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CONFORMITE
DES CEREMONIES
CHINO ISES
AVEC
L'IDOLATRIE GRECQUE
ET ROMAINE,
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CONFORMITE
DES CEREMONIES
CHINOISES
AVEC
L'IDOLATRIE GRECQUE
ET ROMAINE.
Pour fervir de coojfirmation à TApologie
des Dominicains Midîonnaires
de la Chine.
Var Hn Religieux DoEleur CT Profejfcuf
en Théologie.
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A COLOGNE,
Chez les Héritiers de Corneille
D* E G M G N D, 1700.
Avec Approbation & PermiJJîon es Supérieurs,
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AVANT-PROPOS.
IL n y a rien à mon avis de
plus propre à faire voir que
les cérémonies font infoutena-
bles en ce qui regarde le culte
du ciel , de Confucius , & des
Anceiftres défunts ; qu'elles font
idolâtres ou fuperflitieufes ; &
que c'eft fapper les fbndemens
de la Religion Chrétienne que
de les autorizer î que de mon-
trer la conformité de ces céré-
monies , du culte des Chinois
de la Seéle des Lettrez domi-
nante dans ce vafte Empire ,
avecTidolâtrie Grecque & Ro*
maine. C'eft ce que j ay def-
fein d'exécuter dans ce Trai-
té. ]*efpere que ceux qui le
liront > tomberont d accord
qu*elles viennent du mefme
a 3 prin-
AVANT-PROPOS.
principe , qu'elles coulent de
la mefme fource , & que c'eft
le diable , ce maudit finge de
la Divinité , cet irreconciable
ennemi de Jesus-Christ& des
hommes rachetez par fon pre-
tieux fang, qui les a également
infpirées à ces peuples.
Mais pour reiiffir dans mon
deflein , & pour traiter ce fujet
avec plus de clarté, je donne-
ray d'abord un Expofé des cé-
rémonies Chinoifes. Les R R.
Pères Jefuites qui les défendent,
n'en fçauroient contefter la
fincerité ni la vérité , puis qu'il
eft d'une perfonne non feule-
ment refpecflablepar fon cara-
<?l:ere & par fa dignité, mais
qui eft de leurs meilleurs amis ,
& qui a toujours eu tous les
égards & toute la confidera-
tion poflible pour leur Compa-
gnie. C'eft rilluftriffime& Re-
verendiflîme Père Aleoniffa E vc-
que
AVANT-PROPOS;
que nommé de Berite , & Vi-
caire Apoftolique d'une des
Provinces de la Chine. Cet Ex-
pofc eft une rcponfe & une Dé-
claration juridique donnée à
cent & un Articles que Mon-
fcigneur le Cardinal Cafanatte
lui envoya par ordre du Pape.
Il fera aifc de voir la convenan-
ce de cette Déclaration avec
rExpofé du R. P. Jean Baptiftc
Morales , avec les Relations ,
les Requeftes & les Traitez de
rHIuftriflîme Navarrette , du
Reverendiffime Père Varo &
des autresMifsionnairesderOr-
dre de S. Dominique , du R, P.
Antoine de fa^nte Marie Reli-
gieux de S. François , de Mefsi-
re Charles Maigrot Evefque de
Conon, &des autres Vicaires
Apoftoliques de la Chine ; &
de Monfieur Charmot leur
procureur en Cour de Rome
pour la pourfuite de la caufc
aduel-
AVANT-PROPOS.
aftuellement pendante devant
le faint Siège & la Congréga-
tion du faint Office touchant
les cérémonies Chinoifes.Ceux
qui fe donneront la peine de
comparer cette Declaratioii-
avec rExpofc que le Jefuite
Martini fit à la facrce Congre*
gation & au faint Siège en 1656.
avec le livre du Père Tellier in-
titulé Defenfe des Nouveau)^
chrétiens de la Chine , & avec
les Eclair cijfemens du P. le Gohien
de la mefme Compagnieyî^r/r^
honneurs rendus a Confucit^ et
aux Morts par les Chinois , feront
convaincus du peu de finceritc
de ces Ecrivains.
Après avoir donné une tra-
ducflion fidelle de cette Décla-
ration, quifera le premier Cha-
pitre de ce Traite , je ferai voir
dans le fécond la convenance
de la Religion Chinoife nvec
celle des anciens idolâtres
Grecs
AVANT-PROPOS.
Grecs & Romains dans le culte
du ciel.
Dans le troificme, la con-
venance des Chinois de la So-
rte des Lettrez avec les Idolâ-
tres de lanciennc Rome dans
le culte des génies.
Dans le quatricme , la con-
venance des honneurs que les
Chinois rendent à Confucius
avec le culte que les anciens
idolâtres Grecs & Romains ont
rendu à leurs Dieux.
Dans le cinquième, la con-
venance des honneurs que les
Chinois rendent à leurs Ance-
flres défunts , avec ceux que
les anciens idolâtres ont ren-
du aux Dieux Mânes & PenMs
ou domeftiques.
Je ferai voir dans le fixicmc
la necefsité d*une decifion
promte, claire & précife des
controverfesde la Chine par le
faint Siège,
Le
AVANT-PROPOS.
le fepticme contiendra les
propoficions à examiner & à
qualifier en cette caufè par la
S. Congrégation du faint Offi-
ce, & par le Vicaire de Jésus-
Christ.
Je feray voir dans le buitic-
me , qu'il n'y a aucune raifon
qui doive empefcher ou retar-
der le jugement définitif des
controverfcs de la Chine.
La Lettre du Supérieur , des
Directeurs , & Mifsionnaires
du Séminaire des Mifsions
Etrangères établi à Paris, auPa-
pe Innocent XII. fera la con-
clufion de cet ouvrage.
EX-
EXTRAIT
DU CHAPITRE XIV.
DE LA SAGESSE;
Où Port voit Vor-ginc des tnhicaux (^ des ta-
bUttis de ConfucîM cb" des Ancêtres, ^ de
leur culte , ch.z les Chinois^,
UN Pere affligé de la mort preci- ^'
pitce de Ton fils, fit faire l'image *'
de celui qui lui avoit été ravi fitot,'^
il commença à adorer comme Dieu,^^
celui qui comme homme étoit mort
un peu auparavant , & il lui établit '
parmi {qs îerviteurs un culte & des fa- ^'
crifices. Cette coutume criminelle '^
s*érant autorifée de plus en plus par ^
la fuite d^ tems , l'erreur fut ob- ^^
fervée comme une loi, & les idoles fu- '^
reiit adorées par le commandement des/^
Princes. Les hommes aufli ne pouvant '^
honorer ceux qui étoient bien loin '^
d'eux , firent apporter leur tableau du "
lieu où ils étoient , & ils propoferent
devant tout le monde l'image du Roi
à qui ils vouloient rendre honneur , ^'
pour révérer ainfi avec une foumiflion ^^
religieufe comme prefcnt celui qui étoit '*
abfent. L'adrcfle admirable des fculp- *'
teurs augmenta encore beaucoup ce ^'
culte dans l'efprit des ignorans. Cha- *'
cun d'eux voulant plaire à celui qui ^^
i'emploioit , épuifa tout fon art pour ''.
/airj:
ce
Cf
ce
y, faire une figure acheve'e. Et le peuple
3, ignorant furpris parla beauté de cet ou-
3, vrage, commença de prendre pour un
j. Pieu celui qu'un peu auparavant il
,,avoit honoré comme un homme. C'eft
a, là la fource des illufions de la vie hu-
j^maine, de ce que les hommes ou pof-
j, fedez par leur affedion particulière ,
35 ou fe rendant trop complaifans aux,
,, Rois 3 ont donné à des pierres & à du
33 bois un nom incommunicable à la créa-
3, ture. Il n'a pas même fuffi aux hom-
33 mes d'ellre dans ces erreurs touchant
35 la connoiflance de Dieu , mais vivant
3, dans cette ignorance comme dans une
35 guerre funefte , ils donnent le nom
35 de paix à des maux fi grands & en û
j>5 grand nombre.
CH A-
'^ '^ ^^ ^^ '^ «^ <^ <<?> ^^ l^ «^ '^ «^ <^M^ «^
CHAPITRE I.
RÉPONSE
De F. Jean François Aleonissa
di rOrdre des ht. Mineurs de VQhfer-
vûftce y E-vêqtie nommé DeBerite, c^
Vicaire Apofloltque de la ProVJ7ice de Hu-
kuang à la Chine , aux Points contenus dans
la feuille que Mofifcigncur lEminentifJiim
é^ Revci-endifftme Cardijial CaSANATE
luy envoya le premier de Juillet I699.
E
MiNENTISSiME ET ReVEREK^
DissLME Seigneur ,
Ayant déjà répondu aux Articles que
IVÏonfieur Spcrelli AflelTeur duSaint Of-
fice , m'a envoyez par ordre de la Sa-
crée Congrégation, l'obligation où je
fuis de me conformer au zèle Apofto-
lique de Notre Saint Père le Pape,
& robcïlTance que je dois aux ordres
de Voftre Eminence , me preflent de
répondre aux Points contenus dans la
fL'uille qu'EUe m'a fait l'honneur de
A m'ca-
2 Conformité des Ccrem.ChÎH.
,, m'envoycr. Et quoique )e foisperfua-
55 dé que jie n'ai pas aflez de capacité
^5 pour la fatisfaire pleinement , je fe-
5, ray en forte que la fînceritéde mes ré-
5, ponfes correfponde au mérite du fujet,
5, & à l'obligation où je fuis de déclarer
;,, la vérité fur des Points fi importans.
5, Apres ckjnc avoir prié Notre Seigneur,
^, me confîar^t en fa grâce dont j'ay im-
j, ploré l'aiTiHance, je déclare
SUR LE I. POINT.
3j I. QueMonfeigneurMaigroteftfça-
^j vant dans nos fciences, & vraymenc
j digne du degré de Dofleur deSorbon-
^j ne 5 dont il efî reveftu.
^j 2. Q.ue c'eft un des plus dodesMif-
j fionnaifés dans la langue & les lettres
^ Chinoifes. Cependant comme cette
langue eft trcs-difficilc à caufe du pe-
tit nombre de fes mots , qui ne montent
j pas à quatre cents , & qui fe multi-
plient félon les différentes manières de
les prononcer, je ne puîsafTcurer qu'il
fâche en perfection les lettres Chinoi-
fes, qui partent le nombre de cinquan-
te mille, & dont la plus-part ontplu-
^' fieurs fignifications. Il eft vray qu'il
n'eft pas neceflaire d'avoir une par-
^- faite connoifTance de routes lefoites
" lettres pour lire & entendre les livres
^' Chinois, & que le fccoursdes Lettrcz
'" de la Chine , & de leurs Didtionnai- "^
rcs.
^vec ridolat. Grecque cr Rom. 5
TCS, peut kipplccr il Ce: dcfiiut , com-
me il y fupplcc en cft'cc chez les Chi-
nois-mcmes, parmi lefquclsil ne s'çû
jamais trouvé pcrfonne qui ait cù une
connoillance entière & parfaite de ces
Lettres.
3. Que ledit Sieur Maigrot efl: un
des Millionnaires qui fçavent mieux par
expérience les Coutumes & les Céré-
monies ChiiioifeSj demeurant à la Chi-
ne depuis plufieurs années i & je fçay
qu'il a fait une étude particulière pour
cet effet.
4. Q^u'il a fait fon Mandement avec
maturité (autant que je l'ay pu con-
noiftre ) & fondé fur des raifons que
lui & plufieurs autres eftiment folides.
5. Quz je n'ay aucun fondement de
croire que ledit Seigneur Maigrot ait
fait fon Mandement par pafîîon 5 & par
un cfprit de vengeance ; au contraire,
je crois qu'il l'a fait par un bon zèle,
&: pour fatisfaire à fon devoir.
SUR LE IL POINT.
<j. Je déclare que les Lettrez de la ^
Chine fe fervent des mots. Tien, &'
Xamti 5 dans leurs Livres tant anciens ^
que modernes. Le premier fignifieàla ^
Lettre, leCiely & le fécond fîgnifie dans ^
le mcmefens, ie Koyd'ejjhaut , on le Suit- ^
vcraiu Empereur. ^
7. C^ue les Chinois Gentils de la fede ^
A 2 des
4 Co/7for?nitédes Ccrem. Chin,
.5 des Lettrez, depuis mille ansaiimoii.s
,^ qu'ils fe font déclarez Profefleurs de
55 cetteSede 5 Scdilciplesdeleur celcbre
j. Maître Contucius , ont fait commu-
ai nément profeffion d*un pur Athe'ifme,
35 joint à une Religion feinte & appâ-
ta rente. C'eft pourquoy ils n'ont jamais
_53 entendu , & n'entendent point parces
j3 mots Tkn , Se Xainti , le vray Dieu que
55 nous adorons, mais feulement le Ciel
33 matériel , ou la vertu du Ciel , qu'ils
33 appellent Ly.
,_, S. Q.ue les Lettrez 3 comme Profef-
33 feurs dudit Atheïfme 3 fe fervent com-
35 munément du mot Xamtï , comme d'un
33 terme honorable 3 pour fî^nifierle Ciel
33 matériel , ou cette vertu celefte ap-
33 pellée Ly : & c'eft l'ufage le plus
33 ordinaire de ce mot.
3, 9. Qjii'ils entendent par ce nom
^yXiVntr, comme je viens de dire , une
33 certaine vertu naturelle au Ciel ,
3, &■ qui n'en eft point diftinguée , ap-
3, pellée Ly : & parce'qu'ellepréfide aux
,3 chofes inférieures, & qu'elle influe en
33 elles 3 on l'appelle dominante de im-
33 periale : & c'eft à caufede cette ver-
,3 tu que lesChiriois donnent au Ciel ma-
j3 teriel le nom àt Smvei'oin Empei-cm- , ou
^3 de Roy d'eiihaut.
,, 10. Q^ue les PP. Millionnaires, ^
^3 les C-hretiens de la Chine , commen-
33 cerent à fe fervir prefque en mèm.e
,3 tems du nom Tkn Chu , & des noms
lieu
j-hec ridoLit. GreccjHe c^ Rom.
Tten & Xamti , pour lignifier le vrai '^'
Dieu , parce les PP. Icluites furent les "
premiers Miffionnaircs qui lefervirenc '^
de ces derniers mors. Cependant tous "
les MilTionnaires fe Servirent plus vo- ''
Jontiersdés le commencement du nom *^
Tun dm y pour fîgnifier le vray Dieu; '^
parce qu'ils jugèrent qu'il eftoit be- '"^
loin d'une plus grande explication & ^*
d'une déclaration plus exprelTe , pour '^
laiiTcr pafler dans l'ufage d:s nouveaux '^
Chrétiens les nomsTic» 8c Xûfnti , dont "
les Lettrez Te fervent pour fignifier le '^
ciel matériel : Se qu'ils reconnurent «^
au moins que lefdits Lettrez, depuis '^
un très-grand nombre d'années, fefer- '^
voient de ces noms, & en avoientdé--"^
terminé la fi^nification à un fcns Athée. ^'^
II. Qiie l'on met à la Chine fur le "
frontifpice des Eglifes , Tkn Chu Tnngj <'
c'eft- à-dire : La Maifon du Dieu du Ciel ^ '■^
3z non pa.s,Tjefj Xavttitang; c'eft-à-dire, '*^
la Maifon du Roy d'cnhaut i Et tous les «^
Miflionnaires refpedivement ont tou- ^^
jours mis cette infcription fur la por- ^^
te de leurs Eglifes. *^
II. Il eft vray qu'il eft difficile d'é- "
tablir l'ufage des mots Européans à la '^
Chine pour fignifier le vray Dieu , '^
parce que la langue Chinoife eft pref- '^
que toute compofée de monofvllabes '^
dont chacun a fa propre fignification '^
& que les mots F>uropéansettantcom- <'
pofez d'un plus grand nombre de f)4- «^
A 3 labes.
6 Conformité des Cerem. Chin.
y^ labes, ils font dans cet Empire un fens
,j tout-a-fait différent de celiiy qu'ils ont
j5 en Europe, & dans les langues Euro-
,, péanes ; outre que les Chinois ont bcau-
5j coup de difficulté aies prononcer com-
j, me il faut , parceque la langue Chi-
j^ noife manque de certaines lettres de
;,, l'Alphabet d'Europe , par exemple'^,
„B. D. R.
2, 11. Qu'il cft vray que conformë-
y, ment à ce qui eft prefcrit par le Ri-
^, tuel de la Chine, l'Empereur feul fait
j5 la fondion de Preftre dans tes facrifi-
,, ces qui s'offrent au Ciel & à la Terre,
j, Maisje ne me fouvicns paSj&: je n'ai pas
^j ufte connoiffance certaine du nombre
'^ des- Temples qui font dédiez au Ciel
■5, &• à la Terre dans les vi-Ues dePeking
_,, & de Nanking. Ce que je puis alTù-
^, rcr, c*ell: que dans le tems de mon
>j fejour à Nanking ce facrifice ne s'y eft
ilypoin-t fait, parceque l'Empereur n'y
■_,, a dlé qu*en paffant, fa rffidence or-
,, dinaire eftant à Peking, où il a cou-
j, tume d'offrir ledit facrifice.
a 14. Qjie l'Empereur C/mng-hi , qui
',5-regn? au^ourd'huv, a fait prefent aux
■•^,,''PP. fefuites de Peking d'un Cartou-
3, che ou d'un Tableau, où eft cette In-
3, fcription , Khg tien , c*eft-à-dire, Arfo-
,, rcz le Ciel. Cela eft conftant par le tc-
„ moignage de ces Pères, qui font les
•>, feuls Miftionnaires qui ayentuneEgli-
.yj fc a Peking. Et cela eft trcs-cerrain ,
puifqae
^vec l'IdoUt. Grecque & Rom. j
puifquc l'on voit écrit fur les copies
de ce Tableau qui l'ont expofées dans
plufieurs de leurs EgliTes, que l'Empe-
reur a peint de fa propre main ces deux
Lettres, Kwg'tjen, Cela veut dire que
le Prince leur en a fait prele^u : sl.^-
trement il ne leur feroit pas permis
de s'en fervir de la mîiniere dont je
viens de dire.
i<). Il cft vrai que les PP. Jefuites
ont mis ce Tableau , ou pour mieux
dire , ils en ont expofé des copies fur
l'Autel de quelques-unes de leurs Egli-
its, dans un lieu éminenc, comme je
Tay vu moy-mème expofé dans leur
Eglife de Nanking, & dans plufieurs
autres.
1 6. Ci.u'on ne met devant lefdits Ta-
bleaux ou Cartouches, ni cierges, ni
fl.iirs, ni parfums , excepté ceux qui
font dcltinez pour honorer les imag:;s
des Saints , qui font fur l'Autel s &
ces cierges , ces fleurs , & ces par-
fums ne font aucunement ordonnez au
culte defdits Tableaux ou Cartouches.
17. Les Chinois voyant ces Ta-
bleaux dès le commencement que les
Jefuites les expoferenr dans leurs Egli-
ies, conçurent que l'Empereur avoir
fait une faveur finçuliere à ces Pères
de leur en faire prefent ; la moindre
chofe dont Sa Majeflé fait prefent
eftant eftimée à la Chine comme un
bien-fait fingulier. Ces Pères mirent
Wo'-.n
"l'Apolo-
;gie des
Domin,
M » lÏÏon .
'de iu
:Ch.ne.
A4
fous
8" Conformité des Cèrem. Chin.
^i Tous lel'dits Tableaux une Expofîcion ou
5, Déclaration du lens dans lequel onde-
,, voit entendre l*Infcription , Adorez le-
;,5 Ciel j &■ qui leur paroiflbit le pluscon-
j, forme à la doctrine catholique. Celle
^, que j'ayveuè dans une de leurs EglifeS;^
^, ne m'a pas plii. J'eftimeque ces paro-
_jj Xq-S, Adorez k Ciel ^nQ donnentpasà plu-
^, lieurs perfonnes une idée conforme
., à la Déclaration des Pères. Et jecroy
^j que les plus fçavans des Gentils, Scies
,^ Lettrez, qui peuvent bien mieux pe-
^, netrer ^intention de TEmpereur que
^j les autres, entendent ces paroles dans
^^ un fens Athée , fans avoir égard à la-
^5 ditte Déclaration : ou qu'ils font per-
^j fuadez que l'Empereur a donné ce Ta*
_j, bleau aux Feres, co/nme une marque
jj de l'eftime qu'il a pour eux en- qualité
^j de Mathématiciens, non pour autori*-
^j zer la Religion Catholique qu'ils prê^
^j chent dans cet Empire. Il eft certain
^j aufii que les Chreftiens entendent cette
^j infcription dans le fens que les Pères
j l'expliquent.
iS. Pour ce qui regarde la Defenfe
qui a efté faite d'cxpofer lefdits Ta-
bleaux ou Cartouches , fçavoir fî elle
eft bien fondée ou non , ce point me
paroifr douteux , & j'attendray la de-
cifion du facré Tribunal ^ à qui il ap-
partient d'en juger.
\ 19. Les autres Millionnaires qui ne
^^ fe font pas fcrvis des Tableaux ou Car-
touches
^vcc ridolat. Greccjue & Rom. 9
touches, où CCS paroles Ibni: écrites,*^
Adot-ez le Cicl^ avant TEdit de l'Empe- "
reur en faveur de la Religion Chrc- *^
tienne, publiél'an iCoz. eitoientrans **"
doute expofez à IbufiVir de plus gran- ^^
des vexations, tant des Gouverneurs, '^
que du peuple Gentil i & n'ayant pas «^
la protedlionde l'Empereur, ils trou- '^
verent plus de difficulté dans l'exerci- '*^
ce.de leur Minifterc. Cependant ils r^e **^
UifToient pas de faire du fruit , les uns "
plus , les autres moins : & depuis la *^
publication de l'Edit , ces Tableaux ^^
ou ces Cartouches leur font bien moins **^
neceflaires pour avoir une pleine liber- '^
té de faire leurs fonctions. **■
20. Ceux qui ont ôté de leurs Egli- ^^
fes les tableaux & l'infcription fufdite '^
ou avant ou depuis la publication du ^^
Mandement de Monfcigneur Maigrot, '*^
n'ont point fouflert de perfecution. ^^
Ils auroient pu y être expofez, fî les ^^
Chinois avoient remarqué du mépris ^*^
pour lefdits Tableaux , parceque tout ^^
ce qui vient de l'Empereur eft regardé '^"
comme une chofe facrée. Il y a fujet ^^
de craindre la perfecution , fi on les ^^
ote dcsEglifes ae Peking, & particu- "^
lierement de celle que l'Empereur a fait *^
bâtir aux PP. jefuites, parceque cela '^
viendra infailliblement à fa connoif- '^
fance; & il fera difficile de luy faire ^^
croire que cela Çq^^(Îq par un juftcmo- ^^
tit , & non pour une fin qui luy fera '^
dcfagreable. A 5 21. Je
ïo Conformité des Cerem.Ch'm.
f'""!,' 55 21. |e ne fuis pas certain que le livre
m"Ȕ'at-^:> du Pcre Jean Baptiile Morales Domi-
tribucau,, nicain , qui a pour titre : Explication
^' ^" ■^*55 ^ff divîn précepte de robêiflame des enfans ,
Morale f. ^ • /i ' • • ' ^ i /^ u • j
3j ait elte imprime a la Chine , ou du
j5 moins il ne m'eft pas tombé entre les
V, mains, c'eft pourquoy je n'en fçaypas
V, le contenu : mais j'ay vu & lu plu-
^, fieurs fois celuy du Père Antoine de
j. Sainte Marie de rOrdre de S. François,.
5, qui a pour titre : Conformité de la Loyde
j5 Die H avec ladvdnrie de la Se&e des Lettrez,
j. Il eft vray que dans ce livre qu'il a com-
j/pofé en langue Chinoife , il parle de
55 Confucius avec une eftime linguliere,
5, & qu'il tache d'accorder plulîeurstex-
55 tes de Tes livres , &" de ceux d'un au-
55 tre ancien Philofophe Chinois nom-
55 mé Meng chà i avec la doftrine Catho-
^^ lique 5 en leur donnant un bon fcns :
55 & comme les anciens Philofophes fe
5, fervent du motT/W;, le Père Texpli-
55 que du Seigneur dit Ciel , en y joignnnt
^5 la lettre C/7/>, qui f!gnifie6V/g-«i'.v;* .• &il
5, fe fert quelque-fois du mot Tien, ex-
53 pliqué en ce fens , pour fignifier le
53 vrny Dieu. Il eft certain que ce Père
^^ donne beaucoup à Confucius dans ce
55 livre ; il fuppofe dans un endroit qu'il
^, cftoit éclairé d'une lumière furnatu-
* 5, Telle, s'imaginant que le fens qu'il
5, donne aux pafTages qu'il explique, &
,, qu'il tourne en fa manière, eft le fens
j5 même de Confucius.
22. L'Em-
yivec ridoUt, GreccjHe cr Rom. i r
21. L'Empereur de la Chine ell Athée *'
avec les Atnécs , & idolâtre avec le.s *'
idolâtres. Il eft à la vcritc plus Athc'c '^
qu'autre chofe ,. comme il, paroift par ^'
Ijs livres qu'il a mis au jour j & il fait '^
profcffion de lu Sciflc des Lettrez. '^
23. Il m'a paru qu'il ne penfe à rien ^^
moins qu'à fe faire Chre'tien. *^
24. Il n'y a jufqu'à prefent qu\m **^
trc8-pctit nombre de Mandarins &: de "
Grands de l'Empire , qui ayenc em- ^^
braflc la Loy de Dieu. «f
SUR LE III. POINT. <c
25. Je veux bien me perfuader que <f
le Père Martini Jefuite, Religieux d un ^^
/î grand mérite , d'une. vertu .& d'une fc
capacité fî connue dans,lç monde , ne ff
voulut expofer a la Congrégation dv «c
faint Office fous le Pontificat d'Ale- «^
xandre VII. que ce qu'il jugea necef- «c
faire pour obtenir la décifîon qu'il pré- fc
tendoit, & qu'il n'eut pas intention ce
de cacher aucune chofe qui luy fem- «c
blât contraire à ladite décifîon. Qq~ <i^oyn
pendant s'il ne prefenta point à ce fa- f'L^^".'
' -r -L 1 J> ti • ^ r Jogie des
cre Tribunal 0 autres Ecritures , ou les ffDommi-
•faits fufTent mieux articulez & expli- cccams
auez plus diftinélement qu'ils ne le font 'fJJ'^°°*
dans les Points qu'il propofa en La- ccchme,
.tin , & qui furent décidez par la fa- «c
crée .Congrégation en iC.'^C. il mcfcm- -'c
ble que fon Expofé efloit defe(5tueu|t
K 6 ' en
I-i Conformité des Cerem. Ch'm
55 ei] certaines chofcs i fî toutefois il ne-
j^5 vouloir pas pr.opofer feulement ce qu'il
yi jugeoit fe pou voir permcrtre aux- Chré*
j, tiens 5 & rien plus : car en ce cas il
.j auroit dii expofer les faits d'une autre
^3 manière.
,5 %6'. L'Expofé du Père Martini me
3_5 femble dcfcdueux particulièrement
j^ dans la troiiîcme queflion, en- ce qu'il
j_5 fuppofe que la cérémonie de recevoir
;55 lies Degrez fe fait dans la fale de Con--
\, fucius : & s'il entend par la fale de
.,5 Confucius le lieu où l'on offre des vi-
jj dimes <k d'autres chofes à ce Phi-lo-
jjfophe^il n'fft pas vray qu'on donne
yy les Degrez en ce lieu la : mais feule-
\y ment qu*après avoir reçu lefdits De-
j, grez dans une fale Académique , les
55 Graduez vont en ce lieu-là honorer
55 Confucius, & le reconnoitreaumoirrs
55 comme leur principal Maître , avec
5, les cérémonies prefcritespourcet effet.
55 II fuppofe de plus que ledit lieu defli-
55 né au Culte de Confucius n'eft qu'une
55 fale de Collège; il le fuppofe, dis-je,
55 mais il ne le prouve pas. Plufîeursau-
55 très foutienncnt que c'cfî quelque cho-
35 fe de plus qu'une fale , & que c'eft un
,, vray Temple. Le P. Martini fuppofe
55 &■ afiiire encore que les Cérémonies
5, avec Jefquelles on y honore Confucius
55 en cettcoccafîon, font purement ci-vi"
5, les & politiques félon leur première
5, inflitmion ; Ex f ta prima iftpttuùow ad
incrum
Avec l'I'doUt. Grecque er Rom, 7 y
mtrum culttwi civile m wjlituti : Ce qui ic '^
doit prouver plus diltinètcmcnt , quoy '^
qu'il loic un pcumicuxfondé. Il ajou- *'
te , que tous ceux qui doivent pren- '^
dre les Degrez entrent enfemble dans *^
la fale de Contucius : Omnes Gvaduan- ^'
di Jsmul Aulnvi Cmifucuwgrcdiuntitr. Il de- ^^
voit dire pour dire la vérité; toM ceux '^
qui ont pris les Degrez , &:c. parce qu'ils '*
les ont déjà reçus quand ils font cette *'
fondion.. Il ajoute un peu plus bas , '^
que cette fale de Confucius eft une fa- '*
le de Collège , & non pas un Temple '^
proprement dit. Aula illaConfncii , Gym- ^^
nafium ejî , <^ non Teinplun:proprie diéîuin'. ^^
&■ il en donne cette raifon : Car elle ^^
cft fermée à tout le monde , excepte' "
aux Graduez & aux Etudians : Nam "
climfa omiiibui eji , pratcrquàm Studwjts,
Cette proposition eft vrayes mais elle ^^
ne prouve pas que ce foit une fïmple ^^
fale de Collège , & non pas un vray *^*
Temple ; d'autant plus que ledit Père ^^
Martini ne fait point mention des of- ^^
frandes ou .facrifices qui s'y font à Con- ^^
fucius en d'autres tems déterminez , '^
ni des cérémonies qui s'obfervcntdans ^^
ces offrandes , comme il paroift qu'il ^^
eftoit neceffaire. Il dit de plus dans '^
fa quatrième Demande , que les Chi- -^
nois n'attribuent aucun cara(5lere de '*
divinité à leurs Morts, qu'ils n'cfpe- *^
rent rien d'eux, & ne leur demandent «'
rien. Sina nuUam Divimatem Ainwabi^ tc
Defun.
14 Conformité des Cerem. Chin.
j, Defunâonmi toncedunt ^ fiihil abiîlis (pcrant^
y, aut pet tint. Cela n'efi: pas vray , caries
3, Chinois infide'les font des prières &
3, des demandes aux efprits des Défunts-,
jj au moins en certains tems, & encer-
53 tains lieux; & ils attribuent une ver-
j5 tu &■ un pouvoir plus divin qu'humain
53 à certaines pjrfonnes défuntes , com-
5, me on le prouve évidemment par les
53 livres & les rituels Chinois ; foit qu>*
5j cela fe foit fait avec feinte , ou avec
53 une vraye crédulité. En l'endroit où
5, il dit que les Chinois honorent leurs
53 Morts en trois manières; friplcx ejl jno-
3 3 diti qiio Defîméîos ftios honora7it ; en par-
^, lant de la première , il ne dit rien de
55 certaines offrandes qui fe font en cet-
53 te occafion : & en parlant delà fe-
53 conde, il ne fait pas un r^cic e»xaâ:de
33 toutes les cérémonies qui fe font de-
53 vant les tableaux ou tablettes des Dé-
,3 funts dans les maifons particulières.
33 Pour ce qui regarde les fales des An-
,3 cêtres appellées Chu tang , il pafTe fous
33 fîlence que celles de TEmpereur , &
33 des Grands, ne font pa s appellées fîm-
33 plement d.s faks , mais des Temples;
j, ce que le nom Chinois, Mjab, (îgnifie,
j3 comme le Père en tombe d'accord :
33 les paruciilicrs ayant permifllon d'a-
^5 voir des lie ux deftinez au Culte de leurs
3, Défunts, fous le nom de Chu Tang, qui
3, fignifie une fale , 8^ non pas un Tem-
53 pic 5 comme il le fuppofe luv-méme.
Voi-
/Ivec tldolat. Grecque & Rom, i^
Voila les remarques qui me font ve- *'
nues dans l'efpric lur rExpofc du Pe- *'
re Martini, a qui je n'ay pas deffein *'
de faire tort , vii qu'il eltoit un dign-j '^
MilFionnaire , & un homme de mesi- '•
tej mais feulement de répondre com- '^
me je dois, à la demande qui m'a elle '^
faite fur cette matière. *^
SUR LE IV. POINT.
27. Je répons que Confuciuseft fou ve- *^
rainementeftimé desChinois Lettrez, '^
& des autres Infidèles de cet Empire '^
&■ des Royaumes voifins : qu'il l'efl: ^^
auffi beaucoup d-S Chinois Chrcftiens, *^
quoy qu'ils fe conform.ni pour l'or- '^
dinairc aux fentimens que leurs Mif- *^
fîonnaires ont de ce Philofophe. '^
2S. Comme il y a différentes Scdes 'Volez
à la Chine, il me paroift que les Gen- ^'î'Apoio
tils vrayment idolâtres regardent "l'^ ^«^
Confucius comme un de leurs Dieux , '^mSiI*
quoyqu'il n'ait pas elle mis en ce rang "de la
par 1 autorité publique, mais feule- ''^^i^c*
ment par l'autorité privée deceluy-cy,"
ou de celuy-là , & en certains lieux. '^
Que s'il fe rencontre quelqu'un à la *^
Chine, qui croye, comme ont crû les *^
Mirtionnaires de la Compagnie , & "
quelques autres , que les anciens Chi-'^
nois ont connu le vray Dieu, les Efprits, *^
& l'immortalité des Ames , j'cftime'^
qu'il attribuera à Confucius toute la ^\
fain-
t6 Conformité des Cerem. Chirt,
3, fainreté pofTible dans cette Hypotlie--
5, fe. Pour les Lsttrez Athées, ileftcer-
s, tain, qu'ils luy attribuent dans le fou-
y, verain degré cette vertu qu'ils nom-
^, ment Z.y, qu'ils regardent comme une
^3 fuperiorité & une perfection eflentielle.
35 19' Le nom M/V7oeft communément en
35 ufage à la Chine pour iîgnifier les Teni-
55 pies des Idoles 3 de forte que les Mif-
55 fionnaires n'ont jamais donné ce nom
5, à leurs Eglifes i quoyqu'ils fçûflTent que
35 les Chinoisl'ontdonnéde tems imme-
55 morial aux Temples des Ancêtres de
55 l'Empereur 5 & des Grands. Cepen-
j5 dant quelques Di(5lionnaires Chinois
35 l'expliquent de la figure ou reflemblan-
^5 ce des Défunts, en tant qu'ils s'en fer-
55 vent pour fîgnifier les lieirx où ils les
5, honorent , leurs Temples , ou leurs
35 Mémoires. Je n'ay vii qu*un feul en-
55 droit dans les livres Chinois , où ce
5, nom foit employé pour fîgnifier une des
j, fales du Palais Impérial. Je ne fuis pas
5 toutefois certain que cette fale n'ait
5 point de relation au Culte des Ancê-
■*, très Royaux , & qu'elle foit unique-
^, ment deftinée à l'ufage de l'Empereur :
', C'eft pourquoy il me paroiit plus cer-
^5 tain qu'on s'eft toujours fervi de ce
^5 nom dans l'ufage ordinaire , pour fi-
^5 gnifier les Temples dédiez aux Efprits,
^5 & de vrais Temples, que pour iigni-
^5 fier de fimples fales. Pour ce qui re-
j5 garde la lettre ou le mot Chi ou Ci,
il
Avec l'Idolut. Grecque c^ Rom, \j
il eft certain que les Aliffionnairess*en ''
font fervis pour fignifier en Chinois le *^
iaint Sacrifice de la Meffe, parce qu'ils *'
l'ont reconnu plus propre pour cet ef- ^^
fet que tout autre terme. Il eft vray "
que les Chinois s'en fervent pour fi- ^^
gnifier leurs facrifices : quoyque pour '^
lignifier certains facrifices particuliers '*^
qu'ils oflVent à divers Kfprits , & aux '^
Morts, au Ciel & à la Terre j ilsayent'^
aulîî des noms particuliers. Ce terme, '^
félon la notion qu'en donnent les fça- '^
vans de la Chine 5 fignifie le facrince '^
où l'on otTre des victimes ou des ani- '^
maux. ]c ne puis néanmoins afteurer '^
ue l'ufage du mot Ci foit tellement ^^
etermine à fignifier un vray facrifice, ^^
u'il n'ait ou ne puifle avoir d'autre *^
ignification. "^
30. Il y a en chaque ville de la Chi- ^^
ne un lieu ou un Temple dédié à Con- '^
fucius, pour luy faire en certains tems '^
des offrandes ou des facrifices : & dans '^
ce Temple il y a un Autel ou une Ta- ^^
blc ornée de chandeliers & de vafes ^^
pour brûler des parfums devant le Ta- ^^
oleau de ce Philofophe.. Mais fçavoir ^^
fi ce font de vrais Temples &: devrais
Autels, cela n'eft pas fi clair. Je ne'
puis dire autre choie fur ce Point, que *
de rapporter les cérémonies qui s'y '
font , &r qui pourront fervir à le de
cider. Quant à ce qu'on demande , fi '^
ce Temple eft dédié avec quelques ce- ^^
remoniesj.
l
1 8 Conformité des Cerem, Chm,
y, remonies; il eft certain que , confor-
jp mément aux Rituels de la Chine, l'es
3, Temples des Ancêtres de l'Empereur,
j, & les autres appeliez Chung Miao , oa
j5 Chu Miûb, doivent eftre dédiez Ôccom-
j, me confacrez avec le fang des animaux
j, qu'on y facrifie enfuite : & cette ce-
j, remonie eft auiïi en ufage pour dédier
53 le Temple deConfucius, quin'eft pas
:,, inferieuraux autres, félon la penféedes
j. Chinois.
,, 31. Le Tableau de Confucius eli ex-
j, pofé dans chaque Temple qui luy eft
33 dédié , avec cette Infcription : Chy
j, xin'^g' fioi su Kufjgyclju xh/g gocy : C'cft-
55 à-dire, Zt» SugcikFEff)}it dti très-fauit^ow
s y du très -Juge Mnkre Qonjuntti.
2, 32. Il eft vray que dans le Temple
j5 de Confucius, on conferve ce Tableau
3, dans un tabernacle ou une petite ar-
„ moire, placée fur T Autel ou la table ,
5, dont Jafituation répond à celle du grand
5, Aut .1 dans nos F^!if-S.
5, 33. L^' lieu où' ft le Temple dcCon-
5, fucius , Air le frontifpice duquel on
5, lit cette Infcription, Vucfi Miah ^ c'eft-
,, à-dire , Le Lntplc de In figeffe , contitnc
5, divers é'-^.ific^^s &" apoart-mens. C-'li'?u
5, s*app lle^y« Jjib , c'eft-à-dire. Le Collège
„ des Lcttrcz. Lvs bâtim :ns ont des noms
5, particuliers qui lesdiftinguent , parrap-
5, port à l'ufage auquel ils font deftincz :
„ &• l'édifice , le temple ou la fale , où le
5, Tableau de Confucius cft placé, &r où
Top.
jivec r IdoUt, Grecque ^ Rom, 1 9
Ton fait des oflVandes ou des facrifices ''
à ce Philofophe , en des tems deter- *'
minez , s'appelle Vturi M'iao. Pour le''
regard de la queftion , fçavoir fi ce Tem- '^
pie de la fagefle e(^ ou peut eftre ap- "
pelle une fale de collège , & non pas '*
un .Temple proprement dit^ ce n'efl '^
pas à moy de raflcuicr ou de \z nier. '^
11 eft certain qu'il eftdiftinguédj l'Eco- ^'
le des fciences, &" qu'on n'y fait aucun ^^
exercice ni aucun Aéle Académique : '^
on y honore feulement Confucius par "^
des révérences, des offrandes ou facri- '*^
ficeSa & d'autres femblables csremo- '"•'
nies. ''
34. Les Lettrez ne reçoivent point '^
les Dcgrez dans ce Temple appelle '^
V(u:n' Miao , mais dans un autre lieu , ''^
fale ou palais deftiné pour cette fon- '^
aïon. ''
35. Il femble que plufieurs ceremo- '•
nies qui fe font dans ledit Temple,'^
font de l'ufage civil, puis qu'on les fait '^
au(îi aux vivans : toutefois il y en a '^
d'autres qui font véritablement , ou qui ^
paroiffcnt r.ligieufes &: fupjrftitieufes, *
comme celles d'oftVir les poils 8>c le
fang de l'animal qui doit eftre facrifie , *
d- répandre une partie du vin qu'on of- '^
fre j de dédier le Temple avec le fang *^
des vidimes, d'enterrer le fang & les *^
poils qu'on a offerts, d^ brûler desétof- *^
fcs de foye qui ont efté pareillement '«^
offertes à Confucius, & les papiers où '^
font
20 Conformité des Cerem» Chtn,
>, font écrits les Offertoires , & d'autres
53 femblables.
55 g<j. Ce n'eft pas une chofe fi certai-
55 ne & fi univerfellej fçavoirfi quand les
55 Graduez 5 après avoir reçu les Degrez,
y. vont au même Temple faire les reve-
55 rences & les génuflexions accoûtum.ées5
55 il y a fur la table ou fur l'Autel des cier-
5, ges allumez , des parfums ardens, & des
55 fleurs. On dit que lesLettrez ontcoii-
5, tum.e de contribuer à la dépenfe de ce
53 luminaire & de ces parfums.
5j 37. Les Lettrez font quatre reve-
55 rences dans cette occafion , ou quatre
55 inclinations profondes, & quatre ge-
55 nuflexions s & ils fe profternent autant
55 de fois, mettant la tête contre terre:
5, & puis ils fortent, & vont faire la re-
5, verence au Préfet appelle Hiô qtwn. On
55 faitauiîi de femblables révérences ou
5, génuflexions aux vivans 5 en certains
5, tems 5 & en certains cas particuliers.
5, 3 S. Il femble qiie les Lettrez n'efpe-
5, rent riendeConfucius, conforme'mcnt
5, à l'Atheifme dont ils font profefTion.
.5 Cela n'empêctte pas que ee que j'ay
5, dit fur ce fujet dans la Rcponfe que
5, j'ay faite aux points que Monfeigneur
5, Sperelli AlTeffeur du faint Office m'a
55 envoyez par ordre de la facrce Con-
grégation, ne fubfifte.
Voicy ce que le même Reverendriïi-
me P. Aleoniffa dit dans fa Réponfe
à Monfeieneur Sperelli :
K
ii
Avec VIdoUt. Grecsjue C7' Rom. z i
Il eft vray qu'au moins en quelques '^
offrandes faites àConfucius^ & à d'au- «^
très Maîtres, ou aux Anccftres, on fait '^
des prières dans lefqucllcs on deman- ^'^
de du bonheur, de refprit pour réuflTir '•
da'ns l'étude , & d'autres biens : & il *^
eft plus certain qu'en faifant de fem- '*
blabbs offrandes de la manière dontel- ^«
les font prefcritcs par les Loix publi- *<
ques , &: par les Rituels, les Chinois *^
croyent que celuy auquel ils font ces ^^
oblations leur accordera le bonheur & '^
la profpcrité qu'ils demandent. <*'
39. Les Chinoisont un grand refpcdl '^
pour le Temple de Confuciusj & j'ay *^
OUI dire qu'ils defcendent de cheval , ^^
ciuand ils paffent pardevant : mais ils '^
font la même cérémonie quand ils ren- *^
contrent en chemin des perfonnes de '^
plus grande qualité' qu'eux , ou d'un '^
rang plus élevé, & quand ils paifent ^f
devant le palais de l'Empereur. <^
40. Il eft vray que les Mandarins ou '^^
Gouverneurs ordinaires de chaque Vil- '^
le & de chaque Bourg , accompagnez ^'
de leurs Officiers, & des autres Let- ^^
trez, vont deux fois le mois au Tem- "■'
pie de Confucius , à la nouvelle & à ^^
la pleine Lune, faire plufieursreveren- ^^
ces devant fon Tableau ; & en cette 'f
occafîon les cierges & les parfums qu'ils ^^
luy doivent offrir félon le Rituel ,bru- '«
lent devant ce Tableau , ou du moins ''
ils doivent briiler pendant qu'ils font «f
leurs
2 2 ConfQ rmité des Cerem . Chin,
leurs révérences & leurs profternacions;
&: c'eft ce qui fe pratique pour l'ordi-
naire.
41. Les Mandarins font les mêmes
cérémonies immédiatement après qu'ils
ont pris pofTeffion de leur dignité^ ou
de leur gouvernement.
42. Il eft vray que les Mandarins ren-
dent tous ces honneurs à Chwg Ho(mg\
qui eft l'Efprit tutelaire de leurs Vil-
les, félon la cre'ance de ces peuples,
43. Il cft vray qu'ils offrent & facri-
fient en divers tems , diverfes chofes
à Confacius.
44. 11 ^^^ vray que les Chinois font
deux oL^lotions principales, ou deux fa-
crifices folemn^ls au même Confucius,
l'un au Printems , & l'autre en Au-
tomne.
45. Ceux qui doivent faire ces obla-
tions ou facrifices , ou y faire quelque
fon6î:!on, font obligez, comme il eft
prefcrit dans les- Rituels , de jeûner
quelques jours auparavant , de garder
la continence, l'abftinencc de viande,
de poiifon , de vin, &c. &: de s*éloi-
gner des divertiffemens : mais il n*eft
pas fi certain qu'ils lefaflTent. j'aymê-
me trouvé dans le Rituel Kïali^ que les
jeunes qui fe doivent faire avant les of-
frandes folemnelles pour les Anceftres
défunts, ne s'expliquent pas à la rigueur
d'une entière & parfaite abftinence,
particulièrement de vin, de viande, de
poiflbn ;
^'4vec tldoUt. GreccjHc & Rem. z 5
poUFon, &:c. mais d'une certaine fru- '^
galitc , nnodcration & fobrieté dans l'u- '^
fage du boire &: du manger. '^
4(î. Je nefçay pas certainement fi Ton *^
tire au fort un jour heureux pour choi- '^^
fîr les animaux qu'on doit offrir i &: je^*
n'ay pas en main de Rituelsoù celafoit "
prefcrit. ^^
47. C'eft: la coutume de faire ce choix ^^
avec quelques cérémonies , de verfer ^^
une liqueur chaude dans Toreille du ^^
pourceau, ou d'un autre animal, pour ^^
éprouver s'il fera propre à eftre offert ^^
ou l'acrifié. '^
4S. Il eft vray qu'après l'épreuve des ^'^
animaux, on en immole au moins un ^^
la veille du iacrifice ou de l'oblation ^^
Aifdite , dans la cour de la fale appel- ^^
lée Min^g Umg tan g, voifine du Temple ^^
de Confucius. '^
49. Il eft vray que la veille du facri- ^'^
fice , on prépare dans la cour & la fale ^^
fufdites des tables ornées de chande-*^^
liers , de cierges & de parfums. On ^^
place le Tableau de Confucius fur la *^^
table qui eft dans la fale : on met de- ^'^
vant la table qui eft dans la cour, le ^^
pourceau qui doit eftre ofl"ert le lende- '^
main : le principal Miniftre fait une '^'^
profonde révérence à cet animal, qui ^^
eft tué cnfuite par le boucher. *<■
50. Il eft vray que l'on conferve '^
quelques poils & un peu de fang de cette ^^
vidime, ou d'une autre qui doit eftre '^
facrifiée.
1^ Conformité des Cerem. Cljin,
3, facrifiéc , afin de l'ofliir le matin du
:), jour ruWant.
oy 51. Les -Gouverneurs vont au Tem-
s_, pie de Confucius faire lefdites oflfran-
ij des ou facrifices au premier ou au fe-
Si cond chant du coq , afin que la ce-
^, remonie foit achevée le matin debon-
3y ne heure.
2, %z. Les Miniftres deToRVande oudu
3, facrifice de Confucius, font revêtus dans
3, cette fon(5lion des habits qui convien-
3, nent à leurs Grades & à leurs Offices
3, de Gouverneurs , qui ne leur fervent
3j que dans les fon<5tions publiques oufo-
3, lemnelles.
3, s 5- Pour faire ces facrifices ou ces
3, oftVandes, on orne le Temple de Con-
3^ fucius plus magnifiquement qu'à Tor-
3^ dinaire j on met fur l'Autel , ou la ta-
3^ ble des cierges allumez & des parfums
3^ ardens : je ne fuis pas certain fi l'on y
3^ met communément des fleurs.
3^ 54. Il eft vray qu'on invite l'Efprit
5, de Confucius d'afiifter à l'offrande ou
3_, facrifice qui fe fait à fon honneur,
3^ S V Les Miniftres du facrifice ou de
3, l'offrande , & les afilrtans , font plufieurs
3_, révérences ; ils fe profternent en fra-
3, pant la terre du front devant le Ta-
3, bleau de Confucius , pendant qu'on
3, fait les oblations.
3j 5<5. Il ell vray que quand le Maître
3^ des cérémonies dit a haute voix , VEf-
ijpr'rt de Coiîfm'tw dcfccnds metUz-vott^ h ge-
noux ;
Avtc VïdoUt» Grecque & Rsm, 1 5
fioux i tout le monde fe met à genoux.
57. Il eft vray qu*on offre dans ce
facrificc ou dans cette offrande , quel-
3ues poils & un peu de fang, au moins
'unaesanimauxouvi(5limesi & qu*a-
près les avoir offerts à Confucius, on
les enterre auflTi-toft, de crainte qu'ils
ne foicnt profanez.
5 S. Dans cesfacrificesou oblations,
on offre du vin Chinois , des têtes de
pourceau ou de Chèvre, des viandes,
& des étofes de foye. Pour les deniers
de papier argenté ou doré, je ne fçay
fî Ton s*enfert dans ces offrandes, par-
ce que cette cérémonie n'eft point pre-
fcrite par les Rituels i &ce n'eft qu'un
abus qui s'eft introduit.
^9. Lors qu'on off"re le vin ou d'au-
tres chofcs, le principal Miniftre éle-
vé le vaifleau ou le plat. Cette céré-
monie s'obferve auflTi à l'égard des vi-
vans, avec peu ou point du tout de
différence.
60. Quand le Maître des cérémo-
nies dit au Sacrificateur de boire le
vin de la félicité , il le boit , & en ré-
f>and aufli un peu fur une botte de pail-
e. Je ne fuis pas certain fi ce faifceau
de paille a la figure d'un homme.
61. Les ctores de foye qu'on offre
à Confucius , fe brûlent avec des cé-
rémonies particulières, auffi-bicn que
les papiers oii font écrits lcsOff"ertoires.
Il n'eft pas certain qu'on brûle des dé-
fi niers
16 Conformité des Cerem, Chm.
^,niers de papier dans ces facrifices, par-
lée que cela n'eft point prelcrit dans les
3, Rituels.
5, 6z. Ces Rituels n'ordonnent point
., de lavemens de mains pour fairelace-
_5j remonie de brûler les écofes de foye,
3. autant que j'ay pu remarquer en les
35 lifant.
3, 61. Il n'y a point auffi de genufle-
33 xions prefcrites pour cette cérémonie.
33 6^, Dans ces offrandes ou facrifices,
33 on recite certaines Orailbns ou Ofifer-
33 toires à la louange de Confucius. Ce-
3, pendant je n*ay point trouvé de prie-
3, resou demandes de biens, qui luy foient
33 directement adrelTées en cette occafion,
33 <î<). A la fin dudit facrifice ou of-
33 frande , on recite certaine Oraifon que
33 les Rituels prefcrivent pour accom-
33 pagner l'Efprit de Confucius qui s*eii
33 retourne , comme ils fuppofent , ou
3, comme ils feignent. Il ne me paroift
33 point que ce foit une prière ou deman-
3, de de biens , qui luy foit adreflee ,
3, mais il y eft dit , que ceux qui ont of-
3, fert, ou quiontallifte'au facrifice, re-
33cevront des biens, èc toute forte de
3, félicité.
SUR LE V. POINT.
Y'^y" 5> 66. Je répons que les Chinois ont
lige^de "^^^ lieux oudesTemplesdédiezà leurs
ijoiami-jj Anceflres défunts. Ceux qui font dé-
diez
jivec ridoUt. Grecque & Rom, i j
diez aux Anceftrcs des Rois &: des'^ca'ni
Grands de l'Empire , s'appellent «fj^'^°"*
Cbiing tniao \ & comme il eft prefcrit *'chine.
dans le Rituel Liki , ils doivent cftre «^
dédiez avec le fang des animaux , & '^
cela fe doit faire avec des cérémonies '^
particulières. Ceux des autres famil- «^
les nobles & honorables , s'appellent <^
Chu Tafig. Je n*ay point lii que cette «^
cérémonie foit prefcrite pour les de- «^
dier i & je ne fuis pas certain qu'elle «^
s'obferve univerfellement. <c
6^. Ils confervent dans ces Temples ^^
les tableaux de leurs Défunts. Il y a des ^^
Autels ou des tables, fur lefquellesils ««
font placez. Il s'y fait des offrandes <«
ou des facrifices foleainels deux fois «c
l'année , au Printcms & en Autom- <^
ne; &cn d'autres tems encore , quoy «c
qu'avec moins de folemnité, ce
(î8. Les Rituels de la Chine prefcri- «ç
vent quelques cérémonies pour choi- fc
fîr les animaux qui doivent eftre offerts <c
dans les Temples ou les lieux appel- ce
lez Chtifîg miab , & particulièrement cel- ce-
lé de leur mettre du vin ou une autre ce
liqueur dans l'oreille , pour éprouver ce
s'ils font propres au facrifice. Je n'ay ce
pas trouvé que cette cérémonie foit ce
prefcrite pour les oftVandes ou facrifi- ce
ces folemnels qui fe doivent faire aux ce
Morts dans les lieux ou Temples ap- ce
peliez Chù Tnii'g. Ils choififlent par le ce
fort un jour heureux pour ces facrifices, ce
B z & ce- ce
2 3 Conformité des Cerem, Chin,
Si cela fe fait horsla porte defditslieux
^' ou Temples, avec les cérémonies fui-
*' vantes,
*' Quand letemsde ces offrandes s'ap-
^' proche , ceux qui les doivent faire vont
'' aux Temples des Anceftres , vêtus de
5' leurs plus beaux habits. On met de-
^' vant la porte une table avec des bou-
^» gies allumées, & des brafiers pour brù-
" 1er des parfums. Le principal Aliniftre
3> met les parfums dans les brafiers ou
35 encenfoirsi il parfume les inftrumens
3, qui fervent à tirer au fort : il ditquel-
,, ques paroles marquées dans le Rituel,
,, en tirant au fort un des dix premiers
,, jours du mois, dans lequel on doit faire
,5 le facrificc. Si le fort eft heureux, on
,, ne pafTe pas outre. S'il n'eft pas heu-
,, reux, on recommence à tirer pour un
_,, des dix jours fuivans du même mois:
5, & s'il n'eft pas encore heureux cette
3, fois-là, on ne tire plus, & l'ondeter-
,, mine un des dix derniers jours du me-
,, me mois pour faire le facrificc. Onou-
,, vrc la porte du Temple , ceux de la
,, Famille y entrent l'un après l'autre,
5, chacun en fon ran^ ; ils vont devant
3, les tableaux des Anceftres , ils leur
5, font quelques révérences, le principal
3, Miniftre leur offre des parfums ; ils
3, font enfuite d'autres révérences : un
3, des Minirtres prend un papier où eft
écrite une Oraifon pour donner avis
aux cfprits des Anceftres du jour de
l'Of.
jj
Avec ridoUt, Grecijtte & Rom. 29
rOrtVande , & s'cftaiu mis à genoux «•
au coftc gauche du principal Minière j*^
il recite cette Oraifon , & il dit : Vo- «'
trc obcifpmt fils N. voua dt:vant offrir la '^
prochaine Lttvc , wi U mois prochain , ce ^^
qtCon offre tOM les ans aux Ancefires Dé- ^<
fufits , a tiré anjort le jour de roffrande ^ ^f
d^ il s*ejl trouvé heureux , c\'Jl pourquq/il^^
prend la liberté de votn en donner avis. Si «^
le fort n*a pas efté.heureux , il n'en «f
parle point , mais feulement il donne «f
avis aux Ancellres du jour de rofTran- f^
de, auîeft un des dix derniers du mois. *f
On rait enfuite quelques autres cere- <e
inoniesi on donne ordre que tout foit <(
preft pour ce jour-là , & chacun re- «c
tourne chez foi. Cela eft brefcrit dans le <c
Rituel A!i^//, qui traite des lieux ou des <f
Temples appeliez Chù tavg : car tout ^e
ie fait plus folcmnellement dans ceux ^c
^ue les Chinois appellent Chung miao. «f
<9. Les Minières & tous ceux qui ff
xloivent faire quelque fonction aux fa- <c
orifices qui s'offrent dans les Temples «c
appeliez Chutang, doivent jeûner trois (c
jours avant le facrifice ou l'offrande j <c
garder la continence , l'abflinence de ^c
viande , de vin , de divertilTemens, &rc. (c
Il çiï vray que le Rituel Kiali prefcrit ce
plutôt la modération & la frugalité ce
dans l'ufage de la viande & du vin, <r
qu'une ablfinence entière & rigoureu- ce
fe. Le Rituel Lifà ordonne fept jours «c
de préparation pour les facrifices qui «c
B i doi-
XC Conformité des Cerem. Chin,
Si doivent s*offrir dans les Temples ap-
33 peliez Chnfigmtao i comme j*ay dit dans
33 la Réponfe que j*ay faite aux Points
3> que AlonfeigneurSperelli AflcfTeur du
33 faint Office m'a envoyez par ordre de la
33 Sacrée Congrégation.
33 70. On doit offrir des animaux de dî-
33 verfes efpeces dans les facrifices ou of-
33 frandes Iblemnellesquife font aux An-
23 ceftres des Rois dans les Temples ap-
33 pelleT Chung 7fi7ûd , particulièrement des
3) genifles ou des vaches , des agneaux,
33 des chèvres, des porcs, des cerfs, des
33 lièvres, & d'autres. Dans ceux qui fe
33 font aux Anceftres des Grands del'Em-
55 pire, on n'offre ni genilTe ,.ni vache;
j, le refte eft ordinairement le même, il
53 n*y a de différence que du plus ou du
3, moins pour le nombre. Dans les facri-
33 fices ou offrandes qui fe font dans les
3) Temples appeliez Chu tan^g ^ on offre
5, ordinairement des porcs, des chèvres,
3, des poules , des poiffons , & d'autres
5, chofes femblables.
5, 71. La veille du faciifice ou del'of-
,5 frande folcmnelle , ceux qui doivent
j, offrir \z facrifice, ou y fervir, vont au
55 Temple , revêtus des habits qui font
5, prefcrits par le Rituel : & Ton orne
3, ces Temples avec toute la pompe pof-
3, fîble & convenable à la cérémonie.
55 On prépare les tables ou les Autels,
3, avec les derges , les parfumSj & le
3, refle. Les animaux font immolez par
k
jivec ridolat, Grecciue cr Rom, 5 1
le principal Minière , qui cfi: l'Aifric '^
de chaque famille. Son Époufe, & les ''
autres Dames de la famille ou parenté, *^
lavent les plats ou les vafcs deftinez *^
pour l'ofifrande : & tout cela fe fait '^
avec beaucoup d'ordre & de refpeâ:.
Le Rituel A'/V?// n'ordonne point defai- '^
re des révérences & des inclinations *^
aux animaux qu'on doit immoler dans '^
les Temples appeliez Chii tarîg. Le Ri-
tuel Liky i que je n'ay pas en main,
parle de celles qui fe font dans les Tem-
ples appeliez ChuTig miao. Il eft certain
qu'on égorge les animaux dans ces Tem-
f>les avec beaucoup derefpcd & defo-
emnité , comme j'ay lu dans ce Ri- '^
tuel, & dans d'autres plus amples. ^^
72. On confervedes poils & dufang "^
de ces vidimes^pour les offrir dans les '^
facrifices ou offrandes folemnelles. ''
7 3 .LesTemplcs,& les Autels ou les ta- "
bles font ornez le plus magnifiquement '^
qu'il eft poflîble, comme_j^ay déjà dit. '^.
74. Les Tableaux des Défunts font ^^
placez fur ces tables ou fur ces Autels, ^^
avec cette Infcription. Le Jkge de VEf- ''^
prit d'un tel Défunt, '^^
75. On fait des révérences, & l'on '^^
fe profterne refpedivement devant ces ^^
Tableaux , en frapant la terre avec ^'
le front pendant lefdites offrandes , ^^
3uand le Maître des cérémonies l'or- ^^
onne. Mais cette cérémonie fe fait '^
aufïï pour honorer les vivans. ^«
B 4 'jc. Le
3 2 Conformité des Cerem, Chin,
7^. Le jour de l'offrande ou du fa-
crifice folemnel, toute la parenté doit
fe rendre de bonne heure ^ c*eft-à-dire
au fécond chant du coq , au Temple
des AnceftreSj pour leur oflrir lefacri-
fice : quoyque cela ne foitpas fi réglé,
qu'on n'ait coutume de retarder plus
ou moins la cérémonie. Tous^ & par-
ticulièrement les Miniftres du facrifi-
ce, ont les plus beaux habits qu'il leur
eft poffible. Ceux qui offrent ces facri-
fices dans les Temples appeliez Chiing
tniaoy doivent avoir des vetemens par-
ticuliers, qui ne leur fervent que pour
lefacrifice, & qu'ils ne portent jamais
hors 1er Temple où il s'offre.
77. Dans les facrifices qui fe font à
l'honnjur des Morts, on offre du vin,
des animaux ruez le jour précèdent,
un peu de leurs poils & de leur fang,
des étofes de foye, ou du moins des de-
niers de papier au lieu de ces étofes.
^^^11 fuuînrunon ft'cfl pas néanmoins
fort anciennes elle a elté defaprouvée
de ceux qui ont reconnu que cela eft
oppofé à la fincerité & à la fplendeur
avec laquelle les Anciens faifoientccs
offrandes. Cependant l'ufage de ces de-
niers de papiereft maintenant commun:
dans lefdites offrandes.
78. Le vin de ces ohlations s'appel-
le en Chinois, Foche/a, c'eft-à-dire, /f
vin de la félicité.
75>. Le célébrant ou principal Mi-
nière
Avec l IdoLit, Grecqne & Rffm» ^ ^
niftre en g<^>ùcc & en boit un peu, & *^
il en lépaiid une partie fur un taifceau '*^
de paille qui eil devant la table fur la- *'
?iuclle eft place le Tableau s & cela fe *^
ait avec des cérémonies particulières. ^^
So. Qj^iand c'étoitTufage d'offrir des *'
ctofesde foye, on les brùloit aulFiavec '^
des cérémonies, qui s'obfjrvent encore ^^
8 prefcnt lorsqu'on jnoflre. Alaispour *^
brûler des deniers de papier, je nefçay **
pas qu2 cela fefafl'e avec d'autre folem- *^
nité, fi ce n'eft que tout s'exécute avec '^
beaucoup de reîped & d'attention 5 ^^
parce que ces peuples croyentcommu- **
nément que ces deniers de papier fe *f
changent en vrayemonnoyepqur l'ufa- "
ge des Morts. Cette, fuperftition a efté '*
introduite par les Idolâtres. *^
81. Le facrifice eftant fini, on par- "
tage la chair des vi(5bimes,& lesautres '*
chofjs propres à manger, qui ont efté '9
oflf-rtes , & on les diftribue à tous les "
afljftans , qui eo font beaucoup d'efti- '*
m-. "
82. Au commencement du facrifice, **
ils font d.'s révérences aux Efprits des **
De'funts. Cette cérémonie eft fui vie d*u- '*
ne autre , qui fignifi^ que les Efprits def- *^
cendent à l'heure même pour recevoir «^
l'offrande. Et quand le Maître des ce- '^
remonies dit : Mettez-vous à genoux j *'
proftjrnezvous; ou faites une autre ce- '^
remonie, tous la font refpedivement *^
ieioii qu'il convient à chacun. *^
B 5 Sj.Ces^
54 Conformité des Cerem.Chm,
5 3. Ces offrandes folemnelles 5 félon
ce qui eft prefcric par les Rituels claf-
fiques de la Chine, ne font point ordi-
nairement accompagnées de prières di-
rei^lementadrefleesaux Morts, parlef-
quelles on leur demande des biens &
de laprofperité,quoyqu'il s'en foit in-
troduit plufieurs en certains cas &: en
certains tems , qui n'ont point efté
prefcrites par l'autorité publique. Il y
a des tems déterminez, aufquels, con-
formément aux Rituels , on ordonne
de faire des prières &desfupplications
aux Morts pour les neceflitez publiques
& preiTantes de l'Empire , comme la
famine , les maladies , la guerre, &
d'autres fem.blables. On en fait auiîi
aux autres Efprits, au moins à ceux a
qui l'on a permilTion d'ériger des Tem-
ples, qui s'appellent en Chinois Chimg
miûh. Les lavemens des mains qui fe
font dans ces facrifices, doivent fe fai-
re fuivant la direftion du Maître des
cérémonies.
5 4. Quoyqus ce ne foit pas une pra-
tique univerfelle d'efperer des Défunts
des biens & de la profperité, eu égard
à la divcrfité des fedes de la Chine ^ ce-
pendant on peut recueillir des Rituels
qu'ils ont cette efperance en leurs
Alorts,au moins dans les necefllrez pu-
bliques, pourlefquelles les Rituels pre-
fcrivcnt des prières qui leur font adref-
fécs. J'ajoute que le peuple efpcre com-
munément
j4vec lldoîat. Greccjue dr Rom, 5 5
munément que les Défunts leur feront ^^
du bien. Au moins ileft certain que les ^^
Chinois croyent & enfeignent qu'en '^
faifanc ces offrandes ou cesfacrificesaux "-^
Anccftres Défunts, en la manière qu'il '^
cft prcfcrit , ils recevront toute forte '^
de bonheur & de profperité : & l'on '^
promet ces biens au nom des Défunts '^
a la fin de la cérémonie à ceux qui ont '^
offert le.facrifice, &: aux affiftans. '^
S 5 . Après le facrifice , dis-je , ou l'o- '^
blation folemnelle , le Maître des ce- '^
remonies promet ou augure au nom des '^
Anceftres Défunts , au principal Mini- '^
ftre, & implicitement à tous les afiiflans, ^^
une parfaite profperité , une longue vie, ^
dcc. pour avoir offert ledit facrifice. ^^
SURLE VI. POINT.
Î6. Je répons que ceux qui n'ont ccvoiei
point de Temple, confervent avec re- cc^'-^po^^"
fped dans leurs maifons les Tableaux ccfj^j^"^
de leurs Anceflres Défunts fur des Au- ccMifliôn.
tels ou dans de petites Chapelles, avec ct^e la
des chandeliers & des vafes pour brûler cc^^'"®*
des parfums ( ils n'y mettent pas fi com- ce
munément des fleurs) ils placent, dis- ce
je , les Tableaux ou les Tablettes de ce -
leurs Morts dans ces Oratoires au mi- ce
lieu des Idoles, avec cette Infcription ; ce
Le Jîege de PEJprit d'un tel Défunt, Les ce
Chrétiens les gardent dans l'eflat où ce
ils cfloient avant qu'ils embralfalTent la ce
B 6 Foy,
^6 Conformité des Cerem. ChJ^»
FoVj ou en la manière que leurs Mif-
lîonnaires refpedivement leur en per-
mettent Tufage.
S/. On offre devant ces Tableaux ou
Tablettes en des tems déterminez des
viandes, des légumes, &c. on allume
des bougies , on brûle des parfums , on
fait de profondes révérences , on fe pro-
fterne en baiffant la tête jufqu'à terre.
8 S. Lss jours des facrifices ou obla-
tions folemnelles , on offre plus de cho-
fes qu'à l'ordinaire devant lefdits Ta*
bleaux , chacun félon fon pouvoir.
S 9. Dans les Tempk^s ou lieux dé-
diez au De'funts, après les facrifices ou
les offrandes , on fait la cérémonie d'ac-
compagner leurs Efprits , ou de leur
donner congé. iMais on ne fait point
cette cérémonie dans les maifons par-
ticulières , autant que je l'ay pii fçavoirj
au moins elle ne s'obfervepas commu-
nément Se ordinairement dans le tems
defdites offrandes-, excepté dans celle
qui s'appelle ^/w c^i , qui fc fait après
l'enterrement, quand on eft de retour
à la maifon, parce que cette oflrande
fe fait avec toutes les cérémonies des
oblations annuelles & folemnelles.
90. On n'a pas coutume de différer
à faire hs tableaux ou tablettes des
Morts. La matière dont on les doit
faire eft prefcrite dans les livres Chi-
nois. C'cll: du boisde châtaignier. S'il
ne s'en trouve point , on peut choi/îr
Quel
jivtc rrdoUt, Grecqnc cr Rom, 5 f
?[ucl bois on veut , pourvu qu'il foit ^^
ort , & de durée. Les mêmes livres *''
prcfcrivcnt la grandeur &c la forme de ^^
ces tablettes, le tcms qu'elles doivent '^
fcrvir , la manière & les cérémonies ^^
de leur Infcription, comme j'ay dit ''^
dans ma Rcponfe aux Points qui m'ont '^
été envoiez par Monfeig. Spcrelli Af- ^^
feiTeurduTaint Olfice,parordredelaSa- '^
crée Congrcgation. llsprefcrivent par- ^^
ticuliercment la manière d'écrire le pe- «^'Cepcéc
tit point. On choifit pour cette fonélion "f^'),"|j
une perfonne de diftiné^ion&de marque- ^Tur les
Cela le fait avec cérémonie , après avoir «'lettres
lavé les mains. On écrit fur une tabls "^£,^'5 ou
préparée pour cet effet, en prefjnce ^'X/«g'
du fils aine du Défunt, ou du ch.f de «''^«ceft-
la famille qui fe tient debout pendant "^^^l^ic*
cette action. On continue le fcfte de ^U'ame
la fonction, comme il eft: prjfcrit dans "'''«''"'•
le Ritujl; on prend la tablette, onac- '^
compagne l'Efprit du Défunt , & on ^^
l'invite à s'y venir repof^-r. Cela (z fait *^
immédiatement après l'enterrement , '^
comme il eft marqué dans le Rituel. Il '^
eft vray que lac^'femoniedu petit point '^
fe fait en differcnti^s manières , &: je '^
n'ay point trouvé qu'elle foit prefcrite ''
à part dans ledit Rituel, qui marque'^
feulement la manière dont on doit faire '^
rinfcription qui fe doit mettre fur la- *^
dite tablette. Je ne puis aflurer fi les *^
Chinois feroient ou ne feroientpasces '^
cérémonies, fi on leur permettoit l'u- ^* ,
fage
5 8 Conformité des Cerem, Ch'w.
j5fage de ces tablettes de leurs Morts
^5 dans les maifons particulières feule-
5, ment , & en y joignant une protefta-
jjtion. Je ne doute point ne'anmoins
5, que les bons & fervens Chrétiens ne
3y raflent ce qui leur fera commandé de
35 la part du Saint Siège. Mais il me pa-
33 roift très-ditîicilede leur permettre un
53 fimple ufagedefdites tablettes 5 & rien
33 plus 3 & il me fembleque cela eftdan-
53 gereux pour plufîeurs raifons.
33 L'Illuftriflime &ReverendiflimePe-
35 re en Dieu François Aleonifla rappor-
35 te dans fa Réponfe à Monfeigneur
Sperelli 3 qu'il cite dans celle-cy5 la
prière que le fils aîné ou le chef de la
Famille fait à l'Efprit du Défunt auf-
iîtot que l'Infcription de la tablette ,
dont il s*agit 3 eft achevée. Elle eft
prefcrite dans le Rituel Kiali 3 & elle
eft conçue en ces termes :
Moi fils Orphelin N. j'ofe donnn' avis à
ffwn lUnflre Père ou'Aieu/ /V. de tel grade
ou dignité j que fou coi ps retourne en terre par
la Jepultnre 3 i^ que fon efprit retourne ou
doit retourner à la fale des Ancêtres qui efl
à la m ni fon. La tablette , Xm dm , étant
donc achevée , j^fiippU^fi ftddinie c^ noble
Ame de vouloir laiffei' fon ancien lieu , (^ de
fe rendre au nouveau , qui luy frvira defû-
tien , cb" où elle trouvera fin repos.
L'Ancien lieu ou la première demeu-
re de l'Efprit du Défunt , félon la créan-
ce des Chinois 5 c'cft le hoenpé , ou la
pièce
j4vec r/doUt, Grecque & Ram. 5 9
pièce de foie qui lercprelcntc. Lenou- ''^
veau, c*eft la tablette où eft cette In- <*"
fcription : Le Siège de V Ame d'un teL '^
91. Les cérémonies que les Chinois ^"^
font devant les corps de leurs Défunts^ ^^
dans les enterremens, aux ccmerieres, <«"
&: fur leurs Tombeaux , font telles & «^
en fî grand nombre , quMl faudroit de «^
gros volumes pour les expliquer au ju- «^
lie & en détail. J'en ai rapporté une ^^
partie , &: peut-être le plus effentiel, «^
dans la Réponfe que j'ay déjà donnée ^^
& que j'ay citée ci-deffus. Pour lèpre- <^
fent je puis dire que tout fe réduit aux «^
cérémonies fuivanteSj aux jeûnes, aux ^^
abftinencesj aux révérences, aux ge- ^^
nuflexions en baiffant la tête jufqu^à «^
terre, aux bougies allumées, aux par- «f
fums ardens , à brûler des deniers de ^^
papier , à oftVir toute forte de mets, «^
& mêmedes victimes, comme un porc, ^^
une chèvre , &:c. ou la tête de ces ani- ^^
maux. Ils vont aufll une fois Tannée ^^
au lieu de lafepulturede leurs Défunts, ff
ils déracinent les herbes qui ont cru fur ff
leurs Tombeaux & aux environs , & ils « f
leur offrent des viandes en faifant des ff
génuflexions. I-es Bonzes ou les Prê- ^^
très des Idoles ont introduit plufieurs '^
autres cérémonies pleines de fuperfti- <^
tion , qui font rejettées univerfellement fc
des MifHonnaires & des Chrétiens, «^
comme celle de brûler des deniers de ««^
papier. «
SUR
Si
33
4<5 Conformité des Ctrem. ChJ?f*-
SUR LE VII. POINT.
3) 91. Je répons qu'il n'eft pas vray que
la Philorophie Cninoife n'ait rien de
contraire à la Loy de Dieu.
93. Les Chinois Lettrrz , qui font
1) Athe'es , entendent par le nom lai Kièy
33 une matière éternelle, qui eft le pre-
3j mier principe de touteschofesi ou une
j3 ATrtu adlive de cette matière , qui n'en
j3 eft point diftinguée , & qu'ils appel-
),\twiLi, qui précède, félon leur crean-
53 ce, la production de toutes L's chofes
30 qui en dépendent : & en ce fens il eft
53 hors de doute que les anciens Chinois
j3 fe font fervis de ces paroles lai Kie y
S3 pour définir &: lignifieriez preiiiierprin-
33 cipe, comme j'ay déjà dit. Maison ne
33 peut afturcr abrolument que ces An-
33 ciens aient connu le vray Dieu , ou
53 qu'ils ne l'aient pas connu : d'autant
33 plus que Pufage de ces deuxmots joints
33 enfemble commença dès le tems deCon-
33 fucius, & qu'ilne paroit pasqu'il s'en
5î loit fervi en ce lens-Jà. Il ne les a mis
33 en ufage que dans le livre Ke Kivg , qui
5i eft le plus confus ik le plus difficile à
53 entendre de tous les livres Chinois.
33 Voici le fens littéral de ces deuxmots,
33 TûîKie : La Lettre ou le mot Im , figni-
33 fie Grand , le mot ou la lettre Kie , fi-
as gnifie/t77;;^, comme s'ils avoient voulu
55 dire , le grand Urme , ou l'origine de
i> toutes chofes : de forte qu'ils pouvoienc
figiû-
jivec Vidûlat, Grâcqtic & Rom. 4 1
fignificrpar ce s mots le grand Dieu ou **^
le Souverain principe , même dans un **
fens Catholique. Cependant la Seéte '^
des LettreZj dans laquelle ces pproles *^
font en ufage à la Chine , s*en fert & '^
les explique dans un fens Athée , ou '^
pour ngnifier toute autre chofe que le '^
vrai Dieu. "
94. Le culte que Confucius rendoit «^
aux Efprits, étoit plutôt religieux que '^
civil j félon que je l'ay pu connoitre *^
par la lefture des livres qu'il a compo- ^'
fez , & qui ont cours à la Chine , ou des «^
leçons qu'il a di(5tées. Au moins ce culte ^^
avoit une apparence & un extérieur de ^^
Religion. "
95. Il ne paroît pas que le livre Yc «^
Khig, puifle être appelle en aucune ma- «^
niere V Abrégé d^ufie très-bonne doârmePhy- ^^
Jiqtie (^ Morale : Et il eft certain que les «^
Chinois s'en fervent pour deviner, «^
pour faire des fortileges, & pour des ^^
chofes fembiabics. ^ "
96. Quelques Mifllonnaires des Or- *•
dres de faint Dominique, de faint Fran- ^
<?ois 5 & des autres, ont fuivi en plu- «^
iieurs chofes l'opinion des PP. ]efui- «^
tes dans la pratique, fur le culte &les ^^
cérémonies Chinoifes , au moins pen- «^
dant un certain tcms. ]e ne puis néan- «f
moins aflurer qu'ils l'aient fuivie en «^
tour. J*ai cfté un de ceux qui ont tcL'Apo-
fuivi le fentiment des Miffionnaires de *'^omiS
la Compagnie , jufqu'à ce que je me fois <«c4iu« »
appli-
42 Confornjîtédes Cerem. Chtn,
iontla appliqué 5 comme i*ai fait depuis, à
veruon ^^^> ir'- -^^
iraiienne'î examiner leluites cérémonies avec un
eft main-,, peu plus d*attention & d*exaâ:irude,
tenant ^^ gj qy^ j'^jg jyg^ qu'on doit procéder
mTe^con-55 autrement en certains cas.
vaincra Monfeigneur Aleonifla & toutes lesperfonnes judicieu-
fes , que les Dominicains , excepte Grégoire Lopez & Sarpetri ,
n'ont point fuivi l'opinion des jefuites , & que le premier ne
l'a pas fuivi en tout.
„ 97. Ceux qui ft font le plus éloignez
,5 du fentiment des PP. Jefuites , ont trou-
yi vé plus de difficulfez , & ont fouferc
y, de plus grandes contradictions dansleur
_,3 faint I\liniii:ere. Cela n'a pas empêché
jj qu'iisn'aient fait du fruit , les uns plus,
^5 les autres moins , dans cette Vigne du
j, Seigneur.
j5 pS. Je n'ai point connu à la Chine
^5 le Père Sarpetri Dominicain, parce
,, qu'il eftoit mort avant que j'y fufîe ar-
y, rivé. ]e croi qu'il fçavoit la Theolo-
,^ giej&lesSciences& Le ttresChinoifes,
Monfel-^^ comme je l'ai ouï dire à pluiitiîrs pcr-
S'eonif-'j fonnes. Cependant je ne fuis pas cer-
fa nous ,^ tain s'il eftoit auiïi içavant , particu-
P«"n^^- lierement dans les matières Chinoifes,
îu'piair',,, qu'on le fuppofe dans l'Expofé.
de pre'ierer à Ton oui-dire , le Certificat de l*llluftr:fl*ime Navar-
rette , & de pUifieurs autres perfonnes dignes de foi , qui ont
connu à fond le Père Sarpetri.
5, 99- Je n'ai pas aufTî connu Monfei-
y, gneur Navarrettc Dominicain : mais
5, fuppofant qu'il a eu autant de vertu &
y, de fçavoir dans les matières de Reli-
yj gion'que le Père Sarpetri, parce que
je
fez
Avec t lâolat. Grecque & Rom. 4 5
je n'ai aucun fondement de penfer le *'
contraire i je dis, autant que j*en puis '^
juger par les ouvrages qu*il a donnez au '^
piiblic touchant le culte & lesceremo- '^
nies Chinoifes , qu'il me paroit qu'il ^^
cftoit fçavant en cette matière , & beau- '*^voy«
coup plus habile que rExpofé ne fup- '«l'Apoio-
pofe. Ainfi l'eflimc qu'en plufîeurs «'?^^ ^^^
^ ■ ' r • c 1 r r r • Domim-
pomts on peut taire tond lurion fenti- «^cains
ment & fur fon autorité. ««Mifllon-
100. Le Père Varo Dominicain a ««P^'j;." '^^
I 1 . . / X , la Chine,
vécu long-tems depuis mon arrivée a la ce
Chine; & je fçai qu'il eftoitauflî verfé f «voyez
dans la langue & les lettres Chinoifes cci'Apoio-
qu'aucun autre Miiïionnaire de fon cc'°2'«*
tems. Monfeigneur de Bafdéc de bon- ce
ne mémoire m'a témoigné la même ce
chofe. )e ne fçai fi mondit Seigneur ce
Grégoire L.opcz l'appella , comme il ce
eft dit dans l'Expofé. Les Ecrits du ce
Père de Paz font conformes à ce qu'il ce
a fait imprimer touchant le culte & les ce
cérémonies Chinoifes. Il eft vrai que ce
c'étoit un fçavant Religieux, & très- ce
eftimé dans les Philippines. ce
ICI. Pour ce qui regarde la pratique ce
de l'ufure à la Chine, il eft certain que ce
les Infidèles l'exercent en plulïeurscho- ce
fes , comme on fait en d'autres pais, ce
& peut-être plus qu'ailleurs. Cepen- ce
dant les Chrétiens qui confultentordi- ce
nairement leurs Miflionnaires, font ce ce
ou'ils leur permettent , ou ce qu'ils ce
aifent leur être permis^ Il efl queflion ce
fi •
44 Conformité des Cerem. Chin.
yy fi en certains cas il y a véritablement
35 ufureou non , en ce qu'ils ont coutume
Dans ce5^^ (]e faire pour gagner de l'argent. Il y a
deMoncs" ^^ certaines maifons àla Chine e'tablies
de pieté, 55 P^î* autorité publique, où l'on prête de
lesPrê- l'argent pour un certain tems : ce qui
teurs nt r F • ^ •
pe-jven: '» 1^ ^^^^ ^" recevant un gage qui vaut
tirei- au-5, plus que la femme prêtée. Celuy qui
cun pro- emprunte doit paver tous les mois au
ht au delà a*^ • j • j ' • /
dece qui>3 P^^^^"'^ un certain denier détermine
€it ne- ^5 par l'autorité publique^parexemplejun
ceflaire ^^ demi-gros ou trois baioques par écu:
^èdom- 33 ^ l'o" <^oit rendre la fommeprincipa-
mager ,, le au temsdont on eft convenu. Silede-
^^* ^^' 55 biteur ne fe prefente pas au terme, &
Qu'ils 33 manque à rendre le principal, ileftli-
fom en „ bre au prêteur d'aliéner ou de vendre
pre:anc. ^^ j^ g^gg ^ ^^^^^ ^^^^ obligé de rien ren-
indemni',, drc à celui à qui il appartenoit, quoi
tjtedttm-^^ qu'il fe prefente enfuite , & que le prix
tcitcaty. J^^^ gage ait excédé le principal , avec
gro eo- 55 1 intérêt qui fe paye tous les mois. Ce
rumdcm ^^ doute fut propofé pat le Père Jcan Bap-
'"r"T',,tîfte Morales en i(î4'>. & decidéparla
modira- ,5 bacrec Congrégation. 11 y a divers dan-
tumn-tra^^ gcrs duxquels ceux qui tiennent ces
^'"^""'''■,, maifons font expofés , par exemple,
dit Léon,, aux voleuts 5 aux incendies , & a de
X- Con-^^ femblables accidcns. Ils font degran-
^^""^•*''^j des dépenfesi ce qui fait douter avec
^, fondement s'il ne leur cft pas permis
^y de retenir ce qu*ils retirent de la ven-
j, te du gage au-deffusde la fomme prin-
cipale qui leur étoit diie, & d'exercer
cet
9>
jivcc VIdolat, Grecque & ^orn, 4 5 '
cet Olfice qui eft d'une fi grande utili- ^^
te pour le public, & particulièrement <«■
pour les pauvres, qui trouvent par ce «f
moicn un remède à leurs befoins. C'eft^^
encore une coutume à la Chine qui eft ^^
autorifée parlaLoy, dcprêcer de Tar- <f
gtrnt à trente pour cent, fans avoir f«"
égard au profit cefiant ou au domma- ^<
ge naiiïant, quoyque l'une ou l'autre '<
perte accompagne ordinairement ce *«
prêt , ou du moins un danger de ne <<
pouvoir retirer Ton principal , ou de «^
ne le pouvoir recouvrer fans beaucoup «f
de peine & de difficulté. Ce cas -fut f^La Ss-
propofé & décidé en 1(^45. Il y a d'au- <<creeCon-
tres manières dontl'ufure s'exerce ou- ^«a^*f^pôfé
vertement à laChinermais elles font dé- ««un vrai
fendues univerfellement par lesMifiion- ««^ ^^g^"'"
/-«■'• j r» nie titre
naires aux Chrétiens de cethmpire. ««jg ^^^^
mage naiflanc, ou de profit cenanr , & un danger qui vienne
d'iinecaufe étrangère au prêt > 5c non pas du prêt même , donc
il eftinfeparab!e , particulièrement quand on prê:e aux pauvres,
Voiez le chap. Uavi^anti, Exc. Dt nfurit t S.Thomas, la Théo-
logie Morale de Grenoble 6cc.
Voilà, Monfeigneur, ce que je puis^^
répondre fommairement aux Pomts '^
contenus dans la feuille que Votre Emi- ^^
nencem'a fait l'honneur de m'envoier; ^^
le l'ay fait avec toute la fincerité & la ^^
i^erité que je dois , & que la matière '^
iemande, félon ma petite capacité, & ^'^
félon que le tems me l'a permis. Mon ^^
intention n'a point été de rapporter ^^
ians cette Réponfe ce que les MifTion- '^.
naires
'é^6 Conformité des Cerem. ChîH»
^^ naires reîpedivement permettent au?Ç
j Chrétiens de cet Empire , fî ce n'efh
j quand j'en ai fait une mention expref-
fe 5 mais feulement de rapporter les
j faits abfolument, & la doctrine de ces
j Infidèles, je fuis tout dévoué à Votre
j Eminence :, & toujours prêt à lui obéir ,
^j & à la Sacrée Congrégation, au juge-
^ j ment de laquelle , & à celui du faint Sie-
^j ge Apoftoîique , je me foumets très-
humblement, & fans referve.
A Rome le 19. de
• Juillet 1699'
F. Jean François
AleonisSa.
C H A P I T R E I I. i
Convenance des Chinois de la Seâe dci
Lctîrez , avec hs anciens Idolâtres Grecs
^ Romains dans le cnltc du Ciel.
LEs Chinois de la Sefte des Lettrez
adorent le ciel matériel fous le
nom de Xamti , qui veut àirtle Roi d'en^
haut , le fouvcrain twpcreur s ils lui offrent
des facrifices, où l'Empereur fculpcuc
faire les foniâions de Prêtre, & ils en
offrent aufii ala terre parfon miniflcre.
(^uand ce Prince écrit de fa main fur
des
'^vcct Idoîat^Crecque & Rom,* ^yj
des tablettes en grandes lettres d'or ces
paroles , King tien , c'eft-àT-dire , Adorez
le ciel; pretend-il fignifier autre chofe
?[ue l'adoration du ciel matériel, con-
ormément à la dodlrine de la Sed:;
des Lettrez , dont il eft le chef? Et
tous les Infidèles qui lifent cette infcri-
ptioUj ne l'entendent-ils pas dans ce
fens athée , qui eft le fens naturel de
ces paroles, fuivant leur inftitution&:
leur uiages & qui eft le fculquife pre-
fente à leur F/prit î Leur culte eft con-
forme en ce point à celui des anciens
Idolâtres Grecs & Romains ^ avec cet-
te différence, que ceux-là donnoienc
au ciel le nom de Dieu, & que ceux-
ci ne le lui donnent point, parce qu'ils
ne reconnoiflcnt point de Divinité:
mais ils lui rendent des honneurs di-
vins en l*adoranr, en lui offrant des fa-
crifices, & en ne reconnoiffant rien de
plus grand que lui. Et n'eft-ce pas une
idolâtrie pratique, de rendre à la créa-
ture des honneurs qui ne font dûs qu'à
Dieu ?
Les Grecs ont adoré le ciel fous I«
nom d'oifxvoi , Urnrit44 i les Romains
fous le nom de Cœlus ou Cœhm ; les uns
& les autres lui ont donné le nom de
Juppiter. Regardez ce corps fublime , ^^
d'une blancheur raviflante , d'un brii- '^
lant admirable, que tout le monde ap- *^
pelle Juppiter, dit le Poète Ennius. '^.
AJ^ke
35
>3
33
3i
^2 Conformité des Cerem, Chm.
Ennîui in AJpice hoc ftèlhne Cûfjck'm , qucm omneg
Tfytjîe, voca?it JQvem .
Voiez-vous le ciel , ce corps d'une
étendue & d'une grandeur demefure'e,
d'une élévation prodigieufe, qui en-
vironne & qui embrafle tendrement la
terre ? Croiez, dit Euripide , quec'eft
le plus grand des Dieux, que nous ap-
pelions Juppiter.
M. j r- Vides fuhlime fufum. mmoderatum étthera^
Afua Ctcc r\ • • • r* » -f
y on. lih, i.de J^^ tC7iero Urram circtimjectu nmplecîttur i
Natura Hiitic fitfnmum habcto Divuj» , hune per-
Deorum. hibctojavem.
^ Hérodote & Strabon parlant des Per-
libU s'tra- ^^^ ^ diient qu'ils donnoientàtoutePé-
io.iib, i6. tendue du ciel le nom de Juppiter.
Platon protefte que le Dieu qu'il loue
n'eft autre chdfe que le ciel : & il eft
-. . iufte , dit-il, de l'honorer à l'imitation
Epimoni- „ de tous les autres Dieux &desOenies,
de. „ de lui oft'rir nos voeux , de lui adrefler
" nos prières, & de le reconnoitrel'Au-
*,' teur de tous nos biens. Qiiem Dctan laU'
.. dibtis cffci'o ? Cœltnn cmn'mb : quem Dcum
mnxhhè aqumn cjl , cateros omucs Ddwoms
C^ Dcos ïmitaîitcs eximiè nosveuerttri , vota-
que e^ prcccs apnd ipfim futidcrc . Hocetiam
cmm s facile agnofcimus honornvi omnium effe
Aitcîorcm. l'hcon de Smyrne rapporte
'*^' '* cet endroit de Platon dans Ton premier
livre des Mathématiques. Pythagorea
auffi reconnu le Ciel pour un Dieu,
donï
Avtc VIdoUt. Grecque c-r Rom, 49
dont le Soleil & la Lune étoient les
veux, & dont les autres Aftresetoient
les membres, comme a remarqué faint
Epiphane. Pythngoras Dcum ait cffecorpo- •^Epiphan,
reiim , vidclicet caltim , c^r. Hierocle ^fl^^r"fi"l
reconnu un grand Dieu , fouveraine- reji Cemui.
ment bon , qu'on peur , dit-il , appeller s-
le Dieu des Dieux. Il ajoute que le nom* *\Vw^f«f.
brc de quatre eft la caufe univerfellc, \njHrf.j'
ce grand Dieu qui a produit tous les ''CamunM,
êtres , ce Dieu fouverain qui n'eft connu
que de l'efprit, & qui eft le principe "^
éc la caufe de ce Dieu celefte qui tom- ^
be fous les fens , c*eft-à-dire, du ciel '^
que nous voyons.
Parmi les monumens de l'ancienne
Rome, on lit cette infcription qu'on
a déterrée au Mont Cxlius : Optimus,
Mûximus. Calus. JEtermts. C'eft-à-dire, ^^^^^^ ^^
Le cieî fouverainei7iettt ùon, fou-jera'weînent Ortoora^h.
grand, éternel. ^^f"'l'^
En faut-il davantage pour prouver '"•'''^'^
que le démon a infpiré le culte du Ciel
aux Chinois, comme aux Grecs & aux
Romains ? Qu*^l a didé aux Lettrez
Athéescettefameufe Infcription , Ado^
rez le Ciel}F.z que ce ne peut être que
lui, qui fous une faufle aparence de bien,
a tenté avec fucccs les Miflionnaires
de la Compagnie de placer dans leurs
Eglifes, & d'élever fur l'Autel au-def-
fus de l'Image de Jesus-Christ notre
Sauveur ce ngne d'abomination , Khig
tten'i
C C'eft
5 o Conformité des Ccrem. Chln»
C*efl en vain que les défenfeurs de
xette Idolâtrie repondent qu'ils ont
■mis à côté ou au-deflbus de cette In-
'fcription une proteilation ou une Dé-
claration de leur Foy. Car outre que
les plus fçavans des Gentils & les Let-
trez entendent toujours ces paroles
dans un fens Athée , fans avoir égard
à cetre proteftation, comme témoigne
le Revercndiflime P. Aleonifla s ou-
tre que la forme de cette Déclaration,
qu'il a lue dans quelqu'une de leurs Egli-
fes 5 4ie lui a pas plù , & ne lui a pas
paru fuffifante pour lever le fcandale,
comme ii l'alTiire dans fa Réponfe à
JVIonfeigneur le Cardinal Cafanate; oa
ne peut douter que cette pratique ne
foit entièrement contraire à l'efprit&
à l'ufage de l'Eglife. Ceux qui ofent
ia défendre devant le faint Siège &: la
Congrégation du faint Office par un
entêtement dont tous les gens de bien
doivent prier Dieu qu'il les faffe reve-
nir par la force toute-puiflante de fa
grâce ^ peuvent-ils produire quelques
exemples, peuvent-ils en trouver un feul
dans l'antiquité Eccleiiaftique , qui
prouve que l'Eglife ait jamais approu-
vé de femblables Infcriptions , même
avec une proteftation à côté ou au-
deflbus ?
Il y avoir à Athènes un Autel dedic
^Hcian. au Dieu inconnu , Jgnoto Dec, Lucien
Uf^Jtrl!!*' ^" P''^^^^ ^^^-^ "" ^^ ^'^^ Dialogues. Pour
^v£C ridolat,Creccjuc Cv* Rom, 5 t
jtotta y dit- il , ttoiivaut à At haies le Diéfc
inconnu, nom r adocion^ ks vfaum étciidties
vers le Ciel , é^ nout Ità reiidrotis grâces.
Saine Paul prit de cette Infcription le
fiijet du premier difcours qu'il fit aux
Athéniens dans l'Aréopage : & il leur ^(j. 17. 13.
dit que ce Dieu inconnu étoit celui
qu'il leur venoit annoncer. Si ce faint
Apôtre avoit appuie le fuccès de la pré-
dication de l'Evangile Tur les viies &
les maxiipes de la politique humaine,
au lieu de l'appuier fur la feule vertu
de lacroixde JesjljS-Christ, n'auroit-
il pas enfeigné à faint Denis, qu'il or-
donna premier Evêque d'Athènes , à
élever des Autels au vrai Dieu avec
cette Infcription 5 Ati Dieu hic ojwu ^ afin
d'attirer à la Religion Chrétienne un
plus grand nombre de gens de qualité^
de fçavans, & de peuple , à Athènes
&: dans toute la Grèce; puisqu'aufond
ce Dieu inconnu eftoit en un fens ce-
lui que les Chrétiens adoroient ? Mais
parce que ce n'étoit paslà le fens des
Gentils , & qu'ils n'avoient élevé cet
Autel & offert des facrifices au Dieu
inconnu , que parce qu'ils ignoroienc
lequel de leurs Dieux , ou laquel-
le dé leurs Déeffes les avoit frap-
pez de la pefte qui defoloit leur ville,
& dont ils efperoient être délivrez en
appaifant par des facrifices celui ou
celle qui en étoit la caufe j l'Apôtre,
^ les faints Evêques qui gouvernèrent
C 1 les
5i Conformité des Cerem. Chîn,
les Eglifes de Grèce félon rEfprit d©
Jesus-Christ &: félon fes maximes,
n*avoient garde d'adopter cette In-
fcription , &■ de la placer fur les Au-
tels de l'Eglife naiflante. Mais une
proteftation mife à côté ou au-deflbus
de cette Infcription n'auroit-elle pas
confervé les droits du vrai Dieu ? N 'au-
roit-elle pas empêché les Gentils de
croira que les Chrétiens étoient de leur
fentiment, & qu'ils adoroient les mê-
ines Dieux qu'eux ? Silence, prudence
humaine , la prudence de l'Efprit di-
vin ne peirt fouft'rir ces temperamens,
ni ces ménagemensj elle veut que Ton
confeïTe ouvertement ce que Ton croit,
& qu'on n'ait rien de commun avec
les Idolâtres. Si elle ne peut fouft'rir
qu'on penfe comme eux en matière de
Religion 3 peut-elle fouffrir qu'on parle
comme eux ?
Les Egyptiens, qui étoient fans con-
tredit les plus fuperftitieux de tous les
peuples, adoroient parmi leurs fauffes
DiviniteZj le Dieu Cnef, qu'ils croioient
n'avoir ni commencement, ni fin. Ils
entendoient par ce nom la raifon fou-
veraine qui a produit toutes chofcs. Ils
le reprefentoient fous une forme hu-
maine, avec un œuf qui fortoit de fa
bouche, pour lignifier qu'il étoit l'Au-
teur du monde, dont l'œuf éK)it chez
eux le Symbole. C'cll ce que nous ap-
prenons d'Eufebe de Cefarée. Effcâri-
ccm
j4vec ridoUt. Grecque & Rom. 5 5
cem Ratiomm , qtuah ipfisCmf appeUartfo- Ettfeb. Ub,
A'/, hmnana JfK'cie configta-ant . , . timicfor-^^J^^^'^^^''
rb Dt'um ex ore ovitm effu^lfe nannnt. . . ,. xi.
Ovum auUm illud mnndum intcrprctantur.
Saint Alarc qui a fonde l'Eglife d'Ale-
xandrie, &:les faintsEvcqucs qui l'ont
gouvernée après lui , fc font-ils avifez
de mettre cette Infcription fur les Au-
tels du vrai Dieu^ Adorez Cnef} Ils au-
roient pii la foutenir plus raifonnable-
• ment que les ]efuites ne foutiennent
celle-ci. Adorez le Ciel ; puifquele Ciel*
efl un corps , & que la raifon fouve-
rainequieil le principe du monde eft un
pur Efprit ; que le Ciel eft une créature ,
&: que cette première & fouveraine
raifon eft le Créateur de tous les êtres,
ou le Verb^" par lequel toutes chofes
ont été faites. Cetti?complaifance pour
les Egyptiens auroic pu gagner leurs
Philofophes , elle auroit pu leur faire
goûter la Religion Chrétienne , elle
auroit peut-être empêché ou appaiféla
fureur des pcrfecurions , elle auroic
épargné le fang d'un nombre infini de
Martyrs. Ces hommes Aooftoliques
qui ont gouverne l'Eglife nciilTant • d'E-
gypte , n'avoient-ils pis n.i">""- ''e-
fprit & de fag'ifTi- que 1 ;.
rcs de la Compagwie > N avoiCMC-ils
pas une politique aufTi fine , ou un; v^ru-
dence auflTi éclairée pour fe tirer heu-
reuf^^ment d'affaire , on joignant à cet-
te Infcription , Alorez Cnef 3 une pro-
C 3 * teftation
54 Conformité des Cerem.Chm,
teftation à peu-près femblable à celle
que les PP. Jefuites placent au-defibus
ou à côté de l'Infcription Chinoife ,
Kwg t'im , Adorez le Ciel ? Ils ne Tont
pas fait , parce que l'Efprit de Dieu
leur avoit appris que cette pratique au-
rait été oppofée à la puretéde fon cui-
re, qu'elle auroit donné aux Egyptiens
lieu de croire que les Chrétiens ado-
roient Cz/t^avec Jésus- Christ , &que
^ .Chriftianifme ctoit un mélange de
plufieurs Religions , ou une nouvelle
fuperftition que les Prédicateurs de
l'Evangile ajoutoieric à la Religion:
profane d'Egypte.
Saint Pierre a été à Rome combar-
rrè ridolâtrie dans Ton centre : a-t-ii
mis, ou a-t-il appris à fes SuccelTcurs
à mettre fur les Autels du vrai Uieu,
Adorez le Ckl, ou Arforcz ytipkcr , avec
une proteftation^ou une déclaration*
pour donner un fcns Catholique à ce5
paroles ? Si cette pratique étoit per-
mife. S» Pierre que Jesus-Christ
remplit de fon faint Efprit, qu'il éta-
blit Ton Vicaire fur la terre pour fon-
der &: gouverner fon Fglife , l'auroit-il
ignorée ? Et Paiant fçiie , ne l'^vuroit-
il pas apprife à ceux qu'il a inftruirs,
comme un moien très-utile pour la pro-
pagation de la Foi ? Peut-on dire fans
folie, & iansherefic, que les Apôtres
aient ignoré en matière de Religion ,
ibit pour les dogmes, foit pour la dif-
cipli-
Avec lldoLit. Grecque & Rom. 5 <,
cipline des mœurs ce que les Jefuires-
Tçavent, & qu'ils ne l'aient pas ertroi-
gné à ceux qu'ils inftruifoient&r qu'ils
formoicnt à la prédication de l'Evan-
gile &r au gouvernement de i*Eglife?
On ne le peut dire fans faire injure
à JeS us-Christ. L attnt nltq/nd Pctmmr "["^f^çjl^
tdifkmida EcchjJa Pet m m diâtiTii , chves Hxrei'c.zx*
fi'gfii calortnn confccuUim , <^fohiVdi c^- ni-
rtgaridi h Calis ^wTtrrispoteJfatci^i^ \^c.
Peut-on fuivre d'autres maximes dans
les Miffions de la Chine , que. celles
que S. Pierre &: les autres Apôtres ont
fuivies dans la prédication de l'Evan-
gile, & dans rétabliffement & le gou-
vernement de l'Eglife i à Rome , en
Grèce, en Egypte , & par tout le mon-
de ? Ils n'ont point fuivi d'autres rè-
gles, ni d'autres maximes , que celles
qu'ils âvoient apprifes de Jesus-
Christ, &dufaintEfprit. Cen'eft
pas par ces règles qu'on juftifiera cette
I n fc r i p ti o n C h i n o i le , Kwg tien , Adof'ez
kCkl, , '-•.'•••
Eft-ce à l'Ecole de Jésus naife'nt,
ou à l'Ecole de |esl'S convérfant par-
mi les lîommes èc prêchant fon Evan-
gile, ou enfin à celle de Jésus mourant
& crucifié, que les MiiTionnairesde la
Compagnie de Jésus ont appris non
feulement à juftifier & à défendre cet-
te Infcription , mais à la placer dans
leurs Eglifls & fur les Autels? JesuS"
naiflant appella les Mages à la crèche
C 4 par
5(5 ConformitédesCerem. Chi'/t.
par un nouvel Aftre qu'il leur Çit pa-
roitre. Il ne leur dit pas en parlant
à leurs cœurs par la voix intérieure de
fa grâce , Adorez le Ciel\ Adorez cette
Etoile prodigieufe qui brille extraor-
dinairement à vos yeux i mais 3 allez
CD Jude'e chercher & adorer le Dieu
du Ciel, qui a pris naiflance fur la terres
c'eft lui dont cette Etoile eft le figne.
Ils vinrent d'Orient à Jerufalem , &
i^dtt. 2. ^^s demandèrent : Oit eft celui qui eft né
Roi des Juifs ? Car mua avmn vu fttn Etoile
eu Orient , çj^ nofii ft}?nines vctim V adorer.
Jésus converfant parmi les hommes
& prêchant l'Evangile de fon Roiaume
a-t-il enfeigné l'adoration du Ciel? Il
a élevé fes yeux pour nous apprendre que
c'eft le trône deDieujS»: que nous devons
élever nos efprits & nos cœurs au Sei-
gneur du Ciel 3 pour l'adorer en efprit &
Matt. 6. ^" veritéj pour le prier en difant : Notre
Père qni étts dans les deux , que votre Nom
ft)it fantifié , t^-c. Ce n'eft pas au Ciel
3u'il a rendu gloire, mais au Seigneur
u Ciel. Je votn rends gloire y mon Père y
ay. * ' Seigneur du Ciel (^ de la Tene .y de ce que voua
avez caché ces choft's aux ftiges ^ aux pru-
dens du fiecle , c^ que vqm les avez révélées
aux ftmples cb- aux humbles. JesuS mou-
rant fur la Croix fit voir qu'il ne faut
pas adorer le Ciel ni la Terre, parl'é-
clipfe miraculeufe du Soleil , par les
ténèbres dont toute la terre fut couver-
te, & par fon tremblements & ccde-
fordr^
^vec * lAolat, Grecque & Rom, 57
fordre de la nature fi: connoitre à ceux
à qui la grâce y fie faire attention , que
le Dieu de la nature fouffroit, & leur
fît confefTer que Je su s crucifié t'ro/Vvrj?- Ar.»rf. zy,
ment Fils de Dieu. Ce n'eO: donc pas dans î^+*
l'Ecole de JESuS qu*on a apprisàjulH-
fîer &■ à détendre opiniâtrement cette
Infcription Chinoife , KingTkn-i c'ett-
à-dire , Adoiez le Gel. Et ce ne peut
être pour la plus grande gloire de Dieu,
2u'on la met fur les Autels au-dcfTus
e l'Image de J E S u S-C H R I S T.
Tcrtulîien rapporte que Dieu punit ^''/^a/',^"
grièvement un Chrétien de fon tems>ij,
dont on avoit courotmé la porte à une
Fcte des Gentils pour honorer les faux
Dieux. Cependant ce n'étoit pas lui
qui avoit mis cette couronne fur fa por-
te, cela ne s'étoitpas fait par fon ordre>
fes Domefliques l'avoient fait à fbnin-
fçû & en Ton abfence. Qiie ne doivent
donc pas craindre ceux qui élèvent eux-
mêmes ce figne d*abomination , cette
Infcription Athée fur les Autels du
vrai Dieu y Alorez le Ciel ? Les Anges
produiront ces lettres au jour du juge-
ment dernier devant le Tribunal de
Jesus-ChRIST contre ceux qui les élè-
vent fur fes Autels. Littera négatrices ^ Teruift «J.
vicaria ot-is veftri , adverpis vos prqferentur. ^e ^*^
On n'auroit pas raifon de m 'objecter
que c'eft outrer la matière, que d'ac-
cufcr d*impicté &" d'infidélité les Mif-
lioimaires de la Compagnie , qiri fe fex-
5"^ Conformité des Cerem. Ch'.n»
vent des noms Chinois 7/W;;, c'eft-a-dirc,
LeCieJ^ ^ Xmnti i c'eft-à-dire , Le fou-
vermn Ejùpereur , ou /è Roi et ciibaut \^Q\xr.
iîgnifîer k vrai Dkn : S: qui n'entendent
autre chofe par cette infcription , Ado-
rez le Ciel, que ce que nous entendons
par ces paroles. Adorez le Créateur ^ k
S éleveur du Ciel..
Je fçai bien que lès MifiTionnâiresde
3à Compagnie fie croient pas qiie ce ibic
une infidélité ou une inipieté de donner
rtU vrai Dieu lènofR du Cfiel matériel &
de Xamtij je n*ai garde de les traiter
d'infidèles ou d'impies : la charité fra-
ternelle que j'ai pour eux , le refpecl
â^ l'ellime que j'ai pour leur faint In-
iîîtut, m'empêcheront toujours de les'
traiter d'une manière fi injurieufe^ &"
fî je ne puis excufer leurs erreurs &
lèUr pratique , j'excuferai au liioinsleur
intention , félon les maximes de l'F-
vangile. Quoiqu'ils chargent d'injures
lés Klinionnaires du Clergé feculier de
France, des Ordres de faint Domini-
que &: de faint François , qui ont dé-
féré au faint Siège leur do(f^rine &
leur pratique fur les points qui font au-
jourd'hui le fujet des Contrbverfes de
ÎÀttnd'unXi Chine : quoi qu'ils traitent ces ve-
'^nlnDo^ nerables Prêtres, ces faints Religieux,
Ih-MrjurTa ce5 RevcrcndiiTimes Vicaires Apodoli-
fhtiojophie qués -, à'*ignorans , de corireurs^^ de gens
àt itnf»- r^jnll^yj^^ ^ Simojj îcMas:incn, à Ccr'mthe ,
wêéeàParù, & oux autrcs Hcreharques qui ont trou-
ble
y4vfc lldoLtt. Grecque é' Rom, 5^
blé l'Eglife naiflante : nous ne Xqwx^^'^ ^i-
rendrons pas le change , puifque nous ''^^^^^ ' "*
cnfcignons & nous fuivons par la grâce
de Dieu une Morale , qui ne permet
pas , comme celkdeplulleurs de leurs
Cafuiftes , de rendre injure pour injure,
de rcpouiïcr une calomnie par une au-
tre , & de re'pondre â une malediélion
par une autre maledidion. Mais cela
ne nous doit pas empêcher de foutenir
que c'eft une infidélité & une impiété^
oue d*attribuer au vrai Dieu les noms
ûe Ircfi & de X/imti , dont les Chinois-
de laSe<5le des Lettrez fe fervent pour
fignifier h Ciel 7nnteriel , ou la Vertu du
Ciel, qu'ils nomment Z,_y. '■ •
On trouvera la preuve de là Venté,
que j'avance, chez Origene dans {onoùgenes
excellent Ouvrage contre Celfc. Ce ^'^•I•<^«"''
Philo^ophe Payen avoir avancé que les ^jf"'"^^^^
Juifs s'étoient choifi un Dieu, qu'ils Mi. ^.i8.
appelloient le Três-hattt , ou Aalonai , ou à- ao.
h Dieu (fu Gel, ou Snbaoth y c'eft-à-dire,
le Dit H des rrrf7iées , & que par ces noms j
ou d'autres femblables , ils n'cnten--
doient autre chofe que le monde, nô
reconnoiflant rien au-defTusde cet uni-
vers. Il ajoutoit , qu'il n'y avoit point
d'inconvénient de donner à Dieu le
nom de Juppiter, qui éroit en ufage
îrhez les Grecs , ou quclqu'autre nom
dont les Indiens ou les Egyptiens fe
fervent pour fîgnifier fa nature. Non
7\ferre ^ etiamji vnlgato hoc npud Gracos no-
C 6 imnc
€o Conformité des Cerem, Chin,
mine rertim ûjmiium Dms vocetur Jupiter ^
aut quQpïam alïo , vcrhi gratiâ , Indis ufitato
élut ^^gyptiis. Origene répond à ce fa-
meux ennemi de notre Religion , que
les Chrétiens fouffrent conftammentle
martire & la mort, plutôt que de don-
ner à juppiter le nom de Dieu, ou de
donner au vrai Dieu les noms que les
Gentils donnent à leurs fauflesDivini-
tez : mais qu'ils lui donnent fimple-
ment le nom de Dieu qui lui eft pro-
pre, quoique les Paycns Paient rendu
communs ou qu*ils l'appellent le Créa-
teur de toutes chofes > le Créateur
du ciel Se de la terre. Quaratione defcfi-
dimus etiam Chrijîiams ufqtie ad moitem ob^
fiwatos in certaminibus , ne Jovi nomev Dei
tribuant , aut Deum aliciiâ linguâ nominent z
aut etiim ifidefifùtc utuntur hoc cominujù no-
viine , Dcus ; aiii cuni additamento^ univcrjo-
rum condïto^- iCdlitcrraqm Creator. Si Pla-
ton eft digne d'admiration , ajoute Ori-
gene 5 parce qu'il eut peine à fouffrir que
Philebe s'cnrretenant avec Socrate ,
donnât à la volupté le nom de Déefle,
& qu'il dit qu'il falloit avoir plus de
Religion pour les noms des Dieux :
combien plus doit-on approuver la pie-
té des Chrétiens, qui jugent que c'eft une
chofe indigne, d'attribuer au Créateur
de l'univers un nom qui a fcrvi de fu-
)et aux fables des Poètes } Quanta niagis
frdwfidj eft Chri(Iianorum pictas , qui rem
indiguam cenfcnt liocabultim aliquot ?oetarum
fabn--
\Avec Vldoltt. Grecque & Rom. 6t
fahulis cMratum ûccovimodare conditori rc-
rum otmmin ? Ce bel endroit d'Origene
convaincra tous ceux cjui Ibnt inftruits
dans notre fainte Religion, que c'efl
une chofe indigne , & tout-à-fait oppo-
fée à la pieté Chrétienne, de fe fcrvir
des noms Tien & Xdmti , qui fignifienc
le Ciel, dc/e RoicPeuhaut ^ dans Tuiagedes
Gentils de la Chine , pour fignifierle
vrai Dieu : qu'il n'eft pas moins dan-
gereux de donner ces noms au Dieu que
nous adorons , parmi ces Infidèles ,
qu'il l'auroit efté de lui donner le nom
oe Juppiter chez ies Grecs & les Ro-
mams Idolâtres : 8c qu'il n'y a pas
moins d'infidélité & d'impiété dans
cette infcription , King tien. Adorez le
Ciel , qu'il y en auroit dans celle-ci ;
Adorez y tippiter : puifque ces anciens Ido-
lâtres donnoient au Ciel le nom de
Juppiter, & que l'un & l'autre a fervi
de fujft àpluficurs fables de leurs Poè-
tes ? Enfin s*il eft permis aux Miflion-
naires de la Compagnie , de retenir
dans leurs Eglifes , fur leurs Autels,
au-defTus de l'image de notre Sauveur
Jesus-Christ , cette infcription , /4rfî?-
rez le Ciel , parce qu'il": entendent par
ce nom le Seigneur du Ciel, quoique les
Gentils de la Chine de la Sede des gens
de Lettres, n'entendent par le même
nom que le Ciel matériel , ou fa vertu
ou'ils nomment Zj : il leur fera permis
ue mettre ces infciiptions fur les Au-
teXîi
6i Conformité des Cerem, Chi>h
tels du vrai 'DiQW :, Honorez Apollon , Pan,
Prinpe , Efciilapc , Prrjjnethêe , Radnmanthe,
Jantis i Fmt72c y Si/vain , puifqu'ils n'au-
ront qu'à entendre par ces noms,Moyfe,
le faint Legiflateur du peuple de Dieu,
qui mérite des honneurs religieux ; &
qu'ils juftifieront leur penfe'e par les
lïittjîrijf. fçavantes Remarques de l'Illuftre M.
vVrl^^rat. ^^^.'^ ^"^^^^ ^véque d' Avranchcs , qui
£f^«^.;>;-e-a-rait voir que les Grecs & les Romains
foftt.^.c.^. ont fondé toutes leurs fables fur l'Hi-
^.& 10. £toire de Moyfe, & que la plufpartde
leurs faux Dieux n'cftoient point di-
ftinguez de ce faint Legiflateur, que
leurs Poètes s'étoient donné la liberté
de traveftir d'une manière fabulent."
ApoUo idem ac Mofcs^ Pan idem ne Mo/es
Prinpiis idem ac Mojès ^ JEfcttlapiiis idem ne
Mofis, &c.
CHAPITRE III.
Cofivcnance des Chinois de la Seéîe des Let-
pez 3 avec les Idolâtres de V ancienne Rotne
dans le culte des Génies,
LEs Chinois adorent Chinhoam cotn^
me le Génie tutelaire de leur Na-
tion ; ils lui ont élevé des Temples
en chique ville ;, & ils lui offrent des
facrifices folemnels. Les Mandarins ou
Gouverneurs font cette fondion quand
ils prennent poffeflion de leurs gouver-
n<:mens3
Avec ridolît. GrecijHe ^ Rom. 6^,
nemens, après avoir fait le racrifice&:
les offrandes accoutumées à Confucius
dans les Temples qui lui l'ont dcdiez.
Outre ce Gcnie de l'Empire, ils ado-
rent les Génies des fleuves, des monta-
gnes, des Forêts, & des lieux particu-
liers j & quand ils donnent la fepul-
ture à leurs morts , ils adrefTjnt leurs
vœux &: leurs prières au Génie du lieu-
où ils les enterrent, afin de fe le ren-
dre propice. La Sedle desLettrczcon-
vient en ce point avec les Idolâtres de
l'ancienne Rome.
On ne fçauroit defîrerde plus illuftres
& de meilleurs te'moins de la vérité de
ce fait, que Symmaquc Préfet de Ro-
me, & Prudence qui a refuté fa Rela-
tion du récablifïementde l'Autel de la
Vidoire , Scde l'atlcien culte des Dieux.
Chaque peuple a fes coutumes & fes
cérémonies , dit Symmaque , Dieu a
donné aux villes divers Génies & di-
vers cultes. Chaque peuple a fes Génies
tutelâires, comme chaque homrrie quii
naît dans le monde a fon ame. Stitts qai^
que nios , fuus qtitque r'ttits cjl. Varias cujio-
tîcs îtrbibîts (^ et chus mens divin a dîjïrrhiiit .
Ut aviina vnfceiitihns ^ it a popitlis fatales Gé-
mi dividtmttiv. Vous avez coutume , dit ^^Pruchnt,
Aurelc Prudence , d'attribuer des Ge- ''^l,"!'^'
nies aux portes, aux maifons, aux bains, '^Symma.
aux écu ries, &de les multiplier à l'infini, ^^
de manière qu'il n'y a pas un endroit ni ^^
un petit coin dans la Ville , qui n'air'*^
fon ombre &:fon Génie particulier. *^
^4 Conformité des Cerem. Chin.
Ciifii partis ydornihiis , thcrwiSiflabu/isfoleatis
Affignarcfuos Genios ; parque omtiia i/ic^nhya
Urbis , perdue locos , Geniorum milita imdta
Cignere , ne propria vttcet av^ulus ullus
ah timbra.
VkCocceiuj Outre ces Génies particuliers, il y
ht. jo. avoit à Rome un Temple dédié au Gé-
nie du peuple Romain, qui eftoit com-
me le Chinhoam dts Chinois. Ce nomeft
propre aux Démons, félon la remar-
fertuU. lib. que de Tertullien. Sic <^ omjnbtis Gemî
de Anima, deputantur ^quodD^monumnoJîienefî . Com-
^^^•19' rnent donc le Père François Hurtado
Vice -Provincial des Miflionnaires de
la Compagnie à la Chine, ofoit- il ré-
pondre au Père Jean-Baptifte Mora-
les Vicaire Provincial de la MiflTiondes
Dominicains, & au Père François de
la Mère de DieUjCommifTaire des Fran
Hijioria cifcains , que les Mandarins Chrétiens
Cnitm Si- pouvoient faire dans le Temple de
è1%1'.^' Cbifibonm^ devant fa Statue, toutes les
cérémonies accoutumées , pourvu qu'ils
eulïent un^ Croix à la main , à laquelle
ils diiigeaffcnt Ijiur intention ? Com-
ment pouvoir -il foutenir qu'il efloic
permis de rendre extérieurement à cet
Idole ou à ce Génie les mêmes hon-
neurs que lai rendent les Infidelles^
Zc qu'il n'y avoit pas en cela la moin-
dre ombre de fcandale, parce que les
Gentils font perfivadczquc cette a(5iion
eft pcrmife,. & que les Chrétiens fça-
vent que ces honueurs^at la Croix:
pour
yivec VIdoUt, Grecque ffr Rom, 6^
pour objet ? Ne puis-je pas, ajouta ce
Jefuite , reciter mon Office dans un
Temple rempli d'Idoles ,& y faire des
génuflexions au Seigneur ? A Dieu ne
plaife que je croie que les Jefuites d'au-
jourd'hui aient adopté de fideteftables
fentimenSj &qu*ils veuillent introdui-
re dans la nouvelle Chrétienté de la
Chine cet efprit de duplicité & de four-
berie 5 que l'Eglife a condamné avec
exécration dans les Elcefaïtes, qui fou- s.Epiphan:
tenoient que pourvu qu'on eiit la foi ^"■«/« »?•
dans le cœur, on pouvoir fans péché ^''^* *'
la renoncer quand il y avoit neceflité,
adorer même extérieurement les Ido-
les, & participer auxfacrifices abomi-
nables des Infidelles. Voilà ce qu'ils f^^^'J'fl
appelloicnt une adrefle d'habile hom-<i/f. 38.
me.
CHAPITRE IV.
Convenance des bonncttrs que Us Chinois ren^
dent à Coiifucius , avec le culte que les an^
ciens Idolâtres Grecs ^ Romaws rendaient
à îeun faux Dieux,
L Es Temples, les Autels, les facri-
fices, la reconnoiffance d'une ex-
cellence plus que naturelle , & d'un
pouvoir plus qu'humain , l'invocation
ou l'efperance de quelques biens, les
cérémonies qui ne s'obfervent point à
i'é-
66 Conformité des Cerem, Chin.
l'égard des vivans, les Statues ou les
Images devant lefquelles on fe profter-
ne, & aufquellcs on oftre de l'encens,
des cierges, des vidimes, ont toujours
paffé pour des honneurs divins ou reli-
ieux. Il n'y a qu'à confulter le do(fte
arron, Ciceron, les Poètes Grecs &
Latins , les anciens Apologiftes de la
Religion Chrétienne , & tous les Perea^
qui ont écrit contre l'Idolâtrie, pour
être convaincu de cette vérité. On fe-
roit un gros volume, fi on vouloît co-
pier leurs témoignages. On fçait ladi-
ftinflion qu'ils mifoient des Dieux du
premier 6c du fécond Ordre , & des Hé-
ros. On fçait que les honneurs heroï-
3ues eftoient diftinguez des honneurs
ivîns. On élevoit des ftatues aux Hé-
ros, on prononçoit en leur honneur des
panegyriaues & des poèmes, on leur
drefToit des pyramides , des arcs de
triomphe, & d'autres monumens avec
des infcriptions pour rendre immor-
telle la mémoire de leurs belles adions.
Alais on ne leur dedioit ni Temples,
ni Autels; on ne leur oflroit point d'en-
cens, ni de viâ'imes, on ne fe profter-
noit point dc.\,;int leurs ftatues : ces
honneurs eftoient refervez aux Dieux;
on ne fçauroit montrer qu'ilsaienteltc
rendus aux Héros, fi l'autorité publi-
que ou la fuperftition populaire ne les
a fait paflcr de rHeroifme à la Divi-
nité. Avant même cet apparat pompeux
de
Avec lldolat . Grcccjiic cr Rom. (^j
de fiiperftitions, avant qu'il y eût des-
Temples , des Statues ou des Images
des Dieux , avant rcredlion du Capito-
k , ridoîàtrie regnoit déjà dans Ro-
me. La frugalité ^ la fîmplicité des
Romains eftoit aiiflfi grande dans leur
Religion , qu'à leurs tables & dans
leurs ameublemens; ils élcvoient com-
me par hazard des Autels de terre, ils
fc fervoient de vafes communs dans
leurs facrifices, ils immoloient peu de
viélimes, & ils n'avoient point d'Ido-
les, parce que les Sculpteurs de Grèce
& de Tofcanc n'eftoient point encore
venus foîidre dans la Ville pour y tra-
vailler. Etfi à Ntima concept a eft curiofitasTertHUiAn.
fupcrflîtinfn , noiidtnn tnmcn aut fimulacris ^P^^'Z' f •
htft tcniplis tes dhhn apitd Romarws confia- ^^*
hnt ; fi'iigt rcligio , ^ pnupcrcs nttis , cî^ mil-
la Cnpjtolia certantïa Cah , fief temcraria de
cefpitc ah aria , c^ vnfa ndhtic S ami a , ç^ ui-
dor exïî'ts 5 c^ Deus ipfc mifquam. Nondum
eiùm tiinc ingcîiia Gracci'rnn atque Ittjcorum
fingend'u fiwtdacr'is in Urhcm imindavcrqiit.
Il eft aile de conclure de ce principe,
que le culte de Confucius eft une véri-
table Idolâtrie. On appelle Idole tout
ce que l'efprit humain Aibftitue en la
place du vrai Dieu pour lui rendre des
honneurs divins. Tdolol atri a ^àii Tertul-
lien 5 Dco fi-nndem facit , honores jUi fttosdc- Lih.dtLh-
negnns , cb" confcrens aîïis , ut fraudï etiain ^°l-*f- i- i.
conttimel'mm jnngat . Les Chinois de la
Scdtc desLettrcz ne rcndcnt-ils pas
d Con-
68 Conformité des Ccrem.Chin.
à Confucius des honneurs qui ne font
dûs qu'à Dieu? Ne lui batrffenr-ils pas
des Temples qu'ils dédient avec le fang
des animaux i Ne lui élèvent -ils pas
des Autels ? Ne lui font-ils pas des fa-
criiices & des offrandes folemnelles ? Ne
fe profternent-ils pas devant fon ta-
^ bleauj & devant les cartouches où ils
croient que fon Efprit eft réellement
prefent pour recevoir leurs hommages,
en lui offrant des cierges ou des bou-
gies allumées & de l'encens ? Et n'efl-
ce pas là une vraie adoration, ou du
moins un culte religieux ? Ne lui don-
nent-ils pas le nom de Trét-Saifit y
comme les anciens Idolâtres donnoient
le nom de Saint à leurs faux Dieux ?
Les Romains donnèrent le nom de
Saint à S-'mon Fidius , qu'ils mirent
au nombre de leurs Dieux Indigites,
comme nous l'apprenons d'Ovide, de
Properce , dj Silius, de S. Auguftin,
Ooid Faft. & d'une ancienne Infcriptiou. Com-
6. proptrt. me je doutois, dit Ovide , (I je dedie-
iib.à, Eif^. J.QJ5 \.^ Nones au Saint, à Fidius, ou
lih. 8. ^ vous, rcre Semon , le Saint me re-
jt. ^:t?uf:. pondit. Il n'importe à qui vous lesdé-
{:.'^" '^i^ . diez, c'ell: moi qui recevrai cet honneur,
Civit. Dct ' -^ .
1. 15. car ces trois titres me conviennent.
Oud:rcham Sortit Sanâo Fidio-ne rcfcrreitty
An iihi , Scmo PaU'r , tune inihi San-
âfus tiit.
Ctùaimrjnc cxijiif (fecfms,cgo inuuM bahcbo ,
Nipujna tcnia fero.
Ils
Avec lldolat. Grecque cr Rom, ^9
Ils donnèrent aufll le nom de Saint ^- y"J^f»^
à Simon le Magicien, à qui ils élevé- j^/,,*},^,
rent une ftatue comme à un Dieu , fe- i. c. zo.
ion que le témoignent S. Juftin ,8. Ire- 7>rr«z/.
née, Tertullien, Clément d'Alexan, f^;'f ;•,
drie, S. Cyrille de Jerufalera, Eufebe nii. Hurof,
de Cefarée , S. Auguftin , & Théo- c.»r«A>. 6. !
doret. Cett^ ftatue avoit été élevée ^"^'^j^'**
dans rile du Tibre par l'autorité pu- s.Ànftifl,
blique avec cette Infcription , Simofti ^'^- '^'^ f^^-
Deo Sanâo. C'eft-à-dire , A ^'^w /^ ;;{' '^X^l;
Dieu Saint, Ils donnoient commune- Htret.Fabl
ment aux Héros & aux Empereurs dont
ils faifoient TApotheofe , le nom de
Divfts y qui veut dire Santt. Nous li-
fons dans quelques anciennes In-
fcriptions , qu'ils donnoient ce nom
à E(cu\a.pç y JEfeu/npioSûTjâ/o. L'Infcrip-
tion Chinoife du tableau ou du cartou-
che de Cowfucius n'eft-elle pasfembla-
ble à ces Infcriptions des Idolâtres de
rancienne Rome ? Le Siège de VEfprit
dii Très-Saint Maître Confuci tu. Eft-ceun
honneur purement civil de donner le
nom de Très-Saint à un homme qui
n*a point crû en Dieu, &qui eftmort
dans l'infidélité ? Cela fe peut-il jufti-
fîer , fe peut-il foutenir?
On fçait que le Jefuite qui défend
par ordre du General de la Compagnie
les cérémonies Chinoifes, a ofe avan-
cer dans fes dernières Reponfes Italien-
nes aux Ecrits de Monneur Charmot,
Procureur des Vicaires Apoftoliques
d'O-
yo Conformité dej Cerem. Chiff*
d'Orient en Cour de Rome ^ que le
nom de Très-Saint attribué à Confu-
cius par les Chinois de la Sede des Let-
trez fe peut tolérer, parce qu'il ne Jigni-
fie qu'une Sainteté naturelle ^ & que Tufa-
ge en eft innocent en le prenant en ce
îens-là. Cette re'verie , cette erreur >
ne pouvoitfortir que de l'Ecole deMo-
lina, ou pour mieux dire, de celle de
Pelage. N'eft-ce pas reflufciter l'He-
refie des Pelagiens , que d'admettre
.une fainteté naturelle ? L'innocence
eft-elle incompatible avec le péché ori-
ginel, & avec les péchez mortels que
la volonté corrompue y ajoute ? La
Sainteté peut-elle s'accorder avec l'A-
théifme? De véritables vertus peuvent-
elles s'allier dans un même fujet avec
l'infidélité ? Il feroit donc permis, fé-
lon ces défenfeurs des fAiperftitions
•Chinoifes , de donner le nom de Saint
& de Très-Saint ^ aux Héros de l'an-
cienne Rome, &■ aux Philofophes qui
ont eu quelque efpece de probité, &
de leur rendre cet honneur par des In-
scriptions publiques? Peut-on y penfer
fans horreur ? Quoi ? Il feroit permis
de placer fur la porte du Collège Ro-
main, ou du GrandjESus, l'Imagede
Seneque, d'Epidlete, de Socrate , de
Caton , de Fabius, deScipion, d'An-
tonin Pie , avec ces Infcriptions : Le
Très-Saint Philofophe Scricque , f.piâctc , ou
Caton i Le 2rès-Sai?it Héros tabi/ât s Qu
Scipiou
yîvec lldolat* Crec^jfie & Rom, 7 1
Scipion i Le Très -Saint Eiiipcrcdr Atitom»
Piei Y-a-t-il lieu de douter que la Con-
grégation du faint Office , & le faine
Siège ne fe portent à condamner cette
Infcription^ Le Tt ès-Saint Confuc'ms ^ & les
honneurs que les Chinois rendent à cz
Philofophe infidèle fous cette qualité,
comme ils condamneroient de fembla-
bles titres & de femblables honneurs , fî
quelqu'un s'avifoit de les donner &de
les rendre à ces Philofophes, & à ces
Héros Idolâtres de l'ancienne Rome,
puifque la Religion Chrétienne eft
par tout la même , 8c que ce qui n'eft
f>as permis à Rome en matière de Re-
igion & de Morale , ne le peut être
à Peking, ni dans les autres villes de la
Hhinc. Nnjqtuim (l^nnmquamlicct^qHodfein- TertuU HK
pcr \^Hhïquc non lïcet . Nonpotcfl aliiideffe quod '^^ ^P'^-*-
vcrl' qu'îdcm eji honumfeu mnlum . Omnia m item ""^ ^ '• ^^*
pcnes vcritûtein Deifixafiwt. Ethn'ici quos pê-
nes nul! a efl veritatis plenitudo quia nec doéîor
veritatis Deta , malnm ac homunpro arhitrio
mterprctaîjtur ; alibi honunj quod alibi malnm 3
^ alibi maliim , quod alibi boimm.
Qu'il me ibit permis de faire encore
une petite reflexion fur le nomde7>vi--
Saint , que les Chinois donnent à Con-
fucius 5 & que les défenfeurs des fu-
perftitions Chinoifes tachent de jufti-
lier en y attachant l'idée d'une fainteté
naturelle. Saint Auguftin ce Dofteur j-, ^«^«/?.
incomparable de la Grâce , cet Ora- uh.^.Cenù
çU de l'Eglife, qui prouve invincible- •^''''"'"- 3-
ment
7 2, Conformité des Cerem, Ch'm.
ment contre Julien le Pelagien qu'il
n*y a point ae véritables vertus dans
les Paycns, n'àuroit-il pas été furpris
que des Catholiques , des Religieux,
des Prêtres , des gens qui veulent paf-
fer pour Théologiens, eufTent foutenu
<ju*il efl: permisdereconnoître& d'ho-
norer un Athée comme Saint 5 & com-
me doué dé toutes les vertus ? Mais
qu*auroit-il dit , fi quelqu'un de ceux
qui vivoient dans la Communion de
PEglife , avoit attribué à des Infidel-
les&à des Athées, comme Confucius,
une fainteté naturelle? N'auroit-ilpas
noté cette monftrueufe opinion comme
ime erreur de Pelage ? Ne l'auroit-il
pas déférée aux Conciles d'Afrique »
& à l'Eglife de Rome ? N'auroit-il
pas combatu fcs défenfeurs, comme il
3) combat julien , ei^. leur difant : C'ell
j3 en vain, cruels ennemis de la Grâce,
35 que vous nous objedez les exemples des
55 impies, que vous foutenez avoir eu des
^, vertus en abondance fans la foi , &
35 quoi qu'ils n'euflent que le feul bien
^5 de la nature , qui croit même affervi
55 dans leurs perfonnes à mille fuperfti-
tions. Scdi acerbiffîmi gratta hujus immici,
txempJa volts opponitis impionnn , quos dicttis
alïenos à fidc abtindm e ■s}rtt4tihM , w quibn^
fine adjntorJn gratta folnm ejî iiattirahontnn ,
Iket fupcrjîit'wnibtu mancipatîmi. A Dieu
3, ne plaife que nous reconnoiiïions de
3, vraie vertu dans quelqu'un , s'il n'eft
iufte.
I
Avec r Idolat, Greccjue & Rom. -75
iuftej & que nous reconnoiflTionsqueU ,,
qu'un pour jufte, s*il ne vit de la foi : '^
car le jullevit de la foi ^ dit l'Apôtre. ^^
IVlais qui de ceux qui veulent paflTer *'
pourCnre'tiens, excepté lesPelagiens, '^
& peut-être vous feul dans leur damna- ^^
ble Ecole , ofera dire qu'un infide'le, '^
un impie, un efclave du diable eftjufte, '*
quand ce feroit un Fabricius, un Sci- '^
pion 5 un Regulus ? Q^u'il me foit per- *^
mis d'ajouter , un Confucius, Sed àb-
Jit ut fit in aî'tquo vernvirtus , nïfi fitjufîui,
Abfit autem ut fit juHm vet'è , mfi vivat ex
fidc. Jnftus eiiim ex fide vivit. Qui s porro
eorum qui fe Chfifiianos haberi volunt , mfi
Joli Pelagiani , cuit in ipfis etiam forte tu
fol us , juflum dixcrit infidckm , juftum dixe-
rit tmpium , jufium dixerit diabolo mancipa-
tu m ? Sit lie et il! e Fahriciut , fit licH Fabius y
fit licèt Scipio.KeconnoltTQ de véritables
vertus dans les Paiens , c'eft anéantir
la mort de Jesus-Christ , & rumer
la neceflîcé de fa grâce. Si l'on pou- ^^
voit acquérir quelque fainteté , quel- '^
que juftice par fa propre volonté, par '^
la Loi, par les enfeignemensdeshom- ^^
mes , ce feroit en vain que JEsus- '^
Christ feroit mort. Si per legein -, fi ^\..
per volufitatem , fi per doélritiam hominuin ^^ Jnt.j'u-
ffualifatmque jttjîitia , (dit S. Auguftin ) "/ùw.c.j.
çrgo Chrtfiu6 gratis mortuus cft. *'
Ajoutons encore un petitmot. Cet-
te fainteté naturelle de Confucius de-
meurera-t-ellefans récompenfeen l'au-
D tre
74 Conformité des Cerem, Chin,
tre vie ? Courage, mes RR. PP. n'en
demeurez pas là. Inventez pour Con-
fucius un Paradis proportionné à fa
fainteté. Il e'toit faint , dites-vous,
d'une fainteté naturelle; il lui faut un
Paradis naturel. Votre brave Molina
a foutenu que les en fans morts fans bap-
tême jouiroient après le jugement der-
nier, d'une béatitude naturelle : fei-
gnez encore un paradis naturel pour
Confucius & pour les Lettrez de la
Chine , & les autres infidelles , qui
auront été faints comme lui d'une fain-
teté naturelle, fans la grâce de Jésus-
Christ , fans foi , fans efperance , fans
charité, fans humilité.
Les Défenfeursdes cérémonies Chi-
noifes font leur poflible pour éblouir
le public , en difant que les Chinois
font bien éloignez d'honorer Confu-
cius comme un Dieu , puis qu'ils font
perfuadez que c'étoit un homme com-
me eux, &qu'ilslui rendent feulement
les honneurs que les Difciples rendent
à leurs Maîtres.
Les Romains n'étoient-ils pas per-
fuadez que ceux qu'ils honoroient com-
me des Dieux, avoient cfté véritable-
ment des hommes? Ciceronneleprou-
ve-t-il pas dansfes livres de la Nature
des Dieux? Ne confirme-t-il pas lave-
rite de ce fait par le témoignage d'Euhe-
mere , d'Ennius , & de Perfée dif-
ciple dû^Zenon î Les peuples de l'I/lc
lo
Avec VIdolat, Greccjtie & Rem. 7 5
lo une desCycladeshonoroient le Poè-
te Homère comme un Dieu : igno-
roient-ils pour cela qu'il avoit eftc un
homme comme eux ? Ne fe faifoient-
ils pas honneurdel'avoireu pour Com-
patriote ? Ne montroient-ils pas Ton
tombeau ? Et fur ce tombeau ne lui
avoient-ils pas élevé un Autel , où ils
lui offroient en facrifice une Chèvre
blanche , comme nous l'apprenons du
cofte Varon , qui mit cette Infcrip- ^'"'o '«*-i.
tion au-dcflbus de Ion Image ? ^À^ca'iih
Capella Ho7nm caîidida hoc tumulum w- 3. c. li. '
dkat ,
Quod Ara Jet et morttwf admit Sacra.
PTiifieurs villes de Grèce rendoient ^aufanitti
des honneurs divins au Poète Amphi- ^<i'/v!/V.
loque j Jes Grecs igrK>roient-ils qu'il 4.7.
eût cfté un homme comme eux ? Tous ^'''/'»- '»*•
les Apologiftes de la Religion Chré- ""'' ^'^^'
tienne démontrent que lesPayensmar-
^uoient l'origine de leurs Dieux , le
lieu & le tems de leur naiflance, les
Provinces & les villes oià ils s'eftoient
rendus célèbres , &r les lieux de leur
fepulture. Ne tomboient-ils pas au Tertmnian,
moins d'accord que leurs Empereurs ^?'''/' /^'
leurs Héros , qu ils mettoient au adverf,
nombre des Dieux par une Apotheofe Gtmes.
folennelle , avoient efté des hommes
comme eux? Ils craignent de devenir
Dieux, dit agréablement MinuciusFe- ^2^'^;^ ^
lix, ils défirent de demeurer hommes j oeiuviô,
^ iU nç veulent pas recevoir V\ion-à-c.
D z neur
•"(5 Conformité des Cerem. Chin.
-neurde l'Apotheoie, quand même ils
font vieux, parce qu'il faut mourir pour
y a r ri ver. hruitis his hoc nmn<m adfciibïtm-^ op -
tûfitin homhîe pef'Jèvtraye i fi^f'i fe Dcos me-
tufMt, etftjam fenes^ noiufjt. C 'eft donc mal
raifofiner , de conclurre que les Chinois
n'honorent pas Confucius G*mme un
Dieu i parce qu'ils font perfuadez qu'il
eftoit un homme comme eux. Eft-ce
l'honorer feulement comme des difci-
"ples honorent leurs Maîtres , que de
lui bâtir des Temples , lui élever des
Autels, luioffrirdesfatrrifices, éprou-
ver avec des cérémonies particulières
les animaux qu'on lui doit immoler,
le préparer à ces facrifices & à ces of-
frandes folennelles par l'abftinence ,
les jeûnes , la continence , & l'cloi-
^nement de tous les divertiffemens?
ILes ^lifciples honorent-ils leurs Maî-
tres en fe profternant devant eux, en
leur offrant des cierges ardens, & de
l*encens, en brûlant en leur honneur
de etofes de foie, ou des deniers de pa-
pier ? Peut-on foutenir que ces cere-
îTonies font purement civiles ?
LesConfucioniftes répondent dansles
Ecrits qu^ils ont prefenté à la Sacrée
Congrégation contre ceux de Mr. Char-
mot, I. Que les offrandes des animaux
que les Chinois font à Confucius, ne
font point de vrais facrifices , parce
qu'ils ne reconnoifîent point ce Philo-
sophe comme Auteur de la vie &:de la
mort.
yîvecP/doUt, Grecque cr Rom, jj
mort 5 & comme le premier principe de
tout bien. 2. Parce que les animaux
ne font pas tuez par le Prêtre ou le
principal Miniftrc ^e la cérémonie qui
le doit faire le lendemain à l'honneur
de Confucius. j. Parce que ce n'ell
point un facrifice que de prefenter des
viandes cuites à fon Maître, ou de les
fervir devant fon Image après fa mort,
comme s*il cftoit encore vivant.
Que ces Rcponfes font pitoiables !
Eft-il neceflaire d'eftre perfuadé que
celui à qui l'on offre le facrifice a le
domaine fouverain de la vie & de la
mort ? Ne fufiît-il pas de lui offrir des^
animaux ou des fruits de la terre , ou
de l'encens, comme les Payens font à
leurs Dieux ? Cette adion n'eft-elle pas
une reconnoiffance de ce fouverain do-
maine , quand on croiroit intérieure-
ment le contraire? Les Chreftiens qui,
offroient de l'encens aux Idoles , qui
afîlftoient aux facrifices des Gentils, ou
qui mangeoient des viandes immolées,
& qui beuvoicnt du vin de leurs liba-
tions, n'ont-ils pas toujours efté trai-
tez par l'Eglife comme des Idolâtres,
quoi qu^'ils fuffent perfuadez que les
Idoles n'eftoien^ que des divinitez ima-
ginaires ? Scimui quia nihil efl Idolum in r. Cor.Z,
minido, Eft-il ncceifaire de faire rcfle- 4*
xion que l'adlion qu'on fait eft un vrai
facrifice? Veut-on encore juftifier une
a<^ion qui eft en elle-même une vraie
D i Ido-
'^2 Conformité des Cerem» Chin.
Idolâtrie 3 par Tintention, ou par Pi-
gnorance , & par la chimère errone'e
Thefes ^" peché Philofophique ? L*aveugle-
Theoiogi-^ ment & rendurcifl^ment extrême ;des
csemcoi- Chinois dans l'Atheïfme ou dans Î'I-
leeio Pan- j i • j ^ a t- ^ i
fienfi so- dolatne donnera peut-être heu a leurs
cieratisjE- Défenfeurs dé dire qu'ils ne pèchent
sv propu- point dans les cérémonies de Confu-
f^^^^e? cius & des morts , puifque félon les
ccmbn» principes de leur Morale , les péchez de
1^95- ceux qui font tout-à-fait aveuglez &
Excicati ■ endurcis^neleurfont point imputez. Ils
é- ïndMra- ont eu même depuis peu lahardieffede
tt &:. Er- foutenir publiquement à Paris dans une
ferunt hjJs de leursThefes, que c elt une erreur
rmpHîari de dire le contraire. C'eft aflez dedé-
fr.catj. couvrir une fi deteftable erreur, & fî
juftement condamnée par le faintSiege,
pour la détruire. Heureux , félon ces
Pères , ceux qui font tombez dans le
dernier aveuglement , dans un endur-
ciflement extrême, qui ont comblé la
mefure de leurs péchez, qui font livrez
à leurs padlons, & que Dieu a abandon-
nez à un fens reprouvé , puifque les
crimes qu'ils commettent ne leur font
plus imputez, fi on les en veut croire
plutôt que les faintes Ecritures. Mais
revenons à notre fujet.
1 . Il n'eft pas neceffaire de croire qucce-
luiàqui l'on fait des facrifices, eft Au-
leurae tout bien. Les Idolâtres de Grè-
ce & de l'ancienne Rome ne croioienc
pas que chacun de leurs Dieux fuft l'Au-
teur
jivec ridoUt, Grecque & Rom, 79
tcur & le principe de tout bien. Ils
croioient que le pouvoir défaire du bien
cftoit partagé entr'eux : que Bacchus
pouvoit donner du vin, qu'il ne pou-
voit pas donner la fantéj que Ceresne
f)OUVoit donner que du blé, que Efcu-
ape ne pouvoit rien que pour la gue-
rifon des maladies i que Neptune, Ju-
non, la Fortune, Minerve , Mercure
& Vulcain , avoient chacun leur ref-
fort en matière de grâces, & que leurs
pouvoirs cftoient bornez. Si enimpatrem ^^"'^'"'
creditis Liberum dare poffe vindemiotn , dit cêntcs,
Arnobe , tmdicwûtn non poffe 5 ^ Cercrem
jritgeSyJt JEJculapiuw fanitatem , fi Neptu-
mtm aliud y a.'tud pof^c ytmmem ^^ortunamy
Mei'curmm , Vulcanum , rerum ejfe finguloi
certûrum ne fifigularuf7i dut ores , ^c. Une
s'enfuit donc pas que les Chinois de la
Sefte des Lettrez n'offrent pas des
facrifîces proprement dits à Confucius,
quand ils lui offrent le fang, les poils,
& la chair des animaux, parce qu'ils
ne le reconnoifîent pas dans la fpecu-
lation comme Auteur de tout bien.
C'ell: affez qu'ils reconnoiffent en lui
une excellence & une jniifTance plus
qu'humaine , & qu'ils efperent de lui
les biens de l'efprit , un heureux fuccès
dans les fciences, & une bonne fortu-
ne pour parvenir aux honneurs qui en
font la récompenfe à la Chme.
2. Quoique le Prêtre ou le principal
Miniftre n'égorge pas lui-même les ani-
D 4 maux
So Conformité des Cerem. Chin,
maux qui doivent être offerts à Confu-
cius, il eft prefent à rimmolatiorr, il
éprouve par une cérémonie particulière
fi ces animaux font propres au facriii-
ce, il leur fait de profondes révéren-
ces avant & après l'immolation, il of-
fre le jour fuivant à ce Philofophe les
poils , le fang , & la chair des vidi-
mes, & il enterre ces poils &ce fang,
de crainte qu'ils ne foient profanez.
L'immolation dt;s animaux, & l'effu-
fion |de leur fang a relation à l'obla-
tion qui s'en doit faire le lendemain
par le principal Miniftre ; on ne les
égorge que pour les offrir à Confucius ;
amfî cette cérémonie & le facrifice du
lendemain font moralement une même
adion.
3. Il n'importe enfin que les chairs
des animaux foient cuites , ou qu'el-
les foient crues, fî on les offre à l'ef-
prit d'un mort , dans un Temple qui lui
cft dédié, fur un Autel , avec des gé-
nuflexions & des prolf rations, les cier-
ges allumez , faifanc brûler des par-
fums, & efperant des biens de celui à
judictim 6. gui on les offre. Gedeon demandant à
Dieu un fîgnedcfamifîion , dit àl'An-
,, ge qui le reprefentoit ; Si j'ai trouvé
,, grâce devant vous , donnez-moi un fî-
,, gne qucc'clt vous qui parlez àmoi , &
,, ne vous retirez point d'ici jufqu'à ce
,, que je retourne vers vous, & quej'ap-
0, porte un facrifice pour vous l'oflrir. Il
lui
^vec l'Idolat, Grecque er Rom, 8 1
lui repondit : j'attendrai votre retour. ^'^
Nec recédas , donec rêver tar ad te poitamja'
crificium , c^* ofjcram tibi. Gedcon citant
entré chez foi fit cuire un chevreau >& '^
fit d'une mefure de farine des pains '^
fans levain, & aiant mis la chair dans *^
une corbeille, & le jus de la chair dans ''^
un pot, il apporta tout fous le cherne "^
oii l'Ange eftoit, & lui offrit , croiant '^
3ue c'eftoit le Seigneur. Cette offran-
e d'un chevreau cuit eft appellée un
façrifice. Pourquoi donc l'offrande de
la tête & des chairs cuites d'un pour-
ceau ou d'une chèvre , qui n'ont efté
immolées que pour être offertes à Con-
fucius , & dont on lui offre les poils &
le fang dans la même cérémonie , ne
feroit-elle pas un vrai façrifice ? Théo- Thsoai^ret.
doret a remarqué que l'Ange eftant bien i^'5/^'^^
éloigne de recevoir un honneur qui
n'clf dii qu'à Dieu, fit la fondion de
Prêtre , & frappant la pierre avec la
verge qu'il tenoit en fa main, il coa-
fumapar un feu miraculeux la chair &
les pains que Gedeon lui avoir prefen-
tcz. Confeflim ergo diéîis fidem adhibevs ;,
obtulit facrificium : fed Angélus honorent Deo
debitttm non fttrripuit : verùm Sacerdotis off-
ciofttnâfus efî , virgaque percutiens petravi ,
igné prodigiofo hofliam totam exujjit. Q^ua nd
on offre à Confucius les poils , le làng, .
& les chairs cuites des animaux qiii
ont efté égorgez le jour précèdent, il
n'y a pas de doute que le Démon tou-
D 5 jours
s i Conformité des Cerem. Chirù
jours prêrs à ravir les honneurs qui ne
font dus qu'à Dieu, nefe trouve à cet-
te cérémonie pour recevoir lefacrifice.
4. La cérémonie d'éprouver les vidi-
mes avec du vin , que lesLettrez delà
Chine obfervent dans leurs facrifices,
s'obfervoitaufli dans l'ancienne Rome.
Virgile en parle dans fon -ffineide , où
il reprefente la belle Didon tenant en
fa main une coupe, & en répandant le
vin entre les cornes d'une vache blan-
che qui devoir être facrifiée.
c^neîd. 4« Jpj}j tctiem pateram dextrâpuUherrimaDido
Candentis vacca média intcr cormia fudit.
Servim: Cette adion 5 dit Servius , n'eftoit pas
h'onefifa-wxi facrifice 5 mais une cérémonie qui
(rificium, ^ faifoit Dour éprouver la vidime. Et
txphratio , Cïi un autre endroit le même roete oit
fttrttm a^ta que le Prêtre de Proferpine choifit qua-
^'' tre jeunes taureaux noirs, & leur^etta
du vin fur le front , pour voir s'ils
tjfjitii 6 ^^oï^"^ propres à' être immolez à la
Déefle.
Qiiaîuor fjic p-imùm vigrnntes terga ju-
vencos
Conflituit 5 jrontiqm inv€i-git vina Saccr-
dos.
La cérémonie d'offrir les poils àzs
vidimes s'obfervoit auffi dans les facri-
fices des anciens idolâtres, comme elle
s'obferve à la Chine dans ceux que les
Lettrez offrent àConfucius &aux An-
ceftres défuns, avec cette différence,
qu2 c£u.x-là bruloient ces poils dans les
bra-
yJvec tldoUt. Grecque & Ront. 8 5
brafiersqui elloienc allumez dans leurs
Temples, & que ceux-ci les enterrent
dehors après les avoir offerts. Virgile <>^«'^' ^*
parle de cette cérémonie :
Et Jitmmas carpem média îtjter ccrnuafe^
taSi
Ign'tbus imponit facris libamina primis.
Homère fait mention de la même J^""'-iJ^^'**'
cérémonie, comme a remarqué Denis '^' ' ''^'
Halicarnafle.
Enfin les anciens Romains fe prepa-
roient par la continence à offrir des fa-
crifices à leurs Dieux, comme les Let-
trez de la Chine fe préparent à ceux
de Confucius &des Anceftres parl'ab-
ftinence de viande, de vin, des fem-
mes, & des divertiffemens. L'Empe-"
reur Alexandre Severe otfroit tous^les **^
matins des facrifices dans Ton Oratoire '*^
domeftique,aux Empereurs quiavoient *'
efté mis au nombre des Dieux, & qu'il *^
jugeoit avoir mieux mjrité cet honneur '^
f>ar leur vertu , aux Ames qu'il eftimoit ^^
es plus faintes , à Apollonius , Orphée, "
Abraham , Jesus-Christ , & à d'au- «^
très femblables D4eux , quand il le pou- '^
voit faire, & qu'il n'avoit point eude «'
commerce avec fa femme , comme rap- '^
porte Lamprid. Si facultas effet , fi iion^^^^^fK
cum uxore cuh'iijfet ^ mattttims horis in Lara- ^""^P^'
rioftio rem divinam faciebat. Les cé-
rémonies de l'Idolâtrie Romaine , dont.
),'ai parlé dans ce Chapitre, n'-ftoient
pas purement civiles :, mais religieufes.
D (S &:fu.-
§4 Conformité des Cerem. Chin,
&: fuperlîitieufes. Si elles ne fe pou--
voienc permettre ni tolérer aux Chré-
tiens, comment peut-on foutenir que
celles de la Chine qui leur font fem-
blables^fontd'un ufage purement civil
& politique, qu'elles font innocentes
ou indifférentes, & qu'elles fe peuvent
tolérer aux nouveaux Chrétiens ?
Les Mahometans de la Chine (ledi-
rai-je ? ) jugent plus faintementdu cul-
te & des cérémonies Chinoifes , que
ceux qui ont entrepris de les juftifier
& de les défendre devant la S. Con-
grégation du faint Office, & devant le
faint Siège. Les Chinois méprifentles
Mores comme des étrangers , & les
Mores qui font profeffion de la Reli-
.- S^*^" ^^ Mahomet, méprifent les Chi-
uic^'f. i! nois comme des Idolâtres & des Gen-
^*?' 10, tils, comme a remarqué le P. Semedo
Jefuite. Il nous apprend auffi que les
Mores époufent afTez ordinairement
des femmes Chinoifes , parce que les
femmes fuivent la Religioit de leurs
maris : mais qu'ils ne donnent jamais
leurs filles en mariage aux Chinois, de
crainte qu*el!es ne quittent la Religior»
de leurs pères , & qu'elles ne devien-
nent Idolâtres. (Quelques-uns de ces
Mores , qui fe font fort multipliez
dans la Chine, prennent des Degrez
dans la Sedle des Lettrez , & ils arri-
vent par ce moyen aux Mandarinats
du fécond Ordre : mais les autres Mo-
jres
Stmedo Re
lationis Si
Avec r/doUt. Grecque & Rom, S 5
res les regardent & les traitent comme
des Apoftats de la Religion Mahometa-
ne , dit rilliiftrinime Navarrette : tant uavarrttte
ils font perfuadez que les cérémonies Tom. i.
Chinoifes que les Lettrez obfervent J^^g'^g^'^^'^^^
dans le culte de Confucius&: des morts,
font inalliables avec le culte du vrai
Dieu , & qu'elles font Payennes & Ido-
lâtres. Ceux donc qui ont entrepris de
les juflificr & de les défendre à quel-
que prix que ce foit, doivent craindre
que ces Mahometans ne s'élèvent con-
tr'eux au jugement dernier, & qu'ils
ne les condamnent , parce qu'ils ne veu-
lent pas condamner une idolâtrie &
des fuperftitions que les feules lumiè-
res de la. raifon & de la loi de nature
leur font rejetter avec exécration. 5«r-ji/j^,^, ,j,
gevt in juduio cum générations ifla ^ <^ coU"
iknwabtmt cam^
C.H A P I T R E V.
Convenance des honneurs que les Chinois ren-
dent à leurs Ancejîres défunts , avec ceux
que les anciens Idolâtres ont rendus au3t
Dieux Mânes ^ Pénates 3 ou Domefii-
que s»
LE cuire des Lettrez de la Chine eft
encore conforme à celui des an-
ciens Idolâtres Grecs & Romains dans
les honneurs qu'ils rendent aux Ance-
flres
S6 Conformité des Cerem. Chln,
ftres défunts. Ceux-là les appelloient
Dieux Mânes, Dieux Pénates ou Do-
mcftiques : ceux-ci les appellent Ef-
prits des défunts, prenant le nonud'ef^
prit pour les parties les plus fubtilesde
la matière. Ceux-là invoquoient les
Dieux Mânes , & les fupplioient de
leur être favorables :
Virgiî. ,3 Vos ô mihi , Mnnes 3
c^'"^' ^^ Efte hmnr
^^" j. Ceux-ci invoquent leurs Anceflres,
comme le Reverendifllme P. Varo le
prouve dans fon Traité par le Rituel
Liki , & par les autres , par les Livres
claflîques 5 & par plufieurs autres té-
moignages, expériences & exemples:
& l'Illuftriffime AleonifTa dans fa Ré-
ponfe à Monfeigneur le Cardinal Ca-
fanate , tombe d'accord que les Rituels
prefcrivent des prières adrefTées aux
Anceftres, au moins dans les neceffitez
publiques , & que le peuple efpere
communément des biens des Défunts.
Lesanciens Idolâtres d'Europe plloient
fur les tombeaux de leurs Anccftres les»
confulrer comme des Oracles, félon la
remarque de Tertullicn, qui confirme
la veriré de ce fait par le témoignoge
d'Heraclide,de Nimphodore &d'He-
TtrtnH' lib' Todote : NafamoTjas propr'm oracula ûpuà
jt Anima y p^rentum fepulch'n mnff-tando cctftoi'e. Les
«• î7' Chinois confultent kurs morts, non
feulement fur leurs tombeaux , mais
dans leurs Temples Se dans leurs Mai-
fon?,
intums
Avtc ridoUt. Grecque & Rom, 8 7
fons, fur toutes leurs affaires Domefti-
ques, & ils leur en donnent avis. Les
anciens Idolâtres confervoient avec
pieté lesimages de leurs morts, &leur
rendoient un culte religieux. Les en-
fans defirant paffionnément de voiries
images de leurs pères, & de conferver
leur mémoire dans leursftatueS:,cequi
n'avoit d'abord efté inventé que pour
la confolation desvivans, devintbien-
tofl: un culte de religion , dit Minu- j^j,
ci us Félix. Dum Regesftios coluttt re/igiosèj Félix m
dtim defufiâos eos ckjtdiravt itj imagwilms ^^«'•''•*
vJdere; dum geftiunt ftioium memorinsinftn'
ttiis dctincte , fiera faâafint, Quafuenmt
iijfumpta folatia.
Les Chinois ne rendent -ils pas des
Jionneurs religieux aux tableaux &aux
tablettes de leurs Anceftres ? Nclesre-
f;ardent - ils pas comme les trônes de
eurs Efprits ? Ne croient-ils pas qu'ils
y font attachez par une efpece de con-
fecration particulière , tout de même
que les anciens Idolâtres croioient que
leurs Dieux eftoient comme incorpo-
rez dans leurs Idoles , qu'ils y habi-
toient , ou du moins que leur vesru y
cftoit renfermée : Quafi fatum confecra-
tione mutantes ^ dit Tertuîlien. Ils par- Apthg, tl
loient à ces ftatues , comme s'il y avoit xi.
eu une vertu prefentc dans ces corps
infenfibleSjils les flatoicnt, & ils leur
demandoient des grâces. Lubricnîum la^
pidein ^ ex o/ivi uiigiiinc foididatiim 3 tan-
quàm
8 8 Conformité des Cerem . Chin,
quam inepa vis prajcns ^ ndidabar , affahar y
AàverL ^ hejjeficia pofcchajn , mhil fentioitc de trttn-
Gtnt. co; dit Arnobe. Les Lettrez de la Chi-
ne ne croient-ils pas que les Efprits
de leurs morts habitent dans leurs ta-
Voyez l'A' blettes }Sedes Avifiîa N. Ne leur parlent-
polopie aes ., - vt i i » -i' i
Domt». ils pas / Ne leur demandent-ils pas des
Mijfionn. biens, & n*cn efperent-ils pas d'eux,
dciaCbiue, comme on Ta piouvé ailleurs par des
témoignages irréprochables, & parles
Rituels mêmes de l'Empire ?
I,es Miflionnaires de l'ancienne Ro-
me faifoient tous les jours des facrifî-
Ttantuiîn ^^^ ^"^ Dieux Manes. Plante fait dire
AtdtUar, à UH de CCS Dieux domeftiques : cet
55 homme a une fille qui m'offre tous les
35 jours de l'encens, du vin, & d'autres
51 chofes, & elle me fait une couronne..
53 Huk FïTin un a ejl : ea mihi quotidiè ,
55 Ait thîire , mit v'mo , aut oliquî fimpcr
3> Jtippîkat y
s 3 Dût mihi coronnm.
n^^EJ " ^^ Poète Tibulle apoftrophe ainû
i, * 55 les Dieux Manes : Venez , o Dieux,
53 ne méprifez pas les dons que nous vous
55 offrons, les viandes d'une pauvre table,
53 que nous vous prefentons dans des vaif-
33 féaux de terre bien propres & bien
53 purs.
Adjttis Divi , nec V9S è p/tupere met/fa
Dotia , nec è pmis f])ernite fiâHibm,
Les Chinois ne brûlent-ils pas des
parfums & des bougies devant les ta-
bleaux & les tablettes de leurs morts ?
Ne
j4vec ridolat. Grecque tà* Rom» 89
Ne leur otfrent-ils pas des viandes ,
du vin, & d'autres fruits de la terre?
N'invitent-ils pas leurs Efprits avenir
fe raflafierde ce qu'ils leur offrent? Ec
n'eft-ce pas ce nue les anciens Apolo-
giftes de notre Religion reprochoient
aux Payens ? Cihis novis atiâîificatïs Deos ,
dit Arnobe, nidorïbM cohomjiatis é^ fie- j4rnoh. lih,
cis : é^ quia nobis jucundn c^ gratafint ea 7- adverf,
qua vos aîunt , Tieos eùam creditis in eorum '" ^**
afflucre voluptates , latratoriim é^ canum ri-
tu offls favitias ponere , atque alludere porri-
getitibuifapifta.
Peut-on juftifkr en aucune manière
les honneurs que les Chinois rendent
aux tablettes de leurs Ancêtres qui font
morts dans l'infidélité , les proftrations,
les illuminations, lesencenfemens,les
facrifices & les offrandes ; la cérémo-
nie de tirer au fort un jour heureux
pour le facrifice folennel qu'ils leur
font, d'éprouver les vi(5limes avec une
liqueur chaude , d'en offrir les poils
& le fang aux morts i de fe préparer
à ces facrifices par l'abftinence 5 le jeû-
ne , & la continence, comme à ceux
de Confucius? Si l'on confidere la fo-
brieté de l'Eglife pendant les premiers
fiecles dans la manière d'honorer les '
Images des Sains i fi l'on fait attention J(Z„^' '^*
aux définitions & aux décrets des Con-
ciles, qui n'ont autorizé les ceremo- ^''""'- TJL'"
nies de faire brûler devant elles des cier- ^1^^' ■''*'
ges , de les orner de fleurs , de les fa-
luefj,
po Coyîformltides Cerem, Chm,
luer 3 & de les encenfer, qui font de
pure difcipline, que parce qu'elles re-
prefentent les Saints, qui ont une ex-
cellence qui mérite d'eftre honorée par
rapport à Dieu dont ils font les amis,
&■ dont ils jouïflent dans la gloire :
non qu'elle reconnoifTe aucune vertu
dans ces Images 5 non qu'elle croie que
les Saints mêmes foient le dernier ter-
me de ces honneurs, mais parce qu'ils
fe rapportent à Dieu , qui eft admira-
r^i. 67. i^ig ôc glorieux en fes Saints, & qui
veut être honoré en leurs perfonnes :
comment peut-on excufer , juftifier,
foutenir , ou tolérer les honneurs que
les Chinois rendent aux Images & aux
tablettes de leurs morts, qui font dam-
nez avec le diable & avec fes anges ?
Des honneurs qui fe terminent à leurs
Efprits qu'ils y croient réellement pre-
fens? Des honneurs qui ne fe peuvent
J'l'.'&l\ rapporter à Dieu qui les défend &" les
condamne par le premier précepte
du Decalogue ? iVow fncics tibi fcnlptile
me fimïlïtudincm omnium qiid in Calo ftmt
dt'Juper y cb" ^«<f /« terra decrjum. Non ado-
rahis en , cb" ffon colcs. Ego cmm juin Do-
Matth, 4. minus Dem tuuâ. , . Dominnm Deum tuum
*®' ûdorabis , ^ il/i fi/i Jlrvics .
Si les Pères ont condamné comme
une erreur trés-pernicieufe , & com-
me une fuperftition Payenne, la cou-
tume de ceux qui portoicnt des vian-
des fur les tombeaux des morts 3 com-
me
Deuttrtm»
40-
Avec ridoUt, Grecque & Rom, 9 1
me fî les Ames feparces prenoient une
nourriture corporelle : Miror cur nptid An3er
quoi dam Infidèles hodiè tam perniciofM error "î*"** '^"!'
mcrevent , utjtiper tumulos Uejtinaorum a- Cathedra S.
hos <^ vina conférant , qnafi egrcfa de cor- Pétri , *}td
poribM anima carnoks cthostequirant : Com- "*„"j/^" ^^"^
ment pourra-t-on foutenir qu'il n*y ^^M^njUni '
point de fuperftition dans la ceremo-r<»w. j. efl
nie ChinoiTe d'offrir des viandes aux ^^•
Efprits des morts, & de les inviter-
à venir fe rejouir & fe raflafîer de ce
Qu'on leur otTre ? Le fécond Concile
de Tours en 5(^7. condamne une fem-
blable coutume comme une cérémonie
& une erreur Payenne. Sunt qui infe- Can. zaï
fiivitate Cathedra Domim Pctri Apojioli cibos
wortttis offerunt , ^ pojî Miffas redenntes
4id domos proprias , ad Gcntilium reverttmtttr
rrrores. En effet l'ancien Calendrier de
Rome 5 du tems que l'Idolâtrie y ré-
gnoit , marque une fête appelle Fera-*
lia ^\t lo. de Février, qui duroit pref-
que jufqu'à la fin du mois. Elle eftoit
confacréc aux Dieux Mânes j & les
Payens portoicnt des viandes fur les
tombeaux des morts pour fe les rendre
favorables, comme remarque le dodle
V a ro n . FWa/ia ab inferiis (^ feretido , qmd i/^aro, Ub. c
fertmt tnm epu/a^ adjcpttkhrutn , qu'eue jus de LtngM4t
ibiparentare. C'eft ce que font lesChi- ^^^^»'*'
nois dans les Temples , fur les tom-
beaux , & dans leurs maifons , devairt
les tablettes de leurs Ancêtres.
Les anciens Romains ^ outre le culee
qu'ils
p2 Conformité des Cerem, Chirt,
«ju'ils rendoient tous les jours à leurs
Dieux Pénates ou domeftiques , leur
ofTroient tous les ans un facrifice pu-
blic & folennel dans les carefours de
Rome 5 & ils leur immoloient des pour-
ceaux, comme nous l'apprend le Poè-
fr^^?"* te Properce ;
Uè,L ' Pnrvafnghjatiîîijirahantcompitnporci.
Les Chinois honorent tous les jours
•leurs Anceftres défunts dans leurs mai-
fons par des offrandes particulières, &
ils leur offrent des facrifîces publics &
folemnels dans les Temples qui leur
font dédiez, & les vidimes les plus or-
dinaires qu'ils leur immolent, &dont
ils leur oft'rent la tête & la chair, font
des pourceaux. Si l'on jultifie , fî l'on
approuve, fî l'on tolère ces offrandes &
ces cérémonies , on pourra juftifier ,
approuver, & tolérer celles avec lef-
quelles les Idolâtres de l'ancienne Ro-
me honoroient leurs Dieux Mânes.
CHAPITRE VI.
Qù Von fait voir h mceffité d'une Dhifton
promte, c faire , é^ precifedes Controvtr^
fes de la Cime par le faint Sicge Apofto-
liqne.
SI jamais la décifion promte , clii-
rc, & précife d'une controverfede
foi par le faint Sicge a cfté neccifaire,
celle
AvecTIdolat, Grecque & Rom, 95
celle descontroverfcs de la Chine l'cft
abfolumenc t plufieurs raifons invinci-
bles en font voir la neceffité. Cette dé-
cifion eft neceflaire pour la gloire de
Dieu, pour le bien de l'Eglife, pour
le falut des nouveaux Chrétiens , &
f>our l'honneur du fainr Siège Apofto-
ique.
La gloire de Dieu demande que la
Îmrete de Ton culte foit confervée , que .
e Chriftianifme ne foit pas fouillé par
un meflange de fuperflitions& d'idolâ-
trie, que l'Evangile foit prêché par les
Miflîonnaires d'Qrient , comme il a
autre-fois efté prêché par les Apôtres
«& par leurs Difciplesj que la parole
de Dieu & la dodrine de la foi ne foie
point corrompue; que le fondement de
la nouvelle Chrétienté, qui n'eft autre
que Je su s- Christ crucifié, foie
inébranlable dans l'Eglife naiflante de
la Chine, de la Cochinchine , & du
Tonquin ; que rabomination de lade-
folation , c'eft-à-dire, cette infcription.
Adorez le Ciel, foit orée du lieu Saint,
qu'il ne foit pas permis aux nouveaux
Chrétiens d'offrir des facrifices à Con-
fucius & à Jesus-Christ tout enfem-
ble , de fervir à ces deteftables offran-
des, d'y affifler, d'y participer, de fe
. profterner devant les tableaux ou les
cartouches qui font regardez par les
infidèles comme le fîegc de fonEfprir,
de lui offrir de l'encens, des cierges ou
des
94 Conformité des Cerem. ' Chtn,
des bougies , des viandes-, du vin, des
|)ieces d'étofe defoye , comme au7;vj-
fnint Moitre 5 qu'il ne foit pas permis
aux Mandarins ou Gouverneurs Chré-
tiens d'officier ou d^afïifter aux offran-
des folemnelles ou moins folemnelles
■de Confucius; que le cult£ des morts,
leurs tablettes, les offrandes & toutes
les cérémonies qui fe font par les Chi-
nois de la Sede tnême des Lettrez pour
les honorer, foient abolies dans la nou-
velle Chrétienté; qu'il foit défendu à
tous Millionnaires Apofloliques , de
quelque Ordre & de quelque Inftituc
qu'ils puiffent €trc, même de la Com-
pagnie de Jefiis , & à tous les Chrétiens
de la Chine, &des Roiaumes voifins,
de foutenir dans la fpeculation ,ou de
fuivre dans la pratique , aucune des pro-
positions que la facrée Congrégation
& le faint Siège auront qualifiées &
condamnées touchant le culte de Con-
fucius & des morts , l'infcription ,
Adorez le Ciel i & les autres points con-
troverfez à la Chine; & aux Million-
naires de tolérer les ufages & coutu-
mes criminelles , profanes, fuperftitieu-
fes, idolâtres, que la facrée Congréga-
tion &: le fouverain Pontife auront pro-
scrites , fous peine d'excommunication
refervée au Pape , qu'ils encoureronc
par le feul fait, & fous peine d'être
chafl'ez de la Mifîion par les Vicaires
Aportoliques , coHittic indignes d'an-
noncer
^vec tldoUt. Crec<jugci* Rom, 95
iioncer l'Evangile. Il ne s'agit pas de
ces oueftions indifférentes que Dieu&
l'Eglife abandonnent aux difputes des
Théologiens de l'Ecole s il s'aeit deU
fubllance & du fondement de Ta Reli-
gion , de la foi par laquelle nous fom-
mes Chrétiens Catholiques, Il s'agic
de permettre & de tolérer , ou de dé-
fendre l'idolâtrie , la fuperftition , &
toutes les cérémonies quicompofentle
culte profane de la Se(5le Chinoifedes
Lettrez. Il efl écrit , Vous ndoterez le Set- P''»'"^»»
£neM- votre Dieu , c^* w«J ncjcrvtrez que Im^^ Jo,
Jcul. C'efl un Dieu jaloux , qui ne peut
foufirir qu'on partage avec Confucius
&: avec les Anceftres défunts, les hon-
neurs qui ne font dus qu'à lui. L'inte-
reft de la gloire de Dieu demande donc
que les Controverfes de la Chine foienc
promtement décidées.
Cette decifion n 'efl pas moins necef-
faire pour le bien de l'Eglife , & pour le
falut des nouveaux Chreftiens. Il eft
neceffaire que l'Eglife naiïïante de la
Chine foit une dans fadodrine, il faut
oue fes Prédicateurs & fes Miniftres
Soient unis dans les mêmes fentimens,
tant en ce qui regarde les dogmes delà
Religion, qu'en ce qui regarde les rè-
gles de la Morale Chreftienne s qu'il
n'y ait point de fchifme parmi eux,
comme on en voit malheureufementau
grand fcandale de l'Eglife, depuis que
les Miffionnaires de la Compagnie en-
feignent
9^ Conformité des Cerem, Chin,
feignent & foutiennent que ces céré-
monies que \qs Vicaires Apoftoliques
& les Miffionnairesdes autres Ordres,
^ du Clergé feculier de France con-
damnent comme des fuperftitions &
des Idolâtries , font innocentes ou du
moins indifférentes, & qu*ils les per-
mettent ou les tolèrent dans la prati-
1. C»r. I. que. Ohfecro vos , fi-atres , per nonun Do-
niim noflr't Jejtt Chrijii , ut idtpfum dicatis
Ofjwes , é^ mil fint m mhis fchijhuita j fitis
outein petfeéîi in eodetfi feijjt4 , <z^ in eadem
fententia. Dieu a parlé par la bouche des
Saints 5 il y a eu plufieurs Prophètes
& plufieurs Dodeursdepuislc commen-
cement du monde , maisilsontannon-
-, ce & enfeigné la même vérité. Sicut
hcuttis eji per os Sanéîerum^ Il y a plu-
fieurs Prédicateurs dans l'Eglife de
Je sus-Christ , plufieurs Mifîionnai-
rcs que le faint Siège envoie par tout
le monde pour la propagation ae la foi,
mais ils doivent prefcher le mêmeEvan-
-gile 5 & ils doivent avoir un même
langage en matière de Religion. C'eft
l'avantage que Dieu a promis à ion
,, Eglife : Ce fera alors que je rendrai
S*phoni^^y pures les lèvres des peuples , afin que
5'^* ^, tous invoquent le ivom du Seigneur, Se
,, que tous fc foumcttent à fon )ougdans
un mcme efprit. Ouia ttmc reddûtn popu-
lis fûbiiivi elcdum , ut wvoctiit oinncs iii vomi-
•fie Doinjni , (^ Jhviant ci humcro wio. Et
comme quand les homipes entreprirent
de
Avec VIdoUt. Grecijue & Ro?n. ^7
de bâtir la tour de Babel, Dieu divila
leurs langues pourlesemptcherdecori'
tinuer&d'achevercet édifice, dont leur
orgueil avoir formé le dcflcin, Jesus-
Christ a voulu que tous Tes Apôtres,
fes Prédicateurs & fes Dodeurs n'euf-
fent c[u'une même langue pour édifier
rEçlile , pour travailler à la grande
& importante fonction du miniftere
Evangclique, & au falut des hommes
qu'il a rachetez au prix de Ton faiig,
Âlais fi quelques Mifllonnaires enfei-
gnent aux nouveaux Chrétiens que les
cérémonies avec lefquelles les Chinois
de la fedle des Lettrez honorent Con-
fucius & les morts, & qui font décri-
tes au premier Chapitre de ce Traité,
ne font point contraires à la Loi de
Dieu , pendant que les Vicaires Apo-
ftoliques & lesautresMiflionnairesen-
fei^neront le contraire, les Chrétiens
qui fuivront Topinion de leurs Maî-
tres qui foutiennentqueces cérémonies
ne font point idolâtres ni fuperftitieu-
fes, ne laiflcront pas d*eftre coupables
de fuperftition ou d'Idolâtrie devant
Dieu , puifque l'ignorance de la Loi
de nature n'excufe jamais 5 ne pouvant
ctre invincible, au moins en ce qui re-
garde les principes généraux , & les
commandemensduDecalogue. Qu'ar-
rivera-t-il donc ? Des aveugles en con-
duiront d'autres, & les uns &■ les autres
tomberont dans le précipice. Ileftdonc a/'T«. ir.
E necef- ^^'
98 Conformité des Cerem.Ch'm,
necefl'aire que le faint Siège décida
promptement ces controverfes pour ar-
rêter un fi grand mal , & pour empê-
cher que ces nouveaux Chrétiens &
leurs Alilîionnaires nefc perdent. Puis
donc que les privilèges de TEglife Ro-
maine font comme les remèdes de tou-
K/ce/.ïfu 1. te l'Eglile Catholique : Privilégia Ro-
M-pJi. 30. m ans Ecclejta , totiiis finit Chrijh , ut ita
dicnmiis , remédia Ecc/efa Cath'jlica : De
qui l'Eglife naiflantede la Chine doit-
elle attendre du fecours & un prompt
remède à fes maux , que de 1 Egiife
Romaine & du Siège deS. Pierre, par
une decifion prompte, claire &: preci-
fe des controverfes qui la divifent , &
par le retranchement des fcandalesqui
la font gémir ?
Saint Paul étant àTroade, l'Efpric
de Dieu lui fit voir un homme deÂla-
cedoine qui lui tendoit les bras, iîcqui
lui difoit : PalTez en Macédoine pour
^iJ.. 16. 9. nous fecourir. Jrojjjtcvs in Macedoviain ^
adjuva nos. Aujourd'hui les Vicaires
Apoftoliques, lesMiffionnaires , &lcs
nouveaux Chrétiens de la Chine pro-
ilernez aux pieds du Pape , fupplient
Sa Sainteté de jettcr les yeux fur lepi-
toiable état des Miinons , fur la con-
fufion que les différentes opinions &:lcs
difi'erentes pratiques fur des points ef-
fcntiels de la Religion y caufent , fur
le péril de la foi , fur le danger où cft
cxpofé le falut d'un grand nombre de
Ncophy-
j^V€C ridohît» Grecque ^ Rom, 9^
Néophytes , qiiiy mêlent la luperftition
& l'idolâtrie avec le Chriftianifme ,
& celui des Mi^ionnaires qui les con-
duilcnt , & qui les reçoivent aux Sa-»
cremens nonobftant leurs ufages diabo-
liques. Irauftcus ïn Sinam , ndjnva nos.
PafTez à la Chine :, Très-faintPere^par
votre vigilance Apoftolique , par la
compaflTion de votre cœur brûlant de
zelc pour la gloire de Dieu , pour le
bien de TEgliie, pour la propagation
de la foi , pour le falut des âmes 5 &
nous recourez par une de'cifion promte,
claire, & precife des controverfes que
les Vicaires Apoftoliques, & les Mifî-
fîonnaires de difterens Ordres & du
Clergé feculier ont portées à votre Sa-
cré Tribunal.
Enfin l'honneur du faint Siège de-
mande que vous finiffiez promtemenc
ces controverfes, qui font les plus im-
portantes qui aient jamais été excitées
dans l'Eglife. Eclairez des lumières
que Jesus-Christ a données à l'Egli-
fe dont vous êtes le chef, les nouveaux
Chrétiens de la Chine, dont plufieurs
font dans les ténèbres & dans l'ombre
de la mort par la faute de leurs Mif-
fionnaires, quiofent juftifier, permet-
tre ou tolérer leurs cérémonies, & \t%
honneurs qu'ils rendent à Confucius
& aux morts. Menez ces pauvres bre-
bis à des pâturages falutaires, vous.qui
<?tes le premier Paftcur de tousses fi- "'*♦
E 2 Uiélcs '"^AO/aNa
I oo Coriformité des Cerem. Ch'm,
déles & des Pafteurs-mêmes , fous \t
fouverain Pafteur de nos amcs Notre
t^X'^x- Seigneur Jesus-Christ. Répondez-
ref, c. 3. leur félon la tradition qui s*eft: toujours
j<fri«i;. lib. confervée pure dans l'Eglife de Rome
^^M/fn/f. j^p^-ç ç^ fondation par les glorieux
Apôtres S. Pierre & S. Paul, qui ont
répandu tout leur fang avec la do(5tri-
ne de la foi dans cette ville capitale du
monde. Empêchez les hérétiques de
blafphémer encore contre l'Eglife Ro-
maine & contre le Saint Siège. Ils at-
tendent aufli-bien que les Catholiques
la décifîon des controverfes de la Chi-
ne 5 mais avec un efprit & une difpo-
fîtion bien difl'erente. Nous verrons,
difent-ils , fi l'Eglife de Rome de le
Pape approuveront ou toléreront la fu-
perftition 8c l'Idolâtrie. Non, répon-
dent les Catholiques s cette Fglife n'a
jamais approuvé & n'approuvera ja-
mais l'erreur ; elle n'a jamais tolère,
& ne tolérera jamais la fuperftition ni
T^utt. '^^' y\^o\^u\e -i ni dans les nouvelles Chré-
*^' tientezj ni dans les anciennes. JeSus-
Matt. 16. Christ ne l'abandonnera jamais, les
•^' portes de l'enfer ne prévaudront ja-
7«j«. \6. rnais contre elle , le faint Efprit l'é-
13. claircra & la conduira toujours pour
décider les controverfes de la foi con-
formément i la parole de Dieu dont
elle ell: l'interprète, & la fidèle dépo-
înntcent.x. Çii2i\YQ, Elle emploiera toutc l'autori-
yur!ic.Ro' ^^ qu'elle a reçue immédiatement de
shom. ' Jésus-
^vec lldolat. Grecque & Rom. i o r
Jesus-Christ à décider cette aflfaire, iffrninEp,
qui cft du nombre de ces caufes Maieu- wf"""'-
rcsderEglile, que la vénérable Anti- s. Léo m,
quicc , la Tradition , & la coutume ^P>P- ^d
univerfelle ont toujours refervces au ^H']-?"]^'
rapportées au jugement dennitit du lamt ^c.
Siège Apoftolique pour honorer la pri-
mauté de puiflance & de jurifdidion
que Jesus-Christ a donnée à S. Pierre
& à Tes fucceffeurs. Elle décidera les
points concroverfez entre les MifTion-
naires de la Compagnie de Jésus d'u-
ne part , & les Vicaires Apoftoliques,
les iMiiïionnaires du Clergé feculier de
France, de des Ordres de S. Domini-
que & de S. François, de l'autre i non
feulement en répondant. Cela n\'fi pets
permis; ou Cela efi permis , comme font
ordinairement les Docteurs, mais par
une Decretale , ou une Conftitution
Apollolique j femblable à celles de
Jules I. deS. Damafe, deSirice, d'In-
nocent I. de Zofîme , de Boniface I.
de Celeftin I. de S. Léon , & des au-
tres Papes, données pour finir lesque-
ftions de foi, ou les grandes affaires de
difcipline , qui leur étoient rapportées
par les Evêques. Nous efperons que la
S. Congrégation du faint Office, &le
fou verain Pontife, qualifieront & con-
damneront fpecifiquement, en détail,
d'une manière nette & precife, toutes
les propofitions , toutes les cérémonies,
tous les ufages qui feront à condam-
E l lier*
"loi Conformité des Cerem. Chin,
lier, afin d'arrêter le cours de toutes
les difpures & des fchifmes qui pour-
roient naître de nouveau à la Chine,
& de de'raciner tous les fcandales. On
fçait que les Réponfes données aux
doutes des Miflîonnaires Apoftoliques,
& les Décrets de mil fix-cens quaran-
te cinq j de mil fix-cens cinquante-
fix , de mil fîx-cens foixante-deux,
n*cnt pas mis fin à ces controverfes,
& aux funeftes divifions qui durent de-
puis plus defoixanteans au grand pre'-
judice des millions. La fageffe & l'au-
torité de la Sacrée Congrégation & du
Vicaire de Jesus-Christ prendront
des moiens convenables pour finir une
affaire fi importante à l'Eglife. Il ne
nous appartient pas de leur enpréfcri-
re, ni de leur en fuggerer.
Il y a d'autant plus de lieud'cfpcrer
une promte décifion , que les chofes
dont il s'agit ne font pas difficiles à dé-
cider 5 les faits font tellement éclair-
cis, qu'il n'y a plus de fondement d'en
douter : le droit eft évident : &"iln'eft
pas à propos d'apporter des retarde-
mcns au jugement d'une caufe qui re-
garde le falut éternel d'un nombre in-
fini d'ames j de peur que le délai ne
fafle naître des incidens fâcheux , &
juj^imarint des divifions encorc plus funefVesà l'E-
Imp. Epiji. pWÇc. Oriownm me t/iffîà/ia ftmt ans ceci-
lium P. dci-iwt w ammgiatatcm , 7iec cxpcait catijam
vit a protrahi fcmpitcrux 5 ne dtlntis tcmpB*
rihus aliqnid îiajantin' inccrtius.
uivec tldoUt. GrecqHc cr J^om» i cr 5
CHAPITRE VII.
Propojitious à examiner é^ à quahficr par la
S. Cotjpcgation du Jnhit Office :, c^ par
le failli Siège,
I. T L cft permis auxMiffionnaircs & <^
J[aux Chrétiens de la Chine de fe <<
fervir pour fignifier le vrai Dieu, des <f
noms Chinois Tien , qui veut dire Le ««■
C/i7; & Xawù , qui veut aire Le Roi if'en- «^
tût/f , ou lefouverain Empereur , le Ion Tu- «^
fage des Letrrez de la Chine, qui font <f
profenion d'athéifine. <f
2. 11 cft permis aux Miflionnairesde «^
la Chine d'expofer dans leurs Eglifes, '^
ik même fur l'Autel , un tableau ou ^^
une tablette avec cette infcription Chi- «^
noife, Kîtjg tien , c'eft-à-dire , Alorez le '^
Ciel , quoique les Chinois C-ntils en- «^
tendent par ce nom le Ciel matériel, <^<^
ou la vertu du Ciel , qu'ils appellent ff
Ly. (<
3. L'Expofé du P. Martini Jefuite <f
fur les cérémonies Chinoifes , prefenté «^
à la Congrégation du faint Office en «^
16^6. n'eftoit défedueux ni faux en «^
aucun point , mais trcs-exaâ: & très- ^^
vrai en tous fes articles , dans tous ^^
les faits qu'il contient, & dans toutes '<^
leurs circonftances. "^
4- C'cft une cérémonie innocente &: <«■
E 4 iu-
I04 Conformité des Cerem. Ch'tn,
^5 indifférente ou puremenr civile , defai-
3, re des révérences à la Chinoife , & de
^j fe profterner devant le tableau ou le
^j cartouche de Confucius, où eft cette
33 infcription : Le ficge de VEflnitdti Très-
^jfahjt <^ très-exceVetjt Maître Confuàus : qui
y^ eft placé fur l'Autel dans les lieux ou
yj Temples dédiez à ce Philofophe avec
_,3 le fang des viâ:imes.
^, «j. La cérémonie d'offrir des cierges
j, ou des bougies &: des parfums à Con-
3, fucius, & de les faire brûler devant le-
_., dit tableau ou cartouche; ou de i'ho-
33 norer par des révérences , des genu-
, 3 flexions & des proftrarions, dans le
,, Temple qui s'appelle en Chinois Vucn
^^fjiiûOi pendant que ces bougies & ces
^, parfums brûlent fur fon Autel , n'a
3, rien qui reflente la fuperftition & l'i-
3, dolàtrie : elle eft permife aux Chré-
3, tiens 3 & ils peuvent contribuer à la
^, dépenfe de ce luminaire & de cespar-
,j fums.
\^ 6. Il eft permis aux Mandarins ou
jj Gouverneurs Chrétiens des Villes &
_j^ des Bourgs, à leurs Officiers, & aux
^^ Lettrez j d'aller deux fois le mois au
_jj Temple de Confucius , appelle Vucn
yjViinb, fçavoir, à la nouvelle & pleine
^j Lune, faire devant fon tableau ou fon
3^ cartouche les cérémonies &:les offran-
^j des prefcrites par les Rituels , par les
3^ loix , &■ par la coutume de la Chine.
^, 7. Les Mandarins Chréticnspeuvent
faire
Avec ïldoUt, Grecque ^ Rem. i © 5
faire les mêmes cérémonies & les mê-
mes offrandesjaprès avoir pris polTeflion
de leurs Gouvcrncmens.
S. Il eft permis aux Chre'tiens d'af-
iifter aux facrifices ouauxoblationsfo-
lemnelles qui fe font àConfuciusdeux
fois l'année , au Printems & en Au-
tomne , d'y officier, d'y fervir, d'y
contribuer , d'y participer , en rece-
vant ou mangeant des viandes qui lui
font offertes, & que les infidelles ap-
pellent la chah fa'mte de Confiicuis.
9. Ces facrifices ou cesoblations, &
les cérémonies qui s'y obfervent con-
formément aux Rituels, aux loix, &
à la coutume de la Chine , font exem-
tes d'idolâtrie & de fupcrftition , &
n'ont rien de contraire à la Loi de Dieu.
10. Les cérémonies fuivantes font
des ufages purement civils & politi-
ques. I. L'épreuve des animaux qui
doivent être immolez à Confucius ou
aux morts , en leur verfant dans les
oreilles une liqueur chaude. 2. L'of-
frande de leurs poils & de leur fang,
qu'on enterre après les avoir offerts.
3. L'offrande des viandes & des autres
fruits de la terre à Confucius en reci-
tant les Offertoires prefcrits par les
Rituels. 4. L'oblation & la libation
du vin qu'ils appellent h vin de la Féli-
cité, 5. La cérémonie d'ofl'rirdes érofes
de foie à Confucius, de brûler à Ton
honneur ces ctofes, ou des deniers de
E 5 pa-
1 o6 Conformité des Cerem, Chin,
3, papier argenté ou doré^ & les papiers
33 où les Ofiertoires font écrits. 6. La;
33 pre'paration à ces facrifices ou à cesof-
33 Frandesiolemnellesparles jeûnes, l'ab-
33 ftinence, la continence, &c. 7. D'ac-
3^ compagner l'Efprit de Confucius.
3^ II. Les Millionnaires peuvent per-
3^ mettre ou tolérer Tufage de ces cere-
3^ monies aux nouveaux Chrétiens , &ad-
^ mettre à la participation des Sacre-
^ mens ceux qui les font & qui les ob-
3 fervent, qui y cooperem, qui y con-
^ tribuenti qui y participent, & qui y
^^ affiftent.
, 12. Il eft permisaux Chrétiens d'of-
\ ficier, de f:;rvir5 de participer, d'aiïi-
fter aux offrandes ou facrifices folem-
nels ^que les Chinois de la Secte des
Lettrez offrent aux Anceftres défunts
dans les lieux ou Temples appeliez
Chimg minb , ou chu ta^iig*
13. Les cérémonies qui s'obfervent
dans ces offrandes ou facrifices, & qui
^ font prefcrites par les Rituels, ordon-
^ nées pfir les Loix , autorifées par les
^' livres clafTiques , &" par la counime,
font des ufnges purement civils & po-
' litiques,excmts d'idolâtrie & de fuper-
' ftition , qui fe peuvent permettre ou
tolérer.
14. Il eft permis aux Chrétiens de la
Chine de conferver les tableaux ou ta-
^' blettes de leurs Anccftres , avec cette
3 infcriptioa Chinoifc, Xing gocy , c'eft-
à-dire.
^V4e Ndolat, Greccfue é" Rom. joj
à-dire, Le Jîege de l'Ame d'un tel défunt , '^
foit dans ks Te^nples qui leur font '^
dcdicz , foit dans leurs Chapclks ou ^^
Oratoires domeftiques. '^
15. Il leur ell aulTî permis de faire '*
brûler des cierges ou des bougies, & '^
des parfums devant lefdits tableaux *^
ou lefdites tablettes, de le profterner ^*"
devant elles, en frapant la terre avec '^
le front j de leur offrir des viandes, ^^
comme il fe pratique a la Chine, d'in- ^^
viter les Efprits des défunts à venir fe *^
réjOuir & le raflalîer des chofes qu'on ^^
leur offre j & d'efperer d'eux les biens «^
&: la profperité que le Maître des ce- «*"
remonies promet en leur nom à ceux ^*'
qui ont offert le facrifice, & aux afîî- ^^
ftans , conformément aux Rituels de ^^
l'Empire. «^
16. Les Chrétiens peuvent obferver '*
les cérémonies que les Gentils de la '«"
Chine font devant les corps de leurs ^^
défunts, dans les enterremens, 'dans les '<■
cemetieres, & fur leurs tombeaux. '<"
17. Les Miiïîonnaires peuvent tôle- '^
rer les honneurs que les Chinois ren- «^
dent à leurs morts dans leurs Tem- '^
pies, & dans leurs Maifons, félon les *^
Rituels de l'Empire , les Livres claf- <<"
fiques , les Loix des F^mpereurs, & l'u- ^'
fage public : & ils ne font pas obligez '^
de réfufer les Sacremcns à ceux qui '^
font tombez dans ces fuperftitions. ^^
18. La Philofophie Chinoife n'a *^
E c rien
loS Coyiformh é des Cerem, Chm',
55 rien de contraire à la Loi de Dieu,
j, 19. Il eft certain que les anciens Phi-
^3 lofophes de la Chine ont entendu par
35 le nom Tai Kie, la caufe première de
35 toutes chofes & le vrai Dieu.
5, 20. Le culte que Confucius a rendu
3 5 auxEfprits, n'eftoit pas religieux 5 mais
55 purement civil.
5, 21. Le livre Ye khg attribué à Con-
j, fucius, eft l'Abrégé d'une très-bonne
j5 & très-faine dodtrine , Phyfîque & JVIo-
35 raie.
5, 72. Ceux qui prêtent fur gages pour
j5 un certain tems, comme ilfe pratique
35 à la Chine, peuvent non feulement exi-
35 gcr tous les mois un certain denier de-
55 terminé par l'autorité publique, mais
55 aliéner ou vendre le gage, u le débi-
55 teur manque à fe prefenter au terme,
5, & à rendre le principal, & lefditsprê-
^, teurs peuvent retenir juftement l'inte-
3, rcft qui fe paye tous les mois , & le
^5 prix entier du gage , quoi qu'il excède
yy toujours le principal, & que le furplus
,, ne leur foit pas dû par titre même de
,5 dédommagement.
3, 23. Il n'y a point d'ufure à prêter
55 de l'argent à trente pour cent, com-
j, me il fc pratique à la Chine. Le feul
^5 danger oùs'expofele prêteur de perdre
5, fon principal , ou de ne le recouvrer
,, qu'avec beaucoup de peine & dcditfi-
,, culte, eft un titre légitime &: fuffifant
.>, pour exiger cet intereft 5 quoique ce
dan-
AvecPidotat. Grecque & Rom, 109 ^^
danger foit infeparable du prêt , & '^
qu'il foit plus grand quand on prête aux '^
pauvres , que quand on prête aux ri- '^
chcsi & quoi qu'il n'y ait ni domma- '^
ge naiflant^ ni profit ceflant» '^
CHAPITRE VIII.
Ofi n'apporte aucune rnifon qui doive ewpê'
cher le Saint Siège de décider p'omtement
les Cofitroverfes de la Chifie,
Quelles raifons peuvent alléguer
les Pères de la Compagnie pour
empccher que le Saint Siège ne pro-
nonce fur les propolitions & les cou-
tumes fufdites , ou pour retarder la
decifîon de ces Controverfes ? J'en trou-
ve cinq par lefquelles ils ont tâché de
furprendre la Religion du Sereniflîme
Roy de Portugal , & d'obtenir de Sa
Majefté des Lettres de recommanda-
tion & de faveur au Pape & aux Car- RoydeP^r-
dinaux. Mais il eft aifé de faire voir la tn^aiàMr,
foibleflTe & la nullité de ces raifons. ^' Cardtnai
wi 1-/. . 1 Lafanaîtê»
I. Ils difent premièrement , que le <c
Saint Siège a déjà jugé ces controver- ce
fcs fur l'Expofé du Père Martini en mil ce
iîx-censcinquante-fîx , que les jugemens ce
du faint Siège ne font pas fujets à re- ce
vifion, & que c'eft commettre fon au- ce
torité que d'innover quelque chofedans ce
ce qui a efté décidé. ce
On
«110 Conformité des Cerem.Chi/j.
On répond que rExpofé du Père Mar-
tini , bien loin d'eftre exa6l , eftoit
très-défedueux y Se faux en plufieurs
points j que lespropofitions , les céré-
monies & ks coutumes dont il s'agit
maintenant , & dont Monfieur Mai-
grot Evefque nommé deConon, Mon-
teur de Lyonne Evefque nommé de
Rofalie, & les autres Vicaires &: Mif-
fîonnaires Apoftoliques du Clergé fe-
culier & Régulier , particulièrement
de l'Ordre de faint Dominique, pour-
fuivent la condamnation devant le faint
Siège 5 ne font pas les mêmes que cel-
les que ledit P. Martini décrit dans fou
Expofé : que le Décret de mil fîx-cens
cinquante-fîx a relation à la manière
dont les faits furent propofez par ce
jefuite : qu'il furprit la Congrégation
du faint Office , & le faint Siège, en
cxpofant les chofes autrement qu'elles
n'efloient, & qu'elles ne font, & en
cachant & drflimulant ce qu'il devoir
expliquer , comme on l'a prouvé in-
vinciblement dans les pièces qui com-
pofcnt l'Hiftoirc latine du culte Chi-
nois, de dans l'Apologie des Domini-
cains Miflionnaires de la Chine, de com-
me il paroitra plus évidemment en
comparant les Rcponfes du Rcveren-
difilme Père en Dieu François Aleo-
nifl'a Evefque nommé de Ecrite, avec
l'ExpoIe du P. Martini. On ajoute que
les PP. Jefuices n'ont pas toujours crà
que
^vtc ridoUt. Grecque & Rom. r i ï
que le fainr Siège ne peut revoir ni
changer fesDccrcrs fans faire tortàfon
autorité. S'ils l'ont crû ,pourquoy ont-
ils pourfuivi en milfix-censcirK]uante-
lîx la revifîon de la cairle décidée en
mil (îx-cens quarante-cinq ?' Pourquoy
ofent-ils avancer qu'Alexandre VII. a
caiTc par un jugement contradidoire la
decifion d'Innocent X. quoyque cela
foir très-faux , comme on Pa prouve
ailleurs courre les PP.Telier& le Go-
bien ? Cela fait voir que les Jefuites Voyex. l'A"
ne font pas d'accord avec eux-mêmes, poi^gie des
â: qu'ils détruifent leurs propres prin- ^^^/"'^y..
Cipes. fionn. de Is
Mais en quelle école ces RR. PP. ^^>''^-
ont-ils appris que le faint Siège ne
peut toucher à fes Décrets , & qu'un
Pape ne peut revoir ni examiner de
nouveau ce qui a efté examiné & déci-
dé par fes predecefTeurs , quand leur*
religion a efté furprife par de fauffes
informations, & pardefauxExpofez ?
N'ont-ils pas droit d'examiner de nou-
veau les faits fur lefquels ces Décrets
font fondés, & dont on s'oflVe défaire
voir la fauffeté ? Les PP. jefuites peu-
vent apprendre de faint Auguftin,que r
les jugcmens mêmes des Conciles pic-
niers , qui regardent les faits & ladif-
cipline , peuvent cftre revus & cor-
rigez par d'autres Conciles d'une égale
autorité , quand les faits qui eftoienc
obfcurs s'éclaircifTcnt , Se que l'expé-
rience
' 112 Conformité des Cerem^Cht H,
rience découvre & fait connoiflre ce
qui efloit caché & inconnu auparavant.
S. Jîf'.-Hfi. Ipfaquepleiiariafapcpriora pcfterioribus emen^
lih. ^. de i ^^yj j ^;^;;; aliquo expermento reium apert^
i, \, tur qmd datif nm erat , ^ cognofcittiy qiiod
latehat. Ils peuvent apprendre d'Inno-
cent troificme , que lesRefcrits & les
Décrets des Papes font nuls, quand on
les a obtenus fur de faux Expofez , ou
qu'on a furpris le faint Siège en difîî-
Cap. Sn^tr mulant la vérité des faits. Tacïta v^ri-
Litterts , tate , vdftiggcftafaljîtate. Ils peuvent ap-
f^^''^''^'" prendre d'Alexandre III. que le faint
biege trouve bon que les hveques n exé-
cutent pas fes Refcrits, quand ils ont
Cap. Si efté obtenus par furprife. Patienter fu-
îil"'^'' * ftinebimus , // no7î fccms qmd prava ?wbtf
fuerit wfïnuatione fuggeflutn. Ils peuvent
apprendre de faint Bernard , que les
Papes ont coutume de révoquer fans
peine lesRefcrits quiontefté impetrez
du faint Siège par fraude & par fur-
prife : & qu'il efl bien jufte que la
fourberie & le menfonge ne foient pas
utiles à celuy qui les commet, parti-
culiercmentdevanr Icpremier & leplus
S.'BtrnardA^iinx. Siège de l'Eglife. Hoc folct hnbere
EfiJ}, i8o. praciputtm Se de s Apoftolica , ut uon pigent te-
V oc are , qttod h fc forte dcprehcvdmt fraude
elicitiim , iwn veritate promeritum. Resphiia
écquitntis , é^ laude d'ignn , ut de mcndacio
netno lucre tur , prafrtim ûpud fnrîéfnm cb^
ptimam Scdem. C'cft donc faire in)ure
au faint Siège, c'ell révoquer en doute
ion
j^vec ridoÎAt. Grecijue & Rom. 115
fon autorité , c'cft donner occafîon
aux Hcretiques de blâmer la fage con-
duite des Vicaires de Jesus- Christ,
de dire qu'ils ne peuvent examiner de
nouveau ce qui a efté jugé par leurs
predecefleurs. Je pourrois m'étendre fur
cette matière , & produire plufîeurs
beaux exemples de rHiftoiredeTEgli-
fe pour confirmer ce que j'avance , fî
ce que j'ay dit ne fumfoit pour faire
voir que la première raifondes PP. Je-
fuites ne doit point empêcher la Sacrée
Congrégation & le faint Siège de dé-
cider promtement les controverfes de
la Chine.
2. Leur féconde raifon n'eft pas plus ccLettredu
forte. Ils ûifent que les cérémonies u^<" '«
Chinoiies Te peuvent tolérer , & que ^^^/'^^ffi^
cette tolérance eft autoriféepar Itiduniac ordinal
Siège. ççCafanatttt
On répond , que des ufages & des
cérémonies contraires à la Loi de Dieu
naturelle & écrite , ne fe peuvent ja-
mais tolérer , fous prétexte d'attirer
plus de peuple à la Foi : autrement on
pourroit tolérer la Poligamie, & l'u-
fure dans les nouvelles chrétientez ,
puifque ces deux points empêchent
plufîeurs infidèles d'embraffer la Reli-
pion Chrétienne. Les Pères Jefuites
l'entendent-ils mieux que les Apôtres
& les hommes Apoftoliques qui ont
étendu & gouverné l'Eglife après eux ?
Ont-ils trouvé le moyen d'accorder les
ccremo-
114 Conformité des Ccrcm. Chi».
, cérémonies du Paganifme avec la Foi;,
les Sacremens & les mœurs de TEgli-
fe Catholique 5 les facrifices du diable
avec le facrifice de Je&us-Christ j la
participation à la table des démons ^
avec la participation à la table de no-
tre Sauveur, Se la fainte Communion
de Ton Corps 6t defon Sang ? Les Pè-
res de la Compagnie voient-ils mieux
avec les lunettes de longue veue que
leurs Mifîionnaires travaillent à la
Chine, ce qui ne fe peut tolérer dans
une nouvelle chrétienté, que ne l'ont
vu les Saints Hommes de Dieu parks
lumières de Ton Efprit, dont ilsétoient
remplis. C'eft faire outrage au faint
Siège, que de dire qu'il a autorifé cet-
te tolérance. Cela veut dire qu'il a au-
TcrtuV,. Uh. torifé la fuperftition & l'idolâtrie. Ow-
dc Uil. c. ji\s patisnîiacjufniùâi :,'tdGlohtrïa. Il nouseft
" ^ permis de vivre avec les Gentils , il
ne nous eft pas permis de mourir avec
eux de la mort du péché. Nous pou-
vons avoir commerce avec eux, s'ilell
neceflaire, parce que nous avons une
même nature i nous ne pouvons avoir
de Communion avec eux dans leurs
fupcrftitions. Leurs âmes & les nôtres
le rcflemblcnt : notre dodrine & la
difciplinc dont nous faifons profelîioa
ne reflemble pas à la leur. Nous vivons
avec eux dans le monde \ nous ne fui-
vons pas leurs erreurs. Q^ue s'il ne nous
cft pas permis de communiquer avec
les
uivec r IdoUt, Grecque & Rom, 1 1 j
les Infidèles en ce qui regarde leur cul-
te & leurs profanesceremonics , n'eft-
ce pas un crime incomparablement
plus (fnorme de les obferver ou de les
tolérer au milieu de l'Eglife ?(^ui pour-
roit juftifier & défendre une chofe fî
infoutenable ? Licet convivcre cum Ethni-TcrtniUiir
cis i comtfwri non licet. Convivamns cum ^' ''° '
çmnibus , conlatcmur ex communione nntura^
von ftiperjiitkms. Pares ammâ fumus ^ non
difciplinn ; cofnpoffefforcs fnundi , non crrorif.
J^iOfiJt nohîs nùllum ejî jus commmimùs in
ejujmodi atm extrancis , qt4antb fieleflius efi
bac inter jratrcs fi-cqucntnve ? J^is hocjufii-
nere ant defendcre potcfi ?Les Gentils font
plus fidèles à leur S^fte. Les Lcttrez
de la Chine n'ont garde de célébrer nos
Fêtes 3 ni d'obferver nos cérémonies.
Ils craindroient de paroître Chrétiens j
& les Chrétiens ne craindront point
de pafifer pour Payens ^ 0 melior fides
Nntionum in ftinm Seâiaw , qua niiUam fo^
Icmnitatcm Chrijiianorttm Jibi vindicat ! Non
Dotnifficmn diem , non Pcntecoftcn j ctiani Jt
fwf^ent j nohifcuni conimimicaffcnt 3 tiincrent
enim ne Chrifiiatji vidcrentur : nos ne Ethni-
ci promtvtienmr , non veremur.
3. Les PP. jcfuitcs objedenten troi- Chap. \.d'e
fiéme lieu, qu'on ne peut condamner " Tr.ùté.
les cérémonies &: les ufages de la Chi- RoyZpor^
ne, dont il s'agit , &: qui ont été ex- f«?a/^ Mr.
pliqucz cy-defTus , fnns couvrir de hon- ^^ Cardin^i
le & d'opprobre leurs Milfionnaires, 'v""*''^''
^ui ont fi bien fervi l'Eglifc.
Oa
Il6 Conformité des Cerem, Chin.
On répond, que lî leurs MifTionnai-
res aiment véritablement JESus-
Christ & fon Eglife , comme on
le veut croire j s'ils ne cherchent point
leur propre gloire , mais uniquement
celle de Dieu,- s'ils la préfèrent à tou-
tes chofes i ils foufifriront avec joie l'hu-
miliation que leur pourra caufer la con-
damnation des erreurs & des ufages
qu'ils ont défendus jufqu'à prefent ,
cc qu'ils foutiennent encore devant le
faint Siège. Des Prédicateurs de l'hu-
milité doivent-ils avoir honte d'aban-
donner des opinions & des pratiques
erronées & pernicieufes qu'ils ont fui-
vies de bonne foi , croiant q^u'elles
étoient innocentes ? Efl-ce un oppro-
bre pour des Chrétiens que de retra-
cer & corriger les erreurs dans lef-
quellds ils font tombez ? La première
louange d'un bon efpriteft de ne point
tomber dans Teri-eur ; la féconde , eft
de la retradler. S'il n'a pas l'honneur
d'être le plus éclairé du monde, qu'il
foit le plus humble & le pksmodefte.
iS". jtH^up, Secundas tencat fartes modeftis , qui primas
Efifi. 143. non potuit babcre fapictitia. Comme il eft
*^"** 7» louable de ne s'écarter jamais de la vé-
rité , c*eft un crime de vouloir perfe-
verer dans l'erreur. Il eft plus louable
de ne foutenir jamais une fauffe do-
drine t mais quandon a eu lemalheur
de la fuivre &r de la défendre, on doit
fe faire honneur de l'abandonner & de
chan-
Avec lldelat. Grecque & Rom, 1 1 ^
changer de fentiment : il faut fe faire
un plâifir de ce devoir^ Quam numquam S. jfmgujl,
teihrc , prima laus efî ; Jlctmda , mut arc; ^'^-î- ^ont,
ut aut ex initio ver a pennaveat , out muta- //^^^'*'^
ta falsâ y vera ft4ccedat, C'eft s*aimer
plus que Dieu ; c'eft aimer la gloire
ou monde & un faux honneur plus que
le faluc de fes frères, que d*aimer
mieux qu'un nombre infini de Néophy-
tes demeurent dans l'erreur en obfer-
vant les cérémonies & les coutumes
idolâtres ou fuperftitieufes des Gentils,
que de foufrir une confufion falutaire
en avouant qu'on a erré. Nimis perverse s. At^uft,
fc ipfttvi amat , qui (^ altos vnlt errare , ut Eùfi. 143 .
€rror fmis latcat. Des Religieux & des '*^'''^ 7«
Mifllonnaires également humbles, de-
fîntereflez , amateurs de la vérité, Se
pleins de zèle pour la gloire de Dieu,
n'auront jamais des fcntimens i\ con-
traires à refprit de l'Evangile.
Mais quand il devroit arriver que la
condamnation des fuperftitions Chi-
noifes couvrift de confufion & d'oppro-
bre les Miffionnaires de la Compagnie,
cette raifon ne devroit pas empêcher
le faint Siège de décider ces contro-
verfes , puifqu'il y a lieu d'efpcrerque
cette humiliation leur feroit utile pour
le falut éternel , &: que ceux qui les
aiment fincerement en notre Seigneur,
leur pourroient dire ce que faint Paul
écrivoit aux Chrétiens de Corinthe :
J*ay de hjoye ^ non di es que vous avez en
de
1 1 8 Conformité des Ctrem, Chin,
2. r«r.7.8. ^«^ l^ tvîjlcjic y maïs de ce que votre triflcffît
& 9' vous a portez à la pénitence, La trijlefe que
vous avez eue a ejîé fdon Dieu ; ainjî la peine
que mus vous avons caufée m vous a ejiè nul-
lement defavantagctife.
Ettfeb. lib. Q^uand il fut queflion de décider la
s Hij}. c. célèbre controverfe qui troubloit l'E-
^^' glile touchant la célébration de la Pâ-
que, le Pape faintVidorL prononça ,
& ce qu'on pouvoit luy objeâ:er que
fon jugement alloit couvrir de honte
& d'opprobre les Evèques d'Alîe, qui
celebroient cette Fefte le quatorzième
de la Lune en quelque jour qu'il tom-
baft 3 mefme le Vendredy , ne l'empê-
cha pas de juger qu'elle ne fe devoir
célébrer que le Dimanche fuivant, 8c
de menacer d'excommunication ou
d'excommunier en eôet ceux qui ne
voudroient pas quitter leur ancienne
coutume : quoique cette queftion fut
purement de diïcipline , & que les
Aiiatiques fe fondaflent fur une pré-
tendue tradition de l' Apôtre faint Jean,
5c fur l'exemple des faintsEvêquesqui
avoient gouvernéjufqu'à ce tems-là les
Eglifes d'Aile, & particulièrement de
faint Polycarpe.
rt,jr7T& ^^^"^ Etienne I. Pape & Martyr dc-
7J. £«/fé'.cida la fameufe controverfe du Batème
hb.-j.c^. des Hérétiques , & la crainte de cou-
i". yf«;ir/?.'a vrir de honte & d'opprobre tous les
i^. S' de Evcqucs d'Afrique, de Cappadocc,de
rincent. Cilicic ^ & dcs ûutrcs Provinccs voili-
ii'in. c. 9. ncs.
\Avec ridoUt. Grecque cr Rom, 119
nés , qui foutenoicnt fauflemcnt que
tout Batcmc donne hors l'Eglife Ca-
tholiqu^; étoit nul , & que ccluy qui
l'avoit reçu devoir être batizé lorsqu'il
paflbit de Thercfie à l'unité de l'Eglife,
n:; l'empccha pas de décider cette que-
ftion , ik de menacer d'excommunica-
tion , ou de retrancher en effet de la
communion ceux qui foutenoient & qui
luivoient dans la pratique une erreur &
une innovation n oppofée à l'ancien-
ne Tradition. Il ne faut donc pas fe
perfuadcr que la crainte de couvrir de
confuiion les Millionnaires de la Com-
pagnie foie une raifon fuffifante pour
empêcher le faint Siège , de décider
les controverfes de la Chine qui font
tant de bruit dans l'Eglife.
4. LesPP. Tefuites objedent encore Lettre d:t
que la decilïon de ces controverfes^"' '^'"^f"
f^eut avoir des fuites fâcheufes, ^'\^^'i!'!fjeUr^
e changement de dodlrine & de pra- <;/«.' c^jj-
riquedansla Miffion de lU Compagnie "•'^^'•
peut attirer la perfecution contre les
MilFionnaires & les nouveaux Chré-
tiens.
On répond, que la crainte de la per-
fecution ne doit point empêcher de
combattre l'idolâtrie , de déraciner &
d'abolir la fuperftition , de condamner
des cérémonies & des ufages évidem-
ment contraires à la Loi de Dieu, de
réfufer le Batcme à des Catéchumènes
qui ne veulent pas renoncer à ces Ri-
tes
120 Conformité des Cerem, Chin,
tes & à ces profanes coutumes, & de
retrancher de la Communion les Chré-
tiens qui les oblervent &: qui les fui-
vent. On ne voit pas que les Vicaires
Apoftoliques & les Miflionnaires du
Clergé feculier de France & des Or-
dres de faint Dominique & de faint
François , qui ne mettent point fur
leurs Autels cette abominable Infcri-
ption, Adorez /eCie/ 3 &qui combattent
avec un zeie digne de leur Miniftere,
les honneurs que les Chinois rendent à
Confucius & aux morts , foient plus
expofez à la perfecution que ceux delà
Compagnie ; ils ne font pas moins de
fruit, leurs Eglifes ne font pas moins
en paix. Mais fi la perfecution eft à
craindre , il faut imiter les Apôtres &
les Hommes Apoftoliques des pre-
miers fiéclcs de l'Eglife. Il faut prier
Dieu qu'il la détourne, fi c'eftfonbon
plaifiri il faut lui demander la grâce
de la fouftrir genereufemcnt, il faut y
préparer les Chrétiens, & les difpofer
à perdre plutoft la vie que de renoncer
Jesus-Christ ou de violer fa fainte
A/uif.j". lo. Loi. Heureux cetix qui fuujjrent pcrfccNtion
pour lajujîke. L'Eglife de la Chine de-
viendra plus fleurifl'ante fi elle eft per-
fecutéei le fang des Martirs dont elle
fera arrofée, fera une divine femence
d'oii naîtra un nombre infini de Chré-
TcTtnU. tiens, Scmcn cfl faiigtiisCbrijUnnoruvi. Si
les Minières de l'Evangile & les Chré-
tiens
Avec ridêlat. Grecque cr Rom, ii\
tiens ne (ont pas prêcsàfouffrir laper-
fccution & la mort pour Jesus-Christ,
ils font indignes de ce nom. Chrijîïam
homimim gcnus vwrti cxpeditiwt . Si Dieu
veut éprouver & purifier Li nouvelle
chrétienté par la perfecution , il faut
bcnir fa Providence & adorer fes or-
dres, bien loin qu'une lâche crainte
empêche les Mifliannaires de prêcher
l'Evangile dans fa pureté, de faire la
guerre à l'idolâtrie & à la fuperftition,
3c garder & faire garder la Loi de
Dieu &: la difcipline chrétienne avec
une fainte cxaditude. Ils peuvent lire
les Lettres de faint Cyprien aux Con-
feffeurs, fon Ecrit à Dcmetrieii, [on Ex^
hcrtation au Martyre , fes Trairez Des
Tombes i & Du lieu de la patience y pour fc
fortifier, pour inftruire les nouveaux
Chrétiens , & pour les encourager à
fouffrir la perfecution , 11 Dieu permet-
toit que l'Eçlife naillante de la Chine
y fufl expofee : qu'il efl digne des Mif-
fîonnaires Apqftoliques , après avoir
baptifé un grand nombre de Catéchu-
mènes, de les préparer à un autre Ba-
ptême, dont la grâce eft plus abondan-
te, la vertu plus fublime , l'honneur
plus pretieux •■, à un Baptême où les An-
ges fervent de Miniftres, à un Baptê-
me qui réjouit Dieu & fon FilsjESus-
Christj à un Baptême après lequel
on ne pèche plus; à un Baptême qui
eft la perfe<^ion & la confommation
F de
m Conformité des Cerem, Chiyi»
j, de notre Foi 5 à un Baptême qui nous
35 unit à Dieu auiïi-tofl: que nous quit-
3, tons le mondes qui ne remet pasfeule-
^y ment les péchez , mais qui couronne
,5 les vertus i qui eft la chofe du monde
3, la plus defirable aux ferviteurs & aux
_,, amis de Dieu , &: dont ils le doivent
5, prier très-inftamment qu'il les rende
55 dignes par fa mifericorde. Ce font les
caradleres du martire. Nos taiitttm :, dit
fai n t C y p ri e n 5 qiù Dom'mo pcrmittciUcpri-
S. Cyprian. jj^^^^j^ Bnptipna credcnùbus dedimus , ad alïud
dcExhort. r T • r •
Zlartyr. (juoquc Jifigulos prapavcmus , tnjimiantcs c^
doccntes hoc efjc Bctptijiua iti gratin mojus ,
in potcjlatc fiihlnnius , in honore prctiojtus :
Baptijnia in qno Angeh baptizant , Bnptifma
in qtio Dcus c^ Chnfîus ejiis exultant ; Bap-
tijrnapojl q!(odnenioja?npcccat;Baptiffna quod
fidci nojîra incremcjitaconfunwiat; Bapùfma
qmdiios de mnndorccedejitcsfiatiwDco copulaf.
. 5 .Les Jefuites difent queleprocèsque
7vo/i<f Por- la Congrégation du faint Office exami-
tuiaiàMr. nej&Tqui eft pi et à juger quand il plaira
u Cardinal ^ ç^\x\z Siège , a été excité par quel-
ques Millionnaires peu vcriez dans les
Miiïions, ^ ennemis des Portugais.
On répond , que cette caufe a été
portée à ce facré Tribunal non feule-
ment par les IMiffionnaires des Ordres
de faint Dominique Se de faint Fran
cois , qui avoient travaillé quinze ,
vingt & trente années à la Chine, &
qui étoicnt trés-verfez dans les Mif-
iions 3 dans les lettres Chinoifes, & dans
tout
j^vect Idoîat, Grecque cr Rom. 123;
tout ce qui regarde les cérémonies &r
les coutumes du Pays , & particuliè-
rement celles de la iede des I.ettrez ;
mais encore par Moniieur Maigrot
Evèque nommé de Conon , Monneur
de Lyonne Evêque nommé de Rofa-
lie 5 & les autres Vicaires Apoftoli-
ques & Mi flfionn aires François , très-
verfez dans les Miifions, dans les Ri-
tuels, & les livres claffiques de la Chi-
ne. Leur vertu , leur capacité , leur
charité font connues de tous ceux qui
ont l'honneur de les connoître : &ron
ne peut avec fondement les accufer d'ê-
tre ennemis des Mifllonnaires Portu-
gais de la Compagnie , encore moins
des Jefuites de France , dont ils ont pris
les intérêts & la défenfe contre leur
vexation. Ces Prélats fontennemis dé-
clarez de l'Idolâtrie , de la fuperftition,
& de l'erreur 5 dans quelque fujet qu'el-
les fe rencontrent , & par qui que ce
Ibit qu'elles foient défendues & auto-
rifées : ils font amis de tous les Mini-
fh-es de Jesus-ChriST , de tous les
MifTionnaires, de tous les Chrétiens,
fans faire diftindliôn de nations, m
d'inftitutsj ils font amis des Infidellcs
mêmes, au falutdefquels ils travaillent
avec un zèle infatigable. Les Vicaires
Apoftoliqucs & les MiflTionnaires Fran-
çois du Clergé feculier n*ont aucune
oppofition à ceux de la nation PcTrtu-
gaife ; ils ne font point de commerce,
F z non
z 1 4 CcKformltédes Cerem. ChiK,
non plus que ceux des Ordres de faine
Dominique & de faint François i ils
font Sujets d'un gran-d Koi, qui a tou-
jours été en paix avec Sa Ma;efté Por-
tugaife : qu'eil-ce donc qui pourroit
les éloigner des Jefuites Portugais qui
font emploiez dans les Millions de la
Chine , fi ce n*eft l'intereft de Jf.Sus-
Christ ? Il n'eft pas .croiable qu'ils
s^élevafTent concre eax , s'ils mar-
choient droit dans la prédication de
l'Evangile. Le Sereniflime Roi de Por-
tugal aura fujet d'être indigné contre
£eux qui ont furpris fa Religion parles
fauffes idées qu'ils ont données de cette
affaire à 5a IVlajeilé. Sa pieté & fon
zèle pour la foi lui feront abandonner
une caufe dans laquelle les PP. Jefui-
tes ont tâclvé de l'engager mal-à-pro-
pos : il déclarera au faint Siège étant
jnieux informé , qu'il ne prend aucun
parti que celui de JesuS-Christ , com-
jne a fait le Roi Très-Chrétien, dont
on avoit tâché de furprendre aulfi l'in-
comparable fagclTe. On peut s'affeurer
que Sa Majefté Portugaife qui main-
tient dans fon Roiaume la plus fevere
inquifition contre l'herefic &: l'impié-
té, ne fcroitpasd'avisdetolerer à Lis-
bonne les cérémonies qu'oblervcnt les
Chinois pour honorer Confucius &:
leurs Ancêtres Défunts s &: qu'il ne fe-
ra {las auffi d'avis qu'on Icspuifle-tolc-
xej dans la nouvelle Chrétienté do la
Clu-
Avec r Iclolat, Greccftie & Rom. 115
Chine , quand le S. Elprit aura parlé
par la bouche du Souverain Pontife 5
^ c]uc le Vicaire de |F.srS- Christ au-
ra dir comme S. Pierre : Vijtmicji Spiritui Ad. 17.
Smiâo àr S obis. . . ttt alfltmatis vos , c^c.
Il a fcmblé bon au faint Elprit & à
Nous que vous vous abfteniez, . . &cc.
CHAPITRE IX.
LETTRE
Du Stipcriciir , cfi s D'ircéfeurs z^ Mifjiomun-
res du Séminaire des Mifjîom éirmi-
gères , établi à Paris ,
A notre SMat Pcre le Pape
Innocent XII.
T
Res-Saint Père,
Nous apprenons qu'on oppofedejour '^
en jour tant & de fi grands obftacles à la "^
décifion de Paftaire qui regarde les ce-"
remonies Chinoifes, que fi l'Autorité"^
du faint Siège Apoftolique ne rompt "
toutes les mefures , les intrigues, les ^^
artifices & les efforts de ceux qui la re- '^
tardent, il cft à craindre qu'on ne ra- "
vifie à Votre Sainteté la gloire qui lui "
tft due de finir cette fameufe Contro- "
F i verle.
ii6 Coy:fû y mit e des Ccrem . Ch'm .
^3 verfe. Il n'ell pas maintenant difficile
55 de juger de quel coté cfl le bon droit.
55 Car comme il ne s'agit que d'établir la
5, vérité des faits 5 & qu'ils font non feu-
55 lement prouvez avec évidence par les
35 Rituels de la Chine 5 mais encore at-
55 teftez juridiquement par Monfeigncur
55 Aleoniifa Evêoue nommé de Berithe,
55 & Vicaire Apoftolique d'une desPro-
55 vinces de ce vafte Empire, d*oii il efl
5, revenu depuis peu j & même que nos
,, Parties fe voient enfin obligées de les re-
55Connoitre pourconftanSjCommeon nous
55 l'écrit j nous ne voions pas pour quelle
55 raifon on pourroit encore différer le
55 jugement d'une affaire fî importante à
35 l'Èglife. Nous nous jettons donc avec
5, toute l'humilité polîible aux pieds de
5, Votre Sainteté, qui en eft le fouverain
,5 & très -équitable Juge , nous Dire-
5, 6leurs du Séminaire des MifTîons Etran-
35 gères, unis aux Vicaires Apoftoliques
55 de la Chines & tanten leur nom qu'au
55 nôtre 5 nous fupplions Votre Sainteté
55 avec un très -profond refpedl qu'EUe
35 ait la bonté de jctter les yeux quelques
55 momens fur PAbrcgé des faits qu'Elle
35 trouvera dans l'Expofé joint à cette
35 Lettre. Elle jugera d'abord fi la pure-
35 té de la fainte Religion de Jesus-
35 Christ peut compatir en quelque
,5 manière que ce puiflc être avec unefu-
pcrftition & une idolâtrie fi vifiblcjOU
fouffrir même qu'on s'cxpofe feulement
i au
Avect Idolnt.Grccr^uc^ P.om, \ij
au péril de commettre un 11 grand cri-
me.
Que le Père de famille arrache en-
fin jufqu'à la racine cette y vraye j qu'on
n'a déjà que trop long-tems tolérée
dans le champ du Seigneur^ queleSuc-
ceflcur du Prince des Apôtres ôte cette
pierre d'achoppement du milieu de Li
nouvelle Jerufalem dans les païs d'O-
rient. Q^ue le Vicaire de Jesus-Christ
bannifle au plutoft , & pour toujours
de la Chine ce pernicieux fcandale.
C'eft l'unique grâce que nous deman-
dons avec confiance , & nous atten-
dons avec un très-profond refpcél celle
de la benedidlion Apoftolique,
Tres-Sa int Père,
De Votre Sainteté,
A Paris îc lo. d'Aonft
1699»
Les Très - humbles , très-
obéiiïans, & très-dévouez
Fils & 5erviteurSj
T I B E R G E Supérieur.
De C I c e'.
De Brisacier.
L' A B B E'.
De La Vigne.
P R I O U X.
F 4 L'Ex-
12 8 Conformité des Cerem, Chin,
L'Expofé à^s cérémonies Chinoifes
qui e'toit joint à cette Lettre , ell: cn-
rierement conforme à celui du R. P.
j. B. Morales Dominicain, & à celui
de iMonlîeur Maigrot Evêque de Co-
non & Vicaire Apoftolique. C'eft pour-
•^uoi on n'a pas jugé à propos de le fai-
re imprimer ici , pour ne pas groflir
inutilement cet Ouvrage. La Lettre
efr lignée du Supérieur , des Direi^eurSj
& des Miffionnaires de ce célèbre Sé-
minaire 5 trois defquels ont travaillé
long-tems dans les Misions Orienta-
les. MefTire Louis de Cicé a travaillé
près de quinze ans à la Chine. Meiïrre
Marin TAbbé a travaillé dix-fept ans
dans laMitTionde la Cochinchine,donc
il eft Vicaire Apoftolique, &: Evêque
nommé. Mefllre Claude Gabriel de la
Vigne a travaillé près de quatorze ans
à Tonkin, à Siaoi,&:cn d'autres Pro-
vinces des Indes Orientales. Monficur
l'Abbé Tiberge Supérieur , &: Mon-
iieur l'Abbé de Brifacicr Directeur du
Scniinaire, rcfpc(ftablcs pour leur pieté,
leurs talents , leur conduite , & leur
7.cle,font pleinement inftruits de l'état
des Aliflioi.s de la Chine & de tout
l'Orient , par les Relations qu'ils re-
çoivent des Vicaires Apoftoliques &
des Miflionnnires. Leur Lettre futpre-
fentée au Pape par Moniteur Charmot
le 29. d'Aouft 1699- Sa Sainteté eu
aiant entendu la Iciflure^ ordonna au-
dit
^vec lldoLit. Grecque ^ Rom, 129
dit Sieur Charmoc de la mettre entre
les mains de Monfeigncur Sperelli Af-
feffeur du faint Office, à prefcnt Car-
dinal i ce qu'il exécuta le 30. La ma-
ladie du Pape a retardé le jugement de
cette affaire qui eft inftruite , & prête
à rapporter. Tous ceux qui ont du zèle
~ ce pour la pu-
reté de Ton culte , & qui ont de l'a-
pour la gloire de Dieu cc pour la pu-
mour pour l'Eglife , comme tous les
Chrétiens font obligez d'en avoir, doi-
vent recommander à Dieu dans leurs
prières une décifion fî neceffaire & fî
importante aux Miflions , & au falut
des Ames.
F ç LET.
LETTRE
Dun Théologien a un Prélat de Fran^
ce 3 fur V Affaire des ceremO'
nies Chinoifes,
M
A Rome, Ici.deDcccmb. 1699.
ONSEIGNEUR,
Puifque Votre Grandeur m'a ordon-
né de continuer à l'informer de l'état
des affaires de la Chine en cette Cour,
il eft de mon devoir de luienvoier l'E-
crit que les PP. Jefuites prefenterenc
à laCongregation du faint Office le 3. de
Novembre dernier. Vousverrez^ Mon-
feigneur^ qu'il n'y a rien de plus pau-
vre ni de plus pitoiable. Ils deman-
dent que la Sacrée Congrégation & le
faint Siège jugent les controverfes de
Chine fur la foi de quatre de leurs Au-
teurs 3 des PP. Proper Intorcetta,
Jacques le Favre, François Brancati,
François Xavier Phiiippucci : & ils
prétendent que les témoignages de ces
Ecrivains doivent être reçus comme
autentiques à ce facré Tribunal.
I. Votre Grandeur ne s'en étonnera
pas , Monfeigneur s ils produifent le
F C tcmoi-
i^i Lettre d'un Théologien
témoignage de quatre Auteurs graves
de leur Compagnie : & l'autorité d'un
leul eft d'un fî grand poids, félon les
principes de leur Morale, qu'elle rend
une opinion probable & (ure dans la
pratique.
2. Ils recufent le témoignage de dou-
ze Auteurs ,' que Monfieur Charmot
Procureur gênerai des Vicaires Apo-
ftoliques de la Chine &■ des Roiaumes
voifins en cette Cour 5 a citez dans Ton
Ecrit intitulé , Quajtti. Ils infiftent à
faire valoir les témoignages de Grégoi-
re Lopez 5 de Dominique Sarpetri,
8c de Jean de Paz Dominicains, &du
P. Tellier Jefuite , qui les rapporte
dans fa 'Dèfcvfc des nouveaux Chrétiens. Je
ne doute pas, Monfeigneur, que l'A-
pologie (les Dominicains Miflionnai-
res de la Chine n*ait perfuadé Votre
Grandeur que les Jefuites ne peuvent
pasiirer grand avantage des Ecrits de
ces trois Religieux de leur Ordre.
3. Après avoir tâché d'infirmer le
témoignage du Reverendi/îîme Père
en Dieu François Alconifla Evêque
nommé de Berite, & Vicaire Aporto-
lique à la Chine , ils confentent enfin
malgré eux que la Sacrée Congrégation
y air égard, mais ils demandent trois
conditions, i. Qu'ElIe ne lui donrte
as plus d'autorité ni de créance que
es Loix Canoniques & Civiles en don-
nent à un feul témoin^ de quelque con-
iîdcra-
l
A un PreLt de FrAwcr. i j 3
fîderation qu'il puiffc erre. 2. Que il
Ion témoignage eft reçu quand il eft
contraire aux Jeluites , on le reçoi-
ve auflTi quand il leur eft favorable,
3. Qii'on ne Tétende pas au-delà de ce
qu'il dit ou de ce qu'il rapporte ; de
ce qu'il a vu eti tel ou tel lieu , de ce
qu*il a oui dire à telles ou telles per-
fonnes particulières ; de ce qu'il a lu
dans tel ou tel livres & que l'on n'en
puifTe conclure que c'eft le fentiment
commun de la nation Chinoile, foute-
nu des Loix & de l'autorité publique.
Ces RR. PP. ofent faire la leçon à des
Cardinaux & à des Prélats d'une fcien-
ce eminente dans l'un & dans l'autre
Droit 5 & d'une expérience confom-
mée dans les {affaires s comme fi ces
Seigneurs ne fçavoient pas de quel poids
doit être le témoignage du Reveren-
difîîme P. Aleonifla dans celle qui re-
garde le culte j les cérémonies ^ & les
ufages de la Chine.
4. Ils demandent que la Sacrée Con-
grégation n'ait point d*égard aux ri-
tuels de la Chine appeliez Kiali^ Liki ,
&■ TrifNiffg , citez par le R. P. Aleo-
nifla dans fes Réponfes à Monfeigneur
Sperelli 3 ci-devant Afl^cfleur du faint
Office a &: à Monfeigneur le Cardinal
Cafanatte, fur les cérémonies Chinoi-
fes. Ils avancent que ces rituels n'ont
aucune autorité, & ne méritent point
de créance, parce que des particuliers
qui
154 Let.tre â^un Théologien
qui les ont fait imprimer a la Chine,
yontfainplufîeurschangemens, & plu-
iîeiirs Additions 5 fans l'autorité publi-
que 5 & que ces exemplaires ne s'ac-
cordent pas en plufieurs chofes. Q^ue
chacun peut compofer &: faire impri-
mer un rituel A*//7// à fa fantaifie & à fa
mode. Q^uc le rituel LïH eft un affem-
hlage & un recueil -confus de divers
Auteurs Chinois , qui s'étant joints
enfemble, ont écrit félon leur caprice.
Ou'il faut confulter les critiques de la
Cnine pour faire le difcernementdece
qui eft autentique & de ce qui eft apo-
crife dans les rituels. Ils fupplient en-
fin la Sacrée Congrégation de ne point
conclure qu'un fait touchant les cé-
rémonies Chinoifes eft véritable, par-
ce qu'il eft rapporté ou prefcrit parles
rituels K'iaJï ou Lïkj , mais d'examiner
fî la cérémonie dont il s'agit eft main-
tenant en ufagc.
Votre Grandeur voit fans doute >
Monfeigneur , que les Jefuites em-
ploient toute forte d'artifices pour em-
pêcher ou pour retarder le jugement
des controvcrfcs de la Chine. Car fî
l'on ne peut connoitre certainement
le culte & les cérémonies Chinoifes
par les rituels & les livres claffiques de
cet Empire , par qucLs moiens en au-
ra-t-on une çonnoiftance certaine ? Par
l'ufage, difent-ils. Mais cet ufage eft-
il arbitraire ? N'cft-il pas fonde furies
rituels
A un PreUt de France, i j 5
rituels & fur les Loix ? Et qui rendra
témoignage de cet ulage ? LesMifiTion-
naires du Clergé l'cculier de France,
&: des Ordres de S. Dominique &: de
S. François ? Les Vicaires Apoftoli-
ques de la Chine ? Les Jefuites les re-
cuferont. Les Midionnaircs & les Ecri-
yains de la Compagnie ? Ils font par-*
ties 5 & le$ témoins qui font de la fa-
mille des parties ne font pas rcceva- Q^n.Utte-
blés. Il faut confulter , difent-ils, les m , Exr.
critiques de la Chine, pour fçavoirce DeTcjîtbut»
qui eil autentique ou apocrife dans les
rituels. Qu'ils nous fanent la grâce de
nous dire qui font ces critiques. Sont-
ce les Gentils de la Sede des gens de
lettres ? Les fera-t-on venir à Rome ?
Cela efl impraticable. Aqui donnera-
t-or^commifTion de les interroger à la
Chine ? Cette critique fe fcra-t-elle
par les nouveaux Chrétiens ? La plu-
part font des ouvriers ou des marchands,
qui n'ont point de literature , & qui
font incapables de ce genre d'étude.
Les RR. Pères ne s'en rapporteront pas
fans doute à la critique de Monfieur
Maigror Evcque de Conon , de Mon-
fieur de Lionne Evcque de Rofalie,
de Monfieur de Cicé , de Monfieur
l'Abbé , du Revcrendiffime Père
Aleoniffa Eveque de Ecrite, duReve-
rendiffime Pcre Varo , de Monfeigncur
Navarrette Archevêque de S. Domin-
gue 5 des RR. Pères Polanco , Jean
Bap-
\l6 Lettre et un Théologien^ crc»
Baptifte de Morales , & Antoine de
faincc Marie très-fçavans dans les li-
vres Chinois. Ils ne feronr point con-
tents, fi la Sacrée Congrégation ne s'en
rapporte au témoignage de leurs Ecri-
vains j de leurs Percs Intorcetta , Bran-
cati 3 Favre^Philipucci , Tellier, & Go-
bien 5 & de leurs MiHionnaires de la
Chine , qui ne céderont à perfonne
rhonneur d'être les feuls bons criti-
ques desrituelsChinois, & comme les
nouveaux Maflbrethes des anciens li-
vres de cet Empire. Comme ce qu'ils
ont avancé avec tant de confiance tou-
chant ces rituels , demande quelque
éclairciflement , je joins à la Lettre
que j'ai l'honneur de vous écrire ,
celui que le Reverendifiîme Père
Aleoniflaa donné à Monfeipneur Spe-
relli i par ordre de la Sacrée Congré-
gation. Je fuis avec un profond re-
MONSEIGNEUR,
De Votre Grandeur ,
Le trcs-humbic & très-obcif-
fant & rout dévoué fcr-
Yitcur.
# • » •
O R-
'57
ORDRE
De la Congrégation dn fatnt Offl-
ce , envoie an Rêver endtjji me Père
Aleonissa far Adonfcignenr
Sperelli le 19. de Novem-
bre i6(}().
COmme les Pères de- la Compa-
gnic de Jésus expofent dans les
Ecritures qu'ils ont prefentéesau faint
Office 5 que Ton ne doit point ajouter
foy aux Rituels intitulez ATrV///', qui ont
cours à la Chine , ou qu'on doit y avoir
trcs-peu d'égard , parce que les Chinois
font imprimer ces livres comme il leur
pbift , que Ijs particuliers les compo-
sent félon leur caprice , & fe les pro-
pofent pour règle ; la facrée Congré-
gation particulière du faint Office dé-
putée par Notre Saint Pcre Se Seigneur,
m'a donné ordre de m'informerdu Re-
verendiffime Pcre Jean François de Ni-
colais Aleoiiiffa, Evefque nommé de
Bcrite, fi ledit Rituel intitulé Kiû/i ,
qu'il a fouvent cité dans fes Rcponfes,
& qu'il Nous a fait voir imprimé en
caraftcres Chinois , eft un livre d'une
autorité privée j S: l'ouvrage de quel-
ques particuliers, qui l'ont compofé
comme ils ont voulu; ouplutôt fi c'efl
un livre d'autorité & de foy publique,
félon
1 5 s > Répoyjfe du R, P. u4lcomJfa
félon q^iie ledit Père Jean François l'a
cité comme contenant la règle généra-
le des cérémonies qui doivent s'oblcr-
ver à la Chine.
SperELLI, Evefqtte ds
Tcnjt y Afpifcur dujhwt
Office.
REPONSE
Du Reverendijfwje Perc AleoniSSA , fur
Us Rituels de la Chine.
F Jean François de Nicolais
. Aleonissa , Religieux de Té-
troite obfervance de l'Ordre de faint
François , Evefque nommé de Ecrite ,
deftiné Vicaire Âpoftolique à la Chine,
obéifTant avec tout le refped:, laprom-
titude, la lîncerité, & la fidélité qu'il
doit à l'ordre de la facrée Congréga-
tion particulière du faint Office dépu-
tée par Sa Sainteté pour l'examen & la
decifion descontroverfes qui regardent
le culte ^ les cérémonies Chinoifes : le-
quel ordre luy fut envoyé par rilluftrif-
fîme &:ReverendifllmcSeigneurM.Spe-
relli, Evefque de Terni , Aflefleurde
ce facré Tribunal 3 dans une feuille
datée
Shy Us Rituels de Li Chine. 139
datée du 19. de Novembre i^9 9.are'-
pondu : tjue le Rituel intitulé Kinli,
qu'il a fouvent cité , &■ qu'il a appor-
te de la Chine, d'où il elt revenu de-
puis peu, eft inféré dans le corps delà
grande Somme de In Nature é^ fie la Rai-
Jbfii appellée en Chinois ^fîn'ghtachïucn'^y
recueillie il y a plus de trois-censans,
par ordre d'un Empereur de la Chine
nommé y utj'g là , qui donna commif-
flon aux plus célèbres Docteurs de cet
Empire d'y travailler , & imprimée
par Ton commandement , comme il
paroit par Ton Edit & Tes Lettres
f'atentes qui y font jointes : & que
'on trouve dans ce Rituel Kiali tout ce
que ledit Père Jean François en a cité,
abfolumcnt & fans d'autre claufe. Mais
ce qu'il a déclaré avoir efté ajouté par
des Dodcurs particuliers dans un autre
Rituel Chinois appelle aufTi Kiali, &
divifé en quatre Tomes, ne fe trouve
Î>oint dans celui qui fut imprimé dans
a grande Somme par ordre de l'Em-
pereur ^rmg lô. Il fe trouve néanmoins
dans ce dernier diviféen quatre parties,
& imprimé feparément, que les Chi-
nois mettent auiïi aujourd'hui au nom-
bre des Rituels communs & publics de
l'Empire. On s'en fert indifféremment,
& prefque communément comme d'un
Rituelautorifé, & on le vend publi-
quement comme tel, fans aucune con-
iradi(Stion ou défenfe. On trouve dans
ce
140 RépOKjè dîi R. P. AlcOfiijfa.
ce fécond Rituel tout ce qui eft prefcrît
dansle premier imprimé par ordre d'un
Empereur, quant àlafabftance des cé-
rémonies 3 avec les Additions qui y ont
cfté inférées d'uneautoritéprivée, fans
que l'Autorité fouveraine ait réclamé,
ou qu'elle l'ait défendu. Car c'eft à
l'Empereur de prefcrire les cérémo-
nies du culte Chinois, comme les Do-
(fleurs mefmes de la Chine l'enfeignent
dans leurs livres claiïiques , &" dans
leurs ouvrages particuliers : quoy qu'il
s'introduife fouvent de nouvelles fuper-
ftitions dans la pratique , ou que les par-
ticuliers les ajoutent quand on impri-
me de nouveau les Rituels; ce qui ar-
rive quand on les imprime feparémenr,
non pas dans l'Edition qui s'en fait
dans la grande fomme avec l'Edit de
rEtr>pereur. Mais routes les additions
qui fe font à ces Rituels font ordinai-
rement fondées fur la dodtrine & l'au-
torité des livres claffiques , ou du
moins fur le fentiment commun & l'u-
fage univerfel de la Nation. Ainfi ces
additions ne doivent point eftrc confi-
derécs comme des erreurs particuliè-
res de quelques perfonnes privées ; mais
comme le fentiment &: la pratique com-
mune , que l'on infère dans ces Rituels
quand on en fait dj nouvelles Editions
pour l'ufage public de ces peuples. On
peut douter s'il eft auffi facile aux par-
ticuliers de compofcr à leur fantaifie des
Ri-
f$ir les Rituels de U Chine. 141
Rituels intitulez AW/, &: de les mettre
au jour, comme l'afTeurent les Jelui-
tes, fiTon ne veut s'en rapporter à leur
parole. Ledit Pcre AleonilTa ofe af-
feurer après une expérience de pluiîeurs
annc'es , qu'il ne fe trouve point main-
tenant de Rituel intitulé A.W/j approu-
vé par l'autorité publique, &" dont les
Chinois fe fervent communément , qui
foit plus pur que celui qu'il a fait voir
imprime dans la grande fomme , &
qu'il eft prcft de reprcfenter encore à
la facjée Congrégation au premier or-
dre qu'il en recevra , aulfi-bien qu'un
autre qui a pour titre , Chî{ vcn Kùng
Kihli, qu'il a pareillement chez foy ,
qui eft d'une grande autorité à la Chi-
ne, &: que tous les Chinois doivent
fuivre par ordre de l'Empereur, com-
me le Rituel de tout l'Empire. Ce Ri-
tuel convient parfaitement avec celui
qui eft imprimé dans la grande fomme.
Comme le même Père [ean François
a citéauffi le Rituel Liki , ^ plufieurs
paftages d'un livre ou d'un Rituel inti-
tulé Iduwj'g hoà tien , il croit devoir
ajouter ce qu'on entend par les Rituels
ùki Se Tâjning , & quelle eft leur au-
torité à la Chine. Le 'Làiuwg renferme
les Loix , les Ordonnances & les Céré-
monies faites & prefcrites par les Em-
pereurs de la famille appcllce Tàmwg ,
qui a régné à la Chine avant que les
XartaresTeuftentconquife. Il contient
audi
I^î Réponfe an R, P. u4lcomj]a
aulTi l'Hilloire de cet Empire. Le Ri-
tuel Liki eft un des cinq livres claffî-
ques & trcs-anciens , dont l'autorité'
a toujours efte' révérée par les Chinois
& qui font appeliez & intitulez Kivg.
Ceux qui défirent parvenir aux Degrez,
doivent étudier ce Rituel comme les
autres livres clafîlques, & ils ont cou-
tume d'en faire une étude particulière.
Les examinateurs députez par l'Empe-
reur, & les Chanceliers prennent dans
ce Rituel , aulTi-bien que dans les autres
livres appeliez A7;;^, des textes ^ des
queftions qu'ils propofent dans les exa-
mens publics aux Candidats ou aux Eco-
liers qui afpirent aux Degrez. Enfin
les Chinois afTeurent que c'eft la plus
ancienne Règle des cérémonies & des
Rites de tout l'Empire.
Il eft vrai que quelques Commenta-
teurs de ce RitiTel doutent fi dans la fui-
te des tems on n'y a pas ajouté plu-
iicurs chofes, particulièrement fous la
race des Empereurs appcllée 7/^;;, après
que tous les livres Chinois furent brû-
lez par le commandement de l'Empe-
reur Barbare Ohiii" xi hoavg ^ environ
deux-cens cinquante ans avant l'Incar-
nation de notre Seigneur i ou fi ce Ri-
tuel qui eftoît au nombre des livres
clalTiques avant cet embrafemcnt , eft
demeuré entier, & acftéconfervédans
fa pureté. Lefdits Commentateurs cfti
ment & affcurent , que certaines let-
tres.
Sur les Rituels de la Chine, 1/^5
très , certains articles , & certains Cha-
pitres n'eftoient point dans les anciens
Exemplaires, mais qu'ils ont efte ajou-
tez fous les Empereurs de la famille
Han par les Dofteurs de ce tems-là.
On ne fçait de quelle manière cela s*eft
fait -: mais tout cela n'empcfche pas
qu'après la colle(Stion , la revifion, &
le choix des livres clafTiques par or-
dre de l'Empereur Jung îo , ledit Ri-
tuel Liki n*ait toujours efté du nombre
de ces livres , & qu'il n'ait encore à
prefent la mefme autorite : de forte
qu'il n'cft pas permis aux Commenta-
teurs d'en retrancher ou d'y ajouter un
feul point, mais feulement d'en expli-
quer le texte. Il femble que ce qui a
donné lieu à cela, c'cftque l'on n'a pu
trouver à la Chine un Rituel plus pur :
& que ces peuples ont eftimc que fon
antiquité,quellc qu'elle puifle eftrc&r le
devoir faire préférer à tous les livres
qui ne font point du nombre desClaf-
liques , & le devoir faire conferver com-
me un livre dont l'autorité eft vénéra-
ble à cet Empire.
Enfin les PP. François Brancati &
Jacques de Favre , de la Compagnie
de JESUS , ont cité dans leurs Apolo-
gies le Rituel Lih , dont les Chinois fe
fervent à prefent , comme un livre
clafTiqueS: de grande autorité, &ilsonc
choifi plufieurs pafTages tant du texte
que des Commentaires de ce livre ,
• pour
I^^ Rtponfe dn R. P, Aleomjfa, , ^c.
pour établir leur fentiment , & pour
combatre celui de leurs adverfaires ,
comme on peut voir dans le Traité du-
dic Père Brancad , que les P P. Jefui-
tesont produit -depuis peu à la Con-
grégation du faint Office 3 dans lequel
cet Auteur cite aufïi aux mefmes- fins
quelques pafTages du Rituel T'a inufg,
F. Jean François de
NicoLAis Aleonissa ,
Evejqu^ mintJié d^Beiite^
RE-
RECUEIL
Des pièces citées dans ce
Traite,
^^E croj que je feray flaifir
sJ aux LeÉienrs de leur don-
ner les pièces fuivAnt es a la fin
de ce Traité : & je le croy
même neceffùre , afin qtion ne
me foupçonne pas de les avoir
citées à faux ^ ou d'en avoir fait
une verfion infidelle,
1. Keponfe Italienne du Tr}s^
Révérend Père en Dieu Jean
François Aleonifia Evefcfue nom^
tné de Berithe , aux Articles qui
luy furent envoyez, par Monfei-
çneur le Cardinal Cafanate le
premier de Juillei 1699. J^en ay
donné une verfion Françoise au
premier Chapitre de ce Traite,
1 1. Mandement latin de Li
Congrégation du S. office envoyé
G aîC
AH Rcvercndifsime Père Aleo*-
mff.t p.tr l' lllufirifsime Seigneur
Spcrellt le 19. Novembre 1699.
III. Lettre du Roy de Portu^
gai a Mcnfeigneur le Cardinal
Cj. fanât e en faveur des PP, Je^
fuites fur les affaires de la Chi-
ne. Cette Lettre efl citée au Cha-
fitrc VIII' de ce Traité. Je la
donne en Portugais , avec la
verfion Françoife , pour la fatis-
faction des Le cireurs,
IV, Lettre latine de Me (sic tir s
le Supérieur , les Directeurs /^
Mifsionnaires du Séminaire des
M ifs ions Étrangères , établi a
Paris , a notre faint Père le Pa^
pe Innocent XII. que j\%y rap^
portée en Frxnçois au dernier
Chaoitre de ce Traité.
RISPO-
^47
• «•«••«•«•##•#•« •«
• •••««••* **#4fl*# •••
• «•#»«H^«* ••♦♦#♦##♦
RISPOST A
Di F. Gio Francisco Aleonissa
Aiinore Ojfervante Riformato , f^ejl
covo eletto di Berito, Vicariê
yîpcftolico de Hun-vang in Chin^,
^ilU Punît contenuti nelli FogU Inviati»
glt d'alf Eminentiffimo e Rêver endtjji"
mo S'ignore Cardinale Casanatte,
il primo de Luglio i^pp.
E
MlNENTlSSIMO E ReVERENDISSI-
MO SiGNORE,
Havendo gia rîfpoflo alli punti , în-
viatimi da JVIonfignore SpcreUi AfTefTo-
re del S. Officio , conforme ail' or-
dine délia Sacra Congregatione , con il'
donuto oflequio conFormandomi pari-
mcnte al fommo c Apoftolico zelo di
Noftro Signore & ail' ordinedi Voftra
Eminenza, rifpondeo alli punti che H
contengono ne fogli che u degna in-
^ viarmi , beo che per la mia corta ca-
*j5acita mi riconofca infufficicnte à fo-
G 2 disfar
148 Conformité des Cerem, Chin,
disfar pienamente al fommozelod'ell*
Eminenza Voftra , procurero nondî-
meno che lafncerita délie mierifpoftc
correfponda al mcrito délia materia,
è air obligo che hb di manifeflare la
verita in. puuto fi relevanti , havendo
ne dunqi^e fcippricato il Sigr\Qje /. è cou-
fidato nella divina alTillenza dameim-
plorata , dico nel •
PRIMO P U N T O.
1. Che MonfignoreMaigrot è dotto
«elle noftre rcienze^ t oignoveramen-
te del grado che poffiede de Dottore
Sorb.onico,
2. Che è uno de più dotti Miiïîon-
narii nella lingua e Lettere Chinefi ,
nondimeno eflendo detta lingua diffi-
ciîifllma per il poco numéro di voca-
boli, quali in tutto no giungono à qua-
tre cento, è fi jiiultiplicanocon il mo-
do di pronuntiarli, non po^To affirma-
re che iappia conperfcttionek lettere
Çliinefi 5 quali panano il numéro di cin-
quanta millia, è la ma^gior parte defte
ha divcrfi fignificati : c pero vero che
per leggere c inccnderc libri Chinefi,
nofirechiedçunaperfcttanotiziadi tur-
tcleiudctte letter^.c che permczodc
JCcttcrati Chinefi èdc Iloro dittionarii,
fi_puoiupplircdettodi[cttO:, corne fan-
no gli illelfi Chinefi , de quali no cftato
mai alcuno,chc n'habbiahaviuouna to-
tal co^nitionc. 3. Che
uivec r Idolat . G reccjHe Çy' Rom. 1 45)
3. Che c unode Milîîonarii piùprac-
tici de coftumi c Riti Chincfi , eflTcn-
do , gia molti anni chc fta in China,
c fo che hà tatro parricolar ftudio per
quefto eflfetro.
4. Ch.e in quanto ho potuto conof-
cere , con maturità è fiindamcnto,
da hii , è molti altri ftimato folido,
hà fatto il fuo Mnndato.
5. Che non ho fundamento folido
per credcre che eflb Thabbia fatto con
pafTione, è vendetta , anzi credo che
i'habbia fatto conzelo^ tpor fodisfar
al fuo débite
NEL II. PUNTO DICO.
6. Che Letterati Chinefi nelli loro
Ifbri antichij è modcrni , ufano delli
vocaboli Tien , é Xnmti. Il primo nel
fenfo literale fîgnifica il Ciclo ^ è y Due
iiltimi nel medemo fenfo fignifîcana
ilfupremo Imper at or e.
7. Che y Letterati Chinefi Gcntili
délia fcrta Lettcraria , al meno da mil
anni in qiià , in quanto hanno voluti
dichiarariî ProfefTori di detta Setta ,
è difcepoli delloro cclcbre Maeftro
Confucio , hanno feguito commune-
mente un mero Atheifmo congiunto
con una fintareligione : unde non han-
no intefo, ne intendono per detti vo-
caboli il vero Dio , ma folo il cielo
materiale, 6 una virtii del cielo, che
chiamano Ly. G 3 8. Che
I 5 ù Conformité des Cerem, Chin.
'8. Che dàdettiLetterati 5 inquanto
Profeflori de detto Atheifmo , fi ufa
communemente délie voci 6 vocabulo
Xamtîi corne nome honorifico per nonii-
nare il cielo materiale , 6 pure è più
frequentemenre quella virtu celefte ,
chiamata Ly.
9. Che con detto nome A^rw^/inten-
donOj corne ho detto, una certa virtù
infîta nel cielo , è chiamata Ly : la
quale per che domina è influilfe nelle
cofe inferiori , fi chiama dominante
c imperante, è per la detta virtù detti
Chinefi chiamo il cielo materialey?//?;*^-
ffw hnperntore.
10. CheyPP. Mirfionarii , èliChri-
ftiani di China, quafi nell' ifteflo tem-
po comminciarono ad ufare del nome
Tîeji cbu y è de y vocaboli Tiiti è Xnwti ,
per nominare il vero Dio j per che
y Padri délia Cojnpagnia di Giefu fu-
rono y primi MilTionarii, cheufarono
defti. Pero fin dal principio fù da tut-
ti Miflionarii ufurpato con più liberta
il nome Tùn chu , per nominare il vero
Dio ; per che per ufare del nome Tien
è Xamti, giudicarono neceflaria maggior
dichiaratione , per concordare con y
fudetti Letterati , almeno riconolcen-
do, che detti Letterati da molti anni
in quà havevano ufurpato è dichiara-
to detto nome o vocabolo en fenfo
Athjillico.
II.. Che fopra le porte dellc Chicfe
uivcc rjdoUt . Grec^Hc dr Rom, 151
fi mette Ticii chu tang , è non TiC7t Xatnti
tang , è cofi fcmpie fù facto univerlal-
mcnte da tutti li Miffionarii refpcdi-
vamente nclle porte dclle loroChicfe.
12. Che è vero , che difficilmente fî
pofïbno ularevocaboli Europe! perno-
minare il nollro Dio , efîendo che la
lingua délia China è quafi tutta com-
pofta di monofîllabe, délie quali chiaf-
cuna hà il proprio fîgnificato s è i no-
mi Europei eflendo compoftidi piiifil-
labe che in quella lingua , c lettere han-
no diver/î fîgnificatij fannolàunfenfo
totalmcnte diverfo da quello , che han-
no in Europa, è nel linguaggio Euro-
peo, oltre la gran difficultà che han-
no ; Chinefidi pronunciarle ncl modo
che devono pronunciarfi , mancando
in quella lingua alcune Lettere d'c^ll'
Alphabeto Europeo , come per efem-
pio, B.D.K.
Ij. Che è vero, che conforme èpref-
critto nèRitualiChinefi, foloTImpe-
ratore facrifica al Cielo, è alla Terra,
Q^uanto poi fe ci fiano 6 no ncUa citca
di Nanking è Peking Tempii dedicati
al Cielo è alla Terra, non ne hb me-
moria, ne certa notizia, neperl'una,
ne per l'altra parte. Q^uello che fie,
che in Nanking nel tempo che là fon
flato, non fi fatto tal facrificio, per
che rimperatore gionfe là folamentc
di pafîagio , cfTendo la fua Refidenza
ordinaria in Peking , donc fuol fare
^dccto facrificio. G 4 14. Che
152 Conformité des Ceretn. Chi^t,
14. Chel'ImperatoreCZ'^'iW^o-^; hog-
gi régnante habbia dato à Padri Gie-
l'iiiti de PekiiTg latabella infcritta A^/'w^
tien, Cœlfun celito , è verita afferta da
medemi Padri , i quali ^ è non akrij
hanno chiefa in Peking , & è più che
certa, eflendo che ncll' iftefla tabella
efpolla in varie Chiefefta fcrictoquaî-
mente Tlmperatore di propria mano
fcrifle detto due lettere K'wg tien , è vuol
dire che l'eftefTo Imperatore gli diede
efte 5 altrimente non gli faria permeiïb
ufare di efte nel modo riferito.
15. Che è vero che detti Padri han-
no pofto fopra l'Altare dalcune fue
chieze in luogo alto è eminente detta
tabella, 6 per dire meglio , copie di
efta, corne io fteflb l'ho vifta nclla lo-
ro chieza di Nanking , & altre.
16. Che inanzi dette Tabelle non fî
mettono necandele, nefiori , neodo*-
ri , fe non quelli che fono per culto
délie imagini facre , che ftanno nel
l'Altare, quali di niun modo Ibnoor-
dinati ne pofti per culto di dette ra-
belle.
17. Che i chinefî vedendo dette ta-
belle 5 fin dal principio che furono
efpoftc nelle chieze , feccro concetto
che rimperatore con efte havevafatto
à gli Padri un fingular favore , eflen-
do che quai fî fia picciola cofa d'ell*
Imperatore , C\ ftima perfingolarbene-
iicio. Sotto di dette tabelle à i latipo-
fero
^vec ridolat. Grccâjue & Rom. 155
fero i Padri una efpofitione o dichia-
ratione del fenfo nel quale dovevano
intcndcifi dette tabelle , h Icttere in
cft<.- contcnute , c che adeffi parfe più
conforme alla dottrina Catholica : bon
che quella che ho vifta in alcuna chie-
za délie fudetre , non mi fià piaccinta,
Stimo che molti nonne facianoilcon-
cetto conforme à detta dichiaratione.
Pero i più dotti è Letterati fra quel
G-jntili, che poterono penetrare me-
glio Tintcnfo d'ell' Imperatore, cre-
do che fenza far cafo ûella dichiara-
tione fatta da Padri , l'intenderiano
à l'intendono in fcnfo atheiftico , o
pure che l'Imperatore l'habbia date in
Iode de Padri in quanto JVlathematici,
è non per autorizare la dottrina Ca-
tholica che eflfipredicarono 6 predica-
no in quelP Imperio. E' certo anche
che i Chriftiani l'intendono in fenfo
fpiegato de Padri.
18. Che in punto air eflerebenfun-
data 6 no la proibitione fatta di dette
tabelle , mi pare cofa dubbiofa , è
n'afpettaro la decifione del facro Tri-
bunale , à cui fpetta il Giudicio del
fatto.
19. Chegl'altri Miffionarii, che non
ufarono di dette tabelle prima del de-
creto in favorc , délia Religione Ca-
tholica publicato l'anno 1^92. fenza
dubbio nelle loro chieze erano efpofti
à maggiori moleftie, iî de Governato-
G 5 ri.
I 54 Conformité àes Cerem^ Chw,
ri, corne dipopuliGentilij èmancau-
(jo gli quel favore Imperictie ;, fperi-
mentariono alcuna maggior difficulta
in fare il loro Minifterio. Pero non
per querto lafciavano difarfrutto, chi
più, chi meno : è dopo la publicatio-
ne di detto Decreto, moko meno ne-
ceflîtano di dette tabelle per far il lor
officio.
20. Che quelli che Thanno tolte
inanzi odopolapublicatione del'Edit-
to di Monfignor Maigret , non hanno
incontrato 6 fofferto perfecutione j la
quale havria potuto incontrarfi , {t i
Chineû haveffero potuto riconofcere
alcuno difprezzo verfo dette tabelle y
per cfTer cofa Impériale. Quefto pero
puo temerfi molto, fe fî tratte de ri-
moverle délie Chieze che fono in Pe-
king 5 è fpecialmente da quella done
i'Imperatore ne fece il dono 3 per che
fenza dubbio giungera à notizia dello
fteflfo Imperatore, è fara difficile il far-
gli credere che quefto fi fa con giufto
motivo 5 è non per altro fine à lut po-
co grato.
21. Che, il librodelP.Gio-battifta
de Morales Domenicano , intitolato^
iDivivi pfj'ccpti de filiGrnm ohcdiefjtta exp/ica-
■iio, non mi confta che fiallatoimpref-
fo in China, o al meno non mi cgiun-
to aile mani , onde non sbbene il con-
tenuto. Ma quello dsl Padre Antonio
de fanta Maria, Francefcano^ intito-
lato.
^vec lIcloLit. Grtcque & Rom, 155
lato, Legis DiiC" Schol^Littcrarij: cotifor-
initns y è ftato da me più voltc vilto è
letto : c veramentedettoPadre inque-
fto libro da lui coinpoftoinlinguaChi-
ncfc, parla confînsolar ftima di Con-
fucio , c procura di concordare moltî
tefti dclli libri di detto Confucio , è
d'un alro Filofofo antico chiamato
Mcn'g chu j con la dortrina Carolica !
cfponcndo li in fenfo Catolico : è corne
in detti tcfti fi ufa délia lettera ftcn, il
Padre la Spiega per il fignore del Cie-
lo 5 aggiungendofi la lettera Chu, chc
fîgnifica /ignore , & alcuna volta ufa
délia lettera Tic» efplicata nel dette
fenlb 5 per nominare il noftro Dio5&
£ certo che in detto libro il Padre dà
à Confucio molto, &: in alcun luogo
lo fuppone illuftratoconluce foprana-
rurale, fupponendo che Tintelligenzia
che effo dà à detti tefti , fia quellacon
cui li proferi detto .Confucio.
21. Che rimperatore di China con
gli Ateifti è Ateifta, è con gli idola-
rri idolâtra , è veramente più Aieifta
chc altro, poi che per taie , û mani-
fefta ne libri da lui impreffi, cfeguace
délia fetta Letteraria.
23. Che, à mio parère, ad ogni al-
tra cofa pcnfa , fuor-che à farfi Chri-
fliano.
24. E' pochifTnno fin hora il numé-
ro de Mandarini è Grandi d'ell Impe-
rio, che hannoabbraciata la Legge de
Dio. G 6 NEL
1 3 <j Conformité des Cerem, Chirf.
NEL TERZO PUNTO DICO.
2 5. Che fe ben voglio pcrfuadermi
che il Padre Martinio Giefuita , Re-
ligiofo di tanti meriti , virtù è dor-
trina ben nota al mondo , nelli Tuoi
ouefiti dari al fanto OfHcio in tempo
û'Alefandro V 1 1. habbia propofto
quelle ch' eflb giudico neceflario per
ottenere la decifione de lui pretefa ; c
che non habbia voluto avertitamente
occultare cofa alguna da lui riputata
contraria alla detta decifione. Nondi-
meno fe non prefentb altre fcritture
più diftinte de quel tanto che fe con-
tiene ne punti dà lui propofli in lingua
Latina ^ è decifî dalla fanta Congrc-
gatione &c. mi pa:re che in aîguneco-
fe fù diminutoj fe purenon volfepro-
ponere fol quel tanto effo giudicavalr-
cito permetterfi alli Chriftiani, è non
più 5 per che fe cio fofle , doverei dif-
correre d'altro modo.
16. Che quelle in che mi paredimr-
nuto, è molto di quanro dice nel ter-
70 quefito, per che fuppone che lace-
remonia di ricever v gradi (î fa n^lla
•fala di Confucio : è fe per la fala di
Confucio intende quel Itiogodone s'of-
ferifcono vittime, & altre cofe à det-
te Confucio, non è veto che in detto
luogo li conferifcono V gradi j ma folo
doppo d'haver ricevuto dctti gradi iii
altra
ylvec ridolat, Grectjue cr Rom. 1 57
altri parte ô fala Lcttcraria, vannoîà
à vcriL-rare ô riconofcere il Confucio
almcno pcr loro principale Maertrc,
con le cérémonie prefcritte pcr tal ef-
fetro. Di pin fiipponc chedctto luogo
deftinato alcultodi Confucio non èpià
che una fala : è quefto è quello , che
folo relia fuppofto , è non provato ; fti>-
mando altri cbe fia più che fala, ève-
ro Tempio. Suppone anche &: alTjrif-
ce , che y riti con y quali è ivi vcne-
rato Confucio in tal occafîone , fono
ex fua prima wftittitione politici è civili ,
iid mcrum culutin civil cm inJlitutT : il che
• deve provarfi più diftintamentejben che
fîaalquantopiùfundato. Seguitapoi è
dice che omnes graduandtjimul Aulam Coriftt-
çii itjgrediuntnr , dovendo dire per dir
il vero, Omms Grnduati Jîmtil à^c. Per
che quando cio fanna , hanno gia oc-
tenuto ilgrado. 5oggiunge più abaflb-,
è dice : Pratereh Aula illaCcnfucii gyîuna-
fium cfl 5 ^ non Tcmplitm propriè diéftwi ,
affignandone lacaufale : Namdaufaom-
mbt*s eft praiterquavï fludiofis . O u e ft a ca u-
fale è vera ,- pero norr bafta a provarc
che fia fchuola è non vero Tempio;
tanto più che elTo non riferifce diftiiT-
tamente l'offerte o facrificii, che ivi fi
fanno à Confucio in altri tempi de-
detcrminati , & y riti è cérémonie che
s'ufano in taie offerte , corne pare che
era ncceffario. Di più nel 4. quefito
dice, che Sinâ nuUam Divmitaîem ammet-
158 Conformité des Cerem. Chin,
hns dcfunâîoruvi couccduiit , itibil ah iîlis fpi-
rafit aut pctfwt : è quefto non è vero,
per che y Chinefi infideli , almeno in
tempi è luoghi determinati ^petuntàpra-
fatis nnimabus : & in perfonedetermi-
nate gia défunte hanno conceflb virrù
èpotere più divinoche humano , corne
confia da libri è rituali di China, fia
cio fatto fintamente, b con vera cre-
dulita. E dove dice : Triplex e(î vwdus
fjuo dcfunâosfms honmant; nel primo laf-
cia fuori certe offerte che ivi fifannoi
è nel fecundo è diminuto nelle céré-
monie che fi fanno coram dcftmâorumtn-
hcllis nelle café particolari. Q^uanto
poi al Chu Tang b fale di defunti , non
riferifce che anchifon chiamate Tem-
pii , è non fale quelle dell* Imperato-
re, è de Magnati , cioe con il nome
Miao :, che dettoPadre qui fupponeper
nome di Tempios effendo permefTo al
particolari il tencrle folo col nome di
Chu Tang ^ che eflb fuppone perfala^
c non Tcmpio, Q^ueftomi occorrecir-
ca y quefiti dcl dettoPadre, àcui non
intendo faraggravio , effendo ftatoMif-
fionario dcgno , è fi meritevole , ma
folo rifpondere quanto devo nella di-
manda fatta mi in tal materia.
NELQ^UARTO PUNTODICO.
27. Che Confucio c fommamcntc
iiimatoda tutti Letterati Chinefi & al-
tri
j4veclldolut. GreccjHe & Rom. i 59
tri Infedeli di China &akri Kcgnivi-
cini j c molto anche da'Chinefi Chri-
Aianij ben chc quelH uhimi liacconio-
dino per il più a qucllo que y MilTio-
narii conceuono à detto Conrucio.
iS. Corne in China ci fono diverfc
fettc, mi pare che y Gentili veramen-
te Idolatri riguardano Confucio corne
uno de loro Dei , ben che in publico
o conautorita publica non fiafraquelli
numerato, ma folo con privata auto-
rita da quefto o da quello, in quefto
6 in quai luogo. Se poi fi ritrova in
China chi fenta de gl'antichi Chinefi
quello fentono, o hanno fentitoy Mif-
fionarii délia Compagnia , & alcuni
ahri , cioè che quelli connobero il ve-
ro Dio, Spiriti, & anime immorcali,
ilimo che quefto gli dara ogni fantita
polTible in tal fuppofto. C^uanto poi
à y Letterati Atheifti , è certo che gli
atcribuifcono in grado fommo quella
virtù che efti ChiamanoZ.?, ilcheère-
^uardata di loro corne unaSuperiorita
c perfettione eflenriale.
29. La parola Miaô , è ufata in Chi-
na communemente per nominaretem-
pii de gli Idoli , de modo cheiMiffio-
,narii mai hanno ufurpato detta paro-
la per nominare le loro chieze , ben
che fapefTero che i Chinefi Thaveviano
ufurpato ancora fin dal tempo antico
per nominare i luoghi 6 Tempii delli
progenitori Regii è d'altri. Lo trova-
to
1 6o Conformité de s Cerem, Chïn.
to nondimeno (piegato ne dittionarii
Chinefi per forma , figura , 6 fomi-
glianza di defonti , pro qiianto con
efl^; fignificano quei luoghi , tempii 6
memorie di detci defonti : è in liiogo
folo né in libri Chinefi l'ho viftoiifur-
pare per nominare una délie fale del
palazzo Impériales pero non mi con-
fia di certOj che detta fala non habbi
relarione ad alcuna cofa de progenito-
ri Regii , è che fia folo deftinata per
ufo deir Imperatore : onde pare più
certo che fia fempre ufurpata commu-
nemente per fignificare Tempii dedi-
cati à fpiriti, & veri Tempii , che una
fîmplice fala. Quanto poi alla Icttera
oparolaŒ 6 ci, è certo chedefi:ehan-
no ufato i Mififionarii per fignificare ri
facrificio délia Meifanell' idiome Chi-
nefe per haverlariconofciutapiùàpro-
pofito d'ogn' altro per tal effetto. E
vero che i Chinefi ufarono defta per-
figniftcare i loro facrificii.Ben che per fi-
gnificare certi facrificii particolari fatri
à diverfi fpiriti è defonti , corne pure
al Cielo , Terra , & Xamti , hanno
ufato & ufano d'ahri nomi particola-
ri, conforme la fpicganoiDottori Chi-
nefi, fignifica quel facrificio ô ofTcrta,
in cui s'ofifcrifcono vittime 6 animali.
Non polTo pero affirmare totalmente
che l'ufo defta fia cofi determinito à
fignificare vero facrificio , che non hab-
bi, o polTa havere alcro fignificato.
30. Cou-
Avec ridoltt. Grecque cr Rom, 16 ï
30. Confiicio ha in ciafchcduna cit-
ta dclla China luogo 0 Tcinpio à lui
dcdicatc, donc fe glioflfcrifce , ôfacri-
fica in tempi dcccrminaci s c in cfto è
Altare 6 mcnla ornata de candelieri ,
é vafi per abbriigiare profumi avantila
tabejla di dctro Confucio. Se poi fono
veri tcmpii c alcari, nonccofi chiaro.
E certo che io ne pofTo dir altro , fe
non rifcrire le cercinonic che forfifer-
virano per che fi décida il fi, 6 non.
fe poi detto tcmpio fiadedicatoconal-
cune cérémonie, è certo che conforme
à Rituali di China, y tempii di pro-
genitori Regii , & altri nominati Chufig
miao ^ b Cbit jjiiào i fi devono dedicare ,
è quafi confecrare col fangue de gli
animali, che doppo cui fi facrificano.
Q^uefta contefta cerimonia fi fuol ufare
în dedicare il tempio fudetto^ pernoa
eflere quefto inferiore àquelli nel coa-
cetto di Chinefi.
31. In ciafcheduno di derti tempii
è luoghi dedrcati à detto Confucio, ce
la tabella del medemo con Pinfcrittio-
ne feguenre Cby xin^'g fieufu Kung chu
xing goey , id eft , Sedcs ^iritiis faîiâîifftmfy
Vel fapientifllmi Mngiftri Cmifnnr.
32. F/ vero che nel tempio di Con-
fucio fe confei*va la detta tabella in un
tabernacolo o armariello pofto fopra
l'Alrare 6 menfa fituata nella parte ,
donc nelle chieze fuole ftare l'Altare
Maggiore.
35. Il
1 6 1 Conformiî é des Cerem. Chîrt.
jg. Il luogo done fta il tempio di
Confucio incitolato Vueri mino , cioé
tempio délia fapienza , contiene di-
verfe fabriche & habitationi. Dctto
luogo fî chiama , jûhiô , LHtcratmuin col'
hgïiim five gymnnfîum . Le fabriche poi fo-
no dirtinte con nomi particolaricorri-
fpondenti à i fini per quali fono fatti :
èquellaparte 5 fabrica , tempio, 6 fa-
la 5 done fta detta tabella di Confucio ,
è done s'offerifceofacrifica al medemo
ne tempi déterminât! , è chiamataH/^'w
viïab. Se poi quefto tempio délia Sa-
pienza S// vd dïci poljlt Aiila gymnafiï ^ ^
non Templum proprie diâum , non è mio
di aflferirlo, ô negarlo. Cerro è che è
dillinto délia fchuolaLctteraria, èche
id efto non fi fà niun atto letterario ,
ma folo vi é veneraro Confucio con ri-
verenze^ oâçrte^ 6 facriiicii ^ &ahri
riti fimili.
54. Li Letterati non fono Graduati
nel detto tempio Vuen Miab , ma ben fi
in un altro luogo, fala 6 palazzo de-
putato per tal effetto.
3<î. Mohe di quelle cerimonie che
fogliono farfi in detto Tempio Vucnmiahy
pare chefianocivili , per quanto foglio-
no farfi anche à i vivi. Pero éè ne fo-
no altre che b veramente fono, 6 pa-
rano religiofe è fuperftitiofe , come fo-
no quelle d'offerirei peli è fanguedell*
animale, chi fi hà da facrificare i fpar-
gcrc il vinoche s'oft'erifce, dedicarcol
detto
Avec ridoUt. CreccjHe (^ Rom. i (^5
detto Tangue , il tcmpio i feppelirc
detto fangiie, è i peli gia oflferti , ab-
brugiar le Pczedi Tcta parimcn ce offer-
te , c le carte dore ftanno fcritti gli
oflertorii, & altre fîmili.
16. Ouando li Graduati, doppo ri-
cevuto il crado , vanno al medemo
tempio à far le folite riverenze ègenu-
fîeflioni avanti la tavoletta di Confu-
cioj ci fono fopra la menfa 6 altare
candele accefe , profumi ardenti ( de
fiori non è coficerto & univerfali ) Al-
Ja fpefa pcr dette candele è profumi 3,
fî dice chc fogliono concorrere è coa-
tribuire detti litterati.
37. Le riverenze che detti Lettera-
ti tanno in detta occafîonc, fono qua-
rrOj inchinando il capo profondamen-
te , è poi inginochiandofi , quatro volte
giungono con il capo fin à terra, èpuoi
cfcono fuori , c vanno à far rWerenzaal
prefetco chiamàto Hiô quon. Dette rive-
renze è genufleflionis'ufano anche ver-
fo i vivi in certi tempijè cafi particolari.
3S. Li Letterati conforme allaloro
dottrina atheiftica., non pare che fperi-
no cofa algunadalConfucio. Peronon
oftantefufïifte quantbhoriferitoin que-
fta mai(eria nella rifpofta che ho date
alli pu^i inviatimi. Da Monfîgnore
Spcrelli AfTcflbre del fanto Omcio 3
d'ordine délia S. Congregatione.
g 9. E' vero chc fi porta gran rifpetto
al tcmpio di Confucio, 6: hb intefo
dire.
1 6/\. Conformité des Cercm. Ch'm,
dire, che fi fà da Chinefi la cortcfiadi
fcander da cavallo pafiando avanti di
effo. Pero TiftefTo fanno l'inferiori ,
incontrando per le ftradc i lorofupe-
riori è maggiori , è fpecialmcnte paf-
fando avanti il palazzo Impériale.
40. E' vero che li Mandarini délie
Lettere di ciafcheduna citta , 0 per di-
re meglio j y Govcrnatori ordinarii
délie mcdeme, vannocon fuoi Officia-
li 5 & altri Letrerati , due voke ogni
mefe in detto Tempio di Confucio ,
cioè nella nuova è pienra Luna, à far
Tarie rivcrenze è proftrationi , iiianzi
la di lui tabella , è in quai occafîone
vi ardono candele è profumi , che efli
devono offerire , corne fi prefcrive ne
rituali, 6 almeno devono ardere dette
candele è profumi, quando y medemi
fanno dette riverenze è proftrationi :
c qiiefto è quello ched'ordinario-fi prac-
tica.
41. E' vero -che li Mandarini fopra
detti fanno Tiftefle cérémonie imme-
diatamente prefo il poflcfl'o délia fua
dignira , 6 governo.
41. F/ vero che detti Mandarini ren-
dono tutti quefti honori à Confucio
prima che al ClmTg Honng , che è lo Spi-
rito tutelare délia città nell' opinione
di quei popoli.
4^. E vero che in variitempii s*of-
fcrifcono è facrificano varie café à
Confucio.
44. E'
yîvcc ridoUt. GreccfHc cr Rom. i6^
44. E' vero che fî fanno due princi-
pal! offerte o facrificii folenni al me-
demo Confucio, cioc nella primavera
c n'ell* Auronne.
45. Q^uelli che devono fare dette of-
ferte o lacrifici'i , 6 amminiftrar in efti,
conforme è prefcritto ne rituali , de-
vono alcuni giorni prima digiunare ,
aftenerli dalle loro mogli , dal vino,
carne , pefce &c. è da divercimenti.
Pero non è cofî certo che lo faccino:
&: anche ho ritrovaronelRituale A'm/;,
f^iegaci detti digiiini da farfi previa-
mentc aile offerte folenni per y proge-
oitori deionti, non con rigore di total
aftinenza, fpecialmentc nel vino, car-
ne, pefcc, &:c. Ma per unacc^rta par-
fîmonia è moderatione nell' ufodi det-
te vivande.
4<îf Dell* elettione fatta per forte
d'un buon giorno, pcrfceglieregl'ani-
niali , che s'hanna da offerirc, nonne
ho certa notizia , ne libri 6 rituali in
pronto , dovc fi prefcriva.
47. Si fiiol tare alcuna ccrimonia
per far detta fcielta , e particolarmen-
te quella di metter nell' orechia dcl
porco &:c. unliquore caldo pOTprovar
le fara à propolito per l'ofterta 6 fa-
cri ficio.
4S. t? vcro che almcno nnodi det,tî
animali efl'cndo approvaro èuccifoco'ri
cerimonia particolare la vigilia delfar
criflcio 6 offerta ludctu nel cortile dél-
ia
166 Conformité des Ccrem^Chtn.
lafala chiamata Min'g lung tang^ vi-
cina dal Tempio di Confucio.
49. E' vero che detta vigilia in det-
te cortile & in detra fala n preparano
menfe adornate di candele è profumi >
la tabella di Confucio fi mette fopra
la menfa che fta in detta fala : Il por-
co &c. che s'hà da offerire , fi mette
avanti quella menfa che fta in detto
cortile. Il principal Miniftro fà una
riverenza profonda à detto animale^
il quale poi è uccifo dal macellaro.
<)0. E' vero che fe confervano alcu-
ni pelij è un poco di fangue del detto
animale, o d'altro che fe hà da facri-
ficare ; per offerirli la matina del gior-
no feguente.
51. Il tempo nel quale vanno liGo-
vernatori al Tempio per fare dette of-
ferte 6 facrificii , è al primo 6 fecon-
do canto del gallo , accioè fiano finiti
la matina per tempo.
52. Li Miniftri dell' offerte 6 facri-
ficii di Confucio , veftono in quella
fontione gli habiti corrifpondenri alli
loro gradi , &: officii di governo, lî
qunli s'ufano folo in fontionipubliche
« folennî".
53. Per far detti facrificii ô obla-
tioni , s'adorna il Tempio di Confu-
cio più del folito , fi mettono fopra
l'Altareo menfa candele accefe , c pro-
fumi ardenti : fe poi s'ufa commune-
mcntc de fiori, no lo s6 dicerto.
54- £
Avec tldoUt. Grecque (fr Rom, i <^7
54. E' vero che s'invita lo Spiriio
di Confucio à vcnire ail' offerta 6 fa-
crificio.
55. LiMiniftri del facrificioôofl'er-
ta, è gli akri arfiftenti fanno varie ri*
verenzc c proftracioni , batcendo la ter-
ra con la tefta, 6 per dire meglio con
i) capo fin à terra, inanzi la tabelladi
Confucio 3 mentreli fannoleoblationî
S^. E' vero che dicendo il Maëftro
délie cérémonie, Scendo lo Spirito diCon-
fuc'io^ ifigenochiatevi ituin S'ingenochiano.
57. E' vero che s'offcrifcono in det-
to facrificio , 0 offerta , alcuni peli ,
c un poco di fangue, almeno d'unodc
gli animali 6 vittime , è che doppo
d'effcre ftati offeri, fono fubito fotte-
rati j per non cfler profanati.
5 S. Indettifacrificii boblationis'of-
ferifcono vino Cincfe , tefta di porco ,
dicapra, carni , èpannidifeta. Quan-
to poialli denari di carta argentata 6
dorata, nô (o fefi ufano in taiioffertei
per che ciô non è prefcritro ne Ritua-
li y è folo è abufo introdotto.
<>9. Oflferendo il detto vino , & al-
tre cofe , il Miniftro principale alza
in alto il vafo, 6 il piatto : & c que-
fta una cercmonia délia quale s'ufa an-
che con i vivi , con poca 6 niuna dif-
ferenza.
60. Diccndo il Maëftro dclle céré-
monie , che l'offcrente bena il vino dél-
ia félicita, quefto nébene:, c negetta
anche
î ^8 Conformité des Cerem. Chin.
anche un poco fopra d'un manipolo ,
6 fafcetto di paglia : ne mi confia che
detto manipolo habbi figura humana.
61. Detti panni di fêta s'abbruggia-
no con cérémonie particolari , come
anche le carte, dove ftanno fcritti gli
oftertorii. De denari di carta , non è
cofa certa, per che îielli Rituali non
fî prefcrive.
6z. Per far detta ceremonia d'ab-
bruggiar i panni di fera, non fi pre*
fcrive lavamcnto di mani, per quanto
hb potuto leggere.
61. Per la medema ceremonia noQ
fî prefcrivono genuflefiioni.
6^. Nel tempo di dette offerte o fa-
crificii, s'ufano certe orationi 6 offer-
toriiin Iode di Confucio. Perononho
rltrovato in quefta occafione preghiere
o fuppliche dibenidiretta al medemo.
6^. Al fine del detto facrificio oof-
ferta, fi prefcrive una certaOratione,
quafi licentiandofi dal fpirito di Con-
fucio, che fuppongono o fingono par-
tirfi. Pero non mi pare che fi fia pre-
ghiera alcuna di bcni diretta al mede-
mo : ma benfi fi dice che quelli che
hanno offerto , o afiiftito , ricevono
béni è félicita.
NEL QUINTO PUNTO DICO.
66. Che li Chinefi hanno luoghi o
tempii dedicati alli fuoi Antenati o
progc
Avtc ridolau Grtc^He é* Rôm, 1 6^
progcnitori defonti. Qùelli chc fono
dedicati alli progcnitori Regii , & al-
tri Magnat! , fono chiamati Chung Miab,
é corne fi prefcrive ne Rituali Liki, fi
devono dedicare col fangue d'animali i
c ciô s*hà da fare con fpeciali ceremo-
nie.Q^uelle ciie fono permefîi ad altre fa-
miglie honoratc è nobili , fono chia-
mati Chù fan'^g , ne fi prefcrive , in quan-
to ho letto, taleeremonia in dedicar-
li y ne mi confia che s'ufi generalmence.
67. In detti luoghi 6 Tempii, ten-
gono le tabelle de loro Defonti , vi
Ibno Altari o menfe , fopra de qualî
llanno collocate dette tabelle : vi fan-
no offerte 6 facrificii folenni due volte
l'anno, ciot* nella primavera , è nell*
autonno , & in altri tempi anche con
meno folennita.
ôS. Nelli Rituali Cinefi fono pre-
fcritte alcune cérémonie per la fcieka
de granimali , che s'hanno da offerirc
nelli tempii 6 luoghi detti Chung Miab,
è particolarmente quelladi mettereun
liquore 6 vino dentro dell* orechia,
per conofcere fe fono à propofito. Per
roffcrte da farfi nelli luoghi 6 Tempii
Chiî Tang , non ho ritrovato prefcritta
tal ceremonia per fare dette offerte ô fa-
crificii folenni. Scegliono per forte il
giorno felice , è quefto fi fa fuori dél-
ia porta di tutti detti luoghi ô tempii,
con le feguenti cérémonie.
Approflimandofi il tempo di dette
H oâfercc.
lyo Conformité des Cerem, Chifi,
onerte^ vanno quelliche hannodafar-
le a detti Tempii , veftiti con vefti-
menti belli , & avanti délia porta fe
rnette una menfa con <:andele accefe ,
è bragieri per y profumi. Il Miniftro
principale mette y profumi ad arder in
detti bragieri 6 incenferi^ lîprofuma-
no gli inltrumenti che s'ufano per ti-
rar le forti, è poi dice alcune parole
determinate nel Rituale , tirando la
forte per uno de primi dieci giornidel
Mefe, nel quale s'hà da offerire. Se la
Ibrte è felice , non "fi pafla pi il oltre :
fe non è felice, iî torna di nuovo àti-
rar la forte per uno di dieci giorni fe-
quenti del dctto Mefe : èquandoque-
fta volta ancora non fia felice , fi laf-
cia di tirar la forte, è fi détermina per
l'ofïerta uno de gli ultimi dieci giorni
■del medemo mefe. S'apre la porta del
TcmpiOj entrado dentro perordine,
vanno avanti le tabelle , fanno alcune
rivcrenze; il Miniilro principale ofle-
rifce & abbrugia profumi inanzi leme-
dcme : poi fanfto altrc riverenze , &c
uno de iMiniftri pigliando una carta ,
dove fta una certa Oratione , per avi-
fare alli fpiriti de progenitori il giorno
dcir ofterta : é pofto inginocchioni al
lato finiftro del principale Miniftro,
Icggc dctta Oratione , e dice : Vobc'
lUcutc Xcpote N. dovevdo offerire le cofc mi-
vtie t;clln frof/imû Ltma , b Mefe , nel tah
gwniû cMi progenitori 3 hh tirato In forte ,
cy
jivec lldoLît. Grecque & Rom, i ^ t
t y è ttjcitn felicc ; onde ardtjce d'avifnre :
è fe la forte non fù felice , non parla
d'haver tirato la lorte, inà folo avifa
il giorno d*ell' oflerta , che c uno de
gli ultimi dieci de detto Mefe. Foi fî
tanno alciinc altre cérémonie j è ra-
commanda ciie tutto fia prontoper det-
to giorno 5 è fe né vanno a cafa. Que-
Ho è prefcritto nel Rituale Kia/iy che
tratta delli luoghi o tempii nominati
Chu TûTj'g j poi che in quelli chiamatî
Chung Miah , fi fà tuito con maggior
folennita.
69. Li Miniftri, & Ajutantidel fa-
crificio da farfi nel Chu Tang , devono
oflervare tre giorni avanti il facrificio
o ofTerta digiuni , 6 aftinenza di mo-
glie, carne, vino, divertimenti , &c.
& vero che nel Rituale /vW; feprefcri-
ve più tofto una moderatione è parfî-
monia nell' ufo délia carne è vino ^ che
un' aftinenza totale. Per y facrificiî
da farfi nel Cbutjg Miah , fi prefcrivono
nel Rituale Liha fette giorni di prepa-
ratione , como hô detto nella Rifpofta
che ho dato alli punti inviatimi d'or-
dine délia S. Congregatione da Mon-
fîgnore SpercUi Afleftbre délia medema.
70. Per li facrificii o offerte folenni
fatte nel Chung Miao à progenitori Re-
gii , fi prefcrivono divcrfe fpecied'nni-
mali, è fpecialmente vitelle ovacche,
agnelli 3 câpre, porci , cervijlepri,
& altxi. In quelli che fi fannoalli pro-
H z genitorî
lyi Conformité des Cerem, Chin,
genitori delli Magnati dell' Imperio,
cccetuatine lavitellabvacchai ilrefto
fuol eifere quafî TefteAbj con differen-
za del più 6 meno in numéro. Cofi
pure nelli detti facrificii 6 offerte fat-
te ne tempii chiamati Chu Tang , s'u-
fa di ordinario di porci, câpre , galli-
nc, pefcij è fimili.
71. La vigilia del facrifîcio 6 offer-
ta folenne , vanno quelli che dcvono
oflerire, o ajutare nel facriiîcio 5 a det-
ti Tempii con veftimentiprefcritti nel-
li Rituali 5 è s'adornano li medemi
Tempii con la maggior pompa po/Ti-
bile è proportionata ; fi difpongono le
mcnfe 6 altari , con candcle , profu-
mi 5 &c. è s'uccidono gli animali per
mano del principale Miniftro , che è il'
primogenito di ciafcheduna famiglia :
c la di lui moglie con altre donne di
detta famiglia ô parentela , lavano li
piattiôvafideftinatiperl'offerta. Tut-
to quello fi fil con moka riverenza &
©rdine. Le riverenze previeoinchîna-
tioni verfo detti animali nonfiprefcri-
vono nel Rituale Kia/i , dove h tratta
delli Tempii nominati C/m Tnvg. Di
quelle che fi fanno nelli Tempii C/?//v^
Muio , ne parla il Rituale Liki , quale
non ho in pronto. E' certo che detti
animali ivi fi uccidono con molta rive-
renza c folennita , corne l'ho letto in
detto Rituale, 8c in nltri più copiofi.
72. 61 confervano per detti facrificii
oof-
u4vfc riÀoîat. Grccijue Cr* I^om. 175
6 oflcrte folenni , alcunî peli , &: un
poco tii Tangue di detti animali.
73. Dccci Tcmpii fono adornatipiù
fontuoramenre che fia pofTibile, Man-
che gli akari o menfe, coine ho det-
to di fopra.
74. Sopra di dette menfe , b alta-
ri , fono poftc le tabelle de morti ,
con quefte Infcrittioni : Scdcs Spirttus
tûlis dcfmiâîi.
75. Inanzi dette tabelle fi fanno rî-
Verenze , è proftrationi refpettivamen-
te conforme lô commanda è fuggerifle
il Maeftro di ccremoHie nel tempo di
dette offerte , toccando il capo in ter-
ra. E^ pero ceremonia che ii fà anche
à y vivi.
7tf. ïl giorno dclP oflferta, 6 facri-
ficio folenne, deve andarc tutta lapa-
rentela à detti Tempiioluoghi perfar
detto facrificio à boniffima hora, cioè
al fecundo canto del gallo j ben che
quefto non fia cofi fiflb è commune,
che non fî Togli tardare più 6 meno :
è tutti , fpecialmentcliMiniftri, han-
no habiti più belli che fia pofTibile.
E* per quelli che facrificano o offerif-
cono nel KnngMiao^ fonoprefcrittiha -
biti particolari, dcquali nonfiurafuo-
ri del facrificio, o del Tempio didet-
ta offerta.
77. Nel facrificio s'offerifconovînoj
animali uccifi , un poco di loro peli ,
o fangue di medemi , panni di ît\:\ ,
H 3 o in
174 Cofîformité des Cerem. Chin^
o in vece de detti panni almcno dena-
ri di carta. Qucfto peronon è ritoan-
tiçhifTîmo, & è ftato cenfuratoda det-
ti che riconnobero eflere cio oppofto
à quella iîncerita è fplendezza con la
quale grantichi facevano dette offerte.
E' nondimeno hoggidi commune Tufo
di detti denari di carta in detti facri-
fîcii.
78. Detto vino off'ertonelleoblatio-
ni fudette fî chiama Fochica , cioé Vi?io
di félicita.
79. Il célébrante o principal Mini-
ftro ne beve è gufta un poco , & ne
getta parte fopra un fafcello di paglia
che fia avanti la menfa , doveftalata-
bella 3 è fi fa con diftinte cérémonie.
80. Quando s'ufavano detti panni
di fêta, s'abbrugiavano anche con cé-
rémonie 3 corne pure fî fà quando in
quefti tempi s'ufano : ma ne! l'abbru-
giare li denari di carta , non fo che il
faccia altra folennita, fe non che tut-
to fi efeguifce con riverenza & atten-
tione, per che pcnfanocommunemen-
te che detti denari Ç\ convertani inve-
ri denari per ufo de defonti. Q^uefta
fuperftitione fù introdotta de fettarii
a'eir Idolatria.
81. Le carne , & altre cofe come-
ftibili offerte , finito il facrificio , 6
oblarione , fi ripartono à tutti quelli
che hanno affiftito , è fi ftimanomoltô.
S 2. Ncl principio del facrificio ufa-
110
jivec ridoUt, Grecque & Rom, 17^
no d'una ccremonia , con la c^uale (i
fanno ccrte rivcrcnze alli Ipiriti di dé-
font! , è poi ne fcgue un' altra , che
fîgnifica che in quai tempo defcendono
air offerta detti fpiriti : c dicendo il
Alaèftro dellc cérémonie oingenochia-
tevi , proftratevi , 6 fatte altra cere-
monia, tutti la fanno refpettivamente
conforme fpetta àciafchcduno.
83. Dette offerte folenni d'ordina-
rio conforme prefcrivano y Rituaii
claflîci di China, no fogliono conte-
nere orationi è preghieredi beniépro-
fperita dirette àdettidefonti : benche
fe ne fîano ftate introdotte moite in
ccrti cafî, è tempi , non prefcritte da
publica aurorita. Di più conforme à
detti Rituaii ci fono tempi determi-
nati, nelli quali per le neceiTita & ur-
genze publiche dell' Imperio , corne
di famé, infîrmità , guerre , è fîmili,
fl prefcrivono preghiere è fupplicheda
farfi à detti defonti , come ad altri
fpiriti , almeno da quelli à quali fono
permefTi li Tempii è luoghi chiamati
Chitng Miao. Nelle cérémonie fudette fî
fanno lavamenti di mano che devono
farfî conforme la dircttionc del Maè-
ftro de dette cérémonie.
84. Ben che non fiauniverfaleil fpe-
rare béni è profperità da detti defon-
ti, fiante la diverfita délie fette è dot-
trine di Chinas nondimeno per quan-
to fî deduce da detti Rituaii, pare che
H 4 li
î y 6 Conformité des Cerem, Chm,
li fia taie fperanza, almeno nclle îVc-
cefTità communi, perlequali fîprefcri-
vono dette preghiere. Il yolgopoiper
il più fpera béni da medemi : & alme-
no è certo, che facendofî corne fî prc-
Icrivono dette offerte o facrificii , cre-
dono & infegnano i Cinefî , che fi ri-
cevono félicita è profperità , è quefte
à nome di detti defonti s*augurono
a crofferenti & afliftenti nel fine dell*
oflerta.
S5. Finito il facrificio o oblatione
folcnne, il Maëftro di cérémonie pro-
mette ô aogura in nome di detti defon-
ti al principale Miniftro , &implicita-
mente à tutti gli aftanti , profperità,
lungavita, &c. Per havere compito
il detto facrificio.
NEL SESTO PUNTO DICO.
$6. Quelli che non hanno Tcmpii,
tengono con veneratione in le loro ca-
fé , in altaretti è capellette, con can-
delieri , vafi per y profumi ( de fiori
non c cofi commune ) & anche trà le
imagini dcgl'idoli, dette tabelle , con
riftefla Infcrittionc , Sedes Spiritus t/i/is
dffunéîi. Li Chriftiani le tengono corne
îi fono date , o fono permeffe rcfpet-
tivamente dalli Mifîionarii.
S 7. Inanzi dette Tabelle in tcmpi
^cterminati fi offcrifcono cibi , legu-
mi &c. S'accendono candele, ardono
profumi , fi fanno profonde riverenze,
pro-
yîvec l'IdoUt. Greccjtie & Rom, 1 77
prollrationi con il capo fin'a terra.
5 8. Nelli giorni di facriHcii 6 obla-
tioni folenni , s'offeriicono più cole
dcl folito inanzi dette tabelle , con-
forme la poiribilita di ciafcheduno.
5 9. Nelli Tempii o luoghi dedicati
aîli défont! , finiti detti facrificii 6 of-
ferte , fi fà la ceremonia d'accompagna-
re 6 licenziare li (piritidi dcfontî : ma
nelle rafe particolari , per quanto hô
potiuo fapere, non c'è tal ceremonia:,
almeno che (La commune & ordinaria.
in tempo di dette offerte; ecce tuata-
ne anche l'offerta che fi chiama yû chi ,
ia quale fi fà doppo d'haver dato fe-
poltura al defonto, è nel ritorno dal-
la fepoltura à cafa ; per che quefta fi
prefcrive quafi con tutte le cerimonie
délie offerte folenni annue ; è fi fiial
fare in café particolari.
90. Per far dette Tabelle , non fî
fuol badar al giorno. Si prefcrive il
ligno dal quale s*lîà da ufare , che è
ligno di caltagna; è mancando quefto,
iî lafcia ad arbitrio, per che fia ligno
di durata c forte. Si prefcrive la gran-
dcza è forma che hanno dà tenere, c
per quando s'hanno da ufare : fi pre-
fcrive la forma c cérémonie , con le
3uafi fe hanno da fcrivere , come ho
etto nella Rifpoûa data alli piinti in-
viatimi da Monfignore Sperelli Aflcf-
fore del fanto Omcio , d'ordine délia
facra Coogregation-e : c particolar-
H S meacc
ijS Cortformîté des Cerem» Chi».
mente per Icriverfi quel puntillo , del
quale fi c.omanda , fi fceglie una pcr-
fona di dilHntionc è honorata , è que-
fto fi fà con cérémonie di lavamenti
di mani fopra d*una menfa preparata
per tal efietto , afTiftcndo in piedi il
filio primog(.'nito , 6 il principale délia
famiglia del dcfonto : è poi fi conti-
nua il refto délia fontione , rhe fi pre-
scrive nel Riruale in tal occâfione,che
è piglinor d^tta tabella , è comitare il
fpirito o anima del defonto , perche
venga à ripofarfi in elta , efiT-rido che
cio fi fà conforme dice il Rituale, cop-
po d'haver f^ptrliro il djfonto imme-
diatamente. E vero che la ceremonia
del puntilîo fi fuol fare diverfamente
da diverfi^ è non l'hotrovata prefcrit-
ta à parte indetto Rituale , dove iblo
fe dice il modo con cui fi hà dafcrive-
re quel tanto che va fcritto fopra 6i
detta Tabella. Se poi permettendo d
l'ufo di dette Tabelle nelle café fola-
mente , è con Taggiunta proteftatione,
Cinefi faranno 6 nonfaranno lefuder-
te cérémonie , non pofib atfirmarlo.
Non dubito pero, che li buoni è fer-
vorofi Chriftiani faranno qu^llo gli
facra commandât© d'ordine délia fanta
Sede 8<rc. Ma mi pare cofa diîficiliiTi-
ma il limitarli ad un fimplice ufo di
detta Tabella, c non più, & anche pe-
ricolofa per molti capi.
91. Le cérémonie che ufanoi Cinefi
inanzi
j^vecVldolat. GreccjHe& Rom, T79
inanzi il corpi de loro Defonti , ne
gl'intcrramcnti , ne cemeterii , c Tepol-
ture 5 in varii tempi dell'anno , fono
tante è tali che richiedono groffi vo-
lumi per fpiegarle adequatamente , è
con lutta diftintione. Ne ho riferito
parte, è forte più foftantivo nella rif-
pofta da me gia data , è di fopra accen-
nata : &hora compendiofamentediro
che dette cérémonie fî riducono aile
fequenii, cioè digiuni , aftmenze , ri-
verenze , genufleffioni con il capo fin* à
terra, candele accefe , profumi arden-
ti , abbrugiaredenari di carta , offerire
cofe oomeftibili d ogni forte , 6ç anche
vittime, corne porco, cupra, &c. oil
capo di detti animali : ènelle fepoltu-
re annualmente iradicare l'herbe nate
vicino, o fopra délie medemejafleren-
do le medeme cofe comeftibili con ge-
nufleflioni. E poi iî fono moite altre
introdotte da Bonzio Sacerdoiid'ido-
li, è piene di fuperftitioni , le quali
fono rebrobate univerfalmente da
Miffionarii , è Chriftiani , come la ce-
remonia d'abbriigiar denari di carta.
NEL VII. PUNTO DICO.
9Z. Non cveroche laPilofofiaChi-
nefe non habbia niante di contrario
alla Legge divina.
93. t^v Tûi Kie , Chinefi Letteratî
Atheifti intçndono una materia eter-
H 6 naj
iSo Conformité des Cerem. Chinl
na, che danno per primo principio dî
tiicte le cofe, 6 pure una virtù opera-
tiva di detta materia , & identincata
alla medema, da eiïi chiamata Li , in
?!uanto la confîderano précédente alla
brmatione di tutte le cofe da quella
dependenti :c in quefto fenfo nonèdu-
bio che i Chinefî antichi con dette pa-
role Tai Kie , definirono, c fignificaro-
no il primo principio , corne s'èdettô.
Se poi detti Antichi conobbero o nà
il vero Dio, non è cofa che poffaaflb-
lutamente aflerirfî ; tanto più che Tufo
di dette voci unité comincio dal tem-
fo di Confucio , ne pare che quefto
'ufurpafle in quefto fenfo, & ufo d'e-
fte folo nel librointitolato VeKing, che
cil più confufoc difficile ad intenderfi,
di quanti libri hanno compofti i Chi-
nefî. Il fenfo letterale di dette voci c
Suefto. La lettera 6 parola Tni, fîgni-
c^fofftiHo 0 grande i h \^ parola 6 lettera
Kie s fîgnifîca Termine , quafî volefTero
dire, Hfomim Termine, 6 origine di tut-
te le cofe : di modo che perfe fteffels
parole pare che potriano fîgnificare il
fupremo Nume ô principio an che in
fenfo CatoHco. Pero la fetta Lettera-
ria ch'c quella che in China ufadiefTe,
l'ufurpa c fpiega in fenfo Ateiftico , c
per altro che per il vero Dio.
94. Il culro refo da Confucio allt
fpiriti , è ftato più tofto religiofo che
civile, per quanto hô potuto dedurre
delli
\Avee P IdoUt . Grec que & R$m. i S r
dclli libri da lui compofti , c che cor-
rono in China Ibtto il di lui npme , o
dottrine da lui detrate : almeno fù
congiunto con una fînca rcligione.
9^. Il libro Yc King ^ non pare che in
modo âlcuno fi poffa chiamare Summa
optima doilrina phyjica ^ moralU : e è
certo che i Chinefi fi fervono di detto
libro per indovini, fortilegii, &c.
96, Alcuni de PP. Domcnecani ,
Franceficani , & altri Milfionarii ,
hanno fcguito in moite cofe l'opinioni
de Padri Giefuiti nellaprattica decul-
li è cérémonie Cinefi, almeno per al-
cun tempo. Pero non poflb affirmare,
che rhabbiano fisquite in tutto : & io
Ton ftato uno di quelli , fin che poi da
me ftefiTo potti giungere à difcernerc
al quanto più detti Reti è cérémonie,
è giudicare di dover proccdcre altri-
mcnte in alcun cafo.
97.Qiielii che più fi fcorraronod*aIl*
opinioni de PP. Giefuiti hanno fpe-
rimentaro maggiori difficultàccontra-
ditdoni. Pero non hanno lafciato dt
far frutro nella vignadel Signore, chi
più, chi meno.
9S. Nonhà conofciutoil PadreSar-
petri Domenecano in China, per che
morfe prima cheiolà giongeffi. Stimo
che fofle dotto in Theologia, è nelle
fcienze è lettere Chinefi , per quanto
ne ho udito là da diverfi. Pero non
pofTo fapere fe era canto quanto fi fup»
pone
î s i Confo r mité des Cerem. Chin,
pone nella propofta , particolarmente
nelie materie Chinefi. Dove i mcde-
mi Chinefi non giungono che di grado
al grado fuperlativo.
99, Monfignore Navarrete Domene-
cano parimente non fù da me conof-
ciuto. Pero fupponendoin eiTodivirtu
€ dottrina catolica quanto nel detto
Padre Sarpetri , perche non hofunda-
mento di penfarne al contrario, dico
- che , in quanto ho potuto leggere di
quello che eflb ha fcritto , fpettante
aile cérémonie è culti Chinefi, mi pa-
re che era verfato nella materia,èche
fapena più di quello, che nella propo-
fta fi fiippone , è anche in molto lofti-
mo degno di credito.
100. Il Padre Varo Domenecano
viflfe molto tempo doppo d'arrivare io
in China 5 è fo chefù verfato nella lin-
guaèlettere Chinefi, quant' ogn' altro
Mi^Tionario del fuo tempo j e cio per
relations havuta , anche da Monfigno-
re Bafilitano di buona mcmoria. Ne
fô che detto Monfignore Gregorio Lo-
pez l'habbiachimato, corne nella pra-
pofta fi dice. Il Padre de Paz hàfcrit-
to conforme à quello che hà dato aile
ftampe, toccante le cérémonie è culti
Chinefi : & è vero che è Religiofo dot-
to, è molto ftimato n'cU'Ifole Philip-
pine.
ICI. Circa la prattica dell' Ufura
in China, certo e che gli infedeli la
prati-
^vec tIdûUt. Grecque & Rom, i ?ç
pratticano in moite cofc , corne (î fa
in altre parti , è forfi più. Pero i
Chriftiani d'ordinario confultando i
JMifïionarii , fanno qiiello the i mcde-
mi lipcrmettano,6dicono eflerlicito»
Il dubio è fi inalcunicafiin quelloche
fogliono far per quadagnar denari , ci
fià veramente l'Ururajè no : è quefta
è fpecialmente in certe café publiche,
che in China fî fogliono tenere conau-
torita publica, pcr impreftare denari
per tempo determinato i è fi f a rice-
vendo un pegno che vaglia più delde-
naro che n da in preftrto ^ è per ciaf-
chedun mc*fe fi deve pagare, à chi da
detto denaro , alcuna quantita deter-
minata dal' publico, corne faria mezo
grofîo, à cre baiochi per fcudoi è poi
al tempo determinato fi deve reftitui-
re la fomma principale : pafTando det-
to tempo, è non comparendo col de-
naro il debitore, è liberoà chi impre-
fl6 da detto denaro alienare 6 vendere
il pegno, fenzaobligatione di reflitui-
re cofa alguna à qiiello , di cui era^
bcn che comparifca , è fîà flato più il
prezzo di detto pegno di quello erala
fomma principale , o forte , con il lu-
crodonatoperciafcunmefe. Il dubbia
fii propofto dal Padre Morales nel
l'anno i(54<>. è rifoluro dalla facra
Congregatione. Sono diverfî i perico-
li, à quali s'cfpongono quelli cheten-
^ono dette café publiche ^ corne fario
di
184 Conformité des Cerem . Ch'm,
di ladri , incendii , & altri fimili, è
moite fpeze , il che fonda il dubbio ,
feria lecito retinere il di più , che da
pegno venduto fi tirajè efercitaredec-
to officio pcr eflere di gran benealpu-
blicOj è fpecialmente àpoveri ,checon
tal mezo rimedianoalle loro neceffita.
C'è anche il coftume di mutuare il
denaro à rrenta per cento , come per
legge è ftabilito, fenz'attendere al lu-
cro ceflante 6 damno émergente, ben
che realmente 6 l'uno 6 l'altro donno
ci fia d'ordinario, ô almenoilpericolo
di non potere ricuperare il denaro mu-
tuato, 6 di ricuperarlo con gran tra-
vaglio è difficulté. E quefto pure fù
propofto è refoluto. Ci fono altrimo-
di , in che l'Ufura patente mente s'efer-
cita. Pero quefti fono vietati univer-
falmente da MilTionarii alli Chriftiani
di quelle parti.
Quefto è quanto compendiofamcnce
ho potuto rifpondere alli punti con'te-
nuti nelli fogli inviatimi da voftra Emi-
nenza, con quelîafinceritaèveritache
devo 5 è la materia richiede , è confor-
me la mia pocacapacica , &: il tempo
mi hanno permeffo. Non hô intefo pe-
ro riferire in quefta Rifpofta il fatto
permefîb refpettivamente da Miflfîona-
rii alli Chriftiani di quclT Imperio,fe
non quandofpecificaramente nefomen-
tione, ma folo il fatto aflToluro , èdot-
trina di quella Gentilita Dichiarando-
mi
Avec ridoUt. Grecéjue ^ Rom, 18^
mi finalmente in tucto oflcquiofo è
pronto à commandi di voftraEminen-
za, è délia facra Congregatione, al dî
lei giudicio, c délia fanca Sedehumil-
mcnre c cotalinence mi foggetto.
Roma^ H 19. Lu-
F. Gro Francesca
Aleonissa.
MAN-
i8<S
MANDATUM
Con^regationis S. Officii ad Reve^
rendijjimum Patrem Aleonissa
tr,-wJmtJfHm fer Illuftrtjfimtim Do^
minHm S PE R £ l L I. Bie 19. No»
vemhris i5pp.
CUm ex fcripturis à Patribus So-
cietâtis ranâ:o OfHcio pracfenta-
tis habearur , qiiôd libris Ritualibus
Kiàlt infcriptis, & per manusSinarum
currentibus, nulla feu exigua fides ad-
hibenda fit, ex eo quôd Sina? proprio
arbitrio formant KiaJi , & ad libitum
unufquifque confcribit , fibique pro
Régula ftatuit : Ideo à facra Congre-
gatione particulari àfancliffimo Domi-
no noftro dépura ta injun^^urnmihi fuit,
ut percontarer à Reverendiflfîmo Pâtre
Joanne Francifco de Nicolais ele(^o
Epifcopo Beritenfi , an praedidus co-
dex Ritualis KiaH , quem ipfe fscpè al-
legavit j & Sinicis charaÔeribus im-
prefTum oftendit , fit privata? audori-
tatis liber pro uniufcujufque arbitrio
confcdlus; velpotiùs fit publics fidei,
prout ipfe Pater Joannes Francifcus
ilkim adhibuit tanquàm continentem
reguhm gcneralemRituum apudSinas
fcrvandorum.
Sperellus Epifcopus
Interamnenfts, Afi^^flor
fanai Oflicii.
RES-
i87
RESPONSUAI
KeverencUJfimi Pat ris Aleonissa
Epifcopi Beritenjis eleBi,
T]' JoannesFranciscus deNico-
jT , LAIS" AleonisSa, Ordinis Sera-
pnici j ftri(5lioris obicrvantiae , eledtus
Epifcopus Beritenfîs , & VicariusApo-
llolicus apud Sinas deflinatus , eâ qua
par cft reverentiâac promticudine , nec
non finceriiate & fidelitate quâ decet,
obtemperans mandate S. Congrega-
tionisparticularis fandli Officii , àSan-
^lifTimo Domino noftro fuper contro-
verfiis circa varies Sinarum culcus &
ritus deputata, per Illuflriiïîmum Do-
minum Sperellum Epifcopum Interam-
nenfem^ cjufdem fandi Oiîîcii AiTef-
forem , eidem expofito in folio ad ip-
fum tranfmifTo fub dato die 19. No-
vembris KÎ99. &huicadjunélo,rerpon-
dic : quod codex Ritualis KiâH , quem
ipfe faepè allegavic , & fecum è Sinis
redux aetulic , reperitur infertu-s in cor-
pore magnae fummx De naturaé^ rûtio-
»t',Sinicè , fi/g lî ta c/jt'vên , appellatae ,
& trecentis abhinc annis de mandato Si-
nici Imperatoris^Vi;/^ /o^ nuncupati per
pliires & quidem primarios ill^us Im-
perii Dodtores colledae , & ejufdem
ïmperatoris juiTii typis éditas , cui ctiam
Imperatorisdiploma & mandatum ap-
pofitum fuit : ac in codicc eodemAWi
1 8 8 Conformité des Cerem. Chîn,
ea omnia qua? ab ipromet Pâtre |oanne
FrancifcotamquamexRituali Kinli ab-
folutè&finealiaclaufula.iUegatafuêre,
reperiuntur. Q^uxverô idem rater aiTc-
ruit à particularibusDodtoribusaddita.
fuilTe, in alio Sinico Rituali Kiali pa-
riter nuncupato, & in quatuor tomos
diûindto 5 non leguntur in prxcitato
Imperatoris jW^/oS pofîto in magna
illa fumma typis édita, fed inprïfato,
in quatuor tomos diftinclo, &: feorfîm
impreflb , quod etiam inter commu-
nia & publica Ritualia à Sinenfibus
nunc temporis habetur , & ut taie in-
difcriminatim ac f'erè communiter ad-
hibetur, & vénale eft omnibus nullo
prohibente. In coaurem reperiturquic-
quid in fupradido Rituali Kiali , de
mandato Impcriali typis editoprajfcri-
bitur quoad fubflantiam rituum , cum
pra:fatis & aliis additionibus privata
audoritatc infercis , fupremâ non
reclamante , vel prohibente. Ritus
cnim & ceremonias praffcribere , ad
Imperatorcm fpe(ftat , ut ipfimet Do-
dores Sinenfcs in fuis libris, tumclaf-
liciSj tum privatis docent : licèt pri-
vata etiam audoricatc fxpè fxpiùs fu-
perftitiofa quxdam vcl in praxi , vrl
etiam in Ritualibus ipfis eadem priva-
ta audtoritatc iterum impreflTis addi
foleant : quod quidem fit fi dida Ri-
tualia feorfim imprimantur, non vero
in lumma pracdid^a ^ cum Imperiali
diplo-
jivec VIdolat. Grecqne ^ Rom. 1 8p
diplomate. Aiidirio vero qiiaccumquc
fit, fundamentum fumcrc folct ex li-
bris claificis, vel faltem ex conimuni
praxi & fenfu illarum Gentium : Se
ideo non parcicularis error unius pri-
varx perfonx , vel alterius , fed plu-
rium, & communis potiùs inferitiir,
quandocumque eifdem in Ritualibus
pro communi illarum Gentium ufu
praclo datur. An autem tam facilelît,
ac pro libitu Ricualia Kinli didtaconfî-
ccre, quantum àPatribusSocietatisaf-
feritur, fides fit pênes eofdem. Idqui-
dem ex plurium annorum experientia
didus Pater Aleonifla affirmare audei^
qu6d purius Rituale Kialt didum , &
puWica auéloritate approbatum , quo
communiter Sinenfesutuntur, histem-
poribns non invenitur, quàm illud ,
quod io praccitata fumma impreffum
exhibait , & iterum , cùm ei julfum
fuerit , exhibebit : & aliud cui titu-
lus : Chii vétt Kung Kiàlt , quod pari ter
apud fe habet^ & apud Sinenfes ma-
gnam audoritatem obtinuic , ac tan-
quam totius Impcrii Rituale ab omni-
bus de Mandato Imperiali obfervarî
débet. Concordat autem cum fupra
dido magnae fummae Rituali.
Ciim vero idem Pater Joannes Fran-
ciCcus allegaverit etiam Rituale Liki,
& alias audoritates ex quodam libro
feu Rituali Ta min'g hoéi ticii , hic infu-
per addendum putat quid per Rituale
Liki f
T 9 o Conformité des Cerem, Chin,
Liki, quid per Tàmïng hoéitun inrelliga-
tur i & cujus auéloritatis fînt ambo.
Proptereà dicir , praefatiim codicem
Ta ming hoé'i tien continere leges , fta-
tuta & ritus adhibitos & prarfcriptos
ab Imperatoribus familiae Tâm'mg nun-
cupatx j qux regnavit in Sinis ante-
quàm Tartari Sinico potirenturlmpe-
rio. Concinet etiam Hiftorias illius
Imperii. Rituale verô Lïkï efle illud
quod inter quinque libres claflîcos & an-
tiquoSj qui apud Sinas fummam fidem
femper fecére y &: Kujg appellantur &
infcribuntur , numeratur : dodrinis
in eo contentis, prout etiam illis quae
habentur in cacteris libris claflicis fu-
pra didtis, ftuderefolent & debent Si-
nenfes , qui in litteris graduari cupiunt :
ex illo, proutexaliis/vwj-, Regii Exa-
minarores & Cancellarii defumunt the-
mata , quac examinandis & graduan-
dis proponuntur in publiais examini-
"bus : ac infuper illud eft quod Sinen-
jes aflerunt efïe antiquiiTimam regulam
■ceremoniarum ac rituum totius Impe-
rii, Verum quidem eftquôd Commen-
tatores nonnuUi ejufdem Ritualis du-
bitant de mukis qux in illo continen-
tur , an fcilicet iapfu temporis per-
mixra & addira ei hicrintj ac proefer-
tim poft gencralem librorum Sinen-
lîumcombuftionem , de mandatocujuf-
dam Impcratoris C/v« xihonng nuncu-
pati, fcrèducentis&quinquaginta an-
j4vec tldoîat, Greccjtie çj* Rom. 191
tîis aiuc Incarnatiouem Domini fa-
^am, impcrante fcilicct familia/ià;;;
an vcrô iiucgrum rcpertum ac fcrva-
tiim fuL'rit quod anre prxfacam com-
buftionem in Sinis pro clalfico habe-
batur : &: fahcm de quibuldam arti-
culis, littcris, & etiamcapitibusdidi
Ritualis Commentatores praefati fen-
tiimt & aflcriinc, quod non fuerint iti
antiquillimo illo codice , fed impe-
rance poil eandcm combulHonem prae-
fata familia Han addita & permixca
fuifle à dodoribus illius temporis. Igno-
ratur aucem qiia au<5loricate id fadtum
fuerit. lis non obftancibus, poftquin-
que claflicorum libroriim colkdtionem,
revifîonem, & fele6lionem fadtam im-
pcrante y^/w^/oTuperi iisnominato,praf-
ratum Rituale Liki inter libros clafTi-
cos Icmper habitum fuit j & ha(5l:enus
habetur, ita ut Commentatoribusnon
liceat vel apicem propria auâ:oritate
in illo minuere vel mutare , fed tan-
lùni exponerc & interpretari qux in
eo continentur. Qj.iod fadum videtur ,
eo quod illo purius in Sinis inveniri
non potuerit , & antiquitas ejufdem,
quxcumque illa fît, caiteris libris non
clallicis praefercnda, ac cmninb vcne-
randa & retinenda cifdcm Sinenfibus
vifa fuerit. Tandem didto Ritualil/^/',
quo nunc temporis utuntur Sincnfes
modo fupra rclato , tanquàm libre
xilalFico éc macnx autftoritatis ufi func
RR. Pi-
1 9 2- Conformité des Cerem. Chîrt,
RR. Patres Francifcus Brancati &
Jacobus Le Favre Societatis Jesu in
fuis Tradtatibus Apologeticis , & ex
illo.', uti etiam ex ejus commentariis
plura felegerunt ad propriam fenten-
tiam flabiliendam , & oppofîtam in-
fîrmandam , ^out videri poterit in
Tradatu diài R.P. Francifci Branca-
ti, à Patribus Societatis nuper Sacrse
Congregationi fandti Officii exhibito,
ubi etiam nonnulla ex libris , feu Ri-
tuali Ta mùfg boéi tieii , eadem ex caufa
referuntur.
F. JOANNÏS FRANCTSCUS
DE NiCOLAlS AlEONISSA,
Eleéîui Epifcopus Bmt s.
LET.
t:
1^
T T R E
D U
ROY DE PORTUGAL
A
MONSEIG. LE CARDINAL
CASANATTE
Du 31. (TAout 1(^99.
ILlustrissimo è Reverendissimo
cum Chrifto Padre Cardeal , meu
como Irmao muiro amado , Dom
Pedro por graça de Deiiz Rey de Por-
tugal, è dos Algarres^daqtiem è dalem
marem Africa, Senhor de Guiné è da
Conquifta^ Navegaçao, Comercio de
Ethiopia , Arabia / Percia , è da In-
dia &c. Vos invio muito Saudar, co-
mo aquelle que inuito amo è prezo.
Son informado que na Congregaçao
de propagandafidc haaoprezentecon-
trovercias em hua cauza a'ha muiros
annos efta deccdida pel la fanéla Se
Apoftolica à favor das ferimonias è ri-
tos deq uzao os Neophitos dasMiflbés
da China j à quem tem dado motivo
as fenel^ras informaçocs q'algûns Mif-
$onarios tem dado com menos expe-
1 fï^nçm
ïp4 Lettre du Roi de Portugal *
riencias da quellasMiflbés, ècomanî-
mo adverfario à os MiflTionarios dcfta
Coroa, q com gloriofo trabalho rem co-
thido naquellas terras copiozo frudo.
Efta mefma queftaô fe mové ha mui-
tos annos è com plena informaçoe em
que face ouvido oPadreMartinMartini,
fe refolvozeèdecretoii pel la fanda Se
Apoftolica , que fe podiao tolerar
aquellosRitos porferem meramente po-
liticos. 5endo Padre Ruberto Nobili ,
IVliiïîonario de Maduré acuzado por
Idolâtra è apoftata por tolerar s'eme-
ihantes feremonias è ritos naquellas
MiflTioés, fe mandou quéObifpos, In-
quifîdores , Prelados e Theologos das
Keligioes da India ouvindo 6 mefmo
Padre Ruberto, è ofmaisMiflloijarios
examinaffem à cauza , è remeteffcm
fus votos è pareceres à Romas adon-
de fe tournou a rezolvcr que por nao
fefechar à porta à falivaçao de tantas
aimas, fe podiio tolerar os ritos dila-
tados , por ferem meramente politicos^
Sendo eftas as decizoe's em femelhantes
cauzas en as que depois fe moverao
fobre aspalauras Cinicas , pareceq'ou
fe deve efcuzar à prezente controvcr-
cia , ou fcguirenfe aquelles mefmos
^ermos con que eutao tbraô canonica-
mente rezolutos , precedendo todas
aquellas informaçôes que à fîgurao à
neccflldade defta tolerancia , pera 6
mayor bem , è falvaçao das aimas.
£ con-
A Mi nfiig. le C^rcL Ctfinatte, 195
E' coiitrov^iLcric d: novo efta mate-
ria, pede mayorconfideraçao, porque
entaô fcinvolvia njUa fomente a opi-
nia 6 dos MiflTionarios , è agora Te in-
volvc tambem a autoridade da fandla
Se Apoftolica , 6 que decediou è de-
claroii. E' como nao pode haver fun-
damento perafe reduzir â qiieftaooquc
ia efta decedido por fentença , fenao
o fer à fanda Se Apoftolicamal infor-
mada , fera precifamcntc neceflario
que as informaçocs que agora fe toma-
rem , pera fe rivogar 6 que ja efta re-
zoluto 3 feriao taïuo mayores , è tan-
to mais exadlas que evidentementecon-
vcnçao as primeras. E^ como nao con-
fia que eftas agora fe mandaflem to-
mar , me aflTigura à razao è à juftiça,
que fem ellas fenao podera alterar 6
q efta decedido è decretado.
Nem nefta Curia fea Chara , hoye
qucm pofla dar aplena informaçao de
que fe neceffita nem conhecer ôprejui-
20 que rezultara de fe innovar coufa
algua na quella tolerancia 3 que à ex-
periencia lem moftrado tantô util co-
mo neceftaria. Eo contra que en nao
efpero , fera dar occaziâo àos enfieles
è hereges , para ultnagarem è defpre-
zarem aos Miniftros de tanto fagrado
Menifterioj è formarem argumento
contra à fîrmeza è premanencia que
de venter as nezoluçoes Apoftolicas : è
ferla degrandeoprobrioà Miflionarios
I z lanta
1^6 Lettre du Roi de Portu^. (^c,
tantô bene meritos àfanda Se Apofto-
lica, prevalecerôodio de feus adverfa-
rios contra hunatolerancia por ella de-
cedida è executada per vaross tanto
excmplarmente infignes em ieteras c
em virtudes.
E como he muy proprio dominha
obrigaçao è , do grande dezeio que ren-
ho de que a fe catolica fe exalte nao
mais diftarites partes do mundo, am-
parar c protéger aos Mifllonarios que
nâo pregaro Evangelhonos Dominios
è MifToes d.fta Coroa , Vos encomen-
do muy apertadamente agrave ponJe-
raçao com que fe deve ver eflà cauza
pel as Tuas relevantes conf^quencias.
AhgLirando vos na confîança que tenho
da vofla reâ:idâo è juftîça, èda quello
particular afi'edto que lempre em vos
conhelinasdependencias délia Coroa,
6 quai vos merece a grande eftemaçao
?ue faço da volTa perfôa è virtudes.
IluftrilHmo è Rcverendiflimo em
Chrifto Padre Cardeal , men como
Irmao muito amado. NoflTo S^nhor
haia vofla perfoaem fua fandaguarda.
Efcrita em Lisboa a 31. de AgoUo de
1699'
R E Y.
Et fuper plicam : Ao liluflriffîmo è Re-
vei'cndifjimo em Chrifto PadreCadcnlCKS^-
NATI , mcti como Irmaô muito amado.
La
'^97
La même Lettre en François.
ATrès-Illuftre &" très- Révérend
Père en Jrsus-Christ le Car-
dinal mon prelque Frère bien-aimé,
Dom Pierre par lagrace de Dieu, Roi
de Portugal , & des Algarres deçà &
delà la Mer en Afrique, Seigneur de
Guinée &: de la Conquefte , Naviga-
tion & commerce d'Ethiopie , Ara-
bie , Perfe , des Indes , &c. Salut
comme à celui que j*aime & prifc
Je plus.
l'ay e'té informé qu'il y a prefente-
ment à la Congrégation de la Propa-
gande une controvcrfe fur une affaire
Que le faint Siège a décidée il y a plu-
iieurs années en faveur des rites & cé-
rémonies qui font en ufage chez les
nouveaux Chrétiens de la Chine, &
que ce procès n'a été exciré que par
les mauvais rapports de quelques Mif-
fîonnaires peu verfez dans ces Mifîions,
& ennemis de ceux de mon Roiaum.e,
qui par leurs glorieux travaux ont fait
de très-grands fruits dans tous cesPais-
là. Dans le tems qu'on remua cette
queftion , on l'examina particulicre-
ment , on entendit le Père Martin
Martini, & le faint Siège jugea que
ces rites étoient purement politiques,
& fcpouvoient tolérer. Onaccufaauf-
fî le Père Robert Nobili, Mifiionnai-
^ l l re
ip8 Lettre du Roi de Portugal
re de Maduré d'être Idolâtre & Apo-
ftat, parce qu'il fouffroit de fembla-
bles rites & cérémonies dans les Mif-
fîons : On ordonna aux Evêques , In-
quifîteurs , Prélats ^ Théologiens des
Indes j d'oiiir le Père Robert Nobili ,
& les autres Millionnaires , d'exami-
ner l'affaire , & d'envoier leurs avis
à Rome , où il fut ordonné que pour
ne plus fermer la porte du falut à tant
d'amesj on pourroit tolérer fesufages^
Et comme ces decifîons ont été don-
nées fur des matières toutes femblables
à celles qu'on agite prefentement fur
des paroles Chinoifes , il me femble
ou qu'on ne doit plus parler de cesque-
ftions 3 ou qu'on doit s*en tenir à ce
qui a été canoniquement décidé , &
après avoir pris toutes les informations
qui prouvent la neceflité de cette tolé-
rance pour un plus grand bien 5 &pour
le falut des âmes.
(^ue fi on veut examiner tout de nou-
veau cette matière , on le doit faire
avec beaucoup plus d'attention, puif-
qu'il ne s'agit pas feulement comme
alors de l'opinion de quelques Million-
naires, mais que l'on compromet l'au-
torité & le jugement du faint Siège
Apoftolique 5 & qu'on ne peut allé-
guer d'autre raifon de révoquer ce qui
a efté fiit, fi ce n'cfi: que le faint Siège
a efté furpris & mal informé. Il faut
donc que pour prononcer de nouveau ,
AMoyiJtig, h Card, Cafanatte, 1 9 <^
& cafler le premier jugement ^ on ait
de meilleures informations , & des
raifons plus fortes & plus convaincan-
tes que les premières 5 & quilesdétrui-
fent entièrement. Or comme il nepa-
roît pas qu'on ait donné des ordres
pour faire de nouvelles informations,
& que dans cette Cour on ne trouve
perfonne aujourd'hui qui connoifle le
préjudice que recevra la Religon fi on
innove quelaue chofe dans ce qui aefté
décidé, ou k on ôte cette tolérance fî
utile & fi neceflaire , ainfi que l'expé-
rience l'a montré , la raifon & la ju-
ftice me perfuadent qu'on ne peut tou-
cher en aucune manière à ce qui a été
jugé, & qu'on ne fcauroit le faire fans
donner occafion aux infidelles & aux
hérétiques de perfjverer dans leur in-
fidélité & dans leurs erreurs , de mé-
prifer les Miniftres de l'Evangile , de
révoquer en doute les Décrets & les
jugemens du faint Siège comme fujets
à revifion , & pouvant eflre calTez , &
fans couvrir de honte & d'opprobre
des Mifiionnaires qui ont fi bien fervi
l'Eglife, & qui voyent condamner une
tolérance autorifée par le faint Siège,
& défendue par de grands pcrfonnages
également recommandables par leur
fcicnce & par leur vertu.
Et comme fuivant le defir que i'ay
que la Foy Catholique fe répande aans
ks parties da monde les plus reculées.
1 o o Lettre dn Rot Portugal , (frcl
il eft de mon obligation de protégera
défendre les Miflionnaires qui vont
prefcher l'Evangile dans les Domaines
& Miffions de cette Couronne, je vous
recommande avec toute rinftancepof-
iîble de bien pefer une affaire fi impor-
tante , à caufe des confequences fâ-
cheufes qu'elle peut avoir i & ayant
autant de confiance que je dois en vo-
tre droiture & en votre juftice, & en
l'affedlion particulière que j'ay tou-
jours reconnue en vous pour tout ce
qui regarde ma Couronne, je vous af-
fure auffi que je conferverai pour vous
toute l'eftime que vous méritez , &
quej'ay toujours eu pour votre per-
fonne & pour vos vertus.
Très-Illuftre & trés-Reverend Perc
en TeSus-Christ, monprefque Frère
bien-aimé, je prie notre Seigneur qu'il
ait votre perfonne en fa fainte garde.
A Lisbonne le 31. d*Août 1699-
LE ROY.
Et fur le pli : A Wes-Iîhflre ^ très-
Révérend ?cic f« JesuS-ChrIST A' Cardi-
fiai Cafavaîta , îiion prefque hrere bicn-aiîm.
EPI-
E P I s T O L A
Pixpoliti , Dircdonim , MilTiona-
rioruni Scminarii Parificnfîs
Miflîonum ad Exteros ,
AD INNOCENTIUM XIL
Pontifie cm Optim. Max,
Jj Eatissime Pater,
Tôt tantifqiie obicibusaudivimusre-
tardari de die in diem caufam Siiien-
iîuin ceremoniarum , ut nifi Aportoli-
ca Aufloritate frangantur advcrfarum
partium impetus, metiiendumomnino
fît ne gloria diremptae tam f.imofa? li-
tis Vcftrae Bcatinidini débita eidcm ra-
piatur. Jani cercc noiieft operofum di-
judicarc qua ex parte jus fe teneat.
Cùm cnim res tota fîta cfle videaturin
ilabilienda veritat^; fa(5lorum , eaque
fa(5la non folùmapud SinasRitualipii-
blico indubitata fint , fcd etiam à Reve-
rendiflîmo ^ lUuftrirtimo Domino A-
leoniflaé Sinarum plagis nuperrimè re-
duce, in judicio légitime afleverata, imo
etiam apudadverfariosnoftros ( utfcri-
bitur ) tandem aliquando in confeflb
pofita , quid morx fuperefle pofTit in
ferenda fcntcntia , non videmus. Ad
pedes itaque fummi arquilTîmique ju-
dicis humillimè provoluti quotquot in
Seminario Miflionum ad Exteros degi-
mus
201 Epijlùla &c.
mus cum Vicariis Apoftolicis Sinarum
conjun6li, &ipforum &noftronomine
fumma cum reverentia fupplicamus ,
ut in compendiofam fadorum feriem
hoc fafciculo comprehenfam Sanditas
Veftra momentis aliquot oculos conver-
tat. Prima fronre judicabit, numfan-
éla Chrifti religio pro fua puritate
cum tanto feu idololatrix feu Tuperfli-
tionis periculo, ne dicamus piaculo ,
cohacrere ullatenus quear.
Hïc zizaniain agroDomininimiùm
tolerata & diffimulata radicitusevellat
Pater familias : hxc fcandala de me-
dio platearum novx Jerufalem in par-
tibus Orientis penitus amoveat Pétri
fucccfTor : haec animarum oft'endicula
apud Sinas oeternùm profcribat Vica-
rius Salvatoris. Unum id confidenter
deprecamur , & Apoftolicam benedi-
^ionem reverenter exfpcdamus,
Beatissime Pater,
Parifiis lo. Au-
guflï 1699.
CANADiANA
Bearnudinis Veftrx
Humiilimi , obfcqucntifllmi
& dcvotjfTîmi riiii& Servi.
TiBE R G £ Supcrior.
De C I c e'.
De Brisacier.
L'Ab b e'.
De la Vigne.
P RIOUX.
PERMISSION
Du Reverendiflfimc Pcrc General de
l'Ordre de Saint Dominique,
Nos F. Antoninus Cloche S. Théo*
logis Profefior ne totius Ordinis FF. Pra^
dicatoruvi hmml'is . Magïflcr Generalis
(^ Jcrvus.
CUm ad nos perlatum fueritcom-
pofitum fuiflc ab uno in Theolo-
gia Ma^iftro Ordinis noftri Opus Gal-
licè fcriptum cui niuXus , Confoi'fnité des
cérémonies Chinoifes avec f Idolâtrie Grecque
^ Romûifte; ideo harum ferie noftrique
authoritate Officii licentiam & facul-
tatem facimus praedidum opus typis
edendi , dummodo priùs à duobus in
Theologia Magiftris vel Theologiae
Profeflbribusrevifumac probatuin fiie-
rir j ac fervatis cxtcris ae jure fervan-
dis. In nomine Patris , & Filii , &
Spirtus fandti. Amen. In quorum fi-
dem his Sigillo noftro municis propriâ
mrnu fubfcripfimus. Datum Romx in
Convcntu noftro S. Mariae fupcr Mi-
nervam die 30. Januarii 1700.
F. Antoninus Cloche
Maeifter Ordinis.
AP-
APPROBATION
DesTheologieKS des f Ordre,
LA Conformité des Cérémonies
Chinoiies avec le Culte des anciens
Idolâtres Grecs & Romains parfaite-
ment demonftrée dans ce petit Ouvra-
ge, confirme excellemment l'Apolo-
gie des Dominicains. Miflionnaires de
la Chine nouvellement imprimée jSi:
fait voir la neceflité d'une decifion
prompte , claire , & precife des Con-
traverfes de la Chine par le S. Siège
Apoftolique. C'eft pourquoy nous Pa-
vons jugée digne d'être mifc en lumiè-
re. Fait à Mons ce 25. de Mars 1700.
F. Philippe Durand Doâcur
en Théologie Exprovimial de I'Ot"
dre de Subit Dominique.
F. Norbert d'Eljbecque
Doâçtir é^ Profejfeur en Théologie
^ de rEcritine Snivte <^ premier
Hegeut de V Etude Générale du tnê'
Vi€ Ordre à Mojis,
La Bibliothèque
Université d'Ottawa
Echéonce
The Library
University of Ottav
Dote due
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