 


(  99'   ) 

M.  Hemmbnt  présente  des  remarques  concernant  l'expérience  de  Ber- 
thollet  sur  le  mélange  des  gaz,  expérience  qui,  suivant  lui,  aurait  besoin  d'être 
répétée  puisque  le  résultat,  du  moins  tel  qu'on  l'énonce,  semble  difficile- 
ment conciliable  avec  certaines  observations  où  l'on  voit  des  gaz  de  pesan- 
teurs spécifiques  différentes  rester  longtemps  superposés  sans  se  mêler  sen- 
siblement. 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette 
Note  et  à  faire  savoir  à  l'Académie  s'il  y  a  lieu  d'encourager  l'auteur  à  faire 
les  communications  ultérieures  qu'il  semble  promettre. 

M.  Cabieu  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  lui  Mémoire 
«  sur  les  eaux  de  Paris  »  qu'il  avait  présenté  l'an  passé  et  sur  lequel  il  n'a 
pas  été  fait  de  Rapport. 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

M.  JoBERT  DE  Lamballe,  au  uom  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie, présente  la  liste  suivante  de  candidats  pour  une  place  de  Corres- 
pondant vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Benjamin  Brodie. 

En  première  ligne 31.  W.  Laurence,  à  Londres. 

En  deuxième  ligne  ex  ?equo  et  i   M.  Rokitansky.  .   à  Vienne. 
par  ordre  alphabétique (M.  Soipson.  ...   à  Edimbourg 


»• 


Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures. 


BULLETIN    bibliographique. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i4  décembre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Connaissance  des  temps  ou  des  mouvements  célestes,  à  Vusage  des  astronomes 
et  des  navigateurs,  ])Our  l'année  i865;  publiée  par  le  Bureau  des  Longi- 
tudes. Paris,  septembre  i863;  vol.  in-8". 


(  992  ) 

Annuaire  pour  l'an  1864,  publié  par  le  Bureau  des  Longitudes.  Paris;  in-i8. 

Setecta  Fungoruni  Carpologia,  ea  documenta  et  icônes  polissimum  exliibens 
cjuœ  varia  frucluum  et  scminuin  gênera  in  eodem  Funcjo  simul  aut  vicissim 
adesse  demonslrent.  Junctis  studiis  Ludov.-Reiiat.  ÏULASNE,  et  Carol. 
TULASNE;  t.  Il;  Xylariei ,  Valsei,  Sphœriei.  Accedunt  tabulœ  XXXIV,  aère 
incisae.  Parisiis,  i863  ;  vol.  in-fol. 

Notice  sur  le  traitement  curatif  et  préventif  du  choléra  asinlicjue,  suivie  d'un 
Rapport  de  l'Académie  de  Médecine  de  Belgique  sur  la  partie  de  ce  travail 
qui  lui  a  été  adressée,  et  d'une  réponse  au  Rapport  précédent  ;  par  le  D''  E. 
Van  Dromme.  Bruges,  i863;  in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par 
M.  Velpeau.) 

Mémoire  sur  les  substitutions  organiques  ;  par  M.  A.  COURTY.  Paris,  1848  ; 
in-8".  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Rayer.) 

Paléoiitolocjicjrcmçaise,  ou  description  des  animaux  invertébrés  fossiles  de  la 
F; a?ire,  continuée  par  une  réunion  de  paléontologistes  sous  la  direction 
d'un  Comité  spécial.  —  Terrain  jurassique,  livraisons  2  et  3.  —  Terrain  cré- 
tacé, livraisons  12  et  i3;  in-8". 

Propriétés  du  système  des  surfaces  du  2^  ordre  conjuguées  par  rapport  a  un 
tétraèdre  fixe;  pnr  Painvain.  (Extrait  du  Journa/  des  Mathématiques  pures  et 
appliquées,  t.  LXIII.)  In-4°. 

Application  des  coordonnées  elliptiques  à  la  recherche  des  surfaces  orthogo- 
nales; par  William  PiOBERTS.  (Extrait  du  Journal  des  Mathématiques  pures  cl 
aj'pli'piées,  t.  LXlI.j  In-4". 

Sur  un  système  de  courbes  et  surfaces  dérivées,  et  en  particulier  sur  quelques 
surfaces  analogues  aux  ellipses  de  Cassini;  par  le  même.  (Extrait  des  Annali 
di  Matematica  para  ed  applicata;  t.  IV,  n°  3.  )  Rome,  1862;  in-4°. 

Ces  trois  ouvrages  sont  présentés,  au  nom  des  auteurs,  par  M.  Serret. 

Explorations  géologiques  faites  avec  M.  Marcel  de  Serres.  Coup  d'œil  ra- 
pide sur  les  terrains  qui  constituent  le  sol  du  bassin  de  Saint-Jean-du-Gard  et 
des  principaux  gisements  métallifères  quon  y  rencontre;  par  MiNGAUD  (du 
Gard).  Paris,  i863;in-8°. 

De  l'' Arbousier,  de  la  propagation  de  sa  culture  et  des  produits  économiques 
qui  en  résultent;  par  le  même.  Paris,  i863;  in-S". 

De  l'Erinus  alpinus;  par  le  même.  Paris,  i863;  in-8°. 

Herbier  du  bassin  de  Sainl-Jean-du-Gard ;  par  le  même.  Paris,  i863;  in-S". 

Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  jihysiques  et  naturelles  de  Bordeaux; 
t.  I[,  2*^  cahier.  Paris  et  Bordeaux,  i863;in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  21  DÉCEMBRE  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  approuve  la  décision  par 
laquelle  l'Académie  a  fixé  au  38  du  présent  mois  sa  séance  annuelle. 

M.  LE  Président  ©E  l'Institut  invite  l'Académie  à  désigner  le  lecteur  qui 
devra  la  représenter  dans  la  prochaine  séance  trimestrielle,  qui  doit  avoir 
lieu  le  6  janvier  1864. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  -  Sur  la  théorie  des  fonctions  elliptiques; 

par  M.   Hermite. 

((  Les  expressions  en  produits  infinis  des  fonctions  elliptiques,  savoir  : 

2Kx__i_     2yr7sinx(i-27'cos2x  +  7')(i-2y'cos3:r+?^)(i-2?'coS2a;4-?").. 

1c  fk       (,  — 2îC0S2X  +  5=)(l-2î'C0S2^  +  9«)(l-2^'C0S2X  +  7'»)... 

2K.x_      /F9.:/qco5xïi  +  27H-os3x  +  ?')(i+2g'cos2x+?')(.+  29«cosar  +  7").. 

COSam   -7-   -y  y  (l  _-  -iq  C0S2^  +  .7  =  )  (l  -  29'  C0S2X  +  q<-)  (I  -  2<7^  C0S2.r  +  q'")  .  .  . 

oKx  ,-     f  .  ^  o  Y  cn^-yx-^  a^  (1  +  2<7'  C052X+  g°)  (1+27^  C052X  +  ?")•  ■  •  ^ 

Aam-^=      P'      (,_2yc052X-t-"?y(l-2rC0S2X  +  î«j(.-29=C0S2J.  +  7'°)--- 

C.  R.,  i8f>3,  2™=  Semestre.  (T.  LVIl,  N»  23.) 


sin  am 


(  994  ) 
donnent  ituniétliatenienl,  pour  la  rncine  quatrième  du  module  et  de  son 
complément,  des  fonctions  uniformes  à  l'égard  de  la  variable  w  définie  en 
posant  q  =  e"^"'.   C'est  ce  qu'on  voit  dans  les  Fundamenta,  §  36,  ou  sont 
établies  ces  relations  : 


■-7')(i 


('-H7')--- 


—  V 

■  ( 

"■'■'(1+7)  (■  +  '7n{i 

-7)  (>-'?')  l'-'r)-- 

+  7^)--- 

( 

+  ?)(' 

+  7')  (3+ 7^).. 

VA' 


on  encore  sous  forme  entière 

VA- =  V9. V'?[(>  + -?'')(i  +  7')  (>  +  /)■••?  [('-VJI'-?^)!'- 7')-], 

VÂ'=  [(.  +  <?=){> +  -7^)  (i  +  r/)...][(,-9)(,-ry')(,-fy^)... p. 

Mais  celte  conséquence  importante  ne  résulte  pas  des  développements  sons 
forme  de  quotients  de  séries  des  mêmes  fonctions,  savoir  : 


>.ni  am 


2IS..C  1       a^/^sinx — 2  y/iy' sin3  j; -|- 2  y'ç"  sinS»: 


cosani 


27  COS2.r  -I-  2i7'C0s4  X  —  2  7'  COs6.r-|- 

2K.X    / k'  2  ij q  COSX  +  2  y/ljr"  C0s3x  -I-  2  y/ç-'  COsSjr-f- 

TT  V    ^     '  —  217  C0S2X  +  2(^' COs4'^ 29'COsG.r-l- 


.  2K.X  —      I  +  20  COS2X  -t-  2«' COS4X  +  217'cOSbx + 

A  ara =  vA  ^ i 7-—^^ — i ,. 

TT  I la  CO%7.X -\-  ■iq' C0%!lx 2o'c0SDX-|- 


4. 

car  c'est  seulement  alors  la  racine  carrée  du  module  et  celle  de  son  com- 
plément qui  sont  données  en  fonction  de  q  par  ces  formules 

2  V  7  +  ■!  v'?'  ■+-  2  v'7"  +  •  ■  ■ 


vA-  = 


I  -4-  2 (7  +  2 7'  +  2 17'  -H . 


t;  _  :  —  27  +  27'  —  27''  +  ... 
~  1+27  + 27'-!- 279  +  ... 

')  Dans  celte  Note,  je  me  propose  d'établir,  poiu'  sinam.î',  cosanij:, 
Aamx,  de  nouveaux  développements  en  série  de  sinus  et  de  cosinus,  ana- 
logues aux  précédents,  mais  qui  donneront  aussi  bien  que  les  produits  infinis 
les  racines  quatrièmes  de  k  et  k'  comme  fonctions  uniformes  de  la  variable  'j. 

On  en  déduira,  en  effet,  (-("s  formules  remarquables,  oii  le  signe  ^  s'étend 


(  99^  ) 
à  toutes  les  vHicurs  positives  et  négatives  de  h  . 

{/k  = •  V  A-'  =  

V  k  =  ;i ■ '  V  ' 


y/^j  =  = '  ^r  =  — 


et  auxquelles  Jacobi  est  déjà  parvenu  dans  son  Mémoire  uititulé  :  Ubrr 
iinendliche  Reihen,  deren  Exponenlen  zucjleich  in  zivei  venchiednen  qiunhd- 
lischen  Formen  enthallen  sind,  en  les  déduisant  des  produits  infinis  en  f/  rap- 
portés plus  haut.  Les  propriétés  si  importantes  auxquelles  donnent  lieu  ces 

quantités  \/Âet  sjk' ,  lorsqu'on  y  remplace  w  par 7-  »  a,  b,  c,  r/ étant  des 

nombres  entiers  assujettis  à  la  condition  arl —  ^c  =  i,  résultent  de  ces  for- 
mules, et  peuvent  être  établies,  comme  j'espère  le  montrer,  d'une  manière 
simple  et  facile. 

»   I.    Pour    abréger   l'écritiu'e,  je   conviendrai    de    désigner   les  quatre 
fonctions 

2Kx\  _    /'2Kx\  ,,/2K.r\  ,.    /2Kx\ 


0(^1'        «-(^)'       "(^>       "' 


par  0{jc],   6,  (.r),   /;  (jt),    /;,  (a),  de  sorte  qu'on  ait,  en  mettant  en  évidence 
la  quantité  '.)  dont  il  a  été  question  tout  à  l'heure  : 

5(x,  m)  =:  r  -I-  iq cos  2X  -h  2rj''cosl\x  —  2(y^cos6x  4- ..., 
5,(x,  0))  =  I  +  a^r  cos  2.r+  27"  cos/ix  -1-  2  7'cos(')J"-t- ..., 
■/)  [jc,  a)  =  1  vysin  .r  —  ■?.  y'/'"'  sin  3  j:  +  '2  v^^^  sin  Sx  — ..., 
r,,{x,  w  )  =  2  v'/cosjt-  +  2s/f/^  cos^jc  +  2  yf/"  cos  5 a'  +  .... 

Cela  posé,  la  transformation  du  second  ordre  donnera  ces  deux  systèmes 

i33. 


(996) 


(le  relation  : 


:,=  (a.,  .)  =  [v/TT^  e(;,^)  _VT3i  e.(^,^)]  y/Hl, 


^(j:,  w)  5,(a:,  w)  =  '\'k'6  {-ix,  2w)  \/—, 

Yi{x,  u)  >5,(j:,  «)  =  \k'  ■fi[ix,i(ù)\J  ^, 

N        v'^      /       f'\      /2K 
•/5(j:,  uj(5(jr,  ")  —  -^  "-î^-^'  2J  y  ~' 

■/;(j:,  u)    0,(jr,u)=  -p -fi^x,—^^^-^, 

et  c'est  le  second  dont  je  vais  faire  usage  comme  il  suit  : 
>■>  Considérons,  par  exemple,  le  sinus  d'amplitude:  on  aura 


sm  am 


Or,  en  employant  la  première  et  la  cinquième  de  ces  relations,  on  obtiendra 
de  suite 

w  -f-    I  ' 


2Kx  .       «       M"^'        3 


sui  am ==  ■■ ,-  .  - 


ou 


bien 


sm  am 


T  V^2  ^/!       e(2.r,    2u) 


aKx        v'a         y*!/ sin.r  +  J/iy' sin  3x — y^^sinSx  —  ... 

w  'jj    l  —2q-  C0S^X-^-2q'C0s8ar  —  2y"  COS  12.r-f-. 


(  997  ) 

,.        ,  ,  2K.r    ^    .  2K.I- 

elle  même  procédé  de  transformation,  applique  a  cos  am —^  et  Aam— ^) 
donnera  les  résultats  que  voici 


sui  am = 


~  ~  {Ifk     9(2^,  2«r  ~  V  X^  y  (_i)"^'-"'tos4«x 


(  cos  am ^  -7^  V/  T  r;^ \  ^^  \/  T  ^ 

Tf  l/^  V      A      6(20:,    2m1  V      *  'V  /  \„     ,„i  / 


'"  'îil^, 


Aam =  e     ^A' — ^      ,.-t.,\  =  v/-^   "^ ' 

y  (— 1  )"  7^"'+"  cos  (  4  «  4- I  )  .2^ 


M  4-   I 

■Il  I  ■2^, 


et,  en  second  lieu, 


.    .       2 
sin  ara =  — 


K.    v/;5  .(2.,  2.)  _  ,  ^/2?/î'2<"'^^'"(«'^  +  ^ 


;//■ 


2 

cos  am 


,77:     ,  ,  ,7-\/2  5'ff^y '7»"'+"'sin(8/î+ 2).i- 

""^  y(— i)"7'"'+"sin(4«4- i)a- 


A  am  —^  =  e         tj/'-"  -^ r^  =  v-î" 


>](j;,-j  y  (7"''+"  sin  (4^  + r); 


Tels  sont  donc  les  modes  nouveaux  de  développements  des  fonctions  ellip- 
tiques, qui  manifestent  immédiatement  que  les  quantités  yA"  et  v  A'  sont  des 
fonctions  uniformes  de  w.  Il  suffit  en  effet  de  poser  x  =  o  dans  les  deux 
dernières  équations  du  premier  groupe  pour  obtenir 


-i|.,(o,l±i)_v/i^^2(-')^^""-^" 


^'''-    v/2        6(0,2<0)                  y(_,)"7- 
{k'  =  e     «  ^ ^-^  =  ^ 


■^Mo,-j  2?"" 


? 

+N 


(  99«  ) 
c'est-à-dire  deux  des  formules  rapportées  plus  haut  d'après  Jacobi,  et  dont  les 
antres  se  tirent  aisément,  comme  nous  le  verrons  bientôt.  Quant  aux  équa- 
tions du  second  groupe,  elles  donneraient,  en  prenant  le  rapport  des  déri- 
vées, deux  termes  pour  x  =  o, 

U'  = 


ik'' 


2  (4« +  ■)(->  )"9"-^" 

les  signes  ^  s'étendant,  comme  précédemment,  aux  valeurs  positives  et 
négatives  de  n. 

»  Mais  ces  nouveaux  développements  n'ont  pas  seulement  pour  objet  de 
conduire  à  ces  conséquences,  que  je  devais  donner  principalement  en  vue 
de  l'étude  des  quantités  1 1  et  \  k' ;  j'en  indiquerai  encore  un  usage  dans 
la  question  suivante  : 

»   II.   La  dérivée  de  sinamx  étant  exprimée  par 


V(i  —  sin^am.r)  (i—  A- sin^am.;t), 

d  est  naturel  de  se  demander  si  les  combinaisons  suivantes  des  facteurs  dti 
radical 


1  (.r,  k)  =  v(i  -1-  sinamx)  (n-  ksïnumx), 
A,  (a',  k)  =  V(H-  sinam.r)  (i  —  ksm  ama:;, 

représenteront  aussi  bien  que 


cosama.' =  v/i  —  sin^am,T      et      Aamx  =  y/i  —  A-sin-amx 

des  fonctions  uniformes  de  la  variable.  Or,  en  désignant  par  «  une  racine 
quelconque  des  équations  l{jc)—o,  X,(x)  =  o,  on  reconnaît  aisément 
que  les  développements  X  («-+-£),  A,  (a-l-s)  commencent  par  un  terme 
proportionnel  à  £,  de  sorte  que  d'après  les  principes  connus  (*)  on  peut 
assurer  déjà  que  ces  fonctions  sont'uniformes.  On  trouve  en  effet,  par 
exemple, 


/(—  R  +  £)  =  yi. 


VI — /  sin'ame —  cosameAaniE 


Aame 


(*)   Fnypz  l'ouvrage  de  MM.  BrinI  et  Boii(|iiet  sur  les  fonctions  doiihlemenf  périixliques. 


(  999  ) 
et  la  quantité  so.s  le  radical  est  une  fonct.on  paire  de  e,  qn,  s  annule  avec 
cette  vanable.  Mais  il  reste  à  trouver  leur  expression  analytique,  et  or,  v 
parvient  d  un  manière  facile  comme  il  suit.  ^     i     '  y 

"  C'^angeons  A-  en  f^;  et  ^  en  (r  +  t)  .r,  en  employant  la  formule 

sinain    (i+  A'J  j:,   '  ~  "^  .1  _  (■  +  'i')  sinam.rcosamjr 
on  trouvera 

~  r^iirï  V'— ^•'su]''amj:+ 2sinamxcosamjt:Aam.r, 


X, 


'     '  i  +  X'J 


~  Aamx  ^'  -  2A-^sin^am^+/f^sin^am^-+2T^m^^i7:j^^^;;;^^^^:^^^^ 

Or  il  arrive  que  les  quantités  sous  les  deux  radicaux  sont  des  carrés  partaUs 
a  savou-  :  (cosam^r  +  sin  am^Aamx)^  et  (A'sinam^  +  cosam^  Aam  rf 
de  sorte  qu'd  vient  simplement  ^ 

L  !  +  /?-'J  ^     Aamx     —  ^'"a'n-a^  -+-  sm  coamx, 

X,  I  (.4-  A')  .r,  i^J  =  cos  amx  +  £i!iifl!if  _  ^„^„,^^  ^  ^  ^^^ 

L        iH- <  J  Aam*-  —  ^"^am^T -t- cos  coam.r. 

»   Posons  encore  avec  Jacobi  Ai^)  z=:  llZ^ ,  k'-—  '  +  ^'  .^ 

i4_X''    ^^ ~ — iv,   ces  quan- 

t.tés  désignant  ce  que  deviennent  A  et  K  par  le  changement  de  ./  en  f 
ou  de  0.  en  aco,  et  mettons  ^  au  lieu  de  ^  :  on  aura 

^  I  ^r~'  ^"    =  sin  am h  sm  coam  ^^, 

^{~'  ^'^'1  =  cosam  i^^  +  ces  coam  IJL^-. 

formutr  '""''"'  '"  ""'^  '"■""  "'"^'■^""-  ''-"^^"'^g^  ''-  — "es 

sinamil^  =  ^.!i!l!iî)       _        .K.        ,     ujP    «.^^) 
ir  /-  f/T     0  ,„ T—  '     COS  am • —  _  i  /  \     ^y 


(   rooo  ) 
car  elles  donnent,  avec  le  même  dénominateur, 

sui  coam =  ■  _  .  -  •  — r-^ r-  j     cos  coam =  -^  i/  —  .  — ^ l_  , 

-  ya^X-       6(?.x,  2w)  ,:  y/a  V   ''      9(2.r,2MJ' 

de  sorte  qu'ayant,  comme  on  le  vérifie  de  suite, 

ITt 

on  en  conclut,  en  remplaçant  x  et  cù  par  -  et  -> 

'         '  '22 

2n'-f-n 

(■2.x TT      w\  1  6  —  'V'  2  //  ^    /2-r ff\ 

)..^— aj_e      y-^ -^^^-^ 

4AT  ^'v'7i:(-')"7~^~cos(4.  +  .)('^) 


/ 


V'  ( —  i)"5"'cos2«j; 

Dans  ces  formules,  ki  et  A',  désignent  ce  que  deviennent  le  module  et  son 
complément  par  le  changement  de  w  en  -»  et  ont  pour  valeur 

,  2  y/I        .  f  1  —  A 

K  4    7  5        A" .   —  7  • 

I         1  +  X  1         I4-A- 

Sous  forme  de  séries  simples,  on  aurait 

X   iîi::,AA=:i^y  f-i)"— ^-^-^, 


'  — ? 


^._+co  ^»cOs(4«4-t)(-  — 7) 


X.i'ïiif,  A-^  = 


■7 


(     lOOI     ) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  la  tempête  des  2  e<  3  décembre   i863. 
Note  de  M.   le  Maréchal  Vaillant 

«  Nous  croyons  que  tout  n'a  pas  été  dit  encore  sur  ce  grand  accident 
météorologique,  et  nous  voulons,  en  ramenant  l'attention  sur  les  circon- 
stances qui  l'ont  précédé,  accompagné  ou  suivi,  appoiter  quelque  lumière 
qui  puisse  ajouter  à  lintérèt  des  observations  à  venir. 

»  M.  le  Directeur  de  l'Observatoire  impérial,  dans  une  Note  présentée  au 
nom  de  M.  Marié-Davy,  le  7  décembre,  à  l'Académie  des  Sciences,  dit  que 
«  la  tempête  a  été  due  à  un  tourbillon  qui  a  envahi  l'Europe  par  les  côtes 
»  nord-ouest  de  l'Irlande,  et  qui  achevait  aloi-s  sa  course  au  travers  de  la 
»  Russie,  Dès  le  27  novembre,  lit-on  dans  cette  Note,  l'aspect  général  des 
))  courbes  d'égales  pressions  nous  inspirait  des  doutes  sur  la  conservation 
»  du  calme  qui  régnait  assez  généralement  stn-  nos  côtes.  Cette  situation 
»  se  maintint  toutefois  jusque  dans  la  nuit  du  3o  novembre  au  1"  décembre, 
»  où  la  carte  météorologique  accuse  nettement  l'arrivée  d'un  tourbillon 
M   sur  l'Irlande —   » 

»  Voyons.  Si  nous  remontons  jusqu'au  26  novembre,  \e  Bulletin  météo- 
rologique nous  indique  un  vent  est-sud-est  assez  jaible  à  Paris.  Le  vent  par- 
ticipe de  l'est  dans  toute  la  France  et  en  Espagne;  il  y  a  un  déversement 
général  des  courbes  d'égales  pressions  cotées  776  et  770  à  l'est,  sur  les 
courbes  d'égales  dépressions  765  et  760  a  l'ouest.  Notons  cette  circonstance 
du  déversement  de  l'air,  des  courbes  de  haute  pression  sur  les  courbes  de 
basse  pression  :  il  n'en  est  pas  toujours  ainsi,  tant  s'en  faut,  et  ce  fait  ne  se 
présente  guère  que  par  les  temps  calmes  ou  des  vents  modérés.  Il  semble 
naturel,  au  surplus,  que  pour  l'air  comme  pour  l'eau,  quand  il  y  a  inégalité 
de  pression,  la  partie  la  plus  pressée  descende  vers  celle  qui  l'est  moins,  et 
cela  sans  cpie  nous  voulions  négliger  l'effet  dû  à  l'élasticité.  Nous  n'ou- 
blions pas  que  la  hauteur  du  mercure  dans  le  baromètre  est  due,  non-seu- 
lement à  la  hauteur  de  la  colonne  d'air,  mais  aussi  à  l'élasticité  ou  au  res- 
sort de  l'air  à  la  surface  de  la  terre.  Le  problème  est  assez  compliqué  dans 
son  ensemble;  nous  demandons  qu'on  ne  nous  fasse  pas  des  objections 
intempestives,  nous  croyons  avoir  réponse  à  toutes,  mais  en  tant  que  cha- 
cune viendra  en  son  lieu. 

))  Le  même  Bulletin  météorologique  du  26  novembre  dit  que  la  pression 
barométrique  a  rapidement  monté  sur  la  France,  l'Allemagne  et  l'Angle- 
terre, et  que  les  vents  ont  rétrogradé  vers  l'est  sur  les  côtes  de  la  Manche  et 

C.  R.,  i863,  a-"»  Semestre. {  T.  LVII,  IN»  2S.)  '  ^4 


(     I002    ) 

de  l'Océan  ;  le  ciel  s'est  un  peu  éclairci  sur  les  côtes  ouest  ;  la  rapidité  même 
de  l'élévation  de  la  pression  indique  une  situation  peu  calme. 

»  Que  M.  le  rédacteur  du  Butletin  nous  permette  quelques  observations  : 
(lu  i5  au  26  novembre,  la  pression  n'avait  monté  que  de  5  millimètres  à 
peu  près;  les  vents,  presque  nuls  en  France  et  sur  la  Manche  le  aS,  étaient 
très-faibles  encore  le  26;  ils  soufflaient  à  Paris  du  sud-sud-est  le  25,  et  nor- 
malement aux  courbes  d'égales  pressions,  allant  de  la  plus  grande  à  la  plus 
faible;  le  26  novembre,  ils  soufflaient  de  l'est  normalement  aussi  aux 
courbes,  et  de  la  grande  pression  à  la  petite.  Tout  était  régulier,  et  l'on 
pouvait  sans  trop  se  compromettre  annoncer  un  temps  devant  se  soutenir 
au  calme  et  au  beau. 

»  Nous  voici  au  27  novembre,  point  de  départ  de  la  Note  communiquée 
par  M.  le  Directeur  de  l'Observatoire  impérial  sur  la  tempête  des  2  et  3  dé- 
cembre, et  nous  avons  dit  qu'en  s'en  rapportant  à  cette  Note,  on  avait,  à 
l'Observatoire,  dès  le  27  novembre,  des  doutes  sur  la  conservation  du 
calme  qui  régnait  assez  généralement  sur  nos  côtes.  Mais  pourquoi  donc 
ces  appréhensions  alors  que  tout  était  au  calme,  et  pourquoi  n'avoir  pas  fait 
partager,  dès  le  27,  votre  peu  de  confiance  à  vos  lecteurs  des  Bulletins? 
Le  27  novembre,  les  courbes  d'égales  pressions  ressemblent  beaucoup  à 
celles  du  26;  le  vent  est  faible  ces  deux  jours-là;  il  vient  de  l'est,  descend 
de  775  à  765,  normalement  à  ces  courbes;  il  vient  du  nord  de  l'Allemagne 

et  de  la  Russie,  région  qui  est  elle-même  au  calme,  nous  dit  le  Bulletin 

Répétons-le,  toutes  les  apparences,  toutes  les  probabilités  étaient  pour  la 
continuation  du  calme,  et  rien  ne  justifiait  les  appréhensions  que  nous  osons 
tlire  tardives,  exprimées  à  la  page  947  des  Comptes  rendus. 

n  Effectivement,  le  28,  nous  avons  beau  temps,  vent  d'est  très-faible, 
courbes  d'égales  pressions  peu  différentes  des  jours  précédents  et  descendant 
de  la  pression  775  (en  Russie  et  en  Allemagne)  à  760  à  l'ouest  de  l'Irlande. 
Tout  est  régulier  et  conforme  aux  lois  de  la  pesanteur;  rien  ne  peut  faire 
prévoir  le  mauvais  temps,  si  ce  n'est  le  dicton  que  les  jours  se  suivent  sans 
se  ressemblei'. 

o  Nous  sommes  au  29  novembre.  Les  courbes  d'égales  pressions,  telles 
que  les  indique  pour  ce  jour-là  le  Bulletin  de  r Observatoire,  ne  diffèrent  pas 
beaucoup  de  celles  du  jour  précédent,  du  moins  dans  leur  ensemble.  On 
sent  que  la  modification  qui  s'est  opérée  s'est  faite  graduellement,  sans  se- 
cousses, lentement  :  aussi  le  temps  est-il  généralement  beau  et  le  vent  calme. 
En  France,  à  Paris,  sa  direction  est  est,  faible,  à  peu  près  normale  aux  cour- 
bes d'égales  pressions,  descendant  de  la  courbe  cotée  775,  qui  occupe  en- 


(    ioo3   ) 

core  le  nord  de  l'Allemagne,  à  la  courbe  760,  qui  traverse  l'Espagne  et 
le  golfe  de  Gascogne. 

«  Au  sujet  de  ces  courbes  données  par  le  Bulletin  de  l'Observatoire,  nous 
ferons  observer  que  la  rapidité  avec  laquelle  le  travail  de  rédaction  doit  s'ef- 
fectuer pour  conserver  son  intérêt  et  son  utilité,  ne  permet  pas  de  considé- 
rer les  courbes  comme  autre  chpse  qu'une  indication  des  plus  sommaires, 
à  laquelle  il  ne  faudrait  pas  attacher  une  foi  par  trop  entière.  Selon  nous, 
ce  n'est  qu'un  à  beaucoup  près;  il  ne  peut  en  être  autrement. 

a  3o  novembre.  Ici  encore  nous  ne  voyons  pas  un  changement  bien 
notable  dans  l'ensemble  des  courbes  d'égales  pressions.  La  courbe  maxima 
775  a  disparu,  mais  c'est  peut-être  faute  de  documents  parvenus  en  temps 
opportun.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  jour-là  aussi,  le  temps  est  beau  en  France, 
comme  il  doit  l'être  lorsqu'il  y  a  plus  ou  moins  d'est  dans  la  direction  gé- 
nérale des  courants  atmosphériques,  et  le  vent,  très-faible  presque  partout, 
descend,  de  l'est  ou  du  sud-est,  de  la  courbe  770  à  la  courbe  760.  Encore 
une  fois,  la  prévision  d'une  tempête  dès  le  27  novembre  n'était  pas  justifiée 
par  les  circonstances  météorologiques  des  jours  précédents.  Elle  ne  fut  pas 
vérifiée  par  les  circonstances  météorologiques  des  jours  qui  suivirent  le  27, 
c'est-à-dire  des  28,  29  et  3o  novembre,  et  nous  répétons  que  nous  tenons 
cette  prévision  pour  un  peu  posthume. 

»  Nous  sommes  au  i*^""  décembre.  Nous  voyons  bien  que  les  courbes  d'é- 
gales pressions  se  sont  resserrées  et  qu'il  y  a  une  diminution  de  pression 
assez  prononcée  de  la  France  à  l'Irlande;  mais  l'abaissement  du  baromètre 
n'est  pas  de  4  millimètres  à  Paris;  le  temps  est  calme,  le  vent  modéré  sur 
plusieurs  points  des  côtes  de  France;  le  courant  atmosphérique  se  déverse 
encore  normalementde  la  courbe  la  plus  haute  de  France,  765,  sur  la  courbe 
75o,  en  Ecosse,  et  745,  en  Irlande.  Rien,  croyons-nous,  ne  pouvait  faire 
préjuger  une  tempête.  Le  temps  resta  doux  et  couvert  à  Paris  toute  la  jour- 
née du  !''■' décembre. 

»  2  décembre.  Il  s'est  produit  un  abaissement  énorme  dans  le  baromètre  : 
il  était  à  766,40  le  3o  novembre,  encore  à  762,80  le  i"  décembre;  il  n'est 
plus  qu'à  744.8  le  2  décembre.  Par  contre,  le  thermomètre,  qui  était  à  —  o",! 
le  3o  novembre,  et  à  i°,2  le  i^''  décembre,  monte  tout  d'un  coup,  le  2  dé- 
cembre, à  8°, 8  ((),  et  cela  par  un  vent  du  sud  ou  de  l'ouest.  Examinons  les 


(i)  Nous  rappelons  ici  la  températare  accusée  par  le  iheimomctre  «le  l'Observatoire  à 
8  heures  du  matin,  mais,  sans  aucun  doute,  celte  température  était  de  10  degrés  et  même  de 
plus  de  13  degrés  ;i  une  certaine  élévation  au-dessus  du  sol.  Lorsque  le  vent  souffle,  en  hiver, 

i34.. 


(  ioo4  ) 
conséquences  de  ce  brusque  changement  de  température.  L'air  chaud  qui 
a  traversé  la  Manche  ou  l'Océan  est  venu  se  heurter  contre  l'Ecosse,  s'y  est 
refroidi  et  a  dûi  y  abandonner  beaucoup  de  sa  vapeur  d'eau,  probablement 
sous  forme  de  neige.  La  neige,  à  son  tour,  continuant  à  refroidir  l'air  qui 
venait  s'y  frotter,  il  en  est  résulté  un  vide  dans  la  coloiuie  d'air  correspon- 
dant verticalement  à  la  contrée  niontueuse  ^t  naturellement  froide  du  pays  en 
question.  Cet  air,  refroidi  et  condensé,  n'a  pu  rester  accumulé  sur  l'Ecosse  : 
ne  trouvant  pas  à  s'équilibrer,  i\  s'est  répandu  violemment, tempêtueusement 
tout  autour  de  son  foyer  de  refroidissemenl,  si  on  nous  passe  cette  expres- 
sion, et,  pour  notre  France,  refoulant  le  vent  du  sud  qui  y  régnait  encore  à 
8  heures  du  matin,  il  a  donné  lieu  à  cette  pluie  torrentielle  du  2,  et  à  cette 
bourrasque  dont  la  violence  a  fait  tant  de  mal.  Au  reste,  ce  qui  montre  que 
nous  sommes  dans  le  vrai,  c'est  que  le  vent  régnant  qui  était  plein  sud,  et 
même  un  peu  est,  le  matin,  a  passé  au  sud-ouest,  puis  à  l'ouest,  puis  enfin 
au  nord-ouest  (direction  venant  de  l'Ecosse),  et  que,  dominant  alors  sans 
conteste,  il  nous  a  donné  un  beau  soleil  vers  i  heure  de  l'après-midi.  Et, 
il  ne  faut  pas  s'y  tromper,  le  vent  qui  était  sud-est  ou  est-sud-est  sur  nos 
cotes  le  i"  décembre  au  matin,  avait  déjà  subi  l'effet  du  contre-courant 
venant  de  l'Ecosse;  mais  la  lutte  avait  lieu  dans  les  régions  supérieures,  et 
non  pas  encore  à  la  surface  de  la  terre,  l'air  allant  toujours  beaucoup  plus 
vite  à  une  certaine  distance  du  sol  que  sur  le  sol  même. 

»  A  ceux  qui  s'étonneraient  qu'un  courant  d'air  piit  venir  d'un  point  où 
la  pression  est  moindre  vers  un  point  où  la  pression  est  plus  considérable, 
nous  dirions  qu'il  eu  est  généralement  ainsi  lorsque  la  diminution  de  pres- 
sion est  le  fait  d'un  refroidissement  plus  ou  moins  subit  causé  par  le  contact 
de  l'air  avec  le  sol.  Ainsi,  l'approche  de  la  pluie  e.st  annoncée  par  un  vent 
plus  vif  et  plus  frais  qui  vient  du  côté  où  la  pluie  tombe  déjà  ;  ainsi,  si  vous 
mettez  en  communication  deux  pièces  inégalement  chauffées,  l'air  le  plus 
froid  se  glisse  horizontalement  et  par  en  bas  dans  la  chambre  qui  était  la 
plus  chaude;  ainsi,  encore,  la  plus  petite  pluie  tombant,  dans  les  grandes 
chaleurs  de  l'été,  sur  une  montagne  au  bord  de  la  mer,  donne  lieu  jiarfois  à 
un  vent  violent  qui  se  précipite  de  cette  montagne,  avec  tuie  vitesse  dont 
nous  n'avons  pas  l'idée  dans  nos  latitudes  des  zones  tempérées,  et  qui  fait 


ilii  sud  ou  du  sud-ouest,  la  terre  s'échauffe  et  le  vent  se  refroidit,  auquel  cas  l'air  le  plus 
refroidi  reste  à  la  surface  du  sol;  lorsque,  au  contraire,  le  vent  souffle  du  nord  ou  du  nord- 
est,  il  refroidit  la  terre  et  s'échauffe  aux  dépens  du  sol;  dans  ce  cas,  l'air  le  plus  réchauffé 
est  en  bas  et  en  contact  avec  le  sol. 


(  ioo5  ) 
sombrer  presque  instantanément  des  vaisseaux  à  l'ancre  clans  des  eaux  sans 
aucune  agitation  un  instant  auparavant;  ainsi,  enfin,  le  mistral,  qui  se  pro- 
duit immanquablement  à  la  suite  de  pluie  tombée  dans  les  montagnes  au 
nord-ouest  de  la  Provence,  mistral  dont  la  violence  est  plus  grande  encore 
quand  le  refroidissement  est  causé  par  une  chute  de  neige  dans  ces  mon- 
tagnes. En  I  85i,  nous  avons  été  assaillis  par  uue  terrible  tempête  en  sortant 
(lu  port  d'Alger  pour  revenir  en  France;  après  avoir  lutté  péniblement 
pendant  trois  jours,  et  avoir  été  poussés  jusque  sur  la  côte  d'Espagne,  nous 
arrivâmes  enfin  à  Cette;  toute  la  plaine  du  Languedoc  était  couverte  de 
neige  et  un  affreux  mistral  s'y  était  déchaîné  un  peu  avant  notre  départ 
d'Alger.  Règle  générale,  quand  il  se  fait  un  refroidissement  subit  en  un  point 
du  globe,  ce  point  est  le  centre,  le  point  de  départ  de  contre-courants  d'air 
qui  rayonnent  dans  tous  les  sens,  et  dont  la  violence  est  plus  ou  moins 
grande,  suivant  des  circonstances  locales  qu'il  serait  trop  long  de  dévelop- 
per ici. 

)t  f/ouragan  dont  notre  flotte  a  tant  souffert  au  mois  de  novembre  1 854, 
dans  la  mer  Noire,  fut  causé  par  la  neige  tombée  tout  d'im  coup  en  grande 
abondance  sur  les  monts  Caucase.  Le  vent  assaillit  nos  vaisseaux  par  l'est, 
et,  si  nous  nous  souvenons  bien,  ce  vent  d'est  s'étendit  jusqu'à  Paris.  Ce  fut 
même  à  cette  occasion  que  nous  entrevîmes  la  possibilité  de  faire  servir  la 
télégraphie  électrique  à  l'annonce,  en  temps  utile,  de  ces  grandes  ruptures 
d'équilibre  dans  les  couches  atmosphériques. 

»  Nous  disons  donc  que  la  tempête  du  i  décembre,  comme  celle  du  len- 
demain, a  été  l'effet  du  vent  général  chaud  et  humide  qui  régnait  sur  la 
France  et  dans  une  partie  de  l'Europe  continentale,  contre  le  vent  diver- 
gent dans  tous  les  sens,  mais  pour  nous  du  nord-ouest,  produit  par  le  re- 
froidissement subit  qui  s'est  effectué  en  Ecosse  probablement  par  la  chute 
d'une  grande  quantité  de  neige  tombée  dans  ce  pays.  Ce  qui  nous  confir- 
merait au  besoin  dans  cette  opinion,  c'est  que  la  tempête  du  3  décembre  a 
présenté  absolument  les  mêmes  phases  dans  son  ensemble  que  celle  du  2. 
Vent  du  plein  sud  à  8  heures  du  matin,  puis  ce  vent  s'inclinant  au  sud- 
ouest,  à  l'ouest,  et  enfin  au  nord-ouest,  et,  arrivé  à  cette  dernière  direction, 
le  temps  s'éclaircissant,  parce  que  la  lutte  cesse  entre  les  deux  courants. 

»  Précisons  bien  nos  idées  :  lorsque  le  vent  est  modéré  ou  du  moins  que 
la  vitesse,  quelque  grande  qu'elle  soit,  n'est  produite  que  par  une  différence 
de  pression  dans  les  couches  atmosphériques,  ce  vent,  dans  sa  marche  à 
peu  près  régulière,  s'écoule  perpendiculairement  aux  courbes  d'égales 
pressions,  c'est-à-dire  normalement  à  ces  courbes  et  par  le  plus  court  chemin, 


(   )oo6  ) 

sauf  les  modifications  qu'il  peut  éprouver  par  suite  de  la  configuration 
du  terrain. 

«  Mais  si,  dans  sa  marche  et  surtout  lorsqu'il  est  devenu  tout  à  coup 
cliaud  et  humide  comparativement  à  l'état  de  l'atmosplière  peu  de  temps 
auparavant,  si,  disons-nous,  ce  vent  chaud  vient  à  se  refroidir  brusquement 
par  son  contact  avec  des  montagnes  élevées  et  à  y  verser  beaucoup  d'eau 
et,  mieux  encore,  de  la  neige,  il  s'établit  inuiiédiatement  après  la  chute  de 
celle-ci  un  courant  inférieur,  iroid,  qui  rayonne  dans  tous  les  sens,  qui  est 
d'autant  plus  violent  que  la  pluie  ou  la  neige  a  refroidi  plus  brusquement 
les  montagnes  par  son  contact,  son  évaporation  ou  son  rayonnement.  Sub- 
stituant à  cette  contrée  montagneuse  un  pic  isolé,  qu'un  vent  du  sud,  par 
exemple,  vienne  tout  à  coup  envelopper  de  sa  tiède  haleine  et  couvrir  d'un 
manteau  de  neige,  ce  manteau  pourra  être  considéré  comme  étant  à  l'instant 
même  recouvert  d'un  autre  manteau  d'air  mobile  descendant  du  sommet 
(lu  pic  jusqu'au  pied  de  la  montagne,  d'où  il  s'étale  et  s'épand  en  tous  sens 
dans  la  plaine  comme  la  longue  queue  d'une  robe,  si  on  nous  passe  cette 
couîparaison  qui  rend  assez  bien  notre  idée. 

»  Ce  qu'on  appelle  un  lourbillon  devrait  peut-être  porter  un  autre  nom, 
ou  du  moins  faut-il  bien  s'entendre  sur  le  sens  à  donner  à  ce  mot.  Ce 
n'est  point  un  tourbillon  comme  on  le  comprend  ordinairement,  c'est- 
à-dire  un  mouvement  de  rotation  unique  décrivant  une  circonférence  en- 
tière autour  d'un  centre  déprimé  ou  abaissé  par  l'effet  de  la  force  centri- 
fuge; c'est  au  contraire  comme  un  cùne  d'air  froid  d  où  part  un  vent  qui 
rayonne  dans  tous  les  sens,  et  qui,  venant  heurter,  dans  toutes  les  direc- 
tions aussi,  le  vent  qui  régnait  avant  lui,  donne  naissance  à  tous  ces  mou- 
vements désordonnés  qui  constituent  ce  qu'on  appelle  une  tempête.  Il  n'y  a 
pas  un  tourbillon  unique,  répétons-le  encore,  mais,  à  vrai  dire,  autant  île 
tourbillons  qu'il  y  a  d'angles  de  rencontre  entre  le  vent  primitif  et  le  cou- 
rant accidentel  produit  par  un  refroidissement  subit  du  sol. 

M  On  conçoit  dès  lors  comment,  dans  les  tempêtes  qui  ont  une  origine  de 
cette  nature,  le  vent  passe  quelquefois  si  brusquement  d'une  direction  à  une 
autre,  qui  fait  1 80  degrés  et  même  plus  avec  la  première  :  c'est  ce  qui  est 
arrivé  dans  les  journées  des  2  et  3  décembre;  c'est  ce  qui  explique  aussi 
ces  sautes  de  vent  si  subites  et  si  dangereuses  pour  les  navires  en  mer.  Les 
deux  courants  luttant  quelquefois,  ainsi  que  nous  venons  de  dire,  dans 
des  directions  diamétralement  opposées,  par  exemple  sud-est  et  nord-ouest, 
comme  dans  ces  dernières  tempêtes,  on  peut  s'attendre  que  tantôt  l'un, 
tantôt  l'autre  l'emportera  sur  son  opposant,  ou  qu'il  sera  vaincu  par  celui-ci, 


[  I007  ) 
autrement  qtie  le  courant  alternera  suivant  deux  directions  qui  se  con- 
fondent, mais  avec  des  signes  contraires.  Mais  pour  qu'il  en  soit  réellement 
ainsi,  il  faut  que  le  point  d'où  vient  le  courant  d'air  froid  soit  précisément 
dans  la  direction  du  vent  chaud.  Ainsi  s'explique  tout  naturellement  que 
lèvent  venant  d'Ecosse  et  soufflant  du  nord-ouest,  en  refoulant  sur  lui- 
même  le  vent  du  sud-est,  ait  traversé  toute  la  France  et  soit  allé  s'abattre 
jusque  sur  les  bords  de  notre  Méditerranée. 

»  Nous  finissons  :  le  mot  tourbillon  nous  donne  volontiers  l'idée  d'un 
liquide  qui  a  reçu  un  mouvement  giratoire  et  qui  tourne  le  long  de  la  paroi 
du  vase  qui  le  renferme  ;  cette  comparaison  est  tout  à  fait  inapplicable  aux 
ouragans  dits  en  tourbillons.  Dans  ceux-ci,  c'est  une  lutte  plus  ou  moins  en 
ligne  droite,  une  façon  de  duel  entre  le  courant  qui  vient  du  fo/er  de  re- 
froidissemeiil  et  le  veut  qui  régnait  avant  la  production  de  ce  refroidissement 
subit.  Seulement,  il  ne  faut  pas  oublier  que,  de  ce  foyer,  sortent  des  vents 
froids  qui  rayonnent  vers  les  points  de  l'horizon. 

»  Une  chose  bien  connue  de  ceux  qui  ont  un  peu  observé  ce  qui  se 
passe  dans  les  pays  de  montagnes  sur  lesquelles  il  est  tombé  de  la  neige, 
c'est  non-seulement  la  production  soudaine  du  vent  froid  qui  arrive  de  ces 
montagnes,  mais  aussi  la  beauté  du  ciel,  et  pour  ainsi  dire  l'absence  de  tout 
nuage  au-dessus  d'elles.  L'explication  de  ce  fait  est  bien  facile  à  trouver  si 
ou  veut  revenir  en  pensée  à  noire  pic  isolé  dont  le  sommet  s'est  couvert  de 
neige.  L'air  froid  qui  coule  de  ses  flancs  est  remplacé  par  l'air  qui  est  au- 
dessus  du  pic,  et  il  s'établit  ainsi  un  courant  du  haut  en  bas,  non-seule- 
ment le  long  de  la  montagne,  mais  au-dessus  d'elle:  or,  déjà  à  une  assez 
faible  distance  de  la  terre,  l'air  a  une  très-grande  siccité  et  est  très-avide 
d'humidité  (nous  employons  le  langage  usuel);  cet  air  vient  remplacer 
celui  qui  descend  dans  la  plaine  et  absorbe  promptement  les  nuages  s'il 
vient  à  s'en  former.  L'atmosphère  acquiert  ainsi  une  grande  transparence, 
laquelle  rend  plus  puissant  le  rayonnement  naturel  de  la  neige,  et  par  suite 
augmente  l'intensité  du  froid,  et  la  précipitation  de  l'air  en  contact  avec  le 
sommet  de  la  montagne,   w 

PALÉONTOLOGIE.—  Sur  un  nouveau  genre  f/'Ichthyodorulithe  propre  au  ijrès 
miocène  de  Léocjnan  [Gironde);  par  M.  P.  Gervais. 

«  Les  Ichthyodorulithes  connus  ont  été  trouvés  dans  des  terrains  anté- 
rieurs à  la  période  tertiaire,  plus  particidièrement  dans  des  terrains  [)aléo- 
zoiques.  Je  dois  à  M,  le  professeur  Raulin  la  communication  d'une  pièce 


(  ioo8  ) 

analogue  aux  Ichthyodorulithes  par  sa  conformation,  qui  a  été  recueillie 
dans  le  grès  miocène  de  Léognan  (Gironde).  Ce  curieux  fossile  est  com- 
primé et  son  bord  postérieur  présente  un  sillon  médian  bordé  par  deux 
rangées  de  dentelures  en  scie,  qui  rappellent  assez  bien  celles  de  l'aiguil- 
lon dorsal  des  Cliimères.  Il  existe  toutefois  cette  différence  qu'elles  sont 
beaucoup  plus  rapprochées  l'une  de  l'autre. 

»  Cet  aiguillon  aappartenu  à  un  animal  bien  plus  grand  que  les  Chimères 
actuelles  et  d'un  genre  certainement  différent  du  leur,  ainsi  que  de  tous 
ceux  qui  ont  été  établis  jusqu'à  ce  jour  parmi  les  fossiles.  J'en  publierai  ul- 
térieurement la  figure  et  une  description  comparative  sous  le  nom  de 
Dipristis  cinmœrotdes.    » 

IVO:»IIi\ATIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d  un  Cor- 
respondant pour  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  en  remplacement 
de  feu  M.  jB.  Brodie. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  46. 

M.  Lawrence  obtient 4^  suffrages. 

M.  Simpson i        » 

M.  Lawrence,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  déclaré  élu . 

MÉMOIRES  PRÉSEINTÉS. 

PHYSIQUE.  —  Sur  les  raies  telluriques  du  spectre  solaire  et  du  spectre  de  Si- 
rius.  Sur  le  spectre  de  l'étoile  a  d'Orion.  Observations  de  31.  Jaxssex. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique,  en  transmettant  le  travail  de 
M.  Janssen,  l'accompagne  de  la  Lettre  suivante  : 

i<  Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel,  M.  .1.  Janssen,  docteur  es  sciences, 
chargé  par  le  Ministère  d'Etat,  eu  1862,  d'une  mission  scientifique  en  Italie, 
à  l'effet  d'y  étudier  divers  phénomènes  de  physique  céleste,  vient  de  m'a- 
dresser  un  Rapport  spécialement  relatif  à  l'analyse  du  spectre  solaire,  ainsi 
que  de  ceux  de  Sirius  et  d'Oriou  ;  travaux  au  sujet  desquels  il  paraît  avoir 
envoyé  directement  plusieurs  Notes  à  l'Académie  des  Sciences  pendant  le 
cours  de  cotte  année. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  ci-joint  communication  de  ce  Rapport. 
Je  vous  serai  très-obligé  de  le  soumettre  à  l'examen  de  l'Académie  des 
Sciences,  et  de  me  le  renvoyer  on  me  faisant  connaître  l'appréciation   qui 


(   I009  ) 
en  aura  été  faite,  ainsi  que  l'avis  de  l'Académie  sur  une  demande  de  conti- 
nuation de  sa  mission,  formée  par  M.  J.  Janssen.   » 

Le  travail  de  M.  Janssen  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  com- 
posée de  MM.  Poiiillet,  Le  Verrier  et  Faye. 

ANTHROPOLOGIE. — Note  SUT  deux  fragments  de  mâchoires  humaines  trouvés 
dans  la  caverne  de  Draniquel  [Tarn-el-Garonne);  jmr  MM.  F.  GARRUiou, 
L.  Martix  el  E.  Trutat. 

«  La  caverne  deBruniquel  a  été  pour  la  première  fois  décrite  en  1841^ 
par  M.  Boucheporn,  dans  son  Explication  de  la  carte  géologique  du  Tarn,  et 
par  MM.  Trutat,  F.  Garrigou  et  H.  Filhol  en  1862. 

»  La  caverne  est  creusée  dans  un  calcaire  jin-assique.  Elle  est  composée 
d'une  seule  salle  peu  spacieuse,  ouverte  vers  l'est  et  à  6  ou  7  mètres  au- 
dessus  du  niveau  actuel  de  l'Aveyron.  Le  sol  en  est  formé  par  la  superposi- 
tion de  plusieurs  couches  que  nous  avons  suivies  jusqu'à  une  profondeur 
de  3  mètres.  On  trouve,  en  commençant  par  la  partie  supérieure,  une  sta- 
lagmite de  22  centimètres,  une  brèche  osseuse  de  i™,48,  des  couches  argi- 
leuses noires  se  répétant  plusieurs  fois,  et  au  milieu  desquelles  se  voient 
péle-méle  avec  des  silex  taillés  de  toutes  les  dimensions  et  de  toutes  les 
formes  connues,  avec  des  pointes  de  flèches  barbelées,  avec  des  poin- 
çons, etc.,  des  ossements  de  Carnassiers,  de  Ruminants,  d'Oiseaux,  et  des 
cailloux  roulés  formant  plusieurs  lits.  Les  cailloux  roulés  sont  des  grenats, 
des  leptynites,  des  gneiss,  des  micaschistes,  des  quartzites,  des  protogynes, 
des  svénites,  des  serpentines,  etc.  Des  niveaux  de  charbon  existent  au  milieu 
des  couches  que  nous  venons  d'indiquer.  Comme  nous  avons  déjà  eu  occa- 
sion de  le  dire  ailleurs,  les  ossements  de  Ruminants  surtout  ont  été  frag- 
mentés, probablement  pour  en  avoir  la  moelle  et  pour  les  faire  servir  à  la 
fabrication  des  outils  et  des  armes;  les  extrémités,  seules  conservées,  ont 
permis  de  détermitier  les  espèces  suivantes  : 

))  Le  Renne,  une  Antilope,  le  Cervus  elaplius,  le  Chamois,  le  Chevreuil, 
une  Chèvre,  im  très-grand  Bœui {  Bos  primigenius) ,  le  Rhinocéros  lichoihinus 
(un  seul  individu),  le  Cheval,  le  Loup,  le  Chien,  le  Renard,  un  Carnassier 
plus  petit  que  ce  dernier,  deux  Gallinacés,  l'un  de  la  taille  de  la  Perdrix, 
l'autre  de  la  taille  du  Coq  ordinaire,  un  Oiseau  de  très-grandes  dimensions, 
deux  espèces  de  Poissons. 

..  Le  Renne  est  caractéristique  de  l'âge  de  la  caverne  de  Bruniquel.  En  se 
rappelant  les  quatre  divisions  établies  par  M.  Lartet  pour  l'époque  quate»  • 

r    R.,  ,SG3,  2""=  Semestre   (T.  LVII.  N»  '23."  ' '^^ 


(     lOIO    ) 

Il/lire,  on  peut  voir  immédiatement  que  c'est  à  la  troisième  époque  paléon- 
fologiqiie  qu'il  faut  rapporter  le  remplissage  de  cette  excavation. 

»  La  présence  des  silex  taillés,  des  os  brisés  et  travaillés  en  forme  de 
j)oinçons  et  de  flèches,  l'accumulation  de  cette  masse  d'objets  dans  le  même 
lieu,  en  même  temps  que  la  grande  quantité  de  charbon  disséminé  à  diverses 
hauteurs  dans  ce  dépôt,  seraient  bien  suffisantes  pour  prouver  l'existence 
de  l'homme  dans  ces  temps  géologiques  reculés.  Mais  un  argument  d'une 
très-haute  importance  vient  appuyer  plus  fortement  encore  l'idée  que 
l'homme  vivait  en  même  temps  que  les  Mammifères  dont  les  débris  forment 
le  sol  de  la  caverne  et  qui  ont  disparu  en  partie,  soit  du  pays  où  nous  trou- 
vons leurs  restes,  soit  de  la  surface  du  globe. 

»  I/"existence  de  deux  fragments  de  mâchoires  humaines,  dans  le  gise- 
ment que  nous  venons  de  décrire,  va  nous  permettre  aussi  d'ajouter  un 
élément  de  plus  à  la  solution  dn  problème  anthropologique  soulevé  j)ar  la 
découverte  de  M.  Boucher  de  Perthes.  Mais  auparavant  faisons  connaître 
une  pièce  presque  unique  dans  la  science,  et  que  nos  recherches  ont  mise 
au  jour. 

»  Parmi  les  fragments  d'os  nous  avons  trouvé  un  humérus  d'Oiseau  de 
grande  taille  sur  lequel  sont  grossièrement  sculptées  diverses  parties  du  corps 
d'un  poisson.  Une  queue  bifide  s'aperçoit  sur  l'une  des  faces,  et  à  gauche, 
imiuétliatement  à  la  suite,  existent  deux  têtes  de  poissons.  Au-dessous  et  sur 
une  autre  face  de  l'os,  ne  se  reliant  par  aucun  point  aux  deux  tètes  précé- 
dentes, sont  trois  pattes  ou  nageoires  disposées  dans  un  même  sens.  Que 
conclure  de  l'existence  d'une  pareille  pièce ,  si  ce  n'est  que  c'était  là  un 
amulette  ou  un  ornement  de  distinction?  Peu  nous  importe,  dn  reste,  pour 
la  question  d'anthropologie  que  nous  allons  aborder  en  étudiant  les  deux 
fragments  de  mâchoires  humaines. 

»  Ces  deux  demi -mâchoires  ont  été  trouvées  en  présence  de  dix 
témoins  :  MM.  Louis  Martin,  F.  Garrigou,  Trutat,  le  curé  de  Bruniquel,  le 
neveu  de  ce  dernier  et  cinq  ouvriers,  à  2  mètres  de  profondeur  environ, 
dans  une  couche  d'argile  contenant  en  grande  quantité  des  fragments  de 
charbon,  des  silex  taillés  et  des  ossements  de  Ruminants.  Cette  couche  en 
supportait  une  seconde  de  même  nature,  mais  sans  charbon  ;  le  tout  était 
surmonté  par  la  brèche  osseuse  et  par  la  stalagmite. 

»  Le  coup  de  bêche  qui  a  amené  la  première  demi-mâchoire  a  brisé  le 
condyle  et  fait  tomber  quelques  dents  qu'il  a  été  impossible  de  retrouver, 
malgré  tout  le  soin  mis  à  les  chercher.  Une  seule  dent  est  en  place,  c'est  la 
première  grosse  molaire.  Ce  fragment  de  mâchoire  appartient  à  im  adulte; 


(  '"'I  ) 

c'est  la  mâchoire  inférieure  du  côté  droit.  Sou  exaineu  allcntifel  minutieux 
tait  connaître  les  détails  suivants  : 

»  1°  Face  externe.  Le  bord  inférieur  de  la  branche  dentaire  est  presque 
rectiligne,  se  relevant  ini  peu  avant  d'arriver  à  la  symphyse  du  menton, 
après  avoir  rencontré  une  sorte  d'épine  vis-à-vis  l'espace  qui  sépare  la  canine 
de  la  première  petite  molaire.  La  courbure  de  la  branche  ascendante  sui- 
la  branche  horizontale  n'est  pas  très-brusque.  Le  bord  alvéolaire  forme  un 
angle  plutôt  légèrement  aigu  que  droit  avec  le  bord  antérieur  de  la  branche 
ascendante.  Ce  bord  va  en  s'arrondissant  légèrement  à  la  partie  antérieure 
vers  la  première  molaire.  Il  n'y  a  rien  de  brusque  dans  cette  courbure. 

»  2°  Face  interne.  Le  bord  alvéolaire  s'élargit  fortement  sur  le  point  d'in- 
sertion de  la  dernière  grosse  molaire  et  forme  une  saillie.  L'angle  posté- 
rieur et  inférieur  des  deux  branches  de  la  mâchoire  rentre  très-sensible- 
ment de  dehors  en  dedans,  sans  que  la  face  externe  présente  de  saillies, 
et  limite  avec  la  protubérance  formée  par  l'alvéole  de  la  dernière  molaire 
une  gouttière  qui  se  prolonge  jusque  vers  la  canine.  Les  points  d'insertions 
musculaires  à  la  face  interne  de  l'angle  postérieur  et  inférieur  sont  très- 
développés. 

»  3"  Du  milieu  de  la  courbure  et  de  l'angle  saillant  formé  par  la  ren- 
contre des  deux  branches  ascendante  et  horizontale,  au  point  le  plus  en 
relief  du  menton,  lo  centimètres;  du  bord  supérieur  des  alvéoles  des  inci- 
sives au  bord  antérieur  de  la  branche  ascendante,  7  centimètres;  hauteur 
de  la  branche  horizontale,  en  arrière  2  |,  en  avant  3  centimètres. 

»  4°  La  mâchoire  est  arrondie  en  avant,  formant  un  menton  rond  et  non 
carré.  Le  bord  alvéolaire  à  la  partie  externe  paraît  limiter  un  espace  para- 
bolique. 

»  5"  Les  d«nts  sont  implantées  d'une  manière  perpendiculaire  sur  la 
mâchoire. 

»  La  deuxième  mâchoire,  trouvée  à  1  mètre  environ  à  côté  de  la  première 
et  dans  les  mêmes  conditions,  est  moins  bien  conservée  que  celle-ci.  C'est 
luie  demi-mâchoire  inférieure  du  côté  gauche.  Elle  offre  aussi  quelques 
différences  avec  la  précédente,  différences  qui  sont  dues  probablement  à 
l'âge  de  l'individu  auquel  elle  appartenait  :  elle  provient  incontestablement 
d'un  vieillard. 

>>  La  deuxième  grosse  molaire  manque  ,  l'alvéole  a  disparu.  Les  dimen- 
sions sont  un  peu  plus  petites  que  celles  de  la  première  mâchoire,  le  bord 
inférieur  un  peu  moins  rectiligne,  la  branche  ascendante  peut-être  plus 
inclinée,  autant  qu'il  est  permis  d'en  juger  par  le  rudiment  qui  en  reste.  La 

i35.. 


(     I012    ) 

goiiflière  iiostérieure  existe  comme  dans  le  cas  précédent.  Les  deux  petites 
molaires  seules  sont  en  place  et  usées  jusqu'à  la  racine. 

»  Les  contours  de  l'ensemble  de  la  mâchoire  sont  doux  et  bien  amenés, 
le  menton  est  complètement  rond,  et  l'espace  circonscrit  par  l'arcade  den- 
taire est  parabolique. 

»  Les  caractères  que  nous  venons  de  faire  connaître  offrent  un  ensemble 
assez  complet  pour  permettre  d'arriver  à  quelques  conclusions,  quoique 
ces  caractères  puissent  s'appliquer,  eu  j^artie  du  moins,  comme  l'a  si  bien 
fait  voir  M.  le  professeur  de  Quatrefages  au  sujet  de  la  mâchoire  d'Abbeville, 
à  des  individus  de  différentes  nations  et  de  types  divers.  M.  Pruner  Bev, 
cependant,  dont  l'autorité  en  pareille  matière  est  incontestable,  a  retrouvé 
plus  spécialement  les  détails  que  nous  venons  de  donner  sur  des  mâchoires 
se  rapportant  surtout  au  type  brachycéphale,  et  devenues  célèbres  aujour- 
d'hui :  ainsi  les  mâchoires  recueillies  à  Aurignac,  à  Moulin-Quignon,  à 
Arcy,  et  dans  le  mamelon  de  la  Thinière,  en  Suisse. 

>)  Si  nous  comparons  le  fragment  venu  de  Moulin-Quignon  avec  le  pre- 
mier que  nous  avons  décrit  venant  de  Bruuiquel,  nous  trouvons  entre  eux 
une  très-grande  ressemblance,  eu  même  temps  aussi  que  certains  traits  les 
différencient  sensiblement.  La  nôtre  est  un  peu  plus  grande  que  celle  d'Ab- 
beville, et  la  branche  ascendante  forme  avec  la  branche  horizontale  un 
angle  moins  ouvert;  mais  il  faut  observer  que  la  première  mâchoire  de 
Bruuiquel  appartient  à  un  adulte,  tandis  que  celle  découverte  par  ^L  Bou- 
cher de  Perthes  a  été  attribuée  à  un  vieillard.  Aussi  notre  second  fragment 
venant  de  Bruuiquel  s'adapte-t-il  bien  mieux  aux  contours  et  aux  dimen- 
sions de  la  mâchoire  décrite  par  le  savant  archéologue  abbevillois. 

»  Cependant,  avant  de  nous  prononcer  sur  ce  point  délicat  d'anthropo- 
logie, nous  avons  comparé  les  deux  fragments  de  la  caverne  de  Bruuiquel  a 
douze  mâchoires  humaines  venant  des  cavernes  de  l'Âriége.  Ces  douze  mâ- 
choires ont  appartenu  à  des  métis  qui  ne  sont  ni  franchement  brachycé- 
piiales,  ni  franchement  dolichocéphales.  Nous  trouvons  dans  nos  mâchoires 
lie  Bruuiquel  certaines  ressemblances  avec  les  mâchoires  provenant  des 
cavernes  de  Lonibrives,  de  Bédeillac  et  de  Saleich.  Sur  ces  spécimens  on 
voit  la  gouttière  sur  la  face  interne,  des  dimensions  générales  à  peu  près 
les  mêmes  que  celles  des  mâchoires  de  Bruuiquel;  mais  le  menton  tend  à 
devenir  carré  sur  les  métis  de  Lomhrives,  tandis  que  sin-  les  preuiieres  mâ- 
choires il  est  franchement  rond  ;  dans  les  mâchoires  des  grottes  de  l'Ariége, 
l'espace  circonscrit  parle  bord  alvéolaire  tend  à  former  un  triangle,  taudis 
que  sur  celles  de  Bruuiquel  cet  espace  est  parabolique:  la  gouttière  déjà 


(  ioi3  ) 
citée  est  elle-riième   bien  plus  marquée  sur  ces  dei'nières  niàclioirps  que 
sur  les  premières. 

))  Trois  mâchoires  humaines  pouvant  se  rapporter  à  un  même  lype  (bra- 
chycéphale)  datent  donc  de  trois  époques  différentes  parfaitement  séparées 
l'une  de  l'autre  :  celle  d'Aurignao,  avec  laquelle  a  été  trouvé  VUrsus  spelœus; 
celle  de  Moulin-Quignon,  gisant  à  côté  de  V Elephas  prinùrjeniiis ;  et  celle  de 
Bruniquel,  recueillie  au  milieu  des  ossements  du  Renne. 

»  Quoiqu'il  ne  soit  pas  permis  de  tirer  île  conclusions  de  cette  uniformité 
de  type  de  l'espèce  humaine  pendant  une  série  aussi  longue  de  siècles,  il 
est  bon,  néanmoins,  d'attirer  l'attention  sur  ce  fait  nouvellement  confirmé 
aujourd'hui,  car  des  observations  plus  nombreuses  et  bien  faites  amène- 
ront des  résultats  nouveaux,  et  qu'actuellement  bien  des  savants  s'efforce- 
raient de  combattre,  la  confirmation  des  théories  des  monogénistes.  » 

Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  de  la  Commission  nonunée  dans  la 
séance  du  lo  août  pour  une  communication  relative  aux  cavernes  à  osse- 
ments de  l'arrondissement  de  Toul  :  la  Commission  se  compose  de 
MM.  Valenciennes,  Ch.  Sainte-Claire  Deville  et  Daubrée,  auxquels  est  invité 
à  s'adjoindre  M.  de  Quatrefiiges. 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  lîeclienlies  théoriques  siif  (a  pvéjinmlion  delà  soude  par 
le  procédé  Leblnnc.  Mémoire  de  M.  A.  Schelreu-Kest.ver.  Première 
partie,  présentée  par  M.  Pelouze. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Pelouze,  Payen.) 

«  Sur  Toxy  suif  lire  de  calcium.  —  L'absence  de  réaction,  regardée  connue 
complète,  entre  la  partie  sulfurée  insoluble  de  la  soude  brute  et  les  disso- 
lutions de  carbonate  de  sodium,  a  conduit  M.  Dumas  à  admettre  l'existence 
d'un  composé  de  sulfure  et  d'oxyde  de  calcium,  compo.sé  supposé  insoluble 
dans  l'eau. 

»  Mais  le  sulfure  de  calcium  est  lui-même  fort  peu  soluble  dans  l'eau; 
d'après  des  expériences  auxquelles  a  été  apporté  le  plus  grand  soin,  l'eau,  à 
à  12", 6,  ne  dissout  que  ^-„\-^  de  ce  corps  préparé  par  la  calcination  du 
sulfate  de  calcium  avec  le  charbon.  Le  sulfure  de  calcium  obtenu  avait  été 
préalablement  lavé  à  l'alcool,  afin  de  lui  enlever  de  petites  quantités  de  po- 
lysulfures  qu'il  contient  presque  toujours. 

M  Le  sulfure  de  calcium  pur,  mis  en  contact  avec  des  dissolutions  de  car- 
bonate de  sodiiun,  transforme  peu  à  peu  ce  sel  en  sulfure;  mais  la  double 
décomposition  entre  les  deux  sels  est  très-lente. 


(  ioi4  ) 

»  En  traitant  par  l'eau,  simultanément  et  dans  les  mêmes  conditions,  de 
1.1  soude  brute  réduite  en  poudre  et  un  mélange  en  proportions  caictdées 
de  carbonate  de  sodium  et  de  sulfure  de  calcium,  les  dissolutions  obtenues 
contiennent,  au  bout  d'un  temps  d'égale  durée,  les  mêmes  quantités  de  sul- 
fure de  sodium. 

»  L'hypothèse  de  l'existence  d'un  oxysulfure  de  calcium  insoluble 
n'est  donc  pas  nécessaire  pour  expliquer  l'innocuité  des  résidus  sur  les 
dissolutions  de  la  soude  brute.  On  arrive,  du  reste,  au  même  résultat  en 
laissant  la  soude  brute  en  contact  prolongé  avec  l'eau.  La  dissolution  ainsi 
obtenue  est  plus  chargée  de  sulfure  de  sodium  ;  mais  les  résidus  insolubles 
ne  contiennent  plus  d  oxyde  de  calcium.  En  y  dosant  le  calcium,  le  soufre 
et  l'acide  carboîiique,  on  reconnaît  qu'on  n'a  affaire  qu'à  un  mélange  de 
carbonate  et  de  sulfure  de  calcium. 

))  Dans  ce  cas,  on  voit  aussi  que  la  causticité  des  liquides  a  considérable- 
meiU  augmenté;  il  y  a  donc  eu  décomposition  du  carbonate  de  sodium  par 
l'hydrate  de  calcium  formé  peu  à  peu  par  l'oxyde.  Si  l'oxyde  de  calcium  se 
trouvait  combiné  au  suliure  de  calcium  pour  former  de  l'oxysulfure,  il  fau- 
drait que  le  sulfure  de  sodium  augmentât  dans  les  liquides  proportionnelle- 
ment à  la  soude  caustique,  tandis  que  l'expérience  apprend  le  contraire. 

»  De  la  soude  caustique  contenue  dans  tes  dissolutions.  —  La  présence  de  la 
soude  caustique  dans  les  dissolutions  de  la  soude  brute  avait  fait  supposer 
que  ce  corps  préexiste  dans  ce  produit  avant  qu'il  ait  subi  l'action  de  l'eau. 
C'était  une  conséquence  nécessaire  de  l'hypothèse  de  l'oxysulfure  de  cal- 
cium. M.  Gossage  s'était  appuyé  sur  ce  que  l'alcool  ne  dissout  pas  de  soude 
caustique,  lorsqu'on  le  met  en  digestion  avec  la  soude  brute,  pour  conclure 
que  ce  corps  se  forme  pendant  la  dissolution  dans  l'eau,  raisonnement  qui 
a  amené  ce  chimiste  à  nier  l'existence  de  l'oxysulfure.  M.  Rynaston,  pour 
obvier  à  la  difficulté,  a  admis  la  formation  d'un  composé  insoluble  de  sul- 
fure et  de  carbonate  de  calcium,  composé  prenant  naissance  par  l'action 
de  l'eau,  en  même  temps  que  la  soude  caustique.  Mais  l'absence  de  la  soude 
caustique  dans  l'alcool  prouve  seulement  que  la  soude  brute  est  exempte 
d'hydrate  de  sodium,  tandis  qu'elle  pourrait  contenir  de  l'oxyde  de  sodium 
anhydre,  corps  insoluble  dans  l'alcool. 

»  Comme  il  est  prouvé  que  l'oxysulfure  de  calcium  n'existe  pas,  on  peut 
admettre  que  la  soude  caustique  ne  se  forme  que  pendant  l'action  de  l'eau; 
c'est  ce  qu'on  reconnaît,  en  effet,  en  dosant  l'acide  carbonique  contenu 
dans  la  soude  brute;  les  quantités  de  cet  acide  qu'on  y  rencontre  sont  tou- 
joiMs  supérieures  à  celles  nécessaires  à  la  saturation  du  sodium.  Une  partie 


(  ioi5  ) 
du  calcaire  s'y  trouve  même  intacte.  La  décomposition  partielle  del'excès  de 
calcaire  employé  dans  la  préparation  de  la  soude  brute  rend  compte  des 
différences  de  causticité  que  l'on  remarque  dans  les  liquides  obtenus  avec 
des  soudes  d'opérations  différentes.  Une  "preuve  évidente  de  la  formation 
de  la  sonde  caustique  pendant  la  dissolution  dans  l'eau,  c'est  que  l'eau  en- 
lève à  la  même  soude  brute  la  totalité  du  sodium  avec  des  proportions  va- 
riables de  soude  caustique,  ne  dépendant  que  de  la  durée  du  contact  des 
résidus  insolubles  avec  la  dissolution. 

»  Origine  des  sulfures  soluhles.  —  MM.  Gossage  et  Ivynaston  pensaient  que 
les  sulfures  solubles  contenus  dans  les  dissolutions  de  la  soude  brute 
préexistent  dans  ce  produit  à  l'état  de  polysulfure  de  calcium,  et  qu'il  suffit 
d'éviter  pendant  la  préparation  de  la  soude  la  formation  de  ces  polysulfures 
pour  obtenir  des  liquides  purs.  Mais  ces  polysulfures  devraient  se  dissoudre 
dans  l'alcool,  tandis  que  la  soude  brute  bien  faite  n'abandonne  à  ce  li- 
quide que  des  traces  (o,oo5  à  0,006  pour  100  parties  de  soude  brute)  de 
monosulfure  de  sodium,  en  quantités  bien  moindres  que  celles  que  l'on 
trouve  ensuite  dans  les  dissolutions  de  cette  même  soude  lavée  à  l'alcool. 

1)  Le  sulfure  de  sodium  contenu  dans  les  dissolutions  de  la  soude  brute 
provient  principalement  d'une  double  décomposition  partielle,  qui  a  lieu 
entre  le  sulfure  de  calcium  et  le  carbonate  de  sodium  dissous.  Quant  aux 
polysulfures,  ils  existent  dans  les  parties  de  la  soude  brute  qui  ont  subi  une 
température  trop  élevée, non  à  l'état  de  sels  de  calcium,  mais  à  l'état  de  sels 
de  sodium.  Le  sodium  et  le  soufre  s'y  trouvent  dans  les  proportions  corres- 
pondantes au  disulfure  de  sodium,  comme  on  peut  s'en  convaincre  en  ana- 
lysant la  dissolution  alcoolique  de  cette  soude.  Le  disulfure  de  sodium  se 
forme  par  la  réduction  à  liante  température  du  carbonate  de  sodium  sur 
le  sulfure  de  calcium,  d'après  l'équation  suivante 

aCa'^S   +  Na^GO"  =  Na-S=  +     GO     -H   aCa'O 


Sulfure 

Carbonate 

Disulfure 

Oxyde 

Osyde 

de 

de 

de 

de 

de 

calcium. 

sodium. 

sodium. 

carbone. 

calcium 

»  La  soude  brute  contenant  du  disulfure  de  sodium  produit  des  disso- 
lutions qui  renferment  une  très-grande  quantité  de  soude  caustique.  L'ex- 
cès de  la  soude  caustique  est  produit  par  l'oxyde  de  calcium  qui  prend 
naissance  en  même  temps  que  le  disulfure  de  sodium.  De  plus,  il  arrive  sou- 
vent que  la  soude  ayant  subi  une  température  trop  élevée  contient  de  l'oxyde 
de  sodium  formé  par  réduction  du  carbonate  par  le  charbon. 


(  ioi6  ) 

»  Ainsi  l'hypothèse  tic  roxysulfiire  de  calcium  n'est  pas  nécessaire  pour 
expUquer  le  peu  de  réaction  qui  a  heu  entre  les  dissolutions  de  la  soude 
brute  et  le  résidu  insoluble.  Ce  résidu  est  formé  par  iin  mélange  de  carbo- 
nate et  de  sulfure,  ou  de  carbonate,  d'oxyde  et  de  sulfure  de  calcium.  La 
soude  caustique  contenue  dans  les  dissolutions  de  la  soude  brute  se  forme 
par  l'action  de  l'hydrate  de  calcium  des  résidus  insolubles,  sur  le  carbonate 
lie  sodium;  mais,  lorsque  la  soude  brute  a  été  portée  à  une  température 
élevée,  elle  peut  contenir  de  l'oxyde  de  sodium  formé  par  réduction  du 
carbonate.  Les  sulfiues  solubles  proviennent  d'une  réaction  partielle  entre 
le  carbonate  de  sodium  et  le  sulftu'e  de  calcium  au  sein  de  l'eau  ;  de  plus,  la 
soude  brute  ayant  subi  une  température  élevée  contient  des  polysufures  de 
sodium;  mais  on  n'y  trouve  jamais  depolysulfures  de  calcium. 

»  Il  reste  à  déterminer  en  vertu  de  quelle  réaction  a  lieu  la  transformation 
du  sulfate  de  sodium  et  de  la  craie  en  sulfure  de  calcium  et  carbonate  de 
sodium,  et  pourquoi  il  est  nécessaire  d'employer  un  excès  de  calcaire  sans 
lequel  on  obtient  tlu  carbonate  de  sodium  chargé  de  sulfure.  » 

31.  Sept.  Piesse  adresse  de  Londres  une  Note  sur  un  produit  qu'il  a 
obtenu  dans  la  distillation  fractionnaire  de  l'huile  essentielle  de  camomille, 
et  qu'il  désigne  sous  le  nom  cVazulèiie  à  cause  de  sa  couleur  franchement 
bleue.  Il  a  constaté  l'existence  de  cette  essence  dans  plusieurs  autres  huiles 
volatiles,  et  ne  doute  pas  que  ce  soit  elle  qui  contribue  à  leur  donner  la 
teinte  verte  pâle  qu'elles  offrent  quand  on  vient  de  les  préparer,  teinte  qui 
s  efface  bientôt  par  suite  de  la  prédominance  croissante  du  ton  jaune  dû  a 
l'oxygénation  des  résines. 

M.  Basset  présente  la  |)remière  partie  du  travail  qu'il  avait  annoncé  par 
sa  présente  Lettre.  Ce  travail  a  pour  titre  :  Élude  sur  les  cellules  primor- 
diales et  leurs  transforinalions. 

Ce  Mémoire,  ainsi  que  la  Lettre  qu'il  avait  d'abord  adressée  et  qui  conte- 
nait une  réclamation  de  priorité  à  l'égard  de  M.  Pasteur,  sont  renvoyés  à 
l'examen  de  la  Commission  nommée  pour  diverses  communications  de 
M.  Lemaire  sur  les  ferments,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Milne 
Edwards,  Bernard  et  Longet. 

M.  Fo.NTEXEAr  envoie  de  Limoges  un  travail  de  géométrie  analytique  ayant 
pour  litre  :  Sote  sur  les  systèmes  de  coordonnées  correspondantes. 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Bertrand  et  Bonnet.) 


(  1017  ) 

M.  DE  Saint-Cricq  Casaux  opposc  aux  cas  que  l'on  a  cités  eu  preuve  des 
inconvénients  des  alliances  consanguines,  le  cas  des  anciens  rois  de  Perse 
qui  ayant,  dit-il,  depuis  le  temps  de  Cambyse,  l'habitude  de  prendre  pour 
femmes  leurs  sœurs,  quelques-uns  même  leurs  filles,  n'en  auraient  pas 
moins  propagé  une  très-belle  race. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  pour  les  diverses  commiuii- 
cations  relatives  à  ce  sujet:  MM.  Andral,  Rayer,  Bernard  et  Bienaymé.) 

M.  GuÉRix,  qui  avait  présenté  au  Concours  pour  la  Statistique  de  i854  un 
Mémoire  sur  la  statistique  agricole  du  canton  de  Benfeld  (Bas-Rhin), 
Mémoire  qui  fut  jugé  digne  d'une  mention  honorable,  a  poursuivi  les  études 
qui  lui  avaient  valu  cette  distinction.  Profitant  des  remarques  faites  par  le 
rapporteur,  il  s'est  occupé  de  combler  les  lacunes  signalées,  de  fournir  les 
preuves  qui  semblaient  désirables,  et,  au  lieu  de  comprendre  dans  ses 
observations  une  seule  année,  il  a  voulu  considérer  une  période  décennale 
toute  entière  (celle  de  i853  à  1862  inclus).  C'est  ce  travail  qu'il  présente 
aujourd'hui  au  Concours  pour  le  prix  de  l'année  i  864. 

(Réservé  pour  la  future  Commission.) 

CORRESPONDANCE . 

«  M.  Recquerel  présente  à  l'Académie  la  troisième  édition  du  Traité  d' liy- 
giène  privée  et  publique  de  feu  son  fils  Alfred,  avec  additions  et  bibliographie 
par  le  D'  Beaugrand. 

»  Cet  ouvrage  présente,  sous  une  forme  concise,  un  tableau  complet  de 
cette  science.  M.  Alfred  Becquerel  a  profité  de  ses  connaissances  en  phy- 
sique et  en  chimie  pour  aborder  un  grand  nombre  de  questions  entièrement 
négligées  dans  la  plupart  des  Traités  d'hygiène,  en  même  temps  qu'il  a  réuni 
les  applications  de  toutes  les  sciences  à  l'hygiène  privée  et  publique.  Cet 
ouvrage  est  mis  au  courant  des  progrès  de  la  science  par  de  nombreuses 
additions  et  augmenté  d'une  bibliographie  très -étendue  pour  chaque 
article.  La  première  partie  est  relative  à  l'étude  de  l'homme  à  l'état  de 
santé;  la  deuxième,  à  l'influence  de  l'atmosphère,  comprenant  celle  de  la 
chaleur,  de  la  lumière,  de  l'électricité  et  des  agents  divers  qui  s'y  trouvent 
constamment,  dont  quelques-uns  en  proportions  variables.  La  troisième  et 
dernière  partie  traite  de  l'hygiène  appliquée  aux  professions.   » 

G.  R.,  i863,  2'ne  Semestre.  (T,  LVII,  N»  2d.)  l36 


(   ioi8  ) 

M.  Floi-re-vs  lit  les  passages  suivants  d'une  Lettre  que  lui  a  adressée 
,17.  Bécluimp  à  l'occasion  du  compte  rendu  de  l'avaut-dernière  séance  : 

<>  Vous  avez  bien  voulu,  dit  M.  Béchamp,  insérer  au  compte  rendu  de  la 
séance  du  7  septembre  un  extrait  de  la  Lettre  que  j'avais  eu  l'honneur  de 
vous  adresser  (sur  la  question  des  générations  spontanées);  mais  vous  avez 
cru  devoir  ajouter  que  ma  communication  venait  après  coup,  la  question 
étant  résolue.  Malgré  la  haute  estime  que  j'ai  pour  les  travaux  de  M.  Pasteur, 
il  m'est  impossible  de  reconnaître  que  j'ai  suivi  ses  traces  :  il  y  a  six  ans  que 
dans  mes  cours  j'enseigne  comme  conséquences  de  mes  propres  recherches, 
([ui  sont  antérieures  à  celles  de  M.  Pasienr,  la  doctrine  qui  triomphe  au- 
lonrd'hui;  est-ce  bien  venir  après  coup,  lorsqu'on  n'invoque  que  des  expé- 
riences authentiques  publiées  sans  parti  pris  à  une  époque  où  la  question 
n'était  jjas  encore  soulevée?  J'en  appelle  à  vous-même  et  à  l'Académie  de 
et?  jugement.    » 

M.  Flourexs  "  J'aime  à  rendre  tonte  justice  aux  importants  travaux  de 
■\1.  Béchamp.  Je  n'ai  entendu  parier  que  de  la  question  des  géitéfations 
spontanées  proprement  dites,  question  que  résout  seule,  à  mon  avis,  rexpc- 
vieiice  de  M.  Pasteur.  » 

AiNALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fonctions  à  périodes  multiples. 
Note  de  M.   Casorati,  présentée  par  M.  Hermile. 

«  §  L  —  Je  me  propose  de  montrer  que  l'idée  d'une  périodicité  multiple 
quelconque  ne  contredit  pas  l'idée  ordinaire  de  fonction  d'une  seule  va- 
riable, et  que,  par  conséquent,  le  théorème  de  Jacobi,  qui  met  une  limite, 
et  Irès-restreinte,  à  cette  périodicité,  n'est  vrai  que  poin-  une  certaine  classe 
(le  fonctions.  Ce  n'est  [las  sans  hésitation  que  j'ose  élever  une  critique 
contre  le  théorème  du  célèbre  mathématicien  ;  mais  je  m'y  crois  d'autaiit 
l)lus  obligé,  que  ce  théorème  (*),  généralement  admis  par  les  analystes,  a 
exercé  une  très-grande  influence,  principalement  sur  la  direction  des  re- 
cherches du  calcul  intégral.  En  effet,  il  éloigna  les  analystes  de  l'étude  des 
fonctions  d'une  seule  variable,  que  le  calcid  nous  offre  dès  les  premiers  pas 
(comme  fonctions  inverses  des  intégrales)  douées  de  la  périodicité  inter- 
dite, et  les  obligea  de  recoin-ir  aux  fonctions  de  plusieurs  variables,  qui. 
tout  en  ayant  une  grande  importance,  marchent  néanmoins  en  seconde 
ligne  dans  la  voie  du  progrès  (\i\  calcul  intégral. 


(')  Dus  la  publication  des  Funrl.  IVov.,  ou  mieux  du  Mémoire  Do  funct.  duar.   variai, 
fiiiadrupl.  pciiod.,  qitibu.s  theoria  transe.  Abet.  innititur  [CieUc.  t.  XIII). 


(   '0'9  ) 

»  Voyons  le  Mémoire  (que  je  viens  de  ciler)  lie  Jacobi,  et  [îiirticulière- 
ment  les  assertions  d'impossibilité,  dontja  première  est  page  56.  Aprrs  l'in- 
contestable déduction  :  itnde  /imclio  X  (;()  indicem  haberel  itlla  data  (jiiaiili- 
tale  ininoiem  neqite  tamen  evcmesrentem,  on  lit  :  quod  ficri  non  polcst.  Mais 
d'où  vient  cette  impossibilité?  Jacobi  n'en  dit  rien;  car,  n'ayant  alors  pro- 
bablement en  vne  cjue  la  classe  de  fonctions  de  laquelle  font  partie  les  lonc- 
tioiis  circulaires  et  elliptiques,  il  dut  voir  l'impossibilité  descendre  à  l'évi- 
dence de  ce  que  la  fonctinn  aurail  dû  reprendre  la  même  valeur  à  des  intervalles 
infiniment  petits.  Mais  la  périodicité  est  bien  loin  d'entraîner  cette  consé- 
quence, lorsqu'on  a  égard  à  toute  classe  de  fonctions,  et  qu'on  l'envisage 
du  point  de  vue  qui  nous  est  indiqué  par  la  continuité.,  qui  seul  peut  nous 
guider  sans  incertitude  à  travers  la  multiplicité  des  valeurs  des  fonctions, 
uuiltiplicité  d'ailleiu's  que  l'on  ne  peut  re|)Ousser  sans  méconnaître  la  vraie 
nature  de  l'analyse  et  en  affaiblir  beaucoup  la  puissance. 

))  Soit  3=j:-f- 7^  î  une  variable  complexe  dont  les  valeurs  soient  représentées, 
comme  à  l'ordinaire,  par  les  points  z  d'un  plan  [z].  l^e  même  signe  expri- 
mera donc  le  nombre  aussi  bien  que  son  point  représentatif  Soit  de  même  [Z] 
le  plan  des  points  Z  représentatifs  des  valeurs  d'une  fonction  Z  (z)  =  X  +  Y/. 
Nous  employons  z  et  Z  (z)  au  lieu  de  m  et  X  [ii). 

»  Faisons  marcher  z  avec  continuité  à  partir  d'une  certaine  valeur  ou 
points.  Si  z  était  monodrome,  son  mouvement  se  produirait  sans  aucune 
incertitude.  Mais  si  Z,  étant  contituie,  n'était  pas  monodrome,  ce  ser.iit  à 
la  continuité  de  rendre  le  mouvement  déterminé.  Ayant  pris  pour  valeur  de 
départ  de  la  fonction  une  de  ses  valeurs  correspondantes  de  Zq  (que  je  dé- 
signerai par  Zo,  en  laissant  au  symbole  Z  (zq)  sa  signification  multiple),  les 
valeurs  successives  de  Z  devront  être  celles  qui  succèdent  à  Z^  avec  conti- 
nuité. C'est  bien  ce  que  l'on  est  habitué  à  faire.  Le  mouvement  de  Z  ne  ces- 
serait d'être  déterminé  qu'au  passage  de  z  par  des  points  singuliers. 

»  Voici  maintenant  le  point  de  vue  d'où  la  continuité  nous  fait  concevoir 
la  périodicité.  Soient 

(i)  w,  ct',  jr",..., 

autant  de  périodes  de  Z  (z).  Cela  doit  purement  signifier  que,  pour  toute 
valeur  de  Zq  et  pour  tout  système  de  valeurs  de 

(2)  m,  m',  m!',...  (*), 


(*)  Par  la  lettre  m,  avec  ou  sans  accent,  je  représenterai  toujours  des  nombres  entiers  ar- 
bitraires, positifs,  nuls  ou  négatifs  ;  par  la  lettre  y-,  des  nombres  entiers  fixés. 

i36.. 


(     I020    ) 

il  soit  possible  de  satisfaire  a  l'équation 

(3)  Z(Zo  H-  mv;  +  m' zs'  +  ra"sy"  +  ...)  =  Z  (zj  ; 

dans  ce  sens,  qu'en  prenant  pour  second  membre  une  (Zq,  quelconque 
d'ailleurs)  des  valeurs  de  Z  correspondantes  à  Zq,  il  en  existe  toujours  une 
égale  parmi  les  valeurs  du  premier  membre.  Mais  le  passage  de  z^  à 

(4)  Zq  +  w sr  +  7n' 37' -f- m" st" -H . . . , 

comment  doit-on  le  concevoir  effectué  par  z?  Il  doit  s'effectuer  sans  dis- 
continuité, c'est-à-dire  non  brusquement,  mais  en  suivant  un  chemin  con- 
tinu. Or,  cela  étant,  est-ce  que  Z,  en  partant  de  Zg  et  marchant  avec  conti- 
nuité,   reviendra  inévitablement    toujours  au  même  point  Zo,  lorsque  s 
arrivera  au  point  (4)  ?  Il  est  clair  que  non  ;  car  la  valeur  finale  de  la  fonc- 
tion ne  dépend  pas  seulement  du  point  final  (4)  où  la  variable  doit  arriver, 
mais  aussi  du  chemin  qu'on  lui  fait  parcourir.  Il  y  aura  bien  donc  toujours 
mie  infinité  de  chemins  conduisant  z  de  Zq  à  (4),  pour  lesquels  Z  reviendra 
à  Zo;  mais  ces  chemins  convenables  pourront  tous  se  réduire  (par  des  défor- 
mations permises)  à  une  certaine  réunion  de  chemins  élémentaires  d'autant 
d'espèces  différentes  qu'il  y  a  de  périodes,  et  ils  ne  formeront  par  là  qu'une 
catégorie  spéciale  parmi  tous  les  chemins  possibles  ayant  leur  terme  dans 
les  mêmes  points.  Lorsque  ces  points  extrêmes  sont  infiniment  proches, 
tout  chemin   infiniment  court  (comme   en  particulier  la  droite)  qui  les 
joint,  ne  pouvant  provenir  de  la  réunion  requise  des  chemins  élémentaires 
susdits,  ne  sera  pas  dans  la  catégorie  des  chemins  convenables.  Quant  au 
nombre  des  chemins  élémentaires  qui  doivent  entrer  dans  la  composition 
d'un  chemin  convenable,  il  est  en  général  d'autant  plus  grand  que  la  distance 
entre  les  termes  de  ce  chemin  est  plus  petite;  car  cette  distance  se  rend  plus 
petite  en  faisant  croître  les  nombres  (a). 

»  Mais  je  ne  pousserai  pas  plus  loin  les  considérations  générales,  dont 
la  brièveté  de  cet  article  ne  permet  pas  le  développement  nécessaire,  et  j'of- 
frirai plutôt  l'analyse  d'un  cas  particulier,  qui  va  éclaircir  suffisamment  les 
idées  qu'on  vient  d'exposer.  A  la  vérité  je  crois,  du  reste,  que  même  la 
seule  énonciation  de  ces  idées  suffit  à  détruire  l'opinion  que  la  périodicité 
multiple  exige  inévitablement  que  la  fonction  reprenne  la  même  valeur  à 
des  distances  infiniment  petites,  ce  qui  formait  l'obstacle  (*)  à  son  admis- 
sion dans  le  domaine  des  fonctions  d'une  seule  variable. 

(*)  Car  on  en  tirait  la  conséquence  que  la  fonction  aurait  dii  être  une  constante.  Voyez 


(     I02I     ) 

»  §  II.  —  Pour  cas  particulier,  je  prends  un  cas  offrant  la  |)lus  simple 
périodicité  interdite  par  le  théorème  de  Jacobi,  qui  est  celle  à  deux  pé- 
riodes w  et  sr',  dont  le  rapport  est  réel  et  incommensurable.  Ces  périodes 
sont  par  là  deux  nombres  (complexes,  en  général)  ayant  des  arguments 
égaux,  et  leur  rapport  est  le  même  que  celui  de  leurs  modules.  L'argument 
reste  encore  le  même  pour  les  sommes  ms  +  m'zs\  dont  les  points  représen- 
tatifs se  trouvent  tous  sur  la  droite  qui,  passant  par  l'origine,  fait  avec  l'axe 
réel  l'angle  mesuré  par  l'argument.  Ces  points,  en  nombre  infini,  par  des 
systèmes  convenables  de  valeurs  de  m  et  ?n',  peuvent  être  conçus  comme  se 
succédant  à  des  distances  infiniment  petites,  mais  non  vraiment  avec  conti- 
nuité. Car  la  quantité  mmode^r  +  m'modar',  qui  exprime  le  module  ou  la 
longueur  à  mesurer  de  l'origine  siu-  la  droite  pour  obtenir  le  point 
mzs -\- m' zs' ,  peut  s'approcher  indéfiniment,  mais  non  devenir  vraiment 
égale  à  une  longueur  donnée  quelconque.  Cette  quantité  conserve  tou- 
jours, pour  tout  système  de  valeurs  finies  de  m  et  m',  l'empreinte  de  sa 
forme  arithmétique  particulière  (*).  Je  me  hâte  de  dire  cependant  que  de 
telles  considérations  n'entreront  pour  rien  dans  notre  analyse. 

«  Soit  le  cas  de  la  fonction  inverse  Z  définie  par  l'équation  {**) 

(5)  ■  z  =  Z(i-Z)-V^/(,-iz), 

ou  par  l'une  des  suivantes 

(0)    -/(.-^-vS-^)"^.    f  =  -<'W.-)^^e^, 


par  exemple,  page  76  de  l'excellent  ouvrage  de  MM.  Briot  et  Bouquet  :  Théorie  des  fonc- 
tions doublement  périodiques. 

(*)  Si  l'on  considérait  un  cas  de  quatre  périodes,  deux  réelles  et  deux  purement  imagi- 
naires, les  points  représentatifs  de  ces  périodes  et  des  sommes  de  leurs  multiples  (j'entends 
toujours  multiples  entiers)  seraient  les  intersections  de  deux  systèmes  de  droites  parallèles 
aux  axes  (réel  et  imaginaire).  Chaque  système  contiendrait  une  infinité  de  droites  à  des  dis- 
tances que  l'on  pourrait  concevoir  moindres  que  toute  grandeur  donnée.  Cependant  on 
ne  pourrait  encore  s'accorder  parfaitement  avec  Jacobi  dans  l'opinion  qu'il  en  serait  de 
même  comme  si  ces  points  couvraient  vraiment  le  plan  :  Unde  functione  l  («)  imnuitata 
manente,  ipsum  u  induere  posset  vatores  omnes  reaies  aut  imnginarios  — sive  —  e  numéro 
valorum,  quos  ipsum  u  induere  potcst,  functione  \(u]  immutata  manente,  sempcr  forent  qui 
a  data  qualibet  quantitate  reali  aut  imaginaria  minus  différent  quam  ulla  quantitatc  data 
qaantumvis  parm.  (Page  71  du  Mémoire.) 

(**  )  Il  va  sans  dire  que  dans  le  choix  de  cette  fonction  j'ai  eu  égard  à  sa  simplicité  et  non 
pas  à  l'importance  de  son  rôle  dans  l'analyse. 


(     lOSQ     ^ 

avec  la  condition  initiale  Z  =  o  pour  z  =  o.  La  lettre  l  désigne,  comme  on 
voit,  les  logarithmes  naturels. 

•  Les  théon  mes  qui  servent  à  l'étude  des  fonctions  définies  par  des 
équations  différentielles,  appliqués  à  la  seconde  des  équations  (6),  nous 
diraient  :  que  dans  l'étude  de  Z  les  singularités  ne  peuvent  survenir  que  si 
z  passait  par  un  de  ces  points  qui  entraînent  (correspondamment)  Z  au 
pouit  —  \/2 ,  et  que,  tournant  z  autour  d'un  de  ces  points  singuliers,  Z  crsse 
d'être  monodrome  et  prend  df^ux  valeurs  différentes.  Mais  je  ne  m'appuie- 
rai pas  sur  ces  théorèmes,  dont  ici  on  pourrait  même,  au  premier  aspect, 
douter  pour  raison  de  la  proximité  indéfinie  des  points  singuliers  susdits 
Je  vais  au  contraire  étudier  la  fonction  par  la  seule  équation  (5),  sans  re- 
courir à  des  moyens  qui  sortent  du  domaine  de  l'analyse  algébrique.  » 

PHYSIQUE.  —  Les  corps  divers  deviennenl-its  lumineux  à  même  température: 
par  M.  F.  de  la  Provostaye. 

«  On  pourrait  croire  que  la  solution  de  cette  question  est  du  ressort 
exclusif  de  l'expérience.  Il  n'en  est  rien.  Je  me  propose  de  montrer  dans 
ce  qui  va  suivre  que  la  réponse  est  donnée  d'une  manière  sûre  par  une 
série  de  déductions  exclusivement  théoriques. 

Examen   de   la  question  :  Un  même  rayonnement  calorijîqae  commence-t-il  h  être  émis  pnr 

les  cor/js  divers  à  même  température  ? 

»  Cette  question  a  déjà  été  résolue  affirmativement  par  M.  Kirchhoff 
(Annales  de  Chimie  cl  de  Physique,  3*  série,  t.  LXII,  p.  178  et  179).  Je  vais 
la  reprendre  sous  une  forme  légèrement  différente. 

>  1°  Comme  je  l'ai  développé  dans  un  Mémoire  inséré  aux  Annales  de 
Chimif.  et  de  Physique,  3*^  série,  t.  LXVII,  le  rayonnement  d'un  élément 
noir  N  à  une  température  t  quelconque,  placé  dans  une  enceinte  noire  à 
même  température,  peut  être  donné  pary<,y^  étant  une  somme  de  fonc- 
tionsy,  t,f2t^...,J,it  qui  représentent  :  la  première,  f,  t,  l'intensité  à  t  degrés 
du  rayonnement  dont  la  longueur  d'onde  est  1,  ,J,J  celle  du  rayonnement 
dont  la  longueur  d'onde  est  X„.  Je  supposerai  de  plus  ici  que  le  rayon  dont 
la  longueur  d'onde  est  X,  a  pris  naissance  à  la  température  x',  celui  dont 
la  longueur  d'onde  est  X^  à  la  température  x*'"*,...;  de  sorte  que yj  i  sera 

it  <Coc' 
,  et  sera  positive  pour  t>x';  de  même J„t  sera  nulle 

_'  ,,,    et  sera  positive  pour  t  >  x""'  et  ainsi  de  suite. 

V  — —  «X 


(     I023    ) 

»  Les  valeurs  de  x',.r",x''°\...,  n'étant  pas  définies  à  l'avance,  elles  peu- 
vent être  égales  ou  différentes,  ce  qui  signifie  en  langage  ordinaire  qu'on 
ne  décide  point  à  priori,  parce  qu'on  l'ignore,  si  dans  une  enceinte  noire 
tous  les  rayonnements  prennent  naissance  à  une  même  température,  ou 
bien  si  cliacun  naît  à  une  température  particulière. 

»  2°  Dans  une  enceinte  noire,  on  peut,  sans  troubler  l'équilibre,  rem- 
placer successivement  chaque  élément  par  un  aulre  élément  w  à  même 
températiu'e,  doué  de  pouvoir  réflecteur  régulier.  Je  supposerai,  pour  fixer 
les  idées,  que  cet  élément  est  en  or. 

»  J'ai  démontré  que  la  chaleur  envoyée,  à  chaque  instant,  soit  par 
réflexion,  soit  par  émission,  de  «  vers  un  élément  noir  quelconque  u',  est 
égale  à  celle  qu'il  en  reçoit  dans  le  même  temps.  J'ai  aussi  montré  que  cette 
égalité  devait,  être  non-seulement  quantitative  mais  qualitative,  que  les 
deux  fiiisceaux.  allant  l'un  de  oj  à  w',  l'autre  de  w'  à  w,  devaient  avoir  la 
même  composition. 

))   La  clialeur  envoyée  de  w'  à  oo  est 

(i)  J]t+J,t  +  ...-hf„t. 

Celle  qui,  venant  aussi  d'un  élément  noir,  se  réfléchit  sur  w  vers  &/  est 

en  désignant  par  ç»,  le  pouvoir  réflecteur  de  l'or  pour  les  rayons  de  lon- 
gueur d'onde  X, ,  par<j52  le  pouvoir  réflecteur  pour  les  rayons  de  longueur 
d'onde  I21  etc. 

»  En  réunissant  à  (2)  la  chaleur  émise  par  l'or  de  m  vers  0/,  on  doit,  pour 
que  l'équilibre  existe,  retrouver  (i).  Donc  l'or  émet 


(3)  {i-^?,)f,t  +  {i-(p,)J,t  +  ...  +  {i-f„)J„t. 

»  Tant  que,  potn-  l'une  quelconque  des  fonctions  J,„«  de  la  série  (Tj, 
la  température  sera  ^x''"',  c'esl-à-dire  tant  q[uv.  J,„t  sera  nulle,  évidem- 
ment /',„t  sera  nulle  aussi  dans  la  série  (2)  qui  ne  diffère  de  !a  première 
qu'en  ce  que  chacun  des  termes  de  celle-ci  a  été  mulliplié  par  une  frac- 
tion, et  par  suite  devra  l'être  dans  la  série  (3).  Inversement,  dès  que  la 
température  sera  >  x'"'\  dés  quey,„f  prendra  une  valeur  aussi  petite  qu'on 
voudra  dans  la  série  (i),  elle  prendra  cette  même  valeur  dans  (2)  et  conse- 
quemment  dans  (3). 

»   J^a  série  (1)  représente  l'émission  d'un  corps  noir; 


(     I024    ) 

»  La  série  (3)  celle  d'un  corps  arbitrairement  choisi,  doué  d'un  pou- 
voir réflecteur  régulier. 

»  D'autre  part, y,„^  représente  un  rayonnement  calorifique  quelconque. 
Donc  les  corps  divers  commencent  à  émettre  un  même  rayonnement  à 
une  même  température;  mais  l'intensité  de  ce  rayonnement,  différente 
pour  chacun  d'eux,  est  dès  l'origine  et  demeure  proportionnelle  aux  pou- 
voirs absorbants  ou  émissifs  i,  (i  — (p,„),..,,  des  corps  considérés,  pour 
l'espèce  de  rayons  définie  par  la  longueur  d'onde  X,„. 

»   Il  se  présente  ici  deux  nouvelles  questions. 

))  Première  question.  —  Pour  que  le  rayonnement  d'un  corps  noir  y,,,/ 
soit  appréciable  par  nos  appareils  thermoscopiques,  suffit-il  que  t  sur- 
passe x"'  d'une  quantité  très-petite?  On  l'ignore  absolument.  Il  est  évident 
que  la  température  t  doit  être  a,'"'  +c?''"',  (?<'"'  désignant  une  quantité  tout 
à  fait  inconnue,  variable  d'un  appareil  à  l'autre  et  très-probablement  fort 
notable.  Notre  œil  est  un  appareil  bien  plus  parfait  que  les  thermoscopes. 
Il  n'en  est  pas  moins  certain  qu'un  des  rayons  que  nous  appelons  lumi- 
neux doit,  pour  l'ébranler,  en  d'autres  termes  doit,  pour  être  vu,  atteindre 
une  certaine  intensité  déterminée.  On  ne  doit  donc  point  dire  que  les 
rayons  rouges,  par  exemple,  commencent  à  être  vus  au  moment  où  ils  com- 
ment à  être  émis.  La  visibilité  suppose  une  certaine  intensité  et  le  nombre 
des  vibrations  seul  ne  suffit  pas  pour  la  produiie. 

))  Deuxième  question.  —  Lorsque  le  corps  noir  qui  émet  le  rayon  de  lon- 
gueur d'onde  X^  atteint  l'intensité  exactement  suffisante /,„f  pour  agir  d'une 
manière  appréciable,  soit  sur  un  thermoscope,  soit  sur  l'oeil,  le  rayonnement 
de  nature  identique,  mais  plus  faible,  du  corps  dont  le  pouvoir  émissif  est 
(i  _  ç^^)^  t  ayant  la  même  valeur  que  pour  le  corps  noir,  peut-il  être  encore 
sensible  aux  mêmes  appareils?  Évidemment  non.  Pour  que  l'acfion  repa- 
raisse, il  faut  que  le  second  corps  atteigne  une  température  t'  >  t,  telle  que 

»  Ainsi,  nous  arrivons  par  le  raisonnement  à  quatre  conséquences  par- 
faitement assurées  : 

«  i"  Tous  les  corps,  noirs  ou  doués  de  pouvoir  réflecteur  régulier, 
commencent  à  émettre  un  même  rayonnement  calorifique  ou  lumineux  à 
une  même  température  ; 

I)  i"  Les  quantités  émises  à  une  température  par  des  corps  divers  sont 
proporlionnclles  à  leurs  pouvoirs  émissifs  ou  absorbants  pour  ce  rayonne- 
ment particulier; 

»   3"  Il  ne  s'ensuit  aucunement  que  ces  rayonnements  commencent  à 


(     I025    ) 

être  sensibles  aux  thermoscopes  ou  à  l'œil  à  une  température  très-voisine  de 
celle  à  laquelle  ils  prennent  naissance  ; 

»  4°  Il  ne  s'ensuit  pas  davantage  que  les  rayonnements  de  même  espèce 
émis  par  deux  corps  de  pouvoirs  absorbants  ou  émissifs  divers  deviennent 
appréciables  à  même  température;  c'est  le  contraire   qui  doit  avoir  lieu. 

»  L'expérience  avait  déjà  établi  cette  dernière  conséquence  pour  M.  P. 
Desains  et  moi.  Lorsque  nous  démontrâmes,  en  i854  (Comptes  tendus  de 
l' Académie  des  Sciences,  t.  XXXVIIÏ),  que  les  corps  divers  sont  inéga- 
lement lumineux  à  même  température,  il  nous  fut  impossible  de  ne  pas 
remarquer,  quoique  nous  ne  l'ayons  pas  imprimé  alors,  qu'au  moment  ou 
la  portion  noircie  de  la  lame  d'or  commençait  à  être  vue  très-distinctement, 
la  partie  métallique  demeurait  complètement  obscure.  Nous  avons  revu  le 
même  fait  il  y  a  quelques  mois  en  employant  des  lames  semblables  et  sui- 
vant la  même  marche  indiquée  en  détail  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance 
du  12  octobre  i863.  Lors  donc  qu'on  demande  si  les  corps  divers  progres- 
sivement échauffés  deviennent  visibles  à  même  température,  je  crois  qu'il 
faut,  sans  hésiter,  répondre  négativement.  La  substitution  du  mot  Uunineiix 
au  mot  visible,  n'altérant  pas  le  sens,  ne  changerait  pas  la  réponse.  » 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Sur  quelques  roues  hydrauliques  décrites  et  figurées 
dans  des  publications  des  trois  derniers  siècles  et  omises  dans  les  traités  récents 
sur  ces  sortes  de  machines.  INote  de  M.  A.  de  Caugxy,  présentée  par 
M.  Poncelet. 

«  Le  Theatrum  machinarum  de  Bockler,  mentionné  dans  la  Note  qiie  j'ai 
eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  26  octobre  dernier,  renferme 
plusieurs  rouesélévatoiresà  augets  invariablement  attachés  à  ces  roues.  Mais 
on  en  trouve  un  perfectionnement  remarquable  dans  le  Theatrum  machi- 
narum de  Leupold,  publié  longtemps  après,  le  tome  F'  de  ce  dernier  étant 
de  1723.  On  y  trouve  un  dessin  très-net  d'une  roue  élévatoire  de  ce  genre, 
dont  les  augets  prennent  l'eau  à  élever  par  la  circonférence  extérieure,  et 
la  versent  au  sommet  par  la  circonférence  intérieure.  La  forme  générale  du 
système  est  parfaitement  analogue,  sauf  quelques  détails  de  forme  qui  s'ex- 
pliquent par  la  différence  des  problèmes  à  résoudre,  avec  la  roue  verticale 
à  augets  proposée  par  de  Thiville,  qui  a  eu  l'heureuse  idée  de  recevoir  dans 
certains  cas  l'eau  motrice  à  l'intérieur,  et  de  la  faire  sortir  par  la  circonfé- 
rence extérieure,  de  manière  à  permettre  aux  augets,  convenablement  dis- 
posés pour  cet  objet,  de  garder  l'eau  le   plus  longtemps  possible.   Il  est 

G.  R.,  i8C3,  ame  Semestre.  (T.  LVII,  N»  2S.)  I  3^ 


(     1020    ) 

entendu,  comme  je  viens  de  l'indiquer,  que  la  disposition  des  parois  de 
chaque  auget  est  très-différente,  puisque  dans  un  cas  l'eau  doit  être  élevée, 
tandis  que  dans  l'autre  elledoit  descendre.  On  sait  que  plusieurs  ingénieurs 
de  notre  époque  ont  repris  d'iuie  manière  très-intéressante  l'étude  d'une 
roue  à  augets  élévatoire  d'une  forme  semblable.  Il  est  utile  de  suivre  ces 
transformations  pour  étudier  la  marche  de  l'esprit  humain  dans  les  décou- 
vertes de  la  mécanique. 

»  11  est  permis  de  s'étonner  qu'on  ait  été  si  longtemps  à  transformer  la 
roue  décrite  par  Leupold  en  roue  hydraulique  motrice,  puisquil  semble  au 
premier  aperçu  qu'il  ne  s'agissait  guère  que  de  changer  le  sens  de  son 
mouvement.  On  peut  s'étonner  aussi  qu'on  ait  été  si  longtemps  avant  de 
trouver  les  machines  à  colonnes  d'eau  motrices,  si  elles  ne  sont  au  fond  que 
des  pompes  renversées,  selon  la  remarque  ingénieuse  de  Gueyniveau  qui 
m'a  donné  occasion  de  généraliser  les  idées  sur  cette  matière,  en  commmii- 
quant  depuis  longtemps  à  la  Société  Philomathique  des  moyens  de  transfor- 
mer en  moteurs  hydrauliques  diverses  machines  élévatoires,  et  réciproque- 
ment. Mais  ces  généralisations,  conséquences  de  l'esprit  moderne,  ne 
diminuent  en  rien  le  mérite  des  anciens  auteurs;  et  même  de  Thiville  ne  doit 
probablement  que  bien  peu  de  chose  à  Leupold.  J'ai  d'ailleurs  montré 
comment  la  théorie  rendait  compte  des  grandes  vitesses  que  l'on  pouvait 
obtenir  aussi,  par  un  écoulement  de  l'intérieur  à  l'extérieur  d'une  roue 
hydraulique  verticale,  mais  en  courbant  les  aubes  sur  lesquelles  l'eau  arrive 
avec  une  vitesse  acquise  en  agissant  par  des  principes  analogues  à  ceux  des 
turbines  de  Borda  [voir  le  Bulletin  de  la  Société  Philomathique,  séances  du 
1 1  décembre  1842  et  du  22  janvier  1848,  journal /'/n5<i<«i).  Cela  rentre,  à  ce 
qu'il  paraît,  dans  des  études  inédites  de  M.  Poncelet  sur  les  roues  à  augets 
à  grandes  vitesses. 

»  Ramelli  a  disposé  verticalement  la  roue  horizontale  à  aubes  courbes 
que  j'ai  rappelée  dans  ma  Note  du  26  octobre.  Le  nombre  de  ses  aubes  est 
alors  évidemment  trop  petit;  mais  il  parait  que  ce  savant  ingénieur  voulait 
seulement  exposer  une  idée.  Il  est  bien  remarquable  qu'il  n'a  point  consi- 
déré cette  roue  verticale  comme  motrice,  mais  qu'il  l'a  présentée  seulement 
comme  un  propulseur  pour  faire  avancer  des  bateaux.  Il  semble,  d'après 
cette  disposition,  qu'il  voulait  faire  |)énétrer  chaque  aube  dans  l'eau,  en 
diminuant  le  choc  à  son  entrée,  et  qu'il  comptait  en  partie  sur  le  poids  de 
l'eau  soulevée,  comme  point  de  résistance,  pour  faire  avancer  les  bateaux. 
Ce  n'est  pas  ainsi,  comme  on  sait,  que  ces  propulseurs  sont  aujourd'hui 
considérés.  Quand  j'ai  eu  connaissance  de  cette  ancienne  roue,  j'ai  signalé, 


(     I027    ) 

il  y  a  longtemps,  à  la  Société  Philomathique  l'avantage  que  pourrait  avoir 
une  forme  analogue  des  aubes  plongeantes  pour  élever  de  l'eau  au  moyen 
des  roues  de  côté  emboîtées  dans  un  coursier.  Je  suis  le  premier  à  convenir 
que  j'ai  retrouvé  cette  disposition  fies  aubes  d'une  roue  élévatoire  dans  le 
grand  ouvrage  sur  les  moulins  à  vent  hollandais  qui  est  à  la  bibliothèque 
du  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers.  Cet  ouvrage,  écrit  en  hollandais  vers 
le  milieu  du  dernier  siècle,  renferme  un  nombre  considérable  de  planches 
in-folio  très-détaillées.  Je  crois  utile  de  conserver  la  trace  de  cette  disposi- 
tion, quoiqu'il  paraisse  en  résulter  que,  dans  certaines  conditions  dn  moins, 
l'eau  doit  être  soulevée  d'une  manière  désavantageuse  au-dessus  du  point 
où  l'on  veut  la  verser.  Si  la  roue  de  Thiville  est  en  principe  l'inverse  de  la 
roue  précitée  de  Leupold,  il  est  certain  que  la  roue  hollandaise  dont  je 
viens  de  parler  n'est  pas  l'inverse  de  la  roue  motrice  verticale  à  aubes 
courbes  de  M.  le  général  Poncelet.  Ce  n'est  pas  seulement  parce  que  son 
aspect  est  très-différent  de  celui  de  cette  dernière,  mais  parce  qu'il  n'y  a 
aucun  rapport  entre  les  principes  de  ces  deux  roues.  C'est  peut-être  un  des 
exemples  les  plus  convenables  pour  montrer  qu'en  supposant  même  que  les 
anciens  auteurs  eussent  disposé  les  aubes  des  roues  de  toutes  les  manières 
possibles,  ce  ne  serait  pas  du  tout  une  raison  pour  en  conclure  qu'ils  se 
soient  doutés  du  parti  qu'on  en  pouvait  tirer.  La  vis  d'Archimède  était 
employée  depuis  deux  mille  ans  comme  machine  à  élever  de  l'e^u,  avant 
que  Branca  et  le  marquis  de  Worcester  eussent  proposé  d'en  faire  une  ma- 
chine motrice  où  l'eau  descendait  au  lieu  de  monter. 

>)  En  réfléchissant  aux  deux  turbines  remarquables  dessinées  parBoclder, 
et  mentionnées  dans  ma  Note  du  26  octobre,  surtout  à  celle  de  la  planche  44 
de  l'ouvrage  précité  de  cet  auteur,  où  l'eau  semble  s'élever  sur  les  aubes, 
et  agir  ensuite  pendant  un  glissement  de  haut  en  bas,  j'ai  eu  la  pensée  d'une 
disposition  qu'il  me  paraît  utile  de  signaler,  dans  le  cas  où  elle  ne  l'aurait 
pas  été  encore,  ce  que  je  m'empresserais  de  reconnaître,  s'il  y  avait  lieu, 
étant  surtout  au  courant  de  ce  qui  s'est  fait  avant  l'époque  où  j'ai  com- 
mencé nies  travaux.  M.  le  général  Poncelet  n'a  proposé,  je  crois,  de  faire 
osciller  les  lames  liquides  que  dans  sa  roue  hydraulique  verticale.  Or,  si  l'on 
conçoit  une  roue  de  forme  analogue  à  celle  de  Borda  ou  à  celle  de  la  plan- 
che 5o  précitée  de  Bockler,  on  peut,  avec  un  coursier  convenablement 
disposé,  faire  arriver  l'eau  par-dessous  d'une  manière  analogue  à  ce  qui  se 
présente  dans  les  roues  verticales  à  aubes  courbes  et  à  grand  diamètre  de 
M.  le  général  Poncelet,  et  surtout  dans  les  aubes  courbes  que  M.  Girard  a 
proposé  de  disposer  sous  les  wagons  d'un  chemin  de  fer  qu'il  étudie.    On 

.37.. 


^  1028  ) 
conçoit  qu'alors  les  lames  liquides  pourront  se  comporter  dans  une  turbine 
d'une  manière  qui  aura  une  bien  grande  analogie  avec  ce  qui  se  présente 
dans  la  roue  verticale  à  aubes  courbes.  Il  est  clair  qu'il  faudra  tenir  compte 
des  effets  de  la  force  centrifuge  et  de  diverses  circonstances  pour  lesquelles 
l'expérience  devra  être  consultée.  Ainsi,  il  pourra  être  utile,  non-seulement 
de  disposer  les  aubes  courbes  entre  deux  surfaces  concentriques  verticales 
destinées  à  retenir  l'eau  latéralement,  mais  de  disposer  d'autres  surfaces 
concentriques  verticales  entre  ces  deux  dernières  pour  mieux  régler  les 
mouvements  de  l'eau,  du  moins  dans  les  premiers  essais.  Cette  disposition 
de  turbine  à  lames  liquides  oscillantes  me  paraît  mériter  d'être  signalée 
comme  pouvant  avoir  ses  avantages.  La  théorie  rentre  d'ailleurs  dans  celle 
de  la  roue  verticale  à  aubes  courbes  de  M.  Poncelet,  dont  celle-ci  n'est,  à 
proprement  parler,  qu'une  forme  nouvelle  à  laquelle  il  ne  parait  pas  qu'on 
ait  encore  pensé,  mais  dont  l'honneur  doit  principalement  lui  revenir. 

»  Parmi  les  formes  curieuses  des  anciennes  turbines,  il  est  intéressant  de 
signaler  celle  de  Jacques  Besson,  dont  l'ouvrage  est  du  xv*"  siècle,  et  qui  a 
été  reproduite  sous  diverses  formes  par  des  auteurs  français  et  allemands. 
En  effet,  un  érudit  a  cru  y  voir  seulement  un  tambour  entouré  d'aubes  de 
formes  hélicoïdes;  mais  en  y  regardant  de  plus  près,  je  me  suis  aperçu  que 
c'était  une  erreur,  et  qu'il  s'agissait  d'une  sorte  de  roue  à  surface  conique 
dont  la  pointe  est  tournée  vers  le  bas,  et  qui  est  plus  ou  moins  renflée  selon 
les  divers  auteurs  qui  en  ont  parlé.  Il  est  bon  d'être  prévenu,  parce  qu  on 
ne  s'en  aperçoit  pas  toujours,  que  dans  ces  anciens  auteurs,  les  dessins 
offrent  quelquefois  l'aspect  d'une  sorte  de  déchiruTe  qui  permet  de  pénétrer 
par  la  pensée  dans  l'intérieur  de  ces  anciennes  machines. 

»  M.  le  général  Poncelet,  sur  l'invitation  duquel  j'ai  repris  mes  études 
critiques  sur  l'histoire  des  machines  hydrauliques,  a  bien  voulu  me  commu- 
niquer des  dessins  qui  avaient  échappé  à  mon  attention  dans  V Encyclopédie 
métliodique,  par  la  raison  même  qu'au  premier  aperçu  ces  dessins  ressem- 
blaient à  ceux  des  roues  de  côté  ordinaires,  que  si  l'on  n'avait  pas  connu  la 
roue  de  côté  de  Barker,  décrite  antérieurement  par  Desaguillers  dans  le 
tome  II  de  son  Traité  de  Physique^  planche  33,  on  ne  se  serait  peut-être  pas 
aperçu  que  c'était,  comme  cette  dernière,  une  roue  dont  le  coursier  est  un 
tuyau  courbe  à  section  quadrangulaire  fendu  pour  le  passage  d'un  disque 
ou,  plutôt,  d'une  couronne  qui  porte  des  aubes  venant  s'emboîter  dans  ce 
coursier  annulaire.  Ces  roues  ayant  été  exécutées  sous  cette  ancienne  forme, 
il  est  intéressant  de  remarquer  que  la  grande  épaisseur  de  la  pièce  qui  porte 
les  aubes  leur  donne  plus  de  solidité  que  ne  semblait  l'indiquer  le  dessin  de 


(  I029  ) 
Desaguillers.  J'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  des  Sciences,  les 
1 3  janvier  et  17  février  1862,  des  observations  sur  ces  anciennes  roues  (jioir 
Jes  Comptes  rendus  de  ces  séances,  p.  1 19,  3']5  et  Sa/i).  Il  m'a  donc  semblé 
utile  de  signaler  ces  planches  de  V Encyclopédie  méthodique.  Je  dois  dire, 
quoique  ces  planches  semblent  représenter  des  roues  coulant  à  plein  cour- 
sier, que  leurs  aubes  paraissent  trop  nombreuses  pour  bien  remplir  ce  but. 
L'abbé  Mann  est  le  premier  qui,  à  ma  connaissance,  ait  proposé  de  ne 
mettre  que  six  ou  huit  aubes  à  des  roues  de  côté,  ce  qui  ne  peut  avoir  de  sens 
que  pour  une  roue  roulant  à  plein  coursier.  (Voir  Mechanics  for  prnctical  men, 
par  Gregory,  iSaS,  p.  3i8.)  Je  reviendrai  sur  ce  sujet,  dont  on  s'est  occupé 
d'une  manière  intéressante  depuis  cette  époque.  » 

PHYSIQUE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Réponse  de  M..  Plateac  aux  observations 
présentées  par  M.  Chevreul  dans  la  séance  du  i  novembre  dernier.  Note 
présentée  par  M.  Faye. 

«  Si  j'ai  dit  que  les  résultats  de  mes  expériences  échappent  à  la  loi  du 
contraste  simultané,  c'est  simplement  parce  que,  dans  ces  expériences,  d  y 
a  juxtaposition  de  deux  couleurs  sans  effet  de  contraste;  si  je  n'ai  pas  ajouté 
que  ce  dernier  effet  se  manifeste  sur  mes  bandes  étroites  quand  on  observe 
celles-ci  à  de  petites  distances,  c'est  que  je  considérais  le  fait  comme  bien 
connu,  et  que  mon  but  était  seulement  de  signaler  une  circonstance  ou  je 
trouvais  une  exception  à  la  loi  dont  il  s'agit.  Suivant  M.  Chevreul,  je  suis 
sorti  des  conditions  de  la  loi  du  contraste,  pour  me  placer  dans  celles  du 
principe  du  mélange  ;  M.  Chevreul  attribue  mes  résultats  à  ce  qu'aux  grandes 
distances  où  j'observais,  la  vision  de  mes  bandes  étroites  n'était  plus  dis- 
tincte; il  assimile  l'effet  produit  à  ce  qui  arrive  à  l'égard  des  tapisseries  des 
Gobelins,  où  un  ensemble  de  fils  juxtaposés  et  différemment  colorés  offre 
de  loin  l'aspect  d'une  teinte  unie  ou  dégradée,  parce  que  l'étendue  finie  de 
chaque  élément  coloré  cesse  d'être  perceptible. 

»  Sans  doute,  si  l'on  veut  s'en  tenir  à  un  premier  aperçu,  cette  explication 
peut  paraître  suffisante,  et  je  comprends,  d'après  le  but  général  que  M.  Che- 
vreul s'est  proposé  dans  ses  recherches,  qu'il  n'ait  pas  été  au  delà  de  ce 
premier  aperçu.  Ainsi  envisagées,  mes  expériences  seraient  dépourvues 
d'intérêt  ;  mais  les  choses  changent  quand  on  pénètre  plus  avant  dans  l'étude 
du  phénomène. 

»  Et  d'abord  il  m'est  impossible  de  reconnaître  que  je  suis  sorti  des  con- 
ditions de  la  loi  du  contraste  en  général,  car,  dans  mes  expériences,  tandis 


(  io3o  ) 
que  le  phénomène  du  contraste  de  couleur  fait  place  à  un  phénomène  op- 
posé, le  contraste  d'éclat,  ou  de  ton,  se  manifeste  parfaitement;  par  exem- 
ple, une  bande  jaune  de  i  millimètre  de  largeur  sur  fond  violet  paraissait 
blanche  à  partir  d'une  distance  de  G  mètres,  et  luie  bande  du  même  violet 
sur  un  fond  du  même  jaune  paraissait  noire  à  partir  d'une  distance  de 
3  mètres.  Ce  blanc  et  ce  noir,  au  lieu  du  gris,  étaient  évidemment  des  effets 
de  contraste  de  ton,  provenant  de  ce  que  le  violet  est  beaucoup  plus  sombre 
que  le  jaune. 

»  En  second  lieu,  il  n'y  a  pas  analogie  complète  entre  le  cas  d'un  grand 
nombre  de  fils  juxtaposés  et  différemment  colorés,  et  celui  de  ma  bande 
étroite  traversant  un  fond  d'une  autre  couleur  :  dans  le  premier  on  peut 
concevoir  qu'à  une  distance  suffisante,  l'œil,  ne  distinguant  plus  les  fils  les 
ims  d'avec  les  autres,  confonde  leurs  couleurs  dans  une  même  impression; 
mais,  dans  le  second,  la  petite  bande,  à  la  distance  où  sa  couleur  semble  se 
mêler  de  celle  du  fond,  se  distingue  très-bien  sur  ce  fond.  En  restreignant, 
comme  je  l'ai  fait,  les  circonstances  de  l'expérience,  en  les  bornant,  pour 
ainsi  dire,  à  un  seul  fil  coloré  tendu  sur  un  fond  d'une  autre  couleur, 
on  rend  possible  l'étude  du  phénomène  dans  ses  conditions  les  plus 
simples. 

»  Une  conséquence  qu'on  déduit  de  ce  mode  d'expérimentation  et  des 
l'ésultats  qu'il  fournit,  c'est  qu'un  ensemble  de  fils  juxtaposés,  et  alterna- 
tivement de  deux  couleurs  différentes,  semble  devoir  manifester  l'effet 
opposé  au  contraste  à  des  distances  où  chacun  des  fils  en  particulier  est 
encore  perceptible. 

»  Or,  je  viens  de  soumettre  cette  déduction  à  l'épreuve  de  l'expérience. 
Un  carton  carré  de  i  décimètre  de  côté  a  été  recouvert  de  papier  violet,  puis 
on  a  collé  par-dessus  une  série  de  bandes  de  papier  jaune  de  i  millimètre 
de  largeur,  séparées  par  des  intervalles  ayant  également  i  millimètre  de 
largeur,  de  sorte  que  toute  la  surface  du  carton  se  trouvait  occupée  par  des 
bandes  de  i  millimètre,  alternativement  violettes  et  jaunes.  Ce  carton  a  été 
fixé  au  milieu  d'une  feuille  de  papier  gris;  enfin  on  a  collé,  en  un  coin  de 
cette  dernière,  un  carré  de  papier  du  même  jaune  et  de  quelques  centi- 
mètres de  côté,  et,  en  un  autre  coin,  un  carré  pareil  de  papier  du  même 
violet,  afin  d'avoir  des  termes  de  comparaison. 

»  J'ai  fait  observer  cet  ensemble  à  différentes  distances,  dans  un  lieu  bien 
éclairé,  par  cinq  personnes,  parmi  lesquelles  une  dame  et  un  peintre.  Deux 
de  ces  personnes  avaient  une  vue  normale,  la  troisième  inclinait  vers  le 
presbytisme,  la  quatrième  était  légèrement  myope,  et  la  cinquième  décidé- 


(  io3i  ) 
ment  presbyte;  ces  deux  dernières  employaient  leurs  besicles  aux  distances 
où  leur  vue  simple  n'était  pas  distincte. 

»  Or,  pour  quatre  de  ces  personnes,  l'eftet  opposé  au  contraste  se  mani- 
festait déjà  d'une  manière  prononcée  à  ia  distance  de  (io  centimètres,  c  est- 
à-dire  que  les  bandes  violettes  paraissaient  presque  grises,  et  les  jaunes  for- 
tement pâlies.  A  cette  même  distance,  la  cinquième  personne  voyait  seule- 
ment le  jaune  plus  pâle;  mais,  à  80  centimètres,  elle  jugeait  en  même  temps 
le  violet  mêlé  de  gris.  Mentionnons  ici  un  phénomène  accessoire  :  à  ces 
distances  de  Go  ou  80  centimètres,  les  bandes  jaunes  se  montraient  un  peu 
élargies  aux  dépens  des  bandes  violettes;  c'est  un  effet  d'irradiation  dû  à 
ce  que  le  jaune  a  beaucoup  plus  d'éclat  que  le  violet. 

))  En  observant  ensuite  à  !\o  centimètres,  toutes  les  personnes  ont  reconnu 
un  léger  effet  de  contraste  à  l'égard  du  violet,  qui  leur  semblait  plus  beau, 
mais  une  seule  a  vu  le  jaune  également  embelli;  deux  jugeaient  déjà  cette 
couleur  légèrement  pâlie,  et  une  autre  n'y  voyait  aucun  changement. 

»  Eu  s'éloignant,  à  partir  de  60  ou  80  centimètres,  l'effet  opposé  au  con- 
traste augmentait,  ainsi  que  l'élargissement  apparent  des  bandes  jaunes; 
enfin  ce  n'est  qu'à  6  nu  7  mètres  que  les  bandes  jaunes  et  les  bandes  vio- 
lettes se  confondaient  complètement  en  une  teinte  uniforme,  laquelle  était 
d'une  jaune  sale. 

»  On  a  employé  ensuite  un  antre  carton  de  mêmes  dimensions,  partage 
aussi  eu  bandes  de  i  millimètre,  mais  alternativement  vertes  et  orangées,  et 
placé,  comme  le  premier,  au  milieu  d'une  feuille  de  papier  gris  portant  des 
échantillons  des  deux  mêmes  couleurs.  J'aurais  désiré  un  vert  de  même  hau- 
teur de  ton  que  l'orangé,  mais  on  n'a  pu  trouver  de  papier  dont  la  teinte 
remplît  cette  condition,  et  j'ai  dû  me  contenter  d'un  vert  plus  clair. 

»  Avec  ce  second  carton,  les  résultats  ont  été  du  même  ordi'e  qu'avec  le 
premier;  c'est-à-dire  qu'à  4o  centimètres  il  y  avait  tendance  à  l'effet  de  cour 
traste,  et  qu'à  60  centimètres,  l'effet  opposé,  qui  consistait  ici  en  une  addi- 
tion de  jaune  au  vert  et  à  l'orangé,  se  produisait  déjà.  Seulement,  |)our  l'une 
des  personnes,  l'orangé  n'avait  pas  varié,  le  vert  seul  était  plus  jaune,  et. 
pour  la  personne  qui  avait  dû  se  placer  un  peu  plus  loin  dans  le  cas  du 
premier  carton,  l'addition  de  jaune  aux  deux  séries  de  bandes  n'était  bien 
évidente  qu'à  120  centimètres.  A.  cause  de  leur  éclat  plus  grand,  les  bandes 
vertes  paraissaient  im  peu  élargies  par  l'irradiation.  Il  fallait  s'éloigner  a  5 
ou  6  mètres  pour  ne  plus  voir  qu'une  teinte  uniforme;  celle-ci  était  d  un 
jaune  sale  légèrement  verdâtre. 

»   Ainsi,  quand  à  une  seule  bande  étroite  sur  un  fond  étendu  ou  substitue 


(   io32  ) 

lin  assemblage  nombreux  de  pareilles  bandes  alternativement  des  deux  cou- 
leurs sur  lesquelles  on  veut  opérer,  l'effet  opposé  au  contraste  de  couleur 
se  montre  déjà  d'une  manière  prononcée  à  des  distances  où  l'œil  voit  par- 
faitement et  sans  confusion  les  deux  séries  de  bandes  juxtaposées.  Le  phéno- 
mène ne  peut  donc  être  dû,  comme  le  pense  M.  Chevreul,  à  une  vision  in- 
distincte, et  conséquemment  il  doit  être  attribué,  de  même  que  l'effet  de 
contraste,  à  une  cause  subjective,  à  une  cause  physiologique. 

»  Il  y  aurait  sans  doute  beaucoup  d'autres  expériences  à  faire  sur  le  phé- 
nomène en  question,  et  celui-ci  formerait,  je  pense,  un  curieux  sujet  d'études 
ultérieures;  on  s'assurerait,  par  exemple,  si  ce  phénomène  ne  serait  pas 
simplement,  comme  cela  parait  probable,  une  modification  de  l'irradiation; 
les  expériences  de  mon  Mémoire  semblent  indiquer  une  différence  de  na- 
ture entre  le  contraste  de  couleur  et  le  contraste  de  ton;  on  examinerait  si 
cette  différence  est  bien  réelle,  etc. 

»  Du  reste,  rien  n'a  été  plus  loin  de  ma  pensée  que  de  chercher  à  infir- 
mer la  loi  du  contraste  simultané  des  couleurs.  Cette  loi,  M.  Chevreul  l'a 
fondée  sur  des  expériences  nombreuses  et  incontestables.  Dans  mon  opi- 
nion, le  phénomène  dont  je  me  suis  occupé,  au  lieu  de  porter  atteinte  à  la 
loi  de  M.  Chevreul,  est,  au  contraire,  intimement  lié  aux  effets  régis  par  cette 
loi,  c'est-à-dire  qu'il  les  accompagne  constamment  ;  lorsque  deux  espaces 
différemment  colorés  et  suffisamment  étendus  sont  juxtaposés,  il  y  a,  selon 
moi,  pour  l'œil  qui  observe  l'ensemble,  un  prolongement  de  chacune  des 
deux  teintes  au  delà  de  la  ligne  de  contact,  prolongement  qui  se  mêle  avec 
l'autre  teinte,  et  dont  l'intensité  s'affaiblit  suivant  une  progression  très-rapide 
à  partir  de  cette  ligne  de  contact  jusqu'à  une  distance  très-petite,  au  delà  de 
laquelle  apparaît  pleinement  le  phénomène  du  contraste.   » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  — Z)e  faction  de  l'oxj'gène  sur  le  vin.  Réponse  à  ta  Note  de 
M.  Berthelot /M/'  M.E.-J.  Malmené.  (Extrait.) 

«  ...  J'affirme  que  le  vin  (le  vin  normal,  ne  contenant  plus  de  inoùt  el 
ne  contenant  pas  encore  de  produits  altérés)  bien  limpide  peut  être  mis  en 
contact  avec  l'oxygène  pur,  sons  la  pression  ordinaire,  ou  sous  de  fortes 
pressions,  sans  éprouver  d'altération  sensible  ni  dans  son  bouquet,  ni  dans 
ses  autres  propriétés.  On  peut  faire  du  vin  mousseux  avec  l'oxygène,  et 
ce  vin,  chargé  à  huit  atmosphères,  se  conserve  au  moins  une  année. 
M.  Berthelot  nie  ces  faits.  Il  les  nie  en  s'appuyant  d'uNE  expérience  faite 
sur  le  mercure ,  et  il  ajoute  que  le  mercure  n'est  pour  rien  dans  les 
résultats.  C'est,  à  mon  avis,  une  erreur  des  plus  complètes. 


(  io33  ) 

»  M.  Berlhelot  fait  appel  à  un  travail  de  M.  Pasteur.  Mais  avant  de  me 
prononcer  sur  l'appui  que  semble  lui  prêter  le  travail  de  ce  savant,  j'atten- 
drai que  cet  appui  soit  plus  explicite. 

»  Je  dirai  la  même  chose  pour  le  travail  de  M.  Boussingault.  Avant  de 
m'expliquer  à  son  égard,  j'attendrai  qu'il  ait  déclaré  lui-même  qu'il  regarde 
l'absence  de  l'oxygène  dans  le  vin  comme  une  preuve  de  l'action  réci- 
proque que  leur  attribue  M.  Berthelot.  Jusque-là  je  tiendrai  pour  certain 
que  cette  erreur  est  fort  loin   de  sa  pensée. 

»  MM.  de  Fleurieu  et  Berthelot  pensent  avoir  signalé  les  premiers  que 
la  quantité  de  crème  de  tartre  contenue  dans  le  vin  est  inférieure  à  celle 
qui  correspond  à  la  solubilité  normale  dans  un  simple  mélange  d'al- 
cool et  d'eau,  mais  le  fait  a  été  signalé  par  moi  d'abord  et  ensuite  par 
M.  Béchamp.  » 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  fa   distillation   des  liquides   mélangés.    Béponse  de 
M.  E.-J.  Maumexé  à  la  Note  de  M.  Berthelot.  (Extrait.) 

«  ...  M.  Berlhelot  prétend,  dans  sa  Note,  qu'il  a  voulu  rappeler  unique- 
ment l'attention  des  chimistes  sur  les  phénomènes  physiques  qui  intervien- 
nent dans  ce  genre  de  distillation,  mais  il  s'est  exposé  à  son  tour  au  reproche 
de  ne  pas  donner  une  théorie  exacte;  car  cette  théorie  ne  tient  pas  compte, 
à  beaucoup  prés,  de  tous  les  phénomènes  qui  interviennent.  M.  Berthelot, 
en  critiquant  un  travail  d'iui  de  nos  confrères,  n'a  rien  infirmé  relative- 
ment au  principe  que  l'action  des  liquides  mélangés  tend  à  diminuer  la 
tension  individuelle  de  chacun  des  deux  liquides,  suivant  une  loi  incon- 
nue, mais  qui  dépend  de  la  composition  du  mélange.    » 

M.  DupoxcHEL  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission à  laquelle  a  été  renvoyé  un  Mémoire  de  Géologie  générale  qu'il  a 
présenté  en  février  dernier.  M.  Duponchel  joint  à  celte  demande  un  résumé 
du  Mémoire  en  question. 

La  Note  et  l'analyse  sont  renvoyées  à  l'examen  des  Commissaires  dési- 
gnés :  MM.  Pouillet,  d'Archiac,  Daubrée. 

La  Société  de  Médecixe  de  Metz,  fondée  en  1819,  adresse  la  collection 
complète  de  ses  publications  et  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  la  com- 
prendre dans  le  nombre  des  institutions  savantes  auxquelles  elle  fait  don  de 
ses  Comptes  rendus. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

C.  R.,  i863,  2™«  Semestre.  (T.  LVII,  K»  2S.)  '  ^8 


(  io34  ) 

M.  Artcr  signale  une  omission  qui  a  eu  lieu  dans  l'article  qui  le  con- 
cerne, au  compte  rendu  de  la  séance  du  i3  juillet  dernier.  Après  le  titre  de 
son  Mémoire  ■•  sur  les  retards  de  l'ébullition  et  de  la  congélation  des  li- 
quides »,  on  a  oublié  d'inscrire  les  noms  des  Commissaires  nommés  pour 
l'examen  de  son  travail. 

Des  Commissaires  avaient  été  en  effet  désignés  par  M.  le  Président  :  ce 
sont  MM.  Babinet,  Combes  et  Morin. 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i4  décembre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Rapport  médical  sur  l'asile  public  des  femmes  aliénées  de  Bordeaux  pour 
l'année  1862;  par  A.  BAZIN.  Bordeaux,  i863  ;  in-4''. 

Mémoires  de  la  Société  d' Anthropolocjie  de  Paris;  t.  Il,  i^'  fascicule.  Paris, 
i863;in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  Académique  de  Maine-et-Loire  ;  i3'  et  t4'  volumes. 
Angers,  i863;  in-8°. 

Société  des  Sciences  médicales  de  l'arrondissement  de  Gannat  [Allier).  — 
Compte  rendu  des  travaux  de  l'année  i862-i863;  17^  année.  Gannat,  i863; 
in-8°. 

Ueber  den...  Sur  la  structure  intime  de  la  partie  corticale  du  cervelet;  par 
F.  EilhardScuulze.  Rostock,  i863;  in-4". 

Florœ  Romance  Prodomus  alter,  continens  plantas  vasculares  circa  Romam, 
in  bisapcnninis  Romance  dictionis  provinciis.,  in  Umbria  et  Piceno  sponte 
venientes,  juxtà  sexuale  Linnœi  syslemn  dispositas  a  Petro  Sanguinetti  ; 
feuilles  i  à  76,  in-4". 

Pièces  adressées  à  l'Académie;  par  M"*  la  comtesse  DE  VERiNÈDE  DE  COK- 
NEILLAN,  née  DE  GiRARD  : 

Mémoire  au  Roi,  aux  Ministres  et  aux  Chambres  sur  la  priorité  due  à  la 
France  dans  l'invention  des  machines  à  filer  le  lin  et  sur  les  droits  exclus^s  de 


(  io35  ) 

M.  Philipjoe  DE  Girard  à  la  création  de  cette  cjrande  industrie  (i844)-  Paris; 
in-4°. 

Invention  de  In  filature  mécanique  du  lin;  notice  chronologique.  Paris; 
in-4°. 

Réclamation  d'icn  million  et  les  intérêts', par  W""  la  comtesse  DE  Vernede 
DE  CORNEiLLAN,  née  DE  GiRARD,  ilièce  et  héritière  de  M.  le  chevaUer 
Philippe  DE  Girard,  inventeur  de  la  filature  mécanique  du  lin  (i856).  Paris, 
i856;  iM-4°. 

Pétition  au  Sénat  soumettant  à  son  équité  les  erreurs  de  dates  et  défaits,  source 
et  base  de  la  décision  du  Conseil  d'Etat  contre  le  droit  de  M""^  la  comtesse  de 
Vernède  de  Corneillan,  née  de  Girard,  nièce  et  héritière  de  M.  le  chevalier 
Philippe  de  Girard,  inventeur  de  la  filature  mécanique  du  lin  (1862).  Paris, 
1862;  in-4''. 

Pétition  adressée  au  Sénat,  par  M"''  la  comtesse  de  Vernède  DE  Corneil- 
lan, etc.,  etc.  (i863).  Paris;  {11-4°. 

Rapport  fait  nu  Corps  législatif  par  M.  Seydoux,  Rapporteur  de  la  Com- 
mission chargée  d'examiner  le  projet  de  loi  ayant  pour  objet  d'accorder 
une  pension  à  titre  de  récompense  nationale  aux  héritiers  de  Philippe  de 
Girard,  inventeur,  etc.  (Extrait  du  Moniteur  universel  des  g  et '5]  mai  i853.j 

Rapportjait  au  nom  de  la  Commission  chargée  d'examiner  le  projet  de  loi 
qui  confère  à  titre  de  récompense  nationale  des  pensions  aux  héritiers  de  Jeu 
Philippe  DE  Girard,  inventeur,  etc.;  par  M.  le  baron  Ch.  Dupin.  i853;  in-8". 

Philippe  de  Girard;  par  Benjamin  Rampal.  (Extrait  de  la  Revue  de  Paris 
du  i5  décembre.)    5^  édition.  Paris,  i863;  in-8°. 

f^ie  et  inventions  de  Philippe  de  Girard,  inventeur,  etc.;  par  Gabriel  Des- 
GLOSIÈRES.  Paris,  i858;  in-12. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  21  décembre  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Histoire  naturelle  du  corail;  par  le  D'  H.  Lacaze  DUTHIERS.  Paris;  i864; 
in-8". 

Origine  et  développement  des  os  ;  par  MM.  A.  Rambaud  et  Ch.  Renault. 
Paris,  i864;  vol.  in-8°,  avec  un  atlas  grand  in-4°.  (Présenté,  au  nom  des 
auteurs,  par  M.  Coste.) 

Traité  d'hygiène  privée  et  publique;  par  A.  Becquerel.  3^  édition,  avec 
additions  et  bibliographie  par  le  D"^  E.  Beaugrand.  Paris,  i864;  in- 12. 


(  io36  ) 

liecherches  chimiques  sur  la  banane  du  Brésil;  parB.  Corenwinder.  Lille, 
i863;  in-8°. 

Études  sur  Pivraie  enivrante  {^MViiim  temulentiun,  L.);  pnrMM.  Baillet 
et  FiLHOL;  i'*  partie.  Toulouse,  i863;  br.  in-8°. 

Obseiuations  sur  les  expériences  de  M.  Guillemin ;  par  M.  E.  GOUNELLE. 
(Extrait  des  Annales  télégraphiques.)  Paris,  i863;  br.  in-8°. 

Bibliothèque  et  Cours  populaires  de  Guebwiller  ;  par  J.  BouRCOURT.  Gueb- 
willer,  1864;  br.in-8°. 

Notice  aéronautique  ;  par  le  vicomte  T.  DE  la  G.  (Taillei'IED  de  la  Ga- 
renne.) Paris,  1857;  in-8°. 

Sitzungsberichte...  Comptes  rendus  de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de 
Vienne.  —  Sciences  mathématiques,  t.  XLVIII,  i"  et  2''  livraisons.  — 
Sciences  naturelles,  t.  XLVII,  4*  et  5^  livraisons.  Vienne,  i863;  in-8°. 

Délie...  Des  principaux  ouvrages  publiés  sur  la  géologie  du  pajs  vénitien, 
par  M.  Giov.  Omboni.  (Extrait  des  Atti  délia  Società  italiana  di  Scienze  na- 
turali.)  Milan  ;  in-8''. 

Suir...  De  l'action  exercée  par  les  anciens  glaciers  sur  le  fond  des  vallées 
alpines;  par  le  même.  (Extrait  du  même  recueil.)  Milan,  demi-feuille 
d'impression  in-8°. 

Studj...  Sur  deux  publications  de  M.  Capellini  :  •<  Etudes  stratigraphiques  et 
paléontologiques  sur  l'injralias  des  montagnes  du  golfe  de  la  Spezia  >• ,  et 
<•  Carte  géologique  des  environs  du  golfe  de  la  Spezia  »;  par  le  même.  (  Ex^ 
trait  du  même  recueil.)  Milan  ;  br.  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI  28  DÉCEMBRE  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


PRIX    DÉCERNÉS 

POUR  l'année  1863. 


SCIENCES  MATHEMATIQUES. 
GRAND  PRIX  DE  RIATHÉMATIQUES. 

QUESTION    PROPOSÉE    POUR    1834,   REMISE  A    183G ,     POIS    A    1860,    ET   PROROGÉE  A    18G3. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,   MM.  Pouillet,   Fizeau,   Duhamel,   Serret, 
Bertrand  rapporteur.  ) 

«  Reprendre  l'examen  comparatif  des  théories  relatives  aux  phénomènes  ca- 
pillaires, discuter  les  principes  mathématiques  et  physiques  sur  les(]uels  on  les 
a  Jondées;  signaler  tes  modifications  quelles  peuvent  exiger  pour  s'adapter  aux 
circonstances  réelles  dans  lesquelles  ces  phénomènes  s'accomplissent,  et  com- 
parer les  résultats  du  calcul  à  des  expériences  précises  faites  entre  toutes  les 
limites  d'espace  mesurables,  dans  des  conditions  telles,  que  les  effets  obtenus 
par  chacune  d'elles  soient  constants.  » 
Trois  Mémoires  ont  été  envoyés  au  Concours;  mais  la  Commission  a 
décidé  à  l'unanimité   qu'aucun   d'eux    ne   présentait   un   ensemble   assez 

C.   R.,  i803,  2'"<-  Semestre.  (T.  LVII,  N"  26.)  •  ^9 


(  io38  ) 
complet  et  n'apportait  à  la  théorie  un  progrès  assez  important  pour  qu'il  fût 
possible  de  lui  décerner  le  prix,  et,  après  trois  prorogations,  elle  pense  qu'il 
y  a  lieu  de  clore  le  Concours.  Cependant  votre  Commission  a  distingué 
le  Mémoire  inscrit  sous  le  n"  2,  dont  l'auteur  a  fait  preuve  de  connaissances 
mathématiques  très-étendues,  en  discutant  avec  talent  des  théories  extrê- 
mement délicates.  Nous  proposons  d'accorder  un  encouragement  de 
mille  Jrancs  à  l'auteur  de  ce  Mémoire,  dont  la  devise  est  :  Qua  ex  causa  in 
canalilnis  fhddorwn  pendent  fiyurœ  atque  ascensioncs?  Jb  alto  sententiom  acci- 
pere  maluissem. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  approuvées. 

La  majorité  de  la  Commission  propose  en  outre  d'accorder,  sur  les 
deux  mille  Jrancs  qui  restent  disponibles,  une  somme  de  mille  francs 
à  M.  ËDOCAKD  Desaixs,  autcur  d'un  très-bon  Mémoire  théorique  et  expé- 
rimental sur  la  capillarité,  présenté  à  l'Académie  et  inséré  dans  \es  Annales 
de  Chimie  et  de  Physique,  postérieurement  à  l'ouverture  du  Concours. 

L'Académie  adopte  cette  proposition. 

GRAND  PRIX  DE  MATHÉSIATIQUES. 

QUESTION    PEOPOSÉE    POUR    1848  ,    REMISE    A    1835,    PUIS    A    1837.    —  NOUVELLE    QUESTION 
PROPOSÉE    POUR    1861  ,    REMISE    A    1863. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Bertrand,  Ossian  Bonnet,  Chasles,  Liouville, 

Serret  rapporteur.) 

«  Perfectionner  en  quelque  point  important  (a  théorie  géométrique  des 
»  polyèdres.    » 

Huit  Mémoires  avaient  été  envoyés  au  Concours  de  1861,  mais  aucun 
d'eux  ne  fut  jugé  digne  du  prix.  Cependant  la  Commission  avait  particulière- 
ment distingué  les  Mémoires  inscrits  sous  les  n"'  4  et  7,  et,  espérant  que  les 
auteurs  de  ces  Mémoires  parviendraient  par  de  nouveaux  efforts  à  remplir 
les  vues  de  l'Académie,  elle  proposa  de  remettre  la  question  au  Concours  pour 
i863.  Mais  cet  espoir  conçu  par  l'ancienne  Commission  n'a  été  qu'imparfai- 
tement réalisé;  le  Mémoire  inscrit  lors  du  dernier  Concours  sous  le  n°  4,  et 
actuellement  sous  le  n°  9,  a  seul  reçu  quelques  améliorations. 

La  Commission  actuelle  a  dû,  en  conséquence,  concentrer  son  attention 
sur  le  Mémoire;  n°  q,  qui  porte  la  devise  :  Travaillez^  prenez  de  la  peine, 
c'est  le  fonds  qui  manque  le  moins. 


(   lo^g  ) 

Ce  Mémoire  très-étendu  est  un  travail  d'ensemble  dont  la  rédaction 
soignée  et  même  élégante  est  digne  des  éloges  de  l'Académie.  On  y  trouve 
{)articulièrement  une  théorie  des  polyèdres  semi-réguliers  {dits  solides  cl' Ar- 
rliimède),  présentée  avec  beaucoup  d'ordre  et  de  méthode;  cette  partie  du 
Mémoire  a  surtout  fixé  l'attention  de  la  Commission.  Mais  la  plupart  des 
résultats  qui  y  sont  contenus  avaient  déjà  été  obtenus  par  d'autres  géomè- 
tres, notamment  par  M.  Lidonne;  aussi,  malgré  l'estime  que  votre  Com- 
mission a  conçue  pour  le  talent  de  l'auteur,  elle  ne  pense  pas  que  son  tra- 
vail satisfasse  d'une  manière  suffisante  aux  conditions  du  Concours. 

En  résumé,  la  Commission  décide  à  l'nnanimité  qu'il  n'y  a  pas  lieu  à 
décerner  le  prix,  et  elle  propose  à  l'Académie  de  retirer  la  question  du 
Concours. 

Cette  proposition  est  adoptée.  , 

[Foir  le  Programme  des  Prix  proposés,  à  la  page  1078.) 

GRAND  PRIX  DE  MATHÉMATIQUES. 

(Commissaires,    MM.    Liouville,    Lamé,    Chasles,  Serret, 
Bertrand   rapporteur.) 

«  Trouver  quel  doit  être  l'étal  calorifique  d'un  corps  solide  homocjène  indéfini, 
»  pour  qu'un  système  de  lignes  isothermes,  à  un  instant  donné,  reste  isotherme 
»  après  un  temps  quelconque,  de  telle  sorte  que  la  température  d'un  point 
n  puisse  s'exprimer  en  fonction  du  temps  et  de  deux  autres  variables  indépen- 
»  dantes.    » 

Ce  prix  n'est  pas  décerné,  et  la  même  question  est  remise  au  Concours 
pour  l'année  i865. 

[Voir  le  Programme  des  Prix  proposés,  à  la  page  1078.) 

PRIX     D'ASTRONOMIE, 

Pour  l'année  1865. 
FONDATION  LALANDE. 
(Commissaires,  MM.  Mathieu,  Laugier,  Delaunay,  Liouville,  Le  Verrier.) 
L'Académie  ajourne  ce  prix. 


139.. 


(  io4o  ) 
PRIX  DE  MÉCANIQUE, 

FONDÉ   PAR   M.    DE   MONTYON. 

(Commissaires,  MM.   Piobert,  Combes,  Poncelet,  Clapeyron, 
Morin   rapporteur.) 

La  Commission  du  prix  de  Mécanique  de  la  fondation  Montyon  déclare 
qu'il  n'y  a  pas  lieu  cette  année  à  décerner  le  prix. 

PRIX  DE  STATISTIQUE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 
RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Ch.  Dupin,  Mathieu,  A.  Passy,  Boussingaidt, 
Bienaymé  rapporteur.) 

Le  prix  de  Statistique,  fondé  par  M.  de  Montyon,  n'a  pu  être  décerne. 
Parmi  les  ouvrages  qui  ont  été  présentés  à  l'Académie  en  1862,  la  Commis- 
sion à  laquelle  la  décision  du  Concours  a  été  confiée,  n'en  a  distingué  que 
deux  qui,  par  leur  nature  même,  ne  peuvent  prétendre  au  prix  de  Statis- 
tique, mais  qui  lui  ont  paru  néanmoins  mériter  des  mentions  honorables. 

Le  premier  est  un  Jtlas  (jéoriraj)ldque,  stniislique  et  historique  du  départi' n^enl 
de  la  Moselle.  Il  renferme  neuf  cartes  du  département,  et  vingt-sept  tableaux 
correspondant  aux  vingt-sept  cantons  qui  en  forment  les  quatre  arrondis- 
sements. Les  renseignements  contenus  dans  cet  Atlas  ne  peuvent  manquer 
d'être  consultés  par  tous  les  hommes  qui  s'occuperont  de  recherches  statis- 
tiques sur  la  Moselle.  Les  cartes  portant  les  n°'  6,  3,  5  et  4  leur  seront 
principalement  utiles.  Elles  présentent  la  division  administrative  actuelle  et 
l'ancienne;  les  anciens  pays  d'état  et  provinces  qui  se  sont  réunis  dans  ce 
département;  la  répartition  des  cours  d'eau  entre  les  bassins  de  la  Moselle, 
de  la  Meuse,  de  la  Nied,  de  la  Sarre  et  du  Rhin;  enfin  la  situation  des 
forêts.  Les  cinq  autres  cartes  se  rapportent  aux  routes,  aux  chetuins  defer, 
à  la  géologie,  aux  mines  et  aux  voies  romaines.  L'auteur  paraît  avoir  puisé 
aux  meilleures  sources  les  documents  qu'il  a  condensés  dans  ses  cartes  et 
dans  ses  tableaux  ;  et  c'est  aux  frais  du  Conseil  général  de  la  Moselle  que 
l'ouvrage  a  été  imprimé.  C'est,  en  effet,  aux  administrateurs  tpi'il  s'adresse 
surtout.  La  statistique  et  l'économie  politique  y  trouveront  le  cadre  des  tra- 


(  io4i  ) 

vaux  qu'elles  entreprendront,  les  données  nécessaires  sur  les  bornes  et  le 
caractère  général  de  leurs  investigations,  plutôt  que  les  éléments  qu'elles 
ont  à  faire  connaître  et  qui  exigent  des  études  bien  plus  détaillées.  Telles 
sont  les  considérations  qui  ont  dirigé  la  Commission  dans  le  choix  de  la  ré- 
compense qu'elle  accordée  cet  Allas,  dont  l'auteur  est  M.  de  Saint-Martin. 
Le  second  ouvrage  qui  a  fixé  son  attention  est  intitulé  :  Géographie  ou 
Statistique  pharmaceutique  raisonnée  des  productions  naturelles  et  industrielle.'- 
de  la  France.  C'est  un  dictionnaire,  une  nomenclature  de  tous  les  objets, 
naturels  on  fabriqués,  dont  l'emploi  plus  ou  moins  fréquent  est  nécessaire 
au  pharmacien.  L'auteur,  M.  Malbranche,  n'a  pas  suivi,  il  est  vrai,  l'ordre 
alphabétique,  mais  une  table  dans  cet  ordre  sera  indispensable,  bien  que 
sa  classification  rende  les  recherches  assez  faciles.  Il  traite,  en  effet,  dans 
une  première  partie,  des  productions  naturelles,  subdivisées  en  trois  règnes; 
et  dans  une  seconde,  des  matières  cjue  fournissent  à  la  médecine  et  à  la 
j)harmacie  les  industries  chimiques,  pharmaceutiques  ou  accessoires. 
On  voit  quelle  étendue  pouvait  prendre  la  description,  même  abrégée,  de 
la  foule  d'objets  qui  rentrent  dans  le  domaine  actuel  de  la  pharmacie.  Le 
pharmacien  est  en  effet  presque  partout,  comme  le  fait  justement  remar- 
quer l'auteur,  le  chimiste  de  la  localité;  il  est  appelé  souvent  à  aider  l'in- 
dustrie, et  même  parfois  à  fournir  des  renseignements  aux  tribunaux.  Si  la 
santé  publique  exige  surtout  c[ue  ses  connaissances  soient  solides,  les  ser- 
vices qu'il  peut  rendre,  et  qu'il  rend  dès  à  présent,  demandent  qu'elles 
soient  aussi  variées  que  profondes.  La  Commission  n'avait  pas  à  prononcer 
sur  la  valeur  des  descriptions  données  a  chaque  article  dans  le  manuscrit 
de  M.  Malbranche.  Elles  appartiennent  aux  sciences  naturelles  et  aux 
sciences  chimiques  principalement.  La  Commission  doit  cependant  dire 
qu'au  milieu  de  morceaux  qui  ont  semblé  bien  traités,  nonobstant  la  con- 
cision indispensable,  elle  en  a  rencontré  beaucoup  d'autres  qui  ne  semblent 
qu'ébauchés,  et  qui  réclameront  une  révision  utile.  Mais  dans  un  travail  si 
considérable,  renfermant  de  toute  nécessité  des  notices  sur  ime  grande  par- 
tie des  produits  de  la  France  et  de  ses  colonies,  il  est  peu  surprenant  que 
tous  les  points  n'aient  pas  été  dès  l'abord  complétés  avec  la  même  exacti- 
tude. Ce  qui  frappe  dans  une  lecture  attentive  de  ce  travail,  c'est  Tabon- 
dance  des  ressources  de  la  France,  qui,  à  très-peu  d'exceptions  près,  pour- 
rait satisfaire  à  toutes  les  exigences  de  la  médecine,  et  doinier  à  ses  liabilants 
tous  les  remèdes  que  la  mode  fait  souvent  chercher  au  loin  et  à  grands 
frais.  Sous  ce  point  de  vue  l'ouvrage  rentre  dans  les  termes  si  élastiques  de 


(     I042    ) 

ce  qu'on  appelle  la  statistique  ;  c'est  une  statistique  toute  spéciale  de  faits 
bien  connus  sans  doute  et  dont  s'occupent  d'autres  sciences,  mais  qui,  ras- 
semblés pour  les  besoins  de  la  pharmacie,  prennent  un  caractère  intéressant 
et  nouveau  en  quelque  sorte. 

La  Commission  n'insiste  pas  sur  les  défectuosités  des  ouvrages  qu'elle  a 
dû  écarter  du  Concours.  Elle  rappellera  seulement  aux  futurs  concurrents 
que  la  statistique  n'est  ni  la  chronologie,  ni  l'histoire,  ni  l'archéologie,  ni 
même  la  géographie,  encore  moins  la  géologie,  etc.,  et  que  par  suite  les 
volumes  remplis  de  matériaux  relatifs  à  ces  sciences,  et  n'offrant  qu'un 
petit  nombre  de  pages,  nécessairement  très-superficielles,  concernant  la  sta- 
tistique, ne  peuvent  figurer  dans  un  Concours  de  statistique.  Elle  rappelle 
encore  que  les  compilations  de  documents  officiels,  déjà  publiés  et  connus, 
ne  peuvent  que  par  exception  obtenir  d'être  mentionnées.  D'ailleurs,  les 
résultats  de  ces  dociunents  ne  sauraient  s'appliquer  à  la  solution  des  nom- 
breuses questions  statistiques  qui  restent  à  résoudre;  c'est,  au  contraire,  par 
des  recherches  spéciales  et  entièrement  neuves,  qu'il  sera  possible  de  déci- 
der un  grand  nombre  de  points,  et  de  confirmer  ou  d'infirmer  les  pré- 
somptions qui  ont  pu  être  déduites  de  ces  documents  officiels  si  précieux  à 
d'autres  égards. 

En  résumé,  la  Commission  accorde  : 

Une  mention  honorable  à  M.  de  Saixt-Mahtix,  de  Metz,  pour  son  y^ltas 
géograplikjue,  statistique  et  historique  de  la  Moselle  (volume  grand  in-folio); 

Une  mention  honorable  à  M.  Malbraxche,  de  Rouen,  pour  sa  Géographie 
ou  Statistique  pharmaceutique  des  productions  naturelles  et  industrielles  de  la 
France  (manuscrit  in-folio  de  234  pages). 

PRIX  BORDIN. 

QOESTION    PROPOSÉE    POUR    18S8,    REMISE    A    1860   ET  PROROGÉE    A    18GS. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Regnault,  Fizeau,  Edm.  Becquerel, 

Pouillet  rapporteur.) 

La  question  proposée  était  : 

«  A  divers  points  de  l'échelle  thermométrique  et  pour  des  différences  de  tem- 
»  pérature  ramenées  à  i  degré,  déterminer  la  direction  et  comparer  les  intensités 
n  relatives  des  courants  électriques  produits  par  les  différentes  substances  thermo- 
»   électriques.  » 


(  io43  ) 
Depuis  la  dernière  prorogation,  aucun  Mémoire  n'est  parvenu  à  l'Aca- 
démie potir  ce  Concours.  La  Commission  est  d'avis  de  retirer  la  question. 
L'Académie  adopte  la  proposition  de  la  Commission. 

PRIX  FONDÉ  PAR  MADAME  LA  MARQUISE  DE  LAPLACE. 

Une  ordonnance  royale  ayant  autorisé  l'Académie  des  Sciences  à  accepter 
la  donation,  qui  lui  a  été  faite  par  Madame  la  Marquise  de  Laplace,  d'une 
rente  pour  la  fondation  à  perpétuité  d'un  prix  consistant  dans  la  collection 
complète  des  ouvrages  de  Laplace,  prix  qui  devra  être  décerné  chaque 
année  au  premier  élève  sortant  de  l'Ecole  Polytechnique, 

Le  Président  remet  les  cinq  volumes  de  la  Mécanique  céleste,  l'Exposition 
du  Système  du  Monde  et  le  Traité  des  Probabilités,  à  M.  Demongeot  (Armand- 
Nicolas),  né  le  9  juin  1842  à  Mâcon  (Saône-et-Loire),  sorti  cette  année  le 
premier  de  l'École  Polytechnique,  et  classé  dans  le  service  des  Mines  par 
décision  ministérielle  du  25  août  i863. 


(  to4/,  ) 

SCIENCES  PHYSIQUES. 
GRAIVD  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Ttilasne,  Brongniart,  Diichartre,  Montagne, 
Decaisne  rapporteur.) 

L'Académie  a  mis  an  Concours,  pour  l'année  i863,  la  question  suivante: 

((  Rechercher  quels  sont  les  changements  qui  s'opèrent,  pendant  la  fjerimna- 
))  a'ort,  dans  la  constitution  des  tissus  de  l'embryon  végétal  et  du  périsperme, 
»   ainsi  que  dans  les  matières  que  ces  tissus  renferment.    » 

L'Académie  n'a  reçu  qu'un  seul  Mémoire  en  réponse  à  la  question  pro- 
posée, et  ce  Mémoire  porte  pour  épigraphe  :  «  Fivre,  c'est  en  même  temps 
changer  et  demeurer  sans  cesse.    » 

Cette  question,  à  la  fois  si  obscure  et  si  importante,  a  déjà  donné  lieu  à 
de  nombreuses  recherches  dont  l'auteur  du  Mémoire  présenté  a  dû  natu- 
rellement tenir  compte.  Avant  d'exposer  le  résultat  de  ses  propres  observa- 
tions, il  a  donné  un  résumé  succinct  et  clair  des  travaux  de  ses  devanciers, 
travaux  qui  n'avaient  peut-être  pas  été  bien  compris  jusqu'ici,  en  particulier 
ceux  de  MM.  Hartig  et  Sachs,  qui  ont  le  plus  contribué  à  jeter  du  jour  sur 
les  phénomènes  de  la  germination.  Indépendamment  de  ces  laborieuses 
recherches  il  reste  encore  des  obscurités  à  éclaircir,  mais  votre  Commission 
n'en  reconnaît  pas  moins  que  l'auteur  du  Mémoire  a  fait  faire  un  pas  im- 
portant à  la  question,  dont  la  solution  définitive  semble  liée  aux  progrés 
ultérieurs  de  la  chimie  organique.  Dans  l'état  actuel  de  cette  dernière  science, 
la  Commission  ne  pense  pas  qu'il  eût  été  prudent  à  l'auteur  du  Mémoire  de 
dépasser  le  point  où  il  s'est  arrêté,  et  elle  l'approuve  d'avoir  su  se  tenir  en 
décade  toute  hypothèse. 

Ses  recherches  ont  porté  sur  des  plantes  d'organisation  très-diverse  :  le 
Ricin,  la  Gourde,  le  Cytise,  Cjui  lui  ont  fourni  des  embryons  dont  les  coty- 
lédons deviennent  foliacés;  le  Haricot,  le  Balisier,  le  Dattier,  dont  les  cotylé- 
dons hypogés  ne  se  colorent  point  en  vert;  le  Maïs,  la  Belle-de-Nuit,  ou 
il  a  trouvé  des  albumens  farineux,  tandis  que  le  Ricin  et  le  Dattier  lui  en 
loiirnissaient  de  nature  oléagineuse  ou  cornée.  En  un  mot,  le  choix  judi- 
cieux qu'il  a  fait  lui  a  permis  d'étudier  les  phénomènes  intérieurs  de  la  ger- 
mination dans  les  types  les  plus  remarquables  des  deux  grands  embranche- 


(  io45  ) 

ments  des  végétaux  embiyonnés,  et  c'est  ce  qui  donne  à  son  travail  un  ca- 
ractère de  généralité  que  ne  présentent  pas  au  même  degré  les  recherches 
de  ses  prédécesseurs.  Toutes  ces  graines  ont  été  en  quelque  sorte  l'objet 
d'autant  de  monographies  anatomiqnes  et  physiologiques  très-complètes, 
dans  les  limites  cependant  où  l'Académie  voulait  qu'elles  fussent  renfermées, 
c'est-à-dire  dans  le  cercle  des  évolutions  qui  constituent  à  proprement  parler 
la  germination. 

On  sait  que  les  graines  des  végétaux  phanérogames  contiennent  sous 
leurs  enveloppes  un  corps  d'une  nature  particulière,  qui  est  l'embryon, 
souvent  accompagné  d'un  albumen  ou  périspermc,  et  que  les  cellules  qui 
en  forment  la  trame  sont  gorgées  de  matières  de  natures  très-diverses, 
les  unes  grasses  ou  huileuses,  les  autres  amylacées,  d'autres  encore  plus 
complexes  chimiquement  et  désignées  sous  le  nom  de  substances  albumi- 
noides.  Ces  substances  se  présentent  à  l'observateur  sous  des  aspects  variés; 
elles  sont  liquides,  diffluentes,  concrétées,  amorphes  ou  granuleuses,  et  ce 
sont  ordinairement  les  réactifs  chimiques  qui,  sous  le  microscope,  en  dé- 
cèlent la  composition.  Parmi  elles,  il  en  est  une  qui  mérite  surtout  l'atten- 
tion des  physiologistes  :  c'est  cette  substance  concrélée,  dont  les  granules 
affectent  des  formes  cristallines,  qui  a  été  récemment  découverte  par 
M.  Hartig,  et  a  reçu  de  lui  le  nom  d'aleurone. 

Longtemps  confondue  avec  la  substance  amylacée,  l'aleurone  en  diffère 
par  sa  composition  chimique  autant  que  par  sa  structure;  elle  en  diffère 
peut  être  plus  encore  par  le  rôle  physiologique  qu'elle  remplit  dans  la  ger- 
mination. Sous  ce  dernier  rapport,  elle  est  d'une  importance  capitale,  et 
l'on  peut  à  bon  droit  s'étonner  qu'elle  ait  si  longtemps  échappé  aux  obser- 
vateurs. 

Toutes  les  substances  contenues  dans  les  cellules  de  l'embryon  ou  de 
l'albumen,  quelle  ([ii'en  soit  la  composition  et  l'état  physique,  servent  à 
l'alimentation  delà  jeune  plante  dans  les  premiers  temps  de  son  évolution. 
C'est  ce  dont  personne  ne  saurait  douter,  et  ce  qui  a  été  de  nouveau  mis  en 
lumière  par  l'auteur  du  Mémoire  présenté  à  l'Académie.  Mais  sous  quelle 
forme  ces  matériaux  sont-ils  absorbés  par  la  jeune  plante?  Quelles  transfor- 
mations chimiques  subissent-ils  pour  être  assimilés  par  elle,  et  par  quelle 
voie  parviennent-ils  à  travers  ses  tissus  aux  régions  où  ils  doivent  être  mis 
en  œuvre?  Autant  de  questions,  autant  de  points  obsciu's  qui  restaient  à 
élucider,  et  sur  lesquels  l'Académie  réclamait  de  sérieuses  recherches.  La 
plupart  des  traités  classiques  enseignent,  et  c'est  luie  opinion  encore  géné- 
ralement acceptée,  que  l'amidon  insoluble,  et  par  là  non  assimilable  direc- 

C.  R.,  i863,  2«"  Stmcsiie.  (T,  LVII,  N"2C.;  l4o 


(  io46  ) 
lemeiU,  se  convertit,  sous  rinflnence  de  la  diastase,  en  dextrine  soluble, 
qui  peut  dès  lors  passer  dans  les  tissus  de  la  plante  et  y  reconstituer  des 
granules  amylacés. 

Malgré  les  objections  faites  à  cette  théorie  par  d'habiles  observateurs, 
c'est  elle  que  professe  encore  M.  Sachs;  mais,  aux  yeux  de  l'auteur  du  Mé- 
moii-e  <|ue  nous  analysons,  tout  en  admettant  que  l'amidon,  transformé 
par  la  diastase  en  dextrine  et  en  sucre,  peut  être  ainsi  absorbé  par  la  jeune 
plante,  il  n'admet  pas  la  reconstitution  directe  du  sucre  en  amidon.  En  effet, 
cette  théorie  serait  souvent  contredite  par  les  observations,  et  entre  autres 
parcelle-ci,  qui  semble  décisive  :  le  développement  d'embryons  de  Balisier 
entièrement  dépouillés  de  leur  albumen,  et  dont  néanmoins  les  cotylédons 
se  remplissent  de  malière  amylacée  qu'ils  ne  contenaient  pas  avant  la  ger- 
mination. Cette  expérience  démontre  qu'ici  au  moins  la  fécule  a  dû  néces- 
sairement se  former  sur  place.  L'auteur  du  Mémoire  s'abstient  sagement, 
sur  ce  point,  de  toute  explication  prématurée  ;  il  se  contente  d'indiquer  les 
faits,  sachant  bien  qu'il  est  quelquefois  plus  avantageux  à  la  science  de 
rester  dans  le  doute  que  de  présenter  une  hypothèse  comme  une  vérité 
démontrée.  Pour  la  même  raison,  il  rejette  cette  autre  théorie  de  M.  Sachs, 
en  vertu  de  laquelle  les  matières  nutritives  de  l'embryon  se  partageraient  en 
deux  groupes  tranchés  chimiquement,  savoir  :  les  matières  hydrocarbonées 
et  les  matières  albumineuses  ou  azotées,  qui  se  rendraient  dans  les  diffé- 
rentes parties  de  la  jeune  plante  par  des  voies  également  distinctes  analo- 
miquement.  Les  faits  observés  lui  paraissent  trop  en  désaccord  avec  cette 
conception  pour  qu'on  doive  lui  donner  droit  de  cité  dans  la  science. 

Il  n'en  est  pas  moins  établi  cependant  que,  dans  l'embryon  comme  dans 
la  plante  adulte,  les  matières  emmagasinées  dans  les  cellules  se  transforment 
et  émigrent  d'un  pointa  un  autre,  suivant  les  besoins  de  la  végétation. 
D'abord  fluides,  ces  matières  seconcrètent  diversement:  en  grumeaux  sans 
figure  déterminée,  en  granulations,  en  cristaux  aux  formes  plus  ou  moins 
nettement  arrêtées;  puis,  à  un  moment  donné,  et  sous  l'influence  d'actions 
vitales  encore  inconnues,  repassent  à  l'état  liquide  ou  amorphe  et  cheminent 
|):ir  diverses  voies  vers  les  points  où  les  ajîpelle  un  foyer  d'activité.  L'auteur 
du  Mémoire  a  mis  en  lumière  ces  phénomènes  variés  de  la  vie  intérieure  des 
plantes;  il  nous  fait  assister  à  ces  merveilleuses  transformations  de  la  ma- 
tière première  de  l'organisme  végétal,  dont  la  fécule  et  la  chloropli\  lie 
semblent  les  termes  les  plus  avancés  en  deçà  de  l'assimilation  qui  les  incor- 
porera aux  organes  de  la  plante. 

T^e  microscope  lui  fait  reconnaître  les  formes  de  ces  corps,  leur  mode  de 


(  'o47  ) 
développement  et  de  résorption,  et  les  réactifs  lui  en  dévoilent  la  natiUT 
chimique  ;  mais  il  y  ajoute  l'emploi  de  la  balance  pour  en  déterminer  les 
quantités,  et  ce  moyen,  encore  si  peu  usité  dans  ces  sortes  de  recherches, 
n'est  pas  le  moins  fertile  en  résultats  intéressants.  Il  constate,  par  exemple, 
dans  le  cas  des  graines  oléagineuses,  que  la  diminution  de  l'aleurone,  con- 
tenue dans  l'albumen  ou  les  cotylédons,  est  proportionnelle  à  la  somme  des 
matières  grasses  qui  se  sont  déposées  dans  les  tissus  de  la  jeune  plante,  ce 
qui  semble  indiquer  assez  clairement  leur  origine. 

Votre  Commission  regrette  qu'il  ne  lui  soit  pas  possible  d'entrer  dans  d( 
plus  longs  détails;  car  ce  qu'elle  aurait  à  ajouter  ne  pourrait  être  bien 
compris  qu'à  la  condition  d'avoir  sous  les  yeux  les  figures  dont  l'auteur  a 
fait  suivre  son  Mémoire.  Ces  figures,  au  nombre  de  plus  de  deux  cents,  ont 
toutes  été  dessinées  par  lui  à  la  chambre  claire,  ce  qui  garantit  leur  exac- 
titude ;  nous  croyons  pouvoir  ajouter  qu'elles  sont  aussi  des  modèles  d'exé- 
cution. 

La  Commission  est  donc  d'avis  que  l'auteur  du  Mémoire  a  résolu,  autant 
que  le  comporte  l'état  actuel  de  la  science,  la  question  posée  par  l'Académie. 
Les  obscurités  qui  peuvent  subsister  encore  ne  sauraient  lui  être  imputées. 
Le  microscope  seul  est  impuissant  à  les  résoudre,  et  c'est  à  la  chimie  orga- 
nique, dont  les  progrès  sont  si  rapides  de  nos  jours,  d'achever  l'œuvre  com- 
mencée en  fournissant  au  micrographe,  dans  des  réactifs  plus  nombreux  ou 
mieux  étudiés,  de  nouveaux  et  plus  puissants  moyens  d'investigation. 

En  conséquence,  votre  Commission  a  été  unanimement  d'avis  de  décerner 
le  grand  prix  au  Mémoire  inscrit  sous  le  n°  i  et  portant  cette  épigraphe  ; 
«  Vivre,  c'est  en  même  temps  clianqer  et  demeurer  sans  cesse.   « 

L'auteur  de  ce  Mémoire  est  M.  Arthur  Gris,  docteur  es  sciences,  aide- 
naturaliste  au  Muséum  d'Histoire  naturelle. 

GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES. 

QUESTION    PROPOSÉE    EN    1861    POUR    1865. 

(Commissaires,  MM.  de  Quatrefages,  Flourens,  Blanchard,  Coste, 
Milne  Edwards  rapporteur.  ) 

«  De  la  production  des  animaux  hybrides  par  le  mojen  de  la  Jécondation 
»   artificielle.    » 

Ce  prix  n'est  pas  décerné,  et  la  même  question  est  remise  au  Concours 
pour  l'année  1866. 

{Foir  le  Programme  des  Prix  proposés,  à  la  page  io85.) 

i4o.. 


(   io/,8  ) 
PRIX   DE  PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 
RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Claude  Bernard,  Flourens,  Milne  Edwards,  Longel, 

Cosfe  rapporteur.) 

La  vessie  natatoire  des  poissons  a  été  le  sujet  des  recherches  de 
M.  Armand  Morcau.  Cet  organe,  dont  les  savants  ont  surtout  considéré  le 
côté  statique,  est  rempli  d'un  air  formé,  comme  l'air  atmosphérique,  par 
le  mélange  de  trois  gaz,  l'oxygène,  l'azote,  l'acide  carbonique,  le  dernier 
de  ces  gazs'offrant  toujours  en  quantité  très-faible. 

D'après  les  analyses  faites  au  commencement  de  ce  siècle  par  I\L  de  Hum- 
boldt  et  par  M.  Riot,  l'oxygène  et  l'azote,  qui  remplissent  presque  à  eux 
seuls  la  capacité  de  la  vessie  natatoire,  avaient  été  trouvés  comme  variant 
dans  les  limites  les  plus  étendues,  tel  poisson,  par  exemple,  offrant 
go  pour  loo  d'oxygène,  tel  autre  de  la  même  espèce  90  pour  100  d'azote. 

Les  causes  de  ces  variations  étaient  restées  tout  à  fait  inconnues  jusqu'au 
travail  de  M.  Armand  Moreau,  qui  a  placé  cette  question  dans  son  véritable 
jour  en  déterminant  les  conditions  physiologiques  de  ces  variations  et  en 
s'en  rendant  maître. 

L'auteur  a  présenté,  en  effet,  à  la  Commission  deux  poissons,  en  annon- 
çant que  la  vessie  natatoire  de  l'un  ne  contiendrait  point  d'oxygène,  tandis 
que  celle  de  l'autre  en  offrirait  plus  de  80  pour  100. 

Ces  deux  sujets  appartenaient  à  l'espèce  Perche  qui,  normalement,  offre 
de  20  à  3o  pour  100  de  ce  gaz  dans  l'air  de  la  vessie  natatoire. 

Les  poissons  sacrifiés  et  les  analyses  faites  sous  les  yeux  de  la  Commission 
ont  justifié  les  prévisions  du  physiologiste. 

Pour  faire  augmenter  l'oxygène  de  la  vessie  natatoire,  M.  Moreau  vide 
l'organe  à  l'aide  de  la  machine  pneumatique  ou  à  l'aide  de  la  ponction, 
suivant  ([ue  la  vessie  natatoire  est  munie  d'un  canal  aérien  ou  en  est  dé- 
pourvue. Les  sujets  en  expérience  sont  ensuite  abandonnés  à  eux-mêmes 
dans  les  conditions  normales.  Seulement,  on  dispose  sous  l'eau  un  dia- 
phragme pour  empêcher  les  poissons  qui  ont  un  canal  aérien  de  venir  â  la 
surface. 

L'air  se  reforme  alors  dans  la  vessie  natatoire  et  contient  d'énormes  pro- 
portions d'oxygène.  On  est  autorisé  à  penser  que  c'est  de  l'oxygène  pur  qui 


(  io49  ) 
se  produit  dans  ces  conditions,  parce  que  la  proportion  de  ce  gaz  va  en 
augmentant  à  mesure  que  la  vessie  se   remplit,  et  s'exagère  encore  si  on 
vide  plusieurs  fois  l'organe. 

L'indispensable  condition  pour  le  succès  de  ces  expériences  est  que  le 
poisson  sur  lequel  on  opère  soit  en  pleine  santé;  car,  dans  le  cas  contraire, 
l'oxygène  diminue,  et  c'est  sur  la  connaissance  de  ce  fait  que  M.  Moreau  se 
fonde  pour  obtenir  à  volonté  la  diminution  et  la  disparition  de  ce  gaz. 

Ayant  observé  que,  sur  les  poissons  morts  hors  de  l'eau ,  la  proportion 
d'oxygène  avait  diminué,  la  pensée  lui  vint  d'asphyxier  les  sujets,  et  il  vit 
que,  dans  ces  conditions,  c'est-à-dire  quand  l'animal  ne  peut  plus  emprun- 
ter le  gaz  au  milieu  ambiant,  il  l'emprunte  au  gaz  do  sa  vessie  natatoire, 
où  l'oxygène  diminue  en  proportion  de  cet  emprunt  et  peut  même  dispa- 
raître presque  complètement. 

Toutes  ces  expériences  délicates  ont  été  exécutées  avec  une  précision  qui 
ne  laisse  rien  à  désirer.  I.a  Commission  décerne  à  leur  auteur  le  prix  de 
Physiologie  expérimentale. 

La  Commission  a  eu  à  examiner  deux  travaux  intéressants  de  MM.  Phi- 
lipeaux  et  Vulpian  relatifs  à  la  physiologie  du  système  nerveux. 

Dans  un  premier  travail  intitulé  :  Recherches  sur  la  réunion  bout  à  bout  des 
fibres  nerveuses  sensilives  avec  les  fibres  nerveuses  motrices,  les  auteurs  ont 
cherché  à  voir  si  après  la  section  du  nerf  hypoglosse,  qui  donne  le  mouve- 
ment à  la  langue,  on  ne  pouvait  pas,  en  soudant  le  bout  périphérique  de  ce 
nerf  avec  le  bout  central  du  nerf  Ungual  sensitif  également  coupé,  obtenir 
le  rétablissement  de  la  fonction  motrice. 

Ils  ont  montré,  en  effet,  que  quand,  trois  ou  quatre  mois  après  celte 
opération ,  on  pince  ou  on  irrite  mécaniquement  le  nerf  lingual  au-dessus 
de  sa  soudure  avec  l'hypoglosse,  on  éveille  à  la  fois  la  douleur  et  le  mou- 
vement dans  la  langue,  bien  que  la  fonction  motrice  normale  du  nerf 
hypoglosse  ne  soit  pas  rétablie. 

Ils  ont  rendu  l'expérience  plus  précise  encore  en  divisant  le  nerf  lingual 
vers  son  origine  aussi  loin  que  possible  de  sa  soudure  avec  l'hypoglosse, 
et,  dans  ce  cas  encore,  ils  ont  constaté  que  le  pincement  et  l'irritation  mé- 
caniques du  fragment  du  nerf  lingual  séparé  du  centre  nerveux  détermi- 
naient également  des  mouvements  manifestes  dans  la  moitié  correspondante 
de  la  langue. 

Cette  expérience,  qui  avait  déjà  été  réalisée  par  d'autres  observateurs,  plus 
catégorique  que  celles  dans  lesquelles  on  a  employé  l'électricité  comme 
agent  d'incitation,  ne  laisse  aucun  doute  sur  la  réalité  du  phénomène. 


(  io5o  ) 

Dans  un  second  travail  intitulé  :  Sur  une  modification  physiologique  qui  se 
produit  dans  le  netj  lingual  par  suite  de  l'abolition  temporaire  de  la  motricité 
dans  le  nerf  hypoglosse  du  même  côté,  MM.  Philipeaiix  et  Vulpian  ont  con- 
staté un  fait  singulier  qui  consiste  dans  une  sorte  de  propriété  motrice  qui 
apparaît  dans  le  nerf  lingual,  normalement  sensilif,  un  certain  temps  après 
que  le  nerf  moteur  du  même  côté,  c'est-à-dire  le  nerf  hypoglosse,  a  été 
détruit  par  arrachement. 

Lorsqu'on  découvre,  en  effet,  le  nerf  lingual  sur  un  chien  chez  lequel  on 
a  extirpé  depuis  plusieurs  mois  le  nerf  hypoglosse  correspondant,  on  voit 
que,  en  irritant  mécaniquement  ou  par  le  pincement  le  tronc  du  nerf  lingual, 
on  détermine  à  la  fois  la  douleur  et  des  mouvements  manifestes  dans  la 
langue.  Si,  après  cette  épreuve,  on  sépare  le  nerf  lingual  du  centre  ner- 
veux, le  pincement  du  bout  périphérique  de  ce  nerf  provoque  des  mouve- 
ments dans  la  langue,  mouvements  qui  paraissent  être  dus  à  une  modifica- 
tion survenue  dans  le  nerf  lingual  du  côté  où  le  nerf  hypoglosse  a  été 
arraché  ;  car  le  nerf  lingual  du  côté  opposé  est  complètement  dépourvu  de 
cette  propriété  nouvelle. 

Ces  curieux  résultats,  dont  on  ne  saurait  encore,  en  l'état  actuel  de  la 
science,  donner  d'explication,  sont  de  nature  à  provoquer  de  la  part  des 
j)liysiologistes  de  nouvelles  recherches  et  deviendront  peut-être  un  premier 
jalon  pour  d'importantes  découvertes  sur  la  fonction  du  système  nerveux. 
A  ce  point  de  vue,  la  Commission  les  a  jugés  dignes  d'une  récompense,  et, 
après  avoir  décerné  le  prix  de  Physiologie  expérimentale  à  M.  Mokeau  ,  elle 
demande  à  l'Académie  de  voidoir  bien  l'autoriser  à  en  donner  un  autre  a 

MM.  PllIUPEAUX  et  VCLPIAN. 

La  Commission  accorde  une  mention  très-honorable  à  M.  Battaille,  pro- 
fesseur au  Conservatoire  de  Musique ,  pour  ses  recherches  physiologiques 
et  anatomiques  sur  la  voix  humaine.  A  l'aide  d'un  laryngoscope,  cet  obser- 
vateur a  étudié  avec  soin  les  modifications  qui  surviennent  dans  les  lèvres 
de  la  glotte,  lors  de  la  production  des  sons  de  poitrine  et  des  sons  de  tète, 
et  a  contribué  ainsi  à  l'avancement  de  nos  connaissances  sur  la  tliéorie  de 
la  voix. 

Enfin  la  Commission  a  vu  avec  intérêt  un  travail  de  M.  Hœrkel  sur  les 
Radiolaires  de  la  Méditerranée;  mais  ce  travail  ne  rentre  pas  dans  les  condi- 
tions du  Concours  et,  par  conséquent,  n'a  pu  être  pris  en  considération. 

L'Académie  approuve  les  propositions  de  la  Commission. 


(   io5i  ) 
PRIX  DE  MEDECEVE  ET  CHIRl  RGIE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Cl.  Bernard,  Rayer,   Jobert  de  Lamballe, 
Serres,  J.  Cloquer,  Flourens,  Milne  Edwards,  Longet  rapporteur.) 

La  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  a  l'honneur  de  pro- 
poser à  l'Académie  de  décerner,  cette  année,  un  prix  et  quatre  mentions 
honorables  aux  auteurs  dont  les  noms  suivent  :  à  M.  Ciiassaigxac,  ini  prix 
de  deux  mille  cinq  cents  francs  ;  à  MM.  Bourdox,  Caiiex,  Debout  et  Gallois, 
des  mentions  honorables  avec  quinze  cents  francs  pour  chaque  mention. 

La  Commission  a  cru  devoir  distinguer  surtout  les  recherches  que 
M.  Chassaignac  a  entreprises  et  poursuivies  avec  talent  depuis  plus  de  douze 
années,  recherches  qui  l'ont  amené  à  constituer  luie  méthode  chirurgicale 
nouvelle,  désignée  sous  le  nom  de  méthode  de  l'écrasement  linéaire. 

Diviser  les  tissus  vivants  en  employant  un  moyen  moins  dangereux  que 
les  moyens  ordinaires,  c'est-à-dire  de  façon  à  prévenir  et  à  conjurer,  autant 
que  possible,  dans  bien  des  cas,  l'effusion  du  sang  et  les  autres  accidents  du 
traumatisme  chirurgical,  tel  a  été  le  but  que  s'est  proposé  M.  Chassdignac. 

L'instrument  dont  il  se  sert  se  compose  d'une  chaîne  à  maillons  articulés, 
d'un  fourreau  à  l'intérieur  duquel  la  chaîne  est  ramenée  au  moyen  d'une 
double  crémaillère  et  d'un  double  levier  qui  lui  impriment  un  mouvement 
alternatif  de  va-et-vient,  pouvant  produire  un  tassement,  luie  mâchure 
linéaire  des  tissus,  au  point  d'en  amener,  séance  tenante,  la  séparation 
complète. 

Certains  modes  opératoires,  usités  en  chirurgie  à  diverses  époques, 
semblent  se  rapprocher  de  Vécrasement  linéaire.  Ainsi  l'entérotome  de 
Dupuytren,  les  pinces  de  Breschct  pour  le  varicocèle,  exercent  bien  une 
sorte  d'écrasement  ;  mais  la  différence  essentielle  entre  leur  mode  d'action 
et  celui  de  la  chaîne  de  M.  Chassaignac  consiste,  d'une  part,  en  ce  que  l'en- 
térotome et  les  précédentes  pinces  n'amènent  la  séparation  des  tissus  que  par 
l'intermédiaire  forcé  de  la  gangrène  ;  en  ce  que,  d'autre  part,  ces  instru- 
ments ne  sauraient  opérer  la  section  immédiate  des  parties  par  le  seul  fait 
de  leur  puissance  mécanique.  En  donnant  à  l'ancien  serre-nœud  de  Graefe 
lui  volume  suffisant  et  en  l'armant  d'un  fil  de  fer,  sans  doute  on  peut  (comme 


(  loSa  ) 
le  pratiquent  aujourd'hui  certains  chirurgiens)  diviser  les  tissus  organiques 
assez  rapidement  et  d'après  un  mode  semblable  à  celui  de  l'écrasement 
linéaire;  mais  il  faut  reconnaître  que  celte  pratique  ne  s'est  vulgarisée  que 
depuis  les  travaux  de  M.  Chassaignac,  dont  le  mérite  d'ailleiu-s  consiste  bien 
moins  dans  l'invention  d'un  instrument  particulier  que  dans  la  création 
d'ime  inélliode  de  diérèse  trouvant  son  ap|)lication  dans  un  certain  nombre 
des  opérations  de  la  chirurgie. 

Un  exemple  de  section  rapide  par  écrasement  fort  irrégulier,  il  est  vrai, 
s'observe  dans  le  cas  de  morsure  où  il  y  a  rarement  hémorrhagie  :  c'est, 
comme  on  le  sait,  par  ce  mode  particulier  d'écrasement  que  les  femelles  de 
la  plupart  des  mammifères  opèrent  la  séparation  du  cordon  ombilical,  pour 
ainsi  dire  sans  écoulement  de  sang. 

Ce  dernier  exemple,  aussi  bien  que  celui  des  plaies  par  les  roues  à  engre- 
nage, par  les  projectiles  de  guerre,  etc.,  ces  exemples,  disons-nous,  étaient 
autant  de  raisons  pouvant  faire  présumer  certains  avantages  particuliers 
aux  sections  mousses  que  produirait  une  pression  snftisante  concentrée 
sur  un  trajet  linéaire. 

C'est  en  i85o  cpie  M.  Chassaignac  a  pratiqué  pour  la  première  fois,  à 
titre  d'opération  réglée,  la  section  de  tissus  vivants  à  l'aide  de  l'instrument 
dit  écraseur. 

Depuis  cette  époque,  des  résultats  cliniques  et  des  expériences  en  grand 
nombre  sont  venus  légitimer  les  premiers  essais  de  cet  habile  chirurgien. 

Au  Jardin  des  Plantes,  des  expériences  furent  instituées  dans  le  labora- 
tone  de  M.  Flourens;  et  toutes  démontrèrent  que,  quand  les  tissus  animaux, 
même  les  plus  vasculaires,  sont  divisés  à  l'aide  d'un  écrasement  conduit 
avec  lenteur,  les  solutions  de  continuité  ne  donnent  lieu,  le  plus  ordinaire- 
ment, à  aucune  hémorrhagie,  ni  primitive  ni  consécutive. 

A  l'abattoir  de  Grenelle,  d'autres  expériences  faites  sur  la  carotide  du 
mouton,  sur  les  artères  ovariques  de  la  vache,  donnèrent  les  mêmes  résul- 
tats. 

Enfin  à  tontes  ces  expériences  vinrent  encore  s'ajouter  celles  qui  furent 
exécutées,  à  l'École  vétérinaire  d'Alfort,  par  MM.  Bouley  et  Delafond  sur  le 
cheval  et  le  taureau.  La  section  comj)lète  du  cordon  testiculaire,  au  moyen 
de  l'écraseur,  a  été  notamment  tout  à  fait  exsangue,  et  le  travail  de  cicatri- 
sation a  marché  avec  une  simplicité  et  une  rapidité  remarquables. 

Des  essais  analogues  souvent  répétés,  à  Saint-Pétersbourg,  par  le  profes- 
seur Roschnof,  ont  confirmé  l'exactitude  des  premières  observations. 
I!  convient  d'ajouter  que,  depuis  une  communication  faite  à  la  Société  de 


(  io53  ) 
Médecine  vétérinaire  de  Paris  en  i856,  M.  Bouîey  a  appliqué  la  méthode 
dont  il  s'agit  dans  maintes  occasions  à  la  clinique  de  l'École  d'Alfort.  C'est 
cette  méthode  qu'il  emploie  exclusivement  anjoiu'd'hui  pour  opérer,  par 
exemple,  les  tumeurs  fibreuses  du  cordon,  les  sarcocèles,  et,  en  général, 
foutes  les  tumeurs  profondément  placées,  telles  que  les  tumeurs  fibreuses 
du  fourreau  et  les  tumeurs  mélaniques  du  rectum. 

Chez  l'homme,  les  résultats  cliniques  se  déduisent  des  relevés  de  mor- 
talité communiqués  à  l'administration  des  hôpitaux  de  Paris,  relevés  qui 
établissent  que  les  nombreuses  opérations  faites  par  l'écrasement  linéaire 
ont  donné  lieu  à  une  mortalité  relativement  faible. 

Comme  document  venant  concorder  avec  les  précédents  relevés,  figine 
aussi  la  relation  détaillée  de  beaucoup  d'observations  recueillies  par  les 
élèves  internes  des  hôpitaux  de  Paris  et  consignées  dans  diverses  thèses 
inaugurales,  ou  bien  dans  l'ouvrage  que  M.  Chassaignac  a  publié  lui- 
même,  en  i856,  sous  le  titre  de  Traité  de  l'écrasement  linéaire. 

Depuis  lors,  bien  d'autres  faits  encore  ont  été  publiés  dans  différents 
recueils  de  la  presse  médicale  française  et  étrangère,  et,  à  de  rares  ex- 
ceptions près,  ces  faits  démontrent  que  les  résultats  obtenus  ont  été  les 
mêmes,  aussi  bien  dans  les  hôpitaux  français  que  dans  les  hôpitaux  étran- 
gers. 

En  résumé,  d'après  la  masse  imposante  d'observations  publiées  jusqu'ici, 
les  avantages  qui  peuvent  être  attribués  à  la  méthode  de  l'écrasement  linéaire 
sont  les  suivants  : 

1°  Elle  permet  de  détacher,  séance  tenante,  des  portions  plus  ou  moins 
considérables  du  corps,  alors  même  qu'elles  sont  revêtues  de  leur  enve- 
loppe naturelle  muqueuse  ou  cutanée  (exemples  :  langue,  testicules,  bour- 
relets hémorrhoidaux,  polypes,  col  de  l'utérus,  tumeurs  sous-cutanées  ou 
profondes). 

2°  Généralement  elle  donne  lieu  à  un  travail  mflammatoire  moindre  que 
celui  qui  succède  à  l'emploi  du  bistouri  ;  d'où  une  cicatrisation,  en  général 
aussi,  plus  rapide. 

3°  Si  elle  ne  prévient  pas  l'hémorrhagie  dans  tous  les  cas,  du  moins  elle 
rend  cet  accident  sensiblement  plus  rare. 

4"  Sans  mettre  à  l'abri  de  l'infection  purulente,  ce  redoutable  écueil  des 
opérations  chirurgicales,  elle  paraît  en  diminuer  la  fréquence. 

5°  En  somme,  la  méthode  de  l'écrasement  linéaire,  restreinte  aux  cas 
auxquels  son  emploi  convient,  donne  des  résultats  cliniques  d'une  valeur 
réelle. 

C.  R.,  i863,  î^e  Scmeslre.  (T.  LVII,  N"  2C.)  '4l 


(  io54  ) 

Aussi  la  Commission  pi-opose-t-elle  de  décerner  à  son  auteur  un  prix  de 
deux  mille  cinq  cents  francs. 

Parmi  les  divers  Mémoires  que  M.  le  D"^  Debout  a  adressés  à  l'Académie, 
votre  Commission  en  a  remarqué  un  qui  a  pour  tilre  :  Des  vices  de  conjor- 
DKilionprocdtits  par  l'arrél  de  dévelojjpement  des  membres. 

Ces  vices  de  conformation  offrent  différents  degrés,  depuis  l'avortement 
d'un  seul  doigt  jusqu'à  celui  d'un  meiid)re  tout  entier  ou  même  de  plusieurs 
d'entre  eux.  Dans  son  Histoire  des  anomalies  de  l'organisation,  notre  illustre 
et  regretté  confrère  Isid.  Geoffroy-Saint-Hilaire  s'était  appliqué  à  rassem- 
bler tous  les  exemples  alors  connus  de  ces  sortes  d'anomalies,  rapportées 
par  lui  à  trois  groupes  qu'il  désigne  sous  les  noms  de  :  phocomélie,  liémimélie, 
edromélie.  M.  Debout  a  complété  cette  classification  en  y  introduisant 
l'avortement  borné  au  segment  terminal  des  membres,  c'est-à-dire  au  ])ied 
ou  à  la  main,  «  modification  ou  anomalie  qui  ne  m'est  encore  connue, 
))  dit  M.  Isid.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  par  aucune  observation  authen- 
»   tique.  » 

Or,  dans  son  travail,  M.  Debout  rapporte  d'abord  dix-sept  exemples  de 
cette  anomalie  affectant  un  seul  des  membres;  puis,  de  plus,  il  met  en  relief 
un  fait  nouveau.  Quoique  les  membres  apparaissent  à  peu  près  à  la  même 
époque  de  la  vie  embryonnaire,  l'arrêt  de  leur  développement  ne  se  fait 
point  sentir  sur  le  même  segment  :  ainsi,  au  membre  inférieur  c'est  le  seg- 
ment crural  qui  avorte,  tandis  que  c'est  toujours  l'avanl-bras  au  membre 
supérieur.  Une  autre  particularité  non  moins  curieuse  est  encore  signalée 
|)ar  l'auteur  :  tous  les  muscles  de  ce  membre  supérieur  avorté  appartiennent 
à  l'avant-bras,  quoique  le  squelette  soit  constitué  par  l'humérus.  - 

Après  avoii"  mis  en  évidence  ces  faits  intéressants  au  point  de  vue  térato- 
logique,  jM.  Debout  s'occupe  du  mode  d'union  du  fémur  avorté  avec  le 
bassin,  mode  d'union  qui  supplée  l'articulation  coxo-fémorale  absente. 
Puis,  rassemblant  les  observations  de  neuf  individus  vivants  et  affectés  de 
phocomélie  pelvienne  unique,  il  montre  les  différentes  ressources  dont  la 
prothèse  dispose  pour  rétablir  la  fonction  des  membres  abdominaux  ainsi 
conformés. 

Votre  Commission  a  l'honneur  de  vous  proposer  d'accorder  à  M.  Deboit 
une  mention  honorable  de  quinze  cents  Jrancs . 

M.  le  D""  Gallois  a  soumis  au  jugement  de  la  Commission  un  Mémoire 
digne  d'intérêt  sur  Vinosurie,  c'est-à-dire  sur  le  passage  de  l'inosite  dans 
l'urine. 

Ce  principe  (que  M.  Schérer  a  découvert  d'abord  dans  les  muscles,  et  que 


(  io55  ) 
sa  composition  chimique  a  fait  classer  parmi  les  sucres)  peut,  en  effet,  passer 
accidentellement  dans  l'urine  d'individus  atteints  de  glycosurie  ou  bien 
d'albuminurie,  ainsi  que  l'a  reconnu  le  premier   M.  Cloetta,  professeur  à 
l'Université  de  Zurich. 

Partant  de  cette  première  donnée,  M.  Gallois  a  entrepris  de  longues  et 
persévérantes  recherches  dans  le  but  de  reconnaître  si  ['inonirie  constitue  un 
état  morbide  spécial  et  défini,  ou  bien  si  elle  n'est  qu'un  symptôme  commun 
à  plusieurs  affections.  De  plus,  il  s'est  appliqué  à  découvrir  un  réactif 
capable  de  déceler  de  faibles  proportions  d'inosite  dans  une  petite  quantité 
d'urine. 

Sous  ce  double  rapport,  les  efforts  de  ce  laborieux  investigateur  ont  été 
profitables  à  la  science. 

Voici  les  principales  conclusions  auxquelles  il  est  arrivé: 

Dans  l'état  normal,  l'urine  de  l'homme  ne  renferme  point  d'inosite  ;  il  en 
est  de  même  de  l'urine  d'un  certain  nombre  de  carnivores  qui  a  été  exa- 
minée à  ce  point  de  vue.  Dans  l'état  morbide,  Vinosurie  s'observe,  non 
comme  une  maladie  proprement  dite,  mais  seulement  comme  un  symp- 
tôme. Ce  symptôme,  recherché  par  M.  Gallois  dans  un  assez  grand  nom- 
bre de  maladies,  n'a  pu  être  retrouvé  que  dans  le  diabète  sucré  et  dans  la 
néphrite  albumineuse  aiguè  ou  chronique.  L'inosurie  et  la  glycosurie,  ou 
bien  l'inosurie  et  l'albuminurie,  peuvent  donc  exister  simultanément  :  en 
effet,  si  dans  Zjo  urines,  rendues  par  des  sujets  atteints  de  maladies  diverses, 
l'iiiosite  n'a  jamais  été  trouvée,  au  contraire  elle  a  été  rencontrée  5  fois 
sur  3o  lunnes  diabétiques,  et  2  fois  sur  ^5  urines  albumineuses,  résultat  qui 
déjà  indique,  d'après  la  remarque  de  l'auteur,  une  relation  entre  les  condi- 
tions qui  donnent  lieu  à  certains  diabètes,  à  certains  cas  d';dbuminiu'ie,  et 
les  conditions  qui  provoquent  le  passage  de  l'inosite  dans  1  urine.  Ce  qui 
autorise  encore  à  croire  qu'il  en  est  ainsi,  c'est  qu'on  peut,  comme  l'a  vu 
M.  Gallois,  en  piquant  le  plancher  du  quatrième  ventricule,  déterminer 
parfois  artificiellement  l'inosurie,  comme  on  détermine  artificiellement  la 
glycosurie. 

Enfin,  après  de  nombreux  tâtonnements,  M.  Gallois  est  parvenu  à  décou- 
vrir un  réactif  très-sensible  qui  permet  de  reconnaître  dans  de  petites  quan- 
tités d'urine  (i5  grammes,  par  exemple)  l'existence  de  minimes  propor- 
tions d'inosite  :  ce  réactif  est  un  azotate  de  mercure  donnant  lieu  à  une 
coloration  rose  plus  ou  moins  foncée  suivant  la  proportion  d'inosite. 
L'auteur  s'est  d'ailleurs  assuré  qu'aucun    des    principes  qui  se  trouvent 

i4i.. 


(  io56  ) 
naturellement  clans  l'urine  n'est  susceptible  de  produire  cette  coloration 
avec  le  réactif  indiqué. 

La  Commission  propose  d'accorder  à  M.  Gallois  une  mention  honorable 
de  quinze  cents  francs. 

Elle  propose  également  à  l'Académie  d'accorder  la  même  marque  de 
distinction  (mention  honorable  de  quinze  cents  francs)  à  M.  Bourdon  pour 
avoir  trouvé  la  véritable  lésion  anatomique  de  Vataxie  locomotrice  progres- 
sive, lésion  qui  consiste  essentiellement  en  une  dégénérescence,  avec  atro- 
phie, des  tubes  nerveux  des  racines  spinales  postérieures  et  des  cordons 
postérieurs  de  la  moelle  épinière,  et  en  une  altération  analogue  des  cel- 
lules nerveuses  de  la  substance  grise.  Cette  dégénérescence,  qui  se  re- 
trouve dans  les  nerfs  moteurs  oculaires,  dans  le  nerf  optique  et  le  plus 
souvent  dans  sa  papille,  s'accompagne  d'une  hypérémie  plus  ou  moins 
considérable  des  mêmes  parties,  s'étendant  ordinairement  aux  bandelettes 
optiques  et  aux  tubercides  quadrijumeaux. 

Depuis  la  publication  du  premier  travail  de  M.  Bourdon,  sept  autopsies 
ont  été  laites  dans  les  hôpitaux  de  Paris,  et  dans  toutes  on  a  rencontré  les 
mêmes  altérations. 

Cependant  M.  le  D'  Bourdon  aduiet,  d'après  des  faits  observés,  qu'iuie 
lésion  d  une  autre  nature  (comuie  une  tumeur  cancéreuse  ou  tuberculeuse, 
même  une  simple  congestion),  lorsqu'elle  occupe  les  racines  postérieures  et 
les  cordons  médullaires  correspondanls,  peut  produire  un  défaut  de  coor- 
dination dans  les  mouvements.  Il  ne  s'agit  plus  alors  de  Ventilé  morbide 
décrite  par  M.  Duchenne  (de  Boulogne),  ayant  une  symptomatologie  tout 
à  fait  caractéristique,  une  marche  particulière,  une  durée  en  général  fort 
longue  et  une  terminaison  fatale;  ce  désordre  du  mouvement  est  simple- 
ment un  syntplome^  comme  l'anesthésie,  la  contracture  ou  la  paralysie. 

M.  Bourdon  va  plus  loin  :  il  admet  que  l'ataxie  locomotrice  peut  aussi 
exister  sans  lésion  matérielle  appréciable. 

Dans  la  partie  clinique  de  son  travail,  il  explique  ce  qu'on  doit  entendre 
\rAr  ata.xie  locomotrice  eX  fait  connaître  les  caractères  propres  à  différencier 
ce  phénomène  morbide  des  autres  troubles  de  la  myolilité  qu'on  observe 
notamment  dans  les  affections  du  cervelet,  dans  la  chorée  et  dans  les  divers 
tremblements. 

M.  Bourdon  a  ainsi  avancé  nos  connaissances  sur  la  séméiologie  des  mala- 
dies du  système  nerveux,  maladies  qui,  longtemps  encore,  ofiriront  un 
vaste  champ  aux  investigations  des  médecins. 


(   'o57  ) 

M.  Cahen  a  présenté  au  Concours  une  monographie  remarquable  inti- 
tulée :  Des  névroses  vaso-motrices  et  de  leur  traitement. 

La  plupart  des  idées  qui  y  sont  exprimées  sont  neuves  et  déduites  à  la  fois 
de  l'observation  attentive  de  f.iits  pathologiques  et  des  découvertes  récentes 
de  la  physiologie.  M.  Cahen  ne  s'est  pas  borné  à  donner  une  interprétation 
nouvelle  de  phénomènes  généralement  connus;  mais  il  a,  un  des  premiers, 
introduit  les  nerfs  vaso-moteurs  dans  le  domaine  de  la  pathologie.  Après 
avoir  démontré  l'existence  des  névroses  vaso-motrices,  il  les  étudie  dans 
différentes  parties  de  l'économie;  il  appelle  l'attention  sur  les  rapports  de 
sympathie  qui  s'établissent  entre  les  nerfs  vaso-moteurs  et  les  nerfs  de  sen- 
sibilité générale  ;  puis  il  termine  en  indiquant  un  traitement  dont  l'efficacité, 
dans  des  maladies  en  apparence  si  diverses,  tend  à  sanctionner  son  opinion 
sur  l'unité  de  nature  de  ces  maladies. 

De  tout  temps  on  avait  observé  que  les  névralgies  peuvent  être  accom- 
pagnées de  rougeur  et  de  gonflement;  mais  on  considérait  ces  symptômes 
comme  accessoires,  ou  bien  on  les  attribuait  à  l'intensité  de  la  douleur. 
M.  Cahen  a  établi  que  ces  phénomènes  congestifs  existent  dans  des  névral- 
gies peu  douloureuses,  et  qu'ils  peuvent  manquer  dans  les  névralgies  qui 
s'accompagnent  des  plus  violentes  douleurs.  I!  démontre  que  le  système  cir- 
culatoire éprouve  localement,  dans  ces  congestions,  une  dilatation,  une 
turgescence  réelle,  et  admet  que  ces  effets  sont  sous  la  dépendance  des 
nerfs  vaso-moteurs.  Il  donne  pour  exemples  :  l'injection  de  l'œil  qui  accom- 
pagne les  névralgies  de  la  branche  ophthalmique  du  trijumeau  ;  le  gonfle- 
ment des  gencives  et  d'une  portion  de  la  face  dans  les  névralgies  de  la 
branche  maxillaire  supérieure,  etc. 

Les  névroses  vaso-motrices  peuvent  déterminer  des  congestions  sans  né- 
vralgie, et  ces  congestions,  que  l'on  confond  généralement,  à  tort,  avec  les 
inflammations,  produisent,  dans  certains  cas,  des  hypersécrétions  ou  des 
hémorrhagies  (exemples  :  larmoiement,  salivation,  leucorrhée,  métror- 
rhagie,  etc.). 

Les  névralgies  des  nerfs  périphériques  du  système  cérébro-spinal  peuvent 
se  propager  aux  filets  du  grand  sympathique  avec  lesquels  ils  ont  d'ailleurs 
des  rapports  anatomiques,  et  causer  ainsi,  indirectement,  des  congestions 
dans  les  organes  :  par  exemple,  à  la  névralgie  des  nerfs  ilio-louibaires,  l'au- 
teur a  vu  succéder  des  congestions  de  l'utérus,  ou  bien  des  congestions 
douloureuses  du  testicule. 

L'acide  arsénieux  paraît  être  l'agent  le  plus  efficace  dans  le  traitement 
des  névroses  vaso-motrices. 


(   io58  ) 

Telles  sont  les  principales  conclusions  de  l'estimable  travail  de  M.  Cahen. 
Basées  sur  des  faits  bien  observés,  elles  apportent  une  confirmation  patho- 
logique A  une  notion  importante  de  physiologie,  et,  en  constituant  une 
unité  morbide  de  symptômes  épars,  elles  pourront  contribuer  au  progrès  de 
l'art  de  guérir. 

La  Commission  propose  d'accorder  à  M.  Cahe\  une  mention  honorable 
de  quinze  cents  francs. 

Indépendamment  des  précédents  travaux,  auxquels  elle  est  d'avis  de  dé- 
cerner un  i)rix  ou  des  mentions,  la  Commission  croit  devoir  citer  plusieurs 
autres  travaux  qui  lui  ont  paru  dignes,  à  plus  d'un  titre,  de  l'attention  de 
l'Académie.  Tels  sont  : 

1°  Des  Recherches  sur  la  physiologie  et  la  pathologie  du  cervelet,  par 
M.\l.  Leven  et  Oi.livier; 
.    2"  Un  Traité  de  l'érysipèle,  par  31.  Armand  Després  ; 

3°  L'Exposé  d'un  moyen  nouveau  et  très-simple  de  prévenir  la  roideur 
et  l'anltylose  dans  les  fractures,  par  M.  Morel-L  a  vallée; 

4°  Enfin  un  Mémoire  sur  les  maladies  virulentes  comparées  chez  l'homme 
et  les  animaux,  par  M.  Michel  Péter. 

L'Académie  adopte  les  propositions  de  la  Commission. 

PRLX  DIT  DES  ARTS  INSALUBRES, 

FONDÉ    PAR  M.   DE   MONTYON. 
RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Boussingault,  Rayer,  Dumas,  Payen, 
Chevreul  rapporteur.) 

Parmi  les  pièces  qui  ont  été  renvoyées  par  l'Académie  à  la  Commission 
des  prix  Montyon  concernant  l'amélioration  des  arts  insalubres,  la  Com- 
mission a  distingué  la  pièce  n°  /[  et  la  pièce  n°  2. 


La  pièce  n"  [\  est  un  livre  intitulé  :  Des  eaux  publiques  et  de  leur  applica- 
tion aux  besoins  des  grandes  villes,  des  communes  et  des  habitations  rurales. 
Principes  fondamentaux  concernant  la  recherche,  l'aménagement  de  t  eau  dans 
tous  les  pays,  la  détermination  de  sa  qualité,  sa  conseivation  et  sa  distribution, 
])ar  G.  Griinaud  de  Caux. 


(   'oStj  ) 

L'ouvrage  de  M.  Griniaud  de  Caux  s'est  présenté  à  îa  Cominissioii  sous 
deux  aspects,  au  point  de  vue  général  et  au  point  de  vue  particulier. 

Au  point  de  vue  général,  tout  en  rendant  justice  à  la  niiuiiere  dont  les 
faits  généraux  y  sont  exposés,  au  choix  des  matériaux,  à  l'esprit  d'après 
lequel  ils  sont  classés,  à  la  clarté  et  à  la  distinction  dn  style,  la  Commission 
aurait  pu  hésiter  à  proposer  à  l'Académie  de  décerner  un  prix  à  ce  livre; 
mais  en  l'examinant  au  point  de  vue  spécial  ,  et  dans  ses  rapports  avec  la 
ijensée  qui  a  inspiré  la  fond.ition  des  récompenses  qu'elle  est  appelée  a 
décerner,  la  Commission  a  cru  qu'en  s'abstenant  de  le  présenter  comme 
digne  d'un  prix,  elle  serait  en  désaccord  avec  la  pensée  du  fondateur. 

Effectivement,  en  prenant  en  considération  les  effoits  tentés  actuellement 
chez  toutes  les  nations  pour  mettre  à  la  portée  des  populations  les  meilleures 
eaux  potables  et  à  les  y  mettre  en  abondance ,  en  voyant  l'importance  que 
l'administration  française  attache  non-senlement  à  la  salubrité  des  usines, 
mais  encore  à  la  salubrité  des  lieux  où  elles  sont  placées,  et  sous  ce  rapport 
aux  bons  effets  de  la  puissance  des  cours  d'eau  poiu'  disperser  au  loin  des 
matières  sortant  des  usines  sans  être  insalubres,  mais  susceptibles  de  le 
devenir  par  suite  de  la  putréfaction ,  la  Commission  n'a  point  hésité  à  pro- 
poser de  décerner  un  prix  de  deux  mille  cinq  centjrancs  à  M.  Grimaud  de 
Caux,  tout  en  faisant  une  réserve  relative  à  quelques  opinions  de  l'auteur. 

Ce  n'est  point  dans  l'isolement  d'une  bdjliothèque  où  M.  Grimaud  de 
Caux  aurait  compulsé  les  matériaux  de  son  livre ,  qu'il  a  écrit  un  Traité 
général:  c'est  comme  observateur  des  lieux  mêmes  où  de  grands  travaux 
ont  amené  des  eaux  de  source  et  de  rivière,  où  des  citernes  ont  recueilli  et 
conservé  des  eaux  pluviales;  c'est  après  avoir  vu  de  ses  yeux,  donné  des 
conseils  et  pris  part  lui-même  à  des  explorations  exécutées  sur  une  grande 
échelle  ,  qu'il  a  écrit  et  recommandé  les  préceptes  les  plus  sûrs  pour 
atteindre  le  but,  en  ayant  égard  aux  moyens  d'amener  les  eaux  là  où  on 
doit  les  consommer,  aux  lieux  qu'il  convient  de  choisir  dans  les  rivières 
où  on  les  puise  au  moyen  de  pompes.  Il  a  parfaitement  apprécié  les  cir- 
constances qui  se  présentent  lorsqu'on  fdtre  les  eaux  de  rivière  dans  le 
sol  perméable  de  leurs  berges,  il  a  montré  les  causes  qui  doivent,  après  un 
temps  plus  ou  moins  long,  diminuer  la  perméabilité  du  filtre  et  dés  lors 
la  quantité  du  liquide  fdtré  qu'il  débite. 

Il  a  montré  comment,  dans  certaines  localités,  ces  filtres,  eu  rendant  la 
limpidité  à  une  eau  qui  y  est  entrée  plus  ou  moins  trouble,  peuvent  cepen- 
dant agir  par  leur  composition  chimique  de  manière  à  rendre  en  réalité 
cette  eau  moins  pure  qu'elle  n'était  en  y  pénétrant. 


(  io6o  ) 

D'un  autre  côté,  l'auteur,  comme  médecin,  préoccupé  de  l'influence  des 
eaux  sur  la  santé  des  populations  qu'elles  abreuvent,  a  consulté  la  statisti- 
que pour  savoir  si  dans  des  contrées  comparables  par  le  climat  on  trouvait 
dans  les  éléments  recueillis  par  cette  science  des  faits  propres  à  éclairer  sur 
les  maladies  qui  peuvent  atteindre  ces  populations. 

F^nfin  nous  ajouterons  qu'après  avoir  étudié  sur  les  lieux  mêmes  la  con- 
struction des  citernes  de  Venise  et  avoir  acquis  la  conviction  de  leur  effica- 
cité pour  conserver  les  eaux  pluviales,  il  a  usé  de  tous  les  moyens  qu'il 
avait  à  sa  disposition  pour  en  propager  l'usage  dans  les  communes  et  les 
habitations  rurales  dépourvues  d'eau  de  source  et  de  rivière,  et  qu'avec  un 
sentiment  de  véritable  philanthropie  il  a  rédigé  une  instruction  pour  l'amé- 
nagement et  la  conservation  de  l'eau  de  pluie,  qu'il  a  fait  tirer  à  ses  frais  à 
plusieius  milliers  d'exemplaires  afin  de  la  mettre  à  Cusage  des  agents  voyers. 


§  n. 


La  pièce  n°  2  est  une  préparation,  désignée  par  l'expression  vert-nature, 
propre  à  remplacer  les  verts  arsenicaux,  notamment  le  vert  de  Schweinfurlh 
si  dangereux  pour  les  fleuristes  ;  et  ici  nous  pourrions  citer  plus  d'un 
exeni])le  d'empoisonnement  produit  chez  de  jeunes  ouvrières  employées 
au  travail  des  fleurs  dites  artificielles  de  percale  et  de  papier  colorés  par  le 
\evtde  Sclnveinfiirtli.  Ce  qui  fait  rechercher  cette  préparation,  c'est  la  beauté 
de  sa  couleur,  son  éclat  extrême  à  la  lumière  des  bougies,  surtout  quand 
elle  est  associée  à  des  fleiu's  rouges. 

Après  nous  être  assiu'és  que  le  vert  dit  nature,  résultat  du  mélange  de 
Vacide  j>icr'uiue  avec  le  vert  de  chrome  de  Guignet,  conserve  sa  couleur  à  la 
lumière  artificielle,  nous  sommes  dans  l'esprit  du  fondateur  du  prix  Mon- 
tyon  en  proposant  à  l'Académie  de  décerner  une  récompense  de  quinze 
cents  francs  à  M.  Bouffé,  fabricant  de  tissus  et  d'apprêts  pour  fleurs  artifi- 
cielles, qui  a  eu  l'heureuse  idée  de  substituer  aux  verts  arsenicaux  un  vert 
dontlemploi  ne  présente  aucun  inconvénient,  soit  pour  le  travail,  soit  pour 
les  personnes  qui  portent  des  fleurs  ou  des  tissus  colorés  avec  le  vert-nature . 


§  ÎIF. 
La  Commission,  après  avoir  apprécié  le  service  rendu  à  la  préparation  de 


(  iu6i  ) 
fleurs  tliles  artificielles  par  M.  Bouffé,  sons  le  rapport  de  la  salubrité,  a 
pensé  que  M.  Guignet,  rinventeur  du  vert  dechrome  employé  par  M.  Boufle, 
avait  lui-même  rendu  un  service  assez  grand  à  l'industrie  en  la  dotant 
d'un  vert  propre  à  l'impression  des  étoffes  et  à  la  fabrication  des  papiers 
peints,  pour  qu'on  lui  décernât  lui  prix  de  deux  mille  cinq  cents  francs. 

En  conséquence,  elle  soumet  cette  proposition  à  l'Académie. 


Toutes  les  propositions  de  la  Commission  des  Arts  insalubresont  étéfaites  à 
l'uiianimité  de  ses  membres,  et  l'Académie  les  a  adoptées.  En  conséquence  : 

i"  Un  prix  de  deux  mille  cinq  cents  francs  est  décerné  à  .11.  GriiMaux  dk 
Caux  pour  son  livre  des  Eaux  jmbliques  et  de  leur  application  aux  besoins  des 
grandes  villes  et  des  luibilations  rurales. 

1°  Un  prix  de  deux  mille  cinq  cents  francs  est  décerné  à  M.  Guignet  pour 
la  préparation  d'un  vert  de  chrome  salubre,  propre  à  l'impression  sur  tissus  et  à 
la  fabrication  des  papiers  peints. 

3°  Une  récompense  de  quinze  cents  francs  est  donnée  à  M.  Bouffé  jiour 
avoir  substitué  aux  verts  arsenicaux,  dans  la  coloration  des  tissus  emplojés  pour 
les  fleurs  artificielles,  un  vert  résultant  du  mélange  de  l'acide  picrique  avec  le  vert 
de  Guignet. 

PRIX  CUVIER. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'AINNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Valenciennes,  Daubrée,  Flourens, 

d'Archiac  rapporteur.) 

La  Commission,  considérant  que  ce  prix  a  été  décerné  jusqu'à  présent  à 
des  zoologistes  très-éminents,  a  pensé  qu'elle  devait,  cette  fois,  déférer  au 
vœu  exprimé  par  la  Commission  de  souscription  de  la  statue  de  Cuvier  et 
l'accorder  à  lui  géologue  :  en  conséquence,  elle  décerne  le  prix  Cuvier 
pour  i863  à  sir  R.  I.  Murchisox,  Correspondant  de  la  Section  de  Géologie 
et  de  Minéralogie,  et  Directeur  général  du  Geological  Survey  de  la  Grande- 
Bretagne,  pour  l'ensemble  de  ses  travaux  sur  les  terrains  de  sédiments  an- 
ciens ou  palceozoïques. 

C.  R-,  i863,  2™f  Sfmcsin-.     1.  L\  il,  ^"  20.;  '4^ 


(  1062  ) 
PRIX  BORDIN. 

QUESTION    PROPOSÉE    EN     1839    POUR    18G1,    REMISE   A    1865. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Brongniart,  Decaisne,  Tiilasne,  Montagne, 
Duchartre  rapporteur.  ) 

L'Académie  avait  mis  au  Concours,  en  iSSg,  l'étude  des  «  vaisseaux  du 
»  latex  considérés  au  double  point  de  vue  de  leur  distribution  dans  les  divers 
»  organes  des  plantes  et  particulièrement  de  leurs  rapports  ou  de  leurs  connexions 
«  avec  les  vaisseaux  Ipnphatiques  ou  spiraux,  ainsi  quavec  les  fibres  du  liber.  » 
11  semblait  que  cette  question,  qui  touche  à  l'un  des  points  les  plus  impor- 
tants, mais  en  même  temps  les  plus  obscurs  de  l'anatomie  et  de  la  |)hysio- 
logie  des  plantes,  dût  exciter  l'émulation  des  botanistes  et  amener  la  pré- 
sentation de  nombreux  travaux;  cependant  il  n'en  fut  point  ainsi  :  effrayés 
sans  doute  du  nombre  et  de  la  difficulté  des  recherches  qu'exigeait  l'éluci- 
dation  de  ce  beau  sujet,  presque  tous  ceux  que  leurs  études  antérieures  fai- 
saient espérer  de  compter  parmi  les  concurrents  se  tinrent  à  l'écart,  et  un 
seul  Mémoire  fut  présenté  à  ce  Concours  pour  lequel  le  prix  devait  être 
décerné  en  1861 . 

Ce  Mémoire  unique,  fruit  de  nombreuses  observations   exécutées  avec 
beaucoup  de  soin  et  d'habileté,  avait  malheureusement  une  direction  trop 
spéciale  et  ne  répondait  qu'imparfaitement  aux  exigences  précises  du  pro- 
gramme publié  par  l'Académie.  Aussi  la  Commission  proposa-t-elle,    tout 
en  réservant  le  prix,  d'accorder  à  l'auteur  de  ce  travail  une  mention  tres- 
honorable  et  de  remettre  le  Concours  sur  la  même  question  à  l'année  i863. 
Dans  son  Rapport,   elle  exprimait  l'espérance  de  voir,   grâce  à   ce  délai, 
l'histone   des  vaisseaux  du  latex  étudiée  d'une  manière  plus  approfondie  et 
plus  conforme  à  ses  désirs,  soit  par  l'habile  observateur  qui  venait  de  lui 
donner  des  preuves  d'un  remarquable  talent,  soit  par  d'autres  savants  qui 
n'avaient  pas  répondu  à  son  premier  appel.  Son  espoir  n'a  pas  été  déçu,  et 
aujourd'hui  elle  a  lieu  de  se  féliciter  d'avoir  maintenu  la  question  au  Con- 
cours, puisqu'elle  a  permis  ainsi  au  premier  concurrent  de  compléter  son 
travail  et  d'en  modifier  sensiblement  les  conclusions,  à  un  nouveau  savant 
d'entrer  dans  la  lice  et  d'offrir  à  lAcadémie  les  résultats  d'une  longue  suite 
de  recherches. 


(  io63  ) 

Les  deux  Mémoires  qui,  cette  lois,  ont  été  présentés  au  Concours  por- 
tent poiu"  épigraphes,  le  n"  i,  l'énoncé  suivant  en  français  :  Les  résidlats 
fies  obserunlions  au  microscope  font  l'essenliel  d'une  dissertation  Idstoloqique  j 
le  n°  2,  la  phrase  latine  :  Organica  ab  inorcjanicis  différant  non  per  accidens, 
sedipsàsubstanlià,  qui  était  inscrite  en  tète  de  l'ouvrage  mentionné  très-ho- 
norablcnient  en  1 86 1 . 

Le  Mémoire  n"  i  est  un  travail  également  remarquable  pour  le  nombre  et 
i.t  finesse  des  observations  dont  il  présente  les  résultats,  pour  l'esprit  d'ordre 
et  de  méthode  qui  en  a  inspiré  le  plan,  pour  la  lucidité  d'expression  qui  en 
distingue  toutes  les  parties.  L'auteur  n'a  pas  envoyé  à  l'Académie  les  pré- 
parations sur  lesquelles  ont  porté  ses  études,  mais  il  a  joint  à  un  texte  de 
io4  pages  in-4°  un  magnifique  allas  de  aS  planches  grand  in  4"?  qn'  réu- 
nissent 291  figures  dessinées  à  la  plume  et  lavées  par  lui  avec  un  rare  talent. 
Ne  pouvant,  dans  l'espace  de  temps  que  lui  laissait  le  terme  du  Concours, 
étendre  ses  recherches  à  tous  les  végétaux  que  la  nature  a  pourvus  de  sucs 
laiteux  ou  colorés,  c'est-à-dire  de  latex,  il  en  a  examiné  attentivement  les 
types  principaux,  savoir  :  parmi  les  Dicotylédons,  les  Chicoracées,  les  Papa- 
véracées,  les  (;ampanulacées,  les  Morées,  les  Euphorbiacées,  les  Asclépia- 
déeset  Apocynées,  les  Papayacées  ;  parmi  les  Monocotylédons,  les  Liliacées, 
les  Musacées  et  les  Aroïdées.  Pour  reconnaître  la  manière  d'être  et  la  distri- 
bution des  tubes  qui  renferment  le  latex,  c'est-à-dire  des  laticilères,  il  a  eu 
recours  à  l'observation  de  tranches  minces  sous  le  microscope  et  ensuite, 
en  vue  de  confirmer  les  données  que  lui  avait  fournies  l'examen  de  ces  tubes 
en  place,  à  leur  isolement  opéré  à  la  suite  d'une  courte  ébullition  dans  l'îiy- 
drate  de  potasse. 

Par  ces  deux  moyens  d'investigation,  dont  le  second  servait  en  quelque 
sorte  à  contrôler  le  premier,  l'auteur  du  Mémoire  n"  i  a  été  conduit  à  ior- 
muler  catégoriquement  sa  réponse  aux  deux  parties  de  la  question  proposée. 
Eelativement  à  la  première  de  ces  parties,  je  veux  dire  à  la  distribution  des 
vaisseaux  du  latex  dans  les  divers  organes  des  plantes,  il  montre  que  ces 
tubes  se  retrouvent  dans  toutes  les  parties  des  végétaux  lactescents  dans 
lesquelles  s'étendent  les  faisceaux  vasculaires,  tandis  qu'ils  manquent  dans 
toutes  celles  que  composent  exclusivement  des  cellules  parenchymateuses. 
Il  explique  cette  diffusion  des  laticifères  en  admettant  que  ces  organes  sont 
en  réalité  les  vaisseaux  du  liber  des  plantes  lactescentes,  énoncé  qu'il  appuie 
sur  des  arguments  concluants  pour  la  généralité  des  cas.  mais  contre  lesquels 
néanmoins  il  ne  semble  pas  impossible  d'élever  des  objections  dans  certaines 
circonstances. 


(  io64  ) 

Envisageant  l'ensemble  des  tubes  dans  lesquels  se  trouve  le  latex  et  remon- 
tant à  leur  mode  de  formation,  il  eu  distingue  trois  sortes  différentes  :  i"  les 
véritables  vaisseaux  du  latex  ou  les  vrais  laticiferes,  issus  de  cellules  plus 
ou  moins  régulièrement  sériées  que  la  résorption  des  diaphragmes  formés 
par  leur  superposition  a  transfoi'mées  en  tubes,  tantôt  pourvus  de  ramifica- 
tions closes  à  leur  extrémité,  tantôt,  et  plus  généralement,  réunis  à  leurs 
voisins  par  des  branches  transversales  anastomotiques;  2°  les  cellules  treilli- 
sces  ou  grillagées,  ou  tubes  cribreux,  caractérisés  par  des  cloisons  persistantes 
percées  en  treillis  ou  en  grillage;  3°  les  canaux  du  latex  dont  ses  observa- 
tions lui  ont  appris  que  la  cavité  est  due  à  la  résorption  d'un  nombre  va- 
riable de  séries  cellulaires  juxtaposées. 

Quant  à  la  seconde  partie  de  la  question  proposée,  c'est-à-dire  aux  rap- 
ports entre  les  laticiferes  et  les  vaisseaux  lymphatiques  ou  spiraux,  l'auteur 
du  Mémoire  n"  i  y  répond  négativement  de  la  uKuiière  la  plus  formelle.  A 
l'appui  de  cette  réponse  négative,  il  rappelle  que,  comme  l'établissent  ses 
observations  et  celles  de  divers  autres  botanistes,  les  vaisseaux  du  latex, 
chez  la  plupart  des  plantes  lactescentes,  sont  placés  tout  à  fait  en  dehors 
des  faisceaux  ligneux  qui  seuls  renferment  les  vaisseaux  spiraux.  Les  vais- 
seaux de  l'une  et  l'autre  sorte,  étant  ainsi  séparés  par  im  intervalle  plus  ou 
moins  considérable,  ne  peuvent  évidemment  communiquer  entre  eux.  Ce 
défaut  de  communication  devient  plus  difficile  à  établir  pour  un  petit  nombre 
(le  végétaux,  particulièrement  pour  ceux  dont  se  compose  la  petite  famille 
des  l'apayacées,  chez  lesquelles  les  laticiferes  parcourent  le  corps  ligneux  lui- 
même;  mais  là  aussi  l'auteur  affirme  que  les  vaisseaux  du  latex  se  trouvent 
entièrement  séparés  des  vaisseaux  spiraux,  et  qu'il  n'existe  nulle  part  ni 
connexion  ni  communication  entre  les  deux. 

Au  total,  le  Mémoire  n°  i  est  un  ouvrage  important,  sagement  conçu  et 
habilement  rédigé,  appuyé  d'ailleurs  sur  de  nombreuses  observations  dont 
il  semble  impossible  de  contester  l'exactitude  et  sur  une  belle  série  de  figures 
que  tout  autorise  à  regarder  comme  fidèles.  La  réponse  qu'il  présente  aux 
deux  parties  de  la  question  proposée  est  la  déduction  logique  des  laits  dont 
il  renferme  l'exposé;  il  satisfait  de  tout  point  aux  exigences  du  programme 
et  mérite  d'être  rangé  parmi  les  plus  beaux  travaux  qui  aient  été  présentés, 
dans  ces  derniers  temps,  aux  Concours  ouverts  par  l'Académie. 

Le  Mémoire  n"  2  est  plus  étendu  que  celui  qui  a  été  inscrit  sons  le  n"  r, 
puisqu'il  comprend  aujourd'hui  le  manuscrit  en  1  i3  pages  in-4°et  [\i  plan- 
ches qui  avait  valu  à  son  auteur  une  mention  trè.s-honorable  en  i8Gi,  et 
un  supplément  en  5o  pages  et  23  planches  qui  portent  à  23o  le  nombre 


(  io65  ) 
des  figures  réunies  clans  l'ensemble  de  ce  travail.  Ces  figures,  dessinées  à  la 
mine  de  plomb,  sont  notablement  inférieures,  pour  le  nombre  et  surtout 
pour  l'exécution,  à  celles  qui  tonnent  l'atlas  du  premier  Mémoire.  En  outre, 
de  nombreuses  préparations  conservées  entre  deux  lames  de  verre  ont  été 
envoyées  par  l'auteur  pour  fournir  à  la  Commission  les  moyens  de  contrôler 
l'exactitude  des  descriptions  et  des  dessins. 

La  portion  la  plus  considérable  de  ce  grand  travail  est  déjà  connue  de 
l'Académie  par  le  Rapport  qui  lui  a  été  présenté  en  1861;  nous  n'avons  donc 
à  nous  occuper  ici  que  de  la  seconde  portion  ou  du  nouveau  Mémoire  qui 
a  été  présenté  cette  année  à  titre  de  supplément.  Nous  ferons  seulement 
observer  que  cette  division  en  un  corps  d'ouvrage  et  un  supplément  destiné 
à  remplir  les  lacunes  du  premier,  à  en  modifier  même  à  quelques  égards 
l'esprit  et  les  conclusions^  a  fait  naître  dans  l'ensemble  un  défaut  d'immo- 
gétïéité  que  l'auteur  eût  pu  facilement  éviter  en  fondant  ces  deux  parties 
en  un  seul  fout  par  une  rédaction  nouvelle.  Cette  réserve  faite,  la  Commis- 
sion ne  peut  donner  que  des  éloges  au  Mémoire  11°  2,  dans  lecpiei  elle  a 
reconiui  l'œuvre  d'un  savant  aussi  versé  dans  la  connaissance  de  l'organi- 
sation végétale  qu'habile  dans  l'art  de  l'observer. 

Dans  son  Mémoire  supplémentaire,  ce  botaniste  examine  de  nouveau  les 
principaux  types  de  végétaux  lactescents,  mais  il  insiste  particulièrement  sur 
les  Papayacées,  chez  lesquelles  on  peut  dire  que  se  trouvait  le  nœud  prin- 
cipal de  la  question  relative  aux  rapports  des  laticifères  avec  les  vaisseaux 
lymphatiques,  et  sur  les  Chicoracées,  pour  lesquelles  il  substitue  un  cha- 
pitre nouveau  à  celui  qui  existait  dans  son  premier  travail. 

Étendant  le  cadre  de  ses  études,  que  la  Commission  de  i86r  lui  avait 
reproché  d'avoir  un  peu  trop  circonscrit,  il  a  suivi  les  laticifères  dans 
toutes  les  parties  des  plantes,  et  il  a  dès  lors  satisfait  pleinement  à  l'une  des 
exigences  du  progranune  académique.  Mais  c'est  à  l'étude  de  la  seconde 
jiartie  de  la  question  proposée  qu'il  a  donné  une  attention  toute  particu- 
lière, bien  légitimée  par  l'importance  du  point  à  élucider.  On  se  rappelle 
en  effet  que,  dans  un  de  ses  beaux  travaux  qui  l'ont  fait  ranger  parmi  les 
phytotomistes  les  plus  distingués  de  notre  époque,  M.  Trécul  avait  signalé 
ce  fait  inattendu  que  les  vaisseaux  spiraux  ou  lymphaticpies  renferment  sou- 
vent un  suc  laiteux  en  plus  ou  moins  grande  abondance;  qu'il  avait  montré, 
chez  les  Papayacées,  les  laticifères  venant  communiquer  avec  les  vaisseaux 
lymphatiques  par  des  anastomoses  transversales  ou  s'appliquant  contre  eux 
sur  des  longueurs  diverses.  Pour  reconnaître  si  ces  connexions  et  cette 
communication  existent  réellement,  l'auteur  du  Mémoire  n"  1  a  recouru  suc- 


(  ioG6  ) 
cessivement  à  l'observation  directe  sous  le  microscope,  à  rébuUition  dans 
une  solution  de  potasse  qui  permet  d'isoler  les  vaisseaux,  en6n  à  l'injectior) 
par  de  l'eau  colorée  avec  du  carmin.  Les  observations  faites  d'après  ces 
trois  méthodes  ont  été  poursuivies  par  lui  avec  une  patience  infatigable  et 
avec  une  habileté  peu  commune  ;  elles  l'ont  conduit  à  introduire  uw  cor- 
rectif dans  l'énoncé  catégoriquement  négatif  par  lequel  il  avait  répondu 
en  1861  à  cette  seconde  partie  de  la  question.  Il  a  reconnu  en  effôt  que  les 
vaisseaux  lymphatiques  des  Papayacées  peuvent  contenir  du  latex  qu'ils 
reçoivent  de  laticiféres  en  communication  avec  eux;  mais,  d'après  lui,  ce 
latex  y  est  si  peu  abondant,  et  les  points  d'union  entre  ces  deux  ordres  de 
vaisseaux  sont  si  rares,  que  l'un  et  l'autre  de  ces  faits  doivent  être  regardés 
comme  n'ayant  qu'une  importance  subordonnée  et  comme  uniquement 
exceptionnels. 

En  résumé,  les  deux  Mémoires  présentés  au  Concours  pour  le  prix  Bordin 
relatif  à  l'étude  des  vaisseaux  du  latex  sont  des  travaux  d'une  haute  va- 
leur, qui  témoignent  d'un  beau  talent  d'observation  et  dans  lesquels  sont 
exposés,  en  texte  et  en  figures,  les  résultats  de  patientes  et  difficiles  recher- 
ches sur  l'un  des  points  les  plus  intéressants  et  les  moins  connus  jusqu'à  ce 
jour  de  l'organisation  végétale.  Par  le  nombre  considérable  de  faits  bien 
observés  dont  ils  renferment  l'exposé  méthodique,  par  la  netteté  et  la  simi- 
litude presque  complète  des  conclusions  auxquelles  arrivent  leurs  auteurs, 
ils  lèveront  la  plupart  tles  doutes  qui  restaient  encore  dans  cette  partie  de 
la  science,  et  que  l'Académie  s  était  proposé  de  faire  disparaître  lorsqu'elle 
.'ivait  ouvert  ce  Concours. 

La  Commission  a  donc  l'honneur  de  déclarer  que  les  Mémoires  11°  i  et 
n"  2  qui  ont  été  soumis  à  son  examen  lui  semblent  être  l'un  et  l'autre  une 
réponse  satisfaisante  à  la  question  proposée;  d'un  autre  coté,  si  les  mérites 
par  lesquels  se  distinguent  ces  deux  travaux  sont  dissemblables  à  certains 
égards,  ils  se  balancent  assez  rigoureusement  pour  qu'elle  ne  puisse  établir 
entre  eux  un  classement  quelconque;  aussi  est-elle  d'avis  que  le  prix 
Bordin  pour  1 863  doit  être  partagé  entre  les  deux  auteurs.  Toutefois,  le 
Mémoire  n"  2  se  composant  eu  ce  moment  île  deux  parties  distinctes  entre 
lesquelles  il  serait  indispensable  d'établir  une  coordination  plus  complète, 
elle  serait  heureuse  que  l'Académie  pût  achever  son  œuvre  en  hâtant  la 
publication  du  n°  1,  dont  le  plan  et  la  rédaction  méritent  tousses  éloges  et 
qu  accompagnent  d'ailleurs  des  figures  parfaitement  exécutées. 

L  auteur  du  Mémoire  u°  s  est  M.  Léopolo  Dippel,  a  Idar,  principauté 
de  Birkenfeld  (grand-duché  d'Oldenbourg). 


{  1067  ) 

L'auteur  du  Mémoire  n"  2  est  M.  le  D"^  Johaxxes  Haxstein,  à  Berlin 
f  Prusse). 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 

PRIX  BORDIN. 
RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNEE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Decaisne,  Brongniart, 
Tulasne,  de  Quatrefages  rapporteur.  ) 

Dans  sa  séance  publique  du  i5  mars  1861,  l'Académie  avait  mis  au  Con- 
cours, comme  sujet  du  prix  Bordiii  à  décerner  en  1862  (i),  la  question 
suivante  : 

(i  Faire  l'histoire  anatomique  et  pli^siologiqiie  du  corail  et  des  autres  zoo- 
»  jjlijtes  de  la  même  famille.    » 

L'étendue  de  cette  question,  les  difficultés  matérielles  que  présentait  sa 
solution,  les  voyages  qu'elle  exigeait,  pouvaient  faire  craindre  que  les  con- 
currents ne  fissent  défaut.  Un  ensemble  de  circonstances  qu'il  n'est  pas 
inutile  de  rappeler  nous  a  valu  au  contraire  une  solution  telle  que  l'A- 
cadémie en  reçoit  rarement  aux  problèmes  posés  par  elle. 

M.  Lacaze  Diithiers,  alors  professeur  à  la  Faculté  de  Lille,  avait  depuis 
longtemps,  on  le  sait,  abordé  l'étude  des  animaux  marins.  Après  avoir  par- 
couru plusieurs  points  de  nos  côtes  occidentales,  il  avait  voulu  conijiarer  la 
faune  de  l'Océan  à  celle  de  la  Méditerranée.  Dans  ce  but,  il  avait  visité  les 
Baléares,  la  Corse,  la  Sardaigne,  et,  dans  ces  deux  dernières  localités,  il 
avait  réuni  déjà  des  matériaux  intéressants  sur  l'histoire  du  corail  et  des 
zoophytes  voisins. 

A  cette  époque  l'administration  de  l'Algérie  et  des  Colonies,  suivant  la 
voie  ouverte  par  notre  confrère  M.  le  Maréchal  Vaillant,  résolut  de  faire 
étudier  scientifiquement  les  questions  relatives  à  la  multiplication  du  corail. 
M.  le  Comte  de  Chasseloup-Laubat  fit  offrir  à  M.  Lacaze  de  se  charger  de 
cette  étude,  et  M.  Lacaze  se  hâta  d'accepter.  Mais  la  mission  confiée  à  ce 
naturaliste  ne  comprenait  que  l'espace  d'une  année;  et,  à  l'expiration  de 
ce  terme,  M.  Lacaze,  dont  l'Académie  connaît  les  scrupules  scientifiques, 

(i)  Le  terme  de  rigueur  assigné  aux  concurrents  s'étendait  jusqu'au  3i  décembre  1862. 
La  séance  publique  ayant  eu  lieu  avant  cette  époque,  conformément  au  règlement  de  l'Aca- 
démie, le  prix  n'avait  pu  être  décerne  dans  cette  séance;  mais  la  Commission  avait  fait  son 
travail,  et  elle  ne  fait  aujourd'hui  que  proclamer  le  résultat  de  l'examen  auquel  elle  s'était 
livrée. 


(  ioG8  ) 
ne  crut  )3as  avoir  suffisamment  éclairci  certains  points  délicats.  En  con- 
séquence,  il  demanda  un  congé  et  alla   passer  encore  une  saison  entière 
sur  les  côtes  de  l'Algérie. 

Ce  sont  donc  les  résultats  de  trois  longues  campagnes,  dont  deux  faites 
entièrement  aux  frais  de  l'auteur,  que  M.  Lacaze  a  soumis  à  votre  Com- 
mission. 

Pour  donner  à  l'Académie  une  idée  de  l'étendue  de  ces  résultats,  il  suffira 
de  dire  que,  sans  parler  des  notes  et  des  manuscrits,  M.  Lacaze  nous  a 
présenté  un  atlas  comprenant  plus  de  3oo  figures  remarquables  par  leur 
exécution  et  dont  120,  aujourd'hui  publiées,  sont  relatives  au  corail  seul. 
Les  autres  intéressent  l'histoire  d'animaux  appartenant,  soit  a  la  même 
famille,  comme  l'indiquait  le  progranune ,  soit  à  des  familles  voisuies. 
Toutes  ont  été  dessinées  ou  peintes  surplace  et  d'après  nature  par  l'auteur 
lui-même.  Des  préparations,  des  échantdlons  nombreux,  déposés  en 
majeiu-e  partie  au  Muséum,  accompagnaient  cet  atlas  et  ont  permis,  dans 
plusieiu-s  cas,  de  constater  la  parfaite  exactitude  des  détails  reproduits  par 

M.  Lacaze. 

L'Académie  comprendra  que  nous  ne  saurions  lui  présenter,  même  le 
plus  brièvement  possible,  le  tableau  complet  d'un  ensemble  de  recherches 
aussi  consuiérabies.  Aussi  nous  bornerons-nous  à  appeler  sou  attention 
sur  la  monographie  consacrée  au  corail.  Mais  ici  même  il  nous  faudra 
choisir.  Cette  monographie,  aujourd'hui  publiée  aux  frais  de  l'État,  forme  à 
elle  seule  un  volume  grand  in-8"  de  371  pages,  accompagné  d'un  atlas  de 
20  planches  comprenant  120  figures.  Analyser  un  semblable  travail  rempli 
de  faits  et  de  détails,  ce  serait  dépasser  les  limites  d'un  Rapport.  Aussi  nous 
bornerons-nous  à  en  donner  une  idée  sommaire  en  insistant  seulement  sur 
les  points  les  plus  importants. 

Dans  les  considérations  qui  précèdent  l'énoncé  de  la  question, 
M.  Edwards,  juge  si  compétent  de  cette  branche  de  la  Zoologie,  a  tracé,  de 
l'état  de  nos  coiuiaissances  sur  le  corail  et  les  groupes  voisins,  un  tableau 
d'où  il  résulte  qu'en  dehors  de  la  grande  et  inaltaqual)le  découverte  faite 
par  Pevssonnel,  à  peu  près  tout  était  à  découvrir  ou  à  préciser.  C'est  assez 
dire  que  l'étude  de  ces  zoophytes  présente  de  grandes  difficultés.  iM.  La- 
caze, qui  lésa  surmontées,  a  voulu  les  éviter  à  ses  successeurs.  11  a  consa- 
cré un  chapitre  spécial  à  ce  sujet  et  montré  comment  on  parvient  à  se  pro- 
curer en  abondance  du  corail  vivant,  comment  on  le  conserve,  comment  il 
faut  s'y  prendre  pour  l'étudier  dans  les  aquariums,  etc.  L'auteur  imite  ici  les 
physiciens  et  les  chimistes  qui,  avant  d'exposer  les  résultats  de  leurs  études. 


(   loGg  ) 
décrivent  les  appareils  qu'ils  ont  employés,  les  méthodes  qu'ils  ont  suivies. 

Passant  à  ses  études  proprement  dites,  l'auteur  commence  nalurellement 
parla  description  extérieure,  qui,  toute  précise  et  complète  qu'elle  est,  ne 
l'arrête  que  peu  de  temps.  Six  chapitres  sont  ensuite  consacrés  à  l'organi- 
sation, et,  grâce  aux  détails  contenus  dans  le  texte  ou  exprimés  par  les 
figures,  on  peut  dire  que  cette  organisation  est  aujourd'hui  connue  jusque 
dans  ses  détails  les  plus  minutieux.  C'est  surtout  dans  cette  partie  du 
travail  que  nous  ne  pouvons  guère  suivre  i\I.  Lacaze;  car  nous  serions 
forcément  ou  trop  longs  ou  trop  incomplets.  Ilemarquons  seulement  que 
partout  l'histologie  marche  de  front  avec  l'anatomieet  la  physiologie,  et  que 
toujours  l'auteur  se  préoccupe  de  la  structure  intime  des  organes,  aussi  bien 
que  de  leur  forme  générale,  de  leurs  rapports  et  de  leurs  fonctions. 

Nous  ne  saurions  passer  aussi  rapidement  sur  les  six  chapitres  attribués 
aux  fonctions  de  reproduction.  Ici  tout  était  à  faire.  Une  observation  très- 
imparfaite  de  Cavolini,  ini  excellent  dessin  de  M.  Milne  Edwards,  représen- 
tant les  ovaires  avec  beaucoup  d'exactitude,  voilà  tout  ce  que  possédait  la 
science  sur  ce  point  intéressant  à  tous  égards.  M.  Lacaze  a  décrit  et  figuré 
avec  le  plus  grand  détail  les  organes  reproducteurs  mâles  et  femelles;  étudié 
le  développement  des  œufs,  des  spermatozoïdes  et  des  larves;  observé  ces 
dernièrespendaut  leur  période  de  liberté;  constaté  les  premiers  signes  annon- 
çant leur  transformation  future;  suivi  pas  à  pas  cette  transformation,  jus- 
qu'au moment  où  l'individu  u/ii^ue  provenant  d'un  seul  œuf  se  met  à  bour- 
geonner et  enfante  successivement  toute  une  colonie  dont  il  est  le  parent 
direct.  Essayons  de  donner  une  idée  succincte  de  cette  série  de  phénomènes. 

En  général  les  sexes  sont  entièrement  séparés  dans  le  corail.  Toutefois  on 
trouve  parfois,  sur  un  pied  mâle,  un  rameau  dont  les  polypes  sont  femelles, 
et  réciproquement.  Un  rameau  peut  aussi  réunir  des  individus  des  deux 
sexes.  Enfin,  mais  plus  rarement,  un  même  individu  peut  être  à  la  fois 
mâle  et  femelle.  Ainsi,  au  point  de  vue  de  la  séparation  des  sexes,  le  corail 
présente  les  deux  extrêmes  et  presque  tous  les  degrés  intermédiaires. 

L'œuf,  fécondé  dans  la  capsule  qui  l'attache  au-dessous  d'un  repli  intestini- 
forme^  subit  dans  cette  capsule  toutes  ses  transformations.  Quand  l'enveloppe 
se  déchire,  c'est  un  animal  et  non  pas  un  œuf  qui  tombe  dans  la  cavité  gé- 
nérale du  corps.  Ainsi  le  corail  est  vivipare. 

L'animal  sorti  de  l'œuf  est  une  larve  d'abord  très-petite  et  qui  doit  vivre 
pendant  un  certain  temps  dans  la  cavité  viscérale  de  la  mère,  pour  ainsi 
dire  à  la  manière  d'un  ver  intestinal.  Pendant  cette  première  période  de  son 
existence,  elle  fait  plus  que  tripler  de  volume.  Il  y  a  donc  ici  une  véritable 

C.  R.,  iS(i3,  am^  Semestre   (T.  LVII,  S"  'IG.)  '4-^ 


(   '07°  ) 
gestation.  Au  moment  voulu  la  mère  se  débarrasse  par  la  bouche  des  larves 
VI]  état  de  supporter  l'action  des  agents  extérieurs. 

A  ce  moment  le  futur  corail  ressemble  complètement  à  un  ver  entièrement 
mou,  fort  petit,  en  forme  de  massue,  pourvu  d'une  bouche  qui  s'ouvre  dans 
une  cavité  interne  proportionnellement  très-grande,  et  dépourvu  d'anus. 
Des  cils  vibraliles  hérissent  tout  le  corps  et  permettent  à  ce  ver  de  nager 
avec  assez  de  rapidité.  Dans  ces  mouvements  il  progresse  toujours  à  reculons 
et  en  génénd  se  dirige  plus  ou  moins  verticalement  de  bas  en  haut.  Quand 
il  sarrète,  il  retombe  lentement  au  fond  et  se  repose  appuyé  sur  sa  bouche. 
Ce  genre  de  vie  dure  de  quinze  jours  à  trois  semaines.  Pendant  ce  temps 
la  larve  grandit  et  s'allonge;  en  même  temps  on  voit  se  prononcer  de  plus 
en  plus  à  l'intérieur  huit  cloisons  qui  limitent  autant  de  chambres  rayon- 
nantes autour  de  l'axe  du  corps.  La  métamorphose  commence  évidenmient 
dès  cette  époque.  Le  ver  tourne  au  rayonné;  mais  à  l'intérieur  seulement, 
et  sans  que  rien  trahisse  au  dehors  le  changement  déjà  accompli. 

Au  bout  d'un  temps  quelque  peu  variable,  comme  nous  venons  de  le 
dire,  la  larve  en  se  mouvant  à  .••eculoDs  va  se  fixer  par  sa  partie  postérieure 
sur  un  coips  solide  quelconque.  Alors  elle  s'épate,  et  ce  ver  allongé  se  trans- 
forme en  un  disque  plat,  adhérent  par  toute  sa  base  et  présentant  à  son 
centre  une  ouverture  circulaire  qui  n'est  autre  chose  que  la  bouche  de  la 
larve;  bientôt  un  bourrelet  ou /jffn'stome  entoure  cette  ouverture;  puis  on 
voit  |)araître  huit  mamelons  correspondant  aux  chambres  qui  partagent 
l'intérieur  du  disque.  —  Le  ver  est  donc  dès  cette  époque  un  rayonné  à  tous 
égards.  —  Puis  les  n)amelons  sallongent  et  se  transforment  en  tentacules, 
simples  d'abord,  mais  qui,  par  un  procédé  analogue,  ne  tardent  pas  à 
acquérir  des  barbules  latérales.  —  Dés  ce  moment  le  jeune  animal  est 
caractérisé  comme  alcvonaire. 

A  ce  moment  on  commence  à  trouver  dans  les  parois  du  corps  du  petit 
zoophyte  des  corpuscules  colorés,  calcaires,  plus  ou  moins  irréguliers  en 
apparence,  mais  dont  la  forme  n'en  est  pas  moins  constante.  Ces  spicules 
|)ermeltent  de  distinguer  le  jeune  corail  des  autres  zoophy  tes  voisins  en  voie 
(le  développement  et  qui  pourraient,  sous  tous  les  autres  rapports,  être  con- 
fondus avec  lui.  C'est  grâce  à  cette  circonstance  que  M.  Lacaze,  faisant  une 
heureuse  application  des  résultats  généraux  tirés  par  M.  Valenciennes  de 
l'étude  des  spicules,  a  pu  utiliser  pour  ses  recherches  les  très-petits  individus 
adhérents  aux  corps  sous-marins  que  rapportait  le  filet  des  corailleurs,  et 
suivre  les  diverses  phases  du  développement  bien  au  delà  de  ce  qu'eût  permis 
remploi  seul  des  aquariums. 

On  voit  que  cette  caractérisation  successive  de  l'embranchement,  de  la 


[  I07I  ) 

famille  et  de  l'espèce,  chez  le  corail,  est  entièrement  d'accord  avec  les  vues 
générales  émises  depuis  longtemps  sur  ce  sujet  par  M.  Milne  Edwards. 

L'individu  résultant  de  la  métamorphose  de  la  larve,  laquelle  sortait  elle- 
même  fl'un  œuf,  doit  maintenant  devenir  le  siège  de  nouveaux  phénomènes 
pour  donner  naissance  à  ini  pied  de  corail,  c'est-à-dire  à  une  colonie  com- 
posée de  plusieurs  centaines  d'individus.  Dans  ce  but,  sur  un  point  quel- 
conque du  corps,  on  voit  se  former  >me  sorte  de  bouton,  assez  semblable 
à  un  furoncle  et  résultant  de  l'agglomération  sur  place  d'une  plus  gr.nuie 
quantité  de  tissu  vivant.  Ce  bouton,  d'abord  plein,  se  creuse  ensuite  à  l'in- 
térieur d'une  cavité  dont  le  mode  de  production  rappelle  entièrement  ce 
qu'un  membre  de  l'Académie  a  vu  chez  les  mollusques  et  les  annelés  ;  cette 
cavité  s'accroit  peu  à  peu  et  finit  par  percer  la  peau  tlu  polype;  un  péri- 
stome  vient  border  cette  ouverture;  huit  bourgeons  se  montrent  sur  ce 
bourrelet  et  se  transforment  en  bras  qui  acquièrent  promptement  leurs 
barbnles,  et  un  second  individu  se  trouve  greffé  sur  le  premier.  Il  est  iiuitile 
d'ajouter  que  la  colonie  s'augmente  toujours  par  le  même  procédé.  On  le 
voit,   le   corail  ne  présente   pas  les  phénomènes  de  cjénéraliuii  alternante 
constatés  chez  tant  d'autres  rayonnes,  et  cela  même  était  important  à  mettre 
hors  de  doute.  Toutefois,  il  n'en  rentre  pas  moins  dans  la  catégorie  des  ani- 
maux généagénétiques,  tels  qu'ils  ont  été  définis  par  un  membre  de  l'Aca- 
démie.   Le  scolex  seul  subit  une  véritable  métamorphose;  et  les  proylottis 
restent  fixés  au  slrobila. 

Nous  aimerions  à  suivre  encore  M.  Lacaze  dans  les  détails  pleins  de  nou- 
veauté et  d'intérêt  qu'd  donne  sur  la  formation  du  polypier;  sur  les  causes 
qui  peuvent  en  modifier  les  formes  et  les  proportions,  au  point  que,  les 
branches  restant  fort  grêles,  la  base  peut  devenir  assez  grande  pour  fournir 
une  bille  de  billard  d'un  seul  bloc;  sur  les  circonstances  qui  peuvent  faire 
croire  qu'un  pied  de  corail  a  pénétré  dans  une  roche,  circonstance  qui 
peut  avoir  son  importance  en  géologie,  etc.,  etc.;  mais  ces  détails  nous  en- 
traîneraient trop  loin,  et  nous  nous  bornerons  à  dire  un  mot  de  ce  que 
l'auteur  appelle  la  loi  de  destruction  réciprocjue . 

L'Académie  sait  que  le  nombre  des  espèces  d'animaux  agrégés  ou  soudés 
vivant  dans  la  mer  est  très-considérable.  On  comprend  que  la  dissémination 
de  ces  espèces,  livrée  entièrement  au  hasard  ,  doit  souvent  rapprocher  des 
colonies  de  genres,  de  classes,  et  même  d'embranchements  différents.  Or  la 
force  de  propagation,  ou  mieux  de  multiplication  des  individus,  dont  elles 
sont  animées,  est  entièrement  aveugle  :  la  volonté  n'y  entre  pour  rien.  Il 
résulte  de  là  que  quand  deux  colonies  voisines  viennent  à  se  rencontrer, 

143.. 


(  1072  ) 

elles  luttent  fatalement  l'une  contre  l'autre,  chacune  tendant  invinciblement 
à  empiéter  sur  sa  voisine.  Si  la  force  d'extension  est  égale  des  deux  parts, 
les  deux  colonies  continuent  à  croître  en  s'adossant  l'une  à  l'autre.  Mais 
presque  toujours  il  en  est  une  qui  l'emporte  :  alors  elle  passe  sur  la  plus 
faible  et  la  recouvre  si  celle-ci  présente  une  solidité  suffisante,  ou  la  détruit 
si  elle  est  composée  seulement  de  ces  tissus  délicats  qu'on  trouve  chez  la 
plupart  des  êtres  dont  nous  parlons. 

Mais  la  force  d'extension  dont  il  s'agit  ici,  et  que  M.  Lacaze  appelle 
foicehlastoijénélique,  s'affaiblit  par  son  exercice  même  chez  la  colonie  victo- 
rieuse. La  colonie  vaincue,  au  contraire,  semble  acquérir  une  énergie  nou- 
velle à  mesure  que  de  nouveaux  empiétements  rétrécissent  de  plus  en 
plus  son  domaine.  Il  en  résulte  qu'au  bout  d'un  certain  temps  les  rapports 
deviennent  inverses,  et  que  la  colonie  qui  avait  d'abord  cédé  du  terrain,  en 
reprend  à  son  tour,  c'est-à-dire  qu'elle  recouvre  ou  détruit  celle  qui  sem- 
blait devoir  la  faire  disparaître. 

Le  corail  présente  parfois  de  curieux  exemples  de  ces  alternatives  dans 
lesquelles  se  manifeste  si  nettement  la  lutte  pour  la  vie  {stmggle  for  lije)  de 
Darwin.  Ainsi,  qu'un  bryozoaire  vienne  encore  à  l'état  de  larve  se  fixer 
sur  un  pied  de  corail,  il  se  multiplie  d'abord,  détruit  l'écorce  vivante  (le 
sarcosome,  Lacaze)  de  celui-ci  dans  une  certaine  étendue  et  s'étale  à  la  surlace 
de  l'axe  calcaire  mis  à  ni!.  Mais  au  bout  d'un  certain  temps,  sa  force  blasto- 
génétique  s'épuise,  celle  du  corail  grandit,  le  sarcosome  envahit  à  son  tour 
les  loges  du  bryozoaire,  sécrète  la  matière  ordinaire,  et  l'étranger  se  trouve 
englobé  dans  le  polypier  qu'il  avait  envahi.  Des  faits  de  même  nature  se 
])roduisent  quand  des  balanes,  par  exemple,  se  fixent  sur  un  pied  de  co- 
rail. D'abord  elles  ont  le  dessus  et  détruisent  le  sarcosome;  mais  celui-ci, 
bourgeonnant  de  nouveau,  les  recouvre  à  son  tour,  les  revêt  de  la  matière 
solide  du  polypier,  et  ainsi  seforment  ces /i(/(/je5que  les  marchands  vendent 
fort  cher  aux  amateurs.  M.  Lacaze  a  vu  jusqu'à  une  valve  de  thécidée  qui 
avait  été  ainsi  ensevelie  dans  l'épaisseur  d'un  pied  de  corail. 

M.  Lacaze  termine  cette  partie  de  son  travail  (sar  des  considérations  géné- 
rales sur  les  affinités  zoologiques  du  corail.  Il  ne  fait  du  reste  ici  que  con- 
firmer les  conclusions  auxquelles  étaient  arrivés  la  plupart  de  ses  prédé- 
cesseurs, et  entre  autres  MM.  Milne  Edwards  et  Jules  Haime.  11  ajoute 
néanmoins  ses  recherches  propres  sur  les  diverses  variétés  considérées 
parfois  comme  des  espèces  distinctes,  peut-être  par  suite  de  quelques 
fraudes  de  commerce  analogues  à  celle  qu'il  a  reconnue  dans  le  corail  blanc 
des  bayadéres.  Enfin,  en  rappelant  les  analyses  chimiques  qui  ont  été  faites 
[)ar  divers  auteurs,  il  oppose  aux  idées  de  Vogel  sur  la  nature  toute  ferru- 


(  I073  ) 
gineuso   de    la    matière  colorante    ronge,    les    doutes   de  nos  confrères, 
MM.  Pelouze  et  Fremy,  et  i-apporte    succinctement  quelques  expériences 
qu'il  a  faites  pour  reconnaître  l'action  de  l'hydrogène  sulfuré  et  des  sulthy- 
drates  sur  cette  matière  colorante. 

Tout  en  résolvant  les  problèmes  scientifiques  soulevés  par  l'étude  du 
corail,  M.  Lacaze  ne  pouvait  oublier  la  nature  complexe  de  la  mission  que 
lui  avait  confiée  l'administration.  Le  côté  pratique  de  la  question  a  été  étudié 
par  lui  d'une  manière  tout  aussi  sérieuse  que  le  côté  scientifique  ;  mais  nous 
n'avons  pas  à  le  suivre  sur  ce  terrain.  Disons  seulement  que  là  aussi  il  a  su 
faire  des  applications  heureuses  des  données  et  des  procédés  de  la  science. 
Ainsi,  le  mode  de  locomotion  des  larves,  leurs  habitudes  observées  dans 
VcKfnarkim  ont  permis  à  l'auteur  d'expliquer  pourquoi  le  corail  se  trouve 
de  prétérence  fixé  à  la  vovile  des  cavités  sous-marines.  Ainsi  encore,  |3oui- 
déterminer  la  rapidité  de  croissance  des  pieds,  ce  qui  permettrait  de  régle- 
menter d'une  manière  rationnelle  l'emménagement  des  bancs,  M.  Lacaze 
a  immergé,  dans  des  points  déterminés,  i5o  grandes  jarres  marquées  de 
signes  qui  les  feront  reconnaître.  Il  est  à  espérer  que  ces  jarres  se  recouvri- 
ront de  corail  tout  aussi  bien  que  les  pierres  ou  les  rochers,  d'autant  plus 
que  leur  forme  même  est  en  harmonie  avec  les  instincts  des  larves  que  nous 
venons  de  rappeler.  Successivement  repêchées,  elles  fourniront  sur  le  déve- 
loppement des  axes  calcaires  recherchés  par  le  commerce  des  renseignements 
dont  on  manque  entièrement  jusqu'ici.  C'est  donc  une  expérience  que 
M.  Lacaze  a  instituée  sur  une  grande  échelle  et  dont  l'administration  de 
l'Algérie  n'a  plus  qu'à  surveiller  les  résultats. 

Nous  terminerons  ici  ce  Rapport.  Quelque  abrégé  et  incomplet  que  soit 
cet  exposé,  il  suffira,  nous  l'espérons,  pour  que  l'Académie  juge  de  l'esprit 
dans  lequel  a  été  traitée  la  question  mise  par  elle  au  Concours.  Comme 
nous,  elle  pensera  que  cette  monographie  du  corail  présente,  à  un  haut 
degré,  les  caractères  qui  distinguent  les  travaux  de  M.  Lacaze  Duthiers, 
savoir  :  une  grande  sîireté  d'observation,  sûreté  qui  résulte  de  la  sévérité 
avec  laquelle  l'auteur  contrôle  ses  premiers  résultats;  l'habitude  d'aller  au 
fond  des  choses  ;  un  esprit  généralisateur,  mais  prudent.  En  se  rappelant 
que  cette  monographie  n'est  qu'une  portion  de  l'ensemble  de  travaux 
rapportés  par  l'auteur  pour  satisfaire  au  programme  du  prixBordin,  l'Aca- 
démie verra  certainement  qu'il  n'y  a  rien  d'exagéré  dans  ce  que  nous  disions 
au  début  de  ce  Rapport,  et  qu'elle  a  bien  rarement  obtenu  des  réponses 
aussi  complètes,  aussi  satisfaisantes,  aux  questions  proposées  par  elle. 

L'Académie  comprendra  dès  lors  le  vote  unanime  de  la  Commission  qui  a 
décerné  à  M.  Lacaze  Duthiers  le  prix  Bordin  pour  1 862. 


(  I074  ) 
PRIX  BORDIiN. 

(Commissaires,  MM.  Montagne,  Duchartre,  Brongniait,  Decaisne, 
Tulasne  rapporteur.) 

«  Déterminer  par  des  7'eclierches  anatomiques  s'il  existe  dans  la  structure  des 
«  tiges  des  végétaux  des  caractères  propres  aux  grandes  Jamilles  naturelles,  et 
»   concordant  ainsi  avec  ceux  déduits  des  organes  de  la  reproduction.    » 

Ce  prix  n'est  pas  décerné,  et  la  même  question  généralisée  est  remise  au 
Concours  pour  l'année  1866. 

(Consultez  à  ce  sujet  le  Rapport  fait  sur  ce  Concours,  à  la  page  1090  du 
Programme  des  Prix  proposés.) 

PRIX  MOROGUES. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Boussingault,  Decaisne,  Rayer,  Peligot, 
Payen  rapporteur.) 

La  Commission,  après  avoir  discuté  le  mérite  des  divers  ouvrages  pré- 
sentés au  Concours,  a  été  d'avis,  à  l'unanimité,  d'accorder  le  prix  Morogues 
de  Tannée  i863  à  M.  Barral,  pour  l'ouvrage  périodique  intitulé  :  Jour- 
nal d Agriculture  pratique. 

Cet  ouvrage,  faisant  suite  à  la  Maison  Rustique  du  xjx'  siècle,  con- 
stitue la  publication  qui  offre  le  plus  grand  nombre  de  données  théoriques 
et  pratiques  utiles,  recueillies  dans  les  Sociétés  d'agriculture  et  les  exploi- 
tations rurales.  Ce  recueil  comprend  les  descriptions  des  divers  procédés 
agricoles  appliqués  non-seulement  en  France,  mais  encore  à  l'étranger. 

La  Commission  a  encore  distingué  dans  chacune  des  publications  men- 
suelles les  tableaux  météorologiques  des  différentes  régions  agricoles  de  la 
France. 

C'est  là  une  innovation  dont  l'utilité  est  chaqne  jour  mieux  appréciée 
par  les  cultivateurs. 

PRIX  BRÉANT. 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Velpeau,  Claude  Bernard,  Jules  Cloquet, 
Jobert  de  Lamballe,  Serres  rapporteur.  ) 

Ce  prix  n'est  pas  décerné. 

{Foir\e  Rapport  fait  sur  ce  Concours,  à  la  page  1097  du  Programme  des 
Prix  proposés.) 


(  I075  ) 

PRIX  JECRER. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Peloiize,  Regnault,  Balard,  Fremy, 
Chevreul  rapporteur.) 

La  Section  de  Chimie,  à  l'unanimité,  a  rlécerné  le  prix  Jecker  à  M.  Hov- 
MAXN  [cinq  mille  francs),  pour  ses  travaux  de  chimie  organique,  et  en 
|)articulier  pour  ses  travaux  relatifs  aux  alcalis  artificiels  dits  nn/nniqnefi. 

PRIX  BARBIER. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Brongniart,  Montagne,  Rayer,  Jules  Cloquet. 

Decaisne  rapporteur.) 

Votre  Commission  a  distingué  deux  Mémoires  importants  parmi  les  tra- 
vaux soumis  à  son  examen  et  ayant  pour  objet  les  plantes  médicinales. 

Le  premier  est  dû  à  M.  Jules  Lépine,  pharmacien  de  première  classe  à 
l'hôpital  de  Pondichéry.  Son  ouvrage  embrasse  l'étude  des  principaux  mé- 
dicaments en  usage  dans  l'Inde,  comparés  à  ceux  que  fournissent  nos  ])lantes 
européennes.  M.  Jules  Lépine  a  ajouté  à  ce  travail  des  recherches  sur 
V Ujdrocolyle  asiatica  çt  sur  son  emploi  en  médecine. 

Le  second  ouvrage  distingué  par  votre  Commission  est  dû  à  M.  Vieillard, 
médecin  de  la  Marine.  Il  est  relatif  aux  plantes  médicinales  et  alimentaires 
particulières  à  la  Nouvelle-Calédonie. 

Ces  travaux  éclairent  d'un  jour  nouveau  l'emploi  thérapeutique  de  végé- 
taux encore  très-peu  connus  et  étudiés  avec  un^  attention  particulière  dans 
deux  de  nos  plus  importantes  colonies  par  des  officiers  attachés  au  service 
médical  de  la  Marine  impériale.  Les  ouvrages  de  MM.  Jules  Lépi\e  et 
Vieillard  ont  donc  paru  à  votre  Commission  dignes  de  recevoir  le  prix 
Barbier  et  elle  vous  propose  de  le  partager  également  entre  ces  deux  savants. 

L'Académie  approuve  les  propositions  de  la  Commission. 


(   I077  ) 

PRIX  PROPOSÉS 

ponn  LES  ANNÉES  1864,  186S,  1866  et  1873. 


SCIEINCES  MATHÉMATIQUES. 
GRAND  PRIX  DE  MATHEMATIQUES. 

QUESTION    PROPOSÉE    POUR  1836,     REMISE    A    1839,   PROPOSÉE  DE    NOUVEAU,   APRÈS   MODIFICATION, 

POUR     1862,     ET    REMISE    A     1863. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  t863. 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Mathieu,  f-augier,  Duperrey, 
Delauiiay  rapporteur.) 

L'Académie  avait  proposé  comme  sujet  de  prix  pour  i856,  puis  remis 
au  Concours  pour  iSSg,  le  perfectionnement  de  la  théorie  malhémalique  des 
marées.  Le  prix  n'ayant  pas  été  décerné,  l'Académie  a  rerais  au  Concours, 
pour  1862,  la  question  des  marées,  en  en  modifiant  l'énoncé  de  la  manière 
suivante  : 

<(  Discuter  avec  soin  et  comparer  à  la  théorie  les  observations  des  marées 
))  jaites  dans  les  principaux  ports  de  France.   « 

Une  seule  pièce  a  été  reçue  au  Secrétariat.  L'auteur  de  cette  pièce  explique 
nettement  comment  il  entend  que  la  question  doit  être  traitée;  mais  il  n'a 
pu  se  procurer  les  observations  faites  dans  nos  ports  assez  à  temps  pour  en 
faire  la  discussion  complète.  Le  plan  de  l'auteur  a  paru  à  la  Commission 
reposer  sur  des  bases  assez  solides  pour  qu'il  y  ait  lieu  d'espérer  qu'en 
accordant  un  nouveau  délai,  l'Académie  voie  enfin  la  question  dont  il 
s'agit  traitée  d'une  manière  digne  de  fixer  son  attention.  En  conséquence,  la 
Commission  propose  de  remettre  encore  au  Concours  pour  l'année  i865  la 
question  des  marées,  en  conservant  l'énoncé  qui  vient  d'être  rappelé. 

L'Académie  adopte  la  proposition  de  la  Commission. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de 

G.  R.,  i8G3,  î"».  Semestre.  (T.  LVII,  N»  26.)  '44 


(   «o?»  ) 
l'Institut,  avant  le  i"jiiin  i  865  :  ce  terme  est  de  rigueur.  Le  nom  de  chaque 
autenr  sera  contenu  dans  un  liillot  cachelé,  qu'on  n'ouvrira  que  si  la  pièce 
est  coiu'onnée. 

GRAND  PRIX  DE  MATHÉ^IATIQUES, 

A     DÉCERNER    EN     186iî. 
QUESTION    SUBSTITUÉE    A    CELLE    DES    POLYÈDRES. 

(Commissaires,   MM.   Bertrand,   Chasles,    Ossian   Bonnet,    Hermite, 

Serret  rapporteur.) 

r/Académie  propose  la  question  suivante  : 

«  Perfectionner  en  quelque  point  important  ta  partie  de  C Analyse  matlié- 
))  malique  qui  se  rapporte  à  P inléyralion  des  équations  aux  dérivées  partielles 
»   du  deuxième  ordre.  » 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut  avant  le  i"  juillet  i865,  terme  de  rigueur.  Les  noms  des  auteurs 
seront  contenus  dans  des  billets  cachetés,  qu'on  n'ouvrira  que  si  la  pièce 
est  couronnée. 

GRAND  PRI\  DE  MATHÉMATIQUES. 

QUESTIOH   PROPOSÉE  POUR   18SS,   REMPLACÉE     PAR    UNE  AUTRE    POUR    1861,  REMISE  A    18C5, 

PUIS    A    1860. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANiNÉ  1863. 
(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé,  Chasles,  Serret,  Bertrand  rapporteur  ) 

L'Académie  avait  proposé  pour  sujet  du  prix  de  Mathématiques  la  ques- 
tion suivante  : 

«  Trouver  quel  doit  être  l'état  calorifique  d'un  corps  solide  homogène  indéfini, 
»  pour  quun  système  de  lignes  isothermes,  à  un  instant  donné,  reste  isotherme 
»  après  un  temps  quelconque,  de  telle  sorte  que  la  température  d'un  point  puisse 
»  s'exprimer  en  Jonction  du  temps  et  de  deux  autres  variables  indépendantes.   >> 

Cette  question,  proposée  pour  le  Concours  de  1861,  avait  été  traitée  par 
deux  concurrents  qui  tous  deux  avaient  fait  preuve  de  beaucoup  de  science 
et  de  talent;  mais  leurs  Mémoires,  dont  l'un  renfermait  une  grave  inexacti- 


(  J079  ) 
tiule,  et   dont  l'antre  portait  les  traces  d'nne  trop  grande  j)récipitation, 
n'avaient  pas  paru  mériter  le  prix. 

La  question,  remise  au  Concours  pour  cette  année,  n'a  donné  lieu  à  aucun 
travail  nouveau,  et  nous  proposons,  en  conséquence,  de  remettre  la  question 
au  Concours  pour  i865. 

Les  Mémoires  nouveaux,  ou  les  suppléments  aux  Mémoires  déjà  envoyés, 
devront  être  remis  au  Secrétariat  avant  le  i"  juillet  i865. 

GRAND  PRIX  DE  MATHÉMATIQUES. 

QUESTION    PROPOSÉE    EN     1862     POUR     iSG-î. 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Bertrand,  Lamé,  Chasles,  Serret.) 

L'Académie  propose  pour  sujet  du  grand  prix  de  Matliéiiuiliques  à 
décerner  en  1864  la  question  suivante  : 

«  Etablir  une  théorie  complète  et  rigoureuse  de  la  stabilité'  de  r équilibre  des 
»  corps  flottants.   « 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  avant  le  1"  juillet  1864  :  ce  terme  est  de  rigueur.  Les  noms  des 
auteurs  seront  contenus  dans  des  billets  cachetés,  qu'on  n'ouvrira  que  si 
la  pièce  est  couronnée. 

PRIX  EXTRAORDLXAIRE   DE  SLX  aiILLE   FRANCS 

SUR  l'application  de  la  vapeur  a  la  mauixe  militaire. 

QUESTION    PROPOSÉE    POCK     I8{57,     KEMISE    A     18S9,     PROROGÉE    A     1 8C2 
ET    REMISE    DE    NOUVEAU    A     1804. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.   Duperrey,   Combes,   Glapeyron,   Poncelet, 
le  Baron  Charles  Dupin  président  et  rapporteur.) 

Au  milieu  des  expériences  prodigieuses  que  présentent  les  constructions, 
les  mécanismes  et  l'armement  des  navires  de  guerre  qui  surpassent  les  limites 
auxquelles  on  s'était  précédemment  arrêté,  il  est  vraiment  regrettable  que 
l'Académie  n'ait  pas  reçu  de  Mémoire  qui  donnât  les  éléments  et  la  dé- 
monstration d'un  seul  perfectionnement  nouveau  et  considérable. 

14/,.. 


(  io8o  ) 

En  conséquence,  nous  sommes  obligés  de  déclarer  qu'il  y  ;i  lieu  de 
remettre  à  l'année  1864  le  prix  fondé  par  le  Ministère  de  la  Marine. 

Les  Mémoires,  plans  et  devis  devront  être  adressés  au  Secrétariat  de 
l'Institut  avant  le  i"  novembre. 

Nous  avons  l'espoir  qu'alors  l'Académie  pourra  décerner  le  prix  pour 
quelque  progrès  digne  de  notre  époque. 

PRIX   D'ASTRONOMIE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  LALANDE. 

La  médaille  fondée  par  M.  de  Lalande,  pour  être  accordée  annuellement 
à  la  personne  qui,  en  France  ou  ailleurs  (les  Membres  de  l'Institut  excep- 
tés), aura  fait  l'observation  la  plus  intéressante,  le  Mémoire  ou  le  travail  le 
plus  utile  au  progrès  de  l'astronomie,  sera  décernée  dans  la  prochaine 
séance  publique  de  1864. 

PRIX    DE     MÉCANIQUE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

M.  de  Montyon  a  offert  une  rente  sur  l'État,  pour  la  fondation  d'un  prix 
annuel  en  faveur  de  celui  qui,  au  jugement  de  l'Académie  des  Sciences, 
s'en  sera  rendu  le  plus  digne  en  inventant  ou  en  perfectionnant  des  instru- 
ments utiles  au  progrès  de  l'agriculture,  des  arts  mécaniques  ou  des 
sciences. 

Ce  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  quatre  cent  cin- 
quante francs. 

Le  terme  de  ce  Concours  est  fixé  au  i"  avril  de  chaque  année. 

PRIX     DE     STATISTIQUE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

Parmi  les  ouvrages  qui  auront  pour  objet  une  ou  plusieurs  questions 
relatives  à  la  Statistique  de  In  France,  celui  qui,  au  jugement  de  l'Académie, 
contiendra  les  recherches  les  plus  utiles  sera  couronné  dans  la  prochaine 
séance  publique  de  1864.  On  considère  comme  admis  à  ce  Concours  les 
Mémoires  envoyés  en  manuscrit,  et  ceux  qui,  ayant  été  imprimés  et 
publiés,  arrivent  à  la  connaissance  de  l'Académie;  sont  seuls  exceptés  les 
ouvrages  des  Membres  résidants. 


(   io8i  ) 
Le  prix    consistera   en    une  médaille  d'or  de  la  valeur  de   quatre  cent 
soixante-dix-sept  francs. 

Le  terme  du  Concours  est  fixé  au  i"  janvier  de  chaque  année. 

PRIX  BORDIN. 

QUESTION  PROPOSÉE  POUR  1862  ET  PROROGÉE  A  1864. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Pouillet,  Lionville,  Bertrand, 
Fizeau  rapporteur.) 

«  Étude  d'une  question  laissée  au  choix  des  concurrents  et  relative  à  la 
»   théorie  des  phénomènes  optiques.    » 

La  Commission  propose  à  l'Académie  de  proroger  le  Concours  jusqu'au 

r"'  juillet  1864. 

En  reproduisant  le  programme  tel  qu'il  a  été  donné  en  i858,  la  Com- 
mission a  été  d'avis  d'ajouter  que  ce  programme  doit  être  entendu  dans  le 
sens  le  plus  large,  de  manière  à  laisser  aux  concurrents  la  plus  grande 
liberté,  et  pour  le  choix  du  sujet  et  pour  la  manière  de  le  traiter. 

Dans  la  pensée  de  la  Commission,  le  Concours  est  ouvert  à  toutes  les 
recherches,  soit  théoriques,  soit  expérimentales,  entreprises  dans  le  but 
d'ajouter  quelque  chose  à  nos  connaissances  sur  la  nature  et  les  pro- 
priétés de  la  lumière. 

L'Académie  adopte  la  proposition  de  la  Commission. 

Le  prix  sera  décerné  dans  la  séance  publique  de  1864-,  il  consistera  en 
une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  rerais,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  avant  le  1^"  juillet  1864. 

Les  noms  des  auteurs  seront  contenus  dans  des  billets  cachetés  qui  ne 
seront  ouverts  que  si  la  pièce  est  couronnée. 

PRIX  BORDIN. 

QUESTION  PROPOSÉE  EN  1862  POUR  1864. 

(Commissaires,  MM.  LiouviUe,  Bertrand,  Chasles,  Serret,  [.amé.) 

L'Académie  décernera  le  prix  Bordin  pour  ,864  à  l'auteur  d'un  travail 
apportant  un  perfectionnement  notable  à  la  théorie  mécanique  de,  la 
chaleur. 


(     I082    ) 

Le  prix  consistera  en  nne  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés,  francs  fie  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  avant  le  i"  juillet  1864  :  ce  terme  est  de  rigueur.  Les  noms  des 
auteurs  seront  contenus  dans  des  billets  cachetés,  qu'on  n'ouvrira  que  si  la 
pièce  est  couronnée. 

PRIX  TRÉMONT, 

A    DÉCERNER    EW    I8CÎ. 

(  Reproduction  du  Pro;',ramme  des  années  précédentes  ) 

Feu  M.  le  Baron  de  Trémonf,  par  son  testament  en  date  du  5  mai  i84;, 
a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  somme  annuelle  de  onze  cents  francs 
pour  aider  dans  ses  travaux  tout  savant,  ingénieur,  artiste  ou  mécanicien, 
auquel  une  assistance  sera  nécessaire  «  pour  atteindre  un  but  utile  et  glo- 
rieux pour  la  France.  » 

Un  décret  en  date  du  8  septembre  i85G  a  autorisé  l'Académie  à  accepter 
cette  fondation. 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  que,  dans  sa  séance  publique 
de  1864,  elle  accordera  la  somme  provenant  du  legs  Trémont,  à  titre  d'en- 
couragement, à  tout  «  savant,  ingénieur,  artiste  ou  mécanicien  »  qui,  se  trou- 
vant dans  les  conditions  indiquées,  aura  présenté,  dans  le  courant  de  l'an- 
née, ime  découverte  ou  un  perfectionnement  paraissant  répondre  le  mieux 
aux  intentions  du  fondateur. 

PRIX  FONDÉ  PAR  MADAME  LA  MARQUISE  DE  LAPLACE. 

Une  ordonnance  royale  a  autorisé  l'Académie  des  Sciences  à  accepter  la 
donation  qui  lui  a  été  faite,  par  Madame  la  Marquise  de  Laplace,  d'une 
rente  pour  la  fondation  à  perpétuité  d'un  prix  consistant  dans  la  collection 
complète  des  Ouvrages  de  Laplace. 

Ce  prix  sera  décerné,  chaque  année,  au  premier  élève  sortant  de  l'École 
Polytechnique. 

PRIX  DAMOISEAU, 

A    DÉCERNER    EN    186S. 

Un  décret  impérial,  en  date  du  i3  mai  i863,  a  autorisé  l'Académie  des 
Sciences  à  accepter  la  donation,  qui  lui  a  été  faite  par  Madame  la  Baroime 
veuve  de  Damoiseau,  d'une  sonune  de  vimjt  mille  francs^  a  dont  le  revenu 


(  io83  ) 

»  est  destiné  à  former  le  montant  d'nn  prix  annuel  qui  recevra  la  (léiio- 
»   minalion  de  prix  Dainoizeaii. 

«  Ce  prix  sera  décerné  par  l'Académie  à  l'auteur,  français  ou  étrantçer, 
))  du  Mémoire  de  théorie  suivi  d'applications  numériques  qui  lid  paraîtra  le 
»  plus  utile  au  progrès  de  l'astronomie.  Il  pourra  aussi  être  partagé  entre 
»  plusieurs  savants. 

»  Lorsque  l'Académie  le  jugera  convenable,  l'auteur  d'un  Mémoire  cou- 
»  ronné  pourra  recevoir  le  montant  du  prix  pendant  plusieurs  années  con- 
»   sécutives. 

»  S'il  n'y  avait  pas  lieu  de  décerner  ce  prix,  l'Académie  pourrait  eu  em- 
>i  ployer  la  valeur  en  encouragements  pour  des  travaux  astronomiques  fin 
»   même  genre. 

»  Ce  prix,  quand  l'Académie  le  jugera  utile  au  [)rogrès  de  la  science, 
))   pourra  être  converti  en  prix  triennal  sur  luie  question  proposée.  » 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  que  ce  prix  sera  décerné,  pour  la 
première  fois,  dans  sa  séance  publique  annuelle  de  i865. 

Les  ouvrages  devront  être  parvenus,  Jraiics  de  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  avant  le  i"  avril  i865,  terme  de  rigueur. 


(  io84  ) 

SCIENCES  PHYSIQUES. 
GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES 

QUESTION    PROPOSÉE    EN    18S9    PODR    1862    ET    REMISE    A    1864. 

(Commissaires,  MM.  Valenciennes,  Milrie  Edwards,  Flourens,  Coste, 
Emile  Blanchard  rapporteur.) 

(Reproduction  du  Programme  de  l'année  précédente.) 

«  Analomie  comparée  du  système  nerveux  des  Poissons.  » 
Des  travaux  nombreux  et  importants  ont  été  faits  sur  le  système  nerveux 
dans  les  différenles  classes  d'animaux  vertébrés,  mais  il  existe  encore  beau- 
coup d'incertitude  au  sujet  de  la  détermination  de  plusieurs  parties  de  l'en- 
céphale des  Poissons,  et  jusqu'ici  on  ne  connaît  que  d'une  manière  très- 
imparfaite  les  modifications  que  cet  appareil  peut  offrir  dans  les  diverses 
familles  ichthyologiques.  L'Académie  appelle  particulièrement  l'attention 
des  concurrents  sur  ces  deux  points.  Elle  voudrait  que  par  une  étude  com- 
parative des  centres  nerveux  dont  la  réunion  constitue  l'encéphale,  on  pût 
démontrer  rigoureusement  les  analogies  et  les  différences  qui  existent  entre 
ces  parties  chez  les  Poissons  et  chez  les  Vertébrés  supérieurs  ;  enfin  elle 
désire  que  cette  étude  soit  conduite  de  manière  à  jeter  d'utiles  lumières  sur 
les  rapports  zoologiques  que  les  divers  Poissons  ont  entre  eux  et  à  fournir 
ainsi  de  nouvelles  données  pour  la  classification  naturelle  de  ces  animaux. 

Extrait  du  Rapport  sur  te  Concours  de  tannée  1862. 

La  Commission  propose  de  remettre  la  question  [Analomie  comparée  du 
système  nerveux  des  Poissons)  au  Concours  pour  l'année  i864-  Il  s'agit  ici, 
en  effet,  d'une  de  ces  belles  questions  de  sciences  naturelles  pour  la  solu- 
tion desquelles  on  est  en  droit  d'attendre  d'études  patientes  et  de  recher- 
ches bien  conduites  des  résultats  considérables.  Dans  le  programme  donné 
pour  le  Concours  de  1 862,  on  signalait  aux  concurrents  comme  but  de  leurs 
investigatioas,  non-seulement  la  détermination  des  différentes  portions  de 
l'encéphale  des  Poissons,  mais  encore  l'appréciation  de  l'impurtance  des 
modifications  des  centres  nerveux  comme  caractères  propres  à  jeter  d'utiles 
lumières  sur  les  rapports  zoologiques  de  ces  animaux.  La  Commission, 
pensant  que  le  sujet  prenait  ainsi  des  proportions  trop  vastes,  abandonne 


(   io85  ) 

cette  dernière  partie  et  insiste  ponr  que  la  première  soit  abordée  par  l'étude 
auatouiique  la  plus  délicate  et  par  l'observation  du  développement. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires,  imprimés  ou  manuscrits,  devront  être  déposés, yj'rtncs  de 
port,  au  Secrétariat  de  l'Institut,  avant  le  i"  septembre  i8()4,  terme  de 
rigueur. 

GRAND  PRLX  DES  SCIEIVCES  PHYSIQUES. 

QUESTION    PROPOSÉE    EN     1861    POUR   1CC3  ET  REMISE  A  1806. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  de  Quatrefages,  Flourens,  Blanchard,  Coste, 
Milne  Edwards  rapporteur.) 

«  De  In  production  des  animaux  hybrides  par  le  moyen  de  la  fécondation 
»   artificielle.   » 

L'Académie  n'a  reçu  pour  ce  Concours  qu'un  seul  Mémoire.  Ce  travail, 
intitulé:  Notes  en  réponse  à  la  question  proposée  par  C  Académie  sur  la  produc- 
tion des  hybrides,  etc.,  par  M.  Salles,  ne  nous  a  pas  paru  susceptible  d'ob- 
tenir le  prix.  Effectivement  il  ne  contient  aucun  fait  nouveau,  et  ne  consiste 
qu'en  une  série  de  considérations  plus  ou  moins  générales  sur  le  sujet  pro- 
posé par  l'Académie. 

La  Commission  déclare  donc  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  décerner  le  grand 
prix  des  Sciences  physiques,  et  elle  propose  à  l'Académie  de  remettre  ce 
sujet  au  Concours  pour  1866. 

Le  prix  sera  de  trois  mille  francs . 

Les  Mémoires,  imprimés  ou  manuscrits,  devront  être  déposés, yJancs  de 
port,  au  Secrétariat  de  l'Académie,  avant  le  3i  décembre  i865,  terme  de 
riqneur. 

GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHISIQUES. 

QUESTION  PROPOSÉE  EN  1863  POUR  1863. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Claude  Bernard,  Brongniart,  Decaisne, 
Milne  Edwards  rapporteur.) 

Les  travaux  de  Cuvier  sur  les  ossements  fossiles  du  bassin  de  Paris  font 
époque  dans  l'histoire  des  sciences  naturelles  et  ont  ouvert  à  l'anatomie 
zoologique  un  champ  nouveau  non  moins  vaste  que  fécond.  Depuis  la  mort 


G.  R.,  i8C3,  2™=  Semeslre.  (T.  LVII,  N»  2Q.)  '4^ 


(  io86  ) 

(leces;ivant  illustre,  cette  branche  de  la  paléontologie  française  n'est  pas 
lestée  stationnaire,  et  les  publications  faites  |)ar  MM.  de  Blainville,  Agassiz, 
Deslongchamps,  Gervais  et  Lartet,  y  ont  fait  fiire  des  progrés  considéra- 
bles. Mais  les  recberclies  de  ces  auteurs  ont  eu  principalement  pour  objet 
les  Mammifères,  les  Siuriens,  on  les  Poissons,  et  les  travaux  des  autres 
paléontologistes  français  portent  presque  uniquement  sur  les  coquilles,  les 
Fxhinodermes  et  les  Polypiers  de  nos  divers  terrains.  11  reste  donc  plu- 
sieurs groupes  d'animaux  vertébrés  dont  les  débris  fossiles  n'ont  pas  encore 
été  l'objet  de  recherches  suffisamment  approfondies,  et  il  est  aussi  à  remar- 
quer que  dans  l'état  actuel  de  la  science  l'anatomie  comparée  des  anin)aux 
récents  ne  fournit  pas  aux  paléontologistes  toutes  les  données  dont  ceux-ci 
auraient  besoin  pour  la  détermination  de  beaucoup  de  ces  fossiles. 

[..a  Conunission  croit  utile  de  provoquer  de  nouvelles  recherches  sur 
cette  branche  de  la  paléontologie  française,  et,  comme  modèles  à  suivre,  elle 
indiquera  les  Mémoires  de  Cuvier,  cardans  chacun  de  ces  ouvrages  l'ana- 
tomie comparée  sert  de  guide  au  paléontologiste,  et  fait  elle-même  des 
progrès  considérables. 

La  Commission  propose  donc  de  décerner  le  grand  prix  des  .Sciences 
physiques  pour  i865  au  «  bavait  osléocjrnphiqiie  qui  contrilnier.i  le  plus  à 
«  l'avancement  de  la  paléontologie  française,  soit  en  faisant  mieux  connaître  les 
»  caractères  anatnniiques  <Cun  ou  de  plusieurs  types  de  vertébrés  et  en  fournis- 
»  sant  ainsi  des  éléments  importants  pour  l'étude  de  nos  faunes  tertiaires,  soit  m 
»  traitant  d'une  manière  approfondie  des  fossiles  qui  appartiennent  à  l'une 
»  des  classes  les  moins  bien  connues  de  ce  grand  embranchement  du  règne 
1)   (Uiimal.    » 

L'Académie  adopte  cette  proposition.  Le  prix  consistera  en  une  valeur 
de  trois  mille  francs. 

Les  ouvrages  devront  être  remis  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i"  no- 
vembre i865.  Les  noms  des  auteurs  seront  contenus  dans  des  billets 
cachetés,  qui  ne  seront  ouverts  que  si  la  pièce  est  couronnée. 

PRIX  DE  PHYSIOLOGIE  EXPÉRIWEIVTALE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

Feu  M.  de  Montyon  ayant  offert  ime  somme  à  l'Académie  des  Sciences, 
avec  l'intention  que  le  revenu  en  fût  affecté  à  un  prix  de  Physiologie  expé- 
rimentale à  décerner  chaque  année,  et  le  Gouvernement  ayant  autorisé  cette 
fondation  par  une  ordoruiance  en  date  du  22  juillet  1818, 


(  'o87  ) 

L'Académie  annonce  qu'elle  adjugera  luic  iiiédaillf  d'or  (ie  la  valeur  de 
Ituil  cent  cinq  francs  à  l'ouvrage,  imprimé  ou  manuscrit,  qui  lui  paraîtra 
avoir  le  plus  contribué  aux  progrès  de  la  |)liysiologie  expérimentale. 

Le  prix  sera  décerné  dans  la  prochaine  séance  publique. 

Les  ouvrages  ou  Mémoires  |jrésentés  par  les  auteurs  doivent  être  envoyés, 
francs  de  j>orl,  au  Secrétariat  de  l'Institut,  avant  le  !*"■  avril  de  chaque  année, 
terme  de  rigueur. 

PRIX  DE  MÉDECINE  ET  CHIRURGIE 

ET 

PRIX    DIT    DES   ARTS   INSALLRRES, 

FONDÉS  PAR  M.  DE  MONTYON. 

Conformément  au  testament  de  feu  M.  Augetde  Montyon,  et  aux  ordon- 
nances du  29  juillet  1821,  du  2  juin  i8a/|  et  du  ^3  aoi"it  1829,  il  sera  dé- 
cerné un  ou  plusieurs  |jrix  aux  auteurs  des  ouvrages  ou  des  rlécouvertes 
qui  seront  jugés  les  plus  utiles  à  Vart  de  cjuérir.,  et  à  ceux  qui  auront  trouvé 
les  moyens  de  rendre  un  art  ou  un  métier  moins  insalubre. 

L'Académie  a  jugé  nécessaire  de  faire  remarquer  que  les  prix  dont  il 
s'agit  ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions  propres  à 
perfectionner  la  médecine  ou  la  chirurgie,  ou  qui  diminueraient  les  dangers 
des  diverses  professions  ou  arts  mécaniques. 

Les  pièces  admises  an  Concours  n'auront  droit  aux  prix  qu'autant  qu'elles 
contiendront  une  découverte  parfaitement  déterminée. 

Si  la  [)ièce  a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  où  cette  découverte  se  trouve  exprimée  :  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  de  lexamen  du  Concours  fera  connaître  que  c'est  à  la  dé- 
couverte dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 

Les  sommes  qui  seront  mises  à  la  disposition  des  auteurs  des  découvertes 
ou  des  ouviiiges  couronnés  ne  peuvent  être  indiquées  d'avance  avec  préci- 
sion, parce  que  le  nombre  des  prix  n'est  pas  déterminé;  mais  la  libéralité 
du  fondateur  a  donné  à  l'Académie  les  moyens  d'élever  ces  prix  à  une  valeur 
considérable,  en  sorte  que  les  auteurs  soient  dédommagés  des  expériences 
ou  recherches  dispendieuses  qu'ils  auraient  entreprises,  et  reçoivent  des 
récompenses  proportionnées  aux  services  qu'ils  auraient  ten<lus,  soit  en 
prévenant  ou  diminuant  beaucoup  l'insalubrité  de  certaines  professions, 
soit  en  perfectionnant  les  sciences  médicales. 

Conformément  à  l'ordonnance  du  23  août,  outre  les  prix  annoncés  ci- 

■  /,5.. 


(  io88  ) 
dessus,  il  sera  aussi  décerné  des  prix  aux  meilleurs  résultats  des  recherches 
entreprises  sur  les  questions  proposées  par  l'Académie,  conséquemment  aux 
vues  du  fondateur. 

Les  ouvrages  ou  Mémoires  présentés  par  les  auteurs  doivent  être  envoyés, 
francs  de  porl,  au  Secrétariat  de  l'Institut,  avant  le  i*"  avril  de  chaque  année, 
lerme  de  rigueur.  Les  noms  des  auteurs  seront  contenus  dans  des  billets 
cachetés,  qui  ne  seront  ouverts  que  si  la  pièce  est  couronnée. 

PRIX  DE  MÉDECINE  POUR  L'ANNÉE  1864. 

(Reproduction  du  Programme  de  l'année  précédente.) 

L'Académie  propose  comme  sujet  d'iui  prix  de  Médecine  à  décerner  en 
1864  J^i  question  suivante  :  Faire  l'histoire  de  la  pellac/re. 

On  croyait,  il  n'y  a  pas  très-longtemps  encore,  que  ta  pellagre  était  con- 
finée à  l'Italie  et  à  l'Espagne.  Aujourd'hui  il  n'est  plus  douteux  que  la  pel- 
lagre règne  d'une  manière  endémique  dans  plusieurs  départements  clu 
sud-ouest  de  la  France,  et  d'une  manière  sporadique  en  Champagne,  et 
sans  doute  dans  beaucoup  d'autres  lieux.  Cet  état  de  choses,  qui  intéresse 
si  gravement  la  santé  publique,  demande  une  enquête  étendue  et  systéma- 
tique, que  l'Académie  propose  au  zèle  des  médecins. 

Les  concurrents  devront  : 

1"  Faire  connaître  les  contrées  où  règne  la  pellagre  endémique,  et  celles 
où  la  pellagre  sporadique  a  été  observée,  en  France  et  à  l'étranger; 

1"  Poursuivre  la  recherche  et  l'élude  de  la  pellagre  dans  les  asiles 
d'aliénés,  particulièrement  en  France,  en  distinguant  les  cas  dans  lesquels 
la  folie  et  la  paralysie  ont  précédé  les  symptômes  extérieurs  de  la  pellagre, 
(les  cas  dans  lesquels  la  folie  et  la  paralysie  se  sont  déclarées  après  les  lésions 
de  la  peau  cl  les  troubles  digestifs  ]:)ropres  aux  affections  pellagreiises; 

3"  Etudier,  avec  le  pliisgrantl  soin,  l'étiologie  de  la  pellagre  et  examiner 
spécialement  l'opinion  qui  attribue  la  pi  oihiction  de  cette  maladie  à  l'usage 
du  maïs  altéré  (Verdet); 

4"  En  un  mot,  faire  une  monographie  qui,  éclairant  l'étiologie  et  la  distri- 
bution géographique  de  la  pellagre,  exposant  les  formes  sous  lesquelles  on 
la  connaît  présentement,  et  donnant  au  diagnostic  et  au  traitement  plus  de 
précision,  soit  un  avancement  pour  la  pathologie  et  un  service  rendu  à  la 
[iratiqne  et  à  l'hygiène  publique. 

Le  prix  sera  de  la  somme  de  ciiKj  mille  francs. 


(  io89  ) 
Les  ouvragos  seront  écrits  en  fiançais  et  devront  être  parvenus  an  Secré- 
tariat de  l'Inslilnt  avant  le  i"avril  1S64. 

PRIX  DE  MÉDECIAE  ET  DE  CHIRURGIE  POUR  L'ANNÉE  Î8(>«. 

(Reproduction  du  Programme  des  années  précédentes.) 

L'Académie  propose  cointiie  sujet  d'nn  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie 
à  décerner  en  1866  la  question  suivante  :  De  r applicalion  de  l'électricité  à 
In  thévajjeulique. 

Les  concurrents  devront  : 

1"  Indiquer  les  appareil  électriques  employés,  décrire  letn-  mode  d'ap- 
plication el  leurs  effets  physiologiques  ; 

1°  Rassembler  et  discuter  les  faits  publiés  sur  l'application  de  l'électricité 
au  traitement  des  maladies,  et  en  particulier  au  traiteiuent  des  affections 
des  systèmes  nerveux,  musculaire,  vasculaire  et  lymphatique;  vérifier  et 
compléter  par  de  nouvelles  études  les  résultats  de  ces  observations,  et 
déterminer  les  cas  dans  lesquels  il  convient  de  recourir,  soit  à  l'action  des 
courants  intermittents,  soit  à  l'action  des  courants  continus. 

Le  prix  sera  de  la  soiume  de  cinq  mille  Jrana. 

Les  ouvrages  seront  écrits  en  français  et  devront  être  parvenus  au  Secré- 
tariat de  l'Institut  avant  le  i"  avril  1866. 

GRAND  PRIX  DE  CHIRURGIE  POUR  L'ANNEE  186G. 

(Coiumissaires,  MM.  Velpeau,  Claude  Bernard,  Jobert  de  Lamballe,  Serres, 
Andral,  Jules  Cloquet,  Rayer,  Milne  Edwards,  Flourens  rapporteur.) 

(ReprodiiclioQ  du  Programme  de  l'année  précédente.) 

Des  faits  nombreux  de  physiologie  ont  prouvé  que  le  périoste  a  la  faculté 
de  produire  l'os.  Déjà  même  quelques  faits  remarquables  de  chirurgie  ont 
moniré,  sur  l'hotume,  que  des  portions  d'os  très-étendues  ont  pu  être  repro- 
duites par  le  périoste  conservé. 

Le  moment  setuble  donc  venu  d'appeler  l'attention  des  chirurgiens  v<  rs 
une  grande  et  nouvelle  étude,  qui  intéresse  à  la  fois  la  science  et  l'humanité. 

En  conséquence,  l'Académie  met  au  concours  la  question  de  la  conser- 
vation des  membres  par  la  conservation  du  périoste. 

Les  concurrents  ne  sauraient  oublier  qu'il  s'agit  d'un  ouvrage  pratique, 
qu'il  s'agit  de  l'homme,  et  que  par  conséquent  on  ne  compte  pas  moins 
sur  leur  respect  pour  l'humanité  que  sur  leur  intelligence. 


(  'ogo  ) 

L'Académie,  voulant  marquer  p;ir  une  distinction  notable  l'imporlance 
qu'elle  attache  à  la  question  proposée,  a  décidé  que  le  prix  serait  de  dix 
mille  JraiKs. 

Informé  de  cette  décision,  et  appréciant  tout  ce  que  peut  amener  de  bien- 
faits un  si  grand  progrès  de  la  chirurgie,  l'Empereur  a  fait  immédiatement 
écrire  à  l'Académie  qu'il  doublait  le  prix. 

Le  prix  ser.i  donc  de  vingt  mille  francs. 

f.es  pièces  devront  être  parveiuies  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
r'  avril  1866. 

ElUs  devront  être  écrites  en  français. 

11  est  essentiel  que  les  concurrents  fassent  connaître  leur  nom. 

PRIX  CUVIER, 

A    DÉCERMEK    EN    1866. 

(Reproduction  du  Programme  de  l'année  précédente.) 

La  (Commission  des  souscripteurs  pour  la  statue  de  Georges  Cuvier  ayant 
f)ffert  à  l'Académie  une  somme  résultant  des  fonds  de  la  souscription  restés 
libres,  avec  l'intention  que  le  prochut  en  fût  affecté  à  un  prix  qui  porterait 
le  nom  de  Prix  Cuvier,  et  qui  serait  décerné  tous  les  trois  ans  à  l'ouvrage  le 
plus  remarquable,  soit  sur  le  règne  animal,  soit  sur  la  géologie,  et  le  Gou- 
vernement ayant  autorisé  cette  fondation  par  une  ordonnance  en  date  du 
g  août  1839, 

,  L'Académie  aiuionce  qu'elle  décernera,  dans  la  séance  publique  de  1866, 
\\\\  prix  (sous  le  nom  àePrix  Cuvier)  à  l'ouvrage  qui  sera  jugé  le  plus  remar- 
(juable  entre  tous  ceux  qui  auront  paru  depuis  le  i""^  janvier  i863  jusqu'au 
3i  décembre  1 865,  soit  sur  le  règne  animal,  soit  sur  la  géologie. 

Ce  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  quinze  cents  francs. 

PRIX  BORDIN. 

QUESTION  PROPOSÉE  EN   18C1   POUR   1863,   ET  REMISE  A  1866. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1863. 

(Commissaires,  MM.  Montagne,  Duchartre,  Brougniart,  Decaisne, 

Tidasne  rapporteur.) 

S'il  est  vrai  (ju'il  n'y  ait  rien  de  nécessaire,  philosophiquement  parlant, 
dans  les  objets  de  la  création,  chacun  d'eux  considéré  en  lui-même  a  ce- 


(  I09I  ) 

pendant  pour  nous,  dans  une  très-large  mesure,  lui  caractère  absolu,  non- 
seulement  en  ce  sens  qu'il  est  forcément  ce  qu'il  doit  être  d'après  le  plan 
du  Créateur,  mais  encore  parce  que  les  limites  entre  lesquelles  il  lui  est 
permis  de  varier,  bien  qu'elles  nous  soient  inconnues,  ne  peuvent  être  con- 
çues indéfiniment  étendues.  Cette  réflexion  justifie  la  recherche  des  types 
spécifiques  aussi  bien  que  celle  des  types  d'un  ordre  plus  élevé  qui  peuvent 
être  pris  à  divers  titres  pour  des  abstractions.  La  plupart  de  ces  types,  parmi 
les  êtres  organisés,  se  reconnaissent  tout  d'abord  à  leurs  caractères  exté- 
rieurs, et  l'expérience  quotidienne  des  naturalistes  montre  luie  telle  corres- 
pondance, un  te!  accord,  entre  ces  caractères  et  la  structure  interne  de 
l'être  qui  les  présente,  que  1rs  dehors  nous  autorisent  généralement  à  juger 
de  ce  qui  demeure  caché  à  nos  regards.  Toutefois  cette  conclusion  n'est  pas 
tellement  rigoureuse,  qu'elle  dispense  l'anatomiste  de  l'étayer  par  l'obser- 
vation directe  des  faits;  aussi  les  types  organiques  ne  sont-ils,  à  juste  titre, 
réputés  suffisamment  connus  et  ne  peuvent-ils  être  réellement  apjiréciés 
que  lorsque  le  scalpel  et  le  microscope  ont  été  heureusement  appliqués  à 
leur  étude. 

Les  recherches  de  cette  nature  dans  le  règne  végétal  paraissent  avoir  dé- 
montré que  les  types  anatomiques,  s'il  est  permis  de. parler  ainsi,  sont  bien 
moins  nombreux  que  les  types  organiques  proj^rement  dits,  de  telle  sorte 
que  chacun  des  premiers  peut  justement  embrasser  un  nombre  plus  ou 
inouïs  considérable  des  seconds.  Ce  résultat  pouvait  être  prévu  d'avance. 
Si  variés  que  soient  les  éléments  constitutifs  des  tissus  végétaux  dans  leurs 
formes,  leurs  dimensions,  leurs  rapports  mutuels  et  leur  distribution  au 
sein  de  la  plante,  il  n'en  saurait  évidemment  résulter  une  diversité  égale  à 
celle  que  présente  l'infinie  multitude  des  formes  végétales.  D'un  autre  côté, 
si  dans  une  même  plante  ou  le  même  organe  d'une  plante  donnée  des  cel- 
lules, en  apparence  identiques,  contiennent  ou  sécrètent  les  matières  les  plus 
dissemblables,  des  liquides  sucrés  on  albumineux,  des  gonmies,  de  la  fécule, 
du  ligneux,  etc.,  on  conçoit  que  cet  organe  élémentaire  puisse  se  rencon- 
trer avec  des  fonctions  identiques  chez  des  végétaux  très-différents  les  uns 
des  antres,  ou  remplir,  au  contraire,  des  fondions  variées  en  des  jjlautes 
très-analogues  entre  elles. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  inégalité  numérique  des  types  anatomiques 
comparés  aux  types  organiques,  la  recherche  des  premiers  offre  évidem- 
ment un  grand  intérêt  et  promet  d'accroîn-e  la  science  des  végétaux  de  no- 
tions qui  lui  font  encore  défaut  à  l'heiu-e  présente.  Ce  n'est  pas  cependant 
que  les  vœux  des  botanistes  n'aient  appelé  depuis  longtemps  des  connais- 


(     1092    ) 

sauces  moins  incomplètes  que  celles  qu'ils  possèdent  sur  le  sujet  en  ques- 
tion. Il  n'avait  point  échappé  à  Desfontaines,  lors  de  ses  études  sur  l'or- 
ganisation comparée  des  Dicotylédones  et  des  Monocotylédones^  qu'il  ne 
serait  sans  doute  pas  impossible  de  trouver  dans  les  organes  intérieurs  des 
plantes  qui  composent  les  grandes  familles  naturelles,  telles  que  celles  des 
Ombellifères,  des  Crucifères,  des  Composées  ou  des  Légumineuses,  des 
caractères  communs  et  particuliers  à  chacune  d'elles,  que  peut-être  arri- 
verait-on même  à  distinguer  les  genres  et  les  espèces  si  la  structure  in- 
térieure obtenait  des  botanistes  toute  l'attention  qu'elle  mérite,  que  les 
parties  extérieures  des  plantes  ne  sont  en  quelque  façon  qu'un  développe- 
ment des  organes  intérieurs,  et  que  si  les  premières  présentent  des  dif- 
férences de  caractères  remarquables,  il  en  existe  probablement  d'analogues 
dans  les  autres  {voyez  les  Mémoires  de  l'Inslilut  national,  t.  I  [1796-1797!, 
p.  Soi). 

Depuis,  l'un  de  vos  Commissaires  n'a  pas  craint  d'affirmer  que  «  ce  sont 
les  modifications  de  disposition  et  d'organisation  du  tissu  vasculaire  qui 
contribuent  essentiellement  à  caractériser  les  divers  groupes  des  végétaux,  » 
et  il  fait  d'ailleurs  la  judicieuse  remarque  qu'il  faut  se  garder  d'attribuer  à 
toute  une  famille  végétale,  surtout  lorsqu'elle  est  nombreuse  et  variée,  la 
structure  de  quelques-uns  de  ses  genres,  et  que  l'étude  attentive,  tant  des 
modifications  qui  s'opèrent  dans  ces  familles  que  des  caractères  qui  y  restent 
constants,  permettra  un  jour  d'apprécier  la  valeur  relative  des  caractères 
anatomiques.  (Ad.  Brongniart,  Archives  du  Muséum,  t.  I[i839],  p.  409 
et  439.) 

Jusqu'ici  les  botanistes  se  seraient  peut-être  bornés  à  souhaiter  qu'un 
type  aiiatomique  au  moins  correspondît  à  chacune  des  familles  les  mieux 
définies  du  règne  végétal,  afin  qu'étant  donné  lui  rameau  dépouillé  de 
feuilles  et  de  fleurs  on  pût,  par  le  seul  examen  de  sou  organisation  in- 
terne, reconnaître  à  quel  ordre  de  végétaux  il  eût  été  emprunté.  Mais  cette 
ambition,  si  modeste  qu'elle  paraisse,  n'a  pu  encore  être  satisfaite,  et  nous 
aurions  peut-être  tort  d'en  èlre  surpris.  De  même,  en  effet,  que  des  familles 
végétales  bien  distinctes  par  leurs  appareils  reproducteurs  peuvent  se  res- 
sembler extrêmement  par  les  caractères  de  la  végétation,  de  même  aussi  ces 
mêmes  familles  doivent-elles  généralement  présenter  des  dissemblances 
inappréciables  si  l'on  descend  à  l'examen  de  leur  histologie,  puisque  celle- 
ci  appartient  également,  pour  la  plus  grande  part,  au  domaine  des  organes 
de  la  nutrition  et  de  la  végétation. 


(   "JQ^  ) 

Mais,  d'un  autre  côté,  si  le  aièuie  type  anatomique  se  rdrcjuve  presque 
identique  dans  plusieurs  familles  végétales,  quelques-unes  de  celles-ci  en 
offrent  évidemment  plus  d'un  seul.  Certaines  grandes  famdlcs,  très-naturelles 
il'ailleurs,  telles  que  les  Rosacées,  les  Légmiiineuses,  les  Bignoniées,  les 
Malpigliiacées,  les  Sapindacées,  etc.,  renferment  à  la  fois  des  herbes  an- 
nuelles, bisannuelles  ou  vivaces,  tlroites  ou  volubiles,  aériennes  ou  aqua- 
tiques sinon  submergées,  des  arbrisseaux,  des  arbres,  des  lianes,  etc.,  et  à 
chacinie  de  ces  manières  d'être  du  végétal  correspond  une  structure  anato- 
mique plus  ou  moins  spéciale.  Cette  structiu'e,  cependant,  admet-elle  une 
communauté  soit  d'éléments  histoiogiques,  soit  de  circonstances  anato- 
miques  particulières,  qui  caractérise  un  type  anatomique  déterminé  et  tou- 
jours reconnaissable?  C'est  là  ce  qui  ne  semble  pas  avoir  été  suftisanunent 
étudié.  S'il  existe,  par  exemple,  des  caractères  histoiogiques  propres  aux 
Légumineuses,  se  retrouvent-ils  à  la  fois  dans  la  tige  herbacée  d'iui  Trèfle, 
le  tronc  droit  du  Robinier  et  les  rameaux  tordus  et  anfractueux  de  la  Gly- 
cine ou  des  Baiihinin? 

Le  signalement  histologique  de  plusieurs  familles  végétales  a  déjà  été 
dressé  avec  soin  par  divers  botanistes,  et  c'est  avec  l'intention  de  solliciter 
de  nouvelles  études  dans  cette  voie  de  recherches  que  vos  Commissaires 
avaient  proposé  pour  le  prix  Bordin  à  décerner  cette  année  l^i)  une  question 
ainsi  conçue  ; 

((  Déterminer  par  des  recherches  annlomiques  s'il  existe  dans  la  structure  des 
»  liges  des  végétaux  des  caractères  propres  aux  grandes  familles  naturelles  et 
»  concordant  ainsi  avec  ceux  déduits  des  organes  de  la  reproduction.  » 

Il  n'a  été  reçu  au  Secrétariat  de  l'Académie  qu'un  seul  Mémoire  ayant 
pour  épigraphe  l'adage  connu  :  «  Nalura  non  fncit  saltus.  »  L'auteur  de  ce 
travail  est  «  fort  éloigné,  dit-il,  d'avoir  parcouru  le  vaste  cercle  d'observa- 
tions qu'il  aspirait  à  décrire,  »  et  dans  le  fait  il  ne  traite  avec  quelque 
étendue  que  d'une  dizaine  de  familles  végétales  apparteuant  prescjue  toutes 
au  groupe  des  plantes  dicotylédones.  Néanmoins,  il  s'estime  fondé  à  con- 
clure de  ses  recherches,  continuées  pendant  près  de  trente  ans,  que  parmi 
tous  les  ordres  de  plantes  qu'il  a  examinés  il  n'en  est  pas  deux  qui  offrent 
exactement  les  mêmes  traits  ou  caractères  anatomiqucs,  et  il  ne  craint  pas 
d'avancer  que  l'ensemble  de  ces  traits  compose  toujours  une  physionomie 
particulière  qui  assigne  la  place  de  chaque  plante  non-seulement  dans  sa 

(i)  Voyez  les  Comptes  rendus  de  l' Académie,  t.  LUI,  1861,  p.  ii85,  et  t.  hV,  1862, 
p.  lOCJ. 

G.  R.,  iSfi:î,  î""-  Semestre.  (T.  LVII,  N»  26.)  '  4^^ 


(  I094  J 
famille  naturelle,  mais  encore  dans  le  groupe  générique  déjà  indiqué  par  ses 
caractères  extérieurs.  C'est  sans  doiitc  parce  que  l'étude  histologique  et 
anatoniique  des  plantes  n'a  pas  juscpià  présent  conduit  en  générai  à  des  ré- 
sultats aussi  satisfaisants  que  l'auteur  du  Mémoire  eu  question  croit  pou- 
voir dire  que  c'est  à  peine  si  «  l'anatoniie  végétale  est  encore  inventée.  » 
Votre  Commission  ne  partage  pas  tant  de  scepticisme;  mais  en  proposatU 
pour  sujet  de  prix  la  question  de  botanique  dont  il  s'agit,  elle  a  suffisam- 
ment montré  qu'elle  voit  aussi  les  lacunes  de  la  science  et  qu'elle  convie  les 
observateurs  à  les  combler.  Elle  rend  volontiers  hommage  au  savoir  que 
témoigne  dans  son  auteur  le  Mémoire  présenté,  mais  il  ne  lui  semble  pas 
que  ce  travail  ait  répondu  assez  com|)létement  à  la  question  posée,  pour 
mériter  le  prix  offert  par  l'Académie. 

Pour  ce  motif,  votre  Conunission  vous  propose  de  maintenir  au  Concours 
la  même  question  d'anatomie  végétale;  seulement  elle  serait  d'avis  d'ajouter 
au  programme  qu'elle  admellrn  à  concourir  toul  travail  consciencieux  qui 
aurnil  pour  objet  spécial  l'étude  analomique  comparée  d'un  ou  plusieurs  genres 
de  liqes,  et  notamment  l'examen  des  lianes  cl  lie/es  (/rimpanles  ou  volubiles, 
étudiées  comparativement  avec  tes  autres  sortes  de  tiges  dans  les  mêmes  familles 
végétales;  de  plus,  ayant  égard  aux  difficultés  inhérentes  à  de  pareilles 
recherches  et  au  temps  qu'elles  exigent,  votre  Commission  propose  encore 
d'accorder  aux  concurrents  jusqu'au  i"  avril  1866  pour  l'envoi  de  leurs 
Mémoires. 

L'Académie  adopte  les  propositions  de  la  Commission. 

Ces  Mémoires  (manuscrits)  devront  donc  être  déposés,  francs  de  port,  au 
.Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i"  avril  1866,  terme  de  ligueur. 

PRIX  BORDIN. 

QUESTION    PROPOSÉE    EN     1865    POUR    18Gi>. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Claude  Bernard,  Flourens,  Decaisne, 

Brongniart.  ) 

«  Déterminer  expérimentalement  les  causes  de  rinégaliléde  l'absorption  par 
»  des  végétaux  dijjérents  des  dissolutions  salines  de  diverses  natures  que  con- 
»  lient  le  sol,  et  reconnaître  par  l'élude  analomique  des  racines  les  rapports  qui 
Il  peuvent  exister  entre  les  tissus  qui  les  constituent  et  les  matières  qu  elles  ah- 
»  sorbenl  ou  qu'elles  excrètent.  » 

Les  plantes  ne  puisent  pas  dans  le  sol  les  mêmes  éléments   minéralogi- 


(  logS  ) 
qiies;  par  exemple,  le  trèfle  et  le  froment,  végétant  sur  la  même  terre,  en 
tirent  (les  principes  différents.  Les  plantes  aquatiques,  non  plus,  n'absorbent 
|)as  indifféremment  toutes  les  matières  salines  dissoutes  dans  l'eau  qui  les 
baigne;  de  même  que  les  plantes  terrestres,  elles  choisissent  celles  qui  leur 
sont  appropriées  et  sans  lesquelles  elles  ne  pourraient  pas  vivre  ou  parcou- 
rir le  cycle  entier  de  leur  végétation. 

A  quelle  cause  doit-on  attribuer  cette  élection  de  matières  servant  à  l'ali- 
mentation des  végétaux?  Dépend-elle  directement  dune  structiue  ou  d'une 
composition  particidière  des  tissus  des  racines  et  des  autres  parties  de  la 
plante,  ou  bien  est-elle  la  conséquence  d'actions  physiologiques  inté- 
rieinvs? 

Comment  se  produisent  les  altérations  que  les  végétaux  aquatiques  font 
éprouver  à  l'eau  qui  les  entoure  et  au  sol  dans  lequel  plongent  leurs  ra- 
cines, altérations  si  fortement  accusées  par  l'insahibrité  des  lieux  maréca- 
geux et  les  gaz  qui  s'échappent  du  sol  sous-jacent? 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés,  francs  de  />ort,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  avant  le  i"''  septembre  i865,  terme  de  rigueur.  I^es  noms  des 
auteurs  seront  contenus  dans  des  billets  cachetés,  qu'on  n'ouvrira  que  si  la 
pièce  est  couronnée. 

PRIX  MOROGUES, 

A    DÉCF.ENER   EN    i8'/3. 

(Reproduction  du  Programme  des  années  précédentes.) 

Feu  M.  de  Morogues  a  légué,  par  son  testament  en  date  du  aS  oc- 
tobre 1834,  une  somme  de  dix  mille  francs,  placée  en  rentes  sur  l'Etat,  pour 
faire  l'objet  d'un  prix  à  décerner  tous  les  cinq  ans,  alternativement  :  par 
l'Académie  des  Sciences  Physiques  et  Mathématiques,  à  ïoiivrac/e  (fui  aura 
fait  Jnire  le  plus  grand  progrès  à  l'agriculture  en  France,  et  par  l'Académie 
des  Sciences  Morales  et  Politiques,  au  meilleur  ouvrage  sui  l'état  du  paupé- 
risme en  France,  et  le  moyen  (Vj  remédier. 

Une  ordonnance  en  date  dit  26  mars  1842  a  autorisé  l'Académie  des 
Sciences  à  accepter  ce  legs. 

L'yVcadémie  annonce  qu'elle  décernera  ce  prix,  eu  1873,  à  l'ouvrage 
remplissant  les  conditions  prescrites  par  le  donateur. 

Les  ouvrages,  imprimés  et  écrits  en  Jrançais,  devront  être  déposés,  y;vi/i<> 
deport,a\i  Secrétariat  de  l'Instittit,  avant  le  i^"^  avril  1873,  terme  de  rigueur. 

■  46. 


(  io9^J 

PRIX  BRÉANT. 

Par  son  testament  en  date  du  28  août  1849,  feu  M.  Bréant  n  légué  à 
l'Académie  des  Sciences  une  somme  de  cent  mille  francs  pour  la  fondation 
d'un  prix  à  décerner  «  à  celui  qui  aura  trouvé  le  moyen  de  guérir  du  cho- 
léra asiatique  ou  qui  aura  découverl  les  causes  (i)  de  ce  terrible  fléau.  » 

Prévoyant  que  ce  prix  de  cent  mille  francs  ne  sera  pas  décerné  tout  de 
suite,  le  fondateur  a  voulu,  jusqu'à  ce  que  ce  prix  soit  gagné,  que  l'intérêt 
rlu  capital  fût  donné  à  la  personne  qui  aura  fait  avancer  la  science  sur  la 
question  du  choléra  ou  de  toute  autre  maladie  épidémique,  ou  en6n  que 
ce  prix  pût  être  gngué  par  celui  qui  indiquera  le  moyen  de  guérir  radicale- 
ment les  dartres  ou  ce  qui  les  occasionne. 

Les  concurrents  devront  satisfaire  aux  conditions  suivantes  : 

1°  Pour  remporter  le  prix  de  cent  mille  francs,  il  faudra  : 

■'  Trouver  une  médication  qui  guérisse  le  choléra  asiatique  dans  l'immense 
>•   iiinjorité  des  cas;  » 

Ou 

■•  Indiquer  d'une  manière  inconlestfble  les  causes  du  choléra  asiatique,  de 
!■  façon  qu'en  amenant  la  suppression  de  ces  causes  on  fasse  cesser  l'épi- 
»    demie;  » 

Ou  enfin 

«  Dctouvrir  une  prophylaxie  certaine,  et  aussi  évidente  que  l'est,  par 
'.   exemple,  celle  de  la  vaccine  pour  la  variole.  » 

(1  j  II  paraît  convenable  de  reproduire  ici  les  propres  ternies  du  fondateur  :  «  Dans  l'état 
»  actuel  de  la  science,  je  pense  cpi'il  y  a  encore  beaucoup  de  choses  à  trouver  dans  la  coiii- 
»  position  de  l'air  et  dans  les  fluides  qu'il  contient  :  en  effet,  rien  n'a  encore  été  découvert 
"  au  sujet  de  l'action  qu'exercent  sur  l'économie  animale  les  fluides  électriques,  magnétiques 
«  ou  autres;  rien  n'a  été  découvert  également  sur  les  animalcules  qui  sont  répandus  en 
"  nombre  infini  dans  l'atmosphère,  et  qui  sont  peut-être  la  cause  ou  une  des  causes  de  cette 
■•   cruelle  maladie. 

»  Je  n'ai  pas  connaissance  d'appareils  aptes,  ainsi  que  cela  a  lieu  pour  les  liquides,  a 
»  reconnaître  l'existence  dans  l'air  d'animalcules  aussi  petits  que  ceux  que  l'on  aperçoit  dans 
»  l'eau  en  se  servant  des  instruments  microscopiques  (pie  la  science  met  à  la  disposition  de 
>■   ceux  qui  se  livrent  à  cette  élude. 

»  Comme  il  est  probable  que  le  prix  de  cent  mille  francs,  instilné  comme  je  l'ai  explicpié 
»  plus  haut,  ne  sera  pas  décerné  de  suite,  je  veux,  jusqu'à  ce  que  ce  prix  soit  gagné,  que 
•  l'intérêt  dudit  capital  soit  donné  par  l'Institut  à  la  personne  qui  aura  fait  avancer  la 
"  science  sur  la  question  du  choiera  ou  de  toute  autre  maladie  epidémi(iue,  soit  en  donnant 
»  de  meilleures  analyses  de  l'air,  en  y  démontrant  un  élément  morbide,  soit  en  trouvant  un 
.  procédé  propre  à  connaître  et  à  étudier  les  animalcules  qui  jusqu'à  ])résent  ont  échappe 
»   a  l'œil  du  savant,  et  qui  ))ourraient  bien  être  la  catise  ou  une  des  causes  de  la  maladie.  » 


(  1097  ) 

0.°  Pour  obtenir  le  prix  annuel  île  quatre  mille  francs,  il  faudra,  par  dès 
procédés  rigoureux,  avoir  démontré  dans  l'atmosphère  l'existence  de  ma- 
tières pouvant  jouer  un  rôle  dans  la  production  ou  la  propagation  des 
maladies  épidémiques. 

Dans  le  cas  où  les  conditions  précédentes  n'auraient  pas  été  remplies,  le 
]M'ix  annuel  de  quatre  mille  francs  pourra,  aux  termes  du  testament,  èlre 
accordé  h  celui  qui  aura  trouvé  le  moyen  de  guérir  radicalement  les  dartres, 
ou  qui  aura  éclairé  leur  étiologie. 

r.es  Mémoires,  imprimés  ou  manuscrits,  devront  être  parvenus,  francs 
de  port,  an  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i''  avril  1864  :  ce  terme  est  de 
riqueur. 


L'Académie  croit  devoir  mettre  sous  les  yeux  des  concurrents  le  Rapport 
suivant  sur  le  Concours  de  l'année  r863  : 

La  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  instituée  en  Commission  perma- 
nente pour  le  prix  Bréaut,  vient  déclarer  à  l'Aradémie  qu'aucune  des  condi- 
tions de  ce  Concours  n'a  été  remplie  dans  les  dix  pièces  qui  ont  été  sou- 
mises cette  année  à  son  examen. 

Cinq  de  ces  pièces  sont  relatives  au  choléra,  et  la  Commission  ne  peut 
s'empêcher  d'exprimer  le  regret  qu'elle  éprouve  de  voir  que  les  concurrents 
ne  se  pénètrent  ni  des  vues  du  testateur,  ni  des  commentaires  que  l'Aca- 
démie en  a  faits  dans  son  programme,  afin  d'en  définir  les  termes  avec 
quelque  précision  et  de  les  rendre  accessibles  à  l'observation  et  à  l'expé- 
rience. 

Il  est  évident,  en  effet,  que  la  volonté  du  testateur  est  de  donner  un  prix 
de  cent  mille  francs  à  la  personne  c{ui,  selon  les  termes  du  testament,  aura 
trouvé  le  moyen  de  guérir  le  choléra  asiatique.  Mais  il  est  clair  que,  pai- 
cette  expression  :  quérir  du  choléra  asiatique,  le  testateur  n'entend  [las  dési- 
gner une  méthode  fie  traitement  analogue  à  celles  anjourd'hui  mises  en 
usa^eetqui  comptent  en  leiu'faveiu-  lUie  proportion  plus  ou  moins  notable 
de  succès;  il  veut  qu'on  trouve  luie  médication  d'un  effet  incontestable,  qui 
guérisse  le  choléra  dans  l'immense  majorité  des  cas  d'une  manière  .uissi 
sûre  que  le  quinquina,   par  exemple,  guérit  la  fièvre  intermittente. 

A  cette  condition  le  testateur  ajoute  que  la  somme  de  cent  mille  frams 
pourrV  également  être  accordée  à  la  personne  qui  aura  décotivert  les  causes 
de  ce  terrible  fléau,  f.a  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  a  déjà  fait  re- 
marquer à  l'.'^cadémie  que  l'esprit  du  Concours  Bréaut  avait  une  tendance 
à  reporter  la  médecine  vers  la  recherche  des  causes  occultes  des  maladies, 


l  1098  ) 

recherches  qui,  imprimanl  à  la  science  une  direction  fâcheuse,  ont  si  long- 
temps entravé  sa  marche. 

Néanmoins,  les  termes  par  lesquels  le  testateur  exprime  sa  pensée  prou- 
vent de  la  manière  la  plus  évidente  qu'il  veut  attirer  ici  l'attention  des  mé- 
decins et  des  savants  sur  de  nouvelles  analyses  de  l'air,  spécialement 
entreprises  pour  la  recherche  des  matières  qui  pourraient  s'y  rencontrer, 
et  qui,  par  leur  nature,  seraient  capables  de  jouer  un  rôle  plus  ou  moins 
actif  dans  la  production  ou  la  propagation  des  maladies  épidémiques  en 
général,  et  de  celle  en  particulier  du  choléra. 

Cette  vue  n'est  pas  nouvelle,  et,  depuis  longtemps,  des  essais  infructueux 
en  ont  fait  délaisser  l'étude  par  les  médecins. 

Toutefois,  en  considérant  jusqu'à  quel  degré  de  précision  a  été  poussée 
dans  ces  derniers  temps  la  connaissance  des  éléments  inorganiques  de  l'air, 
M.  Bréanta  pensé  que,  d'après  cette  perfection  des  procédés  physiques  et 
chimiques,  on  pouvait  entreprendre  aujourd'hui  des  recherches  sur  les 
principes  organiques  morbifiques,  ou,  selon  son  expression,  sur  les  animal- 
cules contenus  dans  l'atmosphère,  principes  ou  animalcules  que  l'on  de- 
vrait chercher  à  isoler  sans  les  altérer,  afin  de  pouvoir  étudier  leur  action 
sur  les  êtres  vivants. 

Le  simple  énoncé  de  cette  vue  du  testateur  en  indique  toutes  les  diffi- 
cultés, difficultés  déjà  très-grandes  pour  les  physiciens  et  les  chimistes 
chargés  de  rechercher  et  d'isoler  les  principes  morbifiques  contenus  dans 
l'air,  et  qui  deviendraient  plus  grandes  encore  pour  le  médecin  physio- 
logiste qui  devrait  en  constater  les  effets  délétères  sur  les  animaux  et 
sur  l'homme. 

Comme  on  le  voit,  c'est  un  programme  de  découvertes  à  faire  que 
M.  Bréant  a  tracé  dans  son  testau.ent.  Mais,  prévoyant  avec  raison  que 
leur  réalisation  serait  lointaine,  il  a  institué  accessoirement  un  prix  an- 
nuel de  cinq  mille  francs  représentant  la  rente  du  ca[)ital,  et  destiné  à  récom- 
penser soit  des  travaux  qui  auraient  fait  avancer  la  question  du  choléra 
asiatique  ou  des  autres  maladies  épidémiques,  soit  ceux  qui  indiqueraient 
le  moyen  de  guérir  radicalement  les  dartres  ou  ce  qui  les  occasionne,  en  fai- 
sant connaître  Vaninialcule  qui,  dans  sa  pensée,  donne  naissance  à  cette 
maladie,  ou  en  démontrant  d'une  manière  positive  la  cause  qui  la  produit. 

Des  cinq  pièces  concernant  les  affections  dartreuses  qui  ont  été  en- 
voyées au  Concours,  nulle  d'entre  elles  n'envisageant  la  question  Sous  le 
point  de  vue  indiqué  par  M.  Bréant,  et  ne  renfermant  d'ailleurs  rien  qui  ne 
soit  d>^jà  connu,  ont  dû  être  écartées  du  Concours. 

En  terminant,  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  croit  devoir  in- 


(   '099  ) 
former  l'Académie  qu'elle  suit  avec  la  plus  grande  attention  les  travaux  qui 
se  font  présentement  sur  la  pathologie  parasitaire  des  maladies  de  la  peau, 
et  qu'elle  espère  en  voir  sortir  prochainement  des  résultats  qui  éclaireront 
l'étiologie  et  le  traitement  des  dartres. 

En  résumé,  la  Commission  du  Concours  Bréant  propose  à  l'Académie  de 
n'accorder  cette  année  ni  prix  ni  récompense,  et  elle  croit  devoir  rappeler 
de  nouveau  que,  pour  remporter  le  prix  de  cenl  mille  francs,  il  faudra  : 

«  1°  Trouver  une  médication  qui  guériise  le  choléra  asiatique  dans  Cim- 
»   mense  majorité  des  cas;   » 

Ou 

"  Indiquer  d'une  manière  incontestable  les  causes  du  choléra  asiatique,  de 
))  façon  qu'en  amenant  la  suppression  de  ces  causes  on  fasse  cesser  l'épidémie;   » 

Ou  hien 

«  Découvrir  une  proplijlaxie  certaine  et  aussi  évidente  que  l'est,  par 
»  exemple,  celle  de  la  vaccine  pour  la  variole.    » 

1°  Pour  obtenir  le  prix  annuel  de  cinq  mille  francs,  il  faudra,  par  des  pro- 
cédés rigoureux,  avoir  démontré  dans  l'atmosphère  l'existence  de  matières 
pouvant  jouer  un  rôle  dans  la  production  ou  la  propagation  des  maladies 
épidémiques. 

Enfin,  dans  le  cas  où  les  conditions  précédentes  n'auraient  pas  été  rem- 
plies, le  prix  annuel  de  cinq  mille  francs  pourra,  aux  termes  du  testament, 
être  accordé  à  celui  qui  aura  trouvé  !e  moyen  de  guérir  radicalement  les 
dartres  ou  qui  aura  éclairé  leur  étiologie. 

PRIX  JECKER, 

A   DÉCEKNER    EN    I864. 

Par  un  testament,  en  date  du  i3  mars  i85i,  feu  M.  le  D"^  Jecker  a  fait 
à  l'Académie  un  !egs  destiné  à  accélérer  les  progrès  de  la  chimie  organique. 

En  conséquence  l'Académie  annonce  qu'elle  décernera,  dans  sa  séance 
publique  de  1864,  un  ou  plusieurs  prix  aux  travaux  qu'elle  jugera  les  pins 
propres  à  hâter  le  progrès  de  cette  branche  de  la  chimie. 

PRIX  BARBIER, 

A    DÉCERNER     EN     1064. 

Feu  M.  Barbier,  ancien  Chirurgien  en  chef  de  l'hôpital  du  Val-de-Gràce, 
a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  rente  de  deux  mille  francs,  destinée  à 
la  fondation  d'un  prix  annuel  «  pour  celui  qui  fera  une  découverte  pré- 
»  cieuse  dans  les  sciences  chirurgicale,  médicale,  pharmaceutique,  et  dans 
»  la  botanique  ayant  rapport  à  l'art  de  guérir.   » 


(     MOO    ) 

"En  conséquence,  rAcadémie  annonce  que  le  Prix  Barbier  sera  décerné 
en  1864  au  meilleur  travail  qu'elle  aura  reçu,  soit  sur  la  cliinue,  soit  sur  la 
botanique  médicale. 

Les  .Alémoires  devront  être  remis,  francs  de  porl,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  avant  le  1''''  avril  1864  :  ce  terme  est  de  rigueur.  Les  noms  des 
auteurs  devront  être  contenus  dans  des  billets  cachetés,  qui  ne  seront  ou- 
verts que  si  la  pièce  est  couronnée. 

PRIX  GODARD, 

^  A    DÉCERNER    EN     1863. 

Par  un  testament,  en  date  du  â  septembre  1862,  feu  M.  le  D"^  Godard  a 
légué  à  l'Académie  des  Sciences  «  le  capital  d'une  rente  de  mille  panes, 
»  trois  pour  cent,  pour  fonder  un  ])rix  qui,  chaque  année,  sera  donné  au 
..  meilleur  Mémoire  sur  l'anatomie,  la  physiologie  et  la  pathologie  des 
X   organes  génito-urinaires.  Aucun  sujet  de  prix  ne  sera  proposé. 

.1  Dans  le  cas  où  une  année  le  prix  ne  serait  pas  donné,  il  serait  ajouté 
»   au  prix  de  l'année  suivante.  » 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  que  ce  prix  sera  décerné,  pour  la 
première  fois,  en  i865,  au  travail  qui  remplira  les  conditions  prescrites  par 
le  donateur. 

Les  Mémoires  devront  être  parvenus,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  avant  le   1"  avrd  i865,  terme  de  rigueur. 

CONDITIONS  COMMUNES  A  TOUS  LES  CONCOURS. 

Les  concurrents,  pour  tous  les  Prix,  sont  prévenus  que  l'.^cadémie  ne 
rendra  aucun  des  ouvrages  envoyés  aux  Concours;  les  auteurs  auront  la 
liberté  d'en  faire  prendre  des  copies  au  Secrétariat  de  l'Institut. 

LECTURES. 

M.  Flourens  lit  l'Éloge  historique  d'André-Marie-Constant  Du-mérw.. 
M.  BEUTnAXD  lit  une  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  Képi.er. 

F. 

FIN  DU  TOME  CINQUANTE-SEPTIÈME. 


COMPTES    RENDUS 


DES   SÉANCES    DE    LACADÉMIÉ    DES    SCIENCES. 


TABLES    ALPHABÉTIQUES. 


JUILLET  —  DÉCEMBRE  I8G5. 


TABLE  DES  MATIERES  DU  TOME  LVII. 


Pages. 
Acide  acétique.  —  Sur  les  combinaisons  de 
l'acide  acétique  anhydre  avec  les  acides 
borique  et  arsénieux;  Note  de  M.  Rack.    ai 3 

—  Sur  la  question  de  l'acideacétique  annoncé 

comme  un   produit  de  la  fermentation 
alcoolique  ;  Lettre  de  M.  Hlmnncné. . . .     SgS 

—  Sur  la  présence  de  l'acide  acétique  libre 

dans  le  vin  ;  Note  de  M.  De  Liicn 52o 

Acide  arsé.meux.  —  Sur  les  combinaisons  de 
l'acide  acétique  anhydre  avec  les  acides 
borique  et  arsénieux;  Noie  de  M.  Rac/i.    2i3 

Acide  BoniyuE.  —  Voir  l'arlicle  précédent. 

Acide  cAnBOMQfE.  —  Dosage  de  l'acide  car- 
bonique contenu  dans  l'air  aux  différentes 
époques  de  l'aimée;  Note  de  M.  Mené.      i55 

Acide  tautrique.  —  Sur  le  dosage  de  la 
crème  de  tartre,  de  l'acide  tartrique  et 
de  la  potasse  contenus  dans  les  vins;  Mé- 
moire de  MM.  Bcrtlielol  et  de  Fleurieu.     894 

Acide  vanadiqiie.  —  Recherche  de  cet  acide 
dans  diverses  argiles;  Note  de  M.  Phip- 
son ■  •  •     1 52 

Acide  xyiochloébique.  —  Nouvelle  matière 
colorante  obtenue  du  bois  mort  vert; 
Note  de  M.  Fordns 5o 

Acier.  —  Études  sur  les  fers  et  les  aciers; 

Mémoire  de  M.  de  Cizancourt 3 16 

AÉRO.NAUTIQCE.  —  Sur  un  système  nouveau 
de  navigation  aérienne  sans  ballons; 
Note  de  M.  de  Lmwrié C97 

—  Lettre  de  M.  Villain  concernant  une  pré- 

C.  R.,  l863,  2""=  S.:mestre.  (T.  LVII.) 


Pages, 
cédente  communication  sur  la  naviga- 
tion aérienne 708 

—  Sur  les  conditions  du  problème  de  la  lo- 

comotion aérienne  ;  Note  de  M.  Bnucnrd.     799 

—  Sur  un  nouveau  système  d'autolocomotion 

aérienne  à  hélice;  Note  de  M.  Tlinssr. .     833 
Alcooliques  (Ferments).  —  Éludes  sur  les 
modifications  du   sucre  de  canne  sous 
l'influence    des    ferments   alcooliques; 

Note  de  M.  Jodin 434 

Alcools.  —  Faits  nouveaux  concernant  les 
métamorphoses  alcooliques  ;  Note  de 
M.  Milhii a35 

—  Nouvelles  observations  concernant  l'ac- 

tion du  chlorure  de  zinc   sur  l'alcool 
amylique  ;  Note  de  M.  IVurtz 892 

—  Sur  la  question  de  l'acide  acétique  an- 

noncé comme  un  produit  de  la  fermen- 
tation alcoolique  ;  Note  de  M.  Mauniené.     398 

—  Sur  la  distillation  des  liquides  mélangés  et 

sur  la  pureté  de  l'alcool  amylique;  Note 

de  M.  Berthelot 430 

—  Sur  l'oxydation  des  alcools;  par  fc /«(''«(e.    797 

—  Action  des  alcools  sur  les  éthers  compo- 

sés ;  Note  de  MM.  Friedel  et  Crnjis. .  .     877 

Voir  aussi  l'article  DistUlatinn. 
Alién.\tion  mentale.  —  De  la  responsabilité 
légale  des  aliénés  ;  Mémoire  de  M.  Brière 
de  Boi.sinont a65 

Voir  aussi  les  articles  Pathologie,  Pcl- 
liigrc^  etc. 

147 


(    I  I 02   ) 

Pages. 


Aloès.  —  Nouvelles  recherches  sur  l'aloès; 

Jfémoire  de  M.  Kosmann S77 

Amvlène.  —  Sur  quelques  dérivés  de  l'hy- 
drate d'amylène  (l'éther  amylénique, 
l'acétate  et  le  chlorhydrate  d'amylène)  ; 
Note  de  M.  U'urtz 479 

Analyse  matiiématioi  e.  —  Sur  la  théorie  des 
fonctions  elliptiques;  Notes  de  M.  Hcr- 
mite t>i3  et    ggS 

—  Note  sur  les  fonctions  de  sept  lettres  ;  par 

le  même jSo 

—  Sur  une  classe  d'équations  du  4°  degré  ; 

Lettre  de  M.  Briosclii  à  M.  Ilerniite 106 

—  Sur  les  fonctions  à  périodes  multiples; 

Note  de  M.  Casorati 1018 

—  Sur  les  intégrales  aux  différences  finies; 

Note  de  M.  Tlioman 778 

—  Sur   une    nouvelle  théorie    des   calculs 

transcendants  ;  Mémoire  de  M.  E.  Genv.     738 

—  Lettre  de  M.  Nauck  concernant  ses  pré- 

cédentes communications  sur  la  résolu- 
tion des  équations  du  3'  degré.     744  et    980 

—  Lettre  de  M.  C/;m7o.^c'/ annonçant  l'envoi 

de  deux  Notes  sur  des  questions  d'ana- 
lyse mathématique 9G2 

AaNATOMiE.  —  Lettre  de  M .  Rouget  concernant 
son  Mémoire  sur  la  terminaison  des  nerfs 
dans  les  muscles 483 

—  Sur  les  rapports  qui  existent  entre  les 

poids   des  divers  os  du  squelette   de 

l'homme;  Note  de  M.  De  Litca 588 

Anatomie  compahée.  —  Note  de  M.  Brandi 
accompagnant  la  présentation  de  figures 
préparées  pour  une  ostéographie  des 
Sirènes;  avec  des  remarques  sur  l'os- 
téologie  des  Pachydermes  et  des  Cétacés. 

—  Observations  sur  X Elasmothcrium ;  par  le 

même 

— .  Recherches  sur  la  signification  homolo- 
gique  de  quelques  pièces  faciales  du 
squelette  des  poissons  ;  Note  de  M.  Hol- 
lard 

—  Recherches  sur  queUiues  points  de  l'or- 

ganisation du    Lepidosiren  anneclens  ; 
Mémoire  do  M.  Serres 540  et 

—  Note  sur  les  habitudes  de  cet  animal  ; 

par  M.  Jlh.  Gcnjfrny  Sai/it-Hdnire . .. . 

—  Sur   la    structure   du   système  nerveux 

des  Mollusques  gastéropodes;  Note  de 

M.  Trincliese Gig 

—  Mémoire  de  M.  Knocli  sur  les  développe- 

ments et  les  migrations  des  Bothriocé- 
phales 498 

—  Note  sur  le  développement  du  Bolhriocé- 

phale  de  l'homme;  par  M.  Berlolus. . , .     5G9 
Anesthésie.  —  Note  de  M.  Buudelucque  sur 
les  accidents  causés  par  l'inhalation  du 
chloroforme gGa 


489 
490 

G70 

577 
541 


Pages. 

Amlin'e.  —  Note  sur  le  bleu  d'aniline;  par 

5L  Hofmann 2.') 

Anthropologie.  —  Lettre  de  M.  Méret  sur 
la  limite  qui  sépare  l'intelligence  de 
l'homme  de  celle  des  animaux 45S 

—  Sur  les  rapports  de  poids  entre  les  diffé- 

rents os  du  squelette  humam  ;  Note  de 

M.  De  Lucn 588 

—  Sur  l'âge  de  la  pierre  dans  les  cavernes  de 

la  vallée  de  Tarascon  ;  Note  de  MM.  Fdhol 

et  Garrignu SSg 

—  Sur  les  amas  coquilliers  de  l'ile  de  Diane 

(Corse)  considérés  comme  des  monu- 
ments de  l'âge  de  pierre;  Note  de 
M.  Blauner 978 

—  Note  sur  deux   fragments  de  mâchoire 

humaine  trouvés  dans  la  caverne  de 
Bruniquel  (Tarn-et-Garonne)  sous  une 
couche  de  stalagmites  au  milieu  d'osse- 
ments de  rennes;  Note  de  MM.  Garri- 

goii,  Martin  et  Tnitat 1009 

Voir  aussi  l'article  Paléontnhgie. 
Appareils  DivEns.  —  M.  Mnrin  présente  un 
petit  instrument  de  l'invention  de  M.  H. 
de  Scidngintweit  donnant,  avec  l'exacti- 
tude suffisante  pour  les  besoins  ordi- 
naires, le  développement  d'un  périmètre 
quelconque 877 

—  M.  Plngnioi  soumet  au  jugement  de  l'Aca- 

démie un  niveau  de  son  invention lo.'i 

—  Appareils  destinés  à  prévenir  les  fuites  du 

gaz  d'éclairage,  des  eaux  forcées,  etc.  : 
Mémoire  de  M.  l'aussin-Chardanne io5 

—  Sur  une  pompe  mue  par  le  vent;  Note  de 

AL  Castillon-Cliehet 455 

—  Appareil  destiné  à  assurer  une  libre  et 

pleine  respiration  rux  personnes  plon- 
gées dans  un  liquide  ou  un  milieu  irres- 
pirable; Note  de  M.  Galibcrt GG8 

—  Lettre  et  Note  de  M.  de  Laeroix  sur  un 

appareil  de  son  invention  applicable  aux 
mêmes  usages  et  employé  avec  succès  à 
Amélie-les-Bains 871  et    945 

—  Note  de  M.  Dctcambrc  concernant  ses 

machines  à  composer  et  à  distribuer  les 
caractères  d'im[irimerie 872 

—  Appareil  destiné  à  faire  connaître  instan- 

tanément le  nombre  des  membres  d'une 
assemblée;  Mémoire  de  M.  de  Crcna..     117 

Aucs-EN-ciEL.— Voira  l'article  Méléorobgie. 

Abéo.metrie.  —  M.  Bauclin  présente  un  al- 
coomètre accompagné  d'une  échelle  den- 
simélrique  qui  résume  ses  travaux  rela- 
tifs à  cet  instrument 5i3  et    583 

Argent.  —  Nouveau  moyen  de  traitement 
des  minerais  argentifères;  Mémoire  de 
M.  Poumarède gS 


(  " 

Pages. 

—  Considérations  sur  l'opération  nié(iilliii'- 

gique  connue  sous  le  nom  de  Pattinso- 
nage ;  Note  de  M.  Valin 785 

—  Sur  l'analyse  des  alliages  d'argent  et  de 

plomb  ;  Note  de  M.  Tlmnas ggo 

Arithmétique.  —  Projet  d'une  Table  des 
carrés  destinée  à  abréger  les  longs  cal- 
culs ;  Note  de  M.  Gnssart 833 

Arsenic.  —  Recherches  toxiiologiques  sur  la 
transformation  de  l'arsenic  en  hydruro 
solide,  par  l'hydrogène  naissant,  sous 
l'influenre  des  composés  nitreux;  Note 

de  M.  Bhndlot 596 

Astronomie.  —  M.  Le  T'crrier,  en  présen- 
tant un  nouveau  volume  des  Annnlc.s  de 
VObsrtvatoirc  impérial  de  Paris,  t.  Vil, 
en  fait  connaître  sommairement  le  con- 
tenu       1 8 1 

—  Note  de  M.  Le  />/■/(>/•  accompagnant  la 

présentation  d'un  nouveau  volume  des 
Annnlcs  de  f  Observatoire  impérial  de 
Paris 731 

—  Note  de  M.  Le  Terrier  accompagnant  la 

présentation  faite,  au  nom  de  M.  Rico  y 
Sinnbas,  du  V  volume  des  Livres  astro- 
nomiques du  roi  Alphonse  X  de  Castille.    277 


o3  ) 

Pages. 

—  Note  de  M.  Mathieu  en  présentant,   au 

nom  du  Bureau  des  Longitudes,  le  vo- 
lume de  la  Connaissance  des  Temps  pour 
l'année  i865  :  détails  sur  l'état  actuel 
de  cette  éphéméride 629 

—  Observations  de  la  lumière  zodiacale  à 

Munster;  Note  de  M.  Hcis,  précédée 
d'une  Lettre  à  M.  Paye 280 

—  Sur  la  rotation  de  la  Lune  et  sur  la  libra- 

tion  réelle  en  latitude;  Mémoire  de 
M.  Simon 324  et 

—  Considérations  sur  les  mouvements  cen- 

trifuges des  corps  célestes;  Mémoire  de 
M""  Henry 

Atmolyse.  —  Nouvelle  méthode  d'analyse 
des  gaz  basée  sur  leur  diffusion;  Mé- 
moire de  M.  Graham  sur  le  mouvement 

moléculairedes  gaz 181 

Voir  aussi  l'article  Diffusion. 

Atmosphère.  —  Étude  des  corpuscules  ap- 
partenant aux  trois  règnes  de  la  nature, 
tenus  en  suspension  dans  l'atmosphère  ; 
Mémoire  de  M.  Sannielson 87 

AzuLÈNE.  —  Produit  obtenu  par  la  distilla- 
tion fractionnaire  de  l'huile  essentielle  de 
camomille;  Note  de  M.  Piesse 1016 


628 


738 


B 


Bananes.  —  Kecherches  sur  la  composition 
chimique  de  la  banane  du  Brésil  ;  Note 
de  M.  Cnrenwinder 781 

Baromètres.  —  Lettre  de  M.  Mondino  con- 
cernant une  précédente  communication 
sur  un  projet  de  baromètres  spéciale- 
ment destinés  pour  la  mesure  des  mon- 
tagnes      364 


Bolides.  —  Lettre  de  M.  Marmusc  concer- 
nant un  bolide  observé  à  Mons,  le  1 3  sep- 
tembre, à  lo""  35""  du  soir 574 

Bulletin  bibliographique.—  58,  117,  170, 
237,  2g3,  364,  404,  456,  483,  5o2,  523, 
574,591,611,  644,680,709,  745,799, 
847,880,  918,  963,  991,  1034. 


Café.  —  Sur  le  café,  sa  culture,  ses  usa- 
ges, etc.;  Mémoire  de  M.  Robin 214 

Candidatures.  —  M.  Fermoml  prie  l'Acadé- 
mie de  vouloir  bien  le  comprendre  au 
nombre  des  candidats  pour  la  place  va- 
cante dans  la  Section  de  Botanique  par 
suite  du  décès  de  M.  Moquin-Tandon . .     909 

Chaleur.  —  Sur  la  chaleur  spécifique  des 
corps  solides  :  déductions  relatives  à  la 
nature  composée  de  corps  réputés  sim- 
ples; Mémoire  de  M.  Knpp  (suite). ...       47 

—  Sur  quelques  équations  qui  dérivent  de 

la  théorie   mécanique  de   la  chaleur; 
Note  de  M.  Clausius 339 

—  Réponse  de  M.  Duprê  à  des  remarques 


qui  le  concernent  dans  une  communica- 
tion récente  de  M.  Reecli  sur  les  pro- 
priétés calorifiques  et  expansives  des 
fluides  élastiques io8 

Sur  les  propriétés  calorifiques  et  expan- 
sives des  gaz;  Note  de  M.  Reecli 5o5 

Nouvelle  Note  de  M.  Dupré  en  réponse  à 
celle  de  M.  Reech 58y 

Réponse  de  M.  Rrech 034 

Application  de  la  théorie  mécanique  de 
la  chaleur  à  la  discussion  des  expériences 
de  M.  Regnault  sur  la  compressibilité 
des  gaz  ;  Noie  de  M.  Dupré 774 

Recherches  sur  la  chaleur  chimique  et  la 
chaleur  volta'ique  ;  par  M.  Rauult 5oy 

147.. 


(  iio4 

Pages 


) 


Chaleur.  —  Sur  l'égalité  des  pouvoirs  émis- 
sifs  et  absorbants.  —  Les  divers  corps 
liortés  à  l'incandescence  sonl-ils  égale- 
ment lumineux  à  même  température? 
Notes  de  M.  de  la  Provostaye.     5i7  et    687 

—  Note  sur  l'irradiation  des  corps  incandes- 

cents ;  par  M.  Edm.  Becquerel 68 1 

—  Détermination  des  relations  qui  existent 

entre  la  chaleur  rayonnante,  la  chaleur 
de  conductibilité  et  l'électricité;  Mé- 
moire de  M.  de  Colnet-d'Huart 563 

—  Considérations  nouvelles  sur  la  théorie 

de  la  chaleur  appliquée  au  calcul  des 
effets  des  compresseurs  à  colonne  d'eau 
du  mont  Cenis  ;  Note  de  M.  de  Cnligny-     785 

—  Application  de  la  théorie  mécanique  de 

la  chaleur   à  l'artillerie;    Mémoire   de 

M.  Martin  de  Breltes 904 

Chemins  de  fer.  —  Essai  d'une  théorie  des 
réseaux  de  chemins  de  fer,  fondée  sur 
l'observation  des  faits  et  sur  les  lois 
primordiales  qui  président  au  grou[)e- 
ment  des  populations  ;  Mémoire  de  M.  L. 
Lalanne 206 

—  Description  et  figure  d'un  frein  pour  les 

chemins  de  fer;    Note    et   Lettres  de 

M.  Dumas,  de  Bordeaux.     563,  634  et    980 

—  M.  Morin  fait  remarquer,  à  l'occasion  de 

cette  communication,  que  de  pareilles  in- 
ventions devraient  être  adressées  à  M.  le 
Ministre  des  Travaux  publics  qui  peut 
ordonner  les  essais  jugés  nécessaires 
pour  leur  appréciation  définitive,  ce  que 

ne  saurait  faire  l'Académie 564 

Chirurgie.  —  Théories  du  cal;  Mémoire  de 

M.  Jnhert  de  Lniiiballe 649  et     881 

—  Bec-de-lièvre  double  avec  division  con- 

génitale de  la  voûte  et  du  voile  du 
palais  :  restauration  de  la  voûte  pa- 
latine par  autoplnstie  périostique,  ab- 
sence de  toute  régénération  osseuse  au 
bout  de  trois  mois;  Mémoire  de  iM.  Sé- 
ddlot 463 

—  Du  succès  de  l'ouranoplastie  avec  ou  sans 

ossification  périostique;  par  le  méiiir . .     620 

—  Des  procédés  d'ouranoplastie  applicables 

aux  fentes  congénitales  de  la  voûte  (lala- 
tine  compliquée  de  division  antérieure 
de  l'arcade  dentaire  et  de  projection  de 
l'os  incisif  ;  par  le  même 727 

—  Remarques  de  M.  Fhurcns  à  l'occasion 

de  cette  communic;ition 73o 

—  Sur  la  réduction  des  hernies  étranglées 

au  moyen  de  la  compression  élastique 
de  bandes  de  caoutchouc;  Mémoire  de 
M.  Maisniuieuve 'ji68 


5i3 


4^2 


Pages. 

—  Sur  l'extirpation  des  tumeurs  éburnées 

de  l'orbite;  par  le  même 547 

—  Sur  un  cas  d'extirpation  presque  totale 

de  la  langue  au  moyen  de  la  cautérisa- 
tion en  flèches;  \aT  le  même 83i 

—  Sur   le   cathélérisme  du   duodénum  au 

moyen  de  la  sonde  œsophagienne;  Notes 
àeU.Btanchet 33iet     666 

—  Sur  lecathétérisme  obturateurde  l'urètre, 

ses  indications,  son  utilité;  Mémoire  de 

M .  Rerbard 368 

—  Sur  la  méthode  galvanocaustique  urétrale  ; 

Note  de  M.  Tarignot 

—  Nouvelle   méthode  pour  la  réunion  des 

jilaies  simples  ;  Note  de  M.  Tavernier. 

—  Mémoire  sur  la  contention  des  hernies  ré- 

ductibles ;  par  M .  Dupré 47^ 

—  Sur  l'innocuité  et   sur  l'efficacité  de  la 

cautérisation  des  cavités  utérines;  Note 

de  M.  A.  Courir 623 

—  Sur  les  inconvénients  et  les  dangers  des 

cautérisations  intra-utérines  profondes; 
Note  de  M.  Noimt 784 

—  Considérations  pratiques  sur  les  polypes 

du  larvnx  :  section  d'un  polype  à  l'aide 
d'un  simple  serre-nœud  recourbé;  Note 
de  M.  Moura-Bourouitlon 693 

Chlorures.  —  Nouvelles  observations  con- 
cernant l'action  du  chlorure  de  zinc  sur 
l'alcool  amyliquc  ;  Note  de  M.  IVurtz. . .     392 

Chronométriques  (App.vreils).  —  Recher- 
ches sur  le  mouvement  et  la  compensa- 
tion des  chronomètres;  Note  do  M.  Ywn 
FUlarceau 223 

Classifications.  —  Lettre  de  M.  Rognjshi 
concernant  une  précédente  communica- 
tion intitulée  :  «  Principes  d'une  classi- 
fication rationnelle  des  éléments  et  des 
composés  chimiques  » 292 

—  Sur  la  méthode  expérimentale  en  général 

et  en  particulier  sur  un  mode  de  distri- 
bution des  espèces  zoologiques,  dite  par 
<?/«^c'^;  Mémoire  deM.  C/((irt'«/.  409  et 

Climats.  —  Influence  des  climats  du  midi  de 
la  France  sur  les  affections  de  poitrine  : 
station  d'Ajaccio;  Mémoire  de  M.  de 
Pietra-Santa 552 

Cohésion.  —  Sur  les  modifications  de  la  co- 
hésion moléculaire  de  l'eau;  Mémoire  de 
i\L  niusculus 583 

—  Lettre  de  M.  .W/wWf  concernant  des  re- 

cherches sur  les  forces  d'attraction  et  de 

cohésion  ca[)illaires 563 

Colorantes  (MATiiinKs).  —  Recherches  sur 
les  matières  colorantes  des  feuilles;  par 
MM.  Cluitiii  et  Fdhol Sg 

—  Recherches  sur  la  coloration  en  vert  du 


57 


(  iio5  ) 


Pages, 
bois  mort  :  nouvelle  matière  colorante, 
acideNylochloérique;  NotedoM.  Fonlus.      5o 

—  Snr  les  matières  colorantes  extrailcs  de 

la  naphtylamine;  Note  de  M.  H.  Sc/iiJ/'.    9K1 

Voir  aussi  les  articles  Anidne,  Tein- 
ture, etc. 

CoMBLSTio.NS  SPONTANÉES.  —  Sur  la  lliéoric 
des  combustions  humaines  spontanées; 
Note  de  M.  A.-B.  Lunel 332 

Commission  des  comptes.  —  JIM.  Mailiicu  et 
Cloquct  sont  nommés  Membres  de  la 
Commission  pour  la  révision  des  comptes 
de  1 862 3o2 

Commissions  DES  prix.  —  Prix  Bordiii,  ques- 
tion concernant  les  courants  tliermo- 
électriques  :  Commissaires,  MM.  Bec- 
querel, Feuillet,  Fizeau,  Regnault,  Edm. 
Becquerel 1 4'2 

Commissions  modifiées.  —  M.  le  Maréchal 
Faillant  est  adjoint  à  la  Commission 
chargée  de  l'examen  d'un  nouveau  pro- 
cédé de  photolilhographie  proposé  par 
M.  Mnrmri 210 

—  M.  Scrret  remplace  dans  la  Commission 

du  grand  prix  de  Mathématiques  de  i863 
{ théorie    des    phénomènes    capillaires) 

M.  Liouville,  démissionnaire 816 

Commissions  spéciales.  —  Commission  char- 
gée de  proposer  une  question  pour  le 
grand  prix  des  Sciences  physiques  de 
i865  :  Commissaires,  MM.  Milne  Ed- 
wards, Flourens,  Bernard,  Brongniarl, 
Decaisne 903 

—  Commission  chargée  de  proposer  un  sujet 

de  concours  pour  le  prix  Bordin  de  i8G5 
(Sciences  naturelles)  :  Commissaires, 
MM.  Milne  Edwards,  Bernard,  Flourens, 
Chevreul,  Brongniart 9o3 

—  Commission   chargée    de   proposer    une 

question  pour  le  grand  prix  de  Mathéma- 
tiques de  i865  :  Commissaires,  MM.  Ber- 
trand, Chasles,  Serret,  Bonnet,  Hermite..  977 
Consanguines  (Alliances).  —  Faits  opposés 
aux  idées  émises  concernant  les  incon- 
vénients des  mariages  consanguins; 
Note  de  M.  Seguin 253 

—  Note  de  M.   Caron  sur  les  inconvénients 

de  ces  alliances 454 


Pages. 


—  Effets  de  la  consanguinité,  de  la  syphilis 

et  de  l'alcoolisme  combinés  et  observés 
dans  une  même  famille;  Mémoire  de 
M.  Guipoit 5 12 

—  Sur  la  surdi-mutité  et  ses  rapports  avec 

les  alliances  consanguines;  recherches 
faites  à  l'asile  des  sou  rds-muets  de  Rome  ; 
par  M.  Bnlley 870 

—  Note  de  M.  Cmlint  sur  ce  qu'il  a  observé 

relativement  aux  enfants  provenant  d'al- 
liances consanguines 978 

—  Exemples  historiques  tendant  à  prouver 

que  de  belles  races  peuvent  se  propager 
dans  des  cas  d'une  succession  d'alliances 
consanguines  ;   Note  de  M.  <lc   Snint- 

Cricrj-Casaux 1017 

Construction  (Matériaux  de).  —  Note  de 
M.  Dalcinagne  à  l'occasion  d'une  com- 
munication de  M.  Kuhlmann  sur  la  con- 
servation des  matériaux  de  construction.      46 

—  Recherches  sur  la  conservation  des  maté- 

riaux de  construction  et  d'ornementa- 
tion; Notes  de  M.  Kuhlmann.     244  et    758 

—  Sur  l'emploi  de  l'huile  dans  la  fabrication 

des   ciments    hydrauliques;    Note    de 

M.  de  Sciint-Cricfj-Ciisaujc 706 

ConiARiA  MYRTIFOLIA  [Principe  toxique  du). 
—  Recherches  sur  la  composition  chi- 
mique de  ce  principe;  par  M.  Ribnn. . .     798 

Corps  si.mples.  —  De  la  non-existence  du 
mi.sium  comme  corps  simple  ;  Note  de 
M.  Nicklt-s 740 

Cos.MOLOGiE.  —  Lettre  de  M.  Schinihi  accom- 
pagnant l'envoi  de  deux  ouvrages  sur  la 
constitution  de  l'univers,  et  sur  les  ha- 
bitants des  planètes iGg 

Couleurs  (  Contraste  simultané  et  mélange 
des).  —  Voir  l'article  Fision. 

Cristallisés  (Corps).  —  Sur  de  nouveaux 
phénomènes  des  corps  cristallisés  ;  Mé- 
moire de  M.  Lai'izzari,  transmis  par 
M.  le  Ministre  de  la  Confédération  suisse. 
45  et    4o4 

Cuivre.  —  Sur  le  dosage  et  sur  l'équivalent 
du  cuivre.  —  Études  chimiques  sur  le 
cuivre;  Notes  de  MM.  Millon  et  Com- 
maille i45  et     820 


D 


DÉCÈS.  —  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce 
à  l'Académie  la  perte  qu'elle  a  faite  dans 
la  personne  de  M.  Mitsclwrlich,  l'un  de 
ses  huit  -associés  étrangers,  décédé  le 
28  août  i863 G4'j 

—  L'Académie  apprend,  dans  la  séance  du 


i3  juillet,  la  perte  qu'elle  vient  de  fairo 
d'un  de  ses  Correspondants  pour  la 
Section  de  Médecine  et  Chirurgie, 
M.  Denis  (de   Commercy),   décédé  le 

3  du  même  mois 

DÉCRETS  IMPÉRIAUX.—  Décret  confirmant  la 


61 


Pages, 
nomination  de  M.  le  Contre-Amiral  Paris 
à  la  place  devenue  vacante  dans  la  Sec- 
tion de  Géographie  et  de  Navigation, 
par  suite  du  décès  de  M.  Bravais 6i 

DÉCHETS  iMPÉniAux.  —  Décret  autorisant 
l'Académie  à  accepter  un  legs  qui  lui  a 
été  fait  par  M.  Dcsnuizièrcs  pour  la  fon- 
dation d'un  prix  annuel gaS 

Diffusion.  —  Sur  le  mouvement  moléculaire 

des  gaz;  Mémoire  de  M.  Gnihnm i8i 

—  Sur  la  diffusion  des  gaz  à  travers  certains 


06   ) 


Pages. 
25 1 


corps  poreux;  Note  de  M.  Maitcucci. 
Voir    aussi     les    articles    Atmolyse, 
Températures  [Hautes),  etc. 
Distillation.  —  Note  sur  la  dislillation  des 

li(iuides  mélangés;  par  AI.  i'Ufl«wf«f'. .     gSS 

—  Remarques  de  M.  Bcrtlielot  à  l'occasion 

de  celte  Note 9^5 

—  Réponse  de  M.  Maunteiié io33 

—  Distillation  fractionnaire  de  l'huile  essen- 

tielle de  camomille  :  nouveau  produit 
obtenu  par  ce  moyen;  Note  AaW.Piesse.  1016 


E 


Eau  de  mer.  —  Sur  la  composition  chimique 
de  l'eau  de  la  mer  Morte  ;  Note  de 
M.  Roujc Go'2 

E.vux  i>OTABLES.  —  «  Quelques  faits  pour 
servir  à  l'étude  de  l'eau  de  la  pluie  «  ; 
Note  (le  Jï.  Robinet 493  et    679 

—  M.  Cabieu  demande  et  obtient  l'autori- 

sation de  reprendre  un  Mémoire  sur  les 
eaux  de  Paris  qu'il  avait  précédemment 

])résenté yg  1 

Économie  rurale.  —  De  la  variabilité  dans 
l'espèce  du  poirier  :  résultats  d'expé- 
riences faites  au  Muséum  d'Histoire  na- 
turelle de  i853  à  1862  inclusivement; 
Note  de  M.  Decaisne 6 

—  Remarques  de  M.  Dehaut  à  l'occasion  de 

la  précédente  communication 168 

—  Réponse  de  M.  Decaisne  aux  remarques 

de  M.  Dehaut 169 

—  Différences  dans  la  composition  chimique 

du  foin  d'un  même  pré  suivant  qu'il  a 
poussé  au  soleil  ou  à  l'ombre;  Note  de 
M.  Chci'reul C84 

—  Changements  opérés  dans  la  .composition 

chimique  des  feuilles  du  colza  atteintes 
de  certaines  maladies  dont  un  des  ré- 
sultats est  de  diminuer  notablement  le 
rendement  en  huile  de  la  plante;  Mé- 
moire de  M.  Isid.  Pierre SgS 

—  Recherches  expérimentales  sur  le  déve- 

loppement du  blé;  par  te  même SSg 

—  Essai  fait  par  cet  agronome  d'une  charrue 

modihée  |)ar  M.  Pag/ir Sgg 

—  Sur  le  tallage  et  sur  le  rendement  du  blé 

dans  la  récolte  de  i8G3;  Note  de  M.  Isid. 
Pierre 974 

—  Sur  la  culture  de  la  vigne  dans  les  dépar- 

tements du  Haut  et  du  Bas-Rhin  et 
dans  la  Bavière-Rhénane  ;  Mémoire  de 
M.  Schallenmann 583 

—  Sur  des  moyens  destinés  à  prévenir  ou  à 

combattre  l'oïdium  de  la  vigne  ;  Notes  de 

M.  DrucUe si 3  et     597 


—  Description  et  figure  d'un  appareil  destiné 

à  séparer  et  à  recueillir,  pour  l'usage  de 
l'agriculture,  les  limons  des  eaux  bour- 
beuses; communication  de  M.  Gaf;nagc.     097 

—  M.  d'Olincnuri  demande  que  ses  diverses 

communications  sur  un  nouveau  sys- 
tème de  culture,  devant  avoir  pour  ré- 
sultat de  prévenir  les  inondations,  soient 
admises  comme  pièces  de  concours  pour 
le  prix  de  la  fondation  Morogues.  696  et  90S 
Écriture.  —  Mémoire  de  M.  Hubert  sur  un 
système  de  son  invention  pour  la  simpli- 
lioation  des  écritures  chirographique  et 
typographique 4*^ 

—  Langage  abréviatif  pour  converser  avec  les 

sourds-muets  ;  par  le  même 332 

Électricité.  —  Action  électrique  des  rayons 

solaires;  Notes  de  M.  i1/;wic/. .     loi  et    325 

—  Sur  des  moyens  de  diminuer  la  résistance 

intérieure  des  piles  voltaïques  ;  Note  de 

M.  VioUct lo3 

—  Sur  l'analogie  de   l'étincelle  d'induction 

avec  toute  autre  décharge  électrique  ; 
Note  de  M.  Seguin 166 

—  Recherches  sur  la  chaleur  chimique  et  sur 

la  chaleur  voltaïque;  par  M.  Raoult...     Sog 

—  Sur  la  méthode  de  M.  W.  Thomson  pour 

la  mesure  de  la  conductibilité  électri- 
que :  application  aux  métaux  fondus; 
Note  de  M.  L.  de  la  Rire (îyS 

—  Lettre  de  M.  Callaud  relative  à  ses  piles 

sans  vases  poreux,  aujourd'hui  adoptées 
par  l'Administration  des  Télégraphes 
électriques "44 

—  Ob.servations  électro-atmosphériques    et 

électro-telluriques  ;  Note  de  M.  Folpi- 
celti 916 

—  Recherches  sur  l'électricité  ;  par  MM.  Fer- 

rait et  H.  Fwre GgS 

ÉLECTROPiiysiOLOGiE.  —  Expériences  desti- 
née» à  constater  l'éiectricilé  du  sang 
chez  les  animaux  vivants;  Notes  de 
M.  Scoutcttcn iii  et    791 


( 

Pa 

Errata.  —  Page  46,  ligne  3,  au  lieu  rfe  Dal- 
LE.MAGNE,  lisez  Dalemagne.  Page  1026, 
ligne  21,  mettre  la  virgule  avant  le  mot 
aussi.  Page  1026,  ligne  25,  au  lieu  de 
1842,  lisez  1847.  Page  1029,  ligne  9,  o« 
lieu  de  roulant,  lisez  coulant. 

Voir  aussi  aux  pages  296,  407,  5o4, 
576  et  800;  et  à  la  fin  de  la  Table  des 
auteurs,  page  11 41. 

EspiîCE.  —  De  la  variabilité  dans  l'espèce  du 
poirier  :  résultats  d'expériences  faites  au 
Muséum  d'Histoire  naturelle  de  i853  à 
1862  inclusivement;  Note  de  M.  De- 
cuisiie 

—  Remarques  de  M.    Dehaut   concernant 

cette  communication 

—  Réponse  de  M.  Decaisnc  aux  remarques 

de  M.  Dehaut 

ESSENTIELLES (  HuiLES ).  —  Suf  l'azulèiie,  pro- 
duit volatil  obtenu  dans  la  distillation 
fractionnaire  de  l'huile  de  camomille; 
Note  de  M.  Piesse .' 

Éthers.  —  Sur  la  proportion  des  éthers  con- 
tenus dans  les  vins,  et  sur  quelques-uns 
des  changements  qui  s'y  produisent; 
Note  de  M.  Berthelot 281  et 

—  Sur  les  éthers  de  la  terpine;  Note  de 

M.  Oppenlicim 

—  Production  de  l'éther  amylénique;  Note 

de  M.  yVurtz  sur  quelques  dérivés  de 
l'hydrate  d'amylène 

—  Action  des  alcools  sur  les  éthers  compo- 

sés; Note  de  MM.  Friedel  et  Crnfts 

—  Sur  la  production  de  l'éther  mixte  éthyl- 


II07   ) 


ces. 


168 


1G9 


016 


287 


199 


4/9 


'■11 


Pages, 
amylique,  et  sur  l'éthérification;  Note 

de  MM.  Friedel  et  Crafls gSti 

Étoiles  filantes.  —  Résultats  des  observa- 
tions faites  durant  le  maximum  des  g, 
10  et  u  août;  Note  de  M.  Coukier- 
Gravier 403 

—  Nouvelle  communication  sur  les  étoiles 

filantes  ;  par  le  même 829 

—  Sur  les  étoiles  filantes  du  milieu  du  mois 

d'août  1 863;  Lettre  de  M. /fri.v  à  M.  Paye.     .'114 

—  Note  de  M.  Fnye  accompagnant  la  pré- 

sentation de  cette  Lettre 5i5 

—  Sur  les  étoiles  filantes,  leur  théorie  et 

l'observation  de  ces  phénomènes;  Mé- 
moire de  M. /^cye 53i  et    801 

—  Des  étoiles  filantes  :  de  leurs  relations 

avec  l'atmosphère  et  les  oscillations  ba- 
rométriques; Mémoire  de  AL  Chapelas.     8G4 

—  Sur  les  ondes  atmosphériques  des  hautes 

régions  et  les  rapports  qu'elles  peuvent 
avoir  avec  les  étoiles  filantes;  Note  de 

M.  Liandier go8 

Expansion.  —  Réponse  de  M.  Dupré  aux  re- 
marques qui  le  concernent  dans  une 
communication  de  M.  Reech  sur  les  pro- 
priétés calorifiques  et  expansives  des  gaz.     108 

—  Sur  les  propriétés  calorifiques  et  expan- 

sives des  gaz;  Note  de  M.  Reeeh ."ioS 

Expérimentale  (Méthode).  —  Sur  la  mé- 
thode expérimentale  en  général  et  en 
particulier  sur  un  mode  de  distribution 
des  espèces  zoologiques  dite  pur  étages  ; 
Mémoire  de  M.  C/wurcul 409 


Fek.  —  Sur  l'élimination  du  phosphore  dans 

les  fontes  ;  Note  de  M.  Caron 167 

—  De  l'intluence  des  flux  sur  la  composi- 

tion des  fontes  manganésifères;  par  le 
même 786 

—  Sur  la  perméabilité  du  fer  à  haute  tem- 

pérature; Note  de  MM.  H.  Sainte-Claire 
Defille  et  Jroost gGS 

—  Sur  les  scories  produites  dans  l'opération 

du  puddlage  ;  Note  de  M.  Mè/ie 979 

Fermentation.  —  Études  sur  les  modifica- 
tions du  sucre  de  canne  sous  l'influence 
des  ferments  alcooliques  ;  Note  de  M.  /o- 
din 434 

—  Sur   la  fermentation  acétique  et  sur  la 

combustion    alcoolique  ;    Mémoire    de 

M.  Blomlcau g53 

—  Note  de  M.  Béchamp  concernant  ses  re- 

cherches sur  la  question  des  fermenta- 
tions et  sur  celle  des  générations  dites 
spontanées o38 


—  Remarques  de  M.  Flourens  à  l'occasion 

de  cette  dernière  partie  de  la  Note  de 

M.  Béchamp giSo 

—  Note  de  M.  Pasteur  relative  à  la  question 

de  priorilé  que  soulève  la  communica- 
tion da.  M.  Béchamp  sur  celle  double 
question cfi- 

—  AL    Basset  réclame  la  priorilé  pour    la 

démonstration  de  quelques-uns  des  faits 
qu'on  oppose  à  la  théorie  des  généra- 
tions spontanées ggo 

—  Nouvelles  recherches  sur  les  ferments  et 

les  fermentations;  Mémoire  de  M.  Le- 

maire 58i  et    GîfJ 

Voir  aussi  aux  articles  Aeide  acé- 
tique, Alcools,  Spontanées  (  Généra- 
tions), etc. 
Fluides  élastiques.  —  Formules  générales 
de  l'écoulement  des  tluides  élastiques, 
avec  ou  sans  détente;  Note  de  M.  Beau 
de  Rochas g  i  o 


Forages  artésiens.  —  Lettre  de  MM.  Lau- 
rent et  Drgousée  sur  des  oscillations  du 
sol  manifestées  par  les  perturbations 
observées  dans  le  régime  de  quelques 
puits  artésiens 

—  M.  Élicdc  Bcmunont  cite  à  cette  occasion 


(  iio8  ) 

Pages. 


'I  i 


un  autre  exemple  de  semblables  rapports 
entre  les  trépidations  du  sol  et  les  pro- 
portions de  matières  terreuses  tenues  en 
suspension  par  des  eaux  provenant  de 
forages  artésiens 


Pages- 


U6 


Galv.\nocaustiole  (Action).  —  Sur  la  mé- 
thode galvanoraustique  urétrale  ;  Note 
de  M.  Tridgnot 5i3 

Gaz.  —  Sur  le  mouvement  moléculaire  des 

gaz  ;  Note  de  M.  Grahain i8i 

—  Sur  la  diffusion  des  gaz  à  travers  certains 

corps  poreux  ;  Note  de  M.  Mattcucci . . .     aSi 

—  Sur  les  propriétés  calorifiques  et  expan- 

sives  des  gaz;  Note  de  M.  Rrec/i 5o5 

—  Remarques   concernant   l'expérience   do 

Bertholet  sur  le  mélange  des  gaz:  Note 

de  M.  Hrinment 991 

GÉODÉSIE.  —  M.  Le  Terrier,  en  présentant  en 
son  nom  et  au  nom  de  M.  le  Directeur 
du  Dépôt  de  la  Guerre  un  Mémoire  con- 
tenant la  discussion  des  opérations  as- 
tronomiques pour  la  détermination  de  la 
longitude  de  Berry-Bouy,  près  Bourges, 
fait  connaître  les  noms  des  savants  qui 
ont  pris  part  à  ces  opérations 181 

—  Communication  de  M.  Le   Verrier  con- 

cernant la  mission  qu'il  avait  reçue  de 
l'Académie  pour  la  conservation  de  la 
pyramide  de  Villejuif jSy 

M.   Le  Verrier  communique  une  Lettre 

adressée  à  M.  le  Maréchal  Vaillant  par 
M.  Blondel,  Directeur  du  Dépôt  de  la 
Guerre,  touchant  la  conservation  des 
signaux  encore  existants  de  la  Carie  de 
France 834 

GÉoGB.APHiE.  —  Éclaircissements  géographi- 
ques sur  l'Afrique  centrale  et  orientale; 
Mémoire  de  M.  Trémaux 4G8 

GÉOLOGIE.  —  Tableau  des  données  Numé- 
riques qui  fixent  iSg  cercles  du  réseau 
pentagonal  ;  Mémoire  de  M.  Elie  de 
Beaumont 121   et  1141 

—  RapportsurplusieursMémoiresdeM.  Pis- 

sis,  relatifs  à  la  structure  orographique 
et  à  la  constitution  géologique  de  l'Amé- 
rique du  Sud,  et  en  particulier  des  Andes 
du  Cliili  ;  Rapporteur  M.  Ch.  Sainte- 
Claire  Deville 32 

—  Rapport  verbal  sur  la  publication  de  la 

Carte  géologique  de  la  Suisse  ;  Rappor- 
teur M.  Daiibrce 85 

—  M.  /.  Bertrand  fait  hommage  à  l'Acadé- 

mie d'un  exemplaire  de  la  \T  édition 


des  «  Lettres  sur  les  révolutions  du 
globe  »  ;  par  feu  M.  J.  Bertrand,  son 
père Gi 

—  Remarques  de  JL  Élie  de  Beaumont  à 

l'occasion  do  cette  présentation Gi 

—  Sur  les  terrains  de  transport  des  environs 

de  Toul  ;  cavernes  à  ossements  ;  Note  de 

M,  Husson 32g 

—  Sur    l'ophite    des   Pyrénées    considérée 

comme  roche  de  sédiment  métamorphi- 
que ;  Note  de  M.  T'irlet 332 

—  Sur  la  constitution  géologique  des  Pyré- 

nées ;  extrait  d'une  Lettre  de  M.  Nogiiès.     333 

—  Application  du  réseau  pentagonal  à  la 

coordination  des  sources  de  pétrole  et 
des  dépôts  bitumineux  ;  Note  de  M.  de 
Chancourtùis 369,   421,  707  et     73i 

—  M.  r/vg-rr  présente  de  nouveau,  après  les 

avoir  complétés  d'après  le  conseil  de 
M.  Élio  de  Beaumont,  divers  profils  de 
chemins  de  fer  transformés  en  coupes 
géologiques 978 

—  Lettre  de  M.  Duponrhel  concernant  un 

Mémoire  de  géologie  générale  qu'il  avait 

précédemment  présenté io33 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  la  théorie  de  la  déforma- 
tion des  surfaces  gauches  ;  Note  de 
M.  O.  Bonnet 8o5 

—  Sur  la  courbure  des  surfaces;  Note  de 

M.  l'abbé  Anust 217 

—  Sur  quelques  propriétés  des  surfaces  d'é- 

tendue minimum  ;  Note  de  M.  Mathet.     868 

—  Sur  les  systèmes  de  coordonnées  corres- 

pondantes; Note  de  M.  Fontenenu loiG 

—  Sur  le  calcul  des  sinus  ;  Notes  de  M.  Frey- 

t"S /SIJ  et    979 

Globulaire  (  Forme). —  Note  de  M.  Meunier 
sur  la  forme  globulaire  que  les  liquides 
et  les  gaz  peuvent  prendre  sur  leur 
propre  surface 401 

—  M.   Cima  rappelle  à  cette   occasion  ses 

propres  observations  sur  ce  phénomène 
et  celles  qu'avait  faites  antérieurement 

un  autre  savant  italien 799 

Grasses  (M.itières).  —  Sur  la  formation  de 
la  matière  grasse  dans  les  olives  ;  Note 
de  ^L  De  Luca 5îo 


(  l'OQ  ) 


H 


Pages. 

IlÉTÉROGÉxiE.  —  Voir  l'arficle  S/jonta/iccs 
{  Géiiérnlions). 

HisiToiRE  DES  SCIENCES.  —  Sur  la  méthode 
expérimentale  en  général,  et  en  particu- 
lier sur  un  mode  de  distribution  des  es- 
pèces zoologiques,  dite  pnr  éltigcs;  Mé- 
moire de  M.  C/itvrcii/ 409  et     4^7 

—  Note  sur  les  ouvrages  de  Desargues;  par 

M.  Chax/cs 943 

—  Lettre  de  M.  de  Suint-T'ciiant  concernant 

la  vie  et  les  travaux  de  Du  Biiat,  ancien 
Correspondant  de  l'Académie 4^5 

—  Sur  des  turbines  décrites  et  figurées  dans 

des  ouvrages  du  xvi'  siècle.  —  Sur  quel- 
ques anciennes  roues  hydrauliques,  ver- 
ticales et  autres,  décrites  et  figurées  par 
des  auteurs  des  trois  derniers  sièch^s; 
NotesdeM.  f/c  Caligny..     702,  832  el  loîS 

—  Sur  un  oiseau  gigantesque  mentionné  dans 

l'Encyclopédie  japonaise  et  qu'on  pour- 
rait supposer  être  l'Épiornis;  Lettre  de 
M.  de  Piinivey Sol 

Huile.— Sur  la  formation  de  la  matière  grasse 

dans  les  olives;  Note  de  M.  De  Luai.. .     H-io 

Humus.  —  Sur  la  formation  de  l'humus  et  du 

nitre;  Mémoire  de  M.  Blondeau 4i4 

HvDR.\ULiQUE.  ~  Rapport  sur  un  travail  de 
M.  Sazin  concernant  le  mouvement  de 
l'eau  dans  les  canaux  découverts  ;  Rap- 
porteurs MM.  Marin  el  Clapeyron. . . . 
I 92,  255  et     3o2 

—  Sur  le  mouvement  des  liquides  dans  des 

tubes  de  très-petit  diamètre;   Note  de 

M.  Eni.  Mathieu 320 

—  Expériences  sur  les  trajectoires  des  mo- 

lécules à  l'intérieur  des  Ilots  et  sur  les 


Pages. 
vitesses  des   ondes   liquides;  Note   de 

.M .  de  Ca/ii(in 945 

llvDR.\ULiQUES  (  App.\REiLS  ).  —  Sur  quclques 
roues  hydrauliques  déci'ites  et  figurées 
dans  les  livres  du  xvi'  siècle;  Notes  de 
M.  t!c  Caliony 702,  832  et  I025 

—  NotedeM.  Gh<>>v«  sur  un  nouvel  appareil 

hydraulique 4^4 

llvDRODY.NAMiQUE.  —  Forniulc  générale  de 
l'écoulement  des  tluides  élastiques,  avec 
ou  sans  détente;  Note  de  M.  Beau  de 

Rochas 910 

Hygiène  publique.  —  Sur  l'assainissement 
de  l'air  par  la  vaporisation  de  l'eau  ; 
Note  de  M.  Marin 720 

—  Influence  exercée  par  l'humidité  de  l'air 

sur  les  résultats  des  observations  ozono- 
mélriques  ;  Note  de  M.  Berigny 846 

—  Uu  climat,  et  en  particulier  des  lieux  de 

Venise;  Note  de  M.  Griinaud,  deCaux..       89 

—  Modificalion  apportée  au  iiarement  em- 

ployé par  les  tisserands,  leur  permet- 
tant de  travailler  dans  un  air  sec  tout  en 
maintenant  les  (ils  humides;  Note  de 
M.  Mandet 033 

—  Sur   un  composé  pulvérulent    destiné  à 

remplacer  la  poudre  de  charbon  dont 
font  usage  les  fondeurs  et  qui  ne  doit 
pas  avoir  les  mômes  effets  nuisibles  pour 
leur  santé;  Noie  de  M.  Druelle 21 3 

—  Sur  quelques  effets  pouvant  résulter  de 

l'usage  du  sucre  et  des  remèdes  sucrés; 
Mémoire  de  M.  Champaudlan 980 

—  M.  P/mo/;?  adresse  des  certificats  concer- 

nant les  bons  etTels  obtenus  dans  di- 
\  erses  usines  de  l'emploi  de  son  calori- 
fuge plastique 9^° 


I 


Lncaxdescen'ce.  —  Notes  de  M.  de  ta  Pra- 
mstaye  sur  cette  question  :  «  Les  corps 
portés  à  l'incandescence  sont-ils  égale- 
ment lumineux  à  la  même  température  »? 
637  et  1022 

—  Sur  l'irradiation  des  corps  incandescents; 

Note  de  M.  Jidm.  Bec/juere/ (J8i 

Infusoires.  —  Recherches  sur  les  infusoires 
du  sang  dans  la  maladie  connue  sous  le 
nom  de  «  sang  de  rate  »  ;  Notes  de  M.  Da- 
i'aine 220,  35i   et     38(1 

—  Présence  des  bactéries  dans  le  sang  d'a- 

nimaux atteints  d'autres  maladies  que 

C.   R.,  i8C3,  a™«  Semfslre.  (T.  LVII.) 


celle  dite  «  sang  de  rate  »  ;  Note  de 
^{.Signal   '^48 

—  Infusoires  du  genre  Baclerium  trouvés 
dans  le  sang  humain  ;  Notes  de  M.  Tigri. 
G33  et     833 

Ininflammables  (Tissus).— No  te  de  M.  Man- 
r/c/surlespréparalionsdeslinéesà  donner 
aux  mousselines  cette  propriété.  (J33  et     832 

Inondations.  —  Lettre  de  M.  d'Olincauri 
concernant  ses  précédentes  communica- 
tions sur  un  nouveau  système  de  culture 
annoncé  comme  devant  préserver  des 
inondations ^'P 

i4S 


I  I  10 


) 


Instinct  et  Intelligence  des  imiinaiu:.  — 
Mémoire  de  M.  Mcrct 

Institut.  —  Lettres  de  M.  le  Président  de 
rjrutitut  concernant  la  séance  annuelle 
des  cinq  Académies,  fixée  au  ^endredi 
i4  août  1 863,  et  la  i"  séance  trimestrielle 
A(^  1864  qui  aura  lieu  le  mercredi 
(i  janvier 173  et 


Pages. 
69G 


993 


Pages. 


Instruments  de  physique.  —  Description 
d'un  sphéromotre  électrique  ou  batlio- 
réomètre  :  par  M.  Giordimo Goy 

Instruments  d'optique.  —  Description  d'un 
nou\eau  spectromètre  à  vision  directe, 
plus  simple  et  moins  dispendieux  ;  Note 
de  M.  T'nlz 69  et     i4i 


J 

J.\UGEAr.E.  —  Mélhode  chimique  pour  jauger  les  fluides,  Note  de  M.  Sc/dœsing 1C4 


Legs  Bréant.  —  Lettre  de  M.  Durckri'  con- 
cernant une  pièce  adressée  au  concours 
de  i858 708 

—  Lettre  de  M.  rjnibassadeur  d'Autriche 

concernant  une  pièce  adressée  à  ce  con- 
cours par  M.  Prister 833 

—  Sur  l'origine  astronomique  des  maladies 

épidémiques;   Mémoire  de  M.  de  Mai- 

zière 872 

Legs  faits  a  l'Académie.  —  Lettre  de 
M.  Tliore  annonçant  le  legs  fait  par  son 
père  pour  la  fondation  d'un  prix  perpé- 
tuel destiné  à  encourager  les  tiavaux 
dans  certaines  branches  de  la  botanique 
et  de  l'entomologie 634 

—  Legs  fait  à  l'Académie  par  M'"  Letcllier 

pour  encourager  et  faciliter  la  continua- 
tion des  travaux  de  Savigny  sur  les  in- 
vertébrés de  l'Egypte  et  de  la  Syrie. . . .     908 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  j/ublirjue 

transmet  l'ampliation  d'un  décret  impé- 


rial autorisant  l'Académie  à  accepler  le 
legs  qui  lui  a  éléfait  parM.  Desmazières.     gîS 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  communique 

des  extraits  d'un  teslament  de  feu  M.  Ca- 
m7«' concernant  le  legs  d'un  travail  im- 
portant de  Perrier  sur  le  palais  du  T  à 

Àtantoue 944 

Limons  des  cours  d'eau.  —  Expériences  sur 
ces  limons  ;  Mémoire  de  M.  Herré- 
Mangon 904 

—  Appareil  destiné  à  recueillir  les  matières 

charriées  par  les  eaux  troubles  des 
égouts  et  certains  courants  naturels; 
Note  de  M.  Gngnage 697 

Liquides  {Mourement,  résistance  des).  — 
Voir  l'article  Hydrmilirjue . 

LiTiioTRiTiE.  —  Nouveau  perfectionnement 
apporté  à  la  lithotritio  par  le  broiement 
de  la  pierre  en  une  seule  séance  »;  Mé- 
moire de  M.  Court/ g^) 


M 


Machines  a  vapeur.  —  Sur  des  modifica- 
tions à  introduire  dans  la  construction 
dos  fourneaux  des  machines  pour  la  na- 
vigation par  la  vapeur  ;NotedeM.  £rir- 
thélemy 697 

Magnétisme  terrestre.  —  M.  le  Secrétaire 
perpétuel  frésenle,  au  nom  de  M.  Bâche, 
le  modèle  en  plâtre  d'un  solide  sur 
lequel  deux  systèmes  de  courbes  repré- 
sentent les  variations  de  l'aiguille  ai- 
mantée, telles  qu'elles  résultent  pour  les 
années  1840-1845  des  observations  faites 
au  collège  Girard  à  l'Iiiladtiphio 6(19 

—  Communications  de  M.  Kniglit  concer- 
nant la  cause  des  variations  de  l'aiguille 
aimantée 917  et     946 


Mang.^nèse.  —  Fontes  nianganésifères.  'S'oir 
à  l'article  Fer. 

Mécanique  céleste.  —  Sur  la  rotation 
de  la  Lune  et  sur  la  iibration  réelle 
en  latitude;  Mémoires  de  M.  Simon.. 
324  et 

—  Réponse  à  une  objection  écrite  par 
M.  Bertrand  en  marge  d'une  Note  de 
M.  Passot  intitulée  :  «  Loi  de  la  va- 
riation de  la  force  centrale  dans  les 
mouvements  |)lanétaires  déduite  exacte- 
ment du  principe  des  aires  »  ;  Lettre  de 
M.  Passot 

Médecine  et  CiiinuRGlE  [Concours  pour  les 
pri.r  de).—  Analyse  de  travaux  ma- 
nuscrits ou  imprimés  adressés  à  ce  con- 


628 


3O9 


Pages, 
cours  par   les   ;uili.nirs  dont   les    noms 
suivent  : 

—  M.    l'Fililbergcr   (Diverses    publications 

concernant    les  traitements  orthopédi- 
ques)       G44 

—  M.  Bourgogne  (Recherches  sur  l'crysi- 

Péle) 044 

—  M.  de  Pielra  Santii  (Iniluence  du  cliniôt 

du  Midi  sur  les  airections  chroniques  de 

la  poitrine  ) GqS 

.MÉDECINE  LÉGALE.  —  De  la  responsabilité  lé- 
gale des  aliénés;  Mémoire  de  M.  Brière 
de  Boismnnt 2G5 

—  Sur  les  réactions  qui  aident  à  déceler  la 

présence  de  l'opium  ou  de  la  morphine; 

Note  de  M.  Jliucnt 44o 

MÉuic,VLE  (Constitutio.n).  — Des  conditions 

météorologiques  de  la  fièvre  puerpérale; 

Mémoire  de  M.  Espagne 58o 

MÉL.\NGÉs  (r.iQuiDEs).  —  Siir  la  distillation 

des  liquides  mélangés  et  sur  la  pureté 

de  l'alcool  amylique  ;  Note  de  M.  Ser- 

thclot 4:30 

—  Sur  la  distillation  des  liquides  mélangés; 

Note  de  M.  Mmuncné rj55 

—  Remarques  de  M.  Bcrthclot  à  l'occasion 

de  celte  Note gS'i 

—  Réponse  de  M.  Mnumené io33 

Me.nthol.  —Seconde Note  de  m.  Oiiprnhciin 

sur  ce  produit 3Co 

iMÉTÉORiTES.  —  Sur  un  essai  de  reproduc- 
tion artificielle  d'un  minéral  cosmique, 

Note  de  M.  Fayc So  i 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  l'état  de  l'atmosphère 
pendant  la  première  quinzaine  d'août 
i863, d'après  les  renseignements  recueil- 
lis à  l'Observatoire  impérial  de  Paris; 
Note  de  M.  Marié-Dm'v 384 

—  Sur  les  tempêtes  de  l'équinoxe;  Note  de 

M.  Mani-Davy O40 

—  Note  sur  la  tempête  des  2  et  3  décembre 

i863  ;  par  le  mente 946 

—  Sur  la  tempête  des  2  et  3  décembre  i863; 

Mémoire  de  M.  le  Maréchal  Vailhint.. .    moi 

—  Sur  les  ondes  atmosphériques  des  hautes 

régions;  Note  de  M.  Liandier Sy 

—  Sur  la  grêle  tombée  à  Clermonl-Ferrand 

le  3  juillet  i863  ;  Note  de  M.  Leenq. . .       yH 

—  Sur  les  retards  de  l'ébullition  et  do  la 

congélation  des  liquides,  et  sur  la  for- 


'I    ) 

Pai;es. 
mation  de  la  grêle  et  de  la  neige;  Note 
de  l\f.  Jr/ur (j2 

—  Sur  les  teintes  que  prennent  dans  les  jours 

chauds  les  diverses  parties  du  ciel;  Note 

de  M.  Zalin'ski 292 

—  Sur  des  moyens  supposés  propres  à  pré- 

server nos  campagnes  de  la  grêle  ;  Note 

de  M.  Sniwageon 5(j8 

—  Lettre  de  M""  Roussel  concernant  des  ob- 

servations météorologiques  qu'elle  désire 
soumettre  au  jugement  de  l'Académie. .     455 

Voir  aussi  l'article  Médieide  (Consti- 
tution ) . 

Micrographie.  —  Recherches  sur  les  cor- 
puscules tenus  en  suspension  dans  l'at- 
mosphère; Mémoire  de  M.  Stuinielson . .       87 

Voir  aussi  l'article  Spontanées  (  Gé- 
nérations). 

Minéralogie.  —  Sur  les  propriétés  optiques 
biréfringentes  et  sur  la  forme  cristalline 
de  l'amblygonite;  Noie  de  M.  Des  Cloi- 
zcnux 3J7 

—  Sur  l'analyse  de  l'alunite  du  mont  Dore 

(Puy-de-Dôme);   Note   de  M.  Cautier- 

Liiernzc 3G'2 

Minéraux  (  Reproduction  artificielle  des  ).  — 
De  la  reproduction  du  rutile,  de  la  broo- 
kite  et  de  leurs  variétés  :  prototluorure 
de  titane  ;  Note  de  JI.  Haulefeuille . ...      148 

—  Essai  de  reproduction  artificielle  d'un  mi- 

néral cosmique  ;  Note  de  M.  lùiye 801 

Moléculaire  (État).  —  Sur  les  lumières 
que  peuvent  fournir  les  phénomènes  de 
la  végétation  pour  arriver  à  la  connais- 
sance de  l'état  moléculaire  de  certains 
composés;  Mémoire  de  M.  Ville 4*J-i 

—  Note  de  M.  Gamliit  ayant  pour   litre  : 

«  Morphogénie  moléculaire,  principes 
mathématiques  » h'i 

~  Recherches  sur  les  modifications  de  la  co- 
hésion moléculaire  de  l'eau  ;  Note  de 
M.  Musculus 583 

Moteurs.  —  Description  et  figure  d'un  mo- 
teur de  l'invention  de  M.  Guérineau- 
Auhry 5(j8 

MucÉDiNÉEs.  —  Études  chimiques  sur  la  \é- 
gétation  des  mucédinées,  particulière- 
ment de  V Ascopliora  nigrans  ;  Note  de 
J[.  Raidin ''■■^'^ 

—  Remarques  de  M.  J'ille  à  l'occasion  de 

cette  communication 270 


N 


Navigation. —  Considérations sur  les  navire» 

cuirassés  ;  par  M.  Paris 'jGij 

—  Mémoire  sur  un  nouveau  système  de  na- 


vigation. —  Note  sur  un  gouvernail  de 
proue;  communications  de  M  G/iersi. 
i56  et 

i4».. 


455 


(  " 

Pages. 

Navigation.  —  Lettre  de  M.  Mouline  concer- 
nant un  appareil,  le  piston  propulseur, 
qu'il  croit  pouvoir  être  avantageusement 
substitué  à  l'hélice  pour  les  besoins  de 
la  marine  marchande 483 

—  Mémoire  de  M.  TrcinhUiy  ayant  pour 
titre  :  «  L'Artillerie  rayée  de  sauve- 
tage »  5o5 

KiTRiFicATioN.  —  Sur  la  formation  de  lim- 
mus  et  du  nitre  ;  Mémoire  de  M.  liUm- 
dcau 4 1 4 

Nominations  de  Membres  et  de  Correspon- 
dants de  l'Académie.  —  M.  Naiulin  est 
nommé  Membre  de  l'Académie,  Section 


XI   ) 

Pages. 

de  Botanique,  en  remplacement  de  feu 

M.  Mofjuin  Tandon 977 

-  M.  F«i7-6-  est  nommé  Correspondant  de  la 
Section  de  Chimie,  en  remplacement  de 
ft'U  M.  Dcsormcs 20G 

-  M.  Neiimanii  Correspondant  de  la  Section 
de  Géométrie,  en  remplacement  de  feu 
M.  Ostrograilski ijoB 

-  M.  Syhcstcr  Correspondant  de  la  même 
Section,  en  remplacement  de  feuM.&r/- 
ncr y45 

-  M.  Lawrence  Correspondant  de  la  Section 
de  Médecine  et  de  Chirurgie,  en  rempla- 
cement de  feu  M.  B.  Brodie 1008 


0 


Opium.  —  Sur  les  réactions  qui  aident  a  dé- 
celer la  présence  de  l'opium  ou  de  la 
morphine  ;  Note  de  M.  J'incenl 44° 

Optique.  —  Sur  les  pro|)riétés  optiques  bi- 
réfringentes, et  sur  la  forme  cristalline 
de  l'amblygonite  ;  Note  de  M.  Des  Cloi- 
scaux 357 

—  Sur  la  théorie  de  la  double  réfraction  ; 

Mémoire  de  M.  de  Saint-Venant 387 

—  Recherches  sur   les   propriétés  optiques 

développées  dans  les  corps  transparents 
par  l'action  du  magnétisme;  Mémoire 
de  M.  1  erdet 670 

—  Sur  les  raies  du  spectre  solaire  ultra-vio- 

let ;  Note  de  M.  Mascart 789 

—  Sur  la  dispersion  de  la  lumière  ;  Note  de 

M.  Briot 866 

Obcine.  —  Recherches  sur  ce  produit  ;  par 

JL  De  Liiyncs 161 

Organogénie  et  Organoghaphie  végétales. 
—  Note  de  M.  Tidasne,  accompagnant 
la  présentation  du  second  volume  de 
l'ouvrage  qu'il  publie,  en  commun  avec 
son  frère,  sous  le  titre  de  -.  Setecta 
fiingorum  carpologia 973 

—  Note  sur  les  vaisseaux  propres,  les  vais- 

seaux du  latex,  etc.  ;  par  M.  Lestihou- 
dois  (suite) 17 

—  Sur  les  tissus  élémentaires  des  végétaux  ; 

par  le  même 86 1 

—  Étude  sur  l'évolution   des  bourgeons  et 

sur  la  force  qui  préside  à  la  sépariition 
des  divers  organes  végétaux  ;  Mémoire 
de  M.  Fermond 1 42  et     417 

—  Conséquences  à  dédviire  des  défauts  d'exa- 

stosie,  pour  la  manière  d'inlerprétcr  la 
formation  de  certains  organes  appendi- 
culaires  ;  par  le  même 688 


—  Composition  organophytogénique  des 
feuilles  ;  par  le  même 767 

—  Anatomie  descytinées  dans  ses  rapports 

avec  l'organographie,  la  tératologie  et 
la  physiologie  ;  Mémoire  de  M.  Chatin. 
210  et    771 

—  Sur  la  structure  anormale  des  tiges  des 

lianes  ;  Note  de  M.  Netto 554 

Outiiopédie.  —  Sur  le  traitement  des  dif- 
formités de  l'épine    dorsale;    Note  de 

M.  J'errier 872 

Oxyde  de  carbone.  —  Sur  la  production  de 
cet  oxyde  dans  une  circonstance  nou- 
velle ;  Note  de  M.  Calveri 873 

—  Expériences  sur  la  production  de  l'oxyde 

de  carbone  par  l'action  de  l'oxygène  sur 
le  pvrogallate  de  potasse  ;  Note  de 
M.  Cloéz 875 

—  Sur  l'apparition  du  gaz  oxyde  de  carbone 

pendant  l'absorption  de  l'oxygène  par 
certaines  substances  végétales  ;  Note  lue 
le  00  novembre  i863  par  M.  Boiissin- 
ganlt,  et  Note  déposée  par  lui,  sous  pli 
"cacheté,  en  18G2 885  et     891 

—  Remarques  de  M.   Chevretd  à  l'occasion 

de  cette  double  communication 893 

Ozone.  —  Expériences  sur  l'ozone  ou  l'oxy- 
gène naissant  exhalé  par  les  plantes  et 
répandu  dans  l'air  de  la  campagne  et  de 
la  ville  ;  Note  de  M.  Pney 344 

—  Sur  les  relations  volumétriques  de  l'ozone; 

Note  de  M.  Snret 6o4 

—  Iniluence  exercée  par  l'humidité  de  l'air 

sur  les  résultats  des  observations  ozo- 

nomélriques;  Note  de  M.  Berigny 846 

~  Observations   sur    les  quantiiés  relatives 
d'ozone  des  plantes  et  de  l'air   atmo- 
sphérique en   i863;  Note  de  ^^   Kos- 
mann 979 


(  i'i3  ) 


Pages. 
Pai.n.  —  Lettre  de  M.  Barrai  accompagnant 
l'envoi  de  son  livre  intitulé  :  «  Étude 
analytique  sur  le  blé,    la   farine   et  le 
pain  » 1 57 

—  Recherches  chimiques  sur  le  pain  et  sur 

le  blé  découverts  à  Ponipéi  ;  Note  de 

M .  De  Luca 4;  j  et     498 

Paléontologie.  —  Sur  le  crocodile  à  mâ- 
choire boursoullée  (  Crococlitus  j>/ij'io- 
gnathus)  ;  Note  do  M.  J'alcncicnncs. .  .     ■x^\ 

—  Sur    un   sternum   de   tortue    fossile   des 

collines  gypseuses  de  Sannois  et  Argen- 
teuil  ;  Noie  de  ^l.f'alciicie/incs 853 

—  Observations  sur  \' Elasmutlicriiim  ;  Note 

de  M.  Brandi 49° 

—  Sur   une   nouvelle    espèce  de   gyrodus 

(G.  Gobi/ii)  ;  Note  de  M.  Nogi/és 91 3 

—  Sur  un  nouveau  gisement  d'ichthyodoru- 

lithes  propres  au  grès  miocène  de  Leo- 
gnan  (Gironde);  Noie  de  M.  P.  Gcrvais.  1007 

—  Remarques  relatives  à  deux  communica- 

tions récentes  concernant  la  contempo- 
ranéilé  de  l'homme  et  des  espèces 
éteintes  de  grands  Pachydermes;  Note 
de  M.  Garrignu 5? 

—  Lettre  de  M.  Hu.ssnn  accompagnant  l'en- 

voi de  nouveaux  ossements  fossiles. ...     116 

—  Sur  les  terrains  de  transport  des  environs 

de  Toul  :  cavernes  à  ossements  ;  Note 

de  M.  Husxon 829 

—  Sur  la  mâchoire  humaine  de  Moulin-Qui- 

gnon ;  Lettre  de  M.  Bmichcr-dcl'cr- 
thcs  à  M.  Élie  de  Beaumont 334 

—  Remarques  relatives  à  cette  Lettre,  par 

M.  Èlie  de  Beaumoiit 336 

—  Sur  les  gisements  d'ossements  de  grands 

animaux  et  de  pierres  travaillées  des 
environs  de  Nancy  ;  Lettre  de  M.  Eiig. 
Robert  à  M.  Élie  de  Beaumont 4'^*^ 

—  Sur   les  terrains  superficiels  de  la  Tou- 

raine  et  sur  les  haches  en  silex  ;  Lettre 
de  M.  l'abbé  CItemlier  à  M.  Élie  de 
Beaumont 427 

—  Sur  les  amas  coquilliers  de  l'ile  de  l'É- 

tang de  Diane  (Corse);  remarques  de 
M.  Blauncr  sur  une  communication  de 
M.  Aucapitaine 978 

—  Sur  deux  fragments  de  mâchoire  humaine 

trouvés  dans  la  caverne  de  Bruniquel 
(Tarn-et-Garonne)  sous  une  couche  de 
stalagmites,  au  milieu  d'ossements  de 
rennes  ;  Note  de  MM.  Garrigoii,  Martin 

et  Trutat 1009 

Papier.  —  Sur  la  transformation  en  papier, 


Pages 
carton,  pâles  plastiques,  etc.,dediverses 
substances  végétales  presque  sans  va- 
leur ;  Mémoire  de  M.  Bnrdoux (j4  j 

Paquets  cachetés.  —  Sur  la  demande  de 
M.  Bdtailhé,  deux  paquets  cachetés, 
déposés  par  lui  le  20  avril  et  le 
G  mars  i863,  sont  ouverts  dans  la 
séance  du  7  septembre,  et  renferment 
des  Notes  de  l'auteur  concernant  ses 
recherches  sur  l'infection   purulente...     491 

—  Ouverture  dans  la  séance  du   3o  novem- 

bre i8(j3  d'un  paquet  cacheté  déposé, 
[lar^i.  Boiissirigaidt,  on  septembre  i8(J2. 
Lecture  de  la  Note  incluse  concernant 
l'apparition  de  l'oxyde  de  carbone  pen- 
dant l'absorption  de  l'oxygène  par  cer- 
taines substances  végétales 891 

Pabagrèles.  —  Sur  un  système  de  paragrè- 
les  que  l'on  dit  avoir  été  essayé  avec 
apparence  de  succès  dans  le  départe- 
ment de  l'Isère  ;  Note  de  M.  Siuwageon.     5)98 

Pathologie.  —  Sur  la  question  de  la  pel- 
lagre dans  les  asiles  d'aliénés;  Note  de 
M.  Landouzy 82. j 

—  Lettre  de  M.  Bilhd  concernant  les  résul- 

tats relatifs  à  la  [jcllagre  qu'il  a  consta- 
tée dans  l'asile  des  aliénés  de  Sainte- 
Gemme,  près  Angers 522 

—  De  la  pellagre  dans  les  asiles  d'aliénés  ; 

Note  de  M.  Landouzy GG 

—  Remanpies  de  MM.  Ltdtitte  et  Pcnn  sur 

cette  communication 735 

—  Résultats  d'une  enquête   sur  les  cas  de 

pellagre  consécutive  à  l'aliénation  men- 
tale, observés  dans  cinquante-sept  asiles 
d'aliénés  ;  Mémoire  de  M.  Billod ;82 

—  Recherches   sur   les   infusoires   du   sang 

dans  la  maladie  appelée  sang  de  rate  ; 
Notes  de  M.  Datuiine 220,  35i  et     386 

—  Présence  de  bactéries  dans  le  sang  d'ani- 

maux atteints  d'autres  maladies  que 
celle  dite  de  sang  de  rate;  Note  de 
M.  Signal 348 

—  Présence  d'infusoircs  du  genre  Baclerium 

dans  le  sang  humain  ;  Noies  de  M.  Tigri. 
633  et      833 

—  Sur  quelques  effets  pouvant  résulter  do 

l'usage  du  sucre  et  des  remèdes  sucres  ; 
Mémoire  de  M.  Champuuillon 980 

—  Sur    le    diabète    non    sucré;    Note    de 

M.  Maïunené 989 

—  Sur  les  lésions  cérébro-spinales  consécu- 

tives au  diabète;  Note  do  M.  Marelwl 

de  Calvi 633 


(  '"4) 


Pages. 

4G 

473 
473 

4'.)' 
r,So 


Pathologh;.  —  Note  de  M.  Dclaunar  coii- 
cernnnt  les  résultats  d'expériences  faites 
sur  des  chiens  enragés  et  sur  des  clie- 
vaux  morveux 

—  Sur  la  nature  et  le  traitement  de  la  rage  ; 

Mémoire  de  M.  Grimaiid,  d'Angers... 

—  ff  Sur  les  infections  charbonneuse,  pu- 

rulente et  rabiquc  »;  Mémoire  de  M.  Gré- 
gi)ire 

—  Nouvelles  recherches  sur  l'infection  puru- 

lente ;  par  M.  Batnilhé 

—  Des  coriditions  météorologiques  de  la  fiè- 
vre puer|)érale;  Mémoire  de  M.  Eqmgne. 

—  M.   Velprau^  en  présentant  au   nom   de 

M.  JJcbrckh  un  exemplaire  de  son 
Atlasd'ophthalmoscopie,  rappelle  lespro- 
grès  que  divers  savants  ont  fait  faire  à 
la  pathologie  et  à  la  thérapeutique  des 
maladies  de  l'œil,  depuis  l'invention  de 
rophlhalmoscope  par  M.  Helmhollz —  J99 
--  M.  Tîmr/- rappelle  à  cette  occasion  les  re- 
cherches et  l'enseignement  de  M.  Fnllin.    600 

—  Sur  l'ophthalmie  produite  par  le  soufrage 

des  vignes  ;  Note  de  M.  Bouisson 299 

—  Sur  une  maladie  observée  en  Sicile  chez 

les  jeunes  mulets;  analyse  d'un  opus- 
cule de  M.  'le  Siinonr 377 

—  Lettre  de  M.  Olivier  concernant  son  Mé- 

moire intitulé  :  «  Pathologie  morale  »..     962 

—  Origine  astronomique  des  maladies  épi- 

déraiques;  Mémoire  de  M.  de  Maizière.    872 
Pendule.   -  Expression  générale  des  condi- 
tions d'isochronisme  du  pendule  régula- 
teur à  force  centrifuge  ;  Note  de  M.  L. 

Foucault 738 

PÉTROLES.  —  Recherches    sur    les   pétroles 
d'Amérique;  par  MM.  Pelouze  et   Ca- 
hours <J2 

—  Application    du    réseau  pentagonal   à  la 

coordination  des  sources  de  pétrole  et 
des  dépôts  bitumineux;    Mémoire    de 

M.  Begiiycr  tic  Cluincnurlnis 

3C19,  421,  707,     781 

PnosptionE.  —  De  l'élimination  du  phos- 
phore dans  les  fontes  ;  Note  de  M.  Ca- 
rou '67 

PnosPHOBESCENXE.  —  Observation  delà  phos- 
phorescence de  l'eau  de  mer  dans  des 
conditions  ou  elle  a  été  rarement  signa- 
lée ;  Lettre  de  M.  Morcliet Sgo 

—  Remarques  de  JL  l'hipson  à  l'occasion  de 

celte  communication 707 

PilOTOGBAPniE.  —  Note  de  M.  Cliarlot  Plé 
concernant  la  découverte  d'un  procédé 
de  préparation  du  papier  destiné  à  rece- 
voir des  images  photographiques,  pré- 
paration au  moyeu  de  laquelle  ces  images 


Pages. 

s'y  produiraient  en  donnant  aux  objets 
représentés  leurs  couleurs  natuielles. . .     584 

—  Note  do  M.  il  (irren  de  la  Rue,  accompa- 

gnant la  présentation  d'une  double  imago 
photographique  do    la   Lune,    prise   le 

22  février  i863,  à  9'' 5"" C94 

PnoTO-LiTHor.nAPniE.  —  Nouveau  mode  do 
reproduction  sur  pierre,  à  l'aide  de  la 
lumière,  de  toute  espèce  de  dessins; 
Notice  de  M.  Mori'aii i54 

—  Réclamation  de  priorité  élevée  par 
M.  ]\larquier  à  l'occasion  de  celte  com- 
munication      696 

PnoTOMÉTRiE.  —  Lettre  de  M.  Place  concer- 
nant un  photomètre  de  son  invention. ..     169 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  pour  mesurer 

l'acdon  chimique  des  rayons  solaires; 
Note  de  M.  Phip.mn 601 

—  Note  de  M.  de  la  Pmi'ostaye  sur  cette 

question  :  les  corps  divers  portés  J  l'in- 
candescence sont-ils  également  lumi- 
neux à  même  température?. ..    637  et  102-2 

—  Sur  l'irradiation  des  corps  incandescents; 

Note  de  M.  Edm.  Becquerel 681 

Physiologie.  —  Sur  la  régénération  et  la 
réparation  des  tissus  ;  Mémoire  de 
M.  Johert  de  Lnmhalle 365 

—  Théorie  du  cal  ;  par  le  même. .  . .  C49  et     8S1 

—  Sur  la   théorie  de  la  formation  du  cal  ; 

Note  de  M.  Hcrime G97 

—  Sur  l'absorption  des  médicaments  par  la 

peau   saine  ;  Note  de  M.  Delnre 274 

—  M.  Dcsehamps,  d'Avallon,  rappelle,  à  celte 

occasion,  les  expériences  qu'il  a  faites 
antérieurement  sur  la  question  de  l'ab- 
sorption cutanée 

—  Recherches  expérimentales  sur  l'absorp- 

tion par  le  tégument  externe  :  rôle  de 
l'épiderme  en  présence  de  l'eau,  du  chlo- 
roforme et  de  i'éther;  Notes  de  M.  Pa- 
risot 327  et 

—  Action  du  bulbe  rachidion,  de  la  moelle 

épinière  et  du  nerf  grand  sympathique 
sur  les  mouvements  de  la  vessie:  Mé- 
moire de  M.  Budge i>(û> 

—  Iniluence  des   mouvements   resiiiratuires 

sur  les  mouvements  de  l'iris  ;  Mémoire 

de  M.  Jigouruuj: 581 

—  M    Rayer  transmet  et  appuie  une  de- 

mande faite  par  M.  T/iury,  à  l'effet 
d'obtenir  que  ses  expériences,  concer- 
nant la  loi  de  la  production  des  sexes, 
soient  répétées  devant  des  Commissai- 
res nommés  par  l'Académie 383 

Physiologie  comp.\rée.  —  Sur  l'air  de  la 
vessie  natatoire  des  poissons;  Notes  de 
M.  Morcau 37,  816  et  1048 


:)Gi 


373 


Pofjes. 

—  Recherches  expérimentales  sur  les  fonc- 

tions (Je  l'encéphale  des  poissons  ;  par 

M.  liiiiiilclot g49 

—  Limite  de  la  résistance  vitale  au  vide  et  à 

la  dessiccation  chez  les  animaux  pseudo- 

ressuscitants;  Note  de  M.  Pourhct 8i3 

Phvsiologie  végétale.  —  Sur  les  fonctions 
des  vaisseaux  des  plantes;  Note  de 
M.  Brongniart 5 

—  Études  chimiques  sur  la  végétation  des 

niucédinées,  particulièrement  de  l'./.sro- 
pliora  nigrans;  Note  do  M.  Rmilin..  ..     2a8 

—  Remarques  de  M.   f'i/le  à  l'occasion   do 

cette  Note,  et  rappel  de  ses  propres 
travaux 270 

—  Expiration  nocturne  et  diurne  des  feuilles: 

feuilles  colorées;  Recherches  de  M.  Cr/- 
rcnn'i/ider îtiG 

—  Observations  sur  la  nature  des  gaz  pro- 

duits par  les  plantes  submergées,  sous 
l'inlluence  de  la  lumière  ;  Note  do 
M.  Ciof'z 354 

—  Lettre  de  M.  Boussingault  à  M.  Chevreul 

concernant  la  non-émission  de  gaz  azote 
dans  la  décomposition  de  l'acide  carbo- 
nique par  les  feuilles 412 

—  jr.  Chevreul  rappelle  à  cette  occasion  les 

expériences  de  M.  Chez  sur  le  même 
sujet 4i4 

—  Sur  la  décomposition  du  gaz  acide  carbo- 

nique par  les  feuilles  diversement  colo- 
rées; Note  de  M.  Chez^  présentée  par 
M.  Chevreul 834 

—  Expériences  sur  les  feuilles  colorées;  Note 

de   M.    Ciirenaimlcr g  1  j 

—  Sur  la  formation  de   la  matière    grasse 

dans  les  olives;  Note  de  M.  De  Luca. .     Sac 

—  Sur  le  rôle  des  infusoires  dans  la  germi- 

nation ;  Note  de  M.  Lemaire 562 

Physique  du  globe.  —  Sur  la  question  des 
rapports  entre  les  variations  météoro- 
logiques et  les  perturbations  magnéti- 
ques ;  Lettre  de  M.  Broun 342 

—  Communications  de  M.   Knight   concer- 

nant la  cause  supposée  des  variations 

de  l'aiguille  aimantée 917  et    gJG 

—  Faits  pour  servir  A  l'étude  de  l'eau  do  la 

pluie  ;  Mémoire  de  M.   Robinet 493 

—  Recherches   de  micrographie  atmosphé- 

rique ;  par  M.  Samuelson 87 

PuYsiQLE  GÉ.XKR,VLE.  —  Sur  Ics  modifications 
de  la  cohésion  moléculaire  de  l'eau  ;  Mé- 
moire de  M.  Musculus 583 

—  Sur   les   retards  de   l'ébullition  et  de  la 

congélation;  Note  de  M.  Jrtur 92 


■  5  ) 

Pages. 

—  Sur  les  forces  d'attraction  et  do  cohésion 

capillaire;  Note  de  M.  .S'/vw/c// 5G3 

—  Nouvelle  rédaction   d'un  Mémoire,   pré- 

sentéle  itjjuin,  pur'^il. Mureiui-Lciiioine, 
«  Sur  le  galvanisme,  et  en  général  sur 
les  forces  qui  président  à  la  formation  et 

à  la  décomposition  des  corps  » 47 

Physique  .mathématique.  —  Sur  la  théorie 
delà  double  réfraction;  Note  de  M.  Ga- 
lopin       291 

—  Sur  la  théorie  de  la  double  réfraction; 

Mémoire  do  M.  t/e  Sriint-T'cnnnl 387 

—  Sur  la  dispersion  de  la  lumière  ;  Mémoire 

de  M.  Brint 800 

—  Sur  le  mouvement  des  liquides  dans  des 

tubes  de  très-petit  diamètre  ;  Note  de 

M.  E.  Mathieu 32o 

—  Sur  quelques  équations  qni  dérivent  de  la 

théorie  mécanique  do  la  chaleur;  Note 

de  M.  Clausius 339 

Voir  aussi  l'article  Chaleur. 

Plomb.  —  Considérations  sur  l'opération  mé- 
tallurgique, connue  sous  le  nom  de  Pat- 
tinsonage;   Note  à^^M.  P'tdin 785 

Plvie  de  sable.  —  M.  Daubrée  présente,  au 
nom  de  M.  Bertlwlot,  consul  à  Téné- 
riffe,  un  échantillon  de  sable  tombé  sous 
forme  de  pluie  aux  Canaries 303 

Poissons.  —  Recherches  expérimentales  sur 
l'air  de  la  vessie  natatoire  des  Poissons; 
par  M.  Moreau 87,  816  et  1048 

—  Sur  les  fonctions  de  l'encéphale  des  pois- 

sons ;  Note  de  M.  Bautlelot 949 

Po.MPÉi.  —  Pain  et  blé  trouvés  dans  les 
fouilles  de  cette  ville  :  recherches  chi- 
miques sur  leur  composition  ;  Notes  de 
M.  De  Luca 475  et     498 

Prix  biennal.  —  M.  Brasseur  adresse  la 
troisième  partie  d'un  ouvrage  qu'il  des- 
tine à  concourir  pour  ce  prix 708 

Psobospermies.  —  Sur  l'organisation  et  la 
nature  de  ces  petits  corps;  Note  de 
M.  Bnlhiani i57 

Puddlage.— Sur  les  scories  produites  dans  l'o- 
pération du  puddlage  ;  Note  de  M.  Mène.    979 

Putréfaction.  —  M.  Lemaire,  à  l'occasion 
d'une  Note  lue  par  M.  Pasteur,  rappelle 
que,  dans  de  précédentes  communica- 
tions, il  s'est  attaché  à  faire  ressortir  le 
rôle  des  infusoires  dans  le  phénomène  de 
la  putréfaction 57 

—  Mémoire  de  M.    Lennure  «  Sur   les  fer- 

ments et  les  fermentations  »...   58i  et    CaS 

—  Expériences    sur    I  altération    spontanée 

des  œufs  ;  Lettre  de  M.  Donné  à  M.  Pas- 
teur  k 44B 


(  i"6) 


QciNOLiNE.  —  Recherches  sur  ce  produit;  par  M.  //.  Sclii_lf. 


Pages. 
.      83; 


Sections  de  l'Académie.  —  La  Section  do 
Botanique  présente,  comme  candidats 
pour  une  place  vacante  dans  son  sein, 
par  suite  du  décès  AeU.Moqiiin-TtiiKhii: 
i-M.  Naudin;  2°M.Clialin;  3°  MM.  Ar- 
tiir  Gris  et  Lestibondois 9*^3 

—  La  Section   de  Chimie  présente  comme 

candidats,  pour  une  place  de  Cones- 
pondant  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Desonuc.s  :  i"  M.  Favre  ;  i"  M.  Des- 
saignes; 3°  MM.  Chancel,  Lamy 170 

—  La  Section  de  Géométrie  présente  comme 

candidats  pour  une  place  de  Corres- 
pondant vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Osliognidski  :  i"  M.  Neumann  ; 
2°  MM.  Clausius,  Helmholtz,  KirchholT, 
Plucker  ,  Thomson 880 

—  La  même  Section  présente  comme  candi- 

dats pour  la  place  de  Correspondant  va- 
cante par  suite  du  décès  de  M.  Steincr: 
1°  M.  Sylvester;  ï"  MM.  liesse,  de  Jon- 
quières,  Kronecker,  Richelot,  Riemann, 
Rnzenheim,  Waerstrass 918 

—  La  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie 

|)résenle,  comme  candidats  pour  la  place 
de  Correspondant  vacante,  par  suite  du 
décès  de  M.  Benj.  Brodie  :  1°  M.  La- 
wrence; a'MM.Rokitansky  et  Simpson.  991 
Soleil.  —  Action  électrique  des  rayons  so- 
laires.—Faits  démontrant  cette  influence; 
Notes  de  M.  Musset ici   et     3-25 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  de   mesurer 

l'action  chimique  des  rayons  solaires; 
Note  de  M.  P/ii/jso/i Goi 

—  Supplément  ù  un  Mémoire  de  M.  Jciinju- 

(jiict  sur  les  taches  solaires 117 

—  Lettre  de  !\L  Miludincz  concernant  une 

précédente  communication  sur  le  Soleil 
et  ses  rapports  avec  les  autres  corps  cé- 
lestes      t':9 

Soi'DE.  —  Sur  la  production  de  la  soude  et 
des  sulfates  do  soude  par  les  sulfures; 
Note  de  M.   Thibicrgc 597 

—  Hcrherches  théoriques  sur  la  préparation 

de   la   soude  par    le   procédé  Leblanc; 

Note  de  M.  Sdieiircr  Kcstncr loi 3 

SoiRDS-MUETS.  —  Langage  abréviatif  pour 
converser  avec  les  sourds-muets;  Mé- 
moire de  M.  Hubert 332 


—  Fréquence  de  la  surdi-mu lité  parmi  les 

enfants  provenant  de  mariages  entre 
proches  parents.  Voir  l'article  Consan- 
guines [Àlli<(nrrs). 
Specthoscopie.  —  Description  d'un  nouveau 
spectromètre,  à  vision  directe,  plus 
simple  et  moins  dispendieux  ;  Note  de 
M.  r«/j Cg,  141  et    298 

—  Sur  les  spectres  prismatiques   des  corps 

célestes;  Note  du  P.  Seechi 71 

—  Remarques  sur  cette  Note  ;  par  M.  Jans- 

sen 2 1 5 

—  Observations  spectroscopiques,  faites  en 

Italie,  par  M.  y««.«f/?;  Lettre  de  M.  le 
Ministre  de  l'Instruction  //uldii/uelrans- 
mettant  le  Rapport  que  l'auteur  lui  a 
adressé  sur  ces  observations looS 

—  Analyse  spectrale  do  l'étincelle  électrique 

produite  dans  les  liquides  et  dans   les 

gaz  ;  Note  de  M.  Daniel 98 

—  Sur  une  application  de  cette  analyse  à  la 

médecine  légale  :  moyen  de  constater  un 
empoisonnement  par  le  thallium;  Note 
de  M.  Lamy 44'^ 

—  Recherches     d'analyse    spectrale;    i)ar 

M .  Tolpicelli .'iy  l 

Spoxt.vnées  {Générations  dites).  —  Expé- 
riences sur  l'hélérogénie,  exécutées  dans 
l'intérieur  des  glaciers  de  la  Maladelta 
(Pyrénées  espagnoles);  Mémoire  de 
MM.  Pouchet,  Joly  et  Musset .')58 

—  Remarques  de  M.  Pasteur  sur  la  partie 

de  cette  Note  qui  concerne  ses  propres 
travaux 724 

—  Réponse    de    MM.     Jofy    et    Musset    à 

M.  Pasteur 842 

—  -Vdhésion  de  M.  Pouchrt  à  cette  réponse.     902 

—  Remarques   faites  à   l'occasion   de  cette 

communication  par  M.  Flnurens,  par 
JL  Pasteur  et  par  MM.  de  Quatrefa- 
ffes,  H.  Sainte-Claire  Dcville,  Regnault 
et  Milne  Edtvards 845ct     84G 

—  Observations  faites  sur  l'air  de  la  cime  du 

mont  Blanc,  à  14,800  pieds  d'altitude  ; 
Note  de  M.  Pouehet 7(15 

—  Note  de  iL  Béchamp  sur  la  question  des 
générations  dites  spontanées 9'>8 

—  M.  Flourens  remarque  que  de   nou\ellcs 


(  >I 

Pages, 
preuves  sur  ce  sujet  deviennent  super- 
llnes  après  celles  qu'a  données  M.   Pas- 
''■'"•••• 960 

Lettre  de  M.  Béchnnip  à  l\f.  Flourcns  à 
l'occasion  de  ces  remarques 1018 

liéponse  de  M.  Flourcns i  o  1 8 

■  Note  de  M.  Pasteur  relative  à  des  récla- 
mations de  priorité,  soulevées  par  M.  Bé- 
cliamp  au  sujet  de  ses  travaux  sur  les 
fermentations  et  les  générations  dites 
spontanées nG- 

Recherches  sur  l'air  atmosphérique  et 
les  germes  qu'il  tient  en  suspension; 
Note  de  M.  Samuchon g- 

Réclamation  de  M.  Basset  pour  la  prio- 
rité de  démonsiration  de  certains  points 
Concernant  les  générations  dites  sponta- 

."ées ggO 

Etudes  sur  les  cellules  primordiales  et 
leurs  transformations  ;  par  le  nwnic. ...  1016 


'7) 


Pages. 


Statistiqve.  —  M.  Guihin  adresse  une  sta 
tistique  agricole  décennale  du  canton  de 
Bcnfeld  (Bas-Rhin) 1017 

Sr<,IlE    DE    C.VNNE    et     SlCBE    DE    BETTERAVE. 

—  Rapport  sur  des  conimunicalions  de 
M.  AU'aro  Reynoso  et  de  M.M.  Possoz 
et  Parier,  concernant  les  procédés d'ex- 
traclion  du  sucre  colonial  et  indigène; 
Rapporteur  M.  Pareil 78 

—  Sur  l'exploitation    industrielle   des    vi- 

nasses de  mélasse  de  betteraves;  Note 

de  iM.  Evraril 376 

Sucres.  —  Études  sur  les  modifications  du 
sucre  sous  l'inlluence  des  ferments  al- 
'  cooliques;  Note  do  M.  Jndi/i 434 

—  Sur  la  transformation  en  sucre  de  la  peau 

des  serpenis  ;  Note  de  M.  De  Luca. . . .     I\i-j 
Sulf.vtes.  —  Sur  la  production  de  la  soude 
et  des  sulfates  de  soude   par  les  sulfu- 
res ;  Note  de  M.  Thihirrge 597 


Tecu.nologie.  —  Procédés  pour  la  transfor- 
mation en  papier,  carton,  pâte  plastique, 
etc.,  de  divers  produits  végétaux  de 
mince  ou  de  nulle  valeur;  Note  de 
M.  Bardoux 945 

Teinture.  —  Recherches  chimiques  sur  la 
teinture;  par  M.  ClwiTeul  :  13°  et  li' 
Mémoires i33et     173 

—  Sur  un  coccus  àd  l'Algérie  supposé  propre 

à  la  teinture;  Note  de  M.  Le Mulier. . .     1-0 

—  Sur    des   coccus   algériens   déjà   signalés 

comme  propres  à   fournir  une  matière 

tinctoriale  ;  Lettre  de  M.  Coimlc 376 

Te.mpéhatures  (Hautes).  — Recherches  sur  la 
détermination  des  hautes  températures; 
par  M.  Edm.  Becquerel 68 1  et     855 

—  M.  Ch.  Sainte-Ctdirc  Dcfille  fait  remar- 

quer que  son  frère,  dont  le  nom  a  été 
cité  par  M.  E.  Becquerel,  pour  des  ré- 
sultats non  concordants  avec  les  siens, 
n'est  pas  présent  à  la  séance SSg 

—  Réponse   de   M.  H.  Snintc-Clnirr  Dcfillc 

aux  assertions  qui,  dans  le  Mémoire  de 
M.  Edm.  Becquerel,  concernent  le  tra- 
vail qui  lui  est  commun  avec  M.  Trnnst.     894 

—  Détermination   du  point   d'ébullition    des 

liquides  bouillant  à  une  haute  tempéra- 
ture; Note  de  MM.  H.  Sainte -Claire 
Defille  et  Tronst 897 

—  Réponse  de  M.  Edm.  Becquerel  à  M.  H. 

Sainte-Claire  Deville goi  et    925 

—  Remarques  de  JI.   H.  Sainte-Claire  De- 

fille  &w  une  assertion  de  M.  Edm.  Bec- 
querel      g35 

C.  a  ,  i8G3,  2""  Semest,c.  (T.  LVII.) 


—  Réplique  de  M.  Edm.  Becquerel g36 

—  Sur  la  perméabilité  du  fer  à  haute  tem- 

pérature ;  Note  de  M.M.  H.  Sainte-Claire 

Dci'dlc  et  Troost 965 

Voir  aussi  l'article  Incandescence. 
TÉRATOLOGIE.  —  Sur  des  cas  de  palmidacty- 
lisme    se    produisant  dans   une    même 
famille  pendant  plusieurs   générations; 
Note  de  M.  Berii;ny 743 

—  Sur   un    monstre    parasitaire    du    genre 

Epignathe;  Note  de  M.  Goubaux 276 

—  Nouvelles  recherches   sur  la  production 

arlificielle  des  monstruosités;  Note  de 

M.  Dareste 445 

—  Note  sur  un  monstre  simple  dans  la  ré- 

gion  moyenne,    double  supérieurement 

et  inférieurement  ;  par  le  même 495 

—  Sur  le  mode  de  production  de  certaines 

formes  de  la  monstruosité  simple;  par 

le  même 549 

—  Sur  l'origine  et  le  mode  de  formation  des 

monstres  doubles  à  poitrine  double  ;  par 

le  même 685 

—  Note  de  M.  Chevandier  concernant  un  œuf 

monstrueux 58 

TiiALLiu.M.  —  Sur  les  effets  toxiques  du  Ihal- 

lium  ;  Noie  de  M.  Lan/y 44^ 

—  Expériences  sur  l'action  physiologique  des 

sels  de  thallium  ;  par  M.  Pnulct 494 

Thérapeutique.  —  Action  exercée  sur  la  pu- 
|iille  par  l'extrait  delà  fève  du  Calabar; 
Note  de  M.  Giraldès 45 

—  Lettre  de  M.  Altobelli  concernant  ses  re- 

•4o 


(  1" 

Pages, 
cliorclies  sur  l'aclion  do  la  poudre  do 
salsopareille  dans  les  inflammations  éry- 

Ihémaleuses  et  phlcgmoneuses 117 

TiiÉRArEUïiQUE.  —  Sur  les  propriétés  physio- 
logiques et  thérapeutiques  de  l'arnica; 
Note  de  M.  f'inland 1 56 

—  Jlémoire  de  M.  Liiton  ayant  pour  titre  : 

«  Do  la  substitution  parenchymateuse. 
Méthode  lhéra[)c'Utiquo  consistant  dans 
l'injection  de  substances  irritantes  dans 
l'intimité  des  tissus  malades 584 

—  Action  thérapeutique  de  l'alcoolédeGuaco 

dans  les  maladies  vénériennes  et  le  pan- 
sement des  plaies;  Note  de  M.  Pascal..    C32 

—  Sur  le   traitement  de  l'asthme  essentiel 

par    l'électricité    statique;     Note     do 

M.  Pog^io/i 871 

—  Sur  le   traitement  de  la  folie  ;  Note   de 

51.  Buis.m/i 908 

Titane  [Composés  du).  —  De  la  reproduc- 
tion du  rutile,  de  la  brookite  et  de  leurs 
variétés;  protofluorure  de  titane;  Note 

de  II.  Hnutrfcuille 1 48 

ToLUiDES.  —  Recherches  sur  les   toluides  et 


8  ) 

Pnges. 
leurs    homologues;   par  MM.  Riche   et 

Bcrard .' 54 

Toxicologie.  —  Expériences  constatant  l'ac- 
tion dangereuse  des  composés  de  thal- 
lium  ;  Note  de  M.  Lainy 44^ 

—  Expériences  sur  l'action  physiologique  des 

sels  de  thallium  ;  Note  de  M.  Paulct...    494 

—  Transformation  de  l'arsenic  en  hydrure 

solide  par  l'hydrogène  naissant,  sous 
l'influence  des  composés  nitreux  :  appli- 
calionsaux  besoins  de  la  médecine  légale; 
Note  do  M.  Blondlot. SgG 

—  Sur  le  principe  toxique  du  redoul  (  Coria- 

ria  wyrtifoUa)  ;  Note  de  M.  J.  Rihaii..  798 
Trisection  de  l'axgle.  —  Lettre  de  M.  de 
Notaris  annonçant  l'intention  d'envoyer 
une  Note  sur  cette  question,  Note  que 
l'Académie,  en  vertu  d'une  décision  déjà 
ancienne,  ne  pourrait  prendre  en  consi- 
dération      591 

Tr.NGSTiîNE.  —  Élude  sur  les  tungstates  et 
sur  l'équivalent  du  tungstène;  Note  do 
M.  Persoz ■ 7li6 


VArORisÉE  (Eait).  —  Sur  l'assainissement  de 
l'air  par  la  vaporisation  de  l'eau;  Note 
de  M.  JMorh/ 7'^o 

Végétation.  —  Sur  les  lumières  que  peuvent 
fournir  les  phénomènes  de  la  végétation 
relativement   à   l'état   moléculaire   des 

corps  ;  Mémoire  de  M.  rdle 464 

Voir  aussi  les  articles  Organogénie  et 
Organographic  7>ègctales ,  Physiologie 
végétale. 

Ventilation.  —Note  de  M.  Morin  accompa- 
gnant la  présentation  d'un  exemplaire 
de  ses  «  Etudes  sur  la  ventilation  »...     297 

Vers  a  soie.  —  Sur  une  éducation,  faite  au 
Jardin  d'acclimatation,  du  ver  à  soie  du 
chêne,  yania-iiiai  du  Japon;  Note  de 
M.  Rusz  de  Lavison 3 1 5 

—  Sur  l'emploi  des  sulfites  pour  prévenir  la 

maladie  dominante  des  vers  à  soie  ;  ana- 
lyse d'un  Mémoire  de  M.  Polti 879 

—  Sur  l'emploi  des  feuilles  jeunes  de  mûrier 

comme  moyen  de  prévenir  la  maladie 
des  vers  à  soie  et  d'obtenir  de  la  graine 
saine  :  recherches  de  M.  Rcllotti,  ana- 
lysées par  M.  Fluurcns 698 

—  M.    Guéri/i-Mc/icfilie   rappelle  ses  pré- 

cédentes communications  sur  la  cause 
des  maladies  de  certains  végétaux  et  des 
vers  à  soie 9O1 

—  Lettre  de  M.  Nourrigat  sur  les  avantages 


que  présente  l'emploi  des  feuilles  du 
mûrier  du  Japon  pour  la  nourriture  des 

vers  à  soie 962  et    980 

Vlns.  —  Sur  la  proportion  des  éthers  conte- 
nus dans  les  vins,  et  sur  quelques-uns 
des  changements  qui  s'y  produisent  ; 
Note  de  M.  Berihelot 28 1  et    287 

—  Sur  le  dosage  de  la  crème  de  tartre,  de 

l'acide  tartrique  et  de  la  potasse  conte- 
nus dans  les  vins;  Note  de  MM.  Ber- 
ihclot  et  de  Flcurieu 3ij4 

—  Note  sur  les  gaz  contenus  dans  les  vins; 

par  les  mentes 898 

—  Sur  le  bouquet  des  vins; Note  de  M.M«k- 

mcné 48a 

—  Remarques  de  M.  Dtimns  à  l'occasion  de 

cette  dernière  communication 482 

—  Sur  les  acides  du  vin  ;  Note  adressée  par 

M.  Bccliamp  à  l'occasion    de   celle  do 

M.  Maumené 496 

—  Sur  la  présence  de  l'acide  acétique  libre 

dans  le  vin  ;  Note  de  M.  De  Liica 620 

—  Sur  l'utilité  et  les  inconvénients  des  cu- 

vages  prolongés  dans  la  fabrication  du 
vin;  —  sur  la  fermentation  alcoolique 
dans  cette  fabrication;  Note  de  W.  Bc- 
cliamp       674 

—  Action  de  l'oxygcuo  sur  le  \\n;   Noie   de 

M .  Berihelot 793  et     988 


(  " 

Pages. 

—  Eludes  sur  les  vins  :  de  l'influence  de 

l'nxygOne  de  l'air  dans  la  vinification  ; 
Note  de  M.  Pasteur 936 

—  Action  de  l'oxygène  sur  le  vin  ;  Note  de 

M.  Mdiiinnw gSy 

—  Remarques  de  M.  Vcvthclni  à  l'occasion 

de  cette  Note 983 

—  Réponse  de  M.  Mmwicnc loSa 

Vision.  —Mémoire  de  M.   Serres  (d'Uzès) 

ayant  pour  litre  :  «  Toxonographie  ré- 
tinienne ou  écriture  des  dislances  par  le 
groupement  des  arcs  rétiniens  compris 
entre  les  axes  optiques  et  les  axes  se- 
condaires » 474 

—  Sur  la  vision  des  objets  colorés;  Mémoire 

de  M.  Chevreiil 618,  649,  G82  et     jiS 

—  Réponse  de  M.  Plaleau  aux  observations 

qui  le  concernent  dans  les  communica- 
tions de  M.  Chevreul 1029 

ViTn.vux  PEINTS.  —  Note  sur  les  vitraux 
peints  et  la  vision  des  objets  colorés; 
par  M.  Chei'reid 618  et    655 


•9  ) 

Pages. 

—  Appendice  à  ce  Mémoire  :  observations 

sur  la  (lilîusion  de  la  matière 682 

—  Sur  les  anciens  vitraux  peints  des  églises 

et  sur  les  précautions  à  prendre  pour 

les  nettoyer  ;  Lettre  (le  M.    Bontenips. .     -^l^i. 

—  Remarques  de  M.   Cherreul  à  l'occasion 

do  cette  communication 74g 

VoLC.ws.  —  Sur  les  pliénomcnes  présentés 
par  l'Etna  en  juillet  i863;  Lettre  de 
M.  Jjmgobnrdo  à  M.  Ch.  Sainte-Claire 
Deviile 157 

—  Lettre  de  M.  Graviiiti  sur  l'état  actuel  de 

l'Etna,  et  Lettre  do  M.  Triger 230 

Volumes  spécifiques.  —  Note  de  M.  Kopp 
sur  les  volumes  spécifiques  des  combi- 
naisons liquides 283 

VoY.VGES  scientifiques.  —  M.  f-'ai/la/it,  près 
d'enlreprendre  un  voyage  à  la  mer 
Rouge,demande  à  l'Académie  ses  instruc- 
tions pour  une  exploration  do  ces  ré- 
gions au  point  de  vue  de  l'histoire  natu- 
relle      909 


'Wasium.  —  Note  ds  M.  Nic/</es  ayant  pour 
objet  de  montrer  que  le  corps  désigné 
par  M.  £iihr,  sous  le  nom  de  uasium 


w 


et  présenté  comme  un  nouveau  métal, 
n'est  que  de  l'yttrium  impur 740 


Zoologie.  —  Sur  un  mode  de  distribution 
des  espèces  zoologiques  dite  par  étages  ; 
Mémoire  de  M.  Cherreul 409  et     4^7 

—  Rapport  sur  les  résultats  du  voyage  à 

Siam     de    M .     Bovouri  ;     Rapporteur 

M.  Milne  E<h\'ards 3i2 

—  M.  Milne  Edwards  présente  la  I'"  partie 

du  tome  VIII  de  ses  «  Leçons  sur  la  Phi- 
siologie  et  l'Anatomie  comparée  de 
l'homme  et  des  animaux  » 485 

—  M.  Blanchard  appelle  l'attention  de  l'A- 

cadémie sur  les  formes  gigantesques  d'in- 
dividus de  l'espèce  de  la  moule  com- 
mune provenant  des  côtes  de  l'Amérique 
russe,  et  sur  une  locustide  de  très- 
grande  taille,  du  genre  Saga,  provenant 
des  environs  d'Alep 485 

—  M.  Giiyon  met  sous  les  yeux  de  l'Acadé- 

mie un  lemming  vivant,  et  donne  quel- 
ques détails  concernant  les  migrations 
de  ce  Rongeur  et  les  causes  auxquelles 
on  peut  les  attribuer 48G 

—  M.  le  Secréudre  perpétuel  met  sous  les 


yeux  de  l'Académie  la  figure  photogra- 
l)hiée  d'un  métis  de  bouc  et  de  brebis 
né  dans  une  propriété  de  M.  Balsamo, 
et  adressée  par  cet  agronome 669 

Essai  sur  la  classification  des  Gastéropo- 
des ;  par  M.  Gourict 82G 

Sur  un  coccus  indigène  de  l'Algérie,  sup- 
posé propre  à  la  teinture;  Note  de  M.  Le 
Mulicr 270 

M.  Coinde  rappelle  à  cette  occasion  une 
communication  précédente  dans  laquelle 
il  signalait  comme  propres  à  la  teinture 
certains  coccus  algériens 37G 

Un  travail  imprimé  de  M.  Knoch  sur  le 
Bothriocephalus  latus,  considéré  parti- 
culièrement au  point  de  vue  de  son  dé- 
veloppement, est,  sur  la  demande  de 
M.  Mdnc  Edu'ards,  compris  dans  le 
nombre  des  pièces  de  concours  pour  les 
prix  de  la  fondation  Montyon 498 

M.  3Idne  Edwards  présente  une  Note 
manuscrite  de  M.  BerioUis  sur  le  dévc- 
loppementdu  Bothriocéphale  de  l'homme.    SOg 


149.. 


{     I I 20    ) 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM. 

ACADÉMIE  IMPÉRIALE  DES  SCIENCES  DE 
VIENNE  (l')  adresse  une  nouvelle  par- 
tie de  ses  Mémoires  et  plusieurs  livrai- 
sons de  ses  Comptes  rendus  pour  l'an- 
née i863  (classe  des  Sciences  physiques 
et  mathématiques) 7^*^ 

ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES  DE 
LISBONNE  (  l'  )  remercie  l'Académie 
pour  l'envoi  d'une  nouvelle  série  des 
Comptes  rendus C97 

ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES  DE 
TURIN  (l')  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  des  cinq  derniers  volumes  de  ses 
Comptes  rendus,  et  lui  adresse  le  XX*  vo- 
lume de  ses  Mémoires 5i 3 

ACADÉMIE  DES  SCIENCES,  BELLES-LET- 
TRES ET  ARTS  DE  LYON  (l)  adresse 


MM.  Pac«3, 

pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut  plu- 
sieurs nouveaux  volumesappartenant  aux 
deux  séries  (Sciences  et  Lettres)  de  ses 
Mémoires a"6 

ALTOBELLI.  —  Lettre  concernant  son  opus- 
cule sur  l'action  de  la  poudre  de  salse- 
pareille dans  les  inflammations  érythé- 
mateuses '17 

AMBASSADEUR  D'AUTRICHE  (l')  annonce 
qu'un  Mémoire  adressé  de  New-Y'ork  au 
concours  pour  le  prix  du  logsBréant,  par 
M.  Manus-Prister,  se  trou\e  retenu  à 
l'Administration  centrale  des  Postes...     833 

AOUST.  —  Sur  la  courbure  des  surfaces. . .     217 

ARTUR.  —  Sur  les  relards  de  l'ébullition  el 
de  la  congélation  des  liquides;  forma 


lion  de  la  grêle  et  de  la  neige. . 


92  et  io34 


B 


BALBIANI.  —  Sur  l'organisation  et  la  nature 

des  psorospermies 167 

B.\LLEY.  —  Recherches  concernant  les  al- 
liances consanguines  et  leur  influence 
sur  la  fréquence  de  la  surdi-mutité  chez 
les  enfants  qui  en  proviennent 870 

BARDOUX.  —  Note  sur  ses  procédés  pour  la 
transformation  en  papiers,  cartons,  etc., 
de  substances  végétalesde  mince  valeur.     945 

BARRAL.— Lettre  accompagnant  l'envoi  d'un 
ouvrage  intitulé  :  «  Élude  analytique  sur 
le  blé,  la  farine  et  le  pain  » 167 

—  Le  prix  Morogues  est  décerné  à  M.  Biir- 

ral,  pour  l'ouvrage  périodique  intitulé  : 

«  Journal  d'agriculture  pratique  » 1074 

BARTHÉLÉMY.  —  Note  sur  des  modifications 
proposées  pour  les  fourneaux  des  ma- 
chines à  vapeur C97 

BASSET.  —  Réclamation  de  priorité  concer- 
nant quelques  faits  relatifs  à  la  théorie 
des  prétendues  générations  spontanées.     990 

—  Étude    sur   les  cellules    primordiales   et 

leurs  transformations loiG 


B.\TAILHÉ.  —  Nouvelles  recherches  sur  l'in- 
fection purulente 49' 

BATTAILLE.  —  Une  mention  très-honorable 
lui  est  accordée  pour  ses  recherches 
physiologiques  et  anatomiciues  sur  la 
voix  humaine.  (Concours  pour  le  prix  de 
Physiologie  expérimentale.) >oïo 

BAUDELOQUE.—  Note  sur  les  aneslhésiques.    9G2 

BAUDELOT.  —  Recherches  expérimentales 
sur  les  fonctions  de  l'encéphale  des 
Poissons 949 

BAUDIN  présente  un  alcoomètre  accompa- 
gné d'une  échelle  densimétrique  qui  ré- 
sume ses  travaux  relatifs  à  cet  instru- 
ment      ^  '  ^ 

—  Tableau  des  densités  de  l'alcool  el  de  l'é- 

ther 5iiî 

BAZIN.  —  Mémoire  concernant  le  mouve- 
ment de  l'eau  dans  les  canaux  décou- 
verts. (Rapport  sur  ce  Mémoire  ;  Rap- 
porteur M.  Morin.) 192  et     255 

—  Rapport   sur  la  partie  du  Mémoire  de 

M.  Bazin,  relative  aux  remous  et  à  la 


1I2I     ) 


MM.  P; 

propagation  des  ondes  ;  Rapporleiir 
M.  C/fipinro/i 

BEAU  DE  ROCHAS.  —  Formule  générale  de 
l'écoulement  des  fluides  élastiques,  avec 
ou  sans  détente 

BÉCHAMP.  -  Sur  les  acides  du  vin 

—  Sur  l'utilité  et  les  inconvénients  des  cu- 

vages  prolongés  dans  la  fabrication  du 
vin.  —   Sur  la  fermentation  alcoolique 

dans  celte  fabrication 

~  Sur  les  générations  dites  spontanées. . . . 

—  Lettre  à  M.  FloiiT-cns  à  l'occasion  de  re- 

marques qu'il  avait  faites  sur  cette  der- 
nière communication 

BECQUEREL  fait  hommage  à  l'Académie 
d'une  troisième  édition  du  «  Traité  d'hy- 
giène privée  et  publique  »  de  feu  M.  -•///. 
Becquerel,  son  fils 

—  M.  Becr/uerel  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  prix  Bordin  pour  i863.. 

BECQUEREL  (Edm.).  -Sur  l'irradiation  des 

corps  incandescents 

—  Recherches  sur  la  détermination  des  hautes 

températures  (  suite  ) 

—  Observations  sur  une  Note  de  MM.   H. 

Suinte-Claire  Dcfille  et  7>'of«<,  relative 
à  l'évaluation  des  températures  élevées. 
......     902  et 

—  Réponse  à  des  remarques  de  M.  H.  Sainte- 

Claire  Deville  se  rapportant  à  la  même 
discussion 

—  M.  Ed.  Becquerel  est  nommé  Membre  de 

la  Commission  du  prix  Bordin  pour  1 863. 
BÉR.VRD   et  Riche.  —  Recherches  sur   les 

toluides  et  leurs  homologues 

BERIGNY.  —  Sur  des  cas  de  palmidactylisme 

se  reproduisant  dans  une  même  famille 

pendant  plusieurs  générations 

—  Influence  exercée  par  l'humidité  de  l'air 

sur  les  résultats  des  observations  ozo- 

nométriques 

BERNARD  (Claude)  est  nommé  Membre  de 
la  Commission  chargée  de  proposer  une 
question  pour  le  grand  prix  des  Sciences 
naturelles  de  i865 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  proposer 

un  sujet  de  concours  pour  le  prix  Bordin 

de  1 865  (  Sciences  naturelles ) 

BERTHELOT.  —  Sur  la  proportion  des  éthers 
contenus  dans  les  vins,  et  sur  quelques- 
uns  des  changements  qui  s'y  produisent. 
23 1  et 

—  Sur  le  dosage  de  la  crème  de  tartre,  de 

l'acide  tartrique  et  de  la  potasse  conte- 
nus dans  les  vins.  —  Sur  les  gaz  con- 
tenus dans  le  vin.  (En  commun  avec 
M.  de  Fleurieu.  ) 394  et 


âges. 


302 


910 

49'^ 


G74 
958 


018 


1017 


142 


681 


355 


92a 


936 


1,|2 


743 


846 


903 


903 


28: 


398 


Gi 


^ 


977 


522 


MM.  Pages. 

—  Sur  la  distillation  des  liquides  mélangés 

et  sur  la  pureté  de  l'alcool  amylique  . .     43o 

—  Réponse  à  une  Note  do  M.  M<iiiniené%\\v 

la  distillation  des  liquides  mélangés. . . .     985 

—  .\clion  de  l'oxygène  sur  le  vin 795 

—  Sur  l'oxydation  des  alcools 797 

—  Remarques  relatives  à  l'action  de  l'oxy- 

gène sur  le  vin g83 

BERTOLUS.  —  Note  sur  le  développement 

du  Bothriocéphale  de  l'homme 569 

BERTRAND.  —  Notice  sur  la  vie  et  les  tra- 
vaux de  Ivépler,  lue  dans  la  séance  publi- 
que du  28  décembre  i863 1 100 

—  M.  Bertrand  fait  hommage  à  l'Académie 

d'un  exemplaire  de  lasixième  édition  des 
u  Lettres  sur  les  révolutions  du  globe  », 
par  feu  M.  Jlex.  Bertrand,  non  \)èi:e. . 

—  M.  Bertrand  est  nommé  .Membre  de  la 

Commission  chargée  de  proposer  une 
nouvelle  question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  mathématiques  à  décerner  en 

i865 

BILLOD  prie  r.\cadémie  de  vouloir  bien  faire 
constater  par  une  Commission  spéciale 
les  résultats  qu'il  a  obtenus  concernant 
la  pellagre,  à  l'asilo  d'aliénés  de  Sainte- 
Gemmes-sur-Loire,  près  Angers 

—  Résultat  d'une  enquête  sur  les  cas  de  pel- 

lagre consécutive  ài  l'aliénation  mentale, 
observés  dans  57  asiles  d'aliénés 782 

BLANCHARD  (Emile)  présenle,  au  nom  de 
M.  Norilnuinn,  un  opuscule  relatif  à  des 
moulescomeslibles  gigantesques,  recueil- 
lies sur  les  côtes  de  l'Amérique  russe.  — 
A  cette  occasion,  M.  Blandiard  met 
sous  les  yeux  de  l'Académie  un  insecte 
du  genre  Saga,  dont  les  iiroiiortions 
dépassent  de  beaucoup  celles  de  ses  con- 
génères actuellement  connus 485 

BLANCHET.  —  Sur  le  cathétérisme  du  duo- 
dénum au  moyen  de  la  sonde  œsopha- 
gienne       33 1 

—  Nouveau  cas  de  cathétérisme  de  l'intes- 

tin grêle 606 

BL.\UNER  présente  des  réflexions  relatives 

à  une    communication  de   M.   Aucapi- 

laiiie,  sur  l'ile  de  l'Étang-de-Diano.  . . .  978 
BLONDE.^U.  —  Mémoire  sur  la  formation  de 

l'humus  et  du  nitre 414 

—  Sur  la  fermentation  acétique  et  sur  la 

combustion  alcoolique 953 

BLONDLOT.  —  Recherches  toxicologiques 
sur  la  transformation  de  l'arsenic  en 
hydrure  solide,  par  l'hydrogène  nais- 
sant, sous  l'influence  des  composés  ni- 

treux SgG 

BOCOURT.   —    Rapport  sur   son   voyage  à 

Siam  ;  Rapporteur  M.  Milne  Edwards. .     3i2 


(     I I 22    ) 


MM.  Pages 

BOCQUILLON.  —  Lettre  concernant  un  con- 
cours que  l'auteur  suppose,  à  tort,  avoir 
été  ouvert  par  l'Académie 644 

BOLMAKN-CONDY  adresse  un  opuscule  im- 
primé dcsliné  à  être  joint  à  d'aulres 
pièces  déjà  présentées  au  concours  pour 
le  prix  Barbier OS 

BONNET  (Ossi.vn).  —  Sur  la  lliéorie  de  la 

déformation  des  surfaces  gauches 8o5 

—  W.  Bonnet  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission chargée  de  proposer  une  nou- 
velle question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  mathématiques  à  décerner  en 
1865 977 

BONTEMPS.  —  Sur  les  anciens  vitraux  co- 
lorés des  églises,  et  sur  les  précautions 
à  prendre  pour  les  nettoyer 742 

BOUCAKD.  —Sur  les  conditions  du  problème 

de  la  locomotion  aérienne 799 

BOUCHER  DE  l'ERTHES.  —  Lettre  à  M.^/ie 
de  Bemimnnt  sur  la  mâchoire  humaine 
de  Moulin-Quignon 334 

BOUFFÉ.  —  Une  récompense  lui  est  accor- 
dée pour  avoir  substitué  aux  verts  arse- 
nicaux dont  on  faisait  usage  dans  cer- 
taines industries,  un  vert  résultant  du 
mélange  de  l'acide  picrique  avec  le  vert 
Guignet.  (Concours  pour  le  prix  dit  des 
Arts  insalubres.) 1061 

BOUISSON.—  Sur  l'ophlhalmie  produite  par 

le  soufrage  des  vignes 299 

BOURDON.  —  Une  mention  honorable  lui  est 
accordée  pour  avoir  trouvé  la  lésion  ana- 
lomique  d'où  résulte  l'ataxie  locomotrice 
progressive.  (Concours  pour  les  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie.) ioi6 

BOURGOGNE.  —  Lettre  concernant  son  ou- 
vrage sur  l'érvsipèle 644 

BOUSSINGAULT  "—  Lettre  à  JL  Chevreut 
sur  la  non-émission  du  gaz  azote  dans 
la  décomposition  de  l'acide  carbonique 
par  les  feuilles ^11 

—  Sur  l'appai-ilion  du  gaz  oxyde  de  carbone 

pendant  l'absorption  de  l'oxygène  par 
certaines  substances  végétales 885 


MM.  Pages. 

—  Note  sur  le  même  sujet  déposée  en  1862 

l)ar  JL  Boiisùngault,  et  ouverte,  sur  sa 
demande,  le  3o  novembre  1 803 891 

—  51.    Bousaingautt    annonce    la   mort    de 

M.  If'issc,  voyageur  dont  l'.^cadémic 
avait  pu  apprécier  les  importants  tra- 
vaux géologiques 909 

BRANDT.  —  Note  accompagnant  la  présen- 
tation de  figures  concernant  une  ostéo- 
graphie  dos  Sirènes,  avec  des  remarques 
sur  l'ostéologio  des  Pachydermes  et  des 
Cétacés.  —  Observations  sur  l'Elasmo- 
therium 489  et    490 

BRASSEUR  adresse  la  troisième  partie  d'un 
travail  destiné  au  concours  pour  le  prix 
triennal  de  1 865 708 

BRIERRE  DE  BOISMONT.  —  De  la  respon- 
sabilité légale  des  aliénés aG5 

BRIOSCHL  —  Sur  une  classe  d'équations  du 

quatrième  degré i  oG 

BRIOT.  —  Sur  la  dispersion  de  la  lumière..     866 

BRONGNIART.  —  Note  sur  les  fonctions  des 

vaisseaux  des  plantes 5 

—  RL  ISni/igniiirt  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  chargée  de  proposer  une 
([uestion  pour  le  grand  prix  des  Sciences 
naturelles  à  décerner  en  1 865 903 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  proposer 

un  sujet  de  concours  pour  le  prix  Bordin 

de  i865.  (Sciences  naturelles.) 903 

BROUN.  —  Sur  la  question  des  rapports  en- 
tre les  variations  météorologiques  et  les 
perturbations  magnétiques 342 

BUDGE.  —Action  du  bulbe  rachidien,  de  la 
moelle  épinièreet  du  nerf  grand  sympa- 
thique sur  les  mouvements  de  la  vessie.     565 

BUISSON.  —  Sur  le  traitement  de  la  folie. .     908 

BUREAU  CENTRAL  DE  ST.4TISTIQUE  DE 
SUÈDE  (le)  adresse  à  l'Académie  un 
exemplaire  de  la  première  livraison  de 
son  «  Rapport,  pour  les  années  i856- 
1860,  sur  l'état  et  le  mouvement  de  la 
population  de  la  Suède  » 634 


c 


CABIEU  demande  et  obtient  l'autorisation  do 
reprendre  un  Mémoire  sur  les  eaux  de 
Paris 99 1 

CADIOT.  —  Sur  les  effets  des  alliances  con- 
sanguines      978 

C.MIEN.  —  Une  mention  honorable  lui  est 
accordée  pour  sa  monographie  des  né- 
vroses vaso-motrices.  (Concours  pour  les 
prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.), . . .   io57 


CAIIOURS.  —  Recherches  sur  les  pétroles 
d'Amérique.  (En  commun  avec  M.  Pe- 
louze.  ) 62 

CALIGNY  (de).  —  Sur  quelques  turbines 
et  quelques  roues  hydrauliques  décrites 
et  figurées  dans  d'anciens  recueils  et 
omises  dans  les  nouveaux.  702,  832  et  io25 

—  Considérations  ncuivelles  sur  la  théorie  de 
la  chalinir  a|ipliquée  au  calcul  des  effets 


( 

MM.  P;, 

des  compresseurs  à  colonne  d'eau  du 
mont  Cenis 

—  Expériences  sur  les  trajectoires  des  mo- 

lécules à  l'intérieur  des  flots,  et  sur  les 
viteiscs  des  ondes  liquides 

CALLAUD.  —  Note  relative  à  ses  piles  sans 
vases  poreux 

CALVEKT.— Sur  la  production  de  l'oxyde  de 
carbone  dans  une  circonstance  nouvelle. 

CARON.  —  Note  sur  la  question  des  ma- 
riages consanguins 

CARON.  —  Sur  l'éliminalion  du  phosphore 
dans  les  fontes 

—  De  l'inlluence  des  tlux  sur  la  composition 

des  fontes  manganésifères 

CASORATI.  —  Sur  les  fonctions  à  périodes 
multiples 1 

CASTILLON-CLICHET.  —  Sur  une  pompe 
mue  par  le  vent 

CHAMPOUILLON.—  Sur  quelques  eflets  pou- 
vant résulter  de  l'usage  du  sucre  et  des 
l'emèdcs  sucrés 

CHANGEE  est  présenté  par  la  Section  de 
Chimie  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  de  Correspondant  vacante  par 
suite  du  décès  de  M.  Désarmes 

CHANCOURTOIS.  —  Application  du  réseau 
pentagonal  à  la  coordination  des  sources 
de  pétrole  et  des  dépôts  bitumineux.. . 
369,  421,  707  et 

CILVPELAS.  —  Étoiles  filantes  ;  leurs  rela- 
tions avec  l'atmosphère;  oscillations  ba- 
rométriques  

CHASLES.  —  Note  sur  les  ouvrages  de  De- 
sargues  

—  M.  Cluislcs  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission chargée  de  proposer  une  nou- 
velle question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  mathématiques  à  décerner  en 
i865 

CHASSAIGNAC.  -  Un  prix  lui  est  décerné 
pour  son  invention  d'une  méthode  chi- 
rurgicale, dite  méthode  de  l'écrasement 
linéaire.  (Concours  pour  les  prix  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie.  ) : 

CHATIN.  —  Recherches  sur  les  matières 
colorantes  des  feuilles.  (En  commun 
avec  51.  Filhol.  ) 

—  De  l'anatomie  des  Cytinées  dans  ses  rap- 

ports avec  l'organographie  et  la  térato- 
logie  

—  Faits  d'anatoraie  générale  et  de  physiolo- 

gie observés  sur  les  Cytinées.  Nutrition 
et  respiration  des  plantes  parasites. . . . 

—  M.  Chatin  est  présenté  par  la  Section  de 

Botanique  comme  l'un  des  candidats  pour 


II 

ces. 
785 


454 
JG7 
786 
oiS 
455 

980 


73i 
8G4 

977 


39 


4'7 
58 

173 


457 


4>4 
655 


77' 


23  ) 

5  mm.  P.iges. 

la  place  vacante  par  suite  du  décès  do 

M.  Mi><iiiiii-Ttin<lon gG3 

CI1EV.4LIER.  —  Sur  les  terrains  superficiels 

de  la  Tourainc  cl  sur  les  haches  en  silex. 
CHEVANDIER.  —  Sur  un  œuf  monstrueux. 
CHEVREUL.  —  Recherches  chimiques  sur  la 

teinture,  \y  Mémoire i33  et 

—  Sur  la  méthode  expérimentale  en  général, 

et  en  particulier  sur  un  mode  de  distri- 
bution des  espèces  zoologiques  dite  par 
étages 409  et 

—  A  l'occasion  d'une  Lettre  de  M.  Boussin- 

gault  sur  la  non-émission  de  gaz  azote 
dans  la  décomposition  de  l'acide  carbo- 
nique par  les  feuilles,  M.  Clievreid  rap- 
pelle les  expériences  de  M.  Cloëz  à  ce 
sujet 

—  Mémoire  sur  les  vitraux  peints  et  la  vision 

des  objets  colorés 618  et 

—  Appendice  au  Mémoire  sur  les  vitraux 

peints,  et  observations  sur  la  diffusion 

de  la  matière G82 

—  Nouvelles  expériences  sur  le  principe  du 

contraste  simultané  des  couleurs  et  sur 
le  principe  de  leur  mélange.  Réponse  à 
un  Mémoire  de  M.  Plalcau  sur  un  phé- 
nomène do  couleurs  juxtaposées 7i3 

—  Remarques  sur  une  Noiede  M.i?o«;c"7w 

relative  au  nettoyage  des  vitraux  colorés.     749 

—  Différence  dans  la  composition  chimique 

du  foin  d'un  même  pré  suivant  qu'il  a 
végété  au  soleil  ou  à  l'ombre O84 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communi- 

cation de  M  Bùitssingaull,  sur  l'appari- 
tion du  gaz  oxyde  de  carbone  pendant 
l'absorption  de  l'oxygène  par  certaines 
substances  végétales 8<j3 

—  M.  CUevreitl  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  chargée  de  proposer  un 
sujet  de  concours  pour  le  prix  Bordin 
de  i865.  (Sciences  naturelles.) yo3 

CHRISTOFFEL.  —  Lettre  concernant  deux 
Mémoires  adressés  par  lui  et  non  encore 
parvenus  à  l'Académie 9G2 

CIMA.  —  Sur  la  forme  globulaire  que  peuvent 
prendre  les  liquides  sur  leur  propre  sur- 
face  

CIZ.4NC0URT  (de).  —  Études  sur  les  fers  et 
les  aciers 

CLAPEYRON.  —  Rapport  sur  une  partie  du 
Mémoire  de  M.  Bazin  concernant  le 
mouvement  de  l'eau  dans  les  canaux  dé- 
couverts, partie  relative  aux  remous  et 
il  la  propagation  des  ondes 3oa 

CLAUSIUS.  —  Sur  quelques  écpialions  qui 
tiérisent  de  la  théoiio  mécanique  de  la 
chaleur 33g 

—  M.  daufins  est  présenté  par  la  Section 


799 
3i6 


(  I» 

MM.  Paces. 

de  Géométrie  comme  l'iiii  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  (Correspondant.     8So 

CLOEZ.  —  Observations  sur  la  nature  des  gaz 
produits  par  les  plantes  submergées  sous 
l'influence  de  la  lumière 354 

—  Remarques  sur  la  décomposition  du  gaz 

acide  cai'bonique  par  les  feuilles  diver- 
sement colorées 83, i 

—  Expériences  concernant  la  production  de 

l'oxyde  de  carbone  par  l'action  de  l'oxy- 
gène sur  le  pyrogallate  de  potasse 876 

CLOQUET  (.Iules)  est  nommé  Membre  de  la 
Commission  pour  la  révision  des  comptes 
de  l'année  i  Sùi 3o2 

COINDE.  —  Sur  des  coccus  algériens  suppo- 
sés propres  à  fournir  une  matière  tinc- 
toriale      37G 

COLNET-D'llUART  (de).  —  Déterminations 
des  relations  qui  existent  entre  la  cha- 
leur rayonnante,  la  chaleur  de  conduc- 
tibilité et  l'électricité 503 

COMMAILLE  et  Millon'.  —  Sur  le  dosage  et 

sur  l'équivalent  du  cuivre i45  et    8ao 

CONSERVATEUR  DE  LA  BIBLIOTHÈQUE 
DE  BESANÇON  (le)  remercie  l'Acadé- 
niie  pour  l'envoi  de  plusieurs  volumes 
de  ses  publications 834 


•M   ) 

MM.  Pages. 

COREMVINDER.  —  Recherches  sur  l'expi- 
ration nocturne  et  diurne  des  feuilles  ; 
coloration  des  feuilles '^GG 

—  Recherches  chimiques  sur  la  banane  du 

Brésil ;8i 

—  Expériences  sur  les  feuilles  colorées. ...     yi  j 
COULVIER-GMVIER.  —  Résultats  des  ob- 
servations d'étoiles  lilantes,  faites  durant 

le  maximum  des  g,  10  et  11  août:  rap- 
prochement avec  les  résultats  des  jours 
qui  ont  précédé  et  suivi  ce  maximum. .     4<'3 

—  Sur  l'ensemble  de  ses  observations  con- 

cernant les  étoiles  filantes 8J9 

COURTY.  —  Nouveau  perfectionnement  ap- 
porté à  la  lithotritie  par  le  broiement 
de  la  pierre  en  une  seule  séance ç)à 

—  Note  sur  l'innocuité  et  sur  l'eflicacité  de 

la  cautérisation  des  cavités  utérines.  ..     623 
CR.\FTS  et  FniEnEL.  —  Action  des  alcools 

sur  les  éthefs  composés 877 

—  Sur  la  production  de  l'élher  mixte  éthyl- 

amylique,  et  sur  l'éthérisation 98G 

CRENA  (de).  —  Sur  un  appareil  destiné  à 
faire  connaître  instantanément  le  nombre 
des  membres  d'une  assemblée 117 


D 


OALEMAGNE.—  Addition  à  une  précédente 
Note  touchant  la  conservation  des  ma- 
tériaux de  construction 46 

DANBON.  —  De  l'action  heureuse  qu'a  exer- 
cée sur  des  plaies  superficielles  récentes 
l'immersion  dans  l'eau  accumulée  au  fond 
du  gazomètre  de  l'hospice  des  aliénés  à 
Charenton 58 

DANIEL.  —  Analyse  spectrale  de  l'étincelle 
électrique  produite  dans  les  liquides  et 
les  gaz gS 

D.\RESTE.  —  Nouvelles   recherches  sur  la 

production  artificielle  des  monstruosités.     445 

—  Sur  un   monstre  simple  dans  la  région 

moyenne,  double  supérieurement  et  in- 
férieuremenl 4g5 

—  Sur  le  mode  de  production  de  certaines 

formes  de  la  monstruosité  simple 549 

—  Recherches  sur  l'origine  et  le  mode  de 

formation  des  monstres  doubles  à  double 
poitrine 685 

DAVAINE.  —  Recherches  sur  les  infusoires 
du  sang  daiis  la  maladie  connue  sous  le 
nom  de  «  sang  rie  late  »..     220,  35i  et     386 

D.\UBRÉE.  —  Rapport  verbal  sur  la  publi- 
cation de  la  carte  géologique  de  la  Suisse.      8J 


—  M.  Z)i'i';//'/ec  présente,  au  nom  de  M.  .foi/// 

Jjcrihclot,  un  échantillon  de  sable  tombé 
sous  forme  de  pluie  aux  Canaries 363 

DEBOUT.  —  Une  mention  honorable  lui  est 
accordée  pour  ses  recherches  sur  les 
vices  de  conformation  produits  par  l'ar- 
rêt de  dévelopiiement  des  membres. 
(Concours  pour  les  prix  de  Médecine  et 
de  Chirurgie.) io54 

DECAISNE.  —  De  la  variabilité  dans  l'espèce 
du  Poirier  ;  résultats  d'expériences  faites 
au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  i853 
à  1862  inclusivement G 

—  Réponse  aux  remarques  faites,  à  l'occa- 

sion de  cette  communication,  par  M.  Dc- 
lunit 1G9 

—  M.  Drcdiinc  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  chargée  de  proposer  la  ques- 
tion pour  le  grand  prix  de  Sciences  na- 
relles  de  1 864 goS 

DEGOUSÉE  et  Laurent.  —  Oscillations  du 
sol  manifestées  par  des  perturbations 
dans  le  régime  de  quelques  puits  arté- 
siens      114 

DEIIAUT.  —  Remarques  sur  une  commuui- 


1  I  a  5  ) 


MM.  Pages, 

cation  du  JF.  Dccaisiic,  concernant  la 
varialiililé  dans  l'espèce  du  Poirier i68 

DELACROIX.  —  Mémoire  concernant  l'appa- 
reil de  plongeur  dont  il  avait  préc(5dem- 
menl  entretenu  l'Académie 9(5 

DE  LA  RIVE.  —  Sur  la  méthode  de  M.  //-'. 
Tlinmson,  pour  la  mesure  de  la  conduc- 
tibilité électrique.  Application  aux  mé- 
taux fondus 698 

DEL.AUNAY.  —  Résultats  d'expériences  faites 
sur  des  chiens  enragés  et  des  chevaux 
morveux 4*^ 

DELCAMBRE.  —  Note  concernant  ses  ma- 
chines à  composer  et  à  distribuer  les 
caractères  d'imprimerie 872 

DELORE.— Sur  l'absorption  des  médicaments 

par  la  peau  saine 274 

DE  LUCA.  —  Sur  la  transformation  en  sucre 

de  la  peau  des  serpents 4^7 

—  Recherches  chimiques  sur  le  pain  et  sur 

le  blé  découverts  à  Pompéi. . .     475  et    498 

—  Sur  la  présence  de  l'acide  acétique  libre 

dans  le  vin Sac 

—  Sur  la  formation  de  la  matière  grasse  dans 

les  olives .Iio 

—  Sur   les  rapports  qui    existent  entre   le 

poids  des  divers  os  du  squelette  chez 
l'homme ."iSS 

DE  LUVNES.  —  Recherches  sur  l'orciiie..  .     lOi 

DEMOKGEOT.  —  Le  prix  fondé  par  M'"'  la 
Marquise  de  Laplace  lui  est  décerné 
comme  à  l'élève  sorti  le  premier  de  l'É- 
cole Polytechnique  ;  promotion  de  i8G3.  1043 

DESAINS  (Ed.).  —  L'Académie,  sur  la  pro- 
position de  la  Commission  chargée  de  dé- 
cerner le  grand  prix  de  Mathématiques 
de  18O3  (théorie  des  phénomènes  capil- 
laires), accorde  un  encouragement  à 
M.  Desains  pour  son  Mémoire  théorique 
et  expérimental  sur  la  capillarité,  Mé- 
moire présenté  postérieurement  à  l'ou- 
verture du  concours 1087 

DESCIL4M1'S  (d'Avallon).  — Sur  la  queslion 
de  l'absorption  des  médicaments  par  la 
peau  sai ne .■■)(> i 

DES  CLOIZEAUX.  -  Sur  les  propriétés  op- 
tiques biréfringentes,  et  sur  la  forme 
crislalline  de  l'amblygonite 357 

DESPRÉS  (Armand).  —  Son  traité  de  l'éry- 
sipèle  est  signalé  comme  digne  d'atten- 
tion par  la  Commission  chargée  de  dé- 
cerner les  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie de  la  fondation  Montyon 10.^)8 

DESSAIGNES  est  présenté  par  la  Section  de 
Chimie  comme  l'un  dos  candidats  pour 
la  place  de  Correspondant  vacante  par 
suite  du  décès  de  51.  Dcsoniws 170 

C.  R.,  iS63,  ?.'ne  Semestre.  (T.  LVII.) 


M'\I.  Pnjes. 

DIPPEL  (Lèop.).  —  Le  prix  Bordin,  «  Étude 
des  vai.sscaux  du  lalex  »,  est  partagé 
entre  MM.  Dippcl  et  Hnnstein loGG 

DIRECTEUK  GÉNÉRAL  DES  DOUANES  (le^ 
adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Insti- 
tut, un  exemplaire  du  «  Tableau  général 
du  commerce  delà  France  avec  ses  colo- 
nies et  avec  les  puissances  étrangères 
pendant  l'année  1862  » 697 

D'OLINCOURT  demande  que  ses  précédentes 
communications  sur  un  système  de  cul- 
ture propre  à  prévenir  les  inondations 
soient  admises  au  nombre  des  pièces  de 
concours  pour  le  prix  Morogues G96 

—  Additions  à  ses  précédentes  communica- 

tions sur  ce  système  do  culture 908 

DONNÉ.  —  Expériences  sur  l'allération  spon- 
tanée des  œufs 448 

DRUELLE.  —  Sur  un  moyen  de  combattre 
l'o'idium  de  la  vigne.— Sur  une  substance 
pulvérulente  devant  remplacer  la  poudre 
de  charbon  dont  font  usage  les  fondeurs.     9,i3 

—  Sur  l'emploi  du  sel  pour  préserver  la  vigne 

des  attaques  de  l'oïdium ^97 

DUHOUSSET  demande  et  obtient  l'autorisa- 
tion de  reprendre  son  Mémoire  sur  les 
populationsde  la  Perse,  Mémoire  qui  n'a 

pas  été  l'objet  d'un  Rapjwrt 117 

DUMAS.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 
communication  de  M.  Maumrné,  sur  le 
bouquet  des  vins 482 

—  M.  Diiuifis,  présente,  au  nom  de  M.  Dr- 

hnn\  un  ouvrage  intitulé  :  «  Cours  élé- 
mentaire de  Chimie  » 277 

—  M.  Dunma,  faisant  fonction  de  Secrétaire 

perpétuel,  présente,  au  nom  de  M.  ilr 
Sclilagiiiiivrit,  un  opuscule  sur  les  tem- 
pératures moyennes  et  les  lignes  iso- 
thermes de  riiule 377 

—  Au  nom  de  M.  le  Contre-Amiral  Paris,  la 

deuxième  partie  de  l'ouvrage  intitulé  ; 
«  l'Art  naval  en  18G2  à  l'Exposition  uni- 
verselle de  Lon  Jres  » 4''4 

—  Et  au  nom  de  M.  MaitUis,  un  exemplaire 

des  «  Glos.snria  lingiiarum  Brasitivii- 
siiiin  » 4'''4 

—  M.  Dunitis,  faisant  fonction  de  Secrétaire 

perpétuel,  signale,  parmi  les  pièces  im- 
primées delà  Correspondance  de  diverses 
séances  : 

—  Un    Mémoire   de    M.    li.    Flnclitit    sur 

les  chemins  de  fer;  «  Questions  de 
tracé  et  d'exploitalion  »  ;  —  un  Mémoire 
de  M.  Péricr  sur  l'ethnogénie  égyp- 
tienne; —  un  Mémoire  de  M.  Fimiiiicr 
sur  la  fécondation  des  Phanérogames; 
un  Mémoire  de  M.  de  Siinu/ic  sur  une 

i5o 


( 

MM.  Pc 

maladie  observée  en  Sicile  chez  les 
mulets  dans  leur  premier  âge  (Analyse 
dp  ce  dernier  travail  ) 

—  Un  travail  de  M.  le  D'  Polli  sur  l'emploi 

des  sulfites  et  liyposulfitespour  préxenir 
la  maladie  dominante  des  vers  à  soie.. , 

—  Deux  volumes  de  M.  Zcugncr  sur  di\ers 

organes  des  machines  à  vapeur  et  spé- 
cialement des  locomotives 

—  Deux  nouveaux  volumes  des  «  Mémoires 

de  l'Académie  de  Nancy,  »  dont  un  en- 
tièrement rempli  de  documents  pour 
servir  à  la  description  scientifique  de  la 
Lorraine 

—  La  suite  des  «  Recherches  sur  les  affini- 

tés »,  de  MM.  Berllielot  et  Pénn  de 
Snint-Gillcs ;  —  un  Mémoire  de  M,  Da- 
restc  sur  les  conditions  de  la  vie  et  de 
la  mort  chez  certains  monstres  produits 
artificiellement;  —  un  Mémoire  de 
M.  Sire  sur  la  forme  globulaire  des  li- 
quides  


1  126  ) 

ces 


377 


379 


475 


475 


Si'^ 


MM.  P.nges. 

DUMAS  (de  Bordeaux).  —  Description  et 
figure  d'un  nouveau  système  de  freins 
pour  les  chemins  de  fer..     563,  634  et    980 

DUl'ONCHEL.  —  Lettre  concernant  un  Mé- 
moire de  Géologie  générale  précédem- 
ment présenté io33 

DUPRÉ.  —  Réponse  à  des  remarques  qui  le 
concernent  dans  une  communication  de 
M.  Rrcch,  sur  les  propriétés  calorifiques 
et  expansives  des  lluides  élastiques. ...     io8 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  nouvelle 

Note  de  M.  Rccdi S89 

—  Application  de  la  théorie  mécanique  de  la 

chaleur  à  la  discussion  des  expériences 
de  M.  Kcgmiiili  sur  la  compressibilité 
des  gaz 774 

DUPRÉ.  —  Contention  des  hernies  réduc- 
tibles :  parallèle  des  trois  principaux 
systèmes 47^ 

DUYCKER.  —  Lettre  concernant  une  pièce 
adressée  en  i858  au  concours  pour  le 
prix  Bréant 708 


E 


3l2 


85 


EDWARDS  (Milne).  —  Sur  les  précautions 
à  prendre  pour  rendre  concluants  les 
résultats  d'une  expérience;  remarques 
à  l'occasion  d'une  communication  do 
MM.  /n/f  et  Jlliisset 846 

—  Rapport  sur  le  voyage  de  M.  Bocourt  à 

Siam 

—  M.  Alilne  Eihvnrds  fait  hommage  à  l'Aca- 

démie de  la  première  partie  du  VIIF  vo- 
lume de  ses  «  Leçons  sur  la  Physiologie 
et  l'Anatomie  comparée  de  l'homme  et 
des  animaux  » 

—  M.  Milne  Edwards  présente  un  ouvrage 

posthume  de  M.  Robineau-Dcsvuidy  s,\it 
l'histoire  naturelle  des  Diptères  des  en- 
virons de  Paris 601 

—  M.  Milne  Edwards  est  nommé  Membre 

de  la  Commission  chargée  de  proposer 
une  question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  naturelles  de  i8G5 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  propo- 

ser un  sujet  de  concours  pour  le  prix 
Bordin  de  i865  (Sciences  naturelles).. 

EIIRMANN  fait  hommage  à  l'Académie  d'un 
Recueil  de  plusieurs  Mémoires  d'anato- 
mie  pathologique  et  de  tératologie  qu'il 
a  successivement  publiés 

ÉLIE  DE  BEAUMOXT.  -  Tableau  des  don- 
nées numériques  qui  fixent  iSg  cercles 

du  réseau  pentagonal 

(Voira  la  fin  de  celte  Table,  p.  1141, 
un  errata  pour  cette  communication.) 


903 


903 


^47 


Remarques  sur  une  Lettre  de  M.  Boucher 
de  Pertlie.i  relative  à  la  mâchoire  hu- 
maine de  Moulin-Quignon 336 

Remarques  à  l'occasion  d'une  nouvelle 
édition  des  Lettres  sur  les  révolutions 
du  globe  de  feu  M.  Al.  Bertrand,  pré- 
sentée à  l'Académie  par  M.  J.  Bertrand 
son  fils Ci 

Remarques  à  l'occasion  d'une  communi- 
cation de  SrSL  Dei^ottséc  et  Laurent,  sur 
les  oscillations  du  sol  manifestées  par  des 
perturbations  dans  le  régime  de  quel- 
ques puits  artésiens 116 

M.  Elle  de  Bcatininnt  annonce  à  l'Acadé- 
mie la  perte  qu'elle  vient  de  faire  dans 
la  personne  de  M.  Denis  { de  Commercy  ), 
l'un  de  ses  Correspondants  pour  la  Sec- 
tion de  Médecine  et  de  Chirurgie G  i 

M.  Èlie  de  Beaumont  donne,  d'n|)rés  sa 
correspondance  privée,  communication 
des  pièces  suivantes  : 
•  Sur  l'existence  à  la  Havane  des  arcs  sur- 
numéraires et  sur  les  arcs-en-cici  obser- 
vés en  1862  ;  Lettre  de  W.  Poey 109 

Expériences  sur  l'ozone  exhalé  par  les 
plantes  et  répandu  dans  l'air  de  la  cam- 
pagne et  de  la  ville;  par  le  même 344 

Lettre  de  M.  llussun  accompagnant  l'en- 
voi de  nouveaux  ossements  fossiles 116 

Sur  les  gisements  d'ossements  de  grands 
animaux  et  de  pierres  travaillées  des  en- 
virons de  Nancy  ;  IjCttre  de  M.  E.  Robert.     4^6 


MM.  Pages. 

—  Sur  lus  terrains  superficiels  de  la  Tou- 

raine,  et  sur  les  haches  en  sile.\  ;  Lettre 

de  M.  l'abbé  Chevalier 427 

—  M.  Elie  de  Bcnuinont  présente,  au  nom 

des  auteurs,  les  ouvrages  suivants  : 

—  Mémoire  sur  la  détermination  des  orbites 

planétaires  ;  par  M.  A.  de  Gaspnris. . . .     io5 

—  Coup  d'oeil  historique  sur  la  projection 

des  cartes  de  géographie;  par  M.f/'.-/i'c- 

zfic 333 

—  Plusieurs  opuscules  de  M.  Oewalque  sur 

les  terrains  fossilifères  de  la  Belgique.. .     333 

—  Divers  opuscules  de  M.  Nogitrs  sur   la 

constitution  géologique  des  Pyrénées, 
avec  communication  de  quelques  pas- 
sages de  la  Lettre  d'envoi 333 

—  Un  Mémoire  sur  la  thermographie  des  mi- 

nima,  des  niaxiraa  et  des  moyennes,  tirés 


27   ) 

MM.  Pages, 

d'observations  faites  en  55  stations,  dans 
une  période  de  137  ans;  par  M.  Zartte- 
de.schi 4^5 

—  M.  £lie  de  Benuntont  signale,  parmi  les 

pièces  imprimées  de  la  Correspondance, 
un  nouveau  volume  des  «Grandes  usines 
de  France  »;  par  M.  Turban io5 

—  Une  Note  sur  la  théorie  mathématique  des 

courbes  d'intersection  de  doux  lignes 
tournant  dans  le  mémo  plan  autour  de 
deux  points  fixes;  par  M.  Jdn  dcr 
Mensbriif^ghc 4'^-5 

—  Un  Mémoire  sur  les  tartratesde  strontiano 

et  de  baryte;  par  M.  -■/.  SaialU l^iS 

ESPAGNE.  —  Des  conditions  météorologi- 
ques de  la  fièvre  puerpérale 58o 

É'VR.^RD.  —  Sur  l'exploitation  industrielle 

des  vinasses  de  mélasse  de  betteraves..     376 


F 


FAVRE  est  présenté  par  la  Section  de  Chimie 
comme  l'un  des  candidats  pour  la  place 
de  Correspondant  vacante  par  suite  du 
décès  de  M.  Dcsorines 170 

—  M.  Frtirc  est  élu  Correspondant  de  la  Sec- 

tion de  Chimie  en  remplacement  de  feu 

M.  Desormes 206 

—  M.   Fmre  adresse   ses  remerciments   à 

r.\cadémie 255 

FAVRE  et  Ferran.  —  Recherches  sur  l'élec- 
tricité      695 

PAYE.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une  com- 
munication de  M.  Heis  sur  les  étoiles 
filantes  du  milieu  du  mois  d'août  i8G3.     5i5 

—  Sur  les  étoiles  filantes,   leur  théorie  et 

l'observation  de  ces  phénomènes 53 1 

—  Sur  un  essai  de  reproduction  artificielle 

d'un  minéral  cosmique 801 

FERMOND.  —  Études  sur  l'évolution  des 
bourgeons  et  sur  la  force  qui  préside  à  la 
séparation  des  divers  organes  végétaux. 
142  et    417 

—  Conséquences  à  déduiredes  défauts  d'exas- 

tosie  de  certains  organes  aiipendicu- 
laires  des  végétaux 088 

—  Composition     organophytogénique     des 

feuilles 7^7 

—  M.  Fermond  prie  l'Académie  de  vouloir 

bien  le  comprendre  dans  le  nombre  des 
candidats  pour  une  place  vacante  dans  la 
Section  de  Botanique 909 

FERRAN  et  Favre.  —  Recherches  sur  l'élec- 
tricité      695 

FILllOL.  —  Recherches  sur  les  matières  co- 
lurautes  des  feuilles.  (En  commun  avec 
M.  Chatin.) ^g 


—  Recherches  sur  l'âge  de  la  pierre  dans 

les  cavernes  de  la  vallée  de  Tarascon. 

(En  commun  avec  M.   Garrigmi.) 839 

F1ZEAU  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion du  prix  Bordin  pour  i8(J3 142 

FLEURIEU  (de).  —  Sur  le  dosage  do  la 
crème  de  tartre,  de  l'acide  tarlrique  et 
de  la  potasse  contenus  dans  les  vins.  — 
Sur  les  gaz  contenus  dans  le  vin.  (En 
commun  avec  M.  ^crt/j(.'/o;.)..     394  et    398 

FLOURENS.—  Éloge  historique  de  J.-M.-C. 
Dianéril  lu  dans  la  séance  publique  du 
28  décembre 1 100 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communi- 

cation de  JI.  Sédillot  sur  des  procédés 
d'ouranoplastie 73o 

—  Remarques   à   l'occasion  d'une  réponse 

de  M.M.  Jolf  et  Musset  à  des  observations 

de  M.  Pasteur 845 

—  Remarque  à  l'occasion  d'une  communi- 

cation de  M.  Béchnnip  sur  les  généra- 
tions dites  spontanées 960 

—  M.  Flourens  lit  des  extraits  d'une  Lettre 

que  lui  a  adressée  W.  Béchamp  à  l'oc- 
casion des  remarques  précédentes,  et 
accompagne  cette  lecture  de  quelques 
réfiexions loi» 

—  M.  Flourens,  en  sa  qualité  de  Secrétaire 

perpétuel,  donne  communication  d'une 
Lettre  concernant  le  legs  fait  à  l'.\cadé- 
mie  par  feu  M.  Tlmrc  pour  la  fonda- 
tion d'un  prix  annuel G34 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  communique 

des  pièces  relatives  à  un  legs  fait  par 
M""  Letellier  dans  le  but  d'encourager  et 

i5o.. 


MM. 


(     I  I'2 

Pages. 


goB 


lie  facilitoi-  la  conlimialion  des  travaux  de 
Siivigny  sur  les  invertébrés  de  l'Egypte 
et  de  la  Syrie 

—  M.  le  Sfcrétaire  pcrijéciicl  communique 

à  l'Af-adémie  les  pièces  relatives  au 
legs  fait  par  M.  Caristie  d'un  travail  im- 
portant de  feu  Pe/ricr  sur  le  palais  du  T 
à  Manloue 944 

—  M.  le  Secrétaire  prrpcliicl  annonce  que 

le  retour  de  M.  Élie  de  Beaumont  se 
trouve  retardé  par  suite  d'un  fâcheux 
événement,  M"'=  Élie  de  Beaumont  s'est 
fracturé  une  jambe G49 

—  W.  /c  Sicrétaire  pcrprlitcl   annonce    le 

décès  de  M.  Mitsriurlirli,  l'un  des  huit 
Associés  étrangers  de  l'Académie,  arrivé 
le  '^8  août  dernier O49 

—  M.    le    Secrétaire    perpétuel    [irésente , 

comme  offerts  à  l'Académie  par  le  Bu- 
reau des  Longitudes,  la  Connaissance  des 
Temps  pour  l'année  i865,  et  l'Annuaire 
pour  l'année  1864 981 

—  M.   le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au 

nom  des  auteurs,  les  ouvrages  suivants  : 

—  Mémoire  sur  le  métisme  animal  dans  les 

espèces  humaines  ;  par  M.  J,-E.  Cornay. 

—  Mémoire  sur  la  rage  considérée  au  point 

de  vue  de  l'hygiène  publique,  de  la  po- 
lice sanitaire  et  de  la  prophylaxie;  par 
M.  H.  nnuhy 

—  Étude  sur  le  travail  de  l'homme  dans  l'air 

comprimé;  par  M.  FnUy i  J6 

—  Mémoire  sur  les  maladies  qui  s'observent 

à  Rome,  dans  leurs  rapports  avec  les  di- 
vers agents  météorologiques;  par  M.  F. 
Ballcy 14/7 

—  Recherches  sur  l'aliénation  mentale  con- 

sidérée au  point  de  vue  étiologique;  par 

M.  Bruii-Séchaud 277 

—  Recherches  sur    les  combinaisons  anilo- 

mélalliques  et  sur  la  formation  de  l'ani- 
line ;  pa-r  M.  H.  Sehiif 564 

—  Mémoire  sur  le  service  médico-chirurgi- 

cal de  la  construction  du  chemin  de  fer 
de  Lisieux  à  llonfleur;  par  M.  Lamotte. 

—  Rapport  adressé  à  M.  le  Gouverneur  gé- 

néral de  l'Algérie  par  M.  Mircher,  sur 
sa  mission  à  Ghadamès  en  octobre  et  no- 
vembre 1 862  

—  Les  Mystères   de    l'Océan;  par   M.    -/. 

Mani^iii 6G9 

—  Le  modèle  en  plâtre  d'un  solide  sur  lequel 

deux  systèmes  de  courbes  représentent 
les  variations  diurnes  de  l'aiguille  aiman- 
tée pour  les  années  1840-1845  ;  adressé 
par  M.  Bâche 669 

—  L'image  photographique  d'un  métis  de 


^J 


564 


565 


8   ) 

MM.  Paccs. 

Bouc  cl  de  Brebis,  envoyée  par  M.  Bal- 
saiw) 669 

—  Un  ouvrage  iniilulé  :  «  Physiologie  mé- 

dicale de  la  circulation  du  sang,  basée 
sur  l'étude  graphique  des  mouvements 
du  cœur  et  du  pouls  artériel  »  ;  par 
!\L  Marey 873 

—  Un  ouvrage  sur  les  vignes  du  raidi  de  la 

France  ;  par  M.  Mares 878 

—  Un  opuscule  de  M.  Muller  sur  la  théorie 

de  la  musique 873 

—  Une  Notice  sur  feu  M.  Dufréfi<y ;  par 

M.  (le  Billy ". 946 

—  M.  le  .S'rr/-e7«/r<7;r7/;e7«<'/ signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, les  pièces  suivantes  : 

—  Note  sur  le  céphal.Tmatome  des  enfants 

nouveau-nés  ;  par  M.  Scux 47 

—  Correspondance    inédile  de   Linné  avec 

Claude  et  Antoine  Richard,  traduite  et 
annotée  par  M.  Landrin 47 

—  Considérations  sur  la  méthode  naturelle 

en  botanique  ;  par  M.  Parlatore i56 

—  La  Savoie  agricole,  industrielle  et  manu- 

facturière ;  par  M.  Bonjean 1 50 

—  Le  baron  Larrey;  par  JL  /.  Jnibert.. .  .      i57 

—  De  l'inoculation  de  la  péripneumcnie  dans 

l'espèce  bovine;  par  M.  L.  JVillcms..      \b- 

—  Essai  sur  les  résections  sous-périostées; 

par  M.  Greu.s  y  HLiiiso ai  4 

—  Mémoires  sur  divers  points  d'économie  ru- 

rale ;  par  MM.  Laiws  et  Gilbert 214 

—  Monographie  viticole  du  coteau  de  l'Ermi- 

tage ;  par  M.  Bey 21 5 

—  Les  n°'  4  et  6  de  la  «  Revue  do  sérici- 

culture comparée  «  ;  par  M.  Guériii- 
Mérwi'ille 2i5 

—  Deux  opuscules  sur  des  sujets  de  méde- 

cine; par  M.  CItrestieii 21 5 

—  Un  opuscule  de  M.   Cli.  Bcllolti  sur  un 

moyen  d'obtenir  de  la  graine  saine  de 
ver  à  soie,  et  le  dessin  d'une  charrue 
modifiée  ;  par  M.  Pag/iy ôyS 

-  Un  ouvrage  de  XL  Bossig/ml,  ayant  pour 

titre  :  «  Les  métaux  dans  l'antiquité  «.     C(j7 

-  Deux     ouvrages    de  mathématiques    de 

MXL  Crcnio/itiel  r//(7/«;';  et  un  ouvrage 
de  M.  Arthur  Ma/if^iii,  ayant  pour  titre  : 
i(  Voyage  scientifique  autour  de  ma 
chambre  » 738 

-  La   suite  d'une  publication  de  M.  Du- 

chenric  sur  le  mécanisme  de  la  physio- 
nomie humaine 833 

-  Un  opuscule  de  M.  Boutiiceau,  intitulé  : 

«  Expériences  sur  la  dilatation  des  ma- 
çonneries » 833 

-  Une  Note  de  I\L  G.  Campant  sur  la  pro- 

duction de  l'urée 833 


(     !■ 

MM.  Prises. 

—  Les  soixante-seize  premières  feuilles  de 

la  Flore  romaine;  par  M.  Sinigiii/wtii..     981 

—  Enfin,  un  opuscule  sur  les  subslilutions 

organiques  ;  par  M.  Courir 981 

—  M.  Floiireiis  est  nommé  Membre  tle   lu 

Commission  chargée  de  proposer  une 
question  pour  le  grand  prix  des  Sciences 
naturelles  de  i865 9o3 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  propo- 

ser un  sujet  de  concours  pour  le   prix 
Bordin  de  i865  (Sciences  naturelles). . .     yo3 
FONTENEAU.  —  Note  sur  les  systèmes  do 

coordonnées  correspondantes 1016 


29  ) 


MM.  Pajes. 

FORDOS.  —  Recherches  sur  la  coloration  en 
vert  du  bois  mort  ;  nouvelle  matière  co- 
lorante ;  acide  xylochlocrique m 

FOUCAULT  (Léon).  —  Expression  générale 
des  conditions  d'isoclironisme  du  pen- 
dule régulateur  à  force  centrifuge -38 

FREYT.\G.  —  Notes  relatives  au  calcul  des 

sinus 786  et    979 

FRIEDEL  et  Crafts.  —  Action  des  alcools  sur 

les  éthers  composés 877 

—  Sur  la  production  de  l'éther  mixte  étliyl- 

amylique  et  sur  l'éthérisation 98G 


GAGNAGE.  —  Description  et  figure  d'un  ap- 
pareil propre  à  recueillir  dos  limons  pou- 
vant être  employés  à  fertiliser  les  terres.     597 

GALIBERT.  —  Appareil  destiné  à  assurer 
une  libre  et  pleine  respiration  aux  per- 
sonnes plongées  dans  un  liquide  ou  dans 
un  milieu  gazeux  irrespirable 668 

GALLOIS.  —  Une  mention  honorable  lui  est 
accordée  pour  son  travail  sur  l'inosurie. 
(  Concours  pour  les  prix  rie  Médecine 
et  de  Chirurgie.) io50 

GALOPIN.  —  Sur  la  théorie  de  la  double  ré- 
fraction      29' 

GARRIGOU.  —  Remarques  à  l'occasion  de 
■  deux  Notes  adressées  à  l'Académie  con- 
cernant la  non-contemporanéité  de 
l'homme  et  des  espèces  éteintes  de 
grands  Pachydermes 57 

—  Sur  l'âge  de  la  pierre  dans  les  cavernes 

do  la  vallée  de  Tarascon.  (En  commun 
avec  M.  Filhnl.) 839 

—  Note  sur  deux  fragments  de  mâchoires 

humaines  trouvés  dans  la  caverne  de 
liruniquel,  Tarn-et-Garonne.  (En  com- 
mun avec  MM.  ÎMailin  et  Trutat.).  . .  .    1009 

GASPARIS  (A.  de).  —  Mémoire  sur  la  déter- 
mination des  orbites  planétaires io5 

GAUDIN.  —  Morphogénie  moléculaire;  prin- 
cipes mathématiques 4^ 

GAUTIER-LACROZE.  -  Sur  l'analyse  de  l'a- 
lunite du  mont  Dore  (Puy-de-Dome).. .     362 

GENY  (E.).  —  Sur  une  nouvelle  théorie  des 

calculs  transcendants 738 

GEOFFROY  SAINT-HIL.\IRE  (Alb.).  —  Note 
sur  les  habitudes  du  Lepidosircn  anncc- 
tcm 541 

GERVAIS.  —  Sur  un  nouveau  genre  d'Ich- 
Ihyodorulithe  propre  au  grès  miocène  de 
Léognan  (Gironde  ) 1007 

GHERSI.  -  Mémoire  sur  un  nouveau  système 


de  navigation.  —  Note  sur  un  gouver- 
nail de  proue i56  et    455 

GIORDANO.  —  Description  d'un  sphéromètre 

électrique  ou  bathoréomètre 609 

GIll.\LDÈS.  —  Action  exercée  sur  la  pupille 

par  l'action  do  la  fève  du  Calabar 45 

GOSSART.  —  Projet  d'une  Table  des  carrés 

destinée  à  faciliter  les  longs  calculs.. . .     833 

GOUBAUX.  —  Sur  un  monstre  parasitaire 

du  genre  Épignathe 276 

GOURIET.  —  Essai  sur  la  classification  des 

Mollusques  gastéropodes 8'i6 

GRAIIAM.  —  Sur  le  mouvement  moléculaire 

des  gaz 181 

GRÉGOIRE.  —  Sur  les  infections  charbon- 
neuse, purulente  et  rabique 473 

GRIMAUD,  d'A.ngers.  —  Sur  la  nature  et  le 

traitement  de  la  rage 473 

GRIMAUD,  DE  C.4UX.  —  Du  climat,  et  en  par- 
ticulier des  lieux  de  Venise 89 

—  Un  prix  est  décerné  par  la  Commission 

des  Arts  insalubres  à  M.  Grinmiid,  do 
Caux,  pour  .son  livre  «  Des  eaux  publi- 
ques et  de  leurs  applications  aux  besoins 
des  grandes  villes  et  des  populations  ru- 
rales » loGi 

GRIS  (Artul-r)  est  présenté  par  la  Section 
de  Botanique  comme  l'un  des  candidats 
pour  la  place  vacante  par  suite  du  décès 
de  M.  Moquin-Tandon 963 

—  Le  grand  prix  des  Sciences  physiques 

de  i863  (question  concernant  les  chan- 
gements opérés  pendant  la  germination 
dans  les  tissus  de  l'embryon  et  du  pé- 
risperme)  est  décerné  à  M.  Gris 1047 

GUÉRIN.   —  Statistique  agricole  décennale    . 
du  canton  de  Benfeld  (Bas-Rhin) 1017 

GUÉRIN  (Cii.).—  Sur  un  nouvel   appareil 

hydraulique 154 

GUÉRIN- MÈNEVILLE.  -  Rappel  de  ses  pré- 
cédentes communications,  concernant  la 


MM. 

cause  des  maladies  de  certains  végétaux 
et  des  maladies  des  vers  à  soie 

GUÉRINEAU-AUBRY.-  Description  et  figure 
d'un  nouveau  moteur 

GUIGNET.  —  Un  prix  lui  est  décerné  pour 
la  préparation  d'un  vert  de  chrome  sa- 
lubre  propre  à  l'impression  sur  tissus 
et  à  la  fabrication  des  papiers  peints. 
(Concours  pour  le  prix  dit  des  Arts  in- 
salubres. ) 

GUIPON.  —Effets  de  la  consanguinité,  delà 


(   " 

l'ajcs. 
961 
598 


1061 


3o  ) 

""•  .  .  Pages. 

syphilis  et  de  l'alcoolisme  combinés  et 
observés  dans  une  même  famille 5i2 

GUYON  met  sous  les  yeux  de  l'Académie 
un  indi\idu  xivant  de  l'espèce  du  Lcm- 
/!irr,q;  et  lit  une  Note  sur  les  migrations 
de  ce  Rongeur  et  sur  les  causes  aux- 
quelles on  peut  les  attribuer 486 

—  M.  Giiyori  fait  hommage  à  l'Académie, 
au  nom  de  l'auteur,  M.  t/c  Bcrg,  de  plu- 
sieurs ouvrages  sur  la  littérature  bota- 
nique      454 


H 


HALME.  —  Sur  la  théorie  de  la  formation  du 
cal 

HANSTEIN  (J.).  —  Le  prix  Bordin  de  i863 
(Étude  des  vaisseaux  du  latex)  est  par- 
tagé  entre   MM.  Hnnstcin  et   Dippet. 

HAUSSMAKN.  —  Lettre  concernant  un  livre 
intitulé  :  «  Paris  immobilier  n 

HAUTEFEUILLE.  -  De  la  reproduction  du 
rutile,  de  la  brookite  et  de  leurs  varié- 
tés ;  prototluorure  de  titane 

IlEIS.  —  Observations  de  la  lumière  zodia- 
cale à  Munster  ;  Lettre  à  M.  Fcnc 

—  Lettre  à  M.  Fnye  sur  les  étoiles  filantes 
du  milieu  du  mois  d'août  i863 

IIELMHOLTZ  est  présenté  par  la  Section  de 
Géométrie  comme  l'un  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspon- 
dant  

HEMMENT.—  Remarques  concernant  l'expé- 
rience de  Berthollet  sur  le  mélange  des 
gaz 

HENRY  (M'").—  Considérations  sur  les  mou- 
vements centrifuges  des  corps  célestes. 

UERMITE.  —  Sur  la  théorie  des  fonctions 
elliptiques 6i3  et 


<'97 

1067 
58 

148 
280 


991 

738 

993 


—  Sur  les  fonctions  des  sept  lettres 

—  M.  Hennite  est  nommé  ^rembre  de  la 

Commission  chargée  de  proposer  une 
nouvelle  question  pour  le  grand  prix 
des  Sciences  mathématiques  "à  décerner 
en  1 865 

HERVÉ-MANGON.  —  Expériences  sur  les  li- 
mons charriés  par  les  cours  d'eau 

HESSE  est  présenté  par  la  Section  de  Géo- 
métrie comme  l'un  des  candidats  pour 
une  place  vacante  de  Correspondant. . . 

HOFMANN.  —  Note  sur  le  bleu  d'aniline. . . 

—  Le  prix  Jecker  est  décerné  à  M.  Hofnwnn 

pour  ses  travaux  de  chimie  organique.. . 

H0LL.4RD.  —  Recherches  sur  la  signification 
homologique  de  quelques  pièces  faciales 
du  squelette  des  Poissons 

HUBERT.  —  Sur  un  système  de  simplifica- 
tion de  l'écriture 

—  Langage  abréviatif  à  l'usage  des  sourds- 

muets 

IIUSSON.  —  Note  accompagnant  l'envoi  de 
nouveaux  ossements  fossiles 

—  Sur  les  terrains  de  transport  des  environs 

de  Toul  :  cavernes  à  ossements 


977 
904 


918 
ai 

1075 


r)7o 
46 
332 
116 
32g 


INSTITU'nON  SMITHSONIEN-NE  (l')  remer- 
cie l'Académie  pour  l'envoi  de  ses  plus 
récentes  publications,   et  lui    adresse, 


I. 


a\ec   son  Rapport  annuel   pour  1861 
plusieurs  volumes  ou  livraisons  de  Re- 
cueils scientifiques  des  États-Unis 679 


JANSSEN.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 
.  communication   du   P.  Secchi,   sur   les 
spectres    prismatiques   des    corps    cé- 


lestes. 


—  Surles  raies  telluriques  du  spectre  solaire 
et  du  spectre  de  Sirius.  Sur  le  spectre 


J 


2l5 


de  l'étoile  ol  d'Orion 1008 


JEAKIAQUET.  —  Nouveau  supplément  à  son 

Mémoire  sur  les  taches  du  Soleil 117 

JOBERT  DE  LAMBALLE.  -  Recherches  sur 
la  régénération  et  la  réparation  des  tis- 
sus (suite) 305 

—  Sur  les  diverses  théories  du  cal.     64901    881 

JODIN.  —  Études  sur  les  modifications  du 


MM.  Pages, 
sucre  do  canne  sous  l'influence  des  fer- 
ments alcooliques 434 

JOLY.  —  Expériences  sur  l'hélérogénie  exé- 
cutées dans  l'intérieur  des  glaciers  de 
la  Maladetla  (Pyrénées),  en  commun 
avec  MM.  Pouclict  et  Musset 558 

—  Réponse  de  MM.  Jolj  et  Musset  aux  ob- 


ii3i  ) 

MM. 


servalions  critiques  de  M.  Pasteur,  rela- 
tivement à  ces  expériences 

JONQUIÈRES  (de)  est  présenté  par  la  Sec- 
tion de  Géométrie  comme  l'un  des  can- 
didats pour  une  place  vacante  de  Cor- 
respondant  


P.ifes. 

842 


9.8 


K 


KIRCHHOFF  est  présenté  par  la  Section  de 
Géométrie  comme  l'un  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspon- 
dant      S80 

IvNIGIlT.  —  Lettre  contenant  une  rectifica- 
tion pour  sa  Note  sur  les  causes  do  la 
variation  de  l'aiguille  aimantée 917 

—  Nouvelle  Note  concernant  la  cause  des 

variations  de  l'aiguille  aimantée Çj^ù 

IvNOCH.  —  Sur  l'histoire  naturelle  du  Bo- 

thriocéphale 49^ 

KOPP.  —  Sur  la  chaleur  spécifique  des  corps 
solides  ;  déductions  relatives  à  la  nature 
composée  des  corps  réputés  simples. , ,      47 


—  Note  sur  les  volumes  spécifiques  des  com- 

binaisons liquides 283 

KOSMANN.  —  Nouvelles  recherches  sur  l'a- 

loès 377 

—  Note  concernant  les  quantités  relatives 

d'ozone  des  plantes  et  de  l'air  atmosphé- 
rique en  i863 979 

KRONECKER  est  présenté  par  la  Section  de 
Géométrie  comme  l'un  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspon- 
dant      918 

KUHLMANN.  —  Recherches  nouvelles  sur  la 
conservation  des  matériaux  de  construc- 
tion et  d'ornementation 244  et    758 


LARITTE  et  Pain.  —  De  la  pellagre  dans  les 
hospices  des  aliénés  ;  remarques  sur  une 
communication  de  M.  Landouzy 

LACAZE-DUTllIERS.  —  Le  prix  Bordin  (His- 
toire anatomique  et  physiologique  du 
corail)  est  décerné  à  W.  Lacaze-Butliiers . 

L.\CROIX  (de).  —  Lettre  annonçant  l'envoi 
prochain  d'un  Mémoire  sur  un  appareil 
de  plongeur  employé  avec  succès  à  Amé- 
lie-les- Bains 

LAL.\NNE.  —  Essai  d'une  théorie  des  réseaux 
de  chemins  de  fer,  fondée  sur  l'observa- 
tion des  faits  et  sur  les  lois  primordiales 
qui  président  au  groupement  des  popu- 
lations  

LAMY.  —  Sur  les  effets  toxiques  du  Ihallium. 

—  M.  Lamy  est  présenté  par  la  Section  de 

Chimie  comme  l'un  des  candidats  pour 

une  place  vacante  de  Correspondant 

LANDOUZY.  —  De  la  pellagre  dans  les  asiles 

d'aliénés 6G7  et 

LA  PROVOST.\YE  (de).  —  Sur  l'égalité  des 

pouvoirs  émissifs  et  absorbants 

—  Recherches  sur  cette  question  :  Les  corps 

divers  portés  à  l'incandescence  sont-ils 
également  lumineux  à  même  tempéra- 
ture?      037  et 

LAURENT.  —  Oscillations  du  sol  manifestées 


735 


871 


aoG 

442 

170 
824 
517 


par  des  perturbations  dans  le  régime  de 
quelques  puits  artésiens.  (En  commun 
avec  M.  Dcgouséc.  ) ii4 

LAVIZZÂRL  —  Nouveaux  phénomènes  des 

corps  cristallisés 45  et     4o4 

LAWRENCE  est  présenté  par  la  Section  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un 
des  candidats  pour  une  place  vacante  de 
Correspondant 991 

—  M.  Lmvrence  est  élu  Correspondant  de 

la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie 

en  remplacement  de  feu  M.  B.  Brodic.  ioo8 

LECOQ.  —  Sur  la  grêle  tombée  i  Clermont- 

Ferrand  le  3  juillet  i863 75 

LEMAIRE  rappelle,  à  l'occasion  d'une  Note 
de  M.  Paslcui-  sur  la  putréfaction,  les 
communications  qu'il  a  faites  à  l'Aca- 
démie en  1 8G0  et  1 862 57 

—  Sur  te  rôle  des  Infusoires  dans  la  germi- 

nation      562 

—  Nouvelles  recherches  sur  les  ferments  et 

les  fermentations 58i  et    C25 

LE  MULIER.  —  Note  sur  un  coccus  indigène 
du  Sahel  (Algérie)  supposé  propre  à  la 

teinture 270 

LÉPINE.  —  Le  prix  Barbier  est  décerné  à 
M.  /.  Lépinc  pour  ses  travaux  ayant 
jiour  objet  les  plantes  médicinales  do 
l'Inde 1075 


MM.  ''aces. 

LEREBOULLET  annonro  l'envoi  d'un  exem- 
plaire de  ses  »  Recherches  d'embryogé- 
nie comparée  sur  le  développement  de  la 
Truite,  du  Lézard  et  du  Limné  »,  recher- 
ches qui,  en  iSrjG,  lui  ont  valu  le  grand 
prix  des  Sciences  physiques 47  "' 

LESTIBOUDOIS.  —  Note  sur  les  vaisseaux 

propres,  les  vai.sseaux  du  latex,  elc 17 

—  Note  sur  les  tissus  élémentaires  des  végé- 

taux      *"'" 

—  M.  Lestibntirloix  est  présenté  par  la  Sec- 

tion de  Botanique  comme  l'un  des  can- 
didats pour  la  place  vacante  par  suite 
du  décès  de  M.  Moquin -Tandon 9O3 

LEVEN  et  Olliviek.  —  Leurs  recherches  sur 
la  physiologie  et  la  pathologie  du  cerve- 
let sont  signalées  comme  dignes  d'at- 
tention par  la  Commission  des  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie io58 

LE  ^TRRIER.  —  Communication  concernant 

la  pyramide  de  Villejuif 7.^7 

—  M.  Le  l'erricr  donne  connaissance  à  Xk- 

cadémie  d'une  Lettre  adressée  à  M.  le 
Maréchal  Vaillant  par  M.  JBIondcl,  di- 
recteur du  Dépôt  de  la  Guerre,  sur  la 
conservation  des  signaux  encore  exis- 
tants de  la  carte  de  France 834 

—  M.  Le  ^Vr/vV'/- fait  hommage  à  l'Académie 

d'un  nouveau  volume  des  Annales  de 
l'Observatoire ,  et  présente,  au  nom  de 
M.  Blondel  et  en  son  propre  nom,  un 
Mémoire  contenant  la  réduction  des 
opérations  relatives  à  la  détermination 
de  la  longitude  de  Bou-rges i8r 

—  M.  Ze /^'f'/r/cr  présente  diverses  Notes  de 

M.    Marié-Davj  sur   l'état  de  l'atmo- 


3a  ) 

MM.  Pa(;es. 

sphère  dans  le  1.'  semestre  de  i8G3, 
d'après  les  renseignements  recueillis  à 
l'Observatoire  de  Paris 384  et    040 

—  J[.  Le  Terrier  communique  les  Bulletins 

météorologiques  publiés  par  l'Observa- 
toire depuis  le  r'  août 385 

—  >I.  Le  Terrier  présente  le  tome  XVIII  de 

la  série  des  Annales  <te  l'Ol/scri'aloire 
consacrée  aux  observations 731 

—  Note  accompagnant  la  présentation  fuite 

au  nom  de  M.  Rico  ySinohas,  du  !"■  vo- 
lume des  Livres  astronomiques  du  roi 
D.  .\lphonse  X,  de  Castille 277 

LLVNDIER.  —  Sur  les  ondes  atmosphériques 
des  hautes  régions,  elles  rapports  qu'elles 
peuvent  avoir  avec  le  trajet  des  étoiles 
tilantes 57  et    908 

LONGOBARDO.  -  Sur  les  phénomènes  que 
présente  actuellement  l'Etna;  Lettre  à 
M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville 1 57 

LORDS  COMJIISSAIRES  DE  L'AMIRAUTÉ 
DE  LA  GRANDE-BRETAGE  (les)  adres- 
sent pour  la  Bibliothèque  de  I  Institut  la 
série  des  cartes  et  plans  publiés  par  le 
Bureau  hydrographique  pendant  les  deux 
dernières  années,  et  celles  des  Instruc- 
tions nautiques  qui  ont  paru  dans  le 
même  intervalle .'>  1 3 

LODVRIÉ  (de).  —  Sur  un  système  nouveau 

de  navigation  aérienne 097 

LUNEL.  —  Nouvelle  théorie  sur  les  combus- 
tions humaines  si)ontanées 332 

LUTON.  —  De  la  substitution  parenchyma- 
teuse,  méthode  thérapeutique  consistant 
dans  l'injection  de  substances  irritantes 
dans  l'intimité  des  tissus  malades 'iSj 


M 


SL\C-LEAR,  nommé  Correspondant  de  la 
Section  d'Astronomie  en  remplacement 
de  feu  M.  Bond,  adresse  ses  remerci- 
ments  à  l'Académie 3oi 

MAISONTS'EUVE.  —  Mémoire  sur  la  réduction 
des  hernies  étranglées  au  moyen  de  la 
compression  élasli(iue  de  bandes  .de 
caoutchouc ^    2G8 

—  Mémoire   sur   l'extirpation   des   tumeurs 

éburnées  de  l'orbite .'147 

—  Sur  un  cas  d'extirpation  de  la  langue  au 

moyen  de  la  cautérisation  en  flèches. . .  83 1 
MAIZIÈRE   (de).  —  Origine  astronomique 

des  maladies  épidémiques 872 

MALBRANCIIE.  —  Une  mention  honorable 

lui  est  accordée  pour  sa  «   Statisti(|ue 

pharmaceutique  des  productions   natu- 


relles et  industrielles  de  la  France  » 
(Concours  pour  le  prix  de  Statistique  de 
i863.) io4a 

M.XNDET.  —  Sur  les  moyens  de  rendre  les 
mousselines  ininllammables.  —  Sur  un 
parement  qui  dispense  les  tisserands  de 
la  nécessité  de  travailler  dans  un  air 
humide 633  et     83* 

MARCHAL  (dk  Caivi).  —  Sur  les  lésions  cé- 
rébro-spinales consécutives  au  diabète.     (i33 

.MARIÉ -DAVÏ,  —  Sur  l'élal  de  l'atmosphère 
pendant  la  i"  quinzaine  d'août  d'après 
les  renseignements  recueillis  i\  l'Obser- 
vatoire impérial  de  l'aris 384 

—  Sur  les  tempêtes  de  l'écpiinoxe (ijo 

—  Sur  la  tempête  des  2  et  3  décembre 94G 

—  M.    Marié -liavy  adresse,    au    nom    de 


(  " 

MM.  riigcs. 

M.  Le  renier  absent,  les  Bulletins  nrà- 
téorologiques  de  l'Observatoire  de  Paris 
(lu  iG  au  '21  août  i8G3 4^4 

MAUMUSE.  —  Lettre  conceinanl  un  bolide 
qu'il  a  observé  à  Mons,  le  i3  septembre, 
à  lo''  by  du  soir :)74 

MARQUIER.  —  Réclamation  de  iiriorité  en- 
vers M.  Motvaii,  pour  un  procédé  de 
pliotolitliographie CgG 

MARTIN".  —  Note  sur  deux  fra.nments  de 
mâchoires  humaines  trouves  dans  la  ca- 
verne de  Bruniquel.  (En  commun  avec 
MM.  Griniifoii  el  Tnilat.) i ooç) 

MARTIN  DE  BRETTES.  -  Application  de  la 
théorie  mécanique  de  la  chaleur  à  l'ar- 
tillerie      904 

M.4SC.\RT.  —  Sur  les  raies  du  spectre  solaire 

ultra-violet 78c) 

M.\T11ET.  —  Sur  quelques  propriétés  des  sur- 
faces d'étendue  minimum 8G8 

M.VTHIEIJ.  —  Note  accompagnant  la  présen- 
tation faite,  au  nom  du  Bureau  des  Lon- 
gitude.'^, d'un  exemplaire  de  la  Conmiis- 
sance  des  Temps  pour  l'année  i865.  ..     Sag 

—  M.  MfUliieu  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission pour  la  révision   des  comptes 

de  l'année  1862 3o2 

MATHIEU  (E.).  —  Sur  les  mouvemenis  des 
lii|uides  dans  les  tubes  de  très-petit  dia- 
mètre      39,0 

M.4TTEUCCI.  —  Sur  la  diffusion  des  gaz  à 

travers  certains  corps  poreux aj  1 

MAUMENE.  —  Sur  la  question  de  l'acide  acé- 
tique annoncé  comme  un  produit  de  la 
fermentation  alcoolique SgS 

—  Sur  le  bouquet  des  vins 48'>. 

—  Sur  la  distillation  des  liquides  mélangés.     gV'J 

—  Sur  le  même  sujet  :  réponse  à  des  remar- 

ques de  M.  Berthclot 1032 

—  Action  de  l'oxygène  sur  le  vin.     gjy  et  io32 

—  Sur  le  diabète  non  sucré gSij 

.MÈNE.  —  Dosage  de  l'acide  carbonique  de 

l'air i55 

—  Sur  les  scories  produites  dans  l'opération 

du  puddiage g7g 

MÉRET.  —Sur  l'instinct  et  1  intelligence  des 

animaux,  et   la  limite  qui  sépare   celle 

intelligence  de  celle  de  l'homme.  45.')  et     CGg 

MEUNIER.  —  De  la  forme  globulaire  que  les 

li(piiiles  et  les  gaz  peuvent  prendre  sur 

leur  propre  surface 4oi 

MIllALLNEZ  demande  el  obtientl'autorisilion 
de  reprendre  un  «  Mémoire  sur  le  Soleil 
considéré  dans  ses  rapports  avec  les 
autres  corps  célestes  » Gjg 

C.  R.,  i863,  2»'«  Semfil/e.  (T.  LVII.) 


33  ) 


!MM.  Pages. 

MILLON.  —  Faits  nouveaux  concernant  les 

métamorphoses  alcooliques '.435 

—  Sur  le  dosage  et  sur  l'équivalent  du  cuivre. 

(En  commun  avec  M.  Cdiimiaitle.). ... 
145  et     8io 

MINISTRE  DE  LA  CONFÉDÉRATION  SUISSE 
(le)  transmet  un  travail  de  M.  L.  Ltivi- 
ziirri  portant  pour  litre  :  n  Nouveaux 
phénomènes  des  corps  cristallisés  ». ...       45 

MINISTRE  DE  L'AGRICULTURE,  DU  (::0M- 
MERCE  ET  DES  TRAVAUX  PUBLICS 
(i.F.)  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de 
l'Institut,  deux  nouveaux  volumes  des 
Brevets  d'invention  pris  sous  l'empire  de 
la  loi  de  1844,  et  les  six  premiers  numé- 
ros du  Catalogue  des  Brevets  d'invention 

pris  en  1 8G3 

ai4,  5g8,  474-  t'fÎQ,  78G  et    g4G 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  (le)  adresse, 
pour  la  Bibliothèque  de  l'Inslilut,  un 
exemplaire  du  tome  IX  de  la  troisième 
série  du  «  Recueil  des  Mémoires  de  Mé- 
decine, de  Chirurgie  et  de  Pharmacie 
militaires  »,  avec.\tlas  des  observations 
météorologiques  faites  à  Rome  de  i85o 
à  18G1...". 4g8 

MINISTRE  DE  LA  M.\RINE  (le)  adresse, 
l)0ur  la  Bdîliothèqne  de  l'Institut,  plu- 
sieurs numéros  de  la  Revue  iiuiritiine  et 
ciiloiiiale io5,  333,  G34,  78G  et     g8o 

—  M.  le  Ministre  adresse  un  volume  intitulé  : 

«  Réfutation  du  système  des  vents  de 
M.  Mdiiry,  par  M.  B(>ur<^()is,  capitaine 

de  vaisseau  » 214 

MINISTRE  DE  L'IXSTRUCTKXN  PUBLIQUE 
(le)  transmet  amplialion  d'un  décret 
impérial  qui  conhrme  la  nomination  de 
M.  le  Contre-.\miral  Paris  en  qualité  de 
Membre  de  l'Académie,  Section  de  Géo- 
grai)hie  et  de  Navigation Gi 

—  Et  d'un  décret  impérial  autorisant  r.\ca- 

démie  à  accepter  le  legs  qui  lui  a  été  fait 

par  JL  Drsmazières 925 

—  M.  le  iVi/iistre  autorise  l'emiiloi  propo,sé 

par  l'Académie  pour  une  somme  à  préle- 
ver sur  les  fonds  restés  disponibles 27G 

—  M.  /e  Ministre  approuve  la  décision  par 

laquelle  l'Académie  a  Hxé  au  28  dé- 
cembre sa  séance  annuelle ggS 

—  M.  /f  Ministre  transmet  la  première  livrai- 

son du  tome  XI  des  «  Annales  de  la  So- 
ciété d'émulation  du  département  des 
Vosges .  » 498 

—  Un    opuscule  du    D'    G.  Burnicnnn,  de 

Napl'S,  sur  l'emploi  du  soufre  contre  la 
maladie  des  raisins. 5 1 3 

—  Une  Note  de  M.  Chariot  Plé  concernant 

.5i 


(  ii34  ) 

MM.  Pages. 

la  découverte  d'une  substance  qui  per- 
mettrait d'olMenir  sur  papier  des  images 
photograpliiqiies  reproduisant  les  cou- 
leurs naturelles  des  objets  représentés. .     5^4 

—  M.  /('  Ministre  (le  V Instruction  j>iihti<iuc 

transmet  un  travail  de  M.  Jnnsscn  sur  les 
raies  lelluriques  du  spectre  solaire  et  du 
spectre  de  Sirius,  et  sur  le  spectre  de 
l'étoile  a  dOrion 1008 

—  Lettre  de  M.   le  Ministre  concernant  un 

Mémoire  de  M.  HnrenibcrtsuT  la  jihréno- 
logic,  présenté  en  mai  1 85g 7SG 

MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES 
(le)  transmet  les  trois  premières  livrai- 
sons du  «  Musée  botanique  de  Leyde  », 
qui  lui  ont  été  adressées  pour  l'Académie 
des  Sciences  par  le  Ministère  Néerlan- 
dais       5G4 

MlTSCHERLICll,  l'un  des  huit  Associés  étran- 
gers de  l'Académie.  — Sa  mort,  arrivée  le 
28  août  i863,  est  annoncée  à  l'Académie 
dans  la  séance  du  19  octobre O49 

MONDINO.  —  Lettre  relative  à  une  Note  pré- 
cédemment adressée  sous  le  titre  de 
«  Projet  d'un  nouveau  baromètre  ». . . .     364 

MOREAU.  —  Sur  l'air  de  la  vessie  natatoire 

des  Poissons 87  et    816 

—  Le  prix  de  Physiologie  expérimentale  de 

i863  est  décerné  à  M.  Morcnii  pour  ses 
«  Recherches  sur  la  physiologie  de  la 
vessie  natatoire  des  Poissons  » io5o 

MOREAU-LEMOINE.  —  Nouvelle   rédaction 

d'un  Mémoire  lu  le  18  mai  i8C3 47 

MOREL-LAVALLÉE.  —  Son  exposé  d'un 
moyen  nouveau  de  prévenir  la  roideur  et 
l'ankylose  dans  les  fractures,  est  si.znalé 
comme  digne  d'attention  par  la  Commis- 
sion des  prix  de  Médecine  et  de  Chirur- 
gie pour  i863 io58 

JIORELLET.  —  Lettre  concernant  un  cas 
parliailier  de  phosphorescence  de  l'eau 
de  mer 5go 

.\1URIN.  '-  Note  sur  l'assainissement  de  l'air 

par  la  vaporisation  de  l'eau 7U0 

—  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Jjnzin 

concernant  le  mouvement  de  l'eau  dans 

les  canaux  découverts 192  et    2J5 


M.M.  Paj;es. 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communi- 
cationdeM.  Dumas,  de  Bordeaux,  inti- 
tulée :  «  Description  et  figure  d'un  nou- 
veau système  de  freins  pour  les  chemins 
de  fer  » 504 

—  M.  Marin,  en  faisant  hommage  à  l'Aca- 
démie d'un  exemplaire  de  ses  «  Études 
sur  la  \entilalion  »,  donne  une  idée  du 
contenu  de  cet  ouvrage 297 

--  M.  Mnrin  met  sous  les  yeux  de  l'Acadé- 
mie un  petit  instrument  de  l'invention 
de  M.  Herm.  de  Schkigintiveit 877 

—  M.  Morin  présente  un  ouvrage  de  M.  .1//- 
clicliit  sur  la  résistance  à  l'écrasement 
des  pierres  calcaires 833 

MORVAN.  —  Mémoire  sur  un  nouveau  mode 
de  reproduction,  à  l'aide  de  la  lumière, 
de  toute  espèce  de  dessins,  gravés,  im- 
primés, photographiés,  etc i54 

—  La  Commission,  chargée  de  l'examen  de 
ce  Mémoire,  demande  l'adjonction  de 
M.  le  Maréchal  Faitlant 210 

JIOULINE.  —  Lettre  concernant  son  piston 
propulseur,  appareil  qu'il  croit  pouvoir 
remplacer  avec  avantage  l'hélice  pour  la 
marine  marchande 4*^3 

MOURA.  —  Considérations  pratiques  sur  les 
polvpes  du  larynx.  Section  d'un  polype 
à  l'aide  d'un  simple  serre-nœud  re- 
courbé      G93 

MURCUISON  (Sir  R.-J.).  —  Le  prix  Cuvier 
lui  est  décerné  pour  l'ensemble  de  ses 
travaux  sur  les  terrains  de  sédiments 
anciens 1  oi;  1 

MUSCULUS.  —  Sur  les  modifications  de  la 

cohésion  moléculaire  de  l'eau 583 

MUSSET  (Cil.).  —  Sur  des  faits  démontrant 
l'influence  électrique  des  rayons  solaires. 
10 (  et     3i.) 

MUSSET.  —  Expériences  sur  l'hétérogénie 
exécutées  dans  l'intérieur  des  glaciers  de 
la  .Maladetta  (Pyrénées),  en  commun 
avec  MM.  Fmichct  et  Joly 558 

—  Réponse  de  MM.  Joly  et  Musset  aux  ob- 
servations critiques  de  M.  Pasteur  sur 
ces  expériences 842 


N 


NAUCK.  —  Sur  la  résolution  des  équations 

numériques  du  troisième  degré.    744  et    9S0 

NAUDIN  est  pré.senté  par  la  Section  de  Bo- 
tanique comme  l'un  dos  candidats  pour 
la  place  vacante  j)ar  suite  du  décos  de 
M    Mi^quin-Tftndon 003 


—  M.  Naudin  est  élu  Membre  de  l'Acadéniic 
en  remplacement  de  feu  M.  Morjuin- 
Taiuliin 

NETTO.  —  Sur  la  structure  anormale  des 
tiges  des  Lianes 

NEUCOURT  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 


97 


(  '1 

MM.  Pages. 
comprendre  son  ouvrage  sur  les  maladies 
chroniques  parmi  les  pièces  de  concours 
pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie  , . . . .     4 J3 

NEUMANN  est  présenté  par  la  Section  de 
Géométrie  comme  l'un  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspon- 
dant      880 

—  M.  Ncuitumn  est  élu  Correspondant  do 
la  Section  de  Géométrie  en  remplace- 
ment de  feu  M.  Oslnigmdshi go'i 

NICKLÉS  (.T.).  —  Note  sur  la  non-existence 

du  wasium  comme  corps  simple 740 


:55  ) 

MM.  Pages. 

NOGUËS.  —  Sur  uno    nouvelle  espèce   de 

Gyrodus  (  Gyrodus  Gibini) 9' 3 

NON.\T.  —  Sur  les  inconvénients  et  les  dan- 
gers des  cautérisations  intra-utérines 
|irofondes 7^4 

N(»T.\RIS  (de).  —  Lettre  concernant  la  tri- 
section de  l'angle Sgi 

NOURRIGAT.  —  Sur  les  avantages  que  pré- 
sente l'emploi  des  feuilles  du  mûrier  à 
larges  feuilles  du  Japon  pour  la  nourri- 
ture du  ver  à  soie 9*^^ 

—  Avantages  de  la  culture  du  mûrier  sau- 
vage sur  celle  du  mûrier  greffé 9**° 


o 


OLIVIER.  —  Lettre  concernant  son  Mémoire 

intitulé  :  «  Pathologie  morale  » gtîa 

OLLIVIER  et  Leve.n.  —  Leurs  recherches  sur 
la  physiologie  et  la  pathologie  du  cer- 
velet sont  signalées  comme  dignes  d'at- 
tention par  la  Commission  des  prix  de 


Médecine  et  de  Chirurgie  pour  l'année 

i863 io58 

OPPENHEIM,  —  Seconde  Note  sur  le  men- 
thol      3Go 

—  Recherches  sur  les  éthers  do  la  terpine..     899 


PAIN  et  Labitte.  —  De  la  pellagre  dans  les 
hospices  des  aliénés;  remarques  sur  une 
communication  de  M.  Lnndouzy 735 

PANIZZl  adresse,  au  nom  de  l'Administra- 
tion du  British  Muséum,  des  remercî- 
menls  à  l'Académie  pour  l'envoi  des 
Comptes  rendus,  des  tomes  XVI  et  XVII 
du  «  Recueil  des  Savants  étrangers  » 
et  de  «  l'Atlas  des  cercles  chromati- 
ques »  de  M.  Chevreul 453 

PARAVEY  (de).  — Sur  un  oiseau  gigantesque 
signalé  Aani'X  Encychpédie  japoiuiiiise  eX 
qu'on  pourrait  supposer  être  \'Epiornis.     5oi 

PARIS.  —  Considérations  sur  les  navires  cui- 
rassés      969 

PARISOT.  —  Recherches  expérimentales  sur 

l'absorption  par  le  tégument  externe. . .     327 

—  Sur  le  rôle  de  l'épiderme  en  présence  de 

l'eau,  du  chloroforme  et  de  l'éther. . . .     373 

PASCAL.  —  De  l'alcoolé  de  Guaco,  de  ses 
elTets  prophylactiques  et  curatifs  dans 
les  maladies  vénériennes,  de  son  in- 
fluence dans  le  pansement  des  plaies. . .     03^ 

P.\SSOT.  —  Réponse  à  une  objection  écrite 
par  M.  Bertrand  en  marge  d'un  Mémoire 
intitulé  :  «  Loi  de  la  variation  delà  force 
centrale  dans  les  mouvements  plané- 
taires, déduite  exactement  du  principe 
des  aires  » SI'hj 

PASTEUR.  —  Note  en  réponse  à  des  obser- 


vations critiques  de  MM.  Pnuchet,  Joly 
et  Musset  contenues  dans  leur  Mémoire 
intitulé  :  «  Expériences  sur  l'hétérogé- 
nie...  » 724 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une   nouvelle 

communication  de  MM.  Joly  et  JMussct 
relative  aux  mêmes  expériences 846 

—  Études  sur  les  vins  :  de  l'influence  de 

l'oxygène  de  l'air  dans  la  vinification. . .     936 

—  Note  relative  à  des  réclamations  de  prio- 

rité soulevées  par  M.  Béchainp  au 
sujet  des  recherches  sur  la  fermentation 
et  les  générations  dites  spontanées 967 

PAULET.  —  Expériences  sur  l'action  phy- 
siologique des  sels  de  thallium 4g4 

PAYEN.  —  Rapport  sur  des  communications 
de  M.  Almro  Reyiioso  et  de  MM.  Pcricr 
et  Possoz,  concernant  les  procédés  d'ex- 
traction du  sucre  colonial  et  indigène..       78 

PÉCHOLIER.  —  Action  du  quinquina  sur  la 
fièvre  typhcûde.  Fièvre  pernicieuse  do- 
thinenlérique 58G 

PELOUZE.  —  Recherches  sur  les  pétroles 
d'Amérique.  (En  commun  avec  M.  Cti- 
liours.) 62 

PEUIER  et  Possoz.  —  Leurs  procédés  d'ex- 
traction du  sucre.  (Rapport  sur  ces  pro- 
cédés; Rapporteur  M.  Puycn.) 78 

PERSOZ.  —  Étude  sur  les  tungstates  et  sur 

l'équivalent  du  tungstène 7G6 

i5i.. 


(  ii3G  ) 

Patres. 


MM. 

PÉTER  (MiciiEi.l.  —  Son  Mémoire  sur  les 
maladies  virulentes  comparées  chez 
l'homme  et  les  animaux,  est  signalé 
comme  disne  d'attention  par  la  Commis- 
sion des  prix  de  Médecine  et  de  Chiriir- 
£;ie  pour  l'année  i8G3 io58 

PH1L1PE.\U.\  et  VuLi'iA.v.  —  Vn  prix  leur 
est  décerné  pour  deux  travaux  relatifs  à 
la  pli\  siologie  du  système  nerveux  qu'ils 
avaient  présentés  au  concours  pour  le 
prix  de  Physiologie  expérimentale  de 
1 8G3 io3o 

PHIPSON.—  Recherche  do  l'acide  vanadique.     i/ia 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  de  mesurer 

l'aclion  chimique  des  rayons  solaires.  . .     Coi 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communi- 

cation de  M.  Morftlct  sur  un  cas  parti- 
culier de  phosphorescence 707 

PIERRE  (IsinoRE).  —  Note  sur  des  feuilles 

de  colza  malades Sgî 

—  Recherches  expérimentales  sur  le  déve- 

loppement du  blé 859 

—  Remarques  et  observations  pratiques  sur 

le  tallage  et  sur  le  rendement  du  blé, 
récolte  de  i8G3 974 

PIESSE.  —  Sur    l'azuléne,    produit    volatil 

obtenu  de  l'huile  de  camomille 1016 

PIETR.\  SANTA  (de).  -  Inlluence  des  cli- 
mats du  midi  de  la  France  sur  les  affec- 
tions de  la  poitrine;  station  d'Ajaccio 
(Corse ) 552  et    693 

PIMONT.  —  Note  sur  le  calorifuge  plastique  : 
certificats  constatant  les  bons  résultats 
qui  en  ont  été  obtenus  dans  diverses 
usines 980 

PISSIS.  —  Mémoires  relatifs  à  la  structure 
orographique  et  à  la  constitution  géolo- 
gique de  l'Amérique  du  Sud,  et,  en  par- 
ticulier, des  Andes  du  Chili.  (Rapport 
sur  ces  Mémoires;  Rapporteur  M.  Ch. 
Siiiiite-Ctairc  Dcvillc.) Zi. 

PLACE.  —  Lettre  concernant  un  photomètre 

de  son  invention itig 

PLAGNIOT  soumet  au  jugement  de  l'.Vcadé- 
mie  un  niveau  de  son  invention  dont  il 
envoie  un  modèle io5 

PLATEAU.  —  Phénomènes  de  juxtaposition 
des  couleurs  :  réponse  à  des  observa- 


MM.  p 

lions  présentées  par  M.  C/irrrcnl  dans 
la  séance  du  1  novembre  i8G3 

PLÉ  (Chaklot).  — Note  concernant  la  décou- 
veite  d'une  substance  qui  permettrait 
d'obtenir  sur  papier  des  images  photo- 
graphiques reproduisant  les  couleurs 
nalurelles  des  objets  représentés 

PLUCKER  est  présenté  par  la  Section  de  Géo- 
métrie comme  l'un  des  candidats  pour 
une  place  vacante  de  Correspondant. . . 

POEY.  —  Sur  l'existence  à  la  Havane  des 
arcs  surnuméraires,  et  sur  les  arcs-en- 
ciel  observés  en  1862 

—  Expériences   sur    l'ozone    ou    l'oxygène 

naissant  exhalé  par  les  plantes  et  ré- 
pandu dans  l'air  de  la  campagne  et  do 
la  ville 

POGGIOLL  —  Note  sur  le  traitement  do 
l'aslhme  par  l'électricité  statique 

POSSOZ  et  PEniEn.  —  Leur  procédé  pour  la 
fabrication  du  sucre.  (Rapport  sur  ce 
jirocédé  ;  Rapporteur  M.  Ptiycn.] 

POUCHET.  —  Expériences  sur  l'hélérogénie 
exécutées  dans  l'intérieur  des  glaciers 
de  la  Maladetta  (Pyrénées),  en  com- 
mun avec  MM.  Joly  et  Musset 

—  Observations  faites  sur  l'air  de  la  cime  du 

mont  Blanc,  à  14800  pieds  d'altitude.  . 

—  Sur  la  question  de  l'hétérogénie  :  adhésion 

aux  remai-ques  présentées  par  MM.  Joty 
et  Musset  à  l'occasion  d'une  Note  de 
JI.  Pasteur 

—  Mémoire  intitulé  :  «  Limites  de  la  résis- 

tance vitale  du  vide  et  à  la  dessiccation 
chez  les  animaux  pseudo-ressuscitants  ». 

POUILLET  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  décerner  le  prix 
Bordinde  r8G3  (question  concernant  les 
courants  thermo-électriques) 

POUMARÈDE.  —  Nouveaux  moyens  de  trai- 
tement des  minerais  argentifères 

PRÉSIDENT  DE  L'INSTITUT  (M.  le).  — 
Lettre  concernant  les  séances  trimes- 
trielles des  14  août  et  5  octobre  i863  et 
celle  du  G  janvier  18G4..      173,  5o5  et 

PRÉSIDENT  DE  L'ACADÉMIE  (M.  le).  — 
Voyez  au  nom  de  M.  Velpeau. 


i(;es. 
I  OÎÇ) 

584 
880 
109 

344 
87. 


7G5 

902 
8r3 


QUATREFAGES  (de).  —  Sur  les  causes 
d'erreur  contre  lesquelles  il  faut  se  pré- 
munir dans  les  recherches  sur  la  ques- 


tion des  générations  spontanées  :  remar- 
ques à  l'occasion  d'ime  communication  de 
MM.  Joh-  et  Musset 84G 


(   "37) 


R 


MM.  Pa^ps. 

RAC!\.  —  Sur  les  combinaisons  do  l'acido 
acétique  aniiydreavec  les  acides  borique 
et  arsénioux '21 3  et     4'>5 

RAOULT.  —  Recliorcbes  snr  la  ciialenr  chi- 
mique et  la  clialpiir  vollaïqiie Joi) 

RAULIN.  —  Études  cliimiques  sur  la  \é;^é!a- 
lion  des  Mucodinées.  particulièrement 
de  W-Jsrnp/in/ri  riigram '228 

RAYEll  présente  et  appuie  une  demande  do 
M.  T/mn;  à  l'ellet  d'obtenir  qu'une  Com- 
mission prise  dans  le  sein  de  l'Académio 
constate  les  faits  exposés  dans  son  Mé- 
moire sur  la  loi  de  la  production  des 
sexes 383 

—  M.  /îfljv'' présente  un  ouvrage  de  M.  Pi- 

cnrrl  sur  les  accidents  occasionnés  par 
les  arbres  et  les  courroies  do  transmis- 
sion       454 

—  A  l'occasion  de  la  présentation  de  l'Atlas 

d'oplithalmoscopie  de  M.  Licbicich, 
M.  Rayer  rappelle  les  recherches  de 
SI.  Fdllin  sur  l'exploration  de  l'œil,  à 

l'aide  de  l'oplithalmoscope Goi 

REECH.  —  Note  sur  les  propriétés  calorifi- 
ques et  expansives  dos  gaz Sor) 

—  Réponse  à  des   remarques  de  M.  Diij>ii- 

relatives  à  la  précédente  communication.  034 
REGNAULT.—  Sur  les  précautionsà  prendre 
dans  les  expériences  pour  en  rendre  les 
résultats  concluants;  remarques  présen- 
tées à  l'occasion  d'une  communication 
de  MM.  Joly  et  Musset 84C. 

—  M.   rug/iiiii/1  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  prix  Bordin  pour  i8(i3  .  142 
RENAUD  annonce,  au  nom  de  l'Administra- 
tion du  Musée  de  Moscou,  l'envoi  pro- 
chain d'un  ouvrage  intitulé  :  «  Copies 
photographiquesdcs  miniatures  des  ma- 
nuscrits grecs  de  la  bibliothèque  syno- 
dale de  Moscou  » 4^3 

—  Et  au  nom  de  la  Société  impériale  des 

Naturalistes  de  Moscou,  l'envoi  des 
n"  ■).  à  4  du  Bulletin  de  cette  Société 

pour  18G2 454 

REYBARD.  —  Sur  le  catliétérisme  obturateur 
de  l'urètre  :  ses  indications,  son  utilité 


MM.  Pages, 

et  sa  supériorité  sur  le  catliétérisme  vé- 

sical  dérivatif 308 

REYNOSO  (Alv.vro).  —  Ses  procédés  pour 
l'extraction  du  sucre.  (Rapfiort  sur  ces 

procédés:  Rapporteur  M.  Pavcn.) 78 

RIBAN.  —  Sur  le  principe  toxique  du  Coruc- 

rhi  inyiiifiiliii  (Redoul  ) -g8 

RICHE  et  BÉii.\RD.  —  Recherches  sur  lesto- 

luides  et  leurs  homologues ,')4 

lUCHELOT  est  présenté  par  la  Section  de 
Géométrie  comme    l'un  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspondant,     918 
RIEMANN  est  présenté   par  la  Section  do 
Géométrie  comme    l'un   des  candidats 
pou  ru  ne  place  vacante  de  Correspondant.     918 
ROBERT  (Ere.).— Sur  les  gisements  d'osse- 
ments de  grands  animaux  et  de  pieires 
travaillées  des  environs  de  Nancy....     426 
ROBIN.  —  Sur  le  café,  sa  culture,  ses  usa- 
ges, etc 214 

ROBINET.  —  Mémoire  ayant  pour  titre  : 
«  Quelques  faits  pour  servir  à  l'étude  de 

l'eau  de  la  pluie  » 4!)^ 

—  M.  Rdbini'l  demande  cl  obtient  l'auturi- 

salion  de  reprendre  ce  Mémoire G79 

ROGO.ISKI.  —  Lettre  concernant  son  travail 
intitulé  :  «  Piincipes  d'une  chls^ificalion 
rationnelle  des  éléments  et  des  compo- 
sés chimi(|ues  » 292 

ROKlfANSKY  est  présenté  par  la  Section  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un 
des  candidats  pour  une  place  vacante  de 

Corresp'ondant 991 

ROUGET.  —  Lettre  concernant  son  Mémoire 
sur  la  terminaison  des  nerfs  dans  les 

muscles 483 

ROUSSEL  (M""  V")  demande  à  faire  con- 
naître ses  travaux  météorologiques....     4'»5 
ROUX.  —  Recherches  sur  la  composition  de 

l'eau  de  la  mer  Morte O02 

ROZENHEIM  est  présenté  par  la  Section  de 
Géométrie   comme   l'un   des   candidats 
|)iiur  une  place  vacante  de  Correspondant .     9 1 8 
RUEZ  DE  LA  VISON.  —  Note  sur  le  ver    à 

soie  du  chêne,  lama-Mai,  du  Japon..     3iî 


S 


SAINT-CRIi:.Q-CASAUX  (ue).— Emploi  de 
l'huile  dans  la  fabrication  des  ciments 
hydrauliques 

—  Doutes  sur  la  réalité  des  inconvénients 
attribués  aux  alliances  consanguines. . . 


70O 


SAINT-MARTIN  (de).  —  Une  mention  hono- 
rable lui  est  accordée  pour  son  «  Atlas 
géographique,  statistique  et  historique 
de  la  Moselle  ».  (Concours  pour  le  prix 
de  Statistique  de  i803.) 


1042 


(  I' 

MM.  P^ECS- 

SAINT- VEXANT  (de).  —  Sur  la  théorie  de 

la  double  réfraction ■     38; 

—  M.  (le  Saint-Venant  demande  des  rensei- 

gnements sur  Du  Buat,  ancien  Corres- 
pondant de  l'Académie 4  m 

SAINTE  CLAIRE  DEVILLE  (Ch.).-  Rap- 
port sur  plusieurs  Mémoires  de  M.  Pi.ssix^ 
relatifs  à  la  structure  orographique  et  à 
la  constitution  géologique  de  l'Amérique 
du  Sud,  et  en  particulier  des  Andes  du 
Chili •••       32 

—  Remarque  à  l'occasion  d'une  communica- 

tion de  M.  Bpcfjiicrcl,  sur  la  détermi- 
nation des  hautes  températures Sâg 

SALNTE-CLAIRE  DEVILLE  (H.).  —  Remar- 
ques, faites  à  l'occasion  d'une  commu- 
nication de  MM.  Jolf  et  Musset,  sur  les 
précautions  à  prendre  dans  les  expé- 
riences pour  arriver  à  des  résultats  con- 
cluants       846 

—  Réponse  à  des  remarques  de  M.  Ed.  Bcv- 

qiicrcl  concernant  la  détermination  des 
températures  élevées 894 

—  Détermination  du  point  d'ébullition  des 

liquides  bouillant  à  haute  température. 

(En  commun  avec  M.  Troost. ) 897 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  nouvelle 

communication  de  M.  E/l.  Bccriuercl.  .     g35 

—  Sur  la  perméabilité  du  fer  à  haute  tem- 

pérature. (En  commun  avec  M.  Troost).    965 

SAMUELSON.  —  Recherches  de  microgra- 
phie atmosphérique 87 

SAUVAGEON.  —  Note  sur  un  nouveau  sys- 
tème de  paragrèles SgS 

SCHATTENMANN.  -  Sur  la  culture  de  la 
vigne  dans  les  départements  du  Haut  et 
Bas-Rhin,  et  dans  la  Bavière  rhénane..     583 

SCIIEURER-KESTNER.  —  Recherches  théo- 
riques sur  la  préparation  de  la  soude 
par  le  procédé  Leblanc ioi3 

SCHIFF  (IIuGo).  —  Recherches  sur  la  quino- 

lène 837 

—  Sur  les  matières  colorantes  dérivées  de 

la  naphtylamine. . .    981 

SCllIMKO.  —  Lettre  accompagnant  l'envoi  de 
deux  ouvrages  intitulés,  l'un  «  Consti- 
tution de  l'univers»,  l'autre  «  Habitants 
des  iilanètes  » 1G9 

SCIILCESING.  —Nouvelle méthode  pour  jau- 
ger les  fluides i()4 

SCOÛTETTEN.  —  Expériences  constatant 
l'électricité  du  sang  chez  les  animaux 
vivants 225  et     791 

SECCIII   (le  p.)-  —  Note  sur  les  spectres 

prismatiques  des  corps  célestes 71 

SÉDILLOT.  —  Bec-de-lièvre  double,  avec  di- 
vision congénitale  de  la  voûte  et  du 
voile  du  palais.  Restauration  de  la  voûte 


38  ) 

MM.  Pa^ps. 

palatine  par  autoplastie  périostique.  Ab- 
sence de  toute  régénération  osseuse  au 
bout  de  trois  mois 4^3 

—  Du  succès  de  l'ouranoplastie,  avec  ou  sans 

ossification  périostique.   (Jao 

—  Des  procédés  d'ouranoplastie  applicables 

aux  fentes  congénitales  de  la  voûte  pa- 
latine compliquées  de  di\  ision  antérieure 
de  l'arcade  dentaire  et  de  projection  de 

l'os  incisif 727 

SEGUIN.  — Sur  l'analogie  de  l'étincelle  d'in- 
duction avec  toute  autre  décharge  élec- 
trique   • ■  <J6 

—  Sur  les  mariages  consanguins  et  les  in- 

convénients qu'on  leur  suppose 253 

SERRES  (o'Uziis).—  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  «  Toxonographie  rétinienne  ou 
écriture  des  distances  par  le  groupement 
des  arcs  rétiniens  compris  entre  les  axes 

optiques  et  les  axes  secondaires  » 474 

SERRES.  —  Recherches  sur  qiîelques  points 
de  l'organisation  du  Lcpidnsircn  nnncc- 
tcns.—  Description  du  cerveau  de  l'ani- 
mal       540  et    577 

SERRET  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion du  grand  prix  de  Mathématiques  de 
i8G3  (théorie  des  phénomènes  capil- 
laires), en  remi)lacement  de  M.  Liou- 
ville,  démissionnaire 81G 

—  INIembre  de   la  Commission  chargée  de 

proposer  une  nouvelle  question  pour  le 
grand  prix  des  Sciences  mathématiques 
à  décerner  en  1 865 977 

SIGNOL.  —  Présence  des  bactéries  dans  le 
sang  d'animaux  atteints  de  diverses  ma- 
ladies; transmission  de  la  maladie  par 
voie  d'inoculation 348 

SIMON.  —  Sur  la  rotation  de  la  Lune  et  sur 

la  libration  réelle  en  latitude..     324  et    (J28 

SIMPSON  est  présenté  par  la  Section  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie  comme  l'un  des 
candidats  pour  une  place  vacante  de 
(-01  respondant 99  ' 

SKRODZKI.  —  Sur  les  forces  d'attraction  et 

de  cohésion  capillaires 5('i3 

SOCIÉTÉ  D'AGRICULTURE,  D'HISTOIRE 
NATURELLE  ET  DES  ARTS  UTILES  DE 
LYON  (  la)  adresse,  pour  la  Bibliothèque 
do  l'Institut,  plusieurs  volumes  de  ses 
Annales 277 

SOCIÉTÉ  DE  MÉDECINE  DE  METZ  (l.\) 
adresse  ses  publications,  et  prie  l'Acadé- 
mie de  la  comprendre  dans  le  nombre 
des  institutions  auxquelles  elle  accorde 
ses  Comptes  rendus io33 

SOCIÉTÉ  DES  NATURALISTES  DE  BRUNN 
(MORAVIE)  (la)  envoie  le  premier  vo- 
lume de  ses  Mémoires 94G 


(   .13 


MM.  \\ 

SOCIÉTÉ  D'HISTOIRE  NATURELLE  DE 
DUBLIN  (la) annonce  l'envoi  du  volume 
de  ses  Comptes  rendus  pour  l'année  1 80:s, 
et  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  en 
retour  la  comprendre  dans  le  nombre 
des  institutions  auxquelles  elle  adresse 
ses  Comptes  rendus  hehdonuuUnres. .  . . 

SOCIÉTÉ  LINNÉENNE  DE  LONDRES  (la) 
adresse  deux  volumes  de  ses  «  Transac- 
tions »,  avec  plusieurs  numéros  de  son 
journal,  et  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  de  ses  dernières  publications.. . . 

SOCIÉTÉ  ROYALE  DES  SCIENCES  DE  CO- 
PENHAGUE (la)  envoie  le  volume  de 
ses  «  Mémoires  pour  l'année  1861  », 
avec  le  compte  rendu  de  ses  travaux 
pendant  la  même  année.  La  Société  re- 


[^,CS. 


475 


5G5 


9  ) 

MM.  Pages. 
mercie  l'Académie  pour  l'envoi  de  plu- 
sieurs volumes 5G5 

SORET.  —  Sur  les  relations  volumélrique» 

de  l'ozone C04 

SLT\LNTENDANT  DU  RELEVÉ  GÉOLO- 
GIQUE DE  L'INDE  (M.  le)  adresse  de 
Calcutta  les  livraisons  3,  l\  et  5  de  la 
deuxième  série  de  la  Paleonlolo^id  In- 
dien      333 

SYLVESTER  est  présenté  par  la  Section  de 
Géométrie  comme  l'un  des  candidats 
pour  uneplacevacantedeCorrespondant.     918 

—  M.  Sv/i  ester  est  élu  Correspondant  de  la 

Section  de  Géométrie  en  remplacement 

de  feu  M.  Steiner 945 

—  M.  .S') /l'cv/t-/- adresse  ses  remercîmenls  à 

l'Académie 977 


TAVERNIER.  —  Nouvelle  méthode  pour  la 

résolution  des  plaies  simples 45-i 

TAVIGNOT.  —  Note  sur  la  méthode  galva- 

nocaustique  iirétrale 5i3 

TIL\SSY.  —  Sur  un  nouveau  système  d'au- 

tolocomotion  aérienne  à  hélice 833 

THIBIERGE.  —  Sur  la  production  du  sulfate 

de  soude  et  de  la  soude  avec  les  sulfures.     697 

THOMAN.  —  Sur  les  intégrales  aux  dillé- 

rences  finies 778 

THOMAS.  —  Sur  l'analyse  des  alliages  d'ar- 
gent et  de  plomb 990 

THOMSON  est  présenté  par  la  Section  de 
Géométrie  comme  l'un  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspon- 
dant      880 

TIGRI.  —  Sur  la  présence   d'infusoires  du 

genre  Bactcrium  dans  le  sang  humain.    033 

—  Note  sur  un  nouveau  cas  de  bactéries 
dans  le  sang  d'un  homme  mort  d'une 
fièvre  typho'ide 833 

TOUCHE.  —  Sur  le  calcul  de  la  résislance 

des  lluides 738 


TIIÉMAUX.  ~  Éclaircissements  géographi- 

([ues  sur  l'Afrique  centrale  et  orientale.     4O8 

TREMBL.4Y.  —  Mémoire  ayant  pour  litre  : 

«  L'Artillerie  rayée  de  sauvetage  » . . . .     5o5 

TRIGER  transmet  une  Lettre  de  M.  Grncinn 
contenant  ipielques  détails  sur  l'éruption 
actuelle  de  l'Etna 23G 

—  M.  /'/•/ifcr  présente  des  profils  de  chemins 

de  fer  transformés  en  coupes  géologiques.  978 
TRINCHESE.  —  Sur  la  structure  du  système 

nerveux  des  Mollusques  gastéropodes. . .  G29 
TROOST    et  H.   SALNTE-CLAmE  Deville.  — 

Détermination  du  point  d'ébullition  des 

liquides  bouillant  à  haute  température..     897 

—  Sur  la  perméabilité  du  fer  à  haute  tem- 

pérature      9G5 

TRUTAT.  —  Note  sur  deux  fragments  de 
mâchoires  humaines  trouvés  dans  la  ca- 
verne de  Bruniquel,  dans  le  département 
de  Tarn-et-Garonne.  (En  commun  ave.c 

MM.  Gmri^ou  et  Martin.) 1009 

TULASNE  fait  hommage,  au  nom  de  son 
irère  et  en  son  propre  nom,  du  second 
volume  de  leur  Fungonim  cnr/jologia. . .     973 


u 

UVTTERUŒVEN. -Lettre  annonçant  l'envoi  d  un  exemplaire  de  ses  œuvres  scientifiques 834 


Vaillant  (  le Marl-chal).  —  Sur  la  tempête 

des  2  et  3  décembre  1 863 lo"' 

—  M.  le  Mtiréelial  Vtallant  présente  une 
Note  de  M.  LeMuUenwx  un  coccus  in- 


digène   du   Sahel    (.\lgeric    ),    sup|]0sé 

propre  à  la  teinture 570 

Et  un  Mémoire  de  M.  Martin  de  Brrttcs 
ayant  pour  titre  :  «   Application  de  lo 


MM. 


(  ■■4o  ) 

Pages. 


'J0| 


909 


853 


■j.çfB 


théorie  mécanique  de  la  chaleur  à 
lillcrie  « 

VAILLANT,  prés  fie  partir  pour  la  mer 
Ilouge,  (lomande  à  l'Académie  dc,<  iii- 
struclions  pour  les  recherches  d'histoire 
naturelle  qu'il  se  propose  de  faire  dans 
ce  pays 

VALENCIENNES.  —  Sur  le  crocodile  à  mâ- 
choire lioursouflée  (  Crnrndilus  plirso- 
i^fiatns  ) 

—  Sur  un  sternum  de  Tortue   fossile    des 

collines  gypseuses  de  Saimois  et  Argen- 
teuil 

VALIN.  —  Considérations  sur  l'opération 
métallurgique  connue  sous  le  nom  de 
Piittinsonn^c 

VALZ.  —  Description  d'un  nouveau  spcctro- 
mètre  à  vision  directe  plus  simiile  et 
moins  dispendieux 69,  i4i  et 

VAUSSIN-CllARDANNE.  —  Note  sur  des 
appareils  destinés  à  prévenir  les  fuites 
de  gaz  d'éclairage,  d'eaux  forcées,  etc. .      io5 

VELPEAU présente  unMémoircdeM.  Couriy, 
intitulé  :  «  Nouveau  perfectionnement 
apporté  à  la  lithotrilie  par  le  broiement 
de  la  pierre  en  une  seule  séance  » qS 

—  M.  Velpaiii  fait  hommage  à  l'Académie, 

au  nom  de  M.  Lichrcicli,  d'un  exem- 
plaire de  son  Allas  d'ophthalnioscopie..     Sgg 

—  M.  I'clj)rnii  présente,  au  nomdei\I.  Ti'gri, 

une  Note  sur  un  nouveau  cas  de  bac- 
téries dans  le  sang  d'un  hunime  mort 
d'une  fièvre  typhoïde 833 

—  M.  Fc/pcnii,  eu  sa  qualité  de  Président, 

annonce  que  le  tome  L'y!  des  Comptas 
rendus  est  en  distribution  au  Secrétariat. 

—  M.    le  Prcsidint   présente,  au  nom   de 

M.  Bcnoni,  un  opuscule  sur  la  clas- 
sification et  le  traitement  des  diverses 
folies 

—  5L  h-  Président    présente,    au  nom   de 

M.  ï'an  Dniiiinie,unv  Notice  sur  le  trai- 
tement ciualir  et  présentif  du  choléra 
asiatique y  80 


945 


94G 


6;o 

«-■2 


-08 


2i3 


MM.  P.1CCS. 

VEKDET.  —  Addition  à  la  quatrième  partie 
des  recherches  sur  les  propriétés  opti- 
ques dévelop|>ées  dans  les  corps  trans- 
parents par  l'action  du  magnétisme. . . . 

'VERRIER.  —  Sur  le  traitement  des  dilTor- 
mités  de  la  taille 

VIEILLARD.  -  Le  prix  Barbier  lui  est  dé- 
cerné pour  ses  travaux  sur  les  plantes 
médicinales  de  la  Nouvelle-Calédonie. . . 

VIGOUROUX.  —  De  l'influence  des  mouve- 
ments respiratoires  sur  ceux  de  l'iris. . 

VILLAIN.  —  Lettre  concernant  sa  Note  sur 
la  navigation  aérienne 

VILLARCEAU  (Yvg.n).  -  Recherches  sur  le 
mouvement  et  la  compensation  des  chro- 
nomètres  

VILLE.  —  Remarque,  à  l'occasion  d'un  Mé- 
moire de  M.  Riitdin.  sur  la  végétation 
des  Mucédinées 

—  Sur  les  lumières  que  peuvent  fournir  les 

phénomènes  de  la  végétation  relative- 
ment à  l'état  moléculaire  des  corps  : 
analyse  de  la  terre  végétale  par  des 
essais  de  culture 

VINCENT.  —  Sur  les  réactions  qui  aident  à 
déceler  la  présence  de  l'opium  ou  de  la 
mor|ihine 

VIOLAND.  —  Sur  l'arnica  et  sur  ses  proprié- 
tés physiologiques  et  thérapeutiques... 

VIOLLET.  —  Sur  des  moyens  de  diminuer  la 
résistance  intéiicuredespilesvolta'i'ques. 

VIRLET.  —  Surl'ophite  des  Pyrénées  consi- 
dérée comme  roche  de  sédiment  mét;;- 
morphique 

VOLPICELLI.  —  Recherches  d'analyse  spec- 
trale  

—  Observations  électro-atmosphériques   et 

éleclro-telliiriques 

VCLPIAN  et  PiiiLiPF.Aix.  —  Un  prix  leur  est 
décerné  pour  deux  travaux  relatifs  à  la 
phvsiologie  du  s\stème  nerveux  qu'ils 
avaient  présenté  au  concours  pour  le  prix 
de  Physiologie  expérimentale  de  i863.. 


4«4 

440 
i50 


33j! 


w 


WAERSTRASS  est  présenté  par  la  Section 
de  Géométrie  comme  l'un  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspondant.    918 

WARREN  DE  LA  RUE. -Noie  accompagnant 
la  préseniation  d'une  double  épreuve  de 
l'image  |)holograplii(pie  delà  Lune,  prise 
le  •/'.*  lévrier  i863,  à  9''  5'" (194 

MILDEBERGER.   —   Lettre   accompagnant 


l'envoi  de  plusieurs  publications  con- 
cernant les  traitements  orthopédiques..     C44 

WURTZ.  —  Nouvelles  observations  concer- 
nant l'action  du  chlorure  de  zinc  sur 
l'alcool  am\  lique 392 

—  Sur  quelques  dérivés  de  l'hydrate  d'a- 

uiylene 479 


(  l'-^l'  ) 


iMM. 

YVON  VILLÀRCEAU.  -  Voir  ù  nilcnrcau. 


z 


ZAIJWSKI.  —  Note,  sur  les  teintes  que  pren- 
nent les  diverses  parties  du  ciel  dans 
les  jours    très-ehauds    romparées    aux 


Pages. 

teintes  de    la    luinieie  élecljicpie  dans 
l'air  raréfié  et  dans  le  vide 292 


SUPPLEMENT    V   L'ERHAT.I. 

Tableau  îles  données  nuntéri<jiirs  iiiii  fixent  1  âg  ce/r/es  du  réseau  jientai^onat ;  cunimuiiicaliun  de 
M.  li/ie  de  Benumont.  L'auteur  a  constaté,  après  l'impression,  les  fautes  suivantes  dans  les  ciiKj  ta- 
bleaux publiés  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  20  juillet  i863  [Comptes  rendus,  t.  LVII, 
p.  125  et  suivantes)  : 


Page  125,  tableau  n"  I,  ligne  3, 

Page  126,  tableau  n"  II,  ligne  8, 

Page  1*7,  tableau  n°  III,  ligne  8. 

Page  128,  tableau  n°  IV,  ligne  3, 

»  ligne  7, 


au  lieu  de  (  I  ) 

au  lieu  de  c  ^   2  5°  1 2'  4 1  ",  79  (  I  ) , 

nu  lieu  de  0 

nu  lieu  de  c=    16" 29'   3", 67  (D) 

au  lieu  de  c—  64"43'37", 61   (D) 

ligne  12,     au  lieu  de  c 

ligne  i8,     (ai  lieu  de  c 


lisez   (D).  V 

Usez  <,-  =  25"   2'4i",79  (I) 
lisez  E. 

lisez  c  =  i6''29'i6",33  (D) 

lisez  e  =  64''37'3o",35  (D) 

40"  1 5'  3 1  ",  36  (  D  ),     lisez  c  =  40°  1 5'  28",  64  (  D  ) 

iiG''io'38",  iG  (D),     lisez  c  =  92° 48' 48",  83  (D) 


»  ligne  22,  au  licude  e=  66°25'   9",  16  (D),     lisez  c  =  66"2.'i' 19",  16  (D) 

»  ligne  28,  au  lieu  de  c  =   23°  47'    i".oo  (D),     lisez  c  =  2i"57'48",27  (D) 

Page  129,  tableau  n"  V,  ligne  22,  au  lieu  de  h  =   49"32'24",  5o //.vrc  /;  =  49°2o'24",  44. 

»  ligne28,  ««  &«rf^^  f  =  8i°39' i3",59  (T),     //.vcz  <■  =  34°  i6'/i5",.55  (ï) 

»  ligne  36,  après  a  Cuba,  ajoutez  (homologue  des  juécédents). 


(iAUTHIICR-Vll.LAIlS,    IMPRIMEUR-LIBRAIRE  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉ,Vi\'CES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIE.NCES. 
*  PARIS.  —  RUE  DE  SEliSE-SAINT-GERMAm,    10,   PRÈS  LINSTITUT. 


C.  R.,  iS63,  i'"'  Semestre.  (T.  LVII.) 


I  ÔX 


^At^to 


mM 


'\]i-M 


f/oc\,:N 


^f^m''m:'n-^ 


Hcsn 


.nnmi 


/./Vs':-?' 


3  2644  Ô93'253540 


■^•''       -^^n 


WMf^ 


Date  Due 


IVIAY 


n  ijQ 


qP)? 


^m 


V;;    AA', 


r^'^A^v 


,l'-'.'\ 


^t 


^«p/2 


.J:V 


m/  mm'M/mmmmm 


Jmmifilm 


WM0m0ê 


'':-'^'''''  mMnMyHiifîH  mi h 


t/JtamffiinffitëSfw/nmuaaWima^BmaKn 


'à/:  I  '  iïi  a }  m