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Full text of "Conformité des ceremonies chinoises avec l'idolatrie grecque et romaine"

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CONFORMITE 

DES   CEREMONIES 

CHINO  ISES 

AVEC 
L'IDOLATRIE    GRECQUE 

ET    ROMAINE, 


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CONFORMITE 

DES  CEREMONIES 

CHINOISES 

AVEC 
L'IDOLATRIE     GRECQUE 

ET     ROMAINE. 

Pour  fervir  de  coojfirmation  à  TApologie 

des  Dominicains  Midîonnaires 

de  la  Chine. 

Var  Hn    Religieux  DoEleur   CT    Profejfcuf 
en  Théologie. 

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A    COLOGNE, 

Chez  les  Héritiers  de  Corneille 

D*  E  G  M  G  N  D,    1700. 

Avec  Approbation  &  PermiJJîon  es  Supérieurs, 


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AVANT-PROPOS. 

IL  n  y  a  rien  à  mon  avis  de 
plus  propre  à  faire  voir  que 
les  cérémonies  font  infoutena- 
bles  en  ce  qui  regarde  le  culte 
du  ciel ,  de  Confucius ,  &  des 
Anceiftres  défunts  ;  qu'elles  font 
idolâtres  ou  fuperflitieufes  ;  & 
que  c'eft  fapper  les  fbndemens 
de  la  Religion  Chrétienne  que 
de  les  autorizer  î  que  de  mon- 
trer la  conformité  de  ces  céré- 
monies ,  du  culte  des  Chinois 
de  la  Seéle  des  Lettrez  domi- 
nante dans  ce  vafte  Empire , 
avecTidolâtrie  Grecque  &  Ro* 
maine.  C'eft  ce  que  j  ay  def- 
fein  d'exécuter  dans  ce  Trai- 
té. ]*efpere  que  ceux  qui  le 
liront  >  tomberont  d  accord 
qu*elles  viennent  du  mefme 
a  3  prin- 


AVANT-PROPOS. 

principe  ,  qu'elles  coulent  de 
la  mefme  fource ,  &  que  c'eft 
le  diable  ,  ce  maudit  finge  de 
la  Divinité ,  cet  irreconciable 
ennemi  de  Jesus-Christ&  des 
hommes  rachetez  par  fon  pre- 
tieux  fang,  qui  les  a  également 
infpirées  à  ces  peuples. 

Mais  pour  reiiffir  dans  mon 
deflein  ,  &  pour  traiter  ce  fujet 
avec  plus  de  clarté,  je  donne- 
ray  d'abord  un  Expofé  des  cé- 
rémonies Chinoifes.  Les  R  R. 
Pères  Jefuites  qui  les  défendent, 
n'en  fçauroient  contefter  la 
fincerité  ni  la  vérité ,  puis  qu'il 
eft  d'une  perfonne  non  feule- 
ment refpecflablepar  fon  cara- 
<?l:ere  &  par  fa  dignité,  mais 
qui  eft  de  leurs  meilleurs  amis , 
&  qui  a  toujours  eu  tous  les 
égards  &  toute  la  confidera- 
tion  poflible  pour  leur  Compa- 
gnie. C'eft  rilluftriffime&  Re- 
verendiflîme  Père  Aleoniffa  E  vc- 

que 


AVANT-PROPOS; 

que  nommé  de  Berite  ,  &  Vi- 
caire   Apoftolique   d'une    des 
Provinces  de  la  Chine.  Cet  Ex- 
pofc  eft  une  rcponfe  &  une  Dé- 
claration juridique  donnée   à 
cent  &  un  Articles  que  Mon- 
fcigneur  le  Cardinal  Cafanatte 
lui  envoya  par  ordre  du  Pape. 
Il  fera  aifc  de  voir  la  convenan- 
ce de  cette  Déclaration  avec 
rExpofé  du  R.  P.  Jean  Baptiftc 
Morales ,  avec  les  Relations , 
les  Requeftes  &  les  Traitez  de 
rHIuftriflîme  Navarrette ,    du 
Reverendiffime  Père  Varo   & 
des  autresMifsionnairesderOr- 
dre  de  S.  Dominique  ,  du  R,  P. 
Antoine  de  fa^nte  Marie  Reli- 
gieux de  S.  François ,  de  Mefsi- 
re  Charles  Maigrot  Evefque  de 
Conon,  &des  autres  Vicaires 
Apoftoliques  de  la  Chine  ;  & 
de   Monfieur     Charmot   leur 
procureur  en    Cour  de  Rome 
pour  la  pourfuite  de  la  caufc 

aduel- 


AVANT-PROPOS. 

aftuellement  pendante  devant 
le  faint  Siège  &  la  Congréga- 
tion du  faint  Office  touchant 
les  cérémonies  Chinoifes.Ceux 
qui  fe  donneront  la  peine  de 
comparer  cette  Declaratioii- 
avec  rExpofc  que  le  Jefuite 
Martini  fit  à  la  facrce  Congre* 
gation  &  au  faint  Siège  en  1656. 
avec  le  livre  du  Père  Tellier  in- 
titulé Defenfe  des  Nouveau)^ 
chrétiens  de  la  Chine  ,  &  avec 
les  Eclair cijfemens  du  P.  le  Gohien 
de  la  mefme  Compagnieyî^r/r^ 
honneurs  rendus  a  Confucit^  et 
aux  Morts  par  les  Chinois ,  feront 
convaincus  du  peu  de  finceritc 
de  ces  Ecrivains. 

Après  avoir  donné  une  tra- 
ducflion  fidelle  de  cette  Décla- 
ration, quifera  le  premier  Cha- 
pitre de  ce  Traite ,  je  ferai  voir 
dans  le  fécond  la  convenance 
de  la  Religion  Chinoife  nvec 
celle    des    anciens    idolâtres 

Grecs 


AVANT-PROPOS. 

Grecs  &  Romains  dans  le  culte 
du  ciel. 

Dans  le  troificme,  la  con- 
venance des  Chinois  de  la  So- 
rte des  Lettrez  avec  les  Idolâ- 
tres de  lanciennc  Rome  dans 
le  culte  des  génies. 

Dans  le  quatricme  ,  la  con- 
venance des  honneurs  que  les 
Chinois  rendent  à  Confucius 
avec  le  culte  que  les  anciens 
idolâtres  Grecs  &  Romains  ont 
rendu  à  leurs  Dieux. 

Dans  le  cinquième,  la  con- 
venance des  honneurs  que  les 
Chinois  rendent  à  leurs  Ance- 
flres  défunts  ,  avec  ceux  que 
les  anciens  idolâtres  ont  ren- 
du aux  Dieux  Mânes  &  PenMs 
ou  domeftiques. 

Je  ferai  voir  dans  le  fixicmc 
la  necefsité  d*une  decifion 
promte,  claire  &  précife  des 
controverfesde  la  Chine  par  le 
faint  Siège, 

Le 


AVANT-PROPOS. 

le  fepticme  contiendra  les 
propoficions  à  examiner  &  à 
qualifier  en  cette  caufè  par  la 
S.  Congrégation  du  faint  Offi- 
ce, &  par  le  Vicaire  de  Jésus- 
Christ. 

Je  feray  voir  dans  le  buitic- 
me  ,  qu'il  n'y  a  aucune  raifon 
qui  doive  empefcher  ou  retar- 
der le  jugement  définitif  des 
controverfcs  de  la  Chine. 

La  Lettre  du  Supérieur  ,  des 
Directeurs  ,  &  Mifsionnaires 
du  Séminaire  des  Mifsions 
Etrangères  établi  à  Paris, auPa- 
pe  Innocent  XII.  fera  la  con- 
clufion  de  cet  ouvrage. 


EX- 


EXTRAIT 

DU     CHAPITRE    XIV. 

DE      LA      SAGESSE; 

Où  Port  voit  Vor-ginc  des  tnhicaux  (^  des  ta- 

bUttis  de  ConfucîM  cb"  des  Ancêtres,  ^  de 

leur  culte  ,  ch.z  les  Chinois^, 

UN  Pere  affligé  de  la  mort  preci-  ^' 
pitce  de  Ton  fils,  fit  faire  l'image  *' 
de  celui  qui  lui  avoit  été  ravi  fitot,'^ 
il  commença  à  adorer  comme  Dieu,^^ 
celui  qui  comme  homme  étoit  mort 
un  peu  auparavant  ,  &  il  lui  établit  ' 
parmi  {qs  îerviteurs  un  culte  &  des  fa-  ^' 
crifices.  Cette  coutume  criminelle  '^ 
s*érant  autorifée  de  plus  en  plus  par  ^ 
la  fuite  d^  tems  ,  l'erreur  fut  ob-  ^^ 
fervée  comme  une  loi,  &  les  idoles  fu-  '^ 
reiit  adorées  par  le  commandement  des/^ 
Princes.  Les  hommes  aufli  ne  pouvant  '^ 
honorer  ceux  qui  étoient  bien  loin  '^ 
d'eux  ,  firent  apporter  leur  tableau  du  " 
lieu  où  ils  étoient ,  &  ils  propoferent 
devant  tout  le  monde  l'image  du  Roi 
à  qui  ils  vouloient  rendre  honneur  ,  ^' 
pour  révérer  ainfi  avec  une  foumiflion  ^^ 
religieufe  comme  prefcnt  celui  qui  étoit  '* 
abfent.  L'adrcfle  admirable  des  fculp-  *' 
teurs  augmenta  encore  beaucoup  ce  ^' 
culte  dans  l'efprit  des  ignorans.  Cha-  *' 
cun  d'eux  voulant  plaire  à  celui  qui  ^^ 
i'emploioit ,  épuifa  tout  fon  art  pour  ''. 

/airj: 


ce 

Cf 

ce 


y,  faire  une  figure  acheve'e.  Et  le  peuple 
3,  ignorant  furpris  parla  beauté  de  cet  ou- 
3,  vrage,  commença  de  prendre  pour  un 
j.  Pieu  celui  qu'un  peu  auparavant  il 
,,avoit  honoré  comme  un  homme.  C'eft 
a,  là  la  fource  des  illufions  de  la  vie  hu- 
j^maine,  de  ce  que  les  hommes  ou  pof- 
j,  fedez  par  leur  affedion  particulière  , 
35  ou  fe  rendant  trop  complaifans  aux, 
,,  Rois  3  ont  donné  à  des  pierres  &  à  du 
33  bois  un  nom  incommunicable  à  la  créa- 
3,  ture.  Il  n'a  pas  même  fuffi  aux  hom- 
33  mes  d'ellre  dans  ces  erreurs  touchant 
35  la  connoiflance  de  Dieu  ,  mais  vivant 
3,  dans  cette  ignorance  comme  dans  une 
35  guerre  funefte  ,  ils  donnent  le  nom 
35  de  paix  à  des  maux  fi  grands  &  en  û 
j>5  grand  nombre. 


CH  A- 


'^  '^  ^^  ^^  '^  «^  <^  <<?>   ^^    l^  «^  '^  «^  <^M^  «^ 

CHAPITRE    I. 

RÉPONSE 

De  F.  Jean  François  Aleonissa 
di  rOrdre  des  ht.  Mineurs  de  VQhfer- 
vûftce y  E-vêqtie  nommé  DeBerite,  c^ 
Vicaire  Apofloltque  de  la  ProVJ7ice  de  Hu- 
kuang  à  la  Chine  ,  aux  Points  contenus  dans 
la  feuille  que  Mofifcigncur  lEminentifJiim 
é^  Revci-endifftme  Cardijial  CaSANATE 
luy  envoya  le  premier  de  Juillet  I699. 


E 


MiNENTISSiME       ET      ReVEREK^ 

DissLME  Seigneur  , 


Ayant  déjà  répondu  aux  Articles  que 
IVÏonfieur  Spcrelli  AflelTeur  duSaint  Of- 
fice ,  m'a  envoyez  par  ordre  de  la  Sa- 
crée Congrégation,  l'obligation  où  je 
fuis  de  me  conformer  au  zèle  Apofto- 
lique  de  Notre  Saint  Père  le  Pape, 
&  robcïlTance  que  je  dois  aux  ordres 
de  Voftre  Eminence  ,  me  preflent  de 
répondre  aux  Points  contenus  dans  la 
fL'uille  qu'EUe  m'a  fait  l'honneur  de 

A  m'ca- 


2  Conformité  des  Ccrem.ChÎH. 
,,  m'envoycr.  Et  quoique  )e  foisperfua- 
55  dé  que  jie  n'ai  pas  aflez  de  capacité 
^5  pour  la  fatisfaire  pleinement  ,  je  fe- 
5,  ray  en  forte  que  la  fînceritéde  mes  ré- 
5,  ponfes  correfponde  au  mérite  du  fujet, 
5,  &  à  l'obligation  où  je  fuis  de  déclarer 
;,,  la  vérité  fur  des  Points  fi  importans. 
5,  Apres  ckjnc  avoir  prié  Notre  Seigneur, 
^,  me  confîar^t  en  fa  grâce  dont  j'ay  im- 
j,  ploré  l'aiTiHance,  je  déclare 

SUR    LE    I.    POINT. 

3j      I.  QueMonfeigneurMaigroteftfça- 
^j  vant  dans  nos  fciences,  &  vraymenc 
j  digne  du  degré  de  Dofleur  deSorbon- 
^j  ne  5  dont  il  efî  reveftu. 
^j      2.  Q.ue  c'eft  un  des  plus  dodesMif- 
j  fionnaifés  dans  la  langue  &  les  lettres 
^  Chinoifes.     Cependant    comme  cette 
langue  eft  trcs-difficilc  à  caufe  du  pe- 
tit nombre  de  fes  mots  ,  qui  ne  montent 
j  pas  à  quatre  cents  ,  &  qui  fe  multi- 
plient félon  les  différentes  manières  de 
les  prononcer,  je  ne puîsafTcurer qu'il 
fâche  en  perfection  les  lettres  Chinoi- 
fes, qui  partent  le  nombre  de  cinquan- 
te mille,  &  dont  la  plus-part  ontplu- 
^'  fieurs  fignifications.    Il  eft  vray  qu'il 
n'eft   pas  neceflaire  d'avoir  une  par- 
^-  faite    connoifTance   de  routes  lefoites 
"  lettres  pour  lire  &  entendre  les  livres 
^'  Chinois,  &  que  le  fccoursdes  Lettrcz 
'"  de  la  Chine  ,  &  de  leurs  Didtionnai-  "^ 

rcs. 


^vec  ridolat.  Grecque  cr  Rom.  5 
TCS,  peut  kipplccr  il  Ce:  dcfiiut  ,  com- 
me il  y  fupplcc  en  cft'cc  chez  les  Chi- 
nois-mcmes,  parmi  lefquclsil  ne  s'çû 
jamais  trouvé  pcrfonne  qui  ait  cù  une 
connoillance  entière  &  parfaite  de  ces 
Lettres. 

3.  Que  ledit  Sieur  Maigrot  efl:  un 
des  Millionnaires  qui  fçavent  mieux  par 
expérience  les  Coutumes  &  les  Céré- 
monies ChiiioifeSj  demeurant  à  la  Chi- 
ne depuis  plufieurs  années  i  &  je  fçay 
qu'il  a  fait  une  étude  particulière  pour 
cet  effet. 

4.  Q^u'il  a  fait  fon  Mandement  avec 
maturité  (autant  que  je  l'ay  pu  con- 
noiftre  )  &  fondé  fur  des  raifons  que 
lui  &  plufieurs  autres  eftiment  folides. 

5.  Quz  je  n'ay  aucun  fondement  de 
croire  que  ledit  Seigneur  Maigrot  ait 
fait  fon  Mandement  par  pafîîon  5  &  par 
un  cfprit  de  vengeance  ;  au  contraire, 
je  crois  qu'il  l'a  fait  par  un  bon  zèle, 
&:  pour  fatisfaire  à  fon  devoir. 

SUR    LE    IL    POINT. 

<j.  Je  déclare  que  les  Lettrez  de  la  ^ 
Chine  fe  fervent  des  mots.  Tien,  &' 
Xamti  5  dans  leurs  Livres  tant  anciens  ^ 
que  modernes.  Le  premier  fignifieàla  ^ 
Lettre,  leCiely  &  le  fécond  fîgnifie  dans  ^ 
le  mcmefens,  ie  Koyd'ejjhaut ,  on  le  Suit-  ^ 
vcraiu  Empereur.  ^ 

7.  C^ue  les  Chinois  Gentils  de  la  fede  ^ 

A  2  des 


4  Co/7for?nitédes  Ccrem.  Chin, 
.5  des  Lettrez,  depuis  mille ansaiimoii.s 
,^  qu'ils  fe  font  déclarez  Profefleurs  de 
55  cetteSede  5  Scdilciplesdeleur  celcbre 
j.  Maître  Contucius  ,  ont  fait  commu- 
ai nément  profeffion  d*un  pur  Athe'ifme, 
35  joint  à  une  Religion  feinte  &  appâ- 
ta rente.  C'eft  pourquoy  ils  n'ont  jamais 
_53  entendu  ,  &  n'entendent  point  parces 
j3  mots  Tkn ,  Se  Xainti ,  le  vray  Dieu  que 
55  nous  adorons,  mais  feulement  le  Ciel 
33  matériel  ,  ou  la  vertu  du  Ciel ,  qu'ils 
33  appellent  Ly. 

,_,      S.  Q.ue  les  Lettrez  3  comme  Profef- 

33  feurs  dudit  Atheïfme  3  fe  fervent  com- 

35  munément  du  mot  Xamtï ,  comme  d'un 

33  terme  honorable  3  pour  fî^nifierle  Ciel 

33  matériel  ,   ou  cette  vertu  celefte  ap- 

33  pellée   Ly   :    &   c'eft  l'ufage    le  plus 

33  ordinaire  de  ce  mot. 

3,      9.     Qjii'ils   entendent  par   ce   nom 

^yXiVntr,  comme  je  viens  de  dire  ,   une 

33  certaine    vertu    naturelle     au    Ciel  , 

3,  &■  qui  n'en  eft  point  diftinguée  ,  ap- 

3,  pellée  Ly  :   &  parce'qu'ellepréfide  aux 

,3  chofes  inférieures,  &  qu'elle  influe  en 

33  elles  3  on  l'appelle  dominante  de  im- 

33  periale   :   &  c'eft  à  caufede  cette  ver- 

,3  tu  que  lesChiriois  donnent  au  Ciel  ma- 

j3  teriel  le  nom  àt  Smvei'oin  Empei-cm- ,  ou 

^3  de  Roy  d'eiihaut. 

,,  10.  Q^ue  les  PP.  Millionnaires,  ^ 
^3  les  C-hretiens  de  la  Chine  ,  commen- 
33  cerent  à   fe  fervir  prefque  en   mèm.e 

,3  tems  du  nom  Tkn  Chu ,  &  des  noms 

lieu 


j-hec  ridoLit.  GreccjHe  c^  Rom. 
Tten  &  Xamti  ,    pour  lignifier  le    vrai  '^' 
Dieu  ,  parce  les  PP.  Icluites  furent  les  " 
premiers  Miffionnaircs  qui  lefervirenc  '^ 
de  ces  derniers  mors.   Cependant  tous  " 
les  MilTionnaires  fe  Servirent  plus  vo-  '' 
Jontiersdés  le  commencement  du  nom  *^ 
Tun  dm  y  pour  fîgnifier  le  vray  Dieu;  '^ 
parce  qu'ils  jugèrent  qu'il  eftoit  be-  '"^ 
loin  d'une  plus  grande  explication  &  ^* 
d'une  déclaration  plus  exprelTe  ,  pour  '^ 
laiiTcr  pafler  dans  l'ufage  d:s  nouveaux  '^ 
Chrétiens  les  nomsTic»  8c  Xûfnti ,  dont  " 
les  Lettrez  Te  fervent  pour  fignifier  le  '^ 
ciel  matériel  :   Se  qu'ils  reconnurent  «^ 
au  moins  que  lefdits  Lettrez,  depuis  '^ 
un  très-grand  nombre  d'années,  fefer-  '^ 
voient  de  ces  noms,  &  en  avoientdé--"^ 
terminé  la  fi^nification  à  un  fcns  Athée.  ^'^ 

II.  Qiie  l'on  met  à  la  Chine  fur  le  " 
frontifpice  des  Eglifes ,  Tkn  Chu  Tnngj  <' 
c'eft- à-dire  :  La  Maifon  du  Dieu  du  Ciel ^  '■^ 
3z  non  pa.s,Tjefj  Xavttitang;  c'eft-à-dire,  '*^ 
la  Maifon  du  Roy  d'cnhaut  i  Et  tous  les  «^ 
Miflionnaires  refpedivement  ont  tou-  ^^ 
jours  mis  cette  infcription  fur  la  por-  ^^ 
te  de  leurs  Eglifes.  *^ 

II.  Il  eft  vray  qu'il  eft  difficile  d'é-  " 
tablir  l'ufage  des  mots  Européans  à  la  '^ 
Chine  pour  fignifier  le  vray  Dieu  ,  '^ 
parce  que  la  langue  Chinoife  eft  pref-  '^ 
que  toute  compofée  de  monofvllabes  '^ 
dont  chacun  a  fa  propre  fignification  '^ 
&  que  les  mots  F>uropéansettantcom-  <' 
pofez  d'un  plus  grand  nombre  de  f)4-  «^ 

A  3  labes. 


6  Conformité  des  Cerem.  Chin. 
y^  labes,  ils  font  dans  cet  Empire  un  fens 
,j  tout-a-fait  différent  de  celiiy  qu'ils  ont 
j5  en  Europe,  &  dans  les  langues  Euro- 
,,  péanes  ;  outre  que  les  Chinois  ont  bcau- 
5j  coup  de  difficulté  aies  prononcer com- 
j,  me  il  faut  ,  parceque  la  langue  Chi- 
j^  noife  manque  de  certaines  lettres  de 
;,,  l'Alphabet  d'Europe  ,  par  exemple'^, 
„B.  D.  R. 

2,  11.  Qu'il  cft  vray  que  conformë- 
y,  ment  à  ce  qui  eft  prefcrit  par  le  Ri- 
^,  tuel  de  la  Chine,  l'Empereur  feul  fait 
j5  la  fondion  de  Preftre  dans  tes  facrifi- 
,,  ces  qui  s'offrent  au  Ciel  &  à  la  Terre, 
j,  Maisje  ne  me  fouvicns  paSj&:  je  n'ai  pas 
^j  ufte  connoiffance  certaine  du  nombre 
'^  des-  Temples  qui  font  dédiez  au  Ciel 
■5,  &•  à  la  Terre  dans  les  vi-Ues  dePeking 
_,,  &  de  Nanking.  Ce  que  je  puis  alTù- 
^,  rcr,  c*ell:  que  dans  le  tems  de  mon 
>j  fejour  à  Nanking  ce  facrifice  ne  s'y  eft 
ilypoin-t  fait,  parceque  l'Empereur  n'y 

■_,,  a  dlé  qu*en  paffant,  fa  rffidence  or- 

,,  dinaire  eftant  à  Peking,  où  il  a  cou- 

j,  tume  d'offrir  ledit  facrifice. 

a       14.  Qjie  l'Empereur  C/mng-hi ,  qui 

',5-regn?  au^ourd'huv,  a  fait  prefent  aux 

■•^,,''PP.  fefuites  de  Peking  d'un  Cartou- 

3,  che  ou  d'un  Tableau,  où  eft  cette  In- 
3,  fcription  ,  Khg  tien  ,  c*eft-à-dire,  Arfo- 
,,  rcz  le  Ciel.  Cela  eft  conftant  par  le  tc- 
„  moignage  de  ces  Pères,  qui  font  les 

•>,  feuls  Miftionnaires  qui  ayentuneEgli- 
.yj  fc  a  Peking.    Et  cela  eft  trcs-cerrain  , 

puifqae 


^vec  l'IdoUt.  Grecque  &  Rom.  j 
puifquc  l'on  voit  écrit  fur  les  copies 
de  ce  Tableau  qui  l'ont  expofées  dans 
plufieurs  de  leurs  EgliTes,  que  l'Empe- 
reur a  peint  de  fa  propre  main  ces  deux 
Lettres,  Kwg'tjen,  Cela  veut  dire  que 
le  Prince  leur  en  a  fait  prele^u  :  sl.^- 
trement  il  ne  leur  feroit  pas  permis 
de  s'en  fervir  de  la  mîiniere  dont  je 
viens  de  dire. 

i<).  Il  cft  vrai  que  les  PP.  Jefuites 
ont  mis  ce  Tableau  ,  ou  pour  mieux 
dire  ,  ils  en  ont  expofé  des  copies  fur 
l'Autel  de  quelques-unes  de  leurs  Egli- 
its,  dans  un  lieu  éminenc,  comme  je 
Tay  vu  moy-mème  expofé  dans  leur 
Eglife  de  Nanking,  &  dans  plufieurs 
autres. 

1 6.  Ci.u'on  ne  met  devant  lefdits  Ta- 
bleaux ou  Cartouches,  ni  cierges,  ni 
fl.iirs,  ni  parfums  ,  excepté  ceux  qui 
font  dcltinez  pour  honorer  les  imag:;s 
des  Saints  ,  qui  font  fur  l'Autel  s  & 
ces  cierges  ,  ces  fleurs  ,  &  ces  par- 
fums ne  font  aucunement  ordonnez  au 
culte  defdits  Tableaux  ou  Cartouches. 

17.  Les  Chinois  voyant  ces  Ta- 
bleaux dès  le  commencement  que  les 
Jefuites  les  expoferenr  dans  leurs  Egli- 
ies,  conçurent  que  l'Empereur  avoir 
fait  une  faveur  finçuliere  à  ces  Pères 
de  leur  en  faire  prefent  ;  la  moindre 
chofe  dont  Sa  Majeflé  fait  prefent 
eftant  eftimée  à  la  Chine  comme  un 
bien-fait  fingulier.   Ces  Pères  mirent 


Wo'-.n 
"l'Apolo- 
;gie  des 
Domin, 
M  »  lÏÏon . 
'de  iu 
:Ch.ne. 


A4 


fous 


8"       Conformité  des  Cèrem.  Chin. 

^i  Tous  lel'dits  Tableaux  une  Expofîcion  ou 
5,  Déclaration  du  lens  dans  lequel  onde- 
,,  voit  entendre  l*Infcription  ,  Adorez  le- 
;,5  Ciel j  &■  qui  leur  paroiflbit  le  pluscon- 
j,  forme  à  la  doctrine  catholique.  Celle 
^,  que  j'ayveuè  dans  une  de  leurs  EglifeS;^ 
^,  ne  m'a  pas  plii.  J'eftimeque  ces  paro- 
_jj  Xq-S,  Adorez k Ciel ^nQ  donnentpasà  plu- 
^,  lieurs  perfonnes  une  idée  conforme 
.,  à  la  Déclaration  des  Pères.  Et  jecroy 
^j  que  les  plus  fçavans  des  Gentils,  Scies 
,^  Lettrez,  qui  peuvent  bien  mieux  pe- 
^,  netrer  ^intention  de  TEmpereur  que 
^j  les  autres,  entendent  ces  paroles  dans 
^^  un  fens  Athée  ,  fans  avoir  égard  à  la- 
^5  ditte  Déclaration  :  ou  qu'ils  font  per- 
^j  fuadez  que  l'Empereur  a  donné  ce  Ta* 
_j,  bleau  aux  Feres,  co/nme  une  marque 
jj  de  l'eftime  qu'il  a  pour  eux  en-  qualité 
^j  de  Mathématiciens,  non  pour  autori*- 
^j  zer  la  Religion  Catholique  qu'ils  prê^ 
^j  chent  dans  cet  Empire.  Il  eft  certain 
^j  aufii  que  les  Chreftiens  entendent  cette 
^j  infcription  dans  le  fens  que  les  Pères 
j  l'expliquent. 

iS.  Pour  ce  qui  regarde  la  Defenfe 
qui  a  efté  faite  d'cxpofer  lefdits  Ta- 
bleaux ou  Cartouches  ,  fçavoir  fî  elle 
eft  bien  fondée  ou  non  ,   ce  point  me 
paroifr  douteux  ,  &  j'attendray  la  de- 
cifion  du  facré  Tribunal  ^  à  qui  il  ap- 
partient d'en  juger. 
\      19.  Les  autres  Millionnaires  qui  ne 
^^  fe  font  pas  fcrvis  des  Tableaux  ou  Car- 
touches 


^vcc  ridolat.  Greccjue  &  Rom.  9 
touches,  où  CCS  paroles  Ibni:  écrites,*^ 
Adot-ez  le  Cicl^  avant  TEdit  de  l'Empe-  " 
reur  en  faveur  de  la  Religion  Chrc-  *^ 
tienne,  publiél'an  iCoz.  eitoientrans  **" 
doute  expofez  à  IbufiVir  de  plus  gran-  ^^ 
des  vexations,  tant  des  Gouverneurs, '^ 
que  du  peuple  Gentil  i  &  n'ayant  pas  «^ 
la  protedlionde  l'Empereur,  ils  trou-  '^ 
verent  plus  de  difficulté  dans  l'exerci-  '*^ 
ce.de  leur  Minifterc.  Cependant  ils  r^e  **^ 
UifToient  pas  de  faire  du  fruit ,  les  uns  " 
plus  ,  les  autres  moins  :  &  depuis  la  *^ 
publication  de  l'Edit  ,  ces  Tableaux  ^^ 
ou  ces  Cartouches  leur  font  bien  moins  **^ 
neceflaires  pour  avoir  une  pleine  liber-  '^ 
té  de  faire  leurs  fonctions.  **■ 

20.  Ceux  qui  ont  ôté  de  leurs  Egli-  ^^ 
fes  les  tableaux  &  l'infcription  fufdite  '^ 
ou  avant  ou  depuis  la  publication  du  ^^ 
Mandement  de  Monfcigneur  Maigrot,  '*^ 
n'ont  point  fouflert  de  perfecution.  ^^ 
Ils  auroient  pu  y  être  expofez,  fî  les  ^^ 
Chinois  avoient  remarqué  du  mépris  ^*^ 
pour  lefdits  Tableaux  ,  parceque  tout  ^^ 
ce  qui  vient  de  l'Empereur  eft  regardé  '^" 
comme  une  chofe  facrée.  Il  y  a  fujet  ^^ 
de  craindre  la  perfecution  ,  fi  on  les  ^^ 
ote  dcsEglifes  ae  Peking,  &  particu-  "^ 
lierement  de  celle  que  l'Empereur  a  fait  *^ 
bâtir  aux  PP.  jefuites,  parceque  cela  '^ 
viendra  infailliblement  à  fa  connoif-  '^ 
fance;  &  il  fera  difficile  de  luy  faire  ^^ 
croire  que  cela  Çq^^(Îq  par  un  juftcmo-  ^^ 
tit  ,  &  non  pour  une  fin  qui  luy  fera  '^ 
dcfagreable.  A  5         21.  Je 


ïo      Conformité  des  Cerem.Ch'm. 

f'""!,'    55      21.  |e  ne  fuis  pas  certain  que  le  livre 

m"Ȕ'at-^:>  du  Pcre  Jean  Baptiile  Morales  Domi- 

tribucau,,  nicain  ,  qui  a  pour  titre   :    Explication 

^'  ^"  ■^*55  ^ff  divîn  précepte  de  robêiflame  des  enfans , 
Morale f.       ^  •         /i  '    •  •       '    ^    i       /^  u  •  j 

3j  ait  elte  imprime  a  la  Chine  ,  ou  du 
j5  moins  il  ne  m'eft  pas  tombé  entre  les 
V,  mains,  c'eft  pourquoy  je  n'en  fçaypas 
V,  le  contenu  :  mais  j'ay  vu  &  lu  plu- 
^,  fieurs  fois  celuy  du  Père  Antoine  de 
j.  Sainte  Marie  de  rOrdre  de  S.  François,. 
5,  qui  a  pour  titre  :  Conformité  de  la  Loyde 
j5  Die  H  avec  ladvdnrie  de  la  Se&e  des  Lettrez, 
j.  Il  eft  vray  que  dans  ce  livre  qu'il  a  com- 
j/pofé  en  langue  Chinoife  ,  il  parle  de 
55  Confucius  avec  une  eftime  linguliere, 
5,  &  qu'il  tache  d'accorder  plulîeurstex- 
55  tes  de  Tes  livres  ,  &"  de  ceux  d'un  au- 
55  tre  ancien  Philofophe  Chinois  nom- 
55  mé  Meng  chà  i  avec  la  doftrine  Catho- 
^^  lique  5  en  leur  donnant  un  bon  fcns  : 
55  &  comme  les  anciens  Philofophes  fe 
5,  fervent  du  motT/W;,  le  Père  Texpli- 
55  que  du  Seigneur  dit  Ciel ,  en  y  joignnnt 
^5  la  lettre  C/7/>,  qui  f!gnifie6V/g-«i'.v;*  .•  &il 
5,  fe  fert  quelque-fois  du  mot  Tien,  ex- 
53  pliqué  en  ce  fens  ,  pour  fignifier  le 
53  vrny  Dieu.  Il  eft  certain  que  ce  Père 
^^  donne  beaucoup  à  Confucius  dans  ce 
55  livre  ;  il  fuppofe  dans  un  endroit  qu'il 
^,  cftoit  éclairé  d'une  lumière  furnatu- 
*  5,  Telle,  s'imaginant  que  le  fens  qu'il 
5,  donne  aux  pafTages  qu'il  explique,  & 
,,  qu'il  tourne  en  fa  manière,  eft  le  fens 
j5  même  de  Confucius. 

22.  L'Em- 


yivec  ridoUt,  GreccjHe  cr  Rom.  i  r 
21.  L'Empereur  de  la  Chine  ell  Athée  *' 
avec  les  Atnécs  ,  &  idolâtre  avec  le.s  *' 
idolâtres.  Il  eft  à  la  vcritc  plus  Athc'c  '^ 
qu'autre  chofe  ,. comme  il,  paroift  par ^' 
Ijs  livres  qu'il  a  mis  au  jour  j  &  il  fait  '^ 
profcffion  de  lu  Sciflc  des  Lettrez.         '^ 

23.  Il  m'a  paru  qu'il  ne  penfe  à  rien  ^^ 
moins  qu'à  fe  faire  Chre'tien.  *^ 

24.  Il  n'y  a  jufqu'à  prefent  qu\m  **^ 
trc8-pctit  nombre  de  Mandarins  &:  de  " 
Grands  de  l'Empire  ,  qui  ayenc  em-  ^^ 
braflc  la  Loy  de  Dieu.  «f 

SUR    LE    III.    POINT.      <c 

25.  Je  veux  bien  me  perfuader  que  <f 
le  Père  Martini  Jefuite,  Religieux d  un  ^^ 
/î  grand  mérite  ,  d'une. vertu  .&  d'une  fc 
capacité  fî  connue  dans,lç  monde ,  ne  ff 
voulut  expofer  a  la  Congrégation  dv  «c 
faint  Office  fous  le  Pontificat  d'Ale-  «^ 
xandre  VII.  que  ce  qu'il  jugea  necef-  «c 
faire  pour  obtenir  la  décifîon  qu'il  pré-  fc 
tendoit,  &  qu'il  n'eut  pas  intention  ce 
de  cacher  aucune  chofe  qui  luy  fem-  «c 
blât  contraire  à  ladite  décifîon.  Qq~  <i^oyn 
pendant  s'il  ne  prefenta  point  à  ce  fa-  f'L^^".' 

'  -r   -L  1  J>  ti      •  ^  r  Jogie  des 

cre  Tribunal  0  autres  Ecritures ,  ou  les  ffDommi- 
•faits  fufTent  mieux  articulez  &  expli-  cccams 
auez  plus  diftinélement  qu'ils  ne  le  font  'fJJ'^°°* 
dans  les  Points  qu'il  propofa  en  La-  ccchme, 
.tin  ,   &  qui  furent  décidez  par  la  fa-  «c 
crée  .Congrégation  en  iC.'^C.  il  mcfcm-  -'c 
ble  que  fon  Expofé  efloit  defe(5tueu|t 

K  6        '      en 


I-i  Conformité  des  Cerem.  Ch'm 
55  ei]  certaines  chofcs  i  fî  toutefois  il  ne- 
j^5  vouloir  pas  pr.opofer  feulement  ce  qu'il 
yi  jugeoit  fe  pou  voir  permcrtre  aux- Chré* 
j,  tiens  5  &  rien  plus  :  car  en  ce  cas  il 
.j  auroit  dii  expofer  les  faits  d'une  autre 
^3  manière. 

,5  %6'.  L'Expofé  du  Père  Martini  me 
3_5  femble  dcfcdueux  particulièrement 
j^  dans  la  troiiîcme  queflion,  en- ce  qu'il 
j_5  fuppofe  que  la  cérémonie  de  recevoir 
;55  lies  Degrez  fe  fait  dans  la  fale  de  Con-- 
\,  fucius  :  &  s'il  entend  par  la  fale  de 
.,5  Confucius  le  lieu  où  l'on  offre  des  vi- 
jj  dimes  <k  d'autres  chofes  à  ce  Phi-lo- 
jjfophe^il  n'fft  pas  vray  qu'on  donne 
yy  les  Degrez  en  ce  lieu  la  :  mais  feule- 
\y  ment  qu*après  avoir  reçu  lefdits  De- 
j,  grez  dans  une  fale  Académique  ,  les 
55  Graduez  vont  en  ce  lieu-là  honorer 
55  Confucius,  &  le  reconnoitreaumoirrs 
55  comme  leur  principal  Maître  ,  avec 
5,  les  cérémonies  prefcritespourcet  effet. 
55  II  fuppofe  de  plus  que  ledit  lieu  defli- 
55  né  au  Culte  de  Confucius  n'eft  qu'une 
55  fale  de  Collège;  il  le  fuppofe,  dis-je, 
55  mais  il  ne  le  prouve  pas.  Plufîeursau- 
55  très  foutienncnt  que  c'cfî  quelque  cho- 
35  fe  de  plus  qu'une  fale ,  &  que  c'eft  un 
,,  vray  Temple.  Le  P.  Martini  fuppofe 
55  &■  afiiire  encore  que  les  Cérémonies 
5,  avec  Jefquelles  on  y  honore  Confucius 
55  en  cettcoccafîon,  font  purement  ci-vi" 
5,  les  &  politiques  félon  leur  première 
5,  inflitmion  ;  Ex  f  ta  prima  iftpttuùow  ad 

incrum 


Avec  l'I'doUt.  Grecque  er  Rom,  7  y 
mtrum  culttwi  civile  m  wjlituti  :  Ce  qui  ic  '^ 
doit  prouver  plus  diltinètcmcnt ,  quoy  '^ 
qu'il  loic  un  pcumicuxfondé.  Il  ajou-  *' 
te  ,  que  tous  ceux  qui  doivent  pren-  '^ 
dre  les  Degrez  entrent  enfemble  dans  *^ 
la  fale  de  Contucius  :  Omnes  Gvaduan-  ^' 
di  Jsmul  Aulnvi  Cmifucuwgrcdiuntitr.  Il  de-  ^^ 
voit  dire  pour  dire  la  vérité;  toM  ceux  '^ 
qui  ont  pris  les  Degrez ,  &:c.  parce  qu'ils  '* 
les  ont  déjà  reçus  quand  ils  font  cette  *' 
fondion..  Il  ajoute  un  peu  plus  bas  ,  '^ 
que  cette  fale  de  Confucius  eft  une  fa-  '* 
le  de  Collège ,  &  non  pas  un  Temple  '^ 
proprement  dit.  Aula  illaConfncii ,  Gym-  ^^ 
nafium  ejî  ,  <^  non  Teinplun:proprie diéîuin'.  ^^ 
&■  il  en  donne  cette  raifon  :  Car  elle  ^^ 
cft  fermée  à  tout  le  monde  ,  excepte'  " 
aux  Graduez  &  aux  Etudians  :  Nam  " 
climfa  omiiibui  eji  ,  pratcrquàm  Studwjts, 
Cette  proposition  eft  vrayes  mais  elle  ^^ 
ne  prouve  pas  que  ce  foit  une  fïmple  ^^ 
fale  de  Collège  ,  &  non  pas  un  vray  *^* 
Temple  ;  d'autant  plus  que  ledit  Père  ^^ 
Martini  ne  fait  point  mention  des  of-  ^^ 
frandes  ou  .facrifices  qui  s'y  font  à  Con-  ^^ 
fucius  en  d'autres  tems  déterminez  ,  '^ 
ni  des  cérémonies  qui  s'obfervcntdans  ^^ 
ces  offrandes  ,  comme  il  paroift  qu'il  ^^ 
eftoit  neceffaire.  Il  dit  de  plus  dans  '^ 
fa  quatrième  Demande  ,  que  les  Chi-  -^ 
nois  n'attribuent  aucun  cara(5lere  de  '* 
divinité  à  leurs  Morts,  qu'ils  n'cfpe-  *^ 
rent  rien  d'eux,  &  ne  leur  demandent  «' 
rien.    Sina  nuUam  Divimatem  Ainwabi^  tc 

Defun. 


14      Conformité  des  Cerem.  Chin. 
j,  Defunâonmi  toncedunt  ^  fiihil abiîlis  (pcrant^ 
y,  aut  pet  tint.  Cela  n'efi:  pas  vray  ,  caries 
3,  Chinois  infide'les  font  des  prières  & 
3,  des  demandes  aux  efprits  des  Défunts-, 
jj  au  moins  en  certains  tems,  &  encer- 
53  tains  lieux;  &  ils  attribuent  une  ver- 
j5  tu  &■  un  pouvoir  plus  divin  qu'humain 
53  à  certaines  pjrfonnes  défuntes  ,  com- 
5,  me  on  le  prouve  évidemment  par  les 
53  livres  &  les  rituels  Chinois  ;  foit  qu>* 
5j  cela  fe  foit  fait  avec  feinte  ,  ou  avec 
53  une  vraye  crédulité.    En  l'endroit  où 
5,  il  dit  que  les  Chinois  honorent  leurs 
53  Morts  en  trois  manières;  friplcx ejl jno- 
3  3  diti  qiio  Defîméîos  ftios  honora7it  ;  en  par- 
^,  lant  de  la  première  ,    il  ne  dit  rien  de 
55  certaines  offrandes  qui  fe  font  en  cet- 
53  te  occafion   :  &  en  parlant  delà  fe- 
53  conde,  il  ne  fait  pas  un  r^cic  e»xaâ:de 
33  toutes  les  cérémonies  qui  fe  font  de- 
53  vant  les  tableaux  ou  tablettes  des  Dé- 
,3  funts  dans  les  maifons    particulières. 
33  Pour  ce  qui  regarde  les  fales  des  An- 
,3  cêtres  appellées  Chu  tang  ,  il  pafTe  fous 
33  fîlence  que  celles  de  TEmpereur  ,  & 
33  des  Grands,  ne  font  pa  s  appellées  fîm- 
33  plement  d.s  faks ,  mais  des  Temples; 
j,  ce  que  le  nom  Chinois,  Mjab,  (îgnifie, 
j3  comme  le  Père  en   tombe  d'accord  : 
33  les  paruciilicrs  ayant  permifllon  d'a- 
^5  voir  des  lie  ux  deftinez  au  Culte  de  leurs 
3,  Défunts,  fous  le  nom  de  Chu  Tang,  qui 
3,  fignifie  une  fale  ,  8^  non  pas  un  Tem- 
53  pic  5   comme  il  le  fuppofe  luv-méme. 

Voi- 


/Ivec  tldolat.  Grecque  &  Rom,  i^ 
Voila  les  remarques  qui  me  font  ve-  *' 
nues  dans  l'efpric  lur  rExpofc  du  Pe-  *' 
re  Martini,  a  qui  je  n'ay  pas  deffein  *' 
de  faire  tort  ,  vii  qu'il  eltoit  un  dign-j  '^ 
MilFionnaire  ,  &  un  homme  de  mesi-  '• 
tej  mais  feulement  de  répondre  com-  '^ 
me  je  dois,  à  la  demande  qui  m'a  elle  '^ 
faite  fur  cette  matière.  *^ 

SUR    LE   IV.    POINT. 

27.  Je  répons  que  Confuciuseft  fou  ve-  *^ 
rainementeftimé  desChinois  Lettrez,  '^ 
&  des  autres  Infidèles  de  cet  Empire  '^ 
&■  des  Royaumes  voifins  :  qu'il  l'efl:  ^^ 
auffi  beaucoup  d-S  Chinois  Chrcftiens,  *^ 
quoy  qu'ils  fe  conform.ni  pour  l'or-  '^ 
dinairc  aux  fentimens  que  leurs  Mif-  *^ 
fîonnaires  ont  de  ce  Philofophe.  '^ 

2S.  Comme  il  y  a  différentes  Scdes  'Volez 
à  la  Chine,  il  me  paroift  que  les Gen- ^'î'Apoio 
tils    vrayment     idolâtres     regardent  "l'^  ^«^ 
Confucius  comme  un  de  leurs  Dieux ,  '^mSiI* 
quoyqu'il  n'ait  pas  elle  mis  en  ce  rang  "de  la 
par  1  autorité  publique,    mais  feule- ''^^i^c* 
ment  par  l'autorité  privée  deceluy-cy," 
ou  de  celuy-là  ,  &  en  certains  lieux. '^ 
Que  s'il   fe  rencontre  quelqu'un  à  la  *^ 
Chine,  qui  croye,  comme  ont  crû  les  *^ 
Mirtionnaires   de  la  Compagnie  ,    &  " 
quelques  autres  ,  que  les  anciens  Chi-'^ 
nois  ont  connu  le  vray  Dieu,  les  Efprits,  *^ 
&  l'immortalité  des  Ames  ,   j'cftime'^ 
qu'il  attribuera  à  Confucius  toute  la  ^\ 

fain- 


t6  Conformité  des  Cerem.  Chirt, 
3,  fainreté  pofTible  dans  cette  Hypotlie-- 
5,  fe.  Pour  les  Lsttrez  Athées,  ileftcer- 
s,  tain,  qu'ils  luy  attribuent  dans  le  fou- 
y,  verain  degré  cette  vertu  qu'ils  nom- 
^,  ment  Z.y,  qu'ils  regardent  comme  une 
^3  fuperiorité  &  une  perfection  eflentielle. 
35  19'  Le  nom  M/V7oeft  communément  en 
35  ufage  à  la  Chine  pour  iîgnifier  les  Teni- 
55  pies  des  Idoles  3  de  forte  que  les  Mif- 
55  fionnaires  n'ont  jamais  donné  ce  nom 
5,  à  leurs  Eglifes  i  quoyqu'ils  fçûflTent  que 
35  les  Chinoisl'ontdonnéde  tems  imme- 
55  morial  aux  Temples  des  Ancêtres  de 
55  l'Empereur  5  &  des  Grands.  Cepen- 
j5  dant  quelques  Di(5lionnaires  Chinois 
35  l'expliquent  de  la  figure  ou  reflemblan- 
^5  ce  des  Défunts,  en  tant  qu'ils  s'en  fer- 
55  vent  pour  fîgnifier  les  lieirx  où  ils  les 
5,  honorent  ,  leurs  Temples  ,  ou  leurs 
35  Mémoires.  Je  n'ay  vii  qu*un  feul  en- 
55  droit  dans  les  livres  Chinois  ,  où  ce 
5,  nom  foit  employé  pour  fîgnifier  une  des 
j,  fales  du  Palais  Impérial.  Je  ne  fuis  pas 
5  toutefois  certain  que  cette  fale  n'ait 
5  point  de  relation  au  Culte  des  Ancê- 
■*,  très  Royaux ,  &  qu'elle  foit  unique- 
^,  ment  deftinée  à  l'ufage  de  l'Empereur  : 
',  C'eft  pourquoy  il  me  paroiit  plus  cer- 
^5  tain  qu'on  s'eft  toujours  fervi  de  ce 
^5  nom  dans  l'ufage  ordinaire  ,  pour  fi- 
^5  gnifier  les  Temples  dédiez  aux  Efprits, 
^5  &  de  vrais  Temples,  que  pour  iigni- 
^5  fier  de  fimples  fales.  Pour  ce  qui  re- 
j5  garde  la  lettre  ou  le  mot  Chi  ou  Ci, 

il 


Avec  l'Idolut.  Grecque  c^  Rom,  \j 
il  eft  certain  que  les  Aliffionnairess*en  '' 
font  fervis  pour  fignifier  en  Chinois  le  *^ 
iaint  Sacrifice  de  la  Meffe,  parce  qu'ils  *' 
l'ont  reconnu  plus  propre  pour  cet  ef-  ^^ 
fet  que  tout  autre  terme.  Il  eft  vray  " 
que  les  Chinois  s'en  fervent  pour  fi-  ^^ 
gnifier  leurs  facrifices  :  quoyque  pour  '^ 
lignifier  certains  facrifices  particuliers  '*^ 
qu'ils  oflVent  à  divers  Kfprits  ,  &  aux  '^ 
Morts,  au  Ciel  &  à  la  Terre  j  ilsayent'^ 
aulîî  des  noms  particuliers.  Ce  terme,  '^ 
félon  la  notion  qu'en  donnent  les  fça-  '^ 
vans  de  la  Chine  5  fignifie  le  facrince '^ 
où  l'on  otTre  des  victimes  ou  des  ani-  '^ 
maux.  ]c  ne  puis  néanmoins  afteurer  '^ 
ue  l'ufage  du  mot  Ci  foit  tellement  ^^ 
etermine  à  fignifier  un  vray  facrifice,  ^^ 
u'il  n'ait  ou  ne  puifle  avoir  d'autre  *^ 
ignification.  "^ 

30.  Il  y  a  en  chaque  ville  de  la  Chi-  ^^ 
ne  un  lieu  ou  un  Temple  dédié  à  Con-  '^ 
fucius,  pour  luy  faire  en  certains tems '^ 
des  offrandes  ou  des  facrifices  :  &  dans  '^ 
ce  Temple  il  y  a  un  Autel  ou  une  Ta-  ^^ 
blc  ornée  de  chandeliers  &  de  vafes  ^^ 
pour  brûler  des  parfums  devant  le  Ta-  ^^ 
oleau  de  ce  Philofophe..  Mais  fçavoir  ^^ 
fi  ce  font  de  vrais  Temples  &:  devrais 
Autels,  cela  n'eft  pas  fi  clair.   Je  ne' 
puis  dire  autre  choie  fur  ce  Point,  que  * 
de   rapporter  les   cérémonies   qui  s'y  ' 
font  ,   &r  qui  pourront  fervir  à  le  de 
cider.    Quant  à  ce  qu'on  demande  ,  fi  '^ 
ce  Temple  eft  dédié  avec  quelques  ce-  ^^ 

remoniesj. 


l 


1 8  Conformité  des  Cerem,  Chm, 
y,  remonies;  il  eft  certain  que  ,  confor- 
jp  mément  aux  Rituels  de  la  Chine,  l'es 
3,  Temples  des  Ancêtres  de  l'Empereur, 
j,  &  les  autres  appeliez  Chung  Miao  ,  oa 
j5  Chu  Miûb,  doivent  eftre dédiez  Ôccom- 
j,  me  confacrez  avec  le  fang  des  animaux 
j,  qu'on  y  facrifie  enfuite  :  &  cette  ce- 
j,  remonie  eft  auiïi  en  ufage  pour  dédier 
53  le  Temple  deConfucius,  quin'eft  pas 
:,,  inferieuraux  autres,  félon  la  penféedes 
j.  Chinois. 

,,  31.  Le  Tableau  de  Confucius  eli  ex- 
j,  pofé  dans  chaque  Temple  qui  luy  eft 
33  dédié  ,  avec  cette  Infcription  :  Chy 
j,  xin'^g'  fioi  su  Kufjgyclju  xh/g  gocy  :  C'cft- 
55  à-dire, Zt»  SugcikFEff)}it  dti  très-fauit^ow 
s  y  du  très -Juge  Mnkre  Qonjuntti. 

2,  32.  Il  eft  vray  que  dans  le  Temple 
j5  de  Confucius,  on  conferve  ce  Tableau 

3,  dans  un  tabernacle  ou  une  petite  ar- 
„  moire,  placée  fur  T Autel  ou  la  table  , 
5,  dont  Jafituation  répond  à  celle  du  grand 
5,  Aut .1  dans  nos  F^!if-S. 

5,  33.  L^'  lieu  où'  ft  le  Temple  dcCon- 
5,  fucius  ,  Air  le  frontifpice  duquel  on 
5,  lit  cette  Infcription,  Vucfi  Miah ^  c'eft- 
,,  à-dire  ,  Le  Lntplc  de  In  figeffe  ,  contitnc 
5,  divers  é'-^.ific^^s  &"  apoart-mens.  C-'li'?u 
5,  s*app  lle^y«  Jjib ,  c'eft-à-dire.  Le  Collège 
„  des  Lcttrcz.  Lvs  bâtim  :ns  ont  des  noms 
5,  particuliers  qui  lesdiftinguent ,  parrap- 
5,  port  à  l'ufage  auquel  ils  font  deftincz  : 
„  &•  l'édifice  ,  le  temple  ou  la  fale  ,  où  le 
5,  Tableau  de  Confucius  cft  placé,  &r  où 

Top. 


jivec  r  IdoUt,  Grecque  ^  Rom,  1 9 
Ton  fait  des  oflVandes  ou  des  facrifices  '' 
à  ce  Philofophe  ,  en  des  tems  deter-  *' 
minez  ,  s'appelle  Vturi  M'iao.  Pour  le'' 
regard  de  la  queftion  ,  fçavoir  fi  ce  Tem-  '^ 
pie  de  la  fagefle  e(^  ou  peut  eftre  ap-  " 
pelle  une  fale  de  collège  ,  &  non  pas  '* 
un  .Temple  proprement  dit^  ce  n'efl '^ 
pas  à  moy  de  raflcuicr  ou  de  \z  nier.  '^ 
11  eft  certain  qu'il  eftdiftinguédj  l'Eco-  ^' 
le  des  fciences,  &"  qu'on  n'y  fait  aucun  ^^ 
exercice  ni  aucun  Aéle  Académique  :  '^ 
on  y  honore  feulement  Confucius  par  "^ 
des  révérences,  des  offrandes  ou  facri-  '*^ 
ficeSa  &  d'autres  femblables  csremo- '"•' 
nies.  '' 

34.  Les  Lettrez  ne  reçoivent  point  '^ 
les  Dcgrez  dans  ce  Temple  appelle  '^ 
V(u:n'  Miao  ,  mais  dans  un  autre  lieu ,  ''^ 
fale  ou  palais  deftiné  pour  cette  fon-  '^ 
aïon.  '' 

35.  Il  femble  que  plufieurs  ceremo- '• 
nies  qui  fe  font  dans   ledit  Temple,'^ 
font  de  l'ufage  civil,  puis  qu'on  les  fait '^ 
au(îi  aux  vivans  :  toutefois  il  y  en  a  '^ 
d'autres  qui  font  véritablement ,  ou  qui  ^ 
paroiffcnt  r.ligieufes  &:  fupjrftitieufes,  * 
comme  celles  d'oftVir    les  poils  8>c    le 
fang  de  l'animal  qui  doit  eftre  facrifie ,  * 
d-  répandre  une  partie  du  vin  qu'on  of-  '^ 
fre  j  de  dédier  le  Temple  avec  le  fang  *^ 
des  vidimes,  d'enterrer  le  fang  &  les  *^ 
poils  qu'on  a  offerts,  d^  brûler  desétof-  *^ 
fcs  de  foye  qui  ont  efté  pareillement  '«^ 
offertes  à  Confucius,  &  les  papiers  où  '^ 

font 


20      Conformité  des  Cerem»  Chtn, 
>,  font  écrits  les  Offertoires  ,  &  d'autres 
53  femblables. 

55      g<j.  Ce  n'eft  pas  une  chofe  fi  certai- 
55  ne  &  fi  univerfellej  fçavoirfi  quand  les 
55  Graduez  5  après  avoir  reçu  les  Degrez, 
y.  vont  au  même  Temple  faire  les  reve- 
55  rences  &  les  génuflexions  accoûtum.ées5 
55  il  y  a  fur  la  table  ou  fur  l'Autel  des  cier- 
5,  ges  allumez  ,  des  parfums  ardens,  &  des 
55  fleurs.  On  dit  que  lesLettrez  ontcoii- 
5,  tum.e  de  contribuer  à  la  dépenfe  de  ce 
53  luminaire  &  de  ces  parfums. 
5j      37.  Les  Lettrez  font   quatre  reve- 
55  rences  dans  cette  occafion  ,  ou  quatre 
55  inclinations  profondes,  &  quatre  ge- 
55  nuflexions  s  &  ils  fe  profternent  autant 
55  de  fois,  mettant  la  tête  contre  terre: 
5,  &  puis  ils  fortent,  &  vont  faire  la  re- 
5,  verence  au  Préfet  appelle  Hiô  qtwn.  On 
55  faitauiîi  de  femblables  révérences  ou 
5,  génuflexions  aux  vivans  5   en  certains 
5,  tems  5    &  en  certains  cas  particuliers. 
5,      3 S.  Il  femble  qiie  les  Lettrez  n'efpe- 
5,  rent  riendeConfucius,  conforme'mcnt 
5,  à  l'Atheifme  dont  ils  font  profefTion. 
.5  Cela  n'empêctte  pas  que  ee  que  j'ay 
5,  dit  fur  ce  fujet  dans  la  Rcponfe  que 
5,  j'ay  faite  aux  points  que  Monfeigneur 
5,  Sperelli  AlTeffeur  du  faint  Office  m'a 
55  envoyez  par  ordre  de  la  facrce  Con- 
grégation, ne  fubfifte. 

Voicy  ce  que  le  même  Reverendriïi- 
me  P.  Aleoniffa  dit  dans  fa  Réponfe 
à  Monfeieneur  Sperelli  : 

K 


ii 


Avec  VIdoUt.  Grecsjue  C7'  Rom.  z  i 
Il  eft  vray  qu'au  moins  en  quelques  '^ 
offrandes  faites  àConfucius^  &  à  d'au-  «^ 
très  Maîtres, ou  aux  Anccftres,  on  fait  '^ 
des  prières  dans  lefqucllcs  on  deman-  ^'^ 
de  du  bonheur,  de  refprit  pour  réuflTir  '• 
da'ns  l'étude  ,  &  d'autres  biens  :  &  il  *^ 
eft  plus  certain  qu'en  faifant  de  fem-  '* 
blabbs  offrandes  de  la  manière  dontel-  ^« 
les  font  prefcritcs  par  les  Loix  publi-  *< 
ques  ,  &:  par  les  Rituels,  les  Chinois  *^ 
croyent  que  celuy  auquel  ils  font  ces  ^^ 
oblations  leur  accordera  le  bonheur  &  '^ 
la  profpcrité  qu'ils  demandent.  <*' 

39.  Les  Chinoisont  un  grand refpcdl  '^ 
pour  le  Temple  de  Confuciusj  &  j'ay  *^ 
OUI  dire  qu'ils  defcendent  de  cheval ,  ^^ 
ciuand  ils  paffent  pardevant  :  mais  ils  '^ 
font  la  même  cérémonie  quand  ils  ren-  *^ 
contrent  en  chemin  des  perfonnes  de  '^ 
plus  grande  qualité'  qu'eux  ,  ou  d'un  '^ 
rang  plus  élevé,  &  quand  ils  paifent  ^f 
devant  le  palais  de  l'Empereur.  <^ 

40.  Il  eft  vray  que  les  Mandarins  ou  '^^ 
Gouverneurs  ordinaires  de  chaque  Vil-  '^ 
le  &  de  chaque  Bourg  ,  accompagnez  ^' 
de  leurs  Officiers,  &  des  autres  Let-  ^^ 
trez,  vont  deux  fois  le  mois  au  Tem-  "■' 
pie  de  Confucius  ,  à  la  nouvelle  &  à  ^^ 
la  pleine  Lune,  faire plufieursreveren-  ^^ 
ces  devant  fon  Tableau  ;  &  en  cette  'f 
occafîon  les  cierges  &  les  parfums  qu'ils  ^^ 
luy  doivent  offrir  félon  le  Rituel  ,bru-  '« 
lent  devant  ce  Tableau  ,  ou  du  moins  '' 
ils  doivent  briiler  pendant  qu'ils  font  «f 

leurs 


2  2       ConfQ  rmité  des  Cerem .  Chin, 
leurs  révérences  &  leurs  profternacions; 
&:  c'eft  ce  qui  fe  pratique  pour  l'ordi- 
naire. 

41.  Les  Mandarins  font  les  mêmes 
cérémonies  immédiatement  après  qu'ils 
ont  pris  pofTeffion  de  leur  dignité^  ou 
de  leur  gouvernement. 

42.  Il  eft  vray  que  les  Mandarins  ren- 
dent tous  ces  honneurs  à  Chwg  Ho(mg\ 
qui  eft  l'Efprit  tutelaire  de  leurs  Vil- 
les, félon  la  cre'ance  de  ces  peuples, 

43.  Il  cft  vray  qu'ils  offrent  &  facri- 
fient  en  divers  tems  ,  diverfes  chofes 
à  Confacius. 

44.  11  ^^^  vray  que  les  Chinois  font 
deux  oL^lotions principales,  ou  deux fa- 
crifices  folemn^ls  au  même  Confucius, 
l'un  au  Printems  ,  &  l'autre  en  Au- 
tomne. 

45.  Ceux  qui  doivent  faire  ces  obla- 
tions  ou  facrifices ,  ou  y  faire  quelque 
fon6î:!on,  font  obligez,  comme  il  eft 
prefcrit  dans  les-  Rituels  ,  de  jeûner 
quelques  jours  auparavant  ,  de  garder 
la  continence,  l'abftinencc  de  viande, 
de  poiifon  ,  de  vin,  &c.  &:  de  s*éloi- 
gner  des  divertiffemens  :  mais  il  n*eft 
pas  fi  certain  qu'ils  lefaflTent.  j'aymê- 
me  trouvé  dans  le  Rituel  Kïali^  que  les 
jeunes  qui  fe  doivent  faire  avant  les  of- 
frandes folemnelles  pour  les  Anceftres 
défunts,  ne  s'expliquent  pas  à  la  rigueur 
d'une  entière  &  parfaite  abftinence, 
particulièrement  de  vin,  de  viande,  de 

poiflbn  ; 


^'4vec  tldoUt.  GreccjHc  &  Rem.     z  5 
poUFon,  &:c.  mais  d'une  certaine  fru- '^ 
galitc ,  nnodcration  &  fobrieté  dans  l'u-  '^ 
fage  du  boire  &:  du  manger.  '^ 

4(î.  Je  nefçay  pas  certainement  fi  Ton  *^ 
tire  au  fort  un  jour  heureux  pour  choi- '^^ 
fîr  les  animaux  qu'on  doit  offrir i  &:  je^* 
n'ay  pas  en  main  de  Rituelsoù  celafoit  " 
prefcrit.  ^^ 

47.  C'eft:  la  coutume  de  faire  ce  choix  ^^ 
avec  quelques  cérémonies  ,  de  verfer  ^^ 
une  liqueur  chaude  dans  Toreille  du  ^^ 
pourceau,  ou  d'un  autre  animal,  pour  ^^ 
éprouver  s'il  fera  propre  à  eftre  offert  ^^ 
ou  l'acrifié.  '^ 

4S.  Il  eft  vray  qu'après  l'épreuve  des  ^'^ 
animaux,  on  en  immole  au  moins  un  ^^ 
la  veille  du  iacrifice  ou  de  l'oblation  ^^ 
Aifdite ,  dans  la  cour  de  la  fale  appel-  ^^ 
lée  Min^g  Umg  tan  g,  voifine  du  Temple  ^^ 
de  Confucius.  '^ 

49.  Il  eft  vray  que  la  veille  du  facri-  ^'^ 
fice  ,  on  prépare  dans  la  cour  &  la  fale  ^^ 
fufdites  des  tables  ornées  de  chande-*^^ 
liers  ,  de  cierges  &  de  parfums.  On  ^^ 
place  le  Tableau  de  Confucius  fur  la  *^^ 
table  qui  eft  dans  la  fale  :  on  met  de-  ^'^ 
vant  la  table  qui  eft  dans  la  cour,  le  ^^ 
pourceau  qui  doit  eftre  ofl"ert  le  lende-  '^ 
main  :  le  principal  Miniftre  fait  une '^'^ 
profonde  révérence  à  cet  animal,  qui  ^^ 
eft  tué  cnfuite  par  le  boucher.  *<■ 

50.  Il  eft  vray  que  l'on  conferve '^ 
quelques  poils  &  un  peu  de  fang  de  cette  ^^ 
vidime,  ou  d'une  autre  qui  doit  eftre '^ 

facrifiée. 


1^      Conformité  des  Cerem.  Cljin, 
3,  facrifiéc  ,  afin  de  l'ofliir  le  matin  du 
:),  jour  ruWant. 

oy  51.  Les  -Gouverneurs  vont  au  Tem- 
s_,  pie  de  Confucius  faire  lefdites  oflfran- 
ij  des  ou  facrifices  au  premier  ou  au  fe- 
Si  cond  chant  du  coq  ,  afin  que  la  ce- 
^,  remonie  foit  achevée  le  matin  debon- 
3y  ne  heure. 

2,  %z.  Les  Miniftres  deToRVande  oudu 

3,  facrifice  de  Confucius,  font  revêtus  dans 
3,  cette  fon(5lion  des  habits  qui  convien- 
3,  nent  à  leurs  Grades  &  à  leurs  Offices 
3,  de  Gouverneurs  ,  qui  ne  leur  fervent 
3j  que  dans  les  fon<5tions  publiques  oufo- 
3,  lemnelles. 

3,  s  5-  Pour  faire  ces  facrifices  ou  ces 
3,  oftVandes,  on  orne  le  Temple  de  Con- 
3^  fucius  plus  magnifiquement  qu'à  Tor- 
3^  dinaire  j  on  met  fur  l'Autel ,  ou  la  ta- 
3^  ble  des  cierges  allumez  &  des  parfums 
3^  ardens  :  je  ne  fuis  pas  certain  fi  l'on  y 
3^  met  communément  des  fleurs. 
3^  54.  Il  eft  vray  qu'on  invite  l'Efprit 
5,  de  Confucius  d'afiifter  à  l'offrande  ou 
3_,  facrifice  qui  fe  fait  à  fon  honneur, 
3^  S  V  Les  Miniftres  du  facrifice  ou  de 
3,  l'offrande  ,  &  les  afilrtans ,  font  plufieurs 
3_,  révérences  ;  ils  fe  profternent  en  fra- 
3,  pant  la  terre  du  front  devant  le  Ta- 
3,  bleau  de  Confucius  ,  pendant  qu'on 
3,  fait  les  oblations. 

3j      5<5.  Il  ell  vray  que  quand  le  Maître 
3^  des  cérémonies  dit  a  haute  voix ,  VEf- 
ijpr'rt  de  Coiîfm'tw  dcfccnds  metUz-vott^  h  ge- 
noux ; 


Avtc  VïdoUt»  Grecque  &  Rsm,  1 5 
fioux  i   tout  le  monde  fe  met  à  genoux. 

57.  Il  eft  vray  qu*on  offre  dans  ce 
facrificc  ou  dans  cette  offrande ,  quel- 

3ues  poils  &  un  peu  de  fang,  au  moins 
'unaesanimauxouvi(5limesi  &  qu*a- 
près  les  avoir  offerts  à  Confucius,  on 
les  enterre  auflTi-toft,  de  crainte  qu'ils 
ne  foicnt  profanez. 

5 S.  Dans  cesfacrificesou  oblations, 
on  offre  du  vin  Chinois  ,  des  têtes  de 
pourceau  ou  de  Chèvre,  des  viandes, 
&  des  étofes  de  foye.  Pour  les  deniers 
de  papier  argenté  ou  doré,  je  ne  fçay 
fî  Ton  s*enfert  dans  ces  offrandes,  par- 
ce que  cette  cérémonie  n'eft  point  pre- 
fcrite  par  les  Rituels  i  &ce  n'eft  qu'un 
abus  qui  s'eft  introduit. 

^9.  Lors  qu'on  off"re  le  vin  ou  d'au- 
tres chofcs,  le  principal  Miniftre  éle- 
vé le  vaifleau  ou  le  plat.  Cette  céré- 
monie s'obferve  auflTi  à  l'égard  des  vi- 
vans,  avec  peu  ou  point  du  tout  de 
différence. 

60.  Quand  le  Maître  des  cérémo- 
nies dit  au  Sacrificateur  de  boire  le 
vin  de  la  félicité  ,  il  le  boit  ,  &  en  ré- 

f>and  aufli  un  peu  fur  une  botte  de  pail- 
e.  Je  ne  fuis  pas  certain  fi  ce  faifceau 
de  paille  a  la  figure  d'un  homme. 

61.  Les  ctores  de  foye  qu'on  offre 
à  Confucius  ,  fe  brûlent  avec  des  cé- 
rémonies particulières,  auffi-bicn  que 
les  papiers  oii  font  écrits  lcsOff"ertoires. 
Il  n'eft  pas  certain  qu'on  brûle  des  dé- 
fi niers 


16     Conformité  des  Cerem,  Chm. 
^,niers  de  papier  dans  ces  facrifices,  par- 
lée que  cela  n'eft  point  prelcrit  dans  les 
3,  Rituels. 

5,  6z.  Ces  Rituels  n'ordonnent  point 
.,  de  lavemens  de  mains  pour  fairelace- 
_5j  remonie  de  brûler  les  écofes  de  foye, 
3.  autant  que  j'ay  pu  remarquer  en  les 
35  lifant. 

3,  61.  Il  n'y  a  point  auffi  de  genufle- 
33  xions  prefcrites  pour  cette  cérémonie. 
33  6^,  Dans  ces  offrandes  ou  facrifices, 
33  on  recite  certaines  Orailbns  ou  Ofifer- 
33  toires  à  la  louange  de  Confucius.  Ce- 
3,  pendant  je  n*ay  point  trouvé  de  prie- 
3,  resou  demandes  de  biens,  qui  luy  foient 
33  directement  adrelTées  en  cette  occafion, 
33  <î<).  A  la  fin  dudit  facrifice  ou  of- 
33  frande  ,  on  recite  certaine  Oraifon  que 
33  les  Rituels  prefcrivent  pour  accom- 
33  pagner  l'Efprit  de  Confucius  qui  s*eii 
33  retourne  ,  comme  ils  fuppofent  ,  ou 
3,  comme  ils  feignent.  Il  ne  me  paroift 
33  point  que  ce  foit  une  prière  ou  deman- 
3,  de  de  biens  ,  qui  luy  foit  adreflee , 
3,  mais  il  y  eft  dit ,  que  ceux  qui  ont  of- 
3,  fert,  ou  quiontallifte'au  facrifice,  re- 
33cevront  des  biens,  èc  toute  forte  de 
3,  félicité. 

SUR   LE  V.  POINT. 

Y'^y"   5>     66.   Je  répons  que  les  Chinois  ont 
lige^de  "^^^  lieux  oudesTemplesdédiezà  leurs 
ijoiami-jj  Anceflres  défunts.    Ceux  qui  font  dé- 
diez 


jivec  ridoUt.  Grecque  &  Rom,    i  j 
diez   aux  Anceftrcs   des  Rois  &:   des'^ca'ni 
Grands    de     l'Empire   ,     s'appellent «fj^'^°"* 
Cbiing  tniao  \  &  comme  il  eft  prefcrit  *'chine. 
dans  le  Rituel  Liki ,  ils  doivent  cftre  «^ 
dédiez  avec  le  fang  des  animaux  ,    &  '^ 
cela  fe  doit  faire  avec  des  cérémonies  '^ 
particulières.    Ceux  des  autres  famil-  «^ 
les  nobles  &  honorables  ,   s'appellent  <^ 
Chu  Tafig.    Je  n*ay  point  lii  que  cette  «^ 
cérémonie  foit  prefcrite  pour  les  de-  «^ 
dier  i  &  je  ne  fuis  pas  certain  qu'elle  «^ 
s'obferve  univerfellement.  <c 

6^.  Ils  confervent  dans  ces  Temples  ^^ 
les  tableaux  de  leurs  Défunts.  Il  y  a  des  ^^ 
Autels  ou  des  tables,  fur  lefquellesils  «« 
font  placez.  Il  s'y  fait  des  offrandes  <« 
ou  des  facrifices  foleainels  deux  fois  «c 
l'année  ,  au  Printcms  &  en  Autom-  <^ 
ne;  &cn  d'autres  tems  encore  ,  quoy  «c 
qu'avec  moins  de  folemnité,  ce 

(î8.  Les  Rituels  de  la  Chine  prefcri-  «ç 
vent  quelques  cérémonies  pour  choi-  fc 
fîr  les  animaux  qui  doivent  eftre offerts  <c 
dans  les  Temples  ou  les  lieux  appel-  ce 
lez  Chtifîg  miab ,  &  particulièrement  cel-  ce- 
lé de  leur  mettre  du  vin  ou  une  autre  ce 
liqueur  dans  l'oreille  ,  pour  éprouver  ce 
s'ils  font  propres  au  facrifice.  Je  n'ay  ce 
pas  trouvé  que  cette  cérémonie   foit  ce 
prefcrite  pour  les  oftVandes  ou  facrifi-  ce 
ces  folemnels  qui  fe  doivent  faire  aux  ce 
Morts  dans  les  lieux  ou  Temples  ap-  ce 
peliez  Chù  Tnii'g.    Ils  choififlent  par  le  ce 
fort  un  jour  heureux  pour  ces  facrifices,  ce 
B  z  &  ce-  ce 


2  3      Conformité  des  Cerem,  Chin, 
Si  cela  fe  fait horsla porte  defditslieux 
^' ou  Temples,  avec  les  cérémonies  fui- 
*'  vantes, 

*'      Quand  letemsde  ces  offrandes  s'ap- 
^'  proche  ,  ceux  qui  les  doivent  faire  vont 
''  aux  Temples  des  Anceftres  ,  vêtus  de 
5'  leurs  plus  beaux  habits.   On  met  de- 
^'  vant  la  porte  une  table  avec  des  bou- 
^»  gies  allumées,  &  des brafiers  pour brù- 
"  1er  des  parfums.  Le  principal  Aliniftre 
3>  met  les  parfums  dans  les  brafiers  ou 
35  encenfoirsi  il  parfume  les  inftrumens 
3,  qui  fervent  à  tirer  au  fort  :  il  ditquel- 
,,  ques  paroles  marquées  dans  le  Rituel, 
,,  en  tirant  au  fort  un  des  dix  premiers 
,,  jours  du  mois,  dans  lequel  on  doit  faire 
,5  le  facrificc.  Si  le  fort  eft  heureux,  on 
,,  ne  pafTe  pas  outre.  S'il  n'eft  pas  heu- 
,,  reux,  on  recommence  à  tirer  pour  un 
_,,  des  dix  jours  fuivans  du  même  mois: 
5,  &  s'il  n'eft  pas  encore  heureux  cette 
3,  fois-là,  on  ne  tire  plus,   &  l'ondeter- 
,,  mine  un  des  dix  derniers  jours  du  me- 
,,  me  mois  pour  faire  le  facrificc.  Onou- 
,,  vrc  la  porte  du  Temple  ,  ceux  de  la 
,,  Famille  y  entrent  l'un  après  l'autre, 
5,  chacun  en  fon  ran^  ;  ils  vont  devant 
3,  les  tableaux   des  Anceftres  ,    ils  leur 
5,  font  quelques  révérences,  le  principal 
3,  Miniftre  leur  offre  des  parfums  ;   ils 
3,  font  enfuite  d'autres  révérences  :  un 
3,  des  Minirtres  prend  un  papier  où  eft 
écrite  une  Oraifon  pour  donner  avis 
aux  cfprits  des  Anceftres  du  jour  de 

l'Of. 


jj 


Avec  ridoUt,  Grecijtte  &  Rom.  29 
rOrtVande  ,  &  s'cftaiu  mis  à  genoux  «• 
au  coftc  gauche  du  principal  Minière  j*^ 
il  recite  cette  Oraifon  ,  &  il  dit  :  Vo-  «' 
trc  obcifpmt  fils  N.  voua  dt:vant  offrir  la  '^ 
prochaine  Lttvc  ,  wi  U  mois  prochain  ,  ce  ^^ 
qtCon  offre  tOM  les  ans  aux  Ancefires  Dé-  ^< 
fufits  ,  a  tiré  anjort  le  jour  de  roffrande  ^  ^f 
d^  il  s*ejl  trouvé  heureux  ,  c\'Jl  pourquq/il^^ 
prend  la  liberté  de  votn  en  donner  avis.  Si  «^ 
le  fort  n*a  pas  efté.heureux  ,  il  n'en  «f 
parle  point  ,  mais  feulement  il  donne  «f 
avis  aux  Ancellres  du  jour  de  rofTran-  f^ 
de,  auîeft  un  des  dix  derniers  du  mois.  *f 
On  rait  enfuite  quelques  autres  cere-  <e 
inoniesi  on  donne  ordre  que  tout  foit  <( 
preft  pour  ce  jour-là  ,  &  chacun  re-  «c 
tourne  chez  foi.  Cela  eft  brefcrit  dans  le  <c 
Rituel  A!i^//,  qui  traite  des  lieux  ou  des  <f 
Temples  appeliez  Chù  tavg  :  car  tout  ^e 
ie  fait  plus  folcmnellement  dans  ceux  ^c 
^ue  les  Chinois  appellent  Chung  miao.  «f 
<9.  Les  Minières  &  tous  ceux  qui  ff 
xloivent  faire  quelque  fonction  aux  fa-  <c 
orifices  qui  s'offrent  dans  les  Temples  «c 
appeliez  Chutang,  doivent  jeûner  trois  (c 
jours  avant  le  facrifice  ou  l'offrande  j  <c 
garder  la  continence  ,  l'abflinence  de  ^c 
viande ,  de  vin  ,  de  divertilTemens,  &rc.  (c 
Il  çiï  vray  que  le  Rituel  Kiali  prefcrit  ce 
plutôt  la  modération  &  la  frugalité  ce 
dans  l'ufage  de  la  viande  &  du  vin,  <r 
qu'une  ablfinence  entière  &  rigoureu-  ce 
fe.  Le  Rituel  Lifà  ordonne  fept  jours  «c 
de  préparation  pour  les  facrifices  qui  «c 

B  i  doi- 


XC     Conformité  des  Cerem.  Chin, 
Si  doivent  s*offrir  dans  les  Temples  ap- 
33  peliez  Chnfigmtao  i  comme  j*ay  dit  dans 
33  la  Réponfe  que  j*ay  faite  aux  Points 
3>  que  AlonfeigneurSperelli  AflcfTeur  du 
33  faint  Office  m'a  envoyez  par  ordre  de  la 
33  Sacrée  Congrégation. 
33      70.  On  doit  offrir  des  animaux  de  dî- 
33  verfes  efpeces  dans  les  facrifices  ou  of- 
33  frandes  Iblemnellesquife  font  aux  An- 
23  ceftres  des  Rois  dans  les  Temples  ap- 
33  pelleT  Chung  7fi7ûd ,  particulièrement  des 
3) genifles  ou  des  vaches  ,  des  agneaux, 
33  des  chèvres,  des  porcs,  des  cerfs,  des 
33  lièvres,  &  d'autres.  Dans  ceux  qui  fe 
33  font  aux  Anceftres  des  Grands  del'Em- 
55  pire,  on  n'offre  ni  genilTe  ,.ni  vache; 
j,  le  refte  eft  ordinairement  le  même,  il 
53  n*y  a  de  différence  que  du  plus  ou  du 
3,  moins  pour  le  nombre.  Dans  les  facri- 
33  fices  ou  offrandes  qui  fe  font  dans  les 
3)  Temples  appeliez  Chu  tan^g  ^  on  offre 
5,  ordinairement  des  porcs,  des  chèvres, 
3,  des  poules  ,  des  poiffons  ,  &  d'autres 
5,  chofes  femblables. 
5,      71.  La  veille  du  faciifice  ou  del'of- 
,5  frande  folcmnelle  ,  ceux  qui  doivent 
j,  offrir  \z  facrifice,  ou  y  fervir,  vont  au 
55  Temple  ,  revêtus  des  habits  qui  font 
5,  prefcrits  par  le  Rituel  :  &  Ton  orne 
3,  ces  Temples  avec  toute  la  pompe  pof- 
3,  fîble  &   convenable   à   la   cérémonie. 
55  On  prépare   les  tables  ou  les  Autels, 
3,  avec  les  derges  ,  les  parfumSj  &  le 
3,  refle.  Les  animaux  font  immolez  par 

k 


jivec  ridolat,  Grecciue  cr  Rom,  5 1 
le  principal  Minière  ,  qui  cfi:  l'Aifric  '^ 
de  chaque  famille.  Son  Époufe,  &  les  '' 
autres  Dames  de  la  famille  ou  parenté,  *^ 
lavent  les  plats  ou  les  vafcs  deftinez  *^ 
pour  l'ofifrande  :  &  tout  cela  fe  fait  '^ 
avec  beaucoup  d'ordre  &  de  refpeâ:. 
Le  Rituel  A'/V?// n'ordonne  point  defai-  '^ 
re  des  révérences  &  des  inclinations  *^ 
aux  animaux  qu'on  doit  immoler  dans  '^ 
les  Temples  appeliez  Chii  tarîg.  Le  Ri- 
tuel Liky i  que  je  n'ay  pas  en  main, 
parle  de  celles  qui  fe  font  dans  les  Tem- 
ples appeliez  ChuTig  miao.  Il  eft  certain 
qu'on  égorge  les  animaux  dans  ces  Tem- 

f>les  avec  beaucoup  derefpcd  &  defo- 
emnité  ,  comme  j'ay  lu  dans  ce  Ri-  '^ 
tuel,  &  dans  d'autres  plus  amples.  ^^ 
72.  On  confervedes  poils  &  dufang  "^ 
de  ces  vidimes^pour  les  offrir  dans  les  '^ 
facrifices  ou  offrandes  folemnelles.  '' 
7  3  .LesTemplcs,&  les  Autels  ou  les  ta-  " 
bles  font  ornez  le  plus  magnifiquement  '^ 
qu'il  eft  poflîble,  comme_j^ay  déjà  dit.  '^. 

74.  Les  Tableaux  des  Défunts  font  ^^ 
placez  fur  ces  tables  ou  fur  ces  Autels,  ^^ 
avec  cette  Infcription.  Le  Jkge  de  VEf-  ''^ 
prit  d'un  tel  Défunt,  '^^ 

75.  On  fait  des  révérences,  &  l'on  '^^ 
fe  profterne  refpedivement  devant  ces  ^^ 
Tableaux  ,  en  frapant  la  terre  avec  ^' 
le   front   pendant  lefdites   offrandes  ,  ^^ 

3uand  le  Maître  des  cérémonies  l'or-  ^^ 
onne.  Mais   cette  cérémonie  fe  fait  '^ 
aufïï  pour  honorer  les  vivans.  ^« 

B  4  'jc.  Le 


3  2      Conformité  des  Cerem,  Chin, 

7^.  Le  jour  de  l'offrande  ou  du  fa- 
crifice  folemnel,  toute  la  parenté  doit 
fe  rendre  de  bonne  heure  ^  c*eft-à-dire 
au  fécond  chant  du  coq  ,  au  Temple 
des  AnceftreSj  pour  leur  oflrir  lefacri- 
fice  :  quoyque  cela  ne  foitpas  fi  réglé, 
qu'on  n'ait  coutume  de  retarder  plus 
ou  moins  la  cérémonie.  Tous^  &  par- 
ticulièrement les  Miniftres  du  facrifi- 
ce,  ont  les  plus  beaux  habits  qu'il  leur 
eft  poffible.  Ceux  qui  offrent  ces  facri- 
fices  dans  les  Temples  appeliez  Chiing 
tniaoy  doivent  avoir  des  vetemens  par- 
ticuliers, qui  ne  leur  fervent  que  pour 
lefacrifice,  &  qu'ils  ne  portent  jamais 
hors  1er  Temple  où  il  s'offre. 

77.  Dans  les  facrifices  qui  fe  font  à 
l'honnjur  des  Morts,  on  offre  du  vin, 
des  animaux  ruez  le  jour  précèdent, 
un  peu  de  leurs  poils  &  de  leur  fang, 
des  étofes  de  foye,  ou  du  moins  des  de- 
niers de  papier  au  lieu  de  ces  étofes. 

^^^11  fuuînrunon  ft'cfl  pas  néanmoins 
fort  anciennes  elle  a  elté  defaprouvée 
de  ceux  qui  ont  reconnu  que  cela  eft 
oppofé  à  la  fincerité  &  à  la  fplendeur 
avec  laquelle  les  Anciens  faifoientccs 
offrandes.  Cependant  l'ufage  de  ces  de- 
niers de  papiereft  maintenant  commun: 
dans  lefdites  offrandes. 

78.  Le  vin  de  ces  ohlations  s'appel- 
le en  Chinois,  Foche/a,  c'eft-à-dire,  /f 
vin  de  la  félicité. 

75>.  Le  célébrant  ou  principal  Mi- 
nière 


Avec  l IdoLit,  Grecqne  &  Rffm»    ^  ^ 
niftre  en  g<^>ùcc  &  en  boit  un  peu,  &  *^ 
il  en  lépaiid  une  partie  fur  un  taifceau  '*^ 
de  paille  qui  eil  devant  la  table  fur  la-  *' 

?iuclle  eft  place  le  Tableau  s  &  cela  fe  *^ 
ait  avec  des  cérémonies  particulières.  ^^ 
So.  Qj^iand  c'étoitTufage  d'offrir  des  *' 
ctofesde  foye,  on  les  brùloit  aulFiavec  '^ 
des  cérémonies,  qui s'obfjrvent encore  ^^ 
8  prefcnt  lorsqu'on  jnoflre.  Alaispour  *^ 
brûler  des  deniers  de  papier,  je  nefçay  ** 
pas  qu2  cela  fefafl'e  avec  d'autre  folem-  *^ 
nité,  fi  ce  n'eft  que  tout  s'exécute  avec  '^ 
beaucoup  de  reîped  &  d'attention  5  ^^ 
parce  que  ces  peuples  croyentcommu-  ** 
nément  que  ces  deniers  de  papier  fe  *f 
changent  en  vrayemonnoyepqur  l'ufa-  " 
ge  des  Morts.  Cette,  fuperftition  a  efté  '* 
introduite  par  les  Idolâtres.  *^ 

81.  Le  facrifice  eftant  fini,  on  par-  " 
tage  la  chair  des  vi(5bimes,&  lesautres  '* 
chofjs  propres  à  manger,  qui  ont  efté  '9 
oflf-rtes  ,  &  on  les  diftribue  à  tous  les  " 
afljftans  ,  qui  eo  font  beaucoup  d'efti-  '* 
m-.  " 

82.  Au  commencement  du  facrifice,  ** 
ils  font  d.'s  révérences  aux  Efprits  des  ** 
De'funts.  Cette  cérémonie  eft  fui  vie  d*u-  '* 
ne  autre  ,  qui  fignifi^  que  les  Efprits  def-  *^ 
cendent  à  l'heure  même  pour  recevoir  «^ 
l'offrande.  Et  quand  le  Maître  des  ce-  '^ 
remonies  dit  :  Mettez-vous  à  genoux  j  *' 
proftjrnezvous;  ou  faites  une  autre  ce-  '^ 
remonie,  tous  la  font  refpedivement  *^ 
ieioii  qu'il  convient  à  chacun.  *^ 

B  5  Sj.Ces^ 


54      Conformité  des  Cerem.Chm, 

5 3.  Ces  offrandes  folemnelles 5  félon 
ce  qui  eft  prefcric  par  les  Rituels  claf- 
fiques  de  la  Chine,  ne  font  point  ordi- 
nairement accompagnées  de  prières  di- 
rei^lementadrefleesaux  Morts,  parlef- 
quelles  on  leur  demande  des  biens  & 
de  laprofperité,quoyqu'il  s'en  foit in- 
troduit plufieurs  en  certains  cas  &:  en 
certains  tems  ,  qui  n'ont  point  efté 
prefcrites  par  l'autorité  publique.  Il  y 
a  des  tems  déterminez, aufquels,  con- 
formément aux  Rituels  ,  on  ordonne 
de  faire  des  prières  &desfupplications 
aux  Morts  pour  les  neceflitez  publiques 
&  preiTantes  de  l'Empire  ,  comme  la 
famine  ,  les  maladies  ,  la  guerre,  & 
d'autres  fem.blables.  On  en  fait  auiîi 
aux  autres  Efprits,  au  moins  à  ceux  a 
qui  l'on  a  permilTion  d'ériger  des  Tem- 
ples, qui  s'appellent  en  Chinois  Chimg 
miûh.  Les  lavemens  des  mains  qui  fe 
font  dans  ces  facrifices,  doivent  fe  fai- 
re fuivant  la  direftion  du  Maître  des 
cérémonies. 

5 4.  Quoyqus  ce  ne  foit  pas  une  pra- 
tique univerfelle  d'efperer  des  Défunts 
des  biens  &  de  la  profperité,  eu  égard 
à  la  divcrfité  des  fedes  de  la  Chine  ^  ce- 
pendant on  peut  recueillir  des  Rituels 
qu'ils  ont  cette  efperance  en  leurs 
Alorts,au  moins  dans  les  necefllrez pu- 
bliques, pourlefquelles  les  Rituels  pre- 
fcrivcnt  des  prières  qui  leur  font  adref- 
fécs.  J'ajoute  que  le  peuple  efpcre  com- 
munément 


j4vec  lldoîat.  Greccjue  dr  Rom,  5  5 
munément  que  les  Défunts  leur  feront  ^^ 
du  bien.  Au  moins  ileft  certain  que  les  ^^ 
Chinois  croyent  &  enfeignent  qu'en  '^ 
faifanc  ces  offrandes  ou  cesfacrificesaux  "-^ 
Anccftres  Défunts,  en  la  manière  qu'il  '^ 
cft  prcfcrit  ,  ils  recevront  toute  forte  '^ 
de  bonheur  &  de  profperité  :  &  l'on  '^ 
promet  ces  biens  au  nom  des  Défunts  '^ 
a  la  fin  de  la  cérémonie  à  ceux  qui  ont  '^ 
offert  le.facrifice,  &:  aux  affiftans.         '^ 

S  5 .  Après  le  facrifice ,  dis-je ,  ou  l'o-  '^ 
blation  folemnelle ,  le  Maître  des  ce-  '^ 
remonies  promet  ou  augure  au  nom  des '^ 
Anceftres  Défunts ,  au  principal  Mini-  '^ 
ftre,  &  implicitement  à  tous  les  afiiflans,  ^^ 
une  parfaite  profperité ,  une  longue  vie,  ^ 
dcc.  pour  avoir  offert  ledit  facrifice.      ^^ 

SURLE    VI.    POINT. 

Î6.   Je  répons  que  ceux  qui  n'ont  ccvoiei 
point  de  Temple,  confervent  avec  re- cc^'-^po^^" 
fped  dans  leurs  maifons  les  Tableaux  ccfj^j^"^ 
de  leurs  Anceflres  Défunts  fur  des  Au-  ccMifliôn. 
tels  ou  dans  de  petites  Chapelles,  avec  ct^e  la 
des  chandeliers  &  des  vafes  pour  brûler  cc^^'"®* 
des  parfums  (  ils  n'y  mettent  pas  fi  com-  ce 
munément  des  fleurs)  ils  placent,  dis- ce 
je  ,  les  Tableaux  ou  les  Tablettes  de  ce   - 
leurs  Morts  dans  ces  Oratoires  au  mi-  ce 
lieu  des  Idoles,  avec  cette  Infcription  ;  ce 
Le  Jîege  de  PEJprit  d'un  tel  Défunt,  Les  ce 
Chrétiens  les  gardent  dans  l'eflat  où  ce 
ils  cfloient  avant  qu'ils  embralfalTent  la  ce 

B  6  Foy, 


^6     Conformité  des  Cerem.  ChJ^» 
FoVj  ou  en  la  manière  que  leurs  Mif- 
lîonnaires  refpedivement  leur  en  per- 
mettent Tufage. 

S/.  On  offre  devant  ces  Tableaux  ou 
Tablettes  en  des  tems  déterminez  des 
viandes,  des  légumes,  &c.  on  allume 
des  bougies ,  on  brûle  des  parfums ,  on 
fait  de  profondes  révérences ,  on  fe  pro- 
fterne  en  baiffant  la  tête  jufqu'à  terre. 

8  S.  Lss  jours  des  facrifices  ou  obla- 
tions  folemnelles ,  on  offre  plus  de  cho- 
fes  qu'à  l'ordinaire  devant  lefdits  Ta* 
bleaux ,  chacun  félon  fon  pouvoir. 

S  9.  Dans  les  Tempk^s  ou  lieux  dé- 
diez au  De'funts,  après  les  facrifices  ou 
les  offrandes ,  on  fait  la  cérémonie  d'ac- 
compagner leurs  Efprits  ,  ou  de  leur 
donner  congé.  iMais  on  ne  fait  point 
cette  cérémonie  dans  les  maifons  par- 
ticulières ,  autant  que  je  l'ay  pii  fçavoirj 
au  moins  elle  ne  s'obfervepas  commu- 
nément Se  ordinairement  dans  le  tems 
defdites  offrandes-,  excepté  dans  celle 
qui  s'appelle  ^/w  c^i  ,  qui  fc  fait  après 
l'enterrement,  quand  on  eft  de  retour 
à  la  maifon,  parce  que  cette  oflrande 
fe  fait  avec  toutes  les  cérémonies  des 
oblations  annuelles  &  folemnelles. 

90.  On  n'a  pas  coutume  de  différer 
à  faire  hs  tableaux  ou  tablettes  des 
Morts.  La  matière  dont  on  les  doit 
faire  eft  prefcrite  dans  les  livres  Chi- 
nois. C'cll:  du  boisde châtaignier.  S'il 
ne  s'en  trouve  point ,  on  peut  choi/îr 

Quel 


jivtc  rrdoUt,  Grecqnc  cr  Rom,     5  f 

?[ucl  bois  on  veut  ,  pourvu  qu'il  foit  ^^ 
ort ,   &  de  durée.   Les  mêmes  livres  *'' 
prcfcrivcnt  la  grandeur  &c  la  forme  de  ^^ 
ces  tablettes,  le  tcms qu'elles  doivent  '^ 
fcrvir  ,  la  manière  &  les  cérémonies  ^^ 
de  leur   Infcription,   comme  j'ay  dit ''^ 
dans  ma  Rcponfe  aux  Points  qui  m'ont  '^ 
été  envoiez  par  Monfeig.  Spcrelli  Af-  ^^ 
feiTeurduTaint  Olfice,parordredelaSa-  '^ 
crée  Congrcgation.  llsprefcrivent  par-  ^^ 
ticuliercment  la  manière  d'écrire  le  pe-  «^'Cepcéc 
tit  point.  On  choifit  pour  cette  fonélion  "f^'),"|j 
une  perfonne  de  diftiné^ion&de  marque-  ^Tur  les 
Cela  le  fait  avec  cérémonie  ,  après  avoir  «'lettres 
lavé  les  mains.  On  écrit  fur  une  tabls  "^£,^'5  ou 
préparée  pour  cet  effet,   en  prefjnce  ^'X/«g' 
du  fils  aine  du  Défunt,  ou  du  ch.f  de  «''^«ceft- 
la  famille  qui  fe  tient  debout  pendant  "^^^l^ic* 
cette  action.    On  continue  le  fcfte  de  ^U'ame 
la  fonction,  comme  il  eft:  prjfcrit  dans  "'''«''"'• 
le  Ritujl;  on  prend  la  tablette,  onac-  '^ 
compagne  l'Efprit  du  Défunt  ,  &  on  ^^ 
l'invite  à  s'y  venir  repof^-r.  Cela  (z  fait  *^ 
immédiatement  après  l'enterrement  ,  '^ 
comme  il  eft  marqué  dans  le  Rituel.    Il  '^ 
eft  vray  que  lac^'femoniedu  petit  point '^ 
fe  fait  en  differcnti^s  manières  ,   &:  je  '^ 
n'ay  point  trouvé  qu'elle  foit  prefcrite  '' 
à  part  dans  ledit  Rituel,  qui  marque'^ 
feulement  la  manière  dont  on  doit  faire  '^ 
rinfcription  qui  fe  doit  mettre  fur  la-  *^ 
dite  tablette.   Je  ne  puis  aflurer  fi  les  *^ 
Chinois  feroient  ou  ne  feroientpasces  '^ 
cérémonies,  fi  on  leur  permettoit  l'u-  ^*    , 

fage 


5  8      Conformité  des  Cerem,  Ch'w. 

j5fage  de   ces  tablettes  de   leurs  Morts 

^5  dans   les  maifons  particulières  feule- 

5,  ment ,   &  en  y  joignant  une  protefta- 

jjtion.    Je   ne  doute   point   ne'anmoins 

5,  que  les  bons  &  fervens  Chrétiens  ne 

3y  raflent  ce  qui  leur  fera  commandé  de 

35  la  part  du  Saint  Siège.  Mais  il  me  pa- 

33  roift  très-ditîicilede  leur  permettre  un 

53  fimple  ufagedefdites  tablettes  5  &  rien 

33  plus  3  &  il  me  fembleque  cela  eftdan- 

53  gereux  pour  plufîeurs  raifons. 

33     L'Illuftriflime  &ReverendiflimePe- 

35  re  en  Dieu  François  Aleonifla  rappor- 

35  te   dans    fa   Réponfe   à   Monfeigneur 

Sperelli  3  qu'il  cite  dans  celle-cy5  la 

prière  que  le  fils  aîné  ou  le  chef  de  la 

Famille  fait  à  l'Efprit  du  Défunt  auf- 

iîtot  que  l'Infcription  de  la  tablette  , 

dont  il  s*agit  3   eft  achevée.    Elle  eft 

prefcrite  dans  le  Rituel  Kiali  3  &  elle 

eft  conçue  en  ces  termes  : 

Moi  fils  Orphelin  N.  j'ofe  donnn'  avis  à 
ffwn  lUnflre  Père  ou'Aieu/  /V.  de  tel  grade 
ou  dignité  j  que  fou  coi  ps  retourne  en  terre  par 
la  Jepultnre  3  i^  que  fon  efprit  retourne  ou 
doit  retourner  à  la  fale  des  Ancêtres  qui  efl 
à  la  m  ni  fon.  La  tablette  ,  Xm  dm  ,  étant 
donc  achevée  ,  j^fiippU^fi  ftddinie  c^  noble 
Ame  de  vouloir  laiffei'  fon  ancien  lieu  ,  (^  de 
fe  rendre  au  nouveau ,  qui  luy  frvira  defû- 
tien  ,  cb"  où  elle  trouvera  fin  repos. 

L'Ancien  lieu  ou  la  première  demeu- 
re de  l'Efprit  du  Défunt ,  félon  la  créan- 
ce des  Chinois  5  c'cft  le  hoenpé  ,  ou  la 

pièce 


j4vec  r/doUt,  Grecque  &  Ram.    5  9 
pièce  de  foie  qui  lercprelcntc.  Lenou-  ''^ 
veau,  c*eft  la  tablette  où  eft  cette  In-  <*" 
fcription  :  Le  Siège  de  V Ame  d'un  teL  '^ 

91.  Les  cérémonies  que  les  Chinois  ^"^ 
font  devant  les  corps  de  leurs  Défunts^  ^^ 
dans  les  enterremens,  aux  ccmerieres,  <«" 
&:  fur  leurs  Tombeaux  ,  font  telles  &  «^ 
en  fî  grand  nombre  ,  quMl  faudroit  de  «^ 
gros  volumes  pour  les  expliquer  au  ju-  «^ 
lie  &  en  détail.  J'en  ai  rapporté  une  ^^ 
partie  ,  &:  peut-être  le  plus  effentiel,  «^ 
dans  la  Réponfe  que  j'ay  déjà  donnée  ^^ 
&  que  j'ay  citée  ci-deffus.  Pour  lèpre-  <^ 
fent  je  puis  dire  que  tout  fe  réduit  aux  «^ 
cérémonies fuivanteSj  aux  jeûnes,  aux  ^^ 
abftinencesj  aux  révérences,  aux  ge- ^^ 
nuflexions  en  baiffant  la  tête  jufqu^à  «^ 
terre,  aux  bougies  allumées,  aux  par- «f 
fums  ardens  ,  à  brûler  des  deniers  de  ^^ 
papier  ,  à  oftVir  toute  forte  de  mets,  «^ 
&  mêmedes  victimes,  comme  un  porc,  ^^ 
une  chèvre ,  &:c.  ou  la  tête  de  ces  ani-  ^^ 
maux.  Ils  vont  aufll  une  fois  Tannée  ^^ 
au  lieu  de  lafepulturede  leurs  Défunts,  ff 
ils  déracinent  les  herbes  qui  ont  cru  fur  ff 
leurs  Tombeaux  &  aux  environs ,  &  ils  « f 
leur  offrent  des  viandes  en  faifant  des  ff 
génuflexions.  I-es  Bonzes  ou  les  Prê- ^^ 
très  des  Idoles  ont  introduit  plufieurs  '^ 
autres  cérémonies  pleines  de  fuperfti-  <^ 
tion  ,  qui  font  rejettées  univerfellement  fc 
des  MifHonnaires  &  des  Chrétiens,  «^ 
comme  celle  de  brûler  des  deniers  de  ««^ 
papier.  « 

SUR 


Si 
33 


4<5      Conformité  des  Ctrem.  ChJ?f*- 

SUR  LE  VII.  POINT. 

3)  91.  Je  répons  qu'il  n'eft  pas  vray  que 
la  Philorophie  Cninoife  n'ait  rien  de 
contraire  à  la  Loy  de  Dieu. 

93.    Les  Chinois  Lettrrz  ,  qui  font 
1)  Athe'es  ,  entendent  par  le  nom  lai  Kièy 
33  une  matière  éternelle,  qui  eft  le  pre- 
3j  mier  principe  de  touteschofesi  ou  une 
j3  ATrtu  adlive  de  cette  matière  ,  qui  n'en 
j3  eft  point  diftinguée  ,  &  qu'ils  appel- 
),\twiLi,  qui  précède,  félon  leur crean- 
53  ce,  la  production  de  toutes  L's  chofes 
30  qui  en  dépendent   :  &  en  ce  fens  il  eft 
53  hors  de  doute  que  les  anciens  Chinois 
j3  fe  font  fervis  de  ces   paroles  lai  Kie y 
S3  pour  définir  &:  lignifieriez preiiiierprin- 
33  cipe,  comme  j'ay  déjà  dit.  Maison  ne 
33  peut  afturcr  abrolument  que  ces  An- 
33  ciens  aient  connu    le  vray  Dieu  ,   ou 
53  qu'ils  ne  l'aient  pas  connu  :    d'autant 
33  plus  que  Pufage  de  ces  deuxmots  joints 
33  enfemble  commença  dès  le  tems  deCon- 
33  fucius,  &  qu'ilne  paroit  pasqu'il  s'en 
5î  loit  fervi  en  ce  lens-Jà.    Il  ne  les  a  mis 
33  en  ufage  que  dans  le  livre  Ke  Kivg ,  qui 
5i  eft  le  plus  confus  ik  le  plus  difficile  à 
53  entendre   de  tous  les    livres  Chinois. 
33  Voici  le  fens  littéral  de  ces  deuxmots, 
33  TûîKie  :  La  Lettre  ou  le  mot  Im ,  figni- 
33  fie  Grand  ,  le  mot  ou  la  lettre  Kie  ,   fi- 
as gnifie/t77;;^,  comme  s'ils  avoient  voulu 
55  dire  ,  le  grand  Urme  ,   ou  l'origine  de 
i>  toutes  chofes  :  de  forte  qu'ils  pouvoienc 

figiû- 


jivec  Vidûlat,  Grâcqtic  &  Rom.  4 1 
fignificrpar  ce  s  mots  le  grand  Dieu  ou  **^ 
le  Souverain  principe  ,  même  dans  un  ** 
fens  Catholique.  Cependant  la  Seéte  '^ 
des  LettreZj  dans  laquelle  ces  pproles  *^ 
font  en  ufage  à  la  Chine  ,  s*en  fert  &  '^ 
les  explique  dans  un  fens  Athée  ,  ou  '^ 
pour  ngnifier  toute  autre  chofe  que  le  '^ 
vrai  Dieu.  " 

94.  Le  culte  que  Confucius  rendoit  «^ 
aux  Efprits,  étoit  plutôt  religieux  que  '^ 
civil  j  félon  que  je  l'ay  pu  connoitre  *^ 
par  la  lefture  des  livres  qu'il  a  compo-  ^' 
fez ,  &  qui  ont  cours  à  la  Chine ,  ou  des  «^ 
leçons  qu'il  a  di(5tées.  Au  moins  ce  culte  ^^ 
avoit  une  apparence  &  un  extérieur  de  ^^ 
Religion.  " 

95.  Il  ne  paroît  pas  que  le  livre  Yc  «^ 
Khig,  puifle  être  appelle  en  aucune  ma-  «^ 
niere  V Abrégé  d^ufie  très-bonne doârmePhy-  ^^ 
Jiqtie  (^  Morale  :  Et  il  eft  certain  que  les  «^ 

Chinois  s'en  fervent  pour  deviner,  «^ 
pour  faire  des  fortileges,  &  pour  des  ^^ 
chofes  fembiabics.  ^      " 

96.  Quelques  Mifllonnaires  des  Or-  *• 
dres de faint  Dominique, de faint  Fran-  ^ 
<?ois  5  &  des  autres,  ont  fuivi  en  plu-  «^ 
iieurs  chofes  l'opinion  des  PP.  ]efui-  «^ 
tes  dans  la  pratique,  fur  le  culte  &les  ^^ 
cérémonies  Chinoifes  ,  au  moins  pen-  «^ 
dant  un  certain  tcms.  ]e  ne  puis  néan-  «f 
moins  aflurer  qu'ils  l'aient  fuivie  en  «^ 
tour.  J*ai  cfté  un  de  ceux  qui  ont  tcL'Apo- 
fuivi  le  fentiment  des  Miffionnaires  de  *'^omiS 
la  Compagnie ,  jufqu'à  ce  que  je  me  fois  <«c4iu«  » 

appli- 


42      Confornjîtédes  Cerem.  Chtn, 

iontla  appliqué  5  comme  i*ai  fait  depuis,  à 
veruon   ^^^>  ir'-  -^^ 

iraiienne'î  examiner  leluites  cérémonies  avec  un 
eft  main-,,  peu  plus  d*attention  &  d*exaâ:irude, 
tenant  ^^  gj  qy^  j'^jg  jyg^  qu'on  doit  procéder 
mTe^con-55  autrement  en  certains  cas. 

vaincra  Monfeigneur  Aleonifla  &  toutes  lesperfonnes  judicieu- 
fes ,  que  les  Dominicains ,  excepte  Grégoire  Lopez  &  Sarpetri , 
n'ont  point  fuivi  l'opinion  des  jefuites  ,  &  que  le  premier  ne 
l'a  pas  fuivi  en  tout. 

„  97.  Ceux  qui  ft  font  le  plus  éloignez 
,5  du  fentiment  des  PP.  Jefuites ,  ont  trou- 
yi  vé  plus  de  difficulfez  ,  &  ont  fouferc 
y,  de  plus  grandes  contradictions  dansleur 
_,3  faint  I\liniii:ere.  Cela  n'a  pas  empêché 
jj  qu'iisn'aient  fait  du  fruit ,  les  uns  plus, 
^5  les  autres  moins ,  dans  cette  Vigne  du 
j,  Seigneur. 

j5      pS.  Je  n'ai  point  connu  à  la  Chine 

^5  le   Père   Sarpetri   Dominicain,  parce 

,,  qu'il  eftoit  mort  avant  que  j'y  fufîe  ar- 

y,  rivé.  ]e  croi  qu'il  fçavoit  la  Theolo- 

,^  giej&lesSciences&  Le  ttresChinoifes, 

Monfel-^^  comme  je  l'ai  ouï  dire  à  pluiitiîrs  pcr- 

S'eonif-'j  fonnes.   Cependant  je  ne  fuis  pas  cer- 

fa  nous  ,^  tain  s'il  eftoit  auiïi  içavant  ,    particu- 

P«"n^^-      lierement  dans  les  matières  Chinoifes, 

îu'piair',,,  qu'on  le  fuppofe  dans  l'Expofé. 

de  pre'ierer  à  Ton  oui-dire  ,  le  Certificat  de  l*llluftr:fl*ime  Navar- 
rette  ,  &  de  pUifieurs  autres  perfonnes  dignes  de  foi  ,  qui  ont 
connu  à  fond  le  Père  Sarpetri. 

5,  99- Je  n'ai  pas  aufTî  connu  Monfei- 
y,  gneur  Navarrettc  Dominicain  :  mais 
5,  fuppofant  qu'il  a  eu  autant  de  vertu  & 
y,  de  fçavoir  dans  les  matières  de  Reli- 
yj  gion'que  le  Père  Sarpetri,  parce  que 

je 


fez 


Avec  t  lâolat.  Grecque  &  Rom.    4  5 
je  n'ai  aucun  fondement  de  penfer  le  *' 
contraire  i  je  dis,  autant  que  j*en  puis  '^ 
juger  par  les  ouvrages  qu*il  a  donnez  au  '^ 
piiblic  touchant  le  culte  &  lesceremo-  '^ 
nies  Chinoifes  ,  qu'il  me  paroit  qu'il  ^^ 
cftoit  fçavant  en  cette  matière ,  &  beau-  '*^voy« 
coup  plus  habile  que  rExpofé  ne  fup-  '«l'Apoio- 
pofe.    Ainfi    l'eflimc   qu'en    plufîeurs  «'?^^  ^^^ 

^     ■  '  r  •        c       1  r      r        r        •         Domim- 

pomts  on  peut  taire  tond  lurion  fenti-  «^cains 

ment  &  fur  fon  autorité.  ««Mifllon- 

100.  Le  Père  Varo  Dominicain  a  ««P^'j;."  '^^ 
I  1         .  .     /    X  ,        la  Chine, 

vécu  long-tems  depuis  mon  arrivée  a  la  ce 

Chine;  &  je  fçai  qu'il eftoitauflî  verfé  f «voyez 

dans  la  langue  &  les  lettres  Chinoifes  cci'Apoio- 

qu'aucun   autre    Miiïionnaire   de    fon  cc'°2'«* 

tems.  Monfeigneur  de  Bafdéc  de  bon-  ce 

ne   mémoire  m'a  témoigné   la  même  ce 

chofe.    )e  ne  fçai  fi  mondit   Seigneur  ce 

Grégoire  L.opcz  l'appella  ,  comme  il  ce 

eft  dit  dans   l'Expofé.  Les  Ecrits  du  ce 

Père  de  Paz  font  conformes  à  ce  qu'il  ce 

a  fait  imprimer  touchant  le  culte  &  les  ce 

cérémonies  Chinoifes.  Il  eft  vrai  que  ce 

c'étoit  un  fçavant  Religieux,  &  très-  ce 

eftimé  dans  les  Philippines.  ce 

ICI.  Pour  ce  qui  regarde  la  pratique  ce 

de  l'ufure  à  la  Chine,  il  eft  certain  que  ce 

les  Infidèles  l'exercent  en  plulïeurscho-  ce 

fes  ,  comme  on  fait  en  d'autres  pais,  ce 

&  peut-être  plus  qu'ailleurs.    Cepen-  ce 

dant  les  Chrétiens  qui  confultentordi-  ce 

nairement  leurs  Miflionnaires,  font  ce  ce 

ou'ils  leur   permettent  ,   ou  ce  qu'ils  ce 

aifent  leur  être  permis^  Il  efl  queflion  ce 

fi    • 


44  Conformité  des  Cerem.  Chin. 
yy  fi  en  certains  cas  il  y  a  véritablement 
35  ufureou  non  ,  en  ce  qu'ils  ont  coutume 
Dans  ce5^^  (]e  faire  pour  gagner  de  l'argent.  Il  y  a 
deMoncs"  ^^  certaines  maifons  àla  Chine  e'tablies 
de  pieté, 55  P^î*  autorité  publique,  où  l'on  prête  de 
lesPrê-      l'argent  pour  un  certain  tems  :  ce  qui 

teurs   nt      r     F  •  ^  • 

pe-jven:  '»  1^  ^^^^  ^"  recevant  un  gage  qui  vaut 
tirei-  au-5,  plus  que  la  femme  prêtée.  Celuy  qui 
cun  pro-    emprunte  doit  paver  tous  les  mois  au 

ht  au  delà  a*^  •       j      •        j  '  •     / 

dece  qui>3  P^^^^"'^    un   certain  denier  détermine 

€it  ne-  ^5  par  l'autorité  publique^parexemplejun 
ceflaire  ^^  demi-gros  ou  trois  baioques  par  écu: 
^èdom-  33  ^  l'o"  <^oit  rendre  la  fommeprincipa- 
mager  ,,  le  au  temsdont  on  eft  convenu.  Silede- 
^^* ^^'  55  biteur  ne  fe  prefente  pas  au  terme,  & 
Qu'ils  33  manque  à  rendre  le  principal,  ileftli- 
fom  en  „  bre  au  prêteur  d'aliéner  ou  de  vendre 
pre:anc.  ^^  j^  g^gg  ^  ^^^^^  ^^^^  obligé  de  rien  ren- 

indemni',,  drc  à  celui  à  qui  il  appartenoit,  quoi 
tjtedttm-^^  qu'il  fe  prefente  enfuite  ,  &  que  le  prix 
tcitcaty.     J^^^  gage  ait  excédé  le  principal  ,  avec 
gro  eo-   55 1  intérêt  qui  fe  paye  tous  les  mois.   Ce 
rumdcm  ^^  doute  fut  propofé  pat  le  Père  Jcan  Bap- 
'"r"T',,tîfte  Morales  en  i(î4'>.  &  decidéparla 
modira-  ,5  bacrec  Congrégation.  11  y  a  divers  dan- 
tumn-tra^^  gcrs   duxquels   ceux  qui    tiennent  ces 
^'"^""'''■,,  maifons  font  expofés  ,  par  exemple, 
dit  Léon,,  aux  voleuts  5  aux  incendies  ,  &  a  de 
X-  Con-^^  femblables  accidcns.  Ils  font  degran- 
^^""^•*''^j  des  dépenfesi  ce  qui  fait  douter  avec 
^,  fondement  s'il  ne  leur  cft  pas  permis 
^y  de  retenir  ce  qu*ils  retirent  de  la  ven- 
j,  te  du  gage  au-deffusde  la  fomme  prin- 
cipale qui  leur  étoit  diie,  &  d'exercer 

cet 


9> 


jivcc  VIdolat,  Grecque  &  ^orn,    4  5  ' 

cet  Olfice  qui  eft  d'une  fi  grande  utili-  ^^ 
te  pour  le  public,  &  particulièrement  <«■ 
pour  les  pauvres,  qui  trouvent  par  ce  «f 
moicn  un  remède  à  leurs  befoins.  C'eft^^ 
encore  une  coutume  à  la  Chine  qui  eft  ^^ 
autorifée  parlaLoy,  dcprêcer  de  Tar- <f 
gtrnt  à  trente  pour  cent,   fans   avoir  f«" 
égard  au  profit  cefiant  ou  au  domma-  ^< 
ge  naiiïant,  quoyque  l'une  ou  l'autre '< 
perte   accompagne   ordinairement   ce  *« 
prêt  ,  ou  du  moins  un  danger  de  ne  << 
pouvoir  retirer  Ton  principal  ,  ou  de  «^ 
ne  le  pouvoir  recouvrer  fans  beaucoup  «f 
de  peine  &  de  difficulté.   Ce  cas  -fut  f^La  Ss- 
propofé  &  décidé  en  1(^45.  Il  y  a  d'au-  <<creeCon- 
tres  manières  dontl'ufure  s'exerce  ou-  ^«a^*f^pôfé 
vertement  à  laChinermais  elles  font  dé-  ««un  vrai 
fendues  univerfellement  par lesMifiion-  ««^  ^^g^"'" 

/-«■'•  j  r»  nie  titre 

naires  aux  Chrétiens  de  cethmpire.      ««jg  ^^^^ 

mage  naiflanc,  ou  de  profit  cenanr  ,  &  un  danger  qui  vienne 
d'iinecaufe  étrangère  au  prêt  >  5c  non  pas  du  prêt  même  ,  donc 
il  eftinfeparab!e  ,  particulièrement  quand  on  prê:e  aux  pauvres, 
Voiez  le  chap.  Uavi^anti,  Exc.  Dt  nfurit  t  S.Thomas,  la  Théo- 
logie Morale  de  Grenoble  6cc. 

Voilà,  Monfeigneur,  ce  que  je  puis^^ 
répondre  fommairement  aux  Pomts  '^ 
contenus  dans  la  feuille  que  Votre  Emi-  ^^ 
nencem'a  fait  l'honneur  de  m'envoier;  ^^ 
le  l'ay  fait  avec  toute  la  fincerité  &  la  ^^ 
i^erité  que  je  dois  ,  &  que  la  matière  '^ 
iemande,  félon  ma  petite  capacité,  &  ^'^ 
félon  que  le  tems  me  l'a  permis.  Mon  ^^ 
intention  n'a  point  été  de  rapporter  ^^ 
ians  cette  Réponfe  ce  que  les  MifTion-  '^. 

naires 


'é^6     Conformité  des  Cerem.  ChîH» 
^^  naires  reîpedivement  permettent  au?Ç 
j  Chrétiens  de  cet  Empire  ,  fî  ce  n'efh 
j  quand  j'en  ai  fait  une  mention  expref- 
fe  5   mais  feulement  de  rapporter  les 
j  faits  abfolument,  &  la  doctrine  de  ces 
j  Infidèles,  je  fuis  tout  dévoué  à  Votre 
j  Eminence  :,  &  toujours  prêt  à  lui  obéir , 
^j  &  à  la  Sacrée  Congrégation,  au  juge- 
^  j  ment  de  laquelle ,  &  à  celui  du  faint  Sie- 
^j  ge  Apoftoîique  ,  je  me  foumets  très- 
humblement,  &  fans  referve. 

A  Rome  le  19.  de 
•  Juillet  1699' 


F.  Jean  François 
AleonisSa. 


C  H  A  P  I  T  R  E    I  I.  i 

Convenance  des  Chinois  de  la  Seâe  dci 
Lctîrez  ,  avec  hs  anciens  Idolâtres  Grecs 
^  Romains  dans  le  cnltc  du  Ciel. 

LEs  Chinois  de  la  Sefte  des  Lettrez 
adorent  le  ciel  matériel  fous  le 
nom  de  Xamti ,  qui  veut  àirtle  Roi  d'en^ 
haut ,  le  fouvcrain  twpcreur  s  ils  lui  offrent 
des  facrifices,  où  l'Empereur  fculpcuc 
faire  les  foniâions  de  Prêtre,  &  ils  en 
offrent  aufii  ala  terre  parfon  miniflcre. 
(^uand  ce  Prince  écrit  de  fa  main  fur 

des 


'^vcct  Idoîat^Crecque  &  Rom,*  ^yj 
des  tablettes  en  grandes  lettres  d'or  ces 
paroles  ,  King  tien  ,  c'eft-àT-dire  ,  Adorez 
le  ciel;  pretend-il  fignifier  autre  chofe 

?[ue  l'adoration  du  ciel  matériel, con- 
ormément  à  la  dodlrine  de  la  Sed:; 
des  Lettrez  ,  dont  il  eft  le  chef?  Et 
tous  les  Infidèles  qui  lifent  cette  infcri- 
ptioUj  ne  l'entendent-ils  pas  dans  ce 
fens  athée ,  qui  eft  le  fens  naturel  de 
ces  paroles,  fuivant  leur  inftitution&: 
leur  uiages  &  qui  eft  le  fculquife  pre- 
fente  à  leur  F/prit  î  Leur  culte  eft  con- 
forme en  ce  point  à  celui  des  anciens 
Idolâtres  Grecs  &  Romains  ^  avec  cet- 
te différence,  que  ceux-là  donnoienc 
au  ciel  le  nom  de  Dieu,  &  que  ceux- 
ci  ne  le  lui  donnent  point,  parce  qu'ils 
ne   reconnoiflcnt  point  de   Divinité: 
mais  ils  lui  rendent  des  honneurs  di- 
vins en  l*adoranr,  en  lui  offrant  des  fa- 
crifices,  &  en  ne  reconnoiffant  rien  de 
plus  grand  que  lui.  Et  n'eft-ce  pas  une 
idolâtrie  pratique,  de  rendre  à  la  créa- 
ture des  honneurs  qui  ne  font  dûs  qu'à 
Dieu  ? 

Les  Grecs  ont  adoré  le  ciel  fous  I« 
nom  d'oifxvoi  ,  Urnrit44  i    les  Romains 
fous  le  nom  de  Cœlus  ou  Cœhm  ;  les  uns 
&  les  autres  lui  ont  donné  le  nom  de 
Juppiter.  Regardez  ce  corps  fublime ,  ^^ 
d'une  blancheur  raviflante  ,  d'un  brii-  '^ 
lant  admirable,  que  tout  le  monde  ap-  *^ 
pelle  Juppiter,  dit  le  Poète  Ennius.    '^. 

AJ^ke 


35 

>3 

33 
3i 


^2      Conformité  des  Cerem,  Chm. 

Ennîui  in        AJpice  hoc  ftèlhne  Cûfjck'm  ,  qucm  omneg 
Tfytjîe,  voca?it  JQvem . 

Voiez-vous  le  ciel ,  ce  corps  d'une 
étendue  &  d'une  grandeur  demefure'e, 
d'une  élévation  prodigieufe,  qui  en- 
vironne &  qui  embrafle  tendrement  la 
terre  ?  Croiez,  dit  Euripide ,  quec'eft 
le  plus  grand  des  Dieux,  que  nous  ap- 
pelions Juppiter. 

M.  j  r-         Vides  fuhlime  fufum.  mmoderatum  étthera^ 

Afua  Ctcc        r\    •  •  •   r*  »   -f 

y  on.  lih,  i.de      J^^  tC7iero  Urram  circtimjectu  nmplecîttur  i 

Natura  Hiitic  fitfnmum  habcto  Divuj» ,  hune  per- 

Deorum.  hibctojavem. 

^  Hérodote  &  Strabon  parlant  des  Per- 

libU  s'tra- ^^^  ^  diient  qu'ils  donnoientàtoutePé- 

io.iib,  i6.    tendue   du  ciel   le  nom  de  Juppiter. 

Platon  protefte  que  le  Dieu  qu'il  loue 

n'eft  autre  chdfe  que  le  ciel  :  &  il  eft 

-.      .       iufte  ,  dit-il,  de  l'honorer  à  l'imitation 

Epimoni-  „  de  tous  les  autres  Dieux  &desOenies, 

de.         „  de  lui  oft'rir  nos  voeux ,  de  lui  adrefler 

"  nos  prières,  &  de  le  reconnoitrel'Au- 

*,'  teur  de  tous  nos  biens.  Qiiem  Dctan  laU' 

..  dibtis  cffci'o  ?  Cœltnn  cmn'mb   :   quem    Dcum 

mnxhhè  aqumn  cjl ,  cateros  omucs  Ddwoms 

C^  Dcos  ïmitaîitcs  eximiè  nosveuerttri ,  vota- 

que  e^  prcccs  apnd  ipfim  futidcrc .  Hocetiam 

cmm s  facile  agnofcimus  honornvi  omnium  effe 

Aitcîorcm.   l'hcon  de  Smyrne  rapporte 

'*^'  '*       cet  endroit  de  Platon  dans  Ton  premier 

livre  des  Mathématiques.   Pythagorea 

auffi  reconnu  le  Ciel  pour  un  Dieu, 

donï 


Avtc  VIdoUt.  Grecque  c-r  Rom,  49 
dont  le  Soleil  &  la  Lune  étoient  les 
veux,  &  dont  les  autres  Aftresetoient 
les  membres,  comme  a  remarqué  faint 
Epiphane.  Pythngoras  Dcum  ait  cffecorpo-  •^Epiphan, 
reiim  ,  vidclicet  caltim  ,  c^r.    Hierocle  ^fl^^r"fi"l 
reconnu  un  grand  Dieu  ,  fouveraine-  reji  Cemui. 
ment  bon  ,  qu'on  peur ,  dit-il ,  appeller  s- 
le  Dieu  des  Dieux.  Il  ajoute  que  le  nom*  *\Vw^f«f. 
brc  de  quatre  eft  la  caufe  univerfellc,   \njHrf.j' 
ce  grand  Dieu  qui  a  produit  tous  les   ''CamunM, 
êtres ,  ce  Dieu  fouverain  qui  n'eft  connu 
que  de  l'efprit,  &  qui  eft  le  principe  "^ 
éc  la  caufe  de  ce  Dieu  celefte  qui  tom-  ^ 
be  fous  les  fens  ,  c*eft-à-dire,  du  ciel  '^ 
que  nous  voyons. 

Parmi  les  monumens  de  l'ancienne 
Rome,  on  lit  cette  infcription  qu'on 
a  déterrée  au  Mont  Cxlius  :  Optimus, 
Mûximus.  Calus.   JEtermts.    C'eft-à-dire,  ^^^^^^  ^^ 
Le  cieî fouverainei7iettt  ùon,  fou-jera'weînent  Ortoora^h. 
grand,  éternel.  ^^f"'l'^ 

En  faut-il  davantage  pour  prouver  '"•'''^'^ 
que  le  démon  a  infpiré  le  culte  du  Ciel 
aux  Chinois,  comme  aux  Grecs  &  aux 
Romains  ?  Qu*^l  a  didé  aux  Lettrez 
Athéescettefameufe  Infcription ,  Ado^ 
rez  le  Ciel}F.z  que  ce  ne  peut  être  que 
lui, qui  fous  une  faufle  aparence  de  bien, 
a  tenté  avec  fucccs  les  Miflionnaires 
de  la  Compagnie  de  placer  dans  leurs 
Eglifes,  &  d'élever  fur  l'Autel  au-def- 
fus  de  l'Image  de  Jesus-Christ  notre 
Sauveur  ce  ngne  d'abomination  ,  Khig 
tten'i 

C  C'eft 


5  o      Conformité  des  Ccrem.  Chln» 

C*efl  en  vain  que  les  défenfeurs  de 
xette   Idolâtrie  repondent    qu'ils   ont 
■mis  à  côté  ou  au-deflbus  de  cette  In- 
'fcription  une  proteilation  ou  une  Dé- 
claration de  leur  Foy.   Car  outre  que 
les  plus  fçavans  des  Gentils  &  les  Let- 
trez  entendent    toujours   ces   paroles 
dans  un  fens  Athée ,  fans  avoir  égard 
à  cetre  proteftation,  comme  témoigne 
le  Revercndiflime  P.  Aleonifla  s    ou- 
tre que  la  forme  de  cette  Déclaration, 
qu'il  a  lue  dans  quelqu'une  de  leurs  Egli- 
fes  5  4ie  lui  a  pas  plù  ,  &  ne  lui  a  pas 
paru  fuffifante  pour  lever  le  fcandale, 
comme  ii  l'alTiire  dans  fa  Réponfe  à 
JVIonfeigneur  le  Cardinal  Cafanate;  oa 
ne  peut  douter  que  cette  pratique  ne 
foit  entièrement  contraire  à  l'efprit& 
à  l'ufage  de  l'Eglife.   Ceux  qui  ofent 
ia  défendre  devant  le  faint  Siège  &:  la 
Congrégation  du  faint  Office  par  un 
entêtement  dont  tous  les  gens  de  bien 
doivent  prier  Dieu  qu'il  les  faffe  reve- 
nir par  la  force  toute-puiflante  de  fa 
grâce  ^   peuvent-ils  produire  quelques 
exemples,  peuvent-ils  en  trouver  un  feul 
dans    l'antiquité    Eccleiiaftique  ,     qui 
prouve  que  l'Eglife  ait  jamais  approu- 
vé de  femblables  Infcriptions  ,  même 
avec   une   proteftation  à  côté  ou  au- 
deflbus  ? 
Il  y  avoir  à  Athènes  un  Autel  dedic 
^Hcian.      au  Dieu  inconnu  ,    Jgnoto  Dec,  Lucien 

Uf^Jtrl!!*'  ^"  P''^^^^  ^^^-^  ""  ^^  ^'^^  Dialogues.    Pour 


^v£C  ridolat,Creccjuc  Cv*  Rom,     5  t 
jtotta y  dit- il  ,  ttoiivaut  à  At haies  le  Diéfc 
inconnu,  nom  r adocion^  ks  vfaum  étciidties 
vers  le  Ciel ,    é^  nout  Ità  reiidrotis  grâces. 
Saine  Paul  prit  de  cette  Infcription  le 
fiijet  du  premier  difcours  qu'il  fit  aux 
Athéniens  dans  l'Aréopage  :  &  il  leur  ^(j.  17. 13. 
dit  que   ce  Dieu  inconnu  étoit  celui 
qu'il  leur  venoit  annoncer.  Si  ce  faint 
Apôtre  avoit  appuie  le  fuccès  de  la  pré- 
dication de  l'Evangile  Tur  les  viies  & 
les  maxiipes  de  la  politique  humaine, 
au  lieu  de  l'appuier  fur  la  feule  vertu 
de  lacroixde  JesjljS-Christ,  n'auroit- 
il  pas  enfeigné  à  faint  Denis,  qu'il  or- 
donna premier  Evêque  d'Athènes  ,  à 
élever  des  Autels  au  vrai  Dieu  avec 
cette  Infcription  5  Ati Dieu  hic ojwu  ^  afin 
d'attirer  à  la  Religion  Chrétienne  un 
plus  grand  nombre  de  gens  de  qualité^ 
de  fçavans,  &  de  peuple  ,  à  Athènes 
&:  dans  toute  la  Grèce;  puisqu'aufond 
ce  Dieu  inconnu  eftoit  en  un  fens  ce- 
lui que  les  Chrétiens  adoroient  ?  Mais 
parce  que  ce  n'étoit   paslà  le  fens  des 
Gentils  ,   &  qu'ils  n'avoient  élevé  cet 
Autel  &  offert  des  facrifices  au  Dieu 
inconnu  ,   que  parce  qu'ils  ignoroienc 
lequel   de   leurs    Dieux  ,    ou  laquel- 
le   dé   leurs    Déeffes   les   avoit   frap- 
pez de  la  pefte  qui  defoloit  leur  ville, 
&  dont  ils  efperoient  être  délivrez  en 
appaifant   par   des   facrifices  celui  ou 
celle  qui  en  étoit  la  caufe  j  l'Apôtre, 
^  les  faints  Evêques  qui  gouvernèrent 

C  1  les 


5i  Conformité  des  Cerem.  Chîn, 
les  Eglifes  de  Grèce  félon  rEfprit  d© 
Jesus-Christ  &:  félon  fes  maximes, 
n*avoient  garde  d'adopter  cette  In- 
fcription  ,  &■  de  la  placer  fur  les  Au- 
tels de  l'Eglife  naiflante.  Mais  une 
proteftation  mife  à  côté  ou  au-deflbus 
de  cette  Infcription  n'auroit-elle  pas 
confervé  les  droits  du  vrai  Dieu  ?  N  'au- 
roit-elle  pas  empêché  les  Gentils  de 
croira  que  les  Chrétiens  étoient  de  leur 
fentiment,  &  qu'ils  adoroient  les  mê- 
ines Dieux  qu'eux  ?  Silence,  prudence 
humaine  ,  la  prudence  de  l'Efprit  di- 
vin ne  peirt  fouft'rir  ces  temperamens, 
ni  ces  ménagemensj  elle  veut  que  Ton 
confeïTe  ouvertement  ce  que  Ton  croit, 
&  qu'on  n'ait  rien  de  commun  avec 
les  Idolâtres.  Si  elle  ne  peut  fouft'rir 
qu'on  penfe  comme  eux  en  matière  de 
Religion  3  peut-elle  fouffrir  qu'on  parle 
comme  eux  ? 

Les  Egyptiens,  qui  étoient  fans  con- 
tredit les  plus  fuperftitieux  de  tous  les 
peuples,  adoroient  parmi  leurs  fauffes 
DiviniteZj  le  Dieu  Cnef,  qu'ils  croioient 
n'avoir  ni  commencement,  ni  fin.  Ils 
entendoient  par  ce  nom  la  raifon  fou- 
veraine  qui  a  produit  toutes  chofcs.  Ils 
le  reprefentoient  fous  une  forme  hu- 
maine, avec  un  œuf  qui  fortoit  de  fa 
bouche,  pour  lignifier  qu'il  étoit  l'Au- 
teur du  monde,  dont  l'œuf éK)it  chez 
eux  le  Symbole.  C'cll  ce  que  nous  ap- 
prenons d'Eufebe  de  Cefarée.  Effcâri- 

ccm 


j4vec  ridoUt.  Grecque  &  Rom.  5  5 
cem  Ratiomm ,  qtuah  ipfisCmf  appeUartfo-  Ettfeb.  Ub, 
A'/,  hmnana  JfK'cie  configta-ant . , .  timicfor-^^J^^^'^^^'' 
rb  Dt'um  ex  ore  ovitm  effu^lfe  nannnt.  .  . ,.  xi. 
Ovum  auUm  illud  mnndum  intcrprctantur. 
Saint  Alarc  qui  a  fonde  l'Eglife  d'Ale- 
xandrie, &:les  faintsEvcqucs  qui  l'ont 
gouvernée  après  lui  ,  fc  font-ils  avifez 
de  mettre  cette  Infcription  fur  les  Au- 
tels du  vrai  Dieu^  Adorez  Cnef}  Ils  au- 
roient  pii  la  foutenir  plus  raifonnable- 
•  ment  que  les  ]efuites  ne  foutiennent 
celle-ci.  Adorez  le  Ciel  ;  puifquele  Ciel* 
efl  un  corps  ,  &  que  la  raifon  fouve- 
rainequieil  le  principe  du  monde  eft  un 
pur  Efprit  ;  que  le  Ciel  eft  une  créature  , 
&:  que  cette  première  &  fouveraine 
raifon  eft  le  Créateur  de  tous  les  êtres, 
ou  le  Verb^"  par  lequel  toutes  chofes 
ont  été  faites.  Cetti?complaifance  pour 
les  Egyptiens  auroic  pu  gagner  leurs 
Philofophes  ,  elle  auroit  pu  leur  faire 
goûter  la  Religion  Chrétienne  ,  elle 
auroit  peut-être  empêché  ou  appaiféla 
fureur  des  pcrfecurions  ,  elle  auroic 
épargné  le  fang  d'un  nombre  infini  de 
Martyrs.  Ces  hommes  Aooftoliques 
qui  ont  gouverne  l'Eglife  nciilTant  •  d'E- 
gypte ,  n'avoient-ils  pis  n.i">""-  ''e- 
fprit  &  de  fag'ifTi-  que  1  ;. 
rcs  de  la  Compagwie  >  N  avoiCMC-ils 
pas  une  politique  aufTi  fine ,  ou  un;  v^ru- 
dence  auflTi  éclairée  pour  fe  tirer  heu- 
reuf^^ment  d'affaire  ,  on  joignant  à  cet- 
te Infcription  ,  Alorez  Cnef  3  une  pro- 
C  3     *       teftation 


54  Conformité  des  Cerem.Chm, 
teftation  à  peu-près  femblable  à  celle 
que  les  PP.  Jefuites  placent au-defibus 
ou  à  côté  de  l'Infcription  Chinoife  , 
Kwg  t'im  ,  Adorez  le  Ciel  ?  Ils  ne  Tont 
pas  fait  ,  parce  que  l'Efprit  de  Dieu 
leur  avoit  appris  que  cette  pratique  au- 
rait été  oppofée  à  la  puretéde  fon cui- 
re, qu'elle  auroit  donné  aux  Egyptiens 
lieu  de  croire  que  les  Chrétiens  ado- 
roient  Cz/t^avec  Jésus- Christ  ,  &que 
^  .Chriftianifme  ctoit  un  mélange  de 
plufieurs  Religions  ,  ou  une  nouvelle 
fuperftition  que  les  Prédicateurs  de 
l'Evangile  ajoutoieric  à  la  Religion: 
profane  d'Egypte. 

Saint  Pierre  a  été  à  Rome  combar- 
rrè  ridolâtrie  dans  Ton  centre  :  a-t-ii 
mis,  ou  a-t-il  appris  à  fes  SuccelTcurs 
à  mettre  fur  les  Autels  du  vrai  Uieu, 
Adorez  le  Ckl,  ou  Arforcz  ytipkcr  ,  avec 
une  proteftation^ou  une  déclaration* 
pour  donner  un  fcns  Catholique  à  ce5 
paroles  ?  Si  cette  pratique  étoit  per- 
mife.  S»  Pierre  que  Jesus-Christ 
remplit  de  fon  faint  Efprit,  qu'il  éta- 
blit Ton  Vicaire  fur  la  terre  pour  fon- 
der &:  gouverner  fon  Fglife ,  l'auroit-il 
ignorée  ?  Et  Paiant  fçiie  ,  ne  l'^vuroit- 
il  pas  apprife  à  ceux  qu'il  a  inftruirs, 
comme  un  moien  très-utile  pour  la  pro- 
pagation de  la  Foi  ?  Peut-on  dire  fans 
folie,  &  iansherefic,  que  les  Apôtres 
aient  ignoré  en  matière  de  Religion  , 
ibit  pour  les  dogmes,  foit  pour  la  dif- 

cipli- 


Avec  lldoLit.  Grecque  &  Rom.  5  <, 
cipline  des  mœurs  ce  que  les  Jefuires- 
Tçavent,  &  qu'ils  ne  l'aient  pas  ertroi- 
gné  à  ceux  qu'ils  inftruifoient&r  qu'ils 
formoicnt  à  la  prédication  de  l'Evan- 
gile &r  au  gouvernement  de  i*Eglife? 
On  ne  le  peut  dire  fans  faire  injure 
à  JeS us-Christ.  L attnt  nltq/nd  Pctmmr  "["^f^çjl^ 
tdifkmida  EcchjJa  Pet  m  m  diâtiTii  ,  chves  Hxrei'c.zx* 
fi'gfii  calortnn  confccuUim ,  <^fohiVdi  c^-  ni- 
rtgaridi  h  Calis  ^wTtrrispoteJfatci^i^  \^c. 
Peut-on  fuivre  d'autres  maximes  dans 
les  Miffions  de  la  Chine  ,  que.  celles 
que  S.  Pierre  &:  les  autres  Apôtres  ont 
fuivies  dans  la  prédication  de  l'Evan- 
gile, &  dans  rétabliffement  &  le  gou- 
vernement de  l'Eglife  i  à  Rome  ,  en 
Grèce,  en  Egypte  ,  &  par  tout  le  mon- 
de ?  Ils  n'ont  point  fuivi  d'autres  rè- 
gles, ni  d'autres  maximes  ,  que  celles 
qu'ils  âvoient  apprifes  de  Jesus- 
Christ,  &dufaintEfprit.  Cen'eft 
pas  par  ces  règles  qu'on  juftifiera  cette 
I n fc r i p ti o n  C h i n o i le  ,  Kwg  tien ,  Adof'ez 

kCkl,  ,         '-•.'••• 

Eft-ce  à  l'Ecole  de  Jésus  naife'nt, 
ou  à  l'Ecole  de  |esl'S  convérfant  par- 
mi les  lîommes  èc  prêchant  fon  Evan- 
gile, ou  enfin  à  celle  de  Jésus  mourant 
&  crucifié,  que  les  MiiTionnairesde  la 
Compagnie  de  Jésus  ont  appris  non 
feulement  à  juftifier  &  à  défendre  cet- 
te Infcription  ,  mais  à  la  placer  dans 
leurs  Eglifls  &  fur  les  Autels?  JesuS" 
naiflant  appella  les  Mages  à  la  crèche 

C  4  par 


5(5  ConformitédesCerem.  Chi'/t. 
par  un  nouvel  Aftre  qu'il  leur  Çit  pa- 
roitre.  Il  ne  leur  dit  pas  en  parlant 
à  leurs  cœurs  par  la  voix  intérieure  de 
fa  grâce  ,  Adorez  le  Ciel\  Adorez  cette 
Etoile  prodigieufe  qui  brille  extraor- 
dinairement  à  vos  yeux  i  mais  3  allez 
CD  Jude'e  chercher  &  adorer  le  Dieu 
du  Ciel,  qui  a  pris  naiflance  fur  la  terres 
c'eft  lui  dont  cette  Etoile  eft  le  figne. 
Ils  vinrent  d'Orient  à  Jerufalem  ,  & 

i^dtt.  2.  ^^s  demandèrent  :  Oit  eft  celui  qui  eft  né 
Roi  des  Juifs  ?  Car  mua  avmn  vu  fttn  Etoile 
eu  Orient ,  çj^  nofii  ft}?nines  vctim  V adorer. 
Jésus  converfant  parmi  les  hommes 
&  prêchant  l'Evangile  de  fon  Roiaume 
a-t-il  enfeigné  l'adoration  du  Ciel?  Il 
a  élevé  fes  yeux  pour  nous  apprendre  que 
c'eft  le  trône  deDieujS»:  que  nous  devons 
élever  nos  efprits  &  nos  cœurs  au  Sei- 
gneur du  Ciel  3  pour  l'adorer  en  efprit  & 

Matt.  6.  ^"  veritéj  pour  le  prier  en  difant  :  Notre 
Père  qni  étts  dans  les  deux ,  que  votre  Nom 
ft)it fantifié ,  t^-c.    Ce  n'eft  pas  au  Ciel 

3u'il  a  rendu  gloire,  mais  au  Seigneur 
u  Ciel.  Je  votn  rends  gloire  y  mon  Père  y 
ay.  *  '  Seigneur  du  Ciel  (^  de  la  Tene  .y  de  ce  que  voua 
avez  caché  ces  choft's  aux  ftiges  ^  aux  pru- 
dens  du  fiecle ,  c^  que  vqm  les  avez  révélées 
aux  ftmples  cb-  aux  humbles.  JesuS  mou- 
rant fur  la  Croix  fit  voir  qu'il  ne  faut 
pas  adorer  le  Ciel  ni  la  Terre,  parl'é- 
clipfe  miraculeufe  du  Soleil  ,  par  les 
ténèbres  dont  toute  la  terre  fut  couver- 
te, &  par  fon  tremblements  &  ccde- 

fordr^ 


^vec  *  lAolat,  Grecque  &  Rom,  57 
fordre  de  la  nature  fi:  connoitre  à  ceux 
à  qui  la  grâce  y  fie  faire  attention  ,  que 
le  Dieu  de  la  nature  fouffroit,  &  leur 
fît  confefTer  que  Je  su  s  crucifié  t'ro/Vvrj?- Ar.»rf.  zy, 
ment  Fils  de  Dieu.  Ce  n'eO:  donc  pas  dans  î^+* 
l'Ecole  de  JESuS  qu*on  a  apprisàjulH- 
fîer  &■  à  détendre  opiniâtrement  cette 
Infcription  Chinoife ,  KingTkn-i  c'ett- 
à-dire  ,  Adoiez  le  Gel.  Et  ce  ne  peut 
être  pour  la  plus  grande  gloire  de  Dieu, 

2u'on  la  met  fur  les  Autels  au-dcfTus 
e  l'Image  de  J  E  S  u  S-C  H  R  I  S  T. 
Tcrtulîien  rapporte  que  Dieu  punit  ^''/^a/',^" 
grièvement  un  Chrétien  de  fon  tems>ij, 
dont  on  avoit  courotmé  la  porte  à  une 
Fcte  des  Gentils  pour  honorer  les  faux 
Dieux.   Cependant  ce  n'étoit  pas  lui 
qui  avoit  mis  cette  couronne  fur  fa  por- 
te, cela  ne  s'étoitpas  fait  par  fon  ordre> 
fes  Domefliques  l'avoient  fait  à  fbnin- 
fçû  &  en  Ton  abfence.  Qiie  ne  doivent 
donc  pas  craindre  ceux  qui  élèvent  eux- 
mêmes  ce  figne  d*abomination  ,  cette 
Infcription  Athée   fur  les  Autels  du 
vrai  Dieu  y  Alorez  le  Ciel  ?    Les  Anges 
produiront  ces  lettres  au  jour  du  juge- 
ment dernier  devant   le  Tribunal   de 
Jesus-ChRIST  contre  ceux  qui  les  élè- 
vent fur  fes  Autels.    Littera  négatrices ^  Teruift  «J. 
vicaria  ot-is  veftri ,  adverpis  vos  prqferentur.  ^e  ^*^ 

On  n'auroit  pas  raifon  de  m 'objecter 
que  c'eft  outrer  la  matière,  que  d'ac- 
cufcr  d*impicté  &"  d'infidélité  les  Mif- 
lioimaires  de  la  Compagnie ,  qiri  fe  fex- 


5"^  Conformité  des  Cerem.  Ch'.n» 
vent  des  noms  Chinois 7/W;;,  c'eft-a-dirc, 
LeCieJ^  ^  Xmnti  i  c'eft-à-dire  ,  Le  fou- 
vermn  Ejùpereur ,  ou  /è  Roi  et ciibaut  \^Q\xr. 
iîgnifîer  k  vrai  Dkn  :  S:  qui  n'entendent 
autre  chofe  par  cette  infcription ,  Ado- 
rez le  Ciel,  que  ce  que  nous  entendons 
par  ces  paroles.  Adorez  le  Créateur  ^  k 
S  éleveur  du  Ciel.. 

Je  fçai  bien  que  lès  MifiTionnâiresde 
3à  Compagnie  fie  croient  pas  qiie  ce  ibic 
une  infidélité  ou  une  inipieté  de  donner 
rtU  vrai  Dieu  lènofR  du  Cfiel  matériel  & 
de  Xamtij  je  n*ai  garde  de  les  traiter 
d'infidèles  ou  d'impies  :  la  charité  fra- 
ternelle que  j'ai  pour  eux  ,  le  refpecl 
â^  l'ellime  que  j'ai  pour  leur  faint  In- 
iîîtut,  m'empêcheront  toujours  de  les' 
traiter  d'une  manière  fi  injurieufe^  &" 
fî  je  ne  puis  excufer  leurs  erreurs  & 
lèUr  pratique ,  j'excuferai  au liioinsleur 
intention  ,  félon  les  maximes  de  l'F- 
vangile.  Quoiqu'ils  chargent  d'injures 
lés  Klinionnaires  du  Clergé  feculier  de 
France,  des  Ordres  de  faint  Domini- 
que &:  de  faint  François  ,  qui  ont  dé- 
féré  au   faint  Siège  leur   do(f^rine  & 
leur  pratique  fur  les  points  qui  font  au- 
jourd'hui le  fujet  des  Contrbverfes  de 
ÎÀttnd'unXi  Chine  :  quoi  qu'ils  traitent  ces  ve- 
'^nlnDo^  nerables  Prêtres,  ces  faints Religieux, 
Ih-MrjurTa  ce5  RevcrcndiiTimes  Vicaires  Apodoli- 
fhtiojophie  qués  -,  à'*ignorans  ,  de  corireurs^^  de  gens 
àt  itnf»-    r^jnll^yj^^  ^  Simojj  îcMas:incn,  à  Ccr'mthe , 
wêéeàParù,  &  oux  autrcs  Hcreharques  qui  ont  trou- 
ble 


y4vfc  lldoLtt.  Grecque  é'  Rom,  5^ 
blé  l'Eglife  naiflante  :  nous  ne  Xqwx^^'^  ^i- 
rendrons  pas  le  change  ,  puifque  nous  ''^^^^^  '  "* 
cnfcignons  &  nous  fuivons  par  la  grâce 
de  Dieu  une  Morale  ,  qui  ne  permet 
pas ,  comme  celkdeplulleurs  de  leurs 
Cafuiftes ,  de  rendre  injure  pour  injure, 
de  rcpouiïcr  une  calomnie  par  une  au- 
tre ,  &  de  re'pondre  â  une  malediélion 
par  une  autre  maledidion.  Mais  cela 
ne  nous  doit  pas  empêcher  de  foutenir 
que  c'eft  une  infidélité  &  une  impiété^ 
oue  d*attribuer  au  vrai  Dieu  les  noms 
ûe  Ircfi  &  de  X/imti ,  dont  les  Chinois- 
de  laSe<5le  des  Lettrez  fe  fervent  pour 
fignifier  h  Ciel  7nnteriel ,  ou  la  Vertu  du 
Ciel,  qu'ils  nomment  Z,_y.       '■    • 

On  trouvera  la  preuve  de  là  Venté, 
que  j'avance,  chez  Origene  dans  {onoùgenes 
excellent   Ouvrage  contre  Celfc.    Ce  ^'^•I•<^«"'' 
Philo^ophe  Payen  avoir  avancé  que  les  ^jf"'"^^^^ 
Juifs  s'étoient  choifi  un  Dieu,  qu'ils  Mi. ^.i8. 
appelloient  le  Três-hattt ,  ou  Aalonai  ,  ou  à-  ao. 
h  Dieu  (fu  Gel,  ou Snbaoth  y  c'eft-à-dire, 
le  Dit  H  des  rrrf7iées  ,  &  que  par  ces  noms  j 
ou  d'autres  femblables  ,    ils   n'cnten-- 
doient  autre  chofe  que  le  monde,  nô 
reconnoiflant  rien  au-defTusde  cet  uni- 
vers. Il  ajoutoit ,  qu'il  n'y  avoit  point 
d'inconvénient  de   donner  à  Dieu  le 
nom  de  Juppiter,  qui  éroit  en    ufage 
îrhez  les  Grecs  ,  ou  quclqu'autre  nom 
dont  les  Indiens  ou  les  Egyptiens  fe 
fervent  pour   fîgnifier   fa    nature.   Non 
7\ferre  ^  etiamji  vnlgato  hoc  npud  Gracos  no- 

C  6  imnc 


€o      Conformité  des  Cerem,  Chin, 
mine  rertim  ûjmiium  Dms  vocetur  Jupiter  ^ 
aut  quQpïam  alïo ,  vcrhi  gratiâ  ,  Indis  ufitato 
élut  ^^gyptiis.  Origene  répond  à  ce  fa- 
meux ennemi  de  notre  Religion  ,  que 
les  Chrétiens  fouffrent  conftammentle 
martire  &  la  mort,  plutôt  que  de  don- 
ner à  juppiter  le  nom  de  Dieu,  ou  de 
donner  au  vrai  Dieu  les  noms  que  les 
Gentils  donnent  à  leurs  fauflesDivini- 
tez  :   mais  qu'ils  lui  donnent  fimple- 
ment  le  nom  de  Dieu  qui  lui  eft  pro- 
pre, quoique  les  Paycns  Paient  rendu 
communs  ou  qu*ils  l'appellent  le  Créa- 
teur de   toutes  chofes  >    le   Créateur 
du  ciel  Se  de  la  terre.  Quaratione  defcfi- 
dimus  etiam  Chrijîiams  ufqtie  ad  moitem  ob^ 
fiwatos  in  certaminibus  ,  ne  Jovi  nomev  Dei 
tribuant ,  aut  Deum  aliciiâ  linguâ  nominent  z 
aut  etiim  ifidefifùtc  utuntur  hoc  cominujù  no- 
viine ,  Dcus  ;  aiii  cuni  additamento^  univcrjo- 
rum  condïto^-  iCdlitcrraqm  Creator.  Si  Pla- 
ton eft  digne  d'admiration ,  ajoute  Ori- 
gene 5  parce  qu'il  eut  peine  à  fouffrir  que 
Philebe    s'cnrretenant   avec  Socrate , 
donnât  à  la  volupté  le  nom  de  Déefle, 
&  qu'il  dit  qu'il  falloit  avoir  plus  de 
Religion    pour  les  noms  des  Dieux  : 
combien  plus  doit-on  approuver  la  pie- 
té des  Chrétiens, qui  jugent  que  c'eft  une 
chofe  indigne,  d'attribuer  au  Créateur 
de  l'univers  un  nom  qui  a  fcrvi  de  fu- 
)et  aux  fables  des  Poètes  }  Quanta  niagis 
frdwfidj  eft  Chri(Iianorum  pictas  ,   qui  rem 
indiguam  cenfcnt  liocabultim  aliquot  ?oetarum 

fabn-- 


\Avec  Vldoltt.  Grecque  &  Rom.    6t 
fahulis  cMratum  ûccovimodare  conditori  rc- 
rum  otmmin  ?  Ce  bel  endroit  d'Origene 
convaincra  tous  ceux  cjui  Ibnt  inftruits 
dans  notre  fainte  Religion,  que  c'efl 
une  chofe  indigne ,  &  tout-à-fait  oppo- 
fée  à  la  pieté  Chrétienne,  de  fe  fcrvir 
des  noms  Tien  &  Xdmti ,  qui  fignifienc 
le  Ciel,  dc/e  RoicPeuhaut  ^  dans  Tuiagedes 
Gentils  de  la  Chine  ,  pour  fignifierle 
vrai  Dieu  :  qu'il  n'eft  pas  moins  dan- 
gereux de  donner  ces  noms  au  Dieu  que 
nous   adorons  ,   parmi   ces  Infidèles  , 
qu'il  l'auroit  efté  de  lui  donner  le  nom 
oe  Juppiter  chez  ies  Grecs  &  les  Ro- 
mams  Idolâtres  :   8c  qu'il  n'y  a  pas 
moins   d'infidélité   &   d'impiété  dans 
cette  infcription  ,  King  tien.  Adorez  le 
Ciel ,  qu'il  y  en  auroit  dans  celle-ci  ; 
Adorez  y tippiter  :  puifque  ces  anciens  Ido- 
lâtres   donnoient   au   Ciel  le   nom  de 
Juppiter,  &  que  l'un  &  l'autre  a  fervi 
de  fujft  àpluficurs  fables  de  leurs  Poè- 
tes ?  Enfin  s*il  eft  permis  aux  Miflion- 
naires  de   la  Compagnie  ,  de  retenir 
dans  leurs  Eglifes  ,  fur  leurs  Autels, 
au-defTus  de  l'image  de  notre  Sauveur 
Jesus-Christ  ,  cette  infcription , /4rfî?- 
rez  le  Ciel ,  parce  qu'il":  entendent  par 
ce  nom  le  Seigneur  du  Ciel,  quoique  les 
Gentils  de  la  Chine  de  la  Sede  des  gens 
de  Lettres,  n'entendent  par  le  même 
nom  que  le  Ciel  matériel ,  ou  fa  vertu 
ou'ils  nomment  Zj  :  il  leur  fera  permis 
ue  mettre  ces  infciiptions  fur  les  Au- 

teXîi 


6i  Conformité  des  Cerem,  Chi>h 
tels  du  vrai  'DiQW  :,  Honorez  Apollon ,  Pan, 
Prinpe  ,  Efciilapc ,  Prrjjnethêe ,  Radnmanthe, 
Jantis  i  Fmt72c  y  Si/vain  ,  puifqu'ils  n'au- 
ront qu'à  entendre  par  ces  noms,Moyfe, 
le  faint  Legiflateur  du  peuple  de  Dieu, 
qui  mérite  des  honneurs  religieux  ;  & 
qu'ils  juftifieront  leur  penfe'e  par  les 
lïittjîrijf.     fçavantes  Remarques  de  l'Illuftre  M. 

vVrl^^rat.  ^^^.'^  ^"^^^^  ^véque d' Avranchcs ,  qui 

£f^«^.;>;-e-a-rait  voir  que  les  Grecs  &  les  Romains 

foftt.^.c.^.  ont  fondé  toutes  leurs  fables  fur  l'Hi- 

^.&  10.    £toire  de  Moyfe,  &  que  la  plufpartde 

leurs  faux  Dieux  n'cftoient  point  di- 

ftinguez  de  ce  faint  Legiflateur,  que 

leurs  Poètes  s'étoient  donné  la  liberté 

de  traveftir  d'une  manière  fabulent." 

ApoUo  idem  ac  Mofcs^  Pan  idem  ne  Mo/es 

Prinpiis  idem  ac  Mojès  ^  JEfcttlapiiis  idem  ne 

Mofis,  &c. 


CHAPITRE    III. 

Cofivcnance  des  Chinois  de  la  Seéîe  des  Let- 

pez  3  avec  les  Idolâtres  de  V ancienne  Rotne 

dans  le  culte  des  Génies, 

LEs  Chinois  adorent  Chinhoam  cotn^ 
me  le  Génie  tutelaire  de  leur  Na- 
tion ;  ils  lui  ont  élevé  des  Temples 
en  chique  ville  ;,  &  ils  lui  offrent  des 
facrifices  folemnels.  Les  Mandarins  ou 
Gouverneurs  font  cette  fondion  quand 
ils  prennent  poffeflion  de  leurs  gouver- 

n<:mens3 


Avec  ridolît.  GrecijHe  ^  Rom.  6^, 
nemens,  après  avoir  fait  le  racrifice&: 
les  offrandes  accoutumées  à  Confucius 
dans  les  Temples  qui  lui  l'ont  dcdiez. 
Outre  ce  Gcnie  de  l'Empire,  ils  ado- 
rent les  Génies  des  fleuves,  des  monta- 
gnes, des  Forêts,  &  des  lieux  particu- 
liers j  &  quand  ils  donnent  la  fepul- 
ture  à  leurs  morts  ,  ils  adrefTjnt  leurs 
vœux  &:  leurs  prières  au  Génie  du  lieu- 
où  ils  les  enterrent,  afin  de  fe  le  ren- 
dre propice.  La  Sedle  desLettrczcon- 
vient  en  ce  point  avec  les  Idolâtres  de 
l'ancienne  Rome. 

On  ne  fçauroit  defîrerde  plus  illuftres 
&  de  meilleurs  te'moins  de  la  vérité  de 
ce  fait,  que  Symmaquc  Préfet  de  Ro- 
me, &  Prudence  qui  a  refuté  fa  Rela- 
tion du  récablifïementde  l'Autel  de  la 
Vidoire ,  Scde  l'atlcien  culte  des  Dieux. 
Chaque  peuple  a  fes  coutumes  &  fes 
cérémonies  ,  dit  Symmaque  ,  Dieu  a 
donné  aux  villes  divers  Génies  &  di- 
vers cultes.  Chaque  peuple  a  fes  Génies 
tutelâires,  comme  chaque  homrrie  quii 
naît  dans  le  monde  a  fon  ame.  Stitts  qai^ 
que  nios ,  fuus  qtitque  r'ttits  cjl.   Varias  cujio- 
tîcs  îtrbibîts  (^  et  chus  mens  divin  a  dîjïrrhiiit . 
Ut  aviina  vnfceiitihns  ^  it a  popitlis  fatales  Gé- 
mi dividtmttiv.  Vous  avez  coutume  ,  dit  ^^Pruchnt, 
Aurelc  Prudence  ,  d'attribuer  des  Ge-  ''^l,"!'^' 
nies  aux  portes,  aux  maifons,  aux  bains,  '^Symma. 
aux  écu ries, &de  les  multiplier  à  l'infini, ^^ 
de  manière  qu'il  n'y  a  pas  un  endroit  ni  ^^ 
un  petit  coin  dans  la  Ville  ,  qui  n'air'*^ 
fon  ombre  &:fon  Génie  particulier.     *^ 


^4       Conformité  des  Cerem.  Chin. 
Ciifii  partis  ydornihiis ,  thcrwiSiflabu/isfoleatis 
Affignarcfuos  Genios  ;  parque  omtiia  i/ic^nhya 
Urbis ,  perdue  locos  ,  Geniorum  milita  imdta 
Cignere  ,  ne  propria  vttcet  av^ulus  ullus 
ah  timbra. 
VkCocceiuj      Outre  ces  Génies  particuliers,  il  y 
ht.  jo.      avoit  à  Rome  un  Temple  dédié  au  Gé- 
nie du  peuple  Romain,  qui  eftoit  com- 
me le  Chinhoam  dts  Chinois.  Ce  nomeft 
propre  aux  Démons,  félon  la  remar- 
fertuU.  lib.  que  de  Tertullien.  Sic  <^  omjnbtis  Gemî 
de  Anima,  deputantur  ^quodD^monumnoJîienefî .  Com- 
^^^•19'       rnent  donc  le  Père  François  Hurtado 
Vice -Provincial  des  Miflionnaires  de 
la  Compagnie  à  la  Chine, ofoit- il  ré- 
pondre  au  Père  Jean-Baptifte  Mora- 
les Vicaire  Provincial  de  la  MiflTiondes 
Dominicains,  &  au  Père  François  de 
la  Mère  de  DieUjCommifTaire  des  Fran 
Hijioria      cifcains ,  que  les  Mandarins  Chrétiens 
Cnitm  Si-   pouvoient   faire   dans   le  Temple   de 
è1%1'.^'   Cbifibonm^  devant  fa  Statue,  toutes  les 
cérémonies  accoutumées ,  pourvu  qu'ils 
eulïent  un^  Croix  à  la  main  ,  à  laquelle 
ils  diiigeaffcnt  Ijiur  intention  ?  Com- 
ment pouvoir -il  foutenir  qu'il  efloic 
permis  de  rendre  extérieurement  à  cet 
Idole  ou  à  ce  Génie  les  mêmes  hon- 
neurs que  lai  rendent   les   Infidelles^ 
Zc  qu'il  n'y  avoit  pas  en  cela  la  moin- 
dre ombre  de  fcandale,  parce  que  les 
Gentils  font  perfivadczquc  cette a(5iion 
eft  pcrmife,.  &  que  les  Chrétiens  fça- 
vent  que  ces  honueurs^at  la  Croix: 

pour 


yivec  VIdoUt,  Grecque  ffr  Rom,    6^ 
pour  objet  ?  Ne  puis-je  pas,  ajouta  ce 
Jefuite  ,  reciter  mon  Office  dans  un 
Temple  rempli  d'Idoles  ,&  y  faire  des 
génuflexions  au  Seigneur  ?  A  Dieu  ne 
plaife  que  je  croie  que  les  Jefuites  d'au- 
jourd'hui aient  adopté  de  fideteftables 
fentimenSj  &qu*ils  veuillent  introdui- 
re dans  la  nouvelle   Chrétienté  de  la 
Chine  cet  efprit  de  duplicité  &  de  four- 
berie 5  que  l'Eglife  a  condamné  avec 
exécration  dans  les  Elcefaïtes,  qui  fou-  s.Epiphan: 
tenoient  que  pourvu  qu'on  eiit  la  foi  ^"■«/«  »?• 
dans  le  cœur,  on  pouvoir  fans  péché  ^''^*  *' 
la  renoncer  quand  il  y  avoit  neceflité, 
adorer  même  extérieurement  les  Ido- 
les, &  participer  auxfacrifices  abomi- 
nables des  Infidelles.  Voilà  ce  qu'ils  f^^^'J'fl 
appelloicnt  une  adrefle  d'habile  hom-<i/f.  38. 
me. 


CHAPITRE    IV. 

Convenance  des  bonncttrs  que  Us  Chinois  ren^ 
dent  à  Coiifucius  ,  avec  le  culte  que  les  an^ 
ciens  Idolâtres  Grecs  ^  Romaws  rendaient 
à  îeun  faux  Dieux, 

L Es  Temples,  les  Autels,  les  facri- 
fices,  la  reconnoiffance  d'une  ex- 
cellence plus  que  naturelle  ,  &  d'un 
pouvoir  plus  qu'humain  ,  l'invocation 
ou  l'efperance  de  quelques  biens,  les 
cérémonies  qui  ne  s'obfervent  point  à 

i'é- 


66  Conformité  des  Cerem,  Chin. 
l'égard  des  vivans,  les  Statues  ou  les 
Images  devant  lefquelles  on  fe  profter- 
ne,  &  aufquellcs  on  oftre  de  l'encens, 
des  cierges,  des  vidimes,  ont  toujours 
paffé  pour  des  honneurs  divins  ou  reli- 
ieux.  Il  n'y  a  qu'à  confulter  le  do(fte 


arron,  Ciceron,  les  Poètes  Grecs  & 
Latins  ,  les  anciens  Apologiftes  de  la 
Religion  Chrétienne ,  &  tous  les  Perea^ 
qui  ont  écrit  contre  l'Idolâtrie,  pour 
être  convaincu  de  cette  vérité.  On  fe- 
roit  un  gros  volume,  fi  on  vouloît  co- 
pier leurs  témoignages.  On  fçait  ladi- 
ftinflion  qu'ils  mifoient  des  Dieux  du 
premier  6c  du  fécond  Ordre ,  &  des  Hé- 
ros. On  fçait  que  les  honneurs  heroï- 
3ues  eftoient  diftinguez  des  honneurs 
ivîns.  On  élevoit  des  ftatues  aux  Hé- 
ros, on  prononçoit  en  leur  honneur  des 
panegyriaues  &  des  poèmes,  on  leur 
drefToit   des   pyramides  ,    des  arcs  de 
triomphe,  &  d'autres  monumens  avec 
des  infcriptions   pour   rendre  immor- 
telle la  mémoire  de  leurs  belles  adions. 
Alais  on  ne  leur  dedioit  ni  Temples, 
ni  Autels;  on  ne  leur  oflroit  point  d'en- 
cens, ni  de  viâ'imes,  on  ne  fe  profter- 
noit  point  dc.\,;int  leurs  ftatues   :  ces 
honneurs  eftoient  refervez  aux  Dieux; 
on  ne  fçauroit  montrer  qu'ilsaienteltc 
rendus  aux  Héros,  fi  l'autorité  publi- 
que ou  la  fuperftition  populaire  ne  les 
a  fait  paflcr  de  rHeroifme  à  la  Divi- 
nité. Avant  même  cet  apparat  pompeux 

de 


Avec  lldolat .  Grcccjiic  cr  Rom.  (^j 
de  fiiperftitions,  avant  qu'il  y  eût  des- 
Temples  ,  des  Statues  ou  des  Images 
des  Dieux  ,  avant  rcredlion  du  Capito- 
k  ,  ridoîàtrie  regnoit  déjà  dans  Ro- 
me. La  frugalité  ^  la  fîmplicité  des 
Romains  eftoit  aiiflfi  grande  dans  leur 
Religion  ,  qu'à  leurs  tables  &  dans 
leurs  ameublemens;  ils  élcvoient  com- 
me par  hazard  des  Autels  de  terre, ils 
fc  fervoient  de  vafes  communs  dans 
leurs  facrifices,  ils  immoloient  peu  de 
viélimes,  &  ils  n'avoient  point  d'Ido- 
les, parce  que  les  Sculpteurs  de  Grèce 
&  de  Tofcanc  n'eftoient  point  encore 
venus  foîidre  dans  la  Ville  pour  y  tra- 
vailler. Etfi  à  Ntima  concept  a  eft  curiofitasTertHUiAn. 
fupcrflîtinfn  ,  noiidtnn  tnmcn  aut  fimulacris  ^P^^'Z'  f  • 
htft  tcniplis  tes  dhhn  apitd  Romarws  confia-  ^^* 
hnt  ;  fi'iigt  rcligio ,  ^  pnupcrcs  nttis ,  cî^  mil- 
la  Cnpjtolia  certantïa  Cah ,  fief  temcraria  de 
cefpitc  ah  aria ,  c^  vnfa  ndhtic  S  ami  a  ,  ç^  ui- 
dor  exïî'ts  5  c^  Deus  ipfc  mifquam.  Nondum 
eiùm  tiinc  ingcîiia  Gracci'rnn  atque  Ittjcorum 
fingend'u fiwtdacr'is  in  Urhcm  imindavcrqiit. 

Il  eft  aile  de  conclure  de  ce  principe, 
que  le  culte  de  Confucius  eft  une  véri- 
table Idolâtrie.  On  appelle  Idole  tout 
ce  que  l'efprit  humain  Aibftitue  en  la 
place  du  vrai  Dieu  pour  lui  rendre  des 
honneurs  divins.  Tdolol atri a ^àii  Tertul- 
lien  5  Dco  fi-nndem  facit ,  honores  jUi  fttosdc-  Lih.dtLh- 
negnns  ,  cb"  confcrens  aîïis ,  ut  fraudï  etiain  ^°l-*f-  i-  i. 
conttimel'mm jnngat .  Les  Chinois  de  la 
Scdtc   desLettrcz   ne   rcndcnt-ils    pas 

d  Con- 


68  Conformité  des  Ccrem.Chin. 
à  Confucius  des  honneurs  qui  ne  font 
dûs  qu'à  Dieu?  Ne  lui  batrffenr-ils  pas 
des  Temples  qu'ils  dédient  avec  le  fang 
des  animaux  i  Ne  lui  élèvent -ils  pas 
des  Autels  ?  Ne  lui  font-ils  pas  des  fa- 
criiices  &  des  offrandes  folemnelles  ?  Ne 
fe  profternent-ils  pas  devant  fon  ta- 
^  bleauj  &  devant  les  cartouches  où  ils 
croient  que  fon  Efprit  eft  réellement 
prefent  pour  recevoir  leurs  hommages, 
en  lui  offrant  des  cierges  ou  des  bou- 
gies allumées  &  de  l'encens  ?  Et  n'efl- 
ce  pas  là  une  vraie  adoration,  ou  du 
moins  un  culte  religieux  ?  Ne  lui  don- 
nent-ils pas  le  nom  de  Trét-Saifit  y 
comme  les  anciens  Idolâtres  donnoient 
le  nom  de  Saint  à  leurs  faux  Dieux  ? 

Les  Romains   donnèrent  le  nom  de 

Saint  à  S-'mon  Fidius  ,  qu'ils  mirent 

au  nombre  de  leurs  Dieux  Indigites, 

comme  nous  l'apprenons  d'Ovide,  de 

Properce  ,  dj  Silius,  de  S.  Auguftin, 

Ooid  Faft.  &  d'une  ancienne  Infcriptiou.    Com- 

6.  proptrt.  me  je  doutois,  dit  Ovide ,  (I  je  dedie- 

iib.à,  Eif^.  J.QJ5  \.^  Nones  au  Saint,  à  Fidius,  ou 

lih.  8.        ^  vous,  rcre  Semon  ,  le  Saint  me  re- 

jt.  ^:t?uf:.  pondit.  Il  n'importe  à  qui  vous  lesdé- 

{:.'^"  '^i^  .  diez,  c'ell:  moi  qui  recevrai  cet  honneur, 

Civit.  Dct  '  -^  . 

1.  15.        car  ces  trois  titres  me  conviennent. 

Oud:rcham  Sortit  Sanâo  Fidio-ne  rcfcrreitty 

An  iihi ,  Scmo  PaU'r  ,  tune  inihi  San- 

âfus  tiit. 

Ctùaimrjnc  cxijiif  (fecfms,cgo  inuuM  bahcbo , 

Nipujna  tcnia  fero. 

Ils 


Avec  lldolat.  Grecque  cr  Rom,    ^9 
Ils  donnèrent  aufll  le  nom  de  Saint  ^-  y"J^f»^ 
à  Simon  le  Magicien,  à  qui  ils  élevé-  j^/,,*},^, 
rent  une  ftatue  comme  à  un  Dieu  ,  fe-  i.  c.  zo. 
ion  que  le  témoignent  S.  Juftin  ,8.  Ire- 7>rr«z/. 

née,  Tertullien,  Clément  d'Alexan,  f^;'f  ;•, 
drie,  S.  Cyrille  de  Jerufalera,  Eufebe  nii.  Hurof, 
de  Cefarée  ,  S.  Auguftin  ,    &  Théo-  c.»r«A>.  6.  ! 
doret.    Cett^   ftatue  avoit  été  élevée  ^"^'^j^'** 
dans  rile  du  Tibre  par  l'autorité  pu-  s.Ànftifl, 
blique  avec  cette  Infcription  ,  Simofti  ^'^- '^'^  f^^- 
Deo  Sanâo.    C'eft-à-dire  ,   A  ^'^w  /^  ;;{' '^X^l; 
Dieu  Saint,     Ils  donnoient   commune-  Htret.Fabl 
ment  aux  Héros  &  aux  Empereurs  dont 
ils  faifoient  TApotheofe  ,  le  nom  de 
Divfts  y  qui  veut  dire  Santt.    Nous   li- 
fons    dans    quelques    anciennes     In- 
fcriptions  ,   qu'ils  donnoient  ce  nom 
à  E(cu\a.pç  y  JEfeu/npioSûTjâ/o.  L'Infcrip- 
tion  Chinoife  du  tableau  ou  du  cartou- 
che de  Cowfucius  n'eft-elle  pasfembla- 
ble  à  ces  Infcriptions  des  Idolâtres  de 
rancienne  Rome  ?  Le  Siège  de  VEfprit 
dii  Très-Saint  Maître  Confuci tu.   Eft-ceun 
honneur  purement  civil  de  donner  le 
nom  de  Très-Saint  à  un  homme  qui 
n*a  point  crû  en  Dieu,  &qui  eftmort 
dans  l'infidélité  ?  Cela  fe  peut-il  jufti- 
fîer  ,  fe  peut-il  foutenir? 

On  fçait  que  le  Jefuite  qui  défend 
par  ordre  du  General  de  la  Compagnie 
les  cérémonies  Chinoifes,  a  ofe  avan- 
cer dans  fes  dernières  Reponfes  Italien- 
nes aux  Ecrits  de  Monneur  Charmot, 
Procureur   des  Vicaires  Apoftoliques 

d'O- 


yo      Conformité dej  Cerem.  Chiff* 
d'Orient  en  Cour  de  Rome  ^   que  le 
nom  de  Très-Saint  attribué  à  Confu- 
cius  par  les  Chinois  de  la  Sede  des  Let- 
trez  fe  peut  tolérer,  parce  qu'il  ne  Jigni- 
fie  qu'une  Sainteté  naturelle  ^    &  que  Tufa- 
ge  en  eft  innocent  en  le  prenant  en  ce 
îens-là.    Cette  re'verie  ,  cette  erreur > 
ne  pouvoitfortir  que  de  l'Ecole  deMo- 
lina,  ou  pour  mieux  dire,  de  celle  de 
Pelage.    N'eft-ce  pas  reflufciter  l'He- 
refie  des  Pelagiens  ,    que  d'admettre 
.une  fainteté  naturelle  ?    L'innocence 
eft-elle  incompatible  avec  le  péché  ori- 
ginel, &  avec  les  péchez  mortels  que 
la  volonté  corrompue  y  ajoute  ?    La 
Sainteté  peut-elle  s'accorder  avec  l'A- 
théifme?  De  véritables  vertus  peuvent- 
elles  s'allier  dans  un  même  fujet  avec 
l'infidélité  ?   Il  feroit  donc  permis,  fé- 
lon  ces    défenfeurs   des    fAiperftitions 
•Chinoifes  ,  de  donner  le  nom  de  Saint 
&  de  Très-Saint  ^  aux  Héros  de  l'an- 
cienne Rome,  &■  aux  Philofophes  qui 
ont  eu  quelque  efpece  de  probité,  & 
de  leur  rendre  cet  honneur  par  des  In- 
scriptions publiques?  Peut-on  y  penfer 
fans  horreur  ?  Quoi  ?  Il  feroit  permis 
de  placer  fur  la  porte  du  Collège  Ro- 
main, ou  du  GrandjESus,  l'Imagede 
Seneque,  d'Epidlete,  de  Socrate  ,  de 
Caton  ,  de  Fabius,  deScipion,  d'An- 
tonin  Pie  ,  avec  ces  Infcriptions  :  Le 
Très-Saint  Philofophe  Scricque ,  f.piâctc ,  ou 
Caton  i  Le  2rès-Sai?it  Héros  tabi/ât  s   Qu 

Scipiou 


yîvec  lldolat*  Crec^jfie  &  Rom,  7 1 
Scipion  i  Le  Très -Saint  Eiiipcrcdr  Atitom» 
Piei  Y-a-t-il  lieu  de  douter  que  la  Con- 
grégation du  faint  Office  ,  &  le  faine 
Siège  ne  fe  portent  à  condamner  cette 
Infcription^  Le  Tt  ès-Saint  Confuc'ms  ^  &  les 
honneurs  que  les  Chinois  rendent  à  cz 
Philofophe  infidèle  fous  cette  qualité, 
comme  ils  condamneroient  de  fembla- 
bles  titres  &  de  femblables  honneurs ,  fî 
quelqu'un  s'avifoit  de  les  donner  &de 
les  rendre  à  ces  Philofophes,  &  à  ces 
Héros  Idolâtres  de  l'ancienne  Rome, 
puifque  la  Religion  Chrétienne  eft 
par  tout  la  même  ,  8c  que  ce  qui  n'eft 

f>as  permis  à  Rome  en  matière  de  Re- 
igion  &  de  Morale  ,  ne  le  peut  être 
à  Peking,  ni  dans  les  autres  villes  de  la 
Hhinc.  Nnjqtuim (l^nnmquamlicct^qHodfein-  TertuU  HK 
pcr  \^Hhïquc  non  lïcet .  Nonpotcfl  aliiideffe  quod  '^^  ^P'^-*- 
vcrl'  qu'îdcm  eji  honumfeu  mnlum .  Omnia  m  item  ""^  ^  '•  ^^* 
pcnes  vcritûtein  Deifixafiwt.  Ethn'ici quos pê- 
nes nul! a  efl  veritatis  plenitudo  quia  nec  doéîor 
veritatis  Deta  ,  malnm  ac  homunpro  arhitrio 
mterprctaîjtur  ;  alibi  honunj  quod  alibi  malnm 3 
^  alibi  maliim ,  quod  alibi  boimm. 

Qu'il  me  ibit  permis  de  faire  encore 
une  petite  reflexion  fur  le  nomde7>vi-- 
Saint ,  que  les  Chinois  donnent  à  Con- 
fucius  5  &  que  les  défenfeurs  des  fu- 
perftitions  Chinoifes  tachent  de  jufti- 
lier  en  y  attachant  l'idée  d'une  fainteté 
naturelle.  Saint  Auguftin  ce  Dofteur  j-,  ^«^«/?. 
incomparable  de  la  Grâce  ,  cet  Ora-  uh.^.Cenù 
çU  de  l'Eglife,  qui  prouve  invincible- •^''''"'"-  3- 

ment 


7  2,       Conformité  des  Cerem,  Ch'm. 
ment  contre  Julien  le  Pelagien  qu'il 
n*y  a  point  ae  véritables  vertus  dans 
les  Paycns,  n'àuroit-il  pas  été  furpris 
que  des  Catholiques  ,  des  Religieux, 
des  Prêtres ,  des  gens  qui  veulent  paf- 
fer  pour  Théologiens,  eufTent  foutenu 
<ju*il  efl:  permisdereconnoître&  d'ho- 
norer un  Athée  comme  Saint  5  &  com- 
me doué  dé  toutes  les  vertus  ?  Mais 
qu*auroit-il  dit  ,  fi  quelqu'un  de  ceux 
qui  vivoient  dans  la  Communion  de 
PEglife  ,  avoit  attribué  à  des  Infidel- 
les&à  des  Athées,  comme  Confucius, 
une  fainteté  naturelle?  N'auroit-ilpas 
noté  cette monftrueufe  opinion  comme 
ime  erreur  de  Pelage  ?  Ne  l'auroit-il 
pas  déférée  aux  Conciles  d'Afrique  » 
&  à  l'Eglife  de  Rome  ?   N'auroit-il 
pas  combatu  fcs  défenfeurs,  comme  il 
3)  combat  julien  ,  ei^.  leur  difant  :   C'ell 
j3  en  vain,  cruels  ennemis  de  la  Grâce, 
35  que  vous  nous  objedez  les  exemples  des 
55  impies,  que  vous  foutenez  avoir  eu  des 
^,  vertus  en  abondance  fans  la  foi  ,  & 
35  quoi  qu'ils  n'euflent  que  le  feul  bien 
^5  de  la  nature  ,    qui  croit  même  affervi 
55  dans  leurs  perfonnes  à  mille  fuperfti- 
tions.    Scdi  acerbiffîmi  gratta  hujus  immici, 
txempJa  volts  opponitis  impionnn ,  quos  dicttis 
alïenos  à  fidc  abtindm  e  ■s}rtt4tihM  ,    w  quibn^ 
fine  adjntorJn  gratta  folnm  ejî  iiattirahontnn  , 
Iket  fupcrjîit'wnibtu  mancipatîmi.    A  Dieu 
3,  ne   plaife  que  nous  reconnoiiïions  de 
3,  vraie  vertu  dans  quelqu'un  ,  s'il  n'eft 

iufte. 


I 


Avec  r Idolat,  Greccjue  &  Rom.   -75 
iuftej  &  que  nous  reconnoiflTionsqueU  ,, 
qu'un  pour  jufte,  s*il   ne  vit  de  la  foi  :  '^ 
car  le  jullevit  de  la  foi  ^  dit  l'Apôtre.  ^^ 
IVlais  qui   de  ceux  qui  veulent   paflTer  *' 
pourCnre'tiens,  excepté  lesPelagiens,  '^ 
&  peut-être  vous  feul  dans  leur  damna-  ^^ 
ble  Ecole  ,   ofera  dire  qu'un  infide'le,  '^ 
un  impie,  un  efclave  du  diable eftjufte,  '* 
quand  ce  feroit  un  Fabricius,  un  Sci-  '^ 
pion  5  un  Regulus  ?  Q^u'il  me  foit  per-  *^ 
mis  d'ajouter  ,  un  Confucius,   Sed àb- 
Jit  ut  fit  in  aî'tquo  vernvirtus ,  nïfi  fitjufîui, 
Abfit  autem  ut  fit  juHm  vet'è ,  mfi  vivat  ex 
fidc.  Jnftus  eiiim  ex  fide  vivit.    Qui  s  porro 
eorum  qui  fe  Chfifiianos  haberi  volunt ,  mfi 
Joli  Pelagiani ,  cuit    in  ipfis  etiam  forte  tu 
fol  us ,  juflum  dixcrit  infidckm  ,  juftum  dixe- 
rit  tmpium  ,  jufium  dixerit  diabolo  mancipa- 
tu  m  ?  Sit  lie  et  il! e  Fahriciut ,  fit  licH  Fabius  y 
fit  licèt  Scipio.KeconnoltTQ  de  véritables 
vertus  dans  les  Paiens  ,  c'eft  anéantir 
la  mort  de  Jesus-Christ  ,   &  rumer 
la  neceflîcé  de  fa  grâce.   Si  l'on  pou-  ^^ 
voit  acquérir  quelque  fainteté  ,  quel-  '^ 
que  juftice  par  fa  propre  volonté,  par  '^ 
la  Loi,  par  les  enfeignemensdeshom-  ^^ 
mes  ,    ce  feroit  en  vain  que  JEsus-  '^ 
Christ  feroit  mort.   Si  per  legein  -,  fi  ^\.. 
per  volufitatem  ,  fi  per  doélritiam  hominuin  ^^  Jnt.j'u- 
ffualifatmque  jttjîitia  ,    (dit  S.  Auguftin  )  "/ùw.c.j. 
çrgo  Chrtfiu6  gratis  mortuus  cft.  *' 

Ajoutons  encore  un  petitmot.  Cet- 
te fainteté  naturelle  de  Confucius  de- 
meurera-t-ellefans  récompenfeen  l'au- 

D  tre 


74  Conformité  des  Cerem,  Chin, 
tre  vie  ?  Courage,  mes  RR.  PP.  n'en 
demeurez  pas  là.  Inventez  pour  Con- 
fucius  un  Paradis  proportionné  à  fa 
fainteté.  Il  e'toit  faint  ,  dites-vous, 
d'une  fainteté  naturelle;  il  lui  faut  un 
Paradis  naturel.  Votre  brave  Molina 
a  foutenu  que  les  en  fans  morts  fans  bap- 
tême jouiroient  après  le  jugement  der- 
nier, d'une  béatitude  naturelle  :  fei- 
gnez encore  un  paradis  naturel  pour 
Confucius  &  pour  les  Lettrez  de  la 
Chine  ,  &  les  autres  infidelles  ,  qui 
auront  été  faints  comme  lui  d'une  fain- 
teté naturelle,  fans  la  grâce  de  Jésus- 
Christ  ,  fans  foi ,  fans  efperance ,  fans 
charité,  fans  humilité. 

Les  Défenfeursdes  cérémonies  Chi- 
noifes  font  leur  poflible  pour  éblouir 
le  public  ,  en  difant  que  les  Chinois 
font  bien  éloignez  d'honorer  Confu- 
cius comme  un  Dieu  ,  puis  qu'ils  font 
perfuadez  que  c'étoit  un  homme  com- 
me eux,  &qu'ilslui  rendent  feulement 
les  honneurs  que  les  Difciples  rendent 
à  leurs  Maîtres. 

Les  Romains  n'étoient-ils  pas  per- 
fuadez que  ceux  qu'ils  honoroient  com- 
me des  Dieux,  avoient  cfté  véritable- 
ment des  hommes?  Ciceronneleprou- 
ve-t-il  pas  dansfes  livres  de  la  Nature 
des  Dieux? Ne  confirme-t-il  pas  lave- 
rite  de  ce  fait  par  le  témoignage  d'Euhe- 
mere  ,  d'Ennius  ,  &  de  Perfée  dif- 
ciple  dû^Zenon  î  Les  peuples  de  l'I/lc 

lo 


Avec  VIdolat,  Greccjtie  &  Rem.  7  5 
lo  une  desCycladeshonoroient  le  Poè- 
te Homère  comme  un  Dieu  :  igno- 
roient-ils  pour  cela  qu'il  avoit  eftc  un 
homme  comme  eux  ?  Ne  fe  faifoient- 
ils  pas  honneurdel'avoireu  pour  Com- 
patriote ?  Ne  montroient-ils  pas  Ton 
tombeau  ?  Et  fur  ce  tombeau  ne  lui 
avoient-ils  pas  élevé  un  Autel  ,  où  ils 
lui  offroient  en  facrifice  une  Chèvre 
blanche  ,  comme  nous  l'apprenons  du 
cofte  Varon  ,  qui  mit  cette  Infcrip- ^'"'o '«*-i. 
tion  au-dcflbus  de  Ion  Image  ?  ^À^ca'iih 

Capella  Ho7nm  caîidida  hoc  tumulum  w-  3.  c.  li.  ' 
dkat  , 

Quod  Ara  Jet  et  morttwf admit  Sacra. 

PTiifieurs  villes   de  Grèce  rendoient  ^aufanitti 
des  honneurs  divins  au  Poète  Amphi-  ^<i'/v!/V. 
loque  j   Jes  Grecs  igrK>roient-ils  qu'il  4.7. 
eût  cfté  un  homme  comme  eux  ?  Tous  ^'''/'»-  '»*• 
les  Apologiftes  de  la  Religion  Chré-  ""''  ^'^^' 
tienne  démontrent  que  lesPayensmar- 
^uoient  l'origine  de  leurs  Dieux  ,  le 
lieu  &  le  tems  de  leur  naiflance,  les 
Provinces  &  les  villes  oià  ils  s'eftoient 
rendus  célèbres  ,  &r  les  lieux  de  leur 
fepulture.     Ne  tomboient-ils   pas   au  Tertmnian, 
moins  d'accord  que   leurs  Empereurs  ^?'''/' /^' 

leurs  Héros  ,   qu  ils  mettoient  au  adverf, 
nombre  des  Dieux  par  une  Apotheofe  Gtmes. 
folennelle  ,   avoient  efté  des  hommes 
comme  eux?  Ils  craignent  de  devenir 
Dieux,  dit  agréablement  MinuciusFe- ^2^'^;^  ^ 
lix,  ils  défirent  de  demeurer  hommes  j  oeiuviô, 
^  iU  nç  veulent    pas  recevoir  V\ion-à-c. 

D  z  neur 


•"(5       Conformité  des  Cerem.  Chin. 
-neurde  l'Apotheoie,  quand  même  ils 
font  vieux,  parce  qu'il  faut  mourir  pour 
y  a  r  ri  ver.  hruitis  his  hoc  nmn<m  adfciibïtm-^  op  - 
tûfitin  homhîe  pef'Jèvtraye  i  fi^f'i  fe  Dcos  me- 
tufMt,  etftjam  fenes^  noiufjt.  C  'eft  donc  mal 
raifofiner ,  de  conclurre  que  les  Chinois 
n'honorent  pas  Confucius  G*mme  un 
Dieu  i  parce  qu'ils  font  perfuadez  qu'il 
eftoit  un  homme  comme  eux.    Eft-ce 
l'honorer  feulement  comme  des  difci- 
"ples  honorent  leurs  Maîtres  ,  que  de 
lui  bâtir  des  Temples  ,  lui  élever  des 
Autels,  luioffrirdesfatrrifices,  éprou- 
ver avec  des  cérémonies  particulières 
les  animaux  qu'on  lui  doit  immoler, 
le  préparer  à  ces  facrifices  &  à  ces  of- 
frandes  folennelles  par   l'abftinence  , 
les  jeûnes  ,  la  continence  ,   &  l'cloi- 
^nement    de   tous  les   divertiffemens? 
ILes  ^lifciples  honorent-ils  leurs  Maî- 
tres en  fe  profternant  devant  eux,  en 
leur  offrant  des  cierges  ardens,  &  de 
l*encens,  en  brûlant  en  leur  honneur 
de  etofes  de  foie,  ou  des  deniers  de  pa- 
pier ?  Peut-on  foutenir  que  ces  cere- 
îTonies  font  purement  civiles  ? 

LesConfucioniftes  répondent  dansles 
Ecrits  qu^ils  ont  prefenté  à  la  Sacrée 
Congrégation  contre  ceux  de  Mr.  Char- 
mot,  I.  Que  les  offrandes  des  animaux 
que  les  Chinois  font  à  Confucius,  ne 
font  point  de  vrais  facrifices  ,  parce 
qu'ils  ne  reconnoifîent  point  ce  Philo- 
sophe comme  Auteur  de  la  vie  &:de  la 

mort. 


yîvecP/doUt,  Grecque  cr  Rom,  jj 
mort  5  &  comme  le  premier  principe  de 
tout  bien.  2.  Parce  que  les  animaux 
ne  font  pas  tuez  par  le  Prêtre  ou  le 
principal  Miniftrc  ^e  la  cérémonie  qui 
le  doit  faire  le  lendemain  à  l'honneur 
de  Confucius.  j.  Parce  que  ce  n'ell 
point  un  facrifice  que  de  prefenter  des 
viandes  cuites  à  fon  Maître,  ou  de  les 
fervir  devant  fon  Image  après  fa  mort, 
comme  s*il  cftoit  encore  vivant. 

Que  ces  Rcponfes  font  pitoiables  ! 
Eft-il  neceflaire  d'eftre    perfuadé  que 
celui  à  qui  l'on  offre  le  facrifice  a  le 
domaine  fouverain  de  la  vie  &  de  la 
mort  ?  Ne  fufiît-il  pas  de  lui  offrir  des^ 
animaux  ou  des  fruits  de  la  terre  ,  ou 
de  l'encens,  comme  les  Payens  font  à 
leurs  Dieux  ?  Cette  adion  n'eft-elle  pas 
une  reconnoiffance  de  ce  fouverain  do- 
maine ,  quand  on  croiroit  intérieure- 
ment le  contraire?  Les  Chreftiens  qui, 
offroient  de  l'encens  aux  Idoles  ,  qui 
afîlftoient  aux  facrifices  des  Gentils,  ou 
qui  mangeoient  des  viandes  immolées, 
&  qui  beuvoicnt  du  vin  de  leurs  liba- 
tions, n'ont-ils  pas  toujours  efté  trai- 
tez par  l'Eglife  comme  des  Idolâtres, 
quoi  qu^'ils   fuffent   perfuadez  que  les 
Idoles  n'eftoien^  que  des  divinitez  ima- 
ginaires ?  Scimui  quia  nihil  efl  Idolum   in  r.  Cor.Z, 
minido,    Eft-il  ncceifaire  de  faire  rcfle- 4* 
xion  que  l'adlion  qu'on  fait  eft  un  vrai 
facrifice?   Veut-on  encore  juftifier  une 
a<^ion  qui  eft  en  elle-même  une  vraie 
D  i  Ido- 


'^2      Conformité  des  Cerem»  Chin. 

Idolâtrie  3  par  Tintention,  ou  par  Pi- 

gnorance  ,  &  par  la  chimère  errone'e 

Thefes      ^"  peché  Philofophique  ?   L*aveugle- 

Theoiogi-^  ment  &  rendurcifl^ment  extrême  ;des 

csemcoi-  Chinois  dans  l'Atheïfme  ou  dans  Î'I- 

leeio  Pan-  j    i        •       j  ^   a  t-         ^   i 

fienfi  so-   dolatne  donnera  peut-être  heu  a  leurs 
cieratisjE-  Défenfeurs  dé  dire  qu'ils  ne  pèchent 
sv  propu-  point  dans  les  cérémonies  de  Confu- 
f^^^^e?   cius  &  des  morts  ,  puifque  félon  les 
ccmbn»      principes  de  leur  Morale ,  les  péchez  de 
1^95-         ceux  qui  font  tout-à-fait  aveuglez  & 
Excicati  ■  endurcis^neleurfont  point  imputez.  Ils 
é- ïndMra-  ont  eu  même  depuis  peu  lahardieffede 
tt  &:.  Er-  foutenir  publiquement  à  Paris  dans  une 
ferunt  hjJs  de  leursThefes,   que  c  elt  une  erreur 
rmpHîari     de  dire  le  contraire.  C'eft  aflez  dedé- 
fr.catj.      couvrir  une  fi  deteftable  erreur,  &  fî 
juftement  condamnée  par  le  faintSiege, 
pour  la  détruire.    Heureux  ,  félon  ces 
Pères  ,  ceux  qui  font  tombez  dans  le 
dernier  aveuglement  ,  dans  un  endur- 
ciflement  extrême,  qui  ont  comblé  la 
mefure  de  leurs  péchez,  qui  font  livrez 
à  leurs  padlons,  &  que  Dieu  a  abandon- 
nez à  un  fens  reprouvé  ,  puifque  les 
crimes  qu'ils  commettent  ne  leur  font 
plus  imputez,  fi  on  les  en  veut  croire 
plutôt  que  les  faintes  Ecritures.    Mais 
revenons  à  notre  fujet. 
1 . Il  n'eft  pas  neceffaire  de  croire  qucce- 
luiàqui  l'on  fait  des  facrifices,  eft  Au- 
leurae  tout  bien.  Les  Idolâtres  de  Grè- 
ce &  de  l'ancienne  Rome  ne  croioienc 
pas  que  chacun  de  leurs  Dieux  fuft  l'Au- 
teur 


jivec  ridoUt,  Grecque  &  Rom,  79 
tcur  &  le  principe  de  tout  bien.  Ils 
croioient  que  le  pouvoir  défaire  du  bien 
cftoit  partagé  entr'eux  :  que  Bacchus 
pouvoit  donner  du  vin,  qu'il  ne  pou- 
voit  pas  donner  la  fantéj  que  Ceresne 

f)OUVoit  donner  que  du  blé,  que  Efcu- 
ape  ne  pouvoit  rien  que  pour  la  gue- 
rifon  des  maladies i  que  Neptune,  Ju- 
non,  la  Fortune,  Minerve  ,  Mercure 
&  Vulcain ,  avoient  chacun  leur  ref- 
fort  en  matière  de  grâces,  &  que  leurs 
pouvoirs cftoient  bornez.  Si  enimpatrem  ^^"'^'"' 
creditis  Liberum  dare  poffe  vindemiotn ,  dit  cêntcs, 
Arnobe ,  tmdicwûtn  non  poffe  5  ^  Cercrem 
jritgeSyJt  JEJculapiuw  fanitatem  ,  fi  Neptu- 
mtm  aliud y  a.'tud pof^c  ytmmem ^^ortunamy 
Mei'curmm  ,  Vulcanum  ,  rerum  ejfe  finguloi 
certûrum  ne  fifigularuf7i  dut  ores ,  ^c.  Une 
s'enfuit  donc  pas  que  les  Chinois  de  la 
Sefte  des  Lettrez  n'offrent  pas  des 
facrifîces  proprement  dits  à  Confucius, 
quand  ils  lui  offrent  le  fang,  les  poils, 
&  la  chair  des  animaux,  parce  qu'ils 
ne  le  reconnoifîent  pas  dans  la  fpecu- 
lation  comme  Auteur  de  tout  bien. 
C'ell:  affez  qu'ils  reconnoiffent  en  lui 
une  excellence  &  une  jniifTance  plus 
qu'humaine  ,  &  qu'ils  efperent  de  lui 
les  biens  de  l'efprit ,  un  heureux  fuccès 
dans  les  fciences,  &  une  bonne  fortu- 
ne pour  parvenir  aux  honneurs  qui  en 
font  la  récompenfe  à  la  Chme. 

2.  Quoique  le  Prêtre  ou  le  principal 
Miniftre  n'égorge  pas  lui-même  les  ani- 

D  4  maux 


So  Conformité  des  Cerem.  Chin, 
maux  qui  doivent  être  offerts  à  Confu- 
cius,  il  eft  prefent  à  rimmolatiorr,  il 
éprouve  par  une  cérémonie  particulière 
fi  ces  animaux  font  propres  au  facriii- 
ce,  il  leur  fait  de  profondes  révéren- 
ces avant  &  après  l'immolation,  il  of- 
fre le  jour  fuivant  à  ce  Philofophe  les 
poils  ,  le  fang  ,  &  la  chair  des  vidi- 
mes,  &  il  enterre  ces  poils  &ce  fang, 
de  crainte  qu'ils  ne  foient  profanez. 
L'immolation  dt;s  animaux,  &  l'effu- 
fion  |de  leur  fang  a  relation  à  l'obla- 
tion  qui  s'en  doit  faire  le  lendemain 
par  le  principal  Miniftre  ;  on  ne  les 
égorge  que  pour  les  offrir  à  Confucius  ; 
amfî  cette  cérémonie  &  le  facrifice  du 
lendemain  font  moralement  une  même 
adion. 

3.  Il  n'importe  enfin  que  les  chairs 
des  animaux  foient  cuites ,  ou  qu'el- 
les foient  crues,  fî  on  les  offre  à  l'ef- 
prit  d'un  mort ,  dans  un  Temple  qui  lui 
cft  dédié,  fur  un  Autel  ,  avec  des  gé- 
nuflexions &  des  prolf rations,  les  cier- 
ges allumez  ,  faifanc  brûler   des  par- 
fums, &  efperant  des  biens  de  celui  à 
judictim  6.  gui  on  les  offre.  Gedeon  demandant  à 
Dieu  un  fîgnedcfamifîion  ,  dit  àl'An- 
,,  ge  qui  le  reprefentoit   ;  Si  j'ai  trouvé 
,,  grâce  devant  vous  ,  donnez-moi  un  fî- 
,,  gne  qucc'clt  vous  qui  parlez  àmoi ,  & 
,,  ne  vous  retirez  point  d'ici  jufqu'à  ce 
,,  que  je  retourne  vers  vous,  &  quej'ap- 
0,  porte  un  facrifice  pour  vous  l'oflrir.  Il 

lui 


^vec  l'Idolat,  Grecque  er  Rom,    8 1 
lui  repondit  :  j'attendrai  votre  retour.  ^'^ 
Nec  recédas  ,  donec  rêver tar  ad  te  poitamja' 
crificium ,  c^*  ofjcram  tibi.  Gedcon  citant 
entré  chez  foi  fit  cuire  un  chevreau  >&  '^ 
fit  d'une  mefure  de   farine  des  pains  '^ 
fans  levain,  &  aiant  mis  la  chair  dans  *^ 
une  corbeille,  &  le  jus  de  la  chair  dans  ''^ 
un  pot,  il  apporta  tout  fous  le  cherne  "^ 
oii  l'Ange  eftoit,  &  lui  offrit ,  croiant  '^ 

3ue  c'eftoit  le  Seigneur.  Cette  offran- 
e  d'un  chevreau  cuit  eft  appellée  un 
façrifice.   Pourquoi  donc  l'offrande  de 
la  tête  &  des  chairs  cuites  d'un  pour- 
ceau ou  d'une  chèvre  ,  qui  n'ont  efté 
immolées  que  pour  être  offertes  à  Con- 
fucius ,  &  dont  on  lui  offre  les  poils  & 
le  fang  dans  la  même  cérémonie  ,  ne 
feroit-elle  pas  un  vrai  façrifice  ?  Théo-  Thsoai^ret. 
doret  a  remarqué  que  l'Ange  eftant  bien  i^'5/^'^^ 
éloigne   de   recevoir  un   honneur  qui 
n'clf  dii  qu'à  Dieu,  fit  la  fondion  de 
Prêtre ,  &  frappant  la  pierre  avec  la 
verge  qu'il  tenoit  en  fa  main,  il  coa- 
fumapar  un  feu  miraculeux  la  chair  & 
les  pains  que  Gedeon  lui  avoir  prefen- 
tcz.  Confeflim  ergo  diéîis  fidem  adhibevs  ;, 
obtulit  facrificium  :  fed  Angélus  honorent  Deo 
debitttm  non  fttrripuit  :  verùm  Sacerdotis  off- 
ciofttnâfus  efî  ,  virgaque  percutiens  petravi , 
igné  prodigiofo  hofliam  totam  exujjit.  Q^ua  nd 
on  offre  à  Confucius  les  poils ,  le  làng, . 
&  les  chairs  cuites   des  animaux  qiii 
ont  efté  égorgez  le  jour  précèdent,  il 
n'y  a  pas  de  doute  que  le  Démon  tou- 

D  5  jours 


s  i  Conformité  des  Cerem.  Chirù 
jours  prêrs  à  ravir  les  honneurs  qui  ne 
font  dus  qu'à  Dieu,  nefe  trouve  à  cet- 
te cérémonie  pour  recevoir  lefacrifice. 
4.  La  cérémonie  d'éprouver  les  vidi- 
mes  avec  du  vin ,  que  lesLettrez  delà 
Chine  obfervent  dans  leurs  facrifices, 
s'obfervoitaufli  dans  l'ancienne  Rome. 
Virgile  en  parle  dans  fon  -ffineide ,  où 
il  reprefente  la  belle  Didon  tenant  en 
fa  main  une  coupe,  &  en  répandant  le 
vin  entre  les  cornes  d'une  vache  blan- 
che qui  devoir  être  facrifiée. 
c^neîd.  4«     Jpj}j  tctiem pateram  dextrâpuUherrimaDido 

Candentis  vacca  média  intcr  cormia  fudit. 
Servim:  Cette  adion  5  dit  Servius ,  n'eftoit  pas 
h'onefifa-wxi  facrifice  5  mais  une  cérémonie  qui 
(rificium,  ^  faifoit  Dour  éprouver  la  vidime.  Et 
txphratio ,  Cïi  un  autre  endroit  le  même  roete  oit 
fttrttm  a^ta  que  le  Prêtre  de  Proferpine  choifit  qua- 
^''  tre  jeunes  taureaux  noirs,  &  leur^etta 

du  vin  fur  le   front  ,  pour  voir  s'ils 
tjfjitii  6  ^^oï^"^  propres  à' être  immolez  à  la 
Déefle. 

Qiiaîuor  fjic  p-imùm  vigrnntes  terga  ju- 

vencos 
Conflituit  5  jrontiqm  inv€i-git  vina  Saccr- 

dos. 
La  cérémonie  d'offrir  les  poils  àzs 
vidimes  s'obfervoit  auffi  dans  les  facri- 
fices  des  anciens  idolâtres,  comme  elle 
s'obferve  à  la  Chine  dans  ceux  que  les 
Lettrez  offrent  àConfucius  &aux  An- 
ceftres  défuns,  avec  cette  différence, 
qu2  c£u.x-là  bruloient  ces  poils  dans  les 

bra- 


yJvec  tldoUt.  Grecque  &  Ront.    8  5 
brafiersqui  elloienc  allumez  dans  leurs 
Temples,  &  que  ceux-ci  les  enterrent 
dehors  après  les  avoir  offerts.  Virgile <>^«'^'  ^* 
parle  de  cette  cérémonie  : 

Et  Jitmmas  carpem  média  îtjter  ccrnuafe^ 
taSi 

Ign'tbus  imponit  facris  libamina  primis. 

Homère  fait   mention  de  la  même  J^""'-iJ^^'**' 
cérémonie,  comme  a  remarqué  Denis  '^'  '  ''^' 
Halicarnafle. 

Enfin  les  anciens  Romains  fe  prepa- 
roient  par  la  continence  à  offrir  des fa- 
crifices  à  leurs  Dieux,  comme  les  Let- 
trez  de  la  Chine  fe  préparent  à  ceux 
de  Confucius  &des  Anceftres  parl'ab- 
ftinence  de  viande,  de  vin,  des  fem- 
mes, &  des  divertiffemens.  L'Empe-" 
reur  Alexandre  Severe  otfroit  tous^les  **^ 
matins  des  facrifices  dans  Ton  Oratoire  '*^ 
domeftique,aux  Empereurs  quiavoient  *' 
efté  mis  au  nombre  des  Dieux,  &  qu'il  *^ 
jugeoit  avoir  mieux  mjrité  cet  honneur  '^ 

f>ar  leur  vertu  ,  aux  Ames  qu'il  eftimoit  ^^ 
es  plus  faintes ,  à  Apollonius  ,  Orphée,  " 
Abraham  ,  Jesus-Christ  ,  &  à  d'au-  «^ 
très  femblables  D4eux ,  quand  il  le  pou-  '^ 
voit  faire,  &  qu'il  n'avoit  point  eude  «' 
commerce  avec  fa  femme ,  comme  rap-  '^ 
porte  Lamprid.  Si  facultas  effet ,  fi  iion^^^^^fK 
cum  uxore  cuh'iijfet  ^  mattttims  horis  in  Lara-  ^""^P^' 
rioftio rem  divinam  faciebat.  Les  cé- 
rémonies de  l'Idolâtrie  Romaine  ,  dont. 
),'ai  parlé  dans  ce  Chapitre,  n'-ftoient 
pas  purement  civiles :,  mais  religieufes. 

D  (S  &:fu.- 


§4      Conformité  des  Cerem.  Chin, 

&:  fuperlîitieufes.  Si  elles  ne  fe  pou-- 
voienc  permettre  ni  tolérer  aux  Chré- 
tiens, comment  peut-on  foutenir  que 
celles  de  la  Chine  qui  leur  font  fem- 
blables^fontd'un  ufage  purement  civil 
&  politique,  qu'elles  font  innocentes 
ou  indifférentes,  &  qu'elles  fe  peuvent 
tolérer  aux  nouveaux   Chrétiens  ? 

Les  Mahometans  de  la  Chine  (ledi- 
rai-je  ?  )  jugent  plus  faintementdu  cul- 
te &  des  cérémonies  Chinoifes  ,  que 
ceux  qui  ont  entrepris  de  les  juftifier 
&  de  les  défendre  devant  la  S.  Con- 
grégation du  faint  Office,  &  devant  le 
faint  Siège.  Les  Chinois  méprifentles 
Mores  comme  des  étrangers  ,  &  les 
Mores  qui  font  profeffion  de  la  Reli- 
.-  S^*^"  ^^  Mahomet,  méprifent  les  Chi- 
uic^'f.  i!  nois  comme  des  Idolâtres  &  des  Gen- 
^*?'  10,  tils,  comme  a  remarqué  le  P.  Semedo 
Jefuite.  Il  nous  apprend  auffi  que  les 
Mores  époufent  afTez  ordinairement 
des  femmes  Chinoifes  ,  parce  que  les 
femmes  fuivent  la  Religioit  de  leurs 
maris  :  mais  qu'ils  ne  donnent  jamais 
leurs  filles  en  mariage  aux  Chinois,  de 
crainte  qu*el!es  ne  quittent  la  Religior» 
de  leurs  pères ,  &  qu'elles  ne  devien- 
nent Idolâtres.  (Quelques-uns  de  ces 
Mores  ,  qui  fe  font  fort  multipliez 
dans  la  Chine,  prennent  des  Degrez 
dans  la  Sedle  des  Lettrez  ,  &  ils  arri- 
vent par  ce  moyen  aux  Mandarinats 
du  fécond  Ordre  :  mais  les  autres  Mo- 

jres 


Stmedo  Re 
lationis  Si 


Avec  r/doUt.  Grecque  &  Rom,  S  5 
res  les  regardent  &  les  traitent  comme 
des  Apoftats  de  la  Religion  Mahometa- 
ne  ,  dit  rilliiftrinime  Navarrette  :  tant  uavarrttte 
ils  font  perfuadez  que  les  cérémonies  Tom.  i. 
Chinoifes  que  les  Lettrez  obfervent  J^^g'^g^'^^'^^^ 
dans  le  culte  de  Confucius&:  des  morts, 
font  inalliables  avec  le  culte  du  vrai 
Dieu ,  &  qu'elles  font  Payennes  &  Ido- 
lâtres. Ceux  donc  qui  ont  entrepris  de 
les  juflificr  &  de  les  défendre  à  quel- 
que prix  que  ce  foit,  doivent  craindre 
que  ces  Mahometans  ne  s'élèvent  con- 
tr'eux  au  jugement  dernier,  &  qu'ils 
ne  les  condamnent ,  parce  qu'ils  ne  veu- 
lent pas  condamner  une  idolâtrie  & 
des  fuperftitions  que  les  feules  lumiè- 
res de  la.  raifon  &  de  la  loi  de  nature 
leur  font  rejetter  avec  exécration. 5«r-ji/j^,^,  ,j, 
gevt  in  juduio  cum  générations  ifla  ^  <^  coU" 
iknwabtmt  cam^ 


C.H  A  P  I  T  R  E     V. 

Convenance  des  honneurs  que  les  Chinois  ren- 
dent à  leurs  Ancejîres  défunts ,  avec  ceux 
que  les  anciens  Idolâtres  ont  rendus  au3t 
Dieux  Mânes  ^  Pénates  3  ou  Domefii- 
que  s» 

LE  cuire  des  Lettrez  de  la  Chine  eft 
encore  conforme  à  celui  des  an- 
ciens Idolâtres  Grecs  &  Romains  dans 
les  honneurs  qu'ils  rendent  aux  Ance- 

flres 


S6  Conformité  des  Cerem.  Chln, 
ftres  défunts.  Ceux-là  les  appelloient 
Dieux  Mânes,  Dieux  Pénates  ou  Do- 
mcftiques  :  ceux-ci  les  appellent  Ef- 
prits  des  défunts,  prenant  le  nonud'ef^ 
prit  pour  les  parties  les  plus  fubtilesde 
la  matière.  Ceux-là  invoquoient  les 
Dieux  Mânes  ,  &  les  fupplioient  de 
leur  être  favorables  : 
Virgiî.    ,3  Vos  ô  mihi ,  Mnnes  3 

c^'"^'  ^^      Efte  hmnr 

^^"  j.  Ceux-ci  invoquent  leurs  Anceflres, 
comme  le  Reverendifllme  P.  Varo  le 
prouve  dans  fon  Traité  par  le  Rituel 
Liki ,  &  par  les  autres  ,  par  les  Livres 
claflîques  5  &  par  plufieurs  autres  té- 
moignages, expériences  &  exemples: 
&  l'Illuftriffime  AleonifTa  dans  fa  Ré- 
ponfe  à  Monfeigneur  le  Cardinal  Ca- 
fanate ,  tombe  d'accord  que  les  Rituels 
prefcrivent  des  prières  adrefTées  aux 
Anceftres,  au  moins  dans  les  neceffitez 
publiques  ,  &  que  le  peuple  efpere 
communément  des  biens  des  Défunts. 
Lesanciens  Idolâtres  d'Europe  plloient 
fur  les  tombeaux  de  leurs  Anccftres  les» 
confulrer  comme  des  Oracles,  félon  la 
remarque  de  Tertullicn,  qui  confirme 
la  veriré  de  ce  fait  par  le  témoignoge 
d'Heraclide,de  Nimphodore  &d'He- 
TtrtnH'  lib'  Todote  :  NafamoTjas  propr'm  oracula  ûpuà 
jt  Anima  y p^rentum  fepulch'n  mnff-tando  cctftoi'e.  Les 
«•  î7'  Chinois  confultent  kurs  morts,  non 
feulement  fur  leurs  tombeaux  ,  mais 
dans  leurs  Temples  Se  dans  leurs  Mai- 

fon?, 


intums 


Avtc  ridoUt.  Grecque  &  Rom,    8  7 
fons,  fur  toutes  leurs  affaires  Domefti- 
ques,  &  ils  leur  en  donnent  avis.  Les 
anciens    Idolâtres    confervoient    avec 
pieté  lesimages  de  leurs  morts,  &leur 
rendoient  un  culte  religieux.  Les  en- 
fans  defirant  paffionnément  de  voiries 
images  de  leurs  pères,  &  de  conferver 
leur  mémoire  dans  leursftatueS:,cequi 
n'avoit  d'abord  efté  inventé  que  pour 
la  confolation  desvivans,  devintbien- 
tofl:  un  culte  de  religion  ,  dit  Minu-  j^j, 
ci  us  Félix.  Dum  Regesftios  coluttt  re/igiosèj  Félix  m 
dtim  defufiâos  eos  ckjtdiravt   itj  imagwilms  ^^«'•''•* 
vJdere;  dum  geftiunt  ftioium  memorinsinftn' 
ttiis  dctincte ,  fiera  faâafint,  Quafuenmt 
iijfumpta  folatia. 

Les  Chinois  ne  rendent -ils  pas  des 
Jionneurs  religieux  aux  tableaux  &aux 
tablettes  de  leurs  Anceftres  ?  Nclesre- 

f;ardent  -  ils  pas  comme  les  trônes  de 
eurs  Efprits  ?  Ne  croient-ils  pas  qu'ils 
y  font  attachez  par  une  efpece  de  con- 
fecration  particulière  ,  tout  de  même 
que  les  anciens  Idolâtres  croioient  que 
leurs  Dieux  eftoient  comme  incorpo- 
rez dans  leurs  Idoles  ,  qu'ils  y  habi- 
toient  ,  ou  du  moins  que  leur  vesru  y 
cftoit  renfermée  :  Quafi  fatum  confecra- 
tione  mutantes  ^  dit  Tertuîlien.  Ils  par-  Apthg,  tl 
loient  à  ces  ftatues ,  comme  s'il  y  avoit  xi. 
eu  une  vertu  prefentc  dans  ces  corps 
infenfibleSjils  les  flatoicnt,  &  ils  leur 
demandoient  des  grâces.  Lubricnîum  la^ 
pidein  ^  ex  o/ivi  uiigiiinc foididatiim  3  tan- 

quàm 


8  8       Conformité  des  Cerem .  Chin, 
quam  inepa  vis  prajcns  ^  ndidabar ,  affahar  y 
AàverL       ^  hejjeficia  pofcchajn ,  mhil  fentioitc  de  trttn- 
Gtnt.         co;  dit  Arnobe.  Les  Lettrez  de  la  Chi- 
ne ne   croient-ils  pas   que  les  Efprits 
de  leurs  morts  habitent  dans  leurs  ta- 
Voyez  l'A'  blettes  }Sedes  Avifiîa  N.  Ne  leur  parlent- 

polopie    aes  .,  -   vt      i  i  »  -i'  i 

Domt».       ils  pas  /  Ne  leur  demandent-ils  pas  des 

Mijfionn.     biens,  &  n*cn  efperent-ils  pas  d'eux, 

dciaCbiue,  comme  on  Ta  piouvé  ailleurs  par  des 

témoignages  irréprochables,  &  parles 

Rituels  mêmes  de  l'Empire  ? 

I,es  Miflionnaires  de  l'ancienne  Ro- 
me faifoient  tous  les  jours  des  facrifî- 
Ttantuiîn    ^^^  ^"^  Dieux  Manes.  Plante  fait  dire 
AtdtUar,     à  UH  de  CCS  Dieux  domeftiques  :   cet 
55  homme  a  une  fille  qui  m'offre  tous  les 
35  jours  de  l'encens,  du  vin,  &  d'autres 
51  chofes,  &  elle  me  fait  une  couronne.. 
53      Huk  FïTin  un  a  ejl  :  ea  mihi  quotidiè , 
55      Ait  thîire  ,  mit  v'mo ,  aut  oliquî  fimpcr 
3>  Jtippîkat  y 

s 3  Dût  mihi  coronnm. 
n^^EJ  "  ^^  Poète  Tibulle  apoftrophe  ainû 
i,  *  55  les  Dieux  Manes  :  Venez  ,  o  Dieux, 
53  ne  méprifez  pas  les  dons  que  nous  vous 
55  offrons,  les  viandes  d'une  pauvre  table, 
53  que  nous  vous  prefentons  dans  des  vaif- 
33  féaux  de  terre  bien  propres  &  bien 
53  purs. 

Adjttis  Divi ,  nec  V9S  è  p/tupere  met/fa 
Dotia ,  nec  è pmis  f])ernite  fiâHibm, 
Les  Chinois  ne  brûlent-ils  pas  des 
parfums  &  des  bougies  devant  les  ta- 
bleaux &  les  tablettes  de  leurs  morts  ? 

Ne 


j4vec  ridolat.  Grecque  tà*  Rom»    89 
Ne   leur  otfrent-ils  pas  des  viandes  , 
du  vin,  &  d'autres  fruits  de  la  terre? 
N'invitent-ils  pas  leurs  Efprits  avenir 
fe  raflafierde  ce  qu'ils  leur  offrent?  Ec 
n'eft-ce  pas  ce  nue  les  anciens  Apolo- 
giftes  de  notre  Religion  reprochoient 
aux  Payens  ?  Cihis  novis  atiâîificatïs  Deos , 
dit  Arnobe,  nidorïbM  cohomjiatis  é^  fie-  j4rnoh.  lih, 
cis  :  é^  quia  nobis  jucundn  c^  gratafint  ea  7-  adverf, 
qua  vos  aîunt  ,  Tieos  eùam  creditis  in  eorum    '"  ^** 
afflucre  voluptates ,  latratoriim  é^  canum  ri- 
tu  offls  favitias ponere  ,  atque  alludere  porri- 
getitibuifapifta. 

Peut-on  juftifkr  en  aucune  manière 
les  honneurs  que  les  Chinois  rendent 
aux  tablettes  de  leurs  Ancêtres  qui  font 
morts  dans  l'infidélité ,  les  proftrations, 
les  illuminations,  lesencenfemens,les 
facrifices  &  les  offrandes  ;  la  cérémo- 
nie de  tirer  au  fort  un  jour  heureux 
pour  le  facrifice  folennel  qu'ils   leur 
font,  d'éprouver  les  vi(5limes  avec  une 
liqueur  chaude  ,   d'en  offrir  les  poils 
&  le  fang  aux  morts  i  de  fe  préparer 
à  ces  facrifices  par  l'abftinence  5  le  jeû- 
ne ,  &  la  continence,  comme  à  ceux 
de  Confucius?  Si  l'on  confidere  la  fo- 
brieté  de  l'Eglife  pendant  les  premiers 
fiecles   dans  la  manière  d'honorer  les    ' 
Images  des  Sains i  fi  l'on  fait  attention  J(Z„^'  '^* 
aux  définitions  &  aux  décrets  des  Con- 
ciles,  qui  n'ont  autorizé  les  ceremo- ^''""'- TJL'" 
nies  de  faire  brûler  devant  elles  des  cier-  ^1^^'  ■''*' 
ges ,  de  les  orner  de  fleurs ,  de  les  fa- 

luefj, 


po  Coyîformltides  Cerem,  Chm, 
luer  3  &  de  les  encenfer,  qui  font  de 
pure  difcipline,  que  parce  qu'elles  re- 
prefentent  les  Saints,  qui  ont  une  ex- 
cellence qui  mérite  d'eftre  honorée  par 
rapport  à  Dieu  dont  ils  font  les  amis, 
&■  dont  ils  jouïflent  dans  la  gloire  : 
non  qu'elle  reconnoifTe  aucune  vertu 
dans  ces  Images  5  non  qu'elle  croie  que 
les  Saints  mêmes  foient  le  dernier  ter- 
me de  ces  honneurs,  mais  parce  qu'ils 
fe  rapportent  à  Dieu  ,  qui  eft  admira- 

r^i.  67.  i^ig  ôc  glorieux  en  fes  Saints,  &  qui 
veut  être  honoré  en  leurs  perfonnes  : 
comment  peut-on  excufer  ,  juftifier, 
foutenir  ,  ou  tolérer  les  honneurs  que 
les  Chinois  rendent  aux  Images  &  aux 
tablettes  de  leurs  morts,  qui  font  dam- 
nez avec  le  diable  &  avec  fes  anges  ? 
Des  honneurs  qui  fe  terminent  à  leurs 
Efprits  qu'ils  y  croient  réellement  pre- 
fens?  Des  honneurs  qui  ne  fe  peuvent 

J'l'.'&l\  rapporter  à  Dieu  qui  les  défend  &"  les 
condamne  par  le  premier  précepte 
du  Decalogue  ?  iVow  fncics  tibi  fcnlptile 
me  fimïlïtudincm  omnium  qiid  in  Calo  ftmt 
dt'Juper  y  cb"  ^«<f  /«  terra  decrjum.  Non  ado- 
rahis  en  ,    cb"  ffon  colcs.    Ego  cmm  juin  Do- 

Matth,  4.    minus  Dem  tuuâ. , .   Dominnm  Deum  tuum 

*®'  ûdorabis  ,  ^  il/i  fi/i  Jlrvics . 

Si  les  Pères  ont  condamné  comme 
une  erreur  trés-pernicieufe  ,  &  com- 
me une  fuperftition  Payenne,  la  cou- 
tume de  ceux  qui  portoicnt  des  vian- 
des fur  les  tombeaux  des  morts  3  com- 
me 


Deuttrtm» 


40- 


Avec  ridoUt,  Grecque  &  Rom,   9 1 
me  fî  les  Ames  feparces  prenoient  une 
nourriture  corporelle  :  Miror  cur  nptid An3er 
quoi  dam  Infidèles  hodiè  tam  perniciofM  error  "î*"**  '^"!' 
mcrevent ,  utjtiper  tumulos  Uejtinaorum  a-  Cathedra  S. 
hos  <^  vina  conférant  ,  qnafi  egrcfa  de  cor-  Pétri  ,  *}td 
poribM anima carnoks cthostequirant :  Com-  "*„"j/^"  ^^"^ 
ment  pourra-t-on  foutenir  qu'il  n*y  ^^M^njUni  ' 
point  de  fuperftition  dans  la  ceremo-r<»w.  j.  efl 
nie  ChinoiTe  d'offrir  des  viandes  aux  ^^• 
Efprits  des  morts,    &  de  les  inviter- 
à  venir  fe  rejouir  &  fe  raflafîer  de  ce 
Qu'on  leur  otTre  ?   Le  fécond  Concile 
de  Tours  en  5(^7.  condamne  une  fem- 
blable  coutume  comme  une  cérémonie 
&  une  erreur  Payenne.   Sunt  qui  infe-  Can.  zaï 
fiivitate  Cathedra  Domim  Pctri  Apojioli  cibos 
wortttis  offerunt  ,  ^  pojî  Miffas  redenntes 
4id  domos  proprias ,  ad  Gcntilium  reverttmtttr 
rrrores.  En  effet  l'ancien  Calendrier  de 
Rome  5   du  tems  que  l'Idolâtrie  y  ré- 
gnoit  ,   marque  une  fête  appelle  Fera-* 
lia ^\t  lo.  de  Février,  qui  duroit  pref- 
que  jufqu'à  la  fin  du  mois.    Elle  eftoit 
confacréc    aux  Dieux  Mânes  j    &  les 
Payens  portoicnt  des  viandes   fur  les 
tombeaux  des  morts  pour  fe  les  rendre 
favorables,  comme  remarque  le  dodle 
V a  ro n .    FWa/ia  ab  inferiis  (^  feretido ,  qmd  i/^aro,  Ub.  c 
fertmt  tnm  epu/a^  adjcpttkhrutn  ,  qu'eue  jus  de  LtngM4t 
ibiparentare.    C'eft  ce  que  font  lesChi-  ^^^^»'*' 
nois  dans  les  Temples  ,  fur  les  tom- 
beaux ,  &  dans  leurs  maifons  ,  devairt 
les  tablettes  de  leurs  Ancêtres. 
Les  anciens  Romains  ^  outre  le  culee 

qu'ils 


p2  Conformité  des  Cerem,  Chirt, 
«ju'ils  rendoient  tous  les  jours  à  leurs 
Dieux  Pénates  ou  domeftiques  ,  leur 
ofTroient  tous  les  ans  un  facrifice  pu- 
blic &  folennel  dans  les  carefours  de 
Rome  5  &  ils  leur  immoloient  des  pour- 
ceaux, comme  nous  l'apprend  le  Poè- 

fr^^?"*  te  Properce  ; 

Uè,L  '  Pnrvafnghjatiîîijirahantcompitnporci. 

Les  Chinois  honorent  tous  les  jours 
•leurs  Anceftres  défunts  dans  leurs  mai- 
fons  par  des  offrandes  particulières,  & 
ils  leur  offrent  des  facrifîces  publics  & 
folemnels  dans  les  Temples  qui  leur 
font  dédiez,  &  les  vidimes  les  plus  or- 
dinaires qu'ils  leur  immolent,  &dont 
ils  leur  oft'rent  la  tête  &  la  chair,  font 
des  pourceaux.  Si  l'on  jultifie  ,  fî  l'on 
approuve,  fî  l'on  tolère  ces  offrandes  & 
ces  cérémonies  ,  on  pourra  juftifier  , 
approuver,  &  tolérer  celles  avec  lef- 
quelles  les  Idolâtres  de  l'ancienne  Ro- 
me honoroient  leurs  Dieux  Mânes. 


CHAPITRE    VI. 

Qù  Von  fait  voir  h  mceffité  d'une  Dhifton 
promte,  c faire  ,  é^  precifedes  Controvtr^ 
fes  de  la  Cime  par  le  faint  Sicge  Apofto- 
liqne. 

SI  jamais  la  décifion  promte  ,  clii- 
rc,  &  précife  d'une  controverfede 
foi  par  le  faint  Sicge  a  cfté  neccifaire, 

celle 


AvecTIdolat,  Grecque  &  Rom,  95 
celle  descontroverfcs  de  la  Chine  l'cft 
abfolumenc  t  plufieurs  raifons  invinci- 
bles en  font  voir  la  neceffité.  Cette  dé- 
cifion  eft  neceflaire  pour  la  gloire  de 
Dieu,  pour  le  bien  de  l'Eglife,  pour 
le  falut  des  nouveaux   Chrétiens  ,   & 

f>our  l'honneur  du  fainr  Siège  Apofto- 
ique. 
La  gloire  de  Dieu  demande  que  la 

Îmrete  de  Ton  culte  foit  confervée ,  que  . 
e  Chriftianifme  ne  foit  pas  fouillé  par 
un  meflange  de  fuperflitions&  d'idolâ- 
trie, que  l'Evangile  foit  prêché  par  les 
Miflîonnaires  d'Qrient  ,  comme  il  a 
autre-fois  efté  prêché  par  les  Apôtres 
«&  par  leurs  Difciplesj  que  la  parole 
de  Dieu  &  la  dodrine  de  la  foi  ne  foie 
point  corrompue;  que  le  fondement  de 
la  nouvelle  Chrétienté,  qui  n'eft  autre 
que  Je  su  s- Christ  crucifié,  foie 
inébranlable  dans  l'Eglife  naiflante  de 
la  Chine,  de  la  Cochinchine  ,  &  du 
Tonquin  ;  que  rabomination  de  lade- 
folation ,  c'eft-à-dire,  cette  infcription. 
Adorez  le  Ciel,  foit  orée  du  lieu  Saint, 
qu'il  ne  foit  pas  permis  aux  nouveaux 
Chrétiens  d'offrir  des  facrifices  à  Con- 
fucius  &  à  Jesus-Christ  tout  enfem- 
ble  ,  de  fervir  à  ces  deteftables  offran- 
des, d'y  affifler,  d'y  participer,  de  fe 
.  profterner  devant  les  tableaux  ou  les 
cartouches  qui  font  regardez  par  les 
infidèles  comme  le  fîegc  de  fonEfprir, 
de  lui  offrir  de  l'encens,  des  cierges  ou 

des 


94  Conformité  des  Cerem.  '  Chtn, 
des  bougies ,  des  viandes-,  du  vin,  des 
|)ieces  d'étofe  defoye  ,  comme  au7;vj- 
fnint  Moitre  5  qu'il  ne  foit  pas  permis 
aux  Mandarins  ou  Gouverneurs  Chré- 
tiens d'officier  ou  d^afïifter  aux  offran- 
des folemnelles  ou  moins  folemnelles 
■de  Confucius;  que  le  cult£  des  morts, 
leurs  tablettes,  les  offrandes  &  toutes 
les  cérémonies  qui  fe  font  par  les  Chi- 
nois de  la  Sede  tnême  des  Lettrez  pour 
les  honorer,  foient  abolies  dans  la  nou- 
velle Chrétienté;  qu'il  foit  défendu  à 
tous  Millionnaires  Apofloliques  ,  de 
quelque  Ordre  &  de  quelque  Inftituc 
qu'ils  puiffent  €trc,  même  de  la  Com- 
pagnie de  Jefiis ,  &  à  tous  les  Chrétiens 
de  la  Chine,  &des  Roiaumes  voifins, 
de  foutenir  dans  la  fpeculation  ,ou  de 
fuivre  dans  la  pratique ,  aucune  des  pro- 
positions que  la  facrée  Congrégation 
&  le  faint  Siège  auront  qualifiées  & 
condamnées  touchant  le  culte  de  Con- 
fucius &  des  morts  ,  l'infcription  , 
Adorez  le  Ciel i  &  les  autres  points  con- 
troverfez  à  la  Chine;  &  aux  Million- 
naires de  tolérer  les  ufages  &  coutu- 
mes criminelles ,  profanes,  fuperftitieu- 
fes,  idolâtres,  que  la  facrée  Congréga- 
tion &:  le  fouverain  Pontife  auront  pro- 
scrites ,  fous  peine  d'excommunication 
refervée  au  Pape ,  qu'ils  encoureronc 
par  le  feul  fait,  &  fous  peine  d'être 
chafl'ez  de  la  Mifîion  par  les  Vicaires 
Aportoliques ,  coHittic  indignes  d'an- 
noncer 


^vec  tldoUt.  Crec<jugci*  Rom,  95 
iioncer  l'Evangile.  Il  ne  s'agit  pas  de 
ces  oueftions  indifférentes  que  Dieu& 
l'Eglife  abandonnent  aux  difputes  des 
Théologiens  de  l'Ecole  s  il  s'aeit  deU 
fubllance  &  du  fondement  de  Ta  Reli- 
gion ,  de  la  foi  par  laquelle  nous  fom- 
mes  Chrétiens  Catholiques,  Il  s'agic 
de  permettre  &  de  tolérer  ,  ou  de  dé- 
fendre l'idolâtrie  ,  la  fuperftition ,  & 
toutes  les  cérémonies  quicompofentle 
culte  profane  de  la  Se(5le  Chinoifedes 
Lettrez.  Il  efl  écrit  ,  Vous  ndoterez  le  Set-  P''»'"^»» 
£neM-  votre  Dieu ,  c^*  w«J  ncjcrvtrez  que  Im^^  Jo, 
Jcul.  C'efl  un  Dieu  jaloux  ,  qui  ne  peut 
foufirir  qu'on  partage  avec  Confucius 
&:  avec  les  Anceftres  défunts,  les  hon- 
neurs qui  ne  font  dus  qu'à  lui.  L'inte- 
reft  de  la  gloire  de  Dieu  demande  donc 
que  les  Controverfes  de  la  Chine  foienc 
promtement  décidées. 

Cette  decifion  n 'efl  pas  moins  necef- 
faire  pour  le  bien  de  l'Eglife ,  &  pour  le 
falut  des  nouveaux  Chreftiens.  Il  eft 
neceffaire  que  l'Eglife  naiïïante  de  la 
Chine  foit  une  dans  fadodrine,  il  faut 
oue  fes  Prédicateurs  &  fes  Miniftres 
Soient  unis  dans  les  mêmes  fentimens, 
tant  en  ce  qui  regarde  les  dogmes  delà 
Religion,  qu'en  ce  qui  regarde  les  rè- 
gles de  la  Morale  Chreftienne  s  qu'il 
n'y  ait  point  de  fchifme  parmi  eux, 
comme  on  en  voit  malheureufementau 
grand  fcandale  de  l'Eglife,  depuis  que 
les  Miffionnaires  de  la  Compagnie  en- 

feignent 


9^  Conformité  des  Cerem,  Chin, 
feignent  &  foutiennent  que  ces  céré- 
monies que  \qs  Vicaires  Apoftoliques 
&  les  Miffionnairesdes  autres  Ordres, 
^  du  Clergé  feculier  de  France  con- 
damnent comme  des  fuperftitions  & 
des  Idolâtries ,  font  innocentes  ou  du 
moins  indifférentes,  &  qu*ils  les  per- 
mettent ou  les  tolèrent  dans  la  prati- 

1.  C»r.  I.  que.  Ohfecro  vos  ,  fi-atres ,  per  nonun  Do- 
niim  noflr't  Jejtt  Chrijii  ,  ut  idtpfum  dicatis 
Ofjwes ,  é^  mil  fint  m  mhis  fchijhuita  j  fitis 
outein  petfeéîi  in  eodetfi  feijjt4  ,  <z^  in  eadem 
fententia.  Dieu  a  parlé  par  la  bouche  des 
Saints  5  il  y  a  eu  plufieurs  Prophètes 
&  plufieurs  Dodeursdepuislc  commen- 
cement du  monde ,  maisilsontannon- 

-,  ce  &  enfeigné  la  même  vérité.    Sicut 

hcuttis  eji  per  os  Sanéîerum^  Il  y  a  plu- 
fieurs Prédicateurs  dans  l'Eglife  de 
Je  sus-Christ  ,  plufieurs  Mifîionnai- 
rcs  que  le  faint  Siège  envoie  par  tout 
le  monde  pour  la  propagation  ae  la  foi, 
mais  ils  doivent  prefcher  le  mêmeEvan- 
-gile  5  &  ils  doivent  avoir  un  même 
langage  en  matière  de  Religion.  C'eft 
l'avantage  que  Dieu  a  promis  à  ion 
,,  Eglife  :    Ce  fera  alors  que  je  rendrai 

S*phoni^^y  pures  les  lèvres  des  peuples  ,  afin  que 

5'^*      ^,  tous  invoquent  le  ivom  du  Seigneur,  Se 

,,  que  tous  fc  foumcttent  à  fon  )ougdans 

un  mcme  efprit.  Ouia  ttmc  reddûtn  popu- 

lis  fûbiiivi  elcdum  ,  ut  wvoctiit  oinncs  iii  vomi- 

•fie  Doinjni ,  (^  Jhviant  ci  humcro  wio.  Et 

comme  quand  les  homipes  entreprirent 

de 


Avec  VIdoUt.  Grecijue  &  Ro?n.  ^7 
de  bâtir  la  tour  de  Babel,  Dieu divila 
leurs  langues pourlesemptcherdecori' 
tinuer&d'achevercet  édifice, dont  leur 
orgueil  avoir  formé  le  dcflcin,  Jesus- 
Christ  a  voulu  que  tous  Tes  Apôtres, 
fes  Prédicateurs  &  fes  Dodeurs  n'euf- 
fent  c[u'une  même  langue  pour  édifier 
rEçlile  ,  pour  travailler  à  la  grande 
&  importante  fonction  du  miniftere 
Evangclique,  &  au  falut  des  hommes 
qu'il  a  rachetez  au  prix  de  Ton  faiig, 
Âlais  fi  quelques  Mifllonnaires  enfei- 
gnent  aux  nouveaux  Chrétiens  que  les 
cérémonies  avec  lefquelles  les  Chinois 
de  la  fedle  des  Lettrez  honorent  Con- 
fucius  &  les  morts,  &  qui  font  décri- 
tes au  premier  Chapitre  de  ce  Traité, 
ne  font  point  contraires  à  la  Loi  de 
Dieu ,  pendant  que  les  Vicaires  Apo- 
ftoliques  &  lesautresMiflionnairesen- 
fei^neront  le  contraire,  les  Chrétiens 
qui  fuivront  Topinion  de  leurs  Maî- 
tres qui  foutiennentqueces  cérémonies 
ne  font  point  idolâtres  ni  fuperftitieu- 
fes,  ne  laiflcront  pas  d*eftre  coupables 
de  fuperftition  ou  d'Idolâtrie  devant 
Dieu  ,  puifque  l'ignorance  de  la  Loi 
de  nature  n'excufe  jamais  5  ne  pouvant 
ctre  invincible,  au  moins  en  ce  qui  re- 
garde les  principes  généraux  ,  &  les 
commandemensduDecalogue.  Qu'ar- 
rivera-t-il  donc  ?  Des  aveugles  en  con- 
duiront d'autres,  &  les  uns  &■  les  autres 
tomberont  dans  le  précipice.  Ileftdonc  a/'T«.  ir. 

E  necef-  ^^' 


98  Conformité  des  Cerem.Ch'm, 
necefl'aire  que  le  faint  Siège  décida 
promptement  ces  controverfes  pour  ar- 
rêter un  fi  grand  mal  ,  &  pour  empê- 
cher que  ces  nouveaux  Chrétiens  & 
leurs  Alilîionnaires  nefc  perdent.  Puis 
donc  que  les  privilèges  de  TEglife  Ro- 
maine font  comme  les  remèdes  de  tou- 
K/ce/.ïfu  1.  te  l'Eglile  Catholique  :  Privilégia  Ro- 
M-pJi.  30.  m  ans  Ecclejta  ,  totiiis  finit  Chrijh  ,  ut  ita 
dicnmiis  ,  remédia  Ecc/efa  Cath'jlica  :  De 
qui  l'Eglife  naiflantede  la  Chine  doit- 
elle  attendre  du  fecours  &  un  prompt 
remède  à  fes  maux  ,  que  de  1  Egiife 
Romaine  &  du  Siège deS.  Pierre,  par 
une  decifion  prompte,  claire  &:  preci- 
fe  des  controverfes  qui  la  divifent  ,  & 
par  le  retranchement  des  fcandalesqui 
la  font  gémir  ? 

Saint  Paul  étant  àTroade,  l'Efpric 
de  Dieu  lui  fit  voir  un  homme  deÂla- 
cedoine  qui  lui  tendoit  les  bras,  iîcqui 
lui  difoit  :  PalTez  en  Macédoine  pour 
^iJ..  16.  9.  nous  fecourir.  Jrojjjtcvs  in  Macedoviain  ^ 
adjuva  nos.  Aujourd'hui  les  Vicaires 
Apoftoliques,  lesMiffionnaires ,  &lcs 
nouveaux  Chrétiens  de  la  Chine  pro- 
ilernez  aux  pieds  du  Pape  ,  fupplient 
Sa  Sainteté  de  jettcr  les  yeux  fur  lepi- 
toiable  état  des  Miinons  ,  fur  la  con- 
fufion  que  les  différentes  opinions  &:lcs 
difi'erentes  pratiques  fur  des  points  ef- 
fcntiels  de  la  Religion  y  caufent  ,  fur 
le  péril  de  la  foi  ,  fur  le  danger  où  cft 
cxpofé  le  falut  d'un  grand  nombre  de 

Ncophy- 


j^V€C  ridohît»  Grecque  ^  Rom,  9^ 
Néophytes  ,  qiiiy mêlent  la  luperftition 
&  l'idolâtrie  avec  le  Chriftianifme  , 
&  celui  des  Mi^ionnaires  qui  les  con- 
duilcnt  ,  &  qui  les  reçoivent  aux  Sa-» 
cremens  nonobftant  leurs  ufages  diabo- 
liques. Irauftcus  ïn  Sinam  ,  ndjnva  nos. 
PafTez  à  la  Chine  :,  Très-faintPere^par 
votre  vigilance  Apoftolique  ,  par  la 
compaflTion  de  votre  cœur  brûlant  de 
zelc  pour  la  gloire  de  Dieu  ,  pour  le 
bien  de  TEgliie,  pour  la  propagation 
de  la  foi  ,  pour  le  falut  des  âmes  5  & 
nous  recourez  par  une  de'cifion  promte, 
claire,  &  precife  des  controverfes  que 
les  Vicaires  Apoftoliques,  &  les  Mifî- 
fîonnaires  de  difterens  Ordres  &  du 
Clergé  feculier  ont  portées  à  votre  Sa- 
cré Tribunal. 

Enfin  l'honneur  du  faint  Siège  de- 
mande que  vous  finiffiez  promtemenc 
ces  controverfes,  qui  font  les  plus  im- 
portantes qui  aient  jamais  été  excitées 
dans  l'Eglife.  Eclairez  des  lumières 
que  Jesus-Christ  a  données  à  l'Egli- 
fe dont  vous  êtes  le  chef,  les  nouveaux 
Chrétiens  de  la  Chine,  dont  plufieurs 
font  dans  les  ténèbres  &  dans  l'ombre 
de  la  mort  par  la  faute  de  leurs  Mif- 
fionnaires,  quiofent juftifier,  permet- 
tre ou  tolérer  leurs  cérémonies,  &  \t% 
honneurs  qu'ils  rendent  à  Confucius 
&  aux  morts.  Menez  ces  pauvres  bre- 
bis à  des  pâturages  falutaires,  vous.qui 
<?tes  le  premier  Paftcur  de  tousses  fi-  "'*♦ 

E  2  Uiélcs  '"^AO/aNa 


I oo     Coriformité des Cerem.  Ch'm, 
déles  &  des  Pafteurs-mêmes  ,  fous  \t 
fouverain  Pafteur  de  nos  amcs  Notre 
t^X'^x- Seigneur  Jesus-Christ.    Répondez- 
ref,  c.  3.     leur  félon  la  tradition  qui  s*eft:  toujours 
j<fri«i;.  lib.  confervée  pure  dans  l'Eglife  de  Rome 
^^M/fn/f.  j^p^-ç  ç^  fondation  par  les  glorieux 
Apôtres  S.  Pierre  &  S.  Paul,  qui  ont 
répandu  tout  leur  fang  avec   la  do(5tri- 
ne  de  la  foi  dans  cette  ville  capitale  du 
monde.    Empêchez  les  hérétiques  de 
blafphémer  encore  contre  l'Eglife  Ro- 
maine &  contre  le  Saint  Siège.  Ils  at- 
tendent aufli-bien  que  les  Catholiques 
la  décifîon  des  controverfes  de  la  Chi- 
ne 5  mais  avec  un  efprit  &  une  difpo- 
fîtion  bien  difl'erente.   Nous  verrons, 
difent-ils  ,   fi  l'Eglife  de  Rome   de  le 
Pape  approuveront  ou  toléreront  la  fu- 
perftition  8c  l'Idolâtrie.  Non,  répon- 
dent les  Catholiques  s  cette  Fglife  n'a 
jamais  approuvé  &  n'approuvera  ja- 
mais l'erreur  ;    elle  n'a  jamais  tolère, 
&  ne  tolérera  jamais  la  fuperftition  ni 
T^utt.  '^^' y\^o\^u\e -i  ni  dans  les  nouvelles  Chré- 
*^'  tientezj  ni  dans  les  anciennes.   JeSus- 

Matt.  16.  Christ  ne  l'abandonnera  jamais,  les 
•^'  portes  de  l'enfer  ne   prévaudront  ja- 

7«j«.  \6.    rnais  contre  elle  ,  le  faint  Efprit  l'é- 
13.  claircra  &  la  conduira  toujours  pour 

décider  les  controverfes  de  la  foi  con- 
formément i  la  parole  de  Dieu  dont 
elle  ell:  l'interprète,   &  la  fidèle  dépo- 
înntcent.x.  Çii2i\YQ,    Elle  emploiera  toutc  l'autori- 
yur!ic.Ro'  ^^  qu'elle  a  reçue  immédiatement  de 
shom.  '  Jésus- 


^vec  lldolat.  Grecque  &  Rom.  i  o  r 
Jesus-Christ  à  décider  cette  aflfaire,  iffrninEp, 
qui  cft  du  nombre  de  ces caufes  Maieu-  wf"""'- 
rcsderEglile,  que  la  vénérable  Anti-  s.  Léo  m, 
quicc  ,  la  Tradition  ,  &  la  coutume  ^P>P-  ^d 
univerfelle  ont  toujours  refervces  au  ^H']-?"]^' 
rapportées  au  jugement  dennitit  du  lamt  ^c. 
Siège  Apoftolique  pour  honorer  la  pri- 
mauté de  puiflance  &  de  jurifdidion 
que  Jesus-Christ  a  donnée  à  S.  Pierre 
&  à  Tes  fucceffeurs.  Elle  décidera  les 
points  concroverfez  entre  les  MifTion- 
naires  de  la  Compagnie  de  Jésus  d'u- 
ne part ,  &  les  Vicaires  Apoftoliques, 
les  iMiiïionnaires  du  Clergé  feculier  de 
France,  de  des  Ordres  de  S.  Domini- 
que &  de  S.  François,  de  l'autre  i  non 
feulement  en  répondant.  Cela  n\'fi  pets 
permis;  ou  Cela  efi permis  ,  comme  font 
ordinairement  les  Docteurs,  mais  par 
une  Decretale  ,  ou  une  Conftitution 
Apollolique  j  femblable  à  celles  de 
Jules  I.  deS.  Damafe,  deSirice,  d'In- 
nocent I.  de  Zofîme  ,  de  Boniface  I. 
de  Celeftin  I.  de  S.  Léon  ,  &  des  au- 
tres Papes,  données  pour  finir  lesque- 
ftions  de  foi,  ou  les  grandes  affaires  de 
difcipline  ,  qui  leur étoient  rapportées 
par  les  Evêques.  Nous  efperons  que  la 
S.  Congrégation  du  faint Office,  &le 
fou verain  Pontife,  qualifieront  &  con- 
damneront fpecifiquement,  en  détail, 
d'une  manière  nette  &  precife,  toutes 
les  propofitions ,  toutes  les  cérémonies, 
tous  les  ufages  qui  feront  à  condam- 

E  l  lier* 


"loi  Conformité  des  Cerem.  Chin, 
lier,  afin  d'arrêter  le  cours  de  toutes 
les  difpures  &  des  fchifmes  qui  pour- 
roient  naître  de  nouveau  à  la  Chine, 
&  de  de'raciner  tous  les  fcandales.  On 
fçait  que  les  Réponfes  données  aux 
doutes  des  Miflîonnaires  Apoftoliques, 
&  les  Décrets  de  mil  fix-cens  quaran- 
te cinq  j  de  mil  fix-cens  cinquante- 
fix  ,  de  mil  fîx-cens  foixante-deux, 
n*cnt  pas  mis  fin  à  ces  controverfes, 
&  aux  funeftes  divifions  qui  durent  de- 
puis plus  defoixanteans  au  grand  pre'- 
judice  des  millions.  La  fageffe  &  l'au- 
torité de  la  Sacrée  Congrégation  &  du 
Vicaire  de  Jesus-Christ  prendront 
des  moiens  convenables  pour  finir  une 
affaire  fi  importante  à  l'Eglife.  Il  ne 
nous  appartient  pas  de  leur  enpréfcri- 
re,  ni  de  leur  en  fuggerer. 

Il  y  a  d'autant  plus  de  lieud'cfpcrer 
une  promte  décifion  ,  que  les  chofes 
dont  il  s'agit  ne  font  pas  difficiles  à  dé- 
cider 5  les  faits  font  tellement  éclair- 
cis,  qu'il  n'y  a  plus  de  fondement  d'en 
douter  :  le  droit eft évident  :  &"iln'eft 
pas  à  propos  d'apporter  des  retarde- 
mcns  au  jugement  d'une  caufe  qui  re- 
garde le  falut  éternel  d'un  nombre  in- 
fini d'ames  j  de  peur  que  le  délai  ne 
fafle  naître  des  incidens  fâcheux  ,  & 
juj^imarint  des  divifions  encorc  plus  funefVesà  l'E- 
Imp.  Epiji.  pWÇc.  Oriownm  me  t/iffîà/ia  ftmt  ans  ceci- 
lium  P.  dci-iwt  w  ammgiatatcm ,  7iec  cxpcait  catijam 
vit  a  protrahi  fcmpitcrux  5  ne  dtlntis  tcmpB* 
rihus  aliqnid  îiajantin'  inccrtius. 


uivec  tldoUt.  GrecqHc  cr  J^om»   i  cr  5 


CHAPITRE    VII. 

Propojitious  à  examiner  é^  à  quahficr  par  la 

S.  Cotjpcgation  du  Jnhit  Office :,  c^  par 

le  failli  Siège, 

I.  T  L  cft  permis  auxMiffionnaircs  &  <^ 
J[aux  Chrétiens  de  la  Chine  de  fe  << 
fervir  pour  fignifier  le  vrai  Dieu,  des  <f 
noms  Chinois  Tien  ,  qui  veut  dire  Le  ««■ 
C/i7;  &  Xawù ,  qui  veut  aire  Le  Roi  if'en-  «^ 
tût/f ,  ou  lefouverain  Empereur  ,  le  Ion  Tu-  «^ 
fage  des  Letrrez  de  la  Chine,  qui  font  <f 
profenion  d'athéifine.  <f 

2.  11  cft  permis  aux  Miflionnairesde  «^ 
la  Chine  d'expofer  dans  leurs  Eglifes,  '^ 
ik  même  fur  l'Autel  ,  un  tableau  ou  ^^ 
une  tablette  avec  cette  infcription  Chi-  «^ 
noife,  Kîtjg  tien  ,  c'eft-à-dire  ,  Alorez  le  '^ 
Ciel ,  quoique  les  Chinois  C-ntils  en-  «^ 
tendent  par  ce  nom  le  Ciel  matériel,  <^<^ 
ou  la  vertu  du  Ciel  ,  qu'ils  appellent  ff 
Ly.  (< 

3.  L'Expofé  du  P.  Martini  Jefuite  <f 
fur  les  cérémonies  Chinoifes ,  prefenté  «^ 
à  la  Congrégation  du  faint  Office  en  «^ 
16^6.  n'eftoit  défedueux  ni  faux  en  «^ 
aucun  point  ,  mais  trcs-exaâ:  &  très-  ^^ 
vrai  en  tous  fes  articles  ,  dans  tous  ^^ 
les  faits  qu'il  contient,  &  dans  toutes  '<^ 
leurs  circonftances.  "^ 

4-  C'cft  une  cérémonie  innocente  &:  <«■ 
E  4  iu- 


I04    Conformité  des  Cerem.  Ch'tn, 

^5  indifférente  ou  puremenr  civile  ,  defai- 
3,  re  des  révérences  à  la  Chinoife ,  &  de 
^j  fe  profterner  devant  le  tableau  ou  le 
^j  cartouche  de  Confucius,  où  eft  cette 
33  infcription  :  Le  ficge  de  VEflnitdti  Très- 
^jfahjt  <^  très-exceVetjt  Maître Confuàus  :  qui 
y^  eft  placé  fur  l'Autel  dans  les  lieux  ou 
yj  Temples  dédiez  à  ce  Philofophe  avec 
_,3  le  fang  des  viâ:imes. 
^,  «j.  La  cérémonie  d'offrir  des  cierges 
j,  ou  des  bougies  &:  des  parfums  à  Con- 
3,  fucius,  &  de  les  faire  brûler  devant  le- 
_.,  dit  tableau  ou  cartouche;  ou  de  i'ho- 
33  norer  par  des  révérences  ,  des  genu- 
, 3  flexions  &  des  proftrarions,  dans  le 
,,  Temple  qui  s'appelle  en  Chinois  Vucn 
^^fjiiûOi  pendant  que  ces  bougies  &  ces 
^,  parfums  brûlent  fur  fon  Autel  ,  n'a 
3,  rien  qui  reflente  la  fuperftition  &  l'i- 
3,  dolàtrie  :  elle  eft  permife  aux  Chré- 
3,  tiens  3  &  ils  peuvent  contribuer  à  la 
^,  dépenfe  de  ce  luminaire  &  de  cespar- 
,j  fums. 

\^  6.  Il  eft  permis  aux  Mandarins  ou 
jj  Gouverneurs  Chrétiens  des  Villes  & 
_j^  des  Bourgs,  à  leurs  Officiers,  &  aux 
^^  Lettrez  j  d'aller  deux  fois  le  mois  au 
_jj  Temple  de  Confucius  ,  appelle  Vucn 
yjViinb,  fçavoir,  à  la  nouvelle  &  pleine 
^j  Lune,  faire  devant  fon  tableau  ou  fon 
3^  cartouche  les  cérémonies  &:les  offran- 
^j  des  prefcrites  par  les  Rituels  ,  par  les 
3^  loix ,  &■  par  la  coutume  de  la  Chine. 
^,      7.  Les  Mandarins  Chréticnspeuvent 

faire 


Avec  ïldoUt,  Grecque  ^  Rem.  i  ©  5 
faire  les  mêmes  cérémonies  &  les  mê- 
mes offrandesjaprès  avoir  pris  polTeflion 
de  leurs  Gouvcrncmens. 

S.  Il  eft  permis  aux  Chre'tiens  d'af- 
iifter  aux  facrifices  ouauxoblationsfo- 
lemnelles  qui  fe  font  àConfuciusdeux 
fois  l'année  ,  au  Printems  &  en  Au- 
tomne ,  d'y  officier,  d'y  fervir,  d'y 
contribuer  ,  d'y  participer  ,  en  rece- 
vant ou  mangeant  des  viandes  qui  lui 
font  offertes,  &  que  les  infidelles  ap- 
pellent la  chah  fa'mte  de  Confiicuis. 

9.  Ces  facrifices  ou  cesoblations,  & 
les  cérémonies  qui  s'y  obfervent  con- 
formément aux  Rituels,  aux  loix,  & 
à  la  coutume  de  la  Chine ,  font  exem- 
tes  d'idolâtrie  &  de  fupcrftition  ,  & 
n'ont  rien  de  contraire  à  la  Loi  de  Dieu. 

10.  Les  cérémonies  fuivantes  font 
des  ufages  purement  civils  &  politi- 
ques. I.  L'épreuve  des  animaux  qui 
doivent  être  immolez  à  Confucius  ou 
aux  morts  ,  en  leur  verfant  dans  les 
oreilles  une  liqueur  chaude.  2.  L'of- 
frande de  leurs  poils  &  de  leur  fang, 
qu'on  enterre  après  les  avoir  offerts. 
3.  L'offrande  des  viandes  &  des  autres 
fruits  de  la  terre  à  Confucius  en  reci- 
tant les  Offertoires  prefcrits  par  les 
Rituels.  4.  L'oblation  &  la  libation 
du  vin  qu'ils  appellent  h  vin  de  la  Féli- 
cité, 5.  La  cérémonie  d'ofl'rirdes  érofes 
de  foie  à  Confucius,  de  brûler  à  Ton 
honneur  ces  ctofes,  ou  des  deniers  de 

E  5  pa- 


1  o6  Conformité  des  Cerem,  Chin, 
3,  papier  argenté  ou  doré^  &  les  papiers 
33  où  les  Ofiertoires  font  écrits.  6.  La; 
33  pre'paration  à  ces  facrifices  ou  à  cesof- 
33  Frandesiolemnellesparles  jeûnes, l'ab- 
33  ftinence,  la  continence,  &c.  7.  D'ac- 
3^  compagner  l'Efprit  de  Confucius. 
3^  II.  Les  Millionnaires  peuvent  per- 
3^  mettre  ou  tolérer  Tufage  de  ces  cere- 
3^  monies  aux  nouveaux  Chrétiens ,  &ad- 
^  mettre  à  la  participation  des  Sacre- 
^  mens  ceux  qui  les  font  &  qui  les  ob- 
3  fervent,  qui  y  cooperem,  qui  y  con- 
^  tribuenti  qui  y  participent,  &  qui  y 
^^  affiftent. 

,  12.  Il  eft  permisaux  Chrétiens  d'of- 
\  ficier,  de  f:;rvir5  de  participer,  d'aiïi- 
fter  aux  offrandes  ou  facrifices  folem- 
nels  ^que  les  Chinois  de  la  Secte  des 
Lettrez  offrent  aux  Anceftres  défunts 
dans  les  lieux  ou  Temples  appeliez 
Chimg  minb ,  ou  chu  ta^iig* 

13.  Les  cérémonies  qui  s'obfervent 
dans  ces  offrandes  ou  facrifices,  &  qui 

^  font  prefcrites  par  les  Rituels,  ordon- 

^  nées  pfir  les  Loix  ,  autorifées  par  les 

^'  livres  clafTiques  ,   &"  par  la  counime, 

font  des  ufnges  purement  civils  &  po- 
'  litiques,excmts  d'idolâtrie  &  de  fuper- 
'  ftition ,   qui  fe  peuvent  permettre  ou 

tolérer. 

14.  Il  eft  permis  aux  Chrétiens  de  la 
Chine  de  conferver  les  tableaux  ou  ta- 

^'  blettes  de  leurs  Anccftres  ,  avec  cette 
3   infcriptioa  Chinoifc,  Xing gocy ,  c'eft- 

à-dire. 


^V4e  Ndolat,  Greccfue é"  Rom.   joj 
à-dire,  Le  Jîege  de  l'Ame  d'un  tel  défunt ,  '^ 
foit    dans  ks  Te^nples  qui    leur  font  '^ 
dcdicz ,   foit  dans  leurs  Chapclks  ou  ^^ 
Oratoires  domeftiques.  '^ 

15.  Il  leur  ell  aulTî  permis  de  faire  '* 
brûler  des  cierges  ou  des  bougies,  &  '^ 
des  parfums  devant  lefdits  tableaux  *^ 
ou  lefdites  tablettes,  de  le  profterner  ^*" 
devant  elles,  en  frapant  la  terre  avec  '^ 
le  front  j  de  leur  offrir  des  viandes,  ^^ 
comme  il  fe  pratique  a  la  Chine,  d'in-  ^^ 
viter  les  Efprits  des  défunts  à  venir  fe  *^ 
réjOuir  &  le  raflalîer  des  chofes  qu'on  ^^ 
leur  offre  j  &  d'efperer  d'eux  les  biens  «^ 
&:  la  profperité  que  le  Maître  des  ce-  «*" 
remonies  promet  en  leur  nom  à  ceux  ^*' 
qui  ont  offert  le  facrifice,  &  aux  afîî-  ^^ 
ftans  ,  conformément  aux  Rituels  de  ^^ 
l'Empire.  «^ 

16.  Les  Chrétiens  peuvent  obferver  '* 
les  cérémonies  que  les  Gentils  de  la  '«" 
Chine  font  devant  les  corps  de  leurs  ^^ 
défunts,  dans  les enterremens, 'dans les  '<■ 
cemetieres,  &  fur  leurs  tombeaux.        '<" 

17.  Les  Miiïîonnaires  peuvent  tôle-  '^ 
rer  les  honneurs  que  les  Chinois  ren-  «^ 
dent  à  leurs  morts  dans  leurs  Tem-  '^ 
pies,  &  dans  leurs  Maifons,  félon  les  *^ 
Rituels  de  l'Empire  ,  les  Livres  claf-  <<" 
fiques ,  les  Loix  des  F^mpereurs,  &  l'u-  ^' 
fage  public  :  &  ils  ne  font  pas  obligez  '^ 
de  réfufer  les  Sacremcns  à  ceux  qui  '^ 
font  tombez  dans  ces  fuperftitions.        ^^ 

18.  La   Philofophie   Chinoife   n'a  *^ 

E  c  rien 


loS    Coyiformh é des  Cerem,  Chm', 
55  rien  de  contraire  à  la  Loi  de  Dieu, 
j,      19.  Il  eft  certain  que  les  anciens  Phi- 
^3  lofophes  de  la  Chine  ont  entendu  par 
35  le  nom  Tai  Kie,  la  caufe  première  de 
35  toutes  chofes  &  le  vrai  Dieu. 
5,      20.  Le  culte  que  Confucius  a  rendu 
3  5  auxEfprits,  n'eftoit  pas  religieux  5  mais 
55  purement  civil. 

5,  21.  Le  livre  Ye  khg  attribué  à  Con- 
j,  fucius,  eft  l'Abrégé  d'une  très-bonne 
j5  &  très-faine  dodtrine ,  Phyfîque  &  JVIo- 
35  raie. 

5,  72.  Ceux  qui  prêtent  fur  gages  pour 
j5  un  certain  tems,  comme  ilfe  pratique 
35  à  la  Chine,  peuvent  non  feulement  exi- 
35  gcr  tous  les  mois  un  certain  denier de- 
55  terminé  par  l'autorité  publique,  mais 
55  aliéner  ou  vendre  le  gage,  u  le  débi- 
55  teur  manque  à  fe  prefenter  au  terme, 
5,  &  à  rendre  le  principal,  &  lefditsprê- 
^,  teurs  peuvent  retenir  juftement  l'inte- 
3,  rcft  qui  fe  paye  tous  les  mois  ,  &  le 
^5  prix  entier  du  gage  ,  quoi  qu'il  excède 
yy  toujours  le  principal,  &  que  le  furplus 
,,  ne  leur  foit  pas  dû  par  titre  même  de 
,5  dédommagement. 

3,  23.  Il  n'y  a  point  d'ufure  à  prêter 
55  de  l'argent  à  trente  pour  cent,  com- 
j,  me  il  fc  pratique  à  la  Chine.  Le  feul 
^5  danger  oùs'expofele  prêteur  de  perdre 
5,  fon  principal  ,  ou  de  ne  le  recouvrer 
,,  qu'avec  beaucoup  de  peine  &  dcditfi- 
,,  culte,  eft  un  titre  légitime  &:  fuffifant 
.>,  pour  exiger  cet  intereft  5  quoique  ce 

dan- 


AvecPidotat.  Grecque  &  Rom,  109  ^^ 
danger  foit  infeparable  du  prêt  ,  &  '^ 
qu'il  foit  plus  grand  quand  on  prête  aux '^ 
pauvres ,  que  quand  on  prête  aux  ri-  '^ 
chcsi  &  quoi  qu'il  n'y  ait  ni  domma-  '^ 
ge  naiflant^  ni  profit  ceflant»  '^ 


CHAPITRE     VIII. 

Ofi  n'apporte  aucune  rnifon  qui  doive  ewpê' 

cher  le  Saint  Siège  de  décider p'omtement 

les  Cofitroverfes  de  la  Chifie, 

Quelles  raifons  peuvent  alléguer 
les  Pères  de  la  Compagnie  pour 
empccher  que  le  Saint  Siège  ne  pro- 
nonce fur  les  propolitions  &  les  cou- 
tumes fufdites  ,  ou  pour  retarder  la 
decifîon  de  ces  Controverfes  ?  J'en  trou- 
ve cinq  par  lefquelles  ils  ont  tâché  de 
furprendre  la  Religion  du  Sereniflîme 
Roy  de  Portugal  ,  &  d'obtenir  de  Sa 
Majefté  des  Lettres  de  recommanda- 
tion  &  de  faveur  au  Pape  &  aux  Car-  RoydeP^r- 
dinaux.  Mais  il  eft  aifé  de  faire  voir  la  tn^aiàMr, 
foibleflTe  &  la  nullité  de  ces  raifons.      ^'  Cardtnai 

wi        1-/.  .  1      Lafanaîtê» 

I.  Ils  difent  premièrement  ,  que  le  <c 
Saint  Siège  a  déjà  jugé  ces  controver-  ce 
fcs  fur  l'Expofé  du  Père  Martini  en  mil  ce 
iîx-censcinquante-fîx ,  que  les  jugemens  ce 
du  faint  Siège  ne  font  pas  fujets  à  re-  ce 
vifion,  &  que  c'eft  commettre  fon  au-  ce 
torité  que  d'innover  quelque  chofedans  ce 
ce  qui  a  efté  décidé.  ce 

On 


«110     Conformité  des  Cerem.Chi/j. 

On  répond  que  rExpofé  du  Père  Mar- 
tini ,  bien  loin  d'eftre  exa6l  ,  eftoit 
très-défedueux  y  Se  faux  en  plufieurs 
points  j  que  lespropofitions ,  les  céré- 
monies &  ks  coutumes  dont  il  s'agit 
maintenant  ,  &  dont  Monfieur  Mai- 
grot  Evefque  nommé  deConon,  Mon- 
teur de  Lyonne  Evefque  nommé  de 
Rofalie,  &  les  autres  Vicaires  &:  Mif- 
fîonnaires  Apoftoliques  du  Clergé  fe- 
culier  &  Régulier  ,  particulièrement 
de  l'Ordre  de  faint  Dominique,  pour- 
fuivent  la  condamnation  devant  le  faint 
Siège  5  ne  font  pas  les  mêmes  que  cel- 
les que  ledit  P.  Martini  décrit  dans  fou 
Expofé  :  que  le  Décret  de  mil  fîx-cens 
cinquante-fîx  a  relation  à  la  manière 
dont  les  faits  furent  propofez  par  ce 
jefuite  :  qu'il  furprit  la  Congrégation 
du  faint  Office  ,  &  le  faint  Siège,  en 
cxpofant  les  chofes  autrement  qu'elles 
n'efloient,  &  qu'elles  ne  font,  &  en 
cachant  &  drflimulant  ce  qu'il  devoir 
expliquer  ,  comme  on  l'a  prouvé  in- 
vinciblement dans  les  pièces  qui  com- 
pofcnt  l'Hiftoirc  latine  du  culte  Chi- 
nois,  de  dans  l'Apologie  des  Domini- 
cains Miflionnaires  de  la  Chine,  de  com- 
me il  paroitra  plus  évidemment  en 
comparant  les  Rcponfes  du  Rcveren- 
difilme  Père  en  Dieu  François  Aleo- 
nifl'a  Evefque  nommé  de  Ecrite,  avec 
l'ExpoIe  du  P.  Martini.  On  ajoute  que 
les  PP.  Jefuices  n'ont  pas  toujours  crà 

que 


^vtc  ridoUt.  Grecque  &  Rom.  r  i  ï 
que  le  fainr  Siège  ne  peut  revoir  ni 
changer  fesDccrcrs  fans  faire  tortàfon 
autorité.  S'ils  l'ont  crû  ,pourquoy  ont- 
ils  pourfuivi  en  milfix-censcirK]uante- 
lîx  la  revifîon  de  la  cairle  décidée  en 
mil  (îx-cens  quarante-cinq  ?'  Pourquoy 
ofent-ils  avancer  qu'Alexandre  VII.  a 
caiTc  par  un  jugement  contradidoire  la 
decifion  d'Innocent  X.  quoyque  cela 
foir  très-faux  ,  comme  on  Pa  prouve 
ailleurs  courre  les  PP.Telier&  le  Go- 
bien  ?  Cela  fait  voir  que  les  Jefuites  Voyex.  l'A" 
ne  font  pas  d'accord  avec  eux-mêmes,  poi^gie  des 
â:  qu'ils  détruifent  leurs  propres  prin- ^^^/"'^y.. 

Cipes.  fionn.  de  Is 

Mais  en  quelle  école  ces  RR.  PP.  ^^>''^- 
ont-ils  appris   que    le  faint  Siège    ne 
peut  toucher  à  fes  Décrets  ,  &  qu'un 
Pape  ne  peut  revoir  ni  examiner  de 
nouveau  ce  qui  a  efté  examiné  &  déci- 
dé par  fes  predecefTeurs  ,    quand  leur* 
religion  a  efté  furprife  par  de  fauffes 
informations,  &  pardefauxExpofez  ? 
N'ont-ils  pas  droit  d'examiner  de  nou- 
veau les  faits  fur  lefquels  ces  Décrets 
font  fondés,  &  dont  on  s'oflVe  défaire 
voir  la  fauffeté  ?  Les  PP.  jefuites  peu- 
vent apprendre  de  faint  Auguftin,que  r 
les  jugcmens  mêmes  des  Conciles  pic- 
niers  ,  qui  regardent  les  faits  &  ladif- 
cipline  ,    peuvent  cftre  revus  &  cor- 
rigez par  d'autres  Conciles  d'une  égale 
autorité  ,   quand  les  faits  qui  eftoienc 
obfcurs  s'éclaircifTcnt ,  Se  que  l'expé- 
rience 


'      112   Conformité  des  Cerem^Cht H, 

rience  découvre  &  fait  connoiflre  ce 
qui  efloit  caché  &  inconnu  auparavant. 
S.  Jîf'.-Hfi.  Ipfaquepleiiariafapcpriora  pcfterioribus emen^ 
lih.  ^.  de i  ^^yj  j  ^;^;;;  aliquo  expermento  reium  apert^ 
i,  \,         tur  qmd  datif nm  erat ,  ^  cognofcittiy  qiiod 
latehat.  Ils  peuvent  apprendre  d'Inno- 
cent troificme ,  que  lesRefcrits  &  les 
Décrets  des  Papes  font  nuls,  quand  on 
les  a  obtenus  fur  de  faux  Expofez  ,  ou 
qu'on  a  furpris  le  faint  Siège  en  difîî- 
Cap.  Sn^tr  mulant  la  vérité  des  faits.   Tacïta  v^ri- 
Litterts ,    tate ,  vdftiggcftafaljîtate.  Ils  peuvent  ap- 
f^^''^''^'"  prendre  d'Alexandre  III.  que  le  faint 
biege  trouve  bon  que  les  hveques  n  exé- 
cutent pas  fes  Refcrits,  quand  ils  ont 
Cap.  Si     efté  obtenus  par  furprife.    Patienter  fu- 
îil"'^''  *    ftinebimus ,  //  no7î  fccms  qmd  prava  ?wbtf 
fuerit  wfïnuatione  fuggeflutn.    Ils  peuvent 
apprendre  de  faint  Bernard ,   que  les 
Papes  ont  coutume  de  révoquer  fans 
peine  lesRefcrits  quiontefté  impetrez 
du  faint  Siège  par  fraude  &  par  fur- 
prife :   &  qu'il  efl  bien  jufte   que   la 
fourberie  &  le  menfonge  ne  foient  pas 
utiles  à  celuy  qui  les  commet,   parti- 
culiercmentdevanr  Icpremier  &  leplus 
S.'BtrnardA^iinx.  Siège  de  l'Eglife.    Hoc  folct  hnbere 
EfiJ},  i8o.  praciputtm  Se  de  s  Apoftolica ,  ut  uon  pigent  te- 
V  oc  are  ,  qttod  h  fc  forte  dcprehcvdmt  fraude 
elicitiim  ,  iwn  veritate  promeritum.  Resphiia 
écquitntis ,  é^  laude  d'ignn  ,  ut  de  mcndacio 
netno  lucre  tur  ,  prafrtim  ûpud  fnrîéfnm  cb^ 
ptimam  Scdem.  C'cft  donc  faire  in)ure 
au  faint  Siège,  c'ell  révoquer  en  doute 

ion 


j^vec  ridoÎAt.  Grecijue  &  Rom.   115 

fon    autorité  ,  c'cft  donner  occafîon 
aux  Hcretiques  de  blâmer  la  fage  con- 
duite des  Vicaires  de  Jesus- Christ, 
de  dire  qu'ils  ne  peuvent  examiner  de 
nouveau  ce  qui  a  efté  jugé  par  leurs 
predecefleurs.  Je  pourrois m'étendre  fur 
cette  matière  ,    &  produire   plufîeurs 
beaux  exemples  de  rHiftoiredeTEgli- 
fe  pour  confirmer  ce  que  j'avance  ,  fî 
ce  que  j'ay  dit  ne  fumfoit  pour  faire 
voir  que  la  première  raifondes  PP.  Je- 
fuites  ne  doit  point  empêcher  la  Sacrée 
Congrégation  &  le  faint  Siège  de  dé- 
cider promtement  les  controverfes  de 
la  Chine. 

2.  Leur  féconde  raifon  n'eft  pas  plus  ccLettredu 
forte.    Ils  ûifent  que   les  cérémonies  u^<"  '« 
Chinoiies  Te  peuvent  tolérer  ,  &  que  ^^^/'^^ffi^ 
cette  tolérance  eft  autoriféepar  Itiduniac ordinal 

Siège.  ççCafanatttt 

On  répond  ,  que  des  ufages  &  des 
cérémonies  contraires  à  la  Loi  de  Dieu 
naturelle  &  écrite  ,  ne  fe  peuvent  ja- 
mais tolérer  ,  fous  prétexte  d'attirer 
plus  de  peuple  à  la  Foi  :  autrement  on 
pourroit  tolérer  la  Poligamie,  &  l'u- 
fure  dans  les  nouvelles  chrétientez  , 
puifque  ces  deux  points  empêchent 
plufîeurs  infidèles  d'embraffer  la  Reli- 
pion  Chrétienne.  Les  Pères  Jefuites 
l'entendent-ils  mieux  que  les  Apôtres 
&  les  hommes  Apoftoliques  qui  ont 
étendu  &  gouverné  l'Eglife  après  eux  ? 
Ont-ils  trouvé  le  moyen  d'accorder  les 

ccremo- 


114  Conformité  des  Ccrcm.  Chi». 
,  cérémonies  du  Paganifme  avec  la  Foi;, 
les  Sacremens  &  les  mœurs  de  TEgli- 
fe  Catholique  5  les  facrifices  du  diable 
avec  le  facrifice  de  Je&us-Christ  j  la 
participation  à  la  table  des  démons  ^ 
avec  la  participation  à  la  table  de  no- 
tre Sauveur,  Se  la  fainte  Communion 
de  Ton  Corps  6t  defon  Sang  ?  Les  Pè- 
res de  la  Compagnie  voient-ils  mieux 
avec  les  lunettes  de  longue  veue  que 
leurs  Mifîionnaires  travaillent  à  la 
Chine,  ce  qui  ne  fe  peut  tolérer  dans 
une  nouvelle  chrétienté,  que  ne  l'ont 
vu  les  Saints  Hommes  de  Dieu  parks 
lumières  de  Ton  Efprit,  dont  ilsétoient 
remplis.  C'eft  faire  outrage  au  faint 
Siège,  que  de  dire  qu'il  a  autorifé cet- 
te tolérance.  Cela  veut  dire  qu'il  a  au- 
TcrtuV,.  Uh.  torifé  la  fuperftition  &  l'idolâtrie.  Ow- 
dc  Uil.  c.  ji\s  patisnîiacjufniùâi  :,'tdGlohtrïa.  Il  nouseft 
"  ^  permis  de  vivre  avec  les  Gentils  ,  il 
ne  nous  eft  pas  permis  de  mourir  avec 
eux  de  la  mort  du  péché.  Nous  pou- 
vons avoir  commerce  avec  eux,  s'ilell 
neceflaire,  parce  que  nous  avons  une 
même  nature  i  nous  ne  pouvons  avoir 
de  Communion  avec  eux  dans  leurs 
fupcrftitions.  Leurs  âmes  &  les  nôtres 
le  rcflemblcnt  :  notre  dodrine  &  la 
difciplinc  dont  nous  faifons  profelîioa 
ne  reflemble  pas  à  la  leur.  Nous  vivons 
avec  eux  dans  le  monde  \  nous  ne  fui- 
vons  pas  leurs  erreurs.  Q^ue  s'il  ne  nous 
cft  pas  permis  de  communiquer  avec 

les 


uivec  r IdoUt,  Grecque  &  Rom,  1 1  j 
les  Infidèles  en  ce  qui  regarde  leur  cul- 
te &  leurs  profanesceremonics ,  n'eft- 
ce  pas  un  crime  incomparablement 
plus  (fnorme  de  les  obferver  ou  de  les 
tolérer  au  milieu  de  l'Eglife  ?(^ui  pour- 
roit  juftifier  &  défendre  une  chofe  fî 
infoutenable  ?  Licet  convivcre  cum  Ethni-TcrtniUiir 
cis  i  comtfwri  non  licet.  Convivamns  cum ^'  ''°  ' 
çmnibus ,  conlatcmur  ex  communione  nntura^ 
von  ftiperjiitkms.  Pares  ammâ  fumus  ^  non 
difciplinn  ;  cofnpoffefforcs  fnundi ,  non  crrorif. 
J^iOfiJt  nohîs  nùllum  ejî  jus  commmimùs  in 
ejujmodi  atm  extrancis ,  qt4antb  fieleflius  efi 
bac  inter  jratrcs  fi-cqucntnve  ?  J^is  hocjufii- 
nere  ant  defendcre potcfi  ?Les  Gentils  font 
plus  fidèles  à  leur  S^fte.  Les  Lcttrez 
de  la  Chine  n'ont  garde  de  célébrer  nos 
Fêtes 3  ni  d'obferver  nos  cérémonies. 
Ils  craindroient  de  paroître  Chrétiens  j 
&  les  Chrétiens  ne  craindront  point 
de  pafifer  pour  Payens  ^  0  melior  fides 
Nntionum  in  ftinm  Seâiaw ,  qua  niiUam  fo^ 
Icmnitatcm  Chrijiianorttm  Jibi  vindicat  !  Non 
Dotnifficmn  diem  ,  non  Pcntecoftcn  j  ctiani  Jt 
fwf^ent  j  nohifcuni  conimimicaffcnt  3  tiincrent 
enim  ne  Chrifiiatji  vidcrentur  :  nos  ne  Ethni- 
ci  promtvtienmr  ,  non  veremur. 

3.  Les  PP.  jcfuitcs  objedenten  troi-  Chap.  \.d'e 
fiéme  lieu,  qu'on  ne  peut  condamner  "  Tr.ùté. 
les  cérémonies  &:  les  ufages  de  la  Chi-  RoyZpor^ 
ne,  dont  il  s'agit  ,  &:  qui  ont  été  ex-  f«?a/^  Mr. 
pliqucz  cy-defTus  ,  fnns  couvrir  de  hon-  ^^  Cardin^i 
le  &  d'opprobre  leurs  Milfionnaires,  'v""*''^'' 
^ui  ont  fi  bien  fervi  l'Eglifc. 

Oa 


Il6    Conformité  des  Cerem,  Chin. 

On  répond,  que  lî  leurs MifTionnai- 
res  aiment  véritablement  JESus- 
Christ  &  fon  Eglife  ,  comme  on 
le  veut  croire  j  s'ils  ne  cherchent  point 
leur  propre  gloire  ,  mais  uniquement 
celle  de  Dieu,-  s'ils  la  préfèrent  à  tou- 
tes chofes  i  ils  foufifriront  avec  joie  l'hu- 
miliation que  leur  pourra  caufer  la  con- 
damnation des  erreurs  &  des  ufages 
qu'ils  ont  défendus  jufqu'à  prefent  , 
cc  qu'ils  foutiennent  encore  devant  le 
faint  Siège.  Des  Prédicateurs  de  l'hu- 
milité doivent-ils  avoir  honte  d'aban- 
donner des  opinions  &  des  pratiques 
erronées  &  pernicieufes  qu'ils  ont  fui- 
vies  de  bonne  foi  ,  croiant  q^u'elles 
étoient  innocentes  ?  Efl-ce  un  oppro- 
bre pour  des  Chrétiens  que  de  retra- 
cer &  corriger  les  erreurs  dans  lef- 
quellds  ils  font  tombez  ?  La  première 
louange  d'un  bon  efpriteft  de  ne  point 
tomber  dans  Teri-eur  ;  la  féconde  ,  eft 
de  la  retradler.  S'il  n'a  pas  l'honneur 
d'être  le  plus  éclairé  du  monde,  qu'il 
foit  le  plus  humble  &  le  pksmodefte. 
iS".  jtH^up,  Secundas  tencat  fartes  modeftis  ,  qui  primas 
Efifi.  143.  non  potuit  babcre  fapictitia.  Comme  il  eft 
*^"**  7»  louable  de  ne  s'écarter  jamais  de  la  vé- 
rité ,  c*eft  un  crime  de  vouloir  perfe- 
verer  dans  l'erreur.  Il  eft  plus  louable 
de  ne  foutenir  jamais  une  fauffe  do- 
drine  t  mais  quandon  a  eu  lemalheur 
de  la  fuivre  &r  de  la  défendre,  on  doit 
fe  faire  honneur  de  l'abandonner  &  de 

chan- 


Avec  lldelat.  Grecque  &  Rom,    1 1 ^ 
changer  de  fentiment  :  il  faut  fe  faire 
un  plâifir  de  ce  devoir^  Quam  numquam  S.  jfmgujl, 
teihrc  ,  prima  laus  efî  ;  Jlctmda  ,  mut  arc;  ^'^-î-  ^ont, 
ut  aut  ex  initio  ver  a  pennaveat  ,  out  muta-  //^^^'*'^ 
ta  falsâ  y   vera  ft4ccedat,     C'eft    s*aimer 
plus  que  Dieu  ;   c'eft  aimer  la  gloire 
ou  monde  &  un  faux  honneur  plus  que 
le    faluc    de    fes  frères,   que  d*aimer 
mieux  qu'un  nombre  infini  de  Néophy- 
tes demeurent  dans  l'erreur  en  obfer- 
vant  les  cérémonies   &  les   coutumes 
idolâtres  ou  fuperftitieufes  des  Gentils, 
que  de  foufrir  une  confufion  falutaire 
en  avouant  qu'on  a  erré.  Nimis  perverse  s.  At^uft, 
fc  ipfttvi  amat ,  qui  (^  altos  vnlt  errare  ,   ut  Eùfi.  143 . 
€rror  fmis  latcat.    Des  Religieux  &  des '*^'''^  7« 
Mifllonnaires  également  humbles,  de- 
fîntereflez  ,  amateurs  de  la  vérité,  Se 
pleins  de  zèle  pour  la  gloire  de  Dieu, 
n'auront  jamais  des  fcntimens  i\  con- 
traires à  refprit  de  l'Evangile. 

Mais  quand  il  devroit  arriver  que  la 
condamnation  des  fuperftitions  Chi- 
noifes  couvrift  de  confufion  &  d'oppro- 
bre les  Miffionnaires  de  la  Compagnie, 
cette  raifon  ne  devroit  pas  empêcher 
le  faint  Siège  de  décider  ces  contro- 
verfes ,  puifqu'il  y  a  lieu  d'efpcrerque 
cette  humiliation  leur  feroit  utile  pour 
le  falut  éternel  ,  &:  que  ceux  qui  les 
aiment  fincerement  en  notre  Seigneur, 
leur  pourroient  dire  ce  que  faint  Paul 
écrivoit  aux  Chrétiens  de  Corinthe  : 
J*ay  de  hjoye  ^  non  di  es  que  vous  avez  en 

de 


1 1 8    Conformité  des  Ctrem,  Chin, 
2.  r«r.7.8.  ^«^  l^  tvîjlcjic  y  maïs  de  ce  que  votre  triflcffît 
&  9'  vous  a  portez  à  la  pénitence,  La  trijlefe  que 

vous  avez  eue  a  ejîé  fdon  Dieu  ;  ainjî  la  peine 
que  mus  vous  avons  caufée  m  vous  a  ejiè  nul- 
lement defavantagctife. 
Ettfeb.  lib.      Q^uand  il  fut  queflion  de  décider  la 
s   Hij}.  c.  célèbre  controverfe  qui  troubloit  l'E- 
^^'  glile  touchant  la  célébration  de  la  Pâ- 

que,  le  Pape  faintVidorL  prononça  , 
&  ce  qu'on  pouvoit  luy  objeâ:er  que 
fon  jugement  alloit  couvrir  de  honte 
&  d'opprobre  les  Evèques  d'Alîe,  qui 
celebroient  cette  Fefte  le  quatorzième 
de  la  Lune  en  quelque  jour  qu'il  tom- 
baft  3  mefme  le  Vendredy ,  ne  l'empê- 
cha pas  de  juger  qu'elle  ne  fe  devoir 
célébrer  que  le  Dimanche  fuivant,  8c 
de    menacer    d'excommunication   ou 
d'excommunier  en   eôet  ceux   qui  ne 
voudroient  pas  quitter  leur  ancienne 
coutume  :  quoique  cette  queftion  fut 
purement   de   diïcipline  ,    &  que  les 
Aiiatiques  fe  fondaflent  fur  une  pré- 
tendue tradition  de  l' Apôtre  faint  Jean, 
5c  fur  l'exemple  des  faintsEvêquesqui 
avoient  gouvernéjufqu'à  ce  tems-là  les 
Eglifes  d'Aile,  &  particulièrement  de 
faint  Polycarpe. 
rt,jr7T&     ^^^"^  Etienne  I.  Pape  &  Martyr  dc- 
7J.  £«/fé'.cida  la  fameufe  controverfe  du  Batème 
hb.-j.c^.    des  Hérétiques  ,  &  la  crainte  de  cou- 
i".  yf«;ir/?.'a  vrir  de  honte  &  d'opprobre  tous   les 
i^.  S'  de     Evcqucs  d'Afrique,  de  Cappadocc,de 
rincent.     Cilicic  ^  &  dcs  ûutrcs  Provinccs  voili- 
ii'in.  c.  9.  ncs. 


\Avec  ridoUt.  Grecque  cr  Rom,  119 
nés  ,  qui  foutenoicnt  fauflemcnt  que 
tout  Batcmc  donne  hors  l'Eglife  Ca- 
tholiqu^;  étoit  nul  ,  &  que  ccluy  qui 
l'avoit  reçu  devoir  être batizé  lorsqu'il 
paflbit  de  Thercfie  à  l'unité  de  l'Eglife, 
n:;  l'empccha  pas  de  décider  cette que- 
ftion  ,  ik  de  menacer  d'excommunica- 
tion ,  ou  de  retrancher  en  effet  de  la 
communion  ceux  qui  foutenoient  &  qui 
luivoient  dans  la  pratique  une  erreur  & 
une  innovation  n  oppofée  à  l'ancien- 
ne Tradition.  Il  ne  faut  donc  pas  fe 
perfuadcr  que  la  crainte  de  couvrir  de 
confuiion  les  Millionnaires  de  la  Com- 
pagnie foie  une  raifon  fuffifante  pour 
empêcher  le  faint  Siège  ,  de  décider 
les  controverfes  de  la  Chine  qui  font 
tant  de  bruit  dans  l'Eglife. 

4.  LesPP.  Tefuites  objedent  encore  Lettre  d:t 
que   la    decilïon    de   ces  controverfes^"' '^'"^f" 

f^eut  avoir  des  fuites  fâcheufes,  ^'\^^'i!'!fjeUr^ 
e  changement  de  dodlrine  &  de  pra- <;/«.'  c^jj- 
riquedansla  Miffion  de  lU  Compagnie  "•'^^'• 
peut  attirer  la  perfecution  contre  les 
MilFionnaires   &  les  nouveaux  Chré- 
tiens. 

On  répond,  que  la  crainte  de  la  per- 
fecution ne  doit  point  empêcher  de 
combattre  l'idolâtrie  ,  de  déraciner  & 
d'abolir  la  fuperftition  ,  de  condamner 
des  cérémonies  &  des  ufages  évidem- 
ment contraires  à  la  Loi  de  Dieu,  de 
réfufer  le  Batcme  à  des  Catéchumènes 
qui  ne  veulent  pas  renoncer  à  ces  Ri- 
tes 


120  Conformité  des  Cerem,  Chin, 
tes  &  à  ces  profanes  coutumes,  &  de 
retrancher  de  la  Communion  les  Chré- 
tiens qui  les  oblervent  &:  qui  les  fui- 
vent.  On  ne  voit  pas  que  les  Vicaires 
Apoftoliques  &  les  Miflionnaires  du 
Clergé  feculier  de  France  &  des  Or- 
dres de  faint  Dominique  &  de  faint 
François  ,  qui  ne  mettent  point  fur 
leurs  Autels  cette  abominable  Infcri- 
ption,  Adorez /eCie/ 3  &qui  combattent 
avec  un  zeie  digne  de  leur  Miniftere, 
les  honneurs  que  les  Chinois  rendent  à 
Confucius  &  aux  morts  ,  foient  plus 
expofez  à  la  perfecution  que  ceux  delà 
Compagnie  ;  ils  ne  font  pas  moins  de 
fruit,  leurs  Eglifes  ne  font  pas  moins 
en  paix.  Mais  fi  la  perfecution  eft  à 
craindre ,  il  faut  imiter  les  Apôtres  & 
les  Hommes  Apoftoliques  des  pre- 
miers fiéclcs  de  l'Eglife.  Il  faut  prier 
Dieu  qu'il  la  détourne,  fi  c'eftfonbon 
plaifiri  il  faut  lui  demander  la  grâce 
de  la  fouftrir  genereufemcnt,  il  faut  y 
préparer  les  Chrétiens,  &  les  difpofer 
à  perdre  plutoft  la  vie  que  de  renoncer 
Jesus-Christ  ou  de  violer  fa  fainte 

A/uif.j".  lo.  Loi.  Heureux  cetix  qui  fuujjrent  pcrfccNtion 
pour  lajujîke.  L'Eglife  de  la  Chine  de- 
viendra plus  fleurifl'ante  fi  elle  eft  per- 
fecutéei  le  fang  des  Martirs  dont  elle 
fera  arrofée,  fera  une  divine  femence 
d'oii  naîtra  un  nombre  infini  de  Chré- 

TcTtnU.       tiens,   Scmcn  cfl  faiigtiisCbrijUnnoruvi.  Si 
les  Minières  de  l'Evangile  &  les  Chré- 
tiens 


Avec ridêlat.  Grecque cr Rom,  ii\ 
tiens  ne  (ont  pas  prêcsàfouffrir  laper- 
fccution  &  la  mort  pour  Jesus-Christ, 
ils  font  indignes  de  ce  nom.  Chrijîïam 
homimim  gcnus  vwrti  cxpeditiwt .  Si  Dieu 
veut  éprouver  &  purifier  Li  nouvelle 
chrétienté  par  la  perfecution  ,  il  faut 
bcnir  fa  Providence  &  adorer  fes  or- 
dres, bien  loin  qu'une  lâche  crainte 
empêche  les  Mifliannaires  de  prêcher 
l'Evangile  dans  fa  pureté,  de  faire  la 
guerre  à  l'idolâtrie  &  à  la  fuperftition, 
3c  garder  &   faire   garder  la  Loi  de 
Dieu  &:  la  difcipline  chrétienne  avec 
une  fainte  cxaditude.  Ils  peuvent  lire 
les  Lettres  de  faint  Cyprien  aux  Con- 
feffeurs,  fon  Ecrit  à  Dcmetrieii, [on  Ex^ 
hcrtation  au  Martyre  ,   fes  Trairez  Des 
Tombes  i  &  Du  lieu  de  la  patience  y  pour  fc 
fortifier,  pour  inftruire  les  nouveaux 
Chrétiens  ,  &  pour  les  encourager  à 
fouffrir  la  perfecution  ,  11  Dieu  permet- 
toit  que  l'Eçlife  naillante  de  la  Chine 
y  fufl  expofee  :  qu'il  efl  digne  des  Mif- 
fîonnaires   Apqftoliques  ,  après  avoir 
baptifé  un  grand  nombre  de  Catéchu- 
mènes, de  les  préparer  à  un  autre  Ba- 
ptême, dont  la  grâce  eft  plus  abondan- 
te,  la  vertu  plus  fublime  ,  l'honneur 
plus  pretieux  •■,  à  un  Baptême  où  les  An- 
ges fervent  de  Miniftres,  à  un  Baptê- 
me qui  réjouit  Dieu  &  fon  FilsjESus- 
Christj   à  un  Baptême  après  lequel 
on  ne  pèche  plus;  à  un  Baptême  qui 
eft  la  perfe<^ion  &  la  confommation 
F  de 


m      Conformité  des  Cerem,  Chiyi» 

j,  de  notre  Foi  5  à  un  Baptême  qui  nous 

35  unit  à  Dieu  auiïi-tofl:  que  nous  quit- 

3,  tons  le  mondes  qui  ne  remet  pasfeule- 

^y  ment  les  péchez  ,  mais  qui  couronne 

,5  les  vertus  i  qui  eft  la  chofe  du  monde 

3,  la  plus  defirable  aux  ferviteurs  &  aux 

_,,  amis  de  Dieu  ,  &:  dont  ils  le  doivent 

5,  prier  très-inftamment  qu'il  les  rende 

55  dignes  par  fa  mifericorde.  Ce  font  les 

caradleres  du  martire.  Nos  taiitttm  :,  dit 

fai n t  C y p ri e n  5  qiù Dom'mo pcrmittciUcpri- 

S.  Cyprian.  jj^^^^j^  Bnptipna  credcnùbus  dedimus  ,  ad  alïud 

dcExhort.  r         T  •    r  • 

Zlartyr.      (juoquc  Jifigulos  prapavcmus ,  tnjimiantcs  c^ 

doccntes  hoc  efjc  Bctptijiua  iti  gratin  mojus , 

in  potcjlatc  fiihlnnius  ,  in  honore  prctiojtus  : 

Baptijnia  in  qno  Angeh  baptizant ,  Bnptifma 

in  qtio  Dcus  c^  Chnfîus  ejiis  exultant  ;  Bap- 

tijrnapojl  q!(odnenioja?npcccat;Baptiffna  quod 

fidci  nojîra  incremcjitaconfunwiat;  Bapùfma 

qmdiios  de  mnndorccedejitcsfiatiwDco  copulaf. 

.       5  .Les  Jefuites  difent  queleprocèsque 

7vo/i<f  Por- la  Congrégation  du  faint  Office  exami- 

tuiaiàMr.  nej&Tqui  eft  pi  et  à  juger  quand  il  plaira 

u  Cardinal  ^  ç^\x\z  Siège  ,  a  été  excité  par  quel- 

ques  Millionnaires  peu  vcriez  dans  les 

Miiïions,  ^  ennemis  des  Portugais. 

On  répond  ,  que  cette  caufe  a  été 
portée  à  ce  facré  Tribunal  non  feule- 
ment par  les  IMiffionnaires  des  Ordres 
de  faint  Dominique  Se  de  faint  Fran 
cois  ,  qui  avoient  travaillé  quinze  , 
vingt  &  trente  années  à  la  Chine,  & 
qui  étoicnt  trés-verfez  dans  les  Mif- 
iions  3  dans  les  lettres  Chinoifes,  &  dans 

tout 


j^vect Idoîat,  Grecque  cr  Rom.   123; 
tout  ce  qui  regarde  les  cérémonies  &r 
les  coutumes  du  Pays  ,   &  particuliè- 
rement celles  de  la  iede  des  I.ettrez  ; 
mais    encore    par   Moniieur   Maigrot 
Evèque  nommé  de  Conon  ,  Monneur 
de  Lyonne  Evêque  nommé  de  Rofa- 
lie  5  &  les  autres  Vicaires  Apoftoli- 
ques  &  Mi flfionn aires  François ,  très- 
verfez  dans  les  Miifions,  dans  les  Ri- 
tuels, &  les  livres  claffiques  de  la  Chi- 
ne.   Leur  vertu  ,   leur  capacité  ,  leur 
charité  font  connues  de  tous  ceux  qui 
ont  l'honneur  de  les  connoître  :  &ron 
ne  peut  avec  fondement  les  accufer  d'ê- 
tre ennemis  des  Mifllonnaires  Portu- 
gais de  la  Compagnie  ,  encore  moins 
des  Jefuites  de  France ,  dont  ils  ont  pris 
les  intérêts  &  la  défenfe  contre  leur 
vexation.  Ces  Prélats fontennemis dé- 
clarez de  l'Idolâtrie ,  de  la  fuperftition, 
&  de  l'erreur  5  dans  quelque  fujet  qu'el- 
les fe  rencontrent  ,  &  par  qui  que  ce 
Ibit  qu'elles  foient  défendues  &  auto- 
rifées  :  ils  font  amis  de  tous  les  Mini- 
fh-es  de  Jesus-ChriST  ,    de  tous  les 
MifTionnaires,   de  tous  les  Chrétiens, 
fans    faire   diftindliôn  de  nations,  m 
d'inftitutsj  ils  font  amis  des  Infidellcs 
mêmes,  au  falutdefquels  ils  travaillent 
avec  un  zèle  infatigable.  Les  Vicaires 
Apoftoliqucs  &  les  MiflTionnaires  Fran- 
çois du  Clergé  feculier  n*ont    aucune 
oppofition  à  ceux  de  la  nation  PcTrtu- 
gaife  ;  ils  ne  font  point  de  commerce, 

F  z  non 


z  1 4    CcKformltédes  Cerem.  ChiK, 
non  plus  que  ceux  des  Ordres  de  faine 
Dominique  &  de  faint  François  i  ils 
font  Sujets  d'un  gran-d  Koi,  qui  a  tou- 
jours été  en  paix  avec  Sa  Ma;efté  Por- 
tugaife   :  qu'eil-ce  donc  qui  pourroit 
les  éloigner  des  Jefuites  Portugais  qui 
font  emploiez  dans  les  Millions  de  la 
Chine  ,  fi  ce  n*eft  l'intereft  de  Jf.Sus- 
Christ  ?  Il  n'eft  pas  .croiable  qu'ils 
s^élevafTent    concre  eax   ,    s'ils  mar- 
choient  droit  dans  la    prédication  de 
l'Evangile.  Le  Sereniflime  Roi  de  Por- 
tugal aura  fujet  d'être  indigné  contre 
£eux  qui  ont  furpris  fa  Religion  parles 
fauffes  idées  qu'ils  ont  données  de  cette 
affaire  à  5a  IVlajeilé.   Sa  pieté  &  fon 
zèle  pour  la  foi  lui  feront  abandonner 
une  caufe  dans  laquelle  les  PP.  Jefui- 
tes ont  tâclvé  de  l'engager  mal-à-pro- 
pos :  il  déclarera  au  faint  Siège  étant 
jnieux  informé  ,  qu'il  ne  prend  aucun 
parti  que  celui  de  JesuS-Christ  ,  com- 
jne  a  fait  le  Roi  Très-Chrétien,  dont 
on  avoit  tâché  de  furprendre  aulfi  l'in- 
comparable fagclTe.  On  peut  s'affeurer 
que  Sa  Majefté  Portugaife  qui  main- 
tient dans  fon  Roiaume  la  plus  fevere 
inquifition  contre  l'herefic  &:  l'impié- 
té, ne  fcroitpasd'avisdetolerer  à  Lis- 
bonne les  cérémonies  qu'oblervcnt  les 
Chinois   pour  honorer   Confucius   &: 
leurs  Ancêtres  Défunts  s  &:  qu'il  ne  fe- 
ra {las  auffi  d'avis  qu'on  Icspuifle-tolc- 
xej  dans  la  nouvelle  Chrétienté  do  la 

Clu- 


Avec  r Iclolat,  Greccftie  &  Rom.  115 
Chine  ,  quand  le  S.  Elprit  aura  parlé 
par  la  bouche  du  Souverain  Pontife 5 
^  c]uc  le  Vicaire  de  |F.srS- Christ  au- 
ra dir  comme  S.  Pierre  :  Vijtmicji Spiritui Ad.  17. 
Smiâo  àr  S  obis.  .  .  ttt  alfltmatis  vos  ,  c^c. 
Il  a  fcmblé  bon  au  faint  Elprit  &  à 
Nous  que  vous  vous  abfteniez, . .  &cc. 


CHAPITRE    IX. 

LETTRE 

Du  Stipcriciir ,  cfi s  D'ircéfeurs  z^  Mifjiomun- 

res  du  Séminaire  des  Mifjîom  éirmi- 

gères ,  établi  à  Paris , 

A   notre    SMat    Pcre    le    Pape 
Innocent    XII. 


T 


Res-Saint   Père, 


Nous  apprenons  qu'on  oppofedejour  '^ 
en  jour  tant  &  de  fi  grands  obftacles  à  la  "^ 
décifion  de  Paftaire  qui  regarde  les  ce-" 
remonies  Chinoifes,  que  fi  l'Autorité"^ 
du  faint  Siège  Apoftolique  ne  rompt  " 
toutes  les  mefures  ,  les  intrigues,  les  ^^ 
artifices  &  les  efforts  de  ceux  qui  la  re-  '^ 
tardent,  il  cft  à  craindre  qu'on  ne  ra- " 
vifie  à  Votre  Sainteté  la  gloire  qui  lui  " 
tft  due  de  finir  cette  fameufe  Contro-  " 

F  i  verle. 


ii6    Coy:fû  y  mit  e  des  Ccrem .  Ch'm . 
^3  verfe.  Il  n'ell  pas  maintenant  difficile 
55  de  juger  de  quel  coté  cfl  le  bon  droit. 
55  Car  comme  il  ne  s'agit  que  d'établir  la 
5,  vérité  des  faits  5  &  qu'ils  font  non  feu- 
55  lement  prouvez  avec  évidence  par  les 
35  Rituels  de  la  Chine  5  mais  encore  at- 
55  teftez  juridiquement  par  Monfeigncur 
55  Aleoniifa  Evêoue  nommé  de  Berithe, 
55  &  Vicaire  Apoftolique  d'une  desPro- 
55  vinces  de  ce  vafte  Empire,  d*oii  il  efl 
5,  revenu  depuis  peu  j  &  même  que  nos 
,,  Parties  fe  voient  enfin  obligées  de  les  re- 
55Connoitre  pourconftanSjCommeon  nous 
55  l'écrit  j  nous  ne  voions  pas  pour  quelle 
55  raifon  on    pourroit  encore  différer  le 
55  jugement  d'une  affaire  fî  importante  à 
35  l'Èglife.  Nous  nous  jettons  donc  avec 
5,  toute  l'humilité  polîible  aux  pieds  de 
5,  Votre  Sainteté,  qui  en  eft  le  fouverain 
,5  &  très -équitable  Juge  ,    nous  Dire- 
5,  6leurs  du  Séminaire  des  MifTîons  Etran- 
35  gères,  unis  aux  Vicaires  Apoftoliques 
55  de  la  Chines  &  tanten  leur  nom  qu'au 
55  nôtre  5  nous  fupplions  Votre  Sainteté 
55  avec  un  très -profond  refpedl  qu'EUe 
35  ait  la  bonté  de  jctter  les  yeux  quelques 
55  momens  fur  PAbrcgé  des  faits  qu'Elle 
35  trouvera  dans  l'Expofé  joint   à  cette 
35  Lettre.  Elle  jugera  d'abord  fi  la  pure- 
35  té  de   la   fainte  Religion  de  Jesus- 
35  Christ  peut  compatir  en  quelque 
,5  manière  que  ce  puiflc  être  avec  unefu- 
pcrftition  &  une  idolâtrie  fi  vifiblcjOU 
fouffrir  même  qu'on  s'cxpofe  feulement 
i  au 


Avect Idolnt.Grccr^uc^  P.om,  \ij 
au  péril  de  commettre  un  11  grand  cri- 
me. 

Que  le  Père  de  famille  arrache  en- 
fin jufqu'à  la  racine  cette  y  vraye  j  qu'on 
n'a  déjà  que  trop  long-tems  tolérée 
dans  le  champ  du  Seigneur^  queleSuc- 
ceflcur  du  Prince  des  Apôtres  ôte  cette 
pierre  d'achoppement  du  milieu  de  Li 
nouvelle  Jerufalem  dans  les  païs  d'O- 
rient. Q^ue  le  Vicaire  de  Jesus-Christ 
bannifle  au  plutoft  ,  &  pour  toujours 
de  la  Chine  ce  pernicieux  fcandale. 
C'eft  l'unique  grâce  que  nous  deman- 
dons avec  confiance  ,  &  nous  atten- 
dons avec  un  très-profond  refpcél  celle 
de  la  benedidlion  Apoftolique, 

Tres-Sa  int    Père, 

De  Votre  Sainteté, 

A  Paris  îc  lo.  d'Aonft 
1699» 

Les  Très  -  humbles  ,  très- 
obéiiïans,  &  très-dévouez 
Fils  &  5erviteurSj 

T  I  B  E  R  G  E  Supérieur. 

De     C  I  c  e'. 

De    Brisacier. 

L'  A    B    B    E'. 

De    La    Vigne. 

P  R   I   O   U  X. 

F  4  L'Ex- 


12  8      Conformité  des  Cerem,  Chin, 

L'Expofé  à^s  cérémonies  Chinoifes 
qui  e'toit  joint  à  cette  Lettre ,  ell:  cn- 
rierement  conforme  à  celui  du  R.  P. 
j.  B.  Morales  Dominicain,  &  à  celui 
de  iMonlîeur  Maigrot  Evêque  de  Co- 
non  &  Vicaire  Apoftolique.  C'eft  pour- 
•^uoi  on  n'a  pas  jugé  à  propos  de  le  fai- 
re imprimer  ici  ,  pour  ne  pas  groflir 
inutilement  cet  Ouvrage.  La  Lettre 
efr  lignée  du  Supérieur ,  des  Direi^eurSj 
&  des  Miffionnaires  de  ce  célèbre  Sé- 
minaire 5  trois  defquels  ont  travaillé 
long-tems  dans  les  Misions  Orienta- 
les. MefTire  Louis  de  Cicé  a  travaillé 
près  de  quinze  ans  à  la  Chine.  Meiïrre 
Marin  TAbbé  a  travaillé  dix-fept  ans 
dans  laMitTionde  la  Cochinchine,donc 
il  eft  Vicaire  Apoftolique,  &:  Evêque 
nommé.  Mefllre  Claude  Gabriel  de  la 
Vigne  a  travaillé  près  de  quatorze  ans 
à  Tonkin,  à  Siaoi,&:cn  d'autres  Pro- 
vinces des  Indes  Orientales.  Monficur 
l'Abbé  Tiberge  Supérieur  ,  &:  Mon- 
iieur  l'Abbé  de  Brifacicr  Directeur  du 
Scniinaire,  rcfpc(ftablcs  pour  leur  pieté, 
leurs  talents  ,  leur  conduite  ,  &  leur 
7.cle,font  pleinement  inftruits  de  l'état 
des  Aliflioi.s  de  la  Chine  &  de  tout 
l'Orient  ,  par  les  Relations  qu'ils  re- 
çoivent des  Vicaires  Apoftoliques  & 
des  Miflionnnires.  Leur  Lettre  futpre- 
fentée  au  Pape  par  Moniteur  Charmot 
le  29.  d'Aouft  1699-  Sa  Sainteté  eu 
aiant  entendu  la  Iciflure^  ordonna  au- 
dit 


^vec  lldoLit.  Grecque  ^  Rom,  129 
dit  Sieur  Charmoc  de  la  mettre  entre 
les  mains  de  Monfeigncur  Sperelli  Af- 
feffeur  du  faint  Office,  à  prefcnt  Car- 
dinal i  ce  qu'il  exécuta  le  30.  La  ma- 
ladie du  Pape  a  retardé  le  jugement  de 
cette  affaire  qui  eft  inftruite  ,   &  prête 


à  rapporter.  Tous  ceux  qui  ont  du  zèle 
~        ce  pour  la  pu- 
reté de  Ton  culte  ,  &  qui  ont  de  l'a- 


pour  la  gloire  de  Dieu  cc  pour  la  pu- 


mour  pour  l'Eglife  ,  comme  tous  les 
Chrétiens  font  obligez  d'en  avoir,  doi- 
vent recommander  à  Dieu  dans  leurs 
prières  une  décifion  fî  neceffaire  &  fî 
importante  aux  Miflions ,  &  au  falut 
des  Ames. 


F  ç  LET. 


LETTRE 

Dun  Théologien  a  un  Prélat  de  Fran^ 

ce  3    fur  V  Affaire  des  ceremO' 

nies  Chinoifes, 


M 


A  Rome,  Ici.deDcccmb.  1699. 
ONSEIGNEUR, 


Puifque  Votre  Grandeur  m'a  ordon- 
né de  continuer  à  l'informer  de  l'état 
des  affaires  de  la  Chine  en  cette  Cour, 
il  eft  de  mon  devoir  de  luienvoier  l'E- 
crit que  les  PP.  Jefuites  prefenterenc 
à  laCongregation  du  faint  Office  le  3. de 
Novembre  dernier.  Vousverrez^  Mon- 
feigneur^  qu'il  n'y  a  rien  de  plus  pau- 
vre ni  de  plus  pitoiable.  Ils  deman- 
dent que  la  Sacrée  Congrégation  &  le 
faint  Siège  jugent  les  controverfes  de 
Chine  fur  la  foi  de  quatre  de  leurs  Au- 
teurs 3  des  PP.  Proper  Intorcetta, 
Jacques  le  Favre,  François  Brancati, 
François  Xavier  Phiiippucci  :  &  ils 
prétendent  que  les  témoignages  de  ces 
Ecrivains  doivent  être  reçus  comme 
autentiques  à  ce  facré  Tribunal. 

I.  Votre  Grandeur  ne  s'en  étonnera 
pas  ,  Monfeigneur  s  ils  produifent  le 

F  C  tcmoi- 


i^i  Lettre  d'un  Théologien 
témoignage  de  quatre  Auteurs  graves 
de  leur  Compagnie  :  &  l'autorité  d'un 
leul  eft  d'un  fî  grand  poids,  félon  les 
principes  de  leur  Morale,  qu'elle  rend 
une  opinion  probable  &  (ure  dans  la 
pratique. 

2.  Ils  recufent  le  témoignage  de  dou- 
ze Auteurs  ,' que  Monfieur  Charmot 
Procureur  gênerai  des  Vicaires  Apo- 
ftoliques  de  la  Chine  &■  des  Roiaumes 
voifins  en  cette  Cour  5  a  citez  dans  Ton 
Ecrit  intitulé  ,  Quajtti.  Ils  infiftent  à 
faire  valoir  les  témoignages  de  Grégoi- 
re Lopez  5  de  Dominique  Sarpetri, 
8c  de  Jean  de  Paz  Dominicains,  &du 
P.  Tellier  Jefuite  ,  qui  les  rapporte 
dans  fa  'Dèfcvfc  des  nouveaux  Chrétiens.  Je 
ne  doute  pas,  Monfeigneur,  que  l'A- 
pologie (les  Dominicains  Miflionnai- 
res  de  la  Chine  n*ait  perfuadé  Votre 
Grandeur  que  les  Jefuites  ne  peuvent 
pasiirer  grand  avantage  des  Ecrits  de 
ces  trois  Religieux  de  leur  Ordre. 

3.  Après  avoir  tâché  d'infirmer  le 
témoignage  du  Reverendi/îîme  Père 
en  Dieu  François  Alconifla  Evêque 
nommé  de  Berite,  &  Vicaire  Aporto- 
lique  à  la  Chine  ,  ils  confentent  enfin 
malgré  eux  que  la  Sacrée  Congrégation 
y  air  égard,  mais  ils  demandent  trois 
conditions,    i.  Qu'ElIe  ne  lui  donrte 

as  plus  d'autorité  ni  de  créance  que 
es  Loix  Canoniques  &  Civiles  en  don- 
nent à  un  feul  témoin^  de  quelque con- 

iîdcra- 


l 


A  un  PreLt  de  FrAwcr.  i  j  3 
fîderation  qu'il  puiffc  erre.  2.  Que  il 
Ion  témoignage  eft  reçu  quand  il  eft 
contraire  aux  Jeluites  ,  on  le  reçoi- 
ve auflTi  quand  il  leur  eft  favorable, 
3.  Qii'on  ne  Tétende  pas  au-delà  de  ce 
qu'il  dit  ou  de  ce  qu'il  rapporte  ;  de 
ce  qu'il  a  vu  eti  tel  ou  tel  lieu  ,  de  ce 
qu*il  a  oui  dire  à  telles  ou  telles  per- 
fonnes  particulières  ;  de  ce  qu'il  a  lu 
dans  tel  ou  tel  livres  &  que  l'on  n'en 
puifTe  conclure  que  c'eft  le  fentiment 
commun  de  la  nation  Chinoile,  foute- 
nu  des  Loix  &  de  l'autorité  publique. 
Ces  RR.  PP.  ofent  faire  la  leçon  à  des 
Cardinaux  &  à  des  Prélats  d'une  fcien- 
ce  eminente  dans  l'un  &  dans  l'autre 
Droit  5  &  d'une  expérience  confom- 
mée  dans  les  {affaires  s  comme  fi  ces 
Seigneurs  ne  fçavoient  pas  de  quel  poids 
doit  être  le  témoignage  du  Reveren- 
difîîme  P.  Aleonifla  dans  celle  qui  re- 
garde le  culte  j  les  cérémonies  ^  &  les 
ufages  de  la  Chine. 

4.  Ils  demandent  que  la  Sacrée  Con- 
grégation n'ait  point  d*égard  aux  ri- 
tuels de  la  Chine  appeliez  Kiali^  Liki , 
&■  TrifNiffg  ,  citez  par  le  R.  P.  Aleo- 
nifla dans  fes  Réponfes  à  Monfeigneur 
Sperelli  3  ci-devant  Afl^cfleur  du  faint 
Office  a  &:  à  Monfeigneur  le  Cardinal 
Cafanatte,  fur  les  cérémonies  Chinoi- 
fes.  Ils  avancent  que  ces  rituels  n'ont 
aucune  autorité,  &  ne  méritent  point 
de  créance,  parce  que  des  particuliers 

qui 


154        Let.tre  â^un  Théologien 
qui  les  ont  fait  imprimer  a  la  Chine, 
yontfainplufîeurschangemens,  &  plu- 
iîeiirs  Additions  5  fans  l'autorité  publi- 
que 5   &  que  ces  exemplaires  ne  s'ac- 
cordent pas  en  plufieurs  chofes.   Q^ue 
chacun  peut  compofer  &:  faire  impri- 
mer un  rituel  A*//7//  à  fa  fantaifie  &  à  fa 
mode.    Q^uc  le  rituel  LïH  eft  un  affem- 
hlage  &   un  recueil -confus  de  divers 
Auteurs  Chinois  ,   qui  s'étant  joints 
enfemble,  ont  écrit  félon  leur  caprice. 
Ou'il  faut  confulter  les  critiques  de  la 
Cnine  pour  faire  le  difcernementdece 
qui  eft  autentique  &  de  ce  qui  eft  apo- 
crife  dans  les  rituels.  Ils  fupplient  en- 
fin la  Sacrée  Congrégation  de  ne  point 
conclure    qu'un  fait  touchant  les  cé- 
rémonies Chinoifes  eft  véritable,  par- 
ce qu'il  eft  rapporté  ou  prefcrit parles 
rituels  K'iaJï  ou  Lïkj  ,  mais  d'examiner 
fî  la  cérémonie  dont  il  s'agit  eft  main- 
tenant en  ufagc. 

Votre  Grandeur  voit  fans  doute  > 
Monfeigneur  ,  que  les  Jefuites  em- 
ploient toute  forte  d'artifices  pour  em- 
pêcher ou  pour  retarder  le  jugement 
des  controvcrfcs  de  la  Chine.  Car  fî 
l'on  ne  peut  connoitre  certainement 
le  culte  &  les  cérémonies  Chinoifes 
par  les  rituels  &  les  livres  claffiques  de 
cet  Empire  ,  par  qucLs  moiens  en  au- 
ra-t-on  une  çonnoiftance  certaine  ?  Par 
l'ufage,  difent-ils.  Mais  cet  ufage  eft- 
il  arbitraire  ?  N'cft-il  pas  fonde  furies 

rituels 


A  un  PreUt  de  France,       i  j  5 
rituels  &  fur  les  Loix  ?   Et  qui  rendra 
témoignage  de  cet  ulage  ?  LesMifiTion- 
naires  du  Clergé  l'cculier  de  France, 
&:  des  Ordres  de  S.  Dominique  &:  de 
S.  François  ?   Les  Vicaires  Apoftoli- 
ques  de  la  Chine  ?  Les  Jefuites  les  re- 
cuferont.  Les  Midionnaircs  &  les  Ecri- 
yains  de  la  Compagnie  ?  Ils  font  par-* 
ties  5  &  le$  témoins  qui  font  de  la  fa- 
mille des  parties  ne  font  pas  rcceva-  Q^n.Utte- 
blés.   Il  faut  confulter  ,  difent-ils,  les  m  ,  Exr. 
critiques  de  la  Chine,  pour  fçavoirce  DeTcjîtbut» 
qui  eil  autentique  ou  apocrife  dans  les 
rituels.  Qu'ils  nous  fanent  la  grâce  de 
nous  dire  qui  font  ces  critiques.  Sont- 
ce  les  Gentils  de  la  Sede  des  gens  de 
lettres  ?  Les  fera-t-on  venir  à  Rome  ? 
Cela  efl  impraticable.    Aqui  donnera- 
t-or^commifTion  de  les  interroger  à  la 
Chine  ?   Cette  critique   fe   fcra-t-elle 
par  les  nouveaux  Chrétiens  ?  La  plu- 
part font  des  ouvriers  ou  des  marchands, 
qui  n'ont  point  de  literature  ,    &  qui 
font   incapables  de  ce  genre  d'étude. 
Les  RR. Pères  ne  s'en  rapporteront  pas 
fans  doute  à  la  critique  de  Monfieur 
Maigror  Evcque  de  Conon  ,  de  Mon- 
fieur  de  Lionne  Evcque  de  Rofalie, 
de    Monfieur   de  Cicé  ,   de  Monfieur 
l'Abbé   ,     du     Revcrendiffime    Père 
Aleoniffa Eveque  de  Ecrite,  duReve- 
rendiffime  Pcre  Varo  ,  de  Monfeigncur 
Navarrette  Archevêque  de  S.  Domin- 
gue  5  des  RR.  Pères  Polanco  ,    Jean 

Bap- 


\l6  Lettre  et  un  Théologien^  crc» 
Baptifte  de  Morales  ,  &  Antoine  de 
faincc  Marie  très-fçavans  dans  les  li- 
vres Chinois.  Ils  ne  feronr  point  con- 
tents, fi  la  Sacrée  Congrégation  ne  s'en 
rapporte  au  témoignage  de  leurs  Ecri- 
vains j  de  leurs  Percs  Intorcetta ,  Bran- 
cati  3  Favre^Philipucci ,  Tellier,  &  Go- 
bien  5  &  de  leurs  MiHionnaires  de  la 
Chine  ,  qui  ne  céderont  à  perfonne 
rhonneur  d'être  les  feuls  bons  criti- 
ques desrituelsChinois,  &  comme  les 
nouveaux  Maflbrethes  des  anciens  li- 
vres de  cet  Empire.  Comme  ce  qu'ils 
ont  avancé  avec  tant  de  confiance  tou- 
chant ces  rituels  ,  demande  quelque 
éclairciflement  ,  je  joins  à  la  Lettre 
que  j'ai  l'honneur  de  vous  écrire  , 
celui  que  le  Reverendifiîme  Père 
Aleoniflaa  donné  à  Monfeipneur  Spe- 
relli  i  par  ordre  de  la  Sacrée  Congré- 
gation.   Je  fuis  avec  un  profond  re- 

MONSEIGNEUR, 
De  Votre  Grandeur , 


Le  trcs-humbic  &  très-obcif- 
fant   &   rout  dévoué   fcr- 


Yitcur. 


#    •    »     • 


O  R- 


'57 

ORDRE 

De  la  Congrégation  dn  fatnt  Offl- 
ce  ,  envoie  an  Rêver endtjji me  Père 
Aleonissa  far  Adonfcignenr 
Sperelli  le  19.  de  Novem- 
bre  i6(}(). 

COmme  les  Pères  de- la  Compa- 
gnic  de  Jésus  expofent  dans  les 
Ecritures  qu'ils  ont  prefentéesau  faint 
Office  5  que  Ton  ne  doit  point  ajouter 
foy  aux  Rituels  intitulez  ATrV///',  qui  ont 
cours  à  la  Chine ,  ou  qu'on  doit  y  avoir 
trcs-peu  d'égard  ,  parce  que  les  Chinois 
font  imprimer  ces  livres  comme  il  leur 
pbift ,  que  Ijs  particuliers  les  compo- 
sent félon  leur  caprice  ,  &  fe  les  pro- 
pofent  pour  règle  ;  la  facrée  Congré- 
gation particulière  du  faint  Office  dé- 
putée par  Notre  Saint  Pcre  Se  Seigneur, 
m'a  donné  ordre  de  m'informerdu  Re- 
verendiffime  Pcre  Jean  François  de  Ni- 
colais  Aleoiiiffa,  Evefque  nommé  de 
Bcrite,  fi  ledit  Rituel  intitulé  Kiû/i  , 
qu'il  a  fouvent  cité  dans  fes  Rcponfes, 
&  qu'il  Nous  a  fait  voir  imprimé  en 
caraftcres  Chinois  ,  eft  un  livre  d'une 
autorité  privée  j  S:  l'ouvrage  de  quel- 
ques particuliers,  qui  l'ont  compofé 
comme  ils  ont  voulu;  ouplutôt  fi  c'efl 
un  livre  d'autorité  &  de  foy  publique, 

félon 


1 5  s  >  Répoyjfe  du  R,  P.  u4lcomJfa 
félon  q^iie  ledit  Père  Jean  François  l'a 
cité  comme  contenant  la  règle  généra- 
le des  cérémonies  qui  doivent  s'oblcr- 
ver  à  la  Chine. 


SperELLI,  Evefqtte ds 
Tcnjt  y  Afpifcur  dujhwt 
Office. 

REPONSE 

Du  Reverendijfwje  Perc  AleoniSSA  ,  fur 
Us  Rituels  de  la  Chine. 

F  Jean  François  de  Nicolais 
.  Aleonissa  ,  Religieux  de  Té- 
troite  obfervance  de  l'Ordre  de  faint 
François ,  Evefque  nommé  de  Ecrite  , 
deftiné  Vicaire  Âpoftolique  à  la  Chine, 
obéifTant  avec  tout  le  refped:,  laprom- 
titude,  la  lîncerité,  &  la  fidélité  qu'il 
doit  à  l'ordre  de  la  facrée  Congréga- 
tion particulière  du  faint  Office  dépu- 
tée par  Sa  Sainteté  pour  l'examen  &  la 
decifion  descontroverfes  qui  regardent 
le  culte  ^  les  cérémonies  Chinoifes  :  le- 
quel ordre  luy  fut  envoyé  par  rilluftrif- 
fîme  &:ReverendifllmcSeigneurM.Spe- 
relli,  Evefque  de  Terni  ,  Aflefleurde 
ce  facré  Tribunal  3    dans  une  feuille 

datée 


Shy  Us  Rituels  de  Li  Chine.  139 
datée  du  19.  de  Novembre  i^9  9.are'- 
pondu  :  tjue  le  Rituel  intitulé  Kinli, 
qu'il  a  fouvent  cité ,  &■  qu'il  a  appor- 
te de  la  Chine,  d'où  il  elt  revenu  de- 
puis peu,  eft  inféré  dans  le  corps  delà 
grande  Somme  de  In  Nature  é^  fie  la  Rai- 
Jbfii  appellée  en  Chinois  ^fîn'ghtachïucn'^y 
recueillie  il  y  a  plus  de  trois-censans, 
par  ordre  d'un  Empereur  de  la  Chine 
nommé  y utj'g  là  ,  qui  donna  commif- 
flon  aux  plus  célèbres  Docteurs  de  cet 
Empire  d'y  travailler  ,  &  imprimée 
par  Ton  commandement  ,  comme  il 
paroit   par    Ton   Edit   &    Tes  Lettres 

f'atentes  qui  y  font  jointes  :  &  que 
'on  trouve  dans  ce  Rituel  Kiali  tout  ce 
que  ledit  Père  Jean  François  en  a  cité, 
abfolumcnt  &  fans  d'autre  claufe.  Mais 
ce  qu'il  a  déclaré  avoir  efté  ajouté  par 
des  Dodcurs  particuliers  dans  un  autre 
Rituel  Chinois  appelle  aufTi  Kiali,  & 
divifé  en  quatre  Tomes,  ne  fe  trouve 

Î>oint  dans  celui  qui  fut  imprimé  dans 
a  grande  Somme  par  ordre  de  l'Em- 
pereur ^rmg  lô.  Il  fe  trouve  néanmoins 
dans  ce  dernier  diviféen  quatre  parties, 
&  imprimé  feparément,  que  les  Chi- 
nois mettent  auiïi  aujourd'hui  au  nom- 
bre des  Rituels  communs  &  publics  de 
l'Empire.  On  s'en  fert  indifféremment, 
&  prefque  communément  comme  d'un 
Rituelautorifé,  &  on  le  vend  publi- 
quement comme  tel,  fans  aucune con- 
iradi(Stion  ou  défenfe.  On  trouve  dans 

ce 


140  RépOKjè  dîi  R.  P.  AlcOfiijfa. 
ce  fécond  Rituel  tout  ce  qui  eft  prefcrît 
dansle  premier  imprimé  par  ordre  d'un 
Empereur,  quant  àlafabftance  des  cé- 
rémonies 3  avec  les  Additions  qui  y  ont 
cfté  inférées  d'uneautoritéprivée,  fans 
que  l'Autorité  fouveraine  ait  réclamé, 
ou  qu'elle  l'ait  défendu.  Car  c'eft  à 
l'Empereur  de  prefcrire  les  cérémo- 
nies du  culte  Chinois,  comme  les  Do- 
(fleurs  mefmes  de  la  Chine  l'enfeignent 
dans  leurs  livres  claiïiques  ,  &"  dans 
leurs  ouvrages  particuliers  :  quoy  qu'il 
s'introduife  fouvent  de  nouvelles  fuper- 
ftitions  dans  la  pratique ,  ou  que  les  par- 
ticuliers les  ajoutent  quand  on  impri- 
me de  nouveau  les  Rituels;  ce  qui  ar- 
rive quand  on  les  imprime  feparémenr, 
non  pas  dans  l'Edition  qui  s'en  fait 
dans  la  grande  fomme  avec  l'Edit  de 
rEtr>pereur.  Mais  routes  les  additions 
qui  fe  font  à  ces  Rituels  font  ordinai- 
rement fondées  fur  la  dodtrine  &  l'au- 
torité des  livres  claffiques  ,  ou  du 
moins  fur  le  fentiment  commun  &  l'u- 
fage  univerfel  de  la  Nation.  Ainfi  ces 
additions  ne  doivent  point  eftrc  confi- 
derécs  comme  des  erreurs  particuliè- 
res de  quelques  perfonnes  privées  ;  mais 
comme  le  fentiment  &:  la  pratique  com- 
mune ,  que  l'on  infère  dans  ces  Rituels 
quand  on  en  fait  dj  nouvelles  Editions 
pour  l'ufage  public  de  ces  peuples.  On 
peut  douter  s'il  eft  auffi  facile  aux  par- 
ticuliers de  compofcr  à  leur  fantaifie  des 

Ri- 


f$ir  les  Rituels  de  U  Chine.  141 
Rituels  intitulez  AW/,  &:  de  les  mettre 
au  jour,  comme  l'afTeurent  les  Jelui- 
tes,  fiTon  ne  veut  s'en  rapporter  à  leur 
parole.  Ledit  Pcre  AleonilTa  ofe  af- 
feurer  après  une  expérience  de  pluiîeurs 
annc'es  ,  qu'il  ne  fe  trouve  point  main- 
tenant de  Rituel  intitulé  A.W/j  approu- 
vé par  l'autorité  publique,  &"  dont  les 
Chinois  fe  fervent  communément ,  qui 
foit  plus  pur  que  celui  qu'il  a  fait  voir 
imprime  dans  la  grande  fomme  ,  & 
qu'il  eft  prcft  de  reprcfenter  encore  à 
la  facjée  Congrégation  au  premier  or- 
dre qu'il  en  recevra  ,  aulfi-bien  qu'un 
autre  qui  a  pour  titre  ,  Chî{  vcn  Kùng 
Kihli,  qu'il  a  pareillement  chez  foy  , 
qui  eft  d'une  grande  autorité  à  la  Chi- 
ne, &:  que  tous  les  Chinois  doivent 
fuivre  par  ordre  de  l'Empereur,  com- 
me le  Rituel  de  tout  l'Empire.  Ce  Ri- 
tuel convient  parfaitement  avec  celui 
qui  eft  imprimé  dans  la  grande  fomme. 
Comme  le  même  Père  [ean  François 
a  citéauffi  le  Rituel  Liki  ,  ^  plufieurs 
paftages  d'un  livre  ou  d'un  Rituel  inti- 
tulé Iduwj'g  hoà  tien  ,  il  croit  devoir 
ajouter  ce  qu'on  entend  par  les  Rituels 
ùki  Se  Tâjning  ,  &  quelle  eft  leur  au- 
torité à  la  Chine.  Le  'Làiuwg  renferme 
les  Loix  ,  les  Ordonnances  &  les  Céré- 
monies faites  &  prefcrites  par  les  Em- 
pereurs de  la  famille  appcllce  Tàmwg  , 
qui  a  régné  à  la  Chine  avant  que  les 
XartaresTeuftentconquife.  Il  contient 

audi 


I^î  Réponfe  an  R,  P.  u4lcomj]a 
aulTi  l'Hilloire  de  cet  Empire.  Le  Ri- 
tuel Liki  eft  un  des  cinq  livres  claffî- 
ques  &  trcs-anciens  ,  dont  l'autorité' 
a  toujours  efte'  révérée  par  les  Chinois 
&  qui  font  appeliez  &  intitulez  Kivg. 
Ceux  qui  défirent  parvenir  aux  Degrez, 
doivent  étudier  ce  Rituel  comme  les 
autres  livres  clafîlques,  &  ils  ont  cou- 
tume d'en  faire  une  étude  particulière. 
Les  examinateurs  députez  par  l'Empe- 
reur, &  les  Chanceliers  prennent  dans 
ce  Rituel ,  aulTi-bien  que  dans  les  autres 
livres  appeliez  A7;;^,  des  textes  ^  des 
queftions  qu'ils  propofent  dans  les  exa- 
mens publics  aux  Candidats  ou  aux  Eco- 
liers qui  afpirent  aux  Degrez.  Enfin 
les  Chinois  afTeurent  que  c'eft  la  plus 
ancienne  Règle  des  cérémonies  &  des 
Rites  de  tout  l'Empire. 

Il  eft  vrai  que  quelques  Commenta- 
teurs de  ce  RitiTel  doutent  fi  dans  la  fui- 
te des  tems  on  n'y  a  pas  ajouté  plu- 
iicurs  chofes,  particulièrement  fous  la 
race  des  Empereurs  appcllée  7/^;;,  après 
que  tous  les  livres  Chinois  furent  brû- 
lez par  le  commandement  de  l'Empe- 
reur Barbare  Ohiii"  xi  hoavg  ^  environ 
deux-cens  cinquante  ans  avant  l'Incar- 
nation de  notre  Seigneur  i  ou  fi  ce  Ri- 
tuel qui  eftoît  au  nombre  des  livres 
clalTiques  avant  cet  embrafemcnt  ,  eft 
demeuré  entier,  &  acftéconfervédans 
fa  pureté.  Lefdits  Commentateurs  cfti 
ment  &  affcurent ,  que  certaines  let- 
tres. 


Sur  les  Rituels  de  la  Chine,  1/^5 
très ,  certains  articles ,  &  certains  Cha- 
pitres n'eftoient  point  dans  les  anciens 
Exemplaires,  mais  qu'ils  ont  efte  ajou- 
tez fous  les  Empereurs  de  la  famille 
Han  par  les  Dofteurs  de  ce  tems-là. 
On  ne  fçait  de  quelle  manière  cela  s*eft 
fait  -:  mais  tout  cela  n'empcfche  pas 
qu'après  la  colle(Stion  ,  la  revifion,  & 
le  choix  des  livres  clafTiques  par  or- 
dre de  l'Empereur  Jung  îo  ,  ledit  Ri- 
tuel Liki  n*ait  toujours  efté  du  nombre 
de  ces  livres  ,  &  qu'il  n'ait  encore  à 
prefent  la  mefme  autorite  :  de  forte 
qu'il  n'cft  pas  permis  aux  Commenta- 
teurs d'en  retrancher  ou  d'y  ajouter  un 
feul  point,  mais  feulement  d'en  expli- 
quer le  texte.  Il  femble  que  ce  qui  a 
donné  lieu  à  cela,  c'cftque  l'on  n'a  pu 
trouver  à  la  Chine  un  Rituel  plus  pur  : 
&  que  ces  peuples  ont  eftimc  que  fon 
antiquité,quellc  qu'elle  puifle  eftrc&r  le 
devoir  faire  préférer  à  tous  les  livres 
qui  ne  font  point  du  nombre  desClaf- 
liques ,  &  le  devoir  faire  conferver  com- 
me un  livre  dont  l'autorité  eft  vénéra- 
ble à  cet  Empire. 

Enfin  les  PP.  François  Brancati  & 
Jacques  de  Favre  ,  de  la  Compagnie 
de  JESUS  ,  ont  cité  dans  leurs  Apolo- 
gies le  Rituel  Lih ,  dont  les  Chinois  fe 
fervent  à  prefent  ,  comme  un  livre 
clafTiqueS:  de  grande  autorité,  &ilsonc 
choifi  plufieurs  pafTages  tant  du  texte 
que  des  Commentaires  de   ce  livre  , 

•  pour 


I^^  Rtponfe  dn  R.  P,  Aleomjfa, ,  ^c. 
pour  établir  leur  fentiment  ,  &  pour 
combatre  celui  de  leurs  adverfaires  , 
comme  on  peut  voir  dans  le  Traité  du- 
dic  Père  Brancad  ,  que  les  P  P.  Jefui- 
tesont  produit  -depuis  peu  à  la  Con- 
grégation du  faint  Office  3  dans  lequel 
cet  Auteur  cite  aufïi  aux  mefmes-  fins 
quelques  pafTages  du  Rituel  T'a  inufg, 

F.  Jean  François  de 
NicoLAis  Aleonissa  , 
Evejqu^  mintJié  d^Beiite^ 


RE- 


RECUEIL 

Des   pièces    citées    dans    ce 
Traite, 

^^E  croj  que  je  feray  flaifir 
sJ  aux  LeÉienrs  de  leur  don- 
ner  les  pièces  fuivAnt es  a  la  fin 
de  ce  Traité  :  &  je  le  croy 
même  neceffùre  ,  afin  qtion  ne 
me  foupçonne  pas  de  les  avoir 
citées  à  faux  ^  ou  d'en  avoir  fait 
une  verfion  infidelle, 

1.  Keponfe  Italienne  du  Tr}s^ 
Révérend  Père  en  Dieu  Jean 
François  Aleonifia  Evefcfue  nom^ 
tné  de  Berithe  ,  aux  Articles  qui 
luy  furent  envoyez,  par  Monfei- 
çneur  le  Cardinal  Cafanate  le 
premier  de  Juillei  1699.  J^en  ay 
donné  une  verfion  Françoise  au 
premier  Chapitre  de   ce  Traite, 

1  1.  Mandement  latin  de  Li 
Congrégation  du  S.  office  envoyé 

G  aîC 


AH  Rcvercndifsime  Père  Aleo*- 
mff.t  p.tr  l' lllufirifsime  Seigneur 
Spcrellt  le  19.  Novembre  1699. 

III.  Lettre  du  Roy  de  Portu^ 
gai  a  Mcnfeigneur  le  Cardinal 
Cj. fanât e  en  faveur  des  PP,  Je^ 

fuites  fur  les  affaires  de  la  Chi- 
ne. Cette  Lettre  efl  citée  au  Cha- 
fitrc  VIII'  de  ce  Traité.  Je  la 
donne  en  Portugais  ,  avec  la 
verfion  Françoife ,  pour  la  fatis- 
faction  des  Le  cireurs, 

IV,  Lettre  latine  de  Me  (sic  tir  s 
le  Supérieur  ,  les  Directeurs  /^ 
Mifsionnaires  du  Séminaire  des 
M  ifs  ions  Étrangères  ,  établi  a 
Paris  ,  a  notre  faint  Père  le  Pa^ 
pe  Innocent  XII.  que  j\%y  rap^ 
portée  en  Frxnçois  au  dernier 
Chaoitre  de  ce  Traité. 


RISPO- 


^47 

•  «•«••«•«•##•#•«    •« 
•   •••««••*    **#4fl*#    ••• 

•  «•#»«H^«*    ••♦♦#♦##♦ 

RISPOST A 

Di  F.  Gio  Francisco  Aleonissa 
Aiinore  Ojfervante  Riformato  ,  f^ejl 
covo  eletto  di  Berito,  Vicariê 
yîpcftolico  de  Hun-vang    in   Chin^, 

^ilU  Punît  contenuti  nelli  FogU  Inviati» 
glt  d'alf  Eminentiffimo  e  Rêver  endtjji" 
mo  S'ignore  Cardinale  Casanatte, 
il  primo  de  Luglio  i^pp. 


E 


MlNENTlSSIMO  E  ReVERENDISSI- 
MO  SiGNORE, 


Havendo  gia  rîfpoflo  alli  punti ,  în- 
viatimi  da  JVIonfignore  SpcreUi  AfTefTo- 
re  del  S.  Officio  ,  conforme  ail'  or- 
dine  délia  Sacra  Congregatione ,  con  il' 
donuto  oflequio  conFormandomi  pari- 
mcnte  al  fommo  c  Apoftolico  zelo  di 
Noftro  Signore  &  ail'  ordinedi  Voftra 
Eminenza,  rifpondeo  alli  punti  che  H 
contengono  ne  fogli  che  u  degna  in- 
^  viarmi  ,  beo  che  per  la  mia  corta  ca- 
*j5acita  mi  riconofca  infufficicnte  à  fo- 

G  2  disfar 


148  Conformité  des  Cerem,  Chin, 
disfar  pienamente  al  fommozelod'ell* 
Eminenza  Voftra  ,  procurero  nondî- 
meno  che  lafncerita  délie  mierifpoftc 
correfponda  al  mcrito  délia  materia, 
è  air  obligo  che  hb  di  manifeflare  la 
verita  in.  puuto  fi  relevanti  ,  havendo 
ne dunqi^e fcippricato  il Sigr\Qje /.  è cou- 
fidato  nella  divina  alTillenza  dameim- 
plorata ,  dico  nel  • 

PRIMO    P  U  N  T  O. 

1.  Che  MonfignoreMaigrot  è  dotto 
«elle  noftre  rcienze^  t  oignoveramen- 
te  del  grado  che  poffiede  de  Dottore 
Sorb.onico, 

2.  Che  è  uno  de  più  dotti  Miiïîon- 
narii  nella  lingua  e  Lettere  Chinefi  , 
nondimeno  eflendo  detta  lingua  diffi- 
ciîifllma  per  il  poco  numéro  di  voca- 
boli,  quali  in  tutto  no  giungono  à  qua- 
tre cento,  è  fi  jiiultiplicanocon  il  mo- 
do di  pronuntiarli,  non  po^To  affirma- 
re  che  iappia  conperfcttionek  lettere 
Çliinefi  5  quali  panano  il  numéro  di  cin- 
quanta  millia,  è  la ma^gior parte defte 
ha  divcrfi  fignificati  :  c  pero  vero  che 
per  leggere  c  inccnderc  libri  Chinefi, 
nofirechiedçunaperfcttanotiziadi  tur- 
tcleiudctte  letter^.c  che  permczodc 
JCcttcrati  Chinefi  èdc  Iloro  dittionarii, 
fi_puoiupplircdettodi[cttO:,  corne  fan- 
no  gli  illelfi  Chinefi  ,  de  quali  no  cftato 
mai  alcuno,chc  n'habbiahaviuouna  to- 
tal co^nitionc.  3.  Che 


uivec  r Idolat .  G  reccjHe  Çy' Rom.   1 45) 

3.  Che  c  unode  Milîîonarii  piùprac- 
tici  de  coftumi  c  Riti  Chincfi  ,  eflTcn- 
do  ,  gia  molti  anni  chc  fta  in  China, 
c  fo  che  hà  tatro  parricolar  ftudio  per 
quefto  eflfetro. 

4.  Ch.e  in  quanto  ho  potuto  conof- 
cere  ,  con  maturità  è  fiindamcnto, 
da  hii  ,  è  molti  altri  ftimato  folido, 
hà  fatto  il  fuo  Mnndato. 

5.  Che  non  ho  fundamento  folido 
per  credcre  che  eflb  Thabbia  fatto  con 
pafTione,  è  vendetta  ,  anzi  credo  che 
i'habbia  fatto  conzelo^  tpor  fodisfar 
al  fuo  débite 

NEL  II.  PUNTO  DICO. 

6.  Che  Letterati  Chinefi  nelli  loro 
Ifbri  antichij  è  modcrni  ,  ufano  delli 
vocaboli  Tien ,  é  Xnmti.  Il  primo  nel 
fenfo  literale  fîgnifica  il  Ciclo ^  è  y  Due 
iiltimi  nel  medemo  fenfo  fignifîcana 
ilfupremo  Imper at or e. 

7.  Che  y  Letterati  Chinefi  Gcntili 
délia  fcrta  Lettcraria  ,  al  meno  da  mil 
anni  in  qiià  ,  in  quanto  hanno  voluti 
dichiarariî  ProfefTori  di  detta  Setta , 
è  difcepoli  delloro  cclcbre  Maeftro 
Confucio  ,  hanno  feguito  commune- 
mente  un  mero  Atheifmo  congiunto 
con  una  fintareligione  :  unde  non  han- 
no intefo,  ne  intendono  per  detti  vo- 
caboli il  vero  Dio  ,  ma  folo  il  cielo 
materiale,  6  una  virtii  del  cielo,  che 
chiamano  Ly.  G  3  8.  Che 


I  5  ù   Conformité  des  Cerem,  Chin. 

'8.  Che  dàdettiLetterati  5  inquanto 
Profeflori  de  detto  Atheifmo  ,  fi  ufa 
communemente  délie  voci  6  vocabulo 
Xamtîi  corne  nome  honorifico  per  nonii- 
nare  il  cielo  materiale  ,  6  pure  è  più 
frequentemenre  quella  virtu  celefte  , 
chiamata  Ly. 

9.  Che  con  detto  nome  A^rw^/inten- 
donOj  corne  ho  detto,  una  certa  virtù 
infîta  nel  cielo  ,  è  chiamata  Ly  :  la 
quale  per  che  domina  è  influilfe  nelle 
cofe  inferiori  ,  fi  chiama  dominante 
c  imperante,  è  per  la  detta  virtù  detti 
Chinefi  chiamo  il  cielo materialey?//?;*^- 
ffw  hnperntore. 

10.  CheyPP.  Mirfionarii ,  èliChri- 
ftiani  di  China,  quafi  nell' ifteflo tem- 
po comminciarono  ad  ufare  del  nome 
Tîeji  cbu  y  è  de  y  vocaboli  Tiiti  è  Xnwti , 
per  nominare    il  vero  Dio  j    per  che 
y  Padri  délia  Cojnpagnia  di  Giefu  fu- 
rono  y  primi  MilTionarii,  cheufarono 
defti.  Pero  fin  dal  principio  fù  da  tut- 
ti Miflionarii  ufurpato  con  più  liberta 
il  nome  Tùn  chu ,  per  nominare  il  vero 
Dio  ;  per  che  per  ufare  del  nome  Tien 
è  Xamti,  giudicarono  neceflaria  maggior 
dichiaratione  ,   per  concordare  con  y 
fudetti  Letterati  ,  almeno  riconolcen- 
do,  che  detti  Letterati  da  molti  anni 
in  quà  havevano  ufurpato  è  dichiara- 
to   detto  nome   o  vocabolo    en    fenfo 
Athjillico. 

II.. Che  fopra  le  porte  dellc  Chicfe 


uivcc  rjdoUt .  Grec^Hc  dr  Rom,  151 
fi  mette  Ticii  chu  tang ,  è  non  TiC7t  Xatnti 
tang ,  è  cofi  fcmpie  fù  facto  univerlal- 
mcnte  da  tutti  li  Miffionarii  refpcdi- 
vamente  nclle  porte  dclle  loroChicfe. 

12.  Che  è  vero  ,  che  difficilmente  fî 
pofïbno  ularevocaboli  Europe!  perno- 
minare  il  nollro  Dio  ,  efîendo  che  la 
lingua  délia  China  è  quafi  tutta  com- 
pofta  di  monofîllabe,  délie  quali  chiaf- 
cuna  hà  il  proprio  fîgnificato  s  è  i  no- 
mi  Europei  eflendo  compoftidi  piiifil- 
labe  che  in  quella  lingua  ,  c  lettere  han- 
no  diver/î  fîgnificatij  fannolàunfenfo 
totalmcnte  diverfo  da  quello ,  che  han- 
no  in  Europa,  è  nel  linguaggio  Euro- 
peo,  oltre  la  gran  difficultà  che  han- 
no  ;  Chinefidi  pronunciarle  ncl  modo 
che  devono  pronunciarfi  ,  mancando 
in  quella  lingua  alcune  Lettere  d'c^ll' 
Alphabeto  Europeo  ,  come  per  efem- 
pio,  B.D.K. 

Ij.  Che  è  vero,  che  conforme  èpref- 
critto  nèRitualiChinefi,  foloTImpe- 
ratore  facrifica  al  Cielo,  è  alla  Terra, 
Q^uanto  poi  fe  ci  fiano  6  no  ncUa  citca 
di  Nanking  è  Peking  Tempii  dedicati 
al  Cielo  è  alla  Terra,  non  ne  hb  me- 
moria,  ne  certa  notizia,  neperl'una, 
ne  per  l'altra  parte.  Q^uello  che  fie, 
che  in  Nanking  nel  tempo  che  là  fon 
flato,  non  fi  fatto  tal  facrificio,  per 
che  rimperatore  gionfe  là  folamentc 
di  pafîagio  ,  cfTendo  la  fua  Refidenza 
ordinaria  in  Peking  ,  donc  fuol  fare 
^dccto  facrificio.  G  4  14. Che 


152   Conformité  des  Ceretn.  Chi^t, 

14.  Chel'ImperatoreCZ'^'iW^o-^;  hog- 
gi  régnante  habbia  dato  à  Padri  Gie- 
l'iiiti  de  PekiiTg  latabella  infcritta  A^/'w^ 
tien,  Cœlfun  celito  ,  è  verita  afferta  da 
medemi  Padri  ,  i  quali  ^  è  non  akrij 
hanno  chiefa  in  Peking  ,  &  è  più  che 
certa,  eflendo  che  ncll'  iftefla  tabella 
efpolla  in  varie  Chiefefta  fcrictoquaî- 
mente  Tlmperatore  di  propria  mano 
fcrifle  detto due  lettere  K'wg  tien ,  è  vuol 
dire  che  l'eftefTo  Imperatore  gli  diede 
efte  5  altrimente  non  gli  faria  permeiïb 
ufare  di  efte  nel  modo  riferito. 

15.  Che  è  vero  che  detti  Padri  han- 
no pofto  fopra  l'Altare  dalcune  fue 
chieze  in  luogo  alto  è  eminente  detta 
tabella,  6  per  dire  meglio  ,  copie  di 
efta,  corne  io  fteflb  l'ho  vifta  nclla  lo- 
ro  chieza  di  Nanking  ,  &  altre. 

16.  Che  inanzi  dette  Tabelle  non  fî 
mettono  necandele,  nefiori  ,  neodo*- 
ri ,  fe  non  quelli  che  fono  per  culto 
délie  imagini  facre  ,  che  ftanno  nel 
l'Altare,  quali  di  niun  modo  Ibnoor- 
dinati  ne  pofti  per  culto  di  dette  ra- 
belle. 

17.  Che  i  chinefî  vedendo  dette  ta- 
belle 5  fin  dal  principio  che  furono 
efpoftc  nelle  chieze  ,  feccro  concetto 
che  rimperatore  con  efte  havevafatto 
à  gli  Padri  un  fingular  favore  ,  eflen- 
do  che  quai  fî  fia  picciola  cofa  d'ell* 
Imperatore  ,  C\  ftima  perfingolarbene- 
iicio.  Sotto  di  dette  tabelle  à  i  latipo- 

fero 


^vec  ridolat.  Grccâjue  &  Rom.  155 
fero  i  Padri  una  efpofitione  o  dichia- 
ratione  del  fenfo  nel  quale  dovevano 
intcndcifi  dette  tabelle  ,  h  Icttere  in 
cft<.-  contcnute ,  c  che  adeffi  parfe  più 
conforme  alla  dottrina  Catholica  :  bon 
che  quella  che  ho  vifta  in  alcuna  chie- 
za  délie  fudetre ,  non  mi  fià  piaccinta, 
Stimo  che  molti  nonne  facianoilcon- 
cetto  conforme  à  detta  dichiaratione. 
Pero  i  più  dotti  è  Letterati  fra  quel 
G-jntili,  che  poterono  penetrare  me- 
glio  Tintcnfo  d'ell'  Imperatore,  cre- 
do che  fenza  far  cafo  ûella  dichiara- 
tione  fatta  da  Padri  ,  l'intenderiano 
à  l'intendono  in  fcnfo  atheiftico  ,  o 
pure  che  l'Imperatore  l'habbia  date  in 
Iode  de  Padri  in  quanto  JVlathematici, 
è  non  per  autorizare  la  dottrina  Ca- 
tholica che  eflfipredicarono  6  predica- 
no  in  quelP  Imperio.  E'  certo  anche 
che  i  Chriftiani  l'intendono  in  fenfo 
fpiegato  de  Padri. 

18.  Che  in  punto  air  eflerebenfun- 
data  6  no  la  proibitione  fatta  di  dette 
tabelle  ,  mi  pare  cofa  dubbiofa  ,  è 
n'afpettaro  la  decifione  del  facro  Tri- 
bunale  ,  à  cui  fpetta  il  Giudicio  del 
fatto. 

19.  Chegl'altri  Miffionarii,  che  non 
ufarono  di  dette  tabelle  prima  del  de- 
creto  in  favorc  ,  délia  Religione  Ca- 
tholica publicato  l'anno  1^92.  fenza 
dubbio  nelle  loro  chieze  erano  efpofti 
à  maggiori  moleftie,  iî  de  Governato- 

G  5  ri. 


I  54  Conformité  àes  Cerem^  Chw, 
ri,  corne  dipopuliGentilij  èmancau- 
(jo  gli  quel  favore  Imperictie  ;,  fperi- 
mentariono  alcuna  maggior  difficulta 
in  fare  il  loro  Minifterio.  Pero  non 
per  querto  lafciavano  difarfrutto,  chi 
più,  chi  meno  :  è  dopo  la  publicatio- 
ne  di  detto  Decreto,  moko  meno  ne- 
ceflîtano  di  dette  tabelle  per  far  il  lor 
officio. 

20.  Che  quelli  che  Thanno  tolte 
inanzi  odopolapublicatione  del'Edit- 
to  di  Monfignor  Maigret ,  non  hanno 
incontrato  6  fofferto  perfecutione  j  la 
quale  havria  potuto  incontrarfi  ,  {t  i 
Chineû  haveffero  potuto  riconofcere 
alcuno  difprezzo  verfo  dette  tabelle  y 
per  cfTer  cofa  Impériale.  Quefto  pero 
puo  temerfi  molto,  fe  fî  tratte  de  ri- 
moverle  délie  Chieze  che  fono  in  Pe- 
king  5  è  fpecialmente  da  quella  done 
i'Imperatore  ne  fece  il  dono  3  per  che 
fenza  dubbio  giungera  à  notizia  dello 
fteflfo  Imperatore,  è  fara  difficile  il  far- 
gli  credere  che  quefto  fi  fa  con  giufto 
motivo  5  è  non  per  altro  fine  à  lut  po- 
co  grato. 

21.  Che,  il  librodelP.Gio-battifta 
de  Morales  Domenicano  ,  intitolato^ 
iDivivi  pfj'ccpti  de  filiGrnm  ohcdiefjtta  exp/ica- 
■iio,  non  mi  confta  che  fiallatoimpref- 
fo  in  China,  o  al  meno  non  mi  cgiun- 
to  aile  mani ,  onde  non  sbbene  il  con- 
tenuto.  Ma  quello  dsl  Padre  Antonio 
de  fanta  Maria,  Francefcano^  intito- 

lato. 


^vec  lIcloLit.  Grtcque  &  Rom,  155 
lato,  Legis  DiiC"  Schol^Littcrarij:  cotifor- 
initns  y  è  ftato  da  me  più  voltc  vilto  è 
letto  :  c  veramentedettoPadre  inque- 
fto  libro  da  lui  coinpoftoinlinguaChi- 
ncfc,  parla  confînsolar  ftima  di  Con- 
fucio ,  c  procura  di  concordare  moltî 
tefti  dclli  libri  di  detto  Confucio  ,  è 
d'un  alro  Filofofo  antico  chiamato 
Mcn'g  chu  j  con  la  dortrina  Carolica  ! 
cfponcndo  li  in  fenfo  Catolico  :  è  corne 
in  detti  tcfti  fi  ufa  délia  lettera  ftcn,  il 
Padre  la  Spiega  per  il  fignore  del  Cie- 
lo  5  aggiungendofi  la  lettera  Chu,  chc 
fîgnifica  /ignore  ,  &  alcuna  volta  ufa 
délia  lettera  Tic»  efplicata  nel  dette 
fenlb  5  per  nominare  il  noftro  Dio5& 
£  certo  che  in  detto  libro  il  Padre  dà 
à  Confucio  molto,  &:  in  alcun  luogo 
lo  fuppone  illuftratoconluce  foprana- 
rurale,  fupponendo  che  Tintelligenzia 
che  effo  dà  à  detti  tefti  ,  fia  quellacon 
cui  li  proferi  detto  .Confucio. 

21.  Che  rimperatore  di  China  con 
gli  Ateifti  è  Ateifta,  è  con  gli  idola- 
rri  idolâtra ,  è  veramente  più  Aieifta 
chc  altro,  poi  che  per  taie  ,  û  mani- 
fefta  ne  libri  da  lui  impreffi,  cfeguace 
délia  fetta  Letteraria. 

23.  Che,  à  mio  parère,  ad  ogni  al- 
tra  cofa  pcnfa  ,  fuor-che  à  farfi  Chri- 
fliano. 

24.  E'  pochifTnno  fin  hora  il  numé- 
ro de  Mandarini  è  Grandi  d'ell  Impe- 
rio,  che  hannoabbraciata  la  Legge  de 
Dio.  G  6  NEL 


1 3  <j    Conformité  des  Cerem,  Chirf. 
NEL  TERZO  PUNTO  DICO. 

2  5.  Che  fe  ben  voglio  pcrfuadermi 
che  il  Padre  Martinio  Giefuita  ,  Re- 
ligiofo  di  tanti  meriti  ,  virtù  è  dor- 
trina  ben  nota  al  mondo  ,  nelli  Tuoi 
ouefiti  dari  al  fanto  OfHcio  in  tempo 
û'Alefandro  V 1 1.  habbia  propofto 
quelle  ch'  eflb  giudico  neceflario  per 
ottenere  la  decifione  de  lui  pretefa  ;  c 
che  non  habbia  voluto  avertitamente 
occultare  cofa  alguna  da  lui  riputata 
contraria  alla  detta  decifione.  Nondi- 
meno  fe  non  prefentb  altre  fcritture 
più  diftinte  de  quel  tanto  che  fe  con- 
tiene  ne  punti  dà  lui  propofli  in  lingua 
Latina  ^  è  decifî  dalla  fanta  Congrc- 
gatione  &c.  mi  pa:re  che  in  aîguneco- 
fe  fù  diminutoj  fe  purenon  volfepro- 
ponere  fol  quel  tanto  effo  giudicavalr- 
cito  permetterfi  alli  Chriftiani,  è  non 
più  5  per  che  fe  cio  fofle  ,  doverei  dif- 
correre  d'altro  modo. 

16.  Che  quelle  in  che  mi  paredimr- 
nuto,  è  molto  di  quanro  dice  nel  ter- 
70  quefito,  per  che  fuppone  che  lace- 
remonia  di  ricever  v  gradi  (î  fa  n^lla 
•fala  di  Confucio  :  è  fe  per  la  fala  di 
Confucio  intende  quel  Itiogodone  s'of- 
ferifcono  vittime,  &  altre  cofe  à  det- 
te Confucio,  non  è  veto  che  in  detto 
luogo  li  conferifcono  V  gradi  j  ma  folo 
doppo  d'haver  ricevuto  dctti  gradi  iii 

altra 


ylvec  ridolat,  Grectjue cr  Rom.  1 57 
altri  parte  ô  fala  Lcttcraria,  vannoîà 
à  vcriL-rare  ô  riconofcere  il  Confucio 
almcno  pcr  loro  principale  Maertrc, 
con  le  cérémonie  prefcritte  pcr  tal  ef- 
fetro.  Di  pin  fiipponc  chedctto  luogo 
deftinato  alcultodi  Confucio  non  èpià 
che  una  fala  :  è  quefto  è  quello  ,  che 
folo  relia  fuppofto ,  è  non  provato  ;  fti>- 
mando  altri  cbe  fia  più  che  fala,  ève- 
ro  Tempio.  Suppone  anche  &:  alTjrif- 
ce  ,  che  y  riti  con  y  quali  è  ivi  vcne- 
rato  Confucio  in  tal  occafîone ,  fono 
ex  fua  prima  wftittitione  politici  è  civili , 
iid  mcrum  culutin  civil  cm  inJlitutT  :  il  che 
•  deve  provarfi  più  diftintamentejben  che 
fîaalquantopiùfundato.  Seguitapoi  è 
dice  che  omnes  graduandtjimul  Aulam  Coriftt- 
çii  itjgrediuntnr  ,  dovendo  dire  per  dir 
il  vero,  Omms  Grnduati  Jîmtil  à^c.  Per 
che  quando  cio  fanna  ,  hanno  gia  oc- 
tenuto  ilgrado.  5oggiunge  più  abaflb-, 
è  dice  :  Pratereh  Aula  illaCcnfucii  gyîuna- 
fium  cfl  5  ^  non  Tcmplitm  propriè  diéftwi , 
affignandone  lacaufale  :  Namdaufaom- 
mbt*s  eft  praiterquavï  fludiofis .  O  u  e ft a  ca u- 
fale  è  vera  ,-  pero  norr  bafta  a  provarc 
che  fia  fchuola  è  non  vero  Tempio; 
tanto  più  che  elTo  non  riferifce  diftiiT- 
tamente  l'offerte  o  facrificii,  che  ivi  fi 
fanno  à  Confucio  in  altri  tempi  de- 
detcrminati ,  &  y  riti  è  cérémonie  che 
s'ufano  in  taie  offerte  ,  corne  pare  che 
era  ncceffario.  Di  più  nel  4.  quefito 
dice,  che  Sinâ  nuUam  Divmitaîem  ammet- 


158  Conformité  des  Cerem.  Chin, 
hns  dcfunâîoruvi  couccduiit ,  itibil  ah  iîlis  fpi- 
rafit  aut  pctfwt  :  è  quefto  non  è  vero, 
per  che  y  Chinefi  infideli  ,  almeno  in 
tempi  è  luoghi  determinati  ^petuntàpra- 
fatis  nnimabus  :  &  in  perfonedetermi- 
nate  gia  défunte  hanno  conceflb  virrù 
èpotere  più  divinoche  humano  ,  corne 
confia  da  libri  è  rituali  di  China,  fia 
cio  fatto  fintamente,  b  con  vera  cre- 
dulita.  E  dove  dice  :  Triplex  e(î  vwdus 
fjuo  dcfunâosfms  honmant;  nel  primo  laf- 
cia  fuori  certe  offerte  che  ivi  fifannoi 
è  nel  fecundo  è  diminuto  nelle  céré- 
monie che  fi  fanno  coram  dcftmâorumtn- 
hcllis  nelle  café  particolari.  Q^uanto 
poi  al  Chu  Tang  b  fale  di  defunti  ,  non 
riferifce  che  anchifon  chiamate  Tem- 
pii  ,  è  non  fale  quelle  dell*  Imperato- 
re,  è  de  Magnati  ,  cioe  con  il  nome 
Miao  :,  che  dettoPadre  qui  fupponeper 
nome  di  Tempios  effendo  permefTo  al 
particolari  il  tencrle  folo  col  nome  di 
Chu  Tang  ^  che  eflb  fuppone  perfala^ 
c  non  Tcmpio,  Q^ueftomi  occorrecir- 
ca  y  quefiti  dcl dettoPadre,  àcui  non 
intendo  faraggravio  ,  effendo  ftatoMif- 
fionario  dcgno  ,  è  fi  meritevole  ,  ma 
folo  rifpondere  quanto  devo  nella  di- 
manda  fatta  mi  in  tal  materia. 

NELQ^UARTO  PUNTODICO. 

27.   Che  Confucio    c  fommamcntc 
iiimatoda  tutti  Letterati  Chinefi  &  al- 

tri 


j4veclldolut.  GreccjHe  &  Rom.  i  59 
tri  Infedeli  di  China  &akri  Kcgnivi- 
cini  j  c  molto  anche  da'Chinefi  Chri- 
Aianij  ben  chc  quelH  uhimi  liacconio- 
dino  per  il  più  a  qucllo  que  y  MilTio- 
narii  conceuono  à  detto  Conrucio. 

iS.  Corne  in  China  ci  fono  diverfc 
fettc,  mi  pare  che  y  Gentili  veramen- 
te  Idolatri  riguardano  Confucio  corne 
uno  de  loro  Dei  ,  ben  che  in  publico 
o  conautorita  publica  non  fiafraquelli 
numerato,  ma  folo  con  privata  auto- 
rita  da  quefto  o  da  quello,  in  quefto 
6  in  quai  luogo.  Se  poi  fi  ritrova  in 
China  chi  fenta  de  gl'antichi  Chinefi 
quello  fentono,  o  hanno  fentitoy  Mif- 
fionarii  délia  Compagnia  ,  &  alcuni 
ahri ,  cioè  che  quelli  connobero  il  ve- 
ro  Dio,  Spiriti,  &  anime  immorcali, 
ilimo  che  quefto  gli  dara  ogni  fantita 
polTible  in  tal  fuppofto.  C^uanto  poi 
à  y  Letterati  Atheifti ,  è  certo  che  gli 
atcribuifcono  in  grado  fommo  quella 
virtù  che  efti  ChiamanoZ.?,  ilcheère- 
^uardata  di  loro  corne  unaSuperiorita 
c  perfettione  eflenriale. 

29.  La  parola  Miaô ,  è  ufata  in  Chi- 
na communemente  per  nominaretem- 
pii  de  gli  Idoli ,  de  modo  cheiMiffio- 
,narii  mai  hanno  ufurpato  detta  paro- 
la per  nominare  le  loro  chieze  ,  ben 
che  fapefTero  che  i  Chinefi  Thaveviano 
ufurpato  ancora  fin  dal  tempo  antico 
per  nominare  i  luoghi  6  Tempii  delli 
progenitori  Regii  è  d'altri.  Lo  trova- 

to 


1 6o    Conformité  de  s  Cerem,  Chïn. 
to  nondimeno  (piegato  ne  dittionarii 
Chinefi  per  forma  ,   figura  ,   6   fomi- 
glianza  di  defonti  ,   pro   qiianto   con 
efl^;  fignificano  quei  luoghi  ,  tempii  6 
memorie  di  detci  defonti   :  è  in  liiogo 
folo  né  in  libri  Chinefi  l'ho  viftoiifur- 
pare  per  nominare  una  délie  fale  del 
palazzo  Impériales  pero  non  mi  con- 
fia di  certOj  che  detta  fala  non  habbi 
relarione  ad  alcuna  cofa  de  progenito- 
ri  Regii ,  è  che  fia  folo  deftinata  per 
ufo  deir  Imperatore  :  onde  pare  più 
certo  che  fia  fempre  ufurpata  commu- 
nemente  per  fignificare  Tempii  dedi- 
cati  à  fpiriti,  &  veri  Tempii ,  che  una 
fîmplice  fala.  Quanto  poi  alla  Icttera 
oparolaŒ  6  ci,  è  certo  chedefi:ehan- 
no  ufato  i  Mififionarii  per  fignificare  ri 
facrificio  délia  Meifanell'  idiome  Chi- 
nefe  per  haverlariconofciutapiùàpro- 
pofito  d'ogn'  altro  per  tal   effetto.  E 
vero  che  i  Chinefi  ufarono  defta  per- 
figniftcare  i  loro  facrificii.Ben  che  per  fi- 
gnificare certi  facrificii  particolari  fatri 
à  diverfi  fpiriti  è  defonti  ,  corne  pure 
al  Cielo  ,  Terra  ,   &  Xamti  ,   hanno 
ufato  &  ufano  d'ahri  nomi  particola- 
ri,  conforme  la  fpicganoiDottori  Chi- 
nefi, fignifica  quel  facrificio  ô  ofTcrta, 
in  cui  s'ofifcrifcono  vittime  6  animali. 
Non  polTo  pero  affirmare  totalmente 
che  l'ufo  defta  fia  cofi  determinito  à 
fignificare  vero  facrificio  ,  che  non  hab- 
bi,  o  polTa  havere  alcro  fignificato. 

30.  Cou- 


Avec  ridoltt.  Grecque  cr  Rom,   16 ï 

30.  Confiicio  ha  in  ciafchcduna  cit- 
ta  dclla  China  luogo  0  Tcinpio  à  lui 
dcdicatc,  donc  fe  glioflfcrifce ,  ôfacri- 
fica  in  tempi  dcccrminaci  s  c  in  cfto  è 
Altare  6  mcnla  ornata  de  candelieri  , 
é  vafi  per  abbriigiare  profumi  avantila 
tabejla  di  dctro  Confucio.  Se  poi  fono 
veri  tcmpii  c  alcari,  nonccofi  chiaro. 
E  certo  che  io  ne  pofTo  dir  altro  ,  fe 
non  rifcrire  le  cercinonic  che  forfifer- 
virano  per  che  fi  décida  il  fi,  6  non. 
fe  poi  detto  tcmpio  fiadedicatoconal- 
cune  cérémonie,  è  certo  che  conforme 
à  Rituali  di  China,  y  tempii  di  pro- 
genitori  Regii ,  &  altri  nominati  Chufig 
miao  ^  b  Cbit  jjiiào  i  fi  devono  dedicare  , 
è  quafi  confecrare  col  fangue  de  gli 
animali,  che  doppo  cui  fi  facrificano. 
Q^uefta  contefta  cerimonia  fi  fuol  ufare 
în  dedicare  il  tempio  fudetto^  pernoa 
eflere  quefto  inferiore  àquelli  nel  coa- 
cetto  di  Chinefi. 

31.  In  ciafcheduno  di  derti  tempii 
è  luoghi  dedrcati  à  detto  Confucio, ce 
la  tabella  del  medemo  con  Pinfcrittio- 
ne  feguenre  Cby  xin^'g  fieufu  Kung  chu 
xing  goey ,  id  eft  ,  Sedcs  ^iritiis  faîiâîifftmfy 
Vel  fapientifllmi  Mngiftri  Cmifnnr. 

32.  F/  vero  che  nel  tempio  di  Con- 
fucio fe  confei*va  la  detta  tabella  in  un 
tabernacolo  o  armariello  pofto  fopra 
l'Alrare  6  menfa  fituata  nella  parte  , 
donc  nelle  chieze  fuole  ftare  l'Altare 
Maggiore. 

35.  Il 


1 6 1   Conformiî é  des  Cerem.  Chîrt. 

jg.  Il  luogo  done  fta  il  tempio  di 
Confucio  incitolato  Vueri  mino  ,  cioé 
tempio  délia  fapienza  ,  contiene  di- 
verfe  fabriche  &  habitationi.  Dctto 
luogo  fî  chiama  ,  jûhiô ,  LHtcratmuin  col' 
hgïiim  five  gymnnfîum .  Le  fabriche  poi  fo- 
no  dirtinte  con  nomi  particolaricorri- 
fpondenti  à  i  fini  per  quali  fono  fatti  : 
èquellaparte 5  fabrica  ,  tempio,  6 fa- 
la  5  done  fta  detta  tabella  di  Confucio , 
è  done  s'offerifceofacrifica  al  medemo 
ne  tempi  déterminât! ,  è  chiamataH/^'w 
viïab.  Se  poi  quefto  tempio  délia  Sa- 
pienza  S//  vd  dïci  poljlt  Aiila  gymnafiï  ^  ^ 
non  Templum  proprie  diâum  ,  non  è  mio 
di  aflferirlo,  ô  negarlo.  Cerro  è  che  è 
dillinto  délia  fchuolaLctteraria,  èche 
id  efto  non  fi  fà  niun  atto  letterario  , 
ma  folo  vi  é  veneraro  Confucio  con  ri- 
verenze^  oâçrte^  6  facriiicii  ^  &ahri 
riti  fimili. 

54.  Li  Letterati  non  fono  Graduati 
nel  detto  tempio  Vuen  Miab  ,  ma  ben  fi 
in  un  altro  luogo,  fala  6  palazzo  de- 
putato  per  tal  effetto. 

3<î.  Mohe  di  quelle  cerimonie  che 
fogliono  farfi  in  detto  Tempio  Vucnmiahy 
pare  chefianocivili ,  per  quanto foglio- 
no farfi  anche  à  i  vivi.  Pero  éè  ne  fo- 
no altre  che  b  veramente  fono,  6  pa- 
rano  religiofe  è  fuperftitiofe  ,  come  fo- 
no quelle  d'offerirei  peli  è  fanguedell* 
animale,  chi  fi  hà  da  facrificare  i  fpar- 
gcrc  il  vinoche  s'oft'erifce,  dedicarcol 

detto 


Avec  ridoUt.  CreccjHe  (^  Rom.  i  (^5 
detto  Tangue  ,  il  tcmpio  i  feppelirc 
detto  fangiie,  è  i  peli  gia  oflferti ,  ab- 
brugiar  le  Pczedi  Tcta  parimcn ce  offer- 
te ,  c  le  carte  dore  ftanno  fcritti  gli 
oflertorii,  &  altre  fîmili. 

16.  Ouando  li  Graduati,  doppo  ri- 
cevuto  il  crado  ,  vanno  al  medemo 
tempio  à  far  le  folite  riverenze  ègenu- 
fîeflioni  avanti  la  tavoletta  di  Confu- 
cioj  ci  fono  fopra  la  menfa  6  altare 
candele  accefe  ,  profumi  ardenti  (  de 
fiori  non  è  coficerto  &  univerfali  )  Al- 
Ja  fpefa  pcr  dette  candele  è  profumi  3, 
fî  dice  chc  fogliono  concorrere  è  coa- 
tribuire  detti  litterati. 

37.  Le  riverenze  che  detti  Lettera- 
ti  tanno  in  detta  occafîonc,  fono  qua- 
rrOj  inchinando  il  capo  profondamen- 
te  ,  è  poi  inginochiandofi ,  quatro  volte 
giungono  con  il  capo  fin  à  terra,  èpuoi 
cfcono  fuori ,  c  vanno  à  far  rWerenzaal 
prefetco  chiamàto  Hiô  quon.  Dette  rive- 
renze è  genufleflionis'ufano anche  ver- 
fo  i  vivi  in  certi  tempijè  cafi  particolari. 

3S.  Li  Letterati  conforme  allaloro 
dottrina  atheiftica.,  non  pare  che  fperi- 
no  cofa  algunadalConfucio.  Peronon 
oftantefufïifte  quantbhoriferitoin  que- 
fta  mai(eria  nella  rifpofta  che  ho  date 
alli  pu^i  inviatimi.  Da  Monfîgnore 
Spcrelli  AfTcflbre  del  fanto  Omcio  3 
d'ordine  délia  S.  Congregatione. 

g  9.  E'  vero  chc  fi  porta  gran  rifpetto 
al  tcmpio  di  Confucio,    6:  hb  intefo 

dire. 


1 6/\.  Conformité  des  Cercm.  Ch'm, 
dire,  che  fi  fà  da  Chinefi  la  cortcfiadi 
fcander  da  cavallo  pafiando  avanti  di 
effo.  Pero  TiftefTo  fanno  l'inferiori  , 
incontrando  per  le  ftradc  i  lorofupe- 
riori  è  maggiori  ,  è  fpecialmcnte  paf- 
fando  avanti  il  palazzo  Impériale. 

40.  E'  vero  che  li  Mandarini  délie 
Lettere  di  ciafcheduna  citta  ,  0  per  di- 
re meglio  j  y  Govcrnatori  ordinarii 
délie  mcdeme,  vannocon  fuoi  Officia- 
li  5  &  altri  Letrerati  ,  due  voke  ogni 
mefe  in  detto  Tempio  di  Confucio  , 
cioè  nella  nuova  è  pienra  Luna,  à  far 
Tarie  rivcrenze  è  proftrationi  ,  iiianzi 
la  di  lui  tabella  ,  è  in  quai  occafîone 
vi  ardono  candele  è  profumi  ,  che  efli 
devono  offerire  ,  corne  fi  prefcrive  ne 
rituali,  6  almeno  devono  ardere  dette 
candele  è  profumi,  quando  y  medemi 
fanno  dette  riverenze  è  proftrationi  : 
c  qiiefto  è  quello  ched'ordinario-fi  prac- 
tica. 

41.  E'  vero  -che  li  Mandarini  fopra 
detti  fanno  Tiftefle  cérémonie  imme- 
diatamente  prefo  il  poflcfl'o  délia  fua 
dignira  ,  6  governo. 

41.  F/  vero  che  detti  Mandarini  ren- 
dono  tutti  quefti  honori  à  Confucio 
prima  che  al  ClmTg  Honng ,  che  è  lo  Spi- 
rito  tutelare  délia  città  nell'  opinione 
di  quei  popoli. 

4^.  E  vero  che  in  variitempii  s*of- 
fcrifcono  è  facrificano  varie  café  à 
Confucio. 

44.  E' 


yîvcc ridoUt.  GreccfHc  cr  Rom.    i6^ 

44.  E'  vero  che  fî  fanno  due  princi- 
pal! offerte  o  facrificii  folenni  al  me- 
demo  Confucio,  cioc  nella  primavera 
c  n'ell*  Auronne. 

45.  Q^uelli  che  devono  fare  dette  of- 
ferte o  lacrifici'i ,  6  amminiftrar  in  efti, 
conforme  è  prefcritto  ne  rituali  ,  de- 
vono alcuni  giorni  prima  digiunare  , 
aftenerli  dalle  loro  mogli  ,  dal  vino, 
carne  ,    pefce  &c.   è  da  divercimenti. 
Pero  non  è  cofî  certo  che  lo  faccino: 
&:  anche  ho  ritrovaronelRituale  A'm/;, 
f^iegaci  detti  digiiini  da  farfi  previa- 
mentc  aile  offerte  folenni  per  y  proge- 
oitori  deionti,  non  con  rigore  di  total 
aftinenza,  fpecialmentc  nel  vino, car- 
ne,  pefcc,  &:c.    Ma  per  unacc^rta  par- 
fîmonia  è  moderatione  nell'  ufodi  det- 
te vivande. 

4<îf  Dell*  elettione  fatta  per  forte 
d'un  buon  giorno,  pcrfceglieregl'ani- 
niali ,  che  s'hanna  da  offerirc,  nonne 
ho  certa  notizia  ,  ne  libri  6  rituali  in 
pronto  ,  dovc  fi  prefcriva. 

47.  Si  fiiol  tare  alcuna  ccrimonia 
per  far  detta  fcielta  ,  e  particolarmen- 
te  quella  di  metter  nell'  orechia  dcl 
porco  &:c.  unliquore  caldo  pOTprovar 
le  fara  à  propolito  per  l'ofterta  6  fa- 
cri  ficio. 

4S.  t?  vcro  che  almcno  nnodi  det,tî 
animali  efl'cndo  approvaro  èuccifoco'ri 
cerimonia  particolare  la  vigilia  delfar 
criflcio  6  offerta  ludctu  nel cortile  dél- 
ia 


166    Conformité  des  Ccrem^Chtn. 
lafala  chiamata  Min'g  lung  tang^  vi- 
cina  dal  Tempio  di  Confucio. 

49.  E'  vero  che  detta  vigilia  in  det- 
te cortile  &  in  detra  fala  n  preparano 
menfe  adornate  di  candele  è  profumi  > 
la  tabella  di  Confucio  fi  mette  fopra 
la  menfa  che  fta  in  detta  fala  :  Il  por- 
co  &c.  che  s'hà  da  offerire  ,  fi  mette 
avanti  quella  menfa  che  fta  in  detto 
cortile.  Il  principal  Miniftro  fà  una 
riverenza  profonda  à  detto  animale^ 
il  quale  poi  è  uccifo  dal  macellaro. 

<)0.  E'  vero  che  fe  confervano  alcu- 
ni  pelij  è  un  poco  di  fangue  del  detto 
animale,  o  d'altro  che  fe  hà  da  facri- 
ficare  ;  per  offerirli  la  matina  del  gior- 
no feguente. 

51.  Il  tempo  nel  quale  vanno  liGo- 
vernatori  al  Tempio  per  fare  dette  of- 
ferte 6  facrificii ,  è  al  primo  6  fecon- 
do  canto  del  gallo  ,  accioè  fiano  finiti 
la  matina  per  tempo. 

52.  Li  Miniftri  dell'  offerte  6  facri- 
ficii di  Confucio  ,  veftono  in  quella 
fontione  gli  habiti  corrifpondenri  alli 
loro  gradi  ,  &:  officii  di  governo,  lî 
qunli  s'ufano  folo  in  fontionipubliche 
«  folennî". 

53.  Per  far  detti  facrificii  ô  obla- 
tioni  ,  s'adorna  il  Tempio  di  Confu- 
cio più  del  folito  ,  fi  mettono  fopra 
l'Altareo  menfa  candele  accefe  ,  c  pro- 
fumi ardenti  :  fe  poi  s'ufa  commune- 
mcntc  de  fiori,  no  lo  s6  dicerto. 

54- £ 


Avec  tldoUt.  Grecque  (fr  Rom,   i  <^7 

54.  E' vero  che  s'invita  lo  Spiriio 
di  Confucio  à  vcnire  ail'  offerta  6  fa- 
crificio. 

55.  LiMiniftri  del  facrificioôofl'er- 
ta,  è  gli  akri  arfiftenti  fanno  varie  ri* 
verenzc  c  proftracioni ,  batcendo  la  ter- 
ra con  la  tefta,  6  per  dire  meglio  con 
i)  capo  fin  à  terra,  inanzi  la  tabelladi 
Confucio  3  mentreli  fannoleoblationî 

S^.    E' vero  che  dicendo  il  Maëftro 

délie  cérémonie,  Scendo  lo  Spirito  diCon- 

fuc'io^  ifigenochiatevi  ituin  S'ingenochiano. 

57.  E'  vero  che  s'offcrifcono  in  det- 
to  facrificio  ,  0  offerta  ,  alcuni  peli , 
c  un  poco  di  fangue,  almeno  d'unodc 
gli  animali  6  vittime  ,  è  che  doppo 
d'effcre  ftati  offeri,  fono  fubito  fotte- 
rati  j  per  non  cfler  profanati. 

5 S.  Indettifacrificii  boblationis'of- 
ferifcono  vino  Cincfe  ,  tefta  di  porco  , 
dicapra,  carni ,  èpannidifeta.  Quan- 
to  poialli  denari  di  carta  argentata  6 
dorata,  nô  (o  fefi  ufano  in  taiioffertei 
per  che  ciô  non  è  prefcritro  ne  Ritua- 
li  y  è  folo  è  abufo  introdotto. 

<>9.  Oflferendo  il  detto  vino  ,  &  al- 
tre  cofe  ,  il  Miniftro  principale  alza 
in  alto  il  vafo,  6  il  piatto  :  &  c  que- 
fta  una  cercmonia  délia  quale  s'ufa  an- 
che con  i  vivi ,  con  poca  6  niuna  dif- 
ferenza. 

60.  Diccndo  il  Maëftro  dclle  céré- 
monie ,  che  l'offcrente  bena  il  vino  dél- 
ia félicita,  quefto  nébene:,  c  negetta 

anche 


î  ^8    Conformité  des  Cerem.  Chin. 

anche  un  poco  fopra  d'un  manipolo  , 
6  fafcetto  di  paglia  :  ne  mi  confia  che 
detto  manipolo  habbi  figura  humana. 

61.  Detti  panni  di  fêta  s'abbruggia- 
no  con  cérémonie  particolari ,  come 
anche  le  carte,  dove  ftanno  fcritti  gli 
oftertorii.  De  denari  di  carta  ,  non  è 
cofa  certa,  per  che  îielli  Rituali  non 
fî  prefcrive. 

6z.  Per  far  detta  ceremonia  d'ab- 
bruggiar  i  panni  di  fera,  non  fi  pre* 
fcrive  lavamcnto  di  mani,  per  quanto 
hb  potuto  leggere. 

61.  Per  la  medema  ceremonia  noQ 
fî  prefcrivono  genuflefiioni. 

6^.  Nel  tempo  di  dette  offerte  o  fa- 
crificii,  s'ufano  certe  orationi  6  offer- 
toriiin  Iode  di  Confucio.  Perononho 
rltrovato  in  quefta  occafione  preghiere 
o  fuppliche  dibenidiretta  al  medemo. 

6^.  Al  fine  del  detto  facrificio  oof- 
ferta,  fi  prefcrive  una  certaOratione, 
quafi  licentiandofi  dal  fpirito  di  Con- 
fucio, che  fuppongono  o  fingono  par- 
tirfi.  Pero  non  mi  pare  che  fi  fia  pre- 
ghiera  alcuna  di  bcni  diretta  al  mede- 
mo :  ma  benfi  fi  dice  che  quelli  che 
hanno  offerto  ,  o  afiiftito  ,  ricevono 
béni  è  félicita. 

NEL  QUINTO  PUNTO  DICO. 

66.  Che  li  Chinefi  hanno  luoghi  o 
tempii  dedicati  alli  fuoi   Antenati   o 

progc 


Avtc  ridolau  Grtc^He  é*  Rôm,   1 6^ 

progcnitori  defonti.  Qùelli  chc  fono 
dedicati  alli  progcnitori  Regii ,  &  al- 
tri  Magnat! ,  fono  chiamati  Chung  Miab, 
é  corne  fi  prefcrive  ne  Rituali  Liki,  fi 
devono  dedicare  col  fangue  d'animali  i 
c  ciô  s*hà  da  fare  con  fpeciali  ceremo- 
nie.Q^uelle  ciie  fono  permefîi  ad  altre  fa- 
miglie  honoratc  è  nobili  ,  fono  chia- 
mati Chù  fan'^g ,  ne  fi  prefcrive ,  in  quan- 
to  ho  letto,  taleeremonia  in  dedicar- 
li  y  ne  mi  confia  che  s'ufi  generalmence. 

67.  In  detti  luoghi  6  Tempii,  ten- 
gono  le  tabelle  de  loro  Defonti  ,  vi 
Ibno  Altari  o  menfe  ,  fopra  de  qualî 
llanno  collocate  dette  tabelle  :  vi  fan- 
no  offerte  6  facrificii  folenni  due  volte 
l'anno,  ciot*  nella  primavera  ,  è  nell* 
autonno  ,  &  in  altri  tempi  anche  con 
meno  folennita. 

ôS.  Nelli  Rituali  Cinefi  fono  pre- 
fcritte  alcune  cérémonie  per  la  fcieka 
de  granimali ,  che  s'hanno  da  offerirc 
nelli  tempii  6  luoghi  detti  Chung Miab, 
è  particolarmente  quelladi  mettereun 
liquore  6  vino  dentro  dell*  orechia, 
per  conofcere  fe  fono  à  propofito.  Per 
roffcrte  da  farfi  nelli  luoghi  6  Tempii 
Chiî  Tang  ,  non  ho  ritrovato  prefcritta 
tal  ceremonia  per  fare  dette  offerte  ô  fa- 
crificii folenni.  Scegliono  per  forte  il 
giorno  felice ,  è  quefto  fi  fa  fuori  dél- 
ia porta  di  tutti  detti  luoghi  ô  tempii, 
con  le  feguenti  cérémonie. 

Approflimandofi  il  tempo  di  dette 

H  oâfercc. 


lyo  Conformité  des  Cerem,  Chifi, 
onerte^  vanno  quelliche  hannodafar- 
le  a  detti  Tempii  ,  veftiti  con  vefti- 
menti  belli  ,  &  avanti  délia  porta  fe 
rnette  una  menfa  con  <:andele  accefe , 
è  bragieri  per  y  profumi.  Il  Miniftro 
principale  mette  y  profumi  ad  arder  in 
detti  bragieri  6  incenferi^  lîprofuma- 
no  gli  inltrumenti  che  s'ufano  per  ti- 
rar  le  forti,  è  poi  dice  alcune  parole 
determinate  nel  Rituale  ,  tirando  la 
forte  per  uno  de  primi  dieci  giornidel 
Mefe,  nel  quale  s'hà  da  offerire.  Se  la 
Ibrte  è  felice  ,  non  "fi  pafla  pi  il  oltre  : 
fe  non  è  felice,  iî  torna  di  nuovo  àti- 
rar  la  forte  per  uno  di  dieci  giorni  fe- 
quenti  del  dctto  Mefe  :  èquandoque- 
fta  volta  ancora  non  fia  felice  ,  fi  laf- 
cia  di  tirar  la  forte,  è  fi  détermina  per 
l'ofïerta  uno  de  gli  ultimi  dieci  giorni 
■del  medemo  mefe.  S'apre  la  porta  del 
TcmpiOj  entrado  dentro  perordine, 
vanno  avanti  le  tabelle  ,  fanno  alcune 
rivcrenze;  il  Miniilro  principale  ofle- 
rifce  &  abbrugia  profumi  inanzi  leme- 
dcme  :  poi  fanfto  altrc  riverenze  ,  &c 
uno  de  iMiniftri  pigliando  una  carta , 
dove  fta  una  certa  Oratione  ,  per  avi- 
fare  alli  fpiriti  de  progenitori  il  giorno 
dcir  ofterta  :  é  pofto  inginocchioni  al 
lato  finiftro  del  principale  Miniftro, 
Icggc  dctta  Oratione  ,  e  dice  :  Vobc' 
lUcutc  Xcpote  N.  dovevdo  offerire  le  cofc  mi- 
vtie  t;clln  frof/imû  Ltma  ,  b  Mefe  ,  nel  tah 
gwniû  cMi  progenitori  3   hh  tirato  In  forte , 

cy 


jivec  lldoLît.  Grecque  &  Rom,  i  ^  t 
t  y  è  ttjcitn  felicc  ;  onde  ardtjce  d'avifnre  : 
è  fe  la  forte  non  fù  felice  ,  non  parla 
d'haver  tirato  la  lorte,  inà  folo  avifa 
il  giorno  d*ell'  oflerta  ,  che  c  uno  de 
gli  ultimi  dieci  de  detto  Mefe.  Foi  fî 
tanno  alciinc  altre  cérémonie  j  è  ra- 
commanda  ciie  tutto  fia  prontoper  det- 
to giorno  5  è  fe  né  vanno  a  cafa.  Que- 
Ho  è  prefcritto  nel  Rituale  Kia/iy  che 
tratta  delli  luoghi  o  tempii  nominati 
Chu  TûTj'g  j  poi  che  in  quelli  chiamatî 
Chung  Miah  ,  fi  fà  tuito  con  maggior 
folennita. 

69.  Li  Miniftri,  &  Ajutantidel  fa- 
crificio  da  farfi  nel  Chu  Tang  ,  devono 
oflervare  tre  giorni  avanti  il  facrificio 
o  ofTerta  digiuni  ,  6  aftinenza  di  mo- 
glie,  carne,  vino,  divertimenti ,  &c. 
&  vero  che  nel  Rituale /vW;  feprefcri- 
ve  più  tofto  una  moderatione  è  parfî- 
monia  nell'  ufo  délia  carne  è  vino  ^  che 
un'  aftinenza  totale.  Per  y  facrificiî 
da  farfi  nel  Cbutjg  Miah  ,  fi  prefcrivono 
nel  Rituale  Liha  fette  giorni  di  prepa- 
ratione ,  como  hô  detto  nella  Rifpofta 
che  ho  dato  alli  punti  inviatimi  d'or- 
dine  délia  S.  Congregatione  da  Mon- 
fîgnore  SpercUi  Afleftbre  délia  medema. 

70.  Per  li  facrificii  o  offerte  folenni 
fatte  nel  Chung  Miao  à  progenitori  Re- 
gii ,  fi  prefcrivono  divcrfe  fpecied'nni- 
mali,  è  fpecialmente  vitelle  ovacche, 
agnelli  3  câpre,  porci ,  cervijlepri, 
&  altxi.  In  quelli  che  fi  fannoalli  pro- 

H  z  genitorî 


lyi  Conformité  des  Cerem,  Chin, 
genitori  delli  Magnati  dell'  Imperio, 
cccetuatine  lavitellabvacchai  ilrefto 
fuol  eifere  quafî  TefteAbj  con  differen- 
za  del  più  6  meno  in  numéro.  Cofi 
pure  nelli  detti  facrificii  6  offerte  fat- 
te  ne  tempii  chiamati  Chu  Tang  ,  s'u- 
fa  di  ordinario  di  porci,  câpre ,  galli- 
nc,  pefcij  è  fimili. 

71.  La  vigilia  del  facrifîcio  6  offer- 
ta  folenne  ,  vanno  quelli  che  dcvono 
oflerire,  o  ajutare  nel  facriiîcio  5  a det- 
ti Tempii  con  veftimentiprefcritti  nel- 
li Rituali  5  è  s'adornano  li  medemi 
Tempii  con  la  maggior  pompa  po/Ti- 
bile  è  proportionata  ;  fi  difpongono  le 
mcnfe  6  altari  ,  con  candcle  ,  profu- 
mi  5  &c.  è  s'uccidono  gli  animali  per 
mano  del  principale  Miniftro ,  che  è  il' 
primogenito  di  ciafcheduna  famiglia  : 
c  la  di  lui  moglie  con  altre  donne  di 
detta  famiglia  ô  parentela  ,  lavano  li 
piattiôvafideftinatiperl'offerta.  Tut- 
to  quello  fi  fil  con  moka  riverenza  & 
©rdine.  Le  riverenze  previeoinchîna- 
tioni  verfo  detti  animali  nonfiprefcri- 
vono  nel  Rituale  Kia/i  ,  dove  h  tratta 
delli  Tempii  nominati  C/m  Tnvg.  Di 
quelle  che  fi  fanno  nelli  Tempii  C/?//v^ 
Muio  ,  ne  parla  il  Rituale  Liki ,  quale 
non  ho  in  pronto.  E'  certo  che  detti 
animali  ivi  fi  uccidono  con  molta  rive- 
renza c  folennita  ,  corne  l'ho  letto  in 
detto  Rituale,  8c  in  nltri  più  copiofi. 

72.  61  confervano  per  detti  facrificii 

oof- 


u4vfc  riÀoîat.  Grccijue  Cr*  I^om.  175 
6  oflcrte  folenni  ,  alcunî  peli  ,  &:  un 
poco  tii  Tangue  di  detti  animali. 

73.  Dccci  Tcmpii  fono  adornatipiù 
fontuoramenre  che  fia  pofTibile,  Man- 
che gli  akari  o  menfe,  coine  ho  det- 
to  di  fopra. 

74.  Sopra  di  dette  menfe  ,  b  alta- 
ri  ,  fono  poftc  le  tabelle  de  morti , 
con  quefte  Infcrittioni  :  Scdcs  Spirttus 
tûlis  dcfmiâîi. 

75.  Inanzi  dette  tabelle  fi  fanno  rî- 
Verenze ,  è  proftrationi  refpettivamen- 
te  conforme  lô  commanda  è  fuggerifle 
il  Maeftro  di  ccremoHie  nel  tempo  di 
dette  offerte  ,  toccando  il  capo  in  ter- 
ra. E^  pero  ceremonia  che  ii  fà  anche 
à  y  vivi. 

7tf.  ïl  giorno  dclP  oflferta,  6  facri- 
ficio  folenne,  deve  andarc  tutta  lapa- 
rentela  à  detti  Tempiioluoghi  perfar 
detto  facrificio  à  boniffima  hora,  cioè 
al  fecundo  canto  del  gallo  j  ben  che 
quefto  non  fia  cofi  fiflb  è  commune, 
che  non  fî  Togli  tardare  più  6  meno  : 
è  tutti ,  fpecialmentcliMiniftri,  han- 
no  habiti  più  belli  che  fia  pofTibile. 
E*  per  quelli  che  facrificano  o  offerif- 
cono  nel  KnngMiao^  fonoprefcrittiha  - 
biti  particolari,  dcquali  nonfiurafuo- 
ri  del  facrificio,  o  del  Tempio  didet- 
ta  offerta. 

77.  Nel  facrificio  s'offerifconovînoj 

animali  uccifi  ,  un  poco  di  loro  peli , 

o  fangue  di  medemi  ,  panni  di  ît\:\ , 

H  3  o  in 


174  Cofîformité des  Cerem.  Chin^ 
o  in  vece  de  detti  panni  almcno  dena- 
ri  di  carta.  Qucfto  peronon  è  ritoan- 
tiçhifTîmo,  &  è  ftato  cenfuratoda det- 
ti che  riconnobero  eflere  cio  oppofto 
à  quella  iîncerita  è  fplendezza  con  la 
quale  grantichi  facevano  dette  offerte. 
E'  nondimeno  hoggidi  commune  Tufo 
di  detti  denari  di  carta  in  detti  facri- 
fîcii. 

78.  Detto  vino  off'ertonelleoblatio- 
ni  fudette  fî  chiama  Fochica  ,  cioé  Vi?io 
di  félicita. 

79.  Il  célébrante  o  principal  Mini- 
ftro  ne  beve  è  gufta  un  poco  ,  &  ne 
getta  parte  fopra  un  fafcello  di  paglia 
che  fia  avanti  la  menfa ,  doveftalata- 
bella  3  è  fi  fa  con  diftinte  cérémonie. 

80.  Quando  s'ufavano  detti  panni 
di  fêta,  s'abbrugiavano  anche  con  cé- 
rémonie 3  corne  pure  fî  fà  quando  in 
quefti  tempi  s'ufano  :  ma  ne!  l'abbru- 
giare  li  denari  di  carta  ,  non  fo  che  il 
faccia  altra  folennita,  fe  non  che  tut- 
to  fi  efeguifce  con  riverenza  &  atten- 
tione,  per  che  pcnfanocommunemen- 
te  che  detti  denari  Ç\  convertani  inve- 
ri  denari  per  ufo  de  defonti.  Q^uefta 
fuperftitione  fù  introdotta  de  fettarii 
a'eir  Idolatria. 

81.  Le  carne  ,  &  altre  cofe  come- 
ftibili  offerte  ,  finito  il  facrificio  ,  6 
oblarione  ,  fi  ripartono  à  tutti  quelli 
che  hanno  affiftito  ,  è  fi  ftimanomoltô. 

S 2.  Ncl  principio  del  facrificio  ufa- 

110 


jivec  ridoUt,  Grecque  &  Rom,  17^ 
no  d'una  ccremonia  ,  con  la  c^uale  (i 
fanno  ccrte  rivcrcnze  alli  Ipiriti  di  dé- 
font! ,  è  poi  ne  fcgue  un'  altra  ,  che 
fîgnifica  che  in  quai  tempo defcendono 
air  offerta  detti  fpiriti  :  c  dicendo  il 
Alaèftro  dellc  cérémonie  oingenochia- 
tevi  ,  proftratevi  ,  6  fatte  altra  cere- 
monia,  tutti  la  fanno  refpettivamente 
conforme  fpetta  àciafchcduno. 

83.  Dette  offerte  folenni  d'ordina- 
rio  conforme  prefcrivano  y  Rituaii 
claflîci  di  China,  no  fogliono  conte- 
nere  orationi  è  preghieredi  beniépro- 
fperita  dirette  àdettidefonti  :  benche 
fe  ne  fîano  ftate  introdotte  moite  in 
ccrti  cafî,  è  tempi ,  non  prefcritte  da 
publica  aurorita.  Di  più  conforme  à 
detti  Rituaii  ci  fono  tempi  determi- 
nati,  nelli  quali  per  le  neceiTita  &  ur- 
genze  publiche  dell'  Imperio  ,  corne 
di  famé,  infîrmità  ,  guerre  ,  è  fîmili, 
fl  prefcrivono  preghiere  è  fupplicheda 
farfi  à  detti  defonti  ,  come  ad  altri 
fpiriti  ,  almeno  da  quelli  à  quali  fono 
permefTi  li  Tempii  è  luoghi  chiamati 
Chitng  Miao.  Nelle  cérémonie  fudette  fî 
fanno  lavamenti  di  mano  che  devono 
farfî  conforme  la  dircttionc  del  Maè- 
ftro  de  dette  cérémonie. 

84.  Ben  che  non  fiauniverfaleil  fpe- 
rare  béni  è  profperità  da  detti  defon- 
ti,  fiante  la  diverfita  délie  fette  è  dot- 
trine  di  Chinas  nondimeno  per  quan- 
to  fî  deduce  da  detti  Rituaii,  pare  che 

H  4  li 


î  y  6    Conformité  des  Cerem,  Chm, 

li  fia  taie  fperanza,  almeno  nclle  îVc- 
cefTità  communi,  perlequali  fîprefcri- 
vono  dette  preghiere.  Il  yolgopoiper 
il  più  fpera  béni  da  medemi  :  &  alme- 
no è  certo,  che  facendofî  corne  fî  prc- 
Icrivono  dette  offerte  o  facrificii  ,  cre- 
dono  &  infegnano  i  Cinefî  ,  che  fi  ri- 
cevono  félicita  è  profperità  ,  è  quefte 
à  nome  di  detti  defonti  s*augurono 
a  crofferenti  &  afliftenti  nel  fine  dell* 
oflerta. 

S5.  Finito  il  facrificio  o  oblatione 
folcnne,  il  Maëftro  di  cérémonie  pro- 
mette ô  aogura  in  nome  di  detti  defon- 
ti al  principale  Miniftro  ,  &implicita- 
mente  à  tutti  gli  aftanti  ,  profperità, 
lungavita,  &c.  Per  havere  compito 
il  detto  facrificio. 

NEL  SESTO  PUNTO  DICO. 

$6.  Quelli  che  non  hanno  Tcmpii, 
tengono  con  veneratione  in  le  loro  ca- 
fé ,  in  altaretti  è  capellette,  con  can- 
delieri  ,  vafi  per  y  profumi  (  de  fiori 
non  c  cofi  commune  )  &  anche  trà  le 
imagini  dcgl'idoli,  dette  tabelle ,  con 
riftefla  Infcrittionc  ,  Sedes  Spiritus  t/i/is 
dffunéîi.  Li  Chriftiani  le  tengono  corne 
îi  fono  date  ,  o  fono  permeffe  rcfpet- 
tivamente  dalli  Mifîionarii. 

S 7.  Inanzi  dette  Tabelle  in  tcmpi 
^cterminati  fi  offcrifcono  cibi  ,  legu- 
mi  &c.  S'accendono  candele,  ardono 
profumi ,  fi  fanno profonde  riverenze, 

pro- 


yîvec  l'IdoUt.  Greccjtie  &  Rom,  1 77 
prollrationi    con  il  capo  fin'a  terra. 

5 8.  Nelli  giorni  di  facriHcii  6  obla- 
tioni  folenni  ,  s'offeriicono  più  cole 
dcl  folito  inanzi  dette  tabelle  ,  con- 
forme la  poiribilita  di  ciafcheduno. 

5 9.  Nelli  Tempii  o  luoghi  dedicati 
aîli  défont! ,  finiti  detti  facrificii  6  of- 
ferte ,  fi  fà  la  ceremonia  d'accompagna- 
re  6  licenziare  li  (piritidi  dcfontî  :  ma 
nelle  rafe  particolari  ,  per  quanto  hô 
potiuo  fapere,  non  c'è  tal  ceremonia:, 
almeno  che  (La  commune  &  ordinaria. 
in  tempo  di  dette  offerte;  ecce  tuata- 
ne  anche  l'offerta  che  fi  chiama  yû  chi , 
ia  quale  fi  fà  doppo  d'haver  dato  fe- 
poltura  al  defonto,  è  nel  ritorno  dal- 
la fepoltura  à  cafa  ;  per  che  quefta  fi 
prefcrive  quafi  con  tutte  le  cerimonie 
délie  offerte  folenni  annue  ;  è  fi  fiial 
fare  in  café  particolari. 

90.  Per  far  dette  Tabelle  ,  non  fî 
fuol  badar  al  giorno.  Si  prefcrive  il 
ligno  dal  quale  s*lîà  da  ufare  ,  che  è 
ligno  di  caltagna;  è  mancando  quefto, 
iî  lafcia  ad  arbitrio,  per  che  fia  ligno 
di  durata  c  forte.  Si  prefcrive  la  gran- 
dcza  è  forma  che  hanno  dà  tenere,  c 
per  quando  s'hanno  da  ufare  :  fi  pre- 
fcrive la  forma  c  cérémonie  ,  con  le 
3uafi  fe  hanno  da  fcrivere  ,  come  ho 
etto  nella  Rifpoûa  data  alli  piinti  in- 
viatimi  da  Monfignore  Sperelli  Aflcf- 
fore  del  fanto  Omcio  ,  d'ordine  délia 
facra  Coogregation-e  :  c  particolar- 
H  S  meacc 


ijS  Cortformîté des  Cerem»  Chi». 
mente  per  Icriverfi  quel  puntillo  ,  del 
quale  fi  c.omanda  ,  fi  fceglie  una  pcr- 
fona  di  dilHntionc  è  honorata  ,  è  que- 
fto  fi  fà  con  cérémonie  di  lavamenti 
di  mani  fopra  d*una  menfa  preparata 
per  tal  efietto  ,  afTiftcndo  in  piedi  il 
filio  primog(.'nito  ,  6  il  principale  délia 
famiglia  del  dcfonto  :  è  poi  fi  conti- 
nua il  refto  délia  fontione  ,  rhe  fi  pre- 
scrive nel  Riruale  in  tal  occâfione,che 
è  piglinor  d^tta  tabella  ,  è  comitare  il 
fpirito  o  anima  del  defonto  ,  perche 
venga  à  ripofarfi  in  elta  ,  efiT-rido  che 
cio  fi  fà  conforme  dice  il  Rituale,  cop- 
po  d'haver  f^ptrliro  il  djfonto  imme- 
diatamente.  E  vero  che  la  ceremonia 
del  puntilîo  fi  fuol  fare  diverfamente 
da  diverfi^  è  non  l'hotrovata  prefcrit- 
ta  à  parte  indetto  Rituale  ,  dove  iblo 
fe  dice  il  modo  con  cui  fi  hà  dafcrive- 
re  quel  tanto  che  va  fcritto  fopra  6i 
detta  Tabella.  Se  poi  permettendo  d 
l'ufo  di  dette  Tabelle  nelle  café  fola- 
mente  ,  è  con  Taggiunta  proteftatione, 
Cinefi  faranno  6  nonfaranno  lefuder- 
te  cérémonie  ,  non  pofib  atfirmarlo. 
Non  dubito  pero,  che  li  buoni  è  fer- 
vorofi  Chriftiani  faranno  qu^llo  gli 
facra  commandât©  d'ordine  délia  fanta 
Sede  8<rc.  Ma  mi  pare  cofa  diîficiliiTi- 
ma  il  limitarli  ad  un  fimplice  ufo  di 
detta  Tabella,  c  non  più,  &  anche  pe- 
ricolofa  per  molti  capi. 
91.  Le  cérémonie  che  ufanoi  Cinefi 

inanzi 


j^vecVldolat.  GreccjHe&  Rom,  T79 
inanzi  il  corpi  de  loro  Defonti ,  ne 
gl'intcrramcnti ,  ne  cemeterii ,  c  Tepol- 
ture  5  in  varii  tempi  dell'anno ,  fono 
tante  è  tali  che  richiedono  groffi  vo- 
lumi  per  fpiegarle  adequatamente  ,  è 
con  lutta  diftintione.  Ne  ho  riferito 
parte,  è  forte  più  foftantivo  nella  rif- 
pofta  da  me  gia  data ,  è  di  fopra  accen- 
nata  :  &hora  compendiofamentediro 
che  dette  cérémonie  fî  riducono  aile 
fequenii,  cioè  digiuni  ,  aftmenze  ,  ri- 
verenze  ,  genufleffioni  con  il  capo  fin*  à 
terra,  candele  accefe ,  profumi  arden- 
ti ,  abbrugiaredenari  di  carta  ,  offerire 
cofe  oomeftibili  d  ogni  forte ,  6ç  anche 
vittime,  corne  porco,  cupra,  &c.  oil 
capo  di  detti  animali  :  ènelle  fepoltu- 
re  annualmente  iradicare  l'herbe  nate 
vicino,  o  fopra  délie  medemejafleren- 
do  le  medeme  cofe  comeftibili  con  ge- 
nufleflioni.  E  poi  iî  fono  moite  altre 
introdotte  da  Bonzio  Sacerdoiid'ido- 
li,  è  piene  di  fuperftitioni  ,  le  quali 
fono  rebrobate  univerfalmente  da 
Miffionarii ,  è  Chriftiani ,  come  la  ce- 
remonia  d'abbriigiar  denari  di  carta. 

NEL  VII.  PUNTO  DICO. 

9Z.  Non  cveroche  laPilofofiaChi- 
nefe  non  habbia  niante  di  contrario 
alla  Legge  divina. 

93.  t^v  Tûi  Kie  ,  Chinefi  Letteratî 
Atheifti  intçndono  una  materia  eter- 

H  6  naj 


iSo  Conformité  des  Cerem.  Chinl 
na,  che  danno  per  primo  principio  dî 
tiicte  le  cofe,  6  pure  una  virtù  opera- 
tiva  di  detta  materia ,  &  identincata 
alla  medema,  da  eiïi  chiamata  Li  ,  in 

?!uanto  la  confîderano  précédente  alla 
brmatione  di  tutte  le  cofe  da  quella 
dependenti  :c  in  quefto  fenfo  nonèdu- 
bio  che  i  Chinefî  antichi  con  dette  pa- 
role Tai  Kie  ,  definirono,  c  fignificaro- 
no  il  primo  principio ,  corne  s'èdettô. 
Se  poi  detti  Antichi  conobbero  o  nà 
il  vero  Dio,  non  è  cofa  che  poffaaflb- 
lutamente  aflerirfî  ;  tanto  più  che  Tufo 
di  dette  voci  unité  comincio  dal  tem- 

fo  di  Confucio  ,  ne  pare  che  quefto 
'ufurpafle  in  quefto  fenfo,  &  ufo  d'e- 
fte  folo  nel  librointitolato  VeKing,  che 
cil  più  confufoc  difficile  ad  intenderfi, 
di  quanti  libri  hanno  compofti  i  Chi- 
nefî. Il  fenfo  letterale  di  dette  voci  c 
Suefto.  La  lettera  6  parola  Tni,  fîgni- 
c^fofftiHo  0  grande  i  h  \^  parola  6  lettera 
Kie  s  fîgnifîca  Termine  ,  quafî  volefTero 
dire,  Hfomim  Termine,  6  origine  di  tut- 
te le  cofe  :  di  modo  che  perfe  fteffels 
parole  pare  che  potriano  fîgnificare  il 
fupremo  Nume  ô  principio  an  che  in 
fenfo  CatoHco.  Pero  la  fetta  Lettera- 
ria  ch'c  quella  che  in  China  ufadiefTe, 
l'ufurpa  c  fpiega  in  fenfo  Ateiftico  ,  c 
per  altro  che  per  il  vero  Dio. 

94.  Il  culro  refo  da  Confucio  allt 
fpiriti ,  è  ftato  più  tofto  religiofo  che 
civile,  per  quanto  hô  potuto  dedurre 

delli 


\Avee  P  IdoUt .  Grec  que  &  R$m.  i  S  r 
dclli  libri  da  lui  compofti  ,  c  che  cor- 
rono  in  China  Ibtto  il  di  lui  npme ,  o 
dottrine  da  lui  detrate  :  almeno  fù 
congiunto  con  una  fînca  rcligione. 

9^.  Il  libro  Yc  King ^  non  pare  che  in 
modo  âlcuno  fi  poffa  chiamare  Summa 
optima  doilrina  phyjica  ^  moralU  :  e  è 
certo  che  i  Chinefi  fi  fervono  di  detto 
libro  per  indovini,  fortilegii,  &c. 

96,  Alcuni  de  PP.  Domcnecani  , 
Franceficani  ,  &  altri  Milfionarii  , 
hanno  fcguito  in  moite  cofe  l'opinioni 
de  Padri  Giefuiti  nellaprattica  decul- 
li  è  cérémonie  Cinefi,  almeno  per  al- 
cun  tempo.  Pero  non  poflb  affirmare, 
che  rhabbiano  fisquite  in  tutto  :  &  io 
Ton  ftato  uno  di  quelli ,  fin  che  poi  da 
me  ftefiTo  potti  giungere  à  difcernerc 
al  quanto  più  detti  Reti  è  cérémonie, 
è  giudicare  di  dover  proccdcre  altri- 
mcnte  in  alcun  cafo. 

97.Qiielii  che  più  fi  fcorraronod*aIl* 
opinioni  de  PP.  Giefuiti  hanno  fpe- 
rimentaro  maggiori  difficultàccontra- 
ditdoni.  Pero  non  hanno  lafciato  dt 
far  frutro  nella  vignadel  Signore,  chi 
più,  chi  meno. 

9S.  Nonhà  conofciutoil  PadreSar- 
petri  Domenecano  in  China,  per  che 
morfe  prima  cheiolà  giongeffi.  Stimo 
che  fofle  dotto  in  Theologia,  è  nelle 
fcienze  è  lettere  Chinefi  ,  per  quanto 
ne  ho  udito  là  da  diverfi.  Pero  non 
pofTo  fapere  fe  era  canto  quanto  fi  fup» 

pone 


î  s  i    Confo  r  mité  des  Cerem.  Chin, 
pone  nella  propofta  ,  particolarmente 
nelie  materie  Chinefi.  Dove  i  mcde- 
mi  Chinefi  non  giungono  che  di  grado 
al  grado  fuperlativo. 

99,  Monfignore  Navarrete  Domene- 
cano  parimente  non  fù  da  me  conof- 
ciuto.  Pero  fupponendoin  eiTodivirtu 
€  dottrina  catolica  quanto  nel  detto 
Padre  Sarpetri ,  perche  non  hofunda- 
mento  di  penfarne  al  contrario,  dico 

-  che ,  in  quanto  ho  potuto  leggere  di 
quello  che  eflb  ha  fcritto ,  fpettante 
aile  cérémonie  è  culti  Chinefi,  mi  pa- 
re che  era  verfato  nella  materia,èche 
fapena  più  di  quello,  che  nella  propo- 
fta  fi  fiippone ,  è  anche  in  molto  lofti- 
mo  degno  di  credito. 

100.  Il  Padre  Varo  Domenecano 
viflfe  molto  tempo  doppo  d'arrivare  io 
in  China  5  è  fo  chefù  verfato  nella  lin- 
guaèlettere  Chinefi,  quant'  ogn'  altro 
Mi^Tionario  del  fuo  tempo  j  e  cio  per 
relations  havuta  ,  anche  da  Monfigno- 
re Bafilitano  di  buona  mcmoria.  Ne 
fô  che  detto  Monfignore  Gregorio  Lo- 
pez  l'habbiachimato,  corne  nella  pra- 
pofta  fi  dice.  Il  Padre  de  Paz  hàfcrit- 
to  conforme  à  quello  che  hà  dato  aile 
ftampe,  toccante  le  cérémonie  è  culti 
Chinefi  :  &  è  vero  che  è  Religiofo  dot- 
to,  è  molto  ftimato  n'cU'Ifole  Philip- 
pine. 

ICI.  Circa  la  prattica  dell'  Ufura 
in  China,  certo  e  che  gli  infedeli  la 

prati- 


^vec  tIdûUt.  Grecque  &  Rom,  i  ?ç 
pratticano  in  moite  cofc  ,  corne  (î  fa 
in  altre  parti  ,  è  forfi  più.  Pero  i 
Chriftiani  d'ordinario  confultando  i 
JMifïionarii ,  fanno  qiiello  the  i  mcde- 
mi  lipcrmettano,6dicono  eflerlicito» 
Il  dubio  è  fi  inalcunicafiin  quelloche 
fogliono  far  per  quadagnar  denari ,  ci 
fià  veramente  l'Ururajè  no  :  è  quefta 
è  fpecialmente  in  certe  café  publiche, 
che  in  China fî  fogliono  tenere  conau- 
torita  publica,  pcr  impreftare  denari 
per  tempo  determinato  i  è  fi  f a  rice- 
vendo  un  pegno  che  vaglia  più  delde- 
naro  che  n  da  in  preftrto  ^  è  per  ciaf- 
chedun  mc*fe  fi  deve  pagare,  à  chi  da 
detto  denaro  ,  alcuna  quantita  deter- 
minata  dal'  publico,  corne  faria  mezo 
grofîo,  à  cre  baiochi  per  fcudoi  è  poi 
al  tempo  determinato  fi  deve  reftitui- 
re  la  fomma  principale  :  pafTando  det- 
to tempo,  è  non  comparendo  col  de- 
naro il  debitore,  è  liberoà  chi  impre- 
fl6  da  detto  denaro  alienare  6  vendere 
il  pegno,  fenzaobligatione  di  reflitui- 
re  cofa  alguna  à  qiiello  ,  di  cui  era^ 
bcn  che  comparifca  ,  è  fîà  flato  più  il 
prezzo  di  detto  pegno  di  quello  erala 
fomma  principale ,  o  forte  ,  con  il  lu- 
crodonatoperciafcunmefe.  Il  dubbia 
fii  propofto  dal  Padre  Morales  nel 
l'anno  i(54<>.  è  rifoluro  dalla  facra 
Congregatione.  Sono  diverfî  i  perico- 
li,  à  quali  s'cfpongono  quelli  cheten- 
^ono  dette  café  publiche  ^  corne  fario 

di 


184    Conformité  des  Cerem .  Ch'm, 

di  ladri  ,  incendii  ,  &  altri  fimili,  è 
moite  fpeze  ,  il  che  fonda  il  dubbio , 
feria  lecito  retinere  il  di  più  ,  che  da 
pegno  venduto  fi  tirajè  efercitaredec- 
to  officio  pcr  eflere  di  gran  benealpu- 
blicOj  è  fpecialmente  àpoveri  ,checon 
tal  mezo  rimedianoalle  loro  neceffita. 
C'è  anche   il  coftume   di   mutuare  il 
denaro  à  rrenta  per  cento  ,  come  per 
legge  è  ftabilito,  fenz'attendere  al  lu- 
cro  ceflante  6  damno  émergente,  ben 
che  realmente  6  l'uno  6  l'altro  donno 
ci  fia  d'ordinario,  ô  almenoilpericolo 
di  non  potere  ricuperare  il  denaro  mu- 
tuato,  6  di  ricuperarlo  con  gran  tra- 
vaglio  è  difficulté.    E  quefto  pure   fù 
propofto  è  refoluto.  Ci  fono  altrimo- 
di ,  in  che  l'Ufura  patente  mente  s'efer- 
cita.  Pero  quefti  fono  vietati  univer- 
falmente  da  MilTionarii  alli  Chriftiani 
di  quelle  parti. 

Quefto  è  quanto  compendiofamcnce 
ho  potuto  rifpondere  alli  punti  con'te- 
nuti  nelli  fogli  inviatimi  da  voftra  Emi- 
nenza,  con  quelîafinceritaèveritache 
devo  5  è  la  materia  richiede  ,  è  confor- 
me la  mia  pocacapacica  ,  &:  il  tempo 
mi  hanno  permeffo.  Non  hô  intefo  pe- 
ro riferire  in  quefta  Rifpofta  il  fatto 
permefîb  refpettivamente  da  Miflfîona- 
rii  alli  Chriftiani  di  quclT  Imperio,fe 
non  quandofpecificaramente  nefomen- 
tione,  ma  folo  il  fatto  aflToluro  ,  èdot- 
trina  di  quella  Gentilita  Dichiarando- 

mi 


Avec  ridoUt.  Grecéjue  ^  Rom,  18^ 
mi  finalmente  in  tucto  oflcquiofo  è 
pronto  à  commandi  di  voftraEminen- 
za,  è  délia  facra  Congregatione,  al  dî 
lei  giudicio,  c  délia  fanca  Sedehumil- 
mcnre  c  cotalinence  mi  foggetto. 


Roma^  H  19.  Lu- 


F.  Gro  Francesca 

Aleonissa. 


MAN- 


i8<S 
MANDATUM 

Con^regationis  S.  Officii  ad  Reve^ 
rendijjimum  Patrem  Aleonissa 
tr,-wJmtJfHm  fer  Illuftrtjfimtim  Do^ 
minHm  S  PE  R  £  l  L  I.  Bie  19.  No» 
vemhris  i5pp. 

CUm  ex  fcripturis  à  Patribus  So- 
cietâtis  ranâ:o  OfHcio  pracfenta- 
tis  habearur  ,  qiiôd  libris  Ritualibus 
Kiàlt  infcriptis,  &  per  manusSinarum 
currentibus,  nulla  feu  exigua  fides  ad- 
hibenda  fit,  ex  eo  quôd  Sina?  proprio 
arbitrio  formant  KiaJi  ,  &  ad  libitum 
unufquifque  confcribit  ,  fibique  pro 
Régula  ftatuit  :  Ideo  à  facra  Congre- 
gatione  particulari  àfancliffimo  Domi- 
no noftro  dépura  ta  injun^^urnmihi  fuit, 
ut  percontarer  à  Reverendiflfîmo  Pâtre 
Joanne  Francifco  de  Nicolais  ele(^o 
Epifcopo  Beritenfi  ,  an  praedidus  co- 
dex Ritualis  KiaH  ,  quem  ipfe  fscpè  al- 
legavit  j  &  Sinicis  charaÔeribus  im- 
prefTum  oftendit  ,  fit  privata?  audori- 
tatis  liber  pro  uniufcujufque  arbitrio 
confcdlus;  velpotiùs  fit  publics  fidei, 
prout  ipfe  Pater  Joannes  Francifcus 
ilkim  adhibuit  tanquàm  continentem 
reguhm  gcneralemRituum  apudSinas 
fcrvandorum. 

Sperellus  Epifcopus 
Interamnenfts,  Afi^^flor 
fanai  Oflicii. 

RES- 


i87 

RESPONSUAI 

KeverencUJfimi  Pat  ris  Aleonissa 
Epifcopi  Beritenjis  eleBi, 

T]'  JoannesFranciscus  deNico- 
jT ,  LAIS"  AleonisSa,  Ordinis  Sera- 
pnici  j  ftri(5lioris  obicrvantiae ,  eledtus 
Epifcopus  Beritenfîs ,  &  VicariusApo- 
llolicus  apud  Sinas  deflinatus  ,  eâ  qua 
par  cft  reverentiâac  promticudine  ,  nec 
non  finceriiate  &  fidelitate  quâ  decet, 
obtemperans  mandate  S.  Congrega- 
tionisparticularis  fandli  Officii ,  àSan- 
^lifTimo  Domino  noftro  fuper  contro- 
verfiis  circa  varies  Sinarum  culcus  & 
ritus  deputata,  per  Illuflriiïîmum  Do- 
minum  Sperellum  Epifcopum  Interam- 
nenfem^  cjufdem  fandi  Oiîîcii  AiTef- 
forem ,  eidem  expofito  in  folio  ad  ip- 
fum  tranfmifTo  fub  dato  die  19.  No- 
vembris  KÎ99.  &huicadjunélo,rerpon- 
dic  :  quod  codex  Ritualis  KiâH  ,  quem 
ipfe  faepè  allegavic  ,  &  fecum  è  Sinis 
redux  aetulic ,  reperitur  infertu-s  in  cor- 
pore  magnae  fummx  De  naturaé^  rûtio- 
»t',Sinicè ,  fi/g  lî  ta  c/jt'vên ,  appellatae , 
&  trecentis  abhinc  annis  de  mandato  Si- 
nici  Imperatoris^Vi;/^  /o^  nuncupati  per 
pliires  &  quidem  primarios  ill^us  Im- 
perii  Dodtores  colledae  ,  &  ejufdem 
ïmperatoris  juiTii  typis  éditas ,  cui  ctiam 
Imperatorisdiploma  &  mandatum  ap- 
pofitum  fuit  :  ac  in  codicc  eodemAWi 


1 8  8  Conformité  des  Cerem.  Chîn, 
ea  omnia  qua?  ab  ipromet  Pâtre  |oanne 
FrancifcotamquamexRituali  Kinli  ab- 
folutè&finealiaclaufula.iUegatafuêre, 
reperiuntur.  Q^uxverô  idem  rater  aiTc- 
ruit  à  particularibusDodtoribusaddita. 
fuilTe,  in  alio  Sinico  Rituali  Kiali  pa- 
riter  nuncupato,  &  in  quatuor  tomos 
diûindto  5  non  leguntur  in  prxcitato 
Imperatoris  jW^/oS  pofîto  in  magna 
illa  fumma  typis édita,  fed  inprïfato, 
in  quatuor  tomos  diftinclo,  &:  feorfîm 
impreflb  ,  quod  etiam  inter  commu- 
nia &  publica  Ritualia  à  Sinenfibus 
nunc  temporis  habetur  ,  &  ut  taie  in- 
difcriminatim  ac  f'erè  communiter  ad- 
hibetur,  &  vénale  eft  omnibus  nullo 
prohibente.  In coaurem reperiturquic- 
quid  in  fupradido  Rituali  Kiali  ,  de 
mandato  Impcriali  typis  editoprajfcri- 
bitur  quoad  fubflantiam  rituum  ,  cum 
pra:fatis  &  aliis  additionibus  privata 
audoritatc  infercis  ,  fupremâ  non 
reclamante  ,  vel  prohibente.  Ritus 
cnim  &  ceremonias  praffcribere  ,  ad 
Imperatorcm  fpe(ftat  ,  ut  ipfimet  Do- 
dores  Sinenfcs  in  fuis  libris,  tumclaf- 
liciSj  tum  privatis  docent  :  licèt  pri- 
vata etiam  audoricatc  fxpè  fxpiùs  fu- 
perftitiofa  quxdam  vcl  in  praxi  ,  vrl 
etiam  in  Ritualibus  ipfis  eadem  priva- 
ta audtoritatc  iterum  impreflTis  addi 
foleant  :  quod  quidem  fit  fi  dida  Ri- 
tualia feorfim  imprimantur,  non  vero 
in  lumma  pracdid^a  ^    cum   Imperiali 

diplo- 


jivec  VIdolat.  Grecqne  ^  Rom.  1 8p 
diplomate.  Aiidirio  vero  qiiaccumquc 
fit,  fundamentum  fumcrc  folct  ex  li- 
bris  claificis,  vel  faltem  ex  conimuni 
praxi  &  fenfu  illarum  Gentium  :  Se 
ideo  non  parcicularis  error  unius  pri- 
varx  perfonx  ,  vel  alterius  ,  fed  plu- 
rium,  &  communis  potiùs  inferitiir, 
quandocumque  eifdem  in  Ritualibus 
pro  communi  illarum  Gentium  ufu 
praclo  datur.  An  autem  tam  facilelît, 
ac  pro  libitu  Ricualia  Kinli  didtaconfî- 
ccre,  quantum  àPatribusSocietatisaf- 
feritur,  fides  fit  pênes  eofdem.  Idqui- 
dem  ex  plurium  annorum  experientia 
didus  Pater  Aleonifla  affirmare  audei^ 
qu6d  purius  Rituale  Kialt  didum  ,  & 
puWica  auéloritate  approbatum  ,  quo 
communiter  Sinenfesutuntur,  histem- 
poribns  non  invenitur,  quàm  illud  , 
quod  io  praccitata  fumma  impreffum 
exhibait ,  &  iterum  ,  cùm  ei  julfum 
fuerit  ,  exhibebit  :  &  aliud  cui  titu- 
lus  :  Chii  vétt  Kung  Kiàlt  ,  quod  pari  ter 
apud  fe  habet^  &  apud  Sinenfes  ma- 
gnam  audoritatem  obtinuic  ,  ac  tan- 
quam  totius  Impcrii  Rituale  ab  omni- 
bus de  Mandato  Imperiali  obfervarî 
débet.  Concordat  autem  cum  fupra 
dido  magnae  fummae  Rituali. 

Ciim  vero  idem  Pater  Joannes  Fran- 
ciCcus  allegaverit  etiam  Rituale  Liki, 
&  alias  audoritates  ex  quodam  libro 
feu  Rituali  Ta  min'g  hoéi  ticii  ,  hic  infu- 
per  addendum  putat  quid  per  Rituale 

Liki  f 


T  9  o  Conformité  des  Cerem,  Chin, 
Liki,  quid  per  Tàmïng  hoéitun  inrelliga- 
tur  i  &  cujus  auéloritatis  fînt  ambo. 
Proptereà  dicir  ,  praefatiim  codicem 
Ta  ming  hoé'i  tien  continere  leges  ,  fta- 
tuta  &  ritus  adhibitos  &  prarfcriptos 
ab  Imperatoribus  familiae  Tâm'mg  nun- 
cupatx  j  qux  regnavit  in  Sinis  ante- 
quàm  Tartari  Sinico  potirenturlmpe- 
rio.  Concinet  etiam  Hiftorias  illius 
Imperii.  Rituale  verô  Lïkï  efle  illud 
quod  inter  quinque  libres  claflîcos  & an- 
tiquoSj  qui  apud  Sinas  fummam  fidem 
femper  fecére  y  &:  Kujg  appellantur  & 
infcribuntur  ,  numeratur  :  dodrinis 
in  eo  contentis,  prout  etiam  illis  quae 
habentur  in  cacteris  libris  claflicis  fu- 
pra  didtis,  ftuderefolent  &  debent  Si- 
nenfes ,  qui  in  litteris  graduari  cupiunt  : 
ex  illo,  proutexaliis/vwj-,  Regii  Exa- 
minarores  &  Cancellarii  defumunt  the- 
mata  ,  quac  examinandis  &  graduan- 
dis  proponuntur  in  publiais  examini- 
"bus  :  ac  infuper  illud  eft  quod  Sinen- 
jes  aflerunt  efïe  antiquiiTimam  regulam 
■ceremoniarum  ac  rituum  totius  Impe- 
rii, Verum  quidem  eftquôd  Commen- 
tatores  nonnuUi  ejufdem  Ritualis  du- 
bitant  de  mukis  qux  in  illo  continen- 
tur  ,  an  fcilicet  iapfu  temporis  per- 
mixra  &  addira  ei  hicrintj  ac  proefer- 
tim  poft  gencralem  librorum  Sinen- 
lîumcombuftionem ,  de  mandatocujuf- 
dam  Impcratoris  C/v«  xihonng  nuncu- 
pati,  fcrèducentis&quinquaginta  an- 


j4vec  tldoîat,  Greccjtie  çj*  Rom.  191 
tîis  aiuc  Incarnatiouem  Domini  fa- 
^am,  impcrante  fcilicct  familia/ià;;; 
an  vcrô  iiucgrum  rcpertum  ac  fcrva- 
tiim  fuL'rit  quod  anre  prxfacam  com- 
buftionem  in  Sinis  pro  clalfico  habe- 
batur  :  &:  fahcm  de  quibuldam  arti- 
culis,  littcris,  &  etiamcapitibusdidi 
Ritualis  Commentatores  praefati  fen- 
tiimt  &  aflcriinc,  quod  non  fuerint  iti 
antiquillimo  illo  codice  ,  fed  impe- 
rance  poil  eandcm  combulHonem  prae- 
fata  familia  Han  addita  &  permixca 
fuifle  à  dodoribus  illius  temporis.  Igno- 
ratur  aucem  qiia  au<5loricate  id  fadtum 
fuerit.  lis  non  obftancibus,  poftquin- 
que  claflicorum  libroriim  colkdtionem, 
revifîonem,  &  fele6lionem  fadtam  im- 
pcrante y^/w^/oTuperi  iisnominato,praf- 
ratum  Rituale  Liki  inter  libros  clafTi- 
cos  Icmper  habitum  fuit  j  &  ha(5l:enus 
habetur,  ita  ut  Commentatoribusnon 
liceat  vel  apicem  propria  auâ:oritate 
in  illo  minuere  vel  mutare  ,  fed  tan- 
lùni  exponerc  &  interpretari  qux  in 
eo  continentur.  Qj.iod  fadum  videtur  , 
eo  quod  illo  purius  in  Sinis  inveniri 
non  potuerit  ,  &  antiquitas  ejufdem, 
quxcumque  illa  fît,  caiteris  libris  non 
clallicis  praefercnda,  ac  cmninb  vcne- 
randa  &  retinenda  cifdcm  Sinenfibus 
vifa  fuerit.  Tandem  didto  Ritualil/^/', 
quo  nunc  temporis  utuntur  Sincnfes 
modo  fupra  rclato  ,  tanquàm  libre 
xilalFico  éc  macnx  autftoritatis  ufi  func 

RR.  Pi- 


1 9  2-  Conformité  des  Cerem.  Chîrt, 
RR.  Patres  Francifcus  Brancati  & 
Jacobus  Le  Favre  Societatis  Jesu  in 
fuis  Tradtatibus  Apologeticis  ,  &  ex 
illo.',  uti  etiam  ex  ejus  commentariis 
plura  felegerunt  ad  propriam  fenten- 
tiam  flabiliendam  ,  &  oppofîtam  in- 
fîrmandam  ,  ^out  videri  poterit  in 
Tradatu  diài  R.P.  Francifci  Branca- 
ti, à  Patribus  Societatis  nuper  Sacrse 
Congregationi  fandti  Officii  exhibito, 
ubi  etiam  nonnulla  ex  libris  ,  feu  Ri- 
tuali  Ta  mùfg  boéi  tieii ,  eadem  ex  caufa 
referuntur. 


F.    JOANNÏS    FRANCTSCUS 
DE  NiCOLAlS  AlEONISSA, 

Eleéîui  Epifcopus  Bmt    s. 


LET. 


t: 


1^ 

T    T    R    E 


D    U 

ROY     DE     PORTUGAL 

A 
MONSEIG.  LE  CARDINAL 

CASANATTE 

Du  31.  (TAout  1(^99. 

ILlustrissimo  è  Reverendissimo 
cum  Chrifto  Padre  Cardeal  ,  meu 
como  Irmao  muiro  amado  ,  Dom 
Pedro  por  graça  de  Deiiz  Rey  de  Por- 
tugal,  è  dos  Algarres^daqtiem  è  dalem 
marem  Africa,  Senhor  de  Guiné  è  da 
Conquifta^  Navegaçao,  Comercio  de 
Ethiopia  ,  Arabia  /  Percia  ,  è  da  In- 
dia  &c.  Vos  invio  muito  Saudar,  co- 
mo aquelle  que  inuito  amo  è  prezo. 

Son  informado  que  na  Congregaçao 
de  propagandafidc  haaoprezentecon- 
trovercias  em  hua  cauza  a'ha  muiros 
annos  efta  deccdida  pel  la  fanéla  Se 
Apoftolica  à  favor  das  ferimonias  è  ri- 
tos  deq  uzao  os  Neophitos  dasMiflbés 
da  China j  à  quem  tem  dado  motivo 
as  fenel^ras  informaçocs  q'algûns  Mif- 
$onarios  tem  dado  com  menos  expe- 

1  fï^nçm 


ïp4  Lettre  du  Roi  de  Portugal  * 
riencias  da  quellasMiflbés,  ècomanî- 
mo  adverfario  à  os  MiflTionarios  dcfta 
Coroa,  q  com  gloriofo  trabalho  rem  co- 
thido  naquellas  terras  copiozo  frudo. 
Efta  mefma  queftaô  fe  mové  ha  mui- 
tos  annos  è  com  plena  informaçoe  em 
que  face  ouvido  oPadreMartinMartini, 
fe  refolvozeèdecretoii  pel  la  fanda  Se 
Apoftolica  ,  que  fe  podiao  tolerar 
aquellosRitos  porferem  meramente  po- 
liticos.  5endo  Padre  Ruberto  Nobili , 
IVliiïîonario  de  Maduré  acuzado  por 
Idolâtra  è  apoftata  por  tolerar  s'eme- 
ihantes  feremonias  è  ritos  naquellas 
MiflTioés,  fe  mandou  quéObifpos,  In- 
quifîdores  ,  Prelados  e  Theologos  das 
Keligioes  da  India  ouvindo  6  mefmo 
Padre  Ruberto,  è  ofmaisMiflloijarios 
examinaffem  à  cauza  ,  è  remeteffcm 
fus  votos  è  pareceres  à  Romas  adon- 
de  fe  tournou  a  rezolvcr  que  por  nao 
fefechar  à  porta  à  falivaçao  de  tantas 
aimas,  fe  podiio  tolerar  os  ritos  dila- 
tados ,  por  ferem  meramente  politicos^ 
Sendo  eftas  as  decizoe's  em  femelhantes 
cauzas  en  as  que  depois  fe  moverao 
fobre  aspalauras  Cinicas  ,  pareceq'ou 
fe  deve  efcuzar  à  prezente  controvcr- 
cia  ,  ou  fcguirenfe  aquelles  mefmos 
^ermos  con  que  eutao  tbraô  canonica- 
mente  rezolutos  ,  precedendo  todas 
aquellas  informaçôes  que  à  fîgurao  à 
neccflldade  defta  tolerancia  ,  pera  6 
mayor  bem  ,    è  falvaçao  das  aimas. 

£  con- 


A  Mi  nfiig.  le  C^rcL  Ctfinatte,  195 
E'  coiitrov^iLcric  d:  novo  efta  mate- 
ria,  pede  mayorconfideraçao,  porque 
entaô  fcinvolvia  njUa  fomente  a  opi- 
nia  6  dos  MiflTionarios  ,  è  agora  Te  in- 
volvc  tambem  a  autoridade  da  fandla 
Se  Apoftolica  ,  6  que  decediou  è  de- 
claroii.  E'  como  nao  pode  haver  fun- 
damento  perafe  reduzir  â  qiieftaooquc 
ia  efta  decedido  por  fentença  ,  fenao 
o  fer  à  fanda  Se  Apoftolicamal  infor- 
mada  ,  fera  precifamcntc  neceflario 
que  as  informaçocs  que  agora  fe  toma- 
rem ,  pera  fe  rivogar  6  que  ja  efta  re- 
zoluto  3  feriao  taïuo  mayores  ,  è  tan- 
to  mais exadlas  que  evidentementecon- 
vcnçao  as  primeras.  E^  como  nao  con- 
fia que  eftas  agora  fe  mandaflem  to- 
mar  ,  me  aflTigura  à  razao  è  à  juftiça, 
que  fem  ellas  fenao  podera  alterar  6 
q  efta  decedido  è  decretado. 

Nem  nefta  Curia  fea  Chara  ,  hoye 
qucm  pofla  dar  aplena  informaçao  de 
que  fe  neceffita  nem  conhecer  ôprejui- 
20  que  rezultara  de  fe  innovar  coufa 
algua  na  quella  tolerancia  3  que  à  ex- 
periencia  lem  moftrado  tantô  util  co- 
mo neceftaria.  Eo  contra  que  en  nao 
efpero  ,  fera  dar  occaziâo  àos  enfieles 
è  hereges  ,  para  ultnagarem  è  defpre- 
zarem  aos  Miniftros  de  tanto  fagrado 
Menifterioj  è  formarem  argumento 
contra  à  fîrmeza  è  premanencia  que 
de  venter  as  nezoluçoes  Apoftolicas  :  è 
ferla  degrandeoprobrioà  Miflionarios 

I  z  lanta 


1^6  Lettre  du  Roi  de  Portu^.  (^c, 
tantô  bene  meritos  àfanda  Se  Apofto- 
lica,  prevalecerôodio  de  feus  adverfa- 
rios  contra  hunatolerancia  por  ella  de- 
cedida  è  executada  per  vaross  tanto 
excmplarmente  infignes  em  ieteras  c 
em  virtudes. 

E  como  he  muy  proprio  dominha 
obrigaçao  è ,  do  grande  dezeio  que  ren- 
ho  de  que  a  fe  catolica  fe  exalte  nao 
mais  diftarites  partes  do  mundo,  am- 
parar  c  protéger  aos  Mifllonarios  que 
nâo  pregaro  Evangelhonos  Dominios 
è  MifToes  d.fta  Coroa ,  Vos  encomen- 
do  muy  apertadamente  agrave  ponJe- 
raçao  com  que  fe  deve  ver  eflà  cauza 
pel  as  Tuas  relevantes  conf^quencias. 
AhgLirando  vos  na  confîança  que  tenho 
da  vofla  reâ:idâo  è  juftîça,  èda  quello 
particular  afi'edto  que  lempre  em  vos 
conhelinasdependencias  délia  Coroa, 
6  quai  vos  merece  a  grande  eftemaçao 

?ue  faço  da  volTa  perfôa  è  virtudes. 
IluftrilHmo  è  Rcverendiflimo  em 
Chrifto  Padre  Cardeal  ,  men  como 
Irmao  muito  amado.  NoflTo  S^nhor 
haia  vofla  perfoaem  fua  fandaguarda. 
Efcrita  em  Lisboa  a  31.  de  AgoUo  de 
1699' 

R    E    Y. 

Et  fuper  plicam  :  Ao  liluflriffîmo  è Re- 
vei'cndifjimo  em  Chrifto  PadreCadcnlCKS^- 
NATI ,  mcti  como  Irmaô  muito  amado. 

La 


'^97 

La  même  Lettre  en  François. 

ATrès-Illuftre  &"  très- Révérend 
Père  en  Jrsus-Christ  le  Car- 
dinal mon  prelque  Frère  bien-aimé, 
Dom  Pierre  par  lagrace  de  Dieu,  Roi 
de  Portugal  ,  &  des  Algarres  deçà  & 
delà  la  Mer  en  Afrique,  Seigneur  de 
Guinée  &:  de  la  Conquefte  ,  Naviga- 
tion &  commerce  d'Ethiopie  ,  Ara- 
bie ,  Perfe  ,  des  Indes  ,  &c.  Salut 
comme  à  celui  que  j*aime  &  prifc 
Je  plus. 

l'ay  e'té  informé  qu'il  y  a  prefente- 
ment  à  la  Congrégation  de  la  Propa- 
gande une  controvcrfe  fur  une  affaire 
Que  le  faint  Siège  a  décidée  il  y  a  plu- 
iieurs  années  en  faveur  des  rites  &  cé- 
rémonies qui  font  en  ufage  chez  les 
nouveaux  Chrétiens  de  la  Chine,  & 
que  ce  procès  n'a  été  exciré  que  par 
les  mauvais  rapports  de  quelques  Mif- 
fîonnaires  peu  verfez  dans  ces  Mifîions, 
&  ennemis  de  ceux  de  mon  Roiaum.e, 
qui  par  leurs  glorieux  travaux  ont  fait 
de  très-grands  fruits  dans  tous  cesPais- 
là.  Dans  le  tems  qu'on  remua  cette 
queftion  ,  on  l'examina  particulicre- 
ment  ,  on  entendit  le  Père  Martin 
Martini,  &  le  faint  Siège  jugea  que 
ces  rites  étoient  purement  politiques, 
&  fcpouvoient  tolérer.  Onaccufaauf- 
fî  le  Père  Robert  Nobili,  Mifiionnai- 
^        l  l  re 


ip8  Lettre  du  Roi  de  Portugal 
re  de  Maduré  d'être  Idolâtre  &  Apo- 
ftat,  parce  qu'il  fouffroit  de  fembla- 
bles  rites  &  cérémonies  dans  les  Mif- 
fîons  :  On  ordonna  aux  Evêques ,  In- 
quifîteurs  ,  Prélats  ^  Théologiens  des 
Indes  j  d'oiiir  le  Père  Robert  Nobili , 
&  les  autres  Millionnaires  ,  d'exami- 
ner l'affaire  ,  &  d'envoier  leurs  avis 
à  Rome  ,  où  il  fut  ordonné  que  pour 
ne  plus  fermer  la  porte  du  falut  à  tant 
d'amesj  on  pourroit  tolérer  fesufages^ 
Et  comme  ces  decifîons  ont  été  don- 
nées fur  des  matières  toutes  femblables 
à  celles  qu'on  agite  prefentement  fur 
des  paroles  Chinoifes  ,  il  me  femble 
ou  qu'on  ne  doit  plus  parler  de  cesque- 
ftions  3  ou  qu'on  doit  s*en  tenir  à  ce 
qui  a  été  canoniquement  décidé  ,  & 
après  avoir  pris  toutes  les  informations 
qui  prouvent  la  neceflité  de  cette  tolé- 
rance pour  un  plus  grand  bien  5  &pour 
le  falut  des  âmes. 

(^ue  fi  on  veut  examiner  tout  de  nou- 
veau cette  matière  ,  on  le  doit  faire 
avec  beaucoup  plus  d'attention,  puif- 
qu'il  ne  s'agit  pas  feulement  comme 
alors  de  l'opinion  de  quelques  Million- 
naires, mais  que  l'on  compromet  l'au- 
torité &  le  jugement  du  faint  Siège 
Apoftolique  5  &  qu'on  ne  peut  allé- 
guer d'autre  raifon  de  révoquer  ce  qui 
a  efté  fiit,  fi  ce  n'cfi:  que  le  faint  Siège 
a  efté  furpris  &  mal  informé.  Il  faut 
donc  que  pour  prononcer  de  nouveau  , 


AMoyiJtig,  h  Card,  Cafanatte,  1 9  <^ 
&  cafler  le  premier  jugement  ^  on  ait 
de  meilleures  informations  ,  &  des 
raifons  plus  fortes  &  plus  convaincan- 
tes que  les  premières  5  &  quilesdétrui- 
fent  entièrement.  Or  comme  il  nepa- 
roît  pas  qu'on  ait  donné  des  ordres 
pour  faire  de  nouvelles  informations, 
&  que  dans  cette  Cour  on  ne  trouve 
perfonne  aujourd'hui  qui  connoifle  le 
préjudice  que  recevra  la  Religon  fi  on 
innove  quelaue  chofe  dans  ce  qui  aefté 
décidé,  ou  k  on  ôte  cette  tolérance  fî 
utile  &  fi  neceflaire  ,  ainfi  que  l'expé- 
rience l'a  montré  ,  la  raifon  &  la  ju- 
ftice  me  perfuadent  qu'on  ne  peut  tou- 
cher en  aucune  manière  à  ce  qui  a  été 
jugé,  &  qu'on  ne  fcauroit  le  faire  fans 
donner  occafion  aux  infidelles  &  aux 
hérétiques  de  perfjverer  dans  leur  in- 
fidélité &  dans  leurs  erreurs  ,  de  mé- 
prifer  les  Miniftres  de  l'Evangile  ,  de 
révoquer  en  doute  les  Décrets  &  les 
jugemens  du  faint  Siège  comme  fujets 
à  revifion ,  &  pouvant  eflre  calTez ,  & 
fans  couvrir  de  honte  &  d'opprobre 
des  Mifiionnaires  qui  ont  fi  bien  fervi 
l'Eglife,  &  qui  voyent  condamner  une 
tolérance  autorifée  par  le  faint  Siège, 
&  défendue  par  de  grands  pcrfonnages 
également  recommandables  par  leur 
fcicnce  &  par  leur  vertu. 

Et  comme  fuivant  le  defir  que  i'ay 
que  la  Foy  Catholique  fe  répande  aans 
ks  parties  da  monde  les  plus  reculées. 


1  o o  Lettre  dn  Rot  Portugal ,  (frcl 
il  eft  de  mon  obligation  de  protégera 
défendre  les  Miflionnaires  qui  vont 
prefcher  l'Evangile  dans  les  Domaines 
&  Miffions  de  cette  Couronne,  je  vous 
recommande  avec  toute  rinftancepof- 
iîble  de  bien  pefer  une  affaire  fi  impor- 
tante ,  à  caufe  des  confequences  fâ- 
cheufes  qu'elle  peut  avoir  i  &  ayant 
autant  de  confiance  que  je  dois  en  vo- 
tre droiture  &  en  votre  juftice,  &  en 
l'affedlion  particulière  que  j'ay  tou- 
jours reconnue  en  vous  pour  tout  ce 
qui  regarde  ma  Couronne,  je  vous  af- 
fure  auffi  que  je  conferverai  pour  vous 
toute  l'eftime  que  vous  méritez  ,  & 
quej'ay  toujours  eu  pour  votre  per- 
fonne  &  pour  vos  vertus. 

Très-Illuftre  &  trés-Reverend  Perc 
en  TeSus-Christ,  monprefque  Frère 
bien-aimé,  je  prie  notre  Seigneur  qu'il 
ait  votre  perfonne  en  fa  fainte  garde. 
A  Lisbonne  le  31.  d*Août  1699- 

LE  ROY. 

Et  fur  le  pli  :  A  Wes-Iîhflre  ^  très- 
Révérend  ?cic  f«  JesuS-ChrIST  A'  Cardi- 
fiai  Cafavaîta ,  îiion  prefque  hrere  bicn-aiîm. 


EPI- 


E  P  I  s  T  O  L  A 

Pixpoliti  ,   Dircdonim  ,   MilTiona- 

rioruni     Scminarii     Parificnfîs 

Miflîonum  ad  Exteros , 

AD    INNOCENTIUM    XIL 

Pontifie  cm  Optim.  Max, 

Jj Eatissime  Pater, 

Tôt  tantifqiie  obicibusaudivimusre- 
tardari  de  die  in  diem  caufam  Siiien- 
iîuin  ceremoniarum  ,  ut  nifi  Aportoli- 
ca  Aufloritate  frangantur  advcrfarum 
partium  impetus,  metiiendumomnino 
fît  ne  gloria  diremptae  tam  f.imofa?  li- 
tis  Vcftrae  Bcatinidini  débita  eidcm  ra- 
piatur.  Jani  cercc  noiieft  operofum  di- 
judicarc  qua  ex  parte  jus  fe  teneat. 
Cùm  cnim  res  tota  fîta  cfle  videaturin 
ilabilienda  veritat^;  fa(5lorum  ,  eaque 
fa(5la  non  folùmapud  SinasRitualipii- 
blico  indubitata  fint ,  fcd  etiam  à  Reve- 
rendiflîmo  ^  lUuftrirtimo  Domino  A- 
leoniflaé  Sinarum  plagis  nuperrimè  re- 
duce, in  judicio  légitime  afleverata,  imo 
etiam  apudadverfariosnoftros  (  utfcri- 
bitur  )  tandem  aliquando  in  confeflb 
pofita  ,  quid  morx  fuperefle  pofTit  in 
ferenda  fcntcntia  ,  non  videmus.  Ad 
pedes  itaque  fummi  arquilTîmique  ju- 
dicis  humillimè  provoluti  quotquot  in 
Seminario  Miflionum  ad  Exteros  degi- 

mus 


201  Epijlùla  &c. 

mus  cum  Vicariis  Apoftolicis  Sinarum 
conjun6li,  &ipforum  &noftronomine 
fumma  cum  reverentia  fupplicamus  , 
ut  in  compendiofam  fadorum  feriem 
hoc  fafciculo  comprehenfam  Sanditas 
Veftra  momentis  aliquot  oculos  conver- 
tat.  Prima  fronre  judicabit,  numfan- 
éla  Chrifti  religio  pro  fua  puritate 
cum  tanto  feu  idololatrix  feu  Tuperfli- 
tionis  periculo,  ne  dicamus  piaculo  , 
cohacrere  ullatenus  quear. 

Hïc  zizaniain  agroDomininimiùm 
tolerata  &  diffimulata  radicitusevellat 
Pater  familias  :  hxc  fcandala  de  me- 
dio  platearum  novx  Jerufalem  in  par- 
tibus  Orientis  penitus  amoveat  Pétri 
fucccfTor  :  haec  animarum  oft'endicula 
apud  Sinas  oeternùm  profcribat  Vica- 
rius  Salvatoris.  Unum  id  confidenter 
deprecamur  ,  &  Apoftolicam  benedi- 
^ionem  reverenter  exfpcdamus, 

Beatissime  Pater, 


Parifiis  lo.  Au- 
guflï  1699. 


CANADiANA 


Bearnudinis  Veftrx 


Humiilimi ,  obfcqucntifllmi 
&  dcvotjfTîmi  riiii&  Servi. 

TiBE  R  G  £  Supcrior. 

De    C  I  c  e'. 

De   Brisacier. 

L'Ab  b  e'. 

De  la  Vigne. 

P  RIOUX. 


PERMISSION 

Du  Reverendiflfimc  Pcrc  General  de 
l'Ordre  de  Saint  Dominique, 

Nos  F.  Antoninus  Cloche  S.  Théo* 
logis  Profefior  ne  totius  Ordinis  FF.  Pra^ 
dicatoruvi  hmml'is .  Magïflcr  Generalis 
(^  Jcrvus. 

CUm  ad  nos  perlatum  fueritcom- 
pofitum  fuiflc  ab  uno  in  Theolo- 
gia  Ma^iftro  Ordinis  noftri  Opus  Gal- 
licè  fcriptum  cui  niuXus  ,  Confoi'fnité  des 
cérémonies  Chinoifes  avec  f  Idolâtrie  Grecque 
^  Romûifte;  ideo  harum  ferie  noftrique 
authoritate  Officii  licentiam  &  facul- 
tatem  facimus  praedidum  opus  typis 
edendi  ,  dummodo  priùs  à  duobus  in 
Theologia  Magiftris  vel  Theologiae 
Profeflbribusrevifumac  probatuin  fiie- 
rir  j  ac  fervatis  cxtcris  ae  jure  fervan- 
dis.  In  nomine  Patris  ,  &  Filii  ,  & 
Spirtus  fandti.  Amen.  In  quorum  fi- 
dem  his  Sigillo  noftro  municis  propriâ 
mrnu  fubfcripfimus.  Datum  Romx  in 
Convcntu  noftro  S.  Mariae  fupcr  Mi- 
nervam  die  30.  Januarii  1700. 

F.  Antoninus  Cloche 
Maeifter  Ordinis. 

AP- 


APPROBATION 

DesTheologieKS  des  f  Ordre, 

LA  Conformité  des  Cérémonies 
Chinoiies  avec  le  Culte  des  anciens 
Idolâtres  Grecs  &  Romains  parfaite- 
ment demonftrée  dans  ce  petit  Ouvra- 
ge, confirme  excellemment  l'Apolo- 
gie des  Dominicains.  Miflionnaires  de 
la  Chine  nouvellement  imprimée  jSi: 
fait  voir  la  neceflité  d'une  decifion 
prompte ,  claire ,  &  precife  des  Con- 
traverfes  de  la  Chine  par  le  S.  Siège 
Apoftolique.  C'eft  pourquoy  nous  Pa- 
vons jugée  digne  d'être  mifc  en  lumiè- 
re. Fait  à  Mons  ce  25.  de  Mars  1700. 


F.  Philippe  Durand  Doâcur 

en  Théologie  Exprovimial  de  I'Ot" 
dre  de  Subit  Dominique. 

F.  Norbert  d'Eljbecque 
Doâçtir  é^  Profejfeur  en  Théologie 
^ de  rEcritine  Snivte <^  premier 
Hegeut  de  V  Etude  Générale  du  tnê' 
Vi€  Ordre  à  Mojis, 


La  Bibliothèque 

Université  d'Ottawa 

Echéonce 


The  Library 
University  of  Ottav 
Dote   due 


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