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WHITNEY   LIBRARY, 
1 1 AKYARD   UNIYERSITY 


THE  GIFT  OF 
.).    I).    WHITNKY, 

Slui-i/is  lliioper  Prnfessor 

IN    TIIK 

MUSEUM  or  COMPAKATIVE  ZOOLOGY 


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COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 
DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


PARIS.    —    IMPRIMERIE   DE   GAUTIIIER-VILLARS,    RUE    DE    SEI^•E-SAI^■T-GEnMAI^,    10,    PRES    I,  INSTITUT. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMxVDAIRES 

DES   SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PUBLIÉS, 

CONFORMÉMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 

«Lu    date    va    4$    duiUet   4835. 

PAR   MM.    LES    SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS. 


TOME  SOIXANTE  ET  ONZIÈME. 

JUILLET  —  DÉCEMBRE  1870. 


PARIS, 


GAUTHIER- VILLARS ,  IMPRIMEUR -LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 
SUCCESSEUR  DE  MALLET-BACHELIER, 

(Juai  des  Auguslins,  55. 

1870 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES, 


SÉANCE  DU  LUNDI  4  JUILLET  1870. 
PRÉSIDÉE  PAR  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  C03OITJNICATI01VS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE   L'ACADÉMIE. 

GÉODÉSIE.  —  Noie  sur  les  pyramides  de  VUlejuif  el  de  Juvisy; 
par  M.  Delaunay. 

«  La  base  géodésiqne  de  Villejiiif  à  Juvisy  a  joué  un  rôle  important  dans 
l'hisloire  des  sciences.  C'est  à  la  suite  de  la  première  mesure  de  cette  base 
par  Picard,  en  iG'yo,  et  à  l'aide  des  conséquences  que  ce  célèbre  astro- 
nome en  a  tirées  sur  les  véritables  dimensions  de  la  Terre,  que  Newton  a  pu 
reconnaître  l'identité  entre  la  force  qui  retient  la  Lune  dans  son  orbite  et 
la  pesanteur  terrestre. 

»  On  lit  dans  le  Mémoire  intitulé  :  Mesure  de  la  Terre  par  M.  l'abbé 
Picard  [Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  t.  YII,  p.  i3'}i)  : 

«  Dans  le  dessein  que  l'on  s'était  proposé  de  travailler  à  la  mesure  de  la  Terre,  on  a  jugé 
que  l'espace  contenu  entre  Sourdon,  en  Picardie,  et  Malvoisine,  dans  les  confins  du  Gasti- 
nais  et  du  Hurepois,  serait  très-commode  pour  l'exécution  de  cette  entreprise;  car  ces  deux 
termes,  qui  sont  distants  l'un  de  l'autre  d'environ  Sa  lieues,  sont  situés  à  peu  près  dans  un 
même  méridien,  et  l'on  avait  su,  par  plusieurs  courses  faites  exprès,  qu'ils  pouvaient  être 
liés  par  des  triangles,  avec  le  grand  chemin  deVillejuive  (i)  à  Juvisy;  lequel  chemin,  étant 
pavé  en  droite  ligne  sans  aucune  inégalité  considérable,  et  d'une  longueur  telle  qu'on  verra 

(  i)  On  disait  autrefois  FillejuU'e  au  lieu  de  Fillejiiif,  qui  est  l'orthographe  actuelle. 


(  6  ) 

ci-après,  est  propre  pour  servir  de  base  fondamentale  à  toute  la  mesure  qu'on  y  avait  en- 
treprise. 

»  Pour  mesurer  actuellement  la  longueur  de  ce  chemin,  on  chosit  quatre  bois  de  pique 
de  deux  toises  chacun,  qui,  se  joijjnant  à  vis  deux  à  deux  par  le  gros  bout,  faisaient  deux 
mesures  de  quatre  toises  chacune. 

>i  L'ordre  que  l'on  garda  en  mesurant,  fut  que  lorsqu'une  des  mesures  avait  été  posée  à 
terre,  l'on  y  joignait  l'autre  bout  à  bout  le  long  d'un  grand  cordeau,  puis  on  relevait  la 
première,  et  ainsi  de  suite;  et  pour  compter  avec  plus  de  facilité,  on  avait  donné  dix  fiches 
à  celui  des  mesureurs  qui  s'était  rencontré  la  ])remière  fois  à  la  tète  des  deux  mesiiies,  le- 
quel devait  laisser  une  fiche  à  chaque  fois  qu'il  poserait  sa  mesure  à  terre;  ainsi,  chaque 
fiche  valait  8  toises,  et  quand  les  dix  fiches  avaient  été  relevées,  on  marcpiait  80  toises. 

a  C'est  ainsi  qu'on  a  mesuré  deux  fois  la  distance  depuis  le  milieu  du  moulin  de  Ville- 
juive  tout  le  long  du  grand  chemin  jusqu'au  Pavillon  de  Juvisy,  laquelle  distance  a  été 
trouvée  de  6662  toises  5  pieds  en  allant,  puis  de  5663  toises  i  pied  en  revenant;  mais, 
comme  l'on  n'espérait  pas  pouvoir  approcher  plus  près  de  la  justesse,  on  a  partagé  le  dif- 
férent, s'arrêtant  au  compte  rond  de  5663  toises  pour  la  longueur  ou  base  fondamentale, 
sur  laquelle  nous  avons  établi  tous  les  calculs  ci-après.   » 

»  La  même  base  a  été  mesutce  de  nouveau  en  1740  par  Jacques  Cassini 
et  Lacaille.  On  lit,  en  effet,  dans  l'ouvrage  de  Cnssini  de  Thin-y  intitulé  : 
Ln  Méridienne  de  r  Observatoire  royal  de  Paris,  vérifiée  dans  toute  l'étendue 
du  royaume  par  de  nouvelles  observations  (p.  19)  : 

«  Pendant  ce  temps,  mon  père,  aidé  de  M.  l'abbé  de  Lacaille,  s'occupa  à  vérifier  la  base 
de  M.  Picard  et  la  direction  de  la  méridienne. 

X  On  ne  voyait  plus,  des  deux  termes  de  la  base  de  M.  Picard,  que  l'emplacement  du 
moulin  de  Villcjuive;  et  quand  même  on  les  aurait  reconnus,  les  maisons  qu'on  a  bâties  et 
la  quantité  d'arbres  que  l'on  a  plantés  dans  l'alignement  de  cette  base  n'auraient  pas  permis 
de  voir  récipro(]uement  ces  deux  termes. 

»  Le  parti  que  |)rit  mon  père,  après  avoir  bien  examiné  le  terrain,  fut  de  mesurer  une 
autre  base,  à  peu  près  dans  la  même  direction,  et  de  la  rapporter,  soit  à  celle  de  M.  Picard, 
au  cas  que  l'on  en  pût  reconnaître  évidemment  les  termes,  soit  ."i  un  des  côtés  de  ses  triangles. 

»  Nous  parlerons,  dans  la  suite,  des  différents  moyens  qui  furent  mis  en  usage  pour 
tenter  cette  voie;  il  nous  suffira  de  dire  ici  qu'elles  ont  réussi  toutes  deux,  et  qu'il  en  a  ré- 
sulté que  la  base  de  M.  Picard  était  trop  longue  d'environ  6  toises.  » 

»  Et  plus  loin  (p.  37  du  même  ouvrage)  : 

<i  Après  avoir  mesuré  la  base  et  s'être  assuré  de  sa  grandeur  précise,  mon  père  s'a|)pli- 
qua  à  la  recherche  des  termes  de  celle  de  M.  Picard.  11  fit  fouiller  dans  les  lieux  où  l'on  en 
voyait  des  vestiges.  On  reconnut  avec  évidence  les  pierres  qui  avaient  servi  d'assise  au  mou- 
lin de  bois  de  Villcjuive,  et  les  fondements  du  Pavillon  de  Juvisy.  Ayant  abaissé  de  ces 
deux  points  des  perpendiculaires  sur  la  direction  de  notre  base,  ou  trouva  que  le  coin  du 
Pavillon  de  Juvisy  tombait  à  28  toises  3  pieds  ç)  pouces  en  deçà  du  teime  méridional,  et 
<pie  !<■  moulin  de  Villejiiive  répondait  à  un  point  éloigné  en  deçà  du  |)iquet,  par  rapport  à 
Villejuive,  de  ^2   toises  5  pieds  7  pouces  :  ce  qui   lit  voir  que  la  base  de  M.  Picard,  rap- 


(  7  ) 
portée  à  nos  mesures,  devait  être  de  5657  'oises  2  pieds  8  pouces,  au  lieu  5663  toises,  avec 
une  différence  qui  est  à  raison  de  i  toise  sur  1000. 

»  A  la  page  34  du  même  ouvrage  {Méridienne  vérifiée)  il  est  dit  : 

«  On  s'était  proposé  de  faire  construire  deux  pyramides  de  pierre  aux  extrémités  de 
la  nouvelle  base,  pour  servir  de  monuments  plus  durables  que  n'étaient  les  termes  de 
M.  Picard.   » 

M  Et  deux  pages  plus  loin  (page  36)  : 

«  On  doit  construire  une  pyramide  à  la  ])lace  de  l'arbre  qui  a  servi  de  terme  méridional  : 
on  en  a  bâti  une  en  I  •342,  à  18  toises  5  pieils  8  pouces  au  delà  du  piquet  qui  servait  de  terme 
septentrional,  ce  qui  fait  que  nous  avons  supposé  la  base  entière  de  5748  toises  justes.   « 

»  Une  vérification  de  la  base  de  Villejuif  à  Juvisy  ayant  été  faite  en  1 766, 
les  deux  pyramides  existaient. 

)i  Telle  est  l'origine  des  deux  pyramides  de  pierre  que  l'on  voit  encore 
aujourd'hui  à  gauche  de  la  grande  route  de  Paris  à  Fontainebleau,  l'une  à 
l'entrée  du  village  de  Villejuif,  l'autre  sur  le  territoire  de  Juvisy,  au  point  où 
la  route  coinmeiice  à  s'abaisser  dans  la  vallée  de  l'Orge.  Ces  monuments, 
qui  ont  la  forme  d'un  piédestal  carré  garni  d'une  corniche  et  surmonté 
d'un  obélisque,  sont  un  peu  inégaux  :  celui  de  Juvisy  a  environ  10  mètres 
de  hauteur;  celui  de  Villejuif  est  un  peu  plus  petit.  Ils  appartiennent  à  l'A- 
cadéiTiie  des  Sciences. 

»  La  pyramide  de  Juvisy  est  située  tout  au  bord  de  la  route,  à  l'angle 
qu'elle  forme  avec  un  chemin  de  grande  communication.  Elle  est  protégée 
par  une  ceinture  carrée  de  huit  grosses  bornes,  et  est  en  parfait  état  de 
conservation. 

»  La  pyramide  de  Villejuif  se  trouve  au  milieu  de  propriétés  cultivées, 
situées  au  bord  de  la  route  et  à  une  certaine  hauteur  au-dessus  de  son  ni- 
veau. Elle  s'est  moins  bien  conservée  que  la  pyramide  de  Juvisy.  Pour  la 
protéger  contre  les  causes  de  dégradation  provenant  de  la  culture  du  ter- 
rain environnant,  l'Académie  a  acheté  récemment  une  portion  de  ce  ter- 
rain ;  des  bornes  placées  aux  angles  indiquent  les  limites  de  la  propriété  de 
l'Académie. 

»  Mais  cette  mesure  de  précaution  n'était  pas  suffisante.  J'ai  été  chargé 
par  la  Conmiission  administrative  de  faire  poser  autour  de  la  pyramide  de 
Villejuif  une  ceinture  de  grosses  bornes  pareilles  à  celle  de  Juvisy;  l'inté- 
rieur du  carré  formé  par  ces  bornes  à  été  garni,  comme  à  Juvisy,  d'un  pavé 
en  pente  destiné  à  éloigner  les  eaux  de  la  base  de  la  pyramide.  Le  contour 
du  terrain  acheté  par  l'Académie  a  été,  en  outre,  garni  d'iuie  double  ligne 


(  8  ) 
de  pavés.  En  même  temps,  j'ai  fait  faire  à  la  pyramide  elle-même  les  répa- 
rations dont  elle  avait  besoin. 

»  La  Commission  administrative  a  décidé  que  des  inscriptions  en  lettres 
dorées  sur  marbre  noir  seraient  fixées  aux  deux  pyramides,  afin  de  rappeler 
la  signification  de  ces  monuments.  Ces  inscriptions  sont  posées.  On  lit  sur 
la  pyramide  de  Villejuif  : 


PYRAMIDE    DE    VILLEJUIF 


extrémité  nord  de  la   base   géodésique 
de   villejuif  a  juvisy 

1670  (Picard) 
1740  (J.  Cassi.ni  ET  Lacaille) 


PROPRIETE    DE    L  ACADEMIE    DES   SCIENCES 


»   La  pyramide  de  Juvisy  porte  une  inscription  analogue. 

1)  Je  terminerai  en  indiquant  par  le  croquis  ci-joint  les  positions  que  les 
deux  pyramides  occupent  relativement  aux  bases  qui  ont  été  mesurées  en 
1670  et  1740. 

A  c  D  E  B 

A  est  la  pyramide  de  Villejuif;  B  celle  de  Juvisy;  C  est  le  piquet  auquel  se  terminait  la  base  mesurée 
par  J.  Cassini  et  Lacaille;  D  est  le  point  .luquel  correspond  le  moulin  de  Villejuif  (base  de  Picard); 
E  est  le  point  auquel  correspond  le  Pavillon  de  Juvisy  (base  de  Picard). 

Distance  EB 28'    3p'  9?" 

Base  (le  Picard,  ED 5657      2     8 

Distance  DA 61      5     7 

Base  de  J.  Cassini  et  Lacaille,  AB...      5748'    op'  oP" 

GÉOLOGIE.  —  Noie  sur  les  roches  qu'on  a  rencontrées  dans  le  creusement 
du  tunnel  des  Alpes  occidentales,  entre  Modane  et  Bardonnèclie ;  par  M.  Eue 

DE  BeACMOXT  (  I  ) . 

«  L'Europe  entière  a  été  attentive  à  l'ouverture  du  passage  souterrain 
qui  doit  réunir  la  P'rance  à  l'Italie  en  traversant  la  crête  des  Alpes  occi- 


(i)  L'Académie  a  décidé  que  cette  Communication,  bien  que  dépassant  en  étendue   les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  en  entier  au  Compte  rendu. 


(9) 
dentales.  Tout  le  monde  a  suivi  avec  intérêt  les  progrès  de  cette  utile  entre- 
prise, qui  doit  arrivera  son  terme  en  1871.  La  galerie  qu'on  appelle  le 
plus  souvent  le  Tunnel  du  mont  Cenis  ne  traverse  pas,  à  proprement  parler, 
le  mont  Cenis,  mais  elle  se  dirige  de  Modane  vers  Bardonnèche,  en  passant, 
à  24  kilomètres  au  sud-ouest  du  col  du  mont  Cenis,  sous  la  côte  traversière 
située  entre  le  col  de  la  Pelouze  et  le  col  de  la  Roue. 

»  M.  Ange  Sismonda,  professeur  de  minéralogie  et  de  géologie  à  l'Univer- 
sité de  Turin,  dont  l'Académie  connaît  depuis  longtemps  les  beaux  travaux 
sur  la  constitution  géologique  des  Alpes  du  Piémont  et  de  la  Savoie,  s'est 
trouvé  plus  à  portée  qu'aucun  autre  géologue  de  visiter  les  travaux  qui  se 
poursuivent  depuis  treize  ans  pour  l'exécution  du  tunnel  des  Alpes  occiden- 
tales. Il  a  pu  le  faire  sans  aucun  obstacle,  car  le  Gouvernement  italien,  qui, 
aux  termes  des  traités,  tait  creuser  le  tunnel,  accorde  constamment  à  M.  Sis- 
monda les  facilités  nécessaires  pour  vérifier  l'exactitude  du  rapport  fait 
par  M.  Mans  et  par  lui  à  l'époque  où  a  été  conçue  pour  la  première  fois 
l'idée  de  percer  les  Alpes  dans  lé  but  de  mettre  l'Italie  en  communication 
avec  la  France  par  le  chemin  de  fer  Victor-Emmanuel.  C'est  avec  un  carac- 
tère officiel  qu'il  parcourt  annuellement  les  chantiers. 

«  Dans  un  dernier  voyage,  exécuté  pendant  le  cours  de  l'été  dernier, 
M.  Sismonda  a  recueilli,  à  plusieurs  exeuiplaires,  avec  le  concours  de 
MM.  les  ingénieurs  Copello  et  Borella,  directeurs  des  travaux,  foutes  les 
roches  qui  ont  été  rencontrées  dans  le  percement,  et  il  a  bien  voulu  me 
faire  l'honneur  de  m'envoyer,  au  mois  de  décembre  dernier,  une  de  ces 
précieuses  collections,  qu'il  a  eu  la  bonté  de  compléter  dernièrement,  en 
m'apportaut  lui-même  plusieurs  échantillons  supplémentaires.  Je  profite 
de  la  présence  de  M.  Sismonda  parmi  nous  pour  mettre  cette  collection 
sous  les  yeux  de  l'Académie,  afin  que  les  géologues  qui  se  trouvent  à  Paris 
puissent  recueillir  de  la  bouche  même  du  savant  professeur  de  Turin  les 
intéressants  détails  que,  plus  que  personne,  il  est  à  même  d'ajouter  au  cata- 
logue des  échantillons  rassemblés  par  lui. 

>i  Les  échantillons  sont  au  nombre  de  cent  vingt-sept,  mais  il  reste  une 
lacune  correspondante  aux  parties  du  tunnel  qui  ont  été  percées  depuis  le 
mois  de  septembre  dernier  et  à  celles  qui  restent  encore  à  percer.  Éva- 
luant à  sept  le  nombre  des  échantillons  qui  combleront  plus  tard  cette 
lacune,  j'ai  numéroté  toute  la  collection  en  une  seule  série,  depuis  le  n°  1, 
qui  se  rapporte  à  la  partie  du  tunnel,  voisuie  de  Modane,  jusqu'au  n"  134 
qui  appartient  à  la  |iartie  voisine  de  Bardonnèche. 

C.  K.,  1870,  i'  Semestre.  (.T.  LXXl,  N"  1.)  2 


(   «o) 

»  J'ai  dressé  ensuite,  de  la  collection  totale,  un  catalogue  où  les  échan- 
tillons se  suivent  dans  l'ordre  de  leurs  numéros  qui  est  celui  de  leurs 
distances  à  l'entrée  septentrionale  du  tunnel;  mais  avant  de  parler  de  ces 
distances,  qui  sont  indiquées  pour  chaque  échantillon,  il  est  nécessaire 
d'entrer  dans  quelques  détails  sur  la  longueur  et  la  position  du  tunnel. 

»  L'ouverture  septentrionale  du  tunnel  est  située  près  de  Modane,  dans 
la  vallée  de  l'Arc,  affluente  de  l'Isère  et  du  Rhône,  à  1202™, 82  au-dessus  de 
la  mer.  L'entrée  méridionale  est  située  près  de  Bardonnèche,  dans  la  vallée 
de  RochemoUe,  affluente  de  la  Doire  ripaire  et  du  Pô,  à  l'altilufle  de 
1 335™, 38.  La  distance  horizontale  entre  les  verticales  des  deux  entrées  du 
tunnel  est  de  12220  mètres. 

»  L'entrée  méridionale  étant,  d'après  les  données  précédentes,  plus 
élevée  de  i32™,56  que  l'entrée  septentrionale,  on  voit  que  le  tunnel  a 
dans  son  ensemble  une  pente  d'environ  1  1  millimètres  par  mètre  corres- 
pondant à  peu  près  à  ^degré  (37' 17").  Mais  cette  pente  moyenne  n'ap- 
partient rigoureusement  à  aucune  partie  du  souteri'ain  qui  forme  un  léger 
coude  dans  le  sens  vertical.  Près  de  l'entrée  méridionale  il  présente  un  point 
culminant  élevé  de  3  mètres  au-dessus  de  cette  entrée,  et  à  partir  de  ce 
point  il  descend  régulièrement,  d'une  part  vers  Bardonnèche  et  de  l'autre 
vers  Modane,  de  manière  à  ce  que  les  eaux  qui  pourraient  s'y  introduire, 
près  de  l'une  ou  de  l'autre  entrée,  tendent  naturellement  à  s'écouler  par 
cette  même  entrée. 

»  Pour  l'objet  que  nous  nous  proposons,  nous  pouvons  faire  abstraction 
de  ces  pentes  légères  et  considérer  le  tunnel  comme  représenté  par  luie 
ligne  droite  horizontale  tirée  de  l'une  à  l'autre  des  verticales  de  ses  deux 
extrémités. 

»  Le  plan  vertical  dans  lequel  se  trouve  compris  le  tunnel  est  dirigé,  par 
rapport  au  méridien  astronomique,  du  nord  i4  degrés  ouest  au  sud  i4  degrés 
est;  c'est  aussi  la  direction  de  la  ligne  droite  horizontale  à  laquelle  nous  le 
réduisons  par  la  pensée. 

))  Cette  direction  n'est  pas  perpendiculaire  aux  plans  des  couches  du 
terrain,  qui,  d'aprèsles  observations  obligeamment  communiquées  à  M.  Sis- 
monda  par  M.  l'ingénieur  Mella,  sont  dirigées  en  moyenne,  et  d'une  ma- 
nière à  peu  près  constante,  du  nord  35  degrés  est  au  sud  35  degrés  ouest 
du  monde  et  plongent  du  côté  du  nord-ouest  en  formant,  avec  l'horizon, 
un  angle  de  5o  degrés.  Le  tunnel  les  coupe  donc  obliquement,  et  par  con- 
séquent suivant  une  longueur  supérieure  à  leur  épaisseur  réelle. 

))  Pour  l'exploration  d'iui  groupe  de  couches  fortement  inclinées,  un 


(  II  ) 

tunnel  est  comparable  à  un  sondage  :  un  sondage  vertical  couperait  de  même 
ces  couches  obliquement.  Dans  le  cas  qui  nous  occupe,  le  tunnel  a  sur  le 
sondage  un  double  avantage  :  d'abord,  il  a  beaucoup  plus  de  développe- 
ment que  ne  pourrait  en  avoir  un  sondage,  car  il  a  12220  mètres  de  lon- 
gueur, tandis  qu'on  n'a  guère  fait  de  sondages  ayant  1000  mètres  de 
profondeur,  c'est-à-dire  -^  de  la  longueur  du  tunnel.  En  outre,  le  tunnel 
a  entamé  les  roches  sur  une  largeur  assez  grande  pour  qu'on  puisse  y 
pénétrer,  les  observer  en  place  et  choisir  les  échantillons  destinés  à  les 
représenter,  ce  qu'on  ne  peut  faire  dans  un  sondage. 

»  L'obliquité  de  la  perforation  n'entraîne  aucun  inconvénient  sérieux.  Le 
tunnel  des  Alpes  occidentales  apprend  à  la  géologie  fout  ce  que  pourrait 
lui  apprendre  un  sondage  dirigé  perpendiculairement  aux  plans  des  cou- 
ches ;  mais  un  sondage  ou  un  puits  de  plus  de  7000  mètres  de  pronfon- 
deur,  dirigé  suivant  une  ligne  oblique  à  l'horizon  serait,  quant  à  présent, 
inexécutable;  et  si  la  géologie  pouvait  disposer  des  millions  nécessaires  pour 
opérer,  dans  son  seul  intérêt^  un  pareil  percement,  on  ne  saurait  faire  au- 
trement que  de  le  diriger  horizontalement.  L'ouverture  du  tunnel  a  relevé 
la  science  de  sa  pauvreté  comparative,  et  elle  a  lieu  de  se  féliciter  de  ce  que 
ce  grand  monument  de  l'industrie  est  devenu,  en  même  temps,  un  véri- 
table monument  scientifique. 

»  Remarquons  toutefois  qu'il  ne  l'est  devenu  que  par  l'énergique  persévé- 
rance de  M.  Sismonda  et  de  MM.  les  ingénieurs  Copello  et  Borella,  qui  ont 
pris  soin  de  noter  toutes  les  couches  traversées,  et  d'en  recueillir  des  échan- 
tillons, avant  que  le  muraillement  du  tunnel  les  ait  dérobées  pour  toujours 
à  nos  regards.  Cette  séquestration  forcée  dçnne  un  prix  tout  spécial  à  la 
collection  que  M.  Sismonda  m'a  permis  de  présenter,  en  son  nom,  à  l'Aca- 
démie et  m'a  engagé  à  en  dresser  un  catalogue  plus  détaillé  que  ne  l'a- 
vait fait  mon  savant  ami.  J'espère  qu'elle  portera  l'Académie  à  accueillir 
ce  catalogue  avec  bienveillance  dans  son  Compte  rendu,  comme  le  procès- 
verbal  d'observations  qui  ne  pourront  être  réitérées. 

»  Il  est  essentiel  de  remarquer  que,  le  tunnel  coupant  les  couches  obli- 
quement, les  distances  auxquelles  il  les  rencontre  successivement  ne  don- 
nent pas  la  mesure  exacte  de  leurs  épaisseurs  respectives,  comme  le  ferait 
un  sondage  vertical  dans  des  couches  horizontales.  11  donne  des  épaisseurs 
exagérées  comme  le  fait  un  sondage  vertical  traversant  des  couches  in- 
clinées. 

»  Les  épaisseurs  des  couches  indiquées  par  le  tunnel  sont  donc  sujettes 
à  une  réduction,  mais  cette  réduction  est  facile  à  opérer.  Le  tunnel  étant  di- 

2.. 


(  12  ) 

rigé  vers  le  nord  i4  degrés  ouest,  et  les  couches  vers  le  tiord  35  degrés  est, 
la  direction  du  tunnel  coupe  celle  des  couches  sous  un  angle  de  49  degrés. 
On  a  aussi  à  tenir  compte  de  l'inclinaison  des  couches  qui  plongent,  comme 
il  a  élé  dit,  du  côté  du  nord-ouest,  en  faisant  avec  l'horizon  ini  angle  de 
5o  degrés.  D'après  ces  données,  on  trouve  aisément,  par  une  fornnile  con- 
nue, que  l'épaisseur  des  couches  mesurée  obliquement  sur  la  direction  du 
fmmel  est  à  leur  épaisseur  réellej"  mesurée  perpendiculairement  à  leur  sur- 
face, dans  la  proportion  de  100  à  58  environ  (1).  Il  faut  ajouter  que  le 
parallélisuie  des  couches,  dans  la  longueur  du  tunnel,  n'étant  (pi'approxi- 
malif,  et  quelques-unes  d'entre  elles  présentant  des  inflexions  assez  mar- 
quées, ou  ne  peut  viser  à  ime  très-grande  rigueur  dans  la  réduction  tlont 
il  s'agit;  d'où  il  résulte  qu'an  nombre  58  on  pourrait  substituer,  pour  sim- 
plifier, le  nombre  60  et  réduire  les  épaisseurs  indiquées  par  le  Imniel  dans 
la  proportion  de  100  à  60  on  de  10  à  6,  c'est-à-dire  en  retrancher  suiq)lo- 
ment  les  -^  pour  avoir  les  épaisseurs  normales. 

»   Le  percement  du  tunnel  a  été  commencé  séparément  à  ses  deux  extré- 


(l)  a  étant  l'angle  formé  par  la  direction  des  couches  et  celle  du  tunnel,  /  étant  l'incli- 
naison des  couches  par  rapport  à  l'horizon,  e  l'épaisseur  d'une  couche  mesurée  par  la  ligne 
du  tunnel  el  F.  l'épaisseur  normale  de  cette  même  couche,  on  a 

E  =  6".sina  sini. 

Dans  le  cas  actuel  a  =  49",  '  ^=  5o°  ;  si  l'on  fait  e  =  i ,  on  a 

logE  =  Iogsin49°logsin5o"  : 

logsin49"  =  9,8777799 
logsin5o"  =  9,8842540 

19,7620339, 
d'où  l'on  tire 

logE  =  —  I  -1-0,7620339,      E  =  0,57014,  soit  environ  58  centièmes. 

Appliquant  la  même  formule  à  l'épaisseur  totale  des  couches  traversées  par  le  tunnel  dont 
la  longuein-  est  de  12  220  mètres,  on  a 

logsin49"  =  9,877,7799 
logsinSo"  :=  9,8842540 

l0gI2  22O  =:  4,0871423 

23 ,8491762, 
logE  =  3,8491762,     E  =  7o66,o4- 

Cette  épaisseur  est  inférieure  à  la  longueur  totale  du  tunnel  de  5  i54  mètres,  quantité  i\n 
peu  supérieure  aux  ,'„  de  cette  longueur,  (|ui  seraient  de  4f^<^''^  mètres. 


(  i3  ) 
mités  sous  la  forme  de  deux  galeries  marchant  à  la  rencontre  l'une  de 
l'autre,  pour  se  réunir  dans  l'intérieur  de  la  montagne  intermédiaire.  Les 
deux  galeries  ne  se  sont  pas  encore  rencontrées.  Le  3o  juin  dernier,  la  ga- 
lerie partant  de  Modane  avait  atteint  la  longueur  de  4723™, 55,  et  celle  par- 
tant de  Bardonnèche  la  longueur  de  66o3'",65.  La  somme  des  longueurs 
des  deux  percements  exécutés  était  donc  de  11 327™,  20,  et  la  longueur 
totale  du  tunnel  devant  être  de  12220  mètres,  on  voit  que  les  deux  fronts 
de  taille  marchant  à  la  rencontre  l'un  de  l'autre,  n'étaient  plus  éloignés  que 
de  892"', 80. 

»  De  part  et  d'autre,  on  cheminait  depuis  assez  longtemps  dans  des  cal- 
caires schisteux  forts  analogues  entre  eux,  et  connue  ces  calcaires  schisteux 
sont  d'une  composition  très-uniforme,  il  est  prohable  que,  dans  le  perce- 
ment des  892'", So  encore  intacts,  on  ne  rencontrera  pas  autre  chose  que 
ces  mêmes  calcaires  schisteux. 

»  M.  Sismouda  a  joint  à  chacun  des  échantillons  qu'il  a  eu  la  bonté  de 
me  donner  la  distance  du  point  où  il  a  été  pris  à  l'entrée  de  la  galerie  d'où 
il  provient,  distance  déterminée  avec  le  concours  de  l'ingénieur,  directeur 
du  travail,  M.  Copello,  pour  la  galerie  partant  de  Modane,  et  M.  Borella, 
pour  la  galerie  [partant  de  Bardonnèche.  J'ai  conservé  soigneusement  dans 
le  catalogue  ces  précieuses  indications,  mais,  pour  les  échantillons  pro- 
venant de  la  galerie  de  Bardonnèche,  j'y  ai  joint  celle  de  la  distance  à  l'en- 
trée septentrionale  du  tunnel,  près  de  xModane,  distance  qui  s'obtient  par 
luie  simple  soustraction,  en  partant  de  la  longueur  connue  du  tunnel  entier, 
qui  est  de  12220  mètres.  Cela  permet  de  comparer  les  couches  entre  elles, 
comme  étant  les  membres  d'une  même  série,  ainsi  qu'elles  le  sont  en  effet, 
et  de  les  comprendre  toutes  dans  un  catalogue  unique  et  continu. 

Catalogue  des  roches  traversées  par  le  tunnel  des  Alpes  occidentales. 

JN°  1,   à  282  mètres  de  Modane. —  Schiste  artrileux  ou  grès  à  grain  très-fin,  un  peu  micacé, 

(le  couleur  ardoisée. 
N"  2,   à  283  mètres  de  M.  —  Schiste  argileux  à  texture  fibreuse,  de  couleur  ardoisée. 
N°  3,   à  365  mètres  de  M.  —  Quartis  hyalin  blanc,  avec  un  peu  de  chlorite,  en  veines  dans 

le  schiste  argileux. 
N"  4,  à  Sto  mètres  de  M.  —  Schiste  argileux  ou  grès  à  grain  fin,  un  pdu  micacé,  de  couleur 

ardoisée. 
N"  5,  à  BtS  mètres  de  M.  —  Schiste  argilo-calcaire  à  surfaces  luisantes,  de  couleur  noire. 

11  est  légèrement  effervescent  dans  l'acide  chlorhydricjue. 
N"  6,   à  385  mètres  de  M.  —  Schiste  argileux  d'une  structure  fibreuse  très-prononcée,   ;i 

surfaces  luisantes,  de  couleur  noire. 


(  '4) 

N°  7,  à  4^9  mètres  de  M.  —  Quartz  hyalin  blanc,  accompagné  de  spath  calcaire,  de  dolomie 
lamellaire,  de  talc,  de  chlorjte  et  de  pyrite,  en  veines  dans  les  schistes. 

N°  8,  à  658  mètres  de  M.  —  Schiste  argilo-quartzeux  noir,  à  surfaces  d'écrasement  luisantes, 
contenant  des  veinules  d'anthracite,  semblable  à  celui  qui  forme  habituellement 
le  toit  et  le  mur  des  couches  d'anthracite. 

N°  9,  à  790  mètres  de  M.  —  Schiste  gris,  légèrement  calcarifère,  à  surfaces  micacées  bril- 
lantes, contenant  des  nodules  irréguliers  de  quartir  hyalin. 

N°  10,  à  1 102  mètres  de  M.  —  Grès  schisteux  gris  à  surfaces  micacées  brillantes. 

N"  II,  à  ii36  mètres  de  M.  —  Grès  schisteux  légèrement  calcarifère,  gris,  à  surfaces  mi- 
cacées brillantes. 

N"  12,  h  1228  mètres  de  M.  —  Schiste  argileux  ou  grès,  à  grain  très-fin,  un  peu  micacé,  de 
couleur  ardoisée,  à  surfaces  luisantes  d'un  aspect  fibreux,  analogue  aux  n°'  1, 
2  et  i. 

N°  13,  à  laSi  mètres  de  M.  —  Grès  schisteux  légèrement  calcarifère,  gris,  à  surfaces  mica- 
cées brillantes. 

N"  14,  à  i3i3  mètres  de  M.  —  Conglomérat  quartzo-talqueux,  à  noyaux  de  quartz  hyalin 
fondus  et  ramifiés  dans  la  masse,  d'apparence  métamorphique. 

N°  15,  à  1872  mètres  de  M.  —  Grès  quartzeux  gris,  à  gros  grains,  calcarifère,  à  surfaces 
micacées  brillantes. 

N"  16,  à  i3']3  mètres  de  M.  —  Conglomérat  quartzeux,  à  noyaux  de  quartz  hyalin  fondus 
et  ramifiés  dans  la  masse,  à  surfaces  micacées  brillantes,  analogue  à  la  fois  aux 
n"^  U  et  1,5. 

N°  17,  à  i388  mètres  de  M.  —  Schiste  argileux  ou  grès  à  grain  fin  micacé,  de  couleur 
ardoisée,  sujet  à  contenir  les  empreintes  végétales  qui  accompagnent  ordinaire- 
ment l'anthracite. 

N°  18,  à  1425  mètres  de  M.  —  Anthracite,  d'une  variété  très-habituelle  «Jans  la  contrée. 

N°  19,  à  i586  mètres  de  M.  —  Grès  quartzeux  à  grains  fins,  à  feuillets  minces,  à  surfaces 
micacées  brillantes,  d'un  gris  clair. 

N"  20,  à  1707  mètres  de  M.  —  Grès  quartzeux  gris,  à  surfaces  micacées  brillantes. 

N"  21,  à  i865  mètres  de  M.  —  Quartz  hyalin  accompagné  de  dolomie  lamellaire  présen- 
tant la  forme  du  rhomboèdre  primitif,  de  talc,  de  mica,  de  chlorite  et  de  pyrites, 
en  veines  dans  les  grès. 

N°  22,  à  2027  mètres  de  M.  —  Schiste  micacé  verdâtre,  probablement  métamorphique. 

N°  23,  à  2o36  mètres  de  M.  —  Schiste  gris  calcarifère,  à  surfaces  micacées  brillantes,  tra- 
versé par  des  petits  filons  remplis  de  cristaux  de  carbonate  de  chaux,  offrant  la 
forme  du  rhomboèdre  équiaxe  et  du  prisme  hexagonal. 

N"  24,  à   2090  mètres  de  M.  —   Schiste  talqueux  verdâtre,  onctueux  au  toucher. 

^"25,  à  2i5o'",65  de  M.  —  Quartzite  blanc  grenu,  à  éclat  gras  dans  la  cassure,  conte- 
nant une  veine  de  quartz  hyalin  blanc  avec  veinules  talqueuses,  et  quelques  py- 
rites, accompagné  d'anhydrite;  situé  à  la  base  du  système  anthracifère. 

N°  2C,  à  2i52"',90  de  M.  —   Quartzite  à  grain  fin,  d'un  gris  bleuâtre,  à   éclat  gras  dans 


(  i5) 

la  cassure,  à  surfaces  de  séparation  ondulées,  luisantes,  couvertes  de  petites 
paillettes  d'apparence  talqueuse,  avec  veines  d'anhydrite  blanc  cristallise. 

N°  27,  à  2i54  mètres  de  M.  —  Quartzite  à  grain  fin  d'un  gris  bleuâtre  pâle,  à  éclat  gias 
dans  la  cassure,  à  surfaces  de  séparation  ondulées,  couvertes  de  petites  pail- 
lettes d'apparence  talqueuse;  avec  veines  d'anhydrite. 

N'  28,  à  2i56  mètres  de  M.  —  Quartzite  grenu  blanchâtre,  à  éclat  gras  dans  la  cassure, 
avec  pyrites  et  veines  d'anhydrite  cristallisé. 

N"  29,  à  2171  mètres  de  M.  —  Quartzite  grenu,  à  éclat  gras  dans  la  cassure,  présentant 
des  nuances  verdâtres  et  violacées  irrégulièrement  entremêlées,  et  des  surfaces 
de  séparation  courbes  couvertes  de  petites  paillettes  d'apparence  talqueuse. 

N°  30,  à  2i8i  mètres  de  M.  —  Quartzite  grenu,  à  éclat  gras  dans  la  cassure,  présentant  des 
nuances  légères  de  couleur  verdâtre  ou  violacée,  des  surfaces  de  séparation 
courbes  recouvertes  de  petites  paillettes  d'apparence  talqueuse,  traversé  par  un 
petit  filon  d'anhydrite  blanc  cristallisé  et  renfermant  de  nombreux  cristaux 
d'anhydrite  pénétrant  la  masse. 

N°  31,  à  2188  mètres  de  M.  —  Anhydrite  blanc  saccharoïde  à  gros  grains,  intercalé  dans 
le  quartzite  et  contenant  des  modules  irréguliers  d'une  substance  blanchâtre 
d'apparence  stéatiteuse  (lithoraarge  ?),  ainsi  que  du  talc. 

M"  32,  à  2189  mètres  de  M.  —  Anhydrite  blanc  saccharoïde  à  gros  grains,  semblable  au 
précédent  et  intercalé  de  même  dans  le  quartzite.  Il  est  traversé  par  des  feuillets 
interrompus  de  talc  verdâtre,  onctueux  au  toucher,  analogue  au  n°  24. 

N"  33,  à  2211  mètres  de  M.  —  Quartzite  blanc  grenu,  à  éclat  gras  dans  la  cassure,  divisé 
en  feuillets  courbes  couverts  de  paillettes  verdâires,  d'apparence  talqueuse  et 
enveloppant  un  rognon  irrégulier  d'anhydrite  lamellaire  à  gros  grains  d'une 
teinte  rosée,  donnant  sur  la  langue  une  légère  saveur  salée. 

N°  34,  à  233o  mètres  de  M.  —  Quartzite  blanc  grenu,  à  éclat  gras  dans  la  cassure,  présen- 
tant des  traces  de  schistosité  et  des  nuances  verdâtres,  renfermant  quelcpes  cris- 
taux d'anhydrite  qui  paraissent  avoir  pénétré  dans  les  fissures. 

N"  35,  à  2425  mètres  de  M.  —  Quartzite  blanc  grenu,  à  éclat  gras  dans  la  cassure,  à  sur- 
faces de  séparation  couvertes  de  paillettes  d'apparence  talqueuse,  et  associé  à  du 
talc  verdâtre,  onctueux  au  toucher,  analogue  aux  n"'  24  et  32. 

N°  36,  à  2435  mètres  de  RI.  —  Schiste  talqueux,  verdâtre,  onctueux  au  toucher,  analogue 
aux  n°°  24,  32  et  35,  intercalé  dans  le  quartzite. 

N°  37,  à  2442  mètres  de  M.  —  Quartzite  blanc,  à  éclat  gras  dans  la  cassure,  à  feuillets 
couverts  d'un  enduit  talqueux  verdâtre  et  associé  à  un  anhydrite  lamellaire  à 
très-large  clivage,  transparent,  blanc  et  nuancé  de  teintes  violacées.  (Très-bel 
échantillon.) 

N"  38,  à  2444  mètres  de  M.  —  Quartzite  blanc  grenu,  à  éclat  gras  dans  la  cassure,  présen- 
tant sur  les  surfaces  de  séparation  quelques  traces  de  matière  talqueuse. 

N°  39,  à  247^  mètres  de  M.  —  Quartzite  grenu  à  éclat  gras  dans  la  cassure,  de  nuances 
vertes  et  violacées,  ayant  une  surface  couverte  d'un  reste  de  l'anhydrite  auquel 


(  i6  ) 

il  était  adhérent,  et  semée  de  nombreux  cristaux  de  pyrites  de  fer,  qui  se  mon- 
trent aussi  dans  l'intérieur  du  fragment. 

W  4-0,  à  247^  mètres.  —  Quartzite  grenu,  à  éclat  gras  un  peu  terne  dans  la  cassure, 
nuancé  de  vert  et  de  violet,  renfermant  quelques  pyrites. 

N°  il,  de  2476  a  2480  mètres  de  M. —  Talc  schisteux  d'un  vert  clair,  onctueux  au  toucher, 
avec  veines  irrégulières  d'anliydrite  blanc  saccharoïde. 

N°  42,  à  2482  mètres  île  M.  —  Anhydrite  blanc  saccharoïde  contenant  do  ]ietits  noyaux 
irrcguliers  de  talc  d'un  gris  verdàtre  en  paillettes  agglomérées. 

N"  i3,  de  2481  à  2487  mètres  de  M.  —  Anhydrite  grenu  d'un  blanc  bleuâtre,  non  effer- 
vescent, contenant  des  cristaux  d'anhydrite  blanc  lamelleux  et  des  groupes  de 
fragments  de  calcaire  compacte,  noirâtre,  un  peu  bitumineux,  effervescent  et 
soluble  dans  l'acide  chlorhydrique,  qui  semblent  résulter  de  la  dislocation  de 
fragments  plus  gros. 

]N°  kk,  à  2489  mètres  de  M.  —  Anhydrite  grenu,  d'un  gris  bleuâtre,  contenant  des  nodules 
irréguliers  de  talc,  d'un  blanc  verdàtre  en  lamelles  agglomérées,  du  quartz  bleuâtre 
cristallisé,  des  nodules  ramifiés  de  dolomie  lamellaire  blanchâtre  et  des  rognons 
de  sel  gemme  cristallisé,  d'un  jaune  de  miel,  qui  paraît  avoir  rempli  des  cavités 
géodiques,  où  il  s'est  moulé  sur  les  cristaux  des  autres  substances. 

N"  45,  à  25o3  mètres  de  M.  —  Anhydrite  grenu  d'un  gris  bleuâtre  clair,  à  cassure  esquil- 
leusc,  ne  donnant  pas  sur  la  langue  de  saveur  salée. 

N°  46,  à  25o5  mètres  de  M.  —  Anhydrite  grenu  grisâtre,  à  cassure  esquilleuse,  sans  saveur. 

N"  4-7,  de  2491  à  2624  mètres  de  M.  —  Anhydrite  d'un  gris  bleuâtre  clair,  à  cassure  esquil- 
leuse, non  effervescent,  sans  saveur. 

N"  48,  à  2613  mètres  de  M.  —  Anhydrite  grenu,  blanc,  sans  saveur,  non  effervescent,  pré- 
sentant des  traces  de  soufre,  renfermant  de  petits  fragments  de  calcaire  compacte, 
noirâtre,  un  peu  bitumineux,  soluble  dans  l'acide  chlorhydrique,  comme  au 
n°43. 

1N°  49,  de  2525  à  2665  mètres  de  M.  —  Anhydrite  grenu  d'un  gris  verdàtre,  donnant  sur 
la  langue  une  saveur  salée,  contenant  des  fragments  de  calcaire  noir  et  de  pe- 
tites cavités  irrégulièros  qu'on  peut  supposer  jirovenir  de  la  dissolution  de  petits 
nodules  ramifiés  de  sel  gemme. 

IN°  oO,  à  2697  mètres  de  M.  —  Calcaire  compacte  brun,  à  cassure  esquilleuse,  analogue  aux 
fragments  des  n"'  43  et  48,  renfermant  des  petits  fdons  et  des  veines  irrégulières 
tl'anhydrite  blanc  grenu. 

N°  51,  à  2G()8  mètres  de  M.  —  Calcaire  gris  schistoïde  grenu,  très- effervescent,  avec  veines 
et  petits  fdons  de  spath  calcaire  blanc,  et  lamelles  noirâtres.  La  masse  et  les  veines 
se  dissolvent  très-rapidement  dans  l'acide  chlorhy(lri<iue,  et  il  ne  reste  dans  l'acide 
que  des  |)aillettes  de  mica  et  de  talc,  des  particules  d'anhydrite  et  des  grains 
de  quartz  hyalin. 

N"  52,  à  2708  mètres  de  M.  —  Anhydrite  blanc,  grenu,  sans  saveur  appiéciablc,  renlernic 
dans  le  calcaire  et  contenant  des  fragments  de  calcaire  compacte,  noirâtre,  analogues 
à  ceux  des  n"'  43  et  48. 


(   17  ) 

N°  53,  à  3,717  mètres  de  I\l.  —  Calcaire  j^ris,  cristallin,  non  seliisleux,  livs-liuiUnirtu  so- 
luble  dans  l'acide  chlorhydrique. 

N"  54,  à  27 19  mètres  de  M.  —  Calcaire  d'un  blanc  grisâtre,  cristallin,  znnè. 

N°  55,  à  2736  mètres  de  M.  —  Schiste  talqueux,  verdâtre,  avec  nnances  violacées. 

N"  5(),  à  2744  mètres  de  M.  —  Quartz  gi'enii  schistoide.  à  feuillets  couverts  de  talc  jaunâtre. 

N"  57,  à  2799  mètres  de  M.  —  Calcaire  cristallin,  grisâtre,  un  peu  zone,  mais  non  scliisleu\, 

contenant  des  paillettes  de  mica  et  quelques  pyrites,  très-faciU'ment  soluble  dans 

l'aride  cldorliydrique. 

N°  58,  à  2833  mètres  de  M.  —  Calcaire  schisteux,  ;i  veines  alternatives  de  calcaire  hlanc 
cristallin,  et  de  schiste  noir,  contourné,   brillant. 

N"  59,  à  2836  mètres  de  M.  —  Calcaire  schisteux,  très-effervescent,  à  feuillets  noirs  et  lui- 
sants, traversé  ])ar  des  veines  blanches  de  quartz  hyalin  et  de  calcaire  spathique. 

N"  60,  à  2869  mètres  de  M.  —  Anhydrite  grisâtre,  grenu. 

N"  61,  à  3334  mètres  de  M.  —  Calcaire  schisteux  blanc,  cristallin,  à  feuillets  schisteux 
noirs,  luisants,  présentant  des  surfaces  de  glissement;  très-effervescent,  mais  ne 
se  désagrège  pas  complètement  dans  l'acide  chlorhydrique. 

!N°  62,  entre  3334  et  4192  mètres  de  ]\I.  —  Schiste  gris  très-qnartzeux,  calcarifère,  conte- 
nant des  veinules  d'anhydrite,  intercalé  dans  les  schistes. 

N"  03,  entre  3334  et  ^ig^  mètres  de  I\I.  —  Schiste  talqueux  verdâtre,  très-quartzeux,  cal- 
carifère, contenant  des  veinules  d'anhydrite  et  quelques  pyrites. 

N"  64,  entre  334o  et  4 '92  mètres  de  M.  —  Schiste  calcarifère,  d'un  noir  verdâtre,  à  feuil- 
lets brillants,  un  peu  satinés. 

N"  65,  entre  334o  et  4'92  mètres  de  M.  —  Id.,  contenant  des  veines  blanches  de  quartz 
et  de  spath  calcaire. 

N°  66,  entre  334o  et  4i9''-  mètres  de  M.  —  Schiste  calcarifère,  d'un  noir  verdâtre,  à  feuil- 
lets ondulés,  brillants,  un  peu  satinés. 

N"  67,  à  4'9'-  mètres  de  M.  —  Schiste  calcarifère,  d'un  gris  noirâtre,  à  feuillets  ondulés, 
brillants,  un  peu  satinés. 

[Intervalle  de  1918  nièlres;  sept  numéros  laissés  en  blanc.) 

IN°  75,  à  61  10  mètres  de  Bardonnkche  (61  lo  mètres  de  Modane  (milieu  du  tunnel  ).  —  Cal- 
caire cristallin,  gris,  schistoïde,  à  feuillets  ondulés  d'un  gris  noirâtre,  brillants, 
un  peu  satinés;  il  est  très-effervescent,  mais  ne  se  désagrège  pas  complètement, 
et  laisse  un  squelette  cohérent  mais  friable. 

N"  76,  à  5900  mètres  de  B.  (6320  mètres  de  M.).  —  Calcaire  cristallin,  gris,  sableux,  avec 
veines  de  calcaire  s])athique  blanc;  il  est  très-effervescent,  et  se  désagrège  com- 
plètement dans  l'acide,  en  laissant  des  paillettes  micacées  et  beaucoup  de  grains 
et  de  petits  fragments  anguleux  de  quartz  hyalin  blanc  formant  environ,  d'après 
l'analyse  de  M.  Moissenet,  i4  pour  100  du  poids  total. 

1N°  77,  à  5889  mètres  de  B.  (633t  mètres  de  M.).  —  Calcaire  cristallin  gris,  sableux,  à  cas- 
sure esquillense,  avec  veines  de  calcaire  s|)athique  blanc  et  de  quartz;  Irès-effcr- 

C.  R.,  1870,  :<"  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  1.)  3 


(  I«  ) 

vescent;  se  dissout  rapidement  dans  l'acide  chlorhydrique,  en  laissant  un  résidu 
formé  en  grande  partie  de  grains  et  de  petits  fragments  anguleux  de  quartz. 

N°  78,  à  585o  mètres  de  B.  (6870  de  M.).  —  Calcaire  cristallin,  gris,  scliisteux,  à  surfaces 
micacées,  très-effervescent;  laisse  un  lésidu  friable  contenant  du  sable  quartzeux 
qui  forme  environ  0.5  pour  loo  du  poids  total  (M.  Moissenet). 

N°  79,  à  58oo  mètres  de  E.  (6420  mètres  de  M.).  —  Calcaiie  scliisteux,  gris,  cristallin, 
à  surfaces  luisantes,  d'un  gris  noirâtre,  très-effervcscenl;  laisse  un  résidu  com- 
posé en  grande  partie  de  grains  de  quartz. 

N°  80,  à  5^00  mètres  de  B.  (652o  mètres  de  M.). —  Calcaire  schisteux  cristallin,  gris,  sableux, 
à  feuillels  contournés,  à  surfaces  luisantes  d'un  gris  noirâtre,  un  peu  satinées, 
avec  veines  de  quartz  hyalin  et  de  calcaire  spathique  blanc. 

N°  81,  à  5'joo  mètres  de  B.  (657.0  mètres  de  M.).  —  Calcaire  schisteux,  gris,  cristallin, 
sableux,  à  feuillets  d'un  gris  noirâtre,  luisants,  un  peu  satinés,  très-effervescent. 

N°  82,  à  565o  mètres  de  B.  (ôS^o  mètres  de  M.).  —  Schiste  cilcarifère,  noir,  à  surfaces 
luisantes,  contournées,  faiblement  effervescent. 

N°  83,  à  56oo  mètres  de  B.  (6620  mètres  de  M  ).  —  Schiste  noir  luisant,  d'un  éclat  un  jieu 
satiné,  à  feuillets  ondulés,  non  effervescent. 

N°  84,  à  555o  mètres  de  B.  (6670  mètres  de  M.).  —   Schiste  noir,  à   reflets  verdàtres,  à 

feuillets   ondulés,  luisants,   satinés,  alternant  avec  de  petites  lentilles  de  quartz 

blanc  calcarifère. 
N°  85,  à  5450  mètres  de  B.  (6770  mètres  de  M.).  —  Calcaire  schisteux,  gris,  cristallin,  à 

feuillets  micacés,  traversé  par  des  petits  filons  blancs  de  quartz  hyalin  et  de  spath 

calcaire. 

N"  86,  à  5400  mètres  de  B.  (6820  mètres  de  M.).  —  Calcaire  schisteux,  gris,  cristallin, 
sableux,  à  feuillets  de  schiste  noir,  luisant,  satiné. 

N°  87,  à  5370  mètres  de  B.  (685o  mètres  de  M.).  —  Quartz  et  spath  calcaire  blanc,  en 
veines  dans  le  calcaire  schisteux  gris. 

N°  88,  à  5341  mètres  de  B.  (6879  mètres  de  M.).  —  Calcaire  schisteux,  gris,  cristallin, 
sableux,  avec  feuillets  de  schiste  noir,  satiné,  luisant,  traversé  par  des  petits  liions 
blancs  de  spath  calcaire  et  de  quartz.  Il  laisse  dans  l'acide  un  squelette  cohé- 
rent qui  raye  le  verre,  et  qui  est  composé  en  partie  de  petits  grains  de  quartz 
blanc. 

N"  89,  à  533.3  mètres  de  B.  (0897  mètres  de  M.).  —  Calcaire  cristallin,  gris,  sableux,  très- 
effervescent;  laisse  un  sijuelette  cohérent  qui  raye  le  vci're  et  contient  beaucoup 
de  grains  de  quartz. 

N"  90,  à  5320  mètres  de  B.  —  Calcaire  gris,  cristallin,  schisloïde,  â  feuillets  de  schiste  noir, 
luisant,  satiné  et  de  schiste  talqueux.  Il  contient  des  veinr^s  de  quartz  hyalin  et 
de  calcaire  spathique  blanc. 

N"  91,  à  5266  mètres  de  B.  {%54  mètres  de  M.).  —  Calcaire  gris,  cristallin,  sableux,  avec 
veines  de  spath  calcaire  blanc  et  de  quartz  hyalin. 

N"  92,  à  5197  mètres  de  B.  (7028  mètres  de  M.).  —  Id. 


(   '9  ) 

N°  93,  à  5173  mètres  de  B.  (7047  mctres  de  M.).  —  Calcaire  schisteux,  giis,  ciistaliin, 
sableux,  avec  feuillets  île  schiste  gris,  nuance  de  vert,  luisant  et  satiné. 

N°  94,  à  5i66  mètres  de  B.  (7054  mètres  de  M.).  —  Calcaire  schisteux,  cristallin,  gris, 
sableux,  très-effervescent,  avec  feuillets  de  schiste  noir,  biillant,  satiné,  et  veines 
blanches  de  spath  calcaire  et  de  quartz  hyalin. 

N°  95,  à  5i63  mètres  de  B.  (7057  mètres  de  Bl.).  —  Calcaire  schisteux,  giis,  cristallin, 
sableux,  à  feuillets  de  schiste  gris,  luisant,  satiné. 

N"  90,  à  5119  mètres  de  B.  (7101  mètres  de  M.).  —  Schiste  noir  luisant,  à  feuillets  idu- 
tourncs,  faiblement  effervescent,  passant,  en  quelcpics  points  au  schiste  talqueux, 
et  contenant  de  grosses  veines  de  quartz  hyalin  et  de  sjjalli  calcaire  blanc. 

iN°  97,  à  5i  12  mètres  de  8.(7  108  mètres  de  M.). —  Calcaire  schisteux  giis,  cristallin,  sableux, 
à  feuillets  micacés  avec  veines  talqueuses,  contenant  de  grosses  veines  de  quartz 
hyalin  et  de  calcaire  S[)athique  blanc. 

N°  98,  à  5ioo  mètres  de  B.  (7120  mètres  de  M.:.  —  Schiste  noir,  luisant,  satiné,  calcari- 
fère,  avec  veines  de  quartz  hyalin  et  de  calcaire  spalhique  blanc. 

N°  99,  à  5o5o  mètres  de  B.  (7170  mètres  de  M.).  —  Calcaire  sableux,  cristallin,  gris,  schis- 
teux, à  feuillets  contournés  de  schiste  noir  luisant,  contenant  des  veines  de  quartz 
hyalin  et  de  spath  calcaire  blanc. 

N"  100,  à  5o43  mètres  de  B.  (5177  mètres  de  M.).  —  Calcaire  un  peu  cristallin,  gris,  schis- 
teux, à  feuillets  noirs,  brillants,  satinés,  très-effervescent;  laisse  dans  l'acide 
un  squelette  un  peu  friable,  mais  rayant  le  verre,  composé  principalement  de 
petits  grains  de  quartz  hyalin  ayant  l'apparence  d'un  grès.  (De  même  que  plu- 
sieurs des  précédents,  cet  échantillon  pourrait  être  désigné  aussi  bien  comme 
grès  calcarifère  que  comme  calcaire  cristallin.) 

N°  101,  à  5027  mètres  de  B.  (7193  mètres  de  BI.).  —  Calcaire  gris,  sableux,  cristallin, 
schisteux,  à  feuillets  noirs  luisants,  avec  veines  de  quartz  hyalin  et  de  calcaire 
spathique  blanc. 

N"  102,  à  5oi8  mètres  de  B.  (7202  mètres  de  M.).  — '  Calcaire  gris,  cristallin,  schisteux, 
à  feuillets  de  schiste  noir  luisant,  très-effervescent  ;  laisse  un  squelette  friable, 
composé  principalement  de  schiste  noir. 

N"  103,  à  5ooo  mètres  de  B.  (7220  mètres  de  M.).  —  Schiste  talqueux,  calcarifèie,  à  feuillets 
luisants,  ondulés;  traversé  par  des  veines  de  quartz  hyalin  et  de  spath  calcaire 
blanc.  Il  est  très-effervescent  et  laisse  un  squelette  solide,  rayant  le  verre;  les 
grains  de  quartz  y  sont  plus  enveloppés  que  dans  les  calcaires  schisteux. 

N"  104-,  à  4906  mètres   de  B.  (73i4  mètres  do  M.).  —  Calcaire  schisteux,   gris,   silicifère, 

cristallin,  à  feuillets  d'aspect  micacé  ou  talqueux. 
N"  105,  à  490"  mètres  de_B.  (7320  mètres  de  M.).  —  Calcaire  schisteux,  gris,  silicifère, 

cristallin,  à  feuillets  brillants,  d'aspect  micacé,  avec  veines  blanches  de  quartz 

hyalin  et  de  spath  calcaire. 
N°  106,  à  4878  mètres  de  B.  (7342  mètres  de  M.).  —  Calcaire  schisteux,  gris,  cristallin, 

à  feuillets  noirs,  contournés,  luisants,  avec  veines  blanches,  de  spath  calcaire  et 

de  quart:  hyalin,  et  pyrites  disséminées. 


(     20    ) 
N°  107,  à  48l>8  mètres  du  B.  (^352  mètres  de  M.).  —  Calcaire  cristallin  gris,   schisteux,    à 
feuillets  d'un  gris  noirâtre,  luisants,  contournés,  avec   veines  blanches  de  spath 
calcaire  et  de  (|uartz  hyalin,  très-effervescent;  laisse  un  squelette  cohérent,  com- 
])0sé  en  grande  ])arlie  de  particules  de  quartz  liyalin. 

N"  108,  il  4855  mètres  de  B.  ('j365  mètres  de  M.).  —  Calcaire  schisteux  gris,  cristallin, 
silicifère,  à  feuillets  d'un  noir  verdàtre,  d'apparence  talqueuse,  avec  veines 
blanches  de  quartz  hyalin  et  de  spath  calcaire. 

N°  109,  il  4700  mètres  de  B.  (^520  mètres  de  M.).  —  Calcaire  schisteux  gris,  cristallin, 
avec  veines  blanches  de  quartz  hyalin  et  de  spath  calcaire,  contenant  de  petites 
veines  tal(]ueuses.  Il  est  trés-eflervescent  el  laisse  un  squelette  cohérent,  siliceux. 

N°  110,  à  4688  mètres  de  B.  (7532  mètres  de  M.).  —  Calcaire  cristallin  gris,  silicifère, 
schisteux,  à  feuillets  luisants  d'un  gris  noirâtre,  avec  veines  blanches  de  quartz 
hyalin  et  de  calcaire. 

N°  111,  à  4000  mètres  de  B.  (8220  mètres  de  M.).  —  Calcaire  cristallin  gris,  schisteux,  à 
feuillets  contournés,  noirâtres,  à  reflets  talqueux,  avec  veines  blanches  de  quartz 
hyalin  et  de  spath  calcaire  blanc.  Il  est  très-effervescent,  et  laisse  dans  l'acide 
chlorhydrique  un  squelette  peu  solide,  contenant  beaucoup  de  parties  schisteuses 
et  du  quartz  hyalin  blanc,  grenu  ou  fragmentaire. 

IS"  112,  il  35oo  mètres  de  B.  (8720  mètres  de  M.).  —  Calcaire  schisteux  gris,  cristallin,  à 
feuillets  noirs  luisants.  Il  est  très-effervescent,  et  laisse  dans  l'acide  chlorhvdrique 
un  squelette  peu  cohérent,  contenant  beaucoup  de  schiste  noir  et  un  peu  de 
quartz  hyalin  blanc,  grenu  ou  fragmentaire. 

N°  113,  il  3ooo  mètres  de  B.  (9220  mètres  de  M.).  —  Calcaire  schisteux  gris,  cristallin,  à 
feuillets  noirs,  luisants.  • 

]N°  ni,  il  25oo  mètres  de  B.  (9720  mètres  de  M.).  —  Id. 

N"  115,  entre  2200  et  2i4o  mètres  de  B.  (entre  10020  et  10080  mètres  de  M.).  —  Id. 

N"  116,  entre  igi6  et  1873  mètres  de  B.  (entre  io3o4  et  io347  mètres  de  M.).  —  Id., 
avec  veines  blanches  de  quartz  hyalin  et  de  spath  calcaire. 

N°  117,  entre   1873"', 60  et    i825",5o   de  B.   (entre    io346'",4o  et   io394"',5o    de    M.). 

—  Id.,  avec  veines  blanches  de  quartz  hyalin  et  de  spath  calcaire  i>résentant  des 
traces  de  talc. 

N"  118,  entre  1825  et  178 j'", 60  de  B.  (entre  loSgS  et  io435"',4o  de  M.).  —  Id.,  avec 
jietits  filons  blancs  de  qiiarlz  hyalin  et  de  calcaire  spalhi(|ue. 

TU"  119,  entre  1784"', 60  et  i744"',5o  de  B.  (entre  io435"',4o  et  10475"', 5o  de  M.).  — 
Calcaire  gris,  cristallin,  schisteux,  à  feuillets  ondulés  d'un  gris  noirâtre,  brillants, 
avec  veines  de  quartz  hyalin  et  de  calcaire  spathique  blanc  contenant  du  talc 
jaunâtre  et  de>.  pyrites. 

N"  120,  entre  1744"', 5o  et  1701  mètres  de  B.  (entre  io475'",5o  et  loSig  mètres  de  M.). 

—  Calcaire  gris,  cristallin,  schisteux,  à  feuillets  d'un  gris  noirâtre,  brillants,  (juel- 
<|uefois  micacés,  avec  veines  de  quartz  hyalin  et  <le  calcaire  spathicjue  blanc. 

N"  121,   entre  1667'", 80  et    iG23"',6o  de  B.  (entre  io552"',2oet  io596"',4u  Je  ^l-)-  — 


(     21     j 
Cakaire  i;ns,  nislallin,  scliis'eiix,  à  feuillets  ondules  d'un  gris  noirâtre,  brillants, 
présentant  quelques  reflets  talqueux,  avec  veines  de  quartz  hyalin  et  de  calcaire 
spatliique  blanc. 

N"  122,  à  1490  mètres  de  B.  (10730  nièlres  de  M.).  —  Calcaire  cristallin,  yris,  schisteux,  à 
feuillets  noirs,  biiilants. 

1N°  123,  à  i4';0  niètres  de  B.  (io-5o  mètres  de  M.).  —  Calcaire  crislalliii,  yris,  scliisleux,  à 
feuillets  ondulés,  noirs,  brillants. 

Pi"  12i,  à  itjoo  mètres  de  B.  (10S20  mètres  de  M.).  —  Calcaire  cristallin,  gris,  schisteux,  à 
feuillets  noirs,  luisants. 

N°  125,  à  1357  mètres  de  B.  (io863  mètres  de  M.).  —   Id. 

N°  12(5,  à  l34o  mètres  de  B.  (10880  mètres  de  M.).  —   Id.,  avec  veines  de  quartz  hyalin  et 

de  calcaire  spathique  blanc,  présentant  des  parties  vertes  d'apparence  talqueuse. 

N°  127,  à  1200  niètres  de  B.  (à  1 1020  niètres  de  M.).  —  Calcaire  gris,  cristallin,  schisteux. 

N°  128,  à  1200  niètres  de  B.  (à  1 1020  niètres  de  M.).  —  Id.,  avec  grosses  veines  de  quartz 
hyalin  et  de  spath  calcaire  blanc. 

N"  129,  à  I  i5o  mètres  de  B.  (à  1 1070  mètres  de  M.).  —  Calcaire  gris,  cristallin,  schisteux, 
à  feuillets  noirs,  brillants,  contenant  de  grosses  veines  de  quartz  hvalin  et  de  spath 
calcaire  blanc. 

K"  130,  à  1070  mètres  de  B.  (à  i  i  i5o  mètres  de  M.;.  —   Calcaire  gris,  crislallin,  seliisleux. 
K°  131,  à  1024  mètres  de  B.  (à  11196  mètres   de  M.).   —   Id.,  à   feuillets  de   schiste  noii- 
luisant. 

N°  132,  à  1000  mètres  de  B.  (à  1 1220  mèties  de  M.j.  —  Id.,  avec  veines  tie  quartz  hyahn 

et  de  calcaire  spathique  blanc. 
N°  133,  à  5oo  mètres  de  B.  (à  i  1720  niéties  de  RI.,.  —  Calcaire  giis,  cristallin,  schisteux, 

à  feuillets  noirs  luisants. 

N°  134,  à  i56  niètres  de  B.  (à  12064  mètres  de  M.).  —  Id.,  avec  veines  de  quartz  hyalin 
blanc. 

»  Le  CaLilogue  précédent  n'indique  pas  l'épaisseur  de  la  couche  formée 
par  chaque  espèce  de  roche.  Une  pariie  de  ces  roches  se  resseniblenl  lel- 
lement,  qtie  leurs  Umiles  sont  indistinctes;  d'autres,  au  contraire,  se  dis- 
tinguent très-nettement,  et  elles  ont  joué,  dans  les  travaux  dn  percement, 
des  rôles  très-différents,  à  cause  des  obstacles  que  la  dureté  de  quelques- 
unes  d'entre  elles  y  a  apportés.  Les  ingénieurs  chargés  de  la  direction  des 
travaux,  jM?.î.  Copello  et  Borella,  ont  tenu  note  exacte  de  l'épaisseur  siiivatit 
laquelle  chacune  de  ces  roches  a  été  traversée,  ainsi  (jiie  du  tenqjs  tjui  y  a 
été  employé,  et  M.  Sismonda  a  résumé  ces  notes  dans  ini  tahle.iii  qu'il 
a  joint  à  l'envoi  de  la  collection,  et  que  je  ne  puis  mieux  faire  que  de 
placer  ici. 


(    22     ) 


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(  23  ) 
"   Il  me  reste  à  ajouter,  au  Catalogue  et  au  tableau  qui   précèdent,  des 
remarques  et  quelques  observations  générales  tirées  en  partie  des  Lettres 
et  des  Communications  verbales  de  M.  Sismonda.    » 

PHYSIQUE.  —  Réponse  aux  Observations  présentées  par  M.  H.  Sainte-Claire 
Deville,  sur  (es  varindons  de  température  produites  par  le  mélange  de  deux 
liquides;  par  M.  Jamin. 

«  Mon  confrère  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  m'accuse  d'avoir  supprimé, 
dans  une  citation  extraite  de  l'un  de  ses  Mémoires  (i) ,  les  six  mots  sui- 
vants :  n  d'après  la  règle  que  j'ai  donnée  »,  et  d'avoir  ainsi  altéré  ou  obs- 
curci sa  pensée.  Cette  suppression,  que  je  n'ai  pas  dissimulée,  puisqu'elle  est 
indiquée  par  des  points,  s'explique  très-naturelleirient.  Toute  citation  ayant 
pour  objet  de  mettre  en  liuuière  un  point  déterminé  doit  être  courte  et 
négliger  les  accessoires,  pour  ne  pas  distraire  l'attention  du  lecteur.  J'ai 
obéi  à  cette  nécessité.  Je  l'ai  fait  de  bonne  foi,  sans  aucune  intention  mal- 
veillante, et  sans  soupçonner  l'émotion  que  j'allais  produire.  Je  prie  mon 
honoré  confrère  de  croire  à  tous  mes  regrets. 

»  Pour  ce  qui  est  de  la  question  scientifique  qui  a  donné  lieu  à  ce  débat, 
il  importe  qu'elle  soit  sérieusement  discutée.  Je  vais  donc  résumer  les  idées 
de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  et  les  miennes,  discuter  les  objections  qui 
m'ont  été  faites  et  laisser  l'Académie  juge. 


»  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  mêle,  à  zéro,  un  équivalent  d'acide  sul- 
furique  pur  avec  deux  équivalents  d'eau.  La  température  monte  jusqu'à 
i38  degrés,  mais  le  volume  ne  change  pas.  Cette  conservation  du  volinne 
jiendant  le  changement  de  température  est  un  fait  très-remarquable. 
M.  H.  Sainte-Claire  Deville  l'avait  prévu,  dit-il,  en  s'appuyant  sur  des 
considérations  de  mécanique,  qu'il  expose  comme  il  stiit  (2)  : 

«  En  partant  de  la  théorie  des  ondulations,  on  admet  que  l'intensité  de  la  chaleur  varie 
comme  le  carré  de  la  vitesse  des  niolecides  de  l'élher.  En  supposant  (\i\c  les  températures 
représentent  à  peu  près  proportionnellement  l'intensité  de  la  chaleur,  on  voit  qu'elles  repré- 
sentent aussi  le  carré  de  ces  vitesses,  et  par  conséquent  des  forces  vives. 

«  Dans  l'hypothèse  de  la  matérialité  de  la  chaleur,  je  suppose  que  la  chaleur  latente  est 
comme  un  ressort  bandé  entre  deux  molécules  qni  s'attirent  en  vertu  de  la  cohésion;  et  de 

(i)   Comptes  rendita.  t.  L^  p.  536. 
(2)   Cnmptes  rendus,  t.  L,  p.  535. 


f  24  I 

l'équilibre  de  ces  deux  foires  risnltc  l'étal  arliiel  du  cnips.  Soit  r  (irio  fonclion  du  (om|is 
qui  i-c])i  rsenic  l'espace  que  parcourrait  dans  lo  Iciiqis  l  la  luolrcnlc  m  si  clic  recevait  l'inqyul- 

sionde  cercssort,au  nionicnl  où  il  se  d'^liande;  0^^  —  élanl  la  vitesse  dont  elle  serait  animée, 
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me'  serait  la  force  vive  on  l'intensité  de  cette  clialcur  devenue  sensible.  Or  je  crois  (|u'on  ne 
peut,  à  moins  de  tomber  dans  l'erreur  des  créations  de  forces,  admettre  d'autre  source  à  la 
chaleur  dégagée  dans  les  combinaisons  cliiiniqucs  que  la  clialcur  latente  enfermée  dans  les 
corps  qui  s'unissent.  Du  moment  ([u'il  v  a  un  échauffement  produit,  il  y  a  une  force  mé- 
canique développée  dont  il  est  même  facile  de  donner  aujourd'hui  l'exacte  valeur;  donc  le 
principe  mécanique  de  la  conservation  des  forces  vives  doit  ici  trouver  son  a|iplication. 
Or  la  chaleur  sensible,  développée  par  deux  corps  qui  se  combinent  sans  changer  d'état, 
et  en  se  contractant  comme  l'acide  sulfurique,  doit  être  fournie  par  la  clialeur  latente 
qu'exhalent  ces  deux  corps  au  moment  de  la  combinaison,  et  cette  chaleur  est  é'galc  à  celle 
que  perd  le  composé  pour  passer  de  la  température  à  laquelle  s'est  opérée  la  réaction  à  la 
température  initiale.    » 

»  L'Académie  veri'a  dans  ces  lignes  des  suppositions  sur  la  nature  de  la 
chaleur;  elle  y  reconnaîtra  surloiit  une  lirpolltèsc  flagrante,  &uv  la  chaleur 
latente  considérée  comme  exhalée  par  les  corps  an  moment  de  leur  com- 
binaison; je  pense  cju'elle  n'y  trouvera  rien  qui,  de  près  ou  de  loin,  res- 
semble à  tme  détnonstration  de  la  conservation  du  volume  pendant  que 
deux  liquides  se  combinent,  c'est-à-dire  du  fait  qui  est  en  question. 

»  Elle  ne  l'y  trouvera  pas,  parce  que  cette  démonstration  est  impossible 
el  que,  d'autre  part,  le  fait  n'est  pas  général.  11  n'est  plus  vrai,  si  l'oti  change 
les  proportions  d'acide  sulfurique  et  d'eau;  il  ne  l'est  pas  davantage  quand 
on  mélange  l'alcool  et  l'eau  ou  les  liquides  examinés  par  MM.  Russy  et 
Huignet.  Il  n'est  à  pou  près  vérifié,  en  un  mot,  qise  dans  le  cas  particulier 
qui  a  servi  à  l'ét.iblir;  dans  tous  les  autres,  on  voit  le  volume  diminuer,  et, 
si  l'on  voulait  qu'il  redevînt  égal  à  celui  ries  composants,  il  faudrait  chauffer 
le  mélange  à  une  température  supérietire  à  celle  qu'il  pretid  en  se  formant. 

»  Malgré  cette  variation  qu'il  a  reconnue  lui-inéme,  1\I.  H.  Sainte-Claire 
Deville  persiste  à  maintenir  la  conservation  du  volume  comme  une  loi  in- 
discutable, nécessaire  et  démontrée  en  principe.  Dans  mon  opinion,  c'est 
une  hypothèse. 

»  Mais  comme,  an  réalité,  le  volume  dimiiuie,  il  faut  expliquer  la  diver- 
gence qu'on  trotive  entre  l'hvpothèso  et  les  faits.  M.  H.  Sainte-Claire  De- 
ville  croit  y  réussir  en  disant  qu'au  moment  de  la  réaction  le  mélange  se 
refroidit,  perd  de  sa  tem|)ératuie,  de  sa  chalein-,  de  sa  force  vive,  comme 
les  machines,  et  cpiil  en  perd  précisément  la  (pianlilé  (|u'il  (audrait  lui 
rendre  |)oiir  l'élever,  de  sa  teiiqx'ralin'e,  à  ctdie  (|ui  lui  donnerait  le  volume 


(  ^5  ) 
des  composants;   telle  est  la  rècjle  que  M.  H.  Sainte- Claire  Deuille  a  donnée 
pour  calculer  In  chaleur  perdue. 

»  On  le  voit,  cette  théorie  revient  à  ces  deux  points  :  i"  admettre,  con- 
trairement à  l'expérience  et  sans  aucune  raison  théorique,  le  fait  de  la  con- 
servation du  volume;  2"  corriger  l'inexactitude  de  cette  première  hypothèse 
par  cette  seconde  supposition,  tout  aussi  gratuite,  que  si  le  mélange  n'a  pas 
la  température  qui  lui  est  assignée,  c'est  qu'il  se  refroidit. 

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))  La  théorie  que  j'ai  proposée  est  plus  simple  (1  )  ;  elle  ne  spécifie  aucune 
relation  entre  le  volume  des  composants  et  celui  du  mélange;  elle  admet 
seulement  que  la  chaleur  contenue  dans  les  éléments,  à  la  température  où 
on  les  mêle,  est  égale  à  celle  du  composé,  à  la  température  qu'il  prend  en 
se  formant.  Cette  hypothèse  peut  être  considérée  comme  un  axiome.  On  en 
déduit  aisément,  entre  les  températures  et  les  chaleurs  spécifiques,  l'équa- 
tion de  condition 

M  =  (7-  y,)t  +  '^0, 

dans  laquelle  M  est  une  quantité  constante  pour  chaque  mélange,  et  qu'on 
peut  déterminer  par  une  expérience  unique  et  une  lois  pour  toutes  (2). 

»  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  critique  la  démonstration  que  j'ai  donnée 
de  cette  formule,  et  il  propose  de  la  remplacer  par  la  suivante,  sur  laquelle 
j'appelle  particulièrement  l'attention  (3)  : 

n  On  prend  quatre  vases  imperméables  à  la  chaleur  :  dans  deux  de  ces  vases,  on  intro- 
duit des  poids  éijaux  £  d'eau;  dans  les  deux  autres,  des  poids  égaux  a  d'un  autre  corps, 
l'alcool  par  exemple  (la  somme  e  +  a  =;  i''^).  La  température  de  tous  ces  liquides  est  la 
même  et  égale  à  t°.  On  prend  un  des  vases  pleins  d'eau,  et  l'on  verse  intégralement  cette  eau 
dans  un  des  vases  contenant  de  l'alcool,  de  manière  à  en  faire  un  mélange  homogène.  En  se 
formant,  ce  mélange  s'échauffe  jusqu'à  (f-t-9)°,  tandis  que  la  température  de  l'alcool  et  de 
l'eau,  qui  sont  séparés  dans  les  deux  autres  vases,  ne  change  pas  et  reste  égale  à  t°.  Il  est 
nécessaire,  à  moins  de  supposer  une  création  de  forces,  que  la  quantité  de  chaleur  contenue 
dans  le  mélange  d'eau  et  d'alcool  à  la  température  (t  -h  S)°  soit  exactement  la  même  que  la 
quantité  totale  de  chaleur  contenue  dans  les  éléments  eau  et  alcool  dans  les  deux  autres 

(i)   Comptes  rendus,  t.  LXX,  p.  i3og. 

(2)  M.  Berlhelot  a  donné,  dans  le  tome  VI  des  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  une 
formule  pour  calculer  la  chaleur  dégagée  dans  les  actions  chimiques.  Cette  formide  et  la 
mienne  sont  analogues  et  peuvent  rentrer  l'une  dans  l'autre,  comme  je  le  montrerai  lors  de 
la  publication  des  expériences  que  je  poursuis  avec  M.  Amaury. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  LXX,  p.   iS'jC). 

C    R.,  1870,  2"  Semeitre.  (T.  LXXl,  IN"  1.)  4 


(     26    ) 

vases,  et  qui  sont  toujours  à  la  température  de  i";  car  nous  supposons  qu'il  n'y  a  aucune 
perte  de  chaleur,  par  travail  externe,  par  rayonnement  ou  par  contact  avec  les  vases.  Pre- 
nons les  trois  vases  restants  et  plongeons-les  dans  la  glace  fondante.  Le  mélange  d'eau  et 
d'alcool  à  (l  -H  6)°  va  perdre  une  quantité  de  chaleur  '/(/-+-  6),  son  poids  étant  i  et  sa  cha- 
leur spécifique  y.  Les  éléments  séparés,  eau  et  alcool,  étant  à  t°,  perdront  une  quantité  de 
chaleur  égale  à  y,  t  (y,  étant  la  chaleur  spécifique  moyenne  ec  ■+-  ctc'  des  deux  liquides,  en 
adoptant  la  notation  de  M.  Janiin).  L'excès  de  la  perte  de  chaleur  subie  par  le  mélange  d'al- 
cool et  d'eau  sur  la  perte  de  chaleur  subie  par  les  éléments  de  ce  mélange,  quand  tous  ces 
liquides  arriveront  à  la  même  température  zéro,  sera 

y(^-t-e)  — y,/  =  (y-y,)f-+-ye. 

Or,  c'est  précisément  cette  expression  M  à  laquelle  arrive  M.  Jamin  par  la  considération  du 
zéro  absolu,  et  qui,  dans  tous  les  cas,  ne  peut  être  définie  que  par  une  somme  algébrique 
de  deux  quantités  de  chaleur.  Cette  définition  acceptée,  l'expression 

M  =(v  —  y,)t-hyQ 
équivaut  à  une  identité.  " 

»  Résumons  :  on  calcule  la  différence  des  chaleurs  perdues  par  le  mé- 
lange et  par  ses  éléments;  on  trouve  y[t  -h-  6)  —  y,  t.  Or,  pour  avoir  une 
relation,  il  faut  égaler  cette  différence  à  quelque  chose;  eh  bien!  on  écrit 
qu'elle  est  égale  à  elle-même  ou  à  {y  —  ''/,)t  -h  yO  :  c'est  là  toute  la  démons- 
tration. C'est  comme  si  l'on  disait  deux  et  deux  font  quatre.  Pour  en  arriver 
là,  il  ne  fallait  ni  raisonnement  ni  quatre  vases;  on  pouvait  écrire  tout  de 
suite  un  résultat  qui  n'a  besoin  d'aucune  espèce  de  démonstration. 

M  Je  ne  puis  laisser  croire  que  «  c'est  là  précisément  l'expression  à  la- 
)>  quelle  arrive  M.  Jamin.  »  Je  n'ai  pas  commis  une  faute  de  raisonnement 
aussi  flagrante;  je  n'ai  pas  écrit  cette  identité.  J'ai  écrit  que  (y  —  y^)t  +  yO 
est  une  quantité  constante^  ce  qui  établit  une  véritable  relation  entre 
y,y,,t  et  6.  J'ai  lieu  de  me  plaindre  que  ma  pensée  ait  été  altérée  et  trans- 
formée en  une  véritable  naïveté. 

M   Je  poursuis  : 

n  Comme  il  n'existe  aucun  moyen  de  déterminer  directement  RI  et  autrement  qu'en 
déterminant  par  l'expérience  toutes  les  quantités  y,  y,,  t  ei  0  qui  entrent  dans  l'expression, 
il  s'ensuit  que  celle-ci  ne  peut  servir  ni  à  prévoir  ni  à  expliquer  aucun  phénomène.  Par 
conséquent,  MM.  Bussy  et  Bnignet  ont  tiré  de  leurs  belles  expériences  toutes  les  conclusions 
dont  elles  sont  susceptibles  à  ce  point  de  vue.  » 

»  Si  mon  honorable  confrère  votdait  bien  prendre  la  peine  de  relire  la 
Note  qu'il  critique,  il  regretterait  peut-être  la  condamnation  qu'il  prononce 
contre  ma  formule,  car  il  verrait  qu'elle  a  expliqué  beaucouj)  de  résultats 
et  qu'elle  en  a  prévu  quelques  autres,  que  j'ai  explicitement  énoncés  et  que 


(27  ) 
l'expérience  a  vérifiés  depuis;  elle  n'aurait  jamais  pu  le  faire  si  elle  n'était 
qu'une  identité. 

»  Mais  je  vais  lui  prouver  son  erreur  par  un  argument  plus  palpable,  et 
lui  montrer  que  cette  formule  explique,  prévoit  et  même  calcule  la  tempé- 
rature t'  d'un  mélange  formé  de  £  parties  d'eau  à  t°  et  de  a.  parties  d'alcool 
à  i°.  On  trouvera,  dans  le  tableau  suivant,  ces  températures  calculées  à 
côté  des  températures  observées  par  M.  Amaury  et  moi.  Ces  résultats  sont 
inédits  et  font  partie  d'un  travail  qui  sera  ultérieurement  communiqué  à 
l'Académie  : 


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0,09, 

M 

=  6. 

Obs 

ervé. 

Calculé. 

3 

5o 

c 

0 

,20 

0 

8 

00 

8°  66 

11 

,35 

24 

,00 

26 

10 

26,36 

59 

80 

26 

,40 

60 

00 

60,23 

86 

80 

27 

60 

N 

84 

■>2. 

20 

85, 5o 

1 

=  0 

83, 

/  =  0 

•7> 

M  = 

10, 10. 
t" 

t 

1 

Observé. 

Calculé. 

c 

I 

'50 

—  0 

'40 

c 

9 

5o 

0 
10,60 

3 

10 

20 

10 

i3, 

70 

i3,8o 

18 

00 

22 

70 

25 

5o 

25,  go 

59 

5o 

23 

,20 

59 

,20 

59,50 

84 

90 

26 

00 

79 

80 

81 ,20 

N" 

3. 

E  =  0 
t 

,75,    »  =  o 
t' 

,a5,     M  = 

10,00. 
1" 

Observé. 

Calculé. 

0 
20,60 

0 
21 ,60 

28°  80 

28°  06 

45,70 

45,20 

49,80 

5o,57 

79.00 

62,00 

77, 5o 

78,08 

N°  4. 
;o,G6,  K  =  o,34,  M  =  9,5. 
i" 


4,00 

55,60 
84,40 


-4,00 
55,00 
63,85 


Observé.  Calculé. 

0  o 

I I ,00  I 1 ,02 

57,60  58,57 

79,00  80,54 


»  Je  serais  heureux  que  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  voulût  bien  sou- 
mettre sa  théorie  à  la  même  épreuve;  si  elle  en  triomphe  aussi  aisément  que 
la  mienne,  elle  aura  acquis  une  sanction  expérimentale  qui  lui  a  jusqu'à 
présent  manqué  :  mais  je  crois  qu'elle  ne  le  peut  pas.  C'est  parce  qu'elle 
ne  le  peut  pas  qu'elle  est  vague,  et  c'est  parce  que  ma  formule  le  peut 
qu'elle  est  précise. 

m. 

»  Lorsqu'un  gaz  exprimé  dans  un  volume  invariable  se  refroidit  peu 
à  peu,  il  perd  par  degré  une  fraction  -^^^  de  sa  pression;  par  consé- 
quent, à  —  273  degrés,  cette  pression  doit  être  nulle.  La  température  de 
—  273  degrés  est  donc  «  celle  où  les  molécules  absolument  immobiles 
»  et  séparées  les  unes  des  autres  par  les  mêmes  distances  qu'aux  tempéra- 
»   lures  ordinaires,  n'agissant  plus  par  leurs  chocs  continuels  sur  les  corps 


(28    ) 

»  extérieurs,  cesseraient  de  produire  l'effet  inécaiiiqne  que  nous  appelons 
»  i)ression;  en  un  mot,  c'est  la  teni|iérature  où  la  somme  des  forces  vives 
»  moléculaires  serait  nulle.  Mais  force  vive  et  chaleur  sont  devenues 
»  poiu".  nous  termes  synonymes,  et  nous  pouvons  dire,  sans  abandonner 
»  le  terrain  solide  de  l'expérience,  que  la  température  de  —  273  degrés  est 
»  ce  zéro  absolu  declinlf.wquon  a  cherché  à  déterminer  de  tant  de  manières, 
»  et  qu'on  a  cru,  à  une  certaine  époque,  séparé  par  un  intervalle  infini  de 
»    tonte  température  observable  (i).  » 

»  La  nécessité  du  zéro  absolu  est  ime  conséquence  de  la  théorie  méca- 
nique de  la  chaleur;  son  existence  est  démontrée  par  les  belles  expé- 
riences de  M.  Person;  elle  a  été  admise  par  tous  les  physiciens,  et  il  n'y  a 
plus  qn'à  savoir  le  point  de  l'échelle  thermométrique  où  il  faut  le  fixer. 
J'ai  donc  légitimement  employé  ce  mot,  et  je  le  maintiens.  Mais  il  est  facile 
de  voir  que,  s'il  entre  dans  la  phrase  que  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  cii- 
tiqne,  la  chose  qu'il  représente  n'entre  pas  dans  mon  raisonnement,  qui 
subsisterait  tout  entier  lors  même  que  ce  mot  disparaîtrait. 

»  Ce  raisonnement  s'appuie  uniquement  sur  cette  hypothèse  :  à  la  tem- 
pérature de  la  glace  fondante,  l'eau  et  l'alcool  contiennent  une  quantité 
de  chaleur  déterminée,  qui  est  inconnue,  mais  qui  est  définie.  Je  m'étotuie 
d'autant  plus  de  voir  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  critiquer  celte  hypothèse 
que  j'aurais  trouvé  naturel  qn'il  la  réclamât  comme  sienne,  tant  il  s'est 
donné  de  peine  pour  l'établir  : 

«  ...  J'insiste  sur  ce  point,  que  mon  expérience  de  l'enseignement  me  fait  considérer 
comme  à  peu  près  inaperçu  dans  la  science  aujourd'hui,  qu'à  moins  de  supposer  une  créa- 
tion de  force,  il  faut  admettre  que  la  clialeur  dégagée  pendant  la  combinaison  préexiste  dans 
les  éléments  à  l'état  de  chaleur  latente  ou  de  force  définie,  comme  je  viens  de  le  faire.  .  .  . 
(t.  L,  p.  538). 

»  ...  Les  corps  simples  sont  des  composés  de  chaleur  et  do  matière;"  la  chaleur  se  dé- 
gage par  la  combinaison,  el  le  composé  devient  de  plus  en  plus  slable  et  inerte,  au  fur  et  à 
mesure  que,  s'étant  plus  intimement  combiné,- il  a  perdu  plus  de  chaleur.  .  .   (p. 538).  « 

»  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  a  même  été  jusqu'à  donner  un  nom  à  cette 
chaleur;  il  l'appelle  chaleur  jjldocjislkjue. 

<•    Dans  le  cours  de  ce  travail,  j'ai  appelé  chaleur  latente  ou  p/ilogistique  la  somme 

de  chaleur  emmagasinée  dans  les  corps.  Cetle  chaleur  latente  n'est  donc  jias  uniquement 
celle  qui  fait  varier  l'état  des  corps.  Je  ferai  remarquer,  à  ce  propos,  qu'en  supposant  au- 
tour des  molécules,  et  même  entre  les  molécules  intégrantes  des  corps  composés,  une  atmo- 

(l)  Veudet,  Exposé  de  la  Théorie  mécanique  de  la  chaleur,  p.  74- 


(    29) 
sphère  calorifique,  je  ne  fais  que  reproduire  Vhypnthèse  des  atmosphères  électriques  d'Am- 
père, et  m'appuyer  sur  l'opinion  de  Berzclius (p.  587).   » 

»  L'Académie  voudra  bien  remarquer  que  notre  confrère  avoue  ici  ce 
qu'il  a  nié  dans  sa  Note:  il  avoue  avoir  fait  une  hypothèse,  et  même  avoir  re- 
produit celles  de  Berzélius  et  d'Ampère.  Il  admet  une  chaleur  de  constitution, 
une  chaleur  latente,  tout  en  essayant  de  me  l'interdire;  il  supprime  le  mot 
de  zéro  absohi  qui  paraît  lui  déplaire;  mais  il  en  crée  un  autre  que  je  n'ai 
pas  mission  de  défendre,  celui  de  chaleur  plilogislique. 

»  Si  l'on  veut  bien  y  réfléchir,  on  reconnaît  qu'il  sera  à  tout  jamais  im- 
possible de  voir  la  constitution  intime  de  la  matière,  et  que  nous  sommes 
condamnés  à  la  deviner,  à  la  représenter  par  des  hypothèses.  Tout  le  monde 
en  fait,  ceux  qui  les  condamnent  bruyamment,  comme  ceux  qui  croient 
qu'elles  sont  un  de  nos  moyens  d'étude.  Nos  plus  grandes  découvertes  n'ont 
été  que  de  grandes  hypothèses  :  Gilbert  a  supposé  que  la  Terre  est  un  ai- 
mant pour  expliquer  la  boussole;  Newton  a  supposé  que  la  lumière  est 
composée  pour  expliquer  le  spectre  ;  Pascal  a  supposé  que  l'air  est  pesant 
pour  expliquer  le  baromètre;  entre  Kepler  et  Newton  il  y  a  toute  la  dis- 
tance de  l'attraction  universelle.  Rappelons-nous  Ohm  et  la  théorie  des  cou- 
rants. Ampère  et  son  hypothèse  sur  le  magnétisme;  rappelons-nous  Fresnel^ 
dont  le  génie  semblait  être  de  deviner  la  cause  de  tous  les  phénomènes 
qu'il  entrevoyait.  Rappelons-nous  que  toutes  nos  théories  reposent  aujour- 
d'hui sur  l'hypothèse  de  l'éther,  et  nous  reconnaîtrons  que,  si,  dans  les 
sciences,  l'observation  a  eu  sa  grande  part,  l'imagination  des  hommes  a 
joué  un  rôle  supérieur.  Ces  généralisations  seraient  à  l'avenir  impossibles 
si,  par  l'effet  d'une  philosophie  qui  n'est  pas  la  mienne,  l'horizon  scienti- 
fique se  réduisait  à  la  simple  portée  de  nos  sens. 

»  Je  crois  avoir  établi  : 

»  1°  Que  la  théorie  thermo-chimique  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  est 
une  hypothèse  et  ne  permet  d'établir  aucune  vérification  expérimentale; 

»   2°  Que  ma  formule  ne  mérite  pas  les  critiques  dont  elle  a  été  l'objet; 

»  3"  Que  la  démonstration  donnée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  con- 
duit à  une  simple  identité; 

»  4°  Que  ma  théorie  explique  et  calcule  l'élévation  de  température  du 
mélange  de  deux  liquides.  » 


(  3o  ) 

Observations  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  sur  ta  Communication 
précédente  de  M.  Janiin. 

«  M.  Jamin,  malgré  ma  prière,  et  au  détriment  de  la  discussion,  a  ré- 
pondu verbalement  à  ma  Note  du  27  juin.  Sans  cette  circonstance,  j'au- 
rais attendu  la  publication  de  ses  critiques  avant  de  faire  mes  observations. 
Les  critiques  qu'il  a  faites  de  mon  Mémoire  de  1860  me  semblent  toutes 
inexactes,  et  il  m'a  prêté  des  opinions  que  je  n'ai  jamais  énoncées.  Mais 
comme  elles  n'ont  aucun  trait  à  la  question  qui  nous  divise,  je  n'en  par- 
lerai pas.  Toutefois  il  m'a  semblé  que,  dans  son  exposé  verbal,  M.  Jamin 
citait  encore  d'une  manière  incomplète  certains  passages  de  mes  Mémoires. 
S'il  en  est  ainsi  dans  ce  qui  sera  imprimé,  je  rétablirai  purement  et  simple- 
ment les  textes  dans  leur  intégrité.  Un  mot  seulement  sur  ce  qui  a  été  dit 
en  séance  par  M.  Jamin. 

»   Il  a  développé  ce  qu'il  a  écrit  au  bas  de  la  page  i3i  i ,  tome  LXX  : 

«  1°  M  est  constant  pour  un  mélange  en  proportions  données  :  donc  le  deuxième  membre 
»   de  l'équation  doit  être  invariable,  ce  qui  exige  que  9  diminue  si  t  augmente.  » 

M  Les  nombreuses  expériences  Jaites  par  MM.  Jamin  el  Amaury  pour  véri- 
fier ces  concUisions  [voir  p.  i3j2)  ne  pouvaient  aboutir  à  un  autre  résultat, 
si  la  quantité  de  chaleur  reste  constante,  à  moins  d'erreurs  conunises  dans 
la  détermination  des  chaleurs  spécifiques  7  et  y,  ou  des  températures  t  et  ô. 

»  Je  maintiens  donc  tous  les  termes  de  ma  dernière  Note.  » 

PHYSIQUE.  —  Action  de  l'eau  sur  le  fer  et  de  l' hydrocjène  sur  l'oxyde  de  fer 
[troisième  Mémoire  (i)];  par  M..  H.  Sainte-Claire  Dkvili.e. 

«  Pour  compléter  l'exposé  succinct  de  mes  travaux,  il  me  reste  à  don- 
ner les  résultats  que  j'ai  obtenus,  en  faisant  réagir  l'hydrogène  sur  l'oxyde 
de  fer. 

»  Mes  expériences  dans  cette  voie  sont  encore  peu  nombreuses,  mais  les 
conséquences  qu'on  en  déduit  sont  très-claires  et  identiques  à  celles  que  la 
réaction  inverse  de  l'eau  sur  le  fer  métallique  m'a  permis  d'établir  dans 
mes  deux  premières  Communications. 

»  L'oxyde  de  fer  que  j'expérimente  aux  températures  élevées  doit  être 
nécessairement  l'oxyde  magnétique.  Je  le  prépare  en  chauffant  dans  la  va- 
peur d'eau,  vers  800  degrés,  du  fer  spongieux  résultant  de  la  réduction  du 

(i)  Voyez  Comptes  rcntlus,  t.  LXX,  p.  i  io5  et  1201. 


(  3.  ) 
sesquioxyde  de  fer  par  l'hydrogène.  Cet  oxyde  est  amorphe,  noir,  présen- 
tant à  sa  surface  quelques  points  rouges  dus  sans  doute  à  une  quantité 
très-petite  de  sesquioxyde  de  fer. 

»  Des  échantillons  ainsi  préparés  ont  été  mis  dans  trois  tubes  de  porce- 
laine, communiquant^  d'une  part,  à  mes  appareils  manométriques,  et  d'autre 
part  à  une  source  d'hydrogène  parfaitement  pur. 

»  L'un  de  ces  tubes  de  porcelaine  a  été  chauffé  dans  un  four  à  huile 
minérale  à  une  température  voisine  de  1600  degrés.  Le  second  a  été 
chauffé  dans  de  la  vapeur  de  zinc  (io4o  degrés),  et  le  troisième  dans  la 
vapeur  de  cadmium  (860  degrés). 

»  Après  avoir  fait  le  vide  dans  les  appareils  et  y  avoir  introduit  l'hydro- 
gène, j'ai  vu  ce  gaz  s'absorber  peu  à  peu,  de  l'eau  se  former  et  se  condenser 
dans  une  petite  cornue  qui  en  contenait  déjà  et  qui  était  maintenue  à  une 
température  constante.  J'ai  obtenu  les  résultats  suivants  (i)  : 

Température        Température  Tension  Tension  Oxyde  Oxygène 

de  Toxyde  de  de  Thydrogène  de  l'hydrogène      de  fer  enlevé  à  l'oxyde 

de  fer.  l'eau.  humide.  sec.  employé.  de  fer. 

mm  mm 

860°  j       0°  17,4  12,8    1  ?■■  er 

i   .5  35,9  23,2  1       9,78  0,56 

io4o  I     "  ;^'°  9'4        14,55  0,38 

(   i5  3o,o  17,3  ) 

1600   ?  o  10,0  5,4         20  qq.™"'s 

»  On  vérifie  l'exactitude  de  ces  nombres  en  réoxydant  la  petite  quan- 
tité de  fer  formé  au  moyen  de  la  vapeur  d'eau  fournie  par  la  cornue  et 
après  avoir  extrait  l'hydrogène  formé  par  une  première  ou  une  seconde 
réduction.  Malgré  la  prépondérance  considérable  de  l'oxyde  de  fer,  l'hy- 
drogène se  reproduit  et  donne  invariablement  les  nombres  que  je  viens 
d'inscrire  au  précédent  tableau. 

»  Il  s'ensuit  que  toutes  les  lois  qui  président  à  la  formation  de  l'hydro- 
gène, quand  ou  met  une  faible  quantité  d'eau  en  présence  d'une  grande 
quantité  de  fer,  se  retrouvent  au.\:  températures  citées  les  mêmes  et  avec 
les  mêmes  constantes  dans  le  cas  de  l'absorption  d'une  faible  quantité 
d'hydrogène  par  une  grande  quantité  d'oxyde  de  fer. 

»  J'ai  vérifié  d'une  autre  manière  le  même  principe  lorsque  le  fer  est 
chauffé  dans  le  soufre  bouillant  à  44o  degrés. 

(i)  Si  la  matière  contient  un  peu  de  sesquioxyde  de  fer,  il  faut  détruire  celui-ci  en  rem- 
plissant l'appareil  deux  ou  trois  fois  d'hydrogène,  le  poids  de  ce  gaz  restant  toujours  très- 
petit  par  rapport  au  poids  de  l'oxyde  employé. 


(    32    ) 

»  Du  fer,  qui  avait  déjà  servi  à  des  déterminations  de  tensions  faites  à 
36o  degrés,  a  été  chauffé  pendant  trente  jours  et  trente  nuits  consécutifs  à 
44o  degrés,  pendant  qu'un  courant  de  vapeur  d'eau,  à  une  tension  moyenne 
de  i5  à  i6  millimètres,  passait  à  sa  surface.  L'hydrogène  humide  était  en- 
levé au  feu  et  à  mesure  de  sa  production  par  une  pompe  de  Sprengel  fonc- 
tionnant constamment  pendant  la  journée  et  permettant  de  recueillir  !e  gaz 
dans  une  cloche  graduée.  A  la  fin  la  pompe  indiquait  que  la  production 
de  l'hydrogène  était  devenue  nulle  ou  insensible. 

»  A  quelque  moment  qu'on  interrompe  l'action  de  la  pompe,  par  con- 
séquent quelle  que  soit  la  proportion  du  fer  oxydé  relativement  au  fer 
métallique,  pourvu  que  celui-ci  existe  encore  en  quantité  sensible,  la  ten- 
sion de  l'hydrogène  devient  invariable  et  égale  à  sa  valeur  primitive,  l'eau 
de  la  cornue  étant  maintenue  à  zéro. 

u  Le  fer  introduit  à  l'origine  pesait  7^"^,  80.  La  quantité  d'hydrogène 
recueillie  dans  la  dernière  de  ces  expériences  a  été  de  3263  centimètres 
cubes,  mesurés  à  la  température  et  à  la  pression  extérieures.  L'oxyde  de 
fer  du  tube  pesait  10^,  25  ;  mais  ce  dernier  poids  avait  perdu  un  peu  de 
son  exactitude  par  suite  d'un  accident.  J'ai  fait  l'analyse  de  la  matière  et 
j'ai  trouvé  que  i^',  5i65  de  cet  oxyde  donnaient  i^^SgS  de  sesquioxyde  de 
fer  calciné  (i),  d'où  l'on  conclut  : 

Fer 73,8 

Oxygène 26,2 

100  ,0 

»  Il  est  amorphe,  noir,  magnétique  mais  non  polaire.  L'acide  sulfurique 
concentré  et  bouillant  l'attaque  superficiellement,  en  le  recouvrant  d'une 
couche  de  sulfate  anhydre.  L'acide  nitrique  concentré  exerce  sur  lui  une 
action  presque  nulle  à  froid  et  très-faible  à  chaud,  L'acide  chlorhydrique 
le  dissout  facilement  à  froid,  en  donnant  une  liqueur  d'un  brun  foncé  pré- 
cipitable  en  noir  par  la  potasse.  Je  n'ai  jamais  obtenu  une  quantité  sensible 
d'hydrogène  en  dissolvant  la  matière  par  l'acide  chlorhydrique. 

(1)  L'analyse  avait  été  tentée  en  traitant  au  ronge  i^'.S  de  cet  oxyde  par  un  lourant 
d'hydrogène.  Quoique  l'expérience  ait  été  recommencée  trois  fois  et  qu'elle  ait  duré 
seize  lieures,  l'oxyde  était  loin  d'être  réduit.  Il  n'accusait  que  :>.4,6  pour  100  d'oxygène. 
Enfin,  traité  par  l'acide  nitrique  faible,  le  fer  produit  laissait  encore  un  résidu  notable 
d'oxyde.  J'ai  dû  préférer  une  méthode  d'analyse  moins  commode  mais  plus  sure,  qui  con- 
siste à  transformer  la  masse  entière  en  sesquioxyde. 


(  33  ) 
»  Les  rapports  équivalents 


Fe' 73,7 

0^ 26,3 


représentent  exactement  la  composition  de  cet  oxyde  (i).  Le  composé 
2FeO,  Fe^O'  =  Fe''0'*  pourrait  être  comparé  à  un  sel  bibasique. 

»  Quand  on  aura  préparé  la  série  de  tous  les  oxydes  obtenus  à  toutes  les 
températures  depuis  200  jusqu'à  1600  degrés,  il  sera  très-curieux  d'en 
étudier  la  composition,  la  densité  et  enfin  la  chaleur  de  combinaison  avec 
un  même  acide,  l'acide  chlorliydrique  par  exemple. 

»  Si  tous  ces  oxydes  avaient  la  même  composition,  si  par  exemple  ils 
étaient  tous  de  l'oxyde  magnétique,  ils  différeraient  entre  eux  probable- 
ment comme  les  divers  soufres  étudiés  par  MM.  Mitcherlicb,  Dumas,  mon 
frère,  MM.Favreet  Silbermann,Berthelot  et  d'autres  chimistes;  ce  seraient  de 
vrais  isomères,  peut-être  en  nombre  indéfini,  dont  les  propriétés  physiques 
varieraient  d'une  manière  continue,  depuis  ceux  qui  sont  prodiuts  à 
200  degrés,  jusqu'aux  oxydes  préparés  à  1600  degrés. 

»  Si  tous  ces  oxydes  n'avaient  pas  la  même  composition,  par  exemple 
si  leur  formule  était  successivement  (3FeO,  Fe^O^),  (aFeO,  Fe^O'), 
(FeO,  Fe-0'),  il  est  probable  que  le  phénomène  de  leur  formation  serait 
discontinu.  Il  y  aurait  alors  à  déterminer  entre  quelles  limites  fixes  de  tem- 
pérature chacun  d'eux  pourrait  être  obtenu,  et,  au  point  de  vue  de  la 
chimie  générale,  cette  étude  aurait  de  l'importance.  Ce  serait  un  excellent 
sujet  de  travail  pour  un  jeune  chimiste  qui  voudrait  entrer  dans  l'étude 
de  la  chimie  de  précision. 

»  Résumé  et  conclusion.  —  J'ai  donné  une  méthode  pour  comparer  des 
phénomènes  qui  ont  résisté  à  toute  mesure  et  qu'on  a  expliqués  jusqu'ici 
par  l'intervention  de  forces  imaginaires. 

»   Appliquant  cette  méthode  à  l'oxydation  du  fer  par  leau,  je  fais  voir  : 
»    1°  Que   l'accroissement  de   la  tension  de  l'hydrogène  formé  au  con- 
tact du  fer  et  de  la  vapeur  d'eau  est  un  phénomène  continu,  quand  on  fait 


(i)  Je  ne  puis  affirmer  que  le  fer  introduit  dans  mes  appareils  ne  contenait  pas,  même 
après  un  long  traitement  par  l'hydrogène,  des  traces  d'oxyde  magnétique.  La  matière  ana- 
lysée avait  été  oxydée  partiellement  à  36o  degrés  par  la  vapeur  d'tau  avant  de  l'élre  com- 
plètement à  44°  degrés. 

C.  R.,  1870,  2»  Semestre.  (T.  LXXI,  N»  1.)  5 


(  34  ) 

varier  (l'une  manière  progressive  la  tension  de  la  vapeur  d'eau  sans  faire 
varier  la  tem|)(''ratiire  du  ler; 

»  2°  Que  la  tension  de  l'hydrogène  correspondant  à  nne  tension  inva- 
riable de  la  vapeur  d'enu  décroit  d'une  manière  continue,  quand  la  tempé- 
rature augmente  progressivement; 

»  3°  Que  ces  mêmes  lois  s'observent  dans  le  phénomène  inverse  de  la 
réduction  de  l'oxyde  de  fer  par  l'hydrogène. 

M  Ces  résultats  ont  une  expression  mathématique  très-simple  que  je  dé- 
velopperai lorsque  j'aurai  un  nombre  d'expériences  assez  grand  pour  dé- 
terminer ses  constantes  avec  quelque  précision. 

»  Ou  en  conclut  qu'il  sera  possible  d'établir,  entre  les  réactions  de 
certains  métaux,  des  relations  numériques  fondées  sur  les  tensions  de 
l'hydrogène  obtenu  par  la  décomposition  de  l'eau  dans  des  conditions 
de  température,  de  pression  et  même  de  réactions  chimiques  convenable- 
ment choisies. 

»  C'est  ainsi  qu'on  pourra  comparer,  en  les  déterminant  en  nombre, 
les  actions  qu'exercent  sur  l'eau,  le  fer,  le  cuivre  et  même  le  platine.  J'ai 
trouvé,  en  effet,  que  ce  métal  peut  décomposer  l'eau  avec  une  très-grande 
facilité  dans  les  circonstances  suivantes  :  si  l'on  fait  passer  au-dessous  du 
rouge  sombre  un  courant  de  vapeur  d'eau  sur  un  mélange  de  platine  en 
mousse  et  de  cyanure  de  potassium,  il  se  dégage  beaucoup  d'hydrogène  et 
il  se  forme,  entre  autres  produits,  de  grandes  quantités  de  platino-cyanure 
de  potassium. 

»  Persuadé  que  tous  les  phénomènes  de  changement  d'état  :  combinai- 
son, décomposition,  dissolution,  passage  à  l'étal  solide,  liquide  ou  gazeux, 
lesquels  sont  tous  accompagnés  d'un  dégagement  ou  d'inie  absorption  de 
chaleur  latente,  que  ces  phénomènes  sont  liés  entre  eux  par  luie  cause 
commune  dont  nous  devons  rechercher  et  mesurer  les  effets,  persuadé 
enfin  que  l'établissement  des  analogies  est  la  voie  la  plus  sûre,  non  pas  pour 
arriver  aux  premières  vérités,  mais  pour  s'en  rapprocher,  sans  danger  pour 
la  science,  j'ai  comparé,  sans  faire  aucune  hypothèse,  aux  phénomènes  de 
l'hygrométrie  les  résultais  auxquels  je  suis  parvenu.  Cette  méthode  exclut 
les  théories  absolues;  elle  ouvre,  par  le  procédé  de  l'induction,  la  voie  aux 
expériences  nouvelles;  el,  comme  les  analogies  indiquent  d'elles-mêmes  les 
différences  à  |)ressenlir,  elle  ouvre  la  |)orle  à  l'analyse  et  à  la  critique  qui 
n'a  dès  lors  rien  à  détruire,  mais  tout  à  discuter,  préciser  et  perlec- 
tionner.    » 


(35) 

CHIMIE  ORGANMQUE.  —  Sur  tes  isomères  des  étitcrs  cyamiriques. 
Réponse  à  M.  S.  Cloêz  par  M.  A.-W.  Hofmann. 

«  Dans  la  séance  de  l'Académie  du  3o  mai,  M.  Cahonrs  a  déposé  nne 
Note  due  à  M.  Cloëz  et  portant  pour  titre  :  Rëclamalion  de  priorité  pour  la 
découverte  des  étiiers  cyaniques  et  c/nnuriques.  Les  vacances  de  la  Pentecôte 
m'ont  empêché  de  lire,  immédiatement  après  leur  apparition,  quelques 
numéros  des  Comptes  rendus  :  M.  Cloêz  voudra  donc  bien  m'excuser  de  ne 
répondre  qu'aujourd'hiîi  à  sa  réclamation. 

»  La  Note  de  M.  Cloëz  est  relative  à  une  Communication  que  nous  avons 
faite,  M.  Oishausen  et  moi,  à  l'Académie  des  Sciences,  et  qui  portait  sur 
quelques  corps  engendrés  dans  une  réaction  découverte  par  M.  Cloëz. 
Cette  Note  contient  le  passage  suivant  : 

«  Maintenant,  pour  montrer  que  le  Mémoire,  présenté  le  9  mai  dernier,  à  l'Aeadémie 
des  Sciences,  par  MM.  Hufmann  et  Otto  Oishausen  sur  les  isomères  des  élhers  cyanuriques 
ne  reiif<'rme  rien  de  nouveau  sur  le  sujet  que  j'ui  traité,  dont  je  ni'orcu|)e  toujours,  et  jiour 
lequel  je  revendique  hautement  la  priorité,  je  demande  la  permission  à  l'Académie  de  lui 
soumettre  les  principaux  passages  de  mon  travail  pouvant  servir  à  établir  mes  droits.  » 

))  Dans  la  longue  citation  qu'il  fait  suivre,  M.  Cloëz  présente  un  résumé 
de  ses  observations  sur  les  corps  en  question.  Personne  ne  pensera  à  lui  en 
contester  le  mérite.  Mais  les  détails  que  l'auteur  donne  sur  ses  expériences 
ne  touchent  en  rien  aux  recherches  dont  nous  avons  communiqué  les 
résultats  à  l'Académie. 

»  Je  pourrais  me  contenter  de  cette  simple  déclaration  et  laisser  aux 
personnes  compétentes  la  tâche  de  décider  otj  les  observations  de  M.  Cloëz 
cessent  et  où  les  nôtres  commencent.  Mais  comme  le  domaine  |de  la  chimie 
s'est  étendu  à  un  tel  point  que  les  savants  ne  peuvent  qu'à  grand'peine  se 
tenir  au  courant  des  recherches  dont  ils  ne  s'occupent  pas  spécialement, 
l'Académie  me  pardonnera  de  revenir  en  peu  de  mots  sur  les  diverses 
phases,  quelquefois  singulières,  des  expériences  dont  il  s'agit. 

M  11  y  a  treize  ans,  en  1857,  M.  Cloëz  (i)  a  fait  à  l'Académie  une  intéres- 
sante Couuiuinication  intitulée  :  Nouvelle  série  des  bases  artificielles  oxygé- 
nées. S'appuvant  sur  la  réaction  du  chlorure  de  benzoïle  sur  les  élliylates 
métalliques,  réaction  qui  donne  naissance  à  l'éther  benzoïqiie,  M.  Cloëz  a 
traité  l'étliylate  de  sodium  par  le  chlorure  de  cyanogène.  Il  dit  à  ce  sujet  : 

(i)  Comptes  rendus,  t.  XLIV,  p.  482. 

5.. 


(36  ) 

«  J'iii  essayé  île  ])ro(Iiiiie  les  élhers  cvaniqiie  et  cyanmiqiie  par  un  procédé  scnihl.ihle, 
en  faisanl  réagir  les  cliloiiues  tle  cyanogène  gazeux,  li(|uicles  et  solides  sur  l'alcool  sodé  ;  la 
léaction  a  Lien  eu  lieu  eoiiime  je  m'y  attendais;  mais,  en  examinant  les  produits,  je  me  suis 
aperçu  (|u'ils  difléraient  complètement  par  leur  nature  de  ceux  que  je  cliercluiis  à  ob- 
tenir.   » 

»  Le  produit  obtenu  n  certainement  la  composition  du  cyanate  cilivlique, 
mais  il  dilfére  essentiellement  dans  ses  propriétés  de  l'éther  cyanique  dé- 
couvert par  M.Wurtz.  M.  Cloéz  noaime  le  prétendu  nouveau  cor|)s  cyané- 
iholinc.^  et  est  disposé,  ainsi  (pi'il  ressort  du  titre  doiuié  par  lui  à  sa  Com- 
luunication,  à  le  regarticr  coiume  une  base  oxygénée.  Voici  ses  ]iaroles  : 

o  La  cvanetlioline  appartient,  avec  les  corps  analogues  fournis  par  les  divers  alcools,  à 
une  nouvelle  série  parallèle  à  celle  du  glycocolle,  de  l'alanine,  de  la  lencine,  etc.  Ces  deux 
séries  sont  très-rapprochées  ;  les  ])ropriétés  chimiques  de  leurs  termes  respectifs  corrcs])on- 
dants  sont  semblables;  connaissant  les  unes,  on  peut  presque  à  coup  sûr  deviner  les  antres.  >> 

»  Celte  manière  de  voir  ]iaraît,  en  effet,  justifiée  par  les  ol)servations  cpie 
M.  Cloëz  déclare  avoir  faites  sur  la  façon  dont  ce  corps  se  comjjorfe  vis-à- 
vis  des  acitles. 

c  La  plupart  des  acides,  dit  IM.  Cloëz,  le  dissolvent  en  formant  des  combinaisons  cristal- 
lisables  parfaitement  définies.  Il  se  dissout  dans  l'acide  cldorhydrique,  avec  lequel  il  forme 
un  rlilorhvdrale  cristallin,  susceptible  de  s'unir  au  bichlorure  de  platine,  en  donnant  lieu  à 
un  sel  double  de  couleur  jaune.  Le  sulfate  s'obtient  sous  forme  de  petits  cristaux  prisma- 
tiques.  " 

»  Toutefois  on  peut  remarquer  que  M,  Cloëz  ne  relate  aucune  analyse  de 
ces  combinaisons   «    parfaileineiU  définies   ». 

»  Tel  est  le  résiuué  du  Mémoire  de  M.  Cloëz.  La  cyanétboliiie  n'a  été 
l'objet  d'aucune  reclierclie pendant  les  huit  amures  suivantes.  Ce  nVst  qu'en 
i8G5  (i)  que  l'attenlion  des  cbimisles  a  été  de  nouveau  attirée  sur  la  cyané- 
tboline,  par  quelques  expériences  remarquables  de  M.  Gai,  expériences  qui 
ont  contribué  à  faire  connaître  la  véritable  natiu-e  de  ce  cor[)s. 

»  Après  avoir  examiné  l'action  des  acides  cblorhydrique  et  bromliydri- 
que  sur  quelques-uns  des  étliers  ordinaires,  et  avoir  reconiui  que  l'alcool 
se  sépare  toujours  à  l'état  de  cblornre  ou  de  bronuire  étli\  liqiie,  M.  Gai  a 
étudié  aussi  l'innuence  de  ces  deux  acides  sur  l'éther  cyanique  de  M.Wurtz, 
et  la  cyaiiétholine  de  M.  Cloëz.  Ayant  trouvé  cpie  le  premier  doiuiail  de 
l'acide  carbonique  et  de  l'étbylamine,  tandis  que  le  dernier  se  décomposait 
en  acide  cyanurique  et  clilorure  d'élbyle,  il  est  arrivé  à  la  conclusion,  par- 

(l)   Comptes  tendus,  t.  LXI,  p.  52^. 


(  37  ) 
faitement  logique,  que  ce  qu'on  nommait  cyanétlioline  n'est  que  le  véritable 
éther  élhylique  de  l'acide  cyanique. 

«  Ce  serait  donc,  dit-il,  au  produit  obtenu  par  l'action  du  chlorure  de  cyanogène  sur 
l'alcool  potassé  qu'il  faudrait  conserver  le  nom  iVéther  cyanique;  cette  formule  devrait 
s'écrire 

C'H* 


C^Az  \ 

»  Quant  à  la  substance  provenant  de  la  réaction  du  sulfo-vinate  et  du  cyanale  de  potasse, 
les  propriétés  qu'elle  possède  tendraient  à  la  faire  dériver  plutôt  de  l'ammoniatine.  Dans 
cette  hypothèse,  sa  composition  doit  être,  ainsi  qu'on  l'a  proposé,  représentée  par  la  for- 
mule 

C'H= 


Az 


»  Les  deux  Mémoires  que  nous  venons  de  citer  sont  les  setds  dont  nous 
ayons  eu  connaissance  lors  de  la  rédaction  de  notre  travail  sur  les  isomères 
des  élhers  cyanuriques. 

»  En  1866,  un  an  après  les  travaux  de  M.  Gai,  M.  Cloëz  est  revenu  sur 
la  matière  dans  sa  thèse  de  docteur,  intitulée  :  Recherches  sur  les  élhers 
cjaniqiies  el  leurs  isomères. 

»  C'est  de  ce  travail,  qui  n'a  été  inséré  ni  dans  les  Comptes  rendus  de 
l'Académie,  ni  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  ni  dans  \e  Journal 
de  la  Société  Chimique  de  Paris,  qu'ont  été  puisées  les  citations  faites  par 
M.  Cloèz  dans  la  Note  soumise  à  l'Académie  le  3o  mai. 

»  11  résulte  de  ces  citations  que  M.  Cloëz  a  renoncé  aux  idées  sur  la 
cyanétholiue  d'abord  émises  par  lui.  Le  nom  même  de  ce  corps  disparaît 
entièrement  des  citations;  il  n'est  plus  aucuiîcment  question  des  combinai- 
sons parfaitement  définies  dont  il  était  parlé  dans  la  première  Note. 
M.  Cloèz  se  rallie  aux  idées  exprimées  par  M.  Gai,  sans  cependant  se  pro- 
noncer clairement  sur  la  question  de  savoir  si  les  corps  dont  il  parle  sont 
des  éthers  cyaniques  ou  cyanuriques.  Voici  ses  paroles  : 

«  Ces  produits  sont  isomériques  avec  les  éthers  cyaniques  de  M.  Wurtz,  mais  ils  en  dif- 
fèrent complètement  i)ar  leurs  propriétés  :  ce  sont  des  liquides  huileux,  insolubles  dans 
l'eau,  non  volatils;  ils  se  comportent  avec  les  alcalis  hydratés  à  la  manière  des  éthers  com- 
posés ordinaires,  en  donnant  de  l'alcool  et  un  cyanate  :  ils  rentrent  donc  dans  la  règle  gé- 
nérale, et  doivent  être  considérés  à  ce  titre  comme  les  véritables  éthers  cya/iùjiics  ou  ija- 
nuriqiics.  a 

»  Au  sujet  des  doutes  qui  lui  sont  restés  à  cet  égard,  M.  Cloèz,  à  la  fin 
de  sa  citation,  dit  encore  fort  clairement  : 


(38) 

«  Fidèle  à  la  méthode  expérimentale,  je  ne  déciderai  pas  si  les  composés  cyaniques  qui 
correspondent  aux  otliers  df  M.  AViirlz  sont  des  polyraèri's  de  ces  mêmes  éthers,  pouvant 
être  représentés  d'une  manière  générale  par  la  formule 

M(C"AzOC="rP"-^'0). 

»  Il  m'a  été  impossible  d'employer  le  nioven  auquel  on  a  ordinairement  recours  pour 
résoudre  une  question  de  ce  genre.  Les  produits  que  j'ai  étudiés  n'étant  pas  volatils  sans 
décomposition,  je  n'ai  pas  pu  en  prendre  la  densité  de  vapeur.  » 

»  C'est  précisément  à  ce  point  que,  quatre  ans  après  la  publication  de 
la  théorie  de  M.  Cloëz,  nous  avons  repris,  M.  Olshausen  et  moi,  l'étude  des 
corps  formés  par  l'action  du  chlorure  de  cyanogène  sur  l'élhylate  de  so- 
dium. 

»  Ce  n'est  pas  seulement  en  prenant  la  densité  de  vapeur  qu'on  peut 
décider  si  l'on  a  affaire  à  un  élher  cyanique  ou  cyanurique.  Il  est  d'autres 
moyens  d'y  arriver.  La  méthode  employée  par  M.  Olshausen  et  moi  est 
fondée  sur  les  faits  bien  connus,  que  l'élher  d'iui  acide  monobasique,  traité 
par  l'ammoniaque,  produit  un  amide,  que  celui  d'un  acide  bibasique  en 
produit  deux,  et  que  l'éther  d'un  acide  tribasique  doit  en  produire  trois. 
Étant  admis  que  le  corps  étudié  était  un  élher  cyanique,  il  ne  pourrait 
donner  naissance  qu'à  un  amide.  Le  composé 

CN,CIPO 

traite  par  l'ammoniaque  produit  seulement  l'amide 

CN,H=N. 

»  Du  corps  trimoléculaire,  du  cyanurate  de  méthyle, 

j  CH'O 

C  W     CH'  O 

(  CH'O 

par  contre,  déiiveroul  trois  amides  différents,  dont  voici  les  formules  : 


C=N' 


( 


CH'O 

(  CTFO 

(  IPN 

CIFO 

C'N'  )  H=N 

C'N' 

IPN 

ir-N 

H^N 

H^N 

»   De  ces  trois  amides  les  deux  premiers  caractérisent  l'éther  cyanurique. 

»  C'est  dans  le  coiu's  de  nos  éludes  au  sujet  de  l'aclion  de  l'auMnouiaque 
sur  le  corps  résultant  du  traitement  de  l'éthylale  de  sodiiun  par  le  chlo- 
rure de  cyanogène,  que  nous  avons  été  assez  heureux  pour  découvrir  les 


(  39  ) 
corps  dont  la  théorie  indiquait  l'existence,  et  nous  avons  ainsi  résolu  la 
question  que  les  expériences  de  M.  Cloëz  avaient  laissée  sans  réponse. 

»  En  traitant  le  corps  mélhylique,  nous  avons  obtenu  le  composé  niono- 
amidé,  que  nous  avons  analysé,  soit  seul,  soit  combiné  avec  le  nitrate  d'ar- 
gent. En  voici  les  formules  : 

ICWO  (CH'O 

C'N'   CIPO     et     C'NMCH'O,     AgNO'. 
(     H^N  (     H=N 

i>  Du  traitement  du  corps  éfhylique  par  l'ammoniaque  sont  sorties  les 
combinaisons  monoamidée  et  biamidée  que  nous  avons  également  analy- 
sées. Ces  corps  renferment  : 

Combinaisons  monoamidées. 

C'N'    C-H^O     et     C'NMC^H'O,     AgNO% 


Combinaison  biamidée, 

(C^H^O 

c?w 

H^N. 

(      H-N 

))  Les  combinaisons  amidées,  que  nous  venons  de  découvrir,  dérivent, 
personne  ne  le  contestera,  cVélhers  cyaniiriques  et  non  cyaniques. 

»  Ces  observations  présentées,  nous  croyons  pouvoir  êlre  assurés  que 
M.  Cloëz,  après  avoir  relu  notre  travail  avec  une  bienveillante  attention, 
reconnaîtra  qu'en  somme  nos  résultats  ne  sont  pas  si  dénués  de  nouveauté 
qu'il  s'est  hasardé  à  le  dire. 

»  Peut  être  fera-t-il  davantage  et  acoordera-t-il  que  notre  travail  non- 
seulement  comble  une  lacune  importante,  laissée  par  ses  piopres  recher- 
ches, mais  encore  fait  à  celles-ci  des  rectifications  qui  ne  sont  pas  sans  va- 
leur. 

»  Ainsi,  parlant  de  la  combinaison  mélhylique,  M.  Cloéz  dit  dans  un 
passage  qu'il  emprunte  à  sa  thèse  : 

«  Lorsque  l'esprit  de  bois  employé  à  la  préparation  du  métliylate  de  soude  n'est  pas 
anhydre,  la  production  de  l'isocyanate  par  le  chlorure  de  cyanogène  diminue  beaucoup, 
elle  est  même  quelquefois  nulle;  il  se  fait  dans  ce  cas  des  produits  secondaires  dont  l'étude 
mérite  d'être  suivie. 


(  4o  ) 

«  Je  mentionne  à  ce  propos  l'existence  d'une  belle  substance  blanche  cristallisablc,  qui 
s'est  foiniée  dans  une  préparation  où  l'esprit  de  bois  employé  n'avait  pas  été  snf(isaninicnt 
rectifié.  Cette  matière,  peu  soluble  dans  l'eau,  a  pu  être  séparée  facilement  du  chlorure  de 
sodium.  En  la  traitant  ensuite  par  l'alcool  bouillant,  elle  s'est  déposée  par  le  refroidissement 
de  la  dissolution,  en  cristaux  brillants,  aplatis,  de  forme  rhoniboïdale. 

1   L'analyse  de  cette  matière  m'a  conduit  à  la  représenter  par  la  formule 

C''H"'Az'0", 
et  j'ai  proposé  de  la  désigner  provisoirement  sous  le  nom  de  méthylantoïne.   o 

»  Je  crois  ne  pas  me  tromper  en  disant  qu'après  avoir  ht  notre  Mémoire, 
M.  Cloëz  sera  le  dernier  à  maintenir  la  formule  qu'il  avait  donnée  à  la 
méthylantoïne 

ou,  si  nous  recourons  à  la  notation  maintenant  en  usage, 

Q6IJ.0JVJ4O3. 

»  Il  ressort  de  nos  recherches  que  la  méthylantoïne  n  existe  pas  et  que 
si  ÎM.  Cloëz  est  ai  rivé  à  admettre  l'existence  de  ce  corps  et  la  formule  ci- 
dessus,  c'est  qu'il  Itii  a  échappé  qu'il  avait  entre  les  mains  un  mélange  de 
deux  substances  différentes.  M.  Cloè'z,  s'occupant  encore  du  travail  com- 
mencé par  lui  dès  i86'j,  répétera,  nous  en  avons  la  ferme  conviction,  nos 
expériences,  et  nous  espérons  que,  dans  ses  mains  comme  dans  les  nôtres,  la 
prétendue  méthylantoïne,  simplement  traitée  par  l'élher,  se  séparera  encya- 
nurate  méthylique  et  le  dérivé  amidé,  savoir  :  les  corps 

CH^^N'O^     et     C'H'N'O^ 

»  Quand  il  se  sera  procuré  de  cette  manière  le  cyauin-ate  de  méfhyle, 
M.  Cloëz  ne  manquera  certainet)\ent  pas  de  vérifier  cet  autre  fait  assez 
curieux  que  nous  avons  constaté,  savoir  :  tpie  le  cyanurale  de  méthvle, 
qtii,  traité  par  des  réactifs,  fournit,  avant  d'être  clinnjjé,  de  V alcool  mélhj- 
liqiie  et  de  V acide  cyanurique,  se  transforme,  après  avoir  été  citauffé,  en  acide 
carbonique  et  métliylamine. 

»  Nous  nous  bornons  à  ces  observations  et  laissons  l'Académie  apprécier 
si  M.  Cloëz  était  fondé  à  déclarer,  comme  il  l'a  fait  dans  sa  Note  dti  «S  mai, 
que  le  Mémoire  île  MM.  Jlofmann  et  Ollo  Olshausensurles  isontèies  des  éthers 
cyanuriques  ne  renferme  rien  de  nouveau.  » 


(4i  ) 
NOMEVATIOAS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'ini  Cor- 
respondant, pour  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  en  remplacement 
de  feu  M.  Lawrence. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  Sg, 

M.  Ticbert  obtient 36  suffrages. 

M.  Kolliker 2  » 

M.  Bowman i  » 

M.  Lebekt,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
élu. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Corres- 
pondant, pour  la  Section  d'Anatomie  et  de  Zoologie,  en  remplacement  de 
feu  M.  Cams. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  3g, 

M.  Brandt  obtient 19  suffrages. 

M.  Darv^in 16  » 

M.  Huxley 3         » 

M.  Loven i  » 

Aucun  des  candidats  n'ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  il 
est  procédé  à  un  second  tour  de  scrutin. 
Le  nombre  de  votants  étant  38, 

M.  Brandt  obtient 22  suffrages. 

M.  Darwin 16  » 

M.  Brandt,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
élu. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin^  à  la  nomination  d'une 
Commission  de  deux  Membres,  pour  la  vérification  des  comptes  de  l'année 
précédente. 

MM.  Mathieu  et  Brongniart  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 


C.  R.,  1870,  a«  Semestre.  (T.  LXXI,  N»  I.) 


6 


(  4a  ) 
RAPPORTS. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUK.  —  Rapport  Sur  un  Mémoire  de  M.  Bouquet, 
relatif  à  la  théorie  des  intégrales  ultra-elliptiques. 

(Commissaires  :  MM.  Bertrand,  Hermile,  Serret  rapporteur.) 

«  Le  Mémoire  de  M.  Bouquet  dont  l'Académie  nous  a  chargés  de  lui 
rendre  compte  se  rapporte  au  célèbre  théorème  d'Abel  sur  les  transcen- 
dantes ultra-elliptiques,  et  il  a  exclusivement  pour  objet  la  démonstration 
d'un  théorème  nouveau  qui  peut  être  regardé  comme  un  complément  de 
celui  d'Abel,  au  moins  en  ce  qui  concerne  le  cas  le  plus  simple  des  trans- 
cendantes de  première  espèce  d'une  classe  quelconque.  Ce  cas  est  le  seul 
que  l'auteur  ait  développé,  mais  l'analyse  dont  il  a  fait  usage  est  assurément 
susceptible  d'extension. 

»  Dans  le  cas  dont  il  s'agit,  le  théorème  d'Abel  assigne  une  valeur  con- 
stante à  une  certaine  somme  d'intégrales  du  même  élément  différentiel^ 
prises  avec  des  signes  convenables;  on  peut  supposer  que  les  limites  infé- 
rieures de  ces  intégrales  soient  zéro  et  les  limites  supérieures  sont  des 
variables  liées  entre  elles  par  des  équations  algébriques. 

»  C'est  l'étude  de  la  constante  du  théorème  d'Abel  que  M.  Bouquet  a 
entreprise,  et  cet  habile  géomètre  est  parvenu  à  démontrer  qu'on  en  obtient 
la  valeur  en  ajoutant  entre  eux  un  certain  nombre  d'éléments  fixes,  après  les 
avoir  multipliés  par  des  nombres  entiers,  qui  peuvent'étrc  positifs,  nuls  ou 
négatifs.  Les  éléments  dont  je  parle  sont  des  intégrales  définies  qui 
répondent  au  même  élément  différentiel  que  celles  à  limite  supérieure 
variable  auxquelles  se  rapporte  le  ihéorème  d'Abel;  elles  sont  prises, 
comme  celles-ci,  à  partir  de  zéro,  et  leurs  liniiles  supérieures  sont  les  valeurs 
de  la  variable  pour  lesquelles  l'élément  différentiel  devient  infini. 

»  La  démonstration  que  M.  Bouquet  a  donnée  de  son  théorème  est  remar- 
quable |iar  sa  simplicité.  Prenant  pour  point  de  départ  des  résultais  impor- 
tants dus  à  ses  devanciers  et  particulièrement  à  M.  Puiseux,  l'auteur  a  su 
mettre  habilement  à  profit  la  considération,  reconnue  aujourd'hui  indis- 
pensable, de  rinlégralion  exécutée  suivant  des  contours  quelconques. 

»  I>e  résultat  obtenu  |)ar  AT.  liîoiiqupt  remplit  un  desideratum  signalé  à 
plusieurs  reprises  par  Legendre.  L'illustre  fondateur  de  la  théorie  des 
fonctions  elliptiques  a  développé  dans  le  tome  III  de  son  ouvrage  (3"""  sup- 
plément) un  grand  nombre  d'applications  du  théorème  d'Abel,  et  il  s'est 


(43) 
occupé,  à  l'égard  de  quelques  trauscendantes  pailiculières,  de  la  délermi- 
nation  delà  constante.  «  Celte  question,  dit-il,  dont  il  ne  paraît  pas  qu'on 
»  puisse  donner  la  solution  à  jiriori  et  d'iuie  manière  générale,  mérite  de 
»  fixer  rattention  des  analystes  par  les  résultats  très  peu  variés  et  très- 
))  simples  qu'on  obtient  constamment  dans  les  cas  parliculiers.  »  Traitant 
à  un  autre  endroit  des  mêmes  transcendantes  particulières,  il  affirme,  cpioi- 
qu'il  n'en  ait  pas  la  démonstration,  que  la  constante  peut  toujours  s'expri- 
mer par  les  deux  mêmes  éléments,  quel  que  soit  le  nombre  des  iniégrales 
dont  la  somme  algébrique  a  pour  valeur  cette  constante;  et  il  ajoute  :  «  Des 
»  exemples  nombreux  appuient  cette  assertion,  que  la  théorie  n'a  pas  jiis- 
»   qu'à  présent  établie  d'une  manière  absolument  certaine.  » 

»  La  généralité  de  ce  fait  analytique,  qu'admettait  LegendiT,  est  nu'se 
hors  de  doute  par  le  théorème  de  iM.  Bouquet,  duquel  elle  résulte  imnié- 
diatement. 

M  En  résumé,  le  Mémoire  de  M.  Bouquet  renferme  un  résidlat  nouveau  et 
intéressant.  Nous  proposons  donc  à  l'Académie  de  lui  accorder  son  n]i|)ro- 
bation,  et  d'en  ordoiuier  l'insertion  dans  le  Recueil  des  Savants  élranqers.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ZOOLOGIE.  —    Observations  sur  l'histoire  naturelle  des  Ecrevisses. 
Note  de  M.  Chantran. 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  Coste,  Claude  Bernard,  É.  Blanchard.) 

«  Les  observations  que  j'ai  l'honneur  de  communiquer  a  l'Académie  ont 
été  faites  au  Collège  de  France,  sous  les  yeux  de  M.  Coste,  dans  son  labo- 
ratoire d'embryogénie  comparée,  où  il  m'a  chargé  de  donner  mes  soins  à 
celles  de  ses  expériences  qui  sont  relatives  à  la  pisciculture.  Je  présente 
donc  ces  observations  avec  d'autant  plus  de  confiance,  que  leur  exactitude 
a  été  vérifiée  par  l'illustre  professeur. 

»  Accouplement.  —  L'accouplement  chez  les  Ecrevisses  a  lieu  pendant 
une  période  qui  comprend  les  mois  de  novembre,  décembre  et  janvier.  Le 
mâle  saisit  la  femelle  avec  ses  grandes  pinces,  il  la  renverse,  et,  pendant 
qu'il  la  tient  couchée  sur  le  dos,  il  se  place  de  manière  à  verser,  dans  un 
premier  acte,  sur  les  deux  lamelles  externes  de  l'éventail  caudal,  la  matière 
fécondante.  Puis, après cettepremièreopération  qui  dure  quelques  minutes, 

6.. 


(  44  ) 

il  la  romène  brusquement  sous  son  ;ibdomen,  afin  d'effectuer  un  second 
dépôt  de  semence  sur  le  plastron,  autour  de  l'ouverture  externe  des  ovi- 
ductes,  par  le  curieux  mécanisme  si  exactement  décrit  par  M.  Coste. 

»  Ponte.  —  Suivant  le  degré  de  maturité  des  œuls,  lors  du  rapproche- 
ment des  sexes,  la  ponte  a  lieu  à  une  époque  qui  varie  de  deux  à  quarante- 
cinq  jours  après  l'accouplement.  Au  moment  où  cette  fonction  va  s'accom- 
plir, la  femelle  se  couche  sur  le  dos  et  ramène  sa  queue  sur  le  j)lastron,  de 
manière  à  former  avec  son  abdomen  une  chambre  dans  laquelle  l'ouvertiu'e 
des  oviductes  se  trouve  comprise,  et  dont  la  paroi  sécrète  une  humeiu-  vis- 
queuse destinée  à  engluer  les  œufs  et  à  les  retenir  attachés,  pendant  l'incu- 
bation, aux  appendices  abdominaux.  Quand  les  choses  sont  dans  cet  état, 
la  ponte  s'effectue.  Elle  s'opère  en  une  seule  fois,  ordinairement  pendant 
la  nuit,  rarement  pendant  le  jour.  L'incubation  dure  environ  six  mois, 
l'éclosion  a  lieu  en  mai,  juin  ou  juillet. 

»  Mues.  —  La  première  mue  a  lieu  dix  jours  aprèsl'éclosion  ;  la  seconde, 
la  troisième,  la  quatrième  et  la  cinquième,  de  vingt  à  vingl-cinq  jours  de 
distance  les  unes  des  autres,  en  sorte  que  le  jeune  animal  change  cinq  fois 
de  carapace  dans  l'espace  de  quatre-vingt-dix  à  cent  jours,  qui  correspon- 
dent aux  mois  de  juillet,  août  et  septembre.  A  partir  de  ce  dernier  mois, 
jusqu'à  la  fin  du  mois  d'avril  de  l'année  suivante,  il  n'y  a  pas  de  mue. 

»  La  sixième  mue  a  lieu  en  mai,  la  septième  en  juin  et  la  huitième  en 
juillet.  Il  y  a  donc  huit  mues  pendant  les  douze  premiers  mois  de  la  vie  de 
la  jeune  Ecrevisse. 

»  Dans  la  seconde  année,  il  y  a  cinq  mues  :  la  première  et  la  deuxième 
en  août  et  septembre,  la  troisième,  la  quatrième  et  la  cinquième  en  mai, 
juin  et  juillet. 

»  Dans  la  troisième  année,  je  n'ai  observé  que  deux  mues,  qui  s'opèrent  : 
la  première  en  juillet  et  la  deuxième  en  septembre.  C'est  à  partir  de  ce 
moment  que  la  jeune  Ecrevisse  devient  adulte  en  entrant  dans  sa  quatrième 
année. 

»  Lorsque  les  Écrevisses  sont  adultes  la  mue  n'a  plus  lieu  qu'une  seule 
fois  par  an  pour  les  femelles;  elle  a  lieu,  au  contraire,  deux  fois  pour  les 
mâles  :  ce  qui  explique  pourquoi  ces  derniers  ont  une  j)lus  grande  taille 
que  les  femelles,  l'accroissement  étant  en  proportion  du  nombre  des  mues. 
Pour  les  mâles  adultes,  la  première  unie  a  lieu  en  juin  et  juillet  et  la 
seconde  entre  août  et  septembre.  Quant  aux  femelles,  leur  unique  mue 
s'accomplit  entre  août  et  septembre. 

»   Pour  effectuer  sa  mue,  l'animal  se  met  sur  le  flanc,  avec  sa  tète  et  son 


(45) 

dos  il  soulève  son  corselet  qui  fiiit  bascule,  comme  un  couvercle  sur  sa  char- 
nière, ptiis  quand  il  a  ainsi  presque  complètement  dégagé  la  partie  anté- 
rieure de  son  corps,  il  se  sépare  entièrement  de  sa  vieille  carapace  par  un 
brusque  mouvement  de  la  partie  postérieure.  Ce  travail,  qui  dure  environ 
dix  minutes,  est  favorisé  par  la  sécrétion  préalable  d'une  matière  gélatineuse 
entre  les  deux  carapaces  qui  facilite  leur  dégaînement. 

»  Douze  heures  après  la  mue,  les  pattes  de  l'Écrevisse  sont  déjà  assez 
fermes  pour  pincer  fortement,  vingt-quatre  heures  après  elles  sont  complè- 
tement durcies;  les  parois  du  dos  restent  plus  longtemps  flexibles,  mais  au 
bout  de  quarante-huit  heures  elles  ont  atteint  un  degré  de  consistance  à 
peu  près  normal. 

»  Les  petits  restent  attachés  aux  fausses  pattes  de  la  mère  pendant  dix 
jours  après  l'éclosion,  c'est  à  ce  moment  que  la  première  mue  a  lieu  :  elle 
s'effectue  sous  la  queue  même  de  la  mère  (i).  Si  les  jeunes  s'en  détachent 
avant  cette  époque,  ils  ne  jieuvent  pas  vivre  séparément;  mais  après  cette 
première  mue  ils  abandonnent  parfois  la  mère  pour  y  revenir  jusqu'au 
vingtième  jour,  époque  à  laquelle  ils  peuvent  vivre  indépendants. 

»  Je  suis  disposé  à  croire  qu'après  leur  première  mue  les  jeunes  Écre- 
visses  se  nourrissent,  sous  la  queue  de  la  mère,  des  pellicules  des  œufs  et 
de  la  carapace  provenant  de  cette  première  mue.  Mais,  j'attends  de  nou- 
velles observations  pour  pouvoir  l'affirmer  d'une  manière  positive.  » 

MÉTÉOIWLOGIE.  —  Le  printemps  de  1S70.  Note  de  M.  Guapelas. 
(Renvoi  à  la  Section  île  Physique.) 

«  Quand  un  mois  est  très-pluvieux  ou  trop  sec,  que  sa  température 
semble  dépasser  la  moyenne  ordinaire  ou  lui  être  inférieure,  on  est  générale- 
ment prompt  à  s'imaginer  que  le  climat  du  lieu  qu'on  habite  ou  même 
celui  du  monde  entier  se  modifie.  C'est  ce  qui  eut  lieu  en  effet,  à  Paris,  au 
mois  d'avril  iSSy.  Pour  mettre  fin  à  ces  bruits  ridicules,  M.  Arago  ouvrit 
les  registres  de  l'Observatoire  et  fit  voir  clairement  que  la  quantité  de  pluie 
tombée  en  1837,  qui  s'élevait  à  63  millimètres,  et  qui  paraissait  si  extra- 

(i)  J'ai  pu  constater,  à  l'aide  du  microscope,  comme  l'a  inonlré  M.  Chantran  à  l'Académie, 
que  les  petits  restent  pendus  sous  l'abdomen  de  la  mère,  par  l'intermédiaire  d'un  fdament 
hyalin,  chitineux,  qui  s'étend  d'un  point  de  la  face  interne  de  la  coque  de  l'œuf  jusqu'aux 
quatre  filaments  les  plus  internes  de  chacun  des  lobes  de  la  lame  membraneuse  médiane  de 
l'appendice  caudal.  Ce  filament  existe  déjà  lorsque  les  embryons  n'ont  encore  atteint  que  les 
trois  quarts  environ  de  leur  développement  avant  l'éclosion.  (Ca.  Robin.) 


(  ^.<3  ) 

ordinaire,  n'atteignait  même  pas  celle  qui  avait  été  constatée  pendant  les 
années  antérieures. 

»  Le  priiileiiips  de  1870  offre  certainemont  des  caractères  s|H'ciaiix  qu'il 
est  utile  de  constater,  et  qui  seront  rendus  plus  intéressants  encore  par  la 
comparaison  que  l'on  peut  établir  avec  les  années  précédentes. 

»  Dans  cette  étude  rapide,  nous  considérerons  trois  points  principaux  : 
la  température,  la  direction  des  vents,  le  degré  d'humidilé. 

»  i"  Tempcraltire.  —  Les  observations  faites  à  Paris,  de  1  SoG  à  1869, 
fournissent,  pour  la  température  moyeiuiedu  printemps  (avril, mai  etjuin), 
i/|  degrés,  qui  se  répartissent  ainsi  :  avril,  9", 81;  mai,  i/i",52;  juin,  17", 34- 
On  trouve  aussi  que  la  température  la  plus  élevée  observée  à  P;iris  depuis 
i665,  à  l'air  et  à  l'ombre,  est  de  +  38°, 4  le  8  juillet  1793. 

»  Ceci  posé,  celte  année,  nous  avons  obtenu,  pour  températin-e  moyenne 
du  printemps  (avril,  mai  et  juni),  16°,  3.  soit  2°,  3  au-dessus  de  la  moyenne. 
La  tempéralm-e  moyenne  de  juin  s'est  élevée  à  20°,  29,  soit  2",  95  au- 
dessus  de  la  moyeuîie. 

»  Mais,  si  nous  nous  reportons  seulement  à  18GS,  que  l'on  semble  avoir 
déjà  oublié,  nous  trouvons,  pour  le  printemps  d'abord,  une  température 
moyenne  égale  à  19°,  i;  puis,  pour  la  température  de  juin,  une  moyenne 
égale  à  23",  17,  températures  vraiment  extraordinaires.  Le  |)riiitenips  de 
1870,  tout  en  étant  évidemment  fort  chaud,  n'a  donc  pas  ce|)endant  pré- 
senté une  température  aussi  exceptionnelle  qu'on  pouvait  le  croire  à /jnon". 

»  Les  journées  les  plus  chaudes  de  la  saison  que  nous  venons  de  tra- 
verser ont  été  les  18,  20,  21  mai,  qui  ont  donné  jusqu'à  ■+-  82  degrés  à 
l'ombre,  et  le  23  juin,  qui  s'est  élevé  jusqu'à  +  33  degrés. 

»  2°  Direction  des  venls.  —  Ce  qu'il  y  a  de  principalement  remarquable, 
et  ce  qui  doit  surtout  attirer  l'attention,  c'est  la  prédominance  marquée 
des  vents  compris  entre  le  nord  et  le  nord-est.  En  effet,  si  nous  consultons 
nos  registres  météorologiques,  nous  voyons  que  ces  vents,  depuis  le  mois 
de  février,  n'ont  pour  ainsi  dire  pas  cessé  de  souffler  sur  notre  horizon. 

))  En  calculant  la  direction  moyenne  des  vents  enregistrés  depuis  cette 
époque,  nous  obtenons  un  courant  général  situé  à  i" /\2'  du  nord-nord- 
ouest,  entre  le  nord  et  le  nord-nord-ouest. 

»  Un  tel  résultat  explique  immédiatement  cette  sécheresse  persistante, 
péiiodique,  et  celte  chaleur  très-grande  qui  caractérisent  si  bien  le  prin- 
temps de  1870. 

»  3°  Humidité.  —  En  établissant  la  balance  entre  les  jours  de  pluie  et  de 
beau  temps,  nous  trouvons  22  jours  de  pluie,  ré|)artis  ainsi  (pi'il  suit  : 


(  47  ) 
5  jours  en  avril,  12  en  mai  et  5  en  juin,  contre  69  jours  de  beau  temps.  Il 
faut  remonter,  je  pense,  au  siècle  dernier  pour  trouver  un  résultai  semblable. 
»  Comme  dernier  point  intéressant,  nous  dirons,  en  terminant,  que,  si 
l'on  considère  seulement  la  série  d'années  comprises  entre  i8/|2  et  1870, 
on  trouve  ce  fait  très-curieux,  pour  cette  saison,  bien  entendu  :  c'est  qu'une 
période  humide  est  parfaitement  indiquée  depuis  1842  jusqu'à  1861,  épo- 
que depuis  laquelle  les  choses  se  passent  tout  différemment,  c'est-à-dire 
qu'à  partir  de  1862  jusqu'aujourd'hui,  une  période  de  sécheresse  s'ac- 
centue déplus  en  plus,  comme  aussi,  depuis  cette  même  année  1861,  la 
température  semble  augmenter  d'une  manière  très-appréciable.  » 

M.  Daitdix  adresse  un  Mémoire  relatif  à  diverses  questions  de  Météoro- 
logie, et  particulièrement  à  la  sécheresse  actuelle.  Suivant  l'auteur,  la  cause 
de  cette  sécheresse  doit  être  attribuée  à  la  persistance  des  vents  fixés,  de- 
puis plusieurs  mois,  du  nord-ouest  au  nord-est;  ces  vents  n'ont  passé  vers 
le  sud-ouest,  pendant  un  jour  ou  deux  et  à  de  rares  intervalles,  que  pour 
revenir  aussitôt  à  leur  direction  primitive.  Chaque  année,  au  printemps, 
les  mêmes  phénomènes  se  produisent,  mais  avec  moins  de  durée.  Enfin, 
l'auteur  pense  que  les  particularités  offertes,  à  cette  saison  de  l'année,  par 
notre  climat,  doivent  se  rapportera  quelques  phénomènes  correspondants 
dans  les  régions  glaciaires  du  pôle  nord. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 

M.  Ch.Leblon  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  portant 
pour  litre  :  «  Système  de  chemin  de  fer  rural  et  de  montagnes  ;  adhérence 
parfaite  des  roues  avec  le  rail    «. 

«  Dans  ce  système,  dit  l'auteur,  l'adhérence  des  roues  de  la  locomotive 
au  rail  résulte  uniquement  du  poids  du  train  à  remorquer.  La  locomotive, 
réduite  au  rôle  de  générateur  de  force,  devient  très-légère  et  n'est  plus 
qu'une  locoiuobile,  les  roues  n'étant  plus  motrices,  mais  soutenant  seule- 
ment l'ensemble  du  système,  chaudière,  machine,  etc.  Sa  puissance  motrice 
agit  sur  un  système  mlliésif,  composé  de  quatre  roues  d'inégales  grandeurs, 
dont  le  travail  utile  consiste  à  serrer  les  deux  côtés  angulaires  du  rail,  avec 
une  force  résultant  du  poids  total  du  train.    » 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M.  W.  DE  FoNviKLLE  trausmetà  l'Académie,  par  l'entremise  de  M.  Jamin  : 
1°  Une  description,  accompagnée  de  plusieurs  figures,  d'un  halo  solaire 


(48) 

observé  le  23  juin  1870.  Cette  description  est  le  résumé  de  trois  observa- 
tions extraites  du  numéro  du  3o  juin  du  journal  anglais  Nature,  observa- 
tions qui  doivent,  suivant  l'auteur,  se  rapporter  à  un  seul  et  unique  nuage 
glacé,  venant  du  nord. 

2°  La  description  d'un  halo  solaire  observé  par  lui-même,  à  Pontoise,  le 
3  juillet  1870.  Le  phénomène  a  été  vu  de  6^20™  à  7*'3o™  environ  :  le  re- 
froidissement brusque  de  la  température,  observé  ce  jour-là,  serait  en  fa- 
veur des  idés  de  Bravais,  attribuant  la  production  des  halos  à  des  prismes 
de  glace  formés  dans  les  nuages. 

»  M.  W.  de  Fonvielle  pense  que  les  apparitions  de  ces  phénomènes 
pourraient  être  considérées  comme  annonçant  de  la  pluie,  en  plus  ou  moins 
grande  abondance  suivant  que  les  nuages  glacés  sont  plus  ou  moins  épais. 
On  a  constaté  de  la  pluie  en  Angleterre,  aussi  bien  qu'en  France,  après  les 
apparitions  de  halos  dont  il  fait  mention. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Physique). 

M.  Cave  Thomas  adresse,  pour  être  substituée  à  son  précédent  Mémoire 
manuscrit  «  sur  la  Théorie  esthétique  de  la  lumière  »,  une  épreuve,  impri- 
mée en  anglais,  d'une  Lecture  faite  par  lui  sur  le  même  sujet. 

Ce  document  sera  renvoyé,  comme  l'avait  été  le  Mémoire  manuscrit,  à  la 
Section  de  Physique. 

M.  Pretis  de  Sainte-Croix  adresse,  de  Menton,  une  démonstration  élé- 
mentaire du  postulalum  d'Euclide. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  toutes  les  Communications 

relatives  à  ce  sujet.) 

M.  Terrien  adresse  une  rectification  au  Mémoire  qu'il  a  soumis  au  juge- 
ment de  l'Académie,  sur  la  décomposition  de  l'eau  par  la  pile  électrique. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ministre  des  Lettres,  Sciences  et  Beai;x-Arts  informe  l'Acadé- 
mie qu'il  approuve  le  choix  lait  par  elle,  du  lundi  11  juillet,  pour  sa 
séance  publique  annuelle. 


(  49  ) 
M.  LE  Ministre  des  Lettres,  Sciences  et  Beaux-Arts  autorise  l'Acadé- 
mie à  prélever  sur  les  reliciiiats  disponibles  des  fonds  Montyon,  conformé- 
ment à  sa  demande,  diverses  sommes  destinées  à  des  publications  ou  à  des 
recherches  scientifiques. 

M.  le  Secrétaire  perpétuei,  sii^inale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  une  brochure  de  M.  Husson,  portant  pour  titre  :  «  His- 
toire du  sol  de  Toul.  Dix-se|)tième  Note  sur  l'origine  de  l'espèce  humaine 
dans  les  environs  de  cette  ville  ». 

ASTRONOMIE.  —  Sur  la  lumière  de  la  comète  de  TVinnecke  [Comète  I,  1870). 
Note  de  MM.  Wolf  et  Rayet,  présentée  par  M.  Delaïuiay. 

«   Nous  avons  pu,  depuis  les  premiers  jours  de  juin,  observer  à  plusieurs 
reprises  le  spectre  de  la  nouvelle  comète  de  Winnecke.  Comme  ceux  des 
deux  comètes  du  même  astronome,  déterminés  en  i868  et  1869  par  l'un 
de  nous,  celui-ci  paraît  se  composer  de  trois  bandes  lumineuses,  se  déta- 
chant sur  un  fond  continu.  La  plus  brillante  de  ces  bandes  est  celle  du 
milieu;  la  seconde  est  assez  rapprochée  de  la  première,  du  côté  le  moins 
réfrangible;  la  troisième,  située  de  l'autre  côté  et  un   peu  plus  éloignée, 
est  beaucoup  plus  pâle.  L'extrême  faiblesse  de  la  lumière  de  ces  bandes 
ne  nous  a  pas  permis  d'en  déterminer  les  positions  absolues.  Mais  l'aspect 
en  paraît  identique  à  celui  des  spectres  de  comètes  déjà  observés;  et  il  est 
à  souhaiter  que   la  détermination  des  positions  puisse  être  faite  sous  des 
climats  où  l'astre,  à  son  lever,  n'est  pas  déjà  noyé  dans  la  lumière  de  l'au- 
rore. Il  est  peu  probable  que,  d'ici  à  son  périhélie,  la  comète  augmente 
assez  d'éclat  pour  nous  permettre  ces  mesures.  L'identilé  ou  du  moins  la 
ressemblance   des  spectres  des  diverses  cou)ètes,  leur  différence  au  con- 
traire avec  les  spectres  des  nébuleuses  proprement  dites,  sont  des  carac- 
tères précieux  qui  permettront  sans  doute  un  jour  de  déterminer  la  nature 
et  l'origine  de  ces  astres  singuliers. 

»  Nous  avons  été  particulièrement  frappés  de  la  faiblesse  du  spectre  de 
cette  comète,  qui  cependant  est  assez  brillante  pour  être  bien  visible  à 
l'aide  d'un  chercheur  de  6  centimètres  d'ouverture.  Une  nébuleuse  du 
même  éclat  apparent  donnerait  un  spectre  facilement  mesurable.  Sans  doute 
il  faut  remarquer  d'abord  que  la  lumière  de  ta  comète  est  pour  nous  bien 
affaiblie  par  les  premières  lueurs  de  l'aurore.  Mais  nous  avons  dit  que  les 

C.  K.,  1870,  2«  Semeatre.  (T.  LXXI,  M»  1.)  7 


(  -'ïo) 
bandes  lumineuses  se  détachent  sur  un  spectre  contiiui,  particulier  à  la 
comète.  Celle-ci  diffère  donc,  à  ce  point  de  vue,  d'une  nébuleuse,  dont  la 
lumière  se  concentre  tout  entière  dans  un  petit  nombre  de  lignes,  qui  sont 
par  suite  très-hriilantes.  Eu  même  temps,  nous  reconnaissons  l.i  double  ori- 
gine de  la  lumière  de  la  comète,  une  lumière  propre  qui  donne  les  bandes, 
et  luie  autre  portion  empruntée  au  Soleil.  Que  la  lumière  réfléchie  existe 
en  quantité  très-sensible  dans  la  comète,  c'est  ce  que  prouve  le  fait,  con- 
staté par  nous,  que  la  limiière  de  cet  astre  est  partiellement  polarisée  dans 
un  plan  passant  par  le  Soleil.  Cette  polarisation  est  assez  forte  pour  èiro 
démontrée  à  l'aide  d'un  simple  prisme  biréfringent.  D'ailleurs  elle  ne  peut 
élre  confondue  avec  la  polarisation  atmosphérique,  si  l'on  a  le  soin,  coiiune 
l'a  indiqué  depuis  longtemps  iM.  Praczmouzki,  d'observer  les  deux  images 
de  la  comète  sur  la  partie  couunune  des  deux  images  du  fond  du  ciel.    » 

GÉOMÉTRIE.  —  Remarques  sur  une  Note  de  M.  Darboux,  relalive  à  la  surface 
des  centres  de  courbure  d'uue  surface  algébrique;  par  31.  E.  Catalan. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  soumettre  les  remarques 
suivantes,  qui  me  sont  suggérées  par  la  lecture  du  Compte  rendu  de  l'avant- 
dernière  séance.  A  peine  ai-je  besoin  de  déclarer  que  je  ne  suis  animé  d'au- 
cun esprit  de  dénigrement  à  l'égard  de  M.  Darboux;  nul,  plus  que  moi, 
ne  reconnaît  le  mérite  de  ce  jeune  et  déjà  célèbre  géomètre. 

»  I.  La  formule  R  =  '^  se  trouve  à  la  page  26'i  de  mes  Mélanges  ma- 
thématiques. 

»   II.  Les  formules  X^  =  -,7-1 —  , , ,  ,  , — *-4t'  etc.,  ne  sont  pas  nouvelles  : 

a^[a^  —  b^)  [a'  —  c^)  ' 

je  les  ai  trouvées  (ce  qui  n'était  pas  difficile)  en  1868;  M.  Gilbert,  mon 
savant  confrère  à  l'Académie  de  Belgique,  les  a  trouvées  aussi,  et  il  est  pro- 
bable qu'elles  se  sont  présentées  à  tous  les  professeurs  qui  ont  eu  à  traiter 
la  question  du  lieu  des  centres  de  courbure  de  t' ellipsoïde . 

»  IIL  il  est  bien  vrai  que  l'équation  R  =  B*  —  4A.C  =  o  ne  présente 
pas  toujours  l'enveloppe  des  courbes  (*)  représentées  elles-mêmes  par 

(■)         Mêr+''(s)+'=="^ 

mais  M.  Darboux  ne  va-t-il  pas  un  peu  loin  en  affirmant  que  c'est  précisé- 


(*)  A  la  page  i33i  des  Comptes  rendus,  on  a  imprimé  par  erreur  :  des  cercles. 


(5i  ) 
ment  le  contraire  qvi  arrive,  et  que  R  =  o  représente  le  lieu  des  points  de  re- 
broiisseinent  des  combes?  Si,  par  exemple,   on   prend  les  liyperboles  dont 
l'équation  est 

(2)  c- -i-{a: -hj)c -hi  —  jcy  =  0, 
on  trouve 

(3)  (20o'^+  i)  (I)  V  {:r^-^2Xj+j"-  +  2)  g  +  27^+1  =  o, 

et,  comme  équation  de  l'enveloppe, 

(4)  x^  +  6xj- +  jr^— 4  =  o. 
Dans  ce  cas,  la  fonction  R  a  pour  valeur 

[œ  -jY{jc^  -h  6jcj-hJ^  -  4); 

donc,  si  l'on  fait  abstraction  du  facteur  (x  —  jY,  sur  lequel  je  reviendrai 
tout  à  l'heure,  R  =  o  représente  l'enveloppe  des  hyperboles  données,  et 
non  le  lieu  des  points  de  rebroussemenl  de  ces  courbes,  au  moins  je  le  suppose. 
»  IV.  Ce  n'est  pas  fout  :  à  l'appui  de  sa  thèse,  M.  Darboux  fait  ob- 
server qu'e/j  général  les  équations 

ne  peuvent  être  vérifiées  simultanément.  D.ins  l'exemple  précédent,  l'équa- 
tion (6)  est 

{jc''  H-  2XJ  +  j"  -+-  y-){J  -^  3x)  —  'î{2X-  -h  i)  [x  -+-  3j)  =  o, 


ou 


(  J  -  Jc)  {j-  +  6x7  +  x^  -  4)  =  o; 

c'est-à-dire 

[j  —  x)'K  =  o. 

I)   On  pourrait  évidemment  midtiplier  les  vérifications  de  la  règle  ordi- 
naire. Quels  sont  donc  les  cas  d'exception  ta  cette  règle? 
»   V.  Soit 

(7)  c^+Pc--+-Q  =  o, 

P  et  Q  étant  fondions  de  x  et  de  j'.  La  solution  singulière  est 

(8)  P^--4Q  =  o. 

»   D'iui  autre  côté,  si  l'on  élimine  c  entre  la  proposée  (7)  et  sa  différen- 

7-- 


(  -^2  ) 

tielle  immédiate,  on  tronvo  une  rqiialion  de  la  forme  (i),  dans  laquelle 

(A=(;?)'-p.^^5?-Q(fy. 

d.TJ  ,h-     djC     ^^\dx  j 

Il  résulte,  de  ces  valeurs, 
Par  conséquent,  l'éijiiation  lî  =  o  se  décompose  en 

(8)  P'^-4Q  =  o, 

qui  représente  r enveloppe  des  <  nurhes  ['j),  et  en 

/f/P  ,IQ  _  dP  f/Q\\_ 

^        '  \d.r    dy  dy   d.r  I 

Celle-ci  appartient  nu  lien  îles  j'oints  nii  se  touchent  les  courbes  simultanément 
représentées  par 

P  =  X 

et  par 

Q  -  P; 

X,  [).  étant  des  constantes  arbitraires. 
n  Dans  l'exemple  ci-dessus, 

V  =  x  -i-  y,     Q  =  I  —  .Tj, 

et  l'équalion  (i  f)  se  réduit  à 

(12)  {.T—j)-=0. 

Celle-ci,  dont  nous  avons  déjà  parlé,  représente  donc  le  lieu  des  points  de 
contact  d'un  système  de  droites  parallèles  et  d'li)'per!iolcs  homolhélicpics.  En 
outre,  celte  équation  (12)  est  une  solution  singulière  de 

ou 

.    l'd^  \  2         ,     -  .  ,   /  dy\ 

-+-  2}-  4-1=0. 


»   VI.  Soif  encore  l'équntioi) /n<^f//'a/e 

(i3)  4j:'-' -4- 2(j:  —  3j)  +  c -+-X- =  o. 


(  53  ) 
que  j'ai  prise  pour  exemple  dans  une  Note  sur  In  Théorie  des  solutions  sin- 
(/idièrcs  [Journal  île   l'Ecole  Polytechnique ,   XXXP  cahier).  Il  en    résulte 
l'équation  différentielle 

(•4)  3x(|)'-6r|  +  ^  +  2j  =  o, 

et,  comme  équation  de  l'enveloppe  des  paraboles  (i3), 
(r5)  (x  -  3jr)2  =  4-r-. 

Si  l'on  égale  à  zéro  la  fonction  B^  —  4  AC,  on  a 

3^'^  =  jc[jc  -h  2J-), 

c'est-à-dire  la  relation  (i5).  Ici  l'on  ne  rencontre  pas  du  tout  l'exception 
que  M.  Darboux  signale  comme  devant  arriver  si  fréquemment. 
»  VII.  Soient,  pour  abréger, 

f    a\  dP  dp         n        dq  ,        d(i         ^ 

('^)  ^=«'    dV  =  ^''    -;z7.==«'    ^=r^' 

alors  ies  fonnules'fg)  deviennent 

A  =  fr--pfif5'-f-Qfi% 

B  ==  2(a'fi'  +  Qap)  -  V{oc[i'+a'fi), 
C  =  a'--Paa'  +  Q«='; 

et  la  relation  (lo)  se  réduit  à  l'identité 

B--4AC  =  (P^-  liQ){afi'-  a'/3)-, 

que  l'on  rencontre  dans  la  théorie  des  nombres.  On  a  ainsi  un  rapproche- 
ment, peut-être  bien  inattendu,  entre  deux  parties  différentes  de  l'analvse. 

»  VIII.  Puisque  l'occasion  s'en  présente,  je  mentionnerai  trois  proposi- 
tions sur  le  lieu  des  centres  de  courbure  de  i ellipsoïde  : 

»  1°  Le  lon(/  (rime  même  liipie  de  couibure  de  l'ellipsoïde,  le  rayon  principal 
varie  eu  raison  inverse  de  la  distance  du  centre  au  fdan  taii</ent; 

»   2°  La  surface  dont  il  s'arpt  est  l' enveloppe  des  ellipsoïdes  représentés  par 

a'-x-  1^' y'  c':^ 

[a' —  Vf  "*"  (6^  — X-)2  "*"   (c'— V)'  ~  '  ' 

»  3"  Chacun  de  ces  ellipsoïdes  touche  l'enveloppe  suivant  une  arête  de  rebrous- 
semcnl.  » 


(  54) 

ÉLECTRICITÉ  STATIQUE.  —  Sur  une  propriété  du  condensateur  de  Foltn, 
qui  na  pas  encore  été  considérée.  Note  de  M.  P.  Yoi.piceli.i. 

tt  Deux  condensateurs  électriques,  géométriquement  semblables  entre 
eux,  possèdent  le  même  coefficient  m  d'induction,  c'est-à-dire  que  la  charge 
du  plateau  inducteur  présente  le  même  rapport,  dans  l'un  et  dans  l'autre 
condensateur,  avec  la  charge  du  plateau  induit. 

1)  Démonstration .  —  L'électricité  d'un  condensateur  se  trouvant  en  équi- 
libre, le  potentiel  (i)  complexe  de  cette  électricité,  distribuée  sur  ses  deux 
plateaux,  pris  pour  un  point  quelconque  intérieur  à  chacun  d'eux,  est 
regardé  comme  constant  ponr  le  même  plateau.  Ce  potentiel  complexe  est 
composé  d'un  nombre  infini  de  parties,  qu'on  peut  classer  en  deux  groupes, 
dont  l'un  provient  des  éléments  du  plateau  collecteur  on  inducteur^  l'autre 
de  ceux  du  plateau  condensant  ou  induit. 

»  Si  donc  on  a  deux  condensateurs  et  que  l'un  d'eux,  que  nous 
appellerons  B,  ait  toutes  ses  dimensions  k  fois  plus  grandes  ou  |dus 
petites  que  celles  de  l'autre,  que  nous  appellerons  A;  si  les  plateaux 
collecteurs  de  ces  deux  condensateurs  ont  la  même  charge  £,  les  âanx 
électricités  contraires  seront  en  équilibre  dans  l'un  et  l'autre  condensateur. 
Soit  m  le  coefficient  d'induction  du  condensateur  A  :  nous  savons  que 
la  charge  induite  dans  son  plateau  condensant  doit  être  —nie.  Il  est  évi- 
dent que  notre  première  assertion  sera  vraie,  quand  nousaïuons  déinoniré 
que  la  charge  induite  dans  le  plateau  condensant  de  B  sera,  elle  aussi, 
exprimée  par  —  7?Z£. 

»  Quant  au  condensateur  B,  supposons  :  i°  que  h  charge  e  de  son 
plateau  collecteur  ou  inducteur  soit  distrdiuée  send)lablement  à  celle 
du  plateau  collecteur  de  A;  2°  que  le  coi'densaleur  B  possède  le  nu^ne 
coeflicient  d'induction  que  A,  c'est-à-dire  que  son  plateau  condensant  ou 
induit  |)osséde,  lui  aussi,  la  charge  —  nis;  3"  que  celle  charge  induite  soit 
distribuée  semblablement  à  celle  du  plateau  correspondant,  a|iparlcnant 
an  condensateur  A.  Cela  étant  supposé,  démontrons  que  l'électricité  du 
condensaîeiu"  B  doit  encore  se  trouver,  elle  aussi,  en  équihbre. 

»  Considérons,  dans  la  niasse  du  condensateur  B,  \i\i  point  quelconque 
p',  placé  semblablement  à  un  autre  point  y;  dans  la  masse  du  condensa- 
teur A.  En  outi-e,  divisons  la  suilace  des  deux  plateaux  du  cundensalenr  B 


(l)    Trailé  de  Calcul  différentiel  et  intégral,  de  M.  Bcrtrarul,  2"  partie,  p.  438,  §  468; 
Paris,  1870. 


(  55  ) 
de  la  même  manière  que  les  surfaces  des  deux  plateaux  du  condensa- 
teur A.  En  imaginant  maintenant  les  deux  potentiels,  pris  l'un  relative- 
mont  au  point /;  dans  l'intérieur  de  la  masse  du  condensateur  A,  l'autre 
relativement  au  point//  dans  l'intérieur  de  la  niasse  du  condensateur  B, 
il  sera  clair  que  les  lignes  droites  réunissant  les  éléments  superficiels  élec- 
triques avec  les  deux  points  respectifs  p,  p'  de  ces  deux  potentiels, 
devront  conserver,  dans  ces  deux  cas,  les  mêmes  positions  relatives;  c'est- 
à-dire  que  deux  lignes  droites  quelconques  du  système  relatif  an  conden- 
sateur A  font  un  angle  égal  à  celui  que  font  les  lignes  droites  corres|)on- 
dantes  analogues  du  système  relatif  au  condensateur  B.  En  outre,  pour  la 
condition  de  la  similitude,  puisque  le  condensateur  B  doit  avoir  tontes  ses 
dimensions  k  fois  plus  grandes  ou  plus  petites  que  celles  du  condensateur  A, 
il  est  clair  que,  dans  le  condensateur  B,  les  distances  de  chaque  élément 
électrique  au  point  //  seront  k  fois  plus  grandes  ou  plus  petites  que  celles 
de  chaque  élément  correspondant  au  point  p,  dans  le  condensateur  A.  Et 
comme  l'élément  du  potentiel  doit  être  en  raison  inverse  de  la  distance  de 
l'élément  électrique  du  point  auquel  se  rapporte  le  potentiel  même,  il  est 
clair  que  l'on  obtiendra  chaque  élément  du  potentiel,  relatif  au  condensa- 
teur B,  en  multipliant  par  k  l'élément  potentiel  relatif  au  condensateur  A. 

))  11  s'ensuit  immédiatement  que  le  potentiel  du  condensateur  B  doit 
être  aussi  constant,  dans  les  trois  suppositions  que  nous  avons  faites,  celui 
du  condensateur  A  étant  regardé  comme  constant,  et  l'on  aura  le  potentiel 
complexe  de  B  en  multipliant  celui  de  A  par  k. 

»  Mais  la  condition  unique,  nécessaire  et  suffisante  pour  l'équilibre 
électrique,  sur  un  ou  plusieurs  conducteurs,  c'est  que  le  potentiel  complexe 
de  toute  l'électricité  doit  être  constant  pour  un  point  quelconque  des 
mêmes  conducteurs,  pourvu  que  ce  point  soit  considéré  dans  le  même 
cori)s;  donc  l'électricité  dans  le  condensateur  B  est  en  équilibre,  même 
dans  les  trois  suppositions  précédentes.  Et,  puisque  nous  avons  démon- 
tré (i)  que  la  distribution  électrique  en  équilibre,  sur  un  ou  plusieurs  con- 
ducteurs, doit  être  unique,  nous  pouvons  conclure  de  tout  cela  que  les 
trois  suppositions  faites  d'abord  sont  vérifiées,  c'est-à-dire  que  le  coefficient 
d'induction,  ou  rapport  électro-statique  ni,  est  le  même  en  A  et  en  B,  et 
que  les  distributions  sur  les  deux  plateaux  de  A  sont  semblables  respecti- 
vement à  celles  des  deux  plateaux  de  B. 

»  En  outre,  puisque,  dans  le  même  condensateur,  le  coefficient  m  ne 

(l)   Comptes  rendus,  1869,  t.  LXVIII,  p.  976. 


(  56  ) 
dépend  pas  de  la  charge  électrique,  si  l'on  change  a  en  s',  on  arrivera  au 
même  résultat,  quoique  les  charges  des  deux  condensateurs  soient  diffé- 
rentes entre  elles,  pourvu,  bien  entendu,  que  ceux-ci  soient  tout  à  fait 
semblables  l'un  à  l'autre.  Donc  notre  première  assertion  reste  démontrée 
dans  tous  les  cas. 

»  Nous  donnerons,  de  cette  proposition  et  des  conséquences  qui  en 
dépendent,  une  démonstration  indépendante  de  la  notion  du  potentiel, 
afin  de  remplir  un  vide  qu'on  rencontre,  soit  dans  les  cours  de  physique, 
soit  dans  les  traités  d'électricité  statique,  même  les  plus  étendus.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.—  Observations  magnétiques  Jaites  à  Makerstoivn  [Ecosse) 
et  Trevandrum,  près  du  cap  Comorin.  Note  de  M.  Bitou.v  (*). 

I. 

«  Parmi  les  résultats  des  observations  faites  sons  ma  direction  à  Ma- 
kerstown,  en  Ecosse,  pendant  les  années  1 842-1 85o,  j'ai  fait  la  remarque 
que  la  variation  des  moyennes  annuelles  de  déclinaison  magnétique  parais- 
sait avoir  une  liaison  avec  la  période  des  perturbations  magnétiques  (**);  et 
j'ai  insisté  sur  ce  fait  plus  tard,  dans  le  Philosophical  Magazine  pour  juil- 
let i858.  Les  observations,  continuées  après  mon  départ,  en  i85o  jusqu'en 
i856,  par  mon  aide  M.  Hogg,  ont  ajouté  à  l'évidence  de  cette  inégalité,  qui 
paraissait  également  dans  les  moyennes  annuelles  pour  la  force  horizontale 
et  la  force  verticale  (***);  ce  qui  a  été  trouvé  aussi  par  M.  Lloyd,  dans  la 
discussion  des  observations  de  Dublin  (****).  Onze  années  d'observations 
faites  sous  ma  direction,  à  Trevandrum,  près  du  cap  Comorin,  de  i854 
à  i865,  et  continuées  depuis  cette  époque  par  mes  deux  meilleurs  aides, 
sont  venues  confirmer  ce  résultat.  Comme  les  observations  d'Arago,  faites 
à  Paris  entre  i8ao  et  i835,  donnent  ce  même  résultat,  je  crois  le  temps  venn 
de  publier  un  examen  sérieux  de  lévidence  sur  laquelle  cette  conclusion 
est  fondée. 

»  Quoique  nous  ne  connaissions  pas  la  loi  du  mouvement  des  pôles  ma- 
gnétiques, il  m'a  paru  permis,  pour  un  temps  limité,  de  représenter  son  effet 


(*)  L'Académie  a  décidé  que  cette  Communication,  bien  que  dépassant  en  étendue  les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  en  entier  au  Ciimptc  rendu. 
(**)    Trans.  Roy.  Soc.  Edin.,  t.  XIX,  pi.  II,  p.  12. 
(*")  Jhid.  p.  31,45. 
(****)    Trans.  B rit.  Assor.,  i86l. 


(  57  ) 
sur  le  mouvement  annuel  de  l'aiguille  aimantée  par  une  fonction  circulaire; 
ainsi,  si  nous  représentons  la  marche  de  la  déclinni^n  moyenne  par  une 
courbe  de  sinus  où  le  minimum  corresponde  à  la  plus  grande  déclinaison 
occidentale,  et  que  nous  mesurions  le  temps  sur  la  tangente  au  minimum, 
nous  aurons  les  équations  suivantes  pour  déterminer  la  courbe: 

j-=:fl(i  —  cosS),     dj-  =:  as'iuO  dQ,     d'^j  =  a  cosQciQ-, 

où  j- est  la  différence  entre  la  déclinaison  au  minimum  et  à  une  époque  6, 
le  temps  écoulé  depuis  le  minimum  ;  dÔ  est  l'arc  parcouru  dans  une  année, 
qui  est  supposé  assez  petit  pour  que  l'on  puisse  employer  les  différentielles, 
et  a  est  une  constante. 

»  Si,  comme  je  l'ai  supposé,  il  y  a  une  variation  présentant  inie  période 
de  près  de  dix  ans  (comme  pour  les  perturbations  magnétiques),  super- 
posée à  la  variation  séculaire,  nous  pouvons  trouver  des  différences  libres 
de  cette  inégalité  seulement  en  les  prenant  pour  les  dizaines  d'années.  On 
trouve  aussi,  pour  Makerstown,  les  différences  suivantes  {vo/ez  le  ta- 
bleau Il  : 


AV- 


Aj,  calculé  d'après  les  formules. 


1851-1841  62',  34        '  62,39  62,35 

1832-184.2  63,25"^°'^'  63,44  63, 3o 

1833-1843  64,i5^°'9'  64,40  64,25 

1854-1844  65,24^''°^  65,28  65, i5 

1855-1845  66,07"^°'  66,08  66,  i3 

»  Les  moyennes  des  valeurs  de  A j"  =  64',  2  et  de  A-j'  =  o',C)'i5  ont 
donné  une  première  approximation,  de  laquelle  j'ai  pu  conclure,  pour 
l'époque  moyenne  184^, 5, 

dj-  =  6, 474,     d-jr  =  o,  0938. 

»  J'ai  cherché  la  valeur  de  j-  pour  la  même  époque,  et  je  l'ai  trouvée 
a|)proximativeraent   [* ) 

/  =  2°. 

»  Avec  ces  valeurs  de  j--,  dy  et  d'-j\,  nous  trouvons  des  équations 
données 

0  — 68°37',     f/5  =  2"5',7,     «=190',  22. 

(*)   La  note,  qui  n'a  pu  trouver  place  ici,  est  reportée  à  la  page  suivante. 

C.  K.,  1S70,  1'  Semestre.  (T.LXXl,  N°  1.)  ° 


(  58  ) 
»  La  troisième  colonne  du  tableau  I  donne  les  quantités  A  qu'il  faut 
ajouter  aux  moyennes  observées  pour  avoir  les  valeurs  calculées  d'après  la 
formule 

(  Déclinaison  =  26''52',98  (*) 

I  —  190',  22  fi  —  cos(5i°5r,4 -+-  «.2°5',7)], 

où  «  est  le  nombre  de  l'année  compté  depuis  18^0,3. 

»  Afin  d'éviter  toute  erreur,  j'ai  fait  un  second  calcul  en  supposant, 
comme  il  est  permis  pour  un  petit  arc,  que  la  seconde  différence  est  con- 
stante; les  cinq  différences  décennales  b.y  donnent  cinq  équations  de  la 
forme 

n[n-~  i) 


A  j-  =  I  o  a  -t- 


2 
lesquelles  donnent,  par  la  méthode  des  moindres  carrés, 


(2)         Déclinaison  =  25°84',7o  (*)  —  5',  812  .n  —  o',0937 

où  n  est  le  nombre  de  l'année  à  partir  de  i84i  ■ 

»   On  verra  que  la  seconde  différence  2  est  à  peu  près  celle  qui  a   été 
employée  pour  obtenir  la   formule   (i).    Les   quantités  A  à   ajouter  aux 


Déclinaison  par  Beaufoy,  à  Bnshykeath,  en  1818  (o) 24.38,0 

Correction  (différence  de  latit.  et  longit.  par  rapport  à  Greenwich) .  — 3,3 

Déclinaison  à  Grecnwicli,  en  i8i8 24. 34, 7 

Les  observations  horaires  à  Greenwich,  en  i845  et  1846,  com])a- 
rées  avec  celles  de  Rlakerstown  pour  les  mêmes  années,  donnent, 
Makerstown  minus  Greenwich 2.16,0 

Supposant  cette  différence  à  peu  près  la  même  en  181 8,  nous  aurons 

la  déclinaison  à  Makerstovyn  en  1818 26.50,7 

Un  premier  calcul  donne  la  correction  au  maximum  en  i8i5....  — i,3 

Déclinaison  à  Makerstown  au  maximum 26.52,0 

Déclinaison  en  1 848 24.52,0 

Ce  qui  donne  y ■ 2.00,0 

Je  dois  dire  qu'aucune  erreur  possible  dans  cette  estimation  ne  modifierait  les  conclusions 
des  calculs.  (  f'oir  la  note  pour  la  valeur  de  a  ;\  Paris.) 

(*)  La  première  constante  des  formules  (1)  et  (2)  est  prise  telle,  que  la  moyenne  des 
valeurs  calculées  approche  la  moyenne  des  valeurs  observées. 

(a)  CEuvrei  d'Àrago  {Notices  scieniijiques),  I.  I,  p.  l^■]b. 


(  59) 
moyennes  observées,  pour  avoir  les  valeurs  dérivées  de  la  formule  (2),  se 
trouvent  dans  la  quatrième  colonne  du  tableau   (*). 

Tableau  I.    —   Déclinaison   magnrtique  à  Maherstown  et  a  Paris. 


MAKERSTOWN. 

PARIS. 

DÉCROIS- 

A 

A 

ANNÉE. 

DÉCLINAISON 

occidentale 

SEMENT 

annuel. 

Form.  (i). 

Form    ().). 

ANNÉE. 

DECLINAISON 

occidentale. 

SEMENT 

annuel. 

Form.  (3). 

Form-  (^). 

1841 

25.33,68 

-)-   I  ,02 

r 

-H    I ,02 

1820 

0     1 
22.27,70 

o',63 

1 
-H   1,00 

+  o',93 

1842 

28, /i5 

5,23 

■+■  0,55 

-t-  0,44 

1821 

22,07 

-+-  0,85 

+  0,81 

1843 

22,85 

5,60 

■+■  o,3i 

-+-  o,>4 

1822 

20,96 

1,11 

+   1,00 

-H  0,98 

1844 

i7,oG 

5.79 

-+-  o,i3 

—  0,07 

1823 

19,72 

1,24 

+  1,09 

+  1,08 

1845 

11,33 

5,74 

-0,23 

-  0,42 

1824 

20,81 

';09 

-  1,33 

-  1,34 

1846 

5,97 

5,35 

—  1,10 

—  1 ,26 

1825 

'9,75 

1,06 

—  1,79 

—   1,80 

1847 

2/1.59,61 

6,36 

—  ",07 

—  1,18 

1826 

17, ''1 

2,6. 

-  0,88 

—  0,90 

18 '18 

51,82 

7,79 

+  0,29 

H-  0,23 

1827 

14,10 

3,04 

-+-  0,28 

+  0,24 

1849 

lib.ii 

6,61 

-h  0,38 

-1-  0.37 

1828 

I  i,c6 

3,o'i 

+    1,25 

-t-  >,'9 

1850 

38,96 

6,î5 

-(-  o,o3 

H-  0,o5 

1829 

8,68 

2,38 

+  1,38 

+  i,3o 

1851 

3i,3.'i 

7,62 

-H  0,97 

-i-    1,01 

1830 

6,62 

2,06 

+  1 ,00 

+  0,92 

1852 

25,20 

6,14 

+  0,36 

-+-  0,39 

1831 

4,20 

2,42 

+  0,80 

+  0,70 

1853 

18,69 

6,5i 

-!-  0,07 

+  o,o5 

1832 

rt 

r 

,/ 

1854 

II, 8î 

6,77 

+  0,09 

—  0,02 

1833 

// 

n 

// 

// 

1855 

5,25 

6,57 

—  0,24 

-0,45 

1834 

// 

ti 

„ 

// 

1835 

21.54,50 

II 

-  1,82 

—  2,20 

»  J'ai  traité  les  premières  et  les  dernières  dix  différences  A  de  la  co- 
lonne 4  du  tableau,  par  la  formule  ordinaire  de  sinus,  ce  qui  donne,  pour 
la  variation  par  rapport  à  la  moyenne, 

i84r,5  à  i85o,5;   A  =  o',  754  sin(|x4- 81°); 
p.  =  o  pour  1841,5,  et  le  maximum  a  lieu  pour  1841,75, 

1846,5  à  i855,5;  A  =  o',992  sin  ([j!,  +  94°); 
juL  =  o  pour  i85i  ,5,  et  le  maximum  a  lieu  pour  i85i,4. 

»  Il  résidte  de  ces  calculs,  qu'une  cause  produisant  une  inégalité  dans 
la  marche  de  l'aiguille  aimantée  vers  l'est  avait  son  effet  maximiuu  de  retar- 
dalion  vers  le  milieu  <ie  1841  et  de  i85i;  ou  son  effet  maximum  d'accélé- 
ration vers  le  milieu  de  1846  et  de  i856. 


(*)  Un  calcul  fait  par  M.  Chambers,  quoique  fontJé  sur  l'iiypollièse  ine.\acle  que  la  pre- 
mière différence  est  constante,  montre  l'inégalité  assez  exactement  pour  les  années  i845 
à  i853.  (Voir  Trans.  Roy.  Soc.  Edin.,  Supp.,  t.  XXIII,  p.  23;   1860.) 


(6o) 
»  Les  observations  d'Arago  soîit  complètes  pour  tontes  les  années  depuis 
1820  jusqu'à  i83o;  il  n'y  a  que  les  moyennes  pour  les  premiers  six  mois 
de  i83i,  et  pour  les  quatre  mois  de  janvier,  février,  octobre  et  novembre 
de  i835;  mais  j'ai  trouvé  des  moyennes  pour  ces  deux  années  assez  près(*) 
[voyez  le  tableau).  D'après  ces  moyennes,  nous  avons  trois  différences  dé- 
cennales qui  donnent  trois  équations  avec  la  seconde  différence  constante, 
desquelles  j'ai  obtenu,  comme  poin-  Makerstown,  formule  (2),  la  formide 
suivante 

(3)  Déclinaison  =  22°23',7o  —  o',78.//  —  o',i84  "  -, 

où  n  est  le  nombre  de  l'année  compté  depuis  1820,3.  Les  quantités  A 
dans  l'avant-derniére  colonne  du  tableau,  ajoutées  aux  moyennes  obser- 
vées, donnent  les  valeurs  calculées  d'après  formule  (3). 

»  J'ai  fait  un  autre  calcul,  comme  le  premier  pour  Makerstown  (**),  où 
la  différence  j)'  entre  la  déclinaison  au  maximum  et  à  une  époque  nQ,  à 
partir  de  1820,5,  est  représentée  par  la  formule 

^  =  rt[i  —  cos(a  +  n5)], 

a  étant  l'arc  qui  correspond  à  1820,5,  et  Q  l'arc  parcouru  dans  une  année. 
»   Nons  aurons,  par  les  deux  différences  décennales,  les  équations  sui- 
vantes : 

i83o-i820  :  2asin(a+  50)sin5ô  =  16', 08, 

i835-i825:   2rtsin(a+ io9)sin56  =  25',25. 
»   J'ai  supposé  a  connu,  et  je  liù  ai  donné  une  valeur,  170  minutes,  un 


(*)    OEuvrcs  de  F.  Arago  [Notices  scientifiques),  t.  L,  p.  5o3,  5o4  : 

Moyenne  de  six  mois  de  i83i  à  1 83 1,25 22.4,78 

Correclion  pour  -  année  (i  an  =  2', 32). — o,58 

Moyenne  pour  1 83 1 ,5 22 . 4  ,  20 

Moyenne  de  quatre  n)ois  de  i835  correspondant  à  i835,46.  .  21  .54,63 

Correction  pour  0,04  an  (  i  an  =  3',  aS  ) — o ,  1 3 

Moyenne  ])cmr  i835, 5 2i.54,5o 

(*')  Le  n()iiil)ro  d'années  d'observation  à  Paris  csl    trop   limite  pour  avoir  une  honne 
approximation  à  la  valeur  de  a?)-,  comme  à  Makerstown. 


(6i  ) 

peu   moins  grande  que  d'après  les  équations  de  Makerstown  (*).  On  tire 
de  ces  équations  5  =  i°5']',2,   «  =  6°  26',  et 

(4)         Déclinaison  =  22° 24', 7  —  i7o[i  —  cos(6''26'-+-)! .  i<'57',4)]' 

»  Les  quantités  A  dans  la  dernière  colonne  du  tableau,  ajoutées  aux 
moyennes  observées,  donnent  les  valeiu'S  calculées  d'après  formule  (4). 

»  Les  variations  des  quantités  A  sont  représentées  approximativement 
par  les  formules 

1820-1829     A  =  i',3osin  (/j. +  90°) 

,     ,.        ,  "      >  'i     M-  =  0,1 820,5. 

l822-l83l        A  =    l',26sUl(fJL+92°)         "^  ' 

»  La  conclusion  est  la  même  que  celle  que  j'ai  déjà  déduit  des  obser- 
vations de  Makerstown,  le  maximum  de  retardation  ayant  lieu  vers  le 
milieu  de  1820. 

»  Des  observations  de  Makerstown  et  de  Paris,  nous  pouvons  tirer  la  con- 
clusion que  l'inégalité  décennale  est  indépendante  du  mouvement  des  pôles 
magnétiques,  puisque  sa  valeur  a  peu  varié,  pendant  que  le  mouvement  sé- 
culaire a  changé  depuis  moins  de  i  minute  jusques  près  de  7  minutes 
par  année. 

»  La  formule  (i)  donne,  pour  l'époque  du  maximum  de  déclinaison  occi- 
dentale àMakerstown,  i8i5,7,  qui  n'est  probablement  pas  loin  de  la  vérité. 
Si  l'on  pouvait  supposer  que  cette  formule,  calculée  d'après  les  données 
pour  l'époque  moyenne  de  1848, 5,  soit  aussi  exacte  pour  les  trente-trois 
années  suivantes  que  pour  les  trente-trois  années  précédentes,  nous  pour- 
rions conclure  que  la  marche  accroissante  di-  l'aiguille  aimantée  vers  le  nord 
a  déjà  cessé. 

IL 

»  Des  observations  horaires  de  la  déclinaison  magnétique  ont  été  faites 
à  Trevandrum  de  1 854  à  1 865  ;  mais  depuis  février  de  cette  dernière  année, 
huit  observations  seulement  ont  été  faites  journellement,  avec  le  même 
instrument  et  avec  toutes  les  précautions  observées  depuis  le  commence- 
ment (**).  Les  moyennes  annuelles  se  trouvent  dans  le  tableau  IL 

(*)  Une  différence  assez  considérable  dans  la  valeur  de  a  ne  changerait  pas  les  valeurs 
de  A;  ainsi,  si  nous  prenons  a  =  190',  comme  pour  Makerstown,  nous  aurons  9  =  i''5o',4ï 
et  a  ^  6"8',  et  les  valeurs  de  A  seraient  les  mêmes  (pour  l'arc  de  1820,5  à  i835,5)  que 
celles  trouvées  dans  le  tableau  paria  formule  (4). 

(**)  Cet  instrument  est  lu  à  travers  le  mur  de  la  chambre  dans  la(|uclle  il  est  enfermé,  et 


(6a) 

Tablead  II.  —  Déclinaison  magnétique  à  Trevandrum. 


A 

DECLINAISON 

ACCROISSEMENT 

orientale- 

annuel. 

^^ 

FormQle  (s). 

Formule  (G). 

Formale  (7). 

1855,5 

"     1 
0.26,52 

—  0,36 

—  0,80 

-  0,72 

55,5 

26,52 

0,00 

-  0,36 

—  0,47 

—  0,45 

56,5 

26,90 

0,38 

—    0,20 

—    0,11 

-  o,.4 

57,5 

27,77 

0,87 

-    0,17 

-f-  0,08 

-f-  0,07 

58,5 

29.37 

.,5o 

—    0,29 

-+-   0,10 

-1-  0,01 

59,5 

30,91 

1,64 

—    0,28 

-1-   0,22 

-H   0,12 

60,5 

32,56 

1,65 

-t-    0,22 

-+-   0,57 

-+■  0;47 

61,5 

34,85 

2,29 

-f-    0,20 

-H  0,45 

-t-  0,35 

62.5 

37, >6 

2,3. 

-t-    0,29 

-+-  0,40 

-1-  0,33 

63,5 

39,62 

2,46 

+    0,25 

-h  0,23 

-1-  0,18 

64,5 

42,10 

2,48 

-H    0,  l3 

—    0,02 

—  o,o5 

65,5 

44,49 

2,39 

—    0,07 

—  o,3i 

-o,3i 

66,5 

46,56 

2,07 

—  o,ig 

-  0,48 

—  0,45 

67,5 

47,84 

1,28 

—  0,06 

—  0,12 

—  0,08 

68,5 

43, 9> 

1,07 

-(-  0,08      . 

■+-  0,12 

-+■  0,18 

69,5 

49>98 

1,07 

—    0,02 

+  0,01 

-+-  o,i3 

»  La  première  conclusion  à  tirer  de  ces  moyennes  est  que  la  déclinaison 
orientale  a  eu  un  minimum  vers  i854  ou  i855.  Des  observations  faites  par 
mon  prédécesseur,  M.  Caldecok,  en  i84i,  donnent  une  déclinaison,  pour 
cette  année,  de  près  de  o°4o'E.;  comme  cette  déclinaison  a  été  de  nouveau 
atteinte  vers  i86/},o,  si  le  mouvement  vers  l'occident  avait  suivi  la  même 
loi  que  celui  vers  l'orient,  le  minimum  aurait  dii  avoir  lieu  eu  iSSa  ou 
i853  :  cependant  les  moyennes  mensuelles  indiquent  plutôt  i855,o  pour 
l'époque  de  minimum. 

))  Ainsi  les  différences  de  moyennes  pour  les  mois  correspondants  en 
i854  et  i855  sont,  depuis  février  (*)  : 


1853-1854. 


Févr. 

-o',o4 


Mars. 
—  o',20 


Avril. 

-o',33 


Mai. 

-o',i3 


Juin. 
-l-o',l5 


Jiiill. 
4-0', 21 


Août. 
Ho',08 


!Scpt. 


Oct. 

-o',i6 


Nov. 
-  o',oo 


Déo. 

-o',i3 


»   Les  différences  de  moyennes  annuelles  (troisième  colonne  du  tableau) 


un    senoiid  instriimt'nt,    dont  la    liinelle   a   pour   point  de  repère  une  marque  à   près  de 
2  lieues  de  dislanrc,  est  toujours  <)l)servé  en  même  temps  que  l'autre. 

(*)  Les  observations  avec  cel  instrument  commençaient  avec  le  mois  de  fc:vrier  i854. 


(63) 
montrent  qu'il  y  a  un  arrêt  dans  l'augmentation  de  la  vitesse  de  la  marche 
vers  l'est  en  i858-i86o;  que  l'augmentation  de  vitesse  a  cessé  en  1862- 
1864,  et  que  l'accroissement  annuel  a  diminué  après  cette  dernière  année, 
mais  restant  constante  de  1867  à  1869.  Tout  ceci  indique,  ou  tuie  forte 
inflexion  dans  la  courbe  qui  représente  la  marche  de  l'aiguille  aimantée 
vers  l'est,  ou  une  période  extrêmement  courte  comparée  avec  la  période 
que  nous  connaissons  en  Europe.  Mais  si  l'on  regarde  la  carte  de  déclinaison 
magnétique  calculée  d'après  la  théorie  de  Gauss,  on  trouvera  une  expli- 
cation pour  une  période  assez  limitée,  et  l'on  verra  qu'outre  la  ligne  de 
nulle  déclinaison  à  l'occident  des  Indes,  il  y  en  a  une  autre  plus  à  l'orient 
qui  forme  un  nœud,  et  qu'il  y  a  des  points  de  rebroussement  dans  les 
autres  lignes. 

»  J'ai  cherché,  comme  pour  Paris  et  Makerstown,  à  trouver  des  formules 
qui  représentent  la  marche  de  l'aiguille  à  ïrevandrum.  A  cause  de  la 
courte  période,  dix  ans  couvrant  plus  de  90  degrés,  la  méthode  des  diffé- 
rentielles n'est  pas  possible;  et  l'on  ne  peut  pas  supposer  la  seconde  diffé- 
rence constante,  comme  pour  les  petits  arcs  de  Makerstown  et  de  Paris. 
Comme  l'arc  parcouru  dans  une  année  est  assez  considérable,  j'ai  pu  em- 
ployer la  méthode  suivante  ressemblant  à  celle  pour  Paris  [formule  (4)]- 

1)  J'ai  pris  les  différences  pour  dix  ans,  et  j'ai  supposé,  comme  aupa- 
ravant, que  l'on  pourrait  représenter  la  différence,  entre  la  déclinaison 
à  une  époque  quelconque  et  au  minimum,  par  la  formule 

jo  —  a[i  -h  cos(a  +  n6)], 

où  a  est  l'arc  depuis  le  minimum  jusqu'à  1 854,5,  6  est  l'arc  parcouru  dans 
une  année,  et  n  est  le  nombre  de  l'année  à  partir  de  1 854,5.  Les  différences 
décimales  Aj"  nous  donnent  les  équations  suivantes  : 

/  2asin(a  +  59)  sinSO  =  Ajo  =:  i5,58, 
(I)  <   2flsin(a -f- 69)sin59  =:4ji  ^  17,97, 

2«  sin(a  +  7G)  sin59  =  Aj)  3  =  '9)66, 


d' 


ou 


Ajo  ■+-  Ar2 

cosô  = 


2  A/, 

2«  sin(a  -+-79)  sin59  =r  Sji  ^=  19,66, 
(II)  }   2«  sin(a  +  89)  sin59  =  Aja  :=  20,07, 

2asin(a -I- 99)sin56:=  Aj,  =  19,64, 


d' 


ou 


(  64) 

2  A  J-, 


o      I 


De   I,  on  tire e  =  ii.ao,      a.^  —  8.0,       «1=12,42, 

De  II,  on  tire 6  =  11.45,      a=:  — 3,49,     «  =  i1î'j4' 

»  J'ai  pris  les  moyennes  de  ces  valeurs  pour  calculer  j',  ou 

e  =  ii°32',     a  =  -5°55',     a  =  i2',o8, 

et  la  formule  devient 

(5)  Déclinaison  =o°26',i  +  i2,o8[i  —  cos(«.i  i°32' -  5°55'). 

»  Les  quantités  A,  colonne  4  du  tableau,  ajoutées  aux  moyennes  ob- 
servées, donnent  les  valeurs  dérivées  de  cette  formule. 

i>  Ou  a,  pour  l'époque  du  minimum,  i855,o,  qui  s'accorde  parfaitement 
avec  la  conclusion  tirée  des  moyennes  mensuelles. 

))  Comme  une  petite  erreur  dans  les  constantes  donne  ime  différence  dans 
les  valeurs,  et  aussi  dans  l'époque  exacte  du  maximimi  et  du  minimum 
de  A,  et  comme  dix  ans  n'est  probablement  pas  exactement  la  durée  de 
l'inégalité,  j'ai  fait  aussi  le  calcul  avec  des  différences  pour  onze  ans,  en 
substituant  5|ô  à  la  place  de  5Ô  dans  les  équations  (I)  précédentes;  les  dif- 
férences 

i866,5-i855,5  =  20', o4,     io67,5-i856,5  =  20', 94, 

1868,5-1857,5  =  21',  i4 

donnent 

5  =  io"3o',     a^  +  S^S',     fl  =  i3',33, 

et  nous  avons  la  formule 

(6)  nécHnaison  =  o°25',72  +  i3',33[i  -  cos(/i.io<'38'  -+-  3°5')]. 

»  On  a  les  valeurs  dérivées  de  cette  formule,  en  ajoutant  les  quantités  A 
('colonne  5  du  tableau  II)  aux  moyennes  observées.  J'ajoute  les  valeurs 
de  A  (colonne  6)  qui  résultent  des  équations  ayant  un  petit  changement 
dans  les  valeurs  des  différences  :  la  formule  approximative  obtenue  est 

(7)  Déclinaison  =  0°25',8  +  i2',47[i—  cos(«.  io°38'+  i°io')\. 

»  On  verra,  par  le  tableau  ci-dessous,  à  quel  degré  les  différences  déri- 
vées de  ces  formules  approclient  des  différences  observées. 


(65  ) 


Différences 
observées.      calculées 

Hifférences 

observées. 

calcu 

lees. 

10  ans. 

form.(5). 

II  ans. 

form.  (6). 

form.  (7) 

1864-1834. . 

.     i5,58 

16,07 

1865-1854.. 

•      '7.97 

18,46 

18, 38 

1865-1835.. 

•      '7'97 

18,26 

1866-1835.. 

20,04 

20, o3 

20,04 

1866-1836.. 

19,66 

•9'72 

1867-1836.. 

.     20,94 

20,93 

21 ,00 

1867-1837... 

20,07 

20, 38 

1867-1857.. 

.     21,14 

21,18 

21 ,25 

1868-1858... 

19,64 

20,21 

1869-1858.., 

.     20,71 

20,62 

20,77 

1869-1859.. 

•      19. °7 

19,23 

»  On  peut  voir  que  c'est  la  formule  (6)  qui  représente  le  mieux  les  diffé- 
rences observées.  J'ai  supposé  que  les  différences  observées  sont  indépen- 
dantes de  l'effet  de  l'inégalité,  aussi  bien  que  de  toute  autre  i»  régularité.  Si 
ces  suppositions  sont  inexactes,  une  représentation  exacte  des  différences 
par  le  calcul  sera  impossible:  mais,  quelle  que  soit  la  formule  approximative 
que  l'on  emploie,  les  différences  A  donnent  toujours  à  peu  près  le  même 
résultat;  qu'il  y  a  une  inégalité  dans  la  marche  de  l'aiguille  aimantée  vers 
l'est,  qui  a  eu  son  maximum  en  accélération  vers  l'année  1861  ou  1862. 
Ce  résultat,  on  le  remarquera,  est  exactement  l'opposé  de  celui  qui  a  été 
déduit  des  observations  de  Paris  et  de  Makerstown  pour  les  années  1820- 
1825  et  1 841-1 845  ;  mais  on  doit  se  rappeler  que  Trevandrum  est  dans  une 
latitude  magnétique  sud. 

»  J'ai  exprimé  l'idée  que,  quoiqu'il  y  eût  une  liaison  appareiite  entre 
cette  inégalité  et  la  période  des  perturbations  magnétiques,  il  n'y  avait 
cependant  pas  un  rapport  de  cause  et  d'effet  (*)  ;  cette  idée  n'a  pas  été 
partagée  par  M.  Xiloyd,  qni  a  fondé  son  opinion  sur  l'inégalité  pour  la  force 
magnétique.  J'ai  basé  ma  conclusion,  pour  la  déclinaison,  sur  le  fait  que 
la  déclinaison  magnétique  à  Makerstown^  déduite  des  observations  des 
cinq  jours,  les  plus  calmes  magnétiquement  de  chaque  mois,  en  i844i  ft 
de  sept  jours  de  chaque  mois  en  i845,  a  été  la  même,  à  quelques  centièmes 
lie  minute  près,  que  la  déclinaison  obtenue  de  toutes  les  opérations  (**). 
J'ai  cru  que  les  perturbations  magnétiques  pourraient  être  liées  avec  les 
phénomènes  électriques  qui  accompagnent  si  probablement  la  formation  des 
taches  solaires,  et  on  a  rapporté  la  production  de  ces  taches,  au  moins  en 
partie,  à  une  action  des  planètes.  Si  l'on  pouvait  accepter  cette  hypothèse,  il 
me  paraît  probable  que  l'action,  quelle  qu'elle  soit,  ne  pourrait  pas  être 


(*)   Phil.  Mag.,  Jiily  i858. 

(**)    Iraris.  Roy.  Soc.  Eitiii.,  t.  XIX,  2=  Part.,  p.  xxiv. 

C.  R.,  1870,  1'  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  « .) 


(66) 

limifée  au  Soleil,  mais  qu'elle  devrait  être  sentie  directement  par  les  courants 
électriques  de  la  Terre  aussi.  Nous  aurions  donc,  de  celte  manière,  une 
cause  directe  pour  l'inégalité  décennale,  et  peut-être  pour  une  partie  des 
pertuibations  magnétiques. 

))  Les  observations  de  Trevandrum  ont  im  intérêt  spécial,  pour  ce  qui 
concerne  la  position  et  le  mouvement  des  lignes  de  déclinaison  et  des  pôles 
magnétiques.  J'ai  réussi,  en  quittant  Trevandrum,  à  avoir  des  observations 
continuées,  particulièrement  en  vue  de  la  variation  séculaire,  jusqu'à  la  fin 
de  cette  année-ci,  et  j'espère  que.  dans  l'intérêt  de  la  science,  le  Gouver- 
nement de  Ravaucore  pourrait  se  décider  à  laisser  continuer  les  observa- 
tions pendant  quelques  années  encore,  puisque  nous  sommes  arrivés  pré- 
cisément à  luie  époque  de  la  plus  grande  importance,  pour  ce  qui  concerne 
cette  variation.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  les  thermomètres  de  Deluc.  Extrait  d'une  Lettre 
de  M.  Legrand  à  M.  Jamin. 

«  Dans  la  Note  que  vous  avez  insérée  au  Compte  rendu  de  la  séance  de 
l'Académie  du  2  mai  dernier,  vous  vous  êtes  laissé  aller  à  dire,  d'après 
Renou,  auquel  vous  répondiez,  que  Deluc  fixait  la  température  du  sang  à 
29^,9  R.,  au  lieu  de  29°,  5  R.,  se  trompant  ainsi  de  4  dixièmes  de  degré. 
Pourtant  il  n'y  a  là  aucune  erreur  du  physicien  genevois,  et  les  deux  nom- 
bres se  réduisent  l'un  à  l'autre,  quand  on  remonte  aux  règles  qu'il  suivait 
dans  la  construction  de  ces  instruments.  En  effet,  il  prenait  le  point  d'ébul- 
lition  de  l'eau  à  la  ])ression  atmosphérique  de  27  pouces  de  mercure  qu'on 
a  souvent  à  Genève  ;  il  le  dit  expressément  {Modifications  de  ratmosplière, 
par  Deluc),  et  désire  qu'on  suive  son  exemple  afin  de  rendre  les  thermo- 
mètres comparables.  Or,  un  instrument  mar<|uant  80  degrés  dans  l'eau 
bouillant  sous  la  pression  de  27  pouces  ou  ^So™™,  89,  marquerait  80^,874 
sous  la  pression  de  760  millimètres,  et,  là  où  il  marque  29°, 9,  un  tlieruio- 
mèlre  octogésimal,  gradué  comme  on  le  fait  aujourd'hui,  eu  prcnaul  le 
])oiiit  de  l'eau  bouillante  à  cette  dernière  pression,  marquerait  seulement 
29°, 57,  conformément  à  la  proportion 

80",  874  R.  de  Deluc  :  80"  R.  actuel  ::  290,9  :  x  =  29°,  57. 

»  L'erreur  serait  ainsi  réduite  à  o°,07;  mais  y  at-il  erreur?  On  peut  en 
douter,  puisque  M.  Renou  dit  lui-uièrue  que  la  tempér.iture  du  sang  de 
l'hounue  varie  nolableiuenl.  Pour  mou  compte,  je  n'estiiue  pas  la  mienne 
à  moins  de  Z-]  degrés  C.  ou  29°,  G  R.  » 


(  6?  ) 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  compressibililé  el  la  dilntalion  des  cjaz. 
Note  de  M.  A.magat,  présentée  par  M.  Balard. 

n  J'ai  présenté  à  l'Académie,  le  17  mai  1869,  un  travail  relatif  à  la  com- 
pressibililé tles  gaz,  dans  lequel  j'ai  essayé  de  démontrer,  j)ar  une  expérience 
directe,  que  les  attractions  entre  molécules  gazeuses  sont  insuffisanles  pour 
expliquer  les  écarts  de  la  loi  de  Mariotte.  Je  me  suis  aperçu  depuis  que 
ma  démonstration  n'élait  pas  rigoureuse,  et  je  désire  anjourd'iuii  la  com- 
pléter; les  résultats  auxquels  j'arrive  sont  du  reste  les  mêmes. 

»  J'ai  dit  :  «  Si  les  écarts  de  la  loi  de  Mariotte  résultaient  seulement  de 
»  l'altraclion  des  molécules,  ces  écarts  seraient  fonction  de  leur  distance 
»  moyciine,  et  par  conséquent  du  volinue,  de  telle  sorte  qu'en  opéiant  snr 
»  la  même  masse  gazeuse  à  des  températures  différentes,  ces  écarts  seraient 
»  les  mêmes  si  le  volume  final  et  le  volume  initial,  c'est-à-dire  avant  et 
»  après  la  compression,  étaient  les  mêmes.  »  Ayant  donc  pris  un  volume  V 
de  gaz  à  la  pression  P  et  à  la  température  ordinaire,  je  l'ai  réduit  à  un  vo- 
lume V  à  peu  près  moitié,  au  moyen  d'une  pression  P',  et  j'ai  déterminé 

PV 
la  valeur  du  rapport  ^tït?;  puis,  ayant  chauffé  ce  gaz  jusque  vers  98  degrés, 

el  l'ayant  de  nouveau  ramené  au  volume  initial  V  par  une  pression  P",  je 
l'ai  encore  comprimé  jusqu'à  V,  comme  précédemment,  sous  unq  pression 

P'",  et  j'ai  déterminé  la  valeur  du  rapport  ^s-^  ;  ce  rapport  s'étant  trouvé 

très-différent  du  premier,  j'en  ai  conclu,  comme  cela  est  vrai  du  reste,  que 
l'écart  n'est  pas  fonction  du  volume  seul  ;  mais  cela  ne  suffit  pas  pour 
prouver  que  cet  écart  n'est  pas  produit  par  l'attraction  moléculaire  seule. 
En  effet  ; 

»  Supposons,  pour  un  instant,  que  l'attraction  seide  produise  les  écarts, 
et  désignons  par  p  la  [)ression  interne  qui,  selon  plusieurs  auteurs,  s'ajou- 
terait à  la  pression  extérieure  pour  diminuer  le  volume  du  gaz,  et  soit  p'  la 
quantité  analogue  qiiand  le  gaz  est  réduit  à  moitié;  on  devra  alors  avoir  eu 
réalité 


d'où  l'on  tire  facilement 


(P'+//)V'  ' 

V' 


P'V       '  "*"       P'V 


«  L'écart  se  trouve  ainsi  représenté  par 


P'V 


(  68  ) 
o  Soit  L^^  cet  écart,  on  a  donc 

^  —      p'v'     ■ 

»  Dans  la  seconde  phase  de  l'expérience,  soit  à  98  degrés,  nous  aurons 
de  même 

(P"+/^)V    _, 
(P"'h-//)V'  ' 

puisque  p  ei  p'  sont  les  mêmes,  les  volumes  V  et  V  n'ayant  pas  été  changés. 
On  a  donc,  pour  le  nouvel  écart  (à  98  degrés), 

""  -       P"'V'       ' 

d'où  l'on  conclut  que 

C  _  P'" 
C'  ~  ¥" 

»   Or  voici  les  résultats  d'une  expérience  sur  l'acide  sulfureux  : 

C  =  0,01 86,     P"'=ri87',  i4o; 
i'=  0,0078,     P'=  138*^,  222. 

»  Ces  nombres  sont  loin  de  satisfaire  à  la  relation  précédente;  il  faudrait, 
pour  cela,  que,  «^  étant  égal  à  0,0186,  C'  fût  égal  à  0,0137,  au  lieu  de 
0,0078.  La  différence  entre  ces  deux  nombres  ne  saurait  être  attribuée  aux 
erreurs  expérimentales.  Du  reste,  mes  résultats  relatifs  à  l'ammoniaque  et 
à  l'acide  carbonique  conduisent  à  la  même  conclusion. 

»  Il  reste  donc  établi,  par  l'expérience  directe,  que  les  attractions  entre 
molécules  ne  suffisent  pas  pour  expliquer  les  écarts  de  la  loi  de  Mariotte. 

»  Ces  expériences  m'ont  conduit  à  étudier  les  variations  des  coefficients 
de  dilatation  des  gaz;  mais  il  y  a  ici  une  difficulté  de  plus  :  il  faudrait  avoir 
pour  point  de  comparaison  un  gaz  parfait,  et  ce  gaz  n'existe  pas.  Cepen- 
dant, si  l'on  compare,  par  exemple,  l'acide  sulfureux,  qui  s  écarte  beaucoup 
de  la  loi  de  Mariotte,  avec  l'air,  qui  s'en  écarte  fort  peu,  on  jiourra,  ayant 
déterminé  les  écarts  successifs  du  coefficient  de  dilatation  de  l'acide  sulfu- 
reux et  les  écarts  de  la  loi  de  Mariotte  aux  mêmes  températures,  trouver 
une  relation  entre  ces  deux  sortes  d'écarts;  cette  relation  se  rapprochera 
d'autant  plus  de  la  relation  vraie,  que  le  gaz  étudié  sera  plus  imparfait  rela- 
tivement à  l'air. 

»  On  pourra  ensuite,  en  appliquant  à  l'air  lui-même  la  relation  trouvée, 
sinon  déterminer,  du  moins  se  faire  une  idée  assez  nette  des  variations  que 
subit  le  coefficient  de  dilatation  de  ce  gaz,  en  considérant  comme  gaz  par- 


(  69) 
fait  celui  dont  le  coefficient  de  dilatation  serait,  non  pas  constant,  comme 
on  le  dit  souvent,  mais  en  raison  inverse  de  la  température  absolue  à  partir 
de  laquelle  on  le  prend. 

»  J'ai  déjà  commencé  un  travail  dans  ce  sens;  sans  donner  aujourd'hui 
de  résultats  numériques,  je  puis  cependant  dire  que  le  coefficient  de  l'am- 
•iioniaque,  comparé  à  celui  de  l'air,  décroît  plus  vite  que  celui  de  l'acide 
carbonique,  et  que  celui  de  l'acide  sulfureux  décroît  plus  vile  que  celui  de 
l'ammoniaque  :  résultat  qui  vient  confirmer  cette  remarque,  que  j'ai  déjà 
faite,  que  les  gaz  se  rapprochent  d'autant  plus  de  la  loi  de  Mariotte  pour 
une  même  élévation  de  température,  que  leur  point  d'ébidlition  est  plus 
élevé.  » 

CHIMIE.  —  Sur  les  composés  phnsphoplatiniques. 
Note  de  31.  P.  Schutzesberger. 

«  J'ai  l'honneur  d'annoncer  à  l'Académie  que  je  suis  parvenu  à  isoler 
les  radicaux  des  combinaisons  pliospho-platiniquesdécrite  dans  ma  dernière 
Note  insérée  en  Extrait  dans  les  Comptes  rendus. 

»  En  traitant  les  composés  Ph(C=H50)'PtCl=  et  Ph'' (C='HM))«PtCl-  en 
solution  alcoolique,  par  du  zinc,  le  Uquidc,  primitivement  j.iune  clair, 
passe  au  brun  et  laisse,  après  évaporalion,  une  masse  visqueuse  noiie  doù 
l'eau  retire  du  chlorure  de  zinc.  Le  résidu  noir,  insoluble  dans  l'eau,  so- 
luble  dans  l'alcool,  a  pour  formule 

Ph(C='H^O)'Pt     ou     Ph-(C-H=*0)''Pt, 

suivant  que  l'on  a  employé  l'un  ou  l'autre  chlorure.  lise  combine  direcle- 
meut  au  chlore  ou  au  brome,  et  reproduit  les  sels  jaunes  primitifs. 

»  Je  me  propose  d'appliquer  la  même  réaction  aux  sels  ammonio-pla- 
tiniques  de  Reiset  et  Magnus.  J'ajoute,  pour  compléter  cette  première  partie 
de  mon  travail,  que  les  acides  Ph(HO)^PtCP,  Ph-(HO)''PtCr-,  et  leurs 
éthers  Ph(C'H'0)'PtCl%  Ph'(C'H'0)«PtCl-  ont  été  obtenus  par  l'ac- 
tion de  l'eau  ou  de  l'alcool  absolu  sur  les  combinaisons  PhCPPtCl-  et 
Ph-Cl*PtCl^;  l'alcool  ordinaire  peut  être  remplacé  par  d'autres  alcools 
homologues  pour  la  formation  des  éthers  homologues  des  précédents.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  fermentation  carbonique  et  alcoolique  de  l'acétate 
de  soude  etde  l'oxalate  d'ammoniaque;  par  M.  A.  Béchamp. 

«  L'acétate  de  soude,  comme  beaucoup  d'autres  sels,  peut  moisir  lors- 
que, dissous  dans  l'eau,  ou  l'expose  au  contact  de  l'air.  J'ai  voulu  profiter 


(  70) 
de  ce  fait  pour  résoudre  un  poiut  de  l'histoire  des  fermentations.  J'ai  tenté 
de  produire  de  l'idcool  avec  des  matières  presque  minérales,  sans  addition 
d'aucune  matière  fermeiitescible  capable  de  produire  du  sucre,  ni  d'aucun 
ferment  provenant  d'un  milieu  en  fermentation.  Ce  problème,  je  l'ai  résolu 
par  les  expériences  suivantes. 

»  I.  F trinenlalion  carbonique  et  alcoolique  de  C acétate  de  soude.  — L'acé- 
tate de  soude  a  été  préparé,  de  toutes  jiièces,  en  saiurant  la  soude  caus- 
tique récemment  fondue  avec  de  l'acide  acétique  rectifié  sui-  l'acide  sul- 
furique.  Le  sel  a  été  cristallisé,  et  l'on  n'a  employé  que  les  cristaux  des 
premières  cristallisations.  Je  ne  rapporterai  que  les  deux  expériences  sui- 
vantes. 

»   A.  Le  4  février  1864,  on  mit  dans  une  fiole  : 

Acétate  de  soude  cristallisé 3oo  grammes 

Eau aSoo  centimètres  cubes 

J^a  fiole,  simplement  fermée  par  un  papier,  est  abandonnée  sur  une  étagère 
du  laboratoire.  Le  10  mai,  les  moisissiu-es  commencent  à  apparaître.  Le 
i5  aoiJt,  la  solution,  qui  était  parfaitement  neutre,  est  franchement 
alcaline.  Je  ne  mets  fin  à  l'e-xpérience  que  le  20  mai  1868.  La  liqueur  est 
filtrée  et  les  ferments  recueillis  sur  un  filtre  taré.  Ils  sont  composés  de 
microzymas,  de  petites  bactéries  ou  bactéridies,  et  de  mucors  volumineux, 
formés  de  filamenls  enchevêtrés  d'un  mycélium  grêle. 

Poids  des  ferments  séchés  à  100  degrés o^',  i5 

La  liqueur  filtrée  est  largement  alcaline.  Par  des  distillations  et  rectifi- 
cations sur  du  carbonate  de  potasse  calciné,  j'obtiens  enfin  une  liqueur 
qui,  versée  dans  un  tube  gradué  sur  un  carbonate  de  potasse  également 
calciné,  laisse  se  séparer  une  couche  d'alcool  qui  mesure  o'^'^,6.  C'est  bien 
de  l'alcool,  car  il  brrile,  au  bout  d'une  baguette  de  verre,  avec  la  flamme 
caractéristique;  car,  oxydé  par  l'acide  chromique,  il  dégage  de  l'aldé- 
hyde, et  forme  de  l'acide  acétique  dont  j'ai  formé  de  l'acétate  de  soude 
qui  a  cristallisé. 

»  L'acétate  de  soude  du  résidu  de  la  distillation  a  été  séparé  par  cris- 
tallisation. Les  eaux  mères  alcalines  ont  exigé,  pour  leur  saturation, 
ii5  cetitimètres  cubes  d'un  acide  titré,  contenant  48, G  pour  1000  d'acide 
sulfurique,  ce  qui  correspond  à  6^'',  85  d'acide  acétique  disparu.  Pendant 
la  saturation,  il  se  dégage  de  grandes  quantités  d'acide  carbonique.  Enfin, 
en  distillant  les  liqueurs  saturées,  et  transformant  en  sel  de  soude  le  pro- 


(  71  ) 
duit  distillé,  j'ai  isolé  des   eaux,  mères  incristallisables  eik  petite  quantité, 
dans  lesquelles  j'ai  pu  constater,  par  la  réduction  du   nitrate  d'argent  et 
du  bichlorure  de  mercure,  l'existence  de  traces  d'acide  formique. 

»  B.  Le  29  mai  1868,  dans  le  but  de  déterminer  quelle  pouvait  être 
l'influence   de  l'air  dans  la  réaction,  l'opération   suivante  a  été  mise  en 

train   : 

Acétate  de  soude  cristallisé loo  grammes. 

Carbonate  de  chaux  pur o^'',  lo 

Phosphate  de  chaux o^'',  lo 

Alun  ammoniacal o^'',  07 

Eeau 2000  centimètres  cubes. 

La  fiole  est  d'abord  fermée  par  un  papier.  Huit  jours  après,  on  adapte  her- 
métiquement un  tube  abducteur,  fermé  par  une  couche  d'eau.  Bientôt 
l'eau  s'élève  dans  le  tube,  et  le  28  octobre  elle  atteint  un  niveau  qui  ne 
varie  plus.  Je  fais  sortir,  pour  l'analyser,  de  l'air  de  l'appareil  :  ce  n'est  que 
de  l'azote;  son  volume  ne  change  pas  par  la  potasse  et  l'acide  pyrogallique 
réunis.  Le  volume  de  l'air  dans  l'appareil  était,  à  zéro  et  o™,  76,  de 
l\5o  centimètres  cubes.  Il  avait  donc  été  absorbé  94", 5   d'oxygène. 

>)  Les  liquetu's  distillées  ont  fourni  assez  d'alcool  pour  le  caractériser 
par  l'inflammation. 

»   La  Hqueiu-  alcaline,  résidu  de  la  distillation,  a  exigé  i4''S4  de  l'acide 

sulfurique  au  titre  de  ^—^,  soit  acide  acétique  disparu  :  o^',  86.  De  l'acide 

carbonique  se  dégage  pendant  la  saturation. 

»  Pour  brûler  o^'',  86  d'acide  acétique,  il  faudrait  o^'',9i7  d'oxygène, 
soit  641  cenliuiélres  cubes.  Or  l'air  n'en  a  fourt)i  que  9^  centimètres  cubes. 
Ce  sujet  mérite  donc  un  nouvel  examen  ;  d'autre  part,  pour  former  l'alcool 
il  faut  de  l'bydrogène  :  l'eau  est  probablement  dècom|Kisée.  J'ai  institué 
des  expériences  pour  résoudre  cette  nouvelle  face  de  la  question. 

»  IL  Ferinenlntion  carbonique  et  alcoolique  de  roxalnle  if  ammoniaque.  — 
Dans  les  mêmes  circonstances  que  l'acétate  de  soude,  l'oxalate  d'auuno- 
niaque  engendre  |)areillement  de  l'alcool,  et,  en  outre,  de  l'acide  acétique. 

))  L'oxalale  d'auunoniaqtie  avait  élé  préparé  avec  de  l'acide  oxalique 
sublimé  et  de  l'aunnouiaque  caustique  préparée  exprès.  L'oxalate  avait  été 
cristallisé  et  recrislallisé. 

»    Le  8  octobi-e  1868,  mis  en  expérience  : 

Oxalate  d'ammoniacjiie  cristallise  ...  65  grammes. 

Euu aooo  centimètre  cubes. 


(  7-  ) 

»  La  solution  est  parfaitement  neutre.  Des  moisissures  se  développent 
lentement;  la  liqueur  devient,  bientôt  après,  franchement  alcaline  et 
l'alcalinité  augmente  rapidement.  On  met  fin  à  l'expérience  le  ■y  avril  1869. 

M  Les  moisissures  sont  fixées  aux  parois  de  la  fiole,  en  touffes  d'une 
grande  blancheur.  Elles  se  composent  essentiellement  d'un  mycélium  grêle, 
entrelacé  de  belles  cellules  ou  spores  elliptiques  et  de  microzymas;  pas  de 
bactéries.  Leur  poids,  lorsqu'elles  sont  desséchées,  est  à  peine  de  oS'',o8. 

»  La  liqueur  est  très-alcaline.  Elle  exige  2^'^,o3  d'acide  oxalique  pour 
être  neutralisée,  et  il  se  dégage  de  l'acide  carbonique.  Il  y  a  donc  au  moins 
2  grammes  d'acide  oxalique  détruits.  La  solution  saturée  est  distillée.  Le 
produit  étant  alcalin,  on  le  rectifie  avec  de  l'acide  sulfurique;  enfin,  par  des 
rectifications  sur  le  carbonate  de  potasse  calciné,  et  en  versant  le  produit 
dans  un  tube  gradué  sur  une  nouvelle  partie  du  même  sel,  il  se  sépare  au 
moins  0*^*^,3  d'alcool,  que  j'ai  caractérisé  comme  plus  haut,  par  l'inflamma- 
tion et  par  l'oxydation  à  l'aide  de  l'acide  chromique,  etc. 

»  Dans  une  autre  expérience,  confirmative  de  celle-ci,  je  me  suis  assuré 
que  l'oxygène  de  l'air  était  aussi  totalement  absorbé,  mais  que  cette  quan- 
tité n'était  pas  suffisante  pour  rendre  compte  de  la  destruction  de  l'acide 
oxalique. 

»  Enfin,  dans  l'une  et  l'autre  expérience,  il  se  forme  une  petite  quantité 
d'acide  acétique. 

»  Ainsi,  l'acétate  de  soude  et  l'oxalate  d'ammoniaque,  même  en  absor- 
bant de  l'oxygène,  produisent  de  l'alcool,  et,  en  outre,  l'un  de  l'acide  for- 
mique,  l'autre  de  l'acide  acétique,  accompagnés  d'une  quantité  considérable 
d'acide  carbonique.  Il  paraît  évident,  en  tenant  compte  de  la  quantité  d'oxy- 
gène absorbé,  que  l'eau  est  décomposée  dans  ces  opérations;  je  n'insiste 
pourtant  pas  sur  ce  point,  les  expériences  n'ayant  pas  été  dirigées  dans  ce 
sens.  J'y  reviendrai.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'oxalate  d'ammoniaque,  si  voisin  du 
carbonate,  donne  de  l'alcool  :  c  est  bien  là  un  phénomène  de  synthèse 
totale.  Et  si  l'on  considère  que  les  ferments  n'ont  pu  consommer  que  les 
éléments  de  l'oxalate  d'ammoniaque  en  même  temps  que  les  éléments  de 
l'air,  on  doit  considérer  que  la  cellulose  de  leur  trame  est  elle-même  for- 
mée par  synthèse  totale  à  l'aide  des  mêmes  matériaux. 

»  Et  puisqu'on  désigne  une  fermentation  par  les  composés  les  plus 
abondants  qui  se  forment,  on  voit  que  le  titre  de  ce  travail  est  parfaitement 
légitime.  Mais  qui  ne  voit  en  même  temps  qu'ici  l'expression  de  fermen- 
tation n'a  plus  de  sens,  l'acétate  de  soude  et  l'acide  oxalique,  ou  l'oxalate 
d'ammoniaque  ne  contenant  évidenunont  pas,  même  en  puissance,  l'un  au 


(  73  ) 
moins,  l'édifice  de  l'alcool  ?  Voilà  pourquoi  je  considère  que  ces  expériences 
démontrent  absolument  que  les  produits  formés  viennent  des  moisissures, 
sont  formés  dans  ces  moisissures,  lesquelles,  fonctionnant  d'abord  connue 
appareils  de  synihèse,  forment  la  matière  organique  de  leurs  tissus,  et  dé- 
sassimilant  ensuite,  sécrètent  l'alcool  et  les  autres  produits  qui  prennent 
naissance. 

»   Mais  on  peut  réduire  l'expérience  à  des  termes  encore  plus  simples. 

»  m.  Production  de  l'nlcool  par  les  éléments  de  l'air  et  de  V eau.  —  J'ai  pris 
de  l'eau  distillée  très-pure,  je  l'ai  exposée  au  contact  de  l'air,  dans  une 
fiole  fermée  par  un  papier.  Des  moisissures  incolores  y  ont  apparu  :  ces 
moisissures  étaient  formées  de  microzymas,  de  très-petites  bactéries  et  d'un 
mycélium  très-fin.  L'appareil  a  été  misa  l'étnve,  et  après  six  mois,  j'ai  pu 
recueillir  assez  d'alcool  pour  s'enflammer  largement.  Il  s'était  formé  en 
même  temps  une  petite  quantité  d'un  acide  volatil  et  de  l'ammoniaque.  Je 
n'ai  pas  besoin  de  dire  que  de  l'eau  distillée,  placée  dans  les  mêmes  con- 
ditions, mais  où  des  moisissures  ont  été  empêchées  d'apparaître,  n'a  rien 
fourni  du  tout. 

u  Dira-t-on  que  l'eau  distillée,  que  l'acide  carbonique  et  les  éléments  de 
l'air,  lesquels  sont  seuls  intervenus,  ont  fermenté?  Évidemment  non;  mais 
on  dira  avec  raison  que  les  moisissures  ont  végété,  ont  opéré  la  synthèse 
de  leur  propre  substance,  comme  font  tous  les  végétaux,  et  qu'elles  ont 
ensuite  désassimilé  de  l'alcool  formé  par  elles  à  l'aide  de  cette  même  sub- 
stance.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  la  vitalité  du  virus-vaccin  ;  par  M.  Melsens. 

«  Sans  prétendre  discuter  les  diverses  opinions  émises  sur  la  nature  du 
virus-vaccin,  je  me  suis  demandé  s'il  ne  serait  pas  permis  de  le  considéier 
comme  iu\  ferment,  susceptible,  quand  on  le  place  dans  des  conditions 
convenables,  de  se  reproduire  à  la  façon  du  ferment  alcoolique,  ou  de  l'as- 
similer à  certains  ferments  solubles  tels  que  le  principe  actif  du  malt  ou  la 
partie  soluble  de  la  levure  de  bière. 

»  S'il  en  était  réellement  ainsi,  le  virus-vaccin  devrait  être /ue  ou  rendu 
inactif  par  les  corps  qui  détruisent  la  vitalité  du  ferment  alcoolique;  il  en 
serait  encore  de  même  poin- certames  actions  physiques,  par  exemple  lors- 
qu'on l'expose,  à  l'état  humide,  à  une  température  un  peu  élevée.  Par 
contre,  ce  virus  devra  résister  à  des  températures  très-basses  dans  les  con- 

C.  R.,  1870,  2«  Semestre.  (T.  LXXI,  NT)  I  O 


(  74  ) 
ditions  de  mes  expériences  récentes  sur  le  ferment  alcoolique  [Comptes 
rendus,  t.  LXX,  séance  du  ar  mars  1870,  p.  609). 

»  Voici  le  résullat  d'une  première  expérience  à  ce  sujet  : 
»  Du  vaccin,  d'origine  jcnnérienne,  a  été  recueilli  à  riiô|)ital  Saint-Pierre, 
à  Bruxelles,  le  14  juin  1870.  Il  m'a  été  remis  le  18  du  même  mois,  dans 
quatre  tubes  capillaires  scellés  à  la  cire  à  cacheter.  J'ai  enfermé  ces  quatre 
tubes  dans  un  petit  tube  de  verre  d'un  faible  diamètre  et  à  parois  excessi- 
vement minces;  ce  tube  a  été  ensuite  scellé  à  la  lampe,  puis  introduit  au 
centre  d'un  tube  large,  à  parois  minces  et  bien  garanti  de  l'action  de  la 
température  extérieure  par  des  enveloppes  de  linge.  Le  gros  tube  a  été 
rempli  d'acide  carbonique  solide,  et  l'on  y  a  ajouté  peu  à  peu  de  l'élher 
refroidi  et  de  l'acide  carbonique  solide,  de  façon  à  maintenir  le  tube  avec 
le  vaccin  au  centre  de  la  pâte,  pendant  environ  une  heure  et  demie,  à  une 
température  de  78  degrés  C.  au-dessous  de  zéro. 

»  M.  le  D'^  Jacobs,  médecin  de  l'École  de  Médecine  vétérinaire  de 
Bruxelles,  a  fait  usage  de  trois  de  ces  tubes  le  lundi  20  juin  dernier.  Voici 
ce  qu'il  m'écrit  à  ce  sujet,  en  date  du  28  juin  : 

«  Deux  tubes  ont  été  employés  pour  vacciner  un  enfant  de  sept  mois;  cinq  ])iqûres  ont 
donné,  le  ay,  cinq  belles  pustules,  présentant  à  un  degré  remarquable  le  caractère  du  bon 
vaccin.  Un  tube  a  été  employé  le  même  jour  pour  vacciner  un  entant  de  treize  mois;  quatre 
piqûres  ont  donné,  le  27,  trois  belles  pustules  offrant  le  même  caractère  que  cliez  le  pre- 
mier enfant.  » 

»  Je  poursuis  mes  recherches  dans  le  but  de  savoir  si  de  nouveaux  faits 
pourront  autoriser  de  nouveaux  rapprochements  entre  le  vaccin  et  cer- 
tains ferments  susceptibles  de  se  reproduire  en  dehors  de  l'économie  vivante, 
en  lui  mot,  si  le  virus-vaccin  peut  être  5ei?îe  et  peut  se  multiplier  dans  des 
vases  de  laboratoire.  Quelques  expériences  m  autorisent  à  en  conserver 
l'espoir, 

»  Conclusion.  —  Abstraction  faite  de  toute  considération  sur  la  nature 
du  virus-vaccin,  il  est  donc  prouvé  qu'un  froid  d'environ  80  degrés  C.  au- 
dessous  de  zéro  ne  détruit  pas  la  vitalité,  l'action  spéciale  du  virus-vaccin. 
A  cette  même  température,  la  vitalité  du  ferment  alcoolique  subsiste,  comme 
je  l'ai  rappelé  plus  haut.  » 

PHY.SIQUE  DU  GLOBE.  —  Le  climat  de  l'Alsace  et  des  Fosges.  Note  de 
M.  Ch.   Grad,  présentée  par  M.  Ch.  Sainle-Claire  Deville. 

«  J'ai  eu  l'honneiu"  d'exposer  à  l'Académie  les  lois  de  la  distribution  de 
la  pluie  en  Alsace  et  dans  les  Vosges,  dans  luie  Communication  faite  à  la 


(  75  ) 
séance  du  2  septembre  1866  :  aujourd'hui  je  me  propose  d'appeler  son 
attention  sur  les  autres  éléments  du  climat  de  la  même  région,  uotammenl 
sur  la  température  et  la  direction  des  vents.  J'ai  recueilli  dans  ce  but  les 
observations  faites  sur  une  vingtaine  de  points  différents,  embrassant  des 
séries  plus  ou  moins  complètes,  mais  dont  les  unes,  celles  de  Strasbourg, 
ont  été  continuées  presque  sans  interruption  pendant  une  période  de 
soixante-dix  ans,  de  1801  à  iS'jo.  Ne  pouvant  examiner  ici  ces  observations 
en  détail,  je  me  bornerai  à  en  iudicpier  les  plus  importants  résultats  pour 
les  principales  stations. 

»   Voici  d'abord  les  températures  moyennes  depuis   i845,  pour  six  sta- 
tions d'Alsace  et  deux  des  Vosges  : 


STRASBOURG 

ICDTRATUZEIM 

COLMAP. 

COIÎRSDORFr 

THASN 

WESSERLING 

SYNDICAT 

ÉPINAL 

AMNÉES. 

Altllude  ■■ 

Altitude  : 

AlUIudc  : 

Altitude: 

Altitude: 

Allilude: 

Altitude  : 

Altitude  : 

ii4  moires. 

iGo  mèties. 

300  mètres. 

222  mètres. 

23»  mètres. 

487  melres. 

G20  mètres. 

33»  mètres. 

1S45 

0 
8,3 

// 

0 

// 

0 
9,0 

0 

0 

II 

0 

0 

// 

1846 

11,1 

II 

// 

1 1 ,0 

II 

II 

II 

1847 

9,3 

II 

,r 

9,5 

7,8 

II 

II 

1848 

9,8 

II 

II 

•0,7 

7,2 

II 

II 

1849 

9,6 

II 

II 

9,6 

8,2 

II 

II 

1850 

9,' 

II 

II 

1 1 ,3 

7,  ' 

II 

II 

1851 

9,6 

1, 

II 

9,2 

7,6 

II 

II 

1852 

.1,3 

II 

II 

10,0 

7,8 

II 

9,2 

1853 

9,3 

II 

II 

8,8 

8,4 

8,1 

8,5 

1854 

10,1 

II 

II 

8,5 

7,8 

8,1 

8,6 

1855 

9,2 

II 

9,2 

8,1 

8,2 

6,5 

9,3 

1856 

10,3 

II 

1 1 , 1 

8,7 

8,2 

8,2 

8,6 

1857 

11,1 

II 

10,4 

9,8 

9,0 

8,3 

9,8 

1858 

11,0 

,1 

'■,9 

8,6 

8,2 

8,2 

8,7 

1859 

11,2 

II 

// 

II 

9,4 

8,3 

9,9 

1860 

.0,3 

8,8 

II 

II 

II 

7,0 

8,0 

1861 

n,/, 

10,4 

" 

II 

If 

8,4 

9,3 

1862 

"A 

10,3 

// 

II 

II 

8,3 

9,9 

1863 

II, I 

11,2 

,/ 

II 

II 

7,3 

9,8 

1864 

9,' 

9,'l 

// 

II 

II 

5,8 

8,2 

1865 

10,3 

.0,8 

9,8 

II 

10,8 

1/ 

8,5 

10,7 

1S6G 

10,1 

10, G 

10,3 

II 

n,4 

II 

7,9 

10,2 

1867 

9,8 

10,5 

10,5 

II 

11,6 

II 

G, S 

9,8 

1868 

10,6 

10,6 

1 1  ,G 

n 

11,1 

II 

7,5 

10,9 

1860 

10,6 

10, G 

11,1 

II 

11,5 

II 

7,' 

10, G 

»  La  température  moyenne  à  Strasbourg  a  été  de  10°, 2  pour  la  période 
de  1845  à  1870,  tandis  que  pour  la  période  de  1801  à  i8/|i,  le  professeur 
Herrenschneider  a  obtenu  une  moyenne  de  9°, 9,  la  température  annuelle 

10.. 


(  76) 
la  plus  basse  étant  de  8°, a  en  1829,  et  la  plus  élevée  de  11°, 4  pu  i8i/).  Au 
Syndical,  dans  les  Vosges,  nous  trouvons  une  moyenne  de  8  degrés  pour 
des  observations  faites  de  i856  à  1870,  à  620  mètres  d'altitude.  A  Goers- 
dorff,  qui  se  trouve  à  222  mètres  au-dessus  de  la  mer,  vers  la  rencontre  de 
la  plaine  d'Alsace  avec  la  région  montagneuse,  la  moyenne  obtenue  pour 
vingt-deux  années  d'observations,  par  M.  l'abbé  Mûller,  est  de  9°, 54,  et,  à 
Wesserling,  dans  la  vallée  de  la  Thur,  à  4^7  d'altitude,  la  moyenne  de 
1846  a  1864  est  de  8°,!.  Chaque  année  le  thermomètre  s'élève  en  moyenne, 
à  Strasbourg,  à  3i  degrés  centigrades;  il  y  a  toujours  atteint  au  moins 
26  degrés  et  n'en  a  jamais  36  en  ce  point.  A  Ichtratzheim,  également  situé 
en  plaine  et  à  une  distance  de  quelques  lieues  seulement,  la  température 
s'est  élevée  à  lui  maximum  de  37°, 4  dans  le  courant  du  mois  d'août  i863. 
C'est  la  plus  haute  temjjérature  de  l'air  observée  en  Alsace  à  l'ombre. 
Quant  aux  degrés  les  plus  bas,  Strasbourg  présente  une  température  mi- 
niuia  moyenne  de  —  1  3  degrés  par  année,  toujours  inférieure  à  —  4  degrés 
et  qui  est  descendue  à  —  23  degrés  le  3  février  i83o,  et  à  —  19  degrés 
le  3i  décembre  1869.  Le  même  jour,  où  la  température  s'abaissa  à  Stras- 
bourg .'I  —  23  degrés,  elle  est  descendue  à  —  28  degrés  à  Mulhouse.  En 
aucun  point  de  la  France,  un  froid  aussi  violent  n'a  sévi  en  ce  siècle  dans 
la  région  habitée.  Dans  les  montagnes  d'Alsace,  nous  ne  trouvons  non  plus 
un  froid  comparable  pendant  toute  la  durée  qu'embrassent  nos  observa- 
tions. En  somme,  le  thermomètre  a  varié  à  Strasbourg  de  59'',3  en  ce  siècle, 
tandis  que  les  températures  extrêmes  présentent  entre  elles  une  amplitude 
de  56", 6  à  Ichtratzheim;  de  60", 7  à  Wesserling;  de  55  degrés  à  Épinal;  de 
50", 5  seulement  au  Syndicat,  dont  l'élévation  est  cependant  de  620  mètres 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  A  Paris,  pendant  la  période  des  observa- 
tions exactes  faites  depuis  le  dernier  siècle,  le  thermomètre  a  oscillé  en  tout 
de  61°, 5,  quantité  égale  à  l'écart  des  températures  extrêmes  en  Alsace. 

»  Les  variations  mensuelles  ou  d'une  même  saison  sont  beaucoup  moins 
fortes.  Ainsi,  pendant  les  dix  dernières  années,  de  1860  à  1869,  la  tempé- 
rature de  l'hiver  a  varié  à  Ichtratzheim  de  37  degrés,  soit  de  —  i^°,'2  à 
18  degrés,  et  à  Wesserling  l'écart  a  été  de  l^o  degrés,  soit  de  —  23  degrés 
à  17  degrés.  En  été,  les  variations  sont  plus  faibles  :  elles  ont  atteint  34  de- 
grés à  Ichtratzheim  et  37  degrés  à  Wesserling,  tandis  qu'en  autonuie  et  au 
printemps  les  oscillations  s'élèvent  à  49  degrés  ponr  Wesserling  et  à  42  de- 
grés pour  Ichtratzheim.  Quant  aux  variations  pendant  le  même  mois,  nous 
constatons  à  Ichiralzheim,  de  1860  à  1869,  des  oscillations  de  38  degrés  en 
avril,  de  36  degrés  en  septembre,  de  28  degrés  en  décembre,  de  3i  degrés 


(  77  ) 
en  juin.  A  Wesserling,  il  y  a  eu,  de  1 846  à  1 864,  des  variations  de  4°  degrés 
en  décembre  et  en  mars,  de  38  degrés  en  juin,  de  Sa  degrés  en  octobre. 
Dans  les  hautes  Vosges,  au  Syndicat,  les  variations  ont  été,  de  i856  à  [86g, 
de  34  degrés  en  avril,  de  26  degrés  en  décembre,  de  3o  degrés  en  juillet, 
de  27  degrés  en  octobre.  On  voit  combien  varient  les  écarts  extrêmes  des 
différents  mois.  Les  moyennes  mensuelles  ont  aussi  différé  d'une  année  à 
l'autre  de  i5  degrés,  témoin  le  mois  de  janvier,  qui  a  atteint  à  Strasbourg 
la  température  uioyenne  de  6", 6  en  i834j  et  celle  de  —  8°, 2  en  i83o. 
Voici  d'ailleurs,  pour  les  diverses  .saisons  et  pour  l'année  entière,  le  tableau 
des  températures  observées  simultanément  dans  deux  stations  de  la  plaine 
et  dans  deux  stations  des  montagnes. 


1867-68. 

RÉGION  DE  LA  PLAINE. 

Moy. 

RÉGION 

DES 

MONTAGNES. 

ICmRATZHElM. 

COLMA 

MASSEVAtX 

SY.NDICAT. 

Haï. 

Min. 

Moy 

Mai 

0 

i5,9 
29, G 

31,4 
28,0 

Min. 

Mai. 

0 

10,0 

27,8 
28,6 
24,2 

28,6 

Min. 

Moy. 

Mai. 

0 
12,0 

3o,2 

3o,5 
27,0 

3o,5 

Min. 

Moy. 

Hiver 

Printemps  . . . 
Été 

0 
18,0 

3o,8 

34,4 

3o,o 

34,4 

0 

—  l5,2 

—  5,6 
6,5 

—  9,0 

0 

0,89 

11,11 

19,52 
10,64 

0 
-.7,5 

-  5,3 

9, S 

-  7,0 

0 

.,54 
12,57 
20,96 
11,39 

0 

-.1,4 

-  2,5 

8,2 

-5,4 

0 
0,61 

9,38 

,7,88 

8,9'l 

0 

—  16,0 

—  8,8 
4,0 

-7,2 

0 
-   2,72 

8,5i 

16,43 

7,8. 

Automne.  . . . 
Année. . . 

-l5,2 

10,55 

3, ,4 

-17,5 

11,61 

-11.4 

9,36 

— 16,0 

7,56 

»  Ichtratzheimse  trouve  à  160  mètres  d'altitude  et  Colmar  à  200  mètres, 
mais  j)lus  au  sud,  tandis  que  Massevaux  est  situé  à  4 16  mètres  d'altitude 
vers  l'entrée  de  la  vallée  de  la  Doller,  et  le  Syndicat  dans  la  vallée  de  Clenrie 
à  l'intérieur  des  hautes  Vosges,  à  une  élévation  de  620  mètres.  La  distribu- 
tion de  la  température  aux  différentes  époques  de  l'année  est  à  peu  près  la 
même  dans  la  plaine  et  sur  les  montagnes.  Sa  diminution  dans  le  sens  de  la 
hauteur  est  de  i  degré  pour  i5o  à  200  mètres  d'élévation  verticale  :  dans 
les  Alpes  suisses,  on  observe  une  diminution  toute  semblable.  Sous  le  rap- 
port des  cultures,  nous  ferons  remarquer  que  la  plaine  d'Alsace  est  surtout 
vouée  à  la  production  des  céréales;  les  pentes  des  Vosges,  moins  sujettes  à 
la  gelée  que  les  régions  basses,  portent  de  beaux  vignobles  entre  200  et 
400  mètres  d'altitude,  tandis  qu'à  une  élévation  plus  grande  le  fond  des 
vallées  est  revêtu  de  prairies  et  qu'on  ne  trouve  plus  de  champs  de  blé 
qu'aux  bonnes  expositions  entre  4^0  et  800  mètres  d'altitude. 


(  78  ) 
»  La  comparaison  des  vents  aux  différentes  stations  met  tout  d'abord  en 
évidence  l'influence  du  relief  sur  la  marche  des  courants  inférieurs.  Cepen- 
dant si  l'on  se  borne  à  mettre  en  regard  les  observations  des  stations  de  la 
plaine,  on  trouve  une  concordance  frappante  entre  la  direction  des  vents 
à  Strasbourg,  à  Ichtratzheim  et  à  Colmar.  La  prédominance  appartient  aux 
vents  du  sud-ouest,  et,  dans  une  année  moyenne,  le  rapport  des  vents  aus- 
traux aux  vents  boréaux  est  de  i48  à  loo.  La  proportion  n'est  pas  con- 
stante pour  toutes  les  saisons.  Pendant  le  semestre  d'été,  du  21  mars  an 
21  septembre,  le  rapport  des  vents  du  sud  au  vent  du  nord  est  seidement 
de  121  à  100,  et  pendant  les  six  autres  mois,  il  est  de  178  à  100.  Ainsi  les 
vents  du  sud  arrivent  plus  souvent  à  la  surface  du  sol  en  hiver  qu'en  été. 
Les  caractères  des  courants  opposés  sont  d'ailleurs  nettement  distincts. 
Les  vents  du  nord  paraissent  plus  froids,  accompagnés  d'une  forte  pression 
barométrique  :  ils  amènent  un  ciel  serein,  et  le  beau  temps  persiste  pendant 
leurdurée.  Au  contraire,  avec  les  vents  du  sud  et  du  sud-ouest,  la  tempé- 
rature s'élève,  le  baromètre  se  tient  moins  haut,  l'atmosphère  devient  hu- 
mide, le  ciel  se  couvre  de  nuages  et  le  temps  tourne  à  la  pluie.  Enfin,  tan- 
dis qu'en  Alsace  les  vents  d'est  et  d'ouest  manquent  souvent  pendant  un 
mois  entier,  les  vents  du  sud  et  du  sud-ouest  se  montrent  chaque  mois. 
L'espace  dont  je  dispose  ne  me  permet  pas  d'entrer  ici  dans  de  plus  longs 
développements.  Je  me  bornerai  à  caractériser  le  climat  de  l'Alsace  par  ses 
variations  brusques  de  température,  présentant  souvent  un  écart  de  20  de- 
grés et  plus  le  même  jour,  de  plus  de  5o  degrés  entre  les  extrêmes  de  l'été 
et  de  l'hiver,  avec  la  prédominance  des  pluies  d'été  et  un  état  hygro- 
métrique moyen  de  ^5  degrés  environ.  » 

ZOOLOGIE.  —  Nos  deux  Hirondelles  et  leurs  nids;  par  M.  J.-B.  IVoitlet. 

«  J'aime  beaucoup  les  oiseaux,  et  par-dessus  tout  les  Hirondelles,  qui, 
tous  les  ans,  viennent  nous  demander  un  asile  pour  quelques  mois,  nous 
rendre,  en  retour,  des  services  incontestables,  sans  néanmoins  aliéner  ja- 
mais leur  liberté.  Je  me  suis  déclaré  leur  protecteur  dans  noire  bourg  de 
Venerque,  près  de  Toulouse,  et,  depuis  bien  des  années,  les  enfiints,  pour 
m'èlre  agréables,  ont  pris  l'habitude  de  résister  au  triste  plaisir  de  violer 
les  nichées  de  celles  qui,  presque  à  la  portée  de  leurs  mains,  s'établissent 
sous  le  péristyle  de  ma  maison,  ou  sous  les  planchers  de  mes  étables  et  tle 
mes  granges.  J'ose  dire  tjue,  depuis  mon  enfance,  j'ai  vécu  dans  la  familia- 
rité de  ces  charmants  oiseaux. 


(  79) 

»  Les  étudiant  depuis  si  longtemps,  je  n'ai  jamais  vu  qu'ils  aient  modifié 
leurs  habitudes  en  quoi  que  ce  soit,  et  c'est  avec  une  très-grande  surprise 
que  j'ai  lu  la  Communication  faite  à  l'Institut  de  France  par  M.  A.  Pou- 
cliet,  le  7  mars  dernier,  sur  la  transformation  des  nids  de  l'Hirondelle  de 
fenêtre. 

»  Si,  à  Rouen,  cette  Hirondelle  a  modifié  l'architecture  de  son  nid, 
comme  l'a  cru  M.  Pouchet,  je  puis  affirmer  que  rien  de  semblable  ne  s'est 
passé  ici,  où  nos  Hirondelles  restent  fidèles  à  leur  vieille  manière,  qui 
n'est  pas  la  même,  tant  s'en  faut,  pour  chaque  espèce. 

»  Il  va  sans  dire  qu'il  ne  faudrait  pas  se  méprendre  sur  la  valeur  de 
l'identité  des  nids  dont  il  va  être  question  ;  il  en  est  de  ceux-ci  comme 
des  nids  de  tous  les  oiseaux,  que  des  circonstances,  dues  à  leur  empla- 
cement, peuvent  modifier,  sans  eu  changer  la  forme  essentielle  el  caracté- 
ristique. 

»  Voici  comment  toutse  passe  chez  nous  et  certainement  partout  ailleurs, 
même  à  Rouen  :  nous  avons  deux  espèces  à' Hirondelles  familières;  je  né- 
glige les  Hirondelles  de  rivage  et  les  Martinets,  pour  ne  penser  qu'à  celles 
qui  établissent  leurs  nids  à  l'intérieur  ou  l'extérieur  de  nos  habitations. 
Linné  les  a  nommées  :  l'une  est  son  Hirundo  rustica,  et  l'autre  son  Hirundo 
urbica. 

»  La  première  revient  à  l'espèce  que  les  ornithologistes  français  désignent 
par  la  dénomination  à^ Hirondelle  de  cheminée,  et  que,  dans  notre  idiome 
roman-languedocien,  nous  nous  contentons  d'appeler  Hiroundèlo,  signi- 
fiant la  vraie  Hirondelle.  En  cela  nous  avons  raison,  puisque  c'est  celle-là 
qui,  avec  des  pieds  nus  et  le  ventre  blanc,  a  le  Iront,  les  sourcils  et  la  gorge 
teints  de  brun-marron  très-vif,  représentant  ainsi  la  Progné  de  la  Fable  an- 
tique, tachée  du  sang  dn  jeune  Itys,  stigmate  indélébile  de  son  crime. 

M  ^J Hirundo  urbica  de  Linné,  en  français  Hirondelle  de  fenêtre,  est  dé- 
signée dans  notre  patois  sous  le  nom  de  Faucil  :  elle  est  d'un  beau  blanc 
sur  tout  le  dessous  du  corps  et  le  croupion  ;  ses  pieds  sont  revêtus  d'un 
épais  duvet  blanc. 

)>  Ces  deux  types,  distincts  par  de  si  excellents  caractères,  ne  se  mêlent 
pas  entre  eux  et  ont  des  habitudes  quelqî'.e  peu  différentes.  C'est  ainsi  que 
l'Hirondelle  rustique  arrive  toujours  la  première  et  nous  quitte  aussi  avant 
l'autre.  Elle  se  montre  plus  confiante  que  sa  congénère  et  se  rend,  en  quel- 
que sorte  domestique.  C'est  celle-là  seule  qui  niche  dans  l'intérieur  de  nos 
maisons,  dans  les  lieux  fréquentés  par  l'honune,  dont  elle  semble  recher- 
cher la  compagnie.  Autrefois,  avec  nos  grandes  et  vieilles  habitations  à  la 


(  8o  ) 
campagne,  mal  fermées  et  souvent  en  partie  inhabitées,  ces  Hirondelles 
trouvaient  des  abris  partout;  maintenant,  nous  ne  les  supportons  guère 
que  sous  les  grandes  galeries,  les  grands  couverts,  et  dans  nos  métairies  et 
nos  granges,  où  nos  paysans  les  respectent,  dans  la  croyance  que  ces  oi- 
seaux portent  bonheur  aux  maisons  qu'elles  préfèrent. 

«  Leurs  nids  n'ont  jamais  ressemblé  à  ceux  de  l'Hirondelle  citadine,  et  à 
défaut  des  oiseaux  qui  les  habitent,  on  ne  peut  se  méprendre  sur  les  ou- 
vrières qui  les  ont  bâiis.  Les  nids  de  l'Hirondelle  rustique  rentrent  dans  la 
catégorie  de  ceux  que  M.  Pouchet  suppose  avoir  été  récemment  perfec- 
tionnés et  qu'il  attribue,  bien  mal  à  propos,  à  l'IIirondelle  citadine.  Ceux-ci 
sont  largement  ouverts  en  balcon  dans  toute  leur  partie  libre,  et  les  oisil- 
lons qui  les  occupent  peuvent,  en  se  rangeant  tout  autour,  montrer  leurs 
têtes  à  l'extérieur,  ce  qu'ils  ne  manquent  pas  défaire,  en  attendant  la  bec- 
quée de  leurs  parents. 

»  L'Hirondelle  citadine,  moins  confiante,  ne  choisit  jamais  l'intérieur  de 
nos  maisons  pour  y  construire  son  nid  :  c'est  à  l'extérieur,  sons  les  auvents 
de  nos  toits,  sous  les  grandes  corniches,  toujours  très-haut,  qu'elle  s'éta- 
blit. Au  lieu  d'isoler  ses  nids,  comme  le  fait  l'Hirondelle  rustique,  elle  les 
groupe  par  lignes  continues,  parfois  doublées  et  même  triplées.  Je  viens 
d'en  compter,  ainsi  rangées,  plus  de  cent  sous  la  saillie  du  toit  de  ma  mai- 
son, au  midi,  sur  une  cour. 

»  Mais  ce  qui  distingue  essentiellement  ces  nids  de  ceux  de  l'Hirondelle 
rustique,  c'est  leur  plus  grande  profondeur  et  leur  très-petite  entrée  circu- 
laire, tout  juste  assez  grande  pour  laisser  passer  l'oiseau,  non  sans  quelques 
efforts  de  sa  part  :  c'est  là  ce  que  M.  Pouchet*  a  ajipelé  l'ancien  système  de 
nidification  de  l'Hirondelle  citadine,  à  laquelle  ces  nids  appartiennent  réel- 
lement, mais  à  l'exclusion  des  premiers  formant  galerie. 

»  Nous  sommes  convaincu  que,  malgré  les  adhésions  déjà  obtenues  par 
l'ingénieux  système  de  M.  Pouchet  (tant  certains  esprits  se  laissent  gagner 
facilement  aux  choses  de  l'imagination),  les  naturalistes  qui  prendront  la 
peine  d'étudier  scientifiquement  cette  question  arriveront  à  cette  consé- 
quence, que  l'Hirondelle  de  fenêtre  n'a  introduit  aucun  perfectionnement 
dans  son  mode  de  nidification  durant  la  première  moitié  du  siècle  actuel, 
comme  M.  Pouchet  l'a  annoncé  au  monde  savant.  L'observation  des  faits 
vient,  au  contraire,  confirmer  l'opinion  de  Spallanzani,  fornudée  dans  l'iui 
de  ses  intéressants  Mémoires  sur  les  Hirondelles,  et  que  M.  Pouchet  vf- 
grettera  d'avoir  (jualifiée  d'erreur  »j«)i/yé5te,  à  savoir  :  «  que  chaque  espèce 
»   construit  son  nid  sur  un  modèle  qui  lui  est  propre,  qui  ne  change  jamais 


(  8i  ) 
»  et  se  perpétue  de  siècle  en  siècle.  »  Ainsi  sera  rétablie  la  vérité,  nu  mo- 
ment éclipsée  par  le  merveillieux,  qui  est,  en  histoire  naturelle,  ce  que  le 
surnaturel  est  en  philosophie.  » 

PHYSIOLOGIE   VÉGÉTALE.   —    Expériences  sur  (a  fanaison   des  plantes. 
Note  de  M.  Ed.  Prillieux,  présentée  par  M.  Ducharire. 

«  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  je  me 
suis  proposé  de  résoudre  la  question  de  savoir  si  une  plante  fanée  peut, 
dans  certaines  conditions,  reprendre  sa  fermeté  et  sa  fraîcheur  sans  absor- 
ber de  l'eau  du  dehors.  Dans  les  expériences  qui  ont  trait  à  l'absorption  de 
l'eau  par  les  feuilles,  il  est  souvent  fort  difficile  d'essuyer  bien  complète- 
ment les  plantes,  et  par  suite  d'employer  la  balance  pour  constater  s'il  y  a 
eu  absorption  ou  non.  Il  y  avait  donc,  à  ce  point  de  vue,  un  intérêt  parti- 
culier à  déterminer  d'une  façon  précise  si,  quand  on  voit  une  plante  fanée 
se  redresser  et  relever  ses  feuilles,  on  est  en  droit  de  conchu'e,  sans  avoir 
recours  à  la  balance,  qu'elle  a  absorbé  de  l'eau. 

»  J'exposerai  ici  sommairement  plusieurs  expériences  faites  dans  ce  but. 

»  Première  expérience.  —  Cinq  feuilles  de  Malvn  sylvestris,  complètement 
fanées,  sont  coupées  en  laissant  aux  pétioles  toute  leur  longueur,  et  les 
coupes  sont  mastiquées  pour  empêcher  qu'il  n'y  ait  absorption  par  les  sur- 
faces à  vif.  Elles  pèsent  S^'^gS.  Elles  sont  suspendues,  sous  une  grande 
cloche  de  verre,  dans  de  l'air  saturé  d'humidité.  Au  bout  de  trois  jours,  les 
feuilles  ont  repris  leur  turgescence  ;  elles  sont  redevenues  fermes  et  fraîches. 
Elles  ne  pèsent  plus  alors  que  5^%  58;  elles  ont  perdu  oS',4o  :  elles  n'ont 
donc  pas  absorbé  d'humidité  du  dehors,  tout  en  cessant  d'être  fanées. 

»  Deuxième  expérience.  —  Une  jeune  tige  de  Campanula  Trnclielium, 
extrêmement  fanée  au  soleil  et  amollie  à  tel  point  que  son  exirémité  pend 
perpendiculairement  sous  l'action  de  la  pesanteur,  est  suspendue  dans  l'air 
humide,  après  qu'on  a  mastiqué  la  coupe.  Dès  le  lendemain,  la  |)ortion 
pendante  se  relève  et  atteint  presque  la  position  horizontale,  puis  elle  con- 
tinue à  se  redresser  encore  et  finit  par  être  verticale. 

»  De  jeunes  inflorescences  de  Solidago  canadensis  se  relèvent  de  même, 
quoique  moins  complètement.  Au  commencement  de  l'expérience  elles 
pesaient,  pendantes,  4^%  53  ;  à  la  fin  elles  pesaient,  relevées,  /|S',i  5  seu- 
lement. 

»  Troisième  expérience.  —  Une  jeune  branche  de  Sureau,  portant  trois 
paires  de  feuilles,  pèse,  très-fanée,  i6s',6o.  Mise  dans  l'air  humide,  ellere- 

C.  R.,  1870,  2»  Semestre.  (T.  LXXI,  IN»  1.)  II 


(  8a  ) 
prend  lentement  un  peu  de  fraîcheur.  Au  bout  de  six  jours,  la  paire  supé- 
rieure de  feuilles  et  l'extrémité  de   la  tige  se  sont   redressées.  Les  feuilles 
inférieures,  bien  qu'assez  fraîches,  ne  se  relèvent  pas.  Le  rameau,  à  ht  fin 
de  l'expérience,  ne  pèse  plus  que  ]56%6o. 

)>  Qtialrième  expérience.  —  Un  pied  mâle  de  Mercurialis  annua  pèse,  très- 
fané,  S^'jSS.  On  le  suspend  dans  l'air  humide;  la  tige  est  si  molle  que  ses 
deux  extrémités  pendent  perpendiculairemeut  c!e  chaque  cÔLé  du  support. 
Dès  les  lendemain  la  plante  devient  plus  ferme  :  au  bout  de  deux  jours, 
elle  est  complètement  redressée,  et  ses  feuilles  sont  redeveiuies  fraîches. 
Elle  ne  pèse  plus  alors  que  3s'', 'j'y. 

»  Cinquième  expérience.  —  Un  pied  très-fort  de  Parielaria  nfficinolis  se 
fane  à  un  soleil  ardent;  la  partie  supérieure  et  encore  tendre  de  la  tige  pend 
sans  soutien,  sous  l'action  de  la  pesanteur.  Elle  pèse  S^^ôS.  On  la  suspend 
dans  l'air  humide.  Dès  le  troisième  jour,  elle  est  beaucoup  moins  fanée;  le 
quatrième  jour,  la  fige  est  presque  complètement  redressée;  les  feuilles  sont 
relevées  et  ont  repris  leur  turgescence  et  leur  fraîcheur.  La  plante  cepen- 
dant a  perdu  de  son  poids  une  quantité  assez  notable;  elle  ne  pèse  plus 
que  46%  78. 

M  Les  feuilles  supérieures  et  les  petits  rameaux  secondaires  qui  portent 
les  fleurs  et,  en  général,  les  parties  les  plus  jeunes  deviennent  surtout 
fermes  et  fraîches.  La  tige,  dans  une  partie  de  sa  longueur,  s'est  retirée 
sur  elle-même,  et  au  lieu  d'être  cylindrique  comme  d'ordinaire,  elle  s'est 
aplatie;  mais  ce  resserrement  n'a  pas  atteint  jusqu'au  sommet;  l'extré- 
mité de  la  tige,  sur  une  longueur  d'environ  8  centimètres,  est  demeurée 
cylindrique. 

»  Cette  expérience  montre  assez  nettement  un  fait  qui  ressort,  du  reste, 
de  l'ensemble  de  mes  observations  :  c'est  que  les  parties  les  plus  jetuies  et 
les  plus  rapprochées  du  sommet  reprennent  leur  fraîcheur  aux  dépens 
des  parties  inférieures.  Dans  une  plante  fanée,  isolée  dans  l'air  humide, 
elles  cèdent  le  peu  d'eau  qu'elles  contiennent  encore  aux  parties  élevées, 
auxquelles  elles  rendent  la  fermeté  et  la  turgescence. 

»  Il  se  passe  là  quelque  chose  de  fort  analogue  à  ce  qu'on  voit  se  produire 
dans  ini  tubercule  de  Pomme  de  terre  qu'on  laisse  exposé  à  l'évaporalion 
dans  une  chambre,  comme  l'a  très-bien  observé  M.  Nœgeli  [Botnn.  Miltlieil., 
p.  38).  La  Pomme  de  terre,  qui  était  ferme  et  lisse,  s'amollit  et  se  ride,  en 
perdant  de  l'eau  par  évaporation.  Or,  on  voit  que  ces  changements  se  font 
d'abord  à  la  base  du  tid)ercule,  jiuis  se  propagent  de  la  base  au  sonunef.  A 
un  moment  on  voit  la  Pomme  de  terre  molle  et  plissée   dans  sa   moitié 


(  83  ) 
inférieure,  ferme  et  lisse  encore  dans  sa  moitié  supérieure;  puis  il  n'y  a 
plus  que  le  sommet  même  et  les  parties  voisines  des  bourgeons  latéraux 
en  voie  de  développement  qui  soient  lisses;  tout  le  reste  est  ridé  et  plissé. 
Enfin,  quand  le  tubercule  est  déjà  presque  sec,  la  pousse  terminale  con- 
tient encore  un  tissu  turgescent  et  un  épidémie  lisse.  11  se  produit  là  un 
courant  d'eau  très-évident,  qui  se  dirige  de  bas  en  haut.  Il  en  est  de  même 
dans  les  expériences  que  je  viens  de  rapporter  :  il  s'y  est  fait  aussi  un  trans- 
port de  l'eau,  de  la  base  au  sommet  des  organes  isolés  au  milieu  de  l'air 
humide,  et  c'est  par  suite  du  déplacement  du  liquide,  de  la  base  au  sommet 
des  tiges,  des  tiges  dans  les  feuilles,  du  pétiole  dans  le  limbe  des  feuilles 
(première  expérience),  que  les  tissus  fanés,  qui  sont  voisins  du  sommet, 
reprennent  leur  turgescence,  tandis  que  les  feuilles  inférieures  restent 
fanées  et  que  la  partie  inférieure  de  la  tige  se  resserre,  se  vide  et  se  des- 
sèche. 

»  Il  résulte  de  l'ensemble  des  expériences  que  je  viens  de  rapporter, 
que  les  parties  fanées  des  plantes  peuvent  reprendre,  dans  certains  cas, 
leur  fermeté,  leur  fraîcheur,  et  redevenir  turgescentes  sans  recevoir  d'eau 
du  dehors.  Ces  expériences  permettent,  en  outre,  de  se  rendre  compte  de 
ce  qui  se  passe  en  pareil  cas,  et  de  reconnaître  que  la  cessation  de  la 
fanaison  est  due  alors  à  un  déplacement  de  l'eau  qui  se  porte  de  la  base 
au  sommet  des  organes;  certaines  parties  regagnant  leur  fraîcheur  pre- 
mière, grâce  à  l'eau  que  d'autres  leur  cèdent.  » 

BOTANIQUE.  —  Sur  In  zone  génératrice  des  appendices  végétaux. 
Note  de  M.  Cave,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  La  zone  génératrice,  dont  nous  avons  signalé  l'existence  chez  les  ap- 
pendices normaux  ou  modifiés  est  en  parfaite  continuité  avec  celle  qui 
existe  dans  les  organes  axiles.  Pour  le  prouver,  je  prends  sur  n'importe 
quel  végétal  un  bourgeon  très-peu  avancé,  et  je  le  coupe  longiludinalement. 
J'observe  alors  ce  qui  a  été  décrit  par  un  grand  nombre  de  botanistes  et 
étudié  par  tous.  Je  vois  l'axe  très-surbaissé,  entièrement  cellulaire,  ainsi 
que  les  feuilles  rudimentaires  auxquelles  il  donne  naissance.  Dès  cet  ins- 
tant, on  peut  reconnaître  la  zone  génératrice,  et  s'assurer  qu'elle  est  con- 
tinue avec  elle-même  dans  l'axe  et  les  appendices. 

).  Ce  que  je  viens  de  dire  suffit,  à  la  rigueur,  pour  prouver  noire  pro- 
position. Mais  il  me  semble  utile  de  suivre  les  changements  qui  vont  s'ef- 
fectuer. La  structure,  exclusivement  cellulaire,  ne  persiste  ni  dans  la  tige 

I  !.. 


(B4  ) 
ni  dans  les  feuilles,  et  les  faisceaux  tîbro-vasculaires  ne  lardent  pas  à  se 
dessiner.  Pour  eux.  encore  la  continuité  est  parfaite.  Pourtant  une  diffé- 
rence est  à  noter,  différence  importante,  car  elle  entraînera  une  diversité 
de  position  pour  les  parties  nouvelles. 

»  Dans  un  organe  jeune,  la  zone  génératrice  n'est  pas  réduite  à  une 
mince  couche,  elle  forme  pioportionnellement  une  grande  jiartie  de  l'éj^ais- 
seur  totale,  et  cette  importance  relative  va  en  diminuant  à  mesure  que 
l'organe  avance  en  âge.  C'est  dans  l'épaisseur  de  cette  couche  formatrice 
que  les  trachées  ont  pris  naissance.  Dans  l'axe,  elles  laissent  en  dehors 
d'elles  la  portion  la  plus  active  de  la  zone  génératrice.  La  même  chose  a 
lieu  pour  les  nervures  des  feuilles. 

w  Au  contraire,  dans  tous  les  points  où  du  parenchyme  doit  se  dévelop- 
per, c'est  la  partie  interne  de  cette  même  zone  qui  conserve  l'activité  la 
phis  grande.  En  conséquence,  les  nervines  vont  se  comporter  à  la  façon 
des  tiges  :  on  doit  y  distinguer  une  portion  corticale  et  une  portion  cor- 
respondant au  bois.  Entre  ces  deux  régions  se  trouve  englobée  une  portion 
de  la  zone  génératrice  commune  à  tout  l'organe.  Cette  disposition  explique 
le  degré  croissant  de  complication  que  nous  offrent  les  nervmes  à  mesure 
qu'elles  deviennent  plus  âgées.  Elle  nous  montre  en  outre  que  les  nervures, 
s'accroissant  surtout  par  leur  face  externe  ou  inférieure,  doivent  faire  de 
ce  côté  de  la  feuille  une  saillie  de  plus  en  plus  prononcée. 

))  Suivons  par  la  pensée  le  parenchyme  dans  son  développement.  La 
zone  génératrice  de  ce  tissu  cellulaire  est  d'abord  continue  avec  celle  des 
nervures  qui  le  traversent.  Mais,  peu  à  peu,  de  nouvelles  rangées  de  cellules 
s'organisent  entre  les  parties  préexistantes  et  l'épiderme  supérieur.  C'est 
immédiatement  sons  cette  enveloppe  que  l'on  trouve  la  fraction  la  plus 
active  du  cambium  foliaire.  La  conséquence  naturelle  est  une  séparation 
de  plus  en  plus  nette,  entre  les  parties  jeunes  des  nervures  et  les  éléments 
nouveaux  du  parenchyme.  En  d'autres  termes,  la  continuité  qui  a  existé 
d'abord  disparaît  par  suite  des  progrès  de  la  végétation,  et  échapperait  à 
celui  qui  se  contenterait  d'examiner  une  petite  portion  d'une  feuille  adulte, 
soit  en  section  transversale,  soit  en  coupe  longitudinale.  Maison  en  trou- 
vera toujours  au  moins  les  traces,  si  l'on  étudie  des  parties  suffisamment 
jeunes. 

»  Ainsi  l(;  sonunet  de  la  feuille  du  tilleul,  ainsi  la  base  des  folioles  infé- 
rieures du  rosier  nous  montrera  la  zone  génératrice  générale  contenant 
encore  les  nervures.  Chez  la  plupart  des  feuilles,  le  développenu-nt,  dans 
chaque  section  transversale,  se  fait  du  milieu  vers  les  bords.  Presque  tou- 


(  85  ) 
jours  aussi,  en   regardant  ces  bords  au  microscope,  nous  y  avons  signalé 
l'existence  d'une  zone  unique. 

))  En  dernière  analyse,  si  l'on  venait  à  me  demander  où  se  fait  le  chan- 
gement de  position  de  cette  zone  génératrice,  je  dirais  :  Il  se  fait  sur  toute 
la  feuille,  le  long  des  lignes  de  séparation  des  nervures  et  du  parenchyme. 
Mais  pourrait-on  dire  encore  :  Où  s'établit  la  transition  entre  ces  deux  dis- 
positions différentes?  La  réponse  est  facile  :  La  transition  se  fait  par  les 
parties  nouvelles,  quelles  qu'elles  soient,  par  les  endroits  où  la  zone  géné- 
ratrice, commune  à  tout  l'organe,  contient  encore  les  nervures. 

»  Je  me  résume  en  formulant  quelques  principes  : 

»  1°  Dans  un  organe  appendiculaire  jeune,  on  remarque  une  continuité 
parfaite  entre  la  zone  génératrice  de  l'organe  et  celle  de  l'axe  sur  lequel 
il  naît; 

»  1°  Cette  continuité  primitive  persiste  toujours  entre  l'axe  et  les  ner- 
vures. Mais  la  zone  génératrice  des  nervures  et  celle  du  parenchyme  s'éloi- 
gnent l'une  de  l'autre,  par  suite  des  progrés  de  la  végétation. 

»  3°  Même  dans  une  feuille  adulte,  on  trouve  des  traces  de  la  continuité 
primitive  en  examinant  les  parties  les  plus  récemment  formées.   » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  la  position  des  calcaires  à  Terebratula  janitor,  dans  tes 
Basses-Alpes.  Note  de  M.  Ch.  Vélain,  présentée  par  M.  Des  Cloizeaux. 

«  11  existe,  dans  certaines  parties  du  midi  de  la  France  et  notamment 
dans  le  département  des  Basses-Alpes,  entre  l'oxfordien  supérieur  et  les 
marnes  néocomieunes  à  belemnites  plates  et  à  petites  ammonites  ferrugi- 
neuses, des  assises  puissantes  de  calcaires  compactes  lithographiques,  dans 
lesquels,  les  géologues  de  la  Provence  voulaient  voir  les  représentants 
de  tout  le  jurassique  supérieur  ;  M.  Hébert  depuis  longtemps  avait 
établi  que  ces  calcaires  devaient  appartenir  plutôt  au  néoconiien  le  plus 
inférieur;  mais  cette  opinion,  loin  d'être  admise  par  tous  les  géologues, 
était  au  contraire  vivement  discutée.  Plusieurs  mois  d'explorations  faites 
dansles  Basses-Alpes,  sous  les  auspices  de  M.  Hébert,  avec  deux  de  mes  amis, 
MM.  Hollande  et  Bachelet,  me  permettent  de  pouvoir  donner  sur  ces  régions 
nue  bonne  série  de  coupes  qui  doivent  6xer  déQnitivement  la  place  que  ces 
calcaires  occupent  dans  la  série  des  terrains. 

»  Dans  toutes  les  localités  que  nous  avons  explorées  dapuis  Saint-Julien- 
en-Beauchène  jusqu'à  Castellane,  nous  avons  constaté  que  la  formation 
jurassique  s'arrête  à  cette  zone  de  l'oxfordien  supérieur  que  caractérisent 


(  86  ) 
les  ammonites  tortisulcatus ,  polyplocm  ,  tenuiholatiis  ,  etc.  Au-dessus 
vienneut  en  concordance  parfaite  des  calcaires  lithographiques,  im|)ossibles 
souvent  à  distinguer  miuéralogiquemeut  des  précédents,  mais  qui  ren- 
ferment une  faune  nouvelle  et  distincte  d'ammonites  néocomiennes  et  qui 
sont  caractérisés  par  la  lerebralula  janilor  (Pictet).  Ces  calcaires,  d'une 
épaisseur  assez  variable,  deviennent  très-marneux  à  leur  partie  supérieure, 
et  passent  ainsi  insensiblement  aux  marnes  à  bélemnites  plates  qui  les  sur- 
montent. 

»  Deux  coupes  que  j'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie,  prises  l'une 
près  de  Castellane,  l'autre  près  de  Barréme,  pourront  démontrer  la  superpo- 
sition immédiate  des  calcaires  à  Terebratula  janilor  sur  l'oxfordien  supérieur. 
»  A  cette  distance  de  Castellane,  si  l'on  franchit  les  crêtes  successives  du 
mont  Cheirou  pour  faire  l'ascension  du  Courchon,  on  quitte  les  calcaires 
néocomiens  à  Scapliiles  Ivanii  pour  se  trouver  bientôt  devant  luie  masse 
considérable  de  couches  fortement  repliées  vers  le  nord,  constituées  à  la 
base  par  des  calcaires  très-durs,  pétris  de  gryphées  arquées  et  appartenant 
par  conséquent  au  lias  inférieur.  Au-dessus  viennent  d'autres  calcaires  avec 
silex  branchus,  puis  des  marnes  noires,  très-schisteuses,  presque  sans  fos- 
siles, alternant  dans  leur  partie  supérieure  avec  de  petits  lits  de  calcaires 
renfermant  de  nombreuses  Ammonites  plicalilis  de  petite  taille  :  ces  der- 
niers calcaires  deviennent  de  plus  en  plus  puissants  et  sont  alors  très-fossi- 
lifères. Avec  V  Ammonites  tortisui  atus,  qui  y  est  très-commune,  j'ai  trouvé 
là  une  ammonite  ayant  beaucoup  de  rapports  avec  V Ammonites  Hauffii 
d'Oppel,  et  qui  indique  là  l'oxfordien  supérieur,  le  niveau  de  V  Ammonites  te- 
nuilobatus;  cette  espèce,  en  effet,  accompagne  toujours  {'ammonites  tenuilo- 
batus,  dans  le  Wurtemberg,  à  Barjols,  à  Escragnoiles,  à  Grenoble,  etc.  Sur 
cet  oxfordien  reposent  des  calcaires,  noduleux,  bréchiformes,  avec.4»i/»o- 
niles  rocjoznicensis  (Zeischner),  espèce  néocomienne,  puis  les  calcaires  li- 
thographiques à  Terebratula  janitnr.  La  superposition  immédiate  du  riéoco- 
mien  inférieur  sur  l'oxfordien  supérieur  est  donc  là  bien  évidente,  et  rien 
en  ce  point  ne  saurait  être  rapporté  au  Coral-rag,  au  Rimmeridje  ni  au 
Porlland. 

»  J'ai  retrouvé  cette  même  superposition  en  me  rendant  de  Digne  à  Bar- 
réme par  l'ancienne  route. 

»  Cette  roule  coupe  la  grande  chaîne  des  Dourbcs  au  col  de  Chaudon, 
et  l'on  peut  aborder  facilement  eu  ce  point  les  sommets  de  ces  montagnes. 
J'ai  retrouvé  là,  sur  des  marnes  oxfordiennes,  des  calcaires  avec  Ammonites 
pol/plocus  constituant  les  crêtes  abruptes  de  cette  grande  chaine,  et  recou- 


(  87  ) 
verts  directement  par  des  calcaires  Ammonites  ptycho'icus  et  Terebmlula  ja- 
nilor.  Ces  derniers  calcaires  se  lient  d'une  façon  insensible  aux  marnes 
néocomiennes  à  belemnites  plates  et  à  ammonites  ferrugineuses  qui  vien- 
nent ensuite;  de  sorte  que  les  caractères  stratigrnphiques  vieiment  s'ajou- 
ter à  ceux  que  la  Paléontologie  nous  avait  précédemment  fournis  pour  em- 
pêcher de  pouvoir  mettre  entre  ces  deux  assises  une  séparation  nette  et 
tranchée;  les  calcaires  à  Terebmlula  janilor  doivent  donc  faire  partie  du 
néocomien  et  en  représenter  les  dépôts  les  plus  inférieurs.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Observation  d'une  inégale  production  et  d'une  différence 
de  composition  du  lait  pour  les  deux  seins  de  la  même  femme  ;  par  M.  Louis 
SocRDAT.  (Extrait.) 

«  Ayant  remarqué  la  préférence  très-visible  qu'un  enfant  manifestait 
pour  le  sein  droit  de  sa  mère,  préférence  déjà  manifestée  par  deux  enfants 
précédents,  et  ayant  fait  en  même  temps  la  remarque  que  le  sein  préféré 
était  plus  volumineux  que  l'autre  et  fournissait  environ  le  double  de  lait, 
j'ai  pensé  qu'il  serait  intéresssnt  d'examiner  séparément  chacun  de  ces  deux 
laits.  Je  me  suis  d'abord  borné  à  prendre  la  densité  et  le  poids  du  résidu 
sec,  puis  j'ai  dosé  le  beurre;  enfin,  voidant  voir  comment  les  autres  élé- 
ments étaient  répartis,  j'en  ai  fait  l'analyse  complète. 

»   De  cet  examen  sont  ressorties  les  conclusions  suivantes  : 

))  1°  La  composition  du  lait  de  la  même  femme  (pour  les  deux  seins  en- 
semble), comparée  d'un  jour  à  l'autre,  est  très-variable,  sans  qu'il  y  ait  des 
changements  appréciables  dans  l'état  de  sa  santé.  Il  suffit  d'une  fatigue 
momentanée,  d'un  petit  changement  de  régime,  d'un  séjour  du  lait  plus  ou 
moins  prolongé  dans  les  mamelles,  etc.,  poin-  amener  ces  variations  de 
composition.  Ainsi,  dans  huit  analyses  portant  sur  l'ensemble  du  lait  des 
deux  seins,  le  poids  du  résidu  sec  a  varié  depuis  io,io  jusqu'à  13,70 
pour  100,  ou  ::  I  ;  1,35. 

w  La  densité  a  été  aussi  très-variable.  J'ai  obtenu,  pour  la  moyenne  des 
deux  seins,  depuis  0,980  jusqu'à  i,o3i. 

»  2°  I^a  composition  du  lait  varie  encore  d'un  sein  à  l'autre,  et  cela  dans 
le  même  temps.  C'est  là  le  fait  principal  de  ma  Communication.  Ainsi,  le  lait 
du  sein  droit,  qui  est  de  beaucoup  le  plus  abondant,  est  aussi  le  plus  riche 
en  matières  fixes,  dans  des  rapports  qui  sont  ::  i,ao:  i  pour  le  minimum, 
et  ::  1,74*.  i  pour  le  maximum. 

»   3°  Dans  ces  conditions,  le  beurre  est  ordinairement  sécrété  en  bien 


(  88  ) 
plus  grande  quantité  par  le  sein  droit  que  par  le  sein  gauche   :  ;  t,5o;  i 
(minimum)  et  9  :  i  (maximum).  J'ajoute  ici  que  le  seul  aspect  de  ces  deux 
derniers  laits  aurait  suffi  pour  amener  la  constatation  d'une  différence  si 
considérable. 

»  4°  Les  matières  azotées,  caséum  et  albumine,  sont,  de  même  que  le 
beurre,  sécrétées. par  le  sein  droit  en  plus  grande  quantité  que  par  le  sein 
gauche,   ;;  1,90  :  I  pour  le  maximum. 

»  5°  Les  principes  solubles,  lactose  et  sels,  ceci  est  digne  de  remarque, 
dosés  dans  cinq  analyses,  se  sont  trouvés  seuls  répartis  d'une  manière  à 
peu  près  égale  dans  les  deux  seins.  Cependant,  dans  les  deux  analyses  où 
il  y  a  eu  une  petite  différence,  cette  différence  s'est  trouvée  en  faveur  du 
côté  le  plus  faible  en  beurre. 

»  Pour  les  sels,  cette  différence  est  encore  dans  le  même  sens.  De  sorte 
qu'il  semblerait,  d'après  ces  quelques  analyses  ,  qu'il  y  ait  quelque  corré- 
lation entre  les  matières  grasses  et  azotées,  d'une  part,  et  les  matières 
solubles,  d'autre  part. 

»  La  dernière  analyse  adonné,  par  exception,  des  nombres  plus  forts 
pour  le  sein  gauche.  La  raison  de  ce  renversement  paraît  être  dans  ce  fait  : 
que,  cette  fois,  le  lait  n'a  pu  être  extrait  qu'à  grand'peine  pour  les^,  le 
dernier  dixième  étant  venu  très-facilement.  Ce  lait  pourrait  donc  être  con- 
sidéré comme  une  réserve  plus  complètement  élaborée,  le  lait  nouveau 
n'étant  pas  encore  monté,  et  l'on  sait  que  les  dernières  parties  du  lait  sont 
bien  plus  crémeuses  que  les  premières.  Cette  raison  expliquerait  cette  ano- 
malie. » 

M.  MoRELLET  adresse,  de  Strasbourg,  une  Noie  relative  à  une  machine 
à  coudre,  mise  en  mouvement  par  un  moteur  mécanique.  Cette  machine, 
imaginée  par  M"^  Garcin,  a  reçu  le  nom  de  «  couseuse  automate  ». 

Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  le  général  Morin. 

A  5  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  6  heures  un  quart.  É.  D.  B. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


SEANCE  PUBLIQUE  DU  LUNDI  11  JUILLET  1870, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  CLAUDE  BERNARD. 


PRIX  DÉCERNÉS. 


SCIENCES    MATHÉMATIQUES. 


GRAND  PRIX  DE  3IATHEMATIQUES. 

(Commissaires  :  MM.  Bertrand,  Chasies,  Liouville,  Bonnet, 
Serret  rapporteur.) 

Piapport  sur  le  Concours  de  l'année  1069. 

L'Académie  avait  proposé,  pour  sujet  de  grand  prix  de  Mathématiques 
à  décerner  en  1869,  la  question  suivante  : 

«  Perfectionner  en  quelque  jjoint  essentiel  la  théorie  du  niouveiiient  de  trois 
»  corps  qui  s'attirent  mutuellement,  suivant  la  loi  de  la  nature,  soit  en  ajoutant 
»  quelque  intégrale  nouvelle  à  celtes  déjà  connues,  soit  en  réduisant  d'une 
»  manière  quelconque  les  difficultés  que  présente  la  solution  complète  du  pro- 
»   blême,    n 

Un  seul  Mémoire  a  été  envoyé  au  Concours,  il  porte  cette  épigraphe  : 

«  Il  y  a  peut-être  quelque  avantage  à  présenter  la  théorie  de  la  Lune  comme 
»   une  application  des  formules  générales  du  problème  des  trois  corps.  » 

C.  R.,  1870,  2"  Semestre.  (T.  LXXI,  M»  2.)  I  2 


(90  ) 

La  première  partie  du  Mémoire  est  consacrée  au  développemoiit  d'une 
analyse  éli'g.inte  et  ingénieuse,  pai-  laquelle  l'auteur  ramène  la  solution 
générale  du  problème  des  trois  corjis  à  l'intégration  d'mi  système  canonique 
de  huit  écpiations  différentielles  du  premier  ordre  dont  on  connaît  une 
intégrale,  savoir  :  celle  des /orces  vives.  L'une  des  variables  primilivemenl 
introduites  ne  figurait  que  par  sa  différentielle,  et  elle  a  été  éliminée,  à 
l'instar  du  nœud  i\b  Jacobi;  sa  détermination  ultérieure  s'effectue  donc 
par  une  quadrature.  Enfin,  comme  !e  temps  n'entre  aussi  que  par  sa  dif- 
férentielle, dans  les  équations,  il  peut  lui-même  être  éliminé,  et  il  est  per- 
mis de  dire,  avec  l'auteur,  que  la  solution  du  problème  exige  seulement 
l'intégration  de  six  équations  différentielles  du  ])remier  ordre  et  deux 
quafi  ratures. 

INIais  tel  était  déjà  l'état  de  la  question  après  le  travail  de  Jacobi  sur 
V élimination  des  nœuds.  Qiuuit  au  perfectionnement  f|ui  consiste  à  former 
un  svstème  canonique  de  huit  étpiations  différentielles  du  premier  ordre 
dont  on  connaît  l'intégrale  des  forces  vives,  il  a  été  déjà  réalisé  récemment, 
d'une  manière  très-différente  à  la  vérité,  dans  un  tiavail  comiiuniiqué  à 
l'Académie  et  inséré  dans  les  Comptes  rendus  de  ses  séances. 

La  seconde  partie  du  Mémoire  a  |)oiu-  objet  l'application  des  formules 
de  la  première  partie  à  la  théorie  de  la  Lune.  L'auteur  ne  préseule  qu'à 
titre  d'essai  cette  application,  et  il  se  borne  à  une  première  approximation  ; 
la  Commission  exprime  le  regret  que  celte  partie  importante  du  Mémoire 
n'ait  pas  reçu  plus  de  développements. 

Si  le  Mémoire  envoyé  au  Concours  ne  rem])lit  pas  suffisamment  les  con- 
ditions du  |)rogramme  arrêté  par  l'Académie,  il  n'eu  révèle  pas  moins  chez 
son  auteur  des  qualités  éminentes  et  un  talent  mathématique  d'un  ordre 
élevé.  Le  résultat  déjà  obteiui  permet  d'espérer  que  de  nouveaux  efforts 
apporteront  des  iierfectiouncmenis  |)lus  notables  à  inie  théorie  qui  intéresse 
à  la  fois,  à  un  haut  degré,  l'Analyse  mathématique  et  l'Astronomie. 

En  résiuné,  la  Commission  décide  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  décerner  le 
prix,  et  elle  propose  à  l'Académie  de  remettre  la  question  au  Concours 
pour  1872. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


(  9'  ) 
GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

QUESTION  PROPOSÉE  EN  1864  POUR    lOGC,    PUIS  REMISE  AU  CONCOURS,  APRES  MODIFICATION, 

POUR  18G9. 

(Commissaires  :  MM.  Faye,  Liouville,  Laugier,  Le  Verrier, 
Delaunay  rapporteur.) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année  1869. 
L'Académie  avait  mis  au  Concours,  pour  1869,  '^  question  suivante: 

«   Discuter  complètement  les  anciennes  observations  d'éclipsés  qui  nous  ont  été 

»  transmises  par  l 'histoire,  en  vue  d'en  déduire  la  valeur  de  l'accélération  séi  u- 

»  taire  du  moyen  mouvement  de  la  Lune,  sans  se  préoccuper  d'aucune  valeur 

»  théorique  de  celle  accélération  séculaire;  montrer  clairement  à  quelles  con- 

»  séquences  ces  éclipses  peuvent  conduire  relativement  ci  l' accélération  dont  il 

»  s'aqit,  soit  en  Un  assignant  forcément  une  valeur  précise,  soit  au  contraire  en 

»  /;(  laissant  indélerminée  entre  certaines  limites.  » 

Deux  pièces  sont  parvenues  au  Secrétariat  de  l'Institut;  aucune  d'elles 
n'a  paru  mériter  le  prix. 

La  Commission,  vu  l'importance  de  la  question  proposée,  demande  à 
l'Académie  de  la  mettre  de  nouveau  au  Concours  pour  l'année  1873. 

L'Académie  adopte  cette  proposition. 

PRIX  D'ASTRONOMIE, 

FONDATION  LALANDE. 

(Commissaires  :  MM.  Delaunay,  Faye,  Mathieu,  Liouville, 
Laugier  rapporteur.) 

Rapport  sur  le  Concours  tle  l'année  1869. 

L'existence  d'iui  grand  nombre  de  petites  planètes  entre  Mars  et  Jnpiter 
est  sans  contredit  un  des  faits  les  plus  remarquables  dont  la  science  soit 
redevable  aux  astronomes  du  xix"  siècle. 

Les  découvertes  successives  des  astéroïdes  exercent  sur  les  progrès  de 
l'Astronomie  une  double  influence  :  elles  agrandissent  le  domaine  de  nos 
connaissances  uranographiques,  et  elles  augmentent  d'année  en  année  le 
nombre  et  l'habileté  des  astronomes  calculateurs.  Aussi  l'Acadénne,  à  plu- 
sieurs reprises,  a-t-elle  encouragé  un  genre  de  recherches  si  utile;  nous  lui 

12.. 


(9^  ) 
rappellerons  avec  plaisir  les  noms  bien  connus  de  MM.  Hencke  de  Driessen, 
Hind,  de  Gasparis,  Luther,  Goidschmidt,  Chacornac,  etc.,  qui  tous  ont 
obtctui  plusieurs  fois  la  médaille  de  Lalande. 

Parmi  les  astronomes  qui,  dans  ces  dernières  années,  ont  enrichi  la 
nombreuse  famille  des  petites  planètes,  la  Commission  signale  M.  James 
Watson,  directeur  de  l'observatoire  d'Ann-Arbor  (Etats-Unis).  Cet  habile 
astronome  a  découvert  les  neuf  astéroïdes  n°' 79,  93,  94,  100,  loi,  io3, 
io4,  io5  et  106,  dont  les  htiit  dernières  dans  le  court  intervalle  d'une 
année. 

En  conséquence,  la  Commission  propose  à  l'Académie  de  décerner, 
pour  l'année  i86g,  le  prix  d'Astronomie  fondé  par  Lalande  à  M.  James 
AVatson. 

L'Académie  adopte  la  proposition  de  la  Commission. 
PRIX  DE  MÉCANIQUE, 

FONDÉ    PAR    M.    DE    MONTYON. 

(Commissaires  ;  MM.  Morin,   Combes,  Diipin,  de  Saint-Venant, 

Phillips  rapporteur.) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année  18C9. 

M.  Arson,  Ingénieur  en  chef  de  la  Compagnie  parisienne  d'éclairage  et 
de  chauffage  par  le  gaz,  est  auteur  d'un  travail  important  exécuté  dans  ces 
dernières  années  par  ordre  de  iAL  de  Gayffier,  Directeur  de  la  Compagnie, 
sur  l'écoulement  des  gaz  dans  de  longues  conduites. 

L'envoi  du  gaz  à  de  grandes  distances  du  lieu  de  sa  production  présente 
particulièrement  un  intérêt  considérable,  et  cette  question  n'avait  pas  en- 
core été  l'objet  d'études  précises,  comme  il  en  avait  été  fait  pour  le  mou- 
vement de  l'c-au  dans  les  conduites  de  distribution,  notamment  par  feu 
M.  Darcy.  Girard  avait  bien  fait  connaître,  en  1821,  les  résultats  d'expé- 
riences exécutées  par  lui  sur  ce  sujet;  mais  l'emploi  qu'd  fit  de  tubes  très- 
petits  (des  canons  de  fusils)  ne  permettait  pas  de  croire  que  ces  résultats 
fussent  applicables  à  de  grosses  conduites  en  fonte  brute. 

D'Aubuisson,  en  i^-i"],  avait  avancé  la  question  en  soumettant  à  l'expé- 
rience des  tuyaux  (h"  pUis  grandes  dimensions;  m:ii'<  U  n'avait  pu.  apprécier 
les  volumes  de  gaz  écoulés  que  par  le  calcul,  tM  la  détermination  déjà  si  dé- 
licate des  diminutions  de  pression  par  le  frottement  ])ouvait  être  affectée  de 
toutes  les  incertitudes  qui  planent  sur  celle  des  volumes  ainsi  obtenus. 


(93) 
De  ces  deux  séries  d'observations,  Navier  avait  conclu,  pour  représenter 
le  frottement  des  parois,  une  formule  monôme  qui,  avant  les  recherches 
de  M.  Arson,  était  exclusivement  employée  et  qui  supposait  cette  force  in- 
dépendante du  diamètre  et  de  la  nature  des  tuyaux. 

Les  expériences  de  M.  Arson  ont  eu  lieu,  d'abord  à  l'usine  de  Saint- 
Mandé  sur  de  l'air,  puis  à  celle  de  la  Villette,  sur  de  l'air  et  sur  du  gaz  de 
l'éclairnge.  Elles  ont  été  exécutées  sur  des  conduites  de  grandes  dimensions. 
Toutes  les  précautions  ont  été  prises  pour  garantir  l'exactitude  des  obser- 
vations. Les  volumes  étaient  mesurés  par  des  compteurs  dedimensionset  de 
puissance  diverses  selon  les  cas.  Les  pressions  étaient  constatées  au  moyen 
d'instruments  spéciaux  d'une  extrême  précision. 

Voici  maintenant  les  principaux  résultats  obtenus  par  M.  Arson  et  qui 
lui  ont  valu  la  médaille  d'or  de  la  Société  des  Ingénieurs  civils. 

Il  ressort  de  ses  expériences  que  la  formule  monôme  précédemment 
adoptée  comme  représentant  le  frottement  des  parois  ne  doit  pas  être  con- 
servée, mais  doit  être  remplacée  par  une  expression  binôme,  contenant 
deux  termes  proportionnels,  l'un  à  la  vitesse  moyenne  et  l'autre  à  son 
carré. 

Il  a  montré  que  les  coefficients  numériques  qui  entrent  dans  cette  for- 
mule ne  sont  pas  constants  pour  un  même  gaz,  comme  on  le  croyait  jusqu'a- 
lors, mais  qu'ils  dépendent  du  diamètre  et  de  la  nature  des  parois,  résultat 
qui  présente  une  analogie  frappante  avec  ceux  obtenus  par  M.  Darcy  pour 
les  conduites  de  distribution  d'eau. 

Il  a  donné,  comme  conséquence  de  nombreuses  expériences,  les  valeurs 
de  ces  coefficients  pour  les  dimensions  des  conduites  qui  se  rencontrent  le 
plus  fréquemment  dans  les  applications. 

Enfin,  pour  répondre  à  un  besoin  de  la  pratique  qui  se  présente  aussi 
dans  la  question  des  conduites  de  distribution  d'eau,  il  a  calculé  et  publié 
des  tables  très-étendues,  relatives  à  l'air  et  au  gaz  de  l'éclairage  et  destinées 
à  éviter  des  calculs  souvent  longs  et  pénibles,  ainsi  que  les  chances  d'er- 
reur qui  en  résultent.  Ces  tables  font  connaître,  pour  les  volumes  du  gaz 
écoulés  pas  seconde  ou  par  heure,  les  vitesses  moyennes  et  les  pertes  de 
charge  rapportées  à  looo  mètres  de  longueur  de  conduite  et  évaluées  en 
mètres  de  hauteur  d'eau. 

L'importance  et  l'utilité  pratique  de  ces  recherches  et  des  résultats  aux- 
quels elles  ont  conduit  ont  amené  la  Commission  à  accorder  à  31.  Arson 
le  prix  de  Mécanique. 


(94  ) 
PRIX  DE  STATISTIQUE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MOKTTON. 

(Commissaires  :  MM.  Mathieu,  Diipin,  Eoussingault,  Passy, 
Bienaymé  rapporteur.) 

Rapport  sur  le  Concours  <le  l'année  I8C9. 

De  tout  temps  les  collections  de  faits  d'espèces  si  différentes,  que  l'on 
comprend,  bien  à  tort,  sous  le  nom  commun  de  Statistique,  ont  été  très- 
estimées.  «  T.es  observations  ont  créé  les  sciences;  et  l'expérience  dirige  la 
vie  des  hommes  selon  la  science;  l'inexpérience  la  mène  au  hasard,  »  Ce 
sont  les  paroles  de  Polus,  ou  peut-être  de  Platon  lui-même  dans  le  Gorcjias, 
et  Aristote,  dans  la  Mélaphjsique,  ajoute  que  c'est  avec  justesse  que  Polus 
se  prononce  ainsi  sur  la  nécessité  des  observations.  Mais  la  nécessité  des 
renseignements  numériques,  recueillis  avec  précision,  ne  s'est  jamais  ma- 
nifestée peut-être  avec  plus  d'évidence  que  dans  le  siècle  actuel.  Partout 
des  Bureaux  de  Statistique  ont  été  fondés,  partout  on  a  multiplié  les  publi- 
cations. Seulement,  il  faut  l'avouer,  les  résultats  acquis  n'ont  pas  souvent 
répondu  au  but  qu'on  send:)lait  se  proposer.  Les  causes  de  l'insuccès  sont 
palpables.  Le  défaut  de  connaissances  mathématiques  conduit  souvent  à 
rassembler  des  masses  de  faits  incomplets;  et  quand  on  les  a  réunis  avec 
grandes  peines,  on  veut  absolument  en  tirer  les  conséquences  qu'ils  ne  peu- 
vent donner.  C'est  surtout  une  opinion  bien  fausse,  quoique  très-répandue, 
qui  nuit  au  succès  :  on  s'imagine  que  rien  n'est  plus  facile  que  d'exécuter 
ce  genre  de  travaux.  On  les  abandonne  en  quelque  sorte  au  premier  venu 
parce  qu'on  ne  veut  pas  constituer  de  vraies  comi)tabiiités  savantes,  qui  .se- 
raient absolument  indispensables.  On  recule  devant  les  dépenses.  Sans  nul 
doute,  elles  seront  considérables  quand  il  s'agira  de  parvenir  enfin  à  toutes 
les  connaissances  qui  se  présentent  confusément  à  l'esprit  dès  qu'on  pro- 
nonce le  mot  de  Statistique.  C'est  une  immense  comptabilité  à  établir,  à  di- 
riger scientifiquement  :  ou  jjlutôt  ce  sont  des  complabilités  très-différentes 
les  unes  des  autres  à  suivre  avec  persévérance  pour  chaque  nature  de  faits. 
Il  faut  tout  enregistrer  d'avance,  car  on  ne  refait  pas  la  statistique  du  passé. 
L'ouvrage  que  la  Commission,  chargée  de  décerner  le  prix  fondé  par  M.  de 
Montyon,  a  distingué  entre  tous  dans  le  Concours  de  18G9,  en  fournit  une 
preuve  nouvelle.  Tout  ce  qui  était  consigné  par  le  ISIiuislèrc  de  la  Guerre 
dans  les  registres  des  hôpitaux  et  dans  les  contrôles  de  l'armée  a  pu  être 


(  95) 
relevé  et  a  donné  des  résultais  d'une  grande  exactitude.  Mais  quand  il  s'est 
trouvé  des  lacunes  dans  ces  vastes  comptabilités,  le  zèle  infatigable  de  l'au- 
teur n'est  pas  parvenu  à  les  combler.  On  ne  peut  que  le  louer  de  n'avoir 
pas  même  essayé  dans  certains  cas  la  moindre  conjecture.  Il  faut  .«avoir,  en 
ces  matières,  ne  pas  aller  au  delà  des  faits  authentiques.  L'invention,  si 
brillante  ailleurs,  ne  servirait  ici  qu'à  propager  des  idées  inexactes. 

L'Ouvrage  remarquable  dont  il  s'agit  est  dû  à  M.  Chenu,  et  est  intilulé; 
Statistique  médico-chiiurgicale  de  la  campaqne  d'Italie  en  iSSg  et  1860.  Déjà 
l'Académie  avait  décerné  un  prix  à  M.  Chenu,  pour  son  excellent  travail 
sur  la  mémorable  campagne  de  Crimée.  Les  deux  volumes  qu'il  publie  au- 
jourd'hui sur  les  combats  de  nos  soldats  en  Italie  ont  paru  mériter  le  même 
honneur.  Ils  offrent  le  même  intérêt  saisissant,  au  point  de  vue  histo- 
rique de  la  campagne  et  au  point  de  vue  des  résultats  chirurgicaux.  Le  lec- 
teur s'y  laissera  entraîner,  car  la  chronique  de  l'armée,  quelque  simplement 
qu'elle  soit  racontée,  met  en  évidence  l'héroïsme  de  nos  troujies.  Après 
l'avoir  lue,  nul  ne  prendra  pour  des  lieux  communs  ces  louanges  qui  revien- 
nent si  souvent  dans  nos  histoiies  ou  tlaus  nos  chants  pat/ioliques  :  ce  ne 
sont  |)as  de  vains  mots.  IMalheureusement  la  gloire  n'est  achetée  qu'à  haut 
prix,  la  vaillance  paye  ses  gloires  parfois  bien  chèrement.  On  n'eu  est  que 
trop  convaincu,  en  parcourant,  même  rapidement,  la  partie  chinu-gicale, 
c'est-à-dire  presque  tout  l'ouvrage.  Sans  cesse  elle  met  sous  les  yeux  les  plus 
pénibles  tableaux. 

Toutefois  ce  n'était  pas  ces  deux  faces  du  travail  de  IM.  Chenu  que  votre 
Conunission  devait  considérer.  Il  fallait  sans  doute  en  tenir  compte,  pour 
bien  juger  de  la  grande  valeur  statistique  de  ces  volumes,  qui  renferment 
près  de  2000  pages;  mais  c'est  aux  nîédecins,  c'est  aux  historiens  qu'il 
appartiendra  d'examiner  ces  nombreux  documents  à  leurs  points  de  vue 
spéciaux.  Voire  Commission  n'avait  à  apprécier  que  l'exactitude  de  celle 
collection  de  faits  si  considérable  ;  et  à  cet  égard,  elle  n'a  que  des  éloges  à 
donner  à  la  persévérance  et  aux  soins  scrupuleux  de  l'auteur.  Un  très- 
grand  nombre  de  faits  sont  ajjpuyés  de  listes  nominatives.  Toute  l'armée 
d'Italie  a  pu  en  vérifier  les  détads.  Ils  ont  subi  l'épreuve  de  la  discussion 
publique,  et  il  serait  vraiment  superflu  d'insister  ici  sur  les  mérites  de  l'Ou- 
vrage au  point  de  vue  purement  statistique.  Déjà  le  volume  sur  la  guerre 
de  Crimée  avait  mis  hors  de  doute  les  procédés  employés  par  ]M.  Chenu, 
pour  arriver  à  une  constatation  complète  et  consciencieuse  des  faits  qu'il 
avait  à  réunir. 

Il  est  bon  d'en  faire  ressortir  le  résultat  principal  :  c'est  que  cette  cam- 


(96) 
pagne  de  trois  mois,  qui  a  vu  tant  de  glorieux  combats  et  la  grande  bataille 
de  Solferino,  a  moins  coûté  à  la  France  que  l'on  n'aurait  pu  le  craindre. 
Voici  la  récapitulation  des  pertes  de  1  armée  : 

Tués 2536 

Disparus 1 1 28 

Blessés  et  maludes  morts  aux  Iiôpilaux.        5oio 

Total  des  morts 8674 

Il  y  avait  eu  près  de  20000  blesses,  dont  17000  sur  le  champ  de  ba- 
taille. 

D'après  divers  renseignements,  l'auteur  évalue,  à  2800  morts  ou  dispa- 
rus, les  pertes  de  l'armée  sarde,  qui  avait  eu  l\g2i  blessés. 

Les  perles  de  l'ennemi  sont  nécessairement  bien  supérieures.  On  manque 
toutefois  de  renseignements  posilifs  à  ce  sujet.  Les  morts  sur  le  champ  de 
bataille  seraient  au  notiibre  de  54oo.  Mais  les  hommes  disparus  excéderaient 
17000,  dont  une  gratide  partie  sans  doute  se  retrouveraient  parmi  les  jiri- 
soimiers.  Les  blessés  et  les  malades  excéderaient  4oooo. 

A  la  fin  de  son  grand  et  excellent  travail,  l'auteur  a  placé  un  appendice  de 
quelques  pages  sur  la  Population  de  la  France  et  sur  le  liecnitement  de  l'ar- 
mée. Votre  Commission  est  obligée  de  faire  des  réserves  au  sujet  des  calculs 
de  cet  Appendice  ou  des  conséquences  hasardées  que  l'auteiu'  en  déduit. 
La  belle  comptabilité  du  Recrutement  tenue  au  Ministère  de  la  Guerre  lui  a 
fourni  le  rapport  de  63  sur  100  pour  le  nombre  des  jeunes  gens  de  vingt  ans 
rapproché  des  naissances  correspondantes.  Mais  il  n'est  possible  d'en  rien 
conclure  relativement  à  l'accroissement  de  la  population.  On  en  a  la  preuve 
dans  les  Tables  de  Belgique  :  le  nombre  des  survivants  de  vingt  ans  est  aussi 
de  63  sur  100  dans  ce  pays;  et  l'accroissement  annuel  moyen  de  la  population 
est  signalé  comme  double  de  celui  que  fournit  la  statistique  de  la  Franco. 
Les  causes  de  l'accroissement  apparent  d'une  population  sont  très-difficiles 
à  dégager.  La  mortalité  des  vingt  premières  années  est  égale  en  France  et  en 
Belgique,  et  même  à  fort  peu  près  dans  toute  l'Europe.  Cependant  la  popu- 
lation paraît  s'accroître  très-inégalement  dans  les  divers  pays.  Il  est  bien 
clair  que  cette  apparence  doit  se  prononcer  dans  les  régions  otî  rémigra- 
tion est  considérable,  et  où,  |)ar  suite,  le  nombre  des  décès  est  diminué. 
Semblablement,  puisqu'il  subsiste  en  France  autant  d'hommes  à  vingt  ans 
que  dans  le  reste  de  l'Europe,  on  ne  peut  affirmer  que  la  diminution  si 
désirable  du  nombre  des  décès  des  enfants  en  nourrice  puisse  avoir  une 
notable  influence  sur  la  population.  Il  faut  arriver  à  supprimer  cette  grande 


(  97  ) 
mortalité  qui  frappe  une  partie  des  enfants  des  grandes  villes  contiés  à  des 
nourrices  éloignées  et  parfois  peu  scrupuleuses.  L'expérience  prononcera 
ensuite  sur  l'influence  des  résultats  heureux  qu'on  peut  obtenir,  et  c'est  un 
devoir  de  les  rechercher  avec  sollicitude.  En  attendant,  on  peut  voir  avec 
quelque  satisfaction  que  le  rapport  des  survivants  de  vingt  ans  n'est  pas 
moindre  chez  nous  qu'à  l'étranger,  et  qu'en  même  temps  le  nombre  des 
mariages  paraît  être  supérieur. 

Au  surplus,  l'Appendice  qui  motive  ces  réflexions  ne  dépend  en  aucune 
façon  de  l'Ouvrage  de  l'auteur,  et  c'est  à  la  partie  statistique  seule  de  cet 
Ouvrage,  à  la  collection  de  faits,  que  votre  Commission  a  décerné  le  prix. 

Parmi  les  autres  Livres  ou  Mémoires  nombreux  que  la  Conuiiission  a  dû 
examiner,  elle  s'est  vue  obligée  d'en  écarter  plusieurs  du  Concours,  qui 
a  uniquement  pour  objet  la  Statistique.  Inutile  de  répéter  encore,  cette 
année,  qu'on  envoie  trop  souvent  des  récits  purement  historiques,  des  dis- 
cussions économiques,  qui  ne  reposent  que  sur  de  vagues  indications  et 
non  sur  la  base  des  collections  de  faits,  authentiquement  et  numérique- 
ment constatés.  La  Commission,  toutefois,  a  décerné  deux  meiilions  hono- 
rables. 

La  première  est  accordée  à  une  brochure  substantielle  intittdée  :  Données 
générales  d'une  Slatislique  des  Conseils  de  prud'hommes,  recueillies  el  publiées 
sous  les  auspices  des  Conseils  de  Lyon.  MM.  Magué  et  Poly,  secrétaires  de  ces 
(Conseils,  ont  rassemblé  des  renseignements  très-exacts  sur  l'instilution  des 
prud'hommes.  Leur  travail  [jaraît  très-bien  fait  et  très-propre  à  éclairer  le 
public  sur  la  situation  de  cette  iustitiUion,  qui  devient  de  jour  en  jour  d'un 
plus  grand  intérêt.  Depuis  soixante  ans  il  a  été  créé  cent  douze  Conseils; 
mais  douze  ne  fonctionnent  pas.  Entre  les  cent  autres,  qui  comptent  en 
moyenne  quatorze  membres,  47  3oo  affaires  annuelles  se  trouvent  très- 
inégalement  réparties,  car  trente-huit  Conseils  n'ont  reçu  que  932  affanes. 
A  Paris,  un  membre,  en  moyenne,  a  eu  aSi  affaires  à  décider,  tandis  que 
la  moyenne  générale  n'est  que  de  46.  L'institution  n'existe  que  dans  qua- 
rante-sept départements,  et  le  Nord  seul  a  dix  Conseils.  On  voit  combien 
ces  utiles  justices  industrielles  et  conunerciales  pourraient  être  augmen- 
tées en  nombre.  Cet  accroissement  est  surtout  le  but  de  la  publication  de 
MM.  Magué  el  Poly.  Mais  leur  travail,  qui  paraît  n'avoir  pas  été  exécuté 
sans  peines  et  sans  difficultés,  n'en  est  pas  moins  une  statistique  à  la  fois 
curieuse  et  digne  de  l'attention  des  législateurs  et  des  moralistes. 

La  seconde  mention  honorable  est  attribuée  à  un  travail  tout  différent  : 
Le  Guide  du  Perrier^  irailé  hisloricjue  el  pratique  de  lu  fabrication  des  verres, 

O.K.,  1870,  2»  Semeurs.  (  T.  LXXI,  N»  2.)  I  3 


(  98  ) 
cristaux,  vitraux,  par  M.  Bon  temps.  Sous  ce  titre  sont  réunis  une  foule  de 
renseignements  des  plus  solides  sur  l'histoire  et  les  procédés  de  cette  fabri- 
cation, dont  les  produits  ont  un  usage  journalier  si  important  au  bien-être 
de  la  population.  Mais  lorsqu'il  s'est  agi  de  données  numériques,  l'auteur 
n'a  pu  inscrire  dans  son  livre  que  des  évaluations.  Et  on  le  conçoit  sans 
peine  :  il  est  presque  impossible  de  savoir  avec  précision  les  opérations  de 
chaque  fabrique  ou  maison  de  commerce.  Néanmoins  la  grande  expé- 
rience de  M.  Bontemps  rend  ses  évaluations  beaucoup  plus  dignes  d'atten- 
tion que  ne  le  sont  d'ordinaire  les  indications  de  cette  espèce.  Voici  un 
résumé  très-curieux  qu'il  a  formé  en  réunissant  tous  les  faits  épars  dans  les 
différents  cluipifres  de  son  Guide  : 

Evaluation  de  la  fabrication. 


Verre  à  viti'c 

Glaces 

Bouteilles  (i  lo  ooo  ooo) 

Cristaux 

Gobeleterie 


fr 

12  5oo  000 

i3  000  000 

l4  000  000 
l/|  000  000 
10  000  000 


63  5oo  000 


POIDS 

du 
produit. 


3i  000  000 
i3  8oo  000 

100  000  000 

1 1  5oo  000 

21  000  000 


177  3oo  000 


POIDS 

des  matières 
premières. 


kg 

44  000  000 
i5  260  000 
118  000  000 
i5  000  000 
28  000  000 


220  260  000 


POIDS 

NOMBRE 

du 
combustible. 

d'ouTfiers 
emploies. 

kg 
lOD  000  000 

2  700 

99  5oo  000 

4  000 

240  000  000 

3Soo 

38  000  000 

5  000 

75  000  000 

4  200 

557  Sooooo 

19700 

3  200  000 

3  5ao  000 

4  000  000 
4  000  000 
3  3  00  000 


18  000  000 


Assurément,  une  valeur  de  63  millions  de  francs,  dont  18  en  salaires 
pour  près  de  20000  ouvriers,  mérite  bien  les  recherches  des  statisticiens. 
Elles  seront  grandement  facilitées  par  l'Ouvrage  de  M.  Bontemps,  dont  la 
lecture  est  indispensable  comme  préparation  à  une  statistique  delà  verre- 
rie. Quant  à  l'auteur,  comme  il  le  dit  lui-même,  c'est  de  la  technologie 
qu'il  a  voulu  faire.  Aussi  ce  n'est  que  pour  la  moindre  partie  que  son 
œuvre  a  paru  mériter  une  place  dans  ce  Concours. 

En  résumé,  la  Commission  a  décerné  : 

i"  Le  prix  du  Concours  de  1869  à  M.  Ciie.\u  pour  l'excellente  collection 
de  faits  renfermés  dans  les  deux  volumes  in-folio  portant  le  titre  de  Statis- 
tique médico- chirurgicale  de  la  campagne  d'Italie  en  i85g  et  1860;  Paris, 
1869; 

2°   Une  mention  honorable  à  MM.  31agué  et  Poly  pour  le  volume  iu-8" 


(99) 
intitulé  :  Données  générales  d'une  Statistique  des  Conseils  de  prud'hommes; 
Lyon,  1869; 

3"  Une  mention  honorable  à  M.  Bontemps  pour  les  renseignements 
statistiques  de  son  Ouvrage  in-8°  intitulé  :  le  Guide  du  Verrier,  etc.;  Paris, 
1868. 

PRIX  FONDÉ  PAR  M""  la  Marquise  DE  LAPLACE. 

UneOrdonnance  royale  ayant  autorisé  l'Académie  des  Sciences  à  accepter 
la  donation,  qui  lui  a  été  faite  par  Madame  la  Marquise  de  Laplace,  d'une 
rente  poin-  la  fondation  à  perpétuité  d'un  prix  consistant  dans  la  collection 
complète  des  Ouvrages  de  Laplace,  prix  qui  devra  être  décerné  chaque 
année  au  premier  élève  sortant  de  l'École  Polytechnique, 

Le  Président  remet  les  cinq  volumes  de  la  Mécanique  céleste,  V Exposition 
duS/slème  du  Monde  et  le  Traité  des  Probabilités  à  M.  François-Henri  Voisin, 
né  le  3  décembre  1848,  à  Pagny-la-Blanche-Côte  (Meuse),  sorti  le  premier 
en  1869  d^  l'École  Polytechnique  et  entré  à  l'École  impériale  des  Mines. 

PRIX  DAMOISEAU. 

(Commissaires  :  MM.  Laugier,  Mathieu,  Delaunay,  Le  Verrier, 

Faye  rapporteur.) 

L'Académie  avait  proposé,  pour  le  prix  Damoiseau,  la  question  sui- 
vante : 

«  Revoir  la  théorie  des  satellites  de  Jupiter;  discuter  les  observations  et  en 
»  déduire  les  constantes  quelle  renferme,  et  particulièrement  celle  qui  fournil 
»  la  détermination  directe  de  la  vitesse  de  la  lumière;  enfin  construire  des  Tables 
»  particulières  pour  chaque  satellite.  » 

L'Académie  n'ayant  reçu  jusqu'à  présent  aucune  pièce  sur  cette  ques- 
tion, votre  Comuiission  a  l'honneur  de  vous  proposer  de  la  remettre  au 
Concours  et  d'étendre  jusqu'en  1872  la  limite  de  rigueur.  Voici  les  motifs 
de  cette  proposition.  La  question  de  1869  rentre  complètement  dans  l'es- 
prit de  la  fondation  Damoiseau;  elle  est  toute  d'actualité,  car  les  Tables  de 
Delambre,  continuées  par  Damoiseau,  dont  se  servent  tous  les  calculateurs 
d'éphémérides,  ne  s'étendent  que  jusqu'à  1880;  enfin  le  grand  problème 
de  la  vitesse  de  la  lumière  a  pris  dans  ces  derniers  temps  ime  importance 
nouvelle,  grâce  à  de  récents  travaux  théoriques  et  pratiques  du  plus  haut 
intérêt.   Il  est  donc  à  désirer  que  la  solution  qu'en  fournit  l'observatioji 

i3.. 


(   loo  ) 
des  éclipses  des  satellites  de  Jupiter  soit  soumise  à  une  révision  attentive 
sur  l'ensemble  des  documents  qui  se  sont  accumulés  depuis  les  traviiux  de 
Delamhre,  et  dont  on  n'a  encore  tiré  aucun  parti. 

Nous  prions  l'Académie,  vu  l'importance  de  la  question,  d'élever  à  cinq 
mille  francs  la  valeur  du  prix  à  décerner  en  1872  au  nom  de  notre  savant 
et  regretté  confrère.  La  somme  de  cinq  mille  francs  sera  constituée  au 
moyen  des  arrérages  disponibles  de  la  fondation  Damoiseau.  Dans  le  cas 
où  ces  arrérages  ne  suffiraient  pas  pom-  former  la  totalité  des  cinq  mille 
francs,  l'Académie  la  compléterait  en  prenant  sur  d'autres  fonds  dispo- 
nibles. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

[Foir  aux  Prix  proposés.) 

PRIX   TRÉMONT. 

(Commissaires  :  MM.  Morin,  Phillips,  Chevreul,  Delaunay, 
Combes  rapporteur.) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année  1869. 

M.  le  baron  de  Trémont  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  somme 
annuelle  de  i  100  francs  pour  aider  dans  ses  travaux  tout  savant,  ingénieur, 
artiste  ou  mécanicien  auquel  une  assistance  sera  nécessaire  «  pour  atteindre 
»   un  but  utile  et  glorieux  pour  la  France.  » 

La  Commission  chargée  de  décerner  le  prix  fondé  par  M.  le  baron  de 
Trémont  l'accorde  à  M.  Le  Roux,  poiu-  aider  et  encourager  ce  savant  à 
poursuivre  les  recherches  qu'il  a  commencées  depuis  longtemps  et  dont  les 
premiers  résultats  ont  reçu  l'approbation  de  l'Académie,  qui  en  a  ordonné 
l'insertion  dans  le  Recueil  des  Savants  étrangers,  recherches  qui  ont  pour 
objet  : 

i"  La  détermination  des  indices  de  réfraction  des  vapeurs  de  mercure, 
de  soufre,  d'arsenic,  de  sodium  et  autres  corps  qui  ne  prennent  l'état  ga- 
zeux qu'à  des  températures  élevées  ; 

2°  L'étude  des  courants  thermo-électriques,  dans  laquelle  l'auteur  ne 
s'est  pas  borné  à  observer,  comme  on  l'avait  fait  jusqu'ici,  les  températures 
qui  se  manifestent  aux  points  de  jonction  de  (\eux  conducteurs  hétéro- 
gènes, mais  s'est  proposé  de  déterminer  exactement  en  calories  les  quan- 
tités de  chaleiu"  développées  soit  aux  points  de  jonction  des  conducteurs, 
soit  dans  la  masse  des  conducteius  homogènes. 


(  loi  ) 
Pour  ces  recherches  délicntes,  M.  Le  Roux  a  dû  et  devra  encore  recourir 
à  des  dispositions  expérimentales  et  à  des  appareils  nouveaux,  d'une  con- 
struction difficile  et  coûteuse.  Votre  Commission  a  l'honneur  de  vous  [)ro- 
poser  de  fixer  à  trois  ans  la  durée  de  la  jouissance,  par  M.  Le  Roux,  du  legs 
de  M.  le  baron  de  Trémont. 

PRIX  PONCELET, 
FONDÉ  PAR  M"=  V  PONCELET. 

(Commissaires  :  MM.  Liouville,  Morin,  Bertrand,  Serret, 
Combes  rap|)orteur.) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année  1869. 

Aux  termes  de  l'acte  de  donation,  le  prix  Poncelet  est  destiné  à  l'auteur 
de  l'Ouvrage  qui  aura  le  plus  contribué  aux  progrès  des  Sciences  mathéma- 
tiques pures  ou  appliquées,  publié  dans  les  dix  années  qui  auront  précédé 
le  jugement  de  l'Académie. 

La  Commission  propose  à  l'Académie  de  décerner  ce  prix,  pour  l'année 
1869,  au  D'  J.  Robert  Mayer,  Correspondant  de  l'Académie  à  Heilbronn, 
pour  l'ensemble  de  ses  Mémoires  sur  la  Théorie  mécanique  de  la  chaleur, 
dont  le  premier  remonte  à  l'année  1842  et  que  l'auteur  a  réunis,  en  1867, 
en  un  volume  imprimé  à  Stuttgart  sons  le  titre  :  Die  Mechanik  der  TFiirme. 

L'Académie  adopte  la  proposition  de  la  Commission. 


(     I02    ) 

SCIENCES  PHYSIQUES. 


PRIX  DE  HIEDECEVE    ET   DE  CHIRURGIE. 

APPLICATIONS  DE  1,'ÉLECTFICITÉ   A   I.A  THERAPEUTIQUE. 

(Commissaires  :   MM.  Becquerel,   Bernard,   Longet,   Bouillaud,  Cloquef, 
Nélaton,  Jainin,  Coste,  Ed.  Becquerel  rapporteur.) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année  18G9. 

L'Académie  avait  mis  au  Concours,  pour  1866,  la  question  des  applica- 
tions de  l'électricité  à  la  thérapeutique;  mais,  à  la  suite  d'un  Rapport  au 
nom  d'une  Commission  composée  de  MM.  Serres,  Velpeau,  Rayer,  Clo- 
quet,  Longet,  Robin  et  Becqtierel  rapporteur  (i),  elle  décida  qu'il  n'y  avait 
pas  lieu  à  décerner  le  prix  dont  la  valeur  est  de  cinq  mille  francs,  et  que 
la  question  serait  remise  au  Concours  pour  l'année  1869.  Néanmoins,  elle 
accorda  une  médaille  de  la  valeur  de  quinze  cents  francs  à  M.  Namias,  de 
Venise,  pour  les  efforts  incessants  qu'il  avait  faits  dans  le  but  de  répondre 
scientifiquement  à  la  question  proposée  par  l'Académie,  et  pour  les  obser- 
vations iniéressantes  qu'il  avait  déjà  recueillies. 

Cette  année,  onze  concurrents  se  sont  présentés  et  ont  adressé  des  Ou- 
vrages dont  la  plupart  sont  manuscrits  et  conliernient  de  nombreuses 
observations  sur  l'influence  que  peut  exercer  l'électricité  dans  différents 
cas  pathologiques. 

La  Commission  ne  s'est  pas  arrêtée  d'une  manière  spéciale  à  l'exposé 
historique  des  faits  déjà  publiés,  ni  à  la  description  des  appareils  électriques 
employés,  et  qui  sont  généralement  connus,  sujets  traités  plus  ou  moins 
complètement,  comme  la  Commission  le  reconnaît,  dans  la  plupart  des 
Mémoires  présentés,  et  cela  conformément  au  programme;  mais  elle  a  dis- 
tingué particidièrement  les  recherches  de  deux  des  concunents,  qui  se  sont 
proposés  d'établir  les  bases  de  l'électro-thérapie  sur  les  phénomènes  phy- 

(i)  Comptes  rendus,  t.  LXIV,  p.  483  et  538. 


(   'o3  ) 
siologiques  produits  par  l'influence  de  l'électricité  sur  l'organisme  à  l'état 
sain  et  à  l'état  pathologique. 

MM.  Legros  et  Onimus  (n"  9  du  Concours)  ont  adressé  plusieurs  séries 
de  recherches  d'électro-physiologie  comprenant  lesrésidtals  de  nombreuses 
observations  parfaitement  coordonnées,  qu'ils  ont  cherché  à  appliquer  à  des 
cas  pathologiques  déterminés. 

Matteucci  avait  observé  que  dans  les  nerfs  qui  sont  parcourus  par  un 
courant  électrique,  il  se  forme,  au  moment  de  l'ouverture  du  circuit,  un 
courant  en  sens  contraire  du  premier,  attribué  à  des  effets  de  polarisation 
et  qui  produit  fréquemment  des  contractions.  MM.  Legros  et  Onimus  ont 
constaté  ces  effets  chez  l'homme  à  l'état  de  santé  et  à  l'état  pathologique. 
Ils  ont  rapporté  également  les  observations  qu'ils  ont  faites  sur  l'homme 
et  d'après  lesquelles  le  courant  descendant  ou  direct  (i)  empêche  les  ac- 
tions réflexes  et  dimiinie  l'excitabilité  de  la  moelle,  tandis  que  le  courant 
ascendant  ou  inverse  les  excite.  Les  recherches  qu'ils  ont  faites  sur  les 
effets  du  courant  inverse  sur  les  nerfs  moteurs,  leur  ont  montré  que  ces 
effets  paraissaient  dus  à  une  action  réflexe  et  étaient  d'autant  plus  éner- 
giques que  l'excitabilité  des  nerfs  sensitifs  et  de  la  moelle  était  plus  grande; 
les  effets  produits  devenaient  presque  nuls  lorsque  les  nerfs  sensitifs  ou  la 
moelle  avaient  perdu  leur  excitabilité  :  les  courants  directs  agissent  alors 
sur  les  nerfs  moteurs. 

Plusieurs  observateurs  ont  vu  que  dans  certaines  paralysies  périphé- 
riques, les  muscles  perdent  de  leur  excitabilité  pour  les  courants  induiîs, 
tandis  que  celle-ci  est,  au  contraire,  conservée  et  même  augmentée  pour 
les  courants  de  la  pile;  effets  dus  aux  différences  (te  direction,  de  durée  et 
d'intensité  du  courant  électrique.  Ce  phénomène,  d'après  MM.  Legros  et 
Onimus,  est  constant  chaque  fois  que  la  fibre  musculaire  striée  est  mo- 
difiée dans  les  conditions  normales;  il  en  est  de  même  pour  les  fibres  mus- 
culaires lisses  et  pour  celles  des  embryons. 

Ils  ont  fait  à  ce  sujet  une  longue  étude  de  l'influence  des  courants  pro- 
venant des  appareils  d'induction  et  des  piles  sur  les  fibres  lisses  (intestins, 
vessie,  matrice,  etc.),  et  ils  ont  constaté  des  différences  d'action  entre  les 


(i)  On  admet,  comme  on  le  sait,  que  le  courant  électrique  dans  le  ciicuiî  extérieur  d'une 
pile  et  dirigé  du  pôle  +  nu  pôle  — ,  se  propage  dans  le  corps  du  centre  à  la  périphérie; 
le  courant  direct  est  donc  centrifuge,  et,  partant  du  la  moelle  épinièrej  se  dirige  dans  le 
sens  «les  ramifications  nerveuses. 


(  '"4  ) 

courants  induits  et  les  courants  continus,  et,  pour  ces  derniers,  suivant  leur 
direction. 

En  examinant  l'influence  variable  exercée  par  les  courants  continus  sur 
les  vaisseaux  capillaires,  ils  ont  observé  que,  si  le  courant  direct  dilate  les 
vaisseaux,  le  courant  inverse  les  resserre,  surtout  dans  les  preiuiers  instants 
du  passage  de  l'électricité,  mais  sans  déterminer  une  oblitération  com- 
plète. Cette  influence  s'exerce  également  sur  le  cœur  et  sur  le  système  res- 
piratoire. 

Nous  ajouterons  que  MM.  Legros  et  Onimus,  pour  comparer  entre  eux 
les  résultats  qu'ils  ont  obtenus,  ont  fait  usage  de  la  méthode  graphique 
qui  est  généralement  employée  aujourd'hui  dans  les  recherches  physio- 
logiques. 

En  résumé,  ces  expérimentateurs  habiles,  sans  adopter  particulièrement 
aucune  théorie,  conduits  uniquement  par  l'expérience,  ont  réuni  aux  faits 
déjà  connus  ceux  qu'ils  ont  observés,  et  ont  cherché  à  les  appliquer  à  la 
thérapeutique  dans  des  cas  nombreux.  La  Commission  pense  que,  s'ils  se 
bornent  aux  circonstances  qui  sont  bien  définies  et  s'ils  prennent  pour 
guides  les  phénomènes  électro-physiologiques, ils  ne  peuvent  manquer,  dans 
la  voie  où  ils  sont  engagés,  d'arriver  à  des  résultats  importants  pour  la  pra- 
tique médicale. 

M.  Cyon,  déjà  connu  par  des  recherches  physiologiques  justement  appré- 
ciées, dans  un  Ouvrage  manuscrit  ayant  pour  titre  :  applications  de  l'électri- 
cilé  à  la  (hérapeutiqiie  (n"  6  du  Concours),  a  fait  un  exposé  très-dévelo|)pé 
des  connaissances  électro-physiologiques  en  adoptant  exclusivement  les 
vues  théoriques  de  M.  du  Bois-Reymond,  c'est-à-dire  en  considérant  comme 
base  des  fonctions  musculaires  et  nerveuses  une  force  électromotrice  des 
éléments  des  muscles  et  des  nerfs,  à  laquelle  il  suppose  une  origine  orga- 
nique. Les  savants  sont  aujourd'hui  divisés  au  sujet  de  cette  hypothèse,  et 
un  certain  nombre  d'entre  eux,  comme  Matteucci,  M.  Liebig,  Ilcrmann,  etc., 
se  basent  avec  juste  raison  sur  des  faits  nombreux  pour  adopter  l'origine 
chimique  du  dégagement  de  l'électricité  dans  les  tissus  musculaires  et  ner- 
veux, mais  sans  la  préciser:  les  deruiers  travaux  d'un  des  Membres  de  la 
Commission  (i)  viennent  à  l'appui  de  celte  opinion,  en  établissant  les  cir- 
constances dans  lesquelles  les  actions  chimiques  peuvent  se  manifester. 

M.  du  Bois-Reyiiiond  avait  observé  qu'un  nerf  qui  est  traversé  dans  sa 

(i)  M.  Becqufiel. 


(  io5  ) 
longueur  par  un  courant  électrique  acquiert  des  facultés  nouvelles;  il  a 
appelé  ce  nouvel  état  du  nerf  dans  lequel  se  trouvent  modifiées  les  forces 
électromofrices,  étal  électrotoniqiie  (i).  De  nombreuses  objections  lurent 
faites  à  cette  hypothèse  :  M.  Pfluger  crut  les  lever  en  précisant  les  circon- 
stances dans  lesquelles  l'irritabilité  nerveuse  était  produite  par  le  passage 
d'un  courant  constant  dans  une  portion  d'un  nerf.  Il  appela  zone  ancteclro- 
tonique  et  zone  calhéleclroloniqiie  les  zones  qui  se  trouvent  dans  le  voisinage 
de  l'électrode  positive  et  de  l'électrode  négative  :  dans  la  première,  l'irrita- 
bilité du  nerf  est  diminuée;  dans  la  seconde,  elle  est  augmentée. 

M.  Cyori  partage  ces  vues  hypothétiques,  puis  expose,  avec  de  grands  dé- 
veloppements, les  travaux  exécutés  poiu-  attaquer  ou  défendre  l'électro- 
tonisme.  Il  traite  du  rapport  entre  l'irritation  du  nerf  et  l'excitation  muscu- 
laire dont  s'est  occupé  M.  Fick  au  moyen  du  miographe.  Il  a  déterminé 
lui-même  ce  rapport  sur  l'homme  en  faisant  usage  du  muscle  adducteur 
du  pouce,  et  a  pensé  démontrer  l'identité  des  forces  électromofrices  et 
vitales.  En  faisant  contracter  ce  muscle,  il  a  déterminé  le  lapport  entre 
l'irritabilité  du  nerf  et  la  coniractilité  du  muscle,  d'où  il  a  conclu  que  les 
effets  observés 'par  Pfluger  se  vérifient  sur  le  vivant,  ce  qui  ouvrirait,  selon 
lui,  un  nouveau  champ  d'investigation  aux  savants  qui  se  livrent  à  l'étude 
des  maladies  nerveuses. 

Il  expose  ensuite  les  expériences  faites  par  M.  Fick  et  d'autres  physiolo- 
gistes allemands  sur  la  subordination  da  l'irritation  à  la  force  excitante,  dont 
il  pense  que  les  résultats  pourraient  être  utilement  appliqués  à  la  thérapeu- 
tique. C'est  ainsi  qu'il  traite  des  effets  des  courants  constants  et  d'induc- 
tion sur  l'excitabilité  des  nerfs  et  des  muscles;  des  effets  obtenus  par  M.  Hei- 
denhain  sur  les  nerfs  fatigués;  de  l'électrisation  localisée;  des  effets  pro- 
duits sur  les  nerfs  sensitifs;  enfin  de  l'examen  des  cas  pathologiques  dans 
lesquels  les  muscles  et  les  nerfs  donnent  lieu  à  des  effets  différents,  sui- 
vant qu'on  emploie  des  courants  continus  ou  des  courants  d'induction 
alternatifs. 

M.  Cyon  a  fait  preuve  d'érudition  en  ce  qui  concerne  particulièrement  la 


(i)  Cette  expression  est  semblable  à  celle  qiie  Faraday  a  employée  pour  désigner  l'état 
particulier  de  tension  que  possèdent  les  molécules  d'un  corps  parcouru  par  un  courant 
électrique,  pendant  le  passage  même  de  ce  courant,  ou  bien  soumis  à  rinfluenie  de  l'in- 
duction. Cet  état,  pour  s'établir  ou  se  détruire,  donnerait  lieu,  dans  les  corps,  aux  phéno- 
mènes d'induction.  Cette  dénomination,  en  physiologie,  n'est  donc  pas  appliquée  au  même 
ordre  de  phénomènes. 

C.  R.,  1870,  1'  Semestre.  (T.  LXXI,  N»  2.)  '  4 


(  io6  ) 
physiologie  allemande,  dont  il  est  un  des  partisans.  Il  indique  les  cas  pa- 
thologiques où  l'électricilé  pourrait  ètie  enij^loyée,  mais  il  parie  peu  des 
applications  qu'il  a  faites  et  des  l'ésultats  qu'il  a  obtenus. 

Cet  expérimentateur  cherche,  comme  ou  le  voit,  à  fonder  l'électro- 
pathologie  et  l'électro-thérapiesur  l'électro-physiologie,  méthode  qui  nous 
paraît  très-rationnelle  à  suivre.  L'exposé  de  sou  Ouvrage,  en  dehors  des 
idées  théoriques  sur  lesquelles  la  Commission  n'a  pas  à  se  prononcer,  est 
fait  avec  méthode;  mais  ce  travail  est  une  sorte  de  programme  qui  demande 
à  être  développé  et  appuyé  par  des  faits  bien  constatés. 

Plusieurs  des  Ouvrages  et  des  Mémoires  présentés  par  les  autres  concur- 
rents renfern)ent  de  nombreuses  observations  bien  coordonnées,  mais  ils 
n'ont  pas  paru  à  la  Commission  avoir  une  direction  aussi  scientifique  que 
les  précédents  et  basés  sur  l'application  de  faits  physiologiques  bien  définis 
en  vue  d'éclairer  la  médecine. 

La  Commission  s'abstient  de  revenir  sur  les  .développements  donnés 
dans  le  Rapport  de  1866  sur  la  marche  à  suivre  dans  les  applications  (i)  ; 
elle  se  borne  à  citer  les  indications  mentionnées  lors  de  la  publication  du 
Programme  des  prix,  et  d'après  lesquelles  les  concurrents  devaient  : 

«  1°  Indiquer  les  appareils  électriques  employés,  décrire  leur  mode 
»   d'application  et  leurs  effets  physiologiques; 

»  2°  Rassembler  et  discuter  les  faits  publiés  sur  l'application  de  l'élec- 
»  Iricité  au  traitement  des  maladies,  et  en  particulier  au  traitement  des 
»  affections  des  systèmes  nerveux,  musculaire,  vasculaire  et  lymphatique; 
»  vérifier  et  com|jléter  par  de  nouvelles  études  les  résultats  de  ces  obser- 
)'  vations,  et  déterminer  les  cas  dans  lesquels  il  convient  de  recourir,  soit 
»  à  l'action  des  courants  intermittents,  soit  à  l'action  des  courants  con- 
»    linus.    » 

La  Commission  rappelle  encore  que  l'Académie  ne  demandait  pas  seu- 
lement aux  concurrents  tme  réiuiion  de  faits  obtenus  par  ch^s  méthodes 
empiriques,  mais  des  règles  certaines  pour  servir  de  gnides  dans  la  voie  si 
délicale  des  applications  de  l'électricité  à  la  thérapoulique.  Elle  fait  remar- 
quer également  que,  bien  que  les  expérimentateurs  aient  distingué  les  effets 
produits  suivant  le  sens  de  la  propagation  de  l'électricité  et  selon  qjie  les 
courants  électriques  sont  continus  ou  alternatifs,  ou  bien  fournis  par  des 
appareils  d'induction,  elle  aurait  désiré  que  l'influence  de  l'intensité  et  de 
la  durée  du  passage  de  ces  courants  contiiuis  ou  alternatifs,  ainsi  que  les 

(l)   Comptes  rendus,  t.  LXIV,  p.  483  et  538. 


(   I07  ) 
effets  d'induction  qui  pourraient  se  produire  dans  l'organisme  à  la  ferme- 
ture et  à  l'ouverture  du  circuit  eussent  été  l'objet  d'un  examen  plus  ap- 
profondi. 

Néanmoins  la  Commission  a  vu  avec  beaucoup  d'intérêt  les  travaux  des 
divers  concurrents,  notamment  ceux  de  MM.  Legros  et  Onimus  et  de 
M.  C}on,  et  elle  a  constaté  les  progrès  réels  qu'a  faits  depuis  le  dernier 
Concours  la  question  des  applications  de  l'électricité  à  la  médecine,  et  qui 
sont  dus  sans  aucun  doute  aux  recherches  entreprises  en  vue  de  répondre 
au  Concours  ouvert  par  l'Académie;  mais  cette  question  ne  lui  semble  pas 
complètement  résolue.  Elle  a  donc  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  les 
propositions  suivantes  : 

i"  Il  n'y  a  pas  lieu  de  donner  le  prix  cette  année; 

1°  La  question  proposée,  en  raison  de  son  importance,  est  maintenue  au 
Concours,  et  le  prix,  dont  la  valeur  est  de  cinq  mille  francs,  pourra  èlre 
décerné  après  une  nouvelle  période  de  trois  années  {voir  aux  Prix  proposés 
pour  1872); 

3°  Il  est  accordé  à  MM.  Legros  et  Onimus  une  médaille  de  la  valeur  de 
trois  mille  francs  pour  l'ensemble  de  leurs  travaux  et  les  résultats  impor- 
tants qu'ils  ont  déjà  obtenus  eu  vue  des  applications  de  l'électricité  à  la 
physiologie  et  à  la  thérapeutique; 

4°  Il  est  accordé  à  M.  Cyon  une  médaille  de  la  valeur  de  deux  mille  francs 
pour  les  mêmes  motifs. 

Ces  conclusions  sont  adoptées  par  l'Académie. 

PRIX  DE  PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

(Commissaires  :  MM.  Cl.  Bernard,  Milne  Edw^ards,  Coste,  Longet, 
Brongniart  rapporteur.) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année  1869. 

Parmi  les  travaux  publiés  récemment  sur  la  Physiologie  végétale,  il  en 
est  qui  touchent  aux  phénomènes  les  plus  intéressants  de  la  nutrition  des 
plantes. 

On  sait  que  les  fonctions  de  ces  êtres  sont  soumises,  d'une  manière  directe, 
à  l'action  de  la  lumière,  et  que  leurs  parties  vertes,  en  particulier,  sont  le 
siège  de  phénomènes  inverses  dans  l'obscurité  et   sous  l'influence  de  la 

14.. 


(   io8  ) 
lumière.  Mais  ces  résultats,  obtenus  par  l'étude  d'organes  très-complexes, 
tels  que  les  feuilles  de  la  plupart  des  végétaux,  n'avaient  pas  pu  être  suivis 
dans  la  profondeiu'  de  leurs  tissus  et  dans  les  éléments  organiques  qui  les 
constituent. 

Il  existe  cependant  des  végétaux  très-simples  dans  lesquels  les  cellules, 
qui  forment  par  leur  agrégation  les  tissus  des  organes  composés  des  végé- 
taux d'un  ordre  plus  élevé,  sont,  pour  ainsi  dire,  isolées,  mises  à  découvert  et 
dans  lesquels  on  pouvait  espérer  voir  directement  ce  qui  doit  se  passer 
dans  les  organes  plus  compliqués  des  autres  végétaux  ;  les  Conferves,  dont 
les  filaments  déliés  sont  formés  d'une  série  de  cellules  renfermant  de  la 
matière  verte  et  les  autres  parties  constituantes  des  cellules  des  feuilles  ; 
les  Mousses,  dont  les  feuilles  ne  sont  souvent  formées  que  par  une  seule 
couche  de  cellules  sans  épidémie,  devaient  se  prêter  à  cette  étude. 

C'est  le  but  que  s'est  proposé  31.  Fa.mitzin  en  prenant  pour  sujet  de  ses 
recherches  une  espèce  de  Spirogyra^  Conferve  dans  laquelle  chaque  cellule 
des  filaments  contient  plusieurs  bandes  de  matière  verte  ;  il  a  constaté  que 
ces  bandes  de  matière  verte  ne  contenaient  que  de  la  chlorophylle  plus  ou 
moins  colorée,  lorsque  ces  filaments  avaient  été  maintenus  pendant  un 
certain  temps  dans  l'obscurité;  qu'exposées,  au  contraire,  à  l'action  de  la 
lumière  d'une  manière  continue,  au  moyen  du  vif  éclairage  d'une  lampe 
au  pétrole,  elles  se  remplissaient  de  grains  de  fécule  qui  disparaissaient 
de  nouveau  sous  l'influence  de  l'obscurité. 

Il  a  également  déterminé,  par  des  expériences  comparatives,  l'influence 
de  la  lumière  et  de  l'obscurité  sur  l'allongement  de  ces  filaments  et  sur  la 
multiplication  des  cellules  qui  les  constituaient. 

Enfin,  voulant  se  rendre  compte  de  l'action  des  divers  éléments  de  la 
lumière,  il  a  soumis  des  portions  de  ces  filaments  de Spifocjyra  à  l'influence 
de  la  lumière  colorée  en  jaune  par  luie  dissolution  de  chromate  de  |)olasse 
et  en  bleu  par  une  dissolution  ammoniacale  d'oxyde  de  cuivre.  Il  vit 
alors  que  la  multiplication  des  cellules  s'opérait  aussi  rapidement,  et  même 
plus  rapidement,  sous  l'influence  de  la  lumière  jaune  que  sous  l'action  de 
la  lumière  blanche,  tandis  que  l'accroissement  était  nul,  en  éclairant  par  la 
lumière  bleue,  comme  dans  l'obscurité  :  la  même  chose  eut  lieu  pour  la 
production  de  l'amidon. 

Ces  dernières  observations  faites,  au  moyen  de  la  lumière  colorée  par  sa 
transmission  à  travers  des  liqueurs  colorées,  pourraient  ne  pas  paraître 
parfaitement  concluantes*,  cependant  les  résultats  inverses  que  nous  aurons 
tout  à  l'heure  à  signaler  dans  d  autres  phénomènes  leur  donnent  une 
grande  valeur. 


(  I09  ) 

Il  serait  trop  long  de  suivre  M.  Famitzin  dans  les  recherches  analogues 
qu'il  a  faites  sur  l'influence  de  la  lumière,  sur  les  Oscillatoires  et  sur  divers 
Infusoires  colorés  en  vert,  les  Euglena  et  les  Chlamydomonas,  que  beaucoup 
de  phénomènes  de  leur  vie  rapprochent  des  végétaux. 

Nous  ne  dirons  rien  non  plus  de  ses  observations  sur  l'influence  de 
l'intensité  de  la  lumière  sur  la  coloraiion  verte,  plus  ou  moins  rapide, 
des  végétaux  étiolés,  dans  lesquels  il  a  constaté,  ainsi  que  M.  Prillieux 
l'a  vérifié  par  d'autres  procédés,  qu'une  lumière  directe  trop  intense  est 
moins  favorable  à  ce  phénomène  qu'une  lumière  affaiblie  par  un  léger 
écran. 

Mais  le  fait  sur  lequel  nous  voulons  insister,  parce  qu'il  démontre  mieux 
que  tout  autre  l'influence  de  la  lumière  sur  la  vitalité  de  la  cellule,  c'est 
l'observation  des  changements  de  position  des  grains  de  chloro|)hylle  dans 
les  cellules  de  certaines  feuilles,  suivant  qu'elles  sont  exposées  à  la  lumière 
ou  placées  dans  l'obscurité;  ces  observations,  faites  sur  les  feuilles  d'une 
espèce  de  Mousse,  avaient  été  révoquées  en  doute  par  quelques  observa- 
teurs habiles  et  n'avaient  pas,  par  cette  raison,  fixé  l'attention  autant 
qu'elles  le  méritaient;  leur  exactitude  vient  d'être  constatée  sur  une  autre 
Mousse,  Funaria  h/grometrica,  par  M.  Prillieux,  puis  par  M.  Koze,  qui  nous 
en  a  rendu  témoin.  Le  fait  est  donc  hors  de  doute,  et  les  études  faites  par 
M.  Borodine  et  publiées  récemment  semblent  le  généraliser  et  lui  donner 
plus  d'importance  en  l'étendant  à  beaucoup  d'autres  végétaux. 

On  sait  que  la  coloration  verte  des  cellules  des  feuUles  et  d'autres  organes 
des  végétaux  est  due  à  une  matière  spéciale,  la  chlorophylle,  qui  colore 
soit  le  protoplasma  contenu  dans  la  cellule,  soit,  le  plus  ordinairement, 
dans  les  cellules  adultes,  des  grains  arrondis  ou  ellipsoïdes,  d'une  forme 
et  d'une  grosseur  très-uniforme  dans  un  même  tissu,  qui  sont  appliqués  à  la 
face  interne  de  la  paroi  de  la  cellule. 

Ces  grains,  qui  sont  généralement  aplatis  et  plutôt  lenticulaires  que  sphé- 
riques,  sont  plus  ou  moins  nombreux  dans  chaque  cellule,  et  c'est  à  leur 
nombre,  autant  qu'à  l'intensité  de  leur  coloration,  qu'est  due  la  couleur 
verte  plus  ou  moins  foncée  de  chaque  cellule,  et,  par  suite,  du  tissu  qu'elles 
constituent. 

Tantôt  ces  grains  de  chlorophylle,  ou  plutôt  de  matière  albuminoide 
colorée  par  la  chlorophylle  proprement  dite,  couvrent  toute  la  surface  in- 
térieure de  la  cellule;  ils  se  touchent  et  ont  quelquefois  l'apparence  hexa- 
gonale; tantôt,  au  contraire,  ils  sont  peu  nombreux  et  placés  à  distance  sur 
la  paroi  interne  des  cellules.  C'est  cette  dernière  disposition  qu'on  observe 


(   iio) 
sur  lf;s  organes  d'un  vert  pâle  de  beaucoup  de  plantes  aquatiques,  de  di- 
verses plantes  gr.isses,  de  plusieurs  Mousses  et  Hépatiques. 

Dans  le  premier  cas,  il  paraît  difficile  que  les  grains  de  clilorophylle 
changent  de  jilace,  à  moins  de  ne  plus  rester  appliqués  contre  la  surface 
interne  des  parois  des  cellules.  Dans  le  second  on  conçoit,  au  contraire, 
qu'ils  peuvent  occuper  des  positions  diverses. 

C'est  ce  qui  a  lieu,  en  effet,  sous  l'influence  de  la  lumière  ou  de  l'obscu- 
rité. 

Déjà,  en  1857  et  en  1859,  M.  Boehm,  dans  un  travail  important  sur  la 
chlorophylle,  avait  signalé,  à  l'Académie  des  Sciences  de  Vienne,  les  chan- 
gements de  position  que  présentaient  les  grains  de  chlorophylle  dans  les 
cellules  de  certaines  plantes  grasses,  selon  qu'elles  étaient  exposées  à  luie 
vive  lumière  devant  la  fenêtre  d'une  serre  ou  placées  en  ]ilein  air.  Dans  le 
premier  cas,  les  grains  de  chlorophylle  s'aggloméraient  sur  un  point  de  la 
paroi  des  cellules.  Ce  changement  de  position  s'opérait  assez  rapidement; 
il  avait  lieu  soit  sous  l'action  de  la  lumière  blanche,  soit  sous  celle  trans- 
mise à  travers  un  verre  bleu;  il  n'avait  pas  lieu  dans  l'obscurité  ni  sous 
l'influence  de  la  lumière  rouge. 

Ces  intéressantes  observations  n'attirèrent  peut-être  pas  assez  l'atlention 
à  cette  époque;  en  outre,  les  plantes  grasses,  5e(/Hm  et  autres,  sur  lesquelles 
elles  furent  faites  n'étaient  pas  les  plus  favorables  à  l'observation  microsco- 
pique des  phénomènes  alternatifs  qui  se  passaient  dans  l'intérieur  des 
cellules. 

La  lame  plane,  formée  d'iuie  seule  couche  de  cellules,  dépourvue  d'épi- 
derme,  qui  constitue  les  feuilles  des  Mousses  observées  d'abord  par  M.  Fa- 
milzin,  permettait  mieux  de  suivre,  sur  les  mêmes  cellules,  les  cliangeincnts 
qui  s'opéraient  dans  leur  sein.  M.  Faniitzin  reconnut  que,  pendant  le  jour, 
les  grains  de  chlorophylle  étaient  disséminés  sur  les  faces  correspondant  à 
la  surface  de  la  feuille  qu'on  peut  a|>peler  les  /(/tts  superficielles;  qui',  la 
nuit,  au  contraire,  ces  grains  étaient  réunis  sur  les  parois  latérales,  les 
faces  snperficielles  en  étant  dépourvues.  Il  s'assura  que  ce  changement  de 
position  s'opérait  assez  rapidement  soit  à  la  lumière  solaire,  soit  à  la 
lumière  d'une  lampe.  Enfin,  en  étudiant  l'action  des  rayons  colorés,  il  vit, 
comme  M.  Boehm,  que  les  rayons  bleus  avaient  la  même  action  que  la 
lumière  blanche  et,  qu'au  conlrairt-,  sous  l'influence  des  rayons  jaunes, 
ainsi  qne  M.  Boehm  l'avait  observé  pour  les  rayons  rouges,  les  grains  de 
chlorophylle  occu|)aient  leiu-  position  nocturne. 

Les  observations  publiées  en   1869  par  M.  Borodine  étendraient  l'exis- 


(    ,ri    ) 

tence  de  ces  phénomènes  à  diverses  plantes  phanérogames  sur  lesquelles  les 
ohservations  ont  pu  être  faites  avec  la  même  précision  que  sur  la  Mousse 
étudiée  par  M.  Fariiitzin.  Les  résultats  sont  les  mêmes  quant  à  l'influence 
de  l'obscurité  ou  de  la  lumière  sur  la  position  des  grains  dv  chlorophylle. 

Enfin,  les  observations  que  j'ai  déjà  citées  de  MM.  Prillieux  et  Roze  ont 
montré  dans  une  autre  Mousse  des  phénomènes  semblables,  qui  se  géné- 
raliseront sans  doute.  Remarquons  toutefois  que  ce  n'est  que  dans  les 
cellules  où  les  grains  de  chlorophylle  sont  écartés  les  uns  des  autres  qu'on 
peut  espérer  observer  ces  phénomènes,  toutes  les  plantes  à  coloration  verte 
intense  et  à  grains  de  chlorophylle  contigus  ne  paraissant  pas  pouvoir  y 
donner  lieu.  L'action  de  la  lumière  y  détermine-t-elle  quelque  autre  chan- 
gement? c'est  ce  que  nous  ignorons. 

Rien  n'établit  encore  bien  positivement  la  nature  de  ces  mouvements. 

Les  grains  de  chlorophylle  sont-ils  actifs  ou  passifs  dans  ces  change- 
gements  de  position? 

M.  Famitzin,  comme  M.  Boehm,  semble  penser,  sans  l'établir  d'une 
manière  positive,  que  les  grains  de  chlorophylle  se  meuvent  par  eux-mêmes, 
rampent  sur  la  paroi  de  la  cellule  et  se  répandent  sur  la  partie  la  plus 
éclairée,  comme  certains  animaux  infusoires  et  les  Zoospores  se  dirigent 
vers  la  lumière. 

Les  observations  que  M.  Roze  a  communiquées  à  l'Académie  dans  une 
de  ses  dernières  séances,  en  montrant  que,  dans  ces  Mousses,  les  grains  de 
chlorophylle  sont  unis  entre  eux  par  des  filets  très-ténus  de  plasma,  peuvent 
faire  penser  que  ces  filets  plasmatiques,  qui  représentent  la  partie  essen- 
tiellement vivante  de  la  cellule,  sont  la  cause  des  changements  de  position 
des  grains  de  chlorophylle;  mais  il  ne  faudrait  pas  confondre  ces  change- 
ments de  position  de  certains  éléments  constitutifs  de  la  cellule,  sous  l'in- 
fluence du  passage  de  l'obscurité  à  la  lumière  ou  de  la  lumière  à  l'obscu- 
rité, suivis  de  l'immobilité  de  ces  parties,  tant  que  les  conditions  physiques 
extérieures  ne  changent  pas,  avec  les  nu^nvements  de  circulation  intracel- 
lulaires continus,  ayant  lion  la  nuit  et  le  jour,  sans  que  la  lumière  paraisse 
avoir  d'influence  marquée  sur  eux. 

Dans  ces  mouvements  comme  ceux  qui  se  présentent  dans  les  tubes  des 
Chara,  dans  les  cellules  du  Vallisneria  et  du  Nayas,  dans  les  cellules  dos 
poils  corollins,  etc.,  des  grains  de  chlorophylle  peuvent  être  entraînés  par 
le  courant  général  du  suc  cellulaire,  ou  dans  les  canaux  particuliers  du  pro- 
toplasma, mais  ils  n'occupent  pas  de  position  fixe  diurne  et  nocturne.  Ce 
sont  des  mouvements  de  ce  genre  que  M.  Gris,  dans  son  Mémoire  sur  la 


(     '12    ) 

chlorophylle,  a  signalés  dans  les  jeunes  cellules  du  Sempervivum,  mouve- 
ments qui  entraînaient  de  petits  granules  de  chlorophylle  du  nucleiis  vers 
la  paroi  de  la  cellule,  ou,  réciproquement,  en  suivant  les  petits  filets  de  pro- 
toplasma qui  irradiaient  de  ce  nucleus. 

On  voit  quelle  différence  il  y  a  entre  les  observations  de  M.  Famitzin 
sur  ce  sujet  et  celles  qui  les  avaient  précédées;  jointes  à  celles  du  même 
savant  siu-  l'action  de  la  lumière  siu-  l'accroissement  des  cellules  du  Spiro- 
gyra  et  sur  le  développement  de  la  matière  verte,  elles  ont  paru  à  la  Com- 
mission très-dignes  du  prix  de  Physiologie  expérimentale,  qu'elle  décerne 
à  31.  Famitzix. 

En  outre,  une  mention  honorable  est  accordée  par  elle  à  3IM.  Léon 
Tripier  et  Arloing  :  i°  poiu- avoir  démontré  les  premiers,  dans  les  nerfs 
sensitifs  cutanés,  l'existence  d'une  sensibilité  récurrente  jusqu'ici  reconnue 
seulement  dans  les  nerfs  moteurs;  2°  pour  avoir  établi  expérimentalement 
que  l'influence  des  nerfs  sensitifs  de  la  peau  s'étend  en  dehors  de  leur  zone 
de  distribution  anatomiqtie;  3°  que  la  persistance  de  la  sensibilité  dans  le 
bout  périphérique  des  nerfs  sectionnés,  et  la  persistance  de  la  sensibilité 
dans  la  peau  corrcspondanic  sont  deux  phénomènes  connexes,  qui  ne  se 
présentent  jamais  l'un  sans  l'autre. 

Ayant  coupé  successivement  les  nerfs  collatéraux  d'un  doigt  sur  des 
chiens,  ces  expérimentateurs  ont  recoiuiu  qu'une  pareille  section  n'a  pas 
pour  conséquence,  comme  on  l'auniit  cru,  l'anesthésie  du  quart,  de  la 
moitié,  puis  des  trois  quarts  des  téguments  de  ce  doigt,  mais  que  la  pré- 
sence d'un  seul  nerf  collatéral  dans  v\u  doigt  suffit  pour  y  conserver 
partout  de  la  sensibilité. 

Dans  l'expérience  précédente,  MM.  Tripier  et  Arloing  (en  prenant  cer- 
taines précautions  indiquées  dans  leur  Mémoire)  ont  constaté  la  sensibilité 
dans  le  bout  périphérique  des  nerfs  collatéraux  d'un  doigt,  tant  qu'un  de 
ces  quatre  nerfs  était  intact.  Cette  sensibilité  récurrente  disparaissait  avec 
la  section  du  quatrième  nerf  collatéral. 

Dans  une  autie  expérience,  ayant  découvert  le  bout  périphérique  d'une 
branche  métacarpienne  du  radial,  chez  le  chien,  vingt-quatre  jours  après 
sa  résection,  ils  l'ont  trouvé  sensible,  et,  de  plus,  l'examen  microscopique 
qui  en  a  été  fait,  après  durciss(;ment  convenable,  a  montré  des  tubes  ner- 
veux sains  au  milieu  de  faisceaux  de  tubes  dégénérés.  Dans  ce  cas,  con- 
cluent les  auteins,  la  sensibilité  du  bout  périphérique,  après  un  temps  jilus 
que  suffisant  pour  amener  sa  dégénération,  tenait  donc  à  la  présence  de 
fibres  nerveuses  sensibles  dont  les  propriétés  physiologiques  étaient  con- 
servées. 


(   n3  ) 

Enfin,  pour  démontrer  la  relation  constante,  signalée  par  eux,  entre  la 
sensibilité  de  la  pean,  après  la  section  des  nerfs  cutanés  et  l'existence  de 
la  sensibilité  récurrente  dans  ces  nerfs  (relation  indiquant  la  présence  de 
communications  anastomotiques  entre  leurs  filets  terminaux),  MM.  Tripier 
et  Arloing  ont  institué  l'expérience  qui  suit. 

Sur  un  chien,  ils  ont  sectionné  un  des  nerfs  collatéraux  externes  de  l'in- 
dex; puis,  à  l'aide  de  trois  incisions,  deux  longitudinales  et  une  transver- 
sale, ils  ont  isolé  (les  incisions  s'étendaient  jusqu'aux  os)  la  peau  recou- 
vrant le  bout  périphérique  de  ce  nerf  des  trois  auti-es  nerfs  collatéraux;  le 
lambeau  ne  comnuiniquait  plus  avec  les  neris  que  par  la  peau  du  bourielet 
du  doigt.  Trois  quarts  d'iieure  après  l'opération,  le  lambeau  et  le  bout 
nerveux  périphérique  qu'il  recouvrait  étaient  sensibles.  D'après  cette  expé- 
rience, MM.  Arloing  et  Tripier  ont  été  amenés  à  admettre  un  réseau  ner- 
veux cutané,  accepté  jusqu'ici  seulement  par  quelques  histologistes,  et  ilont 
l'existence  se  trouverait  pour  la  prenuère  fois  démontrée  physiologiqucment. 

La  Commission,  en  accordant  à  MM.  Léon  Tripier  et  Arloing  une  men- 
tion très-honorable  pour  ce  travail,  propose  à  lAcadémie,  outre  la  somme 
attribuée  au  prix  de  Physiologie  expérimentale  décerné  à  M.  Famitzin, 
d'accorder  une  somme  de  six  cents  francs  à  AIM.  LÉo.\  Tripier  et  Arloing. 

L'Académie  adopte  cette  proposition. 

PRIX  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE, 

FONDÉS   PAR   M.  DE   MONTYON. 

(Commissaires  :  MM.  Andral,  J.  Cloquet,  Cl.  Bernard,   Nélaton,  Laugier, 
Longet,  Coste,  Bobin,  Bouillaud  rapporteiu*.  ) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année   10G9. 

Parmi  les  nombreux  Ouvrages  soumis  à  la  Commission,  il  en  est  trois 
auxquels  elle  propose  de  décerner  des  prix  (lui  de  deux  mille  cinq  cents 
francs  et  les  deux  autres  de  deux  mille  francs  chacun);  trois  auxcjuels  elle 
propose  d'accorder  des  mentions  honorables  de  mille  cinq  cents  francs 
chacune:  et  elle  en  cite  trois  autres,  à  l'iui  desquels  elle  [)ropose  un  en- 
couragement de  mille  francs  pour  continuation  de  travaux,  et  une  citation 
sans  argent  aux  deux  autres. 

§  L  —   Prix. 

L  M.  i.E  D'  JuxoD,  inventeur  de  ces  grandes  ventouses  désignées  souvent 
sous  son  nom,  adresse  à  l'Académie  un  travail  manuscrit  ayant  pour  titre  : 

C.  R.,  1870,  2'  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  2.)  l5 


(  "4  ) 

Des  médications  hémospasique  et  aérothéra pique ^  on  De  la  compression  et  de 
la  raréfaction  de  l'air  tant  sur  le  corps  que  sur  les  membres  isolés. 

Dans  l'introduction  de  son  manuscrit,  M.  le  D"^  Junod  a  eu  soin  de  pré- 
ciser l'expression  de  médication  aérothérnpique  ou  d'aréotliérapie,  déclarant 
qu'il  ne  s'en  sert  que  pour  indiquer  l'emploi  des  bains  d'air  comprimé.  Il 
revendique,  comme  lai  appartenant,  \a.  première  idée  ou  l'initiative  de  cette 
méthode,  dont  la  première  application  formelle  à  la  thérapeutique  appar- 
tient à  M.  Tabarié,  et  qui,  depuis  une  vingtaine  d'années,  a  été  le  sujet 
de  plusieurs  Ouvrages.  Les  plus  importants  de  ces  Ouvrasses  sont  ceux,  sans 
contredit,  de  M.  le  D"^  Pravaz,  ancien  élève  de  notre  glorieuse  École  Poly- 
technique (i),  et  de  M.  Berlin,  de  Montpellier. 

En  1 835,- dans  un  Rapport  de  M.  Serres  à  l'Académie  sur  les  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie,  le  savant  rapporteur  indique  d'abord  les  effets 
puissants  qu'on  obtient  des  grandes  ventouses  du  D'  Junod,  et  dont  la 
cause  immédiate  est  la  diminution  de  pression  atmosphérique  dans  les  ré- 
gions où  ces  ventouses  sont  placées,  effets  que  l'art  peut  utiliser  dans  cer- 
taines maladies.  Puis  il  ajoute  :  «  M.  Junod  fait  servir  aussi  ses  grandes  ven- 
touses à  comprimer  l'air  autoin-  d'un  membre,  et  alors,  par  un  effet  inverse 
du  précédent,  le  sang  est  refoulé  vers  les  parties  soustraites  à  la  compression. 
On  peut  ainsi  déterminer  une  action  et  ime  réaction  dont  il  est  permis 
d'espérer  des  résultats  utiles  dans  le  traitement  de  certaines  maladies.  » 

La  Corimiission  dont  M.  Serres  était  le  rapporteur,  considérant  que  les 
cylindres  de  M.  Junod  et  la  pompe  qu'il  y  adapte  constituaient  une  acquisi- 
tion importante  pour  la  thérapeutique,  proposait  d'accorder  à  ce  médecin 
un  encouragement  de  deux  mille  francs,  et  la  proposition  fut  adoptée  par 
l'Académie. 

Il  ne  s'agissait  pas  alors  des  effets  de  l'augmentation  et  de  la  diminution 
de  la  pression  atmosphérique  sur  le  corps  humain  tout  entier.  Mais  M.  le 
D'  Junod  ne  tarda  pas  à  s'occuper  de  cette  nouvelle  question.  Le  Mémoire 
qu'il  lui  consacra  fut  adressé  par  lui  à  l'Académie,  et  confié  à  une  Com- 
mission dont  M.  Magendie  fut  le  rapporteur.  Nous  reviendrons  un  peu  plus 
loin  sur  ce  Rapport.  Qu'il  nous  suffise  poiu"  le  moment  de  rappeler  à  l'Aca- 
démie que  ce  travail  n'a  jusqu'ici  reçu  d'elle  aucune  récompense,  et  c'est 
pour  cela  que  M.  Junod  le  présente  au  Concours  de  cette  année. 

Il  y  a  déjà  trois  quarts  de  siècle  passés,  en  1783,  la  Société  des  Sciences 
de  Harlem  proposait  un  sujet  de  prix  dans  lequel  il  était  question  de  l'in- 

(i)  Cet  Ouvrage  a  pour  titre  :  Essai  sur  Temploi  médical  de  l'air  comprimé;  Lyon,  i85o. 


(  ii5  ) 
fluence  de  l'air  condensé  sur  l'économie  vivante.  Voici,  d'ailleurs,  dans 
quels  termes  elle  avait  formulé  cette  proposition  de  prix  :  «  i°  Décrire  l'ap- 
pareil le  plus  propre  à  faire  des  expériences  sur  I'aiR  condensé,  de  la  façon 
la  plus  commode,  la  plus  assurée;  i°  rechercher  avec  cet  appareil  l'action 
de  l'air  condensé  dans  des  cas  différents,  s'occuper,  entre  aiilres,  de  la  vie 
animale,  de  l'accroissement  des  plantes  et  de  l'inflammabilité  des  différentes 
espèces  d'air.    » 

Un  tel  sujet  de  prix  annonce  bien  l'époque  à  laquelle  il  fut  proposé.  Il 
était,  en  effet,  pour  ainsi  dire,  à  l'ordre  du  joiu-,  en  1783-,  dans  ces  temps 
mémorables  où  la  chimie  pneumatique  marchait  de  conquête  en  conquête; 
dans  ces  temps  où  Lavoisier,  bien  jeune  encore,  mais  en  quelque  sorte 
pressé  d'arriver  à  l'immortalité,  venait,  par  un  trait  de  son  beau  génie,  de 
dérober  à  la  nature  ce  secret,  si  longtemps  caché,  de  la  combustion  respira- 
toire, et,  comme  un  autre  Prométhée,  de  découvrir  ainsi  un  véritable /eu 
sacré  de  la  vie,  puisqu'il  ne  saurait  s'éteindre  sans  que  la  vie  ne  s'éteignît 
elle-même. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  Société  des  Sciencos  de  Harlem  fnt  assez  mal  récom- 
pensée d'avoir  si  heureusement  choisi  le  sujet  de  son  prix,  car  il  ne  lui  fut 
adressé  aucun  Ouvrage  contenant  la  solution  des  problèmes  proposés. 

De  l'aveu  de  Pravaz  lui-même,  dont  l'Académie  a  récompensé  les  tra- 
vaux sur  Vemploi  médical  de  T air  comprimé^  c'est  à  M.  le  D'  Junod  que  l'on 
doit  Vinitialive  autlienticjue  des  recherches  concernant  Vaction  de  l'air  com- 
primé sur  le  corps  humain. 

Celte  initiative  date  de  i834,  époque  à  laquelle  M.  le  D'  Junod,  dans  un 
Mémoire  présenté  à  l'Académie,  fit  connaître  les  effets  de  la  condensation 
de  l'air  sur  l'homme  en  état  de  santé. 

«  Lorsque,  dit-il,  on  augmente  de  moitié  la  pression  naturelle  de  l'at- 
mosphère, on  remarque  ces  phénomènes  :  La  membrane  du  tympan,  refou- 
lée vers  l'oreille  interne,  devient  le  siège  d'une  pression  incommode  qui, 
toutefois,  se  dissipe  peu  à  peu  à  mesure  que  l'équilibre  se  rétablit,  proba- 
blement par  l'introduction  de  l'air  condensé  dans  la  caisse  du  tympan,  à 
travers  la  trompe  gutturale;  le  jeu  de  la  respiration  se  fait  avec  une  facilité 
nouvelle,  la  capacité  du  poumon  pour  l'air  semble  augmenter,  les  inspi- 
rations sont  grandes  et  moins  fréquentes  que  dans  l'état  ordinaire,  et, 
au  bont  de  quinze  minutes,  une  chaleur  agréable  se  fait  sentir  dans  la 
poitrine. 

»  La  circulation  du  sang  paraît  modifiée;  le  pouls  est  plein,  et  se  dé- 
prime difficilement  ;  le  calibre  des  vaisseaux  superficiels   diminue  et  peut 

i5.. 


(   ii6  ) 
même  s'effacer  coinplôtcmcnt,  de  sorte  que  le  sang,  dans  son   retonr  vers 
le  cœur,  suit  la  direction  des  veines  profondes. 

»  Les  fonctions  inlelleclnelies  sont  excitées,  l'iaiagiiuiiion  est  vive,  les 
pensées  s'accompagnent  d'un  charme  parlicnlier,  et,  chez  quelques  per- 
sonnes, il  se  manifeste  une  sorte  de  délire,  d'ivresse;  le  système  musculaire 
partage  cet  accroissement  d'activité,  les  mouvements  sont  faciles,  éner- 
giques, et  semblent  plus  assurés. 

»  Les  actes  digestifs  et  toutes  les  sécrétions,  particidièremenl  celles  de  la 
salive  et  de  l'urine,  s'exercent  avec  facilité. 

»  Ou  dirait  que  le  poids  du  corps  est  diminué  d'une  manière  sensible  : 
du  moins  telle  est  la  sensation  qu'éprouve  la  personne  renfermée  dans  l'ap- 
pareil à  condensation.    » 

Dans  le  Mémoire  où  M.  Jiuiod  faisait  ainsi  ooniirtître  l'influence  de  l'air 
condensé  sur  l'homme  vivant,  il  s'occupait  également  de  celle  ([u'exerce 
sur  celui-ci  la  diiuinulion  de  la  pression  de  ce  même  gaz.  Aussi  portait-il 
ce  titre  :  Des  effets  de  raiiginentalian  et  de  la  diminution  de  la  jjrcssion  alnto- 
sphérique  sur  le  corps  huinfiin. 

Le  Ra|jport  fait  à  l'Institut,  en  i835,  par  Magendie,  siu'  le  Mémoire  de 
M.  Junod,  se  terminait  ainsi  :  «  Vos  Commissaires,  qui  ont  été  témoins  îles 
expériences  de  cet  auteur,  ont  en  outre  remarqué  avec  intérêt  les  modifica- 
tions que  la  voix  subit  sous  l'influence  de  la  |)lus  ou  moins  grande  densité 
de  l'air  :  à  mesure  que  la  pompe  joue  pour  raréfier  l'air,  la  voix  perd  de 
son  intensité;  dans  le  cas  de  compi'ession,  elle  piend,  au  contraire,  lui  éclat, 
nn  timbre  très-prononcé  et  non  moins  extraordinaire. 

»  Ainsi,  à  l'aide  de  l'appareil  de  M.  Junod,  où  l'air  comprimé  ou  raréfié 
se  renouvelle  sans  cesse  par  lui  mécanisme  très-simple,  on  peut  avoir  la 
plupart  des  sensations  qu'éprouvent  les  aéronautes  lorsqu'ils  s'élèvent  à 
une  grande  hauteur,  ou  celles  qui  naissent  sous  la  cloclie  à  plongeur.  » 

En  résumé,  à  M.  le  D""  Junod,  qui,  par  sou  invention  des  grandes  ven- 
touses, avait  déjà  bien  mérité  de  la  thérapeutique,  et  obtenu  de  l'Académie, 
comme  nous  l'avons  rappelé  plus  haut,  un  |)nx  de  deux  mille  francs; 
à  M.  le  D''  Jiuind  appartient  l'Iicureuse  et  féconde  initiative  des  travaux  siu' 
les  effets  de  l'air  couijirimé,  soit  siu-  l'homme  sain,  soit  sui'  l'iiouime 
malade. 

Les  applications  importantes  dont  cet  inventeur  peut,  jusqu'à  un  certain 
|)oint,  être  considéré  comme  le  promoteur,  et  dcuit  queUjues-unes  ont  été 
récompensées  par  l'Académie  (celles  de  Trd^arié  et  Pravaz),  ajoutent  en 
quelque  sorte  à  la  valeur  intrinsèque  des  travaux  de  M.  Jiuiod.  Aussi  voire 


(  '17  ) 
Commission  vous  propose-t-elle  de  lui  accorfîer  le  plus  élevé  des  trois  prix 
qu'elle  a  décernés. 

II.  M.  LE  D'  Hubert  vo\  Lusciika,  professeur  d'anafomie  à  l'Univer- 
sité deTuhingen,  est  déjà  bien  connu  de  l'Académie  par  de  nombreux  Ira- 
vaux  d'analomie  qu'il  s'est  empressé  de  lui  d'adresser,  à  compter  de  l'an- 
née 1 856  (i). 

Ces  travaux,  soit  sous  forme  de  simples  Mémoires,  soit  sous  celle  de  véri- 
tables Ouvrages,  roulent  particulièrement  sur  \'aualomie  dite  des  régions, 
l'une  des  plus  importantes  divisions  de  l'analoinie.  Cette  anatomie  des  ré- 
gions ou  topographique  porte  aussi  le  nom  de  chirurgicale,  en  raison  des 
données  si  précieuses  et  si  nndiipliées  qu'elle  fournit  à  la  chirurgie,  sous  le 
double  rapport  du  iliagnostic  et  du  traitetiient  des  maladies,  qui  sont  du 
ressort  particulier  de  cette  branche  de  la  science  de  l'homme  malade.  Le 
nom  de  méclico-cliinirgicnle  lui  convient  mieux  encore,  puisque,  sous  le 
double  rapport  indiqué  tout  à  l'heure,  elle  n'éclaire  et  ne  sert  pas  moins  la 
médecine  que  la  chirurgie  elle-même,  lesquelles  ne  diffèrent  po'wl  au  fond 
l'une  de  l'autre,  et  constituent,  par  leur  alliance  fraternelle,  une  seule  et 
même  science. 

Quoi  qu'il  en  soit,  M.  le  D*'  von  Luschka  a  choisi  pour  objet  de  ses 
recherches  les  questions  encoie  peu  étudiées  et  les  plus  difficiles  de  l'ana- 
tomie  des  régions.  Il  a  mis  à  contribution,  pour  l'élucidatiou  de  ces  ques- 
tions, les  divers  moyens  d'analyse  anafomique  par  l'intermédiaire  des- 
quels la  connaissance  de  la  structure  interne  des  tissus  s'est  ein-ichie,  depuis 
une  trentaine  d'années,  de  tant  d'heureuses  découvertes. 

Mettons  sous  les  yeux  de  l'Académie  la  liste  des  principaux  tra\aux  dont 
il  s'agit  : 

1°  llechcrches  sur  In  stniclitre  des  corps  dits  glandes  de  Paccliioni; 

2°  Reclien  lies  sur  les  nerfs  du  canal  vertébral  et  de  In  dure-mère  céréhro- 
raclndienne,sur  le  nerf  jliréni(jue; 

3°  Sur  une  nouvelle  espèce  de  glande  sans  conduit  excréteur  que  M.  Lusciika 
a  découverte,  et  désignée  ious  le  nom  de  glande  coxigienne  ; 

4°  Traité  sur  In  constitution  et  le  développenjenl  des  articulations  sympln- 
saires  et  liémidinrtliroïdnles  (l'Académie,  en  iSSg,  a  décerné  une  menlion 
honorable  à  ce  Traité); 

(  I  )   Comptes  rcnrius  des  séances  île  l 'Acailéinie,  t.  XLII,  etc. 


(   ii8  ) 

5°  et  6°  Monographie  des  membranes  séreuses  de  l'homme  et  des  plexus  vas- 
culaires  sniitjuins  de  l'encéphale; 

n°  et  8"  Analonne  médico-chinin/icale  du  thorax  el  des  organes  inlrn-thora- 
ciques;  Etude  anatomique  du  pharynx  de  l'homme  [i). 

C'est  ce  dernier  Ouvrage  que  M.  le  D''  Luschka  a  plus  particulièrement 
soumis  à  l'examen  de  la  Commission,  et  c'est  aussi  celui  que  vos  Commis- 
saires ont  l'honneur  de  vous  proposer  comme  digne  de  l'une  des  hautes 
récompenses  dont  l'Académie  peut  disposer  en  faveur  des  travaux  de  cet 
ordre. 

Voici  quels  sont  les  points  les  plus  saillants  et  les  données  les  plus  neuves 
de  cet  important  Ouvrage.  On  y  trouve  d'abord  d'intéressantes  particula- 
rités sur  les  dispositions  des  muscles  et  des  nerfs  du  pharynx,  ainsi  que  sur 
leurs  rapports  avec  les  vaisseaux  du  cou.  Nous  ne  saurions  trop  signaler 
les  recherches  de  l'auteur  sur  la  structure  de  la  trame,  des  papilles  et  des 
glandes  de  la  membrane  muqueuse  du  pharynx,  jusqu'ici  entrevues  plutôt 
que  décrites  avec  une  clarté  vraiment  anaiomique.  Ces  parties,  que 
M.  Luschka,  armé  des  instruments  et  procédés  de  précision  employés  de- 
puis déjà  plusieurs  années,  a  si  bien  décrites,  figureront  désormais  parmi 
les  objets  les  mieux  connus.  Ou  peut  considérer  comme  de  véritables  dé- 
couvertes, en  matière  de  science  anatomique,  plusieurs  des  détails  relatifs  à 
la  structure  inliuie  et  de  la  membrane  muqueuse  pharyngienne  elle-même, 
et  de  ses  glandes,  de  ses  follicules  clos,  ainsi  que  les  dispositions,  aux  divers 
âges,  de  cette  portion  qui  fevèt  la  voùle  du  pharynx,  laquelle  est  le  plus 
souvent  le  siège  de  prédilection  des  tumeurs  diies  pol/pes  naso-pharjngiens. 
On  aime  à  voir  avec  quelle  sagacité  l'auteur  insiste  sur  les  rapports  qui  exis- 
tent entre  ces  dispositions  aiiatomiques  et  le  développement  des  affections 
aiguës  ou  chroniques  de  la  partie  qui  les  présente.  En  cela,  comme  en  tant 
d'autres  choses,  on  aime  à  reconnaître  res|)rit  de  celte  Ecole  française  qui, 
depuis  Bichat,  l'un  de  ses  plus  grands  maîtres,  n'a  jamais  cessé  le  cours  de  ses 
conquêtes. 

Eu  somme,  l'Ouvrage  de  M.  Luschka,  dont  un  atlas  de  douze  planches 
représente,  avec  une  fidélité  remarquable,  les  particularités  du  texte, 
jusque-là  peu  ou  point  connues,  comble  une  des  lacunes  de  l'anatomie.  Il 
mérite  donc,  à  plusieurs  titres,  l'approbation  de  l'Académie. 

Aussi   la  Commission  vous  propose-t-elle  d'honorer  d'iui  de  vos  prix  le 


i)   Sur  le  Hxxu  aiiénoiite  de  la  partie  niisale  du  pharynx  de  l' homme,   i   vol.  in-4°. 


(   119  ) 
savant  professeur  de  Tiibingen,  prix  auquel   il  a  d'autant  plus  de  droits 
que,  dans  les  aulres  travaux  adressés  par   lui,  se  rencontrent  aussi  des  re- 
cherches dont  la  Médecine  et  la  Chirurgie  pourront,  sous  plus  d'un  rapport, 
faire  d'utiles  applications. 

III.  MM.  Paulet  et  Sarazin  ont  présenté,  pour  le  Concours  aux  prix 
de  Médecine  et  de  Chirurgie,  un  Ouvrage  intitulé:  Traité  d' Analomie  lopo- 
(jraplïiqiie  (grand  in-8°,  avec  Atlas),  comprenant  les  applications  de  cette 
branche  de  l'anatoinie  à  la  pathologie  et  à  la  médecine  opératoire.  Depuis 
une  cinquantaine  d'années  que  l'anatomie  descriptive  a  été  étudiée  sons  le 
nouveau  point  de  vue,  qui  lui  a  mérité  ce  nom  lV analomie  lopograpliique  ou 
A' analomie  des  régions,  elle  a  été  fléjà  le  sujet  de  plusieurs  publications  plus 
ou  moins  importantes,  au  premier  rang  desquelles  il  f;mt  placer  celles  de 
Velpeau  (1826),  de  Blandin  (1826),  de  Jarjavay,  de  M.  le  Professeur  Richet, 
de  M.  Béraud,  dont  l'Académie,  il  y  a  quelques  années,  a  récompensé  les 
efforts  (i). 

En  Allemagne  et  en  Angleterre,  comme  en  France,  divers  Ouvrages  ont 
été  publiés  sur  l'anaiomie  des  régions. 

Mais  une  telle  matière  est  si  vaste  à  la  fois  et  si  féconde,  qu'il  faudra  bien 
du  temps  à  ceux  qui  la  travaillent  pour  parvenir  à  l'épuiser. 

Les  livres  qui  lui  sont  consacrés  seraient  d'iuie  assez  médiocre  utilité,  s'ils 
n'étaient  accompagtiés  d'un  nondjre  suffisant  de  planches,  représentant 
exactement  les  objets  dont  ils  conliennent  la  description.  Sous  ce  dernier 
rapport,  en  particulier,  tous  laissaient  plus  ou  moins  à  désirer. 

L'Ouvrage  de  MM.  Paulet  et  Sarazin,  sous  cet  important  rapport,  non 
moins  que  sous  celui  de  la  description  elle-même,  est  destiné  à  combler  de 
nombreuses  lacunes. 

Ces  anatomistes  ont  disséqué  chaque  région,  en  respectant  leur  configu- 
ration, de  manière  à  ce  que  les  chirurgiens  et  les  médecins  qui  consulteront 
leurs  figures  puissent  en  quelque  sorte  se  reconnaître  immédiatement.  Ils 
ont  également  eu  soin  de  conserver  scrupuleusement  les  rapports  des  or- 
ganes situés  dans  chaque  région.  L'un  des  deux  (M.  le  ly  Sarazin)  a  lui- 
même  reproduit  ensuite,  par  le  dessin  et  la  chromo-lithographie,  tous  les 
détails  anatomiques,  et  il  a  fait  preuve,  dans  cette  opération,  d'une  exac- 


(i)  M.  Duval ,  chirurgien  de  la  Marine  française,  M.  Leyendre  ont  également  publié, 
l'un  un  Atlas  d' Anatoinie  chirurgicale,  l'autre  un  Allas  d' Anntomic  chirurgicale  homolo- 
graphique. 


(     I20    ) 

titiifle  à  laquelle  ne  sauraient  toujours  |)arvenir  les  plus  habiles  artistes, 
étrangers  aux  connaissances  anatomiques  (i). 

Le  partie  descriptive  achevée,  les  auteurs  font  ensuite  ressortir,  avec  une 
rare  clarté,  quelles  sont  les  applications  des  diverses  dispositions  anato- 
miques à  la  pathologie  et  à  la  médecine  opératoire,  en  se  montrant  toujours 
au  niveau  de  l'état  de  la  science  sur  laquelle  portent  leurs  études. 

Non  contents  d'exposer  les  choses  déjà  reçues  dans  le  domaine  de  nos 
connaissances,  MM.  Paulet  etSarazin  ont  enrichi  d'un  bon  nombre  de  nou- 
veaux détails  la  description,  quelquefois  obscure  en  certains  points,  de 
plusieurs  régions.  Ces  données  nouvelles  sont  plus  spécialement  relatives 
à  la  déteimination  rigoureuse  des  rappoits  des  organes  entre  eux,  délermi- 
nation  qui  peut  être  considérée  comme  le  principal  flambeau  du  chirurgien, 
dont  l'instrument  doit  être  porté  dans  les  lieux  où  ces  organes  ont  leur 
siège. 

D'après  tout  ce  qui  précède,  on  ne  saurait  refuser  à  MM.  Paulet  et  Sa- 
razin,  chirurgiens  d'armée,  l'honneur  d'avoir  bien  mérité  de  la  science  à 
laquelle  ils  ont  consacré  leurs  recherches.  Aussi  la  Commission  à  l'examen 
de  laquelle  ces  recherches  ont  été  renvoyées  a-t-elle  pensé  qu'il  était  juste 
de  vous  proposer  de  décerner  à  leurs  auteurs  im  des  prix  dont  elle  dispose. 

§  II.  —   Mentions  honorables   avec  encouragemi';nts  de  la  valeur 

DE    «    QUINZE   cents    FRANCS    ». 

I.  I/Ouvrage  de  M.  le  D'  H.  Rogeii,  médecin  de  l'Hôpital  des  En- 
fants, etc.,  a  pour  litre:  Recherches  cliniques  sur  la  cliorée,  te  rhumatisme  et 
les  maladies  du  cœur  chez  tes  enfants. 

Le  but  principal  auquel  tendent  ces  recherches,  c'est  de  démontrer  : 

1°  Que  la  chorée  constitue  une  affection  de  nature  rhumatismale,  idée 
pathogénique  à  peine  entrevue,  dit  M.  Roger,  par  les  auteurs,  et  n'ayant 
pas  encore  cours  dans  la  pratique,  «  malgré  les  travaux  remarquables  de 
quelques  observateurs  modernes,  IMM.  Sée  et  Bolrel  principalement  »  ; 

2°  Qu'il  existe  entre  cette  chorée  d'origine  rhumatismale  et  les  maladies 
du  cœur  les  mêmes  rapports  qu'entre  ces  maladies  el  d'autres  formes  rhu- 
matismales. 

M.  Roger  commence  par  une  étude  spéciale  du  rhumatisme  chez  les 
enfants.  Il  en  signale  la  fréquence,  à  partir  de  l'âge  de  cinq  ans  (il  est,  selon 


(i)  I.c  nombre  de  ces  belles  planciies,  pour  les  deux  volmiifs  ilc  texio,  ne  s'élève  pas  à 
moins  de  deux  cents. 


(     121     ) 

lui,  tout  à  fait  exceptionnel  avant  l'âge  de  trois  ans)  jusque  dans  la  seconde 
enfance,  époque  à  laquelle  il  devient  presque  aussi  fréquent  que  chez  les 
adultes.  Il  affirme  ensuite  que,  dans  l'enfance,  comme  à  tous  les  âges,  le 
froid  humide  est  la  cause  la  plus  active  du  rhumatisme,  sans  en  excepter 
celui  de  la  scarlatine.  Enfin,  il  a  constaté  que,  comme  aux  âges  plus  avancés, 
de  toutes  les  coïncidences  rhumalismales,  celles  du  côté  du  cœur  sont  les  plus 
fréquentes,  et  il  fait  remarquer  que,  dans  certains  cas  de  ces  coïncidences, 
c'est  par  une  phlegmasie  cardiaque  que  commence  la  série  des  manifesta- 
tions rhumastismales. 

M.  Roger  a  constaté  que  le  rhumatisme  cérébral  est  moins  fréquent  chez  les 
enfants  que  chez  les  adultes.  Il  ne  l'a  observé  que  dans  des  cas  où  le  rhu- 
matisme articulaire  coïncidait  avec  la  chorée,  et  il  se  demande  si  celle-ci  ne 
peut  pas  être  considérée  elle-même  comme  une  forme  de  rhumatisme  céré- 
bral ou  spinal. 

Mais  il  est  une  coïncidence,  une  complication  du  rhumatisme  que,  selon 
M.  Roger,  l'on  peut  dire  propre  à  l'enlânce;  et  c'est  de  la  chorée  qu'il 
s'agit.  Cette  autre  loi  de  coïncidence  repose  sur  des  faits  observés  par  l'au- 
teur, en  grand  nombre,  et  dans  des  circonstances  diverses. 

M.  Roger  termine  cette  première  partie  de  ses  recherches  par  la  proposi- 
tion suivante,  que  nous  rapportons  textuellement  :  «  La  description  du 
rhumatisme  chez  les  enfants  ne  peut  plus  ne  pas  comprendre  la  danse  de 
Saint-Guy  à  titre  d'élément  important,  de  même  que  les  descriptions  de  la 
chorée  ne  sauraient  omettre  la  chorée  rhumatismale.  Il  y  a  entre  ces  deux 
maladies  non-seulement  liaison,  parenté,  filiation  réciproque,  mais  presque 
identité  de  nature.  » 

Dans  la  seconde  partie,  le  médecin  de  l'Hôpital  des  Enfants  traite,  comme 
nous  l'avons  dit,  des  rapports  des  maladies  du  cœur  avec  la  chorée  chez  les 
enfants,  et  désigne  sous  le  nom  de  chorée  cardiaque  celle  qui  coïncide  avec 
ces  maladies  (i).  Il  rapporte  plus  de  soixante  observations  particulières 
pour  démontrer  que  cette  coïncidence  n'est  pas  fortuite,  mais  bien  l'ex- 
pression d'une  loi  entre  ces  dernières  maladies  et  la  chorée  elle-même. 
D'ailleurs,  étant  donnée  l'origine  ou  la  genèse  rhumatismale  de  la  chorée,  il 
ne  s'agit  plus  ici  que  d'un  cas  particulier  d'affection  rhumalismale,  confir- 
mant la  loi  de  coïncidence  entre  les  affections  rhumatismales  en  général  et 
les  affections  du  cœur,  telle  qu'elle  a  déjà  été  formulée  par  l'auteur  de  ce 

(i)  M.  Roger  a  soin  de  noter  qu'il  ne  donne  pas  ce  nom  aux  palpitations  choréiques 
purement  nerveuses. 

C.  R.,  1870,  3«  Semestre.  (T.  LXXI,  N»  U.)  16 


(     122    ) 

Rapport.  On  lit,  avec  un  vif  intérêt,  dans  le  travail  de  M.  Roger,  toutes  les 
particularités,  toutes  les  conditions  relatives  à  l'espèce  particulière  de  rhu- 
matisme que  représente  la  chorée,  espèce  dont  il  a  fait  une  étude  spéciale. 

Cet  habile  et  ingénieux  observateur  ne  croit  pas,  dit-il,  se  faire  illusion 
en  pensant  que  cette  étude  est  essentiellement  neuve.  I.a  Connnission,  en 
tenant  compte,  avec  M.  Roger  lui-même,  de  quelques  travaux  antérieurs, 
et  notamment  de  ceux  de  M.  Sée  sur  les  rapports  de  la  chorée  avec  les  ma- 
ladies du  cœur,  se  plaît  à  reconnaître  que  son  étude,  sous  certains  poinis 
de  vue,  est  en  effet  essentiellement  neuve. 

En  tout  cas,  c'est  bien  à  M.  Roger  qu'appartient  l'honneur  d'avoir  essayé 
de  prouver  que,  sous  des  noms  si  différents,  et  malgré  la  diversité  îles  appa- 
rences, rhumatisme,  chorée,  phlerjmasie  du  cœur,  ne  sont,  en  dernière  analyse, 
que  trois  formes  d'un  seul  et  même  processus  morbide.  Par  sa  monogr;ipliie 
de  l'entité  nosologique,  à  laquelle  il  a  donné  le  nom  de  chorée  rhumato- 
cardinque,  ayant  pour  fondement  ses  observations  sur  les  enfants,  il  s'est 
acquis  de  justes  droits  à  figurer  très-honorablement  parmi  les  observa- 
teurs qui,  (le  notre  temps,  ont  été  assez  heureux  pour  fournir  à  l'histoire 
des  altections  rhumatismales  des  matériaux  plus  ou  moins  nouveaux  et 
précieux. 

Nous  proposons  donc  à  l'Académie  de  décerner  une  mention  à  l'auteur 
de  cette  monographie,  auteur  qui  porte  dignement  un  nom  trop  cher  à 
l'Institut  pour  qu'il  en  ait  perdu  le  souvenir. 

II.  Un  auteur  anonyme  (i)  a  composé  une  longue  monographie  sons  ce 
titre  :  Typhus  des  Arabes  [Typhus  exnnlhémaùque  ou  pétéchinl)  :  épidémie 
de  18G8  (2).  Voici  la  substance  des  sept  Chapitres  en  lesquels  cette  mono- 
grapliie  est  divisée. 

1"  C luses.  —  !/é|)i(léinie  du  typhus  arabique  qui,  en  18G8,  a  éclaté  sur 
toute  la  c6\f  .septentrionale  de  l'Afrique,  est  une  des  suites  de  la  misère  et 
de  la  famine  d(nit  le  Maroc,  l'Algérie,  la  Tunisie,  la  régence  de  Tripoli  ont 
subi  les  atleuites.  Après  avoir  couvé  au  sein  des  populations  malheureuses, 

(i)  Le  cachet  de  son  Mémoire  ayant  été  rompu  par  M.  le  Président,  nous  avons  constaté 
cjue  l'auteur  était  M.  Amedée  Maurin,  l'un  des  médecins  de  notre  armée  d'AIViciue. 

(2)   Manuscrit  (petit  in-folio)  de  5o4  pages,  accompagné  de  deux  yrands  tableaux. 

L'auteur  appelle  l'attention  de  ses  juges  sur  le  second  de  ces  tableaux,  relatif  à  einquaule- 
qiuilre  cas  de  fièvres  intei  niitteutes,  c>  Ijrpe  spécial,  observés  en  un  seul  mois,  affection, 
selon  lui,  jus(]u'alors  inconnue,  et  (jui  serait  comme  le  mélange  des  deux  maladies  régnantes 
à  cette  époque. 


(  1^3) 
le  génie  épidémiqiie  a  sévi  non-seulement  sur  les  indigènes,  mais  aussi  sur 
les  Eiu'opéens  en  contact  avec  eux.  Les  agglomérations  formées  de  leur 
réunion  donnèrent  naissance  au  conlaghim,  cause  première  et  essentielle  de 
la  maladie.  Après  avoir  exposé  les  conditions  météorologiques  de  l'Algérie, 
de  i865  à  1868,  l'auteur  trace  la  description  des  lieux  dans  lesquels  ses 
observations  particulières,  au  nombre  de  cent  quarante-cinq,  ont  été  re- 
cueillies, et  indique  les  mesures  de  précaution  qui  furent  prises. 

2°  Pathogénie.  —  Le  typhus  des  Arabes,  dit  l'auteur,  provient  cVtin 
miasme  procluil  par  l'organisme  humain^  descendit  à  un  certain  état  de  clébilité 
qui  favorise  la  décomposition  des  tissus,  et  communicpie  une  virulence  spéciale 
aux  émanations  passant  du  corps  de  l'homme  dans  l' atmosphère  ambiante.  Divers 
agents  plongés  dans  le  foyer  ou  le  milieu  de  la  contamination  possèdent  la  pro- 
priété de  conserver  et  de  communiquer  la  contagion  typhigène. 

3°  Anatomie  pathologique.  —  Une  lésion  pour  ainsi  dire  palhognomonique 
du  typhus  arabique  est  celle  que  l'auleur  annonce  avoir  trouvée  dans  les 
intestins,  et  qu'il  décrit  sous  le  nom  de  plaques  rasées.  Cette  lésion,  selon 
lui,  serait  au  typhus  indiqué  ce  que  l'altération  des  plaques  de  Peyer  est 
à  la  fièvre  typhoïde,  c'est-à-dire  son  caractère  analomique.  L'auteur  ajoute 
qu'elle  n'avait  point  été  signalée  jusqu'à  ce  jour  (i). 

L'état  de  plusieurs  organes,  considérés  soit  dans  leur  élément  solide,  soit 
dans  leur  élément  flnide,  n'est  pas  décrit  d'une  manière  suffisamment  dé- 
taillée, lacune  d'autant  plus  regrettable  que  les  procédés  physiques  et  chi- 
miques d'exploration  ont  acquis,  dans  ces  derniers  temps,  les  plus  heureux 
perfectionnements.  En  ce  qui  concerne,  par  exemple,  les  altérations  du 
sang,  si  importantes  à  étudier  en  matière  de  maladies  de  l'ordre  typhique, 
l'auteur  s'exprime  ainsi  : 

«  L'action  du  miasme  dans  le  typhus  ne  peut  être  analysée  ni  décrite. 
Elle  doit  se  réjléchir  sur  les  éléments  constitutifs  les  plus  précieux  du  sang, 

la  fibrine  et  les  globules Elle  ôte  à  ces  éléments  la  propriété  de  servir  à 

la  réparation  organique.... 

»  Lorsqu'on  place  sur  le  champ  du  microscope  le  sang  d'un  typhique, 
on  observe  que  les  globules  sont  en  quantité  moindre  qu'à  l'état  normal, 
mais  que  les  globulins  y  sont  en  plus  grande  abondance;  d'où  l'on  peut 

(i)  IM.  Maurin  a  fait  parvenir  à  l'Académie  un  échantillon  de  la  lésion  intestinale  qu'il  a 
décrite  sons  le  nom  de  plaques  rast-t-s,  échantillon  conservé  dans  un  flacon  d'alcool.  Le 
rapporteur,  en  présence  de  M.  J.  Ciocjuci,  a  examiné  la  ])ièce,  U'ès-bien  conservée,  et  ils 
avouent  n'v  avoir  trouvé  aucune  lésion  considérable  et  carcictéristique  des  plaques  intesti- 
nales. 

16.. 


(  1^4  ) 

conclure,  on  bien  qu'il  y  a  eu  déperdition  rapide  des  globules,  ou  arrêt 
dans  la  nutrition.  » 

C'est  à  l'article  Analomie  pathologique  (p.  67),  que  l'auteur  a  cru  devoir 
discuter  la  question  très-grave  de  la  nature  spéciale,  pour  ne  pas  dire  5/je- 
cifique,  de  la  maladie  nommée  par  lui  typhus  des  Arabes.  Celte  maladie,  dans 
son  opinion,  constitue  une  variété  typhique  parfaitement  définie,  qu'il  ne 
faut  pas  confondre  avec  les  autres  variétés  du  même  nom.  Les  altérations 
anatomo-palhologiques  ne  peuvent,  à  son  avis,  être  confondues  avec  celles 
pro|)res  à  la  fièvre  typhoïde.  «  Le  typhus  des  Arabes,  ajoute  l'auteur,  a  son 
génie  propre,  ses  manifestations  propres,  qui  ne  permettent  pas  de  le  con- 
fondre avec  des  affections  typhiques  offrant  pourtant  une  symptomatologie 
à  peu  près  semblable.  » 

Les  confrères  de  l'auteur  qui  ont  partagé  avec  lui  la  tâche,  honorable  à 
la  fois  et  périlleuse,  de  soigner  les  personnes  frappées  par  l'épidémie,  ne 
paraissent  pas  avoir  tous  adopté  sa  théorie,  puisqu'il  déclare  hii-mème,  à 
l'article  Traitement,  que  la  divergence  dont  ce  point  capital  a  été  l'objet 
doit  être  attribuée  à  la  divergence  des  opinions  sur  la  nature  de  la  maladie. 
Pour  les  uns,  en  effet,  il  s'agissait  d'une  forme  de  fièvre  typhdule ;  pour 
d'autres,  du  typhus  feber  d'Irlande;  pour  d'autres  enfin,  du  typhus  des 
camps. 

Il  a  donc  régné  quatre  opinions  différentes  sur  la  nature  de  l'épidémie, 
dont  l'Ouvrage  que  nous  analysons  contient  la  description. 

Votre  Commission  n'a  pas  trouvé,  dans  les  faits  et  les  raisonnements  de 
l'estimable  auteur  de  cet  Ouvrage,  les  données  nécessaires  pour  la  solution 
du  problème  dont  nous  venons  de  nous  occuper. 

4°  Symptomatologie.  —  Composé  de  soixante  pages,  ce  Chapitre  ne  sau- 
rait être  ici  l'objet  d'une  analyse  détaillée.  Contentons-nous  d'appeler 
l'attention  de  l'Académie  sur  les  trois  symptômes  suivants,  signalés  parti- 
culièrement par  l'auteur  :  éruption  pétéchiale  plus  ou  moins  abondante; 
odeur  nauséeuse  exhalée  autour  d'eux  par  les  malades;  acidité  très-pro- 
noncée de  leur  haleine. 

5°  Contagion.  —  Parmi  les  observations  que  l'auteur  a  recueillies,  vingt- 
cinq  lui  ont  paru  particulièremtnt  propres  à  témoigner  en  faveur  de  la 
contagion.  Il  partage  en  quatre  catégories  les  individus  atteints  par  voie 
de  contagion  :  la  première  contient  les  individus  qui  ont  couché  dans  la 
même  chambre  que  des  typhiques,  et  par  conséquent  respiré  le  même  air; 
la  seconde,  ceux  qui,  par  suite  de  liens  de  parenté,  se  sont  trouvés  en  con- 
tact continuel  avec  les  malades;  la  troisième,  ceux  qui  ont  seulement  ap- 


(  ï=^5  ) 
proche  des  malades  ou  couché  dans  les  appartements  que  ces  derniers 
avaient  occupés;  la  quatrième  enfin,  ceux  qui  ont  donné  des  soins  aux 
malades. 

6"  Traitement.  —  Ce  Chapitre  ne  contient  réellement  rien  d'essentielle- 
ment nouveau,  ce  qui,  nous  devons  le  faire  remarquer,  contraste  quelque 
peu  avec  le  caractère  de  nouveauté  que  l'auteur  reconnaît  à  la  maladie.  Cet 
auteur  avoue  ne  pas  connaître  de  traitement  prophylactique  capable  d'ar- 
rêter le  développement  de  la  maladie,  ni  de  médication  à  l'aide  de  laquelle 
les  personnes  vivant  à  proximité  des  typhiques  puissent  être  préservées.  Il 
conseille  fortement  néanmoins  les  moyens  désinfectants. 

Il  annonce  d'ailleurs,  et  nous  l'en  félicitons,  «  qu'il  résulte  des  relevés 
statistiques  que,  dans  le  service  où  se  trouvaient  ses  malades  (salles  Saint- 
Philippe  et  Sainte-Elisabeth),  la  mortalité  a  été  de  beaucoup  la  plus 
faible.  » 

7°  Mortalité  (i).  —  Elle  a  été  de  lo  environ  pour  loo  chez  les  hommes, 
et  de  près  de  i5  chez  les  femmes.  Sur  un  total  de  208  malades,  elle  a  été 
de  10  à  1 1  pour  100. 

L'Ouvrage  que  nous  venons  d'analyser  «  est,  dit  l'auteur,  le  fruit  d'une 
année  entière  de  laborieuse  observation  ».  Nous  le  reconnaissons  volon- 
tiers, et  nous  ajouterons  qu'il  roule  sur  un  sujet  de  haute  importance. 
Aussi  la  Commission  propose-t-elle  à  l'Académie  de  lui  décerner  une  men- 
tion honorable. 

III.  M.  Knocb,  chirurgien  en  premier  de  l'hôpital  militaire  de  Saint- 
Pétersbourg,  est  auteur  de  divers  Mémoires  (a)  ayant  pour  objet  l'histoire 
de  l'évolution  de  l'un  des  hehninthes  parasites  de  l'espèce  humaine,  le 
Bothriocéphale  large  (  Tœnia  lata,  Bolhriocepliahim  ou  Dibotlirium  latum).  Peu 
commun  en  France,  cet  entozoaire  abonde,  au  contraire,  et  pullule  en 
Suisse,  en  Pologne  et  en  Russie.  Jusqu'aux  travaux  de  M.  Knoch,  on  ne 
possédait  aucuns  renseignements  précis  sur  le  mode  de  propagation  des 
Bothriocéphales.  Mais,  depuis  cinq  années  que  cet  observateur  a  soiunis  à 
l'Académie  des  Sciences  plusieurs  Mémoires  sur  ce  chapitre  important, 
nous  n'aurons  plus  à  regretter,  avec  les  auteurs  de  la  Zoologie  médicale, 
MM.  Beneden  et  Gervais^  nos  savants  Correspondants,  de  ne  pas  savoir  sous 

(i)  Foir  l'article  Contagion,  où  l'auteur  a  consigné  ses  recherches  sur  le  chiffre  compa- 
ratif des  morts  et  des  guéris. 

(2)  Quatre  brochures  en  langues  russe  et  allemande,  et  une  Note  manuscrite. 


(   1^6  ) 
quelle  forme  et  dans  quelles  conditions  vit,  pendant  son  premier  âge,  le 
Bolhriocéphale,  passant  dans  le  canal  digestif  de  l'homme,  pour  s'y  déve- 
lopper sous  son  élal  strobilaire  on  propagateur. 

Les  dernières  recherches  expérimentales  du  savant  physiologiste  de 
Saint-Pétersbourg  (i)  ont  démontré,  de  la  manière  la  plus  précise,  que 
l'embryon  du  Bolhnocépliale  large  ne  subit  pas  de  métamorphose  particu- 
lière, à  l'instar  de  l'embryon  des  Ténias  chez  l'homme,  en  ver  rubané 
adulte.  Tout  récemment,  cet  expérimentateur,  par  une  sorte  de  bonne  for- 
tune physiologique,  a  trouvé  dans  le  canal  intestinal  de  jeunes  chiens, 
non-seulement  des  exemplaires  de  Bolhriocéphale  adulte,  mais  encore  les 
Scolex,  lesquels  étaient,  avant  lui,  complètement  inconnus.  Ses  expériences 
lui  ont  permis  en  outre  de  conclure  que  les  embryons  du  Bothriocéphale 
large,  introduits  dans  le  canal  intestinal  du  chien,  n'opèrent  pas  de  migra- 
tions dans  les  divers  organes  de  l'animal  soumis  à  l'expérimentation;  d'où 
il  suit  que  ces  embryons  ne  s'enkystent  pas,  ne  passent  pas  à  l'état  de 
C/slicerques,  à  la  manière  des  embryons  de  Ténias,  après  leur  introduction, 
mais  qu'ils  accomplissent  leur  évolution  directement,  et  pour  ainsi  dire 
de  toutes  pièces,  dans  le  canal  intestinal  de  l'animal  qui  les  a  reçus,  sous 
forme  de  Bothriocéphale,  d'abord  à  l'état  de  développement  imparfait,  puis 
à  l'état  adulte. 

La  Commission  n'a  pu  constater  par  elle-même  les  résultats  annoncés  par 
M.  Knoch;  mais  elle  n'a  pu  mettre  en  doute  l'exactitude  des  expériences 
qui  les  ont  fournis.  Ces  résultats  ne  sont  pas  d'ailleurs  seulement  décrits 
par  le  savant  observateur  russe,  mais  ils  sont  aussi  représentés  dans  des 
figures  cpii,  certes,  ne  sont  pas  imaginaires.  Leur  concordance  ne  s'est 
jamais  démentie  dans  une  assez  longue  série  d'expériences,  méthodique- 
ment combinées,  et  pratiquées  dans  les  conditions  les  plus  appropriées  au 
sujet  étudié. 

Votre  Commission  s'est  donc  crue  autorisée  à  considérer  les  travaux  de 
M.  Knoch  comme  constituant,  en  matière  d'helminthologie  en  général 
et  d'helminthologie  médicale  en  particulier,  un  progrès  assez  important, 
pour  proposer  à  l'Académie  d'accorder  à  son  auteur  une  mention  hono- 
rable. 

(i)  Après  avoir  figuré,  en  abrégé,  clans  les  Cnviptc.y  rendus  tics scnncps  ilc  l'Àradémic  des 
Sciences,  ces  recherches  ont  été  publiées  intégraleiiienl,  en  1868,  à  Paris,  dans  le  Journal 
d' Anatomic  cl  de  Physiologie. 


(   127  ) 

§  III.  —  Citation  sans  argent  et  encouragement  de  mille  francs 
POUR  continuation  de  travaux. 

La  Commission  se  plaît  à  citer  avec  éloges  : 

1°  L'Essai  sur  les  maladies  du  cœur  chez  les  enfants,  par  M.  le  D"'  IIené 
Blache; 

2°  Les  Etudes  photographiques  de  M.  Rocdaxovsky  sur  le  système  nerveux 
de  l'homme  et  de  quelques  animaux  supérieurs. 

Enfin,  elle  propose  un  encoiirfigement  de  mille  francs  à  M.  Saixt-Ctr, 
pour  la  continuation  de  son  Elude  sur  la  teigne  faveuse  chez  les  animaux 
domestiques. 

PRIX  DIT  DÉS  ARTS  INSALUBRES, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

(Commissaires  :  MM.  Combes,  Boussingault,  Payen,  Peligot, 
Chevreul  rapporteur.) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année  18C9. 

Plusieurs  pièces  ont  été  examinées  par  la  Commission  des  Arts  insalubres. 
Deux  seulement  ont  arrêté  son  attention  ;  mais  ce  n'est  pas  dire  que  les  autres 
sont  rejetées  à  toujours,  parce  que  depuis  l'origine  de  la  fondation  Montyon 
concernant  les  Arts  insalubres,  un  travail  écarté  aujourd'hui  n'est  pas  frappé 
d'une  exclusion  définitive,  et  il  est  tels  travaux  auxquels  un  simple  encou- 
ragement avait  été  donné  qui,  i)lus  lard,  ont  rendu  des  services  assez  mul- 
tipliés et  assez  considérables  pour  qu'on  les  ait  jugés  alors  dignes  d'un 
prix. 

C'est  conformément  à  cette  manière  de  voir  que  la  Commission  accorde 
à  M.  Pnnout  un  prix  qu'elle  propose  à  l'Académie  de  porter  à  la  somme  de 
deux  mille  cinq  cents  francs  pour  l'invention  d'une  sorte  de  mastic  propre  à 
recouvrir  la  surface  extérieure  des  tuyaux,  des  chaudières,  des  étuves,  etc., 
avec  la  double  intention  de  conserver  la  chaleur  interne,  et  de  diminuer 
ainsi  réchauffement  de  l'air  extérieur  et  l'effet  du  rayonnement  sur  les  ou- 
vriers exposés  à  le  recevoir,  effet  toujours  très-incommode  quand  il  n'est 
pas  dangereux.  Le  procédé  de  M.  Pimont,  d'accord  avec  l'économie  du 
combustible,  est  donc  fort  avantageux  au  point  de  vue  de  l'hygiène  des 
ouvriers  qui  passent  de  longues  heures  dans  les  lieux  où  les  appareils  pré- 
cités sont  établis. 


(   128  ) 

Le  Rapport  ci-joint,  de  M.  Payen,  sur  la  composition  du  mastic  de  M.  Pi- 
mont  et  les  nombreux  avantages  constatés  par  un  long  usage,  justifie, 
d'abord  l'encouragement  que  l'Académie  a  donné  il  y  a  plusieurs  années 
à  M.  PiMO\T,  et  le  prix  que  nous  lui  décernons  aujourd'hui,  en  proposant 
à  l'x^cadémie  de  le  porter  au  maximum,  à  savoir  :  deux  mille  cinq  cents 
francs. 

La  Commission,  après  avoir  examiné  avec  une  attention  toute  particu- 
lière les  procédés  de  sauvetage,  dans  le  cas  d'incendie,  de  M.  Charrière; 
après  avoir  été  témoin,  dans  la  grande  cour  du  Palais  de  r[nstitut,du  méca- 
nisme de  ces  procédés,  elle  a  pensé,  à  l'unanimité  de  ses  Membres,  que, si  ces 
procédés  ne  sont  point  encore  entrés  dans  la  pratique,  vu  leur  simplicité, 
leur  nouveauté  et  la  facilité  de  leur  exécution,  ils  donnent  à  leur  auteur, 
M.  Charrière,  droit  à  un  prix  que  la  Commission  propose  de  porter  au 
maximum  de  deux  vaille  cinq  cents  francs. 

La  Commission,  avons-nous  dit,  a  examiné  avec  une  attention  toute  par- 
ticulière les  procédés  de  M.  Charrière,  et  voici  pourquoi  :  les  Commissions 
auxquelles  nous  succédons  ont  constamment  observé  le  principe  de  ne 
donner  des  |irix  qu'à  des  procédés  mis  en  pratique  avec  tm  succès  constaté,  et 
ce  principe  nous  le  maintenons  comme  excellent  à  tous  égards. 

Les  considérations  suivantes,  pensons-nous,  convaincront  l'Académie 
que  la  Commission  n'y  a  pas  été  infidèle  en  décernant  ce  prix  à  M.  Char- 
rière, 

On  verra  d'abord,  dans  le  Rapport  ci-annexé  de  M.  Combes,  les  détails 
des  appareils  de  sauvetage  imaginés  par  M.  Charrière  et  la  raison  de 
leur  efficacité;  en  outre,  les  conclusions  des  épreuves  auxquelles  une  Com- 
mission des  sapeurs-pompiers  de  la  ville  de  Paris  les  a  soumis.  M.  le  lieule- 
tenant-colonel  de  Dionne,  organe  de  celte  Commission,  s'énonce  en  ces 
termes  :  «  Aussi  la  Commission  croit  qu'il  serait  très-avanîageux,  dans  l'in- 
»  térêt  de  la  sûreté  publiqtie,  que  cet  appareil  fût  en  quantité  suffisante  dis- 
»  posé  dans  les  hôpitaux,  les  lycées,  institutions,  etc.,  partout,  en  un  mot, 
»  où  les  sauvetages  pourraient,  en  raison  du  grand  nombre  des  personnes  à 
»  sauver,  présenter  de  sérieuses  difficultés,  et  que  le  corps  des  sapeurs-pom- 
»  piers  aura  dans  cet  appareil  une  précieuse  ressource  toutes  les  fois  qu'il  le 
»  trouvera  dans  une  habitation  où  doivent  se  faire  les  sauvetages.  »  En  pré- 
sence de  ces  faits,  la  Commi.ssion  des  Arts  insalubres  n'aurait-elle  pas  paru 
à  l'Académie  manquer  à  la  volonté  du  fondateur  des  |)rix  concernant  les 
Arts  insalubres,  si  elle  n'avait  pas  profité  de  l'occasion  d'en  décerner  un  à 
un   homme  qui,   de  simple  ouvrier  devenu  fondateur  d'un  établissement 


(     129    ) 

considérable,  a  reçu,  à  la  suite  des  Exposilions  de  l'iiKhistrie,  d'abord  la 
croix  de  chev.alier,  puis  celle  d'officier  de  la  Légion  d'honneur,  et  qui,  retiré 
des  affaires  après  une  fortune  lionorableuienl  acquise,  a  consacré  ses  loisirs 
et  sou  argent  à  l'accomplissement  de  l'œuvre  à  laquelle  nous  proposons  à 
l'Académie  de  décerner  le  prix  des  Arts  insalubres  le  plus  élevé.  Certes, 
l'Académie,  en  le  votant,  ne  trouvera  que  des  approbateurs  parmi  les  nom- 
breuses personnes  qui  connaissent  la  vie  industrielle  de  M.  Charrière  et  les 
services  qu'il  a  rendus  à  la  Chirurgie. 

Rapport  de  M.  Payen 

SUR    l'enduit    dit     <i     c:ALOBIFUGE    plastique     »     DE    M.     PIMOJiT. 

Depuis  plus  de  douze  ans,  M.  Pimont  s'occupe  des  moyens  d'amoindrir 
les  déperditions  de  chaleur  qu'occasionnent,  dans  diverses  industries,  soit 
l'évacuation  de  liquides  rejetés  bouillants  ou  encore  très-chauds,  soit  les 
vapeurs  d'échappement  des  chaudières  ou  machines,  soit  euiin  le  rayon- 
nement des  surfaces  des  chaudières  ou  conduites  d'eau,  de  vapeur  et  d'air 
laissées  à  nu  ou  mal  enveloppées. 

Ses  procédés,  graduellement  perfectionnés  jusque  datis  ces  derniers 
temps,  appliqués  avec  succès  dans  un  grand  nombre  d'usines  et  même 
dans  les  appareils  de  chauffage  de  la  Marine,  réalisent  de  notables  écono- 
mies de  combustible  et  rendent  moins  pénible  et  moins  insalubre  le  travail 
des  ouvriers. 

L'un  des  procédés  de  M.  Pimont  qui  reçoit  les  applications  les  plus  géné- 
rales consiste  dans  l'emploi  d'un  mastic  île  sa  composition,  dont  on 
recouvre  les  surfaces  externes  des  tuyaux  des  chaudières  et  des  étuves.  Ce 
mastic  à  base  d'argile  (i)  est  assez  i)eu  conducteur  de  la  chaleur  pour  pré- 
server les  ouvriers  du  rayonnement,  qui  les  fatiguait  beaucoup  et  était  nui- 
sible à  leur  santé;  en  évitant  d'ailleurs  les  condensations  trop  abondantes 
de  la  vapeur  d'eau  transmise  à  de  grandes  distances,  il  prévient  les  chocs 
ou  ébranlements  qui  compromettaient  la  solidité  de  ces  conduites  et  déter- 
minaient parfois  des  ruptures  dont  les  réparations  étaient  plus  ou  moins 
difficiles,  dangereuses  et  toujours  dispendieuses. 

(i)  11  contient,  en  doses  un  peu  variables,  de  l'argile  mise  en  pâte,  du  tourteau  de  graines 
oléagineuses  en  pâte  également,  de  l'Iiuile  résidu  des  dépôts  d'épuration,  du  degias,  de  la 
bourre  de  poils,  du  poussier  de  charbon  de  bois,  de  la  suie  et  de  la  sciure.  Ces  substances 
hétérogènes,  à  l'aide  de  tours  de  mains,  bien  entendus,  sont  intimement  mélangées  et  |)ien- 
nent  graduellement  un  retrait  régulier  sans  manifester  de  tissures  :  les  larges  enduits  sont 
consolidés  par  l'interposition  de  menus  fils  de  fer  et  de  minces  lames  en  bois. 

C.  R.,  1870,  -2=  Semestre.  (T.  LXXl,  N"  2.)  '  7 


(  i3o) 
L'auteur  est  parvenu  à  garantir  les  ouvriers  des  émanations  incommodes 
et  insalubres  qui  se  dégagent,  eu  certaines  circonstances,  pendant  le  séchage 
des  laines,  eu  pratiquant  cette  opération  dans  un  appareil  fermé  :  les  mani- 
pulations sont  dés  lors  devenues  plus  faciles  et  économiques. 

Rapport  de  M.   Combes 

SUR    LES    APPAREILS    DE    SAUVETAGE    DE    M.    CHARRIÈRE. 

La  Commission  décerne  lui  prix  à  M.  Charriére,  ancien  fabricant  d'instru- 
ments de  chirurgie,  pour  les  moyens  et  appareils  qu'il  a  imaginés  ou  per- 
fectionnés, afin  de  faciliter  le  sauvetage  des  personnes  surprises  par  un 
incendie  et  auxquelles  il  ne  reste  d'autre  issue  que  les  fenêtres  de  la 
maison  envahie  par  les  flammes. 

M.  Charriére  a  cherché  d'abord  à  assurer  aux  personnes  ainsi  mises  en 
péril  la  possibilité  de  se  sauver  elles-mêmes,  sans  l'aide  de  secours  apportés 
de  l'extérieur.  Les  moyens  qu'il  propose  pour  cela  sont  des  plus  simples. 
Tout  le  monde  connaît  les  poulies  installées  au-dessus  des  fenêtres  des  gre- 
niers ou  étages  supérieurs  d'un  édifice,  poin*  élever  ou  descendre  des  fardeaux. 
M.  Charriére  apporte  à  la  poulie  ordinaire  les  additions  suivantes  :  la  gorge 
élargie  de  manière  à  contenir  deux  ou  trois  circonvolutions  de  la  corde; 
l'axe  avec  lequel  elle  est  solidaire  est  prolongé,  à  l'une  de  ses  extrémités,  en 
dehors  de  la  chape  qu'il  traverse  et  sur  ce  prolongement  est  fixée  une  roue 
à  rocliet  sur  laquelle  est  appuyé,  par  l'action  d'un  ressort  d'acier,  un  valet 
tournant  autour  d'un  axe  fixe  saillant  sur  la  joue  extérieure  de  la  chape; 
ce  valet  engagé  dans  les  dents  de  la  roue,  laisse  la  poulie  libre  de  tourner 
dans  un  seul  sens,  en  mettant  obstacle  à  la  rotation  de  sens  contraire;  une 
corde,  d'une  longueur  au  moins  égale  à  un  peu  plus  de  deux  fois  l'élévation 
de  la  poulie  au-dessus  du  sol  extérieur,  est  enroulée  deux  ou  trois  lois  au- 
tour (le  cette  poulie  mi  fixe. 

Au  moyeu  de  cet  appnreil,  une  personne  d'une  force  et  d'une  adresse 
médiocres  peut,  sans  ,mcnn  aide  exlérieur,  descendre  de  la  fenêtre  sur  le 
sol  en  modérant  autant  qu'elle  le  voudra  la  vitesse  de  la  descente,  ou  re- 
monter de  l'extérieur  à  la  hauleur  de  la  fenêtre.  Les  manœuvres  à  la  des- 
cente et  à  la  montée  siu'Iout,  sont  singulièrement  facilitées  par  une  ceinture 
de  sauvetage  semblable  a  celle  des  sa|)eurs-poaipiers.  Celte  ceinture  en- 
toure le  coips  en  (le^^ous  d<'s  aisselles,  est  miuiie  il'uu  ou  (\cwii  anneaux 
en  fer  solidement  fixés,  qui  sont  auieiiés  en  avant  sur  la  jioilrme  de  la  per- 
sonne qui  en  fait  usage,  et  d'un  taquet  en  fer  ayant  la  forme  d'un  croissant 


(  i3i  ) 
fixé  par  son  milieu,  la  convexité  appliquée  contre  la  ceinture  et  les  deux 
cornes  faisant  saillie.  Ce  taquet  se  trouve  près  de  l'anneau  ou  des  anneaux 
d'attache  et  est  aussi  ramené  sur  la  poitrine  à  la  partie  antétis'jre  du  corps. 

Pour  la  descente,  l'extréinité  du  hriu  de  la  corde  de  sauvetage  pendant 
du  côté  (le  la  poulie  vers  lequel  la  rotation  est  empêchée  par  le  valet  engagé 
entre  les  dents  de  la  roue  à  rochet,  étant  ramenée  près  de  la  ]ioulie  et 
l'autre  brin  pendant  jusqu'à  terre,  la  personne,  que  nous  supposons  pourvue 
de  la  ceinture  de  sauvetage,  commence  par  s'attacher  solidement  à  l'extré- 
mité de  la  corde  passée  dans  les  anneaux  au  moyen  de  deux  ou  trois  noeuds 
faciles  à  faire;  puis,  en  tirant  avec  les  mains  sur  le  brin  pendant  de  la  corde, 
elle  se  soulève  à  la  hauteur  de  l'appui  de  la  fenêtre,  franchit  cet  appui  et  se 
laisse  descendre  en  modérant  la  vitesse  autant  qu'elle  le  veut-,  il  suffit,  pour 
cela,  qu'elle  exerce  avec  les  mains,  sur  le  brin  de  la  corde  auquel  elle  n'est 
point  attachée,  ime  légère  traction  qui,  ajoutée  h  l'action  du  frottement 
développé  par  la  corde  qui  glisse  sur  le  contour  de  la  poulie  rendue  fixe, 
fera  équilibre  à  la  plus  grande  partie  de  son  propre  poids  supportée  par 
le  brin  de  la  corde  auquel  elle  est  suspendue.  Veut-elle  s'arrêter  com- 
plètement en  un  point  quelconque  de  la  descente,  elle  n'a  qu'à  augmenter 
un  peu  la  traction  qu'elle  exerce  avec  les  mains  sur  le  brin  pendant  de  la 
corde,  pour  que  cette  traction,  réunie  au  frottement,  devienne  prépondé- 
rante par  rapport  au  reste  de  son  poids,  et  la  vitesse  sera  bientôt  tout  à  fait 
éteinte;  si  elle  veut  stationner  dans  cette  position,  il  lui  suffira  de  tourner 
une  fois  ou  deux  le  brin  pendant  de  la  corde  autour  du  taquet  de  sa  ceui- 
ture.  Elle  restera  alors  suspendue,  avec  le  libre  usage  de  ses  mains. 

La  manœuvre  pour  monter  du  sol  de  la  rue  ou  d'un  point  de  station- 
nement à  la  hauteur  de  la  fenêtre,  sans  être  beaucoup  plus  difficile  que 
la  manœuvre  à  la  descente,  exigera  cependant  un  peu  plus  de  force  et 
d'adresse.  Il  faudra,  en  effet,  pour  l'ascension,  que  l'opérateur  tire  avec  les 
mains,  sur  le  brin  pendant  librement  de  la  corde,  de  manière  à  lui  faire 
porter  plus  de  la  moitié  de  son  poids,  ce  qui  entraînera  la  rotation  de  la 
poulie  et  de  la  roue  à  rochet  solidaire  avec  elle,  avec  soulèvement  du 
valet,  qui  s'engagera  dans  les  dents  successives  de  la  roue.  La  traction  sur 
le  brin  pendant  devenant  moindre,  la  poulie  ne  pourra  pas  tourner  en  sens 
contraire,  et  la  hauteur  gagnée  restera  acquise;  un  nouvel  effort  de  traction 
sur  le  brin  pendant,  exercé  avec  un  mouvement  de  ressaut  de  l'opérateur 
de  bas  en  haut,  le  fera  arriver  plus  haut,  et  ainsi  de  suite.  L'opérateur 
pourra,  en  cas  de  fatigue,  couper  son  ascension  par  des  intervalles  de 
repos  complet  en  enroulant  le  brin  pendant  de  la  corde  autour  du  taquet 

17.. 


(     l32     ) 

de  la  ceinture.  La  poulie  mi-fixe  n'est  utile,  comme  on  le  voit,  que  pour 
l'ascension;  dans  la  descente,  elle  peut  être  remplacée  par  une  poulie  en 
bois  fixe,  dont  l'axe  en  fer  serait  solidaire  avec  la  cliai)e,  et  dont  la  gorge, 
assez  large  pour  recevoir  deux  ou  trois  circonvolutions  de  la  corde  de  sau- 
vetage, |)onrrait  être  recouverte  d'une  lame  mince  de  cuivre,  afin  de  pré- 
venir toute  tliaiice  d'échanffement  excessif  du  bois  par  le  frottement. 

Il  n'est  pas  possible  cpie  les  fenêtres  des  maisons  restent  garnies  de 
poulies  saillantes,  pendantes  à  l'extérieur  et  garnies  d'ime  corde  de  sau- 
vetage, en  prévision  des  chances  d'incendie  subits  et  violents  qui  auraient 
coupé  toute  retraite  par  les  escaliers.  Aussi  M.  Charriére  admet-ii  que  l'ap- 
pareil consistant  en  une  poulie  fixe  ou  mi-fixe,  garnie  de  sa  corde  de  sau- 
vetage, sera  conservé  dans  l'appartement  et  mis  en  place  au  moment  même 
de  s'en  servir.  Il  s'est  préoccupé  avec  juste  raison  de  rendre  cette  mise  en 
place  très-facile  et  très-prompte,  et,  avant  tout,  de  chercher  un  appui  of- 
frant des  garanties  suffisantes  de  solidité  et  qui  se  rencontrât  partout.  Après 
de  nombreux  essais,  //  s'esl  nrrélé  au  mo/eii  stiivnnl,  qui  nous  parait  aussi  nou- 
veau qu  ingénieux. 

La  chape  de  la  poulie  porte  à  sn  partie  supérieure  un  anneau  allongé 
en  fer  venu  de  forge  avec  elle,  qui  est  saisi  dans  l'anse  formée  par  une 
large  sangle  pliée  sur  elle-même,  dont  les  deux  extrémités  vont  se  rat- 
tacher à  une  plaque  en  acier  de  forme  rectangulaire.  Une  fente  paral- 
lèle aux  longs  côtés  de  la  plaque  est  pratiquée  dans  son  milieu;  on 
passe  dans  cette  fente  les  extrémités  de  la  sangle  repliée,  qui  vont  l'une 
et  l'autre  s'enrouler  derrière  la  plaque,  autour  d'ime  verge  ou  tringle 
en  fer  plus  longue  et  plus  large  que  la  fente;  elles  sont  solidement  alla- 
chées  à  celte  tringle  et  entre  elles.  La  chape  de  la  poulie  se  trouve  ainsi 
reliée  à  la  plaque  par  la  sangle  repliée,  qui  a,  entre  deux,  une  longueur 
de  21  à  3o  centimètres.  La  plaque  est  garnie  à  sa  face  interne,  c'est-à-dire 
du  côté  regardant  la  poulie,  de  six  pointes  faisant  saillie  à  ses  quali-e 
angles  et  vers  les  milieux  de  ses  longs  côtés;  elle  est  munie,  en  outre, 
d'une  douille  en  fer  i)rofonde  de  i5  à  20  contimètres,  appliquée  à  sa  face 
externe  au  milieu  d'un  des  longs  côtés,  et  d'iui  diamètre  assez  grand  pour 
qu'on  puisse  y  enfoncer  un  manche  cylindrique  en  bois  d'une  certaine 
longueur,  tel  que  le  manche  d'un  balai.  La  corde  de  sauvetage  est  placée 
sur  la  poulie,  qu'elle  envelopjie  deux  ou  trois  fois  :  une  de  ses  exlri'-- 
mités  ramenée  près  de  la  poulie  est  rattachée  à  la  corde  pendante  de  l'autre 
côté  par  une  ficelle;  le  resf'î  de  la  corde,  dont  la  longueur  est,  comme  nous 
l'avons  dit,  un  jieu  plus  cpie  tlouble  de  la  hauteur  des  fenêtres  au-dessus  du 


(  i33  ) 
sol  extérieur,  est  enroulée  sur  un  dévidoir  de  forme  appropriée.  Au  moment 
du  danger,  la  fenêtre  est  ouverte;  on  jette,  à  l'aide  du  manche,  la  sangle 
sur  l'extrémité  supérieure  du  battant  de  la  croisée  portant  l'espagnolette  ou 
crémone,  tout  près  de  l'espagnolette,  la  plaque  étant  du  coté  de  l'intérieur, 
la  poulie  du  côté  de  l'extérieur;  ou  ferme  ce  battant  de  croisée,  après  avoir 
amené  la  plaque  en  fer  à  être  appliquée  sur  le  barreau  supéiieiu';  on  accroche 
l'espagnolette  par  le  bas  et  l'on  fait  effort  en  tirant  sur  la  poulie  qui  csl  à 
l'extérieur.  La  plaque  s'applique,  à  l'intérieur,  tout  à  la  fois  sur  le  barreau 
supérieur  de  la  croisée  et  sur  son  dormant;  les  pointes  dont  elle  est  garnie 
s'y  enfoncent,  et  la  poulie  se  trouve  ainsi  suspendue  par  la  sangle  pincée 
entre  le  barreau  supérieur  de  la  croisée  et  son  dormant,  à  un  point  d'appui 
fixe  qui,  dans  le  cas  même  où  les  bois  de  la  croisée  seraient  vieux  et  ver- 
moulus, offrirait  encore  une  grande  résistance. 

La  personne  qui  dirige  le  sauvetage  jette  alors  par  la  fenêtre  la  corde  de 
sauvetage  enroulée  sur  son  dévidoir,  détache  la  ficelle  qui  lie  son  extré- 
mité supérieure  au  brin  pendant  de  l'autre  côté,  attache  à  cette  extrémité 
directement  ou  par  l'intermédiaire  de  la  ceinture  de  sauvetage  la  personne 
.qui  doit  descendre,  et  l'aide  au  besoin  à  monter  sur  l'appui  de  la  fenêtre. 
La  descente  s'opère  par  la  manœuvre  déjà  décrite. 

Une  Commission,  composée  d'officiers  du  régiment  des  sapeurs-pom- 
piers de  Paris,  présidée  par  M.  le  lieutenant-colonel  de  Dionne,  a  soumis 
h  de  nombreuses  expériences  l'appareil  de  M.  Charrière.  Voici  le  jugement 
qu'elle  en  a  porté  dans  un  Rapport  écrit  par  son  Président. 

«  Ce  dernier  appareil  a  été  expérimenté  par  la  Commission,  qui  a 
reconnu  qu'il  était  de  nature  à  inspirer  toute  confiance,  que  sa  simplicité, 
sa  légèreté,  la  facilité  de  la  manœuvre  étaient  telles,  qu'elles  lui  paraissent 
constituer  un  progrès  très-réel  et  très-important  dans  la  science  des  sau- 


vetages. 


»  M.  Charrière  a  résolu  de  la  manière  la  plus  ingénieuse,  la  plus  simple 
et  la  plus  sûre  le  problème  tant  de  fois  cherché  de  trouver  de  suite  un 
point  suffisamment  solide  dans  l'intérieur  de  la  pièce  où  doit  se  faire  le 
sauvetage.  Aussi  la  Commission,  à  l'unanimité,  croit  qu'il  sérail  très-auaiUngeu.x, 
dans  l'intérël  de  la  sûreté  publique,  que  cet  nppareiljût  en  quantité  suffisante 
déposé  dans  les  hôpitaux,  les  lycées,  institutions,  etc.,  partout,  en  un  mol,  oit  les 
sauvetages  pourraient,  en  raison  du  (jranil  nombre  de  personnes  en  danger, 
présenter  de  sérieuses  difficultés,  et  que  le  corps  des  sapeurs-pompiers  aura  dans 
cet  appareil  une  ressource  précieuse,  toutes  les  fois  qu'il  le  trouvera  dans  une 
Itaintation  oit  doivent  sejaire  les  sauvetages.  » 


(  i34) 

Les  expériences  répétées  en  notre  présence,  dans  les  bâtiments  mêmes 
du  pahis  de  l'Institut,  ont  eu  aussi  un  plein  succès  et  confirment  l'opi- 
nion favorable  exprimée  par  la  Commision  d'officiers  du  régiment  des 
sa[)eurs-pompiers  de  Paris,  dont  l'aulorilé  est  si  grande  en  pareille  matière. 

Il  sera  sans  doute  possible  et  même  assez  f'acde  de  décider  les  adminis- 
trateurs  d'otablissemenls  tels  que    les    liôpitaux,    les    lycées,   les   iusliui- 
tioiis,  etc.,  à  y  faire  déposer  et  conserver  en  bon  étal  de  service  un  nombre 
convenable  d';ippareils  aussi  simples   que  celui    dont  il  s'agit,  et  à   avoir 
dans  leur  personnel  plusieurs  individus  exercés  à  l'iuslaller  rapidement  et 
à  en  faire  usage  non-seulement  pour  eux-mêmes,  mais  |)our  diriger  te  sau- 
vetage, en  attendant  au  moins  l'arrivée  des  sapeurs-pompiers,  qui,  l'appa- 
reil à  poulie  mi-fixe  une  fois  installé,  pourront  monter  du  dehors  et  venir 
prendre  la  direction  des  opérations.  Mais  on  ne  peut  espérer  que  la   con- 
naissance et  l'usage  de  cet  appareil  soient,  avant  longtemps   au  moins, 
assez  répandus  pour  qu'on  le  trouve  au  besoin  dans  les  habitations  parti- 
culières. Il  faudra   donc  presque  loujoiu's  que  l'appareil  soit  apporté  par 
les  pompiers  eux-mêmes,  qui  accéderont  au  logis  incendié  en  usant  de  leurs 
échelles,  ou  y  pénétreront,  comme  ils  le  font  actuellement,  par  les  toits  ou 
par  des  brèches  ouvertes  dans  les  maisons  voisines.  Pour  le  cas  où  ces  voies 
d'accès  n'existeraient  pas  et  où  l'on  n'aurait  point  d'échelles  de  longueur  suf- 
fisante, M.  Charrière  propose  d'établir  une  communication  entre  les  habi- 
tants de  la  maison  et  les  pompiers  ou  autres  personnes  de  l'extérieur  par  un 
procédé   imité   du   porte-amarre,  ou   des   flèches  de  sauvetage  Delvigne. 
Il  attache  à  une  simple  balle  ronde  en   caoutchouc,  un  bout  de   la  ligne 
qui  est  attachée  par  son  autre  extrémité  à  l'angle  d'une  plaque  en  tôle  sur 
lequel  elle  est  envidée.  Il  déroule  la  ligne,  l'étend  sur   le  sol,   en  ayant 
soin  d'écarter  tout  obstacle  qui  l'empêcherait  de  suivre  la  balle  qui  est 
lancée  dans  la  direction   de  la  fenêtre  ou  du  balcon  à  atteindre  :  avec  un 
peu  d'adresse,  on  réussit  à  la  faire  arriver  après  deux  ou  trois  tentatives. 
On  peut  aussi  faire  arriver  le  bout  de  la  ligne  au  balcon,  au  moyen  d'une 
longue  tige  légère,  composée,  comme  les  lignes  de  pêche,  de  plusieurs  par- 
ties creuses  rentrant  à  coulisse   les   unes  dans   les  autres.    Les  habitants 
du  logis,  une  fois  en  possession  de  l'extrémité  de  la  ligue,  l'attachent  à 
un  point  fixe  et  peuvent  amener  à  eux  la  poulie  fixe  ou  mi-fixe  avec  ses 
accessoires;  il  suffit  que  l'une  des  personnes  présentes  connaisse  le  moyen 
de  la  fixer  entre  le  battant  d'une  croisée  et  son  dormant.  Si  l'appareil  ainsi 
introduit  est  la  poulie  mi-fixe,  avec  roue  à  rochet,  un    pompier  pourra 
monter  et  prendre  la  direction  du  sauvetage. 


(  i35) 
M.  Charrière  décrit  minutieusement,  dans  sa  brochure  sur  le  sauvetage 
des  incendies,  les  appareils  précédents,  les  manœuvres  à  faire  et  plusieurs 
accessoires  utiles,  en   particidier  les  sacs  de  sauvetage  dans  lesquels  on 
peut  placer  des  femmes,  des  enfants  ou  des  malades. 

Après  la  lecture  de  ces  Rapports,  les  conclusions  tendant  à  accorder: 

1°  Un  prix  de  aSoo  francs  à  M.  Pimont,  pour  la  composition  de  son 
enduit  dit  calorifuge  plastique; 

2°  Un  prix  de  aSoo  francs  à  M.  Charrière,  pour  ses  appareils  de  sau- 
vetage, 

sont  adoptées  par  l'Académie. 

PRIX  BRÉANT. 

(Commissaires  :  MM.  Cl.  Bernard,  Jules  Cloquet,  Nélaton,  Stan.   f.augier, 

Bouillaud,  Andral  rapporteur.) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année  18(J9. 

Parmi  les  Ouvrages,au  nombre  devingt-cinq,  adressésau  Concours  pour  le 
prix  Bréant,  que  la  Commission  a  eu  à  examiner  cette  année,  il  en  est  un 
qu'elle  a  particulièrement  distingué.  Cet  Ouvrage,  dont  M.  le  D"^  Facvel 
est  l'auteur,  a  pour  sujet  l'étiologie  et  la  prophylaxie  du  choléra.  Ou  y 
trouve  exposés  les  travaux  considérables  entrepris  sur  cette  matière  par  la 
Commission  sanitaire  internationale  qui,  sur  l'uiitiative  de  l'Empereur,  s'est 
réunie  à  Conslantinople  à  l'effet  de  chercher  l'origine  du  choléra,  de  déter- 
miner les  lois  de  sa  propagation,  et  enfin  de  proposer  les  moyens  soit  de 
tarir  le  fléau  dans  sa  source,  soil  de  l'arrêter  dans  sa  marche  envahissante 
vers  l'Europe.  iM.  Fauve!  a  pris  à  ces  travaux  luic  part  puissante;  il  a  posé 
au  sein  de  la  Commission  et  éclairé  de  ses  idées  un  grand  nombre  de  ques- 
tions qui  y  ont  été  discutées,  et  son  intelligente  et  active  intervention  a  été 
pour  beaucoup  dans  la  solution  des  plus  importantes. 

Un  premier  fait  capital  est  démontré  par  l'Ouvrage  de  M.  Fauvel  :  c'est 
que  le  choléra,  maladie  endénnque  d.ins  l'Inde,  a  son  origine  dans  ce  pays, 
et  que,  nulle  part  ailleurs  que  dans  l'Inde,  et  peut-être  dans  quelques  pays 
linutrophes,  on  ne  le  voit  se  développer  spontanément.  Circonscrivant  da- 
vantage la  question,  il  établit  que  le  choléra  existe  surtout  en  permanence 
dans  certaines  localités  de  la  vallée  du  Gange;  mais  ne  marchant  qu'avec 
les  laits,  d  déclare  que  ceux  que  l'on  possède  ne  permettent  pas  d'affirmer, 


(  >'^(3  ) 

comme  on  l'a  sou\ent  répété,  que  ce  soient  les  alluvions  du  fleuve  qui  lui 
donnent  naissance. 

Lorsque,  de  simplement  endémique,  le  choléra  devient  épidémique,  les 
faits  relevés  par  M.  Fauvel  lui  ont  appris  que  le  plus  souvent  cette  redou- 
table transformation  est  due  à  des  déplacements  de  grandes  masses 
d'hommes,  ceux  surtout  qu'occasionnent  les  pèlerinages,  et  de  grands  mou- 
vements de  troupes. 

M.  Fauvel  admet  comme  incontestable  la  Iraiismissibilité  du  choléra.  Ce 
principe,  prouvé  par  les  faits  qu  il  a  rassemblés,  étant  admis,  vient  luie 
autre  question,  celle  des  agents  par  lesquels  le  choléra  est  transmissible.  De 
ses  recherches  sur  ce  point,  M.  Fauvel  conclut  que  les  deux  piincipaux 
agents  de  cette  transmissibilité  sont  l'air  expiré  par  les  cholériques,  et  cehii 
qui  est  chargé  des  émanations  de  leins  déjections.  Il  regarde  aussi  connue 
susceptibles  de  transmettre  la  maladie  les  divers  vêtements  portés  par  les 
cholériques;  mais  les  faits  ne  lui  ont  pas  démontré  qu'elle  ait  jamais  été 
communiquée  par  les  marchandises,  non  plus  que  par  les  cadavres  des  per- 
sonnes mortes  du  choléra.  Toutefois,  comprenant  toute  la  ré.serve  qu'il 
faut  apporter  dans  de  pareilles  questions,  il  déclare,  avec  la  Commission, 
que  ces  objets  doivent  être  regardés  comme  suspects.  Enfin,  au  nombre  îles 
moyens  de  transmission  du  choléra,  M.  Fauvel  place  les  localités  imprégnées 
des  détritus  cholériques,  lesquelles,  conservant  longtemps  la  propriété  de 
dégager  le  principe  cholérique,  peuvent  entretenir  ainsi  une  épidémie,  ou 
la  régénérer. 

On  sait  combien  la  science  est  encore  peu  fixée  sur  la  question  de  savoir 
jusqu'à  quel  point  et  dans  quelle  mesure  l'air  peut  être  un  véhicule  du 
principe  cholérique.  Il  résulte  à  cet  égard  du  travail  de  M.  Fauvel  qu'U 
n'y  a  pas  de  fait  bien  avéré  qui  prouve  qu'au  delà  de  loo  mètres  de  dis- 
tance du  foyer  d'infection,  l'air  ait  jamais  été  un  agent  de  transmission  du 
choléra.  Mais,  dit  l'auteur,  ce  qui  le  transmet  au  loin  et  l'enlrelieiit,  ce  sont 
les  grandes  agglomérations  d'honunes;  la  marche  des  épidémies  du  cho- 
léra s'effectue  toujours,  suivant  l'énergique  expression  de  M.  Fauvel,  dans 
le  sens  des  coiiranls  liiiinains.  Il  prend  une  intensité  nouvelle  toutes  les 
fois  qu'il  est  importé  au  milieu  de  pojiidations  entassées,  et  sa  violence 
augmente  alors  en  proportion  des  mauvaises  conditions  hygiéniques,  telles 
que  la  misère,  la  malpropreté,  une  aération  iusulfisanle,  la  température 
élevée  de  l'atmosphère,  les  exhalaisons  d'un  sol  imprégné  de  matières  orga- 
niques. Tandis  que  les  grands  déserts,  dit  M.  Fauvel,  sont  une  barrière  des 
plus  puissantes  contre  le  choléra,  et  que  les  caravanes  qui,  parties  de  la 


(  1^7  ) 
Mecque,  les  traversent  pour  se  rendre  en  Egypte  et  en  Syrie,  n'ont  jamais 
apporté  le  choléra  clans  ces  contrées,  les  comninnicalions  par  uier  sont,  au 
coniraire,  les  voies  les  plus  propres  à  le  propager. 

La  question  si  importante  du  temps  d'incubation  du  choléra  occupe  une 
grande  place  dans  ce  travail,  et  l'on  y  trouve  sur  ce  point  des  approxima- 
tions c[ui  peuvent  servir  de  règle. 

Voilà  la  première  i)artie  de  l'Ouvrage  de  M.  Fauvel,  qui,  tonte  impor- 
tante qu'elle  est,  n'a  été  faite  en  quelcjue  sorte  que  pour  fournira  la  se- 
conde une  base  solide  et  un  point  de  départ  assuré.  Cette  seconde  partie 
est  consacrée  à  exposer  quelles  sont  les  mesures  à  prendre,  soit  pour 
éteindre  le  choléra  clans  son  foyer  primitif,  soit  pour  s'opposer  à  sa  propa- 
gation par  les  voies  de  terre  et  de  mer,  soit  pour  faciliter  sa  disparition  des 
lieux  qu'il  a  envahis. 

Sur  ces  diverses  questions,  sur  celle  surtout  des  routes  diverses  par  les- 
quelles peut  s'engager  le  choléra  dans  son  immense  parcours  de  la  vallée 
du  Gange  à  l'Europe,  ce  livre  contient  des  études  approfondies  et  des  vues 
nouvelles,  relativement  siutout  aux  lieux  où  il  importe  le  plus  de  surveiller 
l'envahissement  du  fléau. 

La  Commission  propose  à  l'Académie  d'accorder  à  M.  Fauvel,  pour  cet 
Ouvrage  qui  a  fixé  la  science  sur  de  graves  questions,  et  déterminé  d'impor- 
tantes améliorations  dans  les  institutions  sanitaires,  une  récompense  de  cinq 
mille  francs,  totalité  de  l'intérêt  annuel  du  legs  Bréant. 

En  dehors  de  cette  œuvre  capitale,  la  Commission  a  remarqué  trois  Ou- 
vrages, ciu'elle  croit  devoir  signaler,  à  des  titres  divers,  à  l'attention  de 
l'Académie. 

Sous  le  nom  d'Eludés  géographiques  cl  scientifiques  sur  les  causes  cl  les 
sources  du  choléra  asiatique,  M.  Puoeschel  a  soumis  au  jugement  de  l'Aca- 
démie un  travail  étendu,  accompagné  de  cartes  qui  n'en  sont  pas  la  partie 
la  moins  importante,  dans  lequel  il  a  réuni  un  très-grand  nombre  de  faits 
et  de  documents  relatifs  aux  questions  que  soulèvent  ces  études.  On  doit 
nu  juste  éloge  au  labeur  si  considérable  cju'a  dû  coûter  à  l'aiîteur  la  re- 
cherche de  tant  de  matériaux  dans  les  Ouvrages  nombreux  et  divers  où  ils 
sont  disséminés.  Il  en  est  résulté,  si  je  puis  ainsi  dire,  une  vue  d'ensemble 
qui  a  un  intérêt  véritable,  et  dont  l'utilité  est  manifeste.  Parfaitement  au 
courant  des  acquisitions  de  la  science  moderne,  il  a  recherché,  avec  les  lu- 
mières qu'elle  lui  fournissait,  toutes  les  circonstances  qui,  dans  l'atmo- 
sphère, à  la  surface  du  sol,  dans  les  eaux  qui  le  couvrent,  et  dans  les  êtres 
organisés  vivants  ou  morts,  peuvent  concourir  au  développement  de  cer- 

(;.  R.,  1870,  -i'  Semestre.  (T.  LXXl,  M»  2.)  '  ^ 


(  '38  ) 
tains  agents  nuisibles,  animés  ou  iiinnimés,  cause  probable  de  plusieurs 
maladies  épidémiques.  Bien  que  l'exactitude  de  plusieurs  des  opinions  émises 
par  l'auteur  ne  soit  pas  toujours  étayée  par  lui  de  preuves  sutflsantes,  son 
travail,  qui  témoigne  d'une  instruction  peu  commune  et  de  beaucoup  d'in- 
telligence, ne  peut  qu'être  médité  avec  fruit  par  tous  ceux  qui  s'occupent 
des  questions  relatives  à  l'étiologie  soit  du  choléra,  soit  d'autres  maladies 
endémiques  et  épidémiques. 

Dans  une  Notice  sur  les  mesures  de  préservation  prises  à  Batna  (Algérie) 
pendant  le  choléra  de  1867,  M.  Dckerley,  médecin-major,  a  rapporté  lies 
faits  qui  portent  le  cachet  d'une  bonne  observation,  et  qui  prouvent  l'in- 
fluence favorable  que  l'isolement,  la  destruction  par  le  feu  ou  la  désinfec- 
tion des  matières  contaminées,  et  des  mesures  bien  entendues  d'iiygiene 
ont  eue  sur  l'état  sanitaire  de  cette  ville,  qui,  pendant  deux  mois,  a  été, 
ainsi  que  ses  environs,  préservée  du  choléra,  tandis  que  les  territoires  voi- 
sins étaient  ravagés  par  une  épidémie  de  choléra  très-meurtrière.  Une  carte 
topographique  met  en  évidence  les  faits  consignés  dans  ce  Mémoire. 

Enfin  la  Commission  a  jugé  digne  d'être  honorablement  citée  ime  excel- 
lente statistique,  due  à  M.  le  D'  Géry  père,  des  décès  par  le  choléra 
qui  ont  eu  lieu  dans  le  quartier  Folie-Méricoiirt  pendant  les  années 
i865  et  1866.  Ce  travail,  d'une  incontestable  utilité,  est  fait  avec  un  soin 
qu'on  ne  saurait  trop  louer.  En  l'entreprenant,  M.  Géry  a  donné  un  bon 
exemple;  l'exécution  de  beaucoup  de  statistiques  semblables  fournirait  à 
l'histoire  du  choléra  de  précieux  documents. 

PRIX  CUVIER. 

(Commissaires:  MM.  Elie  de  Beaumont,  Brongniart,  de  Quatrefages, 
Daubrée,  Milne  Edwards  rapporteur.) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année  1869. 

La  Commission  chargée  de  décerner  le  prix  Ciivier  pour  l'année  iSfig  a 
décidé,  à  l'unanimité,  que  celle  marque  de  haute  estime  senùt  donnée  à 
M.  EiiKENBERG,  Associé  étranger  de  l'Académie  à  Berlin. 

Les  travaux  de  M.  Ehreidiorg,  commencés  il  y  a  |)rés  d'un  demi-siècle, 
et  |)oursuivis  sans  relâche  jusqu'au  moment  actuel,  sont  si  bien  connus  de 
tous  les  naturalistes,  et  les  services  rendus  à  la  zoologie  [)ar  cet  observateur 
habile  sont  d'un  ordre  si  élevé  que  la  Commission  croit  inutile  de  motiver 
son  vote. 


(  i39  ) 
Le  nom  de  M.  Ehrenberg  ne  peut  que  jeter  un  nouvel  éclat  sur  la  liste 
des  iinturalistes  auxquels  l'Académie  a  décerné  le  prix  Cuvier,  et  votre  rap- 
porteur se  borne  à  l'appeler  que  ces  lauréats  sont  MM.  Agassiz,  J.  Millier, 
R.  Owen,  LéonDufour,  Murcliison  et  de  Baer. 

PRIX  BORDIN. 

RÔLE    DES    STOMATES    DANS    LES    FONCTIONS    DES    FEUILLES. 

(Commissaires  :  MM.  Duchartre,  Decaisne,  Tulasne,  Naudin, 
Brongniart  rapporteur.) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année  1869. 

L'Académie,  en  mettant  ce  sujet  au  Concours,  désirait  que  les  concur- 
rents déterminassent,  par  des  expériences  précises,  la  part  des  stomates 
dans  l'ensemble  des  fonctions  des  feuilles  en  distinguant  ce  qui  appartient 
à  l'épiderme  dépourvu  de  stomates  et  à  celui  qui  en  est  pourvu,  dans  le- 
quel les  stomates  doivent  jouer  un  rôle  essentiel;  elle  aurait  désiré  qu'on 
étudiât  le  mode  d'action  de  ces  deux  surfaces  différentes  des  feuilles  au 
point  de  vue  de  l'exhalation  ou  de  l'absorption  de  l'eau,  aussi  bien  qu'à 
celui  de  l'exhalation  et  de  l'absorption  des  gaz. 

Trois  Mémoires  ont  été  envoyés  au  Concours  à  l'époque  fixée  pour  sa  clô- 
ture ;  chacun  d'eux  renferme  des  observations  et  des  expériences  intéres- 
santes. Des  points  importants  qui  se  rattachent  à  la  question  mise  au  Con- 
cours ont  été  étudiés  et  souvent  résolus  d'une  manière  qui  laisse  peu  de 
doutes,  surtout  dans  deux  des  Mémoires  qui  ont  été  adressés  à  l'Académie 
(sous  les  n"'  2  et  3). 

Mais  on  peut  dire  que  ce  sont  certains  élémetits  de  la  question  qui  ont 
été  abordés,  plutôt  que  la  question  elle-même. 

Chacun  des  auteurs  le  reconnaît,  poin-  ainsi  dire,  en  déclarant  que  le 
temps  lui  a  manqué  pour  compléter  ses  recherches  et  qu'il  n'est  pas  arrivé 
au  terme  des  études  qu'il  se  propose  de  continuer. 

Il  est  certain  que  la  question,  telle  que  la  posait  le  programme  du  Con- 
cours, n'est  pas  résolue  d'une  manière  positive,  et  que  les  conclusions 
énoncées  par  les  savants  auteurs  de  ces  Mémoires  sont,  dans  certains  c;is, 
des  présomptions  plus  ou  moins  vraisemblables  plutôt  que  des  vérités 
démontrées  ou,  dans  d'autres  cas,  seulement  des  conclusions  partielles 
relatives  à  des  phénomènes  particuliers,  cpii  jouent  sans  doute  un  rôle 
important  dans  les  fonctions  qui  font  l'objet  de  ce  Concours,  mais  sans 
résoudre  la  question  elle-même  telle  qu'elle  avait  été  présentée. 

i8.. 


(    >/io  ) 

D.nis  cette  situation,  vu  rintérèt  du  sujet  et  l'espoir  que  la  question 
pourra  être  résolue  soit  p;ir  les  concurrents  actu(>]s,  soit  par  d  autres 
savants,  la  Commission  pense  qu'il  y  a  lieu  de  remettre  la  question  au 
Concours. 

Nous  n'entrerons,  pour  ce  motif,  ilans  aucun  détail  sur  les  Mémoires 
envoyés  cette  année,  car  la  question  étant  maintenue  au  Concours,  il  y 
aurait  des  inconvénients  évidents  à  faire  connaître  et  à  discuter  les  tra- 
vaux de  chacun  des  compétiteiu-s;  les  méthodes  d'expérimentation  em- 
ployées par  eux  et  les  résultats  qu'ils  eu  ont  déjà  obtenus,  ne  devant  être 
connus  du  public  et  de  leurs  concurrents  qu'autant  qu'ils  le  jugeront  con- 
venable. 

Conformément  h  la  proposition  de  la  Commission,  l'Académie  remet  au 
Concours  pour  l'année  187a,  la  question  du  rôle  des  stomates  dans  les  fonc- 
tions des  feuilles,  telle  qu'elle  l'avait  proposée  pour  1869. 

Le  terme  pour  l'envoi  des  Mémoires  est  fixé,  exceptionnellemeut,  au 
3i  décembre  1871.  Ces  Mémoires  devront  être  écrits  eu  hançais  ou  en 
latin;  ds  pourront  être  manuscrits  ou  imprimés,  |)orler  le  nom  de  l'auleur 
ou  le  renfermer  dans  un  billet  cacheté,  la  Commission  se  réservant  le 
droit  d'ouvrir  ce  billet  si  elle  juge  nécessaire  de  se  mettre  en  rapport  avec 
l'auteur  pour  la  vérification  des  faits  signalés  dans  son  Mémoire. 

[Foir  aux  Prix  PROPOsris.) 

PRIX  BORDIN. 

(Commissaires  :  MM.  Coste,  Milne  Edwards,  de  Quatrefages,  Robin,  Emile 

P)lanchar(l  rapporteur.) 
Rapport  siii'  le  Concours  de  l'année  10G9. 

L'Académie  a  proposé  en  18G6,  comme  sujet  de  Concours  pour  le  |irix 
Bordiu  à  décerner  en  1869  :  la  Monncjrapliie  (/'iz/i  nn'iinnl  invertébré  marin. 
Dans  la  pensée  de  la  Commission  chargée  de  formulei-  le  programme,  les 
concurrents  devaient  s'attacher  à  faire  une  étude  profonde  de  l'organisation 
et  des  conditions  biologiques  d'un  animal  qui  n'aurait  pas  encore  été  l'ob- 
jet de  recherclies  bien  ^'tendues.  On  désirait,  en  un  mot,  que  la  science 
s'enrichisse  d'une  de  ces  monographies,  qui,  en  apportant  des  détails  d'une 
extrême  précision  sur  les  appareils  organiques  et  sur  les  diverses  phases  du 
développement  end)ryonuaire  d'un  type  |)arliculier,  donnent  lieu  à  de 
nouvelles  comparaisons  et  facilitent  ainsi  de  nouvelles  généralisations. 

Deux  Mémoires  ont  été  envoyés  pour  ce  Concours.  L'un,  inscrit  sous  le 


(  i4i  ) 

n°  1,  a  pour  titre  :  Recherches  zoolor/iqucs  cl  anntomiques  sur  des  N^ëmatoides 
non  parasites,  marins,  et  pour  épigraphe  :  MaQi7v.  Les  vers  de  la  classe  des 
Helminlhes  et  de  l'ordre  des  Néin.itoides  habitent  dans  les  milieux  les  plus 
différents.  Il  y  a  les  espèces  parasites,  —  ce  sont  pour  la  plupart  des  vers 
intestinaux  —  et  les  espèces  errantes,  terrestres  et  aquatiques.  I>es  premières 
ont  été  beaucoup  étudiées  dans  leur  organisation;  mais  les  autres,  n'ayant 
pas  excité  aussi  vivement  l'intérêt  des  naturalistes,  ont  été  plus  négligées. 
On  a  seulement  quelques  travaux  sur  les  Anguillules  et  les  Gordius,  les 
plus  connus  des  Nématoïdes  libres,  et  uu  nombre  fort  restreint  d'observa- 
tions sur  les  espèces  marines. 

Le  travail  que  nous  avious'à  apprécier  a  pour  objet  la  détermination  des 
caractères  zoologiques  et  l'étude  comparative  de  l'organisation  interne  de 
vingt-deux  espèces  méditerranéennes  recueillies  dans  les  parages  de  Mar- 
seille. L'auteur,  ayant  à  s'occuper  d'animaux  qui  paraissent  n'avoir  encore 
été  enregistrés  dans  aucun  Ouvrage  descriptif,  s'est  appliqué  d'abord  à  les 
bien  caractériser,  et  il  a  fait  preuve  d'un  bon  esprit  scientifique,  en  tenant 
à  s'assurer  que  les  signes  distinctifs  extérieurs  coïncidaient  avec  des  j)arti- 
cularités  anatomiques  importantes.  La  seconde  partie  du  Mémoire  est  con- 
sacrée à  l'exposition  des  résultats  obtenus  par  la  recherche  anatomique. 
Nous  y  trouvons  une  étude  consciencieuse  des  téguments  et  des  muscles, 
d'intéressantes  remarques  relatives  à  la  cavité  générale  du  corps.  Les  ob- 
servations sur  l'appareil  digestif  qui  conserve  les  traits  caractéristiques  de- 
puis longtemps  signalés,  chez  les  vers  Nématoïdes,  nous  font  connaître 
simplement  quelques  modifications  suivant  les  espèces,  mais  l'auteur  a  vu 
et  décrit  avec  soin  des  glandes  qui  n'existent  pas  chez  les  Nématoïdes  para- 
sites. Le  système  nerveux, que  personne  encore  n'avait  étudié  chez  les  Néma- 
toïdes marins,  a  été  l'objet  d'investigations  sérieuses,  et  nous  pensons  que 
ses  parties  les  plus  importantes  ont  été  assez  exactement  reconnues.  Une 
ré.serve  plus  grande  nous  est  commandée  à  l'égard  d'une  détermination  des 
organes  des  sens,  et  surtout  d'un  appareil  d'audition  que  l'auteur  croit 
avoir  découvert.  Les  organes  de  la  génération  ont  montré  dans  leur  en- 
semble une  très-grande  ressemblance  avec  ceux  que  l'on  a  décrits  chez 
d'autres  représentants  du  même  type  zoologique,  mais  des  détails  précis 
relatifs  à  diverses  espèces  ont  été  constatés.  Le  Mémoire  sur  des  JScmalovhs 
marins,  se  termine  par  des  remarques  stn-  le  développement  de  l'embryon, 
qui  ajoutent  peu  aux  faits  observés,  chez  des  vers  du  même  ordre,  et  par 
des  considérations  physiologiques  sur  l'alimentation  et  sur  la  digestion. 

On  voit  par  cet  exposé  que  le   ti'.ivaii  a  été  exécuté  avec  une  véritable 


(    l42    ) 

intelligence  du  sujet,  et  qu'il  contribue  très-notablement  à  faire  connaître 
un  type  zoologiquc  jusqu'ici  assez  négligé.  L'étude  de  ce  type,  cependant, 
n'est  pas  achevée.  Connue  conclusion,  l'auteur  formule  ses  appréciations 
sur  les  affinités  naturelles  des  Néniatoïdes  marins.  La  détermination  précise 
de  ces  affinités  offre,  en  effet,  un  intérêt  réel,  car  elle  doit  être  la  consé- 
quence d'études  assez  approfondies  pour  que  tous  les  faits  soient  rendus 
bien  comi)arables.  Il  existe  plusieurs  groupes  zoologiques  composés  d'es- 
pèces présentant  les  mêmes  caractères  généraux  et  ayant  des  conditions 
d'existence  fort  différentes,  par  exemple,  les  Planaires,  qui  sont  des  vers 
aquatiques,  et  lesTrématodes,  qui  sont  des  vers  intestinaux.  L'auteur  estime 
qu'à  la  façon  de  ces  deux  formes,  les  Néniatoïdes  marins  et  les  Néniatoïdes 
parasites  constituent  aussi  deux  groupes  bien  distincts  du  même  ordre.  La 
question  ainsi  posée,  il  est  facile  de  se  convaincre  que  les  comparaisons 
n'ont  pu  être  suffisamment  rigoureuses  encore  pour  que  toutes  les  ressem- 
blances et  toutes  les  différences  entre  les  représentants  des  deux  groupes 
se  trouvent  mises  en  lumière.  On  peut  croire,  d'ailleurs,  que  les  conditions 
biologiques,  si  dissemblables  en  appai-ence,  coïncident  moins  ici  que  ne  le 
pense  l'auteur  avec  d'importantes  particularités  d'organisation,  car  avec 
les  données  actuelles  encore  fort  incomplètes,  il  est  vrai,  il  ne  paraît  plus 
douteux  que  le  même  genre  de  vie  de  certains  vers  néniatoïdes  ne  change 
durant  les  phases  de  leur  existence. 

Le  Mémoire  inscrit  sous  le  n°  2  est  la  Monocjrapltie  de  deux  esjièces 
d'Ancées  du  golfe  de  Nciptes  [Ancœiis  paratlelui,  J .  forficula  Costa  et  //.  ille- 
pidus  ) . 

T,es  Ancées,  petits  Crustacés  de  l'ordre  des  Isopodes,  furent,  il  y  a  quel- 
ques années,  de  la  part  de  M.  Hesse,  l'objet  d'un  travail  jugé  digne  par 
l'Acaelémie  tle  prendre  place  dans  le  Recueil  des  Savants  élranqers.  M.  Hesse, 
ayant  beaucoup  observé  les  espèces  des  côtes  de  l'Océan,  s'était  assuré  que 
les  Pranizes,  considérées  précédemment  comme  représentant  une  hirme 
générique  particulière,  étaient  les  larves  ou  les  femelles  des  Ancées;  le  pre- 
mier, il  avait  recoiuui  les  métamorphoses  de  ces  animaux.  Mais  jusqu'ici, 
seules  à  peu  près,  les  formes  extérieures  de  ces  Crustacés  avaient  été  étu- 
diées. L'auteur  du  Mémoire  soumis  à  notre  examen  s'est  attaché  à  l'obser- 
vation des  parties  internes  et  des  changements  qui  s'opèrent  dans  l'orga- 
nisme |iendant  les  phases  successives  du  développement.  Une  |iremière 
partie  de  sou  travail  est  consacrée  aux  individus  adultes.  Les  pièces  tégu- 
mentaires,  les  appendices,  les  muscles,  l'appareil  digestif,  les  organes  de  la 
génération  y  sont  étudiés  d'une  manière  comparative  dans   les  deux  sexes 


.  (  i43  ) 
et  d'une  façon  qui  laisse  peu  à  désirer,  car  des  rapprochements  avec  les 
autres  Crustacés  de  l'ordre  des  Isopodes  contribuent  à  donner  la  précision 
aux  faits  observés.  Le  système  nerveux  a  été  examiné,  dans  ses  parties  prin- 
cipales tout  au  moins;  à  l'égard  de  l'appareil  de  la  circulation  du  sang,  la 
recherche  a  été  moins  heureuse:  elle  nous  éclaire  simplement  sur  la  forme 
et  la  position  du  cœur,  et  sur  le  trajet  des  grosses  artères;  elle  nous  laisse 
encore  dans  l'ignorance  relativement  à  la  marche  du  sang  veineux,  ainsi 
qu'au  système  de  canaux  qui  apporte  au  cœur  le  sang  artérialisé. 

Après  l'étude  des  Ancées  adultes,  l'auteur  s'occupe  de  leurs  larves  de- 
puis la  sortie  de  l'œuf  jusqu'à  la  dernière  métamorphose,  décrivant  avec 
un  soin  presque  minutieux  les  divers  étals  par  lesquels  passe  l'animal 
quant  à  ses  formes  extérieures  et  à  son  organisation  interne.  Il  compare  ces 
états  transitoires  à  l'état  permanent  des  adultes,  et,  dans  cette  comparaison, 
il  fait  ressortir  avec  habileté  la  signification  biologique  des  changements  qui 
s'effectuent.  Sous  leur  forme  de  larves,  les  Ancées  vivent  parasites  sur  la 
peau  des  Poissons  dont  ils  sucent  le  sang;  leurs  pattes,  leurs  pièces  buc- 
cales sont  appropriées  à  ce  genre  de  vie  ;  leur  tube  digestif,  qui  doit  recevoir 
une  grande  qunntité  de  nourriture,  est  énorme.  Adultes,  les  Ancées  vivent 
libres  et  semblent  presque  ne  plus  agir  que  pour  les  besoins  de  la  repro- 
duction; alors  se  modifient  leurs  appendices,  la  bouche  cesse  d'être  apte  à 
la  succion,  il  y  a  une  certaine  atrophie  de  l'appareil  alimentaire.  L'auteur 
du  Mémoire  que  nous  examinons  a  bien  suivi  et  bien  compris  ces  modifi- 
cations, qui  sont  eh  rapport  avec  les  variations  dans  les  conditions  d'exis- 
tence. 

Dans  un  dernier  chapitre,  il  étudie  la  formation  des  œufs  et  leur  déve- 
loppement après  la  fécondation,  mais  cette  partie  du  travail,  à  la  vérité 
très-difficile,  laisse  beaucoup  de  lacunes. 

Nous  devons  ajouter  que  le  texte  est  accompagné  de  dix  planches  d'une 
exécution  remarquable,  qui  permettent  de  ne  conserver  aucune  incertitude 
sur  la  valeur  des  observations. 

En  résumé,  comme  on  a  pu  en  juger  par  notre  rapide  analyse,  les  deux 
Mémoires  envoyés  au  Concours  pour  le  prix  Bordiu  sont  des  œuvres  fort 
estimables,  qui,  l'une  et  l'autre,  se  recommandent  par  le  nombre  des  faits 
constatés  pour  la  première  fois.  Ces  travaux  témoignent  delà  |>art  de  leurs 
auteurs  un  talent  d'observation  incontestable,  beaucoup  de  persévérance, 
et  une  conscience  absolue  dans  des  recherclies  exirémenient  difficiles. 
Malgré  ces  qualités  que  nous  nous  plaisons  à  signaler,  et  malgré  la  valeur 
des   résultats   que  nous  avons  été  heureux  de  constater,  aucun  des  deux 


(  '44  ) 
Mémoires  cependant  ne  répond  d'nne manière  complète  au  vœu  delà  Com- 
mission qui  a  proposé  le  sujet,  à  l'espérance  qu'il  avait  fait  naître.  La  pré- 
férence à  attribuer  à  l'un  ou  l'autre  des  deux  Ouvrages  demeure  délicate. 
Des  deux  côtés,  il  y  a  des  résidlats  notables  obtenus,  et  également  dus  à 
des  efforts  persévérants,  bien  que  les  grandes  difficultés  n'aient  pas  été  sur- 
montées. En  présence  de  cette  situation,  la  Commission  n'éprouve  aucun 
embarras;  elle  pense  que  ]es  Recherches  mr  les  Némaloïdes  marins,  ei  la 
Monographie  des  Jncées  du  golfe  de  Naples,  étant  vraiment  dignes  d'une 
marque  d'estime  et  des  encouragements  de  l'Académie,  il  convient  de  par- 
tager le  prix  Bordin  entre  les  deux  concurrents. 

Le  Mémoire  n"  1,  portant  pour  épigraphe  :  Ma.ê:7ii,  a  pour  auteur 
M.  A.-F.  Mauiox,  préi)arateur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Marseille. 

Le  Mémoire  n°  2  est  de  M.  NicoL.is  Wagxeii,  professeur  à  l'Université 
de  Kasan. 

PRIX  JECRER. 

(Counnissaires  :  MM.  Reguault,  Ralaid,  Fremy,  Wurtz,  Cahours, 
Clievreul  rapporteur.) 

La  Section  de  Chimie,  à  l'unanimité,  a  décerné  le  prix  Jecker  à 
M.  Friedfx,  pour  ses  Recherches  sur  des  (omposés  (ht  ilhciuin  correspondant 
aux  composés  d'origine  organique. 

PRIX  BARBIER. 

(Commissaires  :  MM.  Nélaton,  Bussy,  Brongniart,  Cl.  Bernard, 
Cloquet  rapporteur.) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année  10G9. 

Des  sept  Mémoires  qui  ont  été  envoyés  au  Concours  du  prix  Barbier, 
deux  seulement  ont  fixé  l'attention  de  la  Connuission  et  lui  ont  paru  dignes 
de  récompense. 

Le  premier  est  de  M.  Mirault,  professeur  honoraire  à  l'École  de  Médecine 
d'Angers,  chirurgien  honoraire  de  l'Hôtel-Dieu,  etc.;  il  a  pour  titre:  De 
Voc(  hision  chirurgicale  temporaire  îles  j)aupicrcs  dans  le  traitement  de  Cectrojnon 

cicatriciel. 

H  y  a  vi<igt-sei)l  ans,  M.  Mirault  publiait  sa  première  observation  d'oc- 
clusion palpébrale  [Annales  d'oculisticpie,  avril  i84a,  t.  XXV)  appliquée 
au  traitement  de  l'ectropion  double.  Depuis  cette  é|)oqne,  un  grand  nombre 


(  145) 
de  chirurgiens  ont  employé  cette  méthode  opératoire  qiii  est  conçue  de  la 
manière  la  phis  rationnelle,  et  qui  a  donné  les  meilleurs  résultais. 

Lorsque  les  deux  paupières  sont  renversées,  il  est  facile  de  les  ramener 
dans  le  lieu  qu'elles  doivent  occuper  normalement,  en  pratiquant  à  peu  de 
distance  de  leur  bord  libre  des  incisions  convenablement  disposées;  mais 
bientôt  les  voiles  palpébraux  sont  entraînés  par  la  rétraction  du  tissu  cica- 
triciel qui  se  forme  sur  la  surface  mise  à  nu  par  la  disseclion,  et  les  ra- 
mène à  la  po.sition  vicieuse  qu'ils  occupaient  avant  l'opération.  Les  chirur- 
giens savent  qu'aucun  bandage,  aucun  topique  ne  met  à  l'abri  de  cette 
réiraclion  cicatricielle. 

C'est  pour  les  éviter  que  M.  Mirault  eut  la  pensée  de  réunir  par  la  suture 
les  deux  bords  avivés  des  paupières,  après  les  avoir  amenés  au  contact. 
Après  cette  réunion,  les  deux  paupières  tendent  à  se  renverser  de  nouveau, 
mais  si  on  les  enchauie  l'une  à  l'autre  par  la  soiidure  de  leurs  bords,  la 
rétraclilité  cicatricielle  agit  en  sens  inverse  pour  chaque  paupière  et  le  ren- 
versement consécutif  devient  impossible. 

Il  ne  reste  plus  qu'à  séparer  les  paupières  en  divisant  la  suture  au  bout 
d'un  certain  temps. 

L'expérience  est  venue  confirmer  l'exactitude  de  ces  données  théoriques, 
et  l'occlusion  palpébrale  temporaire  a  pris  rang  parmi  les  opérations  les 
plus  utiles,  pour  la  restauration  des  paupières.  Mais  dans  certains  cas,  et 
entre  autres,  dans  l'ectropion  uni/iolpébrnl,  cette  méthode  n'est  plus  appli- 
cable. Dans  ce  cas,  la  paupière  saine  non  déplacée  ne  résiste  pas  à  l'attrac- 
tion exercée  par  la  paupière  renversée,  le  succès  exige  deux  tractions  en 
sens  inverse,  ou  au  moins  la  soudure  de  la  paupière  renversée  à  un  |Kjint 
disposé  de  manière  à  résister  à  la  traction. 

C'est  pour  atteindre  ce  but  que  M.  Mirault  a  modifié  son  opération,  mo- 
dification qui  constitue  le  point  principal  du  présent  Mémoire. 

Étant  donné  un  ectropion  iinipalpéliral,  il  taille  un  lambeau  de  forme 
triangulaire,  dont  la  base  correspond  au  bord  ciliaire  de  la  paupière,  il  le 
dissèque  et  le  rend  assez  libre  pour  que  l'on  puisse  facilement  le  rabattre 
au  devant  de  l'œil,  où  il  faut  le  retenir. 

Dans  ce  but  il  fallait  le  fixer  à  lui  point  qui  ne  se  laissât  pas  entraîner 
parla  rétraction  cicatricielle;  or,  ce  point,  il  le  trouve,  non  plusau  bord, 
mais  à  la  base  de  la  paupière  non  renversée;  il  forme,  à  l'aide  d'une  incision 
en  T,  deux  lambeaux  triangulaires  au-dessous  desquels  il  insinue  et  fixe 
le  lambeau  formé  avec  la  paupière  disséquée  et  renversée  au  devant  de 
l'œU. 

C.  R.,   i8;o,  2"  Srmeslre.  (T.  LXXI,  N"  2.)  IÇ) 


(  i46  ) 

L'expérience  est  venue  encore  sanctionner  les  données  de  la  théorie,  et 
l'auteur  présente,  à  l'appui  de  sa  conception  chirurgicnie,  une  observation 
qui  ne  laisse  rien  à  désirer.  Deux  photographies  prises  l'une  avant  la  res- 
tauration palpébrale,  l'autre  après  cette  opération,  mettent  en  toute  évi- 
dence les  avantages  de  la  méthode. 

Le  second  Mémoire  est  de  M.  le  D'  B.  Stilling,  médecin  à  Cassel. 

Jusqu'en  iSSy,  l'ovariotomie  était  presque  toujours  mortelle;  M.  Stilling 
attribua  ce  résultat  à  deux  causes  :  i°  l'hémorrhagie  secondaire  dans  la  ca- 
vité de  l'abdomen,  provenant  du  pédicule  lié  et  abandonné  dans  le  bassin; 
2°  la  péritonite  secondaire  produite  par  l'épanchement  de  sang  et  de  ma- 
tières puriformes  et  sphacélées  sorties  du  pédicule  lié  et  transformé  en  gan- 
grène derrière  la  ligature. 

M.  Stilling,  frappé  de  ces  deux  causes  de  mort,  résolut  de  les  éviter  et 
de  changer  ainsi  une  opération  si  grave,  et  presque  constamment  mor- 
telle, en  une  opération  salutaire  et  relativement  peu  dangereuse. 

Voici  son  procédé  :  au  lieu  de  1. lisser  retomber  le  pédicule  de  l'ovaire, 
après  l'extirpation  de  la  tumeur,  dans  la  cavité  de  l'.djdomen  et  de  l'aban- 
donner dans  la  cavité  péritonéale,  il  le  fixe  hors  de  cette  cavité,  dans  l'angle 
inférieur  de  la  plaie  du  ventre,  de  manière  à  laisser  voir  la  surface  du  pé- 
dicule coupé  et  lié,  tandis  que  tout  le  reste  de  la  plaie  est  hermétiquement 
fermé. 

De  cette  manière,  chaque  hémorrhagie  secondaire  devient  une  hémor- 
rhagie  externe  que  l'on  peut  voir  et  tarir,  et  la  sécrétion  du  pus  provenant 
du  pédicule  ne  peut  jamais  s'épancher  dans  la  cavité  du  péritoine. 

En  procédant  ainsi,  sur  neuf  opérées,  M.  Stilling  en  a  sauvé  six. 

M.  Stilling  a  publié  son  procédé  opératoire  en  iS/ji,  dans  le  journal  alle- 
mand de  Hulscher,  intitulé:  ILumover' sclie Ànnalen,  nouvelle  série  i8/|i,  et 
plus  tard  dans  d'autres  journaux. 

Ce  procédé  a  été  adopté  en  Amérique,  en  Angleterre,  en  France  et  en 
Allemagne,  et  par  lui,  des  centaines  de  femmes  ont  été  sauvées. 

En  j85o,,  un  médecin  anglais  a  publié  cette  méthode  comme  un  procédé 
hii  appartenant,  et,  à  Londres,  un  autre  médecin  anglais  a  énoncé,  dans  ses 
Ouvrages,  que  la  nouvelle  modHicalion  de  l'ovarintoniie  datait  de  l'in- 
vention de  son  compatriote;  nous  croyons  devoir  signaler  ces  erreurs. 

En  conséquence,  après  avoir  discuté  la  valeur  réelle  de  ces  deux  Ouvrages, 
la  Commission  a  proposé  de  pai  tager  le  prix  Barbier  pai-  moitié,  entre 
M.  MiRAUi.T,  d'Angers,  et  M.  B.  Stii.mivg, 


(  i47  ) 

PRIX  GODARD. 

(Commissaires  :   MM.  Coste,  RernarcI,   Robin,  Nélaloii, 
Milne  Edwards  rap[)orfenr.) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année  1869. 

L'Académie,  en  acceptant  les  legs  destinés  à  la  fondation  de  prix  spé- 
ciaux, a  toujours  entendu  interpréter  de  la  manière  la  plus  large  et  la  plus 
conforme  aux  intérêts  des  sciences,  les  dispositions  testamentaires  relatives 
à  ces  institutions.  Aussi,  lorsqu'aucune  clause  formelle  ne  s'y  opposait  pas, 
les  Commissions  chargées  de  décerner  ces  prix  n'ont-elles  jamais  hésité 
à  introduire  d'office  dans  les  Concours  les  travaux  qui  leur  paraissaient 
dignes  de  récompense.  La  Commission  dont  j'ai  l'honneur  d'élre  ici  l'in- 
terprète s'est  conformée  à  ces  précédents,  etj  ne  trouvant  parmi  les  pièces 
soumises  dueclement  à  son  jugement  aucun  Mémoire  assez  important  pour 
obtenir  le  prix  Godard,  elle  a  porté  son  attention  sur  les  antres  publica- 
tions qui,  depuis  quelques  années,  ont  été  faites,  soit  sur  l'anatomie  des 
organes  génito-urinaires,  soit  sur  la  physiologie  ou  la  pathologie  de  ces 
parties.  Plusieurs  travaux  de  cet  ordre  lui  ont  paru  dignes  de  la  récompense 
qu'elle  avait  à  décerner;  m;iis  elle  a  cru  devoir  accorder  la  préférence  à  une 
série  de  recherches  due  à  un  des  anatomisles  les  plus  habiles  et  les  plus 
laborieux  de  l'époque  actuelle  :  M.  le  Professeur  Hyrtl,  de  Vienne  en 
Autriclie. 

Ce  savant  occupe  depuis  longtemps  un  rang  élevé  dans  l'estime  des  ana- 
tomistes.  Il  a  souvent  adressé  à  l'Académie  des  observations  d'un  grand  in- 
térêt, et  en  1861  le  prix  de  Physiologie,  fondé  par  M.  de  Montyon,  lui  fut 
décerné  pour  un  ensendile  de  travaux  qui  avaient  principalement  pour 
objet  l'Angiologie,  et  qui  étaient  de  nature  à  jeter  d'utiles  lumières  sur  di- 
verses questions  de  Physiologie  générale.  Les  recherches  auxquelles  nous 
accordons  aujourd'hui  une  récompense  particulière  sont  d'un  autre  ordre. 
Elles  ont  pour  objet  le  mode  d'organisation  de  l'appareil  génito-urinaire 
chez  les  Poissons,  et  elles  sont  essentiellement  du  domaine  de  l'Anatouiie 
comparée. 

M.  Hyrtl  a  publié  successivement  plusieurs  Mémoires  d'une  grande  im- 
portance sur  ce  sujet.  Dans  un  premier  travail,  il  a  traité  de  la  morpho- 
logie de  l'appareil  urinaire  des  Poissons.  Il  a  étudié  ensuite,  d'une  manière 
très-approfondie,  la  conformation  des  glandes  rénales,  les  connexions  de 
leurs  canaux  excréteurs  avec  la  vessie  urinaire  et  les  rapports  de  celle-ci  avec 

19.. 


(  i48  ) 
la  fosse  cloacale  chez  un  très-grand  nombre  de  ces  animaux  ;  il  s'est  occupé 
ensuite  des  organes  génitaux  de  la  Chimère  et  de  la  structure  de  l'appareil 
génito-urinaire  des  Ganoïdes.  Le  nombre  de  faits  nouveaux  que  !\1.  Hyitl  a 
introduits  ainsi  dans  la  science  est  très-grand  ;  toutes  ses  observations  sont 
d'une  exactitude  remarquable,  et  nous  n'hésitons  ])as  à  dire  que  depuis 
vingt  ans  il  a  plus  contribué  que  tout  autre  aux  progrès  de  cette  partie  de 
l'histoire  anatomique  des  Poissons. 

Ces  travaux  rentrent  directement  dans  le  programme  du  prix  institué 
récemment  par  feu  M.  Godard,  poiu-  encourager  l'étude  anatomique  et 
physiologique  des  organes  génito-urinaires,  et  leur  importance  nous  a 
paru  considérable.  Par  conséquent,  la  Commission  a  décidé  à  l'unanimité 
que  le  prix  Godard^  pom*  l'année  1869,  sera  décerné  à  M.  Hyktl,  pour 
ses  recherches  sur  les  organes  génito-urinaires  des  Poissons. 

PRIX  SAVIGNY. 

(Commissaires  :  MM.  de  Qnatrefages,  Blanchard,  Coste,  Ch.  Robin, 

Milne  Edwards  rapporleur.) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année  18C0. 

La  Commission  chargée  de  décerner  le  prix  Savigny  pour  1869  n'a  reçu 
aucun  travail;  elle  propose  de  le  réserver  pour  le  Concours  de  l'année  1870. 

Cette  proposition  est  acceptée  par  l'Académie. 

PRIX  DESMAZIÈRES. 

(Commissiiires  :  MM.  Brongniart,  Duchartre,  Decaisne,  Gay, 

Tulasne  rapporteur.) 

Rapport  sur  le  Concours  de  l'année  1069. 

Quatre  Ouvrages  ou  Mémoires  ont  été  adressés;»  l'Académie  pour  con- 
courir cette  année  au  prix  Desmazières. 

L  Le  premier  est  lui  volume  in-8"  de  XX  et  i  i4o  pages,  divisé  en  trois 
Parties,  accompagné  de  uomlireuscs  figures  dans  le  texte  et  publié  à 
Leipzig,  de  1864  à  18G8,  sous  le  titre  de  Flora  europœn  Alcjamm  aquœ 
didcis  et  submarinœ;  il  a  [)our  auteur  M.  le  D'  Louis  Rabetihorst,  de  Dresde 
bien  connu  en  Allemagne  pour  ses  nombreuses  pid)lications  sur  les  diverses 
branches  de  la  cryptoganue.  Cet  Ouvrage  contient  la  description  abrégée 
de  toutes  les  Algues  que  son  titre  désigne,  il  les  présente  méthodiquement 


(  i49  ) 
classées,  et  ne  pourra  manquer  irètre  fort  utile  aux  botanistes  (jiii  désireront 
être  initiés  à  la  déterunnalion  spécifique  de  ces  plantes  et  à  la  connaissance 
des  caractères  principaux  de  leur  organisation. 

IT.  Deux  Mémoires  d'une  beaucoup  ifioindre  étendue  sont  dus  à  M.  le 
D''  Edouard  Strasburger,  actuellement  professeur  de  botanique  à  l'Univer- 
sité d'Iéna  (ci-devant  à  Varsovie  )  ;  ils  sont  relatifs  aux  organes  sexuels  et  à 
la  fécondation  dans  les  Fougères  et  dans  le  Marclinitia  polymorplia,  petite 
plante  de  la  famille  des  Hépatiques. 

Bien  qu'un  assez  grand  nombre  de  botanistes  se  soient  successivement 
appliqués  a  vérifier  et  à  compléter  les  curieuses  découvertes  de  M.  Lcszczyc- 
Sumiuski,  M.  Strasburger  a  su  donner  de  l'intérêt  à  l'exposé  de  ses  re- 
cherches par  la  précision  des  détails,  la  correction  et  le  nombre  des  obser- 
vations, de  façon  qu'il  semble  aujourd'hui  difficile  d'ajouter  quelque  no- 
tion importante  à  la  connaissance  que  nous  avons  du  phénomène  de  la 
fécondation  dans  les  Fougères.  La  circonstance  la  plus  délicate  sur  laquelle 
insiste  particulièrement  M.  Strasburger  consiste  dans  l'introduction  du 
spermatozoïde  à  l'intérieur  de  l'archégone.  Suivant  cet  habile  observateur, 
une  humeur  visqueuse  excrétée  par  l'organe  femelle  aiderait  puissamment 
à  cette  introduction,  et  le  spermatozoïde  descendu  jusque  sur  la  gono- 
sphère  s'y  appliquerait  en  un  point  indiqué  d'avance  par  une  tache  spéciale. 
Le  spermatozoïde  ne  se  plongerait  dans  la  gonosphère  que  sur  cette  tache 
copulative  ;  un  seid  suffirait  à  la  rendre  fertile,  à  troubler  sa  limpidité  ini- 
tiale et  à  provoquer  sa  division  en  cellules. 

La  vésicule  souvent  traînée  par  la  spiricnle  fécondatrice  n'est  rien  autre 
chose,  aux  yeux  de  M.  Strasburger,  que  la  vacuole  centrale  de  la  cellule- 
mère  du  .spermatozoïde,  et  celui-ci  se  débarrasse  toujours  de  cet  ap|)en- 
dice  avant  de  pénétrer  dans  l'archégone,  bien  loin  de  l'entraîner  avec  lui, 
comme  il  devrait  le  faire  si  celte  vésicule  contenait  réellement  les  matières 
vraiment  fécoîidantes. 

En  ce  qui  touche  le  Marchaulia  pol/morplia,  il  n'a  été  pour  M.  Strasbur- 
ger, après  ses  recherches  sur  les  Fougères,  que  l'objet  d'unie  étude  compa- 
rative; aussi  l'auteur  n'a-t-il  donné  son  attention  qu'à  l'examen  des  or- 
ganes sexuels  et  de  leurs  rapjiorls.  Ses  observations  sur  le  développement 
de  l'anthéridie  différent  sur  plusieurs  points  de  celles  publiées  par  M.  Tlof- 
meisler,  et  s'accordent  davantage  avec  l'exposition  faite  par  M.  Kny  de  l'é- 
volution des  Riccin.  M.  Strasburger  décrit  avec  le  plus  grand  détail  la 
formation  initiale  de  cette  anthéridie  et  son  partage  successif  et  régulier  en 


(  i5o  ) 
une  infinité  de  cellules  quadratiques,  dont  chacune  dorme  naissance  à  un 
spermatozoïde  plus  petit  que  celui  des  Fougères.  Le  mode  de  développe- 
ment de  ce  filament  fécondateur  est  presque  le  même  dans  les  Fougères, 
les  Hépatiques  et  les  Mousses,  tandis  que  l'évolution  de  lanlhéridie  offre 
plus  de  dissemblances.  Quant  à  l'organe  femelle  ou  archégone,  son  histoire 
]iour  toutes  ces  plantf  s  est  très-uiiiforme.  M.  Slrasburger  signale,  comme 
exemple,  la  grande  similitude  de  l'archégone  du  Marclianlia  avec  celui  des 
Fougères  :  le  même  mucilage  rejeté  par  le  col  archégonial,  le  même  rôle 
conducteur  exercé  par  ce  mucus  sur  les  spermatozoïdes,  la  gonosphère  éga- 
lement marquée  d'une  lâche  copulative,  etc.  (i). 

ITI.  Enfin,  sous  le  n"  3,  se  trouve  inscrit  au  Secrétariat  de  l'Académie  un 
Mémoire  sur  les  Bactéries,  publié  par  M.  le  D""  Hermann  Hoffmann,  profes- 
seur de  Botanique  à  l'Université  de  Giessen,  Mémoire  qui  a  paru  dans  la 
Botanische  Zeiluiuj  de  Berlin  (l.  XXVII,  nn.  i5-ao;  1869),  et  dont  les 
Annales  des  Sciences  nnliirelles  de  Paris  ont  donné  récemment  une  traduc- 
tion. 

Les  Bactéries  sont  du  nombre  des  corps  organisés  les  plus  simples  et  les 
plus  ténus  que  nous  connaissions,  cependant  leur  rôle  dans  l'économie  de 
la  nature  est  loin  d'être  insignifiant;  leur  histoire  se  rattache,  en  effet, 
d'une  manière  intime  à  celle  de  la  fermentation  et  de  la  putréfaction,  de 
ces  phénomènes  qui,  comme  l'a  dit  nn  chimisie  éminent,  conlribucnl  plus 
que  tous  les  autres  à  restituer  à  l'atmosphère  et  au  règne  minéral  la  matière 
organique  que  la  vie  a  cessé  d'animer,  et  conséquemment  à  rendre  possible 
la  perpétuité  de  la  vie  à  la  surface  du  globe  (2).  Celte  fonction  des  Bacté- 
ries leur  étant  évidemment  commune  avec  les  Champignons,  on  peut  en  ti- 
rer un  motif  très-plausible  de  les  retenir  parmi  ces  végétaux,  où  leur  place 
est  d'ailleurs  aussi  facilement  justifiée  que  dans  aucun  autre  groupe  d'êtres 
organisés. 

Bien  que  M.  Hoffmaïui  n'ait  pas  négligé  le  côté  biologique  de  l'histoire 
des  Bactéries,  il  n'a  point  eu  cepentlant  l'intention  de  les  ttiidier  spéciale- 
ment, comme  M.  Pasteur,  au  point  de  vue  de  leur  action  chimique  siu"  les 

(1)  Les  deux  Momoiics  de  M.  Ed.  Strashurj^er  ont  été  publiés  ensemble  dans  les  Annales 
de  Botanique  scientificjue  de  M.  Pringsbeim,  t.  VII  (1869);  le  premier  avait  déjà  paru  dans 
les  Mcmnires  de  l'Àradéniie  dis  Sciences  de  Saint-Pétersbourg  ( ■j"  série,  l.  XII,  n"  3; 
1868),  et  les  Annales  des  Sciences  naturelles  de  Paris  en  ont  donné  une  tradnrlion  (S' série, 
t.  IX,  [1868],  p.  227-247,  PL  Xlllet   XIV). 

(2)  Voyez  les  Comptes  rendus,  t.  LVI  (i863},  p.  734  et  suiv. 


(  i5i  ) 
milieux  liquides  ou  solides  dans  lesquels  ils  se  développent;  de  là  sont  ré- 
sultées sans  doute  les  divergences  d'appréciation  que  l'on  peut  signaler  en 
comparant  les  opinions  de  M.  Hoffmann  avec  celles  de  notre  illustre  con- 
frère. Celui-ci,  se  réservant  toutefois  do  discuter  au  besoin  la  valeur,  plus 
ou  moins  réelle,  des  distinctions  spécifiques  admises  par  M.  Ehrenberg,  re- 
connaît que  les  Vibrions  ou  Bactéries  n'ont  pas  tous,  à  beaucoup  près,  le 
même  caractère  physiologique,  et  par  suite  le  même  rôle  chimique;  que  les 
uns,  comme  le  Bacteriiim  Terino  et  le  Monas  Crepmculum,  vivent  en  absor- 
bant le  gaz  oxygène  dissous  dans  les  liqueurs  putrescibles,  comme  les  I\!u- 
cédinées  consomment  l'oxygène  de  l'air  atmosphérique  pour  y  substituer 
de  l'acide  carbonique,  tandis  que  les  Vibrions  proprement  dits  vivent 
sans  oxygène  libre  et  aux  dépens  des  matières  azotées  qu'ils  transforment 
en  produits  plus  simples,  que  comburent  ensuite  les  Bactéries  et  les  Mu- 
cor  (i).  S'il  est  vrai,  d'ailleurs,  que  les  animalcules -ferments,  comme 
M.  Pasteur  les  appelle,  ne  sontguère  sûrement  distingués  et  reconnusqu'aux 
effets  chimiques  qu'ils  produisent,  nous  sommes  moins  surpris  que  M.  Hoff- 
mann ne  se  soit  pas  mis  plus  en  peine  de  préciser  des  distinctions  spéci- 
fiques. Bien  qu'il  n'ait  pas  absolument  décliné  celte  tâche,  il  s'est  borné, 
pour  la  commodité  de  ses  démonstrations,  à  faire  des  Bactéries  trois  caté- 
gories, caractérisées  surtout  par  les  dimensions  relatives  de  ces  corpuscules. 
La  théorie  de  la  putréfaction  et  de  certaines  fermentations,  telle  que 
M.  Pasteur  l'a  exposée,  semblerait  contredite  par  M.  Hoffmann,  s'if  était 
vrai,  comme  ce  dernier  le  voudrait  croire,  que  toutes  les  Bactéries  usent 
semblablement  du  gaz  oxygène.  Faut-il  mieux  su|jposer  que  les  expéri- 
mentations du  professeur  de  Giessen  n'ont  jamais  eu  pour  objet  que  des 
Bactéries,  connue  le  Bacterinm  Termo  et  le  Monas  Crepiiscuhim,  et  non  des 
Vibrions- ferments  proprement  dits?  Peut-être  aussi,  comme  l'a  soupçonné 
M.  Pasteur,  que  les  mêmes  Vibrions  auraient  vis-à-vis  de  l'oxygène,  deux 
modes  d'existence  différents  (^voyez  les  Comptes  rendus,  t.  LVI,  p.  420 
et  1 192,  aux  notes). 

On  ne  lit  point  sans  étonnement,  dans  le  Mémoire  de  M.  Hoffmann, 
qu'il  est  parvenu  à  cultiver  artificieliemenl  les  Bactéries  et  même  qu'il  lésa 
vues  croître  dans  l'air,  sur  un  corps  modérément  humide.  Dans  cette  con 
dition  insolite,  elles  arrivent  pourtant  à  former  des  chapelets  assez  allongés 
et  qui  se  dressent  les  uns  contre  les  autres  à  la  manière  des  soies  du  ve- 
lours. 


(i)  Foyez  le  volume  précité  des  Coinptms  rendus,  |).  i  189-1  194. 


(  i52  ) 
Une  grandf  question  que  notre  auteur  n'a  point  voulu  éviter,  car  elle 
s'imposait  nalurellouient  à  lui,  c'est  celle  de  l'origuie  des  Bactéries,  de  ces 
corpuscules  en  quelque  sorte  ubiquistes  et  que  les  partisans  de  la  (jénérotion 
sponlanée  invoquent  si  volontiers  comme  témoins  des  forces  génératrices 
qu'ils  prétendent  inhérentes  à  la  matière.  M.  Hoffnuitm  n'hésite  |)as  à  se 
décl.u'er  ouvertement  contre  cette  doctrine  :  ses  observations,  dit-il,  sont 
à  tous  égards  défavorables  à  l'hvpothèse  de  la  qcnératio7i  iponlfinée;  les  Bac- 
téries, d'ailleurs,  onf  des  caractères  morphologiques  trop  précis,  pour  qu'on 
soit  autorisé  à  n'y  voir  que  des  formations  rudimentaires,  inconsistantes, 
d'où,  le  temps  aidant,  des  influences  inconnues  pourraient  faire  sortir  des 
êtres  plus  complexes  :  les  Bactéries  sont  des  êtres  achevés,  qui  ont,  à  l'égal 
des  plus  nobles  créatiues,  des  ancêtres  et  une  postérité. 

Après  cette  analyse  rapide  des  Ouvrages  soumis  à  l'examen  de-  votre  Com- 
mission, il  ne  reste  plus  à  son  rappoiteur  qu'à  faire  connaître  la  décision  à 
laquelle  elle  s'est  arrêtée. 

Votre  Commission  partage  cette  année  le  prix  Desmazières,  d'une  ma- 
nière égale,  entre  MM.  Hoffmaw  et  Rabexhoiist.  L'Académie,  en  ratifiant 
ce  suffrage,  honorera  deux  auteurs  que  recommande  un  grand  nombre  de 
publications  estimables,  relatives  tant  à  la  mycologie  qu'a  l'histoire  des  Al- 
gues. M.  Iloffmann,  en  effet,  a  bien  mérité  de  la  science,  non-seulement 
]iar  ses  nombreuses  recherches  per-sonnelles,  mais  encore  par  des  revues 
|)éri()iliques  de  la  littérature  mycoiogique,  grâce  auxquelles  les  botanistes 
adonnés  à  l'étude  des  Champigno!is  sont  tenus  au  courant  de  toutes  les 
publications  qui  intéressent  leur  science  favorite.  D'autre  part,  indépen- 
damment du  livre  dont  nous  avons  pailé  plus  haut,  on  doit  à  M.  Raben- 
liorst,  entre  autres  œuvres,  une  Flore  complète  de  la  Lusace,  une  Flore 
crypiogamique  d'Allemagne,  des  travaux  divers  sur  les  Diatomées  et  des 
E.xsiicatn  très-considérables  d'Algues  et  de  Champignons,  qui  ont  répandu 
parmi  les  botanistes  de  toutes  les  nations  de  très-utiles  matériaux  d'étude. 

Votre  Comuiission.se  |)lait,  en  oiilre,  à  accorder  une  mention  honorable 
aux  diux  Mémoires  de  M.  STKASBiiRtiEit,  dans  lesquels  elle  croit  recon- 
naître loeuvre  d'un  observaleur  habile  et  exact. 

I-cs  piopositions  de  la  Comniissitui  sont  approuvées  par  l'Académie. 


(  I-«  ) 

PRIX  THORE. 

Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,   Brongniart,  Blanchard,   Decaisne, 

Tiilasne  rapporteur.) 

Rapport   sur  le  Concours  de  l'année  1069. 

En  l'absence  de  livres  ou  Mémoires  envoyés  à  l'Académie  avec  l'intention 
exprimée  de  concourir  au  prix  dont  il  s'agit,  la  Commission  a  distingué 
parmi  les  publications  françaises  récentes,  concernant  les  végétaux  cryp- 
togames, le  livre  de  M.  Henri  Bonnet  intitulé  :  Ln  Truffe;  étude  sur  les 
truffes  comestibles  nu  point  de  vue  botanique,  entomologique,  forestier  et  corn- 
mercinl.  (in-8°;  Paris,  Adr.  Delahaye,  i86g.) 

M.  Henri  Bonnet,  actuellement  Vice-Président  du  Comice  agricole  et 
membre  de  la  Chambre  consultative  d'Agriculture  de  l'arrondissement 
d'Apt  (Vaucluse),  a  continué  sur  les  Truffes  des  études  et  des  recherches 
auxquelles  M.  Etienne  Bonnet,  son  père,  l'avait  de  bonne  heui-e  initié,  et 
son  livre  est  comme  le  fruit  de  deux  existences  consacrées  aux  mêmes  re- 
cherches. Personne  n'ignore  que,  poin-  l'abondance  et  la  qualité  de  ses 
Truffes,  le  comtat  Venaissin  ne  le  cède  en  rien  au  Périgord  tant  vanté; 
mais  ce  que  l'on  sait  peut-être  moins,  c'est  que  ces  précieux  champignons, 
demeurés  si  longtemps  des  produits  spontanés  du  sol  et  rebelles  à  toute 
culture,  n'ont  pu  cependant  mépriser  absolument  les  soins  de  l'intelligent 
agriculteur  venaissin.  La  culture  des  Truffes  serait  une  industrie  si  pro- 
ductive qu'il  n'est  pas  surprenant  qu'elle  ait  été  maintes  fois  tentée;  mais 
jusqu'ici  le  succès  n'a  répondu  qu'aux  efforts  des  cultivateurs  qui  se  sont 
bornés  à  reproduire  le  plus  exactement  possible  toutes  les  conditions  offertes 
par  les  truffières  naturelles,  c'est-à-dire  à  créer  des  bois  clair-semés  sur  les 
sols  argilo-calcaires  aimés  des  truffes.  Un  double  résultat  agricole  a  été 
ainsi  atteint,  ce  qui  a  fait  dire  à  un  homme  très-compétent  que  la  culture 
des  Truffes  aura  probablement  plus  d'efficacité  pour  le  reboisement  des 
montagnes  du  midi  de  la  France  que  la  crainte  des  inondations  et  tous  les 
encouragements  de  l'administration  des  Forêts. 

Le  livre  de  M.  Bonnet  n'a  pas  seulement  pour  objet  de  faire  connaître 
les  pratiques  des  agriculteurs  qui  ont,  comme  lui  et  autour  de  lui,  créé  des 
truffières  artificielles  de  plus  ou  moins  d'étendue,  c'est  encore  un  livre  tie 
doctrine,  écrit  tant  pour  propager,  parmi  les  agriculteurs  provençaux,  la 
science  acquise  par  les  recherches  des  botanistes  contemporains,  que  pour 
combattre,  comme  il  convient,  les  préjugés,  les  erreius  et  les  opinions  plus 

C.  R.,  1870,  2"  Semeatrt.  (ï.  LXXI,  N»  2.)  20 


(  i54) 

ou  moins  hasardées,  mises  itnpnulemmeiU  en  circulation  depuis  quelques 
années  à  propos  de  tubériculture. 

La  plus  spécieuse  de  ces  opinions  est  celle  qui  a  donné  naissance  à  la 
théorie  des  chênes  tntjfiers,  d'après  laquelle  certains  clièues  auraient,  dans 
une  mesure  plus  grande  que  d'autres,  la  faculté  de  produire  des  Truffes 
sous  leur  ombre,  et  pourraient  en  outre  transmettre  ce  privilège  à  leur 
descendance.  Malheureusement  il  n'y  a  là  qu'une  double  hypothèse  qu'au- 
cune expérience  sérieuse  n'a  encore  justifiée.  Bien  que  les  Truffes  aient 
coutume  de  vivre  dans  le  voisinage  des  arbres,  de  même  que  les  Bolets,  les 
Oronges  et  une  multitude  d'autres  champignons,  on  en  rencontre  parfois 
très-loin  de  leur  ombre  et  tout  à  fait,  ce  sendjle,  en  dehors  de  leui'  in- 
fluence; d'ailleurs  cet  habituel  voisinage  ne  suppose  pas  nécessairement 
un  parasitisme  réel.  En  fait,  on  n'a  jamais  pu  jusqu'ici  surprendre  la 
moindre  adhérence  parasite  entre  la  Truffe  ou  son  mycélium  et  les  racines 
vivantes  des  arbres  voisins;  d'où  suit  que,  selon  toutes  les  vraisemblances, 
ce  champignon  n'emprunte  les  éléments  de  sa  nutrition  qu'à  des  matières 
privées  de  vie,  comme  le  font  les  champignons  épigés.  Or,  s'il  en  est  ainsi, 
le  chêne  truffier  n'exercerait  sans  doute  son  action  propice  que  par  les  dé- 
tritus de  ses  feuilles  et  de  ses  ramilles,  ou  par  les  exsudations  ou  excré- 
tions problématiques  de  ses  radicelles.  S'il  n'est  pas  absolument  impossible 
que  l'influence  obscure  ainsi  exercée  soit  plus  favorable  à  la  Truffe  de  la 
part  de  tel  chêne  que  de  tel  autre  de  la  même  espèce,  encore  faudrait-il  en 
administrer  une  preuve  satisfaisante.  Cependant  il  ne  paraît  même  pas  que 
celte  preuve  ait  été  essayée.  Quand,  dans  une  chênaie  fertile  en  truffes,  on 
ne  trouve  ces  champignons  qu'autour  de  certains  arbres,  on  n'en  saurait 
conclure  que  ces  arbres  privilégiés  possèdent  vis-à-vis  de  la  Truffe  des  qua- 
lités refusées  à  leurs  congénères.  La  nature,  l'état  et  l'exposition  du  sol  ne 
sont  certainement  pas  choses  indifférentes;  et  si  on  les  suppose  identiques 
par  toute  la  chênaie,  ou  peut  répondre  que  les  agents  naturels  chargés  de 
répandre  les  semences  de  la  Truffe  ne  les  ont  pas  encore  transportées  là 
où  cette  plante  souterraine  fait  défaut.  De  quel  végétal  pourraif-on  dire 
avec  vérité  qu'il  croît  nécessairement  partout  où  il  peut  vivre?  Aucun,  évi- 
demment, n'est  distribué  sur  la  teire  avec  celte  profusion  qui  ne  laisserait 
forcément  subsister  qu'un  nombre  extrêniement  restreint  de  types  végétaux. 
Lors  donc  que,  dans  une  truffière  naturelle  ou  artificielle,  des  arbres  sem- 
blables et  voisins  ne  nourrissent  pas  tous  également  des  Tiuffes  au  tour  d'eux, 
il  est  jusqu'à  présent  impossible  d'affirmer  que  les  individus  tubérifèies 
ont  intrinsèquement  une  propriété  que  les  autres  ne  possèdent  pas. 


(  -55  ) 

En  ce  qui  touche  la  transmissibilité  supposée  de  cette  prétendue  pro- 
priété individuelle,  on  voudrait  savoir  qu'elle  a  été  l'objet  de  quelques  ex- 
périences comparatives;  existe-t-il  une  truffière  où  l'on  puisse  affirmer  que 
les  arbres  tubérifères  proviennent  tous  de  glands  cueillis  sur  des  chênes 
notoirement  truffiers,  et  que  les  arbres  stériles  en  Truffes  sont  lotis  nés 
d'arbres  également  stériles?  ou  bien,  si  rien  d'aussi  absolu  ne  se  rencontre, 
peut-on  du  moins  constater  sûrement  quelque  part  une  fertilité  hydno- 
phore  manifestement  plus  grande  chez  les  individus  issus  de  parents  déjà 
très-fertiles?  Ce  sont  là  des  desiderata  fort  légitimes  de  la  part  des  botanistes 
ou  des  tubériculteurs  qui  voudraient  asseoir  leur  jugement  sur  autre  chose 
que  de  pures  suppositions  plus  ou  moins  désintéressées. 

Dans  cet  état  de  la  question,  M.  Henri  Bonnet,  fort  de  son  expérience 
personnelle,  se  déclare  nettement  contre  la  théorie  des  cliéiies  truffiers, 
aussi  bien  que  contre  celle  de  la  mouche  truffigène,  qu'il  faut,  à  plus  juste 
titre  encore  que  la  première,  reléguer  parmi  les  fables.  La  Truffe  n'est 
point  le  résultat  de  la  piqûre  d'une  racine  de  chêne  par  un  insecte  quel- 
conque. Sa  structure  est  trop  bien  celle  d'une  plante  sKJf/enen's  et  non  celle 
d'une  galle;  d'ailleurs,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  elle  n'a  pas  la  moindre 
adhérence  avec  les  racines  des  arbres  qui  ombragent  sa  retraite,  et  aucun 
des  nombreux  insectes  qui  vivent  à  ses  dépens  n'appartient  au  groupe  de 
ceux  qui,  comme  les  Cynipset  les  Cécidomyes,  produisent  habituellement 
les  galles. 

Votre  Commission,  ayant  égard  à  l'intérêt  qui  s'attache  au  livre  dont 
nous  i)arlons,  tant  à  raison  du  sujet  qu'il  traite  qu'à  cause  de  l'esprit  de 
jugement  et  de  saine  critique  dont  il  porte  l'empreinte,  décerne  à  M.  Hemu 
BoNXET  le  prix  TJiore,  pour  cette  année. 


20.. 


(  i56  ) 

PRIX  PROPOSÉS 

Pour  les  années  1870,    1871,    1872  et  1873. 

SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 


PRIX  A  DECERNER  EN   1870. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  aiATHEMATIQUES. 

QUESTION  PROPOSÉE  POUR  IS.'ÎS,  REMPLACÉE  PAR  UNE  AUTRE  POUR  18GI,  REMISE  A  1865, 
PUIS  A  1868  ET  ENFIN  A  1807  ;  NOUVELLE  QUESTION  PROPOSÉE  POUR  1870  :  REPRODUC- 
TION   DU    PROGRAMME    DE    l'aNNÉE    PRECEDENTE. 

La  question  mise  au  Concours  pour  1867  n'ayant  été  le  sujet  que  d'un 
seul  Mémoire  qui  n'a  pas  été  jugé  digne  du  prix,  la  Commission  a  proposé 
de  retirercetle  question  du  Concours  et  de  la  remplacer  par  la  suivante  : 

«  Rechercher  cxpérinienlalemenl  les  modifications  qu  éjJi  ouue  la  lumière  clans 
1)  son  mode  de  jiropai/alion  et  ses  propriétés,  par  suite  du  mouvement  de  In 
»  source  lumineuse  el  du  mouvement  de  l'observateur.  » 

L'Académie  a  adopté  la  proposition  de  la  Commission. 

Le  prix  consiste  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  fiancs. 

Les  Mémoires  ont  dû  être  remis  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
i"  juin  1870. 

PRIX    D'ASTRONOMIE, 

FONDATION  LALANDE. 

I^a  médaille  fondée  par  M.  de  Lalande,  pour  être  accordée  annuellement  à 
la  per.-oniie  qui,  en  France  ou  ailleurs  (les  Membres  de  l'Instilut  exceptés), 
aura  fait  l'observaliou  la  plus  intéressante,  le  Mémoire  ou  le  travail  le  plus 
utile  au  progrés  de  l'Astronomie,  sera  décernée  dans  la  prochaine  séance 
publique  de  1870. 


(  i57  ) 
Ce  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  cinq  cent  quarante- 
deux  francs. 

Le  terme  de  ce  Concours  est  fixé  au  i^'' juin  di^  chaque  année. 

PRIX  DE   MÉCANIQUE, 

FONDÉ  PAR  ai.  DE  MONTYON. 

M.  de  Montj'on  a  offert  une  rente  sur  l'État,  pour  la  fondation  d'un 
prix  annuel  en  faveiu- de  celui  cpii,  au  jugement  de  l'Académie  des  Sciences, 
s'en  sera  rendu  le  plus  digne  en  inventant  ou  en  perfectionnant  des  instru- 
ments utiles  au  progrès  de  l'agriculture,  des  arts  mécaniques  ou  des 
sciences. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  quatre  cent  v'uvjl- 
septfrancs. 

Le  terme  du  Concours  esl  fixé  au  i'"' juin  de  chaque  année. 

PRIX    DE    STATISTIQUE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

Parmi  les  Ouvrages  qui  auront  pour  objet  une  ou  jilusieurs  questions 
relatives  à  la  Slalislique  de  la  France,  celui  qui,  au  jugement  de  l'Académie, 
contiendra  les  recherches  les  plus  utiles  sera  couronné  dans  la  prochaine 
séance  publique  de  1870.  On  considère  comme  admis  à  ce  Concours  les 
Mémoires  envoyés  en  manusciit,  et  ceux  qui,  ayant  été  im|)rimés  et  [jubliés, 
arrivent  à  la  connaissance  de  l'Académie;  sont  seuls  exceptés  les  Ouvrages 
des  Membres  résidants. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  quatre  cent  cin- 
quante-trois francs. 

Le  terme  du  Concours  est  fixé  au  i*^'' juin  de  chaque  année. 

PRIX  FONDÉ  PAR  M"'  la  Marquise  DE  LAPLACE. 

Une  Ordonnance  royale  a  autorisé  l'Académie  des  Sciences  à  accepter  la 
donation,  qui  lui  a  été  faite  par  Madame  la  Marquise  de  Lnplace,  d'tnie 
renie  |30ur  la  fondation  à  perpétuité  d'un  pi'ix  consistant  dans  la  collection 
complète  des  Ouvrages  de  La|îlace. 

Ce  prix  sera  décerné,  chaque  année,  au  premier  élève  sortant  de  l'École 
Polytechnique. 


(   '58) 
PRIX  EXTRAORDINAIRE  DE  SIX  MILLE  FRANCS 

SUR    LAPPLICATIOX    DE    LA    VAPEUR    A     LA    MARIXE    MILITAIRE. 

QUESTION    PROPOSÉE    POUR    1837,     REMISE   A    I  8S9,    PROROGÉE    A    1862,    PUIS    A    ICC4, 
A     iOGC,    A    1868    ET    ENFIN    A    1870. 

Ce  prix  n'ayant  pas  été  décerné  en  1868,  le  Concours  a  été  prorogé  jus- 
qu'à l'année  1870. 

Les  Mémoires,  plans  et  devis  ont  dû  être  adressés  an  Secrétariat  de 
l'Institut  avant  le  i^juin    1870. 

PRIX  DU  LEGS  DALMONT. 

Par  son  testament  en  dale  du  5  novembre  i863,  feu  M.  Dalmout  a  mis 
à  la  charge  de  ses  légataires  universels  de  payer,  tous  les  trois  ans,  à  l'Aca- 
démie des  Sciences,  une  somme  de  trois  mille  francs,  pour  être  remise  à  celui 
de  MM.  les  Ingénieurs  des  Ponts  et  Chaussées  en  activité  de  service  qui  lui 
aura  présenté,  à  son  choix,  le  meilleur  travail  ressortissant  à  l'une  des 
Sections  de  cette  Académie. 

Ce  prix  triennal  de  trois  mille  francs  sera  décerné  pendant  la  période  de 
trente  années,  afin  d'épuiser  les /rc/ite  mille  francs  légués  à  l'Académie  et 
d'exciter  MM.  les  Ingénieurs  à  suivre  l'exemple  de  leurs  savants  devanciers, 
Fresuel,  Navier,  Coriolis,  Cauchy,  de  Prony  et  Girard,  et  comme  eux  ob- 
tenir le  fauteuil  académique. 

Un  Décret  impérial  en  date  du  6  mai  i865  a  autorisé  l'Académie  à  accep- 
ter ce  legs. 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  qu'elle  décernera  |)our  la  seconde 
fois  le  prix  fondé  par  feu  M.  Dalmout,  dans  sa  séance  publique  de  1870. 

PRIX  PLUMEY. 

Par  un  testament  en  date  du  10  juillet  1859,  feu  M.  J.-B.  l'iumey  a  lé- 
gué à  l'Académie  des  Sciences  vingt-cinq  actions  de  la  Ranque  de  France 
■I  pour  les  dividendes  être  employés  chaque  année,  s'il  y  a  lieu,  en  nu  prix 
à  l'auteur  du  periectioiiiiem(uit  des  machines  à  vapeur  ou  de  toute  autre 
invention  qui  aura  le  plus  contribué  au  progrès  de  la  navigation  à  vapeur.  » 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  qu'elle  décernera,  dans  sa  séance 


.     (  '59  ) 
publique  de  1870,  une  médaille  de  la  valeur  de  deux  mille  cinq  cents  francs 
au  travail  le  plus  important  qui  lui  sera  soumis  sur  ces  matières. 

Les  Mémoires  ont  dû  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
i"  juin  1870. 

PRIX  PONCELET. 

Par  Décret  en  date  du  22  août  1868,  l'Académie  a  été  autorisée  à 
accepter  la  donation  qui  lui  a  été  faite  au  nom  du  Général  Poncelet  par 
M^^veuvePoncelet,  pour  la  fondation  d'un  prix  annuel  destiné  à  récompen- 
ser l'Ouvrage  le  plus  utile  aux  progrès  des  Sciences  inathéuiatiques  pures 
ou  appliquées,  publié  dans  le  cours  des  dix  années  qui  auront  précédé  le 
jugement  de  l'Académie. 

Le  Général  Poncelet,  plein  d'affection  pour  ses  Confrères  et  de  dévoue- 
ment aux  progrès  de  la  science,  désirait  que  son  nom  fût  associé  d'une 
manière  durable  aux  travaux  de  l'Académie  et  aux  encouragements  par  les- 
quels elle  excite  l'émidation  des  savants.  M"''  veuve  Poncelet,  en  fondant  ce 
prix,  s'est  rendue  l'interprète  fidèle  des  sentiments  et  des  volontés  de  l'il- 
lustre Géomètre. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  deux  mille  francs. 

Les  Mémoires  ont  dû  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
i*''juin  1870. 

PRIX  A  DÉCERNER  EN  1871. 


GRAND    PRIX    DE   MATHEMATIQUES. 

QUESTION    SUBSTITUÉE    A    CELLE    PROPOSÉE    POUR    1867  :     REPRODUCTION    DU    PROGRAMME 

DE    l'année    précédente. 

(Commissaires  :  MM.  Serret,  Liouville,  Chasles,  Hermite, 
Ossian  Bonnet  rapporteur.) 

La  question  proposée  pour  1867  était  énoncée  en  ces  termes  : 

«   Apporter  un  progrès  notable  dans  la  théorie  des  surfaces  algébriques.  » 

Un  seul  Mémoire  avait  été  envoyé  au  Concours,  et  la  Commission  a  jugé 
qu'il  n'y  avait  pas  lieu  à  décerner  le  prix.  Sur  sa  |)roposilion,  l'Académie 
a  retiré  la  question  du  Concours  et  l'a  remplacée  par  la  suivante  : 


(   i6o  ) 
«    Faire  réliide  des  équnlions  relatives  à  la  délerminnlion  des  modules  sin- 
»   guliers,poiir  lesquels  In  formule  de  transformation  dans  la  théorie  des  fonctions 
»   elliptiques  conduit  à  la  inullijilicalion  complexe.  » 

Le  prix,  qui  consistera  en  une  nuHlailIe  d'or  de  trois  mille  francs.,  sera 
décerné  ilans  la  séance  publique  de  l'année  i8~i.  Les  pièces  de  Concours 
devront  èlre  déposées  au  Secrétariat  de  l'Institul  avant  le  i'"'' juin  de  la 
même  année. 

PRIX  FOURNEYRON. 

QRESTION    PROPOSÉE    POCR    l' ANNÉE    187t. 

(Commissaires  :   MM.  Morin,  Phillips,  Piobert,  Dupiii, 
Combes  rapporteur.) 

L'Académie  des  Sciences  a  été  autorisée,  par  Décret  du  6  novembre  i  86-7, 
à  accepter  le  legs  qui  lui  n  élé  fait  par  M.  Benoît  Fourneyron  d'une  somme 
àe  cinq  cents  francs  de  rente  sur  TElat  fiançais,  pour  la  fondation  d'un  jirix 
de  Mécanique  appliquée  à  décerne';  tous  les  deux  ans,  le  fondateur  laissant  à 
l'Académie  le  soin  il'en  rédiger  le  programme. 

En  conséquence,  l'Académie  décernera,  pour  la  première  fois,  s'il  y  a 
lien,  dans  la  séance  [lublique  de  l'année  1871,  un  jirix  de  la  valeiu-  de 
mille  francs  à  celui  qui,  depuis  le  1"'' janvier  18G8,  aura  apporté,  au  jugement 
de  l'Académie,  le  perfectionnement  le  plus  important  à  la  construction  on 
à  la  théorie  d'iuie  ou  plusieurs  machines  hydraulitiucs,  motrices  ou  autres. 
La  valeur  des  yierfectionnements  et  la  justesse  des  vues  théoriques  devront 
être  confirmées  par  des  exj)ériences. 

Les  Mémoires,  écrits  en  français  ou  en  latin,  devront  être  déposés  au 
Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i''''juin  1871. 


PRIX  A  DECERNER  EN   1872. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  MATHEMATIQUES. 

(Commissaires  :  MM.  Liouville,  Delaunay,  Chasies,  Serret, 
Fizean  rapporteur.) 

L'Acaflémie  propose  pour  yS-j-?.  la  question  suivante  : 

«   Etudier  C  élasticité  des  corps  cyislidlis('sau  double  point  de  vue  expérimental 
»    cl  théorique.    » 


(   '6,   ) 
Le  prix  consistera  en  une  niéclaille  fie  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  parvenus  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
1*'  juin  1872. 

GRAND  PRIX  DE  RIATHÉMATIQUES. 

QUESTION    PROPOSÉE    POUR    18C9,    MAINTENUE    AU    CONCOURS    POUR    1872     :    REPRODUCTION 

DU    PRÉCÉDENT    PROGRAMME. 

La  question  proposée  est  la  suivante: 

«  Perfectionner  en  quelcjue  ])oint  essentiel  la  théorie  du  mouvement  de  trois 
»  corps  qui  s'attirent  mutuellement,  suivant  la  loi  de  ta  nature,  soit  en  ajoutant 
»  quelque  intégrale  nouvelle  à  celles  déjà  connues,  soit  en  réduisant  d'une 
»  manière  quelconque  les  difficultés  que  présente  la  solution  complète  du  pro- 
»   blême.    » 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  de  la  valeur  de  trois  mille  francs.  Les 
Mémoires  devront  être  parvenus  au  Secrétariat  avant  le  i"  juin  1872, 

PRIX  BORDIN. 

(Commissaires  :   MM.  Serret,  Liouville,  Becquerel,  Combes, 
Delaunay  rapporteur.) 

Le  prix  sera  décerné  au  travail,  analytique  ou  expérimental,  qui  aura  le 
plus  contribué  à  établir  la  théorie  des  raies  du  spectre. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Ouvrages  (imprimés  ou  manuscrits)  adressés  pour  le  Concours  de- 
vront être  déposés,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
1"  juin  1872,  terme  de  rigueur.  Les  Ouvrages  écrits  en  langue  étrangère 
devront  être  accompagnés  d'une  traduction  en  français  ou  en  latin. 

PRIX  DAMOISEAU. 

QUESTION     PROPOSÉE    EN    1866     POUR    18GD  ,    REMISE    DE    NOUVEAU    AU     CONCOURS     POUR    1872    : 
REPRODUCTION    DU    PROGRAMME    DES    DEUX    ANNÉES     PRÉCÉDENTES. 

Un  Décret  impérial  a  autorisé  l'Académie  des  Sciences  à  accepter  la  dona- 
tion, qui  lui  a  été  faite  par  Madame  la  Baronne  de  Damoiseau,  d'une  somme 
de  vingt  mille  francs,  «  dont  le  revenu  est  destiné  à  former  le  montant  d'iui 
»   prix  annuel  qui  recevra  la  dénomination  de  prix  Damoiseau. 

C.  R.,  1890,  2»  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  2.)  21 


(  >6a  ) 
»  Ce  prix,  quand  l'Académie  le  jugera  utile  au  progrès  de  la  science, 
»   pourra  être  converti  en  prix  triennal  sur  une  question  proposée.  » 

La  question  proposée  pour  l'année  1869  était  la  suivante  : 

»  Revoir  la  théorie  des  sntelliles  de  Jupiter;  discuter  les  observations  et  en  dé- 
»  diiire  les  constantes  qu'elle  renferme,  et  particulièrement  celle  qui  fournit  une 
0  détermination  directe  de  la  vitesse  de  la  lumière;  enfin,  construire  des  Tables 
»  particulières  pour  chaque  satellite.  » 

Aucune  pièce  sur  cette  question  n'étant  parvenue  au  Secrétariat,  l'Acadé- 
mie, sur  la  proposition  de  la  Commission,  décide,  d'une  part,  que  la  ques- 
tion sera  maintenue  au  Concours  et,  d'antre  part,  que  le  prix  qui  sera 
décerné,  s'il  y  a  lieu,  en  1872,  sera  porté  à  la  valeur  de  cinq  mille  francs. 

En  conséquence,  l'Académie  décernera,  dans  la  séance  publique  de 
l'année  1872,  ce  prix  de  cinq  mille  francs  au  travail  qui  répondra  le  mieux 
au  programme  ci-dessus. 

Les  Mémoires  seront  reçus  jusqu'au  i^'"jnin  1872,  terme  de  rigueur. 

PRIX  TRÉMONT. 

Feu  M.  le  Baron  de  Trémont,  par  son  testament  en  date  du  5  mai  1847, 
a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  somme  annuelle  de  onze  cents  francs 
pour  aider  dans  ses  travaux  tout  savant,  ingénieur,  artiste  ou  mécanicien, 
auquel  une  assistance  sera  nécessaire  «  pour  atteindre  un  but  utile  et  glo- 
rieux pour  la  France.  » 

Un  Décret  en  date  du  8  septembre  i856  a  autorisé  l'Académie  à  accepter 
cette  fondation. 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  que,  dans  sa  séance  publique 
de  187a  (i),  elle  accordera  la  somme  provenant  du  legs  Trémont,  à  titre 
d'encouragement,  à  tout  «  savant,  ingénieur,  artiste  ou  mécanicien  »  (pii, 
se  trouvant  dans  les  conditions  indiquées,  aura  présenté,  dans  le  courant 
de  l'année,  lUie  découverte  ou  un  perfectionnement  paraissant  répondre  le 
mieux  aux  intentions  du  fondateur. 


(1)  Le  prix  décerné  en  186g,  l'a  été  comme  la  fois  précédente,  avec  jouissance  pour  trois 
années. 


(  i63  ) 
PRIX  A  DÉCERNER  EN  1873. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

QUESTION    PROPOSÉE    EN     1304    POUR    186G,    REMISE    AU    CONCOURS    APRÈS     MODIFICATION 
POUR    1069    ET    PROROGÉE    JUSQu'eN    1875. 

La  question  proposée  est  la  suivante  : 

«   Disculer  complélement  les  anciennes  obsei~uations  d'écIipses  qui  nous  ont 

M  été  transmises  par  l'histoire,  en  vue  d'en  déduire  la  valeur  de  l'accélération 

»  séculaire  du  moyen   mouvement  de  la  Lune,  sans  se  préoccuper  d'aucune 

»  valeur  théorique  de  celte  accélération  séculaire;  montrer  clniremciit  à  quelles 

»  conséquences  ces  éclipses  peuvent  conduire  relativement  à  l'accélération  dont 

»  il  s'agit,  soit  en  lui  assignant  forcément  une  valeur  précise,  soit  au  contraire 

»  en  la  laissant  indéterminée  entre  certaines  limites.   » 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  parvenus  au  Secrétariat  avant  le  i"  juin  ïS'j?>, 
lenne  de  rigueur. 


11,. 


(  >64  ) 
SCIENCES   PHYSIQUES. 


PRIX  A  DECERNER  EN  1870. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES. 

QUESTION  PROPOSÉE  F.N  1887  POUR  1870:  REPRODUCTION  DU  PROGRAMME 

DE  l'annke   précédente. 

(Couiinissaires  :  JMM.  lioiissingault,  Cl.  Bernard,  Brongniart^  Clievreul, 

Milnc  Edwards  rapporteur.) 

«  Histoire  des  plténoniènes  (jénésiqucs  qui  yréc'edciil  le  dcvcloppemcnl  de 
»  l'embryon  chez  les  animaux  dioïqiics  dont  la  reproduction  a  lieu  sans  accou- 
)i  plement.  » 

Depuis  quelques  années  le  mode  de  reproduction  des  pucerons  et  des 
autres  animaux  dits  jtarthénocjénésiques  a  été  l'objet  de  recherches  nom- 
breuses, mais  les  naturalistes  ne  sont  pas  d'accord  sur  plusieurs  des  points 
les  plus  importants  de  l'histoire  de  cette  fonction.  L'Académie  désirerait  que 
l'on  en  fit  ime  élude  plus  approfondie,  et  que  l'on  déterminât  s'il  existe, 
ou  non,  chez  les  femelles  qui  se  imdtiplient  sans  accouplement  préalable, 
quelque  phénomène  analogue  à  la  fécondation  déteriuinéo  d'ordinaire  par 
l'action  des  spermatozoïdes  sur  l'œuf. 

Les  Mémoires,  manuscrits  ou  imprimés  et  rédigés  en  français,  ont  dû 
être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i*''juin  iS^o. 

PRIX  DE  PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE, 

FONDIl  par  ai.  DE  MONTYOIV. 

Feu  M.  de  Monfyon  ayant  offert  une  somme  à  l'Académie  des  Sciences, 
avec  l'intention  que  le  re\enu  en  fût  affecté  à  un  prix  de  Physiologie  expé- 
linienlale  à  décerner  chaque  année,  et  le  Gouvernement  ayant  autorisé  cette 
fondation  par  une  Ordonnance  en  date  du  22  juiliet  1818, 

L'Académie  annonce  qu'elle  adjugera  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de 


(  i65  ) 
sept  cent  soixnnle-qiintre  jrnncs  à  l'Ouvrage,  imprimé  ou  manuscrit,  qui  lui 
paraîtra  avoir  le  plus  contribué  aux  progrès  de  la  Physiologie  expérimentale. 

Le  prix  sera  décerné  dans  la  prochaine  séance  publique. 

Les  Ouvrages  ou  Mémoires  présentés  par  les  auteurs  doivent  être  envoyés 
au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i"' juin  de  chaque  année. 

PRIX  DE  MÉDECINE  ET  CHIRURGIE 

ET 

PRIX     DIT     DES     ARTS     INSALUBRES, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  AIONTYON. 

Conformément  au  testament  de  feu  RL  Auget  de  Monfyon,  et  aux  Or- 
donnances du  29  juillet  1821,  du  a  juin  iSaS  et  du  i?>  août  1829,  il  sera 
décerné  un  ou  plusieurs  prix  aux  auteurs  des  Ouvrages  ou  des  découvertes 
qui  seront  jugées  les  plus  utiles  à  Varl  de  c/uérir,  et  à  ceux  qui  auront  trouvé 
les  moyens  de  rendre  un  art  ou  un  métier  moins  insalubre. 

L'Académie  a  jugé  nécessaire  de  fliire  remarquer  que  les  prix  dont  il 
s'agit  ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions  propres  à 
perfectionner  la  médecine  ou  la  chirurgie,  ou  qui  diminueraient  les  dan- 
gers des  diverses  professions  ou  arts  mécaniques. 

Les  pièces  admises  au  Concours  n'auront  droit  au  prix  qu'autant  qu'elles 
contiendront  une  découverte  parfaitement  déterminée. 

Si  la  pièce  a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  où  cette  découverte  se  trouve  exprimée  :  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  du  Concours  fera  connaître  que  c'est  à  la  dé- 
couverte dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 

Les  sommes  qui  seront  mises  à  la  disposition  des  auteurs  des  découvertes 
ou  des  Ouvrages  couronnés  ne  peuvent  être  indiquées  d'avance  avec  préci- 
sion, parce  que  le  nombre  des  prix  n'est  pas  déterminé;  mais  la  libéralité 
du  fondateur  a  donné  à  l'Académie  les  moyens  d'élever  ces  prix  à  une  valeur 
considérable,  en  sorte  que  les  auteurs  soient  dédommagés  des  expériences 
ou  recherches  dispendieuses  qu'ils  auraient  entrepiises,  et  reçoivent  des 
récom])euses  proportionnées  aux  services  qu'Us  auraient  rendus,  soit  en 
prévenant  ou  diminuant  beaucoup  l'insalubrité  de  certaines  professions, 
soit  eu  perfectionnant  les  sciences  médicales. 

Conformément  à  l'Ordonnance  du  aS  août  1829,  outre  les  prix  annoncés 


(  i66  ) 
ci-dessus,  il  sera  aussi  décerné  des  prix  aux  meilleurs  résultats  des  recherches 
entreprises  sur  les  questions  proposées  par  l'Académie,  conformément  aux 
vues  du  fondateur. 

Les  Ouvrages  ou  Mémoires  présentés  par  les  auteurs  doivent  être  envoyés 
au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i"  juin  de  chaque  année. 

PRIX  BRÉANT. 

Par  son  testament  en  date  du  28  août  1849,  feu  M.  Bréant  a  légué  à 
l'Académie  des  Sciences  une  somme  de  cent  mille  francs  pour  la  fondation 
d'un  prix  à  décerner  «  à  celui  qui  aura  trouvé  le  moyen  de  guérir  du  cho- 
léra asiatique  ou  qui  aura  découvert  les  causes  de  ce  terrible  fléau  (i).  » 

Prévoyant  que  ce  prix  de  cetU  mille  francs  ne  sera  ])as  décerné  tout  de 
suite,  le  fondateur  a  voulu,  jusqu'à  ce  que  ce  prix  soit  gagné,  que  l'intéi'ét 
du  capital  fût  donné  à  la  personne  qui  aura  fait  avancer  la  science  sur  la 
qncstion  du  choléra  ou  de  toute  autre  maladie  épidémique,  ou  enfin  que 
ce  prix  pût  être  gagné  par  celui  qui  indiquera  le  moyen  de  guérir  radicale- 
ment les  dartres  ou  ce  qui  les  occasionne. 

Les  concurrents  devront  satisfaire  aux  conditions  suivantes  : 

1°  Pour  remporter  le  prix  de  cent  mille  francs,  il  faudra  : 

(i)  Il  paraît  convenable  de  reproduire  ici  les  propres  termes  du  fondateur  :  «  Dans  l'état 
»  actuel  de  la  science,  je  pense  qu'il  y  a  encore  beaucoup  de  choses  à  trouver  dans  la  com- 
»  position  de  l'air  et  dans  les  fluides  qu'il  contient  :  en  effet,  rien  n'a  encore  été  découvert 
»  ausujet  de  l'action  qu'exercent  sur  l'économie  animale  les  fluides  électri(jues,  ma|,»nétiqiies 
»  ou  autres;  rien  n'a  été  découvert  également  sur  les  animalcules  qui  sont  répandus  en 
»  nombre  infini  dans  l'atmosphère,  et  qui  sont  peut-être  la  cause  ou  une  des  causes  de  cette 
»  cruelle  maladie. 

»  Je  n'ai  pas  connaissance  d'ajjpareils  aptes,  ainsi  que  cela  a  lieu  pour  les  liquides,  à 
>'  reconnaître  l'existence  dans  l'air  d'animalcules  aussi  pt'lits  que  ceux  que  l'on  aperçoit  dans 
»  l'eau  en  se  servant  des  instruments  microscopiques  que  la  science  met  à  la  disposition  de 
»  ceux  qui  se  livrent  à  cette  élude. 

»  Comme  il  est  probable  que  le  prix  de  cent  mille  francs,  institué  comme  je  l'ai  expliqué 
»  plus  haut,  ne  sera  pas  décerné  de  suite,  je  veux,  jusqu'à  ce  que  ce  prix  soit  gagné, 
»  que  l'intérêt  dudit  capital  soit  donné  par  l'Institut  à  la  personne  qui  aura  fait  avancer  la 

•  science  sur  la  question  du  choiera  ou  de  toute  autre  maladie  éiiidcmique,  soit  en  donnant 
»  de  meilleures  analyses  de  l'air,  en  y  démontrant  un  élément  morbide,  soit  en  trouvant  un 

•  procédé  propre  à  connaître  et  à  étudier  les  animalcules  qui  jus(ju'à  présent  ont  échappé 

•  à  l'œil  du  savant,  et  qui  pourraient  bien  être  la  cause  ou  une  des  causes  de  la  maladie.  >• 


(  '67  ) 

«  Trouver  une  médication  qui  guérisse  le  choléra  asiatique  dans  l'immense 
»  majorité  des  cas;  » 

Ou 

«  Indiquer  d'ime  manière  incontestable  les  causes  du  choléra  asiatique,  de 
»  façon  que)!  amenant  la  suppression  de  ces  causes  on  fasse  cesser  l'épi- 
»  demie;  » 

Ou  enfin 

«  Découvrir  une  prophylaxie  certaine,  et  aussi  évidente  que  l'est,  par  exemple, 
a  celle  de  la  vaccine  pour  la  variole.  » 

2°  Pour  obtenir  le  prix  annuel,  il  faudra,  par  des  procédés  rigoureux, 
avoir  démontré  dans  l'atmosphère  l'existence  de  matières  pouvant  jouer 
un  rôle  dans  la  production  ou  la  propagation  des  maladies  épidémiques. 

Dans  le  cas  où  les  conditions  précédentes  n'auraient  pas  été  remplies,  le 
prix  annuel  pourra,  aux  termes  du  testament,  être  accordé  à  celui  qui 
aura  trouvé  le  moyen  de  guérir  radicalement  les  dartres,  ou  qui  aura  éclairé 
leur  étiologie. 

Les  Mémoires,  imprimés  ou  manuscrits,  ont  dû  être  parvenus  au  Secré- 
tariat de  l'Institut  avant  le    i"  juin  1870. 

PRIX  BORDIN. 

QUESTION  PROPOSÉE  EN  1867  POCR  1870  :  REPRODDCTION  DU  PROGRAMME 

DE  l'année  précédente. 

(Commissaires  :  MM.  Boussingault,  Cl.  Bernard,  Brongniart,  Chevreul, 
Milne  Edwards  rapporteur.) 

«   Anatomie  comparée  des  Annélides.  » 

Il  existe  encore  beaucoup  de  lacunes  dans  l'histoire  anatomique  des 
Annélides  marins,  particulièrement  dans  ce  qui  est  relatif  aux  organes  de 
la  génération.  L'Académie  demande  une  étude  approfondie  et  comparative 
de  la  structure  intérieure  d'un  certain  nombre  de  ces  animaux  appartenant 
aux  différentes  familles  naturelles  les  plus  importantes.  Elle  désire  que  les 
descriptions  soient  toutes  accompagnées  de  figures  faites  d'après  nature. 

Les  Mémoires,  manuscrits  ou  imprimés  et  rédigés  en  français,  ont  dû 
être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i"juin  1870. 


(  i68  ) 

PRIX  JECKER. 

Par  un  testament,  en  date  du  i3  mars  i85i,  feu  M.  le  D'^  Jecker  a  fait  à 
l'Académie  lui  legs  destiné  à  accélérer-  les  progrès  de  la  Chimie  organique. 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  qu'elle  décernera,  dans  sa  séance 
publique  de  1870,  un  ou  plusieurs  prix  aux  travaux  qu'elle  jugera  les  plus 
propres  à  hâter  le  progrès  de  cette  branche  de  Chimie. 

PRIX  BARBIER. 

Feu  M.  Barbier,  ancien  Chirurgien  en  chef  de  l'hôpital  du  Val-de-Grâce, 
a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  rente  de  deux  mille  francs,  destinée  à 
la  fondation  d'un  prix  annuel  «  pour  celui  qui  fera  une  découverte  pré- 
»  cieuse  dans  les  sciences  chirurgicale,  médicale,  pharmaceutique,  et  dans 
»  la  botanique  ayant  rapport  à  l'art  de  guérir.  » 

Les  Mémoires  ont  du  être  remis  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
i"  juin  1870. 

PRIX  GODARD. 

Par  un  testament,  en  date  du  4  septembre  1862,  feu  M.  le  D'  Godard  a 
légué  à  l'Académie  des  Sciences  «  le  capital  d'une  rente  de  mille  francs, 
»  trois  pour  cent,  pour  fonder  un  prix  qui,  chaque  année  ,  sera  donné  au 
M  meilleur  Mémoire  sur  l'anatomie,  la  physiologie  et  la  pathologie  des 
B  organes  génito-urinaires.  Aucun  sujet  de  prix  ne  sera  proposé. 

B  Dans  le  cas  ou  une  année  le  prix  ne  serait  pas  donné,  il  serait  ajouté 
»  au  prix  de  l'année  suivante.  » 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  que  ce  prix  sera  décerné,  dans  sa 
séance  publique  de  1870,  au  travail  qui  remplira  les  conditions  prescrites 
par  le  donateur. 

Les  Mémoires  ont  dû  être  parvenus  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
i"  juin  1870. 

PRIX  SAVIGNY, 

FONDÉ   PAR   M-^"  LETELLIER. 

Un  Décret  impérial,  en  date  du  20  avril  1864,  a  autorisé  l'Académie  des 
Sciences  à  accepter  la  donation  qui  lui  a  été  faite  par  M"^  Lelellier,  au  nom 


(  i69  ) 
de  Savigny,  d'une  somme  de  vingt  mille  francs  pour  la  fondation  d'un  prix 
en  faveur  des  jeunes  zoologistes  voyageurs. 

«  Voulant,  dit  la  testatrice,  perpétuer,  autant  qu'il  est  en  mon  pouvoir 
»  de  le  faire,  le  souvenir  d'un  martyr  de  la  science  et  de  l'honneur,  je 
»  lègue  à  l'Institut  de  France,  Académie  des  Sciences,  Section  de  Zoologie, 
»  vingt  mille  francs  au  nom  de  Marie-Jides-César  Le  Lorgne  de  Savigny, 
»  ancien  Membre  de  l'Institut  d'Egypte  et  de  l'Institut  de  France,  pour 
»  l'intérêt  de  cette  somme  de  vingt  mille  francs  être  employé  à  aider  les 
»  jeunes  zoologistes  voyageurs  qui  ne  recevront  pas  de  subvention  du 
»  Gouvernement  et  qui  s'occuperont  plus  spécialement  des  animaux  sans 
»  vertèbres  de  l'Egypte  et  de  la  Syrie.  » 

PRIX   DESMAZIÉRES. 

Par  son  testament  olographe,  en  date  du  i4  avril  i855,  M.  Baptiste- 
Henri-Joseph  Desmazières,  demeurant  à  Lambersart,  près  Lille,  a  légué 
à  l'Académie  des  Sciences  un  capital  de  trente-cinq  mille  francs,  devant  être 
converti  en  rentes  3  pour  loo,  et  à  servir  à  fonder  un  prix  annuel  pour 
être  décerné  «à  l'auteur,  français  ou  étranger,  du  meilleur  ou  du  plus  utile 
écrit,  publié  dans  le  courant  de  l'année  précédente,  sur  tout  ou  partie  de  la 
Crypiogamie.  « 

Conformément  aux  stipulations  ci-dessus,  un  prix  de  seize  cents  francs 
sera  décerné,  dans  la  séance  publique  de  l'année  1870,  à  l'Ouvrage  ou  au 
Mémoire  jugé  le  meilleur  parmi  ceux  publiés  dans  l'intervalle  de  temps 
écoulé  depuis  le  précédent  Concours,  et  qui  auront  été  adressés  à  l'Aca- 
démie avant  le  1" juin   1870. 

PRIX  THORE. 

Par  son  testament  olographe,  en  date  du  3  juin  i863,  M.  François-Fran- 
klin Thore,  demeurant  à  Dax,  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  in- 
scription de  rente  3  pour  100  de  deux  cents  francs,  pour  fonder  un  prix 
annuel  à  décerner  «  à  l'auteur  du  meilleur  Mémoire  sur  les  Cryptogames 
cellulaires  d'Europe  (Algues  fluviatiles  ou  marines,  Mousses,  Lichens  ou 
Champignons),  ou  sur  les  mœurs  ou  l'anatomie  d'une  espèce  d'Insectes 
d'Europe.  » 

Ce  prix,  attribué  alternativement  aux  travaux  sur  les  Cryptogames  cel- 
lulaires d'Europe  et  aux  recherches  siu'  les   mœurs  ou   l'anatomie   d'ua 

G.  R.,  1870,  2=  Semestre.    (T.  LXXl,   N"   2.)  22 


(  '7°  ) 
Insecte,  sera  décerné,  en  1870,  au  meilleur  travail,  manuscrit  ou  imprimé, 
paiini  ceux  qui  auront  été  adressés  à  l'Académie  avant    le  i*''JMin  1870, 
sur  un  sujet  relatif  aux  mœurs  ou  à  Tanatomie  d'un  Insecte. 


PRIX  A  DECERNER  EN  1871. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES, 

PROPOSÉ  EN  18G8  POUR  lUTl. 

(Commissaires  :  MM.  Brongniart,  Milne  Edwards,  Boussingault,  Dumas, 

Decaisiie  rapporteur.) 

La  Commission  désignée  pour  proposer  le  sujet  du  Grand  Prix  des 
Sciences  naturelles  qui  devait  être  décerné  en   1869  a  adopté  : 

V Elude  de  la  Fécondation  dans  la  classe  des  Chumpifjnons. 

Les  auteurs  rechercheront  les  organes  à  l'aide  desquels  s'opère  la  fécon- 
dation, soit  dans  le  groupe  des  B.isidiosporés,  soit  dans  celui  des  Théca- 
sporés,  sur  lesquels  on  ne  possède  encore  que  des  notions  fort  incom- 
plètes. 

Les  Mémoires,  écrits  en  latin  ou  en  français,  devront  être  accompagnés 
de  dessins  explicatifs. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  trois  mille  francs. 

L'Académie  proroge  ce  concours  à  1871. 

Les  pièces  de  Concours  devront  être  déposées  au  Secrétariat  de  l'Institut 
avant  le  i"  juin  1871. 

PRIX  BORDIN, 

PROPOSÉ    EN    18G8    POUR    1871. 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  Brongniart,  Becquerel,  Cosie, 
Elie  de  Beaumont  rapporteur.) 

<(  Faire  connaître  les  ressemblances  et  les  différences  qui  existent  entre  les  jiro- 
n  dnclions  organiques  de  toute  esj)èce  des  pointes  australes  des  trois  continents  de 
»  l'Afrique,  de  l'Amérique  méridionale  et  de  t' .dusiralie,  ainsi  que  des  terres 
»   intermédiaires,  et  les  causes  quon  peut  assigner  à  ces  différences.  » 


(  17'  ) 
On  comprendra  dans  le  travail  les  êtres  marins  qui  peuplent  les  côtes  des 
trois  continents  et  les  fossiles  qui  y  ont  été  découverts. 

On  se  bornera  à  l'élude  des  parties  des  trois  continents  qui  sont  situés 
au  sud  du  2$^  parallèle  de  latitude  australe,  et,  sans  faire  tuie  étude  nou- 
velle des  climats  déjà  connus  des  trois  régions,  on  s'attachera  essentielle- 
ment à  constater  l'influence  des  constitutions  météorologiques  que  leur 
assignent  les  observations  recueillies  par  les  différents  voyageurs  qui  s'en 
sont  occupés;  on  devra  surtout  tenir  compte  des  effets  qu'on  sait  déjà  être 
produits  parles  courants  marins  [voir  la  Note  de  M.  Becquerel). 

On  indiquera  les  conséquences  que  peuvent  avoir,  pour  les  théories  pa- 
léontologiques,  les  résultais  auxquels  on  sera  arrivé. 

L'Académie  désirerait  que  la  question  fût  traitée  d'une  manière  com- 
plète, mais  elle  pourrait  se  contenter  d'une  solution  partielle  qui  se  horrie- 
rait  soit  aux  végétaux,  soit  aux  animaux,  soit  même  à  une  partie  du  règne 
animal,  par  exemple  aux  vertébrés  ou  aux  invertébrés.  I/Académie  n'hésite 
même  pas  à  déclarer  qu'elle  préférerait  une  solution  partielle,  mais  appro- 
fondie, à  une  autre  qui  serait  plus  générale  et  en  même  temps  plus  super- 
ficielle. 

NOTE   DE   M.    BECQUEREL. 

Remarques  sur  ta  situation  géographique  et  l'état  climatérique  des  pointes  les  plus  saillantes 
des  continents  dans  V héinisphcre  austral. 

Cap  Horn  :  Lat.,  55°  28' 5o";  temp.  mny.,  5  degrés. 

Cap  de  Bonne-Espéiance  :  Lat.,  33°55';  temp.  moy.,  19°, 4°- 

Cap  le  plus  niériilional  de  l'Australie  :  Lat.,  39  degrés;  temp.  moy.,  10  degrés. 

Cote  ouest  de  rAméritpie  :  Lat.,  20  degrés;  temp.  moy.,  iy°,4o. 

Injluence   des  courants  marins  sur  les  climats. 

Le  pôle  austral  est  le  point  de  départ  de  trois  courants  d'eau  froide. 

Le  courant  central  vient  frapper  la  côte  occidentale  tie  l'Auiéri'pie  du  Sud,  vers  le  4o''  dé- 
gré  de  latitude;  I.à  il  se  partage  en  deux  branches.  La  liranclie  qui  se  ilirige  vers  le  sud 
côtoie  la  Patagonie,  tourne  le  cap  Horn;  revenant  des  liasses  l.iîludes,  elle  réchauffe  tiuites 
ce.s  côtes.  Celle  cjui  lemonle  vers  le  nord  côtoie  le  Chili  et  le  Pérou  el  adoucit  le  climat  de 
ces  contrées,  voisines  de  l'equaleiir,  dont  la  leinpéraUire  est  plus  élevée  que  la  sienne,  et 
qui,  comme  on  sait,  est  très-différent  de  celui  du  Brésil,  à  latitude  égale. 

Il  résulte  de  l'influence  exercée  |)ar  ces  di'nx  couranis  sur  la  température  de  l'air,  dans 
les  lieux  ip-.ine  sont  pas  sous  la  même  latitude,  que  la  végétation  piésenle  les  mêmes  carac- 
tères au  Chili  qu'à  la  Terre-de-Feii  et  que  les  colibris  se  trouvent  depuis  le  Chili  jusi|u'au 
cap  Horn. 

Le  second  courant  austral  d'eau  froide,  situé  à  l'ouest  du  précédent,  vient  frapper  la  côte 

22.. 


(  172  ) 

occidentale  de  la  Nouvelle-Hollande  et  se  partage  en  deux  branches.  L'iine  se  dirige  vers  le 
sud,  où  elle  côtoie  le  cap  le  plus  méridional  qu'elle  réchauffe,  venant  d'une  latitude  plus  basse. 
L'autre  branche  remonte  vers  le  nord,  en  côtoyant  la  IV'ouvelle-Iloliande,  dont  elle  re- 
froidit la  cote,  venant  de  hautes  latitudes;  vers  les  îles  de  la  Sonde,  elle  va  rejoindre  le  grand 
courant  É(|uino\ial,  se  dirige  vers  le  sud,  entre  l'Afrique  et  Madagascar, contouine  le  cap  de 
Bonne-Espérance,  où  elle  est  considérée  comme  courant  d'eau  chaude;  aussi  sa  température 
moyenne  est-elle  de  19",  i,  sous  une  latitude  de  33°, 5,  tandis  que  l'on  rencontre  cette  même 
température,  sous  la  latitude  de  20  degrés,  sur  la  côte  occidentale  de  l'Amérique  du  Sud, 
dont  la  température  est  rafraîchie  par  le  courant  d'eau  froide  provenant  de  la  branche  cen- 
trale du  courant  polaire,  qui  vient  heurter  les  côtes  du  Chili. 

La  température  moyenne  étant  la  même  au  cap  de  Bonne-Espérance  que  sur  la  côte  occi- 
dentale de  l'Amérique  du  Sud,  à  des  latitudes  bien  différentes  (33°,55  et  20  degrés),  cette 
différence  dépend  de  ce  que  le  cap  de  Bonne-Espérance  est  côtoyé  par  un  courant  d'eau 
chaude,  tandis  que  la  côte  ouest  de  l'Amérique  l'est  par  un  courant  d'eau  froide. 

Les  courants  marins  doivent  donc  être  mis  au  nombre  des  causes  qui  influent  sur  la 
faune  et  la  flore  des  parties  les  plus  méridionales  des  continents. 

M.  de  Humboldt  dit,  dans  son  Asie  centrale,  t.  III,  p.  l'yS  :  «  Dans  l'hémisphère  austral, 
les  extrémités  pyramidales  des  continents  qui  se  prolongent  inégalement  vers  le  pôle  sud 
offrent  le  climat  des  îles.  Des  étés  d'une  température  très-basse  sont  suivis,  au  moins  jus- 
qu'aux 48"  et  5o'  degrés  de  latitude,  d'hivers  peu  rigoureux;  d'où  il  résulte  que  les  formes 
végétales  de  la  zone  torride,  les  fougères  en  arbre  et  les  belles  orchidées  parasites,  ]ieuvent 
avancer  au  sud  jusque  vers  le  38"  et  le  46'  degré  de  lat.  aust.,  tandis  que,  dans  l'hémi- 
sphère boréal,  les  fougères  en  arbre  et  les  orchidées  ne  dépassent  pas  le  tropique  du  Cancer, 
etc.,  etc.  )i 

Le  pi'ix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 
Les  Mémoires  niaimscrits  devront  être  déposés  an  Secrétariat  de  i'In- 
slitut  avant  le  i"  juin  1871. 

Les  noms  des  auteurs  seront  renfermés  dans  des  billets  cachetés  qui  ne 
seront  ouverts  que  si  la  pièce  est  couroiniée. 

PRIX  BORDIN. 

QUESTION  SUBSTITUÉE  ES  1866  A  CELLE  QUI  AVAIT  ÉTÉ  rRÉCÉDEMMENT  PROPOSÉE  CONCEKKANT 
LA  STRUCTURE  DES  TIGES  DES  VÉGÉTAUX  :  REPRODUCTION  DU  PROGRAMME  DE  1869,  QUESTION 
PROPOSÉE     DE     NOUVEAU    POUR    1871. 

(Commissaires  :  MM.   Milne  Edwards,   Boussingault,   Bernard,  Decaisne, 

Brongniart  rapporteur.) 

((  Etudier  le  rôle  des  stomates  dans  les  foiirlioiis  des  feuilles.    « 

L'Acadétnie,  en  proposant  cette  question,  désire  que,  par  des  recherches 
expérimentales  et  par  des  observations  aiiatomiques  sur  les  plantes  sou- 


(  ^i"»  ) 

mises  aux  expériences,  les  concurrents  cherchent  à  déterminer  le  rôle  que 
les  stomates  jouent  dans  les  phénomènes  de  respiration  diurne  ou  nocturne, 
d'exhalation  ou  d'absorption  aqueuse  dont  les  feuilles  sont  le  siège  princi- 
pal dans  les  plantes. 

Les  Mémoires  (manuscrits  ou  imprimés)  devaient,  ainsi  que  l'annonçait 
le  programme  des  deux  années  précédentes,  être  parvenus  au  Secrétariat 
de  l'Institut  avant  le  i*"  juin  1 871,  et  porter  le  nom  de  leur  auteur,  afin  que 
les  expériences  pussent  au  besoin  être  répétées  par  hii  sous  les  yeux  de 
la  Commission. 

PRIX  CHAUSSIER. 

Feu  M.  Franck-Bernard-Simon  Chaussier  a  légué  à  l'Académie  des 
Sciences,  par  testament  en  date  du  ig  mai  i863,  «  une  inscription  de 
rente  de  deux  mille  cinq  cenis  francs  par  an,  que  l'on  accumulera  pendant 
quatre  ans  pour  donner  un  prix  sur  le  meilleur  Livre  ou  Mémoire  qui  aura 
paru  pendant  ce  temps,  et  fait  avancer  la  Médecine,  soit  sur  la  Médecine 
légale,  soit  sur  la  Médecine  pratique.    » 

Un  Décret,  en  date  du  7  juillet  1869,  a  autorisé  l'Académie  à  accepter 
ce  legs.  Elle  propose  de  décerner  pour  la  première  fois  ce  prix,  de  la  valeur 
de  dix  mille  francs,  dans  sa  séance  publique  de  l'année  1871,  au  meilleur 
Ouvrage  paru  dans  les  quatre  années  qui  auront  précédé  son  jugement. 

Les  Ouvrages  ou  Mémoires  devront  élre  déposés  au  Secrétariat  de  l'In- 
stitut avant  le  i^' juin  1871. 

PRIX  DE  LA  FONS-MÉLICOCQ. 

Feu  M.  de  la  Fons-Mélicocq  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences,  par  tes- 
tament en  date  du  4  février  1866,  une  rente  de  (rois  cents  francs,  (rois  pour 
cent,  qui  devra  être  accuiiudée,  et  «  servira  à  la  fondation  d'un  prix  qui 
sera  décerné  tous  les  trois  ans  au  meilleiu*  Ouvrage  de  Bolanique  sur  le  nord 
de  la  France,  c'est-à-dire  sur  les  départements  du  Nord,  du  Pas-de-Calais,  des 
Ardennes,  de  la  Somme,  de  l'Oise  et  de  l'Aisne.  » 

L'Académie  décernera  ce  prix,  qui  consiste  en  une  médaille  de  la  valeur 
de  neuf  cents  francs,  dans  sa  séance  publique  de  1871,  au  meilleur  Ouvrage 
manuscrit  ou  imprimé  remplissant  les  conditions  stipulées  par  le  testateur. 

Le  terme  du  Concours  est  fixé  au   1^'  juin  1871 . 


(  174  ) 
PRIX  GEGNER. 

Feu  M.  Jean-Louis  Gcgner,  par  testament  en  date  du  i  2  mai  1868,  a  iégiié 
à  l'Académie  des  Sciences  «  un  nombre  d'obligations  suffisant  pour  former 
le  capital  d'un  revenu  de  quatre  mille  Jrancs,  destiné  à  soutenir  un  savant 
pauvre  qui  se  sera  signalé  par  des  travaux  sérieux,  et  qui  dès  lors  pourra 
continuer  plus  fructueusement  ses  recherches  en  faveur  du  progrès  des 
sciences  positives.    » 

L'Académie  des  Sciences  a  été  autorisée,  par  Décret  en  date  du  2  octo- 
bre 1869,  à  accepter  cette  fondation.  Elle  décernera,  pour  la  première  fois, 
le  prix  Gegner  dans  sa  séance  publique  de  l'année  1871. 

Les  pièces  adressées  au  Concours  devront  être  déposées  au  Secrétariat  de 
l'Institut  avant  le  1"  juin  iB^f. 


PRIX  A  DECERNER  EN  1872. 


PRIX  DE  aiEDECiNE  ET  DE  CniRURGIE  POUR  L'ANNEE  1872. 

QUESTION    PROPOSÉE    FN     18G0    POUR     liiGG,    ET    REMISE    A    1809,    ET    ENFIN    A    1872. 

L'Académie  avait  proposé,  comme  sujet  d'un  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie,  et  remet  au  concours  pour  1872,1a  question  suivante: 

«    De  Vnpplicalion  de  F électricilé  à  la  thérapeuticjue.  » 

Les  concurrents  devront  : 

1°  Indiquer  les  appareils  électriques  employés,  décrire  leur  mode  d'ap- 
plicalion  et  Iciu's  effets  physiologiques; 

2°  Rassembler  et  discuter  les  faits  publiés  siu-  l'ajjplication  de  l'électricité 
au  Irailemeiit  des  mahidies,  et  en  p.irliculicr  au  Irailemcut  des  affections 
des  systèmes  nerveux,  musculaire,  vasculaire  et  lymphatique;  vérifier  et 
compléter  par  de  nouvelles  études  les  résultats  de  ces  obticrvations,  et 
déterminer  les  cas  dans  lesquels  il  convient  de  recourir,  soit  à  l'action  des 
courants  intermittents,  soit  à  l'action  ties  coûtants  continus. 

Le  prix  sera  de  la  somme  de  cinq  mille Jrnms. 

Les  Ouvrages,  écrits  en  français,  devront  être  parvenus  an  Secrétariat  de 
l'Institut  avant  le  i"  juin  1872. 


(  175) 
PRIX  ALUUMDERT. 

(moue  de  kutrition  des  champignons.) 

(Commissaires  :  MM.  Dumas,  Milne  Edwards,  Claude  Bernard,  Decaisne, 

Broiigiiiiirt  rapporteur.) 

Ija  grande  classe  des  Champignons  se  distingue  de  tous  les  antres  groupes 
du  règne  végétal  par  l'absence  constante  dans  tous  ses  tissus  de  la  matière 
verte  des  feuilles  ou  chloro|>hylle.  Celte  absence  de  la  chlorophylle  indique 
des  relations  très-différentes  entre  ces  plantes  et  l'atmosphère  ambiante, 
et,  par  suite,  un  mode  de  nutrition  aussi  très-différent  de  celui  des  autres 
végétaux. 

Quelles  sont  les  sources  où  les  Champignons  puisent  le  carbone  et  l'azote 
qui  entrent  dans  leur  constitution?  quels  sont  les  autres  éléments  qui,  joints 
à  l'oxygène  et  à  l'hydrogène,  sont  nécessaires  à  leur  développement? 

Les  expériences  faites  sur  quelques  Mucédinées  peuvent  déjà  répandre  un 
certain  jour  sur  ce  sujet,  mais  ne  suffisent  pas  pour  expliquer  le  mode  de 
nutrition  et  d'accroissement  des  grands  Champignons  qui  prennent  nais- 
sance dans  le  sol  ou  sur  le  tron'c  des  arbres,  dans  des  conditions  très-diffé- 
rentes des  moisissures,  et  dont  la  masse  des  tissus  s'accroît  souvent  avec  une 
grande  rapidité. 

Des  Champignons  déjà  soumis  à  la  culture,  l'Agaric  de  couches  {Agaricm 
campeslris,  L.),  le  Polypore  de  la  pierre  à  Champignon,  ou  Pielra  Jomjnia 
des  Italiens  [Pol/poriis  tuberaster.  Pries),  et  quelques  autres  qui  se  prêteraient 
peut-être  à  une  culture  expérimentale,  conduiraient  sans  doute  à  des  résul- 
tats intéressants. 

En  proposant  pour  sujet  de  prix  l'élude  du  mode  de  nutrition  des  Chompi- 
gnons,  l'Académie  demande  que,  par  des  expériences  précises,  on  détermine 
les  relations  du  mycélium  des  Champignons  avec  le  milieu  dans  lequel  il 
se  développe,  ainsi  que  les  rapports  de  ce  mycélium  et  du  Champignon 
complètement  développé  avec  l'air  ambiant,  et  qu'on  constate  ainsi  l'ori- 
gine des  divers  éléments  qui  entrent  dans  la  composition  des  Champignons 
soumis  à  ces  expériences. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  deux  mille  cinq 
cents  francs. 

Les  Ouvrages  et  Mémoires,  niannscrils  ou  imprimés,  en  français  ou  en 
latin,  devront  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i"  juin  iS'ja. 


(   ,76  ) 

PRIX  SERRES. 

Feu  M.  Serres,  Membre  de  l'Institut,  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences 
une  somme  de  soixante  mille  francs,^  trois  pour  cent ^  pour  l'institution  d'un 
prix  triennal  «  sur  l' embryologie  générale  appliquée  autant  que  possible  à  la 
Physiologie  et  à  la  Médecine.  » 

Un  Décret  en  date  du  19  août  18G8  a  autorisé  l'Académie  à  accepter  ce 
legs  ;  en  conséquence,  elle  propose  de  décerner  pour  la  première  fois  un 
prix  de  la  valeur  de  sept  mille  cinq  cents  francs,  dans  sa  séance  publique  de 
l'année  1872,  au  meilleur  Ouvrage  qu'elle  aura  reçu  sur  celte  importante 
question. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés  au  Secrétariat  de  1  Institut  avanl  le 
i^'"juin  1872. 

PRIX  A  DÉCERNER  EN  1875. 


PRIX  MOROGUES. 

REPKODUCTION    DU    PROGKAMMR    DES    ANNÉES    PRÉCÉUENTES. 

Feu  M.  de  Morogues  a  légué,  par  son  testament  en  date  du  aS  oc- 
tobre I  834,  "'16  somme  de  dix  mille  francs,  placée  en  rentes  siu*  l'État,  pour 
faire  l'objet  d'un  prix  à  décerner  tous  les  cinq  ans,  alternativement  :  pnr 
l'Académie  des  Sciences  Physiques  et  Mathématiques,  à  l'Ouvrage  qui  aura 
fait  faire  le  plus  grand  progrès  à  V agriculture  en  France,  et  par  l'Académie 
des  Sciences  Morales  et  Politiques,  au  meilleur  Ouvrage  sur  l'état  du  paupé- 
risme en  France  et  le  moyen  d'y  remédier. 

Une  Ordonnance  en  date  du  26  mars  1845.  a  autorisé  l'Académie  des 
Sciences  à  accepter  ce  legs. 

L'Académie  annonce  (pi'elle  décernera  ce  prix,  en  iSyS,  à  l'Ouviage 
remplissant  les  conditions  prescrites  par  le  donateur. 

IjCs  Ouvrages,  imprimés  et  écrits  en  français,  devront  être  déposés  au 
Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  1"  juin  1873. 


(  ^77  ) 

PRIX  CUVIER. 

La  Commission  des  souscripteurs  pour  la  statue  de  Georges  Cuvier  ayant 
offert  à  l'Académie  une  somme  résultant  des  fonds  de  la  souscription  restés 
libres,  avec  l'intention  que  le  produit  en  fût  affecté  à  un  prix  qui  porterait 
le  nom  de  Prix  Cuvier,  et  qui  serait  décerné  tous  les  trois  ans  à  l'Ouvrage  le 
plus  remarquable,  soit  sur  le  règne  animal,  soit  sur  la  géologie,  et  le  Gou- 
vernement ayant  autorisé  cette  fondation  par  une  Ordonnance  en  date  du 
9  août  i83c), 

L'Académie  annonce  qu'elle  décernera,  dans  la  séance  publique  de  i  873, 
un  prix  (sous  le  nom  de  Prix  Cuvier)  à  l'Ouvrage  qui  sera  jugé  le  plusremar- 
quable  entre  tous  ceux  qui  auront  paru  depuis  le  i"  janvier  i86(j  jusqu'au 
3i  décembre  1872,  soit  sur  le  règne  animal,  soit  sur  la  géologie. 

Ce  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  quinze  cents  francs . 

PRIX  L.  LACAZE. 

Par  son  testament  en  date  du  24  juillet  i865  et  ses  codiciles  des  aS  août 
et  22  décembre  1866,  feu  M.  Louis  Lacaze,  docteur-médecin,  à  Paris,  a 
légué  à  l'Académie  des  Sciences  trois  sommes  de  cinq  mille  francs  chacune, 
dont  il  a  réglé  l'emploi  de  la  manière  suivante  : 

«  Dans  l'intime  persuasion  où  je  suis  que  la  Médecine  n'avancera  réel- 
»  lement  qu'autant  qu'on  saura  la  Physiologie,  je  laisse  cinq  mille  francs 
«  de  rente  perpétuelle  à  r Académie  des  Sciences,  en  priant  ce  corps  savant 
»  de  vouloir  bien  distribuer  de  deux  ans  en  deux  ans,  à  dater  de  mon 
»  décès,  un  prix  de  dix  mille  francs  (10  000  fr.)  à  l'auteur  de  l'Ouvrage 
»  qui  aura  le  plus  contribué  aux  progrès  de  la  Phjsiologie.  Les  étrangers 
»   pourront  concourir 

»  Je  confirme  toutes  les  dispositions  qui  précèdent;  mais,  outre  la 
»  somme  de  cinq  mille  francs  de  rente  perpétuelle  que  j'ai  laissée  à  l'Aca- 
»  demie  des  Sciences  de  Paris  pour  fonder  un  prix  de  Physiologie,  que  je 
»  maintiens  ainsi  qu'il  est  dit  ci-dessus,  je  laisse  encore  à  la  même  Âcadé- 
»  mie  des  Sciences  deux  sommes  de  cinq  mille  francs  de  rente  perpétuelle, 
»  libres  de  tous  frais  d'enregistrement  ou  autres,  destinées  à  fonder  deux 
»  autres  prix,  l'un  pour  le  meilleur  travail  sm*  la  Physique,  l'autre  pour 
»  le  meilleur  travail  sur  la  Chimie.  Ces  deux  prix  seront,  comme  celui  de 
»   Physiologie^  distribués  tous  les  deux  ans,  à  perpétuité,  à  dater  de  mon 

C.  R.,  1870,  2"  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  2.)  ^3 


(  178  ) 
»  décès,  et  seront  aussi  de  dix  mille  francs  chacun.  Les  élrangers  pourront 
»  concourir.  Ces  sommes  ne  seront  pas  partageables,  et  seront  données 
»  en  totalité  aux  auteurs  qui  en  auront  été  jugés  dignes.  Je  provoque  ainsi, 
»  par  la  fondation  assez  importante  de  ces  trois  Prix,  en  Europe  et  peut- 
»  être  ailleurs,  une  série  continue  de  recherches  sur  les  sciences  naturelles, 
»  qui  sont  la  base  la  moins  équivoque  de  tout  savoir  humain;  et,  en 
»  même  temps,  je  pense  que  le  jugement  et  la  distribution  de  ces  récom- 
»  penses  par  V Académie  des  Sciences  de  Paris  sera  un  titre  de  plus,  pour  ce 
))  corps  illustre,  au  respect  et  à  l'estime  dont  il  jouit  dans  le  monde  rntier. 
))  Si  ces  prix  ne  sont  pas  obtenus  par  des  Français,  au  moins  ils  seront  dis- 
))   tribnés  par  des  Français,  et  par  le  premier  corps  savant  de  France.   » 

Un  Décret  en  date  du  27  septembre  iSGg  a  autorisé  l'Académie  à  accep- 
ter cette  fondation;  elle  piopose,  en  conséquence,  de  décerner  poiu-  la  pre- 
mière fois,  dans  sa  séance  publique  de  l'année  18^3,  Iroix  prix  de  dix  mille 
francs  chacun  aux  Ouvrages  ou  Mémoires  qui  auront  le  plus  contribué  aux 
progrès  de  la  Physiolocfie,  de  la  Physique  et  de  la  Chimie. 

Les  travaux  devront  être  déposés,  manuscrits  ou  imprimés,  au  Secré- 
tariat de  l'Institut,  avant  le  1"  juin  1873. 


CONDITIONS  COMMUNES  A  TOUS  LES  CONCOURS. 

Les  concurrents,  pour  tous  les  prix,  sont  prévenus  que  l'Académie  ne 
rendra  aucun  des  Ouvrages  envoyés  aux  Concours;  les  auteurs  aui'ont  la 
liberté  d'en  faire  prendre  des  copies  au  Secrétariat  de  l'Institut. 

Par  une  mesure  générale  prise  en  i865,  l'Académie  a  décidé  que  la  clô- 
ture des  Concours  pour  fous  les  prix  qu'elle  propose  aurait  lien  à  la  même 
époque  de  l'année,  elle  terme  a  été  fixé  au  premier  juin. 

LECTURE. 

M.  Dumas  lit  l'Éloge  historique  de  Pei-ouze. 

É.   D.   B.   et    D. 


(  179  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

I/Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  [\  juillet  1870,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Recueil  de  Mémoires  de  Médecine,  de  Cliimrqie  et  de  Phnrmncie  militaires, 
publié  par  ordre  du  Minisire  de  la  Guerre,  3^  série,  t.  XXIV.  Paris,  1870; 
in-8°. 

Mémoire  sur  une  transformation  géoméirirpie  et  sur  la  surface  des  ondes;  par 
M.  E.  Catalan.  Bruxelles,  1870;  in-/i°.  (Extrait  du  tome  XXXVIII  des 
Mémoires  de  l'Jcadénne  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-zlrls  de 
Belijiciue.) 

Bulletins  et  Mémoires  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux  de  Paris,  t.  VI, 
2*  série,  année  1869.  Paris,  1870;  in-S"  relié. 

Du  trav'iil fonctionnel  chez  l' homme;  par  M.  C.  POELMAN.  Bruxelles,  1 8-0, 
opuscule  in-S*^. 

Sujets  de  prix  proposés  par  C  Académie  impériale  des  Sciences,  Inscriptions  et 
Belles-Lettres  de  Toulouse  pour  les  années  1871,  1S72,  1873.  Toulouse,  sans 
date;  in-8°. 

Société  impériale  havraise  d'études  diverses.  Procès-verbaux.  Le  Havre,  1 870; 
in-8°. 

Annales  de  la  Société  académique  de  Nantes  et  du  département  de  la  Loire- 
Inféiieure,  1869,  2*  semestre.  Nantes,  1870;  in-8°. 

Sur  une  forme  générale  de  développement  et  sur  les  intégrales  définies;  par 
M.  C.-J.  IIlLL.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-4". 

L'ingegno...  Etude  sur  Ferdinand  de  Luca;  par  M.  A.  CiALDi.  Rome, 
1870;  br.  in-8". 

Se...  Si  Porlolevante  exclut  le  flot  courant  comme  cause  de  son  ensablement; 
Lettre  de  M.  A.  ClALDl.  Rome,  1870;  br.  in-S". 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI   18  JUILLET  1870, 
PRÉSIDÉE  PAR  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  CORIMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

M.  Duhamel,  en  faisant  hommage  à  l'Académie  d'un  volume  intitulé  : 
Des  Méthodes  dajis  les  Sciences  de  rnisonneineiit  [quatrième  Partie),  s'exprime 
comme  il  suit  : 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  la  dernière  Partie  de  mon 
ouvrage  sur  les  méthodes  dans  les  sciences  de  raisonnement.  Dans  la  pre- 
mière Partie,  j'ai  exposé  d'une  manière  générale  la  marche  que  l'on  doit 
suivre  dans  la  recherche  ou  la  démonstration  de  la  vérité,  et  dans  l'établis- 
sement d'une  science  de  raisonnement.  J'en  ai  tait  d'abord  l'application 
aux  sciences  les  plus  simples,  celle  des  nombres  et  celle  de  l'étendue  :  je 
considère  aujourd'hui  la  science  des  forces. 

»  Les  données  des  deux  premières  sont  fondées,  jusqu'à  un  certain  point, 
sur  l'observation;  mais  elles  sont  d'une  telle  nature,  que  l'esprit  conçoit 
qu'elles  subsisteraient  lors  même  que  le  monde  matériel  serait  anéanti.  Il 
n'en  est  pas  de  même  de  la  science  des  forces;  elle  dépentl  de  la  nature 
de  ce  monde,  qui  aurait  pu  être  créé  différent  de  ce  qu'il  est,  et  soumis  à 
d'autres  lois.  Les  données  de  cette  science  doivent  donc  reposeï'  sur  l'ob- 
servation de  ces  lois,  et  sur  des  expériences  propres  à  les  manifester. 

»  Il  est  un  point  sur  lequel  nous  espérons  obtenir  l'assentiment  des 
géomètres  et  des  philosophes  :  jusqu'ici,  dans  l'étude  du  mouvement  pro- 

C   R.,  1870,  2'  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  5.)  24 


(  i82  ) 
diiit  par  les  forces,  on  a  commencé  par  considérer  ce  qu'on  appelle  le 
tnouvement  absolu  ;  et  ce  n'est  qu'après  en  avoir  établi  la  théorie  qu'on  passe 
à  celle  du  mouvement  relatif.  Nous  nous  sommes  placé  dans  un  ordre 
d'idées  tout  différent  :  nous  ne  fondons  rien  sur  le  mouvement  on  le  repos 
absolu;  nous  n'en  parlons  même  que  pour  coudjattre  cette  notion,  qui  ne 
repose  que  sur  la  fixité  supposée  des  points  de  W'Sjjace  abisoUi,  c'est-à-dire 
sur  un  cercle  vicieux,  où  entre  la  considération  d'un  être  purement  imagi- 
naire.  » 

SÉRICICULTURE.  —  Rapport  adtes'-é  à  l\-l( odérnie  sur  les  i-(hitltnts  des  é  liiralions 
pmiiqnes  de  ver  à  soie,  effaliiéi  s  au  moyen  de  graines  préparées  par  les 
procédés  de  sélection;  par  M.  Pastelk. 

«  Au  mois  d'octobre  dernier,  M.  le  M;n-échal  Vaillant  me  tit  part  du  désir 
de  l'Empereur,  de  soumettre  à  une  grande  expérience  pratique  mon  pro- 
cédé de  confection  de  la  semence  saine  des  vers  a  soie,  procédé  qui  résume 
l'ensemble  de  mes  études  de  ces  dernières  années,  et  que  je  considère 
connue  propre  non-seulement  à  éloigner  le  fléau  actuel,  mais  en  outre  à 
donner  à  la  sériciculture  une  prospérité  qu'elle  n'a  jamais  connue.  J'ac- 
ceptai donc  avec  empressement  et  reconnaissance  l'offre  du  INIaréchal. 

»  La  propriété  choisie  pour  cette  épreuve  fut  celle  de  Villa-Vicentina, 
près  de  Trieste,  dans  le  Frioul  autrichien,  la  plus  importante  parmi  celles 
de  la  Couronne  pour  la  culture  du  mûrier.  On  peut  y  élever  loo  onces  de 
graine,  que  je  me  procurai  auprès  de  trois  des  personnes  qui  avaient  appli- 
qué en  1869  mon  procédé  de  grainage,  MM.  Raybaud-Lange  (Basses- 
Alpes);  D'"Milhau,  duPoujol  (Hérault),  et  Gourdin,  de  Saint-Hippolyte-du- 
Fort  (Gard).  Les  100  onces  furent  distribuées  entre  les  colons  de  la  villa 
au  nombre  de  cinquante,  par  petits  lots,  pour  la  plupart  de  i  et  2  onces; 
une  éducation  était  de  3  onces  et  une  autre  de  5  onces,  mais  l'administra- 
tion se  réserva  aS  onces  pour  une  grande  éducation. 

»  La  mise  en  |)r.iti(|ue  de  mon  procédé  consiste  essentiellement:  1°  à 
élever  une  graine  parfaitement  saine,,  autant  que  possible  cellulaire,  pour 
éducation  de  reproduction;  2°  à  élever,  pour  éducation  de  produit,  la 
graine  issue  de  ces  éducations  de  reproduction,  lesquelles  doivent  satisfaire 
aux  deux  conditions  suivantes  :  une  excellente  marche  des  vers  de  la  qua- 
trième mue  à  la  moulée  à  la  bruyère,  jointe  à  l'absence  complète,  ou  à  peu 
près,  des  corpuscides  rians  les  papillons. 

»  Par  l'application  rigoureiise  de  ces  prescriptions,  les  récoltes  n'ont 
plus  à  craindre  que  les  maladies  accidentelles  provoquées  par  des  condi- 


(  i83  ) 
lions  climateriques  et  par  l'inexpérience  des  éleveurs.  En  d'autres  termes, 
la  récolte  de  la  soie  se  trouve  ramenée  aux  conditions  normales  de  toutes 
les  industries  agricoles,  toutefois  avec  cet  avantage  dont  elle  était  privée, 
même  aux  plus  beaux  jours  de  sa  prospérité,  que  l'éducateur  est  sur 
d'opérer  sur  une  graine  originairement  très-saine. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  l'épreuve  tentée  sur  le  domaine  de 
l'Empereur  ne  devait  pas  se  borner,  pour  être  complète,  à  la  constatation 
du  résultat  des  éducations  de  produit  faites  avec  les  loo  onces  dont  j'ai 
parlé.  Il  fallait  que,  par  des  éducations  dirigées  en  vue  de  la  reproduction, 
j'établisse  la  possibilité  de  la  préparation  sur  place  d'une  quantité  de 
graine  plus  ou  moins  considérable,  tout  au  moins  suffisante  pour  les  be- 
soins de  la  propriété  de  Villa -Vicentina  en  1871.  De  cette  manière,  le 
cercle  des  opérations  serait  complet,  et  l'administration  du  domaine 
n'aurait  plus  qu'à  les  continuer  avec  les  mêmes  errements  dans  les  années 
ultérieures. 

»  En  conséquence,  je  confiai  au  gardien  de  notre  habitation  de  Villa- 
Elysa,  éleveur  soigneux  et  expérimenté,  trois  sortes  de  graines  celhdaires, 
de  trois  provenances  différentes,  formant  ensemble  a|^  onces.  Je  ferai  re- 
marquer que  ces  graines  cellulaires,  pas  plus  que  les  100  onces  dont  j'ai 
parlé,  n'avaient  été  préparées  par  moi.  J'insiste  sur  ces  détails,  afin  de  bien 
montrer  que  mon  procédé  est  déjà  appliqué  sûrement  dans  toutes  ses  |)ar- 
ties  par  un  grand  nombre  de  personnes. 

»  De  ces  7^  onces  de  graine  cellulaire,  une  m'avait  été  fournie  par  M.  le 
D''  Milliau,  une  autre  par  M.  Sirand,  pharmacien  à  Grenoble,  et  la  demi  once 
restante  par  M.  de  L.lchadenède,  |)résidfnt  du  Comice  agricole  d'Alais.  Ceci 
posé,  voici  les  résultais  de  la  campagne  séricicôle,  t;int  à  Villa-Vicenlina 
qu'à  Vilia-Elysa. 

»  A  Vilia-Elysa,  les  2^  onces  de  graine  cellidaue  ont  marché  à  merveille. 
La  récolte,  tout  entière  en  magnifiques  cocons  jaunes,  déiKi.-sa  45  kilo- 
grammes à  l'once  de  25  grammes  pour  chacune  des  trois  petites  éduca- 
tions. Bien  plus,  j'eus  la  satisfaction  de  constaier  que  toutes  trois  étaient 
excellentes  pour  la  reproduction.  C'était  plus  que  je  n'avais  espéré,  car  en 
faisant  trois  éducations  de  graine  cellidaire  de  trois  provenances  diffé- 
rentes, j'avais  eu  principalement  pour  but  de  ne  pas  me  mettre  a  la  merci 
des  résultats  d'une  seule  éducation  faite  en  vue  du  grainage,  précaution 
toujours  bonne  à  prendre. 

)>  Quant  aux  100  onces  de  graine  industrielle  élevée  par  les  colons  de 
Vdia -Vicentina,  le  produit  total  a  été  de  3ooo  kilogrammes,  c'est-à-dire 
de  3o  kilogrammes  à  l'once.  C'est  une  fois  et  demie  au  moins  le  rende- 

24.. 


(  >84  ) 

ment  moyen  des  époques  de  prospérité.  Dans  ce  nombre  moyen  sont 
comprises  quatre  éducations  qui  ont  complètement  échoué  par  la  maladie 
des  moi'ts-flats,  quatre  qui  n'ont  eu  qu'une  demi-récolte,  et  deux  un  quart 
de  récolte  seulement.  I/éducation  des  aS  onces  de  l'adunnistration  a  pio- 
duit  près  de  89  kilogrammes  à  l'once.  Je  l'avais  composée  à  dessein  avec 
trois  des  sortes  de  graine  des  trois  personnes  que  j'ai  nommées  :  10  onces 
graine  Milhau,  9  onces  graine  Gourdin  et  G  onces  graine  Rayhaud- 
Lange  (i). 

w  Je  dois  ajouter  que  la  moyenne  du  rendement  aurait  été  sensiblement 
plus  élevée  si  bon  nombre  des  colons  n'avaient  mal  fait  écloreleur  graine. 
L'hiver  ayant  été  fort  rigoureux,  la  graine  fut  très-dure  à  éclore.  Quelques- 
uns  la  cliatdfèrent  outre  mesure;  d'autres  même,  croyant  qu'elle  n'éclo- 
rait  pas,  la  remplacèrent  par  de  la  graine  japonaise  de  reproduction,  qui, 
pour  le  dire  en  passant,  donna  un  produit  presque  nul.  On  peut  évaluer 
à  10  onces  au  moins  la  graine  qui  fut  perdueà  l'éclosion,  par  l'inexpérience 
des  éleveurs. 

»  En  résumé,  et  malgré  les  accidents  que  je  signale  et  les  insuccès  que  je 
viens  de  mentionner,  accidents  et  insuccès  qui  ont  été  de  tous  les  temps  et 
de  tous  les  pays,  l'épreuve  tentée  à  la  demande  de  l'Empereur  a  eu  le 
résultat  le  plus  satisfaisant.  Depuis  vingt-cinq  ans  on  n'avait  vu  à  Villa- 
Vicentina  une  récolte  de  cocons  aussi  abondante  et  de  plus  belle  soie.  La 
joie  était  générale  parmi  tous  les  colons,  et  on  le  comprendra  aisément  --i 
j'ajoute,  d'une  part,  que  la  récolte  a  été  absolument  nulle  dans  le  pays  pour 
toute  une  partie  de  graine  de  Transylvanie  d'une  valeur  atteignant  un  million 
de  francs,  et  si,  d'autre  part,  je  mets  en  regard  de  ce  qui  précède  le  résuliat 
d'une  récolte  des  années  précédentes  à  Villa-Vicentiiia.  Voici  celle  de 
,869: 

»  En  1869,  on  a  posé  io5  onces  de  graine  à  Villa-Vicentina  : 

55  cartons  japonais  originaires, 
5o  onces  de  graine  de  la  Corse. 

»  Le  produit  total  a  été  de  Hoo  kilogrammes  de  cocons  marchands  qui 
ont  été  fournis  uniquement  par  les  55  cartons  japonais,  lesquels  ont  donné, 
en  conséquence,  environ  14''^, 5  par  carton.  Les  5o  onces  de  graine  de 
la  Corse  ont  échoué  complètement.  Il  faut  noter,  en  outre,  que  les  cocons 

(i)  On  cite  une  cHiicafion  faite  en  Italie  de  la  graine  de  RI.  Pasteur,  qui  a  donné,  chez 
M.  le  professeur  Chiozza,  pour  ■?.5  yrauinies,  67''% 678  de  cocons,  nombre  qu'on  n'avait  pro- 
bablement jamais  réalisé.  [Nntc  du  Sccrèlaite  perpétuel.) 


(  i85  ) 

japonais  n'ont  été  vendus,  en  1869,  qu'à  raison  de  5  francs  le  kilogramme, 
tandis  que  les  cocons  de  nos  belles  races  indigènes  ont  atteint,  en  1870,  le 
prix  de  8*^',  4o.  Enfin,  le  carton  japonais  avait  coûté  a5  francs  en  moyenne 
fen  1869,  tandis  que  la  graine  élevée  en  1870  fut  achetée  i5  francs  l'once 
seulement.  Bref,  la  récolte  de  1869  a  produit  environ  i5oo  francs,  et  celle 
de  1870,  au  contraire,  plus  de  22000  francs,  défalcation  faite  du  prix 
d'achat  des  semences.  D'autre  part,  la  récolte  de  1871  se  trouve  assurée 
par  la  confection  sur  le  domaine  même  d'une  centaine  d'onces  de  graine 
industrielle  et  de  plusieurs  onces  de  graine  cellulaire,  qui  seront  une  source 
de  semences  pour  les  années  ultérieiues. 

»  Je  ne  sais  quels  efforts  ont  été  tentés  cette  année,  en  France,  pour 
l'application  de  mon  procédé  de  confection  de  la  semence  saine;  j'espère 
qu'ils  auront  continué  actifs  et  fructueux,  et  qu'ils  auront  triomphé  des 
résistances  intéressées  et  des  contradictions  sans  fondement.  Dans  la  liante 
Italie  et  dans  la  basse  Autriche,  le  progrès  est  de  plus  en  plus  marqué. 
A  peine  étais-je  arrivé  dans  le  Frioul,  que  je  faisais  connaissance  avec  un 
des  plus  riches  et  des  plus  intelligents  agricidteurs  de  la  contrée,  M.  le 
DT^évi,  et  j'apprenais  avec  autant  de  bonheur  que  de  siu'prise,  qu'à  lui  seul 
et  pour  ses  propres  éducations  de  cette  année,  il  avait  fait,  en  1 869, 1 5o  onces 
de  graine  cellulaire.  Présentement  il  en  confectionne  plus  de  3oo.  Tout 
auprès  de  Villa-Vicentina,  M.  le  professeur  Chiozza  en  prépare  4oo  onces, 
et  c'est  la  première  fois  néanmoins  qu'il  se  livre  à  ce  travail. 

»  Dans  la  haute  Italie,  M.  le  marquis  Crivelli  vient  d'obtenir  une  récolte 
de  plus  de  loooo  kilogrammes  de  cocons  jaunes  par  une  nouvelle  appli- 
cation rigoureuse,  savante  et  perfectionnée  même,  paraît-il,  des  principes 
que  j'ai  établis.  Encore  quelques  années,  et  le  commerce  des  graines  avec 
le  Japon  aura  disparu  et  la  sériciculture  aura  reconquis  toute  sa  pro- 
spérité. 

»  L'Académie  ne  s'étonnera  pas  que  je  lui  offre  les  prémisses  du  Rappoi  t 
par  lequel  je  devais  rendre  compte  à  M.  le  Maréchal  Vaillant  de  la  mission 
que  Sa  Majesté  avait  daigné  me  confier.  L'intérêt  persévérant  que  la  Com- 
pagnie a  témoigné  à  l'étude  de  la  maladie  des  vers  à  soie  et  à  mes  propres 
travaux,  m'obligeait  à  l'instruire  la  pre:nière  du  succès  qui  couronne  ses 
efforts  et  les  miens.   » 

L'Académie  décide  qu'un  exemplaire  de  ce  Rapport  sera  adressé  aux 
Comices  et  Sociétés  d'agriculture  par  l'intermédiaire  de  M.  le  Ministre 
de  l'Agricidture  et  du  Commerce. 


(  i86) 

HYDRODYNAMIQUE.  —  Démonslration  élémentaire  de  In  Jannitle  de  propagation 
d'une  onde  ou  d'une  intumescence  dans  un  canal  prismatique;  et  remarques 
sur  les  jiropagations  du  son  et  de  la  lumière,  sur  les  ressauts,  ainsi  que  sur 
la  distinction  des  rivières  et  des  torrents  ;  par  M.  de  Saint- Vexant  ('). 

«  1.  Plusieurs  ingénieurs  s'occupent  en  ce  moment,  dans  une  vue  pra- 
tique, fie  questions  relatives  aux  ondes  liquides.  Dans  l'espoir  de  faciliter 
leurs  utiles  recherches,  où  ils  paraissent  vouloir  employer  surtout  des 
méthodes  géométriques,  je  crois  devoir  donner  ici,  avec  diverses  remar- 
ques qui  s'y  rattachent,  une  démonslration  élémentaire  du  plus  simple  et 
du  mieux  confirmé  des  résultats  que  l'analyse  a  fournis  sur  ce  sujet  intéres- 
sant, c'est-à-dire  de  la  formule  de  Lagrange  (**) 

(i)  A=v^, 

dans  laquelle,  g  désignant  l'accélération  9™,  809  due  à  la  gravité,  k  repré- 
sente la  célérité  ou  la  vélocité  (***)  de  propagation  d'une  intumescence  ou 
d'une  onde  solitaire  provoquée  dans  l'eau  primitivement  stagnante  d'un 
canal  prismatique  à  section  rectangle,  d'ime  profondeur  Ii,  par  une  impul- 
sion horizontale  qui  a  été  donnée  quelque  part  au  liquide  sur  toute  cette 
profondeur. 

»  A  tous  les  phénomènes  de  variation  de  pression  dans  des  masses  ga- 
zeuses répondent  généralement,  comme  on  sait,  des  phénomènes  de  varia- 
tion de  niveau  dans  des  masses  liquides. 

»  Aussi,  ce  que  nous  avons  à  dire  est  tout  à  fait  analogue  à  la  démons- 
tration qui  a  été  donnée  il  y  a  plus  de  (juarante  ans  par  M.  Babinet,  dans 
ses  leçons  orales,  de  la  fornuile  de  la  propagation  du  son  :  démonstration 
qui  devrait  figurer,  je  crois,  dans  tous  les  cours  de  physique  (****);  car 

(*)  L'Académie  a  décida'  que  celle  Commtinicalion,  bien  que  dépassant  en  étendue  les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  en  entier  au  Compte  rendu. 

(**)  Méc.  anal.,  2"  ])artie,  section  XI,  article  36. 

(•**)  Mois  que  j'emploierai  quel(|iief(iis  afin  d'éviter  la  confusion  avec  les  vitesses  réelles 
des  molécules  ou  des  tranches  fluides  ou  solides. 

(****  )  On  ne  la  trouve  que  dans  l'ouvrage  :  E.rcrcires  sur  la  physique,  ou  Recueil  de  ques- 
tions susceptibles  de  J aire  l'objet  de  compositions  écrites,  ])ar  M.  I.  (Isidore)  Pierre,  dont  la 
seconde  édition  est  de  1862  (igG""  exercice,  p.  i55).  Comme  je  ne  connaissais  pas  ce  livre 
de  l'éminent  (Correspondant  de  la  Section  d'itconomie  rurale  lors  de  la  publication  (iSb'j  )  de 
mon  Mémoire  Sur  le  choc  longitudinal  de  deu.r  barres  élastiques  [Journal  de  M.  Liouville, 
1'  série,   t.  XII,  n'  IG,  p.  355j,  je  présentais  comme  élanl  de  moi  cette  démonstration 


(  i87  ) 
elle  se  réduit,  en  appelant  p  la  densité  de  la  matière  d'une  colonne  élas- 
tique soit  gazeuse,  soit  solide,  E  son  coefficient  d'élasticité  ou  Ey  les  forces 
à  appliquer  en  sens  contraires  à  ses  deux  bases  extrêmes,  d'une  superficie 
supposée  =1,  pour  la  raccourcir  dans  une  petite  proportion  j,  à  dire 
très-simplement  que  si  une  pareUle  force  est  supposée  appliquée  à  une 
seule  des  deux  bases,  et  si  l'on  nomme  k  la  longueur  primitive  inconnue 
de  la  partie  de  celte  colonne  ou  de  ce  prisme  dans  l'étendue  de  laquelle  la 
compre^siouy  se  sera  propagée  au  bout  de  l'unilé  de  temps,  on  doit  égaler 
l'inlensité  Ey  de  la  lorce  motrice  au  produit  de  la  masse  pk  de  la  partie 
ainsi  mise  en  mouvement,  par  la  vitesse  qui  lui  a  été  communiquée,  vi- 
tesse qui  est  kj,  puisque  c'est  bien  là  ce  dont  a  cheminé  la  base  sollicitée, 
avec  les  autres  sections,  qui,  après  leur  rapprochement,  sont  restées  aux 
mêmes  dislances  les  unes  des  autres  :  ce  qui  donne  Ey  =  pk.kj,  d'où  l'on 
tire  bien  la  formule  connue  de  propagation  d'une  compression  ou  d'une 
dilatation  dans  l'air  ou  dans  une  tige 


(.)  k=^^. 


Du  reste,  dans  cette  formule,  le  coefficient  d'élasticité  E  peut  avoir  une  va- 
leur autre  que  celle  qui  convient  à  l'état  d'équilibre,  vu  que  le  mouvement 
de  compression  d'un  amas  de  molécules  disjointes  peut  y  susciter  des  vibra- 
tions calorifiques;  en  sorte  qu'elle  |)eut  tout  aussi  bien  donner  la  valeur 
réelle  de  k  que  sa  valeur  newtonienue,  qui  lui  est  toujours  inférieure  (*). 
"   2.   Soient  donc   maintenant  ABDC  la   section  longitudinale  de  l'eau 


simple.  J'en  ai  déjà  restitué  à  M.  Babinet  la  priorité  dans  une  Note  d'un  Rapport  du  ai  fé- 
vrier 1870  sur  un  Mémoire  de  M.  Boussinesq  relatif  aux  ondes  liquides  périodiques  (Comptes 
rendus,  t.  LXX,   p.  36l). 

(*)  On  peut  démontrer  de  même,  pour  expliquer  simplement  les  principes  mathématiques 
de  la  théorie  de  la  lumière,  la  formule  de  propagation  des  glissements 
-Gg  transversaux  ou  des  ondes  planes,  que  l'on  tire  ordinairement  des  équa- 
tions différentielles  du  mouvement  intérieur  des  corps  ou  des  milieux  élas- 
tiques. Soit  G  le  coefficient  de  l'élasticité  transversale  dans  un  ])risme  de 
matière  abcd  dont  les  sections,  d'une  superficie  =  i  ,  sont  supposées 
glisser  l'une  devant  l'autre  en  restant  parallèles,  sous  l'action  d'une  force 
G  g  appliquée  tangentidlement  à  la  base  ad,  en  sorte  que  les  fibres  longi- 
tudinales mn,  sans  se  courber,  s'inclinent  toutes  d'un  très-petit  angle 
mnm' ^  g  sur  les  normales  à  ces  sections.  Si,  au  bout  de  l'unité  de  temps, 
k  est  la  longueur  totale  mn  des  portions  ainsi  mises  successivement  en 
mouvement,  la  force  Gg  aura  imprimé  à  une  masse  ^k  une  vitesse  mm'  =z  /g.    On  a 


A  E'JT ,G      T 


(     188    ) 

slagiiante  d'un  canal  |jrisiiialique  indéfini  à  arêtes  horizontales,  et  abcd  sa 
section   transversale,  qne  nous  supposerons   d'abord   rectangle   et   d'une 

hauteur  h.  L'équihbre  subsis- 

\- -y-j /       tera  si  l'on  remplace  sa  partie 

Y^ïEfir-Zr7  de  gauche  AEFC  par  un  jjlan 

i;        ' —    <:  vertical  solide  E'EF  joignant 

normalement  le  fond  et  les 
bords.  Or  supposons  qu'on  imprime  à  ce  plan  une  petite  vitesse  horizon- 
tale constante  de  gauche  à  droite,  il  en  résultera  un  relèvement  de  l'eau 
ou  une  intumescence  d'une  hauteiu'  ties-pctite  s,  croissant  uniformément 
en  longueur.  Si,  au  bout  de  l'unité  de  temps,  k  désigne  la  longueur 
inconnue  qu'avait  primitivement  la  portion  du  fluide  FE'GI  ainsi  tumé- 
fiée, ou  dont  la  hauteur  h  est  devenue  h  -\-  i,   comme  cette  longueur  se 

trouve  réduite  à  /-; »  le  plan  solide  aura  cheminé  de  k  —  k-, ou  -7-5 

vu  la  petitesse  supposée  de  c  devant  h.  Ce  cheminement  pendant  un 
temps  =  I  est  la  vitesse  du  plan  E'F,  vitesse  qui  aura  été  imprimée  à 
toute  la  portion  fluide  FE'GI  par  la  force  avec  laquelle  il  a  fallu  pousser 
le  plan.  Et  cette  force,  différence  des  pressions  sur  les  sections  E'F  et  GI, 
a  pour  intensité  og£  par  unité  superhcielle  de  la  section  primitive  si  ^0  re- 
présente la  densité  du  fluide.  La  masse  de  cette  portion  fluide  mise  en 
mouvement  est  (sX-,  aussi  par  unité  de  section.  Égalant  la  force  au  produit 


donc  G{;  =  p/.Xg,  d'où 


-^' 


(2  his] 

P 

exprimant  la  vélocité  de  la  propagation  longitudinale  du  iiioiiveincnt  de  glissement  trans- 
versal supposé. 

On  pourrait,  comme  je  l'ai  dit  au  IMcnioire  sur  le  choc  des  barres,  laire  comprendre  clai- 
iement,avec  des  plaques  de  verre  rtrfsuper|)osées,  comment  une  vitesse  très-petite  /j;  =  «mî', 
qu'on  imprime  aux  sections  les  unes  après  les  autres  dans  un  sens  parallèle  à  leur  surface,  et 
dans  des  temps  qui  sont  de  plus  en  plus  courts  ainsi  que  les  espaces  ])arcourus,  engendre 
une  vélocité  île  propagation   nin  =  /■    très-grande. 

ha  />ério<licilc  des  mouvements  imprimes  en  des  sens  opposés  n'a  besoin  d'être  intioduite 
qu'ensuite  dans  ces  considérations  et  démonstrations,  où  il  est  préférable  de  ne  s'occuper 
d'.ibord  (jue  de  la  propagation  d'im  simple  mouvement  de  compression,  de  dilatation  ou  de 
glissement  qui  se  eoulintie  en  aflVclaul  des  lougueurs  croissantes.  C'est,  je  le  crois,  Jiarce 
que  Newton  a  voulu  introduire  de  piiuie  abord  les  vibrations,  ipiil  n'a  présenté  qu'une 
démonstration  obscure  et  jugée  inacceptable. 


(  i89  ) 
de  la  masse  mue  par  la  vitesse  qu'elle  a  imprimée   à  celle-ci  pendant  le 
temps  =  I,  on  a 

d'où,  pour  la  vélocité  ou  célérité  de  la  propagation  de  l'intumescence  fluide, 
quelle  que  soit  sa  hauteur  supposée  seulement  très-petite,  et,  p.ir  consé- 
quent aussi,  quelle  que  soit  la  vitesse  de  progression  du  plan  solide  EF, 
dont  l'impulsion  a  déterminé  la  formation  de  cette  intumescence, 

{l  reproduit)  kz=\/gli; 

c'est-à-dire  la  vitesse  qu'acquerrait,  comme  l'observe  Lagrange,  un  corps 
tombant  librement  de  la  moitié  de  la  hauteur  de  l'eau  dans  le  canal. 

»  On  ne  considère  ordinairement,  en  mécanique,  que  des  masses  de 
grandeur  invariable.  Des  forces  constantes  leur  impriment  des  vitesses 
uniformément  croissantes.  L'on  voit  qu'il  peut  y  avoir  lieu  quelquefois  de 
considérer  des  masses  variables.  Si  elles  croissent  uniformément  ou  pro- 
portionnellement au  temps,  les  mêmes  forces  leur  impriment  des  vitesses 

constantes,  comme  celles  que  nous  avons  appelées  kj  ou  A-- 

»  Au  reste,  l'exactitude  de  l'expression  (i)  est  subordonnée  à  la  suppo- 
sition que  le  frottement  de  l'eau  est  négligeable.  Ce  frottement  tend  à  aug- 
menter l'intumescence,  et,  en  outre,  à  ralentir  sa  propagation. 

»  3.  Si  le  plan  ET,  au  lieu  d'être  poussé  à  droite,  était  tiré  à  gauche, 
on  aurait,  du  côté  droit,  en  place  d'une  intumescence,  une  dépression,  se 
propageant  toujours  avec  la  vélocité  exprimée  par  \'gk,  pourvu  que  sa 
hauteur  fût  très-petite.  Si  ce  même  plan  avance  pendant  un  temps  très- 
court,  puis  recule,  ou  bien  cesse  d'avancer,  il  en  résultera  ce  que  Scott 
Russel  a  appelé  une  onde  solitaire,  se  propageant  de  même,  c'est-à-dire  (*) 
avec  une  vélocité  dépendant  uniquement  de  la  piofondeur. 

»  On  peut  produire  également,  comme  l'a  remarqué  le  même  expéri- 
mentateur, soit  une  intumescence  continue,  soit  une  onde  sans  aucun  mou- 
vement de  solide  plongé,  au  moyen  d'une  effusion,  c'est-à-dire  en  versant 
en  E  une  quantité  quelconque  d'eau  (**). 

»   4.   11  est  facile  de  généraliser  l'expression  (i)  de  k  pour  un  canal  pris- 


(*)   Annales  des  Ponts  et  Chaussées,  1837,  1'  semestre,  p.  i63. 
(**)   Annales  des  Ponts  et  Chaussées,  1887,  2=  semestre,  p.   i65. 
C.  R.,  1870,  1'  Semestre.  (T.  l.XXI,  N"  3.) 


(  igo  ) 

matique  ayant  une  section  d'eau  abcd  i\e  forme  quelconque,  et,  aussi,  de 
voir  ce  qu'on  aurait  si  la  hauteur  £  de  l'intumescence  n'était  pas  tout  à  fait 
négligeable  devaiil  la  profondeur  moyenne  primitive  du  fluide. 

»  Soient,  dans  l'état  d'équilibre,  u  la  superficie  de  cette  section,  et  /sa 
largeur  à  fleur  d'eau.  Connue  la  section  nouvelle  de  la  partie  tiunéfiée  sera 
hi  +  e/,   sa  longueur,  au   bout   d'ini  temps  t,  aura  été  réduite  de  kt   à 

kt -•   Il  y  aura  donc  eu,  dans  ce  même  temps  f,  une  vitesse  imprimée 

à  une  masse  fluide 

ptjikl 

par  la  force  motrice,  ditlérence  des  deux  produits  triples  :  i"  île  la  pesan- 
teur spécifique  pg  du  fluide;  i'^  des  superficies  w  -h  s/,  w  des  sections  E'F, 
GI;  3°  des  profondeurs  respectives  de  leurs  centres  de  gravité  au-dessous 
de  E'  et  de  G.  Or  cette  diflérence  est 

e 


Il  faut,  après  l'avoir  multipliée  par  le  temps  t  de  l'action,  l'égaler  à  la 
quantité  de  mouvements  engendrée,  ou  au  produit  des  deux  valeurs  qu'on 
vient  d'écrire  pour  la  vitesse  et  pour  la  masse.  On  en  tire,  pour  la  vélocité  : 


(3)  ^=\/§l7-^^)' 

qui  ne  se  confond  avec  la  formule  (i)  relative  au   canal  rectangle  qu'en 

négligeant  le  ternie  en  £  devani  la  profondeiu'  -  =  //. 

»   Russel,  <"t  plus  récemment  M.  Bazin,  ont  recoiuui  j);ir  l'expérience  (') 
qu'il  faut  effectivement,  sous  le  radical  de  la  fornude,  faire  à  la  profondeni' 

moyenne  -  ou  luiiforme  h  une  addition  d'autant  plus  grande  que  l'intu- 
mescence ou  l'onde  est  plus  élevée.  S'ils  on!  trouvé  pour  cette  addition, 
£  plutôt  que  ■§£,  cela  peut  tenir  à  l'effet  du  frottement,  comme  nous  avons 
dit  tout  à  l'heure.  Des  exj)ériences  de  M.  de  Caligny  oiu  également  con- 
firmé la  fornude  de  Lagrange,  sous  celte  condition,  très-bien  remarquée, 
que  si  l'ébranlement  générateur  de  l'onde  a  été  peu  [)rofond,  l'on  attende, 


(')  Mciiiiiirc  cik- lie  Riissol.    Kt,  iM.  Bazin,   Cmiiptcs  rendus,  l.  LV,  p.  353,   et  t.  LVII, 
|).  3o2. 


(  '9'  ) 
pour  mesurer  la  vélocité  de  celle-ci,  que  le  mouvement  ail  en  le  temps  de 
s'étendre  à  toute  la  profondeur  du  canal.  Dès  lors,  comme  dans  les  expé- 
riences de  Russel,  sa  vélocité  de  propagation  reste  constante,  quel  que  soit 
l'espace  déjà  parcouru. 

»  Si  cette  condition  est  remplie  initialement,  on  si  le  monvenient  longi- 
tudinal a  été  imprimé  dans  toute  la  section  d'eau  EF  jusqu'au  fond,  comme 
le  suppose  tout  ce  qui  précède,  on  voit  que  la  formule  (i)  ou  (3)  peut 
être  considérée  comme  s'ap|)liquant  à  des  profondeurs  quelconques,  ou 
n'ayant  pas  l'extrême  petitesse  que  Lagrange  supposait. 

»  5.  M.  Bazin  a  constaté  une  autre  particularité  que  la  simple  considé- 
ration des  vitesses  relatives  pouvait  faire  théoriquement  prévoir. 

»  C'est  que,  si  l'eau  du  canal  est  courante  au  lieu  d'être  inunobile,  il 
faut,  à  (i)  ou  (3),  ajouter  sa  vitesse  propre,  ou  l'en  retrancher,  pour  avoir 
la  vélocité  de  la  propagation,  dans  l'espace,  d'une  onde  que  Foi!  y  pro- 
voque quelque  part,  soit  par  un  ébranlement,  soit  par  une  effusion  de 
fluide. 

»  Qu'arrivera-t-il  donc  si,  la  propagation  étant  considérée  dans  un  sens 
opposé  à  celui  du  courant,  la  vitesse  U  de  celui-ci  est  égale  ou  sunérieine  à 
\/g/j,  h  désignant  la  profondein-  moyenne,  on  si 

H! 


=     ou    >  I  ? 


»  Théoriquement,  c'est-à-dire  en  négligeant  les  frottements,  les  forces 
centrifuges  qui  peuvent  agir  aux  extrémités  des  intumescences,  les  inéga- 
lités des  vitesses  dans  une  même  section,  etc.,  l'intumescence  liquide  sera  : 
1°  immobile  si  U-  =  g/r,  2"  entraînée  par  le  courant  avec  luie  vitesse 
U_  i^jah  siU^  excède  g/?,  à  moins  qu'un  dispositif  particulier,  tel  qu'un 
barrage  en  aval,  ne  la  retienne  à  la  même  place  ou  ne  renouvelle  on  quel- 
que sorte  l'effusion  qui  la  provoque. 

))  6.  Cela  est  d'accord,  tant  avec  les  faits,  qu'avec  une  théorie  présentée 
par  M.  Bélanger  dès  182S  d'une  manière  différente  et  plus  adaptée  aux 
circonstances  dans  lesquelles  ils  ont  été  observés;  car  ces  faits  sont  ceux  du 
ressaut,  observés  par  M.  Bidone,  vers  i8ao,dans  un  courant  artificiel  rapide 
et  peu  profond,  et,  depuis  plus  longtemps,  par  les  meuniers  de  l'Alsace  et 
d'autres  pays,  vers  l'extrémité  inférieure  des  coursiers  de  leurs  roues  motrices, 
quand  le  niveau  de  l'eau  d'aval  s'élève  jusqu'à  un  certain  degré  seulement 
au-dessus  de  l'eau  de  ces  coursiers.  Or  M.  Bélanger  a  reconnu  théorique- 
ment la  nécessité  de  l'existence  de  ce  phénomène  en  discutant  l'équation  du 


(  192  ) 

mouvement  permanent  non  imiiorme  des  eaux,  posée  par  le  j)rincipe  des 

forces  vives, en  ayant  égard  à  ce  que  celle  — >  que  l'eau  possède  par  unité 

2.  g 

de  poids  écoulé  à  lra\ers  une  section  où  sa  vitesse  est  U  varie  avec  la  pro- 
fondeur //  (vu  la  constance  du  débit  hlV ),  conformément  à  ce  que  donne 

'^^^  dh       ~  gh 

»   Mais  le  principe  des  forces  vives  n'est  pas  le  seul  qui  doive  être  em- 
ployé dans  les  calculs  relatifs  aux  eaux. 

.)  On  sait  que  D.  Bernoulii,  qui  s'en  est  servi  pour  déterminer  leurs  vitesses 
et  leurs  écoidements,  a  employé,  dans  une  dernière  section  de  son  Hydro- 
dynamique, un  autre  principe,  celui  des  quantités  de  mouvement,  estimées 
dans  un  sens  choisi  à  volonté,  pour  calculer  leurs  réactions  et  impulsions. 
»  M.  Bélanger,  après  avoir  ingénieusement  combiné  ensemble  ces  deux 
principes  qui  lui  ont  fourni,  sur  des  points  où  Borda  a  combattu  Ber- 
noulii, des  conclusions  justes  et  lucidement  motivées,  a  recoiuiu  que  le 
ressaut  ne  pouvait  être  bien  calculé  que  par  celui  des  quantités  de  mou- 
vement (le  même  que  nous  avons  employé  ci-dessus  pour  d'autres  éva- 
luations), qui  dis|)ense  de  faire  entrer  dans  les  équations,  comme  il  le 
remarque,  les  forces  intérieures,  dont  le  travail  est  inconnu. 

»  Suivant  son  raisonnement  fort  simple,  si  h  et  /;, 
sont  les  profondeurs  nb,  a,b,   de  l'eau  avant  et  après 
iid(  son  brusque  relèvement  dans  un  canal  rectangulaire  de 

j largeur  /,  et  si  U,  U,    sont  les  vitesses  dans   les   deux 

"  *'  sections  correspondantes,  la  force  qui  agit  sur  la  por- 

tion abh,n,  pour  retarder  son  mouvement  supposé  permanent  est  la  diffé- 
rence p"lk,  —  —  Pglh  -  des  pressions  sur  ces  deux  sections,  et  la  quantité 

de  mouvement  engendrée  dans  un  petit  temps  dt  est  la  différence  de  celles 
des  deux  tranches  écoulées  en  amont  et  en  aval,  d'épaisseurs  respectives 
Udt,  \],df,  ce  qui  donne  à  M.  Bélanger  l'équation 

(5)  Lglh/li-poih'l\fU  =  plh\]dt.\]-plh,V,df.U,, 

ou,  en  remplaçant  U,  par  U -^  et  divisant  par  pgldt,  puis  par  {fi,—h)  h-, 

h,  (h,  \  U' 


Drf< 


(6)  - 1  "  +  n  =  2 


(  193  ) 
équation  dont  M.  Bélanger  tire  la  hauteur  /?,,  et  jiar  suite  celle  //,  —  h  du 
ressaut,  et  qui  évidemment,  comme  il  l'observe,  ne  peut  en  donner  un  que 
quand  U'U  excède  gh.  Cette  condition  qui  lui  était  déjà  fournie  par  l'équa- 
tion différentielle  qu'il  a  posée  en  i8a8  pour  exprimer  le  mouvement  per- 
mriuent  dans  un  lit  régulier,  est,  comme  on  voit,  aussi  celle  que  l'on  tire 
des  considérations  du  numéro  précédent. 

»   Remarquons  même  que  si  Q  désigne  le  débit  hW  par  unité  de  temps, 

du  courant  permanent  que  nous  considérons,  d'où  U  =  -y?  et  si  nous  sup- 
posons le  ressaut  infiniment  petit,  l'équation  (3)  se  réduit  à 

1         g        h 
d'où,  effectuant  les  différentiations  et  divisant  par  dh, 

On  obtient  ainsi  immédiatement  U  =  slgh  pour  la  condition  du  passage 
entre  les  deux  états  où  il  y  a  et  où  il  n'y  a  pas  ressaut. 

»  Sans  entrer  dans  plus  de  considérations,  j'ose  recommander  l'étude 
de  ces  diverses  manières  d'arriver  à  la  même  formule,  comme  étant  sans 
doute  propre  à  éclairer  cet  intéressant  sujet,  et  à  concilier  peut-être  en- 
semble les  explications  diverses  qui  ont  élé  proposées  du  phénomène  de  la 
bnrre  ou  du  mascaret,  qui  se  manifeste  à  marée  montante  vers  lenibou- 
chure  des  fleuves  aux  grandes  marées  montantes  :  phénomène  très-bien 
étudié  il  y  a  quelques  années  par  M.  Partiot  (*),  qui  parait  disposé  aujour- 
d'hui à  le  rattacher  à  la  propagation  de  l'intumescence  suivant  la  loi  trouvée 
par  Lagrange. 

»  7.  Mais,  ce  qui  précède  peut  conduire  à  une  autre  conséquence  digne 
d'intérêt. 

»  De  la  discussion  de  l'équation  citée  du  mouvement  permanent,  et 
aussi  des  relatioiis  ci-dessus,  exprimées  par  les  équations  (i),  (4),  (7),  dont 
les  deux  dernières  donnent  les  variations  de  force  vive  et  de  quantité  de 
mouvement  répondant  à  des  variations  de  profondeur,  l'on  peut  conclure 
qu'il  existe  deux  sortes  de  cours  d  eau,  se  comportant  de  manières  bien 


(*)   Comptes  rendus,   i858,  t.  XLVII,  p.  65 1,  et  Annales  des  Ponts  et  Chaussées,  i86i, 
"■  semestre,  p.  i']. 


(  194  ) 
différenles,  et  caraclérisés  respeclivement  par 

\]-<gh     et     U=>gA. 

»  Dans  les  premiers,  les  abaissements  et  relèvements  de  la  surface  des 
eaux  se  propagent  ou  se  font  sentir  en  amont  jusqu'à  des  distances  indé- 
finies, et  les  accidents  du  fond  du  lit  n'ont  sur  cette  surface  cpi'une  influence 
peu  sensible. 

»  Dans  les  seconds,  au  contraire,  les  relèvements  et  abaissements  du 
fond  se  font  sentir  dans  le  même  sens,  sur  la  surface,  d'une  manière  frès- 
marquée,  et  les  gonflements  et  dépressions  de  celle-ci  ne  se  propagent 
en  amont  qu'à  des  distances  ordinairement  très-faibles,  et  en  tous  cas 
bornées. 

»   Dans  les  premiers,  où  la  liantcnr  due  à  la  vitesse  U  est  inférieure  à  la 

demi-profondeur  ->  les  obstacles  ne  sont  surmontés  que  par  le  seul  poids 

de  l'eau  qui  s'amoncelle  en  amont. 

»  Dans  les  seconds,  c'est  en  quelque  sorte  de  haute  lutte  que  le  fluide  les 
franchit,  et  par  la  seule  impulsion  due  à  sa  vitesse  acquise  U,  plus  grande 
par  rapport  à  la  profondeur  h;  à  moins  que  ces  obstacles  ne  soient  assez 
hauts  pour  que  le  courant  devienne  forcément  de  première  espèce  sur  une 
certaine  longueur. 

»  Les  diverses  parties  ou  tranches  des  premiers  s'appuient,  se  sou- 
tiennent, modèrent  mutuellement  leur  descente,  et  sont  en  quelque  sorte 
solidaires  les  unes  des  autres.  Tandis  que  dans  les  courants  de  seconde 
espèce  chaque  partie  coule  à  peu  près  indépendamment  de  ce  qui  arrive 
aux  autres,  sans  que  l'existence  de  celles  d'aval  exerce  d'influence  retarda- 
trice sur  celles  qui  sont  à  une  certaine  distance  en  amont. 

»  D'où  il  suit  que,  dans  les  premiers  courants,  tout  est  calme,  dans  les 
seconds  tout  est  impétueux;  que  la  surface  des  premiers  doit  être  à  peu 
près  unie,  malgré  ini  fond  rugueux,  et  que  la  surface  des  seconds  doit 
être  onduleuse,  agitée,  et  porter  l'empreinte  plus  ou  moins  distincte  des 
rugosités  prononcées  du  fond. 

»  Or  il  me  semble  que  les  dénominations  de  ces  deux  espèces  de  cours 
d'eau  sont  déjà  trouvées.  Pour  peu  qu'on  se  rende  compte  de  l'idée  que 
l'on  attache  aux  mots  (orient  et  rivière,  celui-ci  doit  être  appliqué  aux  cou- 
rants de  première  espèce,  celui-là  aux  courants  de  deuxième.  Celle  sorte 
(le  définition  paraît  préférable  à  celles  qu'on  trouve  dans  quelques  ailleurs 
anciens. 


(  195) 
»  Leur  distinction  ne  tient  ni  à  la  senle  grandeur  de  la  vitesse  ni  à  la 
profondeur,  elle  tient  à  leur  "relation  on  au  rapport,  pour  les  nues  plus 
petit,  pour  les  autres  plus  grand  que  l'unité,  entre  la  hauteur  due  à  la 
vitesse  et  la  demi-profondeur  moyenne.  Presque  tous  les  cours  d'eau,  en 
temps  d'étiage,  ont  des  parties  calmes  ou  non  torrentueuses,  appelées  dor- 
mants, et  des  parties  réellement  torrentueuses,  qui  sont  les  rapides  ou  les 
gués;  et,  pendant  les  crues,  tout  est  ordinairement  à  l'état  non  torrentueux, 
malgré  la  grandeur  plus  considérable  des  vitesses.  Et  ce  n'est  pas  une  pure 
affaire  de  mots,  car,  dans  l'état  torrentueux,  pour  peu  que  le  fond  soit  pier- 
reux, vu  l'agitation  de  la  surface  et  de  toute  la  masse  fluide,  les  coefficients 
du  frottement  sont  probablement  plus  considérables  que  dans  l'état  non 
torrentueux.  Il  y  aurait  lieu,  ainsi,  de  considérer,  dans  le  choix  de  ces 
coefficients,  la  relation  qu'il  y  a  outre  la  vitesse  et  la  profondeur  des  cours 
d'eau  pour  lesquels  ou  les  fait  entrer  dans  des  calculs  de  vitesses,  de  pentes 
et  de  débits.    » 

PHYSIQUE.   —    Sur  les  pouvoirs  rolaloires  magnétiques  des  liquides. 
Extrait  d'une  Lettre  de  M.   de  la  Uive  à  M.  Dumas. 

«  ....  Je  viens  de  terminer,  sur  la  polarisation  rotaloire  magnétique  des 
liquides,  un  travail  que  je  vais  incessamment  livrer  à  l'impression;  mais  je 
tiens  auparavant  à  vous  en  transmettre  un  extrait  abrégé,  que  je  vous  prie 
de  vouloir  bien  communiquer  à  l'Académie. 

»  La  première  Partie  de  ce  travail  est  consacrée  à  la  description  de  l'appa- 
reil et  des  procédés  d'expérimenlatiou  dont  j'ai  fait  usage  ;  j'y  décris  en  par- 
ticulier un  électro-aimant  d'une  grande  puissance,  et  la  manière  dont  j'ai 
pu  annuler  l'influence  des  tubes  de  verre  cjui  servent  à  clore  les  tubes  pleins 
des  liquides  soumis  à  l'expérience,  et  celle  des  variations  d'intensité  du 
courant  qui  aimante  l'électro-aimant.  A  l'occasion  des  divers  essais  prt'li- 
minaires  que  j'ai  faits,  j'indique  un  moyeu  assez  exact  et  assez  sensible  de 
mesurer  la  force  de  l'électro-aimant,  en  particulier  de  ce  qu'on  nomme, 
avec  Faraday,  le  champ  magnétique,  en  se  servant,  pour  cela,  de  la  polari- 
sation magnétique. 

»  Dans  la  seconde  Partie,  je  donne  les  résultats  que  m'a  fournis  la  déter- 
mination du  pouvoir  magnéto-rotatoire  de  quelques  liquides;  j'insiste  sur  le 
fait  assez  curieux  que,  tandis  que  l'acide  sulfurique  monohydratc  (HOSO') 
a  pour  coefficient  magnéto-rotatoire  spécifique,  l'eau  distillée  étant  prise 
pour  unité,  0,750;  l'acide  sulfureux  liquide  anhydre  (SO^)  a  1,240  pour 
coefficient,  à  la  température  de  12  degrés. 


(  19^  ) 

»  Dans  la  troisième  Partie,  j'étudie  l'influence  delà  température  sur  le 
pouvoir  magnéto-rofatoire  des  liquides;  sou  effet  général  est  de  diminuer  ce 
pouvoir.  Pour  quelques  liquides  très-dilatables,  tels  que  l'alcool,  la  dimi- 
nution du  pouvoir  magnéto-rotatoire  est  assez  exactement  proportionnelle  à 
celle  de  la  densité;  pour  d'autres  moins  dilatables,  tels  que  l'eau,  il  dé- 
croît plus  rapidement  que  la  densité,  ce  qui  prouve  que  la  chaleur  agit  de 
deux  manières,  soit  surtout  en  modifiant  la  densité,  soit  aussi  directe- 
ment. 

»  Dans  la  quatrième  Partie,  je  compare  le  pouvoir  magnéto-rotatoire  d'un 
mélange  de  deux  liquides  à  celui  que  possèdent  ces  deux  liquides.  Dans  le 
cas  où  les  deux  liquides  qu'on  mélange  n'exercent  point  d'action  chimique 
l'un  sur  l'autre,  ou  n'en  exercent  qu'une  très-faible,  comme  l'alcool  et 
l'eau,  ou  l'eau  et  l'acide  sulfurique  formant  une  solution  qui  ne  ren- 
ferme qu'une  très-petite  proportion  d'eau  ou  d'acide  (moins  de  -^  en 
volume),  le  pouvoir  magnéto-rotatoire  du  mélange  est  la  moyenne  du 
pouvoir  magnéto-rotatoire  des  ingrédients,  et,  s'il  y  a  changement  de  den- 
sité, son  augmentation  est  proportionnelle  à  celle  de  la  densité.  Mais  s'il  y  a 
une  forte  action  chimique  entre  les  liquides  mélangés,  comme  cela  a  lieu 
en  mélangeant  de  l'eau  et  de  l'acide  sulfurique  en  quantités  qui  se  rap- 
prochent de  l'égalité,  alors  la  variation  du  pouvoir  magnéto-rotatoire  n'est 
pas  proportionnelle  à  celle  de  la  densité;  elle  est  plus  rapide,  ce  qui  prouve 
que  le  fait  de  la  combinaison  modifie  le  pouvoir  magnéto-rotatoire  des 
corps  qui  se  combinent,  en  le  rendant  plus  faible  qu'il  ne  le  serait  s'il  était 
simplement  la  moyenne  des  pouvoirs  magnéto-rotatoires  des  ingrédients. 

»  Dans  la  cinquième  Partie,  j'expose  les  résultats  que  j'ai  obtenus  en 
soumettant  à  l'expérience  deux  liquides  isomères,  l'éther  amylacétique  et 
l'éther  valérique,  qui  m'ont  été  donnés  par  M.  Rerthelot  au  printen)ps  de 
i86().  Plus  tard,  dans  le  courant  de  l'hiver  dernier,  M.  Wur!z  ayant  bien 
voulu  m'envoyer  quelques  échantillons  de  liquides  isomères  qu'il  avitii 
préparés  lui-même,  j'ai  pu  étendre  le  champ  de  mes  expériences.  Soit  avec 
les  échantillons  de  M.  Berthelot,  soit  avec  ceux  de  M.  Wurtz,  j'ai  trouvé 
que  l'acétate  d'amyle  avait  un  pouvoir  magnéto-rotatoire  sensiblement  plus 
fort  que  le  valératc  d'étiiyle,  et  que  ce  dernier  a  un  pouvoir  légèrement 
plus  fort  que  le  butyrate  d'isopropyle  que  M.  Wurtz  m'avait  aussi  envoyé 
avec  ses  deux  isomères,  l'acétate  d'amyle  et  le  valérate  d'éthyle.  L'alcool 
amylique  est  aussi  un  peu  supérieur,  sous  ce  rapport,  à  l'hydrate  d'aniylèue 
son  isomère,  et  l'amylamine  a  également  un  pouvoir  magnéto-rotatoire 
plus  fort  que  l'isoamylamiue,  son   isomère;  ces  quatre  derniers  liquides 


(  197  ) 
m'avaient  aussi  été  envoyés  par  M.  Wuriz.  Ainsi  les  corps  isomères  ont  des 
pouvoirs  magnéto-rotatoires  différents,  ce  qui  prouve  que  cette  propriété 
ne  lient  pas  seulement  à  la  nature  même  des  éléments  qui  entrent  dans  leur 
composition,  mais  aussi  au  mode  de  groupement  de  ces  éléments,  La  den- 
sité ne  paraît  pas  exercer  sur  le  pouvoir  niagnéto-rotatoire  des  isomères  la 
moindre  influence,  tandis  que  l'ordre  que  suit  la  grandeur  de  ce  pouvoir 
dans  un  même  groupe  d'isomères  est  exactement  le  même  que  celui  que 
suit  lélévation  de  leur  température  d'éhullition. 

n  On  trouvera  dans  le  Mémoire  lui-même  bien  des  détails  que  j'omets 
ici,  ainsi  que  le  tableau  des  expériences.  J'ajouterai  seidement  encore  que 
l'étude  du  pouvoir  magnéto-rotatoire  des  corps  me  paraît  devoir  jeter  du 
jour,  soit  sur  leur  constitution  moléculaire,  soit  sur  la  différence  qui  peut 
exister  entre  de  simples  phénomènes  de  dissolution  et  de  véritables  com- 
binaisons chimiques.  » 

PHYSIQUE.  —  Nouvelles  recherches  sur  les  actions  électro-capillaires.  Formation 
de  Voxychlorure  de  cuivre  cristallisé  et  d'autres  composés  analogues  ;  par 
M.  Becquerel.  (Extrait.) 

»  Les  phénomènes  électro-chimiques  résultant  d'actions  capillaires  con- 
stituent aujourd'hui  une  des  branches  les  plus  importantes  des  sciences 
phvsico-chimiques,  attendu  qu'ils  se  produisent  dans  tous  les  cas  où  deux 
liquides  différents,  étant  séparés  par  un  tissu  perméable,  un  espace  capil- 
laire a  parois  de  nature  quelconque,  donnent  lieu  à  des  courants  électriques 
agissant  comme  forces  chimiques.  La  paroi  de  ces  espaces  eu  contact  avec 
le  liquide  qui  se  comporte  comme  acide,  dans  sa  réaction  sur  l'autre  li- 
quide, est  l'électrode  négative,  et  la  paroi  opposée  l'électrode  positive.  On 
conçoit  d'après  cela  que  les  actions  électro-capillaires  doivent  se  produire 
dans  la  plupart  des  corps  poreux  en  contact  avec  des  liquides  différents 
qui  ne  se  mêlent  que  très-lentement. 

M  L'intensité  de  ces  actions  dépend  de  la  force  éleclromotrice  des  deux 
liquides  et  de  leur  pouvoir  conducteur.  Cette  force  a  déjà  été  déterminée 
dans  un  assez  grand  nombre  de  cas;  dans  ce  Mémoire,  j'ai  cherché  comment 
elle  variait  avec  la  densité  des  liquides.  M.  Ed.  Becquerel  avait  reconnu 
que,  dans  la  réaction  d'un  liquide  sur  un  métal,  la  densité  du  premier  était 
en  général  sans  influence  bien  sensible  sur  l'intensité  de  cette  force;  je 
montre,  par  une  série  d'expériences,  qu'il  en  est  de  méiue  dans  le  contact 
des  liquides  que  j'ai  essayés. 

C.  R.,  1870,  a"  Semestre.  (T.  LXXl,  N»  3.)  26 


(  i9«  ) 

»  Mais  si  la  force  électromotrice  des  liquides  en  contact  ne  varie  pas 
sensiblement  avec  leur  densité,  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  quantité  d'ac- 
tion chimique  produite,  attendu  qu'elle  est  dépendante  de  la  conductibi- 
lité du  circuit,  avec  laquelle  elle  est  dans  un  rapport  direct. 

»  Les  expériences  dont  il  vient  d'être  question  m'ont  conduit  à  recher- 
cher quels  étaient  les  effets  chimiques  produits,  en  soumettant  à  l'expé- 
rience, dans  un  appareil  électro-capillaire,  l'acide  nitrique  et  une  dissolution 
de  potasse  caustique,  liquides  employés  dans  le  couple  à  gaz  oxygène, 
dont  j'ai  donné  la  description  en  i835  [Comptes  rendus  de  l'Académie,  t.  I, 
p.  /|55),  appared  dans  lequel  les  deux  liquides  sont  séparés  par  un  dia- 
phragme perméable  et  mis  en  communication  par  un  fil  de  platine;  l'acide 
est  décomposé  et  il  y  a  un  dégagement  abondant  de  gaz  oxygène  autour  du 
fil  qui  se  trouve  dans  la  potasse. 

»  Dans  l'appareil  électro-capillaire,  la  fissure  remplace  le  fil  de  platine  ; 
l'expérience  démontre  que  l'acide  nitrique  est  également  décomposé.  Quant 
au  gaz  oxygène,  il  paraîtrait  qu'au  lieu  de  se  dégager  sur  la  paroi  positive, 
il  reste  en  dissolution  ou  se  combine  avec  la  potasse  pour  la  peroxyder. 

»  Lorsqu'on  remplace  la  dissolution  de  potasse  par  une  autre  de  prot- 
oxyde  de  plomb  dans  cet  alcali,  la  force  électromotrice  est  à  peu  près  la 
même  et  est  égale  à  29,  celle  du  couple  à  acide  nitrique  étant  100;  mais  les 
effets  chimiques  sont  différents,  lorsque  l'on  substitue  à  l'acide  nitrique 
une  dissolution  métallique,  telle  que  celle  de  nitrate.de  cuivre,  de  nitrate 
d'argent,  de  chlorure  d'or,  etc.,  avec  le  nitrate  de  cuivre  on  obtient  sur  la 
paroi  négative  une  couchée  paisse  de  deutoxyde  de  cuivre  anhydre,  formé 
de  couches  concentriques  ayant  un  aspect  cristallin  et  une  certaine  densité. 
Ce  composé  a  l'apparence  d'un  minéral.  En  opérant  avec  les  dissolutions 
de  nitrate  d'argent  et  de  chlorure  d'or,  les  métaux  sont  réduits,  en  même 
temps  qu'il  se  forme,  sur  la  paroi  positivede  la  fêlure,  du  peroxydedeplomb 
ayant  une  certaine  dureté. 

))  En  opérant  avec  la  dissolution  de  potasse,  la  réduction  métallique  n'a 
pas  lieu,  quoique  la  force  électromotrice  soit  à  peu  près  la  même  dans  les 
deux  cas  ;  la  présence  dans  l'alcali  d'un  composé  oxydable  pour  opérer  la 
réduction  métallique,  est  nécessaire  pour  dépolariser  la  paroi  positive,  re- 
couverte d'oxygène  donnant  lieu  à  un  courant  en  sens  inverse,  qui  s'oppose 
à  l'action  chimique,  c'est-à-dire  à  la  réduction. 

»  A  la  suite  du  Mémoire,  se  trouve  une  Note  relative  à  la  production, 
dans  un  laps  de  temps  de  quinze  années,  de  l'oxychlorure  de  cuivre  cris- 
tallisé (alacamite)  ou  cuivre  chloruré  des  minéralogistes,  absolument  sem- 


(  Ï99') 
blable  à  celui  que  l'on  trouve  dans  les  mines  de  cuivre  du  Chili  et  du  Pérou; 
quant  à  l'aspect,  à  la  couleur  et  à  la  cristallisation,  la  couleur  est  d'un  vert 
foncé  et  les  cristaux  sont  des  prismes  droits  rhomboïdaux  avec  des  pointe- 
ments  aux  sommets.  On  a  obtenu  des  produits  semblables  avec  le  bismuth. 
L'appareil  employé  est  le  même  que  celui  qui  m'a  servi,  à  quelques  diffé- 
rences près,  pour  former  les  doubles  chlorures,  les  doubles  iodures,  etc. 
[annales  de  Physique  et  de  Chimie^  t.  XXXXI,  p.  33).  » 

météorologie:.  —  Des  observations  de  température  faites  sous  le  sol  au  Jardin 
des  plantes,  de  i864  à  18^0;  par  MM.  Becquerel  et  Edm.  Becqcerel. 
(Extrait.) 

«  Nous  avons  établi  au  Jardin  des  Plantes,  en  1864  (i)i  des  câbles 
thermo-électriques,  à  l'aide  desquels  ou  observe  la  température  de  la 
terre  de  5  mètres  en  5  mètres  au-dessous  du  sol,  à  partir  de  i  mètre  de 
la  surface,  jusqu'à  36  mètres.  La  discussion  des  observations  recueillies 
a  conduit  aux  conséquences  suivantes  : 

»  La  marche  des  températures,  qui  est  régulière,  prouve  que  ces  ap- 
pareils sont  susceptibles  d'une  très-grande  précision,  quand  on  est  familia- 
risé avec  leur  emploi,  qui  ne  présente  du  reste  aucune  difficulté.  Leur  in- 
stallation est  telle,  qu'ils  ne  peuvent  éprouver  aucune  altération  sensible, 
dans  un  laps  de  temps  considérable,  puisque  le  Irou  de  sonde  où  ils  ont 
été  placés  est  rempli  de  béton.  Aussi  pourront-ils  servir  à  constater  si  la 
température  locale,  jusqu'à  la  profondeur  de  36  mètres,  éprouve  ou  non 
des  changements  pendant  une  longue  période  de  temps. 

»  Dans  les  tableaux  I  et  II,  on  voit  que  les  températures  moyennes  à 
chacune  des  huit  stations  de  i86/|  à  1868,  de  1864  à  1869  et  de  1867  à  1869, 
comparées  aux  températures  moyennes  de  l'air  à  l'Observatoire  impérial 
et  à  celles  observées  au  Jardin  des  Plantes,  lesquelles  sont  déduites  des 
maxima  et  des  minima,  conduisent  aux  conséquences  suivantes  : 

))  A  36  mètres,  la  température  est  invariable  et  égale  à  12°, 47  :  les  très- 
légères  différences  que  l'on  trouve  tiennent  à  des  erreurs  d'observation. 

»  A  3i  et  26  mètres,  la  température  moyenne  est  la  même  et  égale  à  i2'',34- 

»  A  21,  i6,  1 1  et  6  mètres,  elle  est  sensiblement  la  même,  puisque  les 
différences  ne  j)ortent  que  sur  les  centièmes  de  degré. 

»   Les  différences  entre  les  températures  moyennes  ont  été,  aux  huit  sta- 


(i)  Voir  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  t.  XXXVI. 

26.. 


(    200    ) 

tions,  pendant  les  six  années  : 

De  6  à      I   mètres o°,68 

»  II  6      »      , \ 

»  i6  II      »      >  insensibles. 

»  21  i6     »      1 

»  26  21      > qo.So 

■>  3i  26     ■>      nulle. 

..  36  3i      "      o",i3 

EnGn  de  36  i      »      i°,2i 

»  Or,  comme  à  i  mètre  au-dessous  du  sol  la  température  moyenne  esta 
peu  près  la  même  que  celle  de  l'air  à  la  surface,  il  en  résulte  que,  pour  ime 
profondeiH"  de  36  mètres,  il  y  a  augmentation  de  température  égale  à  i'',2i; 
et  de  i°,o8,  pour  des  profondeurs  de  26  à  3i  mètres  :  ce  qui  rentre  dans 
les  déterminations  faites  sur  différents  points  de  nos  climats  moyens.  Pen- 
dant 1868,  année  exceptionnelle,  où  la  température  de  l'air  à  été  de  i  i°,90 
à  l'Observatoire  impérial,  les  différences  de  températures  moyennes  ont  été 

Entre     6  et   i    mètre o°,22 

Entre   1 1   et  6  mètres o'',o8 

»  Ce  sont  les  seules  profondeins  oîi  la  température  extérieure  ait  exercé 
une  influence,  car  an  delà  les  différences  ont  été  à  peu  prés  nulles. 

»  Si  l'on  examine  quelle  est  la  distribution  de  la  chaletu'  pendant  les 
six  années  dans  les  diverses  saisons,  comme  on  le  voit  d;ius  le  tableau  H, 
on  arrive  aux  résultats  suivants  : 

))  A  36  et  3 1  mètres  les  saisons  n'exercent  auciuie  influence  sur  la  distri- 
bution de  la  chaleur. 

n  A  26  et  16  mètres,  les  maxima  et  minima  de  temj)érature  ont  lieu  aux 
mêmes  époques  que  dans  l'air,  c'est-à-dire  en  été  et  en  hiver.  Cet  état  de 
chose  est  facile  à  expliquer,  comme  nous  l'avons  déjà  dit  dans  le  précédent 
Mémoire  ())  :  à  16  mètres,  on  commence  à  pénéirer  dans  la  nappe  d'eau  sou- 
terraine qui  alimente  les  puils  du  J.iniin  des  Vlanles  et  s'écoule  sans  cesse 
vers  la  Seine,  nappe  qui  reçoit  directement  les  eaux  atmos|iliériques:  à 
■î6  mètres  on  trouve  la  deuxième  nappe  souterraine  qui  repose  sur  l'argile 
plastique  et  qui  est  alimetuée  également  par  les  eaux  pluviales. 

»  A  1 1  et  1 6  mètres,  les  maxima  et  les  itiinima  se  montrent  (-n  auloiiim; 
et  au  printemps  à  i  mètre;  ils  ont  lieu  comme  dans  l'air. 

»  On  voit,  d'après  ce  qui  précède,  que  le  câble  électrique  est  capable  de 
résoudre  avec  une  grande  exactitude  les  questions  relatives  à  la  distribu- 

(l)   Voir  Coinplcs  rendus,  I.  I,XVI1,  p.  l  i5o. 


(     20I     ) 

tion  de  la  chaleur  dans  l'écorce  du  globe  et  de  constater  si  elle  éprouve  ou 
non  des  changements  avec  le  temps. 

»  Nous  venons  de  disposer  également  au  Jardin  des  Plantes  des  câbles 
thermo-électriques  qui  permettront  d'observer  la  température  jusqu'à 
I  mètre  de  profondeur  à  des  distances  très-rapprochées,  sous  un  sol  dénudé 
et  sous  un  sol  couvert  d'une  végétation  herbacée,  là  où  se  trouvent  les  ra- 
cines des  plantes  et  des  arbres,  afin  de  voir  l'influence  qu'exerce  l'état  du 
sol  sur  le  rayonnement  calorifique  à  l'intérieur. 

»   Voici  les  résumés  des  observations  indiquées  plus  haut  : 

Températiiic  moyenne  de  Tair. 
Observatoire.        Jardin  des  Plantes. 

1867 io°5o  io°8o 

18G8 11,90 

1869 10,80  11,62 

Tableau  I.    —   Moyennes  des  six  années  de    l864   «    1869. 


ANNÉES. 

A  36™. 

A  SI"». 

A  26m. 

A  21"". 

A  16". 

A  11"». 

A  6"». 

A  1". 

1864 

0 
12, /,S 

12,52 

12,55 

12, /i2 
12, /JO 
12, /|5 

0 
12,38 

12,38 

.2,/i'l 
12,28 
12,25 

12,35 

0 
12,35 

12,41 
■2, 'il 
12,24 

I2,3o 

12,35 

0 

12,  14 
12,10 
12,02 

11,94 
12,00 
12,08 

0 
12,08 

11,75 

11,78 

11,88 

1 2 ,  o5 

12,07 

0 

12,18 

1 1 ,60 

■•>77 
11,87 
12,12 

12,23 

0 

12,05 

.1,64 
'1,77 
",77 
12,04 
,2,36 

0 

10,52 

10,87 
11,07 

",59 

11,82 

12,01 
1  1  ,26 

1865 

1866 

1867 

1868 

1S69 

Moyennes  des  si.\  années. .-. . . . 
Mot.  des  cinq  premières  années. 
MoY.  des  trois  dernières  années. 

■5,''l7 

12,34 

12,34 

12, 04 

11,92 

11,96 

">94 

12, /i7 

,2,34 

12,. 34 

12,04 

11,91 

i',9' 

11,85 

11,11 

■  2,/,S 

12,29 

1  .,29 

12,00 

12,00 

12, o5 

12,06 

11,70 

TAEi.F.Air  II.    —  Mijycnucs  des  saisons  de    1864   «    18'yo. 


saisons; 

A  36'". 

A  31"". 

A  261". 

A  21'". 

A  16'". 

A  11"». 

A  6"». 

A  1'". 

Hiver  (décembre,  jaiiv.  et  lévr.). 
Printemps              

0 
12,47 

12,4/ 
12,48 
12,47 

0 

12,34 

12,34 

12,35 
12,33 

0 

12,11 
12,28 
12,58 
12,40 

0 

12,04 
12,19 
12,09 

12,05 

0 
1 1 ,80 

11,87 

12,02 

">99 

0 
12,01 

11,87 

11,93 

12,17 

0 
12,41 

1 1 ,22 

11,65 

12,56 

0 
7,70 
8,3i 
14, 58 
14,4s 

Été.                         

Moyennes 

12,47 

■2,34 

12,34 

12,09 

",02 

",99 

11,96 

11,27 

(    202    ) 

PHYSIQUE.  —  Sur  les  variations  de  température  produites  par  le  mélange  de 
deux  liquides.  Réponse  à  l;i  dernière  Communication  de  M.  Jamin ;  par 
M.  H.  Sainte-Ci.aiiie  Deville  (i). 

«  J'ai  cru  devoir,  dans  ma  Note  du  27  juin  (voir  Comptes  rendus,  t.  LXX, 
p.  13^9  et  i38o),  abréger  autant  que  possible  l'examen  critique  d'une  for- 
mule publiée  par  M.  Jamin  dans  le  même  volume  (p.  i3i  i).  Les  termes  de 
sa  réponse  me  prouvent  que  je  n'ai  pas  été  compris,  et  me  forcent  d'entrer 
dans  quelques  détails. 

»  A  cette  page  i3i  i,  M.  Jamin  écrit  : 

g  Ae  H-  A'a  —  A"  est  une  quantité  constante  pour  un  même  mélange,  variable  avec  les 
))  proportions  e  et  a.  Appelons-la  M,  on  a 

M  =  (7  —  7,)  f +  76. 

»   Cette  formule  doit  représenter  tous  les  phénomènes.  » 

»  Ma  critique  ne  porte  que  sur  le  cas  général,  le  seul  intéressant,  011  s  est 
variable,  le  seul  cas  dont  MM.  Bussy  et  Buignet  se  soient  occupés.  Je  la 
reprends. 

»  Par  un  raisonnement  inattaquable  et  élémentaire,  je  démontre  que 
l'expression  j{t  -h  6)  —  y,  <,  identique  (2)  avec  la  formule  (7  —  7i)  ^  "*"  7^^ 
que  M.  Jamin  avait  trouvée  par  la  considération  du  zéro  absolu,  représente 
là  différence  entre  deux  quantités  de  clialeur  parfaitement  spécifiées  dans 
ma  Note.  Quand  on  discute  cette  formide,  on  trouve  tout  de  suite  deux 
cas  à  examiner. 

»  1°  Dans  le  premier  cas,  e  étant  variable  (le  seul  dont  je  me  sois  occupé, 
le  seul  intéressant),  l'expression  M  =  (7  —  7,)^  +  yS  est  composée  de  Irois 
termes,  tous  trois  variables,  puisque  M,  7,  7,  et  6  sont  des  fonctions  incon- 
nues d'e,  et  qu'il  n'existe  auctuie  relation  entre  set  les  quantités  M,  7,  y,,  6. 


(1)  Foir  séance  du  4  ji'iii  P-  23. 

(2)  Dans  sa  Note  {vnir  le  Compte  rendu  du  4  juillet,  p.  26),  M.  Jamin  affecte  de  croire 
que  je  lui  attribue  l'identité  (7^ — 7,)  f -)- 78  =  7  (/ +  8)  —  7,/,  qui  n'oxprinie,  en  effet, 
qu'une  transposition  d(.'  tcruK's  indiquée  d'une  manière  abrégée.  Ici,  pour  tonte  [jcrsonne 
li;ibituée  au  lang.ige  algébrique,  le  signe  n=  signifie  c'est-à-dire.  Toute  confusion,  d'ailleurs, 
doit  cesser  (jiiand  j'écris  iMuucdiatenicnt  après:  «  l'expression  M  =  (7  —  7t)'-l-76  équi- 
vaut à  une  identité.  »  Malgré  cela,  malgré  les  explications  que  j'ai  données  en  séance  sur  ce 
point,  M.  Jamin  persiste  à  imprimer  un  long  passage  de  forme  ironiipie  {7>oir  )>.  îG)  comme 
s'il  pouvait  encore  se  tromper  sur  le  fonds  de  ma  critique.  L'Académie  jugera  le  procédé. 


(    203    ) 

»  Il  sera  donc  impossible  d'eu  rien  tirer  d'une  manière  générale;  car,  si 
l'on  détermine  par  expérience  y,  y,,  Q  pour  une  valeur  parliculière  d'e  (o,  i 
par  exemple),  il  sera  évidemment  impossible  d'en  déduire  par  le  calcul  au- 
ciuie  valeur  correspondante  de  ces  quantités  quand  on  donnera  à  s  une 
autre  valeur  quelconque  (0,2  par  exemple),  de  prévoir,  par  conséquent, 
aucun  phénomène. 

«  MM.  Bussy  et  Buignet  ont  donc  tiré  de  leurs  belles  expériences  toutes 
»  les  conséquences  dont  elles  sont  susceptibles  à  ce  point  de  vue  »,  comme 
je  l'ai  dit  t.  LXX,  p.  i38o. 

»  D'ailleurs  M  ne  peut  être  défini  autrement  que  par  la  somme  algébrique 
des  deux  quantités  de  chaleur  (y  —  j,)t  et  yO.  J'en  conclus  que  cette  ex- 
pression ne  vaut  pas  plus  qu'une  identité,  c'est-à-dire  qu'elle  équivaut  à  une 
identité,  comme  je  l'ai  dit  (séance  du  ij  juin,  p.  i38o). 

))  Ainsi,  dans  le  cas  difficile  et  seul  intéressant  où  £  est  variable,  l'expres- 
sion M  =  (y  —  y,)t  —  yô  ne  nous  dit  rien  (i). 

»  2°  Si,  au  contraire,  £  est  constant  (2),  tout  est  dit,  et  le  jjroblème,  bien 
connu  d'ailleurs,  est  tout  résolu  ;  car  y  et  y,  sont  constants,  et  il  n'y  a  dès 
lors  besoin  d'auciui  principe  nouveau,  d'aucune  expérience  pour  faire  voir 
que  la  somme  M  =  (y  —  y,  )t  -t-  yd  est  nécessairement  constante,  quel  que 
soit  t.  Cette  équation,  en  réalité,  nous  apprend,  ce  que  nous  savons  déjà, 
que  le  rapport  des  accroissements  des  températures  est  invariable  quand 
les  chaleurs  spécifiques  sont  constantes.  Par  conséquent,  M  est  constant, 
quelle  que  soit  la  température  t  (3). 

(i)  Comme  il  faut  d'abord  déterminer  7,  y,  et  9  pour  chaque  valeur  particulière  d't  avant 
de  calculer  M,  il  s'ensuit  que  les  conclusions  des  paragraphes  2°,  3°  et  4"  (lignes  de  i3  èi  27) 
de  la  page  i3i  i  ne  peuvent  avoir  aucune  utilité  dans  le  cas  général,  surtout  la  conclusion  3°, 
qui  est  d'ailleurs  entachée  d'une  erreur  de  raisonnement  que  je  signale  à  l'attention  de 
M.  Jarain. 

(3)  Je  n'ai  pas  discuté  ce  cas  dans  ma  Note  du  27  juin.  L'ne  conlusion,  à  la(]uelk'  je  n'ai 
pourtant  pas  donné  lieu,  se  manifeste  à  chaque  instant  dans  la  réponse  de  M.  Janiin,  parce 
qu'il  ne  distingue  pas  ces  deux  cas  si  différents. 

(3)  Voici  la  démonstration  élémentaire  de  cette  proposition  ; 

Prenons  deux  vases  iraperraéal'les  à  la  chaleur,  contenant  l'un  une  quantité  donnée  t 
d'eau,  l'autre  une  quantité  i  —  e  =  a  d'alcool,  et  tous  les  deux  à  zéro.  En  les  mélangeant, 
nous  obtiendrons  de  l'alcool  étendu  à  0„  degrés.  Prenons  deux  autres  vases  contenant  les 
mêmes  quantités  e  d'eau  et  i  —  s  d'alcool  encore  à  zéro.  Ajoutons  une  même  quantité  de 
chaleur  au  mélange  à  9„  et  aux  éléments  de  ce  mélange  à  zéro.  La  température  du  mélange 
deviendra  t -\- 0  (notation  de  M.  Janiin),  et  la  température  commune  des  éléments  séparés 
deviendra  t.  La  chaleur  spécifique  7  du  mélange  et  la  chaleur  spécifique   moyenne  7,  dis 


[    204    ) 

»  Démontrer  la  constance  de  M  au  moyen  de  l'expérience,  en  faisant 
varier  t  seulement,  c'est,  non  pas  démontrer  un  principe  nouveau  (quand 
on  en  a  la  prétention  on  fait  un  cercle  vicieux),  ou,  ce  qui  revient  au  même, 
énoncer  inie  idée  nouvelle  (  i  ),  mais  c'est  constater  jiar  l'expérience  la  légi- 
timité des  principes  qui  ont  servi  à  calculer  les  chaleurs  spécifiques  intro- 
duites dans  les  formules,  ou  contrôler  l'exactitude  de  ses  déterminations 
expérimentales.  En  faisant  subir  cette  épreuve  aux  nombres  publiés  par 
M.  Jamin  (p.  27),  on  voit  que  les  erreurs  d'observation  peuvent,  par  l'em- 
ploi de  ses  procédés  calorimétriques,  aller  jusqu'à  ji^,  —;,  ^,  jj,  -^  et 
même  ^  de  la  quantité  observée  dans  ses  expériences.  » 

PHYSIQUE.    —    Réponse  à  des  critiques  de  M.  Jamin  à  propos  d'un  Mémoire 
publié  en  1860;  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  (2). 

«  Les  discussions  scientifiques,  quand  elles  sont  dépouillées  de  tout 
caractère  personnel,  ont,  je  crois,  une  grande  importance  pour  les  progrès 
des  sciences.  Je  vais  profiter  de  la  circonstance  présente  et  des  dissenti- 
ments profonds  qui  me  séparent  de  M.  Jamin  pour  exposer,  sous  forme  de 
réponse,  quelques  idées  que  je  crois  utile  de  propager. 

»  Dans  le  Mémoire  (voir  Comptes  rendus,  t.  LX,  p.  534)  qu'attaque 
M.  Jamin,  j'ai  exposé  quelques  opinions  dont  une  partie,  la  meilleure  sans 
doute,  doit  être  rapportée  à  l'inlliience  qu'ont  exercée  sur  mon  esprit  l'en- 
seignement et  les  conversations  scientifiques  de  mon  excellent  maître, 
iVF.  Dumas.  Je  lui  ai  rendu  l'hommage  que  je  lui  dois  dans  ma  dernière 
leçon  sur  l'affinité  devant  la  Société  Chimique.  (Paris,  Hachette,  1869, 
p.  65.) 

»  Je  pourrais  me  contenter  de  déclarer  qu'il  n'y  a  aucun  rapport,  ni  pro- 
éléments sont  invariables  par  hypoihèse;  on  aura,  d'après  le  principe  même  qui  a  servi  à 
calculer  ces  chaleurs  spécifiques, 

(^+  9  —  e„)y  =7,/. 

Cette  équation  se  vérifiera  toujours,  quel  que  soit  /,  et  pourra  servir  à  calculer  l'une  des 
quantités  qui  y  entrent  en  la  prenant  pour  inconnue.  On  en  tire 

f{t  +  B)  —  7,f,      c'est-à-dire  (7  —  y,)t  4-78  =  79,,  =  M. 

Or  79„  est  constant;  donc  1\1  est  constant,  quel  que  soit/,  pourvu  que  z,  7  et  7,  soient 
constants.  c.  q.   r.  d. 

(i)  Foir  l.  LXX,  p.  i3io,  lif^ne  16. 
(2)  Voir  Comptes  rendus  du  4  juillet,  p.  28. 


(    205    ) 

chain  ni  éloigné,  entre  les  idées  que  m'attribue  M.  Jamin  et  celles  que  j'ai 
publiées,  et  renvoyer  les  lecteurs  à  mon  Mémoire  de  1860;  mais  comme  il 
s'ae;it  ici  de  points  de  doctrine  fort  délicats,  je  traiterai  la  question  avec 
quelques  détails. 

»  A  l'époque  où  j'écrivais  mon  Mémoire,  la  cause  des  phénomènes 
calorifiques  de  la  Chimie  était  universellement  rapportée  à  une  cause 
occulte,  à  une  sorte  d'archée  que  l'on  i\ppe.\\e  ofinité.  Cependant,  dans  son 
enseignement,  M.  Dumas  faisait  intervenir  les  chaleurs  de  combinaison 
comme  déterminant,  par  leurs  grandeurs  relatives,  les  réactions  ihimiques 
et  les  déplacements  réciproques  des  corps  les  uns  par  les  autres.  MM.  Favre 
et  Silbermann,  dans  leur  travail  devenu  classique,  ont  donné  à  cette  idée 
une  vérification  expérimentale  des  plus  frappantes,  et  qui  restera  comme 
un  monument  de  la  science  française. 

»  Mais  l'affinité  était  toujours  là  comme  cause  première  et,  selon  moi, 
comme  cause  occulte,  capable  de  donner  aux  problèmes  de  la  Chimie  une 
solution  facile,  mais  entachée  de  cercle  vicieux. 

»  Je  pensais  alors  et  je  pense  encore  qu'aucune  différence  essentielle  ne 
sépare  les  phénomènes  mécaniques  attribués  à  la  cohésion  et  les  j)héno- 
mènes  chimiques  rapportés  à  l'affinité.  Dès  lors  la  chaleur  de  combinaison 
existe  en  puissance  dans  les  éléments,  avant  leur  combinaison,  au  même 
titre  que  la  chaleur  latente  dans  la  vapeur  d'eau  avant  sa  condensation.  Les 
phénomènes  de  dissociation  que  je  découvrais  à  cette  époque  rendaient 
encore  plus  prochaine  cette  analogie,  que  je  crois  avoir  aujourd'hui  rendue 
incontestable. 

M  Pour  donner  un  corps  à  cette  idée,  j'eus  recours,  non  pas  à  une  hy- 
pothèse, mais  à  une  image  (i),  en  comparant  chaque  particule  élémentaire 

(i)  Il  y  a  en  effet  une  grande  différenic  entre  une  comparaison  et  une  hypothèse,  et  je 
!a  montrerai  dans  les  phénomènes  de  l'élasticité  des  gaz.  Toutes  les  expressions  :  tension, 
force  élastique,  détente,  qui  se  rapportent  aux  fluides  élastiques,  indiquent  que  les  proprié- 
tés d'un  gaz  comprimé  ont  toujours  été  ciim])arées  uniquement  et  nécessairement  aux  pro- 
priétés d'un  ressort  bande.  Anssi  faut-il  considérer  comme  une  fiction  mathématique  foit 
utile  sans  doute,  mais  échappant,  comme  le  point  et  la  ligne  droite,  je  ne  dis  pas  seidement 
à  la  réalisation,  mais  encore  à  l'imagination,  l'hypothèse  du  zéro  absolu  situé  à  • —  2^3  de- 
grés environ  pour  le  gaz  parfait  encore  inconnu  qui,  restant  gazcu.x  à  cette  température,  ne 
se  détend  plus  dans  le  vide.  Je  dis  gaz  parfait,  car  si  l'on  prend  les  gaz  incoercibles,  comme 
l'hydrogène,  l'azote,  l'oxygène,  etc.,  chacun  de  ces  gaz  possède  un  coefficient  de  dilatation 
propre,  comme  l'a  fait  voir  iNI.  V.  Regnault,  et  détermine  un  zéro  absolu  particulier. 

r,.  K..  1870,  Q«  Spmeure.  (  T.  LXXl,    N"  3.)  ^7 


(    206    ) 

à  un  ressort  à  détente  très-sensible  qui  se  débande  par  une  action  exté- 
rieure très-fail)le  (allusion  à  l'action  de  la  lumière  sur  un  nu-lange  de 
chlore  et  d'hydrogène),  et  produit  un  mouvement  dont  la  destruction  en- 
gendre la  chaleur.  Cette  image  fait  percevoir  très-netteineut  que  la  chnleur 
peut  exister  en  puissance  dans  un  corps  sans  que  sa  manifestation  soit  né- 
cessaire en  toutes  circonstances. 

»  Cette  image  m'a  servi  à  exposer  mes  idées  sur  l'affinité  :  elle  me  per- 
met de  faire  voir,  ce  qui  paraîtra  tout  simple  aujourd'hui,  que  la  chaleur 
est,  en  puissance,  à  l'état  latent  dans  les  corps  qui  se  combinent.  J'en 
prends  un  exemple  dans  les  combinaisons  ou  dissolutions  des  liquides  entre 
eux.  Je  trouve  que,  si  l'on  détermine  la  chaleur  de  contraction,  c'est-à-dire 
la  quantité  de  chaleur  qu'il  faudrait  dépenser  pour  comprimer  par  un  pro- 
cédé mécanique  les  éléments  d'une  combinaison  et  les  réduire  au  volume 
ordinairement  plus  petit  que  garde  la  matière  conibinée,  cette  quantité  de 
chaleur  est  plus  que  suffisante  pour  expliquer  les  phénomènes  calorifiques 
de  la  combinaison.  Dans  un  seul  cas  la  chaleur  de  contraction  est  juste 
suffisante  pour  rendre  compte  de  réchauffement  produit  par  le  mélange  de 
2  équivalents  d'eau  et  de  i  équivalent  d'acide  sulfiuique  monohydraté. 

»  J'appelle  chaleur  de  contrnction  la  quantité  de  chaleur  nécessaire  pour 
ramener  le  volume  V  des  éléments  au  volume  v  de  la  combinaison.  Si  l'on 
connaît  le  coefficient  de  dilatation  du  liquide  depuis  zéro  jusqu'à  une  tem- 
pérature plus  élevée  que  la  température  manifestée  pendant  la  combinai- 
son, la  chaleur  spécifique  c  du  liquide  sujjposée  constante  entre  les  mêmes 
températures  et  m  son  poids,  on  aura  pour  la  chaleur  de  contraction  la 
valeur 


/y— c\  m 


V  \  me 

7-')-' 


la  température  à  laquelle  le  mélange  reprend  son  volume  primitif  étant 

V— c 

»  Croirait-on  que  M.  Jamin  appelle  principe,  celle  règle  que  j'ai  donnée 
pour  calculer  les  perles  de  lempéralure,  et  par  conséquent  (\ps  pertes  de  vo- 
lume, et  il  m'attribue  l'énormilé  d'appeler  ce  prétendu  principe  le  principe 
de  la  conservation  des  volumes  (voir  page  24),  quand  la  règle  que  j'ai  donnée 
n'a  plus  de  sens  général  si  V  =  v  dans  tous  les  cas. 

)i  Je  ne  veux  |)as  atlribiu;r  à  M.  Jamin  l'iulenlion  d'avoii'  altéré  ma 
pensée  exprimée  brièvement  dans  mon  Mémoire  de  1860,  appliquée  dans 


(    207    ) 

le  tableau  que  contient  ce  Mémoire  développée  dans  une  leçon  professée 
en  1864  devant  la  Société  Chimique  pour  rendre  cette  pensée  ridicide  et 
plus  facilement  attaquable.  Cependant  il  dit  de  ma  modeste  formule  : 

n  Malgré  cette  variation  ([ii'il  a  reronnue  lui-même,  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  pcr- 
1)  siste  à  maintenir  la  conservation  du  volume  comme  une  loi  indiscutable,  nécessaire  et 
»   démontrée  en  principe  (souligné).  Dans  mon  opinion,  c'est  une  hypothèse.  » 

»  On  ne  trouvera  nulle  part  dans  mon  Mémoire  ni  les  mots  prétentieux 
conservation  du  volume,  ni  les  mots  principes  de  la  conservation  du  volume, 
loi  indiscutable,  nécessaire  et  démontrée  en  prim  ipe,  quoique  ce  dernier  soit 
souligné  par  M.  Jamiii.  Mais  on  y  trouvera  les  six  mots  :  avec  la  règle  que 
j'ai  donnée,  six  mois  dont  la  suppression,  accompagnée  d'un  jugement  plus 
que  sévère  sur  des  expériences  qui  n'avaient  pourtant  aucun  rapport  avec 
celles  de  M.  Jamin,  a  déterminé  ma  réclamation  du  27  juin. 

»  Cela  dit  et  après  avoir  répudié  toute  ressemblance  entre  mes  travaux 
et  l'analyse  ironique  qu'en  a  faite  M.  Jamin,  je  rétablirai  en  entier  un  pa- 
ragraphe que  M.  Jamin  a  encore  tronqué  au  détriment  de  la  clarté  et  du 
sens  de  mes  idées.  Le  voici  tout  entier,  et  je  souligne  les  lignes  supprimées 
par  M.  Jamin  {voir  t.  LX,  p.  538  et  SSg)  : 

«  Lorsque  Lavoisier  eut  détruit  le  système  de  Stahl,  on'  ne  lui  laissa  pas  le  temps  d'expli- 
quer les  phénomènes  physiques  de  la  combustion.  Si  du  phlogislique  on  dégage  l'oxygène, 
on  voit  qu'il  n'y  reste  plus  que  la  chaleur  latente,  et  dès  lors  les  idées  de  Stahl  deviennent  ab  - 
solument  justes  :  Les  corps  simples  sont  des  composés  de  chaleur  et  de  matière  :  la  chaleur 
se  dégage  par  la  combinaison,  et  le  composé  devient  d'autant  plus  stable  et  inerte  au  (ur  et 
à  mesure  que  s'étant  plus  intimement  combiné,  il  a  perdu  plus  de  chaleur,  ce  qui  /ait  que 
le  sulfate  de  baryte  est  un  corps  qu'on  ne  peut  plus  ouvrir,  suivant  l'expression  allemande, 
qu'en  le  soumettant  aux  températures  les  plus  élevées.   » 

»  On  voit  qu'en  m'exprimant  ainsi  j'emploie  le  langage  adopté  par 
Lavoisier  qui  faisait  de  l'oxygène  la  combinaison  d'un  radical  inconnu  avec 
le  caloricjue,  le  langage  de  Stahl  (consultez  les  opinions  philosophiques  de 
M.  Chevreul)  et  de  ses  successeurs,  qui  ont  parlé  très-savamment  des  corps 
dépouillés  de  phlogistique,  et  doués,  par  suite,  d'une  grande  stabilité.  Iso- 
lée de  ce  qui  la  précède  et  la  suit  dans  mon  Mémoire,  la  citation  de 
M.  Jamin  permet,  en  effet,  de  m'attribuer  une  hypothèse  et  un  style  qui 
paraîtront  ridicules  aujourd'hui. 

«  J'ai  écrit,  connue  me  le  reproche  M.  Jamin,  les  mots  :  chaleur  Intente 
ou  phlogistique.  Si  j'avais  pu  deviner,  il  y  a  dix  ans,  que  M.  Jamin  ferait 
aujourd'hui  île  phlogislique  un  adjectif,  ce  qui  est  bien  hardi,  j'aurais 
prudemment  écrit,  en  renversant  l'ordre  des  mots,  phlogistique  ou  chaleur 

27.. 


(    208    ) 

latente.  Mais  comme  le  mot  phlogistique  est  un  substantif,  je  peux  consi- 
dérer le  terme  au  moins  bizarre  de  chaleur  phlogistique,  connue  appartenant 
en  propre  à  M.  Jamin  et  non  à  moi-même  à  qui  il  l'attribue  dans  un  passage 
très-ironique  de  sa  réponse. 

»  Je  passe  volontiers  sur  les  termes  désobligeants  qui  fourmillent  dans  la 
réponse  de  M.  Jamin  qui  n'a  rien  de  pareil  à  me  reprocber.  Mais  je  dois, 
pour  mon  honneur  scientifique,  relever  une  expression  blessante  contenue 
dans  cette  phrase  : 

1  Tout  le  monde,  dit  M.  Jamin  (p.  29),  en  fait  (des  hypothèses),  ceux  qui  les  con- 
damnent bruyamment  comme  ceux  qui  croient  qu'elles  sont  un  de  nos  moyens  d'étude.    « 

))  Tout  le  bruit  que  j'ai  jamais  fait  depuis  trente-deux  ans  que  j'ai  pré- 
senté mon  premier  Mémoire  à  l'Académie,  je  l'ai  fait  devant  notre  compa- 
gnie. J'ai  encore  dans  son  sein  des  maîtres  aimés  et  vénérés  qui  m'eussent 
averti,  si  j'avais  devant  eux  manqué  de  modestie  et  dont  je  n'ai  jamais  reçu 
que  des  encouragements.  Je  ne  puis  admettre  que  M.  Jamin  ait  pesé 
mûrement  tous  les  termes  de  cette  phrase,  sans  quoi  il  aurait  pensé  que  ce 
n'est  pas  à  un  confrère  plus  jeune  que  moi  dans  la  vie,  dans  la  science  et 
dans  l'Académie  qu'il  convenait  de  me  conseiller  le  silence  après  avoir  pro- 
voqué cette  discussion  par  des  citations  tronquées  et  par  une  critique  que  je 
crois  injuste  et  inopportune.  » 

CHIMIE  OUGANIQUE.  —  Recherches  relatives  à  l'action  des  chlorures  de  platine, 
de  palladium  et  d'or  sur  les  phosphines  et  les  arsines;  par  3131.  Aie.  Cahours 
et  H.  Gal. 

«  La  triméthylphosphine  retrace  d'une  manière  si  fidèle  les  propriétés 
de  la  triéthylphosphine  qu'il  semblait  superflu  de  répéter  sur  cette  sub- 
stance des  expériences  semblables  à  celles  que  nous  avons  relatées  relati- 
vement à  l'action  réciproque  du  bichlorure  de  platine  et  de  la  combinaison 
éthylée.  Nous  avons  cru  néanmoins  devoir  entreprendre  cette  recherche 
afin  de  nous  assurer  s'il  ne  se  présenterait  pas  quelque  différence  dans  la 
conduite  du  phénomène.  Il  n'en  est  rien,  ainsi  que  nous  avons  pu  nous 
en  convaincre,  et  nous  n'aurons  en  quelque  sorte  qu'à  répéter  ici  ce  que 
nous  avons  dit  dans  notre  première  Note. 

»  Du  contact  de  la  triméthylphosphine  et  du  bichlorure  de  platine  nais- 
sent deux  produits,  l'un  jaune  et  l'autre  blanc,  possédant  luie  composition 
identique  et  présentant  des  apparences  exactement  semblables  à  celles  des 
composés  que  fournit  la  triéthylphosphine.  L'insolubdilc  du  sel  blanc  dans 


(    209    ) 

l'éther  et  la  solubilité  du  sel  jaune  dans  ce  liquide  permettent,  comme 
dans  le  cas  de  la  phosphine  éthyU^e,  d'opérer  la  séparation  de  ces  corps 
d'une  manière  complète. 

»  Affectant  la  forme  de  prismes  opaques  jaune  de  soufre  lorsqu'd  se  sé- 
pare d'une  dissolution  alcoolique,  le  sel  jaune  se  dépose  d'une  solution 
éthérée  sous  la  forme  de  prismes  transparents  jaune  de  succin.Ce  produit  se 
transforme  dans  le  composé  blanc  isomérique,  sous  les  diverses  influences 
que  nous  avons  signalées  à  l'égard  de  la  combinaison  éthylée. 

»  Mis  en  présence  d'une  dissolution  alcoolique  de  bromure  et  d'iodure 
de  potassium,  il  reproduit  des  phénomènes  analogues  à  ceux  qui  résultent 
du  contact  des  mêmes  dissolutions  avec  le  sel  jaune  formé  par  la  triéthyl- 
phosphine. 

»  Considérant  comme  inutile  de  pousser  plus  loin  l'énumération  de  ces 
analogies,  nous  nous  bornerons  à  citer  les  analyses  qui  établissent  les  for- 
mules des  sels  jaune  et  blanc  : 

I.  o*'',354  de  sel  jaune  ont  donné,  par  leur  combustion  avec  l'oxyde  de  cuivre,  o*'',i47 

d'eau,  et  o^'',228  d'acide  carbonique. 

II.  o8'^,382  du  même  produit  ont  donné  o^',  257  de  chlorure  d'argent. 

III.  06'', 479  du  même  échantillon  ont  donné  o^"',  222  de  platine  métallique. 

IV-  o«%389  de  sel  blanc  ont  donné,   par  leur  combustion  avec  l'oxyde  de  cuivre,  o^'',  147 
d'eau  et  o5'',247  d'acide  carbonique. 

Résultats  qui,  traduits  en  centièmes,  conduisent  aux  nombres  suivants  : 

r.  II.  m.  IV. 

Carbone i7î56  »  »  i7)36 

Hydrogène 4)^'  "  "  4i47 

Chlore »  16, 68  »  v 

Platine •  »  4^  >  ^^  " 

qui  s'accordent  avec  la  formule 

Ph(C='H^)'PtCl. 

»   Cette  dernière  exige  en  effet  : 

C 36, o  17,18 

H' 9,0  4,28 

Ph 3i,o  14,80 

Pt 98,0  46,98 

Cl 35,5  16,96 

209,5  100,00 

»  On  voit  donc  que  la  trimétliylpliosphiue  réduit,  à  la  manière  de  son 


(    2IO    ) 

homologue  éihylé,  le  bichlorure  de  platine,  et  le  ramène  à  l'état  de  proto- 
clilorure,  avec  lequel  elle  forme  deux  composés  isomériques  dont  les  pro- 
priétés vnrient  suivant  le  mode  de  préparation. 

»  Le  sel  jaune,  insoluble  dans  l'eau  pure,  se  dissout  dans  ce  liquide  lors- 
qu'on lui  ajoute  une  certaine  quantité  de  triméthylphosphine,  et  laisse  dé- 
poser, par  l'évaporation,  un  produit  cristallisable  qui  paraît  être  le  corres- 
pondant du  sel  de  Reiset. 

»  Une  solution  concentrée  de  bichlorure  de  platine  forme,  dans  la 
dissolution  de  co  produit,  un  précipité  semblable  à  celui  que  nous  avons 
signalé  dans  notre  dernière  Note,  relativement  à  la  combinaison  éthylée. 

ACTION    DU    BICHLORURE    DE    PLATINE     SUR    LES    ABSINES. 

«  Les  phosphines  formant,  avec  le  protochlorure  de  platme,  des  com- 
binaisons qui  correspondent  aux  sels  de  Magnus  et  de  Reiset,  il  y  avait 
quelque  intérêt  à  rechercher  si  les  arsines  ne  se  comporteraient  pas  d'une 
manière  toute  semblable.  Les  analogies  si  frappantes  que  présentent  ces 
deux  groupes  de  combinaisons  le  faisaient  pressentir,  l'expérience  a  plei- 
nement réalisé  ces  prévisions.  Nous  avons  pu  nous  procurer,  en  effet,  en 
nous  plaçant  dans  des  circonstances  analogues  à  celles  que  nous  avons 
signalées  dans  nos  précédentes  Notes,  des  combinaisons  de  composition 
analogue,  et  présentant  l'isomoriihisme  le  plus  complet.  Nous  allons 
décrire  en  quelques  mots  le  mode  de  préparation  de  ces  produits. 

»  Si,  à  une  dissolution  aqueuse  concentrée  de  bichlorure  de  platine, 
additionnée  de  son  volume  d'alcool,  on  ajoute,  goutte  à  goutte,  de  la  tri- 
éthylarsine,  en  agitant  vivement,  après  chaque  addition,  pour  établir  un 
contact  intime  entre  toutes  les  parties  du  mélange,  celui-ci  s'échauffe  nota- 
blement. La  couleur  brun  foncé,  que  présentait  le  liquide  au  début,  va 
s'affaiblissant  graduellement,  et  finit  par  devenir  d'un  jaune  légèrement 
brunâtre  lorsque  la  réaction  est  terminée. 

»  La  liquciu-,  abandonnée  au  refroidissement,  laisse  bientôt  déposer  des 
cristaux  jaunes  de  soufre,  que  l'éther  sépare  eu  deux  substances  distinctes, 
l'une  se  dissolvant  avec  facilité  dans  ce  véhicule,  tandis  que  l'autre  y  est 
complètement  insoluble. 

))  La  solution  éthérée,  étant  abandonnée  à  l'évaporation  spontanée  dans 
un  petit  cristallisoir  à  fond  plat,  laisse  déposer  de  gros  cristaux  jaunes  de 
succin,  d'une  transparence  parfaite,  qui  ressemblent  de  la  manière  la  plus 
complète  au  sel  jaune  formé  par  la  triéthylphosphine  avec  lequel  ils  sont 
isomorphes. 


{    211    ) 

»  En  opérant  sur  une  dizaine  de  grammes  de  matière,  on  obtient  des 
prismes  volumineux  et  d'une  grande  netteté  qui  atteignent  au  iDoins  t  cen- 
timètre de  côté.  Dissous  dans  l'alcool  bouillant,  ce  produit  s'en  sépare  par 
le  refroidissement  sous  la  forme  de  prismes  opaques  plus  déliés  d'un  jaune 
de  soufre. 

»  Soumis  à  l'analyse,  ce  composé  nous  a  donné  les  résultats  suivants  : 

I.  o'"",  35o  d'un  premier  échantillon  ont  donné,  par  leur  combustion  avec  l'oxyde  de  cuivre, 

o'^iGi  d'eau  et  o"",  3o8  d'acide  carbonique. 

II.  G*'',  4o3  du  même  produit  ont  donné  o'^igS  de  chlorure  d'argent. 

III.  o''',  5oo  du  même  produit  ont  donné  o^'',  i63  de  platine. 

IV.  q"',382  d'un  second  échantillon  ont  donné  o'^ii^ô  d'eau  et  o^"',  339  d'acide  carbonique. 

»  Ces  résultats,  traduits  en  centièmes,  conduisent  aux  nombres  suivants  : 

I.  II.  m,  IV. 

Carbone 23,98  »  »  5'4>'9 

Hydrogène 5, 08  »  »  5, 11 

Chlore >>  12, 1 5  »  » 

Platine »  »  82,60  > 

qui  s'accordent  avec  la  formule 

Ai(C*H>)',PtCl. 

»  Cette  dernière  exige  en  effet 

C'= 72,0  24,38 

H" i5,o  5,01 

As 75,0  25, o4 

Pt 98,0  32,83 

Cl 35,5  i2,o4 

295,5  100,00 

))  La  portion  que  l'éther  a  refusé  de  dissoudre  se  dissout  avec  facilité 
dans  l'alcool  bouillant,  et  se  dépose  de  ce  liquide  par  le  refroidissement 
sous  la  forme  de  longs  prismes  d'un  jaune  très-pâle.  Lorsque  la  liqueur 
qui  renferme  les  cristaux  s'est  refroidie  très-lentement,  on  obtient  des 
prismes  minces  qui  atteignent  plusieurs  centimètres  de  longueur  si  l'on 
opère  sur  environ  10  grammes  de  matière. 

«  Soumise  à  l'analyse,  cette  substance  nous  a  donné  les  résultats  sui- 
vants : 

I.  0^,452  de  matière  ont  donné,  parleur  combustion  avec  l'oxyde  de  cuivre,  o"',207  d'eau 
et  o''',4o5  d'acide  carbonique. 


(    212    ) 
II.  o«'',429  ^"  même  produit  ont  donn<'-  o*'',2i2  de  chlorure  d'argent. 
m.  o*',45i  du  même  produit  ont  donné,  par  la  calcinaiion,  o8%i47  de  platine. 

»  Ces  résultats,  traduits  en  centièmes,  conduisent  aux  nombres  : 

I.  n.  m. 

Carbone 24,42              »  » 

Hydrogène 5, 09              »  ■> 

Chlore »  12,12  » 

Platine »                   »  32 ,48 

qui  s'accordent,  comme  on  voit,  avec  la  formule  précédente,  et  établissent 
de  la  manière  la  pins  nette  l'isomérie  de  ce  produit  avec  le  sel  jaune  de 
succin. 

))  Les  arsines  se  comportent  donc,  ainsi  qu'il  résulte  des  faits  que  nous 
venons  de  rappeler,  de  la  tiiênie  manière  que  les  phosphines  dans  leur 
contact  avec  le  bichlonire  de  platine. 

»  Les  sels  jaune  et  blanc,  dont  nous  venons  d'indiquer  la  formation, 
agissent  sur  des  solutions  alcooliques  de  bromure,  d'iodure  de  potassium 
et  d'acétate  de  potasse,  de  la  même  manière  qne  leurs  analogues  dans  la 
série  phosphorée.  Quant  à  ces  corps,  ils  diffèrent  des  composés  qui  résid- 
tent  de  l'action  réciproque  du  bichlorure  de  platine  et  de  la  Iriétliylplios- 
phine,  en  ce  que  la  variété  jaune  ne  paraît  pas  se  transformer  dans  la 
variété  blanche,  sous  les  influences  qui  permettent  d'opérer  cette  modi- 
fication dans  la  série  phosphorée. 

»  Les  sels  jaune  et  blanc  s'unissent  à  la  Iriéthylphosphine  en  donnant 
naissance  au  correspondant  du  sel  de  Reiset 

[As(Cm»)']%PtCl. 

»  action  du  clilorurc  de  palladium  sur  la  Iriéthylarsine.  —  Le  chlorure  de 
palladium  se  comporte  à  l'égard  de  la  triéthylarsine  do  la  même  manière 
qu'avec  la  triéthylphosphine.  Les  phénomènes  qui  se  produisent  dans  le 
contact  de  ces  corps  sont  exactement  les  mêmes,  et  nous  n'aurions  en 
quelque  sorte  qu'à  répéter  ce  que  nous  avons  dit  dans  notre  seconde  Note. 

"  Le  produit  qui  résidte  de  l'action  réciproque  de  ces  corps  se  présente 
sous  la  forme  de  beaux  prismes,  d'un  jaune  légèrement  orangé,  très-volu- 
mineux, d'une  transparence  parfaite,  qui  sont  isomorphes  avec  ceux  que 
fournit  la  Iriéthylphosphine.  Leur  composition  est  exprimée  par  la  fornude 

As(C'nn%PdCl. 


(  2.3  ) 

ACTION    DU    SESQUICHLOEURE    u'oR    SUR    LA    TRIÉTHYLARSINE. 

»  Une  dissolution  alcoolique  de  sesquichlorine  d'or  s'échanffe  lorsqu'on 
y  verse  de  la  triéthylarsine  goutte  à  goutte,  et  ne  tarde  pas  à  se  décolorer. 
Il  est  important  d'éviter  l'élévation  de  la  température.  Si  l'on  négligeait  en 
effet  cette  précaution,  une  certaine  quantité  d'or  pourrait  se  séparer  sons 
forme  métallique,  et  dans  ce  cas  l'opération  serait  manqnée.  La  liqueur 
incolore  étant  filtrée,  puis  soumise  à  l'évaporation  spontanée,  laisse  déposer 
de  magnifiques  prismes  complètement  incolores,  entièrement  semblables  à 
ceux  que  fournit  la  phospbine  triéthylée,  mais  qui  sont  plus  volumineux  et 
possèdent  un  plus  grand  éclat. 

»  Cette  matière,  dont  nous  ne  décrirons  pas  ici  les  propriétés,  présente 
une  constitution  parfaitement  analogue  à  celle  de  la  combinaison  phospho- 
rée,  ainsi  que  l'établissent  les  analyses  suivantes: 

I.  o^^rjoû  de  matière  ont  donné,  par  leur  combustion  avec  l'oxyde  de  cuivre,  o»'',  i^o  d'eau 

et  o^'',268  d'acide  carbonique. 

II.  o*'',4i8  du  même  produit  ont  donné  o"',i54  de  chlorure  d'argent. 

III.  o*'',497  du  même  produit  ont  laissé,  par  la  calcination,  o5'',249  d'or  métallique. 

»  Ces  résultats,  traduits  en  centièmes,  conduisent  aux  nombres  sui- 
vants : 

I.  II.  III. 

Carbone 18,26              »  » 

Hydrogène 3 ,90              »  » 

Chlore »  9  >  °9  " 

Or 11                 o  5o,  12 

et  s'accordent  avec  la  formule 

As(C*H»)',Au'Cl, 

d'où  l'on  déduit  les  noimbres 

C" 72,0  18,12 

H'-' i5,o  3,78 

As 75,0  18,87 

Au' 200,0  5o,3i 

Cl ,...,  35,5  8,92 

397,5  100,00 

»   La  triéthylarsine  se  comporte  donc,  ainsi  qu'il  résulte  des  faits  relatés 

C.  R.,  18-0,  a»  Semestre.  (T.  LXXI,  N<>  5.)  28 


(    2,4    ) 

clans  cette  Note,  de  la  même  manière  que  la  triéthylpliospliine,  résultat  au- 
quel on  devait  s'attendre,  en  raison  des  analogies  si  profondes  que  l'on 
observe  entre  ces  deux  composés. 

»  Quelques  expériences  que  nous  avons  tentées  avec  la  triélhylslilhine 
tendent  à  conduire  à  la  même  conclusion.  » 

PHYSIQUE.  —  Recherches  thermiques  sur  le  caractère  métallique  de  l  hydrogène 
associé  au  palladiuui  (suite)  :  Sur  un  couple  vollaïque  dans  lequel  l'hydro- 
gène est  le  métal  actif;  par  M.  P. -A.  Favre. 

«  L'année  dernière  j'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  à  rAcadémie(i) 
les  résultats  des  recherches  que  j'avais  entreprises  sur  la  chaleur  mise  en 
jeu  lorsqu'une  lame  de  palladium  remplace  la  lame  de  platine  d'un  couple 
de  Smée  ou  bien  la  lame  négative  d'un  voltamètre  à  lames  de  platine  et 
fixe  l'hydrogène  du  sulfate  d'hydrogène  électrolysé;  ou  bien  encore  lors- 
qu'une lame  de  palladium,  préalablement  chargée  d'hydrogène,  remplace 
la  lame  positive  du  même  voltamètre  et  fixe  sur  l'hydrogène  qu'elle  ren- 
ferme le  radical  métalloidique,  SO',  du  sulfate  d'hydrogène  électrolysé 
pour  reconstituer  cet  électrolyte. 

»  On  se  rappelle  que  l'interprétation  de  ces  résultats  fournissait  de 
nouvelles  preuves  du  caractère  métallique  de  l'hydrogène  à  ajouter  à  celles 
que  T.  Graham  venait  de  faire  connaître. 

»  Pour  ne  pas  laisser  incomplètes  mes  recherches  thermiques  sur  la 
nature  métallique  de  l'hydrogène  associé  au  palladium,  il  restait  à  faire 
une  dernière  expérience,  afin  de  démontrer  que  cet  hydrogène,  lorsqu'U 
remplace  le  métal  actif  d'un  couple  voltiiïque,  constitue  le  métal  actif  d'un 
nouveau  couple.  Il  fallait  établir  que  ce  nouveau  couple  possède  une 
énergie  voltaique  (exprimée  en  calories)  qui  lui  est  propre,  et  qu'en  l'asso- 
ciant à  d'autres  cou|)les  de  même  nature  on  peut  former  une  pile  suscep- 
tible de  développer  un  courant  dont  Vénergie,  exprimée  aussi  en  calories, 
est  également  bien  déterminée. 

»   C'est  ce  que  j'ai  réalisé  on  opérant  de  la  manière  suivante  : 

»  Dans  un  couple  de  Daniell,  j'ai  remplacé  la  lame  {le  zinc  amalgamée, 
qui  baigne  dans  l'acide  sulfurique  siilfisanuuent  dilué,  par  une  lame  de 
palladium  chargée  d'hydrogène. 

»   Le  nouveau  couple,  ainsi  fornié,  fonctionTie  en  tout  couHiie  le  couple 


(i)   Comptes  rendus,  séances  des  'j  et  ?8  juin  i86g. 


(215) 

ptiinilif  :  seulement  c'est  l'hydrogène,  et  non  |ilus  le  zinc,  qui  joue  le  rôle 
de  niélal  actif,  en  se  substituant  au  cuivre  du  sulfate  de  cuivre  électrolysé; 
et,  comme  dans  le  couple  de  Danieil,  ce  dernier  métal  se  dépose  sur  le 
pl.itine  qui  plonge  dans  le  sulfate  de  cuivre  que  renferme  le  vase  extérieur. 
I)  Dans  une  tiès-procliaine  Communication,  qui  sera  la  seconde  que 
j'aurai  l'honneur  de  taire  à  l'Académie  sur  V énercjie  vollaùjiie  des  couples, 
je  ferai  connaître  l'énergie  voltaïque  du  coujile  hydrogène  et  plaline  ac- 
tionné par  le  sulfate  de  cuivre.  Cette  énergie  est  faible  et  peut  être  déter- 
minée ex|)érimentalement  ou  bien  pai-  le  calcul  et  à  l'aide  des  données 
numériques  qui  m'ont  été  fournies  par  des  expériences  antérieures  (  i  ). 
Mais  si,  comme  je  viens  de  le  dire,  l'énergie  voltaïque  de  ce  nouveau 
couple  est  faible,  il  suffit,  comme  pour  toute  autre  espèce  de  couple,  d'en 
réunir  un  nombre  suffisant  pour  obtenir  une  pile  capable  de  développer 
un  courant  très-énergique  et  susceptible  d'opérer  la  ségrégation  chimique 
des  sels  qui  s'électrolysent  le  plus  difficilement.  » 

N03IINATI0NS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  de  Statistique  pour 
l'année  1(870. 

MM.  Hienaymé,  Mathieu,  Ch.  Dupin,  Passy,  Boussingault  réunissent  la 
majorité  des  suffrages. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission de  neuf  Membres,  pour  juger  le  concours  des  prix  de  Médecine  et 
de  Chirurgie. 

MM.  Cl,  Bernard,  Cloquet,  Nélaton,  St.  Laugier,  Bouillaud,  Andral, 
Longet,  Robin,  I^arrey  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  jVetter  adresse,  de  Rennes,  une  Note  relative  aux  soins  à  prendre 
pour  détruire,  après  la  variole  et  pendant  la  ])ériode  de  dessiccation  des  pus- 


(i)  Comptes  rendus,  séances  ilcs  7  t't  8  juin  et  du  5  juillet  i86f). 

28. 


(  51^i  ) 

tnips,  les  croûtes  qui  entourent  le  lit  du  malade.  En  étalant  un  drap  autour 
du  lit,  et  l'enlevant  à  mesure  qu'il  se  couvre  de  débris  cutanés,  pour  dé- 
truire ces  débris  par  le  feu,  l'auteur  a  observé  une  diminution  notable  dans 
la  transmission  de  la  maladie.  C'est  d'ailleurs  un  fait  admis  en  Médecine 
que,  dans  toutes  les  fièvres  éruptives,  rougeole,  scarlatine,  variole,  c'est 
surtout  à  l'époque  de  la  convalescence  qu'il  y  a  danger  poiu'  l'entourage  du 
malade,  sans  doute  à  cause  de  la  desquammation  elle-même  :  enfin  on  s'est 
servi  autrefois  pour  les  inoculations,  à  défaut  de  pus  variolique,  des  croûtes 

elles-mêmes. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine.) 

M.  Cauvet  adresse  un  Mémoire  «  sur  la  structure  du  Cytinet  (Cytinus 
hypocyslis,  L.)  et  sur  l'action  que  produit  ce  parasite  sur  la  racine  des 
Cistes  ».  Une  seconde  Partie  de  ce  Mémoire  est  relative  à  la  structure  de  la 
racine  du  Cisliis  monspcliensis. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Botanique.) 

M.  RÉZARD  deWouves  adressc,  poiu' être  joiute  au  Mémoire  présenté  par 
lui  le  6  juin  dernier,  sur  l'émétique  comme  traitement  abortif  de  la  variole, 
luie  observation  qui  vient  à  l'appui  de  ce  mode  de  traitement. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  V.  Cassaigxes  adresse,  de  Marseille,  une  Note  relative  à  la  filtration 
naturelle  des  eaux  de  rivière,  et  à  l'application  qu'il  croit  pouvoir  en  faire 
prochainement  aux  eaux  de  la  Durance. 

(Commissaires  :  MM.  Dumas,  Moiin,  Combes,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

M.  Ehri.icii  adresse,  d'Alexandrie,  une  Note  relative  au  choléra. 
(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

M.  Goubet  adresse  une  Note  relative  à  la  théorie  des  principes  île  la 
Géométrie  élémentaire. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  i)our  les  Communications 
relatives  au  postulatum  d'Euclide.) 


(  217  ) 

CORRESPOXD  ANCE 

M.  H.  Lebert,   nommé  Correspondant  pour  la  Section  de  Médecine  et 
de  Chirursie,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

MM.   AitsoN,  BoxxET,  Hoffmann,  Kxoch,  Le  Rors,  Luschka,  Marion, 

Sai\t-Cyr  adressent  des  remercîments  à  l'Acadéiiiie,  pour  les  distiuclions 
dont  leurs  travaux  ont  été  l'objet  dans  le  concours  de  l'année  1869. 

GÉOMÉTRIE.  —  Délerinination  des  cléinenls  de  rarêle  de  rebroussement 
d'une  surface  dévelopjiable,  définie  par  ses  équations  tangenlielles.  Noie 
de  M.  L.  Painvin,  présentée  par  M.  Bertrand  (1). 

«  1.  Il  arrive  très-fréquemment  que  les  équations  tangentielles  d'une 
surface  développable  résullenl  immédiatement  des  données  d'une  question, 
ou  s'en  déduisent  par  des  calculs  généralement  simples,  tandis  que  la  re- 
cherche (les  équations  ordinaires  de  son  arête  de  rebroussement  présente 
des  difficultés  très-grandes  et  souvent  insurmontables.  Il  est  donc  impor- 
tant d'avoir  des  formules  qui  permettent  d'étudier,  sur  les  équations  tan- 
gentielles elles-mêmes,  les  propriétés  de  cette  arête  de  rebroussement;  ces 
formules,  qui  n'ont  jamais  été  données,  font  l'objet  de  cette  Note. 
»   2.   Notations  : 

u,  p,  U'  sont  les  coordonnées  tangentielles  d'un  plan,  c'est-à-dire  les  in- 
verses des  coordonnées  à  l'origine  de  ce  plan;  les  axes  des  coordon- 
nées sont  supposés  rectangulaires.  Si  ce  |)lan  est  tangent  à  une  surface 
développable,  ce  sera  le  plan  osculateur  en  un  certain  point  M  de 
l'arête  de  rebroussement; 
.r,  j-,  z  seront  les  coordonnées  du  point  M. 

»  Je  désignerai,  en  outre,  par 

a,  p,  y,  les  angles  de  la  tangente  en  M  à  l'arête  de  rebroussement  ; 

X,  p.,  V,   les  angles  de  l'axe  du  plan  osculateur; 

^,  v7,  Ç,   les  angles  de  la  normale  principale  ; 


(i)  L'Académie  a  décidé  que  cette  Communication,  liien  ((ue  dépassant  en  étendue   les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  eu  entier  au  Compte  rendu  . 


(  2.8  ) 
lis,   l'élément  de  l'arête  de  rebroiissement  ; 
d'y,   l'angle  de  deux  tangentes  infiniment  voisines; 
dz,  l'angle  de  deux  plans  osculateiiis  infiniment  voisins; 
6,   l'angle  au  sommet  du  cône  droit  osculateur; 
R,   le  rayon  de  courbure; 
T,   le  rayon  de  torsion. 

»   3.   Une  surface  développable  étant  définie  par  deux  équations  langen- 
lielles,  telles  que 

/{a,  i-,  u')  =  o,     F(u,  V,  w)  =  o, 

nous  pouvons  regarder  u,  v,  w  comme  des  fonctions  déterminées  d'un  cer- 
tain paramètre  arbitraire.  Pour  siinplifiei"  l'écrituie  des  formidcs,  nous  po- 
serons 


/ 


,, 


(0 


a,  =  du,       a.,  =  d'-  u, 

V,  =  dv,        l'o  =  d'-  <,>, 

H',  :=  d<,y,      M'o  =  d'- w; 


(3) 


(lu  ih 

TT    -'^^         V     -  ''^ 


A  = 


u        V 


i', 


w  = 


dA 


cl\ 


ilA 


(/A 


elA 


\         '  au,  «Cj  "  an'.j 

(4)     R  ^  -{Ud'u+Yd'v-hWdUv) 


w 
II' 


?/.>  l*.,  U'n 


»   On  aura  alors  les  formules  suivantes  : 


(II) 


V 


z 

w 


(   )    'î^  —  '!l  —  El  —"^ 


(3)    ,/,  =  £'^^^/u^-^V.! 


Wj. 


;ni 


COSfi 


:  s/u' 


,     >   cosa  cos  p  cos'/ 


I 


(3) 


cosÇ 


6'v/u^-(-v',+w^ 

cos»  cosÇ 


cW:— (l'V,       (.■l),  — «W,        hV,— .'U,        £"^„..t.„:-4.„,^y/uj+v;+"\V^ 


.   ,  rfcos).       


(     219 

d  COS  p. 


dcoiv 


■u. 


flV] 


;2) 


(3) 


f/cosa 


rfcosS 


rfcos7 


£  fl  COS  E  =  Il  — ■- ^  —  u ,  A 


.(,/' 

-hv 

3    5 

A 

.'(U 

■ 

V^+Wl) 

3 

3 

\/u' 

+ 

('2+«'' 

(U! 


-W.! 


l)      dz  —    -  ££' 


„^U;+V;+W^ 


'2)    r/a=s's"'^"^^"^'"' 


(V) 


(3)       R=:£ 


v/^ 


H 


(4)      T  =-££'£"  ^(U 


w 


«  Les  lettres  £,  e',  c"  désignent  rt  i  ;  ainsi  on  a  £  =:  ±  i,  e'  =  ±  j, 
£"  =  ±  I  ;  j'ai  adopté  des  accents  différents  ponr  conserver  au  choix  des 
signes  +  et  —  toute  l'indépendance  qu'il  peut  avoir. 

»  Remarque  I.  —  Dans  les  formules  qui  précèdent,  les  cond^inaisons  des 
quantités  £,  c',  e"  ont  été  faites  de  manière  à  vérifier  constamment,  en  gran- 
deur et  signes,  les  importantes  relations  (J.-A.  Serret,  Calcul  différentiel, 
p.  4oH;  ou  Bertrand,  Calcul  différentiel,  p.  622)  : 

dx  =  ciscosa;      dcosa  =^  cos,^clc;      ^cosX  =  cos^(/t; 


dcosS,  =  — cosada  —  cosldx; 


»   Remarque  II.  —  Si  l'on  assujettit  les  qiianlités  R  et  T  à  élre  jositives, 
on  a  les  conditions  suivantes  : 


(VI) 


£'=—£,      si      A  >  o; 
£'==+£,      si     A  <  o  ; 


+  1,      si     -->o; 

A 

H 


»  On  voit  alors  que  les  formules  précédentes  ne  renfermeront  plus  que 
la  seide  quantité  £  =  ±  i  ;  on  fixera  sa  valeur  suivant  les  besoins  de  la 
question. 

»   Rcin<irquc  111.  —  Les  foruudes  que  je  viens  de  donner  ne  sont  pas  ap- 


(     220    ) 

plicables  au  cas  où  la  développable  est  circonscrite  au  cercle  imaginaire  de 
l'infini.  Cette  variété  de  surfaces  développahles  présente  d'ailleurs  des  pro- 
priétés très-singulières,  mais  ce  n'est  pas  le  lieu  d'en  parler. 

»   4.   Ou  appelle  cône  droit  osculaleur  en  M  un  cône  de  révolution  ayant 
son  sommet  en  ftl  et  touchant  trois  plans  tangents  infiniment  voisins. 

»   Les  équations  tangentielles  du  cône  droit,  oscnlateur  en  M(j",  7,  z), 
sont 

l  Ux  +  Yf  +  Wz  —1  =  0, 

(VU)  ■  fufcos). 

=  U^  +  V^  + W=; 


;^cos«)+.v(cos,a-;^;cos,3 


W(cosy  —  y  C0S7J 


U,  V,  W  sont  les  coordonnées  tangentielles  variables. 

»  Désignons  par  9  Vangfe  ai(ju  que  fait  le  demi-axe  du  cône  oscnlateur 
avec  la  demi-droite  définie  par  les  angles  c,  /3,  7;  et  soient  a',  p',  7'  les 
angles  avec  les  axes  positifs  des  coordonnées,  du  demi-axe  que  nous 
venons  de  définir;  si  l'on  pose 


(VIII) 


(l)  d'j)  =  —  £i"  \fl'7- 

on  aura,  sans  andjiguïté, 


dT% 


(2) 


tango  = 


dr' 


sin6  =  -—5 

dfù 


cos»  = 


dw' 


i  cosa'=  cosacos5  —  cosXsin5, 
cos/3'==  cos/3cos5  —  cos|7,sin5, 
COS7COS6  —  cosv  sinS; 


COS7 


on   sait  que  l'axe  du  cône  oscnlateur  n'est  autre  que  la  génératrice  de  la 
développable  t édifiante. 

»   5.   L'application  de  ces  formules  à  la  surface  développable 


(•) 


ta  -+-  4'-  4-  n>^  = 


h-v' 


m'a  conduit  à  des  résultats  simples  et  remarquables,  que  je  vais  signaler. 

»  La  seconde  des  équations  (i)  représente  un  ellipsoïde  dont  les  axes 
sont  a,  h,  c;  la  première  équation  représente  une  sphère  concentrique  dont 
le  rayon  est  /■. 

»  On  sait  que  la  surface  développable  circonscrite  aux  denx  surfaces  (i) 
est  dii  huitième  ordre  et  de  la  cpintrièmc  classe,  et  que  son  arête  de  rebrons- 
senient  est  du  douzième  ordre  et  de  la  quatriètne  classe. 


(     221     j 

))   Après  avoir  posé 

A  =  h--  c\     P.  =  r==  -  a-,     C  =  a--  Ir 


(A,  =  i--,     B,=  i--,     C.=  i--, 

on   Irouve,  pour  les  coordonnées  .r, j-,  z  du   point  M,   les   valeurs  très- 
simples 

»    On  trouve  encore  que  : 

»    i"  Les  axes  des  plans  osculateurs  sont  parallèles  aux  génératrices  du  cône 

A,  x^+  B,j^+  C,  s='  =  o. 

»    2°  Les  tangentes  de  l'arête  de  rebroussement  [ou  génératrices  de  la  déve- 
loppable)  sont  parallèles  aux  génératrices  du  cône 

x'       r'       ~- 

x;  +  i;  +  c:  =  °5 

ces  deux  cônes  sont  réciproques;  les  propositions   i*^  et  2"  sont  des  con- 
séquences l'une  de  l'autre. 

M    3°  Les  normales  principales  sont  parallèles  aux  génératrices  du  cône 

A,  A'         B,  B=         C,  C= 

— l 1 -, 1 r-  =  o. 

X-'  y-  z- 

»   L'arête  de  rebroussement  est  une  courbe  rectifiable;  en  représentant 
par  s  la  longueur  d'un  arc  quelconque,  on  a 


3 


(4)  s  =  const.  -  — -— -  {k\iî'  +  B^-  +  C7U'-)2 

Al  ri]  C"! 

»  Si  l'on  désigne  par  p  la  distance  du  centre  couiniuii  à  un  point  quel- 
conque M  de  l'arête  de  rebroussement  ;  si  11  et  T  sont  le  rayon  de  cour- 
bure et  le  ra\on  de  torsion  en  ce  point,  on  a  les  équations  suivantes, 
remarquables  par  leur  sim|)licité, 

(5)  f  =.  r^- +  [s  +  k)\ 

(6)  r-V^,-^^^mnv, 

(7)  '■'I^='^^('^ +  /')"-., 

(8)  \  =  '~-^ 

c.  R.,  i8-;o,  i'  Semestre.  (T.  LXXl,  N"  ô.)  29 


(    222    ) 

S  est  la  longueur  de  l'arête  de  rebroussement,  comptée  à  partir  d'un  cer- 
tain point  fixe;  //,  v,  w  sont  les  coordonnées  du   plan   osculateur   à   l'ex- 
trémité M  de  l'arc  s  ;  A  est  une  constante. 
»   Si  l'on  suppose,  par  exemple, 

a>b^c     et     a~;>r';^b, 

l'arc  s  sera  compté  à  partir  du  plan  des  xj\  et  la  constante  k  aura  pour 

,  \l~  A,  B, 

valeur  r- — • 

Cl 

»   6.   Je  me  suis  également  occupé  de  la  courbure  des  surfaces  définies 

par  leur  équation  tangentielle  ;  je  demanderai  à  l'Académie  la  permission 

de  lui  soumettre  prochainement  les  résultats  relatifs  à  cette  (pieslion.  » 

PHYSIQUE.  —  De  la  possibilité  d' obtenir  des  signaux  de  feu  d'une  très-grande 
portée.  Note  de  M.  F.  Lucas,  présentée  par  M.  Ed.  Becquerel. 

«  Dés  l'année  1867,  certaines  considérations  théoriques  m'ont  conduit  à 
penser  que  le  problème  des  feux  de  brume,  pour  les  phares  et  les  télégraphes 
lumineux,  pourrait  probablement  être  résolu  au  moyen  de  la  décharge 
périodique  d'un  puissant  condensateur  électrique.  Une  JNote  que  j'avais  eu 
l'honneur  d'adresser  à  ce  sujet  à  l'Académie  a  été  publiée  dans  les  Comptes 
rendus  du  23  septembre. 

»  Le  point  de  départ  de  ma  théorie  consistait  dans  Vextiéme  petitesse  de 
la  durée  d'une  étincelle  électrique.  A  défaut  d'autres  données  numériques, 
j'avais  assimilé  la  durée  des  grandes  étincelles  à  celle  de  l'éclair,  qu'Arago 
disait  inférieure  au  nnllionicme  de  la  seconde.  Cette  hypothèse  était  erronée, 
mais  je  suis  en  mesure  de  la  rectifier. 

»  Les  recherches  expérimentales  sur  la  durée  des  étincelles  électriques 
que  j'ai  entreprises,  dans  ces  derniers  temps,  en  collaboration  avec  M.  Cazin, 
professeur  de  physique  au  Lycée  Bouaparle,  permettent  de  substituer  une 
donnée  certaine  à  la  donnée  hy|)othélique  dont  j'avais  d'abord  fait  usage. 

»  Deux  Notes  que  nous  avons  présentées,  en  nom  collectif,  à  l'Académie 
des  Sciences,  et  qui  ont  été  insérées  dans  les  Comptes  rendus  des  aS  avril  et 
20  juin  1870,  ont  établi  que  la  durée  j>^  de  l'étincelle  électrique  est  liée  à  la 
surface  s  de  la  batterie  et  à  la  distance  explosive  /  par  la  formule 

(>)  j  =  h{i-a'),i-b'), 

a  al  b  étant  deux  fractions  indépendantes  de  la  nature  et  du  diamètre  des 
boules. 


(2a3  ) 
»  En  prenant  pour   unité   de  surface  ^  celle   de  l'armature  extérieure 
(1243  centimètres  carrés)  d'une  des  jarres  de  Leyde  dont  nous  disposions, 
et  pour  unité  de  distance  explosive  l  le  millimètre,  nous  avons  trouvé 

i  a  =  o,8o36i, 
^^^  (  /;  =  0,93955. 

»  Le  paramètre  h  reste  indépendant  du  diamètre  des  boules,  pourvu  que 
ce  diamètre  soit  au  moins  de  7  millimètres;  mais  ce  paramètre  dépend  de 
la  substance  des  boules. 

))  En  prenant  le  millionième  de  seconde  pour  unité  de  temps,  nous  avons 
obtenu,  pour  des  boules  de  platine, 

(3)  h  =  \Ç>i. 

»  L'étain,  le  charbon,  le  laiton,  le  cuivre  et  le  zinc  nous  ont  donné  des 
valeurs  un  peu  plus  grandes. 

»  Dans  nos  expériences,  les  étincelles  jaillissaient  à  l'air  libre;  une  faible 
résistance  était  interposée  entre  la  batterie  et  les  boules;  les  surfaces  de 
ces  dernières  étaient  recouvertes  de  la  couche  pulvérulente  que  font  naître 
les  fortes  décharges.  Les  mêmes  conditions  seront  toujours  faciles  à  rem- 
plir. 

»  La  formule  (i)  montre  que  si  j  et  /  augmentaient  indéfiniment,  j  ten- 
drait vers  un  maximum  égal  au  paramètre  h.  Or  c'est  en  faisant  croître  la 
surface  du  condensateur  et  la  distance  explosive  qu'on  peut  augmenter  la 
puissance  de  l'étincelle.  Par  conséquent  : 

»  Loisquon  augmente  l'énergie  de  la  décharge  électrique,  la  durée  de  l'étin- 
celle tend  vers  un  maximum  déterminé. 

»  Ce  maximum  est  de  161  millionièmes  de  seconde  pour  des  boules  de 
platine.  Ce  métal  est  inoxydable  et  peu  volatil;  c'est  lui  qui  donne  aux 
étincelles  les  moindres  durées;  il  conviendrait  parfaitement  pour  créer  les 
signaux  de  feu  périodiques  dont  j'ai  parlé  plus  haut. 

»  Supposant  qu'on  ait  écarté  les  deux  boules  de  platine  d'une  quantité 
convenable,  imaginons  : 

»  j°  Que  l'on  construise  un  condensateur  assez  puissant  pour  donner  à  l'é- 
tincelle électrique  une  intensité  de  10000  becs  de  Carrel  ; 

»  2°  Que  ion  mette  en  œuvre  une  source  d' électricité  statique  assez  abon- 
dante pour  faire  succéder  les  décharges  de  deux  en  deux  secondes. 

»  Avec  une  période  aussi  courte,  qui  permettrait  à  l'éclat  de  se  repro- 
duire 3o  fois  par  minute,  l'observation  du  signal  périodique  dont  il  s'agit 

29.. 


(    224    ) 

serait  aussi  facile,  aussi  imtnanqunble  que  celle  d'un  feu  continu  de  même 
intensité. 

»  Comme,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  la  portée  Inmineuse  d'nn 
si«ïnal  est  indépendante  de  sa  durée  et  dépend  seulement  de  son  intensité 
réelle,  notre  signal  aurait  la  même  portée  qu'un  feu  permanent  d'une  in- 
tensité de  loooo  becs  Carccl,  soit  5oo  fois  l'intensité  de  lare  vol  laïque  du 
phare  de  la  Hève.  Il  serait  donc  visible  de  très-loin,  alors  même  que  l'at- 
mosphère serait  chargée  de  brumes. 

»  Or,  la  dinéed'un  éclat  étant  inférieure  à  i6i  millionièmes  de  seconde, 
et,  à  forliori,  inférieure  à-^^  de  seconde,  le  rappoil  de  la  duiée  d'un  éclat 
à  celle  d'une  éclipse  serait  inférieur  à  7^^. 

»  Pendant  un  temps  quelconque,  une  heure,  par  exemple,  il  n'y  aurait 
dépense  de  lumière  que  pendant  la  dix-millième  partie  de  la  durée  totale 
du  fonctionnement  du  feu  périodique.  La  quantité  de  lumière  dépensée  serait 
inférieure  à  celle  cpie  dépenserait,  dans  le  mente  temps,  une  seule  lampe  Carcel. 

»   Ce  mode  de  distribution  de  la  lumière  présenterait  donc  un  immense 

avantage. 

»  Ainsi  se  trouve  confirmée,  par  des  considérations  nouvelles  et  basées 
sur  une  donnée  numérique  certaine,  la  possibilité  d'obtenir^  au  moyen  de 
i étincelle  élettriaue,  des  siijnaux  de  feu  d'une  portée  considérable. 

»  Suffira-t-il,  pour  obtenir  ce  grand  résultat,  d'atteler  en  assez  grand 
nombre  les  engins  dont  on  fait  usage  aujourd'hui  dans  les  cabinets  de  phy- 
sique? Faudra-t-il  construire  des  engins  d'une  force  nouvelle,  jdus  puis- 
sants que  ceux  qu'on  emploie  dans  les  laboratoires  les  mieux  montés? 

»  Cette  question  ne  peut  être  élucidée  que  par  l'étude  jîliotométrique 
des  étincelles.  Or  les  seuls  travaux  qui,  ;i  ma  connaissance,  aient  été  faits 
sur  ce  sujet,  sont  dus  à  Masson.  Ils  datent  d'une  trentaine  d'années  et,  i)ar 
conséquent,  remontent  à  une  époque  où  l'on  ne  savait  produire  l'étincelle 
électrique  que  sur  une  très-petite  échelle.  Les  Mémoires  de  Masson,  malgré 
leur  incontestable  mérite,  ne  sauraient  donc  pas  indiquer  avec  certitude 
les  intensités  des  fortes  étincelles  qu'il  conviendrait  d'employer  pour  des 
signaux  de  feu. 

»  S'il  m'est  possible  d'exécuter,  comme  j'en  ai  le  projet,  les  expériences 
nécessaires  pour  compléter  les  travaux  de  Masson  relativement  à  la  photo- 
mélrie  électrique,  j'aurai  l'Iionneur  de  communiquer  à  l'Académie  les 
résultats  de  ces  recherches.    « 


(    225    ) 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.    —    Etuclc  pltotngrnjihiciiie  du  Soleil  à  V Observalnire 
impérial  de  Paris.  Note  de  M.  L.  Sonrel.  (Extrait.) 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  des  spécimens  des  études 
photographiques  solairt^s  entreprises  à  l'Observatoire  impérial,  giàce  à  la 
bienveillance  de  M.  Delaunay,  directeur  de  cet  établissement.  Ces  étiules 
se  poursuivent  sans  interruption,  depuis  le  commencement  d'avril.  L'ap- 
pareil dont  je  me  sers  est  l'équalorial  du  jardin,  à  monture  anglaise,  dont 
l'objectif  a  été  travaillé  par  Foucault. 

»  Des  quatre  épreuves  soumises  aujourd'hui  à  l'Académie,  deux  sont  des 
soleils  entiers,  de  ii  et  de  i8  centimètres.  Les  deux  autres  sont  la  repro- 
duction, l'une  d'un  groupe  entier  pour  le  17  mai  1870,  l'autre  d'une  por- 
tion de  ce  même  groupe,  vu  le  lendemain.  Ces  deux  dernières  sont  extraites 
de  soleils  de  80  centimètres  et  de  i"',70  de  diamètre. 

»  Dans  toutes  ces  épreuves,  on  distingue  très-nettement  l'ombre  et  la 
pénombre  des  taches,  la  différence  d'éclat  de  leurs  diverses  parties,  enfin 
les  facules  qui  les  avoisinent » 

Après  quelques  détails,  poiu-  l'intelligence  desquels  l'examen  des  photo- 
graphies elles-mêmes  est  nécessaire,  l'auteur  ajoute  : 

a  J'ai  pu  déjà,  grâce  à  l'emploi  de  grossissements  très-variés,  me  faire 
une  idée  de  l'évolution  des  taches,  et  contrôler,  par  des  observations  dont 
on  ne  peut  contester  la  sincérité,  les  iflées  que  j'ai  eu  Thonneur  de  sou- 
mettre à  l'Académie  en  août  1869,  et  que  je  ne  pouvais  alors  étajer  que  sur 
des  dessins  très-consciencieusement  faits.  Les  faibles  grossissements  me 
servent  à  réiniir  les  éléments  nécessaires  à  la  détermination  des  trajectoires 
des  taches  ;  les  forts  grossissements  doiuient  les  détails  des  taches.  Leur 
ensemble  est  une  base  indispensable  à  l'étude  de  la  météorologie  solaire. 
Quand  la  série  des  groupes  étudiés  sera  suffisante,  l'exposé  des  résultats 
obtenus  sera  l'objet  d'un  Mémoire  spécial. 

»  Aujourd'hui  je  désirais  surtout  montrer  le  parti  que  l'on  peut  tirer 
de  la  photographie  pour  entrer  dans  le  détail  de  l'élude  du  Soleil.  Il  me 
paraît  démontré  que,  même  avec  un  réfracteur  dont  l'objectif  a  un  très- 
long  foyer,  on  peut  faire  des  photographies  astronomiques,  si  l'on  se  place 
dans  des  conditions  convenables,  qui  dépendent  à  la  fois  de  l'éclat  de 
l'astre  à  photographier,  du  pouvoir  optique  de  la  limette  et  de  l'état  de 
l'atmosphère  le  jour  de  l'expérience.  » 


(    226    ) 

CHIMIE   ORGANIQUE.    —   Décomposition  de  l'acide  oxalique.    Note 
(le  ^I.  P.  Cables,  présentée  par  M.  Bussy. 

«  Contrairement  à  ce  qui  arrive  pour  les  autres  acides  organiques, 
quand  on  soumet  à  rélectrolysc  une  solution  d'acide  oxalique,  on  con- 
state que  non-seuI(Mi)ent  l'acide  ne  se  concentre  pas  au  pôle  positif,  mais 
qu'il  éprouve  à  ce  pôle  une;  perte  considérable.  Ou  n'y  trouve,  en  effet,  que 
de  l'acide  carbonique  dû  à  l'action  de  l'oxygène  qui  se  dégage  à  ce  pôle(i). 

>'  Or  l'oxygène  se  trouve  ici  dans  les  conditions  que  l'on  désignait  na- 
guère encore  sous  le  nom  d^étnt  naissant,  état  qui,  selon  M.  H.  Sainte- 
Claire  Deville,  ne  saurait  exister,  puisqu'à  l'état  libre  les  corps  paraissent 
avoir  les  mêmes  propriétés;  c'est-à-dire,  dans  le  cas  actuel,  que  si  la  for- 
mation d'acide  carbonique  était  due  à  l'état  naissant  de  l'oxygène,  à  l'état 
libre  ce  gaz  devrait  produire  les  mêmes  phénomènes.  C'est  dans  cet  ordre 
d'idées  que  M.  Bussy  nous  pria  d'examiner  laction  d'un  courant  d'oxygène, 
sur  ime  solution  d'acide  oxalique  à  différentes  températiu'es  :  voici  les 
résultats  de  nos  expériences. 

))  Dans  un  malras  contenant  une  solution  concentrée  d'acide  oxalique 
pur,  nous  avons  fait  passer  un  courant  d'oxygène  pur.  Au  sortir  du  matras, 
ce  gaz  lavé  traversait  deux  flacons  d'eau  de  baryte.  L'appareil  ayant  élé 
privé  d'air,  nous  avons  fait  passer  un  courant  d'oxygène  |)endant  trois 
heures,  et  nul  phénomène  uo  s'est  manifesté  à  la  température  ordinaii'e. 
Le  matras  a  alor.s  été  chauffé  au  bain-marie  vers  loo  degrés,  et  au  bout 
d'une  demi-heure  il  s'était  formé  assez  de  carbonate  de  baryte  pour  que 
nous  ayons  pu  vérifier  .ses  caractères.  L'expérience  paraissait  décisive.  Mais 
l'action  de  l'oxygène  pouvait  bien  n'être  que  mécanique,  ce  qui  nous  en- 
gagea à  la  répéler  d'une  autre  façon. 

»  Le  courant  d'oxygène  fui  remplacé  par  un  coiu-ant  d'hydrogène  pur 
et  l'expérience  répétée  dans  les  conditions  premières.  Or,  à  la  température 
ordinaire,  l'eau  de  baryte  ne  se  troubla  j)as,  tandis  que  lorsque  nous  chauf- 
fions le  matras  vers  loo  degrés,  elle  accusait  à  sa  sortie  la  présence  mani- 
feste de  l'acide  carbonique.  Les  deux  gaz  avaient  donc  agi  de  la  même 
façon,  ils  paraissaient  n'avoir  eu  qu'une  action  mécanique,  c'est-à-dire 
avoir  uniquement  servi  au  lrai)s|wrl  des  jjroduils  de  la  décomposition  de 
l'acide  oxalique  :  l'acide  carbonique  et  l'acide  forniique. 


(l)   lîoiJRGdlN,  Jniirnnl  <lr  Pliysiquc  ft  ili'  Cliiniir,  4' S''ri<\  |).  f)?.,  I.  VIII. 


(    227    ) 

»  Mais  nous  n'avions  pas  constaté  encore  la  formation  de  ce  ilernier. 
Pour  vérifier  sa  présence,  nous  avons  placé  à  l'entrée  et  à  la  sortie  du  ma- 
tras,  deux  tubes  contenant  une  solution  de  nitrate  d'argent.  Or,  au  bout  de 
deux  heures,  le  nitrate  n'était  pas  altéré  à  l'entrée,  tandis  qu'il  était  mani- 
festement réduit  à  la  sortie,  sous  l'influence  des  deux  courants  de  gaz. 

»  Ces  expériences  nous  paraissaient  plus  concluantes  avec  un  gaz  plus 
inerte.  Nous  les  avons  reprises  une  troisième  fois  avec  l'azote,  et  les  ré- 
sultats ont  été  absolument  conformes  aux  premiers.  Comme  l'oxygène  et 
l'hydrogène,  un  courant  d'azote  favorise  donc  et  rend  bien  manifeste  la 
décomposition  ou  peut-être  mieux  la  dissociation  vers  loo  degrés  de  la 
solution  aqueuse  d'acide  oxalique. 

»  Ces  expériences  ont  les  plus  grands  rapports  avec  celles  de  M.  Gernez, 
que  rappelle  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  dans  ses  savantes  leçons  sur  l'af- 
finité (i).  Elles  contredisent  au  contraire  celles  de  M.  Giov.  Bizio  (2)  qui 
attribuait  la  décomposition  de  lacide  oxalique  en  dissolution  à  l'action  de 
l'oxygène  de  l'air. 

»  Ces  recherches  ont  été  faites  au  laboratoire  de  l'école  pialique  de 
l'école  de  pharmacie.  » 

CHIMIE  OliGAlNiQUE.  —  Transformation  du  cidomi  en  aldélijde,  par  snhstiluliou 
inverse.  Note  de  M.  J.  Personne,  présentée  par  M.  Bussy. 

«  La  transformation  des  acides  chloracétiques  en  acide  acétique  ordi- 
naire, obtenue  par  M.  Melsens,  en  substituant  l'hydrogène  au  chlore  de 
ces  composés  à  l'aide  de  l'amalgame  de  sotlium,  m'a  fait  penser  qu'il  serait 
possible  d'obtenir  un  résultat  semblable  avec  le  eliloral  C^HCl'O-,  et  de 
le  transformer  ainsi  en  aldéhyde  C'H''0",  type  chimique  dont  il  paraît 
dériver. 

»  Cette  transformation  ne  peut  s'exécuter  dans  une  liqueur  alcaline;  ou 
sait,  en  effet,  avec  quelle  énergie  les  alcalis  transforment  le  chloral  hydi  até 
en  chloroforme  et  acide  formique;  mais  elle  s'effectue  avec  la  plus  giande 
facilité  par  l'intermédiaire  du  zinc  au  sein  d'une  liqueur  acide.  Il  stdfit  de 
mettre  un  pende  tournure  de  zinc  dans  une  solution  d'iiydrate  de  chlor.d, 
acidulée  par  l'acide  sulfurique  ou  chlorhydrique,  pour  percevoir  l)ientot 
l'odeur  de  l'aldéhyde.  En  opérant  dans  une  cornue   munie  d'un  lécipient 


(1)    Leçim.i  sur  l'offiiiité  professées  n  la  Société  ChimiijUi',  j).  62,    l86g. 
(3)   Bidklin  de  la  Hociété  Chimique,   p.   4--9'  '""*'  1870. 


(    2'i8    ) 

bien  refroidi  parla  glace,  et  en  ayant  le  soin  de  n'ajonter  l'acide  étendu 
que  par  très-petites  fractions,  la  panse  de  la  cornue  étant  chauffée  vers 
■+-  5o  degrés,  j'ai  pu  produire  une  tpiantité  d'aldéhyde  assez  grande  pour 
la  rectifier  et  en  obtenir  de  Taldéhydate  d'ammoniaque,  en  quantité  suffi- 
sante j)our  en  bien  constater  tous  les  caractères  qui  ne  laissent  aucun  doute 
sur  sa  nature.  Outre  l'aldéhyde,  il  se  produit,  dans  ces  circonstances,  une 
quantité  considérable  des  polymères  de  l'aldéhyde,  et  surtout  la  paral- 
déliyiie,  qui  nage  eu  couche  huileuse  à  la  surface  du  liquide  distillé. 

»  Celte  expérience  fait  voir  que  le  chloral  CMlCl'O-  dérive  bien  de  l'al- 
déhyde C^H^O'',  qu'il  régénère  par  substitution  inverse,  de  même  que  le 
trichlorure  acétique  CHICFO^  ou  chlorure;  de  dichloracétyle  C*HC1^0-Cl, 
son  isomère  de  composition,  dérive  de  l'acide  acétique,  puisque  ce  dernier, 
traité  au  sein  de  l'eau  par  l'amalgame  de  sodium,  se  transforme  en  acide 
acétique  C^H'O*. 

»  J'ai  réalisé,  en  outre,  la  combinaison  de  l'ammoniaque  avec  le  choral 
anhydre  C'HCl'O-,  AzH^  ou  aldéhydate  d'annnoniaqne  trichloré,  tout  à 
fait  conq)arable  à  l'aldéhydate  d'annnoniaqne  CM4'^0-,  AzH'. 

»  Ce  composé  s'obtient  en  faisant  arriver  très-lentement  du  gaz  ammo- 
niac sec  dans  un  vase  renfermant  une  très-petite  quantité  de  chloral  anhydre 
bien  refroidi  :  c'est  un  corps  blanc,  fusible  et  volatil  ;  son  odeur  est  com- 
parable à  celle  de  l'aldéhydate  d'ammoniaque;  traité  par  l'acide  sulfuriqu(> 
concentré,  il  régénère  le  chloral  anhydre,  avec  formation  de  sulfate  d'am- 
moniaque; enfin  l'eau  le  découipose  en  chloroforme  et  tormiate  d'ammo- 
niaque. 

»  Si,  pour  effectuer  cette  combinaison,  on  opère  sur  des  quantités  de 
chloral  de  plus  de  2  à  3  grammes,  et  que  le  courant  de  gaz  ammoniac  ne 
soit  pas  bien  ménagé,  la  masse  s'échauffe,  malgré  l'emploi  d'un  réfrigérant 
énergique,  et  alors  on  obtient  toujours,  outre  le  produit  princi|)ai  (aldéhy- 
dale  d'ammoniaque  trichloré),  une  quantité  assez  grande  d'un  liquide  siru- 
peux. L'examen  de  ce  liquide  m'a  fait  voir  qu'il  était  constitué  par  du 
chloroforme  C-HCl%  qui  a  été  isolé  par  distillation,  et  par  de  la  formamide 
C'AzlFO",  avec  laquelle  j'ai  obtenu  de  l'acide  cyanhydrique  à  l'aide;  de 
l'anhydride  phosphorique.  L'ammoiiiaque,  en  se  combinant  avec  le  chloral 
anhydre,  peut  donc,  selon  les  circonstances,  s'tuiir  directeiiunt  à  lui  ou 
provoquer  son  dédoublement  selon  l'égalité  suivante 

CMIC1'0--+-  AzH^  =  C-HCP-f-  C=0=,AzIP. 
»  Quoique  la  production  du  chloral  par  1  action  directe  du  chlore  sur 


(    229    ) 

l'aldéhyde  n'ait  pu  encore  être  réalisée,  je  pense  que  les  faits  que  je  viens 
d'exposer,  joints  à  la  combinaison  du  chloral  avec  le  bisulfite  de  soude 
déjà  connue,  ne  doivent  plus  laisser  subsister  le  moindre  donte  sur  la  véri- 
table constitution  de  ce  corps,  et  qu'on  doit  considérer  le  chloral  comme 
de  l'aldéhyde  trichlorée.  » 

PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —    Influence  du  développement  hâtif  des  os 
sur  leur  densité.  Note  de  M.  A.  Sanson,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

«  J'ai  fait  connaître,  il  y  a  déjà  plusieurs  années,  la  théorie  du  phéno- 
mène de  la  précocité  des  animaux  de  boucherie,  réalisé  empiriquement 
par  Backewell,  an  siècle  dernier.  J'ai  montré  que  toutes  les  conséquences 
de  ce  phénomène,  d'une  importance  économique  assez  grande  pour  que 
son  auteur  ait  pu  être,  à  juste  titre,  considéré  comme  l'un  des  bienfaiteurs 
de  l'humanité,  ont  leur  point  de  départ  dans  l'achèvement  hâlif  du  sque- 
lette, manifesté  par  la  prompte  soudure  des  épiphyses  des  os  longs,  et  par 
l'éruption  corrélative  des  dents  permanentes  ou  dents  d'adulte. 

»  L'examen  anatoiniqne  et  physiologique  de  l'animal  précoce  fait  voir, 
en  effet,  que  sous  l'influence  île  cet  achèvement  hâtif  de  l'évolution  du 
système  osseux,  tous  les  autres  tissus  de  son  économie  acquièrent,  dans  un 
moindre  temps,  les  propriétés  qui  les  caractérisent  à  l'état  adulte,  lorsqu'ils 
l'ont  atteint  normalement.  Les  propriétés  organoleptiques  de  la  chair  ou 
de  la  viande,  par  exemple,  qui  sont  surtout  à  prendre  en  considération 
dans  ce  cas,  ne  diffèrent  point,  chez  les  sujets  d'une  même  race,  au  même 
degré  d'évolution  des  os,  quel  que  soit  le  temps  écoulé  depuis  leur  nais- 
sance. Ainsi,  chez  les  espèces  qui  sont  communément  adultes  après  six  ans, 
ces  propriétés  se  montrent  après  quatre  ans  avec  leur  développement  com- 
plet lorsque,  dès  ce  moment,  la  soudure  de  toutes  les  épiphyses  est  indiquée 
par  l'évolution  entière  de  la  dentition  permanente,  ce  qui  est  le  signe  exté- 
rieur non  douteux  de  la  précocité,  en  vertu  de  laquelle  l'animal  a  réelle- 
ment vécu  davantage  en  moins  de  temps. 

»  Mais  la  modification  produite  dans  la  durée  de  l'évolution  du  système 
osseux  par  les  circonstances  de  la  précocité  n'est  pas  sans  influence  sur  les 
propriétés  particulières  de  ce  système.  C'est  un  fait  bien  connu  que  le  sque- 
lette des  sujets  précoces  est  toujours  moins  volumineux  que  celui  des  ani- 
maux de  même  race,  considérés  comparativement  comme  tardifs.  L'ossa- 
ture fine  de  ces  sujets  est  une  de  leurs  qualités  les  plus  estimées  par  les  éle- 

C.  R.,   1870,  -l"  Semestre.  {T.  LXXI,  N»  5.)  3o 


(  ^3o  ) 
vpurs.  Ils  pensent  et  disent  aussi,  en  se  fondant,  par  nne  simple  induction, 
sur  celle  exiguïté  coinparative  dn  squelette,  qne  cehii-ci  est  plus  léger.  Il  y 
a  là   une  erreur  sur  laquelle  mon  but  principal  est  d'appeler,  dans  cette 
Note,  l'altenlion  par  une  démonstration  rigoureuse. 

»  Nous  prendrons  pour  base  de  cette  démonstration  deux  fémurs  pro- 
venant de  deux  béliers  mérinos,  âgés  l'un  et  l'autre  de  quinze  mois.  L'un 
de  ces  béliers  appartenait  à  une  famille  précoce  qui  vit  dans  le  département 
du  I>oiret  ;  l'autre  était  un  de  ces  méiinos  communs  qui  peu|)lent  le  dé- 
partement d'Eure-et-Loir,  et  qui  sont  connus  sous  le  nom  de  méiinos  de  la 
Beaiice.  Les  deux  os  ont  été  choisis  de  préférence,  parce  que  ce  sont  ceux 
chez  lesquels  la  soudure  des  épiphyses  a  lieu  d'abord. Toutes  celles  du  pre- 
mier sont  entièrement  soudées;  elles  sont  toutes  au  contraire  encore  dis- 
tinctes et  séparées  de  la  diaphyse  dans  le  second.  Nous  désignerons  le  pre- 
mier sous  le  nom  de  fémur  précoce;  le  second  sous  celui  de  fémur  commun. 
Leurs  densités  respectives  ont  été  déterminées  au  laboratoire  de  l'École 
Normale,  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  lui-même,  que  je  me  plais  à 
remercier  ici  de  son  obligeante  condescendance. 

»  Voici  maintenant  les  résultats  numériques  de  l'examen  de  ces  deux  os  : 

Lonîjiieur  Poids  de  l'os      Volume  de  Tos 

de  la  diaphyse.  entier.  entier.  Densité, 

m  gr  ce 

i"  Fémur  précoce o,i3  Q^jQS  70  ^  j^4^ 

2°  Fémur  commun.  ..  .        0,16  99>4')  78  '>274 

))  Les  chiffres  qui  précèdent  expriment  le  phénomène  |)our  tous  les  cas 
analogues.  La  réduction  de  la  taille  et  du  poids  absolu  du  squelette,  chez 
les  sujets  de  même  âge  et  de  même  race,  doués  de  la  précocité,  s'accom- 
pagne toujours  d'une  augmentation  du  poids  spécifique  ou  de  la  densité 
des  os,  contrairement  à  l'opinion  reçue  pai  mi  les  éleveurs.  Or,  cette  aug- 
menialioii  de  densité  fournit  une  confirmation  nette  de  la  théorie  physio- 
logique que  j'ai  donnée  de  la  précocité.  En  elfet,  elle  ne  peut  être  due  qu'à 
une  proportion  |)lus  forte  des  matières  minérales  dans  la  constitution  du  sys- 
tème osseux;  et  en  déterminant  les  conditions  de  la  méthode  d'alimentation 
qui  réalise,  à  coup  sur,  la  précocité  du  développement,  j'ai  fait  voir  que  le 
rôle  |)rincipal,  dans  celte  méthode,  appartient  aux  graines  ou  semences  ri- 
ches en  phosphate  calcaire,  qui  entrent  dans  la  ration  à  titre  d'aliment  com- 
plémentaire. Par  la  direction  ainsi  imprimée  à  l'active  nutrition  du  jeune  âge, 
les  corpuscules  osseux  s'organisent  en  abondance;  ils  envaliissent  plus  tôt  la 
couche  de  chondroplastes  qui  séj)are  les  épiphyses  de  la  diaphyse  et  par  la- 


(  23i  ) 
quelle  se  fait  en  longueur  l'accroissement  de  celle  ci.  Une  fois  la  soutiure 
opérée  par  l'ossification  complète  de  cette  couche  de  ch()n<lio[)l.Tsles,  l'os 
étant  achevé,  la  nutrition  n'a  plus,  comme  dans  les  cas  ordinaires,  qu'à 
pourvoir  à  son  entretien.  Celui-ci  est  devenu  moins  onéieux,  si  l'on  peut 
ainsi  dire,  en  matières  organiques,  par  le  fait  du  moindre  volume  de  l'os. 
Celles  qui  auraient  dû  pourvoir  à  raccroissement  du  tissu  osseux  restent 
donc  disponibles  et  peuvent  servir,  avec  les  matières  minérales  de  la  ration 
alimentaire,  au  développement  ultérieur  des  parties  molles,  des  masses  mus- 
culaires et  adipeuses,  notamment,  dont  l.i  prépondérance  caractérise  à  un 
très-haut  degré  les  animaux  précoces.  Cftte  prépomlèraiice  donne  à  leur 
corps  la  forme  cubique  tant  recherchée  comme  indice  certain  d'un  fort 
rendement  en  viande  nette. 

»  C'est  ainsi  que  la  conformation  particulière  des  animaux  précoces  de 
boucherie  est  la  conséquence  nécessaire  du  phénomène  physiologique  tlont 
la  condition  fondamentale  vient  d'être  mise  en  évidence  et  que,  contraire- 
ment à  l'opinion  répandue  parmi  les  éleveurs  les  plus  habiles,  la  précocité  ne 
dépend  point  de  la  conformation,  mais  bien  la  conformation  de  la  préco- 
cité. D'où  il  suit,  comme  conclusion  pratique,  que,  dans  les  opérations 
d'élevage  des  animaux  de  boucherie,  la  méthode  d'alimentation  des  jeunes 
importe  encore  [)lus  que  la  sélection  des  reproducteurs,  puisque  les  beautés 
relatives  de  la  conformation,  témoins  de  l'aptitude,  sont  toujours  en  raison 
du  degré  de  hàtivité  de  la  soudure  des  épiphyses  des  os  longs.   » 

PHYSIOLOGIE  THÉRAPEUTIQUE.  —  De  l'action  des  alcalins  sur  l'organisme.  Note 
de  M3I.  Rabuteau  et  Constant,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

«  En  1825,  M.  Chevreul  publia  dans  les  Mémoires  du  Muséum  d'histoire 
naturelle,  t.  XII,  ses  recherches  remarquables  sur  l'action  siuuiltanée  de 
l'oxygène  gn/eux  sur  un  grand  nombre  de  subst.mces  organiques.  Il  dé- 
montra que  telles  substances  organiques,  qui  ne  se  décomposeraient  |)as  au 
milieu  de  l'atmosphère  dans  un  temps  déterminé,  s'y  décomposent  plus  ou 
moins  vite  dans  ce  même  temps  lorsqu'elles  sont  mises  en  cont^îct  avec  les 
dissolutions  alcalines,  qui,  sans  la  présence  de  l'oxygène,  ne  produiraient 
d  ailleurs  aucune  altération  dans  ces  mêmes  substances. 

»  Plus  tard,  les  thérapeutistes,  se  fondant  sur  les  faits  signalés  par  l'il- 
lustre chimiste,  on  établit  une  théorie  relative  à  lacliou  «les  alcalins.  D'après 
cette  théorie,  qui  n'était  basée  sur  aucune  expérience  scientifique  faite  ni 
sur  les  animaux,  ni  sur  l'homme,  et  dont  M.  Mialhe  a  été  un  des  principaux 

3o.. 


(    232    ) 

promoteurs,  les  alcalins  devaient  être  des  agents  puissants  d'oxydation,  ils 
devaient  augmenter  l'urée  et  l'acide  carbonique  et,  de  plus,  activer  la  cir- 
culation. Ils  devaient,  par  conséquent,  agir  comme  des  médicaments  pré- 
cieux dans  la  glycosurie  et  dans  l'albuminurie,  en  un  mot  reconstituer 
l'économie  par  leur  action  sur  la  nutrition. 

»  Mais  les  résultats  chimiques  devaient  bientôt  faire  justice  de  cette 
théorie  erronée  et  faire  dire  à  Trousseau  que  :  L'abus  des  alcalim  avait  fait 
plus  de  mal  que  l'abus  de  l'iode.  11  est  en  effet  reconnu  aujourd'hui  que 
les  alcalins  sont  toujours  inutiles,  sinon  nuisibles,  dans  la  glycosurie,  ce 
qu'avaient  déjà  démontré  d'une  manière  directe  les  expériences  de  M.  Pog- 
giale,  qui  a  vu  que  la  glycose  ne  diminuait  pas  dans  l'organisme  sous  l'in- 
fluence du  bicarbonate  de  soude.  Il  est  reconnu  que  ces  mêmes  médica- 
ments produisent  les  effets  les  plus  désastreux  dans  l'albuminurie.  On  sait 
également  que  les  alcalins  épuisent  rapidement  l'économie  au  lieu  de  la 
reconstituer. 

»  Ces  derniers  faits  ne  sont  pas  admis  par  tous  les  médecins,  entre  autres 
par  les  médecins  des  eaux  de  Vichy.  D'un  autre  côté,  pour  ruiner  une 
théorie  qui  a  la  prétention  de  se  baser  sur  des  faits  observés  même  en 
dehors  de  l'organisme,  il  faut  lui  opposer  des  expériences  directes.  C'est 
cette  dernière  tâche  que  nous  avons  entreprise,  soutenus  par  la  pensée 
d'être  utiles  à  la  science  et  à  la  pratique  médicale.  Nos  expériences  .sont 
peu  nombreuses  encore,  mais  la  rigueur  que  nous  avons  introduite  dans  le 
procédé  que  nous  avons  suivi,  et  les  l'ésultals  concordants  auxquels  nous 
sommes  arrivés,  nous  permettent  déjà  de  poser  des  conclusions.  D'ailleins 
ces  résultats  expliquent  tous  les  faits  observés  au  lit  du  malade,  effets  inex- 
plicables d'après  la  théorie  que  nous  combattons;  ils  viennent  par  consé- 
quent jeter  quelque  jour  sur  l'action  naguère  si  obscure  des  composés  alca- 
lins. 

»  Nous  avons  expérimenté  sur  les  bicarbonates  de  potasse  et  de  soude. 
Pendant  tout  le  temps  de  l'expérimentation;  on  a  suivi  un  régime  ausii 
identique  que  possible  qui  avait  été  adopté  quelques  jours  auparavant,  afin 
de  discerner  complètement  l'action  de  ces  médicaments. 

M  L'un  de  nous  a  pris  5  grammes  de  bicarbonate  de  |iotasse  par  jour 
(28'',  5  au  déjeuner  et  2^'',  5  au  dîner),  pendant  cinq  jours  de  suite.  En  com- 
parant les  quantités  d'urée  éliminée  sous  l'influence  de  ce  sel  et  pendant  les 
cinq  jours  précédents  et  les  cinq  jours  suivants,  nous  avons  vu  que  ce 
principe  immédiat  avait  diminué  d'au  moins  20  pour  100.  Le  nombre  des 
pulsations  a  diminué. 


(  à-M  ) 

»  Chez  une  femme  qui  a  pris,  pendant  sept  jours,  6  grammes  de  bicar- 
bonate de  potasse  par  jour,  l'urée  a  diminué  de  23  |)our  loo.  Le  pouls  n 
diminué  ainsi  ijue  la  température.  Ces  trois  résultats  indiquaient  évidemment 
un  ralentissement  des  combustions. 

I)  Enfin  l'un  de  nous  a  pris,  pendant  dix  jours  de  suite,  5  grammes  de 
bicarbonate  de  soude  par  jour.  I-a  diminution  de  l'urée  a  été  parfois  de 
plus  de  20  pour  loo,  et  les  battements  cardiaques  se  sont  ralentis. 

»  Nous  ne  notons  ici  que  les  résultais  principaux  de  ces  expériences, 
dont  la  première  a  duré  quinze  jours,  la  seconde  dix-huit  jours  et  la  troi- 
sième vingt  jours,  en  tenant  compte  du  temps  pendant  lequel  on  dosait 
l'urée  et  l'on  notait  le  pouls  et  la  température,  bien  que  l'on  ne  prît  pas 
de  médicament.  Ces  expériences  seront  d'ailleurs  rapportées  ailleurs  avec 
tous  les  détails  nécessaires.  Nous  dirons  seidement  que  l'appétit  a  dimi- 
nué, que  l'un  de  nous  fut  obligé  parfois  de  se  forcer  pour  prendre  la  ration 
d'aliments  qu'il  s'était  prescrite;  nous  dirons  également  qvi'il  s'est  manifesté 
un  commencement  notable  d'anémie,  surtout  chez  la  femme  qui  prit  en 
tout  l\i  grammes  de  bicarbonate  de  potasse.  Ce  dernier  fait  prouve  une 
diminution  de  globules,  diminution  que  des  expériences  directes,  com- 
mencées sur  les  animaux,  nous  ont  déjà  permis  de  constater.  Enfin  nous 
avons  noté  un  affaiblissement  général,  surtout  sous  l'influence  du  bicar- 
bonate de  potasse. 

»  Ces  données  expérimentales  donnent  l'explication  d'un  paradoxe  thé- 
rapeutique que  nous  allons  signaler  d'abord  ;  elles  expliquent  également 
les  faits  chimiques  contraires  à  la  théorie  admise  jusqu'ici,  et  rendent 
compte  de  l'épuisement  produit  par  les  alcalins.' 

»  i"  Il  existe  un  groupe  de  médicaments  tempérants,  les  refric/erentia  de 
Linné,  parmi  lesquels  se  trouvent  les  fruits  acides.  Or  ces  fruits  acides 
donnent  naissance  à  des  carbonates  alcalins  dans  l'économie  :  on  était 
obligé  d'admettre  cju'ils  agissaient  d'abord  comme  tempérants,  puis  comme 
médicaments  oxydants.  Nos  expériences  [ironvent  que  ces  substances  sont 
tempérantes,  depuis  le  moment  de  leur  introduction  dans  l'économie  jus- 
qu'à leur  élimination  complète. 

»  a°  Certaines  maladies  essentiellement  fébriles,  telles  que  le  rhumatisme 
articulaire  aigu  et  même  la  pneumonie,  sont  heureusement  influencées  par 
les  alcalins.  On  sait  que  ces  médicaments,  loin  de  produire  des  effets 
incendiaires,  dus  à  un  prétendu  accroissement  des  oxydations,  |)roduisent 
dans  ces  maladies  une  détente  générale,  une  diminution  du  pouls  et  de  la 
température,  ce  qui  est  conforme  à  nos  expériences. 


(  a34  ) 

»  3°  Si  les  alcalins  favorisaient  les  oxydations,  ils  devraient  agir  comme 
des  médicaments  héroïques  dans  la  glycosurie  et  dans  l'albumiiierie.  Or 
les  eaux  alcalines  ont  produit  souvent  les  effets  les  plus  désastreux  dans 
ces  maladies. 

»  4°  I-*"»  médicaments  qui  activent  les  oxydations  accroissent  la  force 
vitale.  Tel  est  le  sel  marin  qui,  ajouté  en  excès  aux  aliments,  a  produit, 
d'après  des  recherches  de  M.  Rabuteau,  une  augmentation  de  l'urée  de 
20  pour  100  (1).  Or  les  alcalins  produisent  des  effets  directement  opposés. 
Nous  dirons  pourtant  qu'à  très-fnible  dose  ils  n'ont  pas  diminué  les  oxyda- 
tions, qu'ds  ont  au  contraire  paru  les  augmenter,  ce  que  nous  expliquons 
par  leur  transformation  en  chlorure  dans  l'estomac  à  l'aide  de  l'acide 
chlorhydrique  du  suc  gastrique.  Mais  alors  il  ne  s'agit  plus  d'un  médica- 
ment alcalin. 

»  Tels  sont  les  principaux  résultats  de  nos  recherches  et  les  principales 
déductions  qu'on  en  peut  tirer.  Quant  à  la  raison  des  effets  des  alcalins, 
nous  croyons  qu'elle  réside  dans  leur  action  primitive  sur  les  globules  san- 
guins qu'ils  détruisent,  attendu  que  ces  globules  sont  les  agents  vecteurs 
de  l'oxygène,  par  conséquent  les  agents  directs  des  oxydations. 

»  Nous  ne  dirons  rien  des  alcalins  considérés  comme  lithontriptiques 
vis-à-vis  des  calculs  d'acide  urique.  Leur  action  est  ici  parfaitement  claire, 
et  nous  n'avons  rien  à  ajouter.  Nous  nous  élèverons  seulement  contre 
l'opinion  admise  encore  par  quelques  médecins,  que  les  alcalins  peuvent 
être  utiles  contre  tous  les  calculs,  même  contre  les  calculs  phosphatiques. 
En  effet,  dans  nos  expériences,  les  urines  qui  ont  été  en  général  claires 
sous  l'influence  des  alcalins,  étaient  troubles  le  premier  jour  de  l'ingestion 
de  ces  médicaments.  Cette  exception  est  conforme  aux  faits  signalés  déjà 
par  Wohler,  qui  a  vu  que,  sous  l'influence  des  alcalins,  les  urines  laissaient 
déposer  des  phosphates  terreux.  Les  dosages  d'urée  et  les  recherches  pra- 
tiques que  nécessitaient  nos  expériences  ont  été  faites  dans  le  laboratoire 
de  M.  Robin.  » 

(i  )  Cette  augmentation  de  la  combustion,  produite  par  le  sel  marin,  explique  comment  les 
animaux,  soumis  au  régime  salé  par  M.  Boussingault  et  M.  Plouvicz,  avaient  plus  de  vigueur 
et  n'augmentaient  pas  de  poids,  bien  que  les  aliments  fussent  eonsommés  en  plus  grande 
quantité. 


(  235  ) 

MICROGRAPHIE.  —    Recherches  et   expériences  sur  la   nature  et  l'origine  des 
miasmes  paludéens  ;  par  M.  P.  Balestra.  (Extrait  par  M.  Balard.) 

«   En  examinant  au  microscope  les  eaux  des  marais  Pontins,  celles 

de  Mnccarebe  et  d'Ostie,  on  les  voit  remplies  d'Infusoires  de  différentes 
espèces,  selon  la  provenance  de  l'eau  et  son  degré  de  corruption  (Bursa- 
riens,  Trichodiens,  Vorlicelliens).  Mais,  parmi  ces  êtres,  celui  qui  frappe 
le  plus  par  sa  présence  dans  les  eaux  de  ces  marais,  et  toujours  en  nombre 
proportionné  au  degré  de  leur  putréfaction,  est  une  petite  plante,  un 
microphyte  granulé  qui  appartient  à  l'espèce  des  Algues,  d'une  forme 
spéciale  et  constante,  qui  rappelle  un  peu  celle  du  Cactus peruvianus.  Il  est 
toujours  mêlé  à  une  quantité  considérable  de  petites  spores,  de  yoVô  ^^ 
milliinèlre  de  diamètre,  jannes-verdâtres  et  transparentes,  ainsi  qu'à  des 
sporanges  ou  vésicules  contenant  ces  spores,  de  -j-|^  à  ■—  de  millimètre  de 
diamètre,  et  de  formes  très-caractéristiques. 

»  Cette  Algue  surnage  à  la  surface  de  l'eau  ;  elle  est  irisée  si  elle  est 
jeune,  et  reproduit  l'apparence  de  taches  d'huile.  A  la  température  basse 
des  caves,  ainsi  que  dans  l'eau  ne  contenant  pas  de  végétaux,  cette  Algue 
et.  les  spores  nombreuses  qui  l'accompagnent  ne  se  développent  que  très- 
lentement.  Si  elle  se  trouve  au  contact  de  l'air,  exposée  aux  rayons  solaires 
en  présence  de  végétaux  en  décomposition,  elle  pousse  vite  en  laissant 
dégager  de  petites  bulles  gazeuses. 

»  Mais  il  n'en  est  plus  ainsi  si  l'on  ajoute  à  l'eau  qui  les  contient  quel- 
ques gouttes  d'une  solution  d'acide  arsénieux,  de  sulfite  de  soude,  et  mieux 
encore  de  sulfate  neutre  de  quinine.  Toute  végétation  de  l'Algue  cesse 
alors  à  la  surface  de  l'eau;  celle  qui  s'était  déjà  développée  s'altère,  les 
spores  deviennent  minces  et  transparentes,  et  les  sporanges  éprouvent  une 
altération  qui  ne  permet  plus  de  les  reconnaître.  En  faisant  pénétrer  par 
capillarité,  sur  le  porte-ohjet  du  microscope,  une  solution  de  sulfate  de 
quinine,  dans  la  goutte  d'eau  que  l'on  examine,  on  voit  aussi  les  Infusoires 
mourir  à  l'instant,  et  l'Jlgueet  les  spores  s'altérer  profondément. 

»  Ces  spores  et  ces  sporanges  peuvent -ils  se  disséminer  dans  l'air? 
Deux  méthodes  différentes  ont  permis  d'acquérir  la  preuve  de  cette  dissé- 
mination. Si,  au  moyen  de  la  glace,  on  condense  l'eau  que  contient  l'at- 
mosphère des  lieux  paludéens,  cette  rosée  contient  quelque  chose  d'orga- 
nique et  colore  à  l'ébuilition  le  chlorure  d'or  en  violet.  Le  microscope  y 
fait  découvrir  des  granules  qui,  bleuissant  par  l'iode,  semblent  ainsi  être 
de  nature  amyloïde,  mais  et  surtout  des  quantités  considérables  des  mêmes 


(  236  ) 
spores,  mêlées  de  quelques  sporanges  que  renferment  les  eaux,  les  uns  et 
les  autres  reconnaissables  à  Icuis  formes  spéciales  et  caractéristiques.  Au 
lieu  (le  la  conclens  itiou  de  leau  par  la  glace,  on  a  fait  traverser  une  petite 
quantité  d'eau  distillée  par  de  l'air  pris  après  le  ci^ucher  du  soleil,  à  20  cen- 
timètres du  sol,  et  injecté  par  le  mouvement  d'une  pompe.  En  opérant 
avec  des  quantités  d'air  variant  de  i  mètre  à  8  mètres  cubes,  on  a  obtenu 
de  l'eau  cliargée  de  spores  comme  celle  de  la  rosée  déposée  par  la  glace, 
en  expérimentant  soit  dans  l'air  paludéen,  soit  à  la  surface  d'un  vase  à 
large  ouverture,  dans  lequel  on  avait  mis  une  couche  de  3  centimètres 
de  l'eau  des  marais. 

»  En  examinant  de  la  même  manière  l'air  pris  dans  la  ville  de  Rome 
et  dans  ses  environs,  JM.  le  D''  Balestra  a  obtenu  les  mêmes  spores  en  pro- 
jiortions  différentes,  selon  l'épuque  et  la  saison  :  elles  étaient  beaucoup  plus 
abondantes  a  la  iin  d'août,  et  surtout  quand  on  expérimentait  le  jour  qui 
suivait  la  fin  de  la  pluie.  Ce  nombre  de  spores  était  pourtant  beaucoup 
moindre  que  quanti  on  opérait  sur  l'eau  condensée  dans  l'atmosphère  des 
marais. 

»  Celte  eau,  contenant  des  spores  recueillies  dans  l'air,  développe 
promptement  a  la  surface  l'Algue  d'où  elles  jirovit'nnent  quand  on  ajoute  à 
cette  eau  quelques  feuilles  écrasées  d'une  plante  quelconque.  Mais  toute 
végétation  reste  suspendue,  et  l'Algue  pM'oduite  est  modifiée  et  presque  dé- 
truite, comme  quand  on  opère  avec  l'eau  des  marais,  si  l'on  ajoute  quel- 
ques gotittes  d'une  solution  de  sulfate  de  quinine,  de  sulfite  de  soude  ou 
d'acide  arséiiieux. 

»  Les  spores  flottant  dans  l'eau  de  la  rosée,  pas  plus  que  celles  qui  sont 
disséminées  dans  l'eau  des  marais,  ne  paraissent  subir  aucune  influence  de 
l'action  d'un  courant  d'air  chargé  fortement  d'ozone. 

»  L'eau  dans  laquelle  on  avait  fait  passer  8  mètres  cubes  d'air  aj)rès 
l'avoir  acidulée  par  l'acide  chlorhydrique,  n'a  pas  fourni  des  quantités 
sensibles  d'ammoniatpie.  Quant  aux  ga/,  qui  s'échappent  des  eaux  cor- 
rompues, on  en  a  trouvé,  dans  quelques  expériences,  un  volume  égal  à 
i5  poin-  100  environ  de  celui  de  l'eau.  Ils  étaient  foimés  d'acide  sulfliy- 
drique,  d'acide  carbonique  et  d'hydrogène  protocarboné.  Les  buffles  vivent 
au  milieu  de  ces  eaux  corrompues,  qui  sont  si  luiisibles  aux  honunes.  M.  le 
le  D''  Balestra  a  été  atteint  deux  fois  do  la  fièvre  intermittente,  pendant  ses 
recherches;  une  fois,  après  avoir  senti,  malgré  lui  et  d'une  manière  assez 
forte,  l'eau  en  fermentation  qui  était  couverte  d'Algues  nouvelles  en  pleine 
végétation,  mêlées  à  une  quantité  extraordinaire  de  spoi'es  cl  d'Inlusoires. 


(  '-37  ) 
»  M.  Balestra,  par  les  observations  nombreuses  qu'il  a  faites,  est  con- 
duit à  penser  que  le  principe  miasmatique  des  lieux  paludéens  réside 
dans  les  spores  elles-mêmes  ou  dans  quelques  principes  vénéneux  qu'elles 
renferment.  L'Algue  qui  les  produit  ne  se  développe  pas  dans  les  temps  de 
sécheresse,  mais  elle  peut  se  développer  à  la  suite  d'une  i)luie  faible,  tombée 
dans  les  temps  chauds,  qui  laisse  bientôt  à  sec  le  terrain  qu'elle  a  mouillé, 
ou  même  par  les  fortes  rosées  et  les  épais  brouillards  qui  s'élèvent  de  la 
mer  et  des  étangs,  et  à  la  suite  desquels  peuvent  se  produire  le  détachement 
et  la  migration  des  spores  :  l'auteur  explique  ainsi  le  développement  de  la 
fièvre  intermittente  qui,  faible  et  momentanément  suspendue  en  temps  de 
sécheresse,  acquiert  auprès  de  Rome  une  grande  intensité  pendant  les  mois 
d'août  et  de  septembre.  Si  cette  endémie  de  fièvre  paludéenne  ne  se  manifeste 
pas  en  hiver,  c'est,  selon  lui,  moins  à  cause  du  froid  qui  empêche  la  végé- 
tation de  l'Algue,  en  retardant  la  décomposition  des  substances  organiques, 
que  par  l'abondance  des  pluies  qui  recouvrent  les  lieux  où  existent  ces 
spores.  Leur  dissémination  dans  l'air,  possible  à  la  rigueur  même  du  mi- 
lieu de  l'eau,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  est  activée  d'une  manière  notable 
par  l'état  de  siccitédu  sol  sur  lequel  elles  sont  déposées.  Il  explique  aussi, 
par  l'action  des  sels  de  quinine  siu-  les  spores,  la  puissante  vertu  antimias- 
matique de  ces  médicaments.  » 

MINÉRALOGIE.  —  NoIe  sw  des  comliinaisons  crislnllisées  d'oxyde  de  plomb  et 
d'' oxyde  d'antimoine,  d'oxyde  de  plomb  et  d'acide  antinionique,  de  ti  provim  e 
de  Conslantine  {Algérie).  Note  de  M.  Flajolot,  présentée  par  M.  Combes. 

«  Il  existe,  à  Go  kilomètres  au  sud  de  Bône,  à  côté  d'ime  source  thermale 
Irès-fréquentée  par  les  Arabes  et  connue  sous  le  nom  de  Hamman-Nbaïl- 
Nador,  un  gisement  considérable  de  calamine,  contenu  dans  les  calcaires 
nununulitiques,  dans  lequel  ou  rencontre  en  abondance  des  géodes  tapis- 
sées de  cristaux  qui  me  paraissent  être  des  espèces  minérales  nouvelles. 

»  L'une  de  ces  espèces  est  ime  combinaison  d'oxyde  d'antimoine  et 
d'oxyde  de  plomb,  dont  la  formule  est  Sb^O',2PbO.  Elle  se  présente  en 
cristaux  très-aplatis,  de  forme  tabulaire,  portant  des  biseaux  aigus  sur  leurs 
quatre  côtés.  La  densité  de  ces  cristaux  est  de  7,02.  Leur  couleur  est  le 
brun  enfumé,  plus  ou  moins  foncé;  ils  sont  translucides,  et  leur  cassiu'e  a 
un  éclat  résineux.  Leiu' dureté  approche  de  celle  de  la  chaux  carbonalée. 

»  Leur  poussière  est  gri^e;  chauffée  dans  un  vase  ouvert  elle  dégage,  au 

<:.  R.,  1870,  i'  Semestre.  (T.LXXI,  N"  ô.)  ^1 


(  238  ) 
rouge  naissant,  des  vapeurs  blanches  d'oxyde  d'antimoine,  niais  dans  nn 
vase  couvert  on  peut  porter  la  température  jusqu'au  ramollissement  du 
verre  sans  qu'il  se  dégage  de  vapeurs.  Par  l'actiou  de  la  chaleur,  la  matière 
prend  une  couleur  jaune-orange,  qui  devient  jaune-citron  très-clair  après 
le  refroidissemeul. 

»  L'acide  chlorhydrique,  même  étendu  d'eau,  attaque  très-facilement  ce 
composé;  la  dissolution  a  lieu  sans  laisser  de  résidu,  si  le  volume  du  dis- 
solvant est  assez  considérable,  et  avec  dépôt  de  chlorure  de  plomb  dans  le 
cas  contraire.  Eu  ajoutant  de  l'eau  à  la  solution,  il  se  forme  lui  précipité 
blanc  d'oxychlorure  d'antimoine.  En  traitant  la  sub.siance  par  IVicide  azo- 
tique concentré,  il  se  dégage  d'abondantes  vapeurs  d'acide  hypo-azotique, 
il  se  forme  de  l'azotate  de  plomb  qui  se  dissout,  et  de  l'acide  antimonique 
qui  reste  insoluble,  mais  la  décomposition  ne  se  fait  pas  complètement. 
Un  mélange  d'acide  azotique  étendu  d'eau  et  d'acide  tartrique  dissout 
lentement  la  matière,  sans  laisser  de  résidu. 

»  L'analyse  de  cristaux  très-purs  m'a  donné  le  résultat  suivant  : 

Oxyde  d'antimoine 44)Oo 

Oxyde  de  plomb 56, oo 

100,00 

»  Cette  composition  ne  s'accorde  pas  bien  avec  la  formule  Sb^O',  2P6O. 
Il  y  a  là  quelque  chose  de  particulier  que  je  me  propose  d'étudier. 

»  Dans  les  géodes  où  l'air  et  l'humidité  ont  pu  avoir  accès,  les  cristaux 
que  je  viens  de  décrire  se  sont  transformés,  sans  changer  de  forme,  en  une 
matière  jaune-citron,  opaque,  ressemblant  à  du  plomb  molybdaté.  La  res- 
semblance est  d'autant  plus  grande  que  les  cristaux  de  ce  dernier  minéral 
sont  le  plus  souvent  des  tables  biselées,  dérivant  du  prisme  à  base  carrée. 
Toutefois  cette  forme  des  anciens  cristaux,  que  le  nouveau  com|iosé  a  con- 
servée, n'est  pas  sa  forme  propre,  car  je  l'ai  trouvée  dans  quelques  rares 
échantillons  en  aiguilles  très-déliées,  translucides  et  d'une  belle  couleur 
jaune.  Mais  je  n'ai  pu  distinguer  le  type  cristallin,  ni  en  isoler  une  quantité 
suffisante  pour  faire  l'analyse. 

»   La  substance  dont  il  s'agit  a  les  caractères  suivants  ; 

»  Chauffée  au  rouge,  elle  dégage  de  l'eau  et  de  l'acide  carbonique,  et 
elle  devient  d'un  brun  foncé;  après  le  refroidissement  elle  reste  d'un  beau 
jaune  orange. 

»  L'acide  chlorhydrique  ne  l'attaque  que  difficilement  à  froid,  et,  même 
à  chaud,  l'acide  carl)iini([ue  qu'elle  contient  ne  se  dégage  que  lentement. 


(  ^'^9  ) 
La  dissolution  s'effectue  sans  résidu  dans  un  volume  suffisant  de  liquide  et 
avec  dépôt  de  chlorure  de  plomb  si  la  liqueur  n'est  pas  assez  étendue.  Une 
addition  d'eau  précipite  de  l'acide  antimonique. 

M   L'analyse  chimique  d'iui  des  échantillons  les  plus  purs  que  j'ai  trouvés 

m'a  donné  : 

Oxyde  d'antimoine 4  >  80 

Acide  antimonique 35, 5o 

Acide  carbonique 4  >  ^o 

Oxyde  de  plomb 5i  ,5o 

Eau 4  '  00 

100,00 
»  L'oxyde  d'antimoine  provient  d'un  peu  de  la  combinaison  Sb'O'.aPbO 
non  encore  altérée,  et  l'on  peut  écrire  l'analyse  ainsi  : 

Sb-O^aPbO 11,80 

Sb=O^PbO 59,10 

CO'.PbO 25,10 

HO 4,00 

»  Les  quantités  d'antimoniate  de  plomb,  de  carbonate  de  plomb  et  d'eau 
conduisent  à  la  formule 

Sb^O'.PbO  +  CO^PbO  +  aHO. 

))  L'antimoniate  et  le  carbonate  de  plomb  sont-ils  considérés  ensemble 
ou  seulement  mélangés?  L'action  des  acides  me  ferait  penser  qu'ils  sont 
combinés,  mais  je  réserve  mon  opinion  jusqu'à  ce  que  j'aie  pu  me  procurer 
des  cristaux  purs  en  aiguilles  pour  en  faire  l'analyse. 

M  Outre  ces  matières  cristallisées,  la  calamine  fie  Hammam  Nbaïl  con- 
tient en  mélange  une  substance  amorplie,  ressemlilant  ;t  de  l'argile  ocreuse, 
qu'on  isole  aisément  au  moyen  de  l'acide  chlorhydrique  dans  lequel  elle 
est  insoluble,  et  qui,  tlesséchée  à  100  degrés,  a  pour  composition 

Acide  antiuioni(jue 63, 5o 

Sesquioxyde  de  fer .      3i  ,4o 

Eau 5,10 

100,00 
»   Cette  composition  correspond  à  la  formule  Sb-0*.Fe"0'  +  IHO. 
»   Si  la  combinaison  d'oxyde  d'antimoine  et  d'oxytle  de  [)lond)  que  je 
viens  de  décrire  est  bien  une  espèce  minérale   nouvelle,  je  pro(>oserai  de 
l'appeler  nadotite,  du  nom  de  la  localiié  où  est  son  gisement,  laquelle  porte 
le  nom  de  Djehtl-Nador.  » 

3i.. 


(  24o  ) 

M.  A.Valabrègue  adresse  une  Note  concernai)!  riiifliieiice  île  la  force 
centrifuge  sur  les  marées. 

M.  DcKAiVD  soumet  à  l'apprécialion  de  l'Académie  une  lassefiltrc,  destinée 
à  rendre  la  limpidité  à  une  eau  contenant  en  suspension  des  corps  solides. 
Ce  petit  appareil  a  la  dimension  d'une  lasse  moyenne;  elle  est  en  toile  iiu- 
perméable,  et  munie  à  l'intérieur  d'une  sorte  d'entonnoir  renversé,  en  fla- 
nelle épaisse,  qui  est  surmonté  d'un  petit  tuyau  servant  à  as])irer  l'eau 
avec  la  bouche. 

M.  Trémaux  adresse  une  épreuve  de  la  quatrième  Partie  d'un  Ouvrage 
en  voie  de  publication,  sur  le  «   principe  de  la  vie  animale  et  végétale  ». 

«  M.  Chasles  fait  hommage  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  le  prince 
Boncompagni,  des  deux  premiers  cahiers  du  tioisième  volume  du  Bullellino 
délie  Scieiize  tnatematiche  efisiche.  Le  premier  cahier,  de  janvier  1870,  con- 
tient un  article  fort  étendu  de  M.  E.  Siacci,  de  Turin,  sur  les  Ouvrages  du 
comte  de  Fagnano.  Il  s'agit  principalement  du  célèbre  théorème  sur  cer- 
tains arcs  d'ellipse  dont  la  différence  est  algébrique,  théorème  qui  a  inspiré 
aussitôt  de  beaux  Mémoires  à  Euler,  à  Lagrange  et  à  Legendre,  et  marque 
ainsi  l'origine  de  la  théorie  des  fonctions  elliptiques.  A  la  suite  de  ce  tra- 
vail se  trouvent  deux  pièces  qui  se  rapportent  au  même  sujet  :  d'abord  un 
Mémoire  sur  le  comte  de  Fagnano,  existant  en  manuscrit  dans  la  Biblio- 
thèque du  Vatican;  puis  un  Exposé,  par  M.  A.  Genocchi,  des  recherches 
auxquelles  la  théorie  des  fonctions  elliptiques  et  abéliennes  a  donné  lieu 
jusqu'à  nos  jours.  La  livraison  de  février  contient  une  analyse,  parM.Hoûel, 
d'un  Ouvrage  du  D'' G.  Friedlein,  écrit  en  allemand,  sur  les  procédés  de 
calcul  employés  dans  l'antiquilé  et  au  moyen  âge.  » 

«  M.  CiiASLES  présente  en  outre,  au  nom  de  ses  collègues  de  la  Section 
mathématique  des  Hautes  Études,  les  quatre  numéros  de  mars,  avril,  mai, 
juin,  du  Bulletin  des  sciences  tnalliémaliiiues  et  aslrononiiqitcs.  Ces  luiméros 
contiennent  un  article  de  M.  Bcrlrand,  sur  la  vie  et  les  travaux  de  Caucliy; 
un  article  de  M.  Radau,  sur  les  complexes  de  Pliicker;  de  M.  lloiiel  sur  le 
Diclionniiirc  nialliémalicjue  allemand  de  MM.  Hoffmann  etNatani,  sur  les 
Eléments  de  inatlicmatiques  de  M.  Ballzer,  sur  lui  Traité  de  M.  Hankel 
relatif  à  la  discontinuité  des  fonctions;  des  articles  de  M.  Darboux,  sur  i\n 
modèle  delà  surface  du  troisième  degré  à  vingt-sejjl  droites  réelles  exécuté 


(  24i  ) 

par  M.  Wiener,  sur  ks  siiigiilarilés  des  courbes  et  sur  un  Mémoire  de 
M.  Zeuthen;  un  article  de  M.  Beltranii,  sur  un  Mémoire  île  M.  Christoffel, 
relatif  aux  lignes  géodésiques.  La  partie  relative  aux  Mémoires  comprend 
l'analyse  des  Malhemalisclte  Jniialcn,  de  MiNI.  Clebsch  et  Neunianii,  des 
Astronomische  Nacliricltlen,  du  Journal  de  M.  Liouville,  du  Bulletin  dit  j)rincc 
Boncompacjni,  des  Archives  de  M.  Grïinerl,  des  journaux  danois,  des  Pliilo- 
sopliical  Transactions  de  la  Société  royale  de  Londres,  du  Giornale  publié 
à  Naples  par  M.  Battaglini  ;  du  lîecueil  des  Sociétés  d'Edinburgli,  de  Man- 
chester, de  l'Institut  Lombard  ;  des  Académies  de  Berlin,  d'Amsterdam,  de 
Goettingue,  etc.  » 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  6  heures.  1). 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  i8  juillet  1870,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Des  méthodes  dans  les  sciences  de  raisonnement;  par  M.  J.-]\L-C.  DUHAMEL, 
Membre  de  l'Institut.  4*  Partie.  Paris,  1870;  in -8°. 

Bulletin  des  Sciences  mathémnliijues  et  astronomiques,  rédigé  par  M.  G.  Dah- 
BOUX,  avec  la  collaboration  de  RIM.  HoiJEL  et  I>OEWY,  sous  la  direction  de  la 
Commission  des  Hautes  Études,  t.  P%  mars  à  juin  1870.  Paris,  1870;  4""' 
iu-S".  (Présenté  par  M.  Chasies.) 

Histoire  du  solde  Tout.  Dix-septième  Noie  sur  l'oiigine  de  l'espèce  humaine 
dans  les  enviions  de  cette  ville:  par  M.  HUSSON.  Toul,  1870;  br.  in-8''. 

-Rapport  à  i Académie  de  Bordeaux  sur  deux  Mémoires  de  MJNI.  LiNDER  et  le 
Comte  Alexis  de  Chasteignier,  et  réplique  aux  observations  critiques  de 
M.  Raulin  sur  ce  Ilapport,  suivi  d'une  Note  additionnelle  relative  à  deux  fos- 
siles du  sud-ouest;  par  M.  Ch.  DES  MouLiNS.  Bordeaux,  1870;  in-8°. 

Expériences  comparatives  exécutées  en  1S68,  près  de  Berlin,  avec  un  canon 


(     2^2     ) 

prussien  en  acier  Rriijip  se  clinrtjt'unt  /i<ir  la  (  niasse,  el  le  canon  de  fVootwicli  de 
228"™, 6;  par  M.  C.  DE  Doppelmaih.  Traduction  du  Journal  de  r Arldicrie 
rusic,  1869,  par  M.  MARTIN  DE  BuETTES.  Paris,  1870;  in-8°  avec  planches. 

Le  bassin  de  Paris.  Recueil  de  Mémoires  vebdifs  au  bassin  tertiaire  de  cette 
région  et  à  l'époiptc  tertiaire.  Culaloipie  des  Molluscjucs  des  sables  inférieurs; 
par  M.  A.  Watelet.  Paris,  1870;  in-8''. 

Les  emjrais  chimiques  appiupiés  à  la  1  allure  de  la  vigne.  Expériences  agri- 
coles faites  à  liocliet  en  1869  pm-  M.  C.  Saintpierre.  Monrpellier,  1870; 
br.  111-8°. 

Le  vin  au  point  de  vue  liygicnicpie  et  alimentaire  ;  par 'M.  C.  Saiintpie1!RE. 
Aloiitpellier,  1870;  br.  iii-8". 

Premières  expériences  sur  la  deslrnction  du  pmeron  de  la  viipie;  Note  par 
MM.  Planchon  e<  Saintpierre.  MonrpelUer,  x868-,  br.  iu-8''. 

Les  atmosphères  respirables  des  (uves  vinaires,  etc.;  par  M.  t".  Saintpierre. 
Paris,  1869;  br.  in-8^ 

Chute  de  Moise  et  des  potentats  religieux,  etc.;  par  M.  A. -S.  B.,  2' édition. 
Lyon,  1870;  in- 12.  (2  exemplaires.  ) 

Examen  critique  de  la  loi  du  3o  juin  1808  sur  les  aliénés,  par  la  Société 
médico-pratique  de  Paris.  Rapport  fait  an  nom  de  la  Commission  par  le  D''  CoL- 
LINEAU.  Paris,  1870;  br.  iii-8°.  (2  exemplaires.) 

Congrès  international  pour  le  proqrès  des  sciences  géographiques,  cosmogra- 
phiques el  commerciales,  qui  sera  tenu  à  .-hivers  du  i4  au  21  août  1870  :  Pro- 
gramme définitif.  Anvers,  1870;  iii-4". 

Pli.-J.  Roux,  s<i  vie,  ses  œuvres;  par  M.  UiONis  DES  Carrières.  Auxerre, 
1870;  br.  iM-8''.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  des  sciences  hiitoiiques  et 
naturelles  de  l'Yonne.)  (Présent!^  par  M.  le  llaron  Larrcy.) 

BtiUettiiio...  Rnllelin  de  biblioiiraphir  et  (T histoire  des  Sciences  malhcnuitiipies 
el  physiques,  puolié  par  JM.  B.  Boncompagni,  t.  111,  janvier  et  février  1870. 
Rome,  1870;  2  u"'  in-4".  (Présenté  par  M.  Cbasles.) 

Siil...  Sur  le  théorème  du  Comte  de  Fagnano ;  Note  pai  M.  1'".  SlACCl. 
Rome,   1870  ;  iii-4". 

Saggio..,  Essai  d'un  Cours  de  l'hysapie  élémentaire;  par  M.  G.  LUVINI. 
4^  édition.  Turin,   1868;  1  vol.  111-12. 

Alcuue. . .  (hiebjnes  expériences  et  considérations  concernant  l'adhésion  entre 
les  Liquides  cl  les  solides;  par  M.  G.  LuviM.  Turin,  1870;  br.  111-8". 


(  243  ) 

Alcune...  De  quelques  prinripaux  rdyauncmcnts météoriques  déduits  des  ob- 
servations des  étoiles  filantes  faites  à  Berijame  par  M.  J.  Zezfom  pendant  les 
années  1867,  1868,  1869; /wr  M.  Schiaparklli.  Milan,  1870;  in-8°. 

Anales...  Annales  de  l'Observatoire  de  marine  de  San  Fernando,  publié,  par 
ordie  supérieur,  par  le  Directeur  M.  C  PUJ.VZON.  a*' section  :  Observations  mé- 
téorologiques, 1870.  San  Fernando,   1870;  in-8". 

Arniy...  Rapports  annuels  du  département  in<;dicnl  de  l'armée  pemlant  l'an- 
née 1868,  t.  X.  Londres,  1870;  hr,  in-8".  (Présenté  par  M.  le  Baron 
Larrey.) 

Military...  Hygiène  militaire.  Lecture  fuite  à  rinslitulion  des  services  imis 
royaux  par  M.  F.  de  Chaumont.  Br.  in-8".  (Présenté  par  M.  le  Baron 
Larrey.) 

Ricerche...  Recherches  et  expéi'iences  sur  la  nature  et  le  qenre  des  miasmes 
paludéens,  etc.;  par  M.  P.  Balestra.  Borne,  1869;  br.  in-8". 

A  Catalogne...  Catalogue  des  cartes  des  possessions  britanniques  dans  rinde 
et  autres  parties  de  l' Asie,  publié  par  ordre  du  Secrétaire  cVÉlat  de  Sa  Ma/esté 
pour  l'Inde.  Londres,  1870;  grand  in-8". 

Programm...  Programme  de  l'École  royale  polytechnique  rhéno-westpha- 
lienne  d' Aachen ,  année  scolaire  1870-1871.  Aachen,  1870;  in-8°.  * 

Ueber...  Sur  les  cristaux  de  chondrodite  de  Finlande  ;  par  M.  DE  RoKSCriA- 
ROW.  Saint-Pétersbonrg,  1870;  br.  in-8°. 

Ueber...  Sur  les  cristaux  de  Greenochile;  par  M.  DE  ROKSCIIAP.OW.  Saint- 
Pétersbonrg,  1870;  br.  in-8°. 

Ueber...  Sur  l'olivine  du  fer  de  Pallas;  par  M.  DE  Kokscharow.  Saint- 
Pétersbourg,  1870;  in-Zj". 

Verhandiiingen...  Mémoires  de  la  Société  impériale  minéralogique  russe  de 
Saint-Pétersboun/,  2''  sév\e,  t.  V.  S.iinlPetersbourg,  t870;  in8". 


COMPTE  RENDU 

DES  SEANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  25  JUILLET  1870, 
PRÉSIDÉE  PAR  M.  CHEVRECL. 


MEMOIRES  ET  COMftïUÎVICATIOIVS 

DES   MEMBRES   ET   DES   CORRESPONDAMTS   DE   L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Président  de  l'Institut  iiivile  l'Académie  à  désigner  l'un  de  ses 
Membres  pour  la  représenter,  comme  lecteur,  dans  la  prochaine  séance 
publique  annuelle  des  cinq  Académies  de  l'Institut,  qui  doit  avoir  lieu  le 
i3  août  procliain. 

GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Remarques  sa)'  qucUines  paiitcidarUés  du  sol 
des  Landes  de  Gascogne;  par  M'.  Faye. 

«  Les  Landes  de  Gascogne  que  je  viens  de  visiter  pour  la  seconde  fois, 
à  plus  <le  trente  ans  d'intervalle,  ont  déjà  Hxé  l'attention  de  l'Académie  par 
l'importante  transformation  qu'elles  ont  subie  dans  ces  derniers  temps.  Ces 
vastes  plaines  que  j'ai  vues  désertes,  et  dont  les  bruyères  servaient  à  nom  lir 
misérablement  quelques  troupeaux  de  montons  surveillés  de  loin  par  des 
pasteurs  à  échasses,  sont  couvertes  aujourd'hui  de  riches  semis  de  pins 
maritimes.  Mais  ce  qui  n'a  pas  changé,  c'est  la  couche  imperméable  d'alios 
(jue  l'on  V  rencontre  partout  à  une  ju'olondeur  moyenne  d'environ  i  n)étre, 
couche  pierreuse,,  de  couleur  bruiie,  d'é[)aisseur  variabie,  mais  générale- 
ment assez  faible,  et  recouvrant  elle-même  une  couche  iiuiéHnie  de  sable 
identique  à  la  couche  superficielle.  L'influence  de  cette  couche  invisible  sur 
la  condition  des  habitants  des  Landes  a  étégrauile.  En  maintenant  les  pro- 

C.  U.,   I^^O,  2'  .Stnieil;e,  (T.  LXXI,    ^'>  4.)  J2 


(  246  ) 
duits  de  la  décomposition  végétale  dans  la  couche  supérieure  d'un  sol 
presque  sans  peiile,  l'alios  a  fixé  pendant  des  siècles  la  fièvre  intermittente 
dans  ces  pauvres  contrées,  où,  de  plus,  une  nourriture  presque  antédilu- 
vienne, le  pain  sans  levain  {craclmde),  a  conservé  longtemjis  piiinii  les  liabi- 
tanls  comme  une  dernière  trace  des  maladies  préhistoriques.  Aujourd'hui 
les  fièvres  ont  disparu,  on  ne  parle  plus  de  la  mystérieuse  et  sinistre  pel- 
lagre, et  l'alios  ne  fait  guère  sentir  désormais  ses  effets  que  sur  les  racines 
pivotantes  des  pins  qu'il  force  à  se  transformer  en  racines  traçantes. 

»  Ayant  eu,  ces  jours-ci,  l'occasion  d'assister  à  Mont-de-Marsan  à  une 
excellente  leçon  de  INI.  le  D'  Mourrus  sur  la  constitution  physique  du  sol 
des  Landes,  j'ai  cru  m'apercevoir  que  1  aiios  n'était  guère  plus  coiuui  qu'à 
l'époque  où  j'étudiais  nioi-même  ce  pays,  il  y  a  un  tiers  de  siècle.  J'en  ai 
conclu  que  les  idées  que  je  m'étais  faites  autrefois  sru'  la  formation  de  cette 
couche  si  singulièrement  intercalée  dans  l'épaisseur  du  sable  pourraient 
offrir  encore  quelque  intérêt,  et  j'ai  espéré  que  l'Académie  me  permettrait 
de  revenir  sur  d'anciens  souvenirs  que  l'aspect  tout  nouveau  pour  moi  des 
Landes  assainies  et  enrichies  vieiit  de  rappeler  bien  vivement  à  mon  esprit. 

»  Chargé,  en  1837,  d'opérer  le  nivellement  d'une  partie  des  Landes  de 
Bordeaux,  entre  les  étangs  du  littoral  et  le  bassin  d'Arcachon,  j'avais  dû  y 
joindre  d'assez  nombreux  sondages  dans  le  but  d'estimer  les  difticultés  du 
terrain  pour  les  opérations  subséquentes.  Je  fus  frappé  alors  de  ne  rencon- 
trer l'alios  que  dans  les  Landes  proprement  dites,  tandis  que  je  n'en  trouvais 
ni  dans  les  marais,  ni  sur  les  rives  des  étangs,  ni  dans  les  dunes,  même 
celles  qui,  à  l'abri  des  vieilles  forêts,  n'avaient  jamais  été  remaniées  par  les 
vents  depuis  des  siècles. 

»  Entrons  d'abord  dans  quelques  détails  bien  connus  des  Landais.  Le 
sable  de  la  Lande,  ainsi  que  celui  des  dunes  et  celui  que  la  mer  rejette  jour- 
nellement sur  le  littoral,  est  bianc,  mêlé  de  quelques  giains  nnirs  qui  con- 
tiennent du  fer  peroxyde  et  une  certaine  proportion  d'oxyde  de  manganèse. 
Lavé  d'abord  par  l'eau  de  la  mer,  puis  par  les  pluies,  pendant  bien  des 
siècles,  il  ne  contient  absolument  rien  d'immédiatement  sohible.  Quant  à 
l'alios,  c'est  une  couche  inférieure  d'un  brun  rouge  foncé,  assez  com- 
pacte, et  qui  ne  cède  cpi'à  la  pioche.  En  ceitains  lieux  il  se  délite  assez  vile 
à  l'air  en  se  desséchant;  ailleurs,  il  est  assez  dur  pour  être  employé  comme 
pierre;  à  bâtir.  C'est  un  sable  analogue  au  précédent,  coloré  et  surtout 
cimenté  par  une  sorte  de  matière  organique  légèrement  ferrugineuse. 
Quand  on  pratique  en  été  un  trou  un  peu  large  dans  le  sol,  en  s'arrètant 
à  l'alios,  on  voit  le  fond  de  ce  trou  se  reuiplir  peu  à  peu,  par  infiltralion 


(  '-47  ) 
latérale,  (run  peu  d'eau  jaune  à  peine  potable.  Mais  si  l'on  perce  l'alios, 
ou  trouve  immédiatement  au-dessous  une  eau  assez  abondante  et  parfaite- 
ment limpide.  Depuis  mon  premier  voyage  on  est  parvenu  à  conserver  à 
cette  eau  inférieure  sa  limpidité  première  en  recouvrant  de  ciment  les  pa- 
l'ois  des  puits  jusqu'à  l'alios,  de  manière  à  supprimer  les  infiltrations  de  la 
couche  de  sable  supérieure. 

»  Comment  cet  alios  s'est-il  formé?  car  il  est  bien  évident  qu'il  n'a  pas 
été  déposé  sur  une  couche  de  sable  plus  ancienne,  pour  être  ensuite  uni- 
formément recouvert  d'une  nouvelle  alluvion  de  sable.  Il  a  dû  se  former 
sur  place,  au  sein  de  la  couche  sablonneuse  qui  constitue  le  sol  actuel  des 
Landes,  et  la  présence  d'ime  matière  organique  dans  cet  alios  donne  à 
penser  que  la  végétation  superficielle  de  la  Lande  a  dû  y  contribuer.  Mais, 
s'il  en  est  ainsi,  pourquoi  l'alios  ne  se  trouve-t-il  pas  dans  les  forêts  sécu- 
laires des  dunes,  dont  le  sol  est  recouvert  de  broussailles  et  de  fougères; 
pourquoi  pas  dans  les  marais  également  séculaires  du  liltoral  (là  du  moins 
où  les  dunes  sont  fixées  de  temps  immémorial)? 

»   Mes  sondages  me  donnèrent  la  solution  de  ces  questions,  11  en  résulte 
en  effet  que  si  en  hiver  et  au  commencement  du  printemps  le  sol  presque 
horizontal  des  Landes  est  constamment  baigné  d'eau  pluviale,  l'action  du 
soleil  pendant  la   moitié  chaude  de  l'année  abaisse  progressivement  par 
évaporation  le  niveau  de  ces  eaux  jusqu'à  une  profondeur  de  i  à  2  mètres. 
Cette  sorte  d'étiage  des  eaux  souterraines  est  d'ailleurs  en  rapport  avec  le 
niveau  général  des   étangs  et  marais  qui  bordent  à  l'intérieur  la  chaîne 
des  dunes,  en  sorte  qu'il  se  produirait  à  la  fin  de  chaque  été,  à  la  même 
profondeur  à  peu  près,  alors  même  que  l'alios  n'existerait  pas.  Cela  posé, 
il  suffit  de  se  reporter  à   la  décomposition  que  les  racines  des  végétaux  de 
la  Lande  doivent  subir  par  leur  longue  immersion  semi  annuelle  dans  l'e-ui 
stagnante  (eau  pluviale),  pour  comprendre  que   les  produits  de  cette  dé- 
composition  ont  dû  être  entraînés  chaque  aimée  pendant  l'été  à  travers 
la  couche  supérieure,  non  plus  au  loin  comme  dans  les  pays  à  sources, 
mais  verticalement  jusqu'à   la  profondeur  constante  de  i  mètre.  Pendant 
la  stagnation  périodique  de  l'étiage,  les  produits  de  la  pourriture  végétale 
ont  le  temps  de  se  déposer  à  cette  profondeur,  et  de  cimenter  en  quelque 
sorte  les  grains  de  sable  de  cette  couche  (i).  Puis,  comme  l'opéiation  a 
dû  se  renouveler  chaque  année  pendant  une  longue  série  de  siècles,   il  en 

(1)  J'imagine  que  ce  ciment  de  nature   organique,  coloré  par   un   peu   d'oxyde   de  fer 
livdraté,  doit  contenir  aussi  des  matières  siliceuses  provenant  de  l'aclion  végétale  [voir  à  ce 

32.. 


(    2/,8    ) 

est  rpsullé  une  couche  ci'oissanle  d'alios  plus  ou  moins  comp;icle,  qui 
continue  sans  doute  à  s'accroître  sous  nos  yeux. 

»  On  s'explique  dés  lois  poin-quoi  l'alios  manque  dans  les  marais,  qui 
restent  presr|U('  loujoiu's  couverts  d'eau  en  <'U'\  et  où,  par  suite,  cet  étiage 
de  I  à  2  niélrcs  de  profondeur  ne  se  prodini  pas;  pourquoi  l'alios  manque 
dans  les  dunes  qui  ont  été  fixées  bien  des  siècles  avant  le  célèbre  Brémon- 
tier  par  les  forêts  du  littoral,  car  ces  dunes  ne  sont  jamais  uiouillées  comme 
les  Landes  en  hiver,  et  ne  présentent,  pas  plus  que  les  marais,  le  phéno- 
mène d'une  napp»^  d'eau  souterraine  qui  ne  s'abaisse  jamais  en  été  au  delà 
d'uni'  limite  donnée.  Ou  voit  donc  nettement  que  la  formation  de  l'alios  a 
dû  être  déterminée  |)ar  la  réunion  de  ces  trois  circonstances  :  i°  immersion 
du  so!  pendant  l'hiver;  2^  dessèchement  progressif  du  sol  à  partir  du  prin- 
lem|Ds;  3' étiage  permanent  de  la  couche  d'eau  provenant  des  pluies  an- 
nuelles et  forcée,  faute  de  pente,  à  baisser  verticalement  sur  place.  A  ces 
conditions,  d'ailleurs,  la  végétation  piopre  aux  Landes  a  pu  s'y  établir,  et 
il  ne  faut  pas  l'oublier  :  sans  végétation,  point  d'alios. 

»  iMais,  je  \i'  répète,  là  où  une  seule  de  ces  conditions  mancjue,  notre 
couche  imperméable  manque  aussi.  Dans  les  dunes  boisées,  par  exemple, 
bien  que  le  sablf  en  soit  partout  humide,  sauf  à  la  surface,  l'eau  qui  tombe 
du  ciel  y  descend  constamment  sans  s'arrêter  à  un  niveau  donné;  elle 
coule  incessamment  soit  vers  la  mer,  soit  vers  les  marais  de  l'intérieur; 
aussi  peut-on  trancher  une  dune  du  haut  en  bas  et  y  suivre  les  longues 
racines  des  pins  qui  s'y  étendent  sans  obstacle.  Nulle  part  je  n'y  ai  vu  de 
traces  d'alios,  même  dans  ces  parties  horizonlales  qu'on  nonune  lètes,  où 
pousse  non  plus  le  pin  ni  la  bruyèi'e,  mais  nue  herbe  l'are  et  succulente. 

n  II  restait  pourtant  un  caractère  inex|iliqué  de  l'alios  :  je  veux  parler 
de  ces  traces  de  matièie  ferrugineuse  qui  contribuent  sans  doute  à  sa  ci- 
nK^ntalion  et  à  sa  coloration  rougeâtre.  Mes  idées  ne  purent  se  fixer  à  ce 
sujet  que  beaucoup  plus  tard,  giâce  aux  travaux  des  chimistes  qui  ont 
étudié  l'action  que  la  poui  riture  végétale  exerce  sur  les  oxydes  de  fer  et  sur 
la  formation  du  fer  limoneux  des  mar.iis.  Il  y  a  une  trentaine  d'années,  un 
de  ces  chimistes,  M.  Spindler,  a  montré  comment  la  décomposition  des  ra- 
cines r.'iméne  le  peroxyde  de  fer  contenu  dans  le  so!  à  nu  état  d'oxydation 
inférieure  et  le  reiici  attaquable  par  les  acides  faibles  provenant  de  la  pour- 


siijot  In  Note  (le  i\I.  le  Si'cri'l.iire  |)ci|)(liu'l  el  colle  di'  i\I.  TlKiiaitl  dans  le  Compte  tendu 
(lu  a'  juin  denier,  p.  i.'jia),  :iiinenient  on  ne  s'ixpliiiiniail  gucie  \:\  dureté  et  ia  consis- 
lance  que  prrscnlc  fréipicniment  l'idios. 


(  '49  )  ■ 
riture  végétale,  tels  que  i'acide  carbonique  et  l'acide  créniqiie  de  Berzeliiis, 
de  telle  sorte  que  des  racines  en  décomposition  finissent  par  décolorer  com- 
plètement le  terrain  ocreux  qu'elles  traversent.  D'un  autre  côté  notre 
confrère  M.  Danbrée,  dans  un  Mémoire  remarquable  en  date  de  iS/jS,  a 
rattaché  à  cette  action  chimique  des  végétaux  la  formation  des  fers  limo- 
neux des  lacs  de  Suède,  en  montrant  que  le  fer  ainsi  rendu  soluble  sur  de 
grands  espaces  est  réuni  et  entraîné  par  les  sources  et  les  ruisseaux,  et 
qu'il  reprend  ensuite  son  oxydation  première  lorsque  les  eaux  reviennent 
au  contact  de  l'air.  Il  se  dépose  alors,  sous  forme  de  fer  limoneux,  au 
fond  des  lacs  et  des  marais,  où  l'eau  ferrugineuse  de  ces  petits  cours  d'eau 
s'arrête  et  devient  stagnante,  en  constituant  à  la  longue  des  couches  d'un 
minerai  d'une  grande  richesse. 

»  Ijes  choses  se  sont  passées  autrement  dans  les  T>p.ndes,  comme  on  vient 
de  le  voir;  car  le  manque  de  pente  et  les  touffes  mcltipliées  de  gazon  à  la 
surface  ne  permettent  pas  aux  eaux,  en  général,  de  se  réunir  ainsi  en  cours 
d'eau  ou  en  sources,  puis  en  lacs  ou  en  marais  stagnants.  C'est  donc  sur 
place  que  l'effet  s'est  produit  sous  l'infliiejice  de  l'air  qui  a  pénétré 
dans  le  sol  à  mesin-e  que  le  niveau  de  la  couche  aqueuse  s'abaissait  pen- 
dant l'été,  et  la  quantité  de  fer  qui  se  retrouve  dans  telle  partie  de  l'alios 
représente  seulement  la  quantité  infinitésimale  qui  a  été  attaciuée  jusie 
au-dessus  d'elle  par  la  pourriture  végétale  dans  la  partie  noirâtre  (\u  sable 
des  Landes. 

»  Cependant  on  rencontre  aussi  dans  les  I^andes  des  régions  à  pente  suf- 
fisante, où  l'opiM-alion  de  concentration  des  eaux  ferrugineuses  si  bien  dé- 
crites par  M.  Daubrée,  a  dû  se  pioduire;  mais  alors  le  résultat  a  été, 
comme  en  Suède,  une  couche  de  fer  limoneux  dé[)osée  dans  les  bassins  de 
stagnation,  tels  que  les  marais  situés  du  côté  de  Mimizan,  où  l'on  retrouver 
en  effet  des  nùncrais  exploitables.  Des  forges  ont  même  été  crééts  dans 
cette  partie  des  Landes,  mais  après  avoir  épuisé  le  fer  limoneux  de  (es 
contrées,  elles  en  sont  réduites  aujourd'hui,  si  je  suis  bien  informé,  à  faire 
venir  de  loin  des  minerais  d'une  autre  origine. 

»  Revenons  maintenant  au  rôle  de  ce  sous-sol  imperméable,  et  à  son  in- 
fluence sur  la  salubrité  du  pays.  Depuis  mon  prenùer  voyage,  des  rigoles 
peu  profondes  ont  suppriuîé  les  unlle  ol)stacles  superficiels  à  l'écoulement 
des  eaux,  en  sorte  que  la  moindre  pente  devient  efficace;  les  racines  peu 
altérables  des  pins  ont  remplacé  celles  des  bruyères  et  des  herbes  dont  le 
chevelu  pourrissait  en  partie  chaque  année;  il  en  est  résidté  Cjue  la  conta- 
nùuation  du  sol  supérieur  par  les  matières  végétales  eu  fermenlation  a  dis- 


(    250    ) 

paru,  el  avec  elle  ont   disparu  aussi   ces  fièvres  intermittentes  qui   impri- 
maient un  cachet  particulier  de  di'hilité  à  la  race  de  ce  pays.  Celte  influence 
des  fermenis  maintenus  dans  le  sol  supérieur  par  un  sous-sol  imperméable 
m'a  vivement  frappé,  et  m'a  conduit  plus  tard,  par  voie  d'analogie,  à  une 
généralisation   qui   intéresse   l'iiygiène.  Partout   où   il   existe  à  o™,7.^  ou 
I  mètre   de  profondeur  un  sous-sol  imperméable,  ou  rencontre  la  fièvre 
intermittente  si  le  sol  est  contaminé  par  la  pourriture  végétale,  et  des  fièvres 
de  nature  typhoidale  si  le  sol  est  contaminé  par  la  pourriture  animale.  Ce 
dernier  point  est  établi  à  mes  yeux  par  une  longue  expérience  personnelle. 
Chaque  fois  qu'en  visitant  un  établissement  public  j'ai  appris  que  les  affec- 
tions muqueuses  ou  typhoïdales  y  revenaient  périodiquement,  j'ai  constaté 
aussitôt,  par  l'étude  du  sol,  la  présence  d'une  couche  supérieure  infectée 
reposant  sur  un   sous-sol   imperméable;    et  réciproquement,  chaque   fois 
que  j'ai  trouvé  un  pareil  sous-sol  horizontal,  avec  des  couches  supérieures 
contaminées  de  longue  date  par  des  puisards,  des  fosses  non  étanches,  etc., 
j'ai  constaté  la  permanence  ou   plutôt  le  retour  de  l'épidémie.  Incapable 
d'apprécier  en  homme  de  l'art  le  rapport  qui  doit  exister  entre  un  sol  in- 
fecté et  ces  maladies,  j'ai  pu  du  moins  constater  l'existence  de  ce  rapport, 
et  indiquer  le  moyen  d'en   supprimer  le  premier  terme,   c'est-à-dire  la 
cause.   Ce  moyen  est   analogue  à  celui  (|ui  a  si  bien  réussi  à  assainir  les 
Landes,  en  supprimant  en  grande  partie  la  pourriture  végétale,  et  en  pro- 
curant l'écoulement  latéral  des  eaux  que  l'alios  empêche  de  se  perdre  dans 
l'épaisseur  d'un  soi  perméable.  De  même,  après  avoir  supprimé  les  causes 
d'infection  animale,  il  suffit  de  faciliter,  aux  eaux  de  pluie  qui  doivent  en- 
lever les  ferments  dangereux  accumulés  dans  le  sol,  un  écoulement  latéral 
rapide  au  moyen  d'un  drainage  convenable,  au  lieu  de  les  laisser  stagner 
dans  la  couche  superficielle  où  les  maintiendrait  l'imperméabilité  du  sous- 
sol. 

»  Je  ne  quitterai  pas  ce  sujet  sans  dire  un  mot  des  incendies  qui  vien- 
nent de  ravager  et  qui  désolent  peut-être  encore,  an  moment  où  je  parle,  ces 
immenses  plantations  de  pin  maritime  qui  font  aujourd'hui  la  richesse,  la 
salubrité  et  l'ornement  des  Landes.  En  parcourant  en  wagon  ces  vastes 
pi^nadas,  j'ai  été  frappé  de  voir  que  l'incendie  n'a  nulle  part  pu  franchir  la 
voie  ferrée.  A  l'est,  des  espaces  incendiés  s'étendent  à  porte  de  vue;  à 
l'ouest,  des  pignadas  intactes  et  verdoyantes.  Il  m'a  semblé  dès  lors  qu'en 
ménageant  de  distance  en  distance,  dans  les  semis,  des  bandes  de  terrain  où 
l'on  se  bornerait  à  arracher  les  bruyères  et  les  ajoncs  qui,  en  temps  de  sé- 
cheresse, propageraient  l'incendie  au  ras  du  sol,  on  liu)itcrait  à  coup  sur  et 


f    25[     ) 

d'avance  les  ravages  du  fléau,  surtout  si  ces  bandes  réservées  étaient  per- 
pendiculaires à  la  direction  des  vents  régnants.  Bientôt  ces  bandes  de  ter- 
rain se  recouvriraient  d'une  herbe  fine  et  courte;  elles  offriraient  à  la  vaine 
pâture  une  ressource  qui  tend  à  disparaître  entièrement  dans  les  semis 
opérés  aujourd'hui  sans  solution  de  continuité.  Les  propriétaires  per- 
draient, il  est  vrai,  le  revenu  de  ces  bandes  protectrices,  mais  ils  éviteraient 
la  ruine  de  l'incendie,  ou  bien  ils  verraient  diminuer  notablement  la  lourde 
prime  d'assurance  qu'ils  ont  à  payer  annuellement  pour  s'en  garantir.  Les 
pasteurs  des  Landes  ont  de  tout  temps  mis  le  feu  aux  bruyères  à  la  fin  de 
l'été,  pour  augmenter  quelque  peu,  l'année  suivante,  les  ressources  paca- 
gères  de  ce  maigre  sol  :  c'est  une  coutume  des  plus  antiques,  témoin  le  fait 
cité  par  M.  Arago,  dans  une  Notice  sur  lu  Météorologie,  des  doléances  que 
les  vignerons  du  Médoc  adressèrent  à  la  couronne  d'Angleterre  (à  l'époque 
où  les  Anglais  possédaient  la  Guyenne)  contre  cette  habitude  invétérée 
qu'ils  considéraient  comnie  capable  de  nuire  à  leurs  vendanges.  Les  gens 
du  Médoc  se  plaignaient  en  effet  île  ce  que  ces  incendies  continuels,  au 
commencement  de  l'automne,  produisaient  des  nuages  de  fumée  lourde, 
de  véritables  brouillards  secs  que  les  vents  régnants  amenaient  et  faisaient 
planer  sur  leurs  vignes.  Cette  pratique  a  diminué  à  mesure  que  les  semis 
envahissaient  les  Landes;  elle  n'a  pourtant  pas  entièrement  disparu;  c'est 
pourquoi  l'on  a  soupçonné  ces  joiu's-ci  les  pasteurs  landais  d'avoir  causé 
les  sinistres  actuels  par  leur  procédé  habituel  de  mettre  le  feu  aux  bruyères 
desséchées.  J'espère  que  les  enquêtes  ouvertes  aujourd'hui  démontreront 
l'innocence  de  ces  braves  gens  et  que  les  récents  sinistres  seront  unique- 
ment imputables  à  de  simjjles  accidents  favorisés  par  la  sécheiesse  exlra- 
orduiaire  de  cette  année.  Cette  sécheresse  a  doinié  en  effet  un  degré  de 
combustibilité  de  plus  à  des  matériaux  déjà  si  inflammables  en  temps  or- 
dinaire. Mais,  quelle  que  soit  l'origine  de  ces  malheurs,  il  y  a  lieu  d'es- 
pérer que  le  procédé  d'isolement  systématique  c[ue  je  viens  d'indiquer 
pour  les  semis  nouveaux  suffirait  à  circonscrire  étroitement  les  dévasta- 
tions de  ces  mers  de  feu  qui  se  propagent  aujourd'hui  sans  obstacles  sur 
des  milliers  d'hectares  (i)  :  j'ai  donc  cru  qu'il  était  utile  de  le  signaler 
en  attendant  une  solution  meilleure.  » 


(i)  C'est  par  des  trancliées  analogues,  pratiquées  à  la  hâte  à  travers  les  pignadas,  qu'on 
parvient  quelquefois  à  limiler  l'incendie;  mais  c'est  là  une  ressource  extrême  et  trop  sou- 
vent impraticable. 


(    252    ) 

CHIMlli  MlNtHALE.  —  Examen  d'une  roche  schisteuse  imprécjnée  d'une  malicre 
charhontieuse^  tirée  de  la  collection  adressée  à  r académie  par  M'Sl.  Ravizza 
et  Colomba  (i).  Noie  de  M.  H.  Saixte-Claike  Deville. 

«  L  ecliarililloii  soiiniis  à  l'analyse  est  composé  d'une  substance  schis- 
teuse, très-fusible,  sur  laquelle  se  trouve  une  matière  charbonneuse  qui  im- 
prègne également  la  niasse. 

»  Cette  malière  perd  9  pour  100  au  ronge  et  il  suffira  de  l'incinérer  pour 
avoir  fait  tout  ce  qui!  est  bon  de  tenter  pour  arriver  à  la  connaissance  de 
sa  nature. 

»  L'échantillon  hrojé  et  traité  par  un  acide  dunne  un  très-faible  déga- 
gement d'acide  carbonique.  Si  l'on  calcine  la  pierre  en  vase  clos,  puis  à 
l'air,  on  trouve  : 

Matières  volatiles 9>  '4 

Charbon 0,22 

Cendres 90 ,64 

I 00 , 00 

w  Le  rapport  entre  la  quantité  des  matières  volatiles  et  le  résidu  de  char- 
bon prouve  qu'on  a  affaiieà  une  malière  bitinnineuse  qui  imprègne  la 
roche,  et  non  une  substance  de  la  natiu'e  de  la  houille  ou  de  l'anthracite. 

))  Les  cendres  ou  stdjstances  fixes  et  incombustibles  contiennent  : 

Silice ....    56 

Alumine  et  oxyde  de  fer 26 

Chaux,  alcalis,  etc 18 


»   C'est  probablement  un  schiste  bilinnineux.  » 


100 


Ati'IiiONOMiL  l'iiYSlQUli. —  JSoiiihdlcs  renuirijucs  sur  Icà  s/itclres  fournis  pur  dwers 
types  d'étoiles.  Lillrc  du  P.  Seccih  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

«    Rome,  ce  1  5  juillet  1870. 

»  Dans  uno  de  mes  Communications  précédentes  sm-  les  spectres  stel- 
laires,  j'ai  indiqué  que  j'ai  abordé  cette  élude  avec  un  grand  prisme  placé 
devant  l'objectif,  ayant  6  pouces  (o'",i6)  de  diamètre  et  environ  i  i  degrés 


(i)   Voir  Comptes  rendus,  t.  LXX,  p.  i  122  (séance  du  23  mai  1870 j. 


(  253  ) 
d'angle  réfringent;  il  a  été  exécuté  par  M.  Merz.  La  dispersion  directe 
opérée  par  ce  prisme  est  d'environ  un  demi-degré  entre  les  raies  extrêmes 
de  l'hydrogène,  pour  les  étoiles  de  premier  type.  En  employant  des  oculaires 
différents,  on  peut  obtenir  des  grossissements  divers  et  une  séparation  des 
raies  très-considérable.  Ordinairement  j'emploie  une  lentille  cylindrique, 
combinée  avec  lui  oculaire  sphérique  grossissant  loo  fois,  et  lui  oculaire  à 
deux  lentilles  cylindriques  dont  le  pouvoir  est  200  environ.  Avec  cette 
disposition,  la  hunière  reste  considérable,  car  la  dilatation  transversale 
est  très-modérée.  Cette  grande  dispersion  est  très- utile  pour  reconnaître 
les  détails  des  raies  et  lein-s  formes,  mais  la  quantité  de  lumière  reste  dimi- 
nuée'à  cause  de  la  petite  ouverture  à  laquelle  la  lunette  se  trouve  bornée: 
elle  es!  réduite  d'un  tiers.  Pour  cette  raison,  ce  prisme  n'a  pas  une 
supériorité  considérable  sur  le  système  employé  d'abord  par  moi  et  qui 
consistait  eu  lui  spectroscope  ordinaire  composé,  mais  dans  lecpiel  on 
avait  substitué  à  la  fente  une  large  Iculille  cylindrique.  Un  avantage  réel 
pourrait  être  obtenu  seulement  si  l'ouvertuie  du  prisme  égalait  celle  de  la 
Ituiette,  ce  qui,  dans  le  cas  actuel,  serait  bien  difficile  à  réaliser.  Ce  sys- 
tème cependant,  comme  l'a  déjà  remarqué  M.  Respighi,  peut  bieix  s'appli- 
quer à  de  petites  limettes.  On  peut  avoir  un  bon  résultat  même  avec  un 
angle  réfringent  plus  petit,  car  le  grossissement  de  l'oculaire  peut  com- 
penser la  quantité  de  la  dispersion  directe.  Pour  reiulre  les  observations 
plus  expéditives,  jai  placé  sur  la  grande  lunette  un  aulie  chercheur,  con- 
venablement dirigé,  de  sorte  cju'd  était  très-facile  de  retrouver  les  étoiles. 

«  Venons  maintenant  aux  résultats  obtenus. 

»  J'ai  déjà  averti  que  Sirius  présentait  une  dilatation  remarquable  des 
mies  de  l'hydrogène,  ce  qui  pouvait  conduire  à  juger  de  la  pression  consi- 
dérable que  ce  gaz  possède  datis  l'atmosphère  de  cette  étoile.  J'ai  vérifié 
cette  particidarité  dans  lui  grautl  nombre  d'étoiles  de  ce  type,  comme 
a  d'Ophiuchus,  celles  de  la  Grande  Ourse,  a  de  l'Aigle,  «  de  la  Lyre,  etc. 
Les  trois  raies  qui  se  retrouvent  dans  le  bleu  et  le  violet,  pour  cette  der- 
nière étoile,  peuvent  se  représenter,  par  rapport  à  leur  intensité,  par  les 
trois  coiu'bes  suivantes  : 


T  w 


»   Ou  voit  que  la  dernière  raie  VV  «st  très-dilatée  et  dillnse,  et  conslitue 
une  véritable  bande.  La  raie  F  est  plus  tranchée,  mais  notablement  dilfuse. 

C    r;..  16-0,  1'  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  4.1  -'^3 


(  254  ) 
La  dernière  W,  qui  est  ordinairement  difficile  à  voir  dans  l'hydrogène, 
est  une  bande  très-large  et  très-faible.  Il  est  remarquable  que  l'ordre  de 
ces  dilatations  suit  celui  qui  a  été  déjà  relevé  dans  le  spectre  direct  du  gaz 
lui-même,  selon  les  différentes  pressions.  La  raie  C  est  difficile  à  bien  dé- 
finir, à  cause  du  défaut  de  lumière  dans  le  rouge  extrême. 

»  jNIais  la  classe  d'éloiles  les  plus  intéressantes  à  examiner,  par  ce  moyen 
puissant,  était  celle  des  troisième  et  quatrième  types.  Le  troisième  type 
paraît  réellement  composé  de  la  superposition  de  deux  spectres  :  l'un  [a) 
consistant  dans  les  raies  métalliques  propres  au  deuxième  type,  seulement 
grossies  et  dilatées  à  cause  de  la  couclie  plus  épaisse  de  vapeurs  que  les 
rayons  ont  traversée,  à  peu  près  comme  dans  les  taches  de  notre  Soleil; 
l'autre  [b)  paraît  lui  spectre  à  larges  bandes  (sept  ou  huit  principales)  dont 
le  type  est  a  Hercule.  Le  second  spectre  est  plus  ou  moins  fort  dans  les  dif- 
férentes étoiles;  ainsi,  à  peine  sensible  dans  Aldébaran,  il  est  très-fort  dans 
Antarès,  «Orion,  ^  Pégase,  etc. 

M  II  fallait  d'abord  s'assurer  que  la  diffusion  observée  dans  les  zones  du 
premier  type  n'est  pas  due  à  un  défaut  de  précision  dans  l'appareil  :  cela 
résulte  de  l'examen  des  étoiles  de  deuxième  et  de  troisième  type,  car  les 
raies  métalliques  connues  sont  nettement  définies  et  tranchées,  malgré  la 
grande  dispersion.  C'est  ce  qui  est  très-nettement  visible  dans  Antarès, 
surtout  dans  le  vert  pour  celles  du  fer  et  du  magnésium.  Les  raies  D 
cependant  sont  diffuses  et  mal  terminées,  ce  qui  rend  leur  séparation  diffi- 
cile, comme  dans  les  taches  très- profondes.  iMalgré  que  cette  étoile  soit 
tro|>  basse  et  que  l'atmosphère  ait  été  habituellement  trop  agitée  pour 
donner  des  résultats  complètement  satisfaisants,  il  n'y  aucun  doute  à  cet 
égard. 

»  Quant  à  «  d'Hercule,  cette  étoile,  examinée  plusieurs  fois  avec  un 
état  atmosphérique  très-bon,  n'a  donné  aucune  trace  de  résolubilité  des 
coloiHies  principales,  quoique  ces  colonnes  fussent  très-nettement  tranchées 
du  côté  le  moitis  réirangible  du  spectre.  Malgré  les  forts  gro.>>sissements 
employés,  on  n'a  vu  aucune  trace  des  lignes  secondaires,  mais  seulement 
une  irrégularité  d'intensité  dans  la  lumière  de  ces  colonnes.  Cette  con- 
clusion est  remarquable,  car  le  pouvoir  dispersif  du  prisme  combiné  avec 
l'oculaire  est  équivalent  à  ce  que  donnent  trois  prismes  dans  le  spcctroscope 
ordinaire  :  dispersion  bien  sutfisante  pour  montrer  les  lignes  secondaires 
dans  les  spectres  cannelés  de  l'azote  et  du  carbone.  On  ne  saurait  donc 
attribuer  à  l'impuissance  de  l'instrinm  iil  un  tel  défaut  de  résolution. 

»  Il  est  vrai  que,  dans  des  soirées  exceptionnelles,  avec  de  faibles  dis- 


(  255  ) 
persions,  on  a  réussi  à  voir  des  traces  de  résolubilité,  mais  il  peut  se  faire 
que  ce  soit  là  un  effet  des  inégalités  d'intensité,  faisant  que  des  bandes  un 
peu  plus  vives  se  présentent  comme  des  raies  ou  des  lignes.  Il  arrive  ici 
ce  qui  a  lieu  pour  les  bandes  ou  zones  des  planètes,  Jupiter  par  exemple, 
lesquelles  avec  des  faibles  grossissements  apparaissent  très -nettes  et  bien 
terminées,  tandis  que,  avec  des  pouvoirs  plus  forts,  leurs  bords  sont  diffus. 
Or  ici  la  réalité  est  évidemment  mieux  représentée  par  de  forts  grossisse- 
ments, car  ces  zones  ne  peuvent  pas  avoir  des  limites  tranchées  comme 
les  solides  :  elles  doivent  être  diffuses. 

»  TTn  contrôle  à  cette  théorie  pouvait  être  obtenu  au  moyen  des  étoiles 
du  quatrième  type,  et  surtout  de  la  belle  étoile  qui  se  trouve  dans  la 
Grande  Ourse  en  ^  =  i2''38'°3o^  c?  =  -f-  46''i3',  grandeur  6.  Cette 
étoile  donne  un  spectre  formé  de  trois  bandes  principales,  qui,  avec  un 
faible  grossissement,  paraissent  sillonnées  de  lignes  brillantes;  mais  avec 
le  grand  prisme,  ces  lignes  se  résolvent  en  bandes  brillantes,  mal  terminées 
aux  bords.  Ainsi,  par  exemple,  la  bande  du  milieu  a  une  intensité  lumi- 
neuse qui  peut  se  représenter  |iar  la  courbe  suivante  : 


»  On  voit  que  les  lignes  plus  vives  du  milieu  qui,  avec  une  petite  dis- 
persion, paraissent  être  des  raies  brillantes,  sont  de  véritables  bandes. 

»  J'ai  déjà  fait  remarquer  ailleurs  l'analogie  de  ce  spectre  avec  celui  de 
l'étincelle  électrique  produite  dans  la  vapeur  de  benzine,  qui,  lui  aussi,  est 
indécomposable  en  raies  fines  et  capillaires,  comme  les  métaux. 

»  Il  est  sans  doute  prématuré  de  tirer  des  conséquences  de  ces  faits, 
encore  trop  incomplets,  mais  je  crois  ne  pas  trop  aller  au  delà  des  faits 
observés  en  disant  que  non~seidement  les  atmosphères  de  ces  astres  de 
troisième  et  surtout  de  quatrième  type  ont  une  composition  différente  de 
celle  de  notre  Soleil,  mais  qu'elles  paraissent  être  à  une  température  suffi- 
samment basse  pour  donner  les  spectres  propres  aux  gaz  à  basses  tempéra- 
tures, ceux  qu'on  appelle  de  premier  oidre. 

»  Dans  Satinne,  j'ai  vérifié  les  trois  bandes  dans  le  jaune  et  le  rouge 
que  j'ai  déjà  annoncées  autrefois.  » 


33.. 


(  256  ) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  une  brochure  nouvelle  de  M.  Hirn; 
par  M.  Faye. 

«  J'ai  riiomiour  i\v  présenter  à  l'Académie,  (fe  la  part  de  noire  savant 
Correspondanl  M.  Hirn,  une  brochure  inlitidée  :  Inlroduclion  à  l'élude  mé- 
téorolocjique  de  l'Alsace.  Celle  curieuse  brochure  devrait  plutôt  s'appeler 
une  Invitation  à  l'étude  de  la  Météorologie  en  France,  car  l'auteur  s'y  est  pro- 
posé (le  montrer  conniient  les  théories  nouvelles  de  la  chaleur  sont  appe- 
lées à  donner  luie  f:ice  nouvelle  à  cette  science.  Si,  en  effet,  la  Météorologie 
est,  malgré  les  belles  entreprises  de  M.  I.e  Verrier  et  la  croMlion  à  Paris 
d'un  Observatoire  spécial,  bien  moins  généralement  cultivée  chez  nous  que 
chez  nos  voisins,  c'est  qu'il  n'est  |)as  du  génie  français  tle  s'attacher  ar- 
demment à  des  problèmes  trop  indéterminés;  nous  n'aimons  guère,  eti  gé- 
néral, acciuuuler  les  faits  poiu'  l'amour  des  faits,  ou  dans  un  but  trop  va- 
guement appréciable.  C'est  ce  que  M.  Hirn  a  coiiqiris  :  aussi  s'est-il  attaché 
à  donner  un  coips  à  la  Météorologie  en  y  iritroiluisant  la  Thermo-dyna- 
mique. Ou  remarquera,  en  particulier,  sa  théorie  nouvelle  de  la  grêle.  Je 
ne  l'ai  pas  encore  assez  étudiée  pour  donner  à  ces  idées  une  adhésion 
sans  réserve,  mais  je  crois  pouvoir  dire  du  moins  que  le  travail  de  M.  Hun 
feia  é|ioque  en  Météorologie,  et  qu'il  sera  lu  par  tous  Us  amis  des  sciences 
avec  le  jilus  vif  intéiét.    » 

NOMIÎMATIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  l.i  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  juger  le  concoins  du  pi-ix  des  Arts  insalubres, 
pour  l'aïuiée  1870. 

MM.  Chevreul,  Payen,  Combes,  Boussingaull,  ])(uiias  réiuiissent  la  ma- 
jorité des  suffrages. 

L'Académie  procède, par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  devra  juger  le  concours  du  prix  de  Physiologu>  exj)éruuentale 
|)our  l'année  iS'yo. 

MM.  Cl.  Bernard,  Longet,  Hobin,  Mihie  Edwards,  Coste  réunissent  la 
majorité  des  sulhages. 


(  ^--'l  ) 

RAPPORTS. 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Rapport  Sur  an  Mémoire  de  M.  Massieii  ,  inli- 
(iilé :  Mémoire  sur  les  fonctions  caractéristiques  des  divers  fluifles  et  sur 
la  théorie  des  vapeurs. 

(Commissaires  :  MM.  Regnauit,  Combes,  Bertrand  rapporteur.) 

«  Le  Mémoire  de  M.  Massieu,  dont  nous  venons  rendre  compte  à  I'Acm- 
démie,  nous  semble  conçu  dans  un  excellent  esprit.  Acceptant  sans  les  dis- 
cuter et  sans  s'arrêter  à  les  démontrer  de  nouveau  les  deux  théorèmes  im- 
portants dont  on  a  fait  la  base  de  la  théorie  mathématique  des  effets 
calorifiques,  M.  Massieu  s'attache  d'abord  à  les  lésumer  sous  la  forn)e  la 
plus  simple,  et  son  travail  apporte  à  cette  théorie  tant  étudiée  un  progrés 
réel  et  incontestable. 

»  Le  problème  dont  la  solution  rendrait  la  théorie  parfiite  et  déiiniiive 
serait  celui-ci  : 

«  Exprimer  pour  chaque  corps,  en  fonction  de  deux  variables  indépen- 
»  dantes,  la  température  et  la  pression,  parexemjjle,  les  divers  éléments 
»  physiques  qui  en  dépendent,  tels  que  le  volinne  et  les  deux  caloriques 
»  spécifiques.  En  se  bornant  à  ces  trois  inconiuies  qu'd  semble  impossible 
»  de  séparer,  la  théorie  générale  résinnée  dans  deux  tViéorèmes,  dont  l'un 
»  peut  s'appeler  ihéorcme  de  Carnol  ou  de  Clausnis,  et  l'autre  théorème  de 
H  Mayer  ou  de  Joule ^  fournit  deux  équations  .seulement  entre  trois  incon- 
»  nues,  qui  restent  par  conséquent  indéterminées,  et  il  ne  saurait  en  être 
»  autrement,  puisque  les  relations  à  obtenu-  changent  complètement  de 
»   forme,  cela  paraît  évident,  avec  la  nature  et  l'état  des  corps.   » 

»  La  première  partie  du  travail  de  M.  Massieu,  consacrée  à  ce  problème 
général,  en  donne  la  solution  complète  et  fort  simple,  dans  l'expression  de 
laquelle  figure  explicitement  une  fonction  arbitraire  qu'il  nonuiie  caracté- 
ristique, et  dont  la  forme,  variable  d'une  substance  à  l'autre,  peut  servir 
à  caractériser  chacune  d'elles  en  déterminant  tous  ses  éléujents  calori- 
ficjues. 

«  L'intégration  complète  de  deux  équations  différentielles  partielles  du 
second  ordre  doit  sembler,  dans  l'état  de  la  science,  une  boinie  fortune 
inespérée  qu'aucune  méthode  coiuiue  ne  pourrait  promettre.  Aussi  n'est-ce 
pas  par  cette  voie  que  I\L  Massieu  aborde  le  problème.  Les  deux  équa- 
tions dont  il  s'agit  expriment,  on  lésait,  que  certaines  expressions  sont  des 


(  2*58  ) 
différentielles  exactes;  c'est  en  prenant  pour  inconnues  leurs  intégrales,  ou 
plutôt  eu  les  considérant  comme  données,  que  l'on  obtient  la  solution  dont 
l'extrême  simplicité  accroît  plutôt  qu'elle  n'amoindrit  le  mérite.  Nous 
croyons  utde  de  donner  ici  l'expression  complè;e  des  formules  Us  plus 
simples  définitivement  adoptées  par  M.  Massieu. 

»  Soit  f/Q  la  quantité  de  chaleur  nécessaire  pour  faire  passer  un  corps, 
de  la  température  t  à  la  température  t  +  dt,  et  du  volume  v  au  volume 
V  +  dv;  ou  sait  que  p  désignant  la  pression,  et  A  un  coefficient  constant 
pour  tous  les  corps,  les  expressions 

dQ—Apdi', 
dq 

où  T  désigne  la  température  absolue  comptée  à  partir  de  —  278  degrés, 
doivent  être  des  différentielles   exactes;    et   que  c'est  ainsi  que  peuvent  se 
traduire  les  deux  théorèmes  fondamentaux  de  la  théorie  nouvelle. 
»   Posons  donc 


dQ—Apdi>  =  d\] 


nous  en  conclurons 

r/U  +  Apdi'  +  SdT  =  SdT  -4-  T^S  =  ^(TS); 

SdT  +  Apdif  =  d{TS  -  U). 

H  =TS  —  U, 

^H  =  Sdt  -j-  Apdv. 


on  a  donc 
Posons 
nous  aurons 


La  fonction  H  est  caracléristique  du  corps,  et  M.  Massieu  montre  très-aisé- 
menl  que  cette  fonction  étant  connue,  on  peut,  par  de  simples  différentia- 
tions,  exprimer  toutes  les  propriétés  calorifiques  du  corps  correspondant, 
au  moyen  de  cette  fonction  H  et  de  ses  dérivées.  On  a  |)ar  exemple,  i)our 
représenter  les  deux  ciialeurs  spécifiques. 


A=T     ^ 


A' 


r/  H 

dt' 

r/-H 

dv- 

=  T 

d\i 

dt' 

(    2%    ) 

Le  coefficient  de  dilatation  jS  à  pression  constante,  c'est-à-dire  le  rappoit 
de  la  dérivée  du  volume  — -  an  volume  ini-niême,  est 

clt  ^ 


d'K 

/5 

— 

I    dvclt 
dv'' 

à 

vol 

urne  const 
</  H 

/3' 

dvdt 

1)  Quoique  celte  première  partie  du  Mémoire  de  M.  Massieu  ne  con- 
tienne aucun  principe  théorique  nouveau,  et  qu'elle  se  résume  dans  l'ex- 
pression plus  simple  et  plus  élégante  de  deux  théorèmes  très-connus,  nous 
n'hésitons  pas  à  la  déclarer  très-digne  de  l'approbation  de  l'Académie; 
l'introduction  de  la  fonction  caractéristique  dans  les  formules  qui  résument 
toutes  les  conséquences  possibles  des  deux  théorèmes  fondamentaux, 
semble,  pour  la  théorie,  un  service  analogue  et  presque  équivalent  à  celui 
qu'a  rendu  M.  Clausius,  lorsqu'il  a  donné  au  théorème  de  Carnot  l'expres- 
sion si  élégante  et  si  lumineuse  qui  le  rattache  à  la  fonction  nomuiée  par 
lui  entropie. 

»  M.  Massieu,  après  avoir  proposé  pour  l'étude  des  corps  l'emploi  nou- 
veau de  la  fonction  caiactéristique,  recherche  l'expression  de  cetle  fonc- 
tion pour  les  gaz  parfaits  d'abord,  pour  les  vapeurs  saturées  et  pour  les 
vapeurs  surchauffées. 

»  L'étude  des  gaz  parfaits,  c'est-à-dire  des  fluides  qui  suivraient  rigou- 
reusement les  lois  de  Mariotte  et  de  Gay-Lussac,  ne  laisse  subsister  c^u'une 
inconnue  :  le  calorique  spécifique  à  pression  constante;  en  admettant, 
ainsi  que  l'a  trouvé  M.  Regnault  pour  quelques  gaz,  qu'on  puisse  le  consi- 
dérer comme  constant,  le  problème  est  entièrement  résolu.  M.  Massieu 
pourtant  y  applique  ses  formules  et  donne  l'expression  de  la  fonction 
caractéristique  en  fonction  du  volume  et  de  la  température. 

»  En  étudiant  ensuite  les  vapeurs  saturées,  M.  Massieu  retrouve  d'iuie 
manière  élégante  des  résultats  célèbres  et  déjà  classiques,  découverts  par 
M.  Clausius,  et  son  seul  but  est,  comme  il  le  déclare,  de  luonlrer  [lar  ces 
applications  la  simplicité  et  la  généralité  de  sa  méthode. 

»  Le  chapitre  relatif  aux  vapeurs  surchauffées  laisse  plus  de  place  à 
l'incertitude;    l'expérience  ici  n'a  pas  encore  suffisamment  préparé  le  ter- 


(  afio  ) 
rniii,  el  dans  les  formules  générales  ingénieusement  obtenues  par  M.  iMas- 
sien  subsistent  des  inconnues  sur  lesquelles  on  en  est  réduit  à  des  hypo- 
thèses plus  on  moins  jjlausibles. 

»  M.  Massieii  avait  adopté  d'abord  celle  de  la  constance  du  calorique 
spécifique  à  voliiuie  constant,  en  as^similanl,  sous  ce  point  de  vue  très-impor- 
tant au  moins,  les  vapeurs  à  un  gaz  parfait;  il  y  substitue  ensuite  une  loi 
empirique  cpii  permet  une  plus  grande  aj^proximation,  sans  présenter  tou- 
tefois une  plus  grande  garantie  d'exactitude  théorique. 

»  M.  Massieu  a  en  néanmoins,  sur  cette  question  difficile,  le  mérite  de 
donner  une  formule  indéjjpndanle  de  toute  hv|)othése,  par  laquelle  toutes 
les  questions  relatives  à  l'étude  physique  des  vapeurs  se  trouveront  réso- 
lues le  jour  où  l'on  aura  di-tcrminé,  poin*  chaque  température  et  pour 
chaque  pression,  les  valeurs  du  calorique  s|)écifique  à  pression  constante. 

»  Conclusions.  —  En  résumé,  le  Mémoire  de  jNI.  Massieu  nous  paraît  très- 
digne  d'être  approuvé  par  l'Acadénne,  et  inséré  dans  le  Recueil  des  Savants 
étrangers.    » 

I^es  conclusions  de  ce  Rajjport  sont  adoptées. 

MÉMOIRES  PllESEIVlÉS. 

M.  TosTiviiîET  adresse, de  Trémuson  (Côtes-du-Nord  J,  une  Note  relative 

aux  résultats  fjii'd  a  obtenus  en  cherchant  à  faire  couver  ties  peidrix  en 

cage. 

(Renvoi  à  la  Section  île  Zoologie.) 

M.  LouKAu  adresse,  d'Oloron-Sainte-Marie  (Basses-Pyrénées),  une  Note 
manusci'ite  et  luie  brochure  i-elalives  à  un   «  cercle  releveur  ",   destiné  à 
servir  à  la  fois  de  gra])homètre,  de  planchette,  de  l)Oussole  et  de  niveau. 
(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

M.  PiiÉTis  DE  Sainte-Ckoix  aclrcsse,  de  Menton,  une  nouvelle  Lettre 
concern;inl  ses  |)récédenteK  Communicalions  sur  wm'  démoustralion  élé- 
meufoire  du  iioslulaliiin  d'iùiclide. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  uonnnée.) 

M.  Lu.vEAU  adresse  tui  Mémoire  intitulé  «  IMoiivemeut  perpétuel  ;  pro- 
blème îésolu  p;ii'  <lix  systèmes  différents    ». 

(Jn  fera  savoir  à  l'auteur  (pie,  en  vertu  d'iuie  décision  générale,  prise 
ancieiuiement  par  l'Académie,  les  C^ommunications  sur  ce  sujet  sont  con- 
sidérées comme  non  avenues. 


(  26.   ) 
CORRESPONDANCE . 

MM.  BoNTEMPs,  Friedel,  Hvrtl  adressent  des  remercîmenfs  à  l'Aca- 
démie, pour  les  distinctions  dont  leurs  travaux  ont  été  l'objet  dans  le  con- 
cours de  l'année  1869. 

M.  LE  Secrétaire  perpétcel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Mémoire  accompagné  de  planches  et  portant  pour  titre  «  Études 
faites  dans  la  collection  de  l'École  des  Mines,  sur  des  fossiles  nouveaux  et 
mal  connus.  Premier  fascicule  :  Mollusques  tertiaires,  par  M.  F.  Bayan  » 
et  une  brochure  du  même  auteur  sur  les  «  Terrains  tertiaires  de  la 
Vénétie   »  ; 

2°  Les  vingt-quatre  dernières  livraisons  de  l'ouvrage  de  M.  Plée  sur  les 
«  Types  des  fainilles  des  plantes  de  France  ».  L'ouvrage,  mainteuiint  com- 
plet, contient  2400  figures  coloriées,  prises  sur  nature;  c'est  le  fruit  de 
vingt-trois  années  de  travail. 

ASTRONOMIE.  —  Bestatiration  d'un  cadran  solaire  conique,  sur  un  fragment 
rapporté  de  Pliénirie  par  M.  Renan.  Note  de  M.  A.  Laussedat,  pré- 
sentée par  M.  Bertrand. 

«  Pendant  la  campagne  que  l'armée  française  fit  en  Syrie,  en  1860, 
M.  Renan,  chargé  d'une  mission  scientifique  dans  cette  contrée,  obtint  du 
commandant  en  chef  de  l'expédition  le  concours  d'une  compagnie  de  chas- 
seurs à  pied,  pour  faire  pratiquer  des  fouilles  en  différents  endroits  de  l'an- 
cienne Phénicie.  Parmi  les  objets  les  plus  intéressants  que  l'on  parvint  à 
découvrir  à  Oum-el-Awamid  (i),  se  trouve  un  fragment  de  cadran  solaire 
sur  lequel  l'attention  du  savant  philologue  fut  d'abord  attirée,  parce  qu'on 
y  apercevait  les  traces  d'une  inscription  phénicienne. 

»  En  examinant  de  plus  près  le  bloc  de  pierre,  déjà  précieux  à  ce  pre- 
mier titre,  on  reconnut  en  outre  qu'il  présentait  une  porlion  de  surface 


(i)  Cette  localité  est  située  à  quelques  lieues  au  sud  de  Gour  (Tyr)  ;  on  ignore  son  nom 
phénicien.  M.  Renan  y  a  trouvé  plusieurs  inscriptions  et  des  débris  de  monuments  mieux 
conservés  et  mieux  caractérisés  que  partout  ailleurs. 

C.  H..  1R70,  7'  S^m->s(«.  (T.  I.XXI,   N<>4.)  -^^ 


f  962  ) 

concave  sur  lacuiellc  Irois  lignes  sensiblement  droites  rayonnant  dim 
même  centre  étaient  recroisées  pnr  trois  autres  tracées  dans  le  sens  de  la 
coiirhiire  de  la  surface. 

»  M.  Bertrand,  à  qui  M.  Renan  fit  voir  cette  pierre,  n'hésita  pas  à  y  re- 
connaître un  cadran  solaire  conique  ;  les  lignes  snisiblement  droites  étaient 
des  lignes  horaires  et  les  coui'hes  étaient  les  trajectoires  de  Tondjre  de 
l'extrémité  dti  style  aux  solstices  et  aux  éqninoxes.  En  mesurant  l'espace- 
ment de  ces  arcs  de  cercle,  on  arrivait  facilement  à  en  conclure  l'angle  au 
sommet  du  cône,  qui  se  trouva  être  sensiblement  égal  à  la  latitude  du  lieu 
pour  lequel  avait  été  construit  le  cadran. 

»  M.  Bertrand  ni'ayant  engagé  a  étudier  à  mon  tour  la  pierre  jiliéni- 
cienne,  je  n'eus  d'abord  qu'à  reconnaître  l'exactitude  de  son  diagnostic  et 
celle  du  résultat  auquel  il  était  parvenu.  En  examinant  ensuite  attentive- 
ment les  lignes  horaires,  je  constatai  qu'une  seide  était  droite  et  que  les 
deux  autres  coupant  la  base  au  cône  et  les  arcs  de  cercle  qui  lui  sont  paral- 
lèles sous  des  angles  aigus,  ne  l'étaient  pas.  Cette  remarque  m'a  heu- 
reusement mis  sur  la  voie  de  la  restitution  complète  du  cadran  (i).  La  ligne 
droite  était  indubitablement  la  méridienne,  t'X  les  grandeurs  des  arcs  inter- 
ceptés \y,\r  les  lignes  horaires  montraient  que  ces  lignes  ti'étaient  pas  desti- 
nées à  indiquer  ]es  heures  (kjalcs  que  nous  enq)loyons  aujourd'hui,  mais  les 
heures  temporaires  (2),  en  usage  chez  la  plupart  des  peuples  <îe  l'antiquité. 

»  La  disposition  aussi  bien  que  I;)  forme  du  cadran,  et  ou  pourrait  ajou- 
ter celle  du  mouvement  lui-inéme,  résultaient  de  cet  indice  assez  faible  en 
apparence.  A  la  rigueur,  la  méridienne  qui  était  une  génératrice  du  cône 
aurait  pu  être  couchée  horizontalement,  et  l'égalité  de  l'aiigle  au  sommet 
avec  la  latitude  semblait  appeler  cette  solution;  mais  le  sens  dans  lequel 
croissent  les  angles  horaires,  de  l'tm  des  solstices  à  l'autre  (angles  que  l'on 
peut  évaluer  d'après  les  grandeurs  des  arcs  interceptés  entre  les  lignes  ho- 
raires), l'écartait  absolument  et  obligeait  à  donner  à  la  méridienne  une 
inclinaison  égale  au  double  de  la  latitude  (3). 

»  [>e cadran  devant  marquer  les  heures,  depuis  le  lever  jusqu'au  coucher 


(i)  Les  conjectures  que  j'ai  du  faire  el  les  calculs  auxquels  elles  donnaient  lieu  exigeaient 
des  vcriiications  <|ui  m'ont  été  facilitées,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  le  Conservateur  des  an- 
tiques du  Louvre  (jui  a  bien  voulu  melire  à  ma  disposition  un  surmoule  de  la  pierre. 

(2)  L'heure  temporaire  est  le  douzième  de  l'intervalle  de  temps  écoulé  entre  le  lever  et  le 
cnuclier  du  soliil,  i|iiellc  ipie  soit  l.i  saison  ou  l'époque  de  l'année. 

(3)  M.  Rerli.ind  .ivail  eu  le  pressentiment  de  cette  disposiliou  du  cadran. 


(  263  ) 

du  soleil,  on  peut  aftiriiiei'  à  coup  sûr  qu'il  était  terminé  su|jé!ieuiement 
par  le  pian  horizontal  mené  par  l'extrémité  indicatrice  tlu  style,  lecpiel 
plan  coupe  le  cône  suivant  une  parabole  .Du  côté  méridional,  le  |)lan  de 
la  base  de  ce  cône,  dont  luie  partie  se  trouve  conservée,  formait  une  siu-- 
face  terminale  inclinée  parallèlement  à  l'équateur.  Langle  de  la  méi'i- 
dienne  avec  ce  plan  pouvait  se  mesurer  avec  assez  d'exactitude  sur  la 
pierre,  et  l'on  avait  ainsi  une  vérification  de  la  latitude.  Les  résultais 
obtenus  par  les  deux  voies  différentes  s'accordent  entre  eux,  et  avec  la 
véritable  latitude  qui  est  de  33° 8',  à  ^  degré  près. 

»  Quant  aux"  lignes  horaires,  les  trois  arcs  des  solstices  et  des  équinoxes 
étant  tracés  siu'  la  surface  conique,  et  limités  au  plan  horizontal,  le  con- 
structeur du  cadran  n'a  eu,  pour  les  délerminei-,  qu'à  diviser  chacun  de 
ces  arcs  en  douze  parties  égales,  et  à  luiir  par  un  trait  contiru!  les  poinis 
de  division  coirespondants.  Il  était  même  iiuuile  tle  les  prolonger  au  delà 
de  l'arc  du  solstice  d'hiver,  mais  on  voit  sur  le  fragment  conservé  qu'elles 
ont  été  continuées  jusqu'à  la  rencontre  de  la  méridienne  en  un  point  qui 
est  leur  sommet  coinnuin.  Ces  lignes  sont  eu  effet  des  branches  d'hyper- 
boles dégénérant  en  une  ligne  droite,  la  méridieiuie,  et  passant  à  la  parabole 
qui  répond  siu'  le  pl-aii  de  l'horizon  au  commencement  de  la  première  hetiie, 
et  à  la  fin  de  la  douzième.  Peut-être  l'astronome  [)liénicien  n'avait-il 
achevé  ces  lignes  que  dans  un  but  de  décoration;  peut-être  était-il  assez 
bon  géomètre  pour  avoir  voulu  conq^léter  les  hyperboles  jusqu'à  leur 
sommet.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  ce  cadran  offrait  à  !a  vue  simul- 
tanément la  ligne  droile,  le  cercle,  la  parabole  et  des  hyperboles,  dont  les 
paramètres  varient  progressivement.  L'ellipse  seule  faisait  défaut  dans  celte 
série  des  sections  coniques. 

»  L'extrémité  méridionale  du  style  parallèle  à  l'axe  du  monde  élant  seule 
en  état  d'indiquer  l'heure  sur  cette  espèce  de  cadran,  il  est  en  quelque 
sorte  évident  qu'on  devait  substituer  à  ce  style  luie  simple  lis^e  horizontale 
placée  dans  le  plan  du  méridien,  et  partant  du  sonunet  comnuin  des 
courbes  horaires. 

o  Le  cadran  proprement  dit  se  Irouvait  ainsi  entièrement  reconstitué, 
maison  ne  pouvait  pas  se  contenter  de  le  poser  sur  lui  base  horizontale  à 
cause  (lu  surplomb  considérable  de  sa  face  méridionale  parallèle  à  l'équa- 
teur. Il  était  donc  extrêmement  probable  qu'il  devait  être  soutenu  par  ties 
coins  ou  consoles  placés  de  part  et  d'autre  de  la  cavité  conique.  Cette 
construction  rationnelle  du  petit  édifice  que  nous  avions  conjecturée  et 
que  nous  avons  fait  réaliser  dans  le  modèle  exposé  sous  les  yeux  de  l'Aca- 

34.. 


(  a6/,  ) 
demie,  s'est  trouvée  pleinement  justifiée  par  la  Forme  donnée  aux  anciens 
cadrans  sphériques,  dont  plusieurs  spécimens  sont  conservés  au  Musée  du 
Louvre,  au  Brilish-Musenm,  à  Naples,.etc. 

»  Tous  ces  anciens  cadrans  appartiennent  d'ailleurs  au  type  désigné  par 
Vitruve  sous  le  nom  à'hemicycHuin,  lequel  est  luie  modification  de  Vhemi- 
splieriuni  de  Bérose,  dont  il  ne  diffère  que  par  l'ablation  de  la  partie  méri- 
dionale de  l'hémisphère,  à  partir  du  tropique  du  Cancer. 

»  Dans  une  énumération  des  cadrans  connus  de  son  temps,  Vitruve 
nomme  le  cône  et  en  attribue  l'invention  à  Dyonisiodorius,  sans  autres 
détails.  Delambre,  qui  connaissait  si  bien  l'astronomie  ancienne,  n'en 
savait  rien  de  plus.  Il  est  donc  fort  probable  que  la  découverte  de  M.  Renan 
a  mis  au  jour  pour  la  première  fois  un  exemplaire  de  cette  espèce  de  cadran 
qu'il  faut  considérer  comme  étant  d'invention  plus  récente  que  l'hémi- 
sphérium  et  l'hémicyclium.  La  construction  matérielle  en  était  certaine- 
ment plus  simple  (la  suiface  du  cône  étant  plus  facile  à  travailler  que  celle 
de  la  sphère);  mais,  par  cela  même,  elle  était  plus  savante,  et  la  forme  en 
était  beaucoup  plus  élégante. 


(La  partie  ombrée  île  ce  dessin  représeiile  le  frjgmenl  du  cadran  rapporlé  de  Pliënicie.) 

»  L'époque  de  cet  intéressant  petit  nionumeiit  est  certainement  posté- 
rieure aux  travaux  des  grands  géomètres  d'Alexandrie  sur  les  sections  co- 
niques. M.  Renan  a  découvert  en  outre,  dans  le  même  lieu,  d'autres 
inscriptions  dont  la  date  ne  pouvait  pas  remonter  à  plus  d'un  siècle  avant 
l'ère  chrétienne;  il  est  donc  extrêmement  probable  que  ce  cadran  doit  être 
rangé  parmi  les  œuvres  de  la  renaissance  gréco-égyptienne,  et  c'est  ce  que 


(  2(3,'-.  ) 
nous  avons  voulu  exprimer  par  le  système  de  décoration  que  nous  avons 
appliqué  à   son  siq5|)orl:.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  pierre   phénicienne  paraît 
mériter   d'être    signalée    à    tous   ceux    qui    s'intéressent   à    l'histoire    des 
sciences. 

■»  P.  S.  —  M.  Renan  avait  antérieurement  soumis  la  pierre  phénicienne  à 
l'examen  d'un  éminent  archéologue,  M.  Woepcke,  qu'une  mort  pi'ématurée 
a  enlevé  à  la  science.  Le  résultat  des  recherches  de  M.  Woepcke  (i)  est 
entièrement  conforme,  dans  son  ensemble,  à  celui  auquel  nous  sommes 
arrivé  de  notre  côté.  Nous  n'en  avons  eu  connaissance,  M.  Bertrand  et 
moi,  que  tout  récemment,  et  quand  le  travail  cjue  j'ai  l'honneur  de  sou- 
mettre à  l'Académie  était  entièrement  terminé.  Celui  de  M.  Woepcke,  au 
mérite  duquel  je  m'empresse  de  rendre  justice,  était  néanmoins  incomplet; 
il  laissait  plusieurs  points  de  la  question  dans  l'ombre,  et  pour  quelques 
autres,  la  solution  était  soupçonnée,  mais  sans  démonstration.  Nous  n'a- 
vons donc  pas  seulement  retrouvé  l'interprétation  de  M.  Woepcke,  nous 
en  avons  comblé  les  lacunes,  et,  en  lisant  la  Lettre  du  savant  antiquaire, 
bien  loin  de  regretter  le  tenqis  que  nous  avons  passé  à  refaire  son  travail 
et  à  le  compléter,  nous  y  avons  trouvé  avec  une  vive  satisfaction  la  preuve 
de  l'exactitude  d'un'e  restitution  que  l'on  peut,  croyons-nous,  considérer 
désormais  comme  authentique.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Nouvelles  remarques  sur  les  variations  de  iai<juille 
aimantée.  Extrait  d'tuie  Lettre  de  M.  Broun  à  M.  le  Secrétaire 
perpétuel  (2). 

«  Dans  une  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  d'ailresser  récemmeiit  à  l'Aca- 
démie, j'ai  fait  remarquer  que  ; 

«  Si  l'on  peut  supposer  que  cette  formule  (1),  calculée  d'après  les 
»  données  pour  l'époque  moyenne  de  1848, 5,  soit  aussi  exacte  pour  les 
»  33  ans  après  cette  époque  que  pour  les  33  ans  précédents,  nous  pour- 
»  rions  conclure  que  la  marche  accroissante  de  l'aiguille  aimantée  vers  le 
«   nord  a  déjà  cessé.    » 

))  La  formule  [!i),  pour  Paris,  indique  le  même  fait,  quoique  l'éjjoque 
soit  moins  certaine,  à  cause  de  l'incertitude  sur  la  valeur  de  la  constante  a. 


(1)  Journal  Jsialir/ue,  t.  I,  6"  série. 

(2)  ^oir  la   première   Noie  de  M.    Bduii,    Cunij/fcs  rendus,   t.  I>XXI,p.  56   (séance  du 
4  juillet  18'jo). 


(  266  ) 
La  forumle  (i)  donne  i858  pour  l'époque,  à  Makerstown,  où  raccoisseaieut 
lie  la  maiche  vers  l'est  auiait  dû  cesser. 

»  J'ai  reçu  aujourd'hui,  de  M.  Lamont,  les  moyennes  annuelles  de  la 
déclinaison  magnétique  à  Munich,  poiu-  les  années  iS^i  a  1868  (elles  ont 
|)aru  dans  ses  JVoclienberichte)^  elles  montrent  que  la  conclusion  tirée  de 
la  formule  pour  Makerstown  était  juste. 

»  Voici  les  décroissements  décennaux  de  la  déclinaison  occidentale  à 
Munich  : 

Période  de  lo  ans.  Diflércnce  décennale. 

1841  à  l85l ....    1.  9,77 

1842  i852 1.11,88 

1843  i853 ..i3,66  ■ 

1844  1854 i.i4,36 

1845  i855  1.15,39 

1846  iS56 ..  1.14,62 

1847  '^^7 i.i5,3o 

184s  i858 '.«4,90 

1849  1859 I.12,5l 

1 850  1 860 I  1 3 ,  99 

i85i  i8fii i.i5,56 

i852  1862 1.12,90 

i853  i863 1 .  1 1 ,42 

1 854  1 864  • 1.10,10 

i855  i865 I.  9,80 

1 856  1 8()6 1 . 1 G ,  97 

1857  1867 1 .  1 1  ,o3 

i858   1868 1.11,75 

»  Ainsi  la  différence  décennale,  après  avoir  crû  jusque  vers  i85o  (i845 
à  i855),  est  restée  avec  des  valeurs  variables  jusqu'à  i856;  elle  a  diminué 
jusque  vers  1860  (i855  à  i865),  sa  valeur  étant  la  même  que  vers  1846  : 
d('|>uis  1860  (i855  à  i865),  il  y  a  eu  une  recrudescence,  mais  si  leule 
(pi"d  es!  douteux  si  cela  continuera. 

»  I^es  différences  pour  des  périodes  moins  longues,  comme  poui'  trois 
ans,  montrent  d'iuie  manière  plus  marquée  le  changement  du  décroishC- 
ment  annuel  ;  ainsi 

De    184  f    .1    1844  '<-' ilccroisscment  était  6,7   par  ;innée. 
..      i85i        1854  »  »  8,0 

.     i86i        1864  >.  .  6,4 

»    Il  n'est    pas  possible  de  représenter   les  différences   décennales  poiu- 


(  ^-^1  ) 

Munich  par  une  formule  quelconque;  elles  sont  trop  irrégulières  vers  l'épo- 
que du  maximum. 

»  Nous  sommes  arrivés,  en  Europe  comme  à  Trevat)clrum,  à  une  partie 
importante  de  la  combe  qui  représente  la  marche  annuelle  de  l'aiguille 
aimantée.  » 

GÉOMÉTRIE.  —  Réponse  aux  observations  de  M.  Catalan,  dti  ^juillet  dernier; 

par  M.   G.   Darboux. 

«  M.  Catalan  a  présenté  à  l'Académie  [Comptes  rendus,  t.  LXXI,  p.  5o), 
quelques  remarques  sur  deux  points  de  ma  Note  relative  au  lieu  des  centres  de 
courbure  d' une  surf  ace  algébrique.  [Comptes  rendus,  t.  LXX,  p.  rSsS.)  Comme 
la  proposition  critiquée  par  cet  habile  géomètre  me  paraît  offrir  quelque 
intérêt,  je  demande  la  permission  à  l'Académie  de  la  défendre  et  de  ré- 
pondre aux  observations  de  M.  Catalan.  Je  rétablis  d'abord  le  passage 
critiqué  : 

<t  Considérons  une  équation  difliTentieile  que,  pour  plus  de  simplicité,  nous  supposerons 
du  second  degré  en  —  : 

A,  B,  C  étant  des  fonctions  de  x  et  de  /.  On  admet  qnV«  général,  les  courbes  représentées 
par  cette  équation  différentielle  ont  une  enveloppe,  et  <pie  cette  enveloppe  est  donnée  par 
l'équation 

(2)  R  =  B-  — 4AC=o. 

C'est  précisément  le  contraire  qui  arrive;  en  général,  les  courbes  n'ont  pas  d'enveloppe,  et 
la  courbe  R  =  o  est  le  lieu  de  leurs  points  de  rebroussement. 

dr 
»   Si  les  courbes  avaient  en  effet  une  enveloppe  pour  tous  les  points  de  celle-ci,  ^-  serait 

dr 


donné  p.nr 

l'équation  différentielle;  on  aurait  donc 

dR       dR  dr               dr 

dr  "*"  dr  dr  ^°'      di~  ' 

B 

2  a' 

d'oij 

(3) 

dR        B    dR 

dr        7.K  d)' 

Cette  dernière  équation  devrait  donc  être  vérifiée  en  même  temps  que  l 'équnlion  R  ^  o,  ce  qui 

n'a  pas  lien  en  général,  puisque  R  et sont    deux    fonctions   indépendantes   l'une   de 

l'autre.   » 


(  268  ) 

»  Tel  est  le  raisonnement  que  j'avais  donné  (t.  LXX,  p.  i33i-i332). 
S'il  est  inexact,  pourquoi  M.  Catalan  ne  signalc-t-i!  pas  le  point  précis  où 
j'ai  commis  une  erreur? 

»  On  peut  d'ailleurs  le  remplacer  par  le  suivant,  tout  aussi  rigoureux, 
qui  m'est  comnuuiiqué  par  un  iMembre  de  l'Acailéniio  : 

»  Soit  une  équation  différentielle 

»  Prenons  la  dérivée  de  cette  équation  par  rapport  kj"' 

-r— ,   =  O. 

Si  entre  cette  équation  et  la  précédente  on  élimine  y' ,  on  admet  qu'on 
aura,  en  général,  la  solution  singulière.  Il  résulte  de  là  qu'en  déduisant  des 
deux  équations  les  valeurs  de  j"  et  de  j  ',  la  valeur  obtenue  pourj'  devrait 
être  la  dérivée  de  la  valeur  obtenue  pour  7-,  résultat  évidemment  absurde, 
lîuisque  la  composition  en  x  de  l'équation  différentielle  est  tout  à  fait  arbi- 
traire, et  qu'on  pourra,  dans  les  formules,  remplacer  im  coefficient  con- 
stant par  une  fonction  quelconque  de  x,  sans  rien  changer  à  la  suite  des 
opérations  (il  n'y  a  pas  de  dérivée  prise  par  rapport  à  x). 

«  Il  est  donc  établi  qu'en  général,  la  courbe  R  =  o  n'est  pas  l'enveloi^pe 
des  courbes  du  système.  Il  pourra  d'ailleurs,  cela  est  évident,  se  présenter 
les  trois  cas  suivants  : 

»  i"  L'équation  de  condition  (3)  est  satisfaite  pour  tous  les  points  de 
la  courbe  R  =  o  :  alors  cette  courbe  peut  être  et  est  en  général  l'en- 
veloppe ; 

»  2°  L'équation  de  condition  (3)  n'est  pas  satisfaite  pour  les  points  de 
la  courbe  R  =  o  :  c'est  là  le  cas  général,  et  alors  la  courbe  R  =  o  est,  en 
(jénéral,  le  lieu  des  points  de  rebroussement  ou,  si  l'on  veut,  des  points 
singuliers  des  courbes  représentant  les  intégrales  particulières; 

»  3"  La  courbe  R  =  o  peut  se  décomposer  en  deux  parties,  l'une  pour 
laquelle  l'équation  de  condition  est  satisfaite,  et  qui  est  l'enveloppe,  l'autre 
pour  laquelle  cette  équation  fie  condition  n'est  pas  satisfaite,  et  qui  est,  en 
général,  un  lieu  de  points  singuliers. 

»  Il  ne  faudrait  pas  qu'on  se  méprît  sur  la  jiortée  des  propositions  pré- 
cédentes. Elles  pourront  se  trouver  en  défaut.  Il  y  ;i  à  faire  une  discus- 
sion de  la  nature  de  celles  qui  se  présentent  dans  la  tliéorie  des  points 
siiigulin's.  Quaiifl   on   a   étudié  le   point   doub!''.  on  doit  passer  nu  point 


(  .69  ) 
triple,  puis  au  point  quadruple,  etc.  Les  exemples  fournis  p;ir  M.  Catalan 
ne  sont  donc  pas  de  natnre  à  faciliter  la  discussion.  Tout  le  monde  com- 
prend que  lorsqu'on  dit  d'une  proposition  qu'elle  est  vraie  en  qénérnl,  on 
indique  par  cela  même  qu'il  y  a  une  infinité  de  cas  dans  lesquels  elle  ne 
trouve  pas  son  application.  Eu  outre,  il  faut,  dans  la  théorie  qui  nous  oc- 
cupe, distinguer  avec  le  plus  (jrand  soin  le  cas  où  l'équation  nest  jias  inléqrée 
et  n'est  pas  susceptible  d'inléciration  de  celui  oit  l'on  a  rintc(/rale  qénérnle. 

»  Si  l'on  ad  met,  eu  effet,  qu'étant  doiuiéeune  équation  différentielloqnel- 
conquc,  celle  équation  a  une  intégrale  générale  de  la  forme  ©(x,  ^^  C)=:o, 
où  la  fonction  (o  est  finie,  continue  et  hien  déterminée,  dans  une  étendue 
suffisante  du  plan,  et  pour  toutes  les  v;ileiu's  de  C  comprises  entre  certnines 
limites,  il  n'y  a  plus  de  difficulté,  et  dès  que  l'équation  précédente  fournit 
pour  C  plusieurs  valeurs  quand  on  se  donner?  et  ^",  il  y  a  luu^  solution 
particulière  qui  est  l'enveloppe  des  courbes  du  système.  ^lais  rien  ne  prouve 
qu'étant  donnée  ime  équation  différentielle,  elle  ait  en  général  une  inté- 
grale de  la  forme  indiquée.  Admettre  celte  |iroposition,  c'est  faire  une 
hypothèse  justifiée  sans  doute  dans  la  |)Iupart  des  cas  ou  l'on  sait  intégrer, 
mais  qui  est  loin  d'être  démontrée  dans  le  cas  le  plus  étenrlu,  celui  où  l'on 
ne  sait  pas  trouver  l'intégrale  générale. 

»  Quant  à  la  remarque  de  M.  Catalan  sur  les  centres  de  coiu'bure  de 
l'ellipsoïde,  elle  est  fondée.  Je  suis  très-heureux  de  reconnaître  :  i°  que  les 
formules  en  question  n'étaient  pas  d'une  recherche  bien  difficile;  2"  qu'elles 
sont  dans  les  Mélanges  de  M.  Catalan.  Je  leur  avais  donné  place  dans  ma 
Communication,  siutout  pour  mettre  en  évidence  les  huit  coniques  singu- 
lières de  la  surface. 

«  Je  profiterai  de  l'occasion  pour  compléter  un  point  de  ma  Communi- 
cation du  20  juin  dernier.  Étant  dotuii''!'  l'équation 

a(I)"  +  »£  +  '^  =  °. 

il  a  été  établi  plus  haut  que  la  courbe  dont  l'équation  est 

B--/4AC  =  o 

n'est  pas  en  général  l'enveloppe  des  courbes  du  système;  mais  je  n'.ivais 
pas  démontré  que,  dans  ce  cas,  elle  est  en  général  le  lieu  des  peints  sin- 
guliers de  ces  courbes.  La  démonstration  rigoureuse  de  celle  proposilion 
se  déduit  Irès-facdement  des  beaux   résidlats  obtenus   par   AiM.    Biiot  et 

c.  K.,  1870,  7' S'-men-e.  (T.  LXXI,   N"  4.)  35 


(  270  ) 

Bouquet,  dans  leur  Mémoire  Sur  l'intégration  des  équations  différentielles 
[Journal  de  l'Ecole  Polyteclinicfue,  Cahier  XXXVI,  p.  i33).  On  peut  aussi 
employer  les  considérations  suivantes  : 

n  Traçons  la  courbe  (R)  dont  l'équation  est  B*  —  4AC  =  o,  et  suppo- 
sons  qu'elle   soit   réelle;  elle  sépare   en   général  les 

points  du   plan  pour  lesquels  la  valeur  de  -^  fournie 

/  \  par  l'équation  différentielle  est  réelle  des  points  pour 

/  \  lesquels  cette  valeur  est  imaginaire.  Soit  la  courbe  (a) 

'(r)  ^   '  représentant    une   solution    particulière;    d'après    ce 

qu'on  a  vu  plus  haut,  cette  courbe  viendra  couper  la 
courbe  (R  )  en  un  point  M  sous  un  angle  fini.  On  voit  bien  que  la  courbe  (a) 
ne  peut  se  prolonger  dans  la  région  où  le  coefficient  angulaire  de  la  tan- 
gente est  imaginaire.  Donc  le  point  M  est  un  point  singulier. 

»  Ce  mode  de  démonstration,  quoique  peu  rigoureux,  puisqu'il  est  fondé 
sur  la  considération  du  réel  et  de  l'imaginaire,  me  paraît  pourtant  de  na- 
ture à  former  la  conviction  des  géomètres. 

))  Voici  deux  exemples  remarquables  de  l'application  des  propositions 
précédentes  : 

»  1.  Si,  sur  une  surface,  on  étudie  les  lignes  asymptotiques,  ces  lignes  ne 
peuvent  être  réelles  que  dans  la  partie  où  la  surface  est  à  courbure  néga- 
tive. Cette  région  est  limitée  parla  ligne  de  double  inflexion,  ou  lieu  des 
points  à  indicatrice  parabolique.  Cette  ligne  n'a  pas  en  général  pour  tan- 
gentes les  diamètres  des  indicatrices  paraboliques;  elle  est  un  lieu  fie  points 
de  rebroussement  pour  les  lignes  asymptotiques. 

»  IL  Considérons  deux  surfaces  fermées  se  coupant  suivant  une  courbe 
réelle.  Si  l'on  cherche  sur  la  première  (A)  les  courbes  dont  les  tangentes 
sont  tangentes  à  l'autre  (B),  ces  courbes  auront  pour  enveloppe  la  courbe 
d'intersection  des  deux  surfaces,  et,  pour  lieu  de  points  de  rebroussement, 
la  courbe  de  contact  avec  (A)  de  la  développable  circonscrite  à  (A)  el 
à  (B).    .. 

THERMO-DYNAMIQUE.    —    Sur  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur  et  sur  les 
propriétés  électro-thermiques  de  l'aluminium;  par  M.  J.  Vioi.ij;. 

«  Dans  la  Note  que  j'ai  eu  l'Iioiuieur  de  soumettre  à  l'Académie  le 
i3  juin  dernier,  je  faisais  connaître  les  résultats  que  j'avais  obtenus  dans 
des  expériences  faites  au  moyen  île  l'apjiareil  de  Foucault  poiu-  délermiiier 
l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur.  Dans  ces  ex|)ériences  je  ni'élais  servi 


(     271     ) 

d'un  disque  de  cuivre  rouge,  semblable  à  celui  dont  Foucault  lui-même 
avait  fait  usage  pour  manifester  réchauffement  considérable  que  l'on  peut 
obtenir  avec  la  disposition  qu'il  avait  donnée  à  l'expérience  d'Arago.  De- 
puis, j'ai  employé  successivement  des  disques  de  plomb,  d'élain  et  d'alumi- 
nium, et  en  suivant  la  même  méthode  que  pour  le  enivre,  j'ai  obttnu  pour 
l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur  les  nombres 


435,8 

avec  l'étain 

437,4 

»     le  plomb 

434  »9 

«    raluminiuin 

bien  voisins  du  nombre 

435,2 

trouve  avec  le  eu 

»  Cet  accord  ne  semblera  sans  doute  pas  sans  importance  si  l'on  consi- 
dère que  les  expériences  ont  porté  sur  les  métaux  les  plus  ditïérenls  peut- 
être  au  point  de  vue  physique,  le  plomb  et  le  cuivre.  Du  reste,  on  en  jugera 
par  le  tableau  suivant  qui  donne  les  élévations  de  température  observées 
sur  les  différents  métaux,  pour  une  même  rotation  de  cinq  minutes,  avec  une 
vitesse  de  1 833',  6  à  la  minute: 

Cuivre 8'',8o5 

Étain .  , 5°,  602 

Plomb 5°,  255 

Aluminium 9°,  209 

))  L'échauffement  du  disque  d'aluminium  a  donc  été  le  plus  considérable, 
et  cela  bien  que  le  poids  de  ce  disque  ne  fût  pas  Je  tiers  du  poids  du  disque 
de  cuivre  et  pas  le  quart  du  poids  du  disque  de  plomb;  les  disques  avaient 
en  effet  sensiblement  le  même  volume.  Mais  d'autre  pari,  la  chaleur  spéci- 
fique de  l'aluminium  est  énorme  (plus  du  double  de  celle  de  cuivre),  et 
par  conséquent,  à  égalité  de  masse  et  pour  une  même  élévation  de  tempé- 
rature, raliimiiiiiim  est  de  tous  les  mélaux  celui  qui  agira  le  plus  énergi- 
quement  sur  les  corps  à  l'aide  desquels  on  cherchera  cà  reconnaître  cette 
élévation  de  température. 

»  Il  n'est  donc  [)as  douleux  que  ce  métal  devrait  être  employé  de  préfé- 
rence à  tout  autre  pour  répéter  l'expérience  de  Foucault  et  jiour  montrer, 
dans  un  cours,  l'échauffement  énorme  qu'elle  peut  produire. 

»  Je  dois  d'ailleurs  remarquer  que,  pour  toutes  les  expériences  d'éleclri- 
cilé,  l'aluminiimi  est  le  métal  par  excellence,  très-bon  conducteur  et  d'une 
légèreté  exceptionnelle;  il  est  le  seul  doni  on  devrait  se  servir  j)our  les  con- 

35.. 


(  272  ) 

ducleiirs  mobiles  de  la  table  d'Ampère.  Son  inaltérabilité,  jointe  à  sa  bonne 
conductibilité,  le  recommande  aussi  d'une  façon  toute  spéciale  pour  les 
j)iéces  fixes  des  a[)parei!s  électriques,  et  il  remplacerait  avec  avantage  le 
cuivre  dans  la  construction  des  télégiapheset  des  machines  magnéto  élec- 
triques :  c'est  un  point  sur  lequel  il  n'est  jias  inutile,  je  crois,  d'appeler 
l'attention  des  constructeurs.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —   Recherches  sur  les  dérivés  bromes  de  l'acide  acéliciue 
anhydre.  Note  de  M.  H.  Gal,  présentée  par  W.  Calioiu-s. 

«  Toutes  les  tentatives  faites  jusqu'à  présent  pour  obtenir  les  dérivés 
bromes  ou  chlorés  des  acides  anhydres  ont  échoué;  on  sait,  en  effet, 
que  lorsque  l'on  fait  réagir  directement  le  bionie  sur  l'acide  acétique 
anhyih e  par  exemple,  il  ne  se  prodint  pas  de  phénonune  de  sidjslitiitiou, 
mais  que  ce  composé  se  dédouble  et  doruie  naissance  à  un  mélange  de 
bromure  d'acétyle  et  d'acide  monobromacétique;  la  formule  suivante  rend 
compte  de  celte  réaction  : 

{.'H'O"  +  .iBr  =  C'H'O^Br  4-  C'H^BrO'  (i). 

»  l^aiis  l'impossibilité  de  provoquer  une  substitution  directe,  il  fallait 
donc  songer  à  trouver  un  |)rocédé  détourné  pour  obtenir  les  composés 
bromes  dérivant  des  acides  anhydres.  L'étude  de  ces  dérivés  |)résentait 
d'autant  plus  d'intérêt  qu'on  pouvait  espérer  trouver  parmi  eux  le  j)reinier 
terme  de  substitution,  ce  qui  aurait  fixé  définitivement  l'équivalent  des 
acides  anhydres. 

M  Le  procédé  général  indiqué  ])ar  Gerhardt,  pour  préparer  les  acides 
anhydres,  consiste  à  fair  réagii'  le  chlorure  d'un  radical  acide  sur  le  sel  de 
potasse  ou  de  soude  correspondant;  on  conçoit  facilement  qu'en  em- 
ployant un  chlorure  ayant  déjà  subi  des  substitutions  de  la  part  du 
chlore,  il  se  prodiiir.i  un  anhydride  dans  letjuel  un  ou  plusieius  étpiiva- 
lenls  d'hydrogène  seront  remplacés  par  le  même  nombre  d'équivalents 
de  chlore. 

»  Les  exiiériences  (pie  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  ne  sont 
relatives  qu'à  l'acide  acétique  anhydre  et,  vu  la  dilficullé  fi'oblenir  les  dé- 
rivés chlorés  du  (.  Iilorure  d'acétyle,  j'ai  eu  recours  aux  dérivés  Ijiomés  du 
même  radical. 


(1)   Comptes  reniliis,  I.  LIV,  |).  S^o. 


(  273  ) 
»  J'ai  versé  du  bromure  d'acétyle  monobromé  (C*H'-BrO^,Bi)  sur  de. 
l'acétate  de  soude  foudu  et  pulvérisé,  le  mélange  s'est  échauffé  et  j'ai  soumis 
le  tout  à  la  dislillatiou  ;  il  est  passé  un  liquide,  qui,  rectifié,  est  entré  en 
ébullition  à  iSy  degrés;  la  température  s'est  élevée  graduellement  jusqu'à 
245  degrés;  à  ce  point,  elle  est  restée  stationnaire,  et  j'ai  pu  recueillir  un 
liquide  incolore  qui,  soumis  à  l'analyse,  a  fourui  les  résultats  suivants  : 

I.  i^%i  10  de  substance  brûles  par  l'oxyde  de  cuivre  ont  donne  o8',73'2  d'acide  carbonique 

et  o",  ibo  d'eau. 

II.  o«'',43o  de  matière  traités  par   la  potasse  et  l'azotate  d'arj^ent  ont   produit  o^^Gao  de 

bromure  d'argent. 

»   Ces  résultats  traduits  en  centièmes  donnent 

I.  II. 

Carbone 18,0  » 

Hydrogène 1,8  » 

Brome »  61 ,3 

"  ]jd  substance  analysée  n'est  autre  chose  que  rie  l'acide  acétique 
anliy<lre  bibromé,  la  formule  de  ce  composé  (CH"*  Br^O")  exige,  en  effet, 

C 18,4 

H 1,5 

Br 61,5 

»  Qtiant  au  liquide  bouillant  de  1^7  à  25o  degrés,  il  est  coiiq)osé  en 
grande  partie  par  l'acide  acétique  anhydre. 

»   ]ja  formation  de.  ces  corps  s'explique  facilement  :  il  est  probable,  eu 

effet,  que  par  l'action  du  bromure  d'acétyle  monobromé  siu-  l'acétate  de 

soude,  il  se  produit  d'abord  de  l'acide  anhydre   monobroiué,   d'après  la 

formule 

CH^O-)^         C"H=BrO'  C'H'O')  Na 

'    O-    +  =  '    0      -I-  5 

Na \  Br        C"H'BrO' )  Br 

et  que  ce  composé,  sous  l'action  de  la  chaletii-,  se  dédouble  ensuite  de  la 
manière  suivante  : 

l  C»H-BrO'  I  C'H^O-J  C'H^BrO^/^ 

2  !  0'  =  0-  +  '  0-'. 

I       C'U^O^)  OH^O'j  CMl-BrOM 

"  L'acide  acétique  anhydre  bibromé  ne  se  solidifie  p;!S  nK'iue  à  zéro. 
Versé  dans  l'eau,  il  se  rend  au  fond  de  ce  liquitie  et  y  di  piUMÎt  jieu  à  peu 
en  se  transformant  en  acide  nionoliroi-.iacétique. 

»   On   peut  obtenir  ce  dernier  paifaileiiient  ciilallisé  en   ab:uuionuant 


■(  -^74  ) 

l'acide  anhydre  à  l'air  humide.  Le  nouveau  composé  se  dissout  dans 
l'alcool  avec  dégagement  de  chaleur  eu  donnaut  naissance  à  de  l'élher 
inonobromacélique. 

»  On  conçoit  qu'en  employant  du  bromure  d'acétyle  bibromé  et  Iri- 
bromé,  on  obtiendrait  de  même  l'acide  acétique  anhydre  qiiadribromé  ou 
acide  bibromacétique  atihydre  et  l'acide  acétique  anhydre  perbromé  ou 
acide  tribroniacétique  anhydre.  Je  n'ai  pas  cru  devoir  continuer  ces  re- 
cherches, mon  but  |)rincipal,  en  les  commençant,  étant  de  chercher  ù  ob- 
tenir le  composé 

qui  se  forme  probablement  dans  la  réaction  que  j'ai  décrite,  mais  qui,  mal- 
heureusement, se  dédouble  sous  l'action  de  la  chaleur,  ainsi  que  je  viens 
de  l'indiquei'.  » 

CHIMIE.  —    Dosaqe  uohiniéliiqite  des  fluorines  saliihlcs. 
Note  de  M.  P.  Guyot.  (Extrait.) 

«  J.  Nickiès  a  montré  que  le  fluorure  de  potassium  donne,  avec  le  per- 
chlorure  de  fer,  un  précipité  blanc  de  sesquifluoferrate,  représenté  par 
Fe-Fl',  2KFI,  et  que  ce  précipité  se  forme  même  au  détriment  de  combi- 
naisons organiques  déjà  produites  (i). 

»  En  pnrlaiit  île  cette  observation,  j'ai  cherché  à  doser  les  fluorures  so- 
inbles  à  l'aide  du  perchloriu-e  ferri(|ue.  Pour  cela,  je  me  sers  d'une  solu- 
tion pour  laquelle  je  connais  exactement  la  quantité  de  fer  contenue  dans 
r  centimètre  cube  de  la  solution  :  d'un  autre  côté,  je  prends  lui  poids 
déterminé  de  fluorure  de  potassium,  que  je  fais  dissoudre  dans  un  volume 
connu  d'eau  distillée.  Le  dosage  se  fait  avec  10  centimètres  cubes  tic  la 
solution  de  fluorure;  on  les  place  dans  un  verre  avec  quelques  gouttes  d'iuie 
solution  de  succinate  d'ammoniaque,  puis  on  ajoute,  à  l'aide  d'une  burette 
grailuée,  du  perchloriu-e  ferrique,  jusqu'à  ce  qu'il  se  forme  une  leinte 
brime. 

»  J'ai  aussi  essayé  d'employer  le  sulfocyanure  de  pota.ssium  on  de 
sodium,  le  prussiate  jaune  et  le  tannin,  à  la  place  du  succinate  d'ammo- 
niaque; mais,  avec  ces  réactifs,  il  est  très-difficile  de  saisir  exactement   le 


(1)  Revue  (les  Cours  scientifiques,  t.V,  n"  24,  p.  Sgo. 


(  ^75  ) 
moment  où  il  faut  s'arrêter,  parce  qu'il  se  forme  des  colorations  plus  on 
moins  visibles,  avant  que  tout  le  fluorure  soit  passé  à  l'état  de  sesquifluo- 
ferrate  de  potasse.  Le  succinate  d'ammoniaque  ne  donne  un  précipité brini 
que  quand  tout  le  fluor  du  fluorure  est  précipité.    » 

PHYSIOLOGIE.  —  Nouvelle  démonstration  de  In  régénération  osseuse  après  les 
résections  sous-périostées  articulaires.  Note  de  M.  Ollier,  présentée  par 
M.  Claude  Bernard. 

(c  Aux  preuves  que  j'ai  déjà  apportées  en  faveur  de  la  régénération 
osseuse  chez  l'homme,  après  les  résections  sous-périostées  des  articulations, 
je  puis  aujourd'hui  en  ajouter  une  nouvelle  qui,  je  l'espère,  sera  définitive- 
ment concluante. 

u  Jusqu'ici  je  n'ai  pu  démontrer  cette  régénération  que  par  des  observa- 
tions cliniques,  c'est-à-dire  par  la  constatation,  sur  le  vivant,  du  résultat  de 
la  résection  après  la  guérison  des  opérés.  Dans  certains  cas,  comme  après 
l'ablation  de  la  moitié  supérieure  de  l'humérus,  ou  la  résection  totale  du 
coude  sur  une  hauteur  de  7  ou  8  centimètres,  la  reproduction  de  masses 
osseuses,  renflées,  articulées  entre  elles,  ne  pouvait  laisser  le  moindre  doute 
dans  l'esprit  des  chirurgiens  qui  ont  été  à  même  de  voir,  à  côté  du  membre 
opéré  et  guéri,  les  portions  osseuses  enlevées.  Mais  ceux  qui  n'ont  pas 
examiné  mes  opérés  pourraient  faire  des  réserves  sur  mes  interprétations, 
en  s'appuyant  sur  la  difficulté  d'apprécier,  à  travers  la  ])eau,  l'état  réel 
d'une  articulation  réséquée,  et  en  m'o|)posant  les  résultats  négatifs  signalés 
par  d'autres  opérateurs,  après  des  résections  réputées  .semblables  aux 
miennes,  ou  au  moins  publiées  sous  le  même  nom. 

»  Les  faits  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Institut,  comme  complé- 
ment de  mes  études  expérimentales  sur  la  régénération  osseuse,  et  qui  ont 
été  recueillis  sur  des  opérés  morts  un  certain  temps  après  une  résection  du 
coude,  viennent  démontrer,  d'une  manière  encore  plus  rigoureuse  que 
l'observation  sur  le  vivant,  la  justesse  de  mes  déductions  expérimentales. 

»  La  régénération  osseuse  se  fait  chez  l'homme  comme  chez  les  Mammi- 
fères sur  lesquels  j'ai  expérimenté.  Elle  obéit  aux  mêmes  lois,  s'opère  dans 
les  mêmes  conditions  d'âge  et  de  milieu,  et  fait  défaut  dans  les  mêmes  cir- 
constances. Dans  certains  cas  seulement,  elle  se  fait  d'une  manière  plus 
régulière  chez  l'homme,  parce  qu'il  se  prête  mieux  que  les  animaux  à  l'im- 
mobilisation que  nécessite  le  traitement  consécutif 

»    Les  deux  opérés  dont   l'autopsie  m'a  permis  de  vérifier  ces  proposi- 


(  276  ) 

tions  ont  succombe'',  l'un  dix-luiit  mois,  l'autre  imi  an  après  la  résection  fin 
coude.  T>p  premier  étiiit  âgé  de  ig  ans,  le  second  de  l\g.  Chez  le  pins  jeune, 
la  reproductioi)  a  été  plus  abondante  et  plus  régulière;  il  y  a  eu  iiou-seu- 
lenient  reconstitution  de  l'articulation,  par  le  rapprocliemenl  des  surfaces 
de  section,  mais  encore  l'égénéralion  des  extrémités  osseuses  :  tuhérosités 
humérales,  oiécràne. 

>i  Unit  mois  après  la  résection,  mon  opéré  se  trouvait  dans  de  bormes 
conditions  locales  et  générales.  Il  ne  restait  qu'un  petit  trajet  fistnleux,  qui 
donnait  de  temps  à  autre  ini  peu  de  .sérosité  purulente.  Les  mouvements 
actifs  d'extension,  de  flexion,  de  pronation  et  de  supination  étaient  rétablis 
et  se  perfectionnaient  de  jour  en  jour. 

»  Une  phtliisie  pulmonaire  se  déclara,  et,  à  [larlir  île  ce  moment,  jusqu'à 
la  fin  de  la  vie,  le  malade  traîna  mie  existence  misérable.  Plusieurs  articu- 
lations (épaule,  hanche),  saines  jusque-là,  furent  atteintes  de  tumeur  fon- 
gucuse  et  de  carie;  l'articulation  réséquée  éprouva  de  nouveau  les  mêmes 
altérations  et  supj)ura  jusqu'à  la  fin. 

»  Voici  les  principaux  détails  de  raiito|)sie,  relativement  à  la  forme  des 
extrémités  osseuses  reproduites  et  à  leurs  rapports. 

»  L'extrémité  inférieure  de  l'huméius  est  la  partie  la  plus  régidièremcnt 
reconstituée.  Vue  par  sa  face  antéiieure,  elle  présente  nue  forme  triangu- 
laire. Son  sommet  se  confond  avec  la  diaphyse  de  l'os,  et  ses  angles,  terminés 
par  des  prolongements  saillants,  représentent  l'épicondyle  et  l'épitrochlée. 
Sa  base  cori-espoml  à  l'inlerligue  articulaire.  Les  tuhérosités  latérales 
mesin-eut  près  de  4  centimètres,  de  leur  sommet  à  leur  base  qui  se  contitjue 
avec  la  diaphyse.  La  section  de  l'os  ayant  porté  à  42  millimètres  de  l'inter- 
ligne articulaire,  et  toute  la  portion  élargie  de  l'humérns  avant  jjar  cela 
même  été  retranchée,  il  n'y  a  pas  de  doute  possible  sur  l'origine  des  tn- 
l)éiosités  que  nous  avons  cfuistarées  à  l'autopsie.  Rien  que  la  p.ortion  nou- 
velle se  continue  régulièrement  et  paraisse,  au  premier  abord,  confondue 
avec  la  p'iiiion  ancienne,  on  la  distingue  à  son  aspect  rugueux  et  à  l'ab- 
sence de  la  concile  compacte,  lisse  qui  recouvre  les  os  normaux. 

»  I.,e  cubitus  se  termine  par  un  olécrâne  de  non\('Ile  for-mation,  long  de 
3  centimètres,  qui  forme,  avec  la  portion  ancrenne  de  l'os,  un  angle  obtus 
ouvert  en  avant,  de  sorte  que  les  limites  entre  la  portion  anciiMine  et  la 
]i()rtion  nr)uvelle  sont  faciles  à  établir,  (let  olécrâne  forme  ainsi  un  crochet 
qui,  ])lacé  en  ai'rière  entre  It^s  Inbérosilés  nouvelles,  emboile  rinmK'iiis  et 
assure  la  solidité  de  l'.'.rlicnlation. 

»   En  dedans  du  point  ou  roh'crâite  s'articule  avec  la  face  postérieure  de 


(  277  ) 
l'hiimérds,  on  trouve,  sur  le  nouveau  condylo  interne,  nne  gouttière  bien 
dessinée  et  occupée  |)ar  ie  nerf  cubital,  cotninea  l'état  normal. 

»  Quant  au  radius,  il  se  termine  par  un  renflement  formé  \r.iv  l'addition 
d'iuie  substance  osseuse  nouvelle,  mais  sans  que  la  forme  fie  la  cujnile  ait 
été  rej)ro(luite. 

»   Toutes  ces  masses  nouvelles  étaient  recouvertes  par  un  périoste  épais. 

»  Les  diverses  insertions  musculaires,  qui  avaient  été  détachées  au  mo- 
ment de  l'opération,  se  sont  rétablies  dans  leiu-s  rapports  normaux.  T,es 
nuiscles  sont  pâles,  atrophiés,  en  raison  du  long  repos  auquel  ils  ont  été 
condamnés  dans  les  derniers  mois  de  la  vie,  mais  on  retrouve  distincte- 
ment toutes  leurs  insertions,  même  celle  de  l'ancôné.  Le  triceps  s'insère 
sur  la  pointe  et  sur  les  bords  de  l'olécràne,  et  agit  sur  le  cidjitus  seid.  f.e 
brachial  antérieur  s"insère  sur  une  saillie  coronoïdienne  de  nouvelle  for- 
mation. 

»  Au  centre  de  la  portion  nouvelle  de  i'huiiiérus,  dans  l'écaitement  des 
deux  tubérosités  latérales,  on  trouve  une  masse  tibrt-use,  dure,  mais  non 
encore  ossiiiée,  recouverte  en  avant  par  quelques  lobules  graisseux.  Les 
surfaces  articulaires  ne  sont  pas  recouvertes  d  une  couche  chondroïde.  Le 
retour  de  la  suppuration  dans  le  coude  avait  non-seulement  empêché  les 
processus  réparateurs  de  se  compléter,  mais  encore  amené  les  désordres 
qu'on  constate  dans  les  arthrites  chroniques  sup|)urées;  l'iiilérieur  de  l'ar- 
ticulation était,  dans  presque  toute  son  étendue,  tapissé  pai'  une  mend)rarie 
granuleuse,  plus  ou  moins  bourgeonnante. 

»  Le  second  opéré  sur  lequel  j'ai  [)u  constater,  par  l'aulopsie,  le  degré 
réel  de  la  régénération  osseuse  est  mort  d'albuminurie,  un  an  après  l'opé- 
ration. Malgré  les  mauvaises  conditions  dans  lesquelles  d  a  vécu,  >a  santé 
n'ayant  été  satisfaisante  que  du  deuxième  au  .sixième  mois  après  1 1  résec- 
tion, j'ai  trouvé,  du  côté  de  l'humérus,  deux  niasses  latérales,  épaisses,  sail- 
lantes, dirigées,  comme  dans  le  cas  précédent.  L'une  en  bas  et  en  dehors, 
l'autre  en  bas  et  en  dedans,  de  manière  à  former  une  espèce  de  mortaise 
qui  empêchait  toute  mobilité  latérale  du  radius  ei  du  cubitus.  La  tubérosité 
externe  est  surtout  très-développée;  elle  est  d'une  seule  pMèce,  et  mesure 
4  centimètres;  l'interne  est  complétée  par  un  noyau  osseux  indépendant. 

»  Le  nerf  cubiial  était  logé  dans  une  gouttière  osléo-bbreuse,  en  arrièie 
<le  la  tubérosité  interne. 

»  L'olécràne,  de  forme  irrégulière,  se  continue  dans  le  tendon  ilu  triceps 
par  une  série  de  noyaux  osseux  indépendants. 

C.  R.,  i8;o,  1'  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  4.)  36 


(  ^7»  ) 

»  La  reproduction  de  ces  larges  tubérosités  hiimérales  me  paraît,  ici, 
d'autant  plus  remarquable  que  le  malade  avait  quaraiile-neuf  ans,  et  que, 
d'après  mes  recherches  expérimentales,  on  ne  peut  compter,  dans  lâge 
adulte,  que  sur  une  génération  très-imparfaite. 

»  Toutes  les  insertions  des  muscles,  (iétacliées  au  moment  de  l'opération, 
se  sont  rétablies  dans  leurs  rapports  normaux  sur  les  masses  osseuses  nou- 
velles. On  les  retrouve  aussi  régulières  que  dans  le  cas  précédent. 

»  Ces  résultats  sont  extrêmement  démonstratifs  eu  faveur  de  mes  procédés 
opératoires,  qui  reposent  sur  la  conservation  intégrale  de  la  gnine  périosléo- 
capsulaire,  c'est-à-dire  de  toutes  les  parties  fibreuses,  périoste,  tendons,  liga- 
ments, qui  entourent  le.s  extrémités  osseuses  et  limitent  les  articulations  (i). 
La  partie  périostique  de  la  gaîne  sert  à  la  régénération  des  extrémités  os- 
seuses ;  et,  dans  les  cas  où  celte  régénération  ne  peut  pas  avoir  lieu,  à  cause 
de  l'âge  trop  avancé  du  malade,  une  articulation  nouvelle  se  reconstitue 
encore  entre  les  surfaces  de  section,  grâce  à  la  conservation  des  moyens 
d'union  et  des  organes  de  mouvement.  Les  muscles  continuent  à  agir,  par 
l'intermédiaire  de  la  gaîne  périostique,  sur  les  os  qu'ils  doivent  mouvoir.  » 

CHIMIE  ANIMALE.  —   Sur  tes  graisses  du  chyle.  Note  de  M.  Dobroslavine, 

présentée  par  M.  Wiutz. 

«  J'ai  commencé  un  travail  sur  les  matières  grasses  du  cliyle  des  herbi- 
vores. Ces  matières  m'ont  été  remises  par  MM.  Wurtz  et  Colin. 

»  M.  le  professeur  Colin  m'a  remis,  en  outre,  une  certaine  quantité  de 
chyle  de  vache,  qui  a  été  desséché  et  épuisé  par  l'éther.  La  matière  grasse 
ainsi  obtenue  se  présentait  à  l'état  d'une  masse  jaunâtre,  solide,  en  partie 
cristalline,  qui  se  dissolvait  à  froid  dans  l'éther  et  dans  l'alcool  à  96  pour  100, 
en  laissant  un  dépôt  blanchâtre.  Ce  dernier  ne  se  dissolvait  que  dans  de 
l'éther  tiède,  et  dans  de  l'alcool  (à  g5  pour  100)  bouillant.  Par  le  refroidis- 
sement, la  matière  grasse  dissoute  dans  l'alcool  bouillant  se  séparait  de  la 
dissolution  en  flocons  blancs  comme  la  neige,  et  se  rassemblait  au  fond 
des  vases.  Quelquefois,  lorsque  la  solution  n'était  pas  concentrée,  la  matière 
"rasse  au  lieu  de  se  déposer  en  flocons,  se  précipitait  sous  forme  de  grains 
blancs  dans  lesquels  on  pouvait  à  l'aide  d'une  loupe  reconnaître  très- 
facilement  des  aiguilles  groupées  en  mamelons.  Recristallisée  5  à  6  fois 
dans  de  l'éther  tiède  et  dans  de  l'alcool  à  gS  pour  100  bouillant,  cette  ma- 


(i)   Traité  expérimenlal  et  clinique  de  la  rés;i'ricration  des  os,  t.  I  et  II. 


(  279  ) 
lière  grasse  préseniait  toujours  le  même  aspect,  et  avait  un  point  de  fusion 
constant  à  f\o  degrés.  I^es  analyses  de  cette  matière  grasse  m'ont  donné  les 
résultats  indiqués  dans  la  note  (i). 

»  Cette  matière  grasse  n'a  pu  être  saponifiée  qu'à  l'aide  d'une  dissolu- 
lion  alcoolique  de  potasse  caustique.  Pendant  cette  saponification,  qui 
s'opérait  très-aisément  de  4o  à  5o  degrés  environ,  il  se  dégageait  de  l'am- 
nioniaque  facile  à  constater.  Le  savon  obtenu  a  été  soumis  à  plusieurs 
cristallisations  dans  l'éther,  dissous  dans  l'eau  distillée  et  précipité  parle 
chlorure  de  baryum.  En  décomposant  le  sel  de  baryte  par  l'acide  chlorhy- 
driqne  faible  on  a  obtenu  un  acide  gras  cristallin.  Cet  acide  fut  purifié  par 
compression  dans  du  papier,  sous  une  forte  presse,  et  soumis  à  plusieurs 
cristallisations  dans  l'éther  et  dans  l'alcool  à  gS  centièmes,  jusqu'à  ce  qu'il 
présentât  un  point  de  fusion  constant. 

»  L'acide  ainsi  purifié  a  été  soumis  à  l'aîialyse,  qui  a  donné  les  chiffres 
correspondants  à  la  formule  de  l'acide  stéarique  CH'^O"  : 

Trouvé.  Calculé. 

c 75,98  76,05 

H 12,93  12,68 

»  Mais  comme  le  point  de  fusion  de  l'acide  analysé  n'était  situé  qu'à 
60°,  5,  et  son  point  de  solidification  entre  58  et  55  degrés,  ou  en  moyenne 
56°,  5,  il  est  probable  qu'il  constitue  un  mélange  de  60  pour  100  d'acide 
stéarique  et  de  4o  pour  100  d'acide  palmitique,  mélange  qui,  selon 
M.  Heintz,  fond  à  60°,  3,  et  se  solidifie  à  56",  5 

»  Les  eaux  mères  de  la  saponification  ont  été, saturées  par  un  courant 

(1)  Ges  analyses  pourraient  conduire  sensiblement  à  la  formule 

C'HM  ' 

ainsi  (jiie  le  montrent  les  chiffres  suivants  : 

Trouvé. 

I.  II.  111.  IV.  V.  Calculé. 

C 75,19       75,36        '>  »  ..  75,13 

H 12,65         12,36  »  »  »  12,36 

Az »  »  2,09  1,61  2,77  2,24 

O »  »  »  >»  D  H 

On  remarquera  la  présence  de  petites  quantilés  d'azote  parmi  les  elémenls  de  cette  matière 
grasse. 

36.. 


(  28o  ) 
d'acide  car]joniqiie,  <''v,t poires  jiisfju  à  .siccilé  et  é|)nisées  nar  de  l'alcool 
à  g5  pour  loo.  J.'cxirail  alcoolique  évaporé  a  donné  im  résidu  jaunâtre, 
sirupeux,  fjui  ne  se  dissolvait  p;is  dans  de  l'étheiet  se  mélangeait  en  toutes 
proportions  avec  l'alcool  et  l'ean.  Ce  n'était  évidemment  que  la  glycérine 
de  la  graisse  saponifiée. 

»  La  portion  des  matières  grasses  au  chyle  soIid)le  dans  l'élhcr  froid 
est  iTSiée,  après  l'éNaporatiou  de  l'éllier,  à  rét;it  d'une  huile  jaune  foncé, 
qui  est  restée  fluide  au-dessous  de  la  température  ordinaire.  Celte  huile 
ne  paraît  être  atitre  chose  que  de  l'oléine. 

M  Tout  en  jjublianl  les  résultats  de  nies  recherches,  je  n'ose  |)as  encore 
eu  tirer  des  conclusions  définitives,  surtout  i-elativement  à  la  présence  de 
l'azote  trouvé  dans  les  graisses,  sachant  condiien  il  est  difficile  de  purifier 
les  corps  gras  en  général,  et  surtout  quand  on  ne  peut  ojiéter  que  sur 
lUie  quantité  de  m.itière  peu  abondante. 

»   Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  M.  Wnriz,    » 

ZOOLOGIE.  —  Recherches  sur  la  génération  des  Gastéropodes.  Note  de  M.  Pkrf.z, 
présentée  par  M.  Milne  Edwards.  (Extrait  par  l'Auteur.) 

«  Ij'opinion  la  plus  généralement  professée  sur  la  fécondation  des  Gas- 
téropodes androgynes  consiste  à  admettre  que  le  sperme  déposé  lors  de 
l'accouplement  dans  la  poche  co|)idatrice  séjourne  plus  ou  moins  long- 
temps dans  cette  cavité,  attendant^  pour  les  féconder  au  passage,  les  œufs 
mùis  qui,  plus  lard,  tlesceudront  de  l'oviducte.  Des  faits  nombreux, obser- 
vés chez  des  Limaces  et  des  Hélices,  ont  convaincu  l'auteur  que  les  choses 
ne  se  passent  point  de  la  sorte.  ^ 

))  Peu  de  temps  après  l'accouplement,  les  spermatozoïdes,  devenus  libres 
dans  la  poche  couulalrice  par  la  rupture  du  s|)ermato])hore,  s'engagent 
dans  le  can;il  de  la  poche, le  jiarcourent  dans  toute  sa  longueur, et  arrivent 
ainsi  <laus  le  veslilMiic.  Ils  traversent  celle  cavité,  atteignent  l'orifice  de 
l'oviducte,  et  ])éneti'ent  enfin  dans  ce  dernier  conduit,  où  on  les  ren- 
contre à  des  hauteins  variables  suivant  l'époque  plus  ou  moins  éloignée 
de  raccouj)lem('ut.  Il  s'en  trouve  jusque  dans  le  voisinage  de  la  glande  de 
l'albumine. 

»  I^e  sperme  échappé  de  la  poche  copulatrice  |irogresse  sous  la  forme 
d'iui  cordon,  assez  épais  dans  la  jiremière  partie  de  son  parcours,  assez 
cohérent,  pour  (|u'il  soit  facile,  en  certains  cas,  de  le  déga.<>er  dans  toute 
sa  longcur,  et  en  parfaite  continuité,  depuis  la  poche  copulatrice  jusque 


(     2,S,     ) 

dans  l.i  pMi'tie  inléneiire  de  l'ovuliictp.  Les  spermatozoïdes  qui  compost'iit 
ce  faisceau  ne  diffèrent  point  par  leur  forme  de  ceux  c]iie  l'on  observe  dans 
le  canal  efférent  de  la  glande  hermaphrodite;  mais  ils  s'en  distini;;uent  par 
les  mouvements  dont  ils  sont  animés,  et  l'arrangement  particulier  c[u'ils 
affectent.  Agités  d'une  sorte  de  tremblotement  ondulatoire,  ils  s'enroulent 
en  spirale  les  uns  autour  des  autres,  et  progressent  de  la  sorte  m  se  prêtant 
un  mutuel  appui. 

»  Où  s'arrête  cette  migration  des  spermatozoïdes?  En  quel  lieu  se  fait  la 
fécondation?  l^es  anatomistes  ont  décrit  depuis  longtemps  une  sorle  de 
diverticulimi  à  la  terminaison  du  eau, il  efférent  de  la  glaiiiie  heiiuaphro- 
dite.  Cet  organe,  immédiatement  accolé  contre  la  base  de  la  glande  de  l'al- 
bumine, est  remarquable  par  l'épaisseur  et  la  raideiu-  élastique  de  ses 
parois;  sa  forme  est  celle  d'une  anse  à  branches  contiguës.  C'est  tians  ce 
tliverticule,  dont  la  struettu'e  intérieure  est  assez  compliquée,  que  se  ren- 
dent les  spermatazoïdes  provenant  de  l'accouplement;  c'est  là  c[u'ils  séjour- 
tienl,  et  que  s'opère  la  fécondation,  au  moment  de  la  descente  des  ovules. 
Un  ai'tifice  organique  particulier,  dont  la  description  ne  [lent  trouver  place 
ici,  paraît  s'opposera  ce  que,  lors  d'un  accouplement  ultérieur,  ce  s|ierme 
ne  soit  entraîné  par  celui  qui  pourra  descendre  du  canal  efférentde  la  glande 
liermaphrodite. 

»  Le  sperme  versé  dans  la  poche  copulatrice  [jar  la  rupture  du  sperma- 
topbore  n'abandonne  jamais  en  totalité  ce  réservoir  poiu'  passer  dans  l'ovi- 
ducte.  Une  partie,  généralement  la  plus  grande,  y  demeure  et  ne  tarde  pas 
à  se  désorganiser.  On  peut  observer,  sur  un  nombre  rssez  grand  de  sujets, 
toutes  les  phases  de  sa  transformation  en  cette  matière  brune  bien  connue, 
dont  la  poche  est  ordinairement  remplie. 

»  Ainsi  donc,  malgré  leur  mélange  dans  la  glande  hermaphrodite,  les 
deux  éléments  de  la  génération  demeurent  sans  action  l'un  sur  l'autre  dans 
cet  organe,  et  l'accoupleuient  est  nécessaire  à  la  fécondation. 

»  On  s'est  beaucoup  occupé  de  la  formaliou  du  spermatophore,  mais 
personne  encore  n'en  a  observé  et  décrit  le  mécanisme.  Les  analogies  dt;  sa 
forme  avec  celle  de  la  cavité  du  pénis  ont  fait  penser  qu'il  est  produit  dans 
l'intérieur  de  cet  organe.  C'est  en  effet  ce  qui  a  lieu  :  la  partie  ddalée  ou 
antérieure  du  spermatophore  [H.  aspersa)  se  fornu;  dans  le  pénis  propre- 
ment dit,  la  partie  amincie  ou  postérieure,  contournée  en  spirale,  se  forme 
dans  le  flagellum.  Durant  les  préludes  de  la  copulation,  au  ujonunl  niême 
où  elle  commence,  le  spermatophore  n'exisîe  pas  encore.  M.'.issi  l'on  sépare 
deux  Hélices  accouplées  depuis  cpiiuze  à  vingt  minutes,  on  trouve  la  paroi 


(    282    ) 

interne  du  pénis  enduite  d'une  couche  assez  mince  d'une  substance  molle, 
analogue  à  celle  dont  le  spermatophore  est  formé.  A  ce  moment,  tantôt  le 
pénis  ne  contient  pas  encore  de  sperme,  tantôt  on  en  voit  un  amas  au-des- 
sous de  l'orifice  du  canal  déférent;  mais  jamais  il  n'en  pénètre  dans  le  fla- 
gellum.  Quand  l'accouplement  a  duré  mi  peu  plus  longtemps,  la  forme  du 
spermatophore  se  dessine  et  se  maintient,  sa  portion  flagellaire  se  consti- 
tue, et  le  nodiis,  resté  d'abord  ouvert  dans  le  voisinage  du  canal  déférent, 
se  complète,  et  achève  d'englober  la  masse  spermatique. 

.1  Le  spermatophore  entièrement  formé  remplit  exactement  le  flagellum 
jusqu'à  son  souunet,  d'une  part,  et  il  distend,  de  l'autre,  toute  la  cavité  du 
pénis,  jusque  tout  près  de  son  extrémité.  Il  ne  commence  à  pénétrer  dans 
les  organes  feinelles  du  conjoint  qu'après  sa  complète  formation. 

■»  Le  dard  calcaire  qui  sert  aux  Hélices  à  s'exciter  mutuellement  se  dé- 
tacbe,  à  chaque  accouplement,  du  sac  qui  l'a  produit.  Tantôt  il  tombe  à 
l'extérieur,  et  on  le  retrouve  à  côté  des  Hélices  accouplées;  tantôt  elles  s'en 
transpercent  réciproquement,  et  on  le  voit  profondément  fiché  dans  le  flanc 
(le  l'une  ou  de  l'autre  :  dans  ce  cas,  on  le  retrouve  plus  tard  en  voie  tie 
résorption  dans  la  cavité  viscérale;  tantôt  enfin,  le  retour  an  sac  sur  lui- 
même  fait  tomber  le  dard  dans  le  vestibule  :  il  s'élève  alors  peu  à  peu  dans 
le  canal  de  la  poche  ou  le  canal  accessoire,  où  il  se  résorbe  à  la  longue.  Le 
dard  tombé  du  sac  se  régénère;  cinq  à  six  jours  suffisent  à  sa  complète 
reproduction,  dont  on  peut  suivre  tontes  les  phases.   » 

GICOLOGIE.  —  Noie  sur  tes  calcaires  à  Terebratula  di[)bya  dans  les  Alpes 
françaises,  de  Grenoble  à  la  Méditerranée  ;  par  M.  Dieulafaiï. 

«  L'ime  des  questions  qui,  depuis  quelques  années,  occupent  le  plus  les 
géologues  en  France,  en  Suisse  et  en  Allemagne,  est  celle  de  ces  dépôts 
désignés  d'abord  par  Oppol  sons  le  nom  d'e7a^e  tilhnniipie,  par  M.  Hébert 
sous  celui  de  zone  à  Terehralnla  diphya,  et  que  le  savant  professeur  de  la 
Sorboniie  rapiîoita,  au  grand  étonnement  de  tous  les  géologues,  à  la  for- 
mation crélacée. 

»  Depuis  plus  de  dix  ans  cpie  j'étudie  les  Alpes  méridionales,  j'ai  oi)tenu 
un  certain  nombre  de  résultats  généraux.  Les  suivants,  en  particulier,  ex- 
trails  d'un  Mémoire  fjue  j'achève  en  ce  moment,  se  rapportent  direcleMunt 
à  cette  grande  question. 

»  A.  Au  point  de  vue  des  |)arlies  élevées  de  la  formaliou  jurassique,  il 
faut  dislinguer  dans  les  Al|)es  françaises  deux  régions  complètement  diflé- 


(   283  ) 

renies  :  celle  de  l'Ouest  er  celle  de  l'Est,  ce  qui  jusqu'ici  n'avait  pas  même 
été  soupçonné  (i). 

Région  de  l'Ouest. 

»  B.  Les  assises  qui  constituent  l'oxfordien,  les  assises  à  Ter.  dipliya 
[Ter.  janitor),  les  assises  à  ^Jin.  ptyclioïcm.,  etc.,  etc.,  en  un  uiot  toutes 
les  assises  qui  s'étendent  depuis  la  base  de  l'oxfordien  jusqu'aux  assises 
à  Ammonites  ferrugineuses  du  uéocomien  présentent,  de  Grenoble  à  Cas- 
tellane,  des  caractères  généraux  et  des  faunes  toujours  identiques.  La  seule 
chose  importante  à  signaler,  c'est  la  diminution  progressive  de  tout  l'en- 
semble à  mesure  qu'on  s'avance  de  Grenoble  vers  Castellane. 

»  G.  L'oxfordien  supérieur  est  constitué,  au  point  de  vue  paléonto- 
logique,  par  la  zone  à  Am.  biarmalus,  Jrn.  tra?isversariuSj  etc.,  etc.;  puis, 
à  ao  ou  3o  mèlres  plus  haut,  par  la  zone  à  Jm.  leimilobatus,  Am.  iphicerus, 
Am.  tracli/notus,  etc.,  etc.  Les  espèces  les  plus  essentiellement  oxfordiennes, 
et  en  particulier  ÏAm.  tortisulcalus,  se  rencontrent  toujours  dims  la  zone  à 
Am.  tenuilobalus ;  mais,  en  outre,  l'ensemble  des  caractères  pétrographiques 
et  stratigraphiques  est  tel,  qu'il  est  absolument  impossible  de  placer  cette 
zone  ailleurs  qu'à  la  partie  supérieure  de  l'oxfordien. 

»  D.  Les  assises  à  Ter.  janitor  et  à  Am.  ptyclioïais,  etc.,  reposent  immédin- 
tement  sur  la  zone  à  Am.  tenuilobalus,  et  jamais  je  n'ai  pu  rencontrer  un 
seul  fossile  commun  aux  deux  zones.  L'hiatus  vital  est  absolu.  Toutefois,  en 
ce  qui  concerne  les  types  de  Térébratules  trouées,  je  crois  qu'on  arrivera  à 
établir  qu'ds  descendent  plus  bas  qu'on  ne  l'admet  aujourd'hui. 

Région  de  l'Est. 

»  E.  La  succession  des  assises,  la  nature  et  la  disposition  des  faunes 
sont  identiquement  les  mén)es  que  dans  l'Ouest,  jusqu'à  la  zone  à  Am. 
tenuilobalus  inclusivement.  Mais,  au  lieu  de  trouver  au-dessus  d'elle,  comme 
dans  l'ouest,  les  assises  à  Ter.  janitor  et  à  Am.  ptyctioicus,  on  rencontre  : 

(i)  Je  limite  provisoirement  ces  deux  régions  par  une  ligne  qui,  descendant  du  nord  i 
peu  près  suivant  le  méridien,  s'arrête  à  Castellane,  puis  de  là  suit  la  vallée  de  l'Asse  en  se 
dirigeant  par  consé(|uent  au  nord-ouest,  tourne  à  l'est  et  au  sud  pour  aller  passer  à  JIous- 
tiers,  prend  à  partir  de  là  la  direction  du  sud-ouest,  et,  après  plusieurs  inflexions  en  sens 
divers,  vient  expirer  au  boCd  de  l'étang  de  Berre,  où  je  la  reprendrai  plus  tard.  Une  autre 
ligne  ayant  la  même  signification  se  confond,  depuis  Marseille  jusqu'au  fleuve  du  Var,  avec 
la  ligne  de  faîte  qui  sépare  actuellement  le  bassin  de  la  Méditerranée  de  celui  de  la  Durance. 
J'appelle  région  de  l'Ouest  ou  première  région  :  i°  tout  ce  qui  se  trouve  à  droite  de  la  pre- 
mière ligne  quand  on  la  suit  en  descendant  du  nord;  2°  tout  ce  qui  se  trouve  au  sud  delà 
deuxième  ligne,  c'est-à-dire  la  Provence  méridionale.  J'appelle  région  de  t" Est  ou  deuxième 
région  tout  ce  qui  se  trouve  entre  les  deux  lignes  tracées  plus  haut. 


(  3«4  ) 

i"  80  mètres  de  calcaires  compactes  montrant,  à  la  partie  supérieure,  de 
gros  rognons  de  silex  et  lui  certain  nombre  de  fossiles,  parmi  lesquels  Rh. 
astieriaiifi  d'Orb.  (type),  une  grande  Térébratule,  tics  r.idioies  de  Rliabdo- 
ciihiris  cupriiuetitaim,  des  tiges  A' yJj)iocriniis  intixiiniis  d'Oib.  (type),  des 
coraux,  etc.;  2"  100  mcti'es  de  calcaires  grenus  et  parfois  à  pâte  assez  fine; 
3"  luie  épaisscm-  variable  de  calcaires  siliceux  et  magnésiens  montrant,  à  la 
paille  su|)érieure,  luie  faune  curieuse,  connue  pendant  longtemps  seule- 
ment à  i'Ecliaillon  près  Grenoble,  et  qu'on  ap|)elle  aujourd'hui  zone  à  Tere- 
brnlula  inornvica,  du  nom  d'un  de  ses  fossiles  les  plus  remai'quî^.bles.  C'«'st 
seidemenl  au-dessus  de  cet  borizon,  c'est-à-dii'e  à  plus  de  200  mètres  au- 
dessus  de  la  zone  à  .7/h.  leituilobatiis,  qu'où  rencontre  les  calcaires  lilho- 
grapbiques  et  les  calcaires  marneux  renfermant  la  faune  de  V.lin.  ply- 
chuïciis,  alors  que,  dans  la  région  de  l'Ouest,  cette  faune  est  au  contact  de 
la  zone  à  ylm.  tenuilohatm.  Je  n'ai  jamais  rencontré  dans  la  région  de  l'Est 
ini  seul  fossile  commun  aux  assises  à  Ter.  morauica  et  aux  assises  à  ^lu. 
ptychoïcus.  H  y  a  donc  là  encore  \.\u  bialus  \ilal  absolu. 

»  F.  Les  assises  qui  lecouvrent  dans  l'Ouest  la  zone  à  Ani.  lenuilobalus 
et,  dans  l'Est,  la  zone  à  Ter.  moravka  offrent,  jusqu'aux  dt'pôts  à  Ammoniles 
fei-rugineuses  du  néoc:omien,  la  liaison  la  plus  comjjlete,  les  passages  les 
mieux  ménagés,  aussi  bien  dans  la  faune  que  dans  la  composition  des 
roches  et  la  distribution  des  sédiments. 

1)  .\insi,  en  jugeant  sunplement  par  comparaison,  \\  y  a  nécessairement 
clans  la  région  Ouest  des  Alpes  françaises,  la  seule  qu'on  ait  étudiée  avec 
quelque  soin  jusqu'ici,  une  lacinie  énorme  correspondant  au  corallien,  au 
kimmendgien  et  au  portlandien  classiques.  Dans  cette  région  des  Alpes,  la 
foi  inatiou  jurassiqns  s'arrête  à  la  fin  de  l'oxfordien.  Dans  la  région  de  l'Est, 
la  série  jurassique  est  beaucoiq)  plus  développée  que  dans  l'Ouest;  mais  je 
ne  la  considère  pas  cependant  comme  complète. 

»  Les  assises  à  Ter.  janitor  de  l'Ouest  et  à  Jm.  plj'choïctis  de  l'Est  sont 
séparées,  de  la  manière  la  plus  absolue,  des  assises  jurassiques  sur  lesquelles 
elles  reposent.  Elles  se  relient,  au  contraire,  d'inie  manière  si  intime  avec 
la  base  de  la  formation  crétacée,  qu'il  est  impossible  de  songer  même  à  en 
faire  un  étage  distinct  :  elles  constituent  la  division  inférieure  de  l'étage 
néocomien. 

"  J'ari  ive  ainsi  exaclement  aux  mêmes  conclusions  cjue  M.  Hébert,  et  je 
m'en  a|)plau(lis  d'aulaiU  plus  que  les  éléments  mis  en  œuvre  dans  mon 
Mémoire  sont  de  l'ordre  exclusivement  stratigrapliicjue,  alors  (jne  ceux  du 
savant  prolèsseur  de  !a  Sorbonne  étaient,  dans  celte  circonstance,  tout  à 
fait  du  domaine  de  la  paléontologie.  » 


(  285  ) 

GKOLOGIE.  —  Note  sur  les  systèmes  de  montatjnes  et  sin-  les  terrains  du  désert 
d'Atacama.  [Extrait  fl'iine  Lettre  de  M.  Pissis  à  M.  Élie  de  Beau- 
mont  (i).] 

«   Santiago,  1 1  juin  1870. 

«  Le  voyage  que  j'avais  à  faire  dnns  l'intérieur  du  désert  d'Atacama  s'est 
heureusement  terminé,  et  j'ai  pensé  qu'un  aperçu  de  la  géologie  de  cette 
région  peu  comme  pourrait  vous  offrir  quelque  intérêt. 

»  Les  grandes  lignes  qui  dessinent  le  relief  de  ce  désert  se  rapportent  à 
trois  systèmes  stratigraphiques;  on  y  trouve,  comme  dans  le  reste  du  Chili, 
ime  chaîner  maritime  et  une  vaste  dépression  longitudinale  située  entre 
celle-ci  et  la  cordillère  des  Andes.  La  direction  de  la  chaîne  maritime,  qui 
s'étend  sans  interruption  depuis  les  26°3o' jusqu'à  l'embouchure  du  rio  Loa 
(21  -5^  degrés  environ),  se  rapporte  au  cercle  primitif  du  pent.igone  du  Chili 
(N.  8°  43' 26").  C'est  aussi  la  direction  de  la  grande  dépression  longitudi- 
nale et  de  la  ligne  anticlinale  de  la  chaîne  des  Andes  jusque  sous  le  j/i"  ^'f- 
gré.  Là,  elle  change  brusquement  de  direction  pour  prendre  celle  du 
nord-est  jusqu'au  volcan  de  Panil,  situé  par  22  degrés. 

»  Ce  système  de  direction  nord-est  — sud-ouest  est  celui  qui  prédomine 
dans  toute  l'étendue  du  désert;  les  plus  hantes  crêtes  de  la  région  des  Andes 
sont  alignées  suivant  cette  direction,  et  il  en  est  de  même  de  celles  de  la 
chiiîne  maritime;  cette  direction  se  rapproche  beaucoup  de  celle  d'ini 
autre  cercle  primitif  du  même  pentagone  orienté  N.  l\[\° l^'i'  i&' , 'j  E. 

M  Enfin,  le  troisième  système  parallèle  à  la  direction  de  la  côte  du  Pérou, 
entre  Arica  et  Pisco,  est  représenté  par  la  grande  vallée  du  rio  Loa,  et 
par  de  profondes  coupures  qui  se  présentent  à  la  fois  dans  la  chaîne 
maritime  et  dans  la  région  des  Andes;  c'est  aussi  la  direction  d'une  haute 
créie  neigée  qui  s'étend  du  volcan  de  Missio  à  celui  de  Polapi,  et  qui  doit 
être  considérée  comme  la  limite  australe  du  haut  plateau  bolivien. 

»  C'est  dans  l'espèce  d'anse  formée  par  la  rencontre  de  cette  crête  avec 
celle  qui,  venant  du  sud-ouest,  aboutit  au  volcan  de  Paiiil,  que  l'on  trouve 
le  plus  grand  nombre  de  montagnes  volcaniques.  Plusieurs,  telles  que  le 
volcan  de  San-Bartole,  celui  de  San-Pedro,  le  Carcanaîe,  le  Polapi  et  le 
Missio,  fument  encore.  Le  dernier  était  en  éruption  depuis  le  conunence- 


(i)  Voir  la  dernière  Lettre  de  M.  Pissis.  [Comptes  rendus,  t.  LXIX,  p.   i3iq,  séance  du 
ao  décembre  1869.) 

C   R.,  1S70,  a«  5<-mpjfrf.  (T.  LXXI,  iSo-i.)  "^7 


(  28G  ) 
ment  du  mois  de  mars,  et,  le  22  aviil,  le  village  de  Calama  a  été  en  grande 
partie  détruit  par  un  tremblement  de  terre  qui  s'est  fait  sentir  fortement 
sur  toute  la  côte,  depuis  Arica  jusqu'à  Caldera. 

»  Les  formations  du  désert  dAlacama  sont  les  mêmes  que  celles  du 
Chili,  mais  elles  y  sont  autrement  distribuées;  le  grès  rouge  du  trias,  qui 
ne  paraît  dans  le  sud  qu'à  une  certaine  distance  à  lest  de  lu  chaîne  mari- 
time, commence  à  se  montrer  sur  la  côte  à  partir  du  26^  degré,  il  est  tra- 
versé par  de  nombreux  dykes  de  porphyre  augitique,  qui  suivent  la  direc- 
tion du  premier  cercle.  Les  couches  des  terrains  dévoniens  et  siluriens 
occupent  la  majeure  partie  de  la  chaîne  maritime,  où  elles  ont  été  soulevées 
par  des  masses  syénitiques  dirigées  nord-est — sud-ouest;  quelquefois  ces 
masses  occupent  l'axe  de  vastes  boutonnières,  autour  desquelles  toutes  les 
rocheSj  depuis  le  granité  à  gros  cristaux  et  le  gneiss  jusqu'aux  grès  du  trias, 
ont  été  relevées.  Les  mêmes  roches  se  montrent  encore  dans  la  région  des 
Andes;  mais  on  y  trouve  de  plus  les  trachytes,  qui  occupent  de  grandes 
surfaces,   ainsi  que  quelques  lambeaux   du    lias  et  du  terrain  jurassique. 

»  Le  bassin  du  rio  Loa  est  occupé  par  une  vaste  formation  lacustre,  qui 
s'étend  depuis  la  chaîne  maritime  jusqu'à  la  base  des  Andes,  où  elle  entoure 
les  volcans  de  San-Pedro  et  de  Carcanale.  Ce  terrain  paraît  avoir  épiouvé 
plusieurs  soulèvements  successifs,  qui  auraient  diminué  l'étendue  de  la 
surface  occupée  par  les  eaux  ;  il  présente  trois  bassins  enclavés  les  uns 
dans  les  autres;  le  plus  grand  et  le  plus  ancien  se  compose  de  hauts  pla- 
teaux, formés  de  couches  de  grès  et  d'argile  recouvertes  par  des  calcaires 
siliceux.  Le  second  bassin,  situé  à  un  niveau  bien  inférieur  à  celui  des  pla- 
teaux, olfre  une  composition  analogue,  seulement  le  calcaire  y  est  remplacé 
par  une  puissante  formation  de  gypse.  Enfin  le  troisième  bassin,  qui  paraît 
devoir  se  rapporter  à  l'époque  quaternaire,  forme  les  escarpements  qui 
dominent  le  Loa.  Il  se  compose  de  terrain  de  transport,  recouvert  par  des 
couches  d'un  calcaire  qui  contient  une  grande  quantité  d'empreintes  végé- 
tales. 

»  C'est  aussi  à  la  même  époque  que  paraissent  devoir  se  rapporter  les 
vastes  dépôts  de  sel  marin,  de  sulfate  et  de  nitrate  de  soude,  qui  occupent 
presque  toutes  les  parties  planes  du  désert.  Le  sel  marin  y  forme  des  cou- 
ches dont  l'épaisseur  dépasse  souvent  i  mètre;  il  recouvre  presque  toujours 
le  nitrate  de  soude,  et  celui-ci  repose  immédialen\ent  sur  une  espèce  de 
brèche,  composée  de  fragments  de  roches  anciennes  cimentées  par  du 
gypse.  L'abondance  du  sel  marin  pourrait  faire  croire  à  une  an(  ieinie  com- 
mimication  de  ces  |)laines  avec  la  mer;  mais  je  n'y  ai  trouvé  aucun  débris 


(  287  ) 

des  coquilles  qui  sont  si  abondantes  dans  les  terrains  quaternaires  de  la 
côte;  le  fond  de  ces  anciens  lacs  est  d'ailleurs  à  un  niveau  bien  supérieur 
à  celui  du  terrain  quaternaire  de  Mejillones. 

»  De  grandes  rivières,  si  l'on  en  juge  par  la  longueur  du  lit  et  le  volume 
des  roches  qu'elles  ont  transportées,  venaient  se  déverser  clans  ces  lacs.  En 
renioniant  les  lits  de  ces  anciens  cours  d'eau  jusqu'aux  montagnes  où  ils 
prenaient  leurs  sources,  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  des  traces  ù'an- 
ciennes  cascades  où  les  roches  usées  et  polies  témoignent  d'une  action  des 
eaux  longtemps  prolongée;  de  telle  sorte  quil  n'est  pas  possible  d'attribuer 
ces  anciens  lits  de  rivières  aux  pluies  d'orage  qui  tombent  encore  à  de 
longs  intervalles  sur  des  parties  limitées  du  désert;  celles-ci  n'y  produisent 
que  des  ravins  étroits  et  profonds,  et  les  débris  qu'elles  entraînent  ne  pré- 
sentent jamais  des  fragments  arrondis  et  polis  comme  ceux  des  anciennes 
rivières.  Tout  semble  donc  indiquer  qu'à  partir  de  la  fin  de  l'époque  ter- 
tiaire il  s'est  opéré  un  grand  changement  dans  le  climat  de  cette  région. 

»  Durant  ce  voyage,  je  me  suis  surtout  occupé  de  fixer  un  grand  non)bre 
de  positions  géographiques  qui  seront  les  bases  qui  vont  me  servir  pour 
tracer  la  carte  de  ce  désert.  » 

GÉOLOGIE.  —  Examen  chimique  d'wi  ciment  tnétamorpltisé  dans  la  source  Bayen, 
de  Ludion.  Note  de  31.  F.  Garrigou,  présentée  par  M.  Daubrée.  (Extrait.) 

«  Les  faits  mis  au  jour  par  M.  Daubrée  sur  l'action  métamorphique  des 
eaux  thermominérales  ont  éveillé  l'attention  des  naturalistes.  M'étant  déjà 
occupé  des  effets  exercés  par  les  eaux  suKureiises  d'Ax  et  de  Luchon  sur 
les  granités  et  les  béions  qui  ont  servi  à  la  construction  des  bassins  dans 
lesquels  on  conserve  l'eau  minérale,  je  désire  faire  connaître  immédiate- 
ment un  fait  que  j'ai  nouvellement  observé. 

»  Pendant  que  M.  J.  François  terminait,  en  i852,  les  galeries  de  recherche 
des  sources  de  Luchon,  un  ouvrier  eut  l'idée  de  jeter  dans  la  source  Bayen 
une  boule  de  la  grosseur  des  deux  poings,  fuite  avec  le  ciment  dont  ou 
tapissait  les  murs  des  galeries.  Cet  hiver,  ce  même  ouvrier,  s'étant  rappelé 
ce  fait,  a  enlevé  le  ciment  qiû  avait  ainsi  séjourné  dix-huit  ans  dans  l'eau 
minérale,  à  6/|  degrés  centigrades,  et  me  l'a  remis.  Son  adhérence  sur  le 
granité  d'où  s'échappe  l'eau  de  Bayen  était  complète. 

»  Le  ciment  naturel  qui  recouvre  encore  les  parois  des  galeries  de  re- 
cherche des  sources,  et  dont  j'adresse  un  échantillon  à  l'Académie,  est  jau- 

37.. 


(  2S»  ) 
iiâlre  et  grenu,  Irès-friable  quand  ou  le  presse  avec  quelque  force;  les  arêtes 
de  sa  cassure  ne  sont  nullement  tranchantes. 

»  Le  même  ciment  métainorphisé,  et  mélangé  à  quelques  fragments  de 
schistes  noirs  très-petits,  est  gris  très-clair  et  bleuté  à  l'intérieur;  sa  cassuie 
est  tranchante,  presque  à  la  façon  d'un  silex;  la  substance  est  dure  et  ré- 
sistante au  marteau.  La  surface  externe  de  cette  masse  métamorphique  est 
couverte  de  petits  cristaux  de  chaux  carbonalée. 

»  D'ajjrès  l'examen  comparatif  de  la  composition  chimique  de  ces  deux 
ciments,  le  ciment,  d'abord  riche  en  carbonates,  a  acquis  une  forte  propor- 
tion de  silice;  il  a  gagné  en  outre  de  la  matière  organique  et  une  faible 
quantité  de  fluor. 

»  Ce  fait  vient  se  placer  à  la  suite  d'autres  qui  sont  devenus  classiques  et 
qui  ont  fait  reconnaître  comme  très-probable  l'intervention  de  l'eau  dans 
la  transformation  des  roches  pendant  les  anciennes  périodes  géologiques. 

»  J'ajouterai  que  le  ciment  naturel  ne  contient  pas  la  moindre  trace 
des  microzynias  que  M.  Béchamp  a  déjà  signalés  dans  plusieurs  roches. 
L'absence  de  ces  organismes  n'a  rien  d'extraordinaire,  ])uisque  le  ciment  a 
été  obtenu  par  la  cuisson  d'un  calcaire  et  que  les  microzvmas  cessent 
d'exister  et  de  vivre  à  une  températiue  de  i  lo  degrés  environ.  Le  ciment 
niétamorphisé,  au  contraire,  contenait  une  certaine  quantité  de  niicrozymas, 
ainsi  que  j'ai  pu  le  vérifier  avec  le  savant  professeiu'  de  Montpellier.  » 

GliOI.OGIE.  —  Conicinporanéilé  de  l'homme  avec  le  grand  otm  des  cavernes 
et  te  renne  dans  la  aiverne  de  Garcjas  {Hautes- Pjrénéi s).  Noie  de 
MUI.  F.  Gakrigou  et  de  Chasteigner,  présentée  par  M.  de  Quatre- 
fages.  (Extrait.) 

n  La  caverne  de  Gargas  est  creusée  dans  le  terrain  crétacé  iidérieur 
(étage  aptien)  dont  est  composée  la  montagne  de  Gargas,  entre  le  village 
de  ce  nom  an  nord  et  celui  de  Tn)iran  au  sud,  sur  la  limite  des  départe- 
ments des  Hautes-Pyrénées  et  de  la  Haute-Garonne,  à  quelques  kilomètres 
de  Montrejean. 

»  Immédiatement  à  gauche  de  l'entrée,  dans  un  enfoncement  du  ro- 
cher, une  tranchée  peu  profonde  nous  a  |)ermis  de  recoiniaitre  un  fover  de 
l'âge  du  remie,  avec  outils  en  silex,  ossements  de  cerfs  et  tle  renne,  de 
cheval,  de  bœuf,  tous  cassés  longitudinalement  et  Iransversalemenl  j)ai- 
l'homme. 

»   Ce  foyer  est   siiiiérienr  à  une  couche  argileuse  régnant  dans  toute  la 


(  28<,  ) 
caverne,  et  renfermant  en  abondance  des  ossements  d'Uisus  spelœus.  Sin* 
ceitains  points,  mie  stalagmite  plus  on  moins  épaisse  reconvre  cette  couche. 
Dans  un  point  de  la  caverne,  voisin  du  foyer  de  l'âge  dn  renne,  elle  avait 
plus  de  4°  cenlimèlres  d'épaissein'.  Au-dessons,  gisaient  les  débris  parf\ii- 
tenient  conservés  des  espèces  suivantes  :  Vrsns  spelœus,  Ursiis  arctos  ou 
prisais  (?),  Felis  spelcei,  Hyena  spelœn,  Bos  unis  (?),  deux  chevaux,  l'iiii 
grand,  l'antre  petit,  etc.  Les  ossements  de  ces  animaux  sont  artificiellement 
cassés,  suivant  le  même  mode  de  cassiu'e  cpie  ceux  des  autres  cavernes 
habitées  par  l'homme,  à  l'époque  où  vivaient  également  ces  grands  mam- 
mifères; souvent  ils  sont  accompagnés  de  petits  débris  de  charbon.  » 

M.  Garuigou  adresse  en  outre,  par  l'interMiédiaire  de  M.  Danbrée.  luie 
Noie  portant  pour  titre  «  Dépôts  glaciaires  de  divers  âges  géologiques  dans 
les  Pyrénées   ».  i. 

SÉRICICULTURE.  —  Sur  les  résttltats  obtenus  ciuis  les  niac/naiier/es  du  déparlemenl 
des  Basses-Alpes.  Extrait  d'une  I,eltre  de  M.  de  Vallier. 

«  La  sériciculture  a  été  déplorable  cette  année  dans  la  partie  du  dépar- 
tement qui  lient  des  magnaneries.  Seul  M.  Raybaud-Lange,  qui  suit  à  la 
lettre  les  doctrines  de  M.  Pasteur,  a  obtenu  un  résultat  exceptionnel.  Il  a 
vendu  pour  64ooo  frnncs  de  cocons. 

»  La  loutine,  malheureusement,  est  l'ennemi  mortel  des  habitanis  et 
lutte  contre  le  progrès.  » 

M.  BuuGGRAEVE  adrcssc,  de  Gand,  une  Note  relative  à  un  système  de 
pansement  des  plaies,  au  moyen  du  plomb  laminé,  en  lames  très-minces. 
Ce  système,  employé  à  1  hôpital  de  Gand  pour  le  pansement  des  plaies  de 
fabrique,  a  déjà  fourni  des  résultats  excellents.  Les  feuilles  de  plomb  s'aji- 
pliquent  comme  le  taffetas  d'Angleterre  et  sont  maintenues  par  des  bande- 
lettes agglutinantes.  Ce  mode  de  pansement  présente,  suivant  l'auteur,  les 
avantages  suivants  :  i"  le  plond)  e^t  doux  et  frais  au  contact  de  la  plaie; 
2"  il  dispense  d'employer  la  cliarpie,  qui  est  une  cause  permanente  d'é- 
chanffement  et  d'infection;  3°  la  couche  de  sulfure  qui  se  forme  empêche 
la  putréfaction,  et  le  développement  des  organismes  qui  raccom[)agnent; 
4°  la  plaie,  une  lois  pansée,  peut  être  lavée  et  rafraîchie  au  moyen  d<'  i'e.iu 
froide,  sans  qu'on  ait  à  déranger  le  pansement;  5"  c'est  un  moyen  d'éviter 
les  opérations  sommaires. 


(  290  ) 

«  M.  H.  Saixte-Claire  Deville  communique  rextrail  d'une  Lettre  qu'il 
a  reçue  de  M.  Cossa,  professeur  à  Udine. 

»  Dans  celte  Lettre,  M.  Cossa  mentionne  des  expériences  très  curieuses, 
faites  au  moyen  de  l'amalgame  d'aluminium.  Ces  expériences  ne  sont  pas 
assez  différentes  de  celles  qui  ont  été  publiées  depuis  longtemps  par  M.  L. 
Cailletet  et  par  M.  Ch.  Tissier  pour  que  l'auteur  en  publie  les  détails,  d'ail- 
leurs très-intéressants.  Mais  M.  Cossa  a  entrepris  des  études  originales  sur 
les  iodures  de  quelques  radicaux  alcooliques  et  sur  l'amalgame  d'alumi- 
nium considéré  comme  réducteur.  Suivant  lui,  et  contrairement  à  ce 
qu'ont  annoncé  MM.  Hallewacks  et  Schafarik,  l'aluminium  attaque  com- 
plètement, au  bout  de  quelques  jours,  Tiodure  d'éthyle  en  tubes  scellés 
à  la  températine  ordinaire. 

»  M.  Cossa  a  aussi  préparé  l'aluminium-éthyle  au  moyen  de  1  action  de 
l'aluminium  sur  le  stannéthyle.  « 

A  5  beures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  E.  1).  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


I/Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  ^5  juillet  1870,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

De  1(1  méthode  à  posteriori  expérimentale  et  de  ta  (/énéialilé  de  ses  ap- 
plicalionsi  par  M.  E,  CutîVKEUL,  Membre  de  Flnslituf.  Paris,  1870;  1  vol. 
in-i  2 

IiUrodiirtion  à  l'étude  météorologique  et  cl/tnatérique  de  C Alsace  ;  par 
M.  G. -A.  IliiiN.  Colmar,  1870;  in-8°.  (Présenté  par  M.  Eaye.) 

Types  de  climpie  jumillc  et  des  primipnux  genres  de  plantes  iroissanl  sponta- 
nément en  France,  etc.;  pur  M.  F.  PLiili,  liv.  i43  à  iGG.  Paris,  sans  date; 
in-4"  texte  et  planches. 

/-*((  lunitionncmcitt  des  amlnilanres  dvilcs  cl  internationales  sur  le  <  lianij)  de 
bataille;  par  M.  J.-P.  HoiNNAFOlNT.  i'aiis,  1870;  br.  iii-8".  (Pré.-enlé  par 
M.  Houillaud.) 


(  291  ) 

Remarrjues  sur  une  Note  de  M.  Dnrbou.x  relative  à  la  surface  des  centres  de 
courbure  d'une  surface  algébrique  ;  par  M.  E.  Catalan.  Paris,  1870;  in-4°. 

Journal  d' Agriculture  de  la  Càte-d' Or,  publié  par  le  Comité  central  d^ Agri- 
culture de  Dijon,  n"'  6  et  7,  juin  et  juillet  1870.  Dijon,  iS'yo;  2  brochures 
in-8°. 

Etudes  faites  dans  la  collection  de  l'Erole  des  Mines  sur  des  fossiles  nouvemix 
ou  mal  connus,  i"  fascicule  :  Molluscpus  tertiaires;  parM.  F.  BayaN.  Paris, 
1870;  in-4°  avec  planches. 

Sur  les  terrains  tertiaires  de  la  Vénétie;  par  M.  F.  Bayan.  Paris,  1870; 
br.  in-8°.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France.) 

Mélanges  botaniques;  par  M.  P.  Sagot.  i  vol.  in-8°  relié.  (Présenté  par 
M.  Brongiiiart.) 

Défense  des  colonies,  IF;  par  M.  J.  Barrande.  Prague  et  Pj^is,  1870; 
in-8°  avec  luie  carte. 

Di...  De  quelques  écrits  attribués  à  Augustin  Cauchy.  Observations  de  M.  A. 
GenoCCHI.  Turin,  1870;  br.  in-8'\ 

Sur  une  règle  de  convergence  des  séries  ;  par  M.  A.  GenoCChi.  P.iris,  sans 
date;  br.  iii-8°. 

Sur  la  théorie  élémentaire  des  produits  infmii;  par  M.  A.  GKiNOCCHl.  Paris, 
sans  date;  br.  in-8", 

Sopra...  Sur  quelques  minéraux  et  roches  du  Pérou.  Lettre  de  M.  A. 
d'Achiardi  à  M.  C.  Regnoli.  Pise,  1870;  br.  in-S". 

Siil...  Sur  un  mode  de  conservation  et  il' amélioration  du  vin  au  moyen  de 
l'électricité.  Réflexions  de  M.  G.  DoTTO.  Sans  lieu  ni'<!:ite;  br.  iu-8". 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI   l"  AOUT   1870, 
PRÉSIDÉE  PAR  M.  DELAUNAY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET   DES  CORRESPONDANTS  DE   L'ACADÉMIE. 

SÉRICICULTURE.  —  Sur  la  maladie  corpiisculeuse  des  vers  à  soie. 
Noie  de  M.  MauLs. 

((  J'ai  fait  connaître  à  l'Académie,  an  mois  de  jnin  1868,  les  résultats 
avantageux  que  j'avais  obtenus  en  élevant  les  vers  de  i  kilogramme  de 
graine  que  m'avait  remis  M.  Raybaud-Lange. 

»  Outre  les  éducations  principales,  de  petites  éducations  précoces  faites 
avec  la  même  graine,  et  mises  à  éclore  le  i5  mars,  donnèrent,  du  7  au 
8  mai,  des  cocons  qui  me  fournirent  des  papillons  reproducteurs  exempts 
de  corpuscules.  J'en  fis  quelques  petits  lots  de  graines,  qui  tous  ont  donné 
de  bonnes  réussites  en  1865.  Mais  j'ai  dû  recourir  au  graiuage  cellulaire, 
tel  que  l'a  indiqué  M.  Pasteur,  pour  maintenir  exemptes  de  maladie  les 
semences  provenues,  en  1869,  de  mes  petites  éducations. 

»  J'ai  continué,  en  1869  et  1870,  de  concert  avec  mon  frère,  M.  Léon 
Mares,  de  grandes  et  de  petites  éducations,  au  moyen  des  graines  que 
M.  Raybaud-Lange  a  bien  voulu  me  fournir,  et  qui  sont  faites  d'après  les 
méthodes  de  M.  Pasteur;  j'en  ai  obtenu,  pour  la  récolte  des  cocons,  le 
même  succès  qu'en  1868.  On  peut  en  juger  par  ce  qui  suit. 

»   En  1869,  année  signalée  par  des  gelées  tardives  qui  détruisirent  une 

C.  K.,   1870,  2'  Semestre.  (T.  LXXl,  N"  S.)  38 


(  ^94  ) 
partie  de  la  feuille  de  uuirier,  et  par  des  chaleurs  précoces  au  uiois  de  ni;ii, 
ai  oncos  (de  iS  gianiiiies  rime)  ont  produit,  à  Lannac,  ■yoo  kilogrammes 
de  bous  cocons,  soit  33  kilogrammes  par  once. 

»  Une  autre  éducation  faite  à  Saint-Gély  a  produit,  pour  21  onces  de 
graine,  '766  kilogrammes  di-  cocons,  soit  36''^,  5  par  once. 

»  A  INIonjpeliier,  2  y  onces  de  la  graine  que  je  fis  en  1868  ont  produit 
77  kilogrammes  de  cocons,  soit  3i  kilogrammes  par  once. 

»  A  Saint-Gély,  5  onces  de  la  même  graine  ont  produit  200  kilogrammes 
de  cocons,  soit  /40  kilogranunes  par  once. 

»  Ainsi,  les  graines  issues  de  papillons  non  corpusculeux,  faites  à  Mont- 
pellier en  1868,  se  sont  montrées  aussi  bonnes  que  celles  des  Basses- 
Alpes. 

»  Mais  il  faut  prendre  des  précautions  pour  conserver  la  pureté  de  la 
graine.  Aussi  les  petites  éducations  destinées  au  grainage  doivent-elles, 
autant  que  possible,  être  faites  avec  des  semences  entièiement  exemples  tle 
corpuscules,  et  pour  cela  il  faut  avoir  recours  aux  pontes  cellulaires;  au- 
trement, on  s'ex|)ose  à  n'obtenir  que  de  beaux  cocons  dont  les  papillons 
sont  en  grande  partie  corpusculeux.  C'est  ce  qui  m'est  arrivé  en  1869  et 
en  1870,  avec  les  graines  des  lîasses-Alpes. 

"  Pendant  ces  deux  années,  les  papillons  de  toutes  mes  éducations  ont 
été  trés-infectés  de  corpuscules,  quoique  la  plupart  des  chrysalides  se 
soient  montrées  saines  jusqu'au  moment  de  leur  éclosion.  Une  petite  édu- 
cation précoce,  que  j'avais  faite  pour  graine  avec  les  mêmes  semences  que 
les  grandes,  a  été  moins  attaquée;  mais  elle  n'a  pas  été  suffisamment 
exempte  pour  être  mis»  au  grainage  dans  son  ensemble.  J'ai  trouvé 
5o  pour  100  de  corpusculeux  parmi  les  papillons  examinés.  J'ai  dû  recourir 
aux  pontes  cellulaires,  pour  avoir  une  graine  pure.  Il  en  a  été  de  même 
quand  j'ai  voulu  conserver  la  race  de  vers  élevés  en  i8(J8. 

»  Dans  les  grandes  éducations  de  1869,  tous  les  papillons  que  j'ai  exa- 
minés ont  été  corpusculeux,  malgré  de  belles  apparences. 

»  En  1870,  les  mêmes  faits  se  sont  reproduits;  une  pelite  éducation  de 
5  grannues  de  graine  provenant  de  M.  Raybaud- lange,  mise  à  éclore  le 
i5  mars,  m'a  doinié,  du  5  au  6  mai,  9  kilogrammes  de  cocons;  4°  pour 
100  des  pa|)iilons  exanunés  se  sont  montrés  corpusculeux.  Ces  cocons, 
de  race  jaune,  étaient  remarquablement  beaux:  4'5  suffisaient  pour 
I  kilogramme. 

I.  Dans  ma  giaiide  éducation  de  Lannac,  faite  avec  la  même  semence,  et 
dont   les  vers  sont  montés  du  26  au  28  mai,  j'ai   trouvé  90   pour  100  de 


(  295  ) 
pnpillons  corpuscnleux;   il  fallait  Sgo  cocons  pour  faire  le  kilogramme. 
Cependant  ils  étaient  de  très-bonne  qualité,  et  aucune  maladie  intercur- 
rente ne  s'est  montrée  parmi  les  vers;  mais  leur  montée  a  été  très-hàlée 
par  les  fortes  chaleurs  de  la  fin  de  mai,  et  les  cocons  ont  été  plus  petits. 

»   Les  éducations  de  1870  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

»  aS  onces  (de  aS  grammes  l'une)  ont  produit,  à  Lannac,  34  kilogrammes 
de  cocons  par  once. 

•  25  onces  ont  produit,  à  Saint-Gély,  19  kilogrammes  de  cocons  par 
once.  Cette  éducation  a  été  fort  diminuée  par  la  grasserie  ou  jaunisse  qui 
se  déclara  totit  à  coup,  an  moment  de  la  montée,  sous  l'influence  de  fortes 
chaleurs  orageuses.  Cette  maladie  emporta  environ  le  tiers  des  vers. 

»  2  i  onces  de  la  même  graine,  montées  dans  le  même  local  cinq  jours 
plus  tôt^  ont  été  moins  atteintes,  et  ont  produit  22'''', 4  par  once. 

»  4  onces  de  graine  provenant  de  M.  Raybaud-Lange,  des  mêmes  que  les 
précédentes,  élevées  séparément  à  Saint-Gély,  ont  produit  40  kilogrammes 
de  cocons  par  once.  Les  vers  de  cette  éducation  sont  montés  cinq  jours  plus 
tard  que  les  premiers. 

»  Une  demi-once  de  graine,  faite  à  Montpellier,  avec  les  races  de  1868, 
a  produit  21  kilogramtnes  de  cocons,  soit  42  kilogrammes  par  once. 

))  Il  n'y  a  pas  eu  de  mort-flats,  à  l'état  de  maladie  intercurrente,  dans  les 
éducations  que  je  viens  de  citer;  il  ne  s'en  est  produit  qu'un  fort  petit 
nombre  sporadiquement,  comme  cela  ari'ive  dans  toutes  les  éducations  de 
quelque  importance. 

»  Ayant  observé  au  microscope,  en  1869  et  en  1870,  un  grand  nombre 
de  vers  atteints  de  grasserie,  j'ai  reconnu  que  beaucoup  d'entre  eux  étaient 
très-corpusculeux.  Si  l'on  extrait  leur  sang  par  une  piqûre,  on  le  trouve 
souvent  rempli  de  corpuscules,  à  raison  de  cinq  cents  à  mille  par  champ,  et 
plus  encore.  Il  en  est  de  même  du  liquide  qui  sort  spontanément  de  leur 
corps  dans  la  dernière  période  de  leur  vie,  et  dont  ils  souillent  tout  ce 
qu'ils  touchent  :  feuilles,  litières,  claies,  et  les  vers  voisins. 

»  Ce  fait  démontre  que  la  maladie  des  corpuscules  se  développe  sur  les 
mêmes  individus,  concurremment  avec  d'autres  maladies  bien  caractérisées, 
comme  la  grasserie,  et,  de  plus,  au  point  de  vue  de  l'infection  corpuscu- 
lense,  il  a  une  certaine  importance,  car  les  vers  gras  et  corpuscnleux, 
vivant  au  milieu  des  autres  et  se  traînant  parmi  eux,  sans  cesse  agités  par 
la  maladie,  la  propagent,  par  contact,  d'une  manière  très-rapide  et  très- 
dangereuse. 

"   Les  éducations  clans  lesquelles  ils  se  manifestent  deviennent  vite  im- 

38.. 


(  296  ) 

propres  à  la  production  de  la  graine.  Jusqu'à  présent,  je  n'ai  observé  de 
vers  à  la  lois  gras  et  corpusculeux,  que  dans  le  dernier  âge,  mais  ils  peu- 
vent se  rencontrer  aussi  dans  les  premiers,  et  ils  suffisent  alors  pour  com- 
promettre la  réussite  de  l'éducation  où  on  les  trouve. 

»  Les  faits  que  je  viens  de  rapporter,  ainsi  que  ceux  de  18G8,  m'auto- 
risent à  conclure  que  les  procédés  de  grainage  indiqués  par  M.  Pasteur 
sont  d'une  complète  efficacité  pour  combattre  la  maladie  des  vers  à  soie, 
et  pour  refaire  sûrement  les  graines  saines,  point  de  départ  indispensable 
de  toute  éducation  dont  la  réussite  n'est  pas  abandonnée  au  basard.  Le 
problème  de  la  guérison  de  cette  maladie  ruineuse,  qui  a  jeté  dans  l'éco- 
nomie rurale  des  contrées  séricicoles  une  si  profonde  perturbation,  est 
résolu,  par  la  reproduction  assurée,  soit  des  semences  saines,  soit  de  graines 
capables  de  fournir,  en  quantité  suffisante,  les  cocons  que  réclame  l'in- 
dustrie. On  est  désormais  en  droit  d'espérer,  de  cette  intervention  de  la 
science  dans  la  pratique  de  la  production  de  la  soie  et  dans  son  perfec- 
tionnement, les  résultats  les  plus  féconds;  ils  ne  se  feront  pas  attendre. 

M  L'exemple  donné  par  M.  Raybaud-Lange,  en  appliquant  les  procédés 
de  M.  Pasteur  à  la  production  des  semences  de  vers  à  soie  sur  une  grande 
échelle,  commence  à  être  suivi.  C'est  la  meilleure  preuve  que  ces  procédés 
sont  pratiques,  et  que  l'usage  du  microscope,  appliqué  à  l'examen  des 
papillons,  |)eut  être  facilement  introduit  partout  où  on  le  voudra.  Je 
puis  citer,  dans  l'Hérault,  M.  Milhaud,  au  Poujol,  qui  a  fait,  en  18(19, 
plus  de  200  onces  de  graines  dont  les  résultais  ont  été  généralement 
bons.  M.  Milhaud  a  continué  en  1870,  encoiuagé  par  M.  le  comte  de 
Rodez. 

»  La  création  de  laboratoires  spécialement  destinés  à  l'examen,  par  le 
microscope,  des  pa|)illons  de  grainage,  est  aujourd'hui  une  nécessité,  soit 
pour  former  de  nombreux  observateurs,  soit  pour  mettre  à  la  })ortée  de 
tout  le  monde  (par  une  légère  rétribution)  les  moyens  de  faire  examiner 
les  papillons  des  cocons  qu'on  voudrait  réserver  pour  la  re|)roducliou,  et 
pour  en  obtenir  une  indication  sur  leur  état  de  pureté.   .. 

M.  i.K  Makéchal  Vaillant  communique  à  l'Académie  divers  dociuiients 
qui  mettent  en  évidence  la  supériorité  des  résultats  obtenus  |)ar  l'emploi 
des  procédés  de  sélection  de  M.  Pasteur,  en  Tialie  et  dans  le  midi  de  la 
France. 

Les  fermiers   de    la   Villa-Viccntina  ont   voulu  attester    les    impressions 


(  297  ) 
qu'ils  avaient  reçues  de  l'application,  faite  sons  leurs  yeux,  des  procédés 
de  M.  Pasteur^  et  ils  ont  adressé  la  Lettre  suivante  à  notre  confrère: 

«  Le  devoir  et  la  reconnaissance,  disent-ils,  nous  obligent  à  remercier 
publiquement  le  savant  illustre  qui,  pendant  son  trop  court  séjour  à  la 
Villa-Vicentiiia,  a  fait  avec  tant  de  succès  la  démonstration  pratique  de 
son  procédé  de  sélection  cellulaire  pour  la  production  des  vers  à  soie  de 
notre  pays. 

»  Nous  garderons  le  plus  précieux  souvenir  de  sa  présence  parmi  nous, 
et  nous  devons  le  juste  hommage  de  nos  éloges  à  sa  méthode  :  avec  elle, 
nos  éleveurs  sont  assurés  désormais  de  récoltes  abondantes  et  des  meil- 
leures réussites,    » 

Une  Lettre  de  M.  Ra/baud-Lange  contient  les  passages  suivants  : 

n  Le  nom  de  M.  Pasteur  va  être  entouré  de  bénédictions  en  Italie, 
comme  il  l'est  déjà  en  France  :  vous  savez  combien  les  graines  faites  d'après 
son  système  ont  réussi  cette  année,  partout.  Le  succès  a  été  presque  gé- 
néral. Aussi,  nous  arrive-t-il,  de  tous  côtés,  des  demandes  trop  nombreuses 
pour  pouvoir  les  satisfaire  toutes,  quoique  le  grainage  de  1870  soit  bien 
supérieur  à  celui  de  l'an  dernier.  Nous  aurons  environ  16000  onces  de 
graine  et  80000  couples  de  sélection.  Et  avec  cela,  il  faut  refuser  tous  les 
jours  de  nouveaux  engagemenis.  Soit  que  cela  provienne  de' la  pureté  de 
la  graine,  ou  des  conditions  atmosphériques,  jamais  la  proportion  des  bons 
sur  les  mauvais  lots  n'avait  été  aussi  considérable  que  cette  année  :  trois 
sur  quatre;  tandis  qu'en  1869  c'était  un  sur  quatre.  Les  papillons  ont  été 
aussi  plus  beaux  et  plus  vigoureux  que  nous  ne  les  avions  encore  vus.  Ils 
faisaient  l'admiration  des  nombreux  visiteurs  qui  nous  arrivaient  de  l'Ar- 
dèche  et  de  la  Drôme,  en  quête  de  graine,  souvent  refusée.  Il  nous  a  fallu 
avoir  cinq  microscopes  en  travail,  la  chambre  chaude  pleine  d'échantillons, 
plus  de  deux  cent  cinquante,  et  quatre  ateliers  de  grainage. 

»  Les  exemples  n'ont  pas  été  rares^  dans  la  dernière  récolte,  de  5o,  60 
et  même  62  kilogrammes  de  cocons  pour  sS  grammes  de  graine.  » 

Enfin,  M.  Arnoux  écrit  des  Mées  (Basses-Alpes)  : 

«  Je  suis  toujours  de  plus  en  plus  satisfait  de  la  méthode  de  M.  Pasteur 
pour  faire  le  grainage.  L'année  dernière,  j'avais  confectionné  dix  mille  cel- 
lules, dont  la  graine  nous  a  donné  cette  année  des  résultats  inconiuis  jusqu'à 
ce  jour.  Une  once  de  iB  grammes  a  produit  65  kilogranmies  de  magni- 
fiques cocons.  La  moyenne  a  été  de  5o  kilogrammes.  Tous  ces  cocons  ont 


(  ^98  ) 
produit  un  superbe  papillonnago,  dont  8  à  lo  pour  loo,  au  plus,  ont  donné 
quelques  corpuscules  par  champ,  et  beaucoup  n'en  ont  pas  donné.  Aussi 
la  vente  de  sept  à  huit  mille  onces  de  graine,  provenant  de  mes  cellules  de 
l'année  dernière,  a  élé  très-facile,  ce  qui  m'a  encouragea  enfiire  vingt  mille 
cette  année,  de  divers  lois  n'ayant  pas  de  corpuscules,  après  la  ponte.  » 

MÉMOlllES  PRÉSENTÉS. 

VITICULTURE.  —  De  l' identité  spécifique  du  Phylloxéra  des  feuilles  et  du  Phyl- 
loxéra des  racines  de  la  vigne.  Note  de  MM.  J.-E.  Pi.axchox  et  J.  Licii- 
TEXSTEIN,  présentée  par  M.  Decaisne.  [Extrait  par  les  Auteurs  (i).] 

(Renvoi  à  la  Section  de  Zoologie.) 

«  Dès  le  mois  d'aovit  1869,  nous  signahons  comme  très-probables  les 
rapports  de  filiation  entre  deux  formes,  en  apparence  diverses,  du  Phylloxéra 
vastatrix.  Le  premier  type,  que  nous  appelons  radicicole,  est  l'insecte  dont 
les  piqûres  déterminent  sur  les  racines  de  la  vigne  des  altérations  pro- 
fondes, entraînant  le  dépérissetnent  et  la  mort  du  cep;  le  second  type,  dit 
qallicole,  provoque  sur  la  feuille  du  même  arbuste  des  excroissances  ou 
galles  verruciformes,  faisant  saillie  à  la  face  inférieure  du  limbe  et  s'ou- 
vrant  à  la  face  supérieure  par  un  orifice  garni  de  poils. 

»  Entre  les  jeunes  insectes  des  racines  et  les  jeunes  qui  s'échappaient  de 
la  cavité  des  galles,  la  comparaison  la  plus  attentive  n'avait  pu  mettre  en 
relief  aucune  différence  marquée.  Entre  les  mères  pondeuses  des  galles  et 
les  pondeuses  aptères  des  racines,  on  a  pu  noter,  au  contraire,  quelques 
diversités  de  forme,  d'organisation  et  de  moeurs,  susceptibles  de  faire  sup- 
poser entre  les  deux  types  une  diversité  spécifique.  J.es  premières,  presque 
toujours  isolées  au  fond  d'une  salle,  peuvent  y  pondre  jusqu'à  deux  cents 
œufs;  leur  corps,  au  moins  chez  les  individus  venus  de  Bordeaux,  est  fine- 
ment chagriné,  mais  dépourvu   do  tubercules  (a).  Les  secondes,  groupées 

(i)  Les  auteurs  joignent  à  cette  Communication  diverses  brochures  portant  pour  titres  : 
«  Instructions  pratiques  adressées  au.\  viticulteurs,  sur  la  manière  d'observer  la  maladie  du 
Phylloxéra  et  le  Phyllo.xera  lui-même  »,  par  MAJ.  Planchon  et  Licliicnsteiri ;  «  Conseils 
pratiques  contre  le  Phylloxéra  .>,  par  MM.  Planchon  et  Lirlitenstein ;  «  La  Phtliiriose,  ou 
Pédiculaire  de  la  vigne  chez,  les  anciens,  et  les  Cochenilles  de  la  vigne  chez  les  modernes  », 
par  M.  Planchon  ;  •  Essais  préliminaires  sur  la  destruction  Au  Phylloxéra  »,  par.!/.  Planchnn. 

(2)  11  existait  quelques  individus  avec  tubercules  parmi  les  femelles  pondeuses  des  galles 
découvertes  par  nous,  à  Sorgues  (Vaucluse),  te  1 1  juillet  1869.  Du  reste,  d'après  les  obser- 


(  299  ) 
sans  ordre  sur  les  racines,  pondent  tout  au  plus  du  trente  à  quarante  œufs  ; 
leur  forme  est  plus  ovoïde,  à  cause  du  plus  grand  allongenienl  de  l'abdo- 
men; leur  thorax  est  relativement  moins  large;  enfin,  après  leurs  premières 
mues,  six  rangées  de  tubercules  mousses  se  dessinent  sur  la  région  dorsale 
et  sur  le  rebord  ventral  de  leur  corps. 

M  Mais  ces  différences,  tant  organiques  que  biologiques,  n'impliquent 
pas  nécessairement  une  divefsité  d'espèce.  D'après  le  polymorphisme  connu 
des  Aphidiens  et  des  Coccides,  on  devait  plutôt  soupçonner,  dans  les  deux 
types,  des  formes  allernanles  ou  parallèles  de  la  même  espèce,  modifiées 
dans  leur  structure  eu  raison  de  la  diversité  même  de  leurs  conditions 
d'existence,  mais  dérivant  l'une  de  l'autre,  ou  pouvant  rentrer  l'une  dans 
l'autre  par  des  voies  de  filiation  inconnues.  Des  expériences  tentées  par 
nous  à  Montpellier,  par  M.  Laliman  à  Bordeaux,  parlaient  dans  le  .sens 
de  cette  hypothèse.  Nous  avions  vu  les  jeunes  Phylloxéra  sortis  des  galles 
se  fixer  sur  des  fragments  de  racine,  y  vivre  pendant  plus  d'un  mois  et  n'y 
périr  que  d  inanition,  par  suite  d'une  insuffisance  de  nourriture.  Réduite 
à  ces  proportions,  l'expérience  était  à  refaire.  Il  n'y  avait  là  que  les  indices 
d'un  fait  dont  il  fallait  poursuivre  la  démonstration  évidente  :  elle  confirme 
de  tout  point  ce  que  l'hypothèse  avait  pressenti. 

»  Le  12  juillet  dernier,  nous  enfermions,  dans  des  flacons,  des  racines 
fraîches  et  saines  de  vigne,  à  côté  de  feuilles  chargées  de  galles,  que  venait 
de  nous  envoyer  M.  Laliman,  de  Bordeaux.  Des  centaines  de  jeunes  Phjl- 
loxera  s'échappaient  déjà  de  ces  galles.  Ne  trouvant  pas  de  jeune  feuille 
à  piquer  pour  y  développer  des  galles  nouvelles,  les  insectes  se  fixèrent  sur 
les  racines.  Douze  jours  après,  ils  formaient  sur  ces  racines  des  groupes 
serrés,  parmi  lesquels  des  femelles  adultes  en  train  de  pondre  et  des  jeunes 
à  divers  âges,  la  plupart  tendant  vers  l'état  adulte.  Les  plus  jeunes  n'avaient 
pas  de  tubercules  apparents  :  ceux  "de  moyenne  grosseur,  de  même  que 
les  femelles  adultes,  portaient  les  tubercules  caractéristiques,  et  tous,  du 
reste,  par  leurs  formes,  leur  mode  de  vie,  la  dimension  et  la  couleur  de 
leurs  œufs,  se  confondaient  absolument  avec  les  Phylloxéra  souterrains 
qui  vivent  normalement  sur  les  racines. 

"  Voilà  donc  un  fait  nettement,  expérimentalement  établi. Le /'/i///o.ve/(7 
des  feuilles,  ou  la  forme  gallicole  et  aérienne,  peut  devenir  le  Phylloxéra 


valions  de  M.  le  D""  Signoret,  corroborées  par  les  nôtres,  il  y  a,  parmi  les  Phrlloxcra  des 
racines,  des  formes  encore  mal  définies,  à  lubercules  plus  ;m  mois  développés,  même  lors- 
qu'il est  question  d'insectes  adultes,  comparables  quant  à  l'âge. 


(  3oo  ) 
des  racines,  c'esl-;i-dire  la  forme /Y7c/jcào/e  et  soutcM-raiiie  du  même  insecte. 

»  Reste  à  découvrir  néanmoins  comment  s'établit,  dans  la  nature,  Ja 
fdiafion  d'une  forme  à  l'autre.  Ici  l'hypothèse  seule  intervient,  et  c'est  sous 
toutes  réserves  que  nous  hasardons  les  conjectures  suivantes. 

»  Les  Phylloxéra  ailés,  sortis  de  terre  à  l'état  de  nymphe,  puis  passés  à 
l'état  paifait  et  transportés  au  loin  par  lèvent,  pondent  probablement  leurs 
deux  ou  trois  œufs  sur  les  tiges  ou  les  feuilles  de  la  vigne.  De  ces  œuls, 
sortent  les  individus  aptères  qui  produisent  les  premières  galles.  Les  jeunes 
sortis  de  ces  galles  développent  de  nouvelles  galles  sur  les  feuilles  en  voie 
d'évolution  (expérience  du  D'Signoret,  observation  de  M.  Laliman). Quand 
l'évolution  des  feuilles  est  ai'i'êtée,  en  septendjre  par  exemple,  les  insectes 
descendent  sur  les  racines  :  ils  s'y  établissent  peut-être  tout  seuls,  si  le  cep 
n'est  pas  infecté,  peut-être  parmi  des  individus  souterrains  dont  ils  prennent 
vite  les  caractères. 

»  Jusque-là  les  suppositions  sont  assez  plausibles.  Où  l'incertitude  est 
complète,  c'est  sur  le  cycle  des  filiations  qui  ramèneront  l'insecte  ailé. 
Toujours  rare  sur  les  racines,  celle  forme  ailée  se  produit-elle  parmi  les 
aptères  souterrains,  par  une  évolution  nécessaire,  si  bien  que  tout  individu 
aptère  devrait,  après  un  nombre  déterminé  de  générations  agames,  donner 
naissance  à  l'insecte  ailé?  Est-ce,  au  contraire,  à  des  circonstances  particu- 
lières de  nutrition,  de  conditions  extérieures,  qu'est  soumise  la  production 
de  la  forme  ailée  et  aérieiuie?  Il  est  permis  d'hésiter  entre  les  deux  hypo- 
thèses :  le  plus  sage  encore  est  d'en  appeler  à  l'observation,  à  l'expérimen- 
tation pour  résoudre  le  problème. 

»  C'est  poui-  ne  pas  mêler  davantage  l'hypothèse  aux  faits,  que  nous 
ajournons  toute  discussion  sur  l'identité  probable  du  Phylloxéra  vasUilrix 
avec  le  Phylloxéra  on  Pemphigus  vitifolia  des  Américains.  Nous  ne  voulons 
pas  insister,  non  plus,  sur  les  caractères  des  galles,  sur  le  soin  que  doivent 
mettre  les  viticulteurs  à  bien  observer  ces  excroissances,  pour  les  tlélriiire 
comme  recelant  les  colonies,  les  corps  d'avant-garde  do  l'insecte  dévasta- 
teur. Tout  cela  demande  encore  des  éludes,  avant  d'être  mis  hors  de  dis- 
cussion. Le  seul  tait  à  conclure  de  cette  Note,  c'est  que  le  Phylloxéra  va$la- 
trix  des  galles  se  transforme  directement  en  Phylloxéra  vastalrix  des  lacines; 
en  d'autres  termes,  que,  sous  des  formes  diverses,  les  deux  types  sont  la 
même  espèce,  modifiée  par  adaptation  à  des  milieux,  à  des  modes  de  vie 
différents.    » 

«   M.  MiLNE  Edwards  ajoute  qu'ayant  eu  l'occasion  d'examiner  hier  quel- 


(  ^oi  ) 
ques  feuilles  provenant  de  vignes  du  Bordelais  attaquées  par  le  Phyiloxère, 
il  a  constaté  que  les  galles  ouvertes  ne  sont  pas  toujours  des  galles  aban- 
données et  vides,  comme  ou  le  suppose  généralement.  Ces  excroissances 
sont  creusées  d'une  cavité  qui  reste  béante  pendant  que  l'insecte  logé  dans 
son  intérieur  y  pond  ses  œufs  et  que  ces  oeufs  se  développent.  M.  Milne 
Edwards  a  trouvé,  dans  beaucoup  de  ces  berceaux,  un  noudjre  tres-con- 
sidérablede  jeunes  Phylloxéres  dont  les  dimensions  étaient  microscopiques. 
lien  conclut  que  les  vignerons  ne  doivent  pas  considérer  connue  inoffen- 
sives  les  feuilles  qui  portent  des  galles  ouvertes  ;  qu'il  faudrait,  au  contraire, 
en  faire  la  cueillette  avec  soin,  puis  les  brûler,  car,  dans  les  localités  où  le 
Phyiloxère  se  multiplie  de  la  sorte,  ou  détruirait,  par  ce  moyen  simple  et 
peu  dispendieux,  une  multitude  de  reproducteurs  avant  que  ceux-ci  aient 
eu  le  temps  de  descendre  en  terre  et  d'aller  attaquer  les  racines  de  la  vigne. 
Cette  cueillette,  pratiquée  en  grand  et  avec  soin,  ralentirait  prohableujent 
les  progrès  du  mal,  et  peut-être  même  pourrait-elle  donner  des  résultats 
encore  plus  considérables.  M.  Milne  Edwards  pense  donc  qu'il  conviendrait 
d'appeler  d'une  manière  toute  particulière  l'attention  des  vignerons  sur  l'ap- 
parition des  galles  ou  excroissances  en  question.   » 

M.  DE  Séré  adresse,  de  Pau,  une  Note  portant  pour  titre  :  «  Du  couteau 
électrique  et  de  ses  applications  à  la  chirurgie  militaire  '>.  Celte  Note  est 
relative  au  couteau  électro-caustique,  à  chaleur  graduée  au  moyeu  d'une 
échelle  de  platine,  que  l'auteur  a  déjà  soumis  au  jugement  de  l'Académie  (i). 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

CORRESPOI\D  ANCE . 

M.  LE  SECiiÉTAiRE  PERPETUEL  Signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  une  brochure  de  M.  Figuier,  portant  pour  titre  :  «  Armes 
de  guerre  et  bâtiments  cuirassés  ». 

ASTBONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sw  le  specUe  de  V nlmosphève  solaire. 
Note  de  M.   G.  Rayet. 

<i  IjPS  Communications  faites  à  l'Académie  par  M.  I^ockyer  et  par  moi 
montrent  que  le  nombre  des  lignes  brillantes  du  spectre  de  l'atmosphère 


(i)   Comptes  rendus,  5  février  1866,  t.  LXII,  p.  3ofi. 

C.  R.,  1K70,  2«  Semestre.   (T.  I.XXI,   N»  S.)  Sg 


f    302     ) 

solaire  est  variable  comme  les  conditions  dans  lesquelles  se  forment  les 
protubérances.  C'est  ainsi  que,  certains  jours,  on  ne  rencontre  dans  le 
spectre  d'une  protubérance  que  les  lignes  de  l'hydrogène,  tandis  que  le 
lendemain  on  pourra  y  trouver  des  lignes  du  magnésium,  du  sodium,  du 
fer,  du  nickel,  etc.  ;  mais,  et  c'est  là  une  remarque  d'une  haute  impor- 
tance pour  la  ihéorie  de  la  constitution  du  Soleil,  lorsque,  par  exemple, 
le  cercle  d'une  protubérance  donne  des  lignes  brillantes  appartenant  au 
fer,  ces  lignes  sont  toujours  peu  nombreuses.  Ainsi  le  spectre  à  lignes 
noires  du  Soleil  renferme  environ  quatre  cent  soixante  lignes,  qui  coïn- 
cident exactement  avec  les  lignes  brillantes  du  spectre  électrique  du  fer, 
et  dans  le  spectre  de  l'atmosphère  solaire  on  ne  rencontre  guère  que 
cinq  lignes  pouvant  être  attribuées  à  des  vapeurs  incandescentes  de  ce 
métal. 

»  Il  faut  évidemment  des  conditions  particulières,  pour  que  les  vapeurs 
de  fer  de  l'atmosphère  solaire  ne  donnent  que  cinq  lignes. 

»  Les  vapeurs  de  magnésium,  de  sodium,  etc.,  se  trouvent  dans  des  condi- 
tions analogues,  car  sur  les  sept  lignes  du  spectre  complet  du  magnésium 
il  n'y  en  a  que  trois  qui  deviennent  lumineuses,  et  sur  les  neuf  lignes  du 
spectre  du  sodium  les  deux  lignes  D  deviennent  seules  brillantes. 

»  Un  catalogue  complet  et  exact  des  lignes  brillantes  de  l'atmosphère 
solaire  est  donc  important  à  établir. 

B  A  ce  point  de  vue,  je  crois  devoir  signalera  l'Académie  que  le  23  juillet 
j'ai  observé,  pour  la  première  fois,  sur  le  bord  est-nord-est  du  disque  solaire 
le  renversement  des  lignes  dont  les  longueurs  d'onde  sont  les  suivantes  : 

Dix-millionièmes 
de  millimètre. 

5i66,6  la  ligne  ^4  du  magnésium. 

5197,0  ligne  du  fer. 

5233,4  ligne  du  manganèse. 

5275,0  la  substance  correspondante  est  inconnue. 

53i5,9  ligne  du  fer. 

5362.0  ligne  du  fer. 
5370,4  ligne  du  fer. 

5534.1  ligne  du  baryum. 

»  I/observation  des  cinq  premières  lignes  est  une  conhrmation  des  tra- 
vaux de  M.  Lockyer. 

»  Les  trois  dernières  lignes  n'ont  encore  été  signalées  par  aucun  obser- 
vateur. 

»   En  ajoutant  les  lignes  brillantes  précédentes  à  celles  dont  j'ai  signalé 


(  3o3  ) 
le  renversement  dans  des  Notes  antérieures  on  trouve  qu'il  est  possible  de 
voir  dans  l'atmosphère  solaire  vingt-deux  lignes  lumineuses. 

))  Les  observations  précédentes  ont  été  faites  avec  le  spectroscope  décrit 
dans  ma  Note  du  23  juin  dernier.  » 

THERMO-CHIMIE.  —  Recherches  thermo-chimiques  utr  les  sulfures. 
Note  de  M.  Bekthelot  (i). 

«  J'ai  formulé  en  1867  un  principe  général  de  thermo-chimie  (2)  qui 
permet  de  prévoir  les  réactions  d'après  le  signe  des  quantités  de  chaleur 
mises  enjeu,  ilans  les  condilions  mêmes  tles  expériences.  Ce  principe  est 
indépendant  des  considérations  fondées  sur  la  cohésion,  la  solubilité  ou  la 
volatilité,  lesquelles  servent  de  base  aux  lois  de  Berthollet;  mais  il  ne  s'ap- 
plique avec  pleine  certitude  qu'aux  réactions  rapides,  et  dans  lesquelles  ne 
figure  aucun  corps  éprouvant  un  commencement  de  décomposition  spon- 
tanée. 

»  C'est  par  ce  principe  que  j'ai  expliqué,  dans  de  précédentes  publi- 
cations : 

»  1°  Les  décompositions  inverses  des  iodures  par  le  chlore  et  des  chlo- 
rures par  l'acide  iodhydrique,  soit  en  Chimie  minérale  (3),  soit  en  Chimie 
organique  ; 

»  2"  Les  phénomènes  contraires  de  la  substitution  de  l'hydrogène  par 
le  chlore  et  de  l'iode  par  l'hydrogène  (4); 

»  3°  Les  réactions  hydrogénanles  que  l'acide  iodhydrique  exerce  sur 
tous  les  composés  organiques,  réactions  qui  vaiient  avec  la  concentration 
de  l'acide  (5); 

»  4"  Les  conditions  qui  président  à  la  formation  et  à  la  décomposition 
des  chlorures  acides  (6)  et  à  celles  des  acides  atdiydres  ("7); 

»   5°  La  décomposition  de    certains  chlorures  métalliques  j)ar  l'eau  et 

{{]  L'Académie  a  dt'ciilé  que  cette  Coniiminication,  bien  ([ue  dépassant  en  étendue  les 
limites  réglementaires,  seiait  insérée  en  entier  au  Compte  rendu. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  T,X1V,  p.  4i4>  ^^  surtout  Annales  de  Chimie  et  de  Pliysi(jue, 
4'  série,  t.  XVIII,  p.  io3. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  LXIV,  p.4'4- 

(4)  Comptes  rendus,  t.  LXIX,  p.  636  et  638. 

(5)  Bulletin  de  la  Société  Chimique,  -i."  série,  t.  IX,  p.  104. 
(G)   Comptes  rendus,  t.  LXIX,  p.  635. 

(7)   Comptes  rendus,  t.  LXIX,  p.  633. 

39.. 


(  3o./4  ) 
la    ié;iclion    inverse  de   I  acide  clilorhydrique  sur  les  oxydes  correspon- 
dants (i). 

u  Par  ce  même  principe,  j'ai  encore  expliqué  l'efficacité  des  doubles 
décompositions  pour  former  les  corps  qui  dégagent  de  la  chaleur  en  se  dé- 
composant (2)  et  les  conditions  singulières  de  la  forn)ation  de  ces  corps; 
les  phénomènes  attribués  à  Vétat  naissant  (3);  les  réactions  en<lothermiques 
et  exothermiques  (4),  etc.,  etc.  Bref,  je  me  suis  efforcé  de  rjuuener  à  ce 
seul  princi|)o  la  plu|)art  des  phénomènes  de  la  Statique  chimique  (5j. 


(l  )   Comptes  rendus,  t.  LXIX,  p.  63q. 

(2)  J  tin  aies  de  Chimie  et  de  Physique,  4'  série,  t.  XVIII,  p.  ■;,  i5,  etc.  (lésuiné  de  diverses 
publications  faites  depuis  i864). 

(3)  Annales  de  Chimie  et  de  Plnsiquc,  4"  série,  t.  XVIII,  p.  61  et  66. 

(4)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4"  série,  t.  XVIII,  p.  6  et  suivantes. 

(5)  Afin  de  prévenir  tout  soupçon  d'un  emprunt  dissimulé,  je  regarde  comme  un  devoir 
de  relever  quelques  phrases  écrites  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  dans  un  Mémoire  récent 
[voir  ce  Recueil,  p.  2i5).  Cet  honorable  savant  affirme  que  M.  Dumas,  «  dans  son  ensei- 
gnement, faisait  intervenir  les  chaleurs  de  combinaison  comme  déteiminant,  par  leurs  gran- 
deurs relatives,  les  réactions  chimiques  et  les  déplacements  réciproques  des  corps  les  uns  par 
lesautres  ».  Une  assertion  aussi  ])récise  aurait  besoin  d'être  établie  autrement  que  |)ar  des 
souvenirs  privés,  qui  remontent  nécessairement  à  vingt  ou  vingt-cinq  ans  au  moins.  Or 
M.  Dumas, dans  l'éloquent  Exposé  de  ses  idées  sur  l'aftinilé  chimique,  qu'il  a  imprimé  en  1868 
[Comptes  rendus,  t.  LXVII,  p.  6o31,  a  pris  soin  de  présenter  hii-mcme  un  résumé  des  vues 
originales  de  son  enseignement.  Entre  autres  idées  importantes,  formulées  avec  sa  netteté 
ordinaire,  il  énonce  les  suivantes  {p.  606  et  607  ),  l'une  conforme  aux  lois  de  Berthollet,  et 
d'après  laquelle  :  «  Les  phénomènes  de  double  décomposition  sont  toujours  déterminés  par 
la  production  du  composé  le  plus  condensé  et  par^sa  précipitation  ».  M.  Dumas  dit  encore 
que  II  les  éléments  d'un  composé  chimique  qui  se  séparent  ont  besoin  d'être  portés  à  une 
température  d'autant  plus  haute,  qu'ils  ont  émis  plus  de  clialeiu-  en  s'unissant   ». 

Il  ne  me  convient  pas  de  discuter  ici  ces  vues  remarquables;  mais  je  dois  insister  sur  ce 
point,  que  !M.  Dumas  n'a  pas  écrit  un  mot  qui  ressemble  à  l'énoncé  que  M.  H.  Sainte-Claire 
Deville  lui  attribue.  M.  Chcvreul  n'a  pas  fait  davantage  intervenir  les  chaleurs  de  combinai- 
son dans  les  déveiopiiemcnts  intéressants  par  Icstjuels  il  précise  le  sens  véritable  du  mot 
cohésion  dans  l'énoncé  des  lois  de  Berthollet  [Comptes  rendus,  t.  LXVII,  p.  6i4,  64o). 
MM.  Favrc  et  Silbermann,  loin  de  donner  au  principe  énoncé  ci-dessus  «  une  vérification 
expérimentale  des  plus  frappantes  »,dans  leurs  nombreuses  et  importantes  recherches,  ne  l'ont 
jamais  cité;  mais  ils  ont  développé  le  même  ordie  d'idées  (]iie  M.  Dumas  (ro//- spécialement 
Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  t.  XXXVII,  p.  485).  Enfin,  M.  H.  Sainte-Claire  Deville 
lui-même  ne  semblait  pas  soupçonner  l'importance  de  ce  principe  jusqu'à  ces  derniers  temps, 
comme  on  peut  s'en  :issiii<'r  par  la  lecture  des  r)l)servations  (|u'il  a  présentées  en  annonçant 
la  décomposition  du  cliloruie  d'argent  par  l'acide  iodliydrique  [Comptes  rendus,  t.  LXIV, 
p.  3-24). 


(  3o5  ) 

M  Aujourd'hui  je  me  propose  d'en  faire  l'application  aux  réactions  mul- 
tiples et  souvent  contraires  que  présentent  les  sulfures  métalliques. 

»  On  sait  quel  parti  l'analyse  chimique  tire  des  réaclions  exercées  par 
l'hydrogène  sulfuré  sur  les  solutions  métalliques.  Tantôt  le  sel  dissous 
n'éprouve  aucune  réaction  de  la  part  de  l'hydrogène  sulfuré,  non  plus  que 
des  sulfures  alcalins;  tantôt  il  fournit  des  précipités  diversement  colorés. 
Ces  précipités  se  forment  dans  la  liqueur,  quelle  qu'en  soit  l'acidité;  ou 
bien  ils  apparaissent  seulement  sous  l'influence  des  sulfures  alcalins;  ou 
bien  encore  ils  se  forment  dans  les  liqueurs  neutres,  et  ils  se  retlissolvent 
sous  l'influence  des  acides  minéraux,  soit  dilués,  soit  concentrés.  Jusqu'ici 
ces  réactions  multiples  n'ont  pas  été  prévues  à  l'avance,  parce  qu'elles 
échappent  pour  la  plupart  aux  lois  ordinaires  de  la  Statique  chimique.  La 
décomposition  d'un  sulfure  insoluble  par  un  acide,  avec  formation  d'un 
sel  soluble  et  d'hydrogène  sulfuré  ilissous,  est  même  en  contradiction  for- 
melle avec  les  lois  de  Berthollet. 

»  Je  me  propose  de  montrer  que  ces  phénomènes  divers,  et  jusqu'ici 
inexpliqués,  sont  conformes  au  principe  général  de  thermo-chimie  rajipelé 
ci-dessns.  J'entrerai  dans  les  détails,  parce  qu'ils  sont  la  vraie  pierre  de 
touche  des  théories  (i). 

I.    —     RÉACTION    DES    SULFURES    ALCALINS    SUR    LES     SELS    MÉTALLIQUES    EN    DISSOLUTION. 

»  En  général  les  sulfures  alcalins  donnent  naissance  à  des  sulfures  métal- 
liques, lorsqu'ils  agissent  sur  les  sels  métalliques  dissous.  Calcidons  la 
chaleur  dégagée.  Soit  le  système  initial  suivant  :  potasse,  hydrogène  sid- 
furé,  sel  métallique,  tous  ces  corps  étant  supposés  dissous  dans  une  grande 
quantité  d'eau,  et  soit  le  système  final  :  sel  de  potasse  et  sidfure  métallique. 
On  peut  passer  d'un  système  à  l'autre  en  suivant  deux  marches  différentes. 

Première  marche. 

»  Première  réaction:  Potasse  +  sel  métallique  =  sel  de  potasse  +  oxyde 
métallique. 

»  Deuxième  réaction  :  Oxyde  métallique  -f-  hydrogène  sulfuré  dissous 
=  sulfure  métallique  -f-  eau. 

»   La  première  réaction  donne   lieu  à  un  dégagement  de  clialeiu-  +  A, 


(i)  Les  chiffres  cités  dans  le  cours  de  ce  Mémoire  sont  les  valeurs  moyennes  que  l'on 
obtient  en  combinant  les  expériences  de  MM.  Hess,  Andrews,  Grahain,  Favre  et  Silbermann, 
Abria,  Woodt.,  Thomsen,  Marié-Davy  etTroosi,  Hautefeuille,  Berihelot  et  Lon|^uinine,  etc. 


(  3o6  ) 
parce  que  l'union  de  la  potasse  avec  les   acides  étendus  dégage  presque 
toujours  plus  de  chaleur  que  l'union   des  uiènies  acides  avec  les  oxydes 
métalliques  (i),  lorsqu'il  y  a  formation  dv  sels  soluhles.  D'après   l'expé- 
rience, A  dépasse  3ooo  calories  pour   i  équivalent  (O  =  8  grammes). 
»  La  seconde  réaction  donne  aussi  lieu  à  un  dégagement  de  chaleur,  ■+-  B, 

savoir  : 

Formation  de  ZnS-t-    7600 

«  de  FeS  +    S3oo 

»  de  CuS  +  i54oo 

»  de  PGS  -r-  10200 

»  de  AgS  +  28700. 

»   B  égale  ou  dépasse  7600  calories. 

«  La  chaleur  dégagée  par  la  somme  des  deux  réactions  A  -+-  B  égale  ou 
dépasse  donc  10600  calories. 

Dciirième  marche. 

))  Première  réaction  :  Potasse  et  hydrogène  sulfuré  dissous  =  sulfure 
alcalin  dissous. 

»  Deuxième  réaction  :  Sulfure  dissous  H-  sel  métallique  =  sulfure  métal- 
lique -+-  sel  alcalin. 

»   La  première  réaction  dégage  +  36oo  pour  1  équivalent. 

«   Soit  X  la  quaulité  dégagée  par  la  deuxième  réaction,  ou  a 

A  +  B  =  36oo  +  X, 
mais 

A  +  B  >  10600, 

«loue  X  est  positif  et  dépasse  7000  calories.  La  formation  des  sulfiu'es  métal- 
liques par  la  réaction  des  sels  mél.iUiques  dissous  sur  les  sulfures  alcalins 
se  produira  donc  il'uuc  uiauicre  nécessaire. 

II.    —     RÉACTION    UKS    ACIDES    SUE     LES    SULFURES    ALCALINS. 


»   Les  sulliuTs  alcalins  sont  décomposés  en  général  par  les  acides  avec 

spoiulanl  et  d'hydrogène 

KS  +  Il  Cl  =  lvCl  +IIS. 


formation  d'un  sel  conespoiulanl  et  d'hydrogène  sulfuré  : 


(1)  La  seule  exceplion  coiimu'  csl  l;i  naflion  ilr  l'iK-idu  cyaiiliy(lii(]iio  sur  l'oxyde  de 
iiu'icui'f,  I;u]uelle  dégaine  plus  de  ilialcur  (]iie  relie  i\\\  uièuie  acide  sur  la  [lolasse.  Aussi  la 
[xilasse  ne  précipite-t-ellc  point  l'oxyde  de  mercure  dans  les  solutions  du  cyanure. 


(  3o7  ) 

»  La  réaction  peut  avoir  lieu  entre  les  corps  anhydres  ou  entre  les  corps 
dissous.  Dans  le  dernier  cas,  l'hydrogène  sulfuré  peut  demeurer  dissous  ou 
bien  prendre  la  forme  gazeuse. 

»  Or,  dans  tous  les  cas,  la  réaction  est  nécessaire,  d'après  noire  prin- 
cipe. En  effet,  en  partant  des  éléments  libres  à  la  température  ordinaire, 


K  +  S  =  KS  solide  +  453oo 
H  H-  Cl  =  H  Cl  gaz    -t-  23900 

69200 
Dantre  part 

K-f- Cl  =IC Cl  solide   io?.70o 
H  -f-  S  =  HS  gaz...        235o 

io5o5o 


Dissous .     5o8 

Dissous 4i3 


Dissous 98400 

Dissous 5700 


I o4 I 00 


)>  Donc  la  réaction  KS  +  HCl  =  KCl  +  HS  dégage  : 
»  Tous  les  corps  étant  supposés  isolés,  +  36 200; 
»  Tous  les  corps  étant  supposés  dissous,  +  12000; 
»   Enfin,  tons  les  corps  demeurant  dissous,  à  l'exception  de  HS,  qui  de- 
vient gazeux,  +  8700. 

»  Soit  encore  la  réaction  d'un  oxacide  sur  un  sulfure  alcalin  : 

NaO  dissoute   -f-  HS        dissous,   +  36oo, 
NaO  dissoute   +SO''H       dilué,   +16000, 
NaO  dissoute   +  C'H'O'  dilué,    +i34oo. 

»  D'où  il  suit  que  la  réaction  de  l'acide  sulfurique  étendu  sur  le  sulfure 
alcalin  dissous,  avec  formation  d'hydrogène  sulfuré  dissous,  dégage 
+  12400,  et  celle  de  l'acide  acétique,  +  9800. 

»  Si  l'hydrogène  sulfuré  devient  gazeux,  l'acide  sulfurique  dégage  9100, 
et  l'acide  acétique  6  5oo  calories.  Toutes  ces  réactions  se  produiront  donc 
d'une  manière  nécessaire. 

»  Entre  les  acides  qui  décomposent  les  sulfures  alcalins,  l'acide  carbo- 
nique se  distingue  par  des  réactions  toutes  spéciales;  on  sait  en  effet  que 
l'acide  carbonique  en  excès  décompose  les  sulfures  dissous,  tandis  que 
l'hydrogène  sulfuré  employé  sous  forme  gazeuse  et  en  excès  décompose 
aussi  les  carbonates  alcalins  dissous,  ou  même  anhydres.  Ces  deux  réac- 
tions inverses  ont  été  étudiées,  entre  autres,  par  Henry,  et  discutées  avec 
beaucoup  de  sagacité  par  Gay-Lussac  :  il  les  explique  par  la  décomposition 
partielle  que  les  bicarbonates  alcalins  (i),  pris  isolément,  manifestent  déjà 


(i)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  ?/  série,  t.  XXX,  p.  2g3  ;  1825. 


(  3o8  ) 

à  la  température  ordinaire,  l;i  décomposition  se  poursuivant  et  devenant 
complète  sous  l'influence  de  l'hydrogène  sulfuré  et  en  vertu  d'un  méca- 
nisme purement  physique,  que  Gay-Lussac  ramène  expressément  à  «  la 
»  théorie  des  vapeurs  «.  Quel  que  soit  le  mérite  de  ces  explications,  il  y 
manque  deux  points  essentiels,  à  savoir  :  pourquoi  l'acide  carbonique 
commence  à  décomposer  les  sulfures  dissous,  et  pourquoi  l'acide  sulfhy- 
drique  commence  à  décomposer  les  carbonates  neutres.  C'est  cette  double 
lacune  que  je  vais  essayer  de  combler. 

»  Examinons  d'abord  la  formation  des  carbonates  et  celle  des  sulfures, 
pris  isolément  : 

Carbonate  jicutre  : 

NaO  en  solution  élendue  -+-  CO'  dissous  dégaj^e loioo 

«  "  -t- CO' gazeux        »       12800  environ 

Bicarbonate  : 

NaO  dissoute  +  CO-  dissous  dégage 11 000 

"  »         -h  CO'  gazeux       »       i63oo  environ 

Sulfures  : 

NaO  en  solution  étendue  -1-  HS  dissous     dégage 36oo 

o                 u                 -f-  HS  gazeux           >■       6goo 

»                 u                 H-  H-S'  dissous       ■<      7200 

»                 »                 4- H' S' gazeux       «      i38oo 

>■  Il  résulte  de  ces  chiffres  que  l'acide  carbonique  dissous  ou  gazeux  doit 
déplacer  l'acide  sulfhydrique  sous  forme  dissoute,  et  cela,  soit  qu'il  forme  un 
carbonate  neutre,  soit  qu'il  forme  un  bicarbonate.  L'acide  sidfhydrique, 
ainsi  devenu  libre  dans  la  dissolution,  se  dégage  ensuite  et  à  mesure,  s'il 
est  entraîné  par  un  courant  gazeux. 

»  La  réaction  inverse  exige  une  discussion  plus  approfondie.  Dans  une 
dissolution  étendue,  elle  résulte,  comme  Gay-Lussac  l'a  fort  bien  recoiuui, 
de  la  transformation  du  carbonate  neutre  en  bicarbonate,  et  de  la  décom- 
position spontanée  que  ce  dernier  éprouve  à  la  température  ordinaire.  En 
vertu  de  cette  dernière  décomposition,  une  partie  de  l'acide  carbonique  se 
trouve  à  l'état  libre  dans  la  liqueur,  et,  par  conséquent,  susceptible  d'être 
entraînée  par  le  courant  gazeux.  Si  le  bicarbonate  se  régénère  inces- 
samment par  quelque  réaction,  la  totalité  de  l'acide  carbonique  finira  |)ar 
être  éliminé.  Il  faut  donc  établir  cpi'iui  carbonate  neutre  en  dissolution  est 
changé  par  un  excès  d'acide  sulfliydrique  gazeux  en  bicarbonate.  La  réac- 


(3o9) 
tion  est  la  suivante  : 

C-0*,2Na()  +  H=S-  =C=0\NaO,HO  +  NaS,HS. 

»   Le  calcul  thermique  se  décompose  en  deux  parties  : 

Séparation  du  carbonate  neutre  en  bicarbonate  et  aUali  libre.  .  .        —  r)9.oo 
Union  de  l'alcali  libre  avec  l'acide  suUhydrique  gazeux -t-i38oo 

+  4600 
))  La  réaction  dégage  4600  calories  :  sa  réalisation  est  donc  conforme 
au  principe.  Mais  elle  ne  sautait  avoir  lien,  si  ce  n'est  au  contact  du  gaz 
sulfhydrique  et  de  la  dissolution.  Le  bicarbonate  produit,  étant  instable 
par  liii-mètne,  exhale  une  partie  de  son  acide  carbonii|ue  dans  l'atmosphère 
de  gaz  sulfhydrique,  en  présence  de  laquelle  il  prend  naissance. 

»  On  voit  par  là  que  la  réaction  d'un  excès  d'acide  suif  hydrique  se  pro- 
duira seulement  avec  le  corps  gazeux;  tandis  que  celle  d'un  excès  d'acide 
carbonique  aiua  lieu  mètne  en  dissolution  :  les  carbonates  dissous  doi- 
vent donc  être  plus  difficiles  à  décomposer  par  un  excès  d'acide  sulfhy- 
drique que  les  sulfures  dissous  par  un  excès  d'acide  carbonique  :  opposi- 
tion déjà  remarquée  par  Henry  dans  ses  expériences,  et  qui  avait  excité 
l'étonnement  de  Gay-Lussac. 

m.  —  RÉACTION  nE  l'hydrogène  sulfuré  sur  les  divers  sels  métalliijues; 

ET   RÉACTION    DES   ACIDES   SUR  LES  SULFURES    MÉTALLIQUES. 

»  Je  prendrai  comme  types  les  sulfures  des  métaux  suivants  :  zinc  et  fer, 
plomb,  cuivre,  argent,  lesquels  fourniront  des  exemples  de  toutes  les  réac- 
tions essentielles. 

Sulfures  de  zinc  et  de  fer. 

»  L'oxyde  de  zinc,  réagissant  sur  les  acides,  dégage  les  quantités  de  cha- 
leur suivantes,  lesquelles  sont  à  peu  près  les  mêmes  avec  l'oxyde  anhydre 

ou  hydraté  : 

Zn  0  +  HS  dissous ^600  (  i  ) 

»     -I-  HS  gazeux 1 1000 

»     +  SO^H  dilué 1 1  à  12000 

»     H- H  Cl  ou  AzO'H  dilués 10  à  iiooo 

»     -t- C'H'O'  dilué 7600 

»   11  réstdte  de  ces  nond^res  que  : 

»    1°  Les  acides  siilfurique,  chlorhydrique,  azotique  étendus  doivent  dé- 

(i)   Ce  nombre  est  probablement  un  peu  trop  faible. 

C.  R.,  1870,  -2"  Semestre.   (T.   LXXl,  N»   Ij.)  4° 


(    3io    ) 
composer  le  sulfure  de  zinc, en  formant  de  l'hydrogène  sulfuré  dissous  :  ce 
dernier  prendra  consécutivement  la  forme  gazeuse  sous  l'influence  d'un 
courant  gazeux  ou  de  la  vapeur  d'eau. 

M  La  décomposition  s'efteclucra  mieux  avec  les  acides  concentrés,  parce 
que  de  tels  acides  dégagent  ])lus  de  chaleur  eu  s'unissant  à  l'oxyde  de 
zinc  (i);  l'excès  suffit  pour  expliquer  la  formation  immédiate  du  gaz  suif- 
hydrique. 

»  2°  A  l'inverse,  l'hydrogène  sidfuré  gazeux  produira  un  conmiencement 
de  décomposition  sur  les  sels  neutres  de  zinc  en  dissolution,  siiécialement 
sur  le  chlorure  et  l'azotate;  mais  l'action  s'arrêtera  presque  aussitôt,  dès  que 
l'acide  formé  dans  la  solution  tendra  à  se  concentrer. 

»  3°  L'acétate  de  zinc  (et  les  sels  organiques  analogues)  pourra  être  dé- 
composé complètement  sous  l'influence  d'un  excès  d'hydrogène  sulfuré 
gazeux. 

»  Toutes  les  circonstances  observées  dans  les  expériences  sont  en  con- 
formité parfaite  avec  ces  prévisions  tiiermochimiques. 

»  Soit  maintenant  le  protoxyde  de  i'er.  Ce  corps  dégage  à  peu  près  les 
mêmes  quantités  de  chaleur  que  l'oxyde  de  zinc,  en  réagissant  sur  l'hydro- 
gène sulfuré  et  sur  les  acides  sulfinique,  chlorhydrique,  azotique,  acétique. 
Aussi  les  réactions  de  l'hydrogène  snlfiu'é  sur  les  jM'otosels  de  fer,  et  celles 
du  sulfure  de  fer  sur  les  acides  sont-elles  analogues,  en  général,  à  celles 
des  sels  de  zinc  (2).  En  effet,  les  acides  minéraux  décomposent  le  sulfure 
de  fer,  tandis  que  l'hydrogène  sulfuré  gazeux  détermine  un  commencement 
de  précipitation  dans  une  solution  d'acétate  ferreux. 

Sulfure  de  plomb. 

PbO  (3)  +  HS  dissous dégage  10200 

»            HS  gazeux ■-  i35oo 

"            AzO'H  clciulu  (sel  soluble).  ...         »  gSoo 

»             HCI  étendu  (sel   insoluble)....          "  i  i  200 

»             SO' II  étendu  (sel  insoluble)  ...          »  11  3oo 

»            C'H'O'  étendu  (sel  soluble).  ...         «  7200 


(i)  Ils  dég.igCMt  en  plus  la  sonune  des  valeurs  absolues  de  la  ebaleiir  qui  serait  dégagée 
])ar  leur  dissolution  <lans  un  excès  d'eau  pure,  et  de  la  elialeur  qui  serait  absorbée  |)ar  la 
dilution  des  solutions  de  sulfate  de  zinc  dans  ce  même  excès  d'eau  pure  ou  acidulée. 

(2)  Sauf  de  légères  différences  de  détail,  qui  trouveront  sans  doute  leur  e\j)lica;ion  dans 
des  déterminations  calorimétriques  ]ilus  précises. 

(3)  Anbydrc  ou  liydralé. 


(  :^i>  ) 

»   Il  résulte  de  ces  nombres  que  : 

1'  i"  Les  sels  de  plomb  solubles  seront  décomposés  par  l'hydrogène 
sulfuré  dissous  ou  gazeux; 

»  a°  Le  gaz  sulfhydrique  décomposera  tous  les  sels  de  plomb,  y  compris 
le  sulfate  et  le  chlorure; 

»  3°  Les  acides  qui  forment  des  sels  insolubles  (chlorure,  sulfate)  cor- 
respondent à  peu  près  au  même  chiffre  que  l'acide  sulfhydrique  dissous; 
ils  seront  difficilement  décomposés  par  cet  agent,  et  la  réaction  changera 
de  signe  avec  la  concentration  des  acides,  laquelle  augmente  la  chaleur 
dégagée;  on  sait,  en  effet,  que  le  sulfure  de  plomb  est  décomposé  par  les 
acides  chlorhydrique  et  sulfurique  un  peu  concentrés; 

»   4°  Cette  réaction  inverse  n'a  pas  lieu  avec  l'acide  acétique,  parce  que 

l'écart  est  trop  grand  pour  être  comblé  par  la  faible  chaleur  de  dissolution 

de  cet  acide. 

Sulfure  de  cuivre. 

CuO  +  HS  dissous ''égage  i54oo 

S0<  H  étendu „  83oo 

»        HCl  et  AzO'H  étendus..         »  6400 

»       ci*  H*  0*  étendu »  5  200 

»  Ces  quantités  sont  à  peu  près  les  mêmes  avec  l'oxyde  anhydre  ou 
hydraté. 

»  Il  résulte  de  ces  nombres  que  les  sels  de  cuivre  en  solutions  étendues 
seront  décomposés  par  l'hydrogène  sulfuré.  Le  sulfure  de  cuivre  ne  se  dis- 
soudra pas  d<uis  les  acides  étendus.  Cependant  les  acides  chlorhydrique  ou 
sulfurique  extrêmement  concentrés  pourront  l,e  décomposer,  p;uce  que 
leur  union  avec  l'oxyde  métallique  dégage  en  plus  la  somme  de  la  quan- 
tité de  chaleur  correspondante  à  leur  dissolution  dans  l'eau  et  de  la  quan- 
tité de  chaleur  (prise  avec  le  signe  contraire)  qui  serait  absorbée  par  le 
fait  de  la  dilution  de  la  solution  du  sel  métallique  formé. 

»  Toutes  ces  prévisions  sont  vérifiées  par  l'expérience. 

Sulfure  il 'argent. 

AgO  -t-  HS  dissous dégage  28000 

»       SO*FI  étendu  (sel  en  partie  insoluble)  ...         »  io4oo 

1       AzÛ'H  étendu  (sel  soluble) »  nooo 

»       HCl  étendu  (sel  insoluble) »  aSooo 

»  Les  sels  d'argent,  le  chlorure  compris,  seront  donc  en  général  décom- 
posés par  l'hydrogène  sulfuré;  tandis  que  le  sulfure  d'argent  ne  se  dissou- 
dra pas  dans  les  acides  étendus. 

/,o.. 


(  3i2  ) 

»  Signalons  enfin  ces  dernières  conséquences  du  principe,  conséquences 
qne  l'expérience  confirme  : 

»  Le  sulfure  de  plomb,  introduit  dans  la  solution  d'un  sel  de  cuivre, 
doit  en  précipiter  le  cuivre  sous  fonr.c  de  sulfure;  car  la  séparation  de 
l'oxj'de  de  cuivre  uni  aux  divers  acides  dans  les  sels  absorbe  moins  de 
chaleur  que  celle  de  l'oxyde  de  plomb  uni  aux  mêmes  acides,  tandis  que 
l'union  de  l'oxyde  de  cuivre  avec  l'hydrogène  sulfuré  dégage  plus  de  cha- 
leiu'  que  l'union  de  l'oxyde  de  plomb.  La  somme  des  valeurs  absolues  de 
ces  deux  quantités,  laquelle  détermine  le  sens  de  la  réaction,  est  comprise 
entre  7000  et  10  000  calories. 

»  Le  sulfure  de  |jlomb  doit  également  précijjiter,  et  précipite  en  effet 
l'argent  sous  forme  de  sulfure  dans  une  solution  de  nitrate  d'argent;  car 
cette  réaction  dégage  20000  calories. 

))  Enfin  le  sulfure  de  cuivre  décompose  l'azotate  d'argent  dissous,  avec 
formation  de  sulfure  d'argent  :  réaction  prévue,  caielle  dégage  12000  ca- 
lories. 

»  On  voit  que  notre  piincipe  permet  d'annoncer  à  l'avance  toutes  les 
circonstances  essentielles  des  réactions  que  l'hydrogène  sulfuré  exerce  sur 
les  solutions  métalliques,  ainsi  que  les  circonstances  des  réactions  que  les 
divers  acides  exercent  sur  les  sulfures,  alors  même  que  ces  réactions  sont 
contraires  aux  lois  de  Berthollet.  Les  vérifications  les  plus  décisives  peut-être 
que  l'on  puisse  citer  sont  les  cas  dans  lesquels  inie  réaction  change  de  signe 
thermique  : 

»  Soit,  par  exemple,  lorsqu'on  passe  d'un  corps  à  un  autre  dans  une 
même  série  de  substances  analogues  (action  des  acides  étendus  sur  les  sul- 
fures alcalins,  sur  les  sulfures  de  zinc  et  de  fer,  sur  les  sulfures  de  cuivre  et 
d'argent); 

))  Soit  encore  lorsque  les  réactions  entre  les  mêmes  composés  sont  ren- 
versées par  le  simple  changement  de  quelque  circonstance  physique  qui 
modifie  les  quantités  de  chaleur  mises  en  jeu  (actioti  inverse  des  acides 
étendus  et  des  acides  concentrés  sur  le  sulfure  de  plomb). 

»  Voici  quelques  autres  exemples  d'un  renversement  dans  les  réactions, 
corrélatif  avec  le  changement  de  leur  signe  thermique  sous  l'influence 
d'iuie  inégale  concentration  : 

IV. 

»  D'après  Grégory,  le  chlorure  d'argent  récemment  préci|>ité  est  dé- 
composé complètement  par  la  potasse  concentrée,  avec  formation  d'oxyde 


(  3i3  ) 
d'argent  et  de  chlorure  de  potassium.  En  présence  d'une  solution  très- 
étendue,  non-seulement  la  réaction  n'a  plus  lieu;  mais  l'oxyde  d'argent  dé- 
compose le  chlorure  de  potassium,  avec  formation  de  chlorure  d'argent  et 
de  potasse  caustique.  Ces  réactions  singulières  et  opposées  pouvaient  être 
prévues.  En  effet 


Ag -f- Cl  :=  Ag Cl  dégage..    ..      34 800 
R  +  0  =  KO  diluée 76300 


Ag-t-0  =  AgO  dégage 6  100 

K  +  Cl  =K CI  dissous    ....      97800 

io3  goo 

»   La  réaction 

AgO  -hRCI  +Aq  =  AgCI  +  KO  +  Aq 

dégage  donc  +  7200  environ,  dans  des  solutions  étendues  :  ce  qui  explique 
la  décomposition  du  chlorure  de  potassium  jjar  l'oxyde  d'argent. 

»  Four  rendre  compte  de  la  réaction  inverse,  il  suffit  de  remarquer  qu'en 
présence  d'une  moindre  quantité  d'eau  la  formation  de  la  potasse  dégage 
de  moins  en  moins  de  chaleur.  La  diminution  peut  s'élever  jusqu'à  12900, 
limite  relative  à  l'hydrate  de  potasse  solide  :  KO, HO.  An  contraire,  la 
formation  du  chlorure  de  potassium  dans  une  solution  concentrée  absorbe 
moins  de  chaleur  que  dans  une  solution  étendue;  si  le  sel  se  séparait  sous 
forme  solide,  la  différence  serait  4200.  La  limite  des  quantités  de  chaleur 
dégagées  par  les  réactions  ci-dessus  sera  donc: 


Ag-t-CI     =AgCI 34300 

K-f-H=0-=KOHOsolide..  .      63  4oo 


Ag  +  0  =  AgO 6100 

K+C1  =  KC1   solide 102000 


io8  100 


98  200 

))   La  réaction  inverse,  pour  de  tels  systèmes, 

Ag  O  -»-  HO  -H  KCl  -.  Ag  Cl  +  KO,HO, 

déeaserait  donc  loooo  calories  environ.  A  la  vérité,  cette  réaction  n'est 
guère  possible  physiquement,  à  la  température  ordinaire.  Mais  elle  de- 
vient possible,  et  elle  a  lieu  en  effet,  avec  la  potasse  en  fusion,  condition  qui 
diminue  à  peine  de  2000  à  3ooo  calories  le  nombre  précédent.  La  réaction 
doit  aussi  avoir  lieu,  et  elle  a  lieu  en  effet,  avec  la  potasse  en  solution  très- 
concentrée,  tant  que  subsiste  le  signe  de  la  différence  précédente.  Au  delà 
de  ce  terme, c'est-à-dire  dans  des  dissolutions  plus  étendues,  c'est  la  léaction 
inverse  que  l'on  observe. 

V. 

»   I>a  préparation  de  la  potasse  caustique,  au  moyen  de  la  chaux  éteinte 
et  du  carbonale  de  potasse,  va  nous  fournir   une   autre    vérification  des 


(  3.4  ) 
mêmes  principes.  On  sait,  en  effet,  que  le  carbonate  de  polasse,  en  solution 
étendue,  est  décomposé  par  l'iiydrate  de  chaux,  avec  formation  de  carbo- 
nate de  chaux  et  de  potasse  caustique.  Ce  résultat  pouvait  être  prévu  d'après 
les  nombres  suivants: 

CO'  gazeux  H-  KO  en  solution  étendue  =  KO,CO'  dégage.  .  .      12800 
C0=  gazeux -f- CaO,  HO  .  =  CaO,CO=      ..      ...      4700 

»  Ainsi  l'hydrate  de  chaux  doit  décomposer  le  carbonate  de  potasse,  en 
solution  étendue,  avec  dégagement  de  2000  calories  environ. 

»  Mais  la  réaction  du  gaz  carbonique  sur  l'hydrate  de  potasse  solide, 
avec  formation  de  carbonate  neutre  solide,  dégagerait  environ  25 000  calo- 
ries, chiffre  très-supérieur  à  14700.  Si  l'hydrate  de  potasse  est  dissous  dans 
une  petite  quantité  d'eau,  la  réaction  dégagera  des  quantités  comprises  entre 
aSooo  et  12800,  et  qui  s'écarteront  d'autant  plus  du  dernier  chiffre  que  la 
solution  sera  plus  concentrée.  Il  existera  doue  une  concentration  limite, 
pour  laquelle  l'hydrate  de  chaux  cessera  d'agir  sur  le  carbonate  de  polasse. 
Pour  une  concentration  plus  grande,  la  réaction  inverse  deviendra  possible, 
c'est-à-dire  que  la  potasse  décomposera  le  carbonate  de  chaux. 

»  Toutes  ces  conséquences  sont  conformes  aux  circonstances  bien  con- 
nues, mais  jusqu'ici  inexpliquées,  de  la  préparation  des  lessives  alcalines. 

»  Je  ne  citerai  pas  pour  le  moment  de  nouveaux  exemples,  me  proposant 
de  revenir  encore  sur  ce  sujet.  Qu'il  me  soit  permis  d'y  insister  ;  car  il  s'a- 
git desavoir  si  la  statique  de  Berthollet,  qui  a  si  longtemps  régné  dans  la 
science,  ne  doit  pas  être  remplacée  par  des  lois  plus  profondes  et  plus  gé- 
nérales. » 

CHIMIE.  —  Action  du  j)eiUachlorute  cl  du  pcnlalxomuic  df.  phosphore 
sur  divers  étiiers.  Note  de  M.  L.  He.vky  (i). 

«  J'ai  attiré,  à  divers  reprises  déjà  (2),  l'attention  des  chimistes  sur  la 
différence  qui  existe,  au  point  de  vue  de  l'action  des  chlorures  des  radicaux 
négatifs  en  général,  notamment  du  pentachlorure  et  du  pentabromure  de 
phosphore,  entre  l'hydroxyle  (HO)  et  les  groupements  éthérés  correspon- 
dants, méthoxyle  (CH'O),  éthoxyle  (C^H'O),  etc. 

(i)  L'Académie  a  décidé  que  cette  Couimunication,  bien  que  dépassant  en  étendue  les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  en  entier  au  Compte  rendu. 

(2)  Bulletin  de  l'Académie  de  Belgique,  ■>.'  série,  t.  XXVII,  p.  (k)i;  t.  XXVIII,  p.  21  l, 
399  et  552. 


(  3i5  ) 

»  Tandis  que  l'hydroxyle  (HO)  est,  quelle  que  soit  sa  fonction,  alcool, 
acide  ou  phénol,  facilement  remplaçable,  et  dès  la  température  ordinaire, 
par  un  atome  de  chlore  ou  de  brome  sous  l'action  de  PhCP  ou  de  PhBr% 
les  groupements  éthérés  méthoxyle,  élhoxyle  ne  subissent^  dans  les  mêmes 
circonstances,  aucun  remplacement  de  ce  genre  et  résistent  à  l'action  de 
ces  agents.  J'ai  l'honiiein-  de  faire  connaître  à  l'Académie,  dans  la  présente 
Note,  quelques  réactions  nouvelles  à  l'appui  de  cette  idée  générale. 

»  1.  Glycollate  et  lactale  d'élhjle  (i  )•  —  O"  sait  quelle  est  l'action  qu'exer- 
cent sur  les  acides  biatomiques  et  monobasiques  (acides  alcooliques),  tels 

que  l'acide  glycollique  C=H=  O  <  ^^,  le  pentachlorurc  et  le  penlabromure 
de  phosphore. 

»  Il  était  à  prévoir  que,  sous  l'action  de  ces  mêmes  composés,  les  éthers 
de  ces  acides,  éthers  qui  sont  en  même  temps  des  alcools  monoatomiques, 
seraient  éthérifiés  de  la  même  manière,  (HO)  étant  remplacé  par  Ci  ou 
par  Br,  et  transformés  en  élhers  de  l'acide  monoatomique  et  monobasique 
correspondant,  monochloré  ou  monobromé.  Cette  prévision  a  été  con- 
firmée par  l'expérience. 

»  Le  pentachlorurc  et  le  penlabromure  de  phosphore  attaquent  éncrgi- 
quement,  et  dès  la  température  ordinaire,  le  glycollate  et  le  laclate  d'éihyle; 
il  se  dégage  abondamment  de  l'acide  chlorhydrique  ou  de  l'acide  broinhy- 
drique;  après  deslinction  par  l'eau  du  PhOCl'  ou  du  PhOBr'  formé,  le 
nouvel  éther  formé  reste  sons  forme  d'un  liquide  insoluble  dans  l'eau  et 
plus  dense  que  celle-ci;  on  le  lave  avec  une  solution  de  carbonate  so- 
dique,  et  on  le  dessèche  sur  du  chloriu-e  de  calcium. 

»  J'ai  obtenu  de  cette  façon  le  chloro-acétate  et  le  bromo-acétate  d'éthyle, 
le  chioropropionate  et  le  bromopropionate  d'éthvie  (2). 

»  Sauf  le  bromopropionate  d'éthyle,  ces  produits  sont  bien  connus  et 
possèdent  des  propriétés  qui  permettent  de  les  recoiuiaîlre  aisément;  je  ne 
m'y  arrêterai  pas  davantage.  Le  bromopropionate,  qui  n'a  pas  encore,  que 
je  sache,  été  signalé,  mérite  une  mention  spéciale. 


CO,C=H*0 


I 


(i)  Le  lactale  d'cllivle  dont  il  est  ici  question  est  le  paralaclatc       CH,  HO 

(  CH' 

1  CO,C=H"0  1   CO,C=H»0 

I  \   I 

(?)  •;  CHCI  et        CH,Br 

CH"  (  CH' 


(  3i6  ) 

»  Il  est  en  tous  points  analogue  au  produit  chloré  correspondant  :  c'est 
un  liquide  incolore,  limpide,  mobile,  d'une  odeur  éthérée,  piquante,  inso- 
luble dans  l'eau,  d'iuie  densité  1,396  à  -4-  i  1  degrés,  et  bouillant,  sans  dé- 
composition, à  159-160  degrés  (non  corrigé).  oS','^i34  de  ce  corps  ont 
fourni  0^^7392  de  bromure  d'argent,  ce  qui  correspond  à  44)09  pour  100 
de  brome;  la  formule  C^H*  Br  (C^H')  0°  en  demande  44» '9  ponr  100. 

»  Ces  réactions  doivent  théoriquement  s'accomplir  entre  i  molécule  de 
l'élher  glycollique  ou  lactique  et  i  molécule  do  PhCP  et  de  PliBr';  il  n'en 
est  pas  ainsi  dans  la  réalité:  alors  que  l'on  emploie  l'éther  et  le  composé 
phosphore  dans  ces  proportions,  une  partie  de  cehii-ci  demeure  inaltérée. 
C'est  qu'à  côté  delà  réaction  principale,  réaction  de  PhCI*  ou  Phlîr'  sur 
l'éther,  il  se  produit  une  réaction  secondaire  :  l'oxychlorure  PhOCl'  et 
l'oxybromure  PhOBr'  de  |ihosj)hore  réagissent  à  leur  tour  sur  l'hydroxyle 
(HO)  alcoolique  de  l'éther  primitif,  poiu'  produire  des  éthers  phosphoriques 
complexes.   C'est  une  réaction   analogue  à  celle  de  l'oxyclilonn'e  de  car- 

bone  (CO)CP  et  du  clilorocarbonate  d'éthyle  CO  C^    .         sur  le  glycollate 

d'éthyle,  réaction  que  M.  Heiniz  a  fait  récemment  connaître  (1). 

»  Il  résulte  de  là  que  le  rendement  final  de  ces  réactions,  en  éther  chloré 
ou  brome,  est  beaucoup  moindre  que  le  rendement  théorique. 

»  Je  ne  me  suis  pas  arrêté  pour  le  moment,  malgré  l'intérêt  qu'ils  peu- 
vent présenter,  à  examiner  ces  éthers  phosphoriques  complexes:  ces  pro- 
duits sont  vraisemblablement  fixes,  circonstance  qui  doit  rendre  leur 
purification  difficile. 

»  II.  Malale  el  tarlrale  diéthyliques.  —  Le  pentachlorure  de  phosphore, 
PhCi%  réagit  aussi  et  avec  beaucoup  d'énergie,  déjà  à  froid,  sur  le  malate 
diélh/lique,  C^H*  (C"  H^  )^0^  (2);  l'action  de  ce  composé  sur  le  tarlrale, 
C*H''(C^H')^0°,  du  même  radical  est  beaucoup  moins  vive;  il  est  nécessaire 
de  chauffer  légèrement.  On  opère  comme  précédemment  i)our  séparer  et 
purifier  le  produit  formé.  Il  y  a  à  faire  sur  ces  réactions,  au  point  de  vue 
du  rendement,  les  mêmes  remarques  que  précédemment. 

»   Je  pouvais  m'altendre  à  ce  que,  comme  précédemment,   V kydroxjle 

(i)  Annalen  (1er  Chcmie  und  Pharmacie,  t.  CLIV,  p.  25^   (juin  1870). 

(2)  J'ai  préparé  le  malate  diétiiylique  par  la  réarlion  de  l'iodiire  d'éllivlc  sur  le  mainte 
<liargenli<iuc,  en  présence  de  l'éther  anhydre;  la  réaction  s'aecoin|)lit  rapiclcnicnt  à  la  tem- 
pérature de  l'ébullition  de  l'éther;  on  chasse  celui-ci  par  la  distillation;  le  malate  d'éthyle 
s'obtient  facilement  par  ce  procédé  à  l'état  de  pureté,  .l'ajouterai  (jue  ce  procédé  a  déjà 
été  employé  avec  avantage  par  M.  Berthelol,  pour  obtenir  le  tarlrale  d'éthyle. 


(  :^>7  ) 

alcoolicjiie  (HO)  contenu  dans  ces  étiiers  fût  éthérifié  et  remplacé  |)ai  un 
atome  de  chlore  Cl,  avec  formation  de  succinale  d'éthyle  niottochloré, 
C*H'C1(C^H^)'0%  dans  le  cas  de  l'étlier  malique,  et  de  succinate  d'élhyle 
bichloré,  C*H-Cl^(C^H'j-0*,  dans  le  casderélher  tartiique.  Les  choses  ne 
se  sont  pas  passées  de  cette  manière. 

»  J'ai  obtenu  avec  l'éther  malique  du  fuinarate  d'élliyle^  C*H^(C*H°)°0' 
et  avec  l'élher  tartrique  du  citloromaléale  d'élhyle,  CHCI  (C^H')^0\ 

»  Les  éthers  malique  et  tartrique  se  sont  donc  comportés,  dans  cette 
circonstance,  comme  les  acides  malique  et  tartrique  libres;  on  sait,  en 
effet,  que,  soumis  à  l'action  du  pentachlornre  de  phosphore,  PhCl"',  ces 
acides  donnent  respectivement  les  chlorures  de  fuinaryle  [G' W'0-)Ç\-  et  de 
chloromaléyle  (C^HClO-)Cr-,  produits  qui,  traités  par  l'eau,  se  convertis- 
sent en  acide  fumarique  (i)  et  chloromaléique  (2). 

»  L'éthery(<man(jiwe  est  analogue  à  l'éther  succinique:  c'est  un  liquide 
incolore,  limpide,  peu  odorant,  bouillant  vers  22$  degrés;  sa  densité  à 
II  degrés  est  égale  à  i,ioG.  Sous  Faction  des  bases  fortes,  on  en  retire 
aisément  de  l'acide  fumarique,  facilement  reconnaissable, 

»  L'éther  chloromaléique  est  un  liquide  huileux,  assez  épais,  d'une  odeur 
fade,  assez  désagréable,  d'une  densité  de  i,i5  à  11  degrés,  bouillant  entre 
25o  et  260  degrés.  oS"^,  43ii  de  ce  corps  ont  fourni  0^%  3o6o  de  chlorure 
d'argent,  ce  qui  correspond  à  17,55  pour  100  de  chlore;  la  formule 
C*HCl(C-H«)-0' en  exige  17,19  y^our  100. 

»  On  peut  conclure  de  là  que,  soumis  à  l'action  du  peidachlorurc  el  du 
peiilabromure  de  phosphore,  les  éthers  neutres  des  acides  alcooliques  se  compor- 
tent comme  les  acides  libres  eux-mêmes  auxquels  ils  correspondent,  sauf  l' inal- 
tération des  groupements  (CH'O),  (C^IPO)  correspondant  à  lliydroxyle 
acide  (HO). 

»  J'ai  soumis  à  l'action  du  pentachloi me  de  phosphore  un  grand  nombre 
d'autres  éthers  neutres,  tels  que  l'éther  ordinaire  (C'-H')-O;  l'acétate,  le 
bulyrate,  le  valérale  d'éthyle;  le  benzoate  de  méthyle,  celui  d'éthyle  ;  le 
carbonate  et  le  chlorocarbonate  d'éthyle  (CO)CI  (C'-H'O);  l'oxalate,  le 
succinale,  le  fumarate  d'éthyle  ;  le  glycoUate  diéthylique  C^H-O(C-H'O)-, 
etc.:  tous  les  éthers  restent  inaltérés,  à  la  température  ordinaire,  au  con- 
tact de  PhCl^.   Je  n'ai  pas  recherché  si,   dans  d'autres  circonstances,  à 

(ij   LiES-BoDART,  Comptes  rendus,  t.  XLIII,  ji.  3gi. 
(2)   Perrin  et  DcppA,  Cumptcs  rendus,  t.  IV,  p.  44'' 

C.  R.,  1870,  2"  Semestre.  (T.  LXXl,  M"  Ij.)  4^ 


(  3.8  ) 
chaud  pnr  exemple,  il  y  a,  ce  qui  est  probable,  une  rt^actioii,  et  quels  peu- 
vent être  les  produits  de  celle-ci;  il  suffisait  pour  le  moment,  à  mon  but, 
de  constater  que,  dans  les  conditions  oii  /'hydroxyle  (HO)  est,  qu'elle  quen 
soit  la  fonction,  acide,  alcool  ou  phénol,  si  énercjiquement  attaqué,  les  groupe- 
ments ÉTllÉRÉS  (CH'O).  (C^H'O),  etc.,  demeunnt  imdtérés,  quelle  que  soit 
aussi  leur  fonction.  C'est  ce  que  je  crois  avoir  surabondamment  démontré. 
))  Cette  stabilité  des  groupements  éthérés  méthoxyle,  éthoxjle,  etc.,  sous 
l'action  de  PhCI',  me  paraît  importante  à  divers  points  de  vue;  elle  per- 
met notamment  de  produire  des  combinaisons  propres  à  combler  les 
lacunes  que  laissent  souvent,  dans  nos  classifications,  les  dérivés  liydroxy- 
lés  simples.    J'ai  déjà  fait  connaître  précédemment  (i)  \e  chlorure  d'éth/- 

lycolly le  (ij^W^O)  isomère  avec  le  monocbloro-acélatc  d'étliyle,  chlo- 

rure (|ui  lient  lieu,  dans  la  série  des  combinaisons  glycolliques,  du  véritable 

CO 
chloruiede  l'acide  glycollique  (C^H-Q)       ,  isomère  de  l'acide  nionoclilo- 

ro-acétique,  chlorure  inconnu  et  impossible  à  obtenir. 

»   Les  nionochluruies  des  acides  biatomiques  et  bibasiques,  tels  que 

monochlorures  des  acides  oxalique  et  succiniquc,  n'existent  pas  non  j)lus 
et  ne  [)euvent  même  cxistei-  à  l'état  libre.  J'espère  les  remplacer  par  les  dé- 
rivés éihérés 

Cl 
(C^O')  chlorure  d'élhyloxyoxalylc, 

(C'H'OM  chlorure  d'étlilvloxvsuccinvle. 

«  J'ajouterai,  en  finissant,  que  je  crois  avoir  obtenu,  des  à  présent,  |)ar 
l'aclii^n  du  pentachlorure  de  phosphore  sur  l'oxamated'élhyle  (C*0")  •        > 

v<  H'  Kj 

1  r  C'Az 

le  cyanolormiale    •  : 

•^  CO-C'H'O 

CO-H'Az  C'Az 

4-PCI'=i  -+- POCP-H  2HCI. 

CO-C'H^O  CO-C'H'O 

»  J'aurai  riioinienr  de  faire  connaître  ultérietn-ement  à  l'Académie  le 
résultat  des  recherches  (pic  je  ferai  poursuivre  dans  celle  diieclion,  dans 
mon  laboratoire.  » 


(1)  Butliliii  (le  r Aciidcniic  tic  Bch^niuc,   t.  XXVII,  ?."  sOrie,  |).  Giji . 


(3i9) 

CHIMIE   MINÉRALE.   —   Analyse  de  la  narlorile,  nouvelle  espèce  minérale 
de  la  province  de  Conslantine  {Algérie).  Note  de  M.  F.  Pisani. 

«  Dans  la  séance  du  i8  juillet  dernier,  M.  Flajolot  a  présenté  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  une  Note  sur  des  combinaisons  cristallisées  d'oxyde 
de  plomb  et  d'oxyde  d'antimoine,  d'oxyde  de  plomb  et  d'acide  antimo- 
nique.  L'auteur  donne,  pour  la  première  de  ces  combinaisons,  la  formule 
Sb^O','2PbO,  ainsi  que  l'analyse  suivante  : 

Oxyde  de  plomb   56, oo 

Oxyde  d'antimoine 4i>ot) 

100,00 

»  Cependant  il  ajoute  que  :  «  Cette  composition  ne  s'accorde  pas  bien 
»  avec  la  formule  Sb-0%  aPbO.  » 

»  Ayant  eu  occasion  d'examiner  cette  nouvelle  substance,  j'ai  de  suite 
reconiui,  outre  l'antimoine  et  le  plomb,  une  quantité  assez  notable  de 
chlore.  Aussi,  après  avoir  eu  connaissance  de  l'analyse  de  M.  Flajolot,  je 
me  persuadai  que  l'un  des  deux  corps,  antimoine  ou  plomb,  avait  été 
dosé  par  différence  :  autrement,  l'auteur  aurait  dû  trouver  un  déficit  assez 
considérable  dans  le  total  de  son  analyse.  Je  me  mis  dès  lors  à  refaire  en- 
tièrement l'analyse  de  la  nadorite,  et  je  trouvai  en  effet,  pour  l'oxyde  de 
plomb,  des  nombres  concordant  avec  ceux  de  M.  Flajolot,  et,  pour 
l'oxyde  d'antimoine,  une  quantité  bien  moindre,  le  reste  étant  du  chlore 
dont  j'ai  également  déterminé  la  quantité  (9  pour  100). 

»  Ce  nouveau  minéral  a  été  trouvé  dans  un  gisement  de  calamine  à 
60  kilomètres  au  sud  de  Bône,  dans  une  localité  nommée  Djebel-Nador, 
ce  qui  lui  a  fait  donner  par  l'auteur  le  nom  de  nadorite. 

»  La  nadorite  forme,  d'après  M.  Flajolot,  des  cristaux  très-aplatis,  de 
forme  tabulaire,  portant  des  biseaux  aigus  sur  leur  quatre  cotés.  Couleur 
brun-jaunâtre,  translucide.  Eclat  adamantin  dans  la  cassure.  Dureté  =  3  en- 
viron. Densité  =  7,02.  Poussière  jaunâtre. 

i>  Au  chalumeau,  sur  le  charbon,  se  réduit  facilement  en  dégageant 
des  fumées  d'antimoine  et  donnant  un  enduit  jaune;  vers  la  fin,  on  obtient 
lin  grain  métallique  assez  malléable.  Dans  le  tube  décrépite,  puis  fond  en 
donnant  un  sublimé  blanc.  Chauffée,  avec  une  perle  de  sel  de  phosphore  sa- 
turée d'oxyde  de  cuivre,  donne  la  réaction  du  chlore.  Soluble  en  totalité 
dans  l'acide  chlorhydrique  étendu;  parle  refroidissement,  il  se  dépose  des 
cristaux  de  chlonue  de  plomb.  La   liqueur  se  trouble  fortement  par  l'ad- 

41- 


(     320    ) 

flitinn  de  l'eau.  Un  mélange  d'acide  nitrique  étendu  et  d'acide  tnrtfiqne  la 
dissout  complètement,  la  solution  précipite  abondamment  par  le  nitrate 
d'argent. 

»   Elle  m'a  donné  à  l'analyse  : 

Oxyde  d'antimoine 37  ,^0 

Oxyde  de  plomb 2'j,ôo 

Plomb 26,27 

Chlore 9 1*^0 

100,27 
»  Ce  qui  correspond  à  la  formule 

(Sb^O%PbO)  +PbCl, 
qui  donne  par  le  calcul 

Sb^O^ 36,82 

PbO 28,12 

Pb 26,11 

Cl 8,95 

100,00 
»  La  nadorite  forme  donc  bien  une  espèce  minérale  nouvelle,  et  pré- 
sente de  plus  un  grand  intérêt,  puisque  c'est  la  première  fois  qu'on  ren- 
contre du  chlore  dans  un  composé  naturel  contenant  de  l'antimoine.  Les 
seuls  oxychlorures  de  plomb  connus  jusqu'ici  sont  la  matlockite  et  la  meu- 
dipite  :  la  première  a  pour  formule 

PbO  +  PbCl, 
et  la  seconde 

2  PbO  +  PbCl. 

La  nadorite  se  rangerait  donc  à  la  suite  de  cette  dernière,  et  pourrait  être 
considérée  comme  une  mendipite  antimonifère,  et  en  effet  on  a  pour  ces 
deux  minéraux  : 

Mendipite 2(PbO)-f-  PbCl. 

Nadorite (Sb'0%PbO)  -h  PbCl. 

»  La  nadorite  est  souvent  accompagnée  d'une  substance  d'un  jaune 
citron,  qui  est  un  produit  de  sa  décomposition ,  et  possède  la  même  forme 
cristalline.  Cette  substance,  qui,  d'après  M.  Flajolot,  contient  de  l'oxyde 
d'antimoine,  de  l'acide  antin)onique,  de  l'oxyde  de  plomb,  de  l'acide  car- 
bonique et  de  l'eau,  dans  des  proportions  conduisant  à  la  formule  d'un 
antimoniate  et  carbonate  de  plon)b  hydraté  (mélangé  d'iui  i)eu  de  uado- 


(  3a,   ) 
rite  non  altéré),  n'est  peut-être  qu'un  mélange  de  cériise  et  de  bleinière, 
puisque  j'ai  constaté,  sur  certains  morceaux,  de  petits  cristaux  de  céruse.  Le 
peu  de  matière  que  j'ai  eu  à  ma  disposition  ne  m'a  pas  permis  d'exanuner 
plus  attentivement  ce  minéral  jaune.    » 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Sur  remploi  de  l'acide  phéniqiie.   Note  de 
M.  F.-C.  Calvert,  présentée  par  M.Chevreul.  (Extrait.) 

«  C'est  au  D''  David  Davis,  de  Bristol,  que  revient  l'honneur  d'avoir 
systématisé,  depuis  1867,  l'emploi  de  l'acide  phéniqne  comme  agent  dés- 
infectant(i).  A  l'époque  de  la  dernière  apparition  du  choléra  à  Bristol,  on 
fit  usage  d'une  poudre  composée  de  i5  pour  100  d'acide  phéniqne  et  crésv- 
liqiie,  que  l'on  avait  soin  de  projeter  soit  sur  les  matières  en  décomposition, 
soit  sur  les  déjections  des  malades:  les  vêtements  des  cholériques  étaient 
lavés  dans  de  l'eau  contenant  de  l'acide  phéniqne. 

»  Par  ce  moyen,  le  D''  Davis  n'a  pas  eu  deux  cas  de  mort  successifs 
dans  la  même  habitation,  et  rarement  une  seconde  personne  attaquée.  On 
obtint  depuis  les  mêmes  résultats  favorables  contre  le  typhus,  les  fièvres 
typhoïdes,  la  scarlatine  et  la  variole.  Le  chiffre  de  la  mortalité  à  Bristol, 
qui  était  de  36  à  4o  personnes  sur  1000  avant  l'application  de  ce  système, 
n'est  plus  aujourd'hui  que  de  18  à  20.  Enfin  les  villes  de  Glasgow,  Liver- 
pool  et  Manchester  ont  adopté  ce  même  procédé. 

»  L'acide  phéniqne  a  été  également  employé  avec  succès  pour  combattre 
un  cas  épidémique  de  typhus  qui  s'était  déclaré  dans  le  village  de  Terling 
(comté  de  Sussex)  dans  les  mois  de  janvier  et  février  1868.  Avant  l'appli- 
cation de  l'acide  phéniqne,  sur  900  habitants,  3oo  avaient  été  attaqués  du 
typhus.  Pendant  trois  semaines  que  dura  1  application  du  produit,  2  per- 
sonnes seulement  furent  attaquées,  sans  suite  fatale,  après  quoi  il  n'y  en  eut 
plus  d  autres. 

»  C'est  d'apiès  ces  résultats  que  le  gouverneur  anglais  a  prescrit  l'usage 
de  l'acide  phéniqne  comme  désinfectant,  soit  à  bord  des  navires  de  guerre 
ou  des  navires  de  commerce,  soit  dans  l'armée,  dans  les  prisons  d'État  ou 
dans  les  hôpitaux.  » 


(i)  L'iisaye  «le  l'acide  phénique,  comme  désinfectant,  a  ('té  prati(]né  <n  grand,  à  Paris, 
dès  i865;  il  est  devenu  réjj;leinentaire  pour  le  service  des  Pompes  fiinèhres  en  1866.  L'As- 
sistance publique  en  fait  également  usage.  I^e  Comité  d'Iivgiènc  du  Ministère  de  l'Intérieur 
l'a  recommandé  depuis  longtemps.  [Note  du  Serréinirr  perpctiiit.) 


(     '^22    ) 

CHIMIE.  —  Sur  le  dtiijagement  d'azote  pur,    des    matières  organiques  azotées. 
Note  (le  M.  F.  Calvert,  présentée  par  M.  Chevreiil.  (Extrait.) 

«  J'ai  en  l'honneur  d'annoncer  à  l'Académie  qne  les  matières  organi- 
ques azotées  du  régne  animal  laissent  dégager  de  l'azote  pur  lorsqu'on  les 
traite  par  les  hypochlorites. 

»  Après  des  essais  très -variés  pour  me  placer  dans  des  conditions 
capables  de  fournir  des  résultais  constants,  j'ai  trouvé  que,  loi.sque  l'on 
place  dans  un  ballon,  doni  la  capacité  est  connue,  200  centiniélres  cubes 
d'une  solution  d'hypochlorite  de  chaux  pur  (selon  moi,  celui  du  com- 
merce contient  trop  d'impuretés),  contenant  un  poids  connu  d'acide  hypo- 
chloreux,  |iar  exemple  5,476  d'acide  à  la  teujpéralure  ambiante,  et  qu'on 
y  ajoute  100  centimètres  cubes  d'une  solution  de  gélatine  contenant  i  ,5  de 
gélatine  purifiée,  il  se  dégage  un  gaz  que  l'examen  prouve  être  de  l'azote, 
avec  des  traces  de  composés  chloreux.  On  lave  le  gaz  avec  un  peu  de  soude 
caustique,  on  le  sèche,  et  l'on  en  détermine  le  volume  ou  le  poids.  On  ob- 
serve, en  outre,  que  la  liqneur  d'hypochlorite  se  trouble,  et,  peu  à  peu,  il 
se  forme  un  préci|)ité  de  carbonate  de  chaux  que  l'on  recueille,  qu'on  lave 
et  que  l'on  convertit  en  sulfate  de  chaux  :  son  poids  indique  la  quantité  île 
carbone  que  la  matière  organique  a  perdue,  ou  qui  a  été  convertie  en  acide 
carbonique.  Il  faut  environ  de  cinq  à  six  heures  pour  que  l'action  de  l'acide 
hvpochloreux  sur  les  matières  organiques  soit  complète. 

»  Je  me  bornerai  à  doinier  ici  les  quelques  résultats  suivants,  cpii 
résument  plusieurs  analyses  : 

Quantité  d'azote  QuaiUilé  d'azoli! 

qui  existe  inibe  en  liberté 

dans  100  parties.        p.ii'  l'acide  iiypochloreux. 

Géhitiiie '5,7  5,3gi 

Albumine '5,7  75810 

Calcine l5,8  6,  •210 

Laine '7>7  7>8io 

Soie '7»6  6,900 

M  II  est  inléressani  d'obstTver  qne  les  matières  azotées  d'origine  animale 
perdent  toutes  environ  à  peu  prés  un  tiers  de  leur  azote  à   l'état  de  gaz. 

»  Je  suis  occupé,  en  ce  enoment,  à  étudier  les  produits  organiques  qui 
sont  les  résultats  de  cette  action  chimique.  » 


(  323  ) 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.    —  Résultais  de  quelques   expériences  mycolocjiques. 
Note  de  M.  E.  Roze,  présentée  par  M.  Brongniart. 

«  I.  M.  OErsted,  de  Copenhague,  à  qui  l'on  doit  d'avoir  réalisé  le  pre- 
mier des  expériences  très-concluantes  sur  la  traiisfornialioii  du  Podisoina  de 
la  Sabine  en  Rœstelia  cancellala  du  Poirier,  expériences  que  j'ai  refaites 
nioi-tnème  avec  succès,  a  fait  connaître  depuis  {Bolniilsclte  Zeitung,  12  juil- 
let 1867)  que  le  Podisoma  ctavariceforme  du  Genévrier  produisait  sur 
l'Aubépine  le  Hœstelia  penicillala . 

»  Le  Genévrier  présente  deux  Podisoma  :  le  P.  clauariœjonne  dont  il  vie/it 
d'être  question,  et  le  P./i/snim  qui  s'y  rencontre  plus  rarement.  J'ai  répété 
l'expérience  de  M.  OErsted,  mais  en  opérant  à  la  fois  siu-  l'Aubépine  avec 
chacun  de  ces  deux  Podisoina,  et  cela  dans  des  conditions  absolument  iden- 
tiques. 

»  Lef.  clavariœjormey  a  parfaitement  reproduit  le  R.  penicillala;  le  P.  fus- 
cum  n'a,  au  contraire,  donné  qu'un  résultat  négatif.  Il  est  donc  à  présumer 
que  ce  dernier  se  choisit  ime  autre  de  nos  Pomacées  pour  y  développer  une 
troisième  espèce  de  Rœstelia  :  c'est  ce  qui  pourra  ressortir  d'expériences 
ultérieures. 

»  II.  L'histoire  de  Veirjot  des  Graminées,  et  de  celui  du  Seigle  en  parti- 
culier, depuis  les  beaux  travaux  de  M.  Tulasne  et  les  recherches  de  plu- 
sieurs autres  observateurs,  ne  laisse  plus,  pour  être  complète,  que  certains 
points  douteux  à  élucider  expérimentalement.  Ce  sont  les  résultats  de  quel- 
ques expériences  faites  cette  année  à  ce  point  c!e  vue,  que  j'ai  l'honneur  de 
faire  connaître  à  l'Académie.  Je  les  résumerai  en  ces  ternies  : 

»  Des  ergots  de  Seigle,  enterrés  l'hiver  et  tenus  dès  le  printemps  dans 
une  humidité  constante,  donnèrent,  dans  une  culture  faite  en  plein  air, 
des  Claviceps  purpurea,  Tul.,  depuis  la  fin  d'avril  jusqu'à  la  fin  de  juin. 

»  Des  fragments  d'ergots  donnèrent  aussi  bien  des  Claviceps  que  des 
ergots  entiers. 

»  Des  ergots  d'une  récolte  antérieure  à  celle  de  l'année  dernière  ne  don- 
nèrent aucun  Claviceps;  ceux  de  la  dernière  récolte,  mis  en  terre  à  la  fin 
d'avril,  se  comportèrent  de  la  même  façon. 

"  Des  épis  de  Seigle,  rapprochés  de  Claviceps  effectuant  leur  développe- 
ment biologique  normal,  ne  furent  qu'en  très-petit  nombre  infectés  par  le 
transport  aérien  des  spores  du  Claviceps. 

»  Des  conidies  de  la  Sphacélie,  récoltées  dès  le  premier  ou  le  deuxième 
jour  de  leur  émission,  germèrent  très-bien  au  bout  de  vingt-quatre  heures 


(  324  ) 
d'immersion  conlimie.  11  est  k  remarquer,  du  reste,  que  le  liquide  qui  les 
fient  en  suspension  se  dissout  .dors  très-rapidement  dans  l'eau,  ce  qui  n'a 
plus  lieu  vers  le  troisième  jour. 

»  Des  épis  de  Seigle,  en  fleur,  trempés  dans  une  solution  de  ce  suc  coni- 
diophore  d'émission  récente,  moulièreut  huit  à  dix  jours  après,  sur  quel- 
ques-unes de  leurs  fleurs,  les  piemiers  développements  de  la  S|)liacélie, 
caractérisés  par  l'émission  d'un  même  suc  conidiophore.  Des  résultats 
identiques  furent  obtenus  sur  des  épis  d'un  Blé  de  mars  [cape  wlieal),  et 
sur  ceux  du  Triliciim  repens.  I.a  même  expérience,  faite  avec  le  suc  coni- 
diophore des  Sphacélies  de  ce  Blé,  donna  les  mêmes  résultats  sur  des  épis 
(le  Seigle. 

»  De  très-petites  gouttelettes  d'une  eau  très-chargéc  de  ces  mêmes  coni- 
dies  (il  s'agissait  du  suc  conidiophore  émis  par  les  épillets  de  Trilicum  re- 
pens infectés  eux-mêmes  par  les  conidies  de  ce  Blé)  furent  déposées  avec 
soin  sur  l'extrémité  des  Stigmates  de  cinq  fleurs  d'un  épi  de  Lolium  perenne; 
ces  cinq  fleiu-s  exsiulèrent  toutes,  huit  jours  après,  le  suc  conidiophore  ca- 
ractéristique du  développement  des  Sphacélies. 

»  Un  certain  uombi-e  de  capitules  de  Clauiceps  purpiirca,  arrivés  à  ma- 
turité, furent  écrasés  légèrement  dans  une  quantité  d'eau  suffisante  pour 
y  immerger  des  épis;  plusieurs  gouttes  de  cette  eau,  examinée  au  micro- 
scope, contenaient  en  sus])ension  de  vingt  à  trente  spores  libres  du  Clnviceps. 

»  L'immersion,  dans  cette  eau,  de  plusieurs  épis  de  Seigle  et  de  Trili- 
cum repens  hit  également  suivie,  dix  jours  après,  de  l'apparition  sur  ces  épis 
de  quelques  S])hacélies  à  suc  conidiophore.  De  plus,  des  gouttelettes  de 
cette  eau  introduites  entre  les  balles  de  quelques  fleurs  de  Seigle  y  iléter- 
miuèrent,dans  le  même  temps,  lui  développement  très-net  de  S|)hacélies. 

»  Enfin,  toutes  les  fleurs  de  ces  Graminées,  qui  dénotèrent  ainsi  la  pré- 
sence de  la  Sphacéiie,  y  montièrent  peu  après  l'appaiilion  du  Sclcroliuni, 
vulgairement  appelé  ergot. 

»  Il  me  jjar.iîl  résinter  de  tous  ces  faits  que  les  agricuiteius  ne  devraient 
jamais  employer,  pour  le  semis,  des  graines  de  Seigle  provenant  de  la  ré- 
colte de  l'année;  que  les  spores  du  Glaviceps  éprouvent  une  certaine  diffi- 
culté à  se  transporter  sur  la  partie  de  la  fleur  des  Graminées  qu'elles  doi- 
vent infecter,  mais  qiu'  le  suc  conidiophore  des  Sphacélies,  au  moyen  de 
la  pluie  et  des  vents,  contribue  tout  au  contraire  à  propager  activement  le 
parasite;  que  la  partie  de  la  fleur  susceptible  d'infection  est  tout  spécia- 
lement le  stigmate;  cpie  les  spoies  du  Cbvicepi,  ont  la  faculté  de  déteruii- 
ner  la  naissance  de  la  S[)hacélie;  que  les  conidies  de  la  Sphacéiie  jouent  le 


(  325  ) 
même  rôle;  enfin,  que  le  Claviceps  purpurea  est  un  parasite  commun  très- 
probablement  à  plusieurs  de  nos  Graminées,  soit  spontanées,  soit  culti- 
vées, mais  certainement  au  Seigle,  au  Blé,  au  Triticum  repens  et  au  Loliiim 
perenne.   » 

MÉTÉOROLOGIE.  —   Maximum  de  température  à  Poitiers,  le  24  juillet  1870. 

Note  de  M.  Ch.  Contejean. 

«  Il  est  si  rare  en  France  devoir  le  thermomètre  dépasser  35  degrés,  et  à 
plusforleraison  [\o  degrés,que  jene crois  pas  inutiledesignalerun  maximum 
inusité  et  tout  à  fait  extraordinaire  qui  s'est  manifesté  à  Poitiers  le  24  juil- 
let dernier.  Les  observations  ont  été  faites  dans  l'intérieur  de  la  ville,  il  est 
vrai,  mais  au  milieu  de  vastes  jardins.  Le  thermomètre  était  exposé  dans 
l'un  d'eux,  tantôt  suspendu  à  l'ombre  des  arbres  ou  des  murailles  à  i^jSo 
du  sol,  tantôt  tourné  en  fronde,  et  à  l'ombre,  à  la  hauteur  du  bras  étendu. 
L'instrument  dont  je  me  servais  est  le  n°  2446  de  M.  Baudin;  l'hiver  der- 
nier, j'en  avais  vérifié  le  zéro,  qui  correspondait  exactement  à  celui  de  la 
graduation. 

»  Les  journées  précédentes  avaient  été  fort  chaudes;  le  vent  soufflait  du 
nord-est,  par  un  ciel  constamment  serein.  Les  journaux  de  Poitiers  indi- 
quent comme  maximum  :  le  21,  34°, 9;  le  22,  34°, 8;  le  23,  34°, 5.  Le  24, 
même  vent  et  même  ciel.  Dès  la  matinée,  la  chaleur  était  extrême.  J'obser- 
vai à  partir  de  midi  et  demi;  et  jusqu'à  2'' 35"  je  fis  au  moins  quarante  lec- 
tures du  thermomètre.  Le  maximum  absolu  arriva  à  i''io™;  il  fut  de  4i°,2 
au  thermomètre  suspendu  à  l'ombre  d'un  arbre,  et  pendant  quelques  ins- 
tants d'un  calme  parfait.  Quelques  bouffées  d'air  venant  du  côté  des  mu- 
railles à  l'ombre  firent  descendre  le  mercure  à  40°, 8.  Immédiatement  après, 
loiu-né  en  fronde,  l'instrument  marquait  4i°>o.  Pendant  ces  deux  heures  et 
demie  d'observations,  et  dans  les  conditions  les  plus  variées  d'expérience  et 
d'exposition,  la  température  se  maintint  entre  un  miuimiun  de  39°,5  et  le 
n)aximum  indiqué.  Le  plus  grand  nombre  des  lectures  donna  /\o°,'i. 
A  chaque  instant,  et  sous  l'influence  du  moindre  vent,  les  indications  se 
déplaçaient  de  quelques  dixièmes  de  degré, 

»  Tous  les  objets  à  l'ombre,  et  surtout  les  corps  métalliques,  donnaient, 
au  toucher,  une  sensation  de  chaleur  comme  s'ils  eussent  été  exposés  au 
soleil.  Pour  la  première  fois  de  ma  vie,  et  sans  doute  pour  la  dernière,  je 
vis  le  thermomètre  baisser  rapidement  de  plusieurs  degrés  quand  on  en 

C.  R.,  1870,  2=  Semeitre.  (T.  LXXI,  N»  S.)  4^ 


(  326  ) 
tenait  la  boule  enlre  les  doigts  ou  quand  ou  la  mettait  dans  la  bouche. 
Iv'instrument  n'étant  pas  gradué  au  delà  de  4i   degrés,  je  ne  pus,  à   mon 
grand  déplaisir,  prendre  la  température  en  plein  soleil;  mais  il  me  semble 
qu'elle  ne  devait  que  |)eu  dépasser  le  maximum  obtenu  à  l'ombre. 

»  A  partir  de  2  heures,  la  chaleur  commença  à  diminuer;  à  4''3o'",  la 
température  n'était  plus  que  de  39°,2  à  l'ombre;  mais  au  soleil,  le  mercure 
montait  encore  à  /io"i9-  A  5  heures,  le  vent  sauta  brusquement  du  nord-est 
au  sud-ouest;  de  légers  nuages  envahirent  le  ciel  et  voilèrent  momentané- 
ment le  soleil,  et  des  raffales  d'un  vent  relativement  frais  firent  descendre  le 
thermomètre  à  35  degrés.  Pendant  la  nuit,  le  tonneire  gronda  fréquem- 
ment, mais  il  tomba  à  peine  quelques  gouttes  de  pluie.  Le  aS,  le  vent  con- 
titniait  à  souffler  du  sud-ouest,  le  ciel  était,  par  moments,  nuageux  ;  le  maxi- 
mum ne  dépassa  pas  29  degrés.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  le  régime  pluvial  des  Alpes  françaises. 
Note  de  M.  V.  Raclin,  présentée  par  M.  Le  Verrier. 

«  Dans  deux  Notes  sur  le  Réc/ime  pluvial  du  bassin  occidental  de  la  AJéditer- 
ranée,  et  sur  le  Régime  pluvial  de  l'Algérie^  publiées  en  1868  et  1869,  j'ai 
avancé  que,  dans  l'Europe  septentrionale  et  médiane,  etc.,  en  Sibérie  jus- 
qu'au Kamtschatka,  il  y  a,  pendant  les  trois  mois  d'été,  mie  prédominance 
des  pluies  d'autant  plus  marquée,  qu'on  s'avance  davantage  vers  l'est;  et  j'ai 
établi  que,  dans  la  région  méditerranéenne,  il  y  a  au  contraire  pénurie  de 
pluies  pendant  la  même  saison. 

»  Il  était  intéressant  de  rechercher  quel  est,  en  France,  le  régime  pluvial 
de  la  chaîne  des  Alpes  qui  sépare  les  deux  grands  bassins  orographiques 
de  l'Europe  septentrionale  et  de  l'Europe  méridionale:  c'est  ce  que  j'ai  pu 
faire  au  moyen  surtout  des  observations  du  service  des  Ponts  et  Chaussées, 
que  les  ingénieurs  en  chef  des  départements  alpins  ont  bien  voulu  me  com- 
muniquer :  M^L  Du  Moulin,  pour  Chambéry;  Gentil,  pour  les  Hautes- 
Alpes;  Monnet,  pour  les  Basses-i\lpes;  Forestier,  pour  l'Ardèche,  et  Hardy 
pour  la  Drôme.  Feu  Viard  ayant  rassemblé,  en  i855,  les  éléments  d'un 
travail  sur  la  météorologie  des  Alpes,  j'ai  trouvé  la  plupart  des  documents 
relatifs  à  l'Isère,  dans  les  manuscrits  déposés  à  la  Faculté  des  Sciences  de 
Montpellier.  Le  surplus  a  été  emprunté  à  diverses  publications. 

»  On  aurait  pu  croire,  à  priori,  que  le  régime  septentrional,  à  pluies 
d'été,  si  bien  établi  dans  la  plaine  de  la  Suisse,  à  Zurich  et  à  Genève,  à 
Chambéry  et  même  dans  la  Maurienne,  à  Grenoble  et  àI>yon,  et  aussi  dans 


(327  ) 
la  vallée  du  Rhône,  jusqu'au  confluent  de  l'Isère,  d'une  part;  et  dans  la 
plaine  lonibardo-vénitienne,  de  l'Adriatique  jusqu'au  delà  de  Milan  et 
Turin,  d'autre  part;  que  ce  régime  se  serait  continué  dans  les  hautes  mon- 
tagnes également  froides  de  la  partie  occidentale  des  Alpes,  qui  du  mont 
Blanc  s'avance  au  sud  jusqu'à  TNice  et  Draguignan.  Mais  il  n'en  est  rien, 
comme  l'établissent  les  deux  tableaux  ci-après. 

»  Dans  les  hautes  soaunités  septentrionales,  au  grand  Saint-Bernard,  le 
régime  méditerranéen  est  fortement  accusé  :  les  pluies  d'été  n'y  sont  guère 
que  les  deux  tiers  de  celles  du  printemps,  qui  l'emportent  un  peu  sur  celles 
d'automne:  et  cette  pénurie  d'eau  atmosphérique  en  été  va  en  s'accen- 
tuant  davantage,  à  mesure  que  de  cette  station  septentrionale  on  se  rap- 
proche davantage  de  la  Méditerranée,  excepté  dans  la  vallée  du  Drac,  à 
La  Mure-et-Corps,  où  les  pluies  d'été  ne  sont  pas  de  beaucoup  inférieures 
à  celles  du  printemps. 

»  Dans  les  Hautes-Alpes,  à  Briauçon,  les  pluies  de  printemps  très-pré- 
dominantes l'emportent  presque  au  double  sur  celles  d'été.  Dans  les  autres 
stations,  à  Embrun,  Gap  et  Serres,  et  aussi  à  Die,  dans  la  Drônse,  les  pluies 
d'automne  atteignent  en  moyenne  une  hauteur  double  de  celles  de  l'été. 

»  Dans  les  Basses-Alpes,  à  Barcelonnette,  Digne,  Manosque  et  Castel- 
lane,  la  différence  entre  les  pluies  d'été  et  d'automne  devient  encore  plus 
grande.  Elle  se  poursuit  sur  les  plateaux  du  Var  à  Régusse. 

»  Sous  le  rapport  de  la  quantité  annuelle  de  pluie  qui  arrive  moyenne- 
ment sur  le  sol,  dans  les  Alpes  françaises,  il  y  a  de  grandes  différences  entre 
les  diverses  stations.  Celle  du  grand  Saint-Bernard,  la  plus  élevée,  reçoit  la 
plus  grande  quantité  d'eau.  Dans  la  Savoie  et  l'Isère,  dans  les  Hautes-Alpes 
et  aussi  dans  les  Basses-Alpes,  la  quantité,  beaucoup  moins  considérable, 
va  en  général  en  augmentant  à  mesure  que  les  stations  sont  moins  élevées; 
tout  aussi  bien  de  la  Maurienne  à  Chambéry  et  Grenoble,  que  de  Briançon 
à  Die  et  Valence  (Drôme),  et  de  Barcelonnette  à  Régusse  (Var),  ainsi  qu'on 
peut  le  voir  en  consultant  la  colonne  des  quantités  annuelles  du  premier 
tableau. 

»  Ainsi,  tandis  que,  dans  les  Pyrénées,  la  quantité  annuelle  d'eau  atmo- 
sphérique va  en  augmentant  avec  l'altitude,  c'est  plutôt  (à  l'exception  du 
grand  Saint-Bernard)  l'inverse  qui  se  produit  dans  les  Alpes  françaises, 
d'ailleurs  beaucoup  moins  pluvieuses.  » 


42.. 


(  328  ) 


Tableau  comparatif  des  quantités  moyennes  annuelles  et  trimestrielles  générales 
d'eau  tombées  dans  les  seize  stations  des  Alpes  occidentales. 


OBSERTATECRS. 


ALTr- 

Tl'DES. 


Grand  Saint  Bernard. 

Genève 

S'-Jean  deMaurienne. 

Chambéry 

La  Mure-et-Corps.  . . 

Grenoble 

Briançon 

Embrun 

Gap 

Serres 

Die 

Barcelonnelte 

Digne 

Manosque 

Castellane 

Régusse 


Les  Religieux 

Plantamour 

Mottard 

Ponts  et  Chauss.. 
Ponts  et  Chauss.. 

Demarclii 

Mines  ;  hôp.  milit 
Ponts  et  Chauss., 
Ponts  et  Chauss.. 
Ponts  et  Chauss.. 
Ponts  et  Chauss.. 
Ponts  et  Chauss., 
Ponts  et  Chauss. 
Ponts  et  Chauss. 
Ponts  et  Chauss. 
Gros-Lejeune.  . . 


mot 
2.'l9> 

!\o-j 

577 
273 

913 

2l3 

870 
7/10 
662 
4i3 
1173 
(i39 
370 
78C 
5i5 


ANNEES 
d'oliservalion. 


1842-60  (iç)) 
1826-60(35) 
1835-47(1 3) 
1839-G9(i/|) 
1845-54(10) 
1846-54  (9) 
1845-69(11) 
1858-68(11) 
1846-68(1/1) 
1857-66(10) 
1848-68(21) 
1858-66  (9) 
1858-66  (9) 
1858-66  (9) 
1858-66  (9) 
1853-66  (i4) 


1209, I 
82 '1,2 
972,0 

1060, 1 
C83,/| 

io52,5 
535,2 
6o3,6 

79'),  9 
706, /| 

732,9 
439,7 
705,5 

632,2 

873,4 

999,3 


3o5,7 

•37,9 
iS6,i 
220,8 
127,3 
i83,4 
75,2 
1 10,8 

144.9 
i35,3 
108,8 
86,5 
144,8 
129,3 
187,6 
211,0 


PRIN- 
TEMPS. 


354,8 

■84,9 
208,3 
2G'|,6 
176,0 
260,0 

'78,7 
143,7 
201 , 1 
166,3 
194,8 

■29,' 
211,1 
161 ,0 
239,8 
268,8 


349,0 
222,9 

248,2 
273,5 

i54,8 
3i3,6 
108,2 
126,9 
146,3 
112,2 
171,2 

56,3 
101 ,0 

84,6 
1 16,6 
129,3 


AU- 
TOMNE. 


329,6 
278,5 
329,5 

3oi  ,2 

225,3 

295,5 
173,1 

222,2 

3o4,6 
292,6 
258,1 

167,8 
248,6 

257,3 

329,4 
390,2 


II.  —    Tableau  comparatif  des  quantités  moyennes  mensuelles  générales  d'eau  tombées 
dans  les  seize  stations  des  Alpes  occidentales. 


Grand  Sain|.-Eernard.. . 

Genève 

Saint-Jean  de  Maurienne. 

Chambéry 

La  Mure-et-Corps 

Grenoble 

Briançon 

Embrun 

Gap 

Serres 

Die 

Barcelonnette 

Digne 

Manosque 

Castellane 

Régusse 


JANV. 

FÉVR. 

MARS. 

AVRIL. 

MAI. 

JDIN. 

JUILL. 

AOUT. 

SEPT. 

1 

125,1 

93,9 

96,3 

■35,9 

122,6 

100,2 

75,7 

73,1 

98,9 

'17,8 

38,0 

3l,5 

59,5 

83,9 

72,7 

69,0 

81,2 

99,9 

68,3 

75,6 

59,4 

56,1 

92,7 

69,3 

88,2 

90,7 

106, 1 

80,1 

56,1 

94,2 

79,'! 

9',o 

90,0 

71,0 

1.2,5 

111,2 

46,2 

39,3 

32,1 

76,2 

67,7 

-19,7 

34,1 

71,0 

66,3 

68,8 

66,9 

5i,o 

129,8 

79,2 

95,7 

97,2 

120,7 

77,9 

26,2 

26,5 

44,6 

79,5 

54,6 

43,3 

28,7 

36,2 

5i,3 

45,2 

33,1 

53,6 

37,4 

52,7 

58,6 

3o,8 

37,5 

72,4 

5', 9 

35,7 

66,9 

58,1 

76,1 

68,3 

32,7 

45,3 

85,6 

46,7 

4-, 7 

68,5 

39,3 

58,5 

60,2 

23,5 

28,5 

100,3 

35,9 

35,2 

46,0 

64,5 

84,3 

64,6 

40,2 

66,4 

Si, 8 

27,7 

36,4 

'17,0 

35,7 

46,4 

17,8 

22,0 

16,5 

57,6 

40,4 

33,2 

75,4 

47,' 

88,6 

5o,i 

21,7 

29,2 

62,4 

38,7 

40,5 

65,6 

33,1 

62,3 

46,1 

1 1 ,6 

26,9 

75,6 

65,6 

42,4 

90,6 

45,. 

104,1 

61,5 

'7,9 

37,2 

78,6 

80,8 

54,. 

97,3 

5o,3 

121,2 

67,2 

23,6 

38,5 

88,2 

129,0 

100,6 
126,3 
100,0 

93,7 
122,7 

77,2 

88,0 

1 5o ,  4 

'27,9 
108,0 
60,9 
100,4 
110,6 
i5i 
i85,.i 


101,7 
78,0 

97,' 
90,0 
65,3 
94,9 
44,' 
61,8 
68,6 

64,4 
68,3 

49,3 
85,8 

7',' 
99,7 
116,6 


86,4 

52,1 

42,2 
84,6 
41,8 
47,7 

22,5 

32,5 
57,3 
46,9 
37,7 
22,4 

7', 2 
5o,i 
79,6 
76,1 


(  329) 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sitr  un  tremblement  de  terre  survenu  au  Mexique, 
le  1 1  mai  1 870;  par  M.  Chassin .  Extrait  d'une  Lettre  adressée  à  M.  Larrey, 
présentée  par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

«  J'ai  la  satisfaction  de  vous  annoncer  que  je  suis  heureusement  arrivé 
à  Mexico,  après  une  brillante  traversée;  il  n'en  a  pas  été  de  même  pour  le 
parcours  de  Vera-Cruz  à  la  capitale,  car,  le  soir  de  notre  arrivée  à  Puebla, 
nous  avons  été  réveillés  par  un  tremblement  de  terre,  qui  a  eu  lieu  le 
I  1  mai  à  1  i*"  18"  du  soir. 

»  11  fut  assez  prolongé,  car  il  dura  quarante  à  quarante-cinq  secondes; 
ses  oscillations  furent  tiés-allongées  dans  le  sens  du  nord-est  au  sud-ouest, 
mais  sans  secousses  ni  trépidation.  La  ville  et  ses  monuments  eurent  trés-peu 
à  en  souffrir.  L'État  d'Oaxaca  est  la  partie  du  pays  qui  a  eu  à  ressentir  les 
plus  violents  effets;  la  ville  du  même  nom  eut  plusieurs  de  ses  maisons  et 
églises  détruites  par  la  violence  du  tremblement;  le  palais  du  gouverneur 
dut  être  abandonné  rapidement;  il  y  eut  de  trois  à  quatre  cents  personnes 
ensevelies  sous  les  décombres,  et  beaucoup  de  blessés. 

»  Cependant  là  encore  n'était  pas  le  centre  d'action  du  fléau  :  c'est  à 
Pochutla  et  dans  ses  environs  que  se  sont  produits  les  phénomènes  les  plus 
saillants.  Je  dois  à  un  ami  qui  était  sur  les  lieux  mêmes  une  relation  trés- 
détaillée  de  ce  tremblement.  Je  crois  qu'elle  vous  intéressera. 

»  Pochutla  est  un  petit  endroit  situé  dans  l'État  d'Oaxaca,  à  4  lieues  de 
Puerto-Angel,  sur  l'océan  Pacifique.  Le  1  i  mai  1870,  il  y  avait  fait  une 
chaleur  étouffante  pour  ces  pays  déjà  torrides  ;  le  narrateur  dit  qu'il  fut  pris 
d'une  suffocation  et  d'un  malaise  indéfinissables,  ses  cheveux  se  dressaient 
sur  sa  tête  (cet  état  électrique  n'est  pas  rare  au  Mexique)  ;  il  se  sentait  comme 
une  envie  de  pleurer,  ii  ne  put  faire  sa  sieste,  l'insomnie  se  prolongea  très- 
avant  dans  la  nuit  :  c'est  elle  qui  le  sauva. 

»  Le  1 1  mai,  à  1 1''  17"  du  soir,  il  était  à  causer  avec  un  ami,  une  table 
les  séparait,  lorsqu'il  se  sentit  soulevé  violemment  sur  son  siège,  la  table  fut 
renversée,  la  lampe  alla  rouler  an  milieu  de  la  salle,  tous  les  meubles  furent 
agités  avec  fracas;  d'un  bond  il  s'élance  vers  la  porte,  il  ne  peut  l'ouvrir, 
le  mur  s'est  enfoncé  en  perdant  son  aplomb,  les  secousses  redoublent,  il  lui 
est  impossible  de  se  tenir  debout,  du  reste  il  a  le  vertige  (identique  au  mal 
de  mer).  Les  oscillations,  les  secousses,  les  trépidations  se  succèdent  avec 
rapidité;  ajoutez  à  cela  les  bruits  formidables  qui  précèdent  et  accompa- 
gnent chaque  ébranlement,  l'on  aura  une  faible  idée  de  l'horreur  de  la  si- 
tuation. 


(  33o  ) 

«  Les  détonations  souterraines,  que  l'on  pourrait  comparer,  dit  le  correspondant,  à  la  dé- 
cliarge  simultanée  de  plus  de  cent  canons,  sont  presque  continuelles,  à  tel  point  que  l'on 
voit  bien  plutôt  les  maisons  s'écrouler  aux  pâles  clartés  de  la  lune  que  l'on  ne  les  entend. 
La  notre  est  là  marquée  par  un  monceau  de  ruines,  un  être  vivant  erre  sur  ces  débris  :  c'est 
le  domestique  qui,  retiré  dans  sa  chambre,  n'a  dû  son  salut  qu'à  la  chute  successive  des 
murs  qui  la  formaient. 

'<  Chaque  habitant  s'éloigne  des  habitations,  car  le  danger  est  là,  toutes  les  maisons  en 
pierre  ne  forment  plus  que  des  débriset  des  ruines.  Les  maisons  ou  jacales,  faitesde  branches 
de  bambous,  de  palmiers,  ont  seules  résisté.  A  part  quelques  hangars,  Pochulla  n'est  plus 
qu'un  amas  de  ruines  :  douze  minutes  avaient  suffi  pour  le  détruire. 

»  La  chaleur  du  sol,  qui  s'augmente  à  chaque  instant,  au  point  de  nous  faire  craindre  la 
formation  d'un  cratère,  le  danger  des  crevasses  nous  obligent  à  chercher  un  lefugc  sur  un 
rocher  qui  est  à  quelques  cents  mètres  de  la  place  ;  presque  toute  la  populati(m  y  a  passé  la 
nuit.  C'était  un  spectacle  bien  pénible  que  celui  des  mères  comptant  leurs  enfants,  des  pères 
courant  après  les  absents,  des  vieillards  fuyant  à  pas  lents  im  sol  qui  manquait  sous  leurs 
pieds.  Ils  étaient  tous  frappés  d'épouvante  et  de  stupeur  en  présence  de  ce  grand  cataclysme  ; 
on  ne  pensait  pas  encore  à  pleurer  les  absents  et  la  perte  de  ce  qui  avait  été  le  foyer  et  le 
refuge  de  la  famille. 

»  La  nuit  fut  horrible,  elle  se  passa  dans  des  angoisses  poignantes.  Le  1 2  et  le  1 3,  les  mou- 
vements tumultueu.x  du  sol  furent  incessants.  Les  grondements  étaient  continuels;  on  pou- 
vait à  peine  marcher  en  s'accrochant  à  un  arbre,  à  une  pierre,  au  sol  lui-même.  Personne 
ne  cherche  d'abri  :  les  jacales  sont  balancés  sur  leurs  quatre  pieux  par  une  force  invisible, 
mais  irrésistible. 

»  La  chaleur  est  accablante,  l'atmosphère  est  lourde,  on  respire  avec  peine,  un  léger 
brouillard  en  trouble  la  transparence;  à  l'horizon,  on  voit  comme  une  bande  légère  qui  s'il- 
lumine de  temps  à  autre  de  lueurs  étranges,  rougeàtres,  qui  durent  quatre  à  cinq  secondes, 
on  croirait  à  une  aurore  boréale  pendant  ces  deux  jours;  l'on  a  très-peu  pensé  à  satisfaire 
son  ajipétit,  peu  de  personnes  ont  pris  du  sommeil. 

»  Le  i4  mai,  il  tremble  un  peu  moins,  l'on  peut  marcher.  Quchjues  individus  s'aven- 
tuient  dans  leurs  maisons  de  bambous,  il  arrive  des  nouvelles  du  dehors.  Un  habitant  de 
Puerto-Angel  dit  que  le  chemin  est  à  peine  praticable,  à  cause  des  pierres  soulevées  et  de 
celles  qui  se  sont  décrochées  du  flanc  des  montagnes. 

»  Le  i5,  il  tremble  encore,  mais  moins  fort.  Quelques  Indiens  nous  portent  la  nouvellede 
la  destruction  presque  totale  de  IMiahuatlan,  ils  disent  également  que  le  chemin  est  entière- 
ment encombré  de  pierres  détachées  du  flanc  des  collines,  lesquelles  sont  fendillées  en  tous 
sens,  laissant  échapper  à  chaque  instant  une  ou  plusieurs  pièces  de  roche,  qui  vont  obstruer 
la  route  ou  rouler  au  fond  des  ravins.  Ces  brfives  gens  disent  qu'il  pleut  des  pierres,  la  cir- 
culation est  devenue  périlleuse. 

»  Le  16,  il  a  tremblé  plusieurs  fois  la  nuit  et  le  jour,  mais  avec  moins  de  violence;  ce- 
pendant il  y  a  toujours  trépidation  et  production  de  bruits  souterrains.  Ceux-ci  vont  en 
s'affaiblissant,  pour  se  reproduire  ensuite  comme  des  coups  de  piston  d'une  inuuense  machine 
à  vapeur.  C'est  alors  que  le  sol  soulevé  représente  bien  le  fonctionnement  d'une  soupape  de 
sûreté.  D'autres  fois,  ces  sourds  grondements  ont  l'air  de  se  produire  dans  une  immense  ca- 
verne creusée  sous  nos  pieds,  prête  à  s'effondrer. 


(  33i  ) 

»  Le  17  mai,  à  4  heures  de  l'après-midi,  il  n'y  avait  eu  que  trois  épouvantables  secousses 
précédées  et  suivies  de  ces  grognements  horribles  et  sonores  se  terminant  parfois  en  sourds 
gémissements,  semblables  à  la  plainte  qu'arrache  la  fatigue.  L'état  général  est  moins  mau- 
vais que  les  jours  antérieurs,  le  moindre  bruit,  une  pierre  qui  se  détachait,  le  hennissement 
d'un  cheval,  n'importe  quoi,  suffisait  pour  donner  l'alarme.   La  tension  électrique  diminue. 

»  La  nouvelle  de  la  destruction  d'Ocotlan  nous  arrive;  il  y  a  eu  quelques  morts  et  des 
blessés.  Lasiclia,  à  i5  lieues  d'ici,  n'est  plus  qu'un  monceau  de  ruines  :  2  morts,  quelques 
blessés. 

»  Les  changements  produits  dans  l'intérieur  et  à  la  surface  du  sol  sont  les  suivants  :  la 
lagune  de  Chicagua  a  disparu  entièrement  par  une  immense  fissure,  laissant  à  sec  poissons  et 
caïmans.  A  Cayula,  il  y  a  apparition  de  sources  nombreuses  qui  ne  tarderont  pas  à  former 
un  lac  étendu.  Près  de  Puerto-Angel,  un  torrent  à  sec  s'est  rempli  d'eau  courante;  cela  s'est 
produit  également  dans  d'autres  endroits.  A  Pochutla,  un  puits  desséché  depuis  longtemps 
s'est  rempli  d'eau,  il  sert  aujourd'hui  aux  besoins  de  la  localité.  A  Tanameca,  il  s'est  formé 
un  lac.  A  Huatalco  il  est  apparu  une  source  d'eau  chaude  ;  le  sol  environnant  est  brûlant.  Un 
Indien  qui  fut  visiter  sa  famille  au  village  de  Nahuatla  n'y  trouva  que  des  ruines;  les  habi- 
tants avaient  fui. 

»  Le  18  et  le  ig,  il  a  tremblé  très-fort  avec  trépidation  et  bruits  sourds  et  prolongés. 
Le  -.^.G,  il  n'y  a  plus  rien  eu.  » 

M.  JoccLET  adresse  une  Note  relative  à  un  procédé  destiné  à  empêcher 
la  transmission  des  maladies,  par  l'arrêt  des  poussières  en  suspension  dans 
l'air.  Une  idée  émise  par  M.  Tyndall  a  conduit  l'auteur  à  faire  des  expé- 
riences avec  des  respirateurs  de  coton,  ne  laissant  arriver  l'air  sur  les  lèvres 
ou  dans  les  narines  qu'après  l'avoir  tamisé  au  travers  d'une  mince  couche 
d'ouate.  Ces  expériences,  commencées  depuis  (rois  mois,  semblent  indi- 
quer que  c'est  là  un  moyen  efficace  pour  combattre  l'anémie  des  mineurs, 
les  maladies  si  fréquentes  dans  les  ateliers  oii  l'on  travaille  le  plomb,  le 
cuivre,  le  mercure  ou  le  verre. 

MM.  Wallée  et  BnACHET  adressent  une  Note  relative  à  un  «  Régula- 
teur automoteur  électrique  ». 

M.  Delaurier  adresse  des  remarques  concernant  une  Note  récente  de 
M.  F.  Lucas,  sur  la  possibilité  d'obtenir  des  signaux  de  feu  d'une  grande 
portée. 

M.  Pionnier  adresse  un  travail  intitulé  :    «  Le  compte  du  temps  ». 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  6  heures  im  quart.  D. 


(  332  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQITE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  i*"^  août  1870,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Direction  générale  des  forets.  Météorologie  joreslière,  année  1869.  Br.  in-8°. 
(aS  exemplaires.  ) 

Dialogues  sur  la  Mécanique;  par  M.  PlARRON  deMondesir.  Paris,  1870; 
in-S». 

Travaux  du  Conseil  d'hygiène  puhlitjue  et  de  salubrité  du  département  de  la 
Gironde  pendant  l'année  i86g,  t.  XII.  Bordeaux,  i87o;in-8°. 

Le  cercle  releveur  ou  graphoniètre-planchette-boussole-niveou.  Proposition 
d'un  nouvel  instrument  de  géométrie  réunissa)il  tous  les  autres;  par  IM.  J.-A. 
LouRAU.  Pau,  1870;  in-8°. 

Société  de  Médecine  légale  de  Paris,  fondée  en  1868.  Bulletin,  t.  I,  fasci- 
cule 2,  1870.  Paris,  1870;  in-8°. 

Armes  de  guerre  et  bâtiments  cuirassés;  par  M.  L.  Figuier.  Paris,  1870; 
grand  in-8''  illustré.  (Extrait  des  Merveilles  de  la  Science.) 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  la  Société  royale  de  Géograplde,  t.  XIV, 
n°  II.  Londres,  1870;  in-8''. 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  la  Société  mathématique  de  Londres, 
n°'  aS  et  26.  Londres,  sans  date;  in-8°. 

Estudios...  Eludes  analytiques  sur  la  trisection  de  l'arc  et  résolution  pra- 
tique  de  ce  problème;  par  MM.  J.  Lacheuz  et  i.  Otoun.  Madrid,  1870; 
br.  in-8°. 

Nederlandscli...  Archives  botaniques  néerlandaises  rédigées  par  MM.  Su- 
RINGAR  e<  Cop,  t.  IV,  4*  fascicule.  Leeuwarden,  1870;  in-8". 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


•-»»»« 


SÉANCE  DU  LUNDI  8  AOUT  1870, 
PRÉSIDÉE  PAR  M.  DELAUNAY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE   L'ACADÉMIE. 

M.  I.E  PaiêsiDENT  informe  l'Académie  que  sa  prochaine  séance  aura  lien 
le  mardi  16  août,  au  lieu  du  lundi  i5. 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Relation  entre  les  chaleurs  spécifiques  et  les  coef- 
ficients de  dilatation  d'un  corps  quelconque  ;  par  M.  Phillips. 

«  Le  Mémoire  très-intéressant  de  M.  Massieu,  au  sujet  duquel  un  Rap- 
port de  MM.  Regnault,  Combes  et  Bertrand  est  inséré  dans  les  Comptes 
rendus  du  25  juillet,  donne  lieu  à  une  conséquence  qu'il  me  parait  ulile 
de  mentionner. 

»  Conservons  les  notations  du  Rapport.  On  a,  H  désignant  la  fonction 
caractéristique  du  corps, 

d\\  =  Sdt  -+■  Kpdv, 

d'où 

»  De   plus,  k  et  k'  étant  les  deux  chaleius  spécifiques,  la  première  à 

C.  R.,  1870,  a"  ifmcs^re.  (T.  LXXI,  N»  G.)  4^ 


(  334  ) 
pression  constante  el  la  seconde  à  volume  constant, 

(a)  a  =  t'  "" 


[dm 


(Il  (h 
dVi 
di>' 


//=T 


d'E 


et 

»   Le  coefficient  de  dilatation  ê  à  pression  consfanto,  ou  -  ^»  esl 

(4)  6=      ■ 


I    dii 

di' 


1    dt  dv 
dv' 


»   Enfin,  le  coefficient  §'  que  M.  Massieu  a  appelé  coefficient  de  dilala- 

I  1  1    dp 

tion  a  volume  constant,  itl  qui  n  est  autre  que  — h?  est 

'  ^  ^         p  dt 


(5) 


6'  = 


dm 

dtdv 
dE  ' 


»  Éliminons, entre  les  cinq  équations  (i),  (a),  (3).,  (4),  (5),  les  quatre  dé- 
d^n    dm    d^'v 

df  '  dtdv^    dv^    "'    di> 


rivées  partielles,  ^—5  -^-5  — nr  et  -r->  ce  qui  se  tait  tres-simpiement.  Il 


vient  alors 

(6)  A-- A'=  ASê'pcT, 

qui  est  une  relation  simple  entre  les  chaleurs  spécifiques  et  les  coefficients 
de  dilatation  d'un  corps  quelconque. 

»  Dans  le  cas  d'un  gaz  permanent,  on  a 

/7i'  =  RT     et     A-A'=AR, 

et  la  formule  (6)  devient 

(7) 

et,  en  effet,  on  a,  dans  ce  cas, 


ê  =  ^     et     g' 


—  •   » 
T 


(  335  ) 

SYSTÈME  MÉTRIQUE.  —  Sur  la  division  décimale  du  quadrant; 
par  M.  A.  d'Abbadie. 

«  Deux  Lettres  que  j'ai  reçues  sur  la  division  décimale  des  angles  m'ont 
paru  assez  intéressantes  pour  que  j'en  transmette  des  extraits  à  l'Aca- 
démie. 

))  La  première  est  de  M.  Radau,  qui  m'écrivait  en  juin  dernier  de  Berlin. 
Après  m'avoir  appris  que  M.  Fôrster,  directeur  de  l'Observatoire  de  cette 
ville,  et  qui  y  préside  à  la  Commission  du  mètre,  est  tout  à  fait  partisan  de 
la  division  décimale  du  quadrant,  M.  Radau  ajoute  : 

«  Les  objections  de  MM.  Wolf  et  Yvon  Villarccau  me  semblent  inutiles,  car  la  seule  raison 
sérieuse  qui  puisse  être  donnée  en  faveur  d'une  réforme  des  divisions  du  cercle,  c'est  la 
simplification  des  calculs  numériques.  Or  le  quadrant  est  l'unité  inévitable  ])our  les  calculs 
numériques  :  c'est  l'unité  des  Tables  de  logarithmes,  et  la  seule  qui  soit  naturelle.  Ce  serait 
étrange  s'il  fallait  d'abord  retrancher  o,25  de  o,3i884  avant  de  prendre  dans  les  Tables  le 
sinus  de  l'angle  oi,3i884  ou  bien  s'il  fallait  retrancher  o,3i884  de  o,5o,  la  circonférence 
étant  l'unité.  Au  contraire,  avec  le  quadrant  pris  pour  unité,  on  n'aurait  plus  qu'à  consi- 
dérer les  décimales,  puisque,  dans  ce  cas, 

sini,35o=  coso,35o 
sin2,35o=  —  sino,35o 
sin  3 ,  35o  =  —  cos  o ,  35o 
sin4,35o=      sino,35o 

Il  D'ailleurs  l'application  à  la  géographie  exige  la  division  décimale  du  quadrant,  puisque 
le  méridien  est  déjà  divisé  en  quarante  millions  de  mètres  et  non  pas  en  dix  millions.  C'est 
là  un  point  sur  lequel  vous  auriez  dû  appuyer.  La  définition  du  mètre  est  la  division  déci- 
male du  quart  de  la  circonférence  terrestre.  Avec  la  même  'division  appliquée  aux  latitudes, 
on  aurait  inunédiatement  la  différence  de  latitude  en  kilomètres.  » 

»  La  seconde  Lettre  est  du  célèbre  directeur  de  l'Observatoire  de 
Greenwich  : 

"  Quant  aux  divisions  décimales  de  l'espace  et  du  temps,  je  ne  les  patronne  pas  beaucoup, 
non  parce  que  je  ne  leur  fais  pas  bon  accueil,  mais  parce  qu'il  est,  à  mon  avis,  impossible 
de  les  conserver  en  usage  généralement,  et  parce /pie  celui  qui  soutient  des  projets  inefficaces 
ressemble  au  défendeur  d'une  forteresse  ouverte.  Cependant,  on  peut  voir  mon  grand  res- 
pect pour  une  division  décimale,  dans  le  fait  qu'en  effectuant  mes  réductions  lunaires  (la  plus 
grande  réunion  de  calculs  qu'on  ait  jamais  entreprise  en  astronomie),  j'ai  employé  exclusi- 
vement la  division  décimale  du  quadrant.  En  outre,  je  m'en  suis  servi,  il  y  a  longtemps, 
dans  mes  investigations  sur  la  masse  de  Jupiter,  où  il  fallait  calculer  des  lieux  de  son  qua- 
trième satellite.  Mais  il  ne  convient  pas  de  s'essayer  à  imposer  ces  choses  à  l'humanité  en 
général.  Que  chaque  savant  emploie  la  division  qui  va  le  mieux  à  son  but.   Quand  je  faisais 

43.. 


(  336  ) 

une  enquête  sur  les  poids  et  mesures,  je  reçus  d'un  homme  pratique  une  remarque  qui  me 
frajipa  beaucoup  :  <•  Autant  de  fois  qu'un  savant  pèse  Jupiter,  on  mesure,  dans  les  mesures 
»  vulgaires,  assez  de  blé  pour  faire  la  masse  de  Jupiter.  »  Ceci  est  un  peu  exagéré,  mais  il 
y  a  de  la  vérité  au  fond.  » 

»  Malgré  l'autorité  qu'inspirent,  à  tant  de  titres,  les  opinions  de  M.  Airy, 
je  suis  persuadé  qu'il  serait  encore  plus  favorable  à  la  division  décimale  du 
quadrant,  s'il  avait  assisté  en  France  à  l'adoption  de  la  très-majeure  partie 
de  notre  système  métrique.  Les  deux  exemples  personnels  qu'il  veut  bien 
citer  montrent  qu'un  calculateur  sagace  préfère  la  division  décimale  quand 
il  s'agit  d'un  travail  considérable.  Les  facilités  que  M.  Airy  s'est  ménagées 
pour  ses  réductions  existent  aussi  en  détail,  et  on  les  augmenterait  encore 
si  l'on  observait  aussi  décimalement,  après  avoir  ainsi  divisé  tous  les  instru- 
ments qu'on  fera  dans  l'avenir  pour  l'usage  des  observatoires. 

»  Les  objections  qu'on  oppose,  en  les  exagérant,  à  l'usage  d'une  divi- 
sion contenue  implicitement  dans  la  définition  légale  du  mètre  n'existent 
que  poiu'  une  très-faible  partie  dans  l'arrangement  des  Tables  astrono- 
miques. On  venl  en  jouir  sans  aborder  l'immense  travail  de  les  fonder;  peu 
d'astronomes  consentent  mêiue  à  en  calculer  les  résultats,  et  ce  travail  est 
confié  à  un  nombre  fort  restreint  de  calcidateiirs,  auxquels  mi  changement 
de  divisions  importe  assez  peu.  Mesera-t-il  donc  permis  d'espérer  que  notre 
laborieux  et  savant  confrère  M.  Delaunay  adoptera  la  division  décimale 
dans  ses  Tables  de  la  Lune,  que  tout  le  monde  attend  avec  tant  d'impa- 
tience? » 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  délcnniualioit  du  rapport  des  deux  chaleurs  spécifiques 
des  gaz;  par  MM.  Jamin  et  Richard. 

«  Lorsqu'on  fait  passer  lui  courant  électrique  dans  une  résistance  placée 
à  l'intérieiu'  d'iui  récipient  rempli  de  gaz,  il  se  dégage,  par  unité  de  temps, 
une  quantité  de  chaleur  représentée  par  la  formule  Q  =  RrP.  Cette  cha- 
leur élève  la  températiu'e  du  gaz,  et  l'on  peut  constater  réchauffement 
produit  soit  en  laissant  le  gaz  se  dilater  librement  à  la  pression  atmosphé- 
rique et  en  mesurant  la  variation  de  son  voliune,  soit  en  maintenant  son 
volume  constant  et  en  mesurant  sa  variation  de  pression.  Nous  avons 
pensé  que  des  expériences  établies  dans  ces  conditions  pourraient  présenter 
quelque  intérêt. 

»  Supposons  la  pression  constante;  soient  V  le  volume  du  gaz,  P  son 
poids,  C  sa  chaleur  spécifiqtu>  à  pression  constante;  si  l'on  doiuu'  au  gaz  la 


(  337  ) 
quantité  de  chaleur  Q,  la  température  s'élèvera  de  A,  et  l'on  aura 

Q  =  PC  AT. 
Soient  AV  sa  variation  de  volume  et  a  le  coefficient  de  dilatation,  on  a 

Va 

d'où 


,   ,  „  PCAV 

(0  Q  =  T-v- 

»   Comme  P  =  VD,  on  a 

a 

ce  qui  fait  voir  que  la  variation  de  volume  est  indépendante  du  volume  de 

l'appareil,  et  il  en  est  ici  comme  pour  le  thermorhéomètre  de  M.  Jamin. 

1)   Supposons  maintenant  le  volume  constant  et  la  pression  variable,  on 

aura  comme  précédemment 

Q  =  PCAt', 

C  étant  la  chaleur  spécifique  à  volume  constant. 

»   Mais  M'  =  --» 

Ha 

donc 

))  Si  les  deux  quantités  de  chaleur  Q  sont  égales,  c'est-à-dire  si  l'on  a 
employé  le  même  courant  pendant  le  même  temps,  on  aura 

AH 

V-^/'  c  AV 

))  L'appareil  que  nous  avons  employé  se  compose  d'une  grande  cloche 
de  6o  litres  de  capacité  qui  vient  se  placer  exactement  dans  ime  gouttière 
circulaire  pratiquée  dans  le  support  sur  lequel  elle  repose.  On  rend  la  fer- 
meture hermétique  en  versant  dans  la  gouttière  une  quantité  cotjvenahle 
de  mercure.  L'appareil  calorifère  est  formé  d'une  résistance  de  fil  de  laiton 
ou  de  platine  qu'on  a  tendue  à  l'intérieur  de  la  cloche  sur  des  fils  de  soie 
collés  sur  le  verre  par  leur  extrémité. 

»  Le  support  est  percé  de  quatre  ouvertures.  Les  deux  premières  servent 
à  introduire  le  gaz  dans  l'appareil  et  à  le  vider;   une  troisième  établit  la 


(  338  ) 

relation  avec  un  petit  manomètre  à  eau  de  faible  section  ;  la  quatrième,  qui 
est  très-large,  communique,  au  moyen  d'un  robinet  à  large  section,  avec 
un  gazomètre  analogue  à  ceux  des  usines  à  gaz.  Si  l'on  veut  opérer  sur  des 
gaz  secs,  on  remplace  l'eau  du  réservoir  par  de  l'huile  ou  de  l'acide  sulf'u- 
rique;  le  poids  du  liquide  déplacé  par  l'enveloppe  du  gazomètre  était  équi- 
libré par  une  longueur  convenable  de  chaîne  enroulée  sur  la  poulie  d'une 
machine  d'Atwood,  afin  de  donner  plus  de  sensibilité  à  l'appareil.  Enfin,  la 
chaîne  était  terminée  par  un  contre-poids  portant  un  index  qui  indiquait  les 
variations  de  volume  sur  une  règle  divisée.  L'appareil  étant  bien  équilibré, 
lorsque  l'on  fait  passer  un  courant  dans  la  cloche,  on  voit  le  gaz  se  dilater, 
l'index  du  gazomètre  descendre,  tandis  que  le  manomètre  n'indique  aucune 
variation  de  pression. 

»  Pour  faire  l'expérience  à  ])ression  constante,  on  fait  passer  le  courant 
pendant  une  minute,  en  notant  toutes  les  cinq  secondes  la  position  de 
l'index  du  gazomètre;  on  interrompt  alors  le  courant,  on  observe  la  des- 
cente de  cinq  secondes  en  cinq  secondes,  et  l'on  construit  ime  courbe  qui 
permet  de  faire  la  correction  du  refroidissement. 

»  Lorsqu'on  veut  faire  l'expérience  à  volume  constant,  on  commence 
par  faire  sortir  un  peu  de  gaz,  afin  de  commencer  l'expérience  à  une  pres- 
sion inférieure  à  la  pression  atmosphérique;  dans  ces  conditions  on  n'a 
pas  à  craindre  que  la  cloche  se  soulève  par  suite  de  l'augmentation  de 
pression;  on  opère  exactement  de  la  même  manière  que  précédemment. 

»   Dans  la  formule  (3),  on  peut  remplacer  la  variation   de  volume   — 

A  H' 

par  une  variation  de  pression  -= — En  effet,  à  la  fin  de  l'expérience  le  vo- 
lume est  V-(- AV,  la  pression  est  H.  Si  l'on  voulait  le  ramener  au  volume  V, 
la  pression  serait  H  4-  AH',  de  sorte  que  l'on  aurait,  d'après  la  loi  de  Ma- 
riotte, 

(V  +  AV)H  =  V(H-4-AH') 

ou 

AH'  _  AV 

"h"  "■  T  ' 
de  sorte  que  la  formule  (3)  deviendrait 

»  Celte  valeur  AH'  serait  donnée  par  le  manomètre;  l'index  du  gazomètre 
ne  donne  qu'une  quaiitilé  proporlioniielle,  mais  il  est  facile  de  (iélcM-niiner 


(  339  ) 
le  coefficient  de  proportionnalité,  comme  on  le  fait  pour  le  voluménomètre 
de  M.  Regnault. 

»  Nous  avons  trouvé  dans  nos  expériences  1,67  comme  moyenne  d'un 
grand  nombre  de  déterminations. 

»  Lorsque  nous  opérons  à  volume  constant,  nous  commençons  par 
faire  sortir  du  gaz  de  la  cloche,  de  sorte  que  le  poids  P  n'est  pas  le  même 
dans  les  deux  expériences.  La  formule  (Zj)  devient 

£  _  P'  AH 
C  ~  p"  ÂlP  ■ 

»  lùi  correction  est  facile  à  faire;  les  poids  P'  et  P  sont  entre  eux  comme 

les  pressions  ;  dans  l'une  de  nos  expériences,  la  pression  atmosphérique 

étant  758   millimètres,  la  pression  du  gaz  était  758  millimètres  diminuée 

C 
d'une  colonne  d'eau  de  186  millimètres.  Dans  le  cas,  le  rapport  p7doit  être 

diminué  de  0,017  ''^  ^^  valeur. 

»  Voici  quelques-uns  des  résultats  que  nous  avons  obtenus  pour  l'air  sec, 
l'acide  carbonique  et  l'hydrogène: 

Jir  sec. 


AH 

AV 

AH' 

C 

C 

186 

166 

i34. 

94 

82- 

217 

'97 
■  59 

1 1 1 

96 

129 
.18 

95 
66 

57 

Moyenne 

1,42 
i,4o 

■'39 

1)4' 

1,42 

.,4, 

Acide 

carbonique. 

l52 

192 

ii5 

i,3i 

1 12 

142 

85 

1 ,3o 

214 
i58 

280 
2o3 

.67 
121 

Moyenne 

1,28 
'.29 
1.29 

Hjdrogèn, 

e. 

174 
256 

•202 
3o3 

121 

181 

i,4i 
1,42 

172 

2o4 

122 

1,40 

Moyenne     i,4i 


(  34o  ) 

»  Pendant  la  dilatation  à  pression  constante,  une  partie  dn  gaz  passe 
dans  le  gazomètre,  de  sorte  que  la  chaleur  en  échauffe  une  masse  constam- 
ment décroissante;  mais  il  est  facile  défaire  celte  correction,  qui,  du  reste, 
n'influe  pas  sur  le  chiffre  des  centièmes,  et  nous  ne  voulons  pas  aller  plus 
loin  dans  cette  Communication,  que  nous  regardons  comme  un  premier 
essai. 

»  M.  Akin,  dans  le  Pliilosophical  Magazine  de  1864,  p.  34 1,  avait  pro- 
posé le  mode  d'échauffement  par  le  courant  électrique  pour  mesurer  la 
chaleur  spéciBque  des  gaz  à  volume  constant.  Le  procédé  qu'il  indique  est 
d'abord  peu  pratique,  et,  de  plus,  il  est  impossible  de  mesurer  la  valeur 
absolue  de  la  chaleur  spécifique  à  volume  constant  par  la  méthode  précé- 
dente. En  effet,  une  partie  seulement  de  la  chaleur  cédée  par  le  fil  sert  à 
échauffer  le  gaz,  l'autre  se  perd  par  rayonnement  comme  si  la  résistance 
était  placée  dans  le  vide.  De  sorte  que  si  l'on  calculait  la  chaleur  spécifique 
au  moyen  d'une  des  formules  (i)  ou  (2),  on  obtiendrait  un  nombre  trop 
fort.  Dans  l'une  de  nos  expériences  à  pression  constante,  nous  avons  trouvé 
pour  chaleur  spécifique  de  l'air  0,409  au  lieu  de  0,23^,  ce  qui  donne,  pour 
la  fraction  de  chaleur  perdue  par  rayonnement,  o,425. 

»  Cette  quantité  de  chaleur  perdue  par  rayonnement  dépend  de  l'excès 
de  la  température  du  fil  sur  celle  de  l'enceinte.  Il  importait  de  vérifier  que 
cet  excès  reste  très-sensiblement  le  même  quand  on  échauffe  le  gaz  à 
pression  constante  ou  à  volume  constant.  A  cet  effet,  nous  avons  divisé 
notre  courant  en  deux  parties,  la  première  passait  dans  la  cloche,  la  seconde 
dans  une  résistance  égale,  maintenue  à  une  teiii|)éralure  constante  au 
moyen  d'un  courant  d'eau  froide  et  dans  un  rhéostat  à  fil  de  platine;  un 
galvanomètre  différentiel  indiquait  l'égalité.  Lorsque  le  fil  de  la  cloche 
s'chauffc,  sa  résistance  augmente,  et,  pour  rétablir  l'équilibre,  il  faut  une 
certaine  longueur  du  rhéostat.  Dans  nos  expériences,  un  millimètre  du 
rhéostat  correspondait  à  ^^^  <^6  degré.  Avec  une  pareille  disposition,  il  était 
facile  de  mesurer  la  température  finale  du  fil  et  d'étudier  son  mode  d'é- 
chauffement. Nous  avons  constaté  d'abord  que  l'état  stalionnaire  est  atteint 
au  bout  de  cinq  secondes  environ.  Dans  les  expériences  que  nous  venons 

C 
de  décrire  pour   mesurer  — »  il  ne  faut  donc  pas  tenir  compte  de  la  pre- 
mière et  de  la  dernière  observation.  On  trouve  ensuite  que  l'excès  est  le 
même,  qu'on  opère  à  pression  constante  ou  à  volume  constant. 

»   Nous  avons  i)U  de  cette  manière  mesurer  les  températures  finales  des 


(  34i  ) 
fils  plongés  dans  les  différents  gaz,  et  nous  avons  vérifié  que  les  excès  sont 
projjortionnels  au  carré  de  l'intensité  du  courant,  ce  qui  est  indiqué  par 
les  lois  de  Joule.  Nous  avons  observé  diverses  particularités  remarquables. 
Par  exemple,  pour  l'air  sec  et  l'air  humide  ou  chargé  de  vapeurs  de  ben- 
zine, nous  n'avons  pas  trouvé  de  différences  bien  marquées,  soit  pour  la 
température  finale  du  fil,  soit  pour  la  quantité  de  chaleur  perdue  par 
rayonnement  lorsqu'on  emploie  une  même  intensité  de  courant  et  une 
même  résistance. 

»  Ces  résultats,  ainsi  que  d'autres  qui  sont  en  préparation,  seront  pro- 
chainement connnuniqués  à  l'Académie.  » 

PHYSIQUE.  —  Réplique  aux  Notes  publiées  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville 
le  \  S  juillet  dernier;  par  M.  J.  Jamin. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  répliquer  brièvement  aux 
deux  Notes  que  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  a  insérées  dans  le  Compte  rendu 
du  i8  juillet  dernier.  Ces  Notes,  qui  témoignent  d'une  vive  irritation,  con- 
tiennent des  critiques  de  détail,  des  discussions  grammaticales,  des  insi- 
nuations contre  ma  bonne  foi,  et  se  terminent  par  lui  rappel  vigoureux  au 
respect  que  je  dois  à  l'âge  et  au  mérite  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.  Ce 
sont  des  arguments  auxquels  je  ne  répondrai  pas  un  seul  mot.  Je  ne  revien- 
drai pas  davantage  sur  l'analyse  et  la  critique  que  j'ai  données  du  Mémoire 
publié  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  eu  1860.  Je  maintiens  mon  opinion 
tout  entière,  et  je  persiste  à  penser  que  ce  travail  n'a  pas  jeté  sur  la  science 
la  lumière  que  son  auteur  suppose.  Toutefois  je  ne  continuerai  pas  la 
discussion  sur  ce  point:  je  ne  le  ferais  que  si  j'y  étais  ramené  par  la  con- 
tinuation de  mes  travaux;  mais  je  viens  défendre  les  idées  que  j'ai  récem- 
ment exposées.  Je  le  ferai  avec  calme  et  bonne  foi,  sans  sortir  de  la  ques- 
tion scientifique,  qui,  seule,  intéresse  l'Académie. 

»  Je  rétabhrai  d'abord  les  termes  du  débat  : 

»  Si  l'on  mêle  à  t^  un  poids  e  d'alcool  avec  un  poids  a  =  1  —  s  d'eau,  le 
mélange  prend  la  température  t-\-Q.  0  est-il  constant  rpiel  que  soit  ^?  Non. 
Peut-on  trouver  une  relation  entre  la  température  t  des  éléments  et  la  tem- 
pérature f  +  0  du  mélange?  Je  réponds  oui,  et  j'établis  cette  relation 
comme  il  suit. 

»  A  la  température  de  la  glace  fondante,  le  poids  £  d'alcool  contient  une 
quantité  de  chaleur  Ae,  inconnue,  mais  déterminée;  chauffe-t-on  ce  corps 

C.  R.,  i8;o,  2»  Semeurc'.  (T.  LXXI,  N"  G.)  44 


(  342  ) 
à  t  degrés,  il  absorbe  zct  et  contient 

7  =  As  +  îct  (*). 

De  même,  le  poids  a  d'eau  contiendra 

ç'=  A'«  +  ac't; 

de  même  aussi  le  mélange  des  deux  liquides,  dont  le  poids  est  égal  à  l'unité, 
renfermera,  à  sa  température  de  formation  t  +  Q, 

ç"=A"+ 7(^  +  0). 

»  Je  fais  maintenant  cette  hypothèse  que  le  mélange  contient,  à  /  -+-  6, 
la  iiiérne  quantité  de  chaleur  que  ses  élémenls  à  t,  c'est-à-dire  que 
q"  ^  q -{- q\  ce  qui  donne,  en  représentant  par  y,  la  chaleur  spécificjue 
moyenne  £C  +  ac'  des  deux  liquides, 

7(<  +  0)  -  7,«  =  As-f-A'a  — A"; 

A  et  A'  sont  constants;  A"  varie  avec  les  proportions  du  mélange. 
Ac  +  A'«  —  A"  est  donc  une  quantité  absolument  inconnue  et  variable 
avec  £;  elle  n'est  pas  déterminée,  et  par  conséquent  l'équation  précé- 
dente ne  permettra  pas  de  calculer  la  valeur  de  0  pour  des  valeurs  quel- 
conques de  c. 

»  Mais  si  £  est  constant,  c'est-à-dire  s'il  s'agit  d'un  mélange  eu  propor- 
tion déterminée,  et  qu'on  ne  fasse  varier  que  sa  températuie  t,  alors  le 
second  membre  est  constant;  il  suffit  de  le  déteruiiner  une  fois  pour  toutes, 
au  moyen  d'une  expérience  unique,  jiar  exemple  en  faisant  le  uiélange  à 
zéro,  ce  qui  donne  un  réchautfement  9,,,  et  l'on  a 

75,,  =  A£  +  A'a  —  A". 

Par  suite,  l'équation  devient 

(1)  7(^  +  5) -7,/ =  7^0  =  M. 


{*)   Désignons  par   m  -f-  nt  ]a  chaleur  spécifique  élémentaire  de  l'alcool,  (jiii  est,  comme 

on  le  sait,  égale  à  -j--  lui  intcyrant  011  acira  la  chaleur  totalr  contenue  dans  le  liquide  on 

Il  ^- 

q  =  ml  -\ h  A. 

2 

m  H est  ce  qu'on  noinnie   la  chaleur  spécifi(|ne  moyenne,  c'est-à-dire  c;   A  est  la  cons- 

2 

tante  introduite  ])ar  l'intégration,  c'est  la  valeur  de  ij  quand  /  =  o. 


(  343  ) 

»  Il  est  bien  évident  que  5o,  et  par  suite  M,  change  avec  e,  qu'il  ftiut  le 
mesurer  pour  chaque  mélange,  et  que  le  résultat  obtenu  pour  l'un  d'eux  ne 
se  lie  pas  à  celui  qui  convient  à  un  autre. 

»  Une  fois  qu'on  connaîtra  9„  pour  un  mélange  donné,  on  poiu-ra  cal- 
culer les  réchauffements  0  qui  se  produiront  quand  ou  fera  ce  même 
mélange  à  des  températures  quelconques  t.  On  voit  de  suite  que  0  dimi- 
nue, devient  nul  et  négatif  à  mesure  que  t  augmente. 

»  Tel  est  le  résumé  du  problème  simple  et  bien  défini  que  j';ii  soumis  à 
l'Académie.  Examinons  maintenant  les  objections  qui  m'ont  été  faites. 

»  Dans  sa  première  Note,  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  ne  fait  aucune  dis- 
tinction :  mon  équation  est  une  identité;  elle  ne  peut  rien  prévoir,  rien 
calculer.  Après  que  j'eus  montré  qu'elle  explique,  prévoit  et  calcule  les 
températures  t  -h  &  que  prend  un  mélange  fait  à  diverses  températures  t, 
il  distingue  deux  cas  :  le  premier,  qui  s'occuperait  de  tous  les  mélanges 
à  la  fois  et  les  embrasserait  dans  une  théorie  commime;  le  second,  qui 
examinerait  chacun  d'eux  l'un  après  l'autre  et  calculerait  les  valeurs  de  0 
en  fonction  de  6„. 

»  Ma  critique,  dit-il,  ne  porte  que  sur  le  premier  cas,  le  seul  inté- 
»  ressaut,  »  et  il  démontre  aisément  que  ma  formule  ne  le  résout  pas, 
parce  que  le  deuxième  membre  est  indéterminé  :  c'était  évident.  Je  ne 
l'ignorais  pas.  Je  réponds  donc  à  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  que  sa  critique 
porte  sur  un  cas  que  je  n'ai  jamais  songé  à  traiter,  et  qu'elle  est  sans  objet. 
Il  ne  faut  pas  me  prêter  des  intentions  contraires  à  l'esprit  et  à  la  lettre  de 
ma  Note,  pour  se  donner  le  plaisir  facile  de  les  réfuter. 

»  Ce  cas  écarté,  j'arrive  au  second,  qui  a  fait  exclusivement  le  sujet  de 
mon  travail,  et  que  mon  contradicteur  déclare  tout  résolu  et  bien  connu. 
Il  critique  d'abord  ma  démonstration,  et  il  en  propose  une  autre.  Or  j'ai 
montré,  et  je  maintiens,  que  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  fait  un  raisonne- 
ment incomplet,  qui  ne  peut  conduire  à  aucune  équation.  Il  affirme  qu'en 
écrivant  y{t  -+-  6)  —  y,  t  =  (y  —  7i)^  +  yO  ,  il  a  voulu  simplement  dire 
y{t  -+-  ô)  —  Y,^  ou  {y  —  y,)t  -h  yO  :  soif.  Mais,  pour  faire  une  équation,  il 
faut  deux  membres  :  le  premier  est  -/[t  +■  Q)  —  ytt:  où  est  le  second?  Je 
demande  qu'on  me  le  montre;  je  ne  le  trouve  ni  explicitement,  ni  implici- 
tement exprimé;  je  ne  le  trouve  pas  dans  le  raisonnement,  et  je  défie 
qu'on  l'y  trouve.  Je  prie  les  personnes  que  cette  question  intéresserait  de 
relire  le  passage  que  je  signale  (Comptes  rendus,  t.  LXX,  p.  1579).  Elles 
reconnaîtront  l'exactitude  de  mes  assertions. 

»   Au  reste,  tout  eu  maintenant  que  sou  raisonnement  est  inattaquable, 

44- 


(  344  ) 
je  soupçonne  que  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  en  a  reconnu  \o  défaot;  car, 
tians  sa  dernière  Note,  il  change  sa  démonstration.  Pourquoi  le  ferait-il,  si 
la  première  était  bonne?  pourquoi  ajouterait-il  un  deuxième  membre  à  son 
équation  s'il  ne  l'avait  oublié  une  première  fois?  Malheureusement  cette 
deuxième  tentative  est  aussi  infructueuse  que  la  première,  ainsi  qu'on  en 
va  ju£;er.  Je  transcris  textuellement  [Comptes  rendus,  t.  LXXI,  p.  2o3,  en 
note)  : 

•  Prenons  deux  vases  imperméables  à  la  chaleur,  contenant  l'un  une  quantité  donnée 
d'ean,  l'antre  une  (juanlité  i  —  e  =r  «  d'alcool,  et  tous  les  deux  à  zéro.  En  les  n)élangeant, 
nous  obtiendrons  de  l'alcool  étendu  à  6„  degrés.  Prenons  deux  autres  vases  contenant  les 
mêmes  quantités  e  d'eau  et  i  —  s  d'alcool  encore  à  zéro.  Ajoutons  une  même  quantité  de 
chaleur  au  mélange  à  6„  et  aux  éléments  de  ce  mélange  à  zéro.  I>a  température  du  mélange 
deviendra  ^4-9  (notatiou  de  M.  Jamin),  et  la  température  commune  des  éléments  séparés 
deviendra  t.  La  chaleur  spécifique  7  du  mélange  et  la  chaleur  spécifi([ue  moyenne  7,  des 
éléments  sont  invariables  par  hypothèse;   on  aura,  d'après  le  principe  même  qui  a  servi 

à  calculer  ces  chaleurs  spécifiques 

{t-h9  —  6,)y=y,t. 

Cette  équation  se  vérifiera  toujours,  quel  que  soit  /,  et  |)ourra  servir  à  calculer  l'une  des 
quantités  qui  y  entrent  en  la  prenant  pour  inconnue.   On  en  tire 

7(<-f-9)  —  y,t,     c'est-à-dire     (7  —  7,) /  4- 7S  =  79,  =  M. 

Or  79(1  est  constant  ;  donc  M  est  constant,  quel  que  soit  t,  pourvu  que  £,  7  et  7,  soient  cons- 
tants. C.  Q.  F.  D.   » 

»  Analysons  ce  raisonnement.  On  mêle  les  deux  corps  à  zéro,  ce  qui  élève 
la  température  jusqu'à  do;  puis  on  donne  an  mélange  une  quantité  de  cha- 
leur y,t,  ce  qui  le  chauffe  jusqu'à  t-^0.  Ainsi,  c'est  à  zéro,  et  toujours 
à  zéro,  que  le  mélange  est  formé;  ce  n'est  j)as  à  f°.  Or  luie  équation  ne  con- 
tient que  ce  qu'on  y  met,  et,  pui.squ'on  n'y  fait  pas  entrer  la  condition  que 
le  mélange  est  formé  à  t",  on  ne  peut  en  tirer  l'élévation  de  température 
qui  en  résidterait. 

»  Que  faut-il  trouver?  la  température  t -i- &  que  prend  le  mélange 
quand  on  le  forme  avec  des  éléments  pris  à  i°.  Que  trouve  M.  II.  Sainte- 
Claire  Deville?  la  température  t  +  0  que  prend  le  mélange  formé  à  zéro. 
Quand  on  lui  foiu-nit  une  chaleiu-  y,t,  0  n'est  pas  le  même  que  0. 
M.  H.  Sainte-Claire  Deville  a  confondu  deux  choses  essentiellement  dis- 
tinctes. 

»  L'équation  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  est,  comme  il  le  remarque 
fort  bien,  une  relation  évidente  et  coiniue  qui  exprime  les  rapports  des 
échauffements  de  deux  corps  quand  on  leur  fournit  une  égale  quantité  de 


(  345  ) 
chaleur;  elle  n'apprend  rien  sur  l'élévation  de  température  0  que  prend  le 
mélange  foruié  à  t°,  puisque  6  n'y  entre  pas. 

»  Que  faudrait-il  faire?  [1  faudrait  d'abord  chauffer  les  éléments  à  /", 
c'est-à-dire  leur  fournir  luie  quantité  de  chaleur  -y,  /,  puis  les  mêler,  ce  qui 
les  porterait  à  ^î  H-  0,  et  prouver  que  l'on  a 

y{t-h  0)  —7,/  =M. 

Or  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  ne  le  fait  pas. 

»  Ou  bien  il  faudrait  prouver  que  t+Q  est  égal  k  t-\-9,  c'est-à-dire 
qu'un  mélange  formé  à  zéro,  et  auquel  on  fournit  ensuite  une  quantité  de 
chaleur  y,t,  s'élève  à  une  températiu-e  t -h  0  égale  à  /  +  0,  ou  à  la  tem- 
pérature que  prend  le  mélange  quand  on  le  produit  avec  des  éléments  pris 
à  t°.  Cela  est  justement  ce  qui  est  en  question. 

»  Or,  puisque  cela  n'est  pas  évident,  il  faut  prouver  que  0  est  égal  à  5, 
ce  qui  exige  qu'on  s'appuie  ou  sur  un  principe  reconnu,  ou  sur  une  hypo- 
thèse. On  peut  y  arriver  de  plusieurs  manières. 

»   On  peut  y  arriver  : 

»  Eu  supposant,  comme  je  l'ai  fait,  que  le  mélange,  à  la  température 
t  -\-Q,  qu'il  prend  au  moment  de  sa  formation,  contient  la  même  (|uantité 
de  chaleur  que  ses  éléments  à  t°; 

»  Ou  bien  en  s'appuyant  sur  lui  principe  que  M.  Berfhelot  a  développé 
dans  ses  remarquables  études  sur  la  Therniochimie  [Annules  de  Chimie  el  de 
Physique,  4*"  série,  t.  VI,  p.  292).  M.  Berthelot  suppose  que  le  mélange 
soit  en  premier  lieu  formé  à  zéro,  ce  qui  dégage  une  quantité  de  cha- 
leur Qo.  11  fait  ensuite  une  autre  opération,  qui  consiste  :  1°  à  élever  les 
éléments  à  i°,  ce  qui  absorbe  y^t^,  2"^  à  faire  le  înélange,  ce  qui  dégage  Q^; 
3°  à  ramener  ce  mélange  à  zéro,  ce  qui  absorbe  y  t.  Or,  dans  ces  deux 
opérations,  les  états  initiaux  et  finaux  étant  les  mêmes,  les  quantités  de 
chaleur  dégagées  ou  absorbées  seront  les  mêmes,  et  l'on  aura  la  relation 
générale 

Qo  =  Q<- 7.^  +  7^  =  Q^  + (7-7.)  ^• 


Or 
donc 


Qo  =  7^o>   Q«  =  7^; 


7^0  =  75  +  (7  -7,)/. 

»  On  pourrait  encore  raisonner  comme  il  suit  :  à  zéro  les  éléments  con- 
tiennent une  quantité  de  chaleiu'  As  +  A'a  que  nous  désigiserons,  pour 
abréger,  par  B. 


(  346  ) 

»   En  les  chaiiffitnt    séparément  jusqu'à  t,  ils  absorberaient  y,  <;  en  les 

mêlant,  ils  prendront  ou  dégageront  Q^;  ils  seront  ;W  +  0  et  contiendront 

finalement 

B-t-7,  i  +  Q«. 

Échangeons  l'ordre  des  opérations  :  mêlons  les  corps  à  zéro,  ils  prendront 
on  dégageront  Q„  et  arriveront  à  ôj  ;  chauffons-les  de  Sj,  à  /  +  0,  ils  absor- 
beront y(<  -I-  0  —  S„)  et  contiendront 

B  + Qo  + 7(^  +  0- ^o)- 

Dans  les  deux  cas  ils  constitueront  le  même  mélange  à  /  -f-  0;  leurs  cha- 
leurs totales  seront  égales,  et  l'on  en  tirera 

»  Or,  si  l'on  admet  que  les  chaleurs  dégagées  ou  absorbées  par  le  mé- 
lange sont  les  mêmes  à  o  et  à  /,  ce  qui  est  |)robable,  le  premier  membre 
sera  nul  et  l'on  retombera  sur  l'équation  (i).  Réciproquement,  si  l'équa- 
tion (i)  est  vraie,  on  en  conclura  que  Qf  =  Qq.  On  pourrait  concevoir,  au 
contraire,  que  Q<  ne  fût  pas  égal  à  Qo,  alors  l'équation  ne  serait  pas 
exacte. 

»  En  résumé,  de  quelque  façon  qu'on  s'y  prenne,  il  faut  justifier  l'équa- 
tion (i)  par  une  démonstration  qui  sera  plus  ou  moins  facile,  n:ais  il  faudra 
en  faire  une.  Dans  les  cas  où  cette  équation  est  justifiée,  on  peut  remar- 
quer que  0  =:  6.  C'est  une  sorte  de  loi  physique  qui  vaut  autant  que 
l'hypothèse  sur  laquelle  elle  est  fondée,  et  qui  s'énoncerait  ainsi  :  Si  l'on 
échauffe  les  éléments  à  /",  c'est-à-dire  si  on  leur  donne  une  quantité  de 
chaleur  y,  ^,  et  qu'on  fasse  le  mélange,  il  prend  une  température  f  -f-  0  égale 
à  celle  qu'il  aurait  si  l'on  faisait  le  mélange  à  zéro,  et  qu'on  lui  fournît 
ensuite  une  quantité  de  chaleur  y,/. 

»  Quant  à  l'importance  de  cette  relation  (i),elle  n'échappera  à  personne, 
elle  prouve  que  si  -y  et  y,  sont  différents,  ce  qui  est  le  cas  général,  la  chaleur 
qui  se  dégage  dans  une  cond^iiiaison  est  variable  :  elle  est  yôp  quand  cette 
combinaison  est  faite  à  zéro,  elle  est  y0  quand  on  la  produit  à  t°.  Celte 
chaleur  peut  être  positive  ou  négative,  grande,  petite  ou  nulle  suivant  les 
lempérattires.  Elle  ne  représente  pas  l'équivalent  thermique  d'une  combi- 
naison, comme  on  l'a  cru;  elle  est  une  fonction  compliquée,  et  jusqu'à 
présent  tout  à  fait  inconnue.  On  l'a  mesurée  à  la  lempéralure  ordinaire,  la 
croyant  constante;  il  faut  maintenant  chercher  connnent  elle  varie  avec  t 
pour  toutes  les  combinaisons  possibles.  » 


(  -^47  ) 
MÉMOIRES  PRÉSEIXTÉS. 

ÉLECTRICITÉ.  —  Nouvelles  expériences  sur  les  armatures  el  le  plateau  fixe 
de  la  machine  de  Hollz.  Note  de  M.  Laborde.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  Les  armatures  jouent  un  rôle  si  important  dans  la  machine  de  Hoitz, 
qu'elles  méritent  une  attention  particulière.  On  a  déjà  remplacé  la  fenêtre 
du  plateau  fixe  par  un  simple  trou,  traversé  par  la  pointe  qui  entretient  la 
charge  de  l'armature;  puis  on  a  fixé,  sur  ce  même  plateau,  une  bande  d'étain 
qui  le  contourne  et  vient  présenter  sa  pointe  au  plateau  mobile.  Cetle 
pointe  a  peu  d'action  sur  elle,  si  elle  est  collée  sur  le  verre  :  elle  doit 
s'avancer  vers  le  plateau,  dont  elle  prend  l'électricité. 

))  J'ai  adopté  une  autre  disposition,  dans  laquelle  un  fil  métallique  relié 
à  l'armature  vient  présenter  son  autre  extrémité,  non  entre  les  deux  pla- 
teaux, mais  au  devant  du  plateau  mobile,  au  lieu  de  dissimuler  seule- 
ment une  partie  de  l'électricité  développée  sur  la  face  opposée,  il  la  neu- 
tralise directement  et  charge  ainsi  l'armature.  Cette  disposition  a  plusieurs 
avantages:  elle  permet  de  rapprocher  les  deux  plateaux,  de  taire  aux 
pointes  tous  les  changements  exigés  par  les  expériences,  et  de  les  mettre 
plus  près  de  la  surface  chargée,  puisqu'elles  n'en  sont  plus  séparées  par 
l'épaisseur  du  plateau  mobile.  Cette  dernière  circonstance  facilite  la  mise 
en  train  de  la  machine.  Les  fils  doivent  être  recuits,  [)Our  se  prêter  à  toutes 
les  courbures,  et  revêtus  de  gutta-percha,  excepté  aux  extrémités  où  l'on 
en  laisse  quelques  centimètres  à  découvert.  Pour  les  soutenir  dans  lu  posi- 
tion qu'ils  doivent  occuper,  et  afin  de  les  en  retirer  facilement,  on  fixe  un 
tube  de  verre  horizontalement  auprès  de  l'armature,  et  l'on  y  fait  entrer  à 
frottement  le  fil  revêtu  de  gutta-percha,  auquel  on  a  donné  d'avance  les 
courbures  convenables. 

»  J'ai  diminué  de  moitié,  puis  des  trois  quarts,  la  largeur  de  l'armature, 
sans  m'apercevoir  d'une  différence  dans  la  quantité  d'électricité  produite; 
enfin,  poussant  les  choses  à  l'extrême,  je  l'ai  remplacée  par  un  fil  de 
cuivre  :  tout  a  marché  comme  piécédemmcnt,  avpc  cette  différence  cepen- 
dant que, si  l'on  éloigne  les  deux  plateaux,  la  quantité  d'électricité  diminue 
beaucoup  plus  qu'avec  l'armature  ordinaire,  et  la  machine  se  désamorce 
facilement. 

»  Pour  expliquer  l'influence  de  ce  simple  fil, qui  n'avait  pas  un  millimètre 


(  348  ) 
de  diamètre,  j'ai  supposé  que  l'électricité  dont  il  était  chargé  se  répandait 
à  quelque  distance  autour  de  lui  et  formait  ainsi  une  armature  invisible. 
En  effet,  si,  pendant  le  jeu  de  la  machine,  on  le  retire,  le  dévelop])emont  de 
l'électricité  n'en  continue  pas  moins,  et,  dans  l'obscurité,  on  peut  voir  le 
fil  revêtu  de  gutta-percha  alimenter,  par  une  aigrette,  l'armature  invisible. 
Afin  que  l'action  de  cette  aigrette  ne  soit  pas  trop  limitf'e,  l'extrémité  du 
iil  d'où  elle  s'échappe  doit  être  un  peu  séparée  du  verre.  Les  bouts  opposés 
de  ce  fil  présentent  toujours  des  signes  contraires  d  électricité  :  ce  que 
l'on  comprendra  sans  peine,  si  l'on  ne  perd  pas  de  vue  qu'une  pointe 
donne,  mais  ne  reçoit  pas. 

»  Quand  on  nettoie  le  verre  avec  beaucoup  de  soin,  l'armature  ne  s'y 
forme  que  lentement  et  péniblement;  mais,  une  fois  qu'elle  commence  à  se 
|uoduire  son  efficacité  se  révèle  promptement  :  l'humidité  de  l'air,  les  cor- 
[)uscules  qui  y  flottent  sans  cesse  ne  tardent  pas  d'y  former  une  couche  à 
demi  conductrice,  qui  tient  lieu  d'armature. 

»  Dans  la  revue  scientifique /es  Mondes,  j'ai  fait  connaître  le  moyen  de 
transformer  la  machine  électrique  ordinaire  en  machine  de  Hoitz;  et  j'ai 
expliqué  le  changement  de  signes  électriques  qui  se  produit  sur  les  con- 
ducteurs, lorsqu'ils  sont  unis  par  un  condensateur,  ou  lorsqu'on  ramène  le 
plateau  sur  lui-même.  Ce  changement  peut  avoir  lieu  égalenieiU  lorsque 
les  deux  conducteurs  sont  mis  en  contact;  mais  il  ne  se  |U'oduit  alors 
qu'après  un  grand  nombre  de  tours,  et  il  faut  doubler  ou  tripler  ce  nombre 
lorsqu'on  éloigne  les  fleiix  plateaux;  ce  qui  prouve  bien,  ainsi  que  je  l'ai 
fait  remarquer  dans  la  même  Note,  que  l'électricité  développée  sur  le  pla- 
teau fixe  prend  part  à  ces  changements. 

»  Dans  celte  machine,  le  plateau  fixe  est  remplacé  par  une  feuille  de 
verre,  appuyée  sur  la  tablette  et  soutenue  à  sa  partie  supérieure  par  un 
simple  tampon  de  caoutchouc.  Cette  disposition  rend  très-faciles  les  expé- 
riences suivantes. 

M  Si,  après  la  mise  en  train  de  la  niachinc,  on  enlève  le  tampon  de 
caoutchouc,  la  feuille  de  verre  deveiuie  libre  se  [)réci|)ite  sur  le  plateau; 
lorsqu'on  veut  l'en  séparer,  on  éprouve  une  assez  vive  résistance;  pour 
la  mesurer,  je  me  suis  servi  d'un  ressort  dont  la  tension  équivalait  à 
4oo  grammes  au  moment  de  la  séparation.  Ce  poids  ne  représente  (pi'une 
partie  de  l'ai  traction  totale,  parce  que  le  ressort  fixé  sur  la  partie  supérieure 
de  la  feuille  de  verre  agit  ainsi  à  l'extrémité  d'un  levier.  D'ailleurs  cette 
attraction  varie  beaucou|)  pendant  le  jeu  de  la  machine  :  elle  est  à  son 
maxinuun  lorsqu'on  nuit  les  deux  conducteurs,  et  elle  duninue  rapidement 


(  349) 
lorsqu'on  les  sépare.  On  l'annule  entièrement  quand  on  ramène  le  plateau 
mobile  sur  lui -même. 

»  Si  l'on  met  les  conducteurs  en  contact,  l'un  avec  la  garniture  inté- 
rieiue  d'une  bouteille  de  Leyde,  l'autre  avec  la  garniture  extérieure,  l'at- 
traction diminue  à  mesure  que  la  bouteille  se  charge,  et  elle  augmente  tout 
à  coup  après  chaque  décharge  spontanée.  Ces  expériences  prouvent  que 
le  plateau  prend  d'autant  plus  d'électricité  que  les  conducteurs  se  déchar- 
gent plus  facilement  et  plus  complètement. 

»  Voici  quelques  effets  d'un  autre  genre,  produits  sur  le  plateau  fixe. 
On  saupoudre  de  fécule  ou  de  fleur  de  soufre  la  partie  du  plateau  où  la 
pointe  doit  former  l'armature  invisible,  armature  qui  peut  s'étendre,  ainsi 
qu'on  le  verra,  à  plus  de  20  centimètres  au-dessus  de  la  pointe.  Ou  met  la 
machine  en  mouvement  :  dès  que  les  conducteurs  changent  de  signe,  la 
fécule  est  chassée  dans  le  sens  du  plateau  mobile,  et  fuit  conune  une  onde 
devant  l'armature  factice,  eu  laissant  derrière  elle  une  stratification  large- 
ment espacée,  qui  s'arrondit  en  ellipse  an-dessus  de  la  pointe.  Un  fragment 
de  coton  dans  les  mêmes  circonstances  ne  glisse  pas,  mais  il  roule  sur  lui- 
même  en  fuyant  l'armature. 

j)  En  saupoudrant  le  plateau  fixe  après  que  le  changement  de  signes 
électriques  s'est  manifesté,  on  obtient  de  suite  une  stratification  toute  dif- 
férente :  elle  est  comme  estompée,  et  souvent  parsemée  de  disques  trans- 
parents. Elle  indique  la  présence  de  l'électricité  négative  et  s'étend  à  20 
ou  7.5  centimètres  au-dessus  de  la  pointe.  Si  l'on  a  affaire  à  l'électricité 
positive,  la  figure  n'est  plus  la  même  :  elle  se  compose  d'aiguilles  serrées 
les  unes  contre  les  autres,  ou  s'embranchant  les  unes  sur  les  autres,  qui 
naissent  de  la  pointe  et  s'élèvent  en  s'épanouissant  jusqu'à  12  ou  1 5  cen- 
timètres.  » 

«  M.  Eue  de  Beaumont  présente,  de  la  part  de  M.  Delesse,  une  Carte 
litliologique  de  l'embouchure  de  la  Seine. 

»  Cette  carte  a  été  exécutée  d'après  le  système  suivi  précédemment  par 
M.  Delesse.  Elle  fait  connaître  la  nature  minéralogique  des  fonds  recou- 
verts par  la  mer,  et  elle  montre  comment  sont  répartis  les  divers  dépôts  se 
trouvant  à  l'état  meuble,  ainsi  que  les  roches  déjà  consolidées  qui  sont 
antérieures  à  l'époque  actuelle.  La  constitution  géologique  des  côtes  a 
d'ailleurs  été  figurée  d'après  la  carte  de  la  Seine-Inférieure  par  M.  Passy. 
Il  en  résulte  qu'on  peut  suivre  jusque  sous  la  mer  les  couches  formant  les 

C.  R.,  i8';o,  a"  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  C.)  4^ 


(35o) 
côtes  émergées,  et  particulièrement  celles  qui  appartiennent  soit  à  la  craie 
et  anx  calcaires  jurassiques,  soit  aux  argiles  de  Dives  et  de  Honfleur.  Les 
affleurements  sous-marins  de  ces  couches  se  retrouvent  jusqu'à  une  grande 
distance  des  côtes.  " 

(Renvoi  à  la  Coiumission  précédemment  nommée.) 

M.  L.  AuBERT  soiunet  au  jugement  de  l'Académie  un  «  onzième  Mé- 
moire sur  les  solides  soumis  à  la  flexion  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  Pasqpale  adresse,  de  Rovigo,  une  Note  écrite  en  itnlien  siu-  la  direc- 
tion des  aérostats. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

M.  S.  Vinci  adresse,  de  Catatie,  une  Note  relative  au  choléra. 
(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Rréant.) 

M.  A.  Netter  adresse,  de  Rennes,  un  Mémoire  portant  pour  titre  : 
«  Théorie  de  la  variole  envisagée  au  point  de  vue  des  fermentations  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.  ) 

M.  J.  Gaube  soumet  au  jugeaient  de  l'Académie  un  Mémoire  portant 
pour  titre  «  Du  bromure  de  fer  et  de  potassium  ». 

(Reuvoi  à  la  Section  de  Chimie.) 

CORRESPOTVDANCE . 

M.  J.-R.  Meyer  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie,  qui  a  décerné 
le  prix  Poiicelel  à  ses  travaux  sin-  la  théorie  mécauique  de  la  chaleur. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuei,  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  une  brochure  de  M.  C.  D^Dame  intitulée  :  «  Étude  sur  la 
genèse  et  la  propagation  du  charbon  »,  et  un  volume  du  P.  J.-M.  Saïuui- 
Solaro,  portant  jjour  titre  :  «  Recherches  sur  les  causes  et  les  lois  des  mou- 
vements de  l'atmosphère;  vents  rcclilignes  ». 


(  35i  ) 

M.  LE  Secrétaike  perpétuel,  en  présentant  à  l'Académie,  au  nom  de 
l'auteur,  un  ouvrage  intitulé  :  «  Recherches  générales  sur  les  surfaces 
courbes,  de  M.  Gauss  »,  traduites  par  M.  E.  Roger,  et  accompagnées  par  lui 
de  Notes  et  d'études  sur  divers  points  de  la  Théorie  des  surfaces  et  sur  cer- 
taines classes  de  courbes,  donne  lecture  des  passages  suivants  de  la  Lettre 
d'envoi  de  M.  E.  Ro^er: 

«  ...  A  la  suite  de  l'ouvrage  de  Gauss,  j'ai  publié,  de  mèmc!  que  dans 
la  précédente  édition,  deux  Mémoire  consacrés,  le  premier  à  l'étude  des 
propriétés  les  plus  générales  des  surfiices  continues,  le  second  aux  trajec- 
toires minima,  c'est-à-dire  aux  courbes  qui,  dans  l'espace  libre  ou  sur  une 
surface  donnée,  rendent  minimum  une  intégrale  de  cette  forme  fr^[i')(fs, 
dans  laquelle  ^^i'  est  l'élémenl  linéaire  de  la  courbe  et  y(t')  une  fonction 
quelconque  de  la  vitesse  que  prendrait  un  mobile  assujetti  à  la  parcourir 
sous  l'influence  d'un  système  doiuié  de  forces;  cette  famille  de  courbes 
comprend  en  particulier  les  géodésiqucs,  les  brachistochrones,  les  lignes 
de  plus  grande  pente,  les  trajectoires  de  moindre  action  d'Euler,  les  orbites 
planétaires,  etc.;  et  ces  courbes,  ainsi  que  cela  a  lieu  pour  les  sections  co- 
niques, possèdent  des  propriétés  tantôt  particulières  à  une  ou  à  plusieurs 
espèces,  tantôt  couununes  à  la  famille  tout  entière. 

»  La  présente  édition  du  premier  de  ces  Mémoires  renferme  plusieurs 
théorèmes  ayant  Irait,  pour  la  plupart,  à  la  courbtu'e  des  surfaces.  L'Aca- 
démie a  déjà  accueilli  (i)  l'énoncé  de  quelques-uns  de  ces  théorèmes.  J'ai 
fait  usage,  dans  presque  toutes  mes  démonstrations,  d'un  système  particu- 
lier de  coordoinièes  curvilignes  dont  l'emploi  permet  d'aborder  et  de  ré- 
soudre très-simplement  diverses  questions  de  physique  mathématique  et  de 
géométrie  pure  qui  |jrésenlent,  quand  on  a  recours  à  d'autres  méthodes, 
des  difficultés  presque  insurmontables.  Parmi  ces  questions,  je  citerai  ici 
seidement  celle  qui  consiste  à  déterminer  la  surface  qui  contient  le  volume 
le  plus  grand  possible,  sous  une  étendue  superficielle  donnée. 

»  Mon  second  Mémoire  s'est  accru  d'une  addition  relative  aux  trajec- 
toires planétaires.  Revenant  sur  une  question  importante  que  j'ai  déjà  trai- 
tée dans  une  publication  spéciale  (2),  j'ai  retrouvé,  par  une  autre  voie,  les 
lois  des  mouvements  planétaires  dans  l'hypothèse  d'une  diminution  sécu- 
laire uniforme  et  extrêmement  lente  attribuée  à  toutes  les  masses  du  sys- 


ii)   comptes  rendus,  t.  LXIX. 

(2)   Rcclicrrhcs  sur  le  système  du  monde  (1862). 


(  352  ) 
téme.  Mon  analyse  acUielle  se  fonde  snr  la  variation  des  constantes  arbi- 
traires introduites  par  une  première  approximation;  c'est  une  nouvelle 
application  d'une  méthode  dont  la  fécondité  a  été  souvent  éprouvée.  Les 
résultats  auxquels  je  parviens  ainsi  ne  sont  point  contredits  par  l'obser- 
vation et  permettent  au  contraire  d'expliquer  certaines  anomalies  récem- 
ment signalées;  ces  résultats  peuvent  se  résumer  de  la  manière  suivante  : 

»  I.  La  (rajecloire  suivie  par  une  planète  se  compose  d'une  série  d'ellipses 
dont  le  grand  fixe  s'accroît  avec  le  temps,  suivant  une  progression  géométrique 
exactement  inverse  à.  la  progression  d'après  laquelle  les  masses  diminuent. 

»  II.  Les  périliélies  possèdent  un  mouvement  uniforme  et  direct,  identique 
pour  toutes  tes  planètes.  Si  la  vitesse  de  ce  déplacement  angulaire  était 
connue  pour  une  seule  |)lanète,  la  diminution  de  l'unité  de  masse  dans 
l'imité  de  temps  serait  par  cela  même  déterminée.  Or,  d'après  M.  Le  Ver- 
rier, le  périhélie  de  Mercure  est  affecté  d'un  mouvement  angulaire,  inexpli- 
qué jusqu'ici,  de  38  secondes  pour  un  siècle;  de  là,  par  un  calcul  très- 
aisé,  se  déduit  la  valeur  de  la  diminution  séculaire  de  l'unité  de  masse,  et 
cette  valeur  est  «^0,000092. 

«  IlL  Le  moyen  mouvement  décroît.,  pour  chaque  jilancle,  suivant  une  pro- 
gression (jéométricpie  deux  fois  plus  rapide  que  celle  qui  se  rapporte  oux  masses. 

»  IV.  Le  rapport  de  l'excentricité  au  grand  axe  est  sensiblement  constant, 
de  sorte  que  chaque  orbite,  variable  dans  son  orientation  el  dans  ses 
dimensions,  demeure  toujoiu's  semblable  à  elle-même. 

«  V.  En  faisant  abstra.  tion  des  excentricités  et  des  inclinaisons  sur  l'ëclip- 
lique,  les  trajectoires  planétaires,  considérées  dans  leur  continuité,  se  réduisent 
toutes  à  une  seule  et  même  courbe,  une  spirale  logarithmique  qui  s'écarte  indé- 
finiment du  Soleil. 

»  L'extrême  petitesse  du  coefficient  a  rend  complètement  insensibles  les 
variations  des  dimensions  linéaires  du  système  planétaire,  au  moins  pour 
le  petit  nombre  de  siècles  que  les  observations  astronomiques  embrassent 
avec  certiiude.  Quant  aux  moyens  mouvements,  une  valeur  même  beau- 
coup plus  faible  de  a  suffirait  à  mettre  rapidement  en  évidence  leurs  iné- 
galités, si  la  diminution  des  masses  n'influait  pas  exactement  de  la  même 
manière,  ainsi  qiu;  je  l'ai  démontré  dans  mes  Recherches  sur  le  système  du 
monde,  et  sur  les  durées  des  révolutions  et  sur  celles  des  rotations. 

»  Je  dois  ajouter  que  la  diminution  séculaire  des  masses  ne  paraît  pas 
absolument  ideulique  pour  tous  les  corps  du  système  planétaire.  Par  là 
s'exijlicjuerait  l'accéléralion  séculaire  dont  le  moyen  mouvement  de  la  lune 
paraît  affecté;  on  conçoit,  en  effet,  que  si  les  durées  T  et  T'  du  jour  sidéral 


..  (35:^  ) 

et  de  l'année  terrestre  viennent  à  être  modifiées  de  telle  sorte  que  le  rap- 

port  —  soit  altéré,  le  moyen  mouvement  de  la  lune  en  sera  nécessaireiiient 

troublé.  L'explication   bien  connue  à  lac[uelle  M.  Delauna\^  a  eu  recoiu's, 
pour  rendre  compte  de  l'anomalie  dont  il  s'agit,  revient  à  faire  varier,  sous 

l'influence  des  marées  terrestres,  un  seul  des  termes  du  rapport  ^r'  " 

PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Recherches  sur  les  effets  loxiqiies  du  ni'boun- 
dou  ou  icaja,  poison  d'épreuve  usité  au  Gabon.  Note  de  MM.  Rabuteau 
et  Peyre,  présentée  par  M.  Ch.  Kobin. 

«  L'un  de  nous  a  rapporté  du  Gabon,  en  1869,  <li'f'cp'<^s  racines  de 
m'boundou.  Elles  avaient  été  arrachées  par  lui-même,  sur  un  sol  humide, 
dans  le  voisinage  de  la  rivière  Como,  à  3o  lieues  dans  l'intérieur  des  terres. 
Il  est  très-difficile  de  s'en  procurer  au  Comptoir.  D'ailleurs,  les  féticheurs 
ont  soin  de  cacher  aux  Européens,  et  même  aux  indigènes,  les  endroits  où 
se  trouve  la  plante,  ce  qui  fait  que,  jusqu'à" ce  jour,  on  n'a  pu  eu  avoir  que 
quelques  rares  échantillons  qui  n'ont  pas  sulfi  à  faire  mie  étude  coiiijjlèle 
des  propriétés  toxiques  du  m'boundou. 

M  Les  racines  qui  ont  servi  à  nos  recherches  avaient  ;  la  plus  grosse, 
3  cenfimètres  de  diamètre  au  collet;  la  plus  petite,  i  centimètre  à  peu  près. 
On  n'en  trouve  pas  dont  la  grosseur  dépasse  3  centimètres.  Leur  longueur 
varie  entre  5o  et  70  centimètres.  Leur  écorce,  fraîche  ou  sèche,  est  rou- 
geâtre  à  sa  siu'tace;  elle  est  d'un  rouge  vif  au-dessous  de  l'épidrrnie;  elle 
est  peu  épaisse.  Le  bois  qu'elle  recouvre  est  blanc  grisâtre  et  très-diu-. 

»  Nos  expériences  ont  été  faites  presque  toutes  avec  l'i'corce,  quelques- 
unes  avec  le  bois  de  la  racine  dont  nous  avons  préparé  des  extraits  aqueux 
et  alcooliques.  L'écorce  et  le  bois  sont  tous  les  deux  très-amers;  leurs  infu- 
sions, lors  même  qu'elles  sont  très-diluées,  possèdent  encore  une  amertume 
extrême.  Traitées  par  l'iodure  de  potassium  ioduré  ou  par  l'acide  phospho- 
molybdique,  elles  donnent  des  précipités  abondants.  Elles  renferment  donc 
un  alcaloïde  (peut-être  plusieurs)  que  nous  croyons  être  le  même  dans 
l'écorce  et  dans  le  bois,  parce  que  les  résultats  observés  chez  les  animaux 
nous  ont  paru  identiques  :  la  seule  différence  que  nous  ayons  trouvée, 
c'est  que  leurs  extraits  alcooliques  nous  ont  paru  plus  actifs  que  leurs  ex- 
traits aqueux.  Nous  avons  remarqué  toutefois,  dans  les  effets,  une  autre 
différence,  légère  il  est  vrai,  lorsque  nous  avions  porté  le  poison  dans  l'es- 
tomac au  lieu  de  l'injecter  sous  la  peau  des  animaux. 


(  354  ) 

»  D'après  les  nombreuses  expériences  que  nous  avons  faites,  avec  des 
closes  variables  de  poison,  chez  les  grenouilles,  les  lapins  et  les  chiens, 
nous  croyons  pouvoir  établir  de  la  manière  suivante  l'action  toxique  du 
in  bùundou. 

M  Introduit,  à  dose  très-faible,  sous  la  peau  des  grenouilles,  le  poison 
produit  seulement  une  gène  des  mouvements,  une  sorte  de  paralysie  qui 
fait  que  ces  animaux  ne  peuvent  sauter  que  très-difficilement  et  qu'ils 
marchent  comme  les  crapauds.  La  gène  des  mouvements  est  telle,  que 
nous  avons  cru  d'abord  avoir  affaire  à  un  poison  présentant  quelque  ana- 
logie avec  le  ciuare,  ce  qui  n'est  pas,  car  les  contractions  nnisculaires  se 
produisent  bien  lorsqu'on  excite  les  nerfs.  Ces  effets  s'observent  lorsqu'au 
lieu  d'introduire  sous  la  peau  l'extrait,  qui  est  très-actif,  on  y  place  un  peu 
de  la  poudre  de  la  racine.  Ils  ont  disparu  au  bout  d'une  heure  complète- 
ment, lorsque  nous  avions  introduit  sous  la  peau  l'extrait  aqueux  en  très- 
faihle  quantité. 

»  A  la  dose  de  3  milligrammes,  cet  extrait,  introduit  sous  la  peau  des 
grenouilles,  produit  d'abord  la  gêne  des  mouvements  que  nous  venons  de 
signaler,  puis  bientôt,  au  bout  de  dix  miiuites  au  plus,  l'animal  éprouve 
des  secousses,  des  convulsions  tétaniques.  Ces  convulsions  ne  se  produisent 
pas  spontanément  en  générai,  mais  on  les  détermine  en  touchant  l'animal, 
ou  simplement  eu  frappant  la  table  sur  laquelle  il  repose.  Si  la  dose  est 
plus  forte,  I  centigranune  par  exemple,  les  convulsions  apparaissent  plus 
vite;  il  y  a  de  l'opisthotonos,  mais  il  est  rare  qu'on  puisse  soulever  l'ani- 
mal tout  d'une  pièce  comme  lorsqu'on  l'a  empoisonné  avec  la  strych- 
nine. Il  y  a  toujours  un  certain  relâchement,  comparé  à  ce  qu'on  observe 
dans  le  strychnisme;  de  plus,  les  grenouilles  ne  sont  pas  rigides  après  leiu- 
mort,  qui  arrive  en  un  temps  qui  ne  dépasse  guère  trois  quarts  d'heure,  à 
moins  que  la  dose  ne  soit  faible  :  alors  l'animal,  mis  dans  de  l'eau,  revient 
à  lui-même  complètement  au  bout  de  quelques  heures. 

M  Eu  i)réparant  une  grenouille  d'après  la  méthode  de  M.  Claude 
Bernard,  c'est-à-dire  en  liant  la  piirlie  inférieure  du  tronc  à  l'exception 
des  nerfs  lombaires,  puis  en  iiUroduisant  l'extrait  sous  la  peau,  nous  nous 
sonniu'S  assurés  que  le  ni  bouiidou  agit  sur  la  moelle  épinière.  Ce  n'est  pas 
un  poison  nniscul.iire. 

»  L'extrait  de  m' hoiiiidnii,  injecté  sous  la  peau  d'un  lapin  à  la  dose  de 
lo  centigrammes  en  solution  aqueuse,  en  deux  ou  trois  endroits  diilérents, 
afin  que  l'absorption  soit  plus  rapide,  tue  cet  animal  eu  vin^l  minutes. 
Cuiq  à  dix  minutes  après  l'injection,  il  éprouve,  dès  qu'on  le  louche,  des 


(  355  ) 
soubresauts  énergiques,  des  secousses  qu'on  pourrait  comparer  à  des  se- 
cousses électriques,  en  même  temps  qu'il  y  a  une  gène  considérable  des 
mouvements  des  membres,  surtout  des  membres  postérieurs.  Il  meurt  as- 
phyxié; on  peut  prolonger  sa  vie  en  pratiquant  la  respiration  artificielle. 
T^a  même  dose,  injectée  en  im  scid  point,  ne  détermine  pas  la  mort;  au  bout 
dune  à  deux  heures,  l'animal  n'a  plus  que  de  faibles  secousses,  qu'on  pro- 
voque en  le  touchant,  en  le  soulevant,  et  même  elles  disparaissent  totale- 
ment. Il  mange  avec  appétit. 

B  Ce  f;ut  prouve  évidemment  que  l'élimination  du  poison  doit  être 
rapide. 

»  Le  même  extrait,  à  la  dose  fie  i5  centigrammes,  dissous  dans  3o  à 
4o  grammes  d'eau,  et  porté  dans  l'estomac  d'un  lapin,  a  fait  mourir  cet 
animal  au  bout  d'une  heure  cinq  minutes.  Les  accidents,  qui  furent  les 
mêines  que  les  précédents,  commencèrent  à  se  manifester  dix  minutes  après 
l'introduction  du  poison.  A  la  dose  de  4o  centigrammes,  les  effets  sont  fou- 
droyants. 

»  Les  symptômes  que  nous  avons  observés  chez  les  chiens  sont  du  même 
ordre  et  apparaissent,  suivant  la  dose,  au  bout  de  cinq  à  dix  minutes  en 
général.  Si  l'on  remarque  que  leur  apparition  est  tardive,  on  la  provoque 
instantanément,  de  même  que  chez  les  lapins,  en  soulevant  ces  animaux 
ou  simplement  en  les  touchant.  De  même  que  chez  les  premiers,  les  se- 
cousses sont  énergiques;  leur  respiration  est  haletante,  leurs  membres  pos- 
térieurs sont  comme  paralysés.  L'incertitude  et  la  difficulté  des  mouvements 
s'observe  surtout  lorsque,  an  lieu  d'injecter  sous  la  peau  la  solution  aqueuse 
de  l'extrait,  on  l'a  introduite  dans  l'estomac.  Un  chien,  à  qui  nous  avions 
fait  avaler  aS  centigrammes  d'extrait  dissous  dans  4o  grammes  d'eau,  nous 
a  rappelé  le  bâton  que  les  Gabonnais  veulent  faire  franchir  au  malheureux 
qui  a  pris  le  breuvage  d'épreuve;  cet  animal,  sensible  aux  caresses,  et 
obéissant  à  la  voix  qui  l'appelait,  ne  pouvait  plus  franchir  des  escaliers 
hauts  de  i8  centimètres.  Toutes  les  fois  qu'il  voulait  faire  un  effort,  il  trem- 
blait comme  le  sorcier  empoisonné,  et  éprouvait  de  violentes  convulsions 
tétaniques.  Au  bout  d'une  heure,  il  éprouvait  encore  des  convulsions,  même 
sous  l'influence  de  la  peur;  mais,  luie  heure  plus  tard,  c'est-à-dire  deux 
heures  après  l'ingestion  du  poison,  il  n'existait  plus  qu'une  légère  roideur 
dans  les  mouvements,  et  il  mangeait  de  bon  appétit.  Ses  oreilles  et  son 
museau,  qui  étaient  chauds  auparavant,  étaient  redevenus  frais. 

»  Une  dose  de  4o  centigrammes  d'extrait,  introduite  dans  l'estomac, 
fait  moiu'ir  lui  chien  en  vingt  minutes.  Il  meurt  asphyxié  au  milieu  de  con- 


(  356  ) 
viilsions  télaiiiques;  ses  sphinclers  se  relâchent,  d'où  résulte  une  émission 
(l'urine  et  de  matières  fécales.  On  peut  observer  une  hémorrhagie  nasale, 
hémorrliagie  que  l'on  a  observée  également  chez  les  Gabonnais.  La  rigi- 
dité cadavérique  ne  commence  à  a[  paraître  qu'au  bout  d'un  temps  consi- 
dérable, trois  quarts  d'heure  environ. 

»  En  raison  de  ces  faits,  nous  pensons  que  le  principe  ou  les  principes 
actifs  dix  m' boundou  produisent  des  effets  qui  présentent  une  certaine  ana- 
logie avec  ceux  que  produit  la  strychnine,  mais  qui  en  diffèrent  notable- 
ment sous  divers  rapports.  Ces  effets  se  rapprocheraient  plutôt  de  ceux  île 
la  bruciiie;  mais  nous  avons  remarqué  (pie  le  m' boiatdou  ne  produisHil  ja- 
mais la  raucité  de  la  voix  chez  nos  chiens  mis  en  expérience,  tandis  que, 
contrairement  à  ce  que  l'on  admet  eu  général,  nous  avons  remarqué  cette 
raucité  de  la  voix  chez  d'autres  chiens  auxquels  nous  avions  fait  prendre 
de  la  brucine. 

»  Le  in  boundoii  est  un  poison  extrêmement  rapide;  mais  nos  expé- 
riences tendent  à  démontrer  (pTil  s'élimine  vite  et  qu'on  |)eut  conjurer  les 
accidents  mortels  en  pratiquant  la  respiration  artificielle. 

»  MM.  Pécholier  et  Saiutpierre  ont  fait  avant  nous,  en  1866,  quelques 
recherches  sur  le  m  boiindou  (voyez  Journal  d'nnalotnie  el  de  physiologie j 
de  M.  Robin).  Ces  expérimentateurs  n'avaient  à  leur  disposition  qu'iuie 
faible  quantité  de  racine.  Ils  ont  pu  néanmoins  observer  la  plupart  des 
symptômes  que  nous  avons  notés.  Toutefois,  nous  ne  pouvons  dire  avec 
eux  que  le  poison,  après  avoir  produit  des  convulsions  tétaniques,  amène 
l'insensibilité,  la  paralysie  et  la  mort.  C'est  la  gène  des  mouvements  que  nous 
avons  observée  au  début,  et  la  mort  est  arrivée  au  milieu  des  convulsions. 

»  Toutes  nos  recherches  ont  été  faites  au  laboratoire  de  M.  Ch.  Robin, 
à  la  Faculté  de  Médecine.   »   — » 

VITICULTURE.  —  Sur  un  moyen  pour  einpëctitr  l'irruption  du  Phylloxéra  vas- 
tatrix  dans  les  vicpies  non  encore  infestées.  Lettre  de  31.  J.  Lichte.\stei.\ 
à  M.  Dumas. 

«  Le  Phylloxéra^  cause  ou  effet,  n  est  plus  en  discussion  :  M.  de  Serres, 
à  Orange,  a  mis  l'insecte  sur  des  vignes  saines,  il  les  a  tuées;  M.  Faucon,  à 
Graveson,  a  au  contraire  débarrassé  des  pucerons,  par  une  submersion 
prolongée,  des  vignes  très-.itteintes,  il  les  a  sauvées:  sublalà  causa,  totlitur 
efjectus  (détruisez  le  Phylloxéra,  vous  sauvez  les  vignes).  C'est  un  fait 
acquis. 


(  357) 

»  Dés  le  premier  jour  où  j'eus  l'honneur  d'entretenir  la  Société  Entomo- 
logique  de  France  des  mœurs  des  Phylloxéra,  j'exprimai  l'idée  que  l'étude 
de  ces  insectes  et  de  leurs  métamorphoses  devait  rendre  les  plus  grands  ser- 
vices pour  arriver  au  moyen  de  les  détruire.  Après  avoir  relu  les  ouvrages 
des  maîtres,  Réaumur,  Degeer,  Ratzeburg,  etc.,  et  avoir  correspondu  avec 
les  savants  contemporains  qui  se  sont  le  plus  occupés  d'Hémiptères,  notam- 
ment Signoret,  à  Paris,  et  Riley,  en  Amérique,  j'ai  émis,  collectivement  avec 
M.  Planchon,  la  supposition  que  l'insecte  nous  venait  des  États-Unis.  Il  y 
était  déjà  décrit,  depuis  quinze  ans,  par  Asa  Fitch,  et  par  Walsh,  Shinier 
et  Riley.  J'ajoutais  qu'il  était  identique  à  l'insecte  américain,  malgré  l'ha- 
bitat de  celui-ci  qui  se  rencontre  dans  des  galles  sur  les  feuilles,  tandis  que 
le  nôtre  n'avait  d'abord  été  trouvé  que  sur  des  racines.  Des  expériences 
décisives  ont  fait  aujourd'hui  de  nos  soupçons  une  certitude;  nous  avons 
élevé  les  insectes  sortis  des  galles  sur  les  racines,  ils  s'y  sont  multipliés,  et 
nous  sommes  en  train  d'élever,  toujours  sur  les  racines,  la  seconde  géné- 
ration de  ces  Phylloxéra  des  galles,  qui,  je  l'espère,  nous  donneront 
quelques  insectes  ailés. 

»  T. es  habitudes  d'un  autre  insecte  du  même  groupe,  le  Cocciis  Laricis, 
admirablement  observé  par  le  savant  Ratzeburg,  offrent  la  plus  grande 
analogie  avec  celles  du  Phylloxéra.  Ce  même  auteur  dit,  à  propos  des  re- 
mèdes (f°  i86),  qu  il  n'en  connaît  pas  d'autres  que  celui  d'enlever  la  partie 
malade, 

«  Pour  le  Phylloxéra,  c'est  le  même  remède  que  je  propose,  et  c'est  au 
retour  d'une  excursion  de  quelques  jours  dans  les  vignobles  les  plus  envahis, 
après  avoir  vu  le  peu  de  résultat  des  essais  tentés  et  courageusement  pour- 
suivis par  des  propriétaires  aussi  actifs  qu'intelligents,  que  je  dis,  avec  une 
triste  et  profonde  conviction  :  L'insecte  une  fois  bien  et  largement  établi 
sous  terre  est  indestructible. 

»  Mais  je  me  hâte  d'ajouter  que  rien  n'est  plus  facile  que  d'empêcher 
son  envahissement,  à  distance  des  lieux  infestés  dont  les  vignobles  sont 
perdus  et  déjà  à  moitié  arrachés.  Cet  envahissement  doit  avoir  lieu  par  l'in- 
secte ailé,  dont  la  progéniture  forme,  sur  les  feuilles,  des  galles  très-faciles 
à  voir  et  à  reconnaître;  il  ne  s'agit  que  d'organiser,  de  mai  en  août,  une 
active  surveillance  dans  les  vignobles,  et  de  faire  enlever  et  brûler  les  sar- 
ments dont  les  feuilles  présenteraient  des  galles  de  Phylloxéra.  » 


C.  R.,  1S70,  2"  Semestre.  (T.  LXXI,  N»  G.) 


46 


(  358  ) 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Surune  variëtédt  vignes  qui  parail  être  à  Cabrides  ntteinles 
du  Phylloxéra  vastalrix.  Extrait  d'une  Lettie  de  M.  L.  Laliman  à 
M.  Dumas. 

«  Le  19  juillet  dernier,  j'ai  eu  riionneur  d'adresser  à  M.  le  Minisire 
de  l'Agriculture  une  demande  qui  était  accompagnée  d'échantillons  de 
feuilles  de  vignes,  et  qui  avait  pour  but,  d'indiquer  trois  ceps  du  genre 
OEslivalis  d'Amérique,  cjui  sont  depuis  trois  ans  à  l'abri  des  atteintes  du 
Phylloxéra,  au  moins  dans  la  Gironde. 

»  Je  crois,  en  attendant  un  remède  pratique,  qu'il  est  utile  d'exami- 
ner les  études  faites  sur  ce  sujet  par  mon  fils  et  par  moi.  Je  demande 
qu'après  contrôle,  on  fasse  exécuter,  dans  un  autre  département  ayant  subi 
le  fléau,  une  plantation  de  vignes  de  ce  genre,  qui  convertirait,  je  l'espère, 
les  plus  sceptiques.  » 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart.  É.  D.  B. 


PUBLICATIONS      PERIODIQUES      REÇUES      PAR      l'aCADÉMIE 
PENDANT    LE    MOIS    DE    JUILLET     1870. 

Annales  de  la  Propagation  de  la  foi;  juillet  1870;  iu-B". 

Annales  de  la  Société  d' Hjdrologie  médicale  de  Paris;  12^  livraison,  1870; 
in-8°. 

Annales  de  l'Observatoire  Météorolocjique  de  Bruxelles;  n"  5,  1870;  in-4". 

Annales  des  Conducteurs  des  Ponts  et  Chaussées;  mai  1870;  in-S". 

Annales  du  Génie  civil;  juillet  1870;  in-H". 

Annales  industrielles;  n°'  19  et  20,  1870;  in-4°. 

Annales  niédico-psycholoqicines;  juillet  1870;  iu-.S". 

Aasocintion  Scientifi(jue  de  France;  lUdletin  hebdomadaire,  n"*  179  a  i83, 
1870;  in-8". 

Atti  del  reale  Istiluto  f  ombardo  di  Scienze,  Leltcre  cd  Arti;  7®  cahier.  Milan, 
1870;  in-S". 

Bibliollièqne  universelle  et  Revue  suisse;  n"  151,1870;  in-8". 

Bulletin  de  C Académie  impériale  de  Médecine;  n"'  des  3i  juin  cl  i  T)  juil- 
let 1870-,  in.8°. 


(  359) 
Bullel'm  de  l' Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique;  u°  6,  1870;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d^ Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  laScirtlie;  i"  tri- 
mestre, 1870;  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  Botanique  de  France;  Revue  bibliographique  B,  1870; 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  ci  Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;   mai 
1870;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  avril  et  mai  1870;   in-8°. 
Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  juin  et  juillet    1870; 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse  ;  juin  1870;  in-8°. 
Bulletin  général  de  Thérapeutique;  n°^  des  3o  juin,  i5  et  3i  juillet  1870; 
in.8°. 

Bulletin  hebdomadaire  du  Journal  de  l' Agriculture;  n°^  27  à  3i,  1870;  in-8°. 
Bullettino  meteorologico  dell'  Osservatorio  del  R.  Collegio  Carlo  Alberto; 
n°4,  1870;  in-4°. 

Bullettino  meteorologico  del  B.  Osservatorio  del  Collegio  Romano;  n°  6, 
1870;  in-4». 

Bulletin  météorologique  mensuel  de  l'Observatoire  de  l'Université  d'Upsal; 
n°6,  1870;  in-4°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires   des  séances  de  l'Académie  des  Sciences; 
n°'  I  à  4,  2*  semestre  1870;  in-4°. 

Correspondance  slave;  n"^  5 1  à  61,  1870;   in-4°- 
Cosmos;  n°'  des  2,  9,  lô,  23,  3o  juillet  1870^  in-8°. 
Gazette  des  Hôpitaux;  u°^  75  à  89,  1870;  in-4°- 
Gazelle  médicale  de  Paris;  11°'  27  à  3i,  1870;  iu-4°. 

Il  Nuovo  Ciraento. ..  Journal  de  Physique,  de  Chimie  et  d'Histoire  naturelle; 
avril  1870;  in-S". 

Journal  d'Agriculture  pratique;  n°*  26  à  3o,  1870;  in-8°. 
Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  juillet  1870; 
in-S". 

Journal  de  l'Agriculture;  n°^  96  et  97,  1870;  in-8"'. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  mai  et  juin  1870; 
in-8°. 

Journal  de  l'Eclairage  au  Gaz;  n°'  3i  et  32,  1870;  in-4°. 
Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées;  juin  1870;   m-lf. 
Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire  ;_,  mai  1870;  in-8°. 
Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  juillet  1870;  in-8°. 


(  36o  ) 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques i  n'^^'^  i8  à  21,  1870; 
in-S". 

Journal  des  Fabricants  de  Sucre;  11°'  1 1  à  i5,  1870;  in-fol. 

Journal  (général  de  l' Instruction  j)ubli(jue ;  n"'  26  et  28  à  3o,  1870;  in-4". 

Kaiserliclie...  Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne;  n°*  16  et  17, 
1870;  in-8°. 

L'Abeille  médicale;  n°*  27  à  3i,  1870;  in-4°. 

L'Art  dentaire;  juin  1870;  in-8". 

L'Art  médical  ;  juiWel  1870;  in-8°. 

La  Santé  publique;  n*"  76  à  80,  1870;  in-4°. 

Le  Gaz;  n°  6,  1870;  m-l^°. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie;  n"*  8  et  9,  1870;  in-4". 

Le  Mouvement  médical;  11°'  27  à  3i,  1870;  in-4*'. 

Les  Mondes;  n°'  des  7,  i4)  21,  a8  juillet  1870;  in-8°. 

Magasin  })ittoresque;  juin  et  juillet  1870;  gr.  in-8". 

Marseille  médical;  n"^  6  et  7,  1870;  in-8°. 

Matériaux  pour  l'histoire  positive  et  philosophique  de  l'homme;  avril,  mai  et 
juin  1870;  in-8°. 

Monatsbericht...  Compte  rendu  mensuel  des  séances  de  l'Académie  royale 
des  Sciences  de  Prusse;  mai  1870;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques  ;  juillet  1870;  in-8". 

Nouvelles  météorologiques;  juillet  1870;  in-8°. 

Observatoire  météorologique  de  Montsouris;  29  et  3o  juin,  i  à  28,  3o  et 
3t  juillet  1870;   in-4°. 

Répertoire  de  Pharmacie;  juin  et  juillet  1870  ;  in-S". 

Revue  Bibliographique  universelle;  juillet  1870;  in-8°. 

Revue  des  Cours  scientifiques  ;  n'*''  3i  à  35,  1870;  in -4°. 

Rei'ue  des  Eaux  et  Forêts;  n"  7,  1870;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale;   u"'  i3  à  i5,  1870;  in-8''. 

Revue  hebdomadaire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle;  n''"  34  à  37,  1870; 
in-S". 

Revue  maritime  et  coloniale;  juillet  1870  ;  in-8°. 

Revue  médicale  de  Toulouse;  juillet  1870;  in-8°. 

Società  reale  di  Napoli.  Rendiconto  dell'  Jccademia  délie  Scienze  fisiche  e 
malematiche ;  fascicules  3  et  4,  1870;  in-4''. 

The  Academy;  n"  10,  1870;  in-4°. 

The  Food  Journal;  juillet  1870;  in-8°. 

The  Scienti/ic  Revieiv;  n"  7,  1870;  in-4". 


COMPTE  RENDU 

DES  SEANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  16. AOUT  1870, 
PRÉSIDÉE  PAR  M.  DELAUNAY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE   L'ACADÉMIE. 

M.  Serret,  en  offrant  à  l'Académie  le  tome  V  des  OEnvres  de  Lagrancje, 
qu'il  publie  au  nom  de  l'État,  s'exprime  ainsi  : 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  tome  V  des  OEitvres  de  La- 
grange, qm  termine  la  longue  série  des  Mémoires  publiés  par  l'illuslre  auteur 
dans  les  Recueils  de  l'Académie  de  Berlin. 

»  Les  géomètres  et  les  astronomes  y  trouveront  réunis  les  grands  tra- 
vaux de  Mécanique  céleste  par  lesquels  Lagrange  s'est  montré  l'émule 
souvent  heureux  de  Laplace,  et  dont  l'influence  sur  le  développement  de 
cette  branche  des  Mathématiques  appliquées  ne  le  cède  assurément  à 
aucune  autre. 

»  Le  tome  VI,  dont  l'impression,  déjà  conunencée,  se  poursuit  active- 
ment, comprendra  les  Mémoires  de  Lagrange  publiés  dans  les  Recueils  de 
l'Académie  des  Sciences  de  Paris  et  de  la  Classe  des  Sciences  mathématiques 
et  physiques  de  l'Institut  de  France. 

u  Voici  les  titres  des  Mémoires  contenus  dans  le  tome  V  que  je  dépose 
aujourd'hui  sur  le  bureau  de  l'Académie  : 

Théorie  de  la  libralion  de  la  Lune  et  des  autres  phénomènes  qui  dépendent  de  la  figure 
non  sphcrique  de  cette  Planète. 

0.  R.,  1870,  2'  Semestre.  (  T.  LXXl,  N"  7.)  4? 


(  362  ) 

Théorie  des  variarions  séculaires  des  éléments  des  Planètes.  (Première  Partie.) 

Théorie  des  variations  séculaires  des  éléments  des  Planètes.  (Seconde  Partie.) 

Théorie  des  variations  périodiques  des  mouvements  des  Planètes.  (Première  Partie.) 

Sur  les  variations  séculaires  des  mouvements  moyens  des  Planètes. 

Théorie  des  variations  périodiques  des  mouvements  des  Planètes.  (Seconde  Partie.) 

Sur  la  manière  de  rectifier  les  méthodes  ordinaires  d'appro.ximation  pour  l'intégration  des 
équations  du  mouvement  des  Planètes. 

Sur  une  méthode  particulière  d'appro.\imation  et  d'interpolation. 

Sur  une  nouvelle  propriété  du  centre  de  gravité. 

Méthode  générale  pour  intégrer  les  équations  aux  différences  partielles  du  premier  ordre, 
lorsque  ces  différences  ne  sont  que  linéaires. 

Théorie  géométrique  du  mouvement  des  aphélies  des  Planètes  pour  servir  d'addition  aux 
Principes  de  Newton. 

Sur  la  manière  de  rectifier  deux  endroits  des  Principes  de  Nevrton  relatifs  à  la  propaga- 
tion du  son  et  au  mouvement  des  ondes. 

Mémoire  sur  une  question  concernant  les  annuités. 

Mémoire  sur  l'expression  du  terme  général  des  séries  récurrentes,  lorsque  l'équation  géné- 
ratrice a  des  racines  égales. 

Mémoire  sur  les  sphéroïdes  elliptiques. 

Mémoire  sur  la  méthode  d'interpolation. 

Mémoire  sur  l'équation  séculaire  de  la  Lune. 

Mémoire  sur  une  loi  générale  d'optique. 

Rapports. 

SYSTÈME  MÉTRIQUE.    —   Division  décimale  des  aiujles  et   du  temps; 
par  M.  YvOiX  Villarcead. 

«  Dans  la  Communication  faite  à  l'Académie  par  M.  d'Abbadie  le  8  août, 
notre  confrère  fait  connaître  les  opinions  de  deux  savants  étrangers  :  je 
demande  à  l'Académie  la  permission  de  les  discuter  un  in.slant. 

»  L'honorable  directeur  de  l'Observatoire  de  Greenwich  s'exprime 
ainsi  : 

«  Quant  aux  divisions  décimales  de  l'espace  et  du  temps,  je  ne  les  pa- 
»  tronne  pas  beaucoup,  non  parce  que  je  ne  leur  fais  pas  un  bon  accueil, 
»  mais  parce  <[u'il  est,  à  mon  avis,  im[)ossible  fie  les  conserver  en  usage 
»  généralement,  et  parce  que  celui  qui  soutient  des  projets  inefficaces  res- 
»  semble  au  défenseur  d'une  forteresse  ouverte.    » 

»  Cette  phrase  est  loin  d'être  favorable  à  la  thèse  que  soutient  notre 
confrère,  en  |)r()posant  la  division  décimale  du  quart  de  jour  et  dti  quart 
de  cercle.  Il  ne  l'a  sans  doute  reproduite  que  pour  être  fidèle  à  la  vérité, 


(  363  ) 

en  la  disant  tout  entière.  Quant  à  moi,  j'ai  exprimé  l'opinion  qu'une  ten- 
tative de  réforme,  sous  ce  rapport,  ne  pourrait  réussir  qu'autant  que  l'on 
aurait  recueilli  les  adhésions  des  savants  les  mieux  placés  pour  entraîner 
celles  des  autres  :  si  j'ai  pris  part  à  la  discussion,  c'est  luiiquement  pour 
montrer  que  les  propositions  de  M.  d'Abbadie  auraient  pu  être  amélio- 
rées par  un  choix  plus  convenable  de  l'unité  angulaire  et  de  l'unité  de 
temps. 

»  Lorsqu'un  peu  i)lus  loin  je  lis  ces  mots  :  «  Il  ne  convient  pas  de  s'es- 
»  sayer  à  imposer  ces  choses  à  l'humanité  en  général  »,  je  suis  de  l'avis 
de  M.  Airy;  mais  je  ne  saurais  compi'endre  comment  il  peut  proposer 
«  que  chaque  savant  emploie  la  division  qui  va  le  mieux  à  son  but  ». 
Veut-on,  par  exemple,  que  celui  qui  préférerait  la  division  décimale  de  la 
circonférence  prenne  le  soin  de  dresser,  pour  son  usage  parliculier,  des 
Tables  trigonométriques  et  autres,  dont  les  arguments  soient  appropriés  à 
ce  mode  de  division? 

»  M.  d'Abbadie  est  persuadé  que  si  M.  Airy  «  avait  assisté  en  France  à 
«  l'adoption  de  la  très-majeure  partie  de  notre  système  métrique,  cet  as- 
»  tronome  serait  encore  plus  favorable  à  la  division  décimale  du  quadrant. 
»  Les  deux  exemples  personnels  qu'il  (M.  Airy)  veut  bien  citer,  ajoute  notre 
»  confrère,  montrent  qu'un  calculateur  sagnce  préfère  la  division  décimale 
»   quand  il  s'agit  d'un  travail  considérable.   » 

»  Le  savant  directeur  de  l'Observatoire  de  Greenwich  a  donné,  en 
mainte  circonstance,  les  preuves  d'une  sagacité  incon[eslah\e;  mais  il 
faut  reconnaître  que,  dans  le  cas  dont  il  s'agit,  M.  Airy  a  simplement  fait 
comme  beaucoup  de  ses  prédécesseurs.  En  effet,  les  Tables  astronomiques 
renferment  un  grand  nombre  d'arguments  qui  sont  exprimés  en  parties 
décimales  de  l'angle  droit;  ajoutons  que  souvent  même  on  en  trouve  aussi 
un  grand  nombre  qui  sont  rapportés  à  la  circonférence  prise  pour  unité. 
Parmi  les  Tables  nouvelles  qui  présentent  cette  particularité,  il  convient 
de  citer  les  Tables  lunaires  de  M.  Hansen. 

))  Laissons  un  instant  les  extraits  delà  correspondance  de  M.  d'Abbadie 
et  revenons  à  la  question  soulevée  par  notre  confrère. 

»  M.  d'Abbadie  réclame  l'emploi  de  la  division  décimale  des  angles  et  du 
temps.  Disons  en  passant  qu'il  est  vraiment  regrettable  que  les  hommes  de 
science  qui  ont  le  plus  contribué  à  la  vulgarisation  du  système  décimal,  en 
soient  réduits  à  faire  usage  de  l'ancien  mode  de  niunéralion  des  angles  et 
du  temps,  et  cela  uniquement,  faute  de  s'entendre  sur  l'opportunité  des 

47- 


(  364  ) 
modificntions  à  apportera  la  graduation  des  instruments  et  sur  la  nécessité 
de  transfortiier  heautoiip  de  résultats  théoriques  et  un  nombre  considérable 
de  données  expérimentales. 

»  Les  auteurs  du  système  métrique,  (pie  de  pareilles  difficidtés  n'arrê- 
taient pas,  ont  choisi  le  jour  |)our  uni  lé  de  temps,  et  le  quart  de  cercle 
pour  unité  angulaire.  Or  M.  d'Abbadie,  jugeant  avec  raison  que  les  parties 
du  jour  et  celles  de  la  circonférence  doivent  se  correspondre,  de  telle  sorte 
que  l'on  puisse  passer  sans  calcul  des  unes  aux  auties,  et  reconnaissant 
l'impossibilité  d'oblenir  ce  résultat  avec  les  unités  adoptées  par  les  auteurs 
du  système  métrique,  propose  de  changer  l'une  d'elles,  l'unité  de  temps, 
en  conservant  l'autre.  Il  existe  évidemment  une  autre  solution  qui  consiste 
à  conserver  l'unité  de  temps  et  à  changer  l'unité  angidaire  :  c'est  celte 
solution  qui  m'a  paru  le  plus  avantageuse  à  beaucoup  d'égards.  On  voit 
ainsi  c[ue  M.  d'Abbadie  et  moi,  nous  sommes  d'accord  relativement  à 
l'application  du  sysiéme  décimal  aux  angles  et  aux  temps,  et  relativement 
à  la  nécessité  de  passer-,  sans  calcul,  des  angles  aux  temps,  et  inversement: 
nous  différons  d'opinion  sur  le  choix,  non  des  unités,  mais  de  l'une  seide 
de  ces  unités,  puisque  l'adoption  de  l'une  fixe  le  choix  del'atilre,  quand 
on  remplit  la  condilicu  de  correspondance  des  angles  aux  temps,  que  je 
vier)s  de  ra|îpeler. 

»  Malgré  cela,  j'essayerais  en  vain  de  discuter  le  choix  de  l'unité  de  temps, 
sans  m'occuper  de  l'unité  angulaire:  en  effet,  nous  n'avons  aucun  moyen 
sûr  de  mesurer  un  temps,  qui  soit  indépendant  de  la  mesure  d'un  angle. 
Les  mesures  du  temps  fournies  ipar  les  meilleurs  appareils  chronométriques 
n'offrent  aucune  sécurité,  quand  leur  marche  n'est  pas  contrôlée  par  les 
passages  méridiens  des  étoiles;  on  ne  peut  pas  faire  usage  des  indications 
de  ces  appareils,  si  l'on  necotniaît  pas  leurs  mouvements  diurnes.  Or,  comuwui 
s'obtient  cette  évaluation  du  mouvement  diurne,  si  ce  n'est  |)ar  l'obser- 
vation des  passages  consécutifs  d'une  même  étoile  à  un  méridien  donné? 
et  le  fait  de  ces  observations  ne  constitue-t-il  pas  très-réellcmcnt  la  mesure 
d'un  angle  égal  à  une  circonférence  (i)?  La  terre  a  fait  un  tour  sur  son  axe 


(i)  Une  circonférence  est  niesiirce  sur  un  cercle,  dès  que  l'alidade  en  tonrnant  dans  nn 
même  sens  vient  à  passer  une  prciuière  fois  ))ar  son  point  de  dcpail.  Dans  le  cas  qui  nous 
occupe,  l'alidade  est  la  perpendiciiliiiie  abaissée  de  l'étoile  sur  l'axe  de  la  Terre,  au  moment 
du  premier  passatçe  ;  le  plan  du  méridien  emporte  cette  dioite  et  la  ramène  au  second  passage, 
ilans  sa  direction  primitive  :  il  faut  seulement  remarquer  que,  dans  celte  mesure  d'une 
circonférence,  l'alidade  se  meut  sans  que  nous  ayons  besoin  d'y  porter  la  main. 


(  365  ) 
dans  lin  temps  ^gal,  par  définition,  au  jour  sidéral.  Cette  durée  du  jour 
est  le  seul  intervalle  de  temps  que  les  astronomes  puissent  mesurer  avec 
quelque  confiance  dans  le  résultat;  toute  fraction  de  cette  durée  est  incer- 
taine, elle  ne  peut  s'obtenir  qu'en  supposant  les  appareils  chronométriques 
doués  d'un  mouvement  parfaitement  régulier,  et  rien  ne  permet  à  la 
rigueur  de  constater  cette  parfaite  régularité,  pas  même  l'accord  d'un 
grand  nombre  de  ces  appareils;  car  ils  peuvent  être  soumis  à  des  influences 
perturbatrices  communes  (température,  pression  barométrique,  actions  de 
la  Lune,  du  Soleil,  des  marées,  actions  magnétiques,  etc.). 

))  L'unité  de  temps  adoptée  parles  astronomes,  leyo^r^  est  donc  parfaite- 
ment justifiée;  elle  répond  exactement  à  une  circonférence,  à  un  tour,  angle 
qui  fixe  la  grandeur  de  cette  unité  de  temps.  Quoi  de  pins  )m/i(re/dès  lors, 
que  de  prendre  la  circonférence  ou  le  tour  pour  unité  angulaire,  puisque 
l'on  veut  bien  rechercher  les  unités  naturelles? 

»  M.  d'Abbadie  peut  être  assuré  que  le  quart  de  jour  ne  sera  adopté, 
pour  unité  de  temps,  par  aucun  astronome,  sans  en  excepter  celui  qui  pré- 
side à  Berlin  la  Commission  du  mètre,  et  que  M.  d'Abbadie  croit  avoir 
amené  à  ses  idées.  Il  ne  peut  davantage  espérer  que  les  ingénieurs  consentent 
à  exprimer  en  quadrants  les  nombres  de  tours  dont  ils  se  servent  pour  éva- 
luer la  vitesse  de  rotation  des  corps  tournants. 

))  Je  pourrais  terminer  ici  cette  discussion,  cependant  il  me  paraît  con- 
venable de  réfuter  les  allégations  de  l'un  des  correspondants  de  M.  d'Ab- 
badie, en  ce  qui  concerne  le  choix  de  l'unité  angidaire  fondé  sur  l'usage 
des  Tables  frigonométriques  décimales. 

»  Je  ne  reviendrai  pas  sur  les  considérations  relatives  à  la  période  des 
fonctions  trigonométriques  et  à  l'analogie  que  présentent  les  angles  et  les 
logarithmes,  considérations  que  j'ai  présentées  dans  le  cours  de  la  discus- 
sion :  «  La  seule  raison  sérieuse  qui  puisse,  dit-on,  ètr-e  donnée  en  faveiu' 
»  d'une  réforme  des  divisions  du  cercle,  c'est  la  simplification  des  calculs 
»  numériques.  »  Je  suis  étonné  de  voir  un  mathématicien  distingué  pro- 
duire une  telle  assertion,  je  ne  la  relèverai  pas.  Mais  je  lis,  à  la  suite,  cette 
autre  assertion  purement  gratuite  :  «  Le  quadrant  est  l'unité  inévitable  pour 
»  les  calculs  numériques  :  c'est  l'unité  des  Tables  de  logarithmes  et  la  seule 
»  qui  soit  naturelle.  »  J'eusse  compris  que  l'on  eût  dit  :  La  considération 
du  quadrant  est  inévitable;  mais,  dans  cet  ordre  d'idées,  il  serait  aussi 
exact  de  considérer  l'octant,  puisque  les  Tables  trigonométriques,  calculées 
pour  un  octant,  servent  aussi  bien  pour  la  circonférence  entière  que  pour 


(  366  ) 
le  quadrant.   Pourquoi  donc,  s'appuyant  sur  la  considération  des  Tables 
trigonométriques,  ne  propose-t-on  pas  de  prendre  pour  unité  angulaire  la 
huitième  partie  de  la  circonférence?  Au  point  de  vue  de  l'auteur,  cette 
unité  serait  plus  naturelle  encore  que  le  quadrant. 

«  Ce  serait  étrange,  dit-on,  s'il  fallait  d'abord  retrancher  o'',25  de 
»  0*1,31884,  avant  de  prendre  dans  les  Tables  le  sinus  de  l'angle  o'', 3 1884, 
»  ou  bien  s'il  fallait  retrancher  o'',  3 1884  de  o'',5o,  la  circonférence  étant 
M  l'unité.  Au  contraire,  avec  le  quadrant  pris  pour  unité,  on  n'aurait  plus 
»   qu'à  considérer  les  décimales,  puisque,  dans  ce  cas, 

sini,35o^  coso,35o, 
sin  2 ,  35o  =  —  sin  o ,  35o, 
sin3,35o  :=■ —  coso,35o, 
sin4,35o=       sino,35o.  » 

»  Ici,  l'auteur  est  tout  à  fait  dans  l'erreur.  En  effet,  s'il  est  vrai  qu'il  suf- 
fise, pour  entrer  dans  les  Tables,  de  considérer  l'argument  o'',  35o,  il  n'en 
faut  pas  moins  considérer  les  parties  entières  i^,  a*",  3'',  4'',  pour  distinguer 
s'il  faut  prendre  le  sinus  cherché  dans  la  colonne  des  sinus  ou  dans  celle  des 
cosinus,  s'il  faut  donner  au  nombre  trouvé  le  signe  +  ou  le  signe  — . 
Supposons  que,  comme  cela  arrive  fréquemment  en  Astronomie,  on  ait 
affaire  à  un  angle  comprenant  plusieurs  circonférences,  et  que  cet  angle 
soit  exprimé  en  quadrants:  il  faudra  préalablement  diviser  la  partie  entière 
par  le  nombre  4i  et  considérer  les  unités  restantes  o,  1,2,  3.  Il  est  donc 
absolument  inexact  de  dire  que  Von  n'aurait  plus  qu'à  considérer  tes  déci- 
males. 

»  Au  contraire,  si  l'on  prend  la  circonférence  pour  unilé,  on  doit  faire 
absoltniient  abstraction  de  la  partie  entière  de  l'angle  donné,  et  ne  s'oc- 
cuper que  de  la  partie  décimale.  Alors  il  se  présentera  deux  cas  :  1°  les 
arguments  des  Tables  seront  compris  entre  o''  et  o'^,  25(*),  et  les  calcu- 
lateurs compareront  la  partie  fractionnaire  à  l'un  des  nombres  o'',  aS, 
o'^,  5o  et  0^,75,  exactement  comme  ils  comparent  les  nombres  de  degrés 
moindres  que  36o ,  à  90,  180  et  270  degrés  :  dès  lors  rien  ne  sera 
changé  à  leurs  habitudes;  2"  les  en-têtes  de  colonnes  des  Tables,  à  l'instar 
des  Tables  anglaises  de  Robert  Shortrede  ou  des  Tables  françaises  de 
Callet,  présenteront  quatre  arguments  accompagnés  de  signes;  dans  ce 
cas,  toute  opération  soustractive  se  trouvera  évitée.   Il  est  bon  d'ajouter 


(*  )   I.a  lellre  '  désigne  ici  un  Inttr  ou  une  circonférence. 


(  367  ) 
que  les  colonnes  des  arguments  et  leurs  en-têtes  se  trouveront  réduits  de 
moitié,  puisque  le  choix  de  l'unité  angulaire  et  de  l'unité  de  temps  ne  né- 
cessite plus  la  distinction  entre  les  angles  exprimés  en  degrés  et  les  angles 
exprimés  en  heures.  Les  Tables  gagneraient  ainsi  en  clarté. 

»  J'ai  dit,  dans  une  précédente  Communication,  que  Padoption  de  la 
circonférence  pour  unité  ne  nécessiterait  pas  le  calcul  de  nouvelles  Tables  : 
je  demande  la  permission  de  le  Caire  voir  par  un  exemple. 

»  Supposons  que  l'on  veuille  construire,  à  l'aide  des  Tables  centésimales 
calculées  de  cent-millième  en  cent-millième  du  quadrant,  de  nouvelles 
Tables  équivalentes,  pour  l'étendue,  aux  Tables  sexagésimales  de  Callet. 
Ces  dernières,  qui  sont  calculées  de  lo  en  lo  secondes  sexagésimales,  se 
composent,  pour  les  45  degrés,  de  45  X  60x6  =  16200  lignes.  Or  si  l'on 
prend  dans  les  Tables  centésimales  les  nombres  correspondants  à  o'', 00000, 
o"!, 00004,  o'',ooop8,...,  ces  nombres  répondront  aux  fractions  0,00000, 
0,00001,  0,00002,...  de  la  circonférence,  et  l'on  aura  formé  une  Table 
trigonométrique  de  cent-millième  en  cent-millième  de  la  circonférence,  qui 
contiendra  ^Xiooooo  ou  12600  lignes.  Ce  nombre  est  comparable  à 
16200;  l'intervalle  des  arguments  répondrait  d'ailleurs  à  I2",96,  nombre 
qui  n'excède  pas  beaucoup  l'intervalle  10  secondes  des  Tables  de  Callet. 
Ainsi,  il  suffirait  de  prendre  les  fonctions  trigonométriques  de  quatre  en 
quatre,  dans  les  Tables  centésimales,  en  les  limitant  à  sept  décimales,  et 
de  substituer  à  leurs  argiimenis  la  série  des  nombres  de  cent-millième  en 
cent-millième,  pour  avoir  des  Tables  décimales  équivalentes  à  celles  de 
Callet. 

»  Un  dernier  motif  est  invoqué,  en  faveur  de  la  division  centésimale  du 
quadi«ant,  par  celui  des  correspondants  de  M.  d'Abbadie  dont  je  viens  de 
discuter  les  appréciations  :  «  La  déftnilion  du  mètre  est  la  division  décimale 
»  du  (jiiarl  de  la  circonférence  terrestre.  Avec  la  même  division,  appliquée 
»  aux  latitudes,  on  aurait  immédiatement  la  différence  de  latitude  eu  kilo- 
))  mètres.  »  Il  est  vrai  que  le  mètre  a  été  défini  la  dix-millioiiiiiiie  |)iirlie 
d'un  quart  de  méridien,  comme  si  tous  les  méridiens  terrestres  étaient  réel- 
lement égaux  (ce  qui  est  loin  d'être  démontré).  Mais,  cette  définition,  on  le 
sait  trop  bien,  n'offre  plus  aujourd'hui  qu'un  intérêt  historique.  L'unité 
linéaire  dont  toutes  les  nations  civilisées  réclament  l'adoption  est  le  mètre 
légal,  dont  le  prototype  est  déposé  aux  Archives  de  France.  Or  la  longueiu- 
de  ce  mètre  est  telle,  qu'un  quart  de  méridien  en  contient  de  un  à  deux 


(  368  ) 
mille  en  sus  des  lo  millions  qu'elle  devrait  seulement  contenir,  pour  s'ac- 
corder avec  la  définition  abandonnée.  Il  n'y  a  donc  aucune  nécessité  de 
poursuivre  une  relation  chimérique  entre  le  quadrant  et  le  mètre.  Dire  que 
les  différences  de  latitude  peuvent,  dans  le  système  du  quadrant  pris  pour 
unité,  s'exprimer,  sans  calcul,  en  kilomètres,  c'est  faire  complètement 
abstraction  de  l'aplatissement  terrestre  et  des  inégalités  de  la  surface  de  ni-  ^ 
veau.  Un  svstème  qui  d'ailleurs  se  prêterait  à  un  tel  résultat  laisserait  tou- 
jours des  calculs  à  effectuer  pour  les  longitudes  dont  on  s'est  gardé  de  par- 
ler, et  que  cependant  il  importe  de  considérer  autant  que  les  latitudes.  » 

PHYSIQUE.  —  Quelques  mots  nu  sujet  de  la  Note  insérée  par  M.  Jamin  dans 
le  Compte  rendu  du  8  août.  Note  de  M.  H.  Sainte-Claike  Deville. 

«  Je  n'ai  rien  à  ajouter  aux  observations  très-élémentaires  que  j'ai  op- 
posées aux  conclusions  de  M.  Jarain.  Je  termine,  pour  ce  qui  me  concerne, 
cette  discussion,  désormais  inutile  à  la  science,  par  un  acte  de  justice  qui 
me  décide  seul  à  prendre  la  parole  aujourd'hui. 

«  L'idée  nouvelle  de  M.  Jamin,  m'écrit  un  de  nos  plus  éminenls  con- 
»  frères,  est  très-explicitement  développée  dans  le  Mémoire  de  Person 
»  [Jnncdcs  de  Chimie  et  de  Physique,  3*  série,  t.  XXXIII),  où  l'on  trouve 
»  identiquement  la  même  formule,  sauf  les  notations.  Seulement,  il  ne  la 
»  donne  que  poiu-  ce  qu'elle  est  :  savoir  une  relation  entre  les  diverses 
»  quantités  de  chaleur  que  peut  dégager  luie  même  réaction,  suivant  la 
«   température  à  laquelle  elle  se  passe.  » 

»  Je  regrette  de  n'avoir  pas  profité  de  cette  circonstance,  qui  m'était 
inconnue,  pour  rendre  témoignage  aux  travaux  d'un  ancien  collègue  et 
d'un  savant  ami,  M.  Person,  dont  les  travaux  ont  une  très-haute  valeur.  » 

Le  P.  Secchi,  en  présentant  à  l'Académie  le  volume  qu'd  vient  de  publier 
sous  le  titre  «  le  Soleil  »,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  l'ouvrage  que  je  viens  de 
publier  sur  le  Soleil.  Ce  livre  contient  tous  les  travaux  qui  ont  été  effectués 
pendant  les  dernières  années,  non-seulement  au  Collège  Romain,  mais  par 
tous  les  savants  contemporains  qui  s'en  sont  occupés.  J'espère  qu'il  sera 
trouvé  au  niveau  de  la  science  actuelle. 

»  L'ouvrage  est  divisé  en  trois  Parties.  La  première,  après  l'exposé  des 
moyens  modernes  d'observation,  contient  ce  qui  regarde  la   structure  du 


(  369  ) 
Soleil;  la  seconde,  ce  qui  concerne  l'influence  de  cet  astre  dans  l'unisers; 
la  troisième,  ses  relations  avec  les  étoiles. 

»  Les  recherches  spectrales  et  les  dernières  découvertes  faites  pendant 
les  éclipses  ont  reçu  des  développements  considérables.  Je  prends  la  liberté 
de  signaler  ce  fait,  que  tout  ce  qui  est  exposé  dans  ce  livre  a  été,  autant 
qu'il  était  possible,  contrôlé  par  ma  propre  observation. 

»  Je  dois  remercier  ici  mon  confrère  le  R.  P.  Larcher,  qui  a  bien  voulu 
se  charger  de  revoir  mon  manuscrit,  pour  en  faire  disparaître  les  touriuires 
étrangères,  et  l'éditeur  M.  Gauthier-Villars,  qui  n'a  épargné  ni  soins  ni 
sacrifices  pour  rendre  l'exécution  de  l'ouvrage  parfaite  à  tons  les  points  de 
vue.  o 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Cauvet  adresse  la  troisième  Partie  de  son  Mémoire  concernant  l'ac- 
tion produite  par  le  cytinet  siu'  les  racines  des  Cistes. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Botanique.) 

CORRESPONDANCE . 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'alcool  ainylique  normal.  Note  de  MM.  Ad.  Lif.bkn 
et  A.  Rossi,  présentée  par  M.  Wuriz. 

«  Nous  avons  fait  connaître,  l'année  dernière,  lui  nouvel  alcool  butylique 
différent  de  l'alcool  de  fermentation  et  représentant  le  quatrième  terme  dans 
la  série  homologue  des  alcools  normaux.  En  prenant  cet  alcool  pour  point 
de  départ  et  en  appliquant,  pour  nous  élever  dans  la  série,  les  uiéines  mé- 
thodes synthétiques  qui  nous  avaient  conduits  jusque-là,  nous  avons  réussi 
à  obtenir  un  nouvel  alcool  amylique,  que  nous  appelons  normal,  et  qui  offre 
avec  l'alcool  amylique  connu  les  mêmes  relations  que  celles  que  présente 
notre  alcool  butylique  avec  l'alcool  butylique  de  fermentation. 

»  Pour  obtenir  ce  nouvel  alcool,  nous  avons  commencé  par  préparer  le 
cyanure  de  butyle  normal  et  l'acide  valérique,  qui  lui  correspond.  Cet 
acide  est  encore  nouveau,  et  isomère  avec  l'acide  valérique,  qu'on  obtient 
par  l'oxydation  de  l'alcool  amylique  ordinaire.  L'acide  valérique  normal 
ressemble  d'adleurs  beaucoup  à  l'acide  connu,  seulement  son  odeur  se 
rapproche  un  peu  plus  de  celle  de  l'acide  butyrique.  Il  bout,  d'une  ma- 
nière constante,  à  i84  ou  i85  degrés,  sous  la  pression  de  736  millimètres. 

C.  R.,  1870,  2»  Semestre.  (T.  LXXI,  N»  7.)  4^ 


(  370  ) 
Ses  sels  et  surtout  ceux  des  métaux  lourds  ne  sont  que  très-imparfaitement 
humectés  par  l'eau.  Son  sel  de  baryum  cristallise  en  petites  paillettes  anhy- 
dres, tandis  que  le  valérate  ordinaire  de  baryum  est  un  sirop  incristalli- 
sable.  Nous  décrirons,  du  reste,  cet  acide,  ainsi  que  tous  les  corps  que 
nous  avons  fait  dériver  de  l'alcool  butylique  normal,  dans  un  Mémoire 
s|)écial. 

»  Le  sel  de  chaux  de  l'acide  valérique  normal  a  été  mélangé  avec  du 
formiate,  et  le  mélange  soumis  par  petites  portions  à  la  distillation  sèche. 
On  a  obtenu,  de  cette  façon,  l'aldéhyde  valérique,  bouillant  à  environ 
I02  degrés  et  isomère  avec  le  valéral.  Cette  aldéhyde,  traitée  par  l'hydro- 
gène naissant,  nous  a  fourni  l'alcool. 

»  L'alcool  amylique  normal  ressemble  beaucoup  à  l'alcool  amylique  de 
fermentation.  Il  s'en  distingue  par  son  point  d'ébullition  plus  élevé,  qui  est 
à  187  degrés,  sous  la  pression  de  740  millimètres.  Il  donne  par  l'oxydation 
de  l'acide  valérique.  Nous  avons  préparé,  par  des  méthodes  connues,  le 
chlorure,  le  bromure,  l'iodure,  l'acétate  d'amyle.  Tous  ces  éthers  ont  été 
obtenus  à  l'état  de  pureté,  et  possèdent  des  points  d'ébullition  supérieurs 
à  ceux  des  éthers'amyliques  ordinaires.  La  constitution  de  l'alcool  amylique 
normal  doit  être  exprimée  par  la  formule 


CH'  =  C 

CH'.OH 


CH'.CH'.CH^CH' 

H 

H 

OH, 


tandis  que  l'alcool  amylique  de  fermentation  a  probablement  la  constitu- 
tion qui  lui  a  été  attribuée  par  M.  Erlenmeyer,  savoir 


CH'  CH' 
\/ 
CH  =  C 

CH' 
CH^OH 


CH'.CH(CH')' 

H 

H 

OH 


M  On  a  nommé  auparavant,  et  quelques  chimistes  continuent  encore  à 
nommer,  alcools  normaux  les  alcools  de  fermentation.  Or  on  sait  mainte- 
nant que  les  sucres  fermentes  contiennent  des  alcools  de  nature  diverse, 
qu'on  ne  peut  pas  réunir  dans  la  même  série.  D'ailleurs  il  est  évident  que, 
dans  ce  cas,  la  provenance  ne  nous  enseigne  rien  sur  la  constitution  de  ces 
substances.  Ce  fait  fortuit  qu'un  corps  est  connu  depuis  longtemps  (comme 
l'alcool  amylique  ordinaire)  n'est  pas  non  plus  une  raison  pour  en  faire  la 


(  371  )  ^ 
base  d'une  classification  scientifique.  Nous  réservons  donc  le  nom  d'alcools 
normaux  à  ceux  des  alcools  primaires  dont  les  atomes  sont  combinés  de 
la  manière  la  plus  simple  qu'on  puisse  concevoir,  en  formant  une  chaîne 
des  atomes  de  carbone.  En  mettant  de  côté  toute  hypothèse,  on  peut  encore 
définir  les  alcools  normaux  comme  ceux,  parmi  tous  les  isomères  : 

u  1°  Qui  sont  les  plus  stables  et  qui  ont  les  points  d'ébullilion  les  plus 
élevés; 

»  1°  Qui  donnent  les  éthers  les  plus  stables  (notamment  qui  ne  se  dé- 
composent pas  aussi  facilement  en  produisant  CH"")  et  qui  ont  les  points 
d'ébullition  les  plus  élevés; 

»  3°  Qui  donnent  à  l'oxydation  des  acides  contenant  le  même  nombre 
d'atomes  de  carbone,  acides  qui,  parmi  les  isomères,  ont  les  points  d'ébul- 
lition les  plus  élevés  et  paraissent  résister  le  mieux  à  l'oxydation  ultérieure. 

»  Quant  à  la  constitution  que  nous  attribuons  à  l'alcool  amylique  normal, 
nous  nous  appuyons,  pour  la  démontrer,  sur  la  série  des  réactions  synthé- 
tiques que  nous  a  fournies  ce  corps.  Nous  avons  dit  qu'il  a  été  préparé  au 
moyen  de  l'alcool  butylique  normal,  et  cet  alcool  à  son  tour  s'obtient, 
comme  on  se  le  rappelle,  avec  l'acide  butyrique  de  fermentation.  Tous  les 
chimistes  sont  d'accord  sur  la  constitution  de  cet  acide,  qu'on  peut  exprimer 
par  la  formule  CH'-CH^-CH^-CO.OH.  D'ailleurs,  l'un  de  nous  l'a  préparé 
synthétiquement  avec  l'alcool  propylique  normal,  qu'il  avait  obtenu  au 
moyen  de  l'acide  propionique  préparé  avec  le  cyanure  d'éthyle. 

»  Il  y  a  donc  un  enchaînement  régulier  de  réactions  synthétiques,  qui 
rattache  notre  alcool  amylique  normal  à  l'alcool  éthylique,  et  nous  nous 
fondons  sur  la  constitution  bien  connue  des  coipposés  éthyliques  pour  en 
déduire  celle  de  l'alcool  amylique.  Une  telle  conclusion  serait  sans  doute 
bien  téméraire,  si  nous  nous  étions  limités  à  étudier  seulement  notre  point 
de  départ  (l'alcool  éthylique)  et  le  produit  final  (l'alcool  amylique  normal). 
Mais  nous  avons  eu  soin  d'étudier  tous  les  nombreux  produits  intermé- 
diaires, d'établir  la  constitution  chimique  et  d'examiner  les  propriétés 
physiques  de  chacun  des  produits  de  transformation,  qui  successivement 
sont  passés  entre  nos  mains,  et  c'est  cette  étude  longue  et  pénible  qui 
nous  donne  la  confiance  d'énoncer  que  l'alcool  amylique,  qui  fait  l'objet 
de  cette  Note,  est  un  corps  nouveau,  le  véritable  homologue  de  l'alcool 
éthylique,  et  qu'il  possède  la  constitution  que  nous  lui  avons  assignée.  » 


48. 


(  37a  ) 

CHIMIE  ANIMALE.  —  Recherches  expérimentales  sur  les  modifications  de  la 
con)position  immédiate  des  os.  Note  de  M.  F.  Papillon,  présentée  par 
M.  Wurlz. 

«  Il  est  aujourd'hui  démontré,  jusqu'à  1  évidence,  que  les  phénomènes 
de  ht  vie  sont  toujours  le  produit  régulier  d'un  ensemble  d'éléments  déter- 
minés, la  fonction  précise  d'un  certain  nombre  de  facteurs  assignables. 
Parmi  ces  facteurs  des  diverses  équations  vitales,  les  uns  sont  à  peu  près 
fixes,  les  autres  sont  variables  dans  de  certaines  limites,  susceptibles  de 
maxiîna  et  de  minima. 

»  Cette  conception  générale  a  été  pour  moi  le  point  de  départ  d'une 
série  de  recherches  concernant  justement  les  limites  et  les  variations  du 
déterminisme  physiologique.  J'ai  commencé  par  étudier  dans  quelle  mesure 
les  principes  immédiats  normaux  de  l'économie  peuvent  être  remplacés  par 
d'autres  principes,  et  je  suis  arrivé  dans  cette  voie  à  des  résultats  intéres- 
sants. 

»  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  en  signaler  brièvement 
quelques-uns  relatifs  à  la  composition  immédiate  des  os,  me  réservant 
d'insister  plus  tard  sur  les  questions  nombreuses  que  soulève  déjà  l'examen 
attentit  deces  faits,  et  sur  la  doctrine  qu'une  grande  quantité  d'expériences 
en  cours  d'exécution  permettra  d'établir  touchant  les  transmutations  dans 
l'ordre  et  la  nature  des  ingrédients  de  l'organisme. 

»  Les  recherches  que  je  résume  ici,  et  dont  je  ne  fais  ressortir  que  la 
conséquence  la  plus  immédiate  et  la  plus  saillante,  démontrent  que  l'on 
peut  substituer  une  certaine  quantité  de  strontiane,  de  magnésie,  d'alumine 
à  la  chaux  normalement  contenue  dans  les  os. 

»  Expérience  I.  —  Le  lundi  6  septembre  1869,  un  jeune  pigeon  est 
renfermé  dans  une  cage  et  soumis  au  régime  suivant  :  eau  distillée  mélangée 
de  chlorures,  carbonates,  su.lfates  et  nitrates  de  potasse  et  de  soude  dans 
la  proportion  de  i  ^  gramme  par  litre;  blé  roulé  dans  luie  pâte  fine,  ob- 
tenue avec  du  phosphate  de  strontiane  pur  et  le  liquide  précédent  addi- 
tionné d'un  peu  d'acide  chlorhydrique  (i). 

(i)  .le  dois  dire  ([ue  ce  l)lé  n'a  pas  été  trié  grain  par  grain,  et  c'est  un  tort  grave,  <]iie  Je 
n'ai  pas  commis  dans  les  expériences  qui  m'ont  occupé  depuis.  Le  blé  des  grainetiers  con- 
tient toujours  des  fiagiiienls  et  des  cailloux  calcaires,  aux(pi(ls  il  faut  certainement  attribuer 
la  quantité  de  chaux  encore  notable  ipii  a  subsisté  dans  les  os  dont  l'examen  fait  l'objet  de 
ce  travail. 


(  373) 

»  La  vie  de  l'animal  ne  semble  pas  éprouver  de  modification  sous  l'in- 
fluence de  ce  régime.  Toutes  les  fonctions  s'accomplissent  de  la  façon  la 
plus  régulière. 

»  Le  i"  avril  1870,  le  pigeon  est  sacrifié.  Il  est  cuit  et  désossé  avec 
toutes  les  précautions  convenables.  Les  os  sont  calcinés  et  l'analyse  des 
cendres  donne,  en  centièmes,  les  chiffres  suivants  : 

Chaux 4*3»  7^ 

Strontiane 8 ,45 

Acide  phosphorique 4"  >8o 

Phosphate  de  magnésie i  ,80 

Résidu 1,10 

99>8o     (i) 

»  Expérience  II.  —  Le  16  septembre  1869,  un  petit  rat  blanc  âgé,  de 
dix  jours  environ,  est  enfermé  seul  dans  une  cage  et  mis  au  léginie  d'eau 
distillée  et  minéralisée  comme  dans  le  cas  précédent,  de  riz  et  de  gluten 
additionnés  de  phosphate  d'alumine  dans  la  proportion  de  moins  de  i  dé- 
cigramme  par  jour. 

»  Aucun  changement  sensible  ne  se  manifeste  dans  la  santé  ou  dans  les 
habitudes  de  l'animal. 

»  Le  29  novembre  de  la  même  année,  au  moment  où  je  m'apprêtais  à 
lui  donner  de  la  nourriture,  le  rat  meiut  après  quelques  convulsions.  L'au- 
topsie révèle  des  désordres  intestinaux  et  une  sorte  d'entérite  grave.  L'in- 
testin est  noir-violâtre  et  rempli  de  sang.  Je  songe  alors  à  examiner  mon 
phosphate  d'alumine,  et  j'y  trouve  une  certaine  quantité  de  grains  durs  et 
moins  ténus  que  les  autres.  C'est  probablement, l'action  prolongée  et  toute 
mécanique  de  ces  grains  sur  l'intestin  qui  a  déterminé  l'irritation  mortelle. 

»  Le  rat  est  bouilli  dans  l'eau  distillée,  puis  désossé;  100  d'os  calcinés 
donnent  à  l'analyse  : 

Alumine 6,9$ 

Chaux 4  '  >  '  "  (  '  ) 

»  Expérience  III.  —  Le  16  septembre  1869,  un  petit  rat  blaiu-,  frère  du 
précédent,  est  soumis  aux  mêmes  conditions,  à  cela  près  que  le  phosphate 
d'alumine  est  remplacé  par  du  phosphate  de  magnésie.  Il  est  l'objet  des 
mêmes  soins  et  des  mêmes  observations. 

»   Le  aS  novembre  suivant,  ce  rat  est  sacrifié,  en  pleine  vigueur.  Les  os 


(  I  )  Analyse  faite  par  M.  Pisani. 


(  374  ) 
obtenus,  et  traités  comme  clans  l'autre  cas,  sont  soumis  à  l'analyse  et  don- 
nent siu"  loo  : 

Magnésie 3 ,56 

Ctiaux 46,i5  (i) 

»  J'ajoute  que,  chez  tous  ces  animaux,  les  os  avaient  conservé  leur 
aspect  et  leurs  propriétés  physiologiques,  qu'aucune  perturbation  ne  s'était 
produite  dans  le  système  de  leurs  fonctions  normales. 

»  Voilà  les  laits  positifs  que  je  tenais  à  communiquer  à  l'Académie. 
D'autres  expériences,  plus  décisives,  plus  complètes,  et  entreprises  sur  un 
champ  plus  étendu,  donneront,  je  l'espère,  une  nouvelle  force  et  un  nouvel 
aspect  à  la  démonstration  que  je  poursuis.  Encore  une  fois,  je  réserve  pour 
l'avenir  toute  discussion  théorique  et  touie  induction  doctrinale,  qui  seraient 
aujourd'hui  prématurées. 

»  Ces  recherches  ont  été  faites  dans  le  laboratoire  de  mou  éminent 
maître  M.  Ch.  Robin,  que  j'aime  à  remercier  ici  de  son  affectueuse  bien- 
veillance et  de  ses  précieux  conseils.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  zone  (jénéralrice  des  appendices 
chez  les  végétaux  moiiocot/lédons.  Noie  de  31.  Cave. 

«  Chez  les  plantes  monocolylédones,  la  zone  génératrice  occupe,  dans 
la  feuille  normale  ou  modifiée,  la  position  que  nous  avons  déjà  signalée, 
c'est-à-dire  qu'elle  correspond  à  la  face  supérieure  ou  interne  de  l'organe. 

»  Voici  les  principaux  arguments  que  je  fais  valoir  pour  établir  cette 
vérité.  Qiiehpies-uns  sont  empruntés  à  des  travaux  antérieurs,  d'autres  me 
sont  personnels. 

»  Chez  les  Orchidées,  M.  Tréciil  divise  la  structure  des  feuilles  eu  trois 
types.  Dans  le  troisième,  il  conslate  que  le  tissu  vert  est  isolé  de  l'épiderme 
par  des  titricules  incolores  et  que  ces  cellules  ne  sont  pas  toutes  de  même 
nature.  Il  a  remarqué  que  le  développement  de  ces  diverses  rangées  de 
cellules  se  fait  de  la  face  inférieure  de  la  feuille  à  sa  face  supérieure. 

»  Dans  les  planches  qui  accompagnent  son  Mémoire  sur  la  sécrétion  pré- 
sentée par  la  feuille  du  Colocasia  anlicpioruni,  M.  Duchartre  montre,  de  la 
manière  la  ])lus  nette,  cpie  le  lissu  perpendiculaire  ou  serré  est  plus  jeune 
que  le  reste  du  mésophyiie.  Taudis  que  ce  dernier  est,  chez  certaines 
feuilles,  parvenu  à  sa  structure  iléfinitive,  le  tissu  serré  conniience  à  peine 


(i)  Ces  analyses  ont  été  faites  par  M.  Cliarles  Mène. 


(  375  ) 
à  s'organiser  sur  un  organe  un  peu  jeune  :  il  est  réduit  à  une  couche.  Dans 
un  appendice  un  peu  plus  âgé,  on  trouve,  selon  les  points,  une  seule  ran- 
gée de  ce  tissu,  ou  deux  tout  au  plus.  Il  y  eu  a  deux  ou  trois  séries  dans 
la  feuille  adulte.  Sur  uue  même  section  transversale,  pratiquée  dans  une 
feuille  qui  n'a  pas  encore  atteint  son  état  définitif,  on  voit  cette  page  supé- 
rieure apparaître  vers  le  milieu  et  manquer  sur  les  bords. 

»  Afin  de  généraliser  ces  résultats,  j'ai  examiné  avec  attention  un  cer- 
tain nombre  de  feuilles  appartenant  à  des  plantes  du  deuxième  embranche- 
ment. Parmi  celles-ci,  je  citerai  particulièrement  les  suivantes  :  Chamœrops 
humitis,  Phœnix  dactylifera,  Agave  americana,  Yucca  nioëfolia,  Hedychium 
Gœrtiieridnuiii,  Hœmantlms  cocciiieus,  Arundo  donax.  J'ai  même  dessiné  un 
certain  nombre  de  figures  relatives  à  cette  dernière  plante. 

»  Ne  voulant  pas  entrer  ici  dans  des  détails  que  je  réserve  pour  im 
Mémoire  plus  développé,  je  me  contenterai  de  dire  :  Le  développement  du 
parenchyme  rappelle,  à  s'y  méprendre,  celui  du  mésocarpe  et  s'effectue  dans 
le  même  ordre.  Des  conclusions  identiques  s'imposent  donc  à  nous  :  nous 
devons  considérer  comme  plus  âgé  le  tissu  infériein-,  comme  plus  jeune  la 
région  voisine  de  l'épiderme  supérieur. 

»  L'examen  des  faisceaux  fibro-vasculaires  confirme  ce  qu'a  montré 
l'étude  du  parenchyme.  Quelle  que  soit  la  plante  monocotylédone  dont 
nous  ayons  regardé  la  feuille  au  microscope,  nous  avons  constamment  vu 
les  faisceaux  en  question  plus  jeunes  à  la  face  supérieure  qu'à  la  face  in- 
férieure. Dans  V Arundo  donax,  si  l'organe  est  très-jeune,  on  remarque  une 
seule  rangée  de  nervures,  celles  qui,  plus  tard,  correspondront  à  la  face 
extérieure.  Mais,  naturellement,  la  page  supérieure  ne  s'étant  pas  encore 
développée,  ces  nervures  sont  assez  rapprochées  de  l'épiderme  supérieur. 
A  mesure  que  l'organe  avance  en  âge,  ces  mêmes  nervures  .sont  éloignées 
de  la  face  supérieure  par  le  développement  des  parties  nouvelles.  En  même 
temps,  de  nouveaux  faisceaux  fibro-vasculaires  apparaissent  dans  ces  por- 
tions récemment  formées.  Aussi  l'organe  adulte  a-t-il  deux  couches  de  ner- 
vures :  les  plus  âgées  sont  à  la  face  inférieure,  les  plus  jeunes  occupent  la 
face  supérieure. 

»  Ainsi,  les  mêmes  lois  régissent  le  développement  des  feuilles  en  épais- 
seur, dans  les  rletix  embranchements  de  plantes  phanérogames.  S'il  s'agit 
d'appendices  modifiés,  ces  conclusions  conservent  leur  vérité.  Pour  s'en 
convaincre,  il  suffit  de  se  reporter  à  létude  faite  par  M.  Trécul  sur  la  struc- 
ture du  grain  de  blé  et  aux  conséquences  théoriques  que  jeu  ai  déduites. 
Dans  mes  travaux   sur  les  fruits,    j'ai   fréquemment  analysé  des  ovaires 


(  37f>  ) 
adultes  chez  des  plantes  monocotylédones,  liliacées  ou  autres,  et  j'ai  con- 
stamment trouvé  la  zone  formatrice  occupant  la  même  place  que  dans  les 
fruits  provenant  de  végétaux  dicolylédons.  » 

HISTOIRE  DES  SCIKNCES.    —   Sur   les  découvertes   nstronotniques  des  anciens. 
Note  de  M.  AV.  de  Foxvielle,  présentée  par  M.  Jamin.  (Extrait.) 

«  M.  Litirow  a  prononcé,  il  y  a  quelque  temps,  à  Vienne,  un  discours 
sur  Vimperfeclion  des  connaissances  scientifiques  des  anciens,  qui  a  été  traduit 
daTis  un  de  nos  journaux  scientifiques.  Les  principaux  arguments  de 
M.  Littrow  sont  empruntés  au  beau  Traité  écrit  par  Plutarque  sur  les 
taches  de  la  figure  de  la  Lune. 

»  Ce  Traité  renferme,  entre  autres,  lui  passage  qui  me  paraît  avoir  été  lu 
par  Newton  avec  plus  d'indulgence  que  par  le  savant  astronome  autrichien. 
Ce  passage  (p.  1 1  3o  du  second  volume  des  OEuvres  momies  de  Plutarque, 
édition  Didot)  peut  se  traduire  comme  il  suit  : 

'<  Le  mouvement  même  de  la  Lune,  le  tourbillonnement  produit  jwr  sa  révolution  autour 
de  la  Terre  est  ce  qui  l'cnipéche  de  tomber.  C'est  ainsi  que  le  mouvement  circulairi'  des 
objets  placés  dans  une  fronde  s'oppose  à  ce  qu'ils  reviennent  au  centre.  Car  il  est  dans 
la  nature  du  mouvement  d'entraîner  chaque  corps,  à  moins  qu'il  ne  soit  détourné  par  un 
autre.  Si  la  pesanteur  ne  fait  pas  tomber  la  Lune,  c'est  <lonc  parce  que  sa  tendance  est  détruite 
par  le  mouvement  circulaire.  Ce  qui  serait  étonnant,  ce  serait  que  la  Lune  ne  tombât  point, 
si  elle  demeurait  en  repos  cnnimc  la  Terre  et  qu'elle  fût  dépourvue  de  rotation.  » 

»  Je  doute  beaucoup  que  M.  Littrow  puisse,  en  1870,  s'exprimer 
d'une  façon  plus  nette  et  plus  précise.  » 

M.  P.  CosTE  adresse  une  Note  relative  à  l'équivalent  mécanique  de  la 
chaleur. 

M.  DE  Saint-Cricq  Casacx  adresse,  de  Chàteauneuf,  une  Note  relative 
au  maxiiuiun  de  température  du  2/4  juillet  dernier. 

«  M.  DE  Tessan,  au  nom  de  M.  A.  Cialdi,  fait  lionirnage  à  l'Académie 
d'un  exetuplaire  d'une  nouvelle  publication  de  ce  savant  Italien. 

»  Cet  ouvrage,  écrit  en  français,  porte  pour  titre  :  Les  Ports-Chenaux  et 
Port-Saïd,  et  contient,  en  160  pages,  un  résumé  coiuplet  des  faits  et  des 
principes  développés  dans  son  grand  ouvrage  :  Sul  moto  ondoso  del  mare  et 
su  le  correnti  di  esso,  ecc. 


(  377  ) 
»   On  y  trouve,  en  outre,  un  nouvel  et  cliautl  plaidover  en  faveur  de  Vap- 
plication,  à   Port-Saïd,  de   l'ingénieux   expédient  que   le  savant  auleur  a 
imaginé  pour  empêcher  les  barres  de  se  former  à  l'entrée  des  chenaux.  « 

La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

I/Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  8  août  1870,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  par  M.  J.  Decaisne,  Membre  de  l'Institut, 
109'=  liv.  Paris,  1870;  in-4°,  texte  et  planches. 

Etudes  sur  la  genèse  et  la  propagation  du  charbon;  pur  M.  C.  D.WAlNE. 
Paris,  1870;  br.  in-8°. 

Recherches  sur  les  causes  et  les  lois  des  mouvements  de  ralmosphère;  pm-  le 
P.  J.-M.  Sanna-Solaro.  Vents  rectilignes.  Paris,  1870;  in-8°. 

Recherches  générales  sur  les  surfaces  courues;  par  M.  C.-F.  Gauss,  traduites 
en  français;  suivies  de  notes  et  d'études  sur  divers  jwinls  de  la  théorie  des  sur- 
faces et  sur  certaines  classes  de  courbes;  par  M.  E.  RoGER,  a'' édition.  Gre- 
noble, 1870;  in-4°. 

Méthode  et  formule  pour  la  résolution  des  équations  du  troisième  degré  ;  par 
M.  Roger  Alexandre.  Paris,  sans  date;  in-8".- 

Essais  de  physiologie  universelle.  Théorie  des  lois  de  l'c(juiUbre ;  par  M.  II. 
Laroque.  Paris,  1870;  in-12. 

Paléontologie  française  ou  Description  des  animaux  invertébrés  fossiles  de  la 
France.  Terrain  crétacé,  iiv.  aS,  t.  VIII,  Zoophyles;  par  M.  DE  Fromentel. 
Paris,  1870;  in-8"  texte  et  planches. 

Annales  de  la  Société  impériale  d'Agriculture,  Industrie,  Sciences^  Arts  et 
Relies- Lettres  du  département  de  In  Loire,  t.  XIII,  année  i8Gt),  liv.  1  à  /j, 
janvier  à  décembre.  Saint-Étienue,  1870;  in-S". 

Noie  sur  une  caverne  à  ossements  de  l'île  de  Malte;  par  M.  A.  ISSEL.  Paris, 
1870;  opuscule  in-8".  (Extrait  des  Matériaux  pour  l'Histoire  de  l'homme.) 

c.  R.,  1870,  2«  Semestre.   (T.  LXXl,  M»  7.)  •  ^9 


(  37»  ) 

Résumé  des  reclitrclies  conrernanl  l'ancienneté  île  r homme  en  Liijurie;  par 
M.  A.  ISSEL.  Paris,  1870;  opuscule  in-8°.  (Extrait  des  Comptes  rendus  du 
Comjrès  d'anltiropologie  et  d'archéologie préliisloriqiie.) 

Questions  mises  nu  concours  j)ar  la  Société  des  yJrts  et  Sciences,  élnhlie  à 
Ulrecht  [Pays-Bas),  1870.  Sans  lieu  ni  dali>;  opuscule  in-8'\ 

Animal...  Rapport  annuel  du  Commissaire  pour  les  brevets  d'' invention, 
année  18(37,  '•  I  ^  i^'-  Washington,   i8()8;  4  ^o'-  iii-8"  reliés. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  16  août  1870,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum  ;  par  M.  J.  Decaisne,  Membre  de  l'Institut, 
liv.  I  10.  Paris,  1870;  in-4°,  texte  et  planches. 

OEuvres  de  La/jrange^  publiées  ]>fir  les  soins  de  M.  J.-A.  Serret,  sous  les 
auspices  de  S.  Exe.  le  Ministre  de  i Instruction  publique,  t,  Y.  Paris,  1870; 
in-4°.  (Présenté  par  M.  Serret.) 

Le  Soleil;  par  le  P.  A.  Secchi.  Paris,  1870;  in-8'\  (Présenté  par  l'aiiteur.) 

Maladie  de  la  vigne.  Le  Phylloxéra.  I/istructions  prntiipics  adressées  par 
MM.  J.-E.  PLAiNcriON  elJ.  Lichtenstein.  Montpellier,  1S70;  hr.  in-8". 

La  phlhiriose  ou  pédiculaire  de  la  vigne  chez  les  anciens,  et  les  coche- 
nilles de  la  vigne  chez  les  modernes;  par  M.  J.-E.  Planchon,  Paris,  1870; 
hr.  in-8°. 

Maladie  de  la  vigne.  Conseils  pratiques  contre  le  Phylloxéra  ;  par  MM.  J.-E. 
Planchoîn  ef  J.  Lichtenstein.  Montpellier,  1870;  l)r.  in-8". 

Essais  préliminaires  sur  la  destruction  du  Phylloxéra;  par  j\L  J.-E.  Plan- 
chon. Montpellier,  1870;  hr.  in- 12°. 

Mémoire  sur  l'insalubrité  des  poêles  enfante;  par  M.  Carret.  Chamhéry, 
18G9;  in-8°. 

Du  chauffage  des  magnaneries  comme  cause  et  comme  remède  de  la  maladie 
des  vers  à  soie;  parM.  Carret.  Clunubéry,  1870;  in-8". 

(Ces  deux  derniers  ouvrages  sont  adressés  par  l'auteur  à  la  Coin  mission 
des  Arts  insalubres.) 

Les  ports-chenaux  et  Porl-Said;  par  M.  A.  ClAl.DI.  lîomo,  1870;  iii-8". 
(Présenté  par  M.  deTossan.) 


(  379  ) 
Du  calcul  des  machines  à  vapeur  clans  le  cas  de  la  détente;  par  M.  L.-M.-P. 
COSTE.  Paris  et  Montpellier,  i87o;in-i8. 

Rapport  sur  i ostréiculture  à  Arcaclion  et  à  Hayling  en  1869;  par  M.  J.-L. 
SOUBEYRAN.  Paris,  sans  date;  opnscule  in-8°. 

Rapport  sur  l'acclimatation  du  saumon  en  Tasmaniej  par  M.  J.-L.  Sou- 
BEYRAN.  Paris,  sans  date;  opuscule  in-8°. 

Rapport  sur  l'exposition  des  produits  de  pêche  de  la  Haye  en  1867;  par 
M.  J.-L.  SouBEYRAN.  Paris,  1870;  in-8°. 

La  pêche  du  hareng  ;  par  M.  J.-L.  SouBEYRAN.  Angers,  sans  date; 
br,  in-8°. 

Alimentation  des  armées  en  campagne:  viande  de  cheval;  par  M.  Degroix, 
vétérinaire  en  premier  à  la  Garde  de  Paris.   Paris,  1870;  opuscule  in-8''. 

Délia...  De  la  variabilité  des  espèces  :  Note  sur  la  théorie  de  Darwin;  par 
M.  A.  IsSEL.  Gènes,  i865;  br.  in-8°. 

Délia...  De  la  faune  malacologique  de  la  mer  Rouge;  parM.  A.  ISSEL.  Flo- 
rence, 1870;  br.  in-8''. 

Dei...  Des  tnollusques  terrestres  et  d'eau  douce  recueillis  dans  r archipel  de 
Malte;  Note  par  M.  A.  Issel.  Pise,  1868;  br.  in-8°. 

Intorno...  Note  sur  le  Chiton  de  la  mer  de  Gènes;  par  M.  A.  IssEL.  Sans 
lieu  ni  date;  opuscule  in-8°. 

Ostriche...  Huîtres  de  la  porte  de  Gênes;  par  M.  A.  ISSEL.  Turin,  1868; 
br.  in-80. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  22  AOUT  1870, 
PRÉSIDÉE  PAU  M.  DELAUNAY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE   L'ACADÉMIE. 

MiiTROLOGiE.  —  Note  sur  la  première  session  de  In  Commission  inlernalionale 
du  mèlre,  tenue  à  Paris  du  8  n»  i3  août  1870;  par  M.  i-e  cÉxÉnAi,  Moiii\. 

«  L'Académie  sait  que  le  Gouvernement  de  l'Empereur  a  proposé,  en 
i86q,  aux  divers  États  étrangers  avec  lesquels  il  était  en  relations,  la  for- 
mation d'une  Commission  internationale  chargée  de  l'exécution  d'un 
mètre,  aussi  cxaclement  que  possible  égal  à  celui  des  Archives  de  l'Empire. 

»  L'époque  de  la  réunion  ayant  été  fixée  antérieurement  aux  événe- 
ments actuels,  et  une  partie  des  savants  désignés  étant  déjà  arrivés  on  en 
route  pour  se  rendre  à  Paris,  il  n'était  pas  possible  de  différer  celle  jire- 
mière  session,  et  elle  a  eu  effectivement  lieu  au  jour  indiqué. 

))  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce  ayant  désiré  con- 
naître l'ensemble  des  travaux  de  cette  session  préparatoire,  je  lui  ai  adressé 
le  Rapport  sommaire  suivant,  qu'avec  son  autorisation,  et  d'accord  avec 
M.  Mathieu,  Président  de  la  Commission,  il  me  parait  intéressant  de  faire 
connaître  à  l'Académie  : 

«  La  Commission  a  clos,  le  samedi  1 3  août,  cette  première  session  oiivcric  le  8  de  ce  mois, 
et,  après  avoir  arrêté   le  programme  des  principales  questions  qu'il  convient  de  meure  à 
C.  K.,  1S70,  2<=  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  8.)  30 


(  382  ) 

l'i-tude,  elle  s'est  ajournée,  sans  date  déterminée,  à  une  épo(|ne  assez,  ralnic  pour  pernieltio 
à  tniis  les  pays  intéressés  d'y  envoyer  leurs  délégués. 

»  Sur  vini;t-tinq  États  étrangers  qui  avaient  accepté  l'invitalion  de  la  France,  vingt  étaient 
représentés;  ce  sont  : 

»  L'Aulriclu'-Hongrie,  le  Chili,  la  Colombie,  l'Kspagne,  les  Étals  Romains,  les  Élats-tnis 
de  l'Amérique  du  Nord,  la  Répuliliipie  de  l'Equateur,  la  Grande-Uretagne,  la  Grèce,  l'Italie, 
le  Nicaragua,  le  Pérou,  le  Portugal,  la  Russie,  San-Salvador,  la  Norvège,  la  Suède,  la  Suisse, 
la  Turquie. 

11  Les  hommes  distingués  dont  la  Bavière,  la  Confédération  de  l'Allemagne  du  Nord  et  le 
Wurtemberg  nous  avaient  fait  espérer  le  l'onconrs,  n'ont  pu  se  rendre  à  voire  appel;  leur 
absence  nous  a  paru  très-regrettable,  et  nous  aurions  vivement  désiré  les  voir  participer  à 
nos  travaux. 

11  .Te  joins  à  ce  Rapport  l'état  détaillé  de  la  composition  de  la  Commission. 

Il  Le  nombre  des  États  rcpréscnlés  et  la  haute  conipélence  des  Coujmissaires  présents  ont 
donné  ù  cette  iireniièrc  session  une  grande  importance  ])Our  les  travaux  fulurs  de  la  Com- 
mission internationale,  dont  le  premier  soin  a  été  de  constituer  son  Rureau,  que,  d'un 
accord  unanime,  elle  a  composé  ainsi  qu'il  suit  : 

Président:  M.  Mathieu,  de  l'Inslilut  de  France. 

/  M.  Strove,  de  l'Académie  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg; 
l  M.  JIiLLER,  de  la  Société  Royale  de  Londres; 

M.  Hekrt,  Secrétaire  de  l'Institut  smithsonien; 

JL  HhRR,  Professeur  de  Géodésie  et  d'Astronomie  à  l'École  Polytech- 
nique de  Vienne; 

M.  le  général  Morin,  de  l'Institut  de  France. 

M.  Tresca,  Sous-Directeur  du  Conservatoire  dos  Arts  et  Métiers; 

M.  MiRscH,   Directeur  de  l'Observatoire  de  Neufchàtel. 


Fice-  Présidents  : 


Secrétaires  : 


»  Le  mode  de  votation  a  été,  de  l'avis  de  MM.  les  Commiss.iiies  étrangers,  n-glé  sur  le 
pied  de  l'égalité  pour  tous  les  Membres  présents,  comme  le  plus  simple  et  le  plus  pratique, 
mais  seulement  en  ce  qui  concerne  les  travaux  ])réparatoires. 

1)  Après  avoir  |)ris  une  connaissance  sommaire  des  éludes  préparatoires  de  la  Commission 
française,  la  réunion,  dans  une  discussion  générale  des  questions  ([u'il  lui  paraissait  impor- 
tant de  traiter  et  en  admettant  que  celle  de  l'exécution  d'un  mètre  international  devait 
avoir  la  priorité,  a  exprimé  le  vœu  que  son  jirogranuuc  fût  étendu  aux  autres  éléments 
du  système  métrique  et  en  particulier  à  l'uniié  de  poids. 

»  Votre  prédécesseur,  par  l'organe  de  M.  le  Directeur  du  commerce  intérieur  et  de  l'in- 
dustrie, qu'il  avait  chargé  de  le  représenter,, a  fait  connaître  à  la  Commission  qu'il  adhérait 
ù  ce  vœu,  pour  tout  ce  (jui  se  rapporterait  au  système  métrique  en  lui-même.  Cette  Com- 
munication, (jui  a  été  reçue  avec  une  grande  satisfaction,  a  conduit  la  Commission  à  établir 
les  programmes  de  deux  ordres  tie  (piestions  principales,  dont  elle  ])ropose  l'étude  à  tous 
ses  Membres. 

■>  Les  premières  relatives  au  mètre  lui-même.  Les  .secondes  conceinant  le  kilogramme. 

)i  La  Commission  s'est  aussi  occupée  des  mesures  de  conservation  à  prendre,  quant  aux 
étalons  internationaux. 


(  383  ) 

«  Toutes  ces  études  proposées  et  demandées  aux  Membres  de  la  Commission  interna- 
tionale, et  dont  les  résultats  doivent  servir  de  base  à  ses  résolutions  ultérieures,  sont  de 
nature  à  être  |)oursuivies  séparément  par  chacun  de  ses  Jlenibres,  dans  l'intervalle  des 
réunions. 

»  Mais  la  Commission  a  pensé  qu'il  serait  utile  d'en  faire  une  obligation  dincte  à  un 
Comité  des  travaux  préparatoires  qui  sciait  composé  d'un  certain  nombre  de  Comiiiissaircs 
étrangers  et  de  tous  les  Membres  de  la  Commission  française. 

»  M.  Airy,  assisté  de  M.  Chisholni,  M.  le  général  baron  Wrède,  et  MM.Wild,  Hirsch, 
Ibanez,  Steiubeil,  Fœrster,  Lang  et  Hilgard,  ont  été  désignés  pour  faire  partie  de  ce  Comiié. 

»  Il  a  d'ailleurs  été  expressément  entendu  que  tous  les  Slenibres  de  la  Commission  inter- 
nationale pourraient  de  droit  partici|  er  à  ces  études  et  qu'ils  jjrendraient  part  aux  travaux 
du  Comité  toutes  les  fois  qu'ils  se  trouveiaient  à  Paris. 

»  Pour  tenir,  en  outre,  tous  les  Membres  au  courant  des  travaux  déjà  faits  ou  à  faire, 
il  a  été  décidé  que,  non-seulement  les  procès-verbaux  détaillés  des  séances  antérieures  de  la 
Commission  française,  mais  encore  ceux  des  séances  de  la  première  réunion  de  la  Commis- 
sion internationale,  ceux  des  séances  ultérieures  du  Comité  et  même  les  documents  adressés 
par  des  Membres  de  la  Commission  seraient  imprimés  in  e.rtenso  et  envoyés  à  chacun  d'eux. 

■>  Tel  est.  Monsieur  le  Ministre,  l'ensemble  des  résultats  généraux  de  cette  première  réunion, 
essentiellement  prépaiatoire,  pour  les  travaux  d'une  Commission  inlernalion:de  à  huiuelle 
tant  de  Gouvernements  différents,  au  nombre  desquels  se  trouvent  cette  fois  ceux  des  divers 
Etats  de  l'Amérique,  ont  accepté  tle  participer,  par  l'envoi  de  Commissaires  choisis  parmi 
les  illustrations  de  la  science.  Tenue  au  milieu  des  graves  préoccupations  que  suscite  la  lulte 
gigantesque  qui  émeut  le  monde  entier,  cette  réunion,  par  le  calme  qui  y  a  régné,  par  la 
libéralité,  par  la  bienveillance  réciproque,  par  le  remarquable  esprit  de  concorde  et  de  con- 
ciliation qui  ont  présidé  à  ses  discussions,  ainsi  que  par  l'étendue  et  la  profondeur  des 
vues  et  des  connaissances  scientiliques  qui  y  ont  été  exposées,  nous  a  offert  le  spectacle 
consolant  d'une  assemblée  d'hommes  éminents,  étrangers  les  uns  aux  autres  par  la  natio- 
nalité, mais  liés  par  un  commun  amour  de  la  science  et  de  la  civilisation.  « 

MEMOIRES  PRÉSEIVTÉS. 

M.  H.  Meyer  adresse,  de  Charleston,  iiiie  siiile  à  ses  recherches  rela- 
tives aux  questions  d'analyse  indéterminée. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

M.  Del.iurieu  adresse  une  Noie  relative  à  un  procédé  particulier  pour 
lancer  les  projectiles  de  guerre. 

(Commissaires:  MM.  Morin,  Piobert,  Vaillant.) 


M.  GiKAKu  adresse  une  Note  relative  à  une  disposition  destinée  à  per- 
rver  à  de  grandes  distances. 

(Commissaires:  MM.  Morin,  Piobert, Vaillant.) 

5o.. 


mettre  d'observer  à  de  grandes  distances 


(  384  ) 
M.  TosTiviNT  adresse,  c!e  Tréiiuison,  une  nouvelle  Note  relative  à  foii 
procédé  pour  élever  les  perdrix  en  domesticité. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

MM.  PiciioT  et  Malapert  adressent  à  l'Académie  mi  spécimen  de  leurs 
«  sachets  de  charpie  carbonifères  »  modifiés  de  manière  à  les  rendre  à  la 
fois  antiseptiques  et  hémostatiques. 

(Renvoi  a  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

CORRESPOND  AI\  CE. 

M.  J.  BorssiNESQ  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi 

les  candidats  à  la  place  laissée  vacante,  dans  la  Section  de  Géométrie,  par  le 

décès  de  M.  Lamé. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

MlîCAINIQUE  CÉLESTE.  —  Sur  les  iiivgalilés  de  Ici  Lune  duesà  l'action  des  planètes. 
Extrait  d'une  i.ettre  de  M.  S.  ]\e\vc».mb  à  M.  Delaunay. 

«  Washington,  38  juillet  iS'-o. 

»  Chargé,  en  vertu  des  fonctions  que  je  remplis  à  l'Observatoire  naval, 
de  revoir  la  Tliéorie  et  les  Tables  de  la  Lune,  je  me  suis  occupé  tout  d'abord 
des  inégalités  à  longue  période  qui  peuvent  être  produites  par  l'action  des 
planètes.  J'ai  établi,  pour  les  calculer,  une  méthode  dont  l'idée  m'a  été 
suggérée  par  l'étude  de  votre  Théorie  de  la  Lune.  Je  suis  arrivé  ainsi  à  lui 
résultat  inallendn,  que  je  vous  demande  la  permission  de  vous  comn)ii- 
niquer. 

»  Dans  ma  métliode,  aucune  distinction  n'est  faite  entre  les  inégalités 
produites  par  l'action  directe  de  la  planète  et  celles  qui  sont  réfléchies  par 
l'intervention  de  la  Terre.  Mais,  en  retranchant  de  mes  expressions,  pour 
les  variations  différentielles  des  éléments,  certaines  expressions  qui  sont  à 
peu  près  identiques  avec  les  variations  produites  par  l'aclion  directe  de  la 
planète,  et  en  considérant  les  restes  de  ces  soustractions  comme  re|)résen- 
tant  les  actions  réfléchies  «  par  l'intermédiaire  de  la  Terre  »,  il  me  semble 
que  ces  dernières  peuvent  être  obtenues  de  la  manièie  suivante  : 

»  i"  Dans  votre  Théorie  de  la  Lune  (t.  II,  p.  8o3  à  924)  vous  donnez  les 
expressions  de  V,  U,  P  eu  fonction  de  a,  r,  y,  rt',  e',  /,  g,  h,  /',  g',  h'.  Diffé- 


-'Je', 


(  385  ) 
reniions  ces  expressions  de  manière  à  obtenir 

da  de  dg      °  ah' 

et  (le  même  pour  oU  et  c?P. 

).  2."  Dans  le  tome  II  (p.  235  et  236),  vous  donnez  les  expressions  de 
L,  G,  Il  en  fonclion  de  a,  e,  7,  a',  e' .  De  là,  nous  pouvons  tirer  les  équations 
huivanles : 

O   =  -7-  (?rt   +   —-  tf(?  +    -;-    07  +  ;^  0«     4-   -r7  fJ* 
dn  de  c/y       '         a  a  de 

dG  ,  dO  ^  dG  ^  dQ  ^    .        dG  ^  , 

t/a  f/f  (^7      '         da'  de 

dH  ^  da   .  dE  ^  "^H  .    ,        '^H  .   , 

rfrt  de  d'/       '  da'  de 

«  3"  Dans  ces  expressions,  regardons  on!  et  ô*e'  comme  les  variations  de 
rt'  et  e'  produites  par  l'action  des  planètes;  alors,  des  trois  équations  linéaires 
ainsi  formées,  nous  tireron;^  âa,  âe  et  07.  Nous  pourrons  remai'quer  que  les 

valeurs  nnmériqnes  de  '—-,  — -,  •  •  •  ?  peuvent  être  employées. 

'  da       r/e  '  r      J 

»  /i"  Dans  les  valeurs  de  '—■>  '-^■>  '-4  (p.  237  et  238),  remplaçons  a,  e, 

*  dt     dt      lit    ^^  '  -  '  1        » 

7,  a\  e\  par  a  +  an,  e  -+-  âe, . .  .  ,  e'  -h  èe\  et  nous  obtiendrons  ainsi 

d  .5 1        d  .rjg        d  .'1  h 


dt  dt  dt    ' 

d'où,  en  intégrant,  nous  tirerons 

(?/,       0^',       c?//; 

nous  prendrons  pour  cl*/',  c?i;',  0//  les  valeurs  produites  par  les  pertiul)a- 
tioi'.s  (les  planètes. 

»  5"  Substituant  les  valeurs  de  ùa^  âr,. .  . ,  d'il'  ainsi  obtenues  dans  les 
expressions  de  â\,  c?U,  âP,  nous  aurons  les  perturbations  [iroduites  par 
les  planètes,  réfléchies  par  l'intermédiaire  delà  Terre. 

»  Les  seuls  termes  négligés  dans  cette  théorie  contiennent  en  facteur  le 
produit  de  la  masse  de  ia  lAine  par  la  force  perturbatrice  du  Soleil  ;  ils  sont 
probablement  très-petits. 

»  Je  suis  arrivé  à  ce  résultat  seulement  à  la  iin  d'une  analyse  trop  longue 
poiu'ètre  indiquée  dans  une  lettre. 

»   A  l'aide  de  ces  formules,  j'ai  f  lit  un  calctd  approché  des  termes  dépen- 


(  386  ) 
danl  (le  8V—  i3E,  et  j'ai  retrouvé  en  gros  [subslanlially]  votre  résultat  de 
o",  27.  Les  deux  premiers  ternies  de  raccélération  séculaire  ont  aussi  été 
exacleinent  re|iroduits.    » 

ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  un  pliénomène  de  choc  en  retour,  observé  à  Porlo-Alegre 
[Brésil).  Noie  de  M.  Laranja  e  Oliveira,  transmise  par  M.  Meurand. 

«  Un  fait  extrêmement  curieux  de  choc  en  retour,  le  premier  de  ce 
genre  au  Brésil,  vient  de  se  produire  sur  un  de  mes  domestiques. 

»  Le  9  juin,  à  1  heures  du  matin,  il  rentrait  à  la  maison;  l'atmosphère 
était  chargée  d'électricité,  les  éclairs  se  succédaient  avec  rapidité,  et  le 
tonnerre  grondait  au  loin;  ti  peu  de  distance  du  sol  planait  un  éj.ais  nuage, 
d'où  tombaient  de  larges  gouttes  de  pluie;  une  légère  brise  souiflait  du 
sud. 

»  A  100  mètres  à  peu  près  de  ma  maison,  aux  environs  de  la  ville,  au 
moment  où  un  éclair  sans  tonnerre  paraissait  au-dessus  de  sa  lète,  il  sentit 
une  forte  commotion  ;  une  démangeaison  aiguë,  comme  celle  d'une  épingle 
plantée  dans  les  chairs,  commença  à  la  plante  des  pieds,  s'empara  des 
jambes  et  de  tout  le  corps;  un  tremblement  et  un  abattement  général  le 
retinrent  sur  place;  ses  cheveux  se  hérissèrent  au  point  qu'il  fut  obligé  de 
retenir  son  chapeau,  afin  qu'il  ne  tombât  pas.  Il  vit  pendant  ce  temps-là 
s'élever  du  sol,  à  2  mètres  environ  de  lui,  une  fumée  blanche  à  la  base 
(selon  ses  propres  expressions),  accompagnée  de  petits  éclairs  consécutifs; 
le  tout  n'avait  duré  qu'un  instant. 

»  Dès  qu'il  put  se  mouvoir,  il  franchit  la  dislance  qiii  le  séparait  de  ma 
demeure,  où  il  arriva  encore  atterré  du  pliénomène  doni  il  venait  d'être 
involontairement  le  spectateur,  et  qu'en  homme  simple  il  attribua  aux 
âmes  de  l'autre  monde. 

»  Un»'  clef  de  porte  qu'il  avait  dans  la  poche  de  son  pantalon  attirait, 
encore  deux  jours  après,  une  aiguille  suspendue  à  lui  fil.  » 

MÉTÉOROLOGli;.  — i^olc  Sur  les  étoiles  filaitlcs  du  mois  d'aoïil  ;  par  M.  Cuapelas. 

(i  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  le  résultat  de 
nos  observations  des  étoiles  filantes  périodiques  du  mois  d'août  18^0. 

»  Je  dois,  avant  loul,  signaler  cette  année  comme  vraiment  exceptionnelle 
i)ar  la  rareté  des  étoiles  filantes  en  général;  depuis  longtemps,  je  pense, 
un  fait  semblable  ne  s'était  pas  jiroduit. 

u   dette  pénurie  de  météores,  jointe  aux  temps  souvent  couverts,  nous  a 


(  387  ) 
naturellement  empêchés  de  suivre,  ainsi  que  nous  le  faisons  chaque  aimée, 
la  montée  du  phénomène  d'août,  qui  commence  toujours  à  s'accentuer  dès 
les  premiers  jours  de  juillet. 

»  Quant  à  la  constatation  du  maximum,  elle  a  présenté  celle  fois  une 
très-grande  difficulté,  non-seulement  par  l'état  du  ciel  presque  constam- 
ment couvert,  mais  encore  par  la  présence  de  la  Lune  dans  son  plein  à  celte 
époque. 

»  Néanmoins,  ne  voulant  pas  laisser  exister  de  lacune  dans  les  obser- 
vations de  ce  genre,  nous  donnons  aujourd'hui  à  l'Académie  les  résultats 
qu'il  nous  a  été  possible  de  recueillir,  et  cela  avec  le  plus  grand  soin. 

»  Pendant  la  nuit  du  lo,  qui  nous  a  donné  une  heure  et  demie  de  bonne 
observation,  par  un  ciel  moyen  estimé  à  0,6,  nous  avons  pu  observer 
quarante-six  étoiles  filantes,  parmi  lesquelles  figurent  deux  bolides  de  troi- 
sième grandeur. 

»  La  direction  moyenne  des  étoiles  fihuites  était,  comme  toujours  (et 
surtout  à  celte  heure,  io''i5'°à  1 1''45'"),  du  nord-est  au  nord-nord-est.  Quant 
au  point  de  radiation,  vu  le  petit  nombre  de  météores,  il  eût  été  difficile 
de  le  préciser.  Les  constellations  qui  ont  le  plus  fourni  sont  cependant  : 
Persée,  Cassiopée,  la  Girafe  et  l'Aigle. 

»  Opérant  comme  nous  le  faisons  loujours,  afin  de  pouvoir  établir  des 
points  de  comparaison,  c'est-à-dire  ramenant  à  minuit,  par  un  ciel  serein, 
le  nombre  des  étoiles  observées,  et  faisant  subir  à  ce  résultat  la  correction 
nécessaire  pour  faire  disparaître  l'influence  de  la  Lune,  nous  avons  obtenu 
pour  nombre  horaire,  moyen,  à  minuit,  cinquante-six  étoiles  filantes,  ce  qui 
donne  sur  l'année  dernière  une  petite  augmentation  de  trois  étoiles. 

»   Le  phénomène,  en  réalité,  est  donc  encore  à  l'état  stationnaire. 

»  A  I  hein-e  du  malin,  le  ciel  s'étant  complètement  couvert,  nous  n'avons 
pu  indiquer  l'heure  exacte  du  maximum.  Mais  ce  que  nous  pouvons  dire 
en  terminant,  c'est  que,  pendant  l'observation  possible,  le  phénomène 
marchait  à  raison  de  0,6  d'étoile  filante  par  minute.  » 

«  M.  d'Avezac  présente  à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur  don  Salvador 
Clavijo,  général  du  génie  de  l'armée  espagnole,  résidant  aux  Canaries,  un 
petit  volume  récemment  publié  à  Sainte-Croix  de  Ténérife,  sous  le  titre  de 
Rejlexioiies  sobre  el  sistema  planelnrio. 

»  Le  sujet  principal  des  méditations  de  l'auteur,  c'est  le  mouvement  de 
rotation  des  corps  célestes  compris  dans  notre  système  planétaire;  mouve- 
ment qui,  pour  les  satellites  et  pour  les  comètes,  est  synchronique  avec  le 


(  388  ) 

mouvement  de  translation.  Il  ne  peut  concevoir  que  ce  mouvement  soit  si 
complètement  étranger  aux  conditions  d'iiarmonie  générale,  qu'il  pût  être 
accidentellement  accéléré,  ralenti,  ou  supprimé,  sans  quil  en  résultât  au- 
cune pertuihation  dans  le  système  :  telle  serait  bien  pointant  la  consé- 
quence rigoureuse  de  la  loi  nevvtonienne  de  1  attraction,  puisqu'elle  ne  tient 
compte,  en  réalité,  que  des  masses  et  des  distances  ;  mais  cette  loi  unique 
n'est  pas  irréfragablement  considérée  comme  suffisante  pour  l'explication 
de  tous  les  phénomènes,  et  l'on  a  tenté,  pour  certains  cas  spéciaux  (à  pro- 
pos des  comètes  par  exemple),  de  faire  intervenir  subsidiairement,  dans  le 
vide  théorique  Hos  espaces  planétaires,  tantôt  un  éther  résistant,  tantôt  une 
force  répulsive  rayonnante,  ou  bien  encore  une  polarité  ou  magnétisme 
cosmique,  quelque  chose  enfin  qu'il  reste  à  découvrir.  Il  y  a  là,  suivant 
l'expression  imagée  du  savant  espagnol,  une  sorte  de  protestation  de  la  dé- 
mocratie céleste  contre  le  principe  d'autorité  absolue  de  la  loi  d'attraction; 
et  il  en  tire  argument  pour  demander  que  ses  vues  concernant  le  mouve- 
ment rotatoire  ne  soient  point  écartées  préjudiciellement,  par  le  seul  motif 
qu'elles  ne  seraient  pas  circonscrites  dans  les  conséquences  immédiates  de 
cette  imique  loi. 

»  En  sonuiie,  l'auteur  n'a  eu  d'autre  prétention  que  de  cherchera  résu- 
mer, dans  une  formule  empirique,  à  la  manière  de  l'échelle  des  distances 
planétaires  de  Bodc,  l'hypothèse  d'une  relation  qui  lui  semble  devoir  exis- 
ter, entre  les  rotations  respectives  des  planètes  et  de  leurs  satellites,  et,  par 
une  extension  ultérieure  de  sa  pensée,  entre  les  rotations  des  diverses  pla- 
nètes nuiluellement  comparées,  et  même  enfin,  entre  chacune  de  celles-ci 
et  celle  du  Soleil.  Il  n'est  point  arrivé  à  une  expression  que  les  vérifications 
numériques  aient  confirmée  d'une  manière  générale;  mais  il  a  rencontré 
néanmoins,  dans  l'application  de  celle  qu'il  a  essayée,  certaines  coïnci- 
dences notables  et  quelques  tendances  d'approximation,  par  lesquelles  il 
se  croit  autorisé  à  concitue  qu'il  y  a  tout  au  moins  des  indices  plausibles 
de  l'existence  effective  d'une  relation  susceptible  d'être  fornuilee,  les  résul- 
tats obtenus,  tout  insuffisants  qu'ils  soient,  ne  pouvant  être  considérés 
comme  de  [iurs  caprices  du  hasarda 

»  M.  d'Avezac  dé|)ose  sur  le  bureau,  en  même  temps  que  le  volume,  la 
traduction  d'une  lettre  espagnole  explicative,  dont  ce  petit  ouvrage  était 
accompagné.  >> 

La  séance  est  levée  à  3  lieures  trois  quarts.  E.  D.  B. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  29  AOUT  1870. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOUVILLE. 


MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

HYDRODYNAMIQUE.  —  Essai  théorique  sur  les  lois  trouvées  expérimentalement 
par  M.  Biizin  pour  l'écoulement  uniforme  de  Veau  dans  les  canaux  décou- 
verts. Noie  fie  M.  J.  Roussinesq,  présentée  par  M.  de  Saint-Venant. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

(c  M.  Em.  Mathieu,  en  i863  {Comptes  rendus,  t.  LVII,  p.  Sao),  et  moi- 
même,  en  1867  [Comptes  vendus,  t.  LXV,  p.  46),  nous  avons  montré  que  les 
formules  données  par  Navier  pour  représenter  les  mouvemenls  des  fluides, 
en  tenant  compte  de  leurs  frottements  intérieurs,  sont  exactes  lorsque  les 
vitesses  varient  avec  continuité  d'un  point  aux  points  voisins.  Il  suffit,  en 
effet,  d'admettre  que  dans  ce  cas  la  vitesse  est  nulle  contre  les  parois 
mouillées,  hypothèse  dont  j'établis  à  l'article  cité,  par  un  raisonnement 
simple,  l'extrême  vraisemblance,  pour  que  ces  formules  conduisent  aux  lois 
expérimentales  si  précises  de  M.  Poiseuille  sur  l'écoulement  des  liquides 
dans  les  tubes  capillaires,  et  aussi,  comme  je  le  montre  au  §  X  d'un  Mé- 
moire sur  l'influence  des  frottements  dans  les  mouvements  réguliers  des  fluides 
[Journal  de  Matliématicpies,  t.  XIII,  1868),  à  celles  de  M.  Graham  relatives 
à  la  transpiration  des  gaz.  Les  mêmes  formules  rendent  également  compte 
de  deux  lois  sur  l'écoulement  permanent  de  l'eau  à  travers  les  sables,  dé- 
couvertes par  MM.  Darcy  et  Ritter  [les  Fontaines  publiques  de  la  ville  de 

c.  R.,  1870,  2»  Semestre.   (T.  LXXl,  N»   9.)  5l 


(  390) 
Dijon,  par  M.  Darcy,  p.  Sgo),  et  consistant  en  ce  que  la  dépense  par 
chaque  mètre  carré  de  base  d'une  couche  sablonneuse,  de  nature  homogène, 
esi  proportionnelle  à  la  pression  et  en  raison  inverse  de  l'épaisseur  de  la 
couche;  car,  si  l'on  assimile  une  couche  pareille  à  un  réseau  de  tubes  très- 
petits  disposés  suivant  les  trajectoires  des  diverses  molécules  liquides,  tubes 
dont  la  longueur  moyenne  sera  évidemment  proportionnelle  à  l'épaisseur 
de  la  couche,  et  dont  la  forme  et  les  dimensions  dépendront  de  sa  nature, 
ces  lois  découleront  immédiatement  des  deux  premières  de  M.  Poiseuille, 
relatives  à  la  pression  et  à  la  longueur  des  tubes,  et  qui  subsistent  (§  VIII 
du  Mémoire  cité),  la  première  dans  tous  les  cas,  et  la  seconde  toutes  les 
fois  que  ces  tubes  sont  décomposables  en  petites  parties  sensiblement  pa- 
reilles les  unes  aux  autres  et  d'ailleurs  irrégulières. 

»  Mais  je  fais  voir  au  §  IX  du  ménie  Mémoire  qu'il  n'en  est  pas  ainsi  lors- 
qu'il s'agit  de  canaux  découverts  ou  de  tuyaux  de  conduite  d'un  certain 
calibre.  Le  liquide,  n'étant  plus  alors  aussi  resserré  latéralement,  possède 
toujours  des  mouvements  oscillatoires  rapprochant  ou  éloignant  brusque- 
ment des  parois  le  fluide  qui  en  est  voisin.  L'action  tangentielle  qu'exerce 
la  paroi  sur  ce  fluide  change  donc  sans  cesse,  et,  par  ses  variations  com- 
binées avec  la  vitesse  générale  de  translation  du  même  fluide,  imprime  à  ce 
dernier  des  mouvements  rotatoires.  Ceux-ci  se  transmettant  aux  couches 
liquides  plus  intérieures,  toute  la  masse  fluide  est  bientôt  sillonnée  de 
tourbillons  dont  la  matière  glisse,  avec  une  vitesse  relative  finie,  sur  celle 
qui  l'environne.  La  moyenne  des  vitesses  observées  en  un  même  point  du- 
rant un  petit  instant  n'est  donc  plus  sensiblement  égale  à  chacune  d'elles, 
et  la  force  tangentielle  moyenne  exercée  à  travers  un  petit  élément  plan 
fixe  doit  dépendre,  non-seulement  de  la  manière  dont  varie  cette  vitesse 
moyenne  au\  points  environnants,  c'est-à-dire  des  dérivées  du  premier 
ordre  par  rapport  aux  coordonnées  .r,  r,  z  de  ses  trois  composantes  u,  t-,  w 
suivant  les  axes,  mais  encore  de  la  grandeur  et  du  nombre  des  disconti- 
nuités dont  les  vitesses  vraies  y  sont  affectées.  En  effet,  les  frottements 
produits  dans  ce  cas  étant  dus  à  des  glissements  finis  entre  couches  adja- 
centes, doivent  être  bien  plus  grands  que  si  les  vitesses  vraies  variaient 
avec  continuité  de  chaque  point  aux  points  voisins. 

»  B')rnoiis-nous  à  étudier  le  mouvement  permanent  uniforme  dans  un 
tuyau  à  section  rectangulaire  de  hauteiu'  2h  et  de  base  horizontale  indé- 
finie, ou  à  section  circulaire  de  rayon  R,  en  supposant  ce  tuyau  :  i'^  plein 
de  liquide;  2°  rempli  seulement  jusqu'à  son  milieu,  avec  une  atmosphère 
calme  au-dessus.   Nous  prendrons  :  pour  axe  des  x  d'iui  système  de  coor- 


(  391  ) 
données  rectangulaires,  et  dans  le  sens  du  mouvement,  l'axe  même  du 
tuyau  ;  pour  axe  des j,  une  horizontale;  pour  axe  des  z,  une  droite,  dirigée 
en  bas,  dont  a  désignera  l'inclinaison  sur  la  verticale,  et  nous  admettrons, 
pour  abréger,  que  la  pression  soit  la  même  à  l'entrée  et  à  la  sortie  du  tuyau. 
Les  vitesses  moyennes  seront  réduites  à  leurs  composantes  m,  et  chaque 
surface  d'égale  vitesse  se  composera,  dans  le  premier  cas,  des  deux  plans 
z^  =  const.,  ou  d'un  cylindre  de  rayon  /■  décrit  autour  de  l'axe  des  x;  dans 
le  second,  de  la  partie  de  ces  surfaces  qui  est  au-dessous  du  plan  des  xy. 
Appelons  F  l'action  taiigentielle  moyenne,  évidemment  parallèle  aux  x, 
qui  est  exercée  sur  l'unité  de  cette  surface,  p  la  densité  du  liquide.  L'égalité 
des  frottements  à  la  composante  suivant  les  x  Au  poids  du  liquide  compris 
dans  une  surface  d'égale  vitesse,  ou  entre  une  de  ces  surfaces  et  la  surface 
libre,  donnera 

(i)  soit     F  +  pg'z.sina  =  o,         soit     2F  4- pgrsina  =  o. 

F  dépend  :  i"  de  la  vitesse  Uf,  du  liquide  voisin  de  la  paroi,  car  cette  vitesse 
est  un  élément  essentiel  dans  la  production  des  tourbillons  auxquels  sont 
dus  les  frottements  considérés  :  la  force  F  s'annulant  presque  lorsque  ii^ 
s'annule,  la  manière  la  plus  simple  dont  elle  puisse  en  dépendre,  c'est  de 
lui  être  proportionnelle;  2°  des  mouvements  oscillatoires  perpendicidaires 
à  la  paroi  dont  sont  animées  les  particules  liquides  qui  s'en  trouvent  voi- 
sines :  en  effet,  ces  mouvements  constituent  l'autre  élément  varia!)le  qui 
concourt  à  la  formation  des  tourbillons;  comme  ils  sont  favorisés  par  la 
grandeur  de  la  section  et  gênés  au  contraire  par  les  parois,  le  plus  simple 
est  de  supposer  F  en  raison  directe  de  la  section  et  inverse  du  contour 

mouillé,  c'est-à-dire  proportionnel  au  rayon  moyen  h  ou-;  3°  des  varia- 
tions que  subit,  à  partir  des  parois,  en  allant  vers  l'intérieur,  l'agitation 
due  aux  mouvements  tourbillonnaires,  car  les  consitiérations  précédentes 
ne  la  définissent  qu'aux  points  voisins  des  parois;  il  est  nature!  de  supposer 
cette  agitation,  et  par  suite  F,  constante  si  les  surfaces  sur  lesquelles  elle  se 
propage  à  partir  des  parois,  et  qui  sont  parallèles  à  celles-ci,  ont  toutes  la 
même  aire,  et  variables  en  raison  inverse  de  cette  aire  si  elles  ne  sont  pas 
toutes  égales;  dans  le  cas  du  tuyau  rectangulaire  de  base  indéfinie,  elle 
sera  partout  la  même,  tandis  que,  dans  celui  du  tuyau  circulaire,  elle  vau- 
dra, à  la  distance  r  de  l'axe,  sa  valeur  à  la  paroi  multipliée  par  le  rapport 
de  R  à  r;  s'il  y  a  une  surface  libre,  nous  admettrons  qu'on  puisse  négliger 
dans  une  première  étude  les  phénomènes  spéciaux  (par  exemple  une  cer- 

5i.. 


(  392  ) 
taine  perte  de  force  vive  translatoire)  qu'y  entraîne  l'exagération  des  moii- 
vemenls   tourbillonnaires,   surtout   quand  les  vitesses  moyennes  y  sont 
petites;  4°  F  dépend  enfin  de  la  distribution  des  vitesses  moyennes  autour 

du  point  considéré,  c'est-à-dire  de  la  dérivée—  ou  — ?  qui  définit  cette 

distribution  :  en  effet,  cette  dérivée,  mestu-ant  le  glissement  moyen  du  fluide 
adjacent  à  la  face  extérieure  de  la  surface  z'' =  const.  ou  r=const.  sin- 
celui  qui  occupe  l'autre  face,  donne  son  signe  à  F,  et  il  est  naturel,  tant 
qu'elle  ne  sera  pas  trop  grande,  de  lui  supposer  F  proportionnel.  D'après 
cela,  A  désignant  un  coefficient  variable  avec  le  degré  de  poli  des  parois, 
on  aura 

(2)  SOU     F=  pgKii.h—,  soit    F=pgAuo-j^- 

Pour  z  =  A  ou  /•  =  R,  —  F  est  égal  au  frottement  exercé  sur  le  liquide  par 
l'unité  de  surface  de  la  paroi.  Ce  frottement  doit  être  supposé  proportion- 
nel :  i°  A  U01  c'est-à-dire  au  nombre  des  molécules  fluides  qui  viennent  s'y 
heurter;  2"  à  une  certaine  fonction  de  Mq  qui  représentera  l'action  tangen- 
tielle  moyenne  de  la  paroi  sur  ces  molécules,  et  qui,  s'annulant  presque 
pour  «0  très-petit,  pourra  sans  doute  être  prise  de  la  forme  Bii^,  si  cette 
vitesse  n'est  ni  trop  petite,  ni  trop  grande.  On  conçoit  qu'il  varie  en  outre 
avec  les  mouvements  oscillatoires  du  liquide,  cest-à-dire  avec  le  rayon 

moyen  h  ou  —  •    Désignons  par  B  un  coefficient  dépendant  de  ce  rayon  et 

des  rugosités  de  la  paroi,  et  il  viendra 

r3)  pour    z  =  h    ou     r=R,  —Y  =  pgBir  =  pgBul. 

))  Au  moyen  des  relations  (i),  (a),  (3),  et  en  appelant  U  la  vitesse 
moyenne,  u,  la  vitesse  sur  l'axe  des  x,  on  trouve  aisément 

u  I  vB  /        z'\      TT     /  '        v/b\  ri — ■■ — 

(4)        \  soii   -JL^  = -^ -+- "Ç^  ( i  —  Ç-\     U  =  (^  +  ,r|^  )\/^sina; 

I  TT  •     v/B  n—- —  8  v/B     /r~. 

\  «i,  —  u  =     sou    fr-- \/rt  sin  y. ,    sou    p  77— 1/ -  sin«. 

V  bA'  SbAya 

»  Ces  fornudes  ont  justement  la  forme  de  celles  que  l'expérience  a  indi- 
quées à  M.  Bazin,  et  elles  ne  diffèrent  sensiblement  de  celle  que  M.  Darcv 
a  donnée  pour  représenter  les  vitesses  dans  les  tuyaux  circulaires  pleins  de 


(  393  ) 
liquide,  qu'aux  points  voisins  de  la  paroi,  pour  lesquels  cet  habile  expéri- 
mentateur n'a  fait  aucune  observation  :  les  vitesses  qu'il  a  mesurées  ont  été 
prises  seulement  sur  l'axe  des  tuyaux,  ainsi  qu'au  tiers  et  aux  deux  tiers 
des  rayons.  A  égalité  de  rayon  moyen,  les  formules  (4)  donnent  U  un  peu 
plus  grand  quand  la  section  est  circulaire  et  offre,  par  conséquent,  le  moins 
de  parois  possibles^,  que  lorsqu'elle  est  un  rectangle  de  base  indéfinie  et 
présente,  au  contraire,  plus  de  périmètre  mouillé  que  les  autres  formes 
usitées  :  pour  toutes  celles-ci,  l'expression  de  U  sera  donc  à  peu  près  la 
moyenne  des  deux  précédentes.  On  voit,  au  contraire,  que  la  valeur  de 
H,  —  U  est  assez  variable  avec  la  forme  de  la  section.  Enfin,  dans  les  expres- 


sions de  u^  le  coefficient  de  \jh  sina  —  est  un  peu  plus  grand  que  celui  de 

\Jhs\na—'    Tous  ces   résultats  sont  d'accord   avec   les   expériences   de 
M.  Bazin.  » 

La  séance  est  levée  à  3  heures  un  quart.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  22  août  1870,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Evolution  médicale,  ou  de  rélectricité  du  sang  chez  tes  animaux  vivants.  De 
l'anestlïësie  etde  l'unité  des  forces  physiques  et  vitales;  par  M.  H.  Scoutetten. 
Metz,  1870;  br.  in-8°. 

Instruction  pour  la  production  de  la  glace  et  sa  conservation  dans  les  campe- 
ments militcdres;  par  M.  Ch.  Tellier.  Paris,  1870;  br.  in- 18. 

Annuaire  spécial  des  vétérinaires  militaires,  année  1870.  Pnris,  1870; 
br.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  d' Agriculture,  Sciences,  Belles-Leltns  cl  Arts  d'Or- 
léans, 1^  série,  t.  XIII,  11°  3,  1870,  3*  trimestre.  Orléans,  1870;  iu-8". 

Archives  néerlandaises  des  Sciences  exactes  et  naturelles  publiées  par  la  Société 
hollandaise  des  Sciences  de  Harlem,  et  rédigées  par  M.  E.-H.  vON  Baumhauer, 
t.  V,  liv.  I  à  3.  La  Haye,  1870;  3  br.  iu-8''. 


(  394  ) 

^dlcjœ  japonicœ  Musei  botanici  Lucjduno-Balnvi;  nuc/oreW.-F.-R.  StiRiNGAE. 
Harlemi,  1870;  br.  iii-Zi". 

Die...  Oiléolotjie  el  myohrjie  du  Sciiirus  viilgaris,  \j.\  parM.^\.  C.-K.  HOFF- 
MANN et  H.  Weyenbeugh.  Harlem,  1870;  in-4°. 

1870.  Lhle  des  Membres  de  la  Société  hollandaise  des  Sciences  de  Harlem. 
Sans  lieu  ni  date;  in-4". 

Programma...  Programme  de  la  Société  hollandaise  des  Sciences  de  Harlem 
pour  les  années  1869  et  18'jo.  Sans  lieu  ni  date;  2  opuscules  in-4°. 

Observations...  Observations  et  recherches  sur  l'albinisme  de  la  race  nègre; 
par  M.  J.  Jones.  Philadelphie,  1869;  br.  in-8°. 

First...  Premier  Rapport  sur  les  ressources  agricoles  de  la  Géorgie;  par 
M.  J.  Jones.  Augusta,  1860;  in-8°. 

Researches...  Recherches  sur  la  fausse  vaccination;  pur  M.  J.  JONES. 
Nashville,  i867;in-8°. 

Clinical...  Ménwires  cliniques.  Etudes  faites  à  l'hôpital  de  la  Charité  delà 
Nouvelle-Orléans  ;  par  M.  J.  Jones.  Sans  lieu  ni  date;  Ijr.  in-8°. 

Mollities...  Le  ramollissement  des  os,  etc.;  par  M.  J.  JoNES.  Philadelphie, 
1869;  br.  in-8^ 

Chemical...  Analyse  chimique  du  sel  gemme  de  la  Louisiane.  Nouvelle- 
Orléans,  1869.  (5  exemplaires.  ) 

(Ces  six  ouvrages  sont  offerts,  au  nom  de  l'auteur,  par  M.  1'.  Gervais.) 
The...   Journal  de  la  Société  royale  de  Géographie,  t.  XXXIX,    1869. 
Londres,  sans  date;  in-8°  relié. 

Proceedings...  Procès-verbaux  des  réunions  scientifiques  de  la  Société  zoolo- 
gique de  Londres,  1869,  2*  et  3^  parties,  Londres,  sans  date;  in-S", 

Transactions...  Transactions  de  la  Société  zoologique  de  Londres,  t.  \  II, 
1''*  et  1^  parties.  Londres,  1869  ;  in-4". 

The...  Journal  trimestriel  de  la  Société  géologique,  t.  XXVI,  n"  102. 
Londres,  1870;  in-8''. 

Atti...  Actes  de  la  Société  italienne  des  Sciences  naturelles,  t.  Xli,  fasci- 
cules 3  et  4-  Mdan,  1870;  2  br.  in-S". 

Sulla...  Sur  les  lois  de  la  division  en  deux  carrés  d'une  puissance  quelconque 
d'un  chiffre  quelconque  sembbdiU-menl  divisible  en  une  seule  fois;  Note  du  prof. 
^■ol,l>ICELLl.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-4".  (Extrait  iWn  Actes  de  iJcodémie 
pontificale  c/esNuovi  Lincei.) 


(  395  ) 
Nota...   Sur  la  solution  géncrale  en  intégrales  de  l'équittion 

.X-  +  y-  =  z,    X-  -h  y^  =  z'^. 

Note  du  [jrof.  VOLPiCELLi.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-4°-  (Extrait  des  ^ctes  de 
l'académie  pontificale  des  IVuovi  Lincei.) 

Le...  Les  anhydrides  et  les  oxydrides  de  la  théorie  atomique,  etc.;  par  M.  F. 
Orsoni.  Sciacca,  1870;  br.  ii!-8°. 

Reflexiones...  Réflexions  sur  le  système  planétaire;  par  M.  S.  Clavijo. 
Santa-Cruz  de  Ténériffe,  1870;  iii-8".  (Présenté  |)ar  M.  d'Avezac.) 

Das...  Le  Musée  impérial-royal  Monlanislische  et  la  Société  des  Amis  des 
Sciences  de  Vienne;  par  M.  W.  DE  Haidinger,  Vienne,  1869;  in-8". 

Natiiurkiindig...  Journal  d'histoire  naturelle  des  Indes  néerlandaises, 
t.  XXXI,  7*  série,  i"^^  partie,  liv.  i  à  3.  Batavia,  1869;  in-8". 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  29  août  1870,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  Saint-Pélersbourcj ,  t.  XIV, 
n°'  4  à  6.  Saint-Pétersbourg,  1870;  3  n°Mn-4°. 

Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg , 
7' série,  I.  XIV,  n°' 8  et  9;  t.  XV,  n°'  i  à  4.  Saint-Pétersbourg,  1869- 1870; 
6  liv.  in-4''. 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  Naturalistes  de  Moscou,  publié  sous  la 
rédactio)i  duD'  B.E!SA]\D,  année  1869,  n°'  1  à  4-  Moscou,  1869-1870;  4  bro- 
chures in-8°. 

The...  Journal  de  la  Société  chimique,  t.  VIIl,  mai,  juin,  juillet  1870. 
Londres,  1870-,  3  br.  in-S". 


PUBLICATIONS      PÉRIODIQUES      REÇUES      PAR      1,'aCADÉMIE 
PENDANT    LE    MOIS    d'aOUT     i}J70. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  juillet  1870;  in-8°. 
Armâtes  de  l' Observatoire  Météorologique  de  Bruxelles;  n"  6,  1870;  in-4". 
Annales  des  Conducteurs  des  Ponts  et  Chaussées;  juin  1870;  in-8". 
Association  Scientifique  de  France  ;  Bulletin  hebdomadaire,  n°*  184  à  187, 
1870;  in-8°. 


{ 396  ) 

Bibliothèque  universelle  el  Revue  suisse;  n°  152,1870;  in-S". 

Bulletin  de  l' Académie  impériale  de  Médecine;  3i  juillet  1870;  in-8". 

Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Belqique^  n"  4»  1^70;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lctties  cl  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  n"  7,  1870;  in-S**. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géograpine;  juin  1870;   in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France;  feuilles  3i  à  44^  1870;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  Pliilomalliique;  jaiwler  a  mars  1870;  in-8°. 

Bulletin  général  de  Thérapeutique;   i5  aoiJt  1870;  in-8°. 

Bulletin  hebdomadaire  du  Journal  de  l'Agriculture;  n°*  32  à  35, 1870;  in-8°. 

Bullettino  meleorologico  del  R.  Osservatorio  del  Collegio  Romano ;  n°  7, 
1870;  in -4". 

Correspondance  slave  ;  n^^  62  à  72,  1870;   in-4°. 

Cosmos;  n°'  des  6,  i3,  20,  27  août  18-0;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n°'  90  à  100,  1870;  in-4°. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n"*  32  à  35,  1870;  in-4°. 

Il  Nuovo  Cimento...  Journalde  Physique,  de  Chimie  etd' Histoire  naturelle; 
mai  1870;  in-8°. 

Journal  d' Agriculture  pratique;  n°'*3i  à  34,  1870;  in-8". 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  août  1870; 
in-8°. 

Journal  de  l'Agriculture;  n°^  98  et  99,  1870;  in-8''. 

Journalde  la  Société  impériale  el  centrale  d'Horticulture;  juillet  1870; 
in-8°. 

Journal  de  l'Eclairage  au  Gaz;  n°'  33  el  34,  1870;  in-4''. 

Journal  de  Médecine  de  l'Ouest;  juin  1870;  iii-8°. 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  aoîit  1870;  in-S". 

(La  suite  du  Bulletin  au  piochain  numéro.) 


ERRATA. 

(Séance  du   16  août   1870.) 

Page  3G6,  ligne  2,  au  lieu  de  Callet,  lisez  Caillet. 
Page  3G8,  ligne   l,   au  lieu  de  qu'elle,   lisez  qu'il. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  5  SEPTEMBRE  1870. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOUVILLE. 


MEMOIRES  LUS. 

ANATOMIE  VÉGÉTALE.   —   Sur  (a  zone  génératrice  des  appendices  chez 
les  végétaux  monocolylédons ;  par  M.  Cave  (seconde  Note). 

(Renvoyé,  ainsi  que  la  Note  précédente,  à  la  Section  de  Botanique.) 

«  J'ai  montré  que,  chez  les  végétaux  monocotylédons ,  les  parties  nou- 
velles des  feuilles  ou,  d'une  manière  plus  générale,  des  appendices  occu- 
pent la  face  supérieure  de  ces  organes.  11  me  reste  à  prouver  que  ces 
parties  nouvelles  de  la  feuille  sont  en  continuité  avec  les  portions  récem- 
ment formées  de  la  tige.  Sous  ce  rapport,  la  tâche  sera  facile.  On  sait, 
en  effet,  que  les  nervures  des  feuilles  sont,  chez  les  nionocotylédons,  la 
continuation  directe  des  faisceaux  de  la  tige.  Or  ces  faisceaux  s'organisent 
aux  dépens  d'autant  de  masses  de  cambium,  et  seulement  dans  les  parties 
les  plus  jeunes.  Par  conséquent,  rappeler  que  les  nervures  de  la  feuille  sont 
le  prolongement  des  faisceaux  fibro-vasculaires  de  la  lige,  c'est  dire  que  les 
parties  nouvelles  de  l'une  continuent  les  portions  jeunes  de  l'autre. 

»  La  démonstration  générale  est  donc  donnée.  Mais  je  vais,  pour  plus 
de  précision,  examiner  quelques  cas  particuliers. 

»  Un  certain  nombre  de  Monocotylédons  présentent,  ainsi  qu'on  le  sait, 
une  zone  annulaire  de  cambium  placée  comme  celle  des  Dicotylédons,  et 

C.  R.,  1870,  a»  Semenre.  (T.  LXXI,  N»  10.)  Ss 


(  39»  ) 
la  tige  s'épaissit  par  des  couches  concentriques.  Ce  mode  de  croissance 
étant  admis  pour  les  tiges,  et,  d'un  autre  côté,  le  développement  général 
de  la  feuille  étant  le  même  pour  les  deux  embranchements  de  plantes  pha- 
nérogames, les  raisonnements  que  nous  avons  invoqués  à  propos  des  végé- 
taux dicotylédons  conservent  leur  valeur. 

»  Une  différence  est  pourtant  à  noter.  Outre  cet  anneau  cambial,  les 
plantes  dont  il  est  ici  question  possèdent  des  faisceaux  disséminés  au  sein 
du  corps  central  et  se  portant  dans  les  feuilles  après  un  trajet  plus  ou 
moins  long.  Mais,  d'après  ce  que  j'ai  dit  en  commençant,  la  continuité 
même  de  ces  faisceaux  est  une  preuve  du  principe  que  nous  voulons 
établir. 

»  M.  Van  Tieghem  nous  montre  chez  l'Accrus  une  zone  génératrice  per- 
manente et  complète.  Il  signale  chez  d'autres  Aroïdées  une  pareille  couche 
enveloppant  seulement  une  moitié  de  la  tige.  Voici  dans  quels  termes  clairs 
et  précis  s'exprime  l'auteur  :  e  Ainsi,  par  cette  couche  où  aboutissent  à  la 
»  fois  les  terminaisons  inférieures  des  faisceaux  foliaires  et  les  insertions 
w  des  faisceaux  radicaux,  les  feuilles  et  les  racines  sont  en  communication 
n   dirtcle.  » 

»  M.  Naudin  a  étudié,  en  i844i  1^  développement  des  axes  et  des  appen- 
dices végétaux.  Il  a  très-spécialement  porté  son  attention  sur  les  bulbes  du 
Narcissus  jjseudo-narcissus,  qui  font  l'objet  de  dessins  très-soignés  et  très- 
démonstratifs.  Or  il  est  impossible  de  signaler  la  moindre  différence  entre 
ces  figures  et  celles  qui  se  rapportent  aux  végétaux  dicotylédons.  On  y 
trouve  la  même  position  pour  les  faisceaux  fibro-vasculaires  dans  les  feuilles 
jeunes,  le  même  éloignement  progressif  de  la  face  supérieure  à  mesure 
qu'on  examine  des  portions  plus  âgées,  et  surtout  la  même  continuité 
entre  les  faisceaux  de  la  jeune  feuille  et  ceux  de  la  tige,  c'est-à-dire  la  même 
continuité  entre  les  parties  en  voie  de  formation. 

»  Les  anatomistes  ne  sont  pas  d'accord  sur  la  manière  dont  s'opère  la 
croissance  chez  les  végétaux  qui  ne  présentent  pas  d'anneau  cambial  per- 
sistant. Mais,  ainsi  qu'on  va  le  voir,  la  solution  de  celte  question  difficile 
n'est  pas  nécessaire  pour  la  démonstration  de  notre  principe. 

«  Certaines  Aroïdées,  les  Palmiers  et  les  Graminées  vont  servir  à  nos 
explications.  Outre  les  deux  types  que  nous  avons  cités,  M.  Van  Tieghem 
fait  connaître  deux  autres  modes  de  structure  chez  les  belles  plantes  qu'il 
a  étudiées.  Dans  un  de  ces  types,  les  faisceaux  fibro-vascnlaires  primitive- 
ment simples  jouissent  de  la  propriété  de  se  multiplier.  «  Cette  multipli- 
»   cation,  dit  l'auteur,  s'opère  pendant  que  le  faisceau  s'élève  vers  le  centre 


(  399  ) 
»  pour  le  parcourir  sur  une  certaine  longueur.  Les  groupes  simples  s'en 
»   séparent  clans  leur  ordre  de  formation  et  à  des  hauteius  différentes  |)our 
»  se  rendre  aux  feuilles.  «  Donc,  ajouterons-nous,  les  foyers  d'activité  sont 
en  communication  sur  les  axes  et  les  appendices. 

»  Chez  le  quatrième  groupe  admis  par  l'auteur,  les  faisceaux  restent 
toujours  simples  et  se  portent  successivement  dans  les  feuilles. 

»  Chez  les  Palmiers,  l'activité  vitale  est  très-intense  dans  le  bourgeon 
terminal.  On  doit  même  distinguer  dans  cet  organe  une  couche  de  tissu  cel- 
lulaire doué  au  plus  haut  degré  de  la  faculté  productrice. 

»  C'est  là  que  les  nouveaux  organes  appendiculaires  prennent  naissance, 
et,  en  ce  point,  on  ne  saurait  nier  la  parfaite  continuité  des  parties  nou- 
velles tant  que  celles-ci  restent  exclusivement  cellulaires.  Mais  des  fais- 
ceaux fibro-vasculaires  naissent  dans  cette  même  couche  du  bourgeon, 
s'allongent  constamment  par  leur  extrémité  supérieure  et  se  rapprochent 
ainsi  de  la  base  des  jeunes  feuilles  avec  lesquelles  ils  se  mettent  en  commu- 
nication directe. 

»  J'ajouterai  que  mes  études  personnelles  sur  le  bourgeon  des  Graminées, 
et  particulièrement  de  VÀrundo  donax,  m'ont  montré  exactement  les 
mêmes  faits.  Un  Mémoire  développé,  dont  il  me  reste  seulement  à  coor- 
donner les  éléments,  sera  même  accompagné  de  planches. 

»  Comme  on  le  voit,  j'ai  laissé  de  côté  la  question  relative  à  l'existence 
d'une  zone  génératrice  temporaire  chez  les  Monocotylédons  qui  ne  présen- 
tent pas  un  anneau  persistant  de  cambium.  Ce  n'est  pas  que  je  méconnaisse 
l'importance  de  ce  problème  :  je  me  propose,  tout  au  contraire,  d'appliquer 
à  l'éclaircissement  de  cette  difficulté  une  méthode  qui  m'a  déjà  rendu  des 
services  dans  mes  études  sur  les  fruits.  Pour  cela,  je  soumettrai  à  la  germi- 
nation les  graines  de  quelques  Palmiers  et  de  Graminées.  Les  jeunes  plantes 
qui  se  développeront  seront  examinées  successivement  au  microscope,  et 
la  comparaison  des  résultats  obtenus  me  permettra,  sans  doute,  de  me 
former  une  conviction  personnelle. 

»  J'aurai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  les  faits  nouveaux  que 
j'aurai  pu  observer. 

»  Je  résume  dans  les  termes  suivants  les  conclusions  les  plus  générales 
qui  me  semblent  résulter  de  mes  recherches  : 

»  L  Dans  tous  les  végétaux  phanérogames,  les  parties  nouvelles  des 
appendices  sont  situées  à  la  face  interne  ou  supérieure  de  ces  organes  ; 

»  IL  Les  parties  récemment  formées  dans  les  appendices  sont  en  conti- 
nuité parfaite  avec  les  portions  nouvelles  de  la  tige. 

52.. 


(  4oo  ) 
»   Une  conséquence  philosophique  me  paraît,  dès  lors,  s'imposer  à  notre 
esprit   :   les  axes  végétaux  el  les  appendices  qui  en  émanent  forment  un 
ensemble  naturel  entre  les  deux  parties  duquel  il  esta  peu  près  impossible 
{le  tracer  une  ligue  de  démarcation  nette  et  précise.  » 

MÉMOIUES  PKÉSEINTÉS. 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Note  complémentaire  au  Mémoire  sur  les  ondes 
liquides  périodiques,  présenté  le  29  novembre  1869  et  approuvé  par  l'Aca- 
démie le  21  février  1870  (1).  —  Etablissement  de  relations  générales  et  nou- 
velles cuire  l'énergie  interne  d'un  corps  fluide  ou  solide,  et  ses  j)ressions  ou 
forces  élastiques.  Note  de  M.  Bocssi.vesq,  présentée  par  M.  de  Saint- 
Venant.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  même  Commission  que  le  Mémoire  précédent  sur  le 

même  sujet.) 

«  Je  considère  un  corps  soumis  à  des  déformations  continues  quelcon- 
ques, et  dans  lequel  j'admets,  soit  que  la  température  absolue  se  trouve 
constanuueut  nulle,  c'est-à-dire  que  les  molécules  n'exécutent  aucun  mou- 
vement vibratoire  d'amplitude  insensible,  soit  que  chacun  des  éléments  de 
volume  dans  lesquels  on  peut  le  décomposer,  chauffé  primitivement  d'une 
manière  quelconque  et  rendu  ensuite  imperméable  à  la  chaleur,  ait  sa  tem- 
pérature fonction  à  tout  instant  de  la  forme  et  des  dimensions  actuelles  de 
l'élément,  mais  indépendante  de  la  manière  spéciale  dont  cette  forme  et 
ces  dimensions  ont  précédemment  varié.  Les  forces  élastiques  et  l'énergie 
interne,  généralement  fonctions,  pour  tout  élément  de  volume,  de  sa  tem- 
pérature actuelle  et  des  changements  de  forme  et  de  dimensions  qu'il  a 
subis,  ne  dépendront  plus  que  de  ces  changements,  puisque  la  tempéra- 
ture sera  nulle  ou  en  dépendra  elle-même, 

»  J'appelle,  avec  Lamé,  N,,  N2,  N3,  T,,  Tj,  T3  les  composantes,  suivant 
trois  axes  fixes  de  coordonnées  rectangulaires,  des  forces  élastiques  exer- 
cées, à  l'époque  t,  sur  l'unité  de  surface  des  éléments  plans  menés  à  cette 
époque,  perpendiculairement  aux  trois  axes,  par  une  molécule  du  milieu 
dont  .r,  j",  z  et  u,  v,  w  désignent  les  coordonnées  j)rimilives  et  les  déplace- 
ments; avec  M.  de  Saint-Venant,  ?i,  ;^^,  ^^  les  trois  dilatations  respectives 
reçues,  à  la  même  époque  t,  par  les  trois  arêtes,  primitivement  parallèles 
aux  axes  et  menées  à   partir  de  la  molécule  (,r,  y,  z)  d'un  parallélépipède 

(l)   Cnmptrx  rendus,  t.  LXX,  p.  36o. 


(  4oi  ) 

matériel  extrêmement  petit,  et  g,..,  g,^,  g^,.  les  cosinus  des  angles  faits  à  la 
même  époque  actuelle  par  les  deux  de  ces  trois  arêtes  qui  étaient  primitive- 
ment perpendiculaires  aux  axes  des  jc,  des  j%  des  s;  enfin  $,  fonction  de 
;)„  3,., .  ..,  g;rv»  l'énergie  interne,  rapportée  à  l'unité  du  volume  qu'avait  ce 
parallélépipède  élémentaire  dans  l'état  primitif  du  milieu.  J'obtiens  pour 
les  forces  élastiques  les  expressions  générales  suivantes  : 

-  I  I       r  rf'^  /  dii\^        d'i'  du''         d<b  du''  d<i>  du  du  r/*  du  /  (lu 

^'  ~  T^r^Yd^,  y'^  dJ:)  '^  d^,d?  ~^  d^.d?'^  '^  d^,  d7  dl  ~^  '^  d^.d'zy  ~^  dr 

d<t>    I  du\  dii~] 

de,  \  dx)  dy\  ' 

I       1  rf*   dv  da'         r/*    /  dv\  div        d'\>  dv  i       ^    div\ 

,  -l_  9  1  f/D,  dx  d.r  doi  \  dy  j  dy         da,  dz  \     ~^  dz  j 

di>\  [  da'\         dvdn~\         d'h  T  du  dw         dt>  (  dœ\'\ 

dy)y^  11)  -^  dzdj\^  d^X_dz7n-'^d.y^Tz)\ 

di>  r  dvd<i'  l  dv  \  da^  ) 

dOi  Y  dx  dy  \  dy  j  d.r  J  )  ' 

I  et  des  expressions  pareilles  pour  No  et  To,  N3  et  T3; 

où  1  +  5,  valeur  actuelle  du  volume  primitivement  égal  à  i,  est  donné 
par 

/  du\   r  dv\   I  div\  dt'div  f  du\  d<v  du  (  dv\ 

'  +  ^='y-^Tx)y+dy)y-^Tz)-didçy-^ii-)-d^T.y+d^-) 

du  de  f  di\'\  du  di>  <hv  du  dv  div 

dy  dx  \  dz  J         dy  dz  dx  dz  dx  dy 


d<i> 
"da, 


di 

1  + 


et  OÙ  D|,  Do,  D3,  G|,  Go,  G3  sont  donnés  par 


?..  =    —   I  +  v'i  +  2D,  , 


W'Z 


v/iH-?.D,  v/l  +  2Ï>3 


et  ainsi  des  autres;  en  sorte  que  les  dérivées 
remplacées  par  leurs  valeurs 

/  f/*  I        rf*  I  /  rf'l'  d'\> 


d'\< 

dr,: 

-7— >•••.  ^—  doivent  être 
do,              «G, 

\ , 

rf*                        I                 rf* 

)' 

./G,  -  (i  +  .\)(i  +  :>.)'/s^.  ' 

[do, 

»   Quant  aux  six  dérivées—^,  '-7^  ■>■••■>  -7—'  elles  ont   une  signification 
géométrique  intéressante.    Déconiposons,    en   trois  forces    jiarallMes  aux 


(    402    ) 

arêtes  actuelles  de  l'élément  parallélépipède  dont  les  faces  étaient  d'abord 
perpendiculaires  aux  axes  des  coordonnées,  la  force  élastique  exercée  ac- 
tuellement sur  chacune  de  ces  faces  :  la  dérivée  -pr-i  par  exemple,  sera  égale 

à  la  projection,  sur  la  direction  actuelle  de  l'arête  qui  était  primitivement 
parallèle  aux  x,  de  la  force  élastique  totale  exercée  sur  l'unité  de  la  super- 
ficie primitive  d'une  des  deux  faces  auxquelles  aboutit  cette  arête;  la  dé- 
rivée - — »  de  $,  par  rapport  au  cosinus  de  l'angle  que  forment  les  arêtes 

primitivement  parallèles  au  plan  desj'z,  est  égale  au  moment  oblique,  rap- 
porté à  l'unité  du  volume  primitif  du  parallélépipède,  de  l'un  des  deux 
couples  formés  par  les  composantes,  suivant  ces  arêtes,  des  forces  élasti- 
ques appliquées  aux  faces  parallèles  à  la  troisième  arête;  en  d'autres 
termes,  cette  dérivée  s'obtiendra  en  multipliant  l'une  de  ces  composantes 
par  la  droite  qui  joint  le  centre  de  la  face  à  laquelle  elle  est  appliquée  au 
centre  de  la  face  opposée,  et  en  divisant  le  produit  obtenu  par  le  volume 
primitif  du  parallélépipède. 

»   Enfin,   dans  le  cas  où  les  dérivées      "'  "'  '" '  sont  assez  petites  pour 

qu'on  puisse  négliger  leurs  carrés  et  leurs  produits,  dans  les  expressions 
de  N,,  N2,.. .,  Tg,  ces  expressions,  qui  se  réduisent  à 

Tvr  /  ^  ^   \  '^'^  /du  \    if*  [du  \    d^ 

N,  =  (l-.V-^>.)^^-H(.^-g..);^^+(.^-g,,.)^^, 


rp /  _  ^  ^  ^     u-v  dw   d<ti  div  d^  dv     d'\>  dw    rf* 


dy  d'iy  dz   dii,         f/x  dg^j.         dx  d^^^ 

sont  susceptibles,  suivant  la  forme  qu'on  adopte  pour  <!>,  fonction  du  se- 
cond degré  des  t>,  g,  de  prendre  successivement  deux  formes  principales, 
dont  l'une  a  été  trouvée  par  Cauchy  au  moyen  d'un  calcul  d'actions  molé- 
culaires. Une  méthode,  basée  sur  le  calcul  des  variations,  que  M.  de  Saint- 
Venant  a  employée  dans  son  Mémoire  de  i863  Sur  la  Dislribulion  des  élas- 
ticités, etc.,  inséré  au  Journal  de  Mathématiques,  t.  VIII  [voir  la  quatrièwie 
note  après  les  formules  (10)],  et  aussi  dans  un  complément  qu'il  va  publier 
au  même  Journal  {Note  sur  une  modification,  etc.,  1870),  donne  les  mêmes 
résultats  pour  ce  cas  particulier.  » 


(  4o3  ) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Théorie  de  MarioUe  sur  les  oscillations  barométriques. 
Note  de  M.W.  de  Fonvielle.  (Extrait.) 

«  On  trouve  à  la  page  i6i  du  premier  volume  des  Œuvres  de  Mariolte, 
imprimées  à  Paris  en  i  ']l\o,  une  théorie  très-ingénieuse  pour  expliquer  com- 
ment le  baromètre  monte  avec  le  vent  du  nord  et  baisse  avec  les  vents  du 
sud-ouest  : 

a  Le  nord  et  le  nord-est  font  ordinairement  élever  le  mercure  des  baromètres,  non-seule- 
ment parce  qu'ils  rendent  l'air  plus  pesant  (i),  mais  aussi  parce  qu'e/z  soufflant  contre  la 
terre  de  haut  en  bas,  et  en  pressant  l'air  par  ce  moyen,  ils  augmentent  son  ressort,  ce  qui 
fait  élever  le  mercure.  Les  oscillations  barométriques  qui  accompagnent  le  sud  et  le  sud- 
ouest  reçoivent  une  explication  analogue. 

I)  Le  sud  et  le  sud-ouest,  qui  viennent  de  loin,  soufflent  suivant  les  tangentes  de  la  terre 
et  soulèvent  l'air  supérieur,  et  par  conséquent  diminuent  le  ressort  de  l'inférieur,  d'où  il 
arrive  que  le  baromètre  se  baisse.  » 

»  Je  crois  devoir  appeler  l'attention  sur  cette  remarque  oubliée,  qui 
introduit  dans  la  barométrie  un  élément  nouveau,  l'action  dynamique  des 
courants  d'air  interposés  entre  la  surface  de  la  terre  et  le  périmètre  de 
notre  atmosphère.   » 

M.  Zaliwski  soumet  au  jugement  de  l'Académie,  une  disposition  de  la 
pile  à  éléments  zinc-charbon,  qu'il  pense  pouvoir  donner  une  intensité 
maximum  pendant  douze  heures.  Cette  pile  fonctionnerait  sans  dégagement 
gazeux  et  pourrait  servir  à  l'éclairage  des  forts  pendant  la  nuit.  Le  zinc, 
décapé  et  mis  à  nu,  serait  entouré  d'une  solution  de  chlorhydrate  d'am- 
moniaque; le  vase  poreux  contiendrait  de  l'acide  azotique,  concentré  par 
l'acide  sulfurique. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.  ) 

M.  Zaliwski  adresse  une  Note  sur  les  propriétés  des  poudres  de  guerre 
au  chlorate  de  potasse,  dont  la  propriété  brisante  pourrait  être  atténuée  par 
un  mélange  intime  avec  l'acide  oxalique  pulvérisé. 

(Commissaires  :  MM.  Morin,  Fremy.) 

M.  OzANAM  appelle  l'attention  de  l'Académie  sur  un  nouveau  procédé  de 
pansement  des  plaies  et  blessures,  par  l'acide  carbonique  dissous  dans  l'eau. 

(i)  Sans  doute  à  cause  de  sa  contraction  par  le  froid  (W.  de  F.). 


f  4o4  ) 

Ce  procédé  auiail  l'avantage  :  i°  de  diminuer  la  douleur,  par  l'action 
anestliésique  du  gaz  carbonique;  2"  de  réduire  les  inflammationset  de  pré- 
server des  érysipèles  et  gangrènes,  eu  isolant  les  plaies  du  contact  de  l'air; 
3°  d'activer  la  cicatrisation;  4"  ''«  permettre  de  nettoyer  aisément  les  plaies 
profondes,  au  moyen  d'un  jet  liquide  produit  sous  pression,  sans  l'inter- 
veutiou  du  linge  ou  de  l'éponge,  véhicules  fréquents  de  la  contagion. 

CORRESPONDANCE . 

M.  AVatson  et  M.  Stillixc  adressent  leurs  remercîmeuts  à  l'Acadé- 
mie, pour  les  distinctions  dont  leurs  travaux  ont  été  l'objet  dans  le  dernier 
concours. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  la  deuxième  édition  d'un  ouvrage  de  M.  J.  GïVart/ intitulé  : 
a  La  chambre  noire  el  le  microscope  :  pholomicrograpliie  pratique  »,  et  donne 
lecture  des  passages  suivants  de  la  Lettre  d'envoi  : 

«  Les  héliogravures  que  contient  cet  ouvrage  ont  été  prises  direcleuient 
sur  les  négatifs.  J  ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  diverses  épreuves 
à  l'appui  ;  elles  ont  été  obtenues  d'après  les  procédés  indiqués.  Ces  épreuves 
consistent  particulièrement  eu  Diatomées  choisies  parmi  les  jjIus  subtiles  de 
celles  que  l'on  considère  comme  tests,  formant  ainsi  un  Essai  d'une  synopsis 
photomicrographique.  Ce  moyen  de  reproduction  rend,  avec  une  perfec- 
tion remarquable,  des  détails  autrement  insaisissables.  Les  grossissements 
ont  varié  entre  5oo  et  800  diamètres,  sans  que  la  netteté  fût  compromise. 
Pour  l'éclairage,  les  rayons  réfractés  et  les  rayons  incidents  n'étant  pas 
dans  le  même  plan  normal  à  la  surface  réfringente,  il  en  résulte  des  phé- 
nomènes d'interférences,  qui  sont  une  des  principales  sources  de  fausse 
interprétation.  En  outre,  la  texture  des  frustules,  jointe  à  leur  transpa- 
rence capricieuse  et  à  l'irisation  de  quelques-unes,  concourt  à  augmenter 
les  perturbations  lumineuses.  Ce  n'est  qu'en  corrigeant  la  lumière,  par  l'in- 
terposition d'une  cuve  contenant  un  liquide  monochrome  et  en  rectiliant  la 
précision  de  l'éclairage,  que  l'on  arrive  à  reproduire  correctement  les 
caractères  génériques  des  Diatomées. 

i>  Les  spécimens  d'épreuves  positives  sur  verre,  que  je  présente  égale- 
ment à  l'Académie,  sont  destinés  aux  projections  à  la  lanterne,  excellent 
instrument  pour  la  démonstration  des  sujets  microscopiques.  Une  épreuve 


(  4o5  ) 
positive  est  préférable  à  la  projection  directe  d'une  préparation,  parce  que, 
tout  en  conservant  la  forme,  on  peut  donner  une  plus  grande  amplitude, 
sans  craindre  ni  la  détérioration  provenant  de  la  chaleur  dégagée  par  l'ap- 
pareil éclaireur,  ni  l'absorption  de  la  lumière  par  le  sujet  lui-même,  généra- 
lement peu  transparent.  De  plus,  connue  la  photogra[)hiesur  verre  est  déjà 
par  elle-même  un  agrandissement,  on  a  ainsi  l'avantage  d'en  reculer  les 
limites  sans  pour  cela  perdre  en  netteté  ce  que  l'on  gagne  en  grossisse- 
ment. » 

ASTRONOMIE.  —  Découverte  d'une  nouvelle  comète  par  M.  Cloggia. 
Communication  de  M.  Delauxat. 

«  Une  nouvelle  comète  vient  d'être  découverte  à  l'Observatoire  de 
Marseille,  dans  la  nuit  du  28  au  29  août,  par  M.  Coggia.  Voici  les  |)ositions 
de  cette  comète,  observées  le  jour  et  le  lendemain  de  la  découverte  : 

Temps  moyen 

do  Marseille.  ]R  apparente.  D  apparente.  Observateurs. 

Aorit  28 1 3'- 22'" 52% 2  3''7"'4iS37  4-5°45'52",2  Coggia 

..     29 i5''57'"2is8  3''4»>53',64  -l- 6° 20' 28",  3  Stephan 

Position  moyennes,  pour  1870,0,  des  étoiles  de  comparaisons . 

JR  apparente.  U  apparente. 

Août  28 991  B. A. C,  6=1  Si'S"'  32',75  +  6°io' i5",7 

.,      29 157  H.  in  Weisse,  7"         3''io"i3s89  -4- 6°  19' 4", 4 

»  La  comète,  vue  au  télescope  (de  0^,80  de  diamètre),  a  l'apparence 
d'une  nébuleuse  ronde  assez  étendue  (2'  de  diamètre  environ),  avec  un 
noyau  caractérisé  vers  le  centre;  elle  est  assez  brillante. 

»  Celte  comète  a  été  observée  à  l'aris,  par  M.  Lœwy  ;  voici  la  position 
qu'il  a  obtenue  : 

Temps  moyen 

de  Paris.  31.  Distance  polaire. 

3  Septembre.    ...      1 1""  i2'"7%2  2''5o"'5oS67  8o''55'4o",2 


Position  moyenne,  pour  1870,0,  de  l'étoile  de  comparaison. 

Réduction                Distance  Réduction 

®.                          au  jour.                     polaire.  au  jour. 

901   Weisse 2''52'"4i%3i         -i- i%74         8o°53'ii",o  — i4"4„ 

C.  R.,  1870,  2«  Semestre.  (T.  LXXI,  N»  10.)  53 


(  4o6  ) 

MINÉRALOGIE.  —   Composition  chimique  de  la  nadorite. 
Lettre  de  M.  Flajolot  à  M.  Combes. 

«  Bône,  le  11  août  1870. 

»  J'ai  repris  l'analyse  de  la  nadorite,  et  cette  fois  j'ai  trouvé  ce  qui 
m'avait  échappé. 

»  Ce  minéral  contient  du  chlore  dans  la  proportion  de  8,85  pour  100. 
Voici,  du  reste,  les  résultats  de  ma  dernière  analyse  : 

Plomb 5i  ,60 

Antimoine 3?. ,  ?.5 

Oxygène 8,00 

Chlore 8,85 

100,70 

»  La  quantité  de  l'antimoine  a  été  calculée  en  adoptant  l'équivalent 
806,5  de  Berzélius.  Si  l'on  prenait  celui  de  M.  Dmnas,  762,5,  on  trouve- 
rait 3o,5o  seulement  d'antimoine,  et,  au  lieu  d'avoir  un  excédant  de  poids, 
on  aurait  un  déBcit  de  i,o5. 

»  Ces  résultats  d'analyse  conduisent  à  la  formule  élémentaire  : 

Sb^Pb^O^Cl, 
que  l'on  peut  écrire,  si  l'on  veut, 

Sb=*0='Cl.2PbO, 

de  telle  sorte  que  le  minéral  peut  être  considéré  comme  une  combinaison 
d'oxyde  de  plomb  et  d'oxychlornre  d'antimoine,  savoir  : 

Oxyde  de  plomb 55 ,6 

Oxychlorure  d'antimoine,  Sb'O^Cl,...  43)4 

»  Tous  les  dosages  que  j'ai  faits  de  l'oxyde  de  plomb  ont  donné  les 
mêmes  résultats,  de  même  que  ceux  de  l'oxygène  nécessaire  pour  amener 
la  substance  au  maximum  d'oxydation.  La  quantité  de  l'oxygène  8,00, 
calculée  sur  les  données  des  deux  dosages,  doit  être  très-exacte.  En  divi- 
sant le  poids  du  chlore  8,85  par  son  équivalent  443,2,  on  trouve  qui!  ne 
diffère  de  0,02  que  d'une  fraction  insensible,  de  sorte  que  le  rapport  de 
l'oxygène  à  celui  du  chlore,  en  équivalents,  est  exactement  de  4  h  i  • 

»  Ainsi  donc,  la  composition  de  la  substance  et  la  formule  sont  dans  un 
accord  parfnit  avec  les  équivalents  du  jjlonib,  du  chlore  et  de  l'oxygène,  et 
le  faible  désaccord  qu'il  y  a  avec  l'équivalent  de  l'anlimoine  ne  dépasse  pas 


(4o7  ) 
les  écarts  qui  ont  lieu  dans  les  analyses  des  composés  d'antimoine,  avec  les 
meilleures  méthodes  de  dosage. 

»  Je  crois  donc  que  la  formule  peut  être  considérée  comme  exacte. 

»  Je  ferai  remarquer  que  les  proportions  atomiques  du  plomb  et  de 
l'antimoine  sont  les  mêmes  que  dans  la  première  formule  que  j'avais  don- 
née, et  que  l'on  passe  de  la  première  à  la  dernière,  en  remplaçant  i  équi- 
valent d'oxygène  par  i  équivalent  de  chlore. 

»  La  nadorite  me  paraît  un  minéral  fort  remarquable,  et  les  échantillons 
en  sont  déjà  recherchés.  Mais  les  cristaux  inaltérés  sont  encore  rares,  et 
depuis  que  j'ai  trouvé  ceux  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  adresser,  je  n'ai 
plus  rien  rencontré.  » 

PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.   —    Essai  sur  le  venin  du  Scorpion. 
Mémoire  de  M.  Jousset,  présenté  par  M.  Claude  Bernard. 

«  Le  Scorpion  a  excité  de  tout  temps  la  curiosité  des  naturalistes.  Assez 
commun  dans  le  midi  de  l'Europe,  où  sa  piqûre  est  redoutée  à  l'égal  de  la 
morsure  des  serpents  venimeux,  il  a  été  très-souvent  étudié.  Arislote,  Pline 
et  Galien  ont  rapporté  sur  lui  des  ftibles  étranges.  Plus  tard  Fabricius, 
Redi,  Swammerdam,Vallisnieri,  Lewoenhock,  etc.,  et  surtout  Maupertuis, 
Amoureux,  Guyon  et  Blanchard,  ont  expérimenté  son  venin,  mais  sans  par- 
venir à  se  rendre  un  compte  exact  de  son  action. 

»  Des  nombreuses  espèces  de  Scorpion  classées  par  les  zoologistes,  trois 
seulement  méritent  d'attirer  notre  attention,  parce  qu'elles  habitent  le  midi 
de  la  France  et  l'Afrique  : 

»  1°  Le  Scorpio  Europœus,  petite  espèce  (o™,o3)  assez  commune  dans  les 
caves,  les  décombres  et  les  vieux  murs:  sa  piqîire  est  insignifiante  à  cause 
de  la  quantité  très-minime  de  son  venin; 

»  2"  Le  Scorpio  Occiianus,  jaune  clair  et  beaucoup  plus  grand  (o™,07) 
que  le  premier:  on  le  trouve  à  la  campagne,  blotti  sous  des  pierres;  il  est 
peu  commun,  et  sa  piqûre  est  souvent  suivie  d'accidents  formidables; 

M  3°  Le  Scorpio  Jlfer,  originaire  de  l'Asie,  et  assez  commun  en  Afrique, 
est  un  insecte  qui  atteint  o™,i2  et  o*",  i5,et  dont  la  piqûre  est  certainement 
mortelle  pour  l'homme.  Je  n'ai  pu  me  procurer  cette  dernière  espèce  :  c'est 
le  Scorpio  Occitnnus  qui  forme  le  sujet  de  cette  étude. 

»  L'appareil  venimeux  du  Scorpion  est  situé  à  l'extrémité  de  l'appendice 
caudal.  Il  a  la  forme  d'une  ampoide  terminée  par  un  aiguillon  noirâtre 
recourbé,  très-dur  et  aigu,  percé  près  de  la  pointe  de  deux  petites  fentes 

53.. 


(  4o8  ) 
qui  donnent  écoulement  au  venin  accumulé  dans  l'ampoule.  L'animal  s'en 
sert  pour  se  défendre,  et  aussi  pour  tueries  proies  dont  il  s'empare.  N'eûl- 
il  à  faire  qu'à  une  faible  mouche, il  commence  toujours  par  la  piquer  avant 
de  la  porter  à  sa  bouche.  La  mort  est  instantanée.  Chez  les  animaux  volu- 
mineux, les  vertébrés,  tels  que  le  chien,  le  lapin,  etc.,  la  mort  ne  survient 
qu'après  un  temps  plus  ou  moins  long  et  subordonné  à  la  quantité  de  venin 
inoculée. 

))  Le  venin  est  un  liquide  incolore  et  limpide,  franchement  acide  comme 
tous  les  venins,  soluble  dans  l'eau  en  toutes  proportions,  peu  soluble  dans 
l'alcool,  insoluble  dans  l'éther,  d'une  densité  un  peu  supérieure  à  celle  de 
l'eau. 

»  L'examen  microscopique  montre  un  liquide  parfaitement  transparent, 
renfermant  çà  et  là  quelques  cellules  épithéliales  et  de  fines  granulations 
dont  la  présence  n'est  pas  constante. 

))  La  quantité  de  venin  contenue  dans  l'ampoule  est  Irès-petite;  on  peut 
l'évaluer  eu  moyenne  à  2  milligrammes  pour  un  Scorpion  de  forte  taille. 
Son  activité  est  très-grande,  puisque  cette  quantité  suffit  pour  donner  la 
mort  rapidement  à  un  chien  de  moyenne  grosseur. 

»  La  complication  des  phénomènes  occasionnés  chez  les  organismes 
élevés  par  l'introduction  de  ce  venin  dans  l'économie  fait  qu'd  est  difficile 
de  bien  suivre  la  marche  de  l'empoisonnement  chez  ces  animaux;  mais 
chez  lesGrenouilles,  et  surtout  les  Rainettes  dont  la  membrane  interdigitale 
est  mince,  pour  peu  cju'ou  ait  la  précaution  de  doser  convenablement  la 
quantité  de  venin  employée,  on  parvient  à  obtenir  des  effets  se  dévelop- 
pant assez  lentement  pour  qu'on  puisse  les  suivre  et  les  observer  avec  toute 
la  netteté  désirable. 

»  Les  personnes  qui  voudront  reprendre  ces  expériences  auront  tout 
avantage  à  se  servir  du  Lilla  viridis. 

»  Le  but  que  je  me  suis  proposé  dans  ce  Mémoire  a  été  de  déterminer 
d'une  manière  précise  sur  quel  élément  histologique  ce  venin  exerce  son 
action,  car  telle  est  la  tendance  de  l'école  expérimentale  actuelle,  et  nous 
ne  devons  pas  oublier  que  la  méthode  précise  à  l'aide  de  laquelle  on 
cherche  aujourd'hui  à  pénétrer  jusqu'au  fond  des  mystères  de  l'organisme 
a  été  spécialement  développée  au  Collège  de  France  dans  les  travaux  du 
savant  mailre  qui  a  illustré  la  Physiologie  française. 

»  Les  premières  expériences  que  j'aie  faites  m'ont  montré  que  les  Gre- 
nouilles succombaient  rapidement  sous  l'influence  de  doses  très-minimes 
de  venin   de  Scorpion.  La  mort  survenait  sans  convulsions;    la  peau  des 


(  4o9  ) 
Rainettes  vertes  prenait  constamment  une  teinte  violacée  et  se  montrait 
injectée.  En  outre,  le  membre  piqué  devenait  le  siège  d'une  rigidité  mus- 
culaire complète. 

»  Alors  j'ai  cherché  à  suivre,  en  examinant  le  cours  du  sang  pendant 
l'empoisonnement,  la  marche  des  phénomènes. 

M  Expérience.  —  Une  Rainette  verte  est  préalablement  fixée  sur  un  liège 
et  la  membrane  interdigitale  de  la  patte  droite  étalée  sous  le  microscope. 

»  La  circulation  est  très-active. 

»  Le  champ  de  l'instrument  comprend  un  vaisseau  capillaire  moyen 
dans  lequel  trois  ou  quatre  globules  peuvent  passer  de  front  et  un  autre 
capillaire  bifurqué  dans  chacune  des  branches  duquel  un  seul  globule  peut 
s'engager  à  la  fois. 

»  Inoculation  dans  les  muscles  de  la  cuisse  droite  de  l'animal  de  oS'',ooo4 
de  venin  frais. 

»  Deux  minutes  après  l'inoculation,  la  coloration  caractéristique  com- 
mence à  apparaître. 

»  Le  cours  du  sang  se  ralentit  sensiblement.  (Le  calibre  des  capillaires, 
mesuré  exactement,  reste  le  même  pendant  toute  la  durée  de  l'expérience.) 

»  Cinq  minutes.  Dans  le  capillaire  moyen,  au  milieu  de  globules  nor- 
maux, on  voit  passer  d'autres  globules  qui  ont  l'air  déformés,  allongés  et 
constamment  escortés  de  plusieurs  autres  auxquels  ils  semblent  adhérer. 

»  A  mesure  que  le  cours  de  la  circulation  se  ralentit,  on  distingue  mieux 
les  phénomènes.  Un  de  ces  globules  déformés  escorté  de  deux  autres  est 
arrivé  à  la  bifurcation  du  capillaire  fin  dont  il  obstrue  la  double  entrée. 
Dans  un  mouvement  de  l'animal,  un  autre  globule  sain  parvient  à  se  glis- 
ser et  à  entrer  dans  la  branche  de  droite,  mais  en  emportant  attaché  après 
lui  un  filament  détaché  du  globule  altéré  contre  lequel  il  s'est  frotté  au 
passage. 

«  Dans  le  capillaire  moyen,  où  les  globules  sont  devenus  très-nombreux, 
on  les  voit  rouler  lentement  et  par  agglomération  de  quatre  ou  cinq. 

»  Dix  minutes.  Les  globules  stationnent  dans  les  c.qiillaires  et  les  en- 
combrent. De  temps  en  temps,  un  léger  mouvement  de  progression  se  fait 
sentir  alternativement  dans  un  sens  ou  dans  l'autre.  Il  n'est  que  passager  et 
n'aboutit  à  rien. 

»  De  petits  caillots  de  sang  extravasé  dans  les  tissus  se  voient  çà  et  là 
dans  le  voisinage  des  capillaires  fins. 

»  Je  n'ai  pu  assister  à  leur  formation. 

))   Trente  minutes.  La  rigidité  musculaire  de  la  patte  est  établie.  Elle  est 


(  4io) 

infiltrée.  Tous  les  vaisseaux  capillaires  sont  remplis  de  globules  rouges 
tassés  les  uns  contre  les  autres  et  immobiles. 

»   La  sensibilité  est  parfaitement  conservée  et  très-vive. 

»  Manifestation  de  douleur  vive  pendant  l'excitation  des  muscles  par  un 
faible  courant  d'induction.  Cette  excitation  n'amène  aucun  mouvement 
dans  les  masses  de  globules  contenus  dans  les  capillaires.  Les  muscles  rigides 
se  contractent  faiblement.  Les  nerfs  moteurs  sont  excitables. 

»  La  grenouille  n'est  pas  très-prise;  les  deux  pattes  seules  sont  colorées. 

»  Le  cœur  bat  normalement,  la  respiration  est  un  peu  ralentie. 

M  L'expérience,  interrompue  à  7  heures  du  soir,  est  reprise  le  lendemain 
à  10  heures,  la  quantité  de  venin  étant  trop  faible  pour  amener  la  mort. 

»  L'animal  est  revenu  à  sa  couleur  ordinaire,  il  paraît  dans  son  état 
normal,  sauf  la  patte  piquée,  qui  est  toujours  dans  l'extension,  infiltrée, 
mais  moins  rigide  que  la  veille.  Elle  est  très-sensible  aux  excitations,  et 
l'animal  commence  à  la  mouvoir  an  prix  de  grands  efforts. 

a  A  chacune  de  ces  tentatives,  les  muscles  sont  le  siège  de  mouvements 
spasmodiques  analogues  à  ceux  que  produit  un  courant  électrique  inter- 
mittent. 

»  La  circulation  a  reparu  dans  quelques  capillaires.  Le  plus  grand 
nombre  est  obstrué  par  un  magma  rougeâtre  où  il  est  impossible  de  dis- 
tinguer la  forme  des  globules. 

»  3  heures  du  soir,  c'est-à-dire  environ  vingt-quatre  heures  après  l'ino- 
culation, il  reste  encore  dans  la  patte  piquée  quelques  mouvements  spasmo- 
diques et  une  indécision  qui  persiste  pendant  plusieurs  jours. 

»  Expérience.  —  Du  sang  de  Grenouille  est  placé  sous  le  microscope 
avec  un  fort  grossissement,  on  introduit  sous  la  lamelle  qui  le  recouvre  du 
venin  de  Scorpion. 

»  Au  bout  de  dix  secondes,  les  globules  en  contact  avec  le  venin  s'ar- 
rondissent ;  leur  contour  devient  absolument  linéaire,  et  ils  ressemblent  à  de 
petites  masses  gélatineuses. 

»  Leur  consistance  diminue  ensuite  peu  à  peu,  car  ils  s'agrandissent  et 
s'étalent.  Leur  aspect  est  alors  celui  d'une  gouttelette  huileuse.  Le  noyau 
devient  de  moins  en  moins  visible.  En  inclinant  le  microscope  on  opère  un 
mouvement  lent  de  descente,  mais  seulement  dans  les  globules  normaux, 
les  autres  sont  presque  tous  collés  au  verre.  Pendant  ce  mouvement  de 
descente,  les  globules  sains  qui  rencontrent  les  globules  altérés  y  adhèrent, 
et  s'ils  s'en  séparent,  ce  n'est  que  difficilement  el  en  entraînant  après  eux 
une  portion  de  ces  derniers  sous  forme  d'un  long  filament  visqueux. 


(4ii  ) 

»  Enfin  si  plusieurs  globules  altérés  sont  voisins,  leur  masse  en  s'étalant 
finit  par  se  confondre  en  une  seule  plaque  visqueuse  dans  laquelle  on  dis- 
tingue çà  et  là  des  noyaux  non  encore  dissous. 

»  Des  nombreuses  expériences  relatées  dans  ce  Mémoire  il  semble  que 
l'on  puisse  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

»  1°  Le  venin  du  Scorpio  Occitamts  agit  directement  sur  les  globules 
rouges  du  sang  et  paraît  n'agir  que  sur  eux; 

»  2°  Sou  action  a  pour  résultat  de  faire  perdre  aux  globules  la  propriété 
de  glisser  les  uns  sur  les  autres; 

»  3"  En  perdant  cette  propriété  ils  s'agglutinent  les  uns  aux  autres  et 
aux  globules  sains  de  manière  à  former  de  petites  masses  qui  obstruent  l'en- 
trée des  capillaires  et  mettent  obstacle  à  la  circulation. 

»  C'est  par  ce  mécanisme,  et  en  s'opposant  à  la  plus  indispensable  des 
fonctions,  que  ce  venin  place  l'économie  animale  dans  des  conditions  in- 
compatibles avec  la  vie. 

»  Il  en  résulte  encore  qu'une  quantité  déterminée  de  venin  est  néces- 
saire pour  que  l'animal  soit  empoisonné.  Le  venin  de  Scorpion,  comme  tous 
les  autres  venins  probablement,  n'agit  donc  que  quantitativement  et  d'une 
manière  purement  chimique,  ce  qui  le  différencie  des  virus  dont  l'action 
paraît  analogue  à  celle  des  ferments.  » 

La  séance  est  levée  à  4  beures.  É.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  5  septembre  1870,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  par  M.  J.  Decaisne,  Membre  de  l'Institut, 
III®  liv.  Paris,  1870;  in-4°,  texte  et  planches. 

Physionomie  de  nos  contrées  et  particulièrement  du  bassin  de  Paris  avant  et 
pendant  ta  première  apparition  de  l'homme  ;  par  M.  E.  ROBERT.  Paris,  1870  ; 
br.  in-8°. 

Pierres  et  métaux;  par  M.  A.  Mangin.  Tours,  187 1;  in-S"  avec 
figures. 

Mémoires  couronnés  et  autres  Mémoires  publiés  par  l' Académie  royale  de 
Médecine  de  Belgique;  collection  in-S",  t.  \",  2*  fascicule.  Bruxelles,  1870; 
in- 8°. 


(    4l2    ) 

PUBMCATIONS    PERIODIQUES    REÇUES    PAR    l'aCADÉMIE    PENDANT 
LE    MOIS    d''aOUT     1870.     (lin.) 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  n°^  22  et  23,  1870;  in-8°. 
Jourmd  des  Fabricants  de  Sucre;  11°'  16  à  18,  1870;  in-fol. 
Journal  général  de  r Instruction  publique;   n°  3i,  1870;  in-Zi". 
Kaiserliche...   Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne;  n°^  18  à  20, 

1870;  in-S". 

L Abeille  médicale;  n"'  32  à  37,  1870;  in-4°. 

V Aéronaute ;  n°'  27  à  3o,  1870;  iu-8°. 

VArl  dentaire;  juillet  1870;  in-8°. 

UArt  médical;  août  1870;  in-S". 

La  Santé  publique;  11°'  81  à  84,  1870;  in-4°. 

Le  Gaz;  n"  7,  1870;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie;  n°'  10  et  1 1,  1870;  in-4°. 

Le  Mouvement  médical;  11°'  32  à  35,  1870;  in-4°. 

Les  Mondes;  n°'  des  4,  11,  18,  aS  juillet  1870;  in-8''. 

V Imprimerie;  n°  79,  1870;  in-4''. 

Marseille  médical;  n°  8,  1870;  in-8°. 

Montpellier  médical....  Journal  mensuel  de  médecine;  août  1870;  in-8'\ 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques  ;  août  1870;  in-S". 

Nouvelles  météorologiques;  août  1870;  in-8°. 

Observatoire  météorologique  de  Montsouris;  août,  i  à  29,   1870;  in-4°. 

Répertoire  de  Pharmacie;  août  1870;  in-8°. 

Revue  Bibliographique  universelle;  août  1870;  in-8°. 

Revue  des  Cours  scientifiques;  n""*  36  à  39,  1870;  in-4°- 

Revue  des  Eaux  et  Forêts;  n"  8,  1 870;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  n°  16,  1870;  in-S". 

Revue  hebdomadaire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle;  n"'  38  à  l\o,  1870; 


in- 


Revue  maritime  et  coloniale;  août  1870;   111-8". 

Revue  médicale  de  Toulouse;  août  1870;  in-8''. 

The  Food  Journal;  août  1870;  in-8". 

The  Pharmaccutical  .Journal  and  Transactions;  3''  série,  n°'  1  à  5,  1870; 

in-S". 

The  Scientific  Review;  11"  8,  1870;  111-4". 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES, 


M»»»< 


SÉANCE  DU  LUNDI  12  SEPTEMBRE  1870. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOUVILLE. 


MEMOffiES  ET  CO^DIUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET   DES  CORRESPONDAINTS  DE  L'ACADÉMIE, 

ASTRONOMIE.  —  Sur  la  manière  d'observer  le  prochain  passage  de  Vénus; 
par  M.  Simon  Newcomb.  Note  de  M.  Fayë. 

«  M.  S.  Newcomb  a  bien  voulu  m'adresser,  il  y  a  quelques  jours,  une 
Notice  lue  par  lui  à  la  National  Academy  of  Sciences  (U.  S.)  sur  le  prochain 
passage  de  Vénus.  J'ai  pensé  que  rAcadéiiiie  aimerait  à  avoir  connaissance 
de  ce  travail  qui  montre  qu'on  se  préoccupe  en  Amérique  de  ce  grand 
phénomène  tout  autant  qu'en  Europe.  M.  Newcomb  a  voulu  contrôler  sé- 
rieusement l'opinion  qui,  dans  la  bouche  de  Haliey,  a  donné  jadis  un  si 
grand  crédit  aux  passages  de  Vénus.  Dans  son  Mémoire  sur  l'observation 
du  passage  de  Mercure  à  Sainte-Hélène,  ce  grand  astronome  déclare  qu'il 
avait  observé,  à  moins  d'une  seconde  près,  le  contact  intérieur  de  Mer- 
cure et  du  Soleil,  et  c'est  sur  ce  haut  degré  de  précision  qu'il  établit  l'es- 
poir d'arriver,  par  les  passages  de  Vénus,  à  mesurer  avec  luie  exactitude 
extrême  la  distance  de  la  Terre  au  Soleil. 

)i  M.  Newcomb  a  pris  la  peine  de  réduire  au  centre  de  la  Terre  toutes 
les  observations  du  dernier  jjassage  de  Mercnre  en  novembre  18G8,  et  il 
en  a  formé  un  tableau  très-instructif  dont  j'extrais  les  nombres  suivants  : 

G.  R.,  1870,  3«  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  11.)  o4 


(  4'4  ) 

Contact  observé  Contact  observé 

atec  déformation  de  l'image.  s:ins  déformation  de  Pimage. 

îibo"  —    2,4  Le  Verrier,  inst.  2i''o""—    3,o  Rayet, 

+    /^,o  Stone.  -f-     1,5  Liais. 

-+-    4>7  Dunkin.  ■+-    4,9  André. 

-1-11,3  Criswick.  -4-    8,3  Villarceau. 

4-12,6  Carpenter,  inst.  +  "  j4  Wolf. 

+  17,3  Buckingham.  -t-  14,2  Diiner. 

-t-29,6  Pohl. 

»  J'ai  exclu  les  observations  où  les  bords  des  astres  sont  notés  comme 
mal  définis,  et  celles  dont  le  caractère  ne  se  range  pas  dans  les  deux  co- 
lonnes ci-dessus.  M.  Newcomb  a  d'ailleurs  tenu  compte  de  l'ouverture  et 
du  grossissement,  qui  a  beaucoup  varié  d'un  observateur  à  l'autre;  il  en 
conclut  qu'il  n'existe  aucune  dépendance  entre  ces  éléments  et  l'instant 
de  l'observation. 

))  Il  résulte  clairement  de  ce  tableau  que  Halley  se  faisait  quelque  illusion 
lorsqu'il  se  flattait  d'avoir  observé  à  i  seconde  près  l'instant  d'im  phéno- 
mène identique.  On  voit  aussi  que  la  même  incertitude  existe,  soit  que  le 
phénomène  se  présente  avec  le  caractère  géométrique  de  deux  disques  en 
contact,  ou  qu'il  soit  altéré  par  une  certaine  déformation  des  images. 

»  M.  Newcomb  conclut  de  là  que  l'observation  du  prochain  passage  de 
Vénus  échouera  si  l'on  se  contente  d'observer  comme  autrefois  les  contacts 
intérieurs.  Il  propose  les  mesures  photographiques.  L'Académie  verra 
sans  doute  avec  intérêt  que,  plus  les  astronomes  approfondissent  cette 
question,  plus  ils  se  rallient  à  l'emploi  de  la  photographie.  M.  New^comb 
n'y  pressent  qu'une  difficulté,  celle  de  déterminer  exactement  l'échelle 
angulaire  des  images,  et  il  conseille,  pour  cela,  aux  observateurs  l'emploi 
d'appareils  parallactiques  qui  permettraient  de  photographier  les  Pléiades 
avant  et  après  l'observation  de  Vénus  (i).  Mais  il  me  semble,  et  c'est  ime 
suggestion  que  je  soumets  aux  astronomes,  qu'il  existe  un  moyen  bien  plus 
simple  et  bien  plus  praticable,  moyen  que  j'ai  employé  moi-même  avec  un 
plein  succès.  11  consiste  à  iihotographier  plusieurs  fois  une  même  partie  du 
disque  solaire  pendant  qu'il  passe  dans  le  champ  de  la  lunette  immobile, 
et  à  enregistrer  les  instants,  à  -g-^  de  seconde  près,  par  le  télégraphe  élec- 
trique. Les  bords  ou  plutôt  les  petites  taches  du  Soleil  fournissent,  sur  ces 
images,  des  points  de  repère  parfaits  pour  déterminer  la  valeur  angulaire 


(i)   On  sait  que  ce  sont  les  aslroiiomes  îles  États-Unis  qui  sont  parvenus  les  premiers  à 
photographier  les  étoiles  el  même  des  systèmes  steilaires  tels  que  les  Pléiades. 


(4i5  ) 

des  parties  de  l'image.  Le  même  procédé  permettra  d'étudier  complètement 
les  déformations  dues  au  système  optique  dans  toutes  les  directions,  car 
il  suffit  de  prendre  d'autres  empreintes  d'une  nouvelle  série  de  positions 
du  Soleil,  après  avoir  fait  tourner  la  lunette  autour  de  son  axe  d'un  angle 
de  90  degrés  par  exemple. 

»  Ce  dernier  procédé,  qui  n'a  été  appliqué  jusqu'ici  qu'à  l'occasion  de 
j'éclipse  de  i858,  dans  les  ateliers  de  M.  Porro,  me  semble  préférable,  pour 
l'étude  du  système  optique,  à  celui  qu'on  a  adopté  dans  le  même  but  à 
l'Observatoire  de  Kew,  dont  les  astronomes  ont  poussé  si  loin  l'étude  pho- 
tographique des  taches  du  Soleil.  A  Rew  on  s'est  contenté,  si  je  ne  me 
trompe,  de  photographier  une  grande  règle  divisée  placée  à  une  certaine 
distance,  ou  un  dôme  éloigné  dont  les  dimensions  étaient  exactement 
connues.   » 

HYGIÈNE  PUBl.lQUE.  —  Quels  soJit  les  vrais  agents  chimiques  qu'il  faut  opposer 
à  rinfeclion  miasmatique.  Note  de  M.  Faye. 

«  Je  n'ai  pas  la  prétention  de  rien  apprendre  de  nouveau  sur  ce  point 
à  l'Académie  ;  il  s'agit  simplement  d'im  préjugé  longtemps  répandu 
sous  l'autorité  de  la  science  elle-même;  j'ai  cru  qu'il  pourrait  être  utile 
d'avertir  une  bonne  fois  le  public  que  la  science  a  totalement  changé  à 
cet  égard. 

»  Depuis  la  découverte  de  l'acide  muriatique  oxygéné,  vers  la  fin  du  der- 
nier siècle,  les  moyens  préconisés  jadis  par  la  vieille  médecine  pour  désin- 
fecter l'air  ont  été  abandonnés  pour  faire  place, au  chlore,  au  chlorure  de 
chaux  et  aux  vapeurs  nitreuses.  On  ne  manquait  pas  de  faire  remarquer  à 
tous  propos  que  les  anciennes  fumigations  se  bornaient  simplement  à  mas- 
quer la  mauvaise  odeur  des  émanations  méphitiques,  tandis  que  le  chlore 
décompose  ou  détruit  tous  les  gaz  odorants,  tels  que  les  hydrogènes  sul- 
furé, phosphore,  carboné,  l'ammoniaque,  etc.,  auxquels  on  attribuait  alors 
l'infection  miasmatique. 

»  Mais  on  sait  aujourd'hui,  par  les  travaux  mêmes  de  notre  Académie, 
que  l'infection  miasmatique  est  due  à  une  tout  autre  cause.  La  décompo- 
sition naturelle  des  matières  organiques  donne  lieu,  en  effet,  à  l'émission 
de  deux  genres  de  matières  qu'il  importe  de  ne  plus  confondre  :  l'un 
sensible  à  l'odorat  et  parfaitement  innocent  à  petites  doses,  à  savoir  les 
gaz  puants  ou  méphitiques;  l'autre  inodore,  impalpable  et  invisible,  mais 
doué  d'une  sorte  de  vie  et  d'une  incroyable  faculté  de  dissémination  : 

54.. 


(  4i6  ) 
celui-là  seul  est  dangereux.  Ce  sont  ces  germes  invisibles,  et  non  les  gaz 
odorants,  qui  développent  dans  les  corps  de  nature  organique  sur  lesquels 
ils  se  déposent  les  phénomènes  de  la  fermentation  ou  ceux  des  affections 
morbides  les  plus  redoutables.  Il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  s'étonner  que  le 
chlore  en  quantité  respirable  soit  sans  action  sur  ces  ferments  impal|)ables 
mais  vivants,  tandis  qu'il  détruit  chimiquement  les  gaz  méphitiques.  Heu- 
reusement la  chimie  nouvelle  nous  foiuMiit  aujourd'hui  tonte  luie  série 
d'agents  nouveaux  doués  d'une  action  spéciale,  agents  qui  ne  décom|)osent 
pas  les  émanations  méphitiques  comme  le  chlore,  mais  qui  agissent  direc- 
tement sur  les  germes  suspendus  dans  l'air.  Ce  sont  les  substances  du 
genre  de  l'acide  phénique,  du  phénol,  de  la  créosote,  etc.,  et  il  est  inté- 
ressant de  voir  que  des  traces  de  ces  agents  véritablement  désinfectants  se 
retrouvent  dans  les  substances  que  la  vieille  médecine  préconisait  autrefois, 
c'est-à-dire  la  suie,  la  fumée  et  le  goudron. 

»  Concluons  de  là  que  si  dans  une  salle  de  malades  on  entretenait  un 
dégagement  de  chlore,  en  vue  d'assainir  l'air  ambiant,  ou  si  l'on  s'efforçait 
d'en  renouveler  continuellement  l'atmosphère,  cela  ne  dispenserait  nidle- 
ment  le  médecin  de  se  préoccuper  de  l'infection  miasmatique.  De  là  le 
mode  remarquable  de  pansement  qui  a  pris  tant  d'importance  dans  ces 
derniers  temps  et  qui  consiste  dans  l'emploi  de  bandages  ou  d'a|)pareils 
combinés  de  manière  à  exclure  rigoureusement  le  contact  de  l'air,  et  par 
suite  les  germes  qu'il  tient  toujours  en  suspension. 

»  Mais  si,  au  lieu  d'employer  le  chlore,  on  avait  constamment  recours 
aux  désinfectants  véritables  d'origine  phénique,  appliqués  au  malade  lui- 
même  ou  plutôt  aux  objets  de  pansement,  on  supprimerait  directement 
l'infection,  tout  en  laissant  au  médecin  une  latitude  beaucoup  plus  grande 
dans  sa  manière  d'opérer,  c'est-à-dire  en  le  délivrant  de  l'obligation  de 
recourir  aux  pansements  hermétiques. 

»  Je  voudrais  donc,  et  c'est  uniquement  pour  cela  que  j'ai  cru  devoir 
prendre  la  parole  sur  un  sujet  si  éloigné  de  mes  travaux  ordinaires,  que 
l'opinion  publique  cessât  de  confondre,  sous  le  nom  général  de  désinfec- 
tants, les  agents  chimiques  qui  se  bornent  à  détruire  les  mauvaises  odeurs  (i) 
et  ceux  qui  attaquent  directement  ou  neutralisent  les  germes  des  plus  ter- 
ribles affections  morbides.  Quant  à  moi,  si  j'ose  ici  citer  ma  bien  faible 
expérience  personnelle,  je  n'ai  jamais  vu  de  plaie,  grande  ou  petite,  prendre 

(i)  Il  ne  peut  cire  ici  queslion  des  agents  qui  serviraient  iini(|nenient  ù  masquer  ces 
odeurs  par  d'autres  moins  rc[)Uf;nanles  :  personne  ne  s'en  préoccuiie  plus. 


(4i7) 
un  mauvais  caractère  quand  elle  était  pansée  tout  d'abord  avec  des  linges 
imbibés  d'eau  phénolée. 

»  Ce  n'est  pas  à  dire  qu'on  doive  renoncer  à  l'emploi  des  agents  chimi- 
ques qui  détruisent,  comme  le  chlore,  les  matières  animales,  en  leur  fai- 
sant franchir  du  premier  coup  toute  cette  série  de  fermentations  putrides 
d'où  paraissent  se  dégager  les  innombrables  germes  contenus  dans  l'atmo- 
sphère :  ces  agents  rendront  plus  efficaces  les  soins  généraux  de  salubrité, 
mais,  je  le  répète,  l'air  ambiant,  même  l'air  sans  cesse  renouvelé,  n'en 
contiendra  pas  lîioins  des  germes  préexistants,  venus  souvent  de  fort  loin; 
pour  les  combattre,  il  faut  recourir  à  d'autres  agents  bien  connus  aujour- 
d'hui des  médecins,  agents  dont  l'emploi  est  heureusement  à  la  portée  de 
tout  le  monde,  et  dont  je  viens  de  rappeler  la  nature.  » 

M.  DcMAS  présente  à  ce  sujet  les  observations  suivantes  : 
«  Notre  confrère  paraît  ignorer  qu'on  se  sert  depuis  plusieurs  années  à 
Paris  de  l'acide  phéuique,  conune  préservatif  contre  la  contagion,  dans  un 
grand  nombre  de  cas.  L'Administration  des  ponspes  funèbres,  en  particu- 
lier, a  reçu  l'ordre,  depuis  cinq  ou  six  ans,  de  faire  usage,  dans  tous  les 
cas  de  maladies  épidémiques,  choléra,  variole,  etc.,  d'un  mélange  d'acide 
phénique  et  de  sciure  de  bois:  l'Assistance  publique  en  a  fait  autant  pour 
les  hôpitaux;  le  Ministère  de  l'Intérieur  en  a  recommandé  l'ajiplication  gé- 
nérale dans  tous  les  cas  de  maladies  présumées  contagieuses. 

»  On  réserve  le  chlorure  de  chaux  à  la  désinfection  du  sol  ou  de  l'air 
empuantés  par  les  liquides,  les  gaz  ou  les  vapeurs;  mais,  concurremment, 
et  pour  combattre  les  miasmes,  on  fait  usage  de  l'acide  phénique.  Du  reste, 
la  question  des  procédés  de  désinfection  et  d'assainissement  fait  le  sujet, 
en  ce  moment,  d'études  très-attentives,  et  le  Comité  d'hygiène  examine 
les  procédés  anciens  ou  nouveaux  qui  lui  ont  été  soumis;  il  ne  m'appar- 
tient pas  de  dire  quelles  mesures  il  arrêtera.  Ceux  de  nos  confrères  qui  en 
font  partie  y  feront  prévaloir,  certainement,  les  moyens  les  plus  dignes  de 
confiance.  » 

m.  Chevreul  s'énonce  dans  les  termes  suivants  : 

«  Il  y  a  une  distinction  à  faire  entre  les  désinfectants  comme  le  chlore, 

et  les  corps  qui  agissent  comme  l'acide  phénique. 

»  Ces  désinfectants  sont  loin  d'agir  d'une  manière  unique  : 

»    i"  L'acide  sulfureux  et  l'acide  sulfhydrique  humides,  tous   les  deux 

odorants,  se  décomposent  réciproquement  en  deux  corps  inodores,  l'eau 

et  le  soufre;  ils  sont  donc  mutuellement  désinfectants. 


(4i8  ) 

»  2°  L'acide  chlorhydriqiie  corrosif,  irritant,  et  l'ammoniaque  odorante 
se  neutralisent  en  s'unissant  de  manière  à  former  un  composé  inodore,  le 
chlorhydrate  d'annnoniaque. 

»  3"  Le  chlore  et  l'ammoniaque  présentent  à  la  fois  une  décomposition 
et  une  combinaison  neutre.  Une  portion  d'ammoniaque  est  réduite  en 
azote  inodore  et  en  acide  chlorhydrique  qui  neutralise  la  portion  d'am- 
moniaque non  décomposée. 

»  Il  existe  des  désinfectants  qui,  comme  le  charbon,  agissent  non  plus 
en  formant,  comme  les  précédents,  des  composés  définis,  ou  en  remettant 
en  liberté  un  des  éléments  des  corps  réagissants,  mais  en  s'unissant  par  une 
affinité  qui  fut  qualifiée  de  capillaire  dès  1821 . 

M  Ce  genre  d'union  est  très-fréquent  ;  exemples:  le  charbon  qui  absorbe 
les  gaz  odorants  et  les  principes  colorants  d'origine  organique;  les  étoffes 
qui  se  teignent  en  conservant  leur  forme  ;  les  matières  terreuses  qui  agissent 
sur  l'eau,  l'ammoniaque  et  les  parties  tant  gazeuses  que  liquides  des  engrais. 

))  Ce  sont  les  corps  de  ce  genre  que  je  préconise,  lorsqu'il  s'agit  de  la 
désinfection  de  l'engrais  humain,  et  non  des  corps  qui  le  désinfectent  en 
l'altérant  plus  ou  moins  profondément,  ou  en  formant  des  composés  plus 
ou  moins  stables,  incapables  de  rien  donner  à  la  végétation  des  plantes, 
ou  céder  en  temps  utile  ce  que  l'engrais  non  désinfecté  lui  eût  cédé. 

»  Je  ne  reconnais  l'utilité  de  la  désinfection  de  l'engrais  humain  par  des 
corps  qui  l'altèrent  profondément  en  formant  des  composés  plus  ou  moins 
stables  que  comme  pratique  transitoire  pour  arriver,  sinon  à  l'emploi  de 
l'engrais  en  nature,  du  moins  à  sa  désinfection  opérée  avec  des  corps  qui 
n'agissent  que  par  une  faible  affinité  capillaire. 

)'  Cette  distinction  faite,  il  ne  faut  pas  croire  que  si  l'on  a  exagéré  l'effi- 
cacité du  chlore  et  des  hyj)ochlorites,  cette  exagération  est  un  motif  pour 
en  rejeter  l'emploi  dans  des  cas  autres  que  ceux  où  leur  bon  usage  est  in- 
contestable; car  le  chlore  en  présence  de  l'eau  et  les  hypochlorites  agissant 
à  la  manière  de  l'eau  oxygénée,  c'est-à-dire  comme  dénaturant,  altèrent 
profondément  une  foule  de  matières  organiques  parmi  lesquelles  il  peut  y 
avoir  des  venins,  des  virus,  des  miasmes,  etc.,  etc.,  on  aurait  donc  tort,  dans 
des  cas  où  son  défaut  d'action  n'est  pas  démontré,  d'en  })roscriie  l'usage  en 
principe.  Ici  je  rapproche  l'action  du  chlore  et  des  hypochlorites  de  celle 
qu'ils  exercent  dans  le  blanchiment  des  étoffes. 

»  Que  sait-on  bien  aujourd'hui  de  l'action  de  l'acide  phonique  sur  les 
composés  organiques  dont  la  décomposition  spontanée,  exhalant  une  mau- 
vaise odeur,  justifie  l'expression  déjouer  d' infedion? 


(4i9) 

»  C'est  qu'il  agit  principalement  sur  la  source  de  ta  mauvaise  odeur ^  et  en 
arrête  le  cours.  Mais  comme  je  l'ai  consldté  sur  plusieurs  matières  orga- 
niques, il  n'agit  pas  sur  la  mauvaise  odeur,  comme  le  chlore  agit  par 
exemple  sur  l'acide  suifhydrique,  l'ammoniaque,  etc. 

»  Je  ne  parle  pas  de  l'action  qu'il  peut  exercer  sur  des  composés  orga- 
nisés, appelés  spores,  fermenls,  etc.  Telle  est,  si  je  ne  me  trompe  pas,  l'opi- 
nion de  M.  Calvert,  mon  élève,  qui  prépare  aujourd'hui  l'acide  phénique 
pour  le  monde  entier. 

»  En  résumé,  dans  ce  que  j'ai  étudié,  l'acide  phénique  agit  sur  la  source 
matérielle  de  la  mauvaise  odeur  et  non  sur  cette  mauvaise  odeur.  » 

M.  DcMAS  demande  à  ajouter  quelques  mots. 

«  Tous  les  chimistes  sont  d'accord  pour  admettre  que  le  chlorure  de 
chaux  décompose  les  gaz  hydrogénés  répandus  dans  l'air. 

»  Quant  à  l'acide  phénique,  son  action  est  double. 

»  L'acide  phénique  détermine  certainement  un  temps  d'arrêt  dans  la 
décomposition  des  matières  organiques  albuminoïdes.  Il  agit  à  la  façon  du 
tannin.  C'est  opérer  une  sorte  de  tannage  que  d'employer  l'acide  pliénique. 

»  Mais  à  côté  de  cette  action,  je  crois  qu'il  en  possède  une  seconde  très- 
importante,  qu'il  ftiut  spécifier. 

«  Quand  on  taune  un  muscle  mort,  on  arrête  la  décomposition  ;  lorsque 
l'on  tanne  dessporules  vivants,  on  peut  les  tuer.  De  même,  quand  on  fait 
agir  l'acide  phénique  sur  des  sporules,  sur  des  germes  en  suspension  dans 
les  liquides  fermentescibles,  on  les  tue,  absolument  comme  la  créosote 
versée  dans  une  dissolution  sucrée  arrête  la  fermentation  alcoolique  en 
tuant  les  ferments,  et  comme  le  tannin  prévient  la  formation  visqueuse. 

»  L'acide  phénique,  à  mon  sens,  non-seulement  arrête  la  décomposition 
organique,  mais  tue  les  germes,  les  agents  vivants,  dont  le  développement 
engendrerait  ou  propagerait  les  maladies  épidémiques. 

»  C'est  en  partant  de  cette  idée  qu'il  m'a  paru  toujours  nécessaire  de 
conserver  les  fumigations  chlorées  pour  désinfecter  l'air,  mais  de  faire 
intervenir  en  outre  l'acide  phénique,  dont  les  vapeurs  vont  en  quelque 
sorte  rechercher  et  tuer  dans  une  atmosphère  viciée  les  miasmes  et  les 
germes  morbides.  Les  formules  que  j'ai  données  à  l'autorité  publique,  et 
qu'elle  a  adoptées,  sont  fondées  sur  ces  principes. 

»  Eu  résumé,  désinfecter  et  assainir  font  deux.  Il  convient  d'utiliser 
simultanément  et  le  chlore  et  l'acide  phénique.  » 


(     /.20    ) 

Après  les  remarques  de  M.  Dumas  sur  l'acide  phénique,  M.  Chevrell 
s'exprime  en  ces  termes  : 

«  J'ai  eu  plaisir  à  entendre  M.  Dumas  parler  d'un  tannage  à  propos  de 
l'acide  phénique.  Je  ne  dirai  pas,  en  commençant,  l'Académie  se  rappelle, 
car  ce  que  je  vais  ajouter  aux  observations  que  je  viens  de  faire  remonte 
à  l'année  1809,  et  je  n'ai  pas  la  prétention  d'invoquer  le  souvenir  de  mes 
confrères  pour  une  époque  si  reculée. 

»  Les  conclusions  principales  auxquelles  m'avaient  conduit  des  recher- 
ches sur  les  tannins  artificiels,  exposées  dans  trois  Mémoires  lus  à  l'Aca- 
démie (i),  sont  les  suivantes  : 

»  1°  Il  est  impossible  de  maintenir  l'opinion,  qui  régnait  alors,  à  savoir 
l'existence  d'un  principe  immédiat  unique  des  végétaux,  qu'on  appelait 
tannin  et  qui  était  caractérisé  par  la  propriété  de  précipiter  la  gélatine. 

»  Cette  impossibilité  était  la  conséquence  de  la  diversité  décomposition 
chimique  élémentaire  des  corps  qui  possèdent  cette  propriété. 

»  2°  En  faisant  dépendre  la  propriété  de  précipiter  la  gélatine  d'iuie 
forte  affinité  du  corps  tannant  pour  la  gélatine,  je  retrouvais  cette  propriété 
dans  des  corps  de  nature  la  plus  différente  : 

»  a.  D'abord  dans  les  tannins  artificiels  de  M.  Hatchett  que  je  venais 
d'examiner; 

»  b.  Dans  le  muriate  (Viridium,  auquel  Vauqueliu  venait  de  reconnaître 
la  propriété  de  précipiter  la  gélatine  et  la  saveiu-  astringente; 

»  c.  Dans  le  bicliloruie  de  mercure,  dont  Deyeux  s'était  servi,  peu  d'an- 
nées auparavant,  pour  conserver  le  cadavre  d'un  général  du  premier 
Empire; 

»  d.  Plus  tard,  je  fis  la  remarque  que  l'eau  de  chlore,  qui  j)récipite  tant 
de  liquides  d'origine  organique,  a  elle-même  une  saveur  astringente. 

»  3°  Je  déduisis  la  conservation  des  matières  organiques  unies  à  une 
substance  tannante  de  leur  insolubilité  dans  l'eau,  c'est-à-dire  de  la  stabilité 
chimique  acquise  par  les  matières  organiques  en  vertu  de  leur  combinaison. 

»  4"  Je  considérai  la  saveur  astringente,  lors  même  qu'elle  appartient  à 
des  corps  qui  ne  précipitent  pas  la  gélatine,  comme  concomitante  avec  leur 
propriété  de  s'unir  aux  matières  animales,  et  ce  rapprochement  me  con- 
duisit à  faire  les  remarques  suivantes  : 

»  a.  Il  existe  des  sels,    comme  ceux  d'alumine,  de  glucine,  etc.,  qui 


(i)   Annales   de   Cliiiitie,    t.   LXXII   et   LXXIII  :    i"'  Mémoire,    lu  le   17  d'avril  1809; 
2'  Mémoire,  lu  le  10  de  juillet  1809;  3''  Mémoire,  lu  le  21  d'août  1809. 


(    42.     ) 

ont,  avec  la  saveur  astringente,  une  saveur  sucrée  :  dans  plusieurs  sels  de 
plomb,  la  saveur  sucrée  domine  sur  la  saveur  astringente  ; 

»  h.  Il  existe  des  corps,  doués  d'affinité  pour  les  matières  organiques, 
qui  ont  une  saveur  plus  ou  moins  amère,  avec  une  saveur  astringente  ou 
légèrement  astringente. 

;.  5°  Enfin,  j'admis  la  possibilité  que  des  corps  qui  coagulent  fortement 
les  matières  organiques  ne  sont  poisons  qu'en  formant  des  composés  solides 
avec  les  humeurs  et  les  tissus  des  animaux. 

»  Nota.  —  Le  temps  me  manque  pour  parler  des  causes  d'infection 
des  eaux,  du  sol  des  cités  populeuses  et  des  terres  arables.  Je  renvoie  mes 
observations  au  Compte  rendu  prochain.  » 

CHIRURGIE.  —  Obsewations  relalivts  aux  indications  chirurgicales  et  aux 
conséquences  des  amputations,  à  la  suite  des  blessures  par  les  armes  de 
guerre.  Lettre  de  M.  Sédillot  à  M.  le  Président. 

«  Haguenau  (Ambulances  volontaires),  2  septembre  1870. 

))  Le  salut  de  milliers  de  blessés  appelle  le  concours  et  les  efforts  de  tons 
les  chirurgiens,  pour  arriver  aux  meilleures  méthodes  et  aux  plus  sûrs 
procédés  des  opérations  nécessilées  par  les  armes  de  guerre  :  à  ce  titre, 
je  soumets  à  l'appréciation  de  l'Académie,  et  à  celle  de  mes  confrères  mili- 
taires et  civils,  quelques  remarques  inspirées  par  une  longue  expérience 
et  par  l'observation  récente  de  plus  de  quinze  cents  blessés  et  de  plus  de 
deux  cents  amputations,  parmi  lesquelles  j'ai  dû  en  pratiquer  une  qua- 
rantaine, et  jusqu'à  quinze  dans  une  seide  journée. 

»  La  rè^le  la  plus  importante  et  la  moins  contestée  est  d'opérer  avant  le 
développement  de  la  période  inflammatoire,  dès  les  deux  premiers  jours  de 
la  blessure.  Ces  amputations,  dites  immédiates  ou  primitives,  sont  parfois 
encore  possibles  le  troisième  et  le  quatrième  jour  sm-  les  hommes  à 
réaction  tardive,  mais  ce  sont  des  cas  exceptionnels. 

»  Pendant  la  période  inflammatoire,  les  opérations  sont  suivies  d'une 
effrayante  mortalité;  mais  elles  l'emportent  grandement  sur  l'expeclalion, 
au  moins  dans  les  conditions  d'encombrement  inévitable  où  l'on  se  trouve, 

»  L'influence  des  localités,  des  saisons,  des  soins,  des  eaux,  des  approvi- 
sioimements,  de  la  nourriture,  de  la  nationalité,  exige  de  nouvelles  inves- 
tigations. 

»    A  Haguenau,  à  Bischwiller,àReichshoffen,  àWalbourg,à  Durrenbacli, 

C.  R.,  1870,  2'  Semestre.  (T.  LXXI,  N»  li.)  55 


(    4^2    ) 

H  Pfaffenhoffen  et  dans  quelques  autres  localités  que  nous  avons  visitées, 
il  nous  a  semblé  que  l'expectation  n'avait  pas  sauvé  ini  blessé  sur  vingt. 
La  gangrène,  les  hémorrhagies  et,  plus  tard,  les  infections  purulentes  et 
putrides  étaient  rapidement  mortelles,  paiiout  où  de  nombreux  malades 
étaient  réunis.  Peut-être  a-t-on  été  plus  heureux  dans  des  maisons  parti- 
culières renfermant  seulement  un  ou  deux  blessés;  mais  la  mortalité  y  a 
été  encore  très-considérable  et  excessive. 

»  Les  amputations  secondaires,  ou  pratiquées  pendant  la  période  inflam- 
matoire,  ont  généralement  donné  des  résultats  immédiats  excellents.  Les 
blessés  accusaient  tous  une  amélioration  remarquable;  leur  figure  expri- 
mait le  contentement.  Ils  s'applaudissaient  de  ne  plus  souffrir  et  d'avoir 
recouvré  de  l'appétit,  du  sommeil,  de  la  confiance;  mais  quelques-uns  ont 
succombé  à  la  gangrène,  un  plus  grand  nombre  à  des  hémorrhagies  répé- 
tées; enfin,  du  huitième  au  seizième  jour,  et  au  delà,  ont  apparu  de  fré- 
quentes infections,  avec  abcès  métastatiques,  dont  la  guérison  a  offert  fort 
peu  d'exemples.  L'état  pidtacé  des  plaies,  sorte  de  pourriture  d'hôpital, 
des  abcès,  des  infiltrat ioi/s  sanieuses,  des  hémorrhagies  consécutives  ont 
fait  de  tristes  ravages  parmi  les  opérés,  et  en  font  encore. 

»  Quant  aux  amputations  tardives,  le  moment  en  est  à  peine  arrivé,  et 
il  restera  peu  de  malades  susceptibles  d'en  profiter. 

»   On  obtiendrait,  croyons-nous,  des  résultats  moins  affligeants  : 

»  1°  En  introduisant  dans  les  ambulances  le  principe  de  la  division  du 
travail,  si  féconde  en  toutes  choses  :  un  seul  opérateur,  bien  secondé, 
pourrait  pratiquer  cent  amputations,  au  moins,  par  jour,  et  si  l'on  admet 
la  nécessité  d'une  amputation  sur  dix  blessés,  proportion  probablement 
trop  élevée,  l'on  comprendra  quel  rôle  important  doit  être  attribué  à  Fa 
rapidité  opératoire; 

»  2°  En  renonçant  à  tous  les  procédés  compliqués,  à  tous  ceux  qui 
rendent  les  guérisons  longues  et  difficiles,  comme  les  résections,  par 
exemple,  en  adoptant,  à  l'imitation  d'un  grand  maître,  le  baron  Larrey, 
les  procédés  les  plus  simples  et  les  plus  prompts. 

»  Les  projectiles  actuels  produisent  de  si  graves  désordies  et  exposent  à 
des  suppurations  si  étendues,  qu'on  doit  s'imposer  comme  règle  : 

1)   jJ.  De  réduire  les  plaies  des  moignons  au  plus  petit  diamètre; 

»  B.  De  favoriser,  avant  tout,  le  libre  écoulement  du  pus,  doctrine  que 
nous  défendons  depuis  plus  de  vingt  années; 

«  C.  D'adopter,  en  outre,  une  réforme  radicale  des  méthodes  d'am- 
putation :  sans  crainte  de  heurter  et  de  contredire  l'oiiinion  de  tous  les 


(    423    ) 

chirurgiens  tlii  siècle  dernier  et  du  nôtre,  nous  soutenons  qu'au  lieu  de 
renfermer  les  extrémités  osseuses  au  milieu  des  chairs,  dans  les  amputa- 
tions de  continuité,  il  faut  les  en  faire  sortir,  et  en  voici  les  raisons. 

»  Nous  prendrons  pour  exemple  l'amputation  de  la  cuisse,  particuliè- 
rement choisie  comme  sujet  d'étude  de  toutes  les  méthodes  et  procédés 
opératoires. 

))  Avec  un  moignon  creux,  l'os  tend  à  blesser,  ulcérer  el  mortifier  les 
parties  en  contact,  nuit  au  transport  des  blessés,  exige  des  pansements 
répétés,  empêche  le  dégorgement  des  plaies  tenues  fermées  et  l'écoulement 
du  pus,  et  rend  très-pénible  la  recherche  des  vaisseaux  atteints  d'hémor- 
rhagie. 

»  En  laissant  l'os  au  dehors  de  la  plaie,  le  moignon  est  plein_,  naturelle- 
ment soutenu,  insensible  aux  mouvements  du  malade  et  par  conséquent  à 
son  transport.  Les  procédés  circulaires,  dans  lesquels  les  vaisseaux  sont 
coupés  plus  perpendiculairement  que  par  aucun  autre,  sont  applicables. 
La  plaie,  très-petite,  peut  être  réunie  inmiédiatement  dans  la  plus  grande 
partie  de  son  étendue,  offre  une  surface  très-bien  disposée  pour  la  recherche 
du  siège  des  hémorrhagies,  et  permet  au  pus  de  s'écouler  librement  et  au 
dégorgement  de  s'effectuer,  lorsque  la  réunion  n'a  pas  eu  lieu. 

»  La  plus  forte  objection  à  adresser  à  cette  méthode  est  l'obstacle 
qu'apporte  à  la  guérison  définitive  un  os  isolé  et  saillant,  mais  on  en  iera 
la  résection  au  moment  où  la  plaie  sera  presque  entièrement  cicatrisée,  et, 
avec  la  précaution  de  détacher  et  de  renverser  le  périoste,  cette  opération 
présentera  peu  de  danger. 

»  J'ai  visité  un  grand  nombre  d'ambulances,'  et  entre  autres  celle  de 
M.  Icessel,  professeur  agrégé  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Strasbourg,  où 
j'ai  trouvé  plus  de  vingt-cinq  amputés  de  la  cuisse  :  partout  les  blessés 
amputés  avec  des  moignons  creux,  ou  avec  de  vastes  lambeaux  antérieurs 
ou  autres,  avaient  offert  plus  d'accidents  et  avaient  succombé  en  plus  grand 
nombre  que  ceux  dont  les  moignons  étaient  coniques  et  l'os  saillant. 

M  L'expérience  semble  donc  ici  confirmer  les  raisons  théoriques  que 
nous  venons  d'exposer. 

»  J'ajouterai  qu'une  amputation  dans  laquelle  on  vent  laisser  l'os  saillir 
au  delà  des  chairs  ne  diffère  pas  autant  qu'on  pourrait  le  supposer  d'une 
amputation  ordinaire.  C'est  au  reste  un  sujet  à  étudier  plus  longuement, 
mais  voici  des  procédés  que  nous  avons  pratiqués.  On  divise  circulaire- 
ment  la  peau;  on  la  fait  relever,  par  simple  pression  si  elle  est  souple  et 
saine,  en   manchette  si  elle  est  adhérente  ou  infiltrée,  et  l'on  coupe  les 

55.. 


(  424  ) 
chairs  jusqu'à  l'os  en  un  ou  deux  temps,  selon  leur  épaisseur  et  leur  résis- 
tance. On  dénude  légèrement  l'extrémité  osseuse  et  on  la  scie  à  un  centi- 
mètre environ  des  muscles.  Le  moignon  ainsi  formé  est  conique.  On  en 
retranclie,  s'il  y  a  lieu,  les  masses  musculaires  proéminentes  et  les  nerfs  qui 
dépassent  la  plaie,  et,  après  avoir  lié  les  vaisseaux  avec  section  à  ras  des 
ligatures,  on  panse  à  plat,  on  rabat  la  peau  sur  le  moignon,  tout  autour 
de  l'os  laissé  au  dehors,  si  l'on  essaye  la  réunion  immédiate  partielle. 
Quelques  points  de  suture  réunissent  les  téguments  que  l'on  comprime 
légèrement,  avec  un  linge  trempé  dans  du  digestif  et  de  la  charpie,  contre 
la  plaie,  pour  en  assurer  riuunobilité  et  l'adhésion  luiiforme,  et  l'on  com- 
plète le  pansement  par  une  compresse,  une  bande  ou  une  cravate  Mayor. 
On  examine  le  lendemain  si  le  moignon  n'est  pas  ti^p  serré.  Les  téguments 
repoussés  en  arrière,  et  entraînés  dans  ce  sens  par  la  rétractilité  et  la  con- 
traction des  muscles,  se  réunissent  plus  ou  moins  bien  à  la  plaie  et  dimi- 
nuent, par  leur  adhésion,  l'étendue  des  surfaces  de  suppuration.  Si  le 
moignon  s'enflamme  et  s'engorge,  il  devient  convexe,  repousse  encore  la 
peau  plus  haut  et  plus  en  arrière,  et  l'os,  toujours  saillant,  ne  blesse  pas  les 
parties  qu'il  dépasse,  et  le  moignon  ne  retient  pas  le  pus.  A  la  jambe,  le  pro- 
cédé ovalaire,  que  nous  avons  autrefois  décrit,  avec  section  médiane  de  la 
peau  (Larrey),  au  devant  du  tibia,  et  petits  lambeaux  latéraux,  avec  peu  de 
muscles,  donne  de  très-beaux  résultats.  Pour  la  désarticulation  de  l'épaule, 
la  régie  est  de  couper  très-bas  la  peau  de  l'aisselle,  pour  éviter  la  rétention 
du  pus  ou  la  production  d'abcès  le  long  des  parois  thoraciques.  On  en- 
lève avec  soin  les  masses  musculaires  du  deltoïde,  des  pectoraux  et  du 
grand  dorsal,  et  l'on  assure  l'écoulement  des  liquides,  malgré  la  réunion 
immédiate,  par  une  mèche  ou  drain  placés  à  la  partie  déclive  de  la  plaie. 
Toutes  ces  questions  ont  une  importance  pratique  trop  grande  pour  que 
nous  ne  nous  réservions  pas  d'y  revenir  plus  tard. 

»  Voici  les  cas  d'amputation  que  nous  admettons,  en  répétant  qu'il  ne 
s'agit  pas  défaire  exceptionnellement  une  opération  brillante,  qui  réussit 
une  fois  sur  cent,  mais  de  sauver  la  vie  au  plus  grand  nombre  possible 
des  opérés: 

»  A.  Toute  blessure  pénétrante  du  genou  par  un  projectile  exige  impé- 
rieusement, sans  hésitation  et  sans  retard,  l'amputation  de  la  cuisse. 

»  B.  Toute  plaie  de  l'articulation  scapulo-iiumérale  avec  fracture  de  la 
tête  osseuse  réclame  la  désarticulation  du  bras.  Nous  proscrivons  la  résec- 
tion, à  moins  de  circonstances  favorables  exceptionnelles.  Nous  avons  tenté 
cette  opération  quatre  fois  dans  le  mois  dernier.  Un  de  nos  malades  est 


(  4^5  ) 

mort  de  gangrène;  deux  autres,  l'un  à  Walbourg,  l'autre  à  l'hôpital  d'Ha- 
guenau,  ont  succombé  à  des  accidents  infectieux,  avec  frissons  et  abcès 
métaslaliques,  sans  parler  de  la  variole  qui  s'était  déclarée  chez  l'un  de  ces 
blessés.  Le  quatrième,  arrivé  au  seizième  jour  de  sa  résection,  faite  pour 
une  fracture  en  éclat  de  la  tète  humérale,  a  été  pris  d'hémorrhagie,  et, 
comme  dernière  ressource  de  salut,  nous  lui  avons  désarticulé  l'épaule. 
Le  bras  était  dur,  très-volumineux  et  rempli,  depuis  l'extrémité  osseuse 
qui  touchait  la  cavité  glénoïdale  jusqu'au  coude,  d'une  collection  de  pus 
sanieux.  L'opération  date  de  trois  jours,  et  le  malade  va  bien;  mais,  comme 
toutes  nos  plaies,  dans  les  salles  de  l'hôpital,  sont  couenneuses  et  phagédé- 
niques,  nous  avons  peu  d'espoir  de  le  sauver. 

»  C.  Quant  aux  fractures  de  la  cuisse,  du  bras,  des  deux  os  de  la  jambe, 
de  l'avant-bras,  des  articulations  du  poignet  et  du  cou-de-pied,  avec  fracas 
osseux,  nous  croyons  encore  l'amputation  indiquée. 

»  D.  L'expectation  peut  être  tentée  dans  les  fractures  partielles  de  la 
main  et  du  pied,  celles  d'un  seul  os  de  la  jambe  et  de  l'avant-bras,  et  du 
col  et  de  la  tète  du  fémur.  Dans  ces  deux  derniers  cas,  nous  aurions  recours 
à  la  résection  et  à  la  désarticulation,  à  une  époque  ultérieure,  si  la  vitalité 
des  malades  avait  été  assez  puissante  pour  les  soustraire  aux  dangers  des 
premiers  accidents. 

»  On  sera  disposé  peut-être  à  traiter  notre  chirurgie  de  barbare,  et  l'on 
nous  accusera  de  multiplier  des  mutilations,  que  l'on  pourrait  éviter  ou 
remplacer  par  des  résections  ou  par  des  consolidations  lentement  et  diffi- 
cilement obtenues  :  nous  répondrons  que  c'est  la  véritable  chirurgie 
conservatrice,  parce  qu'en  sacrifiant  les  membres  elle  sauve  la  vie. 

»  Nous  terminerons  en  disant,  avec  tous  les  chirurgiens  de  nos  jours, 
que  la  dissémination  des  blessés  est  une  mesure  indispensable,  qui  décide 
de  la  vie  ou  de  la  mort  de  milliers  d'hommes,  et  que  le  transport  des  con- 
valescents et  de  tous  ceux  qui  sont  capables  de  supporter  les  fatigues  d'un 
déplacement  dans  des  lieux  bien  aérés,  salubres  et  éloignés  du  théâtre  de 
la  guerre,  est  le  meilleur  moyen  d'assurer  leur  guérison.  » 

«  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  a  le  regret  d'annoncer  à  l'Académie 
que  la  plus  grande  partie  des  observations  et  des  publications  faites  par 
l'Observatoire  météorologique  central  de  Montsouris  a  dû  être  arrêté  depuis 
plusieurs  jours,  l'autorité  militaire  ayant  fait  une  réquisition  auprès  de 
M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique,  à  l'effet  d'utiliser  le  bâtiment  pour 
la  défense  de  Paris. 


(  4^6  ) 

»  Ce  regret  est,  d'ailleurs^  diminué  par  la  pensée  qu'il  eût  été  impos- 
sible de  conserver  en  sécurité  des  instruments  fragiles  et  délicats  dans 
une  construction,  en  partie  composée  de  bois,  recouverte  par  une  vitrine 
et  située  à  loo  mètres  des  fortifications. 

»  Grâce  à  la  courtoise  obligeance  de  M.  l'Amiral  Méqiiet,  chargé  du 
commandement  dans  cette  zone  des  fortifications  de  Paris,  les  mesures  les 
meilleures  ont  pu  être  prises  pour  mettre  en  sûreté  les  instruments  et  les 
papiers  importants  de  l'Observatoire,  jusqu'au  moment  où  les  travaux 
pourront  y  être  repris. 

))  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  saisit  cette  occasion  de  remercier  l'Aca- 
démie de  l'intérêt  qu'elle  n'a  cessé  de  témoigner  à  l'œuvre  qu  il  a  été  chargé 
d'organiser,  et  des  encouragements  qu'elle  a  bien  voulu  lui  accorder.  » 

CORRESPONDANCE . 

PHYSIOLOGIE.  —   Su?'  un  moytn  propre  à  annuler  les  effets  de  l'alimenlalion 
insuffisante.  Note  de  M.  Rabcteau,  présentée  par  M.  Claude  Bernard. 

«  En  i85o,  M.  de  Gasparin  communiquait  à  l'Académie  des  Sciences 
des  observations  d'un  haut  intérêt  relativement  aux  effets  du  café.  Ce  sa- 
vant faisait  voir  que  les  mineurs  de  Charleroi  pouvaient  conserver  la  santé 
et  une  grande  vigueur  de  forces  musculaires,  en  faisant  usage  d'iuie  nour- 
riture moitié  moindre  que  celle  qu'uidiquent  la  théorie  et  l'observation  jour- 
nalière. A  l'aide  d'aliments  renfermant  moins  d'azote  et  de  carbone  que  la 
ration  quotidienne  des  trappistes  dont  le  teint  est  pâle  et  qui  travaillent  cinq 
fois  moins  qu'un  ouvrier  ordinaire,  les  mineurs  belges  formaient  des  ou- 
vriers plus  énergiques  que  les  mineurs  français  d'Anzin,  qui  se  nourissaient 
bien  j)lus  largement.  Mais  les  mineurs  belges  faisaient  chaque  jour  usage  de 
2  litres  il'une  infusion  préparée  avec  3oS'',59  de  café.  Cette  infusion  venait 
aiuuder  les  effets  fâcheux  d'une  alimentation  insuffisante. 

»  Les  observations  de  M.  de  Gasparin  furent  d'abord  accueillies  avec 
une  certaine  incrédulité;  mais  il  fallut  bientôt  en  reconnaître  l'exactitude. 

»  En  1860,  M.  Jousand  rapporta,  dans  sa  thèse  inaugurale  présentée  à 
la  Faculté  de  Médecine  de  Pans,  des  faits  qui  venaient  confirmer  les  précé- 
dents. Cet  observateur,  à  l'aide  cle._i2o  grammes  de  café  en  poudre  et  3  li- 
tres d'infusion  faite  avec  200  grammes  de  divers  cafés,  soit  en  moyenne 
46  grammes  par  jour,  put  supporter  un  jeûne  absolu  de  sept  jours  entiers 
et  consécutifs,  sans  rien  retrancher  de  ses  occupations  habituelles.  II  put 


(    427    ) 

même  se  livrer  à  un  exercice  musculaire  plus  actif  et  plus  prolongé  que  ce- 
lui qu'il  prenait  ordinairement  et  sans  éprouver  d'autres  troubles  orga- 
niques qu'un  peu  de  fatigue  et  un  amaigrissement  assez  faible. 

»  Ces  observations  justifient  complètement  les  opinions  de  M.  Payen,  de 
M.  Bouchardat  et  de  M.  Sée  sur  le  café.  Pour  M.  Payen,  cette  substance 
empêcherait  de  se  dénourrir  ou  diminuerait  la  déperdition.  M.  Sée  la  range 
parmi  les  médicaments  d'épargne. 

»  On  avait  déjà  dit  que  le  café  diminuait  l'urée,  mais  aucune  expérience 
scientifique  quelque  peu  suivie,  si  ce  ne  sont  celles  de  Bocker,  n'avait  été 
faite  à  ce  sujet.  Cette  lacune  a  été  comblée  à  l'aide  de  recherches  faites,  à 
mon  instigation,  par  mon  ami  M.  Eustratiade,  de  Smyrne,  qui  a  étudié  sur 
lui-même  les  effets  de  la  caféine  et  du  café  dans  des  expériences  qui  ont 
duré  quarante-neuf  jours,  pendant  lesquels  il  s'est  astreint  à  un  régime 
identique  et  a  recueilli  ses  urines  chaque  jour.  3o  centigrammes  de  caféine 
diminuèrent  l'urée  de  plus  de  28  pour  100,  et  une  infusion  de  60  grammes 
de  café  torréfié  la  diminua  de  plus  de  10  pour  100.  Je  puis  affirmer  l'exac- 
titude de  ces  résultats,  car  j'ai  fait  moi-même  les  dosages  de  l'urée.  Entre 
autres  faits  observés,  je  citerai  un  ralentissement  notable  du  pouls,  ralen- 
tissement qui  avait  été  déjà  signalé  nettement  par  d'autres  auteurs,  malgré 
des  opinions  contraires  reposant  sur  des  faits  mal  observés  (Eustratiade, 
Thèse  de  Paris,  1870). 

»  La  caféine  et  le  café  torréfié  diminuent  donc  les  oxydations  et  tempè- 
rent le  mouvement  de  dénutrition. 

»  J'ai  fait  à  peu  près  à  la  même  époque,  sur  moi-même,  des  expériences 
avec  le  café  vert  et,  de  plus,  avec  le  thé.  Les  premiers  résultats  de  ces  ex- 
périences, que  je  continuerai,  ont  été  annoncés  cette  année  à  la  Société  de 
Biologie. 

»  Je  m'étais  proposé  d'étudier  la  théobromine  et  le  cacao;  les  circon- 
stances ne  m'ont  pas  permis  encore  de  mettre  mon  projet  à  exécution.  Mais 
je  fais  en  ce  moment  même  l'expérience  suivante,  à  laquelle  les  circon- 
stances actuelles  peuvent  donner  une  grande  importance. 

))  A  un  chien  de  taille  ordinaire  je  ne  donne  chaque  jour  que 
20  grammes  de  cacao  eu  poudre,  une  infusion  de  20  grammes  de  bon  café 
torréfié,  le  tout  additionné  de  10  grammes  de  sucre.  J'ajoute  du  sucre  afin 
que  cet  animal  puisse  prendre  ce  mélange  sans  répugnance,  car  une 
chienne  que  j'essaye  de  soumettre  à  ce  même  régime  refuse  absolument  par- 
fois d'y  goiiter. 

»  A  un  autre  chien,  de  même  taille  que  le  premier,  je  ne  donne  égale- 


(    428    ) 

nient  chaque  jour  que  20  grammes  de  pain,  10  grammes  de  beurre  ordi- 
naire, pour  remplacer  le  beurre  contenu  dans  le  cacao,  et  10  grammes  de 
sucre. 

))  Depuis  huit  jours  que  dure  l'expérience,  le  premier  chien  nourri  au 
cacao  et  au  café  se  porte  très-bien,  il  n'a  pas  maigri  pour  ainsi  dire  et  il  a 
conservé  ses  allures  habituelles.  Le  dernier  au  contraire  est  considérable- 
ment amaigri  et  exténué;  cependant  les  quantités  de  carbone  et  d'azote 
contenues  dans  son  alimentation  insuffisante  équivalent  largement  aux 
quantités  des  mêmes  principes  contenus  dans  la  ration  de  l'animal  soumis 
au  régime  du  café  et  du  cacao. 

»  Tels  sont  les  premiers  résultats  d'une  expérience  dont  la  fin  n'est  pas 
douteuse.  Le  premier  chien  conservera  la  santé  et  la  force  pendant  long- 
temps, le  dernier  mourra  bientôt. 

»  Si  je  publie  cet  essai,  c'est  qu'il  forme  avec  les  données  précédentes  un 
ensemble  de  faits  dont  les  conséquences  n'échapperont  à  personne  relati- 
vement à  l'alimentation  insuffisante.  J'ai  la  conviction  qu'un  homme  pour- 
rait vivre  plusieurs  mois,  et  conserver  de  la  force,  en  faisant  usage  chaque 
jour  uniquement  de  i5o  grammes  du  mélange  suivant  : 

Cacao  en  poudre 1 000  grammes . 

Café  infusé 5oo          » 

Thé  infusé 200          » 

Sucre 5oo          » 

»  En  évaporant  les  infusions  de  café  et  du  thé  on  n'obtiendrait  qu'un 
faible  poids  de  résidu  sec,  de  sorte  que  le  mélange  précédent  ne  pèserait 
pas  plus  de  1600  grammes  et  pourrait  suffire  à  l'entretien  de  dix  jours. 
Rien  n'est  d'ailleurs  plus  agréable  que  cette  préparation  précédente 
lorsqu'on  l'a  délayée  dans  de  l'eau  bouillante.  Pour  ma  parr,  moi  qui  aime 
les  expériences,  je  ne  manquerais  pas  de  m  y  soumettre  si  je  venais  dans  les 
circonstances  actuelles  à  manquer  de  vivres. 

»  Je  voudrais  donc  voir  le  Gouvernement  de  la  défense  nationale  faire 
pénétrer  dans  les  villes  assiégées  ce  mélange  alimentaire  appelé  à  rendre  les 
plus  grands  services.  Rien  ne  serait  plus  apte  pour  la  réussite  qu'une  appro- 
bation de  l'Académie  des  Sciences.   » 

M.  Le  Masurier  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  prendre  connaissance 
du  contenu  d'un  j)li  cacheté  dont  elle  avait  accepté  le  dépôt. 

Ce  pli,  ouvert  en  séance  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  contient  l'indica- 


(  429  ) 
tion  d'une  application  spéciale  de  la  lumière  électrique.  L'Académie  prie 
M.  Dumas  de  l'examiner,  pour  en  faire  immédiatement  l'usage  qu'il  jugera 
convenable,  en  se  conformant  aux  intentions  de  l'auteur. 

M.  P.  GuTOT  adresse  une  Note  relative  au  développement  d'organismes 
particuliers  dans  le  pain  fait  avec  la  farine  de  seigle. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  12  septembre  1870,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

De  la  molilité  des  conferves;  yar  M.  J.  Girard.  Amiens,  1870;  br.  in-S". 

La  chambre  noire  et  le  microscope.  Photomicrographie  pratique;  par  M.  J. 
Girard,  2^  édition.  Paris,  1870;  in-12. 

Ambulances  à  parois  recouvertes  de  plastique  cahrifuge-hydrofucje ,  avec 
aération  réglée  à  volonté:  importante  amélioration  du  service  de  santé;  par 
M.  P.  PiMONT.  Rouen,  1870;  br.  in-4°. 

La...  La  musique,  science  et  art;  par  M.  G.  Privitera  ;  fascicules  1  5  et  16. 
Sans  lieu  ni  date;  in-/i°. 


C.  R.,  iS'jo,  a"  Semestre.  (T.  LXXl,  N»  II.)  56 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  19  SEPTEMBRE  !870. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOUVILLE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE   L'ACADÉMIE. 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Sur  la  salubrité  du  sol  et  des  eaux. 
Note  de  M.  Chevreul, 

«  J'ai  remis  au  Compte  rendu  de  cette  séance  (19  de  septembre)  les  consé- 
quences de  quelques  propositions  générales  sur  ihycjiène  des  villes,  relative- 
ment au  sol  et  aux  eaux  naturelles.  En  en  faisant  un  résumé  très-court,  je 
priorai  ceux  de  mes  lecteurs  qne  le  sujet  intéresse  de  recoiu-ir  à  un  Mémoire 
sur  V hygiène  des  cités  populeuses,  inséré  tome  XXIV  des  Mémoires  de  l'Aca- 
démie, qui  fut  lu  le  9  et  le  16  de  novembre  1846. 

PREMIÈRE    PROPOSITION. 

«  Pour  qu'un  sol  arable  soit  salubre,  c'est-à-dire  |)ropre  à  la  germina- 
tion et  au  développement  d'une  plante,  il  faut  qu'il  permette  à  la  graine 
et  aux  spongioles  des  racines  d'avoir  le  contact  de  l'oxygène  atmosphé- 
rique. 

»  Consécpiences.  —  Tout  sol  qui  renferme  une  matière  quelconque  inor- 
ganique ou  organique  capable  d'absorber  rapidement  l'oxygène  atmo- 
sphérique du  sol  est  contraire  à  la  végétation,  c'est  pour  cela  que  ; 

u    i"  Des   boues  des  curenrs  de  fossés  qui  renferment  du  protosulfui'e 

C.  R.,  1870,  2»  Semestre.  (T.  LXXI,  N°  12.)  5y 


(  432  ) 
de  fer,  (les  résidus  de  lavage  de  soude  qui  renferment  du  sulfure  de  calcium 
nuisent  à  la  végétation; 

»  2"  Des  irrigations  faites  avec  des  eaux  chargées  de  matières  organi- 
ques et  très-aptes  à  absorber  le  gaz  oxygène  peuvent  nuire  à  la  végétation, 
fait  qui  n'est  pas  en  opposition  avec  l'influence  que  des  eaux  moins  char- 
gées pourront  avoir  de  faire  verser  les  plantes; 

»  3°  Le  drainage  qui,  en  évacuant  l'excès  de  l'eau  d'un  sol,  permet  à 
l'air  d'y  pénétrera  la  profondeur  îles  drains,  contribuant  ainsi  à  étendre 
le  sol  en  profondeur,  est  favorable  à  la  végétation. 


DEUXIEME    PROPOSITION. 


»  Les  eaux  naturelles  ne  sont  salubres  qu'à  la  condition  de  tenir  de 
l'oxygène  atmosphérique  en  solution  ;  et  ce  n'est  qu'à  cette  condition  que 
les  animaux  peuvent  y  vivre. 

0  Conséquences.  —  i"  Tonte  matière  organique  qui  séjourne  dans  l'eau 
durant  un  certain  temps  la  rend  insalubre  en  s'emparant  de  son  oxygène 
atmosphérique. 

»  C'est  en  cela  que  des  poissons  assainissent  les  eaux  des  tonneaux  des 
jardins,  en  s'emparant  des  matières  organiques  dont  ils  se  nourrissent,  et 
qui,  autrement,  en  altéreraient  la  pureté. 

»  2"  Les  plantes  aquatiques  verdoyantes  frappées  par  le  soleil  contri- 
buent à  entretenir  la  salubrité  des  eaux,  en  s'assimilant,  comme  engrais, 
des  matières  d'origine  organique,  et  en  dégageant  de  l'oxygène  provenant 
delà  décomposition  de  l'acide  carbonique;  mais  ces  causes  n'empêchent 
pas  que  des  gaz  délétères  puissent  se  dégager  de  la  boue  du  fond  de  l'eau. 

»  S""  Une  eau  courante,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  est  une  contii- 
tion  de  sahibrité,  relativement  à  une  eau  stagnante.  Aussi  est-ce  une 
grande  faute  commise  contre  l'hygiène,  lorsqu'on  interrompt  le  mouve- 
ment d'un  cours  d'eau  par  des  barrages  et  qu'on  le  réduit  ainsi  en  flaques, 
en  mares,  en  sections  d'eau  stagnante. 

»  Un  travail  détaillé  inédit  sur  les  eaux  de  la  Bièvre,  commencé  en  1827 
et  continué  jusqu'à  ces  derniers  temps,  me  permet  de  restreindre  quelques 
conclusions  trop  générales  qui  ont  été  tirées  récenunent  d'iui  trop  petit 
nombre  d'expériences  faites  à  l'étranger. 

»  4"  Les  matières  organicpies  peuv.  ut  contribuer  à  l'insalubrité  des 
eaux   naturelles,  en   absorbant    l'oxygène   de  l'acide   snifurique    uni  aux 

bases  alcalines. 

»    I  elle  est  l'origine  des  sulfures  de  calcinm,  de  potassium,   etc.,  qui  se 


(  433  ) 
forment  dans  des  eaux  que  renferment  des  tonneaux  de  chêne,  dont  on  a 
négligé  de  carboniser  l'intérieur  d'après  le  conseil  de  Berthollet. 

»  5°  Il  y  a  nécessité  que  les  cimetières  situés  sur  des  collines  n'aient 
pas  leur  pente  du  côté  des  villes.  Tel  est  l'inconvénient  de  la  situation  du 
cimetière  du  Père-Lachaise  de  Paris. 


»  Je  n'ai  point  parlé  dans  ce  qui  précède  de  l'action  de  la  lumière  sur 
les  matières  organiques  que  l'on  a  intérêt  à  détruire  :  son  efficacité  est 
prouvée  par  les  nombieuses  séries  d'expériences  sur  la  décoloration  des 
étoffes  teintes,  exposées  en  même  temps  au  gaz  oxygène  et  à  la  lumière,  ou 
même  encore  à  la  chaleur  obscure. 

Conséquences  des  deux  propositions . 

«  i"  J'ai  donné  une  attention  toute  particulière  aux  combustions  lentes 
dont  les  matières  organiques  sont  susceptibles  sous  l'influence  de  la  lu- 
mière. 

1)  Ces  combustions  lentes  sont  une  cause  de  salubrité,  lorsqu'elles  ont 
lieu  sous  cette  influence  dans  des  eaux  aux  dépens  de  l'oxygène  atmo- 
sphérique qui  s'y  dissout  incessamment.  Cette  combustion  de  la  matière 
organique,  que  j'ai  fait  connaître  il  y  a  longtemps,  par  le  contact  de  l'air 
libre,  empêche  l'infection  de  l'eau  contenant  des  sulfates  alcalins  qui  aurait 
lieu,  si  elle  était  privée  du  contact  de  l'air. 

»  2°  Tout  ce  qui.  s'oppose  à  la  pénétration  de  l'eau  aérée,  des  pluies 
dans  le  sol,  est  contraire  à  la  salubrité  de  ce  sol.' 

»  Dans  les  rues  pavées  des  villes,  le  fer  qui  se  détache  du  fer  des  che- 
vaux et  des  roues  des  voitures  finit  par  gagner  les  entres  des  pavés  et  passe 
bientôt  à  l'état  d'oxyde  noir  magnétique.  Cet  oxyde  devient  ainsi  un  ob- 
stacle à  l'aération  du  sol  inférieur. 

»  Il  est  remarquable,  d'après  mes  expériences,  que  le  fer  métallique  qui 
est  en  contact  avec  de  l'eau,  des  matières  organiques  et  du  sulfate  de 
chaux  s'oxyde  simplement,  et  qu'alors  il  ne  se  produit  pas  de  protosulfure 
de  fer. 

»  Mais  il  n'en  est  plus  de  même  lorsque  du  sulfate  de  chaux  dissous  dans 
l'eau  avec  une  matière  organique  se  change  en  sulfure  :  si  celui-ci  rencontre 
un  oxyde  de  fer,  il  se  produit  immédiatement  du  sulfure  de  ce  métal. 

»  3°  Le  pavage  des  rues  doit  être  considéré  sous  deux  aspects  dif- 
férents : 

57.. 


(  434  ) 

»  Il  est  sal libre  en  ce  qu'il  éloigne  les  eaux  stagnantes  des  murs  des 
maisons  ; 

H  II  est  insalubre  en  ce  sens  qu'il  empêche  les  eaux  pluviales  tenant  de 
l'oxygène  atmosphérique  de  pénétrer  dans  le  sol,  et  dès  lors  met  obstacle 
à  l'action  salubre  de  ce  gaz. 

»  4°  Une  cause  d'infection  du  sol  relative  à  la  disparition  de  l'oxygène  de 
ce  sol,  est  l'usage  déplorable  d'enterrer  les  conduites  de  gaz  :  car  le  gaz 
contient  des  huiles  qui,  se  condensant  en  liquide,  deviennent  la  cause  de 
l'infection  du  sol,  dès  qu'il  y  a  une  rupture,  une  fonte  dans  la  conduite.  Je 
me  trompe  fort  si  l'on  ne  voit  plus  tard  le  triste  effet  de  cette  infection. 

»  J'ai  eu  l'occasion  de  préserver  un  jardin  public  de  la  mortalité  des 
arbres  qu'occasionnait  la  fuite  du  liquide  séparé  du  gaz  circulant  dans  des 
tuyaux  simplement  enterrés,  en  conseillant  à  l'archictectc  de  les  placer 
dans  des  canaux  en  maçonnerie. 

»  5°  La  salubrité  d'une  maison  exige,  sinon  son  isolement,  du  moins  la 
libre  circulation  de  l'air  sur  deux  de  ses  faces  o[)posées,  la  pénétration  de 
la  lumière  dans  l'intérieur  des  apparteu)ents  et  le  renouvellement  de  l'air 
qui  est  en  contact  avec  les  murailles  intérieures  du  rez-de-chaussée. 

»  Dans  un  ouvrage  inédit,  je  fais  l'apiilication  des  principes  précédents 
aux  nouvelles  constructions  des  maisons  de  Paris  et  à  la  suppression  des 
cours,  des  jardins  et  des  puits,  w 

JVote  de  M.  Ciievreul  relative  à  la  demande  adressée  à  l' Académie  d'ouvrir  un 
volume  de  ses  Mémoires  pour  recevoir  le  septième  Mémoire  de  ses  recherches 
chimiques  sur  la  teinture,  qui  sont  relatives  à  la  laine  et  au  suint. 

«  M.  Chevreul  demande  à  ses  confrères,  qu'ils  veuillent  bien  lui  accor- 
der la  faculté  de  commencer  l'imiiression  d'un  ouvrage  sur  la  laine,  com- 
prenant l'examen  du  suint  cl  t'élude  des  propriétés  de  sa  matière  Jilamenteuse 
purifiée. 

»  L'origine  de  ce  travail  remonte  à  l'année  i8o5,  et  depuis  quarante- 
deux  ans  il  s'en  est  occupé  d'une  manière  pour  ainsi  dire  continue  comme 
le  témoignent  les  communications  de  plusieurs  de  ses  recherches  qu'il  a 
faites  déjà  à  l'Académie. 

a  Cet  ouvrage  est  le  produit  de  toutes  les  recherches  de  M.  Chevreul 
sur  l'analyse  organique  immédiate  ap|)liquée  à  l'examen  du  suint. 

1)  M.  Chevreul  fait  connaître  d'une  manière  précise  la  grande  différence 
qui  distingue  l'analyse  organique  immédiate  de  l'analyse  minérale. 


(  435  ) 

»  Il  examine  la  laine  au  point  de  vue  physique,  chimique  et  physiolo- 
gique, puis  au  point  de  vue  de  l'économie  des  arts,  dont  elle  est  la  matière 
première. 

»  Ce  qui  détermine  M.  Chevreul  à  demander  l'impression  immédiate  de 
celles  de  ses  recherches,  qui  sont  terminées,  c'est  que  son  laboratoire  des 
Gobelins  sera  probablement  exposé  aux  premières  bombes  prussiennes,  et  il 
se  reprocherait  de  n'avoir  pas  prévenu  la  destruction  d'iui  travail  dont  la 
publication  peut  avoir  quelque  utilité  pour  la  science  et  l'industrie,  à  cause 
des  faits  nombreux  qu'il  embrasse  et  du  temps  qu'il  a  consacré  à  lutter 
contre  des  difficultés  qu'aucune  de  ses  autres  recherches  ne  lui  a  pré- 
sentées. 

»  La  demande  de  M.  Chevreul,  accueillie  à  l'imanimité  par  l'Académie, 
a  dû,  conformément  au  règlement,  être  renvoyée  à  l'examen  de  la  Com- 
mission administrative.  » 

CHIRURGIE.  —  Suite  (les  indications  relatives  aux  amputations  faites  à  la  suite 
de  blessure  par  les  armes  de  guerre.  —  Suites  funestes  de  l'encombrement  et 
de  tout  ce  qui  s'oppose  à  une  parfaite  aération  des  lieux  où  sont  reçus  les 
blessés.  —  Conditions  qui  devront  augmenter  les  chances  de  guérison-  mesures 
proposées  à  cet  effet.  Note  de  M.  Sédillot. 

«   Haguenau  (ambulances  volontaires  de  la  Société  internationale 
des  secours  aux  blessés),  ii  septembre  1870. 

»  L'affreuse  mortalité  des  blessés  par  armes  de  guerre  appelle  l'atten- 
tion de  tous  les  amis  de  la  science  et  de  l'humanité,  et  je  suis  certain  de 
la  sympathie  de  l'Académie  en  vous  entretenant  de  ce  sujet.  La  question 
«  de  la  conservation  des  blessés  »  devrait  être  mise  et  rester  à  l'ordre  du  jour 
des  Académies  et  des  Sociétés  de  Médecine,  et  je  voudrais  que  les  proposi- 
tions que  j'ai  l'honneur  de  vous  soumettre  pussent  être  adoptées  ou  rem- 
placées par  des  dispositions  mieux  conçues  et  d'une  plus  complète  effica- 
cité. 

»  L'étude  du  traitement  et  des  résultais  des  blessures  de  guerre  révèle 
douloureusement  de  proibndes  dissidences  entre  les  hommes  de  l'art  les 
plus  éininents. 

»  Le  problème  des  amputations  immédiates  ou  tardives,  mis  au  con- 
cours par  notre  anciennne  et  glorieuse  Académie  de  Chirurgie,  a  seulement 
changé  de  termes  et  se  débat  entre  les  partisans  de  la  conservation  des 
membres,  forcés  de  revenir,  dans  beaucou[)  de  cas,  aux  amputations  tar- 


(  436  ) 
clives,  et  ceux  des  amputations  pratiquées  immédiatemeuî,  dans  le  but  d'évi- 
ter la  nécessité  d'y  recourir  pendant  la  période  inflammatoire.  L'on  n'est 
d'accoril  ni  sur  les  cas  ni  sur  l'opporlimité  des  amputations.  Là  où  les  uns 
ont  éprouvé  des  revers,  d'autres  ont  obtenu  des  succès,  et  l'art,  hésitant  et 
déconcerté,  poursuit  une  doctrine  et  des  règles  qui  semblent  fuir  devant 
ses  recherches. 

»  Le  perfectionnement  des  armes  de  guerre  et  l'aggravation  des  bles- 
sures n'expliquent  pas  ces  dissidences.  Une  cause  semblable  ne  saurait  pro- 
duire des  effets  différents,  et  la  raison  doit  s'en  trouver  dans  des  influences 
variables. 

»  Le  choix  des  méthodes  et  des  procédés  opératoires,  l'iiabileté  des 
chirurgiens  modifient  sans  doute  le  nombre  des  guérisons,  mais  l'expérience 
démontre  que  la  part  en  est  faible,  comparativement  à  celle  des  conditions 
hygiéniques,  si  néfastes,  parfois,  qu'aucun  blessé  ne  survit.  N'est-il  pas 
évident  que  des  hommes  souffrants,  affaiblis,  attristés,  accumulés  dans  des 
espaces  étroits,  infects  et  bientôt  infectieux,  sans  air,  sans  médicaments, 
sans  linge,  sans  pansements,  souvent  sans  aliments  et  sans  eau  potable, 
sont  voués  à  une  mort  inévitable.  L'ouvrage  de  M.  le  docteur  Chenu, 
couronné  par  l'Académie,  n'en  offre  que  des  preuves  trop  répétées  et  trop 
lamentables. 

M  Une  vérité  fondamentale  s'est  fait  jour  et  n'admet  plus  de  discussion. 
Il  faut  placer  les  blessés  dans  des  conditions  hygiéniques  favorables,  et 
pour  cela  les  disséminer.  Mais  comment,  dans  quelles  proportions,  siu" 
quelle  étendue  de  territoire,  par  quels  moyens  leur  assurer  des  soins  mé- 
dicaux? Voilà  ce  qu'il  importe  d'établir.  L'Amérique,  dès  ses  premiers  pas, 
a  presque  entièrement  résolu  ces  difficultés  par  de  magnifiques  bara- 
quements, où  s'accumulaient  toutes  les  ressources  :  viandes  fraîches,  con- 
serves, fruits,  légumes  et  autres  aliments  variés,  laitage,  glace,  aération 
parfaite,  pharmacies  complètes,  chirurgiens  chargés,  sans  intermédiaiics 
inutiles  et  par  cela  même  dangereux,  de  la  direction  de  tous  les  services; 
ordre  de  brûler  de  fond  en  comble  ces  hôpitaux  improvisés,  dès  qu'une 
apparence  infectieuse  en  compromettait  la  salubrité;  transports  et  évacua- 
tions rapides  par  chemins  de  fer  et  bâtiments  maritimes  appropriés;  aucun 
secours  ne  faisait  défaut.  Mais  quelle  nation  européenne  est  capable  de 
fournir  une  première  mise  volontaire  de  4oo  millions  pour  secours  à  ses 
blessés?  Il  nous  faut  donc  chercher  d'autres  ressources.  Celles  d'aujour- 
d'hui, qnoicjue  supérieures  à  celles  dont  on  s'est  longtemps  contenté,  sont 
absolument   insuffisantes.  Partout   nous  voyons  des  hôpitaux,  des  ambu- 


(437  ) 
lances,  des  villages  et  des  villes  encombrés.  Du  huitième  au  douzième 
jour,  on  reconnaît  les  lieux  où  séjournent  les  blessés,  à  l'odeur  de  suppu- 
ration et  de  gangrène  qui  s'en  dégage.  Quelques  jours  |)lus  tard,  l'infec- 
tion est  générale  et  entraîne  une  immense  mortalité.  Le  personnel  médical 
et  hospitalier  n'échappe  pas  à  cette  action  délétère,  marquée,  dès  le  début, 
par  des  affections  gastro-intestinales  plus  ou  moins  graves.  Comment  de 
malheureux  blessés  pourraient-ils  y  résister!  On  fait  partira  pied,  en  voi- 
ture, eu  chemin  de  fer,  les  moins  atteints;  ceux  qui  le  sont  plus  dangereu- 
sement occupent  les  lieux  publics  et  les  maisons  offertes  par  le  dévoue- 
ment et  la  charité  des  habitants,  mais  malgré  ces  précautions,  l'encom- 
brement est  partout,  et  dix  ou  vingt  mille  blessés,  quelquefois  davantage, 
ne  peuvent  être  facilement  disséminés  à  de  grandes  distances.  Le  pays 
entier  doit  être  appelé  à  concourir  à  des  mesures  de  salut  plus  radicales, 
et  les  médecins  civils  sont  seuls  capables,  par  leur  nombre,  leur  zèle  et 
leurs  lumières,  de  subvenir  à  de  si  impérieuses  exigences  et  de  complé- 
ter la  médecine  militaire,  qui  ne  compte  pas  mille  docteurs  et  est  dé- 
bordée. 

»  En  règle  générale,  tous  les  blessés  sont  transportables,  et  la  preuve  en 
est  fournie  par  les  champs  de  bataille,  où  il  n'en  reste  pas  un  seul  au  bout 
de  peu  de  jours. 

»  Un  autre  fait,  digne  de  toutes  les  méditations,  est  qu'un  homme  jeune, 
sain  et  bien  constitué,  placé  dans  des  conditions  hygiéniques  favorables, 
échappe  habituellement  aux  traumatismes  les  plus  compliqués,  comme  la 
médecine  de  nos  villages  en  offre  de  si  remarquables  exemples.  Là  est  la 
source  d'indications  capitales.  I^arrey  et  d'autres  chirurgiens  ont  signalé, 
avec  une  certaine  surprise,  l'état  inespéré  de  blessés  transportés  à  de  grandes 
distances,  en  raison  des  nécessités  de  la  guerre,  et  retrouvés  en  bonne 
voie  de  guérison.  Le  changement  de  lieux  et  une  meilleure  aération  les 
avaient  sauvés. 

M  Des  conditions  différentes  de  salubrité  sont  donc  les  |irincipales  causes 
des  succès  et  des  revers  des  chirurgiens  et  de  leurs  dissidences.  Si  les  am- 
putations immédiates  sont  plus  heureuses,  c'est  qu'à  ce  moment  l'air  n'est 
pas  encore  vicié.  La  mortalité  des  amputations  faites  jiendant  la  période 
inflammatoire  tiendrait  à  ce  qu'elles  ont  lieu  en  pleine  infection  nosoco- 
miale,  et  l'issue  moins  défavorable  des  amputations  consécutives  s'expli- 
querait, en  partie  au  moins,  par  un  commencement  d'assainissement  des 
localités,  débarrassées  par  la  mort  d'un  encombrement  fatal. 

»  Pour  éviter  de  pareils  désastres,  assurer  dans  les  plus  larges  limites  le 


(  438  ) 
salut  des  blessés  et  ne  sacrifier  que  les  membres  condamnés  par  une  expé- 
rience unanime,  nous  proposons  les  mesures  suivantes  : 

»  j"  liCS  blessés  seront  assez  écartés  les  uns  des  autres,  pour  prévenir 
par  ce  seul  fait  la  viciatioii  des  localités  et  de  l'air  ambiant. 

»  2°  A  cet  effet,  on  pratiquera  dès  le  premier  ou  le  second  jour  de  la 
blessure  les  amputations  et  les  résections  que  l'opinion  unanime  des 
hommes  de  l'art  rend  indispensables,  et  l'on  appliquera  le  principe  de  la 
conservation,  au  moins  provisoire,  dont  on  fera  courir  les  chances  heu- 
reuses aux  blessés,  dans  tous  les  cas  où  il  y  aura  doute  et  hésitation. 

»  3"  Ces  opérations  terminées  et  les  appareils  et  les  bandages  exigés  par  la 
nature  des  lésions  étant  placés,  on  dirigera  sur  des  lieux  désignés  à  l'avance 
un  nombre  déterminé  de  blessés,  réiiarlis  aux  distances  réglementaires  qui 
auront  été  fixées.  Deux  personnes  seidement  pourront  occuper  une  même 
chambre  suffisamment  espacée.  C'est  un  moyen  de  société,  de  protection 
et  de  confiante  intimité  dont  les  malades  se  trouvent  généralement  bien. 

»  l\°  Les  plus  longs  transports  seront  supportés  par  les  moins  souffrants. 
Ceux  dont  l'état  exige  le  plus  de  ménagements  et  de  soins  seront  envoyés 
de  préférence  dans  les  cités  universitaires. 

»  5"  Les  blessés  recevront  leur  solde  de  guerre  jusqu'à  guérison,  pour 
alléger  volontairement  les  charges  de  ceux  qui  les  recevront,  ou  améliorer, 
comme  ils  l'entendront,  leur  situation.  Tous  auront  la  faculté  de  se  faire 
transporter,  sans  frais  à  leur  charge,  dans  leur  famille  ou  chez  les  parents  et 
les  amis  qui  les  réclameront,  et  dont  les  moyens  d'installation  seront 
reconnus  favorables.  Les  blessés  non  réclamés  seront  placés  chez  les  per- 
sonnes qui  auront  offert  de  les  recevoir.  Si  cette  hospitalité  spontanée  était 
insuffisante,  on  la  rendrait  obligatoire,  avec  des  conditions  de  surveillance 
confiées  à  des  Commissions  spéciales. 

»  6°  Les  visites,  pansements  et  opérations  seront  gratuits  et  le  Gouverne- 
ment en  réglera  les  honoraires,  d'après  un  tarif  général,  aux  hommes  de 
l'art  dont  le  choix  sera  libre.  Les  mêmes  dispositions  s'appliqueront  à  la 
fourniture  des  médicaments. 

»  7°  Le  brassard  de  la  Société  internationale  sera  remis  aux  nobles 
femmes  que  la  charité  et  le  dévouement  décideront  à  se  consacrer  aux  soins 
des  blessés.  Des  instructions  et  une  organisation  spéciales  seront  assignées 
à  cette  vaste  confrérie  de  secours. 

»  8"  Une  Commission  nommée  par  l'Institut,  l'Académie  de  Médecine, 
le  Conseil  de  salubrité  de  Paris  et  le  Conseil  supérieur  de  santé  des  ar- 
mées établira  d'urgence  les  règles  de  la  dissémination  des  blessés;  les  dis- 


(  439  ) 
tances  à  maintenir  entre  eux;  la  situation  isolée  et  salubre  des  localités  qui 
leur  seront  affectées;  le  minimum  de  cubage  d'air  reconnu  indispensable; 
le  choix,  dans  les  villes,  des  maisons  à  proximité  des  places,  des  jardins, 
des  espaces  libres;  les  indications  relatives  au  régime  alimentaire,  aux  vêle- 
ments, aux  premiers  secours,  aux  pansements,  aux  opérations. 

»  9°  Les  préfets,  sous-préfets,  maires,  curés,  pasteurs,  médecins,  mem- 
bres des  Conseils  général  et  municipal,  les  sociétés  médicales,  les  associa- 
tions religieuses  et  de  charité  veilleront,  dans  les  limites  de  leur  compétence, 
à  ce  que  rien  de  ce  qui  touche  à  la  santé  des  blessés  ne  soit  négligé. 

»  lo"  Un  Rapport  sur  la  nature  des  blessiu'es,  des  complications  et  acci- 
dents, et  des  résultats  définitifs  du  traitement  sera  fourni  par  le  médecin 
traitant,  et  permettra,  avec  les  renseignements  officiels  de  l'autorité  mili- 
taire, de  compléter  l'histoire  de  chaque  cas  particulier  et  d'arriver  à  des 
statistiques  du  plus  haut  intérêt  pour  les  indications  opératoires,  la  gravité 
relative  des  blessures  et  les  moyens  les  plus  assurés  de  la  guérison. 

»  Conclusion.  —  L'adoption  de  ces  mesures  nous  paraît  le  plus  sûr 
moyen  de  sauver  des  milliers  de  blessés  et  de  prévenir  une  multitude  de 
mutilations  imposées  à  l'art  par  les  fatales  conditions  d'encombrement, 
d'insalubrité  et  d'insuffisance  de  soins  que  déplorent  l'humanité  et  la 
science.  » 

M.  Dumas  donne  connaissance  de  la  Lettre  suivante,  que  lui  adresse 
M.  Edm.  Becquerel. 

'<  Mon  père  me  charge  de  vous  prier  d'exprimer  à  ses  confrères  ses  plus 
vifs  regrets  de  ne  pouvoir  se  réunir  à  eux  dans  de  si  graves  circonstances. 
Absent  de  Paris  depuis  plusieurs  mois,  sa  santé  s'est  trouvée  altérée  dans 
ces  derniers  temps,  et  des  atteintes  répétées  de  dyssenterie  l'ont  beaucoup 
affaibli.  Ce  motif  me  retient  près  de  lui,  d'autant  plus  qu'un  avis  de  la 
Préfecture  nous  a  annoncé  l'envahissement  prochain  de  notre  département. 
Je  vais  me  joindre  à  la  garde  nationale  pour  la  défense  de  notre  territoire, 
et  ici,  comme  par  toute  la  France,  il  y  a  un  grand  élan  patriotique. 
»  Chatillon-sur-Loing  (Loiret),  ce  i6  septembre  1870.  » 

Après  avoir  donné  lecture  de  cette  Lettre,  M.  Dumas  fait,  à  l'occasion 
de  l'absence  du  Vice-Président  de  l'Académie,  M.  Coste,  la  Communication 
suivante  : 

«  Dans  les  circonstances  oii  nous  nous   trouvons,  l'absence  de  notre 

C.  U.,  1870,  2«  Semestre.  (T.  LXXl,  N"  12.)  J" 


(  44o  ) 

lionorable  Vice-l'résident,  M.  Coste,  pouvant  èire  remarquée,  je  regarde 
comme  un  devoir  de  rappeler  à  nos  confrères  qu'elle  est  due  à  la  longue 
et  grave  affection  qui  l'éloigné  de  nous,  et  qui,  malgré  une  amélioration 
sensible,  ne  lui  permet  pas  de  reprendre  encore  le  cours  de  ses  occupations 
et  de  nos  travaux  communs.  J'ai  eu  récemment  encore  l'occasion  d'ap- 
prendre de  ses  nouvelles  par  un  membre  de  sa  famille,  et  de  lui  faire  con- 
naître une  fois  de  plus  loul  l'intérêt  que  l'Académie  porle  an  rétablisse- 
ment de  sa  santé.  » 

CORRESPOIVDANCE. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  fait  hommage  à  l'Académie,  de  la  part  de 
M.  Zantedeschi,  de  deux  nouveaux  opuscules  écrits  en  italien,  publiés  par 
lui  dernièrement. 

Le  premier  a  pour  objet  rEleclro-Cliimie  appliquée  à  l'industrie  el  aux 
beaux-arts. 

Le  second  traite  des  Bourrasques  de  f  atmosphère  solaire  el  de  leur  con- 
nexion possible  avec  les  bowrasiptes  de  l'atmosphère  terrestre. 

M.  A.  Brachet  adresse  une  Note  sur  les  avantages  que  présente  l'emploi, 
pour  les  besoins  de  la  guerre,  de  l'aérostat  Meusnier,  et  s'attache  à  faire 
ressortir  la  supériorité  qu'a  ce  système  sur  ceux  dont  on  pourrait  songer  à 
faire  l'application  pour  la  défense  nationale. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 
A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

Sur  l'avis  de  la  Commission  administrative,  la  demande  faite  par  M.Che- 
vreul  de  commencer  dès  à  présent  l'impression  de  son  travail  sur  la  laine 
et  le  suint  est  adoptée.  Ce  travail  fera  la  tète  d'un  nouveau  volume  des 
Mémoires  de  l'Acculémie. 

M.  Chevreul  adresse  à  ses  confrères  l'expression  de  sa  vive  reconnais- 
sance. 

La  séance  est  levée  à  /(  heures  et  demie.  E.  D.  B. 


(  44i  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  19  septembre  1870,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  impériale  de  Médecine,  Chirurgie  et 
Pharmacie  de  Toulouse,  depuis  le  C)  mai  \S6g  jusqu'au  l'jmai  1870.  Toulouse, 
1870;  in-8°. 

Intorno...  De  l' électro-chimie  appliquée  à  l'industrie  et  aux  beaux-arts. 
Lettre  du  prof.  F.  Zantedeschi  à  l'auteur  de  l'important  ouvrage  intitulé:  Les 
grandes  inventions  anciennes  et  modernes  de  l'ingénieur  Besso.  Paris, 
1870;  br.  in-8°. 

Délie...  Des  bourrasques  de  l'atmosphère  solaire  et  de  la  relation  qui  peut 
exister  entre  ces  bourrasques  et  celles  de  l'atmosphère  terrestre;  Note  du  prof. 
F.  Zantedeschi.  Venise,  1870;  br.  in-8°.  (Extrait  des  Actes  de  l' Institut  vé- 
nitien des  Sciences,  Lettres  et  Beaux- Arts.) 


ERRATUM. 

(Séance  du  5  septembre  1870.) 

Page  402,  ligne  20,  au  lieu  de  (  i  —  Di  —  ^,  —  t»,  —,  Usez  (i  —  'i,  —  D^  —  i.  ) 

\  '  d^       '  -^  '  rfg^. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  26  SEPTEMBRE  1870. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOUVILLE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

«  M.  P.  Gervais  présente  à  l'Académie  deux  Mémoires  qu'il  vient  de 
faire  paraître  dans  les  «  Nouvelles  Archives  du  Muséum  »  :  le  premier, 
«  Sur  les  formes  cérébrales  propres  aux  Marsupiaux  »  ;  le  second,  «  Sur 
les  formes  cérébrales  propres  aux  Carnivores  vivants  et  fossiles  ».  Ce  der- 
nier est  suivi  de  remarques  sur  la  classification  des  mêmes  animaux. 

»  M.  P.  Gervais  offre  en  outre  à  l'Académie, les  livraisons  VI  à  VIII  de 
«  l'Ostéographie  des  Cétacés  (texte  et  planches)  »,  qu'il  pubhe  avec  la  col- 
laboration de  M.  Van  Beneden.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  De  i alimentation  des  habitants,  dans  une  ville  en  état 
de  siège.  Note  de  M.  G.  Grimaud  (de  Caux). 

«  Dans  une  ville  en  état  de  siège  et  bien  fortifiée,  la  question  est  dans 
les  vivres.  Si  les  vivres  ne  font  pas  absolument  défaut,  il  suffit  du  courage 
de  quelques  combattants  énergiques  et  expérimentés,  pour  maintenir  la  ré- 
sistance. Les  irrésolus  s'entraînent;    les  timides  eux-mêmes  sont  stimulés, 

C.  R.,  1870,  t*  Semestre.  (T.  LXXl,  N"  13.)  Sg 


(  444  ) 

et,  la  valeur  montant  au  cœur,   ils  réalisent  à  la  lettre  le  vers  du  poète 

latin  : 

Saepè  etiam  viclis  redit  in  prsecordia  virtus. 

»  Ainsi  on  gagne  clii  temps  ;  des  secours  arrivent,  souvent  d'où  on  les 
attendait  le  moins,  car  la  Providence  est  grande,  et  le  triomphe  est  assuré. 

»  Une  instruction  populaire  a  été  publiée,  dans  laquelle  on  parle  de 
suppléer  au  pain  par  le  riz,  les  pommes  de  terre  et  le  sucre.  On  n'y  fait  pas 
mention  du  blé,  dont  on  a  emmagasiné  de  grandes  quantités,  tant  en  gerbes 
qu'en  grains  provenant  de  la  dernière  récolte.  Il  ne  sera  pas  inutile  de  dire 
ici,  d'après  les  résultats  d'une  expérience  personnelle,  comment  on  peut 
utiliser  le  blé  en  grains,  sans  le  réduire  en  farine  pour  le  transformer  en 
pain;  et  comment  on  peut  se  passer  ainsi  du  moulin  et  du  four. 

»  J'habitais  Venise,  avec  ma  famille,  quand  la  révolution  éclata.  Venise 
était  imprenable,  comme  toute  ville  inondée.  Si  Venise  eût  tenu  trois  ans, 
il  n'y  a  pas  de  puissance  européenne  qui  se  fût  opposée  à  la  résurrection  de 
cette  république;  et  la  France,  en  la  soutenant,  eût  réparé  une  grande 
injustice. 

»  Dans  celte  capitale,  les  approvisionnements  pouvaient  être  poussés 
au  delà  de  trois  ans.  La  terre  ferme  resta  ouverte  pendant  plusieurs  mois, 
ainsi  que  la  mer,  occupée  par  la  flotte  sarde,  jusqu'après  la  bataille  de 
Novare.  Les  besoins  sérieux  se  6rent  sentir  aussitôt  qu'il  fallut  renoncer  à 
sortir  du  port  et  de  la  lagune.  Bientôt  pour  la  population  plus  de  pain, 
plus  de  viande,  plus  de  poisson,  plus  de  vin,  plus  de  vinaigre,  plus  d'eau, 
si  ce  n'est  celle  de  puits  artésiens,  dans  laquelle  prédominait  la  matière  orga- 
nique azotée,  c'est-à-dire  l'élément  constituant  du  typhus.  Le  typhus  ne  fit 
pas  défaut,  il  vint  se  joindre  an  choléra  et  à  la  famine  qui  secondèrent  les 
boulets  jusque-là  impuissants  des  Autrichiens. 

»  Le  jour  où  le  pain  nous  manqua,  ce  fut  une  rude  épreuve.  J'avais  un 
sac  de  blé  dont  je  m'étais  approvisionné  à  tout  hasard;  mais  il  n'y  avait 
plus  de  moulins  dans  Venise.  J'essayai  de  l'écrasement;  les  pierres  s'égru- 
geaient,  et  j'obtenais  plus  de  sable  que  de  farine. 

»  Je  fis  tremper  le  grain  et  frotter,  longtemps,  pour  enlever  les  aspérités 
de  l'enveloppe.  I^e  blé  se  gonfla,  il  prit  un  aspect  brillant  et  doré,  qui  fai- 
sait plaisir  à  voir.  Je  le  fis  bouillir  dans  de  l'eau  à  la  façon  du  riz,  avec  tout 
ce  que  je  pus  me  procurer  d'aromates  et  d'épices.  Au  bout  de  quatre  hein-es 
de  cuisson,  rien  n'était  plus  savoureux.  Je  savais  que  ce  serait  nourrissant,  et 
que  le  mélange  naturel  du  gluten  et  delà  fécule  ne  pouvait  être  que  sa- 
lubre. 


(44*5  ) 
»  Il  suffisait  d'une  cuillerée  de  grain,  puisée  dans  le  sac,  pour  l'alimen- 
tation d'une  personne.  Mailces  et  serviteiu's,  nous  étions  quatorze  d;ins  la 
maison;  on  puisait  donc  dans  le  sac  quatorze  cmllerées.  Nous  atteignîmes 
le  moment  de  la  délivrance  (i),  sans  qu'aucun  de  nous  souffrît  de  la  ma- 
ladie ou  de  la  faim,  pendant  que,  deux  mois  durant,  des  barques  chargées 
de  morts  prenaient  le  chemin  du  cimetière  (3o  morts  par  jour,  dans  une 
ville  où  la  moyenne  était  de  6.  )  » 

«  M.  Dumas  prie  l'Académie  de  l'excuser  si,  contrairement  à  l'usage 
qui  interdit  à  ses  Membres  d'engager  une  discussion  devant  elle  à  l'occa- 
sion d'une  lecture  faite  par  une  personne  qui  n'appartient  pas  à  la  Com- 
pagnie, il  ajoute  quelques  indications  à  la  Note  de  M.  Grimaud  (de  Caux). 
Les  circonstances  justifient  trop  cette  infraction. 

»  Il  est  certain,  comme  le  dit  M.  Grimaud  (de  Caux),  que  le  blé  peut  être 
consommé  en  nature,  et  qu'il  forme  un  aliment  complet;  il  ne  l'est  pas 
moins  que  la  mouture  en  réduit  le  poids  utile,  d'une  manière  digne  d'at- 
tention, et  qu'elle  en  écarte  des  parties  que  la  digestion  mettrait  à  profit. 

))  Or,  dans  l'approvisionnement  de  Paris,  qui,  au  moment  de  l'investis- 
sement, comptait  environ  4oo,ooo  quintaux  de  farine  et  100,000  quintaux 
de  blé,  il  était  évident  que  le  blé  jouait  un  rôle  important,  et  qu'il  n'était 
pas  indifférent  de  le  considérer  comme  représentant  seulement  70,000  quin- 
taux de  farine  ou  bien,  au  contraire,  son  propre  poids  d'aliment, 

»  Il  n'a  pas  semblé  douteux  que  cette  dernière  supposition  fût  la 
meilleure.  Un  administrateur  très-distingué,  M.  Gauldrée  Boileau,  s'est  sou- 
venu que  les  Romains  des  premiers  siècles  vivaient  de  blé  grillé,  moulu  et 
converti  en  bouillie;  qu'on  avait  attribué  à  cette  nourriture  la  bonne  santé 
et  l'énergie  robuste  de  leurs  soldats,  et  qu'on  avait  regardé  l'habitude  de 
manger  du  pain,  introduite  plus  tard,  chez  ce  peuple,  comme  une  cause 
d'affaiblissement.  De  leur  côté,  les  Arabes  mangent  réellement  le  blé  en 
nature,  après  l'avoir  décortiqué  et  cuit  à  la  vapeur  en  quelque  sorte,  comme 
nous  mangeons  le  riz  crevé.  M.  Grimaud  (de  Caux)  veut  qu'on  fasse  bouillir 
le  blé;  c'est  un  troisième  procédé  culinaire. 

(1)  A  cette  occasion,  je  fis  connaissance  avec  tous  les  livres  de  cuisine  que  je  pus  me 
procurer.  Ce  fut  Beauvilliers  qui  me  servit  le  plus.  La  mer  ne  nous  livrant  pas  de  poisson  et 
la  lagune  étant  épuisée,  il  ne  restait  que  du  fretin  dont  personne  ne  savait  se  servir.  J'y  trou- 
vai l'élément  de  réductions  très-substantielles,  qui  servirent  plus  dune  fois  à  varier  hos  repas. 

Je  m'étais  préparé  à  subir  d'auU'es  extrémités,  et,  si  le  siège  eût  duré  plus  longtemps, 
Beauvilliers  aidant,  plus  d'un  rat  de  lagune  aurait  été  préparé  aux  fines  herbes. 

59.. 


(  446  ) 

»  L'expérience  seule  peut  apprendre  de  quel  côté  la  population  pari- 
sienne portera  sa  préférence.  Mais  le  problème  est  à  l'étude;  chacun  peut 
s'en  occuper  ;  la  solution  proposée  par  M.  Grimaud  (de  Caux)  vient  s'ajouter 
à  celles  qui  étaient  en  voie  d'examen;  il  peut  s'en  produire  d'autres  et, 
assurément,  il  faudra  les  examiner  avec  bonne  volonté. 

»  Il  convient  de  se  souvenir  que  4  de  blé  donnent  3  de  farine,  qui  re- 
produisent 4  de  pain  seulement.  Sans  être  perdu  pour  l'alimentation  hu- 
maine, le  quart  du  poids  du  blé  pourrait  recevoir  en  ce  moment  une  ap- 
plication plus  directement  utile. 

»  M.  Dumas  ajoute  que,  si  l'on  a  provoqué  de  grands  approvisionne- 
ments en  blé,  cependant,  on  n'a  jamais  songé  à  donner  chaque  jour  satis- 
faction aux  besoins  de  Paris  par  la  mouture  de  ce  blé.  Ce  n'est  pas  ainsi  que 
le  problème  s'est  posé.  On  a  cherché  à  donner  au  blé  le  rôle  d'auxiliaire 
et  à  préparer  les  moyens  de  mouture  pour  une  quantité  de  blé  suffisante 
au  tiers  ou  au  quart  de  la  consommation. 

»  Les  meules  de  la  Manutention  militaire  et  celles  de  l'Assistance  pu- 
blique ne  suffisaient  pas.  Mais  M.  Cail  s'est  chargé  de  monter  un  nombre 
considérable  de  petites  meules  verticales  à  rotation  rapide,  et  l'Administra- 
tion a  demandé  à  l'habile  ingénieur  de  l'Exposition  universelle,  M.  Krantz, 
d'installer,  dans  tous  les  points  de  Paris  où  se  trouvaient  des  moteurs,  des 
moulins  ordinaires  à  meule  horizontale.  On  peut  donc  dire  que  le  pro- 
blème est  résolu.  Le  blé  entrera,  sous  forme  de  farine  faite  à  Paris  méme^ 
pour  un  tiers  ou  un  quart  au  moins  dans  la  consommation,  à  moins  qu'on 
ne  préfère  le  consommer  en  nature. 

M  II  n'est  peut-être  pas  inutile  de  remarquer,  dit  encore  M.  Dumas, 
qu'il  existe  à  Paris,  en  quantités  importantes,  de  l'orge  et  de  l'avoine  pro- 
pres à  fournir  des  gruaux  qui  constituent  d'excellents  aliments. 

»  La  farine  d'avoine  entre,  en  particulier,  dans  l'alimentation  de  certains 
peuples  d'une  façon  normale.  Il  n'y  a  pas  en  Ecosse,  par  exemple,  une  seule 
famille,  riche  ou  pauvre,  où  le  déjeuner  ne  débute  par  une  bonne  assiet- 
tée de  bouillie  d'avoine,  qui  forme  un  mets  très-agréable,  très-sain  et  très- 
nourrissant. 

»  A  l'appui  d'une  opinion  énoncée  par  notre  confrère  M.  Payen,  je  con- 
state, dit  enfin  M.  Dumas,  que  le  pain  renfermant  tout  le  son  du  blé  est  un 
pain  de  luxe  en  Angleterre,  et  qu'on  regarde  comme  hygiénique  d'en  man- 
ger deux  fois  par  semaine. 

»  On  est  en  présence,  dans  tout  ceci,  d'habitudes  prises  à  modifier,  et 
de  procédés  de  cuisine  à  découvrir  ;  mais  le  rôle  de  la  science  n'est-il  pas 


(447) 
de  combattre  tous  les  préjugés?  sa  mission  n'esl-elle  pas  d'aborder  les  pro- 
blèmes les  plus  humbles,  dès  qu'il  s'agit  de  l'intérêt  public?  » 

M.  Chevreul  demande  la  parole  et  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Le  pain  fut  connu,  dès  la  plus  haute  antiquité,  de  quelques  peuples, 
notamment  des  Égyptiens,  connue  l'atteste  la  distinction  admise  par  les 
Israélites,  du  pain  d'avec  le  pain  azyme,  distinction  qu'ils  tenaient  de  la 
civilisation  égyptienne. 

»  Persuadé  depuis  longtemps  de  la  circonspection  qu'il  faut  apporter 
dans  toutes  les  questions  relatives  à  l'ahmentation,  et  considérant  combien 
sont  nombreuses  et  variées  les  influences  que  l'eau,  le  sel  et  la  cuisson 
exercent  sur  les  qualités  des  légumes  et  des  viandes  (i),  je  suis  fort  réservé 
lorsqu'il  s'agit  de  questions  relatives  à  la  nutrition  et  surtout  à  la  substitu- 
tion d'un  aliment  nouveau  à  un  aliment  connu  de  tous,  depuis  une  époque 
fort  reculée. 

»  Dieu  me  gardedecritiquerla  Communication  de  M.  Grimaud  (deCanx); 
car  je  suis  pénétré,  dans  les  circonstances  actuel  les,  de  reconnaissance  pour 
tous  ceux  qui,  de  bonne  foi,  tendent  à  en  atténuer  la  gravité!  Ce  que  je 
veux  dire,  c'est  que  le  grain  de  froment  cuit  dans  l'eau  ou  à  la  vapeur  n'est 
pas  du  pain,  c'est-à-dire  un  aliment  préparé  avec  de  la  farine  de  froment  ou 
de  seigle,  réduite  en  pâte  avec  de  l'eau  et  du  sel,  puis  levée  par  fermenta- 
tion et  cuite  enfin;  ce  pain,  qui  présente  à  l'état  solide  ses  parties  au  canal 
inslestinal,  est,  à  mon  sens,  dans  une  condition  différente  d'un  aliment  li- 
quide ou  à  l'état  de  bouillie.  Bien  entendu  que  je  ne  parle  pas  d'une  cir- 
constance accidentelle,  mais  d'un  état  de  choses  permanent. 

»  Quant  aux  progrès  faits  en  boulangerie,  eu  égard  au  plus  grand  ren- 
dement de  pain,  tiré  d'un  poids  donné  de  froment,  on  ne  peut  oublier 
dans  cette  Académie  la  part  qui  revient  à  M.  Mège-Mouriez,  ainsi  qu'eu 
rendent  témoignage  plusieurs  Rapports,  notamment  un  premier  Rapport 
qui  lui  fut  soumis  en  1857,  et  le  compte  rendu  par  le  Directeur  de  l'assis- 
tance publique  d'une  pratique  de  deux  ans  de  ce  procédé  à  la  boulangerie 
des  hospices  de  la  ville  de  Paris. 

»  Un  fait  ressort  encore  des  recherches  de  M.  Mège-Mouriez,  c'est  la 
coloration  du  pain  bis  (brun  noirâlre),  due,  non  au  son,  comme  tout  le 
monde  le  croyait  avant  lui,  mais  à  une  altération  d'une  certaine  quantité 
delà  matière  fermentescible;  fait  mis  hors  de  doute  par  M.  Mège-Mouriez, 


(i)  Voir  Comptes  rendus  de  la  séance  duïia  de  janvier  et  du  2  de  mars  lëS"]. 


(  448  ) 

qui  présenta  à  l'Acndémie  du  pain  blanc  dans  lequel  le  son  visible  à  la 
loupe  et  même  à  loeil  i.n  était  disséminé,  et  qui  expliqua  le  résultat  d'une 
expérience  faite  antérieurement  à  Scipion  par  trois  personnes,  y  compris 
l'inventeur  d'un  procédé  qui  s'était  engagé,  dans  une  Lettre  adressée  à 
l'empereur  Napoléon  III,  à  faire  du  pain  blanc  avec  la  totalité  du  grain 
de  froment  simplement  décortiqué.  Les  juges  du  procédé,  M.  de  Salonne, 
le  Directeur  de  la  boulangerie  de  Scipion,  et  le  général  Favé,  alors  colonel, 
furent  bien  surpris  de  constater  que  le  pain  obtenu  d'une  farine  privée  de 
son  était  bis  ! 

»  Ce  fait,  inexpliqué  alors,  fut  expliqué  plus  tard  par  le  travail  de 
M.  Mège -Mouriez. 

»  Que  l'Académie  me  permette  de  revenir  sur  l'histoire  des  connais- 
sances chimiques. 

»  Deux  grands  faits  chimiques.,  relatifs  aux  sociétés  humaines,  remontent 
à  une  haute  antiquité.  D'abord  la  découverte  du  feu,  puis  celle  du  pain  fer- 
menté, ou  du  pain  proprement  dit,  connu  des  anciens  Égyptiens,  comme 
je  l'ai  dit;  c'est  de  l'Egypte  que  la  préparation  du  pain  passa  en  Grèce, 
puis  de  la  Grèce  à  Rome. 

»  Le  phénomène  de  l'accélération  de  la  fermentation  dans  une  pâte  de 
farine,  produite  par  l'introduction  qu'on  y  f^^it  d'une  pâte  déjà  en  fermen- 
tation très-avancée,  ou  de  la  levure,  agit  fortement  sur  l'esprit  d'un  certain 
nombre  d'esprits  observateurs  ;  car  il  présentait  ce  fait  qu'une  pâle  en  fer- 
mentation ou  ferment,  introduite  dans  une  pâte,  la  faisait  entrer  en  fermen- 
tation qu'elle  n'aurait  pas  éprouvée  sans  cette  introduction.  La  conclusion 
scientifique  était  que  le  ferment  était  un  corps  qui  en  transformait  un  autre 
en  sa  propre  substance. 

1)  Voilà  le  fait  sur  lequel  j'ai  insisté  dans  mes  écrits  sur  l'histoire  de  la 
chimie,  parce  qu'il  est  le  point  de  départ  de  tous  les  s^^stèmes  de  médecine 
dont  la  brise  est  In  FERMENTATION,  et  celui  de  riiypothèse  nlclnmique,  telle  que 
je  l'ai  développée  et  telle  que  la  résmne  le  deuxième  Tableau  de  l'Histoire 
des  principales  opinions  que  l'on  a  eues  de  la  nature  chimique  des  corps  (i). 

»  Cette  hypothèse,  tout  à  fait  conforme  aux  idées  de  Platon  sur  la  nature 
des  éléments,  énoncées  dans  le  Timée,  et  conséquemment  aux  idées  des  néo- 
platoniciens, devait  sortir  de  l'École  d'Alexandrie,  et  je  crois  cette  opinion 
incontestable. 


i)   f^oir  le  tome  XXXVIII  des  Mémoires  fie  l'Académie. 


(449) 

»  D'après  les  écrits  alchimiques,  théoriques  ou  spéculatifs,  l'hypothèse 
alchimique  peut  se  résumer  en  ces  termes  : 

»  L'or  et  /'ARGEiNT  de  la  nature  sont  morts,  l'art  alchimique  consiste  à  com- 
muniquer la  VIE  à  des  parcelles  de  ces  métaux  qui,  acquérant  ainsi  la  vertu  d  un 
FERMENT,  ont  la  propriété  de  transmuer  des  métaux  imparjaits  en  leur  propre 
substance. 

»  Cette  conclusion  explique  très-bien  pourquoi,  dans  l'épître  apocryphe 
de  la  reine  Isis  à  son  fils  Horus ,  l'auteur  se  résume  en  disant  que  /'oR  pro- 
duit /'or  (i).   » 

«  M.  Payen  désire  ajouter  un  document  de  quelque  importance  aux 
faits  intéressants  qui  viennent  d'être  signalés  à  l'attention  de  l'Académie, 
Mais  d'abord  il  s'empresse  de  reconnaître  que,  si  l'on  consommait  le  blé  en 
nature,  conformément  aux  indications  contenues  dans  la  Note  dont  M.  Gri- 
maux  (de  Caux)  vient  de  donner  lecture,  on  gagnerait,  en  substance  nu- 
tritive pour  l'homme,  environ  les  25  à  3o  centièmes  du  poids  du  grain,  qui 
restent  dans  le  son  suivant  les  procédés  usuels  de  mouture. 

»  On  réaliserait  ainsi  une  alimentation  plus  complète,  plus  salubre  et 
plus  économique  :  le  son  contenant,  en  plus  grande  abondance  que  les 
parties  sous-jacentes  du  périsperme,  certains  principes  azotés,  gras  et  salins, 
assimilables  ou  favorables  à  la  digestion. 

»  Les  portions  non  digestibles  éliminées  des  farines  blanches  auraient 
pu  remplir  elles-mêmes  un  rôle  utile,  car  on  a  depuis  très-longtemps  con- 
staté en  Angleterre  que,  pour  entretenir  normalement  l'intégrité  des  fonc- 
tions digestives,  il  convient  de  consommer  de  temps  à  autre  un  pain  con- 
fectionné avec  le  produit  de  la  mouture  du  froment,  sans  eu  rien  séparer, 
c'est-à-dire  le  produit  que  l'on  désigne  communément  sous  la  dénomina- 
tion de  pain  de  son.  On  fabrique,  dans  plusieurs  grandes  boulangeries  de 
Paris,  ce  pain  spécial  dont  la  mie  est  brune,  et  que  l'on  pourrait,  à  juste 
titre,  nommer  pain  de  froment. 

»  Le  problème  de  la  fabrication  économique  d'un  pain  de  ce  genre  me 

(i)Pour  montrer  la  différence  existant  enl:re  ma  manière  de  comprendre  l'iiypottièse 
alcliiiiiic|ne,  je  reproduis  le  passage  suivant  de  l'Histoire  de  la  Chimie  du  D"^  Hoefer,  t.  I 
(i"  édition),  p.  2-6  :  «  Cette  épîire,  écrite  dans  un  langage  tout  mystique,  me  |)araît  une 
»  satire  sanglante  des  divagations  ihéoriques  et  obscures  sur  la  p  erre  pliilosopliale  ;  car 
«  l'auteur,  après  avoir  fait  jurer  le  silence  par  toutes  les  puissances  du  ciel  et  de  l'enfei-, 
»  apprend  à  l'initié  que  pour Jairc  de  l'or,  il  faut  de  l'or,  en  proclamant  que  c'es/  là  tout  le 
»   mystère.    » 


(  45o  ) 
semble,  dit  M.  Payen,  être  aujourd'hui  résolu.  En  effet,  dans  une  des  der- 
nières séances  de  la  Société  centrale  d'Agriculture,  M.  Sézille  voulut  bien, 
à  ma  demande,  présenter  un  remarquable  spécimen  d'un  pain  qu'il  fabrique 
couramment  en  Hollande,  et  qui  subvient  à  une  alimentation  économique 
et  salubre.  Le  procédé  est  simple,  et  dispense  d'ailleurs  de  la  mouture  et 
des  blutages. 

»  Voici  en  quoi  il  consiste  :  le  blé,  d'abord  superficiellement  humecté, 
est  soumis  à  une  légère  décortication  qui  le  dépouille  de  son  épicarpe,  for- 
mant environ  5  centièmes  seulement  du  poids  total.  Le  grain,  ainsi  décorti- 
qué, est  immergé  dans  l'eau  à  -h  3o  ou  35  degrés,  pendant  sept  à  huit  heures, 
jusqu'à  ce  qu'il  en  ait  absorbé  une  assez  grande  quantité  (5o  à  60  centièmes) 
pour  céder  à  la  pression  sous  les  doigts.  On  le  malaxe  alors  entre  des  cylin- 
dres, pour  le  réduire  en  pâte.  Cette  pâte  est  aussitôt  soumise  aux  procédés 
usuels  de  panification,  à  l'aide  de  levain  ou  de  levîire. 

»  I,es  échantillons  qui  nous  ont  été  présentés  ont  paru  d'excellente 
qualité;  la  nuance  un  peu  brune  de  la  mie  a  pu  être  sensiblement  amélio- 
rée, à  l'aide  d'une  fermentation  plus  rapide  de  la  pâte.  Cette  nuance  était 
d'ailleurs  bien  moins  foncée  que  celle  des  pain»  dits  de  son,  qui  sont  con- 
sommés périodiquement  en  Angleterre  et  habituellement  aussi  par  un  assez 
grand  nombre  de  personnes  en  France,  comme  alimentation  hygiénique. 
»  Sans  doute,  il  serait  bien  désirable  que  l'on  parvînt  à  obtenir  ce  pain 
de  froment  exempt  de  la  coloration  brime,  qui  déplaît  aux  consomma- 
teurs, bien  qu'elle  soit  exemple  de  toute  influence  sur  les  qualités  alimen- 
taires; peut-être  l'intérêt  de  ménager  nos  subsistances,  tout  en  améliorant 
le  régime  alimentaire,  viendra-t-il  apporter  son  concours  pour  vaincre  ce 
préjugé. 

»  Il  serait  sans  doute  convenable  de  songer  aussi  à  utiliser,  au  profit 
d'une  saine  alimentation,  d'autres  approvisionnements  qui  existent  à  Paris, 
par  exemple  en  associant,  dans  une  juste  mesure,  à  parties  égales,  le  riz, 
si  abondant  en  matière  féculente,  aux  graines  ou  farines  de  légumineuses  ; 
celles-ci,  plus  riches  en  substances  azotées,  grasses  et  salines,  compenseraient 
ce  qui  manque  au  riz  sous  ce  rapport;  on  composerait  ainsi  une  des  rations 
alimentaires  douées  des  propriétés  nutritives  convenables,  et  de  nature  à 
être,  avec  avantage,  partiellement  substituées  au  pain.  » 

M.  CuEVREOL  fait  remarquer  que  le  pain  présenté  à  la  Société  d'Agricul- 
ture par  M.  Sézille  était  tres-coloré,  et  celui  qu'il  présenta  huit  jours  après 
l'était  sensiblement  moins,  comme  l'a  dit  M.  Payen  ;  ce  fait  ne  semble-t-il 


(  45i  ) 

pas  prouver,  ainsi  que  le  pain  bis  obtenu  à  la  boulangerie  de  Scipion  d'un 
blé  décortiqué,  qu'il  y  a  une  cause  favorable  à  la  coloration  du  pain  dans 
la  confection  d'une  pâte  où  se  trouvent  tous  les  principes  immédiats  in- 
ternes de  la  farine  de  froment?  » 

«  M.  MiLNE  Edwards,  à  propos  de  la  Comminiication  de  M.  Grimaud, 
insiste  sur  l'importance  du  rôle  physiologique  des  condiments  ou  autres 
substances  très-sapides  et  aromatiques  dans  le  travail  de  la  digestion,  par- 
ticulièrement quand  les  parois  de  l'estomac  ne  sont  pas  stimulées  par  le 
contact  d'aliments  solides.  En  effet,  la  sécrétion  des  principaux  agents  de  la 
digestion  (le  suc  gastrique  et  le  suc  pancréatique)  ne  se  fait  souvent  que 
d'une  manière  insuffisante  lorsque  Pestomac  ne  reçoit  que  des  aliments  à 
l'état  pultacé,  à  moins  que  le  govit  de  ceux-ci  ne  soit  relevé  par  des  épices 
ou  autres  substances  dont  l'action  stimulante  sur  cet  organe  est  analogue. 
Cette  observation  s'applique  également  à  l'emploi  du  riz,  qui,  additionné 
d'une  très-faible  quaritité  d'aliments  azotés,  est  susceptible  de  constituer 
pour  l'homme  une  excellente  nourriture,  et  peut  être  d'une  grande  res- 
source pour  la  population  de  Paris,  dans  les  circonstances  actuelles.  » 

M.  Chevrecl,  à  la  suite  de  ces  remarques,  ajoute  :  * 

«  Personne,  n'est  plus  convaincu  que  moi  de  l'influence  des  matières 
odorantes  dans  les  aliments,  mais  l'effet  de  l'une  d'elles  est  loin  d'être  le 
même  sur  tous  les  individus.  Je  sais  par  ma  propre  expérience  que  les 
aliments  solides  que  l!on  consomme  en  grande  quantité  ne  sont  pas  très- 
odorants,  et  que  l'organe  de  l'odorat  est  plus  tôt  rassasié  que  l'organe  du 
goût.  Quant  à  moi,  par  exemple,  je  ne  pourrais  prendre,  avec  le  même 
plaisir,  autant  de  raisin  muscat  que  de  chasselas  de  Fontainebleau.  » 

CORRESPOIVDAIVCE. 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Jiirore  boréale  du  zli  Septembre  1870. 
Note  de  M.  Chapelas. 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  quelques  détails  sur  la 
magnifique  aurore  boréale  ({ue  nous  avons  observée  dans  la  nuit  du  24  au 
25  courant,  de  8''3o"'  à  1 1  heures. 

»  9  heures.  —  Le  phénomène  occupe  un  espace  compris  entre  7  Bouvier 

G.  K.,  1870,  2«  Semestre.  (T.  LXXl,  ^'>  13.)  6o 


(  452  ) 
et  la  fête  de  la  Grande  Ourse;  soit,  44  degrés  en  amplitude.  A  ce  moment, 
un  beau  rayon  d'un  blanc  vif  s'élève  jusqu'à  «Dragon. 

))  9''io"'.  —  La  matière  qui  a  donné  naissance  à  ce  rayon  s'étend  et 
forme  une  large  surface  verdâtre-,  puis,  tout  à  coup,  s'élance  vers  la  Cou- 
ronne boréale  un  beiiu  rayon  rouge. 

»  9''i5'".  —  Les  rayons  ont  disparu;  il  ne  reste  plus  du  phénomène 
qu'une  vive  lueur  blanche  au-dessus  des  brunes  qui  couvrent  l'horizon. 

»   g'^So".  —  L'aurore  semble  s'éteindre  complètement. 

»  lo''^'".  —  Le  phénomène  reprend  une  grande  intensité.  A  ce  moment 
l'aïuore  apparaît  dans  toute  sa  splendeur;  s'étendant  de  la  Couronne 
boréale  jusqu'à  Q  Cocher,  soit,  iio  degrés  d'amplitude.  Les  rayons,  très- 
nombreux  et  d'un  rouge  sang  très-vif,  s'élèvent  jusque  près  le  carré  de  la 
Petite  Ourse;  ce  qui  donne  une  altitude  de  48  degrés.  Le  petit  arc  était 
parfaitement  accentué;  l'aurore  présente  assez  l'image  d'un  peigne  armé  de 
ses  dents. 

»  De  lo''  i5™  à  1 1  heures,  les  rayons  s'effacent  et  reparaissent  sucessive- 
ment,  offrant  des  nuances  Irès-belles,  dans  lesquelles  le  rouge  domine. 

»  Le  mouvement  général  de  cette  apparition  était  de  l'est  à  l'ouest.  En 
résumé,  l'aurore  boréale  du  24  septembre  peut  être  classée  parmi  les  appa- 
ritions remarquables.  » 

A  4  heures  un  qviart,  l'Académie  se  forme  eu  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  aC  septembre  1870,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Ostéograplik'.  des  Cétacés  vivants  et  fossiles,  comprenant  la  descvijAion  et  l'ico- 
nographie du  squelette  et  du  système  dentaire  de  ces  animaux;  par  MM.  VAIS 
Benf.den  et  P.  Gervais,  liv.  6  à  8,  texte  et  planches. 

Mémoire  sur  les  formes  cérébrales  propres  aux  Marsupiaux  ;  par  M.  P.  Ger- 
vais. .Sans  lieu  ni  date;  iu-4°.  (Extrait  des  Nouvelles  Arcliives  du  Muséum.) 

Mémoire  sur  les  formes  cérébrales  propres  aux  carnivores  vivants  et  fossiles. 


(  453  ) 
suivi  de  remarques  sur  ta  classification  de  ces  animaux;  par  M.  P.  Gervais. 
Sans  lieu  ni  date;  in-4''.  (Extrait  des  Nouvelles  Archives  du  Muséum.) 

Atti...  Actes  de  l'Académie  pontificale  de  Nuovi  Lincei,  décembre  1868 
à  juin  1869.  Rome,  1869;  3  broch.  in-4°. 


ERRATUM. 

(Séance  du  19  septembre   1870.) 

Page  43i ,  dernière  ligne,  au  lieu  de  1°  De»  boue»  des  cureurs  de  fossés,  liseï  i*  Des 
boues,  des  curures  de  fossés. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  3  OCTOBRE  1870. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOUVILLE. 


MEMOIRES  ET  COM^ÏUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE   L'ACADÉMIE. 

MÉCANIQUE.  —  Sur  l'affût  de  l'amiral  Lnbrousse;  par  M.  Faye. 

«  Les  événements  qui  nous  détournent  de  nos  travaux  habituels,  et 
mettent  aux  mains  de  plusieurs  de  nos  confrères  le  mousquet  ou  l'écou  - 
Villon,  dirigent  impérieusement  nos  pensées  vers  des  sujets  d'une  ac- 
tualité plus  saisissante.  C'est  ce  qui  m'a  engagé  à  vous  soumettre  quelques 
réflexions  sur  un  problème  de  mécanique  appliquée  à  la  défense  des  places, 
sujet  fort  étranger  à  nos  réunions  ordinaires,  mais  dont  l'ancienne  Aca- 
démie s'est  souvent  occupée.  Il  s'agit  de  transformer  le  mouvement  de 
recul  d'une  arme  à  feu  en  un  mouvement  d'abaissement  vertical,  de  ma- 
nière à  la  mettre  à  l'abri,  et  d'emmagasiner  en  même  temps  une  force  suf- 
fisante pour  lui  faire  reprendre,  à  volonté,  sa  position  première  sans  altérer 
sa  direction. 

))  La  solution  de  ce  problème  de  mécanique  a  une  grande  importance; 
les  Anglais  l'ont  vivement  poursuivie  dans  l'intérêt  de  la  défense  de  leurs 
côtes;  à  mon  humble  avis  elle  est  appelée,  et  c'est  là  ce  que  je  désire 
développer,  à  changer  totalement  nos  systèmes  de  fortifications  et  à  inter- 
vertir le  rapport  de  puissance  qui  a  existé,  depuis  plusieurs  siècles,  entre  la 
défense  et  l'attaque  des  places  ordinaires.  Il  ne  m'appartient  pas  d'en  faire 

C.  R.,  1870,  2«  Semeur'.   (T.  I.XXl,   ^"  Ut.)  6l 


(456) 
l'historique  :  mais  c'est  un  devoir  de  rappeler  ici  la  solution  récente  du  capi- 
taine Moncrief  basée,  comme  les  précédentes  je  crois,  sur  un  système  de 
contre-poids  fort  ingénieux,  mais  fort  encombrant.  L'affût  Moncrief  a  obtenu 
un  grand  ot  légitime  succès  en  Anglelerre,  où  il  est  fort  employé  pour 
l'armement  des  batteries  côtières;  toutefois  il  ne  paraît  pas  susceptible 
d'applications  plus  étendues,  du  moins  est-ce  là  un  desideratum  auquel,  de 
l'autre  côté  du  détroit,  aucune  satisfaction  n'a  pu  être  donnée  jusqu'ici.  Je 
n'ai  donc  pas  à  m'en  occuper  plus  longtemps. 

»  La  véritable  solution  de  cet  important  problème  a  été  obtenue  en 
France  :  elle  est  due  à  un  de  nos  plus  savants  marins,  M.  l'amiral  La- 
brousse,  dont  l'Académie  n'ignoi-e  pas  le  mérite.  Bien  qu'if  n'existe  qu'un 
exemplaire  de  cet  affût,  il  est  déjà  trop  connu,  en  France  et  à  l'étranger, 
par  des  expériences  publiques,  pour  qu'il  soit  nécessaire  de  le  décrire  ici 
en  détail.  Je  rappellerai  seulement  qu'il  est  fondé  sur  un  théorème  de  mé- 
canique relatif  aux  mouvements  du  parallélogramme  articulé,  bien  plus 
simple  que  celui  qui  a  reçu  tant  d'applications  dans  les  machines  à  vapeur, 
sur  le  jeu  de  ressorts  en  usage  dans  nos  chemins  de  fer  et  sur  la  puissance 
d'un  nouveau  frein  imaginé  par  l'amiral  Labrousse.  Je  n'insisterai  pas  da- 
vanttage  :  nos  savants  confrères,  M.  l'amiral  Paris  ou  M.  Dupuy  de  Lôme, 
présents  à  la  séance,  entreraient  beaucoup  mieux  que  moi  dans  les  détails  de 
cet  admirable  appareil.  Ce  qui  devait  me  frapper  plus  particulièrement  dans 
cet  affût,  c'est  ce  qui  en  fait  un  véritable  instrument  de  précision,  une  sorte 
de  théodolite  avec  ses  deux  cercles  et  ses  deux  mouvements  en  azimut  et  en 
distance  zénithale,  et  surfout  l'artifice  mécanique  qui  maintient  mathémati- 
quement l'axe  du  tir  dans  la  direction  voulue,  malgré  la  force  de  l'explosion 
et  l'énergie  du  recul.  En  le  voyant  jouer  avec  tant  d'élégance,  je  me  rap- 
pelais involontairement  le  pacifique  parallélogrannne  de  Walt,  ou  mieux 
encore  celui  qui  sert  à  l'Observatoire  de  Greenwicli,  à  mettre  à  jiortée  de  la 
lunette  méridienne  le  bain  de  mercure  sur  lequel  l'astronome  doit  observer 
les  astres  par  réflexion.  Voilà  un  canon  de  19  centimètres  d'ouverture  qui 
pèse  8000  kilogrammes,  qui  lance  des  obus  de  Sa  kilos  avec  luie  vitesse  de 
près  de  4oo  mètres  par  seconde,  et  dont  les  mouvements  s'accomplissent 
avec  l'aisance  et  je  dirai  presque  le  moelleux  d'un  de  nos  gnuids  ajipareils 
astronomiques,  chefs-d'œuvre  des  ingénieurs  les  plus  habiles  en  fait  d'in- 
struments de  précision.  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie 
diverses  photographies  de  ce  remarquable  appareil,  tout  en  regrettant  que 
certaines  pièces  aient  été  masquées  à  l'objectif;  le  système  des  ressorts  par 
exemple  est  à  l'intérieur  du  châssis  et  on  ne  peut  juger  complètement  de 


(  457  ) 
l'agencement  du  frein  puissant  qui  serf  à  régler  à  la  main  les  évolutions 
d'une  masse  pesant  80  quintaux. 

»  Au  point  de  vue  de  la  défense,  l'avantage  de  ce  système  est  double. 
D'abord  il  est  totalement  à  l'abri  des  coups  directs  de  l'ennemi,  lorsque 
la  pièce  s'est  abaissée  derrière  le  parapet  par  l'effet  du  recul,  en  bandant 
ses  ressorts.  Dans  cette  position,  le  chargement  s'effectue  aisément;  le 
pointé  peut  être  corrigé  ou  modifié  au  moyen  de  tiges  latérales  faisant  à 
peine  saillie  au-dessus  du  rempart,  et,  pour  cela,  les  mouvements  en  azimut 
et  en  hauteur  angulaire  s'opèrent  micrométriquement  avec  une  précision 
extrême  :  tout  cela,  je  le  répète,  à  l'abri  d'un  rempart  non  interrompu  par 
l'embrasure  ordinaire.  Un  simple  déclic  suffit  ensuite  pour  que  la  pièce  se 
relève  d'elle-même,  en  restant  rigoureusement  parallèle  à  la  direction  qui 
vient  de  lui  être  donnée.  Elle  apparaît  un  instant  au-dessus  du  parapet; 
le  projectile  est  lancé  et  le  recul  la  replace  aussitôt  à  l'abri.  J'évalue  à 
]%5  le  laps  de  temps  pendant  lequel  la  pièce  peut  être  vue  du  dehors,  et 
renseigner  l'ennemi  sur  sa  position  exacte  (r). 

»  Le  second  avantage  est  l'amplitude  énorme  du  tir  :  elle  n'est  pas 
réduite  à  quelques  degrés  comme  dans  les  affûts  ordinaires  tirant  par  une 
étroite  embrasure  :  elle  est  de  180  degrés,  ou  plutôt  elle  comprend  le  tour 
entier  de  l'horizon.  Quant  à  l'amplitude  du  tir  en  hauteur,  elle  varie  de 
—  3o  à  -h  4o  degrés,  c'est-à-dire  de  5oà  120  degrés  en  distance  zénithale.  Il 
semble  de  prime  abord  que  cet  affût  si  délicatement  articulé  devrait  se  détra- 
quer sous  l'effort  puissant  de  l'explosion,  mais  l'action  du  recul,  en  opérant 
tangentiellement  au  cercle  décrit  par  le  bras  principal  du  parallélogramme 
articulé,  se  transforme  immédiatement  en  un  mouvement  doux  et  jamais 
en  un  choc  redoutable. 

»  Mais,  je  le  répète,  ce  n'est  pas  la  description  minutieuse  de  l'affût 
Labrousse  que  j'ai  voulu  exposer  à  l'Académie,  car  cet  affût  est  déjà  connu, 
même  à  l'étranger: mon  but  est  simplement  d'exposer  les  conséquences  de 
cette  invention  telles  qu'elles  se  sont  présentées  à  mon  esprit. 

»  Ces  conséquences  résultent  des  propriétés  que  je  résume  ici  :  1°  char- 
gement et  pointé  à  l'abri  des  coups  directs  de  l'ennemi  (2)  ;  2°  suppression 


(i)  Le  tir  à  barbette  avec  les  affûts  ordinaires  a  été  depuis  longtemps  abandonné  à  terre, 
parce  que  les  pièces  toujours  en  vue  étaient  trop  .faciles  à  démonter.  Avec  la  précision 
actuelle  du  tir,  personne  ne  pourrait  songer  un  seul  instant  à  revenir  à  ce  système  aussi 
dangereux  pour  les  pièces  que  pour  leurs  servants. 

(2)  Les  pièces  peuvent  même  être  mises  dans  des  sortes  de  puits  qu'on  blinderait  et  qu'on 
casematerait  au  besoin. 

61. 


(  458  ) 
des  embrasures  qui  ne  permettent  le  tir  que  dans  des  directions  assez  étroi- 
tement limitées  et  qui  servent  elles-mêmes  de  points  de  mire;  3°  tir  égale- 
ment précis  dans  tous  les  azimuts;  4"  possibilité  de  tirer  dans  les  fossés 
eux-mêmes. 

»  En  considérant  que  les  systèmes  divers  des  fortitications  actuelles, 
si  savants,  mais  si  compliqués,  si  longs  et  si  coûteux  à  établir,  sont  fondés 
avant  tout  sur  les  exigences  d'un  tir  étroitement  limité  par  des  embrasures, 
je  suis  arrivé  à  penser  qu'il  serait  facile  aujourd'hui  de  revenir  au  polygone 
primitif  débarrassé  de  ses  bastions  et  autres  appendices;  car  avec  l'affût 
Labrousse,  il  n'y  aurait  plus  ni  point  mort,  ni  secteur  sans  feux.  Loin 
de  là,  il  n'y  aurait  pas,  dans  une  plaine  à  peu  près  horizontale,  un  seul 
point,  à  la  distance  actuelle  du  tir,  sur  lequel  on  ne  pût  faire  converger  les 
feux  de  deux  faces  au  moins  de  l'ouvrage.  Quant  à  l'enfilade  d'une  des 
faces,  cet  inconvénient  serait,  à  mon  avis,  largement  contrebalancé  par 
la  riposte  d'enfilade  de  cette  face  elle-même  (si  on  nie-  permet  un  mot  nou- 
veau pour  une  chose  toute  nouvelle),  car  ses  pièces,  alignées  dans  le  sens 
de  leur  longueur,  pourraient  tirer  toutes  dans  une  direction  unique,  sinon 
à  la  fois,  du  moins  successivement,  et  à  i%5  d'intervalle.  Quant  aux  fossés, 
outre  que  l'affût  Labrousse  permet  de  les  inonder  de  mitraille,  on  sait  que 
l'art  de  projeter  des  balles  nombreuses  avec  précision,  dans  une  direction 
déterminée,  a  fait  dans  ces  derniers  temps  un  pas  décisif;  il  suffirait  donc 
de  confier  leur  défense  à  des  tourelles  imperceptibles  placées  aux  angles  et 
blindées  au  besoin,  quand  bien  même  le  front  rectiligne  à  protéger  aurait 
plus  d'iui  quart  de  lieue  d'étendue. 

»  Une  si  grande  simplification  aurait  à  son  lourdes  conséquences  dont 
je  ne  crois  pas  exagérer  la  portée  en  disant  qu'elle  permettrait  de  nuilli- 
plier  rapidement  les  lieux  de  refuge  pour  les  populations  inoffensives  comme 
aux  temps  de  Vopidum  gaulois,  tout  en  permettant  aux  plus  jeunes  de 
tenir  la  campagne.  Je  ne  sais  si  je  m'abuse,  mais  il  me  semble  que  ces  lieux 
de  refuge,  véritables  places  fortes  de  prenner  ordre,  pourraient  être  choisis 
de  manière  à  constituer,  par  leurs  relations  mutuelles,  une  ou  plusieurs 
lignes  de  défense  et  de  communication  entre  les  points  les  plus  iuiportants 
de  notre  territoire  (i),  tandis  que,  dans  le  système  si  complexe  et  si  coûteux 
des  fronts  bastionnés,  on  est  condamné  à  laisser,  entre  nos  forteresses 
faciles  à  investir,  des  intervalles  immenses  beaucoup  trop  aisés  à  franchir. 

(i)  Par  exemple,  les  forts  détachés  qui  entourent  Paris,  distribués  en  ligne  droite  et  unis 
par  des  travaux  accessoires,  suffiraient  pour  nous  relier  ù  la  mer  ou  au  cœur  de  la  France. 


(  459  ) 

»  Est-ce  aller  trop  loin  que  d'attribuer  un  tel  rôle  à  la  simple  supériorité 
du  système  de  pièces  tirant  à  l'abri  et  avec  précision  dans  tous  les  azimuts, 
sur  le  système  de  pièces  dont  l'action  est  limitée  et  compromise  à  la  fois 
par  des  embrasures?  Je  ne  le  pense  pas  :  dans  cet  ordre  de  faits,  l'histoire 
montre  que  toutes  choses,  même  les  plus  grandes,  même  celles  qui  con- 
stituent la  force  ou  la  sécurité  des  sociétés,  dépendent  de  simples  solutions 
scientifiques  souvent  mal  jugées  au  début.  Sans  sortir  de  ce  sujet,  j'en 
trouverai  des  exemples  fameux.  Tant  que  la  mécanique  n'a  réussi  à  im- 
primer aux  mobiles  qu'une  force  vive  insignifiante  due  au  simple  travail 
des  bras,  la  fortification  a  di^i  se  réduire  à  une  simple  enceinte  en  polygone 
convexe  flanquée  de  tours  aux  angles,  et  en  cet  état  de  choses  la  défense 
a  pu  devancer  l'attaque  et  lui  rester  constamment  supérieure  comme  jouis- 
sant de  l'avantage  du  travail  des  forces  humaines  accumulé  d'avance.  Aussi 
quand  vers  le  v"  siècle  l'invasion  des  barbares  commença  à  se  dessiner,  on 
vit  toutes  les  villes  de  notre  Gaule  s'entourer  rapidement  de  fortifications 
de  ce  genre,  dont  les  temples  eux-mêmes  fournirent  les  principaux  maté- 
riaux :  j'en  ai  examiné,  l'an  passé,  un  type  bien  remarquable  dans  l'an- 
cien Périgueux  (Vesunna).  La  défense  était  alors  tellement  supérieure  à 
l'attaque  que  les  races  civilisées  ont  pu  résister  à  l'invasion  (i)  :  du  moins 
le  torrent  des  barbares  a-t-il  passé  et  repassé  bien  des  fois  sur  notre  pauvre 
pays  sans  parvenir  à  effacer  nos  races  ni  à  les  ramener  entièrement  à  leur 
niveau. 

»  Mais  l'invention  de  la  poudre  à  canon  ou  plutôt  la  découverte  de  sa 
puissance  mécanique,  capable  de  communiquer  presque  instantanément  à 
des  boules  de  métal  une  force  vive  de  plusieui;s  centaines  de  milliers  de 
kilogrammètres,  a  donné  pour  plus  de  trois  siècles  l'avantage  à  l'attaque,  au 
moins  quand  il  s'agit  de  sièges  réguliers  et  de  petites  place's  faciles  à  in- 
vestir. Il  fallut  des  lors  renoncer  au  système  usité  jusqu'à  la  fin  du  moyen 
âge,  et  l'on  vit  apparaître  le  système  des  fortifications  actuelles,  dont  la 
savante  complication  s'est  trouvée  d'ailleurs  en  harmonie  avec  la  nature 
des  guerres  modernes,  guerres  d  équilibre  politique  ou  d'influences  com- 
merciales. Il  n'y  aurait  donc  rien  d'étonnant  à  ce  qu'une  simple  invention 
mécanique  comme  celle  de  l'amiral  Labrousse  produisit  également  de 

(i)  Alise  elle-même,  ce  dernier  boulevard  des  Gaules,  cinq  siècles  auparavant,  ne  serait 
pas  tombée,  je  crois,  si  l'armée  de  secours  de  Vergasillaune,  au  lieu  de  se  jeter  en  deux 
attaques  soudaines  sur  les  lignes  savamment  fortifiées  des  Romains,  avait  commencé  par 
s'appuyer  elle-même  sur  quelques  retranchements. 


(  46o  ) 
grands  effets,  et  changeât  radicalement  un  système  basé  sur  d'anciennes 
inventions  moins  heureuses,  en  rendant,  comme  je  le  disais  tout  à  l'heure, 
à  la  défense  son  antique  supériorité. 

HISTOIRE  DES  MATHÉMATIQUES.  —  Traduction  de  deux  passages  de  Slobée 
inexpliqués  jusqu  ici  ;  par  M.  Bie.vaymé. 

»  L'histoire  des  Pythagoriciens  et  de  leurs  doctrines  ne  nous  est  par- 
venue qu'à  l'état  de  légende.  Les  renseignements  contemporains  font 
presque  entièrement  défaut,  et  ce  n'est  que  dans  des  ouvrages  postérieurs 
de  près  de  huit  siècles  qu'on  aperçoit,  au  milieu  de  puérilités  nombreuses, 
quelques  traces  de  science  réelle.  Ainsi,  l'on  a  constaté  que  les  Pythago- 
riciens avaient  nettement  distingué  des  nombres  les  quantités  incommen- 
surables, et  qu'ils  savaient  qu'on  ne  peut  exprimer  celles-ci  que  par  une 
suite  illimitée  de  paroles  ou  de  chiffres.  Mais  on  ignorait  qu'ils  eussent  un 
mot  propre  pour  exprimer  ce  que  nous  entendons  par  série.  Or,  cette  notion 
ressort  de  plusieurs  textes  de  l'antiquité  et  elle  se  trouve,  en  particulier, 
confirmée  par  deux  extraits  que  le  Recueil  de  Stobée  attribue  à  des  Pytha- 
goriciens. Ces  deux  passages  sont  restés  jusqu'ici  inexpliqués,  et  même  le 
savant  Heeren  a  cru  que  le  texte  en  était  altéré.  Mais  la  traduction  suivante 
montrera,  en  les  éclairant  l'un  par  l'autre,  qu'il  n'y  a  rien  à  changer  au  texte 
tel  qu'il  nous  est  parvenu,  et  que  le  sens  en  est  fort  clair  pour  ceux  qui 
ont  quelque  habitude  de  la  lecture  des  mathématiciens  grecs.  Il  suffit  de 
se  rappeler  ici  que  le  mot  ofoç  signifie  un  terme  [terminus  dans  Boëce,  d'où 
est  venu  notre  mot  français)  et  que  l'expression  avctKoyov  d'après  la  dé- 
finition d'Euclide,  veut  dire  en  progression  géométrique.  Mais  il  faut  ajouter 
qu'ix^écriç  signifie  une  série. Moici  les  deux  textes  grecs,  avec  la  traduction 
française  en  regard.  Après  les  avoir  lus,  il  ne  paraît  pas  douteux  que  l'on 
n'écarte  et  les  scrupules  de  Heeren  sur  l'intégrité  du  texte  original  et  l'in- 
terprétation  qu'il  en  avait  proposée. 

Slobée,  Eclogœ  Physicœ,  I,  9.  Fragment  qui  suit  un  texte  de  Moderatiis,  et  que  l'on  croit 
être  du  même  auteur. 

Tiïèî  rm  k,-iOfiùv  ci''X>!'  wrifujuttrc  r'iv  fit-  «■  Quelques-uns  ont  affirmé  que  l'unité  est 

,âU,  Tm  S\  Ù^Afi-^rm  rl't,-  tcZto  S-'i  ra^«  rifc-  '«  principe  des  nombres,  et  que  le  un  est  le 

X             •          '  ■    .•        -     ~   .    ,    ~  principe  des  choses  nombrées.  Or  cet  un  est 

-           ,'        ,       ,              _^  '     lin  corps  divisible  à  l'infini;  de  manière  que 

■         ^  ^                ■  I     les  choses  nombrées  dillcrcnt  des  nombres 

«ra^âra».  ElSio^i  ^è  x.'ut  7oZro  ^fi  Iri  tSv  àf-i-  comme  les  corps  diffèrent  des  choses  incor- 

Bfiù-j  iiTif'/^a-utTi>  TU!  àf'xu!  01  fui  koitiçah  ni»  porelles.  Mais  il  faut  savoir  encore  que  les 


(46i  ) 


aoiç  ratapt*  ri   (Pi;  ra;  rSv  cf-av  lyJJttj-ii;,  }î  â\> 
ufriol  ri    Kui  sr'O/TToi   tooitrxi    (vol.  I,    p.   5, 

édit.  RIeineke;  Leipzig,  1860.  Éd.  Heeren, 
p.  20). 

Stobée,  ibid.,  I,  5.  Fragment  de  Butherus. 

' O 'Sttpiuva^ mû âpricu  riMaripoi  Imvo  fttv  yàp 
apXI"  **'  teAo?  xa(  ftia-at  ^X^'t  "  "^  rou /tta-au 
io-not^rxi'  Kai  0  f-ctv^  oTfOT  ùv  yivavr'J-t  «vctAoyûv 
Kai  'TS-foi  fuiùi'a;,  rccï;  a'urov  ^af-tciç  y.a.Ta.\!tfi- 
Biîvii  mùç  rai;  yfufifials  ■zs-ipitj^oftivou;'  0  St  iv 
o'tKil»  fiiv  yivofiito;  oloizroTt  iripctivtrctr  orcci 
J"  Ê  V  zrtpitrtryi  '^îvy.raty  uuroç  ri  ^ip^raç  rvy^avit 
KO.)  TîJ»  rziXivpctv  A070V  i)^ou(rait  is-^ii  (t.  I,  p.  3, 
édit,  Meineke.  Éd.  Heeren,  p.  i4)- 


modernes  ont  introduit  comme  principe  des 
nombres  la  monade  et  la  dyade,  mais  que 
les  anciens  Pylli:igoiiciens  avaient  introduit 
comme  principes  toutes  les  séries  de  termes 
dans  leur  consécution,  par  lesquelles  sont 
conçus  les  nombres  pairs  et  impairs,  u 


<i  L'impair  est  plus  parfait  que  le  pair, 
car  il  a  un  commencement,  une  fin  et  un  mi- 
lieu, tandis  que  le  pair  est  privé  de  milieu; 
et  lorsque  les  nombres  sont  engendrés  en 
progression  géométrique  et  d'unité  en  unité, 
l'impair,  dans  ses  propres  places,  comprend 
les  nombres  renfermés  par  des  lignes,  tandis 
que  le  pair,  se  trouvant  dans  sa  propre  place, 
n'est  jamais  terminé.  Lorsque,  au  contraire, 
il  est  engendré  dans  une  place  impaire,  il  a 
lui-même  une  limite  et  il  possède  un  côté  ra- 
tionnel. " 


»  Maintenant,  quelques  mots  seront  encore  utiles  pour  expliquer  com- 
plètement le  sens  de  ces  deux  passages. 

»  D'abord  IModeratus  confirme  ce  que  nous  apprenaient  déjà  d'autres 
témoignages,  que  ce  sont  les  modernes,  c'est-à-dire  les  successeurs  de  Pla- 
ton, qui  ont  introduit  dans  les  idées  pythagoriciennes  la  considération  de 
la  dyade,  tandis  que  les  anciens,  c'est-à-dire  les  vrais  pythagoriciens,  carac- 
térisaient surtout  les  nombres  par  le  rôle  qu'ils  jouaient  dans  toutes  les 
espèces  de  séries.  Peut-être  hésiterait-on  sur  ces  mots  «  toutes  les  espèces 
de  séries  »  ttclcsclç,  ix.^i7etç,  si  l'on  ne  voyait  dans  V Introduction  à  C Arithmé- 
tique de  Nicomaque  avec  quel  soin  et  quel  détail  il  classifie  les  diverses 
séries  des  nombres  naturels.  Le  fragment  de  Butherus,  beaucoup  plus  an- 
cien que  celui  de  ModeraUis,  ne  cite,  en  effet,  que  les  progressions  géomé- 
triques. 

»  Voici  comment  il  faut  entendre  ce  fragment.  Si  l'on  écrit  les  termes 
d'une  progression  géométrique  croissante,  au-dessous  de  la  série  des 
nombres  naturels  qui  indiquent  leur  place  dans  la  série,  par  exemple  : 

1         2         3         4         5         6.   .   . 
1         3         9       27       81     243.   .   ., 

on  voit  sur-le-champ  que  le  nombre  impair  écrit  dans  une  place  impaire  est 
un  carré  ;  il  a  un  côté  rationel  TrXiupav  Àoyov  tXouffatv. 


(  462  ) 
»  Si,  de  même,  on  avait  écrit  nne  progression  en  termes  pairs  : 

i         2  3         4         5         6.    .   . 

1         2         4         8       16       32.   .   ., 

on  voit  que  le  nombre  pair  n'est  un  carré  que  dans  les  places  impaires. 

»  L'interprétation  qui  précède  semble  rendre  aux  deux  témoignages  de 
Buthenis  et  de  Moderatus  une  valeur  historique  que  depuis  des  siècles 
l'obscurité  du  texte  avait  cachée.  « 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Note  relative  à  de  nouveaux  composés,  résuUnnl  de  rttnion 
de  l'acide  c^anique  et  des  dijférents  étlters  cyaniques  avec  les  éthers  des 
acides  atnidés  de  la  série  aromatique;  par  MM.  Aug.  Cahours  et  H.  Gal. 

«  M.  Paul  Griess  a  signalé,  dans  l'action  réciproque  de  .l'acide  benza- 
mique  et  du  cyanogène,  la  formation  d'une  substance  de  composition 
assez  complexe  qui  se  dédouble  sous  l'influence  de  l'acide  chlorhydrique 
en  plusieurs  produits,  dont  le  plus  important  fut  considéré  par  lui  comme 
une  combinaison  d'acide  benzamique  et  d'acide  cyanique.  Une  étude  plus 
attentive  de  cette  dernière  établit  en  effet  qu'elle  présentait  l'identité  la 
plus  parfaite  avec  lui  produit  antérieurement  obtenu  par  M.  Mentuschine 
en  faisant  agir  une  solution  de  cyanate  de  potasse  sur  une  dissolution  de 
sulfate  d'acide  benzamique.  Ce  produit  paraîtrait  également  prendre  nais- 
sance, d'après  M.  Griess,  en  chauffant  l'acide  benzamique  avec  de  l'urée  : 
dans  ce  cas  il  y  aurait  dégagement  de  gaz  ammoniac. 

»  L'un  de  nous  ayant  fait  connaître,  il  y  douze  ans  (i),  les  éthers  d'un 
certain  nombre  d'acides  amidés  [benzamique,  cuminamique,  anisamique,  etc.) 
et  démontré  que  les  propriétés  basiques  de  ces  composés  s'exaltaient  con- 
sidérablement par  rétliérificatton,  nous  avons  pensé  que  ces  éthers  devaient 
aussi  bien,  et  même  mieux,  que  les  acides  qui  leur  correspondent  former 
avec  l'acide  cyanique  des  combinaisons  parfaitement  définies:  c'est  ce  que 
l'expérience  a  confirmé  de  la  manière  la  plus  nette.  TVous  pensions  en 
outre  que  ces  composés  devaient  se  dédoubler  sous  l'influence  de  l'ammo- 
niaque en  alcool  et  en  créalines  aromatiques,  ou  du  moins  en  leurs  iso- 
mères, ainsi  que  l'exprime,  pour  le  cas  particulier  de  l'éther  benzamique, 
l'équation  suivante  : 

C"  H'  (C  H'  )  AzOS  C=H  AzO'  H-  Az  H'  =  C  H^O'  +  C"  H»  Az'O'. 

Elhiar  hcnzamique.         Acide  cyanique.  Alcool.     Oo.iline  benzoïqiie. 


(i)   A.  Cahobrs,  Ànn.  de  Chim.  ft  de  Phys.,  3'  série,  t.  LXIII,  p.  322. 


(  463  ) 

>)  Bien  que  cette  réactio»  ne  nous  ait  pas  fourni  les  résultats  que  nous 
attendions,  nous  pensons  devoir  faire  connaître  l'existence  d'un  assez  grand 
nombre  de  composés  résultant  de  l'association  soit  de  l'acide  cyanique,  soit 
des  divers  éthers  cyaniques  avec  les  éthers  fournis  par  les  acides  amidés  de 
la  série  aromatique,  tels  que  les  éthers  benzaméthylique,  cuminamétylique, 
anisamétylique,  etc. 

»  Ces  composés,  qui  cristallissent  tous  avec  la  plus  grande  facilité,  peu- 
vent s'obtenir  à  l'aide  de  procédés  très-simples. 

»  S'agit-il  d'obtenir  les  combinaisons  résultant  de  l'union  de  l'acide 
cyanique  avec  les  éthers  formés  par  les  acides  amidés,  on  opère  de  la  ma- 
nière suivante  : 

»  On  verse,  dans  une  solution  tiède  du  sulfate  de  l'éther  amidé  mis  en 
expérience,  une  dissolution  aqueuse  de  cyanate  de  potasse,  en  ajoutant 
cette  dernière  par  petites  portions.  Dès  que  le  contact  des  deux  liquides 
est  étabh,  le  mélange  se  trouble.  Si  les  solutions  sont  concentrées  et 
chaudes, il  se  sépare  immédiatement  une  matière  huileuse  qui  se  concentre 
bientôt  en  une  masse  cristalline.  Les  dissolutions  sont-elles  étendues  et 
froides,  la  liqueur  se  trouble  peu  à  peu  et  laisse  déposer  une  poudre 
cristalline. 

»  On  peut  extraire  de  ce  dépôt  la  combinaison,  à  l'état  de  pureté  par- 
faite, soit  en  le  jelant  sur  un  filtre,  le  lavant,  le  séchant  et  le  reprenant  par 
de  l'alcool  concentré  qui  dissout  le  cyanate  et  laisse  le  sulfate  alcalin  formé. 
L'évaporation  de  la  dissolution  alcoolique  abandonne  la  combinaison  sous 
la  forme  de  prismes  durs  et  friables. 

»  Le  second  mode  de  purification  consiste  à 'traiter  le  dépôt,  préalable- 
ment lavé,  par  l'eau  boudlante,  et  à  filtrer  immédiatement  la  liqueur.  La 
combinaison  se  sépare  par  un  refroidissement  très-lent,  sous  la  forme  de 
fines  aiguilles  brillantes  qu'on  jette  sur  un  filtre,  qu'on  lave  et  qu'on  des- 
sèche. Une  seconde  cristallisation  opérée  dans  les  mêmes  conditions  donne 
un  produit  parfaitement  pur. 

»  La  combinaison  des  éthers  amidés  avec  les  différents  éthers  cyaniques 
s'obtient  d'une  manière  non  moins  commode,  et  la  purification  en  est  aussi 
simple. 

»  A  cet  effet,  on  ajoute  à  l'éther  liquide  ou  fondu,  ce  qui,  dans  ce  der- 
nier cas,  n'exige  qu'une  très-faible  élévation  de  température,  environ  son 
volume  d'éther  cyanique  ou  de  l'un  de  ses  homologues.  Le  mélange,  qui 
s'échauffe  très-notablement,  se  concrète  graduellement  à  mesure  qu'il  se 

C.  R.,  1870,  1'  Semestre.  (  T.  LXXI,  N°  14.)  62 


(  464) 
refroidit  et  finit  par  se  prendre  en  une  masse  que  l'on  comprime  dans  du 
papier  buvard  pour  absorber  un  peu  du  liquide  qu'il  pourrait  retenir. 

»  Les  composés  formés  dans  ces  circonstances,  qui  sont  insoUibles  dans 
l'eau  froide  ou  ch.iucl(>,se  dissolvent  en  quantités  considérables donsTéther, 
qui  ne  les  abandonne  sons  forme  solide  que  par  une  évaporation  com- 
plète. L'alcool  les  dissout  également  en  trop  fortes  proportions  pour  qu'ds 
puissent  s'en  séparer  par  l'évaporation  sous  des  formes  bien  nettes.  Lors- 
qu'on veut  se  procurer  ces  produits  en  cristaux  parfaitement  définis,  il  faut 
opérer  de  la  manière  suivante. 

»  On  les  dissout  dans  de  l'alcool  du  commerce,  en  chauffant  légère- 
ment, puis  on  ajoute  de  l'eau  jusqu'à  ce  qu'un  léger  trouble  commence  à  se 
manifester.  Lorsque  ce  terme  est  atteint,  on  fait  tomber  de  l'alcool  goutte 
à  goutte  dans  la  liqueur,  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  complètement  éclaircie, 
puis  on  l'abandonne  à  l'évaporation  spontanée. 

»  Il  est  important  que  la  cristallisation  s'effectue  dans  des  liqueurs  très- 
étendues;  les  échantillons  obtenus  sont  d'autant  plus  beaux. 

»  Ces  derniers,  lorsqu'on  opère  dans  des  vases  cylindriques,  se  séparent 
généralement  sous  la  forme  de  longues  aiguilles  soyeuses,  qui  présentent  la 
plus  grande  ressemblance  avec  l'asbeste. 

»  Les  acides  benzamique,  cuminamique,  anisamique,  etc.,  donnent  éga- 
lement avec  l'éther  cyanique  et  ses  homologues,  des  composés  entièrement 
semblables  à  ceux  que  fournissent  leurs  éthers. 

»  Les  différents  composés  dont  nous  venons  d'indiquer  la  formation 
donnent,  soit  par  l'action  de  la  chaleur,  parleur  contact  avec  les  acides  et 
les  alcalis,  des  réactions  dont  nous  ne  saurions  parler  ici,  cette  étude  étant 
trop  incomplète.  Nous  n'avons  d'autre  but  aujourd'hui  que  de  faire  con- 
naître l'existence  de  ces  composés  intéressants,  qu'on  pourrait  considérer 
comme  des  sortes  d'urées  composées,  représentées  par  les  formules  géné- 
rales 

i  (C^O^)",  [  [C^'O')", 

Az    /      ,  et       Az       jj, 

»  Les  analyses  de  ces  nombreux  composés,  dont  nous  avons  étudié  les 
propriétés  physiques  avec  la  plus  sérieuse  attention,  nous  ont  fourni  des 
résultats  qui  concordent  de  la  manière  la  plus  parfaite  avec  la  théorie.  Nous 
en  donnerons  le  détail  dans  un  Mémoire  étendu  que  nous  ferons  paraître 
prochainement.  » 


(  465) 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Note  sur  un  papyrus  qui  contient  des  fraqmetits 
d'un  Traité  d'optique  et,  à  cette  occasion,  sur  /'Optique  inédite  de  Ptolémée; 
par  M.  Egger,  de  l'Académie  des  Inscriptions. 

«  Parmi  les  papyrus  grecs  rapportés  de  Sakkarah,  en  1869,  P^*"  notre 
compatriote  et  correspondant  M.  Aiig.  Mariette,  se  trouvent  les  fragments 
d'un  rouleau  opisthographe,  ou  écrit  des  deux  côtés,  dont  le  contenu  paraît 
intéresser  l'histoire  de  la  Physique,  et,  à  ce  titre,  me  semble  digne  d'être 
signalé  à  nos  confrères  de  l'Académie  des  Sciences. 

»  On  y  reconnaît  sur  un  côté  (le  seul  dont  je  m'occuperai  ici)  les  débris 
de  sept  colonnes  d'une  ancienne  et  belle  écriture  qui  peut  remonter  pour 
le  moins  au  II"  ou  au  m*  siècle  de  l'ère  chrétienne.  Les  phrases  ou  restes 
de  phrase  qu'on  y  peut  lire  attestent  une  grécité  des  meilleurs  temps.  11 
est  difficile  d'y  saisir  la  suite  d'un  raisonnement  complet;  toutefois  les 
trois  fragments  dont  je  vais  donner  une  traduction  provisoire  suffisent  à 
montrer  clairement  que  nous  avons  là  sous  les  yeux  des  pages  d'un  Traité 
d'optique  et  peut-être  d'optique  spécialement  appliquée  à  l'astronomie  (i). 

Col.  I.  —  ...  l'air  l'emportant  par  sa  profondeur,  et,  à  la  fin,  des  grandeurs  immenses 
disparaissent  peu  à  peu  :  car  des  îles,  des  villes  et  des  pays  sont  séparés  par  de  grands  es- 
paces, de  manière  que  ceux  dont  l'air  éteint  le  moins  les  couleurs,  ceux-là  se  voient  néces- 
sairement à  la  plus  grande  distance,  et  leurs  volumes,  de  grands  qu'ils  étaient,  deviennent 
très-petits. . . . 

Col.  III.  —  Car,  à  leur  lever  et  à  leur  coucher,  nous  voyons  leur  révolution.  Car  l'astre 
paraissant  toujours  plus  grand  à  son  lever,  il  est  nécessaire  qu'ils  paraissent  se  déplacer. 
C'est  pourquoi,  aussitôt  après  le  lever,  nous  avons  la  sensation  de  leur  mouvement,  en 
voyant.  ... 

Col.  IV.  —  ...  devient  également  apparent.  Beaucoup  d'astres  dont  nous  voyons  les 
mouvements  paraissent  changei-.  Ceux  qui  paraissent  semblables  à  des  astres  qui  se  meuvent 
paraissent  se  mouvoir  également...  .  Ceux  qui  gardent  respectivement  la  même  distance 
paraissent  souvent  immobiles,  parce  que  ni  plus.  . . 

»  Dès  que  j'eus  constaté  le  caractère  de  ces  Fragments  et  des  autres, 
malheureusement  trop  courts  pour  être  traduits,  que  renferme  notre  pa- 
pyrus, j'en  fis  part  à  mon   ami  M.  Th.  Henri  Martin,  dont  l'Académie 

(i)  C'est  l'occasion  de  rappeler  qu'un  des  papyrus  grecs  du  Musée  du  Louvre,  publiés 
en  1 866  par  l'Académie  des  Inscriptions  dans  le  Recueil  des  Notices  et  Extraits  des  Manuscrits 
contient  un  long  fragment  d'un  Traité  élémentaire  d'astronomie;  mais  les  fragments  dont 
nous  nous  occupons  aujourd'hui  paraissent  d'une  valeur  bien  supérieure  au  papyrus  astro- 
nomique du  Louvre. 

6a.. 


(  466  ) 
connaît  et  apprécie  les  travaux  sur  l'histoire  des  sciences  dans  l'antiquité, 
et  les  indications  qu'il  voulut  bien  me  fournir  m'aidèrent  utilement  à  con- 
stater que  le  texte  du  papyrus-Mariette  est  inédit,  et  m'induisirent  à  con- 
jecturer qu'il  pourrait  bien  appartenir  à  YOptique  iuéilite  de  Ptolémée. 

»  Et  d'abord  ces  fragments  sont  inédits;  au  moins  ne  les  ai-je  retrouvés 
dans  aucun  des  ouvrages  grecs  sur  l'optique  que  menlionne  et  qu'analyse 
le  plus  récent  historien  de  cette  science  (E.  Wilde,  t.  1,  publié  à  Berlin 
en  i838),  dans  aucun  des  extraits  sur  ce  sujet  que  renferme  l'estimable 
collection  de  Schneider  {Eclocjœ  Ph/sicce,  léna,  1801,  in-8").  Seulement, 
je  retrouve  dans  quelques  textes  anciens  (i)  l'observation  relative  à  la 
différence  du  volume  apparent  des  astres,  selon  qu'on  les  considère  au 
zénith  ou  à  l'horizon.  Ces  rapprochements,  si  fugitifs  et  incomplets  qu'ils 
soient,  nous  portent  à  croire  que  nos  nouveaux  fragments  appartiennent 
à  quelque  traité  vraiment  scientifique,  à  l'ouvrage  de  quelque  écrivain 
autorisé,  parmi  les  anciens,  sur  les  matières  dont  il  s'agit.  Or  nul  n'a  été 
plus  autorisé  que  le  célèbre  astronome  Ptolémée,  au  n*'  siècle  de  notre  ère, 
et  Ptolémée  avait  écrit  une  Optique  en  cinq  livres,  plusieurs  fois  citée  avec 
éloge  par  ses  successeurs,  par  les  écrivains  du  moyen  âge  et  par  les  mo- 
dernes jtisqu'au  commencement  du  xviu"  siècle. 

»  Cette  Optique,  de  bonne  heure  traduite  en  syriaque,  comme  tant  d'au- 
tres ouvrages  scientifiques  des  Grecs,  puis  du  syriaque  en  arabe,  existait, 
dans  la  traduction  arabe,  au  xn"  siècle,  en  Sicile,  où  elle  fut  traduite  de 
l'arabe  en  latin  par  un  certain  Eugenius  Ammiratus,  et  la  traduction  latine, 
faite  malheureusement  sur  un  manuscrit  qui  ne  contenait  plus  le  premier 
livre,  existe  encore  aujourd'hui  dans  deux  manuscrits  de  notre  grande 
Bibliothèque  nationale,  dans  un  troisième  manuscrit  à  la  Bibliothèque 
ambrosienne  de  Milan,  et  peut-être  dans  un  quatrième  à  la  Bodléienne 
d'Oxford.  Il  est  étonnant  que  la  mémoire  d'un  tel  livre  se  soit  tellement 
effacée  que  le  plus  savant  historien  de  la  littérature  grecque,  J.-A.  Fabri- 
cius,  ait  pu  le  croire  tout  à  fait  perdu,  et  que  le  second  éditeur  de  la 
Bihliothique  (jrecque,  G.-C.  Harless,  n'ait  pas  relevé  cette  erreur.  Elle  l'a 
été,  au  commencement  de  ce  siècle,  en  France,  par  Delambre,  dès  l'année 
i8o3,  et  dans  un  Mémoire  analytique  lu  dans  xuie  séance  publique  de  l'In- 
stitut en  181 1,  reproduit  l'année  suivante,  en  allemand,  dans  les  Anmikn 
de  Gilbert;  puis  par  Caussin,  dont  un  premier  Mémoire  sur  ce  sujet, 


(i)  Cléomède,  II,   i;  SexUis  Empiricus,  Contre  les  Mtionomcs,  V,  8?.;  Cf.  Olympiodore, 
dans  Schneider,  l.  II,  p.  SgS,  et  Dutens,  Origine  des  dccouvcrtes,  t.  II,  p.  118. 


(467  ) 
lu  en  1811  à  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  et  inséré,  en 
1  822,  au  tome  VI  du  Recueil  de  celte  Compagnie  (  nouvelle  série).  La  Lande, 
Laplace  et  Alexandre  de  Ilumboldt  ont  eu  connaissance  de  ladite  traduc- 
tion latine,  et  ils  en  ont  apprécié  l'importance.  En  i8i4,  l'italien  Giamb. 
Ventnri,  dans  le  tome  I"'  (resté  unique)  de  ses  Commentari  sopra  la  sloria 
e  le  teorie  dell'  Otika  (Hologne,  in-4°),  a  donné  une  intéressante  analyse 
des  quatre  livres  de  la  traduction  d'Eugenius  Ammiratus  d'après  le  ma- 
nuscrit de  Paris,  n"  3710,  utilement  corrigé  à  l'aide  du  manuscrit  FD,  45 1 
de  l'Ambrosienne,  et  dans  son  analyse  il  constate  l'identité  de  l'ouvrage 
latin  avec  celui  que  citent,  sous  le  nom  de  Ptolémée,  soit  les  astronomes 
grecs,  soit  les  écrivains  du  moyen  âge,  comme  Roger  Bacon. 

»  Soutenu  par  une  vive  curiosité,  qui  suppléait  tant  bien  que  mal  à 
mon  incompétence,  et  par  le  souvenir  de  quelques  études  autrefois  entre- 
prises sur  diverses  parties  de  la  Physique  des  Anciens,  je  me  suis  fait  un 
devoir  d'explorer  les  deux  seuls  manuscrits  de  V Optique  latine  de  Ptolémée 
qui  fussent  à  ma  disposition  (ceux  de  Paris),  en  attendant  des  renseigne- 
ments que  j'ai  demandés  sur  les  travaux  de  Venturi  et  sur  le  manuscrit  de 
la  Bodléienne  d'Oxford,  renseignements  que  je  ne  puis  guère  espérer  de 
recevoir  avant  le  rétablissement  de  la  paix  dans  notre  malheureuse  France. 
J'ai  donc  étudié  celui  des  deux  manuscrits  parisiens  (l'ancien  n°  7377)  qui 
porte  aujourd'hui  le  n°  10260,  et  qui  paraît  être  de  la  fin  du  xvi*  siècle, 
manuscrit  fort  lisible,  mais  plein  de  lacunes  et  de  fautes,  que  reproduit  à 
peu  près  toutes  le  second  de  nos  manuscrits,  et  celte  lecture  n'a  que  trop 
confirmé  pour  moi  le  jugement  de  Delambre  et  de  Caussin  sur  l'état  d'alté- 
ration où  nous  sont  parvenus  les  quatre  livres  dte  Ptolémée. 

»  A  travers  trois  traductions  et  à  travers  un  nombre  de  copies  que  l'on 
ne  saurait  déterminer,  le  texte  du  grand  astronome  est  devenu  souvent 
inintelligible.  Les  dessins  et  figures  géométriques  qui  l'accompagnent 
n'ont  plus  avec  le  texte  leur  juste  rapport;  les  lettres  de  renvoi  ont  été 
souvent  changées,  de  façon  que  l'explication  ne  répond  plus  exactement 
aux  figures.  Néanmoins,  je  crois  pouvoir  affirmer  qu'aucune  des  phrases 
du  texte  grec  conservé  par  le  papyrus  Mariette  ne  se  retrouve  dans  ces 
quatre  livres,  malgré  quelques  analogies  entre  les  deux  textes  (1).  Mais  il 
ne  faut  pas  oublier  que  le  premier  livre  est  perdu,  et  que  ce  premier  livre 
pouvait  contenir  les  considérations  et  observations  du  genre  de  celles  que 

(i)  Par  exemple,  au  folio  5,  où  l'auteur  traite  de  la  vision  relativement  à  l'obliquité  du 
rayon  visuel  par  rapport  à  la  verticale  du  lieu  d'observation. 


(  468  ) 
nous  reconnaissons  dans  nos  fragments  grecs.  Au  début  même  du  deuxième 
livre,  l'aiiteiir  semble  se  référer  à  son  premier  livre  pour  ce  qui  concerne 
des  obstacles  interposés  entre  l'œil  et  l'objet  visible.  Or  le  fragment  traduit 
ci-dessus  de  la  première  colonne  du  papyrus  se  rapporte  évidemment  à  ce 
sujet. 

»  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  rapports  entre  l'ouvrage  grec  dont  provien- 
nent nos  fragments  sur  papyrus  et  l'ouvrage  de  Ptolémée,  deux  conclusions 
peuvent  être  tirées  de  ce  qui  précède  : 

»  1°  Le  papyrus-Mariette  nous  apporte  de  précieux  débris  des  doctrines 
de  l'antiquité,  et  il  méritera  d'être  publié  aves  le  même  soin  que  les  autres 
pièces  de  ce  genre  exhumées  de  l'Egypte  depuis  un  demi-siècle  :  je  ferai 
de  mon  mieux  pour  remplir  prochainement  ce  devoir, 

»  2°  V Optique  latine  de  Ptolémée,  même  en  son  état  actuel  de  mutila- 
tion, mérite  au  plus  haut  degré  de  trouver  un  éditeur  après  tant  de  siècles 
d'oubli.  Ce  travail  exigera,  comme  l'a  bien  montré  Caussin,  dans  son  Mé- 
moire de  i8i2,  l'alliance  d'un  philologne  et  surtout  d'un  orientaliste,  avec 
un  physicien  de  profession,  ou  la  réunion  de  ces  deux  qualités  dans  la 
personne  d'un  seul  savant.  M.  Th. -H.  Martin  serait,  je  crois,  capable  d'y 
suffire;  mais  sa  modestie  parait  décliner  une  tâche  aussi  lourde,  et  d'ail- 
leurs d'autres  travaux  l'occupent  et  l'occuperont  longtemps  encore.  M.Ch. 
Thurot,  dont  nos  confrères  ont  pu  lire  récemment  un  ]\Iémoire  approfondi 
sur  l'histoire  du  principe  d'Archimède  et  une  très-ingénieuse  révision  du 
texte  des  Météorologiques  d'Aristote,  semble  aussi  appelé  à  nous  rendre,  soit 
seul,  soit  avec  le  secours  de  quelque  autre  savant,  le  service  de  procurer 
celte  difficile  publication.  Tour  ma  part  je  n'ai  pu,  je  n'ai  voulu  que  saisir 
l'occasion  de  signaler  à  l'attention  de  nos  confrères  un  sujet  d'études  depuis 
longtemps  négligé.  Déjà,  dans  la  séance  du  26  août  dernier,  j'ai  eu  l'hon- 
neur d'en  entretenir  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres;  je  serais 
heureux  que  l'autorité  de  l'Académie  des  Sciences  s'ajoutât  aux  encourage- 
ments qui  pourront  susciter,  en  France,  le  laborieux  éditeur  qu'attend 
depuis  si  longtemps  V  Optique  de  Ptolémée.  » 


(469) 
MÉMOIRES  LUS. 

HYGIÈNE  MILITAIRE  APPLIQUÉE.   —  Du  soldat  en  cnmpnrjue  et  devant  l'ennemi; 
j)ar]!^l.  G.  Grimaud,  fie  Ca!ix.  (Extrait  pSr  l'Auteur.) 

(Commissaires:   MM.    Morin  ,   Dtipuy  de  Lôme,   Larrey). 

((  La  provision  d'un  soldat  en  campagne  et  marchant  à  l'ennemi  ne  com- 
prend que  deux  sortes  d'objets  :  des  vivres  et  des  munitions,  le  tout  pour 
deux  ou  trois  jours,  si  ce  n'est  pour  quelques  heures  de  marche  et  de  com- 
bat. Quanta  son  armement,  il  est  purement  offensif  :  sabre-baïonnette  et 
fusil  ;  tout  pour  l'attaque,  rien  pour  la  défense  :  rien  qui  protège  et  abrite 
contre  les  coups  de  l'ennemi. 

»  Fournir  au  soldat  le  moyen  d'assurer  sa  subsistance,  sans  avoir  besoin 
d'attendre  nne  distribution  de  vivres  dont  il  a  laissé  les  magasins  derrière 
lui;  le  pourvoir  de  protection  contre  l'ennemi,  sans  augmenter  le  poids  du 
fourniment;  ces  deux  questions  se  résolvent  par  ime  simple  modification, 
ou  plutôt  dans  une  meilleure  distribution  des  éléments  qui  constituent  l'é- 
quipement, lesquels  éléments  deviennent  une  protection  efficace,  au  lieu 
d'être  un  embarras  sur  le  dos  du  soldat. 

M  Du  sac  militaire.  —  Le  sac  actuel  a  des  défauts  qui  le  rendent  impropre 
à  porter  une  charge  supérieure  à  20  kilogrammes.  Par  le  fait  de  son  épais- 
seur raccourcie,  il  force  le  marcheur  à  se  courber  en  avant,  posture  anor- 
male qui  contribue  à  épuiser  promptement  ses  forces.  L'attache  des  bre- 
telles est  trop  haute;  elles  scient  les  aisselles  du  porteur.  La  forme  bombée 
de  la  surface  appliquée  au  dos  comprime  et  échauffe  la  colonne  vertébrale. 
Ajoutez  qu'avec  une  pareille  construction  la  poitrine  n'est  point  abritée  : 
il  n'y  a  de  protégé  que  le  dos,  circonstance  qui,  en  bien  des  cas,  peut 
avoir  sa  gravité. 

»  Le  fourniment  d'un  tel  sac  consiste  en  vivres,  linge  et  chaussures,  us- 
tensiles de  cuisine  et  matériaux  de  campement,  tels  que  fragment  de  tente 
et  bâton  d'étai;  distribuez  tout  cela  de  la  façon  suivante,  et  le  problème  est 
résolu.  Doublez  la  surface  du  sac,  en  diminuant  de  moitié  son  épais- 
sein-;  et,  pour  cela,  construisez  une  carcasse  métallique,  d'environ  60  centi- 
mètres de  large  et  78  de  haut,  sur  5  centimètres  d'épaisseur;  habillez  cette 
carcasse  d'une  toile  imperméable.  Divisez,  par  une  gaîne  en  deux  comparti- 
ments égaux,  le  contenant  qui  en  résulte,  et  vous  aurez  un  sac  double,  plus 
long,  plus  large,  moins  épais  que  le  sac  ordinaire,  mais  bien  plus  facile  à 


(  470  ) 
porter,  comme  il  est  aisé  de  le  démontrer.  Vous  ouvrez  et  fermez  ce  sac 
par  les  deux  côtés,  au  moyen  de  boucles  et  de  lacets  en  cuir,  comme  les 
portemanteaux  de  cavalerie.  Vous  le  remplissez  des  effets  d'équipement  et 
d'habillement  ainsi  que  des  vivres  et  des  ustensiles  eu  métal  qui  complè- 
tent le  fourniment  de  chaque  homme  et  de  son  escouade. 

»  On  harnache  ce  sac  de  telle  manière  qu'on  peut,  à  volonté,  le  porter 
sur  le  dos  ou  sur  la  poitrine.  Si  on  le  porte  sur  le  dos,  comme  il  s'étale  sur 
une  plus  large  surface  et  qu'il  s'appuie  sur  le  bas  des  reins,  il  ne  tend 
point  à  descendre;  et  ainsi  il  charge  moins  les  épaules  que  celui  dont  nos 
fiintassins  se  servent  actuellement. 

»  Deux  autres  circonstances  contribuent  aussi  à  rendre  son  poids  moins 
sensible.  Il  ne  gène  pas  la  colonne  vertébrale,  dont  la  saillie  vient  se  loger 
dans  la  gouttière  formée  par  la  gaine  longitudinale  du  milieu.  De  plus, 
cette  gaîne,  contenant  une  tige  d'acier  d'une  utilité  multiple,  au  moindre 
repos,  on  abaisse  la  tige  jusqu'au  sol,  et  le  fautassin  se  déleste  de  son  sac, 
absolument  comme  un  joueur  d'orgue  de  son  instrument  sur  le  bâton 
d'appui  qui  lui  sert  de  canne. 

»  Pour  le  mettre  devant  la  poitrine,  le  ceinturon  est  armé  d'un  cran  qui 
vient  s'articuler  avec  une  pièce  en  métal  correspondante,  disposée  à  cet 
effet  à  la  partie  inférieure  du  sac.  Et  ainsi,  qu'on  porte  ce  sac  par  devant, 
qu'on  le  porte  par  derrière,  le  poids  en  est  moins  incommode,  et  le  fardeau 
parait  allégé,  par  cela  même  que  sa  gravité  correspond  au  bas  des  reins, 
soit  directement,  soit  par  l'intermédiaire  du  ceinturon  . 

»  Voici  comment  il  protège.  Jl  est  garni,  à  l'extérieur,  de  plusieurs 
annexes  en  cuir.  Ces  annexes  servent  à  lo^^er  :  i^les  ustensiles  en  métal 
nécessaires,  soit  à  chaque  homme,  soit  à  son  escouade;  1°  une  pelle  plate, 
ou  plaque  de  bêche  en  métal;  3"  sur  les  côtés,  en  dehors,  un  bâton  de 
support  se  divisant  et  s'ouvrant  selon  sa  longueur,  pour  former  une  croix 
de  Saint-André.  Ce  sont  là  des  éléments  de  blindage,  permettant  d'aborder 
l'ennemi  jusqu'à  la  distance  de  i5o  mètres,  sans  avoir  rien  à  craindre  des 
petits  projectiles.  Le  fusil  se  porte  en  bandouillèrc;  et  une  cartouchière,  en 
cuir  raide,  est  fixée  en  haut  ou  en  bas  du  sac.  Si  vous  marchez  à  l'ennemi, 
vous  portez  le  sac  par  devant  ;  si  vous  battez  en  retraite,  vous  le  mettez  sur 
le  dos  :  des  deux  façons,  le  torse  entier  est  préservé. 

»  La  tète  est  garantie  au  moyen  d'une  coiffure  en  cuir  mou,  formant 
supérieurement  une  poche  plate,  dans  laquelle  on  glisse,  pour  le  combat,  la 
plaque  métallique.  Cette  coiffure,  en  raison  de  sa  mollesse,  se  prêtant  à 
toutes  les  inclinaisons,  se  penche  en  visière  sur  la  figure  et  abrite  toute  la 


(  471  ) 
partie  supérieure  de  la  tète,  jusqu'aux  yeux.  Ainsi  lestée,  une  telle  coiffure 
pèse  encore  moins  que  le  casque  de  l'infanterie  prussienne. 

»  Quant  aux  jambes,  on  les  protège  avec  le  fragment  de  tente  attribué 
à  chaque  soldat  pour  effectuer  le  campement.  Ce  fragment  de  tente,  plié  en 
neuf  doubles  ou  feuillets,  se  suspend  à  la  partie  inférieure  du  sac,  au  moyen 
de  boutons  ;  son  flottage  suffit  pour  amortir,  par  ses  plis,  à  une  distance 
de  i5o  mètres,  les  petits  projectiles,  et  garantir  les  membres  inférieurs 
jusqu'au-dessous  des  mollets. 

»  L'ensemble  de  cet  équipement  défensif  a  été  calculé  sur  le  poids  ré- 
glementaire du  soldat  ordinaire  en  campagne. 

»  Théorie  du  combat.  —  On  marche  le  sac  en  avant,  le  fusil  en  batidouil- 
lère,  en  tirailleurs;  à  un  moment  propice,  c'est-à-dire  quand  le  canon  a 
dit  son  mot,  on  s'aventure  à  la  rencontre  de  l'ennemi,  jusqu'à  la  distance 
de  i5o  mètres.  La  position  étant  choisie,  le  combattant  abaisse  au  point 
utile  la  tige  engaînée  ;  il  fixe  au  sol,  en  croix  de  Saint-André,  le  bâton  de 
support,  et  il  dépose  le  sac,  en  plan  incliné,  sur  cet  ap|)ui  triangulaire.  Il  a 
ainsi  un  abri,  derrière  lequel  il  charge  et  décharge  son  fusil  à  volonté,  ap- 
puyant le  canon  sur  l'un  ou  l'autre  côté  du  sac.  Il  peut  viser  juste  et  tirer 
à  loisir,  surtout  sans  fatigue,  car  son  arme  pèse  sur  le  sac  et  non  plus  sur  le 
bras. 

»  Supposez  les  combattants  disposés  en  ordre  mince,  ou  même  en  chaîne 
clair-semée  de  tirailleurs,  les  petits  projectiles  de  l'ennemi  n'auront  sur  eux 
que  peu  d'effet.  Les  balles  réussies,  celles  qui  porteront  coup,  viendront 
s'amortir:  i°  sur  le  sac  rembourré  parles  effets  d'habillement  et  blindé 
par  les  ustensiles  de  cuisine  ;  2°  sur  la  plaque  mobile  du  casque  ;  3°  enfin 
sur  les  plis  multiples  du  fragment  de  tente,  suspendu  en  bas  du  sac. 

»  Campement.  —  Le  combat  étant  fini,  et  la  victoire  acquise  ou  la  retraite 
accomplie,  il  s'agit  de  camper  pour  se  reposer  et  faire  la  soupe.  Dans  l'état 
actuel  des  choses,  chaque  soldat  est  muni  d'un  fragment  de  toile  et  d'un 
bâton  brisé  :  on  les  joint  par  quatre  et  l'on  construit  des  tentes-abris,  occu- 
pant un  très-petit  espace  en  superficie  et  en  élévation,  permettant  seulement 
la  position  couchée  aux  quatre  fantassins  qui  en  ont  fourni  les  matériaux. 
La  cuisine  se  fait  dehors  pour  l'escouade  de  dix  ou  douze  hommes. 

))  Cette  cuisine  en  plein  air  a  plusieurs  inconvénients.  Elle  utilise  fort 
mal  le  combustible,  souvent  difficile  à  trouver  dans  le  rayon  occupé.  Elle 
cuit  mal  et  avec  lenteur  les  aliments.  Au  vent  et  à  la  pluie,  elle  fume  et  aveu- 
gle, sans  chauffer  et  par  conséquent  sans  sécher  le  soldat.  De  plus,  sa  po- 

C.  R.,  1870,  2«  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  14.)  63 


(472) 
sition,  en  dehors  de  ia  tente-abri,  met  le  désordre  dans  la  compagnie,  en 
détruisant  tonte  symétrie  castra-métative.  Enfin,  à  proximité  de  l'ennemi, 
elle  décèle  le  bivouac. 

»  Avec  le  fourniment  du  nouveau  sac,  ces  inconvénients  sont  bien 
amoindris,  s'ils  ne  sont  pas  tout  à  fait  éliminés.  Pour  un  campement  passager, 
un  repos  de  courte  durée,  il  suffit  de  quelques  minutes  pour  accoupler  des 
sacs  arcboutés,  et,  avec  leur  aide,  dresser  pour  douze  hommes  une  tente  et 
sa  cuisine. 

»  S'agit-il  d'un  campement  prolongé,  la  pelle  visière  qui  sert  d'abri  à  la 
tête  de  chaque  tireur  pendant  le  combat,  fournit  le  moyen  de  construire 
un  four  de  campagne  pour  la  cuisine  sous  la  tente  même,  et  de  donner  à 
celle-ci  l'élévation  que  l'on  veut,  en  y  pratiquant  les  rigoles  indispensables. 
En  un  quart  d'heure,  les  douze  pelles  de  l'escouade  font  toutes  les  excava- 
tions et  les  remblais  nécessaires  ;  cinq  ou  six  paires  de  sacs  sont  arcboutés, 
et  procurent  instantanément  un  échafaudage  de  grande  tente,  qu'on  recouvre 
avec  la  toile  à  neuf  plis  dont  chaque  soldat  est  en  possession.  Là,  tout  le 
monde  est  à  l'abri,  et  relativement  à  son  aise;  le  feu  des  cuisines  est  caché 
aux  yeux  de  l'ennemi,  la  fumée  en  est  moins  intense  et  moins  aveuglante, 
et,  dans  la  mauvaise  saison,  on  peut  s'y  sécher  et  s'y  chaulfer.  Avec  de  la 
farine,  on  cuit  instantanément  la  galette  pour  lester  l'estomac,  en  atten- 
dant les  distributions  régulières,  toujours  trop  lentes  à  se  réaliser. 

»  L'invention  de  ce  système  d'armes  défensives,  dont  je  viens  d'entretenir 
l'Académie,  appartient  au  général  polonais  Miéroslawsld.  Je  n'ai  ici  que  le 
mérite  d'en  avoir  compris  la  portée  et  les  avantages  au  point  de  vue  de  la 
conservation  du  soldat  et  de  son  hygiène.   » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Observations  relatives  à  la  panification. 
Lettre  de  M.  3Ièue  MouKiiis  à  M.  le  Président. 

(Renvoi  aux   Sections  de  Chimie  et  d'Agriculture,  auxquelles 
MM.  Dumas  et  Bussy  sont  priés  de  s'adjoindre.) 

«  J'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  quelques  observations  rela- 
tives à  la  question  du  pain,  observations  dont  elle  appréciera  l'opporlunilé. 
Mes  recherches,  les  Rapports  de  M.  Chevreul  et  la  sanction  d'une  longue 
pratique  ont  prouvé  que,  pour  avoir  du  pain  doué  de  toute  sa  puissance 
nutritive,  il  faut  le  préparer  avec  tous  les  principes  immédiats  du  grain. 


(  473  ) 
moins  ses  enveloppes  les  plus  grossières;  mais  ils  ont  prouvé  aussi  que 
ce  pain  n'est  réellement  bon  que  si  l'on  empêche  la  formation  du  pain  bis, 
c'est-à-dire  raltération  d'une  partie  de  ces  principes  immédiats.  Cette  ob- 
servation est  essentielle,  et,  en  l'oubliant,  on  s'expose  à  de  tristes  déceptions. 

»  Si,  en  effet,  on  fabrique  du  pain  avec  toutes  les  parties  du  grain,  et  si 
pour  cela  on  emploie  les  procédés  ordinaires,  le  ferment  contenu  dans  le 
tissu  embryonnaire  (céréaline)  change  l'amidon  en  dextrine  et  en  glucose, 
liquéfie  en  partie  le  gluten,  et  le  pain  devient  bis,  lourd  et  pâteux.  Ces  dé- 
fauts ont  leur  importance;  mais  ce  qui  est  beaucoup  plus  grave,  c'est  que, 
par  cette  altération  complexe,  ce  pain  change  de  nature,  devient  laxatif  et 
perd  une  partie  de  sa  force  alimentaire.  On  sait,  en  effet,  que  le  pain  de  tout 
grain,  dit  de  son,  est  plutôt  un  médicament  qu'un  aliment,  et  que  les  mé- 
decins le  prescrivent  depuis  longtemps  contre  la  constipation  habituelle. 

»  On  comprend  les  graves  inconvénients  d'un  pain  de  cette  nature,  introduit 
dans  le  régime,  alors  surtout  que  la  ration  de  viande  serait  diminuée.  Le 
pain  bis  en  usage  dans  les  campagnes  ne  saurait  être  une  objection,  parce 
que  la  farine  qui  le  produit  est  toujours  blutée,  et  que  la  couleur  bise  pro- 
vient surtout  du  seigle  et  de  l'orge.  Il  faut  donc,  à  tout  prix,  éviter  cette 
altération,  et,  pour  cela,  on  doit  employer  les  moyens  indiqués  par  moi, 
approuvés  par  l'Académie  et  appliqués  à  l'Usine  de  la  ville  de  Paris,  où,  dit 
l'ancien  directeur  de  l'Assistance  publique,  dans  un  exposé  officiel  daté 
de  1868,  ce  procédé,  donne  depuis  plus  de  six  ans,  du  pain  de  première 
qualité,  permet  de  supprimer  le  pain  bis  et  produit  une  économie  de 
looooo  francs  environ  par  an,  selon  l'administration,  et  de  200000  francs 
suivant  les  calculs  faits  par  les  Commissions. 

»  Malgré  ces  résultats  satisfaisants,  ce  procédé  n'a  pas  été  poussé  jusqu'à 
la  dernière  limite  du  rendement,  limite  qu'on  atteint  ainsi  qu'il  suit. 

»  On  humecte  le  blé  avec  5  pour  100  d'eau  salée,  qui  a  la  curieuse  pro- 
priété de  s'arrêter  devant  la  membrane  embryonnaire;  puis  on  enlève  les 
téguments  extérieurs,  à  l'aide  d'un  décortiqueur,  et  le  blé  devient  alors  si  fa- 
cile à  broyer  que,  si  Ton  manque  de  meules,  un  moulin  à  café  peut  suffire  à 
cette  opération. 

»  Le  blé,  broyé  est  divisé  en  deux  parties  :  1°  la  farine  fine  provenant  de 
l 'intérieur  du  grain  ;  2°  les  gruaux,  représentant  les  couches  extérieures.  Ces 
gruaux  contiennent  les  principes  initritifs  les  plus  importants,  c'est-à-dire 
le  gluten  le  plus  élaboré  pour  la  nourriture  du  tissu  musculaire,  le  pho- 
sphate de  chaux  animalisé  pour  le  tissu  osseux,  l'albumine  et  l'huile  phos- 
phorée  pour  le  tissu  nerveux,  etc.  Mais,  ne  l'oublions  pas,   ces  gruaux 

63.. 


(  474  ) 
contiennent  aussi  le  tissu  embryonnaire  et  la  céréaline  dont  il  faut  empêcher 
l'action. 

»  Pour  cela  on  fait,  avec  la  farine  fine  et  du  levain,  une  pâte  molle,  et, 
quand  cette  pâle  est  arrivée  au  degré  de  fermentation  voulu,  on  y  ajoute  les 
gruaux. 

n  Les  phénomènes  qui  se  passent  alors  sont  bien  simples.  L'humidité 
pénètre  les  gruaux,  qui  s'hydratent  rapidement  et  font  une  pâte  homogène, 
tandis  que  la  céréaline,  n'ayant  phis  le  lenqjs  d'incubation  nécessaire  pour 
agir,  et  retenue  du  reste  dans  des  cellules  restées  entières,  ne  peut  plus  at- 
taquer les  principes  immédiats,  et  laisse  le  pain  avec  sa  saveur  naturelle  et 
avec  toutes  ses  forces  nutritives. 

»  On  peut  dire  en  résumé  que,  lorsqu'on  prépare  le  pain  avec  toutes  les 
parties  du  grain  à  l'aide  des  procédés  ordinaires,  on  n'obtient  qu'un  ali- 
ment débilitant,  tandis  qu'on  obtient  un  pain  normal  essentiellement  nu- 
tritif en  empêchant  l'altération  de  la  pâte  par  la  céréaline,  à  l'aide  des 
moyens  indiqués,  moyens  qui,  dit  le  Rapport  officiel  inséré  dans  le  J/o- 
n//eu/- du  2'3  décembre  1860,  «  auraient  pour  effet,  s'ils  se  généralisaient, 
I)  d'apporter  une  économie  d'un  huitième  dans  la  consommation.  » 


HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Sur  (' emploi  de  la  farine  d' avoine  dans  l'alimentation. 
Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Wilson  à  M.  Dumas. 

(Renvoi  à  la  Commission  désignée  pour  la  Communication  qui  précède.) 

«  Permettez-moi  de  confirmer,  par  ce  que  j'ai  pu  constater  personnel- 
lement, ce  que  vous  avez  dit  au  sujet  de  la  farine  d'avoine  (i).  C'est  un 
aliment  de  très-grande  consommation,  non-seulement  en  Ecosse,  mais 
surtout  en  Irlande,  où  l'on  en  fait  de  la  bouillie  et  du  gâteau  qui  se  con- 
serve pendant  dix  à  douze  jours  sans  s'altérer. 

))  Pour  faire  de  la  farine  d'avoine,  on  n'a  qu'à  décortiquer  le  grain  et  le 
faire  concasser.  L'opération  est  très-simple,  et  je  ne  doute  pas  qu'elle 
|)uisse  être  organisée  facilement  sur  une  grande  échelle. 

»  Je  me  mets  à  la  disposition  de  l'Académie,  pour  tous  les  renseignements 
qu'elle  pourra  désirer  sur  ce  sujet.   » 

(i)   Compte  rendu  de  la  séance  précédente,  p.  446- 


(  475  ) 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Sur  tes  moyens  de  faire  entrer  la  farine  de  blé  dans 
la  confection  d'aliments  doués  de  propriétés  nutritives  suffisantes.  Note  de 
M.  L.  AuBERT.  (Extrait.) 

(Renvoi  aux  Sections  de  Chimie  et  d'Agriculture,  auxquelles 
MiNI.  Dumas  et  Bussy  sont  priés  de  se  joindre.) 

«  ...  J'ai  moulu  dans  un  moulin  à  café  loo  grammes  de  blé;  puis,  dé- 
layant la  farine  ainsi  obteuue  dans  4oo  grammes  d'eau  et  chauffant  jusqu'à 
l'ébullition,  j'ai  obtenu  une  bouillie  épaisse,  ayant  un  goût  de  gluten  pro- 
noncé et  désagréable,  mais  douée  de  propriétés  nutritives. 

»  Pour  ôter  à  cette  bouillie  le  goût  désagréable  du  gluten,  on  pourrait 
y  ajouter  du  beurre:  le  prix  du  beurre  étant  en  ce  moment  trop  élevé,  j'ai 
employé  le  saindoux.  Si  le  saindoux  est  un  peu  rance,  comme  cela  arrive 
souvent,  on  peut  commencer  par  y  faire  frire  im  oignon,  puis  verser  la  farine 
délayée  dans  l'eau  et  chauffer  jusqu'à  l'ébullition.  On  peut  remplacer  l'oi- 
gnon par  l'ail,  ou  bien  encore  ajouter  à  cette  bouillie  du  fromage. 

»  En  ajoutant  du  saindoux,  je  n'ai  plus  employé  que  85  grammes  de  blé 
au  lieu  de  lOO.  Voici  exactement  les  proportions,  pour  deux  préparations 
différentes  : 


i 


Blé  (nettoyé),  moulu  dans  un  moulin  à  café 85^'' 

Eau 46o 

I.  (  Sel  marin i  ,5 

Saindoux ;  •  •  ■ ^^ 

Oignon  coupé  en  petits  morceaux  et  frits  dans  le  saindoux.  ...  j5 

Par  rébullition,  l'eau  est  réduite  à  environ  4oo  grammes. . 

Blé  (nettoyé),  moulu  dans  un  moulin  à  café SSs'' 

Eau 46o 

II,  /   Sel  marin '  ,5 

Saindoux i5 

Fromage  de  gruyère 20 

On  chauffe  le  tout  ensemble,  et  assez  lon,r;lemps  pour  que  le  gruyère  fonde. 


) 


»  Je  propose  également  de  préjiarer  un  pain  ayant  la  même  composition 
que  ces  bouillies,  mais  avec  une  quantité  d'eau  moindre,  pour  obtenir  une 
pâte  ferme.  On  aurait  ainsi  un  pain  sans  levain,  ou  biscuit,  dont  la  conser- 
vation et  le  transport  seraient  faciles. 

»  Ce  biscuit  ayant  une  grande  valeur  nutritive  sous  un  petit  volume,  le 
consommateur  devrait  être  prévenu  des  quantités  en  pain  et  en  viande  que 


(  476) 
représenteraient  loo  grammes  du  biscuit  lui-même.  Je  demande  que  des 
expériences  soient  faites  sur  ce  sujet.  » 

M.  TouRNiER  adresse  une  Note  concernant  les  avantages  qu'il  croirait 
pouvoir  signaler  dans  une  mesure  qui  consisterait  à  proscrire  l'usage  du 
pain  frais,  et  à  livrer  exclusivement  à  la  consommation  le  pain  cuit  de  la 
veille. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  les  Communications 

qui  précèdent.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  une  brochure  de  31.  de  Chancourtois  sur  «  l'interpréta- 
tion des  imaginaires  en  physique  mathématique  «.  Ce  travail  est  celui  qui 
a  été  soumis  par  l'auteur  au  jugement  de  l'Académie  dans  la  séance  du 
18  janvier  1869  (i). 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  É.  D.  B. 


PUBLICATIONS     PERIODIQUES      REÇUES      PAR      l'aCADÉMIE 
pendant    le    mois    de    SEPTEMBRE     1870. 

Annales  de  f  Aqriculture  française;  n°'  des  i5  et  3o  juillet    1870;    in-8°. 

Association  Scientifique  de  Frame ;  Hulletin  hebdomadaire,  n°  188,  1870; 
in-8". 

Bulletin  de  V Académie  impériale  de  Médecine;  n^^des  i5et3i  août  1870; 
in-8". 

Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Behjique,  n°  5,  1870;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Scie7ices,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  n°  8,  1870;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  juin 
1870;  in-4°. 

fi)   Comptes  rendus,  t.  LXVIII,  p.  127. 


(477  ) 

Bulletin  général  de  Thérapeutique;  3o  août,    i5  et  3o  septembre  1870; 
in-8°. 

Bulletin  hebdomadaire  du  Journal  de  l' agriculture  ;  n°^  36  à  38,  1870;  in-8°. 

Bultettino  meteorolocjico  dell'  Osservatorio  del  B.  CoUecjio  Carlo  Alberto; 
n°5,  1870;  in-4^ 

Comptes  rendus  hebdomadaires   des  séances  de  l'Académie  des  Sciences; 
11°'  10  à  i3,  2^  semestre  1870;  in-4°. 

Correspondance  slave;  n°^  73  à  79,  1870;  in-4°. 

Journal  d'Agriculture  jH'atique;  n"*  35  à  37,  1870;  10-8". 

Journal  de  l'Agriculture;  n"'  100  et  loi,  1870;  in-8°. 

Journal  de  l'Eclairage  au  Gaz;  n°'  35  et  36,  1870;  in-4°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées;  mai  1870;   in-4°. 

Journal  de  Médecine  de  l'Ouest;  3o  avril  1870;  in-8''. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  septembre  1870;  in-8*'. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  n"^  24  et  25,  1870; 
10-8". 

Journal  des  Fabricanîs  de  Sucre;  n"'  20  et  21,  1870;  in-fol. 

L'Abeille  médicale;  n°'  36  à  38,  1870;  in-4°. 

L'Aéronaute;  août  1870;  in-8°. 

L'Art  médical;  septembre  1870;  in-8°. 

La  Santé  publique;  n"'  85  et  86,  1870J  in-4°. 

Le  Gaz;  n°  8,  1870;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  la  P holographie;  n"'  12  et  1 3,  1870;  in-4°. 

Le  Mouvement  médical;  n"  36,  1870;  in-4°- 

Les  Mondes;  n°'  des  i"  et  8  septembre  1870;  in-8°. 

Magrasm /jj«ores(/ue;  août  et  septembre  1870;  in-4". 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques;  septembre  1870;  in-8*'. 

Observatorio...   Publications  de  l'Observatoire  météorologique  de  l'Infant 
don  Luiz  à  l'École  Polytechnique  de  Lisbonne;  mars  à  mai  1870;  in-f". 

Bévue  des  Cours  scientifiques  ;  n"^  4o  et  4i,  1870;  in-4''. 

Bévue  des  Eaux  et  Forêts;  n"'  17  et  18,  1870;  in-8°. 

Bévue  maritime  et  coloniale;  septembre  1870;  in-8*'. 

The  Food  Journal;  septembre  1870;  in-8''. 

The  Scientific  Bevieiv;  n"  9,  1870;  in-4''. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  10  OCTOBRE  1870. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOUVILLE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE   L'ACADÉMIE. 

M.  DupcY  DE  LÙME  donne  lecture  d'un  «  projet  d'aérostat  dirigé,  muni 
d'un  propulseur.  »  L'impression  de  cette  Note  sera  réunie  à  celle  de  la 
Communication  par  laquelle  M.  Dupuy  de  Lôme  se  propose  de  la  complé- 
ter très-prochainement. 

MÉMOIRES  LUS.  , 

M.  Pellarin  donne  lecture  d'une  Note  concernant  l'hygiène  des  blessés 
et  des  opérés. 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  St.  Laugier,  Larrev.) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  J.  MoRiN  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  relative  k 
l'inflammation  de  la  poudre,  à  distance,  par  l'électricité. 

L'auteur  croit  devoir  préférer,  à  la  production  d'une  étincelle  électrique, 
réchauffement  d'une  portion  résistante  du  conducteur  qui  transmet  le 
courant. 

(Commissaires  :  MM.  Dumas,  Morin,  H.  Sainte-Claire  Deville,  Jamin.) 

G.  R.,  1870,  i'  Semestre.    (T.   LXXl,  N"    18.)  64 


(478) 
CORRESPOA  DANCE. 

M.  LE  Secrétaiiie  perpétuel  signalc,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Mémoire  de  M.  Dabi,  imprimé  en  anglais  et  portant  pour  titre  : 
«  Examen  de  la  règle  de  Newton  pour  trouver  le  nombre  des  racines  ima- 
ginaires d'une  équation  »; 

2°  Un  travail  de  M.  A.  Colin,  publié  dans  la  «  Gazette  hebdomadaire 
de  Médecine  et  de  Chirurgie  «,  et  intitulé  :  «  Des  conditions  sanitaires  de 
l'armée  de  Paris  ». 

M.  Brisac  adresse  une  Note  concernant  l'emploi  des  légumes  et  du  blé 
vert  en  Alsace  et  en  Lorraine  : 

«  Chez  tous  les  israélites,  en  général,  on  mange  beaucoup  de  légumes 
secs,  pois,  haricots,  lentilles,  riz,  et  orge  perlé.  On  mange  encore  beau- 
coup, en  Lorraine  et  en  Alsace,  de  ce  qu'on  nomme  le  krinnenkorn,  c'est-à- 
dire  blé  vert;  on  le  récolle  alors  qu'il  est  encore  vert,  et,  tout  sec  qu'il  est 
quand  on  le  mange,  il  conserve  encore  de  sa  couleur  primitive;  quant  au 
blé,  quand  il  est  bien  accommodé  avec  un  morceau  de  viande  un  peu  grasse, 
c'est  une  nourriture  bienfaisante.  Ou  f;ut  souvent  des  mélanges  de  riz  avec 
des  pois,  de  pois  avec  des  haricots  ou  de  l'orge  :  tous  ces  mélanges  ne  sont 
connus  que  des  israélites,  mais  je  les  ai  vus  souvent  appréciés  même  par 
les  étrangers  qui  n'y  étaient  point  accoutumés.  » 

M.  Grimal'd  (de  Caux)  adresse  une  Note  complémentaire  à  celle  qu'il  a 
soumise  au  jugement  de  l'Académie,  dans  la  séance  du  26  septembre  der- 
nier : 

«...  Pour  utiliser  le  blé  en  grain  comme  aliment,  quand  on  est  privé 
des  moyens  usuels  d'en  faire  du  pain,  il  est  inutile  de  le  décortiquer.  Le 
décorticage  priverait  d'ailleurs  le  grain  de  la  partie  nutritive  inhérente  au 
son.  Voici  ma  foramle.  Mettez  le  blé  à  tremper  dans  de  l'eau  de  Seine  (je 
parle  pour  Paris),  pendant  quelque  temps,  deux  heures  au  moins;  frottez 
bien  les  grains  les  uns  contre  les  autres,  ahn  d'enlevei"  des  restes  de  glume 
qui  adhèrent  à  l'épiderme,  sous  forme  de  poils  très-déliés,  lesquels  viennent 
surnager  par  le  fait  du  malaxage;  retirez  le  blé  de  son  eau  de  lavage,  faites-le 
égoutter,  meltez-le  à  cuire  dans  im  vase,  avec  un  peu  d'eau,  et  traitez-le  ab- 


(  479  ) 
soliiment  comme  chi  riz.   Le  blé  est  cuit  quand  le  grain  s'écrase  sous  les 
doigts.  Pour  condiment,  on  peut  employer  toute  espèce  d'aromates.  Mais  il 
suffit  de  sel,  de  poivre  et  d'une  pointe  d'ail  pour  obtenir  un  aliment  savou- 
reux, nutritif  et  de  la  plus  facile  digestion. 

»  Une  cuillerée  de  grain  suffisait,  à  Venise,  pour  remplacer  le  pain  d'une 
personne;  mais  il  faut  tenir  compte  des  climats.  Peut-être  à  Paris  devrait- 
on  doubler  cette  ration,  quoique  ce  soit  à  peu  près  celle  que  l'on  donne 
en  riz  à  un  cipaye  dans  l'Inde.  » 

M.  WiLSON  adresse  quelques  nouveaux  documents  sur  l'emploi  de  la 
farine  d'avoine  et  du  blé  en  nature,  comme  aliments  : 

«  Les  trois  quarts  des  forts  paysans  irlandais  et  écossais  du  nord  se  nour- 
rissent d'avoine  principalement,  avec  de  la  bouillie  et  du  gâteau  d'avoine 
et  des  pommes  de  terre.  La  bouillie  se  mange  soit  avec  du  lait,  soit  avec  du 
beurre,  de  la  mélasse  ou  du  sucre;  le  gâteau,  comme  du  pain  ordinaire. 

»  En  ce  qui  regarde  le  pain  fait  avec  de  la  farine  entière,  qui  est  très-fort 
en  usage  en  Angleterre,  sous  le  nom  de  brown  bread^  la  fabrication  de  celte 
farine  est  très-facile,  et,  avec  des  machines  que  j'ai  trouvées  ici,  on  pour- 
rait, avec  une  dépense  relativement  très-faible,  faire  moudre  3oo  ooo  à 
4oo  ooo  kilogrammes  par  jour.   » 

M.  L.  AuBEUT  adresse  une  nouvelle  Note  relative  à  l'emploi  des  matières 
grasses  mélangées  avec  le  blé  en  nature,  comme  aliment. 

31.  Dumas,  après  avoir  donné  connaissance  à  l'Académie  des  Communi- 
cations qui  précèdent,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  L'Académie  ayant  accueilli  avec  intérêt  les  Communications  que  j'ai 
eu  l'honneur  de  lui  soumettre  au  sujet  des  subsistances  en  blé,  farine  ou 
céréales  de  la  ville  de  Paris,  il  m'a  semblé  que  le  moment  était  venu  de 
l'entretenir  des  opérations  auxquelles  a  donné  lieu,  de  son  côté,  l'approvi- 
sionnement en  viande,  en  me  bornant  au  rôle  d'historien  et  laissant  à  la 
Commission  à  porter  un  jugement  dont  l'opportunité  me  paraît  évidente, 
dans  un  moment  où  il  faut  que  rien  ne  soit  compromis. 

M  Dès  que  la  menace  d'un  siège  à  soutenir  a  rendu  nécessaire  la  concen- 
tration sur  Paris  d'une  quantité  de  bétail  capable  de  nourrir  sa  population 
pendant  sa  durée,  on  a  compris  qu'il  fallait  porter  tout  l'effort  sur  le  bœuf, 
le  mouton  et  le  porc. 

64.. 


(  4«o  ) 

»  La  population  de  Paris  consomme  volontiers  du  veau;  mais,  dans  les 
circonstances  présentes,  mieux  valait  assurément  garder  le  lait  des  vaches 
laitières  pour  les  enfants  et  les  malades  que  de  le  livrer  aux  veaux  de 
boucherie.  On  n'a  donc  pas  amené  de  veaux. 

»  La  population  de  Paris  consomme  volontiers  aussi  du  porc,  sous  toutes 
les  formes.  Malheureusement,  on  n'a  pu  en  faire  entrer  une  quantité  suffi- 
sante aux  besoins  de  la  consomm;ïtion  normale;  l'époque  n'était  pas  favo- 
rable. 

»  La  base  principale  de  l'alimentation  de  Paris  en  viande  repose  donc 
sur  le  bœuf  et  sur  le  mouton. 

»  Ce  point  établi,  il  est  facile  de  comprendre  que  les  troupeaux  reçus 
en  ville  offraient  deux  sortes  de  sujets  :  les  uns,  capables  de  soutenir  le 
choc  du  changement  de  situation,  pouvant  prospérer  ou  du  moins  vivre 
sans  dépérir  dans  un  nouveau  milieu;  les  autres,  blessés,  fatigués  de  la 
route,  impropres  par  des  causes  diverses  à  être  utilement  gardés  et  nourris 
dans  les  parcs  intérieurs,  instantanés.  Les  premiers  ont  été  réservés  pour 
la  consommation,  comme  viande  fraîche,  et  sont  livrés  successivement  aux 
abattoirs.  Les  seconds  ont  été  plus  spécialement  réservés  aux  procédés  de 
conservation. 

»  Ces  opérations  qu'il  s'agissait  d'improviser  dans  Paris  et  d'y  organiser 
sur  une  large  échelle,  ont  été  l'occasion  des  plus  sérieuses  concur- 
rences. 

»  Tout  le  monde  connaît  la  méthode  d'Appert  qui  fournit  à  la  marine  et 
aux  voyageurs  des  conserves  de  toute  nature  et  spécialement  des  viandes 
préparées  qui  résistent  à  de  longues  années  de  garde.  Les  produits  que  les 
successeurs  d'Appert  livrent  au  commerce  forment  la  base  d'une  industrie, 
qui  n'avait  qu'à  continuer  ses  opérations,  sûre  d'être  encouragée  et  re- 
cherchée par  la  population  aisée. 

»  Il  faut  en  dire  autant  des  produits  analogues  obtenus  par  MM.  Ozouf 
et  Couder,  dont  les  qualités  excellentes  ont  été  reconnues  par  tous  ceux 
qui  ont  eu  à  les  apprécier,  mais  qui  constituent  également  des  mets  tout 
préparés  et  non  des  viandes  conservées.  Or,  ces  mets  doivent  être  consommés 
tels  qu'ils  sont,  et  l'uniformité  de  leur  préparation  peut  devenir  pour  l'esto- 
mac une  cause  de  fatigue;  les  viandes,  au  contraire,  prennent  les  formes  et 
reçoivent  les  usages  que  souhaitent  les  consommateurs.  Couser\er  les 
viandes  sans  apprêts,  d'ailleurs,  était  le  seul  moyen  d'en  rendi'e  la  garde 
suffisamment  économique,  pour  qu'il  fût  permis  de  l'effectuer  rapidement 
et  sur  une  grande  échelle,  comme  c'est  le  cas  en  ce  moment. 


(  48.  ) 
»   Trois  procédés  réalisant  cette  condition  de  laisser  la  viande  à  son  état 
naturel  et  d'en  permettre  la  garde,  sans  la  soumettre  à  la  cuisson,  ont  été 
mis  en  pratique. 

»  Le  premier  repose  sur  l'application  pure  et  simple  des  méthodes  de 
salaison  en  usage  dans  les  ports  pour  les  besoins  de  la  marine.  Il  est  mis  en 
pratique  à  l'abattoir  de  Grenelle  par  M.  Cornillet,  qui  a  organisé  son  atelier 
avec  une  complète  intelligence  des  besoins  de  cette  industrie.  Les  viandes 
salées  qu'il  prépare  reçoivent  cette  salure  à  fond,  qui  garantit  la  conserva- 
tion des  approvisionnements  de  long  cours,  mais  qui  n'était  peut-être  pas 
indispensable  pour  la  circonstance,  où  il  s'agissait  de  garder  la  viande  pen- 
dant deux  ou  trois  mois  seulement. 

»  C'est  sur  cette  dernière  donnée  que  se  fonde  M.  Wdson,  Irlandais,  in- 
venteur d'une  méthode  particulière  qu'il  a  longtemps  pratiquée  dans  son 
pays,  et  qu'il  a  proposée  comme  spécialement  propre  aux  circonstances 
dans  lesquelles  se  trouve  la  ville  de  Paris.  En  effet,  elle  permet  d'opérer 
par  une  salure  plus  modérée  et  d'assurer  la  conservation  pour  un  temps 
suffisant,  tout  en  laissant  aux  viandes  certaines  quaUtés  qui  les  placent 
dans  une  condition  intermédiaire  entre  les  viandes  fraîches  et  les  viandes 
salées  proprement  dites.  Les  ateliers  de  M.  Wilson  ont  été  installés  d'une 
façon  rapide  et  pratique  à  l'abattoir  de  la  Villette.  Son  personnel,  amené 
d'Irlande,  est  venu  s'enfermer  avec  lui  à  Paris,  la  veille  même  de  l'inves- 
titure de  la  ville.  Il  est  impossible  de  méconnaître  que  M.  Wilson,  dans 
cette  circonstance,  a  écouté  le  désir  de  servir  la  France. 

))  Son  procédé  repose  sur  un  ensemble  de  précautions  parfaitement 
d'accord  avec  les  princijies  de  la  science.  Ainsi,  il  demande  que  le  bétail 
soit  reposé  avant  d'être  abattu  :  la  viande  d'un  animal  forcé  ne  se  garde 
pas;  celle  d'un  animal  fatigué  par  la  marche  se  conserve  mal.  M.  Wilson 
ne  veut  pas  qu'on  souffle  les  bœufs  qu'il  doit  préparer,  et  il  n'est  pas  be- 
soin de  démontrer,  en  effet,  que  cette  opération  offre  l'inconvénient  de 
semer  dans  les  chairs  des  spores  capables  d'en  amener  la  décomposition. 
Il  fait  dégorger  les  viandes  au  moyen  d'une  première  salure,  en  prenant 
soin  d'ouvrir  au  couteau  les  masses  musculaires  trop  épaisses  et  d'y  pra- 
tiquer des  poches  qu'on  remplit  de  sel.  Enfin,  les  viandes  dégorgées  sont 
placées  dans  la  saumure  et  maintenues  à  une  température  qui  ne  dépasse 
pas  lo  degrés,  au  moyen  dadditions  convenables  de  glace. 

»  On  obtient  ainsi  les  effets  plus  favorables  de  la  salaison  d'hiver,  même 
dans  les  saisons  d'été  ou  d'automne.  Dans  le  cas  particulier  où  se  trouve 


(  482  ) 
Paris,  on  conserve,  de  la  sorte,  la  viande  pour  quelques  mois  avec  un  de- 
gré de  salure  modéré,  qu'on  fait  disparaître  ensuite  facilement,  en  la  sou- 
mettant à  une  immersion  dans  l'eau  pendant  quelques  heures. 

»  Le  procédé  de  la  salure  ordinaire  et  celui  de  M.  Wilson  conviennent 
parfaitement  au  bœuf.  L'un  et  l'autre,  essayés  sur  le  cheval,  s'y  sont 
appliqués  sans  difficulté.  Ni  l'un  ni  l'autre  ne  paraissent  convenir  au 
mouton. 

«  C'est  ainsi  qu'après  avoir  expérimenté  sur  le  bœuf,  d'abord,  un  pro- 
cédé tout  à  fait  différent  proposé  par  M.  Gorges,  on  a  été  conduit  à  le 
spécialiser  sur  le  mouton. 

»  M.  Gorges  annonce  avoir  pratiqué  sa  méthode  en  Amérique,  à  la 
Plata,  et  mettre  au  service  de  la  population  de  Paris,  comme  MM.  Cor- 
nillet  et  Wilson,  une  expérience  éprouvée.  Son  procédé  constitue  une 
application  intéressante  de  l'ime  des  réactions  les  plus  simples  de  la 
chimie.  Les  premiers  essais  en  ont  été  jugés  satisfaisants;  mais  ils  n'avaient 
eu  qu'une  courte  durée. 

»  Les  viandes,  dépecées  et  lavées,  sont  soumises  à  l'action  d'un  bain 
acidulé  par  l'acide  chlorhydrique,  auquel  succède  un  second  bain  con- 
tenant du  sulfite  de  soude.  On  les  enferme  ensuite  dans  des  boîtes  en 
fer-blanc  contenant  i  kilogramme  de  viande,  5  kilogrammes,  lo  kilo- 
grammes, à  volonté,  en  les  saupoudrant  de  sulfite  de  soude.  On  ferme  la 
boîte  à  la  soudure,  pour  prévenir  la  rentrée  de  l'air.  La  viande  est  pénétrée 
d'abord  par  l'acide  chlorhydrique,  ensuite  par  le  sulfite  de  soude.  L'action 
réciproque  de  ces  deux  agents  donne  naissance  à  du  sel  marin  et  à  de 
l'acide  sulfureux.  L'effet  antiseptique  de  ce  dernier  est  bien  connu. 

))  La  conservation  obtenue  par  l'acide  sulfureux  a  conduit  à  tenter  l'ex- 
périence sur  une  quantité  de  viande  plus  considérable.  Si  cette  épreuve 
réussit,  il  en  résultera  que,  dans  tous  les  cas  où  les  vases  n'ont  pas  besoin 
d'être  déplacés,  et  par  conséquent  pour  toute  ville  de  guerre  menacée,  on 
pourra,  à  trè.s-bas  prix  et  avec  une  faible  main-d'œuvre,  emmagasiner  de 
larges  provisions  de  viande.  Mais  l'expérience  n'a  pas  prononcé  et  je  ré- 
serve mon  propre  jugement. 

M  Pour  les  voyages  et  pour  les  approvisionnements  de  mer,  les  boîtes 
de  1,5,  lo  kilogrammes  des  modèles  adoptés  par  M.  Gorges  sont  préfé- 
rables. Les  maniements,  les  déplacements  qu'elles  subissent  peuvent,  en 
effet,  en  déterminant  des  fissures,  permettre  la  rentrée  de  l'air  el  amener 
l'altération  des  produits.  Il  y  a  donc  tout  intérêt  à  circonscrire  la  perte. 


(  483  ) 

»  Les  viandes  ainsi  préparées  sont  soumises  pendant  une  demi-heure 
à  l'action  d'un  bain  d'eau  tiède,  et  exposées  à  l'air  pendant  une  demi- 
journée  avant  de  les  employer. 

»  Les  chantiers  de  M.  Gorges,  installés  au  voisinage  de  l'abattoir  de 
Grenelle,  sont,  comme  on  l'a  dit  plus  haut,  spécialement  appliqués  à  la 
préparation  du  mouton. 

»  Les  circonstances  qui  ont  amené  l'installation  dans  Paris  des  trois  ate- 
liers de  préparation  et  de  conservation  des  viandes  par  la  salaison  ordi- 
naire, la  salaison  modérée  à  froid  et  par  le  sulfite  ne  seront  pas  perdues 
pour  l'avenir.  Les  ouvriers  et  contre-maîtres  qui  s'y  forment  conserveront 
à  Paris  ou  dans  le  pays  des  industries  dont  on  n'avait  peut-être  pas  com- 
pris jusqu'ici  tout  l'intérêt. 

»  Pour  l'alimentation  d'un  grand  marché,  ces  procédés,  perfectionnés 
par  l'étude  et  par  la  pratique,  permettraient  d'amener  de  loin  la  viande 
dépecée  et  choisie,  et  d'attendre  pour  sa  mise  en  vente  le  moment  favo- 
rable, sans  avoir  d'altération  à  craindre.  Le  rayon  d'arrivée  pourrait  donc 
s'étendre,  et  le  temps  affecté  à  la  consommation  ne  serait  plus  limité, 
comme  il  l'est  pour  la  viande  vendue  à  la  criée. 

»  Une  autre  considération  recommande  de  tels  procédés  à  l'attention  pu- 
blique. Les  maux  causés  par  la  guerre  ne  finissent  pas  avec  la  guerre. 
L'Europe  aura  à  compter  avec  une  large  destruction  de  bétail  causée  par 
la  sécheresse  et  le  manque  de  fourrages,  par  l'alimentation  destructive  des 
armées  en  campagne  et  par  la  peste  bovine  que  l'armée  prussienne  répand 
dans  les  contrées  qu'elle  occupe.  Un  procédé  qui  permettrait  le  transport 
à  bon  marché  et  sur  une  grande  échelle  des  viandes  de  l'Amérique  ou 
de  l'Australie  en  Europe,  trouverait  probablement  dans  cet  ensemble  de 
circonstances  cruelles  une  occasion  décisive  de  témoigner  de  son  effi- 
cacité. 

»  Je  n'arrête  pas  l'attention  de  l'Académie  sur  les  procédés  d'enfumage 
des  viandes  ou  d'application  directe  de  l'acide  sulfureux  gazeux  sur  elles 
qui  ont  été  proposés.  On  n'avait  pas  de  temps  à  perdre  en  essais. 

»  Mais  les  viandes  provenant  du  bétail  consacré  à  la  préparation  des 
viandes  conservées,  de  même  que  celui  qui  est  abattu  chaque  jour  pour 
la  consommation  de  la  viande  fraîche,  ne  sont  pas  le  seul  aliment  dont  il  y 
ait  à  s'occuper  dans  un  moment  aussi  grave  que  celui  que  nous  traversons. 
L'animal  livré  au  boucher  fournit  encore  des  produits  secondaires  qui 
peuvent,  à  l'aide  de  préparations  appropriées,  concouru'  de  la  manière  la 
plus  utile  à  la  nourriture  des  habitants. 


(  484  ) 

»  Ainsi,  Paris  manque  de  beurre;  uon-séulement  le  beurre  frais  n'y 
arrive  plus,  mais  tous  les  efforts  tentés  pour  y  faire  parvenir  de  larges 
quantités  de  beurre  salé  ont  été  impuissants. 

»  Mais  on  sait  que  le  beurre  peut  être  suppléé  par  la  graisse  de  bœuf, 
non  par  sa  totalité,  mais  par  ce  produit  de  première  qualité  qu'on  désigne 
sous  le  nom  de  graisse  de  rognon,  et  qui  rivalise,  en  effet,  avec  le  beurre  de 
cuisine.  Le  reste  de  la  graisse  de  l'animal  n'était  pas  accepté  jusqu'ici  pour 
les  usages  culinaires,  et  formait  une  seconde  qualité  abandonnée  aux  usages 
industriels.  Il  n'était  pas  au-dessus  des  ressources  de  la  chimie  d'enlever  à 
la  graisse  de  seconde  qualité  les  substances  qui  lui  communiquent  une 
odeur  ou  un  goût  déplaisants.  Les  études  dirigées  en  ce  sens  sont  devenues 
inutiles,  M.  Dordron,  ayant  résolu  le  problème.  Le  produit  qu'il  prépare 
avec  les  graisses  de  seconde  qualité  ebt  supérieur  à  celui  qui  constitue  la 
graisse  de  première  qualité,  c'est-à-dire  la  graisse  de  rognon. 

»  Un  second  problème  appelait  l'intervention  de  la  chimie.  Le  sang  de 
porc  est  utilisé  comme  aliment  et  forme  la  base  du  boudin.  Le  sang  de 
bœuf  et  celui  de  mouton  ne  devraient-ils  pas  entrer  également  dans  l'ali- 
mentation? 

»  Il  est  difficile  d'estimer  les  quantités  exactes  de  sang  que  contiennent 
un  bœuf  ou  un  mouton;  il  l'est  moins  d'apprécier  le  poii-ls  réel  des  pro- 
duits de  ce  genre  que  le  boucher  livre  à  l'exploitation.  Elle  paraît  pouvoir 
être  évaluée,  en  moyenne,  à  ii  kilogrammes  par  tête  de  bœuf  et  à  2  kilo- 
grammes par  tête  de  mouton,  en  ce  moment. 

»  En  comptant  55o  bœufs  et  35oo  moutons  comme  représentant  la 
consommation  moyenne  actuelle,  on  a  donc  65oo  kilogrammes  de  sang 
de  bœuf  et  7000  kilogrammes  de  sang  de  mouton,  environ  14000  kilo- 
grammes pour  le  tout. 

»  Dès  à  présent,  ces  quantités  sont  ou  peuvent  être  utilisées.  Sous  l'im- 
pulsion de  M.  le  Maire  du  19*  arrondissement  d'un  côté,  et  de  l'autre,  sous 
celle  de  M.  Riche,  dont  les  travaux  sont  bien  connus  de  l'Académie,  on 
est  parvenu  à  former  avec  le  sang  de  bœuf  un  boudin  accepté  par  les  con- 
sommateurs, et  dont  la  fabrication  utilise  la  totalité  de  ce  produit. 

»  Tout  chimiste  s'étant  occupé  de  l'analyse  et  de  l'étude  du  sang  pou- 
vait prévoir  que  le  problème  serait  d'une  solution  plus  difficile  en  ce  qui 
concerne  le  sang  de  mouton.  Aussi,  n'est-on  pas  parvenu  à  le  convertir 
en  boudin.  Il  serait  hors  de  propos  d'en  déduire  les  causes  en  ce  moment. 
M.  Riche  essaye  de  l'utiliser  en  terrines,  formées  de  riz,  de  graisse  et  de 
sang  de  mouton,  composition  (jui,  convenablement  épicée  et  cuite  au  four, 


(  485  ) 
réunirait  les  trois  formes  d'aliments  nécessaires  à  l'homme  :  les  aliments 
aibnmineux,  gras  et  féculents. 

M  Les  mufles  et  les  pieds  de  bœuf  délaissés  autrefois  par  l'alimentation 
sont  devenus  l'objet  d'une  exploitation  profitable  sous  ce  rapport. 

»  L'Académie  n'a  pas  oublié  la  longue  et  savante  discussion  dont  l'em- 
ploi de  la  gélatine  des  os  fut  l'objet  devant  elle,  il  y  a  trente-cinq  ans  en- 
viron. Les  uns  disaient  qu'elle  pouvait  remplacer  la  viande;  d'autres  lui 
contestaient  le  pouvoir  alimentaire;  de  plus  sages,  enfin,  considéraient 
la  gélatine  comme  un  aliment,  sans  doute  insuffisant,  si  on  l'employait  seul, 
mais,  très-utile,  s'il  était  associé  à  des  aliments  gras  ou  féculents. 

»  Témoin,  pendant  la  disette  de  1816,  des  bienfaits  produits  dans  la  fa- 
brication des  soupes  économiques  par  la  gélatine  des  os  ou  plutôt  par  les 
cartilages  qu'ils  laissent  quand  on  les  traite  au  moyen  des  acides;  ayant 
d'ailleurs  pris  part  aux  travaux  de  la  Commission  de  la  gélatine  dans  le 
sein  de  l'Académie,  il  m'est  resté  démontré  que  la  gélatine  des  os  est  ali- 
mentaire, et  qu'elle  doit  être  employée,  de  préférence,  sous  forme  de  carti- 
lages ajoutés  à  la  viande,  dans  la  préparation  du  boudlon, 

»  Ne  pourrait-on  pas  recueillir  tous  les  os,  déjà  utilisés  en  nature  dans 
la  fabrication  des  soupes  économiques  et  les  traiter  par  les  acides,  pour 
débarrasser  leur  tissu  cartilagineux  de  la  partie  terreuse  qui  en  empêche  la 
dissolution  dans  le  bouillon  ? 

»  L'opération  consiste;  on  ne  l'ignore  pas,  à  les  soumettre  à  l'action  de 
l'acide  chlorhydrique  du  commerce,  étendu  de  quatre  ou  cinq  fois  son 
volume  d'eau.  Les  os  minces  sent  dépouillés  de  calcaire  en  deux  ou  trois 
jours;  les  os  épais  en  exigent  huit  ou  dix.  Égoultés  et  lavés,  les  cartilages 
doivent  être  mis  dans  une  dissolution  faible  de  sulfite  de  soude,  pendant 
vingt-quatre  heures,  puis  lavés  à  grande  eau. 

»  L'acide  sulfureux  les  préserve  d'altération.  Il  est  inutile  de  les  sécher 
et  il  vaut  mieux  les  introduire  bien  lavés,  bien  égouttés  et  frais  dans  le  pot- 
au-feu.  Sous  cette  forme,  la  réjouissance  n'est  plus  une  fiction. 

»  La  quantité  de  gélatine  des  os  qui  peut  rentrer  ainsi  dans  l'alimenta- 
tion représente  10  pour  100  environ  de  la  matière  provenant  de  l'animal 
abattu. 

»  Parmi  les  industi'ies  accessoires  auxquelles  donnerait  lieu  l'utilisation 
des  produits  secondaires  du  bétail  livré  à  la  boucherie,  il  est  nécessaire 
d'appeler  encore  l'attention  de  1  Académie  sur  les  peaux  de  boeuf  et  sur 
celles  de  mouton. 

C.  R.,  1870,  oe  Semestre.  (T.  I.XXI,  N"  îii.)  65 


(  486  ) 

»  Au  premier  moment,  ou  n'a  songé  qu'à  se  préserver  des  dangers  de  la 
corruption  des  masses  de  peaux  sortant  chaque  jour  des  abattoirs  et  ne 
pouvant  plus  être  soumises  aux  opérations  de  la  tannerie.  Il  fallait  aussi 
prévenir  les  pertes  que  l'Etat  aurait  en  à  subir  par  leur  destruction.  On  les 
a  donc  salées. 

»  M;iis  U  m'a  semblé  qu'on  pouvait  aller  plus  loin.  Préparées  par  luie 
immersion  dans  l'eau  contenant  du  phénale  de  soude  ou  de  l'acide  phé- 
nique  et  de  la  glycérine,  ces  peaux  pourraient  devenir  incorruptibles  et 
rester  souples. 

»  Les  peaux  de  bœuf  ainsi  préparées  offriraient  sur  nos  remparts  un 
coucher  sain  k  nos  soldats. 

»  Les  peaux  de  mouton  munies  de  leur  toison  serviraient,  pendant  les 
journées  pluvieuses  et  les  nuits  froides,  de  fourrures  éminemment  propres 
à  mettre  les  sentinelles  à  l'abri  des  intempéries. 

»  Il  serait  à  souhaiter,  qu'ainsi  qu'on  a  trouvé  des  entrepreneurs  pour 
les  industries  dont  il  a  été  question  en  premier  lieu,  (juelques  manufactu- 
riers inoccupés  en  ce  moment  missent  leurs  connaissances  pratiques  au 
service  de  la  ville  pour  l'exploitation  des  os  et  pour  la  préparation  des 
peaux.  La  nécessité  d'accroître  la  quantité  d'aliments  dont  la  population 
dispose  n'a  pas  besoin  d'être  démontrée.  Il  suffit  de  parcourir  nos  ambu- 
lances et  de  voir  combien  les  affections  rhumatismales,  les  amygdalites, 
les  affections  d'entrailles,  etc.,  y  témoignent  des  effets  du  froid  et  de  l'hu- 
midité des  nuits,  pour  être  convaincu  que  l'amélioration  des  bivouacs  et 
celle  du  vêtement  des  sentinelles  auraient  des  résultats  également  dignes 
d'intérêt  au  point  de  vue  de  l'humanité  et  à  celui  de  la  défense. 

»  L'Académie  me  pardonnera  les  détails  dans  lesquels  je  suis  entré 
devant  elle.  L'approvisionnement  de  la  ville,  commencé  dans  la  nuit  du 
4  au  5  aoiit,  a  exigé,  de  la  part  de  rx\dministration,  des  efforts,  et  produit 
des  effets  que  l'histoire  appréciera.  L'Académie  reste  dans  son  rôle  et 
accomplit  sa  mission,  quand  elle  intervient,  de  son  côté,  pour  rendre  plus 
sûre  l'application  des  préceptes  de  la  science  à  la  pratique  des  opérations 
qui  intéressent  l'alimentation,  l'hygiène  et  la  défense  de  Paris.  Devant  un 
intérêt  de  cet  ordre,  les  moindres  détails  ont  leur  prix.  » 

«  M.  MiLNE  Edwards,  à  l'occasion  des  Comnuinications  précédentes 
sur  les  procédés  de  conservation  de  la  viande,  entretient  l'Académie  de 
quelques  essais  qu'il  a  faits,  en  vue  d'obtenir  très-promptement  la  salaison 
d'animaux  entiers.   A   l'aide  d'un  réservoir,   contenant   de   l'eau  saturée 


(  48?  ) 

de  sel  marin  et  mis  en  communication  avec  l'une  des  grosses  veines  de 
l'animal  récemment  tué  (la  veine  jugulaire,  par  exemple),  on  injecte,  avec 
la  plus  grande  facilité,  le  liquide  conservateur  dans  les  vaisseaux  capillaires, 
dont  les  muscles  ainsi  que  les  autres  organes  sont  creusés,  et  l'on  imprègne 
de  sel  tous  les  tissus  plus  complètement  que  l'on  ne  saurait  le  faire  en  faisant 
pénétrer  le  chlorure  de  sodium  de  la  surface  vers  les  parties  profondes,  on 
même  en  poussant  la  saumure  dans  le  tissu  cellulaire  intermuscvdaire  ainsi 
que  cela  se  pratique  pour  la  salaison  des  jambons;  une  opération  analogue 
estf;ùte  journellement,  et  avec  un  plein  succès,  dans  les  laboratoires  ana- 
tomiques  pour  la  conseivalion  des  animaux  destinés  à  la  dissection  ;  elle 
est  très-facile  à  exécuter,  et  elle  paraît  susceptible  d'être  utilisée  industriel- 
lement :  un  bœuf  tout  entier  pourrait  être  salé  de  la  sorte  en  quelques 
minutes. 

»  M.  Milne  Edwards  rappelle  aussi  que  les  propriétés  nutritives  de  la 
gélatine  des  os  ont  été  prouvées  de  la  manière  la  plus  évidente  par  les 
expériences  physiologiques  faites,  il  y  a  environ  quarante  ans,  par  son  frère 
William  Edwards  et  par  M.  Balzac,  de  Versailles.  Un  animai  nourri  avec 
du  pain  et  de  l'eau  seulement  diminue  de  poids  rapidement;  nourri  avec 
du  pain  et  de  la  gélatine,  il  résiste  beaucoup  mieux  et  peut  même  augmen- 
ter de  poids;  enfin,  nourri  avec  celte  dernière  ration  additionnée  d'une 
quantité  très-minime  de  bouillon  sapide  et  aromatisé,  il  engraisse  le  plus 
ordinairement.  M.  Milne  Edwards  partage  donc  complètement  l'opinion 
de  M. Dumas,  au  sujet  de  l'importance  du  rôle  alimentaire  des  os  dépouillés 
des  sels  calcaires  par  l'action  de  l'acide  chlorhydrique,  et,  pour  plus  de  dé- 
tails sur  cette  question,  il  renvoie  au  huitième  volume  de  ses  Leçons  sur  ta 
Physioiocjie  et  l' Anatomie  comparée  de  l'homme  et  des  animaux,  p.  20.4.  » 

M.  Dfxaisne  demande  la  parole  et  s'exprime  comme  il  suit  : 
«  Puisque  l'Académie  se  préoccupe  de  la  question  d'alimentation   et 
de  l'usage  de  viandes  salées,  je  crois  qu'il  serait  utile   de   recommander 
la   culture  de  plantes  culinaires  rustiques  et  d'une  végétation  rapide. 

»  Il  ne  s'agirait  pas,  en  ce  moment,  de  vouloir  obtenir  de  gros  légumes; 
on  viserait  seulement  à  la  production  de  feuilles  destinées  à  combattre 
le  danger  qui  pourrait  résulter  de  l'usage  prolongé  de  viandes  salées.  Pour 
obtenir  cette  verdure,  il  conviendra  de  semer  les  graines  assez  drues  et 
de  ne  pas  repiquer  le  jeune  plant.  Ces  plantes  alimentaires  se  parta- 
gent naturellement  en  plusieurs  groupes  :  les  unes,  telles  que  les  Mâches, 
serviraient  uniquement   de   salades;  les  autres,  comme  les  Laitues  et  les 

65.. 


(  488  ) 
Romaines  de  toutes  sortes,  les  Chicorées,  Endives,  Escaroles,  pourraient  se 
manger  crues  ou  cuites.  Enfin,  \es  Épinards,  le  Pourpier,  les  jeunes  feuilles 
de  tous  les  Choux,  en  y  comprenant  même  celles  de  Colza  et  de  la  Mou- 
tarde blanche,  ainsi  que  des  Navets,  se  mangeraient  cuites.  Les  jeunes 
feuilles  des  Navets  sont  d'iui  usage  général  dans  le  nord  de  l'Europe,  ainsi 
que  celles  de  plusieurs  Amarantes  en  Chine.  En  même  temps  qu'on  culti- 
verait ces  diverses  plantes  pour  en  obtenir  de  la  verdure,  je  crois  qu'il 
serait  utile  d'en  recommander  d'autres  comme  condiments;  je  citerai  le  Cres- 
son alénois,  le  Persil,  le  Cerfeuil  et  surtout  les  Madis,  qui  entraient,  il  y  a  peu 
d'années  encore,  associés  au  pain,  dans  l'alimentation.  Plusieurs  de  ces  es- 
pèces pourraient  se  cultiver  sur  couches  eu  employant  la  niasse  énorme  de 
fumier  que  produisent  actuellement  les  animaux  domestiques  introduits 
dans  Paris.  » 

M.  Payen  ajoute  ce  qui  suit  à  la  Communication  de  M.  Milne  Edwards  : 

«  M.  Martin  de  Lignac  a  fondé  sur  l'injection  une  méthode  perfec- 
tionnée de  salaison  des  viandes. 

»  Plusieurs  des  membres  du  jury  ont  pu  voir,  comme  moi-même,  à  l'oc- 
casion du  concours  international  de  1867,  '"^^  préparations  effectuées  en 
grand  dans  l'usine  de  cet  ingénieux  agriculteur-manufacturier,  sise  boule- 
vard de  Charonne. 

»  Un  réservoir,  établi  à  l'étage  au-dessus  de  l'atelier  de  préparation, 
contenait  la  saumure  formée  d'une  solution  de  sel  marin  et  d'un  peu  d'azo- 
tate dépotasse;  plusieurs  tubes  flexibles,  munis  de  robinets,  amenaient, 
à  la  volonté  des  ouvriers  saleurs,  cette  solution  vers  autant  de  sondes  à 
injection;  celles-ci,  introduites  dans  les  pièces  à  préparer,  préalablement 
pesées,  injectaient,  sons  la  pression  de  a^ySo  environ,  la  solution  saline. 
Aussitôt  la  quantité  utile,  proportionnée  au  poids  de  chaque  pièce,  intro- 
duite, la  balance  sur  le  plateau  de  laquelle  on  l'avait  posée  trébuchait;  le 
robinet  étant  aussitôt  fermé,  le  dosage  exact  se  trouvait  obtenu. 

»  Pour  compléter  la  salaison  des  parties  superficielles,  on  pratiquait  une 
immersion  dans  la  saumure. 

»  Le  fimiage  était,  dans  cette  usine,  opéré  méthodiquement,  dans  une 
vaste  étuve  avec  des  quantités  de  bois  pesées,  et  à  des  températures  déter- 
minées à  l'aide  de  plusieurs  thermomètres  convenablement  espacés. 

»  Plusieurs  des  jurés  français  et  étrangers  ont  constaté  la  qualité 
remarquable  des  produits  préparés  ainsi,  notamment  des  langues  et  des 
jambons. 


(  489  ) 
»  Le  Rapport  de  !a  section  spéciale  déclarait  que  rinnovation  appor- 
tée dans  le  procédé  de  salaison  était  l'un  des  principaux  motifs  qui  avaient 
fait  décerner  une  médaille  d'or  à  M.  Martin  de  Lignac,  inventeur  de  plu- 
sieurs autres  procédés  remarquables,  en  particulier  des  conserves  de  lait 
concentré  adoptées  par  la  marine  et  d'un  bouillon  concentré  destiné  aux 
expéditions  lointaines.   » 

M.  Chf.vrecl,  en  approuvant  les  observations  faites  par  M.  Decaisne, 
relativement  à  la  culture  des  plantes  légumineuses  qui  se  développent  ra- 
pidement, présente  les  remarques  suivantes  : 

M  II  s'en  faut  beaucoup  que  les  légumes  dont  on  consomme  les  feuilles 
et  les  péricarpes  charnus  aient  des  pouvoirs  nutritifs  égaux,  et,  quand  il 
s'agit  de  l'alimentation  de  l'homme,  ces  légumes  ne  doivent  être  considérés 
que  comme  un  accessoire  à  un  régime  fortifiant.  Il  en  est  autrement  des 
graines  que  M.  Chevreul  a  comparées  (en  1837)  aux  œufs  des  animaux, 
relativement  à  leur  richesse  en  principes  immédiats  les  plus  nutritifs,  et 
rappelons  que  des  feuilles  et  des  péricarpes  renferment  généralement  en 
moyenne  -^  de  leur  poids  d'eau,  proportion  considérable  relativement  à 
l'eau  des  graines. 

»  La  laitue  est  fort  peu  nourrissante,  et  d'anciens  agriculteurs  (Sagrit) 
ne  lui  attribuaient  la  propriété  alimentaire  qu'après  la  cuisson.  L'épinard 
l'est  un  peu  plus.  Mais  M.  Chevreul  pense,  comme  M.  Decaisne,  qu'à 
la  suite  d'aliments  salés,  l'addition  des  légumes  et  de  la  laitue  même  est 
favorable  à  la  santé,  précisément  parce  qu'ils  renferment  des  acides,  des 
matières  colorées,  etc.,  dont  les  viandes  salées  sont  dépourvues. 

»  Quant  aux  choux  verts,  ils  sont  très-nourrisants,  et  100  parties  de 
feuilles  se  réduisent,  par  la  dessiccation,  généralement  de  i3  à  i4  parties 
sèches;  ils  dépassent  donc  la  moyenne,  en  partie  sèche,  des  légumes  et  des 
péricarpes  charnus;  ils  contiennent,  en  outre,  des  principes  immédiats  très- 
variés  et  propres  à  la  nutrition.  Ainsi  : 

»  Ils  renferment  plusieurs  principes  azotés,  dont  l'un  coagulable  par  la 
chaleur,  comme  l'albumine,  est  analogue  à  l'albumine  elle-même,  mais  non 
identique,  selon  M.  Chevreul  ;  les  autres  restent  en  dissolution  après  la 
coagulation  ; 

»  Ils  renferment  du  sucre,  une  matière  gommeuse,  des  matières  colorées 
toutes  assimilables,  des  acides,  etc.; 

»  Ils  renferment  au  moins  deux  principes  odorants  organiques,  un  prin- 
cipe sulfuré  et  un   principe  doué  de  l'odeur  de  la  matière  complexe  que 


(  490  ^ 
M.  Thenard  a  appelée  osmazome.  M.  Chevreul  reviendra  dans  un  moment 
sur  celte  dernière  matière. 

»  Les  choux  contiennent  une  quantité  notable  de  phosphates  de  chaux, 
de  magnésie,  de  fer  et  de  manganèse.  Fait  remarquable,  le  phosphate  de 
chaux  d'une  partie  du  suc  n'est  point  précipité  par  l'ammoniaque,  tandis 
que  le  phosphate  de  magnésie  l'est  à  l'état  de  sel  double. 

»  Les  choux  renferment  beaucoup  de  sels,  du  citrate  et  du  sulfate  de 
chaux,  et  souvent  une  quantité  notable  d'azotate  de  potasse. 

»  Les  choux  verts  sont  éminemment  propres  à  l'alimentation  des  ani- 
maux, et,  comme  Angevin,  M.  Chevreul  sait  le  rôle  qu'ils  jouent,  dans  l'éle- 
vage des  animaux  domestiques  de  l'ouest  de  la  France,  ou  associés  au 
lard,  surtout  dans  l'alimentation  des  habitants  des  campagnes. 

»  Quant  à  la  conservation  des  viandes,  quant  aux  salaisons,  M.  Che- 
vreul fait  l'observation  qu'on  doit  éviter,  autant  que  possible,  de  laver  à 
grande  eau  la  matière  qu'on  veut  conserver,  par  la  raison  que  les  principes 
spéciaux  qui  donnent  aux  viandes  cuites  des  arômes  divers  préexistent,  à 
l'état  latent,  dans  une  matière  que  ce  liquide  dissont. 

»  En  triturant  de  la  chair  de  boeuf,  de  la  chair  de  perdrix,  par  exemple, 
avec  de  l'eau  froide,  dans  un  mortier  de  verre  ou  de  porcelaine,  en  faisant 
concentrer  dans  le  vide  sec  l'eau  de  lavage,  on  obtient  une  liqueur  concen- 
trée, qui  se  coagule  par  la  chaleur  en  exhalant,  l'eau  de  la  chair  du  boeuf, 
l'odeur  du  bouillon  ;  l'eau  de  la  chair  de  la  perdrix,  l'odeur  qui  se  déve- 
loppe lorsqu'on  fait  cuire  cet  oiseau. 

»  Ces  arômes  spéciaux  caractérisent  plusieurs  viandes.  C'est  dans  l'eau 
qui  renferme  les  arômes  à  l'état  latent  que  M.  Chevreul  a  découvert  la  créa- 
tine,  qui  a  été  l'objet  d'un  travail  approfondi  de  la  part  de  M.  Liebig.   » 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  D. 


(  491  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  lo  octobre  1870,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

De  r interprétation  des  imaginaires  en  i>li/sique  maihématique;  par  M.  A.- 
E.-B.  DE  Chancourtois.  Paris,  sans  date,  br.  in-4°.  (Deux  exemplaires.) 

Verhandelingeii.  . .  .  Mémoires  de  la  Société  batavienne  des  Arts  et  des 
Sciences;  t.  XXXIII.  Batavia,  1868,  in- 4°. 

Tijdschrift. .  . .  Journal  pour  l'histoire,  la  géographie,  l'ethnologie  indiennes, 
publié  par  la  Société  batavienne  des  Arts  et  des  Sciences  sous  la  direction 
de  M.  W.  STORTENBr.KER  ;  t.  XVI,  liv.  2  a  6  ;  t.  XVII,  liv.  i  à  6,  t.  XVIII, 
liv.  !.  Batavia,  1866  à  1869,  10  liv.  in-8°. 

Katalogus. . . .  Catalogne  de  la  collection  ethnologique  du  Muséum  de  la 
Société  batavienne  des  Arts  et  des  Sciences.  Batavia,  1 868,  in-8°. 

Katalogus.  . . .  Catalogue  de  la  collection  numismatique  du  Muséum  de  In 
Société  botavienne  des  Arts  et  des  Sciences.  Batavia,  1869,  in -8°. 

Notulen....  Extraits  des  Procès -verbaux  des  assemblées  générales  et  des 
séances  du  Conseil  de  la  Société  batavienne  des  Arts  et  des  Sciences;  liv.  4^7- 
Batavia,  1867  à  1869,  4  bv.  in-8°. 

Astronomische. .  . .  Observations  astronomiques  faites  à  l'Observatoire  de 
Bonn;  t.  VII,  2*  partie.  Bonn,  1869,  in-4°. 

Abbandlangen. . . .  Mémoires  de  la  Société  royale  des  Sciences  de  Goltingue^ 
1869,  in-4^ 

Acla  universitatis  Limdensis,  1867.  —  Mathématique  et  histoire  naturelle. 
Lund,  1867-1868,  in-4°,  avec  planches. 

Acta  universitatis  Lundensis,  1867.  —  Philosophie,  philologie  et  histoire. 
Lund,  1 867-1 868,  in-4°. 


ERRATA. 

(Séance  du  3  octobre   1870.) 

Page  461 ,  première  colonne,  ligne  i,  an  lieu  de  S't,  lisez  è'\. 

»  »  ligne  7,   ou  lieu  de  Hrrivo,   lisez   'i<mv  ■  c 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  17  OCTOBRE  1870. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOUVILLE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE   L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Président  de  l'Ixstitct  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  désigner 
l'un  de  ses  Membres  pour  la  représenter,  comme  lecteur,  dans  la  prochaine 
séance  générale  de  l'Institut,  remise  au  mercredi  26  octobre  prochain. 

Philosophie  de  la  Science.  —  De  la  différence  et  de  L'analogie  de  la  méthode 
à  posteriori  expérimentale^  dans  ses  applications  aux  sciences  du  concret  et 
aux  sciences  morales  et  politiques;  par  M.  E.  Chevrecl  (i). 

«  N'ayant  point  imaginé  l'expression  de  sciences  morales  et  politiques,  je 
suis  désintéressé  à  la  défendre;  mais,  consacrée  par  la  dénomination  d'une 
des  cinq  Académies  de  l'Institut  de  France,  je  l'admets  comme  fait. 

n  Si  cette  expression  a  une  signification  réelle,  l'histoire,  titre  de  la 
y  section  de  cette  Académie,  doit  avoir  le  caractère  scientifique  ;  dès  lors  se 
pose  la  question  :  En  quoi  consiste  ce  caractère? 

»  Il  se  trouve  dans  un  système  de  propositions  générales  admises  comme 
principes  à  l'aide  desquels  le  raisonnement  démontre  la  vérité  de  conclu- 

(i)  L'Académie  a  décidé  que  cette  Communication,  bien  que  dépassant  en  étendue  les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  en  entier  au  Compte  tendu. 

C.  R.,  1870,  î«  Semestre.  (T.  LXXI,  N»  16.)  66 


(494) 
sions  auxquelles  ont  conduit  la  simple  observation  toujours,  et  l'expé- 
rience quand  elle  a  été  possible. 

»  Dans  les  sciences  morales  et  politiques,  ces  principes  formulés  par  des 
philosophes,  par  des  législateurs,  en  un  mot  par  ceux  qui,  doués  du  sens 
moral,  exercent  une  heureuse  influence  sur  la  société  humaine,  ont  été 
reçus  par  tous  les  membres  de  cette  Société,  doués  pareillement  de  ce  même 
sens,  avec  une  profonde  reconnaissance,  convaincus  qu'ils  sont  de  leur 
nécessité  pour  le  bonheur  des  hommes. 

»  C'est  aux  savants  livrés  à  l'étude  des  sciences  morales  et  poliliijues  qu'il 
appartient  d'appliquer  les  principes  de  la  morale  et  du  droit  aux  jugements 
portés  sur  des  actes  du  ressort  des  sciences  dont  ils  s'occupent;  mais  avant 
d'aller  plus  loin,  je  ferai  remarquer  que  V étude  des  faits  tiioraux  concernant 
l'individu,  complément  de  l'étude  de  l'anatomiste,  du  physiologiste,  du  na- 
turaliste et  du  médecin,  appartient  réellement  au  domaine  des  sciences  du 
concret,  quoique  faite  par  un  homme  qui,  eu  égard  à  ces  sciences,  peut 
n'être  ni  anatomiste,  ni  physiologiste,  ni  naturaliste,  ni  médecin,  mais  il 
étudie  V  homme-individu  sous  des  rapports  que  les  autres  savants  ne  consi- 
dèrent pas  en  général  comme  essentiels  à  leurs  études  familières  rentrant 
incontestablement  dans  le  domaine  du  concret. 

»  S'il  est  vrai  que  le  savant  livré  à  l'étude  des  sciences  morales  et  poli- 
tiques se  livre  à  celle  des  faits  moraux  et  intellectuels  que  présente  Thomme- 
individu,  \e  substantif  propre,  le  CONCRET,  incontestablement  son  étude 
essentielle,  porte  sur  les  faits  moraux  et  sociaux  que  présentent  des  ensem- 
bles d'hommes  vivant  en  société,  des  substantifs  appellatifs,  parce  que  tel  est, 
en  effet,  l'objet  des  sciences  morales  et  politiques. 

»  Ai-je  besoin  de  rappeler  que  par  substantif  propre  on  entend  un  être 
physique  palpable  ou  concret  comme  un  minéral,  une  plante,  un  animal, 
et  encore  un  être  métaphysique  impalpable,  tel  que  l'àme,  Dieu,  etc.  ; 

»  Et  que  le  substantif  appellatif  comprend  des  ensembles  de  substantifs 
propres  comme  l'expriment  les  mots  races,  espèces,  genres,  familles,  ordres, 
classes,  embranchements,  règne,  d'usage  en  histoire  naturelle. 

»  Pourquoi  l'étude  des  faits  moraux  et  intellectuels  occupe-t-elle  géné- 
ralement le  savant  qui  appartient  au  domaine  des  sciences  morales  et  poli- 
tiques, plutôt  que  le  savant  qui  appartient  au  domaine  des  sciences  du  con- 
cret? 

»  La  cause  première  en  est  la  faiblesse  de  l'esprit  humain,  et  de  cette 
faiblesse  même  découle  la  nécessité  de  la  division  du  travail  intellectuel 
lorsqu'il  s'agit  de  connaître  le  monde  où  nous  vivons. 


(495  ) 

»  On  conçoit  dès  lors  que  le  savant  livré  à  l'étude  des  sciences  morales 
et  politiques  est  bien  mieux  préparé  à  l'étude  des  faits  moraux  et  intellec- 
tuels de  l'individu,  que  le  savant  livré  à  l'étude  des  sciences  et  si  nom- 
breuses et-si  diverses  du  concret,  telles  que  la  chimie-physique,  l'anatomie, 
la  physiologie,  la  zoologie  et  la  médecine.  La  disposition  des  esprits  à  s'oc- 
cuper exclusivement,  les  uns  des  sciences  du  concret^  et  les  autres  des  sciences 
morales  et  politiques ,  a  l;i  plus  fâcheuse  influence  sur  la  connaissance  du  vrai, 
ou,  en  d'autres  termes,  sur  la  philosophie,  et  c'est  fort  de  cette  opinion  que 
je  n'ai  jamais  perdu  l'occasion  démontrer  les  liens  d'union  des  sciences  de 
ces  deux  catégories. 

n  En  définitive,  on  peut  dire  avec  vérité  que,  dans  les  sciences  morales 
et  politiques,  les  savants  vont  du  général  au  particulier,  du  substantif  ap- 
pellntifaii  substantif  propre,  tandis  que,  dans  les  sciences  du  concret,  les  sa- 
vants ont  suivi  l'ordre  inverse,  du  particulier  ils  vont  au  général,  du  sub- 
stantif propre  au  substantif  appellatif. 

»  Les  choses  amenées  à  cet  état,  rendons- nous  compte  de  la  différence 
de  l'application  de  la  //ie7/(0f/e  a  posteriori  expérimentale,  d'abord  à  la  science 
du  concret,  puis  aux  sciences  morales  et  politiques,  et  montrons  en  même  temps 
que  cette  différence  n'est  point  extrême. 

§  I.  —  application  de  la  méthode  aux  sciences  du  concret. 

»  Les  mathématiques  pures  s'occupent  d'une  seule  propriété  de  la  ma- 
tière, la  grandeur,  science  admirable  parce  que  la  démonstration  de  ses 
propositions  repose,  sur  les  raisonnements  les  plus  rigoureux;  et  les  autres 
sciences  du  domaine  de  la  philosophie  naturelle  partent  de  l'observation 
des  phénomènes  que  présentent  des  êtres  concrets  afin  d'en  déterminer  la 
cause  immédiate  :  telles  sont  actuellement  la  chimie  et  la  physique,  par 
exemple. 

»  C'est  surtout  en  suivant  la  marche  de  l'esprit  dans  les  recherches  du 
ressort  de  la  chimie,  science  essentiellement  expérimentale  que  je  suis 
arrivé  à  formuler,  il  y  a  plus  de  trente  ans,  lamélhode  a  posteriori  expéri- 
mentale. 

»  La  chimie,  aussi  bien  que  la  physique,  observe  des  phénomènes  que 
des  êtres  concrets  présentent;  elle  en  cherche  la  cause  immédiate,  et  c'est 
la  conclusion,  à  laquelle  l'induction  l'a  conduite,  que  la  méthode  a  posteriori 
expérimentale  a  pour  but  de  contrôler,  en  instituant  des  expériences  propres 
à  en  démontrer  l'exactitude. 

»  A  mou  sens,  cette  méthode  doit  s'appliquer  à  toutes  les  sciences  du 

66.. 


(496) 
ressort  du  concret  autres  que  la  chimie  el  la  physique.  Dès  à  présent,  la  géo- 
logie et  la  physiologie  y  ont  recours,  et  les  avantages  en  sont  connus  de 
tous  ;  sans  doute  elle  s'appliquera  tôt  ou  tard  à  la  botanique  et  à  la  zoologie, 
qu'il  y  a  un  demi-siècle  on  qualifiait  de  5ne»ires  purement  descriptives. 

»  Quant  aux  sciences  agricoles  et  médicales,  qui  ne  sont  en  réalité  que 
des  applications  des  sciences  naturelles  pures,  personne  aujourd'hui  ne 
doute  qu'elles  se  prêtent  essentiellement  au  contrôle  de  la  méthode  a  poste- 
riori expérimentale^  contrôle  auquel  elles  doivent  incontestablement  leurs 
progrès  récents. 

»  En  définitive,  j'ai  la  conviction  que  toute  recherche  scientifique  qui 
aboutit  complètement  au  concret  se  prête  par  là  même  au  contrôle  expéri- 
mental. Dans  le  cas  où  elle  y  échapperait,  l'esprit  pourrait  recourir  à  un 
système  de  raisonnements  rigoureux  et  comparables  aux  raisonnements 
d'usage  en  mathématiques. 

§  II.  —  Application  de  ta  méthode  aux  sciences  morales  et  politiques. 

»  Les  sciences  morales  et  politiques  diffèrent  essentiellement  des  sciences 
du  concret  en  ce  qu'il  leur  est  impossible  de  vérifier,  psLV  V expérience  pro- 
prement dite,  une  opinion  relative  à  des  acleSj  à  des  faits  sociaux  concernant 
un  ensemble  d'individus,  comme  il  est  possible  au  savant  livré  à  Vétude  du 
concret  de  contrôler  des  inductions,  des  théories  par  des  expériences  pré- 
cises. 

»  La  raison  en  est  simple.  Un  fait  social  étant  la  résultante  d'actes  d'in- 
dividus qui  ne  sont  plus,  ou,  s'ils  vivent  encore,  la  circonstance  où  le  fait 
s'est  produit  différant  des  circonstances  piésentes  à  cause  des  changements 
incessants  de  toute  société,  l'impossibilité  de  reproduire  à  volonté  les  cir- 
constances du  passé  rend  impossible  le  contrôle  expérimental  dans  le  pré- 
sent, en  supposant  même  qu'il  eût  été  possible  antérieurement. 

»  Il  y  a  donc  là,  dans  l'application  de  la  méthode,  une  différence  réelle 
et  incontestable. 

))  Dans  ces  conditions,  de  quelle  utilité  est  la  méthode  à  posteriori  ex- 
périmentale à  l'égard  des  sciences  morales  el  politiques?  pourra-t-on  se  de- 
mander. 

))   La  voici  : 

»  C'est  d'abord  de  persuader  à  tout  esprit  curieux  de  remonter  à  la  cause 
immédiate  d'un  phénomène,  d'un  effet,  d'un  fait  accompli,  qu'il  y  a  nécessité 
de  rechercher  si  ce  fait  est  complexe,  et,  dans  le  cas  de  l'affirmative,  de  s'ef- 
forcer à  le  réduire  aux  faits  simples  dont  il  est  la  résultante.  A  cet  égard, 


(497) 
analogie  parfaite  entre  cette  étude  et  la  manière  dont  l'esprit  du  chimiste 
procède  dans  l'application  de  l'analyse  à  la  matière  complexe.  Une  fois 
qu'on  se  croit  arrivé  à  la  réduction  du  fait  en  ses  faits  simples,  on  recourt 
à  la  synthèse,  afin  de  voir  si  tous  les  faits  simples  concourent  réellement  à 
la  manifestation  du  phénomène,  de  V  effet,  du  fait  complexe,  et  s'ils  suffisent 
à  en  expliquer  toutes  les  circonstances;  et  c'est  cette  analyse  au  fait  com- 
plexe du  domaine  des  sciences  morales  et  politiques  qui  permet,  surtout 
dans  les  faits  simples  en  lesquels  l'esprit  l'a  réduit,  d'appliquer  la  méthode 
du  contrôle  en  se  livrant  à  l'étude  comparative  de  faits  simples  analogues. 

»  En  définitive,  la  marche  à  suivre  dans  les  recherches  du  ressort  des 
sciences  morales  et  politiques  étant  celle  que  prescrit  la  méthode  dans  les  re- 
cherches du  ressort  des  sciences  du  concret,  quand  il  s'agit  des  cas  où  l'expé- 
rience n'est  pas  possible,  nous  sommes  ainsi  conduits  à  imprimer  le  carac- 
tère scientifique  résidant  essentiellement,  comme  je  l'ai  dit,  dans  la  démons- 
tration qui  s'adresse  à  la  raison,  parce  que  les  raisonnements  sont  déduits 
d'axiomes  ou  de  principes  admis  avant  tout  comme  vrais.  Parla,  j'éloigne 
\es  paradoxes  aussi  séduisants  que  dangereux  quand  ils  émanent  d'un  écri- 
vain tel  que  Jean-Jacques  Rousseau. 

»  Il  y  a  évidemment  tout  avantage  à  la  fois  pour  un  auteur  ami  de  la 
vérité,  et  pour  un  lecteur  désireux  de  s'instruire,  qu'avant  tout,  des  prin- 
cipes soient  posés  et  admis  comme  vrais,  et  qu'ensuite  les  raisonnements 
appuyés  sur  ces  principes  soient  exposés. 

»  Si  les  principes  ne  sont  pas  admis  du  lecteur,  il  lui  est  inutile  de  lire 
des  raisonnements  qui  s'appuient  sur  ces  principes. 

»  Au  contraire,  les  principes  admis,  et  les  raisonnements  donnés  par 
l'auteur  à  l'appui  des  opinions  qu'il  désire  faire  prévaloir  dans  le  public 
en  étant  rigoureusement  déduits,  le  but  de  l'écrivain  sera  atteint. 

))  Que  l'on  examine  les  connaissances  comprises  dans  les  diverses  sec- 
tions de  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques  de  l'Institut,  et  l'on 
pensera  sans  doute  que  la  section  de  V histoire  générale  et  particulière  est 
celle  qui  semble  s'éloigner  le  plus  des  sciences.  Quand  les  autres  sections, 
comme  celle  de  morale  et  de  législation,  sembleraient  aussi  s'en  éloigner, 
n'oublions  pas  que  le  dogmatisme  qu'elle  possèdent  à  un  haut  degré  leur 
donne  un  caractère  de  certitude,  de  positif  qui,  en  y  réfléchissant,  les  rap- 
proche de  la  science  plutôt  qu'il  ne  les  en  sépare.  Quant  à  V  économie  poli- 
tique et  à  la  statistique,  par  la  nature  variée  des  faits  qu'elles  coordonnent, 
elles  n'ont  évidemment  qu'à  gagner  à  se  rapprocher  des  sciences  du  con- 
cret, afin  d'établir  par  le  raisonnement  les  conclusions  qu'elles  formulent. 


(  498  ) 
La  statistique,  particulièrement,  ne  peut  persuader  ni  convaincre  ceux  qui  la 
consultent  qu'en  justifiant  préalablement  l'exactitude  des  chiffres  sur  les- 
quels elle  a  travaillé,  en  disant  comment  elle  les  a  recueillis,  les  raisons 
de  croire  à  leur  exactitude,  en  insistant  sur  le  contrôle  d'une  série  de  chif- 
fres par  des  chiffres  d'autres  séries;  incontestablement,  les  contrôles  de  chif- 
fres sont  tout  à  fait  dans  l'esprit  de  la  méthode  a  posteriori  expérimentale, 
comme  l'est  si  évidemment  le  contrôle  des  quatre  premières  règles  de 
l'aiilhiuéfiqne  qu'on  en  appelle  les  preuves. 

»  Je  reviens  à  V histoire,  et  je  me  trompe  fort  si  je  ne  fais  pas  partager 
mes  convictions  sur  le  caractère  scientifique  qu'elle  possède  à  un  haut  degré, 
si  l'on  veut  bien  suivre  mes  raisonnements. 

»   Qu'est-ce  que  l'histoire  comme  science? 

».  A  mon  point  de  vue,  elle  est  essentiellement  l'exposé  fidèle  des  faits 
sociaux  que  |)résentent,  dans  l'ordre  des  temps,  les  sociétés  humaines. 

»  i"  Il  appartient  à  la  critique  historique  d'établir  l'exactitude,  la  vé- 
rité des  faits  que  l'historien  met  en  œuvre,  en  ayant  toujours  égard  à  la 
chronologie,  sans  laquelle  il  n'y  a  pas  d'histoire. 

»  2"  A  la  science  de  l'historien,  à  sa  perspicacité,  à  son  génie,  il  appar- 
tient pour  une  époque  donnée  de  dire  quels  sont  les  faits  simples  dont  se 
compose  chaque  fait  complexe  siu-  lequel  il  arrête  son  attention  et  quelle 
part  revient  aux  personnages  historiques  de  cette  époque. 

»  Au  moraliste,  à  l'homme  de  loi,  au  philosophe,  il  appartient  de  juger 
les  institutions  sociales  ainsi  que  les  actions  des  personnages  historiques  qui 
ont  parlicipéà  des  faits  sociaux. 

»  C'est  dans  cette  appréciation,  et  des  institutions  sociales,  et  des  houunes 
dont  l'histoire  a  conservé  les  noms,  faite  avec  savoir  et  impartialité,  re- 
posant sur  des  raisonnements  rigoureux,  exposée  avec  clarté  et  éléganc»?, 
que  réside  le  mérite  de  l'historien.  Il  sera  coinpté  j^armi  les  hommes  de 
génie  s'ij  découvre  de  ces  faits  considérables  qui  n'avaient  point  été  aperçus 
de  ses  prédéce:-.seurs,  et  ces  faits  considérables  peuvent  être  des  relations, 
des  rtipj)otls  que  des  faits  déjà  coinuis  ont  entre  eux,  mais  qui  étaient  restés 
inaptMçiis  jusqu'au  moment  où  l'homrne  de  génie  tira  le  voile  cpii  les  avait 
cachés. 

»   Qu'est-ce  que  Vhistoirc  envisagée  de  ce  point  de  vu(!? 

»   C'est  une  véritable  histoire  naturelle  de  l'hounne  en  société; 

»  C'est  l'histoire  de  la  civilisation. 

»  A  quelles  conditions  une  œuvre  historique  a-t-elle  le  caractère  scien- 
tifique? 


(  499) 

»  C'est  que  l'historien  aura  préalablement  énoncé  ses  principes  d'appré- 
ciation en  ternies  précis  quant  aux  mots,  et  de  la  manière  la  plus  sensée  et 
la  plus  irréprochable  quant  à  la  raison,  à  la  morale  et  à  la  justice; 

»  C'est  ensuite  que  les  faits  sociaux,  qu'il  a  appréciés  d'après  ces  pi-in- 
cipes,  soient  nettement  définis  et  aient  satisfait  à  toutes  les  exigences  d'une 
critique  sévère  autant  qu'éclairée  ; 

»  C'est  que  l'appréciation  de  ces  faits,  au  point  de  vue  de  leur  liaison 
avec  les  faits  antérieurs  et  avec  les  faits  ultérieurs,  soit  aussi  satisfaisante 
que  possible; 

»  Qu'il  en  soit  de  même  de  l'appréciation  des  faits,  au  point  de  vue  du 
droit  et  de  la  morale; 

»  Enfin,  que  V appréciation,  qui  ici  correspond  à  la  théorie  dans  les 
sciences  du  concret,  soit  l'application  rigoureuse  des  axiomes  et  des  prin- 
cipes posés  en  premiei-  lieu. 

»  Quelle  est  la  conséquence  rigoureuse,  incontestable  de  la  qualification 
de  science  donnée  à  Vhistoii^e? 

))  C'est  qu'une  oeuvre  historique,  qui  méritera  la  qualification  de  scien- 
tifique, correspondra  à  l'œuvre  scientifique  des  sciences  du  concret. 

»  Dès  lors,  pour  que  l'iiistorien  ait  atteint  son  but,  il  aura  été  logicien 
avant  tout,  qualité  compatible  avec  la  beauté  de  la  forme  littéraire  qui  fait 
le  grand  écrivain,  qualité  compatible  avec  le  génie  qui  met  en  relief  des 
rapports  aussi  approfondis  que  réels  qui  avaient  échappé  ijusque  là  à  l'his- 
toire, qualité  compatible  enfin  avec  la  morale  et  la  justice  qui  jugent  les 
actes  des  individus  et  des  peuples  indépendauunent  de  toute  considération 
en  dehors  de  la  vérité! 

»  Celte  explication  me  sauvera,  je  l'espère,  de  deux  reproches  con- 
traires : 

»  \jej)reniier,  qu'on  m'attribuât  l'idée  d'abaisser  l'historien,  quand  je 
le  louerai  de  ses  jugements,  parce  que,  d'acord  avec  la  raison,  ilssontétran- 
gers  à  sa  religion,  à  ses  opinions  politiques,  à  son  affection  personnelle,  à 
sa  patrie; 

»  Le  second,  de  vouloir  abaisser  la  gloire  de  ceux  qui  ont  attaché  leurs 
noms  à  des  œuvres  dignes  des  suffrages  des  juges  les  plus  compétents;  mais 
il  me  sera  permis  défaire  remarquer  qu'il  existe  un  grand  nombre  d'histoires 
auxquelles  la  qualification  de  scientifique  n'est  pas  applicable,  parce  que 
évidemment  les  auteurs  ont  présenté  l'histoire  dans  un  intérêt  particulier, 
soit  pour  rehausser  la  gloire  d'un  individu  ou  d'un  peuple  et  abaisser  celle 


(  5oo  ) 
des  autres,  soit  dans  l'intérêt  d'une  opinion  religieuse,  soit  dans  l'intérêt 
d'une  forme  de  gouvernement  au  détriment  d'une  autre. 

»  En  définitive  les  œuvres  dont  je  parle  peuvent  avoir  un  mérite  supé- 
rieur, mais  la  participation  du  talent  de  l'avocat  me  fait  dire  que  le  carac- 
tère scientifique  ne  s'y  montre  pas  d'une  manière  absolue. 

»  Après  ces  considérations  générales  sur  les  différences  et  les  analogies 
de  la  mélliode  a  posteriori  expérimentale,  dans  ses  applications  aux  sciences 
du  concret  d'une  part,  et  d'une  autre  part  aux  sciences  morales  et  politiques, 
me  sera-t-il  permis  de  dire  à  l'Académie  le  motif  qui  m'a  conduit  à  traiter 
d'une  manière  détaillée  le  sujet  dont  je  viens  de  parler  en  raccourci? 

»  Plusieurs  de  mes  amis,  après  la  lecture  du  livre  de  la  méthode 
A  POSTERIORI  expérimentale  et  de  la  généralité  de  ses  applications  que  j'eus 
l'honneur  de  présenter  l'an  dernier  à  l'Académie,  m'ont  fait  l'observation 
que  la  différence  de  l'application  de  la  méthode  aux  deux  catégories  de 
sciences  dont  je  viens  de  parler  était  si  grande,  qu'indubitablement  je 
m'attirerais  des  critiques  fondées,  si  moi-même  je  ne  les  prévenais  pas  en 
signalant  celte  différence. 

»  Telle  est  l'origine  de  l'ouvrage  dont  sont  extraites  les  considérations 
générales  que  je  viens  d'exposer. 

»  Achevé  le  3i  août  dernier,  anniversaire  de  ma  quatre-vingt-quatrième 
année,  la  première  page  recevait  ce  jour-là  même  une  dédicace  à  la  mé- 
moire de  Mirabeau. 

»  Dans  les  circonstances  actuelles,  ignorant  le  sort  de  l'unique  manu- 
scrit que  je  possède,  je  me  suis  décidé  à  la  Communication  d'un  résumé 
concis  qui  complète  un  ensemble  d'idées  dont  la  publication  principale 
remonte  à  mes  Lettres  à  M.  Fillemain  (i)  où  se  trouve  la  définition  du 
mot  fait  relativement  aux  sciences,  aux  lettres  et  aux  beaux-arts;  c'est 
effectivement  à  cette  définition  que  se  rattache  la  suite  de  mes  écrits  : 
r histoire  des  connaissances  chimiques,  la  distribution  des  connaissances  humaines 
du  ressort  de  la  philosophie  nnlureile,  enfin  le  livre  de  la  méthode  A  POSTERIORI 
expérimentale  et  le  livre  inédit  dont  je  viens  d'entretenir  l' Académie,  qui  en  est 
le  complément. 

»  Il  me  reste  à  dire  qu  une  partie  du  livre  inédit  est  l'application  de  la 
méthode  A  POSTERIORI  expérimentale  à  l'histoire  de  la  révolution  française 

(i)  Lettres  adressées  à  M.  Villemain  sur  la  mollioileen  général  et  sur  la  délinition  du  mol 
ftiit,  par  M.  E.  Chevreul.  Paris,  Garnier  frères;  iS56. 


(  5o.   ) 
depuis  1789  jusqu'à  ces  derniers  temps,  ayant  voulu  donner  une  preuve  de 
fait  de  la  possibilité  de  l'application  de  mes  idées  aux  sciences  morales  et 
politiques. 

))  Qu'on  ne  m'attribue  pas  la  prétention  d'avoir  voulu  écrire  nue  œuvre 
historique  :  ma  tâche  s'est  bornée  à  choisir  un  ensemble  de  faits,  que  je 
crois  précis  et  vrais,  pour  les  interpréter  par  la  jutre  logique,  conformément 
à  la  méthode  à  laquelle  toutes  mes  recherches  scientifiques  ont  été  sub- 
ordonnées; aussi  dis-je  explicitement  : 

«  En  m'adressant  au  public,  il  est  donc  entendu  que  je  ne  lui  parle  ni 
»  comme  catholique  ou  protestant,  ni  comme  monarchiste  ou  républicain, 
»  ni  même  comme  Français;  je  le  répète,  je  ne  lui  parle  que  comme  logicien 
»  qui  envisage  les  faits  sociaux  conformément  à  cette  méthode  ». 

Péroraison. 

n  En  terminant  ma  lecture  par  ces  lignes  empruntées  à  une  œuvre  qui 
n'est  pas  encore  imprimée,  c'est  dire  qu'elles  furent  écrites  avant  les  événe- 
ments qui  frappent  si  cruellement  la  France. 

»  Le  souvenir  du  calme  profond  où  j'étais  alors,  la  pensée  du  bien  que 
l'humanité  avait  déjà  retiré  de  la  culture  de  l'esprit  me  peignaient  l'avenir 
sous  les  couleurs  les  plus  riantes,  et  tout  ce  qui  resserre  les  liens  des  trois 
branches  du  génie  de  l'homme,  les  Sciences,  les  Lettres  et  les  Beaux-Arts, 
me  semblait  devoir  de  plus  en  plus  rapprocher  les  peuples  et  les  unir  par 
les  sentiments  si  doux  de  la  fraternité.  Quelques  mois  se  sont  écoulés  :  et 
quel  changement  ! 

»  Ici  même,  dans  le  palais  de  l'Institut,  cette  grande  association  des 
connaissances  humaines,  que  voyons-nous  ?  les  fenêtres  de  la  bibliothèque 
garnies  des  acs  de  terre!  Les  objets  uniques  ont  disparu,  la  prévoyance  les 
a  mis  dans  des  souterrains  à  l'abri  de  la  bombe;  malheureusement  tous  les 
livres  peuvent  disparaître  comme  les  manuscrits  de  Strasbourg  !  Même 
crainte  pour  des  chefs-d'œuvres  uniques  de  l'art,  pour  des  collections  des 
produits  de  la  nature;  mêmes  précautions  pour  les  conserver,  prises  aux 
musées  des  Beaux-Arts  et  d'Histoire-naturelle  ! 

»  Et  nous  sommes  au  xix"  siècle;  et  il  y  a  quelques  mois  que  le 
peuple  français  ne  se  doutait  pas  d'une  guerre  qui  a  mis  sa  capitale  en  état 
de  siège,  qui  a  tracé  autour  de  ses  remparts  une  zone  déserte  où  celui  qui 
a  semé  n'a  pas  récolté!  Et  il  y  a  des  universités  publiques  où  l'on  enseigne 
le  beau,  le  vrai  et  le  droit  !!! 

C.  R.,  1870,  1=  Semeslre.  (T.  LXXI,  N"  IC.)  67 


(     502    ) 

»  Dans  ces  jours  de  désastres  où  la  réalité  a  dépassé  l'imagination, 
espérons  pour  ceux  qui  nous  remplaceront  sur  cette  noble  terre  de  France 
que,  du  sein  des  peuples  civilisés  qui  ont  l'œil  sur|Paris,  théâtre  d'une 
grande  tragédie,  le  calme  avec  lequel  ils  auront  suivi  toutes  les  péri- 
péties du  drame  jusqu'au  dénouement,  témoignera  de  l'impartinlité  qu'ils 
porteront  dans  le  jugement  de  ces  événements  au  point  de  vue  du  droit 
et  de  la  morale  ! 

»  A|irés  avoir  pesé  toutes  les  conséquences  des  faits  accomplis,  peut- 
être  adresseront-ils  un  appel  aux  honuiies  de  tous  les  pays  qui  joignent 
à  la  chaleur  du  cœur  l'énergie  d'une  conscience  éclairée,  afin  d'aviser 
au  moyen  de  mettre  désormais  im  terme  à  des  faits  déplorables  qui  n'ont 
rien  d'analogue  dans  l'histoire  des  peuples  civilisés.  Qui  sait  si  la  pro- 
testation de  l'Institut  de  France,  adressée  à  toutes  les  Académies  du  monde 
lettré,  ne  donnera  pas  quelque  jour  accès  dans  un  congrès  international 
à    ceux   qui  ne  sont  connus  que  par  des  œuvres  intellectuelles? 

»  Qui  oserait  taxer  aujourd'hui  d'utopie  l'espérance  de  voir  naître  un 
grand  bien  d'un  grand  mal  ?  L'institution  internationale  en  faveur  des 
blessés,  passée  si  vite  du  projet  à  la  réalité,  à  jamais  titre  d'honneur  pour 
la  ville  de  Genève,  ne  confirme-t-elle  pas  l'espérance  du  triomphe  du  droit 
sur  la  force,  et  dés  à  présent  ne  dit-elle  pas  à  tous  :  Ln  grandeur  momie  d'un 
peuple  ne  se  mesure  pas  à  retendue  superficielle  qu'il  occujic  sur  la  terre!  » 

MÉCANIQUK  Al'PLiQUtlE.  —  Projet  d'aéroslal  dirigé,  iiuiiii  d'un  jiyojiuheur ; 

par  M.  DupuY  deLomr  (i). 

«  La  recherche  des  moyens  de  diriger  les  aérostats,  en  leui-  imprimant, 
par  une  force  motrice  qui  leur  soit  propre,  une  vitesse  horizontale  par 
rapport  à  l'air  extérieur  qui  les  soutient  et  les  entraine  avec  lui,  a  déjà 
donné  lieu  à  bien  des  projets.  Malheureusement  aucun  d'eux  n'a  encore 
été  réalisé,  ni  même  amené  à  un  point  d'étude  tel  fju'on  [)uisse  le  coTisi- 
dérer  comme  fondé  sm*  des  calculs  suffisamment  approchés  (le  la  vérité,  ni 
sur  des  dispositions  praticables  sans  trop  de  difficidtés.  Telle  est  du  moins 
l'impression  qui  m'est  restée  des  projets  qui  sont  parvenus  à  ma  comiais- 
sance. 

»   Il  eu  est  de  même  povu'  la  locomotion  aérienne  au  moyen  d'appareils 

(  I  )  L'Académie  a  décidé  que  cette  Communication,  bien  que  dépassant  en  étendue  les 
limites  régicmenlaires,  serait  insérée  en  entier  au  Compte  rendu. 


(  5o3  ) 
plus  lourds  que  l'air,  où  ils  se  maintiendraient  et  se  mouvraient  comme 
l'oiseau  au  moyen  d'organes  présentant  des  surfaces  résistantes  mises  en 
mouvement  par  un  moteur,  et  trouvant  aussi  leur  appui  sur  Tair  par  le  fait 
même  de  leur  vitesse  de  translation. 

»  Il  n'entre  point  dans  mes  vues  d'entretenir  l'Académie  en  ce  moment 
de  ce  problème  si  ardu,  mais  si  intéressant,  d'une  machine  volante. 

M  II  s'agit  d'un  projet  plus  modeste,  celui  d'un  aérostat  auquel  on  pour- 
rait imprimei-  une  vitesse  d'environ  8  kilomètres  par  rapport  à  l'air 
ambiant. 

»  Pressé  par  le  désir  d'arriver  dans  les  circonstances  présentes  à  ime 
application  aussi  prochaine  que  possible,  en  évitant  trop  d'expériences  pré- 
liminaires, je  me  suis  attaché  dans  ce  travail  à  n'adopter  pour  tous  les 
détails  que  des  solutions  simples  reposant  sur  l'application  de  procédés  déjà 
connus,  de  façon  que  l'ensemble  de  l'appareil  ne  soit  que  la  résultante  de 
combinaisons  déjà  pratiquées  avec  succès  par  les  aéronautes. 

»  En  me  bornant  ainsi  à  une  vitesse  très-modérée,  ce  n'est  jias  que  je 
ne  considère  comme  possible,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  d'obtenir 
pour  des  aérostats  des  vitesses  très-supérieures;  mais  en  présence  des 
difficultés  (le  pratique  grandissant  avec  les  vitesses  qu'on  se  propose,  je  me 
suis  décidé  à  n'aborder  pour  le  moment  que  le  problème  relativement 
simj)!e  d'un  aérostat  se  mouvant  avec  une  vitesse  d'environ  8  kilomètres 
à  l'heure  et  susceptible  de  soutenir  cette  vitesse  au  moins  pendant  une 
journée  entière. 

»  Un  appared  de  ce  genre  ne  permettra  d'avancer,  vent  debout,  par  ra[)- 
port  à  la  surface  de  la  terre,  ou  de  suivre  par  rapport  à  cette  surface  toutes 
les  directions  désirées,  que  quand  le  vent  n'aura  qu'une  vitesse  au-dessous 
de  8  kilomètres.  Cela  ne  sera  sans  doute  pas  très-fréquent,  car  cette  vitesse 
n'est  que  celle  d'un  vent  qualifié  brise  légère. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  cet  aérostat  ayant  une  vitesse  propre  de  8  kilo- 
ujétres  à  l'heure,  lorsqu'il  sera  emporté  par  un  vent  plus  rapide,  aura  la 
faculté  de  suivre  à  volonté  toute  route  comprise  dans  tui  angle  résultant 
de  la  composante  des  deux  vitesses. 

»  Par  exemple,  avec  un  vent  ayant  une  vitesse  de  4  mètres  par  seconde, 
soit  de  i4tî7  kilomètres  à  l'heure,  correspondant  à  la  qualification  de  brise 
fraîche,  l'aérostat  projeté  suivra  à  volonté  toute  route  comprise  dans  im 
angle  de  33  degrés  de  chaque  côté  de  la  direction  du  vent;  ce  qui  lui  don- 
nera la  latitude  de  se  mouvoir  dans  un  secteur  de  66  degrés.  Si  la  vitesse 
du  vent  est  de  8  mètres  par  seconde,  soit  de  28^  kilomètres  à  l'heure,  cor- 

67.. 


(  5o4  ) 
respondant  à  la  qualification  âe  forte  brise,  cet  aérostat  aura  la  faculté  de 
se  mouvoir  dans  un  angle  de  i6  degrés  de  chaque  côté  du  lit  du  vent,  ce 
qui  laissera  encore  à  sa  disposition  un  secteur  de  Sa  degrés. 

»  Chacun  peut  se  rendre  compte  d'ailleurs  que,  d'une  manière  générale, 
la  direction  à  donner  à  l'aérostat  par  rapport  à  celle  du  vent,  pour  obtenir 
comme  résultante  des  deux  vitesses  et  des  deux  directions  le  inaxiviuni 
d'écart  possible,  fait  avec  la  direction  du  vent  un  angle  un  peu  plus  ouvert 
que  l'angle  droit.  L'angle  aigu  complémentaire  est  égal  à  l'angle  inférieur 
d'un  triangle  rectangle  qui  a  pour  base  la  vitesse  propre  à  l'aérostat  et  pour 
hypoténuse  la  vitesse  du  vent.  L'angle  aigu  du  sommet  du  même  triangle 
est  égal  à  l'angle  d'écart  maximum  possible  avec  les  vitesses  que  l'on  consi- 
dère. 

»  Les  plans,  que  je  me  propose  de  présenter  à  l'Académie  à  une  pro- 
chaine séance  (i)  montreront  les  solutions  que  j'ai  adoptées,  tant  pour  les 
principaux  détails  que  pour  l'ensemble  d'un  aérostat  réalisant  le  problème 
tel  que  je  viens  de  le  poser;  mais  j'ai  cru  intéressant  de  lui  soumettre  dès 
aujourd'hui  la  forme  et  les  dispositions  principales  de  cet  aérostat,  l'éva- 
luation de  la  puissance  motrice  nécessaire  pour  assurer  la  vitesse  indiquée 
de  8  kilomètres  à  l'heure,  enfin  la  nature  du  moteur  que  j'ai  choisi,  parmi 
les  divers  procédés  applicables,  comme  les  plus  simples  et  les  plus  sûrs  pour 
porter  et  employer  cette  puissance  motrice  en  la  soutenant  au  besoin 
pendant  une  dizaine  d'heures. 

»  Je  dirai  tout  d'abord  que  je  n'ai  pas  cru  devoir  recourir,  pour  le  gon- 
flement du  ballon,  à  l'emploi  de  l'hydrogène  pur,  malgré  la  réduction  de 
volume  et  par  suite  l'augmentation  de  vitesse  qui  en  fussent  résultées.  La 
difficulté  de  confectionner  des  tissus  et  des  vernis  capables  de  contenir  assez 
longtemps  l'hydrogène  pur,  en  s'opposant  à  l'action  de  l'endosmose  et  de 
l'exosmose,  me  paraît  justifier  ce  choix.  Le  problème  de  la  confection  de 
pareilles  enveloppes  sera  probablement  résolu  un  jour;  quelques  personnes 
croient  même  posséder  déjà  la  solution  ;  mais,  pour  le  moment,  il  m'a  paru 
qu'il  serait  imprudent  de  recourir  à  des  procédés  autres  que  ceux  qui  ont 
le  mieux  réussi  aux  aéronautes. 

»  Je  m'en  suis  donc  tenu  à  l'emploi  du  gaz  hydrogène  carboné  tel  qu'il 
se  fabrique  pour  l'éclairage.  Il  permet  de  compter  sur  une  force  ascension- 
nelle de  '^35  grammes  par  mètre  cube  sous  luie  pression  atmosphérique  de 


(i)  Cette  première  partie  de  la  Communication  a  été  faite  ù  l'Académie  dans  la  séance  du 
lo  octoi)re  1870. 


(  5o5  ) 
76  centimètres  de  mercure,  et  à  la  température  ordinaire.  Si  l'on  avait 
affaire  à  quelque  usine  fabriquant  habituellement  son  gaz  d'éclairage  à  une 
densité  supérieure,  il  serait  facile  d'y  obtenir  le  gaz  à  la  densité  que  j'ai  fait 
entrer  dans  mes  calculs  en  le  produisant,  pour  cet  usage  spécial,  sous  l'in- 
fluence d'une  plus  haute  température.  Au  besoin  on  y  mêlerait  un  peu  de 
gaz  hydrogène  pur. 

»  La  nécessité  de  maintenir  la  direction  de  l'aérostat  sensiblement  en 
ligne  droite,  et  de  faire  qu'elle  ne  se  modifie  qu'à  la  volonté  de  l'aéronaute 
agissant  sur  le  gouvernail,  exige  que  l'ensemble  de  l'appareil  présente, 
d'une  façon  très-caractérisée,  un  axe  horizontal  de  moindre  résistance, 
ainsi  qu'une  surface  de  résistance  latérale  placée  à  l'arrière  du  centre  de 
gravité.  Ce  n'est  donc  pas  seulement  pour  la  convenance  de  réduire  la  rési- 
stance de  l'aérostat  à  la  marche  horizontale  qu'il  faut  renoncer  à  la  forme 
du  ballon  ordinaire,  dont  la  surface  est  engendrée  par  la  révolution  d'un 
méridien  autour  d'un  axe  vertical.  Un  pareil  aérostat,  muni  d'un  moteur, 
serait  sans  cesse,  pour  sa  direction,  dans  un  état  d'équilibre  instable, 
exposé  à  tournoyer  sur  lui-même  en  faisant  ce  qu'on  appelle  en  marine  des 
embardées  intolérables. 

))  J'ai  donc  adopté  une  forme  oblongue  suffisamment  caractérisée,  mal- 
gré les  difficultés  qui  en  résultent  pour  le  maintien  de  cette  forme  sous 
l'action  du  vent  provenant  de  la  vitesse,  ainsi  que  sous  la  traction  des  sus- 
pentes de  l'édifice  qui  doit  porter  les  voyageurs,  les  colis,  le  moteur,  le 
lest,  etc.  Cette  forme  oblongue  nécessite  encore  des  dispositions  particu- 
lières pour  éviter,  sous  l'influence  d'un  dégonflement  partiel,  des  dénivel- 
lements trop  sensibles  de  l'axe  qui  doit  rester  horizontal.  Tout  considéré, 
j'ai  adopté  pour  la  forme  du  ballon  celle  d'une  surface  de  révolution  en- 
gendrée par  une  courbe  spéciale  se  rapprochant  d'un  arc  de  cercle  de 
7  mètres  de  flèche,  et  tournant  autour  de  sa  corde  de  42  mètres  de  lon- 
gueur. Cette  corde  constitue  l'axe  horizontal  du  ballon,  dont  la  longueur 
est  réduite  à  4o  mètres,  en  substituant,  pour  la  solidité  de  la  construction, 
une  petite  surface  sphérique  à  la  pointe  des  extrémités. 

»  Le  volume  est  ainsi  de  386o  mètres  cubes,  et  la  maîtresse  section  ver- 
ticale de  i54  mètres  carrés. 

»  La  résistance  à  la  déformation  sous  l'action  du  vent  provenant  de  la 
vitesse  propre  à  l'aérostat  s'obtient  par  le  maintien  dans  son  intérieur 
d'une  tension  du  gaz  sans  cesse  un  peu  supérieure  à  celle  de  l'air  ambiant. 
Cet  excédant  de  tension  sera  maintenu  entre  3  et  4  dix-millièmes  d'atmo- 
sphère, ce  qui  fait  de  3  à  4  kilogrammes  par  mètre  carré  de  la  surface  de 


(  5o6  ) 


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(  5o8  ) 
l'enveloppe.  Cette  pression  existera  à  la  partie  basse  du  ballon  et  s'ajoutera, 
dans  la  partie  supérieure,  à  celle  résultant  de  la  force  d'ascension  des  gaz 
intérieurs. 

»  Pour  s'opposer  à  la  déformation  sous  la  traction  des  suspentes  (indé- 
pendamment de  l'effet  de  la  pression  intérieure  des  gaz),  la  nacelle  est  d'une 
forme  allongée  et  d'une  construction  rigide.  Elle  présente  en  outre,  à  son 
avant  ainsi  qu'à  son  arrière,  deux  appendices  également  rigides  faisant 
fonction  de  brancards  de  nacelle.  Les  suspentes  en  corde  de  soie  descen- 
dent du  filet  deux  par  deux  dans  des  plans  perpendiculaires  à  l'axe  longi- 
tudinal du  ballon,  et  sont  fixées  tant  sur  la  nacelle  que  sur  les  brancards. 
Ces  suspentes  sont  croisées  par  quelques  étais  obliques  destinés  à  s'opposer 
seulement  à  un  mouvement  de  balan  de  l'avant  à  l'arrière. 

»  Une  autre  disposition  également  praticable,  et  qui  a  sur  la  précédente 
des  avantages  et  des  inconvénients,  consisterait  dans  l'emploi  d'un  cadre 
rigide  oblong  placé  horizontalement  entre  le  ballon  et  la  nacelle.  Ce  cadre 
recevrait  du  ballon  des  suspentes  comprises  deux  par  deux  dans  des  plans 
perpendiculaires  à  l'axe  longitudinal;  puis,  des  suspentes  obliques,  partant 
du  cadre,  porteraient  en  dessous  la  nacelle  réduite  à  la  longueur  voulue 
pour  la  commodité  du  service. 

»  Pour  maintenir  le  ballon  sans  cesse  gonflé  dans  les  conditions  indi- 
quées ci-dessus,  en  présence  des  déperditions  de  gaz  sur  lesquelles  il  faut 
compter,  ou  lorsque  l'aéronaule  en  fera  échapper  volontairement  pour 
opérer  une  descente  partielle  ou  totale,  il  sera  introduit  de  l'air  atmosphé- 
rique dans  un  petit  ballon  logé  à  cet  effet  dans  l'intérieur  du  grand  et 
remplissant  ainsi  une  fonction  ayant  quelque  analogie  avec  la  vessie  nata- 
toire des  poissons.  Si,  le  petit  ballon  étant  rempli,  le  dégonflement  du 
giand  ballon  continuait,  il  serait  alors  introduit  lui  supplément  d'air  atmo- 
sphérique directement  dans  les  gaz  du  grand  ballon.  » 

»  Il  est  évident  que  si  l'on  ne  considérait  que  la  simplicité,  on  se  borne- 
rait à  ce  dernier  procédé.  On  éviterait  ainsi  le  poids  de  l'étoffe  nécessaire 
à  la  confection  de  cette  poche.  C'est  environ  5o  kilogrammes  qui  pourraient 
être  ajoutés  au  lest;  mais  la  poche  de  la  dilatation,  malgré  la  réduction 
qu'elle  occasionne  sur  le  lest,  procure  la  faculté  d'opérer  un  plus  grand 
nombre  de  montées  et  de  descentes  alternatives.  En  effet,  elle  permet  de 
faire  ces  montées  et  ces  descentes  sans  perdre  de  gaz;  d'où  il  suit  que  la 
presque  totalité  du  lest  n'aurait  à  faire  face  qu'aux  déperditions  à  travers 
l'enveloppe.  Je  renvoie  la  démonstration  de  cette  assertion  à  la  fin  de  cette 
Note  pour  ne  pas  scinder  l'exposé  principal,  et  j'en  viens  de  suite  à  l'éva- 


(  5o9  ) 
luation  du  travail   nécessaire  pour  imprimer  la  vitesse  de  8  kilomètres  à 
l'heure,  par  rapport  à  l'air  ambiant,  à  l'aérostat  conformé  comme  je  l'ai 
dit  ci-dessus. 

»  Par  suite  de  ces  données,  on  a  : 

Section  de  la  maîtresse  partie  du  ballon  porteur i54™'' 

Section   de  la  maîtresse  partie  de  la  nacelle  et  de  la  partie  du  corps  des 

hommes  dépassant  la  nacelle,  environ 4'"'' 

Filet  et  suspentes  en  corde  de  soie i  o""i 

»  Il  importe  d'évaluer  séparément  la  résistance  qu'opposeront  à  la 
marche  à  travers  l'air  ces  diverses  parties  de  l'aérostat. 

»  Si  c'étaient  des  plans  minces  se  présentant  perpendiculairement  au 
courant  d'air,  il  résulte  des  recherches  faites  à  ce  sujet,  par  divers  expéri- 
mentateurs, que  la  pression  exercée  par  ce  courant,  à  la  vitesse  de  8  kilo- 
mètres à  l'heure  (ou  de  2^,222  par  seconde),  serait  de  o''s,665  par  mètre 
carré. 

))  Mais  on  sait  que  la  pression  d'un  courant  d'air,  comme  d'iui  courant 
d'eau,  diminue  dans  une  très-grande  proportion  quand  ces  courants  n'ont 
qu'à  contourner  des  solides  façonnés  pour  faciliter  le  mouvement  du  gaz 
ou  du  liquide  autour  d'eux. 

»  L'étude  des  navires  a  fourni  à  cet  égard  des  données  nombreuses  qui 
manquent  encore  pour  l'air.  Toutefois,  les  données  relatives  au  mouvement 
des  masses  aqueuses  autour  d'un  corps  plongé  dans  leur  milieu  peuvent 
fournir  un  moyen  d'estimer  au  moins  des  miniina  pour  le  coefficient  de  ré- 
duction entre  la  résistance  des  plans  minces  soumis  perpendiculairement  à  un 
courant  d'air  et  celle  de  corps  à  maîtresse  section  égale  en  surface  au  plan 
mince,  mais  configurés  de  manière  à  faciliter  la  division  de  l'air  à  l'avant 
et  son  replacement  à  l'arrière. 

»  Parmi  les  navires  comparables  au  ballon  porteur  qui  nous  occupe,  au 
point  de  vue  capital  des  angles  d'incidence  du  courant  à  l'avant,  des  rayons 
de  courbure  des  sections  longitudinales,  et  enfin  des  angles  d'incidence 
de  remplacement  du  fluide  à  l'arrière,  on  n'en  saurait  trouver  dont  la  rési- 
stance, rapportée  à  la  surface  de  la  maîtresse  section,  ne  ressorte  pas  à 
moins  de  ^  de  la  résistance  du  mètre  carré  de  plan  mince  frappant  per- 
pendiculairement la  surface.  Il  est  des  navires  où  ce  rapport  descend  à 
moins  de  -^. 

»  Il  est  facile  de  vérifier  cette  assertion  en  comparant  pour  divers  navires 

C.  R.,  1870,  7'  Semestre.  (T.  LXXl,  N"  IC.)  68 


(  5.0) 
à  roues  à  aubes  les  vitesses  respectives  du  navire  et  des  aubes  par  rapport 
à  l'eau,  ainsi  que  la  surface  des  aubes  d'une  part  et  la  maîtresse  section  de 
l'autre. 

»  Cela  posé,  no  serait-il  pas  légitime  de  compter  que  le  ballon  porteur 
qui  nous  occupe  présenterait  également  une  résistance  à  la  marche  dans 
l'air,  réduite  à  ^  de  la  résistance  du  plan  mince,  si  ce  ballon  pouvait  con- 
server Informe  régulière  du  dessin?  Mais  cette- dernière  hypothèse  n'est  pas 
réalisable  :  il  faut  compter  que  le  ballon,  sous  la  pression  de  son  filet,  pré- 
sentera des  surfaces  plus  ou  moins  bombées  dans  l'intervalle  des  mailles. 
Pour  tenir  compte  de  la  déformation  partielle  de  la  surface  géométrique, 
produisant  une  multitude  de  petites  ondulations,  j'estime  qu'on  leur  fera 
une  large  part  d'influence,  en  doublant  la  résistance  calculée. 

»  Pour  la  nacelle,  les  formes  sont  également  étudiées  de  manière  à  fa- 
ciliter son  passage  dans  l'air  autant  que  le  permettent  les  exigences  de  sa 
fonction;  mais  elle  n'aura  pas  une  surface  polie,  les  rayons  de  courbure  sont 
petits,  elle  porte  des  hommes  et  des  objets  sans  forme  définie,  et  il  est,  par 
suite,  prudent  de  porter  le  coefficient  de  réduction  de  la  résistance  de  cet 
ensemble  par  rapport  au  plan  mince  au  i. 

»  Enfin,  pour  les  cordonnets  du  filet  ou  les  cordes  de  suspente,  leur 
diamètre  et  par  sxiite  leur  rayon  de  courbure  étant  très-petits,  j'ai  porté  leur 
coefficient  de  réduction  par  rapport  à  la  surface  plane  à  4- 

»  Cela  posé,  la  résistance  de  l'aérostat  à  la  marche  se  composera  ainsi 
qu'il  suit  : 

Ballon  sans  filet i54""'   à  o,665    feraient    \02^^,/^i9.  :  à   yj  on  a  5''^,  120 

Nacelle  et  accessoires. .  4       à  o,665  »  2    ,660  :  à    |     -.      i    ,33o 

Filet  et  suspentes 10       à  o,655         »  6    ,65o  :  à   |     1.     3    ,35o 

Résistance  totale c)   ,800 

))  La  vitesse  de  l'aérostat  est  de  2'", 22  par  seconde;  le  travail  final  ac- 
compli par  l'aérostat  marchant  à  cette  vitesse  est  donc  de  9''s,8oo  x  2™,  22 
ou  de  21''^'", 77. 

»  Je  me  propose  d'employer  comme  propulseur,  pour  obtenir  la  poussée 
et  la  vitesse  calculées  ci-dessus,  une  hélice  à  quatre  ailes  dont  le  diamètre, 
le  pas  el  le  nombre  de  tours  découlent  des  considérations  suivantes. 

»  Raisonnons  d'abord  comme  si  le  ballon  porteur  était  seul,  bien  con- 
forme au  plan,  sans  filet  el  sans  nacelle.  Si  l'on  tenait  à  avoir  entre  la  vi- 
tesse V  et  le  produit  du  pas  par  le  nombre  de  toius,  px  n,  le  même  rap- 
port  que  celui   constaté   dans  les  navires  à  hélice  bien  proportionnés,  il 


(5ii  ) 
faudrait  donner  à  l'hélice  un  diamètre  tel,  que  la  surface  du  cercle  circon- 
scrit fût  le  quart  de  la  maîtresse  section.  Cette  maîtresse  section  étant  de 
i53'°'ï,93,  le  diamètre  de  l'hélice  serait  de  7  mètres,  et  l'on  pourrait  comp- 
ter alors  qu'on  aurait  p  x  ?z  =  i,i6.V. 

»  Mais  nous  avons  admis  que  le  ballon  porteur  résisterait  deux  fois  plus 
qu'il  ne  le  ferait  avec  sa  forme  théorique,  en  raison  des  déformations  mul- 
tiples de  la  surface.  Notre  ballon  représente  donc  pour  la  résistance  un 
ballon  fictif,  à  forme  régulière,  d'une  maîtresse  section  double,  ce  qui  fait 
3o8  mètres  carrés.  Nous  voyons,  en  outre,  dans  le  tableau  des  rési- 
stances partielles,  que  les  appendices  du  ballon  porteur,  tels  que  filet, 
nacelle,  etc.,  donneront  lieu  à  une  résistance  estimée  à  4''^, 68  ajoutée  à 
celle  de  5''^,  12  propre  au  ballon.  11  faut   donc  accroître  encore  la  sur- 

/.        r.     .       1     1  «  .11  5,12  +  4,68       , 

face  fictive  de  la  maîtresse  section  dans  le  rapport    p -,     la    pre- 

mière  correction  l'a  déjà  portée  à  3o8  mètres  carrés;  elle  devient,  par  la 
seconde,  égale  à  589  mètres  carrés.  Le  quart  de  cette  surface  est  de 
147  mètres  carrés,  et  le  diamètre  du  cercle  correspondant  est  de  i3'",  70. 

»  Ce  grand  diamètre  d'hélice  étant  d'un  emploi  difficile,  je  préfère  bor- 
ner le  diamètre  à  8  mètres  en  admettant  une  perte  de  travail  un  peu  plus 
grande  en  recul  de  l'hélice. 

»  Or,  en  remplaçant  une  hélice  par  une  autre  géométriquement  sem- 
blable, ne  différant  que  par  le  diamètre,  la  résistance  à  la  marche  restant 
constante,  les  carrés  des  reculs  sont  inversement  proportionnels  aux  sur- 
faces des  cercles  des  deux  hélices,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  aux  carrés 
des  diamètres,  ce  qui  fait  que  les  reculs  sont  inversement  proportionnels 
aux  diamètres. 

))   Avec  l'hélice  de  i3™,  70,  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  nous  avons  vu 

qu'on  aurait 

^  X  «  =  i,i6.V; 

1,     >    1               I           P>Cn  —V  r- 

d  ou  le  recul    =  ^ =  o,id. 

»    Avtc  un  diamètre  réduit  à  8  mètres,  nous  aurons  donc 

!^ — =  0,16  X—^  =  0,274; 

d'où 

p'  X  n'  =  i,274.V. 

Or  V  =  i33™,33  par  minute;  donc 

p'  X  «'=  i69'",85  par  minute. 

68.. 


(  5i2  ) 
»  En  faisant  le  pas  égal  au  diamètre,  on  est  dans  de  très-bonnes  condi- 
tions d'inclinaison  des  ailes;  on  en  déduit  le  nombre  de  tours  par  minute  : 


»  Cette  allure  convenant  pour  un  treuil  à  bras,  il  en  résulte  l'égalité  du 
diamètre  des  poulies  de  l'hélice  et  du  treuil. 

»  Le  travail  de  l'hélice  ainsi  constituée  se  compose  de  sa  poussée  paral- 
lèle à  l'axe,  multipliée  parle  produit  de  son  pas  par  le  nombre  de  tours, 
puis  du  travail  de  frottement  dans  l'air. 

»  La  pren)ière  partie  donne  par  seconde 

9^8ox^^=27''^-,75. 

Le  travail  du  frottement  de  l'air  sur  ces  ailes  en  taffetas  bien  tendu,  à  la 
vitesse  qui  résulte  des  données  précédentes,  ne  saurait  ressortir  à  plus  de 
2^^'",  25.  Le  travail  total  à  transmettre  à  l'hélice  est  donc  finalement  de 
3o  kilogramniètres. 

»  En  présence  de  cette  petite  puissance  motrice,  il  m'a  paru  avantageux 
de  ne  pas  recourir  à  une  machine  à  feu  quelconque  et  d'employer  simple- 
ment la  force  des  honïmes.  Quatre  hommes  peuvent,  sans  fatigue,  soutenir 
pendant  une  heure,  en  agissant  sur  une  manivelle,  ce  travail  de  3o  kilogram- 
mètres,  qui  n'exige  de  chacun  d'eux  que  7''s™,5.  Avec  une  relève  de  deux 
hommes,  chacun  d'eux  pourra  travailler  une  heure,  se  reposer  une  demi- 
heure,  et  ainsi  de  suite,  pendant  les  dix  heures  du  voyage,  qui  sont  une  des 
données  de  cette  étude. 

»  Étant  admis  l'emploi  des  hommes  comme  moteur,  j'ai  placé  l'hélice 
au-dessus  de  la  nacelle,  on  dessous  du  ballon,  au  milieu  de  sa  longueur. 
L'axe  de  l'hélice  est  horizontal,  parallèle  à  l'axe  longitudinal  du  ballon,  et 
à  6",  20  au-dessus  du  fond  de  la  nacelle.  Sa  distance  en  contre-bas  de  l'axe 
du  ballon  est  de  16™,  80. 

»  Un  treuil  à  manivelles,  placé  dans  la  nacelle,  est  mis  en  mouvement 
par  les  quatre  hommes.  Ce  treuil  jx)rte  une  poulie,  qui  correspond  à  une 
poulie  de  même  diamètre  placée  sur  l'arbre  de  l'hélice;  une  courroie  les 
réunit.  Le  nombre  de  tours  commun  au  treuil  et  à  l'hélice  est,  comme  on  l'a 
déjà  vu,  de  21  ~  par  minute  pour  8  kilomètres  à  l'heure. 

»  Dans  cette  position  de  l'hélice,  quand  elle  fonctionnera  pour  entraîner 
l'aéroslat,  la  résistance  de  l'air  s'exerçant  pour  la  plus  grande  partie  sur 
le  ballon,  il  en  résulte  un  couple  de  forces  tendant  à  faire  dévier  l'aérostat 


(  5i3) 
de  la  situation  d'équilibre  au  repos,  laquelle  correspond  à  l'axe  du  ballon 
parfaitement  horizontal.  Le  couple  d'inclinaison  provenant  de  l'action  de 
l'hélice,  à  l'allure  de  marche  normale,  aura  pour  mesure  la  poussée  de  g''^,  80 
multipliée  par  sa  distance  à  la  résultante  des  résistances  partielles;  cette 
dislance  à  l'axe  de  l'hélice  est  de  12^,20,  ce  qui  donne  1 19''^",  56.  Le  poids 
total  de  l'aérostat,  en  matières  plus  lourdes  que  l'air,  est  de  2478  kilo- 
grammes avec  tout  son  lest.  Il  est  de  aoZ}3  kilogrammes  à  la  fin  du  lest.  Le 
centre  de  gravité  de  ce  poids  sans  lest  est  à  i5'",75  en  contre-bas  du  point 
d'application  de  la  force  ascensionnelle  du  ballon  ;  par  suite,  le  sinus  de 

l'angle  d'inclinaison  qui  résulte  de  ce  couple  a  pour  mesure  — ^-^ — '^ — rj 

ce  qui  correspond  à  un  angle  de  o  degrés  i3  minutes.  Cet  angle  est  com- 
plètement négligeable. 

»  Dans  certains  moments,  poiu'  atteindre,  par  exemple,  un  point  voulu 
du  sol  à  la  descente,  on  pourra  mettre  à  la  fois  les  six  manœuvres  sur  le  treuil 
au  lieu  de  quatre;  chacun  d'eux  poinra,  en  outre,  pendant  quelques  mi- 
nutes, doubler  son  travail.  La  puissance  transmise  à  l'hélice  sera  alors  mo- 
mentanément triplée,  ce  qui  fera  que  la  vitesse  de  l'aérostat  deviendra 
2,22  X  v3  =  3™,  20,  soit  de  11'"',  5  à  l'heure.  Le  nombre  de  tours  par  mi- 
nutes commun  au  treuil  et  à  l'hélice  passera  de  21'°"'%  25  à  3o'°"'%84- 
Enfin  la  poussée  horizontale  de  l'hélice  deviendra 

9^8o  X  (^y  =  c)^8o  X  2,02=  20^38. 


La  force  de  poussée  étant  momentanément  ainsi  doublée,  le  petit  angle 
d'inclinaison  sera  également  doublé  et  deviendra  o  degrés  26  minutes,  ce 
qui  est  encore  parfaitement  négligeable. 

»  Des  calculs  qui  précèdent,  il  résulte  qu'on  peut  établir  ainsi  qu'il  suit 
le  devis  géométrique  de  cet  aérostat  : 

Dimensions  piincipalcs. 

Longueur  du  ballon  porteur 40-  {H^Zi^lll)- 

Diamètre i^'". 

Volume  du  ballon 386o™'. 

Volume  de  la  poche  de  dilatation 386°"^. 

Différence  de  leurs  volumes , 3474™'- 

Force  ascensionnelle,  à  la  pression  atmosphérique  de  o",  76,  à  raison 
de  735  grammes  par  mètre  cube  de  gaz  d'éclairage,  mélangé  au 

besoin  d'hydrogène  pur 2553''^ 


(  5i4  ) 

rUcssc  et  force  motrice. 

Vitesse  projetée  par  rapport  à  l'air  ambiant 2'", 22  par  seconde. 

Id.  id.  S''''  à  l'heure. 

Force  motrice  en  kilogrammètres  réalisée  sur  l'hélice 3o''5'". 

Limite  admise  pour  la  durée  du  voyage 10''. 

Nouibre  d'hommes  employés  à  la  fois  comme  moteur ^homn.es^ 

Relève  «  »  2La,n,nes. 

Diamètre  de  l'hélice 8"". 

Pas 8"-. 

Fraction  de  pas  par  aile j- 

Nombre  de  tours  par  minute  pour  l'allure  ci-dessus 21"""%  aS. 

Poids  au  départ. 

Ballon  porteur  avec  sa  poche  intérieure  et  sa  soupape  (complet  sans  son  filet) .  !^i^^. 

Filet  en  corde  de  soie 90 

Gouvernail •  .  •  i3 

Ancre aS 

Vergue 1 35 

Nacelle 255 

Hélice,  treuil,  ventilateur i4o 

Agrès  de  nacelle 3o 

Six  manœuvres,  un  timonier,  un  aéronaute,  un  passager 63o 

Bagages  et  vivres 4^ 

Instruments  d'observation 20 

Dépêches 235 

Lest  disponible 4^5 

Total 2478*^8 

»  La  force  ascensionnelle  étant  2553  kilogrammes,  elle  surpassera  le 
poids  à  enlever  au  départ  du  sol  de  75  kilogrammes,  soit  de  3  pour  100,  ce 
qui  est  une  proportion  convenable  pour  qu'un  aérostat  s'enlève  du  sol 
avec  une  bonne  vitesse  ascensionnelle. 

»  Après  avoir  établi  l'ensemble  des  dispositions  principales  relatives  à 
cet  aérostat,  il  est  intéressant  de  contrôler  le  calcul  estimatif  de  la  résis- 
tance dans  l'air  à  une  vitesse  de  8  kilomètres  à  l'heure  par  des  considéra- 
tions d'une  autre  nature. 

»  Il  est  plausible  d'admettre  que  si  le  ballon  porteur,  au  lieu  de  se 
mouvoir  dans  l'air,  était  un  corps  solide  de  même  forme  se  mouvant  dans 
l'eau,  la  résistance  à  la  même  vitesse  serait  dans  le  rapport  des  densités  de 
l'eau  et  de  l'air.  Or,  la  densité  de  l'air  étant  à  celle   de  l'eau  dans  le  rap- 


(  5i5) 
port  i  sous  la  pression  atmosphérique  de  o",  76,  il  en  résulte  que  le  tra- 

vail pour  faire  mouvoir  l'aérostat  dans  les  parties  basses  de  l'atmosphère 
ne  doit  être  que  les  0,00129  ^^^  celui  qui  serait  nécessaire  pour  faire  mou- 
voir le  même  volume  dans  l'eau.  Ce  travail  serait  encore  moindre  dans  les 
régions  plus  élevées. 

»  Or  il  résulte  des  données  relatives  à  la  propulsion  des  navires  qu'un 
bâtiment  à  hélice,  supposé  complètement  plongé  dans  l'eau,  ayant  la  forme 
de  notre  ballon  dessiné,  se  mouvrait,  à  la  vitesse  de  8  kilomètres  à  l'heure, 
correspondant  à  /i-ii>^  noeuds,  avec  une  puissance  motrice  qui  ne  saurait 
dépasser  io5  chevaux  de  ^5  kilogrammètres  mesurés  sur  les  pistons  à  va- 
peur. En  doublant  cette  puissance  (comme  nous  avons  établi  qu'il  conve- 
nait de  doubler  le  coefficient  de  résistance  en  raison  de  la  multitude  de 
petites  déformations  de  la  surface),  on  arrive  à  210  chevaux;  ce  qui  ne  fait 
pas  sur  larbre  de  l'hélice  plus  de  iS^  chevaux. 

»  Passant  de  ce  résultat  à  la  puissance  nécessaire  pour  faire  mouvoir  le 
ballon  dans  l'air,  on  trouve 

i5n  X     '       =:  o,2o3  cheval. 
'        1000 

»  Telle  serait  la  puissance  à  employer  si  le  ballon  était  seul  :  mais  nous 
avons  vu  que  la  présence  du  filet  de  suspension  et  de  la  nacelle  avec  son 
équipage  augmente  la  résistance  propre  au  ballon  dans  le  rapport  de  i,  9 
à  i;  nous  arrivons  donc,  pour  la  puissance  motrice  nécessaire  à  l'ensemble 
de  l'aérostat,  à  o,2o3  x  i  ,9,  ce  qui  fait  o,  385  cheval  de  75kilogrammétres, 
ou,  en  kilogrammètres,  28,''S'n92.  Nous  avions  trouvé,  par  le  premier  pro- 
cédé, 3o  kilogrammètres. 

»  Des  expériences  directes  sur  les  aérostats  eux-mêmes  exécutés  dans 
leurs  dimensions  réelles  pourront  seules  permettre  de  préciser  les  chiffres 
à  cet  égard;  mais  ce  que  j'ai  voulu  démontrer,  et  ce  qui  me  paraît  établi 
d'une  façon  plausible,  c'est  qu'il  faudra  tout  au  plus  une  puissance  de 
3o  kilogrammètres  pour  imprimer  à  l'aérostat  projeté,  au  moyen  de  l'hé- 
lice définie  ci-deSsus,  une  vitesse  de  8  kilomètres  à  l'heure  par  rapport  à 
l'air  ambiant,  et  que  quatre  hommes  de  service  avec  deux  hommes  de  re- 
lève y  pourront  suffire  pendant  dix  heures. 

»  Je  reprends  maintenant  l'exposé  du  jeu  de  la  poche  de  dilatation. 
Appelons  P  le  poids  dans  l'air  de  tous  les  corps  composant  l'aérostat,  enve- 
loppe du  ballon  et  objets  de  toute  nature  portés  par  lui,  mais  abstraction 


(5i6) 
faite  du  gaz  qu'il  contient;  Vie  volume  total  du  grand  ballon  gonflé;  V  le 
volume  de  la  poche  intérieure  quand  elle  sera  gonflée;  D  le  poids  en 
grammes  du  mètre  cube  du  gaz  employé  dans  le  ballon  à  la  pression 
atmosphérique  de  76  centimètres,  qu'on  suppose  être  celle  près  du  sol 
au  point  de  départ;  A  le  poids  du  mètre  cube  d'air  atmosphérique  à  cette 
même  pression  de  76  centimètres  (i). 

»  Le  ballon  en  question,  pour  bien  naviguer,  doit  être  sans  cesse  gonflé, 
tant  au  départ  qu'à  tout  autre  moment  de  la  durée  du  voyage. 

"  Supposons  qu'au  départ  la  poche  V  soit  pleine  d'air  atmosphérique 
et  le  restant  du  ballon  plein  de  gaz  léger,  la  force  ascensionnelle  F,  près 
du  sol,  sera 

F  =  (V  — V')(A^'-— Ds'). 

»   Pour  que  le  ballon  s'élève,  il  faut  qu'on  ait 

F>P     ou     (V- V')(A- D)>  P. 

»  Le  départ  se  fera  avec  une  vitesse  d'ascension  convenable,  si  la  force 
ascensionnelle  dépasse  de  3  pour  100  le  poids  à  soulever.  Posons  donc 
F  =  i,o3.P,  d'où 

„        (V  — V')(A—  D)  ,.        .        .     j.        , 

F  = -^ ■  (équation  du  départ). 

i,o3 

))  Le  ballon  montant,  la  pression  atmosphérique  diminue.  Il  faut  donc 
laisser  diminuer  aussi  la  tension  du  gaz  intérieur  de  la  même  quantité, 
sous  peine  de  fatiguer  l'enveloppe  et  bientôt  de  la  compromettre.  Or,  puis- 
que le  ballon  est  déjà  gonflé,  il  faudrait  laisser  se  perdre  dans  l'atmo- 
sphère tout  l'excès  de  volume  du  gaz  léger  dilaté,  si  l'on  n'avait  la  faculté 
de  laisser  dégonfler  la  poche  intérieure  remplie  d'air  an  départ.  C'est  ce 
qui  peut  se  faire  sans  difficulté  par  des  procédés  inutiles  à  décrire  ici,  et 
de  manière  à  maintenir  la  tension  du  gaz  léger  dans  les  limites  suffisantes 
pour  le  maintien  des  formes. 

»  Tant  que  la  poche  intérieure,  se  dégonflant,  pourra  faire  place  au  gaz 


(i)  J'ai  volontairement  négligé,  dans  cette  démonstration,  l'influence  des  différentes  tempé- 
ratures. J'ai  aussi  supposé  le  ballon  parfaitement  ctanche.  Si  l'on  veut  pouvoir  lire  dans  ks 
formules  les  lois  simples  qu'elles  représentent,  il  faut  en  dégager  d'abord  les  influences  per- 
turbatrices. En  les  superposant  ensuite,  on  aperçoit  facilement  leurs  influences  spéciales. 
Enfin  j'ai  introduit  dans  ces  calculs,  pour  les  poiils  des  matières  non  ga/.cu/.es,  les  poids  de 
ces  objets  pesis  diiiis  l 'air,  cl  j'ai  négligé  volontairement  leurs  différences  de  poids  à  diverses 
hauteurs. 


(  5i7  ) 
léger  qui  se  dilate,  le  ballon  pourra  passer  d'une  région  à  l'antre  de 
l'atmosphère,  et  sa  force  ascensionnelle  restera  la  même.  En  effet,  le  vo- 
lume de  la  partie  du  ballon  occupée  par  le  gaz  léger  augmente  en  raison 
inverse  des  pressions  atmosphériques;  les  deux  densités  de  l'air  atmosphé- 
rique et  du  gaz  diminuent  dans  le  même  rapport;  leur  différence  diminue 
donc  de  la  même  façon;  le  produit  du  volume  par  la  différence  des  den- 
sités reste  donc  constant.  Le  poids  des  corps  non  gazeux  restant  lui-même 
sensiblement  constant,  la  force  ascensionnelle  continue  à  dépasser  ce  poids 
de  la  même  quantité  fixée  au  départ  du  sol  à  3  pour  loo. 

»  Mais  le  volume  de  la  poche  intérieure  est  nécessairement  limité;  quand 
elle  sera  complètement  vidée  d'air  atmosphérique,  le  gaz  léger  occupera 
tout  le  volume  V. 

»  La  hauteur  à  laquelle  le  ballon  sera  parvenu  à  ce  moment  où  la  poche 
intérieure  terminera  ainsi  l'évacuation  de  son  air  correspond  à  une  pres- 
sion atmosphérique  II  donnée  par  la  formule 

n  =  76  — — —    (équation  de  la  fin  de  la  première  phase). 

»   Si  l'on  fait  V  =  j^  V,  on  a 

n  =  o,9X  76  =  68%4, 

ce  qui  correspond  à  une  hauteur  H  =  866™. 

»  Cette  première  phase  de  1  ascension  achevée,  le  ballon  ne  s'arrête  point 
à  cette  hauteur,  puisqu'à  cette  situation  la  force  ascensionnelle  reste  la 
même  qu'au  départ,  dépassant  le  poids  P  de  3  pour  100.  Il  montera  sans 
qu'on  jette  de  lest  jusqu'à  ce  que  cet  excédant  de  la  force  ascensionnelle 
sur  le  poids  disparaisse,  ce  qui  ne  peut  avoir  lieu  que  par  la  fuite  d'une 
partie  du  gaz  sortant  du  ballon. 

»  A  partir  de  la  hauteur  de  866  mètres,  le  gaz  occupant  le  volume  to- 
tal Y  du  ballon  ne  peut  plus  se  dilater  sans  sortir  de  ce  ballon,  ce  dont  on 
aura  soin  de  lui  laisser  la  libre  faculté,  en  ne  conservant  toujours  que  les 
3  ou  4  dix-millièmes  d'excédant  de  pression  sur  l'atmosphère,  excédant 
utile  au  maintien  de  la  forme  extérieure  du  ballon, 

»  Cette  seconde  phase  de  l'ascension  continuera  jusqu'à  ce  que  le  ballon 
soit  arrivé  dans  une  région  de  l'atmosphère  dont  la  pression  H'  est  donnée 
par  la  formule  ci-après,  établissant  l'égalité  entre  la  force  ascensionnelle  F' 
et  le  poids  P  du  départ, 

F'  =  V(A-D)^  =  P, 

C.  R.,  1870,  2«  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  IG.)  69 


(  5i8  ) 
d'où 

Or,  en  se  reportant  à  l'équation  au  départ  du  sol,  à  savoir 

p  ^  (V-V')(A-D)  ^ 
i,o3 

on  en  tire 

P  V  — V 


A  — D  i,o3   ' 

reportant  cette  valeur  dans  l'expression  II',  on  a 

i  \ V' 

n'  =  76 (équation  de  la  fin  de  la  deuxième  phase). 

Or  nous  avons  aussi 

V'  =  0,1.  V, 

ce  qui  fait  que,  finalement,  on  a 

I  ,o3 

pression  qui  correspond  à  une  hauteur  H'  =  1 1 10  mètres. 

»  Si  celte  hauteur  de  1 1 10  mètres,  à  laquelle  l'aérostat  est  ainsi  parvenu 
sans  jeter  de  lest,  n'était  pas  trouvée  suffisante,  l'ascension  subséquente 
constituerait  alors  une  troisième  phase  pendant  laquelle  toute  élévation 
supplémentaire  coûterait  une  quantité  de  lest  correspondant  à  la  perte  de 
gaz  sorti  par  la  dilatation. 

»  La  quantité  de  lest  qu'il  faudra  ainsi  jeter  pour  arriver  à  une  hauteur 
voulue,  correspondant  à  une  pression  H",  sera  donnée  par  la  formule  sui- 
vante, dans  laquelle  K  représente  le  rapport  entre  le  poids  du  lesta  jeter  et 
le  poids  P  de  l'aérostat  au  départ, 

P-KP  =  V(A-D)^, 

d'où 

p  70 

Or  nous  tirons  encore  de  l'équation  du  départ 

A—  D  _    I  ,o3 
P      "~  V  — v' 

d'où 

„  i,o3.vn" 


(5i9) 
Or 

V'  =  o,,.V; 
donc 

K  =  F — -j  n"  (équation  applicable  à  tout  moment  de  la  troisième  phase). 

0,9X76        '    '  ^^  y        J 

»  Si,  par  exemple,  on  voulait  monter  jusqu'à  1200  mètres,  on  aurait 
n"  =  65,7,  '^  O"^  ^  =  0,01.  Le  lest  à  jeter,  pour  monter  à  1200  mètres, 
sera  donc  de  i  pour  100  du  poids  primitif  total  P  de  l'aérostat. 

»  Mais  revenons  en  pensée  à  la  hauteur  de  11 10  mètres  à  laquelle 
l'aérostat  est  parvenu  sans  jeter  de  lest. 

»  En  considérant  le  ballon  à  cette  hauteur,  qui  limite  ce  qu'on  peut  ap- 
peler la  deuxième  phase,  si,  par  une  cause  quelconque,  la  force  ascension- 
nelle vient  à  diminuer  d'une  quantité  si  minime  qu'elle  soit,  l'aérostat 
descendra,  les  gaz  vont  se  comprimer.  En  raison  de  la  loi  déjà  exposée,  la 
force  ascensionnelle  ne  variant  pas  par  la  compression  et  la  dilatation  du 
gaz  léger  du  ballon  tant  qu'il  y  reste  contenu,  l'aérostat  descendrait  ainsi 
jusqu'au  sol,  à  l'état  d'équilibre  à  peine  rompu. 

»  Si,  à  mesure  de  la  compression  du  gaz  léger,  on  a  introduit  de  l'air 
atmosphérique  dans  la  poche  intérieure,  le  ballon  aura  été  maintenu  rem- 
pli, et  l'on  pourra  descendre  en  cet  état  jusqu'à  ce  que  la  poche  soit  pleine 
d'air,  sans  en  avoir  mélangé  avec  le  gaz  léger.  On  arrivera  ainsi  à  la  hau- 
teur correspondant  à  la  pression  atmosphérique  H'",  donnée  par  la  formide 

F==P  =  (V-V')(A-D)^, 

d'oîi 

P 

^     (V  — V')(A  — D)' 
Or  de  l'équation  au  départ  on  tire 

(V-V')(A-D)=:  i,o3.P, 


n'"  =      '^^      =    73''    n8 


donc 

n'"  —  - 

:  ,o3 
d'où 

H  ^  244  mètres. 

»  Ainsi  donc,  tant  que  l'aérostat  en  question,  en  faisant  fonctionner  sa 
poche  comme  il  vient  d'être  expliqué,  sera  maintenu  dans  ses  oscillations 
de  montée  et  de  descente  entre  les  limites  de  hauteur  de  244  mètres  à 
1 1 10  mètres,  il  n'aura  plus  à  perdre  de  gaz  par  le  fait  de  ces  variations  de 

69.. 


(    520    ) 

hauteur;  il  remontera  très-doucement  en  jetant  des  quantités  de  lest  très- 
minimes,  et  l'on  aura  maintenu  sou  enveloppe  intérieure  sans  cesse  gonflée. 
Tout  le  lest  qu'il  a  pris  au  départ  sera  donc  exclusivement  destiné  à  com- 
penser les  pertes  de  gaz  par  suite  de  l'exosmose  ou  de  l'endosmose,  pendant 
les  dix  heures  que  devra  pouvoir  durer  le  voyage. 

»  Nous  avons  vu  que  la  quantité  de  lest  qui  figure  à  cet  effet  dans  le 
projet  est  de  435  kilogrammes,  soit  0,175  du  poids  total  enlevé;  et  il  n'y  a 
pas  eu  besoin  de  toucher  à  ce  lest  pour  monter  à  1 1 10  mètres.  11  reste  donc 
tout  entier  disponible  pour  le  restant  du  voyage. 

»  Je  suppose  ce  même  aérostat,  sa  poche  de  dilatation  supprimée,  gonflé 
au  départ  entièrement  de  gaz  léger  ;^1  pourra  emporter  un  supplément  de 
lest  S  =  V'(A  —  D),  en  conservant  la  même  différence  entre  la  force  ascen- 
sionnelle et  le  poids  nouveau  P.  Or,  combinant  cette  expression  avec 
l'équation  du  départ  (V  —  V')(A  —  D)=:i,o3.P,  et  avec  cette  donnée 
V'=  0,1  .V,  on  en  déduit 


Or 

donc 


_  o,io3 
~    0,9 

P=2478; 

5=283''g,483. 


»  En  emportant  cette  quantité  de  lest  en  plus,  la  force  ascensionnelle 
au  départ,  sous  la  pression  de  76,  sera 

F„  =  V(A-D). 

Le  nouveau  poids  Pq  sera 

P  +  -^P. 
0.9 

La  différence  produisant  le  mouvement  au  départ  sera  la  même  que  pour 
le  premier  aérostat  et  égale  à  o,o3.P. 

»  Cet  aérostat  s'éievant,  le  gaz  se  dilatera  et  s'échappera  à  mesure;  il 
arrivera  à  l'équilibre  à  une  hauteur  correspondant  à  la  pression  atmo- 
sphérique n,  donnée  par  la  formule 

V(A-D)^  =  P-^-î-^P; 
V  I  ,6  0,9 

d'où  l'on  déduit,  en  combinant  celte  expression  avec  les  données  précé- 
dentes, qui  fournissent  A  —  D  en  fonction  de  P  et  de  V, 

n,  I  ,oo3 


(    521    ) 

d'où 

ce  qui  corrresponti  à  une  hauteur  H,  =:  225". 

»  A  partir  de  cette  hauteur,  l'excès  de  la  force  ascensionnelle  sur  le 
poids  devient  nul,  et,  pour  arriver  à  la  hauteur  de  iiio  mètres  du  pre- 
mier aérostat,  il  faut  diminuer  le  poids  en  jetant  du  lest  de  façon  qu'on  ait 
l'égalité  entre  la  force  ascensionnelle  et  le  poids. 

»  Or,  à  cette  hauteur,  les  deux  ballons  ayant  tous  deux  le  même  vo- 
lume V  plein  du  même  gaz  léger  du  départ,  dilaté  sans  mélange  sous  la 
même  pression  atmosphérique,  il  faudra  que  leurs  poids  soient  égaux. 
Ainsi  le  ballon  sans  poche  sera  obligé,  poiu'  monter  à  cette  hauteur  de 
1 1  lo  mètres,  de  jeter  exactement  toute  la  quantité  de  lest  qu'il  avait  prise 
au  départ  en  sus  du  ballon  à  poche,  soit  283'*s^/j83. 

»  A  partir  de  ce  moment,  s'il  vient  à  descendre,  le  ballon  sans  poche, 
pour  être  tenu  gonflé,  devra  recevoir  de  l'air  atmosphérique  mélangé  dans 
le  gaz.  S'il  descend,  par  exemple,  de  1 1  lo  à  ^44  mètres,  c'est-à-dire  de  la 
pression  66,4  à  la  pression  73,78  (dans  les  limites  d'oscillation  que  peut 
atteindre  le  premier  ballon  sans  mélanger  son  gaz),  la  nouvelle  densité  D' 
du  gaz  mélangé  sous  la  pression  de  76  sera  à  244  mètres  de  hauteur  donnée 
par  la  formule. 

V(A-D')^  =  P, 

d'où 

,6 


D': 


V  73,78 


»  Quand  on  voudra  remonter  à  1 1 10  mètres,  on  devra  jeter  une  quan- 
tité j^de  lest  telle  qu'on  ait 


d'où 


V(A-D')^  =  P-4, 


»  Ainsi,  avec  la  quantité  de  lest  435  kilogrammes  qui  restait  au  ballon 
à  la  hauteur  de  1 1 10  mètres,  même  en  y  ajoutant  le  poids  de  l'étoffe  de  la 
poche  supprimée,  ce  qui  ferait  encore  5o  kilogrammes,  soit  en  tout  485  ki- 
logrammes, il  n'y  aurait  pas  de  quoi  faire  deux  oscillations  dans  les  limites 
de  II 10  à  244  mètres,  ce  qui  démontre  l'avantage  du  ballon  à  poche  de 
dilatation.  » 


(    522    ) 

»l£3lOIRES  PRESENTES. 

M.  A.  Brachet  soumet  au  jugement  de  l'Acatlémie  une  nouvelle  Note, 
concernant  les  divers  systèmes  d'aérostation  déjà  proposés. 
(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M.  BuKATY  adresse  une  Note  concernant  un  nouveau  système  d'aéros- 
tats. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M.  SoREL  adresse  une  Note  relative  aux  conditions  que  lui  paraissent 
devoir  remplir  les  aérostats,  pour  qu'il  soit  possible  de  les  diriger. 
(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M,  3I0URA  soumet  au  jugement  de  l'Académie  des  «  Recherches  sur  la 
réalisation  du  problème  de  l'aéroslation  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M.  P.  Verdeil  adresse  ulie  Note  concernant  la  faiblesse  du  rendement 
des  machines  à  vapeur. 

(Commissaires  :  MM.  Morin,  Delaunay,  Jamin.) 

M.  Clotet  adresse  la  description  et  le  dessin  d'une  nouvelle  bombe 
cylindro-conique  à  percussion.  Cette  bombe  se  compo.se  essentiellement 
d'un  cylindre  intérieur,  contenant  la  charge,  et  d'un  cvlindre  extérieur  dis- 
posé de  façon  qu'on  puisse  placer,  entre  sa  paroi  et  celle  du  cylindre  inté- 
rieur, des  balles  de  plomb  ou  de  petits  morceaux  de  fonte  :  l'explosion  est 
produite  par  une  capsule  qui  est  située  à  l'extrémité  d'une  tige  située  dans 
l'axe  commun  des  deux  cylindres,  et  que  la  chute  de  bombe  vient  refoider 
sur  la  paroi  interne  de  la  base  du  cylindre. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M.  Hoffmann  adresse  une  Note  relative  à  quelques  précautions  aux- 
quelles il  lui  paraît  indispensable  d'avoir  égard,  soit  dans  la  préparation, 
soit  dans  l'usage  du  boudin  de  sang  de  bœuf. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  les  questions  relatives 

à  l'alimentation.) 


(  5a3  ) 
M.  FuA  adresse  une  Note  relative  à  un  procédé  de  conservation  des 
viandes,  procédé  dont  il  a  fait  usage.  Il  consiste  à  immerger  préalablement 
la  viande,  pendant  quelques  minutes,  dans  l'eau  bouillante  un  peu  salée, 
puis  à  la  placer  dans  des  pots  remplis  de  graisse  de  bœuf,  fondue  et  bien 
cuite. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  les  questions  relatives 

à  l'alimentation.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  LE  Président  de  la  Co.mmission  des  monnaies  et  médailles  informe 
l'Académie  que,  M.  le  Ministre  des  Finances  ayant  décidé,  le  lo  septembre 
dernier,  qu'un  bureau  temporaire  des  essais  serait  établi  à  Bordeaux  pen- 
dant la  durée  de  l'investissement  de  Paris,  M.  Peligot,  vérificateur  en  chef 
des  essais,  a  été  désigné  pour  diriger  les  opérations  de  ce  bureau  ;  il  a  donc 
dîi  se  rendre  à  Bordeaux  avant  que  l'investissement  fût  achevé. 

M.  Dumas  prie  l'Académie  de  permettre  qu'un  passage  omis  par  erreur 
dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  précédente  soit  rétabli  dans  celui 
de  la  séance  actuelle;  il  se  rapporte  à  la  page  483,  ligne  i3,  de  sa  Com- 
munication : 

«  Dès  qu'il  a  été  question  de  la  conservation  des  viandes  pour  les  appro- 
visionnements de  Paris,  le  Comité  d'hygiène  publique,  consulté  par  M.  le 
Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce,  a  indiqué,  parmi  les  procédés  les 
plus  applicables,  la  salaison  telle  qu'elle  est  pratiquée  dans  la  marine,  de 
temps  immémorial. 

»  Ce  procédé  devait  naturellement  prendre  une  part  essentielle  dans  la 
formation  des  réserves  de  Paris,  et  il  est  juste  de  constater  l'empressement 
que  M.  le  Ministre  de  la  Marine  a  mis  à  seconder  les  efforts  de  l'adminis- 
tration civile. 

»  M.  le  Ministre  a  fait  venir  immédiatement  de  Cherbourg,  à  la  demande 
de  M.  Renaud,  inspecteur  général  du  service  de  santé  de  la  Marine,  une 
escouade  d'ouvriers  employés  exclusivement  aux  salaisons,  sous  la  direc- 
tion d'un  contre-maître  habile.  Ils  ont  permis  d'installer  luie  usine  d'essai  à 
Paris,  et  ils  y  laisseront  des  exemples  propres  à  servir  de  base  au  contrôle 
des  procédés  anciens  ou  nouveaux  actuellement  mis  à  l'épreuve.  » 


{  524  ) 

TECHNOLOGIE.  —  Procédé  employé  aux  Etals-Unis  par  tes  indigènes  pour  la 
préparation  des  j)eaux  de  bisons^  de  cerfs  et  d'autres  animaux  de  ce  pays. 
Extrait  d'une  Lettre  de  M.  J.  Simonin  à  M.  Dumas. 

«  L'attention  de  l'Académie  a  été  appelée  récemment  snr  la  préparation 
des  peaux  de  bœuf  et  de  niouton  qui  ne  peuvent,  en  ce  moment,  être  en- 
voyées à  la  tannerie.  Je  lui  demande,  à  ce  propos,  la  permission  de  lui 
faire  connaître  un  procédé  que  j'ai  vu  employer  dans  l'Amérique  du  Nord 
par  les  Indiens  des  prairies,  lors  de  mes  différentes  explorations  dans  ces 
contrées,  pendant  les  années  1867- 1868.  Les  Indiens  des  États-Unis,  ceux 
qui  vivent  encore  aujourd'hui  à  l'état  sauvage,  notamment  entre  les  rives 
du  Missouri  et  les  Montagnes  Rocheuses,  préparent  les  peaux  de  bisons  en 
les  raclant  d'abord  avec  le  plus  grand  soin,  au  moyen  d'une  lame  de  fer, 
ou  même,  comme  leurs  ancêtres,  d'iui  ciseau  de  silex,  quand  ils  n'ont  pas 
de  métal  sous  la  main.  La  peau,  ainsi  nettoyée,  est  tannée  ensuite  avec  la 
cervelle  de  l'animal,  dont  on  l'imprègne  peu  à  peu,  au  moyen  d'un  tam- 
ponnage  longtemps  continué.  Qu'il  entre  dans  cette  cervelle  quelque  prépa- 
ration, quelques  plantes  particulières,  c'est  ce  que  je  ne  saurais  dire  en  ce 
moment;  mais,  ce  que  je  puis  certifier,  c'est  que  les  peaux  de  bison  ainsi 
préparées,  et  auxquelles  on  laisse  généralement  leur  toison,  acquièrent  une 
souplesse  remarquable,  comme  une  vraie  peau  de  gant,  n'ont  aucune  odeur 
et  se  conservent  indéfiniment.  J'ai  en  ma  possession  une  de  ces  peaux,  qui 
me  servait  de  couvertuie,  et  même  de  lit,  dans  mes  excursions  à  travers  les 
prairies.  J'ai  aussi  différentes  peaux  de  renard  argenté  de  Californie,  des 
peaux  de  daim,  etc.,  servant  de  carquois,  de  gaines  de  couteaux  :  toutes 
sont  parfaitement  conservées.  » 

«  M.  RouLiN,  questionné  à  cette  occasion  par  M.  Dumas,  pour  savoir  si, 
dans  les  parties  du  nouveau  continent  où  il  a  longtemps  séjourné,  le  pro- 
cédé décrit  par  M.  Simonin  n'aurait  pas  été  aussi  pratiqué,  répond,  qu'à 
sa  connaissance  on  n'y  a  jamais  eu  recours  dans  l'Amérique  méridionale 
proprement  dite,  ni  même  dans  aucune  des  provinces  situées  à  l'est  et  au 
sud  de  l'isthme  de  Panama.  11  est  bien  entendu  qu'il  ne  peut  être  question, 
pour  ce  vaste  pays,  de  la  préparation  de  peaux  de  bisons.  L'animal  ne  s'y 
trouve  point,  il  n'existait  pas  non  plus  dans  les  provinces  qui  formaient 
l'empire  de  Montezuma;  mais  l'art  du  mégissier  n'y  était  pas  inconnu,  et 
on  l'appliquait  aux  dépouilles  de  divers  autres  mammifères.  Ainsi  Fernand 
Cortez,  dans  sa  première  lettre  à  l'empereur  Charles  V,  faisant  une  longue 


(  525  ) 
éiiuniération  des  produits  naturels  ou  manufacturés  qui,  chaque  jour,  étaient 
exposés  en  vente  sur  la  grande  place  du  marché  de  Mexico,  mentionne 
expressément  «  les  ptaux  apprêtées  avec  le  poil  on  sans  le  poil,  et,  dans 
»  ce  dernier  cas,  souvent  passées  en  couleur  ».  (^Barcia,  Hisloriadores  jjtimi- 
tivos  de  Indias,  t.  I,  p.  33.) 

»  L'art  du  mégissier  continua  assez  longtemps  encore,  après  la  conquête, 
à  être  pratiqué  par  les  indigènes,  comme  le  prouve  im  passage  de  l'ouvrage 
de  Torquemada,  qui,  venu  dans  ce  pays  près  d'un  siècle  plus  tard,  puhlia 
en  iGi5  sa  Monarquin  indiann.  Voici,  en  effet,  ce  qu'on  y  lit,  liv.  XVII, 
chap.  I  :  «  Il  y  avait  à  Mexico  des  artisans  merveilleusement  habiles  à  ap- 
»  prêter  les  cuirs  de  cerfs,  lions  et  tigres  [coucjuars  et  jaguars),  avec  le  poil 
»  ou  sans  le  poil,  et  ceux-ci  laissés  blancs  ou  teints  en  rouge,  en  bleu,  en 
»  noir  ou  en  jaune,  et  tous  si  souples  qu'on  les  recherche  encore  aujour- 
»   d'hui  pour  en  faire  des  gants.    » 

»  Ni  Torquemada  ni  Cortez  ne  nous  apprennent  quels  étaient  les  pro- 
cédés auxquels  avaient  recours  les  mégissiers  indigènes.  Les  peaux  qui  sor- 
taient de  leurs  mains  n'étaient  point  destinées  à  faire  des  vêtements;  les  Mexi- 
cains et  leurs  proches  voisins  à  l'est,  qui  avaient  à  peu  près  les  mêmes  arts, 
cultivaient  diverses  plantes  qui  leur  fournissaient  de  bonnes  matières  textiles 
et  qu'ils  savaient  habilement  mettre  en  œuvre.  Pins  au  sud  et  jusqu'aux 
limites  du  Chili,  on  ne  trouvait  point  non  plus  de  sauvages  vêtus  de  peaux. 
Les  peuples  qui  n'allaient  pas  tout  nus  portaient  des  vêtements  d'étoffes 
de  coton;  de  sorte  que  les  dépouilles  des  mammifères  n'avaient,  dans  leur 
économie  domestique,  presque  aucune  importance.  Pour  la  guerre  cepen- 
dant, le  cuir  du  tapir  était  recherché;  son  épaisseur  le  rendait  propre  à 
faire  de  très-bonnes  armes  défensives  et  particulièrement  des  boucliers.  La 
préparation  d'ailleurs  en  était  fort  simple,  puisqu'elle  consistait  seulement 
à  faire  sécher  cette  peau  en  l'étendant  à  l'air,  le  poil  en  dessous,  et  iiprès 
l'avoir  bien  étirée  au  moyen  de  piquets  enfoncés  dans  le  sol  poiu*  l'em- 
pêcher de  se  racornir  sous  faction  du  soleil. 

»  Encore  aujourd'hui,  dans  la  Nouvelle-Grenade,  on  dessèche  de  cette 
manière  des  cuirs  de  bœuf,  destinés  à  servir  de  coucheltes,  et  sur  lesquelles 
il  m'est  bien  souvent  arrivé  de  dormir,  dans  mes  courses  à  travers  le  pays, 
(^n  en  trouvait  dans  toutes  les  chaumières,  ployées  en  dcun  comme  une 
une  main  de  papier,  et  il  suffisait  de  les  étendre  sur  le  sol  pour  avoir  son 
lit  tout  dressé. 

»  Si  la  saison  était  maintenant  moins  avancée,  je  crois  qu'il  serait  facile 
et  utile  de  préparer  nue  literie  de  ce  genre  avec  les  peaux  des  bêtes  qui  se- 

C.  R.,  1H70,  i"  Semestre.  (T.  l.XXI,  N"   IG.)  7O 


(  5i6  ) 
ront  abattues  durant  le  siège;  elle  fournirait  à  ceux  de  nos  hommes  qui  pas- 
sent la  nuit  aux  remparts  un  couclier  sain,  en  préserverait  certainement 
plusieurs  des  rhumatismes  auxquels  ils  sont  tous  |)lus  ou  moins  exposés. 
Peut-être  la  science  trouvera-t-elle  quelque  moyen  économique  de  suppléer, 
pour  cette  dessiccation,  à  ce  que  ne  nous  donne  pas  suffisamment  la  chaleur 
solaire. Quand  cette  application,  qui,  nous  devons  l'espérer,  ne  sera  pas  bien 
longue,  serait  devenue  sans  but,  ces  cuirs  secs  ne  demeureraient  pas  sans 
valeur,  et  l'on  pourrait,  ce  me  semble,  les  utiliser  comme  on  le  fait  pour 
les  peaux  de  bœuf  que  le  commerce  reçoit,  également  à  l'état  sec,  de 
Buenos-Ayres  et  de  Montevideo. 

»  Pour  en  revenir  à  la  Communication  de  ]M.  Simonin  et  au  conseil  qu'il 
flonne  aux  industriels,  de  chercher  dans  les  relations  des  voyageurs  de  plus 
amples  détails  sur  sa  méthode,  avant  d'essayer  de  l'appliquer,  je  dirai  que 
cette  recherche  me  paraît  devoir  rester  sans  résultat  utile.  J'ai  lu  plusieurs 
descriptions  du  procédé  en  question  et  n'y  ai  trouvé  rien  d'important  qui 
ne  soit  indiqué  dans  la  lettre;  j'ajouterai  qu'aucune  ne  fait  mention  d'iuie 
substance  végétale,  qu'on  emploierait  en  même  temps  que  la  cervelle  de 
l'animal,  et  qui  contribuerait  au  succès  de  l'opération.  » 

M.  Gaultier  de  Clacbry  adresse  une  Note  relative  à  une  réglementation 
qu'il  croirait  utile  d'établir  dans  la  fabrication  du  pain,  pendant  l'investisse- 
ment de  la  ville  de  Paris  : 

«  Quant  à  la  forme  qu'il  conviendrait  de  donner  aux  pains,  pour  tirer  le 
meilleur  parti  possible  d'une  quantité  déterminée  de  farine,  l'auteur  pense 
(ju'il  y  aurait  lieu  d'interdire  momentanément  la  fabrication  des  pains 
autres  que  ceux  de  2  kilogrammes,  courts  fendus  à  grigne,  ou  même  ceux 
qui  sont  connus  sotis  le  nom  de  jockos. 

))  Relativement  à  l'augmentation  importante  de  produits  alimentaires 
qui  peut  être  procurée  à  la  population  dans  les  circonstances  exception- 
nelles au  milieu  desquelles  se  trouve  la  capitale,  il  importerait  d'attirer  l'at- 
lention  sur  les  faits  suivants. 

»  I-ors  de  la  glorieuse  expédition  qui,  en  i83o,  a  donné  l'Algérie  à  lu 
France,  d'Arcet  proposa  de  faire  entrer,  dans  la  fabrication  des  biscuits  de 
l'armée,  de  la  gélatine,  de  la  viande  et  du  S'ing ,-  3ooooo  biscuits  furent  pré- 
parés par  ce  moyen  et  embarqués  dans  des  caisses  distinctes.  Malheureuse- 
ment un  coup  do  mer  qui  assaillit  la  flotte  obligea  à  jeter  à  la  mer  ces 
caisses,  dont  une  partie  seulement  fut  portée  par  les  flots  sur  le  rivage.  Une 
com|)araison  rigoureuse  devint  par  suite  impossible. 


(  5^7  ) 

»  Il  ne  peut  être  question  de  la  viande  ou  de  la  gélatine,  et  il  ne  s'agit 
que  de  considérer  l'emploi  du  sang,  qui  peut  être  employé  en  entier,  ou  de 
(le  la  fibrine  qu'on  en  sépare  par  le  battage,  et  qu'à  l'aide  de  machines  on 
amènerait  facilement  à  un  état  convenable. 

»  La  fibrine  et  l'albumine  sont  des  produits  riches  en  azote,  dont  les 
propriétés  alimentaires  sont  bien  constatées.  Le  sang,  qui  les  renferme  en 
proportions  très-considérables,  se  mêle  facilement  à  la  farine  et  fournirait 
lui  pain  qui,  vendu  avec  la  dénomination  de  paiii  animalisé ,  laisserait 
chaciui  libre  d'en  faire  usage,  comme  il  arrive  pour  la  viande  de  cheval  en 
remplacement  de  la  viande  de  bœuf.   » 

M.  E.  Decaisne  adresse  une  Note  concernant  «  L'alimentation  des  petits 
enfants,  et  le  lait  pendant  le  siège  :    » 

«  Puisque  le  lait  n'est  point  à  Paris  en  quantité  suffisante,  ne  serait-il 
pas  possible,  avec  les  20000  litres  que  Paris  peut  encore  fournir  aujour- 
d'hui, de  pourvoir  aux  nécessités  de  l'heure  présente?  Il  faudrait  d'abord 
que  les  gens  valides  voulussent  bien  s'en  interdire  absolument  l'usage. 

»  On  pourrait  encore  couper  le  lait  dans  une  certaine  proportion  avec 
de  l'eau,  et  l'Administration  devrait  veiller  à  ce  que  les  débitants  s'abstins- 
sent de  le  couper  avant  de  le  livrer  au  public. 

M  Parmi  les  succédanés  du  lait,  il  en  est  un  qui  paraît  mériter  une  cer- 
taine attention  :  c'est  un  lait  de  poule,  fait  avec  l'œuf  entier,  blanc  et 
jaune  mélangés  avec  du  sucre  et  de  l'eau,  quoique  sa  parfaite  analogie  avec 
le  lait  ne  soit  pas  démontrée,  comme  on  l'a  fait  observer.  Mais  resterait  en- 
core la  difficulté  de  se  procurer  des  œufs. 

»  On  a  parlé  aussi  de  la  viande  crue  et  du  thé  de  bœuf.  Ces  préparations 
peuvent  réussir  chez  certains  enfants,  mais  l'expérience  nous  a  appris  que, 
souvent,  elles  donnent  des  aigreurs,  des  coliques  et  de  la  diarrhée  (i).  » 


(i)  Je  pense  qu'il  ne  serait  peut-être  pas  inutile  de  rappeler  quelques  préparations  que  les 
Anglais  emploient,  avec  le  lait  ou  même  sans  le  lait,  pour  l'alimentation  des  petits  enfants. 

On  coupe,  dans  un  bol,  de  petites  tranches  de  pain,  qu'on  couvre  d'eau  froide;  on  f.iit 
cuire  au  four,  pendant  deux  heures,  on  bat  avec  une  fourchette  et  l'on  sucre  légèrement. 

Faites  sécher  de  la  mie  de  pain  sur  une  assieite,  à  une  petite  distance  du  feu.  Aussitôt 
qu'elle  est  sèche,  vous  l'écrasez  dans  un  mortier,  vous  la  réduisez  en  une  poudre  fine,  vous 
passez  au  tamis,  puis  vous  la  mettez  au  four  jusqu'à  ce  qu'elle  devienne  un  peu  rousse.  Vous 
prenez  une  petite  quantité  de  cette  poudre,  vous  la  préparez  comme  le  gruau  et  vous  sucrez 
légèrement. 

Les  Anglais  font  un  grand  u.sage  des  farineux  pour  les  petits  enfants,  et  surtout  d'une  la- 

70.. 


(  528  ) 

M.  MoissEXET  adresse  à  l'Académie  un  exemplaire  d'une  Note  lithogra- 
pliiée,  sur  le  rationnement  de  la  population  de  Paris  pour  le  pain  et  la 
viande. 

Cette  Note  sera  jointe  aux  documents  soumis  à  la  Commission  nommée 
jiour  les  questions  relatives  à  l'alimentation. 

M.  Pagliari  appelle  l'attention  de  l'Académie  stn-  IVIficacité  de  son 
«  eau  hémostatique  ». 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  É.  D.  B. 


rine  populaire  parmi  eux  [Hard' s  farinacenus  food  for  infants).  Les  farineux  donnent  quel- 
quefois de  la  constipation  aux  rnfanis.  On  y  obvie  en  ajoutant  un  tiers  de  gruau. 

Je  citerai  encore  la  poudre  de  biscuit  de  Lemann  [Lemann's  biscuit  pou  der),  qu'on  liouve 
à  Paris  dans  les  pharmacies  anglaises. 

Enfin,  je  signale  la  préparation  suivante.  On  fait  tremper  du  riz  de  première  qualité  dans 
leau  froide,  pendant  une  heure;  on  l'écrase,  on  ajoute  de  l'eau  fraîche,  on  laisse  bouillir  à 
petit  feu,  jusqu'à  ce  (jue  la  pulpe  puisse  passer  dans  une  passoire;  on  remet  dans  la  casserole, 
on  ajoute  deux  morceaux  de  sucre  et  on  laisse  bouillir  encore  ptndant  un  quart  d'heure. 
Maintenant,  si  vous  mettez  cette  |)r(paration  à  un  tiers  de  lait,  vous  avez  un  liquide  ayant 
la  consistance  d'une  crème. 

Parmi  les  cinq  préparations  que  je  viens  d'indiquer,  c'est  cette  dernière  que  je  préfère.  Je 
l'ai  vu  employer  journellement  en  Angleterre,  avec  le  plus  grand  succès. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  24  OCTOBRE  1870. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOLTILLE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE   L'ACADÉMIE. 

M.  DcpuY  DE  Lomé  demande  la  parole  et  donne  quelques  développe- 
ments nouveaux  sur  la  manière  de  procéder  de  l'aéronaute  pour  diriger 
un  aérostat,  exécuté  conformément  aux  données  qui  ont  fait  l'objet  de  ses 
Communications  précédentes. 

Cet  exposé  de  iM.  Diipuy  de  I^ôme,  avec  les  figures  qui  en  font  le  com- 
plément indispensable,  sera  compris  dans  le  prochain  Compte  rendu. 

M.  LE  GÉNÉRAL  MoRiN  communique  à  l'Académie  une  pièce  manuscrite 
portant  pour  litre:  «  Sur  l'équilibre  des  machines  aérostatiques;  sur  les 
moyens  de  les  faire  descendre  et  monter,  et  spécialement  sur  celui  d'exé- 
cuter ces  manœuvres  sans  jeter  de  lest  et  sans  perdre  d'air  inflammable, 
en  ménageant  dans  le  ballon  une  capacité  particulière,  destinée  à  contenir 
de  l'air  atmosphérique,  par  M.  Meusnier  ». 

Celle  pièce,  qui  paraîtrait  être  un  Rapport  écrit  de  la  main  de  Monge, 
sera  l'objet  d'un  examen  spécial,  et  imprimée,  s'il  y  a  lieu,  dans  l'un  des 
prochains  Comptes  rendus. 

r.    R.,  1870,  2' Semestre.  (T.  LXXI,  N"  J7.)  7' 


(  53o  ) 

AIËMOmES  LUS. 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.    —   De  l' alimentalion  des  hahilanls  dans  une  ville  en  élnt 
de  siège.  Seconde  Note,  par  M.  G.  Grimadd,  de  Caux.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  les  questions 
relatives  à  l'alimentation.) 

«  ...  Entre  la  situation  de  Venise  en  1849  et  celle  de  Paris  en  1870, 
abstraction  faite  du  climat  et  de  la  saison,  flont  il  n'est  pas  nécessaire  de 
tenir  compte,  tout  est  semblable  :  tout,  à  l'exception  de  la  famine,  qu'en 
aucun  cas  nous  n'éprouverons  au  même  degré.  C'est  pourquoi  la  prudence 
ordonne  d'aviser,  en  recourant  dès  à  présent  à  l'emploi  des  moyens  pré- 
servatifs contre  les  épidémies  qui  peuvent  survenir,  moyens  conseillés  par 
une  hygiène  dont  l'expérience  a  consacré  l'efficacité.  Ceux  que  j'ai  à  expo- 
ser sont  fort  simples.  Mais  nous  sommes  dans  des  moments  où  la  vulgarité 
est  le  grand  mérite  :  il  s'agit  d'être  utile  à  tous. 

»  A  Venise,  aux  premières  manifestations  épidémiques,  je  coupai  court 
à  tout  souci  d'alimentation  recherchée.  Une  soupe  à  l'ail  fit  partie  du 
régime  de  la  maison  :  maîtres  et  serviteurs,  tous  les  matins,  dès  le  lever, 
chacun  avait  sa  part  d'un  potage  dont  la  composition  était  fort  simple.  On 
coupait  le  pain  par  larges  tranches  dans  une  soupière,  et  on  l'arrosait 
d'huile;  on  l'assaisonnait  avec  du  poivre  et  du  sel;  on  mettait  dessus  plu- 
sieurs gousses  d'ail  cru,  sim])lenient  écrasées;  enfin  on  versait  sur  le  tout 
une  suffisante  quantité  d'eau  bouillante,  et  l'on  attendait  que  le  pain  fût 
bien  trempé,  pour  donner  à  chacun  sa  part.  Ainsi  que  j'ai  déjà  eu  occasion 
de  le  dire,  nous  étions  quatorze  dans  la  maison,  et  nul  de  nous  ne  fut  ma- 
lade, ni  pendant  ni  après  le  siège. 

»  Que  les  cantinières  qui  font  le  service  des  fortifications  distribuent 
tous  les  matins  la  soupe  à  l'ail,  et  la  santé  des  gardiens  de  nos  remparts 
trouvera  dans  cet  aliment  im  grand  élément  de  conservation. 

»  A  cette  indication,  j'en  joindrai  une  autre  qui  ne  vise  qu'à  varier  l'ali- 
mentation. Paris  est  abondamment  pourvu  de  café  et  de  chocolat.  On 
obtient  un  aliment  excellent,  très-nourrissant  et  qui  convient  à  tous  les 
âges,  en  faisant  une  soupe  avec  moitié  café  et  moitié  chocolat,  l'un  et 
l'autre  cuits  à  l'eau  et  convenablement  sucrés.  Pour  beaucoup  d'estomacs, 
dans  les  circonstances  où  nous  sommes,  c'est  la  matière  d'un  repas  conve- 
nable au  milieu  du  jour.  Je  dis  cuits  à  l'eau,  car  le  bon  lait  nous  manque 
tout  à  fait  maintenant.    » 


(  53,  ) 

M.  JouLiE  donne  lecture  d'iuie  Note  relative  à  la  direction  des  ballons. 

Pour  éviter  la  perte  du  lest  et  la  perte  corrélative  de  gaz,  qui  limitent  le 
nombre  des  alternatives  de  descentes  et  d'ascensions  possibles,  l'auteur 
propose  de  placer  dans  la  nacelle,  au  lieu  de  lest,  un  réservoir  métallique, 
capable  de  résister  à  une  pression  de  aS  à  3o  atmosphères,  et  muni  d'une 
pompe  de  compression.  La  pompe  servirait  à  faire  passer  le  gaz  du  ballon 
dans  le  réservoir,  pour  obtenir  un  ilégoriflement  et  par  suite  une  des- 
cente; poiu"  obtenir  l'effet  inverse,  il  suffirait  d'ouvrir  un  robinet,  qui  lais- 
serait revenir  le  gaz  du  réservoir  dans  le  ballon.  Ces  mouvements  alterna- 
tifs pourraient  être  indéfiniment  répétés — 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

MÉaiOmES  PÏIÉSEÎVTÉS. 

ASTP.OINOMIE.  —  Sur  réclijjse  totale  du  22  décembre  prochain;  Lettre 
de  M.  Janssen  à  M.  le  Président. 

«  L'Académie  a  accueilli  mes  travaux  avec  une  bienveillance  si  mar- 
quée, elle  les  a  recompensés  d'une  manière  si  glorieuse  pour  moi,  que  je  suis 
encouragé  à  m'adresser  encore  à  elle  pour  la  continuation  de  mon  œuvre. 

«  Cette  œuvre  se  rapporte  principalement  aux  deux  objets  suivants  : 
en  premier  lieu,  l'étude  des  propriétés  optiques  de  la  vapeur  d'eau  et  leurs 
applications  à  la  Physique  céleste;  en  second  lieu,  la  connaissance  de  la 
constitution  des  enveloppes  extérieures  du  Soleil. 

»  Les  propriétés  optiques  de  la  vapeur  d'eau,  déduites  d'abord  de  mes 
études  spectrales  sur  notre  atmosphère  et  démontrées  ensuite  directement 
par  l'expérience  sur  le  tube  de  vapeur,  à  l'usine  de  laVillette,  en  1866,  ou- 
vrent aujourd'hui  un  champ  nouveau  en  Astronomie  physique. 

))  Appliquées  à  notre  atmosphère,  elles  m'ont  conduit  à  proposer  une 
méthode  spectro-hygrométruiue  pour  la  recherche  et  la  mesure  de  la  va- 
peur aqueuse,  non-seulement  à  la  surface  de  notre  globe,  mais  jusqu'aux 
régions  les  plus  élevées  de  notre  atmosphère. 

u  Mais  l'intérêt  de  ces  nouvelles  méthodes  se  rapporte  surtout  à  l'Astro- 
nomie. Elles  ont  déjà  permis  d'étudier  les  atmosphères  des  planètes  et  de 
constater,  chez  plusieurs  d'entre  elles,  la  présence  de  cet  élément  aqueux 
qui  joue  un  rôle  si  considérable  dans  le  développement  de  la  vie  à  la  sur- 
face d'un  monde. 

71.. 


(  55i  ) 

»  J'ai  abordé,  an  même  point  de  vue,  l'étude  des  étoiles.  On  sait  que  le 
spectre  d'un  très-grand  nombre  d'entre  elles  indique  la  présence  d'une  vaste 
atmosphère  d'hydrogène  incandescent.  Sirius  nous  en  offre  un  exemple  re- 
marquable. Ces  étoiles  n'ont  point  de  vapeur  d'eau  dans  leurs  atmosphères; 
il  en  est  d'auties,  au  contraire,  dont  le  spectre  accuse  la  présence  de  cet 
élément,  et  pour  lesquelles  l'hydrogène  fait  généralement  défaut.  N'est-il 
pas  naturel  de  penser  que  ces  astres  nous  représentent  des  soleils  en  voie 
de  refroidissement,  et  que,  par  suite  des  pertes  causées  par  un  rayonnement 
contiiuié  à  travers  d'immenses  périodes  de  temps,  leurs  atmosphères  ont 
atteint  enfin  la  température  où  les  gaz  générateurs  de  l'eau  peuvent  s'as- 
socier. Le  spectre  de  la  vapeur  d'eau  deviendrait  ainsi  un  critérium  pour 
juger  de  l'âge  relatif  d'une  étoile.  Ce  sont  là  des  aperçus  dont  l'avenir  seul 
peut  monti'er  la  valeur;  je  ne  les  indique  ici  que  pour  constater  tout  l'ave- 
nir de  ces  études  et  faire  comprendre  combien  je  dois  regretter  que  les  in- 
struments m'aient  fait  défaut  pour  les  poursuivre. 

»  J'arrive  maintenant  au  Soleil.  La  connaissance  de  la  constitution  de 
cet  astre  est  entrée,  depuis  ces  derniers  temps,  dans  une  phase  nouvelle. 
La  théorie  que  nous  devons  à  M.  Faye  se  vérifie  de  plus  en  plus.  Elle  a 
eu  le  rare  mérite  de  servir  de  guide  à  nos  derniers  travaux,  et  d'y  trouver 
ensuite  d'éclatantes  confirmations.  Aujourd'hui,  l'étude  journalière  des 
régions  circumsolaires  nous  est  permise;  elle  se  poursuit  activement,  à 
l'étranger  surtout,  et  cette  étude,  combinée  avec  celle  des  taches  de  la 
surface  de  l'astre,  paraît  suffisante  pour  nous  conduire  bientôt  à  la  con- 
naissance générale  du  Soleil  proprement  dit. 

»  A  ce  point  de  vue,  les  éclipses  totales  ont  perdu  une  grande  partie  de 
leur  importance;  elles  ne  constituent  plus  les  seules  et  fugitives  occasions 
d'étudier  les  phénomènes  qui  ont  leur  siège  en  dehors  du  globe  visible  du 
Soleil.  Il  ne  faudrait  pas  en  conclure  cependant  qu'elles  ne  présentent  plus 
d'intérêt  :  la  nature  des  phénomènes  lumineux,  si  beaux  et  si  variables,  qui 
constituent  ce  qu'on  a  nommé  l'ai/reo/e,  nous  est  encore  inconnue.  I^'au- 
réole  prend-elle  naissance  dans  notre  atmosphère;  résulte-t-elle  d'un  jeu 
de  lumière  qui  se  produirait  sur  les  bords  de  la  Lune;  faut-il  enfin  y  voir 
la  manifestation  de  matières  cosmiques  répandues  dans  le  voisinage  du 
Soleil?  Nos  méthodes  actuelles  d'observation  ne  paraissent  pas  suffisantes 
pour  trancher  cette  question  difficile  et  complexe.  C'est  peut-être  une  raison 
de  ne  perdre  aucune  occasion  d'aborder  le  problème. 

))  Une  occasion  de  ce  genre  doit  bientôt  se  présenter.  Le  22  décembre 
prochain,  une  éclipse  totale  aura  lieu  dans  le  sud  de  l'Europe  (Sicile,  Al- 


(  533  ) 
gérie,  Espagne).  Je  sais  que  le  Bureau  des  Longitudes  s'en  était  préoccupé, 
et  qu'il  avait  bien  voulu  me  comprendre  parmi  les  observateurs  de  la  mis- 
sion qu'il  comptait  envoyer.  Malgré  les  circonstances  si  critiques  et  si  dou- 
loureuses que  traverse  notre  pays  en  ce  moment,  il  ne  paraît  pas  que  la 
France  doive  abdiquer,  et  renoncer  à  prendre  sa  part  dans  l'observation 
de  cet  important  phénomène.  En  dépit  du  siège  et  sans  avoir  à  demander 
à  nos  ennemis  le  passage  à  travers  leurs  lignes,  un  observateur  pourrait,  au 
moment  apportun,  se  diriger  vers  l'Algérie  par  la  voie  aérienne;  il  empor- 
terait seulement  avec  lui  les  parties  les  plus  indispensables  de  ses  instru- 
ments, sauf  à  les  complétera  Marseille  avant  l'embarquement. 

»  Si  l'Académie  veut  bien  m'accorder  son  appui  pour  la  continuation 
des  travaux  dont  je  viens  de  l'entretenir,  une  partie  des  ressouixes  pourrait 
être  employée  à  la  réalisation  de  ce  projet,  et  je  m'offrirais  pour  tenter  ce 
voyage,  heureux  de  donner  ainsi  à  la  science  ce  témoignage  de  mon  entier 
dévouement.   » 

Cette  Lettre  sera  transmise  à  la  Commission  administrative. 

PHYSIQUE.  —  Sur  une  expérience  qui  confirme  la  double  hypothèse  faite  par 
Ampère,  de  V existence  d'un  courant  électrique  fermé  dans  chaque  molécule 
d'une  substance  macjnétique  et  dans  la  Terre;  par  M.  P.  Le  Cokdier. 

(Renvoi  aux  Sections  de  Physique  et  de  Géométrie.) 

«  Conception  théorique  de  la  question  à  résoudre.  ~  Soient  [x,  p.'  e\.  b,  b' 
les  masses  fictives  que  l'on  est  convenu  de  placer  aux  pôles  boréaux  de 
deux  solénoïdes  et  de  deux  aimants.  Désignons  l'une  de  ces  quatre  masses 
par  m,  la  Terre  par  T',  et  l'action  d'un  corps  M'  sur  m  par  (M',  m).  Sup- 
posons que  l'on  ait  p.  =  p.',  b  =  b',  (p.',  [Ji)  =  (p/,  b),  et  posons    Ty—\  =  /, 

)-^ — -'  =  cr_  Quand  on  attribue  les  phénomènes  d'attraction  et  de  répulsion 

(T,(i)       =>    ^ 

que  présentent  les  courants,  les  aimants  et  le  magnétisme  terrestre  à  trois 
causes  essentiellement  différentes,  les  lois  de  la  mécanique  laissent  incon- 
nus /  et  g,  dont  la  détermination  exige  une  expérience  :  tandis  que  la 
double  hypothèse  d'Ampère  exige  cjue  l'on  ait 

Donc  une  détermination  expérimentale  de/et  de^  doit  confirmer  ou  ren- 
verser ces  deux  hypothèses. 


(  534  ) 

»  Expérience  qui  démontre  les  équations  (i),  —  Mon  frère  Léon  Le  Cor- 
dier,  ingénieur,  a  eu  l'obligeance  de  faire  l'expérience  que  j'ai  conçue  pour 
vérifier  ces  deux  équations,  et  qui  se  réduit  à  constater  que  les  axes  d'un 
aiiuant  d'acier  et  d'un  solénoïde  infiniment  petits,  placés  successivement 
en  un  même  point,  et  mobiles  autour  tie  la  verticale  de  ce  point,  s'ar- 
rêtent toujours  en  équdibre  dans  le  même  plan  vertical  sous  les  actions, 
combinées  de  toutes  les  manières  possibles,  des  courants,  des  aimants  et 
de  la  Terre.  Je  ne  puis  ici  qu'indiquer  la  théorie  au  moyen  de  laquelle  j'ai 
déduit  de  cette  expérience  les  équations  (i)  :  elle  repose  sur  la  définition 
et  sur  le  théorème  qui  suivent  : 

»  Défniùon  d\m  système  magnétique  A,  correspondant  à  un  système  1  de 
courants  fermés.  —  On  sait  que  2  est  toujours  décomposable  en  éléments 
plans  idS  de  circuits  fermés.  A  chacun  de  ces  éléments  idS,  ayant  pour 
intensité  /  et  pour  aire  plane  X,  correspond  un  élément  E  du  système  A, 
formé  de  deux  molécules  magnétiques  —  |7.  et  +  ^,  réunies  en  deux  points 
dont  la  distance  dn  est  normale  à  ).,  et  satisfait  à  l'équation 

(2)  ixdn  =  R/X. 

Le  facteur  R  est  le  même  pour  tous  les  éléments  idS  du  système  2  ;  la  mo- 
lécule —  p.  est  australe  et  placée  dans  X,  ef  -+-  p.  est  du  côté  où  il  faut  placer 
l'œil  pour  voir  le  courant  idS  tourner  dans  le  même  sens  que  les  aiguilles 
d'une  montre. 

»  Extension  d'un  théorème  d'Ampère.  — Soient  2  et  2'  deux  systèmes  de 
courants  fermés,  A  et  A'  les  deux  systèmes  magnétiques  correspondants,  défi- 
nis par  les  constantes  R  et  R'.  On  identifie  l'action  mutuelle  qui  s'exerce 
en  Ire  2'  et  2  avec  celles  qui  s'exercent 

entre     2'  et  2,     ou  entre     A'  et  2,     ou  entre     A'  et  A, 

en  posant 

(3)  /...=y..«K.,     ou  /;,,=/,,„ R',     ou/,,,  =/,,«RR'. 
On  démontrera  ce  principe  en  observant  que,  si  l'on  pose 


//('^//■'^■^)' 


W  =  - 
on  aura  pour  les  travaux  des  actions  mutuelles  des  deux  corps  solides  A,  A', 


(  535  ) 
2,  2',  dont  l'un  s'éloigne  à  l'infini, 

La  dernière  de  ces  trois  identifications  a  seule  été  faite  par  Ampère. 

V  Forme  (jénéra le  fies  équations  (i).  —  Soient  deux  fluides  réels  ou  fictifs, 
pouvant  différer  des  fluides  magnétiques  uniquement  par  les  valeurs  des 
coefficients  relatifs  à  leurs  actions  sur  les  courants  et  les  ainiants,  et  pro- 
duisant les  effets  qu'on  attribue  au  magnétisme  terrestre.  Soient  f'  une 
molécule  de  l'un  de  ces  deux  fluides,  m  et  m'  deux  molécules  de  fluides 
magnétiques,  et  ids  un  élément  de  courant  d'intensité  i  et  de  longueur  ds. 
Les  équations  (i)  peuvent  se  mettre  sous  la  forme 

(4)  f"    =   A.',  (5)  f^^fa., 

Ja,s  Js.s  Ji,s  Js,s 

et  les  cinq  expressionsy^,  sont  définies  par  les  formules  fondamentales 

(6)  [m',m)=-fj^.  (7)  {t\m)^  -  jjn^_. 

(8)         «,W.)=/.„^::!^^  (9)         (.', /^,v)  =/,/-::If^, 

(lo)  [i'ds' ,  ids)  =fs,s '- — -  (2COSS  —  3cosô  cos5'). 

Par  des  calculs  bien  connus,  et  que  je  supprime,  on  établira  que  /  ei  g 
sont  ce  que  deviennent-y^,,  ^^ft,a  quand  on  choisit  les  unités  de  manière 
quejs,s,  Ja,s  ^i/i,s  ^^  réduisent  à  l'unité.  C'est  pourquoi  la  question  est  ra- 
menée à  démontrer  les  deux  théorèmes  suivants  : 

')  Théorème  L  —  Les  équations  (4)  et  (5)  résultent  de  la  double  hypothèse 
d'Jmpère. 

»  Pour  que  les  propriétés  des  aimants  puissent  s'expliquer  par  les  cou- 
rants d'Ampère,  il  faut  que  l'on  puisse  définir  par  l'équation  (2)  un  sys- 
tème 2'  de  circuits  infiniment  petits  correspondant  à  un  aimant  donné  A', 
et  produisant  les  mêmes  effets  que  A'  sur  un  secoml  aimant  A,  et  en  même 
temps  sur  un  système  2  de  coiu'ants  fermés.  Soit  dn  la  distance  des 
pôles  —  p.  et  -4-  [j.  d'un  élément  magnétique  de  A  :  soit  dti'  celle  des 
pôles  —  fi'et  -+-  [)!  d'un  élément  de  A'.  Il  faut  qu'une  même  valeur  de  K' 
satisfasse  aux  deux  conditions 


(")  w,,,  =  w,,„    w.,  =  w. 


A,I" 


(  536  ) 
Or  on  a,  en  désignant  par  r  la  distance  de  X'  à  X, 


W,,.=  -/..«K'   /         \u.dn  n'-£J,     W,,,,  =  -A.R'W, 


rr-'- 


r 


Substituant  dans  les  deux  équations  (ii),  et  éliminant  R',  on  trouvera  (4)- 

»  Pour  que  l'hypothèse  d'Ampère  sur  le  magnétisme  terrestre  soit  ac- 
ceptable, sans  qu'on  ait  besoin  d'admettre  celle  qu'il  a  faite  sur  le  magné- 
tisme des  aimants,  il  faut  que  l'on  puisse  définir  par  l'équation  (2)  un  sys- 
tème 2'  de  courants  fermés,  produisant  le  même  effet  que  la  Terre  T'  sur  un 
aimant  A,  et,  en  même  temps,  sur  un  courant  fermé  2.  Il  faut,  pour  cela, 
qu'une  même  valeur  de  R'  satisfasse  aux  deux  conditions  Wj,^  =  W^  ^  et 
Wv.  ;  =  Wt-  ,.  En  traitant  ces  deux  équations  comme  on  a  traité  les  équa- 
tions (i  i),  on  en  déduit  l'équation  (5),  et  le  théorème  I  est  démontré. 

»  Mais  lorsqu'on  admet  l'existence  des  courants  moléculaires  d'Ampère 
dans  les  aimants,  l'équation  (5)  devient  ime  identité,  car  alors  on  a  iden- 
tiquement/;,«  =/,,  et  fs^„  =  fs,s- 

»  Théorème  II.  —  Les  équations  (4)  el  (5)  sont  démontrées  par  l' expérience 
qui  précède. 

»  Soit  un  aimant,  assez  petit  pour  qu'on  puisse  le  traiter  comme  un 
élément  magnétique  E,  et  un  système  de  courants  fermés,  d'intensités  con- 
stantes, assez  petit  pour  qu'on  puisse  le  traiter  comme  un  élément  de  cir- 
cuit Ir/S.  On  placera  successivement  ces  deux  appareils  en  un  même  point  G, 
et  on  les  rendra  mobiles  autour  de  la  verticale  de  ce  point.  Chacun  des 
deux  corj)s  solides  E,  Ir/S,  étant  d'abord  en  équilibre  sous  l'action  seule 
de  la  Terre  T',  quand  son  axe  se  projette  horizontalement  suivant  Ox,  on 
le  déviera  de  cette  position,  en  plaçant  successivement,  dans  le  voisinage 
de  O,  un  aimant  fixe  A',  et  un  courant  fermé  fixe  i'S',  et  l'on  observera 
ainsi  quatre  déviations.  Si  l'on  convient  de  représenter  la  direction  d'une 
horizontale  qui  part  de  O  par  le  point  où  elle  rencontre  une  circonférence 
horizontale,  de  rayon  égal  à  l'unité  et  de  centre  O,  et  si  l'on  fait  agir  sur  E 
ou  sur  \dS  un  seul  des  corps  ou  systèmes  de  corps 

T',     A',     i'S',     T  et  A',     T'  et  i'S', 

on  pourra  représenter  la  projection  horizontale  de  la  direction  d'équilibre 


(  537  ) 


que  prendra 

l'axe  de  E      1 

1           1 

1  '' 

a, 

s, 

[J-a, 

IJ-S, 

l'axe  de  I^S  1 

1  par  ■ 

1 

\i, 

a, 

•$, 

Va, 

Vsi 

et  l'on  démontrera  aisément  les  relations 

(12)  y^_^/,_,sinfx„a.sinv„«  =/;,„/„_, sinv„rt  .  sin/x„/, 

(i3)  J^Jc  sSiniJ-sS  .sinvj  =/,s/a^^sinv,5  .  sinp.,^ 

Il  résulte  de  l'expérience  que  jul^  coïncide  toujours  avec  v^,  et  fjt,^  avec  v^. 
Donc  les  équations  (12)  et  (i3)  deviennent  (4)  et  (5)  et  démontrent  le  théo- 
rème II. 

))  Poin-  que  l'expérience  donne  des  résultats  précis,  il  faut  que  l'aimant 
et  le  solénoïde  mobiles  soient  infiniment  petits.  Or,  il  est  facile  de  rendre 
l'aiguille  de  déclinaison  assez  petite  pour  obtenir  toute  l'exactitude  dési- 
rable. Il  n'en  est  pas  de  même  pour  le  solénoïde  ;  mais  l'appareil  qu'on  va 
décrire  satisfait  rigoureusement  à  la  condition  demandée. 

»  Solénoïde  spliérique.  —  Soit  une  sphère  de  centre  O  et  de  volume  V. 
En  partageant  son  diamètre  z'Oz  en  éléments  égaux  s,  et  menant  par  les 
points  de  division  des  plans  perpendiculaires  à  ce  diamètre,  on  obtient  une 
infinité  de  parallèles  S,  qu'on  supposera  parcourus  par  des  courants  d'égale 
intensité  /,  marchant  dans  le  même  sens  que  les  aiguilles  d'une  montre 
pour  un  œil  placé  en  z,  et  constituant  par  leur  ensemble  un  solénoïde  splié- 
rique. On  trouvera  que  l'appareil  ainsi  construit  reçoit  identiquement,  de 
la  Terre,  des  aimants  et  des  courants  extérieurs  à  V,  les  mêmes  actions 
qu'un  circuit  infiniment  petit  IdS,  dont  l'axe  dn==z  serait  le  premier  élé- 

I        V 
ment  de  Oz,  et  dont  l'aire  X  serait  définie  par  l'équation  -  z^  —•   Ce  circuit 

est  celui  qui  résulterait  de  la  superposition  de  tous  les  circuits  intérieurs 
à  V  dans  lesquels  peut  se  décomposer  le  solénoïde  sphérique,  transportés 
parallèlement  à  eux-mêmes. 

»  On  verra  aussi  que  cet  appareil  exercerait,  sur  l'unité  positive  de  masse 
magnétique,  placée  à  son  intérieur,  la  force  constante  et  parallèle  à  O2 

-T-Ja,s-'>  qui  émanerait  d'un  courant  rectiligne  indéfini  d'intensité  /,  circu- 
lant  à  la  distance  ^  £  de  la  molécule  magnétique,  et  dans  le  plan  perpen- 
diculaire à  Oz  qui  passe  par  cette  molécule.   » 

C.  R.,  1870,  1"  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  17.)  7'^ 


(  538  ) 

M.  A.  GArLDRÉE-BoiLi.EAU  soumct  au  jugement  de  l'Académie  un  procédé 
d'alimentation,  applicable  pendant  la  durée  du  siège.  L'aliment  dont  il 
s'agit  était  employé  parles  anciens  Romains;  c'est  une  bouillie  faite  avec 
du  blé  grillé  et  moulu,  l'auteur  la  désigne  sous  le  nom  de  bouillie  ro- 
maine (i). 

M.  Gauldrée-Boilleau  a  déjà  pris  des  mesines  pour  faire  ouvrir  à  Paris, 
dans  le  quartier  des  Ternes,  un  fourneau  économique,  où  l'on  distribuera, 
moyennant  un  prix  de  5  centimes,  une  portion  chaude  de  cette  bouillie, 
avec  lo  centilitres  de  vin.  Il  se  propose  de  venir  ainsi  en  aide  aux  familles 
nécessiteuses  de  ce  quartier,  et  de  donner  un  exemple  pouvant  susciter  des 
imitateurs  dans  les  autres  quartiers  de  la  ville. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  les  questions  relatives 

à  l'alimentation.) 


(i)  Choia:  du  blé.  —  Examen  et  soins  préparatoires.  —  Blé  d'hiver,  parfaitement  sain, 
très-bien  criblé.  Même  pour  le  blé  qui  paraîtra  réunir  le  mieux  ces  conditions,  on  devra 
extraire  à  la  main  les  grains  altérés,  les  graines  étrangères  et  les  petites  pierres  qui  auraient 
pu  échapper  au  criblage. 

Chauffage  du  blé.  —  Pour  le  chauffage  du  blé,  on  peut  faire  usage,  soit  de  gamelles 
évasées  en  tôle,  soit  de  brûloirs  à  cylindre,  soit  de  casseroles  en  fonte  ou  de  poêles  à  frire. 

Quel  que  soit  le  combustible  employé,  charbon  ou  bois,  on  ne  versera  dans  l'ustensile 
que  la  quantité  de  blé  dont  tous  les  grains  pourront  être  mis,  successivement  et  également, 
en  contact  avec  les  parois  chauffées.  Agiter  fréquemment  le  grain,  en  le  faisant  sauter  dans 
les  vases  ouverts,  et  évitant  des  coups  de  feu  :  le  but  à  atteindre  est  l'évaporation  de  la  plus 
notable  partie  de  l'eau  contenue  dans  le  blé,  sans  que  le  grain  lui-même  soit  brûlé,  ce  qui 
donnerait  à  la  bouillie  un  goût  désagréable. 

Lorsque  l'on  se  sert  d'un  brûloir,  ouvrir  le  registre  assez  souvent,  pour  la  sortie  de  la 
buée  d'évaporaiion  qui  se  produit  surtout  au  commencement,  et  en  même  temps  agiter  for- 
tement le  chargement  du  cylindre. 

Le  grillage  est  suffisant  au  moment  où  le  grain,  ayant  pris  uniformément  un  ion  plus  foncé 
sans  être  charbonné,  se  casse  sec  sous  la  dent,  par  suite  du  plus  grand  développement  qu'il 
a  pris.  Aussitôt,  aérer  le  blé  à  l'air  libre  (l'air  extérieur  de  préférence  si  le  temps  le  permet), 
en  le  ventilant  soit  avec  la  gamelle  de  repas,  soit  avec  un  van,  soit  en  l'étendant  sur  une 
table  propre.  L'opération  est  parfaite  lorsque  le  ble  a  perdu  de  9  à  10  pour  100  de  son 
poids  naturel. 

Mouture.  —  On  |)cut  moudre,  soit  avec  des  moulins  portatifs  à  café,  soit  avec  des  moulins 
à  manivelle.  On  réglera  le  degré  de  rapprochement  des  dents  d'engrenage,  de  manière  à 
obtenir  une  farine  aussi  satisfaisante  que  le  comporte  la  nature  de  l'appareil. 

Cuisson.  —  Délayer  la  farine  avec  de  l'eau  (eau  froide  exclusivement),  mettre  le  vase 
sur  un  feu  bien  allumé;  saler,  poivrer  si  on  le  désire;  remuer  sans  discontinuité  le  mélange 


(  539) 

M.  A.  ViGNAL  écrit  à  r.icadéniie,  au  nom  d'une  Société  formée  par  les 
habitants  de  Paris,  originaires  de  l'Ardèche,  pour  lui  rappeler  que,  dans  la 
plupart  des  départements  du  midi  de  la  France,  le  blé  en  nature  tient,  de- 
puis un  temps  immémorial,  une  large  place  dans  l'alimentation  publique  : 
le  blé  subit  simplement  une  décortication  préalable  dans  le  moulin.  Une 
Commission,  prise  dans  le  sein  de  cette  Société,  s'est  assurée  déjà  que  la 
pratique  des  diverses  préparations  auxquelles  cet  aliment  peut  être  soumis 
s'effectuerait  à  Paris  sans  difficulté. 

(Renvoi  à  la  Comrgission  nommée  pour  les  questions  relatives 

à  l'alimentation.) 

M.  Bouvet  adresse  une  Note  relative  à  une  «  force  motrice  applicable  à 
la  navigation  aérienne  ». 

L'auteur  propose  de  substituer,  aux  six  hommes  qu'emploierait  M.  Du- 
puy  de  Lôme  dans  le  système  qu'il  a  proposé  à  l'Académie,  un  moteur  à 
air  dilaté  par  la  combustion  du  gaz  d'éclairage,  puisé  dans  le  ballon  lui- 
même.  Avec  le  même  poids,  de  63o  kilogrammes  environ,  cette  machine 
produirait  un  travail  de  87  kilogrammèlres  et  demi  par  heure,  au  lieu  d'un 
travail  de  24  à  Sa  kilogrammètres.  La  consommation  de  gaz  ne  ferait  perdre 
au  ballon  qu'une  faible  partie  de  sa  force  ascensionnelle,  et  pourrait  être 
compensée  par  l'élimination  du  lest  :  on  pourrait  d'ailleurs  employer  un 
petit  ballon  auxiliaire,  de  20  à  aS  mètres  cubes,  pour  l'alimentation  du 
moteur. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

avec  une  spatule  de  bois.  A  mesure  que  la  bouillie  bout,  foisonne,  épaissit,  verser  peu  à 
peu  de  l'eau  (eau  froide  exclusivement),  en  quantité  suffisante /)o(<r  empêcher  le  mélange  de 
devenir  trop  épais.  Après  trente  minutes,  l'aliment  aura  acquis  le  dejjré  de  cuisson  voulu. 
Arrivée  à  ce  point,  la  bouillie  se  trouve  élevée  à  une  haute  température,  qui,  partage  fait 
entre  les  parties  prenantes,  leur  permettra  de  manger  chaud.  L'aliment  est  agréable  au 
goût,  et  très-réconfortànt  sans  être  indigeste. 

Refroidie,  la  bouillie  présente  une  massé  coagulée  qui  se  conserve  sans  altération  pendant 
plusieurs  jours.  Toutefois,  lorsqu'on  le  pourra,  il  conviendra  mieux,  pour  la  manger,  de  la 
faire  réchauffer,  soit  à  sec,  dans  un  vase  en  tôle  ou  en  fonte,  soit  dans  un  vase  quelconque, 
avec  une  légère  addition  d'eau. 

Comme  variété  d'alimentation,  ou  pour  rendre  la  bouillie  plus  nourrissante  encore,  on 
peut  faire  revenir,  dans  le  vase  destiné  à  la  cuisson,  une  certaine  quantité  de  lard,  de  la 
qualité  dite  lard  de  poitrine. 

72.. 


(  5/io  ) 

M.  A.  Brachet  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  les  divers  systèmes 
aérostatiques  employés,  et  en  particulier  celui  de  Meusnier. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

CORRESPONDANCE. 

La  Société  de  Géographie  adresse  à  l'Académie  la  Lettre  suivante  : 

«  La  Société  de  Géographie,  dans  sa  séance  de  rentrée  tenue  le  21  oc- 
tobre 1870,  a  décidé,  à  l'unanimité,  qu'elle  adhérait  à  la  protestation  de 
l'Institut  de  France  en  faveur  des  richesses  scientifiques,  artistiques  et  lit- 
téraires dont  un  bombardement  de  Paris  entraînerait  l'irréparable  perte. 
La  Société  a  décidé,  de  plus,  qu'elle  adresserait  à  chacune  des  cinq  Acadé- 
mies son  adhésion  et  ses  remercîments,  pour  l'initiative  prise  par  l'Institut 
de  France  dans  l'intérêt  d'une  cause  noble  entre  toutes.  » 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Sur  l'emploi  du  boudin  de  sang  de  bœuf  comme  ali- 
ment. Lettre  de  M.  A.  Riche  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

«  Une  Communication,  faite  dans  la  dernière  séance  de  l'Académie  des 
Sciences  (i),  a  pu  faire  penser  qu'il  convenait  de  mettre  une  certaine  réserve 
dans  l'emploi  du  sang  de  bœuf  comme  aliment.  Les  observations  faites,  il  y 
a  quelques  années,  en  Allemagne,  montrent,  il  est  vrai,  que  des  boudins  de 
porc  fumés  et  longtemps  conservés  auraient  causé  des  accidents.  Mais  ces 
exemples  n'ont  rien  de  commun  avec  l'alimentation  au  moyen  d'un  boudin 
de  bœuf  frais,  non  fumé  et  destiné  à  être  mangé  au  bout  de  quelques 
jours;  ils  rentrent  dans  les  effets  connus  des  viandes  mal  fumées. 

»  J'avais  consulté,  avant  de  m'occuper  de  ce  sujet,  divers  médecins  phy- 
siologistes et,  récemment,  deux  hommes  dont  l'opinion  fait  autorité  dans 
ces  matières,  M.  Raynal  et  M.  Huzard.  Leur  pensée  peut  se  résumer  ainsi  : 
le  sang  de  tout  animal  dont  la  chair  est  reconnue  saine  est  parfaitement 
sain  lui-même,  quand  il  est  récent  et  inaltéré.  Or,  on  ne  saigne  dans  les 
abattoirs  que  les  animaux  reconnus  comme  sains.  Les  animaux  morts  sont 
menés  des  parcs  aux  ateliers  d'équarrissage,  où  ils  sont  détruits;  les  ani- 
maux malades  étant  saignés  sur  place,  leur  sang  ne  peut  se  trouver  dans  les 


(i)  Comptcx  rendus,  ■p.  532. 


(  54î  ) 

abattoirs,  où  le  sang  consommé  aujourd'hui  pour  la  fabrication  des  prépa- 
rations alimentaires  est  exclusivement  recueilli.  A  cet  égard,  il  en  est  donc 
du  sang  comme  de  la  viande. 

»  D'ailleurs,  combien  de  personnes  ont  mangé  déjà  du  boudin  de  bœuf 
et  n'ont  eu  qu'à  s'en  louer!  N'en  est-il  pas  de  même  pour  le  mélange  de 
sang  de  mouton,  de  riz  et  de  foie,  convenablement  épicé  et  cuit  au  four 
dans  des  terrines,  dont  vous  aviez  dit  quelques  mots  dans  votre  intéressante 
Communication  sur  l'alimentation  actuelle  de  Paris?  » 

COSMOLOGIE.  —  Sur  les  rapports  de  l' Astronomie  physique  avec  la  Géologie; 

par  M.  St.  Mecnier. 

«  Essentiellement  mathématique  jusqu'ici,  l'Astronomie  s'est  adjoint 
dans  ces  derniers  temps  un  chapitre  tout  nouveau.  Grâce  à  une  extension 
inespérée  des  procédés  de  la  Chimie,  grâce  aussi  à  l'attention  accordée  aux 
météorites,  les  astres  ont  été  comme  les  corps  terrestres  passés  au  creuset  de 
l'analyse.  Cette  étude,  d'un  genre  si  nouveau  que  la  prévoir  seulement  eût. 
été  chimérique  il  y  a  quelque  dix  ans  à  peine,  a  fourni  des  résultats  que 
l'on  peut  résumer  en  deux  grandes  lois  fondamentales  relatives,  l'une  à 
Vunité  de  constitution  du  système  solaire,  l'autre  à  Vtinilé  des  phénomènes 
dans  le  même  système. 

»  D'une  partj  en  effet,  les  mêmes  corps  simples  existent  dans  tous  les 
astres  analysés  jusqu'ici  ;  quand  on  a  pu  s'en  assurer,  on  les  a  vus  se  grouper 
en  espèces  minéralogiques  identiques  et  même,  dans  quelques  cas,  on  a  vu 
ces  espèces  s'associer  de  façon  à  donner  lieu  à  des  roches  absolument  sem- 
blables entre  elles,  malgré  la  différence  de  leurs  gisements. 

»  D'autre  part,  les  phénomènes  géologiques  qui  se  manifestent  sur  le  globe 
terrestre,  tels  que  les  soulèvements,  les  éruptions  de  roches,  les  actions 
volcaniques,  la  circulation  de  l'atmosphère  et  des  océans  ont  pu  être,  dans 
tels  ou  tels  astres,  retrouvés  à  des  degrés  divers. 

»  De  ces  deux  grandes  lois  résulte  ce  fait  capital,  conforme  d'ailleurs  à 
une  immortelle  théorie  cosmogonique  qu'il  vient  ainsi  confirmer  d'une 
manière  directe,  que  les  astres  du  système  solaire  ont  une  origine  commune 
et  qu'ils  traversent,  avec  une  rapidité  en  rapport  avec  leur  volume,  les 
phases  successives  d'un  refroidissement,  phases  qui  se  manifestent  par  les 
états  si  tranchés  du  Soleil,  des  planètes,  des  satellites  et  des  météorites. 
Considérés  de  ce  point  de  vue,  les  astres  apparaissent  comme  de  grands 
touJs,  dans  lesquels  des  fonctions  s'exercent  au  moyen  d'organes  particuliers 


(  542  ) 
et  qui  fournissent  les  étapes  d'un  véritable  développement.  Ils  naissent,  ils 
vivent,  ils  meurent,  puis  subissent  le  travail  de  la  décomposition. 

»  L'ensemble  grandiose  de  ces  faits  et  de  ces  lois  ne  saurait  trouver  place 
ni  dans  l'Astronomie  physique,  ni  dans  la  Géologie  proprement  dite.  Il 
constitue  une  branche  nouvelle  de  la  science,  à  laquelle  peut  convenir  le 
nom  de  Géologie  comparée,  qui  me  paraît  en  définir  nettement  le  but  et  le 
domaine.  Cette  science  nouvelle,  si  grande  par  son  objet,  se  recommande 
déjà  par  l'importance  et  le  nombre  de  ses  applications.  Les  plus  directement 
utiles  se  rapportent  à  la  solution  des  problèmes  fondamentaux  de  la  Géo- 
logie terrestre. 

»  C'est  ainsi  que  la  cause  même  des  actions  géologiques  internes,  qui  se 
manifestent  à  la  surface  du  globe,  paraît  devoir  être  complètement  dévoilée 
par  l'examen  des  phénomènes  qui  se  passent  sur  le  Soleil  et  sur  les  planètes, 
ainsi  que  de  ceux  qui  ont  laissé  des  empreintes  si  nettes  sur  la  Lune  et  dans 
la  substance  des  météorites.  De  toutes  parts,  nous  avons  les  preuves  les  plus 
manifestes  d'une  chaleur  interne  actuelle  ou  éteinte,  suivant  les  astres,  et 
comme  les  effets  que  nous  lui  voyons  produire  sur  ceux-ci  sont  identiques 
aux  phénomènes  qui  se  manifestent  à  la  surface  du  globe,  il  est  impossible 
de  nier  que  ces  derniers  la  reconnaissent  pour  cause.  De  façon  que  l'obser- 
vation du  ciel  vient  résoudre  la  question  capitale  de  la  Géologie  terrestre  et 
que  l'on  pouvait  croire  au-dessus  de  tout  contrôle  direct. 

»  La  structure  des  régions  de  la  Terre,  que  leur  profondeur  soustrait  à 
l'observation,  est  de  même  éclairée,  d'ime  manière  très-vive,  par  les  données 
que  fournit  l'étude  des  météorites;  et  il  en  résulte  aussi  des  conséquences 
bien  probables  relativement  à  plusieurs  grandes  questions,  telles  que  le 
mode  de  formation  du  globe,  la  cause  du  magnétisme  terrestre,  celle  de  la 
grande  densité  de  notre  planète,  comparée  à  la  densité  des  roches  que  nous 
connaissons,  etc. 

»  Dans  un  autre  ordre  d'idées,  il  est  permis  de  penser  que  les  lois  géné- 
rales de  la  Météorologie  pourraient  être  révélées  ou  du  moins  rendues  plus 
faciles  à  démêler  des  influences  perturbatrices  locales,  par  l'étude  des  mou- 
vements des  gaz  solaires. 

»  Par  une  réciprocité  complète,  les  notions  qu'il  nous  est  facile  d'acqué- 
rir à  la  surface  du  globe  s'appliquent,  dans  beaucoup  de  cas,  à  l'explication 
de  phénomènes,  sans  cela  inexplicables,  que  présentent  les  astres;  les  mon- 
tagnes de  la  Lune  sont  des  volcans,  les  calottes  blanches  des  pôles  de  Mars 
et  d'autres  planètes  sont  des  glaces,  les  bandes  de  Jupiter  sont  des  nuages 
témoignant  de  l'existence  de  vents  réguliers;  nous  pouvons  affirmer  toutes 


(  543  ) 
ces  choses,  parce  que  nous  avons  sur  la  Terre  des  volcans,  des  glaces  polaires 
et  des  vents  alizés. 

»  En  résumé,  la  Géologie  comparée,  cherchant  les  rapports  et  les  diffé- 
rences de  composition  et  de  structure  que  présentent  entre  eux  les  corps 
célestes  et  tâchant  de  préciser  les  conditions  de  formation  de  ces  corps,  relie 
l'une  à  l'antre,  comme  on  le  voit,  mais  sans  les  confondre,  la  science  de  la 
Terre  et  la  science  du  Ciel.   » 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  17  octobre  1870,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Des  conditions  sanitaires  de  l'armée  de  Paris;  par  M.  A.  COLiN.  Paris,  1 870  ; 
in-4°.  (Extrait  de  Ia^I  Gazelle  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie, 
n°  38.) 

Schriften...  Travaux  de  la  Société  royale  de  Physique  et  d'Economie  de 
Kœnicjsberq,  1 868-1 869.  Koenigsberg,  1868-1869;  4  liv.  in-4°. 

Thermochemiske...  Recherches  thermo-chimiques  sur  tes  lois  de  l'affinité 
entre  les  acides  et  les  bases  à  l'étal  de  solution;  par  M.  J.  Thomsen,  Copenhague, 
1869;  in-4°. 

Fortegnelse...  Etal  des  publications  de  la  Société  royale  des  Sciences  de 
Copenhague.  Copenhague,  sans  lieu  ni  date;  opuscule  111-8°. 

Oversigt...  Comptes  rendus  de  la  Société  royale  des  Sciences  de  Copen- 
hague, 1868,  n°5;  1869,  n°  2.  Copenhague,  1868-1869;  2  liv.  in-8". 

An...  Examen  de  la  règle  de  Newton  pour  trouver  te  nombre  des  racines 
imaginaires  d'une  équation;  par  M.  D.-A.  Dalvi.  Bombay,  1869;  in-8°. 
(2  exemplaires.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  31  OCTOBRE  1870. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOUVILLE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

AÉROSTATION.  —  Sur  les  aérostnls  dirigés  (deuxième  Note  faisant  suite  à  la 
Communication  du  lo  octobre);  par  M.  Dupuy  de  Lôme  (*). 

«  Dans  la  Note  sur  un  projet  d'aérostat  dirigé,  lue  à  l'Académie  des 
Sciences  dans  la  séance  du  lo  octobre,  j'ai  dit  que  cet  aérostat  aura  une 
vitesse  propre  de  8  kilomètres  à  l'heure  par  rapport  à  l'air  ambiant,  et 
que,  lorsqu'il  sera  en  même  temps  emporté  par  un  vent  plus  rapide,  il 
aura  la  faculté  de  suivre  à  volonté  toute  route  comprise  dans  un  angle 
limite,  résultant,  pour  chaque  vitesse  du  vent,  du  rapport  entre  celte 
vitesse  et  celle  de  l'aérostat. 

»  J'ai  énoncé  que  cet  angle  limite  des  routes  possibles  à  l'aérostat,  de 
chaque  côté  du  lit  d'un  vent  plus  rapide  que  lui,  était  égal  à  l'angle  au 
sommet  d'un  triangle  rectangle  ayant  pour  base  la  vitesse  de  l'aérostat,  et 
pour  hypoténuse  la  vitesse  du  vent.   Autrement  dit,  en  appelant  ù  cet 

(*)  Cette  Communication  est  celle  qui  a  été  faite  à  l'Académie  clans  la  séance  précédente, 
celle  du  3,4  octobre. 

G.  U.,  1870,  2«  Semestre.  (T.  LXXl,  N»  17.)  73 


(  546) 


v 


î  V  et  Y  étant  les  vitesses 


angle  de  déviation  maximum,  on  a  sini2  — 
respectives  propres  à  l'aérostat  et  au  vent. 

»  Voici  maintenant  quelques  aperçus  sur  la  direction  à  donner  à  l'axe 
de  l'aérostat,  direction  dans  laquelle  il  doit  marcher  avec  sa  vitesse  propre, 
pour  que  cette  marche,  combinée  avec  l'action  du  vent,  amène  l'aérostat 
dans  une  troisième  direction  résultante,  qui  soit  celle  que  l'aéronaute  veut 
suivre  par  rapport  à  la  surface  de  la  Terre. 

»  Soient  D  la  rencontre  de  la  verticale  de  l'aérostat  avec  la  surface  de 
la  Terre; 

»  DD'  la  direction  du  vent  par  rapport  à  cette  même  surface,  la  lon- 
gueur DD'  représentant  aussi  le  chemin  fiiit  par  le  vent  dans  l'unité  de 
temps; 

i>   A  le  point  auquel  l'aéronatite  veut  arriver  à  la  surface  de  la  Terre. 

»  Joignons  le  point  A  au  point  D,  et  du  point  D',  comme  centre,  décri- 
vons une  circonférence  avec  un  rayon  DR  représentant  le  chemin  que 
l'aérostat  fait  par  sa  vitesse  propre  dans  lutiité  de  temps. 

»  Si  la  ligne  AD  coupe  cette  circonférence  [fi(j.  i),  elle  le  fera  généra- 
lement en  deux  points  M  et  M'.  Joignons  ces  deux  points  M  et  M'  au 
centre  D';  menons  par  le  point  D  une  parallèle  Dr  au  rayon  D'.M.  Il  est 
clair  que  si,  à  partir  de  la  verticale  D,  l'aérostat  marche  avec  sa  propre 
vitesse  égale  à  D'M,  en  maintenant  cotuinuellemeni  son  axe  dans  une 
direction  parallèle  à  Dr,  il  se  mouvra  suivant  une  route  dont  la  projection 
sur  le  sol  sera  DA,  et,  en  continuant  ainsi,  il  arrive  à  la  verticale  A. 

Fig.  I. 


»   Il  en  sera  de  même  si,  à  partir  du  point  D,  l'aérostat  marche  avec  sa 
propre  vitesse  en  maintenant  son   axe  dans   une  direction  Dr'  parallèle 


(  547  ) 
à  D'M'.  Ces  deux  manières  de  gouverner  le  conduiront  également  au  |)oint 
voulu  A,  seulement  dans  un  tem|3S  différent. 

»  La  durée  du  voyage  s'obtient  en  menant  par  le  point  A  une  parallèle 
à  la  direction  de  l'axe  du  ballon  ;  cette  parallèle  coupe  la  direction  DD', 
pour  le  premier  cas,  en  D";  pour  le  second  cas,  en  D"^  ;  les  durées  de  voyage 

D"D  D"  D 

sont  —7—  pour  le  premier  cas,  et  -j-f—  pour  le  second  cas,  D'D  étant,  avons- 
nous  dit,  égal  au  chemin  fait  par  le  vent  dans  l'unité  de  temps. 

»  De  celle  fig.  i,  il  résulte  aussi  qu'en  appelant  I  l'angle  que  fait  le  vent 
avec  la  direction  du  point  qu'on  veut  atteindre,  1/  l'angle  suivant  lequel  il 
faut  diriger  l'axe  du  ballon  de  l'autre  côté  de  cette  dernière  ligne,  V  et  V 
les  vitesses  respectives  de  l'aérostat  et  du  vent,  enfin  4^  la  distance  de  D  à  A, 
on  a 


sinl'  =  —,  sinl. 


La  durée  du  voyage  est  égale  à 


^ 


ou  bien 


VcosfdzV'cosI'' 
Vcosii^V"— V'sin^/ 


»  Si,  toutes  choses  restant  égales  d'ailleurs,  l'angle  du  vent  avec  la 
direction  du  point  à  atteindre  vient  à  augmenter,  les  deux  points  d'inter- 
section M  et  M'  se  rapprochent,  et  il  arrive  un  moment  où  la  ligne  AD  est 
tangente  à  la  circonférence  {fiij.  2);  les  deux  directions  de  l'aérostat  qui 
conduisent  également  au  point  voulu  se  confondent  alors  en  une  seule. 
Fig.  2  L'angle  I   arrive   ainsi   à  la  li- 

mite maximum  d'écart  que  l'aé- 
rostat peut  obtenir  avec  le   lit 
A-"~"-^         "^-^  du  vent,  et  Cangle  V  correspon- 

—j  dant  est  alors  un  angle  droit, 
c'est-à-dire  que,  ijoiir  obtenir  te 
maximum  d'écart  précité,  il  faut 
jaire  marcher  Vaérostat  en  diri- 
geant son  axe  perpendiculairement 
à  la  route  suivie  sur  le  sol. 

»  Si,  en  joignant  le  point  de 
départ  au  point  d'arrivée,  la  ligne  A'D  ne  rencontre  pas  la  circonférence, 

73. 


(  548  ) 
cela  démontre  qu'avec  cette  direction  et  cette  intensité  du  vent  l'aérostat  ne 
peut  pas  atteindre  le  point  A'. 

l'ig.  3.  »  f^a  ficj.  3  montre  la  solution  de  la  question  en 

supposant  la  vitesse  du  vent  DD'  moindre  que  la 
vitesse  de  l'aérostat  D'R.  La  ligne  AD  coupe  tou- 
jours alors  la  circonférence  ;  c'est  qu'en  effet,  dans 
ce  cas,  il  est  toujours  possible  à  l'aérostat  d'at- 
teindre un  point  placé  dans  une  direction  quel- 
conque. La  figure  donnerait  aussi,  dans  ce  cas, 
deux  solutions  pour  la  direction  à  donner  à  l'axe 
de  l'aérostat  à  l'effet  de  le  faire  cheminer  dans  la 
direction  DA;  c'est  la  direction  Dr  faisant  un 
angle  aigu  avec  DA  qu'il  faut  choisir;  la  direction 
Dr'  fait  bien  cheminer  l'aérostat  sur  la  ligne  DA, 
mais  en  s'éloignant  du  point  A  au  lieu  de  s'en  approcher. 

»  Une  fois  posés  les  principes  qui  précèdent,  il  est  facile  de  montrer 
comment  l'aéronaute,  tant  qu'il  peut  distinguer  les  objets  à  terre,  doit  agir 
pour  se  diriger  avec  précision  vers  le  but  de  son  voyage,  ou  pour  recon- 
naître qu'il  est  dans  la  condition  d'impossibilité  définie  ci-dessus. 

»  S'il  peut,  avant  le  départ,  mesurer  par  les  moyens  connus  la  vitesse  et 
la  direction  du  vent,  il  lui  sera  facile  de  tracer  sur  la  carte  une  des  fig.  i,  a 
ou  3,  suivant  le  cas,  et  reconnaître  ainsi  la  possibilité  ou  l'impossibilité  de 
faire  route  vers  le  j)oint  voulu.  Il  mesurera  l'angle  1'  qu'il  doit  faire  faire  à 
l'axe  de  l'aérostat  avec  la  direction  de  la  hgne  joignant  le  point  de  départ 
au  point  d'arrivée.  Des  deux  angles  1',  c'est  l'angle  aigu  qu'il  convient  de 
choisir  presque  toujours,  à  moins  qu'on  n'ait  un  motif  pour  retarder  le  mo- 
ment de  l'arrivée  tout  en  cheminant  dans  la  direction  voulue.  Une  fois 
l'angle  I'  ainsi  calculé,  la  direction  DA  étant  tracée  sur  la  carte,  la  direc- 
tion Dr  par  rapport  au  méiidien  magnétique  se  trouve  aussi  déterminée, 
et  la  boussole  peut  servir  à  maintenir  cette  direction  dans  l'obscurité  ou 
dans  les  nuages  cachant  la  terre;  mais,  la  direction  et  la  vitesse  du  vent  étant 
sujets  à  changer  fréquemment,  il  importe  que  l'aéronaute  puisse  rectifier 
sa  manœuvre  à  divers  moments  du  voyage.  Il  suivra  donc,  tant  qu'il  le 
pourra,  la  marche  sur  le  sol  d'un  fil  à  plomb  suspendu  à  l'avant  de  la  na- 
celle, et,  en  ouvrant  plus  ou  moins  l'angle  I,  il  maintiendra  cette  marche 
sur  la  ligne  voulue.  Mais  si,  après  avoir  perdu  de  vue  la  terre,  il  se  retrouve, 
en  la  revoyant,  hors  de  sa  route,  il  faut  qu'il  refasse  son  point  et  se  trace 
une  nouvelle  loule  à  suivre. 


(  549  ) 

))  A  cet  effet,  il  opérera  de  la  manière  suivante,  qui  suppose  qu'il  puisse 
reconnaître  les  lieux  au-dessus  desquels  il  passe. 

»  Il  stopera  un  moment,  se  laissera  emporter  parle  vent  seul,  observera 
le  passage  sur  le  sol  de  la  direction  du  fil  à  plomb  pendu  à  la  nacelle,  et 
notera  à  une  montre  à  seconde  le  moment  du  passage  sur  un  point  connu 
qui  figure  sur  la  carte.  Il  tracera  immédiatement,  sur  cette  carte,  une  ligne 
allant  de  ce  point  au  point  d'arrivée.  Cela  fait,  il  observera  de  nouveau  le 
fil  à  plomb  de  manière  à  reconnaître  un  second  passage  sur  un  point  défini 
qu'il  reportera  également  sur  la  carte.  Joignant  ainsi,  par  une  ligne  droite, 
les  deux  points  marqués,  il  aura  la  direction  du  vent  et  pourra  calculer  sa 
vitesse;  mais  ce  calcul  est  inutile  pour  sa  manœuvre. 

))  Si  la  direction  du  vent  passe  à  gauche  de  la  ligne  joignant  sur  la  carie 
son  point  d'observation  au  lieu  qu'il  veut  atteindre,  il  dirigera  l'axe  de 
l'aérostat,  l'avant  vers  la  droite,  et  il  marchera  avec  sa  vitesse  propre,  en 
faisant  d'abord  im  angle  assez  aigu  avec  la  direction  à  suivre  sur  le  sol.  Il 
observera  alors  la  marche  du  fil  à  plomb;  si  la  ligne  que  suit  ce  fil  reste  en- 
core à  gauche  d'une  parallèle  à  la  ligne  voulue,  l'aéronaute  fera  ouvrir 
l'angle  de  l'axe  de  l'aérostat  avec  la  direction  à  atteindre.  Il  continuera 
à  observer  le  fil  à  plomb  en  faisant  ouvrir  l'angle  peu  à  peu,  jusqu'à  ce 
qu'il  arrive  à  faire  marcher  ce  fil  dans  la  direction  voulue.  Il  y  arrivera 
ainsi  rapidement,  à  moins  qu'à  un  certain  degré  d'ouverture  il  ne  s'aper- 
çoive que  la  route  suivie  par  le  fil  à  plomb  cesse  de  se  rapprocher  de  la 
direction  désirée  sans  l'avoir  encore  atteinte.  Il  reconnaîtra  ainsi  qu'il  est 
dans  le  cas  de  la  fïg.  a,  la  ligne  DA'  ne  rencontrant  pas  la  circonférence 
de  la  vitesse.  Il  peut  alors  convenir  à  l'aéronaute,  soit  de  continuer  sa 
route  en  se  rapprochant  le  plus  possible  d>3  la  direction  qu'il  se  proposait 
de  suivre,  soit  de  chercher  un  autre  point  d'arrivée  compris  dans  le  secteur 
qui  est  pour  le  moment  à  sa  disposition.  » 

AÉROSTATION.  —  Sur  les  aérostats  dirigés.  3^  Note  de  M.  Dupuy  de  LÔme. 

<(  Dans  ma  première  Communication  sur  la  direction  des  aérostats  faite 
à  l'Académie  des  Sciences  le  lo  de  ce  mois,  j'ai  dit  que,  parmi  les  nom- 
breux projets  auxquels  cette  question  a  déjà  donné  lieu,  aucun,  malheu- 
reusement, n'a  encore  été  réalisé  ni  même  amené  à  un  état  d'étude  tel 
qu'on  puisse  le  considérer  comme  praticable  sans  trop  de  difficultés.  Je 
me  hâtais  d'ajouter  :  telle  est  du  moins  l'impression  qui  m'est  restée  des 
projets  parvenus  à  ma  connaissance. 


(  55o  ) 

»  Pressé  du  désir  que  m'ont  inspiré  les  circonstances  de  voir  construire 
aussitôt  que  possible  un  aérostat  dirigé,  je  n'ai  pas  pris  le  temps  de  faire 
des  recherches  historiques  sur  cette  question.  Dans  la  solution  que  j'ai 
proposée  comme  facdement  praticable,  il  arrive  que  je  me  suis  rencontré 
sur  divers  points  avec  des  études  antérieures. 

»  Je  ne  saurais  utilenient  relater  toutes  ces  coïncidences  ;  je  m'expose- 
niis  d'ailleurs  à  faire  des  omissions  involontaires.  Cependant,  je  tiens  à 
dire  un  mot  d'un  essai  sur  la  direction  des  aérostats,  fait  en  iSSa  par  M.  Gif- 
fard,  vu  que  cet  ingénieur  avait  adopté  à  cet  effet  des  dispositions  ayant 
beaucoup  d'analogie  avec  celles  auxquelles  j'ai  été  conduit  moi-même, 
notamment  pour  la  forme  et  la  tenue  du  ballon  porteur,  ainsi  que  pour 
l'emploi  d'un  propulseur  à  hélice.  M.  Giffard  a  même  de  suite  abordé  l'em- 
ploi d'une  machine  à  vapeur  de  3  chevaux  pour  mettre  son  hélice  en  mou- 
vement. Il  s'est  élevé  dans  son  aérostat  le  2-2  septembre  iSSa,  et  il  lui  a 
imprimé  une  vitesse  propre  de  2  à  3  mètres  par  seconde,  en  le  dirigeant 
très-bien  au  moyen  d'une  voile-gouvernail  presque  identique  à  celle  que 
j'ai  adoptée. 

»  Cependant  cette  tentative  de  M.  Giffard  paraît  avoir  été  abandonnée 
par  l'auteur.  Quelques  fautes  dans  les  proportions  et  l'absence  d'un  moyen 
pour  maintenir  gonflé  le  ballon  porteur  ont  été  cause,  à  mon  avis,  que  cet 
essai  n'ait  pas  été  suivi  de  résultats  plus  satisfaisants. 

»  M.  Giffard  est  malheureusement  absent  de  Paris  en  ce  moment,  et 
c'est  un  de  ses  amis  qui  est  venu  me  faire  connaître  les  jours  derniers  les 
faits  relatés  ci-dessus,  que  j'ai  cru  de  mon  devoir  de  signaler  à  l'Académie 
à  la  suite  de  mes  Commiuiicalions  sur  la  direction  des  aérostats.  » 

ANATOMIE  VÉGÉTALE.  —  Remarques  sur  lu  position  des  trachées 
dans  les  fougères  (7*  partie)  ;  par  M.  A.  Trécul  (i). 

Didymochlaena  sinuosa  Desv. 
«  Dans  cette  Communication  et  dans  la  suivante,  je  me  propose  d'entre- 
tenir l'Académie  de  quelques  espèces  du  groupe  des  plantes  qui  ont  fait 
l'objet  principal  du  travail  de  M.  Mohl  intitulé  :  De  structura^audicis  filu uni 
arhorearuni  [Icon.  sel.  plunt.  crypt.  bras.  Mari.),  et  qui  ont  conduit  ce  savant 
botaniste  à  admettre  qu'il  n'existe  pas  de  vaisseaux  spiraux  dans  les  Fou- 

(i)  L'Académie  a  décidé  que  cette  ConiiBunication,  bien  que  dépassant  en  étendue  les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  en  entier  au  CoiiijHc  rendu. 


{  55i  ) 
gères,  opinion^  du  reste,  soutenue  aussi  par  M.  Ad.  Brongniart,  dans  son 
bel  ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Histoire  des  végétaux  fossiles ,  Paris,  1828. 
Dès  I Soi,  M.  de  Mirbel  avait  déclaré  [Journ.  de  Phys.,  de  Chiin.  et  d'Hisl. 
nnl.,  t.  LU,  p.  /jSB  et  suiv.)  qu'il  ne  trouvait  que  des  fausses  trachées  dans 
plusieurs  Fougères  qu'il  nomme.  L'avis  de  ces  éniinents  botanistes  pourrait 
élre  justitié,  si  l'on  s'en  tenait  à  un  certain  nombre  de  plantes  de  cette 
famille,  ou  à  l'état  adulte  de  quantité  d'entre  elles,  et  encore  dans  ce  der- 
nier cas  y  aurait-il  de  belles  et  nombreuses  exceptions.  L'une  de  ces  ex- 
ceptions serait  offerte  par  le  Didymochlaena  siniiosa  Desv.  que  M.  Mohl 
met  au  nombre  des  Fougères  arborescentes  qu'il  décrit.  Il  est  vrai  qu'en 
lisant  ce  qu'en  dit  le  célèbre  phytotomiste  allemand,  on  est  porté  à  douter 
s'il  a  désigné  par  ce  nom  la  plante  qui  existe  dans  nos  collections  vivantes. 
Le  doute  est  d'autant  mieux  autorisé  que  l'histoire  anatomique  et  morpho- 
logique du  Didymochlaena  est  fort  obscure. 

»  Deux  questions  se  présentent  tout  d'abord  à  l'esprit  de  celui  qui  étudie 
avec  attention  ce  qui  a  été  publié  à  cet  égard.  La  première  est  de  savoir  si 
la  plante  est  arborescente  ou  seulement  rhizomateuse.  La  seconde  a  pour 
but  de  décider  si  les  figures  de  tiges  qui  ont  été  signalées  comme  dues  au 
Didymochlaena  siniiosa,  ont  réellement  été  tracées  d'après  ce  végétal. 

»  Ce  (jui  suit  me  paraît  répondre  à  cette  double  question.  Les  figures  ana- 
tomiques  de  tige,  les  premières  datées,  se  trouvent  dans  la  planche  A  de  la 
Flora  der  Vorwell  de  M.  le  comte  de  Sternberg,  publiée  à  Regensburg 
en  1825.  Un  tronçon  de  tige  et  sa  coupe  transversale,  qui  désignent  la 
plante  comme  arborescente,  y  sont  représentés.  Il  n'y  a  pas  de  description. 

»  Dans  son  Histoire  des  végétaux  fossiles,  qui, porte  la  date  de  1828, 
M.  Ad.  Brongniart  figure  un  tronçon  de  la  même  plante  et  signale  le  Didv- 
mochtaena  simiosa  comme  arborescent  (p.  i55,  PL  XLII,fig.  2).  Notre  con- 
frère donne  en  outre  une  coupe  transversale  du  pétiole  de  la  plante  vraie 
{PL  XXXVIl,  fiij.  25),  qu'il  considérait  sans  doute  comme  obtenue  d'un 
jeune  individu;  et,  en  eftet,  la  figure  ne  montre  que  sept  faisceaux  dans 
ce  pétiole,  qni  peut  en  acquérir  dix  et  douze  et  même  jusqu'à  dix-huit. 

»  M.  de  Martius,  dans  ses  Icônes  selectae  plantarum  cryptognmicarutn  bra- 
siliensium,  1828a  i834,avecrimage  d'un  tronçon  de  la  tige  (P/.A^A7A',//V/.  1), 
représentée  dans  les  deux  ouvrages  précédents,  et  une  coupe  transversale 
(fig  2)  attribuée  à  la  même  plante,  donne  le  port  d'une  fougère  en  arbre 
[PL  XXFIIl),  qu'il  dit  être  \e  Didymochlaena  sinuosa,  ce  que  la  description 
confirme  pour  les  trois  figiu-es  à  la  page  90. 

»  Dans  le  même  volume,  M.  Hugo  v.  Mohl  décrit  \esfig  i  et  2  de  la 
PL  XXIX  de  M.  de  Martius  comme  appartenant  au  Chnoophora  [Alsophila) 


(  552  ) 
exrelsa,  mais  il  attribue  aussi  une  lige   arborescente  au  Didymochlaena  si- 
nuosn  (p.  4i)' 

»  A.-C.-I.  Corda,  dans  sa  5A-«zzen  zur  vergleicheiiden  Phytolomie  vor-und 
jelzlrvellUcher  Pflanzen-Stonimc,  qui  fait  suite  à  l'ouvrage  de  M.  de  Sternberg, 
considère  (p.  xxxvi),  comme  M.  Mohl,  la  fg.  2  de  la  PI.  XXIX  de  M.  de 
Martius  connue  appartenant  à  V  Alsophila  e.vce/so;  mais  ^ouv  \eDidymochloeixa 
sinuosn  il  renvoie  à  la  PL  A  de  M.  de  Sternberg,  dont,  je  l'ai  dit,  la^j/.  i  re- 
présente la  même  plante  que  la^j/.  i  de  la  PL  XXIX  de  M.  de  Martius. 

»  J.  Raddi,  dans  ses  Filices  hrasilienses  (p.  42),  désigne  son  Diplazium 
pulcfierrimiim  (synonyme  du  Didymochlaena)  par  les  mots  :  «  Filix  elegan- 
tissima  arborescens.  » 

»  Endlichei-,  dans  son  Gênera  plantarum,  n°  637,  le  décrit  par  «  Filix 
arborescens  inter  tropicos  Americae  et  in  Moluccis  observata...  » 

»  W.  Hooker,  dans  son  Species  filicum,  t.  IV,  p.  5,  publié  en  1862,  l'in- 
dique avec  une  tige  droite  et  arborescente  [Caudex  erect,  stoiit^  arboreoiis). 

»  Tous  les  auteurs  qui  précèdent  s'accordent  donc  à  faire  du  Didymo- 
chlaena sinuosa  une  fougère  en  arbre,  mais  à  cette  opinion  sont  opposés  des 
faits  d'une  haute  gravité. 

»  D'abord,  les  coupes  transversales  et  les  tronçons  de  tige  représentés 
par  les  botanistes  que  j'ai  nommés,  offrent  tous  les  caractères  d'une  tige  de 
Cyathéacée.  Tout  y  est  :  le  volume  de  la  tige,  la  forme  des  faisceaux  vascu- 
laires  de  cette  tige,  les  petites  taches  qui  simulent  les  fascicules  intramédul- 
laires,  la  forme  des  cicatrices  laissées  par  la  destruction  des  pétioles,  les- 
quelles cicatrices  montrent  :  1°  un  arc  de  faisceaux  supérieur;  2°  un  arc  de 
faisceaux  inférieur;  3°  un  groupe  de  faisceaux  centraux  dans  la  région 
moyenne  supérieure;  4°  au-dessous,  deux  séries  obliques  de  faisceaux  de 
chaque  côté  dans  la  région  centrale  inférieure.  Rien  n'y  manque. 

»  M.  Mohl,  dans  sa  belle  étude  de  la  tige  des  fougères  arborescentes, 
manque  de  précision  à  l'égard  du  Didymochlaena;  ct\v,  malgré  l'avis  de 
M.  de  Marlius,  il  a  dit  que  \es  fig.  i  et  2  de  la  PL  XXIX  appartiennent  au 
Chnoophora  excclsn,  sans  indiquer  sur  quoi  il  a  fondé  sa  description  du 
Didymochlaena.  On  ne  le  sent  pas  dans  son  travail.  Les  caractères  anato- 
miques  qu'il  en  donne  sont  presque  identiques  à  ceux  qu'il  trace  du  Chnno- 
pliora  excelsa.  Ces  deux  plantes  sont  plusieius  fois  citées  par  lui  simultané- 
ment. Le  Cbnoophnra  excelsa  est  palpable,  on  le  voit  partout  dans  la  des- 
cription, comme  Cyathéacée,  mais  le  Didymochlaena  est  insaisissable.  On 
ne  le  distingue  pas  des  Alsophila  et  des  Cyathea.  Je  le  cherche  en  vain. 

»  M.  Mohl  paraît  donc  aussi  avoir  examiné  une  tige  de  Cyathéacée  sons 
le  nom  de  Didymochlaena  sinuosa.  Ce  qui  confirme  dans  ce  sentiment,  c'est 


(  553  ) 
le  nombre  seize  qu'il  altribue  aux  faisceaux  de  la  tige  de  cette  plante, 
comme  de  celle  du  Clinooplioiu  (p.  4G),  nombi'e  qui  coïncide  avec  celui  de  la 
tige  désignée  par  Didyinochlaena  dans  la  fg.  i  de  la  planche  A  de  M.  de 
Sternberg,  qui  présente  quinze  faisceaux  dont  un  double, 

»  Puisque  les  tiges  dont  il  s'agit  appartiennent  à  une  Cyathéacée,  il  est 
légitime  de  concevoir  des  doutes  à  l'égard  de  l'opinion  qui  veut  que  le 
Didymochlaena  soit  arborescent.  Il  y  a  deux  sortes  d'arguments  contre 
cette  opinion  :  i°  ceux  que  fournit  la  plante  cultivée  dans  nos  serres,  qui 
est  toujours  à  basse  tige,  et  dont  les  caractères  anatomiques  diffèrent  essen- 
tiellement de  ceux  qui  ont  été  donnés  par  M.  MohI;  2°  les  témoignages  de 
Plumier,  de  Desvaux  et  de  Presl. 

))  Si  M.  Gandichaud,  qui  a  récolté  la  plante,  avait  eu  affaire  à  une 
fougère  arborescente,  il  l'eût  certainement  exprimé.  Il  n'a  rien  dit  à  cet 
égard.  D'un  autre  côté,  Desvaux,  dans  le  Magaziii  der  Gesellschaft  natur- 
forscliender  Freunde  zu  Berlin,  181 1,  5*  année,  p.  3o3,  a  fait  suivre  sa  des- 
cription du  signe  par  lequel  les  botanistes  représentent  d'ordinaire  les 
plantes  simplement  vivaces?'".  Poiret  qui,  dans  le  supplément  à  V Encyclo- 
pédie, t.  II,  p.  5i5,  en  a  fait  un  Asplenium  ramosum,  y  ajoute  le  même 
signe  'W-  Enfin,  Plumier,  que  j'ai  nommé  tout  à  l'heure,  a  laissé  dans  son 
Traité  des  Fougères  dJmérique,  PI.  LVI,  sous  la  désignation  de  Loncliitis 
rainosa,  cauliculis  sen  coslis  squamosis,  une  figure  de  la  même  plante  trouvée 
à  Saint-Domingue.  Il  donne  une  description  précise  de  son  port,  puisqu'il 
dit  que  des  costes  ou  caulicules  (ce  sont  les  frondes)  longues  de  six  pieds 
sortent  d'une  racine  grosse  comme  le  bras  et  chargée  de  restes  de  costes 
pourries.  Cette  expression  racine  chargée  de  castes  ou  pétioles  morts  ne 
laisse  subsister  aucun  doute.  A  Saint-Domingue  le  Didjmochlaena  sinuosa 
n'est  pas  arborescent,  il  est  rhizomatenx,  il  est  vivace  comme  la  plante  des 
Indes  orientales  décrite  par  Poiret  et  par  Desvaux,  comme  celle  qui  vit 
dans  nos  serres.  J'ajouterai  encore  ici  l'avis  de  Presl,  qui,  dans  ses  Deliciœ 
pragenses,  1822,  p.  17451a  nomme  Aspidium  cuttratum,  d'après  un  spécimen 
du  Brésil;  il  en  fait  une  plante  vivace,  comme  les  derniers  botanistes  que 
je  viens  de  citer. 

»  La  tige  que  j'ai  eue  à  ma  disposition  était  de  même  recouverte  dans 
sa  partie  inférieure  par  les  bases  persistantes  des  pétioles  morts.  Elle  était 
assez  grêle  relativement,  n'ayant  qu'environ  un  centimètre  et- demi  de 
diamètre  après  l'enlèvement  des  pétioles.  Sa  coupe  transversale  présente 
sous  l'épidermela  couche  fibroïde  noire  à  l'œil  nu,  composée  de   cellules 

C.  R.,  1S70,  2«  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  18.)  74 


(  554  ) 
à  parois  jaunes,  épaisses  et  poreuses,  si  commune  dans  les  Fougères.  Cette 
couche  entoure  un  p:irenchyme  dans  lequel  sont  épars,  avec  les  faisceaux 
vasculaires,  de  nombreux  petits  groupes  de  cellules  noires,  qui  se  mon- 
trent beaucoup  plus  étendus  sur  les  coupes  longitudinales.  En  les  débar- 
rassant avec  précaution  du  tissu  cellulaire  qui  les  environne,  on  remarque 
qu'au  centre  de  1-a  tige  ils  constituent  des  lignes  trèsirrégulières,  en  zig- 
zag, qui  se  relient  les  unes  aux  autres  de  manière  à  figurer  souvent  des 
mailles.  Sur  les  côtés  de  la  tige,  ces  lignes  divergent  obliquement  en  mon- 
tant vers  les  pétioles,  dans  la  partie  inférieure  desquels  elles  se  dispersent 
et  finissent  bientôt.  De  simples  cassures  opérées  par  lui  couteau  peu  tran- 
chant, sur  la  tige  sèche,  peuvent  montrer  fort  bien  aussi  la  connexion  de 
ces  groupes  noirs  entre  eux,  qui  paraissent  constituer  un  système  continu, 
s'étendant  de  la  tige  dans  la  base  des  pétioles. 

»  Les  faisceaux  vasculaires,  propres  à  la  tige,  qui  étaient  au  nombre  de 
seize  dans  la  plante  de  M.  Mohl,sont  dans  la  nôtre  réduits  à  cinq,  en  quelques 
endroits  six,  sur  les  coupes  transversales.  Ils  sont  de  grosseur  inégale, 
comme  d'habitude,  suivant  la  hauteur  à  laquelle  correspond  la  coupe,  eu 
égard  aux  mailles  entamées,  dont  ces  faisceaux  faisaient  partie. 

»  Après  les  avoir  séparés  des  tissus  qui  les  entourent,  on  trouve  que  ces 
faisceaux  forment  un  réseau  de  mailles  oblongues,  dont  la  dimension  varie 
avec  le  diamètre  de  la  lige.  Elles  avaient  12  millimètres  de  longueur  environ 
sur  4  à  5  de  largeur,  près  du  sommet  de  la  tige,  où  le  diamètre  était  le  plus 
grand.  Elles  n'avaient,  au  contraire,  que  6  à  7  millimètres  sur  2^  à  3  mil- 
limètres, dans  les  parties  dont  la  végétation  avait  été  moins  puissante. 

»  De  chaque  maille  partaient  tantôt  sept,  tantôt  huit  faisceaux  disposés 
de  la  manière  suivante.  Les  deux  supérieurs,  qui  sont  les  plus  gros, 
sont  in.sérés  vers  les  trois  quarts  de  la  hauteur  de  chaque  maille.  Une 
autre  paire  est  placée  un  peu  plus  bas  sur  les  côtés  de  la  maille,  et 
ses  deux  faisceaux  constituants  sont  assez  souvent  à  une  hauteur  inégale, 
l'un  d'eux  étant  très-rapproché  du  supérieur.  Les  trois  ou  quatre  autres 
faisceaux  occupent,  vers  le  bas  de  la  maille,  le  pourtour  du  fond  de  celle- 
ci.  Ces  trois  faisceaux,  beaucoup  plus  rarement  quatre,  sont  opposés  cha- 
cun au  faisceau  d'une  racine  adventive.  Le  plus  souvent  même,  unis  avec 
la  partie  inférieure  des  faisceaux  radiculaires,  qui  sont  plus  forts  qu'eux, 
ils  semblent  émaner  directement  de  la  face  antérieure  de  ces  derniers.  11  y 
a  donc  trois  racines  adventives  (rarement  quatre)  au  bord  inférieur  de 
chaque  maille,  au  bas  de  chacune  des  feuilles,  entre  les  pétioles  desquelles 
ces  racines  arrivent  au  dehors. 


(  555  ) 

»  Ces  racines,  qui  ont  un  millimètre  et  demi  dans  leur  plus  grande  lar- 
geur, ont  leurs  ramifications  rangées  suivant  le  type  II  de  M.  Clos.  Elles 
sont  donc  distiques,  et  composées  de  deux  faisceaux  vasculaires  opposés 
et  fusionnés  par  leur  partie  formée  par  les  plus  gros  vaisseaux.  Siu-  les 
côtés  de  ce  système  vascidaire  sont  des  cellules  du  tissu  dit  cribreux,  et  au- 
tour de  celui-ci  une  strate  constituée  d'une  à  trois  rangées  de  cellules  no- 
tablement plus  grandes  que  la  généralité  de  celles  du  tissu  sous-jacent.  Ce 
système  cellulo-vasculaire  central  est  recouvert  par  une  zone  de  cellules 
fibreuses  noires  ou  jaunes  (suivant  l'épaisseur  des  coupes),  finement  po- 
reuses, régulièrement  épaissies  (i).  Cette  zone,  profonde  de  huit  à  neuf 
cellules  dans  les  racines  les  plus  fortes,  est  entourée  d'un  parenchyme 
jaune  ou  noirâtre,  de  huit  à  neuf  cellules  aussi  en  profondeur,  dont  les 
deux  ou  trois  rangées  internes  sont  plus  étroites  que  les  moyennes,  ainsi 
que  la  rangée  externe,  qui  porte  des  poils  radicaux  longs,  en  apparence 
unicellulés  et  crépus.  Les  racines  secondaires  ont  la  même  constitution 
générale,  avec  réduction  du  nombre  des  éléments  de  chacune  de  leurs 
parties. 

»  Les  faiscçaux  pétiolaires  émanés  de  la  tige,  ou  nés  de  ceux  qui  en  sont 
sortis,  et  dont  le  nombre  varie  de  sept  à  dix-huit,  sont  disposés  en  un  arc 
profond  ou  segment  de  cercle,  ou  même  en  cercle  complet  un  peu  au- 
dessus  de  la  base  apparente  du  pétiole,  où  les  deux  faisceaux  supérieurs 
contractent  ordinairement  une  anastomose. 

»  Dans  les  figures  données  par  M.  Brongniart  et  par  Link,  ces  deux  fais- 
ceaux sont  représentés  les  plus  forts,  et  le  dessin  de  Link  [Àbhandl.  der  kœn. 
1 , 

(i)  Une  telle  zone  fibreuse  autour  du  corps  cellulo-vasculaire  des  racines  existe  dans 
nombre  de  Fougères.  Dans  certaines  espèces,  chaque  cellule  fibreuse  est  régulièrement 
épaissie  comme  dans  l'exemple  précédent  [Blechnum  occidentale,  Polypodiam  vulgare, 
aureum);  dans  d'autres  espèces,  les  cellules  fibreuses  sont  irrégulièrement  épaissies;  elles  ne 
le  sont  que  peu  ou  pas  sur  la  moitié  tournée  vers  l'extérieur  de  la  racine  [Asplenium 
Serra,  fœniculaceuin,  Belangeri.)  Dans  VÀsplenium  Serra,  six  grandes  cellules  irréguliè- 
rement épaissies  décrivent  les  six  côtés  d'un  rhombe  tronqué  sur  les  angles  aigus,  autour 
du  système  cellulo-vasculaire  des  racines,  vues  sur  des  coupes  transversales.  Enfin,  dans  un 
grand  nombre  de  Fougères,  il  n'existe  pas  de  zone  fibreuse  à  cette  place  [Blechnum  brasi- 
liense,  Jsplenium  La.siopteris,  Aspidium  violascens,  etc.).  Les  racines  de  toutes  les  Fougères 
que  j'ai  étudiées,  sauf  les  Marattiacées,  offrent  le  type  II,  passant  rarement  au  type  III.  Les  ' 
seules  racines  du  Marattia  Kaulfussii,  des  Angiopteris  pp'illinckii  et  evectn  ont  seules  montré 
de  cinq  à  seize  faisceaux  vasculaires  réunis  en  partie  ou  non  au  centre  de  la  racine,  comme 
cela  est  bien  connu,  surtout  pour  cette  dernière  plante,  depuis  les  observations  de  RI  M.  Bron- 
gniart, Harring  et  Mettenius. 

74- 


(  556  ) 

Akad.  (1er  PFiss.  zu  Berlin,  i835,  t.  19,  fig.  3)  accuse  en  outre  le  crochet 
vasculaire,  qui,  toutefois,  n'a  pas  été  mentionné  dans  le  texte  du  Mémoire, 
non  plus,  bien  entendu,  que  les  vaisseaux  trachéens  dont  ces  faisceaux  sont 
pourvus. 

»  Ces  faisceaux  pétiolaires  sont  unis  cà  et  là  entre  eux  par  des  anastamoses, 
au  moyen  de  courtes  branches  horizontales  ou  obliques,  mais  l'anastomose 
inférieure  des  deux  faisceaux  supérieurs,  à  environ  deux  millimètres  au- 
dessus  de  l'insertion  du  pétiole,  est  souvent  remarquable,  quand  elle  est 
formée  par  un  simple  rapprochement  des  deux  gros  faisceaux,  qui  se  fusion- 
nent sur  une  courte  étendue,  et  se  séparent  un  peu  plus  haut,  comme  je 
l'ai  déjà  signalé  chez  le  Nephrolepis  platjolis;  mais  cette  anastomose  n'existe 
j)as  ici  à  la  base  de  tous  les  pétioles,  et  elle  n'est  parfois  représentée  que  par 
une  courte  branche  horizontale  ou  un  peu  oblique. 

M  Ces  deux  gros  faisceaux,  après  l'apparition  du  crochet  on  lamelle  inflé- 
chie sur  leur  face  antérieure,  qui  en  est  recouverte  eu  grande  partie  sur  vuie 
grande  étendue  du  pétiole  commun  et  du  rachis,  présentent  sur  cette  face 
antérieure,  deux  groupes  de  petits  vaisseaux  primordiaux  spiro-annelés. 
L'un  de  ces  groupes  est  sons  le  crochet,  l'autre  est  près  du  bord  interne 
supérieur  de  la  partie  la  plus  épaisse  du  faisceau.  Dans  un  âge  avancé  de 
l'organe,  ces  vaisseaux  primordiaux  s'altèrent,  et  leurs  restes  fragmentés 
s'observent  dans  des  petites  lacunes  qui  occupent  les  mêmes  places,  et  qui 
peuvent  aussi  être  remplies  par  l'extension  des  cellules  environnantes. 

M  II  y  a  en  outre,  à  tous  les  âges  du  pétiole,  de  fort  beaux  vaisseaux  spi- 
raux ou  trachéens  de  volumes  divers,  sur  à  peu  près  toute  l'étendue  de  la 
face  supérieure  de  ces  deux  faisceaux  principaux. 

»  Un  groupe  spiro-annelé  primordial,  altéré  aussi  dans  la  feuille  adulte, 
et  des  vaisseaux  trachéens  persistants,  existent  également  sur  la  face  interne 
de  chacun  des  autres  faisceaux  pétiolaires. 

»  Ces  vaisseaux  trachéens  cessent  par  en  bas  avec  les  faisceaux  du  pétiole. 
Ils  ne  pénètrent  pas  dans  ceux  de  la  tige  qui  en  sont  tout  à  fait  dépourvus. 

»  Tous  les  faisceaux  pétiolaires,  à  partir  de  la  région  inférieure  de  l'or- 
gane qui  renferme  des  groupes  épars  de  cellules  noires,  lesquels  groupes 
disparaissent,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  un  peu  au-dessus  de  la  base  du  pétiole, 
sont  revêtus  d'une  gaine  noire,  formée  comme  M.  MohI  l'a  annoncé  pour 
d'autres  plantes,  par  l'épaississement  des  parois  des  cellules  parenchvma- 
teuses  coutiguës  aux  faisceaux,  et  cette  gaîne  est  ordinairement  un  peu 
plus  épaisse  sur  la  face  interne  du  faisceau  que  sur  sa  face  externe.  Elle 
peut  être  réduite  à  l'épaississement  en  noir  de  la  seule  paroi  cellulaire  qui 


(  557  ) 
touche  immédiatement  les  cellules  superficielles  des  faisceaux,  ou  bien  cet 
épaississenient  peut  avoir  envnhi  le  pouitour  des  cellules  des  deux  ou  trois 


rangées  voisines. 


»  On  peut  juger  par  ce  qui  précède,  qu'à  part  l'insertion  des  racines,  et 
la  répartition  des  groupes  de  cellules  noires  dans  la  tige,  la  constitution  du 
Didymochlaena  sinuosa  a  beaucoup  d'analogie  avec  celle  de  plusieurs  des 
Âspidium  que  j'ai  décrits  antérieurement,  et  dont  les  faisceaux  pétiolaires 
affectent  la  même  disposition.  Cette  similitude  va  se  continuer  dans  le 
rachis. 

»  Comme  dans  la  généralité  des  plantes  dont  le  pétiole  a  plusieurs 
faisceaux,  le  nombre  de  ceux-ci  va  en  diminuant  de  la  base  au  sommet  du 
rachis,  mais  cette  diminution  ne  s'effectue  pas  partout  de  la  même  manière. 
J'en  ai  déjà  indiqué  des  modes  que  le  défaut  d'espace  ne  me  permet  pas  de 
rappeler.  Dans  la  plante  qui  m'occupe  et  dans  les  cas  semblables,  les  deux 
faisceaux  supérieurs  persistent  le  plus  longtemps,  ensuite  ce  sont  les  dor- 
saux médians.  Les  faisceaux  qui  disparaissent  les  premiers  sont  les  plus 
rapprochés  des  deux  supérieurs,  et  ainsi  successivement  jusqu'au  dernier 
dorsal,  et  j'ai  souvent  remarqué,  au  moins  pour  les  cinq  ou  six  derniers, 
qu'ils  le  font  en  s'unissant  par  leur  extrémité  à  la  face  dorsale  du  supérieur 
collatéral,  après,  néanmoins,  s'être  anastomosés  plusieurs  fois  alternative- 
ment avec  lui  et  avec  leur  voisin  de  l'autre  côté.  Par  conséquent  la  dispa- 
rition des  faisceaux  se  fait  ici  des  supérieurs  au  dorsal  médian. 

»  Il  n'existe  plus  que  ces  trois  faisceaux  à  peu  près  dans  la  partie  du 
rachis  qui  commence  à  ne  porter  que  des  folioles  lamellaires  simples.  Plus 
haut,  quand  le  dernier  dorsal  s'est  ajouté  définitivement  à  l'un  des  supé- 
rieurs, à  celui  de  gauche,  par  exemple,  ce  que  j'ai  vu  arriver  à  la  hauteur 
de  la  sixième  foliole  de  ce  côté  à  partir  du  sommet,  il  ne  reste  plus  que  ces 
deux  supérieurs,  qui  eux-mêmes  se  réunissent  en  un  seul  à  une  petite  dis- 
tance au-dessus,  entre  l'insertion  de  la  troisième  et  de  la  deuxième  folioles 
lamellaires. 

»  Bien  que  l'on  retrouve  dans  la  ramification  du  pétiole  quelques  traits 
de  ressemblance  avec  ce  qui  se  passe  dans  quantité  de  Fougères,  l'insertion 
des  ramaux  de  cet  organe,  étudiée  sur  les  coupes  transversales,  suffirait  à 
elle  seule  pour  caractériser  le  Didymochlaena  parmi  toutes  les  Fougères  que 
j'ai  examinées  jusqu'à  présent. 

»  Quoi  qu'il  y  ait  dans  le  pétiole  primaire,  près  des  pétioles  secondaires 
inférieurs,  à  peu  prés  le  même  nombre  de  faisceaux  que  beai;coi7p  plusbas 
(lo  à  i8  par  exemple),  les  rameaux  du  pétiole  ne  reçoivent  de  vaisseaux 


(  558  ) 

chacun  que  du  faisceau  supérieur  du  même  côté.  Là,  le  crochet  vascu- 
laire  de  ce  faisceau  s'élargit  beaucoup.  J'en  ai  mesuré  qui,  immédiatement 
au-dessous  du  premier  pétiole  secondaire,  avaient  o'""',  5o  de  largeur  ou 
profondeur,  tandis  que  le  crochet  de  l'autre  faisceau  supérieur,  qui  devait 
produire  le  deuxièuie  pétiole  secondaire  un  peu  plus  haut  de  l'autre  côté, 
n'avait  encore  que  o™",3o. 

»  Ce  beau  crochet  se  comporte  d'après  le  quatrième  des  modes  que  j'ai 
décrits  en  1869  {Comptes  rendus,  t.  LXIX,  p.  269)  c'est-à-dire  que  son 
fond  émet  une  branche  tubuleuse,  très-fortement  épaissie  sur  sa  partie 
dorsale,  et  très-mince  sur  les  côtés  et  sur  la  face  antérieure.  Celle-ci  s'ouvre 
longitudinaiement  la  première,  vers  l'entrée  du  faisceau  dans  la  base  du 
pétiole  secondaire.  On  a  alors  une  gouttière  dont  le  fond  est  épaissi  d'une 
manière  fort  remarquable.  Ce  fond  est  occupé  par  une  forte  arête  longi- 
tudinale qui,  partageant  la  gouttière  en  deux,  porte  les  vaisseaux  trachéens 
et  annelés  sur  chacune  de  ses  faces  latérales.  Un  peu  plus  haut,  cette 
arête  médiane  se  fend  elle-même  suivant  la  longueur.  Il  en  résulte  comme 
une  troisième  gouttière  vasculaire  située  entre  les  deux  latérales.  Elle  gran- 
dit pronqjtement.  D'abord  remplie  par  du  tissu  cellulaire  périphérique  du 
faisceau,  sa  région  moyenne  est  bientôi  envahie  par  des  cellules  colonies 
en  jaune,  en  brun  ou  en  noir,  comme  celles  qui  entourent  le  faisceau  lui- 
même.  Quand  celte  gouttière  est  arrivée  à  son  maximum  d'amplitude,  la 
coupe  transversale  du  corps  vasculaire  du  pétiole  secondaire  présente 
l'image  d'une  triple  gouttière,  dont  les  deux  latérales  plus  étroites  oc- 
cupent les  bords  de  la  médiane  plus  large  et  plus  profonde. 

»  Le  fond  de  cette  dernière,  fortement  épaissi,  se  sépare  un  peu  plus  haut 
des  deux  gouttières  latérales,  et  constitue,  après  cette  séparation,  le  faisceau 
dorsal  du  pétiole  secondaire,  tandis  que  les  deux  gouttières  latérales  en 
forment  les  deux  faisceaux  supérieurs. 

»  Telle  est  la  disposition  des  trois  faisceaux  des  ])étioles  secondaires  prin- 
cipaux, |)rès  de  leur  insertion.  Je  dis  des  principaux  pétioles  secondaires, 
parce  qu'il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  pétioles  de  second  ordre  les  plus 
haut  placés  sur  le  rachis.  En  effet,  le  beau  crochet  qui  existe  plus  bas  s'af- 
faiblit de  plus  en  plus  par  en  haut;  il  se  raccoiucit  au  point  de  ne  presque 
plus  recouvrir  du  tout  la  face  supérieure  du  faisceau  auquel  il  appartient. 
Dans  ce  cas,  ce  n'est  plus  le  fond  du  crochet  qui  fournit  seul  les  vaisseaux 
du  pétiole  secondaire,  c'est,  que  l'on  me  passe  cette  expression,  le  manche 
du  crochet  qui  se  coupe,  a|)rès  avoir  |)roduit  sur  sa  face  antérieure  une 
proéminence,  dont  le  dédoublement  reforme  d'un  côté  le  crochet  du  fais- 


(  559) 
ceau  pétiolaire  primaire,  et  de  l'autre,  un  petit  crochet  à  la  nouvelle  extré- 
mité latérale  de  la  bandelette  vasculaire  qui  s'isole  pour  aller  dans  le  pé- 
tiole secondaire.  Cette  bandelette,  qui  a  la  forme  d'une  gouttière  relative- 
ment large  et  déprimée,  se  divise  bientôt  en  deux  faisceaux  :  l'un  plus 
faible  et  l'autre  plus  fort.  Ce  dernier  se  partage  de  nouveau  en  deux  un  peu 
plus  haut.  On  a  alors  les  trois  faisceaux  du  pétiole  secondaire;  mais  dans 
les  pétioles  secondaires  les  plus  fiiibles,  la  bandelette  vasculaire  peut  ne  se 
diviser  qu'en  deux  faisceaux,  qui  sont  placés  sur  le  même  plan,  et  repré- 
sentent les  deux  faisceaux  supérieurs.  Il  n'y  a  pas  de  faisceau  dorsal  dans 
ce  dernier  cas. 

»  On  voit  par  là  que  les  faisceaux  des  pétioles  secondaires  supérieurs, 
au  lieu  d'être  produits,  connue  ceux  des  inférieurs,  suivant  le  quatrième 
type,  le  sont  suivant  le  deuxième,  décrit  à  la  page  aSg  du  tome  LXIX  de 
ces  Comptes  rendus. 

»  Aux  trois  faisceaux  des  pétioles  secondaires  qui  viennent  d'être  men- 
tionnés, s'interposent  des  petits  faisceaux  plus  ou  moins  obliques,  qui  les 
relient  entre  eux,  ce  qui  donne  souvent  alors  cinq  faisceaux  sur  les  coupes 
transversales;  mais  en  approchant  du  sommet  du  rachis,  le  dorsal,  après 
être  allé  plusieurs  fois  de  l'un  des  supérieurs  à  l'autre,  disparaît  en  s'alliant 
à  l'un  d'eux  comme  celui  du  pétiole  primaire.  Enfin,  les  deux  faisceaux 
supérieurs  se  fusionnent  en  un  seul  comme  dans  ce  dernier. 

»  Les  pétioles  tertiaires,  qui  portent  les  foUoles  lamellaires,  sont  tous 
formés  par  le  deuxième  mode  ou  type  que  je  viens  de  rappeler.  Qu'il  y  ait 
trois  faisceaux  dans  lepétiole  secondaire  ou  qu'il  n'y  en  ait  que  deux,  cha- 
cun de  ces  deux  faisceaux,  ou  chacun  des  deux  stipérieuVs  s'il  y  en  a  trois, 
légèrement  recourbé  en  crochet  sur  le  bord  externe,  s'élargit  et  émet  cà  et 
là  une  petite  branche,  qui  se  prolonge  dans  un  pétiole  tertiaire,  après  quoi 
elle  constitue  la  nervure  principale  de  la  foliole  lamellaire  dans  laquelle 
elle  émet  latéralement  des  nervures  qui  se  subdivisent,  et  qui,  toutes,  con- 
tiennent des  vaisseaux  trachéens  déroulés  et  de  non  déroulés.  » 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —   Emploi  de  rosséine  dans  l'alimentation; 
par  M.  E.  Fkemy. 

«  Dans  les  circonstances  actuelles,  des  devoirs  importants  et  nombreux 
sont  imposés  à  la  chimie.  Elle  intervient  dans  les  questions  qui  se  rappor- 
tent à  l'armement,  en  transformant  les  l'ails  Bessemer  en  aciers  destinés  à 
aos  chassepots  et  à  nos  mitrailleuses;  elle  retire  le  salpêtre  des  matériaux 


(  56o  ) 
de  démolition;  elle  fabrique  des  poudres  brisantes  pour  les  bombes  et  les 
torpilles;  la  chimie  s'occupe  aussi  des  subsistances;  elle  conserve  celles 
qui  peuvent  s'altérer  et  recherche  constamment  si  elle  ne  peut  pas  fournir 
à  l'alimentation  quelque  principe  utile,  négligé  jusqu"àprésent. 

»  En  me  plaçant  à  ce  dernier  point  de  vue,  je  viens  conseiller  de  faire 
entrer,  pour  une  certaine  part,  dans  notre  alimentation,  i'osséine  qui  est  la 
matière  organique  des  os. 

»  Je  n'ai  pas  l'intention  de  revenir  en  ce  moment  sur  la  question  rela- 
tive aux  propriétés  nutritives  de  la  gélatine. 

»  Je  crois  cependant  que  cette  discussion  devra  nécessairement  être 
reprise,  parce  que,  dans  le  Rapport  fait  à  l'Académie  sur  l'emploi  de  la 
gélatine  comme  aliment,  on  trouve  certaines  assertions  que  la  chimie  et 
la  physiologie  ne  peuvent  plus  accepter  aujourd'hui. 

»  Le  corps  que  je  propose  à  l'alimentation  actuelle  n'est  pas  de  la 
gélatine,  mais  de  Vosséine.  On  sait  que  ces  deux  substances  sont  isomé- 
riques,  comme  l'amidon  est  isomère  de  la  dextrine,  mais  qu'elles  n'ont  pas 
les  mêmes  propriétés. 

»  La  gélatine  est  un  corps  qui  n'existe  pas  tout  formé  dans  l'organisme; 
il  est  le  produit  d'une  transformation  chimique;  il  résulte  de  l'action  de 
l'eau  et  de  la  chaleur  sur  le  tissu  osseux  :  la  gélatine  est,  comme  on  le  sait, 
conijjlétement  soluble  dans  l'eau,  tandis  que  I'osséine  est  insoluble  et  vé- 
ritablement organisée;  c'est  le  tissu  osseux  qui  a  perdu  ses  éléments  cal- 
caires; on  peut  comparer  I'osséine  aux  tendons,  à  la  peau  et  même  aux  tis- 
sus fibrineux.  Ces  explications  font  comprendre  la  différence  considérable 
qui,  au  point  de  vue  de  l'alimentation,  peut  exister  entre  la  gélatine  et 
I'osséine  :  dans  l'acte  digestif,  une  substance  insoluble  comme  I'osséine 
doit  se  comporter  autrement  que  la  gélatine  qui  est  soluble. 

»  En  proposant  de  faire  entrer  I'osséine  dans  l'alimentation,  je  dois,  pour 
éviter  toute  méprise  ou  tout  malentendu,  ni'expliquer  catégoriquement  sur 
le  rôle  que  cette  substance  peut  jouer,  selon  moi,  dans  la  préparation  des 
aliments. 

»  Je  suis  loin  de  dire  que  I'osséine  puisse  tenir  lieu  de  pain  et  de  viande; 
je  sais  qu'une  substance  employée  seule  ne  peut  jamais  suffire  longtemps 
à  l'ahmentatioii,  et  je  regretle  que  Ton  n'ait  pas  encore  réfuté  l'assertion 
suivante,  que  je  trouve  dans  les  conclusions  du  Rapport  fait  à  l'Académie, 
sur  les  propriétés  nutritives  de  la  gélatine  :  «  Le  gluten,  tel  qu'on  l'extrait 
»  de  la  farine  de  froment  ou  de  naaïs,  suffit  à  lui  seul  à  une  nutrition  com- 
»  plète  et  prolongée.  »  Une  nutrition  ne  peut  être  complète  et  prolongée 


(  56i  ) 
que  par  l'emploi  des  aliments  complexes,  comme  le  lait  et  le  pain,  qui  pré- 
sentent l'association  convenable  des  éléments  minéraux  et  organiques  utiles 
à  l'économie  animale.  Le  gluten,  c'est-à-dire  In  farine  privée  d'amidon,  de 
corps  gras,  de  substances  solubles,  n'est  donc  pas  un  aliment  complet. 

»  L'osséine,  prise  seule,  ne  peut  pas  être  alimentaire  pendant  longtemps  ; 
sous  ce  rapport,  elle  ne  diffère  pas  de  la  fibrine,  de  la  caséine  et  de  l'albu- 
mine; mais,  en  l'associant  à  d'autres  corps  qui  complètent  son  action  phy- 
siologique, j'afBrme  que  l'osséine  peut  jouer  dans  l'alimentation  le  même 
rôle  que  les  substances  azotées  qui  forment  la  base  de  notre  nourriture. 
Je  crois  donc  que  nous  avons  un  grand  intérêt  à  demander  en  ce  moment 
à  l'industrie  l'extraction  économique  de  l'osséine. 

»  Cette  préparation  est  rapide  et  ne  présente  aucune  difficulté;  je  l'ai 
rappelée  dans  le  Mémoire  que  j'ai  publié,  il  y  a  déjà  longtemps,  sur  la  com- 
position des  os  :  c'est  elle  qui  m'a  permis  de  déterminer  avec  exactitude 
la  quantité  d'osséine  qui  se  trouve  dans  les  différents  tissus  osseux. 

»  Pour  obtenir  industriellement  l'osséine,  il  suffit  de  scier  en  lames 
minces  les  os  une  fois  dégraissés  et  de  les  soumettre  pendant  quelque  tem[)s 
à  l'action  fie  l'acide  chlorhydrique  étendu  d'eau.  Le  résidu  organique,  après 
des  lavages  et  une  dessiccation,  n'est  autre  que  l'osséine;  ce  corps  ainsi  pré- 
paré peut  se  conserver  indéfiniment.  Quant  aux  eaux  acides  qui  résultent 
de  cette  opération,  elles  ne  sont  pas  sans  valeur;  en  les  saturant  par  de  la 
chaux,  elles  laissent  précipiter  du  phosphate  de  chaux  que  l'agriculture 
utilise  aujourd'hui  avec  tant  de  profit. 

»  Sachant  que  les  fabricants  de  gélatine  exécutent  les  opérations  que  je 
viens  de  décrire,  lorsqu'ils  veulent  obtenir  la  gélatine  alimentaire,  je  me 
suis  mis  en  rapport  avec  un  habile  industriel,  M.  Bonneville,  qui  a  bien 
voulu  me  donner  toute  l'osséine  utile  à  mes  essais.  M.  Bonneville  est  per- 
suadé que  les  fabricants  de  gélatine  pourraient  fournir  en  peu  de  temps  à 
la  consomnialiou  de  Paris  des  quantités  con-'^idérables  d'osséine  et  que  le 
prix  de  cette  substance  serait  beaucoup  moins  élevé  que  celui  de  la 
gélatine. 

B  Les  os  provenant  des  abatages  sont  en  ce  moment  presque  complète- 
ment perdus;  ils  pourront  donner  environ  35  pour  loo  d'osséine. 

»  Cette  Communication  serait  éviilemmenl  incomplète,  si  je  ne  parlais 
pas  des  essais  que  j'ai  entrepris,  avec  le  concours  empressé  et  intelligent  de 
M.  Balvay,  dans  le  but  de  déterminer  le  mode  d'emploi  de  1  osséine  dans 
l'alimentation. 

C.  R.,  1870,  2'  Semestre.  (T.  LXXI,   ^°  18.)  75 


(  562  ) 

Il  L'osséine  retirée  des  os  par  l'action  de  l'acide  chlorhydriqiie  est  dure, 
élastique  et  coriace;  sous  cette  forme,  elle  n'est  pas  comestible;  mais  lors- 
qu'on la  soumet  à  raction  de  l'eau  bouillante,  elle  se  gonfle  et  se  transforme 
en  une  substance  molle;  l'osséine  une  fois  cuite,  présente  la  plus  grande 
analogie  avec  une  foule  de  tissus  fort  recherchés  dans  l'alimentation. 

)i  Pour  employer  losséine  comme  aliment,  il  faut  la  laisser  gonfler  lente- 
ment dans  de  l'eau  froide  et  la  faire  bouillir  ensuite,  pendant  une  heure 
environ,  dans  de  l'eau  salée  et  aromatisée  par  les  méthodes  ordinaires. 
L'eau  gélatineuse  provenant  de  cette  cuisson  peut  déjà  être  utilisée  dans 
la  préparation  de  certains  aliments.  Quant  à  l'osséine  cuite  dans  les  condi- 
tions que  je  viens  d'indiquer,  elle  possède  une  saveur  agréable  et  peut 
recevoir  facilement  tous  les  assaisonnements  culinaires,  comme  je  l'ai  re- 
connu dans  un  repas  auquel  j'ai  pris  part. 

»  En  résumé,  je  n'hésite  pas  à  déclarer  que  les  os  qui  sont  perdus  en  ce 
moment  peuvent  fournir  à  l'alimentation  un  tissu  azoté  abondant,  nutritif 
et  imputrescible  :  je  demande  donc  que  la  fabrication  industrielle  de  l'os- 
séine alimentaire  soit  immédiatement  entreprise.   » 

M.  Chevreul  demande  la  parole  et  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Je  partage  tout  à  fait  l'opinion  de  M.  Fremy,  relativement  à  la  diffé- 
rence existant  comme  aliment  entre  un  tissu  qui  donne  de  la  gélatine  et 
cette  gélatine  (i).   Depuis  longtemps  j'ai  considéré  la  cuisson  comme  ten- 

(i)  Le  ])assage  suivant,  extrait  du  compte  rendu  de  la  séance  du  21  d'août  i85i  de  la 
Société  centrale  d'Agriculture,  en  fait  foi.  11  s'agissait  d'une  matière  alimentaire  préparée 
en  Amérique  par  M.  Ashbel-Smitli,  en  mêlant  à  de  la  farine  de  froment  une  sorte  de  iiâte 
de  viande  cuite  à  la  vapeur,  puis  séchée  dans  un  four.  Ce  mélange  appelé  mccthccf  esl  formé, 
selon  Playfair,  de  32  de  matière  azotée  et  de  68  de  matière  farineuse. 

Voici  ce  qu'on  lit  aux  pages  769  et  760  du  Compte  rendu  cité  : 

"  ...  Relativement  à  ce  qu'a  dit  M.  de  Kcrgolay  des  travaux  de  M.  Darcet  sur  la  géla- 
»  tine,  M.  Chevreul  présente  des  observations  sur  les  expériences  qui  ont  eu  lieu  à  cette 
I'   époque. 

'■  Lorsqu'on  s'est  occupé,  dil-il,  de  la  gélatine,  les  idées  sur  Talimentation  étaient  peu 
•  avancées;  si  à  cette  époque  une  discussion  scientifique  se  fût  établie,  peut-être  n'aurait-on 
»  pas  été  aussi  loin  dans  des  essais  qui  ont  eu  des  résultats  fâcheux.  Il  est  certain,  ajoute 
»   M.  Chevreul,  que  les  aliments  destinés  à  l'homme  doivent  être  très-coniplc.ves  de  Uu mature. 

Le  biscuit  (]u'on  vient  de  présenter  à  la  Société  est  un  des  arguments  les  plus  forts  en 
'■  faveur  d'une  thèse  qu'il  a  soutenue  il  y  a  longtemps,  en  suj)p()sant,  bien  entendu,  que  cette 
«  préparntion  renferme,  comme  on  le  dit,  toute  la  matière  azotée  de  l'animal  qui  a  servi  à  la 


(  563  ) 
(lanl  à  simplifier  beaucoup  de  matières  organiques  dans  leur  composilion 
en  les  rapprochant  des  composés  minéraux  d'une  composilion  n\oins  com- 
plexe (i).  Je  considère  donc  depuis  longtemps  la  gélatine  comme  moins 
nutritive  que  les  tissus  organisés  qui  la  donnent.  Il  y  a  plus,  c'est  que  tout  ce 
qu'on  appelle  gélatine  n'est  pas  dans  une  condition  imique  relativement  à 
la  qualité  alimentaire.  Ainsi,  sans  refuser  absolument  cette  qualité  à  la  gé- 
latine quand  elle  sera  associée  à  quelque  autre  matière  décidément  alimen- 
taiie,  j'admets  qu'une  gélatine  dont  la  solution  concentrée  se  prend  en 
gelée   par  le  refroidissement   est  plus   alimentaire  qu'une   gélatine  qui  a 

>>  confectionner,  mêlée  avec  de  la  farine  de  froment.  Quand  on  a  voulu  déterminer  la  valciir 
»  nutritive  des  aliments,  si  on  a  bien  fait  de  les  soumettre  à  un  dosage  élémentaire,  parce  que 
I)  les  aliments  contenant  de  l'azote  sont,  sans  doute,  supérieurs  aux  autres,  cependant  il  s'en 
•>  faut  que  les  subslances  contenant  une  même  quantité  d'azote  soient  toujours  également 
»  avantageuses  pour  l'alimentation,  attendu  qu'il  y  a  un  certain  anaiigement  moléculaire  des 
0  atomes  dont  il  faut  tenir  compte.  En  effet,  moins  l'arrangement  des  molécules  des  principes 
Il  immédiats  de  la  viande  est  modifié  par  les  préparations  culinaires,  meilleur  est  l'aliment, 
»  en  général,  parce  qu'en  général,  plus  cet  arrangement  a  été  modifié  par  l'action  de  lu 
■1  clialeur,  par  exemple,  plus  il  tend  à  se  rapprocher  d'une  matière  inorganique  ;  conse- 
nt quemment,  plus  un  tissu  susceptible  de  donner  de  la  gélatine  aura  été  fortement  cuit,  di 
»  manière  à  devenir  absolument  soluble  dans  l'eau  froide,  plus  il  perdra  de  sa  qualité  alimen- 
»  taire  primitive.  Du  reste,  les  échantillons  de  OTeifréeç/"  présentés  seront  remis  à  l'examen 
»   d'une  Commission  spéciale. 

»  M.  Chevreul  fait  observer  que  dans  le  meetbeef  il  y  a  deux  choses  réunies  :  de  la  farine 
>-  qui  est  une  matière  solide  et  de  la  viande  devenue,  dit-on,  soluble. 

»  Dans  la  farine  de  froment,  on  a  trouvé  des  matières  qui  correspondent,  par  leurs  pro- 
«  priétés  immédiates,  aux  matières  qui  existent  dans  les  animaux,  savoir  des  matières  grasses, 
11  des  matières  albumineuscs  et  fibreuses,  des  phosphates  terreux  ;  c'est  ce  qui  e.vplique  les 
11  bons  effets  des  graines  des  céréales  pour  la  nourriture  des  animaux.  En  résumé,  M .  Chevreul 
11  estime  que  la  réunion  de  deux  substances  aussi  nutritives  que  la  farine  et  la  viande,  opérée 
11  par  un  procédé  qui  permet  de  donner  sous  un  petit  volume  une  quantité  considérable  de 
»  nourriture,  a  un  grand  avantage,  si,  connue  on  l'avance,  les  matières  mêlées  n'ont  pas 
1.   perdu,  par  ce  procédé,  les  propriétés  nutritives  dont  elles  sont  douées.   « 

On  voit  par  cette  note  que  depuis  vingt  ans  je  suis  de  l'opinion  de  M.  Fremy. 

(i)  Il  faut  comprendie  que  cette  simplification  ne  porte  pas  sur  le  nombre  des  principes 
immédiats  après  la  cuisson  de  la  matière  organique,  mais  sur  la  composition  des  principes 
cuits,  moins  complexe  en  général  que  la  composition  des  principes  crus.  Par  exemple,  c'est  ce 
qui  arriverait  à  un  principe  immédiat  qui  par  la  cuisson  donnerait  de  l'eau,  de  l'acide  carbo- 
nique, de  l'ammoniaque,  etc.,  etc.;  car  évidemment  l'eau,  l'acide  carbonique,  l'ammo- 
niaque, etc.,  etc.,  sont  plus  simples,  que  le  principe  immédiat  cru. 

^     75-    ■ 


(  564  ) 
bouilli  longtemps  ou  qui  a  été  préparée  avec  de  la  vapeur  surchauffée,  de 
manière  que  la  solution  ne  se  prend  plus  en  gelée  par  la  concentration  et 
le  refroidissement. 

))  Je  sais,  par  ma  propre  expérience,  que  le  tendon  du  bouilli  qui,  en 
conservant  sa  solidité,  a  été  gonflé  par  l'eau,  et  aussi  le  tissu  cellulaire  qui 
n'est  point  passé  à  l'état  de  gélatine  dans  le  bouillon,  sont  réellement 
nutritifs. 

1)  Enfin,  en  parlant  de  l'assimilation  de  la  matière  aux  êtres  vivants, 
dans  l'ouvrage  De  la  méthode  à  posteriori  expérimentale  (i),  que  j'ai  présenté 
à  l'Académie  à  la  fin  de  l'année  dernière,  j'ai  insisté  sur  les  raisons  qu'il  y 
a  de  croire  que  dans  l'assimilation  de  la  matière  minérale  aux  plantes  il  y  a 
un  phénomène  inverse  de  la  cuisson,  que  j'ai  appelé  décuisson,  phénomène 
qu'il  est  difficile  de  se  refuser  à  admettre  dans  l'homme,  où  les  principes 
immédiats  pris  a  l'état  cuit  se  retrouvent  à  I  état  cru  dans  les  liquides  des 
organes  et  dans  les  tissus  qui  les  renferment. 

»  Le  goiït  du  sel,  du  poivre,  du  laurier-sauce,  en  un  mot  des  assaison- 
nements comprenant  des  matières  qui  peuvent  affecter  le  goût  et  l'odorat, 
explique  en  partie  la  préférence  que  l'on  donne  a\ix  viandes  cuites  relative- 
ment aux  viandes  crues;  car  presque  toujours  la  chaleur  développe  des 
arômes  très-variés  recherchés  du  gourmet,  ainsi  que  je  l'ai  démontré  il  y  a 
longtemps  (2)  et  rappelé  récemment  à  l'Académie  (3). 

»  C'est  dans  la  classe  des  assaisonnements  que  rentrent  les  principes  odo- 
rants acides  du  beurre,  des  fromages  et  d'autres  aliments  fermentes.  Bien 
des  gens  seraient  étonnés  d'apprendre  où  l'un  de  ces  acides  existe.  Mais, 
pour  être  vrai,  il  ne  faut  pas  oublier  que  dans  le  fromage  il  existe  plusieurs 
principes  immédiats  essentiellement  nutritifs. 

»  On  a  [jarlé  dans  ces  derniers  temps  de  la  nécessité  d'ime  matière  grasse 
poiu'  l'alinientation,  et  c'est  avec  raison;  mais  l'on  aurait  dû  s'expliquer  sur 
la  nature  de  cette  matière,  parce  qu'elle  est  très-variée  quant  aux  espèces 
comprises  dans  cette  dénomination,  et  indubitablement  les  propriétés  essen- 
tielles de  chacune  de  ces  espèces  ne  sont  point  indifférentes  à  l'alimentation. 

»  Ainsi  (les  carbures  d'hydrogène  binaires,  la  cholestérine,  une  matière 
cireuse  fusible  à  63  degrés,  la  cétine,  la  stéarine,  la  margarine,  l'oléine,  la 


(i)  Paragraphes  8  et  9,  de  la  page  223  à  la  page  255  inclusivement. 

(2)  Riippnrl  sur  le  bouillon  de  la  Compagnie  Hollandaise,  l'ait  à  l'Académie  des  Sciences 
le  ig  de  mars  i832. 

(3i  Compte  rendu  de  la  séance  du  10  d'octobre  1870,  p.  49°- 


(  565  ) 
butyrine  et  des  essences  sulfurées,  des  huiles  phosphorées,  ne  doivent  pas 
être  confondues  sous  la  dénomination  générale  de  matière  grasse. 

»  J'ai  signalé,  il  y  a  longtemps,  l'existence  de  matières  grasses  dans  les 
farines  des  céréales,  notamment  dans  celle  du  froment.  J'en  ai  démontré 
la  préexistence  dans  l'amidon  et  le  gluten,  aussi  bien  que  dans  les  tissus 
d'origine  animale  où  Berzelius  en  niait  l'existence,  soutenant  qu'elles  étaient 
produites  par  la  réaction  de  l'alcool  ou  de  l'éther  au  moyen  desquels  on  les 
extrait. 

»  M.  Dumas  rappelle  qu'il  a  été  témoin,  en  i8f6,  à  Genève,  pour  l'ali- 
mentation des  populations  pauvres  de  la  Savoie,  des  bons  effets  obtenus 
par  l'emploi  du  parenchyme  des  os  dépouillés  de  sels  calcaires  par  les 
acides.  On  l'employait  à  préparer  des  soupes  économiques. 

»  Quelques  années  après,  il  constatait,  connue  Membre  de  la  Commission 
de  la  gélatine  et  chargé  de  toutes  les  analyses,  combien,  au  contraire,  la 
gélatine  extraite  des  os  par  la  vapeur  inspirait  de  doutes  et  soulevait  de 
difficultés. 

»  En  conséquence,  au  moment  où  il  signalait,  il  y  a  quelques  semaines, 
le  parti  qu'on  pouvait  tirer  des  os  comme  aliment,  il  indiquait,  de  préfé- 
rence à  la  gélatine  des  os  extraite  par  la  vapeur,  l'emploi  du  parenchyme 
qu'ils  laissent  après  le  traitement  par  les  acides.  Par  suite,  divers  industriels 
ont  offert  leur  concours  à  l'administration.  M.  Demongeot,  ingénieur  des 
mines,  chargé  de  la  direction  du  service  important  de  l'alimentation  par 
les  produits  fournis  par  le  bétail,  leur  a  donné  les  facilités  nécessaires. 

»  Les  os  traités  par  les  acides,  ou  le  sait,  laissent  un  tissu  parenchyma- 
teux  qui,  plongé  dans  l'eau  bouillante  et  retiré  au  bout  de  deux  minutes, 
puis  plongé  dans  une  dissolution  gélatineuse  chaude  et  concentrée,  reste, 
en  se  desséchant,  couvert  d'un  vernis  qui  l'abrite  et  qui  préserve  de  rancis- 
sement la  graisse  dont  il  est  encore  imprégné.  Cette  préparation  est  connue 
depuis  longtemps.  Elle  est  décrite  dans  le  Traité  de  Chimie  appliquée  aux 

arts  (i844)- 

»  Ce  parenchyme  <les  os,  que  notre  savant  confrère  nomme  osséine  avec 
MM.  Verdet  et  Robin,  constitue-t-il  un  mélange  de  divers  produits  ou  une 
espèce?  Telle  n'est  pas  la  question  eu  ce  moment. 

»  Ce  que  M.  Dumas,  seul  survivant  de  la  Commission  de  la  gélatine, 
tient  à  rappeler,  c'est  que  cette  Commission  n'avait  pas  confondu  le  paren- 
chyme des  os  et  la  gélatine  qui  en  provient,  et  qu'elle  avait  constaté  la  su- 
périorité du  premier  produit  sur  le  second. 


(  566  ) 

M  M.  Dumas  est  convaincu  que,  si  le  parenchyme  des  os  dépouillé  par  les 
acides  et  desséché  n'existe  pas  dans  le  commerce  depuis  longtemps,  cela 
tient  surtout  à  la  difficulté  que  l'on  trouve  à  se  procurer,  pour  une  sem- 
hlable  fabrication,  les  os  frais  qui  lui  sont  indispensables. 

»  En  résumé,  soit  que  la  gélatine  extraite  par  la  vapeur  se  trouve  cuite, 
en  employant  cette  expression  dans  le  sens  profond  que  lui  attribue  notre 
illustre  doyen  M.  Chevreul,  et  que  le  parenchyme  des  os  se  trouve  décuit, 
soit  par  d'autres  causes  complexes,  M.  Dumas  regarde  comme  démontré 
depuis  longtemps  par  l'expérience  que  le  parenchyme  des  os  est  un  aliment 
préférable  à  la  gélatine  des  os,  extraite  par  la  vapeur, 

»  Notre  savant  confrère  lui  parait  donc  être  dans  le  vrai,  lorsqu'il  ajoute 
le  poids  de  son  expérience  récente  à  celui  des  anciens  travaux,  aux- 
quels la  Commission  de  la  gélatine  avait  consacré  dix  années  de  soins 
assidus. 

n  Sans  contester  absolument  à  la  gélatine  un  rôle  alimentaire,  lors- 
qu'elle était  mêlée  à  d'autres  aliments,  cette  Commission  préférait,  en  effet, 
l'emploi  du  tissu  des  os  dépouillé  par  les  acides. 

»  Ses  expériences  démontraient  de  plus  que,  parmi  ces  tissus,  ceux  qui 
contiennent  une  proportion  plus  forte  de  matière  animale  insoluble, 
comme  les  pieds  de  mouton,  sont  préférables  à  ceux  qui  renferment  sur- 
tout une  matière  animale  soluble,  comme  la  tète  de  mouton. 

»  Il  y  a  donc  profit  à  faire  entrer  dans  la  composition  des  aliments  le 
parenchyme  osseux  en  nature,  tel  que  le  laissent  les  acides,  au  lieu  d'eu 
extraire  seulement  la  partie  soluble  qui  constitue  la  gélatine  proprement 
dite. 

»  Les  idées  admises  aujourd'hui  au  sujet  du  rôle  des  aliments  ont  sou- 
vent emprunté  et  n'ont  rien  changé  d'ailleurs  au  travail  de  l'ancienne 
Commission  de  ïkcadéime  {Comptes  rendus,  t.  XIII),  qui,  fondé  entière- 
ment sur  l'expérience,  ne  pouvait  qu'être  confirmé  par  l'expérience. 

»  Les  os  fournissent  donc  quatre  sortes  de  produits,  ainsi  rangés  dans 
l'ordre  utile  comme  aliments  : 

»  1°  Parenchyme  des  pieds  de  mouton,  isolé  par  les  acides,  contenant 
le  plus  de  tissu  insoluble  et  pouvant  nourrir  pendant  un  mois  sans  répu- 
gnance les  animaux  soumis  à  l'expérience; 

»  2°  Parenchyme  des  têtes  de  bœuf  ou  de  mouton,  contenant  surtout 
des  matières  animales  solubles;  les  animaux  s'en  dégoûtent  au  bout  de 
ciufl  ou  six  jours; 

»   3"  Gélatine  récente  et  inaltérée;  les  animaux  la  refusent  oti  s'en  dé- 


(  567  ) 
goûtent  bientôt  lorsqu'elle  est  mise  seule  à  leur  disposition,  mais  elle  peut 
être  utilisée  à  l'état  de  mélange  avec  d'autres  aliments; 

»  4°  Dissolutions  gélatineuses  altérées,  même  légèrement;  elles  exciloni 
la  répugnance  des  animaux  et  ne  peuvent  pas  être  employées,  mémo  à 
l'état  de  mélange  avec  d'autres  aliments.  » 

«  M.  Payex,  à  l'appui  de  l'instante  recommandation  présentée  par 
M.  Fremy,  en  vue  de  décider  l'application  du  tissu  organique  des  os  dans 
l'alimentation,  dit  qu'il  ne  serait  pas  même  nécessaire  de  diviser  en  lames 
minces  les  os  compactes  et  épais,  opération  d'autant  plus  dispendieuse 
qu'elle  s'appliquerait  aux  gros  os  longs  et  en  lames  épaisses,  dits  de  Inivail, 
employés  dans  la  tabletterie.  Le  plus  grand  nombre  des  os  d'un  prix  bien 
mouidre,  provenant  de  l'abattage  des  animaux,  s'appliquent  directement 
en  effet  dans  les  usines  à  la  préparation  du  tissu  organique  désigné  sous 
ie  nom  d'o5  amollis:  tels  sont  les  divers  os  minces  très-irréguliers  ou  très- 
jioreux  des  tètes  de  bœufs  et  de  moutons  ;  ceux  de  l'intérieur  des  cornes 
qui,  bien  que  volumineux,  offrent  relativement  à  leur  masse  une  surface 
très-grande  à  l'action  de  l'acide  en  raison  du  nombre  considérable  des  ca- 
nalicules  qui  traversent  toute  leur  épaisseur;  les  os  très-minces  d'omoplates 
des  moutons;  les  côtes  minces  ordinairement  concassées  afin  d'extraire  par 
l'eau  bouillante  la  matière  grasse  que  recèle  la  partie  spongieuse  interne 
de  ces  os;  la  portion  élargie  des  côtes  de  bœuf  après  que  l'on  en  a  obtenu 
les  petits  cercles  dits  moules  de  boutons;  les  os  ainsi  troués,  désignés  vul- 
gairement sous  le  nom  de  dentelle,  laissent  une  très-grande  surface  à  l'ac- 
tion de  l'acide,  et  n'ont  qu'une  faible  valeur  comparativement  avec  l'os  de 
travail  qui  les  a  fournis. 

»  C'est  dans  les  mêmes  vues  que  l'on  applique  à  la  préparation  du  tissu 
organique,  dit  osséine,  les  os  de  tibia  des  moutons. 

M  Quant  aux  os  d'omoplates  des  bœufs,  ils  sont  réservés  comme  os  de 
travail  ;  on  se  borne  à  entamer  avec  une  hachette  les  portions  renflées  con- 
tenant les  parties  spongieuses,  afin  que  l'eau  bouillante  en  puisse  faire  sor- 
tir la  matière  grasse. 

»  On  pourrait  sans  doute  utiliser  directement  au  profit  de  la  nourriture 
de  l'honuiie  les  tissus  de  chondrine  qui  terminent  les  portions  planes  des 
omoplates  et  des  côtes,  en  introduisant  ainsi  une  certaine  variété  de  pro- 
priétés spéciales  généralement  favorable  à  l'alimentation. 

»  Quant  aux  portions  renflées  des  gros  os  longs  (fémurs  du  bœuf),  on 
les  sépare  à  la  scie  pour  exti-aire  la  moelle,  réserver  la  partie  tubulaire  au 


(  568  ) 
travail,  et  diviser  à  la  hache  ou  concasser  les  bouts  renflés  afin  de  faire 
sortir  par   l'eau    bouillante   la  graisse   contenue  dans  ces   parties  spon- 
gieuses [i). 

»  La  matière  grasse  obtenue  ainsi  par  l'eau  bouillante  (ou  parfois  directe- 
mentj  des  parties  tubulaires  et  spongieuses  ouvertes,  constituerait  elle-mèrae 
une  excellente  substance  alimentaire,  à  la  seule  condition  de  traiter  le  plus 
promptement  possible  après  l'abatage,  pour  éviter  toute  altération,  ceux 
de  ces  os  non  destinés  à  être  réunis  à  la  viande  dans  le  pot-au-feu.  Ces  der- 
niers eux-mêmes  forment  une  partie  des  matières  premières  de  la  fabrica- 
tion des  graisses  d'os  et  du  noir  animal. 

»  On  conçoit  naturellement  que  le  traitement  des  os  par  l'acide  chlor- 
hydrique  exclut  toute  cette  partie  du  nombre  des  matières  premières 
applicables  à  la  fabrication  du  charbon  d'os  qui  serait  utilisé  dans  l'extrac- 
tion et  le  raffinage  du  sucre. 

»  M.  Payen,  en  terminant,  ajoute  à  l'appui  des  importantes  considéra- 
tions présentées  par  MM.  Chevreul,  Dumas  etFremy  et  de  la  démonstration 
expérimentale  fournie  par  M.  Edwards  aîné  sur  les  propriétés  nutritives  du 
tissu  organique  des  os,  ce  fait  qu'il  avait  observé  et  consigné  dans  les 
Comptes  rendus  à  l'époque  où  M.  Blondiot  avait  bien  voulu  mettre  à  sa  dis- 
position un  chien  muni  d'une  canule  à  l'estomac  permettant  l'extraction 
facile  du  suc  gastrique.  Ce  suc,  maintenu  à  la  température  de  4o  degrés  c"., 
avait  le  pouvoir  de  désagréger  et  de  dissoudre  graduellement  le  tissu 
organique  des  os.  Cette  réaction  du  principe  actif  spécial  (pepsine  ou 
gasterase),  qui  agit  d'une  manière  analogue  sur  diverses  substances  azotées 
alimentaires,  semble  un  indice  de  la  propriété  du  tissu  organique  des  os  de 
pouvoir  concourir  utilement  pour  sa  part,  comme  les  tendons  et  les  tissus 
cutanés,  à  la  nutrition  de  l'homme  (i).  » 

(  i)  Lorsqu'on  les  a  laissés  se  dessécher  au  soleil,  ces  os  gras  ne  fournissent  plus  de  graisse 
à  l'eau  bouillante  parce  que  cette  matière  fluidifiée  s'est  substituée  à  l'eau  hygroscopique, 
et  ne  peut  plus  être  extraite  directement. 

(2)  Surtout  lorsque  ces  substances,  non  entièrement  désagrégées  ou  dissoutes  par  l'ébul- 
lition,  sont  associées  à  d'autres  aliments  complémentaires  plus  sapides.  [Des  substances  ali- 
mentaires, p.  82.  4'  édition.) 


(  569  ) 

AÉROSTATION.  —  Mémoire  sur  l'équilibre  des  machines  aérostalicjues,  sur  les 
différents  moyens  de  les  faire  descendre  et  monter,  et  spécialement  sur  celui 
d'exécuter  ces  manœuvres  sans  jeter  de  lest  et  sans  perdre  d'air  inflammable, 
en  ménageant  dans  le  ballon  une  capacité  particulière,  destinée  à  contenir  de 
l'air  atmospltéricpie;  par  M.  Mecsnier  (i). 

))  M.  Meusnier  commence  par  examiner  l'état  d'équilibre  des  machines 
aérostatiques,  telles  qu'on  les  avait  vues  jusqu'alors.  Elles  sont  composées 
d'une  simple  enveloppe  remplie  en  tout  ou  en  partie  d'air  inflammable. 

»  L'atmosphère  pressant  d'autant  moins  ces  machines  qu'elles  s'élèvent 
davantage,  l'air  qu'elles  contiennent  a  dû  se  dilater  de  plus  en  plus  pendant 
leur  ascension.  Il  a  donc  été  nécessaire  ou  de  laisser  vide,  en  partant,  une 
partie  de  la  capacité  de  l'enveloppe  qui  pût  loger  l'excès  de  volume  acquis 
ainsi  par  l'air  inflammable,  ou  de  lui  ménager  une  issue  par  laquelle  il 
piàt  s'échapper  sans  mettre  la  machine  en  danger  de  se  rompre.  Dès  lors 
l'air  dont  elle  est  remplie  est  toujours  en  quantité  beaucoup  moindre  qu'il 
ne  faudrait  pour  la  tenir  pleine  à  la  surface  de  la  terre  ou  à  tout  autre 
point  plus  bas  que  celui  où  elle  a  été  considérée  d'abord. 

»  Le  volume  d'un  tel  ballon  doit  donc  varier  continuellement  suivant 
les  différentes  hauteurs  qu'il  occupe  dans  l'atmosphère  :  il  doit  diminuer 
en  descendant,  augmenter  en  montant,  et  se  trouver  généralement  en  raison 
inverse  de  la  pression  de  l'air  environnant.  Mais  il  faut  encore  observer 
que  la  pesanteur  spécifique  de  l'air  atmosphérique  est  d'autant  plus  grande 
qu'il  se  trouve  plus  pressé  par  le  poids  des  couches  supérieures.  Le  volume 
du  ballon  varie  donc  en  sens  contraire  de  la  pesanteur  de  l'air  qui  l'entoure 
et  suivant  la  même  proportion.  Il  suit  de  là  que  dans  les  différents  états  qui 
viennent  d'être  considérés  le  poids  absolu  de  l'air  qu'il  déplace  est  toujours 
le  même  à  toutes  sortes  de  hauteurs. 

»  Puis  donc  que  l'équilibre  d'une  machine  aérostatique  n'est  autre  chose 
que  l'égalité  entre  son  poids  total  et  celui  de  l'air  déplacé,  cet  équilibre 
doit  avoir  lieu  à  toutes  sortes  de  hauteurs,  et  la  machine  est  par  conséquent 
indifférente  à  occuper  une  place  plutôt  qu'une  autre  dans  l'atmosphère. 

(i)  Ce  Rapport  ou  projet  de  Rapport,  écrit  entièrement  de  la  main  de  Monge,  mais  non 
signé,  a  été  trouvé  dans  les  Archives  du  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers.  (A.  M.) 

CeUe  pièce  est  celle  dont  il  a  été  fait  mention  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  du 
24  octobre,  p.  52C).  (E.  D.  B.) 

C.  K.,  1870,  ^i»  Semestre.  (T.  LXXI,  N»  18.)  76 


(  570  ) 

»  Il  suit  de  là  que  si  des  uavigateurs  aériens  entrepreuuent  de  s'abais- 
ser en  évacuant  eux-mêmes  une  portion  de  l'air  inflammable  de  leur  ballon, 
ils  diminuent  le  volume  de  l'air  que  ce  ballon  déplace,  sans  diminuer  en 
même  raison  le  poids  total  de  la  machine,  puisqu'ils  n'ont  évacué  qu'un 
fluide  très-léger,  l'excès  de  pesanteur  acquis  par  ce  moyeu  se  conservera  le 
même  à  toutes  les  positions  inférieures  et  fera  descendre  la  machine  jus- 
qu'à terre. 

»  Il  faudrait  donc,  pour  arrêter  la  machine,  jeter  une  quantité  de  lest 
qui  compensât  juste  l'excès  de  pesanteur  de  l'aérostat,  et,  comme  cette 
précision  est  impraticable,  il  s'ensuit  que  la  descente  continuera  si  le  lest 
jeté  est  en  trop  petite  quantité  et  que  si,  au  contraire,  l'on  rend  à  la  ma- 
chine un  petit  excès  de  légèreté,  elle  remontera  un  peu  plus  haut  que  le 
point  où  elle  se  trouvait  originairement,  puisque  son  excès  de  légèreté  se 
conservera  le  même  jusqu'à  ce  qu'elle  se  trouve  remplie  de  nouveau. 

I)  Les  moyens  manquent  donc  aux  machines  aérostatiques  ordinaires 
|)Our  prendre  à  demeure  aucune  position  intermédiaire  entre  la  surface  de 
la  terre  et  le  point  le  plus  haut  où  elles  ont  une  fois  navigué.  Elles  sont  de 
plus  soumises  à  l'inconvénient  inévitable  de  n'être  susceptibles  que  d'une 
navigation  très-courte;  quand  même,  en  effet,  on  supposerait  leur  enve- 
loppe tout  à  fait  imperméable  à  l'air  inflammable,  la  dilatation  que  la  cha- 
leur du  soleil  occasionne  dans  l'intérieur  en  fait  fréquemment  sortir  des 
volumes  plus  ou  moins  considérables  par  l'issue  dont  on  a  vu  plus  haut  la 
nécessité.  Le  refroidissement  oblige,  par  la  raison  contraire,  a  jeter  une 
certaine  quantité  de  lest  et,  par  ces  vicissitudes  répétées,  la  machine  se  trou- 
vera bientôt  forcée  à  prendre  terre,  lorsqu'enfin  la  provision  de  lest  se 
trouvera  entièrement  épuisée. 

»  Ces  considérations  expliquent  pourquoi  tous  les  ballons  qu'on  a  lâchés, 
dans  un  grand  nombre  d'expériences  en  petit,  sont  demeurés  si  peu  de 
temps  en  l'air,  malgré  les  soins  qu'on  a  apportés  à  la  construction  de  plu- 
sieurs d'entre  eux.  Ces  machines,  abandonnées  à  elles-mêmes,  n'ayant  au- 
cun moyen  de  jeter  du  lest,  la  première  condensation  les  fait  retomber.  Si 
c'est  pendant  le  jour  qu'ils  ont  été  élevés,  la  nuit  est  devenue  nécessaire- 
ment le  terme  de  leur  course. 

M  Après  avoir  montré  que  le  défaut  d'un  équilibre  permanent  est  attaché 
à  la  construction  ordinaire  des  machines  aérostatiques  et  tient  spécialement 
au  changement  de  volume  qu'elles  éprouvent  par  la  plus  petite  variation  de 
hauteur,  M.  Meusnier  conclut  que  la  première  condition  à  remplir  est  que 
l'air  intérieur  soit  toujours  un  peu  plus  comprimé  que  l'air  environnant. 


(  5?'  ) 

Si,  en  effet,  une  cause  quelconque  porte  alors  la  machine  au-dessus  ou  au- 
dessous  de  son  point  d'équilibre,  son  volume  ne  changeant  plus,  ie  poids  de 
l'air  déplacé  changera  comme  la  densité  de  l'air  qui  l'entoure,  l'équilibre 
ne  pourra  subsister  à  cette  nouvelle  position  et  l'aérostat  sera  obligé  de  re- 
prendre celle  qu'il  occupait  d'abord. 

»  Après  avoir  donné  ce  moyen  de  conserver  une  position  constante, 
M.  Meusnier  cherche  ceux  d'en  changer  à  volonté,  sans  perdre  cet  excès 
de  pression  nécessaire  pour  chacune  et  sans  auctme  dépense  d'air  inflam- 
mable ni  de  lest,  de  manière  à  obtenir,  à  proprement  parler,  une  navigation 
dont  la  durée  soit  illimitée.  Il  ne  peut  y  avoir  pour  cela  que  deux  méthodes 
générales  que  M.  Meusnier  examine  successivement. 

»  L'une  consiste  a  faire  varier  à  volonté  le  volume  du  ballon  sans  rien  chan- 
ger à  son  poids.  Si^  en  effet,  par  un  mécanisme  quelconque  on  pouvait 
contracter  le  ballon,  comme  les  poissons  compriment  leur  vessie  d'air,  il 
est  clair  qu'il  s'abaisserait  jusqu'à  ce  qu'il  trouvât  un  air  plus  pesant,  doni 
un  volume  égal  à  la  nouvelle  capacité  de  la  machine  fît  encore  équilibre  à 
son  poids.  Le  contraire  arriverait  si  l'on  permettait  au  ballon  d'augmenter 
en  capacité.  M.  Meusnier  fait  même  voir  que,  dans  cette  disposition,  la 
pression  intérieure  ne  s'anéantit  jamais,  quoiqu'elle  aille  toujours  en  dimi- 
nuant à  mesure  que  la  hauteur  augmente;  et  il  en  résulte  que,  si  la  machine 
a  été  construite  de  manière  que  son  enveloppe  puisse  résister  à  cette  pres- 
sion pour  les  positions  voisines  de  la  surface  de  la  terre,  elle  doit,  à  plus 
forte  raison,  la  supporter  à  toute  autre  hauteur. 

»  Mais  quoiqu'il  y  ait  des  moyens  d'exécuter,  dans  la  pratique,  cette 
compression  des  ballons  à  la  volonté  des  navigateurs,  la  complication  du 
mécanisme  qu'il  faudrait  employer  porte  M.  Meusnier  à  préférer  la  seconde 
méthode  ;  c'est-à-dire  à  faire  varier  le  poids  du  ballon  sans  que  son  volume 
change.  Il  est  évident  que  cette  autre  manière  d'agir  sur  la  machine  doit 
également  servir  à  lui  donner  une  position  quelconque  à  volonté;  car,  si 
l'on  augmente  son  poids,  elle  descendra  nécessairement  jusqu'à  ce  que  l'air, 
devenu  plus  dense,  puisse,  sous  le  même  volume,  faire  équilibre  à  une  plus 
grande  pesanteur;  elle  montera,  par  une  raison  semblable,  si  son  poids 
absolu  diminue,  et,  en  gouvernant  à  volonté  ces  variations  de  poids,  on 
rendra  les  changements  de  position,  dont  il  s'agit,  aussi  grands  ou  aussi 
petits  qu'il  sera  nécessaire. 

»  Mais  pour  rendre  aussi  variable  et  surtout  pour  augmenter  le  poids 
d'une  machine  aérostatique  qui  est  nécessairement  isolée  et  séparée  de  tous 
les  corps  dont  nous  pouvons  disposer  ici-bas,  il  n'y  a  évidemment  d'autre 

7^).. 


(  572  ) 

marque  que  d'employer  le  fluide  même  dans  lequel  elle  nage.  Il  suffit  donc 
d'introduire  dans  la  machine  une  certaine  quantité  d'air  atmosphérique 
lorsqu'il  sera  nécessaire  de  la  faire  descendre.  En  évacuant  ce  même  air 
on  la  déterminera  à  s'élever,  et,  comme  il  entraînerait  alors  avec  lui  une 
partie  de  l'air  inflammable,  si  ces  deux  airs  étaient  à  portée  de  se  mêler, 
il  en  résulte  qu'il  faut  destiner  à  l'air  atmosphérique  une  capacité  particu- 
lière. Telle  est  la  marche  de  raisonnement  qui  conduit  M.  Meusnier  à  re- 
connaître la  nécessité  d'un  espace  ménagé  dans  l'intérieur  de  la  machine 
pour  contenir  de  l'air  commun.  Il  observe  que  c'est  en  parcourant  toutes 
les  dispositions  possibles  et  par  voie  d'exclusion  qu'il  est  parvenu  à  ima- 
giner cette  nouvelle  disposition,  et  il  en  conclut  que  c'est  la  seule  qui  puisse 
remplir  le  vrai  but  de  la  navigation  qu'on  cherche  à  obtenir. 

»  M.  Meusnier  fait  voir  que  cette  méthode  remplit  toutes  les  conditions 
qu'on  désirait  :  la  pression  intérieure  se  conserve  exactement  la  même  à 
toutes  sortes  d'élévations,  quoiqu'il  semble  au  premier  coup  d'oeil  qu'elle 
doive  augmenter  de  plus  en  plus  à  mesure  qu'on  fait  descendre  la  machine 
en  y  entassant  du  nouvel  air;  mais  il  est  aisé  de  sentir  qu'en  des<;endant 
ainsi,  la  machine  rencontre  des  couches  d'air  de  plus  en  plus  élastiques, 
dont  la  pression  détruit  celle  qui  naîtrait  intérieurement,  sans  cela,  d'une 
plus  grande  quantité  d'air  logée  dans  le  même  espace.  L'étoffe  n'a  par 
conséquent  à  supporter  qu'une  tension  qui  ne  varie  point,  et  sa  force  étant 
réglée  pour  une  position  quelconque  se  trouvera  convenir  pour  toutes. 
Le  mécanisme  nécessaire  pour  manœuvrer  l'air  atmosphérique,  comme 
cette  idée  l'exige,  est  d'ailleurs  d'une  grande  simplicité  :  un  soufflet  ordi- 
naire suffit  poin-  introduire  cet  air  dans  la  machine,  et,  quand  il  s'agira  de 
l'évacuer,  il  ne  faudra  que  lui  ouvrir  une  issue,  la  pression  intérieure  le 
forcera  à  s'échapper. 

»  M.  Meusnier  termine  son  Mémoire  en  examinant  de  quelle  manière 
il  est  le  plus  avantageux,  dans  la  pratique,  de  disposer  les  deux  capacités 
qui  doivent  loger  l'air  inflammable  et  l'air  atmosphérique.  Il  dislingue  à  cet 
égard  trois  arrangements  |)ossibles,  mais  il  préfère  le  dernier,  qui  consiste 
à  renfermer  le  ballon  d'air  inflammable  dans  une  seconde  enveloppe  entiè- 
rement semblable  :  c'est  l'intervalle  compris  entre  ces  deux  enveloppes  qui 
doit  contenir  l'air  atmosphérique.  Il  résulte  de  cette  disposition  plusieurs 
avantages  considérables  :  la  pression  intérieure  ayant  lieu  égaleuient  dans 
les  deux  airs  différents  dont  la  machine  eet  remplie,  l'enveloppe  qui  contient 
l'air  inflammable  n'en  éprouve  aucune  tension  ;  l'enveloppe  extérieure  est 
donc  seule  fatiguée,  et,   si  cotte  cause  pouvait  au  bout  d'un  certain  temps 


(  ''l'^  ) 

y  ouvrir  quelque  issue  imperceptible,  la  perte  d'air  qui  en  résulterait 
serait  facile  à  réparer,  puisqu'il  ne  s'échapperait  que  de  l'air  atmosphérique 
en  contact  avec  cette  enveloppe  :  l'étoffe  qui  renferme  l'air  inflammable 
est  d'ailleurs  à  l'abri  de  toute  espèce  d'insulte,  et  cette  construction  tend 
à  rendre   la   machine  à  la  fois  plus  sûre  et   plus  durable. 

Addition  au  Mémoire  précédent. 

»  IVIM.  Robert  ayant  construit  à  Saint-Cloud  une  machine  aérosta- 
tique qui  contenait  une  capacité  réservée  pour  recevoir  de  l'air  atmos- 
phérique comme  M.  Meusnier  l'avait  proposé  à  l'Académie  sept  mois  aupa- 
ravant, il  fit  alors  à  son  Mémoire  une  addition  considérable,  dont  nous 
allons  rendre   compte,  et  qui  fut  communiquée  avant  l'expérience. 

»  Quoique  la  disposition  adoptée  par  MM.  Robert  (consistant  en  un 
petit  ballon  intérieur  destiné  à  contenir  de  l'air  atmosphérique)  et  com- 
prise dans  les  troi?  que  M.  Meusnier  a  examinées,  ne  soit  pas  celle  qu'il 
indique  comme  la  meilleure,  elle  est  cependant  susceptible  des  mêmes 
calculs,  et  l'addition  dont  il  s'agit  a  pour  objet  de  faire  l'application 
numérique  de  la  théorie  précédente  au  cas  particulier  du  ballon  de  Saint- 
Cloud.  M.  Meusnier  détermine  en  conséquence,  d'après  les  dimensions 
de  cette  machine  et  du  ballon  intérieur  qu'elle  renfermait,  quelles  sont 
les  limites  de  hauteur  entre  lesquelles  ce  mécanisme  peut  servir  à  régler 
à  volonté  l'élévation  :  il  trouve  qu'au  delà  de  566  toises,  l'introduction  de 
l'air  atmosphérique  rie  peut  plus  ramener  la  machine  jusqu'à  terre,  parce 
que  le  ballon  intérieur  se  trouverait  entièrement  rempli  avant  que  la 
descente  fût  achevée;  il  tire  de  cette  considération  un  nouvel  avantage  en 
faveur  de  l'arrangement  qu'il  avait  préféré,  et  pour  lequel  il  ne  saurait 
exister  de  pareilles  limites  ;  et  il  conclut  que,  dans  le  cas  particulier  qu'il 
examine,  il  faut  au  moins  éviter  de  s'élever  au-dessus  de  ce  terme  de  566 
toises  ;  il  assigne  les  bornes  qu'il  convient  de  donner  à  l'excès  de  légèreté 
avec  lequel  la  machine  doit  être  abandonnée  pour  ne  point  excéder  cette 
hauteur. 

»  M.  Meusnier  recherche  ensuite  d'où  dépend  la  pression  intérieure 
qn'il  est  nécessaire  de  procurer  à  la  machine  d'après  les  principes  établis 
dans  son  Mémoire.  Il  démontre  qu'elle  est  d'autant  plus  grande  que  l'excès 
de  légèreté  au  moment  du  départ  a  été  plus  considérable  ;  et,  comme 
cette  pression  ne  doit  pas  excéder  certaines  bornes  pour  ne  pas  occasionner 
dans  l'étoffe  une  tension  plus  grande  que  la  résistance  dont  elle  est  capable, 
il  en  résulte  une  nouvelle  condition  à  laquelle  l'excès  de  légèreté  doit 
encore  satisfaire. 


(  574  ) 

»  Mais  il  faut,  pour  connaître  cette  condition,  avoir  le  moyen  d'évaluer 
la  tension  qu'éprouve  l'enveloppe  en  vertu  d'une  pression  intérieure  donnée  : 
il  est  aisé  de  sentir  que  cette  tension  doit  dépendre  beaucoup  de  la  figure 
de  l'enveloppe,  et  pent  n'être  pas  la  même  dans  toutes  les  parties  si  la  sur- 
face n'est  pas  de  nature  sphérique.  M.  Meusnier  donne  à  ce  sujet  une  mé- 
thode générale  poiu'  déterminer  les  tensions  qu'une  pression  quelconque 
peut  occasionner  à  tous  les  points  d'une  surface  de  figure  quelconque,  et 
il  ap|)liqtie  cette  méthode  à  la  forme  du  ballon  de  Sainl-Cloi:d,  qui,  en 
effet,  n'était  pas  sphérique,  mais  composé  d'une  partie  cylindrique  terminée 
par  deux  demi-sphères.  îl  résulte  de  cette  théorie  que  la  force  qui  tend  à 
ouvrir  le  cylindre  dans  le  sens  de  sa  longueur  est  toujours  double  de  celle 
qui  tiraille  les  éléments  d'une  sphère  de  pareil  diamètre;  qu'à  égalité  de 
pression  intérieure,  ces  forces  sont  proportionnelles  à  l'une  des  dimensions 
de  la  machine,  et  que,  pour  le  cas  particulier  du  ballon  de  Saint-Cloud, 
dont  le  diamètre  était  de  3o  pieds,  une  pression  capable  de  porter  un 
pouce  de  mercure  exercerait,  dans  l'étendue  de  la  partie  cylindrique  et 
dans  les  demi-sphères  des  extrémités,  des  tensions  de  1200  et  600  livres 
par  pied  d'étoffe. 

«  Ces  tiraillements,  beaucoup  trop  considérables  pour  le  tissu  frêle  d'une 
étoffe  de  soie,  font  conclure  à  M.  Meusnier  qu'il  faudrait  diminuer  le  plus 
qu'il  est  possible  la  pression  intérieure,  et,  par  conséquent,  l'excès  de  lé- 
gèreté de  la  machine;  mais  plusieurs  causes  s'opposent  à  cette  diminution. 

»  Premièrement,  il  est  essentiel  que  la  machine  ait,  au  moment  de  son 
départ,  ime  certaine  vitesse  d'ascension;  car  si  le  vent,  qu'elle  suit  de  né- 
cessité dès  les  premiers  instants,  l'entraînait  avec  beaucoup  plus  de  vitesse 
qu'elle  ne  s'élève,  elle  suivrait  en  quittant  la  terre  un  plan  très-incliné,  et 
pourrait  aller  rencontrer,  même  à  une  assez  grande  distance,  les  édifices  ou 
les  abords  qui  environnent  le  lieu  de  son  départ;  il  faut  donc  à  cet  égard 
lui  donner  assez  de  légèreté  pour  qu'elle  soit  bientôt  dégagée  de  tous  les 
obstacles. 

M  En  second  lieu,  si  la  température  de  l'air  intérieur  d'une  machine 
aérostatique  était  toujours  la  même  que  celle  de  l'air  environnant,  quand 
même  celle-ci  varierait,  il  y  aurait  toujours  un  degré  constant  de  pression 
intérieure;  mais  l'action  du  soleil  qui  pénètre  l'enveloppe  excite  bientôt 
dans  l'air  renfermé  une  chaleur  plus  grande  que  celle  qui  règne  en  dehors. 
D'après  les  expériences  de  M.  de  Morveau,  la  différence  à  cet  égard  peut 
facilement  aller  jusqu'à  i5  degrés  du  thermomètre,  et  cette  cause  suffit 
pour  augmenter  subitement  la  pression  intérieure  de  deux  pouces  de  mer- 
cure au  moins,    il  doit  arriver  la  même  cliose  quand   la  machine  pa.sse 


(  575) 
proinptement  d'une  couche  dair  échaufté  dans  une  autre  plus  froide,  dont 
la  grande  capacité  ne  lui  permet  que  de  prendre  très-lentement  la  tempé- 
rature. 

»  Ces  variétés  inévitables  dans  la  pression  intérieure  exigent  donc  que 
les  machines  aéroslatiques  soient  en  état  de  résister  à  de  violentes  ten- 
sions, et  M.  Meusuier  donne  le  moyen  d'obtenir  cet  avantage  sans  que 
jamais  la  véritable  enveloppe  soit  fatiguée  par  un  tiraillement  continuel 
qui  lui  ferait  perdre  promptement  l'imperméabilité  nécessaire  :  il  faut  que 
celte  enveloppe  soit  entièrement  enfermée  dans  une  sorte  de  filet  plus  étroit 
qu'elle  dans  tous  les  sens;  alors  elle  ne  pourra  jamais  être  entièrement  ten- 
due, et  le  filet  dont  il  s'agit  supportera  seul  l'effort  dû  à  la  pression  inté- 
rieure. C'est  donc  une  règle  de  plus  à  joindre  à  celles  qui  ont  déjà  été 
établies  pour  la  construction  des  machines  aérostatiques,  que  de  leur  don- 
ner à  l'extérieur  une  enveloppe  de  force,  uniquement  destinée  à  supporter 
la  compression  de  l'air  intérieur  et  pi'oportionnée  à  cet  effort. 

»  La  machine  de  Saïut-Cloud  n'étant  point  construite  d'après  ce  prin- 
cipe, qui  était  encore  ignoré,  M.  Meusuier  fait  voir  qu'elle  ne  peut  être 
exempte  de  faire  fréquemment  des  pertes  d'air  inflammable  dans  le  cas  où 
la  pression,  trop  considérable,  obligera  les  navigateurs  à  en  évacuer  une 
partie.  Il  propose  donc  au  moins  un  moyen  de  régler  ces  pertes  de  manière 
qu'elles  n'aient  heu  que  dans  les  circonstances  absolument  indispensables, 
et  de  conserver  dans  l'intérieur  de  la  machine  une  petite  pression  néces- 
saire pour  le  jeu  du  ballon  intérieur  qu'elle  renfermait  :  c'est  une  soupape 
que  l'air  intérieur  puisse  ouvrir  de  lui-même  quand  son  élasticité  passe 
certaines  bornes.  M.  Meusuier  calcule  la  giandeur  qu'il  faut  donner  à  cette 
ouverture  pour  évacuer  l'air  aussi  promptement  que  l'ascension  le  ferait 
dilater,  et  il  donne  la  force  que  doit  avoir  le  ressort  appliqué  à  cette  sou- 
pape pour  qu'elle  ne  puisse  être  soulevée  que  par  une  pression  supérieure 
à  celle  de  deux  ou  trois  lignes  de  mercure  que  l'enveloppe  peut  supporter 
habituellement. 

»  M.  INIeusnier  calcule  ensuite  l'excès  de  légèreté  nécessaire  pour  que 
la  machine  s'élève  avec  une  vitesse  de  3  pieds  par  seconde;  il  juge  cette 
vitesse  suffisante  pour  que,  dans  le  cas  d'un  vent  ordinaire,  le  ballon  se 
dégage  des  objets  environnants,  mais  il  donne  le  moyen  de  connaître 
l'excès  de  légèreté  qu'il  faudrait  lui  procurer  dans  le  cas  d'un  vent  plus  fort. 

»  M.  Meusnicr  examine  la  conduite  que  les  navigateurs  auraient  à  tenir, 
même  en  ne  faisant  pas  usage  de  la  soupape  qu'il  conseille  et  en  supposant 
le  tissu  de  l'enveloppe  sujet  à  une  déperdition  d'air  inflammable,  il  prévoit 
qu'alors  la  pression  intérieure  sera  fréquemment  réduite  à  rien,  ce  qui 


(  576  ) 
serait  le  présage  d'une  descente  prochaine;  il  assigne  la  quantité  de  lest 
qu'il  convient  de  jeter  pour  rétablir  cette  pression,  quand  il  ne  s'agit  que 
de  naviguer  à  une  hauleur  constante;  il  détermine  l'espace  que  la  machine 
peut  parcourir  en  descendant  à  l'aide  du  soufflet  disposé  pour  introduire 
de  l'air  commun  dans  le  ballon  intérieur,  et  trouve  que  chaque  coup  de 
soufflet  doit  faire  descendre  la  machine  d'environ  6  pieds;  il  indique 
aussi  le  poids  dont  il  convient  que  ce  soufflet  soit  chargé  pour  faire  entrer 
l'air  extérieur  dans  le  ballon  malgré  la  pression  qui  y  règne. 

»  M.  Meusnier  propose  une  méthode  de  disposer  le  lest  par  parties 
d'un  poids  connu,  de  telle  sorte  qu'on  puisse  toujours  savoir  le  poids  absolu 
de  la  machine.  Il  donne  eu  conséquence  une  table  calculée  pour  tous  les 
états  par  lesquels  le  ballon  peut  successivement  passer  à  mesure  que  les 
pertes  d'air  inflammable  obligeront  à  diminuer  son  poids.  Ou  voit  dans 
cette  table  le  poids  total  de  l'air  inflammable  que  la  machine  renferme 
encore  à  chaque  époque;  la  hauteur  du  point  où,  cet  air  remplissant  la 
capacité  entière,  le  ballon  intérieur  se  trouverait  entièrement  déprimé  et 
ne  pourrait  servir  à  l'élever  davantage,  ce  qui  constitue  ce  que  M.  Meusnier 
appelle  limite  supérieure  d'équilibre.  On  voit  également,  pour  chaque  état 
de  la  machine,  la  position  de  cet  autre  point  où  le  ballon  intérieur, 
étant  tout  à  fait  plein  d'air  commun,  ne  pourrait  continuer  à  faire  des- 
cendre l'aérostat,  et  qui  par  cette  raison  est  nommé  limite  inférieure  d'équi- 
libre. Deux  autres  colonnes  indiquent  le  rapport  entre  la  hauteur  absolue 
et  celle  du  baromètre;  de  sorte  que,  à  l'aide  de  cette  table,  l'état  du  ballon 
intérieur,  qu'on  ne  voit  point,  est  toujours  facile  à  conclure;  c'est  donc, 
comme  le  dit  M.  Meusnier,  une  vraie  table  nautique  offerte  aux  navigateurs 
de  l'air. 

»  M.  Meusnier  finit  par  calculer  la  déperdition  dont  une  étoffe  peut  être 
susceptible,  suivant  la  grandeur  de  la  machine  et  la  hauteur  où  elle  se 
trouve  dans  l'atmosphère;  et  il  trouve  qu'en  suivant  le  plan  de  conduite 
qu'il  propose,  et  en  supposant  l'enveloppe  du  ballon  de  Saint-Cloud  de 
même  nature  que  celle  du  ballon  parti  des  Tuileries  le  i*='  décembre  1783, 
cette  machine,  chargée  de  trois  hommes,  pouvait  se  tenir  en  l'air  pendant 
un  intervalle  de  dix-sept  heures. 

Observations  sur  l'expérience  aérostatique  de  Saint-Cloud. 

»  M.  Meusnier,  après  avoir  suivi  pendant  plusieurs  jours  les  préparatifs 
de  cette  expérience,  rend  compte  en  détail  de  la  disposition  intérieure  de 
la  machine,  des  circonstances  de  son  départ,  et  des  causes  du  peu  de  durée 
du  voyage  qu'elle  a  fait. 


(  577  ) 

»  On  avait  eu  l'intention  de  fixer  le  ballon  intérieur  en  dedans  de  l'autre 
par  des  cordons  tendus  de  l'une  à  l'autre  enveloppe  :  mais,  ces  cordons  ne 
pouvant  varier  de  longueur  comme  l'auraient  exigé  les  différentes  formes 
de  ce  ballon  intérieur,  ils  étaient  habituellement  lâches,  laissaient  le  ballon 
intérieur  reposer  sur  la  partie  inférieure  du  grand  et  lui  permettaient  d'al- 
ler se  placer  jusque  sur  l'orifice  de  l'appendice  destiné  à  l'évacuation  de 
l'air  inflammable.  On  avait  d'ailleurs  placé  ces  attaches  dans  un  moment 
où  le  ballon  extérieur  n'était  pas  rempli,  de  sorte  qu'on  n'avait  pu  déter- 
miner la  vraie  longueur  qui  convenait  à  ces  cordons  dans  l'état  de  tension 
de  la  machine.  Ce  ballon  se  trouvait  encore  sur  la  route  d'une  corde  des- 
tinée à  gouverner  la  soupape  placée  au  sommet  de  la  machine,  de  façon 
que  cette  corde  était  obligée  de  plier  sous  lui. 

))  La  machine  n'était  pas,  à  beaucoup  près,  remplie  d'air  inflammable 
lorsqu'on  se  prépara  à  la  laisser  partir;  on  essaya  de  réparer  ce  défaut  en 
remplissant  le  ballon  intérieur  d'air  commun,  mais  il  restait  encore  plus 
d'un  quart  de  vide  dans  la  capacité  totale. 

))  Enfin  les  navigateurs,  s'étant  d'abord  procuré  trop  peu  d'excès  de  lé- 
gèreté et  reconnu  le  danger  de  donner  dans  les  arbres  environnants,  je- 
tèrent à  la  hâte  une  très-grande  quantité  de  lest. 

»  La  machine  tendait  donc  à  monter  à  une  très-grande  élévation,  par 
la  double  raison  de  la  grande  quantité  de  lest  qui  avait  été  jetée  et  du  vide 
qui  y  restait  au  moment  du  départ. 

»  Elle  se  gonfla  bientôt  et  occupa  son  volume  entier  :  les  cordons  d'at- 
tache du  ballon  intérieur  se  trouvant  trop  courts,  l'un  d'eux  se  cassa  avec 
bruit,  et  ce  ballon  vint  couvrir  à  demeure  l'orifiee  de  l'appendice;  il  creva 
peu  de  temps  après,  son  étoffe  obstrua  de  plus  en  plus  l'appendice  d'éva- 
cuation et  se  mêla  avec  la  corde  de  la  .soupape  supérieure.  Alors,  la  ma- 
chine montant  toujours,  on  chercha  en  vain  à  évacuer  l'air;  tous  les 
moyens  manquaient,  et  la  machine  était  dans  le  danger  le  plus  imminent 
de  crever  d'elle-même  :  on  prit  alors  le  parti  d'y  pratiquer  ime  ouverture; 
elle  se  fendit  sur  toute  sa  longueur  et  descendit  avec  rapidité. 

»  M.  Meusnier  fait  voir  que  cet  événement  ne  tenait  point  au  fond  du 
mécanisme  dont  on  avait  fait  l'application,  mais  à  une  suite  de  fautes  très- 
aisées  à  éviter.  » 

MÉaiOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  SoREL  adresse  une  nouvelle  Note  relative  au  procédé  d'aérostation 
qu  il  a  déjà  soumis  au  jugement  de  l'Académie.  L'auteur  se  propose  d'em- 

C.  R.,  iS'JO,  2«  Semestre.  (T.  LXXI,  ti"  18.)  77 


(  578  ) 

ployer  le  vent  seul  comme  moteur,  et  de  munir  l'aérostat  d'une  hélice 
mise  en  mouvement  par  des  hommes,  pour  offrir  une  résistance  à  l'action 
du  vent  et  former  gouvernail. 

La  Section  de  Mécanique,  à  laquelle  avaient  été  renvoyés  récemment  les 
divers  Mémoires  relatifs  à  l'aérostation,  n'est  représentée  à  Paris,  en  ce 
moment,  que  par  M.  le  général  Moriu.  En  conséquence,  et  vu  l'urgence 
des  questions  qui  se  rattachent  à  ce  sujet,  ces  Mémoires  seront  renvoyés  à 
une  Commission  spéciale,  composée  de  MM.  Morin,  Delaunay,  Dupuy  de 
Lôme. 

M.  A.  Brachet  adresse  un  nouveau  Mémoire  concernant  les  principes 
de  l'aérostation  et  les  divers  systèmes  adoptés. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédente.) 

M.  Lehir  adresse  une  Note  portant  pour  titre  «  Essai  sur  les  moyens  de 
diriger  les  aérostats  et  sur  l'appréciation  des  résultats  qui  peuvent  être  oh- 
tenus.  Agents  de  locomotion  et  de  direction  faisant  corps  avec  le  ballon  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  précédente.) 

M.  Bouvet  adresse  une  nouvelle  Note  relative  à  un  projet  d'aérostat  di- 
rigeable, muni   d'un   moteur  à  gaz,  qu'il  a  déjà  soumis  au  jugement  de 

l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédente.) 

M.  Ed.  Barbou  adresse  un  projet  de  navigation  aérienne,  accompagné 

de  croquis  indiquant  deux  dispositifs  différents  auxquels  lauteur  propose 

d'avoir  recours. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédente.) 

M.  Delacroix  adresse  luie  Note  relative  à  un  système  d'aérostat,  manœu- 
vrant avec  des  voiles,  des  ailes  mobiles  et  deux  gouvernails. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédente.) 

M.  J.  Gdérin  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  procédé  à  l'aide 
duquel  il  lui  paraît  possible  de  mettre  et  de  maintenir  eu  communication 
télégraphique  la  France  du  dedans  avec  la  France  du  dehors. 

«  Ce  moyen  consisterait  à  faire  partir,  d'un  ballon  captif,  un  fîl  télégra- 
|)hique,  déroulé  et  entraîné  par  un  ballon  libre  jusqu'à  l'atterrissement  de  ce 


(  579) 
dernier  La  portion  intermédiaire  du  fil  serait  maintenue  en  l'air  à  la  hau- 
teur voulue  par  une  série  de  petits  ballons,  attachés  de  distance  en  distance, 
capables  de  neutraliser,  par  la  différence  de  leur  poids,  la  pesanteur  du 
fil  conducteur.  Le  fil,  armé  de  ces  petits  ballons,  se  développerait  sans 
effort  ni  difficulté,  du  pied  de  l'amarre  du  ballon  captif,  au  fin-  et  à  me- 
sure de  l'éloignement  du  ballon  libre.  La  communication  entre  le  point 
d'arrivée  et  le  point  de  départ  serait  maintenue  pendant  tout  le  temps  que 
le  fil  conducteur  pourrait  être  soutenu  à  la  hauteur  nécessaire  par  les 
petits  ballons. 

»  Un  autre  procédé  pourrait  consister  dans  l'emploi  d'un  tube  en  tissu 
imperméable,  contenant  le  fil  conducteur,  lequel  tube  fractionné  de  dis- 
tance en  distance  par  une  série  d'intersections,  et  rempli  de  gaz  hydro- 
gène, constituerait  une  sorte  de  ballon  tubulaire,  qui  se  déroulerait  pour 
suivre  le  ballon  libre  jusqu'à  son  arrivée,  w 

(Renvoi  à  la  Commission  précédente.) 

»  M.  Dumas  regarde  comme  un  devoir  de  déclarer  qu'il  a  reçu  de 
M.  É.  Granier,  à  qui  on  doit  diverses  applications  utiles,  la  communica- 
tion d'un  procédé  qui  consisterait  à  établir  entre  deux  ballons  captifs  une 
communication  télégraphique,  au  moyen  d'im  fil  de  métal  accompagné  et 
maintenu  dans  l'atmosphère  par  lui  long  boyau  plein  de  gaz.  M.  Gtanier 
pense  avoir  préparé  un  caoutchouc  artificiel,  imperméable  à  l'hydrogène. 
L'Académie  permettra  que  cette  Note  établisse  la  situation  de  M.  Granier 
et  lui  laisse  le  droit  de  présenter  ses  idées  personnelles  quand  il  le  jugera 
opportun,  sans  être  accusé  d'emprunter  celles  d'autrui.  » 

M.  Cu.  Teluek  adresse  une  Note  relative  à  l'emploi  de  la  glace  et  du 
froid  dans  les  amputations. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

CORRESPONDANCE. 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  une  transformation  géométrique.  Note  de  M.  S.  Lie, 

présentée  par  M.  Chasies. 

«  Dans  cette  Note,  je  donnerai  d'abord  une  méthode  de  transformation 
qui  permet  de  déduire  de  théorèmes  relatifs  à  des  droites  des  théorèmes 
concernant  des  sphères  ou  plus  généralement  des  surfaces  du  second  degré 

77" 


(  58o  ) 
qui  contiennent  une  conique  fixe.  Cette  méthode  permet,  quand  les  lignes 
asymptotiques  d'une  surface  sont  connues,  d'en  déduire  les  lignes  de  cour- 
bure d'une  autre  surface  et  inversement.  La  principale  application  que  j'en 
ai  faite  consiste  dans  la  détermination  des  lignes  asymptotiques  de  la  sur- 
face des  ondes  et  plus  généralement  de  la  surface  de  Kummer. 

»  1.  Ma  méthode  de  transformation  a  son  point  de  départ  dans  une 
correspondance  que  l'on  peut  étabhr  entre  deux  complexes  (i)  de  droites  : 
le  complexe  linéaire  et  celui  dont  toutes  les  lignes  coupent  le  cercle  ima- 
ginaire à  l'infini.  J'ai  été  conduit  à  cette  correspondance  par  une  repré- 
sentation des  imaginaires  du  plan,  que  j'ai  déjà  exposée  dans  un  autre 
Recueil  (2),  mais  dont  je  donnerai  ici  un  court  résumé. 

»  Quand  on  regarde  dans  l'équation  suivante 

BZ  =  X  -  A 

Z  et  X  comme  coordonnées  cartésiennes  des  points  d'un  plan,  A  et  B  comme 
coordonnées  tangentielles  des  droites,  j'ai  proposé  de  représenter  la  droite 
du  plan  zx  dont  les  coordonnées  sont  imaginaires,  savoir 

A  — a -h  ai,     ]^  =  b -h  ^i 

par  la  droite  de  l'espace  dont  les  équations  sont 

Les  droites  imaginaires  qui  passent  par  uu  point  imaginaire  du  plan  zx 

Z  —  z-\-pi,     X  =  x  +  yi 

seront  représentées  par  les  droites  de  l'espace  qui  appartiennent  à  une  cer- 
taine congruence  linéaire  (c'est-à-dire  qui  coupent  deux  directrices  recti- 
lignes).  Ces  droites  représentatives  passent  par  le  point  de  l'espace  (x,  /,  z) 
quand  p  est  égal  à  zéro. 

»  La  théorie  de  la  corrélation  entre  les  poinis  cl  les  droites  du  plan  zx 
qui  se  définit  par  les  équations 

'  ~"  L,X, -(-M,Z, -t-N/.       '  ~  L.X, -l-M,Z, -f-  n/ 
ou  par  des  équations  équivalentes 

_  D,X, +E,  Z, +F,       „    _  G.X, -|-H,Z,  -hK, 

^2  "~  L.x, -f-Mrz;^4^N;  '  ^*  ~  l,  x,  -<-  m,  z,  +  n;' 


(i)  Pluckeb,  Nouvelle  géométrie  de  l'espace;  i868-6g. 
(2)   Comptes  rendus  de  l'Académie  de  Christiania  ;  1869. 


(  58.  ) 
donne  dans  notre  représentation,  en  y  ajoutant  les  équations 

p,  =  o,     p2  =  o, 

une  correspondance  muluelle  entre  deux  espaces  E,  et  Ej  de  telle  manière 
qu'aux  points  de  l'un  correspondent  dans  l'autre  les  droites  d^un  complexe;  cette 
correspondance  a  d'ailleurs  conservé  les  caractères  essentiels  de  la  corrélation. 

»  Eh  effet,  si  une  droite  [appartenant  à  un  desjdeux  complexes  tourne 
autour  d'un  de  ses  points,  le  point  correspondant  se  meut  sur  la  droite  de 
l'autre  complexe  qui  correspond  au  point  fixe. 

»  De  là  on  conclut  premièrement  que  les  courbes  enveloppées  par  des 
lignes  des  deux  complexes  se  correspondent  une  à  une.  Les  points  de  cha- 
cune des  courbes  correspondantes  correspondent  aux  langentes  de  l'autre. 

»  En  second  lieu,  soit  une  congruence  appartenant  à  un  des  deux  com- 
plexes et  sa  surface  focale  F,.  Aux  droites  de  cette  congruence  correspon- 
dent les  points  d'une  surface  Fj;  aux  points  de  la  surface  F,  correspondent 
les  droites  d'une  congruence  dont  F^  est  l'une  des  surfaces  focales. 

»  Par  une  particularisation  convenable  des  constantes  de  la  corrélation, 
les  complexes  qui  se  correspondent  de  la  manière  que  nous  venons  d'ex- 
poser deviendront  les  deux  complexes  indiqués  d'abord.  J'ajouterai  que 
M.  Noefher  (i)  a  considéré  une  correspondance  entre  les  droites  d'un  com- 
plexe linéaire  et  les  points  de  l'espace,  d'où  on  pourra  tirer  assez  facilement 
la  correspondance  mutuelle  entre  les  deux  complexes  dont  il  s'agit  ici. 

»  2.  Regardons  maintenant  dans  l'espace  E,  un  complexe  linéaire  C,  et 
dans  E2  le  complexe  C^  dont  toutes  les  lignes  coupent  le  cercle  imaginaire 
à  l'infini  et  établissons  entre  ces  deux  complexes  la  relation  indiquée. 

»  Aux  points  d'une  droite  L,  située  en  E,  correspondent  en  E2  les  lignes 
d'une  des  générations  d'une  surface  du  second  degré  S2  passant  par  le  cercle 
imaginaire  à  l'infini,  c'est-à-dire  d'une  sphère.  Cette  sphère  se  réduit  à  un 
point  si  la  droite  L,  appartient  au  complexe  C,.  Aux  lignes  de  l'autre  géné- 
ration correspondent  dans  le  cas  général  en  E,  les  points  d'une  droite  L', 
qui  est  la  conjuguée  polaire  de  L,  par  rapport  au  complexe  C,. 

»  A  deux  droites  L,  et  ^,  qui  se  coupent  correspondent  en  E^  deux 
sphères  qui  se  touchent.  Inversement,  à  deux  sphères  qui  se  touchent  cor- 
respondent en  E,  deux  couples  de  droites  (L,,  L',)  et  (4,,  jp',)  dont  chacune 
coupe  une  droite  de  l'autre  couple. 


(i)   Goellinger  Nachhchten  :  «   Zur  Théorie  der  algebraischen  Functionein,...,  etc, 
1869.  P'oir  ixiisii  :  Rete,  Géométrie  c/cr  Lage,  Zwdte  Abtheilung,  p.  i?.7;  1868. 


(  582  ). 

M  Si  la  droite  4^,  se  meut  de  manière  à  engendrer  un  complexe  linéaire, 
les  sphères  correspondantes  couperont  ime  sphère  fixe  sous  un  angle  con- 
stant, angle  droit  si  les  deux  complexes  C,  et  C,  sout  en  involulion  (i). 

»  En  général,  notre  méthode  transforme  une  combinaison  quelconque 
de  droites  en  une  combinaison  de  sphères,  et  donne  ainsi  ime  liaison  intime 
entre  des  théorèmes  en  apparence  complètement  différents. 

»  3.  Soit  donnée,  dans  l'espace  Eo,  une  surface  F,.  A  cette  surface  cor- 
respond, dans  l'espace  E,,  une  congruence,  a3iant  une  surface  focale  F,. 
A  chaque  ligne  de  courbure  de  la  surface  Fo  correspondra  alors  en  E,  une  sur- 
face réglée-  qui  louche  F,  le  long  d  une  courbe  as/mptolique,  qui  est  sa  propre 
polaire  réciproque,  par  rapport  au  complexe  C, . 

»  En  me  bornant  ici  à  énoncer  ce  théorème,  je  vais  en  donner  quelques 
applications. 

»  M.  Darboux  a  démontré  que  la  courbe  de  contact  d'une  surface  quel- 
conque avec  la  développable,  circonscrite  à  cette  surface  et  au  cercle 
imaginaire  à  l'infini,  est  une  ligne  de  courbure  de  la  surface;  on  connaîtra 
donc  sur  la  surface  focale  d'une  congruence  générale,  appartenant  à  un 
complexe  linéaire,  une  courbe  asymptotique.  Les  tangentes  de  la  surface 
dans  les  points  de  cette  courbe  appartiennent  au  complexe  linéaire. 

»  Il  est  évident  que  l'on  peut  déterminer  une  ligne  asymptotique,  jouis- 
sant de  la  même  propriété,  sur  chaque  surface  réglée,  appartenant  à  un 
complexe  linéaire.  Mais,  d'après  les  recherches  de  MM.  Bonnet  (2)  et 
Clebsch  (3),  on  connaît  toutes  les  lignes  asymptotiques  d'une  surface  ré- 
glée, si  l'on  en  connaît  une.  Jinsi  on  pourra  trouver  les  lignes  asymptotiques 
d'une  surface  réglée,  appartenant  à  un  complexe  linéaire;  d'autre  part,  on 
obtiendra  par  notre  méthode  de  transformation  le  théorème  suivant  : 
On  peut  déterminer  par  des  quadratures  les  lignes  de  courbure  de  chaque 
surface,  enveloppée  par  de  sphères  qui  coupent  une  sphère  fixe  sous  un  angle 
constant. 

n  Enfiii.  on  peut  trouver  par  notre  théorème  les  lignes  asymptotiques  de 
la  surface  du  quatrième  ordre  et  de  la  quatrième  classe  de  M.  Kunmier,  et  de 
leurs  parlicularisations  :  la  surface  des  ondes,  les  surfaces-complexes  de 
Plûcker,  etc.  En  effet,  la  surface  de  Kummer  est  la  surface  focale  de  la  con- 


(i)  Klein,  «  Zur  Théorie  der  Complexe  crsten  und  zweilen  Grades  •,  Math.  A/mahn^ 
t.  II. 

(2)  Journal,  de  l'École  Potyleclifiiqiic,  rallier  43,  et  Comptes  rendus. 

(3)  Jou-nal  de  CrelleEoichaidt,  t.  LXVIII. 


(  583  ) 
gruence  générale  du  deuxième  ordre  et  de  la  deuxième  classe  (i);  mais  à 
une  congruence  de  cette  nature,  appartenant  au  complexe  C,,  correspond 
dans  l'espace  E^  une  surfacp  du  quatrième  ordre,  contenant  deux  fois  le 
cercle  imaginaire  à  l'infini,  et  l'on  connaît  les  lignes  de  courbure  de  ces 
surfaces  d'après  les  lecherches  de  MM .  Moutard  et  Darboux  (2).  A  cha- 
cune de  ces  lignes  de  courbure  correspond  une  surface  réglée  du  huitième 
ordre  qui  touche  la  surface  de  Kummer  suivant  une  ligne  asymptotique. 
Ces  courbes  seront  des  courbes  du  seizième  ordre  et  de  la  seizième  classe. 

»  Je  dois  à  M.  Klein  les  remarques  suivantes  (3).  A  chaque  surface  de 
Kummer  correspondent  une  infinité  de  complexes  du  deuxième  degré, 
ayant  cette  surface  pour  surface  de  singularilés.  Chacun  de  ces  complexes 
détermine  sur  la  surface  une  courbe,  lieu  des  points  dont  les  tangentes  ap- 
partiennent au  complexe.  Ces  courbes  sont  précisément  les  courbes  asymp- 
totiques.  On  tire  de  là  une  représentation  algébrique  très-simple  de  ces 
courbes,  et  un  assez  grand  nombre  de  propriétés  remarquables. 

»  Parmi  les  complexes  du  deuxième  degré  appartenant  à  une  surface  de 
Kummer,  on  en  trouve  six  remarquables,  qui  sont  linéaires.  Les  courbes 
asymptotiques  correspondantes  ne  sont  que  du  huitième  ordre  et  forment, 
avec  les  16  coniques,  situées  dans  les  plans  singuliers,  la  courbe  de  double 
inflexion  de  la  surface. 

»  4.  A  chaque  transformation  linéaire  de  l'espace  E,,  correspond  une 
transformation  de  l'espace  E2  qui  laisse  invariable,  en  un  certain  sens,  les 
lignes  de  courbure.  En  particulier,  à  la  transformation  de  l'espace  E,  par 
des  com  plexes  linéaires,  qui  sont  en  involution  avec  C,,  correspond  la 
transformation  de  l'espace  E^  par  rayons  vecteurs,  réciproques.  » 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Sur  les  circonstances  qui  ont  pu  amener  Monge  à 
s'occuper  des  cpiestions  relatives  aux  aérostats.  Lettre  de  M.  Hachette  à 
M.  le  Président. 

))  Je  ne  suis  pas  étonné  que  l'on  ait  quelque  chose  de  Monge  sur  les 
aérostats  (4).  Vous  savez  qu'il  associait  mon  père  à  toutes  ses  recherches. 


(1)  Kummer,   Ueber  die  algebraischen  Strahlensysteme ;  1866. 

(2)  Comptes  rendus,   t.  LIX,  p.  240,  et  t.  LIX,  p.  243- 

(3)  Klein,  «  Ueber  die  complexe.  ..   »,  Math.  Annalcn,  t.  H. 

(4)  Voir  le  Compte  rendu  de  la  séance  précédente,  p.  Sag,  et  la  Communication  impri- 
mée dans  le  Compte  rendu  actuel,  p.  569. 


(  584  ) 
Or,  après  l'avoir  fait  travailler,  depuis  le  commencement  de  1793,  à  l'oiga- 
nisation  des  cours  de  la  future  École  Polytechnique,  il  le  fit  partir,  en  mai 
1794,  avec  Guyton  de  Morveau,  pour  l'armée  de  Sambre-ct-Meuse,  afin  d'y 
organiser  un  service  de  ballons  destinés  à  observer  les  mouvements  de 
l'ennemi;  c'est  ainsi  que  mon  père  s'est  trouvé  dans  l'aérostat  employé  à  la 
bataille  de  Fleurus  (26  juin  1794)-  H  avait  alors  24  ans;  il  avait  avec  lui 
un  élève  particulier,  le  jeune  Berge,  âgé  de  16  ans,  qui  entra  la  même 
année  à  l'École  et  devint  lieutenant  général  d'arlillerie.  Berge  débuta  à 
l'armée  comme  commandant  des  couturières  qui  travaillaient  aux  ballons. 
Quand  mon  père  revint  à  Paris,  après  la  prise  de  Bruxelles,  il  dut  rendre 
compte  à  Monge  de  ce  qu'il  avait  vu  et  fait  à  l'armée  de  Jourdan.  Je  ne  sais 
si  le  Mémoire  dont  M.  le  général  Morin  a  parlé  porte  une  date;  mais  je 
serais  porté  à  croire  qu'il  se  rapporte  à  l'expédition  scientifique  de  mon 
père  et  de  Guyton  de  Morveau;  l'expédition  était  toute  scientifique  pour 
mon  père,  mais  Guyton  de  Morveau  était  envoyé  à  l'armée  comme  repré- 
sentant du  peuple,  pour  surveiller  la  victoire,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas 
d'employer  très-heureusement  ses  procédés  de  désinfection,  avec  l'aide  de 
mon  père  et  de  Berge,  pour  assainir  et  purifier  les  hôpitaux  de  Bruxelles 
que  l'on  trouva  remplis  de  morts  et  de  mourants.  Je  tiens  toute  cette  his- 
toire de  la  bouche  de  mon  père;  elle  est  donc  authentique.  Elle  est  peut- 
être  bonne  à  rappeler,  au  moment  où  l'on  s'occupe  plus  que  jamais  d'aé- 
rostats, et  elle  peut  expliquer  comment  et  à  quelle  occasion  Monge  a  pu 
s'occuper  de  navigation  aérienne.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Auiores  boréales  des  24  d  ^5  octobre. 
Note  de  M.  Cuapelas. 

«  Le  soir  du  24  octobre,  Paris  a  été  brillamment  illuminé  par  une 
aurore  boréale  magnifique.  Une  simple  bande  de  stratus,  qui  ne  s'élevait 
pas  à  plus  de  7  degrés  au-dessus  de  l'horizon,  n'a  gêné  en  rien  l'obser- 
vation. 

»  Dès  7  heures,  une  clarté  d'uue  blancheur  remarquable  apparaissait 
au  nord,  et  faisait  déjà  présager  un  phénomène  peu  commun.  Peu  à  peu 
le  ciel  prenait  une  teinte  d'un  beau  rose;  puis  tout  à  coup,  partant  du 
centre  du  petit  arc  qui  n'était  pas  encore  visible,  s'éleva  un  quadruple 
rayon,  qui  mérite  d'être  signalé  d'une  manière  particulière,  car  il  présentait 
exactement  les  nuances  nationales. 

»  De  M*"  i5'"  à  8'' 30"°,  l'aurore  était  dans""  oute  sa  splendeur  :  le  petit  arc, 


(  585  ) 

visible  alors,  s'élevait  jusqu'à  a  et  X  du  Dragon.  Le  grand  arc,  parfaitement 
accentué,  s'étendait  de  ca  de  la  Baleine  à  Ô  de  l'Aigle  :  soit,  en  amplitude, 
180  degrés;  et  s'élevait  jusqu'au  carré  de  Pégase  :  soit,  en  altitude,  1 10  de- 
grés. Du  petit  arc,  qui  était  d'un  blanc  verdâtre,  s'élançaient  une  grande 
quantité  de  beaux  rayons,  de  même  couleur  que  le  petit  arc  à  leur  base  et 
d'un  rouge  sang  très-intense  à  leur  extrémité  supérieure.  Ces  rayons,  tan- 
tôt s'étendaient  en  plaques  rouges;  tantôt,  reprenant  leur  forme  primitive, 
s'élançaient  de  nouveau  jusque  passé  le  zémith. 

»  De  S'^So™  à  8'' 45™,  le  petit  arc  semble  comme  rompu  par  une  force 
violente.  Le  phénomène  se  divise  alors  en  deux  parties  :  la  plus  petite,  celle 
de  l'est,  conserve  sa  courbure;  l'autre,  déchiquetée  à  ses  deux  extrémités, 
n'est  plus  qu'un  amas  informe  de  teintes  verdâtres.  En  même  temps,  les 
plaques  roviges  et  les  rayons  de  même  couleur  s'affaiblissent  peu  à  peu, 
pour  disparaître  presque  complètement,  laissant  toutefois  au-dessous  du 
carré  de  Pégase,  trois  pointes  de  rayons,  isolées  du  reste  du  phénomène,  et 
ressemblant,  pour  la  forme  comme  pour  les  couleurs,  à  trois  pointes  de 
flanunes.  Pendant  ce  temps,  persistaient  aux  deux  extrémités  de  l'aurore 
deux  plaques  rouges  sang,  qui  semblaient  augmenter  d'intensité  comme  de 
volume  à  mesure  que  les  couleurs  centrales  s'affaiblissaient. 

»  A  8''45'",  le  phénomène  semble  s'éteindre;  la  teinte  rouge  générale 
s'affaiblit  et  fait  place  à  une  teinte  blanchâtre  très-brillante  qui  persiste 
jusqu'à  9''3o™;  après  quoi,  le  ciel  reprend  sa  teinte  ordinaire. 

»  De  10  heures  à  io'°45™,  le  ciel  se  couvre  presque  entièrement;  quelques 
éclaircies  seulement  à  l'horizon  nord,  laissent  échapper  des  lueurs  blanches 
qui  vont  s'accentuant  de  plus  en  plus. 

»  De  io''45'"  à  II  heures,  le  phénomène  reparaît  avec  ses  teintes  rouges 
magnifiques.  Enfin  jusqu'à  minuit,  heure  à  laquelle  l'apparition  s'efface 
complètement,  ce  ne  sont  que  des  intermittences  de  plaques  rouges  et  de 
beaux  rayons. 

u  Le  mouvement  général  'du  phénomène  était  de  l'ouest  à  l'est,  et  du 
nord  au  sud. 

»  Pendant  la  durée  de  cette  apparition  remarquable,  quinze  météores 
filants  ont  été  relevés  avec  le  plus  grand  soin;  il  est  à  remarquer  aussi  que 
ces  étoiles  suivaient  une  direction  coïncidant  parfaitement  avec  les  résul- 
tantes des  deux  forces  qui  agissaient  sur  l'aurore  boréale. 


«   Si  l'aurore  boréale  du  iL\  octobre  a  été  vraiment  remarquable,  celle 

C.  U.,  1670,  3«  Semeitie.   (T.  LXXI,  N"  !«.}  78 


(  586  ) 
du  25,  n'a  pas  été  moins  intéressante  à  étudier,  car  elle  a  offert  des  parti- 
cularités qu'il  est  rare  de  signaler  sous  nos  latitudes. 

»  A  5  heures  du  soir,  le  ciel  offrait  déjà  des  apparences  non  équivoques 
de  la  présence  du  phénomène  au-dessus  de  notre  horizon.  En  effet,  à  6''2o'", 
malgré  un  ciel  couvert  de  petits  cumukis  assez  violemment  chassés  par 
un  vent  nord-ouesl  fort,  le  ciel  s'offrait  à  nous  sous  un  aspect  extrême- 
ment curieux;  les  contours  accidentés  des  nuages,  quelques  éclaircies 
étaient  biillamment  éclairés  d'une  luenr  rouge  sang  très-intense,  parfaite- 
ment semblable  à  celle  qui  caractérisait  le  phénomène  de  la  veille.  A  ce 
moment  déjà,  l'apparition  avait  en  étendue  plus  de  i8o  degrés,  et  en 
hauteur  plus  de  loo  degrés. 

M  6''45"'.  L'aurore  épouvant  les  mêmes  perturbations  que  dans  la  nuit 
du  24,  se  partage  littéralement  en  deux,  s'étend  à  droite  et  à  gauche  vers 
l'ouest  et  vers  l'est,  de  manière  à  occuper  un  espace  de  près  de  265  degrés, 
et  s'élève  à  plus  de  i5o  degrés  de  hauteur.  Le  ciel,  en  ce  moment,  partici- 
pait presque  entièrement  au  phénomène. 

»  7  heures.  La  partie  nord  du  ciel,  d'une  belle  couleur  verdâtre,  est 
simplement  traversée  par  trois  larges  rayons  ronges,  s'élevant  à  3o  degrés 
environ. 

»  C'est  à  ce  moment  (^''lo'")  que  se  présente  la  particnlarité  qui  rend 
cette  apparition  d'aujourd'hui  principalement  extraordinaire.  En  effet,  à 
55  degrés  environ  du  zémilh,  entre  les  étoiles  jt,  t,  n  de  Pégase,  se  forme 
une  large  tache  blanc-rose,  de  laquelle  s'échappent  peu  à  peu  trois  beaux 
rayons  de  même  nuance;  à  un  certain  moment,  l'un  de  ces  rayons  devenant 
plus  blanc  se  replie  sur  lui-même,  comme  fortement  perturbé  par  un  courant 
de  l'ouest. 

»  ^''lio™.  Ces  rayons,  devenant  diffus,  forment  de  nouveau  une  large 
plaque,  d'un  beau  blanc  argenté,  d'où  s'échappent  encore  deux  larges 
rayons  formant  une  croix  nettement  dessinée;  puis  ensuite,  à  ces  deux 
rayons,  viennent  s'ajouter  quatre  autres  petits  fuseaux.  Il  y  a  donc,  à  ce 
moment,  un  véritable  rayonnement  qui  se  produit  à  notre  zénith  identi- 
quement, comme  dans  les  régions  polaires. 

»  ^''/jS™.  Dans  la  partie  nord  du  ciel  un  instant  découvert,  la  voûte 
céleste  sendjle  reprendre  sa  teinte  normale.  L'aurore  ne  consiste  plus,  en  cet 
instant,  qu'en  de  larges  placards  de  matière  diffuse  rouge  ou  d'un  blanc 
bleu  très-vif. 

»  H*"  10"'.  Le  ciel  se  couvre  de  plus  en  plus;  le  phénomène  s'efface  sensi- 
blement. 


(  587  ) 
»   9  heures.   Encore  quelques  nuages  colorés  légèrement  en  rouge;  puis 
enfin  à  9''3o™,  le  ciel   se  couvrant  complètement,  l'observation  n'est  plus 
possible,  quoique  cependant  nous  constations  encore  à  l'horizon  quelques 
bandes  verdâtres  brillamment  éclairées.    » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Jurore  boréale  du  i[\  octobre.  Note  de  M.  Salicis. 

(Extrait.) 

«  Le  phénomène  se  présentait  sous  la  forme  d'une  portion  continue  de 
zone  centrée  sur  l'axe  du  monde  et  orientée  selon  l'est  et  l'ouest  magné- 
tique; elle  s'étendait  sans  doute  d'un  point  de  l'horizon  à  l'autre  et  ses 
extrémités  paraissaient  embrasser  sur  cet  horizon  un  arc  de  i6o  degrés  à 
peu  prés. 

))  La  flèche,  allant  de  l'horizon  an  point  culminant  où  l'arc  de  méridien 
magnétique  correspondait,  sous-tendait  aS  à  3o  degrés;  la  largeur  de  la 
zone  était  de  20  degrés. 

»  L'ensemble  était  formé  d'une  série  de  bandes  juxtaposées,  qui  conver- 
geaient vers  le  zénith;  l'éclat  et  la  coloration  de  ces  bandes  étaient  va- 
riables; à  B*"  i5™,  la  bande  centrale  prit  une  teinte  argentée  qui  dura  peu. 

»  A  partir  de  cet  instant,  la  division  en  bandes  devint  de  moins  en  moins 
nette  et  le  phénomène  prit,  d'une  façon  uniforme,  la  teinte  générale  rose 
foncé  qu'on  lui  connaît.    » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  aurores  boréales  des  a/j   et  aS  octobre. 
Note  de  M.  A.  Gcillemin. 

«  Le  lundi  24  octobre,  vers  6  heures  du  soir,  une  lueur  rougeâtre  se 
montra  à  l'horizon  dans  la  direction  du  nord-nord-ouest.  Peu  à  peu  cette 
lueur  s'étendit,  s'éleva  et  se  fit  voir  sous  la  forme  d'un  arc  immense,  em- 
brassant de  l'est  à  l'ouest  toute  la  région  boréale  du  ciel.  Puis,  subitement, 
quelques  rayons  d'une  teinte  plus  éclatante  et  d'un  rouge  blanchâtre,  sil- 
lonnant le  fond  plus  sombre  de  la  zone,  ne  laissèrent  aucun  doute  sur 
la  nature  du  phénomène,  qui  n'était  autre  chose  qu'une  magnifique  aurore 
polaire. 

»  Pendant  la  journée,  le  ciel  avait  été  couvert  de  nuages,  qu'emportait 
un  vent  assez  fort  de  la  région  ouest.  Mais  sur  le  soir  il  s'était  dégagé,  et, 
quand  le  phénomène  commença,  les  étoiles  brillaient  à  peu  près  dans  toute 
l'étendue  de  la  zone  céleste  qu'il  embrassait.  I/atc  luuiiiioux  conlinua, 
jusqu'à   8  heures  du  soir,  à  augmenter  d'intensité  et  d'amplitude  jusqu'à 

78.. 


(  588  ) 

atteindre  et  dépasser  le  zénith.  La  teinte  de  la  lueur  était  surtout  d'un  rouge 
très-prononcé  à  l'horizon  vers  les  régions  de  l'est  et  de  l'ouest.  Dans  la 
direction  du  nord,  son  intensité  était  moindre,  et  l'on  y  remarquait  le  sec- 
teur obscur  qui  s'observe  fréquemment  au-dessous  de  la  zone  lumineuse 
dans  les  aurores  polaires. 

»  Sauf  les  rayons  qui,  çà  et  là,  et  à  intervalles  irréguliers,  sillonnaient 
le  fond  de  l'arc,  et  dont  la  teinte  était  d'un  blanc  rougeâtre  on  légèrement 
orangé,  aucune  des  parties  de  l'arc  n'affectait  de  couleur  différente  du 
rouge.  Mais  cette  teinte  variait  assez  souvent  de  ton  ;  elle  était  tantôt  rosée, 
tantôt  d'un  rouge  sanglant,  très-éclatant  et  très-lumineux,  tantôt  d'un 
rouge  très-sombre  :  en  aucun  cas,  toutefois,  elle  ne  cessait  d'être  transpa- 
rente et  de  laisser  voir  sur  son  fond  les  étoiles  même  de  troisième  ou  qua- 
trième grandeur  :  on  voyait  très-distinctement  la  grande  et  la  petite  Ourse, 
Cassiopée,  Aldébaran,  les  Pléiades,  etc.  Au  moment  où  l'arc  atteignait  le 
zénith,  tonte  sa  périphérie  extérienre  était  bordée  d'une  teinte  blanchâtre, 
d'un  ton  laiteux,  analogue  d'aspect  à  la  voie  lactée,  mais  beaucoup  plus 
régulière  et  uniforme. 

»  Le  phénomène,  tout  en  s'affaiblissant,  était  visible  encore  après 
1 1  heures  du  soir;  mais  c'est  entre  8  heures  et  8  heures  et  demie  qu'il  pa- 
raît avoir  atteint  son  maximum  d'éclat. 

»  La  soirée  suivante,  du  mardi  q.5  octobre,  a  été  signalée  par  une  nou- 
velle aurore;  je  ne  ferai  qu'indiquer  les  caractères  par  lesquels  elle  m'a 
semblé  se  distinguer  de  la  précédente.  L'arc  lumineux  embrassait  également 
tout  le  ciel  de  l'est  à  l'ouest,  mais  il  dépassait  le  zénith,  en  le  débordant 
du  côté  du  sud.  Au  nord,  on  ne  distinguait,  à  3o  degrés  environ  au-dessus 
de  l'horizon,  qu'une  région  assez  peu  étendue^  ayant  la  teinte  rougeâtre  des 
autres  parties  de  la  zone.  Entre  le  nord  et  l'ouest,  on  apercevait  une  région 
du  ciel  contrastant  avec  les  régions  environnantes  par  sa  teinte  très-claire, 
d'un  ton  blanc-verdâtre  et  opalescent. 

»  Comme  dans  l'aurore  précédente,  plusieurs  rayons  lumineux  sillon- 
nèrent, de  temps  à  autre,  le  fond  rougeâtre  de  la  lueur,  mais  sans  apparence 
d'une  convergence  déterminée  de  leur  direction.  L'un  de  ces  rayons,  de 
forme  allongée,  rectiligne,  assez  large  en  son  milieu,  nous  parut  remar- 
quable par  la  persistance  de  sa  position  et  de  sa  durée  :  on  l'eût  pris  pour 
un  nuage. 

»  Entre  7  et  8  heures  du  soir,  le  phénomène  de  ces  apparitions  de 
rayons  de  lumière  prit  un  caractère  tout  à  fait  singulier  qui  mérite,  croyons- 


(  589  ) 
nous,  rVètre  signalé.  A  l'orient  des  constellations  d'AncIromècle  el  de  Pégase, 
en  un  point  très-voisin  de  deux  étoiles  de  deuxième  grandeur,  fx  et  X,  qu'on 
voit  à  peu  de  distance  du  carré,  il  se  forma  tout  à  coup  deux,  puis  trois 
petites  lueurs  d'un  blanc  rosé,  semblables  à  de  petits  nuages  lumineux  ou 
à  des  nébuleuses,  qui,  persistant  d'abord  sous  leur  première  forme,  peu  à 
peu  s'allongèrent  comme  autant  de  rayons  rectilignes  convergeant  vers  le 
point  en  question.  D'autres  rayons  apparurent  successivement  dans  toutes 
les  directions  et  de  toutes  les  grandeurs,  mais  ils  présentèrent  tous  ce  carac- 
tère de  convergence  vers  le  même  point  du  ciel,  de  sorte  qu'en  cette  région 
particulière,  le  phénomène  avait  tout  à  fait  l'apparence  d'une  c/loire. 

»  Nous  aperçûmes  à  la  même  heure  deux  bolides  assez  brillants,  mais 
nous  ne  pûmes  en  noter  exactement  ni  le  point  de  départ,  ni  la  direction.  » 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.   —  Sur  le  système  de  tannage  rapide  des  peaux, 
au  Mexique.  Note  de  M.  Virlet  d'Aocst. 

«  J'ai  été  assez  étonné  d'apprendre,  par  les  différentes  Communications 
faites  dans  la  dernière  séance  de  l'Académie,  que  le  tannage  des  cuirs  par 
les  Indiens  se  bornait,  dans  quelques  parties  de  l'Amérique,  à  graisser 
simplement  les  peaux  avec  la  cervelle  de  l'animal  :  j'ai,  moi  aussi,  vu 
pratiquer  plusieurs  fois  ce  tannage  par  les  Indiens  du  Mexique,  qui  em- 
ploient bel  et  bien  à  cet  effet  plusieurs  espèces  de  tannin,  dont  bon 
nombre  d'essences  d'arbres  de  ce  pays,  sans  compter  de  nombreux  chênes, 
sont  très- riches  et  entre  autres  celles  qu'on  y  nomme  le  Cascalolè  et  le  Hni 
zachè.  Il  faut  d'ailleurs  bien  se  méfier  des  rapporta  de  l'Indien  qui,  toujours 
très-soupçonneux,  cherche  souvent  à  vous  tromper  et  garde  très-religieu- 
sement le^  secrets  de  ses  procédés. 

»  Le  Cascalolè  est  un  joli  Mimosa  à  larges  feuilles,  à  très-belles  fleurs 
blanches,  dont  les  rats  sont  très-friants  ;  c'est  un  grand  arbuste  qui  ne 
croît  qu'en  terres  chaudes  et  qti'on  cultive  pnncipalement  sur  les  bords  de 
l'Atoyac,  fleuve  qui,  après  avoir  traversé  tout  l'Etat  de  Guerrero,  se  jette 
dans  l'océan  Pacifique.  Le  Huizachè  (Mimosa  odorant)  est  à  fleurs  jaunes, 
il  atteint  à  une  plus  grande  altitude  et  pénètre  jusque  dans  les  terres  tem- 
pérées. On  se  sert  de  leurs  écorces  pour  la  teinture  en  noir,  mais  c'est  par- 
ticulièrement de  leurs  gousses,  beaucoup  plus  riches  en  tannin,  que  l'on 
fait  usage  pour  le  tannage  des  cuirs.  Il  suffit,  en  effet,  par  exemple,  de 
mélanger  par  parties  égales  le  sulfate  de  fer  et  la  poudre  de  ces  substances, 
pour  obtenir   immédiatement  une  excellente  encre;    de  là  les  noms  de 


(  Sgo  ) 
Huizacliè  qu'on  donne  généralement  à  l'encre  et  celui  de  Huiznquéro  qu'on 
donne,  un  peu  par  mépris,  aux  écrivains  ou  agents  d'affaires  dans  le 
pays.  La  poudre  de  ces  gousses  est  si  riche  en  tannin,  que  j'ai  souvent 
entendu  répéter  par  des  Mexicains  qu'il  suffit  de  3o  grammes  de  poudre 
de  Cascalotè  pour  transformer  en  vingt-quatre  heures  une  peau  de  chèvre 
en  maroquin. 

»  C'est  donc  avec  ces  différentes  poudres,  mélangées  de  graisse  (je  n'ai 
pas  entendu  dire  qu'on  employât  au  Mexique  la  cervelle  de  l'animal  ),  qu'on 
frotte  fortement  les  peaux  pour  les  tanner;  on  les  fait  ensuite  sécher  au 
soleil,  en  les  étendant  et  les  étirant  avec  soin.  Dans  cette  opération,  d'ail- 
leurs si  simple,  j'ai  toujours  considéré  que  la  graisse  avait  surtout  pour 
but  de  faire  pénétrer  plus  facilement  la  poudre  de  tannin  dans  les  pores 
de  la  peau. 

»  Rien  n'est  plus  curieux  que  d'assister  dans  une  Mnlanza  à  une  de  ces 
tueries  de  quatre  à  six  mille  chèvres  à  la  fois,  tueries  assez  fréquentes  au 
Mexique,  où,  bien  que  cela  s'y  fasse  sans  moyens  mécaniques,  l'opération  se 
fait  avec  une  rapidité  merveilleuse  dont  nous  ne  nous  faisons  pas  d'idée  en 
Europe.  En  deux  ou  trois  jours,  tous  ces  animaux  sont  dépouillés,  dépecés 
et  passés  à  la  chaudière,  à  l'effet  d'en  extraire  toute  la  graisse,  car  ces 
tueries  se  foiit  uiiiquemeut  en  vue  des  peaux  et  de  la  graisse  seules;  les 
chairs,  les  os  et  le  sang  passent  à  la  voirie  et  servent  de  pâture  aux  vau- 
tours. On  dispose  ensuite  la  graisse  en  grosses  mottes  sphéroïdales,  qu'on 
renferme  dans  les  peaux  elles-mêmes,  puis  on  les  expédie  sur  un  port 
d'embarquement.  » 

GÉOLOGIE  COMPARÉE.  —  Communauté  d'orh/inede  la  serpentine 
et  de  la  chantonnitc ;  par  M.  St.  Meunier. 

«  C'est  évideuimeut  une  question  restée  sans  réponse  complète,  que  celle 
de  l'origine  des  serpentines,  et  même  les  résultats  fournis  par  leur  étude, 
loin  de  faciliter  la  solution  du  problème,  ont  amené  à  des  conséquences 
en  apparence  contradictoires.  En  effet,  s'il  est  hors  de  doute  que  les  ser- 
pentines soieîit  de  nature  éruptive,  leur  très-forte  teneur  en  eau,  qui  s'élève 
normalement  à  plus  de  i5  pour  loo,  est  incompatible  avec  l'idée  d'une  in- 
jection ignée.  On  sait  que,  bien  avant  de  fondre,  les  serpentines  perdent 
toute  leur  eau  et  se  transforment  en  substances  essentiellement  différentes, 
composées  surtout  par  le  mélange  en  proportions  variables  de  minéraux 
péridoli(iues  et  pyroxéniques.  De  façon  que  si  l'on  admet,  comme  il  semble 


(  591  ) 
d'ailleurs  impossible  de  s'y  refuser,  qu'elles  ont  été  poussées  de  la  profon- 
deur à  une  température  élevée,  il  faut  supposer  que  les  serpentines  ont 
subi,  depuis  leur  sortie,  des  modifications  auxquelles  est  dû  leur  état  actuel. 
C'est  ainsi  qu'on  peut  dire,  en  étendant  l'acception  habituelle  de  ce  mot, 
qu'elles  sont  réellement  mélamorphiques. 

»  Mais,  jusqu'ici,  on  se  trouve  dans  l'impossibilité  de  montrer  la  roche 
première  d'où  dériveraient  les  serpentines,  dans  cette  manière  de  voir.  Le 
calcaire  salin  dérive  du  calcaire  compacte,  le  phyllade  de  l'argile,  le  quart- 
zite  du  grès;  mais  on  ne  trouve  rien  parmi  les  terrains  sédimentaires  ou 
non,  qui  paraisse  devoir  donner  naissance  par  métamorphisme  aux  roches 
serpentineuses.  Je  sais  bien  qu'on  a  voulu  voir  dans  celles-ci  un  produit 
pur  et  simple  de  l'hydratation  du  péridotj  mais,  outre  qu'on  ne  voit  pas 
par  quel  mécanisme  cette  hydratation  eût  pu  se  faire,  il  faut  bien  recon- 
naître qu'il  existe  entre  le  péridot  et  la  serpentine  des  différences  de  com- 
position, que  l'addition  de  l'eau  à  la  première  de  ces  roches  ne  suffirait  pas 
à  faire  disparaître;  et  surtout  que  rien  ne  permettrait  ainsi  d'expliquer  la 
structure  si  nouvelle  de  la  roche  transformée. 

»  Or,  ce  que  les  observations  de  la  géologie  proprement  dite  sont  im- 
puissantes à  nous  apprendre,  paraît  devoir  nous  élre  révélé  par  la  géologie 
comparée.  Voici  comment.  Dans  le  cours  d'études  minéralogiques  que  je 
poursuis  en  ce  moment  au  Muséum,  relativement  à  la  serpentine,  et  dont 
j'espère  être  bientôt  en  mesure  de  faire  connaître  les  résultats,  j'ai  été  frappé 
des  analogies  extrêmes  de  structure  que  présente  celte  roche  avec  certaines 
météorites,.  Celles-ci  sont  constituées  par  le  type  lithologique  que  j'ai  ail- 
leurs désigné  sous  le  nom  de  cluinloiinite  (i),  et  comprennent  entre  autres 
les  masses  tombées  à  Luponnas  (1753),  à  Salles  (1798),  à  Chantonnay 
(1812),  à  Agen  (i8i4),  etc. 

»  Examinées  en  tranches  minces  au  microscope,  la  chantonnite  et  la  ser- 
pentine présentent  rigoureusement  le  même  aspect,  c'est-à-dire  qu'elles 
ont  la  même  structure  :  des  deux  parts,  se  montre  une  cristallisation  égale- 
ment confuse,  mais  dont  participent  toutes  les  molécules  de  la  masse;  des 
deux  côtés  aussi  se  présentent,  au  milieu  d'éléments  lithoïdes,  des  grains  mé- 
talliques disséminés;  enfin,  et  ce  caractère  est  d'importance  capitale,  étu- 
diées plus  en  grand,  la  chantonnite  et  la  serpentine  sont  remarquables  par 
le  nombre  des  surfaces  fiotlées  qu'elles  contieiuient.  Tout  le  monde  connaît 
les  miroirs  de  glisseuient  des  serpentines  :  ce  sont  des  surfaces  laminées. 


(i)   Etablissement  des  types  de  roches  météoriques  (février  1870) 


(  592  ) 
étirées  et  comme  émaillées.  Or,  à  la  couleur  près,  ces  surfaces  se  retrouvent 
identiquement  dans  le  chantonnite. 

»  De  cette  comparaison  entre  la  structure  de  ces  deux  roches,  on  est  évi- 
demment en  droit  de  conclure  à  une  très-grande  similitude  dans  les  condi- 
tions de  formation. 

»  Si  maintenant,  passant  de  cette  étude  physique  à  un  examen  chimique, 
on  compare  la  composition  de  ces  deux  roches,  on  retrouve  encore  entre 
elles  des  analogies  très  remarquables.  La  base  est  constituée  des  deux  côtés 
par  des  silicates  magnésiens,  hydratés  dans  la  roche  terrestre,  anhydres 
dans  la  masse  météorique,  et  la  composition  quantitative  de  ces  silicates  se 
trouve  extrêmement  voisine,  abstraction  faite  de  l'eau  bien  entendu.  La 
nature  des  minéraux  métalliques  disséminés  donne  lieu  à  une  comparaison 
de  même  genre.  La  chantonnite  renferme  du  fer  métallique,  de  la  troïlite, 
du  fer  chromé;  la  serpentine,  de  la  magnétite,  de  la  pyrite,  du  fer  chromé. 
La  différence,  très-faible  comme  on  voit,  se  réduit  à  un  état  plus  oxydé  du 
fer  et  plus  sulfuré  de  la  pyrite. 

»  Évidemment,  il  suffit  d'admettre  que  la  chantonnite  ait  été  soumise  à 
une  influence  hydratante  convenable,  pour  comprendre  qu'elle  se  soit 
transformée  en  une  roche  de  nature  serpentineuse,  et  cela  sans  que  sa  struc- 
ture ait  eu  besoin  de  subir  aucune  modification.  Ce  dernier  point  conduit 
aussi  à  faire  considérer  la  chantonnite  elle-même  comme  une  roche  érup- 
tive,  et  telle  est  tout  à  fait  mon  opinion. 

»  Mais  si  la  chantonnite  est  éruptive,  il  y  a  intérêt  à  rechercher  la  roche, 
de  position  originelle,  qui  a  donné  naissance  aux  filons  qu'elle  doit  consti- 
tuer. Or  cette  roche  nous  est  bien  connue  par  les  météorites  nombreuses 
dont  elle  forme  la  substance,  et,  dans  le  travail  rappelé  plus  haut,  je  l'ai 
désignée  sous  le  nom  (WnimalUe.  Elle  est  représentée  entre  antres  dans  les 
collections  par  les  chutes  de  Charsonville  (1810),  Vouillé  (i83i),  Château- 
Renard  (i84i),  New-Concord  (1860),  Tourinne-la-Grosse  (i863),  Aumale 
{i865),  DanvUle  (1868),  etc. 

»  En  résumé,  et  en  admettant  que  les  météorites  fournissent  des  échan- 
tillons de  nature  à  faire  connaître  les  roches  terrestres  que  la  profondeur 
do  leur  gissement  rend  inaccessibles  à  nos  investigations,  il  me  parait  ré- 
sulter de  ce  qui  précède  que  rien  ne  justifie  l'opinion  qui  voudrait  voir 
dans  les  éruptions  de  serpentine  la  preuve  de  l'existence  d'un  réservoir 
infragranitique  de  ces  roches. 

»  Pour  moi,  la  roche  normale  c'est  l'aumalite;  les  filons  qu'elle  a  rem- 
plis ont  pris,  par  suite  du  mode  spécial  de  réfroid issenient,  et  surtout  par 


(  593) 
l'effet  des  actions  mécaniques  qui  s'y  sont  développées,  l'aspect  pseudo- 
fragmentaire  caractéristique  de  la  chantonnite.  Quant  aux  serpentines,  ana- 
logues ainsi  aux  malachites  qui  couronnent  les  gîtes  de  chalkopyrite,  par 
exemple,  elles  représentent  les  têtes  de  ces  filons,  et  ne  sont,  par  conséquent, 
qu'un  produit  de  leur  altération  sous  1  influence  des  agents  superficiels.  » 

ZOOLOGIE  HISTORIQUE.  —  Sur  les  animaux  employés  par  les  anciens  Egyptiens 
à  ta  chasse  et  à  la  guerre;  par  M.  Fr.  Lexormaxt. 

«  Dans  les  solennelles  et  douloureuses  circonstances  que  nous  traver- 
sons, il  est  doux,  lorsqu'on  dépose  le  fusil  du  volontaire  et  qu'on  rentre  se 
reposer  quelques  heures  à  son  foyer,  de  chercher  dans  la  science  une  dis- 
traction puissante,  un  moyen  d'échapper  temporairement  aux  poignantes 
angoisses  du  siège.  C'est  la  raison  qui  m'engage  à  reprendre  aujourd'hui, 
au  bruit  du  canon  prussien,  la  série  d'études  de  zoologie  historique  sur  les 
animaux  domestiques  des  anciens  Égyptiens,  dont  l'Académie  a  daigné 
accueillir  avec  tant  de  bienveillance  il  y  a  quelques  mois  les  premières 
ébauches  et  à  lui  soumettre  de  nouveau  quelques  essais  du  même  genre. 

»  Le  dressage  de  certains  animaux  dont  l'homme  utilise  les  aptitudes 
spéciales  pour  en  faire  ses  auxiliaires  de  chasse  est  un  art  que  des  peuples 
encore  à  peine  entrés  dans  la  voie  de  la  vie  policée  ont  pratiqué  de  bonne 
heure.  C'est  un  premier  degré  de  domestication  encore  très-imparfoit,  et 
qui,  le  plus  souvent,  n'arrive  jamais  à  être  complet.  A  part  le  chien,  dont 
les  diverses  variétés  se  rattachent  peut-être  à  des  espèces  différentes  à  l'ori- 
gine et  domestiquées  dans  des  contrées  distinctes,  mais  qui  paraît  bien, 
d'après  les  découvertes  de  l'archéologie  préhistorique,  avoir  été  le  premier 
compagnon  que  l'homme  ait  attaché  à  son  service;  la  plupart  des  animaux 
dont  les  différents  peuples,  plus  au  moins  avancés  dans  la  civilisation,  se 
sont  appliqués  à  employer  le  concours  dans  leurs  chasses,  n'ont  été  amenés 
qu'à  un  état  fort  imparfait  de  domesticité.  Ils  sont  restés  pour  le  chasseur 
plutôt  des  associés  d'un  caractère  très-indépendant  et  presque  volontaire 
que  de  véritables  et  dociles  serviteurs. 

»  Les  tribus  encore  si  sauvages  qui  ont  laissé  des  vestiges  de  leurs  festins 
grossiers  dans  les  Kjœkkemœdcliger  du  nord  de  l'Europe  avaient  déjà  des 
chiens  qui  vivaient  avec  elles,  les  aidaient  dans  leurs  chasses  sur  les  oiseaux 
du  bord  de  la  mer  et  se  nourrissaient  des  reliefs  de  leurs  repas.  C'était 
le  seul  animal  domestique  de  ces  peuplades  pour  qui  la  vie  pastorale  elle- 
même  n'existait  pas  encore.  Aussi  n'a-t-on  pas  lieu  d'être  surpris,  dans  un 

C.  R.,  1870,  2'  Semestre.  (T.  LXXI,   N"  18.)  79 


(  594  ) 
centre  de  civilisation  aussi  antique  que  l'Egypte,  de  voir  an  plus  haut  que 
les  monuments  nous  fassent  remonter,  c'est-à-dire  quarante  siècles  au  moins 
avant  l'ère  chrétienne,  le  chien  à  l'état  de  l'animal  domestique  par  excel- 
lence, remplissant  déjà,  comme  encore  aujourd'hui,  le  rôle  de  l'hôte  habi- 
tuel et  favori  de  la  maison,  du  compagnon  constant  du  chasseur  et  du 
berger.  Ce  serait  le  contraire  qui  devrait  étonner. 

»  Non-seulement  les  Égyptiens,  dès  les  âges  les  plus  antiques  de  leur 
civilisation,  possédaient  et  utilisaient  le  chien,  mais  ceux  de  leurs  monu- 
ments qui  remontent  aux  dates  les  plus  prodigieusement  reculées  nous 
offrent  les  images  parfaitement  caractérisées  de  plusieurs  variétés  de  chiens 
très-distinctes,  utilisées  dès  lors  à  des  fonctions  différentes  et  produites  par 
un  élevage  savant  en  vue  de  ces  fonctions  mêmes.  La  plupart  des  variétés 
de  chien  représentées  ainsi  dans  les  bas-reliefs  des  tombeaux  égyptiens  sub- 
sistent encore  aujourd'hui  dans  le  pays  ou  dans  les  contrées  voisines. 

»  Ce  sont:  i°  Le  chien-renard  à  la  robe  fauve,  au  museau  effilé,  aux 
oreilles  pointues,  à  la  queue  épaisse,  qui  se  retrouve  identique  à  bien  des 
siècles  de  distance  dans  le  chien  des  bazars  du  Caire  et  des  autres  villes  de 
l'Egypte  contemporaine.  Il  figure  sur  les  monuments  de  toutes  les  époques, 
depuis  les  âges  les  plus  recidés  de  l'Ancien  Empire.  Dans  les  scènes  de  la 
vie  quotidienne  retracées  sur  les  parois  des  tombeaux,  il  joue  le  rôle  de 
gardien  de  la  maison  et  des  troupeaux,  de  compagnon  du  maître  ou  de  ses 
colons,  mais  ou  ne  le  voit  jamais  employé  à  la  chasse,  pas  plus  que  ne  le 
sont  aujourd'hui  ses  descendants,  trop  paresseux  pour  cet  exercice.  C'est 
cette  variété  de  chien  dont  on  trouve  des  momies  dans  plusieurs  des  né- 
cropoles antiques.  C'est  elle  en  effet  qui,  avec  le  chacal,  était  l'animal 
sacré  du  dieu  Auubis,  le  gardien  des  sépultures  et  l'une  des  divinités  prin- 
cipales du  monde  des  morts.  Les  archéologues  modernes  ont  l'habitude  de 
qualifier  de  léle  de  chacal  la  tète  d'Anubis  dans  les  images  du  symbolisme 
religieux  des  bords  du  Nil.  Pour  les  Grecs  et  les  Romains  il  était  un  dieu 
■Atèleck  chien,  lalrator  Anubis.  Et  en  effet,  la  tète  du  chacal  et  celle  du 
chien-renard  de  l'Egypte  ne  présentent  pas  de  différences  assez  caractéris- 
tiques pour  que  l'on  puisse  se  prononcer  à  ce  sujet  d'une  manière  tout  à 
fait  affirmative,  les  deux  animaux  étant  également  consacrés  au  même 
dieu. 

»  2"  A  partir  de  la  XIP  dynastie  (environ  3ooo  ans  avant  notre  ère), 
c'est-à-dire  à  partir  du  moment  où  les  Égyptiens  étendirent  leur  domi- 
nation d'une  manière  stable  sur  le  pays  de  Kousch  ou  les  contrées  du  Haut- 
Nil  au-dessus   de  la   seconde  cataracte,  nous  voyons  apparaître  sur  les 


(  595  ) 
monuments,  à  côté  dececliien,  qui  est  celui  qui  appartient  à  l'Egypte  d'une 
manière  toute  spéciale,  et  remplir  les  mêmes  offices  à  la  maison  et  aux 
champs,  le  chien  de  Dongolah,  dont  la  tête  est  la  même,  mais  dont  hi 
taille  est  plus  petite,  les  formes  plus  élancées,  les  allures  plus  vives, 
la  robe  d'un  rouge  brun.  Ce  chien  est  encore  aujourd'hui  celui  qu'on 
rencontre  le  plus  habituellement  dans  les  villages  de  Nubie.  Ehrenberg 
(Icônes  et  descriptiones  mammalium,  dec.  2)  lui  assigne  pour  souche  une 
espèce  sauvage  particulière  des  mêmes  contrées,  qu'il  a  nommée  Canis 
sabbar. 

»  3°  Le  chien  de  chasse  de  l'Ancien  Empire,  figuré  mille  fois  sur  les 
monuments  avec  cette  exactitude  si  remarquable  que  les  artistes  égyptiens 
apportaient  à  la  représentation  des  animaux,  est  le  slouglii  ou  grand  lé- 
vrier du  Nord  de  l'Afrique,  assez  différent  du  lévrier  de  Syrie  et  ca- 
ractérisé par  des  oreilles  larges  et  droites,  dont  la  race  antique  s'est 
conservée  jusqu'à  nos  jours  avec  une  pureté  toute  particulière  chez  les 
agriculteurs  et  les  nomailes  du  Soudan  égyptien.  Les  bas-reliefs  des 
tombes  des  dynasties  primitives,  autour  de  Memphis,  le  montrent  toujours 
tenu  en  laisse  par  des  valets  de  chasse  ou  lancé  dans  la  campagne, 
poursuivant  les  antilopes  du  désert  et  les  bouquetins,  attaquant  même 
des  animaux  plus  redoutables,  comme  la  hyène  et  le  chien  hyénoïde 
[Canis  pictits) .  Pendant  toute  cette  époque,  il  est  le  seul  chien  employé 
à  de  semblables  usages.  Plus  tard,  et  tant  que  les  monuments  nous 
fournissent  des  renseignements,  c'est-à-dire  jusqu'à  l'époque  grecque  et 
romaine,  la  race  se  maintient  sans  altération.  Mais  dans  les  temps  pos- 
térieurs de  l'indépendance  égyptienne,  elle  n'est  plus  seule  en  usage.  A 
dater  de  la  XIP  dynastie,  elle  est  associée  à  une  autre  variété,  qui  paraît 
provenir  d'une  importation  étrangère  et  que  nous  voyons  pour  la  première 
fois    dans    les  peintures  des  célèbres  tombeaux  de  Béni-Hassan-el-Qadim. 

»  4°  Celle-ci  est  un  grand  chien-courant  de  haute  taille,  aux  formes  élan- 
cées, aux  oreilles  pendantes,  à  la  tête  semblable  à  celle  du  fox-hound 
anglais,  à  la  robe  variée  de  blanc  et  de  noir  ou  de  blanc  et  de  briui  rouge. 
Introduit  sous  la  XIP  dynastie,  ce  chien  devient  surtout  en  usage  avec  la 
XVIIP,  sous  le  Nouvel  Empire.  Il  est  alors  l'animal  favori  des  veneurs  égyp- 
tiens et  supplante,  presque  entièrement  dans  leurs  exercices,  le  lévrier  des 
époques  plus  anciennes.  C'est  ce  chien-courant  que  nous  trouvons  de 
beaucoup,  le  plus  habituellement  représenté  dans  les  scènes  de  chasse  des 
tombeaux  de  Gournah,  décorés  sous  les  dynasties    thébaines  du  Nouvel 

79- • 


(  596) 
Empire.  Je  citerai,  comme  un  des  exemples  où  les  caractères  propres  s'en 
reconnaissent  le  mieux,  la  belle  peinture  publiée  par  sir  Gardner  Wilkinson 
[Mannets  and  customs  oj  ancient  Egyplians,  ?>"  édition,  t.  111,  p.  22),  où  des 
ciiiens-courants  attaquent  des  troupeaux  d'antilopes  parmi  lesquelles  on 
distingue  la  gazelle,  l'algazelle,  le  Damatis  Senegalensis,  H .  Smith  (qui  s'éten- 
dait dans  l'antiquité  jusque  dans  les  déserts  touchant  à  l'Egypte,  ainsi  que 
j'ai  eu  l'occasion  de  le  remarquer  dans  une  précédente  Communication), 
en  même  temps  que  le  bouquetin  du  Sinaï  et  du  désert  Arabique,  le  chacal, 
le  lièvre  d'Egypte,  l'hyène  et  l'autruche. 

»  5°  Une  dernière  variété  de  chien  se  montre  encore  sur  les  monu- 
ments égyptiens,  mais  exclusivement  à  l'époque  de  la  XIP  dynastie;  car 
on  n'en  voit  des  traces  ni  avant,  ni  après.  D'où  il  faut  conclure  que  c'était 
sans  doute  une  race  étrangère,  importée  alors  par  le  commerce,  on  ne  sait 
d'où,  et  qui  ne  parvint  pas  à  se  naturaliser  définitivement  dans  le  pays. 
C'est  une  sorte  de  basset  à  jambes  basses,  de  fort  petite  taille,  dont  le  port 
est  exactement  celui  du  turnspite  des  Anglais,  mais  dont  la  tète,  au  museau 
effilé,  aux  oreilles  droites  et  pointues,  diffère  absolument  de  celle  de  toutes 
nos  variétés  de  bassets.  La  robe  est  sur  le  dos  d'un  brun  rouge  assez  clair, 
nuancée  de  taches  plus  foncées;  le  ventre  blanc.  Je  ne  connais  pas  de  race 
vivante  analogue.  Celait  là  le  chien  à  la  mode  sous  les  Osortasen  et  les 
Amenemhé,  3ooo  ans  environ  avant  l'ère  chrétienne.  Tous  les  morts  de  dis- 
tinction de  cette  époque  se  font  représenter  dans  leur  tombeau  ayant 
auprès  d'eux  leur  basset  favori.  Mais  il  ne  parait  pas  que  cette  race  ait 
jamais  servi  autrement  que  comme  animal  de  luxe  et  d'agrément  dans  l'in- 
térieur des  maisons,  car  on  ne  le  voit  figurer  ni  dans  les  scènes  de  chasse, 
ni  dans  celles  de  la  vie  pastorale.  » 

w  M.  CiiikSLEs  fait  hommage  à  l'Académie  de  la  part  de  l'auteur,  M.  L. 
Cremona,  professeur  de  Géométrie  supérieure  et  de  Statique  graphique  à 
rinstilut  technique  supérieur  de  Milan,  d'un  exemplaire  d'un  Mémoire  sur 
tes  intégrales  à  différentielles  algébriques,  écrit  en  italien,  dont  l'objet  est  de 
présenter  sous  une  forme  plus  géométrique  les  matières  traitées  dans  quel- 
ques paragraphes  du  remarquable  ouvrage  sur  la  Théorie  des  fonctions  ahé- 
liennes  de  MM.  Clebsch  et  Gordan.  Il  s'agit  de  la  réduction  des  intégrales 
qui  ont  une  différentielle  algébrique  aux  formes  typiques  de  ce  qu'on  ap- 
pelle les  trois  espèces,  et  du  théorème  d'Abel  sur  les  intégrales  de  la  troisième 
espèce.  » 


(  597  ) 
«  M.  Ghasles  fait  hommage  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  le  prince 
Boncompagni,  des  livraisons  de  mars,  avril  et  mai  1870  du  Bulleltino  de 
bibliographie  et  d'histoire  des  sciences  mathématiques  et  physiques.  Les 
deux  premières  contiennent  la  quatrième  période  (1774*1^^9)  ^î^ii  termine 
le  travail  historique  de  M.  L.-Am.  Sedillot,  intitulé  :  Les  professeurs  de  Mn- 
lliématiqiies  et  de  Phjsique  générale  ou  Collège  de  France.  La  livraison  de  mai 
est  consacrée  à  une  Notice  de  M.  F.  Palermo  sur  la  vie  et  les  travaux  du 
célèbre  physicien  Jean-Baptiste  Amici.  » 

«  M.  Chasles  présente  à  l'Académie,  au  nom  de  ses  collègues  de  la  Sec- 
tion mathématique  des  Hautes  Études,  MM.  Bertrand,  Delaunay,  Puiseux 
et  Serret,  les  livraisons  de  juillet  et  août  1870  du  Bulletin  des  Sciences  ma- 
tliématiques  el  astronomiques. 

))  Le  numéro  de  juillet  renferme  une  Notice  de  M.  F.  Tisserand  sur  la 
première  partie  des  Leçons  d' Astronomie  de  M.  Th.  Oppoizer,  à  l'Université 
de  Vienne.  (Cette  première  partie  a  pour  objet  la  détermination  de  l'orbite 
d'un  corps  céleste,  comète  ou  planète,  d'après  trois  ou  quatre  observations.) 
M.  Oppoizer  propose  dans  plusieurs  cas  des  procédés  de  calcul  qui  pré- 
sentent divers  avantages. 

»  Une  Notice  sur  un  ouvrage  de  M.  P.  Mansion,  de  Gand,  concernant  la 
Théorie  de  la  multiplication  et  de  la  transformation  des  fonctions  elliptiques,  est 
due  au  zélé  rédacteur  du  Bulletin,  M.  Darboux. 

))  La  revue  des  publications  périodiques  contient  un  ré.sumé  des  princi- 
paux articles  des  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  impériale  des 
Sciences  de  Vienne,  t.  LVIII,  juin-décembre  1868,-  et  des  Comptes  rendus  de 
notre  Académie,  t.  LXX,  du  18  avril  au  9  mai  1870;  puis  l'indication  des 
Mémoires  contenus  dans  le  tome  XI,  1866-69,  des  Transactions  de  la  Société 
philosophique  de  Cambridge,  dans  le  tome  Vil,  1868,  de  V Académie  des 
Sciences  de  rinstitut  de  Bologne,  et  dans  les  livraisons  de  janvier,  février, 
mars  et  avril  1870  du  Giornale  di  Matematiclie  de  Naples. 

»  Nous  citerons  encore  sous  le  titre  de  Mélanges  une  liste  étendue  des 
travaux  de  notre  regretté  et  illustre  confrère  Gabriel  Lamé,  dont  les  pre- 
miers essais  datent  de  1817. 

»  On  trouve  aussi  dans  ce  numéro  la  demonstration.de  quelques  théo- 
rèmes importants  sur  les  lignes  asymplotiques  des  surfaces  gauches. 

»  Le  Bulletin  d'août  contient  une  analyse  par  M.  H. -G.  Zeuthen  (de  Co- 
penhague) de  l'ouvrage  de  M.  L.  Cremona,  intitulé  :  Preliminari  di  una 
Teoria  geometrica  délie  Superficie,  Milan,  1866;  traduit  en  allemand  (1870) 


(  598) 
par  M.  Clirtze.  Cette  traduction  renferme  un  extrait  de  différents  autres 
travaux  de  M.  Cremona.  Des  observations  fort  justes  du  savant  M.  Zeu- 
then  sur  l'utilité  et  l'importance   des  recherches  géométriques  terminent 
cet  article  intéressant. 

On  trouve  ensuite  dans  la  Revue  des  publications  périodiques  une  analyse 
étendue  des  recueils  suivants  : 

Proceedings  de  la  Sociélé  philosophique  de  Cambridge^  1867; 

Nouvelles  de  la  Société  royale  des  Sciences  de  l' Université  de  Georges- Auguste, 

Gœttingue,  1868; 
Bulletin  de  rJcadémie  impériale  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg ,  t.  XIII, 

1868,  et  t.  XIV,  1869; 
Actes  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Suède,  t.  V,  i863-64,  et  t.  VI, 

1 865- 1866; 
Compte  rendu  des  travaux  de  l'Académie  royale  des  Scieiices  de  Stockliohn, 

t.  XXII,  i865,  t.  XXin,  1866,  t.  XXIV,  1867,  et  t.  XXV,  1868; 
Nouveaux  Mémoires  de  la  Société  royale  des  Sciences  d'Upsat,  S*"  série,  t.  VI, 

186G-G8; 
Archives  de  Mathématiques  et  de  Physique  de  J.-A.  Gruncrf,  t.  LI,  i'"  livraison, 

1869. 

»  A.  la  suite  de  cette  longue  énumération  de  publications  périodiques,  se 
trouve  une  très-intéressante  analyse  par  M.  Iloûel,  d'un  Mémoire  de 
M.  Dillner,  professeur  adjoint  de  Mathématiques  à  l'Académie  d'Upsal,  in- 
titulé Calcul  géométrique  ou  Règlesde  Calcul  des  quantités  géométriques  ;  Upsal, 
18G8-70. 

»  Il  s'agit  de  la  représentation  géométrique  des  expressions  a  ±  b  \J—  i, 
dans  laquelle  on  regarde  y  — 1  comme  un  indice  de  perpendicularité.  Cette 
conception,  qui  a  pris  naissance  en  1 80G  dans  deux  ouvrages  d'Argand  et  de 
1  abbé  liuée,  s'est  reproduite  en  1828  dans  deux  écrits:  l'un  deC.-V.Mourey, 
en  France,  et  l'autre  de  J.  Warren,  en  Angleterre;  puis,  vers  i832,  dans  la 
Méthode  des  équipollences  de  M.  Bellavitis;  a  reçu  bientôt  après  un  nouveau 
développement  dans  un  écrit  de  M.  A.  Faure,  sous  le  titre  d'Essai  sur  la 
théorie  et  l'interprétation  des  quantités  [dites  imaginaires  ;  et  enfin  a  été  intro- 
duite délinilivement  dans  l'Analyse  pir  notre  illustre  Cauchy  et  ses  disciples. 
Si  nous  ne  nous  bornions  pas  ici  aux  écrits  principaux  sur  cette  nouvelle 
théorie,  et  si  nous  faisions  l'analyse  complète  des  recherches  qui  s'y  sont 
rapportées,  nous  citerions  divers  autres  auteurs,  tels  que  Français,  Servois, 


(  599  ) 
Gergonne,  Peacock,  Playfair,  Gregory,  Hamilton,  M.  Vallès,  M.  Transon, 
M.  Hoûel  lui-inéme  clans  son  ouvrage  sur  la  Théorie  élémenlaire  des  quan- 
tités complexes  [m-^"  ;  1867-68).  » 

A  5  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  É.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLinnRAPHIQCE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  3i  octobre  1870,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Bulletin  des  Sciences  mathématiques  et  astronomiques,  rédigé  par  M.  G.  Dar- 
BOUX,  t.  1,  juillet  et  août  1870.  Paris,  1870;  2  numéros  in-8''.  (Présentés 
par  .VI.  Chasles.) 

Mémoire  sur  un  nouvel  appareil  contentif  appliqué  spécialement  aux  frac- 
tures comminutives  des  jambes  par  armes  à  feu;  par  M.  Bonnafont.  Paris, 
1870;  br.  in-8''.  (Présenté  par  M.  le  baron  Larrey.) 

Mémoire  sur  l'anatomie  et  la  physiologie  du  corps  thyroïde  et  de  la  rate. 
Similitude  de  structure  et  de  fonction;  par  M.  RiCOtr.  Paris,  1870;  br.  in-8°. 
(Présenté  par  M.  le  baron  Larrey.) 

Société  centrale  de  sauvetage  des  Naufragés.  Compte  rendu  de  l^ assemblée 
générale  des  Membres  bienfaiteurs  et  fondateurs  de  la  Société,  tenue  le 
2/i  mai  1870.  Paris,  1870;  in-S".  (Présenté  par  M.  le  baron  Larrey.) 

Indication  des  travaux  publiés  par  M.  H.  Lebert.  Breslau,  1870;  opuscule 
in-8°.  (Quatre  exemplaires.) 

Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  Jean-Baptiste  Brasseur  ;  par  M.  A.  Le  Roy. 
Rome,  1869;  in -4°.  (Extrait  du  Bullellino  di  bibliografia  e  di  storia  délie 
scienze  matematiche  e  fisiche.)  (Présenté  par  M.  Chasles.) 

Memorie...  Mémoire  concernant  le  marquis  J.-C.  De'  Toschi  di  Fagnano, 
jusqu'au  mois  de  février  i852,  envoyé  par  le  P.  A.  Calogera  au  comte 
G. -M.  Mazzuchelli  et  publié  par  M.  B.  Boncompagni.  Rome,  1870;  in-8''. 


(  6oo  ) 
(Extrait    du    BuUeUino    di    bibliograjia   e   di    storin,    etc.)    (Présenté    par 
M.  Chasles.) 

BuUettino...  Bulletin  de  bibliorjraphie  et  d'histoire  des  Sciences  mathéma- 
tiques et  physiques,  t.  III,  mars  à  mai  1870;  3  numéros  in-4°-  (Présentés 
par  M.  Chasles.) 

Considerazioni...  Considérations  anatomiro-patbologiques  sur  les  glandes 
sanguines  et  sur  les  tissus  érectiles  et  caverneux  ;  par  M.  le  prof.  Fr.  CORTESE. 
Venise,  1870;  in-8".  (Extrait  du  t.  XV  des  Mémoires  de  l'Institut  vénitien.) 
(Présenté  par  M.  le  baron  Larrey.) 

Report...  Rapport  fait  au  chirurgien  général  de  l'aimée  des  Etats-Unis  sur 
la  lumière  d'oxy-calcium  en  tant  quapph'qiiée  à  la  photo-micrographie  ;  par 
M.  le  lieutenant-colonel  J.-J.  Woodward.  Sans  lieu  ni  date;  opuscule  in-4° 
avec  2  planches  photographiées. 


PUBLICATIONS     PÉRIODIQPES      REÇCES      PAR      l'aCADÉMIE 
PENDANT    LE    MOIS    d'oCTOBRE     1870. 

Annales  médico-ps/chologiques ;  septembre  1870;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine  ;  n"*  des  i5  et  3o  septembre 
i87o;in-8°. 

Bulletin  de  Statistique  mwiicipale  ;  juin  et  juillet  1870;  in-4°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'académie  des  Sciences; 
n"'  i4  à  18,  2®  semestre  1870;  in-4''. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°'  /[i  à  44?  1870;  in-4°. 

Journal  de  l'Éclairage  au  Gaz;  11°'  87  et  38,  1870;  in-4°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées;  juillet  1870;   in-4"- 

L'Aéronaute;  septembre  et  octobre  1870;  iii-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques;  octobre  1870;  in-S". 

Nouvelles  météorologiques;  septembre  1870;  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SEANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  7  NOVEMBRE   1870. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOUVILLE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET   DES  CORRESPONDANTS  DE   L'ACADÉMIE. 

M.  Chevreitl  donne  lecture  d'une  Note  sur  les  subsistances  et  l'alimen- 
tation; cette  Note  ayant  été  perdue  par  la  personne  qui  s'était  chargée 
de  la  remettre  à  l'iniprimerie,  elle  sera  reportée  au  prochain  numéro  du 
Compte  rendu. 

MÉCANIQUE.  —  Sur  la  déviation  des  projectiles  à  ailettes;  par  M.  Paye. 

«  On  sait  que  les  boulets  cylindro-coniques  à  ailettes  tirés  au  moyen  de 
canons  rayés  ne  restent  pas  dans  le  plan  vertical  du  tir,  mais  dévient  de 
plus  en  plus  de  ce  plan  en  décrivant  dans  l'espace  une  courbe  à  doidilc 
courbure.  Cette  dérivation  se  sididivise  eu  deux  paris  :  l'une,  très-petite  et 
purement  apparente,  est  due,  comme  Poisson  l'a  démontré,  au  mouvement 
de  rotation  de  la  Terre  ;  l'autre  a  été  attribuée  à  un  mouvement  de  préces- 
sion de  l'axe  du  projectile,  provenant  de  ce  que  la  résultante  des  actions  de 
l'air  résistant  ne  passe  pas  par  son  centre  de  gravité. 

»  La  première  se  calcule  aisément  :  elle  est  à  peu  près  égale  à  autant 
de  fois  la  18000^  partie  de  la  portée  qu'il  y  a  de  secondes  dans  la  durée  du 
trajet.  Cette  déviation  a  toujours  lien,  pour  notre  hémisphère,  à  droite  du 
plan  de  tir  quel  que  soit  son   azinuit. 

C.  R.,  1870,  2"  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  19.)  8o 


(  6o2  ) 
»  Mais  la  seconde  dépend  du  sens  de  la  rotation  du  projectile,  c'est- 
à-dire  du  sens  des  rayures  héliroidides  du  canon.  Pour  les  canons  de  la 
marine  (i),  où  ces  rayures  vont  de  droite  à  gauche,  en  dessus,  la  dérivation 
se  fait  à  gauche  ;  pour  ceux  de  l'artillerie  de  terre,  où  les  rayures  vont  de 
gauche  à  droite,  la  déviation  a  lieu  à  droite.  F.es  dérivations  de  ces  deux 
sortes  de  projectiles  diffèrent  donc  du  double  de  la  déviation  due  à  la 
rotation  terrestre,  c'est-à-dire  de  3o  mètres  environ  pour  une  portée  de 
7000  mètres  parcourne  en  36  secondes.  En  d'autres  termes,  le  boulet  de 
la  marine  dévie  à  gauche,  dans  ces  circonstances,  d'environ  3io  mètres 
lorsque  le  boulet  de  l'artillerie  de  terre  dévierait  à  droite  de  34o  mètres  (a). 
Il  serait  peut-être  à  désirer  qu'on  adoptât  un  seul  et  même  système,  afin 
de  rendre  applicables  à  l'une  de  ces  armes  les  expériences  et  même  les  ap- 
provisionnements de  l'autre;  mais  il  m'a  semblé  qu'il  serait  plus  utile  de 
rechercher  la  cause  de  cette  singulière  déviation  et  de  la  supprimer  si  cela 
était  possible,  sans  demander  des  changements  impraticables  aujourd'hui. 

»  On  comprendra  encore  mieux  riutérêt  de  cette  question  si  l'on  veut 
bien  se  rendre  compte  de  la  complication  que  ce  phénomène  a  introduite 
dans  le  pointé.  Pour  en  tenir  compte,  on  a  dû  adjoindre  à  la  hausse 
verticale  qui  sert  à  régler  l'inclinaison  du  canon,  une  réglette  horizon- 
tale graduée  le  long  de  laquelle  on  fait  glisser  le  cran  de  mire,  à  droite 
pour  les  pièces  de  la  marine,  à  gauche  pour  celles  de  l'artillerie  de  terre, 
jusqu'au  point  fixé  parles  tables  de  tir.  Ces  tables  numériques  résultent 
d'aillcin's  d'expériences  préalables  pour  divers  calibres,  expériences  où 
il  a  fallu  faire  varier  la  charge,  l'inclinaison  et  le  poids  du  projectile. 
Leur  emploi  est  assez  sûr  quand  on  a  le  bonheur  de  rencontrer  des 
poudres  de  même  force.  Toujours  est-il  qu'il  y  a  à  tenir  compte  à  chaque 
pointé  de  deux  éléments  à  la  fois,  l'inclinaison  de  l'axe  du  canon,  et  la 
dérivation  (sans  parler  de  la  direction  et  de  la  force  du  vent),  éléments 
variables  avec   le  poids  du  projectile,  la  charge  et   la  portée. 

«  Enfin,  si  l'on  jîarvenait  à  réaliser  les  grandes  portées  que  le  célèbre 
ingénieur  anglais  M.  Withworth  ne  désespère  pas  atteindre  un  jour  avec 
ses  engins  pui.s.sants  et  que  j'ai  cru  moi-même,  il  y  a  trente  ans,  réaliser  par 


(i)  Comme  celui  de  l'amiral  Labronsse,  dont  j'ai  ('ludic''  l'^iffiit  dans  ma  Note  du  3  oc- 
tobre dernier  (Comptes  rendus^  p.  455-46o): 

(7.)  En  outre,  sur  le  dévelop|ienient  du  cylindre  de  l'âme,  la  transformée  des  rayures  est 
une  courbe  lani^enle  à  l'origine  aux  ijénéiatriees,  et  iiou  une  liioile  connue  dans  les  canons 
de  l'arlillerie  de  terre. 


(  Go3  ) 

l'union  de  la  force  de  projection  ordinaire  avec  la  force  de  réaction  des 
fusées  de  guerre,  la  dérivation  des  pi'ojecîiles  rotatoires,  qui  croît  biesi 
plus  vite  que  le  carré  du  temps,  deviendrait  uis  obstacle  sérieux  a  la 
précision,  à  moins  qu'on  ne  tînt  com[)te,  dans  la  formation  des  tables, 
d'une  foule  de  circonstances  accessoires. 

»  Poisson  a  le  premier  traité  la  question  dans  son  Mémoire  sur  les  pro- 
jectiles; mais,  de  son  temps,  on  ne  connaissait  ni  les  canons  rayés,  ni  les 
boulets  cylindro-coniques  à  ailettes.  Je  remarquerai  seulement  que  notre 
illustre  géomètre  admet,  pour  les  balles  de  fusil  rayé  tournant  de  gauclie  à 
droite,  une  dérivation  vers  la  gauche,  de  quelques  millimètres  seulement  à 
230  mètres,  tandis  que  des  expériences  |)ius  récentes  ont  donné  constam- 
ment des  dérivations  d'im  demi-métre  vers  la  droite.  Il  semble  ainsi  que  la 
question  traitée  par  Poisson  n'est  pas  tout  à  fait  en  rapport  avec  la 
nôtre. 

))  Dans  un  Mémoire  très-intéressant  inséré  aux  Annales  dt  l'Ecole  Nor- 
male, un  jeune  professeur,  M.  Gauthier,  a  développé  l'analyse  de  Poisson 
en  s'attachantà  mettre  en  relief  le  double  mouvement  conique  de  nutalion 
et  de  précession  que  la  résistance  de  l'air  tend  à  imprimer  aux  boulets  al- 
longés et  tournant  autour  de  leur  axe  de  figure.  Il  a  donné  les  expressions 
analytiques  de  ces  mouvements  en  ten.int  compte  des  termes  les  jibis  in- 
fluents, puis  il  a  introduit  dans  ses  formules  quelques  données  luuuériques 
partiellement  applicables  à  l'obus  de  12,  de  manière  à  contrôler  jusqu'à  un 
certain  point  ses  résultats  par  l'expérience.  L'accord  n'est  pas  très-satis- 
faisant. 

«  En  réfléchissant  à  cette  question  qui  intéresse  la  précision  du  tir  à 
longue  portée,  j'ai  été  conduit  à  penser  que  si  les  forces  considérées  dans 
celte  analyse  tendent  effectivement  à  donner  à  l'axe  ces  mouvements  coni- 
ques de  nutation  et  de  précession,  les  choses  ne  peuvent  se  passer  pourtant 
comme  dans  le  cas  d'un  boulet  sphérique  ou  d'une  toupie  tournant  sur 
un  plan  fixe  dans  un  air  immobile,  car  la  résistance  de  l'air  exaltée  par 
l'énorme  vitesse  du  projectile  doit,  en  vertu  de  la  forme  même  de  ce  der- 
nier, annuler  ces  tendances  aussitôt  qu'elles  commencent  à  se  manifester. 
En  outre  la  déviation  vers  la  droite  ne  dépend  pas  autant  qu'on  l'a  cru  de 
la  situation  du  centre  de  gravité  par  rapport  au  centre  de  figure,  puisque 
l'obus  creux  de  19  ou  de  27,  et  le  boulet  plein  de  même  forme  ont  à  peu 
près  les  mêmes  déviations  daiis  toute  l'amplitude  observée  (1600  mètres). 
Il  y  a  donc  lieu  de  croire  cjue  le  phénomène  de  la  dérivation  tient  à 
cpielque  circonstance  négligée  dans  les  travaux  que  je  viens  de  citer. 

80.. 


(  6o4  ) 

»  Effectivement  il  en  existe  deux  dont  l'influence  ne  saurait  être  con- 
testée, et  qui  n'ont  pu  figurer  dans  ces  reclierches,';à  savoir  la  partie  conique 
ou  plutôt  ogivale  du  projectile  cylindiique  et  les  ailettes  dont  il  est  armé. 
Or  cette  figure  joue  ici  un  grand  rôle;  non-seulement  elle  réduit  beaucoup 
les  effets  directs  de  l'air  tout  en  permettant  d'augmenter  la  masse  du  pro- 
jectile, ce  qui  a  singulièrement  accru  les  portées,  mais  surtout  elle  |)résente 
une  direction  de  moindre  résistance  si  tranchée,  que  la  moindre  déviation 
de  l'axe  accroît  presque  subitement  la  résistance  en  j)rcsenlant  à  la  pres- 
sion (le  l'air  tonte  la  surface  du  demi-cylindre.  On  sait  en  effet  aujourd'hui 
que  le  frottement  d'un  gaz  sur  une  paroi  solide  et  imie  est  peu  de  chose, 
et  que  la  résistance  résulte  bien  plutôt  de  la  pression  qu'd  exerce  plus  ou 
moins  obliquement  sur  celte  paioi  et  de  la  niasse  d'air  mise  en  mouvement. 
Il  suit  de  là  que  dans  le  mouvement  d'un  pareil  projectile  lancé  dans  le 
sens  de  son  axe,  il  existe  une  cause  énergique  qui  tend  à  régler  à  chaque 
instant  la  direction  de  l'axe.  On  s'ex|)iique  ainsi  le  fait  le  plus  caracté- 
ristique du  mouvement  des  boulets  cylindru-coniques  dont  l'axe  ne  se 
ment  pas,  comme  il  le  devrait,  parallèlement  à  lui-même  :  la  force  exercée 
par  l'air  incline  cet  axe  simplement  dans  la  direction  de  la  tangente  à 
la  trajectoire,  de  sorte  qu'un  pareil  boulet  marche  toujours  comme  une 
flèche,  la  pointe  en  avant;  quant  à  la  tendance  à  tourner  précessionnelle- 
ment,  sous  l'angle  de  tir,  autour  de  la  verticale  du  centre  de  gravité,  elle 
est  incessamment  détruite  par  l'énergique  résistance  de  l'air. 

))  Les  ailettes  à  leur  tour  exercent  une  action  complexe  qui  dépend  de 
lein-s  surfaces  multipliées,  et  de  la  grande  vitesse  de  translation  et  de  rota- 
tion de  nos  projectiles.  A  raison  de  loo  tours  |)ar  seconde,  par  exemple,  les 
ailettes  d'un  boulet  de  19  frappent  l'air  avec  une  vitesse  de  60  mètres  par 
seconde.  Elles  ne  gardent  pas  longtemps  cette  vitesse-là;  la  résistance  de 
l'air  l'amoindrit  bien  vite,  plus  vite  même  en  proportion  que  la  vitesse  de 
translation,  mais,  quand  on  jjense  à  la  masse  d'air  sans  cesse  renouvelée  que 
les  ailettes  font  tourbillonner,  on  ne  peut  s'empêcher  de  croire  qu'il  pour- 
rait y  avoir  là  quelque  cause  cachée  de  déviation.  D'autre  part  certaines 
faces  de  ces  ailettes  s'opposent  plus  ou  moins  directement  au  mouvement 
de  translation,  puisqu'elles  frappent  l'air  en  ce  sens  avec  une  vitesse  de  3  à 
4oo  mètres  par  seconde. 

»  A  la  vérité  ces  ailettes  sont  distribuées  uniformément  en  deux  rangées 
de  4  on  de  6  sur  le  pourtour  de  la  partie  cylindiique  du  boulet  :  quand 
inie  (les  faces  est  eu  h.uil,  il  y  en  a  une  autre  en  bas  dans  une  position  sy- 
métrique. Si  donc  l'air  était  homogène  tout  autour  du  i)rojectile,  les  forces 


(  6o5  ) 
(le  résistance  transportées  parallèlement  à  elles-inèines  au  centre  de  gravité 
s'y  {iétniiraient  deux  à  deux,  il  n'j-  aur.iit  pas  de  résultante  pei-pendiculaire 
au  plan  du  lir.  Mais  eu  réalité  il  existe  entre  les  couches  supérieures  et  in- 
férieures une  différence  sensible  de  pression  dont  la  cause  principale  vient 
rl'étre  indiquée.  Si  l'air  n'existait  pas,  l'axe  de  rotation  se  transporterait  pa- 
rallèlement à  lui-même,  quel  que  fût  l'angle  de  lir.  Comme  cet  axe  s'incline 
continuellement  sur  la  tangente  à  la  irajectoire,  en  vertu  de  la  résistance 
de  l'air,  U  faut  que  la  pression  de  l'air  sur  le  demi-cylindre  inférieur  soit 
bien  plus  forte  que  dans  la  région  opposée,  où  il  se  forme  une  sorte  de  vide. 
Or  cet  excès  de  pression  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  faible  poussée 
de  l'air  se  maintient  dans  toute  la  durée  du  trajet,  car  à  chaque  instant 
l'axe  tend  à  conserver  sa  direction  actuelle  et  n'en  change  progressivement 
que  parce  qu'une  force  agit  sur  iiù. 

»  Il  résulte  de  là  divers  effets.  i°  En  ce  qui  concerne  la  rotation,  ces 
effets  peuvent  se  réduire  à  un  couple  dont  l'axe  est  vertical  et  à  une  petite 
force  perpendiculaire  au  plan  de  tir;  celle-ci  doit  contribuer  à  la  déviation 
observée,  tandis  que  l'action  directrice  du  couple  est  incessamment  dé- 
truite par  l'énergique  action  que  l'air  exerce  dans  le  sens  opposé  au  mou- 
vement du  projectile.  2"  En  ce  qui  concerne  le  mouvement  de  translation, 
dont  l'influence  est  de  beaucoup  la  plus  forte,  nous  trouvons  que  chaque 
ailette  porte,  soit  primitivement,  soit  par  usure  sur  les  raies  de  l'âme  de  la 
pièce,  une  face  inclinée  parallèlement  à  ces  raies,  face  qui  fait  l'effet  d'un 
petit  gouvernail.  Les  faces  situées  en  dessous  ayant  bien  plus  d'action  que 
celles  d'en  haut  à  cause  de  l'excès  de  pression,  ce  sont  les  premières  qui  doi- 
vent réagir  sur  la  direction  du  projectile.  Or,  si  eh  haut  les  faces  hélicoïdales 
des  ailettes  vont  de  gauche  à  droite,  celles  d'en  bas  se  trouveront  disposées 
en  sens  inverse,  et  la  pointe  du  projectile  devra  dévier  constamment  vers 
la  droite,  connue  le  ferait  la  proue  d'un  navire  dont  on  tournerait  le  gou- 
vernail dans  le  même  sens.  Ici  il  ne  s'agit  plus  d'un  faible  couple  contre 
lequel  réagit  facilement  l'action  directrice  de  l'air;  c'est  l'action  directrice 
de  l'air  elle  même  qui  fonctionne  en  un  sens  légèrement  oblique  au  plan 
du  tir  et  qui  oblige  le  projectile  à  s'en  écarter  peu  à  peu. 

«  Cette  explication  est  assez  bien  confirmée  par  un  phénomène  bien  connu 
des  navires  à  hélice  qu'elle  a  rappelé  aussitôt  à  mon  esprit.  On  sait  en  effet 
que  l'hélice  propulsive  ne  pousse  pas  rigoureusement  le  navire  suivant  l'axe, 
mais  un  peu  vers  tribord  quand  l'hélice  est  de  gauche  à  droite  conune  celle 
des  ailettes  de  boulet  (artil.  de  terre),  de  telle  sorte  que  le  navire  dévierait 
de  plus  en  plus  vers  la  droite,  à  la  manière  de  nos  projectiles,  s'il  n'était 


(  6o6  ) 

maintenu  par  une  action  légère,  mais  constante,  que  le  timonier  doit  exer- 
cer sur  ie  gouvernail.  On  explique  ce  singulier  eifet  par  la  différence  de 
pression  qui  existe  entre  les  couches  d'eau  où  se  meuvent  les  palettes  ver- 
ticales supérieure  et  inférieure  de  l'hélice. 

»  Malgré  cette  analogie,  il  faut  signaler  ici  une  différence,  ou  du  moins 
une  condition  particulière  au  boulet.  Si  au  sortir  de  la  pièce  le  boulet  avait 
acquis  exactement  et  s'il  conservait  ensuite  la  vitesse  de  rotation  correspon- 
dante au  pas  des  rayures  et  à  la  vitesse  de  projection,  l'air  ne  choquerait 
pas  la  paroi  hélicoïdale  des  ailettes;  il  glisserait  simplement  sur  cette  paroi. 
Mais  cette  vitesse  de  rotation  n'est  pas  complètement  atteinte,  et  d'ailleurs 
elle  se  ralentit  bien  vile,  pins  vite  en  proportion  que  la  vitesse  de  trans- 
lation :  aussi  l'air  frap])e-t-il  en  réalité  hs  ailettes  dès  le  début  et  détermine 
ainsi  une  dérivation  d'abord  insensible,  mais  bientôt  plus  accusée  et  crois- 
sant continuellement. 

»  Il  y  aurait  un  moyen  bien  simple  de  soumettre  cette  explication  à 
l'expérience  :  ce  serait  de  placer  les  deux  couronnes  d'ailettes  à  égale  dis- 
tance du  centre  de  gravité.  Dans  lein-  disposition  actuelle,  l'une  de  ces 
rangées  correspond  à  peu  près  à  ce  point  et  n'agit  dès  lors  qu'à  la  façon 
d'un  gouvernail  placé  juste  au  centre  d'un  navire.  Toutefois  il  resterait 
encore  un  certain  transport  de  tout  le  boulet  vers  la  droite,  dont  j'ai  indi- 
qué plus  haut  la  cause  principale. 

»  Il  seiait  bien  préférable  de  supprimer  les  ailettes  elles-mêmes  dont  la 
présence  doit  paraître  nuisible  indépendanuiient  de  toute  théorie.  C'est 
sans  doute  dans  celte  vue  que  M.  Withworth  les  a  remplacées  par  des 
faces  hélicoïdales  qui  guident  le  boulet  à  l'intérieur  d'un  canon  dépourvu 
de  rayures,  mais  dont  l'âme  est  engendrée  par  le  mouvement  hélicoïdal 
d'un  certain  |)olygone.  De  même  certaines  nations  ont  évité  les  adettes  en 
adoptant  des  projectiles  entourés  d'une  chemise  de  plomb  et  forcés  dans  un 
canon  à  rayures  multiples.  Mais  ces  combinaisons  diverses  laissent  encore 
prise  à  l'action  de  l'air.  Il  vaudrait  mieux,  ce  me  semble,  conserver  intacte 
la  forme  cylindro-conique  et  trouver  le  moyen  de  se  débarrasser  des  ailettes 
au  sortir  de  la  pièce,  soit  en  les  faisant  trancher,  soit  en  les  plaçant  sur  une 
sorte  de  sabot  que  le  boulet  abandonnerait  au  sortir  de  la  pièce.  Dans  la 
première  solution,  il  suffirait,  je  crois,  de  doiuier  aux  rainures,  près  de  la 
bouche,  une  plus  grande  j)rofondeur,  et  <à  la  paroi  sur  laquelle  l'ailette  s'ap- 
puie le  tranchant  convenable.  Le  métal  des  ailettes  étant  bien  plus  mou  que 
celui  de  la  pièc»',  ce  travail  n'absorberait  guère  de  force  vive.  Le  boulet 
débarrassé  de  ces  huit  ou  douze  saillies  de  5  ou  6  millimètres  conserverait 


(6o7  ) 
plus  longtemps  sa  vitesse,  et,  si  ma  théorie  est  vraie,  il  n  éprouverait  que 
des  déviations  tout  à  fait  insignifiantes. 

»  Dans  la  seconde  solution,  une  unique  rangée  d'ailettes  serait  portée 
par  une  plaque  d'acier  portant  des  tenons  engngés  dans  le  culot  de  l'obus, 
et  faisant  ressort  à  la  manière  des  calottes  sphériques  appliquées  aux  tam- 
pons des  locomotives.  L'explosion  aplatirait  le  ressort  en  faisant  pénétrer 
ses  tenons  plus  avant  dans  les  mortaises  de  l'obus,  puis  au  sortir  de  la  pièce, 
Télasticité  du  ressort  le  ferait  rejaillir  en  arrière  du  projectile.  A  la  vérité 
cette  disposition  serait  bien  éloignée  du  centre  de  gravité  et  il  faudrait 
peut-être  adoucir  les  frottements  par  une  exécution  pins  soignée  ou  par 
l'étamage  de  la  surface  (i). 

»  En  résumé  j'ai  voulu  montrer  que  la  dérivation  ne  provient  probable- 
ment pas  d'un  phénomène  de  précession,  ce  qui  rendrait  la  dérivation  iné- 
vitable quelle  que  fût  la  forme  de  nos  boulets,  mais  en  grande  partie  des 
appendices  fixés  autour  du  projectile  actuel,  en  sorte  qu'en  supprimant  ses 
huit  ailettes  on  ferait  disparaître  dans  le  tir  une  cause  d'erreur  ou  de  com- 
plication et,  de  plus,  une  perte  notable  de  force  vive.  Cette  théorie  et  les 
procédés  qu'elle  suggère  sont  très-faciles  à  contrôler  par  l'expérience.  En 
tout  cas  il  est  bon  de  se  rendre  un  compte  exact  des  motifs  qui  peuvent 
avoir  décidé  les  nations  étrangères  à  remplacer  nos  ailettes  par  une  dispo- 
sition qui  donne  à  l'air  moins  de  prise,  et  j'ai  cru  qu'il  ne  serait  pas  inutile 
de  rechercher  les  moyens  de  faire  encore  mieux,  dans  un  moment  où  les 
hommes  spéciaux,  absorbés  par  des  préoccupations  plus  graves,  ne  sau- 
raient consacrer  leur  temps  à  des  études  pareilles  dont  je  suis  loin  de  me 
dissimuler  les  difficultés.  » 

(i)  Ce  flernier  procédé  s'appliquerait  aisément,  sans  ressort,  an  projectile  mixte  ^uiqnel 
j'ai  fait  allusion  au  début,  et  qui  devait  être  composé  d'un  obus  ordinaire  cylindro- 
conique  dont  la  partie  cylindrique  se  prolongerait  bien  au  delà  de  la  base,  sur  20,  3o  ou 
même  ^o  centimètres  de  longueur.  Ce  prolongement  devant  contenir  une  charge  bien  régu- 
lièrement tassée  de  fusée  ordinaire,  il  fallait  la  soustraire  à  l'influence  de  l'explosion.  C'est 
à  quoi  je  croyais  parvenir,  il  y  a  trente  ans,  en  plaçant  en  avant  un  obturateur  très-épais, 
percé  d'un  très-petit  orifice  et  s'appuyant  sur  une  petite  charge  intermédiaire  de  poudre 
ordinaire.  Celle-ci,  en  faisant  explosion,  devait  chasser  l'obturateur  et  mettre  régulièrement 
le  feu  à  la  fusée.  Il  serait  facile  dès  lors  de  placer  une  rangée  d'ailettes  sur  le  pourtour  de 
cette  pièce;  seulement  il  conviendrait,  vu  la  longueur  excessive  du  projectile,  de  placer 
une  seconde  rangée  d'ailettes,  vers  le  centre  de  gravité.  La  permanence  de  l'axe  et  la  régu- 
larité de  la  réaction  produite  par  la  matière  fusante  étant  assurées  par  la  l'otation  de  ce 
projectile,  il  y  a  lieu  de  croire  que  la  force  additionnelle  qu'il  emporterait  avec  lui  et  qui 
commencerait  à  agir  au  bout  d'un  temps  déterminé  compenserait  la  résistance  de  l'air  et 
même  accroîtrait  notablement  la  vitesse,  de  manière  à  fournir  des  portées  considérables. 


(  6o8  ) 

«  M.  i.E  SEcnÉTAïuE  PKRPKTiTEL,  (lésiraiit  faire  cesser  tous  les  doutes  que 
l'intéressante  Lettre  de  IM.  Hachette  (i)  pourrait  faire  naître  au  sujet  de  la 
date  véritable  à  laquelle  se  rapporte  l'invenlion  de  Meusnier,  donne  lec- 
ture à  l'Académie  de  quelques  passages  du  tome  III  des  OEuvresde  Lnvoi- 

sier. 

»  L'ancieiuie  Académie  des  Sciences  avait  formé  une  Commission  pour 
s'occuper  des  recherches  relatives  aux  aérostats.  Celle-ci,  dés  la  première 
séance,  entendait  une  lecture  do  Lavoisier  qui  précisait,  en  quelques  mots, 
les  conditions  du  problème  de  la  construction  et  de  la  direction  des  bal- 
lons. Si  le  manuscrit  de  Lavoisier  ne  fût  pas  resté  inédit  durant  quatre- 
vingts  ans,  la  connaissance  des  principes  qu'il  précisait  eût  épargné  peut- 
être  bien  d'inutiles  tentatives,  et  provoqué  des  recherches  mieux  condji- 
nées.  Aux  quatre  questions  qu'il  met  en  évidence  comme  fondamentales, 
on  pourrait  en  ajouter  deux  qui  sont  nouvelles  et  nées  des  circonstances 
présentes;  mais  le  moment  n'est  pas  encore  venu  de  dire  comment  il  y  a 
été  répondu. 

PROCÈS- VERBAUX. 

«  Première  séance  des  Commissaires  nommés  par  l'Académie  pour  les  macliines  aérosia- 
tiqiies,  tenue  à  l'hôtel  de  La  Rochefoucauld,  le  27  décembre  1^83,  et  à  laquelle  ont  assisté  : 
MM.  le  duc  de  La  Rochefoucauld,  Le  Roy,  de  Condorcet,  Tillet,  l'ahhé  Bussul,  Lavoisier, 
Brisson,  Berlhollet  et  Coulomb. 

»   M.  Lavoisieu  a  fait  iectine  de  l'écrit  qui  suit  : 

RÉFLEXIONS 

SUR    LES    POINTS    PRINCIPAUX    QUI    DOIVENT    OCCUPER    LES    COMMISSAIRES    NOMMÉS 
POUR    LES    MACHINES    AÉROSTATIQUES. 

1)  La  j)erfection  dont  les  machines  aérostatiqiies  sont  susce|)!il)les  dépend 
u   principalement  de  quatre  choses  : 

»  La  première,  de  trouver  une  enveloppe  qui  réunisse  la  légèreté  à  la 
»  solidité  et  qui  soit  imperméable  à  l'air  et  surtout  à  l'air  inflammable, 
»   même  sous  une  charge  d'un  demi-pouce  de  merciu'c; 

»  La  seconde,  de  trouver  un  gaz  léger,  facile  à  obtenir  partout  et  en 
»  tout  temps,  et  qui  ne  soit  pas  dispendieux; 

»  La  troisième,  de  trouver  un  nu)y<'n  de  faire  monter  cl  descendre  la 
»  machine  à  volonté,  dans  une  limite  de  deux  à  Irois  cenis  toises^  sans 
»   perdre  ni  le  gaz,  ni  le  lest; 


(i)   Comptes  rendus,  séance  du  3i  octobre  1870,  |).  583. 


(  6o9) 

»   ÏAi  quatrième,  enfin,  de  trouver  nn  procédé  facile  pour  la  dii-iger. 

1)  Sîirle  premier  objet,  on  a  proposé  les  étofles  de  soie  d'un  tissu  plus 
«  serré  que  le  taffetas,  et  l'on  pense  qu'en  les  pénétrant  de  vernis  à  la 
»  gomme  élastique  et  en  appliquant  deux  épaisseurs  l'une  sur  l'autre,  on 
»  aurait  une  enveloppe  qui  tiendrait  exactement  l'air;  c'est  un  sujet  de 
»   recherches  à  faire. 

»  Sur  le  second  objet,  il  est  démontré  que  l'on  peut  retirer  une  quantité 
»   très-considérable   de  gaz  de  presque  toutes  les  substances  animales  et 

»   végétales M.  Berthollet  a  rendu  compte  des  expériences  qu'il  a  faites 

»  pour  déterminer  la  pesanteur  spécifique  des  différents  gaz  inflammables. 
»  Celui  du  charbon  de  terre  s'est  trouvé  le  plus  léger;  son  poids  est  le  tiers 
»   de  celui  de  l'air  ordinaire. 

»  Sur  le  troisième  objet,  M.  Meusnier  a  indiqué  des  moyens  sûrs.  On  ne 
»  peut  douter,  d'après  ce  qu'il  en  fait  connaître,  qu'en  supposant  une 
»  enveloppe  capable  de  contenir  du  gaz  inflammable  sans  perte,  lorsqu'il 
»  pèse  sur  elle  avec  luie  force  de  six  lignes  de  mercure,  il  ne  puisse  donner 
»  à  la  machine  la  faculté  de  descendre  ou  de  monter  à  volonté,  et  dans 
»  une  latitude  assez  étendue. 

»  Enfin,  en  employant  la  force  des  hommes,  il  paraît  constant  qu'on 
»  pourra  l'écarter  de  la  direction  du  vent  sous  un  angle  de  plusieurs 
»   degrés.  » 

»  M.  le  Secrétaire  perpétuel  ajoute  que  le  procédé  de  Meusnier  est  d'ail- 
leurs décrit  dans  la  relation  de  l'ascension  qu'il  fit  à.  Saint-Cloud,  le...,  au 
moyen  de  la  combinaison  du  ballon  à  gaz  et  de  îa  poche  à  air  faisant  fonc- 
tion de  vessie  natatoire.    » 

«  M.  Chevrecl,  après  avoir  entendu  la  communication  si  intéressante  de 
M.  le  Secrétaire  perpétuel,  lui  demande  si,  dans  les  papiers  qu'il  a  exami- 
nés, il  n'y  en  a  pas  qui  aient  trait  à  la  pensée  d'après  laquelle  les  frères  Mont- 
golfier  ont  été  conduits  à  imaginer  leur  montgolfière?  M.  Chevreul  se  trou- 
vant, en  i8o3,  dans  un  salon  de  la  rue  de  Caumartin,  n'a  jamais  oublié 
avoir  entendu  dire  à  une  personne  qui  tenait  de  très-près  aux  frères  Mont- 
golfier,  que,  voyant  les  nuages  élevés  dans  l'atmosphère,  ils  se  demandèrent 
si,  en  les  renfermant  dans  une  enveloppe  imperméable  de  manière  à  com- 
poser un  système  dont  le  poids  fût  moindre  que  celui  du  volume  d'air  qu'il 
déplacerait,  il  ne  s'élèverait  pas  dans  l'atmosphère?  C'est  cette  idée  qu'ils 
réalisèrent  en  brûlant,  sous  l'ouverture  inférieure  d'un  globe  ren)pli  d'air, 

(;.  R.,  1870,  1"  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  19.)  81 


(  6io  ) 
de  la  paille  humiHe  et  de  la  laine;  ils  formèrent  ainsi  de  la  vapeur  dite  vési- 
cutaire,  c'est-à-dire  de  la  fumée,  ou  plutôt  un  image.  Si  M.  Chevreul  avait 
pu  oublier  cette  conversation,  elle  lui  eût  été  rappelée  par  son  confrère 
M.  Girard,  l'ingénieur,  qui,  au  grand  étonneinent  de  IM.  Chevreul,  se  trou- 
vait avec  lui  dans  le  salon  de  la  rue  de  Caumartin.  » 

«  M.  DiMAS  espère  que  le  passage  suivant  donnera  satisfaction  à  l'illustre 
Doyen  de  la  Section  de  Chimie,  dont  il  confirme  entièrement  les  souvenirs 
et  les  opinions;  voici,  en  effet,  ce  qu'on  lit  dans  le  même  document  que  je 
viens  d'invoquer,  après  un  historique  des  tentatives  ayant  rnéronaulique 
pour  objet  : 

«  Tel  était  l'état  de  nos  connaissances  sur  cet  objet,  lorsque  MM.  de 
»  Montgolfier  commencèrent  à  s'en  occuper  :  il  paraît  que  le  point  de  vue 
»  sous  lequel  ils  envisagèrent  ce  grand  problème,  d'élever  des  corps  dans 
))  l'air,  fut  celui  des  nuages;  de  ces  grandes  masses  d'eau,  qui,  par  des 
»  causes  que  nous  n'avons  pas  encore  pu  démêler,  parviennent  à  s'élever 
»  et  à  flotter  dans  les  airs  à  des  hauteurs  considérables.  Occupés  de  cette 
))  idée,  ils  pensèrent  aux  moyens  d'imiter  la  nature,  en  donnant  des  envc- 
»  loppes  très-légères  à  des  nuages  factices  et  en  contre-balançant  la  pression 
»   d'un  air  lourd  par  la  réaction  ou  l'élasticité  d'un  air  plus  léger » 

[Œuvres  de  Lavoisier,  t.  III.) 

»  M.  Cbevrecl  remercie  M.  Dumas  avec  une  vive  satisfaction,  certain 
qu'il  est  à  présent  de  pouvoir  citer  un  exemple  de  plus  à  l'appui  de  l'o- 
pinion qu'il  existe  un  certain  nombre  d'inventions  dont  le  point  de  départ 
a  été  une  opinion  erronée.  Ainsi  les  frères  Montgolfier  sont  partis  d'une 
idéeinexacte,  lorsqu'ils  ont  considéré  la  fumée  ou,  ce  qui  est  la  même  chose, 
la  vapeur  vésiculaire  ou  le  nuage  comme  plus  léger  que  l'air,  car  tout  le 
monde  sait  aujourd'hui  que  \a  fumée  d'une  cheminée,  comme  la  vapeur 
aqueuse  visible  du  image,  ne  s'élèvent  dans  l'atmosphère  que  sous  l'impulsion 
d'un  courant  d'air  chaud. 

»  M.  Chevreul  jusqu'à  ce  moment  même  éprouvait  toujours  luio  vive 
contrariété  lorsqu'il  parlait  de  l'idée  qui  avait  conduit  à  l'invention  de  la 
montgolfière  comme  erronée,  faute  de  pouvoir  citer  à  l'appui  de  cette 
manière  de  voir  un  témoignage  écrit  de  la  valeur  du  document  que 
M.  Dumas  vient  de  lire.  M.  Chevreul  se  rappelle  bien  avoir  vu  des  passages 
du  XP  volume  de  la  correspondance  littéraire  de  Grimm  (édition  de 
i83o)  relatifs  à   la  découverte  des  frères  Montgolfier,  mais  ils  sont  assez 


(6.1  ) 
confus  et  il  s'y  trouve  plusieurs  erreurs.  S'il  est  question  de  niiaqe  et  surtout 
Affamée  dans  un  passage,  on  trouve  plus  loin  une  explication  très-exacte 
de  l'ascension  de  la  montgolfière,  puisqu'elle   est  attribuée  exclusivement 
à  l'oir  chaud  contenu  dans  la  machine  (i). 

ÉCONOMIE  DOMESTIQUE  DES  AiSClENS.  —  N Ole  sur  (juelijaes  documents  relatifs 
,   à   l' économie  domestique  et  aux  denrées  alimentaires  en  Eijypte  sous  les 
Ptolémées  ;  par  M.  Egger. 

«  Parmi  les  deux  cents  papyrus,  ou  environ,  écrits  en  langue  grecque, 
que  nous  ont  rendus,  depuis  cinquante  ans,  les  tombeaux  de  l'Egypte 
ancienne,  on   sait  que  le  plus  grand  nombre  sont  des  documents  Hnan- 

(i)  Après  la  séance  de  l'Académie,  je  n'ai  rien  eu  de  plus  pressé  que  de  revoir  le  XP  vo- 
lume de  la  correspondance  littéraire  de  Grimm  et  de  m'assurer  de  l'exactitude  de  ce  que 
j'avais  dit  à  la  séance.  Je  vais  indiquer  les  pages  où  se  trouvent  les  citations  que  j'ai  produites, 
mais  il  est  un  fait  dont  j'avais  perdu  le  souvenir  et  qui,  dans  la  circonstance  actuelle,  n'est 
pas  sans  intérêt;  c'est  que  les  frères  MontgoIQer  ont  imaginé  1?l  montgo/Jîère  dans  un  but  de 
guerre,  comme  on  le  verra  par  la  citation  suivante.  Il  s'agissait  alors  du  siège  de  Gibraltar. 

T.  II,  p.  4^0  :  Grinim,  en  parlant  de  la  découverte  des  frères  Montgolfier,  dit  «  que 
»  leur  machine  aérostatique,  qui  s'éleva  dans  les  airs  à  Annonay  le  5  de  juin  1783,  était 
»   en  toile  et  en  papier,  remplie  de  gaz  inflammable  u,  ce  qui  est  faux. 

P.  424-  "  •  •  •  ce  qui  les  engagea  (les  frères  Montgolfier)  dans  cette  recherche,  ce  fut  le 
»  désir  iP imaginer  pour  le  siège  de  Gibraltar  quelque  ressource  plus  heureuse  ([ue  celte  des 
»    batteries  flottantes.  » 

L'origine  du  ballon  se  lie  donc  à  Vidée  de  la  guerre! 

On  lit,  même  i)age  :  «  Une  pièce  de  taffetas  que  MM.  Montgolfier  avaient  fait  venir  de 
•  Lyon  pour  en  faire  tout  simplement  des  doublures  d'habits,  leur  jiarut  beaucoup  mieux 
»  employée  à  des  expériences  de  physique  »,  passage  qui  n'est  pas  d'accord  avec  celui  de 
la  page  420. 

P.  425.  "  ...  On  sait  aujourd'hui  qu'ils  s'étaient  procuré  le  gaz  dont  ils  l'avaient 
»  rempli  par  un  ])rocédé  fort  simple  et  peu  dispendieux  :  en  faisant  brûler  de  la  paille  hu- 
»  niide  et  différentes  substances,  telles  que  la  laine  et  d'autres  matières,  de  matières  de 
u   graisse  plus  ou  moins  inflammables,  n 

«    ...  Il  ne  faut  donc  qu'un  peu  de  fumée  pour  opérer  le  plus  beau  prodige.  » 

Page  447'>  o"  '•'  '*  véritable  explication  de  l'ascension. 

«  ...  Il  va  lui  adapter  une  plate-forme  en  fer  sur  laquelle  on  pourra  brûler  la  |)aille, 
»  seul  agent  qu'il  emploie,  dont  l'effet  est  de  raréfier  l'air  atmosphérique  contenu  dans 
»  cette  machine,  ce  qui  suffit  pour  l'élever  et  la  soutenir  autant  de  temps  qu'on  pourra  ali- 
»   inenter  le  feu.   » 

La  diversité  de  ces  passages  ne  montre-t-elle  pas  la  difficulté  d'écrire  l'histoire  des 
sciences  et  les  recherches  nombreuses  qu'exige  la  vérité  du  récit? 

81.. 


(  6.2  ) 
ciers  :  lettres  administratives,  reçus,  actes  d'enregistrement,  d'ordonnan- 
cement, etc.  La  plupart  ont  été  déchiffrés  et  commentés  avec  succès,  et  ils 
ont  fourni  luie  riche  moisson  de  faits  et  de  renseignements  aux  savants  qui 
reconstituent  i  liistoire  de  ce  pays  sous  la  domination  grecque,  notamment 
à  M.  G.  Lumbroso,  auteur  d'un  Mémoire  sur  ce  sujet  que  l'Académie  des 
Inscriptions  a  couronné  en  1869  (i).  Toutefois,  il  est  nne  classe  de  ces 
documents  dont  l'interprétation  laisse  beaucoup  encore  à  désirer;  ce  sont 
les  comptes  de  dépense  domestique,  dont  de  précieux  fragments  existent 
dans  nos  collections  parisiennes,  dans  celle  du  Musée  de  Leyde  et  dans 
celle  du  Brilisli  Muséum.  A  ces  fragments  vient  s^en  ajouter  un  aujourd'hui, 
que  M.  Lumbroso  n'a  pu  connaître  et  qui  méiite  une  étude  particulière  : 
c'est  un  rouleau,  donné  en  1866,  à  l'Université  d'Athènes  par  M.  Sakkinis, 
et  dont  M.  Albert  Dumont,  alors  membre  de  notre  École  Française,  avait 
pris  une  copie  fort  exacte,  qu'il  a  bien  voulu  me  communiquer  en  m'auto- 
risant  à  en  faire  part  au  public.  Je  prendrai  occasion  de  cette  intéressante 
découverte  pour  jeter  un  coup  d'oeil  sur  l'ensemble  des  comptes  de  dépense 
épars  dans  les  diverses  collections  de  l'Europe  et  pour  résumer  les  données 
historiques  qu'ils  nous  apportent  sur  la  vie  journalière  des  deux  po[)ula- 
tions  réunies  et  souvent  confondues  sous  le  gouvernement  des  Ptolémées. 
Plusieurs  de  ces  données,  se  rapportant  à  l'habillement  et  à  l'alimentation, 
se  trouvent  nous  offrir  aujourd'hui  une  sorte  d'opportunité  qui  en  aug- 
mente l'intérêt.  C'est  ce  qui  m'encourage  à  les  soumettre  au  jugement  de 
nos  confrères  de  l'Académie  des  Sciences. 

»  Les  comptes  dont  il  s'agit  proviennent  presque  tous  du  même  fonds, 
je  veux  dire  des  archives  du  Sérapéum,  de  ce  temple  où  vivaient,  et  en 
assez  mauvaise  intelligence,  des  reclus  et  des  recluses  de  race  grecque  avec 
des  fonctionnaires  égyptiens.  Le  rouleau  conservé  aujoinxlliui  à  l'Univer- 
sité d'Athènes  n'a  peut-être  pas  une  autre  provenance,  mais  il  est  cer- 
tainement d'une  autre  main  que  les  comptes  conservés  à  Paris  (2),  à 
Leyde  (3)  et  à  Londres  (4),  et  il  a  cela  de  particulier  qu'il  nous  offre,  avec 

fi)  Recherches  sur  l'économie  politique  de  l'Egypte  sous  les  Lagides.  Turin,  imprimerie 
royale,  1870,  in-8".  —  Une  mention  honorable  fut  accordée,  ilans  le  morne  concours,  à  un 
Mémoire  de  M.  F.  Robiou,  qui  n'a  pas  encore  été  publié. 

(2)  Publiés  par  l'Académie  des  Inscriptions,  dans  le  tome  XVIII  des  Notices  et  Extraits  des 
Manuscrits. 

(3)  Publiés  ])ar  M.  Leeraanns,  à  Leyde,  i833,  in-4°. 

(4)  Publiés  par  M.  Forshall,  à  Londres,  i83g,  in-folio;  commentés,  mais  seulement  jus- 
tju'au  n"  ,\VIII,  par  M.  Bernardino  Puyron,  à  Turin,  1841.  in-4". 


(  6I3  ) 

peu  de  lacunes,  pour  seize  jours  d'un  même  mois  [i\n  mois  d'été),  la  dé- 
pense, d'inie  famille  ou  d'un  groupe  de  personnes  qui  vivaient  en  commun, 
peut-être  même  d'une  seule  personne.  Dans  toutes  ces  pièces,  les  chiffres 
de  chaque  article  sont  souvent  difficiles  à  lire  ou  à  interpréter;  la  quotité 
de  chaque  denrée  n'est  pas  mise  en  rapport  avec  un  chiffre  déterminé  de 
consommateurs;  cela  ne  permet  que  rarement  de  fixer  avec  certitude  la 
valeur  des  objets  mentionnés  et  d'en  tirer  les  éléments  d'une  statistique  ré- 
gulière; enfin,  beaucoup  de  mots,  d'origine  grecque  ou  égyptienne,  dési- 
gnent des  objets  qui  nous  sont  inconnus.  Mais,  malgré  ces  incertitudes  et 
ces  lacunes,  la  seule  mention  de  tant  d'objets  de  consommation  est  pour 
nous  très-instructive,  comme  on  va  le  voir. 

))  Environ  cent  objets  de  dépense  figurent  dans  ces  comptes  :  vêlements, 
denrées  alimentaires,  combustible  ou  vases  pour  l'aménagement  et  la  pré- 
paration de  ces  aliments,  salaires  de  divers  services,  gages  et  intérêt  d'ar- 
gent prêté,  etc. 

»  Parmi  les  vêtements  je  citerai  :  des  robes,  tuniques  et  toiles,  surtout 
faites  de  lin,  et,  entre  autres,  une  espèce  de  couverture  dont  la  mention  ne 
se  trouve  nulle  part  ailleurs  dans  les  textes  anciens  :  c'est  celle  qui  servait 
pour  la  nuit  [olanov  iy.toifxrtTpiov);  on  en  connaît  le  prix,  qui  est  de 
looo  drachmes  de  cuivre,  c'est-à-dire  environ  12  francs  de  notre  monnaie. 
Puis,  des  serviettes  dont  quatre  sont  cotées  220  drachmes,  soit  environ 
2^40*^;  des  toiles  teintes,  avec  la  pourpre,  qui,  sans  doute,  servait  à  la  tein- 
ture. A  ces  mentions  se  rattache  ;le  blanchissage,  désigné  encore  aujour- 
d'hui parle  même  mot  ['t3-?^v7ijuov)  en  grec  moderne. 

»  l^armi  les  ustensiles  et  les  matières  premières  de  l'industrie  :  la  brique, 
les  sacs  et  les  corbeilles,  les  vases  de  cuivre,  les  burettes,  la  lampe,  les  mè- 
ches et  l'huile  à  brûler;  cette  huile,  appelée  kiki  et  employée  aussi  pour  la 
toilette  (i),  est  distincte  de  l'huile  à  manger  ou  huile  d'olive,  et  quelquefois 
de  sésame,  et  chacune  des  deux  espèces  parait  avoir  été  l'objet  d'une  indus- 
trie particulière  (xix/ovpj-o;,  iAaioupyo;)  ;  l'encens  pour  les  sacrifices;  le 
bois,  et  peut-être  ce  que  nous  appelons  lesfacjots,  qui  se  vendaient  dans  un 
magasin  spécial. 

»  A  ces  dépenses  se  rattachent  :  les  prix  de  certains  services,  comme 
ceux  du  boulanger,  du  foulon,  du  forgeron,  du  teinturier,  du  maçon 
chargé  de  crépir  un  mur,  du  baigneur,  de  l'ouvrier  qui  porte  et  qui  coupe 
le  bois,   et  de  celui  qui  enlève  les  immondices;  la  location  d'une  échelle, 


(i)  DiouORE   DE  Sicile,   Hibliol/ièt/ue  historique,  I,  34;  Strabon,  Géogr.,  XVII,  p.  824. 


(  6i4  ) 
la  contribution  aux  frais  de  certaines  fêtes,  le  iiolis  d'une  embarcation  sur 
le  Nil,  les  frais  d'étape  d'un  soldat,  ce  qui  me  rappelle  qu'un  autre  docu- 
ment gréco-égyptien  nous  a  révélé  l'existence  en  ce  pays  d'un  corps  ana- 
logue à  t\o\re  infanterie  de  marine  {va.VAXvpoiu.%yj,uoi). 

»  Les  denrées  alimentaires  sont  nombreuses  et  variées.  Commençons 
par  celles  de  première  nécessité.  Le  blé  et  la  farine,  puis  le  pain,  quelque- 
fois spécifié  par  l'adjectif  smi/^/e  ou  pur,  pour  le  distinguer,  sans  doute,  des 
gâteaux,  parmi  lesquels  je  crois  reconnaître  un  gâteau  au  miel  ( uihiTcvua.), 
et  d'un  autre  pain  de  luxe  appelé  c/Uestis  (i);  l'eau,  et  une  liqueur  fermen- 
tée  que  désigne  le  mot  Ojvqç  ou  ^^vtov,  et  dans  la  composition  de  laquelle 
entrait  l'orge,  avec  le  fruit  du  mûrier. 

»  Le  vin,  comme  cette  espèce  de  bière,  deux  fois  mentionné  parmi  les 
rations  distribuées  soit  à  des  hommes  de  g;u-de,  soit  à  des  espèces  de  doua- 
niers ou  inspecteurs  de  la  navigation  (Papyrus  du  Louvre,  p.  347.  Cf. 
p.  335,  note  i).  On  sait  par  d'autres  témoignages,  notauunent  par  celui 
de  l'Inscription  de  Rosette  (lignes  i5  et  3o)  que  la  culture  de  la  vigne 
avait,  en  Egypte,  une  grande  importance. 

))  Le  vin  et  le  z/tos  étaient  soumis  à  des  impôts.  L'impôt  sur  le  zpos 
s'appelait  Çorvifa  et  paraît  avoir  donné  au  fisc  royal  un  revenu  considé- 
rable, à  en  juger  par  le  règlement  financier  dont  le  Papyrus  LXII  du 
Louvre  nous  a  conservé  de  nombreux  fragments. 

»  Le  miel,  cité  auprès  des  /xtXiTCà/u^Ta.,  dans  une  pièce  du  Musée  de 
Leyde,  était  l'objet  d'un  commerce  spécial;  le  producteur  de  miel  (mot 
à  mot  d'abeilles,  ou  apicidleur,  comme  nous  disons  aujourd'hui)  s'appelait 

n  Le  tait,  mentionné  une  seule  fois  dans  nos  comptes,  le  lait  cuit  avec  le 
froment  formait  une  bouillie  qui  paraît  avoir  été  fort  en  usage  dans  l'éco- 
nomie domestique  des  Égyptiens,  et  que  les  documents  de  Leyde  et  de 
Pans,  d'accord  avec  une  glose  du  Lexique  d'Hésychius,  nomment  alitera  : 
c'était  peut-éire  un  rafraîchissant.  Au  contraire,  le  xcfx.iç,  mentionné  une 
fois  dans  l'un  des  Papyrus  du  Louvre,  était,  au  témoignage  du  géographe 
Strabon  (2),  un  pain  de  nature  astringente;  mais  on  en  ignore  la  com- 
position. 

M  Le  sel  et  le  niire,  peut-être  compris  quelquefois  dans  luie  expression 
collective  qui  répond   à  noire  français  condiment,  assaisonnement,  comme 

(i)  HÉRonoTE,  ir,  "^-j,  t:t  les  textes  njunis  par  les  interprètes  sur  ce  passage. 
(2)  XVII,  p.  «24. 


(  6i5  ) 
o-^ov  (mot  à  mot  ce  qui  est  cuit)  et  o-^coviov  répondent  à  peu  près  an  français 
vulgaire/r/(0/,  par  opposition  au  pain  sec  (i). 

»  Les  légumes,  entre  lesquels  sont  spécialement  cités  :  l'ail,  la  laitue, 
la  poirée,  le  chou,  le  fenouil  et  la  nigelle. 

»  Les  fruits,  entre  lesquels  la  figue,  la  grenade,  la  datte,  un  cucurbitacée 
[xoXoicvi^ov)  qui  était  peut-être  le  melon  ou  le  pastèque,  la  noix. 
,  »  Les  racines,  parmi  lesquelles  je  ne  relève  sûrement  que  les  raves  et 
les  railis;  mais  peut-être  y  faut-il  ajouter  le  papyrus^  souvent  mentionné 
dans  les  comptes  de  Paris  et  de  Londres;  car  on  sait  que  la  racine  de  ce 
précieux  végétal  contribuait  à  la  nourriture  des  habitants  de  l'Egypte  (Hé- 
rodote, II,  ga).  Un  seul  scrup(de  m'arrête  à  cet  égard  :  c'est  que  parmi  les 
objets  cités  dans  les  comptes  du  rouleau  Sakkiiiis  se  trouve  l'encre,  mot 
à  mot  le  noir,  juiXav,  d'où  les  mots  composés  /utiXctiu&poXov^  qui  a  le  même 
sens,  et  /uiXatovpy oc,  fabricant  d'encre  (2).  Si  les  papyri  en  question  étaient 
du  papier  pour  écrire,  il  ne  manquerait  plus  que  le  calamits,  mentionné 
d'ailleurs  dans  un  autre  document  de  la  Collection  du  Louvre  (p.  324),  pour 
compléter  l'appareil  d'un  scribe  égyptien.  Mais,  à  vrai  dire,  les  mots^apT-/^ 
ou  /3/^Aoç  sont  beaucoup  plus  usités,  surtout  avant  l'ère  chrétienne,  que 
furafsrupot;  pour  désigner  le  papyrus  en  tant  que  matière  servant  à  l'é- 
criture. 

»  Les  viandes  (x.pitx.)  sont  fréquemment  mentionnées,  celle  de  bœuf  et 
celle  de  mouton  d'abord;  un  bœuf  est  évalué  à  environ  245  fr.  de  notre 
monnaie;  puis,  et  très-fréquemment,  la  chair  d'oie.  On  sait,  par  de  nom- 
breux témoignages,  que,  de  toute  antiquité,  l'oie  fournissait  aux  habitants 
de  la  vallée  du  Nil  un  de  leurs  principaux  aliments  :  dès  la  V^  dynastie,  les 
tombes  du  Haut  Empire  nous  montrent  à  l'œuvre  le  nourrisseur  d'oie,  celui 
que  les  documents  grecs  [Papyrus  du  Louvre,  p.  i34,  142,  i45,  3o3)  ap- 
pellent %n>oêoi7ZOç,  et  qui  employait,  pour  engraisser  sa  volaille,  les  moyens 
violents  usités  encore  de  nos  jours;  c'est  ce  qu'on  peut  voir,  entre  autres, 
parles  peintures  murales  du  tombeau  de  Ti  que  reproduisait,  en  1867,  à 
notre  Exposition  universelle,  l'une  des  parois  intérieures  du  Temple  égyp- 
tien si  industrieusement  élevé  sous  la  direction  d'Aug.  Mariette-Bey. 


(i)  Dans  le  centre  (!e  la  France,  c'est  le  mot  frippc  qui  est  employé  en  ce  sens  (voir  le 
Glossaire  du  comte  Jaubert). 

{2)  Ces  deux  derniers  mots  nous  sont  fournis  par  un  lexique  inédit  de  Julius  Pollux 
(m'  siècle  après  J.-C.)  que  publie,  en  ce  moment,  dans  les  Notices  et  Extraits  des  Manus- 
crits, M.  Boucherie,  professeur  au  Lycée  de  Montpellier. 


(  6'6) 

■)  Il  paraît  que,  comme  chez  nous  aussi,  les  bovichers  égyptiens  utili- 
saient les  entrailles  du  bœuf  et  du  mouton,  car  les  documents  de  Leyde 
mentionnent  deux  fois  des  splilanrjnides  ou  splanchnides,  ce  que  l'on  tradui- 
rait volontiers  eu  français  par  le  mot  lrii)cs.  Sur  quelques  peintures,  repro- 
duites dans  l'ouvrage  de  S.  Gardner  Wilkinson  (i),  on  croit  reconnaître, 
parmi  d'autres  produits  culinaires,  des  rouleaux  fort  semblables  à  nos 
boudins  ou  à  nos  saucissons. 

»  Les  salaisons  (tariclios)  reviennent  fréquemment  dans  le  rouleau  Sak- 
kinis;  et  la  profession  de  saleur  [laricheiites]  n'est  pas  moins  souvent  men- 
tionnée dans  les  documents  grecs  (\o  provenance  égyptienne,  sans  qu'on  y 
distingue  la  nature  des  substances  soumises  à  cette  préparation  ;  et  cepen- 
dant il  nous  importerait  souvent  de  distinguer  entre  le  saleur  de  comesti- 
bles et  l'embaumeur,  qui  sont  tous  deux  désignés  \yar  le  même  mot.  Le 
poisson  aussi,  que  ne  mentionne  expressément  aucun  de  nos  com|)tes, 
doit  être  quelquefois  compris  sous  le  nom  générique  de  salaison,  car  il 
comptait  pour  une  bonne  part  dans  l'alimentation  des  Égyptiens  (Héro- 
dote, II,  92,  93).  Le  métier  de  pécheur  est  souvent  mentionné  par  nos  do- 
cuments grecs  du  Louvre  (p.  iSy,  iSq,  148),  et  les  produits  de  la  pèche 
paraissent  avoir  été  soumis  à  un  impôt  particulier  [Ihid.  p.  365). 

»  Mais,  pour  ne  pas  trop  allonger  cette  Note,  il  est  temps  que  je  donne 
deux  ou  trois  des  comptes  journaliers  du  rouleau  Sakkinis  et  un  court  ré- 
sumé des  mentions  qui  y  sont  les  plus  fréquentes.  Cela  fera  saisir  dans  son 
ensemble  l'économie  d'un  de  ces  modestes  ménages  dont  les  registres  de 
dépense  sont  parvenus  jusqu'à  nous  par  une  heureuse  fortune,  à  travers 
tant  de  destructions. 

I""'  Mcsori.  3°  Mcsori. 

Pains,  Pains, 

Salaison,  Huile, 

Bois,  Bois, 

Melon,  Melons, 

(Une  ligne  peu  lisible).  Assaisonnements, 

1'  Mi'sori.  .  Légumes, 

Pains,  (Une  rature), 

Opson,  Encre. 

Bois, 

Assaisonnements, 

Poirées. 


(i)   Marinas  iind  Ciistnms  nf  the  /inrient  /îf;rptinrix,  t.  II,  |>.  38  >.  et  suiv.  Si  je  ne  mcn- 


(6.7  ) 

»  Le  registre  continue  jusqu'au  seizième  jour  avec  cette  sobriété  de  dé- 
tail et  celte  uniformité,  sauf  l'indication  de  cinq  ou  six  noms  de  fournis- 
seurs ou  d'intermédiaires  entre  le  consommateur  et  le  fournisseur.  Le  i)ain 
y  reparait  seize  fois;  les  légumes  et  Vopson  treize  fois,  ainsi  que  le  bois;  les 
salaisons  douze  fois,  l'huile  de  kiki  cinq  fois  (i);  les  autres  objets  moins  fré- 
quemment :  tout  cela  donne  l'idée  d'un  régime  singulièrement  simple,  mais 
qui  peut  sembler  encore  nourrissant,  vu  la  douceur  du  climat  en  Egypte. 

»  On  voudrait,  maintenant,  en  évaluer  la  dépense  en  monnaie  de  notre 
temps.  Mais,  même  si  l'on  pouvait  toujours  déchiffrer  sûrement  les  signes 
niunériques  qui  suivent  chaque  article  ou  qui  résument  la  dépense  de  cha- 
que jour,  il  nous  manquerait  encore  lui  élément  nécessaire  à  l'évaluation 
désirée  :  je  veux  dire  la  quantité  de  bois,  de  pain,  de  salaison,  etc.,  dont 
le  prix  est  brièvement  indiqué.  C'est  là  une  ressemblance  de  plus  avec  nos 
livres  de  cuisine,  où  bien  des  détails  sous -en  tendus  sont  aujourd'hui 
suppléés  sans  peine  par  ceux  qui  écrivent  de  tels  livres  et  qui  payent  la  dé- 
pense. Mais  cette  ressemblance  ne  rend  que  plus  difficile  la  tâche  des  inter- 
prètes. Heureusement,  on  peut  espérer  que  la  comparaison,  poursuivie 
avec  patience,  de  ces  docunienis  grecs  et  des  documents  nombreux  en 
langue  égyptienne  qui  appartiennent  à  la  même  classe,  permettra  d'arriver 
peu  à  peu,  sur  ce  sujet,  à  des  conclusions  de  plus  en  plus  intéressaiîtes, 
parce  qu'elles  seront  de  plus  eu  plus  précises. 

»  Le  court  aperçu  qui  précède  n'avait  pour  objet  et  ne  pouvait  avoir  pour 
résultat  que  d'attirer  l'attention  des  savants  sur  un  ordre  de  faits  peu  étu- 
diés jusqu'ici,  et  qui  méritent  de  trouver  place  dans  un  tableau  général  de 
la  vie  journalière  des  peuples  anciens.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Sur  l' importance  actuelle  des  questious  se  rattachant  à 
ihygiène  publique  et  privée  et  notamment  la  question  des  hémostatiques  et 
des  désinfectants,  et  sur  le  phénol  sodique.  Note  de  M.  P.  Bobœuf.  (Ex- 
trait par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Dumas,  Bussy,  St.  Laugier,  Bouley.) 

«   Le  phénol  sodique  fournit  à  la    fois   à   la   chirurgie   un  hémostatique 


tienne  pas  ici  la  chair  de  porc,  c'est  que  l'usage  alimentaire  paraît  en  avoir  été  fort  res- 
treint, chez  les  Égyptiens,  par  des  motifs  religieux  (Hérodote,  II,  47)- 

(i)  Je  ne  tiens  pas  compte  des  mentions  qui  font  partie  d'un  résumé  à  la  fin  du  mois. 

C.  K.,  4870,  2"  Sianeilre.  (  T.  LX\I,   N"  13.)  ^2 


(  6,8  ) 
puissant  et  un  désinfeclant  précieux  n'ayant  pas,  connue  le  pcrchlorure  de 
fer,  l'iode  et  autres  agents  généralement  employés,  l'inconvénient  grave 
d'irriter  les  plaies  et  de  nuire  à  leur  cicatrisation.  Il  est  donc  appelé  à 
rendre,  dans  les  hôpitaux  et  ambulances,  les  plus  importants  services,  si 
l'on  se  décide  à  en  faire  usage  pour  les  pansements  et  à  utiliser  sts  pro- 
priétés hémostatiques,  désinfectantes  et  cicatrisantes. 

»  Dans  le  même  ordre  d  idées,  le  phénol  sodique  constitue  à  lui  seul  la 
pharmacie  de  poche  que  devrait  porter  tout  combattant  afin  de  pouvoir 
arrêter,  par  uu  pansement  provisoire,  les  hémorrhagies  cpii  entraînent  si 
souvent  la  mort  à  la  suite  de  blessures  légères. 

»  Pour  remédier  efficacement  aux  causes  d'insalubrité  existantes,  pour 
combattre  l'épidémie  variolique,  pour  prévenir  l'accroissement  des  chances 
de  mortalité  pouvant  résulter,  soit  de  l'invasion  d'autres  épidémies,  dyssen- 
terie,  choléra,  etc.,  soit  de  l'encombrement  des  habitations,  casernes,  cam- 
pements, hôpitaux  et  ambulances,  en  un  mot  pour  neutraliser  toutes  les 
influences  pernicieuses  qui  peuvent  compromettre  la  santé  de  la  capitale, 
il  est  nécessaire  d'employer,  sous  les  diverses  formes  indiquées,  et  surtout 
en  arrosages  et  pulvérisations,  à  l'effet  d'assainir  l'air  et  d'y  détruire  tous 
les  agents  d'infection,  les  sels  alcalins  d'acide  phénique,  sels  dont  le  phénol 
sodique  est  le  type  le  plus  parfait,  parce  que  seuls  ces  sels  possèdent  une 
énergie  d'action  et  des  propriétés  hygiéniques  suffisantes.  » 

MÉMOIIIES  PRÉSENTÉS. 

M.  Tellier  écrit  à  l'Académie  pour  formuler,  en  quelques  mots,  les  con- 
clusions de  sa  Note  précédeiUe  sur  l'emploi  de  la  glace  dans  les  amputa- 
tions. Ces  conclusions  sont  les  suivantes  : 

«  1°  L'emploi  de  la  glace,  tel  qu'il  se  pratique  actuellement,  amène  iné- 
vitablement la  condensation  des  vapeurs  que  contient  l'air  et  par  consé- 
quent l'entiaînement  des  miasmes  tenus  par  lui  en  sus|)ension; 

»  2°  Le  produit  de  cette  condensation  vient  imbiber  la  plaie  et  y  porter 
l'influence  délétère  de  l'air  des  hôpitaux;  par  conséquent,  loin  de  la  pré- 
server, on  y  apporte  ainsi  les  miasmes  pestilentiels  qu'il  importe  tant  d'é- 
carter; 

»  3°  Enfin,  comme  remède  à  cet  état  de  chose,  j'indique  l'emploi  de 
l'air  froid  sec,  et  le  moyen  de  le  prodiure  aisément.   ■; 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 


(  6-9) 

M.  Brachf.t  adressa  mie  nouvelle  Lettre  relative  à  divers  projets  d'appa- 
reils aérostaliqiies. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  Varenne  adresse  une  Note-  sur  la  navigation  aérienne,  accompagnée 
-d'un  croquis  représentant  les  principales  particularités  de  son  système. 

(Renvoi  à  la  même  Commission,) 

M.  I>EBRUf.E  adresse  une  Note  relative  à  un  ballon  dirigeable.  L'autetu- 
se  j)ropose  d'abord  d'établir  l'impossibilité  de  diriger  les  aérostats  tels 
qu'ils  ont  été  compris  jusqu'à  ce  jour.  Il  développe  ensuite  un  projet  de 
ballon  d'un  nouveau  modèle. 

(Renvoi  à  la  même  Conuuission.) 

CORRESPONDANCE . 

ART  Mir  ITAIRE.  —  Sur  la  force  de  la  poudre  et  des  matières  explosives. 
Note  de  M.  Berthelot  (*). 

«  1 .  La  force  de  la  pondre  dépend  de  diverses  données,  parmi  lesquelles 
le  volume  des  gaz  dégagés  et  leur  température  jouent  un  rôle  fondamental  : 
cette  température,  la  grandeur  des  pressions  sous  un  certain  volume,  enfin 
le  travail  mécanique  peuvent  être  calculés  d'après  la  quantité  de  chaleur 
développée  pendant  la  combustion  de  la  poudre. 

»  2.  C'est  ainsi  que  MM.  Bunsen  et  Schischkoff  (**)  ont  trouvé  que 
I  gramme  de  poudre  dégage  6i9'^''\5  en  brûlant  sons  la  pression  atmosphé- 
rique; le  volume  des  gaz  dégagés  était  de  193  centimètres  cubes  (à  zéro  et 
o"\76o)  dans  les  conditions  de  leurs  expériences,  qu'ils  ont  achevé  de  dé- 
finir par  l'analyse  complète  des  produits  briilés.  Ils  ont  évalué  la  chaleur 
spécifique  moyenne  de  ces  produits,  pris  sons  volume  constant,  à  0,1  855 
et  ils  ont  calculé  la  température  de  romhuslinn  de  la  poudre,  dans  un  espace 
éqal  à  son  propre  volume,  en  divisant  619,5  par  o,i855;  soit  334o  degrés. 


(*)  L'Académie  a  décidé  que  cette  Communication,  bien  que  dépassant  en  étendue  les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  en  entier  au  Compte  rendu. 
{**)  Pogg.  Ann.,  t.  Cil,  p.  321,  1857. 

82. 


(    620    ) 

Ils  évalnont  ensuite  le  volume  occupé  par  les  gaz,  dans  cetio  condition,  à 
o'='^,584,  déduction  faite  du  volume  occupé  par  le  résidu  solide,  et  ils  cal- 
culent la  pression  en  multipliant  le  rap|)ort  1 98:0,584  par  i  +  a.334o;  ce 
qui  conduit  à  4374  atmosplièros. 

»  Tel  est  le  calcul  des  auteurs  et  il  a  servi  de  type  aux  calculs  analogues 
faits  depuis  sur  diverses  matières  explosives. 

»  3.  Ayant  été  conduit  par  les  circonstances  présentes  à  m'occuper  de 
la  fabrication  des  poudres  et  des  canons,  il  m'a  semblé  que  le  calcul  pré- 
cédent était  défectueux,  parce  que  la  teiupéralure  de  combustion  était  cal- 
culée/30ur  un  volume  égala  celui  des  gaz  de  la  poudre,  mesurés  à  zéro  cl  sous  la 
pression  almosphéj-ique,  au  tien  d'être  calculée  pour  un  volume  égal  à  celui  de  la 
poudre  elle-même.  En  d'autres  termes,  les  auteurs  ont  négligé  la  chaleur  qui 
se  dégage  lorsque  198  centimètres  cubes  des  gaz  de  la  poudre  sont  réduits 
par  la  compression  à  o'''^,584.  Or  la  quantité  ainsi  négligée  est  énorme;  elle 
est  décuple  environ  de  la  quantité  dont  on  lient  cokupte.  Je  vais  la  calculer 
d'après  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur. 

»  4.  Soient  i',,  p,,  t^  le  volume,  la  pression  et  la  température  d'une  cer- 
taine masse  gazeuse;  si  on  l'amène  à  un  volume  iu,  sans  lui  fournir  ni  lui 
enlever  de  chaleur,  les  nouvelles  pression  et  température,  p,  et  t^,  sont 
données  par  les  formules  connues 


A 


(a)  I  +  «^2  =  .(i  -+-  ut,)  T- 

Posons  : 
/i  =  1 ,4'  1  rapport  théorique  des  deux  chaleurs  spécifiques  pour  les  gaz; 


2^3 


c,  la  chaleur  spécifique  moyenne  des  produits  de  la  combustion,  sous 
volume  constant; 

Qi,  la  quantité  de  chaleur  recueillie  dans  le  calorimètre,  lorsque  la  com- 
Inistion  d'un  kilogramme  de  poudre  a  lieu  sous  la  pression  atmo- 
sphérique et  avec  développement  d'un  volume  de  gaz  égal  à  t>,  (en 
litres  et  à  zéro). 

/,  sera  la  température  acquise  par  les  gaz,  sous  le  volume  constant  c,,  ci 
par    rinflueiice   de   la  quantité    de    chaleur   Q,  ;    ce   (pii   doiuie   les 


î'j3  c 


(   6^'    ) 
relations  : 

(3)  ^-^; 

(4)  /?,  =  I  +  c<^  =  I  +  — r  —  (en  atmosphères); 
et  par  suite 

(5)  p,= 
ou  bien  encore 

(6)  /7o  —  (i  +  afo) 

(7)  ,73  +  /.=  (.73  +  51 

»  Soit  enfin  Q^  la  quantité  totale  de  chaleiu'  dégagée  par  i  kilogramme 
de  poudre,  lorsque  les  gaz  de  la  combustion  sont  réduits  à  o  degré  et  au 
volume  v^t  on  aura 

(8)  Q.  =  c/„ 
c'est-à-dire 

(9)  ^73c  +  Q,=  (273c  +  Q,)(;-:)"'"', 

(10)  Qo  X  4251^°™  =  0, 

travail  maximum  qui  puisse  être  produit  par  1  kilogramme  de  poudre,  brû- 
lant dans  le  volume  constant  t',,  sans  changement  de  température. 

»  Ces  formules  peuvent  servir  à  calculer  la  loi  théorique  de  détente  des 
gaz  de  la  poudre  et  leur  réaction  sur  le  projectile,  pourvu  que  l'on  con- 
naisse la  vitesse  avec  laquelle  les  gaz  prennent  naissance,  celle  du  projectile 
dans  le  canon,  enfin  la  quantité  de  chaleur  transformée  à  chaque  instant 
en  travail  mécanique.  Mais  je  ne  veux  pas  entrer  dans  cette  discussion.  Je 
signalerai  seulement  une  conséquence  importante  des  formules,  relative  à 
la  comparaison  de  deux  substances  explosives  différentes. 

»   5.  Pour  une  même  valeur  de  -■>  les  variations  des  quantités  0,  Qo,  ^, 

et  ^2  sont  du  même  ordre  que  celles  de  la  quantité  Q, ,  lorsque  cette  quan- 
tité est  considérable,  sans  lui  être  pourtant  rigoureusement  proportion- 
nelles. 

»   En  d'autres  termes,  si  le  rapport  entre  le  volume  des  gaz  (*)  produits 


(*)   Réduits  à  o  degré  et  o"','j6o. 


(    622    ) 

par  la  réaction  et  la  capacité  dans  laquelle  la  réaction  s'effectue  est  le 
même  pour  un  même  poids  de  deux  substances  explosives  différentes,  l'ef- 
fort exercé  sur  les  parois  et  le  travail  maximum  seront  à  peu  près  propor- 
tionnels aux  quantités  de  chaleur  mesurées  dans  le  calorimètre  des  physi- 
cieuj. 

o   6.   Il  s'agit  maintenant  d'appliquer  ces  formules.  D'.iprès  les  données 
de  MM.  Bunsen  e(  Schisciikoff,  on  trouve 

t,  =  3340°, 
p,  =  i3='"",23. 

»   Soit  .r  le  nombre  de  grammes  de  poudre  contenu  dans  une  capacité 
constante  égale  à  1000  cenlimèties  cubes;  on  aura 

<',  Q  ■>■ 

Cj  "^       1000  —  0,4lD.r 

d'après  les  hypothèses  des  auteurs;  d'où  résulte 
(I)  p,=  i\23( ^9^ 


Pour  X 


1000  —  o,4i6x 


'^  =  -^  =  33o  5 
<>,       o,584        •^'^"''^' 


^2  =  47000'""     au  lieu  de     4374, 

<2  =  38700"        au  lieu  de     334o, 

Qj=  7  1 8f) ooo'^-'»',     0  =r  7180000  X  4^5  =  3o5i  Sooooo''^™. 

»  C'est  le  travail-maximum  que  puisse  effectuer,  d'après  les  théories  que 
nous  avons  admises,  1  kilogramme  de  poudre  en  brûlant  dans  un  espace 
égal  à  I  litre. 

»  7.  Comparons  ces  données  avec  les  résultats  que  Rumfordt  a  obtenus, 
dans  des  expériences  directes  publiées  en  1797  (*),  et  nous  parviendrons  à 
des  aperçus  inattendus  sin-  les  états  de  la  matière  soumise  à  des  pressions 
et  à  des  températures  que  l'on  avajt  réputées  jusqu'ici  inaccessibles. 

»  Rumfordt  a  mesuré  l.^spressionsdévelopiiées  pai'  divers  poids  de  poudre 
brûlant  dans  une  capacité  constante.  Un  kilogramme  de  |)oudre,  brtilant 
dans  I  litre,  développerait  ainsi  55  000  atmosphères  :  chiffre  qui  n'est  pas 


(*)  Philos.    Tran.inct.,   1797;  —  Piobert,  Traite  d'Jrtillrric,  partie  théoriqiif,  2' tir.ige 
(lu  la  seconde  éditinii,  p.  39,  i  ;  1869. 


(  623  ) 
fort  éloigné  des  47  000  indiquées  par  notre  calcul.   Pour  x  =:  702,  l'expé- 
rience a  donné  11  000;  le  calcul   indique  21  800.  A  partir  de  a:  =  5oo  et 
au-dessous,  Ruinfordt  a  représenté  ses  nombreux  résultats  par  la  formule 
eiiipirique 

P2  =  1,841^'" 


1+0,0004  X 


Tableau 

(II 

). 

VALEURS 

DE    /' 

,    0 

'APr.Ès 

Valeurs  de  t. 

la  formule  (1). 

Rumfordl. 

I 

aim 

1,3 

1,8 

5 

12, 7 

9'2 

10 

33,7 

18,6 

5o 

333 

99 

lOO 

916 

221 

200 

2640 

590 

5oo 

I  i54o 

3200 

702 

21800 

1 1800 

1000 

47000 

55ooo 

«  Voici  le  tableau  des  résultats  empiriques  de  Ruinfordt,  comparés  avec 
les  résultats  calculés  d'après  la  formule  théorique  (I). 


Rapporl. 
0,8 

1,4 
1,8 

3,4 

4,i5 

4,45 
3,6 
2,0 
0,8 

»  D'après  ce  tableau,  les  résultats  théoriques  sont  voisins  des  résultats 
réels,  quand  le  poids  de  la  poudre  est  faible;  ils  s'en  écartent  de  plus  en 
plus,  à  mesure  que  le  poids  augmente,  jusqu'à  dépasser  4  fois  les  valeurs 
empiriques;  puis  l'écart  diminue,  et  l'égeJité  tend  à  se  rétablir  lorsque  la 
poudre  remplit  presque  entièrement  la  cspacité  du  canon. 

M  8.  Sans  garantir  autrement  l'exactitude  des  résultats  empiriques  de 
Rumfordt  pour  les  hautes  pressions,  on  peut  cependant  tirer  des  inductions 
intéressantes  de  la  comparaison  qui  précède.  En  effet  les  nombres  théoii- 
ques  ont  été  calculés  d'après  la  quantité  de  chaleur  Q,,  mesurée  à  zéro 
et  sous  la  pression  d'une  atmosphère.  Or  les  composés  observés  dans  ces 
conditions  n'existent  probablement  pas  en  totalité  à  la  haute  température 
développée  pendant  la  combustion  de  la  poudre;  ils  sont  remplacés  sans 
doute,  en  tout  ou  en  partie,  par  des  combinaisons  plus  simples,  conformé- 
ment aux  phénomènes  de  dissociation.  Par  suite,  la  quantité  de  chaleur 
correspondante  aux  réactions  réelles  est  inférieure  à  Q,;  ce  qui  tend  à 
rendre  moins  considérable  la  température  maximum,  ainsi  que  la  pression 
correspondante.  On  comprend  dès  lors  les  écarts  entre  les  valeurs  théo- 
riques et   les  valeurs  empiriques  :  ces  écuts  vont  d'abord  en  augmentant 


(  624  ) 
avec  les  quantités  de  poudre  employées,  parce  que  la  température  s'élève 
de  plus  en  plus,  ce  qui  accroît  la  dissociation.  Ainsi  la  température  théo- 
rique t^ 

Pour  .r  =  I,       est  égale  à i566°; 

Pour  X  1=  10,     elle  atteint 4470") 

Pour  X  =  loo,  u  12120"; 

Pour  -r  =  5oo,         u  256oo°,  etc. 

»  Les  températures  véiitables  sont  assurément  moins  élevées;  mais  il 
suffit  qu'elles  augmentent  avec  les  quantités  de  poudre  brûlées  dans  une 
capacité  constante  pour  donner  lieu  à  un  accroissement  dans  les  phéno- 
mènes de  dissociation,  au  moins  tant  que  la  pression  demeure  comprise 
entre  certaines  limites.  Cet  accroissement  dans  les  phénomènes  de  disso- 
ciation se  traduit  par  l'accroissement  du  rapport  inscrit  à  la  quatrième  co- 
lonne du  tableau. 

»  9.  Cependant,  au  delà  de  loo  atmosphères  ledit  rapport  tend  à  de- 
meurer constant;  puis  il  décroît  et  se  rapproche  de  nouveau  de  l'unité. 
Pourquoi  celte  marche  singulière?  Elle  résulte,  à  mon  avis,  du  concours 
de  deux  circonstances. 

»  D'une  part  les  lois  de  Tslariotte  et  de  Gay-Lussac,  à  l'aide  desquelles 
la  formule  théorique  a  été  calculée,  perdent  de  plus  en  plus  leur  signifi- 
cation physique  pour  des  pressions  aussi  énormes  que  les  pressions  obser- 
vées dans  la  combustion  de  la  poudre.  Étant  donnés  des  gaz  tellement  com- 
primés, leur  pression  varie  avec  la  température  suivant  une  loi  bien  plus 
rapide  que  celle  que  nous  avons  admise.  Les  températures  véritables  sont 
donc  beaucoup  moins  hautes  que  les  températures  calculées,  et  j)ar  suite 
les  phénomènes  de  dissociation  éprouvent  un  accroissement  moins  marqué. 

»  D'autre  part  ces  mêmes  jjhénomènes  dépendent  de  la  pression,  aussi 
bien  que  de  la  température.  L'éiat  de  combinaison  des  éléments,  toutes 
choses  égales  d'ailleurs,  est  d'autant  plus  avancé  que  la  pression  est  plus 
grande  :  relation  facile  à  concevoir  à  priori  et  que  confirment  mes  expé- 
riences relatives  à  la  décomposition  de  l'acétylène  en  carbone  et  hydrogène 
sous  diverses  pressions  par  l'étincelle  électrique  (*).  Or  les  pressions  crois- 
sent en  même  temps  que  les  températures,  et  même  beaucoup  plus  rapide- 
ment, comme  on  vient  de  le  dire  :  l'influence  décomposante  de  la  tempéra- 
ture pourra  donc  être  compensée  et  au  delà  par  l'influence  inverse  de  la 

(*)   annales  de  Chimie,  4"  série,  t.  XVIII,  p.  196. 


(  625  ) 
pression.  C'est  précisément  cette  compensation  qui  me  paraît  écrite  dans  la 
quatrième  colonne  du  tableau  II  et  qui   tend  à  rajiprocher  les  pressions 
théoriques  des  pressions  réelles,  à  mesure  que  la  poudre  brûle  dans  un  es- 
pace plus  voisin  de  son  propre  volume. 

»  10.  Les  phénomènes  de  dissociation  n'exercent  pas  seulement  leur  in- 
fluence sur  l'effort  maximum  que  la  poudre  peut  développer;  mais  ils  in- 
terviennent encore  pendant  la  première  période  de  délente.  A  mesure  que 
les  gaz  de  la  poudre  se  détendent,  en  agissant  sur  le  projectile,  ils  se  refroi- 
dissent :  par  suite  les  éléments  entrent  en  combinaison  d'iuie  manière  plus 
complète  et  avec  formation  de  composés  pins  compliqués.  De  là  résulîe  un 
nouveau  dégagement  de  chaleiu-  qui  s'accroît  incessamment  pendant  toute 

une  période  de  la  détente.  Eu  même  temps  que  le  rapport  -  va  en  décrois- 
sant, la  quantité  de  chaleur  dégagée  Q\  augmente  sans  cesse,  pour  une 
même  valeur  dudit  rapport.  Les  pressions  véritables  seront  donc  toujours 
supérieures  aux  pressions  qin  pourraient  être  calculées  d'après  la  quantité 
de  chaleur  dégagée  réellement  au  moment  de  la  température  maximum, 
tandis  qu'elles  seront  d'abord  inférieures  aux  pressions  calculées  d'après 
la  quantité  Q,  observée  dans  le  calorimètre;  mais  ce  dernier  écart  va  en 
diminuant  et  finit  par  s'annuler,  à  mesure  que  le  volume  augmente,  parce 
que  la  chaleur  dégagée  s'accroît,  les  réactions  devenant  plus  complètes.  La 
courbe  des  pressions  véritables,  exprimées  en  fonction  des  volumes,  est 
d'abord  plus  tendue  que  la  courbe  des  pressions  théoriques,  avec  laquelle 
elle  finit  par  se  confondre  tout  à  fait,  lorsque  l'état  de  combinaison  des 
éléments  est  devenu  le  même  qu'à  la  température  ordinaire.  D'où  il  suit 
que  le  projectile  prendra  dans  le  canon  une  vitesse  initiale  moindre  que  la 
vitesse  calculée  d'après  Q,;  mais  cette  vitesse  s'accroîtra  suivant  une  pro- 
gression plus  rapide  que  celle  qui  résulterait  d'une  déduction  fondée  sur 
la  connaissance  pure  et  simple  de  la  vitesse  initiale  ainsi  calculée. 

»  11.  Au  contraire  la  quantité  de  chaleur  et  par  conséquent  le  travail 
maximum  que  la  poudre  puisse  développer  en  brûlant  dans  une  capacité 
constante  peuvent  être  calculés  indépendamment  des  phénomènes  de  dis- 
sociation, pourvu  que  l'état  final  de  température  et  de  combinaison  des 
éléments  soit  exactement  connu.  Celte  remarque  est  fondamentale. 

M  Dans  une  autre  Communication,  je  comparerai  les  quantités  de  cha- 
leur, les  pressions  et  les  travaux  maximum  pour  les  diverses  poudres  et 
matières  explosives.  » 

C.  R.,  1870,  ■!<'  Semestre.  (T.  LXXl,  N"  J9.)  83 


(  626  ) 


SPECTIIOSCOPIE.  —  Sur  l'analyse  spectrale  ijuanlitalive. 
Note  de  M.  J.  Janssen. 

"  J'ai  l'honneur  de  faire  une  |jreniière  Communication  à  l'Académie  sur 
une  branche  nouvelle  de  la  spectrologie;  je  veux  parler  de  l'analyse  spec- 
trale quantitative. 

»  Jusqu'ici,  les  méthodes  optiques,  dans  leurs  applications  à  la  chimie, 
n'ont  permis  d'abonler  que  le  côté  qualitatif  de  l'analyse. 

«  Pour  une  classe  nombreuse  de  corps,  le  spectroscope  a  fourni  de  pré- 
cieuses indications  sur  leur  présence  ou  leur  absence  dans  un  composé  donné, 
mais  il  était  impossible  d'obtenir,  par  son  aide,  des  données  certaines  sur  les 
proportions  suivant  lesquelles  ces  corps  se  trouvaient  associés.  En  un  mot, 
l'analyse  specti'ale  est  restée  jusqu'ici  essentiellement  qualitative;  le  mo- 
ment semble  venu  de  lui  faire  faire  un  pas  de  plus,  eu  lui  |)erinettant 
d'aborder  les  déterminations  quantitatives. 

»  Ce  progrés  semble  d'autant  plus  désirable,  que  les  méthodes  chimi- 
ques de  dosage  sont  insuffisantes  dans  bien  des  cas,  notamment  quand  le 
corps  à  doser  entre  pour  une  proportion  extrêmement  faible  dans  le  com- 
posé; ou  bien  encore,  et  c'est  le  cas  pour  le  sodium,  quand  la  substance 
ne  donne  que  des  dérivés  d'une  grande  solubilité  non  susceptibles  d'une 
séparation  nette  et  rigoureuse. 

»  Cette  Communication  contient  les  résultats  de  mes  premières  études, 
et  j'y  expose  le  principe  qui  me  parait  devoir  servir  de  base  à  cette  nouvelle 
branche  de  l'analyse.  J'eusse  désu'é  attendre  encore  et  avoir  un  travail  plus 
achevé  à  offrir  à  l'Académie;  mais  tout  récemmment,  M.  Champion,  chi- 
miste distingué  du  laboratoire  de  M.  Payen,  me  demanda  à  enqdoyer  les 
nouveaux,  procédés  à  la  recherche  de  la  soude  dans  les  végétaux.  Il  y  avait 
là  une  application  spéciale  qui  ne  pouvait  que  faire  progresser  la  question 
et  montrer  l'avenir  dont  elle  était  susceptible.  Je  conununiquai  donc  mes 
résultats  à  M.  (Jhampion,  persuadùé  qu'il  aurait  l'occasion  de  les  perfec- 
tionner, et  c'est  ce  qui  est  arrivé. 

»  Je  fais  dés  maintenant  cette  publication,  afin  de  permettre  à  M.  Cham- 
pion d'exposer  ses  recherches  dont  les  résultats  sont  déjà  intéressants. 

»  Avant  d'aborder  le  principe  de  la  méthode,  je  demandei'ai  à  repro- 
duire ici  une  Note  pidjliée  au  Congres  scientifique  d'Excter,  en  août  1869. 
Ce  n'est  pas  encore  l'analyse  spectrale  quantitative,  mais  c'est  la  solution 


(  «27  ) 
d'une  question  qui  m'y  a  contluit,  et  qui  n'était  pas  résolue  jusqu'ici,  à  sa- 
voir la  recherche  de  la  soude  par  le  spectroscope. 

'I   Note  sur  une  nouvelle  méthode  pour  la  recherche  de  la  sonde  et  des  composés  dit  sodium 

par  l 'nnnh  se  spectrale. 

»  On  sait  que  la  recherche  de  la  soude  présente,  eu  analyse  spectrale,  des  difficultés  très- 
grandes  qui  tiennent  à  ce  que  la  raie  du  sodium  se  retrouve  dans  presque  toutes  les  flammes, 
en  raison  de  la  présence  presque  constante  du  sel  marin  dans  l'atmosphère. 

»  Or,  on  peut  lever  facilement  cette  difficulté  en  employant,  au  lieu  d'une  flamme  très- 
chaude  et  fort  peu  éclairante,  comme  celle  de  Bunsen,  une  flamme  très-lumincusc,  comme 
celle  d'un  bec  de  gaz  ordinaire  dans  la  partie  la  plus  brillante. 

»  En  effet,  tandis  qu'on  aperçoit  presque  toujours  la  raie  du  sodium  dans  la  partie  bleue 
et  transparente  d'un  bec  de  gaz,  on  ne  la  trouve  plus  dans  la  partie  la  plus  lumineuse,  à 
cause  (le  l'abondance  des  rayons  qui  avoisincnt  la  raie  du  sodium  dans  cette  région. 

»  Voici  donc  la  manière  d'opérer  : 

Il  On  diiii^era  le  spectroscope  sur  la  partie  la  plus  brillante  de  la  flamme,  de  manière  à 
obtenir  un  spectre  brillant  et  conlinu  dans  lequel  la  raie  du  sodium  n'apparaisse  pas  sen- 
siblement. On  prendra  un  (il  de  platine  qui  aura  été  préalablement  porté  au  rouge  dans 
une  flamme  pendant  quelques  minutes,  pour  le  débarrasser  de  toute  poussière  salée,  et,  . 
avec  ce  (il,  on  portera  une  goutte  de  la  solution  à  essayer  dans  la  flamme  du  spectroscope. 
En  cet  instant,  si  la  liqueur  contient  un  composé  du  sodium  réductible  par  la  flamme,  la 
raie  D  apparaîtra  immédiatement.  On  peut  rendre  aussi  peu  apparente  qu'on  voudra  la  raie 
du  sodium  en  employant  les  parties  les  plus  lirillantes  des  flammes,  ou  même  en  plaçant 
entre  le  spectroscope  et  la  flamme  d'essai  une  ou  deux  flammes  auxiliaires  qui  rendront  la 
raie  D  encore  moins  perceptible.  Dans  ce  dernier  cas,  il  faudra  employer  du  sel  en  assez 
grande  quantité  dans  la  flamme  d'essai  pour  voir  apparaître  la  raie  D  dans  le  spectrosroiie. 
Si,  au  contraire,  la  liqueur  ou  le  corps  à  essayer  contient  fort  peu  du  composé  sodé,  on 
pourra  employer  une  partie  plus  transparente  de  la  flamme;  dans  tous  les  cas,  il  sera  pru- 
dent de  faire  des  expériences  comparatives  avec  les  fils  de~  platine  et  de  l'eau  distillée,  pour 
s'assurer  que  les  raies  qui  apparaissent  sont  bien  dues  à  la  substance  qu'on  analyse. 

»  Je  continue  ce  sujet,  et  j'espère  arriver  à  une  anal-yse  c/unntiteitire  des  substances  à 
analyser.  [Report  of  the  Bristisli  association  for  the  advancement  of  science,  i86g.)   » 

))  On  voit  que  l'esprit  de  ce  procédé  consiste  à  désensibiliser  la  flamme, 
de  manière  que  le  sodium  accidentel  ne  puisse  se  manifester,  et  que  la 
raie  D  apparaisse  seuletnent  si  le  corps  contient  normalement,  et  en  quan- 
tité appréciable,  la  stibstance  sodiqtie. 

»  Appliqué  à  l'étude  de  quelques  végétaux,  le  procédé  a  révélé  la  |)ré- 
sence  de  la  sonde  dans  pltisieurs  de  ceux  pour  lesquels  la  question  parais- 
sait douteuse.  Ces  résultats  seront  donnés  plus  tard. 

»   J'arrive  maintenant  à  l'analyse  quantitative. 

»   L'emploi  des  flannnes  auxiliaires,   dont   il  vient  d'eire  parle,  douiie 

déjà  une  prenuère  solution  de  la  question. 

83.. 


{  628  ) 

))  Ces  flammes  doivent  être  très-liimineuses,  et  ne  pas  donner  la  raie  D 
dans  leur  spectre;  tel  est  le  cas  thi  gaz  d'éclairage  brûlant  dans  les  becs  ordi- 
naires. On  place  les  flaninics  auxiliaires  entre  la  flamme  d'essai  et  le  spectro- 
scope  afin  de  noyer  la  lumière  jaune  du  sodium  dans  une  quantité  plus  ou 
moins  grande  de  lumière  ordinaire,  ce  qui  permet  d'atténuer,  autant  qu'on 
le  veut,  l'inlensité  relative  de  la  raie  D  dans  le  spectre  obtenu  on  de  ramener 
cette  intensité  à  la  même  valeur  relative,  quelle  que  soil  la  richesse  en 
soude  de  la  liqueiu-  essayée.  Dès  lors,  si  on  fait  des  expériences  avec  des 
liqueurs  sodiques  titrées,  et  qu'on  détermine  pour  chaque  solution  le 
nombre  des  flammes  nécessaires  pour  ramener  la  raie  D  au  même  degré  de 
visibilité  (on  peut  choisir  le  moment  où  la  raie  D  commence  à  se  détacher 
sur  le  fond  brillant  du  spectre),  on  obtiendra  luie  relation  qui  permettra 
de  prononcer  sin-  la  richesse  d'une  sointion  sodique  proposée. 

»  Tel  est  le  premier  procédé  qui  s'est  offert  à  mon  esprit,  mais  on  peut 
en  trouver  un  second  dans  la  considération  du  temps  que  la  substance 
sodique  emploie  à  se  volatiliser.  Si,  en  effet,  on  place  successivement  dans 
une  flamme  des  fils  de  platine  trempés  dans  des  solutions  sodiques  diverse- 
ment riches,  on  constate  que  non-seulement  l'abondance  de  la  lumière 
jaune  augmente  avec  la  richesse  de  la  solution,  tuais  en  outre  que  le  temps 
pendant  lequel  cette  lumière  jaune  persiste,  dans  la  flamme,  croît  aussi 
dans  les  ujèrnes  circonstances.  On  cherche  ensuite  expérimentalement  la 
relation  qui  existe  entre  le  temps  qu'une  solution  donnée  exige  pour  être 
entièrement  volatilisée  et  sa  richesse  en  substance  sodique. 

»  Ces  deux  procédés  sont  purement  expérimentaux.  Je  compte  les  étu- 
dier d'une  manière  plus  approfondie  afin  de  les  rendre  susceptibles  d'une 
application  précise.  Mais  déjà,  il  est  possible  de  dégager  de  ce  qui  précède 
les  bases  générales  de  la  nouvelle  analyse.  Ces  bases  me  paraissent  ressortir 
des  considérations  suivantes  : 

»  Reprenons  l'exemple  choisi  d'un  sel  de  soude  porté  dans  une  flamme 
à  base  d'hydrogène. 

»  Le  spectroscope  indique  d'une  manière  incontestable  que  c'est  le  so- 
dium incandescent  qui,  dans  cette  circonstance,  produit  la  lumière  jaune 
communiquée  à  la  flamme,  hmiiére  qui,  par  l'action  du  prisme,  fournit 
presque  exclusivement  les  deux  composantes  de  la  raie  Fraunliofé- 
rienneD.  Le  sel  de  soude  a  donc  été  décomposé,  et  ses  éléments  dissociés. 
Le  métal  mis  en  liberté  et  porté  à  l'incandescence  rayonne  sa  lumière  ca- 
ractéristique, et,  trouvant  ensuite  de  l'oxygène  dans  le  milieu  ambiant,  il 
doit  s'y  combiner  et  se  répandi'c  dans  l'almosphèreà  l'état  de  composé  so- 


(^29  ) 
diqne.  L'existence  du  sodium  libre  a  été  temporaire,  mais  incontestable; 
toutes  les  molécules  métalliques  ont  été  successivement  et  pendant  lui  cer- 
tain temps  mises  en  liberté. 

»  Or,  pendant  la  période  de  cette  mise  en  liberté,  si  l'on  admet  (ce  qui 
jieut  être  très-sensiblement  réalisé  dans  une  expérience  bien  conduite)  que 
ces  molécules  passent  par  les  mêmes  phases  d'incandescence  et  fournissent 
la  même  quantité  de  lumière,  il  en  résultera  que  la  quantité  tolale  de 
lumière  sodique  émise  par  la  flamme  depuis  le  moment  où  le  sel  com- 
mence à  se  décomposer  jusqu'à  celui  de  son  extinction,  sera  proportion- 
nelle au  nombre  des  molécules  de  sodium  contenues  dans  le  sel,  et  foule 
méthode  qui  fera  connaître  cette  quantité  totale,  celle  intégrale  de  force 
lumineuse,  conduira  à  la  détermination  du  poids  de  métal  qui  l'aura  pro- 
duite. C'est  ainsi  que  la  connaissance  d'une  quantité  déterminée  de  ma- 
tière peut  être  ramenée  à  des  mesures  photométriques. 

»  Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter  que  ces  considérations  s'appliquent  sans 
modification  à  tous  les  corps  donnant  dans  les  flammes  une  émission  lumi- 
neuse spécifique,  tels  que  le  lithium,  le  thallium,  etc.  Si  le  corps  était  libre 
et  porté  directement  dans  le  foyer,  comme  ce  serait  le  cas  pour  un  métal 
placé  dans  l'arc  électrique,  le  principe  serait  encore  applicable,  pourvu 
que  la  substance  se  volatilisât  régulièrement,  en  sorte  que  toutes  ses  par- 
ticules prissent  successivement  une  part  égale  à  l'émission  lumineuse. 

»  Je  me  réserve  de  développer  ce  sujet  et  d'exposer  plus  tard  les  mé- 
thodes expérimentales  qui  me  paraissent  donner  les  meilleures  applications 
des  principes  exposés..  » 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  La  lunette  de  rempart.  Note  de  31.  A.  Cazin, 

présentée  par  M.  Faye. 

«  Il  serait  utile  de  pouvoir  observer  les  mouvements  de  l'ennemi  pen- 
dant l'attaque,  en  restant  abrité  derrière  un  rempart  élevé  et  dépourvu 
d'embrasures,  derrière  un  mur  sans  meurtrières  ou  au  fond  d'une  case- 
mate. 

»  Voici  le  principe  d'un  instrument  que  j'ai  imaginé  dans  ce  but.  Au 
sommet  d'un  tuyau  vertical  sont  placés  un  miroir  plnn  incliné  à  45  degrés 
et  un  objectif  dont  l'axe  est  horizontal  et  passe  par  le  centre  du  miroir. 
Cet  objectif  est  à  court  foyer,  ce  qui  permet  de  donner  à  la  lunette  un 
champ  considérable.  Les  rayons  qui,  partant  des  objets  extérieurs,  traver- 
sent l'objectif,  sont  réfléchis  par  le  miroir  et  forment  dans  le  tuyau,  un  peu 


(  63o  ) 

au-dessous  du  miroir,  une  image  réelle  de  ces  objets.  Au  milieu  du  tuyau 
se  trouve  un  système  lenticulaire  convergent,  ayant  pour  distance  focale 
environ  le  quart  de  la  hauteur  du  tuyau.  L'image  étant  formée  au-dessus 
de  cette  lentille,  à  une  dislance  double  de  sa  distance  focale,  une  seconde 
image  se  forme  au-dessous  à  la  même  distance,  avec  la  même  grandeur  et 
en  sens  inverse.  Mais,  au  bas  du  tuyau,  est  un  second  miroir  plan,  parallèle 
au  premier.  Les  rayons  se  réfléchissent  sur  ce  miroir  avant  de  former  la 
seconde  image,  et  celle-ci  se  trouve  reportée  verticalement  sur  le  côté.  En- 
fin un  oculaire  ordinaire  sert  à  observer  cette  image,  qui  est  à  droite.  Le 
champ  de  l'instrument  est  le  même  que  celui  d'une  liuiette  astronomique 
formée  par  l'objectif  et  l'oculaire,  |)ourvu  que  le  système  convergent  cpii 
est  au  milieu  et  qui  se  comporte  comme  une  lentille  de  projection  ait  un 
diamètre  suffisant. 

»  Avec  un  système  convergent,  de  a.  mètres  de  distance,  focale  on  peut 
voir  les  objets  extérieurs,  en  se  tenant  à  une  profondeiu"  de  8  mètres. 

»  On  peut,  d'après  le  même  principe,  réaliser  une  chambre  noire  pour 
casemate.  Il  faut  supprimer  dans  l'appareil  précédent  l'oculaire  et  le  miroir 
inférieur,  et  employer  des  lentilles  de  lo  à  12  centimètres  de  diamètre.  On 
obtient  une  image  réelle  d'un  champ  considérable,  à  la  profondeur  vou- 
lue. En  disposant  une  troisième  lentille  convergente  au-dessous  du  miroir, 
de  façon  que  les  rayons  forment  la  première  image  réelle,  après  avoir  tra- 
versé l'objectif,  puis  cette  lentille,  on  diminue  les  aberrations  et  l'on  aug- 
mente la  claité.  Les  essais  que  j'ai  faits  de  cet  appareil  ont  été  très-satis- 
faisants. » 

BOTANIQUE.  —   Sur  le  développement  des  feuilles  des  Sarracenia. 
Note  de  M.  H.  Bâillon,  présentée  par  M.  Brongniart. 

«  Les  feuilles  de  forme  exceptionnelle  que  portent  les  Sarracenia  sont 
bien  connues  au  point  de  vue  de  leur  configuration  extérieure,  et  l'on  a 
bien  distingué  :  le  long  cornet  que  représente  loin-  portion  principale,  le 
couvercle,  de  forme  variable,  qui  les  surmonte,  et  même  1  espèce  de  crèle 
saillante  qui  s'étend  tout  le  long  de  leur  bord  interne.  Mais  les  botanistes 
ne  sont  pas  d'accord  sur  la  signification  de  ces  différentes  régions  de  la 
feuille.  L'opinion  la  |)lus  généralement  acceptée  sur  ce  point  est  celle 
qu'ont  exposée,  entre  autres,  A.  Saint-Hilaire  et  M.  Duchartre.  «  Que  je 
»  suppose  à  présent,  dit  le  premier  de  ces  savants  [Morphol.  vé(jct.,  i^-i), 
f   les  bords  ailés  du  pétiole  du  Cilnis  hiitrix   ou  du  Dionœ/i  rapprochés  et 


(  63i   ) 
»   sondés,  j'aurai  la  feuille  dn  Sarrncenia,  formée  d'une  urne  allongée,  vé- 
»   ritable  pétiole,  et  d'un  couvercle,  véritable  lame.  »  I-e  second  auteur  dit 
de  même  [Elém.  de  Bot.,  3o8)  :   «  On  regarde  généralement  l'ascidie  de  ces 
»   plantes  comme  formée  par  le  |)éliole,  et  leur  lèvre  postérieure  ou  oper- 
»   cule  comme  représentant  le  limbe.  »  Les  observations  organogéniques 
pouvaient  seules  faire  coiuiaître  ce  qu'il  faut  admettre  de  ces  interpréta- 
tions. Aussi  avons-nous  étudié  le  développement  des  feuilles  dans  le  S.  pw- 
piirea,  assez  fréquemment  cultivé  dans  notre  pays.  A  leur  premier  âge,  ces 
feuilles  sont  représentées  par  de  petits  mamelons,  à  surface  d'abord  con- 
vexe. Un  peu  plus  tard,  la  base  de  ces  organes  se  dilate  un  peu  et  devient 
légèrement  concave  en  dedans;  c'est  le  premier  rudiment  de  la  gaîne,  por- 
tion de  la  feuille  qui,  nous  le  verrons,  n'a  aucun  rapport,  quoi  qu'on  en  ait 
dit,   avec  la  cavité  de  l'urne   des  Sarrnceiiin.  Cette  portion  vaginale,  qui 
prendra  plus  tard  un  assez  grand  développement,  se  comporte  ici  comme 
dans  tous  les  végétaux  où  elle  existe,  et  n'a  aucune  influence  sur  la  consti- 
tution de  l'urne.  Le  premier  indice  de  cette  dernière  est  une  petite  dépres- 
sion, une  sorte  de  fossette,  d'abord  bien  légère,  qui  se  produit  en  liant  et 
un  peu  en  dedans  du  cône  que  représente  la  jeune  feuille.  Cette  dépression 
n'est  due  eu  réalité  qu'à  une  inégalité  de  développement  dans  les  diverses 
portions  du  sommet  de  la  feuille;   et  l'inégalité  ne  se  produit  qu'un  peu 
tard,  vers  le  sommet  d'une  feuille  dont  les  portions  pétiolaire  et  vaginale 
existaient  déjà.  A  cet  égard,  les  feuilles  des  Sarracenia  se  comportent  à  peu 
près  comme  celles  des  Nympliaeacées,  avec  lesquelles  elles  ont  d'ailleius 
tant  d'analogies.  Si  bien  qu'à  cet  âge  les  jeunes  feuilles  coniques  des  Sar- 
raceitia  ont  la  même  apparence  que  celles  des  Nepenlhes,  mais  pour  une 
tout  autre  raison,  si  l'on  admet,  avec  M.  J.-D.  Hooker,  que  l'urne  de  ces 
derniers  est  le  résultat  du  développement  considérable  d'une  glande.  Ici, 
c'est  bien  la  surface  supérieure  du  limbe  qui  se  trouve  à  ce  moment  ré- 
duite à  une  fossette;  aussi  cette  dépression  est-elle  tapissée  d'un  épidémie 
qui  est  l'épiderme  supérieur  de  la  feuille,  qui  se  développe  d'autant  plus 
que  celle-ci  grandit  davantage,  et  qui  même  se  couvre  ensuite  de   poils 
dont  la  faculté  sécrétante  a  été  signalée  par  un  grand  nombre  d'observa- 
teurs.  Plus  la  fossette  se  creuse,    plus  le  limbe  de  la  feuille  prend  l'appa- 
rence de  certaines  feuilles  peltées,  telles  que  celles  à^'s  Nelumbo,  égalenient 
fort  voisins  des  Sarracenia.  Le  cône  large  et  peu  profond  que  forme  le  limbe 
foliaire  des  Nelumbo  devient,  dans  les  Sarracenia,  plus  profond  et  plus 
étroit,  de  façon  à  présenter  définitivement  la  forme  d'un  long  cornet  obco- 
nique.  En  même  temps  que  se  produit  cette  déformation,  la  portion  de  la 


(  6?.i  ) 
feuille  que  l'on  appelle  l'opercule  se  dessine,  d'une  manière  variable  sans 
doute,  dans  les  différentes  espèces.  On  sait  qu'il  y  a  des  feuilles  peltées 
dont  le  limbe  n'a  pas  un  bord  entier,  mais  est  découpé  en  créuelures  ou  en 
lobes,  et  que  parfois  ces  lobes  sont  inégaux,  le  terminal-médian  pouvant 
être  plus  développé  que  les  autres.  C'est  une  des  causes  qui  font  que  le 
pétiole  ne  s'insère  pas  au  centre  de  figure  du  limbe  pelté,  mais  plus  près 
de  sa  base,  laquelle  est  souvent  plus  ou  moins  profondément  échancrée- 
cordée.  Dans  la  feuille  du  Sarracenia,  on  pouvait  s'attendre  dès  le  début  à 
voir  un  phénomène  analogue  se  produire,  parce  que  la  fossette  était  en- 
tourée par  un  rebord  plus  épais  en  haut  que  sur  les  côtés  et  en  bas.  Cette 
inégalité  ne  fait  que  s'accentuer  avec  l'âge,  et  c'est  le  bord  supérieur  ([ui 
grandit  le  plus  vite,  s'étrauglant  ensuite  un  peu  à  sa  base.  Telle  est  l'origine 
du  couvercle  et  des  saillies  latérales,  plus  ou  moins  prononcées,  qui  sou- 
vent l'accompagnent;  ce  sont  donc,  non  un  litube,  mais  les  lobes  inégaux 
d'un  limbe  qui  existait  avant  eux.  Il  reste  à  expliquer  la  signification  de 
cette  sorte  de  carène  verticale  qui  longe  le  bord  interne  de  l'urne.  Cet 
organe  existe,  à  l'état  ordinairement  rudiraentaire,  dans  un  grand  nombre 
de  feuilles  peltées.  On  aperçoit  souvent  une  nervure  ou  une  crête  saillante 
qui  s'étend  dans  ces  feuilles,  sur  la  face  inférieure  du  limbe,  de  l'insertion 
du  pétiole  au  fond  du  sinus  que  présente  la  base  du  limbe.  La  crête  des 
feuilles  du  Sarracenia  ne  nous  paraît  être  qu'une  exagération  de  cette  même 
partie;  et  si  elle  a  une  direction  verticale,  ce  n'est  qu'une  conséquence  de 
l'extrême  profondeur  que  prend  le  limbe  démesurément  pelté  de  la  feuille 
des  Sarracenia.  « 

ZOOLOGIE  IIISTOIUQUE.  —  Sur  les  animaux  employés  par  les  anciens  Egyptiens 
Cl  la  chasse  et  à  la  guerre  (deuxième  Note);  par  M.  Fr.  Lkxormaivt. 

«  Le  chacal,  qui  paraît  être  la  source  d'une  partie  au  moins  de  nos  races 
de  chiens,  s'apprivoise  aisément.  On  en  rencontre  encore  aujourd'hui  quel- 
quefois chez  les  habitants  de  la  Syrie,  de  l'Egypte  et  du  nord  de  l'Afrique  des 
individus  qui,  pris  dans  leur  jeunesse,  ont  reçu  une  éducation  domestique 
et  sont,  au  même  état  que  des  chiens,  les  familiers  de  la  maison.  Il  en  était 
de  même  dans  l'antique  Egypte.  Les  tombes  de  l'Ancien  Empire  montrent 
à  plusieurs  reprises  un  chacal  apprivoisé  remplaçant  le  chien  auprès  du 
défunt  ou  se  mêlant  à  ses  chiens.  Dans  un  des  hypogées  de  Béni-Hassan 
(XIP  dynastie),  un  chacal  ainsi  dressé  prend  même  part  à  la  chasse.  Mais 
ce  sont  toujours  des  exceptions,   des   faits  d'élève   iuciividuelle,    comme 


(  633  ) 
ceux  que  l'on  observe  de  nos  jours,  el  rien  ne  permet  de  supposer  que, 
chez  les  anciens  Égyptiens,  le  chacal,  conservant  ses  traits  caractéristiques 
d'espèce  sauvage,  ait  été  tenu  habituellement  dans  un  état  de  domesticité 
ou  de  semi-domesticité,  et  ait  compté  parmi  les  auxiliaires  accoutumés  des 
chasseurs. 

»  En  revanche,  une  scène  du  beau  tombeau  de  Ptah-hotep  à  Saqqarah 
(V*  dynastie),  publiée  par  M.  Duemicheii  {Rcsultnteder  Jnhœotogisch-Plioto- 
grafjliischen  Expédition^  première  partie,  PL  IX  ),  cpii  représente  les  valets  de 
vénerie  de  la  domesticité  du  défunt  rentrant  avec  leur  gibier,  montre  leur 
chef(qu'accompagne  son  nom  |iropre,  Noum-hotej))  tenant  en  laisse  à  la  fois, 
couplés  et  prêts  à  être  lancés  sur  la  |)isle,  quatre  lévriers  e!  deux  animaux 
du  genre  Canis ,  au  port  rapproché  <le  celui  de  l'hyène,  dans  lesquels 
IVI.  Hartmann  (même  ouvrage,  p.  28)  a  leconnu,  avec  toute  raison  suivant 
nous,  le  chien  hyénoide  [Canis  p ictus,  De.sm^r.)^  le  kelb-el-sémech  des  Arabes, 
le  simir  de  l'Abyssinie.  Cette  représentation  n'est  pas  isolée,  car  nous 
voyons  encore  des  individus  de  la  même  espèce,  tenus  en  laisse  dans  les 
bas-reliefs  d'autres  tombeaux  de  Saqqarah,  dans  ceux  de  Noub-liolcp 
(IV*  dynastie)  (Lepsius,  Denkinœler,  abth.  II,  bl.  i4),  de  Ra-n-kéou  (IV* dy- 
nastie) [Ibid.,  abth.  II,  bl.  i5),  et  de  Aseskef-ankh  (V*  dynastie)  [Ibid., 
abth.  II,  bl.  5o).  Les  Egyptiens  de  l'Ancien  Empire  élevaient  donc  habi- 
tuellement le  chien  hyénoïde  pour  l'employer  au  service  de  leurs  chasses, 
et  ils  avaient  su  tirer  parti  des  instincts  et  des  aptitudes  naturelles  de  cet 
animal.  En  effet,  les  voyageurs  disent  tous  que  le  chien  hyénoïde,  à  l'état  de 
liberté,  «  se  livre  avec  ardeur  à  la  chasse  des  gazelles  et  des  antilopes. 
»  Dans  ce  cas,  ajoutent-ils,  plusieurs  chiens  hyénoïdes  se  réunissent  en 
»  meute  et  poursuivent  leur  gibier  avec  autant  d'ordre  et  de  persévérance 
»  que  nos  meilleurs  chiens-courants,  et  en  plein  joiu'.  »  Un  peuple  aussi 
observateur  des  mœurs  des  animaux  et  aussi  habile  à  les  plier  au  service 
que  les  Égvptiens,  surtout  ceux  des  époques  primitives,  ne  pouvait  manquer 
d'utiliser  à  son  profil  un  iiistmct  aussi  remarquable  chez  un  des  animaux 
qui  habitaient  alors  la  zone  déserte  dans  laquelle  les  terres  cultivées  de  la 
vallée  du  Nil  sont  enserrées  des  deux  côtés. 

»  Il  n'est  pas  douteux  en  effet  que  les  Égyptiens  de  l'Ancien  Empire,  à 
cette  époque  où  leur  civilisation  devançait  tellement  celle  des  autres  peuples 
et  en  même  temps  se  répandait  encore  très-peu  au  dehors,  où  ils  ne  pen- 
saient pas  à  entreprendre  de  conquêtes  extérieures  et  où  ils  ne  remontaient 
même  pas  sur  les  rives  de  leur  fleuve  plus  haut  que  la  deuxième  cataiacle, 
il  n'est  pas  douteux,  dis-je,  qu'ils  trouvaient  le  chien  hyénoïde  à  l'élat  sau- 

C.  R.,  1870,  Q«  Si-niestie.  (T.  LXXI,   K°  20.)  84 


(  634  ) 
vage  clans  leurs  environs  immédiats  et  que  c'est  là  qu'ils  l'avaient  pris  poui' 
en  faire  un  de  leurs  serviteurs.  Ainsi  le  même  tombeau  de  Ptah-hotep  qui 
nous  montre  le  chien  hyénoide  douiestiqué  et  tenu  en  laisse  par  le  veneur, 
le  représente  sur  sa  paroi  opposée  (Duemiclien,  Restillate,  première  partie, 
/'/.  Vllf)  sauvage,  vivant  dans  le  désert  au  milieu  des  antilopes,  et  attaqué 
par  les  lévriers  au  milieu  d'une  de  ces  chasses  qu'alors  on  ne  menait  pas 
encore  hien  loin.  Après  ces  temps  si  reculés,  ni  sous  le  Moyeu,  ni  sous  le 
Nouvel  Empire,  on  ne  voit  plus  le  même  animal,  même  à  l'état  sauvage, 
figurer  dans  les  scènes  de  ciiasse.  Il  avait  probablement  dès  lors  disparu 
dans  le  voisinage  de  l'Egypte,  dans  le  rayon  babil uel  des  exploits  de  véne- 
rie des  grands  personnages  de  l'empire  des  Pharaons.  A  l'époque  romaine, 
Pomponius  Mêla  (III,  9)  et  Solin  (3o),  qui  le  décrivent  très-exactement  sous 
le  nom  de  lycaou,  le  connaissent  seulement  dans  l'Ethiopie  de  Méroé.  Au- 
jourd'hui on  ne  commence  à  rencontrer  le  chien  hyénoide  qu'en  Abyssinie, 
et  de  là  il  s'étend  jusqu'au  Cap.  Comme  beaucoup  d'autres  espèces  afri- 
caines, il  a  reculé  graduelletnent  vers  le  sud. 

"'  Le  chien  hyénoide  était  si  complètement  domestiqué  chez  les  Egyp- 
tiens de  l'Ancien  Empire  qu'd  se  reproduisait  dans  la  domesticité.  Au  tom- 
beau de  Ptah-hotep,  un  des  deux  animaux  de  cette  espèce  couplés  poiu'  la 
chasse  est  accompagné  de  son  petit,  comme  un  des  lévriers  que  le  même 
honune  (ient  en  laisse.  C'est  du  reste  un  des  animaux  dont  la  présence  à 
l'état  domestique  est  exclusivement  propre  à  la  civilisation  des  dynasties 
primitives  et  disparaît  plus  tard^  déjà  même  avant  l'invasion  des  Pasteurs. 
Cii'  dès  la  XII*  dynastie,  quand  le  grand  chien-courant  commence  à  être 
employé  dans  les  chasses  égyptiennes,  le  chien  hyénoide  cesse  absolument 
d'y  jouer  un  rôle.  Il  semble  que  l'iritroduction  de  la  nouvelle  variété  de 
chien,  sans  doute  préférée  des  veneurs,  ait  fait  abandonner  alors  inie  élève 
qui  présentait  peut-être  des  difficultés  plus  grandes,  à  cause  du  caractère 
rebelle  et  sauvage  du  Canis  pictus.  « 

\m  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  1). 


COMPTE  RENDU 

DES  SEANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  14  NOVEMBRE  1870. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOUVILLE. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE   L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  Duinérll^  décédé  le  12  de  ce  mois,  à  l;i  suite 
d'une  maladie  qui  faisait  craindre  pour  lu;  une  fin  prochaine,  mais  qui  ne 
l'a  pas  em|)èché,  chaque  fois  que  ses  forces  'e  lui  ont  permis,  et  lout  ré- 
cemment encore,  de  venir  prendre  place  au  milieu  de  ses  confrères. 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Exposë  des  misons  jiour  lesquelles  ralimenl  de  Vhomme 
et  des  animaux  supérieurs  doit  èlre  d'une  nature  chimique  complexe;  par 
M.  E.   Chevreul  (i). 

INTRODUCTION. 

((  Dans  la  séance  de  l'Académie  du  7  de  novembre,  j'ai  présenté  une 
Note  intitulée  ;  De  quelques  sujets  relatifs  aux  subsistrnices  servant  de  com- 
plément à  des  Communications  antérieures.  El'e  était  précédée  tie  lavant- 
propos  suivant  dont  j'ai  donné  lecture  ;'i  1  A.  adémie  :. 

(i)  L'Académie  a  décidé  q.ie  celle  Comnumicaiion,  'îieii  que  dépassant  en  éltndiie  les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  en  entier  au  Compte  rendu. 

C.  R.,  1870,  2»  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  20.)  85 


(  636  ) 

»  Un  étranger,  qui  n'est  point  un  Prussien,  je  m'empresse  de  le  dire, 
»  me  faisait  remarquer  que  dans  les  derniers  Coirtjdes  rendus  des  séances 
»  de  l'Académie,  on  lit  plus  dune  recette  que  la  Cuisinière  bourgeoise  est 
»  en  droit  de  réclamer  :  remarque,  je  l'avoue,  qui  n'est  pas  dénuée  de 
))  vérité;  et  il  ajoutait  que  quelques-unes  sentent  un  peu  le  réchaufjé;  allé- 
"  gation  qu'on  ne  peut  dire  absolument  fausse.  Mais  dans  la  circonstance 
"'  actuelle,  je  reconnais  le  premier  la  légitimité  d'un  appel  aux  circonstances 
»  atténuantes,  si  toutefois  faute  il  y  a.  Je  les  invoquerais  en  ma  faveur 
»  près  des  personnes  qui  jugeraient  les  Couimiuiications  suivantes  pas- 
>)   sibles  de  la  critique  que  je  viens  de  citer.  » 

»  Cette  Note  se  compose  de  trois  paragraphes  portant  les  titres  sui- 
vants : 

»  §  I.  Quelques  expériences  sur  deux  préparations  faites  en  Amérique, 
àite&  farines  de  inandes. 

»  §  II.  Raison  sur  laquelle  j'ai  fondé  la  nécessité  des  aliments  com- 
plexes pour  la  nourriture  de  l'homme  et  des  animaux  supérieurs. 

))  §  III.  Inconvénient  de  détourner  l'acception  de  différents  mots  rléfinis 
par  la  science. 

»  A  ma  grande  contrariété,  le  manuscrit  présenté  à  la  dernière  séance 
a  été  perdu  mercredi  matin  parla  personne  à  laquelle  je  l'avais  confié  pour 
le  remettre  à  l'imprimerie.  Je  me  suis  ainsi  trouvé  dans  la  nécessité  de 
l'écrire  de  nouveau. 

»  Mes  réflexions  sur  l'histoire  de  l'invention  des  frères  Montgolfier  ont 
pu  être  rédigées  |)Oiu'  paraître  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  où  elles 
ont  été  faites;  mais  le  temps  m'a  manqué  pour  la  Note  relative  aux  subsis- 
tances. C'est  alors  qu'en  me  remettant  à  l'œuvre  j'ai  vu  clairement  que  le 
second  paragraphe  de  la  Note,  loin  d'être  un  accessoire  aux  deux  autres 
paragraphes,  était  la  partie  essentielle  de  ma  Communication.  A  ce  nou- 
veau point  de  vue  j'ai  doiuié  au  second  paragraphe  l'ampleur  sous  laquelle 
je  le  présente  dans  le  Mémoire  actuel,  et  les  paragraphes  I  et  III  de  la  Note 
prendront  les  titres  de  premier  et  deuxième  Document. 

EXPOSÉ  DES  BAISONS  POUR  LESQUELLES  l'aI.TMF.NT  DE  l'hoMME   ET  DES  ANIMAUX   SUPÉRIEUUS 
DOIT  ÊTRE  d'une    NATURE  CHIMIQUE    COMPLEXE. 

»  J'ai  souvent  entendu  parler  de  la  nécessité  que  les  aliments  de  l'homme 
et  des  animaux  supérieurs  fussent  d'une  nature  chimique  plus  ou  moins 
complexe;  mais  je  ne  sache  pas  qu'on  en  ait  donné  les  raisons  avant  l'écrit 


(  637  ) 
que  je  lus  à  l'Académie  le  7  d'août  1837  (i).  Plusieurs  fois,  dans  ces  der- 
niers temps,  j'ai  eu  l'occasion  de  le  citer,  et  cependant  il  me  semble  utile 
de  rappeler  ces  raisons  en  les  coordonnant  et  y  ajoutant  des  dévelop|)e- 
ments  que  je  leur  ai  donnés  depuis  1837  et  des  considérations  nouvelles. 

»  Premier  fait.  —  Un  fait  fondamental  de  l'acte  chimique  qui  se  passe 
dans  un  corps  vivant,  relatif  à  l'assimilation  de  la  matière  qu'il  prend  an 
monde  extérieur  pour  vivre  et  se  développer,  c'est  la  faiblesse  des  forces 
physiques  et  chimiques,  ou,  en  d'autres  termes,  des  causes  auxquelles  nous 
rapportons  immédiatement  les  modifications  que  la  matière  du  dehors 
éprouve  à  l'intérieur  des  corps  vivants. 

»  Si,  de  tout  temps,  j'ai  cherché  à  montrer  l'intervention  de  ces  forces 
dans  les  phénomènes  de  la  vie  sans  prétendre  en  exciiu-e  toute  autre,  j'ai 
admis,  explicitement  ou  implicitement,  que  l'intensité  de  leur  action  est 
faible,  sinon  dans  tous  les  cas,  du  moins  dans  le  plus  grand  nombre.  Car 
donnez  aux  forces  physiques,  chaleur  et  électricité,  quelque  énergie,  et 
les  composés  organiques  seront  décomposés  s'ils  existent,  ou,  s'ils  n'existent 
pas,  ils  ne  pourront  se  produire  dans  cette  circonstance;  car  personne 
n'ignore  que  la  vie  ne  persiste  pas  au  delà  d'un  certain  degré  de  tempéra- 
ture, et  qu'une  électricité  forte  foudroie  tous  les  êtres  vivants. 

»  Supposez  donc  des  affinités  énergiques,  et  tout  l'édifice  organique  va  se 
réduire  en  composés  binaires  les  plus  stables,  tels  que  l'oxyde  de  carbone, 
l'acide  carbonique,  l'eau,  et  eu  corps  simples  si  l'oxygène  manque. 

»  Une  explication  est  ici  nécessaire  pour  qu'on  sache  bien  le  sens  que 
j'attache  aux  expressions  d'affinités  énergiques  et  d'affinités  peu  énergiques. 

»  Je  n'entends  pas  que  dans  l'acte  de  la  respiration  de  l'homme  et  des 
animaux  supérieurs,  lorsqu'il  se  forme  de  Vacide  carbonique  et  de  Veau, 
comme  tout  le  monde  l'admet,  il  n'y  ait  point  une  affinité  énergique  qui 
préside  à  l'union  de  l'oxygène  avec  le  carbone  et  l'hydrogène,  mais  je 
comprends  que  dans  une  unité  de  temps  il  n'3  a  qu'une  très-petite  quantité 
pondérable  de  combiu'ant  et  de  condjustible  à  prendre  part  à  l'action  chi- 
mique, quantité  déterminée  par  le  besoin  qu'a  l'être  vivant  de  cette  cha- 
leur développée.  Or,  la  combustion  du  carbone  et  de  l'hydrogène  se  passant 
dans  des  organe^  dont  la  masse  est  considérable  relativement  à  celle  de  la 
matière  combustible  brûlée,  la  première  ne  souffre  pas  de  la  chaleur  dé- 
gagée par  la  combustion. 

(l)  Considérations  générales  l't  inductions  n'iativi's  à  la  nintirre  drs  clrrs  i^ii'dnts.  — 
Mémoire  de  l'Académie,  t.  XIX.  —  Journal  des  Savants,  novembre  1837. 

85. 


(  638  ) 

))  En  outre,  ces  organes  se  composant  de  tissus  humides  et  de  liquides, 
et  une  partie  de  la  matière  qui  les  constitue  éprouvant  des  changements 
physiques  et  chimiques  qui  ne  donnent  Meu  à  aucun  phénomène  anuon- 
rant  une  action  énergique  des  corps  qui  y  prennent  part,  je  dis  que  ces 
chom^emenis  produits  diuis  une  masîe  considérahle  rclaiivemenl  à  la  masse 
brûlée,  te  .^oni  j>ar  des  affinilés  faibles. 

»  Vîa  pensée  ainsi  esp'-quée  d'une  manière  que  je  crois  simple  et  pré- 
cise, je  vais  citer  quelques  causes  dont  Tintervention  dans  les  phénomènes 
chimiques  de  la  vie,  généralement  admise,  apparliennenl  à  -'a  caiégorie  des 
forces  dont  l'action  est  peu  énergique,  à  en  juger  par  les  phénomènes  pas- 
sagers qui  peuvent  apparaître  connue  chaleur,  lumière  et  électricité. 

»  On  allribue  à  ces  causes,  soii  des  phénomènes  dits  de  fermentation ,  soit 
des  phénomènes  résultant  de  la  présence  de  certains  corps  qui  semblent, 
après  l'action  qu'on  leur  altrdDue,  ce  qu  ils  étaient  auparavant. 

»  .Tk  citerai  commo  exemples  du  premier  la  d\Tstase,  la  pepsine,  la  cé- 
réaline,  et  comme  exemple  du  second  la  fibrine  dégageant  l'oxygène  de 
l'eau  oxygénée,  à  l'instar  du  peroxyde  de  manganèse. 

M  Je  ciierai  encore  un  fait  remarquable  (i),  c'est  la  coagulation  de  l'al- 
bumine de  Tœuf  par  l'édier  saiuré  d'eau,  el  par  l'huile  volatile  de  térében- 
thine. Si'  n'y  a  pas  d'union  entre  l'élher,  l'huile  volatile  et  l'albumine,  ces 
liquides  coaguleraient  lentement  cette  substance  à  l'instar  de  la  chaleur, 
sans  s'unir  à  l'eau. 

»  En  ctéfinilive,  i!  est  des  actions  capables  de  produire  des  changements 
plus  ou  moins  grands  dans  les  propriéiés  des  principes  immédiats  des  êtres 
vivants  sans  manifester  pour  cela  des  phénomènes  correspondant  à  ceux 
des  affinités  énergiques,  qu'actuellement  nous  ne  pouvons  rattacher  ni  à 
l'affinité,  ni  .uix  forces  physiques  connues,  telles  que  la  chaleur,  la  lumière, 
l'éiectricité;  et  la  caus^  de  ces  actions,  dont  l'intervention  dans  les  phéno- 
mènes de  la  vie  ne  parai-,  pas-domeuse,  semble  résider  dans  des  espèces  chi- 
miques ou  dans  des  tissus  organisés  qui  les  manifestent  même  après  avoir 
été  séparés  de  l'être  vivant. 

Différence  des  principes  immédiats  organiques  d'avec  la   matière  minérale. 

»  Les  plantes  et  les  animaux  diffèrent  du  monde  minéral  qui  nous  en- 
vironne en  ce  que  ta  plupart  des  espèces  de  principes  immédiats  organi- 


(i)  Mémoire  la  le  9  de  juillet  1821  à  l'Académie  :   De  l'influence  ijue  l'eau  exerce  sur 
plusieurs  substances  azotées  solides. 


(  639  ) 
qties  renferment  un  plus  grand  nombre  d'atomes  que  les  composés  de  la 
naliire  inorganique,  ei  que  si  les  premières  espèces  ne  renferment  pas  toutes 
chacune  comme  éléments  un  plus  grand  nombre  d'espèces  de  corps 
simples  que  les  composés  de  la  nature  inorganique  qui  nous  environne, 
elles  diflereiit  de  ceux-ci  en  ce  que  les  aloaies  décidément  combub>tibies, 
comme  !e  carbone  el  l'hydrogène,  dominent  tout  à  fait  par  le  nombre  sur 
ceux  de  l'oxygène  essentiellement  comburant.  Or,  parce  cpie  les  ;iffinités  les 
plus  énergiques  sont  celles  du  comburant  et  du  combustible  et  qu  elles 
tendent  à  constituer  des  cocnposés  binaires,  tels  que  l'oxyde  de  carbone, 
l'acide  carbonique,  l'eau,  eic,  on  voit  une  cause  d'instabiiiié  dans  la  ma- 
tière des  èties  vivants  qu'on  ne  îrouve  pas  dans  les  composés  minéraux 
qui  nous  entourent,  comme  Teau,  l'acide  carbonique,  les  terres,  les  pierres, 
parce  que  ceux-ci  résulienl  de  l'union  de  corps  simples  qui  ont  satisfait  à 
leur  puissante  affinité  pour  l'oxygéoe. 

»  Cet  elat  de  choses  permet  d'apprécier  la  valeur  de  la  raison  alléguée 
par  les  partisans  de  la  géiéral^on  spontanée  à  ceux  qui  leur  demandent  pour- 
quoi il  ne  se  produit  pio.;  au  ourd'hui  comme  autrefois  sponianément  des 
mammiîères,  des  oiseaur,  des  rep-liles,  eic.  etc.,  puisque  les  partisans  des 
générations  sponlanées  admettent  en  principe  que  tout  éife  vivant  a  été 
produis  pai'  ce  qu  ils  a'jpellenl  la  naturk  !  La  raison  qu  ils  en  donnent  est 
que  celte  nature  a  perdu  une  puissance,  une  énergie  dont  elle  joujssait 
autrefois.  Mais  évidemment,  d'après  ce  qui  précède,  celle  puissance,  ceite 
énergie  ne  pouvait  appartenir  aux  forces  que  nous  oonnnons  physiques 
et  chimiques,  d'où  découle  la  conséquente  qu'en  ne  sexpliquant  pas  sur 
la  nalure  de  celle  puissance  on  répond  en  recourant  ia^plicitement  à 
une  cause  vraiment  occulte. 

))  Deuxième  fait.  —  Les  plantes  s'assimilent  la  matière  de  plusieurs  com- 
posés binaires  de  la  nature  inoi-ganique,'  tels  que  l'eau,  l'acide  carbonique, 
l'ammoniaque,  des  composés  d'azole  oxygéné,  des  chlorures,  des  lodu-es 
de  poiassiuni  et  de  sodium,  des  corps  simples,  l'oxygène,  et  lazole  suivant 
quelques  personnes,  des  composés  salins,  tels  que  phosphates,  sulfates,  ;tzo- 
tates,  eic,  etc. 

»  Elles  produisent  des  principes  immédials  organiques  ''ont  lU)  certain 
nombre  sont  considérés  comme  identiques  à  d'^s  prii)cipe>^  immédiats  des 
animaux,  ei  es  autres  leur  .^ont  plus  ou  moins  analogues  et  toujours  diffé- 
rents des  composés  iuorgiiniques. 

»  Uhonime,  les  animaux  supérieurs,  la  plupart  des  animaux  inférieurs, 
sinon  tous,  ne  peuvent  vivre  qu'aux  dépens  des  végétaux,  immédiatement 


(  64o  ) 
s'ils  sont  herbivores,  et  inédiatement  conséqnemnient  s'ils  sont  carnivores. 

»  Conséquences  de  ces  faits.  —  On  lire  la  conséquence  du  premier  et  du 
deuxième  fait  précédents. 

»  Les  plantes  sont  des  intermédiaires  pour  mettre  la  matière  du  inonde 
minéral  à  la  disposition  des  animaux,  après  qu'elles  ont  fait  subir  à  cette 
matière  l'élaboration  nécessaire  à  ce  que  les  animaux  [)uissent  se  l'assi- 
miler. 

»  Je  vais  développer  cette  relation  de  l'aliment  préparé  'par  les  plantes 
pour  les  animaux,  afin  de  faire  bien  comprendre  la  nécessité  de  la  com- 
plexité de  composition  chimique  de  l'aliment  propre  à  la  nourriture  de 
l'homme  et  à  celle  des  animaux  supérieurs. 

»  Pour  bien  apprécier  le  rapport  existant  entre  la  composition  chimique 
de  l'aliment  et  celle  de  l'être  qui  s'en  nourrit,  il  faut,  comme  je  l'ai  fait 
dès  18^7,  distinguer  deux  cas  : 

»  i"  Celui  où  l'être  vivant  tire  sa  nourriture  d'une  matière  contenue 
dans  une  graine  ou  dans  un  œuf,  suivant  que  cet  être  est  une  plante  on  un 
animal; 

»  2°  Le  cas  où  l'être  vivant  croît  principalement  aux  dépens  des  corps 
extérieurs,  comme  le  fait  une  plante  pourvue  d'organes  verts  et  un  animal 
à  l'état  adulte. 

»  Premier  cas.  —  Grande  est  l'analogie  de  la  germination  de  la  graine 
avec  le  développement  du  germe  de  l'œuf,  sauf  cette  différence  que  la 
graine  absorbe  de  l'eau  au  monde  exlérimu-,  tandis  que  l'œuf  de  l'oiseau 
en  perd,  terme  moyen,  un  cinquième. 

»  Mais  tous  les  deux  ont  besoin  d'une  certaine  élévation  de  température 
avec  le  contact  de  l'air. 

»  Il  y  a  encore  cette  analogie,  que  la  graine  et  l'œuf  contiennent  les 
principaux  types  de  composition  chimique  de  la  jeune  plante  et  du  jeiuie 

animal. 

»  Dans  la  graine  on  trouve  des  principes  ternaires  dont  les  uns  sont  de 
nature  grasse,  comme  l'oléine,  la  margarine;  les  autres  sont  solubles  dans 
l'eau  ou  susceptibles  de  le  devenir,  comme  des  sucres,  la  dexfrine,  l'amidon, 
des  principes  quaternaires  azotés,  counne  le  gluten,  l'albumine  végétale,  des 
chlorures  de  potassium  et  de  sodium,  des  sels  inorganiques  essentiels  à  la 
vie  végétale. 

»  L'œuf  des  oiseaux  renlerme  des  principes  organiques  ternaires  et  qua- 
ternaires. 


(  «4i  ) 

»  Parmi  les  premiers  on  distingue  des  principes  gras  neutres,  tels  que  la 
cholestérine,  la  margarine,  l'oléine;  des  principes  gras  jouissant  de  l'aci- 
dité, tels  que  l'acide  inargarique,  l'acide  oléique;  un  principe  sucré  soluble 
dans  l'eau. 

»  Parmi  les  principes  organiques  quaternaires  azotés  on  compte  l'albu- 
mine, la  vitelline. 

»   Il  y  existe  des  principes  colorants,  une  matière  huileuse  phosphorée. 

»  Enfin  des  composés  de  la  nature  inorganique,  comme  des  chlorures  de 
potassium,  de  soduun,  des  phosphates  de  chaux,  de  magnésie,  etc.,  etc. 

»  Une  considération  du  ressort  du  premier  cas  montre  dans  le  lait  que 
suce  le  jeune  mammifère  incapable  encore  de  s'assimiler  l'aliment  de  l'a- 
dulte, les  types  de  compositions  chimiques  les  plus  variées  et  en  parfaite 
harmonie  avec  les  exigences  des  organes  du  jeune  mammifère. 

»  Après  avoir  parlé  des  différences  que  présentent  dans  le  second  cas  la 
plante  adulte,  si  cette  expression  m'est  permise,  avec  l'animal  adulte  quanta 
l'assimilation  de  la  matièie  du  monde  extérieur,  je  reviendrai  sur  l'analogie 
que  présentent  la  graine  et  l'oeuf  dans  le  premier  cas. 

»  Second  cas.  —  La  différence  est  grande  entre  la  plante  pourvue  de 
feuilles  et  l'animal  sevré  de  sa  mère,  relativement  à  l'assimilation  de  la  ma- 
tière du  monde  extérieur,  puisque  c'est  alors  que  se  montre  la  plante  avec 
le  caractère  qui  la  distingue  le  plus  essentiellement  de  l'animal.  Elle  s'as- 
simile des  composés  binaires  du  monde  inorganique;  elle  vit  et  se  déve- 
loppe, tandis  que  si  l'animal,  du  moins  le  supérieur,  était  réduit  à  ces  seuls 
composés  binaires,  il  périrait. 

»  I^a  plante  pourvue  d'organes  verdoyants,  dicotyledonée  ou  monoco- 
tylédonée,  d'une  organisation  moins  complexe  que  celle  des  animaux,  des 
animaux  du  moins  qui  ne  sont  pas  à  la  limite  inférieure  de  l'échelle,  ne 
peut  accomplir  sa  fonction  principale,  vraiment  caractéristique,  a  savoir 
l'assimilation  de  la  matière  nnnérale  en  principes  immédiats  organiques 
sans  les  influences  d'iuie  certaine  température  et  de  la  lumière  du  soleil. 

»  C'est  alors  que  l'acide  carbonique  se  décompose;  son  oxygène  devient 
gazeux  en  partie  selon  Th.  de  Saussure,  en  totalité  selon  Boussingault, 
tandis  que  son  carbone,  en  s'unissant  aux  éléments  de  l'eau,  et  probable- 
ment aussi  aux  éléments  de  l'ammoniaque,  de  composés  d'azote  oxygéné, 
constitue  des  principes  immédiats  organiques  dans  lesquels  le  principe  com- 
bustible, carbone  et  hydrogène,  prédomine  sur  le  principe  comburant, 
l'oxygène.  Tout  est  conjecture  dans  la  formation  de  ces  principes,  mais  le 
fait  fondamenlal  est  incontestable,  la  désoxygénaiion  de  l'acide  carbonique, 


(642  ) 
partielle  ou  complète,  et  V union  du  cnihone  consliluant  des  principes  inimé- 
dinis  organiqttes  avec  excès  de  matière  coinbusliblc. 

»  Il  a  fallu  potir  formuler  ainsi  ce  J"il  Jondamental  pins  de  trente  ans  de 
travaux,  auxcjuels  sont  allacliés  les  noms  de  Bo  !iiei  ei  siirtoul  de  Phesiley, 
de  liigen-Ilouiz,  de  Sennebier  et  fie  Tli.  de  Sc*uss.:te.  et  j»iouiei'  à  ces 
r)()ai-  celui  ('c  Boussingault,  qui  en  i864-ii5L'8a  t'it  que  ses  expériences 
démontrent  que  ie  gaz  acide  carbonique  perd  la  totalité  de  sou  oxygène, 
contrairement  à  l'opinion  de  Th.  de  Saussure. 

))  Combien  l'homme  et  la  plupart  des  animaux,  sinon  tous,  diffèrent  des 
plantes,  incapables  qu'ils  sont  de  s'assimiler  la  matière  minérale  sous  la 
double  influence  d'une  certaine  température  et  du  soleil  !  S'ils  jouissent  de 
la  lococjotion,  s'ils  ont  besoin  pour  vivre  d'une  certaine  température,  si  la 
liunière  du  soleil  leur  est  agréable  et  utile,  dépendants  des  végétaux,  ils  ne 
peuvent  se  passer  de  la  malière  hùnérale,  lemlue  organique  par  ces  mêmes 
végétaux  qui  ont  séparé  l'oxygène  ou  carbone  sous  l'iuHuence  du  soleil. 

»  Ces  faits  posés,  sans  hypothèse  aucune,  voyons  conment  ils  concou- 
rent à  démontrer  la  nécessité  que  les  aliments  indispensables  à  ia  nour- 
riture de  1  homme  et  des  animaux  supérieurs  aient  une  composition 
chimique  plus  ou  moins  comp'exe,  c'esî-à-dire  qu'i's  soient  formés  de 
principes  iinmédials  organiques  d'origine  végétale  et  qu'ils  renferment  en 
meine  temps  certains  composés  minéraux  indispensables  à  l'homme  et  aux 
animaux. 

')  1°  Les  principes  organiques  dits  immédiats,  parce  qu'ils  constituent 
immédiatement  les  êtres  vivants,  plantes  et  animaux,  sont  en  réalité  moins 
s'ables  que  les  composés  du  monde  minéral  qui  nous  entourent,  que  nous 
touchons,  et  .'nix((uels  nous  comparons  les  premiers. 

u  Pourquoi  ce  jaiû  C'est  que  les  minéraux  <pii  nous  entourent,  que  nous 
touchons,  ont  saiisfait  à  l'affinité  ia  plus  puissante  uni  sollicitait  l'union  de 
leur  partie  coiubuslib'e  avec  l'oxygène:  dès  lors  l'atmosphère  ;ie  peut  rien 
sur  eux  :  voila  pourquoi  l'eai.',  les  pierres  et  les  terres  sont  stables. 

»  '>es  principes  immédiats  organiques, qui  contiennent  généralement  du 
ca'lioiteet  de  l'hydrogène  en  excèj.siir  la  quantité  <i'oxygène  qui  tend  à 
faire  ôe\\\  composés  stables  en  r'ormani  de  l'acide  carbonique  avec  le  car- 
bone, ec  de  l'eau  avec  llndrogène,  voila  une  cause  d'instabilité:  et  une 
secon<'e  cause  est  ie  nombie  d'atomes,  ')ien  plus  grand  dans  le  principe 
organique  que  dans  le  composé  minéral. 

1)  -i."  La  matière  minérale,  cpii  passe  dans  les  plantes  pour  constituer  des 
principes  inunéchats  organiques  moins  stables  qu'elle,  a  besoin  d'une  force 


(  643  ) 
extérieure,  la  lumière,  émanée  du   soleil,  de  l'action  de  laquelle  nous  ne 
pouvons  rien   dire  de  scientifique;  mais  le  résultat  matériel  est  incontes- 
table :  le  carbone  est  séparé  de  l'oxygène,  et  la  conséquence  en  est  la  for- 
mation de  principes  immédiats  avec  excès  de  combustible. 

»  Comment  concevoir  les  actions  qui  s'opèrent  dans  la  plante  une  fois 
l'oxygène  de  l'acide  carbonique  séparé?  La  transformation  de  l'amidon  en 
dexfrine,  en  sucre,  la  conversion  du  sucre  en  d'autres  produits  si  remar- 
quables dans  la  végétation  de  la  seconde  année  de  la  racine  de  betterave 
lorsqu'elle  produit  tige,  fleur  et  graines?  Évidemment  ces  changements  se 
produisent  en  vertu  d'affinilés  faibles,  car  si  elles  étaient  fortes,  elles  dé- 
truiraient les  principes  immédiats  organiques  ou  les  empêcheraient  de  se 
produire.  En  outre,  elles  se  passent  au  sein  de  l'eau. 

1)  Ces  faits  que  présentent  les  plantes  verdoyantes,  rappelés,  voyons-en 
les  conclusions  relativement  à  l'alimentation  des  animaux. 

))  Le  corps  de  l'homme,  comme  celui  des  animaux  supérieurs,  se  com- 
pose d'un  grand  nombre  de  principes  immédiats  de  propriétés  assez  di- 
verses; la  vie  qui  les  anime  n'a  lieu  qu'à  cette  condition  :  c'est  ]efait. 

))  Eh  bien!  l'animal  ainsi  constitué  ne  peut  vivre  exclusivement  de  com- 
posés minéraux,  quoique  certains  d'entre  eux  lui  soient  nécessaires;  il  lui 
faut  des  principes  immédiats  produits  par  les  plantes  lorsque  l'animal  n'est 
pas  Carnivore. 

»  Précisément  parce  qu'il  faut  à  l'herbivore  un  grand  nombre  de  prin- 
cipes immédiats  divers  préparés  par  les  végétaux,  il  faut  que  ces  principes, 
quand  ils  ne  sont  pas  identiques  à  ceux  de  l'animal,  lui  soient  très-ana- 
logues. 

»  Voilà  pourquoi  les  végétaux  présentent  aux  animaux  des  principes 
immédiats  se  rapportant  aux  types  variés  de  composition  chimique  que 
présentent  les  principes  immédiats  de  ces  mêmes  animaux. 

»  Voilà  lu  raison  de  l'analogie  des  composés  ternaires  et  quaternaires 
organiques  que  vous  trouvez  dans  la  plante;  des  matières  grasses,  neutres 
et  acides;  des  matières  neutres,  du  sucre,  des  gommes,  de  la  dextrine,  de 
l'amidon  susceptible  de  devenir  soluble,  un  grand  nombre  d'acides. 
Parmi  les  composés  quaternaires  azotés,  vous  trouvez  le  gluten,  l'albumine 
végétale,  etc.;  parmi  les  composés  minéraux,  vous  trouvez  des  chlorures 
alcalins  et  des  composés  de  phosphore,  de  soufre,  de  calcium,  de  magné- 
sium, de  fer,  de  manganèse,  etc. 

))  Enfin,  pour  aider  l'assimilation,  l'homme  recourt  à  des  assaisonne- 
ments et  l'animal  lui-même  n'y  est  pas  insensible. 

C.  R.,  1870,  ■2'  Semestre.  (T.  LXXI,  m  20.)  86 


(  644  ) 

»  Les  animaux  carnivores,  ai-je  dit,  se  nourrissent  de  chair  crue,  d'où 
la  conséquence  que  les  principes  immédiats  des  herbivores  ont  la  plus 
grande  analogie  avec  les  principes  immédiats  des  carnivores. 

De  la  cuisson  des  aliments. 

»  Après  avoir  rappelé  le  fait  du  grand  nombre  des  aliments  soumis  par 
l'homme  à  la  cuisson,  j'ai  dit  que  les  modifications  qu'ils  éprouvent  tendent 
généralement  à  les  éloigner  de  la  composition  organique  en  les  rapprochant 
de  la  nature  minérale.  Si  cette  remarque  est  fondée,  comme  je  le  crois,  il 
ne  faudrait  pas  lui  donner  un  sens  trop  absolu  parce  que  le  premier  je  re- 
connais qu'on  s'exposerait  à  l'erreur.  C'est  donc  pour  la  prévenir  qu'on  me 
permettra  sans  doute  quelques  détails,  dans  la  conviction  où  je  suis  que 
les  savants  livrés  sérieusement  à  l'étude  de  la  Physiologie  ont  peut-être 
traité  trop  légèrement  ou  envisagé  avec  trop  d'indifférence  I'effet  des  pré- 
parations culinaires  sur  les  propriétés  des  aliments. 

»  Mon  observation  est  fondée  d'apiès  ma  propre  expérience,  quand  on 
compare  le  tendon  ou  plus  généralement  le  tissu  cellulaire  comme  aliment 
à  la  gélatine  qiù  en  provient.  Je  ne  partirai  pas  du  tissu  cru,  mais  du  tissu 
gonflé  par  l'eau  chaude  et  dans  l'état  où  il  conserve  sa  solidité,  il  est  plus 
nourrissant  que  la  gelée,  et  celle-ci  à  son  tour  l'est  plus  que  le  liquide  pro- 
venant de  la  cuisson  du  tissu  cellulaire  à  une  températiue  dépassant  loo  de- 
grés, ou  opérée  par  une  ébullition  assez  prolongée  pour  qvie  le  liquide  con- 
centré ne  se  prenne  plus  en  gelée  quand  il  se  refroidit. 

»  La  cuisson  n'est  pas  désavantageuse  aux  liquides  albuniineux  ;  de  fades 
qu'ils  sont  à  l'état  cru,  en  devenant  solides  ils  acquièrent  un  arôme  qu'on 
peut  considérer  comme  un  assaisonnement.  En  outre,  comme  l'albumine 
liquide  et  l'albumine  coagulée  ou  cuite  sont  isomères,  on  n'est  pas  surpris 
de  savoir  que  l'albumine  cuite  absorbée  par  les  intestins  repasse  à  l'état 
cru,  qu'elle  se  décuit  en  un  mot. 

»  La  cuisson  est  favorable  encore  à  la  chair  musculaire  par  les  arômes 
qu'elle  développe  dans  un  certain  nombre,  et  parce  qu'elle  ne  nuit  pas  à 
l'albumine,  comme  nous  venons  de  le  voir,  et  que  la  modification  qu'elle 
fait  subir  à  la  fibrine  est  très-légère. 

»  La  cuisson  n'est  pas  défavorable  aux  aliments  farineux  ni  aux  légumes 
parce  qu'elle  ne  change  pas  beaucoup  la  composition  du  plus  grand 
nombre,  et  que  l'eau  additionnée  de  j~^  de  sel  en  relève  à  la  fois  la  saveur 
et  l'odeur. 

»   ludubilablement  les  froiuages  odoranis,   comme   le  gruyère,    le  liol- 


(  ^45  ) 
Jaiide,  le  parmesan,  sont  nourrissants  par  la  matière  azotée  provenant  du 
caséum  modifié  qu'ils  renferment;  mais  cette  matière  l'est  moins  à  mon  sens 
que  le  caséum  frais.  Les  fromages  odorants  ont  l'avantage  d'un  aliment  qui 
se  conserve,  et  dans  les  localités  où  le  lait  abonde,  leur  fabrication  permet 
de  préparer  un  aliment  dont  la  matière  première  aurait  pu  se  perdre  faute 
de  consommateurs.  Mais  les  fromages  odorants  sont  à  mon  sens  précieux 
comme  assaisonnement,  si  l'expression  m'est  permise,  plutôt  que  comme 
aliment,  quand  on  les  compare  sous  ce  rapport  avec  le  fromage  dit  à  t<t  pie. 

»  Dans  l'alimentation  on  doit  tenir  coin|)te  de  la  différence  existant  entre 
l'aliment  d'une  digestion  rapide  et  l'aliment  d'une  digestion  lente,  gra- 
duelle. Sous  ce  rapport,  le  pain  de  froment  est  un  des  meilleurs  que  je 
connaisse,  un  de  ceux  qui  soutiennent  le  plus  longtemps,  surtout  quand  il 
est  associé  à  un  aliment  azoté  et  gras  en  même  temps  :  c'est  l'association 
avec  le  lard  et  les  clioux  du  pain  de  froment  et  de  seigle  même  qui  est 
si  favorable  à  la  santé  des  habitants  de  l'ouest  de  la  France.  Les  poissons, 
dont  la  chair  est  aqueuse  et  molle,  se  digèrent  trop  rapidement  pour  sou- 
tenir longtemps  l'homme  livré  à  un  exercice  violent  qui  s'en  iioiurit. 

»  Quelle  que  soit  l'opinion  qu'on  adopte  relativement  à  la  cuisson  des 
aliments,  on  sera  obligé  de  reconnaître  cpie,  dans  le  passage  de  la  partie 
nutritive  de  l'aliment  de  la  face  du  tube  intestinal  dans  l'intérieur  du  corps 
de  l'homme,  il  y  a  décuisson  à  l'égard  de  plusieurs  des  principes  immédiats 
organiques  de  l'aliment  cuit. 

»  Aujourd'hui  on  reconnaît,  comme  fait  d'expérience,  qu'un  même 
corps,  une  même  espèce  chimique,  en  s'unissant  avec  un  autre  corps, 
donne  lieu  à  un  nombre  plus  ou  moins  grand  de  calories,  suivant  différents 
états  moléculaires  où  peut  être  le  premier  corps,  et  que  ce  nombre  de  ca- 
lories est  d'autant  plus  grand  que  l'union  chimique  est  plus  intense.  En 
admettant  ce  fait,  je  me  suis  demandé  si,  dans  la  décomposition  de  l'acide 
carbonique  par  les  plantes  insolées,  et  lorsque  l'oxygène,  en  redevenant 
libre  et  gazeux,  reprend  les  calories  qu'il  avait  perdues  en  s'unissant  au 
carbone,  il  n'arrivait  point  que  ce  combustible  insolé,  en  passant  à  l'état 
d'élément  d'un  principe  immédiat  organique,  ne  retenait  pas  de  calories, 
soit  qu'il  en  eût  perdu  en  devenant  gaz  acide  carbonique,  soit  qu'il  en  eût 
reçu  dans  l'insolation  de  la  plante.  S'il  en  était  ainsi  le  carbone,  en  s'éloi- 
gnant  de  l'état  où  il  se  trouvait  dans  le  gaz  acide  carbonique,  aurait 
éprouvé  quelque  chose  d'approchant  à  ce  que  je  viens  de  dire  de  la  dé- 
cuisson de  plusieurs  principes  organiques  cuits  lorsqu'ils  passent  du  lube 
intestinal  dans  l'intérieur  du  corps  de  l'homme.  Celte  manière  de  voir  ex- 

86., 


(  646  ) 
pliquerait  comment  l'insolation,  eu  décomposant  le  gaz  acide  carbonique, 
restituerait  la  chaleur  nécessaire  à  la  constitution  du  gaz  oxygène  et,  en  en 
cédant  au  carbone,  ne  désorganiserait  pas  les  tissus  organiques  où  se  passe 
le  phénomène. 

»  La  manière  dont  je  viens  d'envisager  1  assimilation  de  la  matière  mi- 
nérale dans  les  êtres  vivants  me  conduit  à  faire  remarquer  que  la  plupart 
des  auteurs  des  Traités  de  Physiologie,  qui  ont  comparé  la  respiration  de 
l'animal  avec  celle  de  la  plante,  sont  passibles  du  reproche  de  ne  pas  s'être 
expliqués  suffisamment  sur  la  différence  essentielle  des  deux  actes. 

»  L'analogie  réelle  entre  l'animal  et  la  plante,  relativement  à  la  respira- 
tion, est  le  besoin  de  l'air  atmosphérique  pour  la  respiration. 

»  La  différence  est  que  l'air  atmosphérique  pénètre  dans  l'animal  la  nuit 
et  le  jour,  et  qu'alors  l'oxygène  brûle  du  carbone  et  de  l'hydrogène  qui 
sont  exhalés  à  l'état  de  gaz  carbonique  et  de  vapeur  créait,  mais  celle-ci  dans 
l'expiration  est  mêlée  à  une  quantité  d'eau  qui  n'est  j)as  le  résultat  de  la 
combustion  de  l'hydrogène. 

»  Si  les  feuilles  d'une  plante  sont  en  contact  avec  l'air  pendant  ta  nuit, 
il  y  a  production  d'acide  carbonique,  lequel,  si  les  feuilles  appartiennent 
à  une  plante  grasse,  reste  en  totalité  dans  les  feuilles;  mais,  si  celles-ci  sont 
minces,  une  partie  de  l'acide  carbonique  est  exhalée  dans  l'atmosphère. 

»  Lorsque  les  feuilles  reçoivent  ïinfuence  du  soleil,  la  différence  de  la 
plante  d'avec  l'animal  est  extrême  :  ce  n'est  plus,  comme  dans  la  nuit, 
de  l'acide  carbonique  qui  est  produit,  mais  du  gaz  oxygène  qui  se  dégage, 
et  on  en  attribue  l'origine  à  la  décomposition  de  l'acide  carbonique.  C'est 
donc  le  contraire,  l'inverse  de  l'émission  du  gaz  acide  carbonique  sortant  de 
la  poitrine  d'un  animal  supérieur.  Et  certainement  la  chaleur  du  soleil  agit 
en  restituant  à  l'oxygène  la  chaleur  qu'il  a  perdue  en  s'unissant  au  carbone  ; 
s'il  n'en  était  pas  ainsi,  le  dégagement  du  gaz  donnerait  lieu  à  un  refroi- 
dissement, en  supposant,  bien  entendu,  que  sa  décomposition  fût  possible 
sans  l'intervention  de  la  lumière  du  soleil.  Enfin  je  rappelle  que  la  réduc- 
tion du  carbone  est  accompagnée  d'un  phénomène  de  décuisson. 

Dernier  es  considérations  sur  In  graine  et  l'œuf  de  l 'oiseau. 

»  En  partant  de  l'analogie  de  la  germination  de  la  graine  avec  le  déve- 
loppement du  germe  dans  l'œuf  de  l'oiseau,  j'ai  promis  de  revenir  sur  ce 
sujet,  après  avoir  examiné  la  grande  différence  que  présente,  à  l'observa- 
teur, l'assimilation  de  la  matière  comparée  entre  la  plante  verdoyante  et 
l'animal  adulte;  je  remplis  cet  engagement. 


(  647  ) 
»  La  période  de  la  vie  végétale  s'ouvrant  par  la  germination  et  com- 
mençant dans  la  terre  ou  dans  les  eanx,  dès  que  la  graine  a  pris  au  milieu 
ambiant  une  certaine  quantité  de  liquide,  elle  présente  un  phénomène  à 
mon  sens  absolument  semblable  à  celui  de  l'assimilation  de  l'aliment  vé- 
gétal à  un  corps  animal;  et  certes,  en  se  reportant  au  passé,  c'est  une  des 
belles  harmonies  de  la  nature  de  voir  ce  qui  se  passe  dans  la  vie  d'une 
plante  après  la  fécondation  de  l'ovaire  :  tout  ce  qui  est  nécessaire  à  la 
maturité  de  la  graine  y  converge  comme  à  un  but  final;  et  je  rappelle 
qu'elle  renferme,  comme  l'œuf  de  l'oiseau,  les  types  principaux  des  com- 
positions chimiques  des  principes  immédiats  organiques,  et  de  plus  les  com- 
posés minéraux  nécessaires  à  la  vie.  Il  y  a  dans  la  graine  des  tissus  orga- 
nisés destinés  à  se  développer  sous  la  forme  spécifique  des  ascendants  au 
moyen  de  ses  principes  immédiats  tenus  en  réserve  sous  le  nom  botanique 
d'albumen.  Cet  albumen,  aliment  de  la  plante  incapable  encore  de  vivre 
aux  dépens  de  la  matière  du  monde  extérieur,  nous  explique  par  sa  com- 
position chimique  même  conunent  les  graines  sont  si  nutritives  et  pourquoi 
l'homme,  les  herbivores  et  tant  de  petits  animaux  les  recherchent  pour  s'en 
nourrir,  et  dès  lors  pourquoi  le  cultivateur  a  tant  de  difficulté  à  mettre  ses 
graines  à  l'abri  des  attaques  du  charançon  et  de  l'alucite. 


DERRIERES    REFLEXIONS. 


»  A  une  certaine  époque  de  la  science  on  a  étudié  comparativement  les 
graines,  les  racines,  les  tiges,  les  feuilles,  les  fleurs  de  diverses  espèces  de 
plantes,  les  oeufs  de  diverses  espèces  d'animaux,  et  l'on  a  bien  fait  pour 
éclairer  beaucoup  de  personnes  disposées  à  établir  des  généralités,  des 
principes,  des  lois  mêmes  sur  un  trop  petit  nombre  de  faits. 

»  Plus  tard  on  a  soumis  à  des  examens  analytiques  des  ensembles  de 
corps  connus  sous  des  noms  communs,  comme  corps  gras,  comprenant  des 
huiles,  des  graisses,  des  cires,  comme  résines,  etc.;  on  a  cherché  à  les 
réduire  en  des  espèces  nettement  délinies  de  principes  immédiats,  et  quand 
on  y  est  parvenu,  les  résidtats  ont  été  excellents  pour  la  science. 

»  Deux  ordres  de  recherches  seraient  bien  dignes  d'occuper  aujourd'hui 
les  chimistes  livrés  à  l'étude  dont  le  but  est  de  connaître  les  phénomènes 
que  présentent  les  êtres  vivants. 

»  Le  premier  consisterait  à  étudier  comparativement  un  même  principe 
immédiat,  l'albumine  par  exemple,  dans  les  différents  liquides  d'un  même 
animal  dont  d  est  principe  immédiat,  puis  de  répéter  la  même  étude  sur  le 
même  principe  dans  diverses  espèces  d'animaux. 


(  648  ) 

»  Le  second  ordre  de  recherches  serait  de  suivre  la  transformation  que 
chaque  espèce  des  principes  immédiats  d'un  aliment  peut  éprouver  dans 
le  tube  intestinal,  puis  lorsqu'il  a  passé  dans  le  corps  de  l'animal  qu'il  doit 
nourrir. 

»  Sans  prétendre  donner  un  programme  détaillé,  qui  ne  peut  servir  qu'à 
ceux  qui  l'ont  imaginé,  il  me  suffit  de  signaler  ces  deux  ordres  de  recherches 
aux  jeunes  savants  doués  de  quelque  esprit  d'mitiative. 


»  Certes  je  suis  loin  de  considérer  comme  démontré  tout  ce  que  je  viens 
d'écrire,  mais  je  crois  avoir  coordonné  quelques  idées  générales  qui  ne 
l'avaient  point  été.  Une  dernière  réflexion  se  présente  encore  à  mon  esprit,  et, 
en  m'y  abandonnant,  je  m'éloigne  tant  de  la  méthode  à  posteriori  exj)ëri- 
menlale  que  je  crains  un  peu  qu'on  attribue  ma  pensée  à  la  folle  du  lo<jis. 
Quoi  qu'il  en  soit,  l'idée  du  phénomène  que  j'ai  exposé,  sous  la  dénomi- 
nation de  décuisson,  me  paraît  exacte,  et  c'est  sous  son  impression  que 
je  pose  les  questions  suivantes,  qui  me  sont  suggérées  par  la  manière  dont 
j'ai  fait  intervenir  la  considération  de  la  décuisson  dans  la  désoxygénalion 
de  l'acide  carbonique  lors  de  l'insolation  des  feuilles  vertes. 

))  N'eu  est-il  pas  de  même  des  éléments  de  beaucoup  de  principes  im- 
médiats organiques? 

»  West-il  pas  des  maladies  excitées  par  la  diminution  de  la  chaleur  (du 
nombre  des  calories)  que  ces  éléments  ont  acquis  en  passant  (h;  l'état  mi- 
néral à  l'état  de  matière  organique? 

»  Enfin,  dans  un  animal  qui  vient  de  cesser  de  vivre,  le  premier  phéno- 
mène qui  se  manifeste  dans  le  cadavre,  n'est-il  pas  produit  par  celle  cha- 
leur que  perdent  les  éléments  des  principes  immédiats? 

DOCUMENTS. 

/<■'■  Document.  —  Quelques  expériences  sur  deux  jjrépanitinris,  ditis  farines  de  viande, 

faites  en    j^iiurir/ue. 

»  Il  y  a  une  vingtaine  d'années  au  moins  que  je  fus  consulté  sur  le 
moyen  de  tirer  parti  des  viandes  provenant  des  animaux  abattus  dans  les 
plaines  de  la  Plata  [jour  en  expédier  les  peaux  eu  Europe.  Je  me  gardai 
bien  d'indiquer  des  procédés  dont  l'exécution  se  ferait  par  des  i)ersonnes 
qui  me  seraient  inconnues,  et  dans  des  conditions  climatériques  que  je  ne 
connaissais  pas  bien:  mais,  quoiqu'il  en  fût,  je  crus  devoir  insister  sur  la 
nécessité  d'observer  certaines  conditions  cpii  tue  semblaient  essentielles  à 
la  bonne  qualité  du  produit  alimentaire  qu'on  se  pro|iosait  de  préparer. 

»  J'indiquai  <piatre  conditions  principales  : 


(  649  ) 

»  1°  Se  bien  garder  de  cuire  la  viande  en  l'exposant  à  une  température 
trop  élevée  pour  la  sécher  ; 

»  2°  Eviter  d'en  séparer  une  inatière  soluble  dans  l'eau  qui  renferme  à 
l'état  latent  l'arôme  auquel  certaines  viandes  cuites  doivent  un  caractère 
distinctif;  je  citerai  la  viande  de  bœuf  et  celle  do  la  perdrix; 

»  3"  Éviter  de  mettre  la  viande  dans  des  circonstances  où  elle  pourrait 
s'altérer; 

»  [f  Éviter  de  la  mettre  en  contact  avec  des  métaux,  tels  que  le  cuivre, 
par  exemple,  qui  pourraient  la  rendre  iuiisible. 

»  Dans  le  courant  de  l'été  dernier  on  m'a  remis  deux  préparations, 
sous  la  dénomination  de  farines  de  viandes,  préparées  à  Bnenos-Ayres;  l'une 
avait  été  faite  avec  de  la  viande  séchée  à  55  degrés,  c'est-à-dire  à  une  tem- 
pérature inférieure  à  la  coagulation  d'un  liquide  albumineux;  l'autre  pro- 
venait d'une  viande  séchée  à  une  température  bien  supérieure  à  celle  où 
s'opère  cette  coagulation,  de  sorte  qu'elle  pouvait  passer  pour  cuite. 

»  Les  expériences  comparatives  auxquelles  j'ai  soumis  les  deux  prépara- 
tions m'ont  donné  des  résultats  conformes  à  toutes  mes  prévisions.  Dési- 
gnons par  A  la  farine  de  viande  crue  et  par  B  ta  farine  de  viande  cuite. 

»  I  j)artie  de  chaque  viande  a  été  mise  dans  un  ballon  de  verre  avec 
3  parties  d'eau  distillée. 

»  A  a  absorbé  l'eau  de  manière  à  former  une  sorte  de  pâte,  par  suite  du 
gonflement  de  la  viande. 

»  B  s'est  gonflé,  mais  bien  moins;  aussi  la  viande  était  isolée  d'une  partie 
du  liquide. 

»  Ce  résultat  des  deux  expériences  comparatives  est  tout  à  fait  conforme 
à  ma  prévision  ;  car,  évidemment,  la  partie  plastique  albumineuse  n'étant 
pas  cuite,  a  formé  un  liquide  épais  avec  l'eau  qui  a  été  retenue  en  grande 
quantité  par  la  partie  fibreuse  qui  elle-même  s'est  plus  gonflée  que  celle 
de  B,  qui  avait  été  cuite. 

»  Les  deux  ballons  ont  été  tenus  plongés  dans  un  bain-marie  boudlant, 
durant  six  heures;  il  s'exhalait  une  odeur  plus  suave  du  bouillon  A  que  du 
bouillon  B. 

»  Après  la  cuisson,  le  bouillon  A  était  en  grande  partie  interposé  avec  la 
viande,  tandis  que  la  viande  B  était  en  grande  partie  séparée  de  son 
bouillon. 

»  Résultat  conforme  au  précédent,  car  la  viande  B  avait  subi  deux  cuis- 
sons, et  dès  lors  elle  devait  être,  sinon  racornie,  du  moins  plus  compacte, 
plus  dure. 


(  65o  ) 

»  Le  bouillon  et  la  viande  A  avaient  le  goût  et  i'odeiir  du  bouillon  et 
de  la  viande  de  bœuf,  je  n'oserais  dire  du  meilleur  bouillon  et  du  meilleur 
bouilli,  mais  certes  ils  n'avaient  rien  de  désagréable. 

»  Il  en  était  autrement  du  bouillon  et  du  bouilli  de  B,  et  pour  être  juste 
il  fallait  distinguer  un  premier  goût  et  un  arrière-goût  :  le  premier  était 
désagréable,  sans  que  je  puisse  le  définir  par  une  comparaison,  mais  l'ar- 
rière-goût  ne  l'était  pas. 

»  En  définitive,  sans  prétendre  que  B  ne  serait  pas  comestible,  je  recon- 
nais que  A  lui  est  .supérieur  incontestablement. 

»  Je  ne  donnerai  aucune  indication  des  procédés  suivis  pour  confec- 
tionner les  deux  préparations,  ne  les  connaissant  point  assez  bien  pour  les 
décrire.  Mais  j'ai  tout  lieu  de  penser  que  si  les  deux  farines  renferment 
tous  les  principes  immédiats  de  la  cliair  musculaire,  elles  ne  les  renferment 
pas  dans  les  mêmes  proportions  que  celle-ci,  tontes  choses  égales  d'ailleurs. 
Ainsi  j'affirme  que  la  graisse  s'y  trouve  dans  une  proportion  notablement 
inférieure,  car  aucun  des  deux  bouillons  chauds  n'a  présenté  à  la  surface 
cette  graisse  fondue  qu'on  appelle  vulgairement  les/eu.ï  du  houillou.  B  m'a 
paru  en  contenir  moins  que  A.  J'ai  lieu  de  penser  encore  que  les  deux 
viandes,  surtout  B,  avant  la  dessiccation,  contenaient  moins  do  la  matière 
soluble  dans  l'eau  où  réside  à  l'état  latent  le  principe  aromatique  de  la 
viande  cuite,  que  n'en  contient  la  viande  ordinaire. 

»  En  définitive,  les  deux  farines  de  viandes  que  je  viens  d'examiner  jus- 
tifient toutes  les  prévisions  que  j'émettais  il  y  a  plus  de  vingt  ans  sur  les 
conditions  qu'il  faut  observer  pour  faire  de  bonnes  préparations  de 
viande  avec  les  animaux  abattus  dans  les  plaines  de  la  Plata. 

«  J'ajouterai  qu'en  chauffant  i  partie  des  farines  avec  25  parties  d'eau 
dans  des  cornues  pourvues  de  ballon  pour  recueillir  les  vapeurs  conden- 
sables,  j'ai  reconnu  : 

M  i"  Que,  connue  dans  la  cuisson  de  la  viande  ordinaire,  les  deux  fa- 
rines dégagent  un  produit  sulfuré  qui  noircit  le  pa[)ier  de  plomb; 

»  2"  Que  le  produit  aqueux  de  la  farine  A  est  légèrement  ammoniacal, 
et  qu'il  trouble  et  colore  légèrement  par  son  soufre  l'acétate  de  plomb;  le 
produit  aqueux  de  la  farine  B  est^légèrement  acide  et  ne  trouble  ni  ne  co- 
lore l'acétate  de  plomb; 

»  3"  Que  le  produit  aqueux  de  la  farine  A  était  rendu  opalin  par  un  peu 
de  graisse  qui  avait  passé  mécaniquement  de  la  cornue  dans  le  ballon  ;  le 
produit  aqueux  de  B  était  lim|)ide; 


(  65,  ) 

»  4°  Que  les  liquides  concentrés  clans  les  cornues  au  même  degré  sont 
inégalement  colorés;  celui  qui  l'est  le  plus  est  le  liquide  de  B; 

»  5°  Que  ces  liquides,  qui  sont  du  bouillon  étendu  d'eau,  sont  tous  les 
lieux  acides  au  papier  de  tournesol,  et  qu'il  en  est  de  même  des  viandes  A 
et  B; 

»  6°  Que  le  principe  qui  donne  au  bouillon  de  B  un  goût  et  une  odeur 
désagréables  est  plus  sensible  encore  dans  le  liquide  B  concentré  que  dans 
son  bouillon.  Je  ne  sais  à  quoi  comparer  la  sensation  qu'il  m'a  fait 
éprouver. 

II'  Document.  —  Inconvénient  de  détourner  l'acception  de  différents  mots 
définis  par  la  science. 

M  En  toute  circonstance  où  j'ai  pu  insister  dans  l'inlérêt  de  la  science  sur 
la  nécessité  de  maintenir  l'acception  des  mots  définis  par  elle,  je  ne  me  suis 
point  abstenu  de  le  faire,  convaincu  des  inconvénients  de  l'inobservation 
d'une  règle  que  justifie  si  puissanmient  la  pensée  fondamentale  delà  nou- 
velle nomenclature  chimique! 

»  Un  fait  récent  relatif  aux  corps  gras  considérés  comme  aliment  ne 
peut  que  me  confirmer  dans  cette  manière  de  voir.  Mais  avant  de  l'exposer, 
je  demande  à  l'Académie  qu'elle  veuille  bien  entendre  quelques  détails 
relatifs  à  l'histoire  des  travaux  auxquels  les  corps  gras  ont  donné  lieu. 

))  En  i8i3,  quand  je  présentai  à  l'Académie  mon  premier  Méinoire 
sur  les  corps  gras,  j'éprouvai  une  vive  contrariété  lorsque  M.  Thenard,  de 
l'amitié  duquel,  je  le  reconnais,  je  n'ai  jamais  eu  qu'à  me  louer,  mais  qui 
tenait  excessivement  à  ses  opinions  scientifiques,  me  fit  tant  d'observations 
sur  la  dénomination  à'acide  mnrgnrique  que  j'avais  donnée  à  un  corps 
dont  l'acidité,  à  mon  sens,  ne  pouvait  être  l'objet  d'un  doute,  que  je  crus 
devoir  le  décrire  en  définitive,  par  déférence,  sous  le  nom  de  margarine,  tout 
en  ne  dissimulant  pas  dans  mon  Mémoire  mon  opinion  sur  la  propriété 
fondamentale  que  je  lui  avais  atttibuée.  Le  motif  allégué  par  M.  Thenard 
pour  rejeter  mon  opinion,  était  que  la  qualification  d'acide  ne  pouvait  appar- 
tenir à  un  composé  ternaire  organique  qu'à  la  condition  d'une  composi- 
tion équivalente  à  carbone  -+-  eau  -+-  oxygène  ;  or,  l'acide  margarique 
équivalait  à  carbone  -+-  eau  -+-  hydrogène,  composition,  selon  M.  Thenard, 
essentielle  aux  corps  inflammables,  conséquemment  aux  corps  gras. 

»  Sans  entrer  dans  de  plus  grands  détails,  Berthollet,  qui  apprécia 
comme  rapporteur  mes  travaux  sur  les  corps  gras  avec  tant  de  bienvaillance, 
adopta  mon  opinion  en  disant  dans  son  Rapport  sur  mon  sixiètiie  Mémoire 

C.  R.,  1870,  2"  Semestre.  (T.  LXXI,  N°  20.)  87 


(  652  ) 
le  23  décembre  1816  à  l'Académie  :   «  La  suite  des  recherches  de  M.  Che- 
»   vreul  a  fait  voir  que  la  margarine  est  un   acide  parfaitement  analogue 
»  aux  autres.  » 

»  Après  la  découverte  des  acides  oléique,  sléarique,  phocénique^  butyri- 
que, caproïque,  cuprique,  hircique,  après  avoir  insisté  sur  les  différences 
qu'ils  présentent  d'avec  les  corps  gras  neutres  que  j'avais  définis  sous  les 
noms  de  stéarine,  oléine,  pliocénine,  but/rine,  caproine,  caprine,  hircine, 
tilinc,  clioleslénne ; 

))  Enfin,  après  l'assentiment  donné  par  tous  les  chimistes  à  l'opinion 
finale  sur  les  corps  gras  siq)oniftabtes  que  j'assimilai  aux  éfhers  salins 
et  aux  sels;  après  avoir  nettement  distingué  l'acide  stéarique  de  l'acide 
margarique,  et  après  avoir  montré  que  les  corps  gras  neutres  saponifia- 
bles  représentés  à  l'état  de  pureté  par  un  acide  uni  à  la  glycérine  ou  à 
un  carbure  d'hydrogène,  l'éthal,  je  pus  dire  qu'il  existe  dans  les  suifs, 
les  graisses  et  les  huiles,  trois  espèces  principales  de  composés  neutres  : 
la  stéarine,  la  margarine  et  Voléine. 

»  Cette  digression  rétrospective  n'était  point  inutile  pour  montrer  la 
différence  réelle  et  incontestable  existant  entre  les  corps  gras  neutres,  la 
stéarine,  la  margarine  et  l'oléine,  et  leurs  acides  stéarique,  margarique  et 
oléique,  et  comment  la  stéarine.  In  margarine  et  l'oléine  constituent  par 
leur  mélange  des  suifs,  des  graisses  et  des  huiles  d'après  leurs  proportions 
respectives;  et  comment  ces  mélanges  différent  des  beurres  qui  renferment 
de  plus  de  la  butyrine,  de  la  caproine,  de  la  caprine,  etc.,  corps  neutres 
qui  sous  l'intluence  de  l'air  répandent  des  vapeurs  odorantes  d'acide 
caprique  et  caproïque  et  surtout  d'acide  butyrique. 

»  Une  fois  ces  différences  reconnues,  on  sent  très-bien  l'erreur  que  com- 
mettrait celui  qui,  sous  le  prétexte  que  l'huile  d'olive  représentée  princi- 
palement par  tle  la  margarine  et  de  Voléine,  viendrait  vous  proposer  de  la 
remplacer  dans  l'alimentation  [)ar  les  acides  margarique  et  oléique  provenant 
de  la  décomposition  du  savon  de  Marseille  par  un  acitle. 

■  Une  conséquence  des  faits  exposés,  c'est  qu'il  n'est  pas  possible  de  consi- 
dérerle  mélanged'i/ne  /(U(7(^  formée  de  margarine  et  d'oléine  avec  un  ensem- 
i)le  d'acides  stéarique  et  margarique  servant  à  la  confection  des  bougies  <lites 
stéiiriques,  comme  vni  produit  alimentaire  équivalent  à  une  graisse  neutre 
formée  de  stéarine,  de  margarine  et  d'oléine.  Il  en  serait  autrement  d'un 
mélange  de  stéarine  et  de  margarine  avec  une  huile  formée  de  margarine 
et  d'oléine  d'une  fusibilité  intermédiaire  entre  la  stéarine  et  la  margarine 
d'une  part,  et  d'une  autre  part  l'huile. 


(  653  ) 

»  Récemment  consulté  sur  la  question  de  savoir  si  le  mélange  d'une  huile 
avec  les  acides  stéariqiie  et  margarique  pouvait  remplacer  une  graisse,  j'ai 
répondu  négativement,  en  ajoutant  cependant  qu'il  n'était  pas  probable  que 
les  corps  gras  acides  fussent  nuisibles  à  la  santé  comme  toxiques. 

»  Lorsqu'on  me  consulta,  on  s'énonça  en  ces  termes  :  Croyez-vous  que 
le  mélnnc/e  d'une  huile  comestible  avec  de  la  stéarine  puisse  remplacer  une 
graisse  alimentaire  plus  fusible  que  la  stéarine  et  inoitis  liquide  que  l'huile?  Ma 
réponse  fui  affirmative.  Mais  lorsqu'on  m'eut  dit  que  \r  stéarine  était  la  ma- 
tière grasse  de  la  bougie  stéarique,  je  fis  la  remarque  précédente,  et  alors 
V inconvénient  du  changement  d'acception  des  mots  définis  par  la  science  effectué 
par  l'ignorance  ou  la  mauvaise  foi  me  frappa  et  me  détermina  à  écrire  les  ré- 
flexions que  je  viens  de  faire,  en  répétant  ici  que  les  personnes  qui  me 
consultaient  de  parfaite  bonne  foi  avaient  été  trompées  par  le  commerce  et 
l'industrie  qui  appellent  stéarine  dans  leur  transaction  les  acides  stéarique  et 
margarique  constituant  la  bougie. 

»  Je  citerai  à  l'appui  de  mes  réflexions  sur  l'inconvénient  que  je  signale 
un  fait  qui  remonte  à  plus  de  vingt  ans  et  a  quelque  analogie  avec  celui 
dont  je  viens  de  parler. 

»  Un  ouvrier  en  chambre  vint  me  consulter  sur  la  cause  pour  laquelle 
il  ne  réussissait  pas  dans  la  teinture  en  bleu  de  cuve  des  peaux  de  mou- 
ton pourvues  de  leur  toison.  Je  lui  donnai  une  recette;  il  la  pratiqua  sans 
succès.  Lorsqu'il  m'en  fit  part,  je  lui  demandai  un  échantillon  de  la  po- 
tasse qu'il  avait  employée,  et  c'est  alors  que  je  sus  que  les  épiciers  vendent 
à  Paris  sous  le  nom  dépotasse  une  soude  carbonatée  provenant  de  la  calci- 
uation  de  l'eau  mère  du  sel  de  soude,  fait  qui  se  passe  encore  dans  le  com- 
merce de  Paris.  J'ajoute  que  d'après  mes  expériences  le  sous-carbonate  de 
soude  ne  peut  remplacer  le  sous-carbonate  de  potasse  dans  le  montage  de 
la  cuve  d'acide. 

)i  Enfin  M.  Payen  m'a  assuré  que  cette  fraude  remonte  à  l'année  1807. 
Car  alors  on  mit  dans  le  conunerce,  sous  le  nom  dépotasse  d'homérique, 
le  produit  dont  je  parle  coloré  par  un  sel  de  cuivre,  u 

MÉTÉOROLOGIE.  —  De  la  période  tridodécuple  ou  décemdiurne  dans  les  phéno- 
mènes atmosphériques  et  dans  leur  influence  sur  l'état  sanitaire  (première 
Note);  par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Les  phénomènes  naturels  qui  s'acconiplitisent  dans  les  milieux  inorga- 
niques sont  tous  soumis  à  des  lois  numériques  et,  par  conséquent,   à  des 

87. 


(  654  ) 
retours  périodiques.  Si  quelques-uns  de  ces  phénomènes  semblent  se  sous- 
traire à  cette  nécessité,  qui  ne  souffre  pas  d'exception,  cette  anomalie  appa- 
rente tient  niiiquement  au  grand  nombre  de  causes  de  perturbation  qui 
affectent  la  loi  générale.  Mais  toutes  ces  perturbations  sont  elles-mêmes 
susceptibles,  d'abord,  d'être  mesurées  dans  leurs  effets,  puis  déterminées 
dans  leurs  périodes,  enfin  d'être  définies  dans  leur  cause.  Ce  dernier  point 
(le  vue,  le  point  de  vue  éliologique  (i)  ne  peut  être  abordé  avec  sécurité 
qu'après  le  travail  préalable  de  la  Iroponomie,  c'est-à-dire  après  la  recherche 
directe  des  variations  avec  le  temps  et  avec  les  lieux,  abstraction  faite  des 
causes  possibles  ou  probables  de  ces  variations.  Ce  premier  travail  d'en- 
semble, qui  a  pour  résultat  l'introduction  de  l'ordre  dans  un  chaos  appa- 
rent, peut  être  comparé  au  défrichement  d'un  sol  vierge  et  embarrassé  de 
broussailles.  La  rude  tâche  du  laboureur  ne  sera  appréciée  que  lorsque  la 
semence  jetée  par  une  autre  main  aura  germé  dans  les  sillons  tracés  par 
lui.  De  même,  la  tâche  ingrate  du  statisticien  ou,  pour  mieux  dire,  du  syn- 
thétiste,  qui  sera  parvenu  à  grouper  sous  des  énoncés  divers  et,  le  plus  sou- 
vent, approximatifs,  les  innombrables  faits  que  possédait  la  science  et  qui 
semblaient  isolés,  ne  sera  appréciée  que  lorsqu'un  esprit  analytique,  venu 
plus  tard,  aura  donné  une  formule  qui  permettra  de  vérifier,  de  rectifier 
même  ses  lois  empiriques,  et  d'en  déduire  une  foule  de  conséquences  nou- 
velles. Pour  rendre  ma  pensée  par  un  exemple  à  jamais  célèbre,  on  peut 
dire  que  Kepler  n'a  vraiment  été  connu  et  jugé  à  sa  véritable  valeui- 
qu'après  que  Newton  eut  donné  sa  formule  générale. 

»  Le  rôle  d'un  Kepler  n'est  peut-être  plus  possible,  aujourd'hui  que  la 
division  du  travail  scientifique  répartit,  en  quelque  sorte,  son  œuvre  entre 
une  foule  de  chercheurs.  Depuis  quarante  ans  environ,  la  Météorologie 
est  entrée  dans  la  voie  qui  doit  la  mener  un  jour  à  de  premières  lois  ap- 
proximatives, puis,  api  es  un  long  temps  sans  doute  et  avec  le  coucoiu's 
indispensable  de  l'Astronomie,  à  une  formule  générale,  coniprenant  tous 
les  phénomènes. 

»  Deux  grands  procédés  d'investigation  ont  été  suivis.  Dans  l'un,  que 
l'on  pourrait  appeler  la  méthode  dynamique,  le  savant  s'identifie,  en  quelque 
sorte,  avec  une  moléctde  d'air,  la  suit  dans  tous  ses  mouvements,  cherche 
à  déterminer  les  diverses  phases  tle  sou  parcours  et  l'entrainemeut  des 
masses  d'air,  dont  le  déplacement  est  lié  avec  lui.  Celte  méthode,  inaugurée 
par  MM.   Dove,  Quetelet,  Piddington,  Maury,  etc  .  et  qui  constitue  plus 


(i)  Point  de  vue  crjptologique  d'Ampère. 


(  655  ) 
spécialement  l'étude  des  mouvements  de  l'atmosphère,  est  destinée  assu- 
rément à  un  grand  avenir,  et,  depuis  plusieurs  années,  le  service  météo- 
rologique international  de  l'Observatoire  de  Paris,  comme  le  Meteorologiral 
Office  (le  Londres,  sont  entrés  dans  cette  voie  féconde  en  résultats  pra- 
tiques. 

»  Par  le  second  procédé  d'investigation  que  l'on  peut  appeler  la  méthode 
statique,  le  savant,  fixé  dans  une  station,  détermine  tous  les  phénomènes 
météorologiques  qui  s'y  manifestent,  et  les  compare  dans  leur  date  et  dans 
leur  intensité.  La  méthode  dynamique  embrasse  d'une  manière  simultanée 
le  déplacement  opéré  et  le  temps  qu'il  a  coûté.  La  méthode  statique  tient 
compte  aussi  des  deux  ordres  de  variations;  car,  si  dans  une  première  loca- 
lité, la  succession  des  phénomènes  est  d'abord  constatée,  comme,  à  un 
moment  donné,  plusieurs  observateurs  notent  les  phénomènes  eu  des  points 
divers,  la  discussion  permet  ensuite  de  déterminer  la  progression  dans  l'es- 
pace comme  dans  le  temps. 

»  (jCtte  dernière  méthode  donne  aussi  le  moyen  d'étudier  séparément 
les  divers  ordres  de  phénomènes,  d'en  trouver  la  loi  de  succession,  et  de 
comparer  entre  eux  les  résultats  obtenus  par  chacun  d'eux.  Elle  a  peut- 
être  quelque  chose  de  plus  général  que  le  premier  mode  d'investigation; 
car  c'est  elle  qui  déduira  la  loi  du  retour  périodique  des  bourrasques  ou 
mouvements  tournants,  qui  se  succèdent  dans  l'atmosphère  terrestre. 

»  On  peut  dire  qu'elle  est  d'un  emploi  naturel  et  comme  instinctif:  c'est 
par  elle  que,  de  toute  antiquité,  ou  a  pu  constater  les  deux  extrêmes  de  la 
température  dans  le  jour  et  dans  l'année,  plus  tard,  la  double  oscillation 
diurne  du  baromètre,  etc.  Mais  son  emploi  n'est  devenu  réellement  scien- 
tifique que  dans  les  premières  années  de  ce  siècle,  entre  les  mains  de  l'il- 
lustre Humboldt.  Après  lui,  Rœmtz,  Brewsler,  Dove,  Mahlmann,  Kuppfer, 
Sabine,  Jaines  Forbes,  Buys-Ballot  et  un  grand  nombre  de  savants  en  Eu- 
rope et  en  Amérique,  qu'd  serait  impossible  de  citer  ici,  l'ont  appliquée 
avec  succès  aux  diverses  branches  de  l'atmologie,  soit  d'une  manière  géné- 
rale, soit  dans  d'intéressantes  monographies. 

»  lien  est  résulté  une  première  approximation  dans  la  périodicité  des  phé- 
nomènes. Mais,  comme  rem|)loi  des  moyennes,  qui  était  à  peu  |)rès  le  seul 
instrument  île  recherches,  avait  donné  tout  ce  qu'il  pouvait  fournir  et  était 
u)habile  à  expliqueras  inégalités  des  courbes  par  lesquelles  se  traduisaient 
ses  résultats,  on  s  est  arrêté  généralement  à  la  pensée  que  ces  anomalies  ap- 
parentes étaient  dues  à  ce  que  le  nombre  des  années  d'observations  était 
insuffisant,  et  qu'elles  ne  disparaîtraient  qu'au  bout  d'un  laps  de  temps  qui 


(  656  ) 
pouvait  effrayer  ou  décourager  les  esprits.  En  attendant,  on  a  appelé  à 
son  aide  le  calcul  des  probabilités,  et  l'on  s'est  ainsi  procuré  la  satisfaction 
de  donner,  par  exemple,  pour  les  températures  moyennes  des  divers  jours 
de  l'année,  des  listes  où  les  nombres  se  graduent  avec  une  parfaite  doci- 
lité, et  des  courbes  théoriques  où  l'œil  n'est  plus  contrarié  par  d'intempes- 
tives oscillations. 

»  En  face  d'une  science  ainsi  acculée,  on  comprend  la  répulsion  d'une 
foule  d'esprits  sérieux. 

»  Heureusement,  une  autre  école  s'est  formée,  encore  peu  nombreuse 
et  qui  a  dû  longtemps  résister  à  l'incrédulité  générale  et  même  aux  sar- 
casmes de  quelques-uns.  Celle-ci  s'est  demandé  si  les  inégalités  que  la  mé- 
thode des  moyennes  s'évertuait  à  faire  disparaître  n'étaient  pas,  au  con- 
traire, une  condition  nécessaire,  liée  à  l'essence  même  des  lois  qui  régis- 
sent les  phénomènes,  et  susceptible  d'être  déterminée,  dans  son  intensité 
et  dans  ses  retours,  à  peu  près  comme  les  perturbations  de  l'orbite  d'une 
planète.  Le  problème  n'a  été  posé  avec  cette  généralité  que  dans  ces  der- 
niers temps;  mais  les  recherches  de  M.  Quetelet,  plus  tard  celles  de 
M.  Fournet,  en  avaient  déjà  suffisamment  indiqué  la  portée,  et,  dans  un 
cas  particulier,  dont  j'ai  donné  ici  même  l'historique  (i),  les  travaux  de 
MM.  Maedler,  Erman  et  ceux  de  notre  regretté  Correspondant,  M.  Petit, 
fournissaient  une  entrée  en  matière  précieuse  et  féconde. 

»  Tel  est  le  point  de  vue  auquel,  voué  avec  ardeur,  de|)uis  trente  ans,  à 
l'étude  de  la  Météorologie,  je  me  suis  placé  dans  les  diverses  Communica- 
tions que  j'ai  faites  à  la  Société  Météorologique  de  France  et  à  l'Académie 
des  Sciences,  et  dont  les  premières  remontent  à  i855.  Si,  depuis  plus  de 
deux  ans,  j'ai  cessé  presque  entièrement  d'entretenir  l'Académie  de  mes 
études  personnelles  sur  ce  sujet,  je  n'y  ai  point  renoncé  cependant;  mais, 
ayant  eu  la  double  bonne  fortune  de  trouver  dans  un  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique  le  vif  sentiment  des  besoins  actuels  des  hautes  études  scien- 
tifiques, et,  pour  leur  avocat  auprès  de  la  municipalité  parisienne,  un  de 
nos  illustres  secrétaires  perpétuels,  j'ai  dû  consacrer  tous  mes  instants  à 
la  réalisation  d'un  de  mes  vœux  les  plus  anciens  et  les  plus  chers,  l.i  créa- 
tion d'un  établissement  météorologique  central,  digne  de  notre  pays  et 
capable  de  rivaliser  avec  ceux  que  l'Europe  possède  déjà.  La  regrettable 
interruption  qu'a  forcément  imposée  à  nos  travaux  une  invasion,  qui  semble 
ramener  l'Europe  à  plusieurs  siècles  en  arrière,  nie  permet  aujourd'hui  de 


(i)  Comptes  rendus,  t.  LX,  séances  des  27  mars  et  lo  avril  i865. 


(657  ) 
présenter  à  l'Académie  un  aperçu  très-succinct  des  derniers  progrès  que  je 
crois  avoir  fait  faire,  tant  à  la  question  générale,  qu'à  ses  applications  aux 
phénomènes  physiologiques. 

»  Mais,  auparavant,  je  voudrais  encore  appeler  l'attention  sur  un  sujet 
qui  se  rattache  très-directement  à  ce  que  je  viens  de  dire,  et  qui  a  divisé  les 
savants  :  je  veux  parler  de  la  valeur  réelle  des  observations  météorolo- 
giques, et  de  l'emploi  légitime  qu'on  en  peut  faire. 

»  Il  y  a,  à  ce  sujet,  deux  opinions  absolument  opposées,  extrêmes  toutes 
deux,  et  qui,  toutes  deux,  je  pense,  doivent  être  rejetées.  Ces  deux  avis 
opposés  ont  un  point  de  départ  comnuui  :  c'est  que  certains  phénomènes 
(par  exemple,  la  température  de  l'air)  s'observent,  en  général,  d'une  ma- 
nière un  peu  arbitraire,  mal  définie,  le  plus  souvent  imparfaite;  d'où 
résultent  des  nombres  qui  ne  sont  pas  toujours  comparables  entre  eux. 

»  Quelques  savants,  préoccupés  uniquement  de  la  perfection  des  moyens 
d'expérimentation,  pensent  que  de  telles  observations  n'ont  aucune  valeur, 
ne  méritent  pas  qu'on  les  discute,  et  se  résigneraient  volontiers  à  ce  qu'on 
n'en  fît  plus. 

»  D'autres,  à  peu  près  aussi  convaincus  de  l'insuffisance  des  observa- 
tions, croient  le  mal  sans  remède,  en  prennent  leur  parti,  n'utilisant  les 
résultats  que  pour  de  larges  aperçus,  qui  ne  comportent  pas  encore  de 
précision. 

»  Entre  ces  deux  extrêmes,  quelle  est  la  route  à  tenir? 

»  Et,  (l'abord,  il  y  a  de  grandes  inégalités  dans  la  valeur  des  méthodes 
li'observation,  suivant  la  nature  des  recherches.  Le  baromètre,  cet  admi- 
rable instrument,  et  les  appareils  qui  donnent  les  éléments  magnétiques  ne 
laissent  ru^n  à  désirer.  L'anémométrie  est  aussi  très-suffisamment  dotée  : 
l'anémoscope  direct,  que  nous  avons  installé  à  Montsouris,  grâce  à  l'habi- 
leté de  M.  Hardy,  et  qu'il  serait  facile  de  rendre  enregistreur,  joint  à  l'ané- 
momètre de  Robinson,  que  M.  Mangon  a  si  ingénieusement  pourvu  de  l'en- 
registrement électrique,  nous  donnaient  les  indications  les  plus  exactes. 
Quant  à  l'hygrométrie,  on  peut  dire  que  les  perfectionnements  appor- 
tés par  M.  Regnault  à  l'hygromètre  condenseur  ont  rendu  la  méthode 
de  Daniell  aussi  pratique  qu'elle  est  scientifiquement  irréprochable.  Pour 
l'appliquer  d'une  manière  régulière,  il  faudrait  seulement  disposer  d'un 
personnel  suffisant. 

)i  Laissant  de  côté  les  observations  électrométriques,  actinométriques, 
photométriques,  cyanométriques,  ombrométriques  et  atmidométriques, 
pour  la  plupart  desquelles  le  principe  de  mesure  est  trouvé  et  qu'il   ne 


(  658  ) 
reste  plus  qu'à  rendre  d'une  application  plus  pratique  pour  les  unes,  plus 
précise  pour  les  autres,  et  n'insistant  pas  non  plus  sur  les  procédés  dits 
ozonomélriques,  sur  l'interprétation  desquels  il  peut  y  avoir  dissentiment, 
mais  qui  n'eu  offrent  pas  moins  nm?  indication  précieuse  sur  certaines  pro- 
priétés tres-variables  de  l'atmosphère,  j'arrive  de  suite  à  la  véritable  dif- 
ficidté,  à  celle  qui  a  soulevé  le  plus  de  discussions,  à  la  détermination  de 
la  température  de  l'air. 

»  Reconnaissons  d'abord  que  ce  ne  sont  pas  les  instruments  qui  nous 
manquent;  nous  en  avons  de  parfaits:  thermomètres  à  air,  thermomètres 
métalliques,  thermomètres  à  mercure  et  à  alcool,  thermomètres  électri- 
ques (i).  De  chacun  de  ces  instriuuents,  nous  en  trouverons  toujours  faci- 
lement deux  du  même  système,  qui,  placés  dans  des  conditions  identiques, 
donneront  la  température  à  o,o5  de  degré  près. 

))   Là  n'est  donc  pas  la  difficulté. 

))  La  véritable  difficulté  est  celle-ci  :  un  corps  placé  dans  l'air,  à  l'ombre, 
est  nécessairement  et  continuellement  influencé,  relativement  à  la  quantité 
de  chaleur  qui  lui  parvient,  parle  rayonnement  des  objets  qui  l'entourent. 
Or,  comment  rendre  ce  rayonnement  constant,  ou  même  seulement  com- 
parable, entre  deux  stations  ? 

«  L'abri  que  j'ai  fait  construire  à  Montsouris,  et  dont  j'ai  cherché  à 
rendre  les  dispositions  le  plus  avantageuses  possible,  en  m'éclairant  surtout 
de  l'expérience  et  des  longues  réflexions  de  mon  savant  ami,  M.  Renou,  est 
cependant  tel,  que,  si  deux  thermomètres  identiques  y  sont  installés,  et  si 
l'un,  tout  en  restant  constamment  à  l'ombre,  a  son  réservoir  de  quelques 
centimètres  plus  éloigné  du  double  toit  incliné  qui  les  recouvre,  ce  dernier 
donnera  des  maxima  plus  élevés  et  des  minima  plus  bas  que  le  thermo- 
mètre situé  plus  haut;  en  d'autres  termes,  tout  en  fournissant  sensiblement 
la  même  moyenne,  il  indiquera  un  climat  plus  extrême. 

»  Il  faut  encore  ajouter  que  deux  thermomètres,  placés  dans  des  con- 
ditions identiques,  pourront  donner  des  indications  fort  différentes,  suivant 
que  le  liquide  sera  du  mercure  ou  de  l'alcool,  celui-ci  incolore  ou  diver- 
sement coloré,  suivant  que  le  réservoir  sera  nu  ou  recouvert  de  substances 
douées  de  pouvoirs  absorbants  différents. 

«  De  tout  cela  il  résulte  que  la  détermination  de  ce  qu'on  appelle  la 
température  de  l'air  repose  sur  une  convention,  et  sur  une  convention  qui 

(i)  Auxquels  il  faudra  ajouter  le  thermomètre  de  M.  Lamy,  fondé  sur  les  phénomènes  de 
dissociation. 


(659) 
varie  généralement  d'un  observatoire  à  l'aulre.  Une  seule  convention 
serait  uniforme,  ce  serait  celle  qui  consisterait,  comme  M.  Renou  l'a  pro- 
posé [Comptes  rendus,  t.  XL,  p.  io83),  à  placer  le  thermomètre  dans  une 
triple  enveloppe,  convenablement  disposée,  soumise  à  un  courant  conbtani, 
et  entièrement  à  l'abri  des  rayonnements  extérieurs.  On  aurait  ainsi  une 
sorte  (le  température  normale,  à  laquelle  on  rapporterait  les  observations 
faites  dans  des  conditions  variables  et  plus  semblables  à  celles  où  sont 
placés  les  corps    vivants  ou  inertes  dans  l'atmosphère. 

»  En  attendant  que  le  crédit,  à  peu  près  suffisant,  voté  par  la  dernière 
législature  pour  l'Observatoire  de  Moutsouris,  en  1871,  et  le  retour  à  des 
conditions  politiques  normales  permettent  d'y  installer  un  appareil  de  ce 
genre,  un  thermomètre  à  air  avec  les  dispositions  recommandées  par 
M.  Regnault,  un  thermomètre  métallique  réduit  à  un  seul  fil  de  platine, 
comme  l'a  proposé  M.  Renou,  ou  tout  autre  appareil,  plus  ou  moins  sus- 
ceptible d'annuler  l'effet  des  rayonnements  circumvoisins,  qu'y  a-t-il  à 
faire?  Rechercher  tous  les  moyens  de  correction  et  de  comparaison,  per- 
mettant de  ramener  les  unes  aux  autres  les  indications  thermométriques 
des  divers  observatoires  ;  faire,  avant  tout  et  régulièrement,  usage  du  ther- 
momètre-fronde. Cet  instrument,  même  tourné  à  la  main,  au-dessus  d'un 
gazon,  à  une  distance  suffisante  du  corps  et  des  édifices  qui  peuvent  l'in- 
fluencer, subit  et  traduit  parfaitement  les  effets  du  rayonnement  moyen  de 
la  portion  du  ciel  qui  le  recouvre.  Aussi  n'offre-t-il,  le  plus  souvent,  qu'une 
différence  insignifiante,  tourné  à  l'ombre  ou  au  soleil.  Employé  concur- 
remment avec  les  thermomètres  fixes,  il  donnera  pour  ceux-ci  une  cor- 
rection, qui  |)ourra  varier   avec  les  localités. 

»  En  définitive,  les  appareils  thermométriques  actuels,  employés  avec 
intelligence  et  discernement,  non-seulement  peuvent  donner,  pour  une 
même  station,  une  mesure  assez  précise  des  variations  dans  la  tempéra- 
ture de  l'air,  mais  ils  peuvent  permettre  d'établir  une  comparaison  et  des 
rapports  suffisamment  exacts  entre  les  températures  de  deux  stations  dif- 
férentes. Il  n'y  a  donc  lieu  ni  de  les  bannir  absolument,  ni  de  considérer 
leurs  indications  comme  susceptibles  seulement  de  donner  une  grossière 
approximation. 

»  Mais  ici,  comme  dans  toutes  les  branches  de  l'atmologie  pratique, 
il  y  a  beaucoup  à  faire,  et  c'est  pourquoi  un  observatoire  météorologique 
central  devra  se  préoccuper  autant  des  progrès  de  l'observation  que  des 
besoins  de  la  discussion. 

C,  R.,  1870,  a»  Semestre.  (T.  LXXI,  W  20.)  88 


(  66o  ) 
»  Les  développements  auxquels  je  me  suis  laissé  entraîner  sur  cette  im- 
portante question  ne  me  permettraient  pas,  sans  abuser  des  moments  de 
l'Académie,  d'aborder  aujourd'hui  le  sujet  spécial  dont  je  voulais  l'entre- 
tenir et  que  je  me  propose  de  traiter  dans  une  prochaine  Communication.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIOLOGIE.  —  Des  mouvements  ijue  le  corps  de  l'oiseau  exécute  pendant 

le  vol;  par  M.   Marey. 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  Dupuy  de  Lôme, 

Jamin.) 

«  Dans  une  Note  insérée  aux  Comptes  rendus  à  la  date  du  i3  juin  1870, 
j'ai  décrit  les  méthodes  et  les  appareils  qui  permettent  de  déterminer  avec 
précision  la  série  de  mouvements  successifs  qui  constitue  chaque  révolu- 
tion de  l'aile  d'un  oiseau  pendant  le  vol.  J'indiquerai  aujourd'hui  les 
mouvements  que  l'action  de  l'aile  imprime  au  corps  de  l'oiseau  (i). 

»  La  translation  d'un  oiseau,  lorsqu'il  vole  en  battant  des  ailes,  s'ef- 
fectue suivant  une  ligne  onduleuse  dont  les  sinuosités  sont  produites  par 
de  petits  sautillements  de  l'animal.  L'oeil  peut,  dans  certains  cas,  suivre 
ces  oscillations  verticales  du  corps  de  l'oiseau.  Ainsi,  quand  on  est  placé 
sur  un  navire  que  des  mouettes  suivent  pendant  de  longues  heures  en  ré- 
glant leur  vitesse  sur  la  marche  du  vaisseau,  on  a  tout  le  temps  de  s'exercer 
à  ce  genre  d'observation,  et  l'on  arrive  à  bien  constater  ces  oscillations 
verticales;  mais  il  est  très-difficile  de  reconnaître  à  quels  mouvements  de 
l'aile  correspondent  ces  déplacements  du  corps  de  l'oiseau,  ce  qui  est  le 
point  le  plus  important  à  déterminer. 

»  Un  autre  phénomène  qui  échappe  entièrement  à  nos  sens  est  la  varia- 
tion périodique  de  la  vitesse  de  translation  de  l'oiseau.  Celui-ci,  à  chaque 
révolution  de  l'aile,  accélère  et  ralentit  alternativement  sa  translation 
horizontale. 

»  Des  appareils  spéciaux  m'ont  permis  de  déterminer  avec  précision  la 

(i)  Le  court  espace  assigne  à  ces  Communications  les  réduit  ;i  une  mention  sommaire  des 
faits;  le  lecteur  trouvera  le  détail  des  expériences  dans  la  Revue  des  Cours  scientijiques, 
6*  année,  n°»  4'  '  ■>  '^'  37,  38,  4',  44- 


(  66i  ) 
forme  et  l'étendue  des  oscillations  verticales  du  corps  de  l'oiseau,  d'établir 
le  rapport  de  chacun  de  ces  mouvements  avec  les  différents  temps  d'une 


3 


I 


I 


■a  ça 


§  -S 


ta  .S' 


révolution  de  l'aile,  enfin  de  déterminer  les  variations  de  la  vitesse  hori- 
zontale de  l'oiseau  et  les  instants  où  elles  se  produisent. 

»  L'appareil  que  j'emploie  et  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Aca- 

88.. 


(  662  ) 
demie  est  basé,  comme  ceux  dont  je  me  suis  servi  déjà,  sur  la  transmission 
(les  mouvements  de  l'oiseau,  ;i  un  enregistreur  an   moyen  d'nn  Inlx'  ;i  air. 
Ce  tube   t'ait   communiquer  l'appareil   explorateur  avec   l'appareil   enre- 
gistreur. 

1)  Si  j'agile  verticalement  l'appareil  explorateur,  on  voit  que  le  ré- 
cepteur enregistre  des  mouvements  semblables  en  amplitude  et  en 
durée. 

»  Après  m'èlre  assuré  que  l'appareil  transmettait  fidèlement  les  mou- 
vements d'oscillation  verticale  qui  lui  sont  communiqués,  je  l'appliquai  siu- 
le  dos  d'un  oiseau  que  je  fis  voler  dans  un  vaste  espace,  et  j'obtins  le  tracé 
des  oscillations  verticales  de  cet  oiseau  pendant  son  vol.  En  opérant  ainsi 
sur  une  série  d'oiseaux  de  différentes  espèces,  j'ai  obtenu  la  série  des  tracés 
représentés^^,  i. 

»  Il  ressort  de  cette  figure  que  les  différentes  espèces  d'oiseaux  ont  le 
vol  inégalement  saccadé,  et  que  le  canard  oscille  beaucoup  plus  clans  la 
verticale  que  les  oiseaux  de  proie. 

»  Si  l'on  enregistre  à  la  fois  les  oscillations  verticales  de  l'oiseau  ei  les 
mouvements  de  son  aile,  on  voit  : 

»  1°  Que  cbaque  révolution  de  l'aile  s'accompagne  de  deux  oscillations 
complètes  de  l'oiseau; 

»  2°  Que  l'une  de  ces  oscillations  coïncide  avec  l'abaissement  de  l'aile, 
et  l'autre  avec  l'élévation  de  cet  organe. 

»  On  comprend  facilement  qu'au  moment  de  l'abaissement  de  son 
aile,  l'oiseau  monte  en  prenant  son  point  d'appui  sur  l'air;  mais  qu'il  rc- 
nionle  aussi  au  moment  où  il  relève  son  aile,  c'est  plus  difficile  à  comprendre 
au  premier  abord.  Ce  phénomène  va  s'ex])liquer  de  lui-même  quand  nous 
aurons  déterminé  les  variations  de  la  vitesse  borizontale  de  l'oiseau  dans 
leiu'S  rapports  avec  les  oscillations  verticales- 

»  L'appareil  qui  sert  à  enregistrer  les  oscillations  verticales  de  l'oiseau 
permet,  si  ou  le  place  dans  une  autre  position,  d'enregistrer  les  cliange- 
menls  de  la  vitesse  de  translation.  En  combinant  deux  appareils  à  la  fois, 
on  peut  déterminer  tous  les  mouvements  de  l'animal  et  connaître,  à  chaque 
révolution  de  l'aile,  quelle  est,  à  la  fois,  la  hauteur  et  la  vitesse  du  corps 
de  l'oiseau. 

»  La  fiij.  2,  lioiil  jci  ne  pius  ici  développer  l'-inalyse  (i),  luonlre  la 
combinaison  de  ces  deux   ordres  de  mouvement. 

(i)   Voir  Rrriif  tin:  Cours  scientifiques,   1869,  2  ort.,  n"  44- 


(  663  ) 
»   ïl  ressort  de  ces   expériences  que  l'oiseau   exécute   les   mouvements 

suivants. 

»  i"  En  abattant  ses  ailes,  il  s'élève  |)our 
retomber  à  la  fin  de  ce  temps  d'abaisse- 
ment. En  même  temps,  l'oiseau  accélère  sa 
vitesse  horizontale.  J'ai  indiqué  dans  la 
Note  précédente  la  cause  de  ce  double 
elfet. 

»   2°  En  relevant  son  aile,  l'oiseau  s'élève 
=       de  nouveau   pour  retomber  ensuite;   mais, 
>       dans  ce  deuxième  temps,  il  perd  beaucouj) 
Z       de  sa  vitesse  horizontale. 
2  »   Ce   dernier  fait  donne  la  clef  du   mé- 

0  canisme  de  la  seconde  ascension  ;  il  montre 
~  que  cette  ascension  se  fait  aux  dépens  de  la 
p  vitesse  acquise  par  un  mécanisme  analogue 
^  à  celui  du  cerf-volant,  qui  marchant  contre 
J  l'air,  en  lui  présentant  nu  plan  incliné, 
S  s'élève  aux  dépens  de  la  force  horizontale 
'°       qui   lui  est  appliquée. 

ï  M   L'expérience  m'a  montré  que  cette  se- 

°  coude  ascension  manque  lorsque  l'oiseau, 
-S  au  début  de  son  \o],  n'a  pas  encore  acquis 
~       la   vitesse   aux   dépens  de   laquelle  elle    se 

1  produira. 

1  »   M.  Liais,  dans   des  études  sur  le    vol 

g  des  oiseaux,  avait  déjà  émis  cette  théorie 
fi       (voyez  Comptes  rendus,  t.  LU,  p.  G97).    On 

retrouve  la  même  idée  dans  plusieurs  au- 
tres auteurs,  et  sans  démonstration  expéri- 
mentale. 

»  Dans  une  prochaine  Note,  j'exposerai 
le  résultat  des  tentatives  que  j'ai  faites  pour 
reproduire  synthéiiqueiucnt  le  mécanisme 
du  vol,  c'est-à-dire  pour  réaliser,  au  moyen 
d'un  a()p,u'('il  pesant,  les  effets  de  soutène- 
ment dans  l'ail-  et  de  tr.mslation  horizontale  que  l'oiseau  obtient  par  l'ac:- 
tioii  de  ses  ailes.  » 


(  664  ) 

ZOOLOGIE  HISTOKIQUE.  —  Sw  tes  animaux  employés  par  les  anciens  Égyptiens 
à  la  chasse  et  à  la  guerre  (troisième  Note);  par  M.  F.  Lexorma.xt. 

«  Le  miépard  [Felis  jubnta)  n'est  figuré  sur  les  monuments  ni  de  l'Ancien 
ni  du  Moyen  Empire.  C'est  seulement  avec  le  Nouvel  Empire,  lors  des 
grandes  conquêtes  de  la  XVIIP  et  de  la  XIX*  dynastie,  qu'il  fait  son  appa- 
rition dans  les  sculptures  pharaoniques.  On  voit  alors  fréquemment,  parmi 
les  bas-reliefs  qui  représentent  les  envoyés  des  populations  nègres  du  Haut- 
Nil  apportant  leurs  tributs  aux  monarques  égyptiens,  des  guépards  évidem- 
ment apprivoisés  que  l'on  amène  tenus  en  laisse  avec  des  colliers  plus  ou 
moins   richement   ornementés  (entre  autres   représentations,  voir  Duemi- 
chen,  Hislorischen  Inschriflen,  2«  série,  PI.  III,  XVII  et  LXI).  Il  est  donc 
clair  que  dès  cette  époque  les  tribus  de  race  noire  qui  peuplaient  les  bords 
du  fleuve  dans  son  cours  supérieur  avaient  l'habitude  de  dresser  le  guépard 
au  rôle  d'auxiliaire  de  l'homme  dans  la  chasse  des  antilopes,  comme  les 
Abyssins  du  Moyen-Age  et  encore  aujourd'hui  les  Bedi  M'Zab  du  Sahara 
algérien  (sur  l'emploi   du   guépard  chez  les  populations  africaines,  voir 
Hartmann,  Zeilscltr.  d.  Gesellscli.  f.  Erdhunde  z.  Berlin,  t.  III,  p.  57),  ainsi 
que  les  Indiens.   Mais  en  Egypte  ces  animaux,  envoyés  par  les  chefs  des 
tribus  comme  présents  de  haut  prix  à  leur  suzerain  de  Thèbes,  étaient  sans 
doute  réservés  aux  plaisirs  princiers,  car  il  ne  semble  pas  qu'ils  aient  jamais 
été  employés  dans  les  chasses  des  simples  particuliers,  et  on  ne  les  voit 
point  dans  les  scènes  de  vénerie  des  tombes  privées. 

»  Une  des  variétés  favorites  du  sport  pour  les  Égyptiens  de  toutes  les 
époques  de  l'antiquité,  aussi  bien  sous  le  Nouvel  Empire  que  sous  les  dy- 
nasties primitives,  était  la  chasse  aux  oiseaux  d'eau,  principalement  aux 
palmipèdes  qui  pullulaient  dans  le  pays  comme  ils  font  encore  aujourd'hui. 
Cette  chasse  avait  lieu,  non-seulement  sur  les  lacs  du  Delta,  certainement 
moins  étendus  alors  dans  la  portion  orientale  qu'ils  ne  le  sont  maintenant, 
mais  dans  toutes  les  parties  de  l'Egypte,  sur  les  canaux  et  les  réservoirs 
d'irrigation  (appelés  maou)  qui  la  coupaient  en  tous  sens,  et  sur  les  marais 
(appelés  p'/iou)  (]u'on  réservait  à  l'élève  du  bétail.  On  la  faisait  de  deux 
manières  :  ou  bien  avec  un  grand  filet  ou  tirasse  qui  enfirinait  d'un  seul 
coup  une  quantité  considérable  d'oiseaux,  ou  bien  en  atteignant  l'animal 
au  moment  où  il  prenait  son  vol,  par  le  jet  d'un  bâton  court  et  légèrement 
courbé  à  sou  extrémité,  pareil  au  boumerang  des  Australiens,  instrument 
dont  quelques  échantillons  sont  parvenus  jusqu'à  nous  en  original  (Prisse, 
Choix  de  monwncnh  égyptiens,  Pi.  XUI,  n"6).  Ce  dernier  système  était  la 


(  665  ) 
vraie  chasse  à  la  mode  parmi  les  gens  de  distinction,  le  divertissement  na- 
tional par  excellence,  et  c'est  par  centaines  que  l'on  compte  les  tombes  de 
l'Ancien,  du  Moyen  et  du  Nouvel  Empire  où  le  propriétaire  de  la  sépulture 
s'est  fait  représenter  se  livrant  à  cet  exercice.  Il  est  debout,  seul  ou  entouré 
de  quelques  personnes  de  sa  famille,  sur  une  de  ces  nacelles  faites  de  tiges 
de  papyrus  réunies  en  faisceaux  dont  parlent  tous  les  écrivains  classiques. 
Celle-ci  glisse  sur  les  eaux  au  milieu  des  roseaux,  d'où  s'échappent  les  vo- 
latiles qu'arrête  le  bâton  du  chasseur  ou  qu'il  va  atteindre,  car  le  plus  sou- 
vent ce  dernier  s'apprête  à  le  lancer. 

»  Très-fréquemment,  dans  les  tableaux  de  ce  genre,  le  chasseur  est  ac- 
compagné sur  sa  nacelle  d'un  chat  favori.  Mais  cet  animal  n'est  pas  là  seu- 
lement comme  un  simple  et  inutile  flimilier,  dont  le  maître  n'a  pas  voulu 
se  séparer  en  le  laissant  à  la  maison.  Plusieurs  peintures  des  tombeaux  de 
Gournah  (XVIIP  dynastie),  une  entre  autres  publiée  par  sir  Gardner 
Wilkinson  [Manners  and  cusloms  of  ancient  Egjptians,  3*  édition,  t.  III, 
p.  42),  le  montrent  prenant  une  part  active  à  la  chasse  et  ne  laissent  pas 
de  doutes  sur  le  rôle  qui  lui  y  était  assigné.  Utilisant  les  instincts  chasseurs 
du  chat,  les  Egyptiens  le  dressaient  pour  servir  de  retriever  dans  ces  occa- 
sions spéciales,  pour  lui  faire  saisir  et  rapporter  les  oiseaux  assommés  ou 
seulement  étourdis  par  le  choc  du  boumerang.  C'est,  je  crois,  le  seul 
peuple  qui  en  ait  usé  ainsi.  On  doit  remarquer  de  plus  que  jamais  aucune 
variété  de  chien  n'est  figurée  comme  remplissant  le  même  rôle  dans  ces 
chasses  aquatiques.  Sans  doute  la  souplesse  des  allures  du  chat  l'avait  fait 
regarder  comme  l'animal  le  plus  propre  à  se  lancer  en  pareil  cas  à  la  re- 
cherche du  gibier,  sautant  légèrement  de  touffe  en  touffe  de  roseaux,  sans 
s'embarrasser  dans  les  herbes  et  sans  s'embourber  dans  la  vase,  comme  le 
chien  n'aurait  pas  manqué  de  faire. 

M  Au  reste,  l'Egypte  antique  est  certainement  le  berceau  du  chat  comme 
animal  domestique.  Rien  de  plus  connu  que  le  rôle  du  chat  dans  la  sym- 
bolique religieuse  des  Égyptiens.  C'était  l'animal  sacré,  la  personnification 
vivante  de  la  déesse  Pacht,  l'épouse  de  Ptah,  le  grand  dieu  de  Meuiphis, 
spécialement  sous  sa  forme  de  Bast;  car,  sous  celle  de  Paclit,  elle  était 
représentée  comme  une  lionne.  De  là  ces  images  de  chats  sacrés  en  toutes 
matières  où  les  artistes  égyptiens  ont  souvent  déployé  un  si  grand  talent 
d'imitation  de  la  nature  animale;  de  là  ces  catacombes  dans  plusieurs  lo- 
calités de  l'Egypte  antique,  où  l'on  trouve  par  milliers  des  momies  de  chats 
soigneusement  embaumés.  On  n'élevait  pas  seulement  dans  certains  temples 
des  chats  auxquels  on  rendait  les  honneurs  divins,  comme  celui  dont  le 


(  666  ) 
meurtiv,  par  un  soldat  romain,  occasionna  la  fameuse  émeute  que  raconte 
Dioflore  de  Sicile  (I,  83).  Le  chat  familier  de  chaque  maison  était  revêtu 
d'un  caractère  sacré,  et  on  l'entourait  de  soins  particuliers;  à  sa  mort,  toute 
la  famille  prenait  le  deuil  (Hérodote,  11,  66).  C'est  sans  doute  à  une  réaclion 
contre  les  idées  païennes  qui  s'attachaient  à  cet  animal  et  le  caractère 
qu'elles  lui  avaient  fait  attrihuer,  qu'il  faut  rapporter  i'ahaudon  presque 
complet  du  chat  dans  un  jiays  où  il  avait  été  si  multiplié.  Car,  dans  les 
maisons  de  l'Egypte  actuelle,  on  ne  rencontre  presque  jamais  cet  animal; 
à  sa  place,  pour  se  défendre  contre  les  rats,  on  emploie  des  couleuvres  fa- 
milières qu'on  a  soin  d'avoir  dans  toutes  les  habitations. 

»  En  même  temps,  en  effet,  qu'ils  avaient,  conane  je  viens  de  le  faire 
voir,  des  chats  dressés  pour  la  chasse  aux  oiseaux,  les  anciens  Egyptiens 
élevaient  surtout  cet  animal  dans  leurs  maisons  contre  les  rats.  Aussi  l'ar- 
tiste qui  a  décoré  le  tombeau  de  Noum-holep  à  Beui-Hassan-el-Qadim 
(XIP  dynastie),  s'est-il  amusé,  en  figurant  une  nombreuse  série  d'animaux, 
à  représenter  le  rat  (désigné  par  sou  nom  pennou)  en  face  du  chat  [maou)^ 
qui  le  guette  (Champollion,  Moniunenls  de  L'Ecjyplt'  ci  de  In  Nubie,  t.  IV, 
PL  CCCCXXFIll).  Dans  les  caricatures  du  papyrus  satyrique  de  Turin,  les 
pompeux  tableaux  des  victoires  de  Rrtmsès  III,  scidptés  sur  les  murailles 
du  palais  de  Médinet-Abou,  sont  parodiés  en  combats  de  rats  et  de  chats 
(Lepsius,  Jusivald,  PI.  XXIII,  A),  et  ce  sont  le  Pharaon  et  ses  soldais  que 
le  vieux  caricaturiste  thébaiu  a  figurés  sous  les  tiaits  des  rais. 

»  Enfin  le  chat  n'avait  pas  pour  seule  mission  dans  les  habitations  de 
l'Egypte  antique  celle  de  défendre  des  rats;  il  y  servait  aussi  à  détruire  les 
serpents,  qui  se  glissent  si  fréquemment  dans  les  intérieurs  de  ce  pays  et 
peuvent  y  causer  de  graves  accidents.  Ce  rôle,  que  l'animal  avait  souvent 
l'occasion  d'exercer,  a  trouvé  loule  une  série  d'applications  dans  la  symbo- 
lique religieuse  de  la  mythologie  pharaonique,  parmi  les  emblèmes  de  la 
lutte  de  la  divinité  bienfaisante,  lumineuse  et  solaire,  contre  les  puissances 
ténébreuses  et  infernales,  notion  qui  fient  une  place  si  capitale  dans  la 
religion  de  l'Egypte.  Dans  le  chai)itre  XXXIII  du  grand  livre  mystique 
connu  des  érudils  sous  le  nom  de  Rituel  funéraire,  la  vignette  roprésenle  le 
mort  combattant  dans  l'autre  hémisphère  un  serpent,  ministre  du  principe 
infernal,  et  le  texte  qui  s'y  rapporte  dit  :  «  Il  s'attaque  à  toi.  Quand  il  sera 
»  pour  le  dévorer,  le  rat  ennemi  du  Soleil,  lu  invoqueras  les  ongles  du 
»  chat  des  mystères.  »  Ces  expressions  sont  expliquées  par  un  précieux 
jîassage  du  chapitre  XVII  du  même  Rituel  funéraire  (Lepsius,  Das  Todten- 
buch  dcr  Mijypter,  chap.  X\Ii,  col.  45-5o;  Description  de  l' EtjYjite,  Anli- 


(  C^7  ) 
quilés,  t.  H,  PL  LXXF,  col.  63-56;  cf.  de  Rougé,  Revue  nrchéologique, 
ïioiiv.  sér.,  t.  I,  p.  338  et  suiv.),  qui  jette  un  grand  jour  sur  la  symbolique 
du  chat,  du  serpent  et  du  rat,  ainsi  que  sur  l'échange  des  deux  derniers 
emblèmes.  «  Je  suis,  y  est-il  dit,  ce  grand  chat  qui  était  à  l'allée  du  perséa 
»  dans  An  (Héliopolis),  dans  la  nuit  du  grand  combat;  celui  qui  a  gardé 
»  les  impies  dans  le  jour  où  les  ennemis  du  seigneur  universel  ont  été  écra- 
»  ses.  Explication  :  f.e  grand  chat  de  l'allée  du  perséa  dans  An,  c'est  le 
»  Soleil  lui-même.  On  l'a  nommé  chat  en  paroles  allégoriques;  c'est  d'a- 
»  près  ce  qu'il  a  fait  qu'on  lui  a  donné  le  nom  de  chat.  »  La  vignetle  qui 
accompagne  ce  passage  montre  un  chat,  assis  au  pied  d'un  arbre,  tenant 
sous  sa  patte  la  tète  d'un  serpent.  Dans  un  papyrus  de  Berlin  [Revue  ar- 
chéologique, nouv.  sér.,  t.  I,  p.  SSg)  et  dans  un  autre  du  iMusée  de  Leyde, 
il  tranche  avec  un  sabre  la  tète  du  reptile.  C'est  la  substitution  d'une  allé- 
gorie de  fantaisie  à  la  représentation  symbolique  fidèlement  empruntée  à 
la  nature. 

"  En  effet,  une  très-exacte  observation  des  moeurs  des  animaux  a  présidé 
au  choix  de  ces  symboles.  Le  chat  n'est  pas  moins  habile  à  tuer  les  ser- 
pents que  les  rats;  il  donne  avec  plaisir  la  chasse  à  ces  reptiles.  En  Syrie, 
j'ai  vu  et  admiré  fréquemment,  lorsqu'un  serpent  pénétrait  dans  une  mai- 
son, l'adresse  avec  laquelle  le  chat,  évitant  ses  morsui-es,  lui  rompait  les 
vertèbres  cervicales  d'un  coup  de  patte  sur  la  nuque,  exactement  comme 
le  représente  la  vignette  habituelle  du  chapitre  XVII  i\u  Rituel  funéraire 
des  Égyptiens.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ART  MILITAIRE.  —  Sui'  In  force  de  la  poudre  et  des  matières  explosives  (se- 
conde Partie).  Note  de  31.  Berthelot,  présentée  par  M.  Bertrand  (i). 

POODRES    A.    BASE    DE    NITRATES    ET    DE    CHLORATES, 

«  Pour  définir  la  force  d'une  matière  explosive,  quatre  données  sont  né- 
cessaires, savoir  : 

»    1°  La  composition  chimique  de  la  matière  explosive; 

(i)  L'Académie  a  décide  que  les  deux  Communicalions  de  M.  Berthelot,  liien  qu'offrant 
une  étendue  totale  qui  dépasse  les  limites  réglementaires,  seraient  insérées  intégralement  au 
Compte  rendu, 

C,  K.,  1870,  2«  SemeHie.   (T.  LXXl,  Pi»  20.)  ^9 


(  668  ) 

»   2"  La  composition  des  produits  de  l'explosion  ; 

»   3"  Le  volume  des  gaz  formés; 

»   4"  La  quantité  de  chaleur  dégagée  dans  la  réaction. 

»  Les  comparaisons  et  les  calculs  seront  d'autant  plus  faciles  que  des 
équations  plus  siiu|)les  lieront  entre  eux  le  corps  explosif  et  ses  produits. 
Je  vais  examiner  à  ce  point  de  vue  les  poudres  au  nitrate  de  potasse,  au  ni- 
trate de  sonde  et  au  chlorate  de  potasse,  réservant  pour  la  troisième  Partie 
les  composés  explosifs  définis. 

§  I.  —  Poudres  fin  nitrate  île  pulasse. 

•>  1.  On  sait  que  leur  composition  varie  dans  des  limites  fort  étendues. 
Soit  d'abord  la  poudre  de  chasse.  Sa  composition  est  à  peu  près  celle  de  la 
poudre  étudiée  par  M.  Bunsen  (i).  En  déduisant  le  nitre,  le  soufre  et  le 
charbon  échappés  à  la  combustion  (2)  et  en  négligeant  les  produits  acces- 
s«fires,  on  arrive  à  l'équation  suivante  : 

8(AzO^KO)+6S+l3C  =  5(SO^RO)  +  2((:()^KO)^-KS  +  8Az+lICO^ 

laquelle  représente  assez  exactement  le.s  analyses. 

»  D'après  cette  équation,  i  kilogramme  de  poutlre,  en  brûlant  complè- 
tement sous  la  pression  atmosphérique,  dégage  (3)  644000'"' =;  Q,,  el 
donne  naissance  à  216  litres  de  gaz  permanents.  En  tenant  compte  des  gaz 
seulement,  et  d'après  les  hypothèses  faites  dans  la  première  Partie,  la  for- 


(i)  Cette  poudre  renfermait  : 

Nitre 78,9 

Soufre 9,8 

Charbon 11,0 

(2)  On  trouve  ainsi  par  expérience  : 

Nitre 81,9 

S i»,8 

C  pur 1,9 


(3)      Etat  initial  (calriilé  depuis 
les  éléments)  : 

8(AzOSKO)...  8X129500  =  1036000"' 


État  final  (calculé  depuis  les  éiémcnls  )  : 

5(S0%K0).  5Xi663oo  =:83i5oo 
?.  {CO%lCO).  2X137700=275400 
KS 45300 

1 1 co= II  X  47°o<' =^ ^17000 


I  I 669200 

Clialcur  dégagée  dans  la  réaction 633200  pour  983  grammes. 


(  669  ) 
mule 

„      /         ii6x        \'.>' 
P2  =  10,7     7T- 

exprime  la  relation  entre  le  poids  ,r  de  la  poudre  brûlé  dans  une  capacité 
constante  de  i  litre  et  la  pression  développée.  Cette  formule  ne  diffère  de 
celle  déjà  discutée  que  parce  cpi'elle  exprime  une  combustion  complète; 
«lie  fournit  des  nombres  un  peu  plus  forts. 

»  2.  Cependant  on  a  négligé  dans  ces  formules  la  vaporisation  des  com- 
posés salins.  Or  les  observations  de  Rumfordt  (i)  indiquent  que  les  com- 
posés produits  par  l'explosion  de  la  poudre  doivent  tous  affecter  la  forme 
gazeuse  dans  les  premiers  moments,  soit  qu'ils  subsistent  en  totalité  après 
refroidissement,  soit  que  l'état  de  combinaison  des  éléments  change  avec 
la  température  et  la  pression. 

»  Si  tous  les  composés  observés  à  froid  pouvaient  être  réellement  amenés 
à  l'état  gazeux,  sous  la  pression  o™,76o  et  à  une  températiu-e  convenable  t, 
leur  volu'iie  total  serait  3o6'"(i  +  at).  La  combustion  opérée  sous  le  vo- 
lume constant  de  3o6  litres  élèverait  la  température  à  t,  =  S'io-o"  (2). 
En  général,  on  aurait 

p,^30-»,5(^V'"'. 

'    "  \ lOOO  / 

!  kilogramme  de  poudre  brûlant  dans  une  capacité  égale  à  i  litre  dévelop- 
perait une  pression  de  ôSSoo""™  :=  ^o,  et  dégagerait  ^o/joooo"^"'  =  Qj.  Le 
travail  maximum  qui  pourrait  être  effectué  dans  ces  conditions  est 
7040000  X  l^25^^.  ■ 

»  Ces  chiffres  ne  diffèrent  pas  beaucoup  de  ceux  qui  ont  été  calculés  en 
négligeant  la  vaporit^ation  des  composés  salins.  Si  l'on  diminue  le  poids  de 
poudre,  on  augmente  l'écart  des  tieux  forniides;  mais  leur  marclie  générale 
demeure  la  même,  ainsi  que  les  inductions  tirées  de  leur  comparaison  avec 
les  expériences  de  Rumfordt. 


(1)  PioBERT,  Traité  d' Artillerie,  partie  théorique,  ?,°  tirage  de  la  seconde  édition,  p.  Saq. 

(2)  En  admettant  que  la  chaleur  spécifi([ue  moyenne  à  volume  constant  des  produits  de 
la  réaction  est  0,121,  nombre  auquel  on  arrive  par  les  hypothèses  de  Clausius  :  que  tous 
les  gaz  simples  ont  la  même  chaleur  spécifique,  et  que  la  chaleur  spécifique  à  volume  con- 
stant d'un  gaz  composé  est  égale  à  la  somme  de  celles  de  ses  éléments. 

On  néglige  d'ailleurs  la  chaleur  de  vaporisation  des  composés  salins;  nous  savons  par  les 
expériences  de  M.  Regnault  sur  les  vapeurs  que  cette  quantité  diminue,  à  mesure  (|ue  les 
pressions  s'accroissent  avec  les  températures. 

89.. 


(  670  ) 

.  »  3.  Poudre  de  guerre.  —  M.  Linck  (i)  a  analysé  la  pondre  de  guerre. 
En  déduisant  les  matières  échappées  à  la  combustion  (2)  et  les  produits 
accessoires,  les  analyses  de  l'auteur  peuvent  être  représentées  par  l'équation 
suivante  : 

8(AzO%KO)  +  6^S  +  i5C  =  4(S0%  KO)  +  2  |  (CO%  KO)  +  i  jRS» 

-+-8AZ  +  11  i-CO*+|cO. 

»  D'après  cette  équation,  1  kilogramme  de  poudre,  brûlée  complète- 
ment sous  la  pression  atmosphérique  à  zéro,  dégage  622  doo  calories  et 
donne  naissance  à  225  litres  de  gaz  permanents.  La  vaporisation  totale  de 
tous  les  composés  à  t°  produirait  3i4(n-  at)  sous  la  pression  normale. 
On  aura  donc  : 

»    1°  En  tenant  compte  seulement  des  gaz  permanents, 


P2  =  i3,3  ( — 

'  \IC 


2.7.5  X  \''^ 


-  o,43x^ 
»   2°  En  supposant  tous  les  produits  gazeux,  t,  =  5 100°; 

'  "^  \  I  000   / 

»  D'après  la  dernière  hypothèse,  i  kilogramme  de  cette  |>oudre  brûlant 
dans  un  espace  égal  à  i  litre  dévelop|KM-ait  62  700  atmosphères  =  p..  et  dé- 
gagerait 6  880  000  calories  ^  Qo. 

»  Tous  ces  nombres  diffèrent  peu  de  ceux  relatifs  à  la  poudre  de  chasse, 
c'est-à-dire  que  les  deux  poudres,  brûlées  dans  une  même  capacité  con- 
stante, développeraient  les  mêmes  pressions  et  pourraient  donner  lieu  au 
même  travail.  La  différence  de  leurs  effets  dans  les  armes  où  les  gaz  se  dé- 
tendent en  changeant  de  volume,  semble  due  principalement  au  mode  de 


(i)   Annalcn  dcr  Clicmic  iiiid  P/irirm.,  t.  CIX,  p.  53.  La  poiidie  analysée  contenait 

î^'"'»-^ , 74,7 

Soufre 12,45 

Charbon. 1 2 ,  ?.5 

{2)   On  trouve  ainsi  par  expérience  : 


Nitre .j8,7 

Sou  fre I  •->, ,  85 

Caihonc 8,55 


(  671   ) 
propagation  de  la  combustion,  moins  rapide  dans  la  poudre  de  chasse,  à 
cause  de  sa  constitution  physique  (i). 

»  4.  Dans  ce  qui  précède,  j'ai  représenté  la  combustion  de  la  poudre 
d'après  les  analyses  exécutées  sur  les  produits  réels.  Comparons  les  résul- 
tats avec  les  réactions  théoriques  c[ue  l'on  admettait  autrefois.  D'après 

l'équation 

AzO\  KO  +  S  -h  3C  =  3CO-  +  RS  +  N, 

t  kilogramme  de  poudre  devrait  dégager  420  000  calories,  en  brûlant  à 
zéro  et  sous  la  pression  o^^^Go.  Il  donnerait  naissance  à  33o  litres  de  gaz 
permanents  à  zéro.  Enfin  la  vaporisation  totale  produirait  à  <"  4i2'(i  +  c<^) 
sous  la  pression  normale. 

)i   On  tire  de  là,  dans  l'hypothèse  d'une  vaporisation  totale,  /,  ^  3390", 


'  '       \I000  / 


I  kilogramme  brûlant  dans  un  espace  égal  à  i  litre  développerait  65  200  at- 
mosphères et  dégagerait  5  3ooooo  calories. 

»  La  quantité  de  chaleur  dégagée  d'après  cette  équation  théorique  est 
beaucoup  plus  faible,  dans  toutes  les  conditions,  que  la  chaleur  dégagée 
dans  la  réaction  véritable.  En  d'autres  termes,  les  produits  qui  dégagent  le 
plus  de  chaleur  en  se  formant  sont  ceux  qui  se  forment  de  préférence, 
conformément  à  une  relation  très-générale  en  Chimie. 

»  5.  La  poudre  de  mine  renferme  un  excès  de  soufre  et  de  charbon,  par 
rapport  au  même  poids  de  nitre.  Les  composés  formés  dans  sa  combus- 
tion n'ont  pas  été  déterminés  par  des  analyses;  au  moins  dans  ces  der- 
niers temps.  C'est  pourquoi  je  me  bornerai  à  envisager  l'équation  théo- 
rique (a)  : 

AzO^KO  +  2S  +  4G  =  2CO-+  2CO  +  KS-  -h  Az. 

I  kilogramme  de  poudre  devra  dégager  38o  000  calories  (à  zéro  et  o™,  760) 
et  produire  355  litres  de  gaz  permanents.  La  vapoi'isation  totale  produirait 
426', 5 (i  H-  at)  sous  la  pression  normale. 

(i)   Piobeit,  loco  citaln,  p.  i36  et  i54. 

(2)   Rite  exige  : 

Nitre 65 ,  o 

Soufre. 20,0 

Carbone ■ iO,o 


(67a  ) 

»   Dans  l'hypothèse  de  la  vaporisation  totale,  /,  =  3ioo": 


/)2  =  1 2 , 4  - — - — 


I  kilogramme  de  poudre  de  raine,  brûlant  dans  nn  espace  égal  à  i  litre, 
développerait  63  3oo  atmosphères  et  dégagerait  4  900  000  calories. 

»   6.  Soit  enfin  la  poudre  avec  granil  excès  de  charbon,  laquelle  iournit 
plus  de  gaz  qu'aucune  autre  (i)  : 

AzO%KO  +  S  +  6C  =  6C0  4-  RS  +  Az. 


I  kilogramme  dégagerait  429/100  calories  (à  zéro  et  o"',y6o),  en  produi- 
sant 5io  litres  de  gaz  peruianenls.  La  vaporisation  totale  produirait  à  t" 
583' (i  -h  at)  sous  la  pression  normale.  D'où  t,  =  32oo"; 

1000 


p.2   —  1  2  ,  8  (  - 


]  kilogramme  brûlant  dans  un  litre  développerait  101  000  atmosphères  et 
dégagerait  6  3oo  000  calories. 

»  7.  Les  nombres  précédents  permettent  quelques  comparaisons  inté- 
ressantes entre  les  effets  produits  par  les  diverses  poudres. 

»  Supposons  une  poudre  brûlant  dans  un  espace  qu'elle  remplit  entière- 
ment, comme  il  arrive  dans  les  mines  et  dans  les  projectiles  :  on  peut  dis- 
tinguer les  phénomènes  de  dislocation,  dus  surtout  à  la  pression  initiale,  cl 
les  phénomènes  de  projection,  dus  au  travail  total.  Or  la  pression  théo- 
rique (2)  serait 

Pour  la  poudre  de  chasse 655oo  atmosphères. 

Pour  la  poudre  de  guerre (ic>.7oo  » 

Pour  la  pondre  de  mine ()33oo  » 

Pour  la  poudre  à  e.\cès  de  cliarbon loiooo  » 

»  Les  trois  premières  devront  donc  donner  lien  aux  mêmes  effets  de 
dislocation,  tandis  que  la  poudre  avec  excès  de  charbon  sera  beaucoup 
plus  efficace. 


(i)  Nitre 65,5 

Soufre 10,5 

Carbone 24  j** 

(2)  Calculée  dans  riiy|)ollièse  do  la  vaporisation  totale  (|ui  Inuniil  des  résultais  plus 
comparahli's.  Ou  ra])pclk'ra  que  la  densité  apparente  des  poudres  non  conipriniées  dilTère 
peu  de  celle  de  l'eau. 


(  673) 

M  Toutefois  ces  inductions  sont  subordonnées  aux  phénomènes  de  di- 
sociation,  lesquels  réduisent  la  pression  théorique  initiale  dans  une  pro- 
portion inconnue. 

»  Au  contraire,  le  calcul  de  la  chaleur  dégagée  à  volume  constant,  et 
par  conséquent  celui  du  travail  maximum  sont  indépendants  des  phéno- 
mènes de  dissociation.  Le  travail  maximum  sera  donc  proportionnel  aux 
nombres  suivants,  par  kilogramme  de  poudre  : 

Poudre  de  chasse 7042000  X  4^5 

Poudre  de  guerre 6880000 

Poudre  de  mine 49000°° 

Poudre  à  excès  de  charbon 63ooooo 

»  En  ti'autres  termes,  la  poudre  de  chasse  et  la  poudre  de  guerre  l'em- 
portent sur  les  autres  au  point  de  vue  du  travail  mécanique,  surtout  lorsque 
ce  travail  est  destiné  à  communiquer  instantanément  de  la  force  vive  aux 
éclats  d'un  projectile  brisé  par  l'effort  d'une  pression  intérieure  qui  s'est 
développée  à  volume  constant. 

M  Mais  si  la  communication  de  force  vive  se  faisait  peu  à  peu  et  pendant 
la  détente  progressive  des  gaz  à  volume  variable,  dans  un  canon  par 
exemple,  les  effets  seraient  plus  compliqués,  parce  qu'ils  dépendraient  des 
phénomènes  de  dissociation,  tels  que  nous  les  avons  discutés  dans  la  pre- 
mière Partie. 

§  .11.  —  Poudres  au  nitrate  de  soude. 

»  1.  Le  nitrate  de  soude  se  prête  aussi  bien  que  le  nitrate  de  potasse  à 
la  fabrication  des  poudres;  il  a  été  employé  en  grand  dans  les  travaux  de 
l'isthme  de  Suez  et  il  présente  une  économie  notable.  Malheureusement  ce 
sel  est  fort  hygrométrique  et  la  conservation  des  poudres  qu'd  concourt  à 
former  exige  des  précautions  spéciales.  Les  théories  thermiques  que  je  vais 
appliquer  augmenteront  l'intérêt  qu'il  peut  y  avoir, à  surmonter  ces  dif- 
licultés  en  inontrant  que  la  poudre  à  base  de  nitrate  de  soude  développe 
une  pression  plus  grande  que  la  poudre  au  nitrate  de  potasse,  sous  le 
même  poids,  et  peut  effectuer  un  travail  plus  considérable. 

»  2.  Soit  d'abord  une  composition  équivalente  à  celle  que  nous  avons 
admise  pour  la  poudre  de  chasse  et  pour  les  produits  de  sa  combustion, 
constatés  par  expérience  : 

8(AzO%NaOj  +  6S+  i3C=  5  (SO',  Na  O)  +  2  (CO-,  NaO) 

+  NaS  +  8Az-+- 11CO-. 


(  67/4  ) 

»  Cette  poudre  dégagera  à  équivalents  égaux  (1)  presque  la  même  quan- 
tité de  chaleur  que  la  poudre  à  base  de  potasse  :  647000  calories,  au  lieu 
de  633ooo,  et  elle  fournira  le  même  volume  de  j^az,  c'est-à-dire  212  litres 
de  gaz  permanents  à  zéro  et  o'",76o;  elle  fournirait  3oi'(i -I-  ut)  dans 
l'hypothèse  d'une  vaporisation  totale. 

)'  I  kilogramme  de  poudre  à  base  de  soude  fournira  769000  calories 
et  25i  litres  de  gaz  à  zéro  et  o'",76o;  la  vaporisation  totale  produira 
358'(n-(z<).  La  combustion  opérée  sous  le  volume  constant  de  358  litres 
élèvera  la  température  à  545o"  =  (,.  On  aura  encore 


j}„  =  2r''"" 


1  000 


quantité  plus  grande  que  celle  qui  répond  à  la  poudre  à  base  de  potasse. 

»  Les  quantités  de  chaleur  Qo  seront  aussi  plus  considérables. 

»  I  Idlogiamme  de  poudre  à  base  de  nitrate  de  soude,  brûlé  dans  une 
capacité  égale  à  i  litre,  développera  une  pression  théorique  de  85Soo  atmo- 
sphères et  dégagera  9600000  calories. 

»  Ces  nombres  sont  plus  élevés  d'un  tiers  environ  que  les  nombres 
calculés  pour  un  même  poids  de  poudre  à  base  de  potasse. 

»  En  général  les  poudres  à  base  de  soude  doivent  développer  des  pres- 
sions plus  fortes  et  une  quantité  de  chaleur,  c'est-à-dire  de  travail,  plus 
grande  que  le  même  poids  des  poudres  à  base  de  potasse  et  à  composition 
équivalente.  En  effet,  l'expérience  prouve  que  la  substitution  du  sodium 
au  potassium  dans  un  sel  défini,  soit  dissous,  soit  anhydre,  donne  lieu  à  un 
dégagement  de  chaleur  presque  constant,  quelle  que  soit  la  nature  du  sel. 
Or  le  métal  alcalin  existant  sous  la  forme  saline,  aussi  bien  dans  la  poudre 

(  1  )  État  initial  : 

8(AzO»NaO) 97<3,ooo 

État  final  : 

5(S0',  NaO) :..  .  795,500 

2(C0%Na0) ■ aG8,ooo   • 

NaS  (environ! ' 43>ooo 

1 1  CO- 517, 000 

1623,500 

Chaleur  dégagée  dans  la  réaction  647 4oo  calories  pour  842  grammes  de  poudre. 
La  chaleur  spécifique  moyenne  à  volume  constant,  dans  l'hypothèse  de  la  vaporisation 

iotale,sera^94?^^  =  o.'4«. 
042 


(  6-]5  ) 
que  clans  les  produits  de  la  combustion,  son  influence  est  éliminée  dans 
l'évaluation  de  la  chaleur  dégagée  par  la  combustion;  elle  est  éliminée, 
dis-je,  lorsque  l'on  évalue  la  chaleur  pour  des  poids  équivalents  de  sels 
de  soude  et  de  sels  de  potasse.  A  poids  égaux,  au  contraire,  on  obtiendra 
beaucoup  pins  de  chaleur,  de  même  qu'on  obtiendra  un  volume  gazeux 
plus  considérable,  attendu  que  l'équivalent  du  sodium  est  pins  faible  que 
celui  du  potassium. 

§  III.  -—  PoudiT  au  (  hlorate  de  potasse. 

»  La  poudre  au  chlorate  de  potasse  a  été  fabriquée  autrefois  dans  les 
proportions  suivantes  : 

Chlorate 75,  o 

Soufre 12,5' 

Charbon 12, 5 

»  Cette  poudre  est  éminemment  brisante;  sa  préparation  a  donné  lieu  à 
de  terribles  accidents.  Voyous  si  la  théorie  peut  rendre  coinpie  (1(>  .sem- 
blables propriétés. 

»   La  composition  précédente  répond  aux  rapports 

3(ClO%KO)  +  4S  +  loC  =  3KC1  •+-  /^SO-  +  loCO. 

»  I  kilogramme  de  cette  poudre  (i)  dégagera  g'jaooo  calories;  elle 
fournira  3i8  litres  de  gaz  permanents  à  zéro  et  o"",  ■760;  ou  bien  encore 
38G'(i  +  «/),  à  f^  et  sous  la  pression  normale,  dans  l'hypolhése  de  la  vapo- 
risation totale  (2).  Dans  cette  même  hypothèse, 

t,  =  9090°, 

/.,  =  33-(^-«A^V-'', 
'  '  \ 1000  / 

(r)   F.tut  initial  (li'|)iiis  les  éléments  : 

3(CI0SK0) 110,400 

F.tat  final  : 

3KCI 3o8,ioo 

4S0' i55,2oo 

loCO 125, oûo 

588, 3oo 
588,3  —  110,4=^  477  '9  1»""'  o''^,/^Ç)2  de  pondre. 

(2)   Dans  celte   même  hypothèse,  la  chaleur  spécifique  moyenne  à  volume  constant  des 

produits  serait 

2,4  X  22 

-. =  0,107. 

C.  R.,  1S70,  1'  Semestre.  (T.  LXXI,  N»  iiO.)  QO 


(  676  ) 

valeurs  plus  fortes  que  celles  qui  répondent  à  presque  toutes  les  poudres  à 
base  de  nitrates. 

»  I  kilogramme  de  poudre  à  base  de  chlorate,  brûlé  dans  une  capacité 
égale  à  i  litre,  développera  une  pression  lli 'oritpie  de  il\G!\oo  atmosphères, 
et  dégagera  i  100  000  calories. 

»  Les  pressions  exercées  par  cette  poudre  sont  donc  plus  grandes,  et 
les  quantités  de  chaleur  développées  plus  considérables,  c'est-à-dire 
qu'elle  doit  produire  à  la  fois  des  effets  de  dislocation  et  des  effets  de  pro- 
jection supérieurs  à  ceux  des  poudres  aux  nitrates.  Ces  conclusions  s'ac- 
cordent parfaitement  avec  les  faits  connus. 

»  L'extrême  facilité  avec  laquelle  détonne  la  poudre  au  chlorate  de 
potasse,  sous  l'influence  du  moindre  choc,  est  une  conséquence  de  la  grande 
quantité  de  chaleur  dégagée  par  la  combustion  des  parcelles  enflammées 
tout  d'abord  :  cette  chaleur  élève  la  température  des  parties  voisines  da- 
vantage avec  la  poudre  au  chlorate  qu'avec  la  poudre  au  nitrate,  et  elle 
propage  ainsi  plus  aisément  la  réaction  dans  toute  la  masse.  L'influence  en 
est  d'autant  plus  marquée  que  la  chaleur  spécifique  des  composants  est 
moindre  (i),  et  que  la  réaction  commence  avec  le  chlorate,  d'après  les 
faits  coimus,  à  une  température  plus  basse  qu'avec  le  nitrate  de  potasse. 

»  Tout  concourt  donc  à  rendre  plus  facile  l'infliumnatioi)  de  la  poudre  à 
base  de  chlorate  de  potasse. 

»  Non-seulement  la  poudre  au  chlorate  est  plus  énergique  et  plus  in- 
flammable, mais  ses  effets  sont  plus  rapides  :  c'est  une  poudre  brisante.  La 
théorie  peut  encore  rendre  compte  de  cette  propriété.  En  effet,  les  com- 
posés produits  par  la  combustion  de  la  poudre  au  chlorate  sont  tous  des 
composés  binaires,  les  plus  simples  de  tous  et  les  plus  stables,  tels  que  le 
chlorure  de  potassium,  l'oxyde  de  carbone,  l'acide  sulfureux.  De  tels  com- 
posés doivent  éprouver  les  phénomènes  de  dissociation  à  une  tem|)érature 
plus  haute  et  d'une  manière  moins  marquée  que  les  combinaisons  plus 
complexes  et  plus  avancées,  telles  que  le  sulfate  de  potasse  et  le  carbonate 
dépotasse,  ou  bien  encore  l'acide  carbonique,  combinaisons  produites  par 
la  poudre  au  nitrate.  C'est  pourquoi  les  pressions  développées  dans  les  pre- 
miers moments  seront  plus  voisines  des  pressions  théoriques  avec  la  poudre 
au  chlorate  qu'avec  la  poudre  au  nitrate,  et  la  variation  des  pressions  pro- 
duites durant  la  détente  des  gaz  sera  plus  brusque,  étant  moins  ralentie 


(i)  En  effet,  ces  deux  |)ou(lres  ne  diffèrent  que  par  la  substitution  du  chlorate,  dont  la 
clialeiir  spiVifi(|ue  est  0,209;  au  nitrate  dont  la  chaleur  spéri(i(iue  est  o,?3f). 


(  ('77  ) 
par  le  jeu  des  combinaisons  successivement  reproduites  pendant  la  durée 
du  refroidissement. 

»  Les  explications  qui  viennent  d'être  données  ne  s'appliquent  pas  seu- 
lement aux  poudres  dans  lesquelles  le  chlorate  de  potasse  est  uiélangé  avec 
le  charbon  et  le  soufre,  comparées  avec  les  poudres  analogues  à  base  de 
nitrate;  elles  comprennent  aussi  toute  poudre  formée  par  l'association  des 
mêmes  sels  avec  d'autres  substances  organiques.  On  peut  montrer  qu'il 
en  est  ainsi  sans  entrer  dans  des  calculs  spéciaux,  pour  lesquels  les  don- 
nées précises  feraient  d'ailleurs  défaut.  En  effet,  nos  comparaisons  reposent 
sur  les  données  suivantes,  lesquelles  présentent  un  caractère  de  généralité  : 

»  i"  La  quantité  de  chaleur  dégagée  dans  la  formation  de  i  gramme  de 
chlorate  de  potasse  à  partir  des  éléments,  soit  3oo  calories,  est  bien  moindre 
que  la  quantité,  1280  calories,  dégagée  dans  la  formation  du  même  poids 
de  nitrate.  Or,  à  poids  égaux,  les  deux  sels  fournissent  aux  corps  qu'ils 
oxydent  la  même  quantité  d'oxygène;  d'où  il  suit  qu'ils  doivent  être  em- 
ployés à  poids  égaux  dans  la  plupart  des  cas.  La  formation  des  mêmes 
composés  dégagera  donc  plus  de  chaleîir  avec  le  chlorate  qu'avec  le  nitrate, 
et  l'excès  subsiste  même  en  tenant  compte  de  l'union  des  acides  du  soufre 
et  du  carbone  avec  la  potasse  du  nitrate. 

1)  2°  Le  volume  des  gaz  permanents  est  plus  grand  avec  le  chlorate  de 
potasse  qu'avec  le  nitrate,  parce  que  le  potassium  du  premier  sel  demeure 
sous  forme  de  chlorure,  tout  l'oxygène  se  portant  sur  le  soufre  et  le  car- 
bone pour  produire  des  gaz;  tandis  que  le  potassium  du  nitrate  relient  une 
partie  de  l'oxygène,  en  même  temps  qu'il  amène  une  portion  du  soufre  et 
du  carbone  à  l'état  de  com|)osés  salins  et  fixes. 

»  Ce  grand  volume  de  gaz  accroît  la  pression,  même  à  une  température 
égale  et  à  fortiori  à  une  température  plus  élevée. 

»  3"  Les  composés  formés  avec  le  chlorate  étant  plus  simples  en  général 
qu'avec  le  nitrate,  la  dissociation  doit  être  moins  marquée,  et  par  suite  le 
jeu  des  pressions  sera  à  la  fois  plus  étendu,  parce  que  la  pression  initiale  est 
plus  forte;  et  plus  brusque,  parce  que  l'état  de  combinaison  des  éléments 
varie  entre  des  limites  plus  resserrées.  » 

TIIERMOCHIMIE.  —  Chaleur  de  formation  des  composés  azotiques. 
Note  de  M.  Bkrthei.ot,   présentée  par  M.  Bertrand. 

»  Pour  comparer  la  force  des  diverses  poudres  entre  elles  et  avec  les 
autres  matières  explosives,  il  faut  savoir  la  nature  des  réactions  accomplies 

90.. 


(678  ) 

dans  l'acte  de  la  combustion  et  les  quantités  de  chaleur  dégagées  par  les- 
dites  réactions.  Or,  le  calcul  de  ces  quantités  exige,  dans  la  plupart  des 
cas,  la  connaissance  de  la  chaleur  de  formation  de  l'acide  azotique  et  de 
l'azotate  de  potasse  par  leurs  éléments,  quantités  qui  étaient  demeurées  in- 
connues jusqu'à  présent.  J'ai  réussi  à  les  évaluer  en  faisant  concourir  les 
déterminations  calorimétriques  de  MM.  Dulong,  Hess,  Graham,  Favre  et 
Silberuiann,  Andrews,  Woods,  Thomsen,  Deville  et  Hautefeuille,  etc.,  avec 
les  expériences  de  MM.  Bunsen  et  Schischkoff.  En  admettant,  avec  ces  der- 
niers auteurs,  que  leur  donnée  calorimétrique  s'applique  à  la  formation  des 
substances  mêmes  trouvées  dans  leurs  analyses,  je  suis  arrivé  aux  valeius 
thermiques  que  voici  (i)  : 

I"  Formation  dabioxy de  d'azute. 

Az  4-  0-  =  AzO' 7000  calories. 

AzO+0=A20^ 16000        » 

aAzO  =  AzO^  +  Az.  , .    24600       » 

(i)  En  raison  de  rimportance  de  ces  valeurs,  je  crois  util(!  d'en  exposer  le  calcul. 
I.   —  Chaleur  de  formation  par  les  éléments  des  corps  qui  concourent  h  la  réaction. 

AzO' 3o  grammes.      Az4-0^  =  AzO'  dégage  .r  :  c'est  l'inconnue  qu'il  s'agit  de 

déterminer. 

AzOSKO lOI^'-,!  I224oo"'  +  a: 

co' 22  47000 

CO 14  12600 

CO%KO 6g  137'joo  environ 

SO%KO 87  i663oo 

KS 55  45300 

S'0%KO 1)5  1 38000  environ 

C'KAzS' (*) 

HO 9  34500 

3C0',2(AzH%H0).  ii8  3iiooo  environ 

HS 17                        23oo. 

Charbon.  —  Le  charbon  employé  dans  la  fabrication  de  la  poudre  n'est  pas  du  carbone 
pur;  il  renferme  de  l'hydrogène  et  de  l'oxygène,  à  peu  près  dans  les  pr()j)orliuns  de  l'eau. 
Par  exemple,  le  charbon  de  la  poudre  (]«e  M.  Bunsen  a  étudiée  contenait  sur  11,0  parties 
C^7,6;  H=:o,4;  0  =  3,0,  Or,  la  combustion  des  charbons  hydrogénés  fournil  plus 
de  chaleur  que  celle  qui  répondrait  au  carbone  qu'ils  renferment,  l'hydrogène  et  l'oxygène 
étant  su|)posés  à  l'état  d'eau  préexistante,  c'est-à-dire  ne  concourant  plus  à  la  production  de 
la  chaleur.  Ainsi,  MM.  Favre  et  Silbermann,  en  brûlant  de  la  braise  de  boulanger  (qui  con- 
tenait pour  1  gramme  de  carbone  o"',027  d'hydrogène),  ont  trouvé  5244°  calories,  au  lieu 

(  *)  Le  l'oiils  de  ce  corps  qui  inlcrvient  étanl  Irès-petil,  on  Ta  évalue  comme  suH'uic  de  potassium. 


(  679  ) 


2°  Formation  de  l'acide  azotique. 

Az  +  O'  -t-  H  =  AzOSHO  pur  et  liquide 545oo  calories. 

Az  4-  0*  +  H  =:  AzO%HO  gazeux  . .      environ  45ooo        " 
Az  +0«  +  H  =  AzOSHO  étendu 62000       » 

AzO  -h  O'  -t-  H  =  AzOSHO  pur. .  .   63ooo  calories;     étendu.  .  .    70600  calories. 
AzO^  +  0'4- H  =  AzOSHO     »...   47600       >.  55ooo 

cal  cal  c3 

Az  +  0'  + HO  i^AzOSHO  liquide  et  pur  20000;  étendu  27600,     gazeux,  env.  i5oOo. 

AzO -t-0* +  HO=:AzOSHO  »  28600;  »  36ooo. 

AzO=-l-0' +  HO^rAzOSHG  "  i3ooo;  »  20600. 

AzOSHOétendu +0'  =  AzOSHO  »  »  •'  27000. 

3°  Formation  des  azotates. 


Azotate  de  potasse Az  -I-  O'  +  K  =  AzOMCO  solide 

Azotate  de  soude Az -4- 0«  +  ]Na  =  AzOSNaO 

Azotate  d'ammoniaque.  .  Az^  +  O"  4- H*  ==  AzO>,  AzH',HO    » 

Azotate  de  plomb Az  + O" -(- Pb  =:  AzOSPbO 

Azotate  d'argent Az  +  0* -)- Ag  =  AzOS  AgO  " 

4°  Formation  des  azotites. 
»  L'acide  azoteux  AzO%  HO  formé  en  solution  étendue  par 


Az  +  0'  +  H       dégage .  .  .    345oo"'  ; 
AzO-f-O'-l-H        ..      ...    43000; 
AzO'  +  O'+H        »      ...    27600; 


par  Az  4-  O^  -+  HO .  . 
..  AzO +  0=4- HO. 
..     Az0=4-04-H0.. 


1 29600  calories. 

122000        •> 

ii4ooo       » 

66600       » 

46000        » 


o"' 

■  8600  ; 

■  6600. 


de  47000,  pour  6  grammes  de  carbone  ;  ce  qui  fait  un  excès  de  go6  calories  par  gramme. 
J'admettrai  ce  chiffre  pour  le  carbone  du  charbon  de  la  poudre. 

n.  —  Etat  initial  de  la  poudre  employée. 

Poids  des  composants      Clialeur  déjà  dégagée 
en  cenliènies.  dans  leur  formation. 


AzOSKO 78,9 

S 9>8 

(C...  7,6  j 

Charbon       H...  0,4  ' 

(  O...  3,0  ) 

Chaleur  dégagée. 


96600  4-  J—^  X 


34600X0,4  —  906 X  7, 6:=  6900 


102600 


78,9 


(  Voif  la  biiite  de  la  note  à  la  |Kige  suivante.) 


(  68o  ) 

Azotitc  de  potasse.  ..  .    Az  +  O' +  K  =  AzO%KO  solide env.    102000"'; 

Azotite  d'ammoniaque.  Az'-t- O' -t-H'  =  AzO%  AzH',  HO   solide env.     87000; 

»  »  Az'-+- 0'+ H' ^  AzO',AzH% HO  dissous  ou  fondu  ..  .      80000(1). 

IH.  —  État  final. 

SO\KO 42,2  80600 

CO%KO 12,6  25ooo 

S^OSKO 3,2  4400 

KS 2,1  2200 

C'AzKS' 0,3  So» 

3C0%2(AzH',H0).     2,8  7400 

3  n 
AzOSKO 3,7  4400 +  -^j 

■*  lOI 

Charbon 0,7  4oo 

S o,  !  G 

co^ 20,1        4^900 

CO 0,9  800 

Az 9,9  o 

HS 0,18  20 

H 0,02  o 

O 0,14  o 

qS.q  168430  H —x 

•        ■  lOI 

o»o4 
Perte i ,  1  1  qoo  H -v 

lOI 

l'7o320  H —X. 

101 

/?     /? 
Différence  entre  l'état  initial  et  l'état  final  :  67  820  —  - — - —  x. 

'  ICI 

L'expérience  a  donné  6i  qSo.   Donc  x  =;  7  65o,  ou  plus  simplement  7  000. 
Ce  chiffre  ne   doit  être  regardé  que  comme  provisoire,  à  cause  de  la   complication   des 
réactions  qui  ont  servi  à  le  calculer. 

(1)  Voici  quelques  nombres  relatifs  aux  décompositions  de  l'azotite  d'ammoniaque  et  do 
l'azotate  d'ammoniaque. 

PrciHiration  de  l'azote  par  l'azotite  d'aiiimoriinqur. 

AzO',AzH',  HO  dissous  =  Az'-1-2H'0=  dégage 58ooo  calories; 

AzO',AzH\ HO  fondu    =  Az'-t-2H'0' (gaz)     38ooo 

Préparatian  du  protoxyde  d'iizotc  par  l 'azotate  d'ammoniaque. 

AzOSAzH',HO  (fondu)  =  Az'O' +  aH'O'  (gaz)  absorbe 7500  calories. 

J'ai  expliqué  cette  réaction  anormale  en  adiucltant  une  décomposition  préalable  du  sel  en 


(  68.   ) 

»  Ces  chiffres  exigent  de  nouvelles  expériences,  avant  d'être  admis 
comme  définitifs.  Cependant,  j'ai  cru  devoir  les  présenter  parce  que  les 
réactions  qu'ils  expriment  jouent  un  rôle  très-important  dans  les  études  de 
philosophie  chimique.  Dès  à  présent,  ces  chiffres  permettent  de  comparer 
les  effets  thermiques  et  mécaniques  produits  par  la  plupart  des  matières  ex- 
plosives. » 

(Le  travail  dont  sont  extraites  ces  deux  Notes  et  celle  qui  a  été  imprimée 
au  Compte  rendu  de  la  précédente  séance  sera  soumis  à  l'examen  d'ime 
Commission  composée  de  MM.Morin,  Balard  et  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

M.  Delacroix  adresse  une  Note  sur  un  système  de  ballons  dirigeables 
différent  à  plusieurs  égards  de  celui  dont  il  avait  fait  l'objet  d'une  Commu- 
nication indiquée  au  Compte  rendu  delà  séance  du  lo  novembre  dernier. 

(Commission  précédemment  nommée  :  MM.  Morin,  Delaunay, 

Dupuy  de  Lôme.) 

M.  DcPKis  soumet  au  jugement  de  l'Académie  le  projet  d'un  système  de 
navigation  aérienne  dans  lequel  l'aéronaute  emploierait  pour  s'élever  et  se 
diriger  un  appareil  analogue  aux  ailes  de  l'oiseau,  tandis  qu'un  ballon  sou- 
tiendrait une  assez  grande  partie  du  poids  total  de  son  corps  pour  que 
l'excédant  fût  au-dessous  de  ce  que  lui  permettraient  de  mouvoir  ses  forces 
musculaires. 

(Renvoi  à  la  même  Commission.) 

M.  Brachet  envoie  une  nouvelle  Lettre  sur  les  appareils  aérostatiques 
et  les  services  qu'on  en  peut  tirer  en  temps  de  guerre. 

(Renvoi  à  la  même  Commission.) 


acide  asotique  gazeux  et  ammoniaque,  entre  lesquels  s'exercerait  l'action   véritable.    En 
effet  : 

AzO^HO  (gaz)-4-AzH'  =  Az'O^  +  aH^O'  dégage SaSoo  calories. 

Les  décompositions  explosives  de  l'azotate  d'ammoniaque  dégagent  les  quantités  de  cha- 
leur suivantes  : 

AzOSAzHSHO(fondu)  =  Az'-h  O'-l-aH^O'  (gaz) +10000  calories; 

AzOSAzH%HO(fondu)  =  AzO'+ Az-+-2H20^{gaz)..  .    +17000 

Les  inductions  que  j'avais  développées  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4'  série, 
t.  XVIII,  p.  61  et  68  se  trouvent  ainsi  confirmées  et  précisées. 


(  682  ) 

CORRESPONDANCE. 

31.  LE  Mi.MSTKE  DE  l'I!V.struction  PUBLIQUE  aiiHonce  à  l'Académie  qu'il 
l'autorise,  ainsi  qu'elle  l'avait  demandé,  à  prélever  sur  les  reliquats  <les 
fonds  Montyon  une  somme  de  5ooo  francs  destinée  à  couvrir  en  partie  les 
frais  d'une  mission  scientifique  confiée  à  M.  Jcmssen. 

Cette  mission  a  pour  objet  de  permettre  à  M.  Janssen  de  continuer,  à 
l'occasion  de  l'éclipsé  solaire  du  22  décembre  prochain,  en  Algérie,  en 
Espagne  ou  en  Sicile,  les  observations  spectroscopiques  qu'il  a  poursuivies 
dans  l'Inde  en  1869,  et  pour  lesquelles  il  aura  à  faire  construire  de  nou- 
veaux instruments. 

Adhésion  de  la  Socié.lé  centrale  d' Agriculture  de  France  à  la  pinlcstation 
de  l'Institut  contre  la  menace  de  bombardement. 

«  La  Société,  dans  sa  séance  de  rentrée  du  3  novembre  iH'yo,  a  repris 
ses  travaux  en  s'associant  par  un  vote  unanime  à  la  déclaration  formulée 
par  l'Institut  de  France  contre  la  menace  du  bombardement  de  Paris 

»  Elle  a  chargé  son  Bureau  d'adresser  aux  Présidents  des  cinq  classes  de 
llnstitut  une  adhésion  complète  à  sa  protestation.  » 

(Suivent  les  signatures  du  Président,  M.  Chevreul,   du  Secrétaire 
perpétuel,  M.  Payen,  et  de  tous  les  Membres  présents.) 

M.  LE  Seckétaire  perpétuel  signale  une  pièce  imprimée  de  la  Corres- 
pondance comme  offrant  (indépendamment  de  la  valeur  qu'elle  a  par  elle- 
même)  un  intérêt  d'actualité;  cette  |)ublication  est  intitulée  :  «  Premiers 
secours  à  doimer  aux  blessés  sur  le  champ  de  Ijataille  et  dans  les  ambu- 
lances; parle  1)''  11.  liernard,  j^récédée  d'une  Iiilroduclioii  par  7. -A'.  J)e- 
marquajr  » . 

M.  Dumas  couHnunique  la  Lettre  siiivanlede  M"""  D'Arcel-Lecoinlre,  cpii 
l'a  chargé  d'ollrir,  au  nom  de  sa  nure  M"'*  V™  D'Arcet  et  au  sien,  à 
l'Académie,  des  Notes  et  Mémoires  en  partie  inédits  et  se  rapportant  prin- 
cipalement aux  recherches  du  savant  Académicien,  Joseph  D'Arcet ,  sur 
la  gélatine  des  os  et  son  emploi  alimentaire. 

n  Je  fais  porter  chez  vous  les  cinq  carions  qui  contiennent  les  travaux 
»   de  mon  père  sui'  la  gélatine. 


(  683  ) 

»  Je  suis  heureuse  de  les  offrir  sous  vos  auspices  à  l'Académie  et  je  vous 
»  serai  très-reconnaissanle,  Monsieur,  de  vouloir  bien  rappeler  à  celte  occa- 
»  siou  le  nom  de  mon  digne  père  et  sa  vie  occupée  en  grande  partie  et 
)>  même  sacrifiée  à  faire  employer  et  accepter  cet  aliment  et  à  venir  ainsi 
»  d'nne  manière  si  efficace  au  secours  des  indigents. 

»  Nous  devions  toujours  offrir  ces  travaux  à  l'Académie,  c'est  un  devoir 
»  filial,  et  l'initiative  prise  par  vous,  Monsieur,  en  ce  moment  d'épreuves, 
»   le  rend  des  plus  opportuns. 

»  Croyez  bien,  je  vous  prie.  Monsieur,  à  toute  ma  considération  et  à  ma 
»   vive  gratitude.   » 

AÉROSTATION.  —  Expériences  du  système  Giffard. 

M.  Dnpuy  de  Lôme,  dans  la  séance  du  3i  octobre  dernier,  mentionnait  en 
termes  des  plus  honorables  les  travaux  de  cet  ingénieux  aéronaute  et  ex- 
primait le  regret  de  n'en  avoir  eu  connaissance  que  depuis  qu'il  avait  fait 
à  l'Académie  sa  première  publication.  Les  expériences  qui  ont  prouvé 
tout  ce  que  l'on  pouvait  attendre  de  ce  système  n'ont  pas  eu  en  effet  toute 
la  publicité  qu'elles  méritaient,  et,  comme  l'inventeur  ne  peut  maintenanten 
faire  l'objet  d'une  Communication  directe  à  l'Académie,  M.  de  Fouvielle  a 
pensé  qu'elle  accueillerait  avec  intérêt  le  récit  original  qu'a  donné  M.  Gif- 
fard lui-même  dans  le  journal  la  Presse,  numéro  du  26  septembre  iSSa. 

Description  du  premier  aérostat  à  vapeur;  pur  M.  H.  Giffard. 

«  L'appareil  aéronautique  dont  je  viens  défaire  l'expérience  a  présenté 
pour  la  première  fois,  dans  l'atmosphère,  la  réunion  d'une  machine  à  va- 
peur et  d'un  aérostat  d'une  forme  nouvelle  et  convenable  pour  la  direction. 
Ce  dernier  est  allongé  et  terminé  par  deux  pointes;  il  a  12  mètres  de  dia- 
mètre au  milieu  et  44  mètres  de  longueur;  il  contient  environ  aSoo  mètres 
cubes  de  gaz;  il  est  enveloppé  de  toutes  parts,  sauf  à  sa  partie  supérieure  et 
aux  pointes,  d'iui  filet  dont  les  extrémités  ou  pattes  d'oie  viennent  se  réunir 
à  une  série  de  cordes  fixées  à  une  traverse  horizontale  en  bois  de  20  mètres 
de  lon^^ueur.  Cette  traverse  porte  à  son  extrémité  une  espèce  de  voile  trian- 
gulaire assujettie  par  un  de  ses  côtés  à  la  dernière  corde  partant  du  filet  et 
qui  lui  tient  lieu  de  charnière  ou  axe  de  rotation.  Cette  voile  représente  le 
gouvernail  et  la  quille;  il  suffit,  au  moyen  de  deux  cordes,  qui  viennent  se 
réunir  à   la  machine,  de  l'incliner  de  droite  à  gauche  pour  produire  une 

C.  R.,  1870,  -i»  Semestre.   (T.   LXXI,   N»  20.)  9' 


(  684  ) 
déviation  correspondante  à  l'appareil  et  changer  de  direction;  à  défaut  de 
cette  manœuvre,  elle  revient  aussitôt  se  placer  d'elle-même  dans  l'axe  de 
l'aérostat,  et  son  effet  normal  consiste  alors  à  servir  de  quille  on  girouette, 
c'est-à-dire  à  maintenir  l'ensemble  du  système  dans  la  direction  du  vent 
relatif. 

»  A  6  mètres  au-dessous  de  la  traverse  est  suspendue  la  machine  à 
vapeur  et  tous  ses  accessoires. 

»  Elle  est  posée  sur  une  espèce  de  brancard  en  bois  dont  les  quatre  extré- 
mités sont  soutenues  par  les  cordes  de  suspension,  et  dont  le  milieu,  garni 
de  planches,  est  destiné  à  supporter  les  personnes  et  l'approvisionement 
d'eau  et  de  charbon. 

»  La  chaudière  est  verticale  et  à  foyer  intérieur,  sans  tubes;  elle  est 
enveloppée,  extérieurement,  en  partie,  d'une  enveloppe  en  tôle  qui,  tout  en 
utilisant  mieux  la  chaleur  du  charbon,  permet  aux  gaz  de  combustion  de 
s'écouler  à  une  plus  basse  température;  la  cheminée  est  dirigée  de  haut  en 
bas,  et  le  tirage  s'y  opère  au  moyen  de  la  vapeur  qui  vient  s'y  élancer 
avec  force  à  sa  sortie  du  cylindre  et  qui,  en  se  mélangeant  avec  la  fumée, 
abaisse  encore  considérablement  sa  température,  tout  en  la  projetant 
rapidement  dans  une  direction  opposée  à  celle  de  l'aérostat. 

»  La  combustion  du  charbon  a  lieu  sur  une  grille  complètement  entou- 
rée d'un  cendrier,  de  sorte  qu'en  définitive  il  est  impossible  d'apercevoir 
extérieurement  la  moindre  trace  de  feu.  Le  combustible  que  j'emploie  est 
du  coke  de  bonne  qualité. 

»  La  vapeur  produite  se  rend  aussitôt  dans  la  machine  proprement  dite; 
celle-ci  est  un  cylindre  vertical  dans  lequel  se  ment  un  piston,  qui,  par 
l'intermédiaire  d'une  bielle,  fait  tourner  l'arbre  coudé  placé  au  sommet. 

»  Celui-ci  porte  à  son  extrémité  une  hélice  à  trois  palettes  de  3'",4o  de 
diamètre,  destinée  à  prendre  le  point  d'appui  sur  l'air  et  à  faire  progresser 
l'appareil.  La  vitesse  de  l'hélice  est  d'environ  i  lo  tours  par  minute,  et  la 
force  que  développe  la  machine  pour  la  faire  tourner  est  de  3  chevaux,  ce 
qui  représente  la  puissance  de  sS  à  3o  hommes. 

»  Le  poids  du  moteur  proprement  dit,  indépendamment  de  l'approvi- 
sionnement et  de  ses  accessoires,  est  de  loo  kilogrammes  pour  la  chaudière 
et  de  58  pour  la  machine.  En  tout  i  5o  kilogrammes,  soit  5o  par  force  de 
cheval  ou  5  à  6  par  force  d'homme;  de  sorte  que  s'il  s'agissait  de  produire 
le  même  effet  parce  dernier  moyen,  il  faudrait,  ce  qui  serait  impossible, 
enlever  2,5  à  3o  hommes,  c'est-à-dire  un  poids  moyen  de  i  8oo  kilogranunes, 
douze  fois  plus  considérable. 


(  685  ) 

u  De  chaque  côté  de  la  machine  sont  deux  bâches,  dont  l'une  contient 
le  combustible,  et  l'autre  l'eau  destinée  à  être  refoulée  dans  la  chaudière 
au  moyen  d'une  pompe  mue  par  la  tige  du  piston.  Cet  approvisionnement 
l'eprésente  également  la  quantité  de  lest  dont  il  est  indispensable  de  se 
munir,  même  en  assez  grande  ([uantité,  poiu'  parer  aux  fuites  du  gaz  par 
les  pores  du  tissu  ;  de  sorte  qu'ici  la  dépense  de  la  machine,  loin  d'être  nui- 
sible, a  pour  effet  très-avantageux  de  délester  progressivement  l'aérostat 
sans  avoir  recours  aux  projections  de  sable  ou  à  tout  autre  moyen  em- 
ployé habituellement  dans  les  ascensions  ordinaires.  Enfin,  l'appareil  mo- 
teur est  monté  tout  entier  sur  quelques  roues  mobiles  en  tout  sens,  ce  qui 
permet  de  le  transporter  facilement  à  terre;  cette  disposition  pouvant,  en 
outre,  être  utile  dans  le  cas  où  la  machine  viendrait  toucher  le  sol  avec  une 
certaine  vitesse  horizontale. 

»  Si  l'aérostat  était  rempli  de  gaz  hydrogène  pur,  il  pourrait  enlever  en 
totalité  2800  kilogrammes,  ce  qui  lui  permettrait  d'emporter  une  machine 
beaucoup  plus  forte  et  un  certain  nombre  de  personnes.  Mais,  vu  les  diffi- 
cultés de  toute  espèce  de  s'en  procurer  actuellement  un  pareil  volume,  il  est 
nécessaire  d'avoir  recours  au  gaz  d'éclairage  dont  la  densité  est,  comme  on 
le  sait,  supérieure  à  celle  de  l'hydrogène;  de  sorte  que  la  force  ascension- 
nelle totale  se  trouve  diminuée  de  i  000  kilogrammes  et  réduite  à  i  800  en- 
viron distribués  comme  suit  : 

Aéorostat  avec  la  soupape 32o''i' 

Filet i5o 

Traverse,  corde  de  suspension,  gouvernail,  corde  d'amarrage.  . 3oo 

Machine  et  chaudière  vide ïoo 

Eau  et  charbon  contenus  dans  la  chaudière  au  moment  du  départ 60 

Châssis  de  la  machine,  brancard,  planches,  roues  mobiles,  bâches  à  eau  et  chai'bon .  ^20 

Corde  traînante  pour  arrêter  l'appareil  en  cas  d'accident 80 

Poids  de  la  personne  conduisant  l'appareil 70 

Force  ascensionnelle  nécessaire  au  départ ...  10 

»  Il  reste  donc  à  disposer  d'im  poids  de  248  kilogrammes,  qu'il  est  plus 
prudent  d'affecter  uniquement  à  l'approvisionnement  d'eau  et  de  charbon, 
et  par  conséquent  de  lest.  Tout  ceci  posé,  le  problème  à  résoudre  pouvait 
être  envisagé  sous  deux  points  de  vue  principaux  :  la  suspension  conve- 
nable d'une  machine  à  vapeur  et  de  son  foyer  sous  un  aérostat  de  forme  ' 
nouvelle,  plein  de  gaz  inflammable,  et  la  direction  proprement  dite  de  tout 
le  système  dans  l'air. 

91.. 


(  686  ) 

»  Sous  le  premier  rapport,  il  y  avait  déjà  des  difficultés  à  vaincre.  En 
effet,  jusqu'ici  les  appareils  aérostatiques  enlevés  dans  l'atmosphère  s'é- 
taient bornés  invariablement  à  des  globes  sphériques  ou  ballons  tenant 
suspendu  par  un  filet  un  poids  quelconque,  soit  une  nacelle  ou  une  espèce 
de  panier  pouvant  contenir  une  ou  plusieurs  personnes,  soit  tout  autre 
objet  plus  ou  moins  lourd.  Toutes  les  expériences  tentées  en  dehors  de 
cette  unique  et  primitive  disposition  avaient  eu  lieu  à  terre,  ce  qui  est 
infiniment  plus  commode  et  moins  dangereux  ;  le  plus  souvent  elles  étaient 
restées  à  l'état  de  projet  ou  de  promesse. 

»  En  l'absence  de  tout  fait  antérieur  suffisamment  concluant  et  malgré 
les  indications  de  la  théorie,  je  devais  encore  concevoir  certaines  craintes 
sur  la  stabilité  de  l'appareil;  l'expérience  est  venue  pleinement  rassurer  à 
cet  égard,  et  prouver  que  l'emploi  d'un  aérostat  allongé,  le  seul  que  l'on 
puisse  espérer  diriger  convenablement,  était,  sous  tous  les  autres  rapports, 
aussi  avantageux  que  possible,  et  que  le  danger  résultant  de  la  réunion  du 
feu  et  d'un  gaz  inflammable  pouvait  être  complètement  illusoire. 

M  Pour  le  second  point,  celui  de  la  direction,  les  résultats  obtenus  ont 
été  ceux-ci  :  dans  un  air  parfaitement  calme,  la  vitesse  de  transport  en 
tout  sens  est  de  2  à  3  mètres  par  seconde;  cette  vitesse  est  évidemment 
augmentée  ou  diminuée  par  rapport  aux  objets  fixes  de  foute  la  vitesse  du 
vent,  s'il  y  en  a,  et  suivant  qu'on  marche  avec  ou  contre,  absolument 
comme  pour  un  bateau  montant  ou  descendant  un  courant  quelconque. 
Dans  tous  les  cas,  l'appareil  a  la  faculté  de  dévier  plus  ou  moins  tle  la 
ligne  du  vent,  et  de  former  avec  celle-ci  un  angle  qui  dépend  de  la  vitesse 
de  ce  dernier. 

r.  Ces  résultats  sont  d'ailleurs  conformes  à  ceux  que  la  théorie  indique, 
et  que  j'avais  à  peu  près  prévus  d'avance  à  l'aide  du  calcul  et  des  faits 
acquis  dans  la  navigation  maritime. 

»  Telles  sont  les  conditions  dans  lesquelles  se  trouve  ce  premier  appa- 
reil ;  elles  sont  certainement  loin  d'être  aussi  favorables  que  possible.  Mais, 
si  l'on  réfléchit  aux  difficultés  de  toute  nature  qui  doivent  entourer  ces 
premières  expériences  avec  des  moyens  d'exécution  excessivement  res- 
treints et  à  l'aide  de  matériaux  imparfaits,  on  sera  convaincu  que  les 
résultats  obtenus,  quelque  incomplets  qu'ils  soient  encore,  doivent  con- 
duire, dans  un  avenir  prochain,  à  quelque  chose  de  positif  et  de  pra- 
tique. 

»  Pour  cela,  que  faut-il?  Un  appareil  plus  considérable  permettant  l'em- 
ploi d'un  moteur  relativement  beaucoup  plus   puissant  et  ayant  à  sa  dis- 


(  687  ) 
position   toutes  les  ressources  pratiques  accessoires  sans  lesquelles  il  est 
impossible  de  fonctionner  convenablement. 

»  Je  me  propose  d'ailleurs  d'aller  au  devant  de  toutes  les  objections  en 
faisant  connaître  incessamment  les  principes  généraux  théoriques  et  pra- 
tiques sur  lesquels  je  crois  que  la  navigation  aérienne  par  la  vapeur  doit 
être  basée. 

1)  I^es  diverses  explications  que  je  viens  de  donner  me  dispensent  d'en- 
trer dans  de  longs  détails  sur  le  voyage  aérien  que  j'ai  fait.  Je  suis  parti 
seul  de  l'Hippodrome,  le  il\  à  ô'^iS".  Le  vent  soufflait  avec  une  assez 
grande  violence.  Je  n'ai  pas  songé  un  seul  instant  à  lutter  directement 
contre  le  vent;  la  force  de  la  machine  ne  me  l'eîit  pas  permis,  cela  étant 
prévu  d'avance  et  démontré  par  le  calcul;  mais  j'ai  opéré  avec  le  plus 
grand  succès  diverses  manœuvres  de  mouvement  circulaire  et  de  déviation 
latérale. 

»  L'action  du  gouvernail  se  faisait  parfaitement  sentir,  et  à  peine  avais- 
je  tiré  légèrement  une  de  ses  deux  cordes  de  manœuvre,  que  je  voyais  im- 
médiatement l'horizon  tournoyer  autour  de  moi.  Je  suis  monté  à  une  hau- 
teur de  1800  mètres,  et  j'ai  pu  m'y  maintenir  horizontalement  à  l'aide  d'un 
nouvel  appareil  que  j'ai  imaginé  et  qui  indique  immédiatement  le  moindre 
mouvement  vertical  de  l'aérostat.  Cependant  la  nuit  approchait,  je  ne  pou- 
vais rester  plus  longtemps  dans  l'atmosphère;  craignant  que  l'appareil 
n'arrivât  à  terre  avec  une  certaine  vitesse,  je  commençai  à  étouffer  le  feu 
avec  du  sable,  j'ouvris  tous  les  robinets  de  la  chaudière,  la  vapeur  s'écoula 
de  toutes  parts  avec  lui  fracas  horrible.  J'eus  un  moment  la  crainte  qu'il 
ne  se  produisît  quelque  phénomène  électrique,  et  pendant  quelques  ins- 
tants je  fus  enveloppé  d'un  nuage  de  vapeur  qiii  ne  me  permit  plus  de  rien 
distinguer. 

»  J'étais  en  ce  moment  à  la  plus  grande  élévation  que  j'aie  atteinte.  Le 
baromètre  marquait  1800  mètres.  Je  m'occupai  immédiatement  de  regagner 
la  terre,  ce  que  j'effectuai  très-heureusement  dans  la  commune  d'Elan- 
court,  près  Trappe,  dont  les  habitants  m'accueillirent  avec  le  plus  grand 
empressement  et  m'aidèrent  à  dégonfler  l'aérostat. 

»  A  10  heures,  j'étais  de  retour  à  Paris.  L'appareil  a  éprouvé  dans  la 
descente  quelques  avaries  insignifiantes.  » 


(  688  ) 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Sur   la  nitroglycérine  et   les  diverses  dynamites.  Note 
de  MM.  Ch.  Girard,  A.  Millot  et  G.  Vogt,  présentée  par  M.  Wurtz. 

«  Diiiis  ces  derniers  temps,  on  s'est  vivement  préoccupé  de  la  fabrication 
de  la  nitroglycérine  et  de  ses  effets  dynamiques.  Les  circonstances  actuelles 
et  les  conseils  de  M.  Bertheiot,  nous  ont  amenés  à  entreprendre  l'étude  de 
cette  question. 

»  Nous  avons  suivi  d'abord  les  procédés  de  fabrication  indiqués  par 
MM.  E.  Ropp  et  Nobel. 

»  On  traite  la  glycérine  marquant  3o  degrés  B.  [)ar  six  fois  son  poids 
d'un  mélange  formé  d'une  partie  d'acide  nitrique  à  48  ou  5o  degrés  et  de 
deux  parties  d'acide  snifuriqiie  à  66  degrés. 

»  Les  acides  étant  placés  dans  un  vase  refroidi  jiar  de  l'eau  à  lo  degrés  C, 
on  y  laisse  tomber  goutte  à  goutte  la  glycérine  en  réglant  l'écoulement 
de  telle  façon  que  la  lempératine  ne  dépasse  pas  25  degrés  C.  De  pinson 
doit  agiter  constamment  le  liquide  pour  qu'une  forte  proportion  de  glycé- 
rine ne  se  trouve  pas  brusquement  en  présence  de  l'acide  nitrique. 

»  Toutes  ces  précautions  sont  indispensables  pour  prévenir  les  explosions. 
Il  est  également  nécessaired'employer  des  acides  au  titre  indiqué  ci-dessus. 
La  totalité  de  la  glycérine  étant  ajoutée  dans  les  acides,  on  verse  le  mélange 
dans  six  fois  son  poids  d'ean,  la  nitroglycérine  se  sépare  alors  sous  forme 
d'un  liquide  sirupeux  et  légèrement  opalin.  On  la  lave  à  deux  reprises  dif- 
férentes avec  de  l'eau,  puis  avec  une  solution  alcaline,  et  on  termine  l'opé- 
ration par  un  dernier  lavage  à  l'eau.  Par  ce  procédé,  loo  grammes  de 
glycérine  nous  ont  donné  i3o  grammes  de  nitroglycérine. 

))  Le  rendement  peut  être  augmenté  en  employant  une  proportion  plus 
grande  d'acide  nitrique  comme  M.  Bertheiot  nous  l'a  conseillé. 

»  En  faisant  agir  3  parties  d'acide  nitrique  et  3  parties  d'acide  sulfuricpie 
sur  une  partie  de  glycérine,  on  obtient  1,75  de  nitroglycérine,  ce  qui  re- 
présente les  j  du  rendement  théorique.  La  densité  de  la  nitroglycérine 
ainsi  préparée  est  de  1,60  à  i3  degrés  C  . 

»  On  doit  la  dessécher  à  l'aide  du  carbonate  de  potassium,  le  chlorure 
de  calcium  produisant  un  dégagement  de  chlore.  Soumise  à  une  température 
de  —  20  degrés  pendant  plusieurs  heures,  la  nitroglycérine  ne  cristallise 
pas,  elle  ne  doit,  à  cause  de  sa  viscosité,  se  solidifier  que  par  un  froid  très- 
prolongé. 

»  Fabrication  iiidnstriclU;.  —  Pour  éviter  les  dangers  que  présente  la  fa- 
brication en  grand  de  la  nitroglycérine,  nous  avons  dû  recourir  au  procéda 


(689  ) 
suivant  qui  résume  à  quelques  moditications  près  ceux  qui  ont  été  employés 
depuis  quelques  années  en  Allemagne  et  en  Suède. 

»  Les  ateliers  de  production  sont  subdivisés  autant  que  possible,  et  sont 
séparés  les  uns  des  autres  par  une  distance  de  5o  mètres  environ. 

»  Ils  sont  en  plein  air  et  abrités  par  un  toit  léger  recouvert  en  papier 
bitumé.  On  leur  donne  la  forme  circulaire;  le  sol  est  formé  de  plancbes 
légèrement  circulaires  du  centre  à  la  circonférence  ;  un  courant  d'eau  coule 
constamment  afin  d'entraîner  au  dehors  la  nitroglycérine  qui  pourrait  se 
répandre  sur  le  sol  et  s'y  accumuler. 

»  Autour  de  la  poutre  qui  supporte  le  toit,  sont  rangés  circulairement 
six  baquets  dans  lesquels  sont  placés  des  cylindres  de  verre,  de  grès  ou  de 
fonte.  Ce  métal,  n'étant  pas  attaqué  par  le  mélange  d'acides  sulfurique  et 
nitrique  très-concentrés,  convient  parfaitement  pour  cet  usage. 

»  A  la  partie  supérieure  des  cylindres  se  trouve  vuie  rainure  remplie 
d'eau  qui  permet  de  faire  un  joint  hydraulique  entre  l'appareil  et  son  cou- 
vercle. 

»  Ce  dernier  est  fixe  et  percé  de  plusieurs  tubulures  qui  permettent 
d'introduire  dans  le  cylindre  : 

»  1°  Un  tube  amenant  au  fond  de  l'appareil  un  courant  d'air  destiné  à 
agiter  le  liquide  en  lui  donnant  un  mouvement  de  rotation; 

»  2°  Un  tube  en  S  miuii  d'un  robinet  et  par  lequel  on  laisse  couler 
goutte  à  goutte  la  glycérine  qui  est  contenue  dans  un  réservoir  supérieur; 

»  'i"  Un  gros  tuyau  servant  de  cheminée  et  permettant  l'alimentation  des 
vapeurs  acides  et  nitroglycériques  qui  causent  aux  opérateurs  de  violentes 
céphalalgies  ; 

»   4°  Un  thermomètre  à  alcool. 

»  Un  levier  prenant  son  point  d'appui  sur  le  bord  du  baquet,  se  fixe  au 
cylindre  et  permet,  après  avoir  relevé  le  thermomètre  et  le  tube  qui  amène 
l'air,  d'abaisser  l'appareil  au-dessous  de  son  couvercle,  et  de  verser  son 
contenu  dans  l'eau  qui  a  servi  à  le  refroidir. 

»  La  cuve  elle-même  est  percée  de  plusieurs  trous  fermés  par  des  bou- 
chons et  destinés  aux  décantations. 

»  Les  lavages  se  font  au  moyen  d'un  courant  d'eau  amené  au  fond  de  la 
cuve  par  un  tube  terminé  par  une  pomme  d'arrosoir.  Chaque  opération  ne 
doit  porter  que  sur  5oo  grammes  de  glycérine,  et  un  seul  homme  peut 
facilement  surveiller  ses  appareils. 

»  Dynamite.  —  On  donne  ce  nom  au  mélange  de  nitroglycérine  et  de 
diverses  matières  solides,  pulvérulentes  et  poreuses. 


(  690  ) 

»  Incorporée  avec  ces  matières  inertes,  la  nitroglycérine  offre  beaucoup 
moins  de  danger  dans  son  emploi  et  surtout  dans  son  transport. 

»  On  se  sert  en  Allemagne  d'une  espèce  de  silice  poreuse  appelée  Kie- 
selgnltr.  Cette  silice  s'extrait  d'Oberlohe  en  Hanovre,  elle  provient  d'trne 
variété  d'algues.  Le  mélange  se  fait  à  76  de  nitroglycérine  pour  aS  de 
silice. 

»  On  triture  la  matière  sèche  arrosée  de  nitroglycérine  sur  des  tables  en 
bois  à  l'aide  de  spatules  de  même  nature. 

»  N'ayant  pas  cette  substance  à  notre  disposition,  nous  avons  dû  son- 
ger à  la  remplacer  par  d'autres  substances  jouissant  de  propriétés  analo- 
gues, telles  que  silice  ordinaire,  alumine,  brique  pulvérisée,  etc. 

»  Pour  nous  rendre  compte  delà  résistance  à  l'explosion  de  ces  différen- 
tes dynamites  nous  les  avons  soumises  au  choc. 

»  Nous  nous  sommes  servis  pour  nos  essais  d'un  petit  marteau  pilon  guidé 
par  des  fils  de  fer  et  tombant  sur  une  enclume  en  acier.  La  dynamite  à 
expérimenter  était  placée  dans  un  petit  sac  formé  d'une  feuille  de  papier 
repliée  sur  elle-même,  destinée  à  éviter  les  projections.  La  surface  de  choc 
était  de  2  centimètres  carrés;  le  poids  et  les  hauteurs  de  chute  sont  indiqués 
dans  le  tableau  (p,  691)  qui  contient  nos  expériences. 

»  Tous  ces  mélanges,  les  hauteurs  étant  les  mêmes,  mais  le  poids  réduit 
à  2''",470,  éclatent,  excepté  bien  entendu  ceux  faits  avec  le  sucre,  l'huile  et 
l'alcool  méthylique. 

»  Toutefois  la  chute  du  poids  étant  de  i  mètre,  les  mélanges  de  silice, 
glaise  et  surtout  alumine  exigent  deux  coups  pour  éclater. 

»  Nous  avons  essayé  d'autres  matières  explosibles  pour  pouvoir  établir 
une  comparaison  sur  la  sécurité  que  présente  l'emploi  de  ces  différentes 
matières. 

M  Nous  avons  ainsi  vu  que  le  coton-poudre  et  le  fiilmi-p:ipier  des  pho- 
tographes comprimés  ne  résistent  pas  quand  le  poids  tombe  de  o^'jSo;  la 
poudre  blanche  éclate  sous  la  chute  de  i  mètre,  la  poudre  au  sulfure  d'an- 
timoine sous  o™,5o.  La  poudre  de  chasse  n'éclate  dans  auciui  cas. 

))  Il  résidte  de  l'ensemble  de  nos  expériences  :  i"  Que  les  matières  à 
employer  pour  obtenir  de  bonnes  dynamites,  sont  le  tripoli,  le  kaolin,  la 
silice,  l'alumine  et  surtout  le  sucre  :  ce  dernier  permet  en  outre  de  séparer, 
si  on  le  désire,  la  nitroglycérine  en  ajoutant  de  l'eau  au  mélange; 

»  2"  Que  dans  une  dynamite  la  pro|)ortion  d'une  même  matière  inerte, 
silice  par  exemple,  variant  par  rapport  à  celle  de  la  nitroglycérine,  la  sta- 
bilité semble  rester  la  même; 


(  691  ) 


cuMPOsnio-v. 


sots  i:n  poids  de  4ke,700?''  toiidant  de 


l^XJ. 


l"i,00. 


O-^.ÔO. 


Silice  pure. ^gr.ooo  j.^J^^^  diflicilcmcnl.i  ^<='''*?  plus  diffici-  |       ^^,,^,g  g,,^^^. 


OBSEIWATKINS. 


Éclate  bien. 
Éclate  fortement. 

Éclate  bien. 

Éclate  bien. 

Éclate  assez  diHi- 
ciiement. 

Éclate  bien. 

Éclate  bien. 
Éclate  bien. 
Éclate  bien. 
Éclate  bien. 


lement. 
\  Éclate  encore  faci- 


Nitroglycéi'ine lerjOeo 

Silice 3er,ooo) 

Nitroglycérine 3ei",oooS 

Silice osr.^ooj 

Nitroglycérine 3er,620) 

Silice  (provenant  des  \ 

résidus  de  la  fabric.  f 

du  sulfate  d'alum.).  2ef,700i 

Nitroglycérine isr,oooi 

Alumine ler^^oo) 

j Nitroglycérine 2S'',20oi 

jAlumine Ser^oocl 

!  Nitroglycérine iSrjOOO) 

Kaolin    lavé   et   por-  1 

phyrisé os^^^ool 

Nitroglycérine 3er/|Oo) 

Tripoli  lavé îr.iioj 

jNitroglycérine 2S'',685) 

I Glaise  porphyriséc.. .  2?'', 200 

Nitroglycérine 2e'',o5o 

Gypse  porphyrisé. ..  .  SfjSoo 

Nitroglycérine 3Er,G8o 

Brique  porphyrisée.  .  Ser^oco 

Nitroglycérine ^^^i.ïo 

^th=»'-  ••■, "^^r-^"» (Éclate  difficilement 

Nitroglycérine ier,ooo) 

Éthal i8r,cool  Éclate  trés-diffici- 

Nitroglycérine isr^coo^  lement. 

Sucre  pulvérisé osr,5ooiÉclate  en  cartouche jj-^l^l^  difliciloment 

Nitroglycérine i  sr.ooo  (serrée,  n  ecl. pas  seuil 


lement. 
Éclate^bien. 

Éclate  bien,  mais 
\         par  partie. 
I 

\   Éclate  assez  diffi- 
j  cilement. 

Exige  plusieurs 
coups  pour  éclater. 

Éclate. 

Éclate. 

Éclate  bien. 

Éclate  par  portions. 

Éclate. 


Eclate. 


Éclate. 


(  Ces  proportions  dotinonl  une 

I  poudre  absolument  sédie 

I  La  dyunmile  ainsi  faite  est 

j  pulvérulente,  mais  mouille 

'  le  papier. 

(  Ce  mclanfre  est  assez  humide 

]  et  mouille  beaui-oop  le  pa 

(  picr. 


'Éclate  dilTicilement. 

I 

(  Éclate  très-diflici- 

(  lement. 


Peu  explosible. 


Ftirroe  une  masse  pâteuse  qui 
mouille  peu  le  papier. 


.Masse  semi-pulvcrentc.  senii- 
pûteusc  iiui  mouille  peu  le 
papier. 

Poudre  sèche  ne  mouillant 
pas  le  papier. 


Éclate  diflicilement. 

Éclate  difficilement 

Éclate. 

(   Éclate  encore  par 
\  portions. 

Éclate  difficilement 


Sucre  pulvérisé 'f  ."«"(Éclate  difficilement. 

Nitroglycérine ifr^oco) 

Sucre  pulvérisé 3cr,ooo      Éclate  très-mal. 

Nitroglycérine 55r,3oo) 

Sucre  en  morceaux..  ■e^ooojE<.,3,e3,,gedin,^„]t^ 

Nitroglycérine 2Sr,oooj 

Sucre  en  morceaui. .  Sgr.ooo         ^-..^j^^^ 

Nitroglycérine 2Sr,oooj 

Glycérine il>'r,oooj  Ne  part  que  diffi-  ) 

Nitroglycérine 3e'',ooo)  cilement. 

Alcool  méthylique.    .   3er,oooj        «■Relate  pas. 

iNitroglycerine ier,oooi  ^ 

Huile 3Br,ooo)  N'éclate  que  très 

Nitroglycérine 3?'',ooo|       difficilement. 

;  Nitrate  de  ba-  \ 

Poudrel   ryte oer,7û| 

Nobel.  jRésine of,  io( 

viSitroglycérine   o?'',2o) 

i  Nitrate  de  ba-  j 

ryte oer,68f 
Brai opr,!-)/ 
Nitroglycérine  oS'',2o) 
Nitroglycérine  seule I 


Éclate  bien. 


Éclate  bien. 


Éclate. 


Éclate  très-diffici- 
lement. 

N'éclate  pas. 
N'éclate  pas. 

Éclate  mal. 

Il 
N'éclate  pas. 

Éclate. 
Éclate. 


N'éclate 

pas.       1 

N'éclate 

pas.        ] 

N'éclate 

pas. 

N'éclate 

pas. 

N'éclate 

pas. 

N'éclate  pas. 


N'ëclate  pas. 


I 

(   Misse  pâieuse  dont  on  peut 
:     faire  des  boulettes,  mouille 
'(     un  peu  lo  papier. 
1 
Masse  analogue  à  la  précé- 
dente. 

Masse    pûlcuse    Irês-humido 

qui  mouille  beaucoup  le  pa 

pier. 
Co  mélanire  donne  une  pâle 

très-humide  qui  mouille  for 

temenl  le  papier. 
Masse    pûteuse    analiiçue    à 

l'ar^'ile.    mouille   le    papier 

par  compression. 

Mélange  pûieux  irès-humiUe 

Poudre    presque    set'tio    qui 
mouille  Ires-peu  le  papier 

Ce  mélange  est  presque  li- 
quide- 
Liquide  très-visiioeux  avec  [ 
cristaux  de  sucre. 

Poudre  presque  s<>che  mouil- 
lant le  papier. 

,  Toute  la  nilroçlyccrine  n'est  j 
pas  absorbée  par  le  sucre. 

Toute  la  niiroplycérine  es* 
absorbée  par  le  sucre. 

Ces  deux  liquides  ne  se  mélan- 
gent pas  bien.  Il  y  a  séparât.  I 
\  au  bout  d'un  certain  temps.  ~ 
Ce  mélange,  à  partir  de  -l'A 
pour  luii  d'alcool,  ne  part 
plus.  ! 

Ces  liquides  donnent  unoj 
émulsion.  Par  le  temps,  les 
liquides  se  séparent. 


\  Exige  pour  éclater 
plusieurs  chocs. 


Éclate. 


Éclate  comprimée. 

\  Éclate  même  sous 
Kine  chute  de  o"',25. 


Poudre  humide  qui  mouille 
le  papier. 


Poudre  Comme  la  précédente. 
Liquide. 


C.  R.,  1S70,  a*-  Semestre.  (T.  L\Xl,  N«  20.) 


9^ 


(  692  ) 

»  3°  Que  les  dynamites  laissées  longuement  à  l'air  libre  paraissent  s'ap- 
pauvrir en  nitroglycérine  et  devenir  par  cela  inactives. 

B  En  terminant,  nous  devons  remercier  M.  Wurtz  d'avoir  bien  voulu 
mettre  son  laboratoire  à  notre  disposition.  » 

MÉDECINE.  —  Mn^^en  facile  et  presque  sûr  d'atréter  la  diarrhée  et  la  djssenlerie 
spéciales  aux  soldats  qui  sont  saisis  par  l'humidité  et  par  le  froid.  Extrait 
d'une  Note  de  M.  Déclat. 

«  Ce  moyen,  déjà  sanctionné  par  l'expérience,  permet  aux  hommes  de 
rester  à  leurs  corps,  évite  leur  entrée  à  l'hôpital,  où  ils  sont  tout  particu- 
lièrement prédisposés  à  contracter  les  maladies  régnantes.  Il  consiste  à  faire 
boire  aux  malades,  deux  jours  de  suite,  en  dehors  des  repas,  un  demi-verre 
d'eau  dans  lequel  on  met,  selon  la  gravité  :  pour  la  diarrhée,  de  huit  à  douze 
gouttes  d'acide  phénique  cristallisé  (rendu  liquide  par  l'addition  d'un 
dixième  d'alcool  ),  de  dix  à  quinze  gouttes  de  teinture  ihébaïque  et  de  quinze 
à  vingt  gouttes  d'alcoolature  d'aconit;  pour  la  d/ssenterie,  la  même  dose 
d'acide  phénique,  de  quinze  à  vingt  gouttes  de  teinture  thébaïquo,  sans  y 
ajouter  d'aconit  qui,  dans  ce  cas,  semblerait  plutôt  avoir  une  action  défa- 
vorable. 

»  J'ai  expérimenté  cette  médication  au  Moulin-Saquet  et  à  l'ambulance 
Croix-Nivert  ;  elle  a  également  réussi  à  Villejnif.  » 

AÉROSTATION.  —  Note  sur  la  nécessité  défaire  des  expériences  sur  la  résistance 
des  tissus,  en  vue  de  l' aérostation  ;  par  M.  H.  Mo.\Ti:r«:i. 

«  Le  siège  de  Paris  vient  de  donner  à  l'aérostation  une  importance  qu'on 
lui  avait  refusée  jusqu'ici,  et  il  dès  lors  indispensable  de  combler  certaines 
lacunes  qui  se  rencontrent  dans  l'ensemble  des  connaissances  relatives  à 
cet  art  encore  dans  l'enfance. 

»  Je  demande  la  permission  de  signaler  à  l'Académie  une  de  ces  lacunes, 
la  plus  sérieuse  peut-être  au  point  de  vue  pratique.  En  architecture,  dans 
l'art  nautique,  dans  le  génie,  nous  possédons  de  nombreuses  ex[)ériences 
sur  la  résistance  des  matériaux  employés  dans  les  diverses  constructions; 
dans  l'aérostation,  nous  ignorons  complètement  les  données  les  plus  essen- 
tielles sur  la  résistance  des  tissus  qu'on  emploie  dans  la  fabrication  des 
ballons. 

»  Il  s'agit  pourtant  ici  d'une  question  vitale.  En  1868,  le  Neptune  a 
crevé;  il  y  a  quelques  semaines,  le  ballon  qui  emportait  M.  Gambotta  s'est 


(  693) 
dégonflé,  et  nul  doute  que  celui  qui  vient  de  tomber  entre  les  mains  de. 
l'ennemi  n'ait  été  dans  le  même  cas. 

»  La  solidité  du  ballon  et  sa  résistance  à  l'endosmose  sont  du  reste  des 
conditions  qui  influent  non-seulement  sur  sa  sécinité,  mais  aussi  sur  la 
durée  du  voyage  aérien. 

»  Il  importe  donc  de  savoir  :  i"  dans  quelles  conditions  un  ballon  peut 
éclater;  2°  quels  sont  les  tissus  ou  moyens  de  fabrication  offrant  le  maximum 
de  résistance  à  la  rupture;  et  3°  dans  quelles  conditions  et  sous  quelle 
pression  un  ballon  se  dégonfle. 

»  Comme  je  n'ai  pas  le  moyen  de  me  livrer  à  de  pareilles  recherches, 
j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  l'idée  suivante,  uniquement  pour 
attirer  son  attention  sur  cette  question,  qui  me  paraît  urgente. 

M  Soient  deux  ballons  captifs  A  et  B,  amarrés  à  deux  tambours  de  dia- 
mètre égal,  assujettis  à  un  même  arl)re  horizontal,  de  manière  à  rendre 
simultané  le  déroulement  des  deux  amarres. 

»  Le  ballon  A  est  dans  les  conditions  ordinaires;  il  porte  un  observa- 
teur chargé  de  marquer  les  indications  d'un  manomètre  composé  d'un 
tube  épais  en  cri.sta!  et  d'un  tuyau  flexible  en  caoutchouc  muni  d'iui  robi- 
net à  chacune  de  ses  extrémités.  Le  tube  en  cristal  est  attaché  au  filet  de  A. 

»  Le  ballon  B,  fait  de  l'étoffe  dont  on  veut  déterminer  la  résistance,  est 
sans  soupape  et  sans  issue  pour  le  gaz,  sauf  à  sa  partie  inférieure,  à  laquelle 
on  visse  l'extrémité  libre  du  tuyau  flexible,  dont  on  a  fermé  le  robinet 
après  introduction  d'un  liquide  de  couleur  foncée. 

»  Les  deux  ballons  étant  à  fleur  de  terre  et  à  niveau,  on  ouvre  les  deux 
robinets  et  l'on  marque  le  point  où  arrive  le  liquide  dans  le  tube  de  cristal, 
puis  on  ferme  les  deux  robinets. 

»  Les  deux  ballons  montent  maintenant  simultanément  à  une  hauteur 
donnée,  soit  1000  mètres;  l'un  et  l'autre  sont  donc  au  même  niveau  et  à 
une  distance  de  5  mètres  environ  l'un  de  l'autre,  afin  que  l'explosion  de  B, 
!<i  elle  a  lieu,  ne  nuise  pas  au  ballon  A. 

»  On  rouvre  maintenant  les  deux  robinets,  et  l'observateur  marque  soi- 
gneusement la  hauteur  du  liquide  dans  le  tube,  indiquant  la  pression  pro- 
duite par  la  dilatation  du  gaz  de  R  et  par  la  température. 

»  Si  B  crève,  on  a  le  maximnm  de  résistance  de  l'étoffe  dans  les  condi- 
tions données. 

»  S'il  ne  crève  pas,  on  marque  le  temps  qu'il  lui  faut  pour  se  dégonfler 
spontanément,  et  l'on  obtient  alors  la  durée  possible  du  voyage  avec  une 
étoffe  solide  et  bien  apprêtée. 


(  694  ) 
»   L'Académie  coinpienfl  que  je  ne  m'arrête  pas  a  certains  petits  détails 
qui  se  présentent  d'eux-mêmes;   il  me  suffit  d'avoir  indiqué  un  moyen 
pratique  pour  l'essai  d'une  étoffe,  comme  on  vérifie  la  solidité  d'un  pont, 
d'un  cordage  ou  d'un  canon.  » 

M.  BcissoN  annonce  qu'on  pourra  voir  chez  lui  fonctionner  un  petit  mo- 
dèle qui  démontrera,  pense-t-il,  la  possibilité  de  faire  mouvoir  dans  une 
direction  donnée  nn  ballon  par  un  moyen  complètement  différent  de  ceux 
qu'on  a  jusqu'ici  imaginés. 

M.  Gaillaud  adresse  la  description  et  la  figure  d'un  appareil  qu'il  croit 
propre  à  rendre  sur  une  rivière  suffisamment  profonde  les  services  qu'on 
a  cherché  à  obtenir  en  mer  du  bateau  sous-marin. 

M.  AxDRÉ  (Jean)  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  désigner  une  Com- 
mission à  laquelle  il  soumettra  un  plan  qu'il  croit  propre  à  contribuer 
puissamment  à  la  défense  nationale. 

L'Académie  ne  peut,  d'après  des  usages  constants,  accéder  an  désir  ex- 
primé par  M.  J.  André.  Elle  considère  comme  non  avenue  toute  Commu- 
nication dont  on  ne  lui  a  pas  fait  pleinement  connaître  l'objet,  et  c'est  seu- 
lement quand  elle  en  a  été  suffisamment  informée  qu'elle  renvoie  à  l'examen 
de  Commissaires  pris  dans  son  sein  la  recherche  ou  l'invention  pour  laquelle 
l'auteur  lui  demande  son  approbation, 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  É.  D.  B. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  21  NOVEMBRE  1870. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOU\TLLE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

MÉTÉOROLOGIE.  —  De  la  période  tridodéciiple  ou  décemdiurne  dans  les 
phénomènes  atmosphériques  et  dans  leur  influence  sur  Cétat  sanitaire  et 
physiologique  (deuxième  Note)  ;  par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Les  phénomènes  de  Li  vie,  surtout  ceux  de  la  vie  animale,  si  intime- 
ment liés  avec  les  manifestations  de  l'instinct;  et  de  l'intelligence,  ont  des 
lois  qui  leur  sont  propres  et  auxquelles  restent  parfaitement  étrangères  les 
actions  qui  se  passent  dans  les  corps  dépourvus  d'organes.  Mais  la  réci- 
proque n'est  pas  vraie,  les  êtres  organisés  subissant  constamment  l'in- 
fluence des  milieux  dans  lesquels  ils  sont  placés.  Il  en  résulte  que,  si  l'on 
parvient  à  découvrir  des  retours  périodiques  dans  les  propriétés  de  l'un  de 
ces  milieux,  de  l'air  atmosphérique,  par  exemple,  il  est  nécessaire  que  ces 
variations  se  traduisent  par  certaines  modifications,  périodiques  aussi,  dans 
les  êtres  vivants,  végétaux  et  animaux,  qui  l'habitent. 

»  Je  ne  pourrai  présenter  avec  quelque  détail  les  faits,  déjà  nombreux, 
que  j'ai  recueillis  dans  cet  ordre  de  considérations  que  lorsque  j'aurai  dis- 
cuté les  données  relatives  aux  éléments  physiques.  Or,  cette  discussion, 
entraînant  de   très-longs  et  très-arides  calculs  numériques,  exigera  sans 

C.R.,  1S70,  2"  Semestre.  iT.  LXXI,  «"21.)  93 


(  696  ) 

doute  encore  un  temps  considérable.  Et  comme,  d'un  autre  côté,  des  rap- 
ports de  cet  ordre  intéressent  les  physiologistes  et  pourraient  les  engager  à 
poursuivre  des  recherches  dans  une  voie  analogue,  je  demande  à  l'Aca- 
démie la  permission  de  détacher  de  mes  études  sur  ce  sujet  et  de  lui  sou- 
mettre quelques  résultats,  relatifs  uniquement  à  l'espèce  humaine.  Mais  il 
me  paraît  préalablement  utile  de  rappeler  d'une  manière  sommaire  les  bases 
sur  lesquelles  reposent  les  retours  périodiques  que  je  crois  avoir  décou- 
verts dans  l'ensemble  des  phénomènes  atmosphériques. 

»  Dans  une  série  de  Notes  sur  tes  variations  périodiques  de  la  letnpératiire, 
publiées  aux  Comptes  rendus  de  nos  séances,  je  recherche  avec  soin  tous  les 
indices  de  périodicité  que  présentent  les  températures  terrestres,  soit  dans 
l'année,  soit  dans  un  cycle  d'années  pouvant  ramener  régulièrement  les 
mêmes  influences.  Parmi  les  résultats  de  ce  travail,  je  crois  avoir  établi 
qu'il  y  a  une  certaine  solidarité  entre  les  températures  moyennes  de  quatre 
jours  placés  sur  l'écliptique  à  90  degrés  l'un  de  l'autre.  Je  divise,  de  cette 
manière  l'année  en  quatre-vingt-dix  jours  quadruples  (i),  dont  je  calcule 
séparément  la  température  moyenne,  et  que  je  puis  aussi  étudier  aux  divers 
points  de  vue  de  la  météorologie,  tous  les  phénomènes  de  l'atmosphère  étant 
nécessairement  liés  aux  températures  de  l'air.  Déjà,  dans  quelques-unes  de 

(i)  J'extrais  de  ma  Huitième  N'oie  {Comptes  rendus,  tome  LXIV,  p.  934),  les  détails  sui- 
vants sur  la  manière  dont  j'ai  divisé  l'année  en  go  jours  quadruples  : 

«  J'ai  dû  répartir  aussi  également  que  possible  les  365  jours  de  l'année  tropique  sur  les 
360  jours  d'une  année  hypothétique,  telle  que  la  somme  des  longitudes  héliocentriques  de 
quatre  jours  opposés  fût  toujours  égale  à  36o  degrés,  et  (pie  la  différence  moyenne  entre  ces 
quatre  longitudes  fût  un  minimum.  11  est  clair,  en  effet,  que,  si  la  différence  moyenne  de 
longitude  entre  deux  jours  consécutifs  de  l'année  tropique  est  moindre  qu'un  degré,  cette 
différence,  en  certaines  saisons,  dépasse  i  degré. 

»  On  résout  cette  petite  difficulté  par  le  tâtonnement  et  avec  une  exactitude  très-suffisante 
au  moyen  de  la  Table  des  Longitudes  héliocentriques  donnée,  pour  chaque  jour  de  l'année, 
par  la  Connaissance  des  Temps. 

>.  J'ai  été  ainsi  amené  sept  fois{les  lo-i  i  et  29-30  avril,  les  29-30  juin,  les  i2-i3,  22-23 
et  3o-3i  juillet,  enfin  les  7-8  octobre)  à  condenser  en  un  seul  Jour  angulaire  deux  jours 
tropiques,  et,  d'un  autre  côté,  à  calculer  deux  jours  hypothétiques  (un  3i  novembre  et 
un  29  février,  pour  les  années  non  bissextiles),  en  prenant  la  moyenne  des  deux  jours 
voisins. 

»  Ces  bases  établies,  et  l'année  tropique  étant  ainsi  ramenée  l'i  une  année  angulaire,  comp- 
tanl  36o  jours  sensiblement  distants  d'un  degré  en  longitude,  j'ai  procédé  au  rapprochement, 
quatre  à  (juatre,  de  ces  jours  placés  sur  l'écliptique  à  des  distances  angulaires  de  90  degrés. 
Il  en   résulte,  comme  on  voit,  90  jours  quadruples,   et,  comme  il  fallait  leur  assigner  à 


(  697  ) 
mes  Notes,  j'ai  indiqué  accessoirement  plusieurs  de  ces  concordances;  en 
particulier,  pour  la  pression  barométrique,  pour  les  variations  dans  les  pro- 
priétés de  la  chaleur  et  de  la  lumière  diffuses,  et  pour  les  colorations  du 
papier  ozonomélrique  de  Schœnbein.  J'ai  même  quelque  peu  effleuré  le  sujet 
dont  je  désire  entretenir  aujourd'hui  l'Académie,  en  montrant  [Comptes 
rendus,  i.  LXIII,  p.  243),  que,  dans  le  mois  de  novembre  i865,  pendant 
la  dernière  invasion  du  choléra,  le  nombre  diurne  des  décès  à  Paris  avait 
été  remarquablement  en  rapport  avec  les  variations  dans  la  température 
moyenne. 

»  Enfin,  dans  un  Mémoire  inséré  au  tome  XVI,  p.  60,  de  V Annuaire  de 
In  Société  météorologique  de  France,  j'ai  discuté  un  très-curieux  document, 
qui  date  de  l'année  1781,  sur  lequel  j'aurai  l'occasion  de  revenir  dans  le 
présent  travail,  et  j'y  ai  signalé  l'influence  de  la  symétrie  quadruple  dans 
la  température,  dans  la  pression  barométrique  et  dans  l'état  physiologique 
de  l'observateur. 

»  En  définitive,  les  nombreux  travaux  dans  lesquels  j'ai  fait  ressortir 
l'influence  de  la  symétrie  quadruple  sur  la  répartition  des  températures 
montre  qu'il  serait  toutà  fait  inexact  d'admettre,  comme  M.  Serpieri  pen- 
sait l'avoir  démontré,  que  la  courbe  des. températures  moyennes  des  diffé- 

chacun  un  rang  numérique,  j'ai  naturellement  pris  pour  origine  et  pour  premier  jour  qua- 
druple celui  qui  réunit  les  ileux  solstices  et  les  deux  équinoxes,  et  qui  se  compose  des  22  dé- 
cembre, 21  mars,  ai  juin  et  33  septembre.  » 

La  définition  des  Jours  dndécuples  est  donnée  ainsi  (même  volume,  p.  940)  : 

«  Au  lieu  de  diviser  les  36o  jours  de  Vannée  angulaire  que  nous  venons  de  considérer 
en  quatre  quadrants  de  go  degrés,  partageons-les  en  douze  séries  égales  de  3o  jours  chacune, 
qui  seront  les  mois  de  cette  année  angulaire;  combinons  ensemble,  douze  à  douze,  les  dates 
égales  de  chacun  des  mois,  et  cherchons  si  les  Zo  jours  dodècuplc.s  que  nous  obtiendrons  de 
cette  manière  ne  présenteraient  pas  aussi  quelque  chose  de  régulier  dans  les  allures  de  la 
température  moyenne.   » 

Enfin,  j'ai  fait  remarquer  [Comptes  rendus,  t.  LXVIII,  p.  1077,  ^"  note)  que,  au  point 
de  vue  du  polygone  régulier  inscrit,  ces  deux  périodes  et  la  période  tridodécuple  (qui  se 
compose  de  trente-six  séries  consécutives  de  dix  jours  chacune,  et  dont  je  ])arlerai  plus 
loin)  constituent  trois  symétries  distinctes  : 

La  symétrie  quadrangulairc  ou  orthogonale  :  carré  inscrit;  angle  au  centre,  go  degrés; 

La  symétrie  dodécagonalc  :  dodécagone  régulier  inscrit;  angle  au  centre,  3o  degrés; 

La  symétrie  hexatrincontagonale  :  polygone  régulier  de  36  côtés;  angle  au  centre, 
10  degrés. 

Les  mots  quadruple,  dodécnple,  tridodécuple  correspondent  donc  aussi  au  nombre  des 
côtés  du  polygone  inscrit. 

93.. 


(  698  ) 

renfs  jours  de  l'année  jouit  de  cette  propriété  que  les  températures  de 
quatre  jours  pris  indifféremment  sur  la  courbe,  pourvu  qu'ils  soient  à  des 
intervalles  équidistauts,  donnent  une  moyenne  constante  et  sensiblement 
égale  à  celle  de  l'année  entière  (1).  En  d'autres  termes,  les  températures 
sont  réparties  sur  tout  le  cours  de  l'année  de  telle  manière  que  la  moyenne 
de  quatre  jours  équidistauts  peut  être  très-supérieure  à  la  moyenne  de 
quatre  autres  jours  aussi  équidistants  entre  eux  ou  quadruples,  et  cette  iné- 
galité est  soumise  à  certaines  phases  qu'on  peut  déterminer. 

»  Mais,  dans  ma  Huitième  Note,  je  montre  que  la  proposition  est  vraie 
aussi  pour  les  températures  moyennes  de  douze  jours,  répartis  uniformé- 
ment sur  le  cours  de  l'année,  et  distants,  par  conséquent,  entre  eux  de 
trente  joins  :  ce  qui  établit  l'existence  d'une  nouvelle  symétrie,  la  symétrie 
dodécuple. 

»  Dans  cette  manière  de  considérer  la  répartition  des  températures, 
l'année  se  trouve,  en  quelque  sorte,  ramenée  à  une  seule  saison  llierriiique 
de  quatre-vingt-dix  jours,  dont  chacun  est  la  moyenne  de  quatre  jours 
séparés  entre  eux  par  90  degrés  de  longitude  héliocentrique. 

»  De  même,  dans  la  symétrie  dodécuple,  l'année  entière  est  représentée 
par  un  mois  thermique  de  trente  jours,  dont  chacun  est  la  réunion  de  douze 
jours,  séparés  par  trente  intervalles  égaux  sur  l'orbite  terrestre. 

»  La  considération  des  jours  dodécuples  confirme  celle  des  jours  qua- 
druples, mais  n'enlève  rien  à  sa  valeur  particulière,  chacune  des  deux 
séries  ayant  ses  propriétés  intrinsèques,  dont  il  faut  tenir  compte.  Seule- 
ment, elle  introduit  dans  l'étude  une  simplification  précieuse,  puisqu'elle 
permet  de  condenser  en  trente  nombres,  au  lieu  de  quatre-vingt-dix,  la  ca- 
ractéristique thermique  d'une  année. 

»  Cela  est  encore  plus  vrai  d'une  nouvelle  période,  trois  fois  plus 
courte,  que  mes  recherches  m'ont  conduit  à  distinguer  dans  le  mouvement 
annuel  de  la  température;  c'est  luie  période  de  dix  jours,  qui,  se  reprodui- 
sant trente-six  fois  dans  Wmnëe  angulaire  de  trois  cent  soixante  jours,  con- 
situe  la  symétrie  Iridodécuple .  Dans  ce  système,  l'année  se  réduit  à  une 
décade  thermique,  composée  de  dix  jours,  dont  chacun  est  la  moyenne  de 
trente-six  jours,  distants  entre  eux,  sur  l'écliptique,  de  10  degrés  de  longi- 
tude héliocentrique. 

(i)  M.  Seipieri  s'.ippnyait  sur  les  |)ropriét(''s  de  quatre  ordonnées  éqnidistantes  de  la 
sinusoïde  ou  d'autres  courbes  analogues.  Mais  ce  qu'il  fallait  démontrci',  c'est  que  les  nom- 
bres qui  représentent  la  moyenne  température  de  chacun  des  jours  de  l'année  constituent 
une  de  ces  courbes.  Or,  mes  recherches  établissent  manifestement  le  contraire. 


(699) 

j)  Dans  une  Neuvième  Note  sur  les  variations  périodiques  de  la  tempéra- 
ture, où  je  discute  plus  de  quatre  cent  cinquante  années  d'observation,  qui, 
avec  les  quatre  cent  cinq  ans  déjà  discutés  dans  ma  Huitième  Note,  forment 
un  total  d'environ  neuf  cents  ans,  répartis  sur  un  peu  plus  de  deux  siècles, 
je  donnerai  plus  tard  avec  détails  les  éléments  qui  me  servent  à  établir  cette 
nouvelle  période.  Il  me  suffira  de  faire  aujourd'hui  les  deux  remarques 
siiivantes,  qui  résultent  de  mon  travail  : 

»  1°  Dans  la  symétrie  tridodécuple,  la  probabilité  serait  trois  fois  plus 
grande  que  dans  la  symétrie  dodécuple,  et  neuf  fois  plus  grande  que  dans 
la  symétrie  quadruple  pour  que  les  températures  moyennes  de  chacun  des 
jours  de  la  décade  thermique,  qui  représente  l'année,  fussent  égales  entre 
elles.  Si  donc  la  courbe  de  ces  dix  jours  présente  des  maxima  et  des  minima, 
on  sera  plus  fondé  à  admettre  que  ces  inégalités  sont  dues  à  des  causes 
particulières  qu'il  s'agit  de  dégager. 

M  2°  Bien  que  j'aie  dû  employer  dans  mes  premières  recherches  le  plus 
grand  nombre  possible  d'années  d'observations,  afin  qu'on  ne  pût  pas 
m'objecter  que  les  inégalités  périodiques  que  je  signalais  étaient  peut-être 
particulières  à  quelques  années  choisies,  j'avais  établi,  dès  le  début  de  mes 
travaux,  que  les  inégalités  ne  se  présentent  pas  pour  les  mêmes  jours  dans 
les  diverses  années  :  je  montrais  même  (Deuxième  Note,  Comptes  rendus, 
t.  LX,  p.  696)  qu'il  y  avait,  dans  chaque  oscillation  particulière,  un 
maximum  d'écart  entre  les  années  :  ce  qui  est  un  fait  très-encourageant 
pour  la  recherche  du  cycle  d'années  qui  ramène,  dans  chaque  cas,  les 
mêmes  influences.  La  question  a  donc  fait,  il  me  semble,  un  grand  pas, 
puisque  je  puis  et  dois,  dès  maintenant,  me  débarrasser  de  la  considération 
en  bloc  d'un  très-grand  nombre  d'années,  que  je  combinais  à  l'aveugle, 
annulant  certaines  influences  par  des  influences  opposées,  et  qu'il  faut 
aujourd'hui  prendre  à  part  chaque  année  et  l'étudier  dans  sa  caractéris- 
tique thermique. 

»  Néanmoins,  le  problème  reste  encore  très-compliqué;  car  il  faudrait, 
pour  le  résoudre  complètement,  examiner  séparément  chacune  des  inéga- 
lités dans  chacune  des  années,  puisque,  chaque  inégalité  pouvant  avoir  sa 
cause  propre,  il  n'est  pas  nécessaire  que  le  retour  des  mêmes  phases  soit 
le  même  poiu-  toutes  ces  inégalités. 

»  En  attendant  qu'on  puisse  un  jour  traiter  la  question  dans  toute  sa 
généralité  et  dans  toutes  ses  complications,  l'introduction  que  je  fais  des 
symétries  quadruple,  dodécuple  et  tridodécuple  montre  qu'il  y  a  un  cer- 
tain rapport  entre  toutes  ces  causes,  puisque  leurs  effets  multiples  peuvent 


(  700  ) 
ainsi  se  résumer.  Je  ne  donne  donc,  par  le  fait,  que  des  moyens  transi- 
toires d'investigation,  et  il  est  évident  que  le  premier  à  employer  est  celui 
qui  condense  la  caractéristique  d'une  année  en  le  moindre  nombre  de 
signes  possible  :  c'est  la  période  tridodécuple.  Si  l'on  parvient  à  établir  de 
cette  manière  un  premier  rapport  approximatif  entre  les  diverses  années, 
on  pourra  successivement  les  comparer  aux  points  de  vue  des  symétries 
dodécuple  et  quadruple,  enfin  analyser  cette  dernière  période  à  son  tour 
et  étudier  cliacune  des  inégalités  réduite  à  elle-même,  soit  dans  une  année, 
soit  dans  le  cycle  d'années  qui  la  ramène  avec  les  mêmes  caractères. 

»  Ces  réflexions,  dont  l'Académie  excusera,  j'espère,  la  longueur, 
étaient,  il  me  semble,  nécessaires,  pour  expliquer  comment  il  se  fait  que 
j'aborde  de  suite  celle  des  trois  symétries  qui  est  la  plus  compliquée,  la 
symétrie  tridodécuple. 

M  Mais  avant  d'eu  faire  l'application  à  l'état  sanitaire  et  physiologique 
de  l'homme,  j'ai  voulu  construire  les  deux  périodes  dodécuple  et  tridodé- 
cuple d'après  l'année  entière  d'observations  thermométriques,  du  21  juin 
1869  au  21  juin  1870,  que  j'ai  recueillies  à  Monlsouris,  la  seule  véritable- 
ment qui,  pour  la  station  de  Paris,  réunisse  jusqu'ici  des  conditions  irré- 
prochables pour  la  position  des  instruments.  Aussi,  je  n'en  doute  pas, 
sera-t-on  frappé,  comme  je  le  suis  moi-même,  de  la  netteté  des  résultats. 

»  La  planche  ci-contre  donne,  pour  cette  période,  les  valeurs  des  trente 
ordonnées  des  jours  dodécuples.  Leur  inégalité  est  flagrante,  puisque  la 
température  du  huitième  jour  (qui  réunit  les  28  janvier,  27  février,  28  mars, 
28  avril,  29  mai,  28  juin,  1"  et  3i  août,  3o  septembre,  3i  octobre,  3o  no- 
vembre et  29  décembre)  n'est  que  de  8°,5,  tandis  que  celle  du  vingt-sixième 
jour  (16  janvier,  i5  février,  16  mars,  16  avril,  17  mai,  16  juin,  18  juillet, 
19  août,  18  septembre,  19  octobre,  18  novembre  et  17  décembre)  atteint 
12°,  5.  La  somme  des  températures  moyennes  des  douze  derniers  jours  a 
donc  dépassé  de  48  degrés  celle  des  douze  premiers. 

»  Mais  ce  qui  est  plus  remarquable,  c'est  que  le  premier  coup  d'oeil  jeté 
sur  la  courbe  conduit  immédiatement  à  la  considération  de  la  symétrie  tri- 
dodécuple. En  effet,  il  est  impossible  de  ne  pas  remarquer  que  celte  courbe 
se  décompose  naturellement  en  trois  boucles,  dont  la  première  est  convexe 
vers  le  bas  (à  rexception  du  sixième  jour,  dont  l'anomalie  s'expliquera 
bientôt),  et  dont  les  deux  autres  présentent,  au  contraire,  vers  le  haut  leur 
convexité.  La  moyenne  des  dix  premiers  jours  nest  que  de  9", 5  :  celle  des 
vingt  derniers  est  d'environ  1 1  degrés. 

»  Si  l'on  combine  trois  à  trois  ces  trente  jours  dodécuples  pour  en  dé- 


(  7°!   ) 
duire  les  dix  jours  tridodécuples,  on  obtient  la  première  courbe  de  la 
deuxième  planche,  et  l'on  s'explique  l'anomalie  apparente  du  maximum 

que    présentait    le    sixième 
jour  dodécuple.  C'est  qu'en 
effet  ce  sixième  jour  dodé- 
cuple est  un  des  trois  élé- 
ments du  sixième  jour  tri- 
dodécuple  qui,   comme  on 
le    voit    en    examinant    la 
deuxième    planche ,  est   un 
maximum  très-saillant.   Ce 
sixième  jour  tridodécuple, 
que  nous  allons  voir  jouer 
un   rôle  remarquable  dans 
les   divers    documents   que 
j'ai   à   mentiotmer    aujour- 
d'hui, réunit,  outre  les  douze 
jours  que  j'ai  énumérés  pré- 
cédemment  comme  consti- 
tuant le  vingt-sixième  jour 
dodécuple,  vingt-quatre  au- 
tres jours  appartenant  aux 
sixième    et    seizième   de   la 
symétrie  dodécuple,  savoir  : 
les  6  et  1 6  janvier,  5  et  1 5  fé- 
vrier,   6  et  i6  mars,   5  et 
i6  avril,  7  et  17  mai,  6  et 
16  juin,  7  et  18  juillet,  9  et 
19  août,  8  et  18  septembre, 
9  et  19  octobre,  8  et  18  no- 
vembre, 7  et  17  décembre. 
Sa    température    a    été ,    à 
Montsouris,  du  21  juin  1869 
au  21  juin  1870,  de   11°, 2, 
tandis  que  celle  du  premier 
jour  tridodécuple,  qui  commence  au  i"  janvier  et  qu'on  peut  facilement 
restituer  dans  sa  composition,  n'a  été  que  de  10'',  i.  La  somme  des  trente- 
six  moyennes  a  été,  d'un  côté,  supérieure  de  4o°,3  à  ce  qu'elle  a  été  de  l'autre. 


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(  7°^  ) 
M  Les  limites  assignées  à  nos  Communications  ne  me  permettraient  pas 

de  développer  avec  détails  les 
PÉRIODE  DU  21  JvriN  1869  ATJ  21  JTJrN  1810  diverses  courbes  que  réunis- 

sent les  quatre  petits  dessins 
dont  je  prie  l'Académie  d'au- 
toriser l'insertion  dans  le  texte 
même  de  ma  Note.  Un  coup 
d'œil  jeté  sur  les  courbes  en 
dira  plus,  d'ailleurs,  que  de 
longs  commentaires.  Je  vais 
donc  me  borner  presque  uni- 
quement à  indiquer  le  sujet 
auquel  se  rapporte  chacune 
d'elles. 

»  La  seconde  courbe  de 
cette  deuxième  planche  a  trait 
encore  aux  observations  de 
Montsouris.  C'est  la  repré- 
senlation  tridodécuple  des 
moyennes  ozonométriques 
diurnes,  calculées  d'après  huit 
observations  trihoraires  (i). 
Sans  discuter  cette  courbe  dans 
ses  détails,  on  voit  immédia- 
tement que  ses  inflexions  sont 
opposées  à  celles  de  la  tempé- 
rature. Ainsi,  à  l'extrémité  sud 
de  Paris,  et  pendant  cet  inter- 
valle, la  coloration  du  papier 
ioduréa  été  d'autant  plus  fai- 
ble que  la  température  était 
plus  élevée. 

»  La  troisième  courbe  don- 
ne, pour  la  même  période,  les 
dix  jours  tridodécuples,  cal- 
culés d'après  les  observations 


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Jours  Tridodécuples. 

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(i)  Cette  observation  consiste  simplement  dans  la  mesure  des  colorations  du  papier  ioduré 
de  Schônbein,  d'après  l'échelle  <le  o  à  21,  établie  par  MM.  Bérigny  et  Richard  de  Sedan. 


(  7^3  ) 
ozonométriques  établies  par  MM.  Belgrand  et  Lemoine  dans  un  grand 
nombre  de  stations  municipales  parisiennes,  et  publiées  dans  le  Bidlelin 
de  Statistique  municipale.  Les  deux  courbes  ozonométriques,  placées  l'une 
au-dessous  de  l'autre,  ne  coïncident  pas  dans  leurs  allures;  et  cela  n'a 
rien  d'étonnant,  puisque,  dans  l'intérieur  ou  aux  limites  d'une  grande 
ville,  la  coloration  des  papiers  iodurés  varie  avec  la  direction  du  vent 
qui  amène  l'air  sur  eux.  Mais  cette  troisième  courbe  ,  se  rapportant  à 
des  points  répartis  sur  toute  l'étendue  de  Paris,  peut  être  comparée  avec 
la  dernière,  qui  soumet  à  la  symétrie  tridodécuple  le  nombre  des  décès 
diurnes  constatés,  pour  la  même  période,  dans  toute  l'étendue  de  la 
ville,  et  publiés  aussi  par  le  Bulletin  municipal.  En  jetant  les  yeux  sur 
cette  dernière  courbe,  on  ne  peut  s'empêcher  de  remarquer  la  simpli- 
cité de  ses  allures,  qui  présentent  deux  maxima  et  deux  minima.  Le  plus 
bas  de  ces  minima  tombe  précisément  sur  le  sixième  jour  tridodécuple, 
qui  donnait ,  à  Montsouris ,  un  maximum  notable  de  températiue.  Le 
maximum  des  décès  tombe  sur  le  dixième  jour  tridodécuple,  qui  se  com- 
pose des  lo,  20  et  3o  janvier;  9,  19,  et  29  février;  10,  20  et  3o  mars; 
9  et  20  avril;  i,  1 1 ,  21  et  3i  mai;  10  et  20  juin;  i,  1 1,  22-28  juillet;  3,  i3 
et  23  août;  2,  12  et  22  septembre;  2,  i3  et  23  octobre;  2,  12  et  22  no- 
vembre; I,  II,  21  et3i  décembre.  Le  nombre  total  des  décès  a  été,  pour 
les  trente-six  jours  de  cette  dernière  série,  de  5653,  et  seulement  de  5386 
pour  les  trente-six  jours  delà  première. 

»  Comparée  avec  la  courbe  de  l'ozonométrie,  celle-ci  montre  que  le 
nombre  des  décès  à  Paris,  pendant  cette  période,  a  été  sensiblement  in- 
verse de  la  coloration  du  papier. 

»  Des  deux  dernières  planches  qui  accompagnent  cette  Note,  l'une  pré- 
sente la  symétrie  tridodécuple  appliquée  aux  mortalités  diurnes  des  quatre 
années  publiées  jusqu'ici,  pour  Paris,  dans  le  Bulletin  de  Statistique  muni- 
cipale. Ces  quatre  années  s'étendent  du  22  décembre  i865  au  22  décem- 
bre 1869.  Malgré  l'irrégularité  apparente  de  ces  quatre  courbes,  en  1rs  étu- 
diant de  près,  on  ne  tarde  pas  à  distinguer  des  traits  con)muns,  légèrement 
variables  d'une  année  à  l'autre,  mais  qui  s'accusent  nettement  dans  la  cin- 
quième courbe,  moyenne  des  quatre  antres.  Tels  sont  le  mininuim  du 
dixième  jour  tridodécuple,  qui,  dans  la  première  année  seulement,  est  re- 
culé d'un  jour  ;  le  minimum  du  troisième  jour,  qui  varie  suivant  les  années, 
du  deuxième  au  quatrième;  le  minimum  du  cinquième  et,  enfin,  celui  du 
septième,  qui  varie  entre  le  septième  et  le  huitième.  Le  maximum  du  pre- 

G.  K.,   1S70,  2»  Semesire.  (T.  LXXI,  N"  21.)  94 


(  7o4) 
mier  jour  est  très-clairement  indiqué,   mais  surtout  celui  de  ce  même 
sixième  jour  tridodécuple,  sur  lequel  je  viens  plusieurs  fois  d'appeler  l'at- 
tention. 
MORTAJJTE  A  PARIS 


Jours  Tridodécuples 
1 


»  Lorsque,  comme  dans 
les  troisième  et  quatrième 
années,  il  y  a  une  tendance 
générale  à  la  diminution  des 
mortalités  du  premier  au 
septième  jour  tridodécuples, 
on  voit  le  sixième  jour  se  re- 
lever et  donner  un  maximum 
relatif. 

»  Cette  tendance  du  sixiè- 
me jour  tridodécuple  à  pré- 
senter un  maximum  de  mor- 
talité est  très-sensible  encore 
dans  la  dernière  planche. 
Voici  de  quels  éléments  elle 
se  compose. 

»  J'ai  pu ,  grâce  à  l'obli- 
geance delà  municipalité  de 
la  ville  de  Boulogne  sur-Mer, 
consulter  les  registres  des 
décès,  et  en  extraire  vingt- 
deux  années  complètes,  sa- 
voir les  années  i832,  i83q 
et  les  vingt  ans  consécutifs 
qui  se  sont  écoulés  de  i846 
à  1866.  Seulement  mou  tra- 
vail, déjà  ancien,  ne  porte 
que  sur  les  quatre  mois,  que 
je  réunis  sous  le  nom  com- 
mun de  fcbruarides,  et  qui 
sont  février,  mai,  août  et  no- 
vembre, que  j'étudiais  plus  spécialement  alors.  On  voit  que,  répartis 
dans  la  symétrie  tridodécuple,  ces  quatre  mois  angulaires,  commençant 
respectivement  au  3i  janvier,  2  mai,  4  aoiit  et  3  novembre,  forment  le 
tiers  de  la  série,  c'est-à-dire  douze  jours  tridodécuples,  qui,  si  le  prin- 


(  7o5  ) 
cipe  de  régularité  signalé  existe  réellement,  doivent  la  présenter  comme 
le  ferait  l'ensemble  des  trente-six  jours.  Or,  c'est  ce  qu'il   est  aisé  de 
vérifier  par  un  coup  d'oeil  jeté  sur  cette  planche.  Elle  contient,  en  effet, 

trois  courbes  dont  voici  les  élé- 


MORTALITE  ABOULOGNE-Sni-MER 


s-?!  Joiii's  tridodécuples  lebruarides 

"^  félO    123!c56789    10 


ments.  Parmi  les  vingt -deux 
années  étudiées,  six  présentè- 
rent une  mortalité  exception- 
nelle, due  aux  deux  invasions 
du  choléra,  à  des  épidémies  de 
variole  et  aux  maladies  typhoï- 
ques,  amenées  par  la  concen- 
tration des  troupes  dans  les 
camps  improvisés  aux  envi- 
rons de  Boulogne.  J'ai  réuni 
dans  la  première  courbe  la 
moyenne  de  ces  six  années  pour 
les  douze  jours  tridodécuples 
que  j'ai  considérés.  On  voit 
que  la  mortalité  y  a  été  pres- 
que double  de  celle  qui  s'est 
manifestée  dans  les  seize  autres 
années ,  condensées  dans  la 
troisième  courbe.  Enfin,  la 
courbe  du  milieu  représente 
la  mortalité  moyenne  pour  les 
vingt-deux  années. 

»  Sans  entrer  dans  des  dé- 
tails qui  ne  pourraient  avoir 
d'intérêt  que  pour  les  person- 
nes qui  auraient  les  trois  cour- 
bes sous  les  yeux,  je  me  con- 
tenterai d'y  faire  remarquer  une  succession  de  maxima  et  de  minima  analogue 
à  celle  que  nous  venons  de  voir  dans  les  cas  de  décès  constatés  à  Paris 
pendant  quatre  années.  J'insisterai  seulement  sur  le  maximum  présenté 
encore  ici  par  ce  même  sixième  jour  tridodécuple,  qui  s'est  montré  remar- 
quable à  presque  tous  les  points  de  vue,  assez  variés,  que  j'ai  abordés  dans 
cette  Note.  Dans  la  moyenne  des  six  années  exceptionnelles,  on   particu- 

94-' 


(  7o6  ) 
lier,    on  voit  la  mortalité,  pour  ce  sixième  jour,  dépasser  de  près  de  20 
pour  100  celle  qui  affecte  le  premier  jour  tridodécuple. 

»  Toutes  ces  concordances,  il  serait,  à  mon  avis,  puéril  et  anliphiloso- 
phique  de  les  attribuer  à  cet  être  déraison  qu'on  nomme  le  hasard,  et  dont 
la  considération  doit  être  absolument  bannie  de  l'élude  des  phénomènes 
naturels. 

»  J'ai  poursuivi  principalement  aujourd'hui  l'application  de  la  symétrie 
tridodécuple  aux  faits  de  mortalité  dans  l'espèce  humaine;  dans  une  troi- 
sième et  dernière  Communication,  je  me  propose  de  rechercher  si  elle  se 
manifeste  dans  quelques-uns  des  phénomènes  physiologiques.    » 

«  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  fait  hommage  à  l'Académie  : 

»  i"  Du  Bulletin  de  ('Observatoire  météorologique  central  de  Monlsouris 
du  1*'  août  au  6  septembre  1870,  époque  à  laquelle  le  bâtiment  du  Barde 
ayant  été  mis,  provisoirement  et  pour  les  besoins  du  siège,  à  la  disposition 
de  l'autorité  militaire,  la  plupart  des  instruments  en  ont  été  retirés  et  le 
service  régulier  a  dû  être  interrompu. 

»  2°  Des  Bulletins^  nécessairement  incomplets,  des  mois  de  septembre  (i) 
et  d'octobre,  pendant  une  partie  desquels  on  a  pu  observer,  plusieurs  fois 
par  jour,  le  baromètre,  le  thermomètre  fixe  et  le  thermomètre-fronde,  le 
psychromètre,  la  coloration  des  papiers  Schonbein,  la  direction  et  la  force 
du  vent,  l'état  du  ciel. 

»  Il  n'est  pas  nécessaire  d'insister  sur  les  difficultés  qu'a  présentées,  dans 
l'état  actuel  des  choses,  l'obtention  de  ces  dernières  observations,  pour  les- 
quelles j'ai  eu  l'assistance  de  deux  de  mes  anciens  observateurs,  MM.  Gué- 
naire  et  Châtelain,  et  celle  de  M.  Louis  Baudin,  fils  de  notre  excellent 
constructeur  d'instruments,  lui-même  déjà  très-habile.  Mais  je  ne  puis  me 
dispenser  d'exprimer  ici  ma  reconnaissance  à  M.  le  capitaine  de  vaisseau 

(1)  On  verra  que  nous  avons  pu  donner,  jusqu'au  i5  septembre,  dans  le  Supplément 
agricole  et  médical,  toutes  nos  correspondances  des  départements  arrivées  avant  cette  époque. 
Afin  que  nos  correspondants  sachent  par  le  Compte  rendu,  s'il  le  reçoivent,  que  leurs  Notes 
du  mois  d'août  nous  sont  parvenues,  je  demande  la  permission  de  citer  celles  que  nous  avons 
pu  utiliser.  Ce  sont  celles  de  MM.  Naudin,  à  Collioure;  Nonel,  à  Vendôme;  Crouzat,  à 
Béziers;  Souberbielle,  à  Laressorc;  du  Peyrat,  à  Beyrie;  de  Lenlilhac,  iiLavallade;  Carlier, 
il  Saint-Martin-de-Hinx;  Vaillant,  à  Cosne-sur-Loirc;  Pissot,  à  Doulevant-le-Chàteau;  Thi- 
riat,  au  Syndicat  de  Saint-Amé;  Meurein,  à  Lille;  Houzeau  et  Tocqueville,  à  Rouen; 
Coquelin,  à  UeauficcI  ;  Marchand,  ;i  F'écanip  ;  A.  Perrey,  à  Lorient  ;  Pralon,  ;\  Blois;  Parant, 
à  Montaryis;  Nicolas,  au  Puy;  Vincent,  à  Bourg. 


(  707  ) 

Grasset  et  à  M.  le  lieutenant  de  vaisseau  Viinont,  qui  habitent  le  Barcio, 
comme  attachés  an  huitième  secteur,  qui  nous  ont  aidés  de  tout  leur  pou- 
voir, et  dont  le  dernier  a  voulu  contribuer,  par  lui-même,  à  recueillir  nos 
observations. 

))  Enfin,  je  suis  heureux  d'ajouter  que  M.  Jules  Simon,  Ministre  de  l'In- 
struction publique,  a  bien  voulu,  malgré  les  difficultés  financières  actuelles 
de  son  Administration,  remettre  au  Président  de  la  Commission  de  l'Ob- 
servatoire de  Montsouris  une  somme  qui,  toute  faible  qu'elle  est,  permet 
néanmoins  d'assurer  la  conservation  de  ce  qui  y  est  resté  de  l'ancien  ma- 
tériel, dont  une  partie,  comme  on  le  voit,  est  encore  utilisée.  » 

NOMINATIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  mathématiques  à  décerner  en  iS'yo  (question  proposée  :  «  Re- 
chercher les  modifications  qu'éprouve  la  lumière  dans  son  mode  de  pro- 
pagation et  ses  propriétés,  par  suite  du  mouvement  de  la  source  lumineuse 
et  du  mouvement  de  l'observateur  ».) 

MM.  Fizeau,  Liouville,  Jamin,  Bertrand,  Edm.  Becquerel  réunissent  la 
majorité  des  suffrages. 

MÉMOIRES  LUS. 

CHIRURGIE.  —  Sur  la  propriété  dont  jouiraient  les  troncs  artériels  de  résister^ 
mieux  que  les  cordons  nerveux,  à  l' action  directe  des  projectiles  sphériques. 
Note  de  M.  Bonnafont.  (Extrait.  ) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  J'ai  recueilh  autrefois,  en  Afrique,  diverses  observations  qui,  dans 
les  circonstances  actuelles,  me  semblent  offrir  un  certain  intérêt. 

»  Premier  fait.  —  Le  nommé  M...,  soldat  au  26*  de  ligne,  reçut  sur  le 
Coudiatasy,  sous  Constantine,  et  à  bout  portant,  la  décharge  d'un  coup  de 
fusil.  Le  projectile  pénétra  d'arrière  en  avant  dans  le  creux  axillaire  droit, 
divisa  le  plexus  nerveux  presque  en  totalité,  ainsi  que  la  veine  axillaire.  Les 
téguments  et  toutes  les  autres  parties  charnues  étaient  fortement  dilacérés, 
triturés  même  et  noircis  par  la  poudre;  la  bourre,  restée  dans  la  plaie,  y 


(  7o8) 
avait  produit  un  délabrement  considérable.  Au  milieu  d'un  pareil  désordre 
l'artère  seule  était  intacte  et  paraissait  isolée  comme  un  cordon,  dans  l'é- 
tendue de  quatre  à  cinq  centimètres. 

»  Deuxième  fait.  —  M.  R...,  alors  sous-lieutenant,  aujourd'hui  général 
de  cavalerie,  reçut  pendant  l'expédition  de  Sétif  (i838)  un  coup  de  feu  à 
bout  portant,  tiré  par  un  cabaïle  caché  derrière  un  rocher  dans  le  détilé  de 
Karbaïte  (l'ancienne  Cuicrilus  des  Romains).  La  balle  traversa  de  bas  en 
haut  le  bord  postérieur  de  l'aisselle,  le  creux  axillaire  et  vint  sortir  à  la 
partie  antérieure  de  cette  région,  traversant  aussi  le  bord  formé  par  le  grand 
pectoral.  La  blessure  mise  à  découvert  présenta  les  lésions  suivantes  :  des- 
truction complète  de  tous  les  téguments  du  creux  axillaire,  tous  les  troncs 
nerveux,  l'axillaire  excepté,  étaient  brisés  ainsi  que  la  veine;  l'artère  axil- 
laire|était  intacte  et  se  détachait  seule,  dans  l'étendue  de  quatre  centimètres, 
au  milieu  de  ce  désordre,  et  pourtant  si,  comme  je  le  fis,  on  passait  un 
stylet  à  travers  les  deux  ouvertures,  et  qu'on  remît  le  bras  dans  la  position 
où  il  se  trouvait  au  moment  de  la  blessure,  le  stylet  rencontrait  immédia- 
tement l'artère.  Le  projectile  l'avait  donc  aussi  rencontrée  et  avait  di'i  glisser 
sur  elle,  pour  passer  dessus  ou  dessous  avant  de  sortir  du  côté  opposé — 

»  En  présence  de  ces  faits,  il  est  permis  de  se  demander  s'il  n'y  a  pas  là 
une  cause  spéciale  qui  a  empêché  la  lésion  de  l'artère,  et  par  suite  une  hémor- 
rhagie  mortelle,  alors  que  les  cordons  nerveux  qui,  par  leur  nature,  sont 
beaucoup  plus  résistants,  ont  cependant  été  brisés  sous  l'influence  de  la 
même  cause. 

»  Cette  cause  spéciale  et  préservatrice  pourrait  bien  résider  :  i°  dans  la 
structure  celluleuse  et  élastique  des  parois  de  l'artère  :  2°  et  surtout  dans 
sa  forme  cylindrique,  que  la  plénitude  sanguine  et  les  pulsations  rendent 
encore  plus  résistante.  Dans  ces  conditions,  on  peut  bien  supposer  qu'un 
tube  à  parois  lisses  résistantes  et  élastiques  puisse,  jusqu'à  un  certain 
point,  imprimer  une  légère  déviation  à  un  projectile  sphérique  à  surface 
également  lisse  qui,  lancé  à  grande  vitesse  et  animé  d'un  mouvement  rota- 
toire  rapide,  se  dévie  souvent  par  la  rencontre  d'un  obstacle  quelquefois 
insignifiant.  » 

M.  C.  Lefort  donne  lecture  d'une  Note  relative  à  la  «  Sociologie  ». 


(  709  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ART  MILITAIRE.  —  Sur  la  force  de  la  poudre  et  des  matières  explosives 
(3^  Partie  :  Composés  explosifs  définis).  Note  de  M.  Rerthelot,  présentée 
par  M.  Bertrand  (*). 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 
§  1.  Relations  générales. 

((  1.  Jusqu'ici  nous  avons  étudié  les  poudres,  c'est-à-dire  les  substances 
dont  les  propriétés  détonantes  sont  dues  à  l'action  réciproque  de  leurs 
composants  simplement  mélangés  :  il  s'agit  d'appliquer  les  mêmes  prin- 
cipes aux  corps  définis,  dont  l'explosion  résulte  d'une  réaction  interne 
entre  les  éléments  préalablement  associés  sous  forme  de  combinaison.  Tels 
sont  le  chlorure  d'azote,  la  nitroglycérine,  la  poudre-coton,  le  picrate  de 
potasse,  etc. 

»  2.  Pour  rendre  plus  commode  la  comparaison  des  propriétés  de  ces 
corps,  il  me  semble  utile  de  signaler  d'abord  quelques  conséquences  des 
formules  établies  dans  la  i'^''  Partie  de  ce  travail. 

))  Soit  deux  substances  différentes,  prises  sous  le  même  poids  et  détonant 
dans  des  capacités  égales,  on  aura  (^*)  d'après  les  formules  (6)  de  la 
page  621,  en  évaluant /Jj  et  p'^  et  en  prenant  leur  rapport 


P2 


■  ati 


ou  bien  approximativement  (***)  et  en  raison  de  la  grandeur  des  tempéra- 
tures ^2  et  ^0, 

.     .  Pi  __  t,     "^ 

(II)  —    =  TT   •  — 5 

^        ^  P2  ^1       ". 


(*)  L'Académie  a  décidé  que  cette  Communication,  bien  que  dépassant  en  étendue  les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  en  entier  au  Compte  rendu. 

(**)  /?,,  «2,  C|,  se  rapportent  à  l'une  des  substances;  p\,  t\,  v\  à  l'autre;  c,  et  v\  sont  les 
volumes  respectifs  des  gaz  que  chaque  substance  dégagerait  sous  o",  760  et  à  zéro. 

Je  dois  signaler  une  erreur  commise  dans  l'impression  de  la  formule  (2)  de  la  page  620. 
Elle  doit  être  rétablie  comme  il  suit  : 

/  „  \  *- 
(2)  I  -)-af,=  (r -f- a/, 


(***)  Les  formules  (i  1),  (12)  et  {i3)  sont  tout  à  fait  exactes,  si  l'on  rapporte  les  tempe- 


(  71°  ) 
c'est-à-dire 

»  L'effort  exercé  sur  les  parois  est  proportionnel  au  produit  de  la  température 
développée  durant  l'explosion  par  le  volume  des  gaz  que  chaque  substance  dégage 
sous  la  pression  atmosphérique. 

»  Dans  le  cas  où  la  chaleur  spécifique  moyenne  des  composés  formés 
est  à  peu  près  la  même  pour  les  deux  substances,  cas  qui  se  présente  fré- 
quemment, on  a  encore,  approximativement, 

Pl    Q:       ^ 

p\  ~  Q'=  ■  "',  ' 
ou 

P2 

"■ 
c'est-à-dire  : 

»  Le  travail-est  proportionnel  au  quotient  de  la  pression  produite  durant  l'ex- 
plosion par  le  volume  des  gaz  que  chaque  substance  dégage  sous  la  pression  atmo- 
sphérique. 

»  Enfin,  quelles  que  soient  les  chaleurs  spécifiques,  on  peut  exprimer 
le  travail  en  fonction  des  quantités  de  chaleur  dégagées,  par  les  relations 
approximatives  : 

»  3.  Les  quantités  Q,  et  f,,  déterminées  par  expérience,  servent  à  cal- 
culer toutes  les  autres.  On  peut  définir  une  substance  explosive  par  ces 
deux  caractéristiques. 

§  2.    Chlorure  d'azote. 

»    1.   Le  chlorure  d'azote  détone,  comme  on  sait,  en  se  résolvant  en 

éléments  : 

AzCl'  =  Az  +  3  Cl. 

»  2.  La  quantité  de  chaleur  dégagée  dans  cette  réaction,  Q,,  a  été  dé- 

nitures  au  zéro  absolu,  en  posant 

T,  =  273+^;     r,  =  273+/',; 
et  si  l'on  remplace  Q,,  Qj  par 

N,  =  273^  4- Q,;     N,  =  273c +  Qj,  etc., 
c'est-à-dire  si  l'on  compte  la  chaleur  dégagée  depuis  ce  même  zéro  absolu. 


(  711  ) 
terminée  par  MM.  Deville  et  Hautefeuille  (*)  :  elle  s'élève  à  3i6'=*\4  par 
gramme  de  chlorure  d'azote,  d'après  la  moyenne  de  leurs  expériences. 
I  gramme  développe  d'ailleurs  Syo  litres  de  gaz  à  zéro  et  o'",76o  :  c'est  la 
seconde  caractéristique. 

))  3.  Sous  ce  volume  constant,  les  gaz  (**)  seraient  portés  k  t,  =  3970  de- 
grés. Enfin 

»  I  kilogramme  de  chlorure  d'azote,  détonant  dans  une  capacité 
constante  et  égale  à  i  litre,  développera  une  pression  de  65 000  atmo- 
sphères et  une  température  de  47700  degrés.  Il  dégagera,  dans  ces  con- 
ditions, 3800000  calories  et  pourra  effectuer  >m  travail  maximum  de 
3800000  X  liiS  kilogrammètres. 

»  4.  Il  est  digne  d'intérêt  que  la  pression  théorique  développée  par  le 
chlorure  d'azote,  dans  ces  conditions  et  même  en  général  {***),  ne  diffère 
pas  beaucoup  de  celle  de  la  poudre.  Le  travail  maximum  que  le  chlorure 
d'azote  puisse  effectuer  est  très-considérable;  cependant  il  ne  dépasse  guère 
la  moitié  de  celui  de  la  poudre,  lorsque  ces  deux  substances  font  explosion 
dans  une  capacité  égale,  quelle  qu'elle  soit.  Ce  sont  là  des  résultats  qui 
semblent  contredire,  à  première  vue,  ce  que  l'on  sait  des  phénomènes  ter- 
ribles produits  par  le  chlorure  d'azote  :  le  chlorure  d'azote,  en  effet,  est 
regardé  comme  le  type  des  substances  brisantes  et  qui  ne  peuvent  être 
employées  dans  les  armes,  pour  effectuer  les  travaux  de  projection  que  la 
poudre  réalise  par  sa  détente  progressive. 

»  5.  Tâchons  de  nous  rendre  compte  de  ces  différences.  La  principale 
sans  doute  doit  être  attribuée  à  la  nature  des  produits  de  l'explosion  et  à 
l'absence  complète  de  tout  composé  susceptible  de  dissociation.  Eu  effet, 
la  pression  et  le  travail  résultent  de  la  chaleur  dégagée  dans  la  décompo- 
sition du  chlorure  d'azote.  Or  celle-ci  donne  naissance  à  des  corps  élé- 
mentaires qui  n'ont  aucune  tendance  à  se  recombiner,  quelles  que  soient 


(*)   Comptes  rendus,  t.  LXIX,  p.  iSa. 

(**)  En  admettant  que  leur  chaleur  spécifique  moyenne  à  volume  constant  est  0,0797, 
chiffre  calculé  d'après  l'hypothèse  ordinaire  que  tous  les  ga/,  simples  ont  la  même  chaleur 
spécifique  sous  le  même  volume. 

(***)  D'après  la  formule  de  la  page  669 

^/3o6.r\'.<' 
p^  =20,5     , 

\IOOO/ 

formule  relative  à  la  poudre. 

G.  R.,  187a,  70  Semestre.  (T.  LXXl,  N"  21.)  9^ 


(  7'2  ) 
la  température  et  la  pression.  La  pression  initiale  atteindra  donc  tout 
d'abord  son  maximum,  et  le  chlorure  d'azote  fournira  de  suite  (ont  le  tra- 
vail dont  il  est  susceptible,  soit  en  disloquant  les  matériaux  sur  lesquels  il 
agit,  soit  en  les  écrasant,  s'ils  ne  sont  pas  suffisamment  compactes,  soit 
enfin  en  lein-  communiquant  sa  force  vive  sous  forme  de  mouvements  de 
projection  et  de  rotation. 

»  li  y  a  plus  :  la  pression  décroîtra  très-brusquement,  tant  par  le  fait 
de  ces  transformations  que  par  celui  du  refroidissement  et  de  la  détente 
des  gaz;  et  elle  décroîtra  sans  qu'aucune  nouvelle  quantité  de  chaleur, 
produite  durant  la  période  de  décroissement,  intervienne  pour  modérer 
la  chute  rapide  des  pressions.  Pression  initiale  énorme  et  s'abaissant  pres- 
que subitement,  ce  sont  là  des  conditions  éminemment  favorables  à  la  rup- 
ture des  vases  qui  contiennent  le  chlorure  d'azote. 

»  Ces  conditions  contrastent  avec  celles  qui  président  à  la  combustion 
de  la  poudre,  puisque  dans  cette  dernière  l'état  de  combinaison  des  élé- 
ments ne  se  produit  pas  tout  d'abord  d'une  manière  complète  et  qu'il  de- 
vient plus  avancé  à  mesure  que  la  température  s'abaisse.  La  pression  ini- 
tiale est  donc  moindre  avec  la  poudre  qu'avec  le  chlorure  d'azote;  mais, 
en  revanche,  elle  décroît  moins  vite,  à  cause  de  l'intervention  des  nou- 
velles quantités  de  chaleur  reproduites  pendant  la  période  de  refroidisse- 
ment. J'ai  déjà  insisté  sur  ces  considérations. 

»  On  voit  que  la  théorie  rend  assez  bien  compte  des  différences  obser- 
vées entre  les  propriétés  du  chlorure  d'azote  et  celles  de  la  poudre  ordi- 
naire. Cependant  il  faut  encore  signaler  quelques  autres  circonstances, 
telles  que  la  propagation  successive  de  la  transformation  dans  la  masse 
entière,  et  surtout  la  durée  des  réactions  moléculaires. 

»  6.  Pour  propager  la  transformation  dans  une  masse  qui  détone  et 
qui  n'est  pas  soumise  aux  mêmes  actions  dans  toutes  ses  parties,  il  faut  que 
les  mêmes  conditions  physiques  de  température,  de  pression,  etc.,  qui  ont 
provoqué  siu'  un  point  le  phénomène  se  reproduisent  successivement  et 
couche  par  couche  dans  toutes  les  portions  de  la  masse.  On  connaît  à  cet 
égard  les  nombreux  travaux  des  Artilleurs  (*)  sur  la  vitesse  de  combustion 
de  la  poudre  ordinaire  et  sur  celle  de  la  poudre-coton,  vitesse  variable 
avec  la  structure  physique  des  poudres  et  leur  composition  chimique.  Cette 
vitesse  varie  également  dans  les  mélanges  gazeux  explosifs,  comme  le 
prouvent  les  observations  relatives  à  la  combustion  des  mélanges  d'oxy- 


(*)  PioBEUT,  Traité  d'Artillerie,  partie  lliéorique. 


{  7'3  ) 
gène  et  d'hydrogène,  ou  d'oxyde  de  carbone,  ou  de  gaz  hydrocarbonés. 
Les  liquides,   tels  que  le  chlorure    d'azote  et  la  nitroglycérine,  doivent 
offrir  des  phénomènes  analogues  dans  la  propagation   des  réactions  ex- 
plosives. 

»  7.  Ce  n'est  pas  tout.  La  masse  entière  étant  placée  dans  les  mêmes 
conditions  de  température,  de  pression  ou  de  mouvement  vibratoire,  etc., 
il  semble  que  la  réaction  doive  se  développer  instantanément  dans  toutes 
les  parties  à  la  fois  :  les  explosions  subites  du  chlorure  d'azote  et  de  la 
nitroglycérine  pourraient  paraître  favorables  à  cette  manière  de  voir.  Ce- 
pendant l'observation  prouve  que  les  réactions  moléculaires  réclament 
en  général  un  certain  temps  pour  s'accomphr,  même  lorsqu'elles  dégagent 
de  la  chaleur.  Telle  est,  par  exemple,  la  décomposition  de  l'acide  formique 
en  eau  et  oxyde  de  carbone.  Opérée  dans  un  vase  fermé  et  maintenu  à  la 
température  fixe  de  260  degrés,  elle  exige  un  grand  nombre  d'heures.  Et 
cependant  cette  réaction  dégage  27000  calories  par  équivalent  d'acide  for- 
mique, c'est-à-dire  Sgo  calories  par  gramme,  presque  la  même  quantité 
que  la  déflagration  d'un  gramme  de  poudre. 

))  L'acétylène  changé  en  benzine  vers  le  rouge  sombre  par  une  réac- 
tion lente  dégage,  sous  le  même  volume,  autant  de  chaleur  qu'un  mélange 
tonnant,  formé  d'oxygène  et  d'hydrogène  dans  les  proportions  de  l'eau; 
c'est  le  double  de  la  chaleur  dégagée  par  la  poudre  au  chlorate  sous  le 
même  poids.  Le  cyanogène  dégage  deux  fois  autant  de  chaleur  que  la 
poudre  au  chlorate  sous  le  même  poids,  ou  bien  encore  le  double  de  la 
chaleur  dégagée  par  un  mélange  tonnant  formé  de  gaz  oxyhydrique  sous 
le  même  volume,  lorsque  ledit  cyanogène  est  décomposé  en  carbone  et 
azote  par  l'étincelle  électrique.  Quoique  le  carbone  coaunence  aussitôt  à  se 
précipiter,  cependant  le  cyanogène  ne  détone  point  sous  l'influence  de 
l'étincelle,  ce  qui  est  une  preuve  de  la  lenteur  de  la  réaction. 

»  Je  pourrais  multiplier  ces  faits  (*)  :  ils  comprennent  les  corps  explosifs 
proprement  dits  eux-mêmes,  maintenus  à  une  température  un  peu  inférieure 
à  celle  qui  détermine  l'explosion.  L'oxalate  d'argent,  par  exemple,  se  dé- 
compose lentement  à  100  degrés,  tandis  qu'il  détone  à  une  température 
plus  élevée. 

»  Bref,  toute  réaction  moléculaire,  opérée  au  sein  d'un  corps  homogène 
et  soumis  à  des  conditions  qui  semblent  identiques  pour  toutes  ses  parties, 
est  affectée  d'un  coefficient  caractéristique  relatif  à  la  durée.  Ce  coefficient 

{*)   Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4°  série,  t.  XVIII,  p.  142. 

95.. 


(  7'4  ) 
dépend  de  la  température  et  de  la  pression;  il  joue  un  rôle  essentiel  dans 
l'élude  des  propriétés  inégalement  brisantes  des  composés  explosifs. 

»  8.  Poussons  jusqu'au  bout  cette  explication.  La  durée  plus  ou  moins 
grande  d'une  réaction  ne  change  point  la  quantité  de  chaleur  dégagée  par 
la  transformation  totale  d'un  poids  donné  de  matière  explosive.  Mais  si 
les  gaz  formés  se  détendent  à  mesure,  par  suite  du  changement  de  la  capa- 
cité que  la  fuite  du  projectile  agrandit,  ou  bien  encore  par  suite  du  refroi- 
dissement dû  au  contact  des  parois,  dans  ces  circonstances,  dis-je,  les 
pressions  initiales  seront  d'autant  moindres  que  la  transformation  d'iui 
poids  donné  de  matière  explosive  durera  plus  longtemps.  Au  contraire, 
lorsqu'une  transformation  très-rapide  de  toute  la  masse,  au  sein  d'un  vase 
fermé,  jointe  à  l'absence  des  phénomènes  de  dissociation,  permet  aux 
pressions  initiales  d'atteindre  l'immensité  de  leurs  limites  théoriques,  ou 
d'en  approcher,  nulle  résistance  connue  ne  pourra  contenir  les  gaz  de  l'ex- 
plosion. 

»  9.  Il  en  sera  ainsi,  non-seulement  pour  un  corps  explosif  placé  dans  une 
capacité  fixe  et  résistante,  mais  pour  un  tel  corps  placé  dans  une  mince  en- 
veloppe, ou  sous  une  couche  d'eau,  ou  même  à  l'air  libre.  En  effet,  quand 
la  durée  des  réactions  décroît  outre  mesure,  les  gaz  dégagés  développent 
des  jn-essious  qui  augmentent  avec  une  extrême  rapidité;  si  rapidement  que 
les  corps  environnants,  solides,  liquides,  ou  même  gazeux,  n'ont  pas  le 
temps  de  se  mettre  en  mouvement  pour  y  obéir  graduellement;  ils  opposent 
à  la  détente  des  gaz  des  résistances  comparables  à  celle  d'une  paroi  fixe.  On 
sait  qu'il  suffit  d'une  pellicule  d'eau  à  la  surface  du  chlorure  d'azote  pour 
donner  lieu  à  de  tels  effets.  Plus  la  durée  de  la  réaction  approche  d'être  in- 
stantanée, plus  la  pression  initiale,  même  dans  un  vase  ouvert,  devient  voi- 
sine de  la  pression  théorique,  celle-ci  étant  calculée  pour  le  cas  d'une  dé- 
composition opérée  dans  une  capacité  constante,  entièrement  remplie  par  la 
matière  explosive.  C'est  ainsi  que  l'on  peut  rendre  compte  des  effets  extra- 
ordinaires de  destruction  produits  par  la  nitroglycérine  ou  la  poudre- 
coton  comprimée,  appliquées  sans  bourrage  dans  des  trous  librement  ou- 
verts, ou  même  à  la  surface  des  rochers  et  des  morceaux  de  fer.  Dans 
une  réaction  extrêmement  rapide,  la  commotion  due  au  développement 
sidjit  (le  ces  pressions  presque  théoriques,  peut  se  propager  à  travers  l'air 
lui-même,  projeté  en  masse,  comme  l'ont  montré  les  explosions  de  certaines 
poudrières  et  les  expériences  de  M.  Abel  sur  une  série  de  blocs  de  poudre- 
coton  comprimée.  Le  choc,  propagé  soit  par  une  colonne  d'air,  soit  par 
une  masse  liquide  ou  solide,  varie  avec  la  nature  du  corps  explosif  et  son 


(  7'5) 
mode  d'inflammation  :  il  est  d'autant  plus  violent,  que  la  durée  de  la  réac- 
tion chimique  est  plus  courte  et  qu'elle  développe  plus  de  chaleur,  c'est-à- 
dire  de  travail,  pour  le  même  poids  de  matière  explosive. 

§  3.   Nitroglycérine. 

»  1.  La  nitroglycérine  est  réputée  la  plus  énergique  des  substances  ex- 
plosives. Elle  disloque  les  montagnes,  elle  déchire  et  brise  le  fer,  elle  pro- 
jette des  masses  gigantesques.  Malgré  de  redoutables  accidents,  l'industrie 
des  Américains,  des  Suédois,  des  Anglais  et  d'autres  peuples  encore,  a  su 
tirer  parti  de  ces  propriétés  extraordinaires. 

»  Examinons  si  elles  sont  d'accord  avec  nos  théories. 

»  2.  La  décomposition  de  la  nitroglycérine  peut  être  représentée  par 
l'équation  suivante  : 

C''H=(AzO''H)'  =  6C0^4-5HO+  3Az+0. 

On  voit  que  la  nitroglycérine  jouit  de  la  propriété  exceptionnelle  de  ren- 
fermer plus  d'oxygène  qu'il  n'est  nécessaire  pour  en  brûler  complètement 
les  éléments  (*). 

»  3.  I  kilogramme  de  nitroglycérine,  sous  une  pression  de  o™, 760  et 
à  une  température  capable  de  vaporiser  l'eau,  produit  7io'(i  +  ut)  de  gaz. 
I  litre  de  nitroglycérine  produira  davantage,  soit  i  i35'(i  +  at),  à  cause  de 
sa  densité  1,60.  Sous  le  même  poids,  la  nitroglycérine  produit  donc 
3  4^  fois  autant  de  gaz  que  la  poudre  au  nitrate,  2  fois  autant  que  la  poudre 
au  chlorate.  Sous  le  même  volume,  elle  produit  près  de  6  fois  autant  de 
gaz  que  la  poudre  au  nitrate. 

»  4.  La  chaleur  dégagée  dans  la  réaction  l'emporte  aussi  beaucoup. 
Elle  peut  être  évaluée  (**)  à  291  000  calories  pour  un  équivalent  de  nitro- 
glycérine (l'eau  étant  produite  sous  forme  gazeuse),  soit  2o5iooo  calories 
jjour  I  litre;  1282000  pour  i  kilogramme.  Cette  dernière  quantité  est 
double  de  la  chaleur  dégagée  par  le  même  poids  de  poudre  au  nitrate  et 
supérieure  d'un  tiers  à  la  poudre  au  chlorate. 

(*)  Une  partie  de  cet  oxygène  donne  parfois  naissance  à  du  bioxyde  d'azote. 
(**)  Voici  le  calcul. 

État  initial  des  éléments.  Etat  final. 

C«H»0=+i50+  3Az  +  3HO  =  6CO=+  1 1  HO  +  3Az -+- 0. 
Première  mtirche. 
Qs  jjsQe  -^  O'*  =  6CO^  +  8HO,  (les  autres  substances  n'intervenamt  pas),  dégage  une  quan- 


(7i6) 
»  Ainsi  la  nitroglycérine  produit  sous  le  même  poids  3  |  fois  autant  de 
gaz  et  2  fois  autant  de  chaleur  que  la  poudre  au  nitrate.  La  différence 
entre  les  effets  produits  est  facde  à  prévoir.  Les  pressions  théoriques  (*) 
sont  données  par  la  formule 

'^"  '       \  lOOO  / 

I  kilogramme  de  nitroglycérine,  détonant  dans  une  capacité  égale  à  i  litre, 
développera  une  pression  théorique  de  243  ooo  atmosphères,  quadruple  de 
celle  de  la  poudre,  une  température  de  93400  degrés  et  une  quantité 
de  chaleur  égale  à  igyooooo  calories;  le  travail  maximum  sera  presque 
triple  de  celui  de  la  poudre. 

»    I  litre  de  nitroglycérine  pèse  1^^,60;  en  détonant  dans  une  capacité 

tité  de  chaleur  dont  !a  valeur  probable  doit  être  voisine  de 4ooooo"' 

{^Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  ^  série,  t.  VI,  p.  424O 

Deuxième  marche. 

3(Az-(-0^-t-  H0)=  3(AzO%  HO)  pur  et  liquide 60000 

3(AzO^HO)  +C«H»0'=C''H=(AzO'=H)=+  SH'O'. 

La  chaleur  dégagée  dans  cette  réaction  ne  peut  être  guère  mesurée  directe- 
ment, à  cause  des  produits  accessoires  d'oxydation  :  j'admettrai  qu'elle  est  la 
même  que  la  chaleur  dégagée  dans  la  formation  de  l'éther  nitrique,  pour  le 
même  poids  d'acide  nitrique.  Or  l'alcool  pur  en  léger  excès  et  l'acide  nitrique 
pur,  mélangés  avec  les  précautions  convenables,  réagissent  immédiatement  et 
forment  à  peu  près  la  quantité  théorique  d'éther  nitrique.  La  chaleur  dégagée 
est  d'ailleurs  capable  de  porter  le  mélange  à  l'ébuUition,  sans  pourtant  donner 
lieu  à  une  distillation  considérable.  D'après  ces  faits  d'observation ,  la  chaleur 
dégagée  doit  être  voisine  de  >;  à  8000  calories.  C'est  à  peu  près  la  même  quantité 
qui  se  dégage  lorsque  l'on  étend  l'acide  nitrique  pur  avec  une  grande  proportion 

d'eau  ('j^ooj.  Soit  donc 8oooX3  =  24ooo 

eH=(AzO''H)==:6CO^-f-5HO  + AzH-O .. 


84000  -hx 
Or     4o'^oo'' ^^=  ^4o*'o  4- .r;     d'où  l'on  tire     .j-^3i6ooo. 

Il  faut  en  retrancher  la  chaleur  nécessaire  pour  vapori.ser  5H0,  soit  aSooo;  et  il  reste 
2QIOOO  pour  la  réaction  qui  donne  naissance  à  l'eau  gazeuse. 

(*)  La  chaleur  spécifique  moyenne  des  gaz  de  la  réaction  à  volume  constant  est  égMe  à 

20  X  2,4 

—  =  0,211. 

227 

D'où 

<,  =  6076° ,     Pi  =  a3'""',22. 


(  717  ) 
complètement  remplie,  comme  il  arrive  dans  un  trou  de  mine,  ou  bien 
quand  on  opère  sous  l'eau,  cette  substance  devrait  développer  une  pression 
de  470000  atmosphères,  8  à  10  fois  aussi  grande  que  celle  produite  par  le 
même  volume  de  poudre.  La  chaleur  dégagée  étant  38oooooo  calories,  le 
travail  maximum  pourra  s'élever  à  plus  de  16  milliards  de  kilogrammètres, 
valeur  quintuple  de  celle  du  travail  maximum  de  la  poudre  sous  le  même 
volume. 

»  5.  Ces  chiffres  colossaux  ne  sont  sans  doute  jamais  atteints  dans  la 
pratique,  surtout  à  cause  des  phénomènes  de  dissociation;  mais  il  suffit 
qu'on  en  approche  pour  expliquer  pourquoi  les  travaux,  et  surtout  les 
pressions  développées  par  la  nitroglycérine,  surpassent  les  effets  produits 
par  toutes  les  autres  matières  explosibles  usitées  dans  l'industrie.  Les  rap- 
ports que  ces  chiffres  signalent  entre  la  nitroglycérine  et  la  poudre,  par 
exemple,  s'accordent  assez  bien  avec  les  résultats  empiriques  observés  dans 
l'exploitation  des  mines  (*). 

»  La  rupture  en  éclats  et  l'explosion  du  fer  forgé  {**),  effets  que  la  poudre 
ordinaire  ne  saurait  produire^  sont  de  nouvelles  preuves  de  l'énormité  des 
pressions  initiales  développées  par  la  nitroglycérine. 

»  6.  Si  la  nitroglycérine  est  brisante,  cependant  elle  fracture  les  roches 
sans  les  écraser  en  menus  fragments.  Cette  propriété  s'explique  encore  par 
le  jeu  des  phénomènes  de  dissociation  :  les  éléments  de  l'eau  et  de  l'acide 
carbonique  doivent  être  en  partie  séparés  dans  les  premiers  moments,  ce 
qui  diminue  les  pressions  initiales;  mais  la  formation  de  l'eau  et  de  l'acide 
carbonique,  se  complétant  pendant  la  détente,  reproduit  successivement  de 
nouvelles  quantités  de  chaleur  qui  régularisent  la  chute  des  pressions.  La 
nitroglycérine  agira  donc  pendant  la  détente  à  k  façon  de  la  poudre  ordi- 
naire. Cependant  la  dissociation  doit  être  moindre  avec  la  nitroglycérine, 
parce  que  les  composés  formés  sont  plus  simples  et  les  pressions  initiales 
plus  fortes, 

Bref,  la  nitroglycérine  réunit  les  propriétés  en  apparence  contradictoires 


(*)  Foir  les  expériences  citées  dans  l'opuscule  La  Dynamite,  par  Trauzl,  extrait  par 
P.  Barbe,  p.  91  et  92  (1870).  L'effet  utile  de  la  nitroglycérine  dans  les  carrières  a  été 
trouvé  5  à  6  fois  aussi  grand  que  celui  de  la  poudre  de  mine,  à  poids  égal.  A  volume  égal 
«  dans  les  trous  de  mine,  on  obtient,  avec  la  dynamite,  environ  8  fois  l'effet  produit  par 
la  poudre  »,  c'est-à-dire  ii  fois  le  même  effet  avec  la  nitroglycérine  pure.  Il  s'agit  ici  des 
effets  de  dislocation,  qui  dépendent  surtout  des  pressions  initiales. 

(**)  Même  ouvrage,  p.  98  et  gg. 


(  7^8  ) 
des  diverses  matières  explosives  :  elle  est  brisante,  comme  lo  chlorure  d'a- 
zote; elle  disloque  et  fracture  les  roches  sans  les  écraser,  comme  la  poudre 
ordinaire,  quoique  avec  plus  d'intensité;  enfin  elle  produit  des  effets  ex- 
cessifs de  projection  :  toutes  ces  propriétés,  reconnues  par  les  observa- 
teurs, peuvent  être  prévues  et  expliquées  par  la  théorie. 

I)  7.  Je  pourrais  montrer  encore  que  l'inflammation  provoquée  sur  ini 
point  de  la  masse  est  moins  dangereuse  avec  la  nitroglycérine  qu'avec 
la  poudre  au  chlorate  et  même  avec  la  poudre  au  nitrate,  parce  que  la 
combustion  d'un  même  poids  de  matière  élève  moins  la  température  des 
parties  voisines,  soit  à  cause  du  refroidissement  produit  par  le  contact  des 
parties  liquides  ambiantes,  soit  et  surtout  à  cause  de  Ta  chaleur  spécifique 
de  la  nitroglycérine  plus  que  double  de  celle  des  poudres  au  chlorate  et  au 
nitrate. 

»  8.  La  théorie  des  effets  produits  par  la  nitroglycérine  ne  serait  pas 
complète,  si  nous  ne  parlions  des  phénomènes  du  choc,  et  des  autres 
causes  capables  d'en  provoquer  la  déflagration.  Elle  est  des  plus  sensibles 
à  cet  égard  :  il  suffit  de  la  chute  d'un  poids  tombant  de  o™,  aS  de  hauteur 
pour  déterminer  l'explosion  de  la  nitroglycérine  (*).  Mais  les  circonstances 
de  cette  explosion  sont  très-différentes,  suivant  que  Ton  opère  par  simple 
choc,  par  le  contact  d'un  corps  en  iguition,  faible,  ou  vive,  ou  d'une  fusée 
ordinaire,  ou  bien  encore  par  le  contact  d'une  amorce  au  fulminate  de  mer- 
cure. M.  Abel  a  publié  à  cet  égard,  sur  la  nitroglycérine  et  sur  la  poudre- 
coton,  des  expériences  très-curieuses  et  qui  tendent  à  établir  une  grande 
diversité  entre  les  conditions  de  déflagration  de  ces  substances,  suivant  la 
manière  de  les  faire  détoner  (**).  Quelque  étrange  que  cette  diversité  puisse 
sembler  à  première  vue,  je  crois  cependant  que  les  théories  thermody- 
namiques sont  capables  d'en  rendre  compte  par  une  analyse  convenable  des 
phénomènes  du  choc. 

»  Soit  le  cas  le  plus  simple,  celui  d'une  explosion  déterminée  par  la  chute 
d'un  poids  qui  tombe  d'une  certaine  hauteur.  Tout  d'abord  on  serait  porté 
à  attribuer  les  effets  à  la  chaleur  dégagée  par  la  compression  due  au  choc 
du  poids  brusquement  arrêté.  Mais  le  calcul  montre  que  l'arrêt  d'un  poids 
de  quelques  kilogrammes,  tombant  de  o™,25  ou  de  o™,5o  de  hauteur,  ne 
pourrait  élever  que  d'une  fraction  de  degré  la  température  de  la  masse  ex- 
plosive, si  la  chaleur  résultante  était  répartie  uniformément  dans  la  masse 


(*)  Ch.  Girard,  Millot  et  Vogt,  Comptes  rendus  de  la  dernière  séance,  p.  691 
(**)  Comptes  rendus,   t.  LXIX,  p.  io5-l2i,  1869. 


(  719  ) 
entière  :  celle-ci  ne  saurait  donc  atteindre  ainsi  la  température  de  190  de- 
grés, nécessaire  pour  en  provoquer  l'explosion. 

»  C'est  par  un  autre  mécanisme  que  la  force  vive  du  poids,  transformée 
en  chaleur,  devient  l'origine  des  effets  observés.  Il  suffit  d'admettre  que  les 
pressions  qui  résultent  du  choc  exercé  à  la  surface  de  la  nitroglycérine, 
étant  trop  subites  pour  se  répartir  uniformément  dans  toute  la  masse,  la 
transformation  de  la  force  vive  en  chaleur  a  lieu  surtout  dans  les  premières 
couches  atteintes  par  le  choc;  celles-ci  pourront  être  portées  ainsi  jusqu'à 
igo  degrés,  et  elles  se  décomposeront  aussitôt  en  produisant  une  grande 
quantité  de  gaz  :  la  production  de  ceux-ci  est  à  son  tour  si  brusque  que  le 
corps  choquant  n'a  pas  le  temps  de  se  déplacer,  et  que  la  détente  soudaine 
des  gaz  de  l'explosion  produit  un  nouveau  choc,  plus  violent  sans  doute 
que  le  premier,  sur  les  couches  situées  au-dessous.  La  force  vive  de  ce  nou- 
veau choc  se  change  en  chaleur  dans  les  couches  qu'il  atteint  d'abord. 
Elle  en  détermine  l'explosion,  et  cette  alternative  entre  un  choc  dévelop- 
pant une  force  vive  qui  se  change  en  chaleur,  et  une  production  de  chaleur 
qui  élève  la  température  des  couches  échauffées  jusqu'au  degré  d'une  explo- 
sion nouvelle,  capable  de  reproduire  un  autre  choc,  cette  alternative,  dis- 
je,  propage  la  réaction  de  couche  en  couche  dans  la  masse  entière.  La 
propagation  de  la  déflagration  a  lieu  ainsi  avec  une  vitesse  incomparable- 
ment plus  grande  que  celle  d'une  simple  inflammation  provoquée  par  le 
contact  d'un  corps  en  ignition,  et  opérée  dans  des  conditions  où  les  gaz  se 
détendent  librement,  au  fur  et  à  mesure  de  leur  production. 

M  Ce  n'est  pas  tout  :  la  réaction  provoquée  par  un  premier  choc,  dans 
une  matière  explosive  donnée,  se  propage  avec  une  vitesse  qui  dépend  de 
l'intensité  du  premier  choc,  puisque  la  force  vive  transformée  en  chaleur 
détermine  l'intensité  de  la  première  explosion,  et  par  suite  celle  de  la  série 
entière  des  effets  consécutifs.  Il  résulte  de  là  que  l'explosion  d'une  masse 
solide  ou  liquide  peut  se  développer  suivant  une  infinité  de  lois  différentes, 
dont  chacune  est  déterminée,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  p*r  l'impulsion 
originelle.  Plus  le  choc  initial  sera  violent,  plus  la  décomposition  qu'il 
provoque  sera  brusque,  et  plus  les  pressions  exercées  pendant  le  cours  de 
cette  décomposition  seront  considérables.  Une  seule  et  même  substance 
explosive  pourra  donc  donner  lieu  aux  effets  les  plus  divers,  suivant  le  pro- 
cédé d'inflammation. 

»  Voilà  pourquoi  la  nitroglycérine  et  la  poudre-coton  comprimée  pro- 
duisent chacune  des  effets  si  différents,  selon  qu'on  les  enflamme  à  l'aide 

C.  R.,  1870,  1'  Semestre.  (T.  LXXI,  N»  21.)  9" 


(    720    ) 

d'un  corps  en  ignition  faible,  d'une  flamme,  ou  d'une  fusée  ordinaire,  ou 
bien  à  l'aide  d'une  fusée  détonante  chargée  de  fulminate  de  mercure. 

»  La  diversité  des  effets  est  moins  marquée  avec  la  poudre-coton  non 
comprimée,  parce  que  l'influence  du  choc  initial  s'exerce  sur  une  moindre 
quantité  de  matière,  et  surtout  parce  que  la  propagation  des  réactions  suc- 
cessives dans  la  masse  y  développe  des  pressions  initiales  plus  faibles,  et 
une  transformation  moins  directe  de  la  force  vive  en  chaleur  transmise 
au  corps  explosif,  à  cause  de  l'air  interposé. 

»  La  poudre-coton  comprimée  elle-même  est  moins  compacte  que  la 
nitroglycérine;  à  cause  de  sa  structure,  les  pressions  ducs  aux  chocs  doi- 
vent être  sensiblement  atténuées  par  l'existence  des  interstices.  Aussi  la 
poudre-coton  est-elle  plus  difficile  à  faire  [détoner  que  la  nitroglycérine  : 
la  nitroglycérine  détone  par  la  chute  d'un  poids  tombé  d'une  moindre 
hauteur,  par  l'emploi  d'une  amorce  chargée  de  poudre-coton,  d'un  mé- 
lange de  fidminate  et  de  chlorate  de  potasse,  etc.;  tandis  que  la  poudre- 
coton  ne  fait  pas  explosion  sous  l'influence  de  la  nitroglycérine,  ni  sous  l'in- 
fluence d'un  mélange  de  fulminate  et  de  chlorate:  elle  réclame  le  choc  plus 
brusque  du  fulminate  de  mercure  pur.  Celui-ci  d'ailleurs  est  moins  efficace 
s'il  est  employé  à  nu  que  s'il  est  placé  dans  une  enveloppe;  moins  efficace 
dans  une  mince  enveloppe  de  laiton  que  dans  une  enveloppe  épaisse  de 
fer-blanc;  il  est  moins  efficace  encore,  si  l'amorce  n'est  pas  en  contact  avec 
le  coton-poudre.  La  nitroglycérine  elle-même  détone  moins  bien  sous  l'in- 
fluence d'une  fusée  au  fulminate,  si  elle  s'est  enflammée  avant  l'explosion 
du  fulminate,  l'inflammation  préalable  ayant  pour  effet  de  produire  un 
certain  vide  entre  deux. 

»  Tous  ces  phénomènes,  signalés  pour  la  plupart  par  M.  Abel,  s'expli- 
quent par  la  valeur  plus  ou  moins  considérable  des  pressions  initiales  et 
par  leur  développement  plus  ou  moins  subit,  c'est-à-dire  par  les  conditions 
qui  règlent  la  force  vive  transformée  en  chaleur  dans  un  temps  donné,  au 
sein  des  premières  couches  de  la  matière  explosive  atteintes  par  le  choc. 

»  La  quantité  de  force  vive  ainsi  transformée  dépend  donc  à  la  fois  de  la 
brusquerie  du  choc  et  de  la  grandeur  du  travail  qu'il  peut  développer  :  ce 
sont  là  deux  données  qui  varient  d'une  substance  explosive  à  l'autre.  Par 
exemple,  les  amorces  les  plus  convenables  ne  sont  pas  toujours  celles  dont 
l'explosion  est  la  plus  instantanée.  M.  Abel  a  reconnu  que  le  chlorure 
d'azote  n'est  pas  très-efficace  pour  enflammer  la  poudre-coton;  l'iodure 
d'azote,  si  sensible  au  moindre  frottement,  demeure  tout  à  fait  impuissant 
à  l'égard  de  la  poudre-coton.  Or  le  chlorure  d'azote  est  précisément  l'un 


(    72  1     ) 

des  corps  explosifs  décrits  dans  cette  Note  qui  développent  le  moins  de 
chaleur,  et  par  conséquent  de  travail,  sous  un  poids  déterminé;  on  conçoit 
donc  qu'il  faille  en  employer  davantage  à  titre  d'amorce.  Quant  à  l'iodure 
d'azote,  d'après  les  analogies  tirées  des  composés  iodosubstitués,  son  ex- 
plosion doit  dégager  bien  moins  de  chaleur  encore  et  de  travail,  sous  le 
même  poids  que  le  chlorure  d'azote.  Son  impuissance  est  donc  facile  à 
comprendre. 

»  9.  Sans  nous  étendre  davantage  sur  ces  théories,  il  semble  utile  de 
dire  quelques  mots  de  la  dynamite. 

»  La  dynamite  est  un  mélange  de  nitroglycérine  avec  certaines  matières 
solides,  et  spécialement  avec  certaines  variétés  de  silice  ou  d'alumine. 

))  M.  Nobel  l'a  proposée  pour  obvier  aux  terribles  effets  qui  résultent  de 
la  propagation  des  chocs  dans  la  nitroglycérine  liquide.  Montrons  que  les 
théories  thermiques  sont  favorables  à  l'emploi  de  la  dynamite. 

»  La  dynamite  est  en  effet  moins  brisante  que  la  nitroglycérine,  parce  que 
la  chaleur  dégagée  se  partage  entre  les  produits  de  l'explosion  et  la  sub- 
stance inerte.  Par  suite,  la  température  s'élève  moins,  ce  qui  diminue 
d'autant  les  pressions  initiales.  Par  exemple,  la  silice  et  l'alumine  anhydres 
ont  à  peu  près  la  même  chaleur  spécifique  (0,19)  que  les  produits  gazeux 
de  l'explosion  de  la  nitroglycérine  à  volume  constant.  A  poids  égaux  et 
dans  une  capacité  complètement  remplie,  elles  abaisseront  à  moitié  la  tem- 
pérature, et,  par  suite,  la  pression  initiale,  d'après  la  formule  (6) 

»  Pour  un  même  poids  de  nitroglycérine,  les  propriétés  brisantes  seront 
donc  atténuées  proportionnellement  au  poids  de  la  matière  inerte  mélan- 
gée; tandis  que  le  travail  maximum  conservera  la  même  valeur,  étant 
toujours  proportionnel  au  poids  de  la  nitroglycérine. 

»  Les  mêmes  circonstances  rendront  plus  difficile  la  propagation  de 
l'inflammation  simple  d'une  petite  portion  de  la  masse  dans  les  parties 
voisines,  attendu  que  celles-ci  détonent  seulement  lorsqu'elles  sont  portées 
à  une  température  approchant  de  190  degrés;  la  détonation  même  exigera 
une  commotion  initiale  plus  forte  pour  avoir  lieu. 

»  Si  la  déflagration  est  produite  par  le  choc  d'un  corps  dur  ou  d'une 
fusée  fulminante,  les  particules  solides  interposées  dans  le  liquide  réparti- 
ront la  force  vive  du  choc  entre  la  matièi-e  inerte  et  la  matière  explosive, 
et  cela  dans  une  proportion  qui  dépendra  de  la  structure  de  la  matière 
inerte.  Celle-ci  change  ainsi  la  loi  de  l'explosion  et  introduit  dans  les  phé- 

96.. 


(    722    ) 

nomènes  une  extrême  variété,  ainsi  qu'il  résulte  des  expériences  de  M.  No- 
bel et  de  celles  de  MM.  Girard,  Millot  et  Vogt  sur  la  nitroglycérine  mé- 
langée avec  la  silice,  ou  l'alumine,  ou  l'étlial,  ou  le  sucre. 

»  Il  est  d'ailleurs  évident  que  les  effets  utiles  de  la  matière  inerte  ne 
se  produiront  complètement  que  si  le  mélange  est  homogène  et  sans  aucune 
séparation  de  nitroglycérine  liquide;  car  le  liquide  exsudé  conserve  toutes 
ses  propriétés.  De  là  encore  la  nécessité  d'une  structure  spéciale  dans  la 
matière  solide. 

»  10.  Au  lieu  de  diminuer  l'intensité  des  effets  de  la  nitroglycérine, 
on  peut  réussir  à  les  accroître  par  certaines  additions.  En  effet,  l'ex- 
plosion laisse  i  équivalent  d'oxygène  disponible,  ainsi  qu'il  a  été  dit.  On 
peut  employer  cet  oxygène  à  brîiler  une  petite  quantité  de  matière  com- 
bustible additionnelle,  par  exemple  4  centièmes  de  soufre,  2  centièmes 
d'alcool,  ou  bien  encore  i  centième  de  carbure  d'hydrogène;  on  augmente 
ainsi  de  près  de  i  dixième  la  chaleur  produite  à  poids  égal,  sans  changer 
sensiblement  le  volume  des  gaz.  Au  delà  de  ces  proportions,  les  matières 
combustibles  additionnelles  changent  la  nature  des  réactions  chimiques. 

»  tl.  Comparons  enfin  la  nitroglycérine  avec  la  poudre,  au  point  de 
vue  du  meilleur  emploi  d'un  poids  donné  de  nitrate  de  potasse.  D'après  les 
équivalents,  3o3  parties  de  nitre  produisent,  soit  4o4  parties  de  poudre 
ordinaire,  soit  227  parties  de  nitroglycérine,  c'est-à-dire  un  poids  moitié 
moindre.  Mais,  en  revanche,  cette  dernière  peut  développer,  dans  les  cir- 
constances les  plus  favorables,  une  pression  8  à  10  fois  aussi  grande  que  le 
même  volume  de  poudre,  et  effectuer  un  travail  quintuple. 

»  Il  résulte  de  ces  nombres  qu'un  poids  donné  de  nitrate  de  potasse, 
s'il  pouvait  être  changé  atomiquenient  et  sans  perte  (*)  en  nitroglycérine, 
développerait  dans  un  trou  de  mine  une  pression  triple  et  un  travail  double 
de  celui  que  fournirait  la  poudre  fabriquée  avec  le  même  poids  de  nitrate. 

ij   V.    Poudre-colon  ou  pyro.ryle. 

»  1.  La  poudre-coton  ne  renferme  pas,  comme  la  nitroglycérine,  une 
quantité  d  oxygène  suffisante  pour  la  combustion  complète  de  ses  éléments. 
Aussi  les  produits  sont-ils  fort  compliqués,  à  moins  de  simplifier  la  réaction 
en  ajoutant  du  nitrate  ou  du  chlorate  de  potasse.  Soit  d'abord  la  poudre- 
coton   seule,   c'est-à-dire  dans  les  conditions  ordinaires  de  sou  eniploi. 

(*)  D'après  les  expériences  de  MM.  Girard,  Millot  et  Vogl,  le  rendement  effectif  serait  à 
peu  près  la  moitié  du  rendement  théorique  :  i  partie  d'acide  fournissant  0,6  de  nitio- 
glycérine  au  lieu  de  1,2. 


(  7^3  ) 
En  discutant  les  résultats   assez  divergents   des  auteurs,  je  suis  arrivé   à 
représenter  sa  déflagration  par  l'équation  suivante,  que  je  donne  sous  toutes 
réserves  : 

2C"H'»0"'(ÂzO''H)'  =  7C=0^  +  i2C^0=  +  aC^'H^H-  H  -+-  3C-HAz 

+  9H=0'  +5AzO^H-2Az. 

«  2.  I  kilogramme  de  poudre-coton  produirait  ainsi,  sous  la  pression 
normale  et  à  une  température  capable  de  vaporiser  l'eau,  8oi'(i  +  cet). 

))  La  chaleur  dégagée  (')  serait,  pour  i  kilogramme,  700000  calories 
environ,  un  peu  plus  que  pour  la  poudre  ordinaire,  mais  beaucoup  moins 
que  pour  la  nitroglycérine. 

Oj  =  i5,6  (-^^  )  '    • 
'  \ 1000  / 

»  I  kilogramme  de  poudre-coton,  brûlant  dans  un  espace  égal  à  i  litre, 
développera  une  pression  théorique  de  194000  atmosphères  et  une  quan- 
tité de  chaleur  de  ii5ooooo  calories. 

»  Pour  obtenir  le  maximum  d'effet  de  la  poudre-coton,  la  théorie,  d'ac- 
cord avec  les  expériences  les  plus  récentes,  indique  qu'il  faut  comprimer 
cette  poudre  et  la  réduire  au  plus  petit  volume  possible;  en  effet  on  accroît 

ainsi  le  rapport  —  »  qui  règle  les  pressions  initiales. 


(*)  Voici  le  calcul  : 

Système  initial  :  48C  +  4oH  - 

Première  marche 

i{C"  +  W>  +  O")  —  iC?'WO-"' 784000 

En  admettant  la  même  chaleur  de 
combustion  pour  le  colon  que  poul- 
ie sucre,  rapporté  au  même  poids 
de  carbone. 

io(Az  +  0'-l- HO)  =ioAzO«H 200000 

Réaction  de  l'acide  sur  le  coton,  éva- 

hiée  à 80000 


1064000 

Déflagration x 

.r  =  769000     pour     logS^"' de  poudre-coton. 
Chaleur  spécifique  moyenne  des  produits  à  vo- 
lume constant  : 

104X2,4 


0,226  : 


1098 


f,  =:  3980°,       /?,  =  l5,6. 


loAz  +90O  +  loHO. 

Deuxième  marche. 

7(C=-l-0<) +658000 

1 2  ( C  -I-  0-) -i-Sooooo 

2(C^-t-H*) 4-  44000 

3(C=+ H -f- Az)  .  .  .  .  .    —   60000— Sa 

",„        ^,    ' 066000 

io(H  +  0)    )  ^ 

5(Az-f-  0=) 35ooo 

2Az o 

H o 

ig43ooo — 3a 
Vaporisation  de  3C'HAz 

etdegH^O^ iioooo 

i833ooo 
1064000 

X  :=   769000 


(    724    ) 

»  3.  Comparons  la  poudre-coton  avec  les  autres  matières  explosives. 
Elle  se  distingue  par  la  grandeur  des  pressions  initiales,  plutôt  que  par 
le  travail  maximum.  Ainsi  la  pression  initiale  donnée  ci-dessus  est  triple 
environ  de  celle  de  la  poudre  ordinaire,  ce  qui  est  précisément  le  rapport 
empirique  donné  par  Piobert  (*);  mais  le  tr'avail  maximum  est  seulement 
i^  fois  aussi  grand.  Cette  pression  initiale  théorique  doit  être  d'ailleurs 
diminuée  dans  la  pratique,  comme  pour  la  poudre  ordinaire,  à  cause  de 
l'état  incomplet  de  combinaison  des  éléments  et  de  la  complexité  des  com- 
posés qui  tendent  à  se  former.  De  là  résultera  une  détente  moins  brusque  et 
plus  régulière,  par  suite  d'une  combinaison  devenue  plus  complète  pendant 
le  refroidissement.  La  pression  initiale  et  le  travail  développés  par  la  pou- 
dre-coton surpassent  même  ceux  de  la  poudre  au  chlorate,  mais  sans  en 
différer  beaucoup  (**). 

»  Au  contraire,  la  nitroglycérine  à  poids  égaux  réalise  un  travail  double 
et  une  pression  initiale  supérieure  d'un  tiers  à  ceux  de  la  poudre-coton.  Il 
n'est  donc  pas  surprenant  que  l'industrie  ait  trouvé  la  nitroglycérine  pré- 
férable, d'autant  que  celle-ci  n'exige  aucune  compression  préalable.  Par 
contre,  il  est  plus  facile  de  répartir  la  poudre-coton  d'une  manière  uni- 
forme dans  un  espace  considérable,  ce  qui  peut  offrir  certains  avantages 
dans  les  applications. 

»  4.  Au  lieu  d'employer  la  poudre-coton  pure,  on  peut  tâcher  d'en 
compléter  la  combustion  par  une  addition  convenable  d'un  corps  oxydant. 
Tel  sera,  par  exemple,  le  mélange  de  54  parties  de  pyroxylo  et  de  46  par- 
ties de  nitrate  de  potasse.  Il  répond  à  l'équation  suivante 

C^*H"'0"'(AzO''H)^+-4|AzO«K  =  4|cO'K+19|CO=+i5HO+5Az. 

»  I  kilogramme  du  mélange  produirait,  sous  la  pression  normale  et  à 
t  degrés,  l\i\^{\-\-  a.i)  de  gaz  permanents  au-dessus  de  loo  degrés;  il  en 
produirait  4^4' (i  +  ot.t\  dans  l'hypothèse  de  la  vaporisation  totale. 

»  La  chaleur  dégagée  (***)  sera  i  018000  calories.  On  a  encore 

Wo  =   22,0 

'   '  '       \IOO0  / 

(*)   Ouvrage  drjà  elle,  p.  496. 

(**)    1  kilograninic  de  poudre  au  chlorate  brûlant  dans  un  espace  d'un  litre  développe 
.1 1  000  000  calories;  la  poudre-coton,  1 1  ûooooo. 

3  3  3 

(***)  Système  initial  :  24  C -h  20H -I- 9  j;  Az -t- 4  ë"^  +  7^- ï  ^  "•"  ^'^O. 

{^\oir  la  suite  do  la  note  ii  la  paye  suivante.) 


(  7^5  ) 

»  I  kilogramme  brûlant  dans  une  capacité  égale  à  i  litre  développera 
une  pression  théorique  de  i38ooo  atmosphères  et  une  quantité  de  chaleur 
de  1 3 400000  calories.  La  pression  initiale  sera  donc  un  peu  moindre,  et 
le  travail  maximum  un  peu  plus  fort  qu'avec  le  pyroxyle  pur.  La  dissocia- 
tion interviendra  également  à  un  haut  degré,  à  cause  de  la  complexité  des 
produits,  pour  abaisser  la  pression  initiale  et  pour  modérer  la  chute  des 
pressions  successives. 

»  En  somme,  la  théorie  n'indique  pas  que  l'addition  de  nitrate  de  potasse 
au  pyroxyle,  assez  incommode  à  réaliser  en  pratique,  offre  de  grands  avan- 
tages, si  ce  n'est  pour  économiser  le  pyroxyle.  Les  expériences  qui  ont  été 
faites  sur  des  mélanges  analogues  formés  de  cellulose  nitrique,  imprégnée 
avec  le  nitrate  de  potasse,  semblent  conformes  à  cette  manière  de  voir. 

§  5.  Picrate  de  potasse  pur  ou  mélangé. 

»  1.  Le  picrate  de  potasse  pur  détone  violemment  sous  l'influence 
d'une  chaleur  assez  forte;  mais  il   est  loin  de  renfermer  assez  d'oxygène 

Première  marche. 

Formation  de  C"H"'0'°  (AzO«H)'+ loHO 534ooo 

3 
Formation  de  AzO^K  X4r SgSooo 

I l32000 

Déflagration .r 

Deuxième  marche. 

3 
Formation  de  4  ^CO'K ;  . .       6634oo 

"y. 
Formation  de  19  -  CO^ 91 1800 

Formation  de  (i5  +  5)  HO 690000 

2235200 

Vaporisation  de  1 5  HO —  70000 

2 I 65ooo 

l l32O00 

.E  = I  o33ooo 

pour  ioi4  grammes  de  mélange. 

Chaleur  spécifique  moyenne  des  produits  supposés  gazeux  et  à  volume  constant  : 

tS  X  2  ,4  ^   ,- 

^^     ,  —0,177,  ^.  =  5750",  /;,  =  22''"",6. 


(  7^6) 
pour  donner  lieu  à  une  combustion  complète.  De  là  la  nécessité  de  le  mé- 
langer avec   du  nitrate  ou  du  chlorate  de  potasse.  On  connaît  la  terrible 
puissance  des  poudres  Bobœuf,  Designolles,  Fontaine,  etc.  Examinons  la 
théorie  de  ces  diverses  matières  explosives. 

»  2.  Soit  d'abord  le  picrate  de  potasse  seul.  Les  produits  de  son  explo- 
sion ne  sont  pas  bien  connus.  Pour  simplifier,  et  provisoirement,  j'admet- 
trai l'équation  suivante 

C'*H2K(AzO*)'0=  =  CO'R  +  H=0-  +  9CO  +  Az'  4-  2C. 

»  D'après  cette  équation,  i  kilogramme  de  picrate  de  potasse  fournira, 
à  la  température  t  et  sous  la  pression  normale,  585''' (i  -f-  ut)  de  gaz  per- 
manents au-dessus  de  100  degrés;  il  fournira  6i'j^'"{i  -+-  at),  dans  l'hypo- 
thèse de  la  vaporisation  du  carbonate  de  potasse. 

»  La  chaleur  dégagée  (*)  peut  être  évaluée  à  872000  calories;  d'où 

/627. 


(*)  Système  initial  :      12C  +  6H -f- 3Az -+- K  +  i8o  +  4H0. 

Première  marche. 

Formation  de  C'-FfO- 34ooo 

Formation  de  BAzO'^H 60000 

Réaction  évaluée  à 24000 

Formation  <le  KO  dissoute 78000 

Formation  du  picrate  solide;  environ 19000 

2i5ooo 
Déflagration x 

Deuxième  marche. 

Formation  de  CO'K 1 87700 

Formation  de  9CO 11  aSoo 

(2  -l-4)H0 207000 

452200 
Vaporisation  de  2  HO .     —  c)5oo 

447700 
2i5ooo 


•  282700 

pour  267  grammes  de  picrate. 

Chaleur  spécifique  moyenne  à  volume  constant  :     o,  171 

f,  :=5l00°,      yj,  =  U)""",7. 


(  7^7  ) 
I  kilogramme  de  picrate  pur,  déflagrant  dans  un  espace  d'nn  litre,  dévelop- 
pera une  pression  théorique  de  170000  atmosphères,  et  une  quantité  de 
chaleur  de  12  700  000  calories.  Ce  sont  des  chiffres  intermédiaires  entre 
ceux  qui  répondent  à  la  poudre-coton  et  ceux  relatifs  à  un  mélange  de 
poudre-coton  et  de  nitrate  de  potasse;  et  ils  diffèrent  peu  des  nombres  re- 
latifs à  la  poudre  au  chlorate  de  potasse,  mêlé  de  soufre  et  de  charbon.  Mais 
ils  l'emportent  de  beaucoup  sur  les  nombres  qui  caractérisent  la  poudre 
ordinaire  au  nitrate  de  potasse.  La  violence  de  la  déflagration  du  picrate 
de  potasse  pur  n'a  donc  rien  de  surprenant. 

»  3.  Soit  le  picrate  mélangé  de  nitrate  de  potasse,  à  poids  égaux 

C'='H^K(AzO*)'0^  +  2gAzO'R  =  3|cO'R-+-  8  |C0' -i- H=0^+  5  g  Az. 

I  kilogramme  de  cette  poudre  développera  à  t",  sous  la  pression  normale, 
337'''(i  +  ai)  de  gaz  permanents  au-dessus  de  100  degrés;  ou  bien 
4i3"(i4-af)  dans  l'hypothèse  de  la  vaporisation  totale.  La  chaleur  dé- 
gagée sera  environ  957000  calories  (').  D'où  l'on  tire 


p^-  =  ^^'^{t^T'- 


))  Les  résultats  ne  diffèrent  pas  beaucoup  de  ceux  de  la  poudre  formée 
de  chlorate  de  potasse,  de  soufre  et  de  charbon,  ni  même  de  ceux  que 
fournit  le  picrate  de  potasse  pur.  L'addition  du  nitrate  de  potasse  au  pi- 
crate paraît  seulement  le  rendre  plus  facilement  inflammable,  en  abaissant 
la  température  de  la  réaction  commençante. 

u   4.   Soit  enfin  le  picrate  de  potasse  mélangé  de  chlorate,  à  poids  égaux 

C''H-K(AzO')'0=+2gClO»K=CO'R  +  2gRCl-i-iiCO^-i-H=0^4-3Az. 

I)  Le  volume  des  gaz  permanents  formés  est  exactement  le  même  à  poids 
égal;  il  est  aussi  presque  identique  dans  l'hypothèse  de  la  vaporisation  sa- 
line. Mais  la  chaleur  dégagée  est  plus  grande,  soit  i4o5ooo  calories  par 
kilogramme.  D'où  l'on  tire  (**  ) 

»    I  kilogramme   de  cette  poudre,  détonant  dans  une  capacité  égale  à 

(*)  C:=  0,145,        f,  =  6600°,       /J,  =  25,2. 

{**)  0=0,1 35,     /,  =  10400",    /;i  =  39,i. 

C.  K.,  1870,  2»  Semestre.   (T.  LXXl,   N»  21.)  97 


(  7=8  ) 
I  litre,  développera  une  pression  théorique  de  186000  atmospliéres,  et  inic 
quantité  de  chaleur  égale  à  17000000  calories;  le  travail  maximum  sera 
donc  7200000000  kilogrammètres.  Ces  valeurs  l'emportent  sur  celles  de 
toutes  les  matières  explosives  solides,  et  ne  sont  surpassées  que  par  la  nitro- 
glycérine. Les  avantages  que  la  pratique  a  assignés  à  la  nouvelle  poudre 
formée  de  picrate  et  de  chlorate  de  potasse  sont  donc  conformes  à  la 
théorie. 

»  En  résumé,  la  force  et  les  propriétés  mécaniques  des  diverses  sub- 
stances explosives  n'avaient  été  comparées  entre  elles  jusqu'à  présent  que 
|)ar  voie  empirique.  J'ai  essayé  d'établir  cette  comparaison  sur  des  notions 
théoriques,  et  l'on  a  pu  voir  que  les  déductions  ainsi  obtenues  s'accordent 
en  général,  et  souvent  d'une  manière  surprenante,  avec  l'expérience;  il  est 
donc  permis  de  les  prendre  pour  guide,  soit  pour  obtenir  le  maximum 
d'effet  des  matières  déjà  connues,  soit  pour  les  associer  avec  d'autres  sub- 
stances, soit  enfin  pour  découvrir  des  composés  explosifs  nouveaux  qui 
possèdent  des  propriétés  déterminées  à  l'avance.    » 

ART  MILITAIRE.   —   De  la  dynamite  et  de  ses  applications  au  point  de  vue 
de  la  cjuerve;  par  M.  P.  Champion.  (Extrait  par  l'Auteur.) 

(Renvoi  à  la  Commission  nonunée  pour  les  Communications 
relatives  à  l'art  militaire.) 

«  Le  Mémoire  que  nous  avons  présenté  à  l'Académie,  et  qui  a  été  fait 
avec  le  concours  de  MM.  Pellet  et  Grenier,  renferme  la  préparation  de  la 
dynamite  el  un  grand  nombre  d'expériences  relatives  à  ses  applications. 

»  La  nitroglycérine  résulte,  comme  on  le  sait,  de  l'action  d'un  mélange 
d'acide  azotique  et  sulfurique  sur  la  glycérine.  La  dynamite  s'obtient  par 
l'addition  à  la  nitroglycérine  d'un  corps  inerte,  qui  a  pour  résultat  d'en- 
lever à  cette  dernière  ses  propriétés  dangereuses.  Ne  disposant  pas  de  la 
silice  particulière  dont  on  se  sert  en  Allemagne  pour  cet  usage,  après  de 
nombreux  essais,  nous  avons  employé  de  la  terre  cuite  finement  pulvérisée. 
Le  mélange  a  été  fait  dans  les  proportions  de  75  de  terre  et  de  aS  de  nitro- 
glycérine. Eu  diminuant  la  proportion  de  terre,  le  produit  obtenu  est  hu- 
mide et  peut  détoner  sous  le  choc.  Certaines  autres  matières,  que  nous 
n'avons  pu  nous  procurer  dans  les  circonstances  actuelles,  peuvent  absor- 
ber des  quantités  beaucoup  plus  grandes  de  nitroglycérine. 

»  Expériences.  -^  Nos  expériences  ont  été  faites  en  vue  d'étudier  l'effet 
de  la   dynamite:  i"  sur   le  bois;    y."  le  fer;   3"   la  fonte;    4"  1«  bronze; 


(  7^9  ) 
5°  l'acier.  Nous  en  avons  conclu  que  la  dynamite  peut  être  employée  avec 
succès  pour  briser  les  canons,  abattre  les  palissades,  détruire  les  ponts  de 
bateaux  de  fer,  etc.,  etc.  De  plus,  son  action  brisante  et  locale,  toute  diffé- 
rente de  celle  de  la  poudre,  permet,  dans  certains  cas,  de  l'employer  par 
simple  contact.  Cette  action  brisante,  comparée  à  l'action  de  la  poudre,  a 
fourni  avec  une  même  charge,  placée  dans  des  bombes  ou  obus,  un  nombre 
d'éclats  beaucoup  plus  considérable. 

i>  Dans  une  expérience  faite  le  lo  novembre  au  Mont-Valérien,  un  obus 
chargé  de  dynamite  et  introduit  dans  un  canon  a  été  retrouvé  intact  dans 
un  talus. 

»  Les  propriétés  de  la  dynamite  n'avaient  pas  été  modifiées  sous  l'in- 
fluence du  choc  et  de  la  chaleur  produits  par  la  combustion  de  la  poudre. 

))  On  pourrait  donc,  en  substituant  la  dynanùteà  la  poudre  dans  le  char- 
gement des  projectiles  creux,  arriver  à  une  économie  notable,  à  tous  égards, 
le  prix  de  la  dynamite  étant  inférieur  à  celui  de  la  poudre.  » 

AÉROSTAïION.  —  Principe  d'un  nouveau  système  d'aérostat  dirigeable. 

Note  de  M.  Sorel. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Morin, 
Delaunay,  Dupuy  de  Lôme.) 

«  Le  principe  sur  lequel  je  m'appuie  pour  diriger  les  aérostats  consiste 
principalement  dans  les  moyens  de  produire  une  différence  de  vitesse  entre 
celle  du  vent  et  celle  du  ballon,  afin  que  le  vent  puisse  agir  sur  les  voiles 
formant  gouvernail  et  fasse,  suivant  un  certain  angle,  dévier  le  ballon  de 
la  ligne  du  vent  en  le  dirigeant  vers  le  but  que  l'on  veut  atteindre. 

»  A  est  la  nacelle  du  ballon;  BB  la  ligne  de  direction  du  vent;  CC  la 
ligne  du  but  de  la  marche  du  ballon  :  l'angle  formé  par  ces  deux  lignes  est 
de  20  degrés;  mais  si,  pour  le  même  écartement  de  la  ligne  du  vent,  la 
route  à  parcourir  est  plus  longue,  on  marchera  dans  un  angle  beaucoup 
plus  aigu,  attendu  que  la  force  de  déviation  dans  le  sens  du  but  continue 
pendant  toute  la  durée  du  voyage;  d,  e  ety  sont  trois  voiles  ou  gouvernails, 
sur  lesquels  le  vent  exerce  son  action  pour  pousser  le  ballon  en  avant  et 
lui  faire  prendre  la  direction  voulue;  gg  et  hh  sont  deux  hélices:  l'hélice  gg^, 
placée  à  l'arrière  de  la  nacelle,  a  pour  but  de  créer  une  résistance  à  l'action 
du  vent  sur  le  ballon,  afin  de  rendre  sa  vitesse  moins  grande  que  celle  du 
vent;  sans  cela,  le  vent  ne  produirait  aucun  effet  sur  les  voiles.  Si  l'air  était 
sans  mouvement,  on  ferait  agir  cette  hélice  en  sens  contraire,  pour  exercer 

97-- 


(  73o  ) 
une  force  de  traction  sur  la  nacelle.  L'hélice  hh,  placée  sur  le  côté  de  la 
nacelle,  a  pour  but  d'exercer  latéralement  une  force  de  traction,  pour  favo- 


riser la  marche  de  la  nacelle  dans  sa  direction  vers  son  but.  Les  arbres  ou 
axes  des  deux  hélices  peuvent  se  mouvoir  de  droite  à  gauche  et  de  gauche 
à  droite  pour  faire  agir  les  hélices  de  la  manière  la  plus  convenable  à  la 
marche  et  à  la  direction,  mais  s'il  était  trop  difficile  d'établir  un  mécanisme 
pour  dévier  les  hélices,  on  orienterait  la  nacelle  de  manière  que  les  hélices 
produisissent  le  meilleur  effet  possible.  I  est  une  ouverture  pour  le  passage 

du  vent. 

»  L'orientation  de  la  nacelle  étant  facile  par  les  moyens  que  j'ai  indiqués, 
on  pourra  faire  servir  les  parties  latérales  de  l'arriére  de  la  nacelle  comme 
récepteurs  de  l'action  du  vent  dans  le  sens  de  la  direction  du  ballon;  pour 
cela  on  donnera  à  la  partie  postérieure  de  la  nacelle  la  forme  d'un  coin  et 
l'on  garnira  cette  partie  de  manière  que  le  vent  ne  puisse  la  traverser. 

rt  On  voit  que,  par  mon  procédé,  la  marche  et  la  direction  du  ballon 
sont  la  résultante  des  forces  combinées  du  vent  agissant  sur  les  voiles  et  de 
l'action  mécanique  de  l'hélice  hh,  prenant  son  point  d'appui  sur  l'air. 
L'hélice  gg  a  pour  but  de  créer  une  résistance  à  l'aclion  du  vent,  afin  qu'il 
puisse  exercer  sa  force  sur  les  voiles,  car,  comme  le  dit  un  vieux  proverbe, 
0/1  ne  peut  s'appuyer  ipie  sur  ce  qui  résiste. 


(  73i  ) 
))  Dans  le  cas  où  il  n'y  a  pas  de  vent,  l'hélice  gg  a  pour  effet  de  produire 
une  force  de  traction  sur  la  nacelle.  » 

«  CONSERVATION  DES  VIANDES.  —  M.  i.E  Secrétaire  perpétuel  présente, 
au  nom  de  31.  Eugène  Pelouze,  un  Mémoire  et  des  échantillons  relatifs  à 
un  procédé  nouveau  de  conservation  des  viandes. 

«  L'auteur  avait  cru  d'abord  que  son  travail  devait  être  communiqué  à 
l'Académie.  En  y  réfléchissant  et  d'accord  avec  le  Secrétaire  perpétuel,  il  a 
pensé  qu'il  était  plus  convenable  d'en  ajourner  la  publication.  Il  pourra  en 
faire  profiter  le  pays,  et  il  est  inutile  que  d'autres  partagent  ce  profit  en  ce 
moment. 

M  Le  procédé  de  M.  Pelouze,  dont  le  Secrétaire  perpétuel  a  eu  connais- 
sance dès  les  premiers  essais  de  l'autein-,  réalise,  à  la  lettre,  un  résultat  qui 
paraît  au  premier  abord  paradoxal.  La  viande  se  conserve  à  l'air  libre, 
avec  son  apparence,  son  odeur  et  son  goûî,  an  moins  pendant  deux  mois, 
probablement  bien  plus  longtemps,  sans  qu'on  puisse,  pour  ainsi  dire,  y 
trouver  trace  appréciable  d'tm  agent  conservateur  quelconque.  Elle  dimiiuie 
de  volume  et  se  dessèche. 

))  M.  E.  Pelouze  semble  avoir  découvert  de  nouveau  le  procédé  de 
^'ilaris,  pharmacien  de  Bordeaux,  qui  à  la  fin  du  siècle  dernier  préparait 
des  viandes  capables  de  résister  longues  années  à  l'air  libre  et  où  l'analvse 
n'a  jamais  révélé  la  présence  d'un  agent  de  conservation.  Cette  analogie 
avait  paru  telle  au  Secrétaire  perpétuel,  dès  qu'il  a  été  initié  aux  premiers 
résultats  de  M.  E.  Pelouze,  qu'il  en  a  conçu  immédiatement  des  espérances 
que  l'événement  justifie. 

»  L'expérience  constate  qu'on  peut  loger  dans  un  mètre  cube  environ 
700  kilogrammes  de  viande  fraîche,  séparée  des  os,  représentant  soit 
40  moutons,  soit  3  ou  4  bœufs.  Ces  quantités  seraient  peut-être  doublées, 
s'il  s'agissait  de  la  viande  conservée  par  le  procédé  nouveau.  Le  transport 
parchemin  de  fer  en  serait  donc  rendu  bien  plus  facile,  et  si,  comme  tout 
porte  à  le  croire,  la  durée  de  la  conservation  le  permet,  il  en  serait  de 
même  du  transport  par  mer. 

»  L'Académie  accepte  le  dépôt  du  Mémoire  de  M.  E.  Pelouze,  sous 
forme  de  paquet  cacheté.   » 

M.  Bouvet  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire,  accompagné 
de  planches,  sur  un  aérostat  dirigeable. 


(  732) 
31.  Brachet  adresse  un  «  Résumé  des  conditions  aérostaliques  ». 

MM.  Lassimox\e,  Rutv,  Bakbou,  Alvarez  adressent  diverses  Notes  re- 
latives à  raérostation. 

(Ces  Communications  sont  renvoyées  à  l'examen  de  la  Commission  précé- 
demment nommée,  Commission  qui  se  compose  de  IVlM.Morin,DeIaunay, 
Dupuy  de  Lôme). 

CORRESPONDANCE. 

La  Société  d'Acclimatation  adresse  à  l'Académie  la  Lettre  suivante  : 

«  Dans  sa  séance  de  rentrée,  la  Société  d'Acclimatation  a  pris  connais- 
sance de  la  Déclaration  publiée  par  l'Institut  de  France,  en  prévision  du 
bombardement  de  Paris.  A  l'unanimité,  elle  a  déclaré  adhérer  à  cette  noble 
protestation  de  l'intelligence  contre  la  barbarie. 

»  La  Société  a  décidé,  en  outre,  qu'il  serait  adressé  à  chacune  des  Aca- 
démies composant  l'Institut  un  extrait  de  son  procès-verbal,  constatant  son 
adhésion  et  exprimant  sa  gratitude  pour  l'initiative  prise  par  notre  premier 
corps  savant,  en  faveur  des  trésors  scientifiques,  artistiques  et  littéraires 
qui  sont  réunis  dans  la  capitale  de  la  France.  » 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  De  l'injluence  du  café  et  du  cacao  sur  l'alimentation. 
Deuxième  Note  de  M.  Rabdteau,  présentée  par  M.  Bertrand. 

«  Dans  une  Note  adressée  à  l'Académie  le  12  septembre  dernier,  après 
avoir  rappelé  les  effets  du  café  et  de  la  caféine  sur  la  nutrition,  j'ai  fait 
connaître  les  premiers  résultats  d'une  expérience  que  je  faisais  en  ce  mo- 
ment sur  l'alimentation  par  le  cacao  et  le  café.  Cette  expérience  étant  ter- 
minée depuis  quelque;  temps,  je  vais  la  citer  brièvement  en  entier. 

»  J'ai  pris  deux  chiens  de  taille  ordinaire,  aussi  identiques  qu'il  m'a 
été  possible  de  les  trouver.  A  l'un  d'eux,  j'ai  donné  chaque  jour,  pour 
toute  nourriture,  20  grammes  de  pain,  10  grammes  de  beurre  frais  et 
10  grammes  de  sucre;  à  l'autre,  20  granunes  de  cacao,  10  grammes  de 
sucre  et  une  infusion  de  20  grammes  de  bon  café  torréfié.  Cette  dernière 
ration  contenait  en  poids  moins  de  matières  solides  que  la  précédente.  Le 
premier  chien  a  maigri  rapidement;  il  a  été  bientôt  réduit  à  un  état  d'ex- 
ténuation extrême,  et  j'ai  pu  observer  sur  lui  tous  les  effets  de  l'alimenta- 


(  733  ) 
tion  insuffisante,  effets  si  bien  signalés  par  Chossat.  Enfin  cet  animal  a  suc- 
combé au  bout  de  vingt-neuf  jours  du  régime  auquel  je  l'avais  soumis. 

»  Le  second  chien,  celui  qui  était  soumis  an  régime  du  café  et  du 
cacao,  a  conservé  pendant  fout  ce  temps  ses  allures  habituelles  et  les  at- 
tributs de  la  santé.  Il  a  maigri,  il  est  vrai,  mais  infiniment  moins  que  le 
premier  chien,  et  il  se  portait  très-bien  lorsque  celui-ci  a  succombé.  Étant 
obligé  de  me  trouver  chaque  jour  aux  remparts,  je  n'ai  pu  continuer  de  le 
nourrir,  de  sorte  que  je  l'ai  abandonné  sans  lui  donner  aucun  aliment,  si- 
non de  l'eau  qu'il  a  eue  à  sa  discrétion.  Il  est  mort  au  bout  de  quatre  jours; 
mais  il  a  paru  évident  à  toutes  les  personnes  qui  ont  pu  le  voir  que  cet 
animal  aurait  vécu  au  moins  encore  un  mois,  sous  l'influence  du  régime 
au  cacao,  au  café  et  au  sucre,  qui  lui  était  distribué  journellement  en  si  mi- 
nime quantité. 

»  Cette  expérience  vient  confirmer  ce  qui  a  été  observé  en  Amérique 
par  M.  de  Parville;  elle  prouve  que  le  café  et  le  cacao  sont  des  aliments 
d'épargne;  que  s'ils  ne  contribuent  pas  beaucoup  à  la  nutrition,  ils  empê- 
chent la  dénutrition;  en  d'autres  termes,  ces  substances  agissent,  suivant 
l'expression  de  M.  Cl.  Bernard,  comme  la  cendre  qui  est  jetée  sur  le  feu. 
C'est  pourquoi,  de  même  que  l'alcool  et  le  vin  de  bonne  qualité,  elles  sont 
utiles  aux  travailleurs  et  en  général  aux  personnes  qui  mangent  peu;  aussi, 
ne  saurait-on  trop  recommander  l'usage  du  bon  café  au  milieu  des  circon- 
stances où  nous  nous  trouvons. 

»  La  torréfaction  dii  café  est  une  opération  délicate  qui,  lorsqu'elle  est 
mal  faite,  peut  annihiler  les  effets  de  cette  précieuse  substance  sur  la  nu- 
trition. J'ai  employé,  au  début  de  l'expérience-que  je  viens  de  rapporter, 
du  café  que  j'avais  torréfié  moi-même  par  un  procédé  particulier;  je  me 
suis  servi  ensuite  avec  avantage  du  café  Dubois.  Ce  café,  qui  est  torréfié  à 
l'air  chaud,  renferme  plus  de  caféine  que  n'en  retiennent  les  cafés  torréfiés 
par  le  procédé  ordinaire;  il  contient  en  même  temps  moins  de  caféone. 
Or,  d'après  ce  que  j'ai  signalé  dans  une  Note  antérieure,  la  caféine  est  le 
principe  véritablement  actif  du  café,  celui  qui  modère  la  nutrition,  tandis 
que  la  caféone,  huile  essentielle  développée  par  la  torréfaction,  agit  d'une 
manière  bien  différente. 

»  En  effet,  j'ai  reconnu  à  la  caféone  les  propriétés  excitantes  attribuées 
au  café.  Chacun  sait  que  l'infusion  de  café  empêche  le  sommeil  et  que  cet 
effet  n'est  pas  constant.  On  a  attribué  à  tort  cette  différence  d'action  à 
l'idiosyncrasie;  c'est  à  la  différence  de  composition  du  café  qu'il  faut  la 
rapporter.  Tandis  qu'une  infusion  de  café  contenant  beaucoup  de  caféone 


(  734  ) 
arrête  le  sommeil,  on  peut  dormir  après  l'usage  d'une  infusion  qui  a  été 
débarrassée  de  caféone  par  une  ébullition  prolongée,  et  de  celle  qui  a  été 
préparée  avec  du  café  trop  torréfié  ou  du  café  vert,  qui  renferme  cependant 
une  faible  quantité  d'une  essence  particulière  qui  lui  donne  son  odeur  ca- 
ractéristique. Enfin  j'ai  reconnu  que  la  caféone,  de  même  que  toutes  les  es- 
sences, est  toxique;  ainsi,  il  m'a  été  impossible  de  constater  la  présence 
d'un  seul  infusoire  dans  une  infusion  de  café  torréfié;  mais  des  champi- 
gnons peuvent  se  développer  à  sa  surface.  Ces  champignons  filamenteux 
portent  à  leurs  extrémités  des  spores  groupées  de  manière  à  offrir  un 
aspect  élégant  qui  rappelle  l'inflorescence  de  l'œillet.  N'ayant  pu  conti- 
nuer mes  recherches,  je  suis  obligé  de  me  borner  aujourd'hui  à  ce  simple 
énoncé.  » 

«  M.  Païen  dit  qu'il  lui  parait  impossible  d'admettre,  d'une  manière 
absolue,  que  le  cacao  seulement  soit  un  aliment  d'épargne,  en  présence 
des  faits  nombreux  et  concordants  qui  établissent  le  contraire. 

»  Qui  ne  sait  en  effet  qu'à  l'époque  de  la  conquête,  les  Espagnols 
avaient  reconnu  non  sans  étonnement  l'état  de  santé  florissante  des  popu- 
lations américaines  qui  faisaient  du  cacao  broyé  leur  principale  nourriture 
et  supportaient,  sous  l'influence  de  cette  alimentation,  les  fatigues  de  longs 
voyages  accidentés  (i);  que,  dès  les  premiers  temps  de  l'introduction  de 
l'usage  du  chocolat  en  France,  les  mêmes  qualités  nutritives  de  cette  déli- 
cieuse boisson  aromatique  ont  été  reconnues  par  le  plus  grand  nombre  des 
personnes  qui  la  peuvent  utilement  digérer.  M'"^  de  Sévigné,  dont  la 
santé  délicate  était  très-affaiblie  à  cette  époque,  supportait  péniblement  les 
abstinences  qui  lui  étaient  imposées  à  certains  jours,  elle  s'en  était  souvent 
expliquée;  mais,  disait-elle  plus  tard,  «  depuis  que  le  chocolat  se  trouve 
»  au  nombre  des  boissons  permises  sans  interrompre  le  jeune,  avec  cette 
»  seule  boisson  je  puis  très-bien  résister  sans  en  souffrir  aux  jeûnes  les  plus 
prolongés.  » 

n  Les  qualités  nutritives  du  cacao  ont  été  reconnues  de  même  expéri- 
mentalement par  un  très-grand  nombre  de  consommateurs  chez  les  diffé- 
rentes nations  où  l'usage  s'en  est  successivement  répandu. 

»  Comment  admettre  qu'une  amande,  douée  de  l'arôme  si  agréable  dé- 
veloppé par  la  chaleur,  et  qui  provoque  l'appétit,  soit  dépourvue  de  qualité 

(  i)  C'est  sans  aucun  doute,  (le  cacao)  un  Jes  aliments  les  plus  sains  et  les  plus  prorap- 
tenient  réparateurs  que  l'on  connaisse.  Boussinjjault,  Économ.  rurale,  i,  I,  p.  470. 


(735) 
nutritive,  lorsque,  dans  sa  composition  immédiate,  on  trouve,  suivant  les 
auteurs  les  plus  autorisés,  i^  à  20  centièmes  de  substances  albumineuses, 
10  à  12  d'amidon  en  granules  discernables  au  microscope,  4o  à  5o  de  ma- 
tière grasse  neutre,  douce,  peu  susceptible  de  rancir,  et  des  substances 
salines  (phosphates  notamment)  propres  à  d'autres  fruits  ou  graines  ali- 
mentaires ?  Il  existe  d'ailleurs  une  notable  différence  entre  les  liquides  pré- 
parés avec  le  café,  le  thé  et  le  chocolat  :  les  deux  premiers  renferment  seu- 
lement une  partie  des  principes  solubles  extraits  par  infusion,  le  dernier 
contient  la  totalité  des  substances  solubles  et  insolubles,  et  notamment  les 
matières  amylacées,  albuniiiioïdes,  sucrées  et  grasses  considérées  comme 
des  aliments  les  uns  plastiques,  les  autres  respiratoires. 

»  Sans  doute,  en  dehors  des  substances  albumineuses,  rien  n'indique  ni 
ne  prouve  que  le  principe  immédiat  azoté  cristallisable  appelé  théobromine, 
pas  plus  que  la  caféine  et  d'autres  principes  immédiats  cristallisés  stables, 
soit  assimilable;  mais  ce  principe  particulier  au  cacao  ne  semble  pas  pouvoir 
mettre  obstacle  à  la  propriété  alimentaire  des  autres  produits  dix  fois  plus 
abondants  et  qui,  relativement  à  d'autres  fruits,  constituent  l'ensemble  des 
substances  nutritives  de  ces  produits  de  la  végétation. 

»  Il  ne  faudrait  pas  moins  que  des  expériences  physiologiques  compara- 
tives, sur  l'emploi  du  cacao  associé  à  des  substances  nutritives  peu  sapides, 
plus  particulièrement  chez  les  hommes,  ce  qui  ne  saurait  offrir  d'in- 
convénient, pour  apprécier  sainement  le  rôle  du  cacao  et  de  ses  prépara- 
tions usuelles  dans  l'alimentation,  l'entretien  de  la  force  et  de  la  santé.  On 
doit  en  effet  tenir  compte,  dans  les  propriétés  utiles  du  cacao,  de  l'arôme 
qui  excite  les  forces  digestives  et  facilite  l'assimilation  des  substances  peu 
sapides  telles  que  le  pain  ajouté  au  chocolat,  comme  cela  est  parfaitement 
démontré  à  l'égard  du  bon  bouillon.  « 

«  M.  Dumas  demande  la  permission  de  réserver  son  opinion,  en  ce  qui 
concerne  le  cacao  et  ses  préparations.  Que  le  café  ne  soit  pas  un  aliment, 
rien  ne  s'y  oppose.  Mais  pour  le  cacao,  qui  renferme  le  tiers  de  son  poids 
de  matière  albuminoïde  ou  de  fécule  et  la  moitié  de  son  poids  i\c  beture  <!t 
qui,  converti  en  chocolat  par  l'addition  du  sucre,  réalise  !e  type  d'un  ali- 
ment complet,  c'est  différent.  Si  l'aliment  complet  pour  l'homme  semble 
résulter  de  certaines  proportions  de  matières  albumineuses,  grasses,  sucrées 
ou  féculentes,  le  chocolat  semble  en  réaliser  les  données  et  demeiner  com- 
parable au  lait. 

»  Il  est  impossible  de  croire  que  le  caractère  du  cacao  et  celui  du  cho- 
colat, à  titre  d'aliment,  puissent  être  attribués  à  la  théobromine  qu'on  y 

C.  R.,  1870,  2«  Semestre.  (T.  LXXI,  N»  «21.)  9^ 


(  736  ) 
rencontre;  le  cacao  n'en  contient  que  2  pour  roo,  et  elle  ne  peut  avoir 
d'autre  effet,  si  elle  exerce  une  action  spécifique,  ce  qui  est  probable,  que 
d'en  prolonger  l'action  nutritive  sans  la  détruire.  » 

M.  E.  Cbevreul  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Je  ne  connais  pas  les  expériences  de  M.  Rabuteau,  que  M.  Bertrand 
vient  de  présenter  à  l'Académie,  mais  des  observations  auxquelles  elles  ont 
donné  lieu  me  suggèrent  quelques  réflexions  que  je  crois  devoir  soumettre  à 
mes  confrères. 

»  En  principe,  rien  de  plus  difficile  dans  l'état  actuel  de  nos  connais- 
sances que  de  prononcer  au  nom  de  la  science  sur  l'intensité  de  la  propriété 
nutritive  de  tel  aliment  ou  de  tel  autre,  à  cause  de  la  grande  différence 
existant  entre  V idiosyncrasie  des  individus,  et  ici  j'invoque  mon  expérience 
personnelle. 

»  Toutes  les  personnes  de  ma  famille  buvaient  du  vin,  tandis  que,  dès 
mon  plus  jeune  âge,  une  répugnance  invincible  m'en  éloignait,  et  cette 
répugnance  dure  encore.  Même  aversion  du  poisson,  dégoût  d'un  grand 
nombre  de  légumes,  et  je  n'ai  jamais  pu  me  résoudre  à  boire  du  lait  pur. 
Conclurai-je  de  là  que  le  poisson,  les  légumes  que  je  n'aime  pas  et  le  lait 
ne  sont  pas  nutritifs?  Non  certainement,  parce  que  je  tiens  compte  d'un  fait 
général,  quoiqu'en  opposition  avec  mon  idiosyncrasie. 

»  Je  viens  d'entendre  que  le  café  et  le  chocolat  agissent  de  même.  Quant 
à  mon  idiosyncrasie,  ils  sont  tout  à  fait  différents  :  le  café  me  soutient  sans 
que  j'accepte  à  présent  les  raisons  qu'on  a  données  pour  en  expliquer  l'effet, 
tandis  que  le  chocolat,  dont  le  goût  m'est  agréable,  me  fait  sentir  le  besoin 
de  manger  une  ou  deux  heures  après  l'avoir  pris,  effet  opposé  à  celui  du 
café.  Consulté  dans  les  premières  années  de  la  conquête  de  l'Algérie  sur 
l'usage  du  café  pour  l'armée,  je  n'hésitai  pas  à  le  recommander  avec  insis- 
tance, de  préférence  aux  s|)iritueux,  et  le  temps  a  prononcé  que  je  n'avais 
pas  tort. 

»  M.  Wnrtz  a  émis  l'opinion  qu'il  peut  y  avoir  dans  la  nutrition  mie 
grande  différence  entre  tel  aliment  renfermant  des  principes  albiunineux  et 
tel  autre  renfermant  autant  il'azote  faisant  partie  de  principes  immédiats 
cristallisables.  Je  partage  son  opinion,  et  je  crois  en  avoir  donné  la  raison 
dans  le  Mémoire  du  dernier  Compte  rendu, 

»  A  cette  occasion,  j'cx|)rimerai  ma  manière  de  voir  relativement  à  Vesti- 
malion  de  la  qualiLé  alimentaire  d\iprès  la  proportion  de  l'azote  contenue  dans 
les  aliments. 


(  73?  ) 

»  Je  m'occupe  depuis  trop  longtemps  de  l'analyse  organique  immédiate 
pour  ne  pas  être  convaincu  de  la  nécessité  absolue  de  la  consulter  dans  la  plu- 
part des  questions  du  ressort  des  sciences  de  la  vie;  car  les  pliéiiomènes  des 
êtres  vivants  étant  inhérents  aux  principes  immédiats 'qui  les  constituent, 
négliger  la  connaissance  de  la  nature  spécifique  de  ces  principes  dans  la  dis- 
cussion des  faits  relatifs  à  l'alimentation,  c'est  s'exposer  à  l'erreur.  Effec- 
tivement, établir  une  échelle  des  aliments  sur  la  proportion  de  leur  azote 
élémentaire,  c'est  donner  prise  à  une  critique  qui  a  quelque  analogie  avec 
celle  qu'on  a  faite  des  travaux  des  premiers  membres  de  cette  Académie 
qui  se  livrèrent  dès  sa  fondation,  durant  trente  ans  environ,  à  des  recher- 
ches dont  le  but  était  de  connaître  les  propriétés  des  plantes  d'après  les  pro- 
duits de  leur  distillation  sèche  (i).  Si  cette  proposition  est  erronée  depuis  que 
l'analyse  organique  immédiate  a  pu  déterminer  de  la  manière  la  plus  pré- 
cise tant  d'espèces  de  principes  immédiats  organiques  doués  de  propriétés 
si  remarqubles,  ne  perdons  pas  de  vue  l'époque  des  travaux  de  nos  prédé- 
cesseurs; la  première  théorie  chimique,  celle  du  phlogistique,  n'existait 
point  encore,  et  l'idée  des  affinités  chimiques  ne  fut  introduite  dans  la 
science  que  de  l'ji']  k  1718. 

»  Je  ferai  remarquer  qu'il  y  avait  un  progrès  réel  lorsque  Dodart  et  ses 
collaborateurs  pensèrent  avec  raison,  tout  en  reconnaissant  la  théorie  des 
quatre  éléments,  que  les  propriétés  des  êtres  vivants  en  général^  et  celles 
des  plantes  en  particidier,  résidaient  immédiatement  dans  des  composés 
de  ces  quatre  éléments  et  non  dans  ces  éléments  mêmes;  en  cela  ils  envisa- 
geaient la  constitution  des  êtres  vivants,  comme  les  esprits  les  plus  élevés 
et  les  plus  scientifiques  des  alchimistes  avaient  envisagé  les  métaux  en  les 
considérant  comme  formés  immédiatement  de  soufre,  de  mercure  et  de  sel, 
lesquels  soufre,  mercure  et  sel  étaient  chacun  composés  des  quatre  élé- 
ments. Eh  bien!  il  est  désirable  que  les  savants  modernes  ne  s'exposent  pas 
au  reproche  fait  aux  anciens  académiciens,  en  cherchant  la  solution  de  la 
question  cjui  nous  occupe  en  dehors  des  principes  immédiats  des  aliments  : 
il  fuit,  pour  que  l'analyse  élémentaire  ne  trompe  pas,  et  partictdièrement 
la  proportion  dé  l'azote,  ne  soumettre  à  des  analyses  élémentaires  compa- 
ratives que  des  aliments  réputés  analogues  par  un  long  usage.  A  cette  con- 

(i)  En  faisant  l'histoire  de  ces  travaux  dans  plusieurs  articles  du  Journal  des  Sai'nnts 
(février,  octobre,  novembre  i858),  j'ai  montré  qu'ils  avaient  été  mal  jugés,  et  que  des  choses 
excellentes  et  originales  avaient  été  injustement  méconnues  des  critiques.  Quant  à  la  pensée 
qui  avait  institué  ces  travaux,  elle  était  élevée;  mais  l'état  de  la  science  ne  permettait  de 
faire  que  ce  qu'on  a  fait  alors. 

98.. 


(  73«) 
dition  seulement  le  résultat  de  l'analyse  élémentaire  aura  quelque  valeur. 

»  J'étends  cette  manière  de  voir  à  l'analyse  des  engrais  :  le  dosage  de 
l'azote  ne  doit  jamais  être  séparé  de  la  prise  en  considération  du  temps  que 
l'engrais  met  à  se  décomposer  dans  les  circonstances  où  il  est  employé, 
c'est-à-dire  relativement  au  sol,  au  climat  et  à  la  plante  qu'il  doit  nourrir. 

»  Je  demanderai  si,  un  aliment  ou  une  matière  proposée  comme  tel  ren- 
fermant de  l'urée,  son  azote  serait  compté  ou  exclu  de  la  quantité  de  l'élé- 
ment qui  le  classe  dans  l'échelle  des  aliments?  La  question  ainsi  posée 
prouve  la  nécessité  de  recourir  à  l'analyse  immédiate,  qui  seule  est  com- 
pétente pour  savoir  si  l'urée  existe  ou  n'existe  pas  dans^l'aliment  soumis  à 
l'examen  dont  je  parle. 

M  Enfin  je  me  demande  quelle  est  l'origine  de  l'azote  qui  est  évacué,  sous 
forme  d'urée  et  d'acide  inique,  des  corps  de  l'homme  et  d'animaux  supé- 
rieurs à  l'état  adulte  et  supposé  invariables  de  poids  dans  les  vingt-quatre 
heures? 

))  L'azole  vient-il  immédiatement  de  l'aliment,  ou  vient-il  de  principes 
immédiats  préalablement  formés,  qui,  après  avoir  satisfait  à  des  actes  que 
la  science  ne  connaît  point  encore,  seraient  usés,  qu'on  me  passe  cette 
expression,  et  dès  lors  expulsés  des  corps  vivants  à  l'état  excrémentitiel  ?  En 
ce  cas,  cette  excrétion  serait  conforme  à  l'opinion  de  la  réiiovalion  de  la 
matière  des  organes  vivants.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  formation  de  l'urée  et 
de  l'acide  urique  simultanée  avec  la  respiration  a-t-elle  de  l'influence  soit 
pour  augmenter,  soit  pour  diminuer  la  chaleur  animale?  C'est  une  ques- 
tion qu'il  me  paraît  utile  de  proposer.  » 

ZOOLOGllî  HISTORIQUE.  —  Note  sur  riiistoiredu  chai  (lomesluiuc  dans  tnnlicjuilé; 

par  M.  F.  Lexokma.nt  (i). 

«  J'ai  dit  dans  une  précédente  Note  que  l'Egypte  a  été  le  berceau  du 
chat  comme  animal  domestique.  C'est  aussi  l'opinion  deLink  [UrwcU^  t.  I, 
p.  393),  qui  pense  même  qu'il  n'a  été  introduit  qu'au  moyen  âge  en  Eu- 
rope et  dans  une  grande  partie  de  l'Asie.  Je  crois  que  sur  ce  dernier  point 
il  y  a  lieu  de  modifier  le  dire  du  naturaliste  allemand,  et  que  ma  propre 
proposition,  vraie  en  ce  qui  touche  les  civilisations  du  bassin  de  la  Médi- 
terranée, doit  être  aussi  rectifiée,  en  ce  que  le  chat  paraît  avoir  été  reçu  tout 
domestiqué  par  les  Égyptiens  d'autres  populations  africaines  à  une  époque 

(i)  L'Académie  a  décidé  que  cette  Communication,  bien  que  dépassant  en  étendue  les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  en  entier  au  Comi/tc  rrridit. 


(  739) 
que  l'on  peut  déterminer.  Au  reste,  l'exposé  des  faits  relatifs  à  l'histoire  du 
chat  domestique  dans  l'antiquité  me  semble  prêter  à  quelques  remarques 
intéressantes. 

»  Si  le  chat,  à  partir  d'une  certaine  date,  a  joué  un  grand  rôle  en  Egypte, 
sa  domestication  est  loin  de  remonter  aussi  haut  que  la  civilisation  égyp- 
tienne elle-même.  On  ne  trouve  aucune  trace  de  cet  animal  dans  toute  la 
durée  de  l'Ancien  Empire,  où  pourtant  les  représentations  familières  sont 
si  nuiltipliées  et  où  les  sculptures  des  tombes  nous  offrent  le  tableau  complet 
de  la  faune  domestique  du  pays  pendant  cet  âge  si  reculé.  Il  est  même  à 
remarquer  que  dans  les  monuments  des  dynasties  primitives  la  déesse  Bast, 
qui  plus  tard  est  une  déesse-chatte,  est  alors  toujours  et  exclusivement  une 
déesse-lionne.  C'est  seulement  sous  la  XIP  dynastie,  avec  les  conquêtes 
dans  le  pays  de  Kouscli,  que  le  chat  commence  à  se  montrer.  Les  plus  an- 
ciens monuments  où  il  figure  sont  les  tombeaux  de  Béni-Hassan.  Il  apparaît 
alors  en  même  temps  que  le  chien  de  Dongolah  et  tout  paraît  indiquer  qu'on 
doit  le  regarder  également  comme  un  animal  importé  sous  les  Osorlasen  et 
les  ^menemhé,  ou  bien  un  peu  avant  sous  les  Entef,  des  pays  situés  sur  le 
cours  supérieur  du  Nil,  où  les  indigènes  l'avaient  déjà  réduit  en  domesticité. 
Mais  aussitôt  introduit  en  Egypte  il  s'y  multiplia  de  la  façon  la  plus  rapide, 
y  devint  d'un  usage  général  et  y  fut  revêtu  d'un  caractère  sacré. 

»  Au  reste,  le  chat  de  l'antique  Egypte,  tel  que  nous  le  connaissons  par 
les  représentations  des  monuments  et  par  ses  momies,  diffère  spécifique- 
ment de  notre  chat  le  plus  communément  répandu,  du  chat  de  gouttières. 
Si  ce  dernier  descend  certainement  du  chat  sauvage  de  nos'forêts  [Felisca- 
tus,h.),  Rûppel  a  établi  avec  non  moins  de  certitude  que  la  souche  origi- 
naire du  chat  domestique  des  anciens  Égyptiens  était  son  Felis  maniculata, 
espèce  qui  se  rencontre  encore  à  l'état  sauvage  dans  la  Haute-Nubie,  ou 
Soudan  égyptien.  Il  est  vrai  que  certaines  de  nos  variétés  de  chats,  eutre 
autres  le  chat  d'Espagne,  dont  l'origine  se  rattache  dans  la  Péninsule  aux 
invasions  arabes,  paraissent  provenir  d'une  hybridation  des  deux  espèces 
que  nous  venons  de  distinguer.  H  y  a  donc  eu  dans  les  contrées  occiden- 
tales de  l'Europe  à  la  fois  introduction  de  l'ancien  chat  égyptien  et  domes- 
tication du  Felis  caliis,  qui,  à  l'état  sauvage,  est  indigène  de  nos  forêts,  que 
les  habitants  des  cités  lacustres  de  la  Suisse  à  l'âge  de  pierre  y  chassaient 
déjà  et  mangeaient  comme  gibier.  De  là  dérive,  comme  conséquence  forcée, 
si  l'on  parvient  à  établir  la  récente  apparition  du  chat  en  tant  qu'animal 
domestique  en  Europe,  que  l'introduction  de  l'espèce  étrangère  a  dû  avoir 
lieu  d'abord,  et  que  l'espèce  indigène  n'a  commencé  à  être  ensuite  domes- 
tiquée qu'à  son  exemple. 


(  74o) 

»  Remarquons  d'abord  que  si  la  domesticité  du  chat  est  plus  antique  en 
Egypte  que  chez  aucun  peuple  du  bassin  méditerranéen  et  de  l'Asie  anté- 
rieure, cet  animal  ne  s'introduisit  que  tardivement,  même  chez  les  popula- 
tions sémitiques  les  plus  voisines.  Il  n'en  est  pas  fait  une  seule  fois  mention 
dans  la  Bible,  et  l'on  ignore  s'il  a  jamais  eu  un  nom  en  hébreu.  Les  Assy- 
riens et  les  Babyloniens  n'ont  point  connu  le  chat,  et  dans  leur  nomencla- 
ture idéographique  et  scientifique,  qui  admettait  un  nom  générique  fixe  et 
un  nom  spécifique  variable  comme  la  nomenclature  linnéenne  (indice 
d'un  esprit  de  méthode  bien  rare  chez  les  peuples  antiques),  ils  rappor- 
taient le  lion  et  la  panthère,  comme  les  autres  carnassiers,  ati  genre  des 
chiens,  faute  d'un  point  de  comparaison  plus  rapproché  dans  leurs  ani- 
maux domestiques.  Et  quand  le  chat  réduit  en  domesticité  commença  à  se 
répandre  chez  les  Sémites,  ce  fut  le  chat  d'Egypte.  Aussi  l'écrivain  arabe 
Razwini  (cité  par  Bochart,  Hierozoïcon,  liv.  III,  ch.  xiv)  distingue-t-il  en- 
core comme  deux  animaux  tout  à  fait  différents  ce  chat  domestique  et  le 
chat  sauvage  de  l'Asie  occidentale,  qui  est  le  même  que  le  nôtre. 

»  Le  chat,  si  fréquemment  représenté  sur  les  monuments  égyptiens,  est, 
au  contraire,  totalement  absent  des  monuments  grecs  ou  romains;  je  n'en 
connais  pas  une  seule  figure  dans  les  œuvres  de  l'art  classique.  Et  n'osant 
pas  m'en  fier  exclusivement  sur  ce  point  à  mes  propres  observations,  j'ai 
consulté  M.  de  Longpérier,  dont  la  haute  expérience  et  la  vaste  érudition 
en  matière  d'antiquité  figurée  font  justement  autorité  dans  la  science;  il 
m'a  répondu  avoir  fait  la  même  remarque  et  n'avoir  jamais  rencontré 
aucune  image  de  chat,  grecque  ou  romaine,  si  ce  n'est  une  fois,  comme 
type  accessoire  sur  une  monnaie  de  Tarente.  Mais  ces  médailles  offrent,  à 
la  même  place,  la  figure  de  tant  d'objets  différents,  empruntés  à  la  faune 
sauvage  de  la  contrée,  qu'on  ne  peut  en  tirer  aucune  induction  formelle 
sur  l'existence  du  chat  domestique  dans  l'Italie  méridionale  à  l'époque  où 
fut  frappée  la  pièce  de  Tarente,  un  peu  avant  les  guerres  de  Pyrrhus.  On 
peut  penser  que  c'est  le  ciiat  sauvage  que  le  graveur  monétaire  a  voulu  y 
représenter.  Fabretti,  dans  son  recueil  d'inscriptions  (p.  187,  n°  /jaS),  cite 
aussi  une  pierre  ftméraire  de  Rome  où  il  dit  avoir  vu  sculptée  la  figure 
d'  «  un  chat  marchant  »,  par  allusion  au  nom  de  la  déhinle  Cali>urnin  Feli- 
nila.  Le  monument  ayant  depuis  longlemps  disparu,  on  ne  peut  savoir  si 
l'animal  y  était  caractérisé  avec  quelque  certitude;  et  d'ailleurs  l'inscription 
n'est  pas  antérieure  au  11*  ou  au  m*  siècle  de  notre  ère,  époque  où  nous 
allons  voir  que  le  chat  domestique  commençait  à  être  répandu  dans  le 
monde  romain.  Orelli  a  déjà  remarqué  que  le  nom  propre  féminin  Felicula, 
«  petite  chatte  »,  ne  conunençait  à  paraître  qu'à  une  époque  assez  basse. 


(  74i   ) 

»  Ce  qui  est  bien  positif,  c'est  que,  pour  les  Grecs  de  la  belle  époque, 
le  chat,  aiAovpoç,  n'est  dans  leur  pays  qu'un  animal  sauvage  habitant  les 
forêts  (Aristote,  Hist.  antin.^  V,  2,  3);  ils  ne  le  connaissent  à  l'état  domes- 
tique qu'en  Egypte,  où  Hérodote  signale  son  caractère  sacré.  C'était  la 
belette  ou  plutôt  la  fouine,  ^aAî;,  que  les  Grecs  élevaient  dans  leurs  mai- 
sons pour  détruire  les  rats,  et  qui  y  demeurait  toujours  dans  im  état  plus 
qu'à  demi-indépendant.  Les  témoignages  des  écrivains  helléniques,  depuis 
l'auteur  de  la  Batraclwmyomachie,  sont  unanimes  à  cet  égard,  et  il  suffit 
de  renvoyer  à  ce  qu'en  a  dit  Bureau  de  lu  Malle  dans  les  Annales  des  sciences 
naturelles  de  juin  1829.  Ce  sont  seulement  les  écrivains  byzantins  du 
moyen  âge,  comme  Moschopoulos,  qui,  après  que  le  chat  eut  complète- 
ment supplanté  la  belette  dans  le  rôle  de  protecteur  des  maisons  contre 
les  rats  et  les  souris,  appliquèrent  au  chat  le  nom  de  yaXin;  dans  toute 
l'époque  antique  il  n'y  a  pas  de  doute  possible  sur  le  sens  réel  de  ce  mot. 

>)  Chez  les  Romains  aussi,  jusqu'à  la  fin  du  1"^  siècle  de  notre  ère,  c'est 
la  muslela,  identique  à  la  yxAn  des  Grecs,  que  l'on  voit  élevée  dans  les 
habitations  pour  le  même  objet,  connue  le  prouvent  les  témoignages  de 
Plante  {Siicli.,  act.  III,  se.  2,  v.  43)  et  de  Pline  [Hist.  nat.,  XXIX,  4,  16). 
Le  mot  fêles  ou  felis  a  d'abord  désigné  cet  animal.  Varron  [De  re  nist.,  III, 
II)  ne  lui  donne  pas  d'autre  sens,  et  Columelle  (VIII,  i4)  et  Phèdre 
(II,  fab.  4)  emploient  ce  mot  également  pour  désigner  la  belette  ou  la 
fouine.  Mais  ensuite,  et  dès  la  fin  de  la  République,  il  fut  appliqué  au  chat, 
que  les  Romains  commençaient  alors  à  connaitre,  par  suite  de  l'analogie  de 
l'emploi  qu'on  en  faisait.  Cicéron  [Tusculan.,  V,  27)  se  sert  du  mot  felis  en 
parlant  des  chats  divinisés  de  l'Egypte.  Chez  Pline,  felis  désigne  aussi  le 
chat;  mais  il  ne  mentionne  cet  animal  que  parmi  les  espèces  sauvages 
{Hist.  nal.,  X,  ^3,  94;  XI,  3"^,  65),  bien  qu'il  ait  eu  l'occasion  de  le  voir 
déjà  chassant  les  rats  dans  les  maisons  et  qu'il  décrive  très-exactement  sa 
manière  de  procéder  en  pareil  cas.  A  la  même  époque  Babrius  {Fab.  1  7 
et  121)  fait  intervenir  le  chat  domestique  dans  ses  fables,  où  la  critique  a 
déjà  reconnu  de  nombreux  indices  d'origine  syrienne.  C'est  seulement  au 
iv^  siècle  après  J.  C.  que  le  chat  paraît  devenir  d'un  usage  général  et  habi- 
tuel dans  le  monde  romain  comme  animal  domestique,  en  même  temps 
que  se  montre  le  véritable  nom  qui  a  toujours  désigné  spécialement  et 
exclusivement  cette  espèce,  catas.  On  le  rencontre  pour  la  première  fois 
chez  l'agronome  Palladius  (IV,  9)  et  dans  une  épigramme  de  l'Anthologie 
latine  (V,  162). 

»  Le  savant  M.  Pictet  {Les  origines  indo-européennes^  t.  I,  p.  38 1)  a  établi 
avec  son  érudition  et  son  autorité  habituelles  que  les  noms  du  chat  dans 


(  7^2  ) 
toutes  les  langues  européennes  n'appartiennent  pas  au  vieux  fonds  du  lan- 
gage aryen,  qu'ils  sont  de  date  récente  et  qu'ils  tirent  tous  leur  origine  du 
latin  caiiis,  passé  aussi  sous  la  forme  -/.itTo;  dans  le  grec  byzantin.  C'est 
donc  par  les  Romains  que  le  chat  domestique  fut  répandu  en  Occident, 
quand  eux-mêmes  l'eurent  adopté  à  l'époque  où  les  usages  orientaux 
s'implantaient  de  plus  en  plus  dans  l'Empire.  Mais  l'éminent  philologue  a 
été  encore  plus  loin  et  a  fait  voir  que  le  mot  caliis  portait  en  lui-même  le 
certificat  d'origine  de  la  contrée  d'où  les  Romains  avaient  alors  tiré  l'em- 
ploi du  chat  à  l'état  de  domesticité,  comme  tant  d'autres  habitudes  sy- 
riennes. Catiis  déri%'e  en  effet  du  syriaque  kalô^  arabe  kitlifit. 

•»  Mais  le  mot  kntô  est  lui-même  en  syriaque  un  mot  tiré  d'une  sotirce 
étrangère,  qui  ne  se  rattache  pas  à  une  racine  sémitique.  Ici  encore  M.  Pic- 
tet,  en  reconstituant  l'histoire  du  mot,  donne  un  précieux  fil  conducteur 
pour  suivre  la  transmission  de  l'animal  de  peuple  en  peuple.  Il  prouve  en 
effet  qu'il  provient  primitivement  des  langues  africaines  et  dérive  du  type 
qui  a  produit  l'affadeh  (du  Bornou)  gâda,  le  nouba  kadiska,  et  le  barabra 
kaddhka. 

»  On  doit  remarquer  ici  que  l'égyptien  semble  former  une  interruption 
dans  cette  chaîne  de  transmission  de  noms.  Car  les  mots  qui  désignent  le 
chat  dans  l'idiome  antique,  maii,  et  dans  le  copte,  scliau,  n'ont  aucune  pa- 
renté avec  ceux  que  nous  venons  de  citer.  Mais  en  voyant  que  c'est  avec 
les  langues  des  populations  au  sud  de  l'Egypte  qu'est  apparenté  le  nom 
arabe  du  chat,  déjà  universellement  répandu  dans  la  Péninsule  avant  l'is- 
lamisme, n'est-on  pas  induit  à  supposer  que  le  nom  et  l'animal  durent 
s'introduire  à  la  fois  chez  les  Arabes  par  les  contrées  méridionales,  par  le 
Yéinen,  doiU  les  relations  ont  toujours  été  si  intimes  et  si  fréquentes  avec 
la  côte  africaine  voisine?  Le  chat  domestique,  que  les  Sémites  des  temps 
bibliques  n'avaient  pas  emprunté  à  l'Egypte,  aurait  été  ainsi  porté  plus  tard 
des  pays  du  Haut-Nil  et  de  l'Abyssinie  en  Arabie,  et  de  là  en  Syrie,  d'où  il 
passa  ensuite  à  Rome  et  dans  l'Europe  occidentale. 

»  L'existence  du  chat  comme  animal  domestique  est  fort  ancienne  dans 
l'Inde.  Cependant  il  n'était  connu,  ni  des  Aryas  primitifs  de  la  Bactriane, 
ni  même  de  ceux  de  l'âge  védique,  et  par  conséquent  il  doit  jMovenir  dans 
l'Inde  d'une  importation  extérieure.  Aussi  ses  noms  sont-ils  des  composés 
purement  sanscrits,  dont  le  sens  ne  peut  faire  l'objet  d'iui  doute,  comme 
mntidirapaçu^  «  l'animal  de  la  maison  »,  çnlavrka^  «  le  loup  de  maison  », 
akhubug\  «  le  mangeur  de  rats  «,  niûscliakàrali,  «  l'ennemi  de  la  souris  ». 
Un  seul  de  ces  noms,  celui  de  viràla  ou  vilain,  semblerait  au  |iremier  abord 
offrir  une  certaine  parenté  avec  le  grec  aiKovpoç,  que  l'on  pourrait  sup- 


(  743  ) 
poser  avoir  été  primitivement  FaiKovfoç.  Mais  cette  ressemblance  est  pure- 
ment fortuite,  car  cLiÀoufoç  est  un  composé  tout  grec  pour  a'ioÀovpoç,  «  l'a- 
nimal qui  dresse  sa  queue  en  panache  ». 

»  Cependant,  si  le  chat  domestique  fut  certainement  inconnu  des  Aryas 
primitifs,  il  ne  put  pas  en  être  de  même  du  chat  sauvage.  Le  nom  par  le- 
quel ils  le  désignaient  paraît  être  celui  qui  a  laissé  ses  traces  dans  un  grand 
nombre  de  langues  de  la  famille,  s'appliquant  le  plus  souvent  à  l'animal 
sauvage,  mais  quelquefois  aussi  à  l'animal  domestique.  C'est  le  persan 
puschak,  afghan  pischik,  kurde  psiq,  luthuanien  puijê,  irlandais  pus  etfei- 
sag,  ersa  pusag  et  piseag,  d'où  l'anglais  puss.  Ce  nom  a  passé  en  turc  sous 
la  forme  pischik.  Ainsi  que  l'a  remarqué  M.  Pictet,  il  semble  dérivé  de  la 
racine  qui  est  en  sanscrit  putchlui,  pitchha,  «  queue  »,  et  par  conséquent 
avoir  été  emprunté  à  la  même  particularité  de  la  démarche  de  l'animal  que 
le  grec  oLiXovpoç. 

»  J'ai  peut-être  un  peu  trop  insisté  sur  ces  derniers  détails,  mais  ils 
m'ont  paru  avoir  quelque  intérêt  en  fournissant  un  exemple  de  plus  des 
lumières  précieuses  que  la  zoologie  peut  demander  à  la  philologie  compa- 
rative pour  l'histoire  des  espèces  domestiques  et  leur  transmission  parmi 
les  anciens  peuples.  » 

GÉOLOGIE  COMPARÉE.  —  Relations  stratigrapinques  entre  diverses  roches 
météoriques;  par  M.  St.  Meitniek. 

«  Les  météorites  Ont  été  surtout  étudiées  jusqu'ici  au  point  de  vue  de 
leur  composition  élémentaire  et  de  leur  constitution  minéralogique,  et  il  en 
est  résulté  un  ensemble  de  notions  fort  importantes,  quant  à  la  nature  chi- 
mique et  lithotogique  de  ces  masses  extra-terrestres.  Mais,  à  côté  de  ces 
études,  il  m'a  semblé  utile  de  chercher  à  en  instituer  d'autres,  dont  le  but 
est  de  nous  fournir  des  données  géologiques  relatives  aux  méiéorites. 

»  En  effet,  mettant  pour  le  moment  de  côté  la  question  de  savoir  d'où 
elles  proviennent,  nous  pouvons  nous  demander  si  des  météorites,  diffé- 
rentes les  unes  des  autres  au  point  de  vue  lithologique,  n'ont  pas  été  à  une 
époque  inconnue  en  relation  de  position. 

»  Déjà  on  a  émis  l'idée  très-vraisemblable  que  les  masses  de  nature  iden- 
tique dérivent  d'un  même  gisement  originel,  mais  on  ne  peut  donner  au- 
cune preuve  bien  satisfaisante  à  l'appui  de  cette  opinion,  puisqu'il  suffit 
de  supposer  l'exercice  des  mêmes  causes  dans  des  régions  diverses  de  l'es- 
pace, pour  comprendre  la  formation  de  masses  identiques  quoitjue  indépen- 
dantes. 

C   R.,  1870,  2«  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  21.)  99 


(744  ) 

»  Si  l'étude  de  météorites  semblables  entre  elles  ne  saurait,  à  elle  seule, 
être  concluante,  il  y  aurait  au  contraire  le  plus  vif  intérêt  à  démontrer 
luie  communauté  d'origine  entre  des  météorites  différentes  les  unes  des 
autres  au  point  de  vue  de  leur  nature  lithologique.  Or,  tel  est  le  résultat 
auquel  je  crois  être  arrivé,  dans  plusieurs  circonstances  qui  me  paraissent 
se  prêter  un  mutuel  appui  en  concourant  à  une  même  démonstration. 

ij  Évidemment,  on  ne  saurait  arriver  à  la  découverte  de  relations  strati- 
graphiques  entre  divers  types  de  météorites,  si  les  échantillons  que  nous 
possédons  étaient  tons  homogènes,  c'est-à-dire  formés  d'une  même  roche 
dans  toutes  leurs  parties.  Mais  il  n'en  est  point  ainsi;  à  côté  de  météorites 
monogéniques,  on  en  connaît  depuis  longtemps  qui  sont  de  nature  ]>olycjé- 
nique,  c'est-à-dire  qui  sont  comparables  aux  brèches  terrestres,  étant  for- 
mées comme  celles-ci  de  fragments  anguleux,  cimentés  ensemble,  mais 
différents  les  uns  des  autres. 

»  Cela  posé,  il  est  clair  que  si,  dans  les  fragments  dont  la  réunion 
constitue  nue  brèche,  on  retrouve  tous  les  caractères  de  composition  et 
de  structure  propres  à  des  météorites  monogéniques,  on  sera  en  droit  d'en 
conclure  que  ces  derniers  ont  été  quelque  part  en  relations  stratigra- 
phiques  entre  elles  et  avec  la  brèche.  Des  faits  de  ce  genre  m'ont  été 
fournis  par  l'étude  de  la  riche  collection  de  météorites  du  Muséum  ; 
j'en   indiquerai  quelques-uns. 

»  Il  est  tombé  en  1866  à  Saint-Mesmin  (Aube)  une  pierre  qui,  étudiée 
au  point  de  vue  nouveau  dont  je  viens  d'essayer  de  faire  comprendre 
l'intérêt,  se  montre  constituée  par  le  mélange  de  deux  roches  tout  à  fait 
distinctes.  L'une,  blanche,  grenue  et  serrée,  forme  des  fragments  anguleux 
de  grosseur  très-variable  que  la  seconde,  brune  et  relativement  poreuse, 
empâte.  Ayant  étudié  séparément  ces  tleux  roches,  j'ai  trouvé  que  la  pre- 
mière est  rigoureusement  identique  à  celle  que  j'ai  antérieurement  désignée 
sous  le  nom  de  lucéite,  et  qui  constitue  à  elle  seule  de  très-nondjreuses  mé- 
téorites, telles  que  colles  de  Lucé  (  1768),  Wold-Cottage  (i^qS),  Angers 
(1822),  Mascombes  (i845),  Saint-Denis  Westrem  (i855),  Sauguis  Saint- 
Etienne  (1868),  etc.  J'ai  de  même  reconnu  dans  la  seconde  roche  la  ma- 
tière fondamenlale  de  i)lusicurs  masses,  parmi  lesquelles  celles  de  Weslon 
(  1807)  et  de  Limerick  (  i8i3)  doivent  être  citées  d'une  manière  spéciale  ; 
j'ai  désigné  cette  roche  sombre  sous  le  nom  de  limerickile. 

»  La  conclusion  de  ce  premier  fait  est  évidemment  que,  dans  un  astre 
non  déterminé,  les  roches  dites  lucéite  et  limerickile  ont  été  en  relation 
straligrapliique  entre  elles  et  avec  la  brèche  [mesniiiiite')  qui  constitue 
la   pierre  de  Saint-Mesmin. 


(  745) 

»  On  arrive  absolument  au  même  résultat  par  l'étude  des  météorites 
d'Assam  (1846),  de  Mouza-Khoorna  (  i865)  et  de  Cangas  de  Onis  (  1866), 
également  constituées  par  la  mesminite. 

»  La  météorite  tombée  à  Canellas  en  1861  offre  avec  les  pierres  pré- 
cédentes de  très-grandes  ressemblances.  Comme  elles,  elle  est  formée  de 
fragments  anguleux  blanchâtres,  empâtés  dans  une  roche  foncée  et, 
de  plus,  cette  pâte  sombre  est  encore  constituée  par  de  la  limerickite. 
Mais  la  pierre  de  Canellas  diffère  de  celle  de  Saint-Mesmin  et  des  ana- 
logues de  celle-ci  par  la  nature  des  fragments  blancs  empâtés.  Ceux-ci, 
étudiés  avec  le  plus  grand  soin,  se  montrent  absolument  pareils,  sous 
tous  les  rapports,  à  ceux  qu'on  obtiendrait  en  concassant  certaines  mé- 
téorites monogéniques,  telles  que  celles  de  Pégu  (1857),  Montréjeau 
(i858),  Muddoor  (i865),  Casale(  1868),  Pnompehn  (1868),  Hessle  (1869), 
etc.  :   ils  sont  formés  de  montréjite. 

»  Ce  second  fait  prouve,  comme  on  le  voit,  que  la  limerickite  et  la  mon- 
tréjite ont  été  en  relation  de  position  entre  elles  et  avec  la  brèche  [canel- 
lite),  qui  constitue  la  pierre  de  Canellas,  de  même  que,  pour  le  dire  en  pas- 
sant, les  pierres  de  La  Baffe  (i  85 1)  et  de  Gutersloh  (i  85 1).  De  plus,  quoique 
jusqu'ici  nous  n'eu  ayons  pas  la  démonstration  directe,  il  est  très-probable, 
d'après  ce  qui  vient  d'être  exposé,  que  la  lucéite  et  la  montréjite,  ayant 
été  toutes  deux  en  rapport  avec  une  même  roche,  la  limerickite,  ont  été 
aussi  entre  elles  dans  un  rapport  plus  ou  moins  immédiat.  Toutefois  ce  fait 
ne  sera  certain  que  du  jour  où  l'on  aura  trouvé  des  brèches  contenant  à  la 
fois  des  fragments  de  ces  deux  roches. 

B  Dans  une  Note  présentée  à  l'Académie  dans  sa  séance  du  3i  octobre 
dernier,  j'ai  indiqué  la  communauté  d'origine  de  deux  roches  météori- 
ques distinctes,  savoir  :  Yaumalite,  représentée  par  les  chutes  de  Charson- 
ville  (1810),  de  Vouillé(i83i),  d'Aumale  (i865),  de  Dauville  (1868),  etc., 
et  la  chantonnile,  représentée  par  les  chutes  de  Luponnas  (17S3),  de 
Chantonnay  (1812),  de  Pultusk  (1868),  etc.  C'est  un  fait  à  joindre  aux 
précédents. 

»  Il  en  est  d'autres,  peut-être  plus  significatifs  encore,  que  révèle  l'étude 
de  certains  fers  météoriques,  dont  l'un  des  plus  caractérisés  est  celui  qu'on 
a  récemment  découvert  dans  la  Cordillère  de  Deesa  au  Chili.  Ce  fer,  qui 
a  été  décrit  par  M.  Daubrée,  dans  un  Mémoire  présenté  à  l'Académie  au 
mois  de  mars  1868,  se  distingue  de  la  plupart  des  autres  masses  de  même 
origine  par  sa  structure  brécViiforme.  Il  se  compose  d'une  pâte  métallique, 
renfermant  des  fragments  anguleux  essentiellement  pierreux.  Or,  il  résulte 
d'analyses  exécutées  avec  le  plus  grand  soin,  et  dont  j'ai  fait  connaître  déjà 


(746  ) 
les  résultats  :  i°  que  la  pâte  métallique  est  identique  à  la  substance  des 
fers  météoriques  homogènes  dont  le  gros  bloc  trouvé  à  Caille  en  1828,  eî 
qui  figure  aujourd'hui  au  Miiséum,  fournit  le  type  le  mieux  accusé;  2°  que 
les  fragments  ne  peuvent,  sous  aucun  rapport,  être  distingués  de  la  roche 
météoritique  constituant  la  masse  tombée  à  Sétif  en  1867. 

»  Que  conclure  de  là,  sinon  que  les  roches  représentées  par  les  masses 
de  Caille  [caillite)  et  de  Sétif  [ladjérile)  ont  été  en  relation?  Car  il  serait  évi- 
demment absurde  de  supposer  qiie  le  fer  de  Deesa  se  soit  formé  d'un  seul 
coup  avec  la  structure  polygénique  que  nous  lui  voyons. 

»  On  voit,  en  résumé,  que  des  faits  déjà  nombreux,  observés  sans  idée 
préconçue  et  avec  l'appui  constant  de  l'analyse  chimique  m'amènent  à  re- 
connaître que  diverses  roches  météoriques,  très-différentes  les  unes  des 
autres,  ont  été  en  relations  stratigraphiques  dans  un  astre  et  à  une  époque 
que  des  études  spéciales  parviendront  peut-être  à  déterminer.  « 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —   Effets  des  diverses  préparations  phéniques  dans 
le  traitement  de  la  variole.  Note  de  M.  Bobœuf.  (Extrait.) 

«  La  persistance  de  l'épidémie  variolique  appelle  la  sérieuse  attention 
des  corps  savants,  et  rend  nécessaire  l'expérimentation  comparative  des 
nouveaux  agents  de  préservation  et  de  guérison  qui  ont  été  récemment  pro- 
posés. Parmi  ces  traitements  nouveaux,  l'emploi,  pour  l'usage  interne,  des 
solutions  aqueuses  d'acide  phénique  à  petites  doses,  n'offre  aucune  garantie 
d'efficacité  et  présente  de  graves  dangers  de  brûlures,  de  lésions  et  d'in- 
toxication. 

»  Le  traitement  par  le  phénol  sodique,  employé  à  l'intérieur  et  à  l'ex- 
térieur, réunit  au  contraire,  à  une  efficacité  reconnue,  le  double  avantage 
de  n'occasionner  aucun  accident,  et  d'épargner  aux  malades  les  traces  ou 
cicatrices. 

»  Il  serait  urgent  que  les  assertions  diverses  fussent  contrôlées  par  des 
expériences  dont  le  résultat  serait  rendu  public. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  cjuart.  D. 


EHRJTJ. 

(Séance  du   i4  novembre  1870.) 

Page  645,  ligne  1^,  nu  lieu  de  de  froment  et  de  seigle,  lisez  de  Iroment  ou  de  seigle. 
Page  648,  ligne  20,  <?«  /ieit  de  excitées,  lisez  causées. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  28  NOVEMBRE  1870. 

PRÉSIDENCE   DE  M.  LIOUMLLE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  dépose  sur  le  bureau  un  exemplaire  du  dis- 
cours prononcé  le  i5  novembre  iSyo  aux  obsèques  de  M.  ^ug.  Duméril 
par  M.  Hippolyte  Larrey. 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Emploi  de  t'osséine  dans  l' alimentntion 
(deuxième  Communication);  par  M.  E.  Frejiy. 

«  En  venant  pour  la  seconde  fois  appeler  l'attention  de  l'Académie  sur 
l'emploi  de  l'osséine  dans  l'alimentation,  je  veux  d'abord  remercier  mes 
confrères  de  l'intérêt  qu'ils  ont  pris  à  une  question  qui  ne  présente  pris  le 
caractère  de  celles  qui  sont  discutées  d'habitude  devant  eux. 

»  Us  ont  compris  que  dans  les  circonstances  actuelles,  l'Académie  ne 
pouvait  pas  rester  indifférente  à  une  proposition  qui  a  pour  but  d'aug- 
menter les  ressources  de  l'alimentation  publique. 

»  L'adoption  d'un  aliment  nouveau  est  toujours  ime  chose  grave  et  dif- 
ficile :  l'Académie  n'a  pas  oublié  qu'un  de  ses  Membres,  M.  D'Arcet,  dans  un 
but  exclusivement  philanthropique,  a  consacré  trente  années  de  sa  vie  à  des 
essais  d'alimentation  par  la  gélatine  :  ses  efforts  sont  restés  stériles  et  la  gé- 
latine a  été  généralement  repoussée;  cependant  cette  substance,  préparée 

i\.  K.,  1870,  2»  Semeslre.    (T.   LXXI,  N»  22.)  I  OO 


(  748  ) 
avec  soin  et  employée  dans  des  condilions  qu'il  est  facile  de  délerminer, 
est  un  aliment  véritable  qui  peut  rendre  en  ce  moment  de  grands  services. 

«  Pour  combattre  les  répugnances  bien  naturelles  qu'inspire,  dans  l'ali- 
menlation,  une  substance  extraite  des  os,  il  me  paraît  utile  d'aller  en 
quelque  sorte  au-devant  des  principales  objections  qui  peuvent  être  faites 
à  l'osséine  et  qui  se  traduisent  dans  les  ternies  suivants  : 

»   Quelles  sont  les  expériences  prouvant  que   l'osséine  est  alimentaire? 

»  Avant  de  conseiller  l'emploi  de  l'osséine,  il  faudrait  démontrer  que 
cette  substance  n'est  pas  nuisible  à  l'organisme. 

M  L'osséine  présente  la  plus  grande  analogie  avec  la  gélatine  :  or,  des 
Membres  illustres  de  l'Académie  ont  consacré  dix  années  à  rechercher  si  la 
gélatine  était  nutritive,  et  la  question  n'est  pas  encore  résolue;  la  Com- 
mission de  l'Académie  était  évidemment  défavorable  à  la  gélatine,  et  l'on 
trouve  même  dans  les  expériences  publiées  par  elle,  des  faits  qui  prouvent 
que  l'alimentation,  au  moyen  de  la  gélatine,  a  déterminé  la  mort  d'un 
certain  nombre  d'animaux. 

»   J'accepte  toutes  ces  objections  et  je  vais  essayer  d'y  réj)ondre. 

)>  On  me  demande  des  expériences  qui  démontrent  que  l'osséine  n'est  pas 
nuisible  à  l'organisme,  et  qu'elle  est  alimentaire  :  je  réponds  que  ces  essais 
sont  presque  inutiles  aujourd'hui,  parce  qu'ils  sont  faits  depuis  longtemps 
et  que  les  résultats  ne  peuvent  pas  être  contestés  :  ils  s'appliquent  à  l'ali- 
mentation des  animaux  et  à  celle  de  l'homme  par  l'osséine. 

»  Je  citerai  d'abord  les  observations  si  importantes  et  trop  oubliées  de 
M.  Edwards  aîné  et  celles  de  la  Commission  de  la  gélatine,  qui  prouvent 
que  le  parenchyme  des  pieds  de  mouton,  qui  n'est  autre  chose  que  l'os- 
séine, peut  nourrir  des  animaux  sans  répugnance  pendant  longtemps. 

»  Je  rappellerai,  en  outre,  que  l'osséine,  lors  même  qu'elle  est  engagée 
dans  le  tissu  osseux,  est  tellement  assimilable  par  l'organisme,  que  des 
chiens  qui  mangent  des  os  absorbent  toute  l'osséine  qui  s'y  trouve  et  re- 
jettent les  sels  calcaires  entièrement  débarrassés  de  substance  organique. 

»  Le  pouvoir  nutritif  de  l'osséine,  pour  les  animaux,  ne  peut  donc  pas 
être  mis  en  doute. 

»  Quant  à  l'emploi  de  l'osséine  dans  l'alimentation  de  l'homme,  il  m'est 
facile  de  citer  un  certain  nombre  de  faits  qui  prouvent  que  l'osséine  peut 
être  mangée  sans  inconvénient  et  qu'elle  est  réellement  alimentaire. 

»  Tout  le  monde  connaît  la  réputation  d'un  mets  [iréparé  à  Sainle-Me- 
neliould,  dans  lequel  la  partie  osseuse  des  pieds  de  cochon  a  été  complète- 
ment attendrie  par  un  acide  ;  l'osséine  se  trouve  là  en  quantité  considérable 
et  dans  le  même  état  que  celle  que  je  propose  à  l'alimentalion. 


(  749  ) 

»  En  outre  les  viandes  blanches,  la  tète  de  veau,  les  pieds  de  mouton, 
les  tendons,  etc.,  contiennent  de  très-grandes  quantités  de  tissus  osséiques  : 
leuis  propriétés  alimentaires  ne  peuvent  donc  pas  être  contestées. 

»  J'ajoute  enfin  que  depuis  ma  Communication  du  3i  octobre  sur  I  os- 
séine,  un  grand  nombre  de  personnes  font  entrer  dans  leur  alimentation 
l'osséine  extraite  des  os,  et  n'en  éprouvent  aucun  inconvénient. 

»  Ainsi,  en  m'appuyant  sur  tous  ces  faits,  je  crois  pouvoir  affirmer  que 
l'osséine  peut  être  acceptée  sans  crainte  dans  l'alimentation. 

»  J'arrive  actuellement  aux  objections  qui  portent  sur  la  comparaison 
de  l'osséine  avec  la  gélatine. 

»  L'osséine  doit-elle  être  assimilée  à  la  gélatine? 

»  Les  répugnances,  selon  moi  injustes,  qui  frappent  la  gélatine  au  point 
de  vue  de  l'alimentation,  doivent-elles  s'étendre  à  l'osséine? 

»  Que  l'Académie  me  permette  d'abord  de  lui  faire  connaître  très-nette- 
ment mon  opinion  sur  les  propriétés  nutritives  de  la  gélatine  et  sur  les  ex- 
périences d'alimentation  faites  avec  cette  substance. 

»  En  réservant  la  part  du  fait  physiologique  fondamental  qui  établit 
qu'un  principe  immédiat  ne  peut  jamais  à  lui  seul  constituer  un  aliment 
complet,  je  considère  la  gélatine  comme  étant  parfaitement  nutritive  et 
alimentaire  lorsqu'on  l'emploie  dans  une  mesure  convenable. 

»  Dans  quelle  proportion  cette  substance  peut-elle  être  introduite  dans 
une  alimentation  ?  Sur  ce  point  l'expérience  ne  s'est  pas  encore  prononcée 
d'une  manière  bien  nette;  mais  j'affirme  qu'on  peut  la  faire  entrer  avec 
avantage  et  en  quantité  très-notable  dans  le  bouillon. 

»  Je  suis  persuadé  que  tous  les  accidents  qui  se  sont  présentés  dans  les  ex- 
périences d'alimentation  par  la  gélatine,  doivent  être  attribués  à  l'oubli  de 
conditions  physiologiques  essentielles  :  la  gélatine  avait  été  employée  sans 
doute  en  trop  grande  quantité;  son  mélange  avec  d'autres  corps  n'était  pas 
fait  dans  des  proportions  convenables;  ou  bien  on  n'avait  pas  tenu  un 
compte  suffisant  des  questions  qui  se  rapportent  à  l'aromatisation  de  cette 
substance  et  qui  jouent  un  si  grand  rôle  dans  le  phénomène  de  l'assimi- 
lation. Il  est  bien  constaté  en  effet  que  l'aliment  le  plus  apprécié  devient 
souvent  impropre  à  la  nutrition,  lorsqu'on  en  sépare  les  parties  aromatiques. 

»  Quant  aux  cas  de  mort  déterminés  par  l'emploi  alimentaire  de  la  gé- 
latine, on  sait  aujourd'hui  que  cette  objection   n'est   pas  sérieuse. 

»  Un  animal  meiut  dnianition  en  présence  de  la  gélatine;  mais  on  con- 
state le  même  fait  pour  la  fibrine,  l'albumine,  les  corps  gras,  le  sucre,  etc. 

»  La  gélatine  s'est  donc  comportée  dans  les    essais  sur   l'alimentation 

lOO.. 


(  75o  ) 
comme  tons  les  mitres  principes  immédiats  qui  lont  la  base  de  notre  nour- 
riture :  c'est  leur  mélange  en  proportions  convenables  qui  peut  seul  [pro- 
duire  un  aliment  complet. 

»  Ainsi  la  gélatine  est  alimentaire  :  son  pouvoir  nutritif  est-il  aussi 
développé  que  celui  de  l'osséine?  Je  ne  le  pense  pas. 

»  La  gélatine,  substance  soluble  et  désorganisée,  convient  principale- 
ment à  la  préparation  du  bouillon. 

»  L'osséine  est  un  corps  insoluble  et  organisé  ;  c'est  un  tissu  véritable 
que  l'on  peut  comparer  aux  tissus  fibrineux  qui  constituent  les  muscles; 
c'est  un  aliment  solide  qui  représente,  même  lorsqu'il  est  cuit,  une  quantité 
considérable  de  partie  nutritive,  tandis  que  la  gélatine,  en  raison  de  ses 
propriétés  collantes,  ne  peut  être  introduite  dans  l'organisme  qu'en  pré- 
sence d'une  forte  proportion  d'eau  :  la  gélatine  et  l'osséine  jouent  donc 
dans  la  nutrition  deux  rôles  physiologiques  différents. 

»  Ainsi  l'alimentation  peut  tirer  parti,  sous  deux  formes,  de  la  matière 
organique  azotée  qui  existe  en  si  grande  quantité  dans  les  os  :  soit  à  l'état 
de  corps  soluble,  c'est-à-dire  de  gélatine  ;  ou  bien  sous  la  forme  de  tissu 
organisé,  qui  est  l'osséine. 

))  J'aurais  plusieurs  considérations  à  présenter  ici  sur  la  préparation  de 
la  gélatine  alimentaire  et  sur  les  améliorations  qu'elle  peut  recevoir;  j'y 
reviendrai  plus  tard  :  mon  but  spécial  est  d'examiner  en  ce  moment,  les 
questions  qui  concernent  l'osséine. 

»  En  partant  d'un  corps  dur,  coriace  et  sans  saveur  qui  est  engagé 
dans  le  tissu  osseux,  je  veux  montrer  avec  quelle  facilité  on  le  transforme 
en  un  aliment  comestible  et  savoureux. 

))  C'est  presque  une  question  de  synthèse,  appliquée  à  l'alimentation, 
que  j'aborde  ici;  nous  employons  souvent  l'analyse  pour  déterminer  la 
composition  de  nos  aliments  ;  il  s'agit,  pour  l'osséine,  de  donner  à  une 
substance  insipide  ce  qui  lu;  manque  pour  être  comestible  et  alimentaire. 

»  Par  un  ensemble  de  soins  apportés  dans  la  préparation,  la  cuisson  et 
l'aromatisation  de  l'osséine,  on  peut  faire  entrer  cette  substance  dans  l'ali- 
mentation, en  lui  conservant  cependant  les  qualités  physiologiques  d'un 
tissu  organisé.  J'examinerai  rapidement  ces  différentes  opérations. 

»   Préparation.  —  Une  osséine  alimentaire  doit  être  avant  tout  insipide. 

»  Les  os  les  plus  divers  peuvent  être  appliqués  à  la  fabrication  de  l'os- 
séine; mais  pour  la  faire  accepter  comme  aliment  et  vaincre  certaines  répu- 
gnances, il  faut  apporter  les  plus  grands  soins  dans  sa  préparation. 

»  Je  crois  donc  que  l'osséine  alimentaire  ne  doit  être  produite  qu'avec 
des  os  durs  et  blancs  dont  le  dégraissage  est  facile;  il   est  à  redouter  que 


(  75i   ) 
des  traces  de  graisse  laissées  dans  un  os  spongieux  ne  donnent  à  l'osséine 
une  saveur  désagréable. 

»  Lorsque  l'osséine  sort  des  bains  acides,  elle  conserve,  même  après  de 
nombreux  lavages  à  l'eau,  une  odeur  sensible;  poin-  la  rendre  inodore,  il 
faut  la  soumettre  à  l'action  d'une  substance  alcaline;  on  peut  employer 
dans  ce  but  la  chaux  ou  le  carbonate  de  soude. 

»  Je  présente  à  l'Académie  de  l'osséine  purifiée  à  la  chaux  par  M.  Bon- 
neville^  et  de  l'osséine  lavée  par  le  carbonate  de  soude,  sortant  de  l'im- 
porlante  usine  de  Javel,  dirigée  par  M.  Thomas. 

»  La  pratique  déterminera,  au  point  de  vue  alimentaire,  quel  est  le 
système  de  purification  de  l'osséine  qui  doit  être  préféré;  dans  les  deux 
cas  les  tissus  osséiques  retiennent  une  certaine  quantité  des  corps  alcalins 
employés  à  leur  purification. 

).  Cuisson.  —  Les  transformations  que  l'osséine  éprouve  par  l'action  de 
l'eau  bouillante,  m'ont  rappelé  certaines  modifications  que  j'avais  étudiées 
autrefois  dans  nion  travail  sur  les  gelées  végétales. 

»  J'ai  démontré  que  dans  l'organisation  des  végétaux,  il  existe  une  sub- 
stance insoluble  que  j'ai  nommée  pectosCj  qui,  en  se  transformant  isomé- 
riquementsous  l'influence  des  différents  réactifs,  produit  un  grand  nombre 
de  matières  gélatineuses. 

»  Il  en  est  de  même  dans  l'organisation  animale;  l'osséine  des  animaux 
correspond,  en  quelque  sorte,  à  la  pectose  des  végétaux  ;  elle  peut,  comme 
cette  dernière,  produire  en  se  modifiant  plusieurs  corps  gélaiineux  diffé- 
rents, que  l'industrie  confond,  jusqu'à  présent,  sous  le  nom  degétntine. 

»  Je  ferai  connaître  dans  un  autre  travail  les  réactions  chimiques  qui 
permettent  de  distinguer  les  unes  des  autres  ces  diverses  gélatines;  je  me 
contente  aujourd'hui  de  traiter  la  question  au  seul  point  de  vue  de  l'ali- 
mentation. 

»  La  première  action  de  l'eau  bouillante  sur  l'osséine  a  pour  effet  de 
la  gonfler  et  de  changer  le  tissu  coriace  qui  la  constitue  en  une  substance 
molle  et  friable  :  cette  transformation  exige  environ  une  heure  d'ébulli- 
lion;  arrivée  à  ce  moment,  l'osséine  est  cuite  et  comestible. 

»  Toute  action  ultérieure  de  l'eau  bouillante  est,  selon  moi,  nuisible  et 
tend  à  changer  l'osséine  en  une  masse  gélatineuse  qui,  dans  l'alimentation, 
ne  présente  plus  les  qualités  du  tissu  osséique. 

»  M.  Terreil,  qui  veut  bien  m'aider  dans  ces  recherches,  a  reconnu 
qu'en  s'hydratant  dans  l'eau  bouillante,  loo  parties  d'osséine  sèche  don- 
nent environ  25o  parties  d'osséine  cuite;  ainsi  le  nouvel  aliment,  rendu 
comestible  par  la  cuisson,  contient  4o  p.  loo  de  substance  solide;  l'osséine 


(  75^  ) 
sèche  laisse  par  rincinération  de  5   à    lo  millièmes  de  cendres,  formées 
principalement  de  phosphate  de  chaux;  ce  fait  n'est  pas  à  négliger  relati- 
vement à  l'alimentation,  car  le  phosphate  de  chaux  est,  comme  on  le  sait, 
un  aliment  minéral  utile. 

»  L'osséine  une  fois  cuite  éprouve  de  nouvelles  modiBcations  que  la 
pratique  doit  connaître. 

»  Avant  de  se  transformer  en  gélatine,  elle  perd,  en  partie,  sa  texture 
organique  et  se  change,  comme  je  l'ai  dit,  en  une  sorte  de  gelée  qui  est 
encore  insoluble  dans  l'eau. 

»  Sous  l'influence  prolongée  de  l'eau  bouillante,  elle  se  dissout  et  forme 
des  substances  dont  les  propriétés  gélatineuses  varient  avec  le  temps  de 
l'ébullition.  Dans  l'emploi  alimentaire  de  l'osséine  et  dans  'sa  cuisson,  il 
faut  donc  se  garder  de  confondre  un  tissu  osséique  avec  un  tissu  fibrineux; 
ce  dernier  s'attendrit  dans  l'eau  bouillante  et  ne  se  dissout  pas,  tandis  que 
le  tissu  osséique  s'altère  rapidement  dans  l'eau  chaude;  il  se  gonfle  d'a- 
bord, ensuite  il  se  désagrège  et  finit  par  se  dissoudre  entièrement.  Quand 
on  ne  veut  pas  produire  de  gélatine  et  qu'on  désire  conserver  au  tissu  son 
organisation,  sa  solidité  et  son  insolubilité  dans  l'eau,  qui  sont  pour  moi 
les  qualités  principales  du  nouvel  aliment,  il  faut  se  garder  de  le  laisser 
longtemps  dans  l'eau  bouillante. 

»  Mais  lorsque  l'osséine  est  employée  pour  produire  des  gelées  ou 
pour  donner  au  bouillon  un  élément  soluble  et  nutritif,  il  faut  prolonger 
l'action  de  l'eau  sur  l'osséine  jusqu'à  ce  que  le  tissu  soit  entièrement  dis- 
sous; on  obtient  alors  une  gélatine  de  première  qualité,  parce  qu'elle 
dérive  d'une  osséine  préparée  avec  le  plus  grand  soin,  et  dont  la  pureté 
est  constatée  facilement  par  les  caractères  extérieurs. 

»  Ainsi,  en  faisant  varier  le  temps  de  la  cuisson  de  l'osséine,  on  peut  à 
volonté  produire  deux  aliments  différents;  l'un  est  soluble  dans  l'eau,  c'est 
la  gélatine;  l'autre  est  insoluble  et  organisé,  c'est  l'osséine  cuite. 

»  dramatisation.  —  L'osséine  cuite  peut  être  employée  immédiatement 
dans  l'alimentation;  mais  il  est  mieux  de  la  rendre  savoureuse  par  l'aro- 
matisation. 

»  J'ai  fait  dans  ce  but  des  essais  très-nouibreux.  Après  avoir  étudié  sous 
toutes  les  formes  l'action  des  principaux  aromates  culinaires  et  celle  même 
de  la  fumée,  je  suis  arrivé  à  la  pratique  que  je  vais  recommander. 

»  Elle  consiste  à  laisser  |)endant  trente-six  heures  environ  l'osséine  une 
fois  cuite,  dans  de  l'eau  fioide  fortement  salée,  et  aromatisée  pai'  les  mé- 
thodes (  iiiployées  d'habitude  dans  les  salaisons. 

»  On  obtient  ainsi  un  aliment  agréable,  qui  peut  êlre  mangé  froid  ou 


(  753  ) 
chaud,   que  l'on  peut  faire  chauffer  dans  de  la  graisse,  mélauger  à  des 
légumes  ou  à  de  la  viande  et  dont  le  prix  ne  dépassera  pas,  je  l'espère, 
I  franc  le  kilogramme,  tandis  que  la  gélatine  se  vend  de  4  à  5  francs  (i). 

»  Conclusions.  —  Les  questions  que  j'ai  traitées  dans  mes  deux  Commu- 
nications sur  l'osséine  doivent  recevoir,  selon  moi,  une  application  immé- 
diate et  intéressent  à  un  haut  degré  l'alimentation  publique.  Comme  elles 
ont  pour  but  non-seulement  de  préconiser  l'osséine,  mais  aussi  de  réhabi- 
liter un  peu  la  gélatine,  je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  résu- 
mer nettement  mes  propositions  sur  le  mode  d'emploi  du  tissu  osseux  : 

»  1°  Les  os  peuvent  fournir  une  substance  alimentaire  sous  deux  formes 
différentes  et  qui  correspondent  à  deux  besoins  de  l'alimentation  :  ils  don- 
nent d'abord  l'osséine,  qui  est  un  aliment  organisé  et  solide,  et,  en  second 
lieu,  la  gélatine,  qui  est  soluble  et  qui  doit  entrer  principalement  dans  la 
composition  du  bouillon.  Il  est  donc  utile,  dans  les  circonstances  présentes, 
que  ces  deux  corps  soient  produits  immédiatement  sur  une  grande  échelle, 
et  livrés  à  la  consommation;  l'emploi  de  ces  deux  substances  dans  l'ali- 
mentation ne  peut  présenter  aucun  inconvénient,  comme  cela  résulte  des 
faits  que  j'ai  soumis  à  l'appréciation  de  l'Académie.  Je  sais  qu'il  existe  en 
ce  moment  à  Paris  une  quantité  considérable  d'os  et  que  l'abatage  peut 
en  produire  de  aoooo  à  3oooo  kilogrammes  par  jour. 

»  2"  Pour  ne  pas  compromettre  l'utilisation  alimentaire  du  tissu  os- 
seux, il  est  important  que  l'osséine  et  la  gélatine  ne  soient  préparées  qu'avec 
des  os  épurés  et  dégraissés  avec  le  plus  grand  soin. 

»   3°  L'osséine  ne  se  comporte  pas  dans  la   cuisson   comme  les  tissus 

(i)  Un  de  nos  confrères  m'a  demandé  de  faire  connaître  la  nature  et  les  proportions 
d'aromates  qui  sont  utiles  pour  rendre  l'osséine  agréable  au  goût.  Je  comprends  l'intérêt 
pratique  de  cette  question;  mais  il  est  difficile  d'y  répondre,  parce  que  l'aromatisation  doit 
varier  avec  le  goût  des  consommateurs  :  je  dirai  seulement  que  l'osséine,  étant  insipide, 
doit  être  aromatisée  avec  une  forte  proportion  de  sel,  de  poivre,  de  tliym,  de  laurier,  de 
muscade,  etc. 

L'eau  d'aromatisation  peut  être  vinaigrée,  mais  légèrement,  parce  que  l'acide  acétique  se 
combine  à  l'osséine,  la  durcit  et  la  rend  coriace. 

Pour  éviter  la  transformation  de  l'osséine  en  gélatine  et  la  production  d'un  liquide  col- 
lant, il  faut,  autant  que  possible,  dès  que  l'osséine  est  cuite  et  encore  cliaude,  l'assaisonner 
et  la  manger  rapidement  sans  la  remettre  sur  le  feu.  On  doit  éviter  l'emploi  de  jus  acides 
([ui  développent  toujours  une  saveur  de  colle. 

Dans  un  moment  où  la  viande  manque  pour  aromatiser  le  bouillon,  on  peut  employer 
l'osséine  et  la  torréfier  légèrement  en  présence  de  la  graisse  :  on  obtient  ainsi  une  masse 
brune  qui  donne. à  l'eau  une  saveur  assei!  agréable. 


(  754  ) 
fibrineux  qui  constituenl  la  viande;  elle  se  transforme  en  gélatine  par  l'ac- 
tion prolongée  de  l'eau  bouillante,  et  peut  donc  perdre  facilement  les 
avantages  alimentaires  des  tissus.  Pour  faire  entrer  cette  substance  dans 
les  habitudes  de  la  consommatioti,  il  serait  peut-être  nécessaire  de  la  livrer 
en  ce  moment  toute  cuile  et  aromatisée. 

j>  4"  Quant  à  la  gélatine,  elle  est  encore  sous  le  coup  d'une  prévention 
qu'il  ne  faut  pas  méconnaître. 

»  On  croit  que  la  gélatine  n'est  pas  nutritive,  et  même  qu'elle  est  dan- 
gereuse; ceux  qui  la  font  entrer  dans  nos  aliments  ne  s'en  servent  qu'en 
cachette. 

»  Il  est  important  de  combattre  ces  préjugés,  parce  que  la  gélatine, 
convenablement  employée,  doit  nous  rendre  en  ce  moment  de  très-grands 
services. 

»  Chacun  peut  reconnaître  qu'on  obtient  un  véritable  liquide  alimen- 
taire très-économique  en  faisant  dissoudre  lo  grammes  de  gélatine  dans  un 
litre  d'eau  chaude  salée  et  aromatisée  par  de  l'extrait  de  viande  ou  de  lé- 
gumes, et  dans  laquelle  on  ajoute  une  petite  quantité  de  graisse  de  bœuf. 
Mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  la  gélatine,  mal  préparée,  conserve  tou- 
jours une  saveur  désagréable  de  colle  forte  (i). 

»  Je  crois  donc  que  la  gélatine,  destinée  à  l'alimentation,  ne  doit  être 
produite  qu'avec  de  l'osséine  aussi  pure  que  possible,  et  que  son  aromati- 
sation  culinaire,  trop  négligée  dans  les  expériences  qui  ont  été  faites  jusqu'à 
présent,  est  une  condition  essentielle  à  son  assimilation. 

»  Telles  sont  les  considérations  que  j'avais  à  présenter  sur  l'emploi  du 
tissu  osseux  dans  notre  alimentation,  qui  permettra,  je  l'espère,  de  prépa- 
rer dans  les  conditions  les  plus  économiques  du  bouillon  très-nutritif  et 
un  aliment  azoté  contenant  4o  pour  loo  de  substance  solide. 

»  Je  désire  bien  vivement  que  mes  efforts,  inspirés  uniquement  par  l'in- 
térêt public,  ne  soient  pas  paralysés  par  des  répugnances  exagérées. 

»  En  terminant,  je  veux  adresser  tous  mes  remercîments  d'abord  à 
M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce,  qui,  par  une  mesure  insé- 
rée aujourd'hui  même  au  Journal  officiel^  assure  une  provision  considérable 
d'os  à  la  consommation  de  Paris,  et  ensuite  à  M.  Demongeot,  ingénieur 
des  Mines,  qui  a  compris  immédiatement  toute  l'importance  de  l'emploi 
alimentaire  des  os.  » 


(i)  Je  dois  citer  ici  une  Note  très-intéressante  que  M.  Riche  vient  de  publier  sur  l'emploi 
de  la  gélatine  dans  la  préparation  du  bouillon. 


(  7'^'^  ) 
Remarques  de  M.  Dumas  à  r occasion  rie  celte  Communication. 

«  Autant  qu'il  est  permis  de  saisir  le  sens  d'un  Mémoire  pendant  une 
lecture  rapide,  il  me  semble  que  notre  savant  confrère  craint,  d'un  côté,  de 
se  trouver  en  contradiction  avec  la  Commission  de  la  gélatine,  tandis  que, 
de  l'autre,  il  est  d'accord  avec  elle. 

-  »   Selon  cette  Commission,  le  mot  gf^/o^me  désigne  plusieurs  substances 
fort  différentes  : 

»  1°  Le  parenchyme  organique  des  os,  des  cartilages,  des  liga- 
ments, etc.,  qui  se  transforment  en  gélatine  par  certains  procédés; 

»   2"  La  chondrine; 

»   3°  La  gélatine  proprement  dite; 

0   4°  Cette  même  substance  altérée  par  la  chaleur. 

»  Elle  constate  que  la  gélatine  est  un  produit  de  l'art  et  non  un  élément 
organique,et  elle  rappelle^qu'à  mesure  que  les  tissus  animaux  sont  modifiés, 
perdent  de' leur  texture  et  deviennent  solubles,  on  les  voit  devenir  moins 
alimentaires. 

,.  Ses  expériences  lui  prouvent  que,  parmi  les  parenchymes  des  os,  ceux 
qui  sont  les  plus  riches  en  matières  organiques  résistant  à  leau  bouillante, 
comme  les  parenchymes  de  pied  de  mouton,  sont  plus  nourrissants  que 
ceux  qui  proviennent  des  têtes  de  mouton,  qui  en  contiennent  beaucoup 

moins. 

»  La  Commission  admet,  et  comment  aurait-elle  pu  faire  autrement?  que, 
tel  qu'il  est  dans  la  nature,  le  parenchyme  des  os  est  un  alinient  complet, 
capable  de  suffire  à  la  nourriture  du  chien.  Elle  démontre  qu'il  en  est  de 
même  du  parenchyme  extrait  par  les  acides  des  pieds  de  mouton  ;  que  cette 
qualité  ne  se  retrouve  plus  au  même  degré  dans  le  parenchyme  des  fêtes 
de  mouton,  et  qu'elle  est  encore  affaiblie  dans  la  gélatine. 

»  Il  fallait  donc  en  revenir  au  premier  procédé  de  M.  D'Arcet,  c'est- 
à-dire  l'extraction  par  les  acides  du  parenchyme  des  os,  et  ne  pas  déve- 
lopper l'usage  des  dissolutions  gélatineuses. 

»  En  conséquence,  dès  les  premiers  jours  de  l'investissement  de  Paris, 
je  signalais  l'emploi  du  parenchyme  des  os  à  la  Commission  des  subsis- 
tances, j'en  entretenais,  le  10  octobre,  l'Académie,  et  j'engageais  M.Tho- 
mas à  traiter  par  les  acides  les  os  dont  il  retirait  par  la  vapeur  une  gélatine 

fort  bien  préparée, 

»   Personne  n'a  donc  contesté  dans  la  Commission  de  la  gélatine,  ni  le 

C.  R.,  1870,   2'  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  22.1  'O' 


(  7^^  ) 
lûie  utile  (lu  pnrenchyme  des  os,  ni  les  excellents  résultats  des  premiers 
travaux  de  M.  D'Arcct,  dont  personne  plus  que  moi  ne  respecte  la  mémoire 
et  dont  je  tus  toujours  l'ami.  T,e  doute  s'est  élevé  seulement  sur  l'usage  des 
dissolutions  géjaliuenses  au  sujet  desquelles  la  question  est  complexe.  » 

Réponse  de  M.  Fuemy  à  M.  Dumas. 

«  J'ai  eu  le  soin  de  rappeler,  dans  ma  seconde  Communication  sur  l'os- 
séine,  les  résultats  physiologiques  si  intéressants  constatés  par  la  Commis- 
sion do  la  gélatine  :  je  crois  donc  lui  avoir  rendu  pleinement  justice. 

»  Mais  il  m'est  impossible  d'.idmettre,  avec  notre  savant  Secrétaire  per- 
pétuel, qu'il  y  ait  presque  identité  entre  mes  opinions  sur  l'emploi  alimen- 
taire des  substances  gélatineuses  et  celles  qui  ont  été  exprimées  par  la  Com- 
mission de  la  gélatine^  dont  il  était  un  des  Membres. 

»  J'ai  dit  que  je  considérais  l'osséine  et  la  gélatine  comme  nutritives,  el 
pouvant  rendre  de  grands  services  dans  l'alimentation  lorsqu'on  leur  don- 
nait une  aromatisation  suffisante  et  qu'on  les  faisait  entrer,  en  proportion 
convenable,  daiis  cette  association  qui  constitue  un  aliment  complet. 

»  Tous  mes  efforts  tendent  donc  à  combattre  le  préjugé  qui  frappe  en- 
core aujourd'luii  l'emploi  des  corps  gélatineux  dans  l'alimentation,  et  qui 
nous  prive  ainsi  d'une  nourriture  azotée,  économique  et  facile  à  conserver. 

»  Ce  n'est  ]ias  ainsi  que  s'est  exprimée  la  Commission  de  la  gélatine  : 
en  lisant  le  Rapport  qu'elle  a  fait  à  l'Académie,  on  reconnaît  facilement 
qu'elle  n'est  pas  favorable  à  la  gélatine,  comme  le  prouvent  du  reste  les 
passages  suivants  : 

»  Après  avoir  dit,  page  265  ;  «  La  concordance  frappante  cpli  se  remarque 
1)  entre  nos  résultats  et  ceux  des  expérimentateurs  qui  nous  ont  précédés 
)i  ne  permet  donc  pas  de  partager  les  espérances  flatteuses  que  certains 
)i  pliilaullu'opcs  avaient  conçues,  à  différentes  époques,  du  parti  qu'on 
'  pouvait  tirer  des  os  ",  le  rapporteur  ajoute  dans  les  conclusions  de  sou 
travail  :  «  T.a  Coinmissidii  n'a  pas  voulu  se  ijiononcer  jiour  le  moment  sui- 
»  l'emploi  (le  ia  gélatine  associée  aux  autres  aliments  dans  la  nourriture 
-)  de  l'honnne.  Elle  a  compris  que  les  expériences  directes  pouvaient  seules 
')  l'éclairer  à  ce  sujet  d'une  manière  définitive.  Elle  s'en  occupe  active- 
»    ment,  et  les  résultats  sei  ont  exposés  dans  la  dernière  partie  du  Rapport .  » 

))  Ces  déclarations  étaient  faites  il  y  a  trente  ans  environ,  et  la  secoudt^ 
partie  du  Raj)port  n'a  jamais  été  publiée. 

»   Je  crois  donc  être  en  droit  d(>  dire  (ine  le  lra\ail  de  la  Commission  a 


(  7^7  j 
été  pour  beaucoup  dans  !a  rrpulsion  qu'inspire  la  gélahin^,  tt  qn  en  pré- 
conisant aujourd'hui  l'emploi  alimentaire  des  corps  gélatineux,    je   suis 
loin  d'être  de  l'avis  '!e  la  Cotnniission 

«  Quel  était  le  but  du  travail  de  la  Commission? Ce  n'était  pas  de  démon- 
trer que  la  gélatine  employée  seule  était  impropre  à  l'alimentation;  ce  fr.i 
physiologique  important  avait  été  établi  déjà  par  M.  Edwards  aine. 

»  Il  ne  s'agissait  plus  de  combattre  les  exagérations  des  partisans  de  iri 
gélatine,  car,  comme  !e  dit  encore  le  rapporteur  :  «  Personne  sk'  soutenait 
»  plus  que  la  gélatine  est  l'aliment  par  excellence,  qu'un  os  est  une  tablette 
»  de  bouillon,  et  que  le  bouillon  d'os  est  préférable  au  bouillon  de  viande. 
»  On  ne  présentait  plus  la  gélatine  que  comme  une  substance  propre  à  ani- 
»   maliser  l'eau  qu'on  ajoute,  soit  au  bouillon  de  viande,  soit  aux  légumes.  )• 

»  On  voit,  d'après  les  termes  mêmes  du  Rapport  que  je  viens  de  repro- 
duire, que  la  tâche  de  la  Commission  s'était  bien  simplifiée.  Personne  ne 
proposait  de  remplacer  la  viande  par  la  gélatine;  il  ne  s'agissait  plus  ijui 
de  délennincr  dans  qucÂle  proportion  la  gélatine  pouvait  être  ajoutée  utilemeni 
dans  le  bouillon.  C'est  cette  question  que  la  Commission  n'a  pas  traitée; 
elle  n'a  jamais  publié  la  seconde  partie  du  Rapport  qui  devait  la  résoudre. 

»  Le  public  a  interprété  ce  silence  dans  un  sens  défavorable  à  la  géla- 
line;  il  ne  pouvait  en  être  autrement.  Un  Membre  de  l'Acadéniie  se  trou- 
vait engagé  dans  la  question;  on  a  pensé  généralement  qae  la  Commission 
hésitait  à  donner  un  avis  qui  pût  lui  être  défavorable.  La  question  de  la 
gélatine  a  été  alors  jugée  de  la  manière  suivante  : 

»  La  gélatine  n'est  pas  alimentaire,  elle  peut  même  être  dangereuse. 

»  Quant  à  son  mélange  avec  d'autres  substances,  on  a  pensé  qu'il  n'était 
pas  avantageux,  car,  il  y  a  trente  ans,   une  Commission  de  l'Acadénne 
des  Sciences  s'était  engagée  à  faire  connaître  les  résultats  de  ses  essais  sur 
l'association  de  la  gélatine  avec   d'autres  aliments  dans  la  nourritme  di 
l'homme,  et  ce  travail   n'a  jamais  été  publié. 

»  Selon  moi,  le  travail  de  la  Commission  a  donc  été  nuisible  à  la  gélnliuc 
non-senlemenl  par  ce  ijuil  disait,  mais  surtout  par  ce  qu'il  na  pas  dit. 

n  Tels  sont  les  motifs  qui  m'ont  engagé,  dans  nia  seconde  Commtmica-- 
tion  sur  l'osséine,  à  déclarer  que  la  gélatine  avait  été  injustement  dépréciée 
au  point  de  vue  alimentaire,  et  qu'il  était  utile  de  la  réhabiliter. 

»  Je  serais  désolé  de  soulever  ici  une  question  personnelle  lorsqu'en  ce 
moment  il  ne  faut  songer  qu'à  l'intérêt  public  :  cependant  il  m'était  impos- 
sible de  laisser  dire,  sans  protester,  que  je  n'ai  fait  que  reproduire  les  résul- 
tats fl'un  travail,  lorsque  je  m'efforce  au  contraire  d'en  condiattre  la  ten- 
'lance  et  les  conclusions. 


(  75H  ) 

»  La  Coniniissioii  n'a  jjas  voulu  se  prononcer  sur  l'utilité  de  l'associa- 
tion de  la  gélatine  aux  autres  aliments  :  et  moi  je  déclare  que  cette  associa- 
tion est  utile. 

»  La  Commission  n'a  jamais  conseillé  de  faire  entrer  l'osséine  dans  la 
nourriture  de  l'homme  :  je  suis  venu  dire  que  l'osséine  pouvait  être  rendue 
comestible,  et  depuis  un  mois  plusieurs  personnes  la  font  entrer  dans  leur 
alimentation. 

w  La  Commission  a  confondu  dans  l'expression  de  gélatine,  le  paren- 
chyme des  os  et  la  gélatine  soluble  :  j'ai  démontré  que  ces  deux  corps  sont 
chimiquement  et  physiologiquement  différents. 

»  On  le  voit,  je  me  trouve  en  contradiction  complète  avec  la  Commission 
de  la  gélatine,  et  je  suis  loin  de  reproduire  ses  résultats,  comme  le  dit  notre 
savant  Secrétaire  perpétuel. 

»  L'Académie  comprendra  et  excusera,  je  n'en  doute  pas,  mon  insistance 
dans  cette  question.  Je  n'ai  pas  oublié  les  luttes  pénibles  que  M.  D'Arcet  a 
soutenues  dans  un  but  ])hilanthropique  et  qui  ont,  je  le  sais,  abrégé  son 
existence.  Il  a  attendu  pendant  dix  années  que  l'on  déclarât  que  la  géla- 
tine pouvait  être  employée  utilement  dans  le  bouillon  :  cette  satisfaction, 
bien  légitime  et  la  seule  qu'il  demandât  à  la  lin  de  ses  jours,  ne  lui  a  pas 
été  donnée.  Eh  bien,  j'ai  saisi,  je  l'avoue,  avec  bonheur,  l'occasion  qui  s'est 
présentée  pour  faire  publiquement  cette  déclaration  devant  l'Académie  et 
du  vivant  de  sa  respectable  veuve.  » 

Nouvelles  remarques  de  M.  Dumas,  concernant  ta  cjélaline  alimentaires. 

<(  Notre  savant  confrère  n'a  pas  suivi  en  détail  tout  ce  qui  s'est  passé 
dans  cette  enceinte,  il  y  a  près  de  quarante  ans.  La  Commission  était  en 
présence  d'opinions  outrées  dans  les  deux  sens  et  de  malentendus  prove- 
nant d'un  mauvaise  terminologie.  Il  est  toujours  dangereux  de  donner  un 
nom  à  des  substances  mal  définies,  le  mot  gélatine  désignait  quatre  ou 
cinq  produits  bien  différents. 

»  Les  uns  disaient  :  «  La  gélatine  est  l'aliment  type  et  la  retirer  des  os 
c'est  faire  de  quatre  bœufs  cinq  bœufs.  »  Je  vois  par  un  signe  de  M.  Che- 
vreul  qu'il  est  d'accord  avec  moi  ;  le  passage  du  Rapport,  cité  par  M.  Frémy^ 
répond  à  cette  évaluation  exagérée.  D'autres  regardaient  la  gélatine  comme 
une  substance  nuisible,  comme  un  poison,  qu'il  fallait  proscrire  de  l'ali- 
mentation ;  Ih  Commission,  par  ses  expériences,  leur  a  donné  tort. 

»  Tous  confondaient  sous  ce  nom  de  tjélntine  la  matière  animale  des 


(  759  ) 
os,  le  parenchyme  isolé  par  les  acides,  la  gélatine  en  dissolution,  la  gé- 
latine à  l'état  solide.  Les  partisans  de  la  gélatine  n'hésitaient  donc  pas, 
admettant  cette  identité,  à  en  conclnre  f]ue  la  dissolution  gélatineuse  re- 
tirée des  os,  constituait  l'aliment  parfait,  puisqu'un  chien,  nourri  d'os  en 
nature,  se  portait  bien,  engraissait  et  ne  se  dégolîtait  jamais  de  cette  ali- 
mentation. Les  travaux  de  M.  D'Arcet,  conduits  avec  autant  de  soin  que  de 
persévérance,  reposaient  sur  cette  idée  que  la  gélatine  préexisterait  dans 
les  parenchymes  qui  la  fournissent.  La  Commission  n'acceptait  pas  cette 
opinion. 

»  La  Commission  de  la  gélatine  a  fait  son  premier  Rapport  en  iSSa,  le 
second  en  1841,  et  l'Académie  l'invita  à  continuer  les  expériences,  sans 
émettre  de  vote  sur  ses  conclusions.  Je  constate  encore  avec  plaisir  que 
notre  doyen,  M.  Chevreul,  est  d'accord  avec  moi  sur  ce  point.  Personne 
à  cette  époque  ne  se  fit  illusion,  et  chacun  comprit  que  la  Commission 
ne  se  réunirait  plus. 

»  Le  premier  Rapport  de  la  Commission  constitue  un  beau  Mémoire  de 
M.  Chevreul  que  tous  les  chimistes  connaissent.  Le  second  Rapport  consti- 
tue un  Mémoire  de  Physiologie,  oeuvre  de  Mageudie;  en  éloignant  tout 
vote  sur  les  conclusions,  l'Académie  lui  en  restituait  le  mérite  et  la  res- 
ponsabilité. Ce  travail  met  en  évidence  les  principes  suivants  : 

»  Les  aliments  simples  ne  suffisent  pas  à  la  nutrition;  la  fibrine,  l'albu- 
mine, la  gélatine  pure  ou  aromatisée,  la  graisse,  la  fécule,  prises  séparément, 
sont  des  aliments  insuffisants,  à  côté  desquels  les  animaux  meurent  d'ina- 
nition. 

»  Tel  animal  se  laisse  mourir  à  côté  d'une  ration  journalière  de 
1000  grammes  de  fibrine,  que  i5o  grammes  de  viande  remettent  sur 
pied. 

»  Quel  est  donc  ce  principe  particulier  qui  rend  la  viande  im  aliment  si 
parfait?  se  demandait-on  alors.  En  attendant  que  la  question  soit  résolue, 
répétons  que  l'emploi  du-ect  du  parenchyme  des  os  est  préférable  à  toute 
autre  manière  de  les  utiliser  et  qu'il  faut  en  revenir  aux  excellents  pré- 
ceptes et  aux  procédés  de  préparation  si  bien  formulés  par  M.  D'Arcet, 
dès  18 14.    » 

M.  LiouviLLE  rappelle  qu'à  l'époque  où  la  question  des  propriétés  ali- 
mentaires de  la  gélatine  était  encore  très -vivement  discutée,  M.  Arago 
ayant  eu  occasion,  dans  une  visite  à  l'hôpital  de  Metz,  d'interroger  les 
malades  pour  savoir  si,   comme  on  l'avait  prétendu,  l'addition  de  gélatine 


à  leurs  rations  ordinaires  leur  avait  paru  fâcheuse,  il  apprit  de  leur  bouche 
(pie,  non-seulement  celle  addition  était  acceptée  par  eux  sans  répugnance, 
usais  qu'ils  seraient  tres-lâchés  qu'on  la  leur  supprimât. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Note  sur  un  acide  odorant  produit  dans  la  fermentation 
putride  de  plusieurs  matières  azotées  et  particulièrement  des  tendons;  par 
M.  E.  Chevreul. 

«  Dans  le  Mémoire  dont  on  vient  d'entendre  la  lecture,  on  a  parlé  de 
l'odeur  désagréable  de  colle  forte  que  peut  exhaler  une  gélatine  mal  pré- 
parée. Cette  odeur  résulte  en  grande  partie  de  la  formation  d'un  acide, 
analogue  aux  acides  butyrique,  caproïque,  caprique,  hircique,  et  surtout 
phocénique,  que  j'ai  obtenu  pour  la  première  fois  de  la  fermentation  pu- 
tride des  tendons  dans  l'eau  distillée,  lorsque  je  m'occupai  de  la  question 
(le  savoir  si  les  tissus  azotées  se  changent  en  ndipocire  dans  la  terre  ou  le 
sein  (les  eaux,  comme  l'affirmait  Foiircroy  (0. 

»  En  signalant  cet  acide  dès  1820  (2),  je  fis  remarquer  que  la  fermenta- 
tion putride  du  tendon  donne  un  acide  prédominant  sur  l'ammoniaque 
formée  en  même  temps  que  lui,  que  l'odeur  en  est  désagréable  et  qu'il  neu- 
tralise pour  100  parties,  12  parties  d'oxygène  dans  les  bases.  J'ai  retrouvé 
cet  acide  dans  l'eau  des  laboratoires  d'anatomie  où  des  cadavres  ont  ma- 
céré; il  y  est  accompagné  d'un  autre  acide  pareillement  volatil,  mais  bien 
moins  odorant.  J'assure  que  le  premier  acide  est  la  cause  principale  de  la 
mauvaise  odeur  des  colles  fortes. 

»  Cet  acide  uni  à  la  baryte  affecte  deux  formes  très-distinctes;  il  se  pré- 
sente en  feuillets  ou  cristaux  incolores,  et  lorsqu'on  fait  évaporer  la  solution 
à  l'air  libre  ou  dans  un  air  limité  séché  par  la  chaux  vive,  il  se  réduit  en 
une  matière  incolore  d'une  transparence  parfaite,  dans  laquelle  il  peut  se 
former  des  étoiles  ou  des  rosaces  radiées. 

»  Cet  acide  a  la  plus  grande  analogie,  s'il  n'y  est  pas  identique,  avec  un 
des  acides  volatils  et  odorants  que  j'ai  découverts  dans  le  suint  et  que  je 
désigne  provisoirement  sous  le  nom  de  parapliocénique. 

»  I^e  paraphocénate  de  baryte  m'a  présenté  des  faits  tout  à  fait  analogues 
au  sel  de  baryte  des  cadavres  relativement  à  sa  forme  et  à  l'action  de  l'eau. 

»  Ces  deux  sels,  traités  par  l'acide  phosphori(pie,  donnent  des  acides 
hydratés,  solubles  en  toute  proportion  dans  l'eau. 


(ij  Hrrlifrrliis  xiir  p/iifiriirs  points  de  chimie  organique  et  considération!;  sur  la  luituir  ilii 
lang,  lues  à  l'Acadc-inie  des  Sciences  le  4  d'août  i8?,3.  {Mémoires  du  Musciim,  t.  X,  p.  443-) 
('.>.)   Dictionnaire  des  Sciences  naturelles,  t.  XVI,  p.  448-44o  ('820). 


(  76.  ) 

»  La  capacitô  de  saturation  de  l'acide  paraphocénique  est  très-rappro • 
chée  de  celle  de  l'acide  des  cadavres;  mais  mes  expériences  ne  me  pa- 
raissent pas  assez  rigoureuses  ponr  conclure  l'identité  oti  la  différence  des 
deux  acides  :  j'ai  trouvé  que  loo  d'acide  |îarapliocéiiique  saturent  de  i  i 
à  11,5  d'oxygène  dans  les  oxvbases. 

»  J'ai  retrouvé  l'acide  des  cadavres  dans  une  matière  excrémenlitielle 
accompagnée  de  deux  autres  substances  odorantes,  dont  l'une  est  acide  et 
se  trouve  dans  la  matière  fraiche. 

»  Il  existe  dans  le  suint  et  dans  la  matière  grasse  de  la  laine  de  l'acide 
pbocénique  que  j'ai  confondu  avec  le  paraphocénique  jusqu'à  l'époque  où 
j'ai  reconnu  que  ce  dernier  acide  hydraté  est  soluble  eu  toute  proportion 
dans  l'eau,  et  que  certainement  sa  capacité  de  saturation  est  plus  grande 
que  celle  de  l'acide  phocénique.  J'ai  signalé  ce  dernier  acide  dans  un  Mé- 
moire lu  à  l'Académie,  le  20  d'avril  1840,  et  déjà  imprimé  dans  le 
XXXIX"  volimie  des  Mémoires  de  l' Académif,  que  mes  confrères  ont  bien 
voulu  consacrer  à  mes  recherches  sur  la  lame  et  le  suint  (1);  j'ai  constaté 
([uc  l'acide  séparé  de  la  baryte  et  de  l'état  hydraté  exige  pour  5,5  parties, 
100  parties  d'eau  comme  l'acide  phocénique  hydraté. 

»  Ici  j'exprime  le  regret  que  les  chimistes  n'aient  pas  adopté  le  nom  de 
j)hocéni(jue,  et  lui  aient  préféré  la  dénomination  de  valérique,  parce  que  cet 
acide  a  été  reconnu  dans  la  racine  de  valériane,  phisieiu's  années  apies  que 
je  l'eusse  découvert,  et  je  rappellerai  en  avoir  reconnu  la  présence  dans 
les  baies  et  la  racine  du  Vibunnun  opulus  dès  1818,  et  plus  tard  dans  la  ra- 
cine d'orcanète;  je  ne  pourrais  affirmer  en  ce  moment  que  l'acide  des  tieux 
derniers  végétaux  ne  fût  pas  le  parajiliocéniqne.-  » 

A|)i'ès  la  lecture  de  cette  Note,  M.  Chevueul  lail  part  à  l'Académie  d'ob- 
servations intéressantes  communiquées  par  M.  Payen  à  la  Société  centrale 
d'Agriculture,  sur  les  os  de  cheval  et  l'huile  qu'il  en  a  retirée.  M.  Chevreul 
t  xpi'ime  le  désir  que  M.  Payen  veuille  bien  les  conuinuiiqiier  lundi  pro- 
chain à  l'Académie. 

M.  Payen  amionceque  se  proposant  de  répondre  à  l'oblii^eant  appel  de 
M.  Chevreul,  il  aura  l'honneiu'  de  connnuniquer  une  Note  dans  la  pro- 
chaine séance  de  l'Académie. 

»  M.  MiLNE  Edwards  partage  l'opinion  de  M.  Fremy  au  sujet  des  pro- 

(i)  Voir,  p.  40,  alinéa  [d]  et  (c). 


(  762) 
priétés  nutritives  du  tissu  organique  des  os,  et  il  est  persuadé  qu'aujour- 
d'hui aucun  piiysiologiste  ne  songerait  à  révoquer  en  doute  Futilité  du  rôle 
que  cette  substance  est  susceptible  de  remplir  dans  l'alimentation  de 
l'homme.  La  gélatine,  sans  avoir  toute  la  valeur  nutritive  que  D'Arcet  lui 
attribuait,  est  loin  d'être  inutile  dans  l'alimentation,  comme  le  prétendaient 
jadis  Magendie  et  les  autres  adversaires  de  cet  académicien.  M.  Milne  Ed- 
wards ajoute  que,  dans  le  huitième  volume  de  ses  Leçons  de  Physiologie, 
il  a  discuté  la  question,  et  que  probablement  il  y  reviendra  dans  une  pro- 
chaine séance.  » 

MÉCANIQUE.  —  Note  sur  les  conditions  des  petites  oscillations  d'un  corps  solide 
de  Jujure  quelconque  et  la  théorie  des  équations  différentielles  linéaires;  par 

M.    Y  VON   ViLLARCEAU. 

«  L'intégration  des  équations  différentielles  du  mouvement  de  rotation 
d'un  corps  solide,  soumis  à  l'action  de  la  pesanteur,  a  été  présentée  pour 
la  première  fois  par  l'illustre  auteur  de  la  Mécanique  analytique^  dans  le 
cas  des  petites  oscillations.  Bien  que  I  existence  d'un  système  d'axes  prin- 
cipaux, pour  chaque  point  du  corps,  permette  de  simplifier  les  équations 
à  traiter,  Lagrange  préfère  l'emploi  d'axes  mobiles  liés  au  corps  et  non 
assujettis  à  être  des  axes  principaux  :  c'est  qu'eu  effet,  s'il  est  possible, 
jusqu'à  un  certain  point,  de  définir  la  figure  d'un  corps  quelconque,  l'im- 
possibilité d'assigner  la  densité  en  fonction  des  coordonnées  s'oppose  à  la 
détermination  de  la  direction  des  axes  principaux  et  des  moments  d'inertie 
autour  de  ces  axes,  au  moyen  des  six  expressions  intégrales 

J{cc'+f^)dni,     J[y-  +  z^)dm,     S{z^  +  oo^)dm; 
Jxjdm,     Jjzdin,     J  zx  dm, 

qui  servent  à  fixer  les  directions  et  moments  d'inertie  dont  il  s'agit. 
Lorsque  l'on  veut  étudier  le  mouvement  d'un  corps  accessible  aux  mesures 
directes,  le  moyen  le  plus  simple  consiste  à  considérer  des  axes  rectangu- 
laires liés  à  ce  corps  et  assujettis  à  une  seule  condition,  consistant  en  ce 
que  l'un  des  axes  contienne  le  centre  de  gravité  du  corps  :  la  simple  obser- 
vation de  l'équilibre  autour  du  point  de  suspension  permet  de  fixer  la  di- 
rection de  cet  axe,  celle  des  deux  autres  n'étant  soianise  qu'aux  conditions 
de  perpendicularité.  Ce  n'est  pas  seulement  en  vue  d'une  plus  grande  gé- 
néralité que  Lagrange  a  conservé  des  termes  qu'il  eût  pu,  à  l'exemple 
d'Euler,  faire  disparaître  en  choisissant  les  axes  principaux;  il  a  sans  doute 
voulu  rendre  ses  résultats  plus  immédiatement  applicables  aux  circon- 
stances dans  lesquelles  on  est  obligé  de  se  placer  pour  l'étude  des  pliéno- 


mènes  que  présente  le  luouvemeiit  de  corps  tangibles  (j'emploie  cette  expres- 
sion par  opposition  aux  phénomènes  de  la  Mécanique  céleste).  Dans  la 
théorie  du  mouvement  de  rotation  des  planètes,  on  ne  gagnerait  rien  à 
éviter  l'emploi  des  axes  principaux,  puisque  la  situation  de  tout  autre  sys- 
tème d'axes  rectangulaires  serait  aussi  difficile  à  déterminer. 

»  Considérant  les  oscillations  du  centre  de  gravité  autour  de  la  verti- 
cale, comme  des  quantités  du  premier  ordre  de  petitesse,  et  négligeant  les 
termes  des  ordres  supérieurs,  Lagrange  forme  trois  équations  différen- 
tielles du  second  ordre,  entre  lesquelles  il  élimine  l'une  des  trois  inconnues. 
Pour  abréger,  j'écrirai  le  résultat  de  l'élimination  comme  il  suit  : 


{a) 


d'il  dKs 

f  d'^s  d-u 


en  posant  f 

{b)      rt  =  CH  +  FG;     c  =  CK;    /^BC-F*;     g  =  AC  -  G=  (*), 

»  Ces  équations   étant  linéaires  et  à  coefficients   constants,  Lagrange 
prend,  pour  intégrales,  des  termes  de  la  forme 

[c)  .ï  =  a  sin((3<  4- l?),      «  =  y  sin((5^  + /3), 

et  il  arrive,  pour  déterminer  le  rapport  -  et  la  quantité  jj,  à  des  équations 
que  je  transforme  en  les  suivantes,  au  moyen  des  équations  [h)  et  en  écri- 
vant/à  la  place  de-» 

[d) 

»   Elles  fournissent  l'équation  caractéristique 


c  —  g-p'  ap'' 


»  Faisant  abstraction  du  signe  des  racines,   et  désignant  leurs  valeurs 
absolues  par  p  et  p',  on  a  les  expressions  suivantes  de  ^  et  de  «  : 

=  «sin(pi!  +  /3)  4-  a'  ûv\{p't  -i-  |3'), 


^•^^  «=  -^asin(pr+/3)+  -^^«'sin(û'«  +  /3'), 

où  «,  «',  /3,  |3'  désignent  quatre  constantes  arbitraires. 


(*)  Mécanique  analytique,  étlition  de  M.  J.  Bertrand,  t.  II,  p.  236. 

C.  R.,  1870,  2^  Saneitre.  (T.  LXXI,  N"  22.)  102 


(  7^4  ) 
»   Ail  moyen  de  ces  valeurs,  on   obtient  aisément  celle  de  la  troisième 
fonction  que  je  reproduis  ici 

(8)  0  =  h„-^ht  +  ^^^{'), 

ce  qui  achève  la  solution  du  problème. 

»  An  reste,  dit  Lagrange,  comme  cette  solution  est  fondée  sur  l'hypo- 

))  thèse  que  J,  M  et—  soient  de  très-petites  quantités,  il  faudra,  pour  qu'elle 

»  soit  légitime  :  i"  que  les  constantes  a,  a'  et  h  soient  aussi  très-petites; 
M  2°  que  les  racines  p  et  o'  soient  réelles  et  inéijales,  afin  que  l'angle  t  soit  tou- 
»  jours  sous  le  skjne  des  sinus.  Or  cette  seconde  condition  exige  ces  deux-ci  : 

'  l(/+g)'  +  4(yg-«'), 

»  lesquelles  dépendent  uniquement  de  la  figure  du  corps  et  de  la  situation 
»   du  point  de  suspension  (").  » 

»  C'est  sur  la  seconde  des  conditions  ici  énoncées  que  je  me  permets 
d'appeler  l'attention  de  l'Académie.  Je  dis  qu'il  n'est  pas  nécessaire  que 
cette  condition  soit  remplie,  pour  que  les  pelites  oscillations  se  maintien- 
nent. S'il  est,  en  effet,  nécessaire  que  l'équation  caractéristique  ne  |)ré- 
sente  pas  de  racines  égales,  quand  il  s'agit  d'une  seule  équation  linéaire,  il 
arrive  au  contraire  que,  dans  certains  cas,  les  racines  de  l'équation  carac- 
téristique cVun  système  d'équations  linéaires  peuvent  être  égales,  sans  que 
la  variable  indépendante  sorte  des  signes  trigonométriques  ou  exponentiels. 
Tel  est  le  cas  qui  se  présente  dans  le  problème  actuel. 

»  f>a  dernière  inégalité  que  nous  venons  de  rappeler  peut  s'écrire 

{i)  (/-gr  +  4«^>o, 

et  elle  sera  satisfaite  tant  que  l'une  des  deux  quantités  [J  —  g)  et  a  sera 
différente  de  zéro.  Le  cas  de  l'égalité  des  racines  p  et  p'  se  présentera  lors- 
que ces  quantités   (/  —  g)  et  a  seront  simidtanément  nulles:  on  tire  en 

(*  )  Je  mets  ici  /(»  au  lieu  de  /  qui  se  trouve  dans  la  Mécanique  analytique. 

(**)  Voici  un  cas  très-simple,  auquel  correspondent  des  racines  égales  de  l'équation  ca- 
ractéristique :  c'est  celui  d'un  corps  solide,  homogène  et  de  révolution,  oscillant  autour 
d'un  point  pris  sur  son  axe  de  figure.  Chacun  comprendra,  sans  recourir  au  calcul,  que  la 
petitesse  des  oscillations  est  assurée  dans  ce  cas,  si  le  centre  de  gravité  est,  à  l'origine  du 
mouvement,  au-dessous  du  centre  de  suspension,  à  une  petite  distance  de  la  verticale  pas- 
sant par  ce  point,  et  si  le  mouvement  oscillatoire  initial  est  suffisamment  faible. 


(  765) 
effet  de  l'équation  (e) 

et  les  valeurs  correspondanles  de  /  que  fournit  la  deuxième  équation  (d) 
sont 

»  Supposons  d'abord  J=g;  ces  deux  expressions  se  réduiront  à 

P      -^ 
/  =  ±1. 

»  On  remarquera  que  cette  double  valeur  de  /  étant  indépendante  de  a, 
continue  d'être  exacte  à  la  limite  où  a  prend  la  valeur  zéro.  Donc  si  l'on  a 
simultanément  y  — g  =  o  et  n  =  o,  on  a  simplement 

(k)  P^s/j     ^^     i  =  ±i- 

»   Alors  les  variables  s  ef  u  prennent  la  forme 

s  =  asinf  i/-îi  +  /3  j  +  a'sin  (  \/y  f -1-/5' V 
n  =  as[nii/jt-h^j  —  a' a'm  (\/ ~  t -h  (i'j , 

équivalente  à  la  suivante 

l  s  =  vjsinf  i/y  t-he), 

(0 

puisque  l'on  peut  faire 


;"0 


>7  sine  =  a  sin^  4-  a'  sin/S',       ■/)'  sin£'=  a  siup  —  a'  sin|3', 
•/j  cos£  =  acosj3  -t-  a'cos/3',       ■/5'cose'=  acos/3  —  a'cosjS'. 


»  Voici  donc,  |)our  le  cas  de  l'égalilé  des  racines  de  l'équation  car;icté~ 
nslique,  une  solution  qui  comprend  les  quatre  constantes  nécessaires  vj,  vj', 
£,  c',  et  dans  laquelle  le  temps  /  reste  compris  sous  le  signe  des  sinus. 

»  Pour  ne  laisser  aucun  doute  sur  l'exactitude  de  cette  solution,  je  ferai 
remarquer  que  la  double  hypothèse/ —  g  =  o,  «  =  o  réduit  les  équations 

I02.. 


(  7^6 
proposées  à 


dO 

+ 

c 

o, 

d's 
dt- 

-f- 

c 

o, 

Or  ces  deux  équations  sont  indépendantes,  et  elles  admettent  précisément 
pour  intégrales  les  expressions  (/). 

»  On  sait  que  lorsque  l'on  a  affaire  à  nne  équation  linéaire  à  coefficients 
constants  et  que  l'équation  caractéristique  présente  des  racines  égales  dont 
le  degré  de  multiplicité  est  m,  il  faut  multiplier  le  terme  de  l'intégrale  cor- 
respondant à  la  racine  multiple  par  un  polynôme  du  degré  m —  i  par  rap- 
port à  la  variable  indépendante  :  or  plusieurs  auteurs  semblent  admettre 
la  nécessité  d'une  modification  analogue  des  termes  correspondants  à  une 
racine  multiple,  dans  le  cas  d'un  s/stème  d'équations  linéaires;  ces  auteurs 
se  bornent  à  renvoyer  aux  explications  fournies  à  l'occasion  (Yime  équation 
unique.  J'ai  cru  devoir  appeler  l'attention  des  géomètres  sur  un  point  assez 
important  de  la  théorie  des  équations  linéaires,  et  qui  n'occupe  pas  une 
place  suffisante  dans  les  traités  sur  cette  matière.  Peut-être  la  question  que 
je  soulève  a-t-elle  été  déjà  résolue;  mais  il  faut  croire  que  la  solution  n'est 
pas  généralement  connue,  puisque  l'incorrection  que  je  signale  dans  la 
Mécanique  analytique  a  pu  échapper  à  un  géomètre  aussi  érudit  que  le 
savant  auteur  de  la  nouvelle  édition  d'un  ouvrage  devenu  classique. 

»  Ayant  rencontré  d'autres  systèmes  d'équations  linéaires  qui  m'ont 
présenté  la  même  particularité  relativement  aux  racines  égales  de  l'équa- 
tion caractéristique,  et  constaté  que  ces  systèmes  se  résolvaient  alors  en 
équations  distinctes  qui  s'intègrent  isolément,  j'ai  été  conduit  à  rechercher 
les  cas  dans  lesquels  ce  fait  peut  se  produire.  Voici  le  premier  résultat  que 
j'ai  pu  obtenir.  Les  équations  linéaires  d'ordre  quelconque,  à  coefficients 
constants,  pouvant  au  moyen  de  nouvelles  variables  être  ramenées  à  des 
équations  du  premier  ordre,  j'ai  considéré  un  système  de  deux  équations 
linéaires  du  premier  ordre,  et  il  m'a  été  facile  d'établir  que,  si  la  carac- 
téristique ayant  des  racines  égales,  ces  équations  peuvent  néanmoins  être 
intégrées  au  moyen  d'exponentielles  et  de  fonctions  trigonométriques 
non  affectées  de  facteurs  algébriques  contenant  la  variable  indépendante, 
le  système  proposé  se  résout  en  deux  équations  qui  s'intègrent  séparé- 
ment.   > 


(  767  ) 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrulin,  à  In  iioniination  de  la  Coni- 
mission  qui  sera  chargée  de  décerner  le  prix  d'Astronomie,  fondation  La- 
lande,  pour  l'année  1870. 

MM.  Mathieu,  Liouville,  Delaunay,  Laugier  et  Faye  réunissent  la  majo- 
rité des  suffrages. 

MEMOIRES  PRESENTES. 

AÉROSTATIQUE.  —  Sur  un  gaz  qu'on  pourrait  substituer  à  celui  qu'aujourd'hui 
on  emploie  d'ordinaire  pour  gonfler  les  ballons.  Note  de  M.  A.  Hureau  de 
Villeneuve. 

«  Ayant  été  nommé  commissaire  français  accrédité  pour  l'Exposition 
aéronautique  anglaise  de  1868,  j'ai  pu  étudier  à  Londres  les  différents  pro- 
cédés de  fabrication  du  gaz  destiné  à  l'aérostation.  J'ai  eu  l'honneur  de 
présenter  à  l'Académie  le  Rapport  que  j'ai  fait  stn-  cette  exposition  et  qui  a 
paru  dans  le  recueil  l'Aéronaute.  J'ai,  dans  ce  Rapport,  traité  des  avantages 
des  différents  gaz  utilisables  en  aérostalion,  notamnienî  ceux  de  houille  et 
de  tourbe.  Le  siège  actuel  impose  à  l'administration  la  nécessité  de  suppri- 
mer la  livraison  du  gaz  de  houille  à  partir  du  3o  novembre.  Ne  serait-il  pas 
possible  de  le  remplacer  par  un  autre  gaz,  au  moins  pour  le  gonflement 
des  aérostats? 

»  Le  bois  vert  existe  en  grande  abondance  "dans  l'enceinte  de  Paris.  Or 
le  gaz  extrait  du  bois  par  la  distillation  est  moins  éclairant,  mais  plus  léger 
que  le  gaz  de  houille.  Sa  puissance  ascensionnelle  est  de  800  granunes  par 
mètre  cube,  tandis  que  celle  du  gaz  de  houille  est  de  600  à  65o  grammes. 
Il  y  a  donc  tout  intérêt  à  employer  pour  le  gonflement  des  ballons  le  gaz 
extrait  du  bois  vert.  Les  cornues  des  usines  à  gaz  pourraient  être  conservées 
sans  modifications  et  leur  chauffage  serait  fait  au  bois.  Le  résidu  de  l'opé- 
ration serait  du  charbon  d'excellente  qualité  qui  lendrait  à  l'économie  do- 
mestique de  très-grands  services.  Le  gaz  destiné  à  l'aérostation  devrait  être 
lavé;  on  recueillerait  ainsi  l'acide  pyroligneux  et  le  goudron  qui  se  forme- 
raient dans  la  première  partie  de  l'opération.  Puis  on  le  dessécherait  et  on 
le  ferait  parvenir  au  gazomètre  en  ayant  soin  de  maintenir  flottante  sur  la 
couche  d'eau  placée  sous  le  gaz  une  large  toile  goudronnée,  afin  d'einpê- 


(  76«  ) 
cher  que  le  gaz  absorbe  de  nouvelle  humidité  :  ce  qui  l'alourdirait  coii>.i- 
dérablement. 

»  Si  l'on  voulait  employer  le  gaz  de  bois  à  l'éclairage,  ou  n'ainait  qu'à 
le  faire  barboter  an  milieu  d'essence  minérale  dans  l'appareil,  nommé  car- 
burateur, et  join-nellement  employé.  Le  gaz  de  bois  deviendrait  ainsi  aussi 
éclairant  que  le  gaz  de  houille,  et  permettrait  de  continuer  l'éclairage  de 
Paris  sans  modifications  dans  les  appareils.   » 

«  M.  Dumas  croit  qu'il  est  utile  de  donner  immédiatement  quelques 
explications  à  ce  sujet. 

»  La  houille  nécessaire  à  la  fabrication  du  gaz  n'est  pas  encore  près  de 
manquer,  surtout  si  l'on  renonce  à  tenir  pendant  le  jour  la  canalisation  en 
pression.  Les  fuites  qui  en  résultent  constituent  une  perte  sans  compensation 
et  sans  nécessité. 

"  Il  serait  très-intéressant  de  remplacer  le  gaz  de  la  houille  par  celui  du 
bois  dans  l'aérostation.  Mais  il  faudrait' parer  à  la  présence  de  l'oxyde  de 
carbone  et  ne  pas  perdre  le  souvenir  de  l'accident  qu'elle  détermina  dans 
la  seule  ascension  qui  ait  eu  lieu,  au  moyen  du  gaz  de  l'eau  décompcsée 
par  le  charbon.  L'aérouaute,  M.  Dupuis  Delcourt,  perdit  connaissance  et 
Eou  ballon,  voguant  à  l'aventure,  le  ramena  à  terre  asphyxié. 

»  Faire  au  moyen  du  bois  le  gaz  de  l'éclairage  à  Paris,  ce  serait  revenir 
au  therniolanipe  de  Joseph  Lebon.  Or,  tous  les  appareils  sont  construits 
en  vue  de  la  fabrication  d'un  gaz  accompagné  d'iui  alcali,  tel  que  celui  de 
la  houille  qui  est  chargé  d'ammoniaque,  et  non  d'iui  gaz  accompagné  de 
vapeurs  acides,  tel  que  celui  du  bois  qui  est  toujours  mêlé  de  vapeins 
d'acide  pyroligneux.  Les  appareils  qui  reçoivent,  purifient  ou  dirigent  ce 
gaz  seraient  tous  compromis  par  l'action  de  cet  acide. 

»  De  plus,  la  chaux  manquerait  pour  la  conversion  de  l'acide  pyroli- 
gneux en  acétate  de  chaux. 

»  L'objet  principal  de  la  remarque  de  M.  Dumas  est  celui-ci  :  la  ques- 
tion du  remplacement  de  la  houille  par  du  bois  ou  par  d'autres  matières 
a  été  soigneusement  étudiée  et  continue  à  l'être;  mais  on  se  résignera  dif- 
ficilement à  compromettre  un  outillage  aussi  inqinrlant  que  celui  des  usines 
à  gaz  de  Paris.   » 

M.  I)i:i(oiDi£  adresse  une  Note  sur  un  système  aérostalique  diiigeable  pu 
des  moyens  différents  fie  ceux  qui  ont  été  jusqu'ici  jiroposés,  prticédaiif  par 
une  série  d'ascensions  et  de  descentes;  chaque  ascension  s'opérant  dans  le 


(  769  ) 

sens  vertical,  autant  du  moins  que  l'état  de  l'air  le  permet,  la  descente  au 
contraire  se  faisant  obliquement  et  dans  la  direction  voulue,  grâce  à  nu 
parachute-plan,  incliné  à  l'horizon  et  convenablement  orienté  avant  cha- 
cune de  ces  descentes  successives.  La  force  ascensionnelle  n'est  pas  obtenue 
du  gaz  hydrogène  qui  ne  sert  qu'à  équilibrer  à  peu  près  le  |ioiils  de  tout 
l'appareil,  pas  assez  d'ailleurs  pour  s'opposer  à  une  descente  qu'on  peut 
rendre  plus  ou  moins  rapide  et  qui  se  produit  dès  qu'un  gaz,  différent  du 
premier,  cesse  de  gonfler  deux  réceptacles  symétriquement  placés  en  avant 
et  en  arriére  du  ballon  principal  Ce  gaz  est  l'ammoniaque,  et  c'est  sur  son 
absorption  rapide  que  compte  l'auteur  de  la  Note  pour  opérer  le  dégonfle- 
ment des  deux  réceptacles;  sans  s'expliquer  d'ailleurs  sur  la  manière  dont 
s'opère  l'absorption  par  suite  de  laquelle  doit  s'opérer  la  descente,  ni  sur 
la  manière  dont  un  nouveau  dégagement  du  même  ira  remplir  les  deux 
réceptacles  pour  produire  l'ascension  suivante. 

(Commissaires  :  MM.  Morin,  Halard,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

M.  C.  Grin  présente  le  projet  d'un  bjslèmc  aérostatique  dans  lequel  il 
pense  avoir  remédié  aux  divers  inconvénients  reprochés  à  ceux  qui  ont  été 
essayés  jusqu'ici.  Cette  exposition  est  accompagnée  de  diverses  figures  sans 
lesquelles  elle  pourrait  difficilement  être  comprise,  et  nous  devons  nous 
borner  à  cette  simple  annonce. 

(Renvoi  à  la  Conunission  précédemment  nommée  pour  d'autres  Conmiii- 
nications  relatives  à  l'aérostation,  Conunission  composée  de  MM.  Morin, 
Delaunay,  Dupuy  de  Lôme.) 

M.  E.  Petro  adresse  une  Note  sur  les  ballons  captifs  et  sur  un  moyen 
destiné  à  faire  disparaître  ce  qu'il  considère  comme  la  cause  principale  de 
la  difficulté  qu'on  rencontre  à  maintenir  ce  ballon  à  une  hauteur  suffisante 
pour  que  l'observateur  puisse  surveiller  une  vaste  étendue  de  terrain. 
(Renvoi  à  la  même  Commission.) 

On  renvoie  à  la  même  Conunission  une  Note  ayant  pour  litre  :  «  Ballon 
dirigeable  par  le  haut  ». 

M.  Clotet  envoie  une  addition  à  sa  Note  du  17  octobre  dernier  sur  une 
nouvelle  bombe  cylindro-coniqne. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Mécanique  à  laquelle  MM.  Delaunay 
et  Dupuy  de  Lôme  ont  été  priés  de  s'adjoindre.) 

MM.  Brachet  et  Vallée  adressent  la  description  d'une  lampe  électriijue 


(  77»  ) 
dont  ils  pensent  qu'on  pourrait  faire  en  ce  mouieni  une  utile  application 
dans  la  ville  de  Paris  pour  l'éclairage  des  larges  voies. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Chimie  à  laquelle  est  adjoint 

M.  Dumas.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  DE  ScHŒXEFELD,  Secrétaire  général  de  la  Société  botanique  de  France, 
transmet  l'extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  de  rentrée  de  cette  Société 
qui  déclare  adhérer  complètement  à  la  protestation  de  l'Institut  contre  le 
projet  de  bombardement  de  la  ville  de  Paris. 

«  La  Société,  on  reprenant  le  cours  habituel  de  ses  réunions,  a  entendu 
la  lecture  de  la  déclaration  de  l'Institut  de  France  réuni  en  assemblée  géné- 
rale le  i8  septembre  dernier;  ayant  donné  unanimement  son  adhésion  pleine 
et  entière  à  cette  solennelle  déclaration,  elle  croit  devoir  l'appuyer  spéciale- 
ment en  vue  de  la  conservaîion  des  herbiers  publics  et  particuliers  dont 
quelques-uns,  œuvre  de  plusieurs  générations  et  libéralement  ouverts  aux 
savants  de  tous  les  pays,  sont  d'un  intérêt  scientifique  général  incontesté, 
et  qui  sont  d'ailleurs  plus  exposés  aux  chances  d'incendie  que  les  autres 
collections  scientifiques....  » 

Ont  signé,  au  nom  du  Bureau  de  la  Société  et  pour  le  Président  absent, 
les  deux  Vice-Présidents,  MM.  Brongniart  et  Roze. 

M.  DuM.4S  présente  au  nom  des  auteurs,  MM.  Champion  et  H.  Pellet, 
une  Note  «  sur  quelques  propriétés  de  la  dynamite  et  sur  un  nouveau  pro- 
cédé de  la  fabrication  de  la  nitroglycérine  ».  La  nouveauté  de  ces  recher- 
ches et  leur  importance  ont  déterminé  à  présenter  cette  Note  pour  que  les 
auteurs  puissent  ainsi  prendre  date;  mais  îles  raisons  de  même  nature  que 
celles  qui  ont  fait  ajourner  la  publication  de  la  Note  de  M.  Eug.  Pelouze 
sur  son  procédé  pour  la  conservation  des  viandes  ont  fait  penser  que  pour 
celle-ci  il  convenait  de  se  borner  pour  le  présent  à  une  simple  annonce. 

M.  Dumas  dépose,  de  la  part  de  l'auteur,  un  exemplaire  de  la  Conférence 
faite  par  M.  Riche,  le  ii  novembre,  sur  la  «  Manière  de  se  nourrir  dans 
les  circonstances  présentes  ». 

M.  BussY  présente  au  nom  de  M.  Soubeyran,  professeur  agrégé  à  l'École 
de  Pharmacie,  une  carte  géographique  sur  laquelle  sont  inscrites,  au  lieu 
de  leur  production,  toutes  les  principales  substances  qui  trouvent  leur  em- 
ploi dans  la  matière  médicale. 


(  77'   ) 

GÉOLOGIE  COMPARÉE.  —  De  l'existence  de  roches  éruptives  et  de  roches 
métamorphiques  parmi  les  météorites;  par  M.  Stanislas  Meunier. 

«  J'ai  cherché  à  montrer,  clans  ma  précédente  Communication,  cjne  des 
faits  positifs  conduisent  à  reconnaître  des  relations  stratigraphiques  entre 
des  types  divers  de  météorites,  c'est-à-dire  à  reconnaître  la  preuve  que  des 
roches  météoritiques  de  nature  différente,  dérivent  d'un  même  gisement 
originel. 

))  Allant  plus  loin,  je  vais  faire  voir  aujourd'hui  que  l'étude  de  ces  rap- 
ports existant  entre  des  roches  extraterrestres  donne  le  moyen  de  définir 
jusqu'à  un  certain  point,  au  moins  pour  plusieurs  d'entre  elles,  les  condi- 
tions spéciales  de  leur  formation.  Tandis,  en  effet,  que  le  plus  grand 
nombre  des  météorites  se  présentent  comme  le  résultat  pur  et  simple  du 
refroidissement  d'une  masse  fondue  primitive,  plus  ou  moins  analogue  à 
celle  qu'on  obtient  artificiellement  par  leur  fusion,  d'autres  ont  conservé 
l'empreinte  d'actions  géologiques  plus  compliquées.  C'est  ainsi  qu'il  y  a, 
comme  on  va  voir,  des  météorites  offrant  un  caractère  évidemment  éruptifet 
que  d'autres  sont  manifestement  le  résultat  d'un  véritable  métamorphisme. 

»  L'exemple  le  plus  net  et  le  plus  concluant,  puisqu'il  synthétise  pour 
ainsi  dire  tous  les  autres,  nous  sera  fourni  par  le  remarquable  fer  que  je 
citais  déjà  dans  une  précédente  Communication  comme  ayant  été  découvert 
il  y  a  peu  d'années  dans  la  cordillère  de  Deesa,  au  Chili.  On  se  rappelle 
que  ce  fer,  essentiellement  bréchiforme,  est  constitué  par  la  réunion  de 
fragments  pierreux  de  forme  anguleuse  et  de  grosseur  variable,  reliés 
ensemble  par  une  substance  métallique  qui  les  empâte.  J'ai  dit  que  la 
partie  métallique  soumise  à  l'analyse  m'a  donné  tout  à  fait  les  mêmes  ré- 
sultats qu'on  avait  obtenus  en  examinant  le  fer  trouvé  à  Caille  en  1828, 
et  que  les  fragments  pierreux  ne  sauraient  se  distinguer,  sous  aucun  rap- 
port, de  la  météorite  tombée  en  Algérie,  à  Tadjera,  près  deSétif,  le  9  juin  1 867. 
Or,  on  va  voir  que  la  pâte  métallique  du  bloc  de  Deesa  diffère  de  la  mé- 
téorite de  Caille  quant  à  son  mode  de  formation,  et  que  la  pierre  de  Sétif, 
identique,  je  le  répète,  aux  fragments  anguleux  de  la  brèche  chilienne, 
a  conservé  les  traces  non  douteuses  du  métamorphisme  qu'elle  a  subi 
postérieurement  à  sa  solidification. 

»  Pour  comprendre  en  quoi  la  pâte  du  bloc  de  Deesa  se  distingue  du  fer 
de  Caille,  il  faut  rappeler  en  quoi  consiste  l'expérience  de  Widmannstœtten. 
Si  après  avoir  poli  une  surface  plane  sur  un  fer  météorique,  on  le  soumet 

C.  R.,  1870,  3«  Semenre.  (T.  LXXI,  N»  22.)  I  o3 


{  77=) 
à  lactinn  corrosive  fl'nn  ncido,  on  voit,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  pour 
une  lame  polie  de  (or  artificiel,  apparaître  un  moiré  d'une  régularité  ex- 
trême. Ce  moiré  ou,  comme  on  dit,  cette  figure  de  Widmannsfoctten  est 
due  à  l'existence  dans  la  masse  mélallinue  de  divers  alliacés  de  fer  et  de 
nickel  dont  la  solubilité  est  en  rapport  avec  la  composition  et  qu'une  cris- 
tallisation générale  de  l'ensemble  a  disposés  danstiu  ordre  régulier.  Il  est 
rare  que  deux  fers  différents  présentent  rigcu-eusement  la  même  figure,  et 
il  arrive  que  certains  d'entre  eux,  an  lieu  du  réseau  géométrique  habituel, 
ne  donnent  que  des  dessins  confus  et  comme  brouillés.  C'est,  entre  autres, 
le  cas  du  fer  de  Deesa,  et  c'est  justement  par  ce  caractère  qu'il  révèle  son 
origine  éruptive.  En  effet,  du  fer  de  Caille  étant  donné,  rien  de  plus  facile 
que  de  lui  imprimer  le  caractère  confus  qui  appartient  à  la  masse  chilienne. 
Il  suffit  pour  cela  de  le  fondre  dans  un  creuset  et  de  l'abandonner  ensuite 
au  refroidissement  lent.  Dans  cette  simple  expérience,  sa  composition  chi- 
mique n'a  évidemment  pas  changé,  mais  il  n'en  est  pas  de  même  de  sa 
sirucfure,  et  désormais  les  acides  ne  peuvent  plus  dessiner  sur  des  surfaces 
polies  que  des  figures  confuses.  Je  ne  crois  pas  qu'on  puisse  refuser  de  tirer 
de  ce  fait  cette  conséquence  que  le  fer  de  Deesa  n'est  autre  chose  que  le  fer 
de  Caille  qui,  par  voie  de  fusion,  a  été  injecté  au  travers  de  roches  pier- 
reuses superposées  et  en  a  empâté  des  fragments;  c'est  dans  toute  la  force 
du  terme  luie  brèche  de  filon  éruplif. 

»  Cette  conclusion  est  d'ailleurs  pleinement  confirmée  par  l'état  de  deux 
fragments  pierreux  de  la  brèche  de  Deesa.  Des  expériences  extrêmement 
simples  m'ont  amené  à  ce  résultat  imprévu  que  la  roche  noire  qui  constitue 
les  fragments,  et  que  j'ai  désignée  sous  le  nom  de  ladjérite  parce  qu'elle 
forme,  comme  on  l'a  vu,  la  pierre  de  Tadjera  (Sélif),  peut  être  produite 
artificiellement  au  moyen  de  certaines  roches  météoriliques  toutes  diffé- 
rentes, et  spécialement  au  moyen  de  celles  que  j'appelle  aumalite  et  chan- 
tonnite.  Que  l'on  chauffe  ces  roches  qui  sont,  comme  on  sait,  d'une  couleur 
gris-clair  et  qu'on  les  maintienne  pendant  un  quart  d'heure  par  exemple 
dans  un  creuset  à  la  température  rouge,  ou  les  trouvera  après  refroidisse- 
ment complètement  transformées.  Leur  couleur  sera  devenue  noire;  leur 
dureté  et  leur  ténacité  auront  augmenté;  leur  densité  aura  subi  elle-même 
un  léger  accroissement.  De  sorte  que,  déjà  semblables  av;int  l'expérience 
à  la  tadjérite  |x>ur  la  composition  chimique,  elles  en  auront  pris  tous  les 
caractères  extérieurs  et  ne  sauraient  plus  en  aucune  façon  eu  être  dis- 
li  liguées. 

»   Il  me  sera  sans  doute  permis  de  faire  remarquer  en  passant  que  c'est 


(  77'^  ) 
la  preiinère  fois  que  l'on  parvient  à  reproduire  artiticiellement  une  météo- 
rite, et  cela  avec  tant  de  perfection  qu'il  est  impossible  au  plus  habile  de 
reconnaître  la  roche  naturelle  de  son  imitation.  D'ailleurs  cette  circon- 
stance que  la  matière  première  de  cette  reproduction  est  elle-même  une 
météorite  ne  diminue  pas,  me  semble-t-il,  l'intérêt  de  l'expérience. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  si  l'on  suppose  que,  lors  de  son  éruption  à  l'état  de 
fusion,  le  fer  de  Caille  a  empâté  des  fragments  d'anmaliîe  et  de  chantonnile, 
il  n'a  pas  pu  le  faire  sans  les  métamorphiser  en  tadjérite.  Dès  lors  la  pré- 
sence dans  le  fer  de  Deesa,  de  fragments  de  cette  dernière  roche,  est, 
comme  je  l'annonçais,  une  preuve  de  plus  que  ce  fer  constitue  réellement 
un  fdon  et  dévoile  des  relations  stratigraphiques  entre  la  caillite  et  l'an- 
malite.  Il  faut  aussi  faire  remarquer  que  d'autres  fers  sont,  comme  celui  de 
Deesa,  constitués  par  l'association  de  parties  pierreuses  avec  des  parties 
métalliques,  et  que  toujours  les  fragments  lithoides  appartiennent  au  1}  pe 
tiès-rai'e  des  météorites  noires.  Tels  sont  les  fers  d'Hemalga,  de  Toule,  etc. 
Cette  circonstance  qui  m'avait  frappé  il  y  a  déjà  plus  d'un  au,  lorsque  je 
publiai  l'analyse  du  fer  de  Deesa,  reçoit,  comme  on  voit,  de  l'expérience 
une  explication  des  plus  simples.  Quant  à  la  masse  de  Sétif,  qui  ne  se  pré- 
sente pas  en  contact  avec  des  masses  de  fer  auxquelles  on  puisse  attribuer 
son  métamorphisme,  on  est  évidemment  porté  à  voir  en  elle  un  échantillon 
de  la  paroi  d'aumahie  contre  laquelle  a  eu  lieu  l'éruption  niétaliiciue. 

I)  Remarquons  ici  cpie  la  coloration  noire  qui  nous  occupe,  si  différ<nl(' 
de  la  luiance  que  présentent  les  produits  de  fusion  de  l'aumalite  et  de  la 
tadjérite  elle-même,  constitue  conune  un  thermomètre  enregistreur  qui 
nous  permet  d'apprécier,  dans  une  certaine- mesure,  les  conditions  de  tein- 
jiérature  par  lesquelles  ont  passé  certaines  masses  météoiitiques.  Sans  fane 
des  aujourd'hui  l'application  de  cette  observation  à  la  couleur  noire  du 
vernis,  d'ailleurs  en  partie  fondu,  de  la  plupart  des  météorites,  j'ajouterai 
que  les  faits  dont  il  vient  d'être  question  paraissent  de  nature  à  jeter  cpielque 
lumière  siu'  la  cause  à  lacpielle  est  due  la  teinte  foncée  que  présenicnl  les 
surfaces  de  frottement  si  fréquentes  dans  beaucoup  àe  météorites.  Quel(|ues 
essais  m'ont  fait  voir  que  la  matière  noire  de  ces  surfaces  est  identicpie  à 
celle  qui  colore  la  tadjérite  et  paraît  résulter  d'un  échauffenient  local  de 
très-peu  de  durée  subi  par  les  surfaces  frottantes.  On  en  tire  des  notions 
importantes  parce  qu'elles  n'ont  rien  d'hypothétique  quant  au  mode  d'é- 
ruption de  ces  roches  bréchiformes.  Il  est  évident,  en  effet,  qu'elles  ont  été 
poussées  de  la  profondeur,  alors  qu'elles  étaient  déjà  complètement  soli- 
difiées, et  c'est  à  la  seule  action  mécanique  qu'il  faut  attribuer  l'échaullè- 

io3.. 


(  774  ) 
ment  des  parties  qui,  après  leiii'  rupture,  ont  pu  glisser  les  unes  contre  les 
autres,  sans  oublier  toutefois  que  les  fissures  ont  pu  livrer  un  chemin  plus 
facile  à  la  chaleur  d'origine  profonde.  Cetle  conséquence  s'applique  au 
même  titre  aux  roches  terrestres  éruptives.  J'ai  déjà  insisté  sur  la  similitude 
de  structure  et  par  conséquent  de  mode  de  formation  que  la  serpentine 
présente  avec  la  chantonnite,  et  j'ajoute  aujourd'hui  que  le  fait  rendu  si 
facilement  sensible  ici  par  les  miroirs  de  frottement,  à  savoir  que  l'érup- 
tion a  eu  lieu  à  l'état  solide,  est  beaucoup  plus  général  qu'il  ne  paraît  d'a- 
bord chez  les  roches  éruplives  non  volcaniques.  Je  me  fonde  entre  autres 
sur  une  observation  récente  faite  dans  la  collection  lithologique  du  Mu- 
séum et  qui  me  porte  à  croire  qu'un  grand  nombre  de  roches  éruptives 
de  l'apparence  la  plus  compacte  sont  en  réalité  bréchoïdes.  Il  s'agit  d'une 
eurite  lapportée  de  Pointe-Légal  (Cochinchine)  par  M.  Germain  et  enre- 
gistrée au  Catalogue  Carré  sous  le  n°  880.1.  A  la  cassure,  cette  roche  est 
absolument  com|)acte  comme  la  plupart  des  pétrosilex,  mais,  observée  sur 
sa  surfiice  naturelle,  elle  se  montre,  par  suite  de  l'action  inégale  sru*  ses 
diverses  parties,  des  agents  atmosphéricpies,  formée  de  fragments  anguleux 
juxtaposés  exactement  comme  la  serpentine  et  la  chantonnite. 

»  Mais,  laissant  ce  sujet  qui  m'écarte  de  mon  objet  principal,  je  re- 
marque que  le  fait  de  la  transformation  de  l'aumalite  et  des  roches  a:  a- 
logues  en  ladjérite,  sous  la  seule  influence  de  la  chaleur  et  en  dehors  de 
tonte  action  oxydante,  ne  s'explique  pas  aisément.  Je  poursuis  par  des  ex- 
périences chimiques  la  solution  de  cet  intéressant  problème,  et  je  me  pro- 
mets d'en  soumettre  les  résultats  à  l'Académie.  » 

PHYSIQUE.  —  Disposition  nouvelle  des  piles  voltaïques;  opptiialion 
à  la  pile  de  Bunsen;  par  M.  J.-C.  d'Almeida. 

«  I.  La  disposition  des  piles  voltaïques  que  j'ai  l'honneur  de  préseii'cr  à 
l'Académie  offre  les  avantages  suivants  :  1°  soixante  éléments  sont  mis  en 
activité  en  moins  de  temps  qu'il  n'en  faut  d'ordinaire  pour  en  monter  im 
seul  ;  ils  sont  démontés  avec  la  même  rapidité;  2"  inie  économie  considé- 
rable des  liquides  excitateurs  se  trouve  réalisée;  3°  la  pile  est  Iransportable 
sans  danger  ni  de  rupture  des  vases,  ni  de  déversement  des  liquides,  quels 
qae  soient  les  cahots  qui  surviennent. 

))  IL  Voici  seiie  éléments  de  Bunsen  réunis  dans  une  même  caisse  sé- 
paK'e  en  seize  compartiments  j)ar  des  cloisons  de  gutta-percha  :  ces  seize 
éléments  peuvent  être  remplis  simultanément  de  la  solution  d'acide  sulfti- 


(  775  ) 
riqiie.  A  cet  effet,  le  fond  de  chacun  d'eux  est  mis  en  communication  avec 
un  tube  qui,  se  recourbant  deux  fois,  monte  verticalement  le  long  des  pa- 
rois extérieures  de  la  caisse,  et  se  termine  un  peu  au-dessus  du  niveau  où 
doit  venir  le  liquide  de  l'élément.  Ces  seize  tubes  sont  ensuite  réunis  eu  un 
seul  tuyau,  qui  est  destiné  à  introduire  ou  à  enlever  la  solution  acide  quand 
on  veut  monter  ou  démonter  la  pile. 

»  Pour  réaliser  ces  deux  effets  inverses,  le  flacon  tubulé,  que  M.  H.  Sainte- 
Claire  Deville  emploie  si  ingénieusement  dans  divers  appareils  de  chimie, 
a  été  mis  en  usage.  Par  un  tube  de  caoutchouc,  sa  tubulure  latérale  infé- 
rieure est  maintenue  en  communication  constante  avec  le  tuyau  dont  nous 
venons  de  parler.  Si  l'on  élève  le  flacon  plein  de  la  dissolution  acide,  le 
remplissage  des  compartiments  se  fait  de  lui-même;  et,  pour  peu  que  l'on 
ait  eu  soin  de  mesurer  une  fois  pour  toutes  la  quantité  de  liquide,  on  n'a 
qu'à  poser  le  flacon  sur  le  couvercle  de  la  pile;  il  ne  reste  plus  à  s'occuper 
de  rien.  Monter  la  pile  se  réduit  donc  à  un  travail  de  quelques  secondes. 

I)  Pour  vider  les  vases,  c'est-à-dire  pour  démonter  la  même  pile,  on 
descend  le  flacon  après  l'avoir  penché  vivement  pour  reniplir  avec  le  li- 
quide en  excès  (qui  se  trouve  dans  le  flacon  au-dessous  de  la  tubulure)  le 
tube  de  caoutchouc  primitivement  vide,  et  l'opération  est  terminée. 

M  Les  vases  poreux  s'emplissent  et  se  vident  au  moyen  du  même  système. 
Par  un  tube  conique  creux,  qui  traverse  leur  fond,  ces  vases  sont  solide- 
ment fixés  à  l'extrémité  de  tubes  semblables  aux  précétlents. 

»  Un  vase  brisé  par  accident  se  remplace  aisément  par  un  des  vases  de 
rechange  dont  on  a  fait  provision. 

»  Le  caoutchouc,  quoique  altérable  par  l'acide  nitrique,  peut  cependant 
résister  de  quinze  jours  à  trois  semaines. 

»  IIL  11  importe  de  remarquer  que  la  pile,  dès  qu'elle  est  montée,  se 
trouve  dans  les  conditions  ordinaires  d'une  pile  de  Bunsen.  Les  éléments 
sont  complètement  séparés  les  uns  des  autres.  Le  liquide  d'un  comparti- 
ment ne  communique  en  aucun  point  avec  le  liquide  des  autres  comparti- 
ments. Cette  disposition  se  distingue  en  cela  de  quelques  autres  qui  sont 
analogues  en  apparence.  Dans  ces  derniers,  une  communication  constante 
persiste  entre  les  solutions  acides  des  éléments  successifs;  une  perte  est 
alors  déterminée  par  les  courants  dérivés  qui  circulent  dans  les  solutions; 
cette  perte  peut  s'élever  assez  haut  :  dans  une  pile  de  ce  genre,  je  l'ai  trouvée 
égale  à  o,25  de  l'intensité.  Il  en  est  autrement  de  l'arrangement  que  nous 
proposons,  les  seize  éléments  contenus  dans  la  caisse  valent  exactement  le 
même  nombre  d'éléments  ordinaires;  je  l'ai  vérifié  par  expérience. 


(  776  ) 

»  IV.  La  pile  a  été  rendue  Iransportable,  avons-nous  dit,  et  capable  de 
supporter  des  chocs  violents.  Voici  comment  on  y  est  parvenu.  En  premier 
lieu,  les  matières  qui  la  composent  ont  été  autant  que  possible  choisies 
parmi  les  moins  fragiles  qui  soient  à  notre  disposition  :  les  caisses,  les 
tubes,  les  flacons  sont  en  gutta-percha.  En  second  lieu,  toutes  les  pièces 
qui  composent  un  élément  ont  été  fixées  exactement  dans  les  positions 
qu'elles  doivent  occuper.  Les  cylindres  de  zinc  entrent  assez  juste  dans  les 
compartiments;  les  charbons  sont  retenus  invariablement  dans  les  vases 
poreux  par  des  bouchons.  Enfui  le  déversement  accidentel  des  liquides  a 
été  rendu  impossible  par  la  fermeture  des  vases  poreux  et  parcelle  de  la 
caisse.  Une  occlusion  parfaite  de  celle-ci  est  obtenue  j)ar  un  couvercle  :  elle 
est  assurée  au  moyen  d'un  tube  creux  de  caoutchouc  qui  s'étend  sans  solu- 
tion de  contimiité  sur  le  pourtour  creusé  du  bord  supérieur  de  la  caisse, 
et  que  le  couvercle  écrase  incomplètement.  Je  dois  la  coiuiaissance  de  ce 
mode  de  fermeture  si  simple  et  si  parfait  à  M.  L.  Samson,  qui  s'occupe  avec 
grand  succès  de  travaux  de  galvanoplastie.  Du  reste,  quelque  excellent 
que  soit  le  procédé  d'occlusion,  il  vaudra  toujours  mieux  conserver  la  pile 
démontée  pendant  le  transport,  puisqu'elle  peut  être  promptement  mise 
en  activité. 

»  V.  Dans  les  laboratoires,  ces  fermetures  sont  inutiles.  La  cuve,  les 
tulxs,  les  flacons  seront  d'ailleurs  fabriqués  en  grès,  en  porcelaine  ou  en 
verre,  I^a  pile  deviendra  fort  peu  coûteuse.  En  outre,  une  économie  notable 
des  liquides  excitateurs  sera  réalisée;  car  dans  le  cours  d'iuie  série  (roj)é- 
rations,  l'appareil  pourra  être  dén)onté  pendant  les  intervalles,  souvent 
assez  longs,  qui  séparent  deux  expériences.  L'altération  des  liquides  sera, 
grâce  à  cette  disposition,  en  rapport  rigoureux  avec  les  effets  produits.  Il 
ne  deviendra  plus  nécessaire  de  renouveler  les  liquides  aussi  souvent  qu'on 
le  fait  maintenant. 

»  11  est  bien  évident  <pie  la  disposrtion  que  nous  venons  de  décrire  s'ap- 
plique à  toute  espèce  de  pile  ;  pile  de  Daniell,  de  Grove,  de  Smee  ou 
autres. 

»  Je  ne  dois  pas  terminer  cet  exposé  sans  remercier  \\n  conslrui  teur 
lies-eonnu,  M.  Diicrelet,  dont  le  zèle  et  l'iiabilelé  m'ont  aidé  à  résoudre  le 
[Jinblème  à  peu  près  tel  que  je  me  l'étais  posé.    » 


(  777  ) 

ZOOLOGIE  HISTORIQUE.  —  Sur  les  animaux  employés  par  les  anciens  Egy/itiens 
à  la  chasse  et  à  la  c/uene  (quatrième  Note);  par  M.  F.  Liîxormant. 

«  Diodore  de  Sicile  (I,  48),  d'après  Hécatée  d'Abdère,  en  déciiv.nit  le 
grand  monument  de  Thèbes  auquel  les  exégètes  à  l'imaginatioii  fertile  en 
légendes,  qui  montraient  aux  voyageurs  grecs  les  édifices  de  l'Egypte, 
avaient  donné  le  nom  de  Tombeau  d'Osymandyas,  parle  avec  détails  des 
vastes  bas-reliefs  historiques  qui  en  décoraient  le  péristyle  d'entrée,  suivant 
l'usage  des  Pharaons  guerriers  du  Nouvel  Empire.  Il  en  signale  entre  autres 
un  où  l'on  voyait  «  le  roi  combattant  au  premier  rang  quelques  ennemis, 
»  avec  à  ses  côtés  un  lion  qui  l'aidait  dans  la  bataille  par  mie  action  ter- 
»  rible.  Des  exégètes,  ajoute-t-il,  les  uns  disent  que  c'est  un  véritable  lion 
»  dressé  à  cet  effet,  élevé  par  le  roi,  qui  partageait  ses  dangers  dans  les 
»  combats  et  mettait  les  ennemis  en  fuite  par  sa  vaillance;  les  autres  pré- 
»  tendent  que  cette  image  est  emblématique  et  que  le  lion  figure  les  dis- 
»  positions  de  l'àme  du  roi  sous  un  éloge  flatteur,  parce  qu'il  était  au  plus 
»   haut  degré  vaillant  et  actif.  » 

»  Malgré  quelques  inexactitudes  depuis  longtemps  signalées  dans  les 
mesures  que  donne  l'écrivain  grec,  le  prétendu  tombeau  d'Osymandyas 
paraît  bien  être,  comme  l'avaient  pensé  les  savants  de  notre  grande  expé- 
dition d'Egypte  et  Champollion  après  eux,  le  splendide  édifice  connu 
maintenant  sous  le  nom  plus  exact  dii  Ramesséion  de  Gournah.  Mais  on 
n'y  voit  plus  le  bas-relief  signalé  par  Diodore.  Suivant  l'ingénieuse  re- 
marque de  Champollion  [Lettres  d'Egypte,  2^  édition,  p.  238),  il  devait  être 
sculpté  sur  le  mur  de  fond  du  péristyle,  depuis  longtemps  écroulé. 

»  En  revanche,  dans  le  poème  du  scribe  Pentaotir,  traduit  par  notre 
éminent  égyptologue,  M.  le  vicomte  de  Rougé,  et  désormais  célèbre  dans 
la  science,  nous  trouvons  une  mention  précise  et  formelle  du  lion  qui  ac- 
compagnait Ramsès  II  dans  les  combats.  On  sait  que  cette  épopée,  dont  on 
possède  trois  copies,  dans  le  papyrus  Sallier  et  sur  les  murailles  de  Rarnak 
et  de  Louqsor,  est  destinée  à  conserver  la  mémoire  de  l'exploit  dont  le  Sé- 
tostris  des  Grecs  se  vantait  le  plus,  du  brillant  coup  de  tête  de  jeunesse  par 
lequel  il  avait  dispersé  presque  seul,  au  début  de  son  règne,  une  embuscade 
des  Iléthéens  sous  les  murs  de  Qadesch,  dans  la  vallée  de  l'Oronte.  C'est 
cet  exploit  que  retracent  les  grandes  scènes  guerrières  d'Ibsamboul,  de  Kar- 
nak  et  de  Loufjsor.  Il  était  certainement  figuré  au  Ramesséion,  et  différents 
traits  indiqués  par  Diodore  s'appliquent  d'inie  manière  toute  spéciale  aux 
bas-reliefs  qui  s'y  rapportent.  Or,  voici  ce  qu'on  lit  dans  le  poème  :  «  Le 


(  778  ) 
»  grand  lion  qui  marchait  à  côté  de  son  char  (du  roi),  combattait  avec  lui  ; 
»  la  fureur  enflammait  tous  ses  membres,  et  quiconque  s'approchait  tom- 
M  bait  renversé.  »  Il  s'agit  donc  bien  d'un  véritable  lion,  et  l'explication  des 
»  exégètes  qui  voyaient  dans  sa  figure  une  représentation  réelle,  et  non 
symbolique,  était  la  vraie. 

»  Au  reste,  dans  le  temple  souterrain  d'Ibsambonl  (ChampoHion, 
Monuments  de  t Egypte  et  de  la  Nubie,  t.  I,  PI.  XVII  biset.  XXXI)  et  sur 
un  des  polygones  de  Louqsor  (ChampoHion,  t.  IV,  PL  CCCXXFII),  les 
sculpteurs  égyptiens  ont  représenté  le  camp  de  Ramsès  dans  cette  même 
expédition.  Et  devant  la  tente  du  roi,  nous  y  voyons  son  lion,  couché 
et  enchaîné,  sous  la  surveillance  d'un  gardien  armé  d'une  massue,  car, 
tout  dressé  qu'il  fût,  on  ne  pouvait  pas  laisser  sans  le  surveiller  de  près 
cet  hôte  dangereux  de  l'armée,  dont  la  vanité  du  Pharaon  aimait  à  se 
parer,   et  qui  était  comme  le  symbole  vivant  de  sa  puissance. 

»  lùnnscs  II  n'est  pas  le  seul  monarque  égyptien  qui  se  soit  fait  accom- 
pagner à  la  guerre  d'un  lion  dompté  et  dressé  à  combattre  aux  côtés  de 
son  char.  Son  successeur  Rmnsès  III,  non  moins  guerrier,  avait  la  même 
habitude.  Dans  le  bas-relief  du  palais  de  Médinet-Abou  qui  le  représente 
partant  pour  une  de  ses  expéditions  (ChampoHion,  t.  III,  PL  CCXP'II), 
il  est   monté  sur  son   char   et  un  lion  marche  auprès  des  chevaux. 

»  Sir  Gardner  Wilkinson  [Manners  and  customs  qf  ancient  Egyptiaiis, 
t.  Ifl,  p.  i6)  a  cru  que  les  anciens  Égyptiens  dressaient  le  lion  pour  s'en 
servir  à  la  chasse  de  la  même  f.icon  que  certains  peuples  du  guépard.  Xi 
tirait  cette  conclusion  delà  peinture  d'un  tombeau  de  Béni-Hassan  (XIP 
dynastie),  où  l'on  voit  une  lionne  terra.ssant  un  Ibex  sinaiticus  au  milieu 
d'autres  animaux,  tels  que  gazelles,  taudis  qu'un  chasseur  s'avance  l'arc 
et  la  flèche  à  la  main.  Mais  nous  ne  pouvons  admettre  la  manière  de  voir 
du  savant  anglais  et  tirer  avec  lui  pareille  conclusion  d'un  exemple  isolé. 
Les  artistes  de  l'antique  Egypte,  dans  ces  représentations  de  vénerie,  se 
sont  très-souvent  i)lu  à  mettre  eu  scène,  combattant  ou  se  jouant  entre 
eux,  les  animaux  que  le  chasseur  va  frapper  de  ses  traits.  11  n'y  a  rien  à 
voir  de  plus  dans  la  peinture  à  laquelle  se  réfère  sir  Gardner  Wilkinson, 
et  le  lion  n'y  est  certainement  pas  un  auxiliaire  du  veneur,  dressé  à  cet 
effet. 

»  Au  reste,  le  lion  ne  se  prêterait  pas  à  une  éducation  de  ce  genre  et 
aucun  peuple  n'est  parvenu  à  la  lui  imposer.  Quand  on  lit  dans  Élien  {De 
nat.  anint,,  XVII,  26)  que  les  Indiens  avaient  des  lions,  «  non  de  la  plus 
»  grande  taille,  »  of%  01  fjLiynloi,  dressés  à  les  servir  à  la  chasse,  il  s'agit 


(  779  ) 
certainement  d'un  récit  sur  l'emploi  des  guépards,  altéré  en  passant  de 
bouche  en  bouche.  Il  en  est  de  même  quand  plus  tard,  au  moyen  âge, 
Marco  Polo  (Chap.  90)  nous  entretient  des  «  lyons  et  hipars  »  dont  le  fon- 
dateur de  la  dynastie  mongole  en  Chine  se  servait  dans  ses  chasses.  On  ne 
saurait  en  effet  se  méprendre  sur  l'animal  dont  il  a  voulu  parler  sous  ce 
nom  inexact,  lorsqu'il  dit  que  les  chasseurs  portaient  ses  prétendus  lions 
sur  la  croupe  de  leurs  chevaux  et  lorsqu'il  les  décrit  par  ces  expressions 
caractéristiques  :  «  ils  sont  luit  vergié  de  noir  et  de  vermeil  et  de  blanc.  » 

»  Je  ne  terminerai  pas  cette  série  d'études  pour  lesquelles  j'ai  trop  abusé 
de  la  bienveillante  attention  de  l'Académie,  sans  combler  une  lacune  de  ma 
première  Note  en  signalant  encore  deux  variétés  de  chien  de  plus,  repré- 
sentés sur  les  monuments  égyptiens,  mais  qui  paraissent  avoir  été  bien  peu 
répandues,  puisque  de  l'une  et  de  l'antre  on  ne  connaît  jusqu'à  présent 
qu'une  seule  figure. 

»   Ce  sont  : 

»  1°  Un  chien-renard  dont  les  formes  sont  exactement  celles  de  la  variété 
la  plus  habituelle,  du  chien  des  bazars  du  Caire,  mais  dont  la  robeest  indi- 
quée comme  fauve  avec  de  grandes  taches  d'un  brun  rouge;  il  a  été  figuré 
sous  la  XIP  dynastie  dans  un  des  tombeaux  de  Béni-Hassan  (Champollion, 
t.  IV,  PL  CCCCXXVl); 

H  2°  Un  grand  mâtin  de  haute  taille  ;  Champollion  (  tome  IV, 
PI.  CCCCXXVIII)  l'a  fait  dessiner  dans  un  tombeau  de  Gournah  (XVIIP 
dynastie),  mais  sans  aucune  indication  sur  la  couleur  de  sa  robe.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  les  Entozoaires  des  Dauphins;  par  M.  H.  Gekvais. 

«  On  a  signalé  une  vingtaine  d'espèces  d'Entozoaires  vivant  dans  les 
Cétacés  du  sous-ordre  des  Cétodontes,  ou  Cétacés  qui  ont  des  dents  et  sont 
dépourvus  de  fanons.  Elles  ont  été  principalement  observées  chez  les  Dau- 
phins. M.  van  Beneden  en  a  donné  récemment  une  liste  complète  dans  les 
Bulletins  de  l'Académie  de  Belgique  (i). 

»  Il  s'en  faut  de  beaucoup  que  toutes  ces  espèces  soient  également  bien 
connues. 

»  Le  Marsouin  de  nos  côtes  [Phoccena  communis],  en  a  fourni  cinq  à  lui 
seul  ;  ce  sont  :  VJscaris  simplex,  le  Slrongylus  inflexus,  le  Slrong/lus  minor, 
le  Slrongylm  convoluius  et  le  Filaria  injlexicaudala. 

(i)  Bulletin  de  V Académie  de  Belgique,  ■2.''"'  série,  t.  XXIX,  n"  4;  1870. 

C.  R.,  1870,  2"  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  22.)  '^^^\ 


(  7«o  ) 

»  On  n'en  citait  que  deux  dans  le  Delpfnnus  delphis  :  VEcInnorhynclius 
pellucidus  et  le  Phyllobolhrium  delpltini ,  récemment  découvert  par 
M.  Edouard  van  Bencden  (i). 

»  Un  Dauphin  ordinaire  [Delphimis  delphis),  disséqué  l'hiver  dernier  au 
laboratoire  d'anatouiie  comparée  du  Muséum  et  qui  provenait  de  Concar- 
neau  (Finistère),  nourrissait,  indépendamment  du  Phyllobolhiium  dont  il 
vient  d'être  question,  plusieurs  autres  espèces  qui  me  paraissent  mériter 
d'être  décrites.  Ce  sont  : 

H  Parmi  les  Nëinaloides  :  i°  ï ascaris  simplex,  déjà  observé  dans  le  Mar- 
souin; il  vit  dans  l'estomac. 

»  2"  Une  espèce  encore  inédite  du  genre  Tricliosoma,  trouvée  dans  le 
poumon. 

1)  Parmi  des  Trématodes  :  une  espèce  de  Douve  (Disloma)  extraite  des  ca- 
naux biliaires. 

»  Parmi  les  Cestoïdes  :  un  ver  très-singulier,  à  corps  grêle  et  long,  sans 
articulations,  comparable  aux  Ligules  mais  possédant,  comme  les  scolex 
du  même  ordre,  un  renflement  céphaliqne  garni  de  quatre  ventouses.  Il 
manque  de  la  couronne  de  crochets  propre  à  beaucoup  de  vers  rubanés. 

»  La  partie  scoliciforme  est  grêle  et  peut  avoir  jusqu'à  un  mètre  de 
long.  De  la  tête  de  cet  animal  partent  deux  longs  canaux  excréteurs  on- 
dulés qui  se  prolongent  intérieurement  et  sont  analogues  à  ceux  que 
M.  van  Beneden  a  retrouvés  dans  les  scolex  des  Cestoïdes  de  différents 
poissons  osseux. 

»  Ces  vers  étaient  contenus  dans  des  kystes  placés  à  la  face  inférieure  du 
diaphragme,  sur  les  piliers  de  ce  muscle  et  quelques-uns,  mais  en 
moindre  nombre,  dans  les  muscles  droits  antérieurs  de  l'abdomen. 

»  Les  kystes  enveloppants  sont  très-volumineux  ;  ils  mesurent  de  trois  à 
quatre  centimètres  de  long  sur  deux  de  large,  et  présentent  tantôt  la  forme 
ovale  ou  en  amande,  tantôt  la  forme  sphérique,  mais  celle-ci  plus  rarement. 

»  La  paroi  qui  les  constitue  est  assez  résistante;  si  l'on  en  fait  l'incision 
on  trouve  à  l'intérieur  de  sa  cavité  une  seconde  enveloppe,  consiiluant  un 
second  kyste  dont  la  forme  varie  beaucoup. 

1)  l'armi  ceux  que  j'ai  examinés  le  \)\us  grand  nombre  étaient  sphérique.s 
et  l'une  des  moitiés  était  invaginée  dans  l'autre;  cette  sorte  de  sphère  était 
ombiliquée  à  l'un  de  ses  pôles,  une  membrane  très-mince  et  presque  transpa- 
rente  la  fixait  à   la   paroi  du  premier  kyste.  Quelques-uns  au  contraire 

(1)  Comptes  rendus,  I.  LXVII,  j).   loSi;   1868. 


(  7«'   ) 
çtaient  ovales,  aplatis  et  festonés  sur  leurs  bords;  d'autres,  réunis  par  leurs 
extrémités,  communiquaient  entre  eux  par  un  court  pédicule  creux. 

»  En  ouvrant  le  second  kyste  on  trouve  le  ver,  pelotonné  sur  lui-même 
à  la  manière  d'un  écheveau  de  fil.  Comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  le  parasite 
dont  il  s'agit  mesure  jusqu'à  i  mètre  de  long,  il  est  très  difficile  de  l'étendre  ; 
cette  opération  fort  délicate  ne  peut  se  faire  que  sous  l'eau. 

»  Il  est  évident  que  c'est  là  un  genre  nouveau  reliant  les  Ténias  aux 
Ligules;  mais  il  reste  encore  à  en  découvrir  la  forme  génératrice  consti- 
tuant l'état  slrobilaire.  Ce  genre  pourrai!  prendre  le  nom  de  Slenolenia  et 
l'espèce  qui  lui  sert  de  type  et  que  je  décrirai  procliaincment  avec  plus  de 
détails  celui  âe  Stenotenin  Delpldni. 

»  Le  Dauphin  qui  nous  a  fourni  des  Sténoténias  renfermait  aussi  dans  sa 
couche  graisseuse  sous-dermique  de  nombreux  kystes  plus  petits,  habiles 
par  le  Phyllobollirhim  Delphini. 

»  J'ai  rencontré  des  Phyllobothriums  dans  un  Nésarnac  {Delplihnii, 
Tiirsio)  très-âgé,  pris  dans  la  Méditerranée,  auprès  de  Cette.  Ce  dernier 
Dauphin  a  également  été  disséqué  dans  le  laboratoire  d'anatomie  com- 
parée. Il  ne  nous  a  pas  fourni  d'autre  espèce  de  parasites.    » 

AlîROSTATiON.  —  Remarques  de  M.  Giraud-Teulon  au  sujet 
d'un  précédent  article. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel,  en  présentant,  dans  le  dépouillement  des 
pièces  de  la  Correspondance  manuscrite,  une  Lettre  de  M.  Giraud-Teulon, 
s'exprime  dans  les  tei-mes  suivants  : 

«  Dans  la  séance  du  i4  novembre,  en  rendant  compte  d'un  nouveau 
système  de  nauigatioîi  aérienne  proposé  par  M.  Dupuis  (|iage  G8i),  j'ai 
laissé  échapper  verbalement  la  pensée  (non  reproduite  au  Compte  rendu) 
qu'un  homme  dont  le  poids  serait  presque  annulé  par  un  ballon  auquel 
il  serait  suspendu,  pourrait  sans  doute  monter  et  descendre  dans  l'air, 
au  moyen  d'im  a])pareil  comparable  aux  ailes  des  oiseaux,  mais  qu'il 
ne  pourrait  probablement  pas  empêcher  le  ballon  d'être  entraîné  par 
le  vent. 

»  M.  Giraud-Teulon  rappelle,  à  cette  occasion,  que  «  la  question  du 
»  mouvement  de  l'homme  dans  l'air  a  été  effleurée  par  lui  dans  une  simple 
«  Note  insérée  à  la  fin  du  chapitre  consacré  à  l'étude  du  vol,  dans  son 
»  Traité  de  Mécanique  animale,  ouvrage  publié  en  i858  et  qui  a  eu  l'hon- 
1)   neur  d'être  couronné,  en  iBGo,  par  l'Académie  des  Sciences.  »  L'auteur 


(  782  ) 
témoigne  la  crainte  que,  dans  la  réflexion  ci-dessus  mentionnée,  je  n'aie 
en  l'intention  de  faire  une  allusion  indirecte  à  son  savant  ouvrage. 

»  A  cela  je  m'empresse  de  répondre  que,  d'une  part,  je  ne  me  rappelais 
pas  la  Note  insérée  dans  le  Traité  de  Mécanique  animcde,  et  que,  de  l'autre, 
je  ne  l'ai  contredite  on  rien,  puisque  j'ai  parlé  d'un  ballon  exposé  à  être 
entraîné  par  le  vent,  tandis  que,  comme  il  le  déclare  lui-même  à  la  fin  de  sa 
I.etlre,  l'énoncé  de  M.  Giraud-Teulon  «  ne  peut  naturellement  s'entendre 
»   que  d'un  milieu  plus  ou  moins  en  repos.  « 

CHIMIE.  —  Sur  un  moyen  de  détruire  rapidement  en  ballon  des  papiers 
compromettants  pour  les  soustraire  à  l'ennemi.  Extrait  d'une  Note 
de  M.  H.  Mo.NTucci. 

«  Les  aéronautes,  qui  n'ont  pu  manquer  de  songer  ans  consé- 
quences de  cette  fâcheuse  divulgation  des  secrets  dont  ils  sont  porteurs  et 
de  rechercher  un  moyen  de  la  prévenir,  ont  évidemment  reculé  devant 
l'imprudence,  conseillée  par  quelques  journaux,  d'allumer  du  feu  dans  la 
nacelle  d'un  ballon  contenant  du  gaz  inflammable;  mais  je  suis  quelque 
peu  étonné  qu'on  n'ait  pas  songé  au  moyen  très-élémentaire  de  destruction 
que  voici  : 

»  Il  suffit  de  se  munir  d'un  vase  carré  en  cristal  ou  en  porcelaine, 
pourvu  d'un  couvercle  en  aluminium,  et  de  la  grandeur  ordinaire  des  en- 
veloppes officielles.  Ce  vase,  contenant  un  bain  d'acide  nitrique,  recevra, 
au  moment  du  danger,  les  dépèches  préalablement  percées  de  coups  de 
canif.  En  quelques  secondes,  l'écriture  aura  complètement  disparu. 

»  L'acide  sulfurique  produirait  le  même  effet,  mais  avec  trop  de  len- 
teur pour  la  circonstance.  » 

M.  J.  Mouix  annonce  à  l'Académie  qu'il  est  en  mesure  d'exécuter  devant 
MM.  les  Commissaires  qu'elle  a  bien  voulu  lui  désigner  les  expériences 
mentioiuiées  dans  sa  Note  du  lo  octobre  sur  Y injlammation  de  In  poudre 
par  l'électricité.  Cependant  il  croit  devoir  faire  remarquer  qu'un  des  appa- 
reils sin-  lesquels  il  se  proposait  d'expérimenter  ne  pourra  être  terminé 
faute  d'ouvriers. 

(Renvoi  aux  Commissaires  nommés  :  MM.  Dumas,  Morin,  H.  Sainte 

Claire  Deville  et  Jamin.) 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  E.  D.  B. 


COMPTE  RENDU 

DES  SEANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUiNDI  :»  DÉCEMBRE   3  870. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  L10U^'ILLE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES   MEMBRES   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 

M.  Dumas  adresse  à  l'Acacléniie  les  paroles  suivantes  : 

«  Une  éclipse  de  Soleil,  totale  i)oiir  une  partie  de  l'Algérie,  aura  lieu  le 
a-i  décembre.  M.  Janssen,  si  célèbre  j)ar  les  belles  découvertes  c]u'il  a  ef- 
fectuées dans  l'Inde  à  l'occasion  de  l'éclipsé  de  i8('8,  était  naturellement 
désigné  de  nouveau,  pour  compléter  ses  observations,  au  patronage  et  au 
concours  du  Biueau  des  Longitudes  et  de  l'Académie,  qui,  avec  l'autorisa- 
tion de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique,  se  sont  empressés  de  les 
lui  accorder. 

))  M.  Janssen  est  parti  de  Paris  vendredi,  à  ^  heures  du  matin,  par  un 
ballon  spécial  :  le  roUa.  L'administration  avait  bien  voulu  le  mettre  entiè- 
rement à  sa  disposition;  cet  appareil  n'emportait  que  le  savant,  les  instru- 
ments de  la  science,  et  le  marin  chargé  de  la  manœuvre. 

»  Notre  confrère,  M.  Charles  Deville  et  moi,  nous  assistions  au  départ 
de  M.  Janssen,  soit  pour  l'aider  dans  ses  derniers  ajipréts,  soit  pour  lui 
donner  une  preuve  de  plus  de  l'intérêt  que  l'Académie  porte  à  ses  travaux. 
L'ascension,  grâce  aux  précautions  minutieuses  de  M.  Godard  aine,  s'est 
accomplie  dans  les  meilleures  conditions,  et  la  direction  excellente  prise 
par  l'aérostat  doit  faire  espérer  le  succès  d'une  expédition  que  menacent, 
il  est  vrai,  des  périls  de  plus  d'un  genre. 

C.  R.,  i«-jo,  2"  Semeslrr.  (T.  LXXI,  N»  23.)  lof) 


(  784  ) 

»  Les  Secrétaires  perpétuels  de  rAcadémie,  il  est  utile  de  le  déclarer  pu- 
bliquement, se  portant  garants  du  caractère  absolument  scientifique  do 
l'expédition  et  de  la  parfaite  loyauté  de  ÎM.  Janssen,  l'ont  recounnandé 
ofticiellement  à  la  protection  et  à  la  bienveillance  des  autorités  et  des  amis 
de  la  science,  en  quelque  lieu  que  les  chances  du  voyage  l'aient  dirigé.  11 
fut  un  temps  où  ce  témoignage  aurait  suffi  pour  lui  assurer  im  accueil  che- 
valeresque dans  les  lignes  ennemies.  On  nous  a  appris  le  doute  sur  ce 
point.  Aussi  chacun  a-t-il  coni[)ris  que  des  rigueins  et  des  -menaces,  non 
justifiées  par  les  lois  de  la  guerre,  aient  fait  à  M.  Janssen  comme  un  devoir 
de  compter  sur  son  propre  courage  et  non  sur  la  générosité  d'autrui.  Je 
suis  entouré  de  témoins  qui  peuvent  attester,  cependant,  qu'en  pleine 
guerre,  en  i8i3,  Davy,  un  Anglais,  recevait,  dans  ce  palais  même,  rhos|>i- 
talité  de  la  France,  comme  un  honunage  rendu  au  génie  et  aux  droits  supé- 
rieurs de  la  civilisation. 

»  En  suivant  du  regard  notre  digne  missioiuiaire  dans  l'espace  où  il  se 
perdait  peu  à  peu,  j'ai  senti  ce  souvenir  se  réveiller  et  renouveler  en  moi 
le  besoin  de  protester,  soit  au  nom  de  la  science,  soit  au  nom  des  prin- 
cipes eux-mêmes,  contre  tout  empêchement  qui  pourrait  être  mis  à  son 
expédition. 

»  Deux  inventions  françaises,  liées  aux  gloires  de  l'Académie,  ont  con- 
couru aux  opérations  de  la  défense  :  les  ballons  que  Paris  investi  oxpédie, 
les  dépêches  microscopiques  qui  lui  reviennent  sur  l'aile  des  pigeons. 

»  La  décision  prise  par  le  comte  de  Bismark  de  renvoyer  devant  lui 
conseil  de  guerre  les  personnes  qui,  montées  dans  les  ballons,  essayent, 
sans  autorisation  préalable,  de  franchir  les  lignes  ennemies,  intéresse  donc 
l'Académie.  Elle  ne  saurait  accepter  que  des  opérations  de  guerre  soient 
punissables  parce  qu'elles  reposent  sur  des  princij)es  scientifiques  nou- 
veaux; que  l'homme  dévoué  qui,  dans  l'intérêt  de  la  science,  passe  au- 
dessus  des  lignes  prussiennes,  soit  coupable  de  manœuvre  illicite;  qu'en 
donnant,  enfin,  nos  soins  à  l'aéronautique  nous  ayons  contribué  nous- 
mêmes  à  fabriquer  des  engins  de  guerre  prohibés. 

»  Comment!  les  voies  de  terre,  de  fer  et  d'eau  nous  étaient  interdites, 
la  voie  de  l'air  nous  restait  seule,  inconstante  et  doutense;  elle  n'avait  ja- 
mais été  pratiquée;  quoi  de  plus  légitime  que  son  emploi?  Nous  l'avons 
conquise  par  des  procédés  méthodiques,  et  si  elle  fonctionne  régulièrement 
au  profit  de  nos  armes,  où  est  le  délit? 

»  Que  l'ennemi  détruise,  s'il  le  peut,  nos  ballons  au  passage;  qu'd  s'em- 
pare de  nos  aéronautes  au  moment  où  ils  touchent  la  terre,  soit  ;  c'est  son 
intérêt,  c'est  la  chance  de  la  guerre.  Mais  que  les  personnes,  tombant  ainsi 


{  7^5  ) 
entre  ses   mains,  soient  livrées  à  une  cour  martiale,   au  loin,   en   pays 
ennemi,  comme  des  criminels,  c'est  un  abus  de  la  force. 

M  Lorsqu'un  port  est  investi  par  terre,  si  la  mer  reste  libre,  l'assiégé 
n'a-t-il  pas  le  droit  de  s'en  servir?  que  la  tempête  jette  à  la  côte  un  de  ses 
navires,  l'équipage  et  les  passagers  seront-ils  traités  en  espions  qu'on 
aurait  surpris  pénétrant  secrètement  à  travers  les  lignes  ennemies?  Non, 
ils  seront  prisonniers  de  guerre.  Dans  une  ville  entourée  de  toutes  parts, 
comment,  à  son  tour,  la  voie  des  airs  serait-elle  interdite?  Le  ballon  qui 
plane  au-dessus  des  lignes  se  glisse-t-il  donc  au  travers  de  ces  lignes?  Lorsque 
toutes  les  populations  suivent  sa  marche  dans  les  airs,  les  unes,  amies, 
pleines  d'espoir  et  l'accompagnant  de  leurs  vœux;  les  autres,  ennemies, 
déçues  et  regrettant  leur  impuissance,  comment  soutenir  qu'il  s'agit  d'une 
opération  clandestine,  et  que  ce  vaisseau  aérien  est  un  instrument  de 
guerre  se  glissant  secrètement  dans  le  camp  de  l'assiégeant. 

»  Mais  je  m'arrête.  Le  développement  de  cette  question  de  droit  des 
gens  n'est  pas  de  la  compétence  de  cette  Académie;  il  appartient  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  morales  et  politiques,  et  je  n'ajoute  qu'un  dernier  mot. 

»  Dans  Syracuse  assiégée,  Arcbimède  opposant  aussi  aux  efforts  de  l'en- 
nemi toutes  les  ressources  de  la  science  de  son  temps,  rendait  pour  les 
Romains  l'attaque  de  plus  eu  plus  meurtrière.  Marcellus,  loin  de  lui  faire 
un  crime  d'avoir  prolongé  la  défense  par  ses  inventions,  ordonna  que  la 
vie  de  ce  grand  homme  fût  respectée,  et,  plein  de  regret  pour  sa  mort  for- 
tuite, entoura  sa  fam-ille  de  soins  et  d'égards. 

»  Deux  mille  ans  se  sont  écoulés;  le  christianisme  a  répandu  sa  douceur 
dans  les  lois  et  dans  les  mœurs,  et  cependant. un  nouvel  Archimède,  [)OUr 
avoir  créé  de  nouvelles  combinaisons  de  guerre,  se  verrait  soumis  aujour- 
d'hui sans  pitié  aux  rigueurs  d'une  cour  martiale  arbitraire,  si  son  pays 
était  trahi  par  la  fortune. 

»  N'hésitons  pas  à  le  dire  :  en  face  de  telles  menaces,  ceux  d'entre  nous 
que  la  construction  des  ballons  occupe;  ceux  que  l'Académie  envoie  en 
mission  dans  l'intérêt  de  la  science  n'en  sont  point  ébranlés;  et  si  la  dé- 
fense de  Paris  manquait  d'aéronautes,  on  trouverait  toujoius,  dans  cette 
enceinte  même  ou  autour  d'elle,  des  mains  exercées  et  îles  âmes  fermes 
pour  diriger  ses  patriotiques  expéditions.   » 

L'Académie  témoigne,  par  les  |)lus  vives  marques  d'approbation,  l'as- 
sentiment qu'elle  donne  aux  paroles  de  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

Sur  la  proposition  de  M.  dk  Qcatkefages,  appuyée  par  l'unanimité  tle 
l'assemblée,  elle  décide,  par  >ui  vote,  qu'elles  seront  consignées  au  procès- 

io5.. 


(  786  ) 

verbal  de  la  séance  cl  publiées  clans  les  CuinfJlcs  iciulub,  coiiiuie  i'c-xpressioii 
iK;  la  pensée  île  la  Compagnie. 

M.  LE  Président  désire  qu'il  soit  bien  entendu  cpie  le  Bureau  des  Lon- 
gitudes, qui  a  pi  is  l'initiative  de  l'expédition  de  M.  Janssen,  connue  c'était 
son  devoir,  partage  entièrement  les  sentiments  que  l'Académie  vient  de 
nianitester. 

M.  Dëlaunay  appuie  l'opinion  de  M.  le  Piésident,  et  il  ajoute  que  le 
Bureau  des  Lougiliuh^s,  qui  a  préj.'aré  le  plan  de  celte  exjiédition,  en  espère 
d'heureux  fruits  poiu'  la  science. 

PHYSIOLOGIE  AIM'LIQUIÎK  A  l.'UYGlIiiNli.  —  Nolc  itir  Ic^  piOjJliclcs  uiitrilivLS  dts 
subslnnces  or(j(uiiiiii(;s  tirées  de^i  os  et  sur  la  coinpositiuii  des  raiiuiis  aiiinen- 
taires  susceulililcs  (^entretenir  le  eor/is  humain  dans  son   étal  nornud ;  par 

M.   MiLNE   EUWAKDS  (l). 

«  La  question,  en  réalité  fort  simple,  de  la  valeur  nuliilive  des  matières 
organiques  contenues  dans  les  os  est  lUie  de  celles  qui  de  nos  jours  ont 
donné  lieu  aux  discussions  scieutiliques  les  plus  passionnées  et  les  |)lus 
confuses.  L'Académie  eut  souvent  à  s'en  occiq)er  il  y  a  environ  trente  ans, 
et  à  cette  époque  les  jugements  qu'on  en  porta  étaient  des  plus  contradic- 
toires; mais  aujourtlhui  la  pliq^artdes  physiologistes  la  considèrent  comme 
résolue.  Je  partage  leur  opinion,  et,  dans  un  volume  publié  en  i86S,  j'ai 
exposé  les  faits  sur  lesquels  ma  conviction  rej)ose.  Il  est  donc  probable 
que  je  ne  serais  pas  revenu  sur  ce  débat  dans  le  moment  actuel,  si,  à 
l'occasion  des  Conununications  intéressantes  de  M.  Dumas  (2)  et  de 
M.  Frcmy  (3)  sur  l'emploi  du  tissu  organique  des  os  dans  l'alimentation 
des  habitants  de  Paris,  je  n'avais  vu  revivre  dans  le  public  d'.niciens  pré- 
jugés et  des  idées  scientifiques  tpii  me  paraissent  en  désaccord  avec  les 
principes  de  la  physiologie  moderne;  or  ces  préjugés  et  ces  erreurs,  à 
l'appui  desquels  on  invoque  des  autorités  scientificpies  considérables,  me 
semblent  pouvoir  nuire  à  une  chose  utile,  et  par  conséquent  j'ai  pensé 
qu'il  serait  peut-être  bon  de  dire  ce  qui  me  paraît  être  la  vérité.  J'ai  pensé 


(l)  L'Académie  a  décidé  que  ceUe  Communication,  jjicn  i|ue  dépassant  en  étendtio  les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  en  entier  an  Cunijilc  rendu. 

[1)  Voyez  les  Co/njjlcs  rriidiis,  sranccs  dn  10  octol)i'(?  (p.  485),  du  3i  octobre  (p.  SGCt)  et 
(In  ■>8  novembre  (p.  ^SS). 

{'i)  t'oyez  les  (\>iiii>Ux  rendus,  sc.iiicrs  iln  3i  (jctohre  ^p.  S^y)  et  du  y.fci  iiiAenilne 
(p.  747  et  756). 


(  787  ) 

aussi  qu'il  ét;iit  de  mon  devoir  de  remettre  en  lumière  ce  cjue  mon  frère 
William  Edwards  avait  fait  pour  établir  celte  vérité  et  de  montrer  l'injus- 
tice du  jugement  léger  et  dédaigneux  (|ue  M.  Magendie,  parlant  an  nom 
d'une  Commission  académique,  porta  sur  les  reclicrches  de  cet  expérimen- 
tateur sagace  à  une  époque  où  celui-ci  était  trop  près  de  la  mort  poiu' 
pouvoir  répondre  à  des  critiques. 

»  On  sait  qu'en  1812  D'Arcet,  s'inspirant  peut-être  d'une  pensée  éaiise 
vers  la  lin  du  xvii'^  siècle  par  lui  médecin  français,  Denis  Pajîin,  chercha  à 
utiliser  pour  l'alimentation  des  classes  indigentes  la  substance  organique 
qui  forme  la  base  des  os,  et  qui  était  désignée  alors  sons  le  nom  de  gélatine, 
parce  qu'on  la  confondait  avec  la  matière  produite  par  ce  tissu  sous  l'in- 
fluence j)rolongée  de  l'eau  très-chaude.  Dans  ses  premiers  essais,  D'Arcet 
fit  usage  du  parenchyme  osseux  débarrassé  des  matières  calcaires  par  l'ac- 
tion de  l'acide  chlorhydrique  et  il  l'associa  à  d'autres  substances  alimen- 
taires [)oui'  la  [^réparation  des  soupes  dites  éconoiuiques.  Les  résidlats 
obtenus  de  la  sorte  furent  jugés  si  favorablement  par  un  grand  nombre 
d'honnnes  compétents,  que  bientôt  l'emploi  de  la  gélatine  devint  usuel 
dans  la  |)lupart  de  nos  grands  hôpitaux,  et  afin  d'obtenir  cette  substance 
animale  à  bas  prix,  on  substitua  à  l'attaque  des  os  par  l'acide  chlorhydrique 
la  cuisson  à  haute  température  dans  de  l'eau  soumise  à  une  pression  con- 
sidérable. Cette  pratique  dura  fort  longtemps  et,  excité  par  ses  premiers 
succès,  iVArcet  se  laissa  entraîner  sur  une  pente  où  les  novateurs  glissent 
souvent,  et  il  tomba  dans  des  exagérations  que  les  hommes  de  science  ne 
pouvaient  accepter.  11  vanta  outre  mesure  les  qualités  alimentaires  du 
bouillon  à  la  gélatine,  et  en  même  temps  les  établissements  hospitaliers 
portèrent  souvent  dans  la  préparation  culinaire  de  ce  mets  une  négligence 
coupable.  11  en  résulta  que  bientôt  l'usage  de  cet  aliment  donna  lieu  à  des 
plaintes  nondjreuses,  et,  en  i83i,  Magendie,  Récamier,  Dupuytren  et  plu- 
sieurs autres  médecins  ou  chirurgiens  de  l'Hôtel-Dieu  de  Paris  cruit  nt  de- 
voir en  proscrire  l'usage  pour  les  malades  confiés  à  leurs  soins.  Vers  la 
même  époque,  M.  le  D'  Donné,  se  fondant  sm*  quelques  expériences  qin 
lui  étaient  personnelles,  révoqua  en  tloute  la  j-ropriété  nutritive  de  la  gé- 
latine; plusieurs  autres  médecins  ou  chimistes,  allant  même  beaucoup  plus 
loin,  soutinrent  énergiquenient  que  cette  substance,  loin  d'être  alimentaire, 
était  nuisible  à  la  santé,  et  l'un  d'eux  invoqua  l'intervention  liu  gouver- 
nement pour  en  faire  prohiber  l'emploi.  La  question  d'hygiène  publique 
posée  de  la  sorte  fut  portée  devant  l'Acadénne  et  renvoyée  à  l'examen 
d'une  Commission  qui  chargea  l'un  de  ses  Membres,  M.  jMagendie,  défaire 
une  nouvelle  élude  de  la  gélatine  considérée  comme  aliment,  (^e  physio- 


(  788) 
logiste  entreprit  alors  une  série  d'expériences  qu'il  prolongea  pendant  dix 
ans,  et  il  en  exposa  les  résultats  dans  un  Rapport  présenté  à  rAcudéniie  en 
août  i84i,  travail  dont  la  lecture  produisit  une  impression  très-défavoraLle 
à  l'emploi  alimentaire  des  substances  organiques  extraites  des  os,  mais 
dont  les  bases  me  sembleut  peu  solides. 

»  En  effet,  la  méthode  expérimentale  adoptée  par  M.  Magendie  me 
paraît  mal  choisie.  Au  lieu  de  faire  usage  de  la  balance,  instrument  dont 
l'emploi  est  des  |)lus  utiles  dans  les  investigations  de  cet  ordre,  il  se  con- 
tenta de  chercher  si  des  chiens  retenus  en  captivité,  condanuiés  à  un  té- 
gime  rigoureusement  uniforme,  et  ne  recevant,  potu'  chaque  repas,  que  la 
substance  dont  il  se  proposait  d'apprécier  les  quantités  nutritives,  continue- 
raient à  vivre,  comme  s'ils  étaietît  nourris  de  la  manière  ordinaire,  et  lors- 
qu'il voyait  ces  animaux  éprouver  à  la  longue  un  invincible  dégoijt  pour 
l'aliment  unique  qu'on  leur  présentait,  et  finir  par  mourir  d'inanition  à 
côté  d'un  mets  dont  parfois  ils  avaieiU  mangé  d'abord  avec  avidité,  il  en 
concluait  que  la  matière  soumise  à  cette  singidiere  épreuve  n'était  pas 
nourrissante. 

»  Si  M.  Magendie  s'était  souvenu  d'un  certain  conte  de  Lafontaine,  où 
le  Pâté  d'anguilles  joue  un  grand  rôle,  il  me  paraît  probable  que  le  vice  de 
celte  méthode  expérimentale  ne  lui  atuait  pas  échappé.  Quoi  qu'il  en  soit 
à  cet  égard,  ayant  constaté  que  les  chiens  à  cjui  l'on  fournissait,  d'iuie 
manière  continue,  pour  unique  aliment,  de  la  gélatine,  soit  seule,  soit  mêlée 
à  des  condiments  propres  à  rendre  cette  matière  insipide  agréable  au  goût, 
ne  tardaient  pas  à  dépérir  et  mouraient  d'inanition  au  bout  de  quelques 
semaines,  il  se  crut  autorisé  à  déclarer  que  la  gélatine  dite  alimenlaire  n'a 
pas  plus  de  pouvoir  nutritif  que  n'en  possède  l'eau  pure. 

»  Il  est  aussi  à  noter  que  M.  Magendie  obtint  des  résultats  analogues, 
en  expérimentant  de  la  même  façon  sur  l'albumine  et  sur  la  fibrine,  sub- 
stances dont  personne  n'oserait  révoquer  en  doute  l'utilité  dans  l'alimen- 
tation. Mais  ce  lait  n'exerça  aucune  influence  sur  son  opinion  touchant  la 
valeur  de  ses  exjjériences  sur  la  gélatine,  et  il  ressort  évidemment  de  l'en- 
semble de  son  Rapport  que,  dans  son  esprit,  l'emploi  de  cette  substance 
était  condamné  d'une  manière  absolue  et  irrévocable. 

»  Cependant  si  M.  Magendie  n'avait  pas  reiusé  de  tenir  compte  des  faits 
constatés  expérimentalement  par  mon  frère,  il  aurait  été  obligé  de  recon- 
naître que  la  gélatine  bien  préparée,  tout  en  n'ayant  pas  une  puissance 
alimentaire,  à  beaucoup  près,  aussi  grande  que  la  fîbi'ine,  l'albumine  ou  le 
easèum,  est  susceptible  de  contribuer  très-utilement  à  renireticn  du  travail 
nutritif,  et  ne  devait  pas  être  rayée  de  la  liste  des  substances  applicables  à 


(  789  ) 

l'alimentation  de  l'homme,  du  chien  ou  de  tout  autre  animal  omnivore  ou 
carnassier. 

»  En  effet,  les  expériences  de  Wdliani  Edwards  et  de  Bidzac  (1),  cousli- 
tuées  d'une  manière  rigoureusement  comparative,  et  rendues  précises  par 
l'emploi  judicieux  de  la  balance,  avaient  prouvé  : 

»  i"  Que  des  chiens  soumis  au  régime  du  pain  et  de  l'eau  pendant  un 
mois  environ  subissaient  des  pertes  de  poids  très^considérables; 

»  2"  Que  ces  mêmes  animaux,  nourris  avec  le  même  pain  trempé  dans  de 
l'eau,  mais  associé  à  une  certaine  quantité  de  gélatine  dite  alimentaire, 
résistaient  beaucoup  mieux  aux  effets  de  ce  régime  insuffisant,  et  à  la  fin 
de  chacpie  épreuve,  dont  la  durée  variait  entre  21  et  86  jours,  avaient  en 
général  augmenté  de  poids;  mais  cette  augmentation  n'était  ni  régulière, 
ni  aussi  grande  que  celle  jiroduite  normalement  par  le  régime  ordinaire  et 
également  abondant;  enfin  qu'à  la  longue  les  rations  composées  de  la 
sorte  deviennent  à  leur  tour  insuffisantes  pour  l'entretien  de  la  vie; 

»  3°  Qu'il  suffisait  d'ajouter  au  mélange  de  pain,  de  gélatine  et  d'eau 
une  quantité  très-minime  d'un  botiillon  ordinaire  sapide  et  aromatique, 
pour  obtenir  luie  augmentation  régulière  du  poids  du  corps,  ainsi  que  tous 
les  autres  effets  caractéristiques  d'une  bonne  alimentation. 

»  Aucun  fait  consigné  dans  le  Rapport  de  M.  Magendie  n'est  venu  ni 
contredire  ni  même  modifier  les  conclusions  qui  ressortent  nettement  do 
ces  expériences,  bien  conçues  et  bien  dirigées.  Les  recherches,  entreprises 
plus  récenniient  sur  le  même  sujet  par  d'autres  physiologistes,  corroborent 
ces  conclusions,  et,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  il  me  semble  impos- 
sible de  méconnaître  l'aptitude  de  la  gélatine  à  fournir  un  contingent  utile 
pour  l'alimentation  soit  de  l'homme,  soit  des  animaux,  sur  lescpitls  les 
expériences  dont  je  viens  de  parler  ont  été  faites. 

»  Je  partage  donc  l'opinion  de  M.  Dumas  et  de  M.  Fremy  touchant 
l'utilité  du  tissu  organique  des  os  pour  l'alimentation  de  la  population  de 
Paris,  aujourd'luii  que,  j)ar  suite  de  la  présence  de  reuuemi  autour  de  nos 
murs,  les  autres  aliments  azotés  ont  cessé  d'être  aussi  abondants  que  fl'or- 
dinaire  dans  l'intérieur  de  cette  grande  ville.  J'ajouterai  même  que  la  sub- 
stance désignée  sous  le  nom  d'osscine  par  M.  Fremy  me  paraît  être,  pour 
nous,  un  aliment  très-supérieur  à  la  gélatine  que  cette  substance  est  sus- 
ceptdjle  de  fournir  par  la  coclion,  et  que  D'Arcet  employait  pour  la  prépa- 
ration des  soupes  dites  économiques;   mais  pour  motiver  cette  manière  de 

(i)  «  Recherches  expérimentales  sur  l'emploi  de  la  gélatine  comme  substance  alimentaire  » 
(Archives  générales  de  médecine,  2'^  série,  t.  VII,  p.  2^2;  i835). 


(  790  ) 
voir,  qui  s';ircor(io  tiTS-i)itn  avec  tiivers  hiits  observés  par 'M.  Aîagendic, 
el  pour  rappeler  les  principes  physiologiques  qui  me  paraissent  devoir 
nous  2[ui(ler  dans  la  composition  de  nos  rations  d'entretien,  je  crois  néces- 
saire de  i)résenter  quelques  considérations  générales  sur  la  nature  du  travail 
nutritif  auquel  il  s'agit  de  satisfaire. 

»  La  nutrition  des  êtres  animés  est  un  phénomène  tiès-complexe,  et  pour 
résoudre  nettement  quelques-unes  des  questions  dont  le  public  s'occiq)e 
beaucoup  aujourd'hui,  il  me  semble  utile  d'analyser  le  problème  phy- 
siologique que  l'on  a  besoin  de  résoudre.  Si  je  ne  craignais  d'abuser  de 
l'attention  que  l'Académie  m'accorde,  j'aimerais  à  (lévelop|>er  ce  sujii  im 
peu  longuement,  mais  en  ce  moment  je  veux  être  bref  et  je  ne  loucherai 
qu'à  quelque.s-uns  des  points  les  plus  importants. 

»    Pour  satisfaire  aux  besoins  de  la  nulrilion,  il  (au!  : 

»  1°  Que  l'économie  animale  trouve  dans  la  ration  alimi  ulaire  de  chaque 
jour,  ou  d'une  série  peu  nombreuse  de  jours,  l'équivalent  de  tout  ce  que 
l'organisme  perd  nécessairement  pendant  ce  laps  de  temps,  ainsi  que  la 
matière  propre  à  la  constitution  des  tissus  nouveaux  en  voie  de  formalion 
pendaiU  la  période  de  croissance; 

»  2"  Que  cette  ration  soit  apte  à  provoquer  le  travail  digestif  qui  est  in- 
dispensable pour  que  la  plupart  des  aliments  soient  rendus  absorbables  et 
propres  à  remplir  dans  le  sang  leur  rôle  physiologique; 

.)  3"  Que  les  aliments  employés  de  la  sorte  puissent  arriver  dans  le  tor- 
rent d(^  la  circulation  avec  une  certaine  rapidité,  et  qu'à  raison  de  la  quan- 
tité ou  des  qualités  des  matières  qu'ils  fournissent  ainsi  aiusarig  l'orgaiiisme 
n'en  reçoive  rien  qui  puisse  nuire  à  l'accomplissement  normal  des  fonc- 
tions el  à  l'équilibre  physiologique.  En  effet,  la  ration  peut  pécher  par 
excès  aussi  bien  que  par  défaut;  dans  les  circonstances  ordinaires,  il 
entre  ditns  l'économie  animale  beaucoup  de  choses  inutiles,  et  telle  sub- 
stance qui  est  indispensable  dans  une  certaine  proportion  peut  devenir 
nuisible  quand  celle  proportion  esl  dépassée.  Or,  dans  ini  régime  hygié- 
nifpie,  il  convient  de  n'enq)loyer  que  c(^  (]ui  est  utile  et  dV'viler  toute  dé- 
pense superflue  des  forces  |)hysiologiques  aussi  bien  qiu'  tout  gaspillage; 
des  ressources  alimentaires  dont  la  société  dispose. 

»  Des  expériences  variées  et  des  calcids  dont  il  serait  trop  long  de  rondic 
coMi|ite  ici,  mais  dont  j'ai  discuté  ailleurs  la  portée  (i),  établissent  (pie, 
terme  moyen,  un  lionune  ailulte  dépense  clans  les  vingt-quatre  heures,  tant 


(l)   l'nir  mos   Leçons  sur  In   P/irsIn/ot^ir  <■!   V Annlomiv  rnmpnrrc  dr  l'homme  et  drs  nui 
maux,  t.  VIII,  |).  170  et  siiiv. 


(  791  ) 
par  les  voies  respiratoires  et  urinaires  que  j)ar  les  autres  appareils  excré- 
teurs, environ  aSo  grammes  de  carbone  et  21  grauinies  d'azote,  iiulépeii- 
damment  de  l'hydrogène  et  de  plusienrs  autres  matières  minérales  conte- 
nues en  plus  ou  moins  grande  quantité  dans  ses  évacuations.  Cette  dépense 
continue  lors  même  que  l'homme  ne  reçoit  du  dehors  aucun  aliment,  mais 
alors  il  vit  aux  dépens  de  sa  propre  substance;  le  poids  de  son  corps  di- 
minue, ses  forces  s'abaissent,  et  lorsqu'il  a  atteint  un  certain  degré  d'affai- 
blissement, il  meurt  tl'inanition. 

a  Le  même  résultat  se  produit,  mais  avec  plus  ou  moins  de  lenteiu', 
lorsque  l'alimentation  est  insuffisante.  Pour  que  le  corps  de  l'homme  adulte 
conserve  son  poids  et  son  aptitude  à  développer  de  la  force,  il  faut  que  le 
fluide  nourricier,  c'est-à-dire  le  sang,  reçoive  journellement  les  quantités 
d'azote  et  de  carbone  que  je  viens  d'iiidiquer. 

»  Il  faut  aussi,  pour  que  ce  carbone  et  cet  azote  soient  utilisables  dans 
l'économie  animale,  qu'ils  soient  associés  à  d'autres  principes  et  qu'ils 
constituent  avec  ceux-ci  des  composés  chimiques  peu  stables,  combustibles  - 
et  identiques  ou  analogues  aux  principes  immédiats  qui  forment  la  sub- 
stance des  tissus  organisés,  et  qui,  dans  la  nature,  ne  se  trouvent  que  dans 
les  corps  vivants. 

»  On  comprend  donc  facilement  que  la  ration  d'entretien  ne  puisse 
être  composée  uniquement  de  fécule,  de  matières  grasses  ou  d'antres  sub- 
stances qui,  tout  en  contenant  à  l'état  cliimi(iue  voulu  beaucoup  de  car- 
bone, ne  renferment  pas  d'azote.  Sous  l'influence  d'un  régime  non  azoté, 
l'élimination  physiologique  de  l'fizote  continue,  comme  dans  les  cas 
d'abstinence  complète,  et  ce  travail  excréteur  est  entretenu  par  la  sub- 
stance constitutive  du  corps  vivant,  qui  se  détruit  plus  ou  moins  rapi- 
dement. 

»  Les  aliments  azotés,  tels  que  la  fibrine,  l'albumine,  le  caséum  et  le 
gluten,  contiennent  à  la  fois,  connne  chacun  le  sait,  de  l'azote,  du  carbone, 
de  l'hydrogène,  etc.  lisseraient  donc  susceptibles  de  fournir,  tout  en  étant 
seuls,  des  rations  qui  rempliraient  les  conditions  que  je  viens  d'indiquer; 
mais  une  ration  composée  de  la  sorte  ne  pourrait  introduire  dans  le  sang 
la  quantité  de  carbone  indispensable,  qu'en  y  versant  en  même  temps  un 
graiid  excès  d'azote.  Or  l'entretien  de  la  combustion  respiratoire  par  des 
substances  de  ce  genre  entraîne  luie  production  d'urée,  d'acide  urique  ou 
d'autres  substances  azotées  fixes,  en  trop  grande  abondance  pour  que 
l'Iioinme  puisse  s'en  débarrasser  facilement  par  la  sécrétion  rénale,  et  l'.ic- 

C.  K.,  1870,  i"  Semescrii.  (T.  LXXl,  N"  lie.)  1  oC) 


(  792  ) 
cuimilalion  de  ces  matières  dans  son  organisme  est  une  cause  de  trouble  (r). 

»  Voilà  une  des  raisons  pour  lesquelles  l'honiine  et  la  plupart  des  ani- 
maux, qui  sous  ce  rapport  nous  ressemblent  le  plus,  ne  sauraient  vivre 
longtemps  de  librine,  d'albumine  ou  de  gélatine  seulement,  et  qu'il  est 
nécessaire  d'associer  à  ces  substances  des  matières  riches  en  carbone,  telles 
que  la  fécule,  le  sucre  ou  les  graisses,  et  cela  en  proportion  considé- 
rable {2). 

»  Les  aliments  les  plus  riclies  en  carbone  et  en  hydrogène,  et  cajjables 
par  conséquejit  de  remplit'  avec  le  plus  de  puissance  le  rôle  de  combus- 
tibles physiologiques,  sont  les  corps  gras  neutres.  Par  conséquetit,  une 
ration  composée  uniquement  de  matières  albuminoïdes  et  de  graisse  mé- 
langées en  proportions  convenables  contiendrait,  sous  le  plus  petit  volume 
possible,  un  aliment  complet,  pourvu  toutefois  que  les  parois  de  la  cavité 
digeslive  fussent  aptes  à  absorber  les  graisses  avec  assez  d'activité  pour 
verser  dans  le  sang,  en  un  espace  de  temps  donné,  une  quantité  de  ces 
substances  contenant  la  dose  de  carbotje  voulue  pour  l'entretien  de  la 
combustion  respiratoire.  Mais  on  sait  que,  pour  certains  animaux,  et  pro- 
bablement il  en  est  de  même  potu-  l'homnîe,  celte  absorption  se  fait  avec 
trop  de  lenteur  pour  pouvoir  satisfaire  aux  besoins  de  l'organisme  (3),  et 
il  en  résulte  que  les  conditions  dont  je  viens  de  parler  ne  sont  remplies 


(i)  Ainsi  la  viande  tie  boucherie  ;i  l'état  humide  ne  renferme  qu'environ  11  pour  100 
de  carbone,  et  3  pour  100  d'azote.  Un  homme  dont  la  ration  quotidienne  serait  composée 
uniquement  de  cette  substance,  et  qui  aurait  besoin  d'introduire  journellement  dans  son  or- 
ganisme 23o  grammes  de  carbone  et  21  grammes  d'azote,  trouverait  la  quantité  voulue  de 
ce  dernier  élément  dans  une  ration  de  ^00  grammes;  mais  ce  poids  de  viande  ne  lui  fourni- 
rait que  ni  grammes  de  carbone,  et,  poùr  obtenir  de  cet  élément  les  aSo  grammes  voulus, 
il  lui  en  faudrait  plus  de  2  kilogrammes,  ration  qui  introduirait  dans  l'économie  un  énorme 
excédant  d'azote. 

Pour  le  chien,  l'excrétion  des  produits  azotés  du  travail  nutritif  est  plus  fatile,  et  la  vie 
peut  être  entretenue  pendant  fort  longteuqjs  à  l'aide  d'un  régime  composé  uniquement  de 
viande. 

(2)  Le  pain  est  un  aliment  complexe  de  ce  genre,  car  il  contient  du  gluten,  qui  est  un 
principe  azoté,  et  de  la  fécule,  qui  est  une  matière  très-riche  en  carbone  ;  mais  il  n'est  jjas 
assez  riche  en  azote  pour  constituer  seul  une  ratioa  d'entretien,  car,  pour  obtenir  21  grammes 
d'azote,  il  faiulrail  euq)loyer  environ  2  kilogranuiies,  quantité  qui  introduirait  dans  l'orga- 
nisme beaucoup  de  carbone  inutile,  et  serait  en  général  difficile  à  digérer. 

(3)  Les  dissolutions  gélatineuses  sont  aussi  des  aliments  dont  l'alisorplion  ne  se  fait  (]uc 
très-lentement,  et  c'est  en  paitie  à  raison  de  celte  circonstance  que  ces  substances  ne  sau- 
raient constituer  à  elles  seules  une  ration  d'entretien. 


(  79'^  ) 
que  par  l'association  de  principes  organiques  azotés,  de  matières  grasses 
et  de  substances  d'un  autre  ordre  fournissant  aussi  beaucoup  de  carbone, 
mais  dont  l'absorption  est  plus  rapide,  le  sucre,  par  exemple  (i).  Long- 
temps avant  d'avoir  la  théorie  de  ces  phéuomènes  de  nutrition,  ou  avait 
constaté  l'utilité  de  ces  mélanges,  analogues  à  l'nssocintion  dont  le  lait 
nous  offre  un  exemple.  Prout  les  a  signalés  à  l'attention  des  physiologistes 
comme  étant  nécessaires  à  la  constitution  d'un  aliment  complet. 

»  Lorsqu'on  cherche  à  bien  préciser  les  qualités  dont  la  réunion  est 
nécessaire  pour  que  la  ration  d'entretien  réponde  aux  besoins  de  l'écono- 
mie animale,  il  importe  également  de  tenir  grand  compte  de  la  natine  du 
■travail  digestif.  On  sait  que  la  plupart  des  matières  alimetitaireâ,  pour  de* 
venir  aptes  à  traverser  les  parois  du  tube  digestif  et  passer  de  là  dans  le 
torrent  de  la  circulation,  doivent  être  désagrégées  ou  rendues  solublcs  par 
l'action  du  suc  gastrique  chargé  de  pepsine,  du  suc  pancréatique  et  d'au- 
tres humeurs  du  même  ordre;  mais  que  la  sécrétion  de  ces  liquides  diges- 
tifs ne  se  fait  pas  d'une  manière  continiie  et  ne  s'effectue  que  sous  l'influence 
de  certains  stimulants.  Ainsi  l'estomac  au  repos  n'est  pas  apte  à  digérer. 
Dans  l'intervalle  des  repas  ce  viscère  ne  renferme  pas  en  quantité  notable 
le  suc  pepsique,  qui  seul  peut  opérer  la  digestion  de  la  viande,  et  ce  .suc 
n'est  versé  dans  son  intérieur  que  lorsque  le  travail  sécrétoire  a  été  réveillé 
dans  les  glandules  pepsiques,  soit  directement  par  la  présetice  de  corps  so- 
lides ou  d'autres  stimulants  dans  l'estomac  lui-même,  soit  indirectement 
par  le  contact  de  matières  sapides  sur  l'organe  du  gnût,  ou  même  nar  l'ex- 
citation que  déteruiinent  certains  arômes  des  organes  de  l'olfaction.  La 
sécrétion  du  suc  pancréatique  est  placée  sous  l'influence  d'actions  nerveuses 
réflexes  analogues,  et  il  en  est  encore  de  même  pour  la  sécrétion  salivaire. 
Par  conséquent  il  ne  suffit  pas  que  la  ration  alimentaire  renferme  la  somme 
de  matières  consbuslibles  et  plastiques  nécessaire  à  l'entretien  du  travail  nu- 
tritif et  que  les  aliments  soient  digestibles,  il  faut  aussi  qu'à  raison  de  leurs 
propriétés  physiques  ou  physiologiques  ils  soient  aptes  à  provoquer  l'action 
des  organes  sécréteurs  dont  je  viens  de  parler,  ou  bien  (pie  ces  alitnelits 
soient  accompagnés  de  substances  alimentaires  aptes  à  produire  les  mêmes 
effets.  Cela  nous  explique  comment  un  aliment  insipide  et  à  l'état  liquide 


(i)  Ainsi,  un  aliment  qui,  sons  un  très-petit  volume,  est  très-nourrissant  et  d'une  diges- 
tion facile,  est  de  la  viande  contenant  un  peu  de  graisse  et  pilée  avec  du  sucre.  A  défaut  de 
lait,  ce  mets  peut  être  très-utile  poin  l'alimentation  des  jeunes  enfants  dimt  l'estomac  est 
délicat. 

io6.. 


(  794  ) 
ptMit  (Inns  CPrt.iiiis  c;is  no  p.is  otrc  digriT,  et  dovenir  même  une  canso  do 
Iroiihir  dans  l'économie  animale,  tandis  qn'à  l'élat  solide  on  convenabie- 
nunt  assaisonnée,  la  même  snbstanco  pent  joner  nn  rôle  niile  dans  la  nn- 
trilion. 

»  J'insiste  snr  ces  fails  non-scnlemont  paice  qn'ils  jettent  beanconp  de 
lumière  snr  le  rôle  physiologique  des  condiments  (i),  mais  aussi  parce 
qn'ils  sont  directement  applicables  à  l'une  des  questions  soulevées  par 
M.  Fremy.  Dans  la  ])luparî  des  essais  tentés  jusqu'ici  pour  l'ulilisalion  du 
tissu  organique  des  os  dans  le  régime  alimentaire  de  l'hounne,  cette  sub- 
stance avait  été  préalablement  transformée  en  gélatine  et  était  administrée 
soit  à  l'état  de  dissolution  dans  l'eau,  soit  sons  la  forme  d'une  gelée  très- 
facile  à  liquéfier.  M.  Fremy,  au  contraire,  préconise  un  mode  de  prépara- 
lion  qui  conserve  au  tissu  en  question  son  état  solide,  et  qui  ])ar  cela  même 
le  rend  pins  ajite  à  provoquer  le  travail  sécrétoire  indispensable  à  l'utili- 
sation de  tout  aliment  de  cet  ordre.  Par  conséquent  je  vois  là  un  progrès 
notable. 

»  Les  expériences  de  mon  frère  prouvent  que  la  gélatine  obtenue  par 
les  j)rocédps  communément  employés  pour  la  fabrication  de  la  colle  forte 
ne  jouit  pas  des  propriétés  nutritives  de  la  gélatine  dite  alimentaire  pré- 
parée à  basse  température,  en  traitant  les  os  par  l'acide  chlorliydrique, 
lors  même  qne  cette  dernière  substance  est  administrée  en  dissolution  dans 
l'eau,  et  il  me  paraît  très-probable  qne  le  tissu  organique  des  os  qui  n'a 
pas  été  transfoi-iné  en  gélatine,  et  qui  constitue  l'aliment  appelé  ossiiiiie  par 
M.  Fremy,  est  plus  nutritif  que  l'iuie  et  l'autre  de  ces  substances.  Mais  je 
ne  m'arrêterai  pas  sur  cette  question,  car  les  expériences  directes  nous 
manquent  pour  la  trancher  (2),  et  l'histoire  chimique  des  matières  orga- 
nisées est  encore  si  obscure  et  si  incertaine  que  la  physiologie  ne  peut  s'en 
servir  qu'avec  beaucoup  de  réserve. 

1)  Il  est  un  autre  point  snr  lequel  je  demanderai  la  permission  d'appeler 
aussi  l'attention  de  l'Académie.  De  tout  temps,  on  a  reconini  les  avantages  de 
la  variété  dans  le  régime  alimentaire  de  l'homme,  mais  je  ne  pense  pas  qu'on 
se  soit  rendu  suffisamment  compte  des  causes  dont  ces  avantages  dépendent. 

(i)  Dans  tinc  ])i-(''cé(lente  séance,  j'ai  <u  roccasion  <lc  diie  f|iiel<|iics  mots  du  lolc  des  ron- 
dlments  dans  le  travail  de  la  digestion  (séance  du  c.S  seplenibre,  page  45i)- 

(7)  Cette  opinion,  ])rofessée  depuis  longtemps  par  M.  Dumas  [Traite  de  C/ii/iiii\  t.  VII, 
p.  5ot),  1844)-'  ^^^  coirohorée  par  ipiel<|ues-iins  des  faits  consignés  par  Mageiulit;  dans  son 
Rapport  sm-  le  gélatine;  mais  les  exjiériences  de  ce  physiologiste  sur  ce  point  ne  soiil  pas 
présentées  avec  les  détails  nécessaires  |)our  (|iu>  la  discussion  en  soit  utile  ici. 


(  79-^  ) 
Il  rst  évident  que,  flnns  le  cas  on  la  r.ilion  d'un  jour  est  insnffîsante  m  cer- 
tains égards,  il  sera  utile  de  la  changer  le  lendemain  si,  en  agissant  ainsi, 
on  fournit  à  l'organisme  ce  qui  lui  nianqtiait  la  veille,  et  que,  de  la  sorte, 
à  l'aide  d'une  certaine  rotation,  des  rations  toujours  incomplètes  quand  on 
les  considère  isolément  peuvent  constituer  un  régime  satisfaisant.  Mais 
lorsque  toutes  les  rations  sont  calculées  de  façon  à  répondre  aux  besoins 
(lu  travail  nutritif,  on  ne  voit  pas  bien  au  premier  abord  pourquoi  il  est 
utile  de  les  varier.  On  conçoit  cependant  qu'il  puisse  en  être  ainsi  lorsqu'on 
se  rappelle,  d'une  part,  le  rôle  des  stimulants  dont  je  viens  de  parler  et, 
d'autre  part,  les  effets  bien  connus  de  l'habitude  sur  la  vivacité  des  sensa- 
tions (i).  Il  y  a  aussi  beaucoup  de  raisons  de  croire  que  la  rapidité  avec 
laquelle  une  substance  déterminée  est  absorbée  varie  avec  la  proportion 
de  cette  même  matière  préexistante  dans  les  liquides  de  l'organisme,  de 
sorte  que,  chez  un  individu  dont  le  sang  est  déjà  riche  en  matières  grasses 
par  exemple,  l'introduction  de  nouvelles  quantités  de  graisse  dans  le  tor- 
rent lie  la  circulation  ne  se  ferait  pas  aussi  facilement  ciue  si  le  fluide  nour- 
ricier de  ce  même  individu  n'en  était  que  peu  chargé,  mais  que  cette  cir- 
constance n'aurait  que  peu  d'influence  sur  l'absorption  d'une  substance 
de  nature  différente,  du  sucre  ou  de  l'albumine  par  exemple,  et  cela  con- 
tribuerait à  nous  expliquer  les  effets  utiles  de  la  variété  dans  l'alimentation. 
»  Je  ne  pousserai  pas  plus  loin  ces  considérations  sur  l'histoire  physio- 
logique de  la  initrition,  mais  il  m'a  semblé  que,  dans  le  moment  actuel, 
où  l'atienlion  est  souvent  appelée  sur  des  questions  de  régime  alimentaire, 
il  pourrait  être  utile  d'exposer  brièvement  quelques-unes  des  bases  sur  les- 
quelles nos  raisonnements  à  ce  sujet  me  paraissent  devoir  reposer.  » 

(i)  Un  aliment  cjni  cesserait  de  stimuler  l'estomac  fie  façon  à  provmpicr  les  actions  ner- 
veuses rétlexes  nécessaires  pour  mettre  en  JQii  les  organes  sécréteurs  du  suc  gastrique,  du 
suc  pancréatique,  etc.,  deviendrait,  ])ar  cela  même,  indigeste,  chargerait  inutilement  le  viscère 
qui  le  contient  et  déterminerait,  soit  le  vomissement,  soit  des  dejeclions  alvines  anormales. 
Or  chacun  sait  que  les  aliments  qui  ont  donné  lieu  à  des  accidents  de  ce  genre  inspirent  sou- 
vent, pendant  fort  longtemps,  un  dégoût  insurmontahle.  Il  n'eu  faut  pas  conclure  que  ces 
substances  ont  perdu  leurs  puissances  nutritives  et  sont  devenues  impuissantes  à  concourir 
à  la  nutrition  des  personnes  qui  ne  sont  pas  placées  dans  les  mêmes  conditions  |jlivsif)Io- 
giqnes. 


(  79^  ) 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Observations  relatives  à  un  passage  de  In  Communi- 
cation récente  de  M.  Fremy  sur  /'Emploi  de  l'osséine  dans  ralinieiilatioii; 
par  M.  Chevreul. 

«  Si,  dans  la  st^ance  dernière,  j'avais  entendu  les  paroles  de  INI.  Fremy 
que  je  lis  dans  le  Compte  rendu  de  cette  séance,  j'aurais  demandé  une  expli- 
cation, non  stu"  des  opinions  scientifiques,  non  pour  discuter  avec  lui  si  la 
Commission  de  la  gélatine  avait  tort  ou  raison  dans  ses  conclusions.  Je 
respecte  toute  opinion  consciencieuse  quelle  qu'elle  soif,  et  j'aime  l'éco- 
nomie du  temps;  mais  la  liberté  doit  être  entière  en  toute  discussion  scien- 
tifique, et  ceux  qui  y  prennent  part  ont  le  droit  de  citer,  à  l'appui  de  leurs 
opinions  respectives,  tous  les  faits  scientifiques  du  ressort  du  débat  qu'ils 
jugent  favorables  à  leur  tlièse.  Telle  est  la  discussion  que  je  qualifie  d'es- 
sentiellement académique.  Mais  en  combattant  quelques-unes  des  conclu- 
sions d'une  Commission  rie  l'Académie,  dire  que  l'auteiu'  d'iuie  décou- 
verte a  été  méconnu  durant  sa  vie,  que  cet  auteur  est  mort  de  chagrin 
après  des  luttes  pénibles,  soutenues  dans  un  but  philanthropique;  parler 
ensuiie  de  sa  respectable  veuve,  dont  personne  n'avait  dit  un  mot,  c'est  faire 
sortir  le  débat  du  domaine  de  la  science,  pour  le  porter  sur  les  personnes. 
Alors  la  liberté  de  la  discussion  est  conqjromise,  et  je  lésais  si  bien  qu'au- 
jourd'hui même  je  comptais  prendre  la  parole  après  M.  Payen,pour  résumer 
rapidement  quelques  faits  saillants  de  l'Iiistoii'e  des  travaux  relatifs  à  la  gé- 
laline,  et  j'ai  ajourné  mon  projet,  après  la  lecture  des  phrases  de  M.  Fremy 
que  j'ai  rappelées.  .Sentant  le  besoin  de  connaîu'e,  avant  totite  Commtuiica- 
tiou  à  l'Académie,  le  sens  qu'il  y  attache,  je  demande  donc  à  M.  Fremy  s'il 
a  fait  allusion  à  un  nasse  qui  me  concerne,  et  que  je  vais  rappeler,  afin  qu'il 
réj)onde  d'une  manièie  catégorique  à  la  question  cpie  je  me  permets  de  lui 
adresser,  et  qui  émane  du  sentiment  de  la  liberté  scientifiqtre. 

»  Le  Rapport  de  M.  Magendie,  fait  le  ad'aoùl  1841 ,  Constate  qii'eir  i833 
je  faisais  partie  de  la  Commi.ssion  dite  <lc  la  (/c7atiiic,  et  en  outre  (prc  la 
Commission  présenta  alors,  «  par  l'organe  de  M.  Chevreul,  trn  Rapport 
»  sur  la  confeclion  et  les  propriétés  du  bouillon  de  la  Compagnie  hnilan- 
»  daise.  Ce  Rapport,  l'Académie  ne  l'a  pas  jugé  sans  importance,  piris- 
»   qu'elle  en  a  ordonné  l'impression  (i).  » 

»    Plus  loin  on  lit  : 

«   Comme  on  se   pr'oposait  de  comparer,  dans  les  expériences  phvsio- 


[i)  Nore,  t.  XHI,  p.  9.37. 


(  797  ) 
»   logiques,  le  bouillon  de  l'hôpital  Saint-Lotiis  à  celui  de  la  Coaipagiiia 
»   liollandaise,  on  a  exécuté  quelques  nouvelles  expériences  chimiques  sur 
»   ce  dernier,  qui  n'ont  fait  que  confirmer  l'analyse  faite  avec  tant  île  soins 
»   par  M.  Chevreul  (i).  » 

»  Comment  arriva-t-il  que  le  chin)iste  rapporteur  de  la  première  Com- 
mission, dont  la  seconde  n'était  pas  mécontente  d'après  les  citations  pré- 
cédentes, s'est  trouvé  en  dehors  de  la  seconde  Commission? 

»  Un  des  motifs  était  certainement  que  la  seconde  Commission  avait 
perdu  M.  Dupuytren  ;  et  l'Académie  doit  savoir  que,  si  je  fus  le  rapporteur 
de  la  première,  c'est  à  la  sollicitation  lapins  pressante  de  la  part  du  grand 
chirurgien. 

»  Le  second  motif  est  que,  la  question  du  bouillon  de  gélatine  résolue 
en  faveur  de  son  bon  usage,  il  devenait  le  bouillon  des  grands  établisse- 
ments publics,  au  détriment  du  boudlou  de  viande. 

»  Le  Rapport  sur  le  bouillon  de  la  Compagnie  hollandaise  ne  pouvait 
avoir  l'approbation  des  partisans  du  bouillon  de  gélatine,  aussi  imagina- 
t-on  un  incident  qu'il  ne  m'apj)artient  pas  de  qualifier,  et  sur  lequel  j'ai 
gardé  un  silence  absolu  depuis  i834.  Mais  en  ce  moment  même  cpie  j'en  ai 
la  preuve  écrite  entre  les  mains,  que  M.  Freuiy  dise  un  mot,  et  je  donnerai 
lecture  à  l'Académie  de  Lettres  datées  du  8,  du  9  et  du  11  de  septembre 
i834;  elles  montreront  à  aies  confrères  si  jesiiis  passible  de  quelques  re- 
proches dans  les  luîtes  pénibles  que  M.  D' Arcet  a  soutenues  et  qui  ont  abféf/é 
son  existence,  dit  M.  Fremy.  A  la  suite  de  l'incident,  je  ne  dis  pas  l'hon- 
neur, mais  la  délicntesse  d'un  homme  bien  élevé  ne  me  permettait  pas  de 
rester  davantage  dans  cette  Commission.  Ma  retraite  n'eut  pas,  à  ce  qu'il 
paraît,  le  résuhat  que  s'en  étaient  promis  ceux  qui  l'avaient  occasionnée. 

))  Maintenant  M.  Fremy  a-t-il  fait  alkision  à  l'incident  c[ue  je  rappelle? 

»   Telle  est  ma  question.  » 

Réponse  de  M.  Fhemy  à  M,  Chevreul. 

«  L'Académie  vient  d'entendre  la  question  qui  ni'a  été  faite,  à  deux 
reprises  différentes,  par  notre  honorable  confrère  M.  Chevreul. 

»  Il  me  demande  de  déclarer,  par  oui  ou  par  non,  si  je  le  comprends 
dans  les  reproches  que  j'ai  adressés  aux  adversaires  de  M.  D'Arcet. 

M  Comme  dans  mes  Communications  sur  Tosséine  je  n'ai  pas  piononcé 
une  seule  fois  le  nom  de  M.  Chevreul  et  que  notre  savant  confrère  a  donné 
sa  démission  de  membre  de  la  Commission  de  la  gélatine,  j'ai  été  fort  sur- 


(i)  N»te,  t.  Xlll,  p.  263, 


(  79«  ) 
pris  de  la  question  qu'il  m'a  adressée  :  je  déclare  donc  que  je  n'ai  rien  à  lui 
répondre. 

»  Notre  vénérable  doyen  de  la  Section  de  Chimie  me  |)eniu'ltia  stule- 
nient  de  lui  ra|)peler  que,  dans  toutes  les  circonstances,  j'ai  |)rofessé  pour 
lui  luie  déférence  profonde.  J'espérais  que  ces  sentiments,  dont  il  ne  peut 
pas  douter,  me  préserveraient  de  la  vive  interpellation  que  i' Académie  a 
entendue. 

»  Je  me  contenterai  de  dire  ici,  d'une  manière  générale,  que  mes  repro- 
ches s'ailressaienl  à  tous  ceux  qui  n'ont  pas  rendu  justice  aux  travaux  que 
M.  D'Arcel  a  poursuivis,  pendant  trente  années,  dans  l'intérêt  des  chisses 
pauvres  et  qui  se  résument  dans  l'affirmation  suivante  : 

»    La  ijétalinc  bien  préjiarée  peut  élie  employée  uùlcineni  ditns  le  bouillon. 

»  Du  reste,  les  chagrins  que  M.  D'Arcet  a  éprouvés  sont  rappelés  dans 
la  Lettre  si  touchante  et  si  triste  que  vient  de  m'adresser  sa  fille,  et  que  je 
demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  lire,  parce  qu'elle  fait  com- 
prendre le  sentiment  qui  me  porte  à  rap[)eler  ici  les  litres  de  M.  D'Arcel  à 
la  reconnaissance  publique. 

»  Monsieur, 
M  Je  suis  bien  touchée  et  bien  heureuse  de  la  justice  rendue  par  vous  à 
u  la  mémoire  de  mon  digne  père,  à  ses  efforts  incessants,  à  sa  conviction 
»  inébranlable  que  la  gélatine  était  nutritive;  il  est  mort  très-malheureux 
»  de  cette  lui  te,  aussi  douloureuse  pour  lui  qu'elle  était  désintéressée,  mais 
»   persuadé  que  la  vérité  serait  reconnue  enfin  et  après  lui.  » 

[Ma/lame  Le  Coëntrc,  née  D'Arcet.  ) 

»  Effectivement,  la  vérité  s'est  fait  jour  et  j'ai  été  heureux  de  rendre 
hommage  aux  travaux  si  utiles  de  M.  D'Arcet,  lorsque  j'ai  proposé  Ue  Jaire 
entrer  l'osséine  dans  r alimentation,  de  lo  faire  cuire  dans  de  l'eau  aromatisée, 
d'employer  le  bouillon  yélalineux  pour  faire  de  bi  soupe,  et  de  consommer 
Cosséine  cuite  comme  un  aliment  solide. 

»  Que  ceux  qui,  aujourd'liui  comme  il  y  a  trente  ans,  critiquent  l'em- 
ploi alimentaire  des  tissus  gélatineux,  songent  aux  circonstances  graves  qii<; 
nous  traversons,  et  qu'ils  redoutent  de  prendre  la  responsabilité  d'une  op- 
position qui  pourrait  être  funeste  à  la  population  parisienne. 

»  Comme  il  s'agit  de  combattre  des  préjugés  fâcheux,  qui  frappent  encore 
aujourd'hui  une  substance  alnnentaire  utile,  il  est  de  mon  devoir  de  signaler 
les  faits  princi|)aux  qui  établissent  le  pouvoir  nutritif  des  corps  gélatineux. 

»  Je  dirai  d'abord  que  j'ai  été  très-heureux  d'enleudre  notre  honurable 
Président,  (pu  est  venu  apporter  l'aulorilé  du  num  d'Arago  dans  la  question 


(  799  ) 
lie  la  gélatine,  en  rappelant  que  les  indigents  (le  la  ville  de  Melz  accep- 
taient dans  leur  alimentation  la  gélatine  sans  répugnance,  et  qu'ils  étaient 
très-fâchés  qu'on  pensât  à  la  leur  supprimer. 

»  Je  tiens,  en  outre,  à  faire  connaître  à  l'Académie  une  adliésion  à  la- 
qnelle  j'attache  une  grande  valeur,  parce  qu'elle  émane  de  M.  le  général 
de  division  Snsane,  qui  a  étudié  depuis  longtemps  l'emploi  alimentaire  des 
tissus  gélatineux  pour  les  classes  pauvres,  qui  a  constaté  leius  bons  effets 
et  qui  aujourd'iiui  pourrait  les  faire  entrer  utilement  dans  la  nourriture  de 
nos  soldats. 

»  L'Académie  connaîtra  l'opinion  du  général  Susane  sur  la  gélatine,  si 
elle  veut  bien  me  permettre  de  reproduire  ici  quelques  phrases  d'une  bro- 
chure intéressante  que  le  général  publiait  à  IMetz  en  i856,  et  qui,  hélas! 
peuvent  s'appliquer  en  ce  moment  à  Paris  : 

«  Rappelons-nous,  et  ceci  n'est  pas  de  la  science,  mais  de  l'histoire,  qu'on  a  vu  des  gar- 
nisons sauvées  par  la  gélatine;  des  soldats  qui,  après  avoir  mangé  la  cliair  des  derniers  ani- 
maux et  celle  de  leurs  chevaux,  ont  dû  ensuite  en  dévorer  la  peau,  les  os  et  les  sabots,  puis 
les  harnais  et  jusqu'aux  semelles  de  leurs  propres  hottes,  et  <|hp,  par  ce  moyen,  ils  ont  pro- 
longé assez  leur  vie  poiu-  voir  venir  le  jonr  de  leiu-  délivrance. 

»  N'exagérons  donc  rien  et  gardons-nous  de  pationer,  par  l'adhésion  du  silence,  des  o|)i- 
nions  qui  pourraient  entretenir  ou  faire  naître  les  pins  funestes  préventions.    » 

»  Le  général  Susane  parle  aussi,  dans  sa  brochure,  de  l'emploi  direct 
des  os  pulvérisés  pendant  le  siège  de  Paris  par  Henri  TV. 

))  Atijoiu-d'hui  la  population  de  Paris  n'en  est  pas  réduite,  comme  en 
i5qo,  à  porter  sous  la  meule  le  tissu  osseux  pour  en  faire  une  sorte  de 
farine,  car  la  Chimie  lui  donne  en  ce  moment  une  substance  alimentaire 
extraite  des  os,  l'osséine,  qtii  peut  foiirnir'à  la  fois  du  bouillon  et  un 
aliment  solide.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

M,  C  Lefokt  doime  lecture  de  la  seconde  partie  de  son  Mémoire  sur  la 
i<  sociologie  » . 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PUYSIOLOGIE.    —  Reclmrclies  expérimcnlales  sur  In  propriété  aliiDcnlaire 
(le  la  Coca;  par  M.  Ch.  Gazeau. 
(Commissaires:  MM.  Chevreul,  Dumas,  Roulin.) 
«  Les  feuilles  de  coca  ont,  dans  l'Amérique  du  Sud,  la  réputation  de  per- 
mettre de  se  passer,  pendant  plusicin-s  jours,  de  nourriture,  et  cela  sans 

c.  R.,  iSro,  2«  Semestre.  {  T.  l.XXI,  N"  25.)  '  O7 


(  8oo  ) 

déperdition   aucune  des  forces  et  sans  que  la  sensation  de  la  faim  so  fasse 
sentir. 

»  J'ai  constaté  moi-même  cette  propriété  alimentaire  de  la  coca,  à  la  dose 
do  20  à  3o  grammes  par  jour.  M'étant  mis  à  la  diète  pendant  deux  jours 
et  demi,  je  fus  fort  surpris  de  ne  pas  voir  les  effets  de  ce  régime  se  faire 
sentir:  le  second  jour,  je  travaillai  avec  autant  de  facilité  que  de  coutume; 
le  troisième  jour  de  diète,  je  pus  attendre  mon  repas  de  midi  sans  plus 
d'impatience  que  d'habitude. 

»  Beaucoup  d'hypothèses  ont  été  émises  pour  expliquer  le  mode  d'action 
de  la  coca.  Dans  ces  dernières  années,  on  admettait  généralement  qu'elle  de- 
vait diminuer  les  produits  de  désassimilation  en  enrayant  le  mouvement  de 
dénutrition  ;  et  cetle  explication  paraissait  fort  satisfaisante  à  priori.  Je  suis  le 
premier  qui  ait  cherché  à  éclaircir  cette  intéressante  question  par  l'expé- 
rimentation :  dans  ce  but,  je  me  condamnai  durant  deux  mois  à  un  régime 
identique,  avec  ou  sans  la  feuille  américaine.  Pendant  ce  temps,  je  recueillis 
et  analysai  scrupuleusement  mes  urines,  surtout  au  point  de  vue  de  l'urée. 
L'élimination  de  cette  substance  a  toujours  augmenté  sous  l'influence  de 
la  coca;  de  1 1  pour  100,  quand  elle  était  prise  a  la  dose  de  10  grammes  par 
jour,  en  poudre;  de  16  et  de  24  pour  100,  à  la  dose  de  20  grammes.  Cette 
même  dose  éleva  pendant  une  semaine  ma  température,  d'une  moyenne  de 
0°,  32:  le  ïiombre  de  mes  pulsations  artérielles  de  11,  22  pulsations:  le 
nombre  de  mes  mouvements  respiratoires  de  4,  6.  Le  sphygniographe 
resta  muet  sous  son  influence.  I^a  coca  augmente  les  sécrétions  salivaire  et 
intestinale.  A  la  dose  de  10  à  20  grammes,  elle  accroit  constamment  le 
poids  de  l'urine  de  4oo  grammes  par  vingt-quatre  heures. 

»  La  coca  augmente  donc  l'urée,  contrairement  à  l'hypothèse  généra- 
lement admise.  Or,  cette  augmentation  de  l'urée,  indiquant  toujours  un  ac- 
croissement d'activité  dans  la  métamorphose  des  éléments  azotés,  expli- 
que l'exaltation  de  la  vie,  l'augmentation  de  l'énergie  musculaire  chez 
l'homme  qui  use  de  la  coca  tout  en  se  nourrissant  comme  d'habitude. 

»  Cette  substance  permet  encore  à  ceux  qui  sont  à  la  diète,  et  mieux  au 
régime  de  l'alimenlation  insuffisante,  de  travailler  énergiquement  pendant 
plusieurs  jours.  En  effet,  le  mouvement  de  nutrition  étant  accéléré,  les 
combustions  organiques  étant  augmentées,  on  consomme  plus  ;  et,  partant, 
on  en  retire  pendant  ce  temps  les  avantages,  qui  sont  une  augmentalion  du 
travail  mécanique  de  la  machine  humaine.  Mais  celte  consouunalion  exa- 
gérée, cetle  dépense  inusitée,  qui  n'est  pas  compensée  plus  tard  par  une 
quantité  suffisante  d'aliments,  se  fait  aux  dépens  des  tissus  :  l'homme  se 


(  «o.  ) 
mange  lui-même,  il  devient  autopliage,  et  le  passif  se  découvrirait  à  la 
longue  dans  son  économie,  par  un  amaigrissement  qui  serait  luie  suite 
infaillible  de  ce  mode  exclusif  d'alimentation.  J'ai  toujours  perdu  de  mon 
poids  dans  les  semaines  de  mon  régime  identique  pendant  lesquelles  je  pre- 
nais la  coca:  les  expériences  sur  les  animaux  le  démontrent  encore. 

»  J'ai  fait  aussi  quelques  expériences  dans  le  but  d'expliquer  l'absence 
de  sensation  de  faim  pendant  l'alimentation  insuffisante  et  même  la  diète 
avec  coca.  Ses  effets  sur  la  bouche,  l'estomac,  l'intestin  se  résument  ainsi: 
excitation  légère  des  muqueuses,  augmentation  des  sécrétions,  anesthésie. 
Cette  action  anesthésique  si  puissante  de  la  coca  sur  l'estomac  explique 
l'absence  de  douleur  à  l'épigastre  pendant  la  diète. 

»  J'ai  constaté  qu'une  chique  moyenne  de  coca  amène  dans  l'estomac  de 
27  à  42  grammes  de  salive,  suivant  la  substance  adjuvante  employée;  ce 
cjui,  pour  vingt  chiques  en  quinze  heures,  donne  de  54o  à  12/10  grammes 
de  liquide;  celui-ci,  en  distendant  les  parois  du  viscère,  en  empêche  le 
contact  et  diminue  ainsi  la  sensation  de  la  faim. 

))  La  coca  étant  une  substance  puissamment  digestive,  favorise  l'ab- 
sorption et  l'assimilation  de  la  noiuriture  insuffisante;  c'est  une  compen- 
sation. 

))  Enfin,  sous  l'influence  de  la  coca,  l'homme  se  mange  lui-même;  mais 
il  mange.  Telles  sont,  suivant  nous,  les  principales  raisons  qui  expliquent 
l'absence  de  sensation  de  faim  quand  on  est  soumis  à  la  diète  et  que  l'on 
chique  la  feuille  si  chère  aux  Américains  du  Sud. 

1)  Les  Bulletins  militaires  des  guerres  de  l'Amérique  méridionale  signalent 
souvent  et  toujours  avec  les  plus  grands  éloges:  l'emploi  de  la  coca  soit  en 
campagne,  soit  pendant  les  sièges.  L'état  dans  lequel  se  trouve  la  capitale 
de  la  France  ne  pourrail-il  pas  faire  songer  à  utiliser  en  ce  moment  la 
quantité  de  feuilles  de  coca  qui  s'y  trouve?  » 

«  M.  RocLiN  fait  remarquer  que  ce  que  rapporte  M.  Gazcau  des  heu- 
reux effets  attribués  à  la  coca  par  les  Bulletins  militaires  des  dernières  guerres 
américaines,  n'a  rien  qui  puisse  surprendre  les  personnes  un  peu  versées 
dans  l'histoire  de  la  conquête  du  Nouveau-Monde,  puisque  les  écrivains 
qui  nous  ont  fourni  les  premiers  renseignements  sur  ce  vaste  pays  et  sur 
ses  habitants  mentionnent  tous  au  nombre  de  leurs  habitudes  les  plus 
étranges,  celle  de  mâcher  continuellement  une  feuille  qu'ils  n'avalent  point, 
et  qui  cependant  est  pour  eux  un  remède  contre  la  faim  et  la  soif.  Est-ce  de 
la  part  de  ces  gens  une  pure  illusion?  Nos  historiens,  pour  la  plupart,  ne 

107.. 


(    S02    ) 

semblent  pas  disposés  à  le  croire.  T/iin  d'eux,  il  est  vnii,  et  jnslemenl  celui 
dont  l'ouvrage  a.  été  le  plus  répandu,  craignant  sans  doute  de  paraître 
trop  crédide,  ne  répète  qu'avec  un  Ion  de  doute  ce  qu'il  a  entendu  dire 
à  cet  égard  (i);  mais  rien  de  pareil  ne  se  moiiire  chez  ceux  qui  oui  fait  iine 
longue  résidence  dans  le  pays  et  parlent  soit  d'après  des  témoignages  par- 
faitement dignes  de  confiance,  soit  d'après  leurs  propres  observations, 
tels  sont  Oviedo,  Cieça  de  Léon,  Garcilasso  de  la  Vega,  Acosîa,  le  P.  Simon 
et  bien  d'autres  que  je  pourrais  nommer  (2).  Le  champ  d'observation, 
disons-le  en  p;issant,  était,  au  moment  de  l'arrivée  des  Espagnols,  beau- 
coup plus  vasie  qu'il  ne  le  fut  peu  après,  puisqu'il  s'étendait,  vers  l'est,  de 
l'isthme  de  Panama  jusqu'au  delà  des  embouchures  de  l'Oréîioque,  et  vers 
le  sud,  tout  le  long  de  la  Cordillère  des  Andes  eî  du  liltoral  de  l'océan 
Pacifique  jusqu'aux  dernières  limites  du  Pérou.  Si  l'habitude  de  mâcher  la 
coca  a  disparu  dans  la  plupart  des  provinces  comprises  dans  ce  vasIe  pour- 
tour, il  ne  faut  pas  l'attribuer,  comme  ou  poiu'rait  être  tente  de  le  faire,  à 
l'extinction  de  la  population  indigène,  qui  n'a  été  totale  que  pour  les  tribus 
peu  nombreuses,  ni  moins  encore  à  un  esprit  d'inconstance  dont  les  Indiens 
ont  été  accusés  un  peu  légèrement,  mais  à  ce  que  cette  pratique  si  singu- 
lière, se  liant  presque  partout  à  des  idées  superstitieuses,  a  été  vigoureuse- 
ment attaquée  par  le  clergé  espagnol,  qui  n'est  |)as  cependant  arrivé  sans 
beaucoup  de  peine  à  y  mettre  fin.  Ainsi  quand,  en  174',  Nie.  de  la  Rosa 
dédiait  à  l'évèque  de  Santa-Mariha  sa  Floiesla,  où  il  ne  s'occupait  que  d'un 
seul  diocèse,  l'habitude  régnait  encore  parmi  les  Indiens  soumis  habitant 
les  pentes  du  Nevado  de  Sainte-Marthe;  elle  n'est  plus  de  nos  jours  parmi 
eux,  mais  on  la  retrouve  encore  chez  leurs  voisins  les  Guajitos  qui,  il  est  vrai, 

(  i)  Il  Une  de  leurs  principales  cultures,  dit-il  en  parlant  des  Péruviens,  est  celle  de  la  coca, 
plante  herbacée  (]u'ils  estiment  autant  (jue  l'or,  et  qui  ne  leur  semble  guère  moins  indispen- 
sable cpie  le  pain.  Elle  exige  un  climat  très-chaud.  Les  indigènes  en  ont  conlinnellement 
dans  la  bouche,  et  elle  éloigne  d'eux,  à  les  en  croire,  la  faim  et  la  soif,  chose  ijrodij^ieuso  si 
elle  est  vraie.  »  (Hixl.  de  las  Indias,  chap.  clxxxiii.) 

Gomara  ne  s'aperçoit  pas  ici  <pi'il  a  déjà  parlé  de  cette  plante,  sons  le  nom  d'fJor,  a 
l'occasion   de   la   province  de  Cuuiana  (Hisl.,  chap.  lxxix),  et  même  d'une   nianièi'e  plus 
complète,  car  il  n'a  pas  oublié  l'addition  de  la  chaux;  sculcuient  il  croit  (|ue  celle  mastica- 
tion n'a  pas  d'aulre  objet  que  de  noircir  les  dents,  |)Tciiant  ainsi  pour  le  but  un  effet  accès-  ► 
soirc  et  non  cheiché. 

(3.)  OviKDO,  Hi\t.  gc/i.  é  nat.  de  his  Iiiiliits,  libr.  XXIV,  cap.  xii.  —  Cieça  de  I  eon, 
cap.  xovi.  —  AcosTA,  Hixt  nat.  y  moral  de  las  ]nd,,  lib.  IV,  cap.  x\ii.  —  Simon,  Notir. 
/lise,  dt:  la  co/irj.  de  '/'/erra- Firme  :  Indit 


'lice. 


(  8o3  ) 
ont  trouvé  le  moyen  de  conserver  jusqu'à  ce  moment  leur  indépendance. 
A  l'autre  extrémité  du  périmètre  que  nous  venons  d'indiqner,  an  Pérou,  elle 
est  encore  en  viguem-,  mais  là  on  a  jugé  indispensable  de  la  respecter,  re- 
connaissant qu'elle  contribue  à  entretenir  les  forces  des  indigènes  employés 
à  d'assez  pénibles  travaux  dont  profitent  surtout  les  habitants  de  race  blan- 
che. Dans  ce  pays,  d'ailleurs,  les  ecclésiastiques  n'ont  pas  cru  de  leur  devoir 
de  combattre  un  usage  qui  n'avait  aucun  rapport  bien  apparent  avec  l'an- 
cienne religion,  sorte  de  sabéisme  fort  éloigné  des  superstitions  grossières 
entretenues  chez  les  populations  situées  plus  au  nord  par  leurs  piachts, 
prêtres  ou  sorciers  qu'on  peut,  jusqu'à  un  certain  point,  assimiler  aux 
chamans  du  nord  de  l'Asie.  Dans  une  région  intensiédiaire,  dans  le  royaume 
de  Bogota,  la  religion,  qui  consistait  aussi  dans  le  culte  des  astres,  avait 
certaines  prescriptions  relatives  à  la  coca  qui  portail  dans  ce  pays,  comme 
dans  ceux  ipii  sont  situés  siu-  les  bords  de  l'Atlantique,  le  nonj  de  liayo  ou 
ja/o  (i);  le  nom  de  coca  ou  cuca^  comme  l'écrit  Garcilasso,  est  péruvien. 
Le  premier  tiers  de  chaque  lunaison  était  presque  exclusivement  le  temps 
où  les  hommes  étaient  autorisés  à  faire  usage  de  la  coca,  et  pendant  cette 
décade  tout  commerce  avec  les  femmes  leiu-  était  interdit;  ils  devaient 
même  coucher  dans  des  pièces  séparées,  c'est  du  moins  ce  que  rajjporie 
Oviedo,  qui  tenait  ses  renseignements  de  la  bouche  du  conquérant  de  la 
Nouvelle-Grenade,  Alonso  Ximenès  de  Quesada,  ayant  eu,  en  sa  qualité 
d'historiographe  des  Indes,  coîumnnication  des  Mémoires  que  celui-ci  avait 
écrits  sur  les  lieux  mêmes. 

»  Au  Pérou,  la  consommation  de  la  feuille  de  coca  était  telle,  que  le 
P.  Joseph  Acosta,  qui  fit  paraître  en  iSgo  son  Histoire  nalurelle  et  morale 
des  Indes,  nous  apprend  (liv.  IV,  chap.  XXlî,  p.  252)  qu'à  l'époque  où  il 
écrivait,  le  commerce  de  ces  feuilles  montait  chaque  année,  pour  le  seul 
canton  minier  du  Potosi,  à  un  demi-million  de  j)iastrcs  (2).  C'est,  ajoufe-t-il, 
un  couuuerce  très-profitable  pour  les  blancs  qui  l'iiclièteiit  des  cultivateurs 
et  la  revendent  aux  Indiens.  Beaucoup  de  gens  graves,  dit-il  un  peu  plus 

(i)  Les  deux  noms  assez  différents  à  l'œil  le  sont  très-|jcu  pour  l'oreille. 

(2)  Une  pareille  somme  suppose  un  nombre  prodigieux  de  consommateurs,  ce  qui  ne 
peut  maïKiuer  de  sui|3rendre  quand  on  sait  que,  jusqu'à  la  fin  de  l'empire  des  Ineas,  l'usage 
de  la  coca  était  interdit  à  toute  jiersonne  qui  n'appartenait  pas  à  la  fan}ille  royale;  la  famille, 
il  est  vrai,  s'était  fort  accrue  depuis  le  temps  de  Manco-Capac;  mais  elle  ne  formait  toujours 
qu'une  bien  faible  partie  de  la  population  totale,  de  sorte  qu'on  est  porté  à  supposer  que, 
même  avant  l'arrivée  de  Pizarre,  beaucoup  de  plébéiens  usaient  en  cachette  de  la  feuille 
(lu'avaient  prétendu  se  réserver  les  grands;  elle  était  d'ailleurs  précieuse  aux  yeux  de  tous, 
puisqu'elle  figuiait  eu  première  ligne  parmi  les  offrandes  (jue  l'on  faisait  aux  dieux. 


(  8o4  ) 
loin,  ne  veillent  voir  là  qu'une  superstition,  et  regardent  comme  imaginaires 
les  effets  qu'on  lui  attribue.  Pour  moi,  je  ne  puis  admettre  que  ce  soit  pure 
imagination,  quand  je  vois  les  Indiens,  avec  une  poignée  de  coca,  et  sou- 
vent sans  rien  manger,  faire  en  un  setd  jour  une  route  qui  d'ordinaire  en 
exige  le  double,  La  sauce  à  laquelle  ils  la  mangent  est  bien  digne  d'un  si 
étrange  mets.  J'en  ai  goûté  et  trouvé  que  le  tout  a  le  goût  de  sumac.  Cette 
sauce  consiste  en  poudre  d'os  broyés  ou  de  chaux,  suivant  d'autres  per- 
sonnes; tant  est  que  ce  ragoi'it  leur  plaît  et  qu'ils  donnent  sans  regret 
l'argent  qu'on  leur  en  demande. 

»  Acosfa  est,  remarquons-le,  le  seul  qui  parle  d'os  broyés.  L'emploi  de 
la  chaux,  s'il  n'est  pas  universel,  est  du  moins  beaucoup  plus  général,  et  il 
est  mentionné  expressément  par  Oviedo,  qui  dit  au  livre  XXIV,  chap.  xil 
(édition  de  Madrid,  i85i-55,  t.  II,  p.  254)  :  «  Les  Indiens,  qui  ont  conti- 
»  nuellemeiit  cette  feuille  à  la  bouche,  portent,  pendue  au  côté,  une  petite 
»  calebasse  pleine  de  chaux  faite  de  coquillages  brûlés  et  sucent  fréquem- 
»   ment  cette  chaux.  » 

»  La  Rosa  est  beaucoup  plus  explicite,  et,  en  parlant  des  Indiens  Ariia- 
cos,  que,  par  suite  d'une  idée  bizarre  sur  l'étymologie  du  nom,  il  désigne 
sous  le  nom  d'Aurohuacos,  il  nous  dit  :  «  Tous  ont  la  mauvaise  habitude 
»  de  mâcher  le  ja/o,  et  pour  cela  ils  portent  constamment  à  la  ceinture 
»  le  poporo ,  petite  calebasse  offrant  une  gorge  produite  artificiellement 
M  au  moyen  d'un  lien  circulaire  placé  autour  du  fruit  lorsqu'il  était  encore 
»  tendre.  Cette  calebasse  est  remplie  de  chaux  trés-blauche  faite  avec  des 
»  coquillages  de  mer  brûlés;  elle  est  bouchée  par  un  bâtonnet  dont  ils 
»  appliquent  la  pointe  chargée  de  chaux  sur  le  bout  de  la  langue  ou  sur 
»   les  lèvres » 

»  Le  P.  Simon  indique  aussi,  quoique  très-brièvement,  l'usage  de  la 
chaux.  On  retrouverait  peut-être  difficilement  dans  son  livre,  qui  n'a 
point  de  table,  les  passages  où  il  a  du  donner  des  détails  à  ce  sujet;  mais 
dans  un  Index  placé  à  la  fin  du  volume  et  contenant  seulement  l'expli- 
cation des  mots  nouveaux  qui  y  sont  employés,  ou  lit  le  passage  suivant, 
dont  la  dernière  phrase  fait  comprendrp  pourquoi  dans  cet  ouvrage,  quoi- 
que antérieur  d'un  siècle  environ  à  celui  que  je  viens  de  citer,  on  ne  doit 
pas  s'altcudi'e  à  trouver  d'iutormatious  bien  précises  sur  h;  sujet  qui  nous 
occupe.  Le  passage  est  assez  court  pour  que  je  puisse  ici  le  reproduire  en 
entier  : 

«  Hayo.  —  C'est  une  feuille  qui  a  quelque  ressemblance  avec  celle  du 
»  lenlisque  :  au  Pérou,  où  la  plante  est  coimue  sous  le  nom  de  loca,  elle 
»   est  l'objet  d'une  iniportanle  culture  et  d'un  commerce  Irès-avaulageux 


(  8o5  ) 
»  pour  les  Espagnols,  qui  la  revendent  aux  Indiens;  ceux-ci  la  mâchent 
»  avec  de  la  chaux,  et  disent  qu'elle  leur  donne  des  forces;  mais  c'est 
»  peut-être  moins  pour  cela  qu'ils  la  recherchent  que  dans  une  vue  de 
»  superstition ,  car  (75  s  en  servent  pour  entrer  en  communicalinn  avec  le 
»   démon .    » 

»  Cette  idée  n'était  pas  née  à  Bogota,  mais  y  avait  été  apportée  par  des 
ecclésiastiques  qui,  presque  tous,  avaient  auparavant  séjourné  parmi  les 
peuplades  établies  sur  les  bords  de  l'Atlantique,  où  en  effet  les  piaches, 
qui  avaient  la  prétention  d'entrer  en  conversation  avec  leurs  flieux  (les 
démons  des  Espagnols),  et  qui  n'étaient  pas  de  purs  imposteurs,  dou- 
blaient, quand  ils  étaient  appelés  à  faire  quelque  prédiction,  la  dose  du 
hayo,  lui  associant  même  d'ordinaire  quelque  narcotique,  le  plus  souvent 
celui  que  fournit  in)e  belle  espèce  de  datiira;  ils  se  mettaient  ainsi  dans  un 
état  de  surexcitation,  une  sorte  d'ivresse  où  les  rêves  confus  qu'amenait 
cette  intoxication  étaient  interprétés  par  eux  comme  des  révélations. 

»  Prise  à  part  de  toute  idée  de  divination,  et  seulement  dans  le  but  de 
soutenir  les  forces,  la  coca  avait  réellement  et  a  un  effet  très-utile.  On  vient 
de  voir  que  pour  les  Indiens,  ayant  à  faire  dans  l'espace  d'iui  joiu"  ou  deux 
un  trajet  double  de  l'ordinaire,  elle  réussit  très-bien,  et  c'est  là  un  fait  com- 
parable de  tout  point  à  celui  dont  il  est  fait  mention  dans  les  Bulletins 
militaires  dont  parle  M.  Gazeau.  Ainsi,  nous  sommes  très-suffisamment 
autorisés  à  croire  qu'au  moyen  de  la  mastication  de  la  coca  un  homme 
peut,  malgré  une  alimentation  insuffisante  ou  nulle,  conserver  presque  entiè- 
rement, pendant  un  jour  ou  deux,  sa  force  mnscidaire;  c'est  là,  à  coup  sûr, 
un  résultat  de  grande  importance,  même  quand  il  serait  constaté  que  pen- 
dant tout  ce  temps  le  messager  a  dû  se  nourrir  de  sa  propre  substance.  Cette 
explication  d'ailleurs  ne  suffirait  plus  pour  le  cas  d'un  usage  joiu'nalier 
continué  de  longues  années,  comme  on  peut  l'observer  chez  les  Indiens 
employés  dans  les  mines.  Ici  les  aliments  ne  manquent  pas,  et  l'utilité  de 
la  coca  consiste,  suivatit  moi,  à  faire  cesser  la  sensation  de  fatigue  que  res- 
sentent des  hommes  à  qui  l'on  n'accorde  pas  le  temps  nécessaire  de  repos 
dans  le  cours  de  la  tâche  qui  leur  est  imposée;  elle  me  paraît  exercer  ici 
une  action  comparable  à  celle  du  vin  pris  à  dose  modérée,  action  connue 
de  toute  antiquité.  Chacun  sait  que,  outre  les  alcooliques,  des  excitants 
emprimlés  au  règne  végétal  ont  été,  sur  différents  points  du  globe  et  sous 
diverses  formes,  employés  dans  un  but  presque  semblable.  Parmi  les  plantes 
comprises  dans  cette  catégorie,  celle  qui  nous  occupe,  VErythroxylon  coca, 
demeure  à  peu  près  isolée;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  plupart  des 
autres,  et  nous  voyons  des  espèces  congénères,  naissant  d'ailleurs  dans  des 


(  8o6  ) 
pays  séparés  par  de  très-grandes  distances,  employées  par  les  indigènes 
pour  obtenir  des  effets  du  même  genre.  C'est  ainsi  que  la  Cassitia  qiu,  d'a- 
près ce  que  nous  apprend  Marc  Lescarhot  (Paris,  1609),  était  bue  en  abon- 
dance par  les  guerriers  Floridiens  dans  les  quelques  jours  qui  précédaient 
une  expédition  guerrière,  s'obtenait  de  VJlex  vomitoria,  plante  très-voisine 
de  celle  qui  sert  pour  le  malë  des  habitants  du  Paraguay,  V JJex  paraqiia- 
riensis;  la  catha  des  Arabes,  ou  Celaslrus  eiiulis,  dont  les  jeunes  pousses,  man- 
gées fraîches,  produisent  également,  ainsi  que  l'atteste  Bolla  [Arcli.  du 
Mus.,  t.  II),  inie  excitation  agréable  et  qui  persiste  quelques  heures,  appar- 
tient, de  même  que  les  deux  plantes  dont  il  vient  d'étie  question,  à  la 
famille  de  Rhamnées. 

»  Je  pourrais,  si  cette  Note  n'était  déjà  bien  longue,  ajouter  quelques 
mots  concernant  la  chaux  que  l'on  associe  à  la  coca  cotnme  on  l'associe  à 
la  noix  d'arec  dans  le  bétel;  celte  addition,  qui  détermine  un  surcroit  d'ac- 
tivité des  glandes  salivaires,  me  paraît  agir  dans  le  même  but.  Suivant  moi, 
cette  salivation  plus  abondante,  qui  se  jModiùt  comme  dans  la  maiuluca- 
tion  ordinaire,  concourt  à  produire  un  effet  de  même  nature  que  celui  qui 
résulte  de  l'ingestion  des  aliments  dans  l'estomac,  c'est-à-dire  qu'elle  tend, 
quoique  poiu'  une  moindre  part,  à  relever  les  forces  de  l'individu  avant 
que  la  réparation  qui  s'opérera  par  suite  de  la  digestion  de  ces  aliments  ait 
commencé  à  s'accomplir. 

»  Puisque  j'ai  parlé  du  bétel  qui  doit  son  nom  à  la  feuille  dont  on  enve- 
loppe la  chaux  et  la  noix,  à  la  feuille  dul'iper  bétel,  je  ferai  remarquer  que 
c'est  aussi  lUie  Pipéracée,  le  Piper  luelliyslkuin,  dont  la  racine  sert  à  préparer 
la  kava,  boisson  excitante  en  usage  dans  toute  l'Océanie.  » 

31.  RosTAixfi  adresse  une  Note  relative  à  la  préparation  de  toiles  et  de 
papiers  au  tannin  et  à  l'acide  benzoïque,  pour  les  pansements  rapides  sans 

linge. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Ch.  Teli-if-r  adresse  '.me  Note  relative  à  deux  procédés  pour  la  con- 
servation fie  la  viande.  I^e  premier  consiste  dans  l'emploi  ilu  tioid;  le  se- 
cond est  fondé  sur  la  dessiccation  rationnelle  de  la  viande  dans  le  vide. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  les  questions  relatives 
à  l'alimeutation.) 

M.  Cil.  Teu.ier  adresse  nue  nouvelle  Note  relative  à  l'cMnpIoi  du  froid 
|ioiu-  les  amputations. 

(Ilenvoi  à  la  Cntumissiou  précédemment  nommée.) 


,:  8o7  ) 
L'Académie  reçoit,  de  M.  Ch.  Delcourt,  une  Note  accompagnée  d'un 
dessin,  sur  un  projet  d'aérostat  dirigeable;  de  M.  J.  Beu.ms,  diverses  pièces 
relatives  à  la  navigation  aérienne;  de  M.  A.  Brachet,  une  nouvelle  Note 
relative  à  l'aéroslation  ;  de  M.  Palmard,  un  projet  de  construction  des  bal- 
lons en  ieuilles  d'alutnininm. 

(Ces  diverses  Communications  sont  renvoyées  à  la  Commission 
précédemment  nommée.) 

CORRESPONDANCE 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  chaleur  spécifique  des  (joz  sous  volume  consùiiit. 
Note  de  M.  J.  3Ioutier. 

«  C)n  doit  à  M.  Regnault  une  méthode  précise  pour  mesurer  la  chaleur 
spécifique  des  gaz  sous  pression  constante,  mais  jusqu'ici  ou  a  déduit  la 
chaleur  spécifique  d'un  gaz  sous  volume  constant  du  rapport  des  deux  cha- 
leurs spécifiques  en  prenant  pour  point  de  départ,  soit  la  loi  de  détente 
des  gaz,  soit  la  formule  de  la  vitesse  du  son.  I.a  correction  introduite  par 
Laplace  dans  la  formule  primitivement  donnée  par  Newton,  consiste  à  te- 
nir compte  de  la  chaleur  dégagée  dans  la  compression  du  gaz  en  évaluant 
l'excès  de  pression,  qui  résulte  de  la  condensation  du  gaz,  non  plus  d'après 
la  loi  de  Mariotte,  ce  qui  supposait  la  température  constante,  mais  d'après 
la  loi  même  de  détente  du  gaz.  Cette  dernière  loi  s'obtient  aisément,  si  l'on 
suppose  le  gaz  soumis  aux  lois  de  Mariotte  et  de  Gay-Lussac,  et  si  l'on  ad- 
met que  le  travail  intérieur  soit  insensible  pendant  la  détente;  ces  hypo- 
thèses sont  tres-voisines  de  la  vérité  pour  les  gaz  simples  permanents  ou 
pour  les  gaz  composés  formés  sans  condensation  des  éléments,  mais  elles 
cessent  d'être  admissibles  pour  les  autres  gaz,  de  sorte  que  la  chaleur  spé- 
cifique sous  volume  constant  est  actuellement  inconnue  pour  un  grand 
nombre  de  gaz. 

»  La  théorie  mécanique  de  la  chaleur  conduit  à  une  solution  de  cette 
question,  indépendante  de  toute  hypothèse  sur  les  propriétés  des  gaz. 

»  On  sait,  d'une  manière  générale,  que  la  chaleur  spécifique  sous  pres- 
sion constante  C,  la  chaleur  spécifique  sous  volume  constant  c,  et  la  cha- 
leur latente  de  dilatation  l  sont  liées  par  la  relation 

C  =  c  +  /  - , 

dl 
G.  K.,  iS^o,  2«  Semeslre.  (T.  l.X\I,  N"  ïô.)  '°" 


(  8o8  ) 
daiis  larJUelle  fiv  est  racCCoisseiiiefit  de  voluiue  qui  correspond  à  inle  élé- 
vatioii  di;  tetli|)t'rature  dt,  la  pression  extérieure  étant  supposée  constante. 
>>  D'autre  part,  le  principe  de  Carnot  fournit  pour  expression  de  la  clia- 
leu»-  lateiile  de  dilatation 

dt 

A  désignant  l'équivalent  calorifique  du  travail,  T  la  température  absolue, 
dp  l'accroissement  de  pression  relatif  à  une  élévation  de  température  dt, 
le  volume  étant  supposé  constant. 

»  Appliquons  ces  relations  générfties  â  iltte  triasse  de  gaz  ayant  pour 
poids  l'unité  et  occupant  le  voliune  t»  à  la  pression  p  et  à  la  température  t. 
Désignons  par  u^  le  volume  qu'occuperait  cette  masse  de  gaz  à  la  tempé- 
rature de  la  glace  fondante»  si  la  pression  p  restait  la  même;  par  r?o  1''  pres- 
sion qu'exercerait  cette  même  masse  de  gaz  à  la  température  de  la  glace 
fondante,  si  le  volume  v  restait  invariable,  et  enfin  par  a  et  a'  les  coeffi- 
cients de  dilatation  du  gaz  sous  la  pression  constante  p  et  sous  le  volume 

constant  c, 

v  —  Ua{\  +  cr.t),     p  =  7St,{ï  -h  a't), 

(Iv  Ci.  dp  I  a! 

dt  "  l-\-  (it         dt  "  '     I  -)-  a! t 

»  Si  l'on  reporte  ces  valeurs  dans  les  deux  premières  équations  et  si  l'on 
élimine  /,  on  obtient  finalement 


(0  C  =  f  +  KTpv  - 


X 


xf  1  -t-  a't 


»  Cette  relation  fait  connaître  immédiatement  la  chaleur  spécifique  d'un 
gaz  sous  volume  constant  à  la  température  /  et  à  la  pression  /),  lorscjuc  l'on 
a  mesuré  : 

»    i"  I.a  cbaleur  spécifique  du  gaz  sons  la  pression  constante  p; 

»  u"  Le  volume  occujié  par  l'unilé  de  poids  du  gaz  ou  la  densité  du 
gaz; 

»    3°  Le  coefficient  de  dilatation  du  gaz  sous  la  pression  constante  p; 

«   l\"  Le  coefficient  de  dilatation  dii  gaz  sons  le  volume  constant  i^. 

»  La  détermination  de  la  chaleui"  spécifique  d'un  gaz  sous  vol  mue  con- 
stant se  trouve  donc  ramenée  à  la  détermination  de  quatre  éléments,  qui 
sont  actuellement  connus  jionr  un  assez  grand  nombre  de  gaz,  grâce  aux 
recliercbes  de  M.  Régna ul t. 

»   La  relation  précédente  donne  lieu  à  quelques  remarques.  Si  l'on  ap- 


(  Ho9) 
pelle  Cg  le  volume  occupé  par  le  gaz  à  la  pression  yj  et  à  la  température  T„ 
de  la  glace  fondante,  on  a 

(a)  C  =  c  + ATo^Po^a'- 

»  Si  l'on  suppose  le  ga:c  parfait,  les  deux  coefficients  a,  a'  ont  pour  va- 
leur commune  l'invprse  de  T^,  et  alors 

(3)  G  z=  c  -h  A/M'„a. 

"  On  retrouve,  dans  ce  cas  particulier,  l'équation  qui  a  permis  à  M.  J.-R. 
Mayer  d'obtenir,  dès  1842,  la  valeur  de  l'équivalent  mécanique  de  la  cha- 
leur. Les  valeurs  de  cet  équivalent,  calculées  au  moyen  des  déterminations 
de  M.  Regnault,  sont  sensiblement  concordantes  pour  l'air,  l'hydrogène, 
l'oxygène  et  l'azote,  lorsque  l'on  déduit  en  outre  le  rapport  des  deux  cha- 
leurs spécifiques  de  la  loi  de  délente  des  gaz  ou  de  la  formule  de  la  vitesse 
du  son;  il  n'en  est  plus  de  même  pour  les  autres  gaz. 

»  Il  est  aisé  de  voir  que  la  relation  précédente  doit  conduire  à  tine  va- 
leur de  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur  d'aulant  moins  exacte  que  le 
coefficient  de  dilatation  du  gaz  sous  volume  constant  a  une  valeur  plus 
considérable,  en  sïipposant  même  la  chaleur  spécifique  sous  volume  con- 
stant déterminée  avec  beaucoup  d'exaclilude.  Désignons  en  effet  par  A, 
l'équivalent  calorifique  du  travail  déduit  de  la  dernière  relation, 

C  =  <:  +  A,/nva, 
A,  =  AToK'     ou     a,  —  a  =  a  («"!(,  —  i). 

»  L'écart  entre  ces  deux  valeurs  est  donc  d'autant  plus  grand,  que  le 
coefficient  de  dilatation  du  gaz  sous  volume  constant  s'écarte  davantage 
de  la  valeur  qui  convient  aux  gaz  parfaits. 

))  Dans  les  gaz  liquéfiables,  eii  général,  le  travail  intérieur  cesse  d'être 
négligeable.  Si  l'on  désigne,  avec  M.  Clausius,  par  K  la  chaleur  spécifique 
absolue,  indépendante  de  l'état  physique,  par  y  la  chaletw  consommée  en 
travail  interne  lorsque  la  température  s'élève  de  i  degré  sous  pression  con- 
stante, par  y'  la  chaleur  consommée  en  travail  interne  lorsque  la  tempéra- 
ture s'élève  de  i  degré  sous  volume  constant, 

C  =  K  -t-  A{n\,c(  -h  y, 

et,  par  suite, 

7  —  7'  =  C  —  C  -  A/w„a  —.  Ap'o  a  (a'T„  —  r). 

1 08. 


(   8io  ) 

»  On  voit  que  la  diffV'reiice  entre  les  valeurs  du  trav:iil  inirrieur  lorsque 
le  gaz  so  dilate  sons  pression  constante,  ou  sous  volume  constant  est  une 
fraction  du  travail  externe  d'autant  plus  grande  que  le  coefficient  de  dila- 
tation du  gaz  sous  volume  constant  s'écarte  davantage  de  la  valeur  re- 
lative aux  gaz  parfaits. 

»  Si  l'on  suppose  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur  connu,  la  rela- 
tion (3)  permet  de  déterminer  la  chaleur  spécifique  du  gaz  sous  volume 
constant  avec  une  approximation  dont  il  est  aisé  de  se  rendre  compte. 
Désignons  par  c,  la  valeur  de  la  chaleur  spécifique  sous  volume  constant 
déduite  de  la  relation  (3) 

C  =  c,  +  Api'oC/., 

c,  —  c  —  AjH'oCf  (a'To  —  i). 

»  L'écart  entre  ces  deux  valeurs  est  très-faible  pour  l'hydrogène,  l'air, 
l'azole,  l'oxygène,  l'oxyde  de  carbone,  mais  il  devient  sensible  pour  l'acide 
carbonique. 

»  Pour  ce  dernier  gaz,  d'après  les  expériences  de  M.  Regnault,  la  cha- 
leur  spécifique    sous    la    pression    de    l'atmosphère   à   o' est  C  =  o,  1870, 

a=  o,oo3G88,  a  =  0,003710;  si  l'on    remplace   A  par  7^,  ï„  par  273, 

p  par  io333,  i>o  par  ^  ^  32  x  i  5->q'  ""  ^'''f'"^"^  ^'^  '^  relation  {1)  c  =  o,\/\i 
et  poiu'  le  rapport  des  deux  chaleurs  spécifiques  à  zéro  sous  la  pression  de 
l'atuiosphère,  on  obtient 

-  =  1 ,  iab. 

r 

»  Le  coefficient  de  détente  de  l'acide  carbonique,  qui  serait  égal  à  i  ,3o 
d'après  Masson  ou  à  1,291  d'après  les  expériences  de  M.  Cazin,  différe- 
rait donc  sensiblement  du  rapport  des  deux  chaleurs  spécifiques.  » 

CHIMIE  INDUSTRIKLLE.  —  Sur  la  prépamliou  de  l'osséinc  cl  de  la  ijëloline. 

Note  de  M.  Alf.  Uiche. 

«  Depuis  le  jour  où  M.  Dumas  a  entretenu  l'Académie  de  l'utilité  que 
présenterait,  au  point  de  vue  de  l'alimentation,  le  parenchyme  des  os,  et 
où  il  conseillait  d'en  entreprendre  en  grand  la  préparation,  il  s'est  ouvert 
trois  usines  pour  la  fabrication  de  celte  matière,  avec  les  os  de  bœuf,  de 
mouton  et  de  cheval.  J'ai  pensé  qu'il  ne  serait  peut-être  pas  inulile  de  pu- 
blier quelques  expériences  que  |'ai  faites  sur  l'osséine  qu'on   trouve  dans 


(  8..   ) 
le   commerce,  parce  qu'elles  répondent  à  des  queslions  qne  M.  Freiiiy  a 
posées,  dans  ses  intéressantes  Communications  sur  ce  sujet. 

»  Il  me  paraît  indispensable  de  renoncer,  une  fois  l'acidulation  des  os 
terminée,  à  traiter  le  parenchyme  par  de  la  chaux,  comme  cela  se  pratique 
dans  certaines  fabriques,  parce  qu'il  reste,  dans  l'osséine,  de  la  chaux  solide 
qui  n'est  pas  enlevée  ensuite  par  le  lavage  à  l'eau,  en  raison  de  la  faible  so- 
lubilité de  cet  alcali.  En  effet,  M.  Fremy  ayant  bien  voulu  me  remettre 
une  certaine  quantité  d'osséine  préparée  et  purifiée  |^nr  cette  méthode,  j'ai 
reconnu  que,  jetée  dans  l'eau  froide,  elle  donne  au  bout  de  |)eu  de  temps 
un  liquide  qui  bleuit  le  tournesol,  et  que  si,  après  avoir  enlevé  cette 
eau,  on  fait  cuire  l'osséine,  on  obtient  un  bouillon  gélatineux  fortement 
alcalin. 

»  Ce  premier  essai  m'a  expliqué  jjourquoi  je  trouvais  à  la  gélatine  pré- 
parée avec  cette  matière  une  saveur  acre,  tandis  que  l'osséine  obtenue  à 
Javel  par  M.  Léon  Thomas  n'offre  rien  de  semblable. 

»  .l'ai  soumis  au  grillage  des  poids  égaux  d'osséine  purifiée  au  carbonate 
de  soude  et  à  la  chaux.  Tandis  que  la  première  ne  donne  que  6  à  8  mil- 
lièmes d'un  résidu  minéral  qui  est  insoluble  dans  l'eau,  la  seconde  fournit 
juscpi'à  5  pour  loo  .d'une  substance  dont  la  chaux  libre  constitue  une 
partie  notable.  Cette  différence  m'a  fait  comprendre  comment  il  se  fait  que 
l'osséine  de  M.  Thomas  s'attaque  rapidement  par  l'eau,  et  que  l'osséine  de 
M.  Bonneville  résiste  longtemps  à  son  action. 

»  Dans  une  réunion  de  la  Société  Chimique,  on  a  objecté,  contre  l'em- 
ploi de  l'osséine,  que  cette  matière  renferme  du  phosphate  de  chaux  à 
haute  dose,  lequel  pourrait  ne  pas  être  sans  inconvénient.  L'analyse  pré- 
cédente, en  montrant  que  l'osséine  bien  préparée  ne  contient  que  quelques 
millièmes  de  phosphates,  répond  à  cette  objection.  Si  du  phosphate  de 
chaux,  à  dose  minime,  peut  être  considéré  comme  sans  danger  ou  même 
comme  utile  à  l'économie,  il  ne  saurait  en  être  de  même  pour  les  quantités 
de  chaux  libre  signalées  plus  haut.  C'est  pourquoi  l'on  doit,  d'une  p:irî, 
renoncer  à  la  purification  par  la  chaux  telle  qu'on  l'exécute  dans  certaines 
fabriques,  et,  d'autre  part,  débarrasser  de  cette  chaux  l'osséine,  préparée 
par  ce  moyen,  qiii  est  la  plus  commune  aujourd'hui.  On  y  arrivera  facile- 
ment en  remplaçant  la  macération  à  l'eau  froide  |)ar  une  macération  avec 
de  l'eau  vinaigrée,  que  l'on  fera  suivre,  après  un  contact  de  huit  à  dix 
heures,  par  cinq  ou  six  lavages  à  l'eau  pure.  Comme  le  public  ne  peut  pas 
distinguer,  à  l'aspect,  celte  osséine  calcaire  de  l'osséine  ordinaire,  le  mieux 


(  8i2  ) 
serait  rie  faire  toujours  cette  préparation  préalable  qui  est  peu  dispendieuse 
et  d'une  exécution  tiès-simple. 

»  La  recommandation  d'employer  à  la  fabrication  de  l'osséine  les  os 
durs  est  excellente.  Néanmoins,  ils  offrent  l'inconvénient  d'exiger  un  sciage 
préalable,  c'est-à-dire  l'emploi  d'une  force  motrice  dont  on  doit  être  avare 
en  ce  moment.  S'ils  ne  sont  par  réduits  en  lames,  la  surface  est  désagrégée 
avant  que  l'acide  ait  pénétré  dans  le  centre,  et  il  faut  forcer  la  dose  d'acide, 
surtout  par  les  temps  froids  :  toutes  choses  qui  augmentent  les  frais  et  di- 
minuent le  rendement. 

»  La  pratique  a  montré  que  les  os  de  tête,  les  côtes,  les  vertèbres,  les 
cornillons  se  prêtent  aisément  à  la  fabrication.  Il  faut,  il  est  vrai,  les  dé- 
graisser avec  soin,  mais  aujourd  hui  que  les  graisses  de  bouche  sont  rares, 
divers  industriels,  et  notamment  MM.  Arlot  et  C"',  traitent  préalablement 
tons  les  os  pour  en  retirer  les  corps  gras.  Ceux-ci  se  vendent  depuis  plus 
d'ini  mois  aux  halles,  soit  à  l'état  de  liberté,  soit  associés  les  uns  aux  autres; 
car  on  a  observé  que  les  graisses  de  cheval,  mêlées  aux  graisses  de  bœuf  et 
de  n)Outon,  ont  le  double  avantage  de  rendre  celles-ci  plus  fluides,  et  (!e 
leur  conununiquer  une  odeur  douce  qui  a  quelque  analogie  avec  celle  «le 
la  graisse  d'oie. 

»  M.  Payen,  dans  ime  Communication  très-intéressante  au  Conseil  de 
Salubrité,  a  fait  justice  de  cette  opinion  qui  s'était  répandue,  que  les  os  de 
cheval  ne  se  prêtent  pas  à  l'extraction  de  la  gélatine;  M.  Thomas  et  M.  Du- 
chêne  en  fabriquent  de  grandes  quantités  depuis  une  quinzaine  de  jours 
et  n'ont  rien  observé  qui  justifie  cette  assertion.  » 

CUIMIK  INDUSTRIELLE.  —  Procédé  fie  pitrificnlinn  ries  suifs  hnih  fin  rnunntrce. 
Note  de  M.  J.  Casthei.az,  présentée  par  M.  Balard. 

«  L'intérêt  que  présentent  dans  ce  moment  les  questions  relatives  à  l'ali- 
mentation me  déterminent  à  soiunettre  à  l'Académie  un  procédé  écono- 
mique pour  la  purification  des  suifs  bruts  du  commerce. 

»  Les  suifs,  dits  de  cretons,  provenant  de  la  fusion  des  suifs  en  branches, 
contiennent  des  produits  de  fermentatioti  et  de  décomposition  de  matières 
animales  mal  .séparées  lors  de  la  fabrication,  de  l'acide  hirciqtie  et  des  pro- 
duits <l'oxydation  des  corps  gras  entrant  dans  leur  compf)sifion. 

»  Les  suifs,  dits  à  l'acide,  obtenus  en  traitant  les  suifs  en  branches  par 
l'acide  sulfurique,  pour  décomposer  les  matières  animales  étrangères,  cou- 


(  Hi^) 
tiennent  des  acides  sulfogias,  des  acides  gras  et,  comme  les  précédents,  des 
produits  de  décomposition  ou  d'oxydation  des  corps  gras. 

»  L'odeiu"  infecte  qui  accompagne  toujours  les  suifs  de  cotuuierce, 
variable  suivant  leur  provenance,  leur  âge,  ou  les  soins  de  fabrication,  les 
rend  impropres  à  l'alimentation.  Les  acides  minéraux  ou  organiques  étran- 
gers, les  acides  sulfogras  et  gras,  les  corps  gras  oxydés  que  contiennent 
toujours  les  suifs  en  rendent  l'emploi  répugnant  et  même  nuisible.  Dans 
ces  conditions,  en  raison  du  siège,  en  présence  des  quantités  considérables 
de  suifs  qui  se  trouvent  dans  Paris,  il  devenait  intéressant  d'en  extraire 
la  partie  saine,  c'est-à-dire  les  corps  gras  non  altérés,  potir  les  utiliser  à 
l'alimentation  si  le  besoin  s'en  fait  sentir. 

»  Après  des  essais  infructueux,  en  suivant,  il  est  vrai,  les  voies  tracées 
déjà,  lavages  à  l'eau,  traitements  à  l'acide  sulfurique,  au  bichromate  de 
potasse,  au  chlore  même  (utilisé  bien  à  tort,  puisqu'il  donne  facilement 
naissance  à  des  produits  gras  chlorés),  fusion,  ébuUition,  tiltration,  etc.,  je 
suis  arrivé  à  un  procédé  plus  rationnel,  économique  en  même  temps  qu'in- 
dustriel. Il  est  fondé  sur  la  saturation  ou  la  dissolution  des  acides  miné- 
raux ou  organiques  étrangers,  des  acides  sulfogras  ou  gras  par  le  carbo- 
nate ou  bicarbonate  de  soude  et  sur  l'émulsion  des  corps  gras  oxydés  qui 
est  plus  facile  et  plus  persistante  que  celle  des  corps  gras  neutres. 

»  Ce  procédé  consiste  à  émulsionner  les  suifs  dans  une  solution  faible 
de  cristaux  de  soude,  à  séparer  par  l'eau,  à  laver  les  corps  gras  et  à  répé- 
ter deux  ou  trois  fois  cette  opération  suivant  la  qualité  et  l'aualvse  des 
suifs  mis  en  travail. 

»  Le  premier  traitement  se  fait  ainsi  :  prendre  loo  parties  de  suif  brut, 
loo  parties  d'eau  à  l'èbullition,  de  manière  à  obtenir  la  liquéfaction  du 
suif;  verser  4  parties  de  carbonate  de  soude  cristallisé,  dissous  dans  ao  par- 
ties d'eau;  opérer  à  une  température  supérieure  au  point  de  fusion  du 
suif;  agiter  jusqu'à  émulsion  complète;  porter  à  l'ébidlition.  Ou  ajoute 
4oo  parties  d'eau  en  continuant  l'agitation.  On  laisse  déposer;  on  siphone 
les  eaux  qui  se  trouvent  à  la  partie  inférieure  du  vase;  on  recueille  les  corps 
gras  qui  surnagent  :  comme  ils  contiennent  encore  du  carbonate  sodique, 
on  ajoute  loo  parties  d'eau  ;  on  les  émulsionne  de  nouveau  et  on  les  relave 
avec  4oo  parties  d'eau  à  l'èbullition.  Les  meilleurs  suifs  doivent  être  trai- 
tés ainsi  deux  fois  au  moins,  et  la  plupart  des  suifs  du  commerce  trois  fois. 

»  Pour  les  seconds  traitements,  les  proportions  du  carbonate  de  soude 
employé  varient  de  4  à  2  pour  100;  pour  les  troisièmes,  elles  sont  moin- 
dres et  varient  de  3  à  a  pour  100. 


(  «'4  ) 

»  L'opération  se  coDtiniie,  soit  par  un  simple  lavage  à  l'eau,  soit  par  un 
lavage  avec  de  l'eau  contenant  i  i)our  loo  d'acide  chlorliydrique  et  un 
nouveau  lavage  poin-  enlever  les  dernières  traces  de  sel  sodique  ou  d'acide. 

»  Tous  les  lavages  doivent  être  faits  à  l'oau  chaude,  et  les  liquides  main- 
tenus à  l'ébuUition  pendant  un  quart  d'heure  ou  une  demi-heure.  Celte 
ébuUition  est  utile  jjour  entraîner  certains  produits  volatils  acides,  salins 
ou  basiques.  Les  eaux  du  premier  traitement  entraînent  la  majeure  partie 
des  acides  étrangers,  des  acides  sulfogras  et  gras;  il  est  facile  de  s'en  con- 
vaincre en  saturant  le  sel  sodique  par  quelques  gouttes  d'acide  sulfurique; 
il  se  dégage  une  odeur  très-désagréable  d'acide  hircique,  de  graisses  ran- 
cies,  tout  à  fait  caractéristique. 

»  L'application  industrielle  de  ce  procédé  est  très-simple  :  des  cuves  en 
bois,  munies  d'agitateurs  mécaniques  et  chauffées  par  un  barbotage  de 
vapeur,  suffisent  pour  ces  traitements.  Les  précautions  à  prendre  sont  les 
suivantes  : 

»  Pour  éviter  les  sels  gras  calcaires,  il  vaut  mieux  employer  de  l'eau 
distillée  provenant  des  générateurs  ou  des  vapeurs  perdues;  à  défaut,  des 
eaux  dont  on  a  précipité  les  sels  de  chaux  par  le  carbonate  de  soude. 

»  Il  faut  réunir  les  eaux  de  réaction  des  cristaux  de  soude  sur  les  suifs, 
les  saturer  par  l'acide  cldorhydrique  ou  sulfurique,  et  lecueillir  ainsi  les 
acides  gras  dissous  ou  les  corps  gras  entraînés.  Ces  produits  peuvent  servir 
soit  pour  la  savonnerie,  soit  pour  la  fabrication  de  l'acide  stéarique. 

»  Les  perles  sont  insignifiantes,  puisque  les  suifs  ont  été  dédoublés  en 
acides  gras  de  qualité  inférieure,  très-odorants,  mais  utilisables,  et  en  corps 
gras  neutres  assez  purs  pour  être  admis  dans  l'alimentation. 

»  Les  corps  gras  ainsi  purifiés  ont  perdu  l'odeur  lance  et  désagréable 
du  suif,  et,  s'ils  conservent  encore  une  légère  odeur  de  graisse,  celte  odeur 
disparaît  à  la  cuisson.  La  meilleure  manière  de  les  employer,  c'est  de  les 
utiliser  en  friture  pour  pommes  de  terre,  beef-steaks,  horse-steaks  ou  autres 
viandes  ou  aliments  cuits  à  la  poêle. 

»  Bien  des  suifs  simplement  chauffés  et  fondus,  contenant  des  acides 
gras  libres  ou  d'autres  impuretés,  sont  vendus  à  prix  élevé  sous  le  nom  de 
graisse  do  boeuf.  Si  les  acides  gras  les  rendent  nuisibles,  il  importe  d'en  re- 
coiuiaîlre  facilement  la  qualité,  et,  en  suivant  un  procédé  d'essai  conforme 
à  mou  mode  de  purification  arrêté  au  premier  traitement,  l'examen  seul 
des  eaux  peut  donner  en  peu  d'instants  une  indication  suffisante  de  la  qua- 
lité de  ces  graisses.  » 


(  8'5) 
K  M.  BussY,  à  l'occasion  delà  Communication  qui  précède,  croit  devoir 
rappeler  que  depuis  longtemps  M.  Evrard,  chimiste  à  Douai,  a  proposé 
d'euiployer  les  solutions  alcalines  faibles  à  la  purification  du  suif.  Une 
fonderie  de  suif  en  branches  a  fonctionné  d'après  ce  procédé  pendant  plu- 
sieurs années,  à  Paris,  et  produisait  un  suif  d'une  blancheur  et  d'une  pu- 
reté exceptionnelles,  dépourvu  de  l'odeur  que  répand  le  suif  préparé  par 
les  moyens  ordinaires.  » 

«  M.  Paven  cite,  à  l'appui  des  indications  données  par  M.  Bussy,  les  faits 
dont  il  a  été  lui-même  témoin,  et  qui  établissent  clairement  les  droits  de 
priorité  de  M.  Evrard  sur  le  procédé  d'épuration  des  suifs  dont  il  vient 
d'être  question. 

»  Cet  habile  et  inventif  chimiste,  manufacturier  dans  l'usine  qu'il  avait 
fondée  à  Douai,  et  dont  M.  Payen  a  suivi  avec  intérêt,  pendant  toute  une 
journée,  les  opérations  parfaitement  combinées,  s'était  proposé  le  double 
but  qu'il  sut  atteindre  d'extraire  directement  hs  matières  grasses,  tout  en 
les  épurant,  des  tissus  adipeux  des  bœufs  et  des  moutons. 

»  Ces  tissus  bruts,  dits  suif  en  branches^  tels  qu'ils  arrivaient  des  abattoirs, 
étaient  placés  dans  une  chaudière  à  double  fond  troué,  à  demi  pleine  d'une 
faible  solution  aqueuse  de  soude  caustique. 

»  Le  degré  du  liquide  alcalin  était  réglé  de  telle  façon  que  la  partie  la 
moins  résistante  des  membranes  adipeuses  se  trouvait  seule  attaquée,  ces 
membranes  ainsi  criblées  de  minimes  ouvertures  devenaient  perméables; 
dès  lors  en  exerçant,  par  un  simple  mécanisme  et  à  l'aide  d'un  deuxième 
faux-fond  mobile  troué,  une  pression  graduée  convenablement,  on  faci- 
litait l'issue  de  la  matière  grasse  fluide  au  travers  des  membranes;  ame- 
nant le  liquide  gras  surnageant  au  niveau  d'un  robinet  spécial,  la  décan- 
tation s'effectuait  très-facilement  dans  une  troisième  chaudière  inférieure 
de  dépôt. 

»  Quant  au  liquide  alcalin  contenant  la  portion  des  substances  azotées 
dissoutes,  l'inventeur  se  proposait  de  les  utiliser  en  irrigations  fécondantes; 
mais  dabord,  afin  de  démontrer  par  le  fait  même  que  son  procédé  épurait 
réellement  les  matières  grasses,  i\  effectuait  la  saturation  de  la  solution 
alcaline,  et  parvenait  ainsi  sans  [)eine  à  mettre  en  liberté  des  acides  gras, 
fixes  et  volatils  qui ,  soigneusement  recueillis,  offraient  des  produits  odo- 
rants rappelant  l'odeur  spéciale  des  suifs  de  boeufs  ou  de  moutons,  suivant 
que  les  tissus  adipeux  traités  provenaient  de  l'une  ou  l'autre  de  ces  espèces 

C.  R.,  iS'jo,  2»  Semestre.  (T.  LXXI,  IS"  23.)  '«9 


(8i6) 

animales  :  ces  acides  gras  étaient  utilisés  clans  la  fabrication  des  savons 
communs. 

»  Les  matières  grasses  ainsi  épurées  pouvaient  dès  lors  être  subslitnées, 
pour  divers  usages  économiques,  soit  de  la  pharmacie  o\\  de  la  parfumerie, 
à  la  graisse  de  veau  naturellement  exempte  d'odeur  désagréable,  et  à 
laquelle,  jusqu'à  un  certain  point,  elle  était  comparable. 

»  M.  Payen  ajoute,  en  terminant,  que  le  procédé  de  M.  Evrard  se  trouve 
décrit  dans  plusiein-s  éditions  de  la  Chimie  industrielle,  notanunent  dnns  la 
cinquième  (i).  » 

«  M.  Balard,  en  remerciant  MM.  Bussy  et  Payen  de  leurs  observations, 
répond  que  le  procédé  de  M.  Evrard,  qu'il  regrette  de  ne  plus  voir  employer 
aujourd'hui  comme  il  l'a  été  dans  le  temps,  lui  était  bien  connu;  mais  que 
le  traitement  par  les  alcalis  caustiques  imaginé  par  cet  indtistriel  avait  sur- 
tout en  vue  l'action  de  cet  agent  sur  la  membrane,  de  manière  à  rendre 
l'écoulement  du  suif  plus  facile.  C'était,  en  réalité,  un  procédé  perfectionné 
de  fonte  du  suif,  et  l'on  peut  dire  qu'il  donnait  ce  produit  d'une  qualité 
meilleure  par  siirérogation.  La  méthode  que  conseille  M.  Casthelaz  en  se 
contentant  de  carbonate  de  soude,  au  lien  de  soude  caustique,  pour  l'épu- 
ration d'un  suif  déjà  extrait,  conservé  depuis  longtemps,  et  altéré  dans  son 
odeur  et  sou  goût  par  tant  de  causes,  lui  paraît  être  un  peu  distincte,  dans 
son  mode  d'exécution  et  dans  son  but,  de  celle  de  M.  Evrard.  Dans  tous 
les  cas,  il  import(>  de  rappeler  tout  ce  qui  concerne  ces  questions,  au  mo- 
ment où  des  quantités  considérables  de  ces  suifs,  extraits  depuis  longtemps 
et  destinés  à  d'autres  usages,  peuvent  devenir  nécessaires  pour  l'usage 
culinaire,  et  augmenter  ainsi  nos  ressources  en  une  nature  d'aliment  qui 
peut  en  faire  consommer  d'autres  existant  à  Paris  en  plus  grande  abon- 
dance.  « 

M.  GuYOT  jjropose  un  nouveau  système  télégraphique,  applicable  aux 
places  assiégées.  L'Académie  décide  que  la  publication  doit  en  être  ajour- 
née, tous  les  droits  de  l'auteur  étant  réservés.  Le  système  de  M.  Gnyot 
pouvant  être  mis  en  usage,  il  y  aurait  inconvénient  à  le  divulguer, 

M.  L.  CiiARMOLiiK  adresse  une  Note  destinée  à  établir  qu'il  avait  indiqué 
déjà,  dès  le  23  novembre  dernier,  remi)!oi  du  bois  pour  la  fabrication  d'un 


(i)  f^oyez  p,  771  (lu  If  volume. 


(  «'7  ) 
gaz  d'éclairage  :  pour  augmenter  le  pouvoir  éclairant  du  produit  que  four- 
nirait le  bois  seul,  il  propose  d'y  joindre,  soit  les  résidus  de  la  distillation 
des  huiles  de  pétrole,  soit  ces  huiles  elles-mêmes,   soit  des   bitumes,  soit 
(les  débris  animaux. 

La  séance  est  levée  à  /j  heures  et  demie.  D. 


ERRATA. 

(Séance  du   28  novembre  1870.) 

Page  761,  ligne   17,  au  lieu  de  séparé  de  la  baryte  et  de  l'état  hydraté,  lisez  séparé  de 
la  baryte,  et  à  l'état  hydraté. 

Page  764,  ligne  1 1,  au  lieu  de  {/+  g)'  +  4 (/^  _  «  =  ) ,   Usez  (/+  gf  >  ^(fg  _  «») . 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI   12  DÉCEMBRE  1870. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOUVILLE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

«  M.  Chevreul  avait  retenu  la  parole  pour  communiquer  quelques  notes 
sur  l'histoire  de  la  gélatine,  mais  la  réponse  de  M.  Fremy  l'oblige  à  remettre 
sa  Communication  à  huit  jours.  11  répondra  catégoriquement  à  ce  passage 
du  Compte  rendu  : 

«  Que  ceux  qui,  aujourd'hui  comme  il  j  a  trente  ans,  critiquent  l'emploi 
»  alimentaire  du  TISSU  GÉLATINEUX  songent  aux  circonstances  graves  que  nous 
M  traversons,  et  qu'ils  redoutent  de  prendre  la  responsabilité  d'une  opposi- 
»    TION  QUI  POURRAIT  ÊTRE  FUNESTE  A  LA  POPULATION  PARISIENNE.   » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  l'expédition  de  M.  Janssen  ;  par  M.  Faye. 

«  Quelques  journaux  ayant  paru  s'étonner  qu'au  milieu  des  circon- 
stances graves  où  se  trouve  notre  pays  le  Gouvernement  ait  conGé  à 
M  Janssen  la  mission  d'aller  observer  une  éclipse,  j'ai  cru  qu'il  ne  serait 
pas  inutile  de  donner  ici  quelques  explications  sur  l'importance  du  but  qu'il 
s'agit  d'atteindre. 

»  On  sait  que,  dans  ces  dernières  années,  la  théorie  physique  du  So- 
leil a  été  l'objet  principal  des  efforts  réunis  des  astronomes  et  des  phy- 
siciens. Il  ne  faut   pas  s'en  étonner  :   outre  l'intérêt,  pour  ainsi  dire  im- 

C.  R.,  1870,  2'  Semestre.  (T.  LXXI,  Pi»  24.)  I  I  « 


(    820    ) 

médiat,  que  présente  pour  nous  l'étude  de  l'astre  central  de  notre  sys- 
tème planétaire,  le  Soleil  est  en  quelque  sorte  le  type  de  la  formation  la 
ijIus  répandue  dans  l'univers.  Étudier  le  Soleil,  c'est  étudier  eu  même 
temps  toutes  les  étoiles  qui  brillent  au  ciel,  qui  ont  même  origine,  et  qui 
passent  par  les  mêmes  phases  de  développement,  pour  aboutir  sans  doute 
au  même  terme  final.  La  découverte  de  l'analyse  spectrale  nous  a  ouvert, 
pour  cette  étude,  des  voies  inespérées;  l'un  de  ses  plus  beaux  résultats  est 
assurément  la  découverte  de  cette  mince  enveloppe  d'hydrogène  qui 
entoure  le  Soleil,  mais  qui  répond  si  peu  aux  idées  qu'on  s'était  faites, 
depuis  longtemps,  sur  une  vaste  et  puissante  atmosphère  dont  beaucoup 
d'astronomes  l'avaient  doté.  Aujourd'hui,  grâce  à  M.  Janssen  et  à  son  émule 
anglais  M.  Lockyer,  on  observe  journellement  les  phénomènes  étranges 
(pie  nous  présente  la  chromosphère,  et  peut-être  en  aurions-nous  déjà  la 
clef,  si  de  graves  événements  n'étaient  venus  détourner  presque  tous  les 
esprits  des  recherches  de  science  pure. 

M  Mais  qu'y  a-t-il  au  delà  de  cette  chromosphère  colorée  des  teintes 
rosées  de  l'hydrogène  incandescent?  Le  Soleil  finit-il  là?  Est-ce  là  que 
commence  la  région  où  la  matière  indé[)endante  circule  simplement  au- 
tour du  Soleil,  sans  faire  corps  avec  lui,  c'est-à-dire  la  région  des  planètes 
et  des  comètes?  La  question  est  capitale  et  non  encore  résolue.  C'est  celle 
dont  M.  Janssen  va  chercher  la  solution  dans  l'Afrique  française,  tandis  que 
les  astronomes  italiens  se  sont  déjà  préparés  à  l'attaquer  en  Sicile,  et  les 
astronomes  anglais,  russes  ou  allemands  en  Espagne,  à  la  même  date  et  au 
même  moment,  le  22  de  ce  mois.  Ils  n'auront  que  deux  minutes  pour  abor- 
der le  problème,  car  telle  est  la  durée  de  cette  éclipse  totale.  Sans  blesser 
aucune  susceptibilité,  sans  méconnaître  le  mérite  éminent  des  observateurs 
de  tous  pays  qui  vont  s'échelonner  le  22  décembre  sur  le  trajet  de  l'ombre 
lunaire,  armés  de  leurs  spectroscopes,  je  crois  pouvoir  dire  que  ce  serait 
un  malheur  pour  la  science  universelle,  si  M.  Janssen  y  manquait,  et  que,  si 
les  savants  étrangers  devaient  désigner  celui  de  leurs  collègues  de  tous  pays 
dont  la  présence  serait  le  plus  désirable,  en  cette  occasion  peut-être  déci- 
sive, ils  s'accorderaient  tous  à  prononcer  le  nom  de  celui  à  qui  nous  devons 
la  mémorable  découverte  du  mois  d'août  1868,  que  le  télégraphe  des  Indes 
anglaises  annonçait  le  lendemain  à  Paris. 

»  La  solution  est  importante,  en  effet  :  elle  achèvera  de  nous  fixer  sur 
la  constitution  de  notre  système  solaire;  elle  lira  disparaître  une  foule 
d'hypothèses  plus  ou  moins  arbitraires,  qui  empêchent  encore  aujoiud'hui 
cette  branche  de  la  science  de  revêtir  le  caractère  positif  des  autres  branches. 


(  82r  ) 
Il  esl  certain  qu'il  existe  de  la  matière  à  proximité  du  Soleil;  raiiréole  des 
éclipses  avec  sa  lumière  régulièrement  polarisée  en  est  une  preuve  indubi- 
table. Mais,  cette  matière,  est-ce  celle  d'une  grande  atmosphère  gazeuse 
placée  au-dessus  de  la  chroinosphère?  Alors  il  faudrait  qu'elle  fût  consti- 
tuée par  nn  gaz  plus  léger  encore  que  l'hydrogène;  car  les  éruptions 
gigantesques  d'hydrogène  incandescent  qui  s'élèvent  de  celte  région  ne 
tardent  pas  à  retomber  vers  la  chromosphère,  au  lieu  de  monter  continuel- 
lement comme  elles  le  feraient  dans  des  couches  formées  d'un  autre  gaz 
plus  lourd.  S'il  en  était  ainsi,  la  nouvelle  analyse  inaugurée  par  M.  Rirch- 
hoff  nous  révélera  la  nature  de  ce  gaz  par  les  raies  particulières  qu'il  fera 
naître  dans  le  spectre  de  l'auréole.  Mais  cette  matière  circumsolaire  ne  se- 
rait-elle pas  plutôt  due  à  l'enchevêtrement  de  ces  myriades  d'anneaux  de 
matériaux  cosmiques  qui  circulent  autour  du  Soleil  en  produisant  pour 
nous  le  phénomène  des  étoiles  filantes,  ou  encore  aux  effluves  cométaires 
dont  une  partie  doit  décrire  en  tous  sens,  autour  du  Soleil,  des  ellipses 
plus  ou  moins  allongées?  Dans  ce  cas  encore,  le  spectroscope  nous  déci- 
dera, parce  que  la  lumière  réfléchie  par  ces  corpuscules  rassemblés  et  con- 
densés vers  leur  périhélie  devra  présenter  tous  les  caractères  de  celle  du 
Soleil.  Reste,  il  est  vrai,  le  chapitre  de  l'imprévu,  car  nos  prévisions  et  nos 
théories  deviennent  bien  incertaines  dans  ces  régions  limites;  en  tous  cas, 
nous  pouvons  compter  sur  M.  Janssen  pour  ce  chapitre-là. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  voici  en  présence  de  l'observation  la  plus 
délicate  et  la  plus  difficile  que  l'on  puisse  concevoir  aujourd'hui. 

»  Un  observateur  habile  risque  d'y  échouer  complètement,  s'il  ne  s'est 
préparé  d'avance  à  toutes  les  éventualités.  Que.l'on  songe  à  la  courte  durée 
de  cette  éclipse,  et  l'on  comprendra  qu'il  ne  suffit  pas  ici  de  l'habileté  d'a- 
nalvse  incroyfible  qu'ont  acquise,  sur  des  phénomènes  permanents  et  per- 
sistants, d'éminenis  observateurs  tels  que  Huggins,  Lockyer,  Secchi,...:  il 
faut  encore  s'être  familiarisé  comme  M.  Janssen,  par  des  expéditions  anté- 
rieures, avec  des  phénomènes  essentiellement  fugitifs;  il  faut  avoir  comme 
lui  cette  inspiration  soudaine  qui  porte  à  modifier  ou  à  remplacer  '.i  l'instant 
un  appareil  trouvé  insuffisant  au  moment  décisif;  il  faut  posséder  enfin  une 
connaissance  approfondie  et  surtout  imparlialc  de  toutes  les  théories  qui 
peuvent  guider  ou  aider  l'observation. 

))  C'est  pourquoi  j'ose  dire  que  les  observateurs  de  toutes  nations  qui  se 
sont  donnés  rendez-vous  le  22  décembre  dans  le  midi  de  l'Europe  regret- 
teraient vivement  l'absence  de  notre  délégué;  ils  seront  heureux,  au  con- 
traire, d'apprendre  de  lui  que  la  France,  malgré  ses  désastres  passagers,  n'a 

1  10.. 


(    822    ) 

pas  voulu  se  désintéresser,  en  cette  occasion,  d'un  mouvement  scientifiqut 
auquel  elle  a  toujours  pris  tant  de  part. 

»  Pour  moi  je  voudrais  que  ces  rapides  explications  contribuassent  à 
faire  sentir  au  public  que  le  Gouvernement  n'a  pas  cédé  à  de  minces  consi- 
dérations en  accuedlant  le  vœu  de  l'Académie,  et  en  accordant  à  notre  émi- 
nent  missionnaire  les  moyens  de  représenter  la  science  française  dans  une 
circonstance  décisive  où  notre  abstention  eût  été  à  la  fois  remarquée  et  re- 
grettée; je  le  remercie  d'avoir,  à  l'avance,  garanti  le  passage  de  M.  Janssen 
(Ml  donnant  à  son  excursion  un  caractère  exclusivement  scientifique.   » 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Hippophagie;  graisses,  huiles  alimentaires  et  subslances 
gélatineuses  des  tissus  et  des  os  du  bœuf  et  du  cheval;  par  M.  Payen. 

«  L'hippophagie,  en  honneur  chez  plusieurs  nations  dans  les  anciens 
lemps,  s'est  propagée  parmi  différents  peuples  jusqu'à  nos  jours;  appliquée 
avec  un  remarquable  succès  par  le  grand  chirurgien  militaire  Larrey,  de 
l'Institut,  elle  a  été  vivement  recommandée  dans  les  écrits  et  les  conférences 
publiques  de  notre  ancien  confrère  Isidore  Geoffroy.  M.  Decroix,  vétéri- 
naire habile,  a  repris  cette  œuvre  avec  un  zèle,  une  activité  et  une  persé- 
vérance qu'on  ne  saurait  trop  louer,  et  notre  confrère  M.  de  Quatrefages, 
au  nom  de  la  Société  protectrice  des  animaux,  lui  a  donné  son  puissant 
concours.  Déjà  cette  utile  pratique  avait  permis  d'accroître,  dans  une  cer- 
taine mesure,  nos  ressources  en  une  substance  nutritive  saine  et  répara- 
trice :  elle  commençait  à  être  favorablement  accueillie  en  France  au  mo- 
ment même  où  l'investissement  de  la  capitale  devait  bientôt,  sous  la 
pression  d'une  nécessité  suprême,  dissiper  à  la  fois  les  préjugés  et  les 
répugnances  à  son  égard. 

»  Dès  lors  aussi  les  propriétés  utiles  de  cette  chair  salubre,  de  toutes 
parts  remises  en  lumière,  furent  généralement  admises  sans  conteste  par 
l'universalité  de  la  nou)breuse  population  parisienne  récemment  ac- 
crue {[), 

»  Maintes  occasions  s'élant  offertes  d'apprécier  les  produits  comestibles 
de  l'abattage  des  chevaux,  les  observateurs  se  sont  accordés  pour  recon- 
naître les  faits  suivants. 


(i)  L'usage  de  la  chair  du  cheval  avait  été  prôné  sans  succès  en  Angleterre  durant  la 
campagne  de  Crimée,  alors  que  le  manque  de  viande  fraîche  imposait  de  si  fâcheuses  priva- 
lions  à  l'armée  britannique,  tandis  que  les  soldats  français  mirent  largement  à  profit  cette 
fortifiante  alimentation.  {T/ie  liorsc  ax  a  fond  for  man,  liy  Bicknell.) 


{  823  ) 

»  Parmi  les  animaux  de  cette  espèce,  les  juments  offrent  la  chair  mus- 
culaire la  meilleure;  viennent  ensuite  les  chevaux  hongres,  s'ils  ne  sont  pas 
trop  âgés  ou  trop  amaigris;  les  produits  obtenus  des  chevaux  entiers  occu- 
pent, dans  cette  application,  le  dernier  rang. 

»  D'après  les  expériences  de  personnes  très-compétentes,  notamment 
de  MM.  Dailly,  Magne  et  Reynal,  les  chevaux  abattus  en  bon  état  doiment 
un  rendement  en  viande  nette  supérieur  à  celui  des  bœufs,  suivant  le  rap- 
port de  65  ou  60  à  60  ou  55  pour  100. 

»  Enfin,  suivant  les  essais  et  applications  en  grand  dirigés  par  M.  Lesens, 
chef  des  salaisons  de  la  marine,  la  viande  de  cheval  se  prête,  à  l'égal  de 
celle  du  bœuf,  à  la  meilleure  méthode  de  salaison,  tandis  que,  sous  l'action 
du  sel  marin,  la  chair  du  mouton  cède  une  telle  quantité  de  liquide,  qu'elle 
devient  fibreuse  et  peu  sapide. 

»  De  mon  côté,  espérant  faire  profiter  la  science  de  quelques  observa- 
tions nouvelles,  il  m'a  semblé  qu'il  serait  intéressant  de  comparer  entre 
elles  les  substances  que  l'on  pourrait  extraire  économiquement  des  os  du 
bœuf  et  du  cheval,  et  plus  particulièrement  les  graisses  contenues  dans  les 
cavités  des  différentes  parties  du  squelette  de  chacun  de  ces  animaux. 

»  L'intérêt  que  peuvent  offrir  en  ce  moment  quelques-uns  de  ces  pro- 
duits, surtout  au  point  de  vue  de  l'alimentation  publique,  m'a  décidé  à 
faire  connaître  les  premiers  résultats  de  mes  expériences  avant  que  celles-ci 
fussent  terminées. 

»  Un  fiiit  assez  remarquable  s'est  rencontré  dans  l'examen  comparatil 
des  substances  grasses  contenues  :  1°  dans  les  tissus  adipeux  entre  les  mus- 
cles; 2°  dans  les  portions  tubulaires  des  os  longs;  3**  dans  les  extrémités 
renflées  des  mêmes  os  jusqu'à  une  certaine  distance  des  articulations.  Les 
matières  grasses  extraites  de  chacune  de  ces  trois  parties  offraient  des  points 
de  fusion  différents  chez  le  même  animal,  plus  différents  encore  entre  les 
deux  espèces  précitées.  Quelques  faits  suffiront  pour  démontrer  les  carac- 
tères particuliers  qui  appartiennent  aux  substances  grasses  des  trois  ori- 
gines, et  qui  dépendent  sans  doute  des  relations  entre  l'oléine  et  les  matières 
grasses  neutres  solides  isolément  à  la  température  ordinaire. 

»  Les  matières  grasses  extraites  des  différentes  parties  du  bœuf  ont  pré- 
senté les  points  de  fusion  suivants  : 

Extraites  des  tissus  adipeux  entre  les  muscles 35  à   87  et  4f> 

»         de  la  moelle  d'un  os  long 4^  ''  4^ 

»         du  bout  spongieux  du  même  os »       32  ,5 

>■  Cette  dernière  avait  été  obtenue  suivant  la  méthode  usuelle  précè- 


(  8^4  ) 
déminent  indiquée  (i).  On  a  coupé  transversalement  le  bout  renflé  de  l'os 
en  tranches  peu  épaisses,  comprenant  toute  la  zone  externe  compacte  et  la 
partie  interne  spongieuse.  Ces  tranches,  soumises  à  l'action  de  l'eau  bouil- 
lante, ont  laissé  sortir  de  leurs  cavités  multiples  la  graisse  liquéfiée  que  l'on 
a  soigneusement  recueillie  épurée  par  le  repos  en  maintenant  sa  liquidité 
par  une  température  suffisante. 

»   Des  deux  parties  de  l'os,  on  a  obtenu  les  produits  suivants  : 

Tranches  du  bout  renflé  après  traitement  par  l'eau  bouil- 
lante et  dessiccation 62 ,09 

Graisse  extraite 28,75 

Eau 9  »  •  5 

100,00 

»  L'os  tubulaire,  dans  sa  portion  médiane  exemple  des  parties  spon- 
gieuses et  ne  renfermant  que  de  la  moelle,  a  donné  : 

Os  cylindrique  compacte 77i96 

Matière  yrasse 18,95 

Cellules  azotées  et  matières  étrangères 3, 09 

100,00 

))  La  substance  grasse  (2),  d'un  goût  si  agréable  lorsque,  dans  les  os 
frais  dn  bœuf,  elle  se  trouve,  quoique  rendue  fluide  par  la  température  de 
100  degrés,  retenue  dans  les  cellules  du  tissu  delà  moelle;  ayant  été  con- 
servée dans  cette  expérience  plusieurs  jours  à  froid  dans  l'os  tubulaire, 
exhalait  une  odeur  de  suif  immédiatement  après  avoir  été  extraite  à  l'aide 
de  l'eau  boudlante. 

»  Les  graisses  du  cheval,  obtenues  par  les  mêmes  moyens,  ont  présenté 
des  caractères  tout  différents. 

»  La  substance  extraite  des  tissus  adipeux,  consistante  à  H-  i5  degrés, 
était  fusible  à  -h  16  à  18  degrés;  son  odeur,  à  peine  sensible,  était  plutôt 

(i)   Compte  rendu  d'octobre  1870,  p.  367. 

(2)  Dès  les  premières  années  de  ce  siècle,  on  a  commencé  à  extraire,  à  Paris,  la  graisse 
des  os  par  l'eau  bouillante  en  vue  de  la  fabrication  des  savons  de  suif,  le  résidu  osseux  fut 
a|)piicpié  à  la  préparation  en  grand  du  sel  ananoniac,  puis  du  noir  animal  ;  celui-ci  destiné 
au  raffinage  du  sucre,  et  plus  tard  (181 1)  à  l'extraction  du  sucre  des  betteraves. 

L'application  industrielle  de  l'eau  bouillante  à  l'extraction  des  matières  grasses  des  os 
glas  donne  un  produit  moyen  de  G  ù  7  pour  100,  tandis  que  le  traitement  par  le  sulfure 
de  caibono,  procédé  dû  à  M.  Deiss,  permet  d'obtenir  10  à  11  pour  100  des  mêmes  os. 


(  825  ) 
agréable,   nippelant,  d'après  l'un  de  nos  confrères  doué  du  sens  le  plus 
délicat,  un  léger  arôme  de  la  pomme. 

»  La  matière  huileuse  que  l'on  obtient  des  extrémités  renflées,  intérieu- 
rement spongieuses  [du  tibia  et  du  cubitus  (i)],  exempte  de  toute  odeur  sen- 
sible, ou  plutôt,  douée  d'un  très-léger  arôme  analogue  à  celui  de  la  précé- 
dente, resta  fluide  à  zéro  et  même  jusqu'à  7  degrés  au-dessous,  et  cependant, 
lorsque  sa  température  fut  maintenue  durant  quelques  heures  à  7  degrés  au- 
dessus  de  zéro,  elle  se  prit  eu  une  masse  translucide  dans  un  tube  ayant  i*,  5 
de  diamètre,  et  sans  traces  apparentes  de  cristallisation;  elle  semblait  con- 
server, dans  cet  état,  à  la  fois  sa  propriété  lubrifiante  et  une  très-légère  faculté 
adhésive  capable  sans  doute  de  maintenir  un  utile  contact  entre  elle  et  les 
parties  frottantes;  il  serait  intéressant  de  constater  ses  effets  pour  adoucir 
les  frottements  dans  les  mouvements  d'horlogerie  et  d'autres  mécanismes 
de  précision.  Sa  prise  légère  en  une  masse  translucide  fit  place  à  une  liqui- 
dité et  une  transparence  complète  dès  qu'on  élevé  de  i  i  à  2  degrés  sa 
température  =  8  |  à  g  degrés. 

»  Obtenue  constamment  ainsi  d'organismes  bien  déterminés,  elle  serait 
sans  doute  exempte  des  variations  que  l'on  remarque  dans  des  produits 
analogues  désignés  sous  le  nom  d'huile  de jneds  de  bœuf. 

»  Ainsi  que  les  deux  autres,  d'ailleurs,  ses  propriétés  organoleptiques 
agréables  lui  assignent  un  rôle  très-utile  dans  les  préparations  alimentaires. 

»  La  substance  extraite  du  tissu  médullaire  contenu  dans  les  mêmes  os 
longs  a  présenté  des  propriétés  intermédiaires  entre  les  deux  précédentes 
an  point  de  vue  de  la  fusibilité;  sensiblement  consistante  à  -f-  i  5  degrés, 
elle  s'est  liquéfiée  à  -+-  17°,  5  (2). 

M  Ces  trois  substances  sont  évidemment,  en'effet,  susceptibles  d'êlre  as- 
sociées en  diverses  proportions  avec  les  graisses  de  bœuf  et  de  mouton,  ex- 
traites à  l'état  frais,  afin  de  modifier  favorablement  à  volonté  leur  consis- 
tance et  d'améliorer  très-notablement  leurs  propriétés  organoleptiques  (3). 

(i)  Depuis  l'époque  (il  y  a  plus  d'un  mois)  où  la  première  Communication  de  ces  résultats 
fut  faite  à  la  Société  centrale  d'agriculture,  la  substance  huileuse  extraite  du  tissu  spongieux 
des  bouts  renflés  des  tibias  et  cubitus  a  présenté  la  plus  grande  analogie,  si  ce  n'est  une 
identité  complète,  avec  l'huile  primitivement  extraite  de  la  tête  de  ces  os;  il  serait  digne 
d'intérêt  de  rechercher  si  la  portion  spongieuse  contenue  dans  une  partie  du  corps  cylin- 
droïde  des  mêmes  os  longs  contiendrait  une  huile  semblable. 

(2)  Dans  les  os  longs  du  cheval,  la  partie  spongieuse  se  prolonge  fort  avant  dans  l'intcrieur 
de  l'os  tubulaire,  ne  laissant  que  peu  de  développement  à  la  moelle  libre. 

(3)  Une  Note  très-intéressante  adressée  dans  la  dernière  séance  par  M.  Riche  démontre 


(  826  ) 

»  A  tons  les  points  de  vue,  il  serait  intéressant  de  rechercher  quelles 
influences  pourraient  exercer  sur  les  propriétés  des  substances  grasses  pré- 
citées certaines  particularités  relatives  aux  races,  à  la  nourriture  et  à  l'état 
de  santé,  de  maigreur  ou  d'embonpoint  des  animaux,  avant  de  les  dépecer 
pour  ces  expériences;  les  résultats  seraient  alors  plus  nettement  compara- 
bles et  leur  signification  plus  précise. 

»  On  pourrait  savoir  alors  s'il  n'y  a  rien  d'exceptionnel  dans  les  faiis 
ci-dessus  exposés  montrant  entre  les  degrés  de  fusion  de  la  graisse  des 
tissus  adipeux  interposés  dans  les  muscles  ou  sous  la  |3eau,  et  celle  qui  est 
contenue  dans  les  os  du  bœuf,  des  différences  comprises  entre  35,  ^o,  46 
et  32  degrés  centésimaux,  et,  relativement  au  cheval,  de  i6  à  i8  et  8  à 
I  o  degi'és. 

»  Enfin  si  l'on  peut  admettre  d'une  manière  très-générale  que  les  sub- 
stances grasses  ou  huileuses  extraites  des  différents  tissus  du  cheval  offrent 
des  propriétés  organoleptiques  bien  supérieures  à  celles  des  corps  gras 
obtenus  du  bœuf  au  point  de  vue  de  l'alimentation;  tout  nous  porte  à 
croire  que  les  applications  utiles  de  ces  substances  s'étendront  bien  au 
delà  des  circonstances  qui  les  auront  fait  naître. 

»  En  ce  qui  touche  le  parenchyme  des  os  de  cheval,  il  est  facile,  contrai- 
rement à  ce  qu'on  en  avait  dit,  de  l'extraire  sous  un  état  convenable  pour 
ralimcntation  ;  il  devient  alors  très-souple,  tremblotant,  translucide,  tel 
que  je  le  présente  préparé  depuis  trois  semaines,  et  conservé  sans  altération 
sous  les  conditions  indiquées  dans  une  Note  lue  le  1 1  novembre  au  Con- 
seil d'hygiène  et  de  salubrité  de  la  Seine. 

»  En  vue  de  l'extraction  économique  de  ce  tissu  azoté,  dans  cet  état 
particulier  où  les  tendons  et  la  peau  convenablement  désagrégés  sans  être 
dissous  sont  susceptibles  de  contribuer  à  la  nourriture  de  l'homme,  il  con- 
vient, de  même  que  pour  les  os  des  bœufs  et  des  moutons,  d'y  consacrer 
les  os  minces  ou  offrant  une  grande  smface  à  l'action  de  l'acide  (i),  réser- 
vant pour  le  travail  de  la  tabletterie  les  os  compactes  et  d'une  épaisseur 
suffisante. 

»  Ces  indications,  de  même  que  toutes  celles  qui  précèdent,  ont  été  jus- 
tifiées depuis  lors  par  le  succès  des  applications  en  grand.  » 

que  dès  aujourd'hui  les  substances  grasses  et  huileuses  extraites  des  os  entrent  largement 
dans  l'alimentation  pulîlique,  seules  ou  associées  aux  graisses  obtenues  des  tissus  adipeux 
des  animaux  des  espèces  bovine  et  ovine. 

(i)   Compte  rendu  du  3i  octobre,  page  567. 


(  «27  ) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  De  la  pcriode  décemdiurne  ou  Iridodécupie  dans  les  phé- 
nomènes almospltériques  el  dans  leur  influence  sur  l'état  sanitaire  et  physio- 
logique (troisième  Note);  par  M.  Ch.  Sai.vte-Claire  Deville  (i). 

«  L'influence  de  la  période  décemdiurne  sur  le  nombre  des  mortalités 
étant  établie,  tout  fait  penser  qu'elle  se  manifestera  aussi  dans  divers  actes 
physiologiques,  la  mort  n'étant,  en  définitive,  que  le  dernier  de  ces  actes, 
ou  plutôt  l'interruption  de  tous.  C'est  cette  influence  que  je  me  propose 
de  démontrer  dans  cette  troisième  et  dernière  Note. 

»  Les  faits  et  les  observations  sur  lesquels  je  m'appuierai  proviennent  de 
deux  sources  très-distinctes.  Les  premiers  émanent  d'un  document  déjà 
ancien,  dont  j'ai  parlé  dans  ma  précédente  Note  :  les  autres  sont  des  ob- 
servations faites  dans  ces  dernières  années,  et  à  mon  instigation. 

»  Le  premier  document,  très-curieux,  dont  je  dois  la  comnumication  à 
l'extrême  obligeance  de  M.  Renard,  bibliothécaire  du  Dépôt  des  cartes  et 
plans  de  la  marine,  sans  titre  général  et  sans  nom  d'auteur  (2),  se  compose 
de  douze  pages  in-folio  imprimées,  et  intitulées  Observations  météorologiques 
faites  à  Mdcon.  Ces  observations  commencent  au  9  janvier  l'jSi  et  finissent 
au  9  janvier  1782,  comprenant  une  année  entière,  sans  lacune  ni  interrup- 
tion. On  observait  trois  fois  par  jour,  à  8  heures  du  matin,  à  2  heures  et  à 
10  heures  du  soir,  le  thermomètre,  le  baromètre,  l'hygromètre,  la  machine 
■  électrique,  et  seulement  deux  fois  par  jour,  le  matin  et  le  soir,  les  vents, 
l'état  du  ciel  et  la  manière  d'être  d'un  vaporeux. 

)>  Le  thermomètre  était  un  thermomètre  Réaumur,  qui,  très-probable- 
ment, placé  derrière  des  jalousies,  n'accusait  pas  dans  toute  leur  étendue 
les  variations  de  la  température  extérieure. 

»  Les  indications  du  baromètre  sont  exprimées  en  pouces  et  lignes. 

»  L'hygromètre  était  sans  doute  un  hygromètre  de  Deluc;  mais,  les  ob- 
servations ne  portant  pas  sur  l'année  entière,  je  les  ai  négligées  et  leur  ai 
substitué  les  nombres  inscrits  sous  le  titre  de  machine  électrique,  et  qui  re- 
présentent des  distances  en  ligues.  Ces  distances  né  pouvaient  être  que  les 

(1)  L'Académie  a  décidé  que  cette  Communication,  bien  que  dépassant  en  étendue  les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  en  entier  au  Compte  rendu. 

(2)  Depuis  lors,  j'ai  appris,  grâce  à  l'obligeance  et  au  zèle  bibliographique  bien  connu  de 
M.  le  D''  Vacher,  le  nom  de  l'auteur  de  ces  observations.  M.  Vacher  a  découvert,  dans  les 
pièces  manuscrites  de  la  bibliothèque  de  l'Académie  de  Médecine,  la  preuve  que  ces  obser- 
vations ont  été  recueillies  par  un  médecin  électricien,  du  nom  de  Rcvillon.  Était-ce  lui-raéme, 
le  vaporeux  qu'il  observait?  Tout  semble  rindicpier. 

C.  U.,  1870,  2«  Scmeilre.   (T.   LXXI,   N^  2-5.)  I  I  I 


(  828  ) 
longueurs  variables  auxquelles   on    tirait  les    étincelles    de  la   machine. 
Le  médecin  élecUicien  pensai!  avoir  ainsi  une  mesure  de  la  tension  élec- 
trique de  l'air,  tandis  qu'il  n'obtenait,  par  le  fait,  qu'une  appréciation  assez 
grossière  de  l'huniidilé  a'.mospbérique. 

»  QuMnt  à  îa  manière  d'être  (.Cun  vnporeux,  voici  comment  je  l'ai  con- 
struite. J'ai  cherché  à  traduire  en  chiffres,  de  o  à  lo,  aussi  exactement  que 
je  l'ai  pu,  les  indicatioriS  suivantes  que  je  trouve  sous  ce  titre  dans  les  ta- 
bleaux de  Mâcon  : 

Souffrance. 

Faible  souffrance. 

Malaise. 

Plus  faible. 

Faible  —  faiblesse. 

Un  peu  mieux,  un  peu  plus  de  courage. 

Mieux. 

Plus  fort. 

Assez  actif. 

Assez  bien. 

Fort. 

»  J'ai  construit  et  discuté,  au  point  de  vue  de  la  symétrie  quadruple, 
les  quatre  courbes  cjui  résument  ces  diverses  données  de  l'observation  pour 
chacun  des  jours  de  l'année.  Ce  travail  a  été  publié  dans  V  Jnnuaire  de  la 
Société  météorologique  de  France.  Je  ne  reviendrai  pas  avec  détail  sur  les 
résultats  que  résume  une  planche  de  grande  dimension;  je  ferai  seulement 
quelques  réflexions  sur  la  courbe  qui  représente  la  manière  d'être  d'un 
vaporeux j  qui  rentre  dans  mon  siijet. 

»  Celte  courbe  paraît  moins  accidentée  que  les  trois  autres;  mais  cela 
dépend  uniquement  de  la  moindre  étendue  que  l'on  a  attribuée  à  l'échelle 
des  états  physiologiques  extrêmes.  Il  est  facile,  en  effet,  de  se  convaincre, 
en  la  décomposant  en  fragments,  qu'elle  reflète  des  conditions  assez  diverses 
et  qui  ne  se  trouvent  pas  réparties  dans  l'année  d'une  manière  quelconque. 

»  Si  l'on  cherche,  par  exemi)le,  les  deux  nombres  extrêmes,  on  les 
trouve  très-rapprochés  l'un  de  l'autre,  f^e  maximum  (6,5o)  tombe  sur  le 
49"  jour  quadruple,  qui  réunit  les 

8  février,  10  mai,  12  août  cl  ii  novembre, 

et  le  minimum  (3,87)  sur  le  52'' jour  quadruple,  qui  réunit  les 

)  I  février,  i3  mai,  i5  août  et  i4  novembre. 

»  Les  deux  moments  où  noire  va/ioreux  s'est  trouvé  le  mieux  possible  et 


(  8^9) 
le  plus  mal  possible  se  sont  donc  rencontrés  tons  deux  dans  ces  quatre 
périodes  singulières,  contenant  Vété  de  la  Saint-Marliii,  les  intempéries  de  la 
Vienje  d'août  et  les  Saints  de  glace  de  février  et  de  mai.  En  jetant  les  yeux 
sur  les  deux  premières  coiu-bes  de  la  planche,  on  s'aperçoit  aussi  que  c'est 
dans  ces  périodes  que  se  sont  produils  les  plus  grands  écarts  de  la  tempé- 
rature et  de  la  pression  barométrique. 

»  En  comparant  ainsi  le  centre  de  cette  période  et  l'année  entière,  on 
trouve  les  différences  suivantes  entre  la  moyenne  des  365  jours  de  l'année 
(ou  des  90  jours  quadruples)  et  celle  de  8  jours  quadruples,  comprenant  : 

Du     g  au   17  février. 
Du   I  r   au   19  mai. 
Du   i3  au  21   août. 
Du   12  au  20  novembre. 


Pression 

Longueur 

M 

aiiièi-e  d'èlrc 

Tenipcraliire. 

b.iro- 

de  Pélincelle 

d'un 

mctrique. 

clcclriqiie. 

vaporeux. 

0 
10,61 

mm 
750,00 

mm 

7,o5 

5,59 

12,58 

747'3i 

5,98 

4,75 

Moy.  (le  l'année 

Moy.  des  8  jours  quadruples.  . 

u  II  y  a  donc  eu,  pour  la  moyenne  des  8  jours  quadruples,  grande  éléva- 
tion de  température,  grand  abaissement  de  la  pression  barométrique,  grand 
accroissement  de  l'humidité  atmosphérique,  grand  abaissement  dans  l'état 
sanitaire  de  l'observateur  :  pendant  ces  trente-deux  jours,  qui  forment 
quatre  groupes  opposés  dans  les  quatre  saisons  de  l'année,  son  état  phy- 
siologique s'est  trouvé,  en  moyenne,  très-inférieur  à  son  état  moyen,  en 
même  temps  qu'il  subissait,  dans  ces  mêmes  intervalles,  les  plus  giandes 
oscillations. 

»  Au  reste,  les  relations  qu'on  remarque  dans  le  petit  tableau  précédent 
entre  les  quatre  éléments  variables  se  maintiennent  assez  généralement 
pour  l'ensemble  des  quatre  courbes.  La  manière  d'être  d'un  vaporeux,  par 
exemple,  ou  plutôt  la  courbe  qui  la  représente  a,  conmie  on  peut  s'en 
assurer,  des  inflexions  généralement  opposées  à  celles  de  la  courbe  baro- 
métrique et  pUitôl  parallèles  à  celles  de  la  courbe  qui  représente  les  lon- 
gueurs d'étincelle.  En  d'autres  termes,  le  valétudinaire  qui  s'est  ainsi  ob- 
servé pour  notre  instruction  ressentait  d'autant  plus  de  bien-être  que  la 
pression  barométrique  était  plus  faible  et  que  l'air  était  plus  sec. 

»  Mais  ces  rapports  sont  plus  frappants  encore  lorsqu'on  soumet  ces  do- 
cuments à  l'épreuve  de  la  symétrie  tridodécuple.  On  peut  s'en  assurer  en  je- 
tant les  yeux  sur  la  petite  planche  ci-jointe,  où  j'ai  réuni  les  lojours  Iridodé- 

III.. 


(  83o  ) 
ciiples  pour  la  température  (exprimée  en  degrés  centésimaux),  pour  la  pres- 
sion barométrique  (i),  et  pour  la  manière  d'être  d'un  vaporeux.  Dans  celle 
dernière  courbe,  j'ai  réparti  entre  o  et  ao  les  nombres  qui  représentent  les 
variations  dans  l'état  sanitaire,  doublant,  par  conséquent,  l'échelle  qui 
avait  servi  pour  le  reproduire  dans  la  construction  des  jours  quadruples. 


MAÇON 

1781 

Jours  fa-îâcdécupîes 

ripnn'O     ^             3            5             7            au 

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»  On   voit  que  les   deux   courbes  inférieures   offrent  nettement   trois 


(i)  La  pression  n'est  pas  ramenée  à  zéro,  faute  des  indications  nécessaires;  mais  il  est 
évident  que  cette  correction  n'aurait  ici  aucune  importance,  puisque  clia(|ne  nombre  l)aro- 
métri(]ue  est  la  moyenne  de  trenle-six  jours  d'obseivalion,  répaiti-,  à  égales  distances  sur 
l'écliptique  et,  par  conséquent,  donnant,  pour  leur  température  moyenne,  Irès-suffisam- 
nient  la  température  moyenne  de  l'année  enliùrc. 


(  83i  ) 
maxima  ou  relèvements  ;  le  dernier  de  ces  relèvements  n'est  représenté,  dans 
la  première  courbe,  que  par  un  arrêt  sensible  dans  l'accroissement  de  la 
température.  En  comparant  les  deux  premières  courbes  (température  et 
pression),  on  voit,  en  outre,  que,  pour  les  premiers  jours  tridodécuples,  les 
inflexions  semblables  de  la  température  précèdent  d'un  jour  celles  de  la 
pression,  qu'elles  semblent  concorder  vers  le  septième  jour  et  s'éloignent 
de  nouveau. 

»  Durant  les  trente-six  jours  de  l'année  condensés  dans  le  huitième  jour 
tridodécuple,  la  pression  moyenne  a  dépassé  de  24  millimètres  celle  qui 
s'est  manifestée  dans  les  trente-six  jours  réunis  sous  le  septième  jour  tri- 
dodécuple. 

»  Quant  à  la  courbe  physiologique  du  vaporeux,  ses  trois  maxima  et  ses 
trois  minima  se  détachent  nettement.  On  peut  remarquer  que  l'allure  de 
cette  courbe  est  très-concordante  avec  celle  de  la  deuxième;  en  d'autres 
termes,  que  l'état  sanitaire  du  vaporeux  de  Màcon,  en  1781,  s'améliorait 
généralement  quand  le  baromètre  s'élevait,  et  se  détériorait,  au  contraire, 
lorsque  la  pression  diminuait.  Enfin,  notons  que  le  jour  tridodécuple  qui 
a  correspondu,  pour  lui,  au  maximum  de  bien-être  est  précisément  ce 
sixième  jour,  que  nous  avons  vu  déjà  jouer  un  rôle  si  important  dans  la 
répartition  des  températures  et  dans  celle  des  mortalités. 

»  La  seconde  série  de  documents  que  je  désire  discuter  aujourd'hui  se 
compose  d'observations  portant  sur  la  température  buccale,  le  nombre  de 
pulsations  par  minute  et  la  densité  de  l'urine. 

»  La  température  de  la  bouche  était  déterminée  en  plaçant,  pendant 
cinq  à  six  minutes,  au-dessous  de  la  langue,  latéralement,  un  petit  thermo- 
mètre à  maxima  Walferdin  muni  d'un  renflement,  qui  permet  de  diviser 
très-largement  l'intervalle  entre  3/(  et  l\o  degrés,  et  d'évaluer  facilement  la 
température  à  deux  centièmes  ou  même  à  un  centième  de  degré  (i).  Tous 
les  mois,  chaque  thermomètre  était  placé  dans  la  glace  fondante,  et  com- 
paré vers  35  degrés  avec  un  thermomètre  étalon;  on  tenait  compte  delà 
variation  possible  des  corrections. 

»  La  densité  de  l'urine  était  mesurée  au  moyen  du  densimètre  spécial 
de  M.  Bouchardat,  perfectionné  pour  la  graduation  :  cette  densité  était  ra- 


(i)  Ces  thermomètres,  d'une  construction  irréprochable,  sortaient,  aussi  bien  que  les  iiro- 
mcires  dont  il  va  être  question,  des  mains  de  notre  habile  constructeur,  M.  Baudin. 


(  83a  ) 
menée  à  une  température  constante  de   i5  degrés,    d'après  la  table  con- 
struite par  ce  savant  (i). 

»  Quant  au  nombre  des  pulsations,  il  était  déterminé  par  l'observateiu" 
assis:  car  on  peut  s'assurer  que  ce  nombre  est  immédiatement  accru  par 
la  station  verticale. 

»  Chaque  observateur  expérimentait  sur  lui-même  deux  fois  par  jour,  à 
son  lever  et  à  son  coucher.  Quatre  personnes  ont  pris  part  à  ces  expé- 
riences (2).  Elles  ont  duié  du  21  décembre  1867  au  aa  décembre  1869; 
mais,  par  diverses  circonstances,  les  deux  années  n'ont  été  complètes  pour 
aucun  des  observateurs,  de  sorte  que  je  n'ai  pu  comparer,  à  ces  divers 
points  de  vue,  qu'une  année  à  la  fois.  J'ai  dû  utiliser,  tantôt  l'année 
21  mars  1868-21  mars  1869,  tantôt  l'année  23  septembre  1 868-23  sep- 
tembre 1869. 

»  Je  rapporterai  successivement  ce  qui  a  trait  à  la  température  buccale, 
au  nombre  des  pulsations,  à  la  densité  de  l'urine. 

»  La  partie  supérieure  de  la  planche  suivante  donne,  pour  les  observa- 
teurs A,  B  et  C,  chacune  des  dix  moyennes  tridodécuples  de  l'année 
23  septembre  i8G8-23  septembre  1869,  et  la  moyenne  (ponctuée)  des  trois 
courbes.  Les  quatre  courbes  de  la  partie  inférieure  se  rapportent  à  l'année 
21  mars  1868-21  mars  1869,  étudiée  dans  les  observateurs  B,  C  et  D,  et  à 
la  moyenne  de  ces  trois  courbes  tridodécuples. 

))  En  examinant  ces  huit  courbes,  on  voit  de  suite  qu'elles  se  divisent  en 
deux  parties  distinctes;  la  première  moitié  offre  des  discordances,  tandis 
qu'à  partir  du  cinquième  ou  du  sixième  jour,  toutes  les  courbes  présentent 
une  concordance  remarquable.  Le  maximum  du  septième  jour  tridodé- 
cuple  est  frappant  partout,  précédé  du  minimum  qui  varie  du  cinquième 
au  sixième  jour,  et  suivi  du  minimum  qui  varie  du  huitième  au  neuvième. 

»  La  première  courbe  de  la  planche  (p.  83/|),  qui  condense  les  deux 
moyennes  ponctuées,  fait  ressortir  nettement  l'oscillation  du  quatrième  au 
dixième  jour,  tandis  que,  du  dixième  au  quatrième,  elle  est  à  peine  acci- 
dentée et  n'offre  rien  d'accentué. 


(i)  Instruction  /unir  l'usage  de  l'uromctrc  de  M.  linurlinrildl ;  Paris,  Gciiner-Baillière, 
1861. 

(2)  L'observateur  désigné  par  la  lettre  A  avait  de  53  à  55  ans;  l'observaieur  B  de  3i  à 
33  ans;  l'observateur  C  de  2Ç)à  3i  ans;  l'observateur  D  de  26  à  28  ans.  Tous  avaient  l'ha- 
bitude des  instruments;  trois  sont  doeteurs  en  uiédeeiiie  et  anciens  internes  des  hôpitaux. 


(  i^33  ) 
«   Si,  au  lieu  de  construire  ainsi  la  moyenne  brute  des  six  courbes  pleines 

TEÎïîPÉKiiïm\E  BÎÎCCALE 


10       1       2 


Jouis  tridodécuples. 

S      4       S 


6       î      6      9      10 


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36?  35 
36°62 
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—  58 
_5S 
_5i 
_  52 


(5) 


6      9     iO 


de  la  planche  ci-tiessus,  on  les  examine  séparément,  on   voit  l'oscillation 


(  834  ) 
des  cinq  derniers  jours  triodéciiples  se  manifester  neltemenl  dans  tontes, 
tandis  que,  pour  la  première  partie,  les  courbes  (i)  et  (a)  d'une  part,  les 


Jours  Tridodécoples. 

[  36?5i 

0123fc56;8eiO 

Moyenne  des 

deux  moyeimes 

de  la  Planche 

préccdepte. 

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_S0 

38°  t8 

36956 

_5i 

_50 
_V8 
36?  tG 
■  36°.  53 
-52 
-51 
-50 

11" 
10° 

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Moyenne 
des  courbes 

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Moyenne 
des  Courbes  ' 

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22  Décembre  1869. 

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Température 
moyenne  à  Pa^'is 

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\ 

22Décembre  1868 
22  Décembre  1869 

/ 

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--- 

courbes  (4)  et  (5),  de  l'autre,  sont  absolument  opposées.  On  a  donc  quatre 
courbes  analogues  (i ,  3,  4  et  6),  que  l'on  peut  combiner  ensemble,  et  deux 
autres  courbes  analogues  entre  elles  (2  et  5)  que  l'on  peut  aussi  rapprocher. 
Il  en  résulte  les  deuxième  et  troisième  courbes  de  la  planche  (p.  834  j,  qui 
présentent,  en  effet,  concordance  pour  les  cinq  derniers  jours,  opposition 
pour  les  cinq  premiers. 

»  11  y  a  là,  sans  doute,  un  effet  d'idiosyncrasie,  qui  sera  du  ressort  du 
physiologiste  (i). 

»  Celte  dernière  conclusion  est  confirmée  par  l'examen  de  la  quatrième 


(i)  Mon  but  nV'tanl  iiullciiient  ici  iino  étii<lc  physiologique,  je  n 'insiste  point  sur  les 
caractères  particuliers  du  mouvement  <le  la  température  chez  les  divers  observateurs.  On 
voit,  néanmoins,    en  comparant  les  deux  coiuhcs  B,   d'un  côté,  et,    de  l'autre,   les  trois 


(  835  ) 
courbe,  qui  représente  les  dix  jours  tridodécuples  de  la  température  buccale 
pour  l'observateur  A,  pendant  l'année  normale  du  aa  décembre  1868  au 
22  décembre  1869.  Cette  courbe  offre  les  mêmes  inflexions  que  la  seconde. 

»  Enfin,  j'ai  établi  un  point  cle  comparaison  entre  la  température  buccale 
et  la  température  de  l'air,  en  construisant  les  dix  jours  tiidodécuples  pour 
la  température  moyenne  observée  à  l'Observatoire  de  Paris,  pendant  cette 
même  aimée  (22  décembre  1868,  22  décembre  1869)  (i). 

»  On  voit,  en  premier  lieu,  que  cette  courbe,  très-simple,  présente  net- 
tement deux  minima  et  deux  maxima.  Le  plus  élevé  de  ces  deux  maxinia 
tombe  encore  au  sixième  jour  tridodécuple,  sur  lequel  j'ai  déjà  si  souvent 
appelé  l'attention  dans  mes  précédentes  Notes.  La  symétrie  tridodécuple 
s'applique  donc  parfaitement  à  la  température  de  cette  année  (2). 

»  En  second  lieu,  si  l'on  compare  cette  courbe  à  celle  de  la  température 
buccale  de  l'observateur  A,  durant  le  même  intervalle,  on  remarque  que 
ces  deux  courbes  sont,  au  moins  pour  les  six  premiers  jours,  presque  en- 
tièrement opposées  dans  leurs  allures.  Les  deux  maxima  des  3*  et  6'^  jours 
pour  l'air  correspondent,  pour  la  température  buccale,  à  deux  minima.  Les 
quatre  derniers  jours  concordent  assez  bien.  Des  deux  côtés,  le  minimum 
absolu  tombe  sur  le  9'  jour. 

»  Ce  seul  exemple  ne  suffirait  assurément  pas  pour  établir  la  généralité 
du  fait  :  mais  c'est  une  circonstance  qu'il  n'est  peut-être  pas  inutile  de 
signaler  aux  physiologistes. 

»  Si  l'on  voulait  avoir  quelque  appréciation  numérique  des  écarts  de 
température  humaine  qui  résultent  de  ces  recherches,  on  verra,  par  la 
courbe  C  (i),  que,  pour  l'observateur  C,  du  23  septembre  1868  au  23  sep- 
tembre 1869,  la  température  des  36  jours  simples  qui  constituent  le  7®  jour 

courbes  C(i),  D  (4)  et  C(5  ,  le  contraste  de  ce  que  l'on  pourrait  appeler,  chez  rhonime,  un 
climat  tempéré  avec  un  climat  extrême.  On  va  voir  des  contrastes  analogues  pour  le  nombre 
des  pulsations  et  la  densité  des  urines. 

(i)  J'ai  pris  les  moyennes  diurnes  données  par  les  Bulletins  de  statistique  municipale,  et 
conclues  des  observations  de  9  heures  matin,  midi,  c)  heures  soir  et  minuit.  Les  dimanches 
et  jours  de  fête,  les  observations  trihoraires  ne  se  faisant  pas,  j'ai  pris  la  moyenne  du  maxi- 
mum et  du  minimum  diurnes;  et,  quand  ces  derniers  éléments  manquaient  aussi,  j'ai  conclu 
la  moyenne  diurne  par  interpolation,  au  moyen  des  trois  stations  de  Versailles,  de  Saint- 
Mauret  d'Aubervilliers. 

(2)  La  somme  des  36  températures  moyennes  de  ce  sixième  jour  tridodécuple  dépasse  de 

55°, 8  la  somme  des  températures  moyennes  du  neuvième. 

C.  R.,  1870,  2»  Semeitre.  (T.  LXXI,   N"  24.)  ^  I  2 


(  836  ) 

tridodécuple,  a  dépassé  de  3", 6  la  température  des  36  jours  simples  du 
9*  jour  tridodécuple. 

»  La  courbe  moyenne  (première  de  la  planche  de  la  page  834),  qn'  se 
rapporte  aux  quatre  sujets,  observés  pendant  dix-huit  uiois,  donne,  jKJur 
différence  entre  les  216  jours  simples  du  7*  jour  tridodécuple  et  les  216  jours 
simples  du  9"  jour  tridodécuple  :o'',o35.  Si  l'on  considérait  ce  nombre  comme 
peu  différent  de  ce  que  donnerait  pour  un  an,  21  juin  1868  —  21  juin  1869, 
la  moyenne  des  2000000  d'habitants  de  Paris,  il  en  résulterait  que  leur  tem- 
pérature moyenne  pendant  les  36  jours  simples  du  7^  jour  tridodécuple 
a  dépassé  d'environ  70000  degrés  leur  température  moyenne  pendant  les 
36  jours  simples  du  9^  jour  tridodécuple  (i). 

»  J'arrive  au  nombre  des  pulsations  artérielles  par  minute.  Trois  obser- 
vateurs (A,B,  D)  ont  pris  part  à  ce  genre  d'observations.  Les  deux  pre- 
mières courbes  de  la  planche  (p.  837)  sont  calculées  d'après  les  périodes 
d'observations.  Elles  ne  présentent,  en  quelque  sorte,  aucun  trait  commun; 
l'allure  des  premiers  jours  est  presque  opposée.  Cela  dépend  évidemment 
de  ce  que  le  caractère  idiosyncrasique  s'impose  là  plus  encore  que  dans  le 
phénomène  de  la  température  du  corps.  On  s'en  convainc  en  examinant 
les  deux  dernières  courbes  de  la  planche,  dans  lesquelles,  au  lieu  de  com- 
biner des  natures  opposées  à  ce  point  de  vue,  j'ai  fait  abstraction  des  pé- 
riodes communes  d'observation  et  réuui  ensemble  les  tempéraments  sem- 
blables. Si  l'on  compare  la  moyenne  des  deux  courbes  B  avec  la  moyenne 
des  courbes  A  etD,  on  voit  nettement  dans  la  première  trois  miiiima  et  trois 
maxima,  tandis  que  la  seconde  ne  présente  que  deux  inflexions  d'une 
grande  simplicité.  On  remarquera  encore  que  le  maximum  absolu  chez  les 
observateurs  A  et  D,  tombe  le  5*  jour  tridodécuple,  comme  l'im  des  maxima 
du  sujet  B  ;  de  sorte  que,  si  l'on  combinait  ces  deux  courbes,  leur  moyeiuie 
donnerait  pour  le  5^  jour  une  saillie  notable.  Quant  au  minimiuii  absolu 
dans  ces  diverses  courbes,  il  tomberait,  en  moyenne,  sur  le  7*^  joiu-  trido- 
décuple, c'est-à-dire  sur  celui  qui  a  donné  le  maximum  absolu  pour  la 
température  buccale. 

»   Au  point  de  vue  des  appréciations  numériques,  on  trouve  que,  chez 

(i)  Le  7''  jour  tridodécuple  se  composerait,  durant  cette  année,  des  jours  suivants: 
Z']  juin;  8,  19,  3o-3i  juillet;  10,  20,  3o  août;  (),  ig,  aq  septembre;  10,  20,  3o  octobre; 
g,  19,  29  novembre;  8.  18,  28  décembre  1868;  7,  17,  2'j  janvier;  6,  16,  a6  février;  7, 
f],  27  mars;  6,  17,  y.-]  avril;  8,  18,  28  mai;  7,  17  juin  i86g.  On  obtiendrait  la  composi- 
tion du  9*  jour  tridodécuple  en  augmentant  de  deux  jours  la  date  de  chacun  de  ces  36  jours 
simples. 


(  837  ) 
l'observateur  A,  du  23  septembre  1868  an  23  septemlire  1869,  pendant  les 
trente-six  jours  simples  qui   constituent  le  quatrième  (ou  le  cinquième) 


KOJSIBBE  DE  POLSAIJOWS  PAR  MINUTE. 

10    31 

g     S     4 

5      C     2      8      9    10 

09" 

67 
S6 

21  Mars  1868 

à 
21  îïars  1869 

SityeDEedjeBetD 

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23  7V^  1868 
à 
•    23  7bre  i669 

RîbvenneâcAetB 

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70 
69 

Mayeime  des 
deux.  Courbes  B 

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Mbyeime  des 
Courbes  AetD 

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10    12      3456J      691 

0    ' 

jour  tridodécuple,  le  nombre  des  battements  du  pouls  a  dépassé  d'environ 
i4o5oo  le  nombre  des  pulsations  des  trente-six  jours  simples  du  huitième 
jour  tridodécuple.  Pour  l'observateur  D,  du  21  mars  i868  au  21  mars 
1869,  la   différence  des  battements  du   pouls  entre   les   trente-six   jours 

112.. 


(  838  ) 
sini|)les  du  sixième  jour  tridodécuple  et  les  trente-six  jours  simples  du  pre- 
mier jour  tridodécuple  a  été  de  109400  environ. 

M   11  me  reste  enrorf>  >  meiifionni'r  l;s  r^  sidtats  obtenus  de  la  déttMini- 
naiion  de  la  <!•  usité  i!-    '"iiriMe  par  les  lii)i>  ohserv.-iteiirs  A,  B  et  D. 


DElh'a 

ÏTE 

DS 

LURIKE . 

Obs  ervateurs 
et  époques  des 

observations  . 

Jours  tridodécuples.     ^-^^^0^ 

10     i       2      S      i       5      6      7       8      9     1^ 

LOEa 

D 

?ahvs  1868 

à 
?1  liUva  1869 

ei  Mars  1868 
23  7^:'  1863 

23  2VM868I 
23  7''"  18691 

Mo)'enne 
des  Courbes  < 

Bel  A 
décuplée. 

\ 

1 

1,027 
1.026 
1.022 
1,021 
l.OIl 
1,013 

i,oiao 

1.0179 
],017fi 
1,0177 
A.  0170 

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»  En  jetant  les  yeux  sur  la  planche  ci-dessus,  on  s'aperçoit  que  les  apti- 
tudes individuelles  sont  encore  plus  marquées  dans  cet  ordre  d'observa- 
tions que  dans  les  deux  précédents.  En  effet,  les  trois  premières  combes 
représentent,  à  la  même  échelle,  les  dix  jours  tridodécuples  des  densités 
urinaires  rapportées  à  celle  de  l'eau  distillée,  |)our  l'observateur  D,  du 
21  m;trs  18G8  au  21  mars  1869;  pour  l'observateur  H,  du  ai  mars  1868  au 
23  septembre  18G9;  enfin,  pour  l'observateur  A,  du  23  septembre  1868  an 


(  839  ) 
23  septembre  1869.  La  première  courbe  n'a  aucune  affinité  avec  les  deux 
autres,  ni  pour  l'étendne  des  variations,  qui  est  quatre  fois  plus  grande^ 
ni  même  pour  les  allures  générales,  puisqu'elle  présente  trois  maxima  au 
lieu  de  deux  qu'on  remaïqiie  dnns  les  dernières.  Mais  celles-ci,  au  double 
point  de  vue  de  l'étendue  et  de  la  forme  des  oscillations,  peuvent  évidem- 
ment se  combiner,  et  c'est  ce  que  j'ai  fait  dans  la  quatrième  courbe,  en 
construisant  leur  moyenne  sur  une  échelle  décuple.  Le  minimum  très-net 
du  sixième  jour  tridodécuple,  qui  est  aussi  représenté  dans  la  courbe  D, 
coïncide  avec  le  maximum  de  la  température  de  l'air  pendant  la  période 
correspondante  et  appelle  encore  une  fois  notre  attention  sur  ce  sixième 
jour  tridodécuple,  que  j'ai  tant  de  fois  signalé  dans  le  cours  de  ces  trois 
Notes. 

»  Tel  est  l'ensemble  de  faits  que  je  désirais  soumettre  aux  physiolo- 
gistes. Je  ne  me  dissimule  pas  combien  le  petit  nombre  des  sujets  observés, 
tous  soumis  d'ailleurs  à  l'existence,  eu  quelque  sorte,  factice  des  habitants 
d'une  ville  immense,  a  dû  influencer  ces  résultais  (i).  Néanmoins,  il  me 
sera  permis  de  faire  remarquer  que  l'anomalie  même  des  conditions  donne 
lui  à  fortiori  à  mes  conclusions,  puisque  des  hommes  à  l'abri  de  ces  in- 
fluences anormales,  des  cultivateurs,  par  exemple,  ou,  mieux  encore,  des 
religieux  qui,  comme  les  trappistes,  associeraient  à  une  vie  active  des  ha- 
bitudes d'une  extrême  régularité,  seraient  sans  doute  phis  directement  sou- 
mis aux  conditions  naturelles.  J'aurais  rempli  mon  but  si  je  pouvais  décider 
quelques  physiologistes,  disposant  de  moyens  bien  supérieurs  à  ceux  que 
j'ai  utilisés,  grâce  au  dévouement  de  mes  zélés  collaborateurs  (2),  à  contrô- 
ler, soit  chez  l'homme,  soit  chez  les  animaux,  la  réalité  de  cette  influence 
périodique  des  variations  de  l'atmosphère  sur  les  phénomènes  de  la  vie.  « 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  communique,  à  l'appui  des  réflexions 
présentées,  dans  la  dernière  séance,  par  M.  Dumas,  la  Lettre  suivante,  qui  lui 
est  adressée  par  M.  F.  Denis  : 

«  L'Académie,  dont  vous  êtes  un  Membre  si  zélé,  ayant  pris,  avec  une 
chaleur  qui  l'honore,  le  parti  de  nos  aérosliers,  utiles  en  ce  moment  à  tant 
de  litres,  je  viens  vous  communiquer  un  fait  échappé  jusqu'à  ce  jour  à  la 
discussion.  J'ai  retrouvé,  parmi  les  papiers  de  mon  excellent  père,  un  ojais- 


(i)  Résultats  incomplets  aussi;  car,  avec  la  densité  de  l'urine,   par  exemple,  il  eût  fallu 
déterminer  le  volume  du  liquide  expulsé  dans  les  vingt-quatre  lieurcs. 

(2)  Auxquels  je  demande  la  permission  dixiuimer  ici  toute  ma  gratitude. 


(  84o  ) 
cille  très-rare,  publié,  il  y  a  près  de  cinquante  ans,  par  Coutelle,  l'in- 
trépide commandant  des  aérostiers  de  l'armée  de  Sandjre-et-Meuse  (i).  Je 
vous  signale,  dans  le  récit  de  cet  homme  de  bien,  qui  fut  aussi  un  savant 
plein  de  zèle,  deux  Notes  précieuses,  parce  qu'elles  sont  opportunes,  éta- 
blissant comment  les  Allemands  entendaient  jadis  la  législation  militaire 
en  matièie  de  navigation  aérienne.  Un  demi-siècle,  à  peine  écoulé,  n'a  pu 
changer  aux  yeux  des  peuples  le  droit  impérissable  de  l'humanité.  Voici 
ces  deux  Notes  : 

Note  22,  p.  9.  —  «  Je  reçus  l'ordre  de  faire  une  reconnaissance  sur  Mayence  :  je  me 
jilaçai  entre  nos  lignes  et  la  place,  à  une  demi-portée  de  canon;  le  vent  était  fort,  et  j)our 
lui  opposer  plus  de  résistance,  je  montai  seul  avec  plus  de  ?.oo  livres  d'e\cès  de  légèreté. 
J'étais  à  plus  de  i5o  toises  d'élévation,  lorscjue  trois  bourrasques  successives  me  rabattirent 
à  terre  avec  une  si  grande  force,  que  plusieurs  des  barreaux  qui  soutenaient  le  fond  de  la 
nacelle  furent  brisés.  Chaque  fois  le  ballon  s'est  élevé  avec  une  telle  vitesse  que  soixante- 
quatre  personnes,  trente-deux  à  chaque  corde,  ont  été  entraînées  à  une  grande  distance.  Si 
les  cordes  avaient  été  fixées  à  des  grappins,  ainsi  qu'on  me  l'avait  proposé,  il  n'y  a  pas  de 
doute  qu'elles  eussent  été  cassées  si  le  filet  n'avait  pas  été  rompu. 

1)  L'ennemi  n'a  pas  tiré;  cinq  généraux  sont  sortis  de  la  place  en  élevant  des  mouchoirs 
blaucs  sur  leur  chapeau.  Nos  généraux  que  j'en  ai  prévenus  ont  été  au-devant  d'eux; 
lorsqu'ils  se  sont  rencontrés,  le  général  qui  commandait  la  place  a  dit  au  général  français  : 
n  Monsieur  le  général,  je  vous  demande  en  grâce  de  faire  descendre  ce  brave  officier;  le 
«  vent  va  le  faire  périr;  il  ne  faut  pas  qu'il  périsse  par  un  accident  étranger  A  la  guerre; 
»   c'est  moi  qui  ai  fait  tirer  sur  lui  à  Maubeuge.  » 

»  Le  vent  s'est  un  peu  calmé,  alors  j'ai  pu  compter  à  la  vue  simple  les  pièces  de  canon 
sur  les  remparts,  ainsi  que  tous  ceux  qui  marchaient  dans  les  rues  et  sur  les  places.  » 

Note  23,  p.  ç).  —  «  Nous  étions  campés  sur  les  bords  du  Rhin,  devant  Slanheim,  lorsque 
le  général  qui  nous  commandait  m'envoya  en  parlementaire  sur  l'autre  rive.  Aussitôt  que 
les  officiers  autrichiens  eurent  appris  que  je  commandais  l'aérostat ,  je  fus  accablé  de 
questions  et  de  compliments;  un  officier,  qui  avait  passé  avec  moi,  observa  que,  si  mes 
cordes  cassaient,  je  jiourrais  être  exposé  si  je  tombais  dans  le  camp  ennemi.  <>  Rlonsieur 
i  l'ingénieur  aérien,  répondit  un  officier  supérieur,  les  Autrichiens  savent  honorer  les 
■>  talents  et  la  bravoure;  vous  seriez  traité  avec  distinction.  C'est  moi  qui  vous  ai  fait  voir 
»  le  premier,  pendant  la  bataille  de  Fleurus,  au  prince  Cobourg,  dont  je  suis  l'aide  de 
»  camp.   » 

»  Je  lui  observai  qu'on  ne  devait  pas,  suivant  l'usage,  ui'inlerdire  l'entrée  de  la  place, 
puisc[u'en  m'élevant  sur  l'autre  rive,  je  plongeais  sur  la  ville. 

i>  Le  généial  qui  y  commandait  envoya  le  lendemain  l'autorisation  de  me  faire  voir  la 
place  si  notre  général  consentait  à  m'y  faire  passer.   « 

(1)  Voici  le  litre  de  la  brochure  de  Coutelle  :  Sur  V ai'-rnsttit  cmployc  aux annrrs  de  Saiiihrc- 
et-Mcusc  et  lia  Rhin.  C'est  un  extrait  de  la   JMbliogiaphic  de  ta  France,  du  3.5  avril   182c). 


(  «4i  ) 
1\0»1I]\ATI0I\S. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  noniinntion  d'une  Com- 
mission de  cinq  Membres  qui  sera  chargée  de  juger  le  concours  de  Méca- 
nique (fondation  Montyon),  pour  l'atuiée  1870. 

MM.  Morin,  Delaunay,  Dupuy  de  Lôme,  Combes,  Phillips  réunissent  la 
majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus 
de  voix  sont  MM.  Liouville,  Paris,  Ch.  Dupiii,  Bertrand,  Villarceau. 

MÉMOIRES  PRÉSEIVTÉS. 

AÉROSTATION.  —  Sur  ttn  procédé  de  réchaiiffemenl  mélliudique  du  <jaz  d'un 
aéroslnl,  par  In  cornliustiou  d^ une  partie  de  ce  gaz  lui-même,  pour  compenser 
les  perles  de  force  ascensionnelle.  Note  de  M.  Bouvet.  (Extrait.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Morin,  Delaunay, 

Dupuy  de  Lôme.) 

«  Un  des  obstacles  les  plus  fréquents  à  la  longue  durée  des  voyages 
aériens  est  la  déperdition  du  gaz  cpii  s'échappe  par  l'enveloppe  du  ballon 
et  qu'il  est  im|iossible  de  renouveler.  D'un  autre  côté,  la  provision  néces- 
sairement limitée  de  lest  qu'emporte  l'aéronaute  le  force  d'atterrir  après 
un  parcours  relativement  restreint,  ce  qui  est,  comme  on  l'a  vu  dernière- 
ment encore,  un  très-grand  inconvénient. 

»  Pour  arriver  à  obvier  aux  descentes  trop  rapides  des  aérostats,  il  faut 
compenser  la  perte  de  force  ascensionnelle  provenant  de  l'endosmose  et  de 
l'exosmose,  en  dilatant  le  gaz  du  ballon;  en  un  mot,  en  combinant  sous 
une  même  enveloppe  l'action  de  la  montgolfière  et  celle  du  ballon  à  gaz. 

«  On  sait  que  les  gaz  sont  facilement  dilatables  :  leur  coefficient  de  dila- 
tation est  à  peu  près  égal  à  — ^-  D'autre  part,  la  capacité  calorifique  du  gaz 

d'éclairage  est  o,35,  et  sa  puissance  calorifique  est  représentée  par  le  pro- 
duit du  poids  de  i  mètre  cube  de  gaz  par  la  puissance  calorifique  de  i  ki- 
logramme de  ce  gaz,  soit  o'"',558x  laSoo  =  6975  calories  par  mètre  cube. 

»  Le  gaz  à  dilater  est  celui  du  ballon,  et  c'est  la  combustion  d'une  partie 
de  ce  gaz  qui  produira  la  chaleur  nécessaire. 

»  Appliquons  ces  données  à  un  ballon  d'une  capacité  de  2000  mètres 
cubes  de  gaz.  La  perte  de  gaz  par  heure  sera,  au  plus,  de  20  mètres  cubes, 


(  842  ) 
soit  une  perte  de  force  ascensionnelle  égale  à  20  x  o'"',735  =  i4'"',7oo,  ce 
qui  nécessite  une  dépense  de  14""',  700  de  lest  par  heure  pour  se  maintenir 
à  la  même  hauteur. 

»  Après  la  première  heure  de  marche,  le  volume  du  ballon  se  trouve  ré- 
duit à  1980  mètres  cubes;  pour  compenser  la  perte  de  force  ascensionnelle 
qui  en  résulte,  il  faudra  augmenter  le  volume  de  l'aéroslat,  non  pas  de  la 
capacité  qu'il  aura  perdue,  mais  d'une  quantité  telle,  que  le  poids  de  t\iir 
ainai  déplacé  piir  l'excédant  de  volume  jirovenanl  de  la  dilaladoti  du  (/az,  soit 
égal  à  la  perte  de  force  ascensionnelle,  et  cette  quantité  sera  représentée  par 
la  formule 

4^  =  ii-,36i. 

»  Cet  énoncé  se  vérifie  facilement.  En  effet,  la  force  ascensionnelle  du 
ballon  au  départ  est  représentée  par 

(i)  F  =  VP  — Vp     ou,  en  simplifiant,     F  =  V(P  — />), 

F  étant  la  force  ascensionnelle  du  ballon  au  départ;  V  le  volume  du  gaz 
du  ballon  et,  par  suite,  le  volume  d'air  déplacé;  P  le  poids  de  i  mètre 
cube  d'air,  et  p  le  poids  de  i  mètre  cube  de  gaz  (la  température  t  est  sup- 
posée la  même  pour  l'air  et  pour  le  gaz). 

»  En  représentant  par  v  le  volume  de  gaz  perdu  au  bout  d'une  heure, 
la  force  ascensionnelle  réduite  F'  sera  représentée  par 

(2)  F'r=(V  -  P)P-(V-  v)p  =  Y{V  -  p)-  v{V  -  p). 

»  Si  donc,  pour  compenser  cette  perte  représentée  par  p(P  —  p)  on  di- 
late le  gaz  du  ballon,  la  température  de  l'air  et,  par  suite,  le  poids  P  reste- 
ront bien  les  mêmes,  mais  la  température  t  du  gaz  augmentant,  le  poids  p 
du  mètre  cube  de  gaz  diminuera  et  deviendra/?'. 

a  étant  le  coefficient  de  dilatation  du  gaz,  t^  l'augmentalion  de  température. 
»   En  représentant  par  v'  l'augmentation  de  volume  du  ballon  qui  résulte 
de  l'augmentation  de  température,  ou  a 

(V-t')/>=  (V+  v'-v) 


ut' 


»   En  représentant  par  F"  la  force  ascensionnelle  du  ballon  dans  cette 


(  843  ) 
nouvelle  phase,  on  Iroiive 

(3)  F"=  (Y—v)i'-\-  (^'P  —  (Y+  i-'-  v)-^^; 
mais  comme  on  a 

l'égalité  (3)  devient 

(4)  Y"z=[W  -  v)V -hv'9 -{V -v)p. 

»  En  comparant  l'égalité  (4)  à  l'égalité  (2),  on  voit  que 

F"=  F'+  v'V; 

mais  de  la  comparaison  des  égalités  (i)  et  (2)  il  résulte  que 

F  =  F'+i'(P  -  p); 

donc  pour  que  F "  =  F,  il  faut  que 

(5)  v'V  =  v{V-p). 

»   De  cette  dernière  égalité,  on  déduit  la  valeur  de  v\ 

^'-— p 

Il  est  évident  que  P  >  F  —  /j.  Donc  v  ^  v' ;  ce  qui  montre  bien  qu'il  fau- 
dra dilater  le  gaz  du  ballon  d'une  quantité  v'  moindre  que  le  volume  v  de 
gaz  perdu.  Cette  quantité  v'  sera  obtenue  eu  multipliant  le  volume  de  gaz 
perdu  par  la  force  ascensionnelle  P  —  /?  de  i  mètre  cube  de  gaz  et  en  divi- 
sant ce  produit  par  le  poids  P  de  i  mètre  cube  d'air  à  la  température  exté- 
rieure; ce  qui  conduit  à  la  formule  et  au  nombre  ii""*^, 36r  dounés  précé- 
demment. 

»  Ainsi  le  ballon  dont  le  volume  primitif  était  2000  mètres  cubes  et  qui 
se  trouve  réduit  à  1980  mètres  cubes  à  la  température  t  conservera  la 
même  force  ascensionnelle  qu'au  départ,  si  sou  volume  est  porté  par  la 
dilatation  du  gaz  à  1980+11,301  ou  1991™"=, 36i  à  la  température  t' ; 
cette  température  est  égale  à  t,  la  température  primitive,  plus  <,  qui  repré- 
sente l'accroissement  de  température  de  gaz  du  ballon. 

»  Cherchons  donc  la  valeur  de  t^  et  ce  qu'il  en  coûte  pour  l'obtenir. 
-L'augmentation  de  volume  à   produire  par  rapport  au  volume  total  est 

C.  R.,  1870,  -1=  Semestre.  (T.  LXXI,  N»  %'l.)  I  '3 


(  844  ) 

égale  à  — '-r, —  =  — t  environ.   Le  coefficient   de  clilatalion  du   eraz  étant 
»  1980         174 

— rî  la  valeur  de  t,  sera  donnée  en  divisant  — vpar — -:  /,=  ^  =:  i^.St. 
273  174'      273     '174  ^ 

Cette  faible  augmentation  de  la  température  intérieure  du  ballon  sur  celle 
de  l'air  ambiant  n'aura  pas  d'influence  dangereuse.  (Dans  les  montgolfières, 
cette  différence  atteint  5o  et  70  degrés  sans  inconvénient.) 

»  Cherchons  maintenant  ce  que  coûtera  cette  augmentation  de  tempé- 
rature. Le  volume  réduit  du  ballon  est  1980  nièlres  cubes;  la  cn|)acité 
calorifique  du  gaz,  o,35;  l'augmentation  de  température  à  produire,  i°,57. 
Le  nombre  de  calories  à  produire  sera  donc  égal  à 

1980  X  0,35  X  1°, 57  =  1088  calories. 

»  La  puissance  calorifique  de  i  mètre  cube  de  gaz  d'éclairage  étant  re- 
présentée par  6975  calories,  on  voit  qu'il  faudra  moins  de  -^  de  mètre  cube 
de  gaz  pour  produire  la  compensation  nécessaire.  Ainsi,  en  brûlant  |  de 
mètre  cube  de  gaz,  c'est-à-dire  en  perdant  une  force  ascensionnelle  égale 

à  -^. —  =  o^',  122,  on  peut  compenser  une  perte  de  force  ascensionnelle, 

représentée  par  o''s,  735  X  20  =  i4''^)  700;  ce  qui  revient  à  dire  qu'en 
brûlant  i  gramme  de  gaz  on  gagne  lao^',  5  de  force  ascensionnelle.  On 
voit  par  là  de  quelle  immense  ressource  peut  disposer  l'aéronautc  |)ar 
l'emploi  de  ce  système. 

»  Le  gaz  nécessaire  à  la  combustion  vient  du  ballon  même  où  il  est 
puisé  par  une  pompe  qui  l'amène  d'abord  dans  un  petit  réservoir  placé 
dans  la  nacelle  pour  se  rendre  de  là  au  foyer,  ou  rëchaiiffeur  construit  en 
métal  et  enveloppé  d'une  double  toile  métallique.  » 

Après  avoir  exposé  en  détail  comment  il  entend  l'application  de  son  pro- 
cédé aux  ballons  ordinaires,  l'auteur  ajoute  ;  «  Le  réchauffeur  étant  en 
métal,  l'endosmose  et  l'exosmose  ne  peuvent,  à  la  pression  ordinaire,  se 
produire,  et,  par  suite,  il  ne  se  formera  pas  de  mélanges  détonants.  La 
double  enveloppe  en  toile  métallique  est  d'ailleurs  une  garantie  de  plus 
contre  les  chances  d'explosion. 

»  Je  terminerai  cette  Note  par  quelques  considérations  générales  sur 
l'emploi  de  ce  réchauffeur  dans  les  ballons  dirigeables. 

»  Le  moteur  à  air  dilaté  par  la  combustion  du  gaz  d'éclairage  que  j'ai 
proposé,  laisse  échapper  du  piston  des  gaz  brûlés  ([ui,  après  avoir  produit 
leur  effet  mécanique  utile,  ont  encore  luie  température  de  200  à  25o  degrés  ; 
si,  au  lieu  de  perdre  ces  gaz  dans  l'atmosphère,  on  les  fait  arriver  en  tout 


(  8/,5  ) 
ou  en  partie  dans  le  rôchaiifteiir,  ils  céderont  au  cjaz  du  ludion  une  partie  de 
leur  chaleur  qui  ne  coûte  rien,  puisqu'on  la  laisse  y.erdrt  hcdiiluellement. 

»  Ce  réchauffeur  est  l'analogue,  en  quelque  sorte,  du  condenseur  <\es  ma- 
chines à  vapeur,  seulement  la  vapeur  est  ici  remplacée  par  les  gaz  brûlés, 
et  Veau  de  condensation  par  le  (jaz  du  ballon. 

»  En  employant  les  moteurs  à  vapeur,  une  partie  de  la  vapeur  d'échap- 
pement, dirigée  dans  le  réchauffeur,  produirait  le  même  effet  que  les  gaz 
brûlés  dont  l'arrivée  serait  réglée  à  volonté  dans  le  réchauffeur. 

»  Sans  entrer  dans  plus  de  détails  sur  ce  dispositif,  dans  lequel,  pour 
éviter  la  contre-pression  sur  le  piston,  on  pourrait  donner  au  réchauffeur  la 
forme  d'un  siphon,  je  me  résume  eu  disant  que  le  réchauffeur,  par  son 
emploi  facile  et  économique,  en  même  temps  que  par  les  grandes  facilités 
qu'il  donnerait  à  l'aéronaute,  pourrait  sans  doute  être  appliqué,  sous  une 
forme  différente  peut-être,  à  tous  les  aérostats  en  général,  pojiH-  augmenter 
la  commodité,  la  durée  et  la  sécurité  des  voyages  aériens  dans  les  diffé- 
rentes phases  qui  les  composent.  » 

L'Académie  reçoit,  de  M.  Gailiiaud,  une  Note  relative  à  un  procédé  de 
préparation  du  gaz  destiné  aux  aérostats;  de  M.  Bazin,  un  projet  de  télé- 
graphie électrique  aérienne,  réalisable  au  moyen  d'aérostats;  de  M.  G. 
Trouvé,  une  Note  relative  à  deux  machines  aérostatiques;  de  M.  J.  Bernis, 
un  «  Mémoire  su.r  l'aérostatique  transcendante,  précédé  d'une  Note  sur  la 
navigation  aérienne  »;  de  M.  Brachet,  une  nouvelle  Note,  sur  le  parti  à 
tirer  de  l'aérostat  de  Meusnier;  de  M.  Cn.  Delcourt,  quelques  Notes  com- 
plémentaires, sur  son  projet  d'aérostat  dirigeable. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Morin,  Delaunay, 

Dupuy  de  Lôme.) 

M.  G.  Lamrert  soumet  aii  jugement  de  l'Académie  un  projet  de  com- 
munication entre  Paris  investi  et  la  province. 

(Commissaires  :  MM.  Delaunay,  Dupuy  de  Lôme.) 


1  k:>. 


(  846  ) 
CORRESPONDANCE. 

PHYSIQUE.  —  Sur  ta  formule  de  la  vitesse  du  son.  Note  de  31.  J.  Moutier, 
présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Si  l'on  considère  un  corps  de  poids  égal  à  l'unité,  occupant  le  vo- 
lume i^à  la  température  Z  et  à  la  pression  /j,  la  quantité  de  chaleur  néces- 
saire pour  produire  une  transformation  élémentaire  est 

^Q  =  Idu  -f-  cdt  =  Cdt  +  hdp, 

suivant  que  l'on  prend  pour  variables  indépendantes  le  voliune  et  la  tem- 
pérature, ou  bien  la  température  et  la  pression.  Les  coefficients  C,  c,  / 
représentent  la  chaleur  spécifique  sous  pression  constante,  la  chaleur  spé- 
cifique sous  volume  constant  et  la  chaleur  latente  de  dilatation;  le  coef- 
ficient h,  qui  n'a  pas  reçu  de  nom  particulier,  est  lié,  comme  on  sait,  à  la 
chaleur  latente  de  dilatation  par  la  relation 

h  =  l~, 
dp 

dans  laquelle  d\'  est  l'accroissement  de  volume  correspondant  à  un  accrois- 
sement de  pression  dp,  la  température  étant  sup[)osée  constante. 

),  Si  la  transformation  élémentaire  s'accomplit  sans  que  le  corps  reçoive 
de  chaleur  de  l'extérieur,  dQ  =  o, 

ldi>  -t-  cdt  =  o,     Cdt  -+-  hdp  —  o. 
»  Si  l'on  élimine  /  entre  ces  trois  dernières  équations,  on  a 

»  D'ailleurs,  si  l'on  considère  la  température  du  cor|)s  comme  une  fonc- 
tion de  p  et  (le  c, 

,  dt    ,         lit   j 

dt  =  —  d\>  -Jr  —  dp  ; 

di'  dj>     ' 

par  suile,  lorsque  la  température  du  corps  demeure  invariable,  dt  =  o, 

(2)  '■ll-^di>+'^dp=.0. 

»  Si  l'on  appelle  a.  et  a'  les  coefficients  de  dilatation  sous  pression  cou- 


(  847  ) 
stante  et  sons  volume  constant, 

ch  \  +  at         <lt  I  -t-  a'  t 


*  '. 


(Iv  VA  dp  pal       ^    ' 

d'où  l'on  déduit  immédiatement,  au  moyen  de  la  relation    2), 

ch  I'  a  l  -\-  'j!  t 

3-  = X  —X  — \ — -• 

dp  p  y.  I  +  a  f 

I)  En  reportant  cette  valeur  dans  l'équation  (1),  on  a 

/o\  /  Go         a'  l  +  a.t      j 

(3  c/»= X  -  X  -  X      ,     .dv. 

^     '  '  c  V  Ci  I  -i-  a.  t 

»  Cette  équation  fait  connaître  la  variation  de  pression  qui  accompagne 
une  variation  infiniment  petite  de  volume,  lorsque  le  corps  ne  reçoit  pas 
de  chaleur  de  l'extérieur;  c'est  par  conséquent  ta  loi  de  détente  élémentaire 
sans  variation  de  chaleur. 

0  Proposons-nous  d'en  faire  l'application  à  la  propagation  du  son  dans 
les  gaz.  Considérons  un  cylindre  indéfini  dont  la  section  soit  égale  à  l'unité 
de  surface,  et  supposons  qu'un  piston  placé  à  l'orifice  du  cylindre  se  dé- 
place d'une  quantité  infiniment  petite  s  pendant  un  temps  infiniment 
petit  9.  Si  l'on  désigne  par  V  la  vitesse  du  son,  pendant  le  déplacement 
élémentaire  du  piston  le  son  s'est  propagé  à  une  distance  de  l'orifice  égale 
à  YQ,  et  comme  la  section  est  supposée  égale  à  l'unité,  le  volume  gazeux 
V(5  =  i»  a  diminué  de  £  =  —  di>.  Il  en  résulte  que  la  pression  primitive  p 
du  gaz  contenu  dans  le  cylindre  éprouve  un  accroissement  dp  déterminé 
par  la  relation  (3). 

,  G  p  a'  I  4-  a' 

dp  =  -X:~X-y<  — ; T-  £. 

'  c  V9  a  l  -h  y.  t 

))  Si  l'on  appelle  A  la  masse  de  l'unité  de  volume  du  gaz,  l'accroisse- 
ment de  pression  dp  met  en  mouvement  la  masse  gazeuse  sA  et  lui  com- 
munique, au  bout  du  temps  infiniment  petit  0,  la  vitesse  V, 

(4)  ^p  =  '^r 

»  En  é-^alant  ces  deux  valeurs  de  dp,  on  obtient,  pour  la  valeur  de  la 
vitesse  du  son  dans  un  gaz, 


-s/ 


p  C  a.'  I-f-  a« 

T  X  -  X  -  X        ,      r- 

A  c  a  1  -i-  ot.  t 


[*)   Comptes  rendus,  t.  LXXI,  p.  807. 


(  848  ) 

M  La  formule  ainsi  obtenue,  indépendamment  de  toute  hypothèse  parti- 
cuhère  sur  les  propriétés  du  gaz,  ne  diffère  de  la  formule  de  Newton, 
après  la  correction  de  Laplace,  que  par  l'introduction  do  deux  facteurs 
voisins  de  l'unilé  et  déterminés  par  les  expériences  de  M.  Regnault.  Ces 
facteurs  se  réduisent  à  l'unité  dans  le  cas  des  gaz  parfaits,  c'est-à-dire  des 
gaz  qui  suivent  les  lois  de  Mariotle  et  de  Gay-Lussac;  c'est  le  cas  considéré 
habituellement.  «  En  résumé,  comme  le  remarque  M.  Regnault  (*),  la 
»  théorie  mathématique  n'a  abordé  jusqu'ici  la  propagation  des  ondes  que 
»  dans  un  gaz  parfait,  c'est-à-dire  dans  un  Jliiide  idéal  qui  réunit  toutes  les 
»  propriétés  que  l'on  a  introduites  fi^^ijothétiqiiemeiit  dans  le  calcul.  On  ne 
»  s'étonnera  donc  pas  de  voir  que  les  résultats  de  mes  expériences  soient 
»   souvent  en  désaccord  avec  la  théorie.  » 

»  Si  l'on  calcule  le  rapport  des  deux  chaleurs  spécifiques,  non  phis 
d'après  hi  loi  de  détente,  qui  suppose  le  gaz  parfait,  mais  d'après  les  prin- 
cipes de  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur,  indépendamment  de  toute 
hypothèse  sur  les  propriétés  du  gaz,  connue  j'ai  essayé  de  le  faire  dans  une 
précédente  Communication,  le  désaccord  entre  la  théorie  et  l'expérience, 
dans  certains  cas,  n'est  qu'apparent.  Prenons  comme  exemple  le  rappoit 
des  vitesses  du  son  dans  l'acide  carbonique  et  dans  l'air  à  la  température 
de  la  glace  fondante;  le  rapport  des  deux  chaleurs  spécifiques  est  1,326 
pour  l'acide  carbonique  et  1,409  pour  l'air  (**).  En  appliquant  la  formule 
précédente,  on  trouve  aisément  pour  le  rapport  des  vitesses  du  son,  dans 
ces  deux  gaz  à  zéro,  le  nombre  0,7827;  le  rapport  donné  par  les  expé- 
riences de  M.  Regnault  sur  la  conduite  de  067  mètres  de  longueur  est 
0,7848  (***).  La  valeur  calculée  ne  diffère  de  la  valeur  fournie  par  l'obser- 
vation que  de  —3  (*'**)• 


(*)  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  t.  XXXVII,  ]).  54 1. 

(*')  Les  éléments  du  calcul  sont  pour  l'air,  d'après  les  expériences  de  M.  Regnault, 
0  =  0,9,3771  entre  —  3o  degrés  et  -+- 10  degrés,  a  =0,003670,  a' :=  o,oo3665  ;  011  re- 
trouve le  même  nombre  1,40951  l'on  prend  pour  C  la  valeur  0,23751  relative  à  l'intervalle 
de  zéro  à  200  degrés. 

Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  t.  XXXVII,  p.  i3o. 

On  peut  remarquer  que  1rs  expériences  sur  la  ^^tesse  du  son  dans  les  gaz  permettent 
de  déterminer  le  rapport  des  deux  clialeurs  spécifiques  avec  plus  d'exactitude  que  les  expé- 
riences faites  jusiju'ici  sur  la  détente  des  gaz  sans  variation  de  chaleur.  Cela  tient  à  ce  que 
rétablissement  de  la  foruude  relative  à  la  vitesse  du  son  reiiose  uniquement  sur  la  loi  de 
détente  étémcntriire  donnée  par  l'équation  (3)  et  applicable  à  tous  les  gaz,  tandis  que  l'on 
ne  sait  au  juste  (pielle  est  la  loi  de  détente  finie  pour  un  gaz  autre  <pie  les  gaz  parfaits.  Si  la 


(  849  ) 
))   Un  raisonnement  analogne  au  précédent  conduit  également  à  la  for- 
mule de  la  vitesse  du  son  dans  les  liquides.  Reprenons  l'équation  (i)  et 
appelons  p.  la  diminution  de  l'unité  de  volume  pour  un  accroissement  de 
pression  égal  à  l'unité  de  |)oids, 

àv  ,  Ci, 

—  =  y-,     rlp  = X  —  di>. 

vdp         t    '         '  c  pc 

)»   Si  l'on  reporte  cette  valeur  dans  l'équation  (4),  on  obtient,  après  ré- 
duction, pour  la  valeur  de  la  vitesse  du  son  dans  un  liquide, 


s/i. 


C 

^  X  -•  » 

A  c 


ZOOLOGIE  HISTORIQUE,  —  Sur  Ciiitroduclion  el  la   domeslicité.  du  porc 
chez  les  anciens  Egyptiens;  par  M.  F.  Lexormant. 

«  L'histoire  des  animaux  domestiques  est  un  sujet  particulièrement  inté- 
ressant, mais  il  présente  encore  de  très-grandes  obscurités.  La  zoologie 
n'est  pas,  croyons-nous,  complètement  en  mesure  de  résoudre  à  elle  seule 
tous  ces  difficiles  problèmes  par  l'étude  des  races  actuellement  subsis- 
tantes. 11  lui  est  nécessaire  de  remonter  dans  le  passé,  en  appelant  à  son 
aide  les  secours,  jusqu'à  présent  un  peu  trop  négligés  par  elle,  que  peu- 
vent lui  fournir  les  sciences  de  l'érudition,  principalement  l'archéologie 
des  monuments  figurés  et  la  philologie  comparative,  l'une  recueillant  les 
images,  souvent  très-précieuses,  des  espèces  domestiques  élevées  chez  les 
divers  peuples  civilisés  du  monde  antique,  l'autre  permettant  de  suivre 
dans  bien  des  cas,  à  l'aide  de  la  filiation  des  noms,  la  transmission  de  ces 
espèces  dépeuple  en  peuple  et  de  remonter  ainsi  très-près  du  berceau  pre- 
mier de  leur  domestication. 

»  Dans  cette  série  d'études  sur  les  animaux  domestiques  de  l'ancienne 
É»ypte,  que  l'Acadéiiiie  a  daigné  accueillir  avec  tant  de  bienveillance,  nous 
n'avons  pas  la  prétention  d'apporter  la  solution  de  questions  que  les  mai- 


loi  lie  détente  pv"'  =  const.  est  applicable  à  l'acide  carbonique,  le  coefficient  de  délente  m 

doit  avoir  pour  valeur 

f    dp         C         a'  I  +  a?  ■ 

—  ■=-x-x    


p    (•/(■  c  Cl.  1  +  a  < 

Aux  températures  voisines  de  zéro  m  déviait  être  égal  à  i  ,3a6.  Les  expériences  directes  sur 
la  détente  des  gaz  fournissent  une  valeur  un  [leu  plus  faible,  en  supposant  la  relation 
^i,m  __  const.  exacte  pour  l'acide  carbonique. 


(  85o  ) 

très  de  la  science  ont  laissées  indécises.  Notre  seule  ambition  est  de  fournir 
aux  études  des  naturalistes  un  certain  nombre  de  faits  précis,  empruntés 
à  l'archéologie  et  à  la  philologie,  qui  puissent  servir  d'éléments  dans  des 
recherches  ultérieures.  Ces  faits,  croyons-nous,  ne  leur  seront  pas  sans 
quelque  utilité,  et  nous  nous  regarderions  comme  amplement  récompensé 
de  nos  investigations  patientes  si  elles  pouvaient  indiquer  aux  zoolo- 
gistes quelques  filons  à  suivre  dans  l'ordre  de  sujet  auquel  elles  se  rap- 
portent. 

).  Ainsi,  en  groupant  aujourd'hui  dans  une  nouvelle  Note  les  principaux 
faits  que  nous  avons  pu  recueillir  sur  l'histoire  du  porc  dans  l'antiquité 
égyptienne,  nous  ne  prétendons  pas  examiner  et  encore  moins  décider  les 
questions  graves  qui  se  soulèvent  au  sujet  de  cet  animal  et  divisent  les  sa- 
vants; ni  celle  de  savoir  si  notre  cochon  domestique  dérive,  comme  on  le 
pense  le  plus  généralement,  du  sanglier  de  nos  forêts,  ou  bien,  comme  le 
prétend  Link  (C/ru;e/<;,  t.  I,  p.  387),  d'une  espèce  sauvage  particulière  que 
l'on  rencontre  en  Perse;  ni  celle  de  savoir  si  pour  cet  animal,  comme  pour 
plusieurs  autres,  diverses  espèces  sauvages  distinctes  n'ont  pas  été  réduites 
en  domesticité  dans  des  pays  différents,  donnant  ainsi  naissance  aux  prin- 
cipaux types  des  variétés  domestiques,  si,  par  exemple,  notre  cochon  com- 
mun et  le  cochon  de  Siam  n'étaient  pas  à  l'origine  spécifiquement  diffé- 
rents. Notre  but  est  plus  restreint  et  plus  modeste  :  il  s'agit  seulement  de 
suivre  l'histoire  et  le  rôle  de  l'animal  dans  une  des  plus  importantes  civili- 
sations des  âges  antiques,  et  de  déterminer  autant  que  possible  l'époque 
où  il  fut  introduit,  ainsi  que  la  région  d'où  il  venait. 

»  Le  porc  n'est  pas  en  effet  un  des  animaux  domestiques  de  la  civilisa- 
lion  primitive  de  l'Egypte.  On  ne  le  trouve  jamais  mentionné  dans  les  textes 
ni  de  l'Ancien  ni  du  Moyen  Empire,  et  sa  figure  est  aussi  totalement  ab- 
sente des  monuments  de  ces  deux  grandes  périodes  de  la  culture  égyptienne, 
où  les  représentations  de  la  vie  quotidienne  tracées  sur  les  parois  des  tom- 
beaux nous  font  passer  en  revue  toutes  les  espèces  élevées  alors  dans  la 
vallée  du  Nil.  Et  non-seulement  les  scènes  agricoles  représentées  par  les 
artistes  de  ces  deux  époques  ne  montrent  jamais  le  cochon  domestique,  ce 
qui  donne  le  droit  d'affirmer  qu'il  n'était  point  alors  connu  en  Egypte, 
mais,  circonstance  plus  extraordinaire,  le  sanglier  lui-même  ne  figure  ja- 
mais dans  les  scènes  de  chasse  où  tant  d'autres  animaux  tombent  sous  les 
flèches  du  veneur  et  sont  poursuivis  par  ses  chiens.  Cependant  il  est  dif- 
ficile de  douter  qu'il  dût  être  dès  lors  abondant  au  milieu  des  marais  de  la 
Basse-Égyple,  connue  il  l'est  encore  aujourd'hui,  où  beaucoup  de  fellahs 


(85i  ) 
musulmans  se  nourrissent  de  sa  chair,  en  dépit  des  préceptes  du  Coran. 
Mais  cette  absence  du  sanglier  dans  les  représentations  de  vénerie  des  an- 
ciens Egyptiens,  qui  se  continue  à  toutes  les  époques  dont  nous  possédons 
des  monuments,  s'explique  par  l'idée  d'impureté  absolue  que  la  religion 
égyptienne  attachait  au  porc  sauvage  et  domestique,  idée  qui  empêchait  de 
le  considérer  comme  gibier  de  chasse  et  de  le  manger.  Il  est  donc  probable 
que  si  les  paysans  de  la  Basse-Egypte  devaient  tuer  le  sanglier  connue  ime 
bête  malfaisante  pour  défendre  leurs  champs  de  ses  ravages,  ou  ne  lui  fai- 
sait pas  de  chasse  régulière,  et  qu'il  n'était  pas  conforme  aux  usages  de  se 
vanter  d'avoir  percé  de  ses  traits  cet  animal  impur. 

»  La  notion  d'impureté  attachée  par  le  sacerdoce  de  l'Egypte  au  porc, 
soil  sauvage,  soit  domestique,  est  signalée  par  Hérodote  (II,  47)5  dont  les 
monuments  confirment  pleinement  le  témoignage;  c'est  là  qu'elle  a  été  pui- 
sée par  Moïse  comme  tant  d'autres  prescriptions  rituelles  de  sa  loi,  bien 
que  l'esprit  de  la  religion  nouvelle  qu'il  instituait  fût  diamétralement  op- 
posé à  l'esprit  de  la  religion  de  l'Egypte.  Dans  la  théorie  pharaonique  le 
porc  était  un  des  animaux  consacrés  à  Set  ou  Typhon,  l'antagoniste  d'Osi- 
ris,  la  personnification  la  plus  puissante  du  principe  mauvais,  ténébreux 
et  infernal.  Le  Rituel  funéraire  donne  fréquemment  l'épithète,  injurieuse  de 
«  porc  »  aux  monstres  ty|)honiens  que  le  défunt  rencontre  sur  sa  route  dans 
l'autre  monde  et  qu'il  doit  combattre  avant  de  parvenir  à  la  béatitude  finale. 

»  Le  rôle  symbolique  de  cet  animal  est  alors  identique  à  celui  de  l'hip- 
popotame, emblème  d'un  emploi  plus  ancien  avec  lequel  il  s'échange  fré- 
quemment. La  Grande  dévorante  de  l'Enfer,  un  des  principaux  génies  du 
monde  ténébreux,  chargée  de  châtier  les  âmes  coupables,  est  représentée 
le  plus  souvent  sous  la  figure  d'un  hippopotame  femelle  ou  bien  avec  une 
tète  d'hippopotame  sur  un  corps  de  lionne;  mais  dans  quelques-unes  des 
tombes  royales  de  la  XX*  dynastie  à  Biban-el-Moloidi  (Champollion , 
Monuments  de  r Egypte  et  de  la  Nubie,  t.  III,  PI.  CCLXXII),  et  sur  certains 
sarcophages  de  \,\  XXVP  dynastie,  comme  celui  de  T'atio,  au  Musée  du 
Louvre  (De  Rougé,  Calaloijue  des  monuments  égyptiens  du  Louvre,  D-i),  elle 
est  figurée  sous  les  traits  d'une  truie  que  des  génies  eu  forme  de  singes 
cynocéphales  chassent  loin  de  l'âme  juste  qui  passe  au  tribunal  d'Osiris. 
C'est  probablement  celte  Grande  dévorante  de  l'Enfer  que  représentent  les 
images  d'une  truie  en  terre  émaillée  ou  en  autres  matières  que  l'on  trouve 
parmi  les  amulettes  suspendues  au  cou  des  momies  d'une  certaine  époque. 

»  Dans  les  bas-reliefs  si  curieux  du  temple  d'Edfou  (époque  des  Ptolémées) 

C    R.     i8;o.   i*  Semestre.  (T.  LXXI,  N"  24.)  I  '4 


(  852  ) 
relatifs  au  mythe  d'Honis,  que  M.  Edouard  Naville  a  récemment  publiés 
[Textes  relatifs  au  mythe  d'Horus  recueillis  dans  le  temple  d'Edfou,  Genève, 
1870,  in-fol.),  l'artiste,  guidé  par  les  indications  sacerdotales,  a  retracé 
en  plusieurs  tableaux  la  vengeance  que  le  61s  d'Osiris  tire  du  meurtre  de 
son  père  en  tuant  à  son  tour  Set  ou  Typhon,  transformé  «  en  un  hippopo- 
tame rouge.  »  Dans  les  derniers  tableaux  la  figure  d'un  porc  se  substitue  à 
celle  de  l'hippopotame,  pour  représenter  le  dieu  malfaisant.  Et  quand  on  en 
vient  aux  prescriptions  rituelles  du  sacrifice  qui  se  célébrait  dans  le  temple 
pour  commémorer  et  symboliser  la  victoire  d'Horus,  il  est  ordonné  de 
faire  «  un  cochon  en  pâte  »  et  de  le  découper  en  morceaux  comme  fut 
découpé  le  corps  de  Typhon.  C'est  là  bien  évidemment  le  sacrifice  dont 
parle  Hérodote  (II,  47)  :  «  f-es  Égyptiens  sacrifient  un  porc  à  la  Lune  et  à 
»  Dionysus  (Isis  et  Osiris),  une  fois  dans  l'année,  dans  une  pleine  huie.... 
»  Après  en  avoir  brûlé  la  queue,  la  rate  et  la  graisse  du  venire,  ils  mangent 
»  alors  la  chair  de  l'animal,  mais  le  reste  de  l'année  elle  est  absolument 
»  interdite.  Les  pauvres  font,  à  la  place,  des  cochons  de  pâte  qu'ils  dé- 
w  coupent  après  les  avoir  fait  cuire.  »  Et  ce  qui  achève  de  démontrer  l'iden- 
tité des  deux  cérémonies,  c'est  qu'Hérodote  place  la  sienne  à  la  pleine  lune 
et  qu'un  précieux  passage  d'Eusèbe  [Prœpar.  evang.,  IH,  12)  assigne  au 
mythe  de  la  lutte  d'Horus  contre  Typhon,  transformé  en  hippopotame,  le 
caractère  de  personnification  d'un  phénomène  lunaire. 

»  L'idée  d'impureté  que  la  religion  attachait  ainsi  au  porc  chez  les  an- 
ciens Égyptiens  explique  pourquoi  cet  animal  ne  fut  pas  réduit  en  domes- 
ticité ni  élevé  par  eux  pendant  toute  la  durée  des  âges  primitifs,  où  leur  ci- 
vilisation avait  son  caractère  le  plus  original  et  le  plus  à  part,  sans  aucune 
des  influences  étrangères  qui  commencèrent  à  agir  au  temps  des  conquêtes 
asiatiques  de  la  XVIIP  et  de  la  X1X*=  dynastie;  pourquoi  aussi  le  sanglier, 
indigène  dans  une  portion  de  leur  pays,  ne  fut  jamais  considéré  par  eux 
comme  un  gibier  noble,  représenté  sur  les  monuments.  Nous  avons  peut- 
être  trop  insisté  sur  celte  question,  qui  n'intéresse  que  bien  peu  la  zoologie, 
ap[)artenant  plutôt  au  domaine  de  l'archéologie  pure.  11  nous  a  paru  ce- 
pendant assez  curieux  de  montrer  l'origine  de  la  prescription  relative  à 
l'impureté  de  la  viande  de  porc,  qui,  adoptée  dans  la  loi  mosaïque,  a  passé 
(le  là  dans  l'islamisme,  lequel  la  maintient  encore  en  vigueur  chez  un  grand 
nombre  de  peuples.  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  É.   1).  B. 


(  «53  ) 

ERRATUM. 

(Séance   du   5  décembre    1870.) 

Page  802.  —  Rectifier  de  la  manière  suivante  la  phrase  concernant  les  pays  dans  lesipicls 
li's  premiers  conquérants  avaient  constaté  l'habitude  de  mâcher  la  coca  en  secondant  l'action 
sur  les  glandes  salivaires  par  l'addition  de  la  chaux  vive. 

n  Le  champ  d'observations  était,  au  moment  de  l'arrivée  des  Espagnols,  beaucoup  plus 
vaste  qu'il  ne  le  fut  peu  après,  puisqu'il  s'étendait  de  l'ouest  à  l'est  <lepuis  l'Etat  de  Nicaragua 
où  la  plante,  comme  nous  l'apprend  Oviedo  (livre  VI,  chapitre  xx),  était  connue  ^ous  le 
nom  de  Vnat,  qu'elle  perdait  en  approchant  de  la  Magdalena  pour  prendre  celui  de  Hayn, 
qu'elle  conservait  jusqu'au  delà  des  bouches  de  l'Orénoque,  tandis  que  du  nord  au  sud  on 
pouvait  la  suivre  tout  le  long  de  la  Cordillère  des  Andes  et  du  littoral  de  l'océan  Pacifique 
jusqu'aux  dernières  limites  du  Pérou.   » 


COMPTE  RENDU 

DES  SEANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI   19  DÉCEMBRE   1870. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LIOUVILLE. 


MEîilOIRES  ET  CO^ÏMUIMCATIONS 

DES  MEMBRES  ET   DES  CORRESPONDANTS  DE   L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Président  de  l'Institut  invite  l'Académie  à  désigner  riiii  de  ses 
Membres  pour  la  représenter,  comme  lecteur,  dans  la  prochaine  séance 
trimestrielle,  fixée  au  mercredi  4  janvier  1871. 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Résumé  liistoriqne  des  travaux  dont  la  (jélaline  a 
été  l'objet;  par  M.  Chevrecl  (i). 

«  Rien  de  plus  intéressant  que  l'histoire  des  écrits  relatifs  à  des  faits 
scientifiques  susceptibles  d'applications,  surtout  quand  ils  le  sont  à  l'éco- 
iioniie  domestique. 

))  L'histoire  des  travaux  dont  la  gélatine  a  été  l'objet  justifie  cette  pro- 
position, mais  je  ne  prétends  pas  la  faire  en  ce  moment,  vu  que  je  ne  dispose 
pas  du  temps  qu'elle  exigerait,  je  me  borne  à  tracer  un  résumé  des  prin- 
cipaux travaux  dont  elle  se  compose  dans  l'ordre  chronologique  où  ils  ont 
été  produits. 

(i)  L'Académie  a  déciiié  que  cette  Communication,  bien  que  dépassant  en  étendue  les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  en  entier  au  Compte  rendu. 

C.R.,  iS-o,  2«  S-^wriice.  (T.  L\X1,   N"2S.)  1  ' 'J 


(  856  ) 

§1- 

«  L'origine  de  l'hisloire  de  In  gélatine  date  de  la  publication  des  travaux 
de  D.  Papin  siw  la  manière  d'nniollir  les  os  et  défaire  cuire  toutes  sortes  de 
viandes  en  fort  peu  de  temps  et  à  peu  de  frais. 

»  Eu  1680,  U.  Boyie  avait  |)arlé  de  son  digestenr,  et  en  1682  Papin  pu- 
blia son  livre. 

»  Papin,  en  homme  de  génie  et  eu  observateur  consciencieux,  apprécia 
parfaitement  les  faits  de  la  cuisson  des  matières  alimentaires  d'origine  ani- 
male dans  son  digestenr;  je  me  borne  aux  citations  suivantes. 

»  Si  la  cuisson  des  os  a  été  faite  à  une  chaleur  trop  grande,  la  yélée  étant 
moins  forte  est  aussi  moins  nourrissante  (page  7.6). 

»  Le  brochet  donne  de  la  gelée  par  la  cuisson,  tandis  que  le  maquereau 
n'en  donne  pas  (page  44)- 

»  Le  cartilage  se  dissout  presque  en  entier  et  donné  une  forte  gelée 
(page  71). 

»  Enfin  remarquons  que  la  plupart  des  expériences  de  Papin  ont  été 
faites  comparativement,  et  de  plus  que  quelques  auteurs  ont  eu  tort  de  don- 
ner à  croire  que  le  bouillon  qui  sortait  du  digestem*  avait  toujours  lui  goùl 
d'empyreume  :  avant  d'imaginer  mon  digestenr  distillatoire  (1)  j'ai  fait  un 
assez  grand  nombre  d'expériences  avec  le  digestenr  primitif  pour  protester 
contre  cette  allégation. 

»  Je  ne  quitterai  pas  ce  sujet  sans  faire  remarquer  que  dans  le  Rapport 
de  Magendie  fait  au  nom  de  la  2"  Commission  de  la  gélatine,  la  phrase  sou- 
lignée dans  la  citation  suivante  n'est  pas  exacte  : 

«  L'appareil  où  s'opéraient,  dit  Magendie,  de  si  surprenantes  transformations  fut  pré- 
senté à  1  Académie,  qui  le  vil  fonctionner  et  put  ainsi  contempler  la  vapeur  îi  une  luiitle 
température  s'apptiquaitt  pour  la  première  fois  à  des  Uiages  èconomiijues  (2).  u 

»  Celte  asserlion  est  absolument  inexacte,  puisque  le  digestenr  de  P.ipin, 
loin  d'avoir  été  nuaginé  pour  faire  agir  la  vapeur  siu'  les  corps,  l'a  été  pour 
faire  agir  un  liquiite  (jiielconque  à  luie  températiue  plus  élevée  que  celle  qui 
le  porte  à  l'ébullition  sons  la  simple  pression  de  l'air.  Ajoutons  que  l'expres- 
sion de  limite  température  est  impropre;  la  vérité  est  qu'il  faut  agir  à  inie 
température  supérieure  à  loo  degrés  quand  on  opère  avec  de  l'eau,  mais  tou- 


(1)  Mémoires  du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  t.  I",  p.  375. 

(2)  Tome  XIII,  p.  ?-4*')  '^**  Comptes  rendus. 


(  «57  ) 
jours  inférieiue  à  celle  qui  altérerait  la  matière  organique  soumise  à  l'expé- 
rience. 

§11. 

»  Claude-Joseph  Geoffroy  le  jeune,  frère  d'Éfienne-Francois  (i),  s'était 
proposé,  en  1730  et  1782,  de  déterminer  ce  que  l'eau  bouillante  enlève 
aux  viandes  que  Ton  consomme  ordinairement,  et  de  connaître  la  propoi- 
tion  de  l'extrait  soluble  pesé  à  l'état  sec,  relativement  au  résidu  indissous 
pesé  de  même  à  l'état  sec.  Les  deux  matières  étaient  distillées  ensuite  (2). 

»  Il  soumit  encore  à  l'action  de  l'eau  bouillante  les  os,  la  corne  de  cerf, 
l'ivoire,  etc. 

»  Si  les  résultats  généraux  de  ces  recherches  n'ont  pas  une  grande  va- 
leur, il  en  est  un  auquel  j'attache  de  l'importance,  parce  qu'il  rentre  dans 
une  proposition  générale  que  j'ai  mise  eu  avant  comme  règle  de  l'analyse 
immédiate  organique,  et  poiu'  bien  faire  comprendre  l'esprit  d'après  lequel 
le  chimiste  qui  l'exécute  doit  se  guider. 

»  Le  but  de  cette  analyse  est  d'isoler  les  espèces  chimiques  qui  consti- 
tuent immédiatement  les  êtres  organisés,  les  résultats  ne  doivent  donc  pas 
être  altérés;  or  la  première  observation  à  faire  est  de  constater  s'ils  pré- 
sentent les  propriétés  de  la  matière  avant  l'analyse. 

»  Eh  bien!  c'est  un  exemple  à  suivre  que  je  trouve  dans  le  travail  de 
Geoffroy. 

»  Ayant  soumis  à  la  distillation  au  bain-marie  chaque  sorte  de  viande, 
il  observa  que  le  produit  volatil  de  la  viande  de  bœuf  avait  l'odeur  propre 
au  bouillon  de  cette  viande. 

-)  Mes  recherches  ont  appris  que  le  principe  odorant  résidant  à  l'état 
latent  dans  une  matière  soluble,  est  mis  en  liberlé  par  la  cuisson. 

§  ni. 

»  Jusqu'à  l'année  1758  on  n'avait  pas  d'idée  précise  de  la  nature  chi- 
mique des  os.  Hérissant  contribua  beaucoup  à  la  faire  connaître  par  un  tra- 
vail remarquable  qui  était  bien  l'œuvre  d'un  maître. 


(i)  L'auteur  de  la  Tabh-  des  affinités  ou  lappmts  des  différentes  substances  en  chimie. 

[1)  Examen  chimique  des  viandes  qu'on  emploie  ordinairement  dans  les  bouillons,  par 
lequel  on  peut  connaître  la  quantité  d'extrait  qu'elles  fournissent,  et  ce  que  chaque  bouillon 
doit  contenir  en  suc  nourrissant.  [Mémoires  de  V Académie  des  Sciences,  année  i^So.  Suite, 
Analyse  du  i)aiii,   i^Sa.) 

ii5.. 


(  858  ) 

»  Des  os  fiiiPiil  |)longés  dans  4  parties  d'eau,  rendue  acide  par  i  partie 
d'acide  azotique  l'iimant.  Après  un  certain  temps,  une  matière  indissoute 
conservant  la  forme  de  l'os,  flexible,  de  nature  organique,  fut  séparée 
d'inie  matière  soluble  dans  l'acide,  dont  Hérissant  constata  la  nature 
calcaire;  mais  alors  on  tie  connaissait  ni  la  composition  des  carbonates, 
ni  celle  des  phosphates.  C'est  donc  à  Hérissant  qu'est  due  la  démonstra- 
tion de  ce  lait  caiMtal  :  l'os  est  formé  d'un  tissu  organisé  et  d'une  matière 
calcaire. 

»  l\  étendit  cette  conclusion  quelques  années  après  (1766)  aux  coquilles 
terrestres,  aux  coquilles  d'eaux  douces  et  d'eaux  salées,  aux  madrépores, 
au  corail,  et  insista  sur  la  beauté  de  l'organisation  des  tissus  organiques 
durcis  par  la  matière  terreuse. 

»  C'est  donc  à  Hérissant  qu'on  doit  le  procédé  d'extraction  du  ptueii- 
cliymc^  du  ciirlilrnic,  de  Vosscine  au  moyen  des  acides.  Seulement,  aujour- 
d'hui on  préfère  avec  raison  l'acide  chlorhydriqne  à  l'acide  azotique  ;  mais 
n'omettons  pas  de  l'aire  remarquer  que  du  temps  de  Hérissant,  il  était  plus 
facile;  de  reproduire  inie  eau  acidulée  toujours  la  même,  en  recourant  à 
l'eau  forte  qu'eu  employant  l'esprit  de  sel  ou  l'acide  chlorhydriqne. 

§   IV. 

»  En  judlet  1775  parut  dans  \e  Journal  de  Physique  un  écrit  assez  étendu 
intitulé  :  Rechenhes  sur  une  loi  (j  en  ër  a  le  de  la  nalure,  ou  Mémoire  sur  la  fu- 
sibilité et  la  (lissoluhilité  des  corpê  relativement  à  leur  masse,  oit  l'on  trouve  l'art 
(le  tirer  facilenicnl  et  sans  frais  UNE  MATIÈRE  ALIME^'TAIRE  de  plusieurs  corps 
dans  lesquels  on  ne  reconnaissait  pas  cette  qualité;  par  M.  CilANGEUX. 

»  Je  reproduis  textuellement  ce  titre  |)our  nionlr<'r  la  prétention  de  l'au- 
îtur,  <|'ii,  plein  de  foi  dans  sa  loi  (jénérale,  se  berce  de  l'espoir  qu'elle 
inelira  un  joui  As  lioinmcs  en  étal  de  ne  jamais  craindre  la  tiorrcins  de  la  j'a- 
iiiine. 

))   Voyons  l'apjiliealioii  di;  la  loi  de  Chaugenx  au  sujet  qui  nous  occupe. 

).  Vdclion  du  jeu  est  relative  à  la  niasse  des  corps,  de  telle  sorte  que  de  deux 
parties  égales  (Pua  même  corps,  l'une  présentera  d'autant  moins  d''olistacle  au 
(eu  qu'elle  surpassera  l'aalrc  en  surface. 

»  En  divisant  les  corps,  on  leur  donne  des  propriétés  qui  peuvent  les 
rendre  aptes  à  des  usages  (pi'on  ne  pouvait  prévoir  avant  leur  division,  et 
Changeux  cherche  à  en  donner  la  preuve  en  s'occupant  successivement  des 
trois  règnes. 

»  .Je   ui'  j)arl<  rais  pas  du  legue   minéi-al,  si  Changeux  n'axait  pas  décrit 


(  859) 
une  expérience  qui  est  précisément  celle  que  M.   Pelouze  communiqua  à 
l'Académie  quelques  mois  avant  sa  mort. 

«  Le  verre  en  masse,  dit  Changeux  (  i  ) ,  est  indisoliible  dans  l'eau,  c'est  pourquoi  on  en 
fait  des  vases,  etc;  cependant  il  devient  presque  aussi  dissoliible  que  le  sel,  lorsqu'on  le  ré- 
duit en  poudre  très-ténue.  En  effet,  que  l'on  fasse  bouillir  cette  poudre  dans  l'eau,  et  l'on 
sera  étonné  de  l'énorme  quantité  qui  sera  fondue  par  cette  simple  opération.  » 

»  Passons  aux  graines  des  plantes  farineuses.  Sont-elles  réduites  en /"(/- 
line?  elles  se  changent  très-promptement  au  moyen  de  l'eau  en  une  GELÉE 
alimentaire,  ce  qu'elles  ne  feraient  que  difficilement  si  elles  étaient  restées  à 
l'état  de  masse.  Remarquons  en  passant  l'expression  de  GELÉE  alimentaire, 
comme  l'expression  de  suc  nourricier,  toutes  les  deux  concernent  des  appa- 
rences, des  formes,  des  propriétés  de  matières  qu'on  juge  comme  étant  l'in- 
dice de  la  partie  essentielle  des  aliments.  Et  voilà  l'explication  de  l'opinion 
de  ceux  qui  n'attribuent  la  propriété  nutritive  de  la  viande  qu'à  la  gélatine 
qu'elle  donne,  et  qui  sérieusement  souiiennent  que  les  os  sont  plus  nutri- 
tifs qu'elle  parce  que,  à  |)oids  égal,  ils  renferment  plus  de  gélatine. 

»  Changeux  se  demande  si  le  lin  et  le  chanvre,  après  avoir  été  linge,  ne 
deviendraient  pas  par  l'infusion  et  la  trituration  un  vrai  parenchpne  qui, 
purifié,  pourrait  être  aussi  alimentaire  que  la  gelée  fournie  par  les  poudres 
des  graines  farineuses  ;  il  ajoute  que  ses  expériences  lui  ont  prouvé  rpi'il 
n'est  pas  de  bois  et  de  matière  végétale  qui  par  la  liivision  ne  |>uisse  servir  de 
nourriture  à  l'homme. 

»  Le  raisonnement  de  Changeux  appliqué  aux  produits  d'origine  animale, 
le  conduit  à  la  conséquence  qu'il  suffit  de  ramollir  et  de  dissoudre  les  par- 
ties les  plus  dures  des  animaux,  telles  qiîe  les  cornes,  les  ongles,  l'ivoire, 
les  phunes,  les  poils,  les  barbes  de  baleine,  etc.,  poin*  en  faire  luie  matière 
alimentaire. 

»  Voilà  comment  l'auteur  est  coniluil  à  reproduire  l'idée  de  Papin  rela- 
tive à  faire  servir  les  os  à  l'alimentation  ;  mais  le  procédé  qu'il  propose  poin- 
atteindre  ce  but  n'exige  plus  de  digestetir,  il  suftit  de  diviser  les  os  le  plus 
possible,  soit  au  moyen  d'un  pilon,  soit  au  moyen  d'ini  moidin,  et  d'en 
soumettre  la  poudre  à  une  heure  d'ébuUition  dans  l'eau.  Le  produit  est  une 
gelée,  dit  Changeux,  aussi  savoureuse,  aussi  restaurante  que  la  gelée  de 
viande. 

I)    Quelques  cuillerées  de  poudre  d'os  de  bœuf,  de  veau,  etc.,  fournironi  une 


[  I  )  Journal  de   Physique,  t.  VI,  p.  4"  ('775). 


(  86o  ) 
(juaiUilé  énorme  de  gelée  qtion  assaisonnera  avec  du  sel  et,  si  F  on  veut,  quelques 
aromates. 

»  N'insistons  point  sur  la  confusion,  dans  l'esprit  de  l'auteur,  des  pro- 
priétés cliimiques  de  l'affinité  et  delà  dissolution  cliimique  d'une  part,  avec 
la  division  purement  mécanique  de  la  matière  d'une  autre  part.  Cette  con- 
fusion était  naturelle  dans  l'esprit  d'un  homme  qui  n'était  pas  chimiste. 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  n'est  pas  sans  intérêt  de  rappeler  ce  que  j'ai  dit  à  propos 
de  la  découverte  de  la  Montgolfière  :  des  idées  inexactes  peuvent  conduire  à 
des  découvertes,  et  clans  le  travail  de  Changeux  que  je  rappelle,  n'ouhlions 
pas  l'altération  profonde  du  verre  en  poudre  par  l'eau  houillante  et  l'im- 
portance de  son  expérience  de  la  division  mécanique  des  os  pour  en 
obtenir  la  gelée.  Nous  allons  voir  la  haute  estime  que  l'illustre  Proust  atta- 
chait à  cette  découverte. 

§  V. 

')  Nous  sommes  arrives  à  l'année  1791,  époque  à  laquelle  un  opuscule 
intiiidé  :  Recherches  sur  les  inoyens  d'améliorer  la  subsistance  du  soldat,  parut 
à  Madrid  où  l'auteur,  Proust  d'Angers,  professait  la  chimie,  après  avoir 
quitté  la  chaire  qu'il  avait  occupée  à  l'Ecole  d'Artillerie  deSégovie. 

»  Dire  ici  que  le  génie  lie  Proust  a  été  mécoiuiu  serait  manquer  étran- 
gement à  la  vérité;  car  en  181G  l'Académie  l'appelait  dans  son  sein  à  la 
|)resque  unanimité  des  suffrages,  et  |)ourtant  il  était  absent  de  Paris  et  ne 
quitta  point  l'Anjou,  où  il  mourut  en  1826.  Quoiqu'il  en  soit,  hors  de  cette 
enceinte  ses  travaux  ont-ils  toujours  été  cités  quand  ils  auraient  du  l'être? 
je  ne  le  pense  pas,  comme  on  le  \erra;  aussi  ne  mancjuerai-je  pas  l'occasion 
de  rappeler  la  grande  part  qu'il  a  dans  l'histoire  de  la  gélatine  en  insistant 
sur  le  mérite  scientifique  de  l'opuscule  dont  je  viens  de  reproduire  le  litre. 

i>  Proust  reconuait,  avec  se»  [irédécesseurs  et  ses  contemporains,  en  com- 
mençant son  écrit,  que  la  substance  de  la  gelée  existe  dans  la  viande  et 
dans  les  os,  et  qu'extrêmement  attendrie  dans  la  première,  elle  est  bien 
mieux  disposée  à  être  dissoute  par  l'eau,  que  ne  l'est  la  substance  de  la  ge- 
lée des  seconds  qui  se  trouve  en  proportion  plus  forte,  mais  endurcie, 
sèche  et  comprimée  dans  des  cellules  des  os.  Le  digesteur  fut  imaginé  pour 
l'en  extraire,  mais  les  inconvénients  de  l'apj^areil  ont  einpéclié  que  l'usage 
s'en  étendît. 

))  Proust,  mettant  à  profit  l'observation  de  Changeux,  relative  à  la  pré- 
par.ition  de  la  gelée,  en  a  fait  sentir  l'iinporiance  en  comiiaranl  la  quantité 
de  gelée  oblenue  des  os  réduits  en  quelques  morceaux  seulement,  comme 


(  86i  ) 
on  le  fait  généralement  dans  les  cuisines,  avec  la  quantité  de  gelée  obtenue 
des  mêmes  os  après  qu'on  les  a  eu  réduits  en  poudre. 

M  Avant  d'aller  plus  loin,  disons  la  cause  de  l'exactitude  des  expériences 
de  Proust.  Sachant  qu'elles  ne  peuvent  être  précises  sans  l'usage  de  la  ba- 
lance, et  que  si  elles  sont  comparatives,  les  conséquences  n'en  sont  accep- 
tables qu'à  la  condition  du  contrôle  auquel  on  soumet  les  produits  amenés 
à  un  état  identique,  il  reconnut  en  principe  la  nécessité  d'aniener  à  un 
état  constant  de  siccité  les  gelées  qu'il  voulait  comparer  relativement  à  leurs 
poids  respectifs,  sachant  que  les  gelées  renferment  des  quantités  trop  varia- 
bles d'eau  pour  donner  des  résultais  certains.  Proust  appelle  pastilles  de 
houillon  ou  simplement  pastilles,  les  gelées  amenées  ainsi  au  même  degré 
de  siccité;  et,  grâce  à  cette  manière  de  procéder,  l'auteur  des  Becherches  des 
moyens  d'améliorer  In  subsistance  du  soldat  est  arrivé  à  des  conclusions 
qu'aucun  travail  postérieur  à  son  opuscule  de  1791  n'a  pu  contredire, 
comme  je  vais  le  démontrer  sans  peine. 

A.    Tous  les  os  ne  donnent  pas  In  même  quantité  de  gelée. 

»  En  indiquant  les  quantités  de  pastilles  obtenues  des  os,  il  a  grand  soin 
de  distinguer  ceux-ci  ,  afin  d'éviter  les  mécomptes  résultant  d'une  moyenne 
prise  siu-  des  quantités  dont  les  extrêmes  seraient  fort  différents. 

»  En  outre,  il  distingue,  pour  chaque  sorte  d'os,  deux  cas  très-diffé- 
rents :  le  premier  est  celui  où  les  os  ont  été  simplement  cassés  en  quel- 
ques morceaux,  comme  on  le  fait  dans  les  cuisines  habituellement;  et 
le  deuxième  concerne  les  os  mêmes  qui  déjà  ont  subi  l'ébullition  du  pot- 
au-feu,  que  l'on  soumet  à  une  nouvelle  cuisson,  après  les  avoir  pulvérisés 
conformément  à  la  prescription  de  Changeux. 
»   Pour  1000  parties  : 

Les  os  de  Jambes  de  bœuf,  séparés  de  la  moelle  et  de  leurs  extrémités, 

ont  donné 53 ,  08  de  pastilles. 

Les  os  des  articulations  des  cuisses  et  des  jambes.       98,25  » 

Les  os  des  hanches  ont  donné 175,37  » 

»  Voici  maintenant  les  résultats  obtenus  des  mêmes  os  simplement 
cassés,  ensuite  réduits  en  poiulre  : 

1280  gros.  I"  Cfl*. 

gros 

Os  de  jambe 2,25 

«    des  articulations  ....  6,5o 

.    de  haoche 18, 5o 

»    de  côte  et  vertèbres.  .  ?  .    

»  '  de  mouton  ...    ? 

»    de  cochon ? i55,oo 


2« 

cas. 

cros 

71,83 

'.'.  i'. 

:3i 

'9 

120, 

,00 

::  I : 

i8 

,4 

208 

,00 

:  :  I  : 

!  I  I 

,2 

178, 
.54, 

,00 
00 

(  862  ) 

B.    Toutes  les  gelées  d'os  ne  sont  pas  de  la  même  qualité. 

»  Toutes  les  gelées  ne  sont  pas  identiques  :  celle  des  côtes  est  préférable 
à  celle  des  os  de  hanche.  La  gelée  des  os  de  mouton  a  l'odeur  de  la  viande 
de  l'animal. 

C.   Préparations  diverses  de  gelée  d'os. 

»  i"  Bouillon.  —  Si  quelque  chose  justifie  la  règle  suivie  par  Proust 
d'exprimer  les  quantités  de  gelée  à  l'état  de  pastille,  c'est  l'observation 
suivante  appliquée  à  la  jiréparafion  de  bouillon  d'os  susceptibles  de  se 
prendre  eu  gelée  à  diverses  températures. 

I  partie  de  pastille  et  3i  parties  d'eau  donnent  un  bouillon,  qui  se  prend 
en  gelée  aux  températures  de  zéro  à  5  degrés. 
»  et  24  parties  d'eau  donnent  un  bouillon  qui  se  prend 

en  gelée  aux  températures  de  6  à  g  degrés. 
»  et  18  à  20  parties  d'eau  donnent  un  bouillon  qui  se 

prend  en  gelée  aux  températures  de  10  à  i4  degrés. 

M  2°  Bliinc  manger.  —  Ou  prend  de  i4à  1  5  onces  de  gelée;  on  y  ajoute 
i"°'',5  de  sucre,  et  du  sel. 

»  On  tire  avec  elle  le  lait  de  1  2  amandes  douces  et  de  4  amandes  amères, 
que  l'on  aromatise  avec  un  peu  d'écorce  d'orange. 

»  3"  Soupe.  —  La  gelée  fait  une  soupe  excellente  avec  des  pois  chiches, 
des  choux,  des  navets  et  des  carottes.  C'est  une  sorte  de  julieiuie. 

D.   Bouillon  de  viande. 

»  Proust  admet  qu'il  faut  3  ou  4  livres  de  viande  pour  obtenir  i  livre 
dégelée,  tandis  que  les  os  en  donnent  bien  davantage,  co'.nme  ou  a  pu  le 
voir  quand  on  les  traite  convenablement;  et  il  admet  que  i  livre  de  gelée 
représente  à  peu  près  ime  detni-once  de  pastille;  eu  d'autres  termes  : 

»  De  128  à  96  parties  de  viande  donnent  32  parties  de  gelée  représen- 
tant I  partie  de  pastille; 

»  10  livres  de  viande  désossée,  c'est-à-dire  1280  gros  ont  donné  4o  gros 
de  piistille  difficile  à  sécher.  8  gros  ou  i  once  de  pastille  ont  donné  lui 
bouillon  comparable  à  celtii  d'os,  en  ajoutant  20,  24,  3i  onces  d'eau  selon 
la  température. 

»  Nous  verrons  dans  un  autre  Mémoire  de  Proust  qu'en  prescrivant 
d'ajouter  à  la  ration  du  soldat  la  gelée  que  représentent  12  onces  d'os  pid- 
vérisés,  avec  lard  et  légumes,  il  comprend  dans  cette  ration  la  viande  que 
le  soldat  reçoit.  F.n  définitive,  sa  décoction  ou  son  bouillon  d'os  s'ajoute 
à  du  bouillon  de  viande. 


(  863  ) 

»  Enfin  Proust  a  encore  le  mérite  d'avoir  attiré  l'attention  sur  l'avantage 
qu'il  y  a  de  retirer  la  graisse  contenue  dans  les  os.  Si  les  os  les  plus  denses 
n'en  contieiuieut  guère  que  o,o5  au  plus,  il  en  est  qui  en  donnent  o,i25 
et  même  o,25.  L'extraction  en  est  fort  simple,  il  suffit  de  jeter  dans  l'eau 
bouillante  les  os  réduits  en  gros  fragments  et  non  en  poudre;  car  dans  ce 
dernier  état  il  se  fait  un  mélange  tellement  intime  qce  l'eau  ne  peut  en 
séparer  la  graisse.  J'ai  mentionné  une  action  analogue  de  la  magnésie  cal- 
cinée sur  la  graisse  de  porc  (i). 

»  Je  passe  beaucoup  de  détails  intéressants;  mais  ceux  que  je  viens  d'ex- 
|ioser  m'ont  paru  indispensables  pour  montrer  la  supériorité  avec  laquelle 
Proust  a  traité  ce  sujet.  Si  le  lecteur  est  curieux  de  recourir  à  l'original,  il 
verra  quelques  réflexions  heureusement  exprimées  sur  la  coutume  ilu  bou- 
cher de  faire  payer  les  os  autant  que  la  viande. 

§VI. 

»  Il  me  reste,  pour  compléter  ce  que  je  me  suis  proposé  de  dire  du  tra- 
vail de  Proust  sur  la  gelée  des  os,  d'ajouter  quelques  mots  relatifs  à  un 
opuscide  de  Cadet  de  Vaux  qui  parut,  je  crois,  en  i8o3,  et  qui  fut,  de  la 
part  de  Proust,  l'objet  d'une  critique  pleine  d'esprit.  Mais  pour  que  l'on 
comprenne  bien  tout  ce  qui  va  se  rattacher  à  l'histoire  du  bouillon  d'os 
dans  la  première  moitié  de  ce  siècle,  je  dois  parler  de  l'influence  que  quel- 
ques personnes  dites  pliilnîithiopes  ont  exercée  sur  l'usage  du  bouillon  d'os 
dans  les  hôpitaux  et  les  hospices,  eu  voulant  le  substituer  à  celui  du  bouillon 
de  viande;  car  sans  la  connaissance  de  cette  influence,  il  est  impossible  de 
comprendre  des  faits  relatifs  aux  deux  Commissions  dites  de  la  gélatine  que 
je  veux  faire  connaître. 

»  i8o3.  Cadet  de  Faux,  auteur  d'une  brochure  sur  la  gélatine  des  os  et 
son  bouillon. 

»  Cet  écrit,  postérieur  de  douze  ans  au  moins  à  l'opuscule  de  Proust, 
et  de  deux  ou  trois  ans  à  l'extrait  de  cet  opuscule,  inséré  en  1801  au 
LIIP  voliMue  du  Journal  de  Physique,  demande  quelques  réflexions  préa- 
lables relatives  à  l'état  de  la  société  parisienne  de  la  fin  du  xviii'^  siècle  et 
du  commencement  de  celui-ci,  si  l'historien  veut  donner  une  idée  juste 
des  travaux  siu-  la  gélatine.  La  vérité  l'exige  de  ma  part,  dans  l'impossibi- 
lité où  je  me  trouve  de  ne  pas  donner  pleine  raison  à  Proust,  lorsqu  il 
réclame  devant  le  public,  avec  autant  de  vivacité  que  d'esprit,  le  droit  de 


Recherches  chimiques  sur  les  corps  gras  d'origine  organique,  p.  36o  ;   iSaS. 

C    K.,  1S70,  •J<'5emfSfre.  (T.  LXXI,  N°23.)  I'6 


(  864  ) 
priorité  sur  Cadet  de  Vaux;  mais  je  ne  voudrais  pas  que  la  condaunialion, 
rpiclle  cpi'en  soit  la  sévérité,  donnât  à  penser  que  le  juge  a  méconnu  ce 
qu'il  y  avait  d'honorable  dans  un  philantlnope;  des  relations  assez  intimes, 
remontant  à  l'année  1818,  ne  me  permettent  pas  le  moindre  doute  sur  le 
désintéressement  de  sa  conduite;  et  homme  du  monde  aimable  et  agréable, 
il  m'a  toujours  paru  avoir  passé  sa  vie  dans  la  meilleure  société  de  Paris. 

»  A  partir  de  l'avènement  de  Louis  XVI  au  trône,  on  compte  bien  peu 
d'écrits  de  quelque  renom  où  se  trouvent  des  mots  plus  répétés  que  sensi- 
bilité et  sensible.  Romances,  pièces  de  théâtre,  discours  académiques,  plai- 
doyers, écrits  politiques,  partout  on  les  lit,  partout  on  les  relit.  Les  mots 
philanthropie  et  philanthrope  sont  de  la  même  époque;  ils  ont  commencé  à 
être  fréquemment  euiployés  dans  les  discussions  élevées  entre  les  écrivains 
dits  économistes  et  leurs  adversaires;  et  tout  le  monde  sait  le  prix  que  le 
marquis  de  Mirabeau  attachait  ais  titre  de  Vnmi  des  hommes!  Si  le  mot  sen- 
sible fut  peut-être  li'op  fréquemment  employé  et  le  moi  philanthrope  uu  peu 
trop  prodigué,  je  demanderai  s'il  n'y  a  pas  quelque  inconvénient  à  ce  que 
des  mots  relatifs  à  des  qualités  morales,  dont  l'excellence  est  incontestable, 
reviennent  continuellement  dans  la  conversation  et  dans  les  écrits  quoti- 
diens? 

»  La  vérité  est  qu'un  philanthrope,  à  la  fhi  du  xvin^  siècle  et  au  commen- 
cement du  nôtre,  était  quelque  chose.  Et  qui  pourrait  en  douter  lorsqu'on 
a  vu  comme  nous,  en  i8io,  l'indignation  de  tant  d'honnêtes  gens  après  la 
représentation  des /)e«x  Gen(/res/ ils  ne  pardonnaient  pas  à  Etienne,  l'au- 
teur de  cette  comédie,  d'avoir  fait  de  Dervière,  un  des  gendres,  un  philan- 
thrope, duquel  on  dit  dans  la  pièce  :  «  Il  s'est  fait  bienfaisant  pour  être 
»  quelque  chose  »,  et  il  faut  dire  que  les  sentiments  de  Dervière  à  l'égard 
(le  sou  beau-père  Diqiré  ne  sont  nullement  philanthropiques. 

n  Ces  souvenirs  fidèles  d'un  temps  passé  montrent  donc  qu'un  fihilan- 
ihtopc  comptait  alors  pour  quelque  chose.  Or  Cadet  de  Vaux  eu  était  un, 
et,  à  sa  louange,  je  me  plais  à  dire  qu'il  l'était  de  cœur.  Que  si  ou  lui 
reproche  d'avoir  été  bien  avec  tous' les  pouvoirs  qui  ont  toiu'  à  tour  gou- 
verné la  France,  si  l'on  peut  trouver  un  peu  trop  de  zèle  dans  une  lettre  où 
il  exprimait  toute  son  indignation  sur  l'attentat  de  nivôse  à  la  vie  du  pre- 
nùer  cousid  rue  Saint-Nicaise,  hâtons-nous  de  faire  remarquer  que  le 
philanthrope  ne  demanda  jamais  rien  pour  lui,  et  que,  s'il  s'approchait  du 
pouvoir,  l'intérêt  seid  de  l'œuvre  philanthropique,  qui  était  sa  vie  même, 
le  guidait.  Honneur  donc  à  des  intentions  dont  le  but  unique  était  l'intérêt 
ptdilic! 

»   Cet  hommage  mérité  rendu  à  la  mémoire  de  Cadet  de  Vaux  me  doiuie 


(  865  ) 

pleine  liberté  de  le  juger  maintenant  dans  sa  conduite  à  l'égard  de  l'aiileiu' 
des  Recherches  des  moyens  iV améliorer  la  subsistance  du  soldat. 

»  Cadet  de  Vaux  reconnaît  avoir  su  que  Proust  a  travaillé  sur  les  os; 
mais  il  s'est  dispensé  de  lire  ses  recherches  craignant,  allègue-t-il,  que  les 
idées  d' autrui  enchaînent,  paralysent  sa  pensée;  il  traite  des  os  et  de  leur 
gélatine  comme  si  personne  avant  lui  n'en  avait  parlé,  sauf  Papin,  inven- 
teur d'une  machine,  d'un  appareil  qu'il  a  qualifié,  en  1818,  de  volcan 
hydraidi(jue,  et  qu'il  a  toujours  considéré  comme  impropre  à  l'extraction 
économique  de  la  gélatine  des  os.  Et  si,  ai)rès  avoir  réalisé  ses  idées,  il  a 
pris  connaissance  des  Recherches  des  moyens  d'améliorer  la  subsistance  du 
soldat,  c'est  pour  dire  que  si  leur  auteur  a  donné  au  public  des  pastilles. 
Cadet  lui  a  donné  le  vrai  bouillon  d'os,  allégation  sur  laquelle  je  reviendrai 
bientôt. 

»  La  brochure  publiée  par  Cadet,  en  i8o'3,  est  écrite  facilement  et  avec 
bonhouiie;  loin  de  se  glorifier  de  la  découverte  d'un  moyeu  de  reudie  les 
os  utiles  à  l'alimentation  publique,  absolument  désintéressé  dans  la  ques- 
tion de  l'invention,  il  aime  à  en  rapporter  l'iionneur  à  qui  de  droit,  c  est- 
à-dire  au  CHIEN. 

»   En  effet,  cpie  fait  l'animal  pour  se  nourrir  de  l'os? 

I»   Il  le  brise  avec  ses  dents,  l'humecte  et  le  divise. 

»   Quel  mérite  revient  à  Cadet  dans  l'invention  du  bouillon  d'os? 

»  Il  n'est  pas  autre  que  d'avoir  observé  ce  fait  et  de  s'être  dit  ensuite  : 
brisons,  humectons  et  divisons  les  os. 

»  Cependant,  avant  d'aller  plus  loin,  Cadet  s'est  demandé  :  les  os  sont-ils 
nutritifs? 

H  Et  en  cela,  fulèle  à  la  méthode  A  posteriori  expérimentale,  il  a  fait  une 
expérience,  et  l'a  faite  comparative,  et  l'expérience  a  été  affirmative;  car, 
ayant  fait  préparer  de  la  soupe  pour  ses  chiens  de  basse-cour,  il  a  renversé 
à  côté  une  corbeille  d'os,  et  les  chiens  de  Cadet  ont  préféré  les  os  à  la  soupe, 
et  Cadet  a  conclu,  en  i8o3,  que  les  os  nourrissent  les  chiens! 

»  Fort  de  cette  expérience.  Cadet  s'est  dit  :  Les  os  sont  nutritifs.  Il  revient 
à  Paris  avec  la  conviction  que  le  succès  de  l'extraction  de  la  gélatine  tenait 
à  la  division  des  os,  et  qu'il  ne  s'agissait  que  de  substituera  la  dent  de  tanimal 
le  PILON. 

»  Voilà  en  quels  termes  Cadet  raconte  la  découverte  du  bouillon  d'os!  et 
après  avoir  reconnu  le  mérite  du  chien  qui  brise,  humecte  et  divise  les  os,  il 
dit  qu'il  a  tranché  le  nœud  gordien,  et  que  l'idée  de  la  pulvérisation  des  os  est 
et  lie  de  l'œuf  de  Christophe  Colomb!! 

116. 


(  866  ) 

»  De  Chaiigeux  et  de  Proust,  pas  un  mot. 

»  Dans  cet  état  de  choses,  Proust  a-t-il  tort  de  dire  à  Cadet  : 

«  Ne  vous  attribuez  pas  le  mérite  de  la  piilvérisalioii  des  os.  Si,  pour 
»  l'opérer,  il  a  fallu  l'esprit  de  Christophe  Colomb,  comme  vous  l'avancez, 
»  c'est  à  Cliatigeux  qu'en  revient  le  mérite,  ainsi  que  je  l'ai  reconnu  dans 
»   mon  opuscule  de  1791  ?   » 

»  Si  Cadet  de  Vaux  ne  lut  l'écrit  de  Proust  qu'après  avoir  réalisé  sa 
fléroui'erte,  il  ne  fut  ni  juste  ni  habile  en  prétendant  faire  croire  an  public 
que  Proust  n'avait  fait  que  des  PASTILLES,  tandis  quil  avait  fait  le  VRAI 
BOUILLON    d'os. 

»   Proust,  dans  son  travail,  avait  satisfait  à  la  science  et  à  l'économie  : 

»  A  la  science,  en  ramenant,  comme  nous  l'avons  vu,  toutes  les  gelées 
à  un  degré  constant  de  siccité,  seul  moyen  d'atteindre  le  but  d'expériences 
comparatives  ; 

»  A  Vcconoiiiie,  en  donnant  des  pastilles  au  soldai,  au  marin,  aux  voya- 
geurs explorant  des  contrées  non  habitées  ou  sauvages,  et  enfin  en  donnant 
un  bouillon  immédiatement  aux  cuisines,  aux  hôpitaux  et  aux  hospices. 

»  Les  conclusions  de  Proust  sont  trop  instructives  pour  l'histoire,  à 
l'égard  des  amis  de  la  vérité  et  des  jugements  de  l'histoire,  pour  que  je  n'en 
reproduise  pas  les  principales.  Je  cite  textuellement. 

"  M.  Cadet  n'est  en  date  que  le  (jiiatrième  on  le  cinquième  qui  ait  conçu  l'idcc  <rnnit  liorcr 
la  subsistance  du  soldat  au  inoven  de  la  pulvérisation  des  os 

')  Quant  à  Vc.rcellencr,  aux  innomljrubles  avantages,  à  la  haute  préférence  que  M.  Cadet 
donne  aux  bouillons  d'os  sur  ceux  de  viande,  ces  Jus  noirs,  salés,  acres,  qui  échauffent  la 
bouche,  qui  allèrent  et  qui  sont,  sous  tous  les  rapports  dialectiques,  si  inférieurs  aux  pre- 
miers, on  les  tiendra  avec  raison  pour  de  pures  exagérations  que  M.  Cadet  n'aurait  jamais 
dû  se  permettre.  De  j)areilles  hyperboles  et  pipcries  jjeuvent  figurer  dans  le  langage  du 
charlatanisme,  mais  elles  ne  peuvent  que  déparer  celui  des  sciences  exactes.  Le  bouillon 
d'os  a,  comme  aliment,  son  prix  sans  doute,  mais  c'est  pour  l'indigence  seulement,  c'est  |)our 
le  malheureux  à  qui  le  premier  des  biens  est  de  satisfaire  sa  faim;  pour  l'iiommc  aisé  et 
même  pour  l'artisan  qui  peut  mettre  une  livre  de  viande  dans  son  pot,  le  bouillon  d'os  ne 
sera  jamais  au  bouillon  de  viande  que  ce  qu'est  un  |)oun)on  de  vache  cuit  et  salé  à  un  bon 
aloyau  bien  rôti;  et  lorsijue  M.  Cadet  vient  nous  dire  que  rien  n'est  plus  intéressant  que 
l'étonnement  de  ses  convives  qui,  la  soupière  enlevée,  voient  paraître,  en  place  de  lu  pièce 
de  boeuf  qu'ils  attendent,  un  bol  contenant  quelques  onces  d'os  /lulcérisés,  nous  pensons  que 
leur  étounemcnt  n'est  pas  moins  fondé  que  le  nôtre,  quand  nous  le  voyons  sérieusement 
nous  entretenir  de  pareils  contes. 

"    Je  prierai  en  conséquence  M.  Cadet  de  vouloir  bien  continuer  de  recevoir,  au 

nom  des  invenleurs  de  Vamélioration  de  la  subsistance  du  pauvre,  les  félieilalions  des 
sociétés  savantes,  des  généraux,  des  préfets,  des  princes  d'Allemagne,  etc.,  et  même  d'y 
)<pondre  (ibligcanimcnt,  comme  pai'   le  passé;  mais  aussi  de  UiCUi'e  sur  la  liasse  de  cetle 


(  8G7  ) 

correspondance  :  affaires  qui  me  sont  étrangères,  sinon  la  postérité,  (pii  sait  tout  mettre  à  sa 
place,  saura  bien  aussi  redresser  les  torts.  >• 

§  VIL 
»   Je  mentionne  pour  Mémoiie  un  travail  de  D'Arcet  le  père,  qui  fut  in- 
séré dans  la  Décade  philosophique,  en  1794- 

§  VIII. 

»  Cadet  de  Vaux  ne  répondit  pas  à  Proust;  mais  en  1818  parut  nue 
brochure  de  1 12  pages  intitulée  :  De  la  gélatine  des  os  el  de  son  bouillon,  dé- 
diée à  son  A.  Pi.  Monseigneur  le  Duc  de  Berri. 

»  Le  nom  de  Proust,  pas  plus  que  celui  de  Cliangeux  n'y  sont  cités;  et 
Cadet,  sans  oublier  sa  reconnaissance  poiw  le  chien,  se  considère  plus  que 
jamais  comme  rinvcnteur  du  bouillon  d'os,  et  il  dit  : 

«  C'est  en  France  que  le  bouillon  d'os  a  pris  naissance,  il  a  du  éprouver  le  sort  de  toutes 
les  découvertes  qui  y  naissent.  Que  n-ai-je  publié  innn  Traité  de  la  gélatine  comme  une  tra- 
duction de  l'anglais! 

»  La  gélatine  est  l'aliment  par  excellence;  oui,  dit-il.  La  gélatine  des  os  cH  aux  suhstaiicis 
alimentaires  animales,  ce  qu'est  l'or  aux  autres  métaux  (i). 

»  Le  bouillon  de  viande  n'est  point  même,  à  rigoureusement  parlei-,  le  bouillon  dr  ta 
santé,  s'il  n'est  associé  à  d'autres  éléments;  il  n'est  pas,  à  coup  sûr.  le  bouillon  de  la  mala- 
die, puisque  souvent  il  Yaggrave;  comment,  d';iprès  cela,  pourrait-il  être  celui  de  la  cnnra- 
Icscencc?  Dès  lors  nous  avons  été  autorisés  [sic)  à  avancer  qu'il  ne  soutenait  pas  la  comparaison 
arec  celui  d'os,  qui  convient  indistinctement  à  la  santé,  h  V  enfance,  h  la  vieillesse,  au.r  con- 
stitutions faibles,  enfin  au.r  estomacs  délicats,  comme  étant  la  célatike  pure,  et  que  la  di- 
gestion assimile  sans  effort  à  l'économie  animale  qui  est  toute  gélatine.  Il  n'y  a  (pi'une 
vieille  seviense  d'enfant  qui  puisse  ne  pas  partager  cette  opinion;  ainsi  que  la  nourrice  à 
laquelle  on  paye  par  mois  tant  de  pots-au-feii  qu'elle  met  ou  ne  met  ])as  (3].    « 

M   Enfin  citons  textuellement  l'observalion  que  voici  : 

«  Les  disettes  se  distinguent  en  réelles  et  factices;  or,  en  tout  temps  et  en  tout  lieu,  il  y 
a  disette  réelle  de  viande  pour  les  classes  populeuses,  et  auxquelles  jyjus  apportons  ce  se- 
cours nouveau;  mais  si  le  quintal  des  os  représente  par  ta  quantité  de  gélatine  qu'il  contient 
celle  que  donnent  six  cents  livres  de  viande,  et  que  moitié  des  os  de  la  viande  consommie 
dans  une  ville  suffise  à  nourrir  ces  classes,  la  disette  de  la  viande  n'est  plus  réelle,  elle  n'est 
que  factice;  puisque  la  viande,  quand  elle  est  épuisée  de  son  suc,  n'est  plus  rien  que  du  lest; 
car  c'est  cette  gélatine  dissoute  dans  un  bouillon  de  viande  ou  d'os  qui  seule  constitue  l 'ali- 
ment; et  la  substance  osseuse,  avons-nous  dit,  donne  six  fois  plus  de  gélatine  que  la 
viande  (3).    « 

»   Les  citations  que  je  viens  de  faire,  toutes  textuelles,  poturaient  être 

(1)  Page  20. 

(2)  Pages  49  et  5o. 

(3)  Pages  92  et  93. 


(  868  ) 
considérées  comme  des  projjositions  scientifiques,  tant  la  manière  donl  Ca- 
det les  a  formulées  est  absolue!  En  laissant  décote  la  question  de  savoir  si 
la  gélatine  jouit  de  la  propriété  nutritive,  sur  laquelle  je  reviendrai  (dans 
la  deuxième  partie),  les  propositions  relatives  à  l'excellence  du  bouillon  d'os 
et  à  la  préférence  qu'on  doit  lui  accorder  relativement  au  bouillon  de  viande 
sont  le  contraire  de  mon  opinion.  Il  en  est  de  même  de  la  supériorité  du 
premier  sur  le  second  expliquée  par  son  homogénéité^  c'est-à-dire  sur  ce  que 
la  gélatine  possède  les  propriétés  que  j'attribue  à  une  espèce  chimique,  et  qui, 
par  la  même  raison,  s'assimile  sans  effort  à  Yéconomic  animale  qui  est  toute 
GÉLATINE.  Il  en  est  encore  de  même  de  cette  proposition  :  les  viandes  ne  soiil 
nutritives  que  par  leur  gélatine,  Le  reste  [c  est-à-dire  la  partie  fibreuse  et  l'nlbu- 
niiiie  cuite)  ne  font  rien  à  V alimentation,  elles  ne  sont  que  du  lest.  Si  vous 
ajoutez  à  cela  que  Cadet  proscrit  le  bouilli  et  recommande  le  rùli,  et  qu'il 
est  démontré  aujourd'hui,  pour  tous  les  chimistes,  que  le  tissu  qui  donne 
la  gelée  n'est  pas  à  l'état  de  gélatine  dans  le  rôti,  on  aura  une  idée  juste  de 
la  science  de  Cadet  de  Vaux  en  chimie  organique. 

)>  Voilà  ce  que  j'avais  à  dire  de  la  brochure  de  Cadet  de  1818,  relative- 
ment à  la  partie  scientifique. 

»  Justifions  maintenant  la  manière  dont  j'ai  parlé  de  l'influence  fâcheuse 
que  peut  avoir  une  réunion  de  personnes  dont  la  plupart  sont  étrangrres  à 
la  connaissance  d' éléments  scientificpies  constituant  essentiellement  certains  sujets 
dont  elles  s'occupent  comme  ensemble,  comme  association,  comme  société, 
où  sont  même  en  majorité  les  hommes  les  plus  recoinmandables,  les  plus 
sincèrement  dévoués  au  bonheur  de  l'humanité,  parce  qu'Us  veulent  em- 
ployer tous  les  moyens  dont  ils  disposent  en  fa\eur  de  leurs  senddables; 
ces  hommes,  véritables  philanthropes,  ont  toutes  mes  sympathies  :  mais 
quels  sont  les  inconvénients  cependant  qu'une  telle  association  peur  avoir? 
les  voici. 

»  Ils  viendront  d'hommes  se  disant  philanthropes  et  dont  les  uns  le  sont 
en  réalité,  tandis  que  les  autres  affectant  de  l'être  n'obéissent  qu'à  leur 
seul  intérêt.  Eh  bien,  si  ces  deux  grouiies  de  personnes  sont  considérés 
par  la  société  comme  des  membres  actifs  auxquels  elle  accorde  l'autorité 
d'effectuer  cestains  actes  ressortissant  de  la  science,  il  y  aura  inconvénient, 
danger  même. 

»  Afin  de  faire  comprendre  ma  pensée  et  de  prévenir  loiïte  équivoque, 
je  distinguerai  trois  groupes  de  personnes,  en  citant  des  noms. 

«  A  la  tête  du  premier,  je  place  un  duc  de  La  Rochefoucauld-Liancourt 
et  je  m'incline  devant  sa  mémoire.  Je  lui  associe  un  nom  plus  modeste  sans 
doute,  mais  qui  n'en  fut  pas  moins  porté  par  un  homme  de  bien,  M.  De- 


(  869) 

leiize,  dont  la  nièce  a  épousé  un  de  mes  honorables  confrères  de  la  Société 
d'Agriculture,  M.  Auiédée  Durand. 

»  Je  mets  M.  Cadet  de  Vaux  dans  le  second  groupe,  comme  homme  dé- 
sintéressé, mais  incapable  de  diriger,  au  point  de  vue  de  la  science,  une  as- 
sociation philanthropique  occupée  de  ralimentation  publique. 

)i  Ne  pouvant  citer  aucun  personnage  réel  pour  le  troisième  groupe, 
comprenant  Vambitieux,  Vintriganl,  le  citarlalan,  Vinlëressé,  je  reviens  à  la 
comédie  des  Deux  Gendres,  et  je  nomme  Dervière,  riche  capitaliste.  Il  s'est 
fait  bienfaisant  pour  être  quelque  chose,  avons-nous  dit  avec  le  poète  ([). 


(i)  Le  tlialogiie  suivant  entre  le  beau-père  Dupré  et  son  fidèle  domestique  Comtois, 
meilleur  juge  de  Dervière  que  son  beau-père,  qui  cependant  a  tant  à  s'en  plaindre,  fait  coti- 
iiaîlre  parfaitement  un  des  philanthrojies  de  notre  troisième  groupe. 

DUPRÉ. 

Tu  méconnais,  Comtois,  ses  bonnes  qualités  : 
Lui,  c'est  un  philanthrope;  il  est  des  comités 
De  secours,  d'indigence;  il  régit  les  hospices, 
La  maison  des  vieillards,  le  bureau  des  nourrices  : 
Pour  les  i)auvres  toujours  il  compose,  il  écrit. 

COMTOIS. 


DUPEE. 

Dans  les  journaux  encore  on  le  vaille  aujourd'hui. 

COMTOIS. 

Les  articles  tout  faits  sont  envoyés  par  lui. 
Il  a  poussé  si  loin  l'ardeur  philanthropique 
Qu'il  nourrit  tous  ses  gens  de  soupe  économique. 

DUPRÉ. 
COMTOIS. 

Pour  les  temps  de  disette 
Il  vient  d'imaginer  un  projet  de  diette. 
Le  régime  est  léger  :  pourtant,  si  je  le  crois, 
Fn  jeûnant  de  la  sorte  on  peut  vivre  six  mois. 

DUPRÉ. 

L'idée  est  singulière  et  l'invention  neuve. 

COMTOIS. 

Kh  bien,  c'est  moi  (|a'il  prend  (loiir  en  faire  l'épi'eiive 

DUPRÉ. 

Se  peut- il  ? 

COMTOIS. 

Oui,  monsieur,  le  charitable  humain 
Pour  être  bienfaisant  me  fait  mourir  de  faim. 
Ah!  la  philanthropie  est  souvent  bien  barbare! 


(  870  ) 

»  Un  philanthrope  à  la  fin  cln  xvm"  siècle  et  au  commencement  de 
celui-ci  était  quelque  chose,  ai-je  dit;  la  preuve  en  est  dans  la  brochure  de 
Cadet  de  Vaux  de  1818. 

»  Il  s'est  dit  l'inventeur  du  bouillon  d'os.  Personne  ne  l'a  contredit. 
(3n  l'a  cru  sur  parole.  Et  c'est  bien  comme  pliilaiilhrope  qu'il  a  entretenu 
Sn  Sainlelé,  et  qu'il  a  su  d'Elle  «  qu'à  Rome  le  Pape  avait  onze  de  ces  éla- 
')  blissements  (de  bouillon  d'os);  c'est  de  la  bouche  du  Saint-Père  que  j'ai 
»  recueilli  ces  détails,  et  de  sa  main  que  j'ai  été  BÉNI  à  litre  iCanù  de  l'Iiu- 
»    manilé  (1).    » 

j>  Les  pages  de  35  à  [\t\  sont  consacrées  à  un  Rapport  sur  i inslititlion  du 
bouillon  d'os,  par  te  maire  du  premier  arrondissement,  présenté  au  Roi 
(Louis  XVIII)  par  délibération  du  bureau  de  charité.  (Extrait  du  Moniteur.) 

»  Lorsqu'on  présenta  ce  Rapport  au  roi  Louis  XVIII,  Cadet  de  Vaux 
était  présent,  et  le  Rapport  dit  : 

o  ...  Et  M.  Cadet  de  Vaux  a  obtenu  la  ])lus  douce  rccom]iense  que  puisse  désirer  un 
uiiti  de  l'humanité  dans  les  témoignages  de  bienveillance  dont  le  Roi,  S.  A.  R.  Madaiiic,  et 
les  Princes  ont  daigné  rhonorer.  Sa  Majesté,  en  recevant  le  Rai)i)ort,  a  dit  à  M.  Cadet  de 
Vaux  avec  cette  bonté  qui  ajoute  tant  de  prix  aux  paroles  du  Roi  :  Je  jouis  du  succès  de  cette 
institution,  et  c'est  à  vnis,  monsieur,  que  l'humanité  en  sera  redevable.  Ainsi  le  temps  est 
revenu  où  les  sciences  utiles  et  les  vues  de  bien  public  rendent  facile  l'accès  du  trône  (2).   >< 

»  Ai-je  e!i  tort  de  dire  qu'iui  philanthrope  était  quelque  chose?  En  voilà 
luie  preuve.  Cadet  de  Vaux  n'a  pas  fait  luie  expérience  qui  n'eiit  été  faite 
auparavant  par  Cliangeux  et  Proust;  il  est  béni  par  le  Pape;  Louis  XVIII 
le  remercie  comme  un  bienfaiteur  de  l' humanité  ;  et  le  nom  du  véritable 
inventeur  du  bouillon  d'os,  Proust,  Membre  de  l'Académie  des  Sciences  de 
l'Institut  de  France,  n'est  pas  prononcé!  et  dans  un  Rapport  officiel  inséré 
au  Moniteur  on  dit  :  Ainsi  le  temps  est  revenu  oii  les  sciences  utiles  et  les  vues 
de  bien  public  rendent  facile  l'accès  du  trône! 

»  Certes  si  Cadet  de  Vaux  a  eu  un  mérite,  c'est  de  n'avoir  pas  tiré  parti 
de  la  position  où  la  philanthropie  l'avait  élevé  pour  fonder  une  dynastie 
bourgeoise. 

»  Il  ne  me  reste  |)lus  jjour  terminer  la  première  partie  de  ce  résumé  his- 
torique qu'à  parler  des  travaux  de  D'Arcet. 

»  Je  ne  prétends  pas  assurer  qu'il  partageât  les  opinions  énoncées  avec 
une  conviction  aussi  parfaite  que  naïve  par  Cadet  de  Vaux;  qu'il  criait  avec 
lui  à  la  nécessité  pour  la  santé  publique  de  proscrire  à  loujoiu's  l'usage  du 

(i)  Page  24  de  la  brochure. 

(?.)  Pages  42  et  43  de  la  brochure. 


(  «7'  ) 
bouillon  de  viande  atin  d'assureur  l'usage  du  bouillon  tros,  et  qu'il  consi- 
dérât la  oéiaiiue  de  la  viande  comme  le  seul  pi'incipe  nutritil  qu'elle  con- 
tînt, la  fibrine  et  l'albumine  ne  donnant  que  du  lest  an  tube  intestinal; 
mais  il  est  certain  que  les  faits  suivants  montrent  qu'un  accord  parfait  exis- 
tait entre  D'Arcet  et  Cadet  de  Vaux. 
»  D'abord,  Cadet  de  Vaux  dit  : 

«  Ji'iibandonnant  aux  sentiments  d'estime  et  d'attachement  que  m'inspire  la  personne 
de  M.  D'Arcet,  mais  surtout  à  celui  de  ma  propre  conviction,  j'ai  dû  faire  les  honneurs  de 
cette  gélatine,  préalablement  extraite  de  la  substance  osseuse  (par  l'acide  chiorhydrique); 
aussi  me  suis-je  réuni  à  ce  savant,  du  moment  où  ii  m'eut  mis  dans  sa  confidence,  pour 
provoquer  la  concurrence  de  cette  yclatine  avec  le  bouillon  d'os,  et  je  me  suis  associé  à  ses 
expériences  avec  le  désir  de  leur  succès  (i).  » 

»  Passons  ensuite  à  D'Arcet.  Dans  un  Mémoire  inséré  au  Recueil  dont 
M.  lie  Moléon  était  l'éditeur  (2),  Cadet  est  uniquement  cité  pour  des  obser- 
vations et  des  expériences  qui  apparlienneiit  évidemment  à  l'ronst;  et  ce- 
peiulant  D'Arcet  cite  le  nom  de  L'auleuv  des  Recherches  sur  les  moyens  d'amé- 
liorer la  subsistance  du  soldat.  Par  exemple,  lorsque  Proust,  insistant  sur  la 
quisnîité  de  gélatine  enlevée  par  le  pot-au-feu  aux  os  cassés  en  gros  mor- 
ceaux et  celle  que  ces  mêmes  os  réduits  en  poudre  cèdent  à  l'eau  bouil- 
lante, évidemuient  la  fraction  de  3^  a  été  prise  à  Proust.  Mais,  ce  qu'on  n'a 
pas  dit,  ce  résultat  ne  concerne  que  l'os  de  la  jambe  privé  de  ses  extrémi- 
tés, et  diffère  du  résultat  oblenu  d'os  différents  soumis  à  la  même  épreuve. 

»  D'Arcet  se  contente  tie  doiuier  la  quantité  moyeiine  de  gélatine,  de 
graisse  et  de  matière  inorganique  des  os  : 

Gélatine 00 

Graisse 10 

Matiéri;  inorganique (jo 

lésullat  bieii  différent  des  résultats  précis  de  divers  os  obtenus  par  Proust. 

»   Le  fait  principal  des  travaux  de  D'Arcet  sur  la  gélatine  est  de  l'avoir, 
séparée  des  os  au  nioyen  de  la  vapeur  d'eau  produite  sous  une  pression  un 
peu  pluslorte  que  celle  de  l'atmosphère,  jjarce  (ju'à  une  température  plus 
élevée  elle  est  disposée  à  se  réduire  en  asniiioiii.ique,  tlit-il. 

>)   D'Arcet  reconnaît  que  l'idée  de  son  appaieil  est  analogue  à  celle  d'un 


1)   Brochure  de  Cadet  de  i8i8,  page  89. 

C.  K.,  i>-o,  j"  Scmtiiic.  (T.  LXXl,  K"  'j'ii.)  '  '  ' 


(2)    Page  5 


(   «72  ) 
iip|),ireil  employé  en  pharmacie  et  mentionné  rlaiis  l'édition  de  la  Plmnnn- 
cie  de  Baume  de  1790. 

»  Indubitablement,  l'extraction  de  la  gélatine  opérée  à  la  vapeur  avec 
mi  seul  foyer  agissant  sur  des  os  non  pulvérisés  est  plus  économique  que 
l'ancien  procédé. 

»  Enfin  D'Arcet,  a  conseillé  de  préparer  la  gélatine  pour  l'office,  et  la 
colle  forte  pour  les  arts,  en  cuisant  le  parenchyme  des  os  préalablement 
passés  à  l'acide  chlorhydrique.  Certes,  je  suis  loin  d'élever  la  moindre 
discussion  à  ce  sujet;  mais  n'eùt-il  pas  été  convenable  de  rappeler  que  la 
séj)aration  de  la  matière  terreuse  des  os  par  les  acides  a|)partient  à  Héris- 
Hant?  Seidement,  H  employait  l'acide  azotique  étendu  de  quatre  parties 
d'eau,  tandis  que  D'Arcet,  avec  raison,  a  substitué  à  cet  acide  le  chlorliy- 
drique. 

»  Voilà,  je  crois,  un  résumé  fidèle  des  (rav.iux  dont  la  gélatine  a  été 
l'objet.  Ces  faits  sont  coordonnés  selon  l'ordre  chronologique,  et  j'espère 
qu'on  ne  me  reprochera  pas  d'avoir  fait  pencher  la  balance  du  côté  où  j'ai 
vu  la  justice. 

»  Il  me  restera  à  dire  dans  la  seconde  partie  les  faits  relatifs  aux  tra- 
vaux des  deux  Commissions  de  gélatine,  et  c'est  dans  cette  partie  que  je 
répondrai  d'une  manière  catégorique  à  M.  Fremy.    » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  l'arl  de  pointer  et  ses  lundilious  i>ltysiul()<ji(jucs; 

jMir  M.  Fave. 

«  On  sait  que  les  astronomes  se  servaient  autrefois  d'une  alidade,  c'est- 
à-dire  d'une  ligne  de  mire  à  deux  crans  pour  déterminer  la  position  des 
astres,  jusqu'au  moment  où  l'académicien  Picard  imagina  de  remplacer 
l'alidade  par  une  lunette  munie  d'un  seul  cran  de  mire.  Ce  fut  une  véri- 
table révolution  dans  l'art  d'observer  :  de  cette  époque  seulement  datent 
.les  mesures  de  précision;  tout  ce  que  les  anciens  astronomes  avaient  fait 
est  désormais  hors  tl'usage,  sauf  d.uis  des  cas  extrêmement  particuliers.  On 
peut  définir  ainsi  le  progrès  obtenu  :  autrefois,  avec  l'alidade,  il  fallait 
beaucoup  d'exercice,  d'habitude  et  de  dispositions  innées  pour  détermi- 
ner une  direction  à  une  minute  près.  Aujourd'hui ,  du  premier  coup,  le 
premier  venu  poinle  sur  une  étoile  à  {  de  seconde  près,  l.a  jirécision  est 
devenue  immédiatement  deux  ou  trois  cents  fois  plus  grande:  l'erreur  du 
pointé  n'atteint  pas  1  millimètre  à  1  kilomètre  de  dislance  dans  les  circou- 
stauces  favorables. 


(  «73  ) 

»  Une  telle  supériorité,  un  progrès  si  snbil  et  si  marcpié  n'a  rien  d'éton- 
nant. L'alidade  est  un  inslriimenf  vicieux.  Il  se  compose  de  deux  crans  de 
iTiire  dont  un  seul  peut  être  placé  à  la  distance  de  la  vision  distincte.  Dans 
le  pointé,  il  faut  fiiriger  l'axe  de  l'œil  sur  ces  deux  crans  et  amener  l'ali- 
da.le  peu  à  peu  dans  la  direction  d'un  troisième  point  placé  à  l'infini.  1!  v 
a  là  une  opération  très-complexe  et  de  plus  une  impossibilité,  celte  de  voir 
nettement  à  la  fois  les  trois  points  considérés. 

»  Avec  une  lunette,  au  contraire,  il  n'y  a  plus  que  deux  points  à  re- 
garder, et  ces  deux  points  sont  amenés  à  la  même  distance  de  l'œil,  celle 
de  la  vision  distincte.  Ce  mode  est  rationnel  et  n'exige  d'attention  et  d'exer- 
cice que  si  l'on  veut  atteindre  les  dernières  limites  de  l'exactitude.  I/autre 
est  tout  bonnement  irrationnel,  et  pour  en  tirer  quelque  parti,  il  faut  une 
„  assez  longue  éducation  de  l'œil  et  de  la  volonté;  il  faut  surtout  une  aptitude 
innée. 

»  Appliquons  ces  réflexions  aux  armes  de  tir  où  le  système  vicieux  de 
l'alidade  s'est  conservé.  Il  en  résulte  qu'avec  un  a])pareil  optique  on  ferait 
aisément  passer  le  plan  de  lir  par  un  but  bien  visible,  quelle  que  soit  sa 
distance,  tandis  qu'avec  les  crans  de  mire  il  y  a  là  une  incertitude  qui  se 
Irabit  par  des  écarts  considérables  et  un  grand  nombre  de  coups  manques. 
II  faut  s'exercer  longtemps  pour  restreindre  quelque  peu  cette  incertitude; 
il  faut  surtout  posséder  des  dispositions  naturelles,  c'esl-à-dire  une  cer- 
taine conformation  cérébrale  qui  est  fort  rare.  C'est  pourquoi  l'on  a  pio- 
posé  depuis  longtemps  â?  remplacer  le  vieux  système  de  l'alidade  par  un 
simple  appareil  optique  qui  ferait  disparaître  les  incertitudes  inévitables 
d'un  pointé  vicieux  et  qui  transformerait  tout  servant  en  un  excellent 
pointeur.  Cette  modification  est  devenue  encore  plus  impérieuse  depuis 
qu'on  a  donné  tant  de  précision  aux  armes  de  tir  et  que  l'on  s'est  habitué 
à  s'en  servir  à  des  distances  énormes.  C'est  là  sans  doute  ce  qui  aura  en- 
gagé tout  dernièrement  un  de  nos  physiciens  les  plus  connus  de  l'Acadé- 
mie, M.  Le  Roux,  à  appliquer  aux  canons  qu'il  a  lui-même  installés  dans  un 
de  nos  forts  un  ingénieux  système  optique  de  son  invention.  Mais  il  se 
passera  bien  du  temps  avant  qu'on  s'occupe  sérieusement  de  ce  progrès,  et 
il  ne  faut  pas  s'en  étonner  :  les  astronomes  eux-mêmes,  pour  qui  un  pareil 
changement  était  chose  bien  facile,  ont  résisté  plus  de  cinquante  ans,  et 
n'ont  adopté  qu'à  leur  corps  défendant  la  simple  eî  admirable  invention 
à  laquelle  Morin,  Gascoigne,  Picard  et  Anzout  ont  attaché  leur  nom. 

M  Mais  le  point  sur  lequel  je  désire  aj)peler  l'attention  de  l'Académie 
n'est  pas  la  substitution  d'un  simple  objectif  à  l'alidade  des  pièces  de  tir, 

117.. 


(  f^/A  ) 

mnis  uno  question  de  physiologie  qui  se  trouve  impliquée  dans  l'emploi 
(les  deux  crans  de  mire.  De  tous  nos  sens,  l'œil  est  le  plus  flifficilement 
édiicable  :  c'est  celui  qui  exige  rallention  la  plus  soufoiuie  et  l'exercice  le 
plus  fréquent.  Tout  ce  qui  tient  à  l'oreille,  au  contraire,  va  pour  ainsi  dire 
de  soi,  témoin  la  facilité  et  l'exaclitiide  avec  laquelle  tout  le  monde  se  plie 
aux  mouvements  rliythmés.  Aussi  l'éducation  de  l'oreille  peut-elle  se  faire 
collectivement  siu'  un  grand  nombre  d  individus,  tandis  que  l'éducation  de 
l'œil  est  une  œuvre  tout  individuelle, 

»  On  parviendrait  cependant  à  obtenir  dans  cette  direction  quelques 
résultats,  si  l'osi  appliquait  aux  opérations  de  l'œil,  dans  les  exercices  col- 
lectifs, l'admirable  décomposition  analytique  que  les  procédés  d'éducation 
militaire  ont  réalisée  pour  les  opérations  de  nos  autres  membres.  Alors  en 
faisant  exécuter  successivement  ces  mouvemenls  élémentaires,  bien  qu'ils 
ne  se  traduisent  extérieurement  que  par  des  gestes  imperceptibles,  et  en 
insistant  sur  chacun  d'eux  suivant  son  degré  d'importance,  on  parviendrait 
à  faire  contracter  à  notre  svstème  nerveux  et  aux  six  muscles  de  l'œil  l'ha- 
bitude et  par  suite  l'habileté  et  la  sûreté  désirables.  jNîais  la  décomposition 
des  mouvements  élémentaires  est  ici  de  toute  nécessité;  si  plusieurs  d'entre 
eux  restent  confondus,  l'habitude  ne  viendra  jtas;  elle  sera  remplacée  par 
une  sorU;  d'instinct  fort  imparfait  et  très-variable  (Vwn  individu  à  l'antre, 
souvent  même  par  le  manque  absolu  de  toute  opération,  en  sorte  que  le 
résultat  (inal,  pour  beaucoup,  sera  entièrement  livré  an  hasard. 

»  Quelles  sont  donc  les  opérations  élémentaires  que  l'analyse  nous 
montre  dans  le  pointé  par  alidade  ou  crans  de  mire?  i°  Amener  rapide- 
ment cl  de  sentiment  l'alidade  dans  la  direction  de  l'objet  grossièrement 
appréciée  par  la  vue  simple;  2°  diriger  l'axe  optique  de  l'œil  sur  les  deux 
crans  de  mii-e,  de  manière  à  les  saisir  sinudtanémcnt  ;  3°  am.ener  cet  axe 
et  par  suite  l'alidade  sur  l'objet  par  un  petit  mouvement  bien  soumis  à 
l'attention. 

»  Dans  l'exercice,  la  première  opération  est  setde  représentée;  elle 
s'indique  par  le  commandement  :  En  joue!  mais  rien  n'y  représente  les 
deux  autres  opérations  élémentaires  c[ui  constituent  essentiellement  l'acte 
de  pointer  ou  de  viser.  Il  résulte  delà  que  l'exercice  n'ayant  pas  familiarisé 
le  cerveau,  la  volonté  et  les  nuiscles  de  l'œil  et  du  bras  avec  l'acte  de  viser, 
l'erreur  probable  du  tir,  chez  les  jeunes  soldats  smîout  (pii  n'oi;!  pas  eu 
l'occasion  fréquente  de  s'exercer  isolément,  est  extrêmement  considérable 
et  rend  presque  superflue  la  grande  précision  de  leur  arme.  Potu-  remédier 
à  ce  grave  défaut,  il  suffirait,  si  je  ne  me  lrom|)e,  de  faire  figin-ei- dans  la 


(  «75  ) 
série  des  comm.Tndpmpnts  les  actes  élémentaires  dn  pointé,  en  lui  assignant 
toiijoiirs  un  hnt,  une  ligne  horizontale  par  exemple,  proche  ou  éloignce. 
C'est,  du  reste,  ce  qu'on  fait  pour  l'artillerie  où  existe  le  commandement  : 
Pointez!  qui  précède  celui  de  :  Feu!  Je  suis  convaincu,  pour  ma  part, 
qu'une  modification  de  ce  genre  dans  les  exercices  imposés  à  nos  jeunes 
soldais  augmenterait  immédiatement  l'effet  utile  de  nos  armes  à  feu,  qui  a 
suivi  beaucoup  plus  les  progros  de  la  rapidité  que  ceux  de  leur  précision 
bien  reconnue.  J'ose  espérer  (jue  les  personnes  qui  ont  réfléchi  aux  con- 
ditions physiologiques  de  la  précision,  de  l'habilnde  née  de  l'exercice, 
vonihont  bien  accorder  quoique  attention  à  ces  simples  remarques.    » 

ÉCONOMIE  DOMESTIQUE.  —  Sur  le  procédé  employé  par  les  Indiens  têtes-plates 
pour  obtenir  riiuile  des  nx  loiiqs ;  pnr^l.  Rori.ix. 

«  Parmi  les  Communications  faites  à  l'Académie  depuis  l'investissement 
de  Paris,  les  plus  nombreuses  assurément  se  rapportent  à  deux  sortes  île 
questions  qui  à  une  certaine  époque  ont  excité  un  très-vif  intérêt,  mais 
auxquelles  les  circonstances  où  nous  nous  trouvons  aujourd'hui  donnent 
un  intérêt  tout  particulier.  On  voit  qu'il  s'agit  de  l'aéronautique  et  de 
l'ensemble  des  moyens  employés  pour  tirer  le  meilleur  parti  possible  dos 
ressources  alimentaires  dont  nous  disposons.  Relativement  à  ce  dernier 
point,  bien  des  gens  n'ont  pu  manquer  de  remarquer  qu'une  société  civi- 
lisée, par  conséquent  prévoyante,  et  qui  ainsi  devait  être  presque  complè- 
tement exempte  de  la  crainte  d'une  disette  même  temporaire,  se  trouve, 
par  le  fait,  dans  des  conditions  jusqu'à  un  certain  point  comparables  à  celles 
où  sont  normalement  des  populations  sauvages  qui,  chaque  année,  souffrent 
d'une  disette  prolongée,  et  souvent  si  dure  qu'elle  ne  leur  permet  qu'à 
grand'peine  d'attendre  la  saison  qui  leur  rendra  l'abondance.  On  ne  s'é- 
tonnera donc  point  si,  de  part  et  d'autre,  on  a  eu  recours  pour  |iasser  dos 
temps  difficiles  à  des  expédients  semblables;  c'est  une  réflexion  que  j'ai  eu 
plus  d'une  fois  l'occasion  de  faire  depuis  plusieurs  semaines,  et  tout  récem- 
ment encore  à  propos  de  la  lecture  faite  par  M.  Payen  sur  divers  produits 
alimentaires  obtenus  des  os  diî  cheval,  tissus  gélatineux,  graisse,  huile  co- 
mestible. C'est  aussi  stu-  une  huile  bonne  à  manger,  également  extraite 
des  os,  que  je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  l'entretenir  un  mo- 
ment. Il  va  sans  dire  que  pour  cette  fabrication,  comme  poui'  toutes  celles 
qui  ont  pour  but  d'uldiser  des  jiorîions  habituellement  dédaignées  de 
ve^gétaux  ou   d'animaux,  le  parallélisme  entre  doux  classes   d'hommes  si 


(  «76  ) 
différentes  ne  ppiit  porter  que  sur  des  produits  qui  s'obtiennent  sans  l'in- 
tervention des  réactifs  chimiques,  sans  l'emploi  de  vases  en  métal,  sans 
machine  un  jjen  compliquée;  celui  dont  je  parie  n'exige  rien  de  pareil, 
pas  même  l'usage  de  vases  de  terre  pour  chauffer  l'eau,  que  bien  souvent 
on  porte  à  l'état  d'ébullition  en  projetant  dans  l'auge  en  bois  qui  la  con- 
tient quelques  cailloux  rougis  au  feu  (i),  le  reste  de  l'outillage  consiste  en  une 
méchante  lame  avec  laquelle  on  hache  et  réduit  en  petits  fragments  les  os 
longs  dont  on  a  d'abord  mangé  la  moelle,  laquelle,  lorsque  ces  os  ont 
a|)partenu  à  un  grand  animal,  est  assez  copieuse  et  assez  nourrissante  pour 
qu'iui  seul  suffise  au  repas  d'une  i)ersonne.  L'observation  est  empruntée 
à  la  relati(U)  d'un  voyage  digne  de  toute  notre  attention,  puisqu'il  est  le 
premier  qui  se  soit  fait  de  l'un  à  l'autre  Océan,  préparant  ainsi  !a  grande 
entreprise  tout  récemment  achevée  <!e  l'établissement  du  chemin  de  fer  du 
Pacifique. 

»  MM.  Lewis  et  Clarke  avaient  été  chargés  en  1 8o4  par  le  Gouvernement  des 
États-Unis  d'explorer  le  haut  Missoiu'i  ainsi  que  les  pays  situés  au  delà  des 
sources  de  cette  rivière,  au  delà  même  des  montagnes  Rocheuses  et  jusqu'à 
la  mer  du  Sud.  Cette  exploration  n'exigea  pas  moins  de  trois  années;  au  mo- 
ment dont  je  parle,  vers  la  fin  de  l'année  i8o5,  nos  voyageurs  se  trouvaient 
près  de  l'embouchure  de  la  rivière  Columbia  dont  le  territoire  est  occupé  par 
plusieurs  tribus  indiennes  qui,  ayant  à  peu  près  les  mêmes  habitudes,  sont 
souvent  désignées  sous  le  nom  collectif  de  têtes-plates,  quoique  chacune  ait 
son  nom  particulier.  Le  2  décembre  un  de  leurs  chasseurs  avait  tué  un  cerf 
Wapiti  [Elk  des  Anglo-Américains)  et  il  fut  apporté  au  camp  le  lendemain. 
«  C'était,  dit  le  narrateur,  le  premier  Elk  que  nous  eussions  tué  depuis  que 
»  nous  avions  franchi  les  montagnes  Rocheuses,  et  condamnés  comme  nous 
»  l'étions  depuis  longtemps  à  ne  vivj-e  que  de  poisson,  ce  fut  pour  nous  une 
.)  nourriture  reçue  avec  la  plus  grande  satisfaction.  Après  qu'on  eut  mangé 
»   la  moelle  des  os  des  jambes,  notre  Indienne  hacha  menu  ces  os  (évidem- 


(i)  T.es  Assinibnines  ont  reçu  d'Indiens  ;i])])arlenant  à  une  antre  nationalité  re  nom,  qui 
sii^nido  hnuiltpiin!  dr  pierres,  et  qui  leur  a  élo  donné  à  raison  d'une  invention  «lui  leur  per- 
met irimproviscr,  en  quelque  ii<'u  qu'ils  se  trouvent,  une  manuite  |)ropre  à  faire  cuire  la 
chair  du  bison  qu'ils  viennent  de  percer  de  leurs  flèches.  Ils  creusent  dans  la  terre  de  la 
prairie  un  trou  de  capacité  suffisante  pour  contenir  la  quantité  de  \iande  juyee  nécessaire 
d'après  !c  nombre  des  mangeurs;  ils  tapissent  ce  trou  de  la  peau  dnni  ils  vieimerit  de  dé- 
pouiller l'animal,  et  emplissent  cette  étrange  chaudière  d'eau  (ju'ils  ont  bientôt  f.iit  bouillir 
en  V  jetant  des  cailloux  incandescents,  la  maintenant  en  cet  eial  par  li'  même  moyen  jusqu'à 
ce  que  la  viande  soit  cuite  à  point. 


(  «77  ) 
»  -ment  il  ne  s'agit  ici  que  des  extrémités)  et,  en  les  faisant  bouillir,  en  obtint 
w  une  pinte  de  graisse  liquide  supérieure  même  à  la  graisse  solide  de  l'Hiii- 
»  nimal.  »  [Travtls  Uj>.  the  Missouri^  etc.,  etc.,  cliap.  XXi.)  La  pinte  an- 
glaise n'est,  comme  on  le  sait,  que  la  moitié  à  peu  près  de  l'ancienne  pinte 
de  Paris. 

»  Pendant  que  je  tenais  en  main  le  livre  d'où  je  tirais  cette  citation  j'eus 
l'idée  qu'il  me  fournirait  aussi,  peut-être,  quelque  renseignement  sur  une 
autre  branche  de  l'uïdustrie  indigène  relative  non  plus  à  l'alunentation  mais 
à  l'habillement,  je  veux  due  sur  le  système  de  corroyage  que  M.  Simonin  a 
vu  pratiquer  par  les  Indiens  des  prairies  qui,  sans  employer  en  apparence 
autre  chose  que  la  cervelle  de  l'animal,  parviennent  à  donner  à  la  peau  du 
bison  la  souplesse  et  le  moelleux  d'une  étoffe  de  laine.  Dans  ce  dessein  je 
parcourus  successivement  tous  les  sommaires  placés  en  tète  des  chapitres, 
et  trouvai  enhn,  sinon  ce  quejt;  cherchais,  du  moins  un  procédé  de  prépa- 
ration du  cuir  des  grands  ruminants  pratiqué  dans  un  autre  canton,  et 
esseniiellemeul  différent  du  premier.  Je  reviendrai  bientôt  sur  ce  procédé 
par  lequel  on  se  propose  de  rendre  le  cuir  plus  dur  qu'il  ne  le  devien- 
drait sî  on  le  laissait  se  dessécher  naturellemeut,  mais  je  dois  auparavant 
ajouter  quelque  chose  à  ce  qui  a  été  déjà  dit  des  façons  que  l'on  donne 
aux  cuirs  destuiés  à  rester  souples.  J'emprtniterai  ces  détails  à  l'ouvrage  de 
M.  Catlln:  «  Lettres  et  Notes  sur  les  mœurs  et  coutumes  des  Indiens  de  l'Amé- 
rique dn  Nord  »  ;  sa  lettre  Vil,  datée  du  coudiient  du  Missouri  et  delà  rivière 
de  la  Pierre  jaune  [Yellow  Slone  Rio.),  a  surtout  rapport  aux  usages  des 
Corbeaux  et  des  Pieds-Noirs  qui  savent,  il  est  vrai,  préparer  ces  belles  peaux 
garnies  de  leur  toison -dont  parle  M.  Simonin,  mais  n'en  font  guère  nn  objet 
d'exportation,  celles  que  fournit  le  commerce  aux  villes  des  États-Unis,  où 
elles  sont  connues  sous  le  noui  de  Buffalo-robes,  venant  surtout  des  pays 
situés  moins  loin  vers  l'ouest.  Chez  ces  Indiens,  comme  chez  nos  tan- 
neurs, la  première  opération  à  laquelle  on  soumet  la  plupart  des  peaux 
a  pour  résultat  d'en  faire  tomber  le  poil.  Toute  la  différence  dans  les 
procédés  consiste  en  ce  qu'au  lieu  du  baiu  de  chaux,  c'est  un  bain  de  forte 
lessive  de  cendres  dans  lequel  les  peaux  sont  maintenues  quelques  jours 
immergées.  Le  poil  enlevé,  on  tend  la  peau  soit  sur  un  châssis,  soit  sur  le 
soi,  au  moyen  de  piquets  passant  dans  des  trous  pratiqués  sur  ses  bords 
et  enfoncés  en  terre  de  manière  à  la  tenir  bien  également  étirée;  elle  reste 
ainsi  iiendant  plusieurs  jours  pendant  lesijuels  on  (a  tamponne  avec  la  cervelle^ 
puis  on  procède  au  raclage  qui  se  pratique  avec  uu  os  large  aiguisé  sur 
les  bords,  le  plus  souvent  un  omoplate,  ou  avec  un  outil  en  silex  ayant  à 


(  «7«  ) 
peu  près  la  forme  d'iiiie  hermiiiette  ,  iiistniniciit  sur  lequel  l'ouvrière 
agenouillée  pèse  de  tout  le  poids  de  son  corps.  Cela  fait,  ou  détache  la 
peau,  et  peudaut  cpi'elle  sèche  ou  coutiuue  à  la  travailler  à  force  de  bras 
il  la  manière  de  nos  corro^eurs  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  aussi  moelleuse 
(urelle  peut  le  devenir.  Ce  travail  est  du  déparfenienl  des  fetnmesqui,  dans 
ce  cas  comme  dans  presque  tous  les  a.'itres,  sont  chargées  des  ouvrages  les 
plus  rudes. 

«  La  plupart  de  ces  peaux,  ajoute  M.  Calliu,  sont  cependant  soumises 
»  ensuite  à  une  autre  opération  tpii  eu  augmente  la  valeur  et  les  rend 
»  d'un  bien  meilleur  usage.  Cette  opération  consiste  à  Its  enjliiner,  ce  qui 
»  se  pratique  de  la  manière  suivante.  On  creuse  en  terre  un  trou  au 
»  fond  duquel  on  dresse  un  feu  alimenté  par  du  bois  mort,  qui,  en  brû- 
»  lant,  donne  très-peu  de  flamme  et  beaucoup  de  fumée.  Au-dessus  de  ce 
»  foyer  on  bàtil,  avec  qiielques  menues  perches,  une  cage  conique  qu'on 
»  recouvre  d'un  capuchon  eu  cnii'  cousu  sur  les  bords  ponr  mieux  s'op- 
»  poser  à  l'échappement  de  la  fumée.  C'est  sous  cette  cloche  que  l'on  place 
»  les  peaux  auxquelles  ou  veut  donner  la  dernière  façon,  et  elles  restent 
»  ainsi  au  moins  un  jour  exposées  à  cette  fumée  chaude  qu'on  a  bien  soin 
»  d'entretenir.  Elles  ont,  en  sortant  de  l'éluve,  tuie  propriété  précieuse 
))  qu'elles  n'avaient  point  en  y  entrant;  elles  peuvent  être  mouillées  impu- 
»  nément  autant  de  ibis  qu'on  le  voudra,  "reprenant  toujours  eu  séchant 
»   leur  première  souj)lesse.  » 

»  Dans  un  passage  précédent,  M.  Catlin,  ])arl;uit  de^i  armes  de  ces  mêmes 
Indiens,  disait  (lettre  V)  :  «  Leur  bouclier  est  fait  en  peau  de  cou  <le  bison 
»  enfutnée  et  endurcie  au  moyen  d'iuic  colle  forte  qu'on  oljtient  de  la  corne 
»  du  pied  de  la  béte  »,  ce  qui  ferait  d'abord  supposer  que  l'enfumage  n'est 
l)as  réservé  aux  seuls  cuirs  qui  doivent  rester  souples.  En  y  réfléchissant 
cependant,  je  me  suis  demandé  si,  dans  le  feu  qu'on  allume  lorsqu'il  s'agit 
de  faire  un  bouclier,  la  lumée  qui  se  produit  est  considérée  comme  ayant 
quelque  iuqîortance,  et  j'en  suis  venu  à  ci-oire  ([uc  le  ])rocédé  O|)ératoire 
des  Piedi-Noirs  pourrait  bien  ne  différer  en  rien  d'essentiel  de  celui  (pii 
était  en  usage  parmi  les  Shoslionees,  et  que  Lewis  et  Clarke  iious  ont  lait 
connaître  à  peu  près  dans  ces  termes  : 

«  Leur  bouclier  est  une  pièce  de  cuir  de  bison  de  forme  circulaire  ayant 
»  de  2  pieds  /|  pouces  à  2  pieds  5  de  iliamètre....  Le  cuir  de  bison  sec  est 
»  toujours  à  l'épreuve  de  la  tlèche,  mais  les  Shosliouees  sont  convaincus 
»  que,  pour  être  parfait,  un  bouclier  doit  avoir  été  fabricpié  avec  certaines 
M  cérémonies  mystérieuses,  cpii  commencent  toujours  par  un  banquet  au- 


(  879) 
»  quel  prennent  part  les  principaux  guerriers  et,  comme  de  raison,  quelque 
))  sorcier  fi).  Le  repas  Uni,  on  creuse  en  terre  un  trou  de  diamètre  égal  à 
»  celui  que  doit  avoir  le  bouclier;  on  place  au  tond  des  pierres  rougies 
»  au  feu,  sur  lesquelles  on  verse  ensuite  de  l'eau  qui  se  convertit  en  une 
»  vapeur  brûlante.  La  peau  de  bison,  qu'on  a  laissée  de  toute  sa  grandeur, 
»  peau  qui  doit  être  celle  d'un  mâle  âgé  de  deux  ans  qu'on  aura  eu  soin 
»  de  ne  pas  laisser  sécher  depuis  le  moment  où  elle  a  été  enlevée  à  l'animal, 
)>  est  alors  étendue  au-dessus  de  la  fosse  brûlante  et  tirée  en  sens  opposé 
»  par  autant  de  mains  qui  peuvent  eu  saisir  les  bords;  bientôt  le  poil  qui 
»  est  tourné  en  dessus  se  détache  aisément  et  est  enlevé  par  poignées.  Le 
»  cuir,  cependant,  se  contracte  progressivement,  et  c'est  seulement  lors- 
»  qu'il  est  réduit  aux  dimensions  que  doit  avoir  le  bouclier  que  s'arrête 
»  la  première  partie  de  l'opération;  la  seconde  consiste  à  l'étendre  sur  un 
»  cuir  bien  lisse,  préparé  à  la  manière  du  vélin,  contre  lequel  on  l'applique 
»  fortement  en  le  piétinant  avec  les  pieds  nus.  Cette  dernière  partie  de  la 
»  fabrication,  à  laquelle  prennent  part  successivement  tous  les  conviés, 
»  dure  quelquefois  plusieurs  jours  ;  après  quoi  le  bouclier  est  remis  so- 
1)    lenuellement  à  son  propriétaire  et  déclaré  paifait.  » 

»  11  me  semble  que  celte  description  est  complétée  par  l'indication  de 
M.  Clatlin  et  fait  comprendre  l'usage  de  la  colle  forte  dont  Lewis  et  Clarke 
n'ont  point  parlé.  Elle  est  nécessaire  pour  faire  comprendre  l'adhésion  des 
deux  cuirs,  qui  n'a  pas  pour  effet  d'augmenter  seulen)ent  l'épaisseur  de  la 
rondache  :  la  peau  exposée  au  feu,  en  devenant  à  la  fois  plus  épaisse  et 
plus  dure,  a  perdu  nécessairement  quelque  peu  de  son  élasticité;  la  peau 
parcheminée  lui  rend  ce  qui  pouvait  lui  manquer  à  cet  égard,  et  elle  de- 
vient dès  lors  plus  propre  à  résister  à  un"  choc  qui,  sans  cela,  tendrait 
à  rompre  l'arme. 

(i)  Le  bouclier  est  pour  tnus  ces  Indiens  d'une  telle  importance,  qu'on  n'a  point  lieu  de 
s'étonner  qu'on  ait  cru  devoir  en  entourer  la  fabrication  de  (|uel(jues  prati(]ues  religieuses 
ou  au  moins  d'un  certain  mystère.  M.  Hunt,  (|iii,  vers  l'année  i8i  i,  fut  aussi  envoyé,  par 
terre,  des  bords  de  l'Atlantique  vers  l'autre  Océan,  mais  qui  traversa  les  montagnes  Rocheuses 
en  un  autre  point  que  Lewis  et  Clarke,  eut  l'occasion  d'assister  à  une  réception  solennelle 
qu'on  faisait  dans  un  village  d'Aricaras  à  une  troupe  de  guerriers  qui  revenaient  vainqueurs. 
Ceux-ci  se  présentaient  dans  leur  plus  bel  appareil  de  guerre  et  armés  d'ailleurs  assez  diver- 
sement :  '<  (juelipies-uns,  dit  le  narrateur,  avaient  un  fusil,  d'autres  l'aie  et  la  flécbe,  plusieurs 
le  casse-téte  ;  tous  avaient  nu  boiicticr  rie  <  lar  de  liison,  pièce  d'un  usage  général  parmi  les 
Indiens  des  prairies  qui,  dans  ces  vastes  plaines,  ne  peuvent  profiter  du  couvert  des  forêts, 
pas  inênie  de  l'abri  que  peuvent  présenter  des  arbres  isolés.  »  (Irviko:  Astorin.  Paris, 
i836;  in-8°,  p.  i54.) 

C.  U.,  iS-o,  3«  Semestre.  (  \.  L.XXI,  N"  2iî.)  '  '  ^ 


[  8So  ; 

»  L'expédition  si  pénible  dirigée  par  MM.  Lewis  er  Clarke  eut,  personne 
aiijo'.ird'luii  ne  l'ignore,  le  succès  que  s'en  promettait  le  Gouvernement 
qui  l'avait  ordonnée,  et  a  en  jjour  résultat  final  l'établissement  de  ce  cbe- 
uiiii  de  fer,  qui  permet  de  francbir  dans  un  temps  comparativement  très- 
court  et  presque  sans  fatigue  l'immense  espace  compris  entre  les  deux 
mers.  La  relation  de  ce  premier  voyage  cependant  reste  pour  l'ethnologiste, 
ainsi  (pi'ou  en  peut  juger  par  les  emprunts  que  nous  venons  d'y  faire,  un 
répeitoire  dans  lequel  il  tiouvera,  sin- les  babiludes  et  l'industrie  des  indi- 
gènes, des  indications  d'autant  plus  précieuses  que  bientôt  ces  peiqdes  au- 
ront disparu  de  la  surface  du  globe.  Parmi  les  renseignements  qu'on  en 
peut  tirer,  qu'il  nous  soit  permis  de  faire  remarquer  que  quelques-uns 
prennent  des  circonstances  dans  lesquelles  nous  nous  trouvons  aujour- 
d'hui un  intérêt  particulier.  J'ai,  en  commençant  cette  Note,  indiqué  une 
des  ressources  alimentaires  auxquelles  ont  recours  les  peaux- roiujes  que  le 
besoin  a  rendus  industrieux;  en  la  terminant,  je  dirai  deux  mots  des 
épreuves  cpi'ont  rencontrées  les  hommes  de  race  blanche  une  fois  engagés 
dans  ces  pays  sauvages,  et  de  la  manière  dont  ils  ont  su  les  surmonter.  On 
savait  bien  au-  départ  qu'il  ne  fallait  pas  songer  à  emporter  îles  vivres  poiu- 
tout  le  voyage,  et  l'on  comptait  sur  les  produits  de  la  chasse;  maison  eut 
à  traverser  de  vastes  étendues  de  pays  dans  une  saison  où  la  chasse  n'y 
donnait  rien.  Le  bisou  manquant,  on  eut  recoiu's  à  la  viande  de  cheval, 
qui  fui  acceptée  sans  difficulté;  puis,  celle-ci  venant  à  manquer,  il  fallut 
eu  venir  à  la  chair  de  chien,  heureux  encon;  quand  on  put  s'en  procurei-. 
(le.  ne  fut  pas  d'ailleurs  sans  avoir  à  vaincre  bien  des  répugnances.  »  Ce- 
)>  pendant,  remarque  le  narratem-,  des  expériences  répétées  nous  four- 
«  nireul  la  preuve  que  nos  hommes,  exléiniés  par  les  fatigues  et  le  manque 
«  de  vivres,  ne  reprenaient  jamais  plus  tôt  leurs  forces  et  leur  embonpoint 
»  que  lorsqu'ils  avaient  été  quelque  temps  à  ce  régime.  »  Ce  fait  demeura 
si  bien  établi  que,  moins  de  ciiit]  ans  après,  dans  une  nouvelle  expédition 
due  cette  fois  à  l'initiative  d'un  simple  particulier,  dans  celle  que  M.  Astor 
cjivoyail  par  lerre  vers  l'élablissomeul  commercial  qu'd  voulait  fonder- sur 
le  Pacifique,  à  l'endjouchure  de  la  rivière  Columbia,  dès  que  le  besoin  de 
provisions  Iraiches  commença  à  se  faire  sentir,  les  chevaux  étant  rares  et 
chers  dans  le  premier  village  indien  ou  l'on  s'arrêta,  ou  n'hésita  pas  à  y 
faire  empiète  d'un  grand  nombre  de  chiens  destinés  à  être   mangés  (r).  » 

(i)  Irvinc.  :  Asinna.  Paris,  i836,  in-8",  p.  122,  Des  chiens  d'une  race  particulière  étaient, 
chez  ces  Indiens  (  di-s  Aricaras)  el  chez  beaucoup  d'autres,  élevés  et  engraissés  comme  ani- 

UMUX  (le   lii)iii-|i('|-ic. 


Mi 


iVOMINATIOXS. 


L'Acafléinie  procède,  pai'  Ja  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  juger  le  concours  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  physiques  (question  des  phénomènes  génésiques  qui  précèdent  le 
développement  des  animaux). 

MM.  Milne  Edwards,  de  Quatrefages,  Blanchard,  Cosle,  Dumas  réunis- 
sent la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le 
plus  de  voix,  sont  MM.  Robin,  Brongniart. 

L'Académie  décide  que  la  Commission  précédente  sera  chargée  égale- 
ment déjuger  le  concours  pour  le  prix  Bordiu  (question  relative  à  l'ana- 
tomie  comparée  des  Annélides). 

1/Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  qui  sera  chargée  déjuger  le  concours  pour  le  prix  Poncelcl. 

MM.  Liouville,  Delannay,  Morin,  Chasies,  Combes  réunisseni  la  majorité 
des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix, 
sont  MM.  Bertrand,  Serret,  Bonnet. 


MEMOIRES  PRESEIMTES. 

AKROSTATIOÎS.  —  Du  moyen  de  pinduire  à  vnloitli',  à  honi  i/o  at'roshils,  un 
txcédriDl  de  force  nsrensininielle  j  oiir  (ijiérer  des  montées  cl  des  ilcsii  nies 
pnrlielles ;  pur  M.  Bouvet. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédenunenf  nouuuée.) 

a  Dans  la  Communication  que  j'ai  eu  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie 
des  Sciences,  dans  sa  dernière  séance,  siu- la  combinaison  du  ballon  h  gaz 
et  de  la  Rlontgolfiére,  j'ai  montré  que  si  c  repré.sente  le  volume  île  gaz 
perdu,  P  le  poids  de  l'air,  [>  le  poids  du  g.iz,  la  quantité  de  force  ascen- 
sionnelle perdue  est  représentée  par 


et  j  ai  montré  aussi  que,   pour  compenser  celle  perte,  il   laul  pniduiie  la 

Il  8. 


I  88'i  ) 
dilatation  du  volume  restaiil  d'une  quantité  i»' 


<>    =: 


enfin,  par  le  calcul,  j'ai  prouvé  que  la  combustion  d'une  quantité  de  {^az 
représentant  une  perte  ilo  i  grainnie  de  force  ascensionnelle,  représente 
un  accroissement  de  122  grammes  de  celte  même  force.  Un  calcid  ana- 
logue montrerait  que  la  combustion  de  i  gramme  de  gaz  d'éclairage  pro- 
duit 170  grammes  de  force  ascensionnelle. 

»  Voici  maintenant  la  description  des  deux  dispositifs  destinés  à  réaliser 
les  avantages  qu'indiquent  les  chiffres  ci-dessus. 

»  Dispositif  n°  1  [fuj.  i).  —  A  est  un  ballon  sphérique  ordinaire;  B  est 
un  ballon  intérieur,  de  forme  cylindroconique,  ouvert  seulement  à  sa  base. 


A    Ballon  spbérlquu, 

B     Monlgolfière. 

N    Nacelle  oti  se  trouve  le  foyer. 

SS  Suspentes  pour  maintenii-  verticale  la  nioDlcolfière. 

Au  départ,  ce  ballon  B  est  complètement  vide,  ses  parois  se  touchent,  mais 
au  fur  et  à  mesure  il  se  perd  du  gaz,  et,  par  suite,  de  la  force  ascension- 
nelle; alors  on  introduit  de  l'air  qu'on  échauffe  à  l'aide  d'un  foyer  à  gaz 
en  tout  semblable  à  celui  qui  est  décrit  pour  le  dispositif  n"  2.  Ce  ballon  B, 
dont  la  capacité  est  de  i.^o  mètres  environ,  remplit  ici  le  doid)le  office  de 
poclie  d'air  et  de  iMonIgollière.   En  cond)inaiit  les  actions  si  différentes 


(  '^«  •  ) 

de  ces  deux  organes  réunis  en  im  senl,  on  voit  qu'on  peut,  soit  obtenir  nn 
certain  échaiiffement  du  gaz  du  ballon,  pour  angmenler  même  la  force  pri- 
mitive, soit,  à  un  moment  donné,  taire  arriver  de  l'air  froid  poiu'  refroidir 
le  gaz  et  opérer  une  descente  partielle  ou  trouver  des  courants  favorables. 
Mais  cette  disposition  présente  le  grave  inconvénient  d'échauffer  les  mé- 
langes détonants  qui  se  forment  par  endosmose  à  l'intérieur  de  R,  malgré 
la  construction  sjjéciale  du  foyer;  il  y  a  là  xm  danger  qu'il  convient  d'évi- 
ter. Ces  considérations,  qui  résultent  des  observations  que  M.  Dumas  a 
bien  voidu  me  faire,  m'ont  conduit  à  adopter  le  dispositif  u°  2. 

»   Dispositif  n°  2  [fig.  2,  3,  4).  —   Dans  cette  disposition,  la  poche  d'air 
est  séparée  de  l'appareil  destiné  à  échauffer  le  gaz  du  ballon. 


A  Ballon  sphérique. 
B  Becs  de  gaz  (iu  foyer. 
C  ConJuit  qui  mène  le  gaz  au  foyer. 
E  Enveloppe  du  foyer. 

O  Grillage  po\ir  répartir  le  calorique  dégagiï  par 
le  foyer. 


P      Poche  d'air  gonll 

P'    Poclie  d'air  pliée. 

R    Appareil  récliauffeur. 

SS  Suspentes  pour  maintenir  le  récliauffeiir  dans 

une  position  verticale. 
ah  Ligne  de  coupe  .^es  fg.  ?>  el  tf. 


»  A  est  le  ballon  ordinaire,  P  la  poche  d'air  qui,  lorsqu'elle  est  vide,  se 
replie  en  P';  gonflée,  elle  prend  la  forme  d'un  anneau,  et  par  .sa  position  à 
la  partie  basse,  elle  augmente  la  stabilité  de  l'aérostat.  R  est  l'appareil  ré- 
chauffeur, à  parois  métalliques,  qui  descend  jusqu'à  la  nacelle  où  se  trouve 
le  foyer  que  la  /ig.  3  représente  en  plan  et  la  //(/.  4  f»  coupe  verticale. 


M  Au  ch'parl ,  la  pDclie  1'  esr  repliée  en  1'',  iiutis  R  est  plein  (r;iir; 
pour  éviter  sa  déformation,  on  niainlient,  à  l'aide  de  la  pompe,  un  léger 
excès  de  pression.  Cet  appareil  R  étant  métallique,  il  ne  s'y  forme  pas  de 
mélanges  détonants;  !e  foyer,  formé  par  une  couronne  de  becs  de  gaza 
courant  d'air  forcé,  réglé  chaque  fois  par  une  clef,  est  entouré  d'une  double 
enveloppe  T  et  T'  de  toile  métallique,  qui  met  en  garde  contre  toute  chance 
d'incendie  et  d'explosion.  Ce  dispositif  a  cet  avantage  sur  le  précédent,  qu'il 
permet,  par  le  réchauffeur  R,  de  produire  l'augmentation  de  volume  \>' 
pour  compenser  la  perte  de  force  ascensionnelle,  et  d'introduire  dans  la 
poche  P  la  quantité  d'air  froid  %<  —  c',  de  telle  sorte  que,  tout  en  conservant 
la  même  force  ascensionnelle,  on  maintient  le  ballon  constamment  plein. 
C'est  là  une  conilition  essentielle  pour  faire  durer  les  enveloppes  et  aussi 
pour  les  aérostats  qu'on  essayera  de  diriger.  J'ajoute  que  le  réchauffeur  R  et 
ses  accessoires  pèsent  i5  kilogrammes  au  luaximum. 

»  Voici,  en  terminant,  quelques  considérations  sur  cet  appareil  réchauf- 
feur, qui,  employé  dans  les  ballons  dirigeables,  y  fonctionnera  comme  le 
condenseur  des  machines  à  vapeur. 

»  J'admets  d'abord  qu'on  emploiera  le  moteur  à  air  dilaté  par  la  com- 
bustion du  gaz,  comme  je  l'ai  précédemment  proposé.  Avec  la  vapeur  d'é- 
chappement d'un  moteur  à  vapeur,  on  obtiendrait  le  même  résultat. 

»  Un  moteur  de  G  chevaux,  force  nominale,  consomme  5  mètres  cubes 
de  gaz  par  heure.  Les  gaz  brûlés  qui  sortent  du  cylindre,  après  qu'ils 
ont  produit  leur  effet  mécanique  utile,  entraînent  une  quantité  de  calo- 
rique égale  à  6976  X  5  =  34875  calories,  dont  il  faut  déduire  les  quan- 
tités »le  chaleur  perdues  de  différentes  façons  (eau  vaporisée  pour  refroi- 
dir le  cylindre,  i''^,  5oo  —  637  =  955'^^,5,  et  le  double  au  moins  de  cette 
quantité  de  chaleur  perdue  par  les  autres  organes),  soit  environ  3ooo  ca- 
lories, il  reste  31875  calories  à  utiliser,  qu'on  perd  habituellement  dans 
l'air  si  on  les  fait  arriver  en  loul  ou  en  partie  dans  le  réchauffeur.  Ils  y  rem- 
placeront le  foyer;  31876  représentent  la  combustion  de    \'^    =  2''e,55 

de  gaz.  Chaque  kilograuune  de  gaz  pouvant  compenser  170  kilogrammes 
de  force  ascensionnelle,  on  voit  que  la  quantité  qu'il  sera  possible  de  com- 
penser, par  heure,  sera  représentée  par  170  x  '2''°,  55  =  433''f^,5o,  et  cela 
sans  rien  coûter. 

»  Ce  chiffre  est  un  chiffre  théorique,  mais  ou  p(>ul  eu  conclure  qu'un 
b;dlon  de  4ooo  mètres  cidjes,  ayant  \\u  nioleu!'  consommant  5  mètres  cubes 
par  heure,  pourra  faire  fonctionner  le  réchaulféur  sans  rien  dépenser,  tandis 


(  885  ) 
que,  dans  des  conditions  ordinaires,  il  fandrait  consommer  2  et  même 
3  mètres  cubes  pour  obtenir  le  même  résultat.  Je  ne  crois  donc  pas  me 
tromper,  en  disant  que  ce  réchaiiffeur  fonctioiuiera  comme  le  condenseur 
de  Watt,  et  permettia  de  réaliser  une  économie  de  '5o  à  4o  poiu-  100  siu-  la 
dépense  du  moteur.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  De  la  périodicité  du  temps,  réglée  d'après  les  indications 
Joiiriiies  par  les  phases  de  la   Lune  ipii  suit  celle  de  l'éipiinoxe.  Note  de 
M.  BÉZAKD  i)E  WouvEs.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Cli.  Sainte-Claire  Deville,  Delaunay,  Laugier.) 

«   Conclusion.  —  Je  crois  pouvoir  formuler  les  règles  suivantes  : 

»  i"  Division  du  temps  en  deux  époques,  qui  prennent  date  aux  équi- 
noxes,  21  mars  et  21  septembre; 

»   2°  Durée  de  chaque  épocjue  :  six  Lunes  ou  périodes  lunaires; 

»  3"  Dans  chaque  époque,  trois  Lunes  d'augment  et  tiois  Lunes  de 
décroît  ; 

»  La  Lune  qui  commence,  après  celle  de  l'équinoxe,  règle  par  chacune 
de  ses  phases  la  |)ériodicité  du  temps  pendant  la  durée  de  l'époque; 

»  6°  Le  temps  qui  se  produit  aux  phases  de  cette  Lune  se  reproduit  aux 
mêmes  phases  des  cinq  Lunes  suivantes,  en  augmentant  ou  décroissant, 
selon  que  l'on  est  dans  la  période  d'augment  ou  dans  la  période  de 
décroît.  » 

M.  H.  GouiLLY  adresse  une  Note  relative  à  un  procédé  qui  peut  servir 
à  déterminer  la  direction  suivie  par  un  aérostat  et  sa  vitesse  dans  l'espace. 

(Commissaires  :  MM.  Moriu,  Delaunay,  Dupuy  de  Lôme.) 

M.  Berger  appelle  l'attention  de  l'Académie  sur  une  circulaire  ayant 
pour  but  la  création  d'un  prix  de  5oooo  francs,  pour  celui  qui  trouverait 
et  ferait  appliquer,  soit  dans  l'armée,  soit  dans  la  garde  nationale  ou  dans 
un  corps  franc  reconnu  par  le  Ministre  de  la  Guerre,  un  système  dabri 
mobile  satisfaisant  aux  conditions  suivantes  :  i"  résister  à  la  balle  du  fusil 
Chassepot;  2"  abritei'  facilement  quatre  hommes;  3"  être  muni  de  deux 
meurtrières  au  moins;  4"  se  démonter  eu  quatre  ou  cinq  parties,  pouvant 
être  portées  par  autant  de  soldats;  5"  tenir  lieu  de  lentes-abris  et  rempla- 
cer ainsi  les  tentes  actuelleuicut  en  usage  dans  l'armée. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  les  questions  relatives  a  l'art 

mihtaire.) 


(  886  ) 

M.  Brachet  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  projet  de  canon, 
porté  SU!'  iMi  chariot  blindé. 

(Renvoi  à  la  même  Commission.) 

CORRESPOiVDAlVCE. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  de  la  dépèche  suivante, 
adressée  à  M.  le  Président  de  l'Académie  par  M.  le  Directeur  général  des 

lignes  télégraphiques  : 

'<   Paris,  k'  i6  décembre  1870,  i''25"'  du  soir. 

»  D  après  une  dépèche  du  3,  que  je  reçois  de  M.  Steenackers,  le  ballon 
le  Folla,  monté  par  M.  Janssen,  est  tombé  prés  de  Saint-Nazaire,  sans  acci- 
dent. Je  suis  heureux  de  vous  transmettre  cette  excellente  nouvelle.  » 

t'HYSIQUb:  DU  GLOlili  —  La  Seine  :  Eludes  sur  le  réijime  de  lu  pluie,  des 
sources,  des  eaux  eouranles;  ajiplicaliuus  diverses  ù  iarl  de  Cliigéiiieur  et 
de  l'Agriculture;  par  M.  Belgkaivd  (1). 

M  Le  public  s'est  vi\ement  préoccupé,  pendant  le  siège  de  Paris,  des 
crues  de  la  Seine  et  de  la  Marne;  il  n'est  donc  pas  hors  de  propos  de  faire 
connaître  le  régime  de  ces  deux  rivièi'es  et  des  autres  cours  d'eau  du  bassin 
du  fleuve  parisien.  Je  m'occupe  de  ces  recherches  depuis  i832,  et  de  nom- 
breux iMémoires,  publés  dans  les  annales  des  Ponts  et  Chaussées,  le  Bulletin 
des  Sociétés  Géologique  et  Météorologique  de  Franco,  établissent  d'une 
manière  certaine  la  [iriorité  de  mes  travaux  sur  ceux  des  ingénieurs  et 
autres  savants  cpii,  longtemps  après  moi,  se  sont  engagés  dans  la  même 
voie.  I/iui  de  ces  Mémoires  a  été  présenté,  en  18471  ^  l'Académie  des 
Sciences. 

))  (^es  études  sont  résumées  dans  deux  volumes,  dont  l'un  a  été  imprimé 
aux  frais  de  la  ville  et  présenté  à  l'Institut  par  31.  Dumas,  le  16  mai  1870(2). 

I»  L'autre  est  le  manuscrit  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie, 
et  je  ne  sais  quand  il  pourra  être  imprimé;  les  circonstances  où  nous  nous 
trouvons  ne  se  prêtent  guère  à  une  publication  scientifique.  J'y  joins  un 
exemplaire  de  tous  les  Mémoires  publiés  par  moi  jusqu'à  ce  jour  sur  le 
même  sujet. 

(i)  L'Académie  a  décidé  que  celte  Communiialion,  bien  que  dépassant  en  étendue  les  li- 
mites réi^lementaires,  serait  inséré  en  entier  dans  le  Com/j/r  rendu. 
(■>)    l.n  Sri/tr  :  Lr  bdsxiri  jinrisifii  nu  f  li'^i  s  iiiUélli^tonijin  !■, 


(  887) 

»  Je  ne  reviendrai  pss  sur  ce  que  j'ai  dit  de  l'orographie  du  bassin  de  la 
Seine  (i).  Quoique  ce  bassin  soit  un  pays  de  plaines,  il  change  d'aspect, 
pour  ainsi  dire,  à  chaque  étape  du  voyageur  qui  le  parcourt,  et  cette  variété 
si  singulière,  si  rare  dans  les  pays  plats,  il  la  doit  à  la  variété  non  moins 
grande  des  formations  géologiques  qui  l'occupenl  ;  on  verra,  par  le  résumé 
qui  suit,  que  ces  coulrasies,  dus  à  la  nature  des  terrains,  ne  sont  pas  moins 
remarquables  en  ce  qui  concerne  la  composition  des  eaux  de  source,  le 
régime  des  eaux  courantes  et  les  divers  produits  que  l'agriculture  tire  du  sol. 

»  De  la  pluie.  —  Les  objets  princii)aux  de  ces  études  étant  les  eaux  cou- 
rantes, les  sources  et  l'agriculture,  j'ai  dû  faire  connaître  d'abord  la  loi  de 
la  répartition  des  eaux  pluviales  à  la  surface  du  bassin. 

»  Il  pleut  beaucoup  sur  les  bords  dr  l'Océan;  cette  première  ligne  de 
maxima,  correspondant  aux  côtes  de  Normandie,  est  peu  intéressante, 
puisqu'elle  est  sans  action  sur  les  crues  du  fleuve.  L'uniformité  d'altitude 
des  plateaux  depuis  l'Océan  jusqu'au  pied  de  la  chaîne  de  la  Côte-d'Or 
détermine  une  décroissance  sensible  de  la  pluie;  il  y  a  une  ligne  de  minima 
presque  parallèle  au  rivage  de  la  Manche  qui  s'écarte  peu  de  la  valléi> 
d'Oise.  A  la  Champagne  humide  correspond  une  ligne  de  maxima  qui  suit 
le  pied  de  la  chaîne  de  la  Côte-d'Or  ;  puis  il  y  a  une  décroissance  brusque 
vers  la  partie  basse  de  cette  chaîne;  mais  à  mesure  qu'on  s'élève  sur  les 
pentes  de  la  basse  Bourgogne  et  du  Morvan,  la  pluie  augmente  jusqu'à  la 
ligue  de  faîte. 

»  Voici  les  hauteurs  moyennes  annuelles  de  pluie  constatées  à  la  sur- 
face des  divers  bassins  des  grands  affluents  du  fleuve  : 


mm 


Bassin  d'Yonne    ■jSa  ,8 

»      de  la  Seine  proprenienl  dite    684  >  3 

»      de  la  Marne 781  ,o 

«      de  l'Aisne 622 ,0 

»      de  l'Oise 583 ,0 

Moyenne  générale • .  708,4 

M   Le  maximum  de  hauteur  de    pluie   correspond   à   deux   stations  du 
Morvan,  le  Haut  FoUiu  et  les  S^ttons  (altitudes  902  et  5gG'",68). 

La  moyenne  annuelle  pour  ces  deux  stations  est i^5o™"' 

Le  minimum  se  trouve,  à  Venette^  prés  Compiègne  (altitude  4i  mètres), 

moyenne 4^^ 

La  moyenne  des  huit  pluviomètres  de  Paris  donne 556 


ij   Le  biissin  parisien  aux  âges  antéhistoriques ,  p.  49  et  suivantes. 

C.  R.,  1870,  -i' Semestre.  (T.LXXI,  ^'"io.)  '  '9 


(  888  ) 

»  Ces  moyennes  sont  nn  peu  faibles,   parce  qne,   depuis  1857,  nous 

subissons  des  sécheresses  sans  exemple  depuis  plus  de  deux  cents  ans; 

aussi  notre  moyenne  pour  Paris  est  de  556  niilliuiétres,  tandis  que  celle  qui 

résulte  des  observations  de  l'Observatoire  de  Paris  depuis  1816  est  de 

575'»",59. 

»  Je  fais  graver  chaque  année,  depuis  huit  ans,  les  hauteurs  de  pluie 
constatées  à  des  stations  d'observations  dont  le  nombre  s'élève  aujourd'hui 
à  plus  de  cent.  Au  bas  de  la  feuille  correspondant  à  un  bassin  figure  la 
courbe  des  variations  de  niveau  du  cours  d'eau  principal.  On  trouvera  au 
dossier  un  exemplaire  de  chacune  de  ces  feuilles. 

»  Leur  examen  fait  reconnaître  immédiatement  deux  lois  fort  impor- 
tantes. Les  pluies  qui  produisent  les  crues  des  affluents  de  la  Seine  sont 
toujours  des  pluies  générales  dues  à  une  action  almosjjliérique  qui  se  fait 
sentir,  à  deux  ou  trois  jours  d'intervalle,  non-seulement  sur  toutes  les  par- 
ties du  bassin  de  la  Seine,  mais  encore  sur  les  bassins  de  la  Loire,  de  la 
Saône  et  de  la  Meuse;  ainsi,  quoique  nous  soyons  séparés  aujourd'hui  du 
reste  du  monde,  de  ce  qu'il  est  tombé  des  pluies  suffisantes  pour  produire 
une  crue  à  Paris,  nous  sommes  en  droit  de  conclure  que  le  même  phéno- 
mène s'est  produit  sur  les  bassins  voisins  et  que  la  Loire,  la  Saône  et  la 
Meuse  sont  également  en  crue. 

M  Les  pluies  tombées  de  juin  à  octobre  ne  profitent  aux  cours  d'eau  que 
dans  les  années  excessivement  humides.  Les  crues  sont  habituellement  dues 
à  des  pluies  tombées  de  novembre  à  mai  (loi  déjà  indiquée  jjar  Dausse). 

»  De  la  perméabilité  du  sol.  —  J'ai  indiqué  sur  la  carte  générale  du  bas- 
sin de  la  Seine  jointe  au  dossier  les  terrains  perméables  par  des  rayures,  les 
terniins  imperméables  par  des  teintes  plates. 

«  Voici  les  caractères  les  plus  frappants  de  ces  deux  sortes  de  terrains. 
Lorsque  le  sol  est  franchement  perméable,  le  débouché  mouillé  des  ponts  con- 
struits sur  le  tliabveg  des  vallées  où  il  n'existe  pas  de  sources  est  toujours  égal 
à  zéro.  J'ai  constaté  le  fait  sur  des  vallées  qui  ont  jusqu'à  3oo  kilomètres 
carrés  de  superficie. 

»  Les  vallées  les  plus  profondes  forment  drain  et  attirent  toutes  les  eaux 
l)luvi;des  absorbées,  le  reste  du  sol  reste  sec  et  aride;  les  cours  d'eau  sont 
donc  Irùs-rares. 

»  Les  eaux  pluviales  passant  par  les  sources  avant  d'arriver  aux  thal- 
wegs, les  crues  de  ces  rares  cours  d'eau  s'élèvent  très-lentement  et  descen- 
dent  de  même,  et  sont  par  conséquent  de  Irès-lomjue  durée,  de  quinze  jours 
au  moins. 


(  889  ) 

»  Les  parties  du  bassin  de  la  Seine  où  ces  caractères  essentiels  des  ter- 
rains perméables  ont  été  constatés  sont  les  terrains  oolithiques  de  la  Bour- 
gogne, la  craie  blanche  de  la  Champagne  et  de  la  Normandie,  les  sables  et 
calcaires  tertiaires  du  Soissonnais,  du  Vexin,  du  Yalois,  etc.,  le  sable  de 
Fontainebleau  et  le  calcaire  de  Beauce,  les  alluvions  des  vallées.  Ces  terrains 
occupent  une  surface  de  Sgaio  kilomètres  carrés. 

»  Lorsque  le  sol  est  imperméable,  une  grande  partie  des  eaux  pluviales 
ruisselle  à  la  surface  du  sol  et  afflue  très-rapidement  aux  thalwegs.  Le  dé- 
bouché mouillé  des  ponts  est  donc  très-grand  ;  en  divisant  ce  débouché  par 
la  surface  des  versants  situés  en  amont,  oti  a  le  débouché  kilométrique  qui 
s'élève  jusqu'à  i"",  5o. 

»  En  temps  de  pluie,  le  thalweg  de  chaque  pli  de  terrain  devient  un 
ruisseau  :  les  cours  d^eau  sont  donc  extrêmement  nombreux.  Les  eaux  s'écou- 
lant  à  la  surface  du  sol,  arrivent  aux  thalwegs  avec  une  grande  rapidité; 
par  conséquent,  les  crues  des  cours  d'eau  sont  très-violentes,  mais  de  très-courte 
durée,  rarement  de  plus  d'un  ou  deux  jours. 

»  Ces  caractères  essentiels  des  terrains  imperméables  ont  été  constatés 
dans  les  granités  et  terrains  /jaléezoïques  du  Morvan,  le  lias  de  l'Auxois  et  de 
Langres,  le  terrain  crétacé  inférieur  de  la  Champagne  humide  et  du  pays 
de  Bray,  les  argiles  du  Gâtinais,  les  argiles  à  meulière  de  la  Brie  et  de  Satory, 
les  argiles  des  sources  de  l'Eure. 

»  Ces  terrains  occupent  dans  le  bassin  de  la  Seine  une  surface  de 
ic)44o  kilomètres  carrés. 

»  Les  rares  cours  d'eau  des  terrains  perméables  étant  alimentés  uni- 
c]uement  par  des  sources  coulent  toujours  à  pleins  bords  et  sont  bordés 
de  prairies  humides  et  même  de  marais  tourbeux  (i);  les  fonds  de  vallée 
des  terrains  imperméables  balayés  par  des  crues  violentes  sont  an  contraire 
remarquablement  sains  et  bien  drainés  naturellement. 

))  J'appelle  torrents  les  cours  d'eau  des  terrains  imperméables,  et  cours 
d'eau  tranquilles  ceux  des  terrains  perméables. 

»  Des  sources.  —  Les  limites  de  ce  résumé  ne  me  permettent  pas  d'entrer 
dans  de  grands  détails  sur  l'étude  très-complèle  des  sources  du  bassin  de 
la  Seine,  que  j'ai  dû  faire  avant  de  commencer  les  travaux  des  dérivations 
de  la  Dhuis  et  de  la  Vanne. 

»   Ces  sources  se  divisent  en  trois  classes. 


i)    Voir  le  Bassin  parisien  aux  âges  antéhistoriquee,  pages  127  et  suivantes. 

119.. 


(  V) 

»  1°  Les  sources  des  terrains  imperméables  qui  sont  sans  importance 
et  dont  je  ne  parlerai  point  ici. 

»  2°  Les  sources  des  terrains  perméables  qui  jaillissent  toujours  au  fond 
des  vallées  les  plus  profondes,  le  long  des  rares  cours  d'eau  de  cette  sorte 
de  terrain.  Ces  sources  sont  souvent  énormes  :  telles  sont  celles  de  la 
Vanne. 

»  3°  Les  sources  qui  jaillissent  à  la  ligne  de  contact  d'un  terrain  imper- 
méable et  d'un  terrain  i)erméable  qui  le  recouvre.  Ces  sources,  ordinaire- 
ment très-nombreuses,  jaillissent  aussi  bien  à  flanc  de  coteau  qu'au  fond 
des  vallées. 

»  Trois  cents  sources  environ  ont  été  essayées  au  moyen  de  l'hydroti- 
mètre,  et  se  classent  ainsi  par  ordre  de  pureté  ; 

Titres  hydroti métriques, 
o  0 

1°     Sources  des  granités  du  Morvan de     2,0  à  7,0 

2°          »        du  terrain  crétacé  inférieur  de  la  Champagne de     7,0  à  12,0 

3°  >>        du  sable  de  Fontainebleau.  Bord  des  vallées  de  la  Beaiice, 

plateaux  de  la  Brie de     6,0  à  22,0 

,    (        »        de  l'arkose  des  bords  du  Morvan de   1 1  ,0  à  m, 5 

(        »        de  la  craie  blanche.  Champagne ...  de    12,0  à  17,8 

5°           »         de  la  craie  marneuse.  Champagne,  Normandie de    i4,5o  à  22,0 

fi"           "        du  calcaire  à  Entroques.  Bourgogne de   16,90  à  21  ,5 

!"        de  la  craie   blanche  recouverte   de  terrains  tertiaires. 

Champagne.  Vallée  d'Eure de    17,0  à  27,5 

•        du  calcaire  de  Beauce.  Beauce de    17,0  à  25, o 

>>        des  calcaires  oolithiques  durs.  Bourgogne de   17,5  à  26,0 

8°          »        des  marnes  vertes,  partie  non  gypsifère.  Brie  pouilleuse,  de   19,6  à  3o,o 
9°           »        de  l'argile   plastique.   Bassin  de  la  Marne  à  l'aval  d'É- 

pernay de  ao ,  o  à  35  ,  o 

10"          »        des  calcaires  oolithiques  marneux.  Bourgogne .  de  21 ,5  à  34, o 

»        des  terrains  tertiaires  compris  entre   les  marnes  vertes 

et  l'argile  plastique.  Brie,  Valois,  Vexin de  21 ,5  à  4*^>" 

12"           »         du  lias.  Auxois de  27,5  à  120,0 

.,„  j        »        des  marnes  vertes,  partie  gypsifère.  Brie  entre  Meulan 

/                       et  Château-Thierry.  Banlieue  de  Paris de  23,o  à  i55,o 

»  Les  sources  des  u""  i,  2,  3,  elc,  10  sont  propres  à  tous  les  usages  domes- 
tiques, et  lie  contiennent  en  dissolution,  pour  ainsi  dire,  que  du  carbonate 
de  chaux. 

>•  Poiu-  les  besoins  d'inie  grande  ville  comme  Paris,  on  peut  prendre, 
presque  sans  choisir,  celles  des  sources  w"'  i ,  2,  3,  4,  5  et  G  qui  sont  les  plus 


1 1 


{  891  ) 
convenablement  placées.  Dans  les  n°^  7,  8,  9  et  10,  il  faut  choisir,  beaucoup 
de  sources  étant  trop  chargées  de  calcaire,  et  ayant  la  propriété  de  faire  des 
incrustations  dans  les  conduites. 

1)  Les  sources  des  n"'  i  i,  12  et  i3  sont  Irès-chargées  de  sulfate  de  chaux, 
et  sont  pour  la  plupart  impropres  aux  usages  domestiques.  Malheureuse- 
ment, presque  toutes  les  sources  de  la  banlieue  de  Paris  rentrent  dans  ces 
trois  genres;  la  grande  lentille  de  terrain  gypsifère  s'étend  de  Meulan  à 
Château-Thierry,  de  sorte  que,  pour  avoir  des  eaux  de  bonne  qualité,  on 
a  dû  s'éloigner  beaucoup  de  Paris  et  se  rapprocher  de  la  limite  de  la 
Champagne  et  de  la  Brie. 

»  J'ai  constaté,  par  de  nombreuses  expériences,  que  les  eaux  sont  incru- 
stantes lorsque  leur  titre  hydrotimétrique,  correspondant  au  carbonate  de 
chaux,  dépasse  20  degrés  (i). 

»  Des  eaux  courantes.  —  Par  décision  ministérielle  du  3  février  i854, 
j'ai  été  chargé  du  service  hydrométrique  du  bassin  de  la  Seine.  Les  varia- 
tions de  niveau  des  cours  d'eau  de  chaque  terrain  sont  recueillies  à  un 
grand  nombre  de  points  du  bassin  et  gravées  tous  les  ans  sur  deux  feuilles. 
J'ai  joint  au  dossier  un  exemplaire  de  toutes  ces  publications. 

»  Sur  la  première  feuille,  j'ai  fait  ressortir  le  contraste  qui  existe  entre 
les  crues  violentes  et  de  courte  durée  des  cours  d'eau  des  terrains  imper- 
méables, et  celles  des  cours  d'eau  des  terrains  perméables  qui  montent 
lentement  et  descendent  de  même,  et  sont  par  conséquent  de  très-longue 
durée.  I-.e  degré  de  limpidité  des  cours  d'eau  de  chaque  terrain  est  indiqué 
par  des  teintes. 

M  Les  variations  de  niveau  des  grands  cours  d'eau  sont  gravées  sur  la 
deuxième  feuille,  et  l'on  reconnaît  imméclialement  en  l'examinant  que  les 
crues  des  affluents  torrentiels  passent  les  premières  sous  les  ponts  de 
Paris,  qu'elles  donnent  toujoiirs  le  maximum  de  la  crue  du  fleuve,  mais 
que  les  crues  des  affluents  tranquilles  qui  passent  quelques  jours  après 
soutiennent  celle  du  fleuve  et  augmentent  sa  durée. 

»  Pour  chaque  terrain,  les  courbes  des  variations  de  niveau  affectent  des 
formes  particulières  très-nettes  :  ainsi  les  courbes  des  crues  de  la  Seine,  de 
l'Ource,  de  l'Aube,  de  l'Ornain,  de  la  Saulx,  qui  coulent  dans  les  terrains 

(i)  Le  titre  liydrotimétrique  des  eaux  de  la  Dhiiis,  qui  est  de  23  degrés  aux  sources,  est 
réduit  à  20  degrés  en  arrivant  ;ï  Paris,  après  un  parcours  de  i3o  kilomètres.  Les  eaux  de 
rivière  perdent  un  peu  plus.  En  i858,  après  une  longue  sécheresse,  j'ai  reconnu  que  les 
affluents  de  la  Seine  perdaient  en  route  une  parlic  de  leur  carbonate  de  chaux,  et  que  leui- 
titre  hydrotimétrique  aboutissait  à  f8  degrés. 


(89^  ) 
oolithiques,  se  ressemblent  entre  elles,  mais  sont  très-différentes  de  celles 
de  la  Sommesoade  qui  coule  dans  la  craie,  ou  du  Cousin  qui  coule  dans 
le  granité. 

»  Lois  qui  régissent  les  crues  des  cours  d'eau.  —  J'ai  cherché  à  formuler 
les  lois  qui  régissent  les  crues  des  cours  d'eau.  Lorsque  le  bassin  est  en 
grande  partie  imperméable,  comme  celui  de  la  Loire,  les  crues  étant  très- 
violentes,  mais  de  Irès-courle  durée,  la  crue  du  fleuve  cesse  de  s'accroître 
à  partir  d'un  certain  point,  parce  que  la  crue  de  l'affluent  est  toujours 
passée  lorsque  celle  du  fleuve  arrive  au  confluent.  Il  en  résulte  que  la 
portée  des  plus  grandes  eaux  connues  est  une  constante  à  partir  de  ce 
point,  et  que  les  crues  extraordinaires  sont  presque  toujours  dues  à  un 
phénomène  météorologique  unique,  agissant  sur  une  partie  restreinte  du 
bassin.  Ainsi  l'on  admet  assez  généralement  que  la  portée  des  plus  grandes 
crues  connues  de  la  Loire,  depuis  le  bec  d'Allier  jusqu'à  la  mer,  est  de 
loooo  mètres  cubes  par  seconde,  et  ces  crues  sont  produites,  tantôt  par  les 
affluents  supérieurs,  l'Allier  et  la  Loire,  tantôt  par  les  affluents  moyens,  le 
Cher  et  la  Vienne,  tantôt  par  les  affluents  inférieurs,  la  Vienne  et  la  Maine. 
Ces  crues  désastreuses  sont  donc  assez  fréquentes. 

»  Lorsque  les  terrains  perméables  sont  très-dominants,  comme  dans  le 
bassin  de  la  Seine,  les  crues  sont  de  très-longue  durée;  il  s'ensuit  non- 
seulement  que  la  portée  de  la  crue  du  fleuve  s'ajoute  à  celle  de  chaque 
affluent,  mais  encore  que  les  portées  de  plusieurs  crues,  se  succédant  à 
quelques  jours  d'intervalle,  s'ajoutent  les  unes  aux  autres.  La  crue  du 
fleuve  va  donc  en  augmentant  depuis  les  sources  jusqu'à  la  mer,  et  il  faut 
plusieurs  crues  des  affluents,  passant  l'une  après  l'autre  à  de  courts  inter- 
valles, pour  produire  une  crue  extraordinaire.  Ainsi  la  plus  grande  crue 
connue  de  la  Seine,  celle  de  i658,  est  due  à  deux  crues  des  affluents;  celle 
de  1740,  à  cinq  crues;  celle  de  1802,  la  plus  grande  du  siècle,  à  quinze 
crues  successives.  Ces  phénomènes  sont  donc  extrêmement  rares. 

»  Une  première  crue  des  affluents  produit  trois  à  quatre  jours  de  crois- 
sance à  Paris;  puis  le  fleuve  reste  étal  ou  décroît  lentement;  une  seconde 
crue,  qui  passe  quelques  jours  après,  fait  encore  croître  le  fleuve  pendant 
trois  à  quatre  jours,  et  ainsi  de  suite.  Eîi  comptant  le  nombre  des  jours  de 
croissance  des  crues  anciennement  observées  à  Paris,  on  peut  donc  facile- 
ment se  rendre  compte  du  nombre  des  crues  des  affluents  qui  les  ont 
produites. 

»  Citons,  comme  exemple,  la  crue  qui  passe  en  ce  moment  à  Paris.  Le 
24  octobre,  la  Seine  marquait  o™,2o  à  l'échelle  du  pont  d'Austerlitz;  une 


(  893  ) 
première  crue  des  affluents  torrentiels  la  fait  monter,  le  5  novembre; 
à  i™,  5o.  Soutenue  par  les  affluents  tranquilles,  elle  décroît  très-lentement; 
le  i5,  elle  marqu*;  encore  i'", lo,  lorsqu'une  deuxième  crue  des  affluents  la 
porte,  le  i6,  à  i'",4o;  elle  se  maintient  à  ce  niveau  jusqu'au  25.  Une  troi- 
sième crue  des  affluents  l'élève,  le  27,  à  i'",70,  niveau  qu'elle  conserve 
les  28,  29  et  3o;  puis  elle  décroît  jusqu'au  i3  décembre.  Une  quatrième 
crue  des  affluents  l'élève,  le  16,  à  2  mètres,  niveau  qu'elle  conserve  jus- 
qu'au 18,  et  enfin  une  cinquième  crue  la  fait  monter,  le  21,  à  2'",  90.  Ainsi 
cette  crue,  d'une  très-médiocre  hauteur,  a  été  produite  par  cinq  crues 
des  affluents. 

»  J'ai  choisi  un  certain  nombre  d'affluents  à  versants  imperméables  sur 
lesquels  on  fait  des  observations,  et  j'ai  reconnu  empiriquement  qu'en 
multipliant  par  2  la  montée  moyenne  d'une  crue  de  ces  torrents,  on  obte- 
nait avec  une  approximation  suffisante  la  montée  correspondante  à  Paris; 
j'annonce  ainsi  la  hauteur  approximative  d'une  crue  deux  ou  trois  jours  à 
l'avance. 

»  Le  fleuve  n'a  éprouvé  qu'une  seule  crue  extraordinaire,  celle  de  1802, 
dans  le  cours  du  xix"  siècle,  qui  est  un  siècle  sec.  En  revanche,  les  basses 
eaux  extrêmes  y  sont  très-fréquentes.  Au  xviu''  siècle,  la  Seine  n'est  des- 
cendue que  dans  huit  années  et  pendant  quarante  jours  au-dessous  du 
zéro  de  l'échelle  du  pont  de  la  Tournelle  qui  correspond  aux  basses  eaux 
de  1719-  Le  nombre  d'années  où  le  fait  a  été  constaté  de  1800  à  i865  est 
de  23  et  le  nombre  de  jours  de  i25i;  c'est  surtout  dans  les  dernières 
années,  de  1857  à  1870,  que  la  sécheresse  a  été  remarquable.  On  ne  trouve 
rien  de  semblable  en  remontant  en  arrière  jusqu'au  commencement  du 
règne  de  Louis  XllL 

»  Débouché  mouillé  des  ponts.  —  Mes  observations  permettent  de  calculer 
facilement  le  débouché  mouillé  des  ponts  des  vallées  de  moins  de  100  kilo- 
mètres carrés  de  superficie.  Si  le  sol  est  très-perméable,  comme  celui  des 
terrains  oolithiques  de  la  Bourgogne,  de  la  craie  blanche  de  Champagne, 
du  sable  de  Fontainebleau  et  du  calcaire  de  Beauce,  etc.,  le  débouché  kilo- 
métrique mouillé  est  toujours  égal  à  zéro,  et  s'il  n'existe  pas  de  sources 
dans  la  vallée,  on  peut  la  franchir  avec  une  route,  un  canal,  un  chemin  de 
fer,  sans  y  construire  de  pont. 

»  Si  le  sol  est  imperméable,  comme  celui  du  Morvan  (granité),  de 
l'Auxois  (lias),  de  la  Champagne  humide  (terrain  crétacé  inférieur),  le  dé- 
bouché kilométrique  mouillé  varie  de  o'°,5o  à  i'°,5o;  quelque  petite  que 
soit  la  vallée,  elle  ne  peut  être  traversée  par  aucune  voie  de  communica- 


(  894  ) 
tion  sans  un  pont,  et  pour  certains  terrains  comme  le  lias,  une  vallée  de 
loo  kilomètres  carrés  exigerait  une  arche  presque  aussi  grande  qu'une  de 
celles  du  pont  de  la  Concorde. 

»  Il  n'est  pas  possible  de  fixer  de  règle  pour  les  grands  bassins;  mais, 
d'après  ce  qui  précède,  on  voit  qu'à  vitesse  égale  de  l'eau  le  débouché 
mouillé  des  ponts  croît  dans  les  terrains  perméables,  depuis  les  sources 
jusqu'à  la  mer,  tandis  que  dans  le^  terrains  imperméables,  à  partir  du 
point  ou  la  portée  des  plus  grandes  eaux  connues  est  constante,  le  débou- 
ché mouillé  des  ponts  tend  lui-même  a  être  constant. 

»  Questions  diverses.  —  Les  limites  dans  lesquelles  je  dois  resserrer  ce 
Mémoire  ne  me  permettent  pas  de  discuter  différentes  questions  dont  j'ai 
donné  les  solutions.  Je  renvoie  donc  au  texte  même  des  différents  Mémoires 
ci-joinis  pour  tout  ce  qui  concerne  la  construction  des  grands  réservoirs 
et  des  digues,  la  défense  des  berges  par  les  plantations,  le  règlement  des 
usines,  les  eaux  courantes  considérées  connue  eaux  potables,  les  variations 
de  température  de  l'eau  dans  les  réservoirs,  les  aqueducs  et  les  conduites, 
et  j'arrive  à  la  partie  de  mon  ouvrage  qui  intéresse  l'agriculture. 

»  AgricuUure.  Parties  du  bassin  fertilisées  par  la  boue  diluvienne.  —  J'ai  dé- 
montré dans  le  premier  volume  de  cet  ouvrage  que  le  l'elief  actuel  du  bassin 
de  la  Seine  était  le  résultat  d'une  immense  érosion  diluvienne  (i).  Les  eaux 
courantes  ont  laissé  derrière  elles  sur  certaines  parties,  de  grands  plateaux 
tout  unis,  dépourvus  de  pente,  comme  ceux  de  l'Auxois,  du  Gâtinais,  de  la 
Brie,  du  Valois,  de  la  Beauce,  du  Vexin,  du  Soissonnais,  du  pays  de  Caux, 
et  alors  elles  ont  abandonné  à  la  surface  du  sol  une  épaisse  couche  de  li- 
mon (2).  D'autres  parties  du  bassin  sont  disposées  en  pentes  plus  ou  moins 
fortes,  comme  la  basse  Bourgogne,  ou  en  plaines  ondulées  couvertes  de 
basses  collines,  comme  la  Champagne,  et  alors,  quoique  le  sol  ait  été  re- 
couvert par  les  eaux  limoneuses  comme  les  parties  plates  du  bassin,  la 
boue  diluvienne  n'a  pu  s'y  déposer.  C'est  un  phénomène  bien  connu  des 
ingénieurs;  le  limon  en  suspension  dans  les  eaux  courantes  ne  se  dépose 
jamais  sur  les  parties  déclives  du  sol  (3). 

»   Les  plateaux  sur  lesquels  la  boue  diluvienne  s'est  déposée  sont  tous 


(i)   Voir  La  Seine  :  le  Bassin  parisien  aux  dges  antéhistoriques,  p.  9  el  suiv. 

{1)   Ibidem,  p.  ^o  et  suiv. 

(3)  Ibidem,  p.  4<3.  On  trouve  çù  et  là,  en  Cliainpagne  et  en  Bourgogne,  des  lieux  l'avu- 
rables  où  le  limon  diluvien  a  pu  se  déposer;  en  Bourgogne,  on  donne  à  ce  limon  les  noms 
de  petite  aubue  et  d'herbue. 


(  895  ) 
naturellement  fertiles,    souvent  plus   que   les   vallées.   Les  plaines  et   les 
pentes  ontlulées  qui  ne  sont  pas  recouverles  de  ce  limon  sont  presque  sté- 
riles. 

»  Réparlhion  des  prairies.  —  La  cultvire  des  prairies  naturelles  peut  s'é- 
tendre sur  les  terrains  imperméables,  aussi  bien  sur  les  pentes  et  les  plaleiux 
quaii  fond  des  Dallées;  c'est  un  des  caractères  les  plus  remarquables  de 
ces  terrains  :  elle  y  est  donc  très-développée.  Elle  est  au  contraire  reléguée 
au  fond  des  vallées  des  terrains  perméables  et  seulement  sur  les  points  acces- 
sihlcs  aux  crues  des  cours  d'eau,  et  par  conséquent  y  est  peu  étendue. 

»  Qualité  des  prairies.  —  La  qualité  des  prairies  est  très-variable  d'un 
pays  à  l'antre;  elle  est  très-médiocre  dans  les  terrains  granitiques  du  Mor- 
vaii.  Le  sol  argileux  de  l'Auxois,  du  Nivernais,  de  la  Champagne  humide, 
du  pays  de  Bray,  des  bords  des  vallées  de  la  Brie  donne  au  contraire  d'ex- 
cellents fourrages.  La  plupart  des  prairies  des  terrains  perméables  pèchent 
par  excès  d'humidité,  souvent  même  elles  forment  de  grands  marais  tour- 
beux (i). 

»  Répartition  du  bétail.  —  L'espèce  bovine  se  plaît  surtout  dans  les  pays 
à  grands  pâtiu-ages,  c'est  donc  le  bétail  qui  convient  le  mieux  dans  les  ter- 
rains imperméables,  c'est-à-dire  dans  le  Morvan,  l'Auxois,  le  Nivernais,  la 
Champagne  humide,  le  pays  de  Bray. 

»  L'espèce  ovine,  au  contraire,  y  contracte  avec  une  malheureuse  facilité 
une  maladie  mortelle,  la  cachexie  aqueuse;  elle  se  plaît  au  contraire  mer- 
veilleusement bien  dans  les  terrains  perméables;  c'est  donc  le  genre  de  bé- 
tail qui  convient  le  mieux  eu  Bourgogne,  en  Champagne  pouilleuse,  dans 
le  Valois,  la  Beauce,  le  Vexin,  le  Soissonnais,  le  pays  de  Caux. 

M  De  la  stubulation.  —  Il  est  certains  plateaux  imperméables  dépourvus 
de  pentes  où  ces  deux  genres  d'animaux  ne  peuvent  être  élevés  sans  quel- 
ques précautions  :  les  bœufs,  parce  (pie  les  prairies  ne  végètent  pas  siu- un 
vaste  plateau  dépom-vu  de  pentes;  les  moutons,  pai-ce  qu'ils  y  contractent 
mieux  qu'ailleurs  la  cachexie  aquense. 

M  Lorsqu'un  terrain  ne  convient  pas  naturellement  à  un  genre  de  bétail, 
la  sta bulation  permaneule  ou  intermittente  est  absolument  nécessaire.  Ainsi, 
on  ne  pourrait  engraisser  des  bœufs  au  jiàlinage  en  Beauce  et  en  Cham- 
pagne pouilleuse,  le  sol  est  trop  sec.  On  perdrait  tous  les  troupeaux  si  l'on 
conduisait  inconsidérément  les  moutons  au  pâturage  par  tous  les  temps, 

(i)   Voit  La  Siinc  :  le  bassin  parhien  an.i-  âges  aiHéliistoiiiiui's,  p.  12'^  et  suiv. 
C.  F...  1870,  2"  Semestre.   (T.  LXXl,   N"  2a.)  '  20 


(  «96  ) 
dans  l'Aiixois,    lo   sol  est   trop   frais;   ils   y   conlracteraiciit    la    cachexie 
aqueuse.  C'est  ce  qui  est  arrivé  notamment  en  i853. 

»  Drainaqe.  —  Le  drainage  n'est  nécessaire,  dans  les  terrains  imper- 
méables, que  pour  les  terres  labourables;  il  est  rare  qu'il  soit  utile  dans  les 
prairies,  excepté  cependant  dans  celles  des  granités  ;  inversement,  lorsque  le 
sol  est  perméable,  on  peut  drainer  avantageusement  beaucoup  de  prairies, 
jamais  des  terres  labourables.  Ainsi,  par  exemple,  le  drainage  appliqué  aux 
riches  pâturages  du  pays  de  Bray,  terrain  imperméable,  serait  presque  par- 
tout aussi  funeste  qu'il  est  utile  dans  les  prairies  de  la  basse  Bourgogne, 
dont  le  sol  est  perméable.  Dans  ces  dernières  j)rairies,  l'irrigation  est  le 
complément  du  drainage. 

M  Sylviculture.  —  La  partie  haute  du  bassin  de  la  Seine  est  une  des  ré- 
gions les  plus  boisées  de  la  France.  Le  Morvan,  la  basse  Bourgogne,  la 
Champagne  humide,  le  Gàtinais  sont  encore  aujourd'hui  extraordinaire- 
ment  boisés.  Trois  contrées  sont  presque  déboisées,  l'une  est  imperméalile, 
c'est  l'Auxois,  et  la  belle  venue  des  bouquets  de  bois  qu'on  y  voit  cà  et  là 
prouve  que  les  forêts  ont  été  éliminées  par  d'autres  cidturesplus  produc- 
tives. 

»  Les  deux  autres  régions  déboisées,  la  Champagne  pouilleuse  et  la 
Beauce  proprement  dite,  sont  perméables,  et  le  sol  est  réellement  im- 
propre à  la  culture  des  arbres  à  feuilles  caduques. 

»  Le  reboisement  par  les  arbres  à  feuilles  caduques  se  fait  avec  une 
grande  facilité  dans  tous  les  terrains  imperméables  et  dans  les  terrains  per- 
méables sablonneux.  Il  est  au  contraire  on  ne  peut  plus  difficile  dans  les 
terrains  perméables  calcaires,  surtout  quand  les  calcaires  sont  marneux  ou 
gélisses. 

»  Le  boisement  pour  les  arbres  résineux  est  possible  même  dans  les  ter- 
rains calcaires  les  moins  propres  à  la  végétation  sylvestre. 

»  Le  boisement  n'est  utilement  praticable  que  dans  les  terrains  où  tonte 
autre  culture  est  impossible.  Il  ne  convient  de  déboiser  c|ue  les  terrains 
Irès-fertiles..  Beaucoup  de  jjropriétaires  se  sont  ruinés  en  déboisant  des 
terrains  moyennement  fertiles. 

»  f'ilicullure.  —  Le  vin  de  bomie  qualité  ne  se  récolte  que  sur  les 
coteaux  perméables  de  la  basse  Bourgogne  et  de  la  Champagne  pouilleuse. 
Il  existe  cependant  une  exception  :  les  coteaux  argileux  du  lias  de  l'Auxois, 
recouverts  par  les  éboulis  calcaires  des  terrains  oolithiques,  donnent  de 
très-bons  vins  ordinaires. 

»   Les  autres  contrées  imperméables,  le  Morvan,  la  Champagne  humide. 


(  897  ) 
]e  Gâtiiiais,  la  Brie,  ou  ne  produisent  pas  de  vin,  ou  en  donnent  de  détes- 
table. 

»  Les  pays  plats,  qu'ils  soient  perméables  ou  non,  ne  donnent  pas  do 
vin.  Ainsi  on  ne  récolte,  sur  les  plateaux  de  la  lîeauce,  du  Valois,  du 
Vexin,  etc.,  que  des  quantités  de  vin  insignifiantes.  I-es  largos  vallées  de 
gravier  des  terrains  crétacés  sont  cultivées  en  vigne,  mais  donnent  de  mau- 
vais produits. 

Mémoires  joints  h  cette  Notice. 

I"  Études  sur  le  régime  des  cours  d'eau  et  les  cultures  du  département  de  l'Yonne;  iQ5i- 
1"  Études  hydiologiques  dans  le  bassin  de  l.i  Seine;  i852. 
3"  Étude  des  lois  qui  régissent  les  crues  des  cours  d'eau  ;  i853. 
4°  InQuence  des  forêts  sur  récoulenient  des  eaux  pluviales;  i853. 

5"  De  la  simidtanéité  des  pluies  qui  produisent  les  crues  de  la  Seine,  de  la  Loire,  de  la 
Saône  et  de  la  Meuse;  i854- 

6°  Observations  du  service  hydrométrique  de  la  Seine;  i856. 

7°  Service  hydrométrique  de  la  Seine;  i856. 

8°  Sur  l'averse  tombée  à  Paris  le  2r  mai  1857. 

9°  Note  sur  le  puits  de  Passy;  étude  des  nappes  souterraines;   1861. 

10"  Des  grands  débordements  de  la  Seine  à  Paris;  i864- 

1 1°  Notice  sur  le  régime  de  la  pluie  dans  le  bassin  de.  la  Seine;  i865. 

12°  Note  rectificative  de  cette  dernière  Notice;  1867. 

130  Étude  sur  la  crue  de  septembre  1866. 

i4°  Résumé  des  observations  centralisées  de  1867. 

i5°  Résumé  des  observations  centralisées  de  1868. 

»  (Ces  quatre,  derniers  Mémoires  ont  été  faits  en  collaboration  avec 
M.  l'ingénieur  Lemoine.) 

16°  Carie  géologique  et  hydrologique  du  bassin  de  la  Seine;  i854. 
17"  Observations  hydrométriciues  :  deux  séries,  de  i854  à  i86t). 
18°  Observations  pluviométriques  de  1861  à  1868. 
19"  Volume  manuscrit  dont  cette  Notice  est  le  résumé. 

»  Trois  des  Mémoires  les  plus  importants  n'ont  pu  être  joints  au  dossier, 
savoir  : 

1°  Première  étude  hydrologique.  (Il  ne  m'en  reste  qu'un  exemplaire.) 
2"  Notice  sur  la  Carte  agronomique  de  l'arrondissement  d'Avallon.  [Ici.) 
3"  Recherches  statistiques  sur  les  sources  du  bassin  de  la  Seine.   L'édition  a  été  perdue 
dans  les  bureaux  de  la  ville.   » 


t20.. 


(  898  ) 

THERMODYNAMIQUE.  —  Sur  In  force  des  matières  explosives.  Note 
de  M.  \.  Cazin,  présentée  par  M.  Faye. 

»  La  chaleur  que  dégage  en  brûlant  1  kilogramme  d'une  matière  explo- 
sive telle  que  la  poudre  dépend  des  circonstances  dans  lesquelles  a  lieu  la 
combustion. 

»   Soient 

»  I  le  travail  interne,  résultat  de  l'aclion  chimique  opérée  dans  la  sub- 
stance, lequel  est  dépensé; 

»  E  la  somme  du  travail  externe  yjro(/i(/i  et  de  la  moitié  de  la  force  vive 
créée; 

»  C  la  chaleur  spécifique  vraie  du  mélange  que  fournit  la  combustion; 

»   t  l'élévation  île  température,  la  substance  étant  d'abord  à  zéro; 

»   A  l'équivalent  calorifique  de  l'unité  de  travail. 

»   La  conservation  de  Vénergie  exige  que 

(i)  AI  =  Ci;  +  AE; 

on  néglige  le  travail  interne  qui  est  dû  a  la  cohésion  gazeuse,  et  l'on  sup- 
pose qu'il  n'y  ait  ni  introduction,  ni  soustraction  de  chaleur. 

»  Supposons  qu'après  la  combustion  le  mélange  soit  ramené  à  zéro,  en 
même  temps  qu'un  travail  externe  E'  est  dépensé.  Il  y  aura  soustraction 
d'une  quantité  de  chaleur 

(2)  Q  =  C<  +  AE'. 

Ces  deux  opérations  peuvent  s'effectuer  simultanément  et  graduellement 
dans  les  diverses  parties  du  mélange,  et  l'on  a  finalement 

(3)  Q  =  Al- A(E-E'). 

On  voit  ainsi  que  cette  quantité  dépend  des  travaux  externes  mis  en  jeu. 
Il  est  naturel  de  supposer  que  I  est  invariable  pour  la  même  matière  explo- 
sive; c'est  la  mesure  de  l'énergie  chimique  dépensée;  elle  ne  dépend  pas 
des  circonstances  extérieures.  La  ciialeur  de  combustion  Q,  qui  est  acces- 
sible à  l'observation  directe,  varie  d'une  infinité  de  manières,  quand  on 
change  E  et  E'. 

»  Je  vais  appliquer  cette  considération  à  quelques  problèmes  relatifs  à 
la  force  de  la  poudre. 

»  1"  l'UOBLÈMI':.  —  I  tiiloqranune  de  poudre  à  zéro  hriile  sous  la  pression 
nlrnosphéricjue  assez  tenlemenl  pour  que  la  jorie  élaslupie  des  tjaz  développés 


(  «99) 
50/7  équilibrée  par  cette  pression,  et  le  mélange  est  maintenu  à  zéro;  (juelte  est 
la  chaleur  dégagée? 

»  Soient 

»   u  le  volume  initial; 

»  V  le  volume  qu'aurait  le  mélange,  s'il  n'y  avait  aucune  soustraction  de 
clialeur  ; 

»  Vo  le  volume  final  à  zéro,  ces  volumes  étant  évalués  en  mètres  cubes; 
alors 

E  =  io334  {v  —  u), 

E'=  io334(t'-  i'o). 
»  Donc 

(4)  Q  =  AI  -  A.io334((^o  - /<). 

»  MM.  Bunsen  et  Schichkoff  ont  trouvé,  en  expérimenlant  à  peu  près 
clans  ces  circonstances, 

Q  =  619,5  calories     et     i'^  =  o™*^,  ig3. 

«  En  prenant 

A  =  7- p     et     «  =  o'"'',ooi, 
420  '        ' 

on  trouve 

AI  =  746,1  calories. 

Telle  est  l'énergie  chimique  dépensée  dans  la  combustion. 

»  2"  PROBLÈME.  —  I  kilogramme  de  poudre  à  zéro  brûle  dans  un  esnace 
clos  quel  qu'il  soit,  maintenu  à  la  même  température  ;  quelle  est  la  cbaœut 
soustraite  ? 

»  Pendant  l'explosion,  il  y  a  des  vitesses  acquises  et  des  tourbillonne- 
ments qui  créent  finalement  de  la  chaleur,  sans  qu'il  y  ait  aucun  travail 
externe  mis  en  jeu.  Alors  E  et  E'  sont  nuls,  et  l'on  a 

Q  =  AI  =  746, 1  calories, 

quel  que  soit  le  volume  de  l'espace  clos.  Le  travail  chimique  est  fotalemeni 
converti  en  chaleur  sensible,  qui  est  soustraite  au  mélange,  tandis  que, 
dans  le  premier  problème,  une  partie  de  ce  travail  était  converti  en  travail 
mécanique  externe. 

»  A  ce  problème  se  rattache  une  question  traitée  par  MM.  Bunsen  et 
Schischkoff.  Si  la  poudre  brûle  dans  un  espace  clos,  égal  à  son  propre  volume, 
sans  qu'il  y  ait  ni  introduction,  ni  soustraction  de  chaleiu'  |iar  les  parois, 
quelles  sont  la  température  et  la  pression  finales? 


f  900  ) 

»  La  formule  (i)  donne 

746,  I  —  et. 

»  En  admettant,  avec  les  auteurs  cités,  C  =  o,  i855,  on  trouve 

t  =  4022°. 

La  pression  se  calcule  approximativement  à  l'aide  de  la  formule  do  Gay- 
Lussac  et  Mariotte 

M  £  étant  le  résidu  solide  valant  o™'',  ooo4 1 6  ; 

M  p  désigne  la  pression  en  atmosphères.  On  a  ainsi 

p  =  5191  atm. 

MM.  Bunsen  et  Schischkoff,  ayant  pris  pour  Q  la  valeur  619,5,  ont  trouvé 

3340°     et     4374  atm. 

»  3"  PROBLÈME.  —  1  kiloc/ramme  de  poudre  à  zéro  brûle  dans  un  espace  clos 
égalàv„^  et  imperméable  à  la  chaleur;  puis  on  le  réduit  ati  volume  ii  par  une 
compression  extérieure,  sans  qu'il  y  ait  ni  soustraction  ni  introduction  de  cha- 
leur par  les  parois;  quelles  sont  la  température  et  la  iression  finales? 

»  Dans  la  première  période,  on  applique  la  formule  (i) 

746,1  =  C^, 

d'où 

i,  =  4022° 
comme  précédemment. 

»  En  mettant  1*0  à  la  place  de  u  dans  la  formule  (5j,  on  a 

p,  =  i5,  74  atm. 

»  Le  changement  opéré  dans  la  seconde  période  est  le  changement  ré- 
versible que  M.  Rankine  représente  par  une  ligne  adiabatique;  admettons 
la  relation  qui  s'applique  aux  gaz  simples,  au  moins  approximativement, 

d'où  l'on  tire 

/j  =  56  io4  atm. 

»   La  formule  (5)  donne  ensuite 

t  =  46  049". 


(  9"'   ) 
On  voit  que  le  travail  de  compression  décuple  l'élévation  de  la   tempéra- 
ture, ce  qui  est  un  effet  étranger  à  l'action  chimique  qui  développe  seule 
la  force  explosive,  dans  la  pratique. 

«  Ce  problème  a  été  traité  par  M.  Berthelot  [Compte  rendit  du  7  novembre 
dernier).  Les  nombres  diffèrent  un  peu  des  précédents,  parce  que  M.  lier- 
thelot  a  pris 

Q=6i9,5. 

On  voit  que  ce  problème  diffère  de  celui  que  MM.  Bunsen  et  Schischkoff 
ont  voulu  résoudre. 

>)  On  peut  multiplier  les  exemples  de  ce  genre;  j'en  citerai  encore  un,  à 
cause  de  l'importance  que  les  circonstances  actuelles  donnent  à  ces  études. 

»  4'  PROBLÈME.  —  I  liilogramme  de  poudre  à  zéro  bnVe  en  surnionlant 
lentement  la  pression  almospliériqiie,  sans  qu'il  y  ait  ni  sonstraelion  ni 
introduction  de  chaleur  ;  puis  on  comprime  le  mélange  dans  tes  mêmes  condi- 
tions, jusquà  ce  qu'il  ait  repris  son  volume  itiitial  u;  quelles  sont  la  température 
et  la  pression  finales? 

»  Après  la  première  période,  la  température  est  t^  et  le  volume  i',.  Ima- 
ginons que  le  mélange  soit  ramené  à  zéro,  sons  pression  constante;  il  y 
aura  soustraction  de  619,5  calories  (1*''  problème).  Soit  C  la  chaleur  spé- 
cifique du  mélange  sous  pression  constante,  nous  aurons 

619,5  =  C7,; 
admettant  C'=  C  X  i,4i,  on  trouve 

/,  =  2368°; 
en  mettant  i,  t',  et/,  à  la  place  de  ^,  «  et  <  dans  la  formule  (5),  on  a 

»  Dans  la  deuxième  période,  le  changement  opéré  satisfait  à  la  for- 
nude  (6),  où  l'on  met  i  et  c,  à  la  place  de/J,  et  ('„.  De  là  on  tire 

p  =  87  i&'j  alm. 

»   Enfin  t  se  déduit  de  la  forunde  (5),  à  l'aide  de  celle  valeur  de  /), 

t  =  7i926«. 

»  Il  est  aisé  de  voii'  que  celle  énorme  élévation  de  température  est  le 
résultat  de  deux  opérations  successives,  dont  la  seconde  est  une  dépense 


(  902   ) 
considérable  de  travail  externe,  plus  considérable  que  celui  du  3*^  pro- 
blème. Aussi  la  chaleur  sensible  créée  est-elle  plus  grande. 

»  Il  est  évident  que  tous  ces  nombres  ne  servent  qu'à  donner  une  idée 
de  la  marche  des  phénomènes;  car  les  formules  (5)  et  (61  ne  sont  ]>as  ap- 
plicables à  des  pressions  et  des  températures  aussi  énormes.  En  outre,  les 
phénomènes  chimiques  qui  se  passent  dans  de  telles  circonstances  nous 
sont  inconnus.   » 

GliOLOGlE.  —  Elude  des  gaz  volcanujues  de  Santorin.   Note  de  M.  FotyiiÉ, 
présentée  par  M.  Ch.  Cainte-Claire  Deville. 

«  Les  gaz  qui  se  sont  dégagés  dans  la  baie  de  Santorin,  au  début  de 
l'éruption  de  i866,  offraient  alors  une  composition  remarquable,  sur  la- 
quelle j'ai  eu  l'honneur  d'appeler  l'attention  de  l'Académie.  Ces  gaz,  ri- 
ches, pour  la  plupart,  en  hydrogène  libre,  provenaient  de  fissures  commu- 
niquant avec  les  profondeurs  du  sol,  parallèles  entre  elles  et  comprises 
toutes  dans  le  voisinage  immédiat  de  la  partie  centrale  de  l'éruption.  Quel- 
ques-uns se  dégageaient  des  eaux  de  la  mer  en  bouillonnant  près  des  laves 
incandescentes;  d'autres  s'échappaient  du  milieu  de  crevasses  profondes 
ouvertes  à  l'air  libre  et  sillonnant  l'ancien  sol  de  Nea  Kameni,  entre  les 
deux  centres  éruptifs  désignés  sous  les  noms  de  Georges  et  d'Jfjliroessa; 
d'autres,  enfin,  fournissaient  en  brûlant  des  gerbes  de  flammes,  qui  jaillis- 
saient au  sommet  même  de  ces  monticules  de  fortnation  nouvelle. 

»  En  1867,  les  gaz  combustibles  m'ont  semblé  avoir  disparu  de  la  plu- 
part des  points  où/je  les  avais  recueillis  l'année  précédente.  Les  flammes 
provenant  de  leur  combustion  ne  s'apercevaient  plus  qu'au  sonnnet  de 
Georges.  Des  ébouleuients  avaient  recouvert  les  crevasses  de  Nea  Kameni. 
En  revanche,  de  la  fissure  principale  de  l'éruption  étaient  sorties  des  masses 
énormes  de  laves,  qui  continuaient  encore  à  s'en  échapper  en  abondance, 
et  qui  se  déversaient  alors  surtout  vers  le  sud,  après  avoir  d'abord  coulé 
pendant  quelque  temps  principalement  vers  l'ouest.  On  pouvait  ainsi 
distinguer  en  18G7  plusieurs  coulées  de  laves  avec  leurs  moraines  caracté- 
ristiques, dirigées  vers  la  partie  méridionale  de  l'île  de  Santorin.  Les  trois 
principales  étaient  tournées,  l'une  vers  le  cap  Acrotiri,  la  seconde  vers  le 
havre  d'Atheneos,  la  troisième  dans  l'intervalle  des  deux  précédentes,  à 
peu  |)rès  veis  Balos.  Ces  coulées,  incandescentes  à  leurs  extrémités,  s'y  dé- 
versaient dans  la  mer  avec  un  bruissement  et  des  sifflements  aigus.  Or, 
précisément  dans  ces  points,  on  pouvait  constater  l'existence  d'abondants 


(  90-">  ) 
«Ic'gagements  de  gaz  qui  se  déplaçaient  chaque  jour  en  suivant  le  progrès  de 
la  partie  terminale  des  coidées.  Plusieurs  de  ces  gaz  examinés  sur  place 
ne  m'avaient  pas  paru  coinbusiibles.  La  disposition  des  points  où  ils  se 
dégageaient  et  leur  faible  teneur  en  acide  carbonique,  ainsi  que  leur  ri- 
chesse en  oxygène,  m'avaient  fait  supposer  qu'ils  n'étaient  rien  antre  chose 
que  de  l'air  atmosphérique  enlraîné  par  les  fragments  scoriacés  qui  recou- 
vrent l'extrémité  des  coulées  et  qui  s'y  éboidaient  sans  cesse  dans  la  nier. 
Mais  l'analyse,  effectuée  dans  le  laboratoire,  d'un  certain  nombre  d'échan- 
tillons de  ces  gaz  recueillis  et  rapportés  dans  des  tubes  fermés  à  la  lampe, 
démontre,  au  contraire,  que  ces  mélanges  gazeux  naturels  ont  une  com- 
position tout  à  fiit  différente  de  celle  de  l'air.  Ils  renferment  des  pro- 
portions notables  de  composés  hydrogénés,  en  même  temps  que  des  quan- 
tités d'oxygène  et  d'azote  unies  dans  des  proportions  trèséloignées  de 
celles  qui  caractérisent  la  composition  de  l'air  atmosphérique. 

»  Le  premier  de  ces  gaz  (n°  1)  a  été  obtenu  à  l'extrémité  de  la  coulée 
dirigée  vers  le  cap  Acrotiri;  il  n'en  a  été  opéré  qu'une  seule  prise,  le 
5  mars  1867.  Le  second  (n°  2)  provient  de  l'extrémité  de  la  coulée  dirigée 
vers  Balos.  Nous  donnons  ci-dessous  la  composition  des  échantillons  re- 
cueillis an  même  point,  à  trois  reprises  différentes,  le  3,  le  5  et  le  7  mars  1867. 

»  Le  troisième  (n"  3)  provient  de  l'extrémité  de  la  coulée  dirigée  vers 
Alheneos;  il  n'en  a  été  fait  qn'ime  seule  prise,  le  7  mars  18G7. 


Caz  no  1. 
Acide  carbonique.  ..         0,00 

Oxygùne 24,94 

Azote 73,  I3- 

Hydrogène i  ,9! 

Gaz  des  marais. ,  .  ,  .         i  ,00 


100,00 


G.a2  nO  2. 

?i  mars. 

5  mars. 

7  m.-irs. 

Gaz  n°  .! 

o,ig 

0,25 

0,57 

0,22 

20,  oq 

20.,  4 1 

18, 65 

21,11 

64,30 

64,36 

65, 5i 

21, go 

•4,9» 

'4.7° 

14,96 

56,70 

0,44 

0,28 

o,3i 

0,07 

100,00 

100,00 

100,00 

100,00 

animé,  le 

gaz  n° 

3 

brûle 

avec  une 

»  Au  contact  d'un  corps  enflammé,  le  gaz  n°  3  brûle  avec  une  forte 
explosion,  le  gaz  n°  2  brûle  également,  mais  avec  une  explosion  très-faible. 
(La  combustibilité,  au  contact  de  l'air,  du  résidu  que  fournit  ce  gaz  après 
l'enlèvement  de  son  acide  carbonique  et  de  son  oxygène,  m'avait  échappé 
sur  place.)  Tous  ces  gaz  ont  été  recueillis  dans  des  tubes  où  le  vide  avait 
été  opéré  à  2  millimètres;  une  petite  portion  de  l'oxygène  et  de  l'azote, 
que  l'analyse  y  indique,  provient  donc  certainement  de  l'air  resté  dans  les 
tubes,  mais  cette  légère  cause  d'erreur  ne  change  rien  aux  conclusions  à 

C.  R..  iS-o,  ■i'  Semestre.  (T.  I.XXI,  IN"  2i1.)  '  2  1 


(  90^!  ) 
tirer  relativement  à  l'origine  des  s.-az  ainsi  récoltés.  Tons  se  dégagent  ex- 
clusivement, en  des  points  très-limités,  à  travers  IVrUi  de  la  mer,  très-près 
de  l'extrémité  des  coulées  incandescentes.  Le  lieu  de  leur  sortie  se  dépla- 
çant d'ailleurs  en  suivant  le  prog  es  de  la  partie  terminale  des  coulées, 
leur  dévelojîpement  ne  peut  s'expliquer  qu'en  supposant  qu'ils  étaient  in- 
clus dans  la  lave  en  fusion,  et  qu'ils  s'en  sont  dégagés  brusquement  par 
suite  du  refroidissement  subit  opéré  au  contact  de  l'eau  de  la  mer,  et  par 
suite  du  retrait  et  du  fendillement  qui  en  ont  été  la  conséquence. 

»  D'autres  dégagements  gazeux,  moins  abondants,  s'opéraient  encore 
en  1867,  sur  presqneHoute  la  périphérie  du  champ  de  l'éruption;  mais  ils 
étaient  évideminent  formés  par  de  l'air  atmosphérique  entraîné  par  les  laves, 
et  plus  ou  moins  modifié  par  son  passage  au  travers  de  l'eau  de  la  mer. 
Voici,  par  exemple,  la  composition  de  trois  de  ces  gaz  recueillis  le  5  et  le 
7  mars  îSCy,  les  deux  premiers  (n°  4)  et  (n"  5)  en  des  points  où  l'eau 
de  la  mer  était  lim[)ide,  et  le  troisième  (n°  6)  en  un  point  où  elle  était 
rendue  laiteuse  pai-  de  l'acide  sulfhydrique  décomposé. 

Gaz  n''4.  Gaz  •><>  5.  Gaz  n"  6. 

Acide  carboni(|ue 0,00  0,00  0,16 

Oxygène 20,62  20,58  12, 65 

Azote 79)38  79<42 


'9 


100,00  100,00 


»  J'ai  encore  recueilli  un  autre  gaz  essentiellement  différent  de  tous  les 
précédents  par  sa  comijosition  et  par  son  lieu  de  dégagement.  Celui-ci  se 
produisait  pi'ès  du  fond  du  port  Saint-Georges  de  Nea  Rameni,  à  l'extré- 
mité de  l'ancien  canal  compris  entre  Nea  Kameni  et  Aphroessa,  en  un 
point  où  j'avais  déjà  recueilli  des  gaz  l'année  précédente,  une  première 
fois  en  mars  i8(i6,  alors  que  les  laves  en  contact  étaient  encore  in- 
candescentes, une  seconde  fois  en  mai  1866,  alors  qu'elles  étaient  déjà 
à  peu  près  refroidies.  J'ai  opéré  trois  prises  de  ce  gaz  en  1867;  le  tableau 
suivant  en  représente  la  composition  : 

N"  7,  3  mar,,  1867. 

Acide  carbonique 61 ,29 

Oxygène o ,  5o 

Azote 37 '99 

Hydrogène 0,11 

Gaz  des  marais 0,11 

100, GO 


N"  H,  5  mars  1 

i8()7. 

N» 

9,  7  mai's 

ISG7, 

60, 63 

56,63 

0,73 

>,84 

38,26 

4' vil 

0,17 

0,00 

0,21 

0,12 

1 00 , 00 

I00,00 

(  9o5  ) 
')  Les  nombres  insirils  ci-dessus  indiquent  des  variations  sensibles  dans 
la  composition  du  gaz  dans  un  intervalle  de  quelques  jours;  mais  ces  va* 
riatioiis  sont  bien  ()lus  nettement  accusées  quand  on  compare  les  gaz  re- 
cueillis en  1867  à  ceux  cjuise  dégageaient  au  mente  point  un  an  aupara- 
vant. Nous  rappellerons,  en  effet,  qu'au  même  endroit  nous  avons  recueilli 
en  1866  des  gaz  composés  connue  il  suit  : 

No  10,  5  mars  1866.  K»  11,  la  mai  1866. 

Acide  carbonique, 35, 60  ,    84)85 

Oxygène i  j46  2,3i 

Azote 32,o4  12,84 

Hydrogène 3o,09  0,00 

Gaz  des  marais ...  0,81  0,00 

100,00  100, 00 

»  1!  doit  exister  une  variation  semblable,  quoique  bien  plus  faible,  dans 
la  composition  du  gaz  qui  se  dégage  constamment  au  fond  du  port  Saint- 
Nicolas  à  Palœa  Kanieni.  Les  écbanlillons  de  ce  gaz,  qui  ont  été  recueillis 
en  1866  et  1867,  ont  offert  les  coiupositions  suivantes  : 

N»  13,  22  mai  186G, 

N"  ri,  recueilli  et  analysé  par  N°  14, 

iSmarsiSSG.     MM.  Reiss,  Stûbel  et  Fritsch.    3  mars  iSe^. 

Acide  carbonique 78,44  76,06  79'24 

Oxygène 3,37  12,39                          2,21 

Azote 17,55  11,55  18, 3o 

Gaz  des  marais. 0,64  0,00                          o,25 

100,00  100,00  100,00 

»  Enfin,  nous  avons  encore  à  indiquer  ici  la  composition  du  gaz  que 
nous  avons  extrait,  par  voie  d'ébullition,  d'une  certaine  quantité  d'eau  de 
mer  prise  à  l'extrémité  de  la  coulée  dirigée  vers  Balos,  le  5  mars  1867.  Un 
litre  de  cette  eau  nous  a  fom-ni  38  centimètres  cubes  d'un  mélange  gazeux 
composé  comme  il  suit,  et  essentielletneut  différent  du  gaz  naturel  qui  se 
désiaeeait  prés  de  là,  à  une  distance  d'environ  10  mètres  seulement  : 

ÎS"  15,  extrait  do  l'eau  Je  lijer. 

Acide  carbonique 83,58 

Oxygène ^,79 

Azote '3.<^3 

100,00 

»   L'examen  des   lésultats  analytiques  que  nous  venons  de  rapporter 

conduit  aux  conclusions  suivantes  : 

121 .. 


(  9^^  ) 

»  i"  Ils  coniifinent  la  loi  de  vaiiation  de  coiuposilioii  des  gazvolciuiiqiies, 
établie,  pour  la  piemière  fois,  par?»!.  Cli.  Sainte-Claire  Deville  et  déjà  dé- 
veloppée précédeiuiiient  jjar  nous. 

»  2°  Ils  montrent  que  les  laves  en  fusion  pâteuse  du  volcan  de  Santorin 
ont  dû  entraîner  jusqu'à  une  di.stance  de  plusieurs  centaines  de  mètres  de 
leur  |)oint  d'émergence  des  gaz  combustibles  emprisonnés  dans  leur  masse. 

»  3"  On  voit  que  l'hydrogène  libre  et  le  gaz  des  marais  en  sont  les  élé- 
ments ordinaires,  et  que  l'hydrogène  libre  y  semble  d'autant  plus  abon- 
dant que  le  gaz  sort  d'une  lave  à  plus  haute  température. 

»  4°  La  composition  du  gaz  n°  3  démontre  particulièrement,  avec  évi- 
dence, que  dans  ces  mélanges  il  existe  simultanément  de  l'oxygène  et  de 
l'hydrogène  libres,  lesquels  restent  ainsi  en  présence  sans  se  combuier, 
probablement  à  cause  de  la  haute  tenqiérature  de  la  lave  qui  les  ren- 
ferme. Il  est  donc  vraisemblable,  d'après  cela,  que  la  vapeur  d'eau  qui 
s'échappe  en  si  grande  abondance  de  tous  les  cratères  volcaniques  en  acti- 
vité et  de  tous  les  épanchements  récents  de  lave,  se  trouve  à  l'état  de  dis- 
sociation au  sein  de  la  matière  fondue  que  rejettent  les  entrailles  du  sol.  » 

«  M.  Cii.  Sainte-Ci-aiue  Deville,  à  la  suite  de  cette  Connnuiiicalion, 
et  relativement  à  la  dernière  conclusion,  qui  lui  semble  avoir  une  grande 
importance,  fait  observer  que,  dans  le  travail  analytique  fait  par  lui,  en 
commun  avec  INIM.  F.  Le  Blanc  et  Fouqué,  sur  les  gaz  combustibles  recueillis 
en  mer,  à  Torre  ciel  Greco,  en  1862,  celte  proportion  anormale  d'oxygène 
s'était  déjà  présentée,  et  que  l'une  des  analyses  avait  même  donné  pour  le 
rapport  de  l'oxygène  à  l'azote  les  nombres  2g  ;  'ji  [Comptes  rendus,  I.  LVl, 
]).  118G).  La  présence  concomitante  de  l'oxygène  en  excès  et  de  l'hydro- 
gène leur  avait  fait  dès  lors  penser  à  la  possibilité  d'une  dissociation  entre 
les  éléments  de  l'eau.  Néanmoins,  le  fait  étant  encore  isolé,  ils  avaient  [iré- 
féré  réserver  cette  opinion  et  attribuer  l'excès  d'oxygène  au  déplacement, 
par  l'ainux  vlu  gaz  inférieur,  de  l'air  dissous  ilans  l'eau  d;'  mer,  qui 
contient,  connue  on  sait,  '62  poui'  100  d'oxygène.  Mais  les  nombres  donnés 
aujourd'hui  dans  le  nouveau  travail  de  M.  Fouqué  ne  j)ermeltent  plus  de 
garder  cette  réserve,  et,  en  confirmant  le  fait  déjà  obsei'vé  au  Vésuve, 
donnent  une  très-haute  probabilité  à  cette  opinion,  formellement  exprimée 
])ar  lui  le  premier,  que,  dans  l'intérieur  de  la  lave  incandescente,  les  élé- 
ments de  l'eau  sont  dissociés  et  se  combinent  à  un  c<M'tain  moment.  On 
expliquerait  très-bien  ainsi  les  dégagements  de  vaptiu's  d'eau  qui  se  pour- 
suivent si  longtemps  sur  les  coulées  de  lave.   » 


[  9»  7  ) 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  lin  procédé  de  jxinifunliun  dans  lequel  oit  ferait 
inlervenir   le  froiiienl   en  (ji-ains,  conciirremnienl  avec  la  farine.  Note  de 

M.   DUBIUM'AIT. 

«  Je  prends  la  liberté  d'appeler  ralteulion  de  l'Académie  t-ur  un  pro- 
cédé de  panification  qui  m'a  été  suggéré  par  mes  anciens  travaux  sur  la 
fabrication  de  l'amidon  de  froment. 

»  Dans  celle  fabrication,  je  faisais  tremper  le  froment  et  je  séparais  par 
des  méthodes  diverses  le  gluten  et  l'air.idon. 

»  J'ai  pensé  que  le  froment  trempé  en  grains  et  sans  mouture,  comme  je 
le  pratiquais  il  y  a  ti-ente  ans  pour  la  fabrication  de  l'amidon,  pourrait  en- 
trer en  certaines  proportions  dans  la  confection  du  [)ain. 

»  Je  vous  remets  ci-joint  un  échantillon  du  pain  préparé  par  cette  mé- 
thode, et  quoique  ce  pain  ait  été  préparé  dans  de  mauvaises  conditions,  par 
des  mains  inhabiles,  il  vous  tlonnera  luie  idée  nette  du  procédé  et  du  parti 
qu'on  poiu-rait  en  tirer  dans  un  moment  où  la  mouture  seule  paraît  faire 
défaut  aux  exigences  de  la  panification. 

»  Vous  remarquerez  que  le  procédé  en  question  n'exige  qn'iuie  trempe 
préalable,  qui,  à  une  température  convenable,  peut  s'effectuer  facilement 
et  promplement  dans  tous  les  ateliers  de  boidangerie. 

»  IjC  froment  trem])é  peut  doubler  de  volume,  en  absorbant  un  peu  plus 
de  5o  pour  i oo  de  son  poids  d'eau.  Il  conserve  intégralement  tous  ses  prin- 
cipes alibiles.  Mêlé  à  la  farine,  il  prend  la  forme  alimentaire  habituelle,  et, 
grâce  à  l'eau  dont  il  est  imprégné,  il  subit  unç  cuisson  analogue  à  celle  que 
subit  la  pâte  de  grains  moulus. 

»  La  panification  gagnerait  si  l'on  pouvait  ajouter  au  procédé  en  ques- 
tion une  manipulation  qui  n'oilVirait  pas  de  grandes  difficultés. 

»  Jji  froment  trempé,  puis  passé  entre  deux  cylindres  de  bois  ou  de 
fonte,  formant  laminoirs,  entrerait  avec  plus  de  perfection  dans  la  panifica- 
tion; il  suffirait  en  effet  de  le  mêler  avec  une  certaine  proportion  de  farine, 
pour  l'assimiler  à  ce  deriner  produit  sans  rien  changer  à  l'aspect  du  pain.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  l' excrétion  de  l'urée,  considérée  comme  mesure  de  l'activité 
des  combustions  lespiratoires.  Note  de  M.  A.  Saxsox. 

(c  Pour  la  rédaction  de  la  partie  de  mon  Traité  sur  l'hygiène  di!S  animaux 
domestiques  qui  concerne  leur  alimentation,  j'ai  dû  soumettre  à  une  dis- 
cussion niéthndiijue  les  résultais  des  lecherches  thimiipies,  maintenant  en 


(  9o8  ) 
si  grand  nombre,  qui  pourraient  permettre  d'en  établir  la  théorie.  C'est  là, 
pour  la  zootechnie,  un  sujet  d'importance  capitale.  On  sait  que  les  |)roduits 
utiles  des  animaux  sont  toujoius  en  rapport  nécessaire  avec  les  aliments 
qu'ils  consomment;  en  outre,  leur  exploitation  étant  une  opération  indus- 
trielle, le  prix  de  revient  doit  en  être  léduit  le  plus  possible,  par  la  suppres- 
sion du  superflu.  Dans  cette  discussion,  il  m'est  arrivé  souvent  de  trouver 
les  résultats  des  expériences  en  contradiction  avec  les  faits  d'observation  di- 
recte, admis  par  la  généralité  ties  praticiens;  mais  alors  il  a  été  facile  de 
constater  que  les  apparences  contradictoires  devaient  être  attribuées  à  ce 
que,  daiîs  les  expériences,  il  n'avait  pas  été  tenu  compte  de  toutes  les  con- 
ditions du  phénomène  considéré.  Cela  ne  pouvait  guère  manquer,  car  il  ne 
saurait  y  avoir,  en  réalité,  de  différence  entre  l'observation  exacte  et  l'ex- 
périmentation bien  instituée.  Je  demande  la  permission  (l'en  signaler  lUi 
exemple  à  l'Académie,  à  l'occasion  d'une  Communication  récente. 

»  Il  a  été  éiabli  dans  cette  Communication,  faite  par  M.  Gazeaii, 
que  l'usage  de  la  coca,  auquel  il  s'est  soumis,  avait  eu  pour  conséquence 
une  élimination  plus  considérable  de  l'urée;  l'auguientation  de  ce  produit 
dans  les  lu'iues  a  été  de  1 1  pour  loo  avec  une  dose  de  lo  grammes  de  coca, 
de  i6  et  de  aZj  pour  loo  avec  une  dose  de  20  grammes.  L'auteur  en  con- 
clut que,  l'augmentation  de  l'urée  indiquant  toujours  un  accroissement 
d'activité  dans  la  métamorphose  des  éléments  azotés,  l'usage  de  la  coca 
|)roduit  nécessairement  une  augmentation  de  l'énergie  musculaire.  Ce  sont 
là  ses  propres  expressions.  Cependant  MM.  Fick  et  Wislicenus,  qui  entre- 
prirent en  1866  l'ascension  du  Faulhorn  après  n'avoir  pris,  duraîit  les  dix- 
sept  heures  qui  ont  précédé  leur  départ,  d'autre  nourriture  solide  que  des 
gâteaux  conqiosés  d'amidon,  de  graisse  et  de  sucre,  et  qui  ont  expérimenté 
directcmeni  l'uifluence  d'un  tel  travail  sur  rélimination  de  Furée,  sont  ar- 
rivés à  de  tout  autres  résultats.  Leur  ascension  avait  duré  de  5''  3o"'  du 
matin  à  i*"  20'"  après  midi.  A. quatre  intervalles,  ils  ont  recueilli  leur  urine. 
Celle  de  5  heures  du  matin  à  1^20^  après  midi  a  été  appelée  par  eux  urine  de 
travail;  celle  de  1''  20"  à  7  heures  du  soir  a  été  appelée  urine  après  le  travail. 
Les  quantités  d'urée,  évaluées  en  azote,  ont  été  moindres,  pendant  et  après 
le  travail,  que  les  quantités  constatées  dans  les  urines  de  chacune  des  deux 
nuits  qui  ont  précédé  et  suivi  l'ascension.  D'où  les  expérimentateurs  con- 
cluent de  leur  côté,  que  le  travail  musculaire  n'augmente  pas  la  production 
de  l'urée,    mais  qu'il  la  diminue  au  contraire. 

»  Il  n'y  a  là,  à  ce  qu'il  me  semble,  que  des  coiuradictious  apparentes. 
Dans  les  deux  cas,  les  expérimentateurs  ont  négligé  au  moins  une  des  con- 


(  9"9  ) 
flitions  importantes  du  problème;  ils  ont  confondu  l'urée  éliminée  par  les 
urines  avec  l'urée  produite,  ce  qui  es!  pourtant  bien  différent.  En  effet, 
l'élimination  de  l'urée  dépend  de  l'activité  des  reins,  et  par  conséquent  la 
quantité  appréciable  de  ce  produit  d'oxydation  est  nécessairement  en  rap- 
port avec  celle  de  l'urine  excrétée  dans  un  temps  donné.  On  sait  que  sa 
proportion  dans  le  sang  peut  varier  chez  l'homme,  de  o,i6  à  0,27  pour  1000. 
Plus  est  active,  toutes  choses  d'ailleurs  égales,  la  sécrétion  urinaire,  plus 
l'est  aussi  l'élimination  de  l'urée.  M.  Gazeau  dit  que  la  coca,  à  la  dose  de 
10  à  20  grammes,  accroît  constamment  le  poids  de  l'urine,  de  Zjoo  grammes 
par  vingt-quatre  heures;  MM.  Fick  et  Wislicenns  ne  le  disent  pas,  mais  tout 
le  monde  sait  que,  dans  une  marche  ascendante,  comme  celle  qu'ils  ont 
faite  le  2g  du  mois  d'août,  en  pleine  chaleur  de  l'été,  la  sécrétion  urinaire 
est  beaucoup  diminuée.  La  quantité  moyenne  d'urine  expulsée  en  vingt- 
quatre  heures  par  un  homme  adulte  est  de  laSo  grammes,  à  l'état  normal; 
les  4oo  grammes  excrétés  en  plus  dans  les  expériences  de  M.  Gazeau  dépas- 
sent, par  rapport  à  cette  quantité  moyenne,  le  maximum  de  2/}  pour  100 
qu'il  a  constaté  dans  l'urée  que  ses  urines  contenaient.  On  ne  peut  donc  pas 
en  conclure  exactement  que  l'usage  de  la  coca  augmente  la  proportion 
d'urée  produite,  et  que  par  conséqtjent  elle  n'agit  point  en  enrayant  le 
mouvement  de  dénutrition,  ainsi  que  l'observation  semble  l'indiquer;  l'ex- 
périence de  M.  Gazeau  prouve  seulement  cpie  cet  usage  augmente  la  sécré- 
tion urinaire  dans  une  forte  proportion.  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  I). 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  ig  décembre  1870,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Sur  les  Entozoaires  des  Dauphins;  jiar  M.  H.  GervaiS.  Paris,  1870;  opus- 
cule in-4''. 

Premiers  secours  aux  blessés  sur  le  cluunii  de  bataille  et  dans  les  amhulances; 
par  M.  IL  Bfcrnard,  précédé  d'une  introduction,  par  M.  J.  N.  Demarquay. 
Paris,  1*370;  I  vol.  in-12. 


(  ;)'o  ) 

Conseils  sur  In  manière  de  se  nourrir  dans  les  circonstances  présentes  ,■  confé- 
rence faite  le  i  i  novembre  11^70;  par  M.  A.  RicriE.  Paris,  1870;  opuscule 
in-8°. 

De  In  dynamite  et  de  ses  applications  an  point  de  vue  de  la  guerre;  par 
M.  P.  Champion.  Paris,  1870;  br.  gr.  in-8,  aulographiée. 

Navicjntion  aérienne.  Lettre  aux  Parisien'^,  patriotes  de  foi,  de  rerur  et  d'ai  tion  ; 
pnr  "M.  J.  Rf.RNIS.  Paris,  1870;  opuscule  iTi-/|°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SEANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIEÎNCES. 


SliANŒ  DU  LUNDI  2G  DÉCEMBRL;  1870. 

[•RÉSIDENCE   DE  M.  LIOUVILLE. 


MERÎOmES  ET  cosimu]\iî:ations 

DES   MEMBRES   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 

Après  la  lecture  du  procès- verbal,  M.  u:  Président  se  lève  et  prend  la 
parole  dars  les  tcines. suivants  : 

.'  L'Académie  a  appris,  pf.r  les  récits  des  journaux,  l'arrestation  récente 
de  notre  excellent  confrère,  M.  P.  Tlienardj  qui  aurait  été  envoyé  à  Brème 
par  les  ordres  des  généraux  prussiens.  Si  M.  Thenard  a  été  pris  les  armes 
à  la  main,  en  défendant  son  pays,  nous  n'avons  qu'à  l'en  estimer  encore 
davantage  el  à  nous  incliner  devant  le  sort  des  armes  qui  aurait  trahi  son 
courage;  mais  si  le  seul  motif  de  cette  mesure  est  la  fortune  connue  de 
M.  Thenard,  et  son  titre  desavant  distingué  et  de  Membre  de  l'Académie 
des  Sciences,  alors  je  n'hésite  pas  à  dire  qu'une  pareille  arrestation  serait 
tout  simplement  une  infamie,  dont  chaciui  de  nous  devrait  se  souvenir  jus- 
qu'à sa  dernière  heure,  el  'Jont  un  jour  ou  l'autre  la  justici;  divine  saurait 
punir  les  auteurs.  » 

L'Académie  déclare  s'associer  ideiiiemeiit  aux  paroles  de  M.  le  Prési- 
dent, et  décide  (pi'elles  seront  uisérées  au  Coiiijtic  vendu  de  la  séaiicc. 

C.  K.,  1870,   i"  Semestre.  ('1 .  LXM,  N"  iiU.)  '  2'2 


(  912  ) 

HISTOIRE  DES   SCIENCES.  —  Résumé  hislorique  des  travaux  dont  In  rjélaline 
a  c'té  t'objel  (deuxième  Partie);  par  31.  Chevrecl  (i). 

«  Je  résume  de  la  manière  la  plus  précise  les  faits  principaux  de  l'his- 
toire des  travaux  les  plus  remarquables  auxquels  la  gélatiue  a  donné  lieu, 
faits  exposés  dans  la  première  partie  de  cet  écrit. 

»  De  1680  à  1G82,  Denis  Papin  montre  la  possibilité  d'extraire  la  géla- 
tine des  os,  en  les  soumettant  à  l'action  de  l'eau  liquide  portée  à  une  tem- 
pérature supérieure  à  celle  de  l'eau  bouillant  sous  la  simple  pression  de 
l'atmosphère. 

»  De  1770  à  1772,  Claude -Joseph  G  eojfroy  s'occupe  de  déterminer  la 
proportion  de  matière  soluble  que  les  viandes  diverses  cèdent  à  l'eau  bouil- 
lante. 

»  En  1753,  Hérissant  sépare  la  partie  calcaire  des  os  au  moyen  des 
acides,  et  en  1766,  a|)pliquant  ce  procédé  aux  coquilles,  aux  madrépores 
et  aux  coraux,  il  en  met  la  partie  organisée  à  découvert. 

»  En  1775,  Changeux,  en  partant  d'une  proposition,  à  son  sens,  assez 
générale  pour  mériter  le  titre  de  loi  de  la  lutlure,  pid^lie  des  résultats 
inexacts  tenant  surtout  à  ce  qu'il  ne  distingue  pas  la  division  physique  de 
la  matière  de  sa  division  opérée  par  Va/fmilé  chimique;  quoi  qu'il  en  soit, 
conformément  à  sa  loi,  il  prouva,  en  exagéi'ant  ini  peu  le  fait  pourtant, 
que  le  verre  réduit  en  poudre  est  dissous  à  l'instar  du  sel,  par  l'eau  bouil- 
lante; de  j)lus,  qu'on  peut  extraire  des  os  éijalenienl  réduits  en  poudre  par  ce 
même  liquide  bouillant  sous  la  .simple  pression  de  l'atmosphère  une  géla- 
tine savoureuse  et  restaurante  sans  recourir  au  digesteur  de  Papin,  et  il 
n'oublia  pas  de  recommander  des  aromates  pour  compléter  les  bonnes  qua- 
lités qu'il  reconnaissait  au  bouillon  d'os. 

»  En  1791,  Proust  publia  son  opuscide  remarquable  sur  les  moyens 
daméliorer  la  subsistance  du  soldat,  essentiellement  scientifique  sans  cesser 
d'être  une  œuvre  d'application  positive  qui  n'a  été  surpassée  par  aucun  tra- 
vail postérieur.  Véritable  inventeur  du  bouillon  d'os,  il  en  a  été  le  juste 
appréciateur;  et  après  tant  d'exagérations  insensées,  sachons-lui  gré  d'avoir 
reconnu  d'une  manière  si  précise  pour  tous  ses  lecteurs  éclairés  et  indé- 
pendants, son  infériorité  à  l'égard  du  bouillon  de  viande. 

))  On  voit,  d'après  les  faits  exposés  dans  la  première  partie,  i^u'après 

(i)  L'Acadomie  ,1  décide  que  ceUe  Coniuuinicalion,  bien  <iiie  di'i);issaiit  t.n  elLiidiio  ks 
limjlcs  li-ylciucnlaiiis,  stiait  instixc  en  ciilier  au  Compte  rendu. 


•        (9^3) 
Proust,   Jeux  personnes  se  sont  livrées  avec  ardeur  à  la  propagation  (\n 
bouillon  d'os,  Cadet  de  Vaux  et  D'Arcel. 

»  Que  le  premier  n'a  pas  seulement  voulu  lo  Iriomphc  du  bouillon  d'os, 
mais  encore  l'exclusion  du  bouillon  de  viande  qui,  dit-il,  n'est  bon  ni  pour 
l'homme  sain,  ni  pour  le  malade,  ni  pour  le  convalescent,  et  qui,  taxant 
le  pot-nu-feu  de  vieux  préjugé,  ne  veut  que  du  bœuf  rôti,  affaire  de  goût  que 
je  ne  discute  pas. 

»  Mais  je  dois  faire  remarquer  que,  si  la  gélatine  est  le  produit  de  l'ac- 
tion de  l'eau  bouillante  sur  un  tissu  cellulaire,  tendineux,  gélatineux,  vous, 
Monsieur  Cadet,  le  prétendant  à  l'invention  du  bouillon  d'os,  vous,  le  pre- 
scripteur du  pot-au-feu  à  l'avantage  du  rôti,  vous  ne  donnez  pas  la  raison 
de  cette  supériorité  de  la  viande  cuite  hors  de  l'eau  et  au  sein  de  l'air;  car, 
s'il  est  vrai,  d'après  voire  affirmation,  que  la  viande  nest  nutritive  guà  raison 
de  sa  gélatine,  pour  accepter  votre  conclusion,  il  aurait  fallu  me  prouver, 
par  Vexpérience,  que  dans  un  rôti  il  y  a  plus  de  gélatine  que  dans  un  bouilli 
et  le  bouillon  qui  en  provient;  et,  avant  tout,  il  aurait  fallu  expliquer  aux 
dépens  de  quoi  se  fait  cette  augmentation  de  gélatine  :  car,  en  y  réfléchis- 
sant, sans  coimaître  vos  raisons,  je  me  dis  :  Mais  la  substance  qui  produit 
la  gelée  dans  la  viande  mise  au  pot,  au  lieu  de  recevoir  de  l'action  de  l'eau 
bouillante  la  propriété  gélatineuse,  est  exposée,  quand  on  la  rôtit  à  la  cha- 
leur sèche,  à  céder  à  l'atmosphère  une  partie  de  l'eau  qu'elle  contient,  et 
dès  lors  elle  me  semble  être  à  cet  étal  où,  plus  solide  cju'avant  la  cuisson, 
elle  doit  jouer  dans  la  digestion  le  rôle  de  lesl  plutôt  que  celui  d'aliujent, 
et  je  parle,  bien  entendu,  suivant  vos  idées. 

))  Après  de  telles  allégations,  et  la  réclamation  de  priorité  si  juste  de  la 
part  de  Proust  quant  au  fond  et  si  spirituelle  quant  à  la  forme,  comment 
s'expliquer  qu'un  homme  de  ia  valeur  scientifique  de  Cadet  de  Vaux,  se 
prétendant  l'inventeur  du  bouillon  d'os,  serait  cru  sur  parole,  et,  à  ce  titre, 
recevrait  la  bénédiclion  d'un  pape  et  les  félicitations  officielles  d'un  roi  de 
France?  Ces  faits  seraient  inexplicables  si  l'on  ne  prenait  pas  en  considéra- 
tion l'influence  des  sociétés  dites  philanthropiques  ;  Cadet  appartenait  à  la 
plupart,  et  en  était  un  des  membres  les  plus  actifs  et  des  plus  persuasifs  par 
sa  bonhomie  et  une  conversation  aimable  à  laquelle  le  paradoxe  ne  nuisait 
pas  auprès  des  gens  du  meilleur  monde.  Proust  vivait  loin  de  Paris,  et, 
depuis  sa  réclamation  de  i8o4,  je  m'estime  heureux  de  la  circonstance  qui 
me  doiHie  l'occasion  de  la  reproduire  le  premier  dans  cette  enceinte. 

»  D'Arcet,  sans  eriirer  dans  la  question,  sans  se  prononcer  sur  le 
bouillon  de  viande,  s'est  principalement  occupé  de  la  préparation  écono- 

122.. 


(  9'4  ) 

inique  du  bouillon  d'os,  et  il  a  préféré,  .uix  procédés  pratiqués  avant  lui, 
l'action  de  la  va|)eur  d'eau  produite  sous  une  pression  un  peu  plus  forte 
que  celle  de  l'aluiosphére  sur  les  os  entiers. 

»  Voilà  l^ien  où  l'on  en  était  de  'a  queslion  de  la  gélatine,  lorsqu'une 
Cotniiiission  fut  nonnnée  dons  l'Acai'émie  des  Sciences  pour  s'en  occuper. 

»  Cf^ite  Commission  se  co.nposait  à  l'origine  de  MM.  Magendie,  Serres, 
Dupiiytren,  D'Arcet,  Chevreul,  Flourens  et  Seridlas. 

»  Le  pretnier  travail  dont  elle  s'occupa  hii  l'exauien  (\{i  l;oiiilii>n  de  la 
Comparpue  hollandaise,  fondée  par  ?.!M.  Bouwens  et  van  Copcnaal,  domi- 
ciliés à  Paris,  examen  dont  ou  voulut  bien  me  confier  la  partie  chimique; 
et  je  répète,  mon  étonnement  fut  grand  de  voir  dans  la  Commission  l'in- 
sistance de  Diq)uytren,  et  an  dehors  celle  de  Thenard,  pour  que  j'accep- 
tasse le  !Ôle  de  Rapporteiu-. 

»  D'Arcet  donna  sa  démission  de  membre  de  la  Commission  le  ^3  de  sep- 
tembre i83i,  counne  i!  le  dit  dans  une  Lettre  adressée  à  Julia  de  Fonte- 
nelle  dont  j'ai  en  ce  moment  une  copie  certifiée  par  D'Arcet  même. 

»  Le  Rapport,  adopté  à  l'unanimité  des  membres  de  la  Commission,  fut 
lu  à  l'Académie  le  19  de  mars  i832,  cinq  mois  après  la  démission  de 
D'Arcet. 

»   Je  rejirodnis  les  deux  dernières  conclusions  du  Rapport. 

••  Que  les  soins  ;i]iportés  à  la  confection  du  bouillon,  soit  jioiir  le  clioiN  de  la  viande, 
soit  pour  la  conduite  des  opérations  nécessaires  à  la  cuisson,  soit  enfin  pour  le  distribuer 
aux  consommateurs,  doivent  en  recouimander  l'iisai^e  nuprcs  des  liospices  et  des  personnes 
ijiii  ne  sont  pas  en  position  de  fnire  chez  elles  cette  préparation  ; 

I  Qu'il  est  à  ilésiier  que  non-seulcmcnt  l'usage  de  ce  bouillon  se  propage,  mais  encore 
celui  de  In  viande  rpii  a  scnn  a  le  préparer;  car  celte  viande  cuite,  considérée  en  elle-nièine 
et  relativement  au  prix  aurjuel  la  vend  la  Compagnie  hollandaise,  est  un  bon  rdinie/it.    ■> 

»  De  telles  conclusions,  présentées  à  l'Académie  par  Duj)uy!re!i,  Serres, 
Magendie,  et  Seridlas  pharmacien  en  chef  an  Val-de-Grâce,  concernant 
raliiiieutation  ptd)liqiie  en  général  et  celle  des  hôpitaux  et  des  hospices  en 
particulier,  ne  pouvaient  être  rejetées  par  elle;  aussi  aucune  objection  ne 
s'éleva.  Loin  de  là,  l'impression  du  Rapport  fut  votée,  et  alors  qu'il  n'y 
avait  pas  de  Compte  rendu,  c'était  une  exception  honorable  |)()iir  le  Rap- 
porteur cpii  n'avait  nullement  sollicité  la  mission  qu'on  lui  avait  donnée. 

»  Mais,  évidemment,  ce  Rapport  et  ses  conclusions  ne  pouvaient  avoir 
été  adoptés  par  l'Académie  sans  contrarier  beaucoup  les  |)arlisans  si  ex- 
clusifs {\u  bouillon  d'os. 

»    D'Arcet  les  avait  bien  i)réviies,  ot  dès  lors  il  s'était  demandé,  plusieurs 


(  9'5  ) 
mois  avant  sa  démission,  comment  il  parviendrait,  sinon  h  les  faire  onblier, 
du  moins  à  les  atfénner.  Et  vf)ici  ce  ([u'il  imagina. 

»  Il  y  avait  à  Paris  ime  Société  des  Sciences  physi^ines,  chuniiiues  et  aris 
agricoles  et  industriels  de  France,  dont  le  Secrétaire  perpétuel  était  nn 
M.  Jnlia  de  Fontenelle.  M.  D'Arcet  lui  donne  par  écril  lui  rendez-vous 
pour  la  rédaction  d'un  plan  d' expérimentation.  Ce  sont  les  expressions  que 
je  copie,  dans  une  Lettre  à  la  date  du  9  de  seplembre  i83/|,  que  m'écrit 
M.  JuliadeFoîilenelle.  Ce  plan  estsoimiis  à  la  Commission,  assure  M.  D'Arcet 
à  M.  Jnlia  de  Fontenelle,  et  approuvé  par  elle.  Cola  dut  se  passer  plus  de 
cinq  mois  avant  la  lecture  du  premier  Rapport  sur  la  gélatine.  Et  M.  Julia 
(le  Fontenelle  travaille  toujours.  Enfin,  deux  ans  à  jieii  prés  s'étaient  écoulés 
depuis  celte  lecture,  et  M.  Julia  désira  la  réalisation  du  remboursement  des 
frais  de  ses  expériences,  promis  par  la  Commission,  dit-il,  selon  V emjaijement 
dont  M.  D'Arcet  lui  avait  donné  inssuranre.  M.  Julia,  prés  de  partir  pniu' 
l'Allemagne,  vient  lire  un  résumé  de  ses  expériences  à  l'Académie,  d'après 
le  conseil  de  M.  D'Arcet. 

»  Après  la  lecture,  je  demande  la  parole  pour  déclarer  que  la  Commission 
n'avait  donné  à  personne  la  mission  de  faire  des  expériences  d'après  un  pro- 
ijr(mime  approuvé  par  elle. 

))  C'est  alors  que  M.  Julia  de  Fontenelle  m'écrivit  une  Lettre  datée  ùvi 
9  de  septembre  i834,  dans  laquelle  il  me  parle  de  sa  bonne  foi  et  de  sa 
loyauté;  je  copie  les  passages  suivants  : 

«  Pai'is,  le  t)  seplembre  iS34. 
»    Monsieur  et  honoral)Ie  maître, 

»  Datis  la  dernière  séance  de  rAcadcniie,  je  lui  avais  adressé  une  Lellre  en  léponse  à 
votre  observation  précédente.  Cette  Lettre  était  accompagnée  : 

»  I"  De  deux  autres  Leities  de  M.  D'Arcet  nie  dcînuant  rendez-vons  ])our  la  rédaction  du 
plan  d'expérimentation  ; 

I.    1"  De  ce  plan  soumis  à  la  Commission,  el  qu'il  nie  dit  être  approuvé  par  elle;  ' 

>i  3°  De  quatre  Lettres  de  moi  adiessées  à  cette  même  Commission,  dans  lesquelles  je 
parlais  de  la  mission  qu'elle  m'avait  donnée  en  teiincs  si  clairs  qu'il  ne  |)Ouvait  y  avoir 
aucun  doute  pour  elle  que  je  fusse  persuadé  que  cela  était  ainsi.  A|)rès  trois  ans  de  silence, 
j'ai  dû  considérer  cette  circonstance  comme  une  vérité  d'autant  plus  forte  que  M.  D'Arcet 
m'avait  assuré  que  la  Commission  dcmand.rait  des  fonds  h  V  Acadcinie  pour  me  rembourser 
des  frais  de  mes  expériences....  L'affaire  en  était  là  (juand  iVl.  D'Arcet,  apprenant  mon  départ 
pour  l'Allemagne,  m'engagea  à  rédiger  un  résumé  de  mes  expériences,  afin  de  les  présenter 
à  l'Académie;  je  rédigeai  à  la  hâte  quel(|ues  faits,  (jui  nesont  que  la  moindre  partie  de 
mon  travail  ;  je  les  lus  à  l'Académie. 

.)  Ma  surprise  fut  grande  ipiand  vous  files  l'observation  que  je  n'avais  pas  eu  mission  de 
la  Commission;  le  lendemain,  je  fus  trouver  M.  D'Arcet,  qui  me  confirma  plus  que  jamais 
dans  cette  opinion,  et  qui  me  donna  sa  parole  d'honneur  qu'il  allait  écrire  à  l'Académie  pour 
attester  la  vérité  de  ce  (pie  j'avais  avanci'.   Hier  encore,  il  m'a  écrit  un  hillil  <|ui  le  confiiiiie 


(  9>6  ) 

et  que  j'ai  montré  à  MM.  Gay-Lussac,  Magcnilie  et  Flouions;  cependant  ma  Lrllre  à  l'Aca- 
déraie  n'a  pas  été  lue  :  je  suis  donc  le  bouc  émissaire.... 

»    ...  Voici  la  copie  de  la  Lettre  que  j'écris  ce  malin  à  M.  D'Arcet  : 

«  Monsieur, 
»  Rien  de  ce  que  vous  m'aviez  solennellement  promis  hier  ne  s'est  léalisé.  Ma  Lettre  n'a 
»  pas  été  lue  à  l'Institut,  et,  dans  la  vôtre,  vous  n'avez  |)as  dit  un  seul  mot  de  moi  pour  me 
»  justifier.  Que  dois-je  penser?  M.  Clievreul  a-t-il  raison?.  .  .  Tout  ce  que  je  sais,  tout  ce 
•>  que  je  n'oublierai  jamais,  c'est  que  vous  deviez  me  tendre  une  main  ))rotectrice,  et  (|n'au 
i  lieu  de  cela,  pour  jirix  de  mon  dévouement,  vous  avez  laissé  mon  nom  exposé  au  pilori 
»  du  mensonge  où  M.  Clievreul  l'a  placé. 
).   J'ai  l'honneur,  etc.  » 

))   M.  Jtilia  finit  ainsi  la  Lettre  qu'il  ni'a  adi-essée  : 

«  ...  Si  je  ne  tenais  pas  à  votre  estime,  Monsieur,  je  n'entrerais  pas  dans  une  Lettre 
justificative;  mais  il  importe  à  mon  honneur  compromis  de  démontrer  ma  bonne  foi  et  ma 
loyauté.  J'ai  conservé  toutes  les  pièces  qui  en  sont  une  |)rcuve  évidente,  et  je  les  mets  à  vôtre- 
disposition  ....   » 

«  Voici  la  copie  du  billet  adressé  à  M.  Jiilia  de  Fontenelle,  par  M.  D'Arcet, 
à  la  date  du  8  de  septembre  i834.  Je  le  reproduis  intégralement. 

n   Monsieur, 

o  N'étant  pas  encore  parti,  je  puis  vous  répondre  sans  relard.  Vous  êtes  dans  l'erreur 
relalivemcnt  à  ma  conduite  :  j'ai  fait  tout  ce  que  j'avais  promis;  j'ai  vu  M.  Gay-Lussac, 
je  lui  ai  remis  une  protestation  contre  l'assertion  <Ie  M.  Clievreul,  faisant  croire  que  re  n'était 
pas  d'accord  avec  la  Commission  que  le  progiammc  des  expériences  avait  été  rédigé  par 
nous  deux,  et  j'ai  demandé  la  lecture  de  ma  déclaration,  si  la  rédaction  du  procès-verbal 
ou  la  discussion  réengagée  l'exigeait. 

»  Ayant  donné  ma  démission  en  i83i  ;  vous  ayant  indiqué  M.  ^Ligendie  comme  pou- 
vant me  remplacer,  n'ayant  plus  agi,  en  rien,  comme  membre  de  la  Commission,  ce  n'était 
pas  à  moi  de  défendre  les  fiiits  postérieurs,  je  vous  avais  prévenu  que  j'agirais  coir.mc  je 
l'ai  fait  et  que  je  ne  parlerais  pas  de  vous  dans  ma  Lettre  à  l'Académie,  et  vous  devez  vous 
souvenir  que  c'est  pour  cela  qu'il  a  été  convenu  que  je  rétablirais  les  faits  antérieurs  au 
23  septembre  i83i,  dans  une  Lettre  que  je  remettrais  moi-même  à  M.  Gay-Lussac.  On  m'a 
assuré  que  le  procès-verbal  avait  été  rectifié  et  qu'il  n'avait  jias  été  besoin  de  lire  ma 
seconde  T^eltre  réfutant  l'assertion  de  M.  Chevrcul;  si  le  contraire  était  vrai,  j'en  serais  bien 
fâché  et  j'en  so;ilfrirais  plus  que  vous,  mais  j'aime  à  croire  (pic  M.  Gay-Lussac,  qui  a  lu  ma 
Lettre  en  ma  présence,  l'aurait  lue  à  l'Académie  s'il  avait  cru  qu'il  fût  nécessaire  de  la  com- 
muniquer pour  nous  justifier  tous  doux,  surtout  moi,  qui  n'ai  pas,  autant  (]ue  vous,  des 
pièces  aiitlienliques  [lour  me  défendre;  j'espère  que  les  choses  se  sont  mieux  passées  que 
vous  paraissez  le  croire.  Si  je  me  trompe,  je  donnerai  copie  de  ma  Lettic  à  la  Commission 
pour  la  bien  éclairer  ii  ce  sujet, 

!•   Agréez,  je  vous  prie,  Monsieui',  mes  salutations  bien  empressées. 

>i   Signé  D'Arcet. 
u    Pour  copie  cnnfnrmc  : 

>!     JULIA    DE    FOMTËNELLE. 

«  Ce  S  septembre  i834.  " 


(  917  ) 

»  Après  ma  protestation  si  nette  provoquée  par  la  lecture  de  Jnlia  (jn'it 
n^  avait  pas  mission  de  In  Commission  de  In  qélaline  défaire  des  expériences, 
D'Arcet  devait  déclarera  t'ylcadéntieque j'étais  dans  l'erreur,  qu'avant  d'avoir 
donné  sa  démission,  un  plan  d'expériinenlation  rédigé  par  MM.  D' Arcet  et  Julia 
avait  été  soumis  à  la  Comnnssion  et  adopté  par  elle  et  que  des  fonds  de  V  Acadé- 
mie payeraient  les  frais  des  expériences. 

»  Si  dans  lu  séance  qui  suivit  ma  protestation,  on  l'eût  reconnue 
inexacte,  ma  réponse  eût  été  bien  simple  :  Vous,  Commission,  aurais-je 
dit,  m'avez  chargé  d'un  Rapport;  approuvé  par  vous,  il  l'a  été  ensuite  par 
l'Académie  et  un  an  auparavant,  à  mon  insu,  vous  aviez  approuvé  un 
plan  d'expériences  rédigé  par  un  membre  de  la  Commission, /«(/c  et  partie, 
et  une  personne  étrangère  à  l'Aciidémie  qui  devait  èlre  défrayée  de  ses  dé- 
penses; ce  procédé  est  inconcevable  et  j'ai  raison  de  m'en  plaindre  publi- 
quement. 

»  Au  dire  de  D'Arcet,  on  aurait  rectifié  le  procès-verbal,  relativement  à 
nui  protestation;  franchement^  cela  m'est  indifférent,  je  n'ai  fait  aucune 
démarche  pour  m'en  assurei-,  c'est  une  affaire  de  bureau,  du  moins  c'est 
D'Arcet  qui  l'écrit  à  Julia  de  Fontenelle. 

«  Après  cet  incident  un  honnête  homme  n'avait  qu'un  parti  à  prendre  : 
c'était  sa  démission.  Elle  fut  donnée  et  acceptée.  D'Arcet  alors  rentra  dans 
la  Coïnmission,  et  deu.x.  Membres  nouveaux,  Thenard  et  M.  Dumas,  y 
furent  appelés. 

»  Que  s'y  passa-t-il?  Voici  co  que  j'ai  entendu  dire.  Si  je  me  trompe, 
M.  Dumas,  le  seul  Membre  vivant  de  la  seconde  Commission,  voudra  bien 
me  rectifier. 

»  Un  des  sujets  dont  la  Commission  eut  à  s'occuper  avant  tout  fut  l'exa- 
men de  demandes  relatives  à  des  frais  d'expériences  accomplies  avec  l'in- 
tention des  auteurs  de  savoir  si  la  gélatine  est  ou  n'est  pas  nutritive.  D'Arcet 
voulut  expliquer  ces  incidents;  et  Thenard  pria  la  Commission  de  ne  pas 
s'en  occuper  parce  qu'il  les  jugeait  étrangers  à  la  science,  et  l'une  des  de- 
mandes était  faite  par  Julia  de  Fontenelle. 

»  Cette  décision  me  semble  assez  confonne  à  ma  prolcslalion.  Mes  audi- 
teurs et  mes  lecteurs  prononceront. 

»  Mais  poursuivons. 

»  Dans  la  Lettre  de  D'Arcet  écrite  à  Julia  de  Fontenelle,  on  lit  cette 
phrase  «  Ayant  donné  ma  démission  en  i83i,  vous  ayant  indiqué  M.  Ma- 
»  gendie  comme  pouvant  me  remi)lacer,  etc.  ».  A  celte  époque,  Magendie 
et  D'Arcet  s'entendaient  donc  très-bien;  et  poiu'quoi?  Ici,  je  répète  ce  qui 


(9-8  ) 
m'a  été  dit,  c'ost  que  Mageiidie  désirait  me  remplacer  comme  rapporlein-, 
et  alors  D'Arcet  présumait  qu'il  s'entciuliait  mieux  avec  lui  (|ii'avec  moi, 
quoiqu'il  eût  signé  le  Rapport  sur  le  bouillon  de  la  Compagnie  hollandaise.  Si 
ce  que  je  viens  de  dire  est  vrai,  D'Arcet  n'eut  point  à  se  féliciter  du  chan- 
gement de  l'ancien  rapporteur. 

»  Quel  usage  ai-je  fait  des  Lettres  de  Julia  de  FontencUe,  et  du  billet 
que  D'Arcet  lui  écrivit  pour  me  donner  un  démenli,  billet  certifié  par  sa  si- 
gnature? aucun. 

»  Quelle  était  l'opinion  de  M.  Dumas,  le  seid  survivant  de  la  deuxième 
Commission  ;  je  crois  qu'il  pensait  que  Julia  île  Fonlenelle  avait  conclu  de 
quelques  paroles  de  D'Arcet  et  à  T015T,  quil y  eut  une  entente  entre  eux,  et  que 
dés  lors  D'Arcet  était  tout  à  fait  étranger  (uix  prétentions  de  Julia.  M.  Dumas 
et  M.  Elie  de  Beaumonteu  seraient  conv.iincus  encore  si  ^.\.  Fremy,  sur  la 
demande  que  je  lui  adressais,  à  savoir  s'il  faisait  allusion,  dansl'elfusion  de 
ses  sentiments  pour  D'Arcet,  à  un  incident  concernant  ma  personne,  sur  sa 
réponse,  qu'il  n'avait  à  dire  ni  oui,  ni  non,  il  ne  m'avait  pas  mis  dans  la  né- 
cessité de  montrer  des  Lettres  qui,  depuis  i834,  étaient  restées  dans  mes 
papiers.  Tel  est  le  conimememcnt  de  ma  réponse  catégorique  à  M.  Frciny, 
puisqu'il  est  la  cause  unique  qui  m'a  fait  romjjre  une  résolution  accomplie 
depuis  iH34  jusqu'à  ce  jour,  c'est-à-dire  un  silence  qui  a  été  gardé  pendant 
trente-six  ans. 

»  Mais,  en  suivant  l'ordre  chronologique  des  faits  scientifiques  qui  in- 
téressent l'histoire  de  la  gélatine,  je  vais  en  exposer  quelques-uns  qui  me 
concernent.  Il  ne  faut  pas  oublier  que  je  devais  faire  le  second  Rapport 
sur  la  gélatine,  et  que,  pendant  les  deux  ans  qui  s'éioulèrent  depuis  le  pre- 
mier Rapport  jusqu'à  ma  démission,  je  travaillais  au  second,  et  je  dirai 
qu'un  certain  nombre  de  ces  travaux  sont  restés  inédits,  et  que  quelques- 
luis  seulement  ont  été  publiés;  mais,  franchement,  si  je  fusse  venu  dire  à 
l'Académie  :  La  Commission  de  la  gélatine  a  accepté  ma  démission,  j'avais 
travaillé  pour  ia  mission  dont  elle  m'avait  chargé,  et,  après  deux  ans,  quoi- 
qu'elle sût  bien  que  ma  piolestalion  relative  à  Julia  était  fondée,  elle  m'a 
laissé  partir,  eh  bien!  je  viens  protester  contre  sa  conduite  à  mon  égard 
en  publiant  des  travaux  entrepris  pour  la  question  qui  l'occupe,  j'aïuais 
eu  raison  peut-être;  mais,  connaissant  le  monde,  j'ai  évité  le  ridicule  d'une 
réclamation.  Qu'ai-je  fait  alors?  J'ai  rattaché  un  de  ces  travaux  à  mon 
sixième  Mémoire  de  mes  recherches  chimiques  sur  la  teinture,  la  déioloralion 
du  bleu  de  Prusse  par  la  lumière  et  sa  recoloration  à  l'ombre  .'-ous  l'influence  de 
l'air.  Et  Dieu  sait  si  mon  idée  fut  heureuse  de  rattacher  à  bi  décoloration 


(  9^9  ) 
d'une  éloffe  teinte  en  bleu  de  Prusse  et  à  sa  rerolorniinn  un  travail  entrepris 
originairement  pour  un  Rapport  concernant  l'alintentiition!  La  vérité  est  qu'elle 
ne  le  fut  guère  pour  moi,  au  jugement  du  réilacteiu-  du  feuilleton  du  Cour- 
rier français  chargé  du  compte  rendu  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences. 
Si  un  pauvre  académicien  a  reçu  jamais  une  forte  correction  de  la  presse, 
c'est  le  malheureux  auteur  qui  vous  parle.  Vous  allez  en  juger  par  le  pas- 
sage suivant  : 

«  Malheuicusement  cette  dccoiivcite,  aussi  intéressante  pour  la  tliéoiic  (]iie  pr/'cieiise 
pour  l'art,  paraît  avoir  vivement  transporté  l'imagination  de  M.  Chevreul,  au  point  même 
de  l 'égarer  bien  loin  de  toute  voie  //li/mop/iique.  En  ajoutant  à  son  travail  expérimental 
une  très-longue  dissertation  sur  la  ]>liysioIogie  chimique,  ce  savant  (ce  n'est  pas  moi  qui 
parle,  c'est  M.  X...  du  Courrier  fraiiçnis)  a  tdclié  d'établir  le  plus  étrange  rapprochement 
entre  les  nuances  cliangeantci  du  bleu  de  Prusse  et  les  phénomènes  vitau.c,  La  réduction  au 
blanc  d'une  soierie-Raymond  serait  donc  Vanalogue  de  la  mort  chez  les  animau.t .  Cette 
comparaison  entre  la  vie  et  ta  teinture  est  une  des  choses  les  plus  surprenantes  que  nous  acons 
Jamais  entendues.  Nous  savons  bien  que  RI.  Chevreul  a  pi  is  toutes  précautions,  et  qu'à  la 
fin  de  son  Rlénioire,  revenant  sur  ses  pas,  il  a  déclaré  hautement  que  le  mystère  de  la  vie 
ne  peut  s'expliquer  cpie  par  une  harmonie  jiréélablie,  c'est-à-dire  par  une  force  jiarliculière, 
inaccessible  h  l'expérience  du  poids  et  de  lu  mesure.  Mais  cette  amende  honorable  nous  a 
paru  beaucoup  trop  taidive  pour  effacer  le  caractère  de  mysticisme  des  vues  de  V auteur  dont 
il  faut  réellement  chercher  l'analogue  dans  la  métaphysique  indienne  ou  dans  les  mythes 
arabes.  En  somme,  V  excursion  de  M.  Cherreul  dans  le  domaine  physiologique  ne  nous  a  point 
semblé  heureuse,  et  nous  vonàrwns  pouvoir  confiner » 

M  M.  X..  ,  bien  anonyme  sans  doute,  est  mort,  je  le  sais;  mais  com- 
ment se  nommait-il?  Des  personnes  m'ont  répondu:  Coqiierel;  mais  je 
m'empresse  de  déclarer  qu'il  n'était  point  ministre  du  saint  Evangile,  et 
dos  lorsque  Vannthème  dont  il  m'a  frappé,  on  V  interdiction  du  douzaine  phy- 
siologique qu'il  a  prononcée  contre  moi,  étant  sorti  d'une  bouclie  laïque,  ne 
m'a  pas  trop  vivement  affecté.  Mais  vous  voyez  cependant  les  nouvelles 
tribulations  d'un  pauvre  académicien  qui,  après  avoir  fait  un  premier  Rap- 
port et  n'avoir  rien  négligé  pour  en  préparer  un  second,  suite  un  premier,  a 
été  dans  la  nécessité  de  quitter  la  Commission  devant  D'Arcet  et  Magendie. 

»  Une  fois  à  pied,  comme  on  dit  communément,  ne  voulant  pas  perdre 
des  recherches  suivies  laborieusement  pendant  six  années,  et  sentant  le  ri- 
dicule de  plaintes  élevées  sur  un  congé  qu'il  s'était  lui-même  doimé,  il  eut 
une  idée  (i),  celle  de  rattacher  son  ancien  travail,  l'écrit  de  1837,  à  ses 


(i)  Je  dirai  plus  tard  comment  celle  expression  m'a  été  appliquée  dans  uu  grand  monde. 
C    R.,  1870,  a'  Semestre.  (T.  l.X.\l,  N"  26.)  I  3.") 


(  920  ) 
recherches  sur  la  teinture,  et  c'est  cette  malencontreuse  idée  qui,  au  dire 
de  M.  X...,  l'a  égaré  de  toute  voie  philosophique  et  qui,  en  définitive,  lui  a 
fait  interdire  le  domaine  ph/sio logique. 

»  Si  je  reparle  de  l'écrit  de  1837,  c'est  comme  pièce  essentielle  à  l'his- 
toire des  travaux  dont  la  gélatine  a  été  l'objet,  et  si  j'entre  dans  des  détails 
qui  ont  deux  inconvénients,  je  le  reconnais,  la  longueur  d'abord,  et  ma 
personnalité  ensuite,  je  demande  l'indulgence  de  mes  confrères  en  faveur 
d'une  défense  qni  veut  être  sérieuse  et  convenable,  relativement  à  la  liberté 
cl  au  lieu  où  elle  se  produit. 

»  A  mon  début  en  chimie,  la  question  thi  matérialisme  et  du  spiritualisme 
qui  m'avait  occupé  déjà  au  point  de  vue  abstrait,  se  présenta  à  mon  es|)ril 
d'une  manière  spéciale,  eu  égard  à  la  diversité  des  propriétés  qu'affecte 
la  matière  dans  les  minéraux,  et  dans  la  matière  vivante  végétale  et  ani- 
male. 

»  Les  matérialistes,  frappés  des  effets  de  l'électricité  vollaïque  surtout, 
étaient  conduits  à  n'admettre  dans  la  nature  vivante  que  les  forces  qui 
régissent  la  matière  brute,  telle  que  l'attraction  moléculaire,  comprenant 
la  cohésion  et  l'affinité,  la  chaleur,  la  lumière,  l'électricité  et  le  magné- 
tisme. 

»  Les  spiritiialistes,  trop  étrangers  à  l'étude  de  la  matière,  c'est-à-dire 
aux  sciences  du  concret,  repoussaient  rargunient  qui  leur  était  opposé  par 
les  matérialistes. 

»  Dans  quelle  disposition  d'es|)rit  me  trouvai-je  alors? 
»  Elle  était  fort  naturelle  d'après  l'étude  que  j'avais  faite  des  doctrines 
philosophiques  du  xvill*  siècle,  au  point  de  vue  de  la  liberlé,  de  la  morale 
et  de  Yculeiulement;  en  me  montrant  la  faiblesse  de  l'esprit  humain,  elle  me 
conduisit  à  douter  fort  du  mien;  conclusion  du  reste  en  parfait  accord 
avec  mon  éloignement  de  plusieurs  choses  que  bien  des  honunes  recher- 
chent avec  ardeur. 

»  Dans  cette  disposition  d'esprit,  il  est  naturel  qu'en  me  livrant  exclu- 
sivement à  la  science  pour  connaître  la  vérité,  je  devais  avoir  un  goût  pro- 
noncé pour  la  méthode  et  y  attacher  une  importance  d'autant  plus  grande, 
que  l'étude  et  la  réflexion  m'avaient  éclairé  davantage,  je  le  répète,  sur  la 
faiblesse  de  mon  esprit.  La  conscience  de  cette  faiblesse,  en  me  faisant  sen- 
tir la  nécessité  de  me  rendre  un  compte  aussi  fidèle  que  possible,  de  la 
manière  dont  il  procédait  pour  arriver,  sinon  à  l'absolu,  du  ujoins  à  une 
grande  probabilité,  me  conduisit  à  définir  la  méthode  à  posteriori  expéri- 
mentale, telle  que  je  l'ai  fait  avec  précision  en  tirant  son  caractère  essen- 


(  9'^i  ) 
tiel  du  contrôle  t'X[)érimeiilal,  ou  d'un   raisonneuieiit   rigoureux,   (|ua!ul 
l'expérience  n'est  pas  possible. 

»  Est-ce  être  présomptueux  de  croire  que  les  personnes  qui  l'étudie- 
ront  dans  les  écrits  que  j'ai  consacrés  à  sa  définition  et  à  sa  généralité  ne 
la  jugeront  pas  être  une  émanation  de  la  inélapliysiqiie  indienne. 

»   Quelle  est  In  première  conséquence  de  celte  méthode? 

»  C'est  de  se  livrer  à  la  recherche  de  la  cause  immédiate  d'un  phénomène, 
qu'aujourd'hui  j'ose  dire  quelconque,  tant  à  mou  sens  la  méthode  a  de  gé- 
néralité. 

»  C'est  lorsque  l'induction  suscitée  par  l'observation  vous  a  conduit  à 
cette  cause  immédiate,  que  vous  la  soumettez  au  contrôle  de  l'expérience,  ou 
d'un  raisonnement  précis  et  rigoureux  qui  en  tient  heu  si  elle  n'est  pas 
possible,  afin  de  savoir  si  la  cause  immédiate  à  laquelle  vous  avez  attribué 
le  j)hénomène  observé  est  démontrée  exacte. 

»  On  conçoit  comment,  en  procédant  ainsi  sans  s'égarer,  les  connais- 
sances s'élèvent  en  même  temps  que  les  causes  prochaines  se  découvrent  et 
se  multiplient,  de  sorte  que  les  phénomènes  étant  supposés  sur  un  plan 
horizontal,  les  causes  immédiates  étant  représentées  par  des  verticales  au 
plan,  les  progrès  des  connaissances  sont  indiqués  par  des  degrés  pris  sur 
ces  lignes;  les /jro^rrès  sont  donc  ascendants. 

n  Dans  les  figures  graphiques  de  la  méthode  à  priori,  la  cause  première 
est  à  l'extrémité  snpérieine  de  la  verticale  et  les  causes  secondes  au-dessous. 

»  Si  une  telle  figure  a  une  signification  exacte,  ce  n'est  que  pour  l'en- 
seignement d'un  sujet  parfaitement  élucidé,  qui  a  été  réduit  en  corps  de 
doctrine  comparable  à  un  sujet  mathématique  dont  toutes  les  proposi- 
tions coordonnées  ont  été  subordonnées  en  partant  de  la  plus  générale,  et 
descendant  ensuite  à  celles  qui  en  découlent,  et  en  observant  d'aller  tou- 
jours du  général  à  ce  qui  l'est  le  moins. 

»  Mais  quand  il  s'agit  de  représenter  la  marche  de  l'esprit  dans  des  re- 
cherches du  ressort  du  concret,  il  n'y  a  que  la  mélliode  a  posteriori  expé- 
rimentale qui  soit  vraie.  Vouloh-,  dans  le  cas  dont  nous  parions,  la  rem- 
placer par  la  méthode  à  priori,  serait  une  pétition  de  principe  qui  a  été 
avancée  pourtant  par  un  homme  justement  célèbre,  de  Blainville  (i). 

»  La  méthode  A  POSTERIORI  expérimentale,  dont  le  caractère  essentiel  est 
le  contrôle  par  l'expérience  ou  par  un  raisonnement  rigoureux  qui  en  tient 


(i)   De  la   baguette  divinatoire,    du  pendule  explorateur   et   des    tables  tournantes  ,    par 
M.  E.  Chevreul;  Matlet-Baclielicr,  i854.  f'oii  p    i.j,  ao,  ni,  ■>■>.. 

123.. 


(    922    ) 

lien,  m'a  conduit  aux  ivsultats  suivants  dans  l'étude  des  pliénoniéiies  de 
la  vie  envisagée  au  point  de  vue  chimique. 

»  C'est  de  clierclier  si  le  |diénomène  observé  a  pour  cause  immédiate 
les  forces  qui  régissent  la  matière  hfute,  à  savoir;  rattraclion  moléculaire 
'comprenant  la  cohésion  et  l'atlinité),  la  chaleur,  la  huniére,  l'éleclricité,  le 
magnétisme  et  (ouïe  autre  force  à  laquelle  on  rattache  des  phénomènes 
i\\\  monde  nunéral,  ceux  par  exemple  qu'on  lapporte  aux  nclians  dites  île 
présent  e. 

»  Ce  n'est  qu'après  s'être  assuré  de  l'impossibilité  de  rattacher  les  phé- 
nomènes observés  à  ces  forces  cpii  régissent  le  monde  minéral,  qu'il  iaut 
en  chercher  tlu  ressort  exclusif  des  êtres  vivants. 

»  Je  pense  donc  comme  les  matérialistes  relativement  à  l'opporlunitéde 
connnencer  la  recherche  des  causes  des  phénomènes  de  la  vie  |)ar  celles 
qui  régissent  le  monde  minéral. 

»  Et  c'est  à  cette  pensée  que  je  dois  l'idée  d'avoir  donné  dans  l'écrit  de 
1837  une  application  des  jiliénoinèiies  de  /a  dëcolorntion  du  bleu  de  l^russe 
sous  l'influence  du  soleil  et  de  sa  recoin rnlion  dans  l'oinlire  sous  l  influence  de 
l'ox/gène,  avec  l'intention  de  faire  saisir  aux  jeunes  esprits  occupés  de 
l'étude  du  phénomène  de  la  vie,  l'avantage  de  commencer  leurs  recherches 
par  voir  s'il  est  possible  de  rattacher  la  cause  de  ces  phénomènes  aux  forces 
connues  de  la  matière  minérale;  et  voiLà  comment  j'ai  eu  recours  à  cette 
malencontreuse  étoffe  de  soie  teinte  en  bleu-Raymond,  et  comment  mon 
imagination  m'a  égaie  de  toute  voie  |)hilosophique,  et  comment  IM.  X.  m'a 
interdit  le  domaine  de  la  physiologie  chimi(|ue. 

M  J'avais  démontré  qu'une  étoffe  teinte  en  bleu  de  Prusse  se  décolore 
sous  l'influence  delà  lumière  en  perdant  du  cyanogène,  et  qu'à  l'ombre, 
sous  l'influence  de  l'oxygène  atmosphérique,  la  couleur  bleue  reparaît. 

»   Voilà  le  phénomène. 

»  Voici  V applicalion  à  une  hypothèse  conforme  au  précepte  de  chercher 
la  cause  immédiate  des  phénomènes  de  la  vie  a\anl  t(nit  dans  les  forces 
connues  de  la  natin-e  minérale. 

»  Un  être  vivant  est  su|)posé  avoir  un  licpiide  respiraloiie  coloré  en  hleu 
de  Prusse.  Ce  liquide  vient,  dans  des  organes  exposés  au  soleil,  sul)ir  l'ac- 
tion de  la  lumière.  Il  y  a  EXHALATION  <le  cyanogène  et  décoloration  du  li- 
quide. 

»  Ce  phénomène  est  immédiatement  suivi  dune  inspiration  é'oxycjène 
atmosphérique  qui  est  entraîné  par  la  circulation  hors  de  la  lumière;  il  se 
forme  alors,  pour  9  atomes  de  cyanure  blanc,  7  atomes  de  bleu  de  Prusse 


(  9^3  ) 
et   1   atome  de  sesquioxyile  de  fer,   lequel   peut  ensuite   être   sécrété   par 
quelque  organe. 

»  Enfin  le  liquide  coloré  revient  subir  de  nouveau  l'influence  de  la 
lumière,  etc. 

»   Voici  la  conséquence  de  riiypollièse. 

»  Un  spiritualiste,  prévenu  contre  les  liunières  des  sciences  du  concret, 
aurait  attribué  ce  phénomène  à  \a  force  dite  vitale. 

»  Tandis  que  j'aurais  dit  :  La  décoloration  du  liquide  sous  l'influence  de 
la  lumière  est  due  à  une  séparation  de  cyanogène,  et  la  recoloration  à  l'ao 
tion  de  l'oxygène. 

»  Mais,  au  point  de  vue  où  je  viens  de  me  placer,  la  réaction  matérielle 
expliquée  comme  je  viens  de  le  faire  ne  comprend  pas,  je  le  reconnais,  la 
cause  (le  l'action  émanée  de  l'organisation  même  du  corps  vivant. 

»  La  difficulté  d'expliquer  en  général  l'ensemble  des  phénomènes  qui 
s'accomplissent  dans  le  corps  vivant  m'a  fait  insister  fortement  sur  cette 
hypothèse  d'un  liquide  respiratoire  coloré  en  bleu  de  Prusse,  parce  qu'elle 
montre  que  l'explication  des  phénomènes  dont  la  cause  immédiate  est 
donnée  par  l'étude  des  forces  de  la  matière  brute,  ne  comprend  pas  des 
causes  d'un  ordre  plus  élevé  qui  dépendent  de  la  vie  même  ou  de  l'orga- 
nisation de  l'être  vivant. 

»  C'est  donc  ici  que,  me  séparant  absolument  des  matérialistes,  je  dis 
aux  spiritualistes  qui  voient  un  danger  à  suivre  la  voie  que  je  préconise 
.  connue  absolinnent  nécessaire  aux  progrès  des  sciences  relatives  aux  êtres 
vivants,  qu'ils  sont  dans  une  erreur  complète  en  ayant  cette  crainte,  et  que 
dès  lors  s'ils  exercent,  à  un  titre  quelconque,  une  influence  sur  l'enseigne- 
ment, ils  ne  doivent  point  empêcher  les  jeunes  esprits  de  s'y  engager,  ni  taxer 
de  matérialistes  les  savants  qui  s'y  sont  engagés,  ni  encore  ceux  qui  en 
sont  les  promoteurs;  et  les  raisons  que  j'ai  de  tenir  ce  langage,  je  veux  les 
exposer,  et,  en  le  faisant,  je  répondrai  en  même  temps  à  mon  critique, 
M.  X...  du  Courrier  français;  car,  en  parlant  d'une  amende  honorable  que 
j'aurais  faite  à  la  fui  de  mon  écrit  de  1837,  trop  tardive  à  la  vérité,  il  s'est 
complètement  trompé  en  reproduisant  mon  opinion  en  ces  termes  :  «  Il  a 
»  déclaré  (M.  Chevreul)  hautement  que  le  mystère  de  la  vie  ne  peut  s'e.xpli- 
»  (juer  que  par  une  harmonie  préétablie,  c'est-à-dire  par  une  force  particulière , 
»   inaccessible  à  l'expérience  du  poids  et  de  la  mesure.  » 

»  Effectivement  je  réponds  : 

»  D'abord,  que  ce  que  j'appelle  mystère  cesse  d'en  être  un  dès  qu'il  est 
expliqué  par  la  science. 


(924  ) 

»  Puis,  que  harmonie  préétablie  n'est  pas  une  expression  prise  dans  le  pas- 
sage cité  pour  cause,  mais  pour  l'effet  d'une  cause  suprême. 

»  Ensuite,  que  dans  ce  sens  je  n'ai  jamais  eu  l'idée  de  considérer  une 
force  particulière  unique,  ainsi  que  l'on  considère  la  force  ou  le  prin- 
cipe vital  comme  tnie  expression  scientifique.  A  mon  sens,  elle  n'a  qu'un 
sens  vague  et  vulgaire  pour  désigner  une  force  inhérente  aux  êtres  vivants 
et  étrangère  au  monde  minéral. 

)>  C'est,  au  reste,  ce  que  je  vais  développer. 

»  On  aurait  expliqué  tous  les  phénomènes  de  la  digestion,  de  la  circula- 
tion, delà  respiration,  de  l'assiinilation,  des  sécrétions,  etc.,  parles  sciences 
mécanique,  physique  et  chimique,  que  vraisemhlablement  nous  n'en  se- 
rions pas  beaucoup  plus  avancés  que  nous  ne  le  sommes  sur  la  cause  pre- 
mière de  la  vie. 

»  La  nature  des  forces  qui  produisent  immédiatement  les  effets  variés 
offerts  à  l'observation  par  les  êtres  vivants  n'est  pas  pour  moi  le  mystère 
de  la  vie, 

»  C'est  la  cause  de  la  coordination  entre  elles  de  toutes  les  forces  qui 
agissent  dans  l'être  vivant;  coordination  si  harmonieuse  que  In  graine  et 
l'œuf  vont  se  développer  en  accomplissant  une  succession  de  phénomènes 
remarquables  en  vertu  desquels  nous  voyons,  les  circonstances  du  monde 
où  nous  vivons  restant  les  mêmes,  les  formes  des  ascendants  reproduites 
dans  les  descendants  d'une  manière  régulière,  et  assurer  ainsi  la  conserva- 
tion, dans  l'espace  et  dans  le  temps,  d'une  multitude  extrême  des  formes 
spécifiques  les  plus  variées. 

»  Eh  bien!  ce  grand  fait  de  la  vie,  je  ne  puis  le  concevoir,  ce  qui  n'est 
pas  l'expliquer,  sans  le  rattacher  à  une  cause  première  intelligente!  et  ce 
sont  ces  effets  merveilleux  successifs,  toujours  les  mêmes,  qui,  rentrant 
dans  cette  harmonie  préétablie^  font  de  celle-ci  une  résultante  qui,  selon 
moi,  né  peut  être  l'effet  d'ini  hasard  aveugle,  et  cette  harmonie  préétablie, 
telle  que  je  la  reconnais,  est  eu  dehors  des  critiques  si  justes  que  Voltaire 
a  faites  de  l'abus  des  causes  finales,  lorsque  des  hommes  étrangers  à  toutes 
les  sciences  du  concret  ont  voulu  expliqiu^r  des  phénomènes  du  ressort  de 
ces  sciences  avec  des  causes  finales  qu'ils  subordonnaient  à  des  méthodes 
A.  PIUOHI. 

»  Je  lie  puis  trop  insister  sur  des  raisonnements  dont  aucun  n'est  en 
opposition  avec  la  méthode  \  I>0STERI0RI  expérimentale,  car  celle-ci  prescrit 
comme  précepte  que  l'explication  d'uii  effet  rattaché  à  sa  cause  immédiate 
soit  démontrée  vraie  avant  d'être  acceptée  par  une  science  sérieuse.  Je  )ie 


(  9^5  ) 
conçois  pas  autrement  l'intei  veution  de  la  méthode  dans  l'étude  de-,  phé- 
nomènes les  plus  compliqués  de  la  pliilosophie  naturelle,  ceux  de  la  vie. 
Mais  cette  rigueur  exigée  pour  admettre  des  coticlusions  des  recherches 
dont  je  parle  comme  positives  n'est  point  un  motif  de  prescrire  le  rejet  de 
conclusions  qui,  n'étant  point  encore  suffisamment  approfondies  pour 
recevoir  le  cachet  de  la  démonstration,  ont  une  grande  probabilité  en  leiu' 
faveur,  ou  si,  simples  conjectures,  elles  ont  une  grande  vraisemblance;  n)ais 
en  reconnaissant  la  réalité  des  avantages  de  la  publicité  donnée  à  des  pro- 
positions émanées  d'esprits  investigateurs,  comme  très-probables  ou  très- 
vraisemblables^  c'est  à  la  condition  expresse  qu'elles  seront  toujours  dis- 
tinguées des  propositions  qui  sont  revêtues  du  cachet  de  la  démonstration. 

»  Cette  distinction  faite  entre  la  proposition  démontrée,  la  proposition 
probable  et  la  proposition  simplement  vraisemblable  me  permet,  sans  sortir 
de  la  science  rigoureuse  telle  que  la  définit  la  méthode  a  POSTERIORI  expé- 
rimentale, de  faire  quelques  raisonnements  que  j'adresse  particulièrement 
aux  spiritualistes  qui  sont  disposés  à  repousser  la  tendance  scientifique  de 
commencer  la  recherche  des  phénomènes  de  la  vie  pour  essayer  de  les  rat- 
tacher aux  forces  de  la  nature  minérale;  et,  dans  un  sujet  aussi  sévère  et 
aussi  grave  que  celui  dont  je  parle,  on  me  permettra,  pour  prévenir  des 
critiques  analogues  à  celles  de  M.  X...  du  Courrier  français,  de  donner  plus 
de  précision  et  de  clarté  à  mes  idées,  en  m'aidant  d'une  comparaison  qui 
exclura,  je  l'espère,  désormais  toute  équivoque  sur  ma  pensée. 

»  Voici  un  monument  !  Le  génie  de  l'artiste  qui  l'éleva  brille  dans  foules 
les  parties  de  l'œuvre  mutuellement  dépendantes  les  unes  des  autres  :  l'har- 
monie est  partout  et  parfaite,  pas  une  bouche  qui  ne  proclame  la  gloire  de 
l'arlisle  ! 

»  Cette  admiration  ne  s'enquiert  pas  de  la  nature  des  pierres  de  l'édi- 
fice; peu  importe  qu'elles  soient  calcaires,  siliceuses  ou  magnésiennes; 
marbre,  grès,  granité  ou  porphyre. 

»  C'est  donc  la  pensée  intelligente,  le  génie  de  l'artiste  qui  a  inventé 
cette  forme  dont  la  beauté  cause  l'admiration  de  tous. 

1)  Eh  bien,  la  recherche  des  causes  immédiates  des  phénomènes  si  variés 
que  les  êtres  vivants  présentent  à  l'observation  du  savant  ne  conduit  qu'à 
une  connaissance  correspondante  à  la  nature  des  pierres  du  monument. 

»  Nous,  appréciateur  de  la  lenteur  des  procédés  de  ce  mode  d'inter- 
roger la  nature  vivante,  ne  voulant  pas  devancer  le  temps  pour  nous  ex- 
poser plus  tard  à  reculer  et  plein  de  foi  dans  le  progrès,  nous  ne  préten- 
dons pas  que  nos  travaux  soient  la  limite  de  la  science;  mais,  quelque 
petite  que  soit  la  hauteur  où  nos  effoils  l'aieul  élevée,  quelque  restreinte 


(  9^6  ) 
que  soit  l'étendue  du  champ  de  la  nature  organique  où  ils  ont  été  inces- 
sants, notre  esprit  a  été  entraîné,  non  malgré  lui,  non  en  obéissant  à  une 
imagination  fougueuse  el  déréglée,  mais  en  se  laissant  aller  à  une  contem- 
plation grave  et  pourtant  pleine  de  charmes,  noble  et  vraie  poésie  de  la 
science,  qui  l'a  porié,  par  la  loi  de  la  continuité  des  idées,  bien  au  delà  des 
limites  où  l'observation  rigoureuse  de  la  méthode  A  posteriori  expérimenlalc 
l'avait  arrêté.  Mais,  loin  de  se  soustraire  à  la  sévérité  de  la  méthode,  il  pen- 
sait liù  être  luièle  encore  en  contemplant  cet  ordre  auquel  chaque  être 
vivant  est  assujetti;  s'il  était  bien  alors  l'homme  qui  atlmire  l'œuvre  de  l'ar- 
chitecte, en  ne  contemplant  pourtant  que  la  forme  d'un  ensemble  de 
pierres  stables,  fixées  à  la  place  où  le  maçon  les  a  posées,  combien  la  ré- 
flexion élevait  ce  sentiment  d'admiration  lorsqu'elle  se  reportait  sur  les 
fonctions  dont  il  avait  pu  suivre,  par  l'observation  la  plus  sévère,  l'enchaî- 
nement et  la  succession  indispensables  aux  conditions  de  la  vie! 

»  Quelle  différence  entre  la  beauté  de  l'oeuvre  humaine  et  la  merveille 
de  cet  être  vivant!  quelle  variété  dans  les  formes  qu'il  affecte!  il  peut  être 
fixé  au  sol,  dans  l'air  et  dans  les  eaux!  il  peut  marcher,  ramper,  njsger, 
voler  dans  les  airs!  ses  parties  en  harmonie  entre  elles,  le  sont  elles-mêmes 
avec  les  conditions  du  milieu  où  la  vie  s'accomplit,  et  l'observation  des 
organes  intérieurs  de  l'être  vivant  est  aux  yeux  du  philosophe  un  spectacle 
incomparable  à  celui  de  la  vue  des  plus  belles  formes  de  l'art  humain. 
Toutes  les  formes  spécifiques  se  conservent  et  se  perpétuent;  le  mouve- 
ment est  partout  dans  l'être;  la  matière  s'y  renouvelle  incessamment, 
et  la  vie  ne  l'anime  qu'à  cette  condition.  Ce  mouvement  intérieur,  com- 
inenraul  avec  sa  vie  et  ne  finissant  qu'à  sa  mort,  jîréseiite  un  spectacle 
sublime  auquel  rien  n'étant  comparable  dans  les  œuvres  humaines,  con- 
duit l'observateur  à  cette  conclusion  que  l'être  vivant,  dépassant  tout  le 
savoir  humain,  n'a  pu  être  imaginé  et  créé  que  par  une  PUISSANCE  divine. 

»  Le  raisonnement  est  rigoureux,  tandis  que  le  contraire  ne  l'est  pas. 
Spiritualistes  timorés,  crovez-moi,  ne  craignez  pas  que  l'étude  sérieuse  de 
la  matière  vivante  conduise  jamais  au  matérialisnu'! 


»  Je  continuerai,  dans  une  troisième  partie,  ma  réponse  CATÉGORIQUE  à 
M.  Freiny,  en  partant  de  l'écrit  de  1837  el  de  son  complément  de  1870  (1). 

»  Conformément  au  principe  qui  devait  servir  de  base  à  mon  second  Rap- 
port, principe  énoncé  dans  l'écrit  de  i  837,  après  en  avoir  tiré  la  conséquence 
exposée  explicitement  dans  le  complément  de    1870,  j'appliquerai  les  rai- 

(1)   C'im/Jte  rendu  de  la  séance  du  \\  novembre  1870.  t.  LXXI.  p.  635. 


(  9^7  ) 
sonnenients  déduits  de  la  raison  pourquoi  l'aliment  de  l'homme  et   des 
animaux  supérieurs  doit  être  complexe,  à  l'examen  de  la  qualité  alimen- 
taire du  carlilacje,  du  parenchyme,  de  l'osséine,  relativement  à  la  gélatine. 

»  Je  rappellerai  comme  conclusion  que  Proust,  l'inventeur  du  bouillon 
d'os  au  double  titre  de  la  science  et  de  l'application,  en  a  été  le  juste  appré- 
ciateur, relativement  au  bouillon  de  viande. 

»  Et  conformément  à  ces  considérations,  je  parlerai  du  jugement  de 
M.  Fremy,  sur  le  second  Rapporl  et  de  la  liberté  des  discussions  acadé- 
miques. 

»  Je  communiquerai  deux  Lettres  de  Félix  D'Ârcet,  qu'il  m'a  écrites 
de  Rio-Janeiro.  Elles  seront  la  meilleure  preuve  que  ma  conduite  a  été  irré- 
prochable avec  D'Arcet,  le  père  de  Félix.  Conséquemment,  si  M.  Fremy, 
auquel  je  demandais  de  ré[)ondre  oui  ou  non,  à  la  question  desavoir  s'il  avait 
fait  allusion  à  un  incident  particulier  de  la  Commission  de  la  gélatine,  qui 
me  concernait,  m'avait  répondu  nnti ,  jamais  je  n'aurais  produit  devant 
l'Académie  les  Lettres  de  Julia  de  Fonlenelle  et  le  billet  de  D'Arcet  imprimés 
dans  la  seconde  partie  de  cet  écrit.  » 

BALISTIQUE.  —  IVote  sur  les  effets   de  la  pénëli^alion  des  projectiles  dans  les 
parties  molles  et  les  parties  fibreuses  ou  solides  du  corps  humain;  par  M.  le 

GÉNÉRAL  MORIN. 

«  A  l'issue  de  la  séance  de  lundi  dernier  12  décembre,  notre  confrère 
M.  Laugier  m'ayant  fait  l'honneur  de  m'adresser  quelques  questions  sur 
les  effets  que  noiis  avions  eu  l'occasion  d'observer,  MM.  Piobert,  Didion 
et  moi,  lors  des  expériences  que  nous  avons  exécutées  sur  la  pénétration 
des  projectiles  dans  les  corps  solides  ou  mous,  j'ai  élé  conduit  à  revoir 
les  Rapports  que  nous  rédigeâmes  à  cette  époque  éloignée,  et  j'ai  pensé 
qu'il  ne  serait  peut-être  pas  inutile  d'en  rappeler  quelques  passages,  qui 
peuvent  jusqu'à  un  certain  point  aider  à  l'explication  des  phénomènes 
complexes  que  présentent  les  plaies  faites  par  les  armes  à  feu. 

»  Parmi  ces  expériences,  les  plus  remarquables  peut-être  sont  celles  que 
nous  exécutâmes  sur  la  pénétration  des  projectiles  dans  des  terres  argi- 
leuses [)Uis  ou  moins  molles,  et  pour  lesquelles  des  dispositions  et  des  pré- 
cautions spéciales  avaient  été  prises. 

))  Dans  un  coffrage  de  5  mètres  de  largeur,  5  mètres  de  piofondeur  et 
2"',3o  de  hauteur,  on  avait  placé  de  la  terre  argileuse ilc  Saint-Julien,  près 

C.  R.,  1870,  2"  Semestre.  (T.  LXXl,  N»  2G.)  1  ^4 


(  92B  ) 
fie  Metz.  Cette  terre,  bien  damée  et  moyeiiiiemenl  huniide,  était  conleinie 
antérieiirenienl  i)ar  des  voliges  minces  que  Uaversaietit  Ifs  projectiles,  qui 
ont  été  des  bonlets  de  12  et  de  a/j- 

))  Après  chaque  coup,  on  relevait  de  suite  les  dimensions  d'une  partie 
du  vide  formé  dans  la  terre,  puis  l'on  achevait  ce  relèvement,  après  chaque 
série  de  coups,  en  enlevant  la  terre  avec  précaution,  et  en  découvrant  ainsi 
toute  la  longueur  du  vide. 

»  Cette  opération,  exécutée  avec  soin,  a  d'abord  fait  constater  un  effet 
remarquable:  c'est  que  «  aussitôt  après  le  passage  du  prejectilc,  la  terre, 
»  d'abord  lancée  normalement  à  sa  surface,  revient  sur  elle-même,  et  que 
»  les  dimensions  de  vide  diminuent  notablement,  dans  un  rapport  qui  a 
»  été  trouvé  moyennement  égal  à  celui  de  100  à  85.  »  L'argile  plasticpie, 
même  humide,  est  donc  douée  d'une  certaine  élasticité. 

»  Observation  xiir  le  mode  de  formation  <h:  ce  vide.  —  ....  L'inlcrieur  ])rcsentc  une  surface 
fendillée,  crevassée  et  sillonnée  clans  le  sens  du  mouvement  ilu  piojeclile.  On  voit  (pie  toutes 
les  parties  touchées  par  ce  coips  ont  été  lancées  dans  des  directions  normales  à  sa  surface, 
et  que  le  contour  de  la  surface  cylindrique  du  canal  engendré  par  le  jjrojectile  s'est  déchire 
et  crevassé.  En  mesurant  à  diverses  distances  de  l'entrée  le  contour  total  du  |)iofil  perpen- 
diculaire à  l'axe  du  vide,  et  en  faisant  la  somme  des  parties  ou  tles  petits  arcs  cpii  portaient 
des  traces  évidentes  de  leur  contact  avec  le  projectile,  on  a  constaté  que  la  somme  de  ces 
parties  touchées  était  constante  et  égale  à  la  circonférence  «le  ce  corps. 

»  Ces  faits  montrent  que  c'est  en  projetant  dans  des  plans  méridiens  les  divei's  éléments 
auxquels  il  communique  une  portion  de  sa  vitesse,  que  le  boulet  produit  des  impressions 
évasées,  dont  la  forme  doit  alors  dé|iendre  de  cette  portion  de  sa  vitesse  et  de  la  mobilité 
<juc  les  molécules  du  milieu  sont  susceptibles  d'actpiérir.  « 

»  L'on  conçoit  facilement  quels  désordres  de  semblables  effets  de  déchi- 
rement, de  projection  et  de  compression  doivent  produire  dans  des  corps 
organisés,  tels  cpie  les  chairs,  quand  elles  sont  traversées  par  des  projec- 
tiles. 

»  f^a  chaletn- transmise  j)ar  le  projectile,  pendant  son  passage,  aux  élé- 
ments de  la  terre  qu'il  touche  est  telle,  que  cette  argile  est  en  partie  cuite; 
en  pénétrant  dans  des  parties  charnues,  elle  pourrait  donc  parfois  occasion- 
ner un  commencement  de  brûlure. 

»  Tous  les  résultats  des  expériences  doiil  on  parle  ici  ont  été  l'objet  de 
recherches  théoriques,  en  partant  de  l'hypothèse,  basée  sur  quelques  expé- 
riences spéciales  antérieures,  que  la  résistance  des  tnilieux  solides  ou  mous 
à  la  pénétration  des  projectiles  est  proportionnelle  :  1"  à  l'aire  du  gratu! 
cercle  du  projectile;  2"  à  un  fadeur  composé  de  deux  termes,  l'un  constatil 
et  r.'iutre  propijrlioiuiel  au  carré  de  la  vitesse. 


(  929  ) 

»  L'nnalyse  nous  a  conduits  à  la  détermination  de  l'équation  de  la  courbe 
génératrice  du  vide  de  l'iiiipression,  cjui  est  une  logarithmique.  Or,  en  com- 
parant les  ordonnées  de  ce! te  courbe  théorique,  qui  sont  les  diamètres  de 
l'entonnoir  à  différentes  distances  de  son  extrémité,  avec  les  diamètres 
réels  relevés  sur  le  vide  lui-même,  on  a  obtenu  les  résidtats  dont  on  met 
la  minute  originale  sous  les  yeux  de  l'Académie.  Par  la  coïncidence  et  la 
forme  générale  des  courbes  théoriques  et  des  résultats  des  relèvements,  on 
constate  avec  évidence  la  confirmation  de  l'hypothèse  admise  comme  base 
des  calculs. 

»  r,e  tableau  suivant  donne  une  idée  des  distances  auxquelles  pouvait 
s'étendre  la  projection  de  la  matière  plastique  sur  laquelle  on  opérait,  et 
quelques  indications  sur  ce  que  peut  produire  l'introduction,  dans  lai  corps 
organisé,  d'un  projectile  animé  d'une  grande  vitesse. 

Bntdct  lie  24,  tiré  à  la  cluirgc  de  moitié.  Vitesse  initiale,  5'j5  mètres. 

Distance    à    l'entrée  ,„  „,            ,„  „,           „,           „           m           m           m           m 

de  l'entonnoir.  .  .  0,000  o,5oo   1,000  i,5oo  2,000  2,5oo  3, 000  3,5oo  4,000  4;50o 

Dianièlre    du      vide 

l'orMié 0,749  0,(^20  o,5ii  0,433  0,342  0,287  0)237  o,i9()  0,162  o,i5o 

»  Outre  ces  effets  de  projection  des  parties  touchées  par  le  projectile  à 
des  distances  d'autant  plus  grandes  que  la  vitesse  d'arrivée  est  plus  consi- 
dérable, nous  avons  aussi  eu  l'occasion  de  constater,  en  i834  (i),  que, 
dans  la  pénétration  des  projectiles  dans  les  milieux,  il  se  forme,  en  avant 
de  leur  surface,  une  sorte  de  proue  analogue  à  celle  dont  Dubuat  a  signalé 
le  premier  l'existence  pour  les  liquides,  et  que  M.  Tresca  a  récemment  re- 
connue aussi  pour  les  solides.  On  lit  en  effet,  dans  le  Rapport  que  nous 
adressâmes  alors  au  Ministre  de  la  Guerre,  les  détails  suivants  : 

»  L'observation  attentive  du  milieu,  près  de  l'extrémité  du  lion,  a  ("ait  découvrir  la  for- 
mation graduelle,  pendant  le  mouvement  du  boulet,  d'une  calotte  <|u'il  pousse  en  avant  et 
qui  lui  sert  ù  écarter  latéralement  1rs  molécules  qui  s'opposaient  diiectement  à  son  passage. 
Ce  mouvement,  combiné  avec  la  résistance  que  ces  molécules  éprouvent  de  la  part  de  celles 
sur  lesquelles  elles  sont  refoulées,  les  force  à  se  diriger  du  coié  où  cette  résistance  est  la 
plus  faible,  et  qui  est  évidemment  le  vide  déjà  formé  en  arrière  du  pi'ojectile. 

»  Ces  calottes,  coupées  suivant  un  plan  méridien,  indiquent  souvent,  par  des  nuances 
différentes,  les  diverses  couches  dont  elles  sont  formées.  La  partie  la  plus  rapprochée  du 
boulet  est  une  sorte  de  cône  Irès-aplati,  composé  de  la  matière  formant  la  première  couche 
traversée  par  le   projectile.  Elle  est  entièrement  recouverte  par  une  deuxième  couche  for- 

(1)  Premier  et  seeuiid  Rapports  île  la  Commission  des  principes  du  tir  ;  lithograhiés;  l834; 
p.  39. 

124.. 


(  93o  ) 

mant  un  cône  un  peu  moins  aplati,  s'étcndant  jusqu'au  boulet,  et  composé  <le  la  matière 
(l'une  tranche  postérieure  à  la  première,  et  ainsi  de  suite  :  de  sorte  que  les  cônes  qui  s'en- 
veloppent successivement  sont  d'autant  plus  aigus  que  la  vitesse  du  projectile  devient 
moindre,  quand  il  a  traversé  la  couche  correspondante. 

»  Sans  pousser  plus  loin  cette  citation,  on  coinpiendra  de  suite  com- 
ment la  formation  d'une  semblable  proue  conique,  aux  dépens  de  couches 
successives  de  la  matière  traversée,  doit  occasionner  des  déchirements  dans 
des  masses  charnues  :  l'entraînement  des  fraguients  de  vêtements,  d'équi- 
pement, que  l'on  rencontre  souvent  dans  les  plaies,  est  dû  à  des  effets  de 
ce  genre. 

»  Les  faits  d'observation  que  l'on  vient  de  rapporter  ne  sont  relatifs 
qu'à  des  terres  argileuses  plus  ou  moins  molles,  qui  n'ont  pas  une  analogie 
complète  avec  les  tissus  charnus,  lesquels  sont  à  la  fois  plastiques  et  fi- 
breux. Aussi  ne  peuvent-ils  jeter  qu'une  hnnière  fort  indirecte  sur  les  effets 
observés  dans  les  plaies  d'armes  à  feu,  et  il  me  paraît  utile  de  faire  con- 
naître aussi  succinctement  ce  que  nous  avons  pu  observer  sur  le  percement 
des  corps  fibreux,  et  en  particulier  des  bois,  par  les  projectiles. 

»  Effets  du  choc  des  boulets  en  fonte  contre  le  plomb.  —  Mais,  aiq)aravant, 
il  n'est  peut-être  pas  iinitile  de  rappeler  aussi  que  des  effets  tout  à  fait 
analogues  se  produisent  quand  des  corps  ductiles  sont  choqués  et  pénétrés 
par  des  projectiles. 

»  Le  plomb  nous  en  a  offert  des  exemples  remarquables,  dont  nous 
allons  chercher  à  donner  succinctement  une  idée  par  la  citation  de  quel- 
ques fragments  du  Rapport  que  nous  adressâmes  en  i834  au  Ministre  de 
la  Guerre  (i). 

«  Un  bloc  de  ploml),  à  peu  près  cubique,  de  o'",  (io  sur  o"',6o  à  la  base  et  de  o'",65 
de  hauteur,  pesant  3ooo  kilogrammes,  a  été  coulé  à  l'arsenal  de  Metz  et  disposé  pour  le  tir 
au  polygone.  Les  bouches  à  feu  employées  étaient  des  canons  de  siège  de  24,  et  un  canon 
de  8  de  campagne. 

»  Les  projectiles  ont  été  tirés  à  des  vitesses  comprises  entre  190  et  38o  mètres.  En  péné- 
trant dans  le  plomb,  ils  y  déterminèrent  une  ouverture  plus  large  que  leur  diamètre,  et  qui 
en  a  élé  parfois  plus  que  le  double.  Le  contour  primitif  de  ce  vide  est  poussé  d'avant  en 
arrière;  il  se  déchire  et  forme  une  bordure  dentelée,  striée  et  découpée,  régulière  cl  d'un 
aspect  brillant  fort  agréable  à  l'œil,  dont  on  ne  peut  luiciix  donner  une  idée  (|u'en  la  compa- 
rant à  l'enveloppe  de  feuilles  d'acanthe  qui  orne  le  cliai)iteau  des  colonnes  d'ordre  corin- 
thien. 


(i)  Premier  et  second  R/ipj>(>rls  rlo  l/i  Conimisiinr/  des  principes  du  tir,  i834-  lithographies, 
p.  89  et  suiv. 


(  93'   ) 

»  Aux  vitesses  de  265  mètres  et  plus  en  i  seconde,  le  boulet  se  fend  dans  le  plomb;  à 
celles  de  280  inètrts,  il  s'est  brisé  en  nn  grand  nombre  de  fraynunts  qui  ont  donné  an  vide 
à  l'intérieur  une  forme  tout  à  fait  irrégniière.  » 

«  Mais,  malgré  ces  accidents  do  rupture,  et  quelque  biz.irres  qu'ils  aient 
été,  on  a  toujours  constaté  que  le  voliiii;e  dti  vide  ftuiné  élait  proportion- 
nel à  la  force  vive  du  projectile,  conloruiéinent  aux  principes  de  la  mé- 
canique. 

»  Lorsque  le  boulet  ne  se  brise  pas  en  fragments  nombreux  et  qu'il  est 
en  fonte  dotice,  sa  surface  antérietire  se  déprime  sur  une  zone  annulaire 
plus  ou  moins  large,  qui  présente  une  série  d'empreintes  creuses,  circu- 
laires, concentriques,  dans  lesquelles  du  plomb  s'est  incrusté.  Le  méial  le 
plus  dtu-  s'est  donc  non-seulement  brisé,  mais  encore  sa  forme  générale  a 
été  altérée,  et  sa  surface  a  été  en  quelque  sorte  guillochée  sur  inie  certaine 
étendue. 

«  Ces  effets  de  déformation  des  corps  cboquants  ont,  comme  on  le  sait, 
leius  analogues  dans  le  choc  des  projectiles  en  plomb  contre  des  surfaces 
ossetises. 

»  Pénélralion  des  projecliles  dans  le  bois.  —  Dans  les  expériences  siu"  la 
pénétration  des  projectiles  dans  le  bois,  dont  je  veux  seulement  rapporter 
les  circonstances  qui  peuvent  avoir  quelque  rapport  avec  les  effets  des 
armes  sur  les  tissus  fibreux,  les  pièces  en  cliéne  de  Lorraine,  de  qualité 
ordinaire,  étaient  très-saines;  leurs  dimensions  variaient  du  petit  au  [«lus 
fort  échantillon  entre  o™,  4o  et  o",  70.  Le  sapin  des  Vosges  était  de  qualité 
médiocre. 

»  Les  effets  de  pénétration  ont  présenté  des  différences  notables  dans  les  deux  espèces  de 
bois  soumises  au  tir.  Le  chêne  se  laisse  moins  pénétrer  que  le  sapin,  et  ne  présente  sur  le 
trajet  du  projectile  qu'un  vide  à  peine  siiflisant  jjour  y  introduire  la  sonde,  même  pour  le 
calibre  de  24  (de  o"',  i5  de  diamètre).  Les  libres  se  déjdacent  laléralement  et  se  resserrent 
après  le  passage.  Dans  le  sapin,  au  contraire,  toutes  les  fibres  choquées  sont  à  peu  près 
rompues.   » 

i>  Des  flexions,  des  extensions,  des  déchirements  analogues  des  fibres 
charnues  doivent  se  combiner  avec  les  effets  de  projection  signalés  plus 
haut. 

»  Mais  quand,  au  lieu  de  s'arrêter  dans  le  corps  ot'i  ils  ont  pénétré  et 
d'y  perdre  toute  leur  vitesse,  les  projectiles  les  traversent,  oti  comprend 
facilement  qtie  ces  effets  de  projection  des  parties  touchées  doivent  déter- 
miner à  l'orifice  de  sortie  un  élargissement  et  des  déchireitients  plus  ou 
moins  considérables. 


(  932  ^ 

»  C'est  ce  que  l'on  a  leinnrqué  clans  toutes  les  expériences  de  pénétra- 
tion sur  les  terres,  les  bois  et  les  métanx.  quand  le  milieu  a  été  traversé,  et 
ces  effets  sont  assez  dangereux  pour  que  dans  les  bâtiments  en  bois,  recou- 
verts de  cuirasses  en  fer,  la  marine  anglaise  ait  cru  nécessaire  d'introduire 
une  chemise  intérieure  eu  fer  destinée  spécialement  à  arrêter  les  éclats  de 
bois. 

»  A  l'inverse,  l'élasticité  de  l'épiderme  et  la  compressibibté  des  parties 
charnues  (ju'olle  recouvre  lui  permettent  souvent,  après  qu'elle  a  cédé  le 
passage  au  projectile,  de  revenir  sur  elle-même  et  de  ne  présenter  qu'ini  ori- 
fice plus  petit  que  le  diamètre  de  ce  corps. 

»  Choc  des  projectiles  contre  des  corps  solides.  —  Dans  ce  cas  aussi,  les  ef- 
fets que  nous  avons  observés  ne  sont  peut-être  pas,  pour  quelques-uns  du 
moins,  sans  une  certaine  analogie  avec  les  blessures  faites  par  des  aimes  à 
feu. 

»  A  grande  vitesse,  les  projectiles,  même  très-mous,  peuvent  traverser 
les  parties  osseuses  beaucoup  ])his  dures,  en  y  opérant  un  découpage 
presque  régulier,  analogue  à  l'effet  d'un  emporte-pièce,  et  sans  produire  au 
loin  d'autres  lésions. 

»  Si  la  vitesse  est  moindre,  ils  brisent  l'os  en  fragments  plus  ou  moins 
nombreux,  et  peut-être  se  produit-il  quelquefois,  en  ties  points  éloignés  de 
celui  qui  a  été  touché,  des  ruptures  dont  ils  sont  la  cause  difficile  à  recon- 
naître. Nous  avons  fréquemment  observé,  sur  des  pièces  en  fonte  d'une 
assez  grande  longueur,  que  les  vibrations  imprimées  par  le  choc  détermi- 
naient à  plus  d'un  mètre  de  distance  du  point  touché  la  rupture  de  solides 
très-épais.  Dans  le  cas  des  blessures  par  armes  à  feu,  les  circonstances  de 
l'accident,  l'âge  et  la  constitution  du  sujet  doivent  avoir  une  influence  con- 
sidérable sur  les  effets  produits. 

»  Le  choc  d'un  corps  solide  contre  un  autre  produit  des  [)liénomènes 
différents,  selon  que  l'un  ou  l'autre,  ou  tous  les  deux,  sont  pleins  ou  creux. 

))  S'ils  sont  pleins  et  sphériques  comme  les  boulets,  celui  qui  est  choqué 
est  presque  invariablement  brisé,  et  laisse  un  noyau  de  la  forme  d'iuie  py- 
ramide à  cinq  faces  latérales  et  à  base  sphérique,  dont  le  sommet  seul  est 
déprimé. 

»  Si  celui  qui  est  choqué  est  creux,  et  que  le  choc  n'ait  lieu  qu'à  laible 
vitesse,  la  partie  touchée  de  la  surface  extérieure  est  légèrement  déprimée 
et  devient  la  plus  petite  base  d'une  sorte  de  cône  tron(|ué,  à  génératrices 
curvilignes  plus  ou  moins  régulières,  dont  la  base  intérieure  est  beaucoup 
plus  grande,  et  fpii  est  refoulé  dans  l'obus. 


(  9^3  ) 

»  Des  effets  analogues  ne  peuvent-ils  pas  se  produire  dans  le  cas  des 
lésions  produites  par  des  armes  à  feu  dans  quelques  parties  du  système 
osseux,  et  donner  lieu  à  des  accidents  graves? 

»  Je  ne  sais  si  les  faits  que  je  viens  de  rappeler,  et  dont  l'observation 
remonte  à  i833  et  i834,  pourront  jeter  quelque  jour  sur  les  effets  com- 
plexes qui  se  produisent  dans  les  blessures  faites,  par  des  armes  à  feu,  dans 
les  parties  charnues  et  osseuses  du  corps  humain.  Je  les  livre  avec  réserve 
à  l'appréciation  des  hommes  de  l'art,  et  je  n'en  ai  entretenu  l'Académie 
que  par  suite  ties  questions  que  m'avaient  adressées  lundi  dernier  mon  ho- 
norable confrère  M.  Laugier.  » 

«  M.  Roiiijx,  par  suite  de  la  lecture  du  procès-verbal  de  la  précé- 
dente séance,  demande  la  permission  de  rectifier  une  indication  inexacte 
qu'il  a  remarquée  trop  tard  dans  le  titre  de  sa  Note  sur  le  procédé  employé 
par  les  Indiens  Téles-plates  pour  utiliser,  au  |irofit  de  l'alimenfalion,  la 
matière  grasse  contenue  dans  les  extrémités  des  os  longs  d'animaux  herbi- 
vores. C'est  par  inadvertance  que,  dans  ce  titre,  de  même  que  dans  le  texte, 
vingt  lignes  plus  bas,  le  produit  obtenu  des  os  du  TVapili  déjà  vidés  de  leur 
moelle  est  désigné  sous  le  nom  d'huile;  dans  l'ouvrage  original  quia  fourni 
ce  renseignement,  il  n'est  question  que  d'une  graisse  fluide  [Comptes  i-endus, 
p.  877,  1.  2).  L'indication  même  eût  été  moins  précise,  qu'on  aurait  eu  des 
motifs  suffisants  pour  penser  que  la  substance  obtenue  des  os  du  Cervus 
sh'on(jylocero&  n'avait  point  les  caractères  physiques  d'une  huile  proprement 
dite. 

»  M.  Piiche,  dans  l'intéressante  Communication  qu'il  a  faite  à  l'Aca- 
démie (séance  du  5  décembre)  remarquaif,  p;>ge  812,  qu'on  avait  observé 
récemment  que  «  les  graisses  de  cheval  mêlées  aux  graisses  de  bœuf  et  de 
mouton  rendent  celles-ci  plus  fluides  »  :  c'est  ce  qu'aurait  pu  prédire  Aris- 
lote  qui,  dans  son  Histoire  des  animaux,  livre  III,  chap.  xvii,  a  eu  roccasion 
d'insister  sur  la  difiérence  que  présentent,  au  point  de  vue  de  la  consi- 
stance, les  corps  gras  suivant  qu'ils  proviennent  de  Ruminants  ou  de  Pa- 
chydermes (i),  distinguant  même  chaque  sorte  par  un  nom  particulier.  » 

(i)  «  Il  y  a,  dit-il,  une  disU'nction  f|ue  l'on  doit  faire  entre  la  i;raisse  tliiide,  irifaXti,  et 
la  graisse  solide,  <rlix^;  celle-ci  est  cassante  en  tous  sens,  et,  après  avoir  été  li(|ue(iée  |>ar 
l'action  de  la  chaleur,  durcit  en  se  refroidissunt,  ce  qui  n'arrive  point  à  l'autre.  Ainsi,  quand 
on  fait  un  bouillon  de  chair  do  cheval  ou  de  i)orc,  la  {graisse  (jui  moule  à  la  surface  n'y  loiine 
point,  (|uand  on  la  laisse  lefroidir,  une  croule  dure,  comme  c'esl  le  cas  pour  le  bouillon  de 
chair  de  chèvre  ou  de  brebis.   « 

Ce   passage,  qui  est  très-clair  dans  l'original,  devient  pres<iue   inconipréliensiblc  dans  la 


(  934  ) 

MÉÎ^IOÏRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE.  —   Recherches  mir  rétat  solide.  Mémoire  de  M.  J.  Moutier. 

(Extrait  par  l 'Auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Combes,  Bertrand,  H.  Saiule-ClaireDeville.) 

«  M.  Clausius  a  montré  récemment  (i)  que,  dans  le  mouvement  slation- 
naire  d'un  système  quelconque  de  points  matériels,  la  force  vive  moyenne 
(In  système  est  écjale  à  son  viriel.  Le  viriel  se  compose  de  deux  parties  :   le 


traduction  française  dp  Camus  qui,  vouLint  rendre  chacun  des  deux  mots  grecs  par  un  seul 
mot  (VançMis,  a  traduit  ïIeïç  par  axongc  que  l'usage  a  restreint  à  la  seule  graisse  de  porc, 
mais  qu'il  eût  pu  étendre  sans  trop  d'impropriété  à  celle  du  cheval,  tandis  que  pour  les  deux 
Ruminants  dont  il  s'agit  il  avait  à  sa  disposition  le  mot  sitif(.[ni  eût  été  très-convenable;  c'est 
même  celui  qu'emploie  l'auteur  de  la  Relation  du  Voyage  de  Lewis  et  Clarke.  {.4  pint  qf 
grease  siipeiior  to  tlie  tallow  ilulf  of  thc  aniiiml.)  Le  nom  par  lequel  la  désignaient  les  voya- 
geurs ne  les  cm])èchait  pas  de  la  trouver  bonne  à  manger,  et  longtemps  elle  n'eut  pas  ])our 
eux  d'autre  usage;  mais,  plus  tard,  ils  ne  furent  pas  embarrassés  pour  lui  en  trouver  un 
autre  :  dans  le  cours  de  leur  longue  station  d'hiver  sur  la  côte  du  Pacilique,  la  ))rovision  de 
chandelles  qu'ils  avaient  faite  au  moment  du  départ  s'élant  éjiuisée,  ils  la  renouvelèrent 
(comme  cela  est  dit  dans  le  journal  à  la  date  du  7  janvier  180G)  avec  la  graisse  du  AVapiti; 
celle  du  cheval,  s'ils  avaient  été  réduits  à  s'en  servir  pour  l'éclairage,  n'eût  été  bonne  qu'à 
entretenir  des  lampes  comparables  à  celles  des  Esquimaux,  qui  les  allument  d'ailleurs  moins 
pour  éclairer  que  pour  chauffer  l'intérieur  de  leurs  huttes  et  ])our  préparer  leurs  aliments. 

Revenant  au  passage  d'Aiistote  sur  les  deux  sortes  de  graisses,  j'ai  ù  peine  besoin  de  dire 
(]u'on  n'y  trouve  |)oitit  le  mot  Pnchyclerme,  (|ui  est  tout  moderne,  et  pour  lequel  il  eût  tiouvé 
sans<loute  un  meilleur  équivalent.  Cependant,  quand  on  le  voit  rap|MOcher,  comme  il  le  fait 
ici,  deux  types  en  apparence  aussi  dissemblaldes  que  ceux  des  genres  cheval  et  roc/ion,  on 
ne  peut  guère  se  refuser  à  croire  qu'il  les  considérait  comme  appartinaut  à  un  même  Ordre. 
Quant  à  l'Ordre  des  Rtuninnnts,  il  le  nomme  expressément,  y  faisant  entrer  tontes  les  es|)èces 
armées  de  cornes,  qu'elles  soient  persistantes  ou  caduques;  il  paraît,  à  la  vérité,  craindre 
d'y  réunir  le  genre  si  aberrant  des  Chameaux,  mais  il  n'en  indique  pas  moins  les  caractères 
communs  aux  deux  groupes,  tels  que  l'absence  d'incisives  à  la  mâchoire  siq^'i-ieiire,  l'estomac 
multiple  et  le  pied  bisulque,  dont  chaque  doigt  est  muni  de  son  sabot.  On  auia  probablement 
reuiarqiié,  dans  la  définition  qu'il  donne  du  suif,  l'expression  fragile  eu  tous  sens;  disons, 
en  finissant,  qu'elle  n'est  rien  moins  qu'inutile,  car  elle  montre  que  le  grand  naturaliste 
n'ignorait  pas  que  certaines  matières,  lorsqu'elles  se  solidifient  par  un  abaissement  de  tem- 
péralure,  prennent  un  arrangement  régulier  qui  les  dispose  à  se  fendre  en  un  sens  i>lntôt 
que  dans  un  autre,  taudis  que  le  suif,  lorsqu'il  s'est  figé,  n'a  rien  qui  ressemble  à  une  struc- 
ture cristalline,  et  se  rompt  suivant  le  sens  des  efforts  aiix()uels  il  est  soumis. 

(i)   Comptes  rendus,  I.  LXX,  p.  i3i5. 


(  935  ) 
viriel  intérieur  est  égal  à  la  demi-somme  des  produits  que  Ton  forineen  mid- 
tipliant  la  force  qui  agit  entre  deux  points  quelconques  par  la  distance  qui 
les  sé|iare,  le  viriel  extérieur  égale  une  fois  et  demie  le  produit  du  volume 
du  corps  parla  pression  extérieure.  Si  l'on  applique  ce  théorème  à  la  cha- 
leur, la  force  vive  du  mouvement  désigné  sous  le  nom  de  chaleur  est  alors 
exprimée  en  foiiction  des  forces  mutuelles  qui  agissent  entre  les  divers 
points  du  corps,  des  distances  qui  séparent  ces  points  et  en  outre  du  vo- 
lume du  corps  et  de  la  pression  qu'il  supporte.  Le  Mémoire  que  j'ai  l'hon- 
neur de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie  contient  quelques  dévelop- 
pements relatifs  au  théorème  de  M.  Clausius. 

»  La  première  conséquence  se  rapporte  à  la  loi  de  Dulong  et  Petit.  On 
sait  que  pour  les  corps  simples  à  l'état  solide  le  produit  de  la  chaleur  spé- 
cifique par  le  poids  atomique  est  im  nombre  sensiblement  constant,  que 
pour  les  gaz  simples  peiinauents  le  produit  de  la  chaleur  spécifique  sous 
pression  constante  par  le  poids  atomique  est  également  une  quaulité  con- 
stante et  que  cette  deuxième  constante  est  sensiblement  égale  à  la  moitié  de 
la  première.  Ce  dernier  résultat  se  présente  comme  un  corollaire  du  théo- 
rème de  M.  Clausius,  si  l'on  admet  que  dans  les  corps  solides,  pris  à  une 
température  suffisamment  éloignée  du  point  de  fusion,  les  forces  intérieures 
n'éprouvent  que  de  faibles  variations,  lorsque  le  corps  s'échauffe. 

»  Si  l'on  admet  ensuite  que  hs  atonies  d'un  C(.)r[)s  soient  séparés  par 
l'éther  en  mouvement,  et  que  l'on  applique  à  l'élher  le  théorème  fonda- 
mental, en  supposant  le  cas  simple  où  le  corps  offre  les  mêmes  propriétés 
dans  toutes  les  directions,  le  viriel,  qui  pour  un  corps  solide  en  général  se 
réduit  sensiblement  au  viriel  intérieur,  peut  se  représenter  par'  la  moitié  du 
volume  interatomique  qu'occupe  l'éther,  par  une  certaine  force  qui  con- 
serve la  même  valeur  dans  toutes  les  directions.  Si  l'on  considère  la  force 
vive  moyenne  de  l'éther  comme  étant  proportionnelle  à  la  température  ab- 
solue, la  force  dont  il  est  question  a  été  désignée  sous  le  nom  de  premion  ùj- 
terne  ou  de  cohésion.  Si  l'on  aduiet  que  la  cohésion,  de  même  que  les  forces 
intérieures,  varie  peu  lorsque  le  corps  solide  s'échauffe,  ou  trouve  que  pour 
les  corps  solides,  pris  à  une  température  suffisamment  basse,  le  coefficient 
de  dilatation  est  sensiblement  constant,  inférieur  à  celui  des  gaz,  résultat 
conforme  à  l'expérience,  et  que  ce  coefficient  de  dilnlation  est  cVauUuil  j>ltis 
(jra)i(l  que  le  volume  iin'uriahle  occupé  par  les  atomes  est  une  frcu  lion  j'ius  pe- 
tite du  volume  apparent  du  corps. 

M  Les  formules  auxquelles  on  arrive  permettent  de  déleiminer  le  volume 

C.  R.,  1S70,  2=  SemesPi:.  (T.  I.XXI,  N"  SG.)  '  2  J 


(  936  ) 
invariable  occupé  par  les  atomes  d'un  corps  solide  et  la  cohésion  de  ce 
solide,  lorsque  cette  dernière  force  n'éprouve  que  de  fatbl<^s  variations  par 
suite  des  chaugements  de  tenipératui"e.  Pour  l'or,  l'argent,  le  plalino,  le 
cuivi-e,  le  fer,  la  cohésion  est  égale  à  la  moitié  du  coefficient  d'élasticité. 

»  Cette  relation  simple  entre  la  cohésion  et  le  coefficient  d'élasticité 
peut  s'établir  à  priori,  en  supposant  que  les  phénomènes  calorifiques  soient 
dus  à  un  mouvement  vibratoire  de  l'éthér,  analogue  à  celui  qui  produit  la 
lumière.  Le  viriel  intérieur  est  représenté,  dans  cette  manière  de  voir,  par 
la  force  vive  qui  correspond  au  mouvement  vibratoire  de  l'éther.  Sous 
l'effort  d'une  traction  très-petite,  oh  trouve  que  l'âllosigement  de  l'unité 
de  longueur  est  le  rapport  de  la  traction  exercée  sur  l'unité  de  surface  au 
double  de  la  cohésion,  de  sorte  que,  d'après  les  lois  de  l'élasticité  de  trac- 
tion, le  coefficient  d'élasticité  est  égal  au  double  de  la  cohésion. 

»  On  sait,  par  les  expériences  de  Wertheim,  que  le  coefficient  d'élasti- 
cité des  métaux  diminue,  en  général,  à  niesure  que  la  lempéralure  s'élève, 
sauf  pour  le  fer  et  l'acier;  la  formule  qui  donne  la  valeur  delà  cohésion 
permet  de  rendre  compte  des  variations  qu'éprouve  ainsi  le  coefficient 
d'élasticité  par  suite  des  changements  de  température. 

»  Cette  formule  rend  également  compte  d'une  relation  établie  autrefois 
par  M.  Kupffer  entre  le  coefficient  d'élasticité,  la  cbaleur  spécifique,  la 
■densité,  le  coefficient  de  dilatation  d'un  même  corps  et  l'équivalent  méca- 
nique de  la  chaleur.  Cette  relation,  que  l'expérience  vérifie,  n'avait  pas 
été  établie  jusqu'ici  d'une  manière  satisfaisante,  suivant  l'opinion  de  Ver- 
det  :  «  Il  se  peut  que  la  formule  de  M.  Kupffer  soit  l'expression  empirique 
»  d'une  relation  que  la  théorie  est  impuissante  à  établir.  Nous  n'avons  pas 
»  en  effet  prouvé  que  cette  formule  fût  fausse,  mais  simplement  qu'on  ne 
»   pouvait  la  déduire  d';ructui  raisonnement  (i  priori  (i).  » 

M  La  formule  qui  donne  la  valeur  de  la  cohésion  représente  également, 
sons  une  autre  forme,  la  force  désignée  par  Athanase  Dupré  sous  le  nom 
d'altraction  au  contact,  dans  le  cas  où  le  travail  interne  dépend  du  vohime 
seul. 

)>  Les  considérations  qui  précèdent  conduisent  en  outre  à  l'expVession 
simple  du  travail  interne  effectué  dans  la  dilatation  d'un  corps  solide,  qui 
avait  été  donnée  déjà  par  M.  lïirn  :  lé  travad  interne  est  le  produit  de  la 
cohésion  par  l'accroissement  de  volume.  Cette  relation  ne  paraît  pas  con- 
venir aux  liquides  en  général  et  n'est  pas  applicable  au  sulfure  de  carbone 


(i  )  Exposé  de  la  Théorie  mécanique  de  la  chaleur,  p.  i35. 


(937  ) 
eu  particulier.  Diîns  ce  liquide,  elle  conduit,  pour  le  volume  invariable 
occupé  par  les  atomes,  à  un  nombre  qui  excède  d'environ  nu  tiers  le  vo- 
lume qu'occuperaient,  dans  le  sulfure  de  carbone,  le  carbone  et  le  soufre 
supposés  cristallisés;  or  ce  dernier  volume  est  évidemment  ime  limite  su- 
périeure du  volume  occupé  réellement  dans  la  combinaison  par  les  atomes 
des  deux  éléments,  le  soufre  et  le  carbone. 

»  L'expression  précédente  du  travail  interne,  malgré  qu'elle  manque  de 
généralité,  p(^ut  rendre  compte  néanmoins,  dans  certains  cas,  du  dégage- 
ment ou  de  l'absorption  de  chaleur  qui  accompagnent  les  transformations 
isomériques  d'un  même  corps  solide  :  le  soufre,  sur  lequel  les  travaiu  de 
MM.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  et  Regnault  ont  appelé  depuis  longtemps 
l'attention,  en  offre  im  exemple.  Au  moyen  des  formules  qui  précèdent,  on 
peut  évaluer  directement  la  chaleur  de  transformation  du  soufre  prismatique 
en  soufre  octaédrique  et  on  trouve  un  nombre  qui  coïncide  très-sensible- 
ment avec. la  dilférence  des  chaleurs  de  combustion  obtenues  par  MM.  Favre 
ef  Silbermann  pour  ces  deux  variétés  de  soufre. 

»  Le  théorème  de  M.  Clausius  est  applicable  à  tous  les  états  de  la  ma- 
tière; pour  les  corps  solides  ou  liquides,  le  viriel  extérieur  est  néglige.^ble 
par  rapport  au  viriel  intérieur,  il  n't'ii  est  plus  de  même  pour  les  gaz.  Si 
l'on  représente,  dans  ce  dernier  cas,  le  viriel  intérieur  par  la  moitié  du  pro- 
duit cjue  l'on  obtient  en  multi[)liant  le  volume  du  gaz  par  la  pression 
externe  augmentée  de  la  cohésion,  il  est  facile  de  voir  que  la  cohésion, 
ainsi  définie  pour  les  gaz,  est  égale  à  quatre  fois  la  valeur  de  la  pression 
interne  ou  cohésion  que  l'on  déduit  de  la  relation  donnée  primitivement  par 
M.  Hirn,  comme-généralisation  ties  lois  de  Mariotte  et  de  Gay-Lussac.  Les 
résultats  relatifs  à  la  cohésion  que  l'on  peut  déduire  de  cette  dernière  rela- 
tion, dans  la  théorie  des  gaz,  s'obtiennent  également  au  moyen  du  théo- 
rème de  M.  Clausius,  par  un  simple  changement  introduit  dans  la  valeur  de 
la  cohésion. 

»  On  peut  remarquer  que  le  viriel  extérieur  est  égal  à  la  force  vive  qui 
correspond  au  mouvement  de  translation  des  molécules  dans  la  théorie  de 
Bernoulli,  développée  par  M.  Clausius,  et  que  le  viriel  inférieur  représente, 
an  point  de  vue  précédent,  la  force  vive  qui  correspond  au  mouvement 
vibratoire  de  l'éther,  de  sorte  que  la  force  vive  totale  ou  la  quantité  de  cha- 
leur réellement  existante  à  l'intérieur  du  gaz  est  la  somme  de  ces  deux 
forces  vives  partielles.  Les  mêmes  raisonnements  s'appliquent  à  tous  les 
états  de  la  matière,  mais  la  différence  essentielle  qui  existe  entre  les  gaz 
d'une  part,  les  solides  et  les  liquides  d'autre  part,  consiste  eu  ce  que,  dans 

125. 


(  9^8  ) 
ce  flernier  cas,  la  force  vive  qui  résulte  du  niouvemenl  de  îranslatioi)  des 
molécules  est  néglige;d)le.    » 

M.  SoREL  soumet  an  jugement  de  1' Vcadémie  une  Noie  relative  à  un 
moyen  d'augmenter  la  portée  des  picces  de  canon. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  I<s  questions  relatives 

à  l'art  militaire.) 

M.  A.  Bbachet  adresse  une  Note  relative  à  un  procédé  proposé  par  lui, 
pour  substituer  les  limettes  aux  alidades  à  piunules,  pour  le  pointage  des 
canons. 

(Renvoi  à  la  même  Commission.) 

M.  Ch.  Tellier  adresse  luie  Note  relative  à  l'emploi  de  la  lunette  à  fils 
croisés,  pouv  faciliter  le  tir. 

(Renvoi  à  la  même  Commission.) 

M.  Ch.  Tellier  appelle  l'attention  de  l'Académie  sur  l'emploi  que  l'on 
pourrait  faire  du  moût  d'orge,  tel  qu'il  est  préparé  dans  la  fabrication  de  la 
bière,  poiu-  l'alimentation  des  enfants  en  bas  â£;e. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  les  questions  relatives 

à  l'alimentation.) 

M.  Duméry  adresse  à  l'Académie  une  «  Note  sur  de  nouveaux  campe- 
ments militaires  ».  Cette  Note  est  accompagnée  de  deux  figures  indiquant 
les  paities  essentielles  du  mode  de  campement  jM'oposé  par  l'auteur,  et  de 
tableaux  comparatifs  destinés  à  permettre  d'apprécier  les  volumes  d'air 
dont  chaque  soldat  peut  disposer  et  les  matériaux  qu'il  doit  porter,  daiss 
l'ancien  et  dans  le  nouveau  système  de  campement. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  P.  Madixier  adresse  une  Note  relative  à  une  nouvelle  classe  de  désin- 
fectants. 

Parmi  les  désinfectants  gazeux,  répandant  nu  parfum  aromatique,  sans 
danger  pour  la  re.-ipii-ation  cA  attaquant  cepentl.iul  les  principes  infectieux 
de  l'almosplière,  l'auteur  cite  :  i"  la  bagasse  de  canne  à  sucre,  qui  a  été, 
dans  la  Guyane  anglaise,  l'objet  de  recberrlies  longtemps  poursuivies  |)ar 


(  939  ) 
M.  Dùllon,  en  i863;  2°  les  vapeurs  que  dégage  la  torréi':ictioii  du  café.  On 
pourrait  employer  également,  suivant  lui,  pour  purifier  l'air  des  salles 
d'hôpitaux,  des  solutions  dépourvues  d'odeur,  par  exemple  les  solutions 
de  perntauganate  de  potasse,  de  ferrate  de  potasse,  on  des  solutions 
douées  d'une  odeur  qui  ne  serait  pas  répulsive,  telles  que  celle  de  l'iode,  etc. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  P.  Verbeu.  adi'esse  une  Note  relative  au  mouvement  du  pendule. 
(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M.  TosELLi  adresse  à  l'Académie  :  i"  la  description  d'un  «  cône  com- 
pensateur M,  destiné  à  faire  descendre  et  remonter  les  ballons,  sans  jeter 
de  lest,  et  sans  perdre  de  gaz;  2"  l'indication  d'un  moyen  qui  lui  paraît 
propre  à  faciliter,  pour  les  aéroiiautes,  la  déterminalion  d'^  leur  situation 
géographique. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nouuu'e.) 

M.  GouiLLY  adresse  une  Note  complémentaire,  relativement  à  sa  Com- 
munication précédente  sur  un  appareil  destiné  à  mesurer  la  vitesse  et  la 
direction  des  aérostats. 

(Renvoi  à  la  Cojnmission  précédemment  nommée.) 

M.  Prigent  soumet  au  jugement  de  l'Académie  la  description  et  le  dessin 
d'un  appareil  auquel  il  donne  le  nom  de  «  Libellule  mécanique  »,  mû  par 
la  vapeur.  L'appareil  parvient  déjà,  dit-il,  à  enlever  son  moteur  :  pour  qu'il 
puisse  enlever  son  conducteur,  avec  une  provision  suffisante  de  combus- 
tible, l'auteur  propose  de  lui  adjoindre  un  petit  aérostat,  d'une  capacité  de 
200  mètres  cubes. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

A  propos  de  ces  Communications  relatives  à  l'aérostation,  M.  le  Prési- 
dent invite  les  Membres  de  la  Conuiiission  qui  floit  examiner  tontes  les 
questions  de  ce  genre,  de  vouloir  bien  hâter,  autant  que  possible,  son 
travail. 


(  94o  ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  Dausse,  Président  de  la  Société  philomathique,  exprime  à  l'Académie 
la  sympathie  avec  laquelle  la  Sociélé  a  pris  connaissance  des  paroles  pro- 
noncées p;ir  M.  Dumas  devant  l'Acadéniie,  dans  la  séance  du  S.décembre, 
au  sujet  de  ia  mission  confiée  à  i!/.  Jnnssen. 

THERMODYNAMIQUE.  —  Sur  la  force  des  matières  explosives. 
Réponse  à  M.  Cazin;  par^l.  Iîerthelot. 

«  Les  observations  théoriques  de  M.  Cazin  me  semblent  fondées,  quoique 
je  n'aie  pas  réussi  à  vérifier  l'exaclitude  de  ses  calculs.  En  effet,  la  quan- 
tité AI,  par  laquelle  ce  savant  représente  l'action  chimique  et  qui  reparaît 
dans  presque  tous  ses  calculs,  est  évaluée  par  lui  à  746,1  calories,  au  lieu 
de  61  g, 5  adoi)tées  par  M.  Bunsen  ;  or,  en  répétant  le  calcul  d'après  la  for- 
mule (4)  de  M.  Cazin,  je  trouve  624,2.  Peut-être  conviendrait-il  de  discuter 
d'une  manière  approfondie  la  question  du  travail  intérieur  des  gaz,  qui  doit 
jouer  un  grand  rôle  dans  des  états  aussi  extrêmes  que  ceux  des  matières 
explosives.  Mais  je  n'ai  pas  l'intention  de  ni'engager  davantage  dans  des 
problèmes  plutôt  mathématiques  que  physiques,  qui  ne  sont  pas  de  ma  com- 
pétence et  qui  n'ont  pas  d'ailleurs  une  très-grande  iiriportance  au  point  de 
vue  expérimental. 

))  En  effet  les  lois  de  Mariotte  et  de  Gay-Lussac,  sur  lesquelles  ces  théo- 
ries reposent,  perdent  toute  signification  physique  dans  l'étude  des  gaz 
comprimés  à  plusieurs  milliers  d'atmosphères.  En  outre  les  chaleurs  spéci- 
fiques de  tels  gaz  sont  complètement  inconnues  et  varient  sans  doute  avec 
la  températiue  et  la  pression. 

M  Ces  réserves  sont  justifiées  par  bien  des  phénomènes  et  notamment  par 
les  expériences  de  Rumfordt  et  par  celles  des  artilleurs  contemporains,  dont 
les  résultats  ne  paraissent  pas  susceptibles  d'être  calculés  à  l'aide  des  lois 
de  Mariotte  et  de  Gay-Lussac.  Aussi  m'étais-je  gardé  de  présenter  les  chif- 
fres déduits  de  semblables  calculs  comme  susceptibles  de  quelque  ap|)li- 
cation  précise  et  absolue. 

»  La  partie  de  mon  travail  sur  laquelle  j'ai  désiré  siu'tout  appeler  l'at- 
tention et  dont  l'exaclilude  me  paraît  incontestable  en  principe,  c'est  la 
comparaison  entre  les  diverses  matières  explosives,  établie  à  l'aide  de  deux 
doimées  caractéristiques  et  déterminables  par  expérience,  savf)ir  :  la  quan- 


(  94ï  ) 
tité  de  chaleur  développée,  liuiueile  règle|le  travail  maxiimun  ;  et  le  voltinie 
des  gaz  dégagés,  lequel,  combiné  avec  la  donnée  précédente,  détermine  !a 
pression  initiale.  A  ce  point  de  vue,  les  résidtals  de  mon  étude  conservent 
leur  valeur  comparative,  ainsi  que  les  considérations  sur  la  dissociation,  la 
durée  des  réactions  et  les  phénomènes  du  choc.  » 

ASTRONOMIE.  —  Eclipsa  de  Soleil  du  22  décembre  1870.  Mesure  de  la  variation 
de  la  Lumière.  Note  de  M.  C.  Flammarion. 

«  Plusieurs  astronomes  et  physiciens  ont  pris  soin  d'observer,  penchuit 
les  dernières  éclipses  de  Soleil  visibles  en  France,  la  variation  de  tempéra- 
ture causée  par  l'occultation  de  l'asîre  du  jour  et  manifestée  par  le  llier- 
momètre.  H  m'a  paru  intéressant  d'observer  la  variation  de  lumière  causée 
par  le  même  phénomène.  Malheureusement  uous  n'avons  pas,  pour  mesu- 
rer la  lumière,  d'instrument  indicateur  faisant  pour  cet  agent  l'office  que 
remplit  le  thermomètre  pour  la  chaleiu-. 

»  A  l'époque  de  mes  voyages  scientifiques  en  l)alloii,  la  mesure  de  la 
lumière  atn)Osphérique,  inférieure,  intérieure  et  supérieure  aux  nuages, 
avait  été  inscrite  à  mon  progrannue  d'observations,  et  j'ai  du  cherch.^r  les 
moyens  de  parvenir  à  celte  constatation.  Après  avoir  vaineaient  cherché 
une  substance  dont  la  propi-iété,  rapjielaiit  celle  d«  la  pupille,  eût  été  de  se 
contracter  ou  de  se  dilater  suivant  l'intensité  de  la  lumière,  j'ai  imaginé 
un  appareil  enregistreur  dont  les  indications  sont  fournies  par  du  pa- 
pier sensible,  albuminé  et  nitrate  dans  un  bain  .spécial  minuti-ertsement 
«lesiu'é.  "Cet  appareil,  auquel  j'ai  donné  le  nom  de  Pholomèlre,  a  été  con- 
■stmit  en  1867  par  M.  Lecoq,  horloger  de  la  marine  de  l'État  :  il  m'a  servi 
depuis  cette  époque^  à  observer  les  variations  photoniéiriques  des  jours  et 
des  mois,  de  la  même  manière  que  les  variations  calorifiques  sont  observées 
sur  le  thermomètre. 

»  Jeudi  dernier,  22  décembre,  j'ai  appliqué  la  même  méthode  à  mesurer 
les  effets  de  l'éclipsé  de  Soleil,  la  diminution  de  lumière  correspondant  aux 
différentes  phases  de  ce  rare  phénomène,  rare  en  réalité,  puisque  nous 
n'avons  plus  cjue  quali'e  grandes  éclipses  de  Soleil  visibles  en  France  jus- 
qu'à la  fin  du  siècle. 

»  Une  bande  de  papier  préparé  se  déroule  dans  un  cylindre,  unie  i|)ar 
lui  mouvement  d'hoilogerie.  La  lumière  s'accuse  par  la  teinte  plus  ou 
moins  foncée  que  prend  le  papier  indicateiu-  sous  son  influence.  Le  mou- 
vement d'horlogerie  est  réglé  selon  la  dta-ée  des  observations  à  faire.  S'il 


(  94^  ) 
s'agil  d'une  observation  de  moins  d'une  heure,  telle  que  la  mesure  de  l'in- 
tensité de  la  lumière  en  certaines  régions  d'un  voyage  aérostatique,  celle 
du  lever  ou  du  coucher  du  Soleil,  etc.,  on  prend  le  mouvement  d'une 
heure.  S'il  s'agit  LJ'une  observation  plus  longue  et  constante,  tel  que  l'eu- 
regislrement  de  l'état  du  ciel  pendant  toute  une  journée,  on  prend  le 
mouvement  de  12  heures.  La  durée  de  l'exposition  du  papier  sensible  à 
la  lumière  dépend  de  l'ouverture  de  la  fenêtre  du  cylindre  dont  ou  peut 
faire  varier  la  largeur.  Habituellement,  et  particulièrement  pour  les  me- 
sures qui  Ibnt  l'objet  de  cette  Note,  j'ai  donné  à  l'exposition  une  durée  de 
3  minutes. 

))  Avant  el  après  réclijise,  les  observations  ont  été  faites  d'heure  en 
heure.  Pendant  l'éclipsé,  les  teintes  du  papier  exposé  ont  été  arrêtées  de 
10  en  10  minutes,  et  vers  le  milieu  de  réc]i()se  de  5  en  5  minutes.  J'ai  en 
de  la  sorte  vingt-huit  photographies  successives  de  l'intensité  de  la  lumière. 
L'appareil,  placé  horizontalement,  était  légèrement  incliné  vers  le  Sud,  à 
cause  de  la  faible  hauteiu-  du  Soleil  sm-  notre  liorizon  au  solstice  d'hiver. 
J'ai  jn'is  soin,  naturellement,  de  me  placer  dans  un  lieu  absolument  dé- 
couvert (sixième  secteur  de  l'enceinte  de  Paris)  d'où  la  voûte  céleste  est 
entièrement  visible. 

))  J'ai  l'honneur  de  mettre  sons  les  yeux  de  l'Académie  le  tableau  de 
ces  observations  pholouiétriques  fin  22  décembre.  On  y  remarque,  dès  la 
première  vue,  raccroissemeul  graduel  de  la  teinte  de  l'indicateur  photomé- 
trique, dû  à  la  progression  de  la  lumière  elle-même,  depuis  7  heures  du 
malin  où  elle  est  nulle,  jusqu'à  11  heures  où  elle  atteint  sa  plus  grande 
intensité.  Puis  on  la  voit  sensiblement  décroître  jusqu'après  midi  4o™; 
milieu  de  l'éclipsé,  où  la  phase  du  phénomène  atteint  83  centièmes 
du  disque  solaire.  Ensuite  la  lunnère  s'accroît  de  nouveau  jusqu'à  la  fin 
de  l'éclipsé,  et  atteint  son  second  maximum  à  2  heures.  Enfin  elle  décroît 
successivement  d'heure  en  heure  jusqu'à  5  heines,  où  elle  est  de  nouveau 
nulle. 

»  Le  ciel  a  été  couvert  ou  nuageux  pendant  la  journée  entière,  et  le 
soleil  n'a  brillé  qu'à  île  rares  intervalles.  Si  le  ciel  eût  été  pur,  la  dégra- 
dation du  papier  indicateur  eût  été  parfaitement  uniforme,  et  la  teinte  la 
|)lus  faible  du  temps  de  l'éclipsé  eût  été  celle  de  la  plus  grande  phase. 
Cependant  on  voit  sur  le  tableau  que  la  hnnière  continue  de  diminuer  après 
midi  4<^'">  et  reste  très-faible  pendant  iS  miuutes.  Ce  fait  vient  de  ce  que 
le  ciel  s'est  couvert  davantage  après  le  nnlieii  de  récli|)se.  Pour  rectifier 
et  compléter  le  sens  des  indications  de  la  teinte,  j'ai  inscrit  à  la  colonne 


(943) 
des  observations  les  circonstances  qui  ont  accompagné  certaines  phases  do 
l'éclipsé. 

»  Dans  ces  essais  d'une  mesure  de  la  lumière,  j'ai,  pour  pouvoir  com- 
parer diverses  observations  entre  elles,  adopté  une  échelle  de  teintes,  éten- 
dues depuis  le  blanc  jusqu'au  noir,  et  numéroté  ces  teintes  depuis  zéro 
jusqu'à  20.  Ce  sont  là,  en  quelque  sorte,  des  decjrés  de  lumière,  qui  peu- 
vent être  comparés  aux  degrés  de  chaleur  révélés  par  le  thermomètre.  La 
nuance  la  plus  foncée  (20  degrés)  a  été  quelquefois  atteinte  dans  les  beaux 
jours  d'été.  En  hiver,  la  plus  grande  intensité  de  lumière  en  plein  soleil  ne 
dépasse  pas  16  degrés.  Il  va  sans  dire  que  le  papier  pholométrique  sidjit 
toujours  la  même  préparation,  et  reste  le  même  temps  exposé.  Connue  on 
l'a  remarqué,  en  faisant  la  somme  des  degrés  de  chaleur  envoyés  par  le 
Soleil  pour  mûrir  les  diverses  espèces  de  plantes,  on  peirt  ici  remarquer 
quelle  immense  différence  existe  dans  la  somme  des  degrés  de  lumière  qui 
atteignent  le  sol,  entre  les  différentes  époques  de  l'année. 

»  Cette  échelle  photométrique  que  j'ai  adoptée  est  arbitraire;  les 
nuances  sont  difficiles  à  fixer  sans  être  diversement  affaiblies;  les  moments 
successifs  de  l'e-sposition  n'agissent  pas  d'une  manière  identique  :  cette 
méthode  est  donc  défectueuse  en  plusieurs  points,  et  je  me  hâte  de  le  faire 
remarquer  pour  appeler  l'attention  des  amis  des  sciences  sur  un  moyen 
plus  absolu  d'obtenir  la  mesure  exacte  de  la  lumière. 

))  Le  long  tableau  photographique  qui  représente  ces  variations  de 
lumière  de  la  journée  du  22  décembre  ne  pouvant  être  reproduit  dans 
l'impression  de  cette  Note,  on  peut  y  suppléer  en  remarquant  les  degrés 
correspondant  à  chaque  teinte.  Ainsi,  à  8  heures  du  matin,  au  lever  du 
Soleil  (ciel  couvert),  il  n'y  avait  que  4  degrés  de  lumière.  A  9  heures,  le 
photomètre  donne  10  degrés;  à  10  heures,  12  degrés,  et  à  1 1  heures,  14. 
Ici  le  ciel,  en  partie  découvert,  laisse  apercevoir  le  Soleil  pendant  la  moitié 
de  la  durée  de  l'exposition.  L'éclipsé  con.unence  à  i  i''2o'°.  La  lumière  des- 
cend successivement  à  1 3,  12,  i  i,  10  et  9  degrés  jusqu'à  midi  35  minutes. 
A  midi  3q  minutes,  plus  grande  phase  de  l'éclipsé,  la  Lune  cachant  les 
83  centièmes  du  Soleil,  la  lumière  tombe  à  8", 5.  En  ce  moment,  les  nuages 
ralentissent  leur  marche  rapide  jusqu'alors,  la  température  de  l'air  est 
descendue  depuis  midi  de  —  5  à  —  6  degrés,  un  silence  se  fait  dans  la 
nature;  les  oiseaux,  qui  tout  à  l'heure  volaient  et  faisaient  tapage,  se  tai- 
sent et  sont  cachés;  on  n'entend  absolument  que  le  bruit  lointain  du  ca- 
non. Le  photomètre,  descendu  à  8  degiés,  ne  remonte  tju'à    i  liciu-e  où  il 

C.  R.,  1870,  2=  Semestre.  (T.  LXXI,  ^''  !iG.)  »  26 


(  944  ) 
marque  9  degrés.  Puis,  il  atteint  1 1  degrés  à  i'',2o'",  12  à  i'',4o™,  et  iS  à  la 
fin  de  l'éclipsé  :  t'',57™.  A  3  heures  il  redescend  à  9  degrés,  à  4  heures  à  3, 
et  à  5  heures  la  lumière  est  retombée  à  zéro.  Telles  sont  les  circonstances 
générales  de  l'observation  photométrique  des  effets  de  Tcclipse. 

»  Il  n'y  avait  sur  le  disque  solaire  qu'un  groupe  de  taches,  formé  de 
deux  foyers  principaux  et  situés  dans  la  région  nord-ouest,  et  une  tache 
isolée  à  l'ouest  du  centre.  Cependant  nous  sommes  actuellement  à  l'époque 
d'un  maximum  de  taches  solaires,  les  derniers  maxima  ayant  eu  lieu  en 
novembre  1847  et  octobre  1809,  les  derniers  minima  en  avril  i856  et 
février  1867,  et  les  comparaisons  montrant  que  le  maximum  arrive  envi- 
ron trois  ans  deux  tiers  après  le  minimum. 

»  J'ajouterai  une  dernière  observation  générale.  La  lumière  joue  dans 
la  nature  un  rôle  non  moins  important  que  celui  de  la  chaleur.  Les  données 
fournies  par  un  photomètre  satisfaisant  ne  seraient  pas  moins  utiles  peut- 
être  à  la  météorologie  que  celles  du  thermomètre  :  c'est  ce  que  des  études 
futures  nous  apprendront.  Mes  essais  de  mesures,  comme  mon  appareil, 
sont  très-imparfaits;  mais  on  me  pardonnera  de  les  avoir  exposés,  s'ils 
peuvent  susciter  des  recherches  qui  donnent  un  jour  à  ce  mode  d'observa- 
tion lés  perfectionnements  qui  lui  manquent.  » 

«  M.  Cn.  Saintf.-Ci.airf.  Deville,  à  l'occasion  de  l'inléressante  Commu- 
nication de  M.  Flammarion,  qui  montre  parfaitement  comment,  malgré  les 
nombreuses  variations  dans  la  pureté  du  ciel,  l'intervalle  correspondant 
au  maximum  de  l'éclipsé  a  donné  un  minimum  de  lumière  diffuse,  désire 
faire  remarquer  que,  depuis  plusieurs  années,  il  a  fait  construire  par 
M.  Hardy  lui  spoiopliolomètre,  destiné  aussi  à  mesurer  l'action  de  la 
lumière  diffuse  sur  les  papiers  réactifs.  Du  mois  d'août  18G9  au  6  sep- 
tembre 1870,  l'instrument  a  fonclionné  à  l'Observatoire  météorologique 
de  Montsouris,  et  la  moyenne  diurne  a  été  donnée  régulièrement  dans 
chaque  lUillelin. 

»  Dans  une  prochaine  séance,  il  se  propose  de  communiquer  à  l'Aca- 
démie les  résultats  obtenus  par  lui  en  août  18GG,  lesquels  démontrent  : 
i^'quc  la  lumière  dilfusc  projetée  par  le  zénith  ne  varie  pas  delà  même 
manière  que  celle  qui  est  transmise  horizontalement;  2°  que  ces  deux 
manilèsl.'ilions  de  la  lumière  solaire  sont  inlimcnvient  liées  aux  autres  élé- 
ments météorologiques.  » 


(  945) 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Conservation  des  viandes,  moyen  d'éviter  les  salaisons. 

Note  de  M.  L.   Soubeiran. 

«  Il  a  été  proposé,  dans  ces  derniers  temps,  pour  subvenir  à  l'alimenta- 
tion de  l'immense  population  de  Paris,  beaucoup  de  procédés  nouveaux 
de  conservation  des  viandes,  mais  nous  n'avons  trouvé  aucune  indication 
relative  à  un  procédé  qui  a  la  sanction  d'une  pratique  très-ancienne  chez 
divers  peuples  :  nous  voulons  parler  de  la  conservation  des  viandes  séchées 
et  pulvérisées. 

»  Dans  une  des  dernières  séances  de  la  Société  d'Acclimatation,  M.  E. 
Simon,  consul  de  France  en  Chine,  rappelait  quelques-uns  des  procédés 
culinaires  employés  par  les  Chinois  et  les  Mongols.  Au  moment  de  préparer 
leurs  provisions  de  chasse  ou  de  voyage,  ces  peuples  réduisent  la  chair  des 
bœufs  et  des  moutons  en  une  poudre  sèche,  qu'ils  mélangent  avec  de  la 
farine  d'avoine,  de  mais,  etc. 

»  L'excellence  de  ces  poudres  de  viandes  a  été  démontrée  également  par 
les  voyageurs  arctiques,  les  Kennedy,  les  Kane,  les  Franklin,  qui  se  sont 
trouvés  très-bien  dans  leurs  lointaines  et  périlleuses  expéditions,  aussi  bien 
que  les  trappeurs  de  la  baie  d'Hudson,  de  l'usage  du  pemmican  :  ce  n'est 
autre  chose  qu'une  viande  quelconque,  desséchée,  broyée  et  saturée  de 
graisse,  et  dont  une  livre  écjuivaut  à  quatre  livres  de  viande  ordinaire. 

»  Découpée  en  lanières  minces,  la  chair  de  l'animal,  bœuf,  cerf,  etc.,  est 
dégraissée  et  privée  de  ses  membranes  et  tendons,  puis  séchée  au  four  jus- 
qu'à friabilité;  elle  est  alors  broyée  en  une  poudre  assez  fine,  et  mêlée  à 
un  poids  égal  de  gras  de  bœuf  fondu  ou  de  lard.  Pour  rendre  le  mélange 
plus  agréable  au  goùl,  on  peut,  comme  l'a  fait  Richardson,  y  incorporer 
une  certaine  quantité  de  raisins  de  Corinlhe,  ou  mieux  de  sucre;  on  mange 
le  pemmican,  dont  la  saveur  est  agréable,  tel  quel  ou  mélangé  à  de  la 
farine. 

»  On  pourrait  aussi  faire  du  lassojo  ou  charqui,  dont  il  est  employé  des 
quantités  énormes  dans  toute  l'Amérique  du  Sud,  qui  en  exporte,  en 
outre,  des  masses  considérables  dans  diverses  colonies,  pour  y  servir  à  la 
nourriture  des  travadleurs.  On  dégraisse  les  animaux,  bœufs  en  général, 
qu'on  vient  de  tuer,  on  en  coupe  toute  la  chair  en  lanières  minces,  de 
façon  à  ne  plus  laisser  que  la  carcasse,  et  l'on  plonge  ces  lanières  un  mo- 
ment dans  une  solution  concentrée  de  sel  (quelquefois  on  saupoudre  seu- 
lement d'une  légère  couche  de  sel  fin),  puis  on  les  laisse  en  tas  pendant 
une  douzaine  d'heures;  après  quoi  on  fait  sécher  au  soleil  (on  peut  substi- 

126.. 


(  946  ) 
liier  ;i  la  chaleur  solaire  celle  d'un  four),  cr  l'on  empaquette  pour  l'usage 
la  viande,  qui  a  perdu  environ  un  tiers  de  son  poids  et  qui  forme  la  hase 
de  la  noiu'riture  de  nombreuses  populations. 

»   Ces  procédés,  qu'il  nous  serait  facile  d'imiter,  ont  l'avanlage  : 

»  i"  De  permettre  l'emploi  de  toutes  les  parties  des  animaux,  et  même 
de  faire,  sans  que  l'œil  en  soit  averti,  le  mélange  de  viandes  diverses; 

»  2"  De  permettre  la  conservation  indéfinie  d'aliments  qui,  sous  un 
volume  relativement  faihle,  renferment  une  grande  quantité  de  matière  nu- 
ti'itive  :  les  transports  sont  donc  ainsi  facilités; 

»  3"  De  ne  pas  avoir,  comme  les  salaisons,  une  influence  marquée  sur 
la  santé,  si  l'usage  en  est  prolongé  sans  le  concours  de  végétaux  frais  qui 
corrigent  le  mauvais  effet  des  salaisons.  » 


•&^ 


«  M.  Payex,  à  la  suite  de  la  Communication  de  M.  L.  Soubeiran,  dé- 
clare qu'il  jiartage  complètement  l'avis  de  l'auteur,  sur  les  avantages  de 
la  dessiccation  des  viandes,  en  vue  de  leur  conservation;  il  désire  seule- 
ment informer  l'Académie  que  la  Société  centrale  d'Agriculture,  il  y  a  près 
de  trois  mois,  s'est  occupée  de  cette  cpiestion  importante  qui  lui  était  pré- 
sentée comme  une  des  meilleures  solutions  de  la  conseivalion  et  du  trans- 
port économique  de  cette  sidistance  alimentaire. 

»  De  son  coté,  M.  Tresca  s'est  occupé  d'effectuer,  au  Conservatoire  des 
Arts  et  Métiers,  la  dessiccation,  dans  des  étuves  à  courant  d'air  chau<l,  de 
la  viande  découpée  en  lanières  minces,  suspendues  à  des  fils;  il  convient 
de  débarrasser  préalablement  la  chair  musculaii'e  des  tissus  adipeux.  Dans 
de  bonnes  conditions,  la  dessiccation  a  pu  être  achevée  en  quaranle-huil 
heures. 

))  Le  produit  desséché  a  été  réduit  en  poudre  à  l'aide  d'une  machine 
simple,  analogue  à  l'une  de  celles  qu'on  emploie  pour  broyer  le  plâtre,  et 
rappelant  les  dispositions  bien  connues  du  moulin  à  café.  Deux  produits 
de  même  nature,  préparés  à  la  Plata,  ayant  été  remis  à  M.  Chevreul,  Prési- 
dent de  la  Société,  notre  confrère  a  reconnu  que  l'un  d'eux  avait  dû  être 
desséché  à  une  température  ne  dépassant  pas  55  degrés,  laissant  dans  cette 
substance  les  principes  solubles  dans  lesquels  réside  l'arôme  latent  déve- 
lopi)abIe  à  la  cuisson. 

■>   I/autre  produit  avait  été  desséché  à  tuie  température  plus  élevée, 

»  Tous  deux  pouvaient  être  employés  pour  la  préparation  du  bouillon; 
le  premier  était  préférable  au  point  de  vue  des  propriiHés  organoleplicpu-s. 

»   La   viande   pulvcTisée  peut    être   très-facilement   introduite   dans   les 


{  947  ) 
rations  alimentaires;  ajoutée,  par  exemple,  clans  les  proportions  de  5,  lo 
à  i5  centièmes  au  riz,  l'une  des  céréales  les  plus  pauvres  en  nialières 
alibiies,  azotées,  grasses  et  salines,  elle  complète  son  pouvoir  nutritif  et  lui 
laisse  une  saveur  agréable,  et  offrirait  l'avantage  signalé  par  M.  L.  Sou- 
beiran  de  donner  aux  produits  du  dépeçage  des  différents  animaux  les 
mêmes  apparences,  évitant  j^ar  là  les  préjugés  qui  fout  repousser  certains 
d'entre  eux  de  la  consommation. 

»  On  comprend  que  la  poudre  de  viande  réaliserait  une  grande  éco- 
nomie pour  l'emmagasinement  et  les  transports,  puisqu'elle  représente 
quatre  ou  cinq  fois  son  poids  de  chair  musculaire  à  l'état  nornsal,  conte- 
nant plus  (le  0,75  d'eau.  Pour  la  conserver  et  la  transporter  au  loin,  il 
conviendrait  sans  doute  de  l'enfermer,  assez  fortement  tassée,  dans  des 
barils  bien  secs  et  solidement  cerclés. 

»  La  principale  difficulté  pour  la  mise  en  pratique  de  ce  procédé  consis- 
terait aujourd'hui  dans  le  prix  élevé  et  le  peu  d'abondance  du  combus- 
tible. » 

M.  LE  GÉNÉRAL  MoRiN  rappelle  les  «  Essais  sur  la  conservation  des  farines 
entrepris  par  ordre  du  Ministre  de  la  Guerre  de  1857  à  i86'3  »  qui  ont  été  in- 
sérés dans  les  annales  du  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers,  essais  dont  les 
résidtats  pourraient  trouver  actuellement  une  application  utile  : 

Si  le  développeuien;  des  lolations  commerciales  ol  la  facilité  des  communications  par  les 
chemins  de  fer  ont  fait  perdre  une  grande  partie  de  son  importance  à  la  question  delà  con- 
servation des  blés,  et  en  a  limité  l'application  au\  produits  de  la  récolte  d'une  ou  deux  an- 
nées, la  conservation  des  farines  destinées  à  l'approvisionnement  de  la  flotte,  à  celui  des 
places  et  des  troupes  engagées  dans  des  expéditions  lointaines,  n'en  est  pas  moins  restée 
d'une  grande  utilité.  Aussi  a-t-on  cherché  depuis  longtemps  les  moyens  de  résoudre 
d'une  manière  pratique  cette  dernière  question.  Sans  rappeler  ici  les  diverses  tentatives  qui 
ont  été  faites  à  ce  sujet,  je  dirai  qu'elles  reposent  sur  deux  procédés  différents  qu'il  ne  serait 
guère  possible  d'employer  sinuiltanément,  ce  qui,  d'ailleurs,  ne  paraît  pas  nécessaire, 
comme  on  le  verra  plus  loin. 

Les  deux  procédés  employés  sont  la  compression  et  l'étuvage.  Je  rappellerai  succincte- 
ment en  quoi  ils  consistent  et  quels  résultais  l'on  peut  en  obtenir. 

La  farine  étant  une  matière  amenée  à  lui  très-grand  état  de  division,  elle  se  tasse  facile- 
ment et  prend  dans  les  sacs  ou  dans  les  caisses  où  on  la  place  une  densité  d'environ  o''8,-54 
au  décimètre  cube.  Dans  des  essais  que  j'ai  dirigés  en  i856-57-58  i)ar  ordre  du  Ministre  de 
la  Guérie,  on  n'a  pu  réduire  le  volume  de  la  farine  que  de  3o  pour  100  environ  de  son  vo- 
lume après  le  tassement,  et  l'amener  à  une  densit."  de  plus  de  i''S,o6  au  décimètre  cube,  en 
opérant  sur  des  caisses  de  o",35  de  largeur  sur  o"',6o  de  longueur  et  o'",3o  de  hauteur, 
contenant  Go  kilogrammes  de  farine.  La  |)ression  exercée  par  centimètre  carré,  pour  obtenir 


(  948  ) 

cette  densité,  était  tle8o  kilogrammes,  et  correspoiulait  pour  la  surface  ])ressée,  qui  était  de 
35  X  60  =  2100  centimètres  carrés,  à  -.^Sooo  kilogrammes,  ce  qui  était  à  ])eu  près  la  force 
niaximiim  des  presses  dont  on  disposait. 

Ces  résultats  sont  d'accord  avec  ceux  qui  ont  été  obtenus  à  Brest  par  la  marine,  dans  des 
expériences  fuites  en  i856. 

Lorsqu'on  opère  sur  une  quantité  de  5o  à  60  kilogrammes  avec  des  ca.isses  en  bois, 
comme  nous  l'avons  fait  à  Paris  et  comme  l'a  aussi  essayé  la  marine,  la  nécessité  de  conso- 
lider ces  caisses  par  des  ferrures  et  de  donner  au  bois  assez  d'épaisseur  pour  qu'elles  résis- 
tent à  la  pression,  conduit  à  un  volume  brut  du  contenant  et  du  contenu  qui  com[)ense  la 
diminution  de  volume  obtenue  par  la  pression.  Il  n'y  a  donc,  sous  le  rapport  de  l'arrimage, 
que  le  faible  avantage  que  peut  procurer  l'emploi  des  caisses  au  lieu  de  celui  des  sacs. 

Mais  si  l'on  agit  sur  des  quantités  plus  faibles,  outre  qu'il  est  alors  facile  d'obtenir  une 
plus  grande  densité,  l'on  peut  renfermer  la  fiirine  pressée  dans  des  boîtes  en  fer-blanc,  ce 
qui  ])erniet  de  profiter  pour  l'arrimage  de  toute  la  réduction  de  volume  opérée. 

M.  AVawra,  de  Vienne  (Autriche),  a  présenté  à  l'Exposition  de  Londres  en  1862  des  fa- 
rines comprimées  en  pains  de  i''s,  726  environ,  n'ayant  qu'un  volume  de  i'''^,3';,  et  par 
conséquent  d'une  densité  de  i '^'■',259  au  décimètre  cube,  ou  égale  à  1,67  fois  celle  de  la  fa- 
rine simplement  tassée. 

Or  des  expériences  directes,  dont  j'ai  rendu  compte  en  i85g,  sur  la  compression  des  fa- 
rines, semblent  indiquer  que  la  densité  ne  s'accroît  que  proportionnellement  à  la  racine 
carrée  des  pressions;  il  s'ensuivrait  que,  pour  obtenir  la  densité  des  farines  exposées  par 
M.  Wawra,  de  Vienne,  il  faudrait  exercer  une  pression  égale  à 


X  =  80  X 


(— ^ — (  I    =  108  kiloL'rammes  par  mètre  carré. 
i,ob/  -  " 


Les  pains  de  farine  de  M.  Wawra  ayant  o"',i32  de  diamètre,  ou  174  centimètres  carrés 
de  surface,  il  s'ensuit  que,  pour  comprimer  des  pains  de  farine  pesant  1*^^,726,  il  faudrait 
cnqjloycr  une  pression  de  près  de  81822  kilogrammes. 

En  supposant  même  que,  par  des  dispositions  faciles  à  imaginer,  l'on  puisse  com|)rimer 
à  la  fois  plusieurs  pains,  il  me  paraît  évident  ()ue  cette  o|)ération  augmenterait  considérable- 
ment le  prix  des  farines  ainsi  préparées;  car  à  Brest,  pour  obtenir  une  couqiression  beaucouj) 
moindre,  il  a  fallu  faire  une  dépense  de  19^  36  psr  100  kilogrammes,  au  lieu  de  5  francs 
que  coûte  l'emballage  ordinaire. 

Le  procédé  de  M.  AVawra,  ou  la  compression  par  jietites  quantités,  qui  |)erinet  de  doubler 
la  densité,  paraît,  il  est  vrai,  très-favorable  à  la  bonne  conservation  des  farines.  Pour  la 
mieux  assurer,  il  avait  même  enveloppé  les  pains  présentés  à  l'Exposition  avec  une  feuille 
d'étain;  mais  il  se  contente  ordinairement  de  les  enfermer  dans  une  boîte  de  carton. 

Un  |)ain  de  farine,  revenu  de  l'Exposition  de  Londres,  où  il  avait  été  envoyé  en  mai  1862, 
a  été  [)auifié  à  la  Manutention  de  Paris  en  juin  i863,  et  a  donné  d'excellent  jiain. 

Cependant  il  faut  dire  que  la  farine  ainsi  comprimée  est  devenue  extrêmement  duie;  (ju'il 
est  indispensable  de  l'écraser,  de  la  pulvériser,  et,  si  l'on  peut,  de  la  bliilei',  avant  de  la 
mouiller  et  de  la  |)étrir;  ce  qui  peut  ollrir  en  campagne  quelques  difiicullcs  à  sou  emploi. 

Ces  diverses  observations  me  portent  donc  à  penser  que  le  [jrocrdé  de  la  conseï  vation  des 
farines  par  une  compression  énergique  et  par  petites  quantités  ne  peut  étreaccejité  que  pour 


(  949  ) 

l'usagfi  des  voyageurs  isolés,  et  f[iril  est  trop  dispendieux  pour  être  appliqué  à  l'aliiiienlalion 
des  armées  et  de  la  flotte. 

Quant  à  la  compression  des  farines  par  quantités  de  5o  à  60  kilogrammes  renfermés  dans 
des  caisses  en  bois,  quoiqu'elle  augmente  le  prix  des  farines  de  19  ou  20  francs,  ou  de 
5o  pour  100,  si  elle  offrait  pour  la  conservation  de  cette  denrée  alimentaire  les  garanties 
nécessaires,  il  n'y  aurait  pas  lien  de  s'arrêter  devant  une  dépense  si  utile  pour  l'alimentatioa 
de  nos  soldats;  mais  malheureusement  le  degré  de  compression  que,  dans  le  service  courant, 
l'on  peut  obtenir,  ne  suffit  pas  pour  préserver  la  farine  de  1  altération. 

Des  expériences  faites  avec  soin,  de  i856  à  iSSp,  laissent  d'autant  moins  de  doute  à  cet 
égard,  que  les  farines  que  l'on  avait  ainsi  préparées  avaient  été  en  partie  conservées  à  l'un 
des  étages  de  la  Manutention  de  Paris,  et  parfaitement  à  l'abri  de  toute  humidité. 

Si  une  partie  des  Rapports  de  la  tjiarine,  sur  des  farines  comprimées  à  ])cu  près  au  même 
degré,  semblent  émettre  une  opinion  plus  favorable  sur  celles  qui  avaient  supporté  deux  ans 
à  peine  de  conservation,  cela  tient  peut-être  à  ce  que  les  marins  ne  sont  que  trop  souvent 
exposés  à  ne  consommer  que  des  farines  avariées,  et  d'ailleurs  il  faut  observer  que  ces  con- 
clusions n'ont  été  appliquées  qu'à  des  farines  conservées  dans  des  caisses  en  fer-blanc. 

En  résumé,  il  me  semble  que,  pour  le  service  des  armées  de  terre  et  de  mer,  le  procédé 
de  la  compression  ne  peut  pas  être  accepté,  et  que  son  emploi  doit  être  limité  à  l'usage  des 
voyageurs  isolés. 

Après  les  essais  peu  satisfaisants  que  nous  avions  faits  du  procédé  précédent,  je  reçus 
l'ordre  d'essayer  de  celui  de  l'étuvage,  qui  est  en  usage  dans  quelques  ports  de  l'Océan  et 
particulièrement  à  Bordeaux. 

Ce  procédé  consiste  à  introduire  et  à  faire  circuler  lentement  la  farine  dans  une  étuve 
chauffée  à  no  ou  80  degrés  au  plus  pendant  une  ou  deux  heures.  A  cet  effet,  des  auges 
demi-cylindriques,  en  nombre  variable,  de  sept  a  huit  chez  les  uns,  de  douze  à  quinze  chez 
les  autres,  sont  disposées  les  unes  au-dessous  des  autres,  et  reçoivent  chacune  une  vis  d'Ar- 
cbimède  qui,  par  son  mouvement,  oblige  la  farine  à  la  parcourir  dans  toute  sa  longueur. 
Cette  farine,  introduite  par  une  trémie  dans  l'auge  supérieure,  passe  ainsi  à  la  deuxième 
auge,  dont  la  vis  la  ramène  en  sens  contraire  pour  la  verser  dans  la  troisième,  et  ainsi  de 
suite. 

Parvenue  à  la  dernière  auge,  la  farine  est  versée  sur  l'aire  d'une  chambre,  où  elle  est  mise 
en  barils  et  légèrement  pressée. 

Une  étuve  à  sept  augets  peut  fournir  en  quatorze  heures  cent  barils  de  88  kilogrammes 
de  farine,  à  laquelle  l'opération  a  enlevé  4  à  t)  pour  100  de  son  poids  d'humidité. 

L'on  sait  qu'à  l'état  normal  la  farine  contint  en  moyenne  14  pour  100  de  son  |)oids 
d'eau;  mais,  après  avoir  été  amenée  à  n'en  conserver  que  10  pour  100,  elle  reprend,  soit  dans 
la  chambre  de  refroidissement  où  elle  est  mise  en  barils,  soit  dans  les  barils  eux-mêmes, 
2,5  pour  100,  et  en  conserve  en  définitive  12, 5  poiu-  100. 

Le  résultat  net  de  l'opération  est  donc  bien  peu  im|iortant,  et  ;i  moins  que  l'exposition 
pendant  deux  heures  et  demie  à  une  température  qui  ne  doit  pas  dépasser  70  à  80  degrés, 
ne  détruise  quelques  germes  fermentescibles,  ce  qui  me  paraît  au  moins  douteux,  il  est  assez 
difficile  de  se  rendre  compte  de  l'effet  propre  de  l'étuvage. 

La  rapidité  avec  laquelle  la  farine  reprend  l'humidité  qui  lui  a  été  enlevée  dans  l'étuve 
tient  non-seulement  à  son  avidité  pour  l'eau,  mais  encore  à  son  excessive  division;  aussi 


(  95o  ) 

est-ce  une  mauvaise  opération  de  la  faire  arriver  dans  une  chambre  de  refroidissement  où 
on  la  met  ensuite  en  Iniiil. 

C'est  ])ar  ce  motif  que,  dans  l'installation  de  l'étuve  d'essai  que  nous  avons  employée  à 
la  Manutention,  j'ai  exiyé  que  le  baril  destiné  à  recevoir  la  farine  fût  introduit  et  rempli 
dans  l'étuve  même,  et  que  cette  farine  y  fût  tassée  avant  qu'on  en  sortît  le  baril,  que  l'on 
fermait  ensuite  immédiatement. 

Les  barils  en  bois  de  cliène  que  nous  avons  em])loyés  étaient  très-secs,  cerclés  en  fer;  on 
les  avait  maintenus  pendant  quelque  temps  dans  la  chambre  de  la  machine  à  vapeur,  et  ils 
avaient  été  rebattus  à  trois  reprises  différentes.  lis  étaient  donc  dans  les  meilleures  condi- 
tions possibles;  leur  prix  était  de  i3  francs  l'un,  avec  six  cercles  en  fer,  et  ils  contenaient 
un  |)oids  net  de  laS.à  i45  kilogrammes  de  farine,  ce  qui  revenait  à  io',4o  ou  11*^,60  par 
100  kilogrammes  de  contenu.  Mais  craignant,  non  sans  raison,  comme  la  suite  l'a  nionlré, 
que  le  bois  n'absorbât  une  certaine  quantité  d'humidité,  qui  pourrait  se  transmettre  à  la 
farine  et  en  altérer  le  goût,  j'ai  demandé  en  outre  que  l'on  fît  un  essai  comparatif  avec  des 
tonneaux  en  tôle  ordinaire  et  en  tôle  galvanisée,  de  ?.  millimètres  d'épaisseur.  Ce  dernier 
modèle  a  coûté  26^,90,  à  raison  de  o^8o  le  kilogramme.  Il  pesait  33''',64,  et  contenait 
environ  i  3o  kilogrammes  de  farine,  ce  qui  met  le  \m\  du  récipient  à  ?o',70  pour  100  kilo- 
grammes de  farine. 

Les  procès-verbaux  des  visites  faites  après  un  an,  deux  ans  et  trois  ans  de  séjour,  et  <lont 
le  dernier  terme  a  été  la  clôture  ties  expériences,  ont  constaté  les  résultats  suivants  : 

Fnriiic  é  tu  réf. 

Toiineati.r  en  bois.  —  La  farine  des  deux  tonneaux  placés  au  quatrième  étage  du  bâtiment 
des  silos  de  la  Manutention,  c'est-à-dire  dans  de  très-bonnes  conditions  d'aérage ,  a  été 
trouvée  en  assez  bon  état,  et  jugée  en  outre  panifîable  après  aération. 

La  conservation  de  la  farine  du  troisième  tonneau,  placé  dans  le  sous-sol  un  peu  humide 
du  même  bâtiment,  était  beaucoup  moins  satisfaisante  :  on  v  a  trouvé  l5  kilogrammes  de 
farine  prise  en  niasse  dure  sentant  le  moisi;  le  reste  avait  un  fort  goût  de  rance  et  d'acidité. 

Tonneau  eu  tôle  gaU>anisce.  —  Farine  en  parfait  état. 

Farine  non  étuvée. 

Tonneaux  en  bois.  —  Les  trois  tonneaux  placés  au  quatiièiue  étage  du  bâtiment  des 
silos  ont  été  trouvés,  comme  ceux  de  farine  étuvée,  dans  un  état  assez  satisfaisant. 

Les  deux  tonneaux  du  sous-sol  ont  donné  l'un  i3''', 5,  l'autre  7  kilogrammes  de  farine 
prise  en  masse  et  sentant  le  moisi.  Le  reste  île  la  farine  ivait  uiu'  odeur  et  un  goût  de  lanee 
très-prononcé. 

Tonneau  en  tôle  gah'anisée.  —  Farine  en  état  ])assable,  mais  moins  satisfaisant  que  celui 
de  la  farine  étuvée. 

Ou  a  l'ait  trois  pails  de  la  farine  retirée  des  totmeaux.  savoir  : 

I"  K.irine avariée,  iiuproiire  au  service,  provenant  presque  en  entier  d<s  tonneaux  |)lacés 
dans  le  sous- sol  humide.  La  (piantilé  s'est  élevée  à  35  kilogrammes,  ou  à  la  proportion  de 
8  i)Our  100  du  contenu  des  tonneaux. 

■>."  Farine  reconnue  panifiable,  ayant  plus  ou  moins  d'odeur,  d'acidité,  et  provenant  de 
tous  les  tonneaux  en  bois  et  du   tonneau  en  tôle  de  farine  non  étuvée.  Cette  farine  pouvait 


(95i  ) 

être  employée,  même  sans  mL'l;tni,'e  avec  di-  la  fjiine   fraîdie,  a|)rès  avoir  rlr  rrpnssie  an 
blutoir  et  pelletée  pemlant  plnsiours  jours. 

3"  Farine  restée  en  bon  état,  |)anifiable,  sans  autre  préparation  cpTun  |)en  d'eiposition  à 
l'air;  elle  provenait  en  totalité  de  la  larine  étuvée  et  renfermée  dons  le  lonniau  en  tôle  s;al- 
vanisée. 

Ponr  eompléter  l'apprériation  (pii  préeède,  les  farines  des  derniers  lois  ont  été,  après  les 
remaniements  reeonnns  nécessaires,  l'objet  d'éprenvcs  de  panification. 

Les  farines  du  deuxième  lot  avaient  bonne  main  &\\  travail,  belle  apparence,  et  elles  avaient 
presque  enlièrement  perdu  le  goût  de  vieux  qui  les  caractérisait.  Le  tiavail  au  |)étrm  s'est 
bien  fait,  et  le  pain,  (]uoique  n'ayant  pas  le  goût  très-franc,  comparativement  aux  iiroduils 
du  service  courant,  a  ]>aru  assez  lion  et  distribuable.  Si  la  farine  de  ce  lot  avait  été  mélan- 
gée avec  de  la  farine  fraîche,  le  pain  eût  paru  irréprochable. 

Les  farines  du  troisième  lot,  (jui  avaient  été  étnvées  et  conservées  dans  un  baril  de  lôle 
galvanisée,  n'ont  présenté,  ni  dans  le  travail,  ni  dans  la  qualité  du  pain,  de  diflcrcnce  mar- 
quée avec  celles  du  service  courant. 

Conséquences.  —  Il  résuite  de  ces  expéiiences  continuées  pendant  jdus  de  six  années  : 

j"  Que  le  procédé  de  la  compression  pour  la  conservation  des  farines  ne  |,cut  donner  de 
bons  résultats  que  quand  on  opère  sur  de  petites  quantités,  et  (ju'il  ne  jiaraît  pas  SMSce])li!)le 
d'être  appliqué  avec  avantage  et  économie  à  la  préparation  di'  caisses  de  5o  à  60  kilogrammes 
et  plus; 

n"  Que  le  procédé  de  l'éluvage  doit  être  conduit  de  manière  que  les  farines  soient  tassées 
et  embarillées  dans  l'ctuve  même,  alin  qu'elles  ne  jinissent  ])as  reprendre  l'bnmidilê  dont 
elles  ont  été  privées; 

3°  Qne  la  nature  du  barillage  a  une  très  grande  influence  sur  la  conservation,  et  que  des 
barils  en  tôle  zingiiée,  bien  clos,  permet  lent  de  conserver,  pendant  trois  ans  au  moins,  à 
l'elat  de  pureté  parfaile,  des  farines  convenablement  étuvées. 

Pour  le  service  des  années  en  campagne,  il  convient  que  les  charges  soient  divisées  et 
modérées,  et  par  conséquent  les  barils  de  farine  ne  devraient  pas  peser  plus  de  5o  à  fio  ki- 
logrammes l'un.  Unit  compris.  D'une  autre  part  il  est  facile  de  disposer  une  fermeture  her- 
métique, commode  à  ouvrii',  qui  permelte  de  réexpédier  les  barils  après  la  consommation 
de  la  denrée. 

Il  convient  en  effet  de  remarquer  que  les  farines  ainsi  préparées  étant  destinées  soit  au 
service  de  la  flotte,  soit  à  celui  des  approvisionnements  qu'elle  transporte  ou  à  celui  des 
places,  la  conservation  et  le  retour  des  barils  en  tôle  zinguée  ne  doit  pas  offrir  plus  de  diffi- 
cultés que  pour  les  caisses  à  eau. 

Dans  ces  conditions,  les  frais  de  conservation  des  farines  étant  limités  à  peu  près  :\  ceux 
de  l'étuvage,  ils  se  trouveraient  bien  inférieurs  à  ceux  qu'occasionnerait  l'emploi  des  presses 
sur  de  petites  quantités. 

«    M.    Paten    (leman  le   la    permission    de    faite    remarquer    que    les 

procédés  d'étiivage   perfectionné  des  farines  ont  offert  des  succès  remar- 
quables dans  les  produits  présentés  aux  dernières  expositions  internatio- 

C    K.,  1S70,  -x"  Semestre.  (T.  LX\I,  >"  2(;.)  I  ^7 


(  952  ) 
nales,  notamment  en  ce  qui  touche  les  farines  importées  des  États-Unis  on 
France. 

»  Un  seul  reproche  semblait  pouvoir  être  ndressé  à  ces  produits  qui 
préalablement  desséchés  à  i'étuve  ne  s'étaient  pas  d'abord  convenablement 
prêtés  à  nos  méthodes  usuelles  de  jjanification  ;  mais  en  considérant  que 
généralement  le?  substances  très-sèches  absorbent  difficilement  l'eau,  nous 
avons  été  conduit  à  conseiller  une  simple  modification  consistant  à  laisser 
plus  longtemps  la  farine  s'hydrater  avec  une  proportion  d'eau  convenable, 
avant  de  la  livrer  aux  moyens  habituels  de  fermentation. 

»  Dès  lors  les  premières  difficultés  ont  disp.u'u,  le  rendement  en  pain  est 
devenu  proportionné  aux  quantités  réelles  de  farine  sèche,  celle-ci  repré- 
sentant les  94  ou  90  centièmes  du  poids  total  au  lieu  des  84,  86  ou  88  que 
contiennent  les  farines  ordinaires. 

»  Sans  aucun  doute  cependant  les  barils  ou  caisses  en  tôle  ou  tôle  galva- 
nisée, proposés  par  notre  confrère  le  général  Morin,  seraient  bien  préfé- 
rables pour  ces  expéditions  aux  barils  en  bois.  » 

ZOOLOGIE  HISTORIQUE.  —  Sur  Vintrocinclion  et  la  domesticité  du  porc  chez  les 
anciens  Egy/itiens  (deuxième  Note)  ;  par  M.  F.  Lexormaxt. 

«  Malgré  l'idée  d'impureté  religieuse  qui  empêcha  pendant  toutes  les 
époques  primitives  de  leur  civilisation  les  Égyptiens  de  réduire  par  eux- 
mêmes  en  domesticité  le  sanglier  de  leur  pays  ou  d'emprunter  aux  peuples 
voi.sins  le  cochon  domestique,  ce  dernier  animal  finit  par  être  introduit  en 
Egypte.  Mais  les  indices  de  sa  présence  sur  les  bords  du  Nil  ne  remontent 
pas  plus  haut  que  la  XYIIP  dynastie.  C'est  à  dater  de  ce  moment  que  nous 
voyons  quelquefois  apparaître  des  troupeaux  de  porcs  dans  les  scènes  agri- 
coles peintes  sur  les  parois  des  tombeaux  de  Gournah.  Des  figures  symbo- 
liques de  truie  en  terre  émaillée  ou  en  autres  matières  dont  nous  parlions 
dans  notre  précédente  Noie,  aucune  n'est  plus  ancienn!^  que  la  XVIIP  ou 
la  XIX*-"  dynastie,  et  la  plupart  datent  d'époque  plus  basse,  de  l'âge  des  rois 
Saïtes  (viP  siècle  av.  J.-C).  C'est  aussi  vers  le  temps  des  Rainsès  que  les 
documents  astronomiques  commencent  à  parler  d'une  constellation  de  la 
Truie. 

»  Le  cochon  domestique  de  l'Egypte,  tel  qu'il  se  montre  alors  et  que  la 
race  n'en  varie  pus  jusqu'aux  temps  romains,  a  des  oreilles  petites  et  droites 
qui  sembleraient  au  premier  abord  le  rappiocher  du  cochon  de  Siam  plus 
que  de  nos  occhons  vulgaires  aux   oreilles  tombantes.  Cette  particularité 


(  953  ) 
est,  dn  reste,  commune  à  la  plupart  des  races  de  cochon  de  l'antiquité,  à 
celle  que  les  monuments  de  l'art  grec  représentent  fréquemment  comme 
l'anima!  sacré  de  Déméter  et  à  celle  qai  est  le  plus  souvent  figurée  dans  les 
oeuvres  de  l'art  romain,  bien  que  dans  ces  dernières  on  voie  aussi  quelque- 
fois un  porc  à  oreilles  légèrement  tombantes.  Mais,  en  revanche,  le  cochon 
égyptien  a  la  quei'.e  tortillée  de  nos  races  communes.  Son  groin  est  forte- 
ment allongé,  son  corps  arrondi.  On  le  représente  comme  ayant  le  dos 
garni  de  soies  rudes  et  dressées,  et  comme  étant  assez  haut  sur  pattes.  A 
coté  de  cette  variété,  qui  est  la  plus  généralement  répandue,  les  tombeaux 
de  Gournah  laissent  aussi,  mais  rarement,  v*r  des  troupeaux  d'une  autre 
race,  beaucoup  moins  modifiée  par  la  douiesticité,  frés-voisine  du  sanglier 
par  ses  formes  et  en  conservant  encore  les  défenses;  les  troupeaux  de  porcs 
de  cette  dernière  variété  sont  conduits  par  leurs  pasteurs,  et  il  n'y  a  pas 
moyen  de  croire  que  les  artistes  pharaoniques,  en  les  dessinant,  aient  eu 
l'intention  de  retracer  un  animal  sauvage.  Au  reste,  les  types  des  deux  races 
ont  été  très-bien  donnés  par  sir  Gardner  Wilkinson  [Manners  and  customs 
of  ancienl  Egyptians,  3^édition,  t.  III,  p.  34)- 

»  D'après  la  date  où  la  figure  commence  à  se  montrer  sur  les  monuments 
de  l'Egypte,  le  porc  doit  être  classé,  comme  le  cheval,  au  nombre  des  nou- 
veaux animaux  domestiques  qui  furent  introduits  de  l'Asie  dans  ce  pays 
avec  l'invasion  des  Pasteurs,  et  qui  se  naturalisèrent  sur  les  rives  du  Nil 
pendant  la  domination  des  étrangers  venus  par  le  désert  de  Syrie.  Les 
tombeaux  de  Gournah  prouvent  qu'à  partir  de  la  XVIIF  dynastie,  les  grands 
propriétaires  égyptiens  en  élevaient  des  troupeaux  sur  leurs  terres.  Mais  ce 
n'était  évidemment  pas  à  l'usage  de  la  population  de  race  proprement  égyp- 
tienne, puisqu'il  lui  était  interdit  par  la  religion  de  manger  delà  viande  de 
porc  autrement  que  dans  le  sacrifice  dont  nous  avons  parlé  dans  notre  Note 
précédente  et  que  tout  Égyptien  à  qui  il  était  arrivé  de  toucher  seulement 
un  cochon  par  hasard  était  obligé  de  se  soumettre  à  de  minutieuses  puri- 
fications (Hérodote,  II,  '/ij).  C'était,  suivant  toute  apparence,  pour  l'usage  et 
la  nourriture  des  tribus  de  races  étrangères  qui  étaient  restées  en  grand 
nombre  dii  temps  de  l'invasion  sur  le  sol  de  la  Basse-Egypte,  qui  y  vivaient 
dans  une  condition  de  colonat  bien  voisine  du  servage  et  que  pendant  plu- 
sieurs siècles  la  politique  des  Pharaons  tendit  à  augmenter  an  moyen  des 
prisonniers  qu'ils  ramenaient  de  leurs  conquêtes  en  Asie.  Au  reste,  quand 
Hérodote  (11,47)  décrit  les  porchers  comme  formant  en  Egypte,  de  son 
temps,  c'est-à-dire  sous  la  domination  des  Perses,  une  caste  séparée  du 
reste  de  la  population,  se  uiariant  entre  elle  et  exclue  des  temples,  il  semble 

127.. 


(  9^4  ) 
indiquer  clairement  que  l'élève  et   la  garde  de  l'animal    impur  par  excel- 
lence constituaient    une   piofession   exercée  par  une   de  ces    tribus  étran- 
gères. 

»  Et  (piand  le  même  Hérodote  (II,  i4)  raconte  que  l'on  employait  les 
porcs  lâchés  dans  les  chanips  d'où  l'inondation  venait  à  peine  de  se  retirer 
à  fouler  le  grain  lancé  à  toute  volée  sur  le  limon  hiunide  et  à  l'enfouir  ainsi, 
il  signale  inie  habitude  exclusivement  propre  à  la  Basse-Egypte,  au  delà  de 
laquelle  il  n'avait  pas  été.  et  où  habitaient  les  tribus  non  égyptiennes,  sémi- 
tiques et  liijycpics  pour  la  plupart.  Dans  le  reste  du  pays,  ce  sont  les  mou- 
tons que  l'on  employait  au  luéme  usage,  comme  le  dit  Irès-exacleinei'.t  Dio- 
dore  de  Sicile  (I,  30),  qui  était  uioiilé  jusqu'à  Thèbes,  et  comme  le  font 
voir  fréquenunent  les  représentations  des  tombeaux.  [Voy.  ^Vilkixsox, 
Mimners  and  custoiiis  oj  ancient  Eiijplions,  3*^  édition,  t.  IV,  p.  38.) 

»  Au  reste,  l'origine  étrangère  du  cochon  domestique  en  Egyj)te  et  son 
apport  (le  l'Asie  à  une  date  cotnpara!i\t'meiil  tardive,  sont  attestés  par  le 
nom  le  plus  liabituei  de  cet  animal  dans  l'idiome  égy[)tien  antique. 

»  Deux  mots  désignent  le  porc  dans  cet  idiome.  L'un,  n'i\  copte  n'r, 
est  manifestement  une  simple  onomatopée  emprinitée  au  grognement  de 
l'anim  d  et  une;  onomatopée  indigène,  car  d'autres  peuples  ont  r^ndu  ce 
grogneuient  assez  différemment.  On  sait  que  lien  ne  varie  plus  que  la  ma- 
nière dont  les  populations  de  races  diverses  entendent  et  surtout  rendent 
dans  leur  langage  les  cris  des  animaux,  d'a[)rés  lesquels  leurs  noms  ont  été 
souvent  formés. 

))  L'autre  nom  du  porc  en  égyptien,  scha  ni,  copte  esclià,  est  beaucoup 
plus  curieux,  car  il  découle  d'une  soiu'ce  étrangère  et  se  rattache  avec  cer- 
titude au  groupe  des  noms  les  plus  généralement  répandus  du  cochon  chez 
tous  les  peu|)les  du  rameau  aryen. 

»   Grec  crvç,  vç;  la  lin  sus; 

»  Ancien  allemand  .sh;  anglo-saxon  5/((/,- Scandinave  syr;  allemand  ^au  ; 
anglais  sow;  suédois  so; 

»  Irlandais  ia/^.cymriquc  laveh;  corniquo  Itm-h;  d'où  l'anglais //oy; 

»   Persan  scliûlc;  arméiùen  choz  ; 

»   Lithuanien  tchûka;  russe  tcimsclika ; 

»  L'origine  de  tous  ces  noms,  avec  lesquels  l'égyptien  scluiau  se  groupe 
d'une  façon  si  curieuse,  prouvant  que  les  habitants  de  l'anlicpie  Egypte 
avaient  reçu  le  cochon  domestique  de  populations  qui  elles-mêmes  le 
tenaient  depuis  peu  des  Aryens;  leur  origine,  disons-nous,  est  établie  par 
le  type  plus    développé    du  sanscrit   çiiliuia,    «   l'animal  qui  fait    çù,    qui 


(  955  ) 
gfogne.  ■>  Ainsi  que  l'a  remarqué  M.  Pïctal  {Les  origines  indo-européennes, 
t.  I,  p.  370),  «   toutes  les  autres  langues  aryennes  ne  présentent  que  l'ono- 
nialopée  su  ou  çû,  avec  ou  sans  suffixe,  et  en  faisant   alterner  la  sibilante 
et  les  gutturales,  » 

»  Un  fait  qui  ne  manque  pas  tlinlérèt,  c'est  que  dans  une  direction  géo- 
graphique tout  à  fait  opposée  les  noms  du  porc  dans  les  principaux  idio- 
mes (le  la  grande  famille  touranienue  dérivent  également  tous  du  même 
type  aryen:  finnois  s/Avz;  esthoiiien  siçjcja;  tchéréinine  siisna;  baschkir 
siiska;  léléoate  scliosclika;  kirghis  <c7u((r/iA7(  ,•  tchouvache  i^s/if/,-  samoïède 
soia.  Ici  encore  la  philologie  comparative,  qu'on  a  si  bien  ajjpelée  «  l'al- 
gèbre des  sciences  historiques  »  ,  nous  met  sur  la  voie  d'une  conclusion 
importante  pour  l'histoire  naturelle. 

»  En  effet  elle  prouve  que  le  cochon  a  été  counnuniqué  par  les  des- 
cendanls  des  Aryas  à  la  phqjart  des  peuples  de  l'Asie  dans  les  directions 
les  plus  opposées.  D'un  autre  côté,  elle  prouve  également  qu'il  a  été  un  des 
animaux  domestiques  que  les  Aryas  ont  possédé  le  plus  ancieiniement 
avant  la  séparation  de  leurs  tribus,  quand  ils  habilaient  encore  leur 
berceau  commun  sur  les  bords  de  l'Oxus;  pour  ce  dernier  point  nous 
n'avons  qu'à  renvoyer  à  la  démonstration  qu'en  a  donnée  M.  Victei  [Les 
origines  indo  européennes,  t.  I,  p.  ^^Bg-SyS).  Mais  en  groupant  ces  deux  faits, 
il  est  difficile  de  ne  pas  en  conclure  que  c'est  à  la  race  aryenne,  pendant 
son  premier  éiat  pastoral,  qu'est  due  la  dome^tication  du  porc,  et  ceci 
serait  un  puissant  argument  en  faveur  de  l'opinion  de  Liidi.  [Urwell,  t.  I, 
p.  387)  sur  le  point  de  départ  de  cet  animal  et  son  origine  spécifique. 

»  Remarquons  seulement  que  si  ce  sont  les  Aryas  qui  ont  probablement 
domestiqué  le  cochon,  cet  animal  a  élé  introduit  de  très-bonne  heure  chez 
les  Sémites.  Les  prohibitions  mêmes  de  la  loi  mosaitpie  prouvent  qu'il 
était  abondamment  répandu  parmi  les  populations  qui  envirotmaient  les 
Hébreux.  Les  'assyriens  et  les  Babyloniens  le  connaissaient  à  l'époque  pour 
laquelle  nous  possédons  leiws  monuments,  époque,  il  est  vrai,  postérieure 
de  bien  des  siècles  à  celle  de  l'Ancien  Empire  égyptien.  Le  nom  le  plus 
généralement  répandu  pour  le  porc  dans  les  langues  sémitiques  est  indigène 
et  significatif.  C'est  l'hébreu  khaiir,  arabe  khanzir,  de  la  racine  kliazar, 
«  retourner  »  ;  il  désigne  par  conséquent  «  l'animal  qui  retourne  la  terre 
avec  son  groin.   « 

»  Mais  en  même  temps  l'arabe  nous  offre  un  autre  nom,  qui  est  mani- 
festement d'origuie  aryenne.  C'est  ifs,  dont  on  ne  peut  guère  méconnaître 
la  parenté  avec  ^et-Trfoç,  le  latin  aper,  l'ancien  allemand  ebiir,  epur,  allemand 


(  956) 
eber,  et  l'anglo-saxon  enfor.  Tout  ce  groupe  de  mots  se  rattache  au  sanscrit 
knmpr/i,  «  rapide,  violent  »,  épithèle  qin  convenait  parliculièreineiit  bien 
an  sanglier,  que  dc'signent  plutôt  que  l'animal  domestique  la  plupart  des 
appellations  que  nous  venons  d'énumérer.  Ici  encore  la  linguistique  fournit 
un  indice  de  transmission  de  l'espèce  des  Aryens  à  une  partie  au  moins 
des  Sémites.   » 

GÉOLOGiii  cOMl'AKÉii:.  —  6'«r  le  mode  de  solidification  du  cjlohe  lerrestre; 
par  M.   St.   I^Ieumek.  (Extrait.) 

((  P;îrmi  les  géologues,  aujourd'hui  en  immense  m;ijorité,  qui  admettent 
la  chaleur  d'origine  du  globe  terrestre,  il  s'est  formé  deux  écoles,  cpiant  à 
la  manière  dont  le  refroidissement  et  la  solidification  qui  en  est  la  suite  se 
sont  opérés. 

»  Les  uns,  à  l'exemple  tie  Poisson,  et  s'appuyant  sur  les  travaux  récents 
de  ADI.  Hupkins,  Fairbain,  Tyndall,  etc.,  veulent  que  cette  solidification 
soit  partie  du  centre  et  ait  progressivement  gagné  la  surface;  parmi  eux 
est  M.  Sterry  Hunt,  qui  s'est  signalé  par  la  force  de  ses  arguments  (i). 

»  Les  autres,  et  de  beaucoup  les  plus  nombreux,  admettent  l'hypothèse 
inverse,  suivant  laquelle  le  globe  comporte  une  mince  croûte  solide,  repo- 
sant sur  lui  noyau  interne,  liquide  ou  pâteux;  au  fur  et  à  mesure  du  refroi- 
dissement, la  croûte  augmente  d'épaisseur  par  l'addition  successive  de 
revêtements  internes. 

»  ]j'étude  de  la  Teri'e  ne  [)araît  pas  de  ualiu-e  à  nous  foiunii-  de.  faits  po- 
sitifs qui  permettent  de  choisir  entre  les  deux  opinions;  l'examen  des  au- 
tres astres  semble  au  contraire  devoir  jeter  une  vive  lumière  sur  cette 
question  fondamentale. 

))  J'ai  démontré,  par  des  observations  lithologiques  et  par  des  analyses 
appuyées  d'expériences  synthétiques  : 

»  i*-'  Que  des  météorites  de  types  divers  ont  été  en  relations  slratigra- 
phiques; 

»  u°  Que  certaines  d'entre  elles  oui  subi  des  actions  éruptiveset  métamor- 
phiques comparables  de  tous  points  à  celles  qu'éprouvent  les  roches  ter- 
restres. 

»  11  en  résulte,  toute  hypothèse  mise  à  part,  que  les  uiéléorilcs  dérivent 
d'un  astre,  aujourd'hui  dêsafjréfjé,  dont  elles  constituent  les  débris. 


(\i   On  ilic  c/iemisl/j-  of  tlic piiiiuvtii  cii/i/i.  —  Conférence  faiio  ;i  l'Iiislitiuion  ro\alf!  lu 
3i  iiiui  1867. 


(  95?  ) 

»  Ceci  posé,  voyons  si  les  météorites  n'ont  pas  conservé  quelque  signe 
auquel  on  puisse  reconnaître  dans  quel  sens  a  eu  lieu  la  solidification  de 
l'astre  d'où  elles  dérivent.  D'après  le  principe  d'unité  de  phénomènes,  nous 
serons  autorisés  à  étendre  le  résultat  à  notre  planète  elle-même. 

M  Or,  dans  l'astre  démoli,  dont  on  reconnaît  l'existence,  comme  on 
reconnaît  celle  d'un  animal  éteint  par  la  découverte  de  ses  débris  fossiles, 
les  roches  constituantes  étaient  évidemment  rangées,  de  la  surface  vers  le 
centre,  suivant  l'ordre  progressivement  croissant  de  leurs  densités.  A  cet 
égard,  il  n'y  a  qu'une  opinion;  tous  les  géologues  partisans  de  l'origine 
ignée»  des  astres  admettent  cette  distribution,  et  on  n'en  saurait  en  effet 
concevoir  une  autre. 

»  Comme  on  voit,  le  problème  est  maintenant  ramené  à  une  simple 
question  d'observation,  parce  qu'il  s'agit  de  savoir  si  les  météorites  les  plus 
denses,  c'est-à-dire  les  fers,  se  sont  solidifiés  avant  ou  après  les  météorites 
les  moins  den.ses,  c'est-à-dire  les  pierres,  On  établira  du  même  coup 
une  chronologie  géoçjénique  parmi  les  roches  cosmiques. 

»  Or  l'étude  des  météorites  éruptives,  sur  lesquelles  j'ai  eu  l'hon- 
neur d'appeler  récemment  l'attention  de  l'Académie,  a  montré  que  les 
fers  éruplifs  (Deesa,  Hemalga,  etc.)  empâtent  fréquemment  des  fragments 
pierreux,  alors  métamorphiques;  tandis  que  les  pierres  éruptives  (Chan- 
tonnay,  Pultusk,  etc.)  n'empâtent  jamais  de  fragments  métalliques,  c'est- 
à-dire  que  le  fer  était  encore  liquide  ou  j)âteux  quand  la  pierre  était  déjà 
complètement  solidifiée. 

«  Donc,  dans  le  globe  dont  les  météorites  sont  les  débris,  la  solidifica- 
tion s'est  propagée  de  la  surface  vers  le  centre,  et  l'on  peut  dire  que  les 
roches  météoriques  métalliques  sont  géologiquenient  plus  récentes  que  les 
masses  lilhoïdes  qui  leur  étaient  superposées  et  qu'elles  ont  parfois  méta- 
morphosées. 

M  En  appliquant  cette  conclusion  à  ce  qui  concerne  le  globe  terrestre, 
on  est  ainsi  conduit  par  les  faits  à  dire  qu'ici  encore  la  solidification  s'est 
propagée  de  la  surfiue  vers  !e  centre;  c'est,  je  crois,  le  premier  fait  non 
hypothétique  contre  la  manière  de  voir  de  Poisson.  » 

M.  Gazeau,  à  propos  des  observations  faites  récemment  par  M.  Sanson, 
relativement  à  ses  expériences  siu'Ia  coca,  fait  remarquer  que,  d'après  une 
brochure  publiée  récemment  par  lui,  ses  séries  de  régime  identique,  au 
lieu  de  dûier  vingt-quatre  heures,  comme  le  demande  M.  Sanson,  furent  en 
uiovenue  de  huit  jours,  quelcpiefois  même  davantage. 


(  958  ) 

«  J'ajouterai,  dit-il,  que  les  i'eiiilles  de  coca  étant  très-sensibles  et  per- 
dant facilement  leurs  propriétés,  j'ai  cherché  d'abord  à  établir  expéri- 
înentalemeiit  les  caractères  des  feuilles  de  bonne  cpialité  :  je  suis  arrivé  à 
déniontrer  qu'il  faut  rejeter  toute  feuille  :  i°  pâle  ou  noirâtre;  2°  n'ayant 
plus  ses  deux  lignes  courbes  circonscrivant  la  nervure  médiane;  3°  dont 
l'épiderme  |)Hraîtrait  érodé  à  la  loupe,  ou  serait  couvert  de  taches  brunes 
ou  blanchâtres;  4°  qui  n'aurait  pas  d'odeiu-,  ou  qui  aurait  une  odeur  nau- 
séabonde; 5°  dont  le  goût  serait  nul  ou  mauvais,  et  même  ne  produirait 
pas  différentes  sensations  que  j'analyse  dans  la  brochure. 

»  Poiu'  bien  conserver  les  feuilles  de  coca,  il  faut  les  mettre  à  l'abri  de 
l'air  extérieur,  de  la  lumière,  de  la  chaleur  et  surtout  de  l'humidité.  On 
les  placera  dans  un  bocal  bien  fermé  et  toujours  rempli  jusqu'au  bord. 

»  De  toutes  les  préparations  de  coca,  deux  seulement  doivent  être 
conservées  :  1°  les  feuilles  en  chique  ou  pulvérisées;  2°  la  teinture  et  les 
préparations  qui  en  dérivent.  Dans  la  contection  de  ces  feuilles,  il  ne  faut 
jamais  employer  les  acides,  ni  une  chaleur  excédant  60  degrés  :  au  con- 
traire il  sera  souvent  utile  d'eiiiployer  une  substance  alcaline  quelconque, 
et  préférablement  du  bicarbonate  de  soude. 

»  Appliquant  ces  données  pharmacologiques  et  physiologiques  de  la 
coca  à  la  médecine,  j'ai  donné  cette  substance  h  plus  de  deux  cents  cin- 
quante malades  dans  les  hôpitaux.  J'ai  obtenu  les  plus  heureux  résultats 
dans  certaines  maladies  de  la  cavité  buccale,  qui  résistent  habituellement  à 
toutes  les  autres  médications.  J'ai  eu  encore  plus  de  succès,  devant  de  nom- 
breux témoins,  dans  les  maladies  de  l'appareil  digestif.  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  É.  D.  R. 


BULLETIN    BIBI.lOfiRAPHKJUE. 

li'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  26  décembre  1870,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Note  présentée  pnr  M.  Payen,  le  11  novembre  1870,  au  Conseil  dliygicne 
et  de  anhibrilé  du  déi>'irti'menl  de  lu  Sdiic,  sur  les  moyens  d'utiliser,  au  profit  de 
V(dimenl(ilian,  In  matière  grasse  et  le  tissu  nrcjanique  azoté  des  os.  Paris,  1870; 
opuscule  in-4". 


(9^9  ) 

Nouvelles  recherches  expérimentales  sur  la  pharmacologie,  In  physioloijie 
et  la  thérapeutique  du  Coca;  par  M.  Ch.  Gazeau.  Paris,  1870;  br.  in-8°. 

Siège  de  Paris  :  Usage  alimentaire  de  la  viande  de  cheval  ;  Communication 
faite  à  la  Société  d'acrlintatntion  (séance  tlii  18  novembre  1870);  par 
M.  E.  Décrois.  Paris,  1870;  br.  in-8°  (deux  exemplaires). 


PUBLICATIONS    PERIODIQUES    REÇUES    PAR    l'aCADÉMIE    PENDANT 
LES    MOIS    DE    NOVEMBRE    ET    DECEMBRE     I8Ï0. 


Annales  des  Conducteurs  des  Ponts  et  Chaussées  ;  ]u\\\ei  1870;  in-8". 

Bulletin  de  l' Académie  impériale  de  Médecine;  n°'  des  i5  el  3o  novembre 
1870;  in-8". 

Bulletin  (jénéral  de  Thérapeutique;  n°*  des  i5,  3o  octobre  et  3o  no- 
vembre 1870;  in-8". 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l  Académie  des  Sciences; 
n"'  23  à  26,  2"  semestre  1870;  iii-4°. 

Gazette  médicale  de  Paris;  u"'  45  à  Sa,  1870;  in-4''. 

Journal  de  l' Eclairage  au  Gaz;  n°'  39  à  4^,  1870;  in-4''. 

L' Aéronaute;  novembre  1870;  in-8°. 

LArt  médical;  octobre  1870;  in-S". 

Revue  des  Cours  scientifiques  ;  11"*  4^1  ^t  4^,  1870;  in-4°. 

Société  d'Encouragement.  Comptes  rendus  des  séances;  n"'  i5  à  18,  1870; 


C.  R.,  1S70,  2«  S^racjirf.    (T     LXXl,   ^"2C.)  '  ^8 


(  9^0  ) 


ERRATA. 

(Séance  du    iZj  novembre  1870.) 

Page  694»  ligne  5,  nu  lieu  de  M.  Boisson,   lisez  M.  Busson. 
»  ligne  9,  au  lieu  de  M.  Gaillard,  lisez  M.  Gailhard. 


FIN    DU    TOME   SOIXANTE    ET   ONZIEMK 


COMPTES    RENDUS 


DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


TABLES    ALPHABÉTIQUES. 


JUILLET  —  DÉCEMBRE  1870. 


TABLE  DES  MATIÈRES  DU  TOME  LXXI. 


Pages. 

Acide  acétique.  —  Recherches  sur  les  déri- 
vés bromes  de  l'acide  acétique  anhydre  ; 
Note  de  M.  Gai '272 

Acide  cyanique.  —  Note  de  MM.  Jiif;.  Ca- 
liours  et  G(d  concernant  de  nouveaux 
composés  résultant  de  l'union  de  l'acide 
cyanique  et  des  différents  éthers  cya- 
niques  avec  les  éthers  des  acides  amidés 
dp  la  série  aromatique 462 

Acide  oxalique.  —  Sur  la  décomposition  de 

cet  acide  ;  Note  de  M.  Caries 21G 

Acide  paraphocénique.  —  Son  identité  pré- 
sumée avec  un  acide  odorant  produit 
dans  la  fermentation  putride  de  plusieurs 
matières  azotées,  et  particulièrement  des 
lendons;  Note  de  M.  Chevreul 760 

Acide  phénique.  —  Sur  son  emploi  hygié- 
nique ;  Note  de  M.  Calvert in 

AÉRONAUTIQUE.  —  Note  do  M.  DiipuY  de 
Lomé  sur  un  projet  d'aérostat  dirigé, 
muni  d'un  propulseur.  —  Supplément  à 
cette  Note 477.  5oa  et     S-^.g 

—  Deuxième  et  troisième  Notes  sur  les  aé- 

rostats dirigés;  par  te  mente. .     545  et    549 

—  M.  Moriii  annonce,  séance  du  24  oc- 

tobre, avoir  entre  les  mains  une  pièce 
qui  paraît  être  un  Rapport  écrit  de  la 
main  de  Monge  et  qui  a  pour  titre  ; 
«  Mémoire  sur  l'équilibre  des  machines 
aérostatiques,  sur  les  différents  moyens 

C.  R.,  i«70,  2""'  Semestre.  (  T.  LXXL) 


ri>};cs. 

de  les  faire  descendre  et  monter,  et  spé- 
cialement sur  le  moyen  d'exécuter  ces 
manœuvres  sans  jeter  de  lest  et  sans 
perdre  d'air  inflammable,  en  ménageant 
dans  le  ballon  une  capacité  particulière 
destinée  à  contenir  de  l'air  atmosphéri- 
que, par  M.  Meusnier  » î/ç) 

Ce  Rapport  ou  projet  de  Rapport,  trouvé 
dans  les  Archives  du  Conservatoire  des 
Arts  et  Métiers,  et  écrit  enlièremenl 
de  la  main  de  Monge,  mais  non  signé, 
est  communiqué  par  M,  Morin  à  l'Aca- 
démie, dans  la  séance  du  3i  octobre.  .     oC») 

Sur  les  circonstances  qui  ont  pu  amener 
Monge  à  s'occuper  des  questions  rela- 
tives aux  aérostats;  Note  de  M.  Ha- 
chette      .i8j 

M.  Dumas  donne  lecture  d'un  pas- 
sage des  «  CEuvies  de  Lavoisier  » 
relatif  aux  travaux  aérostaliques  de 
Meusnier (inS 

M.  Chevreul  exprime  le  désir  d'avoii' 
quelques  documents  relatifs  aux  expé- 
riences des  frères  Montgolfier iWkj 

M.  Dumas,  en  réponse  à  M.  Chevi-eul, 
donne  lecture  d'un  nouveau  passage  des 
«  Œuvres  de  Lavoisier  ;> (lu» 

M.  Chevreul  remercie  M.  Dumas,  et  fait 
remarquer  que  les  documents  authen- 
tiques qui  viennent  d'être  communiqués 

129 


9^2 


Pa 

sur  riiweiilion  des  frères  MontL'olfier 
iijoulent  un  nouvel  exemple  à  ceux  qui 
prouvaient  déjà  qu'on  peut,  en  partant 
d'une  idée  erronée,  arriver  à  une  dé- 
couverte réelle 

Description  du   premier  aérostat  à  va- 
peur; par  M.  Giffiiril 

Note  de  M.  Damus  à  propos  du  récent 
départ  de  M.  Janssen  par  raérostat  «  le 

Volta  » 

M.  Linitville  et  M.  DclniindY,  Membres 
du  Bureau  des  Longitudes,  partagent 
ainsi  que  le  Bureau  loul  entier  les  senti- 
ments exprimés  par  M.  Dumas  relalive- 
raenl  à  l'immunité  dont  doit  jouir  près 
de  tous  les  peuples  civilisés  le  voyageur 
qui  remplit  une  mission  scientifique... 
M.  /(■  Secrél/iirr  /icrpeliicl  lionne,  dans  la 
séance  du  19  décembre,  communication 
d'une  Lettre  de  M.  le  Directeur  général 
des  lignes  télégraphiques  annonçant 
l'heureuse  arrivée  à  Saint-Nazaire  du 
ballon  «  le  Volta  »  monté  par  M.  Jn/is- 

scn 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  communique 
une  Lettre  de  M.  F.  Denis  accompagnée 
d'une  citation  de  Coutetle  attestant  com- 
ment les  Allemands  entendaient,  il  y  a 
un  demi-siècle,  la  législation  militaire 
en  matière  de  navigation  aérienne. . . . 

-  Procédé  pour  mettre  en  communication 

télégraphique,  au  moyen  d'aérostats,  la 
France  du  dehors  avec  la  France  du  de- 
dans; Note  de  M.  Guérin 

-  Remarques  de  M.  Dumns  sur   un  pro- 

jet analogue  que  lui  a  communiqué 
M.  Granier 

-  Note  sur  la  nécessité  de  faire  des  expé- 

riences concernant  la  résistance  des  tis- 
sus en  vue  de  l'aérostatique  ;  Note  de 
M.  Moiitiicci 

-  Note  sur  un   moyen  de   détruire  rapi- 

dement, en  ballon,  des  dépèches  dont  la 
communication  pourrait  être  utile  à  l'en- 
nemi ;  par  le  nu'iiie 

-  Projet  d'aérostat  dirigeable   muni   d'un 

moteur  à  air  dilaté  par  la  combustion 
du  gaz  d'éclairage  puisé  dans  le  ballon 
lui-même;  Note  de  M.  Boiwct .     539  et 

-  Sur  un  procédé  de  réchauffement  mé- 

thodique du  gaz  d'un  aérostat  par  la 
combustion  d'une  partie  de  ce  gaz  lui- 
même  pour  compenser  les  pertes  de  force 
ascensionnelle  ;  par  le  iiiciiie 

-  Du  moyen  de  produire  à  volonté,  à  bord 

des  aérostats,  un  excédant  de  force  as- 
censionnelle pour  opérer  des  montées  et 
des  descentes  partielles;  par  le  même.. 


tiio 
683 

783 


786 


886 


839 

578 

692 

78a 
73i 


) 

Sur  un  gaz  qu'on  pourrait  substituer  pour 
le  gonflement  des  ballons  à  celui  qu'on 
obtient  de  la  houille;  Note  de  M.  Hit- 

rciiii  de  f  'i  lie  neuve 767 

■  M.  Dumas  fait  remarquer  à  cette  occa- 
sion que  la  fabrication  du  gaz  proposé 
exigerait  un  outillage  spécial,  et  que  si 
1  on  essayait  d'y  employer  celui  qui  sert 
pour  la  production  du  gaz  d'éclairage 
on  l'aurait  promptement  détérioré 768 

-  Note  de  M.  Déroute  i\n  un  nouveau  sys- 

tème aéronautique  exigeant  l'emploi  de 
deux  gaz  différents,  système  marchant 
par  une  succession  d'ascensions  directes 
et  de  descentes  obliques  dans  des  direc- 
tions déterminées 768 

-  Note  de  AI.  Pnsqutile  sur  la  direction  des 

aérostats j5o 

-  Notes  de  M.  Sorel  concernant  les  condi- 

tions que  lui  paraissent  devoir  remplir 
les  aérostats  pour  qu'il  soit  possible  de 
les  diriger 622,  677  et    729 

-  Essai  sur  les  moyens  de  diriger  les  aé- 

rostats et  sur  l'appréciation  des  résul- 
tats qui  peuvent  être  obtenus  :  agents 
de  locomotion  et  de  direction  faisant 
corps  avec  le  ballon  ;  Note  de  M.  Lehir.     578 

-  Sur  la  direction   des  ballons;  Note  de 

M.  Joulie •  .     53 1 

-  Note  de  M.  Debruge  relative  à  un  ballon 

dirigeable 619 

-  Note  do  M.  Delacroix  sur  un  ballon  diri- 

geable, différent  de  celui  qu'il  avait  pié- 
cédemment  proposé 681 

-  Note  de  M.  Lecerrc  ayant  pour  titre  : 

«  Ballon  dirigeable  par  le  haut  » 769 

-  Sur  un  procédé  qui  peut  servir  à  déter- 

miner la  direction  suivie  par  un  aérostat 
et  sa  vitesse  dans  l'espace;  Note  de 
M.  Gouillr 885  et  939 

-  Notes  de  M.  Braehet  relatives  à  divers 

systèmes  aérostatiques,  et  en  particulier 

à  celui  de  Meusnier 

440,  522,  540,  578,  619, 681 ,  732,  807  et    «45 

-  L'Académie  a  reçu,  dans  les  séances  des 

17  et  3 1  octobre;  des  7,  14,  21  et  28  no- 
vembre; des  5,  12  et  26  décembre,  di- 
verses Communications  relatives  à  l'aé- 
ronautique adressées  par  MM.  Buhaty, 
Moura,  —  Deliu  roi.v,  Dupuis,  Bnrhou, 
—  Varcnne,  —  Lassimone,  tiuty,  .tlvn- 
rcz,  —  Grin,  —  Delcourt,  Bernis,  Pat- 
marri,  —  Bazin,  Gailliarit,    Trouve,  — 

Toselli 522,  578, 

619,  G81,   694,   732,   769,  807,  845  et     939 

-  Note  sur  les  ballons  captifs  ;  par  M.  E. 

Pctro 7U9 


(  963 

Pages. 


—  Description  et  dessin  d'une  «   Libellule 

mécanique  »  ;  par  M.  Prigcnt gSg 

Alcools.  —  Noie  de  JI.M .  Liebert  et  Rossi  sur 

l'alcool  amylique  normal 369 

Allmentation.  —  Sur  un  moyen  propre  à 
annuler  les  effets  de  l'alimentation  in- 
suffisante; Noie  de  M.  Rabuteuu 426 

—  De  lalimenlation  dans  une  ville  assiégée  ; 

Mémoire  de  M.  Grimmul,  de  Caux 443 

—  Remarques  de  M.  Dnmns,  à  roccasion  de 

la  Communication  précédente,  sur  la 
consommation  du  blé  soit  en  nature, 
soit,  après  mouture,  sous  la  forme  de 
pain 445 

—  Remarques  de  M.  Clicvreul,  à  propos  de 

la  même  Communication,  sur  l'histoire 
de  la  panification  et  des  connaissances 
chimiques  qui  s'y  rattachent 447 

—  Remarques  faites  à  l'occasion  de  la  même 

Communication,  par  M.  Paycn,  touchant 
les  résultats  déjà  obtenus  dans  la  fabri- 
cation des  pains  contenant  tous  les  élé- 
ments du  blé  sans  élimination  du  son. .     449 

—  Nouvelles  remarques  de  M.  Chevreul  sur 

le  même  sujet 450 

—  M.  Milne  Echvunls  fait  observer,   tou- 

jours à  l'occasion  de  la  Communication 
de  M.  Grimaud,  de  Caux,  l'importance 
qu'a  pour  le  travail  de  la  digestion  l'ad- 
dition faite  aux  aliments  de  condiments 
et  substances  sapides 45i 

—  M.  C/icvreul  annonce  partager  à  cet  égard 

l'opinion  de  M.  Milne  Edwards 45i 

—  Note  additionnelle  de  M.   Grimmul,  de 

Caux,  à  sa  Communication  sur  l'emploi 

de  blé  en  nature  comme  aliment 478 

—  Deuxième  Note   sur    lalimenlation    des 

habitants  dans  une  ville  en  état  da  siège  ; 

par  le  mente 53o 

—  Observations  relatives  à  la  panification; 


Note  de  M.  Mège-Mou)-iès . 


472 


—  Sur  un  procédé  de  panification  dans  lequel 

on  ferait  intervenir  le  froment  en  grain 
concurremment  avec  la  farine;  Note  de 
M.  Diibninfimt go6 

—  Sur  l'emploi  de  la  fiirine  d'avoine  dans 

l'alimentation;  Note  de  M.  U'ilson. . . .     l^-jl^ 

—  Sur  les  moyens  de  faire  entrer  la  farine 

de  blé  dans  la  confection  d'aliments 
doués  de  propriétés  nutritives  suffisan- 
tes ;  Note  de  M.  L.  Aubert 475 

—  Nouvelle  Note  de  M.  Aubert  sur  l'emploi 

des  matières  grasses  mélangées  avec  le 

blé  en  nature  comme  aliment 479 

—  Sur  les  avantages  qu'aurait  une  mesure 

qui  imposerait  aux  boulangers  l'obliga- 
tion de  ne  livrer  aux   consommateurs 


} 

Poges. 

que  du  pain  cuit  de  la  veille;  Nolo  de 

M.   Tournier 4^1; 

Note  de  M.  Gaultier  de  Claubry  rela- 
tive à  une  réglementation  qu'il  croirait 
utile  d'établir  dans  la  fabrication  du  pain 
pendant  l'investissement  de  la  ville  de 
Paris 5-2(; 

Sur  un  aliment  utilisable  pendant  la  du- 
rée du  siège  (la  bouillie  romaine);  Note 
de  M.  Gmddrée-Bmllemi 538 

Note  de  M.  f'ignal  relative  à  l'emploi  du 
blé  en  nature  comme  aliment  dans 
l'Ardèche 53i) 

Sur  l'emploi  des  légumes  secs  et  du  blé 
vert  en  Alsace  ;  Note  de  M.  Brisdc 478 

Sur  l'emploi  de  la  farine  d'avoine  et  du 
blé  en  nature  comme  aliment;  Note  de 
M.  Jf'ilsnn 47(j 

Sur  la  culture  de  quelques  plantes  culi- 
naires pour  la  durée  du  siège;  Note  de 
M.  Decaisiic 48- 

Remarques  de  M.  Chevreul  sur  les  pro- 
priétés nutritives  de  quelques-unes  des 
plantes  citées  par  M.  Decaisne 489 

Note  de  M.  Dumas  à  propos  de  Commu- 
nications précédentes  sur  l'approvision- 
nement en  viande  de  la  ville  de  Paris 
pour  le  temps  du  siège 479 

Observations  de  M.  Milne  Edwards  à 
l'occasion  de  la  Note  de  M.  Dumas,  sur 
un  procédé  de  salaison  de  la  viande  et 
sur  les  propriétés  nutritives  de  la  géla- 
tine des  os 48(j 

Remarques  de  M.  Payen  h.  propos  des 
observations  faites  par  M.  Milne  Ed- 
wards, sur  les  procèdes  de  conservation 
des  viandes 488 

Note  de  M.  Dumas  relative  à  un  passage 
omis  dans  sa  précédente  Communication 
concernant  les  mesures  prises  par  l'ad- 
ministration pour  assurer  la  bonne  pré- 
paration des  viandes  soumises  à  la  sa- 
laison      5a3 

Note  de  M.  Hoffmann  concernant  quel- 
ques précautions  auxquelles  il  lui  paraît 
indispensable  d'avoir  égard,  soit  dans 
la  préparation,  soit  dans  l'usage  du  bou- 
din de  sang  de  bœuf ài.j. 

Sur  l'emploi  de  boudin  de  sang  de  bœuf 
comme  aliment;  Note  de  M.  Hiche. . . .     540 

Note  dé  M.  Fua  relative  à  un  procédé  de 
conservation  des  viandes 5'i'i 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au 
nom  de  M.  Eug.  Pehuze,  un  Mémoire  et 
des  échantillons  relatifs  à  un  procédé 
nouveau  de  conservation  des  viandes..     7'ii 

Note  de  M.  /"t/Z/c/- concernant  deux  pro- 
cédés pour  la  conservation  de  la  viande.     8(i(i 

129.. 


(  96^.  ) 


Paftes.  I 


Note  de  M.  Soubryran  ayant  pour  titre  : 
M  Consorvalion  des  viandes;  moyen  d'é- 
viter les  salaisons  » 945 

-  Observations  faites  à  cette  occasion  par 
M.  Paycn  relativement  aux  tentatives 
déjà  faites  pour  conserver  les  viandes 
par  dessiccation 946 

M.  Mnrin  rappL'Uc,  à  propos  de  cette  Com- 
munication, les  essais  entrepris  autre- 
fois par  lui  pour  la  conservation  des  fa- 
rines       g47 

Observations  de  M.  Paycn  relatives  aux 
procédés  d'étuvage  perfectionné  des  fa- 
rines      '931 

Emploi  de  l'osséine  dans  l'alimentation  ; 
Note  de  M.  Freiny 559 

Remarques  faites  à  cette  occasion  par 
K.  Chevreid 562 

Observations  de  II.  Dumas  relatives  à  la 
Communication  de  M.  Fremy 565 

Observations  de  M.  Payrn  relatives  à  la 
mémo  Communication 56? 

Annonce  d'une  Note  de  M.  Chevreid  sur 
les  subsistances  et  l'alimentation 601 

Exposé  des  raisons  pour  lesquelles  l'ali- 
ment de  l'homme  et  des  animaux  supé- 
rieurs doit  être  d'une  nature  chimique 
complexe  ;  Mémoire  de  M.  Chevreid. . .     635 

M.  Dumas  communique  une  Lettre  de 
M"*'  D Arcel-Lerointre  qui  l'a  chargé 
d'offrir  à  l'Académie,  au  nom  de  sa  mère, 
Yjmc  yve  £)'j^,.(.et  gi  gy  gjen ,  des  docu- 
ments en  partie  inédits  se  rapportant 
principalement  aux  recherches  du  sa- 
vant Académicien,  Joseph  D'Arcet,  sur 
la  gélatine  des  os  et  son  emploi  alimen- 
taire      682 

Deuxième  Note  de  M.  Frcmy  sur  l'emploi 
de  l'osséine  dans  l'alimentation 747 

Remarques  de  M.  Dumas  à  l'occasion  de 
cette  Communication 755 

Réponse  de  M.  Frcmy  à  quelques-unes 
des  remaniues  de  M.  Dumas 756 

Nouvelles  remarques  de  M.  Dumas  con- 
cern.int  la  ([uestion  de  l'osséine  et  de  la 
gélatine  alimentaire -58 

M.  lAouvilh-  rappelle  à  cetle  occasion  que 
certains  adver.-aires  de  la  gélatine  ayant 
|)rétendii  cpie  les  malades  des  hôpitaux 
>e  plaignaient  de  la  voir  entrer  pour 
quelque  chose  dans  leur  régime  alimen- 
laire,  M.  Arago  avait  constaté  ([u'il  n'en 
était  pas  ainsi  partout;  il  s'était  du  moins 
assuréqu'à  l'hôpital  de  Met/,  cet  teaddi  lion 
était acce|)tée  comme  une  amélioration.     739 

Sur  les  propriétés  nutritives  des  sub- 
stances organiciues  tirées  des  os  et  sur 
la  composition  des  rations  alimentaires, 


susceptibles  d'entretenir  le  corps  hu- 
main dans  son  état  normal  ;  Note  de 
M.  Milite  Fdnan/s 

—  Observations  de  M.  Chevreid  relatives  à 
un  passage  de  la  Communication  récente 
de  M.  Fremy  sur  l'osséine 

—  Réponse  de  M.  Fremy  a\i\  remarques  de 
de  M.  Chevreul 

—  Communication  de  M.  Paycn  ayant  pour 
titre  :  0  Hippophagie  ;  graisses,  huiles 
alimentaires  et  substances  gélatineuses 
des  tissus  et  des  os  du  bœuf  et  du  che- 
val »  

—  Sur  le  procédé  employé  par  les  Indiens 
Tétes-plales  pour  extraire  l'huile  des  os 
longs  dont  la  moelle  a  été  déjà  retirée: 
Note  de  M.  Rnulin 875  et 

—  De  l'intluence  du  café  et  du  cacao  sur 
l'alimentation  ;  Noie  de  M.  Rabuteau.  . . 

—  Remarques  de  M.  Payen  à  l'occasion  de 
cette  Communication,  sur  les  propriétés 
nutritives  du  cacao 

—  Remarques  de  M.  Dumas  à  l'occasion  de 
la  même  Communication 

—  M.  Chevreul,  également  à  propos  de  la 
Note  de  M.  Rabuteau,  fait  remarquer 
combien  est  peu  sur  le  jugement  qu'on 
porterait  sur  les  propriétés  nutritives 
d'une  substance  en  se  basant  seulement 

j         sur  la  proportion  de  l'azote 

—  Recherches  expérimentales  sur  les  pro- 
j         priétés  alimentaires  de  la  coca  ;  Note  de 

M .  Gazcau 

1  —  Remarques  de  M.  Rnulin  concernant  l'his- 
toire de  la  coca  et  les  causes  qui  en  ont 
rendu  l'usage  moins  général  qu'il  ne 
l'était  à  l'époque  de  la  découverte  du 
Nouveau-Monde 

—  Note  de  M.  E.  Decaisne  concernant 
(i  L'alimentation  des  petits  enfants  et 
le  lait  pendant  le  siège  » 

—  Note  de  M.  Teliicr  sur  l'emploi  qu'on 
pouriail  faire,  pour  l'alimentation  des 
jeunes  enfanis,  du  moût  d'orge,  tel  qu'il 
est  préparé  dans  la  fabrication  de  la 
bière 

—  M.  Mnissenet  adresse  à  l'Académie  un 
exemplaire  d'une  Note  sur  le  rationne- 
ment de  la  population  do  Paris  pour  le 
pain  et  la  viande 

Alios  (For.mation  de  l').  —  Remaniues  de 
M.  Fau:  sur  quelques  particularités  du 
sol  des  Landes  de  Gascogne 

Anj.Mi.MUM.  —  Sur  les  propriétés  électro- 
thermiques  de  co  métal  ;  Noie  de 
M.  t'iollc 

—  M.  H.  Saintc-Clnirc  Dcvdlc  communique 
quelques  résultats  obtenus  par  M.  Costa 


786 

79t> 
797 


822 

732 

734 
735 


-36 


799 


801 


.j3« 


528 


245 


(965  ) 


Pages. 
■190 

42 
383 


sur  les  propriétés  chimiques  de  l'alu- 
minium   

Analyse  mathématique.  —  Rapport  sur  un 
Mémoire  de  M.  Bouquet  relatif  à  la 
théorie  des  intégrales  ultra-elliptiques; 
Rapporteur  M.  Serret 

—  M.  Mryer  adresse  une  suite  à  ses  re- 

cherches relatives  aux  questions  d'ana- 
lyse indéterminée 

A.NiMAUx  nA.NS  l'ancienne  Egypte.  —  Sur  les 
animau-x  employés  par  les  anciens  Égyp- 
tiens à  la  chasse  et  à  la  guerre  ;  Notes  de 
M.  Lcnormant  (i',  2",  3"  et  4°  parties). 
593,  032,  (164  et     777 

—  Note  sur  l'histoire  du  chat  domestique 

dans  l'antiquité  et  sur  l'époque  à  la- 
quelle il  a  élé  introduit  en  Egypte;  par 
le  niciiic 738 

—  Note  sur  l'introduction  et  la  domesticité 

du    porc   chez   les    anciens   Égyptiens 
(1"  et  2"  parties)  ;  par  A'  me'me.  849  et     932 
Appareils  divers.  —  Figure  et  description 
d'une  «  Libellule  mécanique  u  ;  adressées 
par  M.  Prigent 939 

—  Note  de  M.  Girard  relative  à  une  dispo- 

sition qui  permetd'observerà  de  grandes 
distances 383 

—  Sur  la  couseuse  automate  de  M"'  Garcin  ; 

Note  de  M.  Morellet , 88 

—  M.  Durand  présente  une  tasse-filtre  de 

son  invention 240 

—  Notes  de  MM.  Vallée  et  Brachet  sur  un 

«  Régulateur  automoteur  électrique  »  et 
sur  une  lampe  électrique  pouvant,  sui- 
vant eux,  être  employée  avec  avantage 

pour  l'éclairage  des  grandes  voies 

.' 33 1  et    769 

Arts  militaires.  —  Sur  l'affût  de   l'amiral 

Labrousse  ;  Note  de  M.  Fnre 455 

—  Sur  la  déviation  des  projectiles  à  ailettes  ; 

par  /(■  même Co  1 

—  Note  sur  l'art  de  pointer  et  ses  condi- 

tions physiologiques;  par  le  même. . . .     872 

—  Note  de  M.  Bcrthelnt  sur  la  force  de  la 

poudre  et  des  matières  explosibles. . . . 
*3i9>  677  et    709 

—  Note  sur   la   clialeur  de  formation  des 

composés  azotiques;  pur  le  même 677 

—  Sur  une  poudre  de  guerre  au  chlorate 

de  potasse;  Note  de  M.  Zaliwski 4o3 

Voir  aussi  l'article  Explosircs  (Ma- 
tières). 

—  Sur  les  effets  de  la  pénétration  des  pro- 

jectiles dans  les  parties  molles  et  les 
parties  fdjreuses  du  corps  humain  ;  Note 
de  M.  Arlh.-Jul.  Morin 927 

—  Note  et  Lettre  sur  l'inflammation  de  la 

poudre  à  distance  au  moyen  de  l'élec- 


tricité;  par  M. /.  iJfon'// 477  et    782 

—  Du  soldat  en  campagne  et  devant  l'en- 

nemi :  système  d'armes  défensives  de 
l'invention  du  général  polonais  Mieros- 
lavvski:  Note  de  M.  Grimaud,  de  Caux.     409 

—  Lettre  de  M.  Berger  concernant  la  fon- 

dation d'un  prix  destiné  à  récompenser 
l'invention  d'un  système  d'abri  mobile 
pour  l'armée 885 

—  Note  sur  de  nouveaux  campements  mi- 

litaires; par  M.  Dumerr 93H 

—  Description    et    figure    d'une    nouvelle 

bombe  cylindro-conique  à  percussion  ; 
Note  de  M.  Clotei,  et  addition  à  cette 
Note 522  et     ji») 

—  Sur  un  procédé  particulier  pour  lancer 

les  projectiles  de  guerre;  Note  de  M.  De- 
laurier 383 

—  Note  de  M.  Sorel  relative  à   un  moyen 

d'augmenter  la  portée  des  pièces  de 
canon 938 

—  Projet  de  canon   porté  sur  un   chariot 

blindé  ;  Note  de  M.  Bracliet 886 

—  !i  La  lunette  de  rempart  »  ;  Note  de  M.  A. 

Caziti Gj>9 

—  Noie  sur  la  substitution  des  lunettes  aux 

alidades  à  pimiules  pour  le  pointage  des 
canons;  par  M.  Bracliet 938 

—  Note  de  M.  Tellier  relative  à  l'emploi  de  la 

lunette  à  fils  croisés  pour  faciliter  le  tir.    938 
Astronomie.  —  Sur  la  manière  d'observer  le 
prochain  passage  de  Vénus;   Note  de 
M.  Fare 4i3 

—  Sur  l'éclipsé  totale  du  22  décembre  pro- 

chain ;  Note  de  M.  Janssen .531 

—  Sur  la  mission  donnée  à  M.  .lanssen  pour 

aller  observer  en  Algérie  l'éclipsé  to- 
lale  du  22  décembre  1870;  Note  de 
M.  Fare 819 

—  Note   de  M.  d'Ji'czac  accompagnant  la 

présentation  faite  au  nom  de  l'auteur, 
M.  S.  Clai'ijn,  d'un  volume  imprimé  en 
espagnol  et  intitulé  :  «  Réflexions  sur  le 
système  planétaire  » 387 

—  Sur  les  rapports  de  l'astronomie  phy- 

sique et  de  la  géologie  ;  Note  M.  Staa. 

Meunier 5.)  [ 

Voir  aussi  l'article  Météorites. 
.Aurores  boréales.  —  Notes  de  M.  Chapelas 
sur  l'aurore  boréale  du  24  septembre, 
et  sur  celles  des  24  et  25  octobre 584 

—  Sur  l'aurore  boréale  du  24  octobre  ;  Note 

M.  Salicis 587 

—  Sur  les  aurores   boréales  du  24  et  du 

25  octobre;  Note  de  M.  Gaillemin. .  .  .     587 
Azote.  —  Sur  le  dégagement  d'azote  pur,  des 
matières  organiques  azotées;  Note  de 
M.  CaU'crt 322 


(  9Cfi  ) 


B 


Pagi'S. 

Balistique.  —  Voir  l'article  .Iris  militaires. 

Botanique.  —  Sur  la  structure  du  Cytinet  et 
l'action  qu'il  exerce  sur  la  racine  des 
Cistes;  Notes  de  M.   Caimt . .     216  et     3G9 


Pages. 

Bromures.  —  Mémoire  sur  le  bromure  de 

fer  et  de  potassium  ;  par  M.  Gaiibc 35o 

Bulletin  bibliographique.  —  Pages  241, 
290,332,  358,  377,  393  ,41 1,  429,  44i- 
452,    476,    491,    543,    599,    909    et    968 


c 


Cadrans  solaires.  -  Restauration  d'un  ca- 
dran solaire  conique,  tracé  sur  un  frag- 
ment rapporté  de  Phénicie  par  M.  Renan  ; 
Note  de  M.  Lnusscdat 261 

Candidatures.  —  M.  Boussincsq  prie  l'Aca- 
démie de  vouloir  bien  le  comprendre 
parmi  les  candidats  à  la  place  laissée 
vacante,  dans  la  Section  de  Géométrie, 
par  le  décès  de  M.  Lamé 384 

i'.iialeur.  —  Sur  les  variations  de  tempéra- 
ture produites  par  le  mélange  de  deux 
liquides;  Note  de  M.  Jamin  en  réponse 
aux  observations  présentées  à  l'occasion 
de  sa  Note  précédente,  par  M.  11.  Sainte- 
Claire  Deville 23 

—  Remarques  de  M.  H.  Sainte-Claire  De- 

ville  sur  la  nouvelle  Note  de  M.  Jamin.       3o 

—  Sur  les  variations  de  température  pro- 

duites par  le  mélange  de  deux  liquides  ; 
réponse  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville 
[\  la  dernière  Note  de  M.  .lamin 202 

—  Réponse  de  M.  H.  Suintr-Claire  Deville 

à  des  critiques  de  M.  .lamin,  à  propos 
d'un  Mémoire  publié  en  iBGo 204 

—  Réplique  de  M.  Jamin  aux  deux  dernières 

Communications  de  M.  II.  Sainte-Claire 
Deville 34i 

—  Sur  la  détermination  du  rapport  do  deux 

chaleurs  spécifiques;  Note  de  MM.  Ja- 
min et  Richard 33(i 

—  Remarques  de  M.  H.  Sainte-Claire  De- 

ville au  sujet  de  la  précédente  Note. . .     368 

—  Relation  entre  les  chaleurs  spécifiques  et 

les  coefficients  de  dilatation  d'un  corps 
quelconque;  Noie  de  M.  Plnltips 333 

—  De  la  chaleur  spécifique  des  gaz  sous  vo- 

lume constant  ;  Note  de  M.  Moutier.  . .     807 

—  Équivalent  mécanique  de  la  chaleur.  — 

Voir  l'article  Thermiulynamique . 

C.uEHiNS  DE  FER.  —  Notc  d(!  M.  Lehlun  ayant 
pour  titre  :  «  Système  de  chemin  de  for 
rural  et  de  montagnes  :  adhérence  par- 
faite des  roues  avec  le  rail  » 47 

CiiiBUROiE.  —  Notes  de  M.  Sédillot  ayant 
pour  litre  :  «Observations  relatives  aux 


indications  chirurgicales  et  aux  consé- 
quences des  amputations  à  la  suite  des 
blessures  par  les  armes  de  guerre.  — 
Addition  à  la  précédente  Communica- 
tion :  «  De  l'encombrement  et  de  ses 
suites  fâcheuses  ;  mesures  proposées 
pour  placer  les  amputés  dans  de  meil- 
leures conditions  hygiéniques.     421  et     435 

—  Note  de  M.  Seiré  ayant  pour  litre  :  «  Sur 

le  couteau  électrique  et  ses  applications 

à  la  chirurgie  militaire  » 3oi 

—  Note  de  M.  Pellarin  concernant  l'hygiène 

des  blessés  et  des  opérés 4;7 

—  Sur  la  propriété  dont  jouissent  les  troncs 

artériels  de  résister  mieux  que  les  cor- 
dons nerveux  à  l'action  directe  des  pro- 
jectiles sphériques;  Noie  de  M.  Bnnna- 
font -07 

—  Toiles  et  papiers  au  tannin  et  à  l'acide 

benzo'ique  pour  les  pansements  rapides 
sans  linge;  Note  de  M.  fiostaing 806 

—  Sur  l'emploi  de  la  glace  et  du  froid  dans 

les  amputations;  Notes  de  M.  Ch.  Tel- 

licr 579,  618  et    8o(') 

Chloral.  —  Transformation  du  cliloral  en 
aldéhyde  par  substitution  inverse  ;  Note 
do  M.  Personne 227 

Ciilor.\tes.  —  Sur  une  poudre  de  guerre  au 
chlorate  de  potasse  ;  Noie  de  M.  Za- 
liu'ski 4o3 

Chlorures.  —  Action  du  pent<ichlorure  el 
du  pentabromure  de  phosphore  sur  di- 
vers éthers  ;  Noie  de  M.  L.  Henry. ...     3i4 

Climats.  —  Note  de  M.  Grad  ayant  pour 
titre  :  «  Le  climat  de  l'Alsace  et  des 
Vosges  » 74 

Coca.  —  Recherches  expérimentales  sur  la 
propriété  alimentaire  de  celte  feuille; 
Note  de  M.  Gazeaii 799 

—  M.  Roulin  donne  à  cette  occasion  cpiel- 

ques  détails  sur  l'usage  de  mâcher  la 
feuille  de  coca,  usage  que  les  Espagnols  à 
leur  arrivée  dans  le  Nouveau-Monde  ont 
trouvé  établi  dans  presque  toute  l'Amé- 
rique du  Sud,  et  au(|uel  dans  plusieurs 


(  9^7 

Pages, 
provinces  on  a  obligé  les  indigènes  à 
renoncer  pour  des  motifs  qui  n'ont  rien 
de  commun  avec  l'hygiène 801 

—  Nouvelle  Noie  de  M.  Gnzcau  sur  la  pré- 

paration et  les  effets  physiologiques  de 

la  coca gSy 

Comètes.  —  Sur  la  lumière  de  la  comète  de 
Winnecke  (comète  I,  1870);  Note  de 
MM.  fVolf  et  Riiyet 49 

—  M.   Ddaunay  annonce  qu'une   nouvelle 

comète  a  été  découverte   à    Marseille 
dans  la   nuit  du    28  au   29   août  par 


M. 


Coggin.  —  Observation  de  Marseille 


4' 


et  observation  faite  à  Paris  le  3  sep- 
tembre      4o5 

Commission  des  comptes.  —  MM.  Mathieu 
et  Brongniart  sont  nommés  Commis- 
saires pour  la  vérification  des  comptes 
dp  l'année  précédente 

Commissions  des  pri\.  —  Prix  r/rSlnristir/iic. 
Commissaires;  MM.  Bicnaymé,  Mathieu, 
Ch.  Dupin,  Passy,  Boussingault 2i5 

—  Prix  (le  Mcdecinc  et  de  C/iiriirgir.  Com- 

missaires :  MM.  Bernard,  Cloquet,  Néla- 
lon,  S.  Laugier,  Bouillaud,  Andral,  Lon- 
get,  Robin,  Larrey 2i5 

—  Prix  dit  des  Arts  insalubres.   Commis- 


Paegs. 
saires  :  MM.  Chevreul,  Payen,  Combes, 
Boussingault,  Dumas 250 

Prix  de  Physiologie  erpéritucntale.  Com- 
missaires :  MM.  Bernard,  Longet,  Robin. 
Milne  Edwards,  Coste 2.i6 

Grand  prix  de  Sciences  mathématiques 
(  modifications  qu'éprouve  la  lumière 
dans  son  mode  de  propagation  et  ses 
propriétés  par  suite  du  mouvement  de 
la  source  lumineuse  et  de  l'observateur). 
Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Liouville, 
Jamin,  Bertrand,  Edm.  Becquerel 707 

Prix  (V  Astronomie.  Commissaires  : 
MM.  Mathieu,  Liouville,  Delaunay,  Lau- 
gier, Paye 7(1; 

Prix  de  Mécanique  (fondation  Monlyon  ). 
Commissaires  :  MM.  Morin,  Delaunay 
Dupuy  de  Lôme.  Combes,  Phillips 84' 

Grand  prix  des  Sciences  physiques  (ques- 
tion des  phénomènes  qui  précèdent  le 
développement  de  l'embryon  dans  les 
cas  de  parthénogénésie).  Commissaires  : 
MM.  Milne  Edwards,  de  Quatrefages, 
Blanchard,  Coste,  Dumas.  Celte  même 
Commission  sera,  cette  année,  par  suite 
d'une  décision  prise  par  l'Académie, 
chargée  de  décerner  aussi  le  prix  Bordin.     88 1 


D 


DÉCÈS  DE  Membres  et  de  Correspondants  de 
L  Académie.  —  M.  le  Secrétaire  perpé- 
tuel annonce,  séance  du  14  novembre, 
la  perte  que  vient  de  faire  l'Académie 
dans  la  personne  d'un  de  ses  Membres, 
M.  Duméril,  décédé  l'avant-veille.... 


635 


Dynamites.  —  Sur  la  nitro-glycérine  et  les 
diverses  dynamites;  Note  de  MM.  Gi- 
rard, Mill'ot  et  rogt 688 

—  De  la  dynamite  et  de  ses  applications 
au  point  de  vue  de  la  guerre  ;  Note  de 
M.  P.  Champion 77.8 


E 


Eau.  -  Action  de  leau  sur  le  fer  et  de  l'hy- 
drogène sur  l'oxyde  de  fer;  troisième 
Mémoire  deM.  H.  Sainte-Claire Decille .       3o 

—  Rectification  adressée  par  M.  Terrien 
pour  son  Mémoire  sur  la  décomposition 
de  l'eau  par  la  pile  électrique 48 

Eau  (Cours  d').  —  «  La  Seine  :  études  sur 
les  régions  de  la  pluie,  des  sources,  des 
eaux  courantes,  et  applications  diverses 
à  l'art  de  l'ingénieur  et  de  l'agricul- 
ture »  ;  Mémoire  de  M.  Belgrand 886 

Eaux  potables.  —  Note  de  M.  Cassaignes 
concernant  la  flltration  naturelle  des 
rivières  et  l'application  de  ce  système 
à  la  Durance 216 

Éclairage.  —  Sur  l'emploi  du  bois  pour  la 


préparation  d'un  gaz  d'éclairage;  Note 

de  M.  Charmolue 816 

Éclipses.  —  Voir  l'article  Astronomie . 

Économie  domestique.  —  Sur  quelques  do- 
cuments relatifs  à  l'économie  domes- 
tique et  aux  denrées  alimentaires  en 
Egypte  sous  les  Ptolémées  ;  Note  de 
M.  Egger Gi 2 

Économie  rurale.  —  Du  Phylloxéra  de  la 
vigne  :  identité  spécifique  du  Phylloxéra 
des  feuilles  et  du  Phylloxéra  des  ra- 
cines; Note  de  MM.  Planchon  et  Lich- 
lenstein v>98 

—  Remarques  de  M.  Milne  Edwards  à  l'oc- 

casion de  cette  Note 3oi> 

—  Sur  un  moyen  pour  empêcher  l'irrup- 


(  968  ) 


Pages, 
tion  du  Phylloxéra  vtisltitrix;  Note  de 
M.  Lichteiistcin 356 

—  Sur  uno  variété  de  vignes  qui  paraît  être 

il  l'abri  des  atteintes  du  Phylh.rcm  va.s- 
tatrix;  Lettre  de  M.  L.  Lnliman  à 
M.  Dumas 358 

—  Sur  les  résultats  obtenus  en  faisant  cou- 

ver des  perdrix  en  cage  ;  Notes  de  M.  To.s- 

tiviret 260  et     384 

Ki.ECTRlciTÉ.  —  Note  de  M.  Terrien  pour  une 
rectification  à  faire  à  son  Mémoire  sur 
la  décomposition  de  l'eau  par  la  pile 

électrique 48 

Sur  une  propriété  du  condensateur  de 
Voila  qui  n'a  pas  encore  été  considérée  : 
Note  de  M.  Volpicelli 54 

—  Nouvelles  expériences  sur  les  armatures 

et  le  plateau  fixe  de  la  machine  de  Holtz  ; 
Note  de  M.  Laborcle 347 

—  Sur  une  expérience  qui  confirme  la  double 

hypothèse  faite  par  Ampère,  de  l'exis- 
tence d'un  courant  électrique  formé 
dans  chaque  substance  magnétique  et 
dans  la  terre  ;  Note  de  ^^.  P.  Le  Cordier.     533 

—  De  la  possibilité  d'obtenir  des  signaux  de 

feu  d'une  grande  portée  au  moyen  de  la 
décharge  périodique  d'un  puissant  con- 
densateur électrique  ;  Note  de  M.  Lucas.     222 

—  Remarques  de  M.  Delnutier  relatives  à 

cette  Communication 33 1 

—  Disposition  nouvelle  des  piles  voltaïques  : 

application  à  la  pile  de  Bunsen;  Note 
de  M.  (VAlnuïdti.  (Un  de  ces  appareils 
est  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie.).     774 

—  Noie  de   M.   Zidhvshi    concernant   une 

«  pile  pouvant  donner  une  intensité 
maximum  pendant  douze  heures  »....     4o3 

—  Sur  le  couteau  électrique  et  ses  applica- 


Pages. 

lions  à  la  chirurgie  niilitaiie;  Note  de 

M.  Serré io 

Electrocapill.\ires  (Actions).  —  Nouvelles 
recherches  sur  ces  actions  ;  formation 
de  l'oxychlorure  de  cuivre  cristallisé  et 
d'autres  composés  anidogues;  Note  de 
M .  Becquerel 1 97 

Électro-Chimie.  —  M.  Élie  de  Bctiumont 
fait  hommage  à  l'.^cadémie  au  nom  de 
l'auteur,  M.  Zfirite/lesclii,û'\in  opuscule 
intitulé  :  «  De  l'électro-chimie  appliquée 
à  l'industrie  et  aux  beaux  arts  » 44" 

Errata,  voir  p.  996. 

Éthers.  —  Sur  les  isomères  des  éthers  cya- 

nuriques  ;  Note  de  M.  Hofnmnn 35 

—  Action  du  pentachlorure  el    du  penta- 

bromure  de  phosphore  sur  divers  éthers; 
Note  de  M.  L.  Henry 3 1 4 

—  Éthers  des  acides  amidés  de  la  série  aro- 

matique :  nouveaux  composés  résultant 
de  leur  union  avec  l'acide  cjanique  el 
les  différents  éthers  cyaniques;  Note  de 
MM.  Au^.  Caliours  et  Gai 462 

Étoiles  filantes.  —  Note  de  M.  Chapela.s 

sur  les  étoiles  filantes  du  mois  d'août. .     386 

Explosives  (Matières).  —  Note  de  M.  Ber- 
thelot  sur  la  force  de  la  poudre  et  des 
matières  explosives 619,  677  et    709 

—  Sur  la  nitroglycérine  et  les  diverses  dy- 

namites; Note  de  MM.    Girard,  Millot 

et  Vogt 688 

—  De  la  dynamite  et  de  ses  applications  au 

point  de  vue  de  la  guerre  ;   Note  de 

M.  Clianipion 728 

~  Sur   la  force  des    matières  explosives; 

Noie  de  M.  Cazin 898 

~  Sur  la  force  des  matières  explosives;  Note 
de  M.  Berihelot  en  réponse  à  celle  de 
M.  Cazin 940 


l'KK.  —  Action  de  l'eau  sur  ce  métal  et  de 
Ihydrogène  sur  l'oxyde  de  fer  ;  troisième 
Mémoire  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.       3o 

—  Sur  le  bromure  de  fer  et  de  potassium  ; 

Note  de  M.  Gaube 35o 

Fermentation.  —  Sur  la  fermentation  car- 
bonique el  alcoolique  de  l'acétate  de 
soude  et  de  l'oxalate  d'ammoniaque  : 
Note  de  .M .  Béchamp 69 

—  Sur  la  théorie  de  la  variole  étudiée  au 


point  de  vue  de  la  fermentation;  Mé- 
moire de  M.  ISrttcr 35o 

Flexion.  —  Onzième  Mémoire  de  M.  Auhert 

sur  les  solides  soumis  ;i  la  Hexion ....     35ii 

Fluorures.  —  Dosage  volumétrique  des  fluo- 
rures solubles;  Note  de  M.  Guynt 274 

Foudre.  —  Sur  un  phénomène  de  choc  en 
retour  observé  à  Porto-.\lègre  (Brésil): 
Note  de  M.  I.aranja  e   OVneira 386 


(  9^9  ) 


Page» . 

Gaz.  —  Sur  la  compressibilité  et  la  dilata- 
tion des  gaz;  Note  de  M.  Amagat 67 

—  Note  de  M.  Mniaier  concernant  la  cha- 

leur   spécifique  des   gaz  sous  volume 

constant -     807 

GÉLATINE  DES  OS.  —  M.  Duitias  Commu- 
nique une  Lettre  de  M'"°  D' Arcct-Lc- 
coiritrc  qui  l'a  chargé  d'offiir,  au  nom 
de  M™  V  D'Arcet  et  au  sien,  des  Notes 
et  des  Mémoires  en  partie  inédits  et  se 
rattachant  principalement  aux  recher- 
ches du  savant  Académicien,  .1.  D'Arcet, 
sur  la  gélatine  des  os  et  son  emploi  ali- 
mentaire      682 

—  Sur   les  propriétés  nutritives  des   sub- 

stances organiques  tirées  des  os,  etc.; 
Note  de  M.  Milne  EiUvards 786 

—  Observations  de  M.  ClieiTrut  relatives  à 

un  passage  d'une  Communication  récente 
de  M.  Fremy,  sur  l'emploi  de  l'osséine 
dans  l'alimentation 796 

—  Réponse  de  M.  Frcmy 797 

—  Résumé  historique  des  travaux  dont  la 

gélatine  a  été  l'objet;  Note  de  M.  Chc- 
vreul  en  réponse  à  M.  Fremy  (première 
et  deuxième  partie) 855  et    912 

—  Sur  la  préparation  de  l'osséine  et  de  la 

gélatine;  Note  de  M.  Riche Sic 

GÉODÉSIE.  — Note  sur  les  pyramides  de  Vil- 

lejuif  et  de  Juvisy;  par  M.  Delaunay..  5 
GÉOLOGIE.  —  Sur  les  roches  qu'on  a  rencon- 
trées dans  le  creusement  du  tunnel  des 
Alpes  occidentales,  entre  Modane  et 
Bardonnèche  ;  Note  de  M.  Élie  de  Beau- 
mont 8 

—  Sur  la  position  des  calcaires  à  Tcrebra- 

tulajanitor,  dans  les  Basses-Alpes  ;  Note 

de  M.   Velain 85 

—  Sur  les  calcaires  à  Terebrauda  diphya 

dans  les  Alpes  françaises  de  Grenoble  à 


Pages, 
la  Méditerranée  ;  Note  de  M.  DieidafoU.     282 

—  Systèmes  de  montagnes  et  terrains  du 

désert  d'Atarama;  Note  de  M.  Pissis..     285 

—  Contemporanéité   de   l'homme    avec   le 

grand  ours  des  cavernes  et  le  renne 
dans  la  caverne  de  Gargas  (Hautes-Py- 
rénées); Note  de  MM.  Gurrigou  et 
Chasteigner ;i88 

—  Sur  les  dépôts  glaciaires  de  divers  âges 

dans  les  Pyrénées;  Note  de  M.  G/ir- 
rignu 289 

—  Note  sur  une  carte  lithologique  de  l'em- 

bouchure de  la  Seine;  par  M.  Dctessc.     349 

—  Sur  les  rapports  de  l'astronomie  phy- 

sique avec  la  géologie  ;  Note  de  M.  Sinn. 
Meunier  [Voir  aussi  XwX,.  Météorite  s.)     54 1 

—  Note  sur  le  mode  de  solidification   du 

globe  terrestre  ;  par  le  même gSô 

GÉOMÉTRIE.  —  Remarques  de  M.  Catalan 
sur  une  Note  de  M.  Darboux,  relative 
à  la  surface  des  centres  de  courbure 
d'une  surface  algébrique 5o 

—  Réponse  de  M.  Darboux  aux  remarques 

de  M.  Catalan 267 

—  Détermination  des  éléments  de   l'arête 

de  rebroussement  d'une  surface  déve- 
loppable  définie  par  des  équations  tan- 
gentielles;  Note  de  M.  Painrin 217 

—  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Roger  accom- 

pagnant l'envoi  d'un  exemplaire  de  sa 
traduction  de  l'ouvrage  de  Gauss  inti- 
tulé ;  »  Recherches  générales  sur  les 
surfaces  courbes  » 35i 

—  Sur    une   transformation    géométrique  ; 

Noie  de  M.  Lie 579 

—  Note  de  M.    Goubet  sur  la  théorie  des 

principes  de  la  géométrie  élémentaire.     216 

—  Démonstration  élémentaire  du /OT.rfHtowra 

d'Euclide;  Note  et  Lettre  de  M.  Pretis 

de  Sainte-Croix 48  et     260 


H 


Histoire  des  Sciences.  —  Note  sur  les  py- 
ramides de  Villejuif  et  de  Juvisy  ;  par 
M.  Delaunay 

—  Sur  les  découvertes  astronomiques  des 

Anciens;  Note  de  M.  de  Fonvielle 

—  Traduction  de  deux  passages  de  Stobée 

attribués  à  des  Pythagoriciens,  et  jus- 
qu'ici inexpliqués  ;  Noie  de  M.  Bienaymé. 

—  Note  de  M.  Egger  sur  un  papyrus  qui 

C.R.,  1870,  1"^'  Semesire.  (T.  LXX.I.) 


5 
376 

460 


contient  des  fragments  d'un  traité  d'op- 
tique, et,  à  cette  occasion,  sur  l'optique 
inédite  de  Ptolémée 465 

—  Note  sur  quelques  documents  relatifs  à 
l'économie  domestique  et  aux  denrées 
alimentaires  en  Egypte  sous  les  Ptolé- 
mées  ;  par  le  nie'me C 1 1 

Hydraulique.  —  Essai  théorique  sur  les  lois 
trouvées  expérimentalement  par  M.  B»- 

i3o 


(  97» 

Pages, 


zin  pour  l'écoulement  uniforme  do  l'eau 
dans  les  canaux  découverts  ;  Mémoire 
de  M.  Boussincsq 38 1 

Hydrodynamique.  —  Démonstration  élémen- 
taire de  la  formule  de  propagation  d'une 
onde  ou  d'une  intumescence  dans  un 
canal  prismatique,  et  remarques  sur  les 
propagations  du  son  et  do  la  lumière, 
ainsi  que  sur  la  distinction  des  torrents 
et  des  rivières;  Mémoire  de  M.  de  Saint- 
Vcnant l86 

HYDnoGÈ.NE.  —  Action  de  l'eau  sur  le  fer  et 
de  l'hydrogène  sur  l'oxyde  de  fer;  troi- 
sième Mémoire  de  M.  H.  Sainte-Claire 
Deville 3o 

—  Recherches  thermiques  sur  le  caractère 

métallique  de  l'hydrogène  associé  au 
palladium.  —  Sur  un  couple  voltaïque 
dans  lequel   l'hydrogène   est  le  métal 

actif;  Note  de  M.  Fa^re 214 

Hygièxe  publique.  —  Sur  l'emploi  de  l'acide 
phénique  comme  désinfectant  ;  Note  de 
M.  Cahert 821 

—  Notede  M.  Frtieayanl  pour  litre  :  «  Quels  | 

sont  les  vrais  agents  chimiques  qu'il  faut 
opposer  à  linfection  miasmatique  ».'.. .     4i5 

—  Observations  de  M.  Damas  relatives   à  j 

cette  Note 4 '7! 


) 

Pa(;os. 
Observations  de  M.  Chrorii!  sur  le  même 

sujet 419 

Remarques  complémentaires  de  M.  Du- 
max  à  propos  de  la  Communication  de 

M.  Paye 4 '9 

Observations  de  M.  Chevrcul  relatives 

auxremarquesprésentéesparM.  Dumas.     420 

M.  C/ierrei/l  donne,  dans  la  séance  du 

ig  septembre,  une  suite  à  ces  remarques, 

ainsi  qu'il  l'avait  annoncé  à  la  séance 

précédente 453 

Mémoire  de  M.  Jiobœiif  ayant  pour  titre  : 
«  Importance  actuelle  des  questions  se 
rattachant  à  l'hygiène  publique  et  pri- 
vée, et  notamment  de  la  question  des 
hémostatiques  et  des  désinfectants  :  sur 

le  phénol  iodique  r. 617 

Sur  une  nouvelle  classe  de  désinfectants, 
les  désinfectants  gazeux,  les  uns  char- 
gés d'un  arôme  et  les  autres  inodores; 

Note  de  M.  Mailinicr gSS 

M.  le  Sccrëlaire  perpétuel  signale  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance (séance  du  10  octobre  iSyoj'tm 
travail  de  M.  J.  Colin  intitulé  :  «  Des 
conditions  sanitaires  de  l'armée  de  Pa- 
ris » 478 


I 


Infusoires.  —  Note  de  M.  Gurot  relative  au 
développement  d'organismes  particuliers 
dans  le  pain  fait  avec  la  farine  de  seigle.    4'-i9 

Institut.  —  M.  le  Président  de  l'Institut 
invite  l'Académie  à  désigner  l'un  de  ses 
Membres  pour  la  représenter  comme 
lecteur  à  la  prochaine  séance  générale 
de  rinstitnt  remise  au  26  octobre  cou- 
rant      493 

IS.NTRUMENTS  DE   PHYSIQUE.  —  Note  de  M.  /.(- 

grand  sur  les  thermomètres  de  Deluo.       66 
InSTRU.MENTS  d'optique.  —  M.   le  Secrétaire 


perpétuel,  en  présentant  au  nom  de  l'au- 
teur, M.  Girard,  un  exemplaire  de  la 
deuxième  édition  de  sou  ouvrage  «  Sur 
la  chambre  noire  et  le  microscope  »,  lit 
quelques  passages  de  la  Lettre  d'envoi.     404 

I.NSTRUME.NTS  d' ARPENTAGE.    —  NotO    et    brO- 

churc  de  M.  Lourau  relativement  à  un 
«  Cercle  releveur  »  destiné  à  servir  à  la 
fois  de  graphomèlre,  de  planchette,  de 

boussole  et  de  niveau 2G0 

Isomères.  —  Note  de  M.  Hnfmann  sur  les 

isomères  des  éthers  cyanuriques 35 


Legs  Bréant.  —  Mémoires  destinés  au  con- 
cours pour  le  prix  concernant  la  guéri- 
son  du  choléra  ou  des  dartres;  adressés 
par  MM.  lilirlirh  et  Vinci 210  et 

LiBEU-ui.E  MÉCANIQUE.  —  Note  de  M.  Pri- 
gent   contenant    la    description    d'une 


35o 


«  Libellule  mécanique  »  dont  il   donne 

aussi  le  dessin ySg 

Lumière.  —  M.  C(we-Th(inias  présente  une 
nouvelle  rédaction  do  son  Mémoire  in- 
titulé ;  «  Théorie  esthétique  de  la  lu- 
mière » 48 


(  97'  ) 


1\1 


Pages. 

Machines  a  vapeur.  —  Sur  la  faiblesse  du 
rendement  de  ces  machines;  Note  de 
M.  P.  Vrrdcil 522 

Magnétisme  terbestriî.  —  Observations  ma- 
gnétiques faites  à  Makerstown  (Ecosse) 
et  Trevandriim,  près  du  cap  Comorin; 
Note  rie  M.  Broun 56 

—  Nouvelles  remarques  sur  les  variations 

de  l'aiguille  aimantée;  par  le  même. . .     iG5 
Marées.  —  Note   de  M.    Falabrègue  ayant 
pour  titre  :  «  Influence  de  la  force  cen- 
trifuge sur  les  marées  » 240 

MÉCANIQUE.  —  Sur  l'affût  de  l'amiral  La- 
brousse,  fondé  sur  un  théorème  de  mé- 
canique relatif  au  mouvement  du  paral- 
lélogramme articulé,  et  sur  le  jeu  d'un 
nouveau  frein  imaginé  par  cet  officier  ; 
Note  de  M.  Fare^. 455 

—  Note  sur  les  déviations  des  projectiles  à 

ailettes  ;  par  le  même 601 

MÉCANIQUE  ANALYTIQUE.  —  Notc  sur  les  Con- 
ditions des  petites  oscillations  d'un  corps 
solide  de  figure  quelconque  et  la  théorie 
des  équations  différentielles  linéaires; 
par  M.  Yfon  T'illarcecni 762 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Sur  Ics  inégalités  de 
la  Lune  dues  à  l'action  des  planètes; 
Lettre  de  M.  Nearomii  à.  M.  Delaunay.     384 

MÉTAMORPHISME.  —  ExamcH  chimique  d'un 
ciment  métamorphique  dans  la  source 
Bayen  de  Luchon;  Note  de  M.  Garri- 
gou 287 

MÉTÉORITES.  —  Note  sur  les  rapports  de  l'as- 
tronomie physique  et  de  la  géologie  ;  par 
M.  Stan.  Meunier 54 1 

—  Note  sur  les   relations  stratigraphiques 

entre  diverses  roches  météoriques;  par 

le  même 743 

—  Note  sur  l'existence  dans  les  météorites  de 

roches  éruptives  et  de  roches  métamor- 
phiques ;  par  le  même 771 

'Voir  aussi  l'article  Géologie. 
MÉTÉOROLOGIE.    —    Note   de    M.    Chnpelmj 
ayant  pour  titre  :  «  Le  printemps  de 
1 870  » 40 

—  Mémoire  de  M.  Dnudin  relatif  à  diverses 

questions  de  météorologie,  et  particu- 
lièrement à  la  sécheresse  actuelle 47 

—  Halos  solaires  observés  le  23  juin  et  le 

3  juillet  1870;  Note  de  M.  tr .  île  Fon- 
fielle 47 

—  Note  de  M.  Fuye  accompagnant  la  pré- 

sentation d'un  opuscule  de  M.  Hirn  in- 


Page 
titulé  :  «  Introduction  à  l'étude  météo- 
rologique de  l'Alsace  » a56 

-  Note  de  M.  Coutejean  intitulée  :  «  Maxi- 
mum de  température  à  Poitiers  le  24  juil- 
let 1 870  n 325 

—  Sur  le  régime  pluvial  des  Alpes  françaises; 

Note  de  M.  Raulin 326 

—  Note  de  M.  de  Snint-Cricq  Casoux  rela- 

tive au  maximum  de  température  du 

24  juillet  1870 376 

—  Théorie  de  Mariotte  sur  les  oscillations 

barométriques;  Notede  M.  i^f  i^o«we//p.     4o3 

—  M.  Ch.  Sainte-Claire  Decille  annonce  à 

l'Académie  que  les  observations  de  l'Ob- 
servatoire de  Montsouris  sont  momen- 
tanément interrompues 4^5 

—  Note  sur  la  période  tridodécuple  ou  décem- 

diurne  dans  les  phénomènes  atmosphé- 
riques et  dans  leur  induence  sur  l'état 
sanitaire;  par /r  même..     653,  695  et     827 

-  M.  C/t.  Sainte-Claire  Derille  fait  hom- 

mage à  l'Académie  d'une  série  de  Bul- 
letins de  l'Observatoire  météorologique 
de  Montsouris 706 

—  De  la  périodicité  du  temps  réglée  d'après 

les  indications  fournies  par  les  phases 
de  la  Lune  qui  suit  celle  de  l'équinoxe; 
Note  de  M.  £ezm-d  de  fFowes 885 

—  Mémoire  de  M.  Belgrand  ayant  pour  ti- 

tre :  «  La  Seine  :  Études  sur  le  régime 
de  la  pluie,  des  eaux   courantes,   des 

sources  »... 886 

MÉTHODES.  —  Note  de  M.  Duhamel  accom- 
pagnant la  présentation  de  la  quatrième 
partie  de  son  ouvrage  sur  :  «  Les  Mé- 
thodes dans  les  Sciences  de  raisonne- 
ment » 181 

—  De  la  différence  et  de  l'analogie  de  la  mé- 

thode a  posteriori  dans  ses  applica- 
tions aux  sciences  du  concret  et  aux 
sciences  morales  et  politiques  ;  Mémoire 

de  M.  Cliei-reul 498 

MÉTRIQUE  (Système).  —  Note  de  M.  d\4h- 

badie  sur  la  division  du  quadrant. . .  .     335 

—  Sur  la  division  décimale  des  angles  et  du 

temps;  Note  de  M.   Yvon  Villarceau. .     362 

-  Note  de  M.  Morin  sur  la  première  ses- 

sion de  la  Commission  internationale  du 
mètre,  tenue  à   Paris  du  8  au  i3  août 

1870 38i 

Minéralogie.  —  Sur  des  combinaisons  cris- 
tallisées d'oxyde  de  plomb  et  d'oxyde 
d'antimoine,  d'oxyde  de  plomb  et  d'acide 

1 3o. 


(972) 


Pages. 

anlimoniqiic  de  la  province  de  Cons- 
tanliiie  ;  Note  de  M.  FUijoht 23/ 

Examen  d'une  roche  schisteuse  impré- 
gnée d'une  matière  cliarbonneuse  pro- 
venant de  la  coUeclion  adressée  à  l'A- 
cadémie par  MM.  Ravizza  et  Colomba; 
Note  de  M.  H.  Saintc-CUiire  Deville..  .     25-2 

Analyse  de  la  nadorite,  nouvelle  espèce 
minérale  de  la  province  de  Constantine 
(Algérie)  ;  Note  de  M.  Pimni 3ig 

Composition  chimique  de  la    nadorite; 


Pages. 

Note  de  M.  Fhijnloi 40G 

—  Communauté  d'origine  de  la  serpentine 
et  de  la  chantonnite;  Note  de  M.  Scan. 

Meunier Sgo 

MocvE.iiENT  PERPÉTUEL.  —  L'Académie  con- 
sidère comme  non  avenue  toute  Com- 
munication à  se  sujet,  décision  déjà  an- 
cienne  et  rappelée   à  l'occasion    d'un 

Mémoire  de  M.  Luneau aGo 

Mycologie.  —  Résultats  de  quelques  expé- 
riences mycologiques  ;  Note  de  M.  Roze.     323 


N 


Navigation.  —  M.  Gaillard  adresse  la  des- 
cription et  la  figure  d'im  appareil  dont 
il  croit  qu'on  obtiendrait,  pour  les  ri- 
vières suffisamment  profondes,  des  ser- 
vices semblables  à  ceux  qu'on  attend 
pour  la  mer  des  bateaux  sous-marins. . 

NiTROGLTCÉRi.NE.  —  Voir  l'article  Explosives 
(  Matières). 

Nombres  (Théorie  des).  —  Traduction  de 


694 


deux  passages    de  Stobée    inexpliqués 

jusqu'ici  ;  Note  de  M.  Bieimrmé 460 

Nominations.  —  M.  Lcbert  est  nommé  Cor- 
respondant de  l'Académie,  Section  de 
Médecine  et  de  Chirurgie,  en  remplace- 
ment de  feu  M.  Lcnvrcnce 41 

-  M.  Brainlt  est  nommé  à  la  place  de  Cor- 
respondant vacante,  pour  la  Section  de 
Chimie,  par  suite  du  décès  de  M.  Cnrus.      4 1 


o 


Ondes  liquides.  —  Note  complémentaire  au 
Mémoire  sur  les  ondes  liquides  pério- 
diques, présenté  par  M.  Boiissinesfj  en 
novembre  1869.  —  Établissement  de  re- 
lations générales  et  nouvelles  entre  l'é- 
nergie interne  d'un  corps  lliiide  ou  so- 
lide, et  ses  pressions  ou  forces  élas- 
tiques      400    — 

Optique.  —  Note  de  M.  A.  Cazin  ayant  pour 

titre  :  «  La  lunette  de  rempart  » 629 

Organograpiiie  végétale.  —  Remarques  sur 
la  position  des  trachées  dans  les  Fou- 
gères (septième  partie);  Notede  M.  Tré- 
ciil 55o 

—  Sur  la  zone  génératrice  des  appendices 

rhezles  végétaux  monocotylédons  ;  Notes 

de  M.  Cave 83,  374  et     397 

—  Sur  le  développement  des  feuilles  des 

Scirrticenia ;  Note  de  M.  Bâillon 63o 

OssÉiNE.  —  De  son  emploi  dans  l'alimenta- 


tion ;  Note  de  M.  Fremr SSg 

Observations  de  M.  Clievreul  relatives  à 
cette  Communication 5G2 

Observations  de  M.  Diinins  relatives  à 
la  même  Communication 5G5 

Remarques  de  M.  Payen  sur  la  question 
traitée  par  M.  Fremy 5G7 

Remarques  de  M.  Clievreid  sur  un  pas- 
sage de  la  Note  de  M.  Fremy 79G 

Réponse  de  M.  Fremy 797 

M.  Clievreid  annonce,  séance  du  12  dé- 
cembre, qu'il  réserve  pour  la  séance 
prochaine  une  Communication  sur  l'his- 
toire de  la  gélatine  et  sa  ré|)onse  à 
M.  Fremy 8 ig 

Résumé  historique  des  travaux  dont  la 
gélatine  a  été  l'objet;  par  M.  Clievreid 
(  première  et  deuxième  parties).    855  et     912 

Sur  la  préparation  de  l'osséine  et  de  la 
gélatipe  ;  Note  de  M.  Riche 810 


Paquets  cachetés  (OuvERTiinK  ue).  —  Un 
paquet  cacheté  précédenmient  déposé 
par  M.  Le  Miisiirirr  et  ouvert  sur  sa 
demande,  le  12  septembre,  se  tiouvo 
contenir   l'indication   d'une  application 


de  la  lumière  électrique    4*8 

Pathologie.  —  Importance  de  la  destruction 
des  croûtes  qui  entourent  le  lit  des  va- 
rioleux  pendant  la  période  de  dessicca- 
tion des  pustules;  Note  de  M.  Netler.  .     2i5 


(973 

Pages. 


—  Note  sur  la  théorie  de  la  variole  envisa- 

gée au  point  de  vue  des  fermentations; 

par  le  même 35o 

—  Recherches  et  expériences  sur  la  nature 

et  l'origine  des  miasmes  paludéens; 
Note  de  M.  Bnlcstra 235 

—  Sur  l'emploi  de  l'acide  phénique  comme 

désinfectant;  Note  de  M.  Calfcrt 3'2i 

—  Note  de  M.  Jouglet  concernant  un  pro- 

cédé destiné  à  empêcher  la  transmission 
des  maladies  par  l'arrêt  des  poussières 
en  suspension  dans  l'air 33i 

—  Sur  l'importance  actuelle  des  questions 

se  rattachant  à  l'hygiène,  et  notamment 
la  question  des  hémostatiques  et  des  dé- 
sinfectants. —  Sur  le  phénol  sodique; 

Note  de  M.  Bnliœuf 617 

Peaux  (Préparation'  des).  —  Procédé  em- 
ployé aux  États-Unis  par  les  indigènes 
pour  la  préparation  des  peaux  de  bi- 
sons, de  cerfs  et  d'autres  animaux  de 
ce  pays;  Lettre  de  M.  Simonin  à  M.  Du- 
mas       524 

—  Renseignements  donnés  à  cette  occasion 

par  M.  Roitlin  sur  le  chamoisage  des 
peaux  de  cerfs  et  autres  mammifères 
pratiqué  dans  l'Empire  Mexicain  avant 
l'arrivée  des  Européens 624 

—  Sur  le  système  de  tannage  rapide  des 

peaux  au  Mexique  ;  Note  de  M.  Firltt 
d'Aoust 589 

—  Sur   une  deuxième  façon  que   donnent 

fréquemment  les  Indiens  des  prairies 
(Haut-Missouri)  aux  peaux  préparéos 
par  le  procédé  qu'a  indiqué  M.  Simonin  : 
préparation  particulière  pour  donner 
aux  boucliers  en  cuir  la  résistance  né- 
cessaire ;  Note  de  M.  Rotdin 873 

Pendule    (Mouve.ments    du).    —    Note   de 

M.  Verdeil  sur  cette  question gSg 

Physiologie.  —  Observation  d'une  inégale 
production  et  d'une  ditférence  de  com- 
position du  lait  pour  les  deux  seins 
d'une  même  femme;  Note  de  M.  Soiir- 
dat 87 

—  Influence  du  développement  hâtif  des  os 

sur  leur  densilé;  Note  de  M.  Sansun. .     229 

—  Nouvelle  démonstration  de  la  régénéra- 

tion osseuse  après  les  résections  fous- 
périostées  articulaires;  Note  deJI.  Ol- 
lier 275 

—  Recherches  expérimentales  sur  les  modi- 

fications de  la   composition  immédinte 

des  os;  Note  de  M.  Papillu/i 372 

—  Sur  les  graisses  du  chyle;  Noie  de  .M.  J)o- 

hrnslavine 278 

—  Recherches  sur  les   effets   loxiqucs   du 

m^boiindon  ou  icaja,   poison   d'épreuve 


Pages. 


I26 


907 


397 


usité  au  Gabon;  Note  de  MM.  Rahiitcau 

et  Peyrt' 353 

—  Sur  un  moyen  propre  à  annuler  les  effets 

de  l'alimentation  insuffisante;  Note  do 
M.  Rabuteati 

—  Sur  l'excrétion  de  l'urée  considérée  comme 

mesure  de  l'activité  des  combustions  res- 
piratoires; Note  de  M.  San.son 

Physiologie  végétale.  —  Expériences  sur 
la  fanaison  des  plantes;  par  M.  Piil- 
lieux 81 

—  Sur  la  zone  génératrice  des  appendices 

végétaux  ;  Note  de  M.  Cave.  83,  374  et 

—  Note  de  M.  Roze  ayant  pour  titre  :  <■  Ré- 

sultats de  quelques  expériences  myco- 

logiques  » 323 

Physique  mathé.matique.  —  Rapport  sur  un 
Mémoire  de  M.  Massicu  intitulé  :  «  Mé- 
moire sur  les  fonctions  des  divers  Huides 
et  sur  la  théorie  des  vapeurs  »  ;  Rap- 
porteur M.  Bertrand 257 

—  M.  le  Secrétaire  j>rrpétuel  ûgx\&\Q  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance (séance  du  3  octobre)  un  opus- 
cule de  M.  Chancourtois  «  Sur  l'inter- 
prétation des  imaginaires  en  physique 
mathématique  » 476 

—  Sur  la  formule  de  la  vitese  du  son;  Noie 

de  M.  Mnutier 846 

—  Recherches    sur    l'état   solide  ;    par    le 

même 934 

Platine  (Composés  du).  —  Note  de  M.  Schiit- 
zeribergcr  sur  les  composés  phosphopla- 
tiniques Gg 

—  Recherches  de    MM.  Aug.  Caliours  et 

G(d  relatives  à  l'action  des  chlorures 
de  platine,  de  palladium  et  d'or  sur  les 

phosphines  et  les  arsines 208 

Polaris.\tion  circulaire.  —  Sur  les  pou- 
voirs rotatoires  des  liquides;  Note  de 
M .  de  la  Rii'c i  g5 

PRIX  DÉCERNÉS  (Concours  de  l'année  1869). 
(Séance  du  1 1  juillet  1870.) 

sciences  mathématiques. 

—  Grand  prix  de  Sciences  Mathématiques 

(question  concernant  le  problème  des 
trois  corps).  — Il  n'y  a  pas  eu  lieu  à  dé- 
cerner ce  prix;  la  question  est  mainte- 
nue au  concours  pour  l'année  1872... 

—  Grand  prix  dk  Sciences  Mathé.watiques 

(question  concernant  l'accélération  sé- 
culaire du  niouNcment  de  la  Lune).  — 
Il  n'y  a  piis  eu  lieu  à  décerner  le  (H'Ix; 
la  queslion  est  maintenue  au  concours 
pour  l'année   1 873 

—  Prix  d'Astronomie  (fondation  Lalande), 


89 


9' 


décerné  à  M.  /.  Jf'ntsnn,  qui  a  décou- 
vert neuf  nouvelles  petites  planètes,  dont 
huit  dans  l'espace  d'une  année 

-  Pntx  DE  MÉCAMQUE  (  fondation  Montyon) , 

décerné  à  M.  Jr.in?i  pour  ses  recher- 
ches expérimentales  sur  l'écoulement 
dos  gaz  dans  de  longues  conduites. .  .  . 

-  Prix  DE  STATisTiQfE  {fondation  Mont\'on), 

décerné  à  M.  Clwriii,  pour  sa  statistique 
médico-chirur2:icale  de  la  campagne  d'I- 
talie en  i85g-i86o.  —  Mentions  lionn- 
rables  ;  i°  à  MM.  Maf;ué  et  Poly  pour 
leur  livre  intitulé  :  «  Données  générales 
d'une  statistique  des  conseils  de  prud'- 
hommes »  ;  1°  à  M.  Bnritpmps  pour  les 
renseignements  statistiques  que  fournit 
son  «  Guide  du  Verrier  n 94  et 

Prix  fondé  par  M""'  la  MAngnsE  de  La- 
place,  obtenu  par  M.  J'aisin,  sorti  le 
premier  en  i86g  de  l'École  Polytech- 
nique et  entré  à  l'École  impériale  des 
Mines 

Prix  Trémont,  décerné  à  M.  Le  Rmi.r 
pour  l'aider  <à  poursuivre  ses  recherches 
sur  l'indice  de  réfraction  de  certaines 
vapeurs  et  ses  recherches  sur  la  me- 
sure de  la  chaleur  développée  par  les 
courants  électriques 

Prix  Poncelet,  décerné  à  M.  /.  Robert 
Mnycr,  pour  l'ensemble  de  ses  Mémoires 
sur  la  ((  Théorie  mécanique  de  la  cha- 
leur « 

sciences  physiques. 

Prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  (Ap- 
plication de  l'électricité  à  la  thérapeuti- 
que). —  Il  n'y  a  pas  eu  de  prix  décerné  ;  la 
question  est  maintenue  au  concours  pour 
l'année  1872.  —  Une  médaille  de  la  va- 
leur de  3ooo  francs  est  accordée  à 
MM.  Lrctros  et  Oninuts,  pour  l'ensemble 
de  leurs  travaux  sur  le  sujet  proposé,  et 
une  de  2000  francs  à  M.  Cyon  pour  un 
semblable  motif 102  et 

Prix  de  Physiologie  expérimentale 
(fondation  Montyon),  décerne  à  M.  Fn- 
niitziii,  pour  ses  recherches  concernant 
I'  «  liilluence  de  la  lumière  sur  la  nutri- 
tion des  plantes  ».  —  Mrrilion  honorable 
avec  attribution  d'ime  somme  de  Goofr. 
à  MM.  Trijiier  et  Jrhi/ig  pour  leurs 
découvertes  relatives  aux  nerfs  sensitifs 
cutanés 107  et 

Prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  (  fon- 
dation Montyon).  —  Prix  do  la  valeur 
de  ^joo  francs  à  M.  Jiinod,  pour  son 
Mémoire  intitulé  :  «  Des  médications  hé- 


(  97 

P.ige3. 


92 


99 


107 


4  ) 

mospasique  et  aérothérapique  ».  —  Pri.t 
de  la  valeur  de  2000  francs  accordés  : 
1°  à  M.  Liischka,  pour  ses  travaux  d'a- 
nalomie  et  spécialement  d'anatomie  des 
régions;  2°  à  MM.  Paulet  et  Snrazin, 
pour  leur  «  Traité  d'anatomie  topogra- 
phiquo  ».  —  Mentions  Iionornble.i  ac- 
compagnées d'une  somme  de  i  5oo  francs 
accordées  :  1°  à  M.  H.  Roger,  pour  ses 
recherches  sur  la  chorée,  le  rhumatisme 
et  les  maladies  du  cœur  chez  les  en- 
fants ;  2"  à  M.  Maurin,  pour  sa  mono- 
graphie intitulée:  «Typhus  des  Arabes»; 
3°  à  M.  Knocli,  pour  ses  «  Travaux  sur 
le  bothryocéphale  large  ».  —  Citations 
honorables  :  1°  de  1'  «  Essai  sur  les  ma- 
ladies du  cœur  riiez  les  enfants  »  ;  par 
M.  Blache  ;  2°  des  «  Études  photogra- 
phiques sur  le  système  nerveux  »;  par 
M.  Roiulancivsky.  —  Encouragement  de 
1000  francs  à  M.  Sainl-Cyr,  pour  la 
continuation  de  son  «  Étude  sur  la  tei- 
gne faveuse  chez  les  animaux  domes- 
tiques ».      ii3,  117,  120,  122,   125  et 

-  Prix  dit  des  Arts  insalubres  (fondation 

Montyon).  —  Prix  de  la  valeur  de 
2600  francs  accordés,  l'un  à  M.  Pimont, 
pour  son  «Calorifuge  plastique  »,  l'autre 
à  M.  Charrière,  pour  ses  appareils  de 
sauvetage  en  cas  d'incendies.  127  et 
-PrixBréant.  —  Une''t»Vf)/;Y;c«AY>de5ouofr. 
est  accordée  à  M.  Fniivel,  pour  ses  tra- 
vaux concernant  l'étiologie  et  la  prophy- 
laxie du  choiera.  —  Mentions  trrs-ho- 
norables  accordées  aux  ouvrages  sui- 
vants :  1°  «  Études  géographiques  et 
scientifiques  sur  les  causes  et  les  sources 
du  choléra  asiatique  »;  par  M.  Proes- 
chel;  2°  «  Notice  sur  les  mesures  de 
précaution  prises  à  Batna  (Algérie)  pen- 
dant le  choléra  de  18O7  »;  par  M.  Da- 
herley;  3°  «  Statistique  des  décès  par  le 
choléra  qui  ont  eu  lieu  dans  le  quartier 
Folic-Méricourt  en  i865  et  18G6  »;  par 
M.  Gcry  père i35,   1 37  et 

-  Prix  Cuvier,  décerné  à  M.  Ehrenberg, 

pour  l'ensemble  de  ses  travaux 

-  Prix  Bordin  (Rôle  des  stomates  dans  les 

fonctions  des  feuilles).  —Il  n'y  a  pas 
eu  lieu  à  décerner  de  prix;  la  question 
est  maintenue  au  concours  pour  l'an- 
née 1 872 

-  Prix  lîORDiN  (.Monographie  d'un   animal 

invertébré  marin).  —  Le  prix  est  par- 
tagé entre  M.  Marion,  auteur  de  «  Re- 
cherches zoologiques  et  anatomi(iues  sur 
des  Nématoïdes  non  jiarasites  marins  », 
cl   M.  Wagner,  auteur  d'une  «  Mono- 


P;i(îP9, 


127 


i3o 


i38 

i38 

139 


(  97^ 

Pages, 
graphie  des  Ancées  dii  golfe    de  Na- 
ples). i4o  et    i44 

Prix  Jecker,  décerné  à  M.  Friedel,  pour 
ses  recherches  sur  des  composés  de  si- 
licium correspondants  aux  composés 
d'origine  organique '44 

Prix  Barbier,  partagé  entre  M.  MirmiU 
(Occlusion  chirurgicale  des  paupières 
dans  le  traitement  de  l'ectropion  cica- 
triciel), et  M.  Stilling  (Nouveau  pro- 
cédé pour  l'opération  de  l'ovariotomie). 
i44  et    i46 

Prix  Godard,  décerné  à  M.  Hyrtl,  pour 
ses  recherches  sur  les  «  Organes  génito- 
urinaires  des  poissons  " '47 

Prix  Savigny,  n'a  pas  été  décerné,  sera 
réservé  pour  l'an  prochain '48 

Prix  Desmazières,  partagé  entre  M.  Rn- 
bcnliorst  (  Flore  européenne  des  Algues 
d'eau  douce  et  d'eau  saumâtre  )  ,  et 
M.  Hoffmann  (Mémoire  sur  les  Bacté- 
ries). —  Mention  honorable  des  recher- 
ches de  M.  A/Y»/w/-g-t7-  (organes  se.xuels 
et  fécondation  dans  les  Fougères  et 
dans  le  Manhantia  iiolymorpha) i48 

-  Prix  Thore,  décerné  à  M.  Bonnet,  pour 

son  ouvrage  sur  la  truffe  comestible. . .     i53 

PRIX  PROPOSÉS. 

SCIENCES   MATHÉMATIQUES. 
A  décerner  en  1810. 

-  Grand  prix  de  Sciences  mathématiques 

(question  substituée  en  1867  à  celle  qui 
était  retirée  du  concours  :  modification 
qu'éprouve  la  lumière  dans  son  mode  de 
propagation  et  ses  propriétés  par  suite 
du  mouvement  de  la  source  lumineuse 
et  du  mouvement  de  l'observateur)...     i56 

-  Prix  d'Astronomie  (fondation  Lalande).     i56 

-  Prix  de  MÉCANIQUE  (fondation Mon tyon).     iS; 

-  Prix  DE  Statistique  (fondation  Montyon).     167 

-  Prix  fondé  par  M"'"  la  Marquise  de  La- 

place •  5? 

-  Prix  extraordinaire  de  six  mille  francs 

POUR  l'application  de  la  vapeur  a  la 

MARINE  militaire '58 

-  Prix  du  legs  Dalmont 1 58 

-  Prix  Plumey '58 

-  Prix  Poncelet i  Sg 

A  décerner  en  1871- 

-  Grand  prix  de  Sciences  matiié.m.atiques 

(question  substituée  à  celle  qui  avait 
été  proposée  pour  18G7;  «Etude  des 
équations  relatives  à  lu  détermination 


) 

Pages. 

des  modules  singuliers  pour  lesquels  la 
formule  de  transformation  dans  la  théo- 
rie des  fonctions  elliptiques  conduit  à  la 

multiplication  complexe  » iSg 

Prix  FouRNEYRON  (destiné à  récompenser 
le  perfectionnement  le  plus  important 
apporté  depuis  1868  à  une  ou  plusieurs 
machines  hydrauliques  ) 160 

A  décerner  en  1S7Î. 

•  Grand  prix  de  Sciences  mathématiques 

(question  proposée  en  1869  :  «  Étudier 
l'élasticité  descorps  cristallisés  au  double 
pointdevueexpérimentaletthéorique»).     160 

-  Grand  prix  de  Sciences  mathématiques 

(question  proposée  i)0ur  18G9  et  main- 
tenue au  concours  :  «  Perfectionner  en 
quelque  point  essentiel  la  théorie  du 
mouvement  de  trois  corps  qui  s'attirent 
mutuellement  selon  la  loi  de  nature  »).      161 

-  Prix  Bordin  destiné  à   récompenser  le 

travail  analytique  ou  expérimental  qui 
aura  le  plus  contribué  à  établir  la  «  théo- 
rie des  raies  du  specire  » 161 

-  Prix  Damoiseau  (question  proposée  pour 

1869  et  maintenue  au  concours  :  a  Ré- 
vision de  la  théorie  des  Tables  de  Ju- 
piter ;  construction  de  Tables  particu- 
lières pour  chaque  satellite  ») 161 

-  Prix  Trémont '^^^ 

A  décerner  en  1873. 

-  Grand  prix  de  Sciences  mathématiques 

(question  proposée  pour  i8Gg  et  main- 
tenue au  concours  :  «  Discussion  des 
anciennes  observations  d'éclipsés  en  vue 
d'en  déduire  la  valeur  de  l'accélération 
du  moyen  mouvement  de  la  Lune  »).  . .     i63 

sciences  physiques. 

A  décerner  en   1870. 

-  Grand    prix    des    Sciences    physiques 

(question  proposée  en  1867  :  «Histoire 
des  phénomènes  génésiques  qui  précè- 
dent le  développement  de  l'embryon 
chez  les  animaux  dioïques  dont  la  re- 
production a  lieu  sans  accouplement  »i.     164 

-  Prix    de    Physiologie    expérimentale 

(fondation  Montyon) 1C4 

-  Prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  et 

Prix  dit  des  Arts  insalubres iG  > 

-  Prix  Bréant 1  (J<J 

-  Prix  Bordin  (question  proposée  en  18G7; 

«  Ânatomie  comparée  des  Annélides  »).  167 

-  Prix  Jecker 168 

-  Prix  Barbier 168 

-  Prix  Godard l'iS 


(976  ) 


Pages   I 

■  Prix  Savig.ny  [fondé  par  M""  Letel/ier).     i68 
Prix  Desmazières 169 

•  Prix  Tiiore  (  Travaux  relatifs  à  l'analo- 
mie  ou  aux  mœurs  d'un  Insecte) 169 

yi  décerner  en  1871. 

Grand  Prix  des  Sciences  physioies  (ques- 
tion proposée  en  1868  :«  Étude  de  la 
fécondation  dans  la  classe  des  champi- 
gnons »  ) 1 70 

■  Prix  BoRDi.N  (question  proposée  en  1868  : 

«  Comparaison  des  productions  organi- 
ques de  toutes  les  pointes  australes  des 
trois  continents  de  l'Afrique,  de  l'Amé- 
rique méridionale  et  de  l'Australie,  etc.  «     170 

Prix  Bordin  (question  substituée  en  186G 
à  celle  qui  avait  été  primitivement  pro- 
posée :  «  Rôle  des  stomates  dans  les  fonc- 
tions des  feuilles  ») 172 

Prix  Chaussier  (Travaux  parus  dans  les 
quatre  années  précédentes  et  ayant  con- 
tribué aux  progrès  de  la  Médecine). . .     173 

Prix  de  la  Fons-Melicocq  (Travaux  con- 
cernant la  botanique  du  nord  de  la 
France  ) 173 

Prix  Gegner  destiné  a  permettre  à  un  sa- 
vant pauvre  de  poursuivre  des  recher- 
ches reconnues  estimables 174 


Page». 


^  d, 


ecerner  en 


1872. 


—  Prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  (ques- 

tion proposée  pour  iSCg  et  maintenue 
au  concours  :  «  Application  de  l'électri- 
cité à  la  thérapeutique  ») 174 

—  Prix  Aliiumbert  (question  concernant  le 

mode  de  nutrition  des  champignons)..      176 

—  Prix  Serres   (fondation  pour  un  pri.v 

triennal  sur  l'embryologie  générale  ap- 
pliquée autant  que  possible  à  la  physio- 
logie et  à  la  médecine) 176 

A  décerner  en  1873. 

—  Prix  Morogues,  destiné  à  récompenser 

des  travaux  utiles  à  l'agriculture 177 

—  Prix  Ci; viER,  triennal 177 

—  Prix  L.  Lacaze.  —  Trois  prix,  chacun 

de  loooo  francs,  seront  décernés  aux 
trois  ouvrages  qui  auront  le  plus  con- 
tribué aux  progrès  de  la  physiologie,  de 

la  j)Jnsi(jiic  et  de  la  chimie 177 

Protestation  de  M.  le  Présiilcnt  de  l'Aca- 
démie contre  l'arrestation  récente  de 
M.  Tlicriard  \>ZT  l'armée  prussienne..     911 

—  L'Académie  déclare  s'associer  pleinement 

aux  paroles  de  M.  le  Président,  et  dé- 
cide qu'elles  seront  insérées  au  Compte 
rendu  delà  séance 911 


Sociologie.  —  Titre  d'un  Mémoire  lu  par 
M.  C.  Lefort  dans  les  séances  du  21  no- 
vembre et  du  5  décembre. . . .     708  et    799 

Spectrale  (Analyse).  —  Observation  de  la 
lumière  de  la  comète  de  Winnecke  ;  par 
MM.  PFnlfel  Riiyet 49 

—  Étude  photographique  du  Soleil  à  l'Obser- 

vatoire   impérial  de   Paris;    Note    de 

M.  Sonrel 225 

—  Nouvelles  remarques  du  P.  Sccchi  sur  les 

spectres  fournis  par  divers  types  d'é- 
toiles        252 

—  Sur  le  spectre  de  l'atmosphère  solaire; 

Note  de  M.  Rmct 3oi 

—  Surranalysespcclralequantitative;  Note 

de  M .  Jririssen G2C 

—  Note  de  M.  Faye  sur  les  observations 

d'analyse  spectrale  qui  pourront  être 
faites  dans  le  cours  de  l'expédition  de 
M.  Janssen,  pour  l'observation  de  l'é- 

clipse  solaire  du  22  décembre 819 

Soleil.  —  Note  du  P.  Secclii  accompagnant 
la  présentation  d'un  exemjilaire  de  l'ou- 
vrage (pi'il  vient  de  faire  paraître  et  qui 
a  pour  titre  :  «  Le  Soleil  » 368 


Sur  l'éclipsé  totale  du  22  décembre  1870  ; 
Note  de  M.  Janssen 53 1 

M.  Dumas,  à  l'occasion  du  voyage  de 
M.  Janssen,  qu'il  a  accompagné  jusqu'au 
moment  du  départ  du  ballon  qui  l'em- 
menait vers  sa  destination,  fait  une  lec- 
ture à  l'Académie  sur  l'immunité  qui, 
chez  tous  les  peuples  civilisés,  a  couvert 
les  voyageurs  remplissant,  comme  celui 
qui  va  observer  l'éclipsé  du  22  décem- 
bre, une  mission  purement  scientifique.     783 

M.  /./«/((vV/c  désire  qu'il  soit  bien  entendu 
que  le  Bureau  des  Longitudes,  qui  a  pris 
l'initiative  de  l'expédition  de  M.  Janssen, 
|)artage  entièrement  les  sentiments  que 
l'Académie  vient  de  manifester  à  l'occa- 
sion de  cette  lecture.  —  M.  Delaunar 
ajoute  que  le  Bureau  des  Longitudes  es- 
père d'heureux  fruilsde  cette  expédition.     78G 

JL  le  Présiilcnt  de  la  Société  Philomn- 
tique  adresse  l'adhésion  de  la  Société 
aux  paroles  prononcées  par  M.  Dumas 
à  l'occasion  de  la  mission  de  M.  Janssen.     940 

JL  J'Aie  de  Beaumonl  présente  au  nom 
de  l'auteur,  M.  Z<intedeschi,  une  bro- 


chure  italienne  intitulée  :  «  Des  bour- 
rasques de  l'atmospliere  solaire  et  de 
leur  connexion  possible  avec  les  bour- 
rasques de  l'asmosphère  terrestre  »... 

—  Éclipse  de  Soleil  du  11  décembre  1870  : 

mesure  de  la  variation  de  la  lumière. . . 

—  Remarques  faites  à  cette  occasion  par 

M.  C/i.  Sdinte-Cliiire  Dei'illc  sur  un  a]i- 
pareil  permettant  de  mesurer  l'action  de 
de  la  lumière  diffuse  sur  les  papiers 
réactifs,  le  sporophotomètre  installé  de- 
puis plusieurs  années  à  Montsouris.  .. 
Suif.  —  Sur  un  procédé  pour  la  purification 
du  suif  brut  du  commerce;  Note  de 
M.  Cn.uhelaz 

—  Remarques  faites,  à  propos  de  cette  Com- 

munication, par  M.  Bussy  sur  le  pro- 
cédé depuis  longtemps  employé   avec 


(  977  ) 

Pages. 


440 


944 


Pages. 


8i5 


816 


succès  par  M.  Evmrd  et  où  l'on  faii 
également  usage  pour  la  purification  du 
suif  de  solutions  alcalines  faibles 8i5 

—  Détails  donnés  par  M.  Poycn  à  cette  oc- 

casion sur  le  procédé  de  M.  Evrard. . . 

—  Remarques  de  M.  Buhtrd  sur  les  diflé- 

rences  qui  lui  paraissent  exister  entre 
la  méthode  indiquée  par  M.  Casthelaz 
et  le  procédé  employé  par  M.  Evrard. . 

Suint  des  laines.  —  L'.\cadémie,  sur  la  de- 
mande de  M.  Chevrcid,  décide  qu'un 
travail  sur  la  laine  et  le  suint  qu'il  pour- 
suit depuis  de  longues  années  sera  dès 
à  présent  livré  à  l'impression  et  formera 
la  tête  d'un  nouveau  volume  des  Mé- 
moires      434  et 

Sulfures.  —  Recherches  thermo-chimiques 
sur  les  sulfures;  Note  de  M.  Berihelnt . 


440 
3o3 


TÉLÉGRAPHIE.  —  M.  GuYot  proposc  Un  nou- 
veau système  télégraphique  applicable. 
aux  places  assiégées 816 

—  Sur  un  projet  de  communication  entre 

Paris  investi  et  la  province;   Note  de 

M.   G.   Lambert 845 

—  A'o/raussi  au  nom  de  M.  /.  Giiérin,}[>.  578. 
Températures  terrestres.  —  Observations 

de  température   faites   sous  le  sol  au 
Jardin  des  Plantes  ;  par  MM.  Becquerel 

père  et  fils 199 

Thérapeutique.  —  Note  de  M.  Rézanl  de 

IFom-es  à  l'appui  d'une  Communication  | 

sur  l'action  de  l'émétiquedans  la  variole.     216 

—  De  l'action  des  alcalins  sur  l'organisme; 

Note  de  MM.  Rabutcau  et  Constant. . .     aSi 

—  Système  de   pansement  des    plaies   au 

moyen  du  plomb  en  lames  très-minces; 
Note  de  M.  Burggraeve 289 

—  MM.    Pichot  et  Malapert   adressent  un 

spécimen  de  leurs  «  Sachets  de  charpie 
carbonifères  » 384 

—  Pansement  des  plaies  par  une  solulion 

d'acide  carbonique;  Note  de  M.  Ozii- 
riam 4o3 

—  M.  Pa<;iMri  appelle  l'attention  de  l'Aca- 

démie sur  l'efficacité  de  son  «  Eau  hé- 
mostatique » SaS 

—  Sur  un  moyen  facile  d'an  êler  la  diarrhée 

et  la  dyssenterie  S[)éciales  aux  soldats 
qui  sont  saisis  par  l'humidité  et  par  le 
froid  ;  Note  de  M.  Déclat Cga 

—  Effets  de  diverses  préparations  phéniques 

C.  R.    1870,  ■J™'^  Hrmcslte.  (!'.  LXl.) 


dans  le  traitement  de  la  variole;  Note 

de  M.  Bnbœuf. 74^ 

—  Sur  la  préparation  de  toiles  et  de  papiers 

au  tannin  et  à  l'acide  benzoïque  pour 
les  pansements  rapides  sans  linge;  Note 

de  M.  Bostaing 80G 

Tuermochimie.  —  Recherches  thermo-chi- 
miques sur  les  sulfures;  par  M.  Be?- 
thelot 3o3 

—  Note  sur  la  chaleur  de  formation  des  com- 

posés azotiques;  par  le  même 677 

THERMO-DVNAJiiguE.  —  Sur  l'équivalent  mé- 
canique de  la  chaleur  et  sur  les  pro- 
priétés électro -thermiques  de  l'alumi- 
nium ;  Note  de  M.  f'iolle 270 

—  Note  de  M.  P.  Coste  concernant  l'équiva- 

lent mécanique  de  la  chaleur 376 

Thersio.mètres.  —  Noie  de  M.  Legrand  sur 
la  gradation  des  thermomètres  de  Deluc, 
instruments  pour  lesquels  le  point  d'é- 
buUition  do  l'eau  est  pris  à  la  pression 
de  27  pouces  de  mercure,  pression  que 

l'on  a  souvent  à  Genève 66 

Toxicologie.  —  Note  de  M.  R'éuteau  et 
Perre  sur  le  m'hoiindoii  ou  icajn,  poison 
d'épreuve  usité  au  Gabon 3')3 

—  Essai  sur  le  venin  du  scorpion  ;  Note  de 

JI.  Joii.\:tel 407 

Tre.wblementsdeterre.— LettredeM.  r//«\- 
si/i  sur  un  tiembloment  de  terre  qui 
s'est  fait  sentir  au  Mexique  le  11  mai 
1 870 3/9 


.3i 


978  ) 


Pages. 

VACcrv.  —  Sur  la  vitalité  du  virus-varcin; 

Note  de  M.  Mehcns 73 

Vers  a  soie.  —  Sur  les  résultats  des  éduca- 
tions pratiques  de  ver  à  soie  effectuées 
au  moyen  de  graines  préparées  par  les 
procédés  de  sélection  ;  Rapport  adressé 
à  l'Académie  par  M.  Pasteur 182 

—  Sur  les  résultats  obtenus  dans  les  ma- 

gnaneries du  département  des  Basses- 
Alpes  ;  Note  de  M.  T'atlier 289 

—  Sur  la  maladie  corpusculeuse  des  vers  à 

suie  ;  Note  de  M.  Mares 293 

—  M.  le  Maréchal  Vaillant  communique  di- 

vers documents  relatifs  aux  procédés  de 

sériciculture  de  M.  Pasteur 296 

Vol  des  Oiseaux.  —  Des  mouvements  que 
le  corps  de  l'oiseau  exécute  durant  le 
vol  ;  Note  de  M.  Marey 660 


Page». 

—  A  l'occasion  de  la  présentation  d'un  opus- 

cule imprimé,  où  il  était  question  seule- 
ment d'aéronautique,  et  de  quelques  mots 
dits  à  ce  propos  par  M.  le  Secrétaire  per- 
pétuel, sur  l'usage  que  l'homme  pour- 
rail  faire  d'appareils  analogues  aux  ailes 
des  oiseaux  si  le  poids  de  son  corps  était 
presque  annulé  par  un  ballon,  M.  Gi- 
raud-Tculon  croit  devoir  rappeler  un 
passage  de  son  «  Traité  de  Mécanique 
animale  »  où  il  a  abordé  en  passant  la 
question   du    mouvement   de   l'homme 

dans  l'air 781 

Volcans.  —  Étude  des  gaz  volcaniques  de 

Santorin  ;  Note  de  M.  Fnuqué 902 

—  Observations  relatives  à  cette  Note;  par 

M.  Cil.  Sainte-Claire  Deville 90G 


z 


Zoologie.  —  M.  P.  Gerçais  fait  hommage  à 
l'Académie  dedeux  Mémoires  extraits  des 
«Nouvelles  Archives  du  Muséum  »,  l'un 
sur  les  formes  cérébrales  propres  aux 
Marsupiaux,  l'autre  sur  les  formes  céré- 
brales propres  aux  carnivores  vivants  et 
fossiles;  puis  deux  livraisons  nouvelles 
de  r  «  Ostéographie  des  Cétacés  vivants 
et  fossiles  »,  qu'il  publie  avec  la  colla- 
boration de  M.  Van  Beneden 443 

—  Note  de  M.  Noiilec  ayant  pour  litre  :  «  Nos 

hirondelles  et  leurs  nids  » 78 

—  Observations  sur  l'histoire  naturelle  des 


Écrevisses  ;  par  M.  Chantran 43 

Identité  spécifique  du  Pliylloxera  des 
feuiles  et  du  Pliilloxcra  des  racines  de 
la  vigne;  Note  de  MM.  Planchon  et 
Lichtcnstein 298 

Remarques  de  M.  Milne  Edtvards  rela- 
tives à  la  Note  précédente 3oo 

Recherches  sur  la  génération  des  Gasté- 
ropodes ;  par  ,M.  Ferez 280 

Sur  les  Entozoaires  des  Dauphins;  Note 

de  M.  H.  Gerçais 779 

Voir  aussi  l'article  Aninxaix  des  an- 
ciens E^'ptiens. 


(  979  ) 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages. 

ABBADIE  (d').  —  Sur  la  division  décimale 

du  cadran 335 

ALVAREZ,  —  Note  relative  à  l'aéroslation.     ySa 

AMAGAT.  —  Sur  la  corapressibilité  et  la  di- 
latation des  gaz 67 

ANDRAL  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie       2 1 5 

ANDRÉ  (Jean)  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  lui  désigner  une  Commission  à  la- 
quelle il  soumettra  un  plan  qu'il  croit 
propre  à  contribuer  puissamment  à  la 
défense  nationale.  L'Académie  ne  peut, 
sans  s'écarter  d'une  règle  qu'elle  a 
constamment  suivie,  accéder  à  cette 
demande 6g4 

ARLOING  et  L.  TniPiEu.  —  Une  mention  ho- 
norable leur  est  accordée  par  la  Com- 
mission du  prix  de  Physiologie  expéri- 
mentale pour  avoir  démontré  les  pre- 
miers, dans  les  nerfs  sensitifs  cutanés, 
l'existence  d'une  sensibilité  récurrente 
jusqu'ici  reconnue  seulement  dans  les 
nerfs  moteurs,  etc 1  la 


MM. 

ARNOUX.— Lettre  adressée  de  Mées  (Basses- 
Alpes),  sur  les  excellents  résultats  ob- 
tenus de  la  méthode  de  M.  Pasteur  pour 
le  grainage  des  vers  à  soie  (reproduite 
dans  une  Communication  de  M.  le  Ma- 
réchal Vaillant) 297 

ARSON.  —  Le  prix  de  Mécanique  (fondation 
Montyon)  est  décerné  à  M.  Jrson,  pour 
ses  recherches  expérimentales  sur  l'é- 
coulement des  gaz  dans  de  longues  con- 
duites        93 

—  M.   Arsoii  adresse   ses  remercîments  à 

r.\cadémie 217 

AUBERT.  —  Mémoire  sur  les  solides  soumis 

à  la  flexion 35o 

AUBERT  (L.).  —  Sur  les  moyens  de  faire 
entrer  la  farine  de  blé  dans  la  confection 
d'aliments  doués  de  propriétés  nutri- 
tives suffisantes 475  et     479 

AVEZAC  (d')  présente  à  l'Académie,  de  la  part 
de  M.  S.  Glai'ijo,  un  volume  imprimé 
en  espagnol  et  intitulé  :  «  Réllexions  sur 
le  système  planétaire  » 887 


B 


BAILLON  (H.).  —  Sur  le  développement  des 

feuilles  de  Sarmccnin 63o 

BALARD.  —  Remarques  relatives  aux  diffé- 
rences qui  lui  paraissent  exister  entre 
les  méthodes  employées  par  MM.  Cas- 
thelaz  et  Evrard  pour  la  purification  des 
suifs  bruts 816 

BALESTRA.  —  Recherches  et  expériences 
sur  la  nature  et  l'origine  des  miasmes 
paludéens 235 

BARBOU  (Ed.).  —  Projet  de  navigation  aé- 
rienne, accompagné  de  croquis  indi- 
quant deux  dispositifs  dilîérents.  pro- 
posés par  l'auteur 578  et    732 


BAZIN.  —  Communication  relative  à  l'aéros- 

tation 845 

BÉCHAMP.  —  Sur  la  fermentation  carbo- 
nique et  alcoolique  de  l'acétate  de  soude 
et  de  l'oxalate  d'ammoniaque 69 

BECQUEREL.  —Nouvelles  recherches  sur  les 
actions  électro-capillaires.  Formation  de 
l'Gxychlorure  de  cuivre  cristallisé  et 
d'autres  composés  analogues 197 

—  Observations  de  températures  faites  sous 
le  sol  au  Jardin  des  Plantes,  de  1864 
à  1870.  (En  commun  avec  M.  Edni. 
Becquerel .  ) 1 9g 

BECQUEREL  (Ed.m.).  — Observations  de  tem- 

i3i.. 


MM.  Pages, 

pératures  faites  sons  le  sol  au  Jardin  des 
Plantes,  de  1864  à  1870.  (En  commun 
avec  M.  Becquerel.) 199 

—  Lettre  à  M.  Dumas  exfirimanl  le  vif  re- 

gret qu'il  éprouve  d'èlre  en  ce  moment 
loin  de  Paris,  retenu  près  de  son  père 
malade 439 

—  M.  Edm.  Becquerel  est  nommé  Membre 

de  la  Commission  du  grand  prix  de 
Sciences  mathématiques  à  décerner  en 
1 870  (  Rechercher  les  modifications  qu'é- 
prouve la  lumière  dans  son  mode  de 
propagation  et  ses  propriétés  par  suite 
du  mouvement  de  la  source  lumineuse 
et  du  mouvement  de  l'observateur). . .     707 

BELGR.4ND.  —  Travail  ayant  pour  titre  : 
«  La  Seine  :  Études  sur  le  régime  de  la 
pluie,  des  sources,  des  eaux  courantes; 
applications  diverses  à  l'art  de  l'ingé- 
nieur et  de  l'agriculture  » 88G 

BERGEU  appelle  l'attention  de  l'Académie 
sur  une  circulaire  tendant  à  la  fondation 
d'un  prix  pour  l'inventeur  d'un  système 
d'abri  mobile  pour  l'armée 885 

BERNARD  (Claude)  est  nommé  Membre  de 
la  Commission  des  prix  de  Médecine  et 
de  Chirurgie aiS 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  de  Physio- 

logie expérimentale .     aâG 

BERNIS.  —  Communication  relative  à  l'aé- 

rostation 807  et    845 

BERTHELOT.  —  Recherches  thermo-chimi- 
ques sur  les  sulfures -Jo3 

—  Sur  la  force  de  la  poudre  et  des  matières 

explosives 619,  6G7  et    709 

—  Sur  la  chaleur  de  formation  des  composés 

azotiques 677 

—  Sur  la  force  des  matières  explosives;  ré- 

ponse à  M.  Ccizin 940 

BERTRAND.  —  Rapport  sur  un  Mémoire 
de  M.  Massieu  intitulé  :  «  Mémoires  sur 
les  fonctions  des  divers  fluides  et  sur  la 
théorie  des  vapeurs  » ^57 

—  M.  Bertrand  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  grand  prix  de  Sciences 
mathématiques  à  décerner  en  1870  (Re- 
chercher les  modifications  qu'éprouve  la 
lumière  dans  son  mode  de  propagation  et 
ses  propriétés  par  suite  du  mouvement 
de  la  source  lumineuse  et  du  mouve- 
ment de  l'obsorvatsur) 707 

BÉZARI)  DE  WOLUES.  —  De  la  périodicité 
du  temps,  réglée  d'après  les  indications 
fournies  par  les  phases  de  la  Lune  qui 
suit  colle  de  l'équinoxe 885 

BIENAYMÉ.  —Traduction  de  deux  passages 

de  Stobée  inexpliqués  jusqu'ici 460 

—  M.  Bictuiymé  est  nommé  Membre  de  la 


(  9«o  ) 

MM. 


Page». 
Commission  du  prix  de  Statistique ai  5 

BLACHE  (R.).  —Une  citation  honorable  lui 
est  accordée  pour  son  essai  sur  les  ma- 
ladies du  cœur  chez  les  enfants.  (Con- 
cours pour  les  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie.) 127 

BLANCHARD  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  juger  le  concours 
pour  le  grand  prix  des  Sciences  phy- 
siques (question  des  phénomènes  qui 
précèdent  le  développement  de  l'em- 
bryon chez  les  animaux  dits  parthéno- 
génésiques  ) ,  et  le  concours  pour  le 
prix  Bordin  (question  relative  à  l'ana- 
tomie  comparée  des  Annélides) 881 

BOBQEUF  (P.-A.-F.).  —  Sur  l'importance 
actuelle  des  questions  se  rattachant  à 
l'hygiène  publique  et  privée,  notam- 
ment la  question  des  hémostatiques  et 
des  désinfectants,  et  sur  le  phénol  so- 
dique 617 

—  Effets  des  diverses  préparations  phéni- 

ques  dans  le  traitement  de  la  variole. . 

BONNAFONT.  —  Sur  la  propriété  dont  joui- 
raient les  troncs  artériels  de  résister 
mieux  que  les  cordons  nerveux  à  l'ac- 
tion directe  des  projectiles  sphériques. 

BONTEMPS.  —  Une  mention  honorable  lui 
est  accordée  parla  Commission  du  prix 
de  Statistique  pour  les  renseignements 
statistiques  de  son  ouvrage  intitulé  : 
«  Le  Guide  du  Verrier,  etc.  » 

—  M.  Bontcinps  adresse  ses  remerciments 

à  l'Académie a6i 

BONNET.  —  Le  prix  Thore  lui  est  décerné 
pour  son  ouvrage  intitulé  :  «  La  truffe 
comestible  » i53 

—  M.  Bonnet  adresse  ses  reraercîments  à 

l'Académie 217 

BOUDANOVSKV.  —  Une  citation  honorable 
lui  est  accordée  par  la  Commission  des 
prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  pour 
ses  études  photographiques  sur  le  sys- 
tème nerveux  de  l'homme  et  de  quel- 
ques animaux  supérieurs 127 

BOUILLAUD  est  nommé  Membre  do  la  Com- 
mission des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie      21 5 

BOUQUET.  —  Mémoire  relatif  à  la  théorie 
des  intégrales  ultra-elliptiques.  Rapport 
sur  ce  Mémoire;  Rapporteur  M.  .S'fv/rr.       4» 

BOUSSINESQ  prie  l'Académie  de  ^ouloir 
bien  le  comi)rendre  parmi  les  candidats 
à  la  place  laissée  vacante,  dans  la  Sec- 
tion de  Géométrie,  par  le  décès  de 
M.  Lamé 384 

—  Essai  théoriiiue  sur  les  lois  trouvées  ex- 

périmentalement par  M.  Bazin  pour  l'é- 


746 


707 


99 


(98 

MM.  Pages. 

coulement  uniforme  de  l'eau  dans  les  ca- 
naux découverts 38ç)  et     4°o 

BOUSSINGAULT  est,  nommée  Membre  de  la 

Commission  du  prix  de  Statistique.  ...     2i5 

—  Et  de  la  Commission  pour  le  prix  dit  des 

Arts  insalubres aSC 

BOUVET.  —  Sur  une  force  motrice  appli- 
cable à  la  navigation  aérienne 

539,  578  et    73i 

—  Sur  un  procédé  de  réchauffement  métho- 

dique du  gaz  d'un  aérostat,  par  la  com- 
bustion d'une  partie  de  ce  gaz  lui-même, 
pour  compenser  les  pertes  de  force  as- 
censionnelle       84 1 

—  Du  moyen  de  produire  à  volonté  à  bord 

des  aérostats  un  excédant  de  force  as- 
censionnelle pour  opérer  dos  montées 

et  des  descentes  partielles 881 

BRACHET  (A.).  —  Sur  un  a  Régulateur  au- 
tomoteur électrique  ».  —  Description 
d'une  lampe  électrique  applicable  à  l'é- 
clairage des  larges  voies.  (En  commun 
avec  M.  ff  ailée.) 33 1  et     769 

—  Avantages  que  présente  l'emploi,  pour  les 

besoins  de  la  guerre,  de  l'aérostat  Meus- 
nier,  et  supériorité  qu'a  ce  système  sur 
tous  ceux  dont  on  pourrait  songer  à 
faire  l'application  pour  la  défense  na- 
tionale      440 

—  Notes  relatives  à  divers  projets  d'appa- 

reils aérostatiques 

522,   540,  578,  619,  681,   732  807  et    845 

—  Projet  de  canon   porté  sur  un   chariot 

blindé 886 

—  Note  relative  au  moyen    proposé  pour 

substituer  les  lunettes  aux  alidades  à 


'    ) 

MM.  Pages, 

pinnules  pour  le  pointage  des  canons. .     gSS 

BRANDT  est  nommé  Correspondant  de  l'A- 
cadémie, Section  d'Anatomie  et  de  Zoo- 
logie, en  remplacement  de  feu  M.  Carus.       4i 

BRISAC.  —  Sur  l'emploi  des  légumes  secs 
et  du  blé  vert  en  Alsace  et  en  Lor- 
raine      478 

BRONGNIART  est  nommé  Membre  de  la 
Commission  pour  la  vérification  des 
comptes  de  l'année  1870 4' 

BROUN.  —  Observations  magnétiques  faites 
à  Makerstown  (Ecosse)  et  à  Trevan- 
drum,  près  du  cap  Comorin...     56  et    265 

BUISSON  annonce  qu'on  pourra  voir  chez 
lui  fonctionner  un  petit  modèle  démon- 
trant la  possibilité  de  faire  mouvoir  dans 
une  direction  donnée  un  ballon  par  un 
moyen  complètement  différent  de  ceux 
qu'on  a  jusqu'ici  imaginés 694 

BUKATY.  —  Note   concernant  un  nouveau 

sytème  d'aérostat Saa 

BURGGRAEVE.  ^  Système  de  pansement 
des  plaies  au  moyen  du  plomb  en  lames 
très-minces 289 

BUSSY.—  Remarques  à  l'occasion  d'une  Com- 
munication de  M.  Casthelaz,  sur  un  pro- 
cédé de  purification  des  suifs  bruts, 
procédé  indiqué  depuis  longtemps  par 
M.  Evrard 8i5 

—  M.  Bussy  présente,  au  nom  de  M.  Sou- 
beyran,  une  carte  géographique  sur  la- 
quelle sont  inscrites,  au  lieu  de  leur 
production,  toutes  les  principales  sub- 
stances qui  trouvent  leur  emploi  dans 
la  matière  médicale 770 


CAHOURS  (AuG.)  et  Gal.  —  Recherches  re- 
latives à  l'action  des  chlorures  de  pla- 
tine, de  palladium  et  d'or  sur  les  phos- 
phines  et  les  arsines 208 

—  Sur  de  nouveaux  composés  résultant  de 

l'union  de  l'acide  cyanique  et  des  diffé- 
rents éthers  cyaniques  avec  les  éthers 
des  acides  amidés  de  la  série  aromatique.     4(^2 
CAL'VERT.  —  Sur  l'emploi  de  l'acide  phé- 

ni(|uo 321 

—  Sur  le  dégagement  d'azote  pur,  des  ma- 

tières organiques  azotées 322 

CARLES.  —  Sur  la  décomposition  de  l'acide 

oxalique 226 

CASSAIGNES,  —  Sur  la  filtration  naturelle 

des  eaux  de  rivières  et  sur  l'application 

qu'on  en  peut  faire  aux  eaux  de  la  Du- 


rance 216 

CASTHELAZ.  —  Procédé  de  purification  des 

suifs  bruts  du  commerce 812 

CATALAN.  —  Remarques  sur  une  Note  de 
M.  Darboux  relative  à  la  surface  des 
centres  de  courbure  d'une  surface  algé- 
brique        5o 

CAUVET.  —  Mémoire  concernant  la  struc- 
ture du  Cytinet,  l'action  qu'il  exerce  sur 
la  racine  des  Cistes,  et  la  structure  de 
la  racine  du  Cistus  Moiupelicnxi.s. . . . 
216  et    369 

CAVE.  —  Sur  la  zone  génératrice  des  ap- 
pendices végétaux 83 

—  Sur  la  zone  génératrice  des  appendices 
chez  les  végétaux  monocotylédons.... 
374  et    397 


MM. 

CAVE  THOMAS  adresse  une  (épreuve  impri- 
mée en  an.ïiais  d'un  travail  destiné  à 
èlre  substitué  à  son  Mémoire  manuscrit. 
sur  la  «  Théorie  esthétique  de  la  hi- 
miére  » 

CAZIX  (A.).  —  Note  ayant  pour  titre  :  «  La 
lunette  de  rempart  » 

—  Sur  la  force  des  matières  explosives. . . 
CHAMPION.  —  De  la  dynamite  et  de  ses  ap- 
plications au  point  de  vue  de  la  guerre. 

CHANTRAN.  —  Observations  sur  l'histoire 

naturelle  des  érrevisses 

CHAPELAS.  —  Sur  le  printemps  de  1870. . 

—  Étoiles  filantes  du  mois  d'août 

—  Aurore  boréale  du  24  septembre  1870. . 

—  Aurores  boréales  des  24  et  23  octobre. . 

CH.\RMOLUE  (L.).  —Note  relative  à  l'em- 
ploi du  bois  pour  la  préparation  d'un 
caz  d'éclairage 

CHAilRlÈUE.  —  Le  prix  dit  des  Arts  insa- 
lubres 11'!  est  décerné  pour  ses  appa- 
reils de  sauvetage.  (Concours de  1869.). 

CH.\SLES  présente,  de  la  part  de  M.  Boncom- 
piigiii ,  divers  numéros  du  «  Bulleltino 
di  Bibliografia  e  di  Storia  délie  Scicnze 
matenialiche  e  fisiche  »,  et,  au  nom  de 
la  Section  Mathématique  des  hautes 
études,  plusieurs  numéros  du  «  Bulletin 
des  Sciences  mathématiques  et  astrono- 
miques » 240  et 

—  M.  Chastes  fait  hommage  à  l'Académie 

d'un  ouvrage  de  M.  C/vniona:  0  Sur  les 
intégrales  à  différentielles  algébriques  ». 

—  M.   Clinslcs  est   nommé  Membre   de   la 

Commission  du  prix  Poncelet 

CHASSIN.  —  Sur  un  tremblement  de  terre 
survenu  au  Mexique  le  11  mai  1870... 

CHASTEIGNIER.  —  Contemporanéité  de 
l'homme  avec  le  grand  ours  des  ca- 
vernes et  le  renne  dans  la  caverne  de 
Gargas  (Hautes-Pyrénées |.  (En  com- 
mun avec  ^L  Garrigoii.) 

CHENU.  —  Le  prix  de  Statistique  lui  est  dé- 
cerné i)Our  sa  u  Statistique  médico-chi- 
rurgicale de  la  campagne  d'Italie  en  iSSg- 
1 8O0  « 

CHEVREUL.  —  Observations  relatives  à  une 
Note  de  M.  Fnye  intitulée  :  «  Quels 
sont  les  vrais  agents  chimiques  qu'il  faut 
opposer  à  l'infection  miasmatique?».. 
4'7,  420  et 

—  M.    Chevrctd  annonce    comme   presque 

complètement  terminé  un  travail  depuis 
longtemps  poursuivi,  et  demande  à  l'A- 
cadémie l'autorisation  d'en  commencer 
dès  à  [irésent  l'impression  dans  les  «  Mé- 
moires de  l'Académie  »,  où  il  formerait 
la  lèlc  d'un  nouveau  volume 


629 
897 

728 

43 

45 

386 

45i 

584 


816 


128 


(  9«2  ) 

Pages.     MM.  Pajes. 

—  De  la  différence  et  de  l'analogie  de  la 
méthode  «/m.ç^eWrjW expérimentale  dans 
ses  aiiplicationsaux  sciences  du  concret 
et  aux  sciences  morales  et  politiques.     493 

—  M.  C/icc/-(>«/ exprime  le  désir  d'obtenir 
quelques  renseignements  authentiques 
concernant  les  expériences  aérostatiques 
des  frères  Montgolfier 609  et    Cio 

—  Remarques  à  propos  d'une  Communica- 
tion de  M.  Griinaud,  de  Caux,  sur  l'his- 
toire de  la  panification  et  des  connais- 
sances chimiques  qui  s'y  rattachent... 
447.  45o  et    45i 

—  Observations  relatives  aux  propriétés  nu- 
tritives de  quelques-unes  des  plantes  ci- 
tées [lar  M.  Decuisite  comme  pouvant 
être  cultivées  pendant  le  siège 48g 

—  Observations  relatives  à  une  Communi- 
cation de  M.  Frciiiy^  sur  l'emploi  de 
l'osséine  dans  l'alimentation 5l3i 

—  M.  Clirvreul  donne  lecture  d'une  Note 
sur  les  subsistances  et  l'alimentation.     Ooi 

—  Exposé  des  raisons  pour  lesquelles  l'ali- 
ment de  l'homme  et  des  animaux  supé- 
rieurs doit  être  d'une  nature  chimique 
complexe.  (Nouvelle  rédaction  de  la  Note 
lue  à  la  précédente  séance.) 635 

—  Observations  à  propos  d'une  Note  de 
M.  RahuteaK,  sur  l'estimation  de  la  qua- 
lité alimentaire  d'après  la  proportion 
d'azote 786 

•  Note  sur  un  acide  odorant  produit  dans 
la  fermentation  putride  de  plusieurs 
matières  azotées,  et  particulièrement  des 
tendons 760 

-  Après  la  lecture  de  celte  Note,  M.  Clic- 
(7'e«/ mentionne  une  Communication  ré- 
cente faite  à  la  Société  centrale  d'Agri- 
culture par  M.  Pau-n,  sur  les  os  du 
cheval  et  l'Iuiile  qu'on  en  retire 761 

—  Observations  relatives  à  un  passage  d'une 
Communication deM.  Fi-cnir,  surl'aEm- 
ploi  de  l'osséine  dans  l'alimentation  »..     796 

—  Résumé  historique  des  travaux  dont  la 
gélatine  a  été  l'objet.  .. .     819,  855  et     912 

—  M.  Chcvrrid  est  nommé  Membre  de  la 
Commission  du  prix  dit  des  Arts  insalu- 
bres. (Concours  de  1870,) 256 

CLOQUET  (Jules)  est  nommé  Membre  de  la 
Commission  des  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie 2i5 

CLO  TE  T.  —  Description  d'une  nouvelle  bombe 

cylindro-conique  à  percussion.     522  et     7(59 

(TOMBES  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion du  prix  dit  des  Arts  insalubres...     256 

—  Membre  de  la  Commission  du  prix  de 
Mécaniipie 84 1 

434  i  —  Et  de  la  Commission  du  prix  Poncelet. .     881 


597 

596 
881 
329 


98 


43i 


l  9 

MM.  Pages. 

CONSTANT.  —  De  l'arlion  des  alcalins  sur 
l'organisme.  (En  comnuin  avec  M.  Hn- 
buteaii.  ] 23 1 

CONTEJEAN.  —Maximum  de  température  à 

Poitiers  le  24  juillet  1870 325 

COSSA.  —  Lettre  à  M.  H.  Snintc-Clairc  De- 
ville,  sur  les  propriétés  chimiques  de 
l'aluminium 290 

COSTE  est  nommé  Membre  de  la  Commission 

du  prix  de  Physiologie  expérimentale. .     256 

—  Membre  de  la  Commission  chargée  de 
juger  le  concours  pour  le  grand  prix 
des  Sciences  physiques.  (Question  des 


83  ) 

MM,  Pages, 

phénomènes  qui  précédent  le  développe- 
ment de  l'embryon  chez  les  animaux  dits 
parthénogénésiques),  et  de  la  Commis- 
sion du  prixBordin.  (Question  relative  à 
l'anatomie  comparée  des  Annélides.  î . . .     881 

COSTE  (P.).  —  Note  relative  à  l'équivalent 

mécanique  de  la  chaleur 376 

CYON.  —  Une  médaille  lui  est  accordée  pour 
Tensemble  de  ses  travaux  en  vue  des 
applications  de  l'électricité  à  la  physio- 
logie et  à  la  thérapeutique.  (Concours 
pour  le  prix  de  Médecine  et  de  Chirur- 
gie :  question  proposée  pour  1869.). . . .     107 


D 


D'ABBADIE.  —  Voir  à  Abbadie  (d'  ). 

D'ALMEIDA  (J.-C).  —  Disposition  nouvelle 
des  piles  voltaïques,  application  à  la 
pile  de  Bunsen 774 

DARBOUX.  —  Réponse  aux  remarques  de 
M.  Cutalamwv  deux  points  de  sa  u  Note 
relative  au  lieu  des  centres  de  courbure 
d'une  surface  algébrique  » 267 

DAUDIN.  —  Mémoire  relatif  à  diverses  ques- 
tions de  météorologie,  et  particulière- 
ment à  la  sécheresse  actuelle 47 

D'.WEZAC,  —  Voir  à  An'zac  (d'). 

DEBRUGE.  —  Note  relative  à  un  ballon  di- 
rigeable       619 

DECAISNE.  —  Sur  la  culture  de  quelques 

plantes  culinaires  pour  la  durée  du  siège.     487 

DECAISNE  (E.).  —  Note  concernant  «  L'ali- 
mentation des  petits  enfants,  et  le  lait 
pendant  le  siège  >' 527 

DÉCLAT.  —  Moyen  d'arrêter  la  diarrhée  et 
la  dyssenterie  spéciales  aux  soldats  qui 
sont  saisis  par  l'humidité  et  par  le  froid.    692 

DELACROIX.  — Notes  relatives  à  un  système 
d'aérostat  manœuvrant  avec  des  voiles, 
des  ailes  mobiles  et  deux  gouvernails. . 
578  et    681 

DELAUNAY.  —  Note  sur  les  pyramides  de 

Villejuif  et  de  .luvisy 5 

—  M.  Di'Umiiiiy,  en  qualité  de  Président, 

informe  l'Académie  que  sa  prochaine 
séance  aura  lieu  le  mardi  16  août,  au 
lieu  du  lundi  1 5 333 

—  Découverte  d'une  comète  par  M.  Coggi/i.     4o5 

—  M.  Dcliiuiiay  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  prix  d'Astronomie. .. .     7G7 

—  Membre  de  la  Commission  du  prix  de  Mé- 

canique      841 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Poncelet. .     881 
DEL.\UUIER.  —  Remarques  relatives  à  une 

Note  de  M.  Lucas,  sur  les  signaux  de 


feu  d'une  grande  portée 33i 

—  Note  relative  à  un  procédé  particulier 

pour  lancer  les  projectiles  de  guerre. .     383 

DELCOURT.  —  Communications  relatives  à 

l'aérostation 807  et    845 

DELESSE.  —  Note  sur  une  carte  litholo- 
gique de  l'embouchure  de  la  Seine. . . .     349 

DEROIDE.  —  Sur  un  nouveau  système  d'aé- 
rostation  exigeant  l'emploi  de  deux  gaz 
différents,  et  marchant  au  moyen  d'une 
succession  d'ascensions  directes  et  de 
descentes  obliques 768 

DE  SÉRÉ.  —  Note  sur  le  couteau  électrique  et 

ses  applications  à  la  chirurgie  militaire.     3oi 

DIEULAFAIT.  —  Note  sur  les  calcaires  à 
Tercbnitidii  diphya  dans  les  Alpes  fran- 
çaises, de  Grenoble  à  la  Méditerranée       282 

DOBROSLAVINE.  —  Surlesgraissesdu  chyle.     278 

DUBRUNFAUT.  —  Sur  un  procédé  de  pani- 
fication dans  lequel  on  ferait  intervenir 
■  le  froment  en  grains  concurremment 
avec  la  farine 907 

DUHAMEL  fait  hommage  à  l'Académie  du 
volume  qui  forme  la  quatrième  Partie 
de  son  ouvrage  :  «  Des  Méthodes  dans 
les  Sciences  de  Raisonnement  » 181 

DUKERLEY.  —  Une  mention  honorable  lui 
est  accordée  au  concours  du  legs  Bréant 
pour  sa  «  Notice  sur  les  mesures  de  pré- 
servation prises  à  Batna  (Algérie)  pen- 
dant le  choléra  de  1 867 1 38 

DUMAS  prononce,  dans  la  séance  publique 
pour  l'année  186g,  l'Éloge  historique  de 
Pelouze 178 

—  M.  Dumas  donne  lecture  d'une  Lettre  de 

M.  Edm.  Becquerel  qui,  retenu  près  de 
son  père  malade,  exprime  le  vif  regret 
qu'il  éprouve  d'être  en  ce  moment  loin 
de  Paris 439 

—  M.  Dumas  fait  remarquer  que  l'absence 


(  98 

MM.  Pages, 

prolongée  du  Vice-Président,  M.  Costc, 
s'explique  par  une  maladie  dont  la  gué- 
rison  se  fait  longtemps  attendre 439 

—  Observations  sur  une  Note  de  M.  Fayc 

intitulée  :  «  Quels  sont  les  vrais  agents 
chimiques  qu'il  faut  opposer  à  l'infection 
miasmatique  »'.' 4 ' 7  et     4  ' 9 

—  Observations  à  i)ropos  d'une  Communica- 

tion de  M.  Cninaud,  de  Caux,  u  Sur  la 
consommation  du  blé,  soitennature,  soit 
après  la  mouture,  sous  forme  de  pain».     445 

—  Note  à  propos  do  diverses  Communica- 

tions sur  l'approvisionnement  en  viande 
de  la  ville  de  Paris  pour  le  temps  du 
siège 4/9  et    235 

—  Observations  relatives  aux  Communica- 

tionsde  M.  Fremr,  «  Sur  l'emploi  de  l'os- 
séine  dans  l'alimentation  ».     565,  755  et    jSS 

—  M.  Dunuis  communique   une  Lettre  de 

jjmc  jy j,(.gi  Lfcointre,  qui  l'a  chargé 
d'offrir  à  l'Académie,  au  nom  de  sa  mère 
M°"  V'  UArcct  et  au  sien,  des  Noies 
et  Mémoires  en  partie  inédits  et  se  rap- 
portant principalement  aux  recherches 
du  savant  académicien,  Joseph  D\4rcet, 
sur  la  gélatine  des  os  et  son  emploi  ali- 
mentaire       G82 

—  M.  Dumas  présente,  au  nom  de  M.  Eiig. 

Pclouzr,  un  Mémoire  et  des  échantillons 
relatifs  à  un  procédé  nouveau  de  conser- 
vation des  viandes 73 1 

—  Obser\ationsà  propos  d'uneNotodeM.  Ra- 

biiicnii,  sur  les  propriétt^s  nutritives  du 
café  et  du  cacao 735 

—  Observations  sur  une  Communication  de 

M.  /.  Gucrin,  concernant  un  moyen  de 
mettre  en  communication  télégraphique 
Paris  et  le  reste  de  la  France 579 

—  A   l'occasion  d'une    Communication   de 

M.  Hiircau  de  l'illcneuve,  sur  un  gaz 
pour  gontler  les  ballons  autre  que  celui 
qui  est  ordinairement  en  usage,  M.  Du- 
mas fait  remarquer  que  le  gaz  proposé, 
bien  connu  de  toutes  les  personnes  ayant 
eu  à  s'occuper  de  la  question  de  l'éclai- 
rage, exigerait  pour  sa  fabrication  un 
outillage  particulier,  et  (pie  si  l'outillage 
dont  dispose  aujourd'hui  la  ville  do  Paris 
recevait  une  semblable  application, 
mémo  temporaire,  ce  ne  serait  pas  sans 
être  gravement  compromis 76S 

—  Conmiunication  faite  à  l'Académie  à  propos 

du  récent  départ  de  M.  Jansscn  par  l'aé- 
rostat /(•  Folta 783 

—  M.   Dumas,   en    sa    qualité    de    Secrc- 

ttiire  perpétuel,  donne  lecture  d'une  dé- 
pêche de  M.  le  directeur  des  lignes 
télégraphiques,  annonçant  l'heureuse  ar- 


4  ) 

MM.  Paget- 

rivée,  près  de  Saint-Nazaire,  du  ballon 
le  Voila  monté  par  M.  Janssen 886 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  doxma  lecture 

d'un  passage  des  OEuvrcs  de  Lnvnisier 
relatif  aux  tra\aux  aéroslatiques  de 
Meus/lier 608 

—  En  réponse  à  une  question  posée  à  cette 

occasion  par  M.  Chevreul,  et  relative  à 
l'invention  des  frères  Montgolûer,  M.  Du- 
mas fournil,  d'après  le  même  volume 
des  (I  Œuvres  de  Lavoisier  »,  le  rensei- 
gnement désiré 610 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  au 

nom  des  auteurs,  MM.  Champion  et 
H.  Pellet,  une  Note  «  Sur  quelques 
propriétés  de  la  dynamite,  et  sur  un 
nouveau  procédé  pour  la  fabrication  de 
la  nitroglycérine  » 770 

—  Et  au   nom  de  l'auteur,  M.  Riche,  un 

exemplaire  de  la  conférence  faite,  le 
1 1  novembre,  sur  la  «  Manière  de  se  nour- 
rir dans  les  circonstances  présentes  ».     770 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  i\g\\a\e,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, les  ouvrages  suivants  : 

—  Une  brochure  de  M.  Figuier 3oi 

—  Un  Mémoire  de   M.  Dalvi,  imprimé  en 

anglais,  portant  pour  titre  :  «  Exa- 
men de  la  règle  de  Newton  pour  trou- 
ver le  nombre  des  racines  imaginaires 
d'une  équation  ».  —  Et  un  travail  de 
M.  A.  Colin  intitulé  :  «  Des  conditions 
sanitaires  de  l'armée  de  Paris  » 478 

—  M.   Dumas  est   nommé   Membre   de  la 

Commission  chargée  de  juger  le  con- 
cours des  Arts  insalubres  pour  1870...     256 

—  Membre  des   Commissions  chargées  de 

juger  le  concours  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  physiques  (question  des  phé- 
nomènes qui  ijrécèdent  le  développe- 
ment de  l'embryon  chez  les  animaux 
dits  parthénogénésiques),  elle  concours 
pour  le  prix  Bordin  (question  relative 
à  l'analomie  conqiaréc  des  Annélides). .     881 

DUMÉIUL.  —  Sa  mort,  arrivée  le  12  no- 
vembre 1870,  est  aimoncée  à  l'Aca- 
démie dans  la  séance  du   14 635 

DUMÉHY.  —  Note  sur  de  nouveaux  campe- 
ments militaires 938 

DUPIN  (Cn.  )  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  prix  de  Statistique 2i5 

DUPUIS.  —  Projet  d'un  système  de  naviga- 
tion aérienne 681 

DUPUY  DE  LO.ME  présente  la  iircmière  par- 
tie d'une  Note  sur  un  projet  d'aérostat 
dirigé 477 

—  Projet  d'aérostat  dirigé  muni  d'un  propul- 

seur      479,  5o2,  5*9,  545  et     549 


(9«5) 


MM.  Pages. 

—  M.  DiipKY  de  Lomé  esl  nommé  Membre 

de  la  Commission  du  prix  de  Mécanique.     84 1 


MM.  Pages. 

1)UR.4ND  soumet  à  l'appréciation  de  l'Aca- 
démie une  tasse-ûUre  dont  il  est  l'in- 
veuleur 240 


E 


EDW.4RDS  (Milne).  —Remarques  relatives 
à  une  Communication  de  MM.  Pliinchon 
et  Lichtensteiii,  sur  l'identité  spécifique 
du  Phyllnxern  des  feuilles  et  du  Phyl- 
lo.rcra  des  racines  de  la  vigne 3oo 

—  Remarques  à  propos  d'une  Communica- 

tion de  M.  Grimaud,  deCaux,  sur  l'im- 
portance des  condiments  et  des  sub- 
stances sapides  pour  le  travail  de  la  di- 
gestion       45 1 

—  Observations,  à  propos  d'une  Note   de 

M.  Dumas,  sur  un  procédé  de  salaison 
de  la  viande  et  sur  les  propriétés  nutri- 
tives de  la  gélatine  des  os 48C 

—  M.  Milne  Edivards  rappelle  que  dans  le 

cours  des  longues  recherches  auxquelles 
s'est  livrée  la  Commission  chargée  d'exa- 
miner les  effets  de  la  gélatine  au  point 
de  vue  de  l'alimentation,  elle  avait  eu  à 
combattre  des  exagérations  de  la  part 
des  adversaires  comme  de  celle  des  par- 
tisans de  cette  application 761 

—  Note   sur  les  propriétés   nutritives  des 

substances  organiques  tirées  des  os,  et 
la  composition  des  rations  alimentaires 
susceptibles  d'entretenir  le  corps  hu- 
main dans  son  état  normal 786 

—  M.  Md/ie  Edivards  est  nommé  Membre 

de  la  Commission  du  Pris  de  Physiologie 
expérimentale ....'. 256 

—  Membre  de  la  Commission  du  grand  prix 

des  Sciences  physiques  (  (Question  concer- 
nant les  phénomènes  qui  précèdent  le 
développement  de  l'embryon  chez  les 
animaux  dits  pnrt/iénogé/tésnjues),  et 
Membre  de  la  Commission  du  prix  Bor- 
din    (Question    concernant    l'anatomie 

comparée  des  Annélides) 881 

EGGER.  —  Note  sur  un  papyrus  qui  con- 
tient des  fragments  d'un  Traité  d'op- 
tique, et,  à  cette  occasion,  sur  l'optique 
inédite  de  Ptolémée -. 465 

—  Note  sur  quelques  documents  relatifs  à 
l'économie  domestique  et  aux  denrées 
alimentaires  en  Egypte  sous  les  Ptolé- 
mées 611 

EURENBEllG.  —  Le  prix  Cuvier  lui  est  dé- 
cerné pour  l'ensemble  de  ses  travaux. 
(Concours  de  1869.) i38 

C.  K.,  1870,  2""=  Semestre.  (T.  LXXl.) 


EHRLICH.  —  Note  relative  au  choléra 216 

ÉLIE  DE  BEAUMONT.  —  Note  sur  les  ro- 
ches qu'on  a  rencontrées  dans  le  creu- 
sement du  tunnel  des  Alpes  occidentales 
entre  Modane  et  Bardonèche 8 

—  M.  Él/'e  de  Bemanimt  présente,  de  la  part 

de  M.  Delessc,  une  carte  lithologique  de 
l'embouchure  de  la  Seine 349 

—  M.  Élie  de  Bemimont,  en  sa  qualité  de 

Secrétaire  perpétuel,  annonce  à  l'Aca- 
démie la  perte  qu'elle  vient  de  faire 
dans  la  personne  de  M.  Aug.  Duméril, 
décédé  le  12  novembre 635 

—  M.  le  Serrétaii-e  perpétuel  Aè^OiO  sur  le 

bureau  un  exemplaire  du  discours  pro- 
noncé, le  i5  novembre  1870,  aux  obsè- 
ques de  M.  Aug.  DumérU  par  M.  Hii). 
Larrey 747 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  fait  hommage 

à  l'Académie  au  nom  de  l'auteur,  M.  Zan- 
tedeschi,  de  deux  opuscules  écrits  en 
italien  et  ayant  pour  titre,  l'un  :  «  De 
l'électro- chimie  appliquée  à  l'industrie 
et  aux  beaux-arts  »  ;  l'autre  :  «  Des  bour- 
rasques de  l'atmosphère  solaire  et  de 
leur  connexion  possible  avec  les  bour- 
rasques de  l'atmosphère  terrestre  >' .  - .     44o 

—  Et,  au  nom  de  M.  Chancourtois,  d'une  bro- 

chure sur  «  L'interprétation  des  imagi- 
naires en  physique  mathématique  n...     476 

—  M-.  le  Secrétaire  perpétuel,  en  présentant 

la  traduction  faite  par  M.  Roger  des  «  Re- 
cherches générales  sur  les  surfaces  cour- 
bes do  M.  Gauss  »,  lit  à  ce  sujet  quel- 
ques passages  de  la  Lettre  d'envoi 35 1 

—  De  même,  à  l'occasion  de  la  deuxième 

édition  d'un  ouvrage  de  M.  /.  Girard, 
sur  la  chambre  noire  et  le  microscope, 
M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne,  d'après 
la  Lettre  de  l'auteur,  quelques  rensei- 
gnements sur  celle  nouvelle  publication.     4o4 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance de  diverses  séances,  les  ouvrages 
suivants  : 

—  Une  brochure  de  M.  Husson  intitulée  : 

«  Histoire  du  sol  de  Toul;  17°  Nute  sur 
l'origine  de  l'espèce  humaine  dans  les 
environs  de  cette  ville  » 49 

l32 


MM.  Pages. 

—  Deux  Mémoires  de  géologie  et  de  paléonto- 

logie de  M.  Baynn,  et  la  dernière  partie 
de  l'ouvrage  deM.  F.  Plée  a  Sur  les  types 
des  familles  des  plantes  de  la  France  »  . .     261 

—  Une  brochure  de  M.  Dataine   «  Sur  la 

genèse  et  la  propagation  du  charbon  », 
et  un  ouvrage  du  P.  Sunna  Solaro  «  Sur 
les  causes  et  les  lois  des  mouvements 
de  l'atmosphère  » 35o 


(  986   ) 

MM. 


Et  enfin  un  ouvrage  qui  offre,  indépen- 
damment de  la  valeur  qu'il  a  par  lui- 
même,  un  intérêt  d'actualité,  et  qui  a 
pour  titre  :  «  Premiers  secours  à  donner 
aux  blessés  sur  le  champ  de  bataille  et 
dans  les  ambulances  "  :  l'ouvrage  est  du 
D''  H.  Bernard,  et  précédé  d'une  Intro- 
duction, par  M.  /.-iV.  Deinarquay . . .  . 


Pages. 


68a 


FAMITZIN.  —  Le  prix  de  Physiologie  expé- 
rimentale lui  est  décerné  pour  ses  re- 
cherches concernant  l'influence  de  la  lu- 
mière sur  la  nutrition  des  plantes 1 12 

FAUVEL.  —  Une  récompense  lui  est  accordée 
par  la  Commission  du  prix  Bréant  pour 
ses  travaux  concernant  l'étiologie  et  la 
prophylaxie  du  choléra i37 

FAVRE.  —  Recherches  thermiques  sur  le  ca- 
ractère métallique  de  l'hydrogène  asso- 
cié au  palladium  ;  sur  un  couple  vol- 
taïque  dans  lequel  l'hydrogène  est  le 
métal  actif 214 

FAYE.  —  Remarques  sur  quelques  particu- 
larités du  sol  des  Landes  de  Gascogne.     245 

—  Sur  une  brochure  nouvelle  de  M.  Him. .     256 

—  Sur  la  manière  d'observer  le   prochain 

passage  de  Vénus 4  '  3 

—  Note  intitulée  :  «  Quels  sont  les  vrais 

agents  chimiques  qu'il  faut  opposer  à 
l'infection  miasmatique  »? 4 '5 

—  Sur  l'affût  de  l'amiral  Labrousse 455 

—  Sur  la  déviation  des  projectiles  à  ailettes.     601 

—  Sur  l'art  de  pointer  et  ses  conditions 

physiologiques 872 

—  Sur  l'expédition  de  M.  Janssen 819 

—  M.  Fayc  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  prix  d'Astronomie 7C7 

FIZEAU  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion du  grand  prix  des  Sciences  mathé- 
matiques à  décerner  en  1870  (Recher- 
cher les  modifications  qu'éprouve  la  lu- 
mière dans  son  mode  de  propagation  et 
ses  propriétés  par  suite  du  mouvement 


de  la  source  lumineuse  et  du  mouve- 
ment de  l'observateur) 707 

FLAJOLOT.  —  Note  sur  des  combinaisons 
cristallisées  d'oxyde  de  plomb  et  d'oxyde 
d'antimoine,  d'oxyde  de  plomb  et  d'a- 
cide antimonique  de  la  province  de 
Constantine  (Algérie ) 237 

—  Surlacompositionchimiquedelanadorite.     406 
FLAMMARION.  -  Éclipse  de  Soleil  du  22  dé- 
cembre 1870.  Mesure  de  la  variation  de 

la  lumière 94 1 

FONVIELLE  (  W.  de).  —  Halos  solaires  ob- 
servés le  23  juin  et  le  3  juillet  1870. . .       47 

—  Sur  les  découvertes  astronomiques  des 

Anciens 3-6 

—  Théorie  de  Mariotte  sur  les  oscillations 

barométriques 4o3 

FOUQUÉ.  —  Étude  des  gaz  volcaniques  de 

Santorin 002 

FREMY  (E.).  —  Emploi   de  l'osséine  dans 

l'alimentation 669  et    747 

—  Réponse  à  des  remarques  de  M.  Diiiuus 

sur  la  seconde  de  ces  Communications.     75G 

—  Réponse  à  des  observations  de  M.  Che- 

vrcid  relatives  à  un  passage  de  celte  se- 
conde Note 7g7 

FRIEDEL.  —  Le  prix  Jecker  lui  est  décerné 
pour  ses  «  Recherches  sur  des  composés 
-  du  silicium  correspondant  aux  composés 
d'origine  organique  » 144 

—  M.  Friedcl  adresse  ses  remerciments  à 

l'Académie 261 

FUA.  —  Note  relative  à  un  procède  de  con- 
servation des  viandes 523 


GAILHARD.  —  Communication    relative   à 

l'aérostation 845 

GAILLARD.  —  Description  et  figure  d'un 
appareil  destiné  à  rendre  sur  une  ri- 
vière suffisamment  profonde  les  services 
qu'on  a  cherché  il  obtenir  en  mer  du 
bateau  sous-marin 694 

GAL  cl  AuG.  CAiiouns.  —  Recherches  sur 


les  dérivés  bromes  de  l'acide  acétique 
anhydre 27a 

Noie  relative  à  de  nouveaux  compo.-^és 
résultant  do  l'union  de  l'acide  cyanique 
et  des  dilléronts  élhcrs  cyaniques  avec 
les  éthers  des  acides  amidés  de  la  série 
aromatique 4Ca 

Recherches  relatives  à  l'action  des  chlo- 


(98?  ) 


MM. 

rures  de  platine,  de  palladium  et  dor 

sur  les  phosphines  et  les  arsines 208 

GARRIGOU.  —  Examen  chimique  d'un  ci- 
ment métamorphisé  dans  la  source 
Bayen,  de  Luchon 287 

—  Conteraporanéité   de    l'homme  avec    le 

grand  ours  des  cavernes  et  le  renne 
dans  la  caverne  de  Gargas  (  Hautes-Py- 
rénées). (En  commun  avec  M.  Cluistci- 
gnier.  ) 288 

—  Note  sur  les  dépôts  glaciaires  de  divers 

âges  dans  les  Pyrénées 289 

—  GAUBE.  —  Mémoire  sur  le  bromure  de 

fer  et  de  potassium 35o 

GAULDRÉE-BOILLEAU.  —  Note  relative  à 
un  aliment  utilisable  pendant  la  durée 
du  siège,  et  qu'on  peut  appeller  houillic 

romaine 538 

GAULTIER  DE  CLAUBRY.  —  Note  relative  à 
une  réglementation  qu'il  semblerait  utile 
d'établir  dans  la  fabrication  du  pain  pen- 
dant l'investissement  de  la  ville  de  Paris.  626 
GAZE  AU  (Ch.),  —  Recherches  expérimen- 
tales sur  la  propriété  alimentaire  de  la 
cnca 799 

—  Nouvelle  Note  sur  la  préparation  et  les 

effets  physiologiques  de  la  coca 967 

GERVAIS  (H.).  —  Sur  les  eutozoaires  des 

Dauphins 779 

GER'VAIS( P.)  présente  à  l'Académie:  1°  deux 
Mémoires  extraits  des  «  Nouvelles  Ar- 
chives du  Muséum  »  :  le  premier  «  Sur 
les  formes  cérébrales  propres  aux  Mar- 
supiaux »  ;  le  second  «  Sur  les  formes 
cérébrales  propres  aux  Carnivores  vi- 
vants et  fossiles  »  ; .  2°  les  livraisons  6 
à  8  de  r  «  Ostéologie  des  Cétacées  » 
(texte  et  planches),  qu'il  publie  avec 
la  collaboration  de  M.  Van  Beneden. . .     443 

GÉRY  père.  —  Une  mention  très-honorable  lui 
est  accordée  parla  Commission  du  prix 
Bréant  pour  sa  statistique  des  décès  par 
le  choléra  qui  ont  eu  lieu  dans  le  quar- 
tier Folie-Méricourt  en  1 865  et  1 86G . . .      1 38 

GIFFARD  (H.).  —  Description  du  premier 

aérostat  à  vapeur 683 


MM.  Pages. 

GIRARD.  —  Sur  un  dispositif  destiné  à  per- 
mettre d'observer  à  de  grandes  dis- 
tances      383 

GIRARD  (Ch.).  —  Note  sur  la  nitroglycé- 
rine et  les  diverses  dynamites.  (En 
commun  avec  MM.  J.  Millot  et  G. 
yogi.) 688 

GIRAUD-TEULON  rappelle,  à  l'ocasion  de 
remarques  faites  par  M.  le  Secrétaire 
perpétuel  dans  une  précédente  séance, 
qu'il  a,  dans  son  «  Traité  de  mécanique 
animale  »,  effleuré  la  question  des  mou- 
vements de  l'homme  dans  l'air,  y  consa- 
crant une  simple  Note  à  la  fin  du  cha- 
pitre consacré  à  l'étude  du  vol 781 

GOUBET.  —  Note  relative  à  la  théorie  des 

principes  de  la  géométrie  élémentaire.     216 

GOUILLY.  —  Sur  un  procédé  qui  peut  servir 
à  déterminer  la  direction  suivie  par  un 

aérostat  et  sa  vitesse  dans  l'espace 

885  et    939 

GRAD.  —  Note  ayant  pour  titre  :  «  Le  climat 

de  l'Alsace  et  des  Vosges  » 74 

GRIMAUD  (nE  Caus).  —  De  l'alimentation 
des  habitants  dans  une  ville  en  état  de 
siège 443 

—  Sur  l'emploi  du  blé  en  nature  comme  ali- 

ment :  addition  à  la  précédente  Note. .     478 

—  Du  soldat  en  campagne  et  devant  l'en- 

nemi       469  et    53o 

GRIN  (C).  —  Sur  un  système  aérostatique 
exempt,  suivant  l'inventeur,  des  divers 
inconvénients  reprochés  à  ceux  qui  ont 
été  essayés  jusqu'ici 769 

GUÉRIN  (J.).  —  Procédé  pour  mettre  en 
communication  télégraphique  la  France 
du  dedans  avec  la  France  du  dehors. . .     678 

GUILLEMIN  (A.).  —  Sur  les  aurores  boréales 

des  24  et  25  octobre 587 

GUYOT  (P).  —  Dosage  volumétriquedes  fluo- 
rures solubles 274 

—  Note  relative  au  développement  d'orga- 

nismes particuliers  dans  le  pain  fait  avec 

la  farine  de  seigle 429 

GUl'OT  (A.). — Nouveau  système  télégraphi- 
que applicable  aux  places  assiégées...     816 


H 


HACHETTE.  —  Sur  les  circonstances  qui 
ont  pu  amener  Monge  à  s'occuper  des 
questions  relatives  aux  aérostats 583 

HENRY  (L.).  —  -action  du  pentachlorure  et 

du  pentabromure  sur  divers  éthers.  ...     3i4 

HOFFMANN  (H.).  —  Le  prix  Desmazi(*res  lui 
est  décerné  pour  son  «  Mémoire  sur  les 


Bactéries  ».  (Concours  de  1869.) iSa 

M.  Hojfmaim  adresse  ses  reraercîments 
à  l'Académie 217 

Note  relative  à  quelques  précautions  aux- 
quelles il  lui  parait  indispensable  d'avoir 
égard,  soit  dans  la  préparation,  soit  dans 
l'usage  du  boudin  de  sang  de  bœuf. . .     Saa 

l32.. 


MM. 
HOFMANN. 


Sur  les  isomères  des  élliers 


fvanunques 

HUREAU  DE  VILLENEUVE.  -  Sur  un  eaz 
qu'on  pourrait  substituer  pour  gonfler 
les  ballons  à  celui  qu'avijonrd'hui  on 
emploie  d'ordinaire  à  cet  usage 7G7 


(   988   ) 


Pages. 
35 


MM.  Pages. 

HYUTL.  —  Le  jiri.t  Godard  lui  est  décerné 
pour  ses  «  Recherches  sur  les  organes 
génito-urinaires  des  poissons  ».  (Con- 
cours de  1869.  ) 148 

—  M.   Hrril   adresse   ses  reraercîmonts  à 

l'Académie 261 


JAMLX.  —  Réponse  à  des  observations 
présentées  par  M.  U.  Snintc-Chdre  Dc- 
villr,  sur  les  variations  de  température 
produites  par  le  mélange  de  deux  li- 
quides  

Sur  la  détermination  du  rapport  des  deux- 
chaleurs  spécifiques  des  gaz.  (En  com- 
mun avec  M.  Richtiril.') 

Réplique  aux  Notes  publiées  par  M.  H, 
Sainte-Claire  Det'ille  le  18  juillet  1S70. 

M.  Jamin  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  grand  prix  des  Sciences  ma- 
thématiques à  décerner  en  1870  (Étude 
des  modifications  qu'éprouve  la  lumière 
dans  son  mode  de  propagation  et  ses 
propriétés  par  suite  du  mouvement  de 


KNOCH.  —  Une  mention  honorable  lui  est 
accordée  par  la  Commission  des  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  pour  ses  tra- 
vaux relatifs  à  l'histoire  du  bothriocé- 


la  source  lumineuse  et  du  mouvement 

de  l'observateur) 707 

.TANSSEN.  —  Sur  l'éclipsé  totale  de  Soleil  du 

22  décembre  1870 53 1 

23    —  Sur  l'analyse  spectrale  quantitative C2G 

JOUGLET.  —  Note  relative  à  un   procédé 

destiné  à  empêcher  la  transmission  des 

336  maladies  par  l'arrêt  des  poussières  en 

suspension  dans  l'air 33i 

341    JOULIE.  —  Sur  la  direction  des  ballons 53i 

JOUSSET.  —  Essai  sur  le  venin  du  scorpion.     407 

JUNOD.  —  Un  prix  lui  est  accordé  par  la 
Commission  des  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie  pour  son  travail  manuscrit 
intitulé  :  «  Des  médications  hémospa- 
siques  et  aérothérapiques  n 1 1 3 

K 

phale  large 1 25 

—  M.  Kiioch  adresse  ses  remercîmenls  à 

l'Académie 217 


LABORDE.  —  Nouvelles  expériences  sur  les 
armatures  et  le  plateau  fixe  de  la  ma- 
chine de  Holtz 347 

LALIMAN.  —  Sur  une  variété  de  vignes  qui 
paraît  être  à  l'abri  des  atteintes  du  Pl,yl- 
Inxern  vastatrix 358 

LAMBERT  (G.).  —  Projet  de  communication 

entre  Paris  et  la  province 845 

L.\RANJA  F,  OLIVEIUA.—  Surun  phénomène 
de  choc  en  retour  observé  à  Porto-Alè- 
gre  (Brésil) 386 

LA  RIVE  (np.).  —  Sur  les  pouvoirs  rotatoires 

magnétiques  des  liquides 195 

LARREY  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie      2l5 

L.\SSLMONNE.  —  Note  relative  à  l'aérosta- 

tion -32 

L.\U(;iKK  (P.-A.-E.)  est  nommé  Membre  de 
la  Commission  chargée  de  décerner  le 


I         prix  d'Astronomie  pour  l'année  1870..     7G7 

LAUGIER  (Sta.\.)  est  nommé  Membre  de  la 
Commission  des  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie  pour  1870 21 5 

LAUSSEDAT.  —  Restauration  d'un  cadran 
solaire  conique  sur  un  fragment  rap- 
porté de  Phénicve  par  M.  Renan 261 

LEBERT  est  nommé  Correspondant  do  l'Aca- 
démie, Section  de  Médecine  etdcCliirur- 
gie,  en  remplacement  de  feu  M.  Latv- 
rence . .  .  • •  .  . . .        4  ' 

—  M.  Lehert  adresse  ses  remercîmenls  à 

l'Académie 217 

LEBLON.  —  Note  intitulée  :  «  Système  de 
chemin  de  fer  rural  et  de  montagnes. 
Adhérence  parfaite  des  roues  avec  le 
rail  « 47 

LECERRE.  —  Note  ayant  pour  titre  :  «  Bal- 
lon dirigeable  par  le  haut  » 769 

LE  CORDIER  (P.).  — Expérience  confirmant 


MM. 


(989 
Pages 


la  double  hypothèse  d'Ampère  siirl'exis- 
lence  d'un  courant  clpctrique  formé  dans 
chaque  molécule  d'une  substance  magné- 
tique et  dans  la  terre 533 

LEFORT  (C).  —  Note  relative  à  la  «  Sociolo- 
gie», première  et  seconde  parties.  708  et    799 

LEGRAND.   —    Sur  les    thermomètres    de 

DeUic 06 

LEGROS.  —  Une  médaille  est  accordée  à 
MM.  Lei^ros  et  Onimiis  pour  l'ensemble 
de  leurs  travaux  et  les  résultats  impor- 
tants qu'ils  ont  déjà  obtenus  en  vue  des 
applications  de  l'électricité  à  la  physio- 
logie et  à  la  thérapeutique.  (Concours 
pour  le  prix  de  Médecine  et  de  Chirur- 
gie de  1869:  question  proposée.) 107 

LEHIR.  —  Note  ayant  pour  titre  :  «  Essai  sur 
les  moyens  de  diriger  les  aérostats  et 
sur  l'appréciation  des  résultats  qui  peu- 
vent être  obtenus.  Agents  de  locomotion 
et  de  direction  faisant  corps  avec  le 
ballon.  » 578 

LE  MASURIER  demande  et  obtient  l'ouver- 
tuie  d'un  pli  cacheté  contenant  l'indi- 
cation d'une  application  de  la  lumière 
électrique 4^8 

LENORMANT  (F.).  —  Sur  les  animaux  em- 
ployés par  les  anciens  Égyptiens  à  la 
chasse  et  à  la  guerre.  SgS,  632,  6G4  et    777 

—  Note  sur  l'histoire  du  chat  domestique 

dans  l'antiquité 738 

—  Sur  l'introduction  et  la  domesticité  du 

porc  chez  les  anciens  Égyptiens.  849  et  952 
LE  ROUX.  —  Le  prix  Trémont  lui  est  dé- 
cerné comme  encouragement  à  pour- 
suivre ses  recherches  sur  l'indice  de 
réfraction  decertaines  vapeurs,  et  celles 
qui  ont  pour  objet  la  mesure  de  la  cha- 
leur développée  par  les  courants  élec- 
triques  ._ 100 

—  M.  Le  Rnax  adresse  ses  remercîments  à 

l'Académie 217 

LICHTENSTEIN.  —  De  l'identité  spécifique 
du  Phyiloxcrn  des  feuilles  et  du  Phyl- 
loxéra des  racines  de  la  vigne.  (En 
commun  avec  M.  Planclion.) 298 

—  Sur  un  moyen  pour  empêcher  l'irruption 

du  Phylloxéra  vastatrix  dans  les  vignes 


MM.  Pages. 

non  encore  infectées 356 

LIE  (S.).  —  Sur  une  transformation  géo- 
métrique       579 

LIEBEN.   —  Sur  l'alcool  amylique  normal. 

(  En  commun  avec  M.  Rossi.) 3C9 

LIOUVILLE  rappelle,  à  roccasion  d'une  Com- 
munication de  M.  Fremy,  sur  l'emploi 
de  l'osséine  dans  l'alimentation,  que 
M.  Arago,  dans  une  visite  à  l'hôpital  de 
I\[etz,  constata  que  les  malades  avaient 
accepté  comme  une  amélioration  l'ad- 
dition de  la  gélatine  à  leur  régime  ordi- 
naire      759 

—  Protestation  faite  par  M.  Lioiiville,  en  sa 

qualité  de  Président  de  V Académie,  à 
propos  do  l'arrestation  récente  de  M.  P. 
Thenard  par  l'armée  prussienne gii 

—  M.  Liùimlle  est  nommé  Membre  de  laCom- 

mission  du  grand  prix  des  Sciences  ma- 
thématiques à  décerner  en  1870  (Étude 
des  modifications  qu'éprouve  la  lumière 
dans  son  mode  de  propagation  et  ses 
propriétés,  par  suite  du  mouvement  de 
la  source  lumineuse  et  du  mouvement 
de  l'observateur) 707 

—  Membre  de  Commission  chargée  de  dé- 

cerner le  prix  d'Astronomie  pour  l'an- 
née 1 870 767 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

concours  pour  le  prix  Poncelet 881 

LONGET  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie      21 5 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  do  Physiolo- 

gie expérimentale 256 

LOURAU.  —  Note  et  brochure  relatives  à 

un  «  cercle  releveur  » 260 

LUCAS.  —  De  la  possibilité  d'obienir  des  si- 
gnaux de  feu  d'une  très-grande  portée.     222 

LUNEAU.  —  Mémoire   sur  le   mouvement 

perpétuel 260 

LUSCHKA  (H.  Vo.\).  —  Un  prix  lui  est  ac- 
cordé, par  la  Commission  des  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie,  pour  ses  tra- 
vaux d'anatomie,  et  spécialement  d'ana- 
tomic  des  régions 116 

—  AL  H.  Ton  Luschka  adresse  ses  remer- 

cîments à  l'Académie 217 


M 


MADINIER.  —  Note  relative  à  une  nouvelle 

classe  de  désinfectants 938 

MAGUÉ  et  PoLV.  —  Une  mention  honorable 
leur  est  accordée  au  concours  pour  le 
prix  de  Statistique  pour  leur  livre  inti- 


tulé :  «  Données  générales  d'une  statis- 
tique des  Conseils  de  prud'hommes  »...       98 

MALAPERT  et  Pichot.  —  Sachets  de  char- 
pie carbonifères  modifiés 384 

MARES.  —  Sur  la  maladie  corpusculeuse 


(  990  ) 


MM. 

des  vers  à  soie 

MAREV.  —  Des  mouvomenls  que  le  corps 
(le  l'oiseau  exécute  pendaul  le  vol 

MARION.  —  Le  prix  Borilin  (roncours  de 
i8Gf)  :  Monograpiiie  d'un  animal  inver- 
tébré marin)  lui  est  décerné  pour  son 
Mémoire  intitulé  «  Reelierclies  zoologi- 
ques et  analomiques  sur  des  Némato'ides 
non  parasites  marins.  » 

—  M.  Marinn  adresse  ses  remercîments  à 

l'Académie 

MASSIEU.  —  Mémoire  sur  les  fondions  des 
divers  fluides  et  sur  la  théorie  des  va- 
peurs. (Rapport  sur  ce  Mémoire;  Rap- 
porteur M.  Bcrtriinil. ) 

MATHIEU  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission des  comptes  pour  l'année  i86t). 

—  Membre  de  la  Commission  du  prix  de 

Statistique 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  d'Astronomie. 
MAURIN  (A.).  —  Une  mention  honorable  lui 

est  accordée,  par  la  Commission  des  prix 
de  Médecine  et  de  Chirurgie,  pour  sa 
monographie   intitulée  :  «  Typhus  des 

Arabes  « 

MAYER  (R.).  —  Le  prix  Poncelet  lui  est 
décerné  pour  l'ensemble  de  ses  Mé- 
moires sur  la  théorie  mécanique  de  la 
chaleur 

—  M.  R.  Maycr  adresse  ses  remercîments 

à  l'Académie 

MÈGE-MOURIÉS.  —  Observations  relatives 
à  la  panification 

MELSENS.  —  Sur  la  vitalité  du  virus-vac- 
cin  

MEUNIER  (Stan.).— Sur  les  rapports  de  l'as- 
tronomie physique  avec  la  géologie. . . . 

—  Communauté  d'oriL;ine  de  la  serpentine 

et  de  la  chanlonnite 

—  Relations  slialigrapliiques  entre  diverses 

roches  météoriques 

—  Sur  l'existence  dans  les  météorites  de  ro- 

ches éruptives  et  de  roches  métamor- 
phiques  

—  Sur  le  mode  de  solidification  du  globe 

terrestre 

MEUSNIER.  —  Mémoire  sur  l'équilibre  des 
machines  aérostatiques,  sur  les  diffé- 
rents moyens  do  les  l'aire  ilescendre  et 
monter,  et  spécialement  sur  celui  d'exé- 
cuter ces  manœuvres  sans  jeter  de  lest 
et  sans  perdre  d'air  inflammable,  en 
ménageant  dans  le  ballon  une  capacité 
particulière  destinée  à  contenir  de  l'air 
atn)osphéri(pie 

MEYEH.  —  Suit(!  à  ses  recherches  relatives 
aux  questions  d'analyse  indéterminée. . 

WILLOT  (A.).  —  Note  sur  la  nitroglycérine 


Pages. 
660 


(44 


217 


257 

41 

2l5 

767 


35o 
472 
73 
541 
5go 
743 

771 
956 


5G9 
383 


MM.  Pages. 

et  les  diverses  dynamites.  (En  commun 
avec  MM.  Ch.  Girard  et  G.  f'oi^l.].  .  .     688 

>nNISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 
(M.  le)  autorise  l'Académie  à  prélever, 
sur  les  reliquats  des  fonds  Montyon,  la 
somme  de  5  000  francs,  destinée  à  cou- 
vrir en  partie  les  frais  d'une  mission 
scientifique  confiée  à  M.  Janssen 68a 

mMSTRE  DES  LETTRES  ET  BEAUX-ARTS 
(M.  le)  api)rouve  le  choix  fait  par  l'A- 
cadémie du  lundi  1 1  juillet  pour  sa 
séance  publi(]ue  annuelle 48 

—  M.  /c  Ministre  autorise  l'Académie  à  pré- 

lever diverses  sommes  sur  les  reliquats 
di>ponibles  des  fonds  Montyon 49 

.MIR.VULT.  —  Le  juix  Barbier  lui  est  décerné 
pour  sa  méthode  d'  «  Occlusion  chirur- 
gicale des  paupières  dans  le  traitement 
de  l'ectropion  cicatriciel  « 146 

MOISSENET  adresse  à  l'Académie  un  exem- 
plaire d'une  Note  sur  le  rationnement 
de  la  population  de  Paris  pour  le  pain 
et  la  viande SaS 

MONTUCCI.  —  Note  sur  la  nécessité  de  faire 
des  expériences  sur  la  résistance  des 
tissus  en  vue  de  l'aérostation 692 

—  Sur  un  moyen  de  détruire  rapidement,  en 

ballon,  des  pa|)iers  compromettants  qu'on 
veut  soustraire  à  l'ennemi 78a 

MORELLET.  —  Note  relative  à  la  «  couseuse 

automate  »  de  M""  Garcin 88 

MORIN.  —  Note  sur  la  première  session  de 
la  Commission  internationale  du  mètre, 
tenue  à  Paris  du  8  au  i3  août  1870. . .     38i 

—  Note  sur  les  effets  de  la  pénétration  des 

projectiles  dans  les  parties  molles  et  les 
parties  fibreuses  ou  solides  du  corps  hu- 
main      927 

—  A  l'occasion  d'une  Note  de  M.  Payen  sur 

des  tentatives  précédemment  faites  pour 
conserver  la  viande  par  dessiccation, 
M.  Miiriii  rappelle  les  essais  entrepris 
autrefois  par  lui  pour  la  conservation  des 
farines 947 

—  M.  Morin  communique  une  pièce  ma- 

nuscrite attribuée  à  Monge  et  relative 

au  système  aérostatique  de  Meusnier..     629 

—  M.  Morin-ç%i  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  prix  de  Mécanique  pour  1870.     84l 

—  Et  de  la  Commission  du    prix   Poncelet 

pour  la  même  année 881 

MORIN  (J.)  —Note  relative;!  l'inflammalion 

de  la  poudre  ii  distance  par  l'électricité.     477 

—  M.  ./.  Morin  annonce  être  en   mesure 

d'exécuter  devant  la  Commission  à  la- 
quelle a  été  renvoyée  celle  Note  les 
principales  expériences  qu'd  y  a  men- 
tionnées       78a 


991  ) 


MM.  Pages. 

MOURA  soumet  au  jugement  de  l'Académie 
des  «  Réflexions  sur  la  réalisation  du 
problème  de  l'aéroslalion  " 522 


MM.  Pages. 

MOUTIER.  —  Sur  la  chaleur  spécifique  des 

gaz  sous  volume  constant 807 

—  Sur  la  formule  de  la  vitesse  du  son. . . .     S.iG 

—  Recherches  sur  l'état  solide 934 


N 


NÉL.ATON  est  nommé  Membre.de  la  Com- 
mission des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie       2 1 5 

NETTER.  —  Importance  de  la  deslruclion 
des  croûtes  qui  entourent  le  lit  des  va- 
rioleux  pendant  la  période  de  dessicca- 
tion des  pustules 2i5 


—  Mémoire  sur  la  théorie  de  la  variole  en- 
visagée sous  le  point  de  vue  des  fer- 
mentations       35o 

NEWCOMB.  —  Sur  les  inégalités  de  la  Lune 

dues  à  l'action  des  planètes 384 

NOULET.  —  Noie  ayant  pour  titre  :  «  Nos 

deux  hirondelles  et  leurs  nids  » 78 


0 


OLLIER.  —  Nouvelle  démonstration  de  la 
régénération  osseuse  après  les  résections 
sous-périostées  articulaires 275 

ONIMUS.  —  Une  médaille  est  accordée  à 
MM.  Onimus  et  Legros  pour  l'ensemble 
de  leurs  travaux  et  les  résultats  impor- 
tants qu'ils  ont  déjà  obtenus  en  vue  des 


applications  do  l'électricité  à  la  physio- 
logie et  à  la  thérapeuticiue.  (Concours 
pour  le  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie :  question  proposée) 107 

OZANAM.  —  Note  relative  au  pansement 
des  plaies  par  une  solution  d'acide  car- 
bonique      4o3 


PAGLIARI  appelle  l'attention  de  l'Académie 
sur  l'efficacité  de  son  «eau  hémosta- 
tique » 528 

PAINVIN.  —  Détermination  des  éléments  de 
l'arête  de  rebroussement  d'une  surface 
développable  définie  par  .ses  équations 
tangentielles.- 217 

PALMARD.  —  Communication  relative  à  l'aé- 

rostation 807 

PAPILLON.  —  Recherches  expérimentales 
sur  les  modifications  de  la  composition 
immédiate  des  os 372 

PASQDALE.  —  Note  sur  la  direction  des 

aérostats 35o 

PASSV  est  nommé  Membre  de  la  Commission 

du  prix  de  Statistique  pour  l'année  1S70.     21S 

PASTEUR.  —  Rapport  adressé  à  l'Académie 
sur  les  résultats  des  éducations  pra- 
tiques de  ver  à  soie  effectuées  au  moyen 
de  graines  préparées  par  les  procédés  de 
sélection 1 8a 

PAULET  et  SARRAZIN.-UndesprixdeMé- 
dec.  et  de  Chir.  leur  est  accordé  pour 
leur  Traité  d'anatomie  topographique  . .     i  ig 

PAYEN.  —  Remarques  à  propos  d'une  Com- 
munication de  M.  Griiuaml  (Ae  Caux) 
sur  les  résultats  déjà  obtenus  dans  la 
fabrication  de  pains  contenant  tous  les 


éléments  du  blé  sans  élimination  du  son.     449 

Remarques  à  propos  d'observations  faites 
par  M.  Miliic  Ethveirds  sur  les  pro- 
cédés de  conservation  des  viandes 488 

Observations  relatives  à  une  Communica- 
tion de  M.  Fiemy,  sur  l'emploi  de  l'os- 
séine  dans  l'alimentation 5G7 

Observations,  à  propos  d'une  Lettre  de 
M.  Rahiiieau,  sur  les  propriétés  nutri- 
tives du  cacao 734 

M.  Payai  annonce  l'intention  de  pré- 
senter à  l'Académie,  dans  une  prochaine 
séance,  un  travail  sur  les  os  de  cheval 
et  l'huile  qu'on  en  relire 761 

Note  ayant  pour  titre  :  «  Hippophagie, 
graisses,  huiles  alimentaires  et  sub- 
stances gélatineuses  des  tissus  et  des  os 
du  bœuf  et  du  cheval  » 822 

Observations  relatives  aux  tentatives  déjà 
faites  pour  conserver  les  viandes  par 
dessiccation 946 

Détails  sur  le  procédé  employé  par 
M.  /i'iva/W  pour  la  fabrication  des  suifs 
bruts 8i5 

Observations  relatives  aux  procédés  d'é- 
tuvage  perfectionné  des  farines cjSi 

M.  Paycri  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  prix  dit  des  Arts  insalubres.     2.56 


{  992  ) 

Pages 


227 
769 


MM. 

PELLARIN.   —   Note   concernant  l'hygiène 

des  blessés  et  des  opérés 477 

PELOUZE  ( Eugène).  —  Mémoire  sur  un  pro- 
cédé pour  la  conservation  des  viandes  : 
des  échantillons  de  viande  ainsi  conser- 
vée sont  mis  par  M.  Dunws  sous  les 
yeux  de  l'Académie 73 1 

FEREZ.  —  Recherches  sur  la  génération  des 

Gastéropodes 280 

PERSONNE.  -  Transformation  du  chloral 
en  aldéhyde  par  substitution  inverse. . 

PÉTRO  (E.).— Note  sur  les  ballons  captifs. 

PEYRÉ.  —  Recherches  sur  les  effets  toxiques 
du  m  bouiidou  Ou  icaja,  poison  d'é- 
preuve usité  au  Gabon.  (En  commun 
avec  M.  Riibutemi.) 353 

PHILLIPS.  —  Relation  entre  les  chaleurs  spé- 
cifiques et  les  coefficients  de  dilatation 
d'un  corps  quelconque 333 

—  M.  Phillips  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  prix  de  Mécanique 841 

PICHOT  et  Malapert.  —  Sachets  de  char- 
pie carbonifères  modifiés 384 

PIMONT.  —  Le  prix  dit  des  Arts  insalubres 
lui  est  décerné  pour  son  «calorifuge  plas- 
tique ■>  128 

PIONNIER  adresse  un  travail  intitulé  :  «  Le 

compte  du  temps  » 33 1 

PISANI.  —  Analyse  de  la  nadorite,  nouvelle 
espèce  minérale  de  la  province  de  Cons- 
tantine  (Algérie) 319 

PISSIS.  —  Système  de  montagnes  et  terrain 

du  désert  d'Atacama 285 

PLANCHON.  —  De  l'identité  spécifique  du 
Phylloxéra  des  feuilles  et  du  Phrlln.rcni 
des  racines  de  la  vigne.  (En  commun 
avec  M.  Lichteiistcin.) 298 

POLV  et  Magué.  —  Une  mention  honoralile 
leur  est  accordée,  [)ar  la  Commission  du 


MM.  Pages. 

prix  de  Statistique,  pour  leur  livre  inti- 
tulé :  «  Données  lîénérales  d'une  statis- 
tique des  conseils  de  prud'hommes  ». .       98 

PRÉSIDENTS  DE  L'ACADÉMIE.  -  J'nyez 
aux  noms  de  MM.  Liodville,  Delau.naï 
ET  Chevreol. 

PRÉSIDENT  DE  L'INSTITUT  (M.  le)  invite 
l'Académie  à  désigner  l'un  de  ses  Mem- 
bres pour  la  réprésenter,  comme  lecteur, 
dans  la  séance  publique  du  1 3  août  1 870.    245 

—  M.  le  Président  renouvelle  cette  demande 

en  rappelant  que  la  séance  a  été  remise 

au  mercredi  26  octobre 493 

—  M.    le  Président  adresse  une  semblable 

invitation  pour  la  séance  trimestrielle 

du  mercredi  4  janvier  1871 855 

PRÉSIDENT  DE  LA  SOCIÉTÉ  PIIILOMA- 
TIIIQUE  (M.  le)  transmet  l'adhésion  de 
la  Société  aux  paroles  prononcées  par 
M.  Dumas  à  propos  de  la  mission  de 
M.  Jnnsseii 94° 

PRÉSIDENT  DE  LA  COMMISSION  DES  MON- 
NAIES ET  MÉDAILLES  (M.  le)  informe 
rx\cadémie  que  M.  Peligot  est  actuelle- 
ment à  Bordeaux  pour  diriger  le  bureau 
temporaire  qui  y  est  établi 523 

PRETIS  DE  S.UNTE-CROIX  adresse  une  dé- 
monstration élémentaire  du  postnlatum 
d'Euclide 48  et    260 

PRIGENT.  —  Description  et  dessin  d'une»  Li- 
bellule mécanique  » 939 

PRILLIEUX.  —  Expériences  sur  la  fanaison 

des  plantes 81 

PROESCHEL.  —  Une  mention  très-honora- 
blo  lui  est  accordée,  par  la  Commission 
du  prix  Bréant,  pour  ses  «  Études  géo- 
graphiques et  scientifiques  sur  les  causes 
et  les  sources  du  choléra  asiatique  ».     137 


QUATREFAGES  (  de)  est  nommé  Membre  de 
la  Commission  chargée  de  juger  le  con- 
cours [lour  le  grand  prix  des  Sciences 
physiciues  (  Question  concernant  les 
phénomènes  ([ui  précèdent  le  développe- 


ment de  l'embryon  chez  les  animaux 
dits  parthénngénésir/iies) ,  et  le  con- 
cours pour  le  prix  Bordin  (Question  re- 
lative à  l'anatomie  comparée  des  Anné- 
lides) 


881 


R 


R  ARENIIORST.  —  Le  prix  Desmazières  lui  est 
décerné  pour  sa  «  Flora  europu_'a  Algarum 
aquœ  dulcis  et  submarinœ  » i52 

RABUTEAU.  —  De  l'action  des  alcalins  sur 
l'nrijanisme.  (En  commun  avec  M.  Cnns- 
tant.) 23. 


Recherches  sur  les  effets  toxiques  du 
niboundou.  OU  icaja,  poison  dépreuve 
usité  au  Gabon.  (En  commun  avec 
M.  Peyré.) 253 

Sur  un  moyen  propre  à  annuler  les  effets 
de  ralimoiitalion  insuffisante h'A 


(  993) 


MM.  Pages. 

—  De  l'influence  du  café  et  du  cacao  sur 

l'alimentation 782 

RAULIN.  —  Sur  le  régime  pluvial  des  Alpes 

françaises 826 

RAYBAUb-LANGE.  —  Lettre  sur  les  résul- 
tats obtenus  de  la  méthode  de  M.  Pas- 
teur pour  le  grainage  des  vers  à  soie.. .     297 
RAYET.  —  Sur  la  lumière  de  la  comète  de 

Winnecke.  (  En  commun  avec  M.  jrolf.\      49 

—  Sur  le  spectre  de  l'atmosphère  solaire. .     3oi 
RÉZARD  DE  WOUVES  adresse,   pour  être 

joint  à  son  Mémoire  sur  l'émétique, 
comme  traitement  abortif  de  la  variole, 
une  nouvelle  observation  recueillie  par 
lui 216 

RICHARD.  —  Sur  la  détermination  du  rap- 
port des  deux  chaleurs  spécifiques  des 
gaz.  (En  commun  avec  M.  Jamin.)...     336 

RICHE.  —  Sur  l'emploi  du  boudin  de  sang 

de  bœuf  comme  aliment 540 

—  Sur  la  préparation  de  l'osséine  et  de  la 

gélatine 810 

ROBIN  est  nommé  Membre  de  la  Commission 

des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. .     2i5 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  de  Physio- 

logie expérimentale 256 

ROGER  (H.).  —  Une  mention  honorable  lui 
est  accordée,  par  la  Commission  des  prix 
de  Médecine  et  de  Chirurgie,  pour  ses 
«  Recherches  cliniques  sur  la  chorée,  le 


MM.  Pages. 

rhumatisme  et  les  maladies  du  cœur  chez 

les  enfants  » lao 

ROSSI.— Sur  l'alcool  amylique  normal.  {En 

commun  avec  M.  Lieben.) 369 

ROSTAING.  —  Note  relative  à  la  préparation 
de  toiles  et  de  papiers  au  tannin  et  à 
l'acide  benzoïque,  pour  les  pansements 
rapides  sans  linge 806 

ROUDANOVSKY.  -  Ses  «  Études  photogra- 
phiques sur  le  système  nerveux  de 
l'homme  et  de  quelques  animaux  supé- 
rieurs »  sont  l'objet  d'une  mention  ho- 
norable dans  le  Rapport  sur  les  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie 127 

ROULIN.  —  Observations  relatives  à  la  Com- 
munication de  M.  Simonin,  sur  le  pro- 
cédé employé  aux  Étals-Unis  par  les  in- 
digènes pour  la  préparation  des  peaux 
de  bisons,  de  cerfs  et  d'autres  animaux.     524 

—  Observations  relatives  à  une  Communi- 

cation de  M.  Gazeau,  sur  la  propriété 
alimentaire  de  la  coca 801 

—  Sur  le  procédé  employé  par  les  Indiens 

tt'tcs-plates  pour  obtenir  l'huile  des  os 
longs 875 

—  Rectification  à  propos  d'une  indication  con- 

tenuedanslaCommunication  précédente.  933 
ROZE.  —  Résultats  de  quelques  expériences 

mycologiques 323 

RUTY.  —  Note  relative  à  l'aérostation 782 


SAINT-CRICQ  CASAUX  (de).  -  Note  rela- 
tive au  maximum  de  température  du 
24  juillet  1 870- 376 

SAINT-CYR.  —  Une  citation  honorable  lui  est 
accordée,  par  la  Commission  des  prix 
de  Médecine  et  de  Chirurgie,  pour  son 
c(  Étude  sur  la  teigne  faveuse  chez  les 
animaux  domestiques  » 127 

—  M.  Saint-Cyr  adresse  ses  remercîmenls 

à  l'Académie 217 

SAINT- VENANT  (de).  —  Démonstration  élé- 
mentaire de  la  formule  de  propagation 
d'une  onde  ou  d'une  intumescence  dans 
un  canal  prismatique,  et  remarques  sur 
les  propagations  du  son  et  de  la  lumière, 
ainsi  que  sur  la  distinction  des  rivières 

et  des  torrents 186 

SAINTE -CLAIRE  DEVILLE  (Ch.)  annonce 
que  les  observations  de  l'Observatoire 
de  Monlsouris  sont  momentanément 
interrompues 4^5 

—  De  la   période  tridodécuple  ou  décem- 

diurne  dans  les  phénomènes  atmosphé- 

C.  R.,  1870,  2"'«  Semestre.  (T.  LXXl.) 


riques  et  dans  leur  influence  sur  l'état 
sanitaire 653,  695  et    827 

—  M.   Ch.  Sainte-Claire  Devitle  fait  hom- 

mage à  l'Académie  d'une  série  de  Bulle- 
tins de  l'Observatoire  météorologique  de 
Montsouris 706 

—  Observations,  à  propos  d'une  Communica- 

tion de  M.  Flammarion,  sur  le  sporo- 
photomèire,  appareil  installé  depuis  plu- 
sieurs années  à  Montsouris 944 

—  Observations  relatives   à   une   Note  de 

M.  Foiiqiié  intitulée  :  «  Étude  des  gaz 
volcaniques  de  Saiitorin  » 906 

—  M.   Ch.   Sainte-Claire   Devillc   commu- 

nique une  Lettre  de  M.  Denis  accom- 
pagnée d'une  citation  de  CoK?c//e  établis- 
sant comme  les  .\llemands  entendaient, 
il  y  a  un  demi-siècle,  la  législation  mi- 
litaire en  matière  de  navigation  aé- 
rienne       839 

SAINTE-CLAIRE  DEVILLE  (H.).  -  Action 
de  l'eau  sur  le  fer  et  de  l'hydrogène  sur 
l'oxyde  de  fer 3 

i33 


MM. 

—  Observations  sur  une  Communication  de 

M.  Jamin  concernant  les  variations  de 
températures  produites  par  le  mélange 
de  deux  liquides 

—  Sur  les   variations  de  température  pro- 

duites par  le  mélange  de  deux  liquides. 
Réponse  à  une  Note  de  M.  Jamin .   202  et 

—  Quelques  mots  au  sujet  de  la  Note  insérée 

par  M.  Jamin  dans  le  Compte  rrndii  du 
8  août  1870 

—  Examen  d'une  roche  schisteuse  imprégnée 

d'une  matière  charbonneuse,  tirée  de  la 
collection  adressée  à  l'Académie  par 
MM.  Ravizza  et  Colomba 

—  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  communique 

quelques  résultats  obtenus  par  M.  Cmsn 
sur  les  propriétés  chimiques  de  l'alumi- 
nium  

S.4L1CIS.  —  Aurore  boréale  du  24  octobre. 

SANSON.  —  Influence  du  développement 
hàtif  des  os  sur  leur  densité 

—  Sur  l'excrétion  de  l'urée  considérée  comme 

mesure  ds  l'activité  des  combustions 
respiratoires 

SARRAZIN. — Un  prix  estaccordé,  par  la  Com- 
mission des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie, à  MM.  Sarrazin  et  Paulet  pour 
leur  0  Traité  d'Anatomie  topographique». 

SCHOENEFELD  (de),  Srrrctnire  général  de 
la  Société  botanique  de  France,  transmet 
l'extrait  du  procès-verbal  de  la  Séance 
de  rentrée  de  cette  Société  qui  déclare 
adhérer  complètement  à  la  protestation 
de  l'Institut  contre  le  projet  de  bombar- 
dement de  la  ville  de  Paris 

SCHUTZENBERGER.  —  Sur  les  composés 
phosphoplatiniques 

SECCHI  (P.).  —  Nouvelles  remarques  sur  les 
spectres  fournis  par  divers  types  d'é- 
toiles  

—  Le  P.  Sfcchi  présente  à  l'Aciidéraie  un 

volume  qu'il  vient  de  publier,  intitulé  : 
«  Le  Soleil  >■ 

SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS  (MM.  les). 
Voir  aux  noms  do  MM.  Élie  de  Beau- 
mont  ET  Dumas. 

SÉDILLOT.  —  Observations  relatives  aux  in- 
dications chiruigicales  et  aux  consé- 
quences des  amputations  à  la  suite  des 

blessures  par  les  armes  de  guerre 

4*'  et 


(  994 

Pages 


3o 


204 


368 


252 


290 
587 

229 


907 


"9 


770 
69 

252 

368 


435 


MM.  Page». 

SERRET.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  Bouquet  relatif  à  la  théorie  des  in- 
tégrales ultra-elliptiques 4* 

—  M.  Serret  pré.*ente  à  l'Académie  le  tome  V 

des  OEuires  de  Lagrangc 3Ci 

SIMONIN  (J.).  —  Procédé  employé  aux 
États-Unis  par  les  indigènes  pour  la 
préparation  des  peaux  de  bisons,  de 
cerfs  et  d'autres  animaux  de  ce  pays. .     524 

SOCIÉTÉ  D'ACCLIMATATION  (La)  adresse 
son  adhésion  à  la  déclaration  de  l'Insti- 
tut en  prévision  du  bombardement  de 
Paris 73a 

SOCIÉTÉ  CENTRALE  D'AGRICULTURE  DE 
FRANCE  (La)  annonce  que  dans  sa 
séance  de  rentrée,  qui  a  eu  lieu  le  3  no- 
vembre, elle  s'est  associée  par  un  vote 
unanime  à  la  protestation  formulée  par 
l'Institut  de  France  contre  la  mesure  du 
bombardement  de  Paris 681 

SOCIÉTÉ  DE  GÉOGRAPHIE  (La)  adresse 
son  adhésion  à  la  protestation  de  l'Ins- 
titut contre  la  possibilité  d'un  bombar- 
dement de  Paris 54o 

SONREL.  —  Étude  photographique  du  Soleil 

à  l'Observatoire  de  Paris 225 

SOREL.  —Notes  relatives  aux  conditions  que 
lui  paraissentdevoir  remplirles  aérostats 
pour  qu'il  soit  possible  de  les  diriger.  . 
522,  577  et    729 

—  Note  relative  à  un  moyen  d'augmenter  la 

portée  des  pièces  de  canon 938 

SOUBEIRAN  (  L.  ).  —  Note  ayant  pour  titre  : 
<c  Conservation  des  viandes,  moyen  d'é- 
viter les  salaisons  » 645 

SOURD.\T.  — Observation  d'une  inégale  pro- 
duction et  d'une  ditTérence  de  composi- 
tion du  lait  pour  les  deux  seins  de  la 

même  femme 87 

STILLING  (B.).  —  Le  prix  Barbier  lui  est 
décerné  pour  son  perfectionnement  du 
procédé  opératoire  dans  la  pratique  de 
1  ovariotomie 1 40 

—  M.  B.  S/illing  adresse  ses  remerciments 

à  l'Académie 4o4 

STRASBURGER.  —  Une  mention  honorable  lui 
est  accordée,  par  la  Commission  du  |)iix 
Desmazières,  pour  ses  recherches  sur  les 
organes  sexuels  et  la  fécondation  dans 
les  Fougères  et  dans  le  Marcluwtia 
polymorjdia 1 52 


TF.I.LIER  (Cii.).  —  Notesrelatives  à  l'emploi 
de  la  glace  et  du  froid  dans  les  ampu- 
tations      579,  Cl  8  (!t 


80G 


—  Note  relative  i  deux  procédés   pour  la 

conservation  de  la  viande 80G 

—  Note  relative  à  l'emploi  du  moùl  d'orge 


(  995 


MM.  Pages, 

pour  l'alinifintation  des  jeunes  enfants.     938 

—  Note  relative  à  l'emploi  de  la  lunette  à 

fil  croisé  pour  faciliter  le  tir gSS 

TERRIEN  adresse  une  rectification  à  son 
Mémoire  sur  la  décomposition  de  l'eau 
par  la  pile  électrique 48 

TESSAN  (de)  fait  hommage  à  l'Académie,  au 
nom  de  M.  J.  Cialdi,  d'un  volume  inti- 
tulé :  «  Les  Ports-Chenaux  et  le  Port- 
Saïd  » 376 

THENARD  (P.).  — L'annonce  de  l'arrestation 
récente  de  cet  Académicien  par  l'armée 
prussienne  motive  une  protestation  de 
la  part  de  M.  Liouville,  Président  de 
l'Académie 911 

TOSELLL  —Communications  relatives  à  l'aé- 

rostation 989 

TOSTIVIN,    écrit    ainsi   par   erreur    pour 

TOSTIVIRET.  —  Note  relative  aux  résultats 
obtenus  en  faisant  couver  des  perdrix 
en  cage 260  et    384 


MM.  Pages. 

TOURNIER .— Sur  les  avantages  qu'on  semble 
fondé  à  attendre  d'une  mesure  qui  con- 
sisterait à  proscrire  l'usage  du  pain  frais, 
et  à  livrer  exclusivement  à  la  consom- 
mation le  pain  cuit  de  la  veille 47G 

TRÉCUL  (A.).  —  Remarques  sur  la  position 
des  trachées  dans  les  Fougères  {7''  partie) . 
Didymochtaeim  sinuosa 55o 

TRÉMAUX  adresse  une  épreuve  d'une  partie 
d'un  ouvrage  en  voie  de  publication 
«  Sur  le  principe  de  la  vie  animale  et 
végétale  » 240 

TRIPIER  et  Arloing.  —  Une  mention  hono- 
rable leur  est  accordée,  par  la  Commis- 
sion du  prix  de  Physiologie  expérimen- 
tale, pour  avoir  démontré,  dans  les  nerfs 
sensi tifs  cutanés,  l'existence  d'une  sensi- 
bilité récurrente  jusqu'ici  reconnue  seu- 
lement dans  les  nerfs  moteurs 112 

TROUVÉ.  —  Note  relative  à  l'aérostation . .     845 


VAILLANT  (Le  Maréchal)  communique  à 
l'Académie  divers  documents  relatifs  aux 
procédés  de  sériciculture  de  M.  Pasteur.     296 

VALÂBRÉGUE.— Note  concernant  l'influence 

de  la  force  centrifuge  sur  les  marées. .     240 

VALLIER  (de).  —  Sur  les  résultats  obtenus 
dans  les  magnaneries  du  département 
des  Basses-Alpes 289 

VARENNE.  —  Note  sur  la  navigation  aé- 
rienne      619 

VÉLAIN.  —  Sur  la  position  des  calcaires  à 
Terchratida  - janitor  dans  les  Basses- 
Alpes 85 

VERDEIL  (P.).  —  Note  concernant  la  fai- 
blesse du  rendement  des  machines  à 
vapeur 522 

—  Note  sur  le  mouvement  du  pendule. . . .     989 

VIGNAL.  —  Note  relative  à  l'emploi  du  blé 
en  nature  comme  aliment  dans  l'Ar- 
dèche 539 

VILL ARCEAU  (Yvon).  -  Division  décimale 

des  angles  et  du  temps 362 


—  Note  sur  les  conditions  des  petites  oscil- 
lations d'un  corps  solide  de  figure  quel- 
conque, et  sur  la  théorie  des  équations 
dift'érenlielles  linéaires 7G2 

VENCI.  —  Note  relative  au  choléra-morbus.     35o 

VIOLLE.  —  Sur  l'équivalent  mécanique  de 
la  chaleur  et  sur  les  propriétés  électro- 
thermiques de  l'aluminium 270 

VIRLET  D'AOUST.  -  Sur  le  système  de 

tannage  rapide  des  peaux  au  Mexique.     SSg 

VOGT  (G.).  —Note  sur  la  nitroglycérine  et 
-  les  diverses  dynamites.  (En  commun 
avec  MM .  Ch.  Girard  eXJ.  Millot.  ] 688 

VOISIN  (F.-H.).  —  Le  prix  fondé  par  M"'  la 
marquise  de  Laplace  est  décerné  à 
M.  F.-H.  T'oisin,  élève  sorti  le  premier 
de  l'École  Polytechnique  en  1869  et 
entré  à  l'École  impériale  des  Mines.. . .       99 

VOLPICELLI.  —  Sur  une  propriété  du  con- 
densateur de  Volta  qui  n'a  pas  encore 
été  considérée 54 


W 


WAGNER  (N.  ).—  Le  prix  Bordin  (Concours 
de  1869  :  Monographie  d'un  animal  in- 
vertébré marin)  lui  est  décerné  pour  sa 
(I  Monographie  des  Ancées  du  golfe  de 


WALLÉE  et  Brachet.  —  Note  sur  un  régu- 
lateur automoteur  électrique 33i 

—  Description  d'une  lampe  électrique  ap- 
plicable à  l'éclairage  des  larges  voies.    769 


Naples  » i44    WATSON  (James.).  —  Le  prix  d'/Vstronomie 


(  99^  ) 


MM.  Pages. 

lui  est  décerné  pour  sa  découverte,  dans 
la  même  année,  de  huit  nouvelles  petites 
planètes 92 

—  M.  James  fFntxon  adresse  ses  remerci- 
ments  à  l'Académie 4o4 


MM.  Pages. 

WILSON.  —  Sur  l'emploi  de  la  farine  d'a- 
voine dans  l'alimenlalion 474  et    479 

WOLF.  —  Sur  la  lumière  de  la  comète  de 

Winnecke.  (  En  commun  avec  M.  Rayet.)      49 


YVON  VILLARCEAU.  -  l'oir  Villauceau. 


ZALIWSKI.  —  Note  concernant  une  pile 
pouvant  donner  une  intensité  maximum 
pendant  douze  heures 4o3 


Note  relative  à  une  poudre  de  guerre  au 
chlorate  de  potasse 4o3 


Errata.  —  Les  deux  premières  pages  du  n°  \o  reproduisent  la  pagination  (476-477)  qui  appar- 
tenait déjà  aux  deux  dernières  du  n"  14.  —  Foir,  pour  les  autres  vrnUa,  aux  pages  353,  396,  44i, 
491  et  955,  ligne  37,  où  le  mot  //i  doit  être  remplacé  par///-. 


SAUTMItR-VlLLAR.-i,  IMPUIMËL'RI.IUllAinE  DES  CO.MPIES  RENDUS  DES  .SÉANCES  DE  l' ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Paris.  —  Rue  de  Seine-Saint-Germain,  10,  près  l'Institut. 


P^M 


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