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CO N VERSION
' D' ENEVOLT) BRANDT
CI-DEVANT COMTE
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LES LETTRES D'UN ANONYME
ENEVOLD BRANDT,
POBLIE PAR
LE. S.R. I|EE
PREVOT »' EGLISE.
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NOUVELLE EDITION CORRIGEE AVEC LES RE- -
MARQUES DE L'EDITEUR.
1773
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ce< Meiisi anOI lei demieri jaun de b vie étaieni
Hi trâs - ûiiiHanU il tous ceuic qui avoleut occalio
4o '« v^r , & qui Ibnt arTéa hannttai geni pou
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I
atteder, que IbtiUme fut réeUemeHt mortifiée de-
vant Dieu, & qu'il fuivit l'avis dpnné a Pierre par
Notre Seigneur ; „ quaM tu feras convn'ti prends
a tâche de fortifier tes autres Jreres*" Telle fut fa
conduite envers les Officiers qui le garèïoient. SI
bien leur perfual'ion du changement évident de fon
caraftôre, très-aliené de celui qu'il montroit les pre-
miers jours de Ion emprilbnilement, comme aulîl la
propre expérience que j'.en ai faite de jour en jour,
m'en font un devpir, de rendieau public un compte
exaft de la lituatiori, dans , laquelle je l'ai trouvé
depuis le commencement, jiisqu' à la fin. Depuîs
fon emprironnement, & «encore après fa mort, il a
cpuru des bruits delavantaljeux, & Dieu feit, ' faux ,
& il y en a qui ont voulu rendre fufpèfte, la fincerU
te de fan cœur dans ie^ dernières heures de fa vie,
& qui la donnent pour témérité auxquels je ne»
fui^ opofé & Qi'opoftfrai toujour*. La confcience
ne me permet pas de garder le filence, éàinttout
& fait perfuadé du contraire, iSf je le crois de mon
devoir de rendre témoignage de la' vérité de. la
couver fion & de la facilité avec laquelle il le prêtâ,t
aux admonit^>ns de 1* Kvangile, avec le Inêmé zèle,
qui m'agiiVoit, (j', en prends^Dieu à tetuoin) lors- ^
que je lui reprefentois fa vie extrêmement pro-
fane, & la prilbn ou il étoit actuellement, avec
les peines avenir, qu'il f 'étoit attiré par l'énormité
de lies crimes. Je prehs l'a diifenfe d'autant plus,
volontiers, que je fuis pcrfiiadé, que, excepté
quelques honnêtes gens, qui, touchés du falut de
fon ame ajoutuieni foi ^ ces bruits au moins ,à
regard de' fa vie ^aiïée, laplus grande part, de
ce qu'on a divulgué foii coiapàte, n.' ^lï qu'une
fiction des. miierables' purtiians de l'irrelig^ion.
Il y a des gens qui ont beioin de prendre le parti
de cette irreagion quand merue ce rerojt aux
dépens de la vérité, & en dôpic de leur confcience.
Toute preuve de la v!Ct<)ire de la rcllgtoii & de
ion értct fur un ctèur -.biuH, leur reproche de;
n'avoir pas encore quité leur im[iiété & leurs
mœurs perverfes* C «le pourquoi ils n« fauroient
ri^gar-
Î*" ' • ♦ • , 1% JtÊt
I»
regarder de bon oeî| imde leurs eoiîfrére», qnr,
avant de quitter [e monde, renonce publiquement
à leurs principes; ils l'ont obligés de faire voir le
chagrin qu'ils refl'entent de V imjmilVance de l'irrc'-
ligion , , dévoilée par V approche de la mort. Cette
forte de gens, ont toujours écouté avec plailir
tout ce qu'on a divulgué de tems en tems, fur le
compte àe la perlbnne dont iî f'agit, ils ont
crôné avec beaucoup d? joie les marques d'un
libertinage', qu'il a fait paroitre même au commen-
cehient de mes vifites, & que, peu après, il a dés-
avoué & pleuré fmcerement. Ces gens ci, à la
vérité, me fauront mauvais gré de tes nouvelles,
mais auffi je n'en demande pas mieux. Je ne
prétends non plus d'excufer.ce qui f'eft pafle
dans fon ame avant nies vilites ou peu de tems
après, ou, il n'a voit pas encore quitté la carrière
des vices , qu'il fuivoit aveuglement, „ fetnblable
au courfier fougueux dans la bataille,, ; je n'ai
pour but, que de prifer la clémence divine , très
efficace fur cette ame , par qui, elle avoit été long
tems mépfifée; cette bonté de Dieu, qui auffitdt
qu'il fe foumit aux chàtimens du corps & de l'ame,
le combloit du fentiment de la grâce de I. C. &
^e l'avant- goût de la paix fpirituelle, pour* con-
ftater la vérité divine, *'ou il y a eu une abondan-
ce de péché. Dieu a répandu Une (Surabondance
de grâce" (*) Je ne parlerai' point de la nailTance
& de l'éducation du Sr. En. firandti l'une & l'autre,
A3 ' à ce
f*j' Mr. le Prévôt agit , dans ioutf^ cette hîfloire de
la cure de fonmalade fpirituel ^en Théologien éclai-
ré ,q»ii a tionféré très-foi^neufement la natm'e des
préceptes de la domine de I, C,à la foihlejfe
du pécheur. Il faU co^nfifler une partie de V élo-
quence ecclejiajîique , d fejervir des élocutions ner-
' veufes de la Bible.; & il ite fe trompe point du
• tout. T- élue défais uhe paraphrafe humaine ou
, une explication n'affoiblijfent- elles pas la force
& la perfuafion des paroles ^ par lestptels It^aint
Efprit opère inexpliioblemené.
"k ce qtl'on faît, clonnoient tîeu de croire, cpi'ir ae
Saittcroit jamais le fentîer de la vertu chrétienne,
kvoit toujours eu ces vertus pour modèle» dans
la niajfon de fes vertueux parens , & y avoit été .
Snftruit par des précepteurs choifis avec grand foin
par les pieux p^rens, & qui i*'appliquoient entier
rement à former fon jeune cœur à ia crainte de N.
S, li reniercm Dieu de cette grâce , en connoifioit.
le prix au moins ckins fa prifon, & avoua d'en avoir
ïcfTenti les effets depuis fon berceau, mais furtout,
lorsqu'il fut initié «wix myliières de la fainte Cène
par feu Mr. Piper, alors Catéchise à l'eglife St.
Pierre, & enfuite Chapelain à Helfingœr. Les ad-
monitions que lui donna cet hc^mme, à fon premier
»ccé^ à laiainte table, qu'il affura d* .avoir célébré
avec une extrême dévotion ; " conferves ce que
'VOUS aves, h. fin que nul ne prenne votre cottrotine;"
ces paroles avolent fait une telle .impreiTtou fur fo»
«rae, qu'ils f'étoienk prefentéesà fon efprit pendant
tout le tems qu'il avoit fuivi le chemin de la vérité»
Mais, comme je ne m*erige point en bii^raphe»
je ne toucherai plus cette matière , & ne f)arlerai
que dé la fituation dans la quelle }'ai trouvé fon
ame depuis la première fois que je reçivs l' ordre de
l'aller voir dans faprifon» jvtsqH'aumomentou jelevi*
mourir fur Tecbafaut, avec une tranquillité égale
3t fa perfuafton précède». te de te grâce & » Tavant
goût de fa felicrté étemelle, relation qui fera plailir
âceux ^ui^ jugent famement^ & qui mettra au fait
ceux qui ne le font pas.
V Ce fui fe 23temQrdu Février q-uc mon Swpérîetir
l'Eveque Harboe, m'annonça, & que me fut re-
mis de la Chancélerie du ^oi^ r ordre d'aller voir le
Comte firattdt, dans la prifon , qui demandoit à
parlera unéccleûafiique. {*} On f imaginera tiici-
lement »
C*) C^ fut à la propefîtton t/ui héfiit faite far It
Cenêral <U Hoben , d» recevoir la vifite d'uftUde^
fiafiiquey à quoi il confetti it y iS demanda enriê"-
me tems y quiceferMif on lui répliqua quei celm
Mi àeptnéoit HM éts ordres du Roi, "^
lement, qtieîle émotion tet ordra caoroTt dans mon
ame. Non feuienient le but de ces vifîtes, uns
préparation à la mort, & l'obligation d'affîfler à
cet affreux fpeftacle , fe préfentoient à mon elpritj
mais furtout te caraftére de cet homme affôs connu
jusqu' au moment de fon emprifonneraent. Bne
▼ie extrêmement libertine, joint aux fuites, qui
en font inféparabies , ur^ efprit indomté , qui cher-
che fa gloire, dans V infamie, qui, à chaque bcca-
Jion fe moauoit des vérités les plus faintes de la •
religion & fe revoUoit contre Dieu même, tout cela
me fit craindre V inutilité de mon travail. Mais je
fus reconforté par la pe'nfée, que mon olfice m'au-
torifoit à eli^erer le fecours du fuprême palteur I. C.
qui ni'envoyoit ramener cette brebis égarée,
qui jamais n'auroit été tenté de retournef", fi les
ftialheurs de cette vie, (félon fa propre conféflTion ) ' -
ne l* avoient retiré de la gueule du Itoft. Je recom- /
snendai donc mon ame, &. celle de celui à qui j'a-
f ois à faire à la bonté du Seigneur, & , en cas que
mon travail feroit infruftueux, 'je me confolois par
les paroles de Jetaie chap. 49, v. 4, **quc mon tra-
vail fe faifoit au nom du Seigneur, & que jetenois
mon office de fes mains." {*)
A4 J* , '
i*) J^ous nefaurions nous difpenferdu pîatfir que \
nous avons mjpfnti avec une grande partie (itt pU" ^
biic chrétien^ du caractère noble t^ de la Conduit*
Jag9 ^ gêner eufe^ de Mr. le Pfivoi dans cette en-'
treprife pénible mais éternellement firuStueufe. Sa
fntthode fitre & naturelle ^ f^fon expreffion ner^
vèuj'e méritent d* être remarqtiies & aplandies»
C ejl un médecin qui étudie fon malade , de même
an* il a,comme orateur de laMaire^coutume d'etndier
fon thème; un médecin, qui ne fait pas trop de
fond fur les forces d" une médecine univerfelle^ ou
qui ne fe contente pas de raifonner en pMlofophi;
■ fur fes firnples & qui ne prétend parfafcience pe-
9ietii er toutes les fymptotnes , les forces du mcUadt
& ceux de médéctne. Il plante^ ilarrofe, &r«-
^i$t le refit tntre Us mains du Seignmr*
-\\
Je r alteî donc rok , t« lendemaîn dans fa prî-
{on , ou je fus conduit par le Generallieutenaat de
Hobeh , & préfenté comme celui , avec qui il de-
voit f expliquer fur fes opinions touchant la reli-
gion. Il ipe reçut très poliment, comme de mon
coté je lui témoignai d' abord , combien j' étois ton- '
ché de ton état aAuel; & combien je ibuhai toi, que
ces malheurs fulVent te moyen de fauver fou ame.
Comme je n'avoi* rien tant au cœur , que de ga-
gner fa confiance pour l'engager à me parler « cœuA
ouvert, je lui dejnandai, commeîjt fon efpriè fe
trouvoit dans une (ituat-on li désagréable aux fen-
tjmens naturels? il adiiroît, que fon ame étoit aflès
tranquille; je fus d'accord avec lui, que c' étoit ua
grand avantage, pourvûque cette tranquillité eût
un fondement folide & fur. Cela me fit naitrel'oc-»
cafioB, de parit-r de l'excellence de la religion , qui
feule, connue & employée duement, peut trtin-
quilliler le cœv^ir, h ces propos, il me fit connoi-
tre 4 du d(^faut des connoiiVances & des vertus »
qu'on trouve à tous depuis la' ptémiôre jeunelTe»
•'qu'il marquent de gloire devant Dieu." Et c'ef^
par cette raifon que la fàinte écriture dit d'Adam
. tombé , qu'il "engendra un fils qui étoit fon image,»
mais nullement l'cffeuibloit à. Dieu. Moif. Liv. I.
Ch. 5 V. 3. Quant à la condamnation , fuite du
péché originel » je lui expliquai la providence deDieu,
fi* y remédier le plus eftîcaceinent, en leur don-
nant fon propre fils. Dieu comme lui même, pour
expier leurs crimes. Comme le péché élt venu dans
le monde contre la volonté & les conleils de Dieu^,
par la faute feule des hommes, & que leur père
miférîiiordieux leur a procuré un remède fuiftfant
pour les fauver, cela doit les portera l'aimer ^'.au-
tant plus, & d' accepter avec joye cette redemtion,
qui leur eft oôerte par fa grâce liyie. (♦) U futjjar-
faîte-
(*) n ifl vraUy qu'on pourroit ajouter beaucoup à
cette explication du péché or igi nul ^ mais l'auteur
M fort i^ien fait de /* en leitir aux idéns quff nous
éonm la /ointe Mkriture ^q^t Dieu et êhoifirex-*
jnref*^
\
\
9
fiiîtement fatisfait de cetts vtponre, & j*at rrmar^
que, que dans tous nos entretiens, il n* a jamais
cherché A^^ objections l'ophitViqnes , mais qu'il f ' eft
toujours contente de mes argumens, quand il le»
trouvoii: fondées fur la raifon & fur l'écriture. Après
avoir tellement répondu à fe5 doutes, je recom*.
mencai à le faire fou venir d« la grande témérité t
j|u' il avoit eut, de fe nioauer d' une vérité, qui,
malgré lui, ne celf^it de taire des eflbrts fur fo»
efprit. U avoua , d' avoir eu principalement pour
bût, de f^ acquérir la reijuutiort de Bel-efprit. Je
lui prouvai ^que cet honneur, pour peu qu'il y eût ip»
fléchi, lui auroit paru fort niéprilable. Car P il faf-
ibît gloire , à fouler atix pieds le vrai ornement de
la Société humaine & chrétienne, la fource de U
.véritable tra<iquillité de l'anié, &mêmedeplii(iettr$
avantages très-nécesfaires à T étiJt,; il n* auroit que
\ elttme & 1* applaudijlement dés âmes viles & ab-
Jeyïtc»; honneur, qui méritoit le mcT-pris de tout
homme de probité. Au relie je lui -parlai des re-
mords de la confciencê, de Id quelle il étoit feyère-
ment jugé, & qui ne le tourmentoît jamais p lits,
<|ue lorsque il parloit contre fa perfuafioo. De Tau»
tre coté je lui montroîs ta longue patience dt- Dieu»
qui lui fouffroit tant de mecfcantetés , qu'il ne pour-
voit comme St. Paul, excufer par fon ip^norance»
kl grâce divine, qui ne celVoit point fes diàtimens^
A S comme
preffement pour naus injlfuire, qtù pour Us pé-
chis de V kàmnie, ne vquloit point changer f ar-
rangement dti monde & delà nature de /' homme»
L'influence du péché fur le mintdâ^ difculpe le
3*^^-> ^ f^^l^vey aux ff eux du chrétien y iagran^
deur de cdui qui expia le monde avec lui mime:
i' ejî pourquoi rtous ne pardonnnions jamais à
undoSteuVy qui ne feroil que totnh^ légèrement
Htte matière , • qui fert ej^cacemcHt d ^humiliât ioi»
du pedrieur qu'on veut inJlrMi'ei mais que les
coul^'urs de ce tableau t foient frapaniis y îi^ c^u'ii
repréj'eute vivement t h cvurs dt let »ie petffi» Hf
futur* t dufpeaeUntr,
/
(
f'
ÏO _^ I
•omme îl mérîtoît par ft desohéîfrancc, de forte que !
Dieu; feloB fa julbce , devroit ôter cette lumière k 1
fon cœur, qui f'étoit ouvertement dédnré, "d'ai- . ]
mer les ténèbres préférablement au jour;'* qu'il ;
y erv avoit encore au moins quelques étincelles de
refre, qui, nonofcjftant leur foibleflfe » poyrroik fe
rallumer, n* étant plus étoufés par les voluptés «,
»\ixquefs la prfl'on ï empt- choit de fe livrer. Il ap-
prouva ce que je venois de dire, avec'beaucoup
d'émotion, qui augmenta, quand je lui vantois la
Sieufe éducation, qu'il avoit reçue dans la maifon
e Tes pareus, qui n*avoîent rien rfégligé pour for-
tîtier fon ame contre les principes dangereufes de
l'irréligion. En même tems je lui traçois l'ima-
ge de fa mère toute en pleurs , vFvement tou-
chée de fon état malheureux, & leif prières arden-
tes qu'elle faifoît à Dieu, de mortifier la chair, pour
iauverfoname, au jonrdeN.S. JefusChritt. Acet^
te exhortation , fes jolies furent inond<^es d'un torrent
^elarrat'f,quî caufèrent une très-grande émotion dan»
mon ame. Je V exhortoîs donc de jpréteri'oreiUe aux
acclamations dé la grâce, (♦) fans confulter fes
paffîons, & de fuivre les cris du pafteur, dont il
avoit jusqu' ici négligé la bonté & la tolérance, &
qui les renouvelloit, accompagné de reméd,es de*
agréables , néceflaires pour guérir fon cœur infen-
ftble; mais *'^quMl rievort chez le foupçoii qu'a
avoit, que le bruit qui f'étoit répandu de fon
Irrelic^ion , fut parvenu jusqu'à moi. Je vériHai-
cefoiipçon, & le plaignis d'autaryt plus, que la
(feule chofe lui manquoit, qui devroit lui fervir
de PtMjtien & de confolation pour cette vie, Sc_
régler \'cn\ efpérance de cette t' avenir. Il m'ailu- '
ra d'abordé de n'avoir jamais été dénué du fenti-
ment de ta. religion, mais- ne nia point, qu'il
n'ea
•*■ ' . '
(♦) Quelque giranck qt» pttrffe être f^utiUtê cTun»
bonne ^ pr&mpte rejohition danS les afftiires
itnpovtantes de cirf.te vie , eUe l' eji incotnpara'-
hlemmt pTus ffonr un Chrétien combiUtani
Jous les drapeaux du I, €^
jfft.
^^-,
\
•>n avoîfc pa* pvlê avec «ffils ôe relîîeft. M*Rpper-
«evant donc> qu'il ne cherchbit pa)i à derdM^n-
tâérement à rnes yeux, fon état.pntVé, je Tif^e-'
mandai» Til n'airaeroit pas aifeax (''entretenir
avec mor &ns témoins, à- quoi i\ confentit voion*
tjers. Je priois donc fo garde qui ne l'avoit pas
. «uitt^ un tevA moment jusqu'à ce teins la, de
rortir, félon la permiflion que m'avoit donné Mr..
te Commendant, de forte que, non feulemenk
pour cette t'ois, mais toujours, dans la Alite dé
Jnès vifites, à mon arrivée, on nous laiiTa ft-uls
depuis le commencement jusqu'à lii Un. J<î com-
tnencai par ton propre aveu du feutimeui: qu'il
«voit eu de la religion, même lorsqu'elle fut un
fujet de fes railleries-, ce qu'U avoua encore un©
fois,, mais ajouta en même tems, qu'il étoit in«
quiété de quelques doutes touchant cette matiè-
fe. Je lui foutins, que ces doutes avoîeiH pour
origine riraperfeftion de la raifon humaine, fie
principalement notre dépravation naturelle, qui
penchoit à douter ^es principes, qwi mettent an
fi-ein à. nos defirs effrénés, & gê»ent là liberté
ou prétend notre efprit dMis une telle fituatlon*
Les doutes, continuat-je ;Te font pas des nmrquèf
d' une maiivaire difpolition du- cœur, car les uieil-
priére-v „, . .„
«ft pas de mênge, de rechêrclifr les doutes & les
, aimer. H fut d'accord avec iiioi, que c'etoitun
pioché délibéré; Je- le- priai de me faire connoi-
tre ces doutes,- qtie j'efpéroi* de ditîîper par la
lumière de' la vérité , lui fjiporant la bonté du
cœur néteffatre pour cet effet Alors il me pro~
pofa fon incertifcudt* touchant ei chute de nos pré^
miers païens, & furtaut, fa fuite, le péché ori-'
gtnel,,qui, félon la fainte ecj'kure» nait avec le»
î^etits enfiiji}» innocens & fuf|t à' leur condamna-
tion ; nortobltanfe «qu'ils n'exilicwent pas encore ih»
items de^ cette chute , & qa'on ne pourroit en
«onlieqAicncc foutenir» qu'ils- y «tgent participés en
aucun»
Il
ancnn* façon. J« voyoîs d* abord quTÎ f étoit formé
ée tr^Jâ légères idées du premier péché, n' ayant
rélatfo.i qu''à l'aftion externe ^ vilible , je le
priois, d'avoir attciitiop à T iiûpolfibilité ou ^ous
(bnime:; par notre dépravation naturelle, de juger
fiàtnenuînt I de la perffition des lumières nos pre-
miers parens , de la dtlpofition de leur volonté &
rfefirs ijuî y répondoient, & qui les rendoient ca-
pables, d'éloigner de foi toutes tentations des chc
fes externes , qui auroient pjl les porter à violer
U loi d« leur Seigneur. ( Il e^l clair que Dieu le^
avoii: ii\:s dans une iituatioii heureufe en tous
égards, & que la dcfenle connue, qu'il leur fit,
B'étoit ([u'une douce abraorition de' leur devoir*
il'adorer en fuprême maître, le tput puilTant cré-
ateur, à l'arbitre duquel ils- dévoient leur exilten-
ce, de mftne que c'étoit une épreuve très foute-
Bable de le\ir obéiflance, de f'ar>lteiTir rfes chofes,
dont le bon Dieu le? avertit, qu'ils lui étoîentdés-r
agréables, (V infiniment nuilîbles à eux-mêmes.
Supofé cela, il faut que vous concédiés, que ç'e-
toib un crime affreux, de fe prêter aux perluali-
ons d'une cré^ïture, qui tàchoit de leur ôter tou-
te îdée delà iVonté du Créateur, dont ils avoienc
de preuves éclatantes, & qui fe fervoit pour cela,
d*argumens, doAit le moîniire ufage de. leur rai-
fon & de leurs lumières, fuffifoit de démêler la
fiaufleté. N' ctoît -ce pas un crime énorme de f * i-
roaginer, que Dieu fut affès faux & menteur , pour
leur défendre comme le plus fur moyen de les
reiK^re mallieureu:c à jamais, une choie, ^ui à
l'avis du ledufteur otoit abfolument fuffifante ,
pour les égaler à Dieu même, & pour acquérir
une fageiTe parfaite, femblàble à la divine, dont
Dieu avoit defVein de les priver par cette défenfe.
Tout gela, continuul-je, ajouté aux grands talens,.
fouveut mentioïinéir, dont la foiblelVe de notre
efprit noiîs empêche d'avoir d'idées jùites* tout
cela nous faif remarquer dans les premiers hom-
mes le méptis le pliis déterminé; de la majelté
et Di«a y & les r«ad! is^ première câufe de leur pro-
13
prt malheur, frde celui de *pute leur poftérîté jus-
<ju*à la fin du monde. Quant k la propagation da
péché originel, je lui fis voir, qu'elle étoit en feng
lîjoral, un fri>it ntjreffaire, de U corruption de no»
tre origine. NeceflairemeHt, ceux qui ptoient do-
minés, au Créateur h la propagation dn genre hir-.
«nain, dévoient produire, félon l'ordre de la nature,
des êtres fepibtables à eux-mêtues, i\ bien dans
leurs parties elTentielles, que dans la corruption cor-
porelle de tous les deux. Le fruit de cette corrup.
tion fut, la débilité du corps & la mort,<î; l'on peut être
perfuadé à caufe de l'impureté morale de notre ame ,
chercher le Seigneur ; puisque il put encore te
trouver , & lui addrelVer fes humbles prières, tan-
disque il fût encore proche de lui" C'elt ce, qu'il,
me proniit, je finis cet entretien i & après queU -
gue* exhortations dont je ne mefouviens pas à pré-
ient; je le quittai, en le recommendant à Dieu,
Je lui dértiandai, f "il auroit pour agréable, que je
rêdoublalVe mes vifites , il me répondit qu'il n'en
leroit point au tout fâché.
Je m'en allai donc fort fatisfait, & remerciai U
«lifericorde de Dieu, qui m'avoit fait ftirmonter la
peur de trouver une ame féroce à inflexible. Mai»
je ne me tlatois point d'avoir remporté une viftoire,
complette (ux. un ctcur, qui avoit.li longtenis réfi-
ïté à la grâce, & qui avoit fuivi le torrent des paf-
iioDS, jusqu' à ce que "le Seii^neiir avoit barré fon
chemin d'épines.,, Néanmoins je m'apperçus bien-
tôt du changement que cet entretien avoit opère
dans fon er})rit,dont il avoit un }.eudiri)inué retour-
derie qu'il avoua d'être un de les plus grand des-
faut», &i dont la prilon même ne l'avoit pas en-
core corrigé. Une extrême trilteJle f 'étoit répan-
due fur fon ame, & la nuit fuivaiite, félon le rap-
port de fa garde, il avoit non feulement obfervé
wn filence morne, mais auiU qu'il avoit palVé plus
d'une heure à pleurer d^ns fon lit. Mais cette tri-
îtelTe fut de i>€u de durée , car l'ayant un peu dis-
iipée par c« moien, il poufla la trivolité jusqu' k
chanter
■dianter tm mn cflft ne tirerurprît iiS ne me ééref^îe-
ra pas, ^je refoUis, de le traiter avec douceur, âe
^•de me repofer fur l'airiftamce de la grâce -di-
^'ine , qui ne ceflerort de trava?iler à délivrer g»
■cœur efclïfve àes chaînes qu' il i)ortO}t. AwlVi tjîen
- l'artie, qin ne cache pas fa ibiblelTe , 5r ne rejette
fïoiwt-flTTt [)ojnt les moyei>s de l'on fallut, ne md
5)arçilVoitt?lte trop malheurenfe, parceque on a lieu
de crc^ire, qiie fa converfio» fera fincèr«'& fans re-
tour, (*) Dans cette efpérance, je continuai mes vi-
fïtes le iehHeniîlin& trouvai, tpi'îls ne luitîtoient
f)oint désagréables difant, qu'il m'avoit «nttendu. J»
«outinuat iloiu: d* en Ufer avec lui de la même maniè-
re, qu'il faloît ne point -laiRer échapper inutilement
l'heure de la ^race, & qu^on devoft faire ufage da
tems favorable, d'iautant plus, qu'il avort négligé
•»(Vcs longtems ce foin nécelTaire, & qu'il ne f'étoit
occupé? que des frivolités, qui devolem le faire
rougir k préfeirt. , Je lui reprcfentois qu il n'en ti-
rerait phis aivcim fruit ni pour ie préfent
ni pour l'avenir, fi ce n'étojt des remords
•cuifairs, la mifére & la honte dans ce monde, &
pourvuque D4ea n'y eut pas Témédlévpar la miilîoii
4e. fon fils , & i)ar fon expiation des péchés de
tout le nwnde^ la réprobation & condamnation
éternelles. Il ne f 'en défendit point du tout, mais
«Âiwa d'être perfnadé , que Dieu avoit trouvé fon
«Aie, dctns un état aiHs dangereux, & fon Gcelir
inflexible alVès indocile aux perfualions de la gra*
ce, pour opérer fon faliit par des, moyens fi dés'
«gréa blés. J'«n Rife d'accord , mais hti confeillois en
■ même tems, de faire attention plutôt à la cauf«
qu'aitx effets; qu'il étoit hii-môme l'auteur d«
(on désalbre qu'ilauroit furement évité, fil eut 'tou-
jours été fidèle k fes devoirs , & que Dieu n'y avoit
4'âutr«
f^ La ptuliora/îon d'un fff]orit iëger^ ejl connnU"
fHfnrmt pUù m-aife%vbli.ihle & Jujette à woitis
de (iifficHltéSy t^ue celle d'un e/prit Qrgueillmx^
qui en nft éloigné par Ut caprice qu* on lui trou-"
ve -ordinairmt7ent. Cette ohfervatkm ds rauttuf
marittrattmti&ndtiUStmiw
d*autre pirt, qttc cetnid'un juge ju(Ve,qui ^ne ponvtnt
le rai^ller,' l'avoit enitn abandonné aux dérégie-
mens de Von cœur dépravé mais à qui feul il de*
voit avoir recours |7our'fauvér ^un ame; qu'il devoit
cltentur le feignmf Ae tout fon caur,&d^un ej}.>rit
finçere^ jça lui faiianttaveu comme David, de tous
Jfes crimes. Au lieu de f'étrc follement re.voJt9
autrefois par (es moqueries contre la fag^efle divin^,
il de voit à préfent écouter en enfant docile les pa-
roles de J. C. qui lui annoncoiefit une vie éter-
nelle» qui V attendoit avec tQUtes lés âmes thu-
vées pourvu qu' il feroit cfifporé^ àreconhoitr^ 2r
hair fes crimes & à avouer francbement la véri-
té aux juges qui r interrogeroient , pour prouver,
qu'il fut de la vérité & qbë toutes les aftions fui-
fent réglés , par la vérité. En même tems je le
priai de réfléchir fur j'impuHîance ou il étoit de
fauver fon amé fans l'afliftance de J. C. &c du St.
Efprit,. puisque pérfonne n'eit capable de foi mê-
me , d'avoir feulement de bonnes penfées', & en*
core moins celui, dont le cœur a été rempli de-
puis long tems de penl'ées.vaines & trompeufes; Je-
lui confeillois donc , de tâcher à f acquérir la grâ-
ce du çiei par une prière continuellç. Je lui con-'
cédols, qu'il aurait beaucoup d' empêchemen$ à
lever, pour parvenir à ce fin, mais- qu'il fuffiroît,
é* avoir de la lin'centé & de la' droittTre du cœur,
pour addrcfler fes prières à' Dieu , & ^our ©fpé-
rer qu*il« feraient exaucées, pourvuque il les fif,
^n péciieur contrit, &' fondé fur les mérites de
celiii, par qui nous devons efperer d'être exau«*
ces le nom duquel ft été donné aux hommes ,
comme le feul moyen de Te fauver c'ell à dire de
iC notre grand pontife & intercelVeur devant
ieu. Je raiTurai que tous les honnêtes gen^
qui f'étoient fort chagrinés du fcandale qu'il avoit
oaufé autrefois*, ne ceffoient à préfent de faire
des voeux f rdens pour le fâtut de^ fon .a!p«i dans
les prières qu'it addreffoient à Diçu, &L^ue moi
itfême,- j'en avois imploré afliJUnce^ avant que
4e le voir, & que je continuerois touiours demê-
B me
16
me, pour d<>us faite rAiflîr toijs tes' deux, mof,
à lui montrer efiicacemene le dhemin du Otitu, et
lai , à déférer à mes remontrances. Il ine re-
mercia de tout fon cœur de cette «flurance, Ik
de la Compaffion qu'il m'avoit vile ta veille, &
f epioigna que j* avois par la gagné entièrement Ton
cœur. Je lui repondis' que c'étoit mon devoir
étant homme, chrétien ^ prédicattAir, & que je
failbis mon poflible pour remplir ce triple de-
voir; que, non obft^mt que Tes crimes l'avôiént
réti'uit k r extrémité, je le confidéroîs comme
mon prochain, à la triftêfle de qui je devoi;» par.
ticip'er d'autant plus que je le voyoïs pénétré des
paroles de la vérité Sf de T évangile,. q:ue je lui
annoncois. L* effet de ces remontrances parût
dans les larmes qui coulènent de fes yeux pdidant
nos entretiens jusqu' au dernier , toutfe t'ois que
je lui repréfentois li bien fon attachement à la
vanité de ce monde & aux defirs de la chair,
que la bonté du Dieu, qui, par le irioyen des'
})eines & des chàtimens temporels, le rappcllorr»'
èmiblablé k l'enfant Ipeidix dans la malfon pa-
ternelle ou le palteur des âmes écoit prêt h le
recevoir k bras ouverts, de lui donner *'la paix
fupérieure à toute rai fon,, pour tranquillrfer foti
coçur & le rendre certain du falut éternel de fon
«me. Voila à peu prés le fuiet de nos^ premiers
entretiens, & j'ofe affurer , d'avoir toujours eu
la fHtisfaftion, de remarquer les opération de fi^
jftirole de Dieu fur fon cœur, qui firent connoi-
tre fon défir de la grâce du fanveur , qui lui
étoit devenue ■ très - necelTaire, Il avoua , que let
bonté tuiturelle de fon coeur, ne le juitiftoit point
devant Dieu , & que fans les mérites de J. C . il
fie paroitroit aux yeux du Seigneur qu'un pé-
cheur dételtable. (*) *
(*) Citte vérité fi féconde au peehwr Vépmtant , lui
\ dtvimt éclat antg par la décifion deja confcience^
parfit profnrt expérUnctt & par la conjidéra^
CepÈiklâm !t <QU?ttt tm bitiît» qu* U eût te-.
Biu en ikia pré(\?ncé de méchalns pfopos k ta.|^r-^
fonne qxil l ticcomi^agâoît. Ce brait hi'inquîétoitt'
je lui eti parlots un jour fort riêriettftemt'nt, & te
f^reflbis ({'examiner là dèfluis foncœilr. Il en fut
«ttriiK/, & me répondît , qu'il fe foutiolt fort peU
^ ce c^K^en penïoft le mqnde, maii quMl Oeroit
ibrt,afiiig£^ que mù\ fti4nie<i*eu(re conçu: de lui
une telle; o£)iâion. Je ralTutiii cTen dtire fbîtéloigné»
niais que je )ie pouvoir me difpenfer^ de lui eit
fajre des remontrante*, pôur mettre en repos ma
propre confcience. Ntfnn hioins il avoua qu'îl lui étoît
Çeut^être échappé quelques paroles, témoins de
la légèreté ordinaire ^ 9i fembla vouloir me fklre
connoitre » que qxietqucï uns de ceux ^ui Tavoient
djvuigué, y avoit donné Bccaiion *eux m^mes^
'joint à la feduiEtJon de fon propre cœuf , coi>trè
dui il n'eilt &U toujours tut fes gardes. Je Te^hor-
tai dafic^ d'en demander pardon ù Dieu, & d*avoif
i^oin a l'avenir, de réiifter de bonne heure à tou.
tè tentation dececte forïe; dene fe fervîr feulement
pas des occafions, qu'on lai donneroft» pour mon-
tfer fa vanité mais au contrai]% dé tâcher eH
pécheur repentant, de ré}>arer par fes difcours
éditants le i'candale qu'il avoit caufé antreibii»
Il me. répondît, qu'il ne fe croyoît pas encore ca-
lîable de cette réparation , mai.) qu'en arteindant it
lïiivroit mon conrelt , & ne tepondroit Jamais à
des chofes tjui fet-virolént à fon propre deshon^
nèiir eu à ceint de$ autres. Je ne \\\\ en dehiandoi<
pas davantage pour lé préfeiit, & le perfuadai de'
vOnfUlter lai-nmme fon cœur pouf en connoitre Tex «
trême dépravation , ouMl devoir nddrefler fes
prières à ion fauveur afTés bon & alTés puilTant^pour
opérer dans lui fi bien la volonté qUe le pouvoir» ^
Comme je devînois aifément, qu*uh homme qui jus-»
qjL\* ici ne f * étolt ocdiué' que des chofes Vfflnes , &t
oAi en mon «blience n^avoit pas de quoi f'amufer,
B 2 n'ayant
tion. des fffiiipth de ta faintefS d& Dlm , qui
f0tpHtir V tfflcadté dëja pdr^U à tonth^mmt
. nta li/onkaiu.
/
il
\
]'
18
n'ayant point de ïlvtts , pôurroit être furpris fticîlé-
ni«ut par la vanité qui dominoic fon^ cœur, je \uî
propoi'ois l:i ifcdurecies livres fpirituels, pour nou-
vfir Ion efprit, & pour faire des progrès dans la
vraie probité ; H me rémercioit & me prioit , de
ne le point oublier, je Jui aportai donc à ma'
préniière viiite, les JUttri/s ffofiùraUs de Gihfont
traduites de TAngtois en Danois , qui lui pou-
voient elre, dont un homme, qui Tétoit afiicho
pour impie ou prétendu elprit fort, pourroit tirer
une grande ^ utilité, parceque on' y trouve une
démonftration très énergique de la vc^ité & de
Fexcellence de la religion révélée. Je lui donnai
aufli l'excellent ouvrage de Mr. Doddridge, de.
la puidance U de la grâce de J. C. pouf fauver
les pécheurs. Il accepta ces deux livres aved
une àvjdété (emblable à celle d'un honjjoe <q.ut
fe meurt de faim, a l'afpeft dés viandes qu'oji.
lui ap6rte. Il m'alVura , d'avoir été beaucoup
edefié par la lefture de ces livres, U bien pour
i'atifermiflement de fa foi, qu'à \^ lounnge de la gra^
ce de J. C dont il ne ceÂeroît jamais de relever le
prix. Je iuî. aportai aufTi une Bible,' & lui recom-
mandai la levure de quelques chapitres très remar^.
ouablçs du Vieux li'bien que duNouveau TefUment;.
& il m'avoua, que le 33ieinede Je'faie & le isieme
de St. Luc. avoient fait une grande impreffîon l\ir
fon elprit. Il me montra encore quelques Pfeau-
mes de David pour lui expliquer des paflages qui
lui «toient intelligibles, & il faut que j'atcélté,j]u'il
écoutoit toujours attentivement , les yeux fixés
fur moi » quand je lui parlots. Je m'eflbrcois donc
par la grâce divine, de compoier mes difcours, d'une^
telle manière, que ion acttrntion ne pur jamais"
étreaffoiblie, & que je femblois toujours lui dire quel-
que chofe de nouveau , quoique au fond Je ne de»
Yois jamais changer de maiiè^'e ni me propofer une
autre lin que celte que j'avois d^ja. Son éfprit &'
fes notions éclairés par l'étude, le rendoient ca«
pable, de comprendre tout d'un coup ce que je lui
dilbis, &.de faire des objections, qui ne venoieot
voiQt d'uii efprit léger & obltîné, mais qui n'avoient
jpoitr , but , qu'une cotinoiSkncc & péi^raafion com-.
plette. Au relie il meidcHnanda , les Méditations eh
Hmrvvtf, & lès Traita fur lifs Prophéties, traduits
enDàiiois par Mr. le Commandeur d'£irura/& qu'il
<t trouvé fort édiHâots, furtout le dernier, qui l'a
beaucoup éclairé, &.difripé Tes doutes touchant l'ih^
fpiration de ta écriture fainte. H reconnût ce
dogme;, pour le vrai fondement de la fol, touchant
toutes les choies «^ue l'écriture fainte nous conu'
tnaifde 'de fovoir & de croire.
Le ' bruit de fa prétendue légèreté ne çeflbit
pourtant pas, favôir, que la conduite qu'il tenott
!fen mon àbfcnce étoit toute* diférente de celle qu' il
obfervoit en ma prélence. Mais dans la fuite je fus
détermine par de bonnes raifons à croire ce bruit
faux & inventé par des gens mal-intëntionihés ; les
entretiens que nous eûmes enfembte donnent lieu
d'en juger mieux puisque il m'ouvrit fon cœur plus
lincerement dé jour en jour , & fe fervoit pour cela
des expreinons, qui firent connoitre unt parfaite
averlion pour les chofes mondaine, & un repentir
fincére de Ibn imprudence & de fa légèreté. Pour
m'alTurer davantage de la ftabliité de fa convedion,
\e demandai au ,Sr. Hoben , Commendant , homme
très vénérable, fil avoit eu quelques nouvelles,
répondantes à ce bruit, de la part de roti'tcier qui
gardoit le Sr. Brandt, & qui avoit coutume de rap-
porter au Commendant, tout ce qui f* étoit paffé
pei^dant 1rs heures de fa garde ; à qUoi i' eus pour
réponfe pofitivfe, qu'on lui avbit raporté le contrai-
re, favoir , que Brandt , après avoir reçu les livrer
mentionnés, ne f 'étoit occupé que de lire, & fur-
tout qu'il aimott fbrt la lefture de la Bible, en con-
fcquence , qu'il panoit fort peu d'autres choies mait
furtout qu' il ne . mettoit rien fur te tapis qui pût
caufer du fcandale. Une autre preuve de fon amen-
jdement , c' eft , félon V afl'urance *de Mr. le Com—
înendantv qu'il a repondu, à fon exameh devant
ta CommilTion du Roi , non feulement au que(bons
^u*on lui.£fiifoit, mais encore- qu'il a, (fc^formé-
B 3 -^ Vpitu^
de corroi;npre le CQ^r & les b«nnes m^nrs eie i^ti'it
' déplorn extrêmement & fe réjouît au contraire d'a^
voir trouvé goût dans la l'ainte P«M-ole de Dieu, dont
l'optfration fur fon cœur , en la lifanU dans une in-
tention pieufc, étolt actuellement conforme à t'elbrit •
divin» d'où elle provenoit'& étoit infpirée^ C'eft-
dans cette occafio» qu'If me 'tint ie difcours fui-
vant de Straenfée, en me protéftant (|ue c'étoit là
un homme impie, (lau£ Religion) qii*il lui avoie a- '
voué ni^ne n'en avoir jamais eu le moindre feôtt*
ment dès fa tendre jeuneffe, Brajidt aiTura au <^n-
traire qu'encore qu'il eut été autrefpis entièrement
éloigné de Dieu, ainli qu'on l'a déjà donné à con»
Doître, il f'étoit, toujours côiivaincu de la'pur^lié
& de la vérité de .la Religion, que pour l'y faire
parveniCt il lui en avoit paité non pas une fois«
mais plulieurs (fois) & qu'il n'y avoit ré|LK)ndu que
? briévemenf. Je trou vois étrange, .même il mè
fembia incroiable, q^U'un aveugle eût dû croirç
bien C'y prendre, que d* enfeigner la route à l'autre.
Je n'y répondis que luperHciellement fans Vouloir
toute fois approfondir, h cette ardeur fuppofôe ponr
la Rrligioo ne pouvoit venir que de l' effort de fon
dtihour propre tendant à nie donner d'autres idées
que je n'a vois fur fon compte, quant à la vraie li-
tiiation de fon erreur. C'elt iiourquoî je me don-
noi bien df* garde d' aprofondir fon éclatrciffement
en doutant de la vérité , toute fois qui fe conKrma
dépuis ayant été demandé au nom de Struenfée par
le Docteur Munter, qui m'y envoia vu qu'il avoit
des chofes à me découvrir . qui dévoient être rap-
{>ortéea à Brandt. Monfieu/ de Hoben Lieutenant
General & Condmandant me communiqua cette de-
mande il laquelle je répondis , qu'au cas que Mon-
fie'ur^^ Commandant y aquiefça & voulut dâbord y
être préfent avec Monlieur Munter, quand je me
trouverois chez Struenfée, je m'y rendrois de bon
CQëur. C'ert ce qui fé fit en Compagnie & à la pré-
fence des deux. Struenfée me )aiuà poliment &
dé mon côce je le félicitai autant de l'heureux chan-
gement de fon cœur, & de la façon de penfer qoe
/
îà fitaatîon vifible éto\t inauvaffe & dangereufe.
Sur quoi il, m'apprit, quanià U Religion» fes fitux
dogmes partes qui pour les rapporter fuccintement
n'Aoient fondés d'après le Plan de la Métrie, qirc
'frtr le Matérialisme & le Méchanisme. (♦) Jt* me
vis obligé de lui répondte tantôt une chofc & tari-
tôt une autre pour lui donner à connoitre fts écarts,
n'aiant pas même daigné empldïer de bon gré- la
moindre lueur de R^ilbn encore rufiilRnte pqur con-
fondre ce miferable & entièrement énorme fylté-
me de l'hompe. Sa narration" après avoir d^ja
trop, duré & aiant beaucoup d'aifaires, je le priS
de me dire fa réponfepour 6randt,ainfe qu'il l'avoit
éieîgé.* Elle étoit conçue en ces termes qu'aftuel-
lement perfuadé, par la gracè do Dieu & par Ih fré-
quente lecture de ta Bible & de ta Divinité de
4'ecriture & de la vérité de là Dodi ine du Chrilt,
je poHrr§is don^ raconter à Brande le changement
qui f'étpit fait dans fon cœur, ce qui, comme il le
iitVoit fort bien , lui donneroit de .la joie. Il y aiôuu
auffi ce qui fuît d'aj>rès fes propres paroles ; ,;il faift
2ne j'ayoue, que Brandt m'a ?arl6 fouvent de lu
eligion.raais je l'ai toujours rebuté." Ç/ç\\ de cet-
te manière que la dépoUtlon de Brandt f 'eft conHr-
m^, dont je fus fort charmé, mon. incertitude f«
voiànt confcîndue, je fis rapport k Brandt de l'ex-
plication fufdite de Struenfée, concernant ta de-
\ couverte de fes yeux & la convittion dé fon ccear
^ S ^ . dans
(*) La M4ir%9^ qui en 1751. motmit à Btrlm
^ veut dans /es écrits diffatnis rendre l'^uminte
ntachim G V ame un CeUimathias, il auoM
encore à tout hazard qu'el(e peut étfM une
partie du corps, même du cerveau. Penfer.^
réfoudre y vouloir lui eji conféquument un»
fiéxion inconnue dft .cerveau. Son traité de la
vie heureufy conitent les fuites de ces Dogttiits^
0U il défavoue l'immortalité de {'ame tourne
impudemment, toutes les Hdligions & les ver^
tus en ridicule i^ fait confiner toutes les féli-
cites humaines dmts lajouiQ'ance dës Anfuaîir
. tés OHimalej.
;Ô6
I>oar ettx qu'il dîftnbtie fp^ialemenft à mus let
hommes mais non feton \tMn volontés .(pàr-ôft
ils tomberbient (Un% l'orgueîf r^irituel) mais com-
me il v«ut« <)Ui ne fouiuite nen de itifeûx Si d»
plus aiîunî , a ce n*elV d'atlifter eotis les, humains.'
Sur tout }e le priai d'examiner Cbn tœur & dé
f Miiterroi^er fil, n> avait pas encore quelques rt*
ftes d*envie poiir fes plailirs fisnfuels pafl'é», m'a-*'
tant protelté, q^*\>$ mi étoient ft contraires, qu0
fa conlcience lui ren<loit témoignage que l'Ml trou-
voit encore de ncH»|Nrl1ct occalion^ de retomber
dans fe^ exc^s, cet efclava^e ne le fubjuçueroit abfo-
lumentplus, mais qu'il pertifteroit dans l'HârancliiOe'
ment oue lui Avoit aquis leC&rtfh qu'il devoit plutôt
péferfilnerettentoitplxis d'amour pour le monde qui
ne fur point encore tout à fait ba: iqi de fon cœur. C'ett ■
])ovr^uoi je lui conVeHlois, d'implorer ardemment le
Seigneur, lui qui examine les cœurs, de daigner le
Voir Cvifiter) ôiitd'apres l'exprellion deDavld,! *il étoit
dans une manvaife route , pour le conduire Jt ta vie
éternelle qu'auOltdt, queDieu lui feroit la grâce de lui
découvrir les replis de Ion cœur, il devoit ie coti«
ftderer comme ini peh de levain , qui f 'aigrit pen«
dant toute la journée, & f *en' affranchir entière-
ment par la ^rofeifîon, le Repentir, ^ la
Renoncement. * Je ne doutois plus alors que f\ le
eœur étoit une fois libre & vDide d^ tout ce qui em-
pêchait ta propagation de la grâce- dans fon ame.
Dieu l'accomplirôlt , toute fois d'après ie bon pialfir
du feip:ne\ir« dans les bornes qu'il ponvoit fupuer-
ter, H promit de l'effeftner & je m'apperçus eniuite
de fon propre aveu qim fa promefle f 'accomplit auffi
bien que fes fuites heureulVss. Il m^affu^a que tout le
jour il invoqua Dieu atiu de lui accorder fa grâce»
3u*il fe mit le foir au lit avec cette privation fus-
ite de la jouiiïahce de la paix de l'ame &de*
manda à Dieu dans une réfignation foumife & inré"
rieure une parcelle de la grâce, furquoi il fortit un
profond foupir de fon cœur , qu'il contempla d'ei)
haut comme un figne gracieux & reffentit dabord
une tranquilité particulière fie une aiTurance d'efprit.
. «7
^àï fc mît fi an comble difc U joie qu'elle f endormit
eette nuit.
-Il m*éclatrcit'vers la fin que pendant le tems
i^ue je lui avois fai^ mes vifites * il «voit eu un trip^
le combat que la grâce de Jefus lui avoit fortement
âid^ vaincre, le premier jour que je vuis, il ni.>vouft
auffi clairement qu'après, qu'il avoit Ci long tenia
croupi dans le péché ft abandonné Dieu ; le teiond
4^ f'en raporter à mes confeils & de lignitier à ceux
tfni rentouroient le changement fubit de Ton cteur U
M façon de penfef , par là il devoit défavouer l'on a-
mour propre auquel il étotc tout aXilH attaché qu'à •
fon incouHance; le troilième étoit de^la clail'e dont
en'n*ofoit rien découvrir, mais qui pourtant cun*
cerQoit la félicité de fon ame. Mais, dil'oit - il, la
'grâce de Dieu & de Jel'us m*a fortifié , & j' ai rem*,
porté la v»étb<re en- tous les trois, je lui rapelloi ic;
la vîÂoiré de Ut foi furW mDCwte,.l'eiôn l'expretfion
de l'apôtre Jean. Car li elle elï de bonne erpécc &
. que la vérité ne foit pas retenue dans l' injuftice.
par un penchant fecret réfervé pour tt inonde, la'
foi en attire la Savuur 6c la force , qui m
vaTncui le monde lavoir Jefus, le Redemteur du
monde par lequel un cœur crédule f'oblige d' 6t^
tout - à - lui & de f 'aproprier jefus, la moindre 'ch<j-
fe doit être appuiée dans cette réUnion du plus h.iuc
^ le foible, car comment d'ailleuri» Paul contrit, (Uiî
lie Ce vantoit point- hors de la foibleiTe, cnt - il pa
<fire, «qu'il étoit capable de tout par ce.'ii qu'il a
rendu ^uiflant, favofr le ChrilVV" )e'trûtt oi auHi
que cette viftoire ne conliUuit point dans les ptiro-'
'les- mais dans U force, car il étoit de })(us e.i plu»
prépara, à ouvrir de lui çiêmf for cœur, de ré-
pandre clairement ce qui iivoit été cuc:)é.jus<-
qu'ici , de. parier franchement de fa mure eu té-
moignant fa joie intérieure fur la leniibilicé de la
^race, qu'il avoit aftuelletnent Ht de la quelle il
fé recounajflbit comme un pécheur humilié entié-^
rement indigne.' Qu'elle et que je me luis attiré
(de Dieu, dit- il, ii ce n'eU lacolcie? ^e aiérl(eroi(
«l'être précipité pour jamais dans les «users.
i
30
rç fes Gftefi . on en faifoît poartant courir ie bruît-
j < . pap-toat, en quoi Ils coiifiltoient. / i^a feule grâce,
d'après fon éut, qu* il put efpcrèrau cas qu'on lut
fit; grâce» feroit celle, d'être condamné à perpétuité
;î à^tre conltitué prifonnier. Je lui fis comprendre, û|
cette uiort ne deviendroit pas pour lui plus lente^
plus journalière & infiniment plus rude , que celle
qui ne dureroît qu'un clin d* c^ii» fnrquoi femblable
' & un Chrétien qui croioit & vUoit en Jefus, iljouï-
roit d' une vie heureufe & ne fe reflentiroit nulle-
' ' .ment d'une mort (éternelle? Il y opina tout-a-faifc«
l , «n ajoutant, que Dieu prévoyant & fâchant tout^ Pil
l venoit à en rechaper , remarquoit qu' il fe 'porta de
! nouveau à les plailirs charnels & pafla-gers, il
f vouloit fe fupplier ard^imment de ne pas Ibuffrir,
qu'il fut épargné, mai» qu'il mourrtt- qu'il
j voudroit inBniment uiiei'.x de mourir hien-
l ' heureux & d'être près du Chrift, que^ de fe li-
vrer encore aux péchés îk perdre pour toujours le
paradis célelVe. 11 me reliouvella cetteexplicatfon,
cbraroe il le dit , attendant que.fon jugement vint,
même en des termes, qui dénotoent que lagrâ-»
ce & la foi devenoient déjà en lui bi(;n plus ef>
ficaces qu'auparavant, puisqu'elles Pavoient dom> .
té. Car il (iffoit que fa prière étoit fans cefl'e à
Jefus dansGethfemane, qu'il en fott ainli, o mon
père que ta volo«4^é foit faite, non la mienne. Pofé '.
le cas que j€ n'en puilTe rechaper, difoit-il, je
crois fermement* que c'çl^ là la volonté^ mon
Dieu, qui voit, que mon ame fera envelopée dans
les griltes. du monde & du Diable $j. qu' il daigne
en conféquence me prévenir félon fa miféricorde in-
* ■' finie, dont je fuis parllaitement content., Sa refi-
gnation aux Décrets de la providence ( me
charma) beaucoup,, je lui dis d'y perfifter &
d' addrelTcr continuellement de ferventes prières^
Dieu, qui l'y fortifieroit, carquelqu'en feroit l' if-
fue, elle conlribueroit à jàniais à fon éternité bîen-
heureufe. EnfiJi le temsde fon jugement qui devoit
être , à ce que l' on f'imaginoitle 21 d* Avril pafré, .
Rpprochoit. Je me rendis aînfi auprès de lui , quoi*-
qiie je n« me portaiVe pas bien , pour connoitre k
' ' difpo»
I
«ïp&rîlion de rbn tî^rît & iuî dire Ïa demis ce» /qnll
ôtoit nécefiaire. J« le trouvois couché & plus peu*
*if qu*à l'ôrdinaîre. Mais il fe leva tout-iiuintôt
& je cointoen^is à lui addrefler couri(geiifeme))t
ia parofe, comme n'ignorant pa& ijue ft>n Jiige-
ni«nt parcoît d'en haut, fa voir l'entière aWbfution
pour Içs înétites de fo» Rédemteur, dont il étoit
convaincu 4)ar la communion de lu foi en comparai,
fon de la danination , qu* it n*,étoit aucunement du
Jugement des hommes,' qu'oiqu' il. en ignorât ei.-
core lateii€ur» qu'il favoît tmitefois , continua-t-it
ainfi q«6 je t'en «x-ois Ibuvent averti & me l'a voit
«voué lui-même, que fa félicité bien heureufe
^toit l' rntéret de fonxréateur , dont U fe rejoui llbit
d'y parvenir, de quelque manière que ce foit,
•yant auparavant corrompu fes nteurs de telle forte
que fa Hn eut été des plus liniftr^fon de\'Ofr fe bor»
ïiolt aujourd'hui dans la! pratique du Chrîftl^ fonger
d'autant moins k la carrière pénible, qui y teu-
dott, mais à être inébrantabje dans celle', après la^- '
quelle \\ foopir^it , avec infiniment plus d'afliarancè*
?ue celle, qtie couroient les grées, chacun dVux
• imaginant qu'ils cour tout autant qu'eux avafltque
d'en trouver le terme, qu'il favoit fermement ce
qu'il croioit & qu'il étoit )>erfuadé d*entrer danl
le chemin mi'il recherchoit <k attendait ardemment^
Jy ajoutai «('«filtres vérités fembiables, comme ellet
me vinrent étLiis l'élprît, en me fervant toujours de
ce qti'ii dîfoit ou de ce que je lui voiols lire, pour
l'entretenir, «près m'être recommandé par la priè-
re à Dieu, qiri oonnoiffaut le befoin de fon«A)e,
pouvoit te mieux diriger mes penfées 8c mes pa-
roles. Il me dit fou vent que tel ou tel paflage
& penfée édifiante a voit principalement fait im-
preffio» fur fon «sur; doù je pris fujet d'ctendre
mon 4nltruôion & de Pencourager, en tournant In
chofe fur fon état , tartt pour lui rapeUerlepalTe qifi
pour lui donner de bonc avis ftir l'avenir. Ces dif-
cours paroifibient le réjouir, &il m'affuraqu'llvou-
k)it f'abaiidoBtier tranquilement k fon Dieu, i at-
tendrit f« mifericontieufe volonté. ^Le jour ftiivane
C j'apris
/^
f»pr\s que non feulement fa fentence étoît pronoo*-
(ée, mais qu'on croioit qu'elle feroit auifi ratifiée
fiar fa Majelté. Je me rendis «lonc de nouveau vers
uî à ce fujet, & le trouvai dans la même tranqui-
lité d* efprit où. je l'avois laiiTé le foir auparavant,
quoiqu'il fut déjà fa condamnation. Je ne de-
mandai plus comment l'affaire f'étoit padée^ qu'il
attendoit le jour précèdent avec une aparence de
crainte, comme il a été dit; mais je commençai par
une limple reprefentation à peu prés femblable à
celle par laquelle V' avois terminé mon dernier 4if-*
cours , & qui tendoit uniquement à l'encourrager à
fa dernière heure, en laquelle le Seigneur le de-
iivreroit de tout mal, fie le conduiroit dans fon
roïaume célefte. Il écouta ceci avec joie , ainfi qu'it
le fit connoitre par fes mines; & après m' avoir
fait quelques qiielHons ùui marquoient Ç^n aftu»
rance de bien mourir & d'obtenir le faiut* il me de-
manda fi j'avols lu fa fentence. . Je pouvois lui dire
que non fans mentir, puisque je n'en favois que ce
qti'un bruit incertain m'en avoit apris. La dôflusU
Êrit du tiroir de (a table, qui étoit auprès de lui,
i cbnclulion de cette fentence, telle qu'elle lui
Mvoit été remife par Monfieur Bang Avocat de la
Chambre, & me- pria de la lire. Je le fis de la meil-
leure contenance qu'il me fut pomble, pour qu'il ne
remarqua aucune fraieur fur mon vifage, après
quoi je la lui rendis en lui difant: que je voiois
que toutes les circondances de la fentence étoient
conformes au fens literal de la loi ; qu'il ne lui re-
floit qxx'k rechercher la patience de Çhrifl, en con-^
0derant le tout, comme une chofe inévitable qui paf-*
£era bientôt, comme une fouifra^nce de courte duréCi
'qui n'eft rien en çoraparaifon de la gloire qui feroa •
nifeftera. en lui après fa mort; gloire qui, félon
le^ proixielTes de l'Ecriture , fera li grande qu' il eft
tout à fait ifnpodibie de f ' en faire une parfaite idée
dans cette vie imparfaite. Ce que faint Paul fait;
connoître brièvement & folideraent par des ex-
pretfîons tirées du Prophète £faïe , pour montrer
Us glorieufes prérogatives du nouveau teitanient.
dont
/
33
dont on né pouvoît fe faire aucune î4ée fous la fer-
vitude de la loi, quelques delirables tju' elles fuf-
feAt. Mais St. Paul raporte ces expreflions à U
gloire de ïa vie future/ en difant; que ce font des
chofes que l'oeil n'a point vuçs , «ue Toreille n'a
point entendues^* & qui ne font point montées aii
cœur de l'homme, lesquelles Dieu à préparées à
ceux qui l'aiment. J'ajoutai que puisqu'il avoit dé-
J'ateçu des preuves fi éclatantes de l'amour (Je Jefus,
urtout la dernière ,' par laquelle il V avoit comme
force de fe donner à lui , fans quo! il feroit relté un
ami de ce monde & db. péché, félon fon propre
aven, je ne doutois point qu'il ^n'eut auflft un
lincôre amour pour ce fidèle ami defon,ame;
qu'ainfi il devoit lui dire avec confiance: Seigneijrtu
lais toutes choies, tu fais que je t'aime. Que de
là il pouvoit conclure qu'une gloire lui étoit aufli
préparée comme au)c autres amis de Jefus. Car
q:Uoiqu*il fe fut rendu très coupable, tous Tes pé-
chés lut étoient pardonnes, ce qui devoit le plus
fortement exciter fon ame à aimer Jefus par deiTus
toutes chofes. Et quand même fon corps & fon ame
ferolent confumés, Jefus reçoit pourtant la con<»
folation de fon cœur ^ fon partage k toujours. Qu'il
devoit donc tourner toutes fes penfées vers ce
précieux tréfor , fans Carretir àconlidererToprobre
du corps ; en faifant comme St. Paul qui ne regari»
doit point aux chofes vilibles, mais aux invifibles ;
parce que le vifible n'ell que temporel & palTager ,
au lieu que l'invifible elt éternel. Je trouvai qu'il
étoit fuffifamment rafluré par ces exhortations que
j^puiai du témoignage de pUUieufs autres paflages
,de l'Ecriture , & des exen>pl,es des âmes fidèles &
oénitentes, auxquelles j' avois éprouve dans l'exer-
cice de mon Mîniltére, que dan« une femblable at-
tente de la mort, elles avoient été favorifées d'un
avant gouc de la félidté céiede. Je 'remarquai
aufU clairemfint qu'il avoit perdu toute efpéfance de
conferver fa vie , mais fon cœur étoit parcontre (t
rempli de l'affurance de la grâce & du falut, que je
lie pouvois alTez admirer oue Dieu lui eut accordé
nnéfi abondante méfure de la paix de Tame , quoiqu'il
C 2 eut
3^
fa prifon ; qii* il devoTt plutôt fe ré]omr de ce qn* îL
verroît bientôt ces. deux liens rompus, &.fon ame*
tn\Çe dan^ une liberté éternelle , où il n' aura plus
Aucun lien corporel ni fpiritujel à craindre. Il en
demeura d'accord à tous égards , & ni*atTura forte-
tnent qu* il ne craignoit poiht de mourir , ■ fentant
toujours une fi vive oonfolation & puix daQs foa
cœur , qu'il fe croioit en état d' affronter la mort
avec les Paroles de St. Paul: Mortî où elttonéguil-
lonl fépulcre; où ell ta viftoire'? Apres cet entre-
tien je l'encourageai à participer à la fainte Cène»
félon que nous en avions parlé auparavant, en nie
fervant pour cela des paroles de Jolué aux tnfan*.
d'irraè'l, prêts à traverl'er le joiu-dain: lapretezvous
à manger & à boire, car dans trois jours vous paf-
ferez le Jourdain. C'ellainfi, lui dis- je, qu'il pou-
volt confiderèr fa fortie de cç. monde . comme le
uaffage d'un fleuve, au de là duquel il trouvçra da-
bord la Catiaan célelhp qu'il voioit donc bien la né-
ceTité de fe pourvoir de la nourriture de vie &. de
falut , que Ton Conduf^^'ur lui avoit dès long teoif
fjréparée. (*) Que préfentement il pouyoit choifir
ui même le tems qui lui paroitroit le plus con-
venable pour f'en nourir. Il répondit qu'il aimoit
mieux la recevoir le matin du jçur de fa mort, afin
que fa dévotion & joie fpirituelle en futfent fcrtifiées
èi entretenues jusqu'à la dt-miére heure. Je lui
répliquai, que cela pouvoi» fe faire; que c^ejidant
je lui donnai à penfer li fa dev')tiou n'eu l'erqit pas
plus furement affermie , f " il recevoît ces iHints ga/-
ges le ji>ur avant fa mort, y ayant apparence que
foii cœur feront alors plus tranqoile Si moins diOrait ;
quMl ne pouvoit favoir jufqu'à quel point il feroit
maitre de Ces mouveniens lorsque le temsaprochera:
car
(*) Cette repréfmtatton de Ventrée dans l'autre
monde .ejl fort bien citai f\e , aujft bien que la
conipmaifon de la fainte Cène , qu'il accoin-
pagn-e. Oh remarque vifiblement la no(H»
y ferveur de ce Piijimr en injlruifant foti Audi-
tmry & avfn- quiHle force allé pémtre & ani*
me l'ame du dernier»
I
3r
Mr< quoique je. ne doutafle poitifc du fecours de
fo»\. bon Dieu, pour fortifier fon efprit & Éa raifon»
■& pouf !ui conferver le repos & la -paix de l'ame., '
jelaifl'ai à fon difcernement à juger f il ne convien-
' f droit: pas mieux de cho)ii|-, le téms le plus fur, & de
le repofer fur la bonté de Dieu , à U égard de ce qu'il
trouvera à propos de faire pour le fortifier jufqu'à
la fin. Il fut auflt tôt de mon fentitnent; & après
m'ecre un peu entretenu 'avec lui (br l'examen qui
devoit précéder la Communion , & l'avoir prié d'y
réfléchir en mon abfence , St de pleinement fatisr
«faire fa confcience devant Dieu, je lui prorais de
lui donner le lei^emain le faint.Dtcrement, IJurquoi
je pris congé. ^
Le hindi 27 je «le rendis à dix heures du
matin auprès de lui , & te trouvai plein de fon cou-
rage ordinaire. Je ^ui parlai un peu de l'aftion
fainte qu'il fe }»ropofoit de faire, & après avoir chaur
té sivf.c lui quelques' cantiques pour entretenir la
dévotion, je lui dis, qu'avant de lui «donner la corn-
munion, j'avois encore une propoiition à lui faire,
qu'il feroit maître d'accepter, ou non. Qu'il favoit
les faux bruits qui f'étoient ré>>eudus fur fa con->
duite en prifon, dont j'étôis affuré, par la firace
de Dieu, que la plus grande & U plus méchante'
partie étpit une pure invention^ aue pour cette
raifon je penfois qu'il feroit b^ien de le jullifier k cet
égard en préfence de quelques perfbnnes dignes
de foi, en découvrant auifi devant les hommes le
fond de fon cœur , dont j' étois perfuadé qu'il étoit
" pur devant Dieu. Il accepta avec beaucoup dç
plailir cette propoiition , furquoi j'allai trouver Mon-
iieur le Conmuindant,' qui me fuivit, aufli tôt
qu'il eut apris les vu/;s de Brandt, en prenant avec
lui Monfieur le Colonel Janfen , MonlJeur le Lieu-
tenant Colonel Schach» Monlieur le Major Bagger,
& Monlieur le Capitaine Bulau. Ce fut ea leur
préfence & en la mienne aue Brandt d' éclata avec
une extraordinaire franchire qu' il étoit prêt à mou-
rir, qu'il n'enavuit aucune horreur., & qu'il prote-
C 4 itoit
i
/.
38
ffoil itevunt ta face 'et Dîen qtit fait ttmtt» eh«u
Éîrs» & qui connoinbit fon cœur, (}n'jl a voit p^->
cherdié la grâce divine fans aucune hipocrifie. lï
avoua ée nouveau , cc^mme H ^avoit déjà fait feu.
vent , que fa légèreté d'efprit avoit été gvandc , ifc
<{lte ce défawt lui farfolt regarder l'a niere conime
«ne grâce, parcequ'il feroît^arlà prefiervé^dêtre dé-
tourtié de la i^îe de ClirMl. H é\t,' qu'il favoit
bien qtie cette fégereté Viû avoit a« cominenceinent
fiiit prononcer des paroles non convenu Wes , . que
cependant' fa cfMifcience lui rendoit témoignage'
qu'on lui avek îf^ipiité bien deir choies faufles, mais
qir il piirdonnoit de tout fon cœur ceux q«i les
«voient inventées 5c publiées; puis, )\ piia ce»
MefTieurs de vouloir être témoins de ce qu*îT
venoie de dire. Là ^elVns il' donna gloire à Uieu
pour toutes }es grâces qu'ii en a^oit reçues î & c«n^
felTa qu*H étoit un pauvre pécheur , qrti rétoîtfour-
yoî'J , mai» que JeftJs avoit cherché & rçtWKivé. Apre»
^ quel ?! pria pféniièreroent M<Hifiear le Commandant »
et enfuîte tous les aut»es MHfieiips de Iq par-
donner, fi Wi légèreté lui avoit fait manquer en
quelque chofes à ce qti'iV leur devait, (k leur fou-
hiiilc la t;race & ta. twînédiiftion du Seigt>ettr. H dit
tout celk avec tant d* elégstnee & avec des ex-
' jjpelîioîfs ft touchantes, qu'ils en furent fort atten-
dris. Chacun d'eu.x lut fmihaite en U>n particulier
in pMÎflaiite grâce de Dieu, pour en «ître cwnftam-
meut foutenti dans cette dii]:/oiit>on juiÀ]U' h la (iu.
Lorsqu'ils furent Cortis iï fc «onfelVa âc communia.
Brandc témoigna dans ces deux aAes atttant de
dévotion .& de cemponftion t^u'on peut en attendre
d"iui CemmHnrant pénitent, C'ell ce qu'H fit fur-
tout paroitre dans 1« Communion. Car coiame je
m'aprochai pour la lui- doïinti , je reni^rquai qu* il
fe tourneit vers moi dan» fa chaiie-, ce ^ue je
croioîs qu*îl faifott v)our la recevoir plus commodé-
ment? cel^ pourquoi je le priai de relkeraflls, pon-
vaut alTez m'aprocher. Mais il me réponjiit qu* il
fouhaiteit communier à genonx, ce qu'il tît, St
cela avec un extérieur ti iiumble, des yeux ^leius
de
/
3^
éè termes V & n» aîf ft contenu que feu ft»s fbrt
touché» Cette aftion étant finie, je chercha à for-
tifier iScfceler fon aine dans la joie ti^irituelle, tant
par de courtes exhortations, que par queUjue»
•antiques q;ae noo» chanta mes; & je puis- dire à la
j^lolre de Dk;n, que fa }oie devînt phis grande &
j)iiis <;tend«e. Je le qoftl»i ainfi,. c(u'il étwit déjà
palTé 'nwdi> nwis je revins à 4 heures aprcs mWi ,
èz le twHK'H! féal dafis la même tranquiUté d'a*ne,
& fans craindre fa mort. Il put même, dans uîie
certaine pccalian ,. parler de toutes fes ctrconfeance»
qui dévoient préreder 5: fuîvre fa mort, -» l'é-
gard de Con cwps y fans qu'on remar«jiKi aitcua
clrang.einent fur fon vif/ige,*cé qui etoit-furement
uneiiardielft^plua que narurelle, éc l'eflVt d*» la puîf-
fante-coufolatio!» ôttfaint E(i/rit, & du vif fcnèiment
de la f»race de. Dieu dan$ Ton ame, «inli qti'il le fit
connaître à n'eu pouvoir douli'P. (♦) Il en ^toit kiè
inêtne tellement convamcu, qu'il en béiiilTb*»» ki-%
terieurement 6c fou vent avec laru>rs fotibon Die*i»
& Sauveur, qtii lut temoig'uoit tant de bonté. J'em-
ploiai encore quulqiie tenis' k lui parler ôe Pheu»
reux & i^lorteux changement (\ne fon «me «JjJî'ouve-
roit bientôt, qtielque ignotnrnieiix qi^i'it parut aux
yenx de te naôure, à t^gard du corps. Quant » c©
dernier point, je remerciai Die» avec lui ,^ de ce que
jîar fa grâce iné'fahie, il l'anoit preftîue furmou-
té, ne^iouvant millement dire de ûii qM'it foutfroU^
comme Mavtir-, ptusqu*{l ne mourait quQ \>o\\g Çsi
grand& critUïff « J^a joutai cette remarque-, que Dieu
faifott bien voir ea lui , qu*1l en agidbit envers les.
C 5 ^ lieiu
i*) AitM fin*^ y mttcmt qfi* noir^ fintimmt fut-
fajj^d Us f4t€S fortes ' ifXpteJpoHS AUim langue-
éloqaiffite ;■ anjp certain efi-il^utt ces'fiMliinens
divins vmUnt itru plus éprown^s qHn Jée^its.
La force & ta vhfacité dt atttu fuhiu Jouijhmctt,
his fortes cnnvfctipns Je- la vurtU qui l'accoiH"
pagitent & i/w» ù Jii^ii/itinl -, & Iti amracê tri-
^fwphant de la confcience fanHifire apofaut fur
ctsfmtifmujf mifcMiê qiti fU fteût itx* te/Hté.
fiens Mon fon bon plâUîr i qti* on ne Aevoh pas \\\%
envier cette favetrfj qu'an contraire il étoit jiUre
d'en gloritier la nirfericorde de Dieu, qui avoit
tourné fa face vers lui, avec tant de grâce & dé
bonté» eu l'engageant à le convertir fincéremeut
au Seigneur , & ea le rendant fidèle , & conf^am-»
inent attaihé à Jefus fou trône de grâce. Au mi-
lieu de^e difcours il le rapeila lesdiôerens degrés
qu'il y a dans, la joye du Ciel, & dans l'heureux
état du règne de Dieu. J'en demeurai d*accord avec
lui , tunt à cauCe des clairs témoignages de l'Ecritu-
re fainte, que pour d'autres râlions tirées des'diffe-
rens degrés de Uuniéres &.de fentimens d^s élus>
de leur fidélité en cette vie, as des fouffrancea
qu'iU y avoient ettdurées pour la juiHce. il me
dit là deffus, que ce feroit allez de grâce, de gloire
£{ de.juie non méritées pouf lut, fi feulement îl
obtenoit l'entrée du cieU & Id jonifTance de 1^
plus petite partie de là félicité éternelle. Je lui re-
ppndis » que cela était bien , mais que cependant il
pouvoit le conibler pai la promelïe de jefus Chrilt»
que celui qui f ' abaifle fera élevé. (♦) Enfuite nous
ciiantames un couple de cantques,' dont le der-
nier étoit, félon moi , une preuve particulière de»
hauts fentimens du fcu Monlieur Ringbs» & du doti
qu'il
(*) Cette foli Je panpe cU V auteur, jointe em témtr^
. fgt*ag«f de f' Kcritme nous fiMt penfer avec plai-
fir à Ha liiverlité de la félicité que te juge du
monde accordera aux criminels penitensyla^
quelle aura certainement fes degrés bien diffè-^
reits l'un de Vautre. î^ous fotthaiterious avoir
trouvé cette penfée wt peu plus déuelopée, pour
que la lumière qu'elle procure en fkt mieux ré^
panduif. No» feulement la pureté & la force
de chaque adte de pénitence , mais aujji le plus
grand foin & la, plus ajfidue H^ fidèle applica-
tion àla fandiification c^ à la novi'elle obeif-
fance, fi peii de tems & d^occafion qtt'on ait eu.
pour la mettre en pratique y font préfmnev cet-^
' ié diverjfité. On if peut dé plus raporter lot
4%
^u'il avoitde dire fon fentîment en termes «ouchans» •
ce cantique conimeQce ainii :r^Ne crains plus ô auie
&c. *) Ce fut ians doute au reptiême couplet de
<îet hymne, qu'il fondit eii larmes; ce qui m'enga*
gea à la' Hn du couplet, à lui demander la caul'e d»
cette émotion extraordinaire ?, Il me répondit que
ces larmes ne venoieiit poiçt de quelque crijiinte ou
tridefle, inàis^d'une joie intérieure ; que ilon ame
étoit fi reinplie de -conlblation & de fuavité qu'il ne
pouvoit rêxfjritner : ce que j'apris avec beaucoup
de plaifir. ' J'hu bents Dieu dans mon cœur, &£ lui
fis comprendre que plus, cette marque étoit eviden»
te , que ion ame jouiflbit déjà du règne de la gni->
ce. de jefus , qui conliltoit en juflice , paix & joie
par le laint eiprit, plus il en ponvbft conclure avec
certitude, que fan lot ^ héritage dans le Royaumte
de Gloire ne pouvoit lui manquer ; qu'il devoit
donc conliderer cet avanl goût x)ui lui étoienc ac^
cordé en cette vie comme les fruits du Païs dé ca-
iMan , qui furent déjà gouteS d'avance par les en.
fans d'Jfrael au defert, ce qui les convainquit qu'ils
n'en étoienc plus éloignés, les devoit inciter à en
faire l'acquilicion avec d'autant plus de joie & de
courage. J!y ajoutai encore, qu'il voyoit pré»
fentement combien la joie du ciel furpailbit tous
les fentimens qu'on en pouvoit «v'oir naturelle-
ment en cette vie, puis qu'il ne pouvoit enjouir
iaiis répandre des larmes, ce qui étoit fort élo~
igné de la jouilVance de la jpîe, dans la vie éter-
nelle. , 11 repondit: Oui, Dieu elTuyera toute lar-
liie de mes yeux. Quand nous, eûmes achevé
de
»/ »
grandeur du fmtimmt de fa pauvreté & /«-
* çligiiitil fpfritiieUe ■, de même que. cette profonde
humilité qui aîtéantit rame, devant un Dieu fi
infinimm l faint & bon. Le fuhit chattgement '
dit peclieitr , la vuâ^de la mort , & la joie d'^tr»
reçu en grâce ^ ont coutume de foutenir purjfam-
ment cette demiete fituation de H' ame.
*) Ce Cantique'' (f les fniuanSt font dawiis.
s.
4e dianter, je liH <Hft ^ cfse pre^mtement çne
nous nous étions entrefcenus devant Dieu, & qise
Dc^s l'avions glorifié par no^ louanges, tu^^s voti<?
li<»ns autfi nous entretenir avec lui f)ar Ui prière
»u nom. (ie jefus , conformément, à ^ perntiflîoa
que ce me<iiiUeur 6c intercefl'enf nout en avotti
donnée. Sitôt t|ue je me mis à geno«ix, îl C'y
. tnit auin : alors je (U nne |>nére ielon <^ue TËTprife
«le prière m'accorda de foFce pour penler & pw>
lér , laiiuetle faccordo^k à tous .«gard3 à fon efâlr
«antpaiVé au'a£tuel. Je la iàms par i« prière or-
dinaire de l'ERlire." Nous te rendons grâces Seig-
neur Dieu & l^ére cûleite , de ce- que tu nous as;
envoie ion tlls unique,, âtc. & par roraifon domi-
nicale, il m^en reniercia de tout (on cœur ^ ea
me difant que c'était justement ce que l'on ame
dcliroit d'eiitendre âi de gotrter par la miïericor^
d^ de DieiL je pris îw ^\^ «oiigiî de lui» par-
ce qu'il étoit déjà tard « en te recotumandani à Di4^u
éc k t'a Grâce, qui étcui puijjlafate pour t* édifies fie
affermir jul'4u* à la lin.
Le Matdi 28 ^Avrri, joar de h mort, & ^e
fi* «déiivra«ce Ctcrneite, comme j'en fuis très af-
fnrc * je> le revins trouver vers les tix heures du ma-
tin. Je lui drmtnidtti d'abord , comment il avoit
»alTè la nuit. Il *n«e répondit r fort bien, j*at,trôs
bien dormi. Je lui dis, que j*aprcno»s cela avec
platfir, parve que quand te corps a eu ion repos,
on en étoit mieux dfl'pôfiô, & Vtmt plus en état
de feffi^'P*'^^' ^ f**" procMn "départ. Otew^'oos
accorde volontiers, ajoutai-je, ce repos, car je fui»
perfuadé, que votre ame répofe en Dieu, qu'ainif
\KMS pouvez dire avec l* Ê^ioufe de Clirirt au ch. 5
Terf. a àA\ Cantique des cantiques. „J'étois en-
dormie, tï>aî« mon cœur veilloit.V ""Je he priai en
tuême ten»« , confidefer combteli ce jour devoit être
heureux & glorieux pour lui, puis qu'il fctoit \e-'
dernier de fa mift-re & de fa prifon , & le premier &
eteri'el jour de fafparfaSte délivrance & félicité, l«-
<iu^lte t)e ttt& jamais plus expoféê à aucune vlcif-
ittode
'' \
' 4J
fittide iSe niiH ni momie nf namrtlle, ««^oû IçSeîg*
neur Ipi même & l'Agneau demeureront fa tumièra
éternelle." Qti'aînli en prenant congé de. le jour
terrefhe , il pouvoie en même teins donner congé ft
toutes les vanités & miferes de cette vie « à toute»
les féduftions & h tons les fcandatès c]ui fe pafl'^ne
Ions le- foleil, & en pcnlèr, comme Moiie des Kgy*
ptiens, dont il («rie aux Enfahs d'Ii'raeU épouvan*
tés de €e voir (>ourfuivi$ par. ces ennemis; „Ces
' Egyptiens qne vous votés aujourd'hui , ik>us ne les
^reverrez plus à jamais.'* Ici non* recommença*
mes nos entretiens fpirituels qui furent terminés par
le chant «de quelques cantiques, li remarqua ce-
lui-ci: „Vastu, ô Jefus, ta voie &c."&yHtnn«
marque dans le livre de cantiques que je lui remis,
pout y lire en allant à i'échafaot. J'ai trouvé quMl
'«voit aiiffî fait une oreille au cantique p^onaU
yt,1>ortez profonds foupirs" auprès du 1 5 verfet , qm
comni^ice ainfi. ,, Grave- toî\ 6 Jfèttts dans mon
,,coBur &c.'* Àinfi je nef doute point qu'il ne f' en
ioit fervi comme de l'autre , pour entr«>tenir fa dé- ,
■ vôtion en chemin. L'ayant enfuite exhorté à prier ^
comme le foir précèdent; il £e pfofterna humblement
il genoux avec moi, & écouta ce que je Jui difois,
conformément aux très impoYtantes fie ferieufes cir^»
conitances deceiour, en fe l'apropriant & mêlant
fes* larmes avec les miennes. Lorsqu' après avoir
terminé ma prière de la manière précédente , j«
' voulus me lever « il me pria de permettra: qu'il fit
«uflî lui-même fa prière» ce que jft'Iui permis avec une
fetisfat^ion intérieure (k beaucoup- de plaif»r. ^ Alors
j'ouis avec auta!>t d'admiration que de joie» ta gran-
de éloquence qut l'Elprit de €rrace & de prière lui
intp^rott. Car je remarquai clair^men» que Tes peu-
fées & expredions n'étoient ni préméditées ni étu-
diées , mais qu'elles procedoicnt de l'onftion de l'E-
fprit de grâce» félon les fentimens aàifbl & félon
qu^une^^mpreffion excitoît l'autre, fans fefervir d'au-
cune étocution pompeufe & vaine. Elle étaient
prifes des paflages de ta faiute Ecriture,. & je vou-
drons avoir eu te tems & l'occaiium d' écrire ce qu'il
dUbik, qui B« canfiltoit p%s en limples paroles mais
en
/
s,
44
en force. Cependant je me" touviéns du principal,
depuis le commencement jusqu'à la fin^ que voici:
Pfcmierement il bénit Dieu de tout fon cœur & avec
humilité y .de tous Tes bienfaits , du nombre desquels
il mit fa bonne éducation dans la crainte de Dieu, &
les ëxhortatsions qu'il avoit reçues de fe bien condui-
re, & d'être tidele à fon Sauveur, de même que
les -itîllruâions & correftion? que Dieu lui avoit
données par fa grâce , (a gracieufe protection & fa-
ge direftion , & fijrtotit fa dernière faveur , Çn ce
qu'il ^l avoit cherché & faifi avec tant d'amour pater-
nel.. Il avoua enhiême tems, fa grande ingratitn»
de, négligence, nonchalance , & défobéifl'ance ,
avec les plus^tves expreflîons, & d'une manière qui
failoit bien voir la profonde humiliaUon & contrition
ée fon cœur. Cependant il Ht auili connoitre qu'il
étoiiparfaiteraein &- fortement alîuré d'avoir trouvé
grâce par le Cang de Chriit , qui e(t la remifllon des
péchés. Ici il f'expU(|ua li amplement au fujet de
la réconciliation de jelus Chrifl & de toute^ fes grâ-
ces, qu'il f 'aproprioit par la foi, qu'il n'étoit pas
pofllble de tout retçiùr; il fufiit de dire que fes ex-
{irelfions étoient vives , ii fei paroles conformes k
"Ecriture. Là deffus il commença, en quaijté'de
Chrétien,, qui fait qu'il a été exaucé & reçu en grâ-
ce, à pder pour autrui» pour l'Eglife de Dieu, pour
le Roi & fes Sujets , pour toute ame errante , en fa-
veur desquelles il pria ardemment le Dieu de mife-
ricorde, de les Conduire à la connoiflance de la vé-^
rite & dans un meilleur. chemin» à la fin il pria Dieu
de lui pardonner tout ce en quoi il pouvoit avois
fait tort à quelqu'un , & protelta qu'il avoit un cœuf
recotïci lié à l'égard de tous ceux qui l'avoientoffenfé.
Il finit fa prière en remerciant Dieu du Payeur qu' il
lui avoit envoie dans fa priion *) &c. après quoi îl
récita l'oraifôn dominicale. Il eU à remarquer , qu'a-
prèg
*) Mes Uëtettrs m^excuferont de ce que je ne rapffor-'
tg pas ici les terme ^ çlont il Je fervit. Aa mo-
defiie & ia ^cnnnoijjance que j'ai^ de won twipuif"
Jance , fans là vertu di Dit» t ne mêle pernitt-
tMit pas.
4>
préft avoir parlé fr longtetnis^ & fe trouvant fi f>Wi»
«;he de fa mort, fes a^M^ion^ &fes penfées.&'en
^toienfc pas moins pleines de vie. Il étott en état
4* «fctacher \fes idées ii t*a dévotion à chaque mot dft
cette prière: ainfi qu'il le Htconnoitre, par Wilen<*
teur avec laquelle il la recita, & par les additionis
3u'il y fit. Par Exemple; lorsqu'il fut à la iecon<*
eidemande: toH. rv£tw t/imiMr, il y ajoutai omi,
prefentertimi il viendra Htnttot, pour marquer «.oro»
bien ti deAroit le règne de la Gloire; & reciunt la
cinquième ctemande : Pardonnts nous nos off'mfus
&Ci il dit: ,,0 mon Dieu~& Sauveur ^ qui connois^
,,mon cœur & celui de tous les hommes, tu fais que
,,par la grâce je n* ai abfolument aucune haine lii
»,raDcune dans mon coeurs contre qui que ce fottt
„maia que je fouhaite à chacun to^it bonheur tant
^temporel que fpicitueU" Noiis étantrelevés , apré»
qu'il eut ainli achevé tat prière, je lui dis', qu'ayant
prié ^ pleiiré* comme Jacob lutant avec l'ange #
(car il verfa beaucoup de larmes en priant , furtout
quand.il f ' agiflbit de penfées ci-delTus,) ilavoitaufli«
comme Jacob, vaincu Dieu lui-même* qui avoit
certainement exaucé fes pleurs & reçu (bs fuplica-
lions, & que bientôt il remporteroit la dernière vic-
toire. Alors il fi^t délivré de fes chaines , qui étoient
aft'ertnies dans le mur: il f ^habilla comme il vouloit
l'être ce jour, fe fit donner uiie tafle de caffè , âc
mangea un peu de craquelin: enfuite il fe promena
dans la chambre avec moi, ce qu'il n'avoit pu faire
auparavant. Toutes les fois qtie je m'informois d€
foû état intérieur, il m'alTuroit qu'il étoittranquile»
& qu'il attepdoit la itiort fans crainte. Il me de-
manda auifi, Uifqu'où on dépouilloit les criminels
au lieu du fuplice pour fubir le chatitiient, Redou-
tant point que je n'euiTe affilié d'autres dans de pa<*
reilles rencontres ; qiieltibn qui me furpritfort, par-
ce qu'elle découvroit fon grand fang froid. Je ré-
pondis à cette quelHon, à contre cœur* autant que
j'en favois & que je pouvois l'en initruire , m'ayant
aduré d' avance qu' il vofoit le ciel ouvert , comme
$t. Etienne. Peu après la Porte fut ouverte , & un
Oificitr entra, qui me pria, d'aUer devant en ca-
rofl'e.
46
sdSc^ su tira "àa fi]{^oe, -pavoe qu>Dii ifloât y
c<^cluire le Cfiminet. Je le cecomiiMixIai donc au
Dieu feoutpuifliint A fidete, qui vouloic & pottvoitl«
fortilk'r jtfii^u'à la dernière heure; fur<|Uoi ilin'«iu^
^alVii tfAdreineift Ik nous nous féjiarattits jufqu' à
ce qu'il vinc an lie» 4u Aiptice après moi. Je l'y*
reÇiTS'a^^<^ ces paroles^ (fut; nous (vous retrouvions
ilafis le lieu 4e 4bn dernier combat, <où U pouvoit di-
te-k la mort 4bn dernier ennemi, ce <]ue David dU
(oit aux l^hUiiHns , qu'il v«no.it tM nom de TËtemeU
même au nom de J<r(^i>» vainqueur 4e ia mort & de
tenk'r^ des anues duquel H fie tiauvoit revêtu^ en-
'foite qite «es deux ennemis ne pmi voient rien con-
tre luÂ. Quec'étoit ce ttdele ami de fon«nie, qui
dans cette «terniere 4étreire> ^'«vo^ de nouveau.
envoie vers lm« pour Uii mpeilerles pr«Cfeufes pro-
mef{'es, fur l^squelks H devott fejrepoler, favolr,
eu' il ^*it avec les amis toas les jours, julqu' k la
nndu monde, il me jréponditj H a été «vec moi
en venant kl. J'en pris occfuîoii de lui àWe^. cottt«>
ment n'aurolt-il pas été avec vous^enthemin , puis-
eu'il habite dans votre coeur, & qu'il vou9 dit, f,Ij«
y^ains point, car je ftiis ta délivrance^ je t'ai kp^
„peUé pur ton n»m, tu «s mien. S! tu \}n(ïw par
les eaux je ferai «vec %toi." Qu'il poorvoit donc
ëire «vec couHanoe, comme David. Seigneur, Je
ut crains aucun' malheur >, car tu «s avec moi. Ta
honlette & ton bâtonme rafl\nent. Je ïuontai là
defltis «vec Un à l'echafeut. & ftir les degrés je te
lis fouvenir de l'ediette jque Jacob vil en ibnge, la-
quelle atteignoit ju<qti'«i4 ciel, & fur laquelle iea
anges rie Dteu montoient JËidefcendoiuit: & Iu1<l?s«
au* U fimivoit «tre pleiuemçnt pterliiadé, que ce»
litints angeycélettes étoient autli préfentkcette der-
nière montée, a4in de raccompa>i<ier pouria derniè-
re foii Cur cette terre , & recevoit ion ame , au^Titot
oh' die foitiroit du corps , pour la porter au fern
d'A^n-aham & ia conduit» dans cette paiiible aflTem-
Wée -de mille miiier* d'i»nges , q<ii l'environnerotent
là en beaucoup'*plus grand nombre qire n'étoit cette
multitude de Rens qiu'il voioit «^udloment autour
ie lui» doBt cepftttdaat U pouvait étro «ffuré «tu'il y
avoit
' I
47
«voit dé bnve>s gens , qui conibattoient avec lai par
îenrs prières. Tl reçut '& f*aplîqua fort bien tout
cela , de îTiême que tout ce que l'Efprit de Dieu
m'aida à lui dire pour l'encomager. Et lorsqu'il'
étoit encore fur l'echafaut il me dit aue fon ame
écoit toute tranquiie & fans crainte de m mort. Je
lui répliquai qu'après les riches dons de la grâce
qu'il venoit de recevoir de Dieu, il avoit tout fujet
d*étre aînh tranquil*. Pour l'encourager encore
d'avantage k entendre librement & tranquilement la
lefteàr de fa fentenoe, Si àvoircalTerlesarnie^defa
dignité de Comte , je lui rapeilat la confolation pleine
de bénédiftion que Jefus lui avoit annoncée dans fon'
eviingite, & contiruiée dans la fatnte cdne , favoir»
ou' il étoit déjà abfuus devant te tribnnal de EHeti «
4e julKfié pour l'amour de Chrift; car ce juge de fon
ame & de l'univers lui avoit fait dire de fa part: aye\
bon courage , Mon fils , tes péchés le font pardon*
nés. Oui , reponditMl , ,,ils font jettes dans la pro»
fonde mer.'* Comme on lifoit la fentence & brifoit
les annes, Je lui reprefentai la vanité & fragilité de
la gloire de ce monde, que l'on peut perdre fi faci-
lement par fa faute & l'autorité d' une PuilTance
étrangère; mais que prefentement fa ferme con-
folation âciilTurance étoit, que fon nom fe tronvoit
écrit dans le livre de vie, comme aufli dans tes
mains & les pieds percés de Jefus où il fe trouvoié
bientôt gravé d'une manière Inéfaçable ;- que lu
gloire qui en refultoit écoit inaltérable à toujours |
car félon St. Paul; ta couronne de gloire eit impe-
rilTitble. Il écouta aulTi ceci pafiblement & avec
qtielques marques d'aprobation. il doit même avoir
repondit par. quelques paroles qui roarquoient fon
détachement^ de la terre & fon élévation vers le ciel»
«inti qu'on rae l'a raconté; mais il fe peutque mon
xéle OE mon çmprefiement h employer toutes mes
forcer poir l'eiicônniger par la grâce de Dieu, ont
^té caufe aue je n'y ai^as pris garde. Devant exi-
ger de lui ra confeÀion de fo! , fuivant l'ordonnance
de la liturgie de fEglife, je lui demandai en confé'
•uence^ fil aveit une vive repentance, Si confef-'
Ù ■ foie
48
(bit les grands pécbés ou'il'&voit commis, fiir^oiK ter
crime capital par (lequel il avoit ii grièvement offen-
fé f>ieu, & bleiïé la fouiuidion le rerpeft & la vénération
^u'il devoit à fon Roi»& en vertu dHqu.el il alloit prélen-
tement fûbir la pein>; qui lui étoit infligée! H me
repondit avec la plusi grande humiliation qu'oui &
pria ardemment Dieu que la vertu du fang de Jefii»
vienne en bénédiction fur le Roi & Tes Etats. ^ Je
repetois de vive voix ces paroles . pour les tuîeux
faire entendre à ceux qui éloient préfens, penfant
qu'une partie d'entreux pourroiènt n'y avoir pas fait
ttttention , quoiqu'il les prononça tout haut. Et
après lui avoit renouvelle Taifurauce de l* Evangile,
que fes péché lui étoient .pjirdonné?» au nom de
V)n Sauveur, laquelle il avoit reconnu avec foi corn»
me auparavant, pour être Tunique fondement du
falut, je lui dis, que fe trouvant fur le po'nt d'al-
ler au del, je voulois le munir du, pafrepi>rt qui
avoit Dieu même pour auteur, & que Jefus avoit
ratifié par fa moft, favoir la bénédi^ion du Seig-
neur. Il fa reçut de l'air le plus religieux d; h tête
découverte; je finis par le dernier verfet du canti-
que: „Des lieux très hauts f'elt élevé." &c. „0
que je fuis préfentement joyeux & ravi ," dont les
derniers mots font : Amen , amen , vien très doux
.,Jefns &c. Surquoi' je lui dis, qu'il avoit appelle
l'ami de fon ame par les paroles de l'Epoufe dans
r Apdcalyphe : „Seîgneur Jefus vien, & que ce
Sauveur luirepondoit: „OÙi 'je viens & ma recom-
„penfe eft avec moi ;" que c'étoit avec cette bonne
préparation qu'il devoit aller au devant de l* Epoux
àé fon ame. Alors je le pris par la main , & le
conduifts au juge, ou il ota lui même librement
& promptement Ces habits & f ' en laifla d'epouil-
1er. S* étant couche par terre je me mis à coté Se
lui rapellâi que Jefus f'étoit auin couché la face con-
tre terrç au jardin de Gethfemané , par où il
avoit fanftifié fa pofture agnelle; qu'il avoit auflli,
par les prières qu'il fit alors, préparé la voie aux
toupirs & fupllcattons qu' il alloit préfentement ré-
paAdrs devant Cûsl Pe^e céleftc: Surqùoi, ayant-
4^
4ci« bi i*tè far ke tr
tng ie jerns interc.
Wf picbét du mande
Cl Uplicr
lant lit Jian/lan'li P-foit lUfigartfir^iulvm'
rtij^ uw-fNir If s idtu na'iOa cai^i porta
tt fUfrpTiri ftmr U voiraïc ite àM. , Ittiu a
gmrîf itipptÊiiHif qtH rori^Hal fuit tmàlLuir
■tmt, n'iAvaSH
\«,m,lf,r
5Ô
ÇTefk •ivlR que finit h, vie >^Enev6ld Brànde, qâi
éloit- ifla d'une brave St îlluftre faintUe, qui
jivoit été élevé avec le plus grand foin dans la
crainte de Dieu, St dans de nobles fciences , qu«
Dieu avoit orné des plus beaux dons naturels,
^ui étoit parvenu à des charges conliderables ^
jusqu'à la dignité de Comte, qnt, après T'ecre
lalITé entraîné par les féduftions'de la chair, par
l'appas du monde, & par l' artifice de la tenta-
tiôn, dans tontes fortes de péchés, fut enfin re-
trouvé & fauve par la grande & adorable grâce
de Jefus fon fidèle berger. Le Sejigneur veuille
que ce qui lui e(^ arrivé au A) jet de fon mépris
pour la religion « foit un exemple , qui ferve d' aver-
iiifement à ceux qui l'imitent dans Ces fentimens
erronés; Si que la prédication de l'Evangile, qui
a été li efiicace fur fon ame, leur procure aufli
une fmcére repentance & la vive affurance d'jine
éternité heureiife. Qu'il convainqtie awTi tous
les libertins, de l'origine divine de fa Parole»
„qui eft puillance de Dieu à fahit k tons cro-
yans," Rot^, i, l6. mais qui, feK>n les propres
paroles de Jefus, „ jugera ou condamnera au der-
,, nier jour, tous ceux qui auront m'eprîfés éire-
„jettés Jtfas & (a Parole. Jtan. Ut, 4g.
Lettres
F'
^ ■ ■ I ■ •■
■-««^viMtVVP
■ H «"■ W r^mv^ga^
■i '■■ " ■
^■
LETTRES
D'UN
A N O N I M E
^
é
ENEVOLD BRANDT
' TBOUVBCS
DANS LE PORTE -FÏUÏtLE
qu'il poRTotT Toifjovai; •
8«K i*i;l
D|
Mon*
-^ /._
Monfieur,
T7oiis you» étQtmerez peut être de recevorrwBe
^ lettre ùmtr Signature fur une choTe fi impor-
tante , & cela d' un ami , ij^i vôtis a dit la v^rké
ùtu» détour» «Uni d'autres occafion». Mais les
teins où nous vivent ne permettent pas qu'on f'ex-
|)ofe inutilehnent.
Je chercàaî, les deux deifiTersi jours <ie cour»
Poccafion de vous dire un ;iiot à l'oreille; fans Ift
pouvoir trouver. Vous auriez pâ ke reinarq,uer , Il
vous y aviez fait attention : mais je vous trouvai li
occupé d'un autre objet , que je ne pus alTez m'ap>
procbér pour, voas le faire apercevoir , âe je ne jô*
(ssear pas à propos d'aller exprâs àJliticUholm poUr
vous voir.
^' Vous tvez une fois montré qtie P honneur de
votre Maître vous tenoit à cœur.. On vouioit alors
i'oiuenif , q^e votre conduite ne ,procecloit pas é»
zèle &' de foumiflion', mais de jalou/le & dMnteret »
en ce qu« vous eiperiev, que ii vous réuiTifliez k
rcnverfer té Comte H — ' vous le remplaceriez en,
obtenant fa &veur & (on crédit. Cependant le plus
grand nombre croiolt que vous aviez des vues plus
nobles & plus ddintereffées. Peut. être que les
fuites ÎAmédiaces de cette aftioh ont fait une li Cor.
te impreCion fur vous, que vous n'ofez plus en en-
treprendre deXembiables. UMTue a néanmoins mon-
tré qOe votre cataltrophe d'alors vous a été plus
avantageux que nuiiible. Ne vous imaginez donc
pas , Monficur, qne tout cela ne foit que Telftt de»
hazard ; c' efk une main puifiante qui a dirigé cette
atVaire. Je ne fais quelle léé^ ^ous vous faites de
Pievt fi vous n^adoptez qu'un itnipledeltein(h)icien«.
-ou ft en gênera! vous- ctoiex à un Dieu. U t^rmt
Superflu de vouloir entrer ici «n difpute avec vo\is»
fur
r» ■■ ,
fUr un potnfc A iraportltit. Le tems viendra qse vous
{rrez convaincu par expérience qu'il y « un Dieu,
qui voit tout., qui (kit tout, qui dirige, tout» & qui.
tut ou ràrd recompenle la vertu & punit le vjoe,
f
Il ne Tagit pas à préfeat de vous convertir;,
mais uniquement de vous porter à remplir vos de*
voirs*, ce qui n'elb «utre chofe » qné ce è quoi cha-
que paiei» t'îevé au delïus du coipuiun peuple fe croit
oblif^é, envers fon Roi, fa Patrie, foi* même & fa fa-
mille, & ce k quoi les lois mêmes des ^ayens obli-
geut chaque ûijet, & chaque particulier qui veut
palier pour homme d'honneur.
Vous vôiez , Moniteur , de quelle manière o»
traite votre Roi & bienfaitôur. Vous voiez leç méf-
iances qui fe padent fous vas yeux, ^ auxquelles
vous ne prenez qne trop de part. Vous voiez que
Douteit fans deflus detfous dans le Royaume. Rer»-
tez en Vous même, penfez à vous, & vous nexe-
ilere^i pas long tems irrefolu. S'il e(t vrai (& il ne
Teft que trop) que' la vie de fa Majelté foit en dan-
ger, ik que l*on prenne toute forte de mcfures, a«
moins contre fa liberté « vous le faurez furement»
Vous -ne pouvez ignorer, comment la nation penfe
Àir ce fujt^t. Se que tôt ou tard on redemandera ia
vie à la liberté (Je ce Prince de vos mains, de vous
qui ête$ auprès de lui , qui voies & favez tout, Vo-
tre tête en repondra tôt ou tard. Ayez foin de vo-
tre fureté , je vous en conjure i>ar mon amitié pour
vous & pour votre bonheur; volisla connoiifez. Le
deiir de ce Prince de f 'éloigner d' un lieu & d* une
compagnie* qui fe coraix>ree mal à fon ^ard. Si la
répugnance qu^îl a d'y retourner, vous prouvent
clairement quMl e(t fenlible à ce mauvais traitement.
|l f arrachera mf jour de vous, ou quelque heureux
éyéi^ement le retirera de vos mains. Se comment
vous ira-t'il alors? Ne vaut-il pas mieux que vous
mtttiez votre tête en fureté , en faifant votre devoir
tiïx même tems, de que Vous établifliez votVe bon-
heur fur un fondement folide k honec^lç, puis
P 4 «!"•*-
/
•\
54
qu*«lor« vou« t»**» ferez redevable qiVà votre xèlc*
à votre fidélité & à vo*r«^ attachement yonr le Roi»
qui vous comblera de biens & d'bonneûr , .6: qui ne
lefa jamais afTez pour vous , félon le défir de la na-
tion. Vous Hi votre fortune dépendez parement da
caprice d*un miierable , qui tôt ou tard vous reover-
fera, andî tôt qu'il tf aura plus befoin de vous^ à
préfent il fe fert de vons, comme le litige du chatt
•vous ne pouvez que l' avoir remarqua vous même
plus d'une fois, li vous ne voulez pas vous tromper.
Qoand le Roî vient un Jour en ville» vous faî*
tes enforte que fa Majeftè aille au Chatean « & l'en-
gagez à faire venir auprès de lui un ovi deux de Tes
fidèles Minières, pour lu» aider, par leur Confeil»
à prendre les méfures convenables. Malheureufe-
ment leurnombre eft fort petit » & pçut être réduit
à une ou deux perfonnes; car on a eu grand foin
d* éloigner les merllenres têtes du Royaume : vous
d'evinerez facîll'uieiit quelles font ces perfonnes,
ians que je voiis les »umiwie. Fermeté» probité»
èxpériQnce fout les qualités par lesquelles vot^s de-
vez les conuoître. Je pourrols vcTus les nommer »
m€qis~]e ne le fais pas« depeur que vous ne penliez
que ]' agis par intérêt. Il faut cependant que je
vous dife que ce n'ert ni M — — ni M — — qui
font bntis deux également déteft^ïs de la nation. Il
importe de votre tête que vpus fuîviezlèconfetlque
je vous donne en ami, & en qualité de fidèle fprvi-
teur du Roi. Si au lieu de le fuivre» vou5 blefTez
la fidélité que vous devez à votre Roî fi^^ b'enfai-
. teur, vous pouvez être affiiré qu'il voims en coûte-
ra vie, honneur, & tout ce qu'un honnête bommè
a de plus cher, fans que perfonne vous plaigne- Si
au coiuraire vous agiflez félon vos devoirs , en dé-
livrant le doi des mains impies, dans lesquelles fa
Majettè elb tombée , vous pouvez être perfuadé »
qM*il n'y a aucune forte de grandeur & de bonheur
fur lesquels vous ne piiilTiez compter, & cela ave'c*
Vaprobation unanime de tous ks.tideles fujetsdu Rot. '
Vous prendrez peut être le parti de montrer
' cette -
5T
fe'ette. Lettre k votre Strnmfét, pour lui donner une
preuvelde la fidélité que vàXis lui av«z jurée, |>tut
iêtre aux dépens de cflle que vous devez a votre
Foi , & pour l'engager par ta à accorder quelqties
nouveaux uvaiitages aumari de Madame -^ — . li
fe peut qu'il le fera aufli , pour vous tromper & re-
tenir encore quelque tems dans Tes Hiecs. Mcfisf'il
arrive qu'on le dcfafle du Roi, vous pomez êtn^af-
Curé que vous itrez hialheureux, & que peut-ttre
on vous eh atcriiiuera la caufe;
Je vous dis donc pV celle-ci, qu^ votre tête
irépoiidra de la Pérfonne du Roi: vous êtes coi.tv
nuellenient autotir cte fa Majelté , vous t' arcoînj ag-^
t)Ç7 par tout, fa Pei^^nne vous ett conlice. ' Kt
titîn que vôu^ n'alle^iiez pas caufe d'ignorance»
je vous affure, foi d'hon\iete homme, qu'en ce cas
iç projet de cette lettre fera montré en teniS riâ
& en lieu conveuitble pour témoigner contre vjus ;
& afin de ne pas vous tromper faites attention aux
•lettres init-ales de juon nom, qui fe trouvent fur le
'cachet, ce qui feraauili moptré contre vous.
<
«
La vie & la fanté du Roi font entre vos mains»
ide môme que la profperité de votre patrie. Con-
dutfés vous de facjou que vous puhfiez vous juttifler
aux yeux de tous vos compatriotes , (je ne dis pas '■
'aux yenx de Dieu, ne fâchant l'idée que vous
'VOUS en faites, quoique je puUïe inférer de l'en-
tretien que j'eus il y a q^telque téms Hveç vool,
dans votre chahibre à Chriib'ansbourg, & une au-
tre fois à Hirfchholtn, que vous ne penfez pas
et lui comme vous devriez.)
Vous voifez que je n'ai point peur que vous
deviniez qui je fuis. En , tout cas je puis vous
aflfurer , que li vous vous condulfez , comine je l'at-
tends de votre naiflance, vous trouverez que je fuis,
. "Votre très fidtile (k dévoué «mi.
Le 8 Juillet 1771.
5 He
5«
Ue bien, MoQ&eur, nui prédî^ion efk «rrivé&i
- "^■*- vous éprouvez déjà les effets de votre con-
iduite ^illicite. Vous avez été perfide envers votre
Roi & bit^nfaiteur & d'autres le fout envers vou«.
On en a a«it à votre égard , comme le fuigé à l'é*
çard du chat. On vous a (Uipé, & à prêtent qu'oa
peut faire^de vous ce qu'on vetit» on fe moque de
vous , bientôt vous ferez congédié avec mépris , &
aAn que vous lie puttlîez rien divulguer on vous en-
fermera peut être pour tout le refte de votre vie,
ou on vous expédiera à l*autre monde , d'une
manière ou d'autre. Voità une digne recompenfe
de votre perljdic , de votre tîmiditô, & de vos baiSes
«ftions. Je vous ai, Moi^fteur, prédittoutcdà dans
ma lettre du 8 Juillet. Depuis, l'amitié que Je voug
portai, & donc je vous ai doKné les preuves les plus
indubitables , f 'clï: fort refroidie. < Vous n'en mé-
rités pas la continuation, ayant été incapable de
f^iivre un bon confeil» & de faire ce que votre hon--
neur & votre devoir exigeoîent. Vous avez mieux
aimé continuer votre lionteufe condiiite. SI vous
aviez alors fuivi inpn confeil vous auriez mis le Itol
en liberté, & acquis en le délivrant une gloire im-
mortelle. Vous auriex (atisfait aux devoirs d'un
bon fujet, (l'un Udele Serviteur, & d'un honnede
homme. Vows ne vous feriez pas' feulement attiré
VaprobatioU' de tous vos concitoyens Guis exception»
mais aHlTt celle de toutes r£urope. Tous fe feroient
réunis pour vous procurer des grâces , des recom-
penfes & d»5 prérogatives dignes de votre fidéltté»
'il' proportionées sM fervice que vous auriez ren-
du à votre Roi & à>otre patrie. Et en effet, per-
sonne ne te ferott jamais rendu yAus digne d'être re-
compenfe que vous. Préfenteraent au contraire
on vous abhorre piar tout ïe royaume & cfans tous
les païs, dont vous, ^^s devenu la ri-fée & i'îtbomi-
nation. Onf'étoitrepofé fur votre fidélité, Cutvo-^
tre amour pour le Roi, & fur vos devoirs; mais en
f • cft fort trompé. Préfentenaent vous en. êtes pu-
ni ; on ne fauroit avoir une plus mauvaifes reputa-
tîoii'q^ie celle que vous avea dans tout le Royaume,
/
I
■ 57
& on ne voas nomme qu^avec effror. En couc»
on fe moque devous » on vous berce par de vaioc^
paroles, en vous montre de loin une grandeur ima-
ginaire, on vous chatouille du vain titre de Conue,
qui fera un monument éternel de votre infidélité,^
de votre foiblefle, de votre barfelle, & de votre lâ-
che conduite» ik en attend^int qu'un Struenféi ou-
trage le Roi « la maifon royale Si toutei les bravep
gens, non pour en avoir été oHenfé, mais pour
taire voir fa puiflance fans bornes il Tempare d6
toute l'autorité» il fe rend maitre du gouvernement,
des affaires du roySiurae» & du Roi, qu'ail proO^itue
aux yeux de l' univers , & fc fert libreniient Si
en maitrc abfola des fmances, contre tout fion or-
dre: O le iniferable, qui a ofé f égaler h fon Soiil
verain , en fe fervant d'un ordre du cabinet paraphé
par lui même pour procurer à fa fignature, la
mômè ajiitorité que celle , qui , ielon les loix fon>
damentates du royaume, n^apartient qu'à la ùg.-
nature du Roi 1 C'eft par le fecours de votre la-
«:beté & de votre indigne conduite, qu'il f'eit
tant élevé; vous feul pouviez l'en empêcher;
par,conféquent vous en ferez feul refponfable. Il
cqmmet crimes & meurtres, mais il ne le fait:
^ue pour régnera mais vous y contribuez par
votre lâcheté .& pour obéir aux ordres d'Un Ctotn^
wuel qui (acri&era mille fois la vie de fon Roi à
{es vueâ condamnables & ù (a fureté. Au licil
d'avertir (a Majefté de ce que vous voîez- & fa-
vez mieux qu'aucun autre, ( car \\ ne vous mati-
que pas de pénétration, (^Mand il Tagit de v<v.
tre intérêt aduel, ) vo\is aidez ce Theodor»
ScHlagheck à f 'emparer de T autorité royale, à
retenir votre Souverain fous la tutelle à l'avilir
aux yeux de les fujets « en vue d* éteindre ,
ou au moins d*" altérer Taihoitr inextincibte ces
fujets» ^ même à le rnaUraiter» comme chacarl
Vmif
58
Voue qui pourrira empêcher tous ces'manx. '&
ilelivrer le Roi des tnains d'tin Vaurien , & qu! ce-
pendant ne Pavtz oas fait, en ferez feul refponfa.
bîe; voiii êtes même plus coupable q\ie ce traître,
«iilti je votts affure qu'auiTi vrai qu'il y a un Dieu»
beta vou^ coûtera la têiè , tôt ou tard :
Vous'voiez comme tout va de travers dans les
iaffaîre», on renverfe tout» on mêle tout, on em-
itouiile loui avec une ctourderie, qui etlf««ns exem-
ple dans l'hifloire. On étoighe le:j plus honnêtes
ff<2irs du Royaume , qui- ont lervi long tems aveê
n.1elité& faûs reproche, ftins môrae que l'envîeeat
ofô les attaquer. On les congédie hooteureraent,
«uintot quils ne veulent point li^ mêler des fune.
ftes projets du Doâeur,- ou qu'on commence à
craindre leur Candeur. On tes remplace par des
niiiVrables qui n' ont aucune connoitV<nic^ dupais»
ni aucune teinture de l'état des choies ; qui n 'onc
Jamais étudié ce qui confbrne les aflWres d*fititt
dont ils fe font chargés; par des gens, en nn mot»
dont on ftttt ^]\\' Wa n' entendent pas môme le pre-
àiiers principes du gouvernement.
Dites moi, je vous prie pour l'amour de Dieu»
^«« doit lignifier cela, qu'on etablilîe pour Chef &
Direfteur des Fiuanceâ un un Profefîeur
•n Dvithemiitiqtie» à Liegnitz, qui favoit à peiné
trouver le Danneuiarc fur la carte , un — — . C'eft
à ces geiis qu'on donne 30CO £cus par an, pendant
qu'on laifle mourir de faun d autres, qui ont fervi
40 à 50 ans Ac plus fans reproche. Mais ceux>ct
n'étolent ' pas capables de trahir leuv Roi & leur
patrie, ni de fe laiffer employer à favorifer desdef-
feins tumultueux & pernicieux. Néat^moins ces-
îgnorans ofent charger fur leurs épaules, un far-
deau fous lequel dans tous les tems , furtout dans
'celui Ou nous vivons, l'homme le phis courageux
il doué de capacité & d'expérience, nuroit trem-
bfé. Celui'Ci connoft le danger, & ne veut point
cxpofer le bien d« TEtat, ni fa bonne réputation ;
au iiea
>
•
59
«oljeu que lei aatr«s n'ont ricn^ & perdre, & n'a*
perçoivent pas lec fuites funelces de leur iacapa-i
«ité & ignorance. «
Vous voiez i MonVieur , que ce mauvais gonver*
netnentn'elb pas ignoré de la nation « qu'elle' y e<l
feniitrle, & que Tes fuites font capitbies de ta
porter à des extrémités. Vous îe vojez d'autant.
f»ius clairement, qu'elle le manifeite déjà à decou-
veit , & quelle ne d^guifeplus fçn mécontentement.
Quoique vous le facbiez, Monfieur, vous lecacheX
au Roi; vouf qui êtes le feul qui l'aprochez»
car l'accès au trône eU; fermé aux autres fujets;
Vous feul pouviez avifer le Roi, de ce daiigef
«minent , ou non feulement fa Majefié mais audi fet
Royaumes fe tix>uvent, dont IMndiAerence inout#v
iqu'on témoigne à ces braves & Hdt^ies fujets » pour-
rpient bientôt en faire perdre Un,' de forte que daus
peu tout fera perdu ftins reflburce, fi fa Majeité con-
tinue à écouter ce* manvais confeils.
♦ •
Vous \-o>és^ Monliear comment vont les afEairec
étrangères, dahs qu^ embrouillement elles fe trou^
vent par la cabale 6i V inhabilité de notre Arand Mi^
jiilbre du cMbinet, qui a la témérité de f ' en mêler;
ce qui a rendu ignominieux le nom de Danois.
Vous volez & favéz la liberté fans b(}rnes avec
laquelle notre grand & premier Minâllre le Comte
de Slfum/ii* gouverne nos tinances, qui eft le fan^
Û plus pur des pauvres fujets.
Vous êtes f Mdnfieur, panois, vous êtes nob{#
de naif&nce, voua êtes auprès du l^oi, k'ç^m voue
& votre famille êtes redevables de tint de bienfaits,
vous êtes aimé» & vous vous tai fts î N'en rou<;
giflez vous pas, & n'êtes vous pas convaincu en
votre confcience , qiie vous ferez vous même la pre-
mière viftime d' une telle maniéré d' agir , que
vous auriez pu empêcher» mi mHte feisrtërelier,
ft-yoïi^avie^ veiiliu .' ^
.a
3t57-l*?6B
60
Si queiqoe trouble, ou une rébellion ea re<>
fultoit, (ce <^t>^ I^cu veuille nous preferver par Sa
frace) à <mi f'en prendroit un peuple irrité ? Ne
' en. prendroit-il pas à vous, qui êtes tout au
moins audi coupables que Sirutnfée^ & ne vous
ex4>ofez vous pas a perdre tôt ou tard votre vie, en
tenant une conduite fi indigne d'un honnête boniine.^
Rentrez en vous même & retournes à vos de-
voirs, je .vous en cbnjure par les cendres de votre
Père, que vous n'avez pas connu, par les larmes
de votre vertueufe Mère, qui déplore peut-être d'a-
vance votre mort, je dis plus, parles larmes que
le Roi , la maifon roiale et votre patrie défôlée ver»
feront peut-être & verfent déjà fur vous.
Vous ne cmigncz pas de vous brouiller avec le
Miniftre-Dofteur , pour votre intérêt perfonnel ,
mais voTjs êtes aflez lâche pour vous lailTer reconci-
lier par un préfent de lOOOO Ecus qu'il dérobe au
Roi & au Peuple pour les vous donner. Une telle
balfeiTe ne vous fait-elle pas roiigir? Eli ce donc cet
homme que Vous craignez te pins , quand il f* agit
de la profperité du Rot ^ de votre patrie? quo:«
que dancce cas, vous eiiifiez deux royaumes pour
vous : car les traîtres & les fripons qui auroient une
mauvaife caufe à défendre, n'oferoient faire parti
contre vons^ n: donner à connoitre qu'ils vous font
contraires, de peur d'expofier l«ur.téce qui fe trou-,
ve déjii el>ranlée fur leurs épaules.. N'auriez pas
donc toute raifon d'efperer & tout droit de pré-
tendre des recompenfes fi vous fauviez votre Roi Se
votre Patrie ï On ne vous donneroit fureiijent pas le
tems de les attendre St encore moins vptis les
fefufcroit-on : moi , qui vous écris Je feroi» le pre-
mier, .qui facrifierois volontiers tout ce uué j'ai;
pour vous combler de l)ietis. Et ne leroit-ce
pas avec, beaucoup, de tcar»quilité d'anie éi avec
grande juftice, qua /vous jouirieif^ de ce* bi^ns »'
bon*
6t
donneurs & avantages, f'îls vous avoîent été »c«
«ordés avec le confentement & félon les fouhaics
de votre Rdj , de votre Patrie & de tous vos con«
cltoiens? Conliderez bien tout ceci, Monfieur,
f)uoiqiie je vons croie trop fenlible, pour fuire de ,
la \uë das recotupenfes te motif cl« votre
'coiuluite.
Selon tnol, vous devriez commencer la cho.
fe de la manière fuivante. Vous êtes feul ave«
lé Boi : vous vous promenez le foir avec lui ,
comme pn me le dit mecredi ii Hirrrhiiolin : vous
avez trouvé que fa Majefté eft fort mécontente de
l'efclavage où on le retient. Profitez , lilunlieur ,
d'un moment fi fairorabie; ou faites le naître vous
même; vous avez afl*ez d'efprit pour cela. Repre-
(entez au Roi la malheureufe iituation où il fe
trouve ; comme il en eft empêché de j«nif)Jîr les
ésvoirs de fa Dignité, & qu'après le fks quMI a
fait, en parugeant entre Struenfée & lui, j'au*
torité du trône & du royaume, par la fignacure
de l'ordre du cabinet dn 15 Juillet, Lui,' la Mai.
fon roiaie* le Royaume, tons fes fujets, tous le^
revenus, fa vie & les bien» de chacun le trou-
vent en la difpofition de cet Archi -grand- Vlfir,
homme fens expérience, fans hontTeur, fans réii«
gton, fans fidélité 9t fîKns foi, qui ne f'embarafle
d'aucune loi, qui difpofe de tout, j'oCe môme
dire, de la vie du Roi. Vous favez que de
g^nds foffaits en exigent encore de plus grands,
ou tout au moins qu'ils les foht aprehender.
Quand une fois vous aurez dévelopé tout cela,
reprefentez au Roi le défespoir de tous fes Su-
îets, & à quoi la ruine de l'Etat & la mifere
pourroient les porter; reprefentez lui les dan-»
gers dont lui & V Etat ■ fe trouvent me-
nncés, fi on lailTe le tems à ce malheureux d^
mettre tout en corabuftion. Après donc que vous
«Ares attendri te c««r du Rei , m que yeus mi aurez
fait
6Z
ÙLit comprendi^ la. n^ceflité absolue de penfer à la^
confervation de Sa Perfônne Royale, deSaMaifoii
& de; les i£tats ». faites lui la propofidon d'aller ea
droiture àXopenhague». ou il pourra en toute fureté
fe rendre au château , & faire venir auprès, dé
foi , , deux ou trois perfonnes . de dîrrinftion ,
capables de donner un bon confeil félon l'état des.
chofes & les (;it-con(Vances aduelles , aKn que fi la
nation vouloit fe vanger des offenfes reçues contre
les Auteurs de l'on malheur & de fa mifere, & leur
tenioigt.er fa haine, Sa Majeité tie Hc aucune dé-
marche capable d' avoir de mauvaifes fuite. Je pour-
rois vous nommer ces perfonnes , mais la nation le
liera pour moi j -il faut que ce foie des Perfonnes
qui ont Séance aux Olleges^ a fin auils donnent
des Confrtis conforfties k V état de:i cliofeg. - JVlaiâ
ce île doit être ni — —, ni Monfieur de «
ni ; car (a Nation les abhorre tousau même
de^ré , & parconfeqiient ils gateroient tout.
Ponr r Snoar de Dieu , de votre Roi , de votrot
Patrie, & de vous même, faites bien reflexion à
tout ceci , & ne différez pas plus long teros k fe-r
courir, votre màlheure«ife Patrie. Délivrez l' ^at>
ie Roi & votre tête. Le 19 Septemb. 1771.
Sentence
SENTENCE
PANS LA CAUSE DU GENERAL FISCAL^
COIOME ORDONNÉ ACCUSATEUR
D*UWEFAST
CONTRE LE CÔMTB
ENEVOLD BRANDT
B*AUtKC. MRT.
tt a été manireftement conltaté tant par 1« propre
'*- avea du Comte Brandt, que par la déclaration d#
Jean Frédéric Stru^nfée ci^devant Miniltre du cabinet
& par diverCes circonftances, que 1/? Comte Eiievold
JBrandt n*a pat été feulement l'ame de Struénfée*
maif même fon confident, auquel il a confié ica
plat grands fecrets.
Il attroit' pàrconféquent été dé foh devofr ,
«a* en conlideriition. des bonnes grâces & dé lli
ftminarité dont le Roi l'Iionoroit, il Té fut apli*
àué par toutes les voies imaginables , h' remé-
dier. Il tout ce que, felôn foh propre aveu dahé^
Vinterrogatoire, il a déjà prouvé à i'egard dé là
«dndii'tte, à6^ fentimeni 9t des entréprlfes éû
Sttilefifée: & qu'il a d(ll réconnoifre être iniiâifé»
téméraire, & perni ci eux ufit ptinr !• Roi « lé
Gouvernement , que pour tout le PaYs.
Au lieu de cela, il ft agit êa filjHë<nipabté,
ie en indigne MiniiVre Intime éxi Roi, éH failkfi^
cfiufe commune avec SitwîehSêift en tontiiiiiànt
ë*étrtt fon confident, fie an elicfleliàlit i Ut foa*
tdQir.
n rtft laUtt amploicr par StrUénfét» à éloi*
K suer
64.
gner tout ji^ inonde du Roi , pour que Ta Majef^é
ne* peut rien découvrir de ce qu'il y avoit de très
blaraaùle dans la conduite de Struenfée, & de la
part qu'il y prenoit lui-même.
Il feft comporté avec fierté , & non avec le re>
f{^eA convenable envers fon Roi , & cela tant
en fecret qu'aux yeuz d'un chacun , ce qui a
pénétré les autres fujets de la i^lus vive douleur.
Non feulement il n'a pa« témoigné k fa Ma je*
fté le Roi , la vénération que chacun de fes fujf ts
lui doit , & lui rend de tout fon cœur en toute
occafion par fes paroles & avions , ma» il f 'eft
aucontraire oppofe au Roi, pour ganger & con-
ferver la faveur & les bonnes grâces de Struea-
fée, pour fe procurer pvir (à une fortune exceffi-
▼e , & pour avancer fon propre intérêt.
Son Mémoire qui contient une efpéce de cor-
rerpondoiice entre lui & Struenfée eft une pre-
tive de fes abfurdes prétentions» ^ qu'il recoi»-
iioUVoit fa conduite blâmable envers- le Roi. Par-
ton féquent il auroit dû changer & corriger fa
conduite, & plutôt abandonner un po(te» qui lui
étoit k charge, & auquel il ne fe fentoit pas pro-
pre. Mais non ! il ne voiiloit pas déplaire à fon
Patron & protefteur Struenfée, qui fouhaitoit le
conferver autour & auprès de Roi, pour mieux
parvenir à fes fîns; & dont le duCotute Braiidt
le promettoit plus de profit^ tant à l'yard da
ferviçe qu'à l'égard de l'argent.
Il a , par le moién de fa charge de Direfteur
des Sj'frftacles, aidé Struenfée, à dîvifer la Fa-
mille Royale, en ce qu'i^ a fait en forte qu'on
a donné au Prince Frédéric une loge particulière
dans la Comédie, afin que fon Alteil'e Royale ne
fut point dans une même loge avec le Roi, &
n'eut aucune occapon de découvrir au Roi la con-
duite
"5
t lUtnnlle de Brwidt & de Gm Iniiniè
Il feft fuit donner ei
■F le BoE.
iif.xia Ta Majeflj de oe sraïul pr
lie pas ia loiiime que stnienf
mettre . fans duute parce t\i'
l'illult |)HS bien . Se que Stiuenf
<ii , de {leur que le Roi ne prit p
« Cointe Bratidt C'eft retidu coupable de (o
quoique Ta conrciance dut lui tiprochec
^nc, qu'il agilToit en Tujet InRdjIe & ïoni
e les abligEUioui tout» particulietei que lagi
: conBauce du Roi lui impolbit . & quoique I
forie "i i'
fam en mime temt ce qu'il devoit hiie, l'il :
Touloit pu f'expoferli perdre la léte.
Il ne Te iainbit conduire iciUrigerqae par l'c
Si cFïminel que bit tout ce qui vient d'être i
légué , ce n'ell cependant rien en tompataifan i
crime que le T-omie Eneïold Bnindt a commli co
tce Ta Majeltâ le Roi, en mallraltati U perfon
facrée, ainfi qu'il l'a coOTerrd lui-même diltinR
roenc & avec ordre dini Ton intetrogato'tte par d
nnt la commilTion. (i que celt a dlé prouvé
mnSimS par divni lAnoini. Cu on peut le en
Ea
^4
gner tout }e monde du Roi, pour que
ne* peut rien découvrir de ce qu'il y a
blaniajle danâ la conduite de Struenfée
part qu'il y prenoit lui-même.
Il feft comporté avec fierté , & non
ffJeA convenable* envers fon Roi , &
en fecrçt qu'aux yeuz d*un chacun ,
pénétré les autres fujets de la plus viv
Non feulement il n*a pa« témoigné ^
fté le Roi , la vénération que chacun dei
lui doit , & lui rend de toiit (bn cœuiY
occafion par fes jparoles & actions , ma}
aucontraire oppofe au Roi, pour gange-
ferver la faveur & les bonnes grâces da
fée, pour fe procurer par ià une fortuno
Te , & pour avancer fon propre intérêt,
San Mémoire qui contient une efpéc^
refpondoiice entre lui &, Struenfée ait t
tive de fes abfurdes prétentions, & qu'f
iioiflbit fa conduite blâmable envers le Rc
cunféquent il auroit dû changer & co
conduite, & plutôt abandonner un pol^e,
étuie k charge, & auquel il ne fe fentoit
pre. Mais non ! il ne voulott pas dépla*
Patron & protefteur Struenfée, qui foui-
conferver autour & auprès de Roi, pou.
parvenir à fes fins; & dont le du Comte
fe promettoit plus de profit^ tant k l'c
ferviçe qu'à l'égard de l'argent.
Il a , par le moién de fa charge de C
des Spr^âacles, aidé Struenfée, à divifer
mille Royale, en ce qu'i^ a fait en forft
a donné au Prince Frédéric une loge pàri
dans la Comédie, aiin que Çoïï Alted'e Rff
fut point dans une même loge avec le
n'eut aucune occasion de découvrir au Roi
xd\
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f»
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1 Wi**-*"'^'""
iHisïi piiri^i ^ n
né, ce ■*<( x^m s-kib^i^.
6i
Vans la Commifllon au Château de Chridiansbourc
. le 25. Avril 17712.
ff. R. ffuel K'Hnd, G, A, Braem. H. Stampê'
(L. S.) (L. S) (L. S.)^
Luxdorph, A. G. Carjlens. Rofot Anefur
(L. S ) (L. S.) (L. S.)
X E' K. SchmidL F. C. Seud, O Guldhtrg,
(L. S ) (L. S.) (L. S.)
ShH l'Approbation du Roi,
jUous avons en tout aprouvé par celle - ci, la fen-
^^ tence ci - defl'us , prononcée parj ia Commiffion
d' inqiiilition que Nous avons ordonnée, ati
Château de • Cbrilliansbourg , contre Snem>ld
Brandt « au fujet de fon abominable & témé-
raire eutreprife contre Nous, & de l'on attaiitat con-^
tre Notre Perfonne, laquelle ponte, qu'il peredre fon
honneur, fa vie & fes biens; qu'il fera dégradé de
fa dignité de Comte » & de toutes celles qui lui
ont é\fî concédées ; que fes Armes de Comte feront
rompues par le Boureau au lieu^u fuplice ; qu'en
faite on lui coupera premièrement la mtiin droite, fiç
enfuite la tête, étant encore vivant ; que le Corp«
fera ecartelé & mis fur la roue ; mais que la tête 9g.
la main feront plantées fur un pieu. SurquoI ceux
b qui il apartiendra devront fe régler en toute
foumiffion. Donné à Notre château d£ Chri(tUuis>
liourg, le 27 Avril 1772.
«
Chrétien;
O. Tott.
Luxdarph, A. Schutnachtr»
Bons Hoytr» . . '
' V
Refolution du Roi , tpachant roprohation de la
fentênce contre Entvold Brandt.
/
\
l
J^\
I
i
CO N V E RSION
DO COMTE
JEAN FREDERIC STRUENSÉE
Cl-D&VANT MINISTRE PRIvi DU CABINET DE SA
MAJESTE LE SOI DB DAMNEHARC
ÏDILIEfAà
BALTHASAR I^NTER
MCnOB IM TUMLOQll.
■■ NOUVELLE EDITION CORRIGEE AVEC LES RE-
MARQUES D'UN AMI DE LA VERITE.
1773.
0. _ HE-.. 'ORi<^^
"O,
<TY
.^^*'
J-
, -1
I
. Av^tfbçropos.
aienfc lîeu de {e glorîfiel?* |^ eft trop
bkn prouvée pottf avoir .^efoin dej
cette preuwij & tout Gfarêtien qui.
connoît ia RéUgioni ti'otrye^n elle
même des motifs breti" jlusjTuiflanjJi
' • '. . . y
pqut felTentir \m noble .co&ti^fit«Ékétit
d'en profefler la félicité & la fagefle.
Cependant il me paroit être certain^
que la vér^é -a metveiUeiif^jpçnt tri-
omphé fur Terreur^ dans Tame de
r homme dont je raporte ici la Certr-
verfîon, . &celâ •par des •a^mes ^ qui l»p ;
permettent pas de, douter 4^^ la 'Vifr»'
toire.en»eft- entièrement décidée., C&
doit, ê^re, un , motif • de • Joi^ Ppiit;
tout boa,Çhr$ti^n, .f^ue -^5^011 ^yt^
■m
«. r
^"^ pi m peçrt cpnviûiicrç t . c^f les An* :
^ ^ i^s fe rejp,uï0>pt d? j:Ii*qu« p^çjieuiî ;
« ■
ir =-. J*4 trouvé quôutjté: de jrmCons-
-7 - éa çh«iig(ywj&t.ftlytàirè iie. ce m4-^
^_rr1ieurçùx, . *-•• Pourjiuûl ne fcroîs-]e -
j:t ^pds part de . la joie que j'en ai r^ffenr .
- :tlè I à des. Jdiitres qui fecolit oh^rtués
:3 '4' aprendre Je bonlienf 4' une ame
- ' ftttVée? «-ï^ Cet homfne a fait bQau-
_^ cojup de bruit dftn^ le monde; Tput
. .ce qu'on écrit de lui fe lit avjçc. avid^ir
- ' ti^^.&, .qQifttit.fi ce,recitn^:ferapas
• »
' . . * A } lu
f
Amti notre bujt:» ^ans cbiiqi]i^«i^Mbi>
tien q9è f ai eu ayec Imi & c'eft alofi
qw jç. croi^Je mkiu^ rénflir i décri*
fe le* plus diftmftenieatf & 'probable»
tueîït .la. foke de- f^ çouverfion, ; Je
me fuis > cbaqQeiois très folgneufe-
ment préparera ce que je comptais
delmpropofefi parcje ^ye jeuecroioki
pas^qu'U-me. vfiit. permis' de lui dife
indiféremroect ^ toat^ce qui pourrcdt
me venir à refprit, JT ai première-
ment bien examiné ^ jm par écrit
tout-çe qni cowenoit dç/fWrt, & je
fittsr par çQnféqnç«t' a^^eç certitude CQ
«(ne j'ai dit,^ i Dès quej'étQis.deretopi^
de cbéâ luit je n^al pas* manqué d^
, ^ mar«
««arquer toutes fes raifons dans mon
jparnal,, & quaDârmèm» il m^feroit
écbapé bien dfis chofe^t je Ms pcr»
. ftiàdé qw ç- eft lui qui parle eu pro-
pre termes là » où je le.iki$ parler.
-, Je raporte^ quelque fols de« mi'*
mrtlest Maîs-des' Leàeurs reflecbif-
feots déccmvrent Couvent, ,par kt
i.
|>lus^ pe^ts traits» le carâftère de la
perfouue dout il eftqueftiou , &alor«
ce ne. font plus dea minuties, • Je par-.
';tequelque,faispluaf plus eu apareuoe
,ffte Je i>'auroîs dû felre ; tuaî^ il faut
que .je trace^ = préciféujeut le ^djémiu
A 5 ^w
Avanfepropo*,
qu» j^ai fnivi avec loi, il faut que }t
montre les fdrte» dip jepré&Qtâtiotui 9
qxii ont le pins oporé êa luu Le
Lefteur trouvera fouvent deg vnider
apercevi|bl«s , & il m ponrrn pa^
comprendre comment cet homme a
po parvenir ii ftibitementy & fiuia
qn^on en dife la cànfe» i la connolCi
fance & à la perfnâfion de telle ou
telle vérité. Mais il ne fant pas qu«
blier 9 gu^ il n* a pas discontimié de liref
avec méditation I pendant mon abfen-
f e ; qw par les li^es que je Ini^
dcmnéa & dont il eft &it mention dans
eet ouvrage, jeTaipréparé«;detem«
à «itrkt i ce qui devoit fuivre^ te
que
' ' >
.|tie ces livres ont plud éclairé foa
wi^i en moins 4'un mois» qno d#
^ .fimples ^ntfQtieiiis n'auroîent pu ope«
fer «n dowie, C eft vers la fin «fo
ma relation que je le fais le plus par-
1er, & ç*étoit pendantlesjoBrs, dont?
je raporte les faits, qu*il parloitp^ù»
, que moi. Je reoueillois alors avea
plaiilr les frsits de mes peines , & je
fendois grâces à Oien de ce que la fe«
tnence, qu*il m'a voit £fdt répandre «
avolt trouvé un bon terr^n. Mes
l.06i:eurs aimeront aniH mlens^ Pexn
tendre, dans lèa derniers jours de U
viei i^m de m^entendre moi mênie^
m
I \
. J*p V9tpotté là PÙ il en ét^ q^ô;-
. ftiQîi» ceqpi ô d0imélieu àterel^tiqa
écrite de la propre xmm in Comtû. '
Struètifée. L'ii-t-U écrite lui mêmiç?'
Sa maîn eft aflesf connuedftos l^ Dai»*
Rfm»rGi le papier dont iK'e.ftfervi lui
%4té donné pour cçt eêet, pîtrjfes Ju*
ge3, -&.phaque fepille a été .i\Qtî fe»*
kniènt numérotée, ai^$ lauiH ûgnéo
paç la Jufticeî Pejffonoc ne pouvoît
Jps avoir çtitre 1^ maing & eu fi^lr^
/.U%ej que lui, t- Lui aumia^je peut- .
être difté i^ oônfcenp ? On peut prou*
yer ^veç tonte la. certîtujje déflrftblç,
que^c'.eft pendant Paon abfeççe qp^il
a rempli de fon écriture toutes les
feuilles
'/
IbuSHes in&rquéeâ deielle -et telle ma4
ilîère^ & qu^ou lui a âoâàée^ » pièiîd
p^ pièce i eu lui m faifâht fètidfô
'con^ J^ meiUfé qu'il le& re^ddit.'
p»*-Maîi Vimptipoà des feuilles dtl
ta^moîre^ dont je fai^ part ici,, eft^il
îpUii & coiifoi*me à Todgiuâl ? Ceux,
àul éd.' d0titent.tfouvero!it chés moi-
X^oij^ifiâlv qu'ils pourront empôrteiS
&;|$ACder Atâaut qu'il ferâ^ uécefîaipe
pouJT le comparer avec la copie* r «m%
|e fuiâ furprls mol^uième^ de ce que
je prens tant de peine -pour, prouver
isj^j0:CmB %bïiAttt(^ %^miieA Mm
jsJiîâ.ljBrpeu ieM q^è ceux làajôu-
jte de la cônverfiou â'tm d^rit Sàrt#
dont il a abandonné, le paftu C^
fii^eft que lburberiô.tiifelit-il8» ^ Mais
C^eft ce qu*ils ne diftmt jiasihr c#
fujet-d» Je fupofe qu* ils veuillent &
qu'ils puiflwt ibuténir que Struenf^
eft devenu Chrkieit par pokrou&eriè»
^u'il a pendu Tei^rît» que je Tai
étxmrdi par mes déclatuatiotis &c^
Ms auront k.li}»rté de juger à |çtt
ftotaifie»
n ne p9Uft){tra dei^ du Wmokii
de Struenfëe > i)|ié ce qu^ U 4 r^eièhii
lui mémci fiur fon préciêdent iiÂèiâe^ ^
dt
Avant-propos.
-êtmtme qp:e ftir la réli^on» êeee
*4Ui Pa porté i quitter l^mi & à fatta-
4her A P atttf«« Oh ne C attendra paa
«t voir h jttftetfe des idées & dei
^preiSoM dans 1^ ouvrage d*utt hom^
ftoe, qui Va étudié la religion que
pendant I a peu près» deuxmoia^ qui
y a fort peu penfé jusques là| &
^ n*en a jamms fait mention par
écrit Je fupôfe cependant» que cet*
fe jûftdTe ne fe trouve pas toujourat
■H
im point du tout^ felpèrequ^ aucun
-Chrééien » qui doit juger cluirita*
ISement» ne V àcûfera de V héréfie
q[uMi n*a Jamaia connue & dont tt
^ignoroit même le nom. Je me
B ftit*
/
J
I
Avant-propos-
flatç qu' il ne reftera point de. ioft*
te à l*cgard de la qùeftion prmcip%*
ie , favolr qu' il eft fortî du monde
en fe confiant à la grâce de Dîett^
m
par Jéfus Chrift, & av^p autTatitd'^.-
mandement de cœXiT,^ qu'il .a été
poffible d'opérer en, û,peu detems^
fans ..miracles. *— Toutefois., il
m' eft à peîne permis de juger
de. cette converfiap* Le défir de
la voir crue fincère de tonl le
monde, m' înterefle trop ,' pour
me crpiie à l'abri du dangef
de nje tromper» J'csn ai ' duê%
ment ragorté Thiftoire: «que des
Chrétiens fenfés en . . jugent , car
leur
i ^
F
(
AVànt-proposi
tlÉr' jugement fera certainement fb*
7e te Mi f •' îl eft encore . n^
^àiré» que je déclare» qu'en faî»
fint'%e reéttV- je fuis auffi éloigna
de rendre odieufe la mémoire de
r homme dont je parle» que d^en
Caire une apologiiey ; Ceux qui ont
l les plua^|ufl:es r^^ns d'être' pre»
venus contre lui»' à csmfe de fes
crimes ,-" dont je le» fe& :^reffouve*
nîf en partie , trouveront- eux mè-
mes» qu'il eft ju&e 4e lui p^dôn<*
mer & -d'avoir pitié de fon ancien
*^- B 1 aveugle-
. avenglfiWQt ! Ce»< qui ^ov^^ï'
que Ta conduite ft été boonç ^
chrétienne dans les dérotera tenu d*
fft vie, n'oublieront pas pour ce!i*
« qu'il itoH ci-dpv8St» {t «onw
Ijien il a travaillé 4 ft frip'nt OM^
in Ainfft*. Çpii«iha(ri^ J», ^20^ .
Jujn-I77;t.
RïligldR ni )ieti.
_, : S!
prendra pOBr Irl & Iba
» B - «xem-
ft) V ifMrt * b Mxarrlfim A CiMtt Stnun-
fli ittitptalitê S tijuUii quant à a tui pràt
lin tacmi par iéi Rommu. d rainanfiqtwtt
ThaMUti fi Ui foha. an digm Jatair M
twtf tUfietn, Unit (fmtoM •pini tt/affuin.
il muiftr» p trmU i» marqaiTaetnfltxi^m,
(
•xerepte, d» .mêm» t(n9 pluflclnr» dtflpolltioi»
{aibliques, joint au . changement de ^certaine»
oix» dont le but eiï tle reprimer le vice & Tes
désordre^ des moçûrif paroiiTent être des preu-
ves inconteftables , qu'ion ne f'eft pas troiup4$
dans le jugenaent qu'on faifoit de fa reiigiorv
Ceux qiii jugeoientr le plus éèuitablement, te pre«
noient pour un honime vpiage « actonné aux
pîaifirs & à l' ambition , qui pourrolt bien revenir
de Ton erreur. Mais tous esnx qui en jugeoiené
iainement , convenoient , que tant que i' admi-
Siiftration des affaires publiques feroient entre fet
nains, la religion auroit tout le tort à craindre*
qu'an homnoe puifle lui faire» & que les œo^urv
des ;
dont ta j^émiêr» efl, qtêê nons, crohnSr 4^
- tfiênie que plufisurs amis de la rdi^on^ d»
trouver trop ctitfageffë humains trop peu de
<Uvin0\ dfitns cette manière de eoiwertir^ ttg
eoMno» fiance naturelle de Cien Hoit . fans (on*
iredit^4e fnoien te plus propre d préparer cet
efprit rempli de doutes c# de pi'éju^és^ aW9
vérités reveUèsitnci^s tt'Jh péU^,' qu*tt/^ej9
trop long tems arrêté dans A^ voie Hf^iu* U
négligé le tems Éf le. foin nkajjtçkire pour par-*
venir à /on bm, 4 V éga/rà de la foi. \lnmé^
tode dontfefert MonÇtenr le Prévôt Hêe^ pàwr
towfertir ie Comte Brandy n' efi 4 I» vJHté
ftas â philojophe, mais d'mtant plus tééhfri-»
que. C* efi. V écriture fàinte qui parte^v.ec ^ien
plus de force t que les démotiflrations htâté"
watiques. La vérité fegliffe d' elin même daaà
h cœur du LeHettr^ pur la vertu 6? la fimpll^
cité divine^ qui lui efl propre. — ^ueii effets
nutlbeuYeux ^ tie/eiotentpiascesrctpcrtS', (Ça^-
leurs fi utiles y fur un Lefftêur^ quiptv»droi$
du. goUt à une préparation phiiofophec^woi'tf
La certitude opérée par la foi ^ n*efi jamais fii
bim reçue de notre nature ^ q^nt^ la (owfâfioii
des rayons plùlofophiques» .
icpurroieat grand risque dt tomber 4an^ In UilTo*
lution ^ h liber^nnge. . -
f
C'cft pourquoi quantité de tr^» braves gens,
é'aïUeufS incapables de Te rqjouïr du nwllieiir
d'autruU ont pris le i? me Janvier, jour de )»
cWte du Cfimt^ Struçnffcç, pour le plus bènu
de leur vie. ' Ils trouvofei,»* qi^e les ^r.»î!ts-d« la
vertu & de la piété étoient à l'abri du dengçr.
dpnt ils paroilTôlént Ôtre menacés, &c c'ef^ par
une fuite naturelle , qu' ils esperoient de voir bi- *
èntôt rétablir <k afl'ermir, la bortne foi, l'aaivit»
«ç.l',abondau<!f. î tar ces av^jntage? av(^ent.a!^'
ébranlée & étolerit fur le polut de' difparoître.
Quant à r homme , dont on n' avoit plu« rien h
c^ini^ç» 8f dîj/ort malheurçnx duquel il (-toit
facile dejnger , ils lui fouiiaitoient la reconnoiftan-
i# dé fes erreurs' & de fe* forfaits k «nfuitp le
l>firdoti d0ia jui^c9 diyinç.
• > '
1«or6qu*on eut découvert par les informations
lOdiciaires ordonnées pour examiner fa conduite,
que *e» Wx «^détnanderoient fa viev comme un
fecrifice dit' à la jullice, il me parvint un ordr*:-
éi\ Roi , qui «^e chargea de l'aller voir dasii •
fa prifoti , « d*-q^oir foin du falut de fon «me. Jp
né connoiflbis aucunement cet homme, & il iguo-
roit qui j*étois »• nos principee & nos fentimen»
éf»iem vraH'emblabletnesrt fpïtdiféreus; U falpjc
me ie m'attende k itne grande méfiance de fa
rt « c«U limplement par raport à ma charge
à ïne» fenftions, comme j'avoîs autli raifon de
me métier de lui. Mais ofant efjierer que tout,
it mônie- la converfation d'un Ecclelialliqne, lui
acviendfoit fuportable dans (a foUtude, & feutant
«feu 1» comyaifij?» que j'avçift ,de Iw». pour.vou-
'
loir préfwW Mftl I p i i po , km ^rlt;>tr1lè%
oleni reprochea, contre moi &mon deGfein, m
enfin lOfant apriî de plufieurg de (98 anciennes cou» ;
noifiances, qu*il étoit fincdr^ de dan» un certalii
H^nt, fans diSguifementv }e crus qae i'^HaMlfle»
tnent néceflTalre à l'avam^ment du bat que j«
«l'étots propofé, ne feroit pas impofllble. OiÊk
éàn% cette efpérance que je fif ma première vl« •
dfee , & je rends grâces à Dieu de ce' qu* il a liU *
•a voulu bénir les foios quo f ai prii pWtt It AM ^
4« C9 pim?re «laUMOnox, .
Premier entreliçn le i* dé Mars 177^
ponr le prtffent, te n' avols encore annirteatitli
♦ vue que t^lle d*éubl!r en quelque forte, la
confiance qui devoit régner parmi nous* de M
rendre Important le fujetderaa vilîte, &d*apreit«'
dre le liftéme de (à reUgiooi 4'«UleqriroGtfl-
«n ('en préfentoit (3)
L*orsqtt*on Inl dit, ^oe je fouballoif d« Idl
farler , il T informa. Si y avois ordre de le venir vAit «
t allant apris qu'oui« il y ae^uiefça. Il me reçut
crée wi «ir (pmbR é mt to pciîure d'onliom*
(3) C$ qu» M<mfUmlê D* M. nfiUi Uê* gem snh <
tant di pénitratitm qm S HaHmi, sfimOn^ >
metU conformé à Ut Tagtfft pafhrt^t^ llfmi/k
qui'U MédkM àê t^mê Undiê frn maMê%
êomm§ ftkii du corps y y éftCUtéthii cFêquê* •
fir fur tQitt0 (k9fit /d cùnfimuê. U ^ kh^
M« & hors dcf jfkffMf d9 mmmwctr mu <fi^<
fiuHion pméti rtptwktê lé§tiU m.^Êm ^
pvrtiuuitt.
-ji
tut qui le "^f^êpÊté k enlitiMH, iitk^'H^ nmm
Hlçnce! dewéprU , une tpiAntitë ^e vioteni fe^jroche*.
Nous étionf feuls ;' 9i je fbi^ extrêmement touchî-
, k la Tut» de hi niKâte de cef homme, utii |jeu é$
femAinef «nparavant étort te: premier et le plfif
fmilTant de tau» lésAijets du Roi;/ 'il (|k* <toit lia*
BofSble de oicher ce <]ue je fent6}ff, ^ je ne It
fbnhaitois pas non pins. MbfiAenï' le Comte, tul
dis -je, q[iie je fais pénétré de douleul en voui'
•procbant Je fais & je reiTet», ce uue je doit
à un malhenreux, qoe le bon Oieii n'a certaine >
' ment pas fait naître pour un tel nvaltietir. . je Joui»/
liaite K>rt que mes vi|}tes vous fokent' agrdablès U'
utiles. C*eft ici uu'il quita fa polture «feâ^e; il
montra une férénité dans fan vifagei U me pté-
fenta la main Qc me rendit Mces de hi.ywrtqne
je'preitois à (à defUnée. (3) je lui dU, en conli*.
Huant, nos entretiens pourront à 4a vérité, notti
rébuter quelques fett 1* un Ir l'autre. Mais je
TOUS protefte eue je vous dirai les vérités afiigeantea,
tue je croirai être obligé de veus dire, fans ai^eur
t fans me prévaloir de votre malheurcufe btua*
tion. Jç ftls qa' il ne m' e(^ pu permis de vous
•fliger faiis néceffité. SùlM en.pesfuadés je. voue
protefle, que je vous dis la vérité, U je fupafi»
qu'il m'écbape quélqfuefbîs dans uof «nuretieue
tm mot, qulpuiffe vbuaàrenfer, foies a(ruré« qu*
«e fera contre mon déffein, &excufiss, encecaa-
\h , ma précipitation. C eft là dtffue qu' Il me dit, ^
svec une mine' fie* une coutemmce, qui ne m»»
parolifolt pas troj^ flivorable? Oh^ reiu pvmfêsét**
!•
»f
(S) Ciil promfê eue k 40mr é» m
il^oif fimf égèin 0IM ptmwds ^ qn'U rwièm
$lé fin fimtuismê la! éf ffijugis dflaflUeité,
iMfiHMtML Quitté tipuamitÊ m'àuaU-U pdi
^
r
t. Je. ne vo«| dirai certafn«j^çni».„Mwilîçuf >.
Cpmte* que ce que mon déiir aident, deconttî*.
^uer » auuDt qu* il dépendra de tnol , à T avance*
ment de votre, amendement & du £4,1 ut dç votre ame».
me, fera paroître nételTaiw:.' Je ferois bien âife de '
vous rendre attentif à la moralité de votre état'
&.au< raifort que vous avés avec Dieu. Vousn»
ppUvé» pas favoir, comment votre forç fera décidé»
dans ce tODodè. & le cbriltianisme quçj^çnfeïgne
& que je crois,, me fa»t un devoir de tbutaitcr.
qite vou$ puilBée jouir du bonheur éternel. . En*
vifagés mes vHites fit .tous mes entretiens de c0
coté là, û vous ne lès trouvères pas blâmables »
«Il moins, félon mes principes, H l'égard du del*
feij> que vous «vés formé. J'aurois eu plus d'un
uretexte pour me f^re dlspemer de l'ordre qui me .'
tait venir icL Ma« refpérance de vous çonfolof
dans votre malheur h ^e vous aiTifter de mes con^ -
fcils, pour vous eo faire éviter un plus grand ," m>i ,
paru d'une. trftp grande importance. Au moins '
n'allés pas croire que j'y l'ois porté pard'autrfs'
▼«es. Il n'y a point d"^ avantage à. attendre de cet .
«Ovrage, & quant V l'honneur. — Cependant,
oui, il vous le voulés , c*eft« fans doute, un hou. >
«ur, d'être J'inftrument de la main de 4)ieu, '
pour l'avancement cie Ja félicité d* un pauvre uaaU '
lieureux. Mais^jugés auS\ des pemes, qui y font
attacbôef & combien ie crow être refponikble de^ ,
▼ant Dieu, fi par ma faute; ou par ma précipitati« -,
«HT, ou aufli pRf.le manque de la coanoilTance né^ -
eefîairevtja^et/ihin^.ii'avjDient point de-fuccétr four
fcaitable, à l'égard de votçe pçrÇonnev Jugés .4 .>
quel terrible relTentiment je ra' expofe,' en cas qiie J
votre procès fe termine audi malhetireufement, '
q«e vous avés lien de I9 d^indre. I>^e m' avouerez
vous pas que .ce n*e(t pas pour l'amour de moi, .
mais dans le deflein de me rendre utile, que je
vst rends auprès- de vous. - Ceft là deÂiS ^a^U
ni'avou^ deux fois, quMl étoU convainctt, que je
<^ifeis tout pour foD bitD. ^ : > >. .
■-• » - *■. - ». , , . • . .
I
V
l
• 'S vbni enfêées €oi!Vàliic¥t^eQifMfraots*je', tiveç
•trarfrport^, accordé» ihoi la confiance, <|ue voiif
.Ijç fauriâs refufer avec, juftice, k celui qui fail
, tout poitt votre biçn. Je le reconnoitrai avec l'amU
tié la plus reconn.Q.iiVante ♦ ^uand fn6me.v«»s m^
■prendri^s; encore pour wn hooime foi bip ix cempli
.4e préjugea , je ne me lafTerai jamais dt cette «raitjé» ,
& <3tant le reul araj qiM^ vous ait;» ici bas &^dupr
.fou» attendre» cçrtaintjment de la confalation , et
fera jtuqu* à Ma .dernière extrémité que je tricherai
de me rendre utile puur votfe repos. U» doffu»
Il me regarda fixement 4c il me fembloit 4]u' il
nvoit les larnies aux yeux « «n 4iie preflaht in
lliaia«'- , . » . 1
te volant toucha* je cfuS devoir profiter df
•e ttioroen«, Amft je lui dis, fi voii» voulés vdui
nendre capable de la confolation, que je croïi
pouvoir vous pif6nâettre, comme la feule véfitebtr;
n- fau^ bien voas garder de ne pa» vous avlfer dQ
ïa fatale penfée, dç vouloir mourir en hero» pbtfo«
jbphei ce qui vous feroit -bien dificilç h faira jusqu'à
^a fin. 'Je fupofe même que vous puilîîds feîndr*
* de l'être-, votre coilrage ne manquera fOrement
pas de vous abandonuér. La fermeté 5t, la tran-
Iquilité ci' efprit,' Il l* beurç de la mort, ne fwit cer-
tainement" que riiôrîtage .4* une bonne couCcience,
fl me répondît , que jusqù' h cette heure il avoife
toujours été f^rme. daî^s ce qiiî lui ét,oir arrivé ,
& que conformément à fon caraftère,' Il rie pour-
roîipas mourir hypocrite. ' V byp*cri<)e» Jui dis- je,
•ft>oit alorrf pire mt*^\mc. fermeté afeftée , 'quoîqi^eU
le folt aufli une erpéce d' hy pocrifie , qu' i^ ne C agif-
(bit aufli pas d* hypocrlfiê , mats que ce que je lui
* demandons étoft, que fa fortie du monde, foit ac-
compagnée de la crainte de Oîeu, du reflenfciment
'de l'éternité, dont il f * aprocWt , & de la re-.
CQnnoirfance de t^n tort i (4} qu* alor^ \\ (feroît en étaft
r • ' . '.*' ' : ' ' ^^
. l
4e ^iOirU'imarm 1^UWt>KillkmHw Itftfbnrct
4e IfquHIe }6 tiichôis <ie U cotrduhv» qtf au iieMi
rîe ptloîS d«f ftc fe pas trop fier , en ce Gi»«ci*t
la feriïieèé ^u' il croio:t stirolr prottv<îe en d' autriM
•calid»sj pui»q«*ii ne- potivoie pas comparer U<i
ftiéme les revers qui lut étoieni arrivés < tk qnf
eohfiftoient peut-être en rn^fadte, ou ea hMTigeit**
î:e, avec ce qiilPaltendoit. Erifin je lui dis^ qu'il
9brmort peHt«*tre des éfp^ran^f , FJon^re) ondle^Ht
je n* en forme «tictine ] Voue n* envifagés au iïK>im
|»ai» la mort d» pré#. Vous {î# favé» pas encer*
♦ijés fi<ef vôite ternie; (5) V6^rtr^)ourfiôstfvoitent:<i-
■te quêf^nes mAi de repî^v Ç'eil Ici «fue je le pjfls
car la main* en ditant* mais ii ]*avoîs 6rdi?#,
MenOeor le Comte ^e vous annoncer que te ter«
me de votre mort eft fixé i aujourd'hui ou de-'
IdaiR • ne jpérdftés^ vous pus courage? m C'Vfï'Ce
^ùe je ne fais pas, repliquii^MK -«Mafs que fer^l
viH« continftoi8«Je , alors vôtre fermeté imaginai*
«e yeva «bandonaoU^ ^. qt^ji fu^ trop tard peut
,' ' ' demaii»
' 4
^' â ta twfotation 4ui vitiH fb U réconati^
iUioH d» notre fauvtrur 1 c' «fi pùttrqHài noùi
' aurions /ouhMii qn' tt m nU/kH fhmiion lef, '
. If pùuftoU f« U'UtiOet (tes lemurs càyaMus àt
fa former lù fauffes idées ^ comme Slrwnfi$
peut les avaixffuti MeH4f»ot MwtfieHr Munt^ir
tpàfe CHU ferm^U (hr^^ierm 4 e¥ HéroïstHê
(5) (Qk^fi^ U pr^vidme affês mpUié des wih
iadies a la mendicité propre d cnrriger tm
cœur naié Âaw ks pkâprs , ^ôwme dts mt^ms
i itmendemtnt , h pécheur infUMble p^ruieni
fouvent à fcn htt pert/^s* V autorité & ùs
ri^futffes lui font données lians la colère & U
ju^ce dé Dieufe glorifie en Im dansfon cottr-,
fonx, La mort mêtne ne leti parait pas encù^
rs afés ^pomvantab}»> mais c*M tout autr§
. €h^€4faétfriippermiif4êt«in,imé9f^hi
épuifi4iir lé Hwyfr il» rffe<»m» ft ^ tacviifoUli
c0itfAgdl ilf« tdté
! Voi» vofét donc, rfprîsrjt, qut If 4el&i|^
|jt noi entretiens eft trév imtportant & qii* ii mtf-
f^te votre attention. Je ne cherdie qu'à vo4l
Préparer k f* entrée que vous allés peut-éere bien»
{0t faire dani l' éternité > pourvous la faire faire a ve<
^e entidre confiance» Je pr^fume* à U vérité»
,4f}\t noul ne ferons pas de mérae fentiment » paf
t^rt k t*état de t* homme après la mort. Mali
lliioiqve vous vous ^\ù9 peut*étre perl\iadé jus*
nu' k cette heure ^ qu'il n'y • point de vie ëtef»
p^lle & qu'il n'y R, par eoni!iéquene> ni recvni*
fiènfe ni ppnition à attendre, vous n' àvés ceN
(iinemçnt pftt pu vous en eonvalncre. Votre fen»
Ëment intérieur f'y fera opofé une infinité dt
fois. L' éternité vous aura fouvent fait fréUiir,
4|uoîque mefheureufemenjt vont aTés ou étrealfâi
tiablte pour étoùfér chaque fois ces lenttmens, à
leur naifllince. .Pu moins vous ne prooverés jt*
tt m*écoiit0}t fort «ttentiv^mott^ ttii^i it mt
%DUtoit pas m* avouer, qu'if avoit eu des reffentî*
fmi de l'éternité, ft qu'il en avott eu peur. U
jÉit que cela pou voit bien être, mais qu* it ne f'cA
■Duvenoit pas, ^ ajouta, que la penfée, qu'il aU
loit bienttt eeiTer d'être, ne lui étoit, fans doute,
aucunement agréable, quMl en avotc peur St qu' Ii
fbubaitoit de vivre 9c i]Uand ce feroit mômedana
one f^cité bien inférieure k celle de fa prifon.
Mais du* il ne pouvoir pas dire non dlu« , ^e l' ab»
l»Btt cluf «n(i4r«wnt an^ti m{o\t $m ^po<v>
'ViM^
y
Hïf
to
timént l* avoieat trouvé* (6> ' . *
|b6timént'
Je fepns le Ot é^ tidtre etitfetien * èn<Ii£itit«
H faut maintehatit que vous càx\cé6\éé au ihoins U
^ofllbilUé d'une vie après la mort, .& elle eft hUjS
vraifemblable , que ton impofljbilité » que voui
croies, peut-être, fans pouvoir la ^roUvef^ Je
f)oiirrols vous en faire voir la ftiprérae vrilfettiblanA
Ce,. qui e(l presque indubitable, eh ces fortes <J|t-
'cbofes, par la fimple raifort; Mais celîi tic conve*'
fiant pas k mon deiïeîn d'aujourd'hui,, il feroît ftiJ.
perflu de le faire. Je ne flipoferai que la pyre»'
poiTibillt^. quevoUsneTaurifci nief. Mats qtiand it
11* y auroît que cela. Il fautqu'U voUs fbit imjjor--
tant de favoir bientôt, ce qui pourrolt vous arrivée
dans cette éternité poffible , afin qu* eh cas qii* ùit-
trifte iPTt vouf y àu^nde». vous puiffiéi emploie^-
. le***
(6) /{ wMstmhle ^fiHlaufiU M toMen^Uik'
joindre 4 la doëtnHi% de lafortitd» cenioHde^
(elle du la somfiience ^ ât t fxiflanct d* Un ^ê
toitt-puijfitnt t it i^attmtidfÊM9'VU iternO*
• le H^e., r~ Dnef^riis forts t êowpdgniiftti dt-^tni*
tnfée^ irottvant quâ la pmfév de V itn\iflr mti^
anitffemeftt Huit acomjyagnêê d^ une terreUr vi^
< fiblè. il faut vtaifemblablemwt que V extrftHé
dijlraetitm ^ l'ivr^e tnoraUde Strwmfée^ aie
, .été ia caufe de l' injenfibilité ^ du preffe^Uintenê
de fon ante.. Il efl ffitoiabU 4U Voir te fotiê
^' il prend pour Je tacfier à .tut wêrnt , let
. vrais Mfiuvemnns de la , nature d» fpn efprit
• égarés m préférant Idciwpent la conferyatioit .
de fa vie^daHS ttnétat moins heures j Â**fiJ^f^^
^ ^4m où ilje trouuoit a^U9Uement$'4 joH tntUf
\ '-
ït
4>oUr l« «Utottraer^ C7) V . » :• ^.- »
11 avoua. que cette cotictufîon ëtoît luf^e« &
•^tf en <;irs quHl y eut une éiernîté, iJ étoït ob^
ligë;& fe la rendre hçiç-euCei.oU' anmoitiâfupoH»
table. "Mais, ajouta-t-ll , vous aurés de In peii
tté, h me faire croire qu' il y aura upe vie éterneU
le, ,Vorts pourrés peut-être convailhcre mon efpric
.4f m'alegi^r dés preuve»» «uk quelles jte ne ferai
pas en état de repondre. Mais je crain»- que màfi
tmnr n'y prenne point d^ part. Mes fentinièn*
opofés fe font fi fort itnprimés dan3 mon efprit, y sa
«(femblé tan^ de raifons S{ fait umt de remarque*
"ilans l'anatomie & dans la |ihllique , pour .le«
confirmer, qu'il me pafoit être irapoffible de le«
quitter. Cependant je vous- promets, que je né
m'opoferfti non feulement pas mftitcîeufement au?è
foins que vous prenés à m' éclairer, mais qu'é j«
vot» preHetdraî même , le plus ou' il me fera pof;
fible. Je ne diflitmtiêrai ]^« &<> je vous dirai ton*
Jours iîncérement ce dont je fuis -^nvainAi, tt
de ce que je ne fuis pas. Je vous- parlerai k cœur
ouvert; car c*eft mon caraftére & mes amis voit
le témoigneront" Je le conjurai encore de r ar*
ner'dans notre éximtn^ contre la légèreté, k la*
•; -^ , ' queili
(7) tê faiVant Juteur étant entré dans (etti mv*
fiêrg phiie/ophet /im inflr»é(ioH ne.pouvoii
ab/otuntent njiwauer d* être difufu, . Ju Ut»
que piufiettrJf'nfonneSf /ouhaiîoimt dt if trouf
ver ûMelques, paragraphef^^ ifù l'on eut pltif
' anipttniiiiit 'traité ^ 'ce qui resafd$.U r^i&V^
§vànifefté9^ comnut p. e. de la juJltJi^ation\ di
ta foi y de la communion &t. Grand bonhemirt
de ce ^ue Strueu/ée efi entré avec tant de ri"-
^fignaitioH dans cette voie.
'eetttt heure • U <)tti l'àvoi^ >iltf id»à ttt aUni»
éB inffèra.
)• te te nie pu « ine tfte M, ]'«! <tl iacMU
édiré 4t j'en rcconooif lei fultefti
Je me repof^ fur tout perele, poiuib|vo}i-]t»
gue vôu« ferés (incére à mon égud* Si>dusn#
fêtes pas, Vous pourries bieft me .tromper pobr
fluelques jours « mAis non pas l' être Hipréme, qui
(à\t tout, oi votre proyre consciences Te me re*
rtiYrai extrêmement/ (i le deflein que /•&} fonné
votre ^rd eft «ccompaçné d* un heureux (bcc^ <
IMais il faut qu* avec T aide de Dieu « y&u« y cou*
%i\ït\x\é$ de tout votre potfible. Je ne fiiurois faire
jiutre chofe« que éé voua conduire. ^Ç^efl votri
propre affaire t de travuliler pour le fî« de votre
•me^ Si voua 4tes oblige 4' y enpioier tout Jetemi
^i VAUs refte.
Je l« prlei de me donner eonmiflânee 4tt fl*.
#lme dç l'a religion* pour me mettre en état dt
juger de b djfénrnGe de nos ftntimens. Je craint
li^rt Itii dis- je, eue vous ne (oVés pfs chrétien. %
vouf eft facile ae voir combien j^a^ lieu de fouhai*
ter que vou9 ie devenirs. Ce^nnidant ce n* ek au»
funemenr montrait de von» forcer A -le devenir t
'^efpére bien plus de vous rendre te ChrliHiroUme
ft important & ft airoabte , que vous le troUvefét
«ouf mime infiniment intéreflant pour votre ùXv^
Il ae revendit} .....'
Qa*ll
u
Q^iv*ti jéMi ((Htf <i<Kite Ueâ. Soigné ÀUtt^
Chréciéii^ maii que cependant II crqioit & re<-
^eâoit titi être fuptémft &.qu'il crbioit que ie
tnonde Si le -^hre h4ttnain tiroieht leur origine
lie Dieu» -^ Mms 4U' il h' ayoifc jamais |)u Te ctju*
iminefe que l' liàmitae Toit compdfé <ie detix l'ub*
Uancei; qu'il ne fefMTenOitt.lui, & tous les iiom-^
inetrqtie po\xt de pures machines; qu'il n'avoit
pa tire cette hipdtfaéfe de ia Mettrle, qu'il n'avoit
jÀniAti iu« mai9 quMl «voit totmé Uii triénit? ces
^enfées paf fetf.pMpres tot^ditatibns i que c'étoii
Jbiea oui avoit dhnné. le premier mouvehient à
l|i t^adiine bttmftine« mati que qiutiid une foii
ellt veuolt îif ' arrêter , c' eft à dire aue « qUand ime Mé
rhqmme vénoît à mourir, il hy avoit plus rien
à efperer ht k craindre pour lui ^ Il dit enco-
re^ qu'il ne Voùloit pas ccinteftei* la liberté de
rhcntmiet mûi que Tes aftions étoient fixées par
ies fentittieti» ( ^Ue par confé<]uent il y avoit i'anJ
doute de la moralité dans les aéUanSi tnais (ktu*
leihent autant qti' elles avoieut^des fuites pour !a
focieté} que diltts le fond tout ce que l'homme
ôouvoit faire étqtt indiferent, pat'ce que Dieir ne
re mettoif pau en t>cine de nos entrl?pHfes> dt
une H r homtne avoit les fuites de fes aftions eu
ion pouvoir & quMl put empêcher qU' elles nç
foient pas nuilîbles à la Ibcieté « pefibhne ne pour-
toit lui en faire des reproches. U ajouta adilii
3U'll éttAt obligé d^-a Vouer» qUb i^Uelqùës unetf
e (ei aftiôUs lui catifoiept beaucoup d'inaulétu-
des ,& itiitout de ce qU*il avoit entraîné des aiK
(res dans foii Ml«{heur« (8) Mais qU' il n' en craignoit
))otnt de nuiUvaifes fuites « oti punitions dan^ Une
vie avenît. 11 djl< qtt*if ne pouvoit pas conce-
voir, flue, qUahd même il coUcederbie que Dieii
tretid pMTt. à 14 conduite 4e riiOmttiei ces punl-^
; •' '- ■ , 'C ' tion*
(8) (M^-pihtmk fipUctr iciia fmai^^Ué 6 i a/vfs
^uêUfM cHattgt*niHt i & trouvtr à cet endroit
UH MOMlrirasi , vU ak MtoiW un plus grand U*
14
ii«ns foient néctffiaires pour eoitt^ter (a'^j^ce;
que l'homme étoit déjà afles puni, ici' bas, de
fesiautes; (9) que dans toute Cr grandeur,, il n'avoit
certainement pa^ été heureux, puisqu'il a«oil été
obligé de combattre des puffions défagréables,
pendant lai derniers mois deât fortune» à faK
quelle on portait tant d*elivie.
n ajouta encore, que ce quMI trouvôit par-
ticulièrement à redire au Chrittianisme , étoit qu'il
n'étoit pas unfverfel. Que li c* étoit une révéla*
tion divine, & la vraVe ât feu^ voie du boa •
plaifi^de Dieu, il faioit néceflairement que tout
le genre humain en fut informé. »
Je ne lui dis pis grartd chofe ;, cette foîs-cî,
pour réfuter fon fiitëme & fon objçftîon , h'V égati
delà seligiott, (XO}maisjeiuiproporailaleftured*utt
excëU
(9) // fata, /ans contredit j que I9 châtiment de
la jnjlice de Die» fe manijefie , four corriger ,
, autant qu* il eft poJjUble ^ le défordre moral du
' monde p é nfa nt^f^fil eft pojfible , que Dieu
nous en ait donné une révélation par écrit , à
feroit non feuleinent très important , mcUs
aujfi de notre devoir de la lire^ pmr voir c§
' . . qu» en ^ft^ par raport d notre vie Ù à notre
enort. Monteur le DoHeur »' aurmt il pas pu
trouwer, de cette manière, ou d' une pareille^
' lesnoien de le conduire y par un chemin plus,
courte à la révélation, pour gagner in tems
& pour f' étendre davantage fur la cùnnoijfan-
ce & fur les devoirs d*«n Chrétien.
(10) ie célèbre Dotttur M. auroit extrêmement
obligé fes ZeBeurs, fil lui avoitplu d'cUou-
ter m le »eu qu' il a repond» aux obje^ions
de Struenfée , qui ne font pas de la moindre
: importâmes & d*ii^lrmr*citHx,giànefontpa^
r
> 15
^ exccHcnt livre , qui contrfbiiereai béttieoinp » i^ ce
3 lie p croiois , ' k eclaîrcir les idées qii* il la fortnoic
e la religion. Il me demanda, avec une mine.,
oui marqtiott de la méfiaitce ; QmîLivrv? Les Me-
'ditatidna- dé 1* Abbé Jérufalem fur la religion , )ni
iepondi«-je. C'eit un livre que veitS lires nvec le
{)lus grand ploiiir et quand <^ ne ^oit que pour
' amour de fon ftile. il me pria de la lui
«porter.
AÙint remarqué, qu'il étoit éfeftircment in-
•qniet par raport à quelques unes de fes aftions,
je crus qu'il ferok utile d'augmenter cette inquié*
tude. Je fiipore, que tons mes Leâeurs favent«
combien il avoîc de reproches à fe Taire , par raporc
à (a.conduite envers le Comte de'ISeraflorlf. Etant
> donc fur le point de m'en aller je me mis à lui,
raconter fa mort, Commtntl efi-il tnort? f'é-
cria>t-il, en f gfraiant. Oui^ lui dis>je, il eft
mort, & il a foutenu le çaraftère de grand .hom-
me, jusç^u'à' la fin, par fà fagefle, par. fa religtoii
& par fa pi^, & Ton croi^ généralement. Mon-
fleur le Comte, que le chagrin de fes derniérq;^ an-
née5>, a avancé fa mort. En lui difant cela x je le
r&gardois. d*' un air* qu'il comprit fi bieo« qu'il
-en rougît. (II)
c Q, Second
fort vtrfi dans la le&ur*, & quiparrHnU
tout court aux diJjjfuUés , pour hur apreudrê
à fair9.de mûres réflexions^ & cela far mm
' jMtié extrait fondé ^ des faifons de cesoble&i^
ons. . Ou ne^feroit anjfi pasfaehé de trouver
un extrait ^ dans Us Méditations de V Abbé
^émfaiem»
Cn) Ce ton ibrrmlant eC éloqttence ^ & les raifons
tirÊis de V expérience y font honneur à la pé-
nétration de notre Auteur ^ d (anfe du choi»
• du tntts & du contenu, ^.
'■ I
I
\
1
/
I
/ ■ .
i6 ,
SecondentretieB, le jiniedeMiû^ 1772^
pour le préient, il étôit nécefllÂife que mes pré«
^ jniers foins tendifTent à convuincre. le Cotnun
Stmenfée, ade la ianfleié de fon lupo^ôfe , faivant
laquelle 1* homme Vt éeoit qu* une pure m«chiDe«
C eft de là qu' il concluoit qu* il n'y a point; de vie
avenir, bien (]ue ce n'en folt pas une fuiie« ne
connoIflTant point d^ éternité « la religion &-4a mo«c
raie ne pouvoientpss lui devenir importantes.
Je lé fis donc fouvenirde fii promeftb* dçne
pas rçfifter de propos délibéré, à U vérité, mais
d' aller au devant d* elle. Vous voilà maintenane
de deux* jours pliis près de Ù éternité» depuis no~
tre premier entretit^n, lui dis-je. Un jour voui|
vaut, pour le préfent, autant qu'une année. U
ne faut donc point perdre de tems « pour faovet
Totre amé. Je fais bien que vous ne croies pas , .
à cette heurft, qu'il y ait une éternité* ni que vous
aVés une ame. Vous ne connoilTés pas encore* ce
qui tous ell avantageux. Vousj>renés vt>trei'en->
timent, 'que l'homme n'eft qu'une'pure machine,
pour une vérité & vous en tirés f^lus de cdnfequen-
ces qu'il n'y en a. , Cependant je né crtiis pas qtfô
vous comptiés de les faire palfer pour quelque cho-
^e de piits, que. pour une hipotéfe ph^ofophe. Ç'eft
dans ce 'point de vue , que nous la conTidererons
aujourd'hui. \\ n'elt, à la vérité* pas néceflaire«
que- je m* engage à former un jugement détaillé de
votre hipotéle; car perfonne n'en ûiuroic tirer bt
conCéquence, qu'i( '^'/ '^ .point de vie éternelle*
. Mais cependant, je le ferai , atin que vous nefouy-
çonniés pas, que je veuille vous lurprendre*
il étolt fort attentif & me fuîvîe pas à pis, da&s
r examen que je me mis à faire, je l'avertis, de
mon
17
mon «otô,- cha(]tie' fois que nous en ventcfbs Jk nne
propofftion particulièrement dangereufe , 1 fon fen-
ti tuent, & te le deHai de ft défendr»^ parce qu'il
ri^qooit d^étre vaincu.
i. Je commençai, en mettant au Jour 4 let.régles
fuivantes, deiogiqui?, fur L'hipotélepliftofophe, &
je (es pris pour principe, -r Une liipotéfe philofo.
phe ett une propofition^ dont je me fers pour ex*
pliquer d'autres propontions Si éet vifions &c. li
n'ert pas néceflaire que cette propoiition foit une
vérité prouvée ou décidée, pourvu qu'elle ne ibit
pas contraire à elle même, ou à des vérités recon-
nues, & qu'iplle fufiré pour expliquer des choies
inconnues, pour l' explication dés quelles on f*eR
elt fervi. Ç' eft pourquoi l* hipotèfe eft meilleure ,
plus on peut facilement ^ librement expliquer par
fim moien, ce qu'on feroit bien aife d'expliquer
par elle: mais elle eft d'autant plvis mauvaife, tant
qu'on f en peut moins fervîr. Je fupofe que je fois
obligé d' apeller de nouvelles hipoitéfeu à mon fe-
cours , pour ex,p>liquet ce tjirt refte inexplicable k
l'autre, elle deviendra toujours moips yraifembla-
ble & plus fufpefte, k mefure que le fecours de
ces hipotèfes fera nécellaire. Pour montrer p. e,
comment fe fait le changement du jour de de la
nuit, des faifohs chaudes & froides, je puis m'y
prendre de la mam'ére fuivante. Le Soleu fait fou
cours autour de ta terre en moins de vingt quatre
heures. De là vient le iour Si la mUt. Mais
qu'eft-ce qui caufe les faifons? Il fe meut fpirale^-
ment. C eft par ce moien qu'il fe raproche de peu
à peu .de la terre & rend les faifons plus chaudes.
Mais comment cauH^-t-il les plus froides ? Il f en
retourne nrécirément au tems qu'il faut', en fe
mouvant de nn^me, & f* éloigne de la terre. Voi-
là, à la vérité , l' explication du jour & de la nuit,
comme auOÎ de Tété & de l'hiver. Mais la pré-»,
mrére hipotèfe qui veut que le foleil falCe fon cours
C 3 ^ toutes
18
toufes les vingt quatre heurei ," autour dé la terre»
h' ctoit pas futifante pour cet cfet. Il faloit qu'elle
fut encore «puiée par d* autres hipotèrt:^. - Parcon*
tre rhtpotèfe de Coperuic prouve le tout d*eUetné*
me , Tans avoir befoin de ces détours. La terre fe
meut autour du foleil/ de manière qu^ elle tourne
tous lefs jours autour de' fon axe , & une fois par
autour da foteil. Cette -derniâre n* efk elle pas bien
préférable à la première , âe U raifim ne f * eil ello-
ras éfeftivement déclarée pbujf elle il y a longtem« ? —
Le Comte prit fans réplique ,. -toutes ces fiipotitiont
pour vraies ik fei^ées.
Je fis donc «fage de cette rdgl» 1 1* égard .de
cette hipotére: l'homme elt une machine. Vous
admettes cette pro}x>tition , lui dis- je, pou^ explU
mier tes yUion!i qu'on remarque dans l'homme.
Vous ne prétendes pas, à ce qut v'efpére, le faire
palVer pour une preuve décidée « avérée, autre-
ment je vous prierois de m' en alléguer une preuve
certaine. Elle pourrok, peutrêtre, être ornée -&
rendue croiable ou même vitiifemblaMe , par quel-
ques remarques anfatomiques. Mais l'Anatomifle
ne connoie que les pU»s groffières parties de l*hom-
me.. Les 'plus ftnes fe dérobene à fa vue» C*^
pourauoi il n' eft pas ptfflible a' en donner de plus
fandes ■ preuves. Le Comte f'ofrit, à la yérité,
produire des preuves , mais tout ne tendok qu' à
U croiance qu'il avoit, d'avoir trouvé par t:oe in-
duftion fort imparfaite, en fe raportant à la philo,
fophie de Naller,'de très fortes raifons pour fe con-
firmer dans fen fentiment. Lui f«Vant enfiûte don-
né des lumières par des exemples de la nature &
par des argumens d'une te4le induftion, il f ex-
pliqua,' en dîfant, qu'il ne vouloit donc faire paf-
ier fa ppopoHtion que pour une hipotèfec mais il
foutint que dans un autre tems & jE^n de meilleure»
circonf>ances, il auroit pu faire fes démonIVrations
d^'une manière inConteftable.
' / U
I
l\ V àg^t mainteniint de ik vofr pr^îéreraent ,
fi la |!)ropoltti6h que V homme eft une nacbine , eft
contradictoire en elle mSme ou en d'antres vérités
décidées? 11 faloit que l'Idée delà machine ferve
ici de baie. Nous la formâmes entre nous» & nous
convînmes , qu* une machine étott une liaifon !de
plufieufs cliofes inarhitralrement giflantes , & atta-
chées de mat^ijère, que r nne fixe le mouvetnent de
l'autre. . Quand même, lui difols-Je, je convlen-
drois que votre propolition n' eft pas contradiâoire
^n elle même, vous fériés pourtant obligé d'avouer,
qu'elles cpmbat d'autres vérités éprouvées. * (12)
L' homme' peut p. e. éfe^er fans les niouvemens
duGPrps. Ainfi la fimple penfée qu'il a de fon exi>
Ihmce elb un* efet indépendant, de tous. ces. mouve-
Bieus^ S' il étoit machine , il ne lé pourroit pas ,
car les éfets d' ime machine confident uniquement'
en mouvemens. De plus, vous ne difconvenéspas
\*ous même.» -que l'homme produtt des aftions ar-
bitraires & librçs. Mais une machine ne con(i(le«
félon -vos» id<^s s qu^en des parties inarbitraires, qm
Ae peuvent par conféqueni aulfi, rjen. éfeftuer d' el-
les mômes^' L' homme ne de^^ant palîer que pour
vue pure machines comment f'yprend-Udoacpour
agir arbitrairement & en liberté ? —
m. ■ '■ '
Vous voies, Monsieur le Comte, que c'en eft
fkit de votre hij?otpfe. C eft une propolition fauflfe
& par conféqu^pe indigne d'«4re foutenue par un
homme d'efprit. — 'fcmte-fois nous ne là rejette-
rons pas encore. Ei^aminons premièrement, il elle
sC 4 eft
■ . . -
il2\^u« é^.obfcuritisfliffsSlei àfiirmonter^ pour
convainçrt une atne ébrantég pat la mainte &
par le doute , quand ^ fonte de iems^ de m/-
ditation , de eapacité^ de lunùire ou de con'-
ft^imis induiritables ^ elle cherche inutUement
fa& là dofu ces piifetveuions de phifique. 21
nefaitt ett.
*
2Q
eftftififiinte au delfetn , d* expTiqnf r 1^ ?1fl»n^ qitf
fe pffcfentem |i P homme. Nou^ r'épnniv^rops %
1* éiî^ard de quelques unts k mefufe (]u' elles nous
vleiitiront h refprit. Je puîf exptiqner la vie ft la
Ihort de l' homme paf fg jn-ppolition , que V horonie
el\ une machinç. L^ machine p(V un'mpuvftwent,-
ç*e(t h «Tire V homnte vit. Elle eft romi^ue , fes part-
lies font dérangées ,■• efle' f* arrête, gçlâi vètit dir»
i'hoipme e(l mort, ^l ferait déjà ]Ayis dl6f:île d' en
dériver la procréation & la nqinkitce. On paurroili
dire,. que des îp^chinçs tïc proviennent pus de la*
procréi^lipii $É éjie ià nfiiftânçe, mais dç l|i»maind'uQ
maître, qui fait ce qu'il ftrit &'à qiie| iif»ige«ll#
ilôit fervir; Quantité d* aftiqns dit corps de î* boo]-*
me font explicables pat la niachine; car potreçorp;
eit éfeftivenient une machine. Mais ce ne font .
aufli que celles dont le contraire nte peut pas nrriver^
pcrfonne ne pcihr rendre compnfheiïftble, par [ft
pioicn deia'proppfition , qiie l'homme eft-uoe tml-.
chine, \n quantité d'aAionï litircjkâi arbitraires, qui
deii){tndeqt \ç fieçpurs du corps i&'de fes tn^nihrrsi
car la maçhlnis ne peut produire que 1^ fnbUa
vcnjens Hxés par fa conJtruftk?n , & U ç(l impoflîble
que celle-ci 'ait p4 fï|ire le côntraîrc. Aînn il efl^
impotllble que reguilte d'âne montre recufe d'elle"
}n0me , jtu fipr» que Y hotnme fitit viAblem^nt b\&i
fies chpfes dont i{ fuiroit pU fiiirt le contraire , fi
i,' Que dire!
fl' ailleurs il l'avoit voulu,
fies i()éçs f|t>(h:aitesf
V9US ^M fk^
' Elî(?s ne feurpiehli'. Itre fpfïpées.. me rfpevi^
|lit-U fannmagçs, '& ces images fe prennent dans
(e fentiQ)çnt. ^^^is 4ç fftitiinent eft dans la inate-
çhiflé. 'V ^
jLMmpr-effion des objets extéfîcurç, rfï>W<îuw-l*%
iè fptt dans la ni^chine,' mais çe\^\ ^i xpnnQicçvt-r
te
r'
te hnpfeflton * - X)ui -pente cette image , qui co«i(pare
piafieur» kitîîge^ , & qui fbtme des idée$ générale*
en ies. compurant, produit des effets, dont. la m«--
chine ett jnc»pjifele d'^etle m^me. De phis , fi^i^et
moi voir par la condru^tion de ia machine de Thom*
me,- les opératiQOS de ta mémoire, le tbiihAit 2c
refpenibce ide la durée de la machine après fa d«r
ibruRton.,.q4ie l'homme, ne faiuroit ^e|>endant pas
nier, excepté qu'il en. ait dej; raifonsjecrét^s, dt
nautile que, la joie & la douleur de U confcience Aie;
}^e«GQmtQ m'«cQUtii froidement & fe tut.
Je conçilus donc, que votre hipotère ne convi<*
èntpas au defleinque vous avés adopté : horsipis quQ
VQtrs »(:' vouli«s recolurir à toute forte d' itipotéfe»
fecourables, pour l<i foutenir. Mais vou» fav^s
2iiel cas on peut faire d'un bâtiment, qui a befoia
e tant d'étaies. Vousmedtréi, peut-être, quA.
ia machine eft Hxée à V égard des opérations par lest
fentîfnens-, que nous nonunons libres otrarbkraires.
Om», elHrilt & il m'inonda d'une quantité de ter-*
me» d'arts. Comme p. e. Voilà U fenrihllité, V it*
ritabilifcé ^c, U fe couvrit du mot déterminer.
Mais lui ifaifant voir que déterminer ni* vouloit p««
dire Autre phofe, que rendre Jropotrible le contrai rc(
des' aftions déterminées % & que lui même ne. con-
teftoit pas Tétat arbitraire^ libre de l'homme, il
plia» Alors je pourfuivis en aiout^nt: I^s fenti^
inens peuvent être ocaiionnetiement la canfe de
certaines aftions Ufore^ & ils peuvent y inciter i'hom-<
ine< mais ils ne le déterminent pas . & ils ne ren-
dent pat. impofltble le contraire de l'action, ^. la*,
quelle ils l'animent. Voilà ^, e. ta tabatière. Son
fifpe(t, un ceruin redentiment de mpn nés, en un
mot le lentiineot m' incite ^à en prendre une prife.
Que ferai>je maintenant, Monfieur le Comte?
Vomi ei^ fnnclirif une frif»\ Mais je vous dis que
je n'en prendrai ^oint, Le fentitnent ne fait que
m' animer, mats il ne me détermine pas. U dépend
^e inoi de.f^iie le contraire, de ce qA'il m*anîme
C 5 àfoirè
\
# attèndFe d*tm •vurfttt:^ è^ Dfeu. t>\mi nié p«ro*rt
ici , A 4'«Hlçurs ceii*«ft pat parler avec trop d'irré*
Térenc&, c«miiie lyi habite, joueur de marionnette».
|A«is f» (' homme ^tk compofé d' tm corps & d* une
«me. Dieu a produit en nous dea créatures libres &
fail'qnnables. Je puis juger par leur râilon & l^ar
liberté • que Dieu a dos voCs très bienfaîfantea Se
dif»ne5 de lui même , à leur égard , &J'apeens non
iieulement k redorer (^ bonté Àe fnTagefie, mai&aufll
Il l* aimer, C ei^ ici qu*^ il me paroi^; comme l'amour
IDÔme, & comme père de fes enfims, ^^ A juger
dé V homme (elon ia première. hfppt^fe, il ne feroit
11^* un jeu, un étreerdave-, qui ne l^goiHe riei^ •.
qui n'elV ni plus ni moitis heureuk qu*une bête i ^
^ étant «nort, nXl pçut ^tre <qu* un néattt. En
iprenant P autre, V homme eft une créat^ire faite»
en de grandes vuSs , deftinée à te gouverner elle
même, q()i tient une des premières pinces parmi les.
miveages de Dieu , qui fitit la quantité ^innombta*
blei de prérogatives t^u'elle a fur les autres créatures,.
le qui a 4c glorioiix avantages à attendre après la
mortM. Quiconque fait qq*il>ue fauroit pas trop àU
Îtnement penieir de Dieu, ^qui a de l! amour joint à
"eftime pour foi raôme, ne balancera çefrtainçment
'pas fur (t çhpix éteç 4eu^ hipotèfes,
^iant dît celk, Je ris que le Oomfeè étoit fort
embaraffé de Ta machine. Il concéda auflt quç moi|
hipotèfe avpU ui\e grande préférence fur la ftenne
^ ç'h^ pourquoi il m^ étoit d' autant plus inaom->>
prélienfible de voir, qu'il faifoit encore diUcultéd'y
çenonçer. l<a rai fon qu'il avQÎt, à ce qu'il dit, do
ne >uis chang:er de fenttment, étoit queTintelligen-
ce de rhomnie létoit Rénéraleme|t( incertalneî qu'il
étoit bien podlble que jusques \h% il fo fait Aiit une
fllufion, ms^îs qu'en adoptant de nouvelles idées ,
il risquoit toujours dô fc tromper dç nouveau, le
m' outre celji , il n' avoit pas alTés dç re|)Os & dé
trc^nlté dans foQ ét4tt préfent, peur exi^miner le»
prin-
l
\
:ip«s V qu'il wcSt «a : -^ «^ U aiiroit fiiM 4h»iit«
m te faire plutôt, mais <{tx k cette heure il écolt
trop .uiccL je repondis à c^s raifons, que la vérité
avoit, de m6me que l'erreur des niarques infaillibles»
2ui fervent à les diiUnguer» fur ioiit en les confi*
éranc n^oralement Que p* e« il n'étoic paf
poâlble que la vérité puiflfe rendre i*. homme maU
heureux» comme il l'tÉtoitpar l'errtlur & qu'outre
cela, tlavoit dan^ le cas prêtent ^ dies preuves qui
convainduoient fa raifoa oiqne 1* incertitude cedoiC
Ifc, où il y avoit de telleà preuves;. qu'il f*étoit£ao4
doute fait des iltuOons» jusques àcettelieure^ pour*
liilvi^je i k. que c'étoit ce quil pouvoit voir par le*
fuites de fes principes. A quel éuaretuent, lut
ilis-je encore» votre hipotéfe ne vous a-t<»eUe pas
mené, & quel malheur ne vous a-t-^Ue pas cauféi
Qu'il n* avoit qu'à examiner à quelle vertu & k
duelle fëlicité ta mienne auroît pu l' ëleveiri f ' il n»
1. avoit pas reniée ; que cela fuiifoii pour le mettre
en état de juger , f ' il feroU dans une lliuhon , f ' il
t' adoptott encore) que ç' étolt {ans contredit l'a fiau-
te de ce qU'it n' avoit ^lai plutôt p^l'é D^ esiaminer
Bl religion , mais que cita ne V autorifoit pas k en
refter \ki <^b' il eii avoit encore le tema & qufilnti
nanque/oit pas du x'epos & de Uféreoité qui acooi^ .
}>ftanent «rdinairemeni l'examen fincére de la vô^
fité) qu'au, moins il était |>réfentemeftt à l'abri de
touteà les diltrattiona acablantes & que ces fortes
de fotnâ ne déplairpielit aui& pas k Oiea» X]ue Dieu
pouvoit Ik voUlçit, les oénlr « & que qiuuid mém^
il ne parviendroie pas aU but oîi ie comptais de le
conduire « le*«4x»nnes penfces & les ttoblej^reioUi^
ttons qui ^ourroient ettcofe naitre en lui « ne ^ut"*
toient pas être fans lUccés pottrluit dans l'éternité*
It qu*€Uet diminuai'oient mi- jnoioa la Comme dw
Maux t qtt* il avoit à attendre*
J
Mai^ |Â ett dâi 4 Gbntimiai-je avec Uil p6U de
ttvaci^ I < VoiM nt veutiés paf abamloaner votre fen *
timent
f
j
iiment qu\ yam «xclut dé Mti» !es éfets bîefifalfhnts
<)e la reiigion , & ceUk , pour avoir la trifte confola»
tion, qu€ \t)us^cefl«rés entièrement d' être ^après
la mort, & q\)e par conséquent vous n* aurés plus
n'en k craindre, je fais obligé de vous dire , que
vous voiK ttora^iés extrêmement, dans refpérance
horrible oiie voiis avés. Quand même on auroit
inconteiHoIetnent prouvé, que 1* homme eft une
machine, il eft certain quelXett, qiii O'unefoft
confh-uit la machine , la peut AHfTi rêtaMiF, après
fa dellruftion. ' C cft-ce que V horloger peut feire à
fine montré rompue. ' Ce fa^ donc avec une ter-
rible înt^rtitude de votre deftinée prochaine, que
vous ferés obligé de fortir de, ce monde, an iiea
ou' il dépendra de voms d* en ^-tre irtl'uré, de mourit
ee de vmis conialer de cette elpérance. Il ne vou-
ioitpa« qu'il fUt dit, qu'il attendoit de la confola-
Hou d^r anéantilTement dé Ton être, apèrs iamort,
& il avoit les larmej eux yeux, mats il ne vouloit
f>as céder. (13)
Hf^ me ttùsk Uii parler le plus tendrement que
|e pus -iSc avec toute la vigueur potTible, en le con-
jurant de ue pas laitier palier inutilement les der«
niéres ^Linaine^ de fa vie« par rapprt à i' éternité»
mais de faire fon pofltble pour aquerir des efperan-
ces. 11 me regarda fixemam le en baiûânc les yeux»
il me dit. *
• ♦ *
II
t
il$) Cet entretien itotes paroft (tre excellent-^ en
pins if une conjid&atiaH , & mérite 41 être rê»
iu pUifieurs fots à CMife de fis rai fom couvain»'
tantes^ de la, per/yicacité & de la ffroyofition
fiénêtrante qit'onij trouve. Jl atoutleraport
ffoJîMe avec V oratettr , que Hffus' avons eu
' ecafiim de connoîWe aiutte feis en Ai perfonmt
" de Mon/ieur h D. AT.
S&7
it faut ^tie vous aié$ ttft ^ttpA fond 4tt>^Bi^
^, de chanté, de conviction & de fidélité « pour
prendre tant de foin & pour ne pas êtrç fâché,
de ce que je n'avance pas davantage dans vo«
fentîmens.
' Je raffurai, que jusqu'au dernier jour de fa
vie, je ne discontinuerois pas de i' exhorter & de le
prier » & que j' efpérois que Dieu bénîroit certaine-
Bient mes peines. Mais je crains , pourf]iiivis-je ,
Monfieur l^ Comte , que ce ne foit la malhev»reufe
jpaflTion,'^ qui a tant contribué à votre malheuï*t
, f ambition , & le défir d' avoir raîfon , qui fous rend
fi injufle à l*^gard de la vérité. Comment, é(Ml
poflible que vons atés encore de T attiittiement pou*
une pamon , ^ui vous a jette dans un ii grand
taalheur.
Oh, dit-il, cela eft fini. Je fuis fort hnmîlié
à mes propres yeux, ^ çonooeut pourroistje en^
€br9».être ambitieux ici ?
Il eft 1>îen certain , lui repondîs-je, que Tarn-
bîtîôn çft encore très furieufe dans votre ame. ~EMô
11* eft privée que des ftioietis d' éclatier comme aiv-
trefois. Mais elle eft encorfs en état. de fc foul«vet
contlre la vérité, pourvu qUe*voi)s y confentiés*
Gardés vous en : la vertu méprifée ne maiique pAt
de fe venger l
. > Aiant de fortes raif ons d* ouvrir fon cœur , pôii r y
donner entrée à des fcntimens ardens dz humains,
car j' efpérois auffi d'y tiouvfr par ce moien une
«»trée pour la religion, je le pfiai de fe Ibuvenirde-
4' aitittion inexprimable , qu'il avôit caufé Ji iedhr»-
Ves père & iitére, ^ die, la'gr anikur ds f(^ devoir,
/ de'
8|
4e hïtit txk fort* de lent ptôcurei^ le feule tonfabAt»
on qui feftoit pour les tmnqiiUifer à l' égard de fs»
fiUut. '
Mon père, me repondit-U« eft parfait iioii*
nête homme. Il eft «coutume d'agir confqnné*>
ment à fa ednviftidn, mais ^e crois qu'jl a été
trop (evôre envers moi.
Cela vous Cemble» mais je crois que vous vous
trompés. Vous ttvést Ikns doute » été fort libçrtia
depuis votre jeunefre, Stcdkcç que ce brave père
n*a pas voulu foùtrir» & que vous avés'pris pour
févérlté. Cttii 4fi bien vrai, mais —-^ mais vous
ikviés cependant qu'il étoit votre père & vousfba
fils. Ne faviés vous pas aufll, qu'en qualité de fils,
vous étiés obligé d'obéïr à un père* qui,, outf^
cette qualité, étoit fi reCpedahile par fa pieté? ^
V ai atiffi fait jusqu' à Urt certain dgel Etiés vous
donc moins fou fils après ce certain ^i^ , & étoit il
moins votre pétre? Cotoflifitis dont vous préférés* i
ce qui ilie iemble avoir entendu , la morale k ta
•hrêtietine. auroît pu vous inftruifè i\\t ««.fujeb
Vous avés fans éoHUraifo»*
Je lui laiflai les méditations . de 1* Abbé jerufai
lem, qu* U promit de lire avec attention. Enfuite je
pris coftijé de lui , tout auendri & les larmes auK
ytuxi de Urne pria, de reveiur bientôt*
Troifième entretien , le 5iiieileMfti<»
' ... 1772. . ■ "■,'■ • ; ..
Malgré toutes les drficultés qu'ait fait le Comté
StratnlVe, ptndam notre dernier entretten, de
renon^
1
renoncer h fa propoAtion fîivojrite, j'étois aiTés «{Tu-
r<5 de laviftoire que la vérité remporteroit fur lui.
Ce n'titoit dans le fond que la home, d'avoir eu
tort dans une chofe ti tipportante & en même tems
il claire, qui l'empechoit de" fe rendre. Je lui fis
remarquer, que j'^perois quelque chofe de notre
nouvel entretien. Je lui dis pn l'abordant, mon
cœur m' affure que j* avancerai aujourd'hui d*un pas
rfe plus aviec vous. Je vois que vous lilés Jerufalem.
Jufqu'où en êtes vous, & que dites vous de ce li-
vré? „Je me trouvé déjà à la thédif&tioii de 1^ mora-
Irté de l*homnie. Ce livre ell parfaitement biea^
jlcfît & je n'y. trëm-y^ rien de contraire à ma raifon.
't'y ai âufli encore troivé (juelqvie chofe , «^uî con-
tredit au fentiment que J'ai, que l'homm^ lelt un*
machine. Mais il me femble toujours, qne la l'en-
ftbilité le démontre, & qu* plie l'explique etitière-
n»ent." Je lui repondis là delftis, que les inftru-
mens des f&as , n' <^tent pfoprement que le miroir
ou la lunette d'aproçbe, par le moien desquels notis
ot)|fervons les objets , & que* le miroir , • ou ta lunette
d'aprdche ne pouvoient rien voir d'eux mêmes,
mais qu'il faloiit qu'il y ait en/L-ore quelque choie de
plus, favoir , ce qui obferve les objets par le moîeti
. de rinftrument, & qne c'étoitl'ame, ou ce que
• j'apelle , moi même. ,
Il le comprit, mais U avoit encore trgpde peine
k avouer fon tort. Cependant cela etoit néceflaire »
pour aller plus loin. Je cefolus donc de lui mon-
trer ^ que cr. qui avoit fait naître Ain tel Cfntimenc
en lui, & qui interelToit fi fort fon cœur, ne lui
faifoit Aucunement honneur, & ^e repondoit pas à
ce qui lui étoit falutasre. Jecomptojs, que c' étoie
ie mojen de chafTer une honte par une antre,. Void
ai peu près , coipment je m'y pris. •
Vous avés compris, lui dis-je, dp votre raifon
«It convaincue i que votre hipotèfe, qui veut que
V homii« loit une pote ma^ltme^ e&eo^enàent
ami
30
«V
mal fotid&e, mfiififant&, & tné'gne de bleu* & do
l'homme. Vous ne fauriés nier la dîfpofitfon inté-
jrïeure & prévalante , de la propofition opofée , qiie
nous confiltons enHin corps & en uneame, & la
raifon doit vous convaincre de cette vérité » de mê ♦
me que V expérience. Cependant vous ne voulés
pas vous défaire de votre fentlment , ni adopter l'an-'*'
tre,. Qu'elb-ce qui peut où qui doit en être 1»
caufe?
Vous dîtes vous même , qtie votre fentîroent a
pris de trop profondes racines ; que la connoiflance
humaine cil incertaine iStque vous aïantfaitdesilla-
fions» en. adoptant les fentîmens que vous avéscon-*
Cervés jusqu' à cette heure, vous risqviiés de retom-t
ber dans une nouvelle illulion, eh adoptant un au-»
trefentiment, Soht-ce là ,des motifs fondés de votre
oppofitîonl^.ou ne fout-ce que fies défaites? Je
trains que ce ne foient que les dernières. .
i .
Votre hîpotélfi a pris de trop prpfondes racine» ,
ésids votre raifoU, dites vous, ou dans votre cœur?
L'un n'eft pas poÛTible. Il e(b de la nature & du de*
voir de la raifon de croire vrai , ce dont elle elt con- ,
vaincu de la vérité. Vous êtes cQpvaincu de Ia
faufletë de votre fentîment & de la vérité de celui
qui lui eft ppofé. Ainû il faut nédeCTairement, que
vous prenîes lé premier J^our faux & celui-ci pour
vi-ai , c' eft à dire q'ue vous V adoptiés. "" S» vous ne
le faites pas, îl faut que votre fentîment, qiii veut
que r homme foît une fiiachine, foit trop pro -^idé-
fnent enraciné dans votre cœur. Nous en parlerons
•ncore dans la fuite. ^ r
La connoiflance de l'homme eft incertaine, dîtes
yotis, & vous ne voudriés pas former de nouvelle^
ilLiifions. La propofition qQe r homme «une aine eft
démontrée, & celle qui fouUent jqu'il ett machioe •.
. . - «e
/'
31
WB V eft yas. Ce <5\it eft ^[)rp\iv^ R>rt^îiH inctf taîa
ti: n*"elt^)liis expofè «^ cies ilUilVons. Si oh ayqit lieu
ti'^n craindre , fa.imerois mïpux me laîliVer a'.nifef
|5at ane cTofltnhe, (j\t1 ^irrroit me devenir <i avanta-
Heiife> ffliic ipar une autre , qiri m' àiirolt dc^A i>ï<^'cSJ^
phà dfîtta ie jplixs fiofoHd'itl»4ni« lie mifôre.
V<5\ts fentes totit cela > & je tws perfitadé , qiw
vous ne 4e nierés pos. ilftiiit^onc qiie von» con*-
Veniés , que v&âs ue cherchés ^iic des flé'f«ites , eii
çartftnt de V incertitMtte xie 1* œHnoifiàoce -iSsi rie là
fpoffib^.lké «IMiite 'ii^uveDe tHiUîoB &c. h faut que
jvous «ié$ 4gs ftù^Hïs fifcvàtes pour eliercber ëe«eUe«
<éé(kitec« Je eàdiOTM ck; 4es fl()îmfoii4in
H fti\!ft'Bbfôï«nrent, IVfonlreïit'îe C<fm*«^s tpie
Vôlre lentiment, qtie i* homme ri' el\ qu'une machS»
tie , ait pris de profondes racirrçs dans votre qceur.
Voir^4'«îtbé8,^ & roiïs <r*îç^*SJde;>>eTArè.q^i*:-lqu«
t'hofe, de ce/quivêus *Jt oRfiîable, eut* "Abandons
tiaivt. C*eft pmmîtiai vww tenésr fewnç naftlsré l' o*.
yolltîon de votre bon fens. C*«^t-ce que )e votif
f>rmuerai pur l'hktoife «te votre {>ro{>/e'C4i^ir«
Quand eft-ce qxie vou* avês côkiïn^ficé )i \\vte
înconfidèrement , h fuivre les rtiouvenien^i dé l#aii>»
bition 5i Içs atr^îls de la v^luptc? San« douu* dan«
votre tendre jeiinefle , & avanl que voWs \ù\i^ Tnlïf»
avi.fé de ta penftje, qlie riteniine eft \ine machinç
fans ^lîTC. ï^ feiitiment que Dieu ji^ortt.awflVpJacé
t!e la n»ora!ttê de^ aftioYjs , tfarts Voire nïtie,' vôïis a
tjueïqVje fois caulc du mécontentement de VoCi? "^ê-
Tpcr. ' Vovts îivéi: tâché xie les Aipriiutr. 'ten' cit (jue
par haXafd que vou-s avés cntendV DtiluTapmpolilîoft
t^Me i'homweri'eft qnHincnKtcTiine. Oî dlliés vous
len vmis même , tout eit ^onc fini aÀ-ec la mort.
AinA il m' dit permis 4* être inconiideré < ambitte^iK
'U 3 ^" •' *
>
*
^
3»
flt voluptueux» 1N>uhru que je me gar<ie des ctifttU
mens ae ces fortes de péchés, c^ui pourroicne me
lesatirer dansxe monde, je n'aurai plus rien à crain-
dre daiul l'autre.
♦ .
Ceft en confeqnence, q^e vous avés adopté
cette propolttion tiateufe , en cherchant des preu-
ves, pour tranquilifer, au moins, T incertitude de
vçtre mifon. Ce fut en étudiant le tofps humain
pour vous rendre habile Médecin, héUs, quenevous
en êtes vous tenu à ce detTein ! C eft en étudiant
dis- je, que vous avés trouvé ça ^ là quelque chofe
qui avoit quelque raport avec la preuve de votre fen»-
timent favorit. Vous vous en êtes faili avec joie,
le trouvant conforme à vosvuSs, vous l'avés pris
pour une preuve certaine -Se incontefhible. ' Voilà,
mon cher ami , comment voiu vous' êtes abafé !
C eCl depuis g» tems \k que vous avés cru pou-
vx4r vous permettre tout ce qui étoit conforme à vos
déflrs. Chaque emportement de paffion vous étoic s^
permis. Vous en proâtiés avec joie, croiant triom-
pher de la /eligion & de ta vertu. La penféet je
ne fuis qu'une machine, ne liivnquoit pas d' endor> .
mir votre confcience , lorsane par hasard elle fe re-
veilloit. ^aut^il après cela f étonner, de ce que
vous f;iifiés tant de cas de ce principe, qui vous a fi
long tems fervi de bouclier y contra toutes les ata-
ques de la confcience?
Enfin il faut que je w>ns dife , en qualité d' ami ,
âui r eft chargé du foin de votre ame , que le tems
es jUulions f'eil écoulé, que vous êtes quelque
chofe de plus qu^une machine , & que vous avés une
ame Immortelle. Il faut que j'ataqne votre fiffôme.
Votre propre raifon viendra a monfecours, & vous
,étes fur le point de fucofuber: mais vous ne voulés
pas céder. La feule raifon en eft, que votre fenti«
'' ment
\'
33
ment «ft ti;!>i> |»i9^4émciik «nuraiiaé .4aiu votre
OKur!
Vous lui êtes pour ainfi- dire redevable, de ce
qu' il .vous a permis de (àtisfaire vos défirs. 'Mais
d? qit' il y a d' important, c* eft que vous urévoiés ,
2ue votre confcience va fe remettre tout a' un coup
e fon engourdiflement , qu'une quantité innombra^
ble de péctiés tombt^ront à votre clharge , <& que vo«
trecœMr fera rongé parles plus violenls reproches «
dés que vous comiuencerés à vous croire mum ame.
, C eft pour l'éviter que vous reftés Ci fortement ata*
ché à ce fentiment fauj^St dangereux , que vous en
Aites profertion Si mje vous voulés le croire malgré
' votre conviftron. Peut-êtie que le déftr d'avoir rai-
fon , ou la honte de céder , en eft la caufe. Il fe
peut anifi q\ie vous avés fait goûter votre principe à
d'autres, Si que vous x ne voulés pas qu'il foit dit,
que vos disciples vous faiTeqt pafler pour un nuiitre
înc*tiûi^ de U doctrine*
N'oubliés au moins pas , ce que je voiit ai dit
ic ce que vous m' avés avoué < « ^
* que même la trifte eonfolation « qui vous ii?céreflb
maimenant H fort, ta miférable confolatton , je
n' exigerai plus apré^ la defhiittion de ma machine,
■e foit pas feulement de votre principe : fut-il aufll
vrai, que celui qui convient, qu'il y a un^ieu, ^
que Dieu qui a Tait la machine peutauflîHa rétablir
iiprôs ûi deitruftion , félon fon bon piaiiir. ' Il dépen-.-
éta donc de vous d' être la machine , i\^ vous le vou-
lés, mais vous n*ête$ pour cela pas afiuré, de ne
plus cevivre après cette vie.
V
Oi^e prétendes vous faire maintenant ? Réfifterés
vous encore k la vérité & rendrés vous inutiles tou-
tes tes peines , que je prens pour votre falut? ]En ce
D 3 cai
cas mon <«^nfcrt ne'véws f^n^-oît â^rten^ & voçy en
ferits d'autant j)îus relVcn^rable devant Ditii » le pè-
re de Ta vérité & de la veiliu Sî en revangc vous.
'rencrnccsà votre faux 5: lJéd«îfont^ruicîj;c> j['tiircif-
draî gniccs à.Dfeu , & je ijie reiouTrai phis qiie je n^
jtiurois dirç» d' avoir UUC iue«j: 4' cr^)^8i)<:<5 de votr*
IC-licit^ éternfUç* . ,
"Mon cher ComW , vos jours fenfr cwwçfcés fi^afc re-
gcs. * Il ne vous en rqfte t^iie Fort peu. Hàtcs» vou*
de fauve c votc^ ame î h\\ lailb»! ' pour^^woi je
vous en conjure aVec tant <** ardeur i c'elt qu^
Je trcmWe de ki penCce, quç vous jpoarciés tii%-
ïefufer n>a j)riçrç, •*- , .
Se rendant fojt Rtterftîf, h ceq«e j» hiî" ♦fifoîSv
il ne m' ir»t€rrr6ni|^it que fort raremiint & avoui^
«ue c'ctoit piecflemenfc, comniç j€ venoi* de 1^
dire « qW il ^toit parvenu, à wiopter fen- fdntimdntj
Après une petite paule, qui (&Ht de part & d'au->-
«re , & çendam laquelle , il (e tronvoU ^ coinroc-
dnns nne profoniie méditation, M T écria , c^'efl ^
tutte heure que j* espère if que . jg fmubaiîe Vimmot^
iaUU' Je >u^é«i d' averti c^ue 1' Ai>b^ Jerufiilein
V ï avoit porté jusiiu^à ce ppinKv Ji 4e d?t bh^jitôl^
«près* lui niêtùe» eQi44'^^"^'' SU' H ^Jfi^ de
\ réfifier 4 ctf livrât . • . ^ '
'St>i*haîlant Ste^êram dbîTc 1* iwm'ortaHfcé te
ne 'crvis cas (jH*n lut nécelTî^îre d'cntreprendro-
d'amples 'recherches à l* égard àt l'exilhtiTce de-
J''*aiîiev *\e ^ nattirc , & de T î>nmorfHlifcc. Je-
çraignojs aufli que les vérités ipénrulatix-es ne nou«
arrêtent trop long teins, -& ne nous coiwluifenti
è h'm\ des fubti.lités peu propres à corrig.er ua
cœur. Il me luKfoit de lavoir, qu'il étolt »•»
îTioins >)arvenu aii fentimont de l'éfernîté. Ct-
j)endaa& nout nouç arr^tauics encore à pnrler de H*
I
preuve apst* V hdmnie eilr idové , )f floe «ne. Voici,
comment je m' y pris. Si . les forces dw relTentî-
ment , qui ne demandent pas finiplenient la capa*
cité de la machine, pour recevoir les imprellions,
mais aufli cette capacité « par laquelle nous con*
tioiflbns ces inipreSions & les forces de cette con-
noiiTance , de l'elprit, du- jugement, de la vo-
• lontu & de la liberté, ne peuvent êt^e que les
f6rce> d* une fublbance , que nous nommons Tame,
Il faut que nous ^Xons une atiie fiic*
Le ftiux ^âlme, qu: avoieht rendu iusques là
le Comte li infenfible,. & qui (b fonefoit lur fa
jîerfualion, qu'il n'y avoit point de vie avenir à
attendre, fe trbuva interrompu. Jl f'agUîoit de
lui Tâter efitiéreraent , avant que de lui procurer
un véritable repos. Je fus dofic obligé de lui faire
•.voir, qu'il n' avoit potnt d'heureufe ^Itinée k
attendre dans cette éternité , qu'il'croioit & qu'il
attendait, & que fil pouv/oit voir cela lui même,
il étoit premièrement tiéceilaire , qu' il ait de lu-
ttes idées de la' moralité des avions. lyies Le-
fteurs le fouviendront, qu'il ne recojinoiilbit les
adionç humaines, pour bonnes & méchiintes, qu'aux
tant qu'elles auroient de bomies ou de mauvaifes
fuites pour la focieté. Avant t^ue de toucher di>
reftement k cette -propolition , je crus devoir lui
montrer, que conformément à. fon principe, il fe-
roit lui môme peu en état de rebdre oMtipteà Dieu
de fes avions, je pourrois , lui dis - je, encore me
J>arrer , d' attftquer , pour le préfent la règle,, fuivant
aquelle vous jugés ^e la moralité des aftions. Mais
vos avions, Monsieur, n'y trouveroient 4:ertaine-<
jnent pas leinr "compte. .. Je fus furpris lorsqu' il me
Répondit : Je trouve maintet^ant , qu'il vaut mieux
& qu'il eft plus ftlr, de dériver les nnotifs de notre
conduite de Dieu & d« leconUderer comme'en étant
1^' obfervateur. En difant celk^ il me montra le liv^re
de rÂbbéjeratalem, & Je tendis grâces, en.mol^
D 4 même
»<
/
t ^
i6 ^
Kiéme, k mt ^xtltilmit iMMimtt ^A'C* qu'il iii't«
voit déjà fi fort fecouru.
Cependant, je me ny$ 2i prier le Comte de re*
fléchir & de voir» combien V immortalité de fes avi-
ons mêmes , avoit été éloigné du principe de la
moValité, qu'il avojt eu jusque» là. J'avois décou-
vert l'endroit, où il fentoit la douleur des plaies cfe
fa confcience. Ce n'étoit de long tems pns la pen-
fée d'avoir ofenfé le bon Dieu, '& de f'étre ret^in.
malheureux lui même, que celle d'avoir entraîné .<
fes amis dans Ul.peFdition , qui l* inquiétoit. Je tri»
prévalus de ce relîentiment , en tâdiant de l' êntre^
tenir & de Taugmenter, efpérant que fa dotileur
deviendroit de peu a peU générale & qu'elle f'eien-
difoit auflî fur tes autres forfaits. A peineeus-je
touché cet ehdroît fenfible, qu'il verfa un torrent
de larmes, &' qu'il avoua, gu'îl fe trouvoit fort cou-
pable, Ik qu'il n'avoit abfolument point d'excufes
àaleguer.
Quand même vous .n*auriés k vtnjs reprocher, ,
lui repliquai-ie, que d'avoir été la caule du tnal-
heur , dans lequel vos amis ont été jettes , la
juiHfication vous en deviendroit bien ^iHcile ât im-
poflible devant Dieu. Je le reconnots, répondit->ii ,
mais je ne prétends pas ne julb'tier devant Dieu. Je
n' efpére pas, qu'il 'demandera cel^ de moi.. Je
me repofe fur mon repentir & fur fa bonté. I^fe
croies vous pas , que Dieu Qoe pardonnera mes for^
faits après une repentance philofophe ? A en juger
telon naa conviAion , je ne faurois vous en (ionnei
r efpérance. Je nt connois qu'un feul moien pour
obtenir grâces devant Dieu, & ce n' e(t pas le phi-
lolophe^ mais la repentance chrétienne. Je ne
i^urois pas encore vous prouver que. je fuis oblli^é
de penfer ainli. Mais quunt à\ vous, ne pentes qu'à
la bonté de Dieu, fur laquelle vous voua repofés, &
voua
37
vpus trourefésy. <)ue deA i;ett«mépié bonté, t^m
le met dans ia pccejfité d'être 'jufte, & de Vrouver^
1' av<îriion qu' il a pour le mal mprul. U^»é tellç
bonté de^Dieu , qm Jie faurott dég<?iierer en foiblelr
fe, ell certainement très redouta'hle à celui auil'a
ofenfée. Je vous prie trôà inftamment, de ne point
mettre de confiance «veugle, 6i mal fondée en eilei-
Je \y\i\s' avoir 'dif: cela avec un reflfentiment aperce^
vable. ' \' \ ' ' '
Jl faut que vo«s aies beaucoup d'humanité;
dît-ii/ en m' interrompant , poar ne pas perdre pa-
tience avet moi. Je ne la perdrai certainement pas.
Mais je luis en peine & inqmèt ù votre èj^ard. Il
ne faut pas, repondit - il, auc vous v6ii5 intciefïiés
ii vivement pour moi. Que fcriés vous li j'dvois le
nralheur de ne pas être convaincu? Je m'afligeroig
plvrs qne je nefaurois dire; & eh ni'aftigeant je iro*
ferois plus former les efpérances que je voudrois^
en vo»:re ferveur i Fâcef»çs donc votre poilible. Le
bon Dieu bénira fùrement vos'éfort*. Vous apren-
di^és encore par des motifs certùns, que Dieu vom
aura fait grâce ,' & que vous pourrés mourir en re*
pos & erJ aflurapce. C'eft ici , qu' il féorid, en jet*
tant u^ grand fo«pir*r" Qm'ï/ TpiAi^t à Dieu!
Vous fouhaités, (ans doute, & vous fouhaité^.
par de bons pabtifs, que je devienne chrétien?
Je te fouhaite ardemment : mais vous favés
bien", qu' on ne défpenie pas des bien faits parfor-
ce. Jl efc naturel, qu'il faut que vous cherchiés
vous même, le plus grand que vous puilliés efpé-
rer. Tachés fur toute chofe d' apreiidre à biert fén-
tir le danger de jvotre état. La nécelfité vous |jOr-
tera affés , k chercher la grâce de Dieu , là ou o%
la ^rouvtt uniquement. Mais, dites moi, repondit -K,
çpmmeut eù-ïi potUble, que le chrilUanisme foit ta
D^5 feuIè
3»
I ■
ffule voîe d^ parv^îr J{ lu fôljcîfcé, ^e Dîeu » rêve*
lée, pendant qu'il y à fi peu d'hoimnes cjiù l'ig-
norent,, & qu'il y çn a fi peu paniii les chrétiens,
^m en reinpHffent les préceptes?
' Vous conclues « lui répliqua ^ je , par !e pré«
inicr douie, que c'eft contre la bcinté & lajulHce
de Dieu » mi* une doftrine , fuivanfe laquelle l' tioai-r
îiic peut iiiii<^uenient fe rendre Iveureux, n'ell pas
parveiui à la connoilTiance de tout le monde. Mais
pouvQiis nous donc favoir^, ii Dieu ne fera pay grâ-
ces à ceux qui ne connoifTent pas le cUriljbiannsme •
ct>nform^ment «des dirpolitJQDs c|u'U,y a faites, u
d' ailleurs ils fe comportent aufl>,.bjen qu' il <^\ portî- .
blés fuîvant les circoul'raiîccs dans lesquelles lis f»
trouvent y Et une perfonne à laauelle Dieu acordo
' wn bienfait, quel qu'il^foit, qu' i refufë à une au^
tre', eft-elle paur cela . en droit de ne f^ pas Ceule-
itient refjfarder ou exanairer, parce que Dieu ne Ta
«cordé qu'à ^lle feule ^ non. pas, en niâroe tems, a
tovit le uïonde ? Diçu n' a-t-i l pas inégaleu>ent difpen-
fé tous les biens que nous tenon» de fon amour,
comme p. e. T honrteur , les rîchelTec , la fanté » le^
lions de l* efpiit & même la comnoiflance de la reli-
gion nati\reUe? Vous voies do^ic, mon cher Comte»
qu' il fuit bien plus' de votrt objection , que Uous ne
croies fuiyant votre deflein.
. Quant «M* autre doute, vou» conclues, <jue l^
cbrifliati>gme n' étant fuivi que de ti peu de mondé •
îl ne fauroit forvir de mol en fufilant, à l'égard des
vues , en faveur des miellés , Dteu doit V avoir or-»
donné,. & t^ue par confequenl, il ne peut pas avoi^
ibn origine de DIcaj. Comptés ici v q^e» c' efl: une
Religion de créatures libres , qttl n«. fwife axtc«ne«
ment çontratntôsi en ce qui regarde leur félicité»
& que les préjugés, i' erreur Sil^s <iéfir& rertdeatj
Infruftueux, les plus fbrts motif» de la morale^
On ne fauroit cependant pas nier, que le genre
^i4nv^iu« conûderd dans fou entier» a été rendait»-
%9
9nisnue, & qu'ïrttifi il a biçn plus de ^jouvoir furl6
coeur de i' Is^otiuxie ^ quQ vous iiq yaioiûcs gioue.
Maïs, de bonç. cbrêtîens^ njêmes* '«j©«tei-t-iU
cotnmebfênft fmi.vcnt (tess, yécb<î& ! U'hAinnwî doit-U
& peitt-il donc être toiit'papfait dans cç monde? El»
le chriltianisnie yretend-il produire qnuouf dçséfetîi
■jentiôreniciit impoflibte h notre fittyttion préibntc "^
Outre cela, il y a a'itfli un« grande dlfçrenceentrt
te péché du vrai chrétien, & celui du vicieux» car
■51 f ftQit }ç\ <ki fwémier. CcUiî-cî ne fakqu.* une chu-
te dont il fc r«léve, au licH;.que i'ai^tre y retoucnc-
& le i«nouve44e.. Quand il: nyauBoi* qi»*^uiv feuk
chrétien f^ la terre /dont; fô conduite f^dTe honnête
^ fa foK ceUi ÛUiroFt pou^ engager», un. chacun d^
ceux qui le coniioitroient^ k faire l''éprçul« de \ik
léltgion d& ce- feul chrétien Si jk,V çinbcaffer^, fi,
\ < d* ailleurs W la trouvoit foodéÇk.
U^ku .» /• aP toHi dt m fbfU^ die doutas » dît - M
Kl deffus , -qti' il fer^ dSfttUe de me ks ottr Ums*
'% me- dit cé& paroles avec luie- mirie,, qui me iriar-
' qua le foiici qu'il ea reQentcu't.. Ne vous çn hiqtiiç*
«•s pas, lui repondis-je. Je fuis perfuadé que la
plus grande 5)artie de vos dk>ut06, viennent de ce
que vous ne connoifrés pas te chriftianisme, & q"e
voi^s n'^vés encore ]iimaî»fajt l'examen de fes preu-
ves avec an<^ de ibii^. Conôderés^Ie préintc^ment
& examinés les raifons,. ftir ïesquelles ilfc fonde,
• & vous fujrés fbrpris dç^ voft: , conome vos doutes, f©-
diffiperont.' ^ons^ ne noiis arrôtcrons pas à la re-
cherche de ces ol>je^ioti5.; ç^qiiand eft-ce que noua
^' i^ourvions finir?* n vaut uiJeux nous mettre çn état
de -les éfïuccr à ta On, pour ainfidire,. tout d'wi
eoup. Je fupoife, qu'il vous rçlhtt encore quelque
' Inirertitifde , fur tefc o^l teV point , je pourrais vous,
confoler , en vous afl^uant que Dieu ne hianqu^ra
\u de tous fu^er conj^rnidinent au tem9 qui vous
\ '
refte ,. aux cirtoAfVtnces dan» l^scfueUes vous vous
trouviïS aâuellement & à la Ancérité avec taquellt
vous chercherés » & recevrés la vérité, îl y a quan-
tité de vrais chrétiens qui confervent quelques dou-
tes, eu Ibrtant du monde, & oui fe rttjouïfTent , de
ce que* tout deviendra lumiôre oc certitude dans l'au-
tre ; car ic çhriftianisme elï en gçnéral plus Tafliaire
du cœur que du jugement. y '
Mes Lefteurs jugeront eux mêmes • quej*o(bfs
heauc>iup efpérer de fa part. L^opofition qu'il a voit
/aite, de propos délibéré, étoit lev^. H fouhai-
toit fecreteineuc de devenir chrétien, & cra'^noit
feulement d« ne 4e pas pouvoir. Je n' ayois pas
ruifon de lui' cacher mon efpérance. Il ]parut (e
réjouïr, lorsque je lui en fis part. Je lui. confeiU
lui de prier Dieu l' illuminer. Surquoi il me de-
.n anda : Si un fouh^it ardeut adreiVé à la Majefcé di-
vine, étoît déjà tine invocation de Dieu. Sans dou-
te, lui dis-je, & ii vous témoig^nés fouvent de ces
fortes de fouhaits devant Dieu , vous en aurés eo-
ct)re lé grand avantage , outre V efpérance d' être
'élevé , que vous vous familiariferés avec la penfée
de la toute pféleiice de Dieu & de votre dépendance
de (a Majetlé, Hz que vous ctablîrés par là, une
i\ncére confiance en lui, au fond de votre ame»
iltfih produira bien des fortes de fentimens agréables
h Dieu, dans votr&cœur. Faites en au moins beau-
coup de cas, & uchés de ne les paspej-dre. Vos
{itntimens en feront perfv^onnést & il faut que
cette perfeftion fafl'e votre principale ocupation. U
faut que vous tàchiés de rendre ces femimens per-
feftionnés éficaces pour votre propre repos. Iteflé-
chiflés devant Dieu, fur. le. bien que vous )>ourriés
encore faire , & fur ce que le devoir demande en-
core particulièrement de vous, 4^ns votre iituatioii
préiente. (14)
je
(14) V Âutmr n*am'oit-ilpas marqué particHlùgrf--
mêHt ici, comnu tout éttBmtSt iM peu trvp
41
' Je !iri «vois «porté te« principales Vérités'-dc la
religion naturelle de -Reirtiar. Aiûfi je liil confeillai
die lire ce livre , poUt rendre juiVe & pour complé-
ter la connoiffance i^nfée, qu'il avoit acquise de
D'reu.
Quatrième entretien , le gme de Mars
J'avdis déjà remporté de grands av«ne{iR:es. *Le
Comte S^rucnfée, fentoit l'aproche de l'^rernité
& ne pouvoit ni ne voutoit plus fe.défendre, contre
les impre.flions que fa vue'fa>foit fur tnl. Il étoiten
fonci à r égard dé fon état moral : mais il ne t' étoit
pas encore alTés, il ne Tétoit au moins pas tant
^aMl faloit, par la caifon, qu'il remarq^o'tt le de-
Îjlaifîr de Dieu. Il fouhaitoît d'être tranquilifépar
e chrifHanisme » mais il croioit qu'il n'étqit pas poC-
fible d'en avoir une ferme conviftion. C'elV en
coniéquencé que je crus devoir fixer le plan démon
{ procédé envers lui, de manière, que je lui rende
e chrilMantsme nécefTaire, par le fentiment de fa
nuifére £i par le danger auquel il étoit expofc , fans
le preffer trop vivement de l' embraffer. En «tten-
ilant ']t crus qu' il feroit à propos de lut fournir de
tems entems desocalions, propres k lui aprendre
 cohnoitre les preuves de la religion chrétienne,
afin de diminuer les dificultés quMl croioit ytrou\-er«
à mefiire que Iç défir de trotiver de la confolation ,
oroitroit en lui. Mais il étoit néçefCAirt que nous
, folons
éttnflufi, tnaJnflan$feninfirHS(iont &n*aiî'
roit'U pas atribui , , in mime fms^ trop et
forets kumaints à Struenfie , ou ntV aùroit^il
pas trop renvoie à raffttr'awt en Dim? Dit
epit la capaiièi néceffaire p<'têr ut ifii , dt mê-
' fHt que' V tntiire htètuUiation , & laeomponàton
"'de çttur , ntft troui^oUmi pas tncort en lui.
4»
fiior>alc , à l* (^gnrd des avions humaines , av^m qtce
-de lui faii« voir -ptus fèrivuTement ■ ie dat^er.danl
îcii^iel fa conduite» dired^^irfi^ït ^jicffôe k la moral-e^
r a volt ]ettè* fl T ' étoit a^iiii d^a a^irOi^lie 4c jaiatk
ÏQftthnsHt k cet égard. '
? Wèh, v»vjsn*êÈes^ la vèritèpastntotef)rédfeiwénc
«onvemi , qne . vous avés une aine. Cependant je
, ftiis contesit de lavbir> en (jiroi cQnfilte ce que voiw
nommai votre vous iwGme. Q,nant à moi, <:*eft
lV4iiie, 4i vous'CR'ibulwîbés f knRi«rtaUtêto^t<cciil>-
ttie moi. Np difputons pas ftir des hioes. JU' ag^
tiiaintenant d^ examiner in moraiitc ou IMminoralit^i
ifiirvant tequdle^ «e vous môme o«i votre a«iê> f 'ert
eomf^Orcé dans oe monde. Ênfuite oe fera à vô«s
À décider , 1i votre bonne o*i ntauvaife c^Huice «u-
ca des Suites 4»MAr vous sqtr^s k nioit eu non.
Vous ^vou^, q^i* il y a t]e kl moralité àaM
iesit^trons. Ainfi vous ne nips ptfs la fibereé de
r liomnte. Vous aio-és 4iroi*vé à Àa pajçe 280 de
i' Abbé JwAralem, comment 8 Éwit fefoudre te
<eul doiite, que voiis y fjo«rtié? opefer. Jl fe -
reftwviwt de cet eiHirort , &dvoua, qu'^tt Vavoît
trouvé fort convaincant, qu'onVetoit niilteinent
/ obligé de f ' arrêter à 4a v^'étnière knprenïon qti'uit
objet fai roi t fur -nous, & d'y fixer Ta refolutionj
^ iquMl éboit btenjphis néceffaire de fairç deplusmiU
res reOexions éi 4e ne choîfir <ïu'«prôs «voir fti** '
liffauieut a^rofondi, & que -c' étoit 4A la vraie \i*
btrtè* Nous convînmes facilement, qu'il faloit
mettre au «ombre des aftrons morales » première-
«ent celles q'ui font éfeâlv'emetit libre*, (Telt à
dire»" celles dont le contraire clt pofifïble a l'-fcom*
rr4<», & auxquelles ii fe d«terraine, après «wif
réfléchi : enfuite celles qui pouvoient dépendre de
6i liberté, & ^u'U commet 6tus «viNf fait iàes re-
•
43
£exlon$» comme ^ [raniolt ospentEaiit di1 St, pu
faire.
La déffiis il f * agïïïbît de la queî^îon » qn*eft ce
Suî rend donc les nftions hfonnes ou maiivaifes t
[e font -ce Timplement que leurs fuites V fimple*
Itaetit celles i^iiî le raportent à la focieté ? Jl avoit
♦té cî- devant de ce dernier fentîment, auquel il-
* venoit presque de renoncer, Jl étoit néceflaire • di?
Ijai l'ôter . entièrement,. Ceft pourquoi je lui fi«
toit, qu'Hétpjt impoltibïte de découvrir préalable-
ment, les fuites que nos aftions peuivent'avpir»,
fùivant toutes leurs proportions; qu*il* faudrolt.def
anpées entiéfes à celui qui vondroit entreprendre
d'en faire la recherche, avant que de pouvoir par-
venir à ,fe déterminer par raport à une leuie' àftibn ;
tue les fuites des attions. f* étendent, de tons côtés
: quellçs peuvent allçr jusqu'à la tin du monde, :
rtiême jusqu'à réternité, &' quil n'y avolt que -tè
tout puilTant qui ^oît en état d« les parcouHr tùutes,^
$: de compter le nombre des bonnes & des mauvai-
fes t qui en poùrrc^ent refultur , pour former un
jugement certain de leur moralité. Tout ce qu«-
1* homme peut faiire , fut -il auHi le plus faged»-
tous les mortels, ajouta»- je», cVelt de prévoir quel-
ques unes des fuîtes 1rs plus prochaines. •— De .
^lu^ je risque de me tromper, envoûtant décider
la moralité des aftions par 'les fuites qu'elles pour-
foient avoir par faptjrtà la focieté, & de croire bonne
ou innocente, une aftio.b dont 'la fuite me fait voir
<ju*ellene Peft pas. Mes paillons m'éblôuYront,
elles me féduîronV, h envifagerj les choies dans un
faux jour, & du mauvÂis côté , & leur violence ne
permettra pas que je prenne le tems nécelTaire Vour
Ifes examiner. Cefl ici qu'il fit lui môme uner^- -
ihàrque, que )*étoîs fur le point d;y joindre, ^
ou' îl a, fans doute> tirée de fa pcopre expérience.
Les inclinations , dît>- ilvtne perfuaderont , bîenque
f aprofoiidifle, que Taftion, h laquelle elles m&'
aortent uonrroit deyeivr nuilible à la focieté , que
]*«urois
■ N
\
I
\
1
44 -
j^auroîs te* fuîtes en tam pouvoir ^& qti* il ééjpeà-
droit de moi die les éviter a\fec précaution, ou 4e
le détournej par le fecret en les prévenant. Eh
^s me fourniront toutes fortes dVxculei aparea-
h?s & nie rendront fort dilpofc h la croire vraie
^ bien fondée. Tout cela fut ex})liqué par des
9xeiiiplt;â« c^u'il me permit de tirer de ion ex-
pcùence perlonnelle. '
Vous toiés par là, continua» -je, ,<ïu*îl faut
ou* il y ait dans les aftîons uiêniefi, queldue tho-
u* qui lès rend bonnes ou mauvailes, & qu'en"
«giflant d'ailleurs moralement bien, nous aions
vue règle certaine & î'nunancable on mains, ful-
vant laquelle nous puillions jugtr avec alTurance,
.^ans les cas qui fe préfentent , de ce qui nous
elt permis ou défendti. Ceft la volonfé de Dîeu
qui elV cette règle; Si bien donc que Dieu noua
eu aiilht donné connoitfance , nous fommes alTu-'
ré d.' avoir une règle aulU infaillible de notre ton-
duite,, que Dieu eit lui 'même infaillible dans Tes
j[ugemens. Je ne 'foutions pas ici, que lés acti-
ons font bonnes ou mauvai Ces, parce que Dieu
a voulu qu'elles le foient. Le bien & le mal.fe^
trouvent dans les afuon» mêmes. Si Dieu n'a-
voit point crée d'hommes. Ton efprit aup^it tout
de môme \\xgé des avions, autant qu'elles étoient
d'ailleurs iitiuplenKnt poinbles , à l'égard de
leur moralité; qu'il en jitge aftuellemeut après
les avoir créés. Dieu veut fk ne faurolt vouloir,
que ce qui eit bon, fuivant fa connoilTapce, 9i
il connoit les çhofes ppur ce qu'elles font éteéti-'
vement. Jl fagiffoit maintetiant de lui prouver
que bien tious é éfeftivement révélé fti volqnté,
à léK>'^rd de ce que nous devons fait^ pu non,
ou par raport à la moralité àes aâions. .Jen*p-
Cois pas renvoier le Comte à la Bible, parce que
1"' aurois été obligé de prouver premièrement qu'el*
e e(t l ( parole de Dieu. Jl n' y étoit pas en-
^rt i^r^aré, & cette preuve n'étolt pas du res-
fort
. I
»/
Ibrt des vJ$r1^sV^^^)Lt Âotis étion» ^ôm^Aiôs ju<<-
-qtiei là. Je m'ett raporUÏ donc % là confcieticé
ou- au fentimént moral, Imtiinel à toifs l«t hom*
u>. . ^ C>
Monfieur lô Coiçl;p, luî dî«rje.„ tout comm*
^oi»t le 'monde convient, que le fucrét fait, une
autre imprefTion ftir la langue i quç le vinaigre^
^tt' un vifage. délîguré par la petite vérole n'eft
pas beau, Si, cfù* une peau fïne & unii» ne paroit
pas laide à Ta vite., il convient générarément , q^ue
le vol & le meurtrë. ne font pas inoraCenjeot bons,
& qu* il n'y a point de mal d'être ,]iUM & bu-
main. ' Tout cohinie ceux qui jugent dé rim,
preiTlon que le fucrë o\i le vihaîgre 'fait fur lii
langue,, 4 <îu' un beau ou lai4 vifagejaîtà leur
vue, font hors d* état d'entendre &;.çl' examiner
les règles de ôHIfique , fuivant lesc^ùelles céttft
irapreffioiî fè fait & fe doit " faire , V homine î* a-
vife peu de pertfér feux régies de la «tiçr^le, pat
Jesauelles on en peut prouver la jufteOe, Quoi-
qu'il" forme foii Jugement fur la moralité <rwne
«ttion, d'abord après l'avoir envlfklgée. " Le juge-
liient prévient -les réflexions & les rectierches;
ir vient d*\irtT<^ntimetit inténeui* qu'on nomme le
moral, ou'dan$ un certain fens la confcienc'e.
__ plus délicate que .. .. ^.— ,_ ^
vous, Monfieur le Comte, vous Tavés .aùffi. Ce
fût, pour lui mieux iWrê fentir la chofe, que je
lui lus les pl-éceptes de morale de dellert,^ par rà*
, part au caraftére de Damoh & dç $emhon,. le prl*
' ant de me dire , lequel des deux ilvoft fôn àproVa-
tion> Il fe déclare naturellement potfr le y<lerltiîef,
"renés, voiU\, lui dis-je, le jugeaient de votre
Teflemîment moral , ou oe votre confcieace. Éiea
2ue vous aïéci dû vous reconnoître dans Ul perfbnne
e DaiTy>ii, ^ que. vous-n* anfés pa^ ^u le tems de'
«Qmparec, dans \\fi inometit» le dtraOdre de ces
E deux
v
"^
«deux htfnuMi» '(kd^en émoiifief.U» fwi^lpMx
traita , Cmvfint. Ici principes dé la morale « Toas
trouvés d*^rd.<ji]%»SemDon a la ^fêfémace. De
forte qtt^en examinant votre jugem«riit félon Los
ré^es, voua vous aperccvrés qu'il eft fort }nfte.
' . . ■ ■»
Loi dl&nt eofuite, que ce reflentSment morat
iiotts étoit naturel; fit attaché à notre nature, je
fus ob^gé 4e rue iiréparer ik répondre k des o4}jefti-.
<)ns. Cependant rl^e témoigna, qu*U n'avoit au«
ctuiehient envie d'en' faire, & qu* au, contraire, il
youLolt fe défaire de t6us fes ddutes. Mais ~ que
notre dtfletn dçmandoit,. qu'il me dife à cœur on*
vert, ce dont il n'étoît p|is convaincu», qu'il trou*
voit à la vérité' un reiTemimént moral' dans l'iiom-
me, mais qu'il ne favoi^ pas encore , Til lai ett
ioatiirel, ôc ('il ne procéiloit dàs d'an certain préju-
gé. Commuent, lui répondit- je , tous les^'lioaime;
leroient ils ocupésd'un féal & même préjupié? Com-
ment cela pourroit-il fe faire , que' le vicieux foit
rempli dti'méme préjugé que le vertueux, quoi^.
qu'ilioit fi contraire à fon intérêt? Car vous fitvét ,
que ie vicieux ne fauroit refufer la'fecréte aprobîu
iion à là vertu, quoiqu'il ne le téiûo^e pas ou-
vertement. D'où vient donc cela, fi ce n'etf de
ion fentiment mor^il? Ce pourroit pourtant bfeu être
«n éfet dé l'expérience, ou 4e U jc^tume, qiie
^ousr avons, de raporter les aftions 4' autrui ji nos
penfées. Je lui répondis, que ce fendinent ne
pouvoit, ^ la v4irfté, pas 6ti^ rendu plus fort, plus
certain & pins feolible, par J'expérience de» fuite»
des aftions, & par larepréfetilRtiondufaport q^'eU
le a i notre é^rdj niais qif ii Ce trouvoit en nous .
et qti'il faifoit Ton éfet avant que notis aTons ces
expériences,. ^ .que nous Reniions à. ces fortea
de raports à notre égard , qu'il fe kronvoit dans
tous les hommes , dans les plus ftupîde» de lesrplus
ignorants & même dans les cnf^ns, qui ne feu*
rolent tant réftédhir ; que nous avions auffi lin
fentiment de M mAraUté de. <«s ibrtea li'aâions»
que
4?
^^f» ttOtti x^^êtSam wmOBaxmit en <tat de r«^
^•fterà iivus, & qaMl trouverait )p< e. t^^M^t
tqive CobérÛknc? de . l'homme .«iwers Di^u ejl^
Donne v'.& ia>dérobéf (Tance inaavaife> qiiorqûM'I'He
fe jpttïïTe poM promettre de profit de Tune ^
«e domniftse de i* autre, pour &■ f^tçrfomie, C»
lémiment; pourroit dom^ bten.'Stre une fuite de
l'édtfûRtionî Nbn , aucuoement ( L'enfant «mt.
»'ei^p«5 encore élevé, en e(l.déj« pourvu. II-.
|parle plus décicivement & pfus ja(faHnent, pat
Itfp^rt à certaines aâions, (fans fenfent (kuvage
4e ia .Gfonlande & dans le Hottenbot, que. dan«^
l'Anglbn ficMe Pranoois, dans ieiquels ce feotiv
ment dk altère par r éducation & par la manièfo'
4it vivre,
• • 1
.... . • - I .
.11 ibomba.d'acordv qu^H Ikbît que te fetitlmen^
•lÉoral nous fut naturel &/prafbtidéiiieik flaqé dan*
botse nature> • C*eft donc i* Auteur de notre natu*
ire q\\\ la placé dans notre cœur, $c c^elldansltt
Jugemené de: eê fentittieiit qiie,!noiu aprenotîs li|
Volonté de Qieuy A l'égard. de oequ*|Lyade bos
« de maiivttià dans aos adîotts.
M
}e hv ifli vt»!r MfuHse en peu «ée nots^ qjim
le jugement de la copi^noe étolt conftnM par
les fuites des attonst patce qUeceUe^ avoit du
sapoft avec,!* autre. Que p. e% la bénéficance»
U gf atitudtf > l' honnêteté U V h^imaoîté , avoienK
P^cobatien. du lienthnent morale &qne i*eKpéri-»
«noe prduvoit » oue la ' bénéticenoe aqueroic^des
^Asnis, la gfatîtude 4et bfenfidtetvs/ V honnêteté de la
«onfiarive, dt l'amitié, noe amitié recipro quf drc*.
A, la fin noué, déduifimes les règles générales, qui
tttivent d-éflTotts, de piuTteurs jugcmens parti'*
cnlien dufentlme&t monil , pour détemytierla mô«
sàlké des aftiona humaines Si leurs degrés^ Chaque
abtôon . libre de 1* hqmtae bu celle qui pmivpit de-
jiendre de k liberté «l|ui contr^^aulrattaenc moral
V B4 ou
«» i kl jrdlmke de Bicttr & i^a!*Gâirf céiàcttiie^
#it pffut attirer de nauvair^ luîtes »-f»ftiiiÉuv«fftQ
Elle eit d* autant plus mauvaiie , qu' elle eft contrai^*
fe.à la volonté oeDieu, & plus fes- fuites fdntdUidt
l«^^cpaAdiies & irréparabies. Elle e(V tnauvaife {% 5)
4 proportion <}i%'eUe marque de ladéfobâtflanceeDs*
ipers le plus grand' législateur , qu' elle ofGenfe fa n»^
^\é ât que c'eft une révolte contre fes vuëis fain* ,
tes âc bienfaifantes. Tout - ce que les boiifme*
font il autrui & qu^ils ne- voudroient pas qu'oi^
teurfit^ eft mauvais. Il m'^oit facile de voira la
qùoe dû Comte, qu'il f'étoit déjà «pli(]ué.<esrë^
sles & qu* il . e& avojfc fomié fon jugement.' Les
S^âne& qu'il repandmt' en étoient uni? prem^ecer-^
taine. Ce fut tout exprés pour lui que j'avoi*
mis par écrit, ce que j'avois à lui propofer pour
cette .fois -ci, conWmément à ce que j* avois.fait
•iiparcvant & dan*' la fuite , & je U^l' en ternis la
finùUe pour L'exaiBiner derechef (1^)
r . . . ^ . ' .
^> Je vous dkid"mauitenaiit» cODtittuai>)e, com<*
misât ]e compù^^éi i«ireu(i|ge des régies morales/
éoaù
(X S) Z« ftmtimmt moral di chaqut hommu , 4r mf-
• r Mjtf 41W Imfmthmmt moràk , tû qu^ofk le trouvt
éaHsUspiehmiirs<t pris £tni$u idée précêfit né
1 pMt ptâi Mmittw«o«imi cHrêSttmmt , fans ow-
. trt re/MBUomt la uotanti M Dini, pu être mis
■ à^faplat0^iparcê.q»'ilt/iJuJ9tà.fpritro$tifUy
• d» même qu$ Us autres firsiSsdtVame'^ yar
dss .(Uévrérts marais & phifiques cteki natura
hamaim* Uefpriti ^ rmipli (tigtwroMC* &
41 wrrmrs , &* f ' efl cê qm êaafê atiffi umeonfe^ ,
PêAé trroMte dans U pUts hommte di bimu .
.<I6) Un matlunareux^ prioé defà tibtrti (fdiUmi
U e/piroHCi: fondée Jkr une félicité ttmpordU ^
f$ JouuUtU trop facilmnmty & mêm^ dàtts Us
m4d^isti9m.dis. plus férùdfiis'r di uue partq
\
' /
1
- 4?
i)ipnk^0tif fommc« «onveni». Si vous tàvStaâtês qn^
pieu vous faiTe gracé^ il faut nécëfTairçiiiènt que
yous reconnoilTiés- vos forfaits; & c'eft ^ auoi ç^kl
réglés vous fei;ont d* un grand fecoure. ' Il faut que
vous 1rs compariés^ avec vpsj aftions pour en^ jugée.
Je ne voie que deux' voies,' pour vous en fouirnur
r bcafion. La préftiiôre eft de vous prier, que vous
examiniés vous même votre coinportenient , rui>
vant CG$ régies Hxées. ' Si je pouVofs m'aflurer
que vous ïé ferés férieufement & avec affés d'im-
parti^ajlte., je pourrois m'^piargher le d^plaîfîr.dife
Vous dire jnille Chofes désagréables Si ^humiliantes »
& vpu^ épargner en thème tëms là hotite dé la coiOr-
feirion , ïpais je n*ofe pas m'y tiér. Vous risque-
yiés de ne vous pas fouvenîr de bien 4cs chofes^,
fans une inftruftioti particulière, de ne les pa^
«0es iproFondir & de vous "contenter bien fou-
yeitt de mille excufes tnCiifirantfs. X(ftù cela ep
vrm'f répondit- iL II faut donc que je choi-
filTe l' autre vole , ajoutai- je , qui eft de vous dé^
|3eifidre autant qu'il dâiendra de moi,^ là vie
que vous avés menée or vos aâiipns , & d' eut
Juger en détail. Pour cet éfet il çl^ nécelTai,-
rc, que j'en revienne ^ votre jeunefle» & i i
fa.nt que vous veniés à ^on fecours i comme
un homme d'felprit, (|Ui fouhaite d'être entière-
ment guéri & amendé. Oui dit r Ut je- vous
ay^utrM tout. Je (ferai plus févêre envers vous
qiie vbus (e croîrés nécefl^ire. ' Mon àme eft
àâuellement attachée à la vôtre, je me rear
*E 3 droii^
4ouloureufe, & là dépêndanâequata eotttume
a rendu invincible â un caïur attaché à fifi
fiijpons (^ à fes voluptés anciemes^ foùtanfir
tnmt couler des larmes ^ que l'attente d^ut^
defiinée épouvàniable ne manqué peu 4' aug"
menter, C efi ici que les ifeux les plus clair-
wia3$is peuvent itre abufés. -^ J^émêàtipcafi-
çn d>uH trépetttaince phHofophtt
■• I
S6
cboîs refjpcmfiiMe devtnt D?eii , il f en iifbfs avec
|)liia de c«Qdefcendeiiçe, & de douceur t que }e
j»e dois , pour vous, épargner .de» douleurs» Ce-
pendant |e, ne pr6t»)s pas potir cela, une ccttv-
telHén de tout -ce que vous avès fiiît Fecon-
noiffés {bulement devant Dieu 4e en conrcience»
•e que vous avés ét4 jusques à cette beure. . Ne
. VOU5 e;9ccufé$ pa« envers rtoi» lorsque votre cœur
vous dira» que vous êtes incapable de vous ex--
cufer. Mais li en cas ^ Je vous faîCois <lu tort»
vous me le di^és, & je vous cioîrai fut» vc^e paro^
'le. — J[e ne m' infonue pas de vos af^ons« ohU'
me ua ^uge, quî prétend jpunùr vos i^garenaens»
snais comme un ami , qui r elt propofé d^ réflé<r
chlr avec vous & de vous conft'îller les moiens de
détourner de deffus vous lé' déptailir -dé,DievL
Par conféguent nos préniier& entretiens ne ftiu*^
roient nécefTairement ^e que fort tr>t^és pour
vous , mon clysr Comte. Je fais, que votre cœur elk^
^éja bleffé, mais il faut que je tâcbe d'^en agran-
cUr encore tes plaies^ Je prie Oieu d'avancer v^t
'vues, qm tendent à vous caufer une trHteffe ia«
cxpriniAble» Vous en deviendrés en Culte d*au'*
tant pKta avide^ de confoïation r vou$ recevtéi; 9vec
d'autant plus de confiance» Tuniqui; véri^
table» que je puis vpus ofrir, & vous U brou«
verés d'autant plus propre à vous tranquiHCer.—
}e vous prends maintenant pour un malade» qui
risque dç ;rhourîr fans refiVirce» ou qui eit oMi«.
fié defejqpdfer'à Une opération très deuloniett-
le » de la main du chirurgien'. Le Malade^ féroit» il
lénfé » i*ïY preferoit la mort pour éviter les dou'^
leur» t Serei^ - il iage de V impajtieniter pendant
l' opération» ^ àt vouloir ^u mal au ci^urgien^
Tqui malgré le^ ' douleurs qu* îl la? caufe v ne^ de-
mande quefo guérîfonl^.— U fut touché & ^it»
•n me préfentant la main» qu'à jîtoii tou^ prit
à fe Cbrânettre à ma QDadaltc» >
Àfxi» «voiir 0bfiKvé lUl peu le fiteace» dr
' pm
F
«art Se 'â* autre, ît tee régale» en vahai des
larmes, d'un air qui marquett en inême tems
4e r aogoifle & de la confiance ,' & me dit :
Pourvuqug tnts larmts fartent (U tm homu four'
08 1 Je devine ce qui vous iait '^pleorer , Mon-
teur le.;Comte, lui repondis « je. - X'eft, fana*
doute, te malhenr dans feqi^'vôus aVés plotigé
V68 amis. Qeiï là votre endroit feniibHs. Pour-
peu qu'on y touche, vous en rdTentés des dou-
leurs. Examinés voi»s. N* e(t "Xc amplement
que r amitié perfonnetlé, que le fonvenir de^plar^-
ii'rs , dont vous avé^ joiiYs de compagnie , , on (de
tnQ;efle, de vous voir privé de la'continuatlon, ou
bien, eft-ce la perruatiou d'avoir ofenfé Dieu, la
religion;' ta vertti à 1* égard de vos amis malheu-*.
neUx, ou elt-ce le reflentiment de tout votre
tort « qui Vous attendrit 11 fort? Il rumina pendant
ou'elqtietems, &r écria enfuite: Otfu*U efi di*
jUileà'tnàuoit delà eertiêuetê!
■ ' ' > «
• ■« . '
Il a jouta -un moment après: BourH au' il ne
ioit pas trop tard pour mo| , de chercher La grâ-
ce de Dieu! Je ne le fais maintenant que par
nécel&t^I Vous avés raifon, Monfieur le Comte*
de vous faire les plus douloureux repiioches, de
te que vous avés pafie presque-toute votre vie*.
fiins penfer à. Dieu, fans -vous mettre en peine'
de fon bon plaiitr., & de ce que toi^s fes bien-
faits n'ont rien pu pagner fur.voiu, mai» de l'a-
Voir mis •dans la néceSité, de voua plonger dans la
plus 'profonde raifiàre, peur vctos porter parlÀ, k re-
tourner à lui. Cependant vou» n'avés pas lieu de crain-
dre nmpoOibilite de votre falnt. Il n'y a point de dife-
cence devant Dieu, entre le tôt Au le tard, (17)& il faut
/ E .4 . poar-
<I7) t'êxprejjlion^ qu'il n*^a.pi>int <(a 4»-
, ftrtnct devant Dieu^ -entrt 1$ tôt ou
/
y
>
5*
]M>ttrtànt us t%uUMn au pÀbetir p«Ar le fendre ^
attentif à fan âat, & qui excité en liii le dr&T
4e la grmcé de Dieu ; ne ferpit-ce q«»e. la ihjfére
doni fon péché le recoinpenfe. H d<;pendra de f^
iîncërité avec UKjueiie vous demanités grâce, qii^
Dieu vous t'àcordi^. Celui que j'adore , comme mon
Sauveur* & que vous aprendrés aafli à reo^nnokre
pour teU ^ ce que j'efpére de Dieu, d)t, fans fixef
le te/hs & les motifs : Quiconque viendra ^ moi , ne
{bra pas rejc^tté."- — Pfêpourrùisau^Ufairit^ àjou-
ik'tAX^ partomfMfiau» pouY wMSt Otte penfôe
ni*a déjà inquiété.^ ^ Examinés vous bien là deflusj
Si vous aviéi pris la^refolutiondene me pas j^flt-
ger, par une relilbance préihéditéeV en conlide-*
ration de T amitié aiia j'ai pour voutf » je crois que
cela depi»roit à Dieu. ^Mais qtie votre lincélrité
vous tranquilife à V égard de ce doute. Ce n'el^ «
Bt ne peut pas . éti:;e la comptaifance , que vous
«vés pour moi, qui vous rend fi trilte, li abatii
& qui VOQ8 fait tant verfer de larmes. Après
avoir un peu réfléchi, il me dMt Que m*en re«
▼iendrôit-ilf Non,- dit-il, en dse tendant: la main«
ce n'eit pas par •comptaHaocf ; Je me fouviéns
d' avoir apris , par ce qu'on m'a enfergnt- du cbri.
ftianisme , dans ma ieuneire , qu'un chrétien doie
mourir avec joie, & avec-ime entière confiance.
C e(l poarquoi mes doutes me font trembler. It*
ioe reviennent k tei^t tnomeat à l^sfprie: Jetàche
prnr comféqùeHt fwariftr dêsfnUimmi erronis •
Il if a un» éifirtnu Uris mmr^g , en fxami^
nant la fourc»^ entre un retour prentt, om
produit peur de êtbttx motifs ^r& un retour tar*
éift tw V ameudemufU <f un cœur endt&ci , &
pour ainfi diire\ forci par des coups de foudre,
fMt peut, fans doute t être acotnptigni de pe~
nétreUion, & (fune libre refoîution. Mais
P càueur a y fans doute , vottln exprimer par
là, Végal eenprejfetnêut de Dieu, d recevoir
ifpéchmr.
/
/
iklavériU, de m'^n défaire» & Je faUs de» éfort*
.->fK)ur les prévenir. Je jugeai par là ♦ & je trou-
vai, en iil*cnquerant» que j'avoi» prérumé la wé-
rité> favoir qu'il buttoit-aa fenttnfient particulier»
iquc bien des chrétiens croient avoir , & qu'ils prfr.
noient pour des fuites certaines d^ iag;race de Dieu.
Âinfi je lui répondis» que- quand mênie ces l'ortç»
dé fqntlraens feroîent èfeftivenient, ils ne pbii-
voient pourtant pas être regardés vemine neceflaîrw
éc infiaiiUibies: que j'H.vois connu quantité de bont
.chrétiens , qui ne lès avoient pas eus , & que mol- '
loênte* fentant. que je fuis chrétien, je ne l'avoii,.
îamais remarqué en moi. J'ai vu uK>urir.mot ind^
ne* dit-il, en m*interr9nipant, un homme fort^
craignant Dieu, qui eft forti du monde avec beau-
coup de détreD'e. Le tepos que je fouhaite, que
vous aies en moufant. Moniteur le Comts, 9i
que vous pourrés aquerir , ne peut pas coniifteè
en une joie vifible, mais il aura une certaine tran-
quillité d' aroe< qui. viendra de .la, p^fualion., - que
vous aurés dcompli des conditions, que Dieu
nous prefcrit, comme les '-feules, fuivant le»»
quelles, Hl veut bien nous pardonner. 11 faut
alUTi que vous faffiés iine.^dtference entre un
,,i:h/êiièn, qui a été vrai chrétien pendant une
]ongué fuite d'années ficvous, tel que vous pour*
jrés encore te devenir. Toat auflt peu qu'il
vous paroftra vrai-femblabte . que vous puiUiéft
être des premiers bien heureux , malgré voire
converlion itncére, auifi peu vous poiu-rés voUs
, flater d'une mort joieufe , ,qui n' elt peuMtre que
Û héritage des chrétiens éprouvés. Ab , dit-U»
quç mon fiflrémè a été chahcettant jufqu' à cette
heure , & cependant, ou' elle force n'a-t-K pa^
eu, pour me perfuader de fa vérité! C't\\ con-
formément à ce tiftèmô, qtie je m'étois prémé-
dité dé relier fidèlement' attaché A mes princi-
ives , en cas que je meure , & d' attendre U
mort fan^ me >netti'e en peine de quoique ce
foit*. C'^ft pourquoi j'ai marqué de la repu-
gnaûce de voir iin écclefiaf^ique. Vous vei^ dooe
' • E 5 X U
I
5^ ■ . ■ '
dlQ>erfée ^ns imji tés quatre ^^fvmgétîReç, taif
lesquels it y a bièi]L di^s endrofts, doçt la.tniduco
tion ell; fautive, ^& d'autre» qui pourroieht vous
être imtiteliigiljles » par raport aux 'moçurs &
aux nations d.'alor;^, d^ ni<$me. que par raport à
la/ïituation des lietjuc &c. Si enfin, parce que
v<2us avés fans doute àiilH été 'acoutumé d'abtifer
4^ |a bible « en vous moquant de queiques ex^ '
preiîirfns, qu'étle contieoft « je ne. le fef«i,i'Raf
pour le prirent. Ou£^ dt^-il, '\0!a$' auis . ràifim*
Je iui prpiiiis donc de lui «porter rbUk>îfë puE»^
fiée h Zuricy des trQis dernières années de U vie
de Jefus Chrît , où' tous les faits font reci^iUif
ëH ordre, mis au jour & propofés en^ un laito
liage ipoderhe. Je fuis fathé de de que ce m
«re n' eft auAi pas encore parachevé, ' & qu^ m
mort de Jefus «qui e(l la part'e la plus rbtéref-^
faute .& la plus reipeftable de fou biftolrçy nuur^
que encore. "*,
Monfieur Cramer , prédîcatetir de la cour da
ÈàU m'avoit chargé dé le faluer de fa |>art, $é ^
de lui dire> que le Ctimte ^e BemitorfriÀI avoit
non feulement pdrdéhné« mais que jpëddant léi
derniers jours de fa vie , il ave4t aiilH été 'fbrè
tfn fouet, par rapbrt àTétaf de fon ame» Il mé
demanda : Bttnfi&rjST <x > t * il furvêcu A moi$ evH
ftifimnemnit / Oui, càé- it e(t mort, it y a à peii
l»rés que qui rixe jours. Ityerfa de nouveau un
torrent d^ larthe.$. Il mé pria de rnarquer X
^Monfieur Cramer, qu'il foiihaitoit d* étire digne
de fou fouvenlr , Ik qa' U tui éto(k fort redevaimé
de cette nouvelle^ "'
Je lui laiflai pour éetté foîs-c? te» înftntftr»
en» nM>r3des de'uélleft; car it avôie oéja pafTd
■ prés de la moitié dé keimarus. P f*^étQit pres-
que contin^iellement ocupé jusqoès .là. , pendant
. ftion abfence» 4 îa teâttre àts- livrés» que je tuf
«vois apoctis^»
'•■■■•••• • (^i
• ,
\
^G^ti^e ^teeeiefi; le lépié Mâm
* - . . '
T c Coijïte IHbît 4 inon arrivé. lesinftruftîoTis mot '
•■-' jales d^ Gelterf, & ne favoit pas ailes dire d^
"kiçn dé ce livre. Si feulement ]* avois lu , il y
V^un an, dans i'éloignèment des.diftraftlons^ oa
je' mé trouve à cette heure, dit- il, je feroî» cer-,
laih^théîht devenu tout autre. Mats hia vie étoit *
Xtii fohge. ' Toute fois où trouve- 1 -on de teû
iÈhrêttens ! Je crois , répondis -je, que Getlert'étoit
?e c^tte forte de chrétiens, & je vou$ avou»
ioùé ces fortes de tnodels font foyt rares. M«'?s
H n'cft au(fi pas p<iflible, que tous puiiTent. re-
lever 'avçc. une i^lç halUeur. Ce livre marquç
la pei'fe^ion'.à laquelle jtous devroicîit naturelle*
inenC afçirer. Quiconque emploie tous fes ioîî)$
% devenir boni, & vérital)le chrétien, le devieii-
4r^, quand, même il n'ateindroit pas au uiodei
ftjûvam lequel; il fe forme.. Faite^ .auiFr d.ç votre
^te, en cette vue,^ ee qiie "vous pourrés encore'
, faire, & vou^'vous apercevrez bientôt de l'acvo-
ifrtment du bienr qui vous en reyiehdrii , & aior^
]^"tie~ ^ute 'jpas que Dieu ne you* faffe' gract?^.
'•••-'■-■• ' ■■ - ••■■-:.
': ' &»uvelBés . vous, que BOUS ibmmes coavequ^
^hs' notre dernier entretiefi ,. de. travailler ià un
examen fincére de votre état moral. 11 vous met*
tra en état de bien juger, fi vdus poûrrés fortie
tranquillement & avec efpérance de ce monde,
•tel q^« vous vaus trouvés nmintcmint. Vous iav<^
«itwore le». règles .que nous avons dernièrement fi>
xées fur 'la niorallté. C cib fur «lié que nous fon*
derons notre examen.. Il faut qoe je vous demai)*
de encore une iîpis le fecburs de votre iincérité, \i -
deia franchife néceâaire. & que je vous prie de ^
he vous>pa« comenter vous mi|me, par des eX'-
cttl'es infutifantea.' Méfiés vous de toutes ies afti^^
eus quevoiMfi^oIrés dewit cxeufer. U f'ei^ hxit.
..■ i * auiB
\ '
•
\-
5«
poMt que vouî ofies croire, que ce que tt pu«i
^ voiis dire, àfi U quantitâ & tie la grahd«ur d»
vos pécliès y comprenne tout , ou \si plus grands
parue , de ce qu on <SJ\ p^ourroit diffi» Votne coi^
Icieïtiîè voi^s en .découvrira, bîeii .dav^tag^ qufe
.moi, U d'nilleufs. vous prent* la.'peirie de co^p.
jfiderer. fu-rieufement yotre , vie, coUime votfe de*
voir le demande, pour l'atnoùr dU lalut de Votre
amc. Dîeu fait tout ce c^ue'vous avcs fait conr
trc fa volonté. .Reconnoilfes donc aufll devaUt
lui, que vous avés itiHniment pIus; péchc que
vous ne favés. Cc^mptcs que de toutes vos brans-
gretlîons , il n'y en a point qui n*.ait Ht ne doi-
ve avoir fes mauvaifes fuites , qUi 'fe répandent
& vont toujours ptus loin, et qui ne cefll&ront
jseut Être pas même, a U fin du monde. Sa*
thés qu*il faut B<içelTairemcnt , que toutes cet
Tuites retombent fur vous, comme auteur de là
pt^Smiére raule, & que Dîeu qui voit tréipJr'éd-
Itnient ^ travers la connexion de ,tpute chofe,
vous eft tiendra certainement compte. Je fais bien,
dit -il là dcilus, (}ue je ne faurols' excufer knés
aftions. Maïs y elpéie & ]e fouhaite une ^rn!-
ïèi pai\:e que Dieu qui fait le mieux. ^1* emhrouil*-
îem^nt des cîf conitances , & les ' dffefentés îitU*
ations dans lesquelles je me fnis trouvé, fait aus*
ji- plus fîîrement & pli» }uftement, que 4}t|l que
ce'foit* di^tfisniner U degré de ie moralité^^
mes ffftioBs; > f
C'eilt «n. iUite de quoi, je me mU \ ébau-
cher les pfincipaux traits de fon caraftèret.ful^
vant ce que j'en pouvois juger, en Aii difant.
Dieu vous a donné un jugement qui n'el^ pas
. commun *i tout le monde, & lî je œ me trom*
pe, une aflTés bonne difpotition de cœur. MaiJ
VMiS avés corrompu votre cafaâére 'p<ur la volup*
té, r ambition & ta légèreté. U déclara, que ce
..que i'.avoit pcéfamé éfioit julte, & jMiOi;. . -..^
Que
5«
«
. • • Qtie te volupté avoit 4té 4)» .paiTwn d^miniiii^
àe, oui avoit le plus ^contribué k fa corruptioil
itiorale. >vCe fera donc , par ce panchant de vo~
tre cœur, que nous ferons le commeti'cjrmenu ^
«(ue nous examinerons les p«chés auxquels ils vt>iM
aura féduit.
1
La volupté eft le défir. indéterminé des plai«
xfe lui eft permis que pour le rétablltTeoienk de
tes forcer afoiblieis , par le traviiii « & qii'jt n^
peut avoir lieu qu^ autant qu'il peut (-tre utile
& fervir véritHblcmént de pteifir. Elle elr indé-i
terminée , quând T homme cherche le plHifif
dans vne jouïflance défendue par des loix hu-
maines Se divines. Enfin elle eft encore indé-
terminée , lors<iu* elle nous perfuade d' emploie^
tous les moiefis propres à fe fatisfalrc , fans ayolr
^cgard i & moralité. . . '
Il admit cette propefition « fans en deman-.
-ider des preuves, 4c m'avoua avec beaucoup- d'f-
motion: Qu'il avoit toujours cro> ^'il n'cxK
i^it que' pour te procurer des fentimens agré«
-aÎMes; que c'étoitk quoi il ayoit tout rapor(é,
& crue quand il avoit quelque fois fait quelque
choie de bon , il ne V avoit pas envifagé contint
un devoir & un amour envers Dieu, mais> fitjpt*
Î élément ■ comme te moien d'avancr fes plailir;}.
1 ajouta , . qu' il f * étojt aveuglément abandonna
% toutes fortes d'extravagances , fie qu'aïant en
fiji redenti les ftiites de fes défôrdres dans dci
maladies douloureufes, il ayott taché de 'rétablir
fa fanté, par fon ablUnence & une vie réglée, pour
fe mettre en état de jouïr tant pUis long (ems
lie fes plailirs. Qti'it avoit a la vérité renoncé
\
^ Ton libertinage démefuré, aprfï fon r^tabRifer
tnènt , mais que ceperuiant , il avoit toujours
continué !ts désordres voluptueux, que fon ju-
Êenient obier voit avec bemicoup d' indulgence.
Que ce qui l'humiliolt Je plus, <îtojt, qu'il ne
poqvolt acufer perfonne de l'avoir fcduît, mais
Îu'il étoit oMigé de confëlTef, qu'il f'étoitcon-
uit lui même à fes extravagances » par la \<efture
4it certains .il vreis , quUl în^ iKMntiuu
L'examen particulier de fk vie , par raport
% la principale palfion , qui étoit la volupté , fe
<it conformément au;c qu<ions fuivantes.. Il n^
cefToit d« pleurer pendaUt cet examen. Il fem-
bloit qu* H tronvoit du fouUi^ement , en me cçn'«
fiant r amertume de fon cœur , à l* égard de cet-
te forte d'égarement. On f* apercevra, que j^
tne fuis donné de la peitte à alTembler tout c^
que te volUptueuXv le'vplus extravagant a, à fe
. reprocher. Il «joutoit auilt hii mdme, ça & là
A^s chofes 5ui férvoient à agrandir fa peine.- Voi-
ci les (inefHon^, comme Je les lui ^ai propofées,
avec celles de fea réfuoa^a qui inarqucnt .quel-
i quechpfe de plus qu'une lipiple confeffionï.lt
3ui peuvent . contribuer en ■ quelque. maM^ire i^
onner dea lumières £ur fon ancienne façon i^e
|)enfer« au à infpirer pliu d'averfion à ni«« i«9»
t9ars i»crur le vtcè de U volupld
Combien de tetns n'av^s vqus pas prodigué ,
e». pqiirÇuiyant vos plailirs ^vec tant de violeiv-
ce, que vous auriés pu & dû emploier à l'avaix-
cens^nt du bien, dans ce mpndelMI répondit*-'
Je me fuis toujours trompé , en ce qi^
T'ai cru , qu' étant en ét^t de travailler aveè
-ftç^tl^'oup de viteflc , 3: qu* à pr<^poftio& 4e c%
X qu6
I
(
que j'AVoU chti^itr (àïi 4 f^rt I It me faM^
moins de tems qu*A tf*fiutreS| le relte du terni',
étoit ptfiit fatisfalre me^ paffions Ât qné c^^foîc
«utant de gâgtié pcrur cHe$. Mais }c! vois bien 4
qu'il e(t maintenant ttop lard» fit combien ÎT au-
Mit . ét^ de mon devoif 4c me rendre aftif 1,
faire du bieiii à iiieûire que4>iett a*ea a'confi^
les forces. * ♦ *
Combien cela ne vouM k^-uW pas fait n^gOger
de bien » que vous ëtiés o5ITgé de faire? — QueW
Ift infatiabUité ti'hfés vous pas montre daas ve«
diveteiarn»ens?
CoiAbien n*aurët v<ms pm tàftûé pour vaus
prociNMir toujours de nouveaux fentlméns fiatenri,'
ëés fens. Le cooibte des ^plmrm attire un irui*
de inévitable/ &. c'elt pour remplir c» viiide».
Su' on ne penfe qtt* i des chanj^emens de diverii
iTemens. /
Combien ti*8vé3 ^^nm pH âé^igé' pkf ïk âê
former votre efprit & votre cf»ur?>^avenës>out
ici des années de vos dtiule^ aux dcdei & atx
univerntéi. Ils m' ont fort «eufdè i fk ce n*«(t
eue àAna la fkiite» que f ai chercfté les cor?*
tooif&nte» que J*aunrfs pu «quérir ruk <eolef*«
£€«nt k Punlv«fflté f al fi<it la débauche pendaoe
dés mots entiers « • & enfuîte j» me ftUs remit
pendant quelque toms^ à l'étude, - Je n'ai aucu«-
tieuuent penfê à former mon cœur avant la vjn^
deuxième ou vingt troiHénve année de mon âg«S
C*eft depuis ce tems^là, ^ue ]e me Mt alfen»»
blé ik Imprimé les ptincipeè for la iMfalité ; dent
1^ vous, a] fait ouYfrtUre* ^
f
'Qnclt*
1. '
V
r I
ii
QucU«iléglIg[tace voUe volupté Mvoiu a^t-eU
■le pas calmée , jpar raport. à vra devoirs éAver^
Dieu, envers autrui & envers -vous même» £JK
yeut-étrc aurfi envers le» devoirs particuliers do
Tos fonftions ? J'ai fort peu P«nf^ a Dkjn, ^
je n*ai pas 'cru lui devoir autre âîofe, que Toli^
Kgation générale de mon exi^ance. J(i ^nix*
ians 'douté i avoir fouvent néglige les' devoirs de'
mec fonftions, pour, l'amour de mes plailirs.
Cependant il y a en des tems, où ^ me fuis
fort férieufement interefifé .f>our mes maUdes , en
^«alit^ de médfCîp/ , ' *
>»;.*
Combien votre îmaginatîmi n*» - 1- >lfë pas
été échaufée & jremplfe» d'ordures qni voos in-
quiètent, & oui 'vous emp^ent, *))etit-*être ei\*
corr, tie faire* de siAres 'fellexiMis , parla'iou'iT*
fiance continuelle de la volupté 9 «^ Quelle* wref-
4e à'étDit-»ce pas» dans laquelle v»ns.a«é» vécu
pu non vécu, &>qtû n'étoit qu'un fongef
.' Quel. vutde;3».4« bonnes adipns*. cela Q'a^t-»!
pas caufé.dans votre vie, & de bons.fen^men^,
.dans vOite «eiv?**— Avec cdeUel^éF^td n!"a-
, vés .vous pt« apris à-pe|tfec a vo^ dettinée daof
.^' mornde,. & la religion, à la vertu 4c ft Dieu,
& qucUe tdfte fuite ccU * ft* a - 1 - Il .pas eu , tanr
jpôur ^autrui que poui^ >'ojis mém% ? Je le (îs reH-
fouyenijr ki .Weufcii. nantis g dey cnui . BMlbeur^tts
|>ar \^ faute. . ..»,^w /„. ,-, .
%•*•
CeiabîM
I
JUi a-ai^)po\^rquoi j'àvois éf^vcmcst vécu.
|É^ r tixinjaViHé p«r la Volupté, & jus<ju* oii ne vou«
êtes vous pas abailTé, «n vous égalifant aux ani»
làaux , dont }t f laKîr ne c«aUA« «ue éaos lâ fen-
ÏUaïitè? (Ï9)
, Je^ne mè p*e\ioî!i «uâi que px>ur un^mitnal, me
répoïti^k * U , & je erowîs qu* î4 u'y'«v«it que l«»
degrés & non pas la Corte^ ^ui' Bsettoit de la dh-,
fe^eftcè ttiat ^usc & taei.
" Quellt perte ttotate <!e rtfputakîoH cela ne vou«
H^t^K p«âx:aufé{ J'ai tcu]ourt ctu toe<»evT»it ftuVô
«fUcon CMS du jHgemedib unû^effel. C'tfk pourquoi
4' ai tstohé -dt m; plaint qu* à quelques uns. j*»'-
wtns maincenant V importance d'une bonne x«*
pvttition wtatiSt par la veroi.
Quelle ïftirfereTftce delà ISè VoMi â - 1 -H pas
îkA avoir > pour la jote tnoraie> qui eft utireûbrf
r a d<«
■
(t'9) ^om Hè fiMriom ^diX(#P> ^^tt^t /*im fimt 4è
^nèiHcoupifue 9I0MS trouvions ce qut rums atten^
dions éin/iiji4'àe^iê€kts de latokipté^ 'Ceux tfui
y fhrtnl plus âtttmtifs'l^ i^ni Miront le wémè
point de vue que »o«^ , pourront > peut-itre ,
tn dire ^peehqke ehofe de plus. Nous trvavons
. tm gros le retpiirt,dH péehetar éiuec Dieu lé
trêiUeur >, ^ncAs Wbn pas avec Dieu qui Vu fan-
%té de fa chute ^ par ^Je/iis ChrHt & par leS
opérations du /oint Ejprit, qui fioUs iUufhine,
ôUd rendroit la charge du pécheur plUs gran-
de. — C ^ ce qui va venir dvms la fuite l U
cofweneit cependant ^ pour phièStiormer la
c/io/e, qnUÏ en fkt quefiion ki^ fuivantVvrdrê
4 tilt falut* Il fera moins d * éfet dans la fuite &
petH'Stre ifUe VocafioH He P en trouvera fos
affisy 4u refie p* «. la do&ritie de Ut juflijica-^,
tton, dans Jon èfenâile^ & quel peu di ivett*-
you r auteur Mfeût-tl p^s de lafetimte Chii*
N
^4,
c|es plus ijglfEfins pour conduire I là vcrto, fit
une partie eflentiellë de la véritable félicit»!
i*«i été cnttéxement indiferent dani ma. jeu-
neiTe , à l' égard de la joie qui fe trouve dans les
bonfretitimens, & les bonnes aftions. J'y ai,
h la vérité bien pris plaiiir dans la fuite , quand
Vavoif fait! {quelque chofe, que je croioir, «être
bon. Mais je n'ai jamais fa!t de diference ea-
cre cette joie nobtei, «les délices de la r^Iupcé!
Combien de perfonnes n*avés vous pas ren*
dues malheureufes par votne volupté? — Avec
«ttel empreflement n'avés vous pas fouvenc fé-
duit &; peut ^tre incité par votre exemple de jetw
nés gens , en Tes rendant même participans de vos
frincipes & de vos débauches? — N'avés vou9
pas été la caufe , de ce que ces malheureux out
commis, ou pu commettre les péchés en quefbon,
^ les fuîvans? Cpmbien n'y en a- 1- il pas, parmi
teux que vous avés féduits, qui ont perdu leur
bonne réputation , & ruiné leuriknté; & combien
n'yena>t-il pas, qui ont même trouvé leur
Biort dans le chemin de la volupté? — N' eft - il
pas po(fibIe que des veuves & des orphelins aban-
lionnes , dont les maris & les pères ont péri par le
volupté^ que vous leur avés aprife, pouffent de«
gémiflemens devant Dieu , en vous acufant, comme
V auteur cahé de leur malheur, & comme celi(i qui
en a toute la connoiiTance ? Qui fait, fi l'un ou
l'autre de ceux que vous avés féduits , par vos dé*
tanches , n* eft pas devenu incapabte^de remplir les
devoirs fi importans à Dieu le père des vivans, par
raport k la propagation, du genre humain. — Je uw
pofe au(fi qu'ils n'aient été épuifés par la volupté,
qu'autant qu*il faut pour procréer une polïénté
languiflante, quelle défolation durable n'auriés
vous pas caufé, dans le Roiaume de Dieu! Ce
fut «ve€ M vif repen^, H^'il fe reconnut cou-
pable
\
I
psi1)le en to\it Ses txpreflBons . £(m!iie de (k p«^
fture paroliToieAt me prier de ne pM ^Snu i»lu6 loiù*
■
f
Combien de jeunes innocentes B*jiurés vous
pi^s réduites /continuai -je? Avec qael deflein formd
& qtlel lâche artifice, n^avé^ vcius pas. fiiit violen*
ce à la religion , à l' honnebr & à la vertu, dans ce
facrîfice de volupté; où vous avés certKÏnemeiifc
caiifé le malheor temporel de plufieurs, en traver-
ihntdes mariages avantageux, qu'elles auroient
pu contra^er., & en les précipitant, non feulemetke
dans la pauvreté, mais aufll dans le mépris. Je ne
fturots nier que j* ai été un dangereux feduéleur»
J'ai fouvent trompé l'innocence, par-mes principes*
J'ai aufli vaincu des Dames qui ^penfoient très biei|,
en les tranquil(&nt même à l'égard de leurs éga-
Cemens. Il n'y en avoit presque aucune, de cel-
les que je me bazardois de gagner, qui fut en état
de me refuser , % la longueur du tems , fi elle ne
prenoit la fuite. Je ne manquois jamais de rufé,-
pour les vaincre, & cependant il faut oue je dife,
3u*il n'y en a pas une feule à laquelle j*aie fait
es promefTes, que je n'aie voulu acompliiv .Quoi-
que, j* aie fait tout ce qui' dép'endoit de moi , pour '
ne pas laiiTer tomber dftns la miCftre 6$ ta pauvreté»
celles que j' avois rendu vifiblement maUieuraufe»
ifftf ma £éduâion , cela ne peut aucunement me
fervin d* excufe. * .
Peut-être, que vau« avés aufll mis des en*
fanft 8an5 le monde, otti fe trouvent -Oms nère, qui
fombent à la charge du public, faute d'éoucatioh,
*& qiii font en danger de 1^ perdre temporellement
& éternellement. Il me pria ici , de xtC intereffer
en fiiveur d*un cet^in enfant de deux ans, qui
lui apaftenoitt & d'avoir foin de fon éducation.
A peine me fus -je informé de cet enfant que j'a-
pris qu'il étoie mort. J*Mi fais mentiovif parce qUe
c'eft une preuve de fa fmcérité.-
. F > VoiiT
V
,/
Vôus^aiiinN yf^ é&aHt «nlB rompit deà Vefti
fonjugate; qaî doivent être rellgieufement gardéf
lelon \& fentjnitBt de toutes les notions poticee«
& qojp polices? Qttet tort irrépmsbi^ n*avé« vout
, pas faft pàr>U aux deux partis ! &t q^ielle afiiaioB^
le refifeotiment de ce' tort n'aiva ■> t^.il paç <;aûfe
au parti ofenfé l Quels remords de con&l»nce « les
Suites de cç ipal irauiont-^elle^ pas caiifôs ou ne
poiirrpnt- elles pas cauicr« aux perfonneç qui te
iont latfTé Ced^ire de vous ? Quelles .exçutes aa-
fiés vous , et en cas te chagrin o» le ^«^fefpoîr dii
parti innocent & coupable» ^toU dAvf <M n^iffible à
14a paix cen}iigafe, qa! U'A \t phis grpnéb^iiK
lieux àh feJQs domclliques, n'anroit-eUe pas fo>i-<
ventefois 4té tvoublée par vo& dd.P>rdres ? il r^
yondltt que le parti ^iVant ne Cétoit foiivetit
vas aperçu du ^rt qu'il 4ui «voit fait, ^ qu'en
ptufieurs ocalîons il àvoit evancé la pabc domefti-^
que» par les confieils qvi!il*av^t denn^ à celles
qui ^tolent e» fkute. Que ces fo^ee d'^cuf^s
[«voient fervi aiitre- feis ^ te contenter, tpuils qii'îl
' «e, lesL Altegt^oit pM omln^nvn i»nt cette «u^
. N*^/' aiireft-ît peint et pères, q«{ notifia
lent,, ptv yotre ^ute ,.. de» enfan^^ dont !U ne
. iauroient fe perfuader, que ce (bit^ les leurt ? «^
Quel^ tsoables,. queltea animofités ^ aueU pif-
cé^ n*en |ioiirra - fe - il pas résulter o long. ten(^
eprds> vous 1^ danf les fetiHHés qui auxoieot pa
^re beureuQ^s^ $ voua lea iwiés leiffiées en re-
pos f Ne vous êtes voua iamaia fervi die woten»
dénaturés pour faHsfkire vos dét^s voluptueux*
ou pour e«k*di$tMKnfc dpâ ftiites déibgrMIest
l\ répondit; ^uè c* éjoit dans fon je we Ige^ (juTÎI
• C'^cait vtxtM, tf»K^ c^ft^ ^ ^îM P<)IBqo r«voi%
f
\
aniiiaéV iiMii ^e.ospend«iit U fe.trmivvit iaiiu>*
Cent , en ce qui regardoJt U demiért qtieftioit.-
Ce fut aufli ia fftule acufatioi^, contre la qnelte '
il fouhaitoit de %. juftifi«r , pendant tout r exa-
men de ce jour, ^
I Dans quéllef miféres ces débauches ne vous
ont elles pas enfin* précipité ? Oublier pour
quelque lems , ft vous le pouvés , ' que v6ti9
livés, extrémeDt ofenfé pieu , par les défordre^
que* vous avés caufés ; & par ce jque vous
«vés caufjé , en bien des manières , lé nnalheur
de quantité de perfoiines. Ne penfés qù*à voujs.
demander : comment eft - ce qtit . la volupté t' aï
^ecorapenfô , de ce que tu as couru fans relâ-
che aprds elle ? / Elle t' as'- recompénfé ,' d«i
jéies étourdies & dégoûtantes , qui nSanft jaV
{nais tafltafié tes délTrs , de lionte , cfe' mépris
6c éeê reproches deV tq^ homme bien intention-
iré t qui a^eu connoiflanee de ta ttiau^iCe vie«
de 'remords douloureux i du déplailTr redoutable*
de Die» , de prifon & de chainés , dt en fin
ë* une mort précipitée & ^gnominieufe « & de.
l'extrômè danger d'un* éternité malheureuft.
RefléchifTés aufll , fiir ce que deviendroit le
genre humain , fi^ chacun vtVoît de cette rtia-
niére. Je tne^ fuis 'follement Imaginé, t\\T9 mal-
gré cela « la focieté pouvoit fe foutenir. Jc^>
penfois en moi même, les grands dç U ^^nce
il de r Angleterre vivent bien (ans contrattlte.
Mais , lui répondis - je , ce libertinage des
grands de la France & de l'Angleterre.,, rend-
it la nation hcurttufe 1 S* en* Itouvent* - lis eux-
m£mes ii bien, que le tiers état fe trouve dans'
la' conduite réglée & folide ?, Et toute la focieté
•«nfi(Ye<t/eUe'en des grand;, eu é«uk-ci n'en
iont il3 pas une petite partie ^ niênie Hme
' F 4 partie
* ^
•
/
I
t
nombrcr?
^ytd déjà 4lt èmef Leftcnr», que le Comto
.StrueRfife étols fort touché & attendri pendant tone
pokn entretien. Je yoiois i (n mine , combien II
étoit feniiblement humilié en A' envifageant 1«
ntuvaife vie qu' il «voit menée que de ce Ceifl cô- .
té. Comment eft* u poflSble, dit* ii, lorsque nous
earoes iîni cet examen de confcience , que j'aie
pu être fi convaincu de me$ anciens principes St
que j*aiepit m' oublier dételle forte? Quels éga^ .
femens, que )* Ignorois^ mais qu' il connoifToit, ne
dévoient ils pas UU revenir i refpiit! <& à combien
ne deyoit pas f'acreître la. Comme de les péchés k
Uk vue, en repaflalit tout d'un coup la vie débor»
dée de pluifeurs années ! Plu9 il y penfoit férieu*
femcnt, & plus il aprenoit k Te connoître. pins
cela lui etoit falutairé. C*eft pourquoi je crus
devoir V exhor^r do repafler encore une fois tout
Y encbîdnemtnt de fes péchés voluptueux , dans fii
folitude* Pour le r«ulager dans cet ouvrage, je
lui remis le mémoire que j.'en avais dreffé, & ïl
me promit dV penrçr foigncufement, & de ne f en
I>as lalfTer détourner (far les douleurs qu'il eil pour-
roit reiTentin II «jouta encore lUffurunce, qu'il
dtnttpr^ik fi0 reoonnpitre encore bien plus mau-
vais c< m^h«nfe , devant Dieu , qu* il ne croioit
l'être tn éfrt, diiant, que fôn amour propre ^
fc> préjugés* fourroleni autrement le {edwrefà
<tre partial {le ion jugemenii
•
Je lui avQl9 «por^ les deux pfém^res pitrt?esi
de r hiiloirp des trois dernières années de la vie
de Jefus Chrît, Je les lui Remis en le priant d'a-
prendre à connottre Vie peu h pevi , div cAté hifto-
4'i(]ue 9i mor«V, i'hâmme vers lequel je prévo*
' ■ - lois
69
certainement pas de le porter. Il m' «iTura qu'il
eftimoit fort m morale du chridianisme * fic^ qu*]l
r eitiiooit d^gne d' une origine ilivlne^ Mais qu'il
erai^noic fort que les doutes qu'il confervoift, à
I* égard des mStèfçt que la religion youloit qu' \\\
croie, ne l'empêchent d'dtre çAnvainca de leurs
vérités. Cependant II me promit de pt^ht touja
les éforts poffîbles pour parvenir à cette convi^of^.
Si vous le faites éfeftivement , lui répondis - je',
îe vous promets, en me repofant fur la force d^
la vérité, &.fur la grâce de Dieu» qne vos peines
ph . feront pas inutiles. Vous trouvères bientôt
#es raifons lenfées , .qui vpus tranquUiferont à
regard de vos doutes. Vous («vés , ce que je
vous en ai déjà- dit. Pourvuque vous ne troir-
vies point de plailir à vos doute«« pourvuque
iowi ne le? continutés ^ ne les noiirriaî,cs pas ,
par animoût^ «dntre la vérité* & que vous contre
vous faflSés tout vot^re poOible çoùr «quérir f^
connoiiTance <|f s preuves du chriftiiinifnie , & |^our
toOentir leurs forces, vous vous apercevrés b)en<-
tût de l'iiivali(tité de ces doutes*, au moins veus
verres , ^u' iU ^^^^ ^^^^ trop foihles pour ren-«.
yprfef les principes de la religion. Voua efti-
niés déjà ftftuellement fort U morale du chri«
ftianisme t ^ vous U croies digne d* une origine
diviner Cette morale fe trouvant donc attacliSc K
quelque 4<)%lne téoretique « que vous ne iatu
liés comprendre , faut - il que vous trouviâi
fK>ur ceU der^tfonnable * , qu'on demande qne
vous admettiez oett» doftnne, à caufe de ré"
troice liàifon qu'elle « avec la^ morale de Te*-
fus , contre laquelle veus n*avé8 rien k repH"*
ijuer ? Il faut que celui qi^i TOu$ enfeigoe une
I excellente morale • & (|ui demande voire
'oi , en faveur de ces principes incompréhenii-
ble « ait Men (es bonnes raifoni pour les réumr
jtous deux. Quelles raifons avés veut de crmtn*
dre qu! il nç vousu abufe. Trouvé); vouii que !e
F S araftft*
\*
'76
ixi»ratift« * fbfent «n même téms compatibles; et) une
.même pcrfonnet — Voici dequoi il f'agît encw«i
Lè$ ténèbre^ qui e3ich«*nt ici bas certaines vérités
'4e U religion fe difTiperont dans V éternité. Twt
y fera lumière; j& vous vpilà fbrt procKb ete «ette
éternité. Monfieur le Comte. Supofé, qu*enfor.
tant de ce monde, M vbu? refte encore quelqiTe*
doutes, 4ae vous tte ferîés pas bien aiCe^d* avoir, Si
dont vous De (kuriés vous défendre, j'ofe efperer
iie la grâce de Dieu, qtle vous en Jugerés felen Ib
tems' qni vous rçfte & félon votre fmcérité. Alo|S
\eç doutes feront bientôt levés paf ime penétratioii
,Vlus jufte & plus anîpLe, qui ne manquera çertais
'»«ncnt pas de lUivre.
• . • Il voulut que' je luî expliq»* quehitw» do«tes
3ui venoicnt de V inqniéter. Le premier étoit le
éfaut de doctrine été rîminortaKté, dans les écrits
^de MoYfe< J» fupofe, luidls>}e, qu*oA ne troum
«iTCûne trace de cette doftrine, 4^ns tes livres (te
MoVCe, ^ fopoCé aufn,- qneMoYie n'éh aît jamais
faitmentipn, dan$ fesrinltruftions verbales, il ié
Ççxs fiiit pas pour cela, de ce filence,, que les
luifs n'aient pas fu & qu* ils* aient entièrement
jg.noré cette doftrine, hVique la vérité de^ cho.
fc môme en devienne douteufe. Vous fiivÉs que
la' nation juive «voit , vécu dans l*Opreflion es
j^pte, ^ qu'elle «voit vral-femblablement per-
du pqur ta plus-part la connolffaoce de la reti.1
gion i9 fes péies. . (20) Ce flit ibus Marile.
qu'elle commença à form^ Un peupte» eHe étoit
(30) Nous croions g^énhàUnntnt k^U t$ cîajtr -doHs^
l'hiflMri.(fJJrael,&iUtnilaiioHrine4eJHor-
/ jf« , qtu. ce jieHpU n'a jamais tttHirmtent per^
.« . (hi la finrikHdt d^V immortaiiti it V am* , mai^
. ■ q^ll ta mifi oh, n^mtrrt éks virtits féndamin-
7-1
*^
krtits- 5{ TenfueU, Dieu ne pouvcMt-il donc p^
, «LYOk des rftîf«»nji iuiiÊmte« pour ne paj» encore iaift»
. ouverture -à . ces gfln5.1à,.de 1* ck»ôrine de l'i»^
>nomlit^ de Vitat, p^rce quMl les trouvoic ea«.
cote inç£ipa.bkS( ut conteinpler de £ fuprémes v^*
'rités? Vous trouveras g^n^^ktaenty ç^q Diejft
îi avaniCé pat de-^é, dans Ces févèlations» pout^
préparer tes hommes par celles du pafl^ à ceU
les qui dévoient venir j & çelà étoit toxifbrme ik
i^ £^ÎÙ^ lfi%.Violm ati^enft livres; à» Ia aJbK
«ontiennent fans tontreifit; Se preiivl»s & dûs tra-
ce? de tcçtte dpftrioe». gui paroit manquer, d^çs.
les icrli^ d^ Moïfe» ft^prît de la ïteligion iwlf e
'Hé npiis. permet pa$t» aii^nt qne je puis voir ^
dt dpmet que W$ plui& (kg^cs' de$ jnifi U'^n àie&l
en connolf&tince* ' ' /
' ' , . ' " ■ . . .,.•..• .»
t*^ autre doute quMUvAît». ««ncesneit kt^doB:»*
^BCv-<^ Chrît eft fil» dfr; D|«»f& «îw'il yaèroi*
• perfcnnjîfr en une efleoçe .divins^. Je nî«n,iii&
.toas ckayantagé, fi <» Veft». ^ue je n^s pouv9(fi
« eat, en!(?oi!e en^r daas.eesr.objedions,. pave» qws
.'feuf réfutation TupoToit de juiles re^vélentatiens^
«le la Bibl^^ par sapo^ % fc» naiftdtw, Uique|lA.je
' «e pfiuvpi» pas f nocjre attçfl^jr^ de fai parafe ^^',0*
«ue^aant, il n'avoit'qu^i penfer que cette doftri-
^Yie mifliérieufe n*av6ili pu être révélée qu» par
ks mots » <tu langjage de$ hommes., qui éioient
t W' yiunt pr^pKbs- ^i^' aotis. fiiirç ôoncevdir
' * . . la
àodtfint\ ioat commB V àttmt»di\ SaattJtm\,
qui vmukreit wiU - itre àpxi^ kur moxi , ds
. tn^me^ que l^ dSférmci dn p.ciT(ion^.dl^péphésB:
\ des fitnltiom torgpxsîks^ qui flenfiivoimty
VimwB îf»^ e. dans la nU ç^ David. La, gr^k-
. de HnémBion corporJtlk m dimiut^et rim de Ith.
.ràGonipénfii ittimelU-mifii fit voir dans f^nUwe^
'■ ment^if tienoc , Ê? pfrvit 4 aduîUir ks inconi^
^QditfA d€. l0i fetiSisUiU dii'Jexvia ditim dui
*^
(
I -
1
;
li^ diof9 • !• l>Ui». 4)u*il étoll! |>0fflble« éê ««us Ig
ft'i^ttrert qu.'U falçît nui^titentnt fe garder lie ne ,
|)à$ «pUquer ces mot« <jians toute l'éfcendue de .
latrs ! Jéeç & leurs idées accçffoirep à la vérité ré-
vélée » qoe quiconque n* ufoit, f)£t$ de cette précau-
'6on, cQuroit risque dé trouver des contmdiftioiis
dans les miétdrès dé !a religion chrétienne» <iui«
ci?pend«nt n'y étpient pas, 6l) |
Sixième entretîien, le i2AIars 1772* \
11 {" «giflbit de conduir^ l« Comte Struenfée, à la
^ féconde fource de (es égaremens« que ^^ crcùoiâ
^iivoir découverte dans foii ambition. Nous polîmes
"pour fondement que cet ambitkm. confiftoit daas j
une avidité démeilirée d*un brillant honneur» k |
par conféauent «n(B de tout ce qu| petit proca-.
ter ce 'brillant honneur « faits dépandre de ta ver*
tu, <|u( e(lr le fi^ul moSen digne d'b«aneutt« corn-*
«pt p. e. l» pouvoir, la niagnificei^, les pr^ '
ni}ére& places ^c. -Nous déterminâmes Texcés de
cette avidité % confbrm^ent aux régie*, iuivast
iesquellea nous aviorik jugé de Ji^exés d\\ défir
4g9 pUû6rs fenCUeU; Je lui latfiai le ^n
1^nf%/ d99 kowmfSf qui n» Mén aucHuetMHi
avec def obj^s infinis^ Iti^ fantrtuMdtùms * W
itwi comptons énminiter^ m phitofofhunt ^
lits fnijihtes (U Uik Relkthn. H^'yaiiH^te
foi , qt4 nous met à V à»xi d^» damgiir et 4M<
^9fère julits d€ bkn » ^u* Urfubtintis des idées
humaines. H n*m a /ans apnUffoéutdâ coh^
^adi^ioin ittrwMe dansi» neUure infinie des
wéfih-esy pu eft fertnis de T exjc^imer ainfi.
TTotrg vhUofaphtg devroH avotrjes b&mes iwir
pnnablesy duns la ntemiêre de ckercim flteS*
«MHU ^f vr^i fens dA'k^ pfHtok .et Dim^
I
li'
« X
/
r
\
et èêàdct; fi fa maUieiifeufe paflîon ntV ftvoît pas
rirté, fur tout dans ks dernières années de fin vie,
manquer envers Dieu', envers la ibciçté humaine;
<i envers lui into^e*
Vous vous ête« îamé de trop grandes Idées i9 ,
irotre efprit & de la bonté de vos deflein^ , qui dans
.le fond ne devoit proprement fervir que de moten
propre k fatisfoire votre paflîon dominante. J'ai été
tion , m'a porte a çrmre, que tous les hommes aiant
la même organifation , il fiiloit que chacun fut capa* '
ble de tout'ce qu'un autre pouvoit faire. Je me fuis
«udTi perfuadé de la bonté de mes defleins, quoique je
ne iâurois difconvenir, que j'ai agi fùivant des mo»
tifs très méprifables, & qu< les plaifirs ont été mion
but final.
Vous n*aurés (ans doute aufli pas manqué depen»
fer, & peut être auflt de parler avec mépris de cer>
toînes perfonnes qui vous embaraiToient & qui d*aU^.
leurs étoient entre eux d*un très digne k excellent
caractère. -^ Avec quel foin n'aurés vous pas tâché
4'avilir leur mérité, & quels raoiens directement opo»
iés à la mot-^e , n'aurés vous pas emploies , comme'
p. e. en les calomniant, en amplittant leurs défauts ,
en leur Imputant de mauvais deilelns,en vous moqiuine
4*eux &c. — Par quelle voie défendue n'avés vous pas;
Cftché de vous élevef , vous même , kà^s honneurs, & '
par quels péchés n'avés vous pas tâché de vous {^ii«
tenir dans votre élévation? *- Combien n*y a-t-ilpas
àt perfonnes que vous avés rendu malheureufes ou
4ue vous avés au mpinsofenfées, pourconientervo»,
tre ambition? A quelle dureté & àquelleinjufticene
vous êtes vous pas abandonné, i tpalgré i' epofitiç^
du fentiinvnt naturel de Tvtre «r vr i
Ay«;
y -
)
I
N
?*:
^aïfcf vôtre fëutiment, & forcé par VotVephîfËatiçe ,
xies |j[erfonnes qui connôilToient mieuîc que vous les-
lafraires & les avantages tle fétat, k convfeniî" que '
vous avics raifon , quoiqu'elles ^îv^it vil tm pu voir»
que vous aviés tort?
/
Quelles difptdiitiohs vfo)«n>!e« /le daftgetexiré'i'
n'avés vous pas faîte/, pout vous Ibutsniif dans vo^
tte grandeur? — A quel dahget; n'avés vous pat
expdfé les ftijets du Koi , & particulièrement dan»'
!« capîtate ? J[ ai fans doute \kthé de me foutetiir ^
de m'a tefmir. C'«ft: pourquoi j'ai faît oe»di()>o-'
fltSon». Mai* je ne me ftib'pas «vîfé tfe croire»
'àu'etles pôurroient dévenir dangereufes> pnrce^îue
je iavoîs des exemples , qtte la feule vue de ce»,
fortes de difpofitions à voit fottvent Jlifi pooï ^tt-'
«r des trOHbl«s menaçants —A préfent^ je vois
bien qutt J'aurois çvl cauter beaucoup de ïnalhetirs^
>î'auri«s votis paà au(fi eittploîl, contre voire
-^ontcience^ \€s biens de r<^tat, ^[routai^milrtatre
faAe, & pour vous {garantir des accidens que {JOÛr*
trient v-ous lutsrenir? — Quelle 'fievtô 4t qwfeile du^
teté n*avés vous pas marqué dans ces derniers eemï'
 ceuât ,qui dèpendoient partîçwVrôtiem'ent de vous I
Ôùels préparatifs luxurieux n'-avés vous pj^s faits >
& qûellQ contradiftîon ptouVunhomme^ quitlécU-
ftiûit tbni^nueliement ïi fott contï^ te lûîfce.^ tn
fclàmant ceux, qui faifoîentufaigje de leurs^ropre»
ifenièrs pour x»t ^fet -, & non ^ta ée ctux dtt
Vétutl
Quel pô'fte dangereux n'âvés vttltï )iâ5 ocU^jeSi
AttelW autorité contraire &i\± loix & nuifibies aux
à>nftit\itions du roiaùme, ne vo\is èteS. vsite pas ar*
tbgée ! ^ Combien votre ambitionne vous a-t-elte
|>«s aveuglétpourne fa» voir mi nsp pas tkimer le daiV*
\
^_"1
^er, *4ân$ lequel vMa i^vs troJiMrié»^ .C&mment
ipi* ayés vous .pas méconnu le vrai atneur de 1^ hou*
iàe;ur, qui netftche pasd^aquerif i'hont|ciirext^ieur*
pour r amour de lui même âc h defle^n , mats an<*
tft^t qu* il eft une f4îte du mérite & de la vertu t '
> Coniidérés maintenant la grandeur deybtremU'
iere & combien vous êtes déchu « & cela Amplement^
parce que vous vous êtes trop élevé ! — Nfe ferés
vofiis pas .refponfable à Pieu* de ce que vqs jour$
feront acoUrcis à la fleur de votre âge^ par votrtt
.faute» & de ce que vo^re mort prématurée feracau*
le de Ik perte de tout te bien oue vous auriés fait
& pu faire, pendant une vie durable , à mîeux
teflée par r amour du vrai honneur? ^
La vwlupté & Tambîtion avoîent été les deux
paflions dominantes du Comte t line légèreté d&me«
uirée avoit acompagné l'éclat de ces deux paffions &
les avoit rendu bien plus dangereufes pour lui mêuie*
€z'plufieur8 autres « qu'elles ne feroient devenues.
C'efl: pourquoi je crus devoir lui marquer,, combien
de reproches il avoit auiQ à (e faire dé ce çue , fans^
aucune réflexion» il avoit donné ii incontidéreûient
4ans fes jugen\ens & dan« Ces réfolutiens. La legdretiS
di§-je , en commençant cet examen > " n'clï pas une
incliUBtto'n particulière , mais une façon de penfer &
d'agir qui domine toujours ceux qui fe hiîlVent con-*'
dûire par 4es déiîrs violens , & dont ces mêmes dé«
fys violens font ia caoCe. ' Elle coofifte dans la cou-
tume de faire & de croire fans fçrupule , tout ce qoL,
}dait ^ ces délirs^ fans examiner afles mûremensla
vérité, dés fentimens ou les iUites des avions. La
i^ret)é:fe met au deÂ'tls de tout ce qui f'epofe à
fes inclinations dominantes, â; ne. rec«nnoit point
d^utre» motifs' de fes actions pouif valables, que
eeux^que fes défîrs lui iofpirent» Cette leg^ret^
dont vous vou» fentes coupable . vous a vraifem-^
blablement pqrté aux égarement fUivMs , &à d'au?
ftres de fuéitie £brte« ...
\
- Vww avéft commis' cette fante en une èiofe ,
Vpus auriés dû vous précipiter te moins, favoirdans
r txMmen & dwis le choix de votre religion. Je fuis
perfuadé que Vous n'avés pas examiné le chriftianis-
me, ni penfé & fes preuves. Ilvous fufifoitd'avo^'
|u quelques crits de fesadverfaires. Vousavésre^
nié cette religion bienfeifante, fur la décifion p^rti-
culiéi^ dt ces juges f»artials, & encore pitts, parce'
que;iHius éciés déjà déterminé » ou tout au moins
Sortes d* avance à mépriter une doftrlne qui contre»
ifoieàvofdéen.
Ce fera «ufli avec la même légèreté que. vous,
aurés décidé de la religion. Examinés vous même *.
.fi vous ne vous êtes pas ouvertement moqué d'une
chofe A r<fllpeftable, 1t vous n'avésf as caché defairei
part à des autres , de vos fentlmens , & fi en eus cela,
l'elt fait, confiderés tes fuites dangereufes qui en
réfultent ou qui en pourront réfulter pour eux. Je
ne faurols nier* répotidit-il, que la religion a fon«
vent fait mes moqueries. Mais je n'ai ordinaire-
ment marqué cette légèreté qu'en préfence de per-
funnes qui étaient déjà prévenues contre la religjion.
Je n'ai pas travailla à faire des profétites, ^naisie
n'ai pas non pitfs fait miltère de mon Irrélî^ian. je
me reiionnois en tous ces points coupable devtfnt
J>ieti dt ma propre confcience.
m
Avec quelle légèreté n'avés vous pas penfé ié
Dieu,ten le prenant pour un Créateur, quine'lemet
M en peine de ce qu'il a créé , qui regarde avec iii«
diférence la vertu ot le vice » le bonheur & le maU
heur de l'homme, & qui efV» par conféquent, fans
fagetle dt fans bonté- & aucunement le père de Tes
enfans I — C eib avec la même Indécence , que vcïus
avés pris la vertu pour un moien propre à contenter
les défirs & non pas pour un devoir de la vénération'
& de robéïflance envers Dieu, & qpevousavéf •
uniquement fait confiner la félicité dans la iatisfacii^
Jtoo ^eSpaifions brutales l Avec qmeile facUitéii'au*
riis
i
t
/
iMà vous pM yoL dëcottvrir votre errenr, fi feule-
ment voiis «vies pris la peine de réfléchir !
Vous avés pris piaifir de douter de la deftinée
ia plus vénérable & la plus noble de T homme 1^
r éternité , & vous vous Çtes même apliqué,
avec un foin particulier , à vous convaincre que
r attente de l* avenir , après la mort, n' étoit qu^un,
fonge , elle qui feroit de grande importance, quand
même elle ne feroit qù' imaginaire, % caufe de l'in-
fluenèe qa' elle a fur ta félicité temporelle. Oui,
dit- il, elle eft bien tellement de grande importan-
ce , dans tous les cas , par raport à la vertu & à
la félicité.
Vous avés généralement penfé & agî à la lé-
gère, Monfieur le Comte, & vous n'avés pas ré-
fléchi furies fuites qu'àuroient où que pourroient
avoir vos entfeprifes. Vous vous êtes imaginé,
que vous aviésS au moins, les plus prochaines de
ces fuites en \KiVre pocivoir , & vous avés abandon-
né les plus éloi^ées, à l'avanture, en vous con-
fiant fimplement au confeil & à l' impreRion des
i&ouvemens fenfueis.
C eft avec^ une légèreté dont on aura de la pei-
ne de trouver un exemple , que vous avés pris des
rênes dir gouvernen»ent. Comment pouviés vous
Vous croire affés habile ? Peut être que vous aviés
redueilli quelques principes de Tart de régner par
votre iefture. Cependant vous favés que chaque
art & chaque métier, tout facile qu' il foit, deman-
de un certain manîment, qu'on n'aprend que peif
ïi peu par un exercice , que vous n*aviés pas. — •
Avec quelle précipitation n'avés vous pasadmini^
ftré tes atfaires, fans connoTtre les loix, la langue
& les bornes des parties fimples , fans vous mettre
en peine dé Ja connoHTance des cHofes , fans pren-
dre le tems nécelfaire pour les aifaires & dans le
bruit continuel des diitraftions. RefléchiflTés, Mon-
fieur le Comtie, reflêchilTéS je Vous en prie, com^'
G bien
V
\
7»-
bien 1a UikÀtê tempwelie ât ptuHtors mUUoBf
d'hommes cft importante en elle même Ht impo^.
tante k Dieu le père de tous les hommes.
C eft avec lég^eté que vous avés donné des loix,
ilans examiner les fuîtes qu'elles pourroient avoir ponr
ia nation k^ quelle vous les avés données, «-r La,
fjmple obfervation , iaite à la hâte , de quelque^-^dé-
^uts f vous a fait renverfer presque toutes les an-
ciennes ordonnances de l'état , fans faire réflexion
qu'elles étoient ft fortement attachées l'une à l'au-
tre dans leur entier , qu'elles ne pouvoient pas être
démembrées, fans que tout l'édiilcene tombe enrali-
ne & vous ne vous êtes pas avifé de penfer , que
vos nouvelles ordonnances attirvroient & ne manque-
rotent certainement pas d'atirer, avec le tems* de pins
grands abus. — > Avec quelle précipitation n'avés voua
Ïias fouvent & ordinairement choifi des oficiers de
'état, (ans lesconnoître , & fans 4ltre afTuré de Içur
capacité, & de leur fidélité, fur lesquels vous vous
êtes cependant trop rcpofé. C'eft avec la même pré-
cipitation que vous avés éloigné des affaires deiçen«
d'honneur, généralement reconnus pour nécefliures^
pour ne point rénc*ontrer d'opolition de leur part,
dans vos entreprifes, ou purceque vous aviés deiliné
leurs places à d'autres perfonnes, que vous preniés
pour vos amis. Vous avés fouvent décidé, en moina
d'un moment, le malheur des &miUes, en privant
leurs pères de leurs emplois, (ans refltntir combien
vous avés afiigé ces inn^ens. —
C*eft avec légèreté que vous avés penfé à Té*
gard des mœurs , en prenant pour principe, que ce
n'étoit pas le fait jie la régence, de f ' en mettre en
peine, & vous en avés favorifé la corruption, par
des exemples, par les ocaCions féduifantes que vous
en avés données; & ce qu'il y a de pire, par dee
toix & des ordonnances publiques, j'ai cru ré*-
pliqua-t-il que le foin des mœurs regardoft vmh
quement les gens d'églife. D' ailleurs j'ai jugé ^s
fe^tlmens de la nation, conformément aux miens, &>
je'
/
. \
Je^tne tara r^pfvfemé, i^va diKCttn pmckolt, comme
knoi, un genre dfe vie entiéretseAt libre pour toute:
pL félicita. •
Vous wë$ p^ eftîmé 5t même méprtfé la nation
que vous vouliez gouverner, & que \'<msauri^s bien
plus dû aimer âi honorer. Vous avés marqué de
rindif^retice à l'ëQRrd de la mirére & du manque de
JtuMifbmce qui regnoit naturellement pendant votre
HdminiRration^ ^ qui étoit particulièrement vlfible
4ans cette capitale. — Je m'en fuîs &ins dpute aper-
u, & Je n*y ai dm été entièrement indiléiiene« maïs
li réfléchi Tùr les moiens de trouver de nouvelles
arces pour Subvenir aux nécefTités d«44i vie.
Enfin, vous avés vu & relftnti un mécontente-
jnent générât. Vous avés été averti par des amis â(
.^s,ennenii$, Mfus vous n'avés rien •Itimé, parce
que vos pal&ons dominantes n^ vous permettoienc
Îas de faire de (érîeures réHèxions. Te me ruk ton-
>ur8 flaté que ce mécontentement le pa^Tei oit à la
thgueur du tems, ât que Je laettrois mes arraoge*
aens k l'abri de tout.
Tout Cfrieux & humlliafits qu'étoîtnt cet repiro^
cfayes, je ne m'«perçus pas de la moindre fenfibilité
4|e la part du Comte. Ce ne fut que de tems entems«
Îiu'U me dit quelque peu de raifons pour f'eitcttfer»
ur lesquelles je ne crus pas de\x>if répondre, parce
qu'elles étoient hors de ma ^here ot que je ti'til
avois point de connoilTance. Je n* avbts ni fa voca-
tion ni la capacité néceflkire pour me mêler de fes
pénétrations peiltiques^ fit }*dfu efpérer, que fes pro^
près réflexions & le fentiment des fuites , que feit
fauffes oonclufions avoient pour lui même, le famé'*
fieroieiit des erreuta dans lesquelles il Ce trouvoîc,
par rapoft aux maximesd'état Je le trouvai auvioins
rempli de repentir à l'égard du tout, bien qu^ll ait
terit fe. convaincre, que (n, conduite étoit encore af*''
lés excufable en plufieurs ces particuliers. U
fne marqua très eXprelTiveraenc , ce repentir
^ me m connbîtrè to crainte qu'il <yoit, qu'il
Q2 ^ ne
I
\
ife foté pfts TcTHfiuit, vu qu*il'r«fl^nt6!t des remords
plus tu!fdnts'& de plus de dureté , de qud^ue^ uuf
de fes égaremefi»4 qu' il n'en refifentoit depluiieiuv
autres. Je lui ré^iondis U deltus, qu^ j'étois fort
aife, du doute qu'il me témoignojt , de la ilincérité
de fon repentir. Mais il éto'lt néceflaire de hU
dire, pour Is^eranqullii'er, qa^ je.le trouvois de
plus en plus .attendri, à mefure que je m'en-
tretenols avec lui ; qu*il' fe fouvtenne.v que dan»
lès cômmencemcns, il n'avoit été fenfible' qu* en
un endroit , m^is qù' à j^réfent la plaie <Jè f«
çonfciencè ^tdît plus' grande, & fa douleur plus"
étendue, &',^plus çénérade; qu'outre cela, îl
étoit nature '*« conforme *U3C arcdnlbmces de te
voir plus en fouci,. par rapoft à quelques éga-
remens, , que par raport à d'autres, parce que
Vès \>Têtiïipri^"po\ivoient être les pins ^ands-^
de nati-ife à tie point foufrir d'excufes, Se aiant
avec ceU tçs. plus funefres fuites; que f'il'coni
tinuoit de çonlidérer impartialement fes péchés ,
& leurs funéitès fuites , le ' pdis' ^ii' il lui feroit
polfible, rfl? les fuivre en penfée, -&' de compa-
rer particulièrement l* amour de' CWeii ehvers lu?;-
avec . fo.n ^iqgrati.tiude ^ je ne . doutoii a viçunement ,
que fa repentançe ne uevièrine aîîfllï^vfve & au:R
générale; qu'il falolt po'ur \a' fendre telle véri-
table,.,. Je l'afluirai, qu'en rellôchiffant fur fà •
VÎe\'îrtrouvèrôit quantité de preuves de l'amour
de Dieu enyteVs luï; & qti'-eiitre àuti-e ri pou-
voit' les'réconnoître'i en -cfe 'que Diçu lui acor*
dois encore le^ tems & l*dc<ifjon dé^fe convertir
dans.fa ,p^lîon.' • Je lui fisauiTi voir la facilité i
avec laq'ue'lle îl anroit terminé fa" vie,' par'l'af-
ftfliiiat,'^ dont if avok été ù louvent menace, 8c
qui aufoit été fi facile ft exécuter, & combien
la perte de fôn falùt aunïl't été irrécupéra-
ble «c,
Le.Cçtfite avoitjlîl les rfenx premières parti ef
de l'hinpircdejéfus» depuis notre dernier entre-.
. '* . - UeiC
8i
tien/ .C'eflb^ipourauoi' je tni demanda comment
tet' homme fui plaifoiti Sa morale & fii condoi^
te perfonnelle , ' me répondit -il, eft excellente.
La première donne Inconteftablement les meil-
leurs préceptes aux hommes de tout .état, pour
parvenir à la félicité. Je trouve à la v^ité de
côté & d'autre, des chofes que je n'entens pas,
éi qu'il faut lans doute expliquer conformément
«ux moeurs & à d' autres xircodftanees de ce
tems là. Mais )*ai aiifli bien trouvé des chofes
<)ui m'ont fort couché le cœur.. Je me trouva
extrêmement humiliée de ce ^ub ^é- -retrouve ici
l>ien dos chdfes, que j'avois àprifes de la bible,
dans ma jeuneifev" &'dbnt j'ai cnv devoir 6tre
redevable, dans la fuite, à d'autre livres. Cet-
te bonne opinion que vous avés , lut di»-je là
deiïits, de U perfonne & de la morale de Jefus;
«ioit déjà vous préocuper en faveur des faits &
des préceptes , attachés à (a morale. Dites
moi un peu, fi vous trouvés, qu'il foie vraifem-
biable , que V homme qui préchott une fi excel-
lente morale, . qui propofoit avec une brièveté
(i abondante^ avec tant de fimpltcité & de clar«
té, & en même tems, avec tant d'élévation Si
de dignité , <tout ce - que les philofopbes ont dit
à* utile des aftions des hommes dan» un millier
de livres; qui fe- conformoit lui même, li fort à
la morale, & qui, ajouta-t^l lui même, faifoit
tout cela fans le moindre interôt , en facrifiant
fa vie pour la .vérité qu'il préchoit: (22) dites
moi, dis- je, fil e(t vraifembiable , ou feulement
croiable, que cet homme ait voulu tromper le mon-
G 3 de.
(22) & qui avait tmore di jpUts grandis vuXs m
faifant rtcoHnaitr* fes joufirarues &fa mort ,
fommê le mokn dejauuer despeims iterwUes
teus cfHx qfdf croioient Us v4rtth , <^u? il prf"
t ; C9 qu* aucun DoSteur n* auott pas en-
forëfait. -^Cejl Hr» fAus ^tt'im honmisdi'
thoit ;
foref
«m; «'«jf krt ikmtnimi!
I
* 4f>, ^ «Î«MI Tâît fbrcé ï f9mûr^ dc^affërf luenr»
pour des miracles , «s' de fe faire paiTi^ flour un
EnvQiéde Dieu, chargé 4e lui f^ire ccnnoître de»
vérie^ tmft^eufes, (' il ue V avoit p«s éti^ en cfet,
VoiLt répondit-il, cela D*eR pas vraiiembUble.
11 y A enoMre im afnSs gixoid dtemhi de ta vra^
femblance à la certitude poiHble ^ cet objet. Je '
•n'en vaic vqais dire*^ comment }e crois « (|iie voua
poaiTés te faire àe plus fArement, & eo moins de
tems. H flKit que je vouf |[>arle encore une fois de ^
vos égaremena. Quand je voua aurai une foia
fait voir votre forme morale» telle que je la
cirais» je vous laifTerai le ibin d'interr^er votre
yaifoQ » pour voir fi elle pour» votu découvrir
un fAr moien de tranquilifer votre coefcience, &
de vous afTurer que Dieu vous a a^rdé ou qu'il
vous acordera encore, la grâce. Si ênfuke voua
trouvés» que votre raifon vous abandonne, & <^e
]'ai raifen, moi qui vous le dis d'avance, il no
'«K>usreftera point d^auire relToucre, quecelled'era^
brafier le feul moien qu*cn puiflTe trouver dana
ce nuMide* Si que quantité de perfennes bomiét«a ,
& éclairées ont ^ouvé falutaire« Oui» dit-iU cela
gfi vréd* Cependant, ajoutai-je» il ne faudra
pas encore embcaiTer ce moien fur mon ftu^oritd
eu fur celle de» autres, Oum l'examiner. C'eft
ce que i'exigerois de vous, û Dieu n' avoit paa
pourvu le révélation de preuves. Mais elle en
a de A convaincantes , que tous ceux qui font
férieufement ufage 4e leur raifon & qui ne font
pas rtifolus de f'opofer k U vérité x <i« fauroieol
manquer de U trouver^
n y a généralement deux voies pour parve-
nir à la certitude de la religion. L» première ^
Ja pltts fûre ttt Vtxerôte cominuelle de ce que
Mu» QOQi» prefcrit. .Ceft en quoi 1* homme fe
UQu\t eènvaiocu par âi propii exfiéricfice , en
faiCuA
/
1
, v
V
8i
£Ài(kiit ii&{^ des «ifitte&s de l'aftivité cuMt y
trouve. Voilà comme le fiévreux aprena, que
\& quînqumiir dont H fe fort régulièrement, eft
lin -excellent remède retour fii guérifon. Le Mé-
dccio ne fauroit lui démontrer qu'il fera cet cflfet i
mais il lui produira des exemples, &rexpérien-
ee\«|u'en fiiit le malade lui en donne la certitu-
de. Je fuis tout aufli, peu en état de vous dé-
montrer , que l' uf^e des nioiens que Jefus vous
{!ait tant valoir , ou que l'exécution (Je ce qu' il
jprefcrit , tranquilifera votre confcienc^ &^ voijs
àfTurera de Ja grâce de Uieu. , Je ne faurois
m'en raporter qu* à l'expérience que j'en ai
faite; de même qub d'autres chrétiens. Il faut'
que votre propre expérience vous en donne la
pleine certitude; car < eft elle qui fupofe la jufiie
aptication des njoiens que le ciiriflianismé vous
ofre. Si en fuite vous fentiés que y votre foi &
votre o^éTflance, vqus tranuuilifent & qu'elle»
vous renipliiTent de confiance en Dieu , d' efpé-
rance d' une heureufe éternité & de force pour
le bien, voère propre expérience vous doniieroit
une 1i grande certitude de la vérité du chriftianism'e,
q.n' aucun doute ne fauroit vous égarer , quand
«i0me votis ne ferlés pas en état de le refon-
dre. (23) Les progrès que vous pourrés faire
dans cette voie v dépendroit du tems ,. qK* ir plai»
"ra encore à Dieu de vous acorder & de vos
Ibins • de même que de ^votre fmcérîté. La re-
connôiliance & l'exécution de l'évangile opére-
ront certainement en vous , des changemens falu-
taires , que vous connoîtrés , ^ par lesquels vous -
£&rés de plus en plus convaincu de l'aftivité du
moien qui les a produits.
G 4 L'au tre
(2$) // fmtiït id'dans U éoHtine de ^efus^
dis fentintens nPnn régénéré i /l d* ailîeàrs
àe terme h' efi trop vieux ou trop cholafH'
que '& mifiique ; & V on fait précéder la
pénitence t qui devrait trouver ici fa placê.
& fa véritable forme t pottr Hre chrjtienn9.
' l '
84
L' aotre rote, 'que ^ f«g6» CKamîBatenrtf évL
chriftianirme devrotent prendreU première, eft d'e-
xaminer ft Jfefus-f'eft éfeftivement montré comme
eçvoic de Uieu. C'eft-ce qui ne pouvoit fe faire
3 lie par une doftrine divine, ou par une uroporuion
jgne de Dieu , ou par des miracles. Vous con-
venés déjà de as qui eft dit en premier tieu. Si bien
donc, qui H on vous prouvoit, que Jefus a éfefti-
vement fait des miracles, vous fériés neceilkirement
, obligé de conclure, que les miracles font des éfttê
qui furpafTent les forces de l'homme. SL Jefus «
produit ces éfets, il faut qu'il ait été envoie par
une puiffance plus fupféme. Cette force ne fau*
roit être que divine. Mais Dieu ne Ivn en auroit
pas fait part, f ' il avoit voulu tromper lei hommes,
par une faufle doftrine« Il faut donc que fa doâri-
ne foit vraie, & je fuis non feulement obligé de la
r^evoir, mais auOl de la fuivre»
La refurreftion de Jçfus eft le plus grand des
miracles qu' on lui atribue. Cette returreaion étant
avérée, ilf'en fuit, que tes autres font, ou peu-
vent être vrai , & aue fa doctrine & les miftéres
qu' elle contient ne lauroient être trompeurs. Cêfâ
tjl inconUfiabltj répondit - il. Maintenant il f ' ^ira
de favoir, continuai - je , ft fti refurreftion peut être
prouvée. Il mefemble, qu'il vaudra mieux, dit-iU
que je m'en raporte à cet égard à votre autorité,
Non Moniteur le Comte. Tout ce que cette auto^
rite fauroit vous prouver , c' elb que j' ai examiné
le fait £( que je l'ai trouvé fbrt jufte. Il faut fans
doute , que vous vous repofiés fur cette autorité,
parceqne la refurreftion de Jefus eft une aftion ds
fait, qu' il faut néceffairement prouver par des té-
moignages. Mais il faut que vous examinées vous
même ces témoignages. Je vous donnerai pour
cet éfet un livre écrit par un efprit fort, que TexA-
JneR de La refarreftîon de Jefus • po^ à devenir
chrêtiepi»
/ >
^ (
8f
chrétien. H me nMtrqua.i^ ^ cette nouvelic, un^
joie fenfible, qui me $t efpérer, que c'étoit If
«loien de le convaincre, «
Ce fut la troifiéme & quatrième paître de
i'hiitoire de Jefus, que je lai .d«nuai , en. le qui-
tant pleia d'efpérance.
Septième entretien, le I4me Marsl
1772.. ■.
'|M[onrieur le Générât de Hoben, Commandant de
U Citadelle , où fe trouvoit le- Comte , me
raconta, qu'il f'étoit montre fort Inquiet, depuis
ma dernière viAte. U f'étoit. plufieurs fo'm levé
en furfaiijt, de l'endroit où il étoft couché « &
qui étoit le canapé, dont il Teft. toujours fervt
pendant' (a détention, & avoit pafTé des demi-
' heures entières , en fe recouchant , «ù il faifoit
de fiérieufe» réflexions, la tête j^enchée, en pouf-
fant de profonde foupirs 4t en vèri'ant un torrent
de larmes. Il étoit ocupé à lire les méditations
de Gellert à mon entrée. C'eftainli que je l'ai
chaque fois trouvé à la leâure, pendant tout le
tems de mes vtfites. Il faadroit que j^eufie per-.
du toute n&a raifon, me dit -il, fi je n'avouois
pas , que j'aurois dit vivre , comme il Hb dit
dans ce livre. Hélas , que n* ai - je In de, tels
livres, pendant le tems ^e ma fortune ! Te fais
qu'ils m'auroient certainement convaincu & cor-
rigé! Sa mine exprimoit beaucoup, de trifl-efle, de
honte & de mécontentement de lui même. Lui
aiant demandé, comment il fe 5>OTtoii, il me ré-
pondit : J''ai été fort inquiet depuis hier. Je ne
' uiurois afles regréter , ae ce que j'ai non feulement
fi m^ivecu, mais aufli agi fuivant de ii mauvais
motifs & emploie des moiens li nuiiibles : Ce
a'eft pas'iLon état préfent, ni aui mort même.
G 5 qui
/
core fait mcnttoo. Je ne crus auffl pat ilevoîr re-
noncer à mon â^ffetn. » Mats la viie de l* inquié-
tude extraordinaire, de fon eCprit"^ 8c la craiBte
qu'elle &'«usm9nte trop» me porta à le met»-
8«
qui mMi^uiétent:, maïs me!^ mauvaifes a!ltoDs ! Il
*lt entièrement irapoflible » que je puiffe reparer»
en quelque manière, le mal que j'ai caiifé dans U
inonde. Je- vus prie , mon cher ami , de ne votts
. pas laifer & de ne mç pas abandonner ! — Bian
que j'aie été touché de Pexcés de fa triftefffe, je ,
ne cr«« pas devoir déjà ticher de le ti^anquîtlfer^ j
parce q4.i*elle Uti étoie trop fin«t»;re. Je me bor* {
nai donc à l' afTurer, que j'étoîs. fort fatisfait de fou j
inquiétude ; parce qu'elle le porteroit, comme je I
V eii>erai de Dieu, Si embraifer le feul moîen cap»- 1
hte de le ratturer & que je pouvois lui dire. Qu*îl
B'étoit. fahs doute, pas en état de faire grand'cho»
fe pour éfacer ie tort qu'il avoit fait, mais qu'il
fe tcouvoit quetcun qui l'avoit déj^ fkit à fa pie*
ce; que poudé par la crainte de la confciencè,
jL'devoit recourir à lui. PourvH qii*il ne fiit
pas trop tard, dit * il., là deffus. Si vour av^ ,
reraii votre"» repcnunce , lui répondis *- je, jus-
qu'au dernier jour de votre vie, je craindrois moi
même, qu'il ne foit trop tard. Vous n'audés, '
au moins, pas pu vous prouver, que vptre ré-
pentance auroit été vraie & fmcèrip. Mais vous
"^ . avésf maintenant le tenas de chercher & de trou-
ver la conviction, 4e U religion, de la recevoir
de bon cœnr, & de vous conduire félon fes pré- {
ceptes. Il n'eft donc pas trop tard , pourvu
que vous vous bàtiés, je vous aflifterai «^n fîdé- |
, le ami ; & \»]n de me laffer, je ferai bien plus
aftif en votre faveur. Votre danger, votre* crain-
te S{ votre nprébenfion ta!y ettcburagent.
Je m*étols propofé de lui parler encore, peur
cette' fois, de (bs égaremens,^ & de lui faire par-
ticulièrement fentir ceux qu'il avoit commis en-
vers certaines përfonnes, dont je n'avôis pas e»-
I
/
tf
«• . * ' • - • s ,
fer ptus que ]e a^nipols fa!fc,-â;t{e |>af1br fur hiei\
^es chores. Je ne fats, i\ j'ai bien fait, jmIs jn»
II* «1 pas culîtu 4e m'en £ur« d«i i«proc Ar<Ua&
I* {uitC.
No«i5 . vtomes à parter, «ivtre autre, «^e ta
lioj^teur & du uhagrin, . qu'il «voit çaufé, dés fa
tendre jeiineiTe ,* & iur tout en dernier lieu ^ àr fet» ^
braves père & mère. Je le priai dé fc fotivenir»
combien il pouvoit les avoir ofenfés & alligcss,
Sar fa désobcHîdancOt par ùm éloîgnemcnt ^tfi-
te de Kl religion % & par fes extravaganccsi. —
Dans combien d'aogoifles n'atirés vuus pas tnîs
«es dignes perionnés,' commuai • je« par les pas
précipités , que vou^ «vés lui^ardés » del^nis uuo
vous avé$ féjoumé en cette vitle t — Quelle*
angoifles mortelles n* auront pas canfé • en eux* .
tes nouvelles qu* Ils ont reçues de t^ivanceuient
prccipité de leur iits, des moiens par Le$<|i«eis il
y ett parvenu & de Tulage qu'il a {ait -dg Ton
«utoritfS? Cojtttnen n'auront. il& pas tremblé, ri'uit^
jour à l'autre, du danger dont vous Ltjés joAif"
netleroent menacés \ — Dans quelle doùlenr in«
exuriRÎable nefe trouveront - ils pas « par votse
chute inopinée .' Quelle fin tragique, n'auront iU
pas à ^tendre de votre procès ! Avec quel cbar
grin rongeant ne verront - ils pas te dangec«
auquel votre ame çi^ expoi't^e » & consbien ne fie}
trouveront ils pas hun^hés par la nature dr voh.
tce mort ! Pourront • ils bien jaimùs le raffu-^
rer 1 — Ne feront ils pas forcés de Cucouiber
ibuf le peJds de feue jude douleur , 6c ne Hs*
pueront - ils pas peut • être aulTi d'en perdrç
la famé & la vie ? — Et c'cll vous , qui ête*
leur Hls. » i^nl lem a caufé teiues ces (out*
françes* ^ '''
r^ot^
» -
«s
J*éto»f ééj« <3imé «depuis quçlq^aea jonts d'uQ^
kt&e^u père du Gomte« à ton maOretirèux liU?
Je ônp que c'<2toi( le moment le ^lus convenable
pour U lui remettre.
Le con^nu de Ton fnjet ^fiant & le delTeîn de
remplir cette hjtloire ne me permettant pas d*en foi*
fe un fecret à mes lefteurs, ]' efpôre que ce trèi
digne père me permettra d* autant plus de ta pi»
blier« qu* elle fe trouve déjà imprimée dans dM
ieuille^ publique»»
<j'ÎI eft pôflRMe, Je fouhaite que vous puiflîésreq^*
*^ voir ces lignes &1es prendre à cœur. Je nefau»
fois vous exprimer la ttriftelTe , V acableroent & la
détreffe de vos père & mèrp, par raportàleurs
iils. Nos larmes coulent nuit &\ jour. Nos âmes
demandent fans ceffe miféricorde à Dieu. Cepen»
dant je n*en ferai plus' mention. Il n'y a encore
<{u'tme choie, qui nous pénètre, vmoi & votre mè*
re afligée. Vous connoifl'és notre façon de penfer.
Vous favés quel éttfit le but <je votre éducation»
vous favés combien & avec quel emprelTement on
vous a inculqué une pieté fmcére & utile à toute
thofe. Chaque fois que j'ai eu ocaiion de vous
parler depuis, qu'on vous a emploie, je voiu ai
renvoie à Dieu , en vous exhortant de conferver
une bonne conférence. Vojtre cœur vous dira» iï
& combien vous avés fuivi mes remontrances.
C* e(t depurs longtems que nous avons relTenti dei
angoiffes extrêmes, pour l'amour de vous. Vi-
vant dans la retraite avec pea de connoiflances»
èi n'^aYant point eu de nouvelles de votre part^
de ce qui concernoit vos afaires , nos gémifTe**.
mens fe font fecrètement & douloureufement éle-
vés, jusqu'à Dieu, & c'eft dans la plus grande
trilVelfe que nous avons imploré fa grâce, pour
prévenir U perte de votre ame. Il eit- arrivé
trois fois, favoir à Halle, k Gedern & à Alto-
iw , /^ue tous ceux qui étoient autour de votre
' • -lit»
8f
lit, Votts om cra ixidCt. Le bMi Dieu touh a
ftuvé & vou» H confçrvé la vie^ & celK certaiw
nement dans \e defl'ein, de vous préparer , pen*
dant ce ten[!S de grâce, à l'éternité bien heureu-
fe, & c'eft ce qae cette nùréricorde divine veut
au(H particolféi^raent fiiire, en votre faveur Ut,
où vous Ôte*' aftuelteinent détenu. Vous êtes (k
créature, tl vous -aime. Vous avés été C&uvé
par le fang de Jefus CHrtt, âr.il eft p^e recon-
cilié. Vm» 'avés été.^âtifé au nom de Dieu en
trois perfotmeso 11. vent faire une. alliance éter»
netle avift: vous,..^&. ne veàt> pat difcootinuer dç
vous faire du bteo. Retournés {^ Dien, moi»
nia; car itveat Itien tourner ûl face -par dévers
•vous. Obferv*5», tlww cette vue, -.Ur-vaix de vo*
tre confcieace & la conviftion que l'e^^prit de
Ôieu op^e dans votre, ame. :Permettés qu'on
vous découvre V bien folidement, Vékat intérieur
^e votre ame; afin que vous apneniéfl k vois la
3grand^ir~ ^e .votre' corruption , dans nne clarté
divine. Que' votre ^folltude ferve à voUs faire
examiner tonte ia fuite de votre vie,- devant
Dieu,* qui fait! tout, & à bien reconnottre vc*
péchés dans leur grandeur & danï leur éaormii
té. Ne voits flatés pas. Ne vous épargnés pas,
!Acufé8 voua &' jugés -vous vous même, devant
le Tribunal de .Dieu , pendant ce tems de grâce.
Quand -une fols •vous fentiréi les. liens de vos
péchés, comme un grand fardeau, votre cœurfe
trouvera humilié ( vous demanderés la grâce de Dieu
avec gémiflement, & fe fera très Cérieufemeut que
vous haVrés & que vous dctefterés tous vos égare- /
Aiens. Cela étant , les mérites de Jefus Chrît vous
devtendrodt importants & néceflaires. Vous recou>>
.rires à celui qui fe chaige des péciiés & qui a été
hit pour l'amour de nos péchés , qui iatisfatt k fout,
& qui en a foufert la peine, afirr qut nous trou-
ivaffions en .tut la juftice agréable à Dieu , St
Îiue nous aquiflîons en lui la rederation par ^
. on fang , favoir le pardon de . nos péchés , Aii»
^tit la grandeur de £r mifériccBée. . Jefus parle
encore
k«-^
50
«ncore ett votté'favèim R voûf iMrf ejRcore te*
*ras. Il n' v a point Hc ftlnt Ho» de Jefus Chrît»
Il ettl» cawi'ê de notre béatitudev G'eft auffi pour
vous qtiMi A été doné» il ne ttendra <({\^ k voik ée
trouver «n luî ia jultice néceflasre, pour votfc re*
pos & jiouT votre fantification. O qu'il fcroît h
fouhalter que jeftw ftit glon^ dans v^tre cœur!
Koiis nous trouvons bien auprès de hit pendant
notre vie, dans nos fottfninces^ en tiiourant &
après notre .mort. — Vdre mère vous ftilue»
|.lle pleure & prie Dieu avec moi 'pour nos maU
hexreux fils. O mon fils! mon fîtsi <^^« l'hù^
miliation , que \'oitt nous aiufés eft grnnde.
i>ai(rionâ noui» feuiement nvoif yt feule confol^-^
ttou, que nos tiis retournrnt k Dieu du font
^ leur ame, par une converfion Anoère <fe
les wîr éternellement avec joie devant le tronc de
l' agneau ! Nous ne favons pas proprement & fttli-^
fanment tés crunes pour lesquels vous voiis.trouv>
vés «:niprironné. Vos père & mère d<Steftent &
niAudi^ent, ce qu*on en dit dans le pitblic. Hé*
tas, que ne vous êtes vou« borné À relier Médc*
cinî Votre él^'ation , que nou» avotis ttprife par
les |$a2ettes , ne nous a pas foie f^Jaifif ; & ce h eit
qu'avec chafçrin que ftous en avons faifria lefturcw
Àh , que i\*iivC8 vous tonferyé dans toiites vos
afqires» un oeil dair avec beaucoup de fagelTe»
de crainte de .Dieu & d^ humilité pour le biçn
du roîantne de Dannetnarc en vous foufeettant
avec <ine entière fourni (Bon , aux ordres de %*otre
très gracieux fouveminî Le manque de connoir»
fance ne nous pertoet pas d'en juger: mais fâ-
chés que malgré toute l'amitié que nous avons
pour nos enfans, itous n*aprouvons, nous n*ex»
cufons, ni nous Recouvrons pas l^urségaremens»
mais que nous h^ïflbns , détenons, maudiflbns & .
— ^ . — - iieux aux
crojans repentans. Que Icfeignettr* notre Dieu,
léit votre mèdeâat dims votre prlibn &qu*iigutiifle
enti-
91
tiitik«mc&tlA pUie de votrtjuaik. Noiu« qoi
ftnumet vos père (k nière, vou» recommendons à
V amour de la compadloii divine. Qiie ce grand
pontiiV JeAis ChrSt, (è Convienne favorablement de
vous, à la droite de. Dieu; quMi vous faile trouver
.miféricordeâc grâce* devant ton trône, pour votre
Cisilut éternel. Seigneur JeAu foie fccoorable, tanc
«u}(|^pére & mère, qu'aux enfans, toi qui es le
vins grand ami des hoimnes^ & qui ne rebute
perft>nne , & fais nous tous parroi^ à U vie
éleraeUc."
^ Rendsbourg
Gt4iBe.M«rs 177a.
Lorsque je dis au Cemte, que j'avois une
lettre de ion père à lui remettre, il la prit avec
«vtdité & fe mit à la lire. A peine en pou-
voit-il avoir lu la moitié* qu'il la lait ^ coté en
j>.leurant amèrement & en me dilant, H m'ait
maintenant irapoÛlble d*ach|ïver de la lire, je la
rec^ommencerai tantôt.. Lires la fouvent èc dans
votre particulier, lui répondis- je. C'elt la lettre
d'un père tendre & profondément humilié. Tâchés
de confoler ce digne homme & votre bonne mère,
par une réponfe chrétienne. Vous favés bien 1* uni-
que moien de les confoler. Oinon Ûieu! dit«il,d'un
-tan extrêmement touchant « je ne (aurons leur
écrire , je ne faurois comment m* y prendre.
Vous aurés encore k* tems d'y penfer* lui ré-^
pliqual-jjB. Il fe mit enfuite h louer fon père,
comme un homme de candeur , dont les aftioni ré^
Bondoient Si fes fentimens , & (a mère>t comme une
femme des plus religieufes,qui lui avoitfburm' les plus
belles ocalVons , a* apreodre le chriltianisme u6tif,
]tme pria de leiur écrire bientôt, de leur marquer !«
difpofitions dans lesquelles je le ti ou vois éfeftive'
ment, & de les.aflurer que confcrmétnent & fa bon-
ne volonté, il feroit totfsles é(âru|ieiribie«» pmit
mourir en chr^eû.
9Z ,
n étoU fi forténiAtt touché-, «^ à fiteine pottyoie^
il prononcer ces paroles.
»
Je crotois maintenant lui «voir fourni affés et
nioiens , pour examiner foii état moral. Je ne
pçuvoU auffi manquer d'être content de il'éfet que
cet examen prodtitfbit en lui. U étoit ii aflige &
A hamilté dt; fes péchés, que fon état «iiroft pu
devenir -ilaai^réux , A j'avoij tftché de V hiutiili«|'
davantage. Sa repentance étoit fmcére. Je ppu-
voi« d'auunt plus m'y fier, qu'il étoit fort fl^-
matique , & que fes principes , joint à l'expéri'
ence , lui avoient donné ^ outre - cela beaucoup éê
pouvoir Air l'es pafllons ; de. forte qu'il ne pou-«
voit être touché que par les férrieufes répréfeii''
tatibns, que lui faifoient fa confcîence. Pour le
conduire plUvi loin, je le fis fou venir de VeXçér-
rance qu'il avôit marquée , que Dieu pourroitbieA
lui faire grâce , après une repentance purement v
philofophe, !e priant de me dire, f*il le croiôit
encore vraifemblable. Il ne favoit que répondre.
Il fentoit trop bien, qu'il n'avoit aucunement
raifon de fe ilater de cette erpérance & qu'il,
11* étoit plus portée comme il l'av'oK été » à fe
tromper lui même.
Vous fentes déjà, qu*un repentir phi loTophe
ne fufit pas, pour tranquilifer une tonfcience in-
quiète. Votre raifon fauroit elle bien trouver un
meilleur moien d'y parvenir ? Examinons cela
dans notre 'plus prochain entretien. Vous &vés
que je ne prétens pas vous difpuGer le droit, que
vous avés de vous guérir vous même, & fi vous
le poUvés, je ne vous contraindrai pas de recou-
tir au fecours de rçvangile.
• . ,
Mais vous ferés bien , Monfieur îè Comte, de
vous fwiuTiarifer préalablement avec les preuves du
chriftianifme, afin qu'en cas aue vbut tronviés que
vous aies befoin du confeil qu^il vous oft-e, vous n6
i«>ié«
9i
I
foîés pas etnpéché par le dotttede la vérité, d'à*
gérer bientôt ce confeil Si d' en* fentijr bientôt les
éfets. Ceiï dans ce defTein que je vtnis ai aporté
le livre de Welt, qui traite de la refurreftion de Je-
fus Chrft. Lii'és le avec attention. Si enfuke vous
trouvés que la refurreftion de Jefus Chrtt eft entiè-
rement dinge de !bi, il f* agira d'examiner votre
raifon, pour voir fi elle ne le croira pas être obU«
gée de prendre ce refufcité cour un envoie de Dieu
'& fa doctrine» ou oé qu'il a proporé pour éW
vérités.
Huitième entretien le t^meMars 1772.
X es plaies de totrc confcience, c'eft ainli que je
*^ crus devoir commencer cet entretien» fontpro*
fondes & douloureufes. Vous foubaités de bon coeur
de les voir entièrement guéries. Cherchons donc
les moîens de rendre cette cure poifible. Je fais que
le fentiment de <rns befoins vous a déjà porté à rece-
voir te' confeil que le chridianisme vous donne, dans
cette vue. Mais il ne Tant i^s vous précipiter , mê-
me dans une ù fainte réfolution. Examinés prémié-^
retncnt , û \» raiibn a dequoi vous confeiller. En ce
cas vous pourrés vous paffer de révélation. Mais fi
vous voies, que h raifon vous laifTe fans fecours t
Vous pourrés d'autant plus mettre de la confiance*
dans ce feul moien de trouver grâce devant Dieu,
' que la religion chrétienne fait tant valoir.
»
Des péchés , conmiis en ce monde , & partictt«
llérefnent, des péchés prémédités, fouvent réitérés,
chéris & épouvantables , à caufe de leurs fuites , le-
roient ils bien punis dans la vie avenir? C étoit la
première queltion que je fis au Comte. En conii-
dérant bien fentément la chofe, répondit-Il, on pour-
roit croire , que l'inquiétude de la confcience dz les
•fuites naturelles des péchés , font des punitions afféi
fuhtiintes. Je lui His voir là delïus, qu'il n'y avoit
point de proportion entre ces fortes de punitions des
péchés, jelntà leur énormiié, en les ce&iidéraht
^ ki .tiou
H
non feulement ^ cotïime ptie révolte adtitrt Djeu, ma?#
^iilfi comme un outrage fait Ma Mîyelté f>iprêœe < & le
mat qu' Ils faifoient dans le roiaume de Dieu : vuque la
Jultice de Dièunépouvoit pas fe difpenfer de proporti-
onner, au plus jufVe, les punitions aux forfaits, U
y a bien des pécheurs, ajoutai- je» qui fortentdece
monde, fans avoir été feulement punis par leur con-»
fcience, & fans avoir reffenti les fuites naturelles de
leurs égaremens, Voudriés vous donc , que ceux - ci
i^emeurent entièrement impunis? La raifon nous fu*
JBt pour voir , que les fuites naturelles des péchés, du-
rent & jjourront encore durer dans l'éternité ♦ & que
par-conféquent, il y a encore des punitions à atendre
après la mort; car ces mêmes fuites fervent de p uni-
lions. Quiconque néglige , p. e. en c^ monde , l'oca-
Çon de connoître Dieu, & fa volonté, n'entrera- t-»l
pis avec cette ignorance dans l'autre, &ne fera-t-îl
pas obligé de fe paffer de tous les avantages , qu* uim''
connoiiïance julte & étendue lui auroit pu procurer)
îl renonça ù fon doute , & je me mis à lui répréfen*
ter les motifs, pourquoi j'étois convaincu, qV il y
auroit des punitions dans l'éternité. Cela eftcon for-
.tue à r analogie. Il y a quantité de péchés qui en*
trainent déjà bien des fortes de mifère» après eux icî
bas fur la terre. Quelle raifon avons nous de croire ,
que Dieu compenfera dans l'éternité la proportion'
qu'il y a entré la caufe 6f l' éfet? — La fagefle & la
bonté de Dieu, rendent les punitions nécelïaircs,
dans la vie avenir. Etant fage& bon, il veut qu'on
oblerve fes commendèmens , & quel^sdcnfeinsdeà
' fageCfe & de fa bonté foient favorifés. Si bien donc »
que f il n'y avoit point de punition à attendre dans
} éternité, les loîx de Dieu feroiçntians force & fans
fanftion; elles ne parvicndroient pas à leur but. &
j1 feroit presque, égal qu' on les obferve ou non. —
JNous nous llatons bien , que la vertu fera recompen-
iee dans l'éternité, & pourquoi ne croirions nous pas
que le vice y fera puni? — Le pécheur non converti
fort , avec toutes fes inclinations & fes difpofitions , de
ce monde» Ne conthuiera-t-ib pas de pécher dans
Vautre, . «f çtlà n'en^endrera-^-ilp^s.iieçruites punif-
/ :. fables
95
fiiMes de fes pochés? — nrembleaaffiqu'ilfe trouve
«m preirentiiTient de la punition du péché , dans l'éter-
tiité, profondément placé dans notre nature* ou pour
an' exprimer autrement » que notre confcicnce neu«
en rend témoignage. D'où vient notrecrafnte 4e U
mort, lorsque nous avons unetnauvaifeconfeieMce,
au lieu que nous en fjouvonsvoirl'aproche avec joie
& tr«nqiiijité , quand notre conférence fe troy ve fans
tache ? Et d' où vient la crainte du pécheur> qiii f; eik
débaraflé du joug de la religion, au moins lorsque, fa
mort cet taint fe préfeitte à l'es yeux ? Il fcmbloit ici
au Comte , que celte crai nte pou voit bien n' être que
lavrainte qu'on a naturellement de tamort^ Ce^çixdax^
a trouvoit oe doute refuté par (^^«l'il fentoit lui méme^.
Davoiia, que pour le pr«fcnt, îlavoitmoitM»peurde
la mort que defes.p^hés, quoiqu'il ait lieu de croirs
qu'il ^eroit mort fans beaucoup de crainte, ikns notre
connoiflance & fans la le£bure des livres , dont il a
étéparlé. *
Si bien donc , que fil y a des punitions à atendre
dans l? éternité, pour le pécheur» <^i Teulement à
ï>réfumer, ce qui eil pourtant le moftis deceqiiifuif,
tlçs taifpTis que fai aleguées, îllui eftirésmiportant
de faire des éfoits pour^es détourner da delVus lui.
Qtiel con'feilfa raifon pourroït elte lui donner là deïlus?
Elle ne Ta«roit proipofer que ces trorisinoiens , tavoir
la repentapre, la réparation du vnal qu^on a fait,
& l'amendement. Elle pourroît encore ajorttf r le*
ofrandes. Mais elle concevrait d'abord , que ce ne
ibnt pas proprement tes ofrandts qti! nous retonciiient
avec Dieu, & qu'on ne fauroitles prendre quçpour
des rabiens fecourat>tes, vu qu'elles fervem-depreoi-.
ves 4e la repentance , 8: de la réColinlon du pécheur ,
qui aime mitfeux fc paTTer, de ce qui Ini eft cher fie
«gréable , que de conferver plus tong-tems l'indigna-
tion de Oien fitrlbi> &fttr fes aftrons. De cette ma-
nière , 11 n*y«ucoft point d* autre diféretice entre la re»
pentance & l' ofrande , que celle q«i fe trouve entre la
caufe & l'éfet, ou le fentiment & l'explication. II
f ' agitdoncde favoir, fi les motens,' propoféspar larai'-
Ibn futifentà votre defrein,& fils font en notre pouvoir.
H 2 U
96 , •
La repentance, contimiat-je, ti>ft autre chofe
que l'afliftion , que je reffens de mes péchés. Mait
toute vive'& fmcôre qu'elle puîfleêtre, nferois>ie
bi^n efpérer, qu'elle détournera de defTus moi, les
punitions que j'ai méritées? Que diriés vous. Mon*
fieur le Comte, d'un juge icculier, q^ui fe feroit
une régie de remettre a chaque criminel, qui mar*
que une fén'eufe repentance , la punition qu'il a fi .
jui^ment méritée?
Je dirois, en moi même, qu'il eft bon homme,
mais foible , imprudent, injufte & peu capable d'ê*
trejuge.
Oferions nous bien croire, que Dieu jugera de
cette manière? Je fupofe qu'il ait de bonnes raifons
pour faire grâce , k des pécheurs repentans , dans
des' cas partiatiiers , perfonne ne fauf-oit pourtant
l'aiTurçr , que celui dans lequel il fe trouve fera de
ce nombre. — L'expérience nous aprend aufli , quo
Pieu agit filivant les règles dans ce monde, lorsqu'il
punit les pécheurs par des fuites naturelles , de leurs-
égaremens. La repentance ne doit pas afranchir le
pécheur de la punition. Quiconque f ' ell atiré des
maladies, la pauvreté & la honte, par fes dérégie-
mens , ne fauroit fe rendre la fanté , les biens &
r honneur, par Ca repentance. Eft-il bien vraifem-
blable ou même probable, que Dieu jugera, dans la
vie avenir, fuivant une règle opofée ? — Le fîmple
repentir ne repare auin aucunement les fautes qu'on
a coramifes. Toutrelte, comme il étoit Le dora-
mage , caufé par le péché, relbe dans le monde & ne
f ' éface pas , par le repentir. Il faudrbit que Dieu
eut un foible de bonté & quMl ceffe de régner avec
bonté & fagt^e , pour acorder le pardon fur une (im-
pie repentance inaftive.
Le Comte m'écouta avec beauconp d' attention ^
il avoua , que ie limple repentir ne donnoft poiot
d'efpérance fondée de la grâce.
Nous en vînmes donc à l'antre moien, recom-
mandé par la raifon , qui eft la reltiJtutîondu mal qu*on
a fiait. Cette reititution , lui dis-je , elt , fans doute ,
bien
%ièn plus cettfidérftble, que le fimplê repentir. Mais
^'avec toute cette . reltitution , la défobéVflanoe
envers Dieu , l'injure faite à fa Majefté & la révolte
contre fes deOTeins bienfaifans, refloient pourtant
très puniiTables. Qu'il f agiflbit encore de favotr, fi
Dieu lailTeroit pafler tous ces crimes (ans les punir.
& fil t;ouvoit le faire, conformément aux régles\
fuivant lesquelles il gouverne le monde. — Mais que
pouvons nous dire de la reflitution du mal oui a été
fait? Le pécheur y pourra-t>il jamais fatistaire? U
n'y a que quelques cas, où il lui peut être poflible
«le crpir&(jVi'il pourroit bien reparer If^inal qu'il a fait.
JMais pourra>l-il te faire en tout? Connoit-il tous Tes
péchés? En fait-il toutes les fuites? Ne faudroit-il
pas qu'il fut capable detoutfavoir? Pourra-rt-ilempê"-
cher le torrent de ces fuites ? Pourra- t-il les arracher
du tout dans lequel elles fe trouvent envelopées?
|*ourra-t-it encore les fuivre après fa rhort & jusqu'à
la fin du monde, & les arrêter partout où. elles te
font répandues? II faudroit qu'il fut tout puiflànt &
préfent par tout , pour le faire! Non, Monfieiir le
Comte , ce n' eft rien que cette réparation. Elle ne
fufit pas & elle eft même entièrement impoflible !
Nous continuâmes , en venant à l' amandement
de la vie , qui e(t le troifiéme moien que la raifon
nous fournit. H elt bon, lui dis- je, & il nefauroit
manquer de faire , au moins , l' éfet de recommen-
der cette partie de ma vie au fouveratn juge du mon-
de. Cependant quiconque aura elîaié de haïr & d'é-
viter fes péchés chéris & acoutumés , aura aufli
trouvé , que f il n'el^ pas tout à fait impoflible d' o-
pérertmamandement de cette nature, par des moiens
naturels, il eft au moins très dificile d'y parvenir.
Mais r amendement oue je fais voir dans la fuite de
mon âge, a-&-il quelciue influence fur la^mauvaife
conduite , dont j'ai comblé mes années écoulées ? Ne
devois-jè pas à Dieu la même obéïflance , que je
compte de lui marquer dès aujourd'hui? N'y
«toiS'je pas obligé à chaque moment de mon
exiftance? Je fupofe que je fois obligé de paicr
iourneileraent ttne certaine foronie, & que je ne
H 3 fatis.
'58
«sitîsr»(feqii*àc5etle(f aHioiBrd*hu! , tpr^ «vttVrefWi.
le p^ilement de celle d'hier , ne ferois-je pas en reûe
de ce jour, & cehiiauqhcr je ferois redevable, n!au*
»Oit-iJ pas droît de Iç^prétendrc ? 'il pou rroit renoncer
à fon droit, f*il le voulwt. Mais la raifonpeat elle
m afl'Mrer, t^ueDiet» voudra ou pourra te faire enu»
tel cas? Lai importe-t-H que fes moixfoientoWer-.
vées? H eft^dononécâfaircqw'il fciculqwcfcrieufement
VoWepvatiofl de fes loix,c'eft à dire, qu'il menace de
Ï>unir, & les menaces de Dieu ne fauroient êkre ûins
ùites. H f ' en fuit, que la raifon ne aurait m'aiïurerv
ni même rendre vraifemblable, que Dî^irpuHre re-
mettre te punition , d«s péchés paffiôs» en. confif^
dération de l'amendement prochain^
M étoît fdcîfe>d*^apfr<iuer tonfecelà ferteComtCi-
' Il étoît en fouet par raport à fes péchés. Mais
H ne poHvoît ni ne votiloit pas fe repofer f«p cette
f epentance. R-n'ett pas pofli We à un pécheur dé re-
parer ^e mal quil a fait & le peu df! tems qu'il lui
reltoit, joint à l'étend*'4e& à rembrouillementdan*
lequel fes ég«i*mens fe'trouvoient, luirendoitcet*
te réparation moins poiïîble. L'amendement pro*
chain îonne peu d*eJ}>éraiice pour l'avenir, & foa
avenir étoi* V éternité^
Il few fiins doute- néceCFaire, lu! dwlje,. que
vous tàcbiés de feire tout votre poflîble, pendant le
pou de tems que vous avés encore à vivre, pour
faire dit bien , & pour faire tout ce que vous pourw
rés , pour reparer le œat que vous avés feit. Qui
Çjt, ti vous ne pourrés pas éfacer, par vos difcouss
& par votre comportenaent , dans tes «ns & ïes au-
tres, de ceux qu^ fe trouveront ici auprès de vous
ks nwavaifes impreflîons que votre conduite pafTée
a faite en eux. Mais Quoique vous fafliés, vous ne,
fauritts jamais vou» en Êaire un mérite devant Dicn»
ou croire que Dieu vous pardonnera pour cela vos
Çechés. Cela ne vous fervira qu'à vous fortifii/r
4Ati8 de bons fentimens & qu- k les mettre au joup»
59
..^btir v(strs.<f(hiV}i1n^^ vous âi Tes aistivs de la fin-'
.•érité de ?ôtre convèrfion (24).
n m'afliira, qu'il f ' en étoît déjà Mt un deroir*
Qu'il avott parié de la morale du chriifKanisme à un
Oticier, en l*exhortanfe d'en fuivre les préceptes en
«onfcience. Mais qu'il n' avoit pas parlé comme un
chrétien, entièrement convaincu, parce qu'il ne
l\^toit pas encore, & qu'il ne lui étoit pas permis
et diflimnler.^ Plut ^ Dieu, ajouta-t-iU-^que je
puffe contff buer quelque peu de chofe , à l'amende^
aient moral de ceux là de mes amis , dont j' ai coi>
Tompu les £KitiBaen« par nies difcours & par moa
exemple!
Je le priai d*y réfléchir, en l'affurant que je
h^ ferois auflli dé mon côté.
Nous étions entièrement d*acord, quelafimple
raifon n'étoit point le moieiji fur du pardoft des pé-
chés. S'il y a encore un moi^n dans ce monde,
continuai- je , qui puifle vous alTurer de la grâce d«
Dieu, je compte que vous en fcrésuCage, ouau^moins
que vous r éprouverés. Il ne fauroit fe trouver dans
les bornes de la raifon, car elle ne connoît les trois
moiens , que nous avons examinés & trouvé infufifans.
Si bien donc ^ que f* il y a un telmoien , il faut qu'il
foit extraordinai rement manifellé de Dieu. Je con*
Dois ce moicn du {Jôrdon pour chaque pécheur, G'eft
la foi enjefus Chrît. — Vous connoillés & vous honorés
Vhorame. auquel je vous rcnvoie,du côté moral.L'excel
H 4 lence
(24) Founntoi faire Juivr» après eeciy la foi', qui doit
êïre la Jour tK des bonnes oeuvres? Ne fer oit-ce pas
Une voie bien particulière ^ fi on alloitdê^ Vamen^
dément extérieur de V hmnnie à Vintérieur ., &
feroit-ce un change*» ent de fmtifnent chrétien f
Une autre min» , que je pourrais me doiiner devant
un miroir , fauroit elle bien éfeîtuer d' autres fen^
timais en moi , qm nte fwtifier véritablement^
dans le bien? Quel fond de conviifion peur moi
& pour d'autres?
}
100
I I
V
lence de fa<)p0v»1e 9t de' fil eoAdaMe doitavfll ireu»
rendre - favorable k fes préceptes thfeoretJAues S* il
y en a dcincompréhenfible à votre raifoif , cela ne
Uiiroii phis vou$ paroîtrc étrapgei car fi Dieu f'eft
inanife(té par lui même aux hommes* noue ne faa*
rions nous fcandalirer* de ce qu'il nous aprend deÊ
vérité;» , que nous ne faurions ni inventer ni exp»
pliquer. — Cependant il elt jufte que nous atten-
dions des preuves, qu'il a été «nvoie de Dieu. Il
nous renvoie lui même à fes miracit:^, comme à
fa légitimation. Sa refurreâion fttï le f\u$ gran4
de fes miracles. Je vous ai prié d'en examiner la
fidélité. Quel eft le refulut de votre examen ?
Vous favés , répondit le Comte , que mon
efprit a été fort inquiet & que mon corps a foufert
depu'S quelques jours. Il faut que j'avoue, que
l'un & l'autre m'a empêché de lire avec affés de
méditation , la partie du livre, qui traite de la refiir*
région de Jerus,& qui contient l'examen & la corn-
paraifon des circonRances de cette aventure. Maïs
j'ai trouvé dans les dernières parties, des preuves
qui ont fait de fortes împrell!ons dans mon efprit.
Les Difciples de Jefus n'étoïent pas fort crédules îi
ne pouvoient être convaincus de la vérité de la re-
furreftion de Jefus, qu'avec peine & que par le
témoignage unanime de presque tous leurs fens.'
Les Juifs n'ont point fait dé perquifitions judiciaires
de cette affaire, quoiqu'ils en aient eu la mailleure
ocafion , & qu' il leur importoit beaucoup d'en fai-
re voir l'abus. C* eft aulïï ici , que je raporte l'é-
tendue du Chriflianisme, qui n'auroit pas été pofli*
ble, fans la vérité de la refurreftion, en La confidé*
rant, comme elle f eft faite, & avec laquelle on .ne
fauroit aucunement comparer l'étendue de la doctri-
ne de Mahomet, vu ie's diférens moiens, dont ils fe
fout fervi dç part & d'autre. C-ependant je fruhài-
terots encore de favoir , li on ne trouve point de té-
moignages de Chrift & de fa refurreftion dans des
auteurs prof^ines?
Je me mis enfin à lui raconter ce qu'on trouve
de CnriH & des premiers Chrétiens, dans Sveeon,
Tacite,
fOÏ
t«ctte, F(kie êi- Jofeph. • Quenfe I ce ^i reginie la
partie û connue du dernier, dont je lui raconta} ie
contenu, k peu près dans les tnêuies ternies, je lui
«vouai que le« ùvans Chrétien^ la prenoieht pour
fupofûe fi( que je trou vois moi même, qu'il n'e(t pa^
croiable, qu'elle Coït entièrement & telle qu'elle etï
de Jofeph. je lui fis voir, comment elle pou voit
«voir^té faÙifiée, favoic, qu'il n'y afjointd'aparen^
ce que Jofeph qui raconte tant de bagatelles, n'ait
«biblument rien dit d'une perfonne aulH remarquai
^le. que Jefus a toujours etc.. Supof^, lui dis -jA,
^u'il n'en aîtcfeâiveroent pas fait meiition, ce feroit
une preuve certaine, qu'il a eu des raii*ons,^qm na
lui ont pas permis de le hazarder* & c'e^l » ce qui
marque un aveu tacite ^C.
Bien que jenepuifTe disconvenir, continu a-t-il,
> . que la relurre^ion de Jelus , nefoit croiable,je ne
iaurois comprendre, pourquoi Jefus ne f'ett pa*
' montré à fes ennemis , après (a refurrefHon.
On a levé ce doute, en bien des manières, fi d'ail-
leurs c'en elt un. Ce qui m'a tranquilifé fur ce fujet,
c'elt que les ennemis de Jefus, qui avoient vu, en par»
tie, eux mêmes fes miracles, & qui ne pouvoient
par conféquent pas être trompés, les ont fait patter»
avant & après (à moft, pour d^s éfets.du Diable.
Si bien donc, que fil leur étoit aparu plein de vie,
af rès fa mort, ils auroient formé le même jugement
! de cette aparition & n'en auroient pas été convaincus.;
Ils f 'attendoient à un héros puilfant & vitborienx, en
I la perfonne de leur Meifie, qui rétabliroit leur em-
pire. C'elb pourquoi Jefu» Chrît leur étoit fi odieux
i ^ dans fa figure humiliante,que les preuves les plus for-
tes, qu'6npouv oit donner de fa miffion divine, ne fai-
Ibieat point d'impreifion fureux. C'auroit donc été
en vain que Chrill leur feroie aparu.
Il fut content de l'explication de ce doute, & dé-
i claraT qu'il n'avoit plus rien à opofer à la vérité de
\ la refurreâion de Jefus.
H5 S?
l;
1
t
•ulUque vous coiiveniés,<^ae Jefus f 'e(b ruÀramment
légitimé, eîK^waHté d'^envoié de Di«u. Vous êtes par
I conféqvient redevable de votre fbiàcequMt dit. 'Ain(»
U ett vrai que fcs dUpofvtionsvous ontreconcîtiésavecî
Dieurpouvtiqitt vrotts¥ous yrepofiés &que vous tà->
Chiés fécieulement d*agir fuiVMnt fa morale^ pendant
tout terefte de vos jours* — Je ne prétends cepen-
dant pas encore, aue vous receviés ladoftrine de la
réconciliation des nonmies par Jet'us Cbrit, fans- que
vous Taïés n>teux examinée. Je Vous ferai prén»iôre-«
ment voir ce oue rignillentt «hns la Bible, ces paroles»
Chri(^ nous alauvés. En fiiite nous réfiécinrons^ it
kebonfensadoquoiopofer, avecravfon, àceitedo^ri-
ne. C'elUce que nous ferons <iaQs le premier eotre^
ciefl que nous aurons.
Je rexlmrtai à la prière, Si il m'afTura, qu*it f*o^
m/vpoit^dé]n aSiwAhtmmt forji à laforière. Maisajou-
tai-je; n'adreifésplus ftmplenient vos priéresà Dieu,
comme à votre Créateur, à l'Etre de tous les êtres, à
Y InBni, maisadreflJés les luiaitlli comme à votre pè-
re, qui eft l'amour même , qui veut bien avoir pitié
de voiis,qai veut détourner de> delTus vous, toute»
les punitions de vo& péchés & qui vousinvite, à preiw
dre part à fa grâce, par la foi enJefusCbrk»
M'étanb encore on peu arrêté auprès de hii, it m»
. fit encore connoitre la crainte quMl avoit, que fa re«
- pentance ne foit ad'és tincôre. Elle n*e(l wi moins
pas-ton jours également forte, dil -il, & je fens,qu'elle
el^au(fi plus férieuCe à l'égard de certaines actions, âe
de certaines perfonnes.
Je le trouvoi&aufli^éfeftivemenè moins ^rifte- ce
Jour (à qu* aubre foia, & cela peut être, parce qu'il
voioit le moiiende trouver delaconfoladon & du re»
pos* Je lui répondis, que conformément à la nature,
kiétoit imf)o(rible> d*^avoir toujours les thèmes fenti-
Biens ^vsclamême force; que je trouvons auili qu'il
dtoit très naturel &co)iforme à cequel'bumanîtéde^
mande, delevoir«fHgé dws un plus haut çlégré dit
- mal^
101
I
voit nommées <, & qni étoient fes père & mère fes
frères & le Coiate Brande. Que pour éprdUver Im
Âncôrieé àe ion repentir, R n*itvoit qu'à f 'dxann*
»er, jx)ur voir fil l*i^rouv'enoit encore avec plajftrv
des péchés au'il avoit commis autrefois, on l'il leS:
déteftoit de fton coeur. Il fii qiielt}ues lâfléxioA»
& ine répondk.
Je- ne Qiispas bien.fi je ne me latfTerols pasem»
f)orter par erreur , oa pwc pallion , li je recournots.
«lans le raonde.. Mshs ine trouvant comme je ilii&
al cette <het*re, je détefte «es é^remens, & fnr
tout ceux qut m'ont cauTé le plus de plaiiif, & j%
crois que quand même j'en aurois Kocalion, je a*«a
commettcois certainement plos«.
Contentés vous donc de votre repcntance , tft«
chés de conierver ces fentimens & familiarifés vou»
avec eux Mais gardés vous atult de chaque vér
«hé , Moniteur le Comte, âc fu« tout de ceuK, aux^
quels vous pourries êtse* porté; par les circon(Van*
ces de votée état préiJenk H ne faut pas que vou»
vous pemiettiés le moindre tcansgcelfion voloncatr*
re* n d'^lleurs vous fouhaltés que le t>on Diea
vous fafle grâce. Gardés vous auifi de mentir de-
vant ve&ju(«es, ft'aiés point de dé^ites-v nt«d'excu«^
les inlufuantes, & ne cachets, jamais ta vérké. Von^
fentes, bka, Montieucle^ Comte, où je butte.
' Je fais, répondit-il, qu'une confeflîon fuicôrQ-
m*eft favorable dan» h» fentîtnene, de ce qu'H y »
.d'hunnêtes gens. Je fuis conyaincu, que toute la
.félicita que j'efpère encore aquerir, feroit yerdua^
fi je t^choii de cacher la vérité, je crois môme»
c{ue ftiivant la morale chrétienne, un menfonge, que
iedirois.en.de bonnes ^lucfs, & même pour l'avance-*
ment du Chrillianismet & de la vertu, en le falfant
palTer pour une vérité, feroit puniiable devant Dieu.
Soies perfuadé que fans héliter le moindre peu, J9
«ionrefiitiaiiQjutciCdoat |eme fentjrtû coup«tbl«. -^ ^
104
Je crois ^ it 'vérité di^-1l dans une antare ocafios^
qu'on peut lever tous les doutes opofés aa Chriftia*
eisme : mais je ne faurois ailes voi|s dire la peur qu«
Y«i du uiien, & de ce qu'il pourroit m' attirer le dér
plaifir de dieu.
<
/. La.grace de Dieu ne faroit-elle pas indulgente,
hii demandai -je, fil me venoit fubitement de mé»
chantes penfées ou des délirs que j' ahhorre , aux-
4tt^s je n'obéVrois pas, -^ que j'étouferois fur le
chnmp "i ii en fera de même de vos . doutes de la
vérité « que £)ieu ne vous portera pas en compte, par-
çe.qu'ii» vous reviennent malgré vous à i* efprlt &
HMçt vous n'y prenés pa^ plaifir. * Dites toujours fm-
fiôfcnaent la vérité & tâchés de devenir bon &de bien
a^^ir, fuivant V indruction que vous en avés. Vous
verres que vos doutes diminueront & rafoibliront de
.^our à-autre. . •
I- Je tkche auffi de réfoudre mes doutes , ajoi^ta-
4'i\i Je me- répréfente maintenant p. e* ta divinité d«
Chrift, qui m'étoit toujours fort ofenlante, en me cB-
Tant: Il étoit nécefTaîra que Dieu parlât aux hommes
par la voix d'un hotnmc. Cet homme étoit Jefus
Chrît & vi voit par lui même.
Attendons le tems, Monfieur le Comte, ou nous
pourrons parler de cette affaire, & j'efpêre que nous
conviendrons, que la divinité de JeQis Chrît n'a ries
de contradictoire.
*-••."• ■ . ■•
En prenant donc congé de lui; lime dit i
^ , Je vois combien vous vous înterefTés pour le faîut
de mon anie, que vous m'aittiés & que vous ne cher-
rhé« que mon bien , en honnête homme. Je vous
prensaufli pour lefeul ami que j'aie dans ce monde.
Quand eft-ceque je pourjaf vous revoir? Je languis
de vous voir quand vous n'êtes pas ici.
Ce fera immancablement après demain , Mon-
fieur le Comte que je reviendrai. Mais je vous vef^
rai
105
fiif plus fréqvemtntnt & je reft«Mi phis long tems a»^
Î>rès de vous, à itiefure que M décilion de votre fort
èra avancée. Il me re}»arda amicalement, & ^it : pour^
vuqug vous ne iomtiés pas malade! — Je lui remis
pour cette fois l'examen phitofophe de Bonnets, deç
preuves du Chriftianisme,
Neuvième entretien le I8.'de Mars
17/2.
Jefus Chrît rcfufcîté, nous recomsnendé lui m^rae» le
moien du pardon des péchés, que nous allons aprenr
dre h connoître de plus près & cela feul nous en^a-
te au moin& k ne le pas rejeter au premier regard,
amorale elltoiita fcnt excellente. Lui même t:tï)it fi
bon & fi irreprélienfible, que l'hiltoire enMère nefau-
roit nommer un hornme qui lui foit comparable. Il ctoît
âufli homme fageS: Judicieux, danslavieduqeU on
ne trouve pas une trace de fanatisme, defimplicité à
de crédulité. Outre celh, il a fait des miracles, dont otk
ne faurolt nier la probabilité. il faut que Dieu
foit avec quiconque fait desmiracles. lVIai»Dieu apnif
eroit-il& favoriferoit-il bien un menfonge, & fuf
tout dans le cas, où Jefus dit expreffement, qu'il fai*
foit des miracles, pour prouver la vérité, de fa doftri-
ne. Tout celk ne doit cependant pas encore voui
porter à conclure autre chofe, huon , qu'un homme
qui ei\ en fouci, à caufe de fes péchés, a bien rai-
fou d'aprendre k connoître & à examiner la doftrii^
de la reconciliation du monde , par Jefus Chrît.
Quiconque veut la connoître & l'apreudre, doit né-
aetVai remette la puifer de fa fource, favoîr, de l'écri-
ture fainte. Et v«ici qu'e je vous la remets. Mon-
iteur le Comte, pour en faire ufage. Vous vou$
€tes' préparé à la lire. Cherchés d^ns ce livre ^
ious y trouvères certainement la vie éternelle*
. Le Tems qui vous relte étant fort court , tenéfj
vous en particulièrement ^u nouveau Telîamenc
Cependant il 'ne faut pas croirc« que le vipux
* TeiU-
Teftametrt ignore la recoiicilmTîon éti inonde |*r
Jefus ChfîL je vous en prouverai «l'abord le
tx>Dtra1re.
Je lui lis v»ir les endroîls d'Es : ch. $3.4^I2t
& de Dan. 9, 24. en les expliq^imnt ^ en les
«cliquant à Jefus. Je lui ifis voir combien âe
teitis ICffiie ^ Daniel avoient à peu prés vécu avant
Jefus Chfît , & enfin je lui prouvai que lei»r«
écrits étoient 'contras ten^ tenTS avatft ^efus Oirît
& que la corruption en avoit été impoflîble, après
Jefus Chrit, malgré les peines qu'on f'eit don-
nées & particulièrement celles des Mafforetes,
Votrs voies -maintenairt, ajoutai -]e, x\vk le vie^ix
(k le noitveati Teftaraent, f 'acordent fur ce point,
que Cbrirt a fauve les "hommes. Cet acord doft
de nouveau vous foire kflés cîbnjefturor la v^^rké
<le,la Chofe.
Si t)n -étoît fi^pçoimeuit,, dît - U là deffus,
on pourrort dire:
Que Chrîft avoît généralement tâché de fe
conformer à ce que les Prophètes ont prophetif«
du Meflfie, ponir jouer 4e rôle de ce grand ^et-
S'H avoit vcmia ceî» , rcfrtîqfiai -je, il n*au-
Toît p«s manqué de le jouer conformétircift aux
préjugés des jûift, & il auroit fait en forte» lie
tépréfenter tm bcros terreltre.
Bien brilement, repondît-fl, M mrroPt ctisploié
de tout autres nwjens. Un trompeur» ne fauroit
pas tout k. fdk faire l'honnête Iramme. On trou-
Te outre ««elà des choibe du MeiTre, dans le1*r»*
çhêtes, que Jefus n'avoit aucurrenrent dans fon
«ouvoir. Comme p. e. le fort qu'on a tire pour
«ion v^tenvcfft, & fa cnicificatron. L'tin 5: Vautre
ne dépendojt que des circonltances accidçntelleit
Si les Romains n*avoient été alors maîtres de U
vtlle de Jerufâlem, il auroit ^eut*<êtfe été la4>idtf
$t Aon pas £ruciti<.
(joùs
' , «07
•^ Nous centimiàmes csnlUite à par cminr les ^df^itt-
liiivans, <ha nouveau' Teilament. Je lui en expli"
guai les {>A(rages l'un après l'autre, & je lui fis voir,
<]iietouscontcnoi«ntla propoiïtion,doutil étoit ques-
tion, favoir^qUeChrirra ibiifert pour nous & que c'eft
par là qu'il nous a afranchi des punitions éiernertes*.
St. Jean, i . 29. St. Matth. 20, 28- St. Matth.2Ô. 28-,
^om. 3, 24. Rom. 4, 25. Kom. 8. 3 1 - 34- Col. 1,14. %
' Tim,2, 5» 6. 1 Tîrp, I, I5. iSt. Pierre 1, 18- iSt.
Pier» 3» 18. 1 St. Jean. 1,7. I St. Jean 2, 12. Je lui fis
{buvenir à la fin, que je n'avois pas encore alcguû ces
|)a(lages coinipe des preuves, mais feulement dahs le
deltein d^en dériver le vrai feh* dé la Biule, à l'égard dé.
la doftrine de la reconciliation, par Jcfus Chilt.
Avant donc que <ie prétendre, ajoutai « je, que
vous reconnoidiés cette doftrine, avec une euticr»
ionviftion, comme une vérité, & que p^r conlcquent
. tous croies ep Jefus Chît, il efr nece(la:rr, cjiic nous
examinions premièrement, U elle f 'acorde avec les
propri^'tés divines que nous connoitTons, cVir à dire, li
«die peutavoir été révélée de Dieu. Sienfuite poi^s
trouvions par cet examen qu'elle contredife* foit à Ia
fegelTe, ou à labonfeé de Dieu, jeferois obligé de l'a-
bandonner & vous de ne la yas recevoir» Majs A ua
oontcaire nous la trouvons acordante, je ne vois pa.*,
coniment vous pourries vous juttifter «levant Dieu, â;
votre propre confcience, ft vous refui^és de 4a rece«
voir; car elle elt confirmée par le cafaft^ére,la mora-
le & pat les miracles du grand perfonnage, elle elb
Vuntq\ie confolation d'une ame afiigce & eMe porte
lé plus puifloMment à devenir hoarnse de bien & veitu-*
ttux. Le Comte aVoua ,
Quef 'il n'y Avoit rien dans cette doftrine, qui fv^e
<?ontraire à quelle propriété divine que ce foit, on ne
iauroit fe difpenfer, de la reconnottre pour vraH*.
Nous fommes autorîfé' & obligé d'examiner, li la
doftrine de la réconciliation eft digne deDieu, oun elie
f 'acorde avec fes propriétés : mais ce n'eftpas à nous
àpropof'er mille quèltions inutiles & aux quelles.on n<^
iauroit répondre. Par ex^mple^pour quoi cette forte de
ipcon-
io8
teconcîKatîon eft néceflSiIre? Pourquoi Dîeo ne f^
éfeftuée plutôt? &c. Cette dofttine n'eit aucune-
ment une invention de la raifon. Elle n'auroit ja-
mais pu venir à V ef^mt de l' homme, fans ta révéla-
tion. Aiuli la raiCon fauroit auffî peu donner des
lumières de toute^i ies parties, qu'elle l'a pu ima-
. Çiuer. Toutes ces fortes de quelHons font fuper-
flues Si indifcrètes, quand une foisilefbiécidé« qua
Dieu a révélé ta choie, il faut donc que la railon
fe contente , lorsqu'on n* exige pas qu'elle prenne
des contradiftions pour des vérités. Elle a la vue
trô^^ bornée pour pénétrer toute là fuite. Elteeft aufll
âcouturaée de croire des vérité» naturelles, fant
avoir cette grande pénétration. Et Dieu femanffe-
ftant clairement , ell en droit de prétendre , qu'en tout
cas , nous ajoutions fol à fa parole. Les quefb'oDf
dont je parie, font les quelbions inconliderées d*un
enfant. Le fage père,, qui fait, que l'enfant n'efr
pas en état de comprendre les réponfes, ou qu'il y
trouvera detjuoi faire encore mille autres quelHons
inutiles, IVxhorte avec raifon à la patience, & pré-
tend , qu'il fe repofe fur l' affurance qu'il lui donne de
la vérité de la choie. — C efl eu quoi le Comte me ter
moigna auin l'on agrément.
La do^rine de la réconciliation du monde , par Jefus
Chrît , ell l'efleçtiel de la foi chr êtienne. Quiconque 1»
file , peut bien être naturellement bon & intelligent ,
luai^ il n'eft pas chrétien;- & ii les chrétiens ont des
avanta^jes diilfingués à attendre dans rétertiité,en qua-
lité de chrétiens, iisnelauroientaucumi^typréten-
4re. (2S) Mais quiconque reçoit cette dottrine &
qui
(ftS) Bienque Mr, U D. M- fefoit irèsrxctlUnnnmt
ét^t^Hjur quantité de véritis téologiquits , & qu*il
Iks ait expliquées nous crohtfS qn' il tjlveffnis,
qu' avec cette Aéfenfiofi de la bonne cau/e , de la
ivligioH révélée ^ 'que nous ajoutions au jugt^
ipimi yorté contre celui qui / * en moque ivali-
cienfemeiU , que bien, loin de pouvoir frétendr^'
les auantages étefrusls des chrétiens ^ ilnefaU"
roit pas fhimg atimére te fort d*un fDOun ver^'
UUUJf
i09
2 ni cro% en Jeftis, conformément à «e qu'elle en.
signe, & autant qu'il en a le tenis.& r ocaiion,
' eft chrétien de peut-être afTuré de la grâce que Dieu
a promife aux chrétiens, par Jei'us Chrît. Il Pen-
fuit de là,' Moniieur le Comte, qui ii en tout cas,
le tems qui vous refte encore etoit trop court, nous
|jourrions omettre certains autres préceptes. Si
iurtout ceux, au fujet desquels les chrétiens ne
font pas encore d'abord entre eux. Il n'y a
que ceux qui font li fortement attachés à la doc-
trine de la réconciliation par Jei'us Ciirît , les*
quels vous cefferiés de croire vrais, li vous vou«
liés nier les autres, que vous êtes nécelfaife*
ment obligé de recevoir. Je prens votre falut
fort à cœur. Sa certitude me réjouïrolt Si niCi
tranqiiiliferott pendant toute m* vie. Mais jt
fuis perj'uadé, qu'il n'y a point de falut poui>
Yous , que par jefus Chrît. - Je vous prie dont
très inltamment, & dans ce moment, ,oCi vous
vous êtes déjà fi fort aproché de lui, de ne pa#
difcontinuer oz de ne vous pas iail'er. Dcpêchés
vous [e fUus qu'il vous fera poiTible. Il faut que
la vérité ait encore du tems, pour f'afermir dans
votre arue. Il nous faut auiH encore du tems
pour r exercice du cbrilHanisme. Il m' aQ'ura ,
que non feulement il ne cauf^roit point de difi--
cultes, ni à moi ni à lui, mais qu'it feroit bien
plus d'éforts pour fe perfuader le plus qu'il lut
feroit poflible, d'une vérité, qui -lui étoit de Û
Îjrande importance. Que h'aiant point de cohfo*
ation à attendre, que de ce côté là, il avoit rai-
son de. chercher avec avidité» le moien deTen
rendre bientôt participant.
/
Je
tuetiXi & qu*au contraire ^ il avait rai/on d$
(raindrit un» éternité très rigôuretifn pour lui*
Quelle grande di/érence n*i/ a-t-il pas entre un*
privation innocente d» cette connoijjancujt^ tttit,
Mépris prémédité.
1
^ Je le trouvai ds nouveau fort «tbendri, 8e ^
plaignant les larme^ aux yeux, il me dit»-
?|ue les anciennes idées qu'il f * étoit faites, que
on exiftance ceflerolt après fa mort » lui rêve-
noient encore quelque fuis à l* efprit & qu' elles
r inquiétoient.
Je lui répondis, qu'il étoit, fans donte , fortdi-
iicile de fe défaire entièrement des idées , dont on
f* étoit long tems ocupé , par amour pour fes paffi-
ons. Que j'elpérois cependant, qu'il réufiiroità fe
défaire entiéremenc des fiennes, fi feulement il tà-
choit d'avoir continuellement les raîfonsopoféesde-
ynfit les yeux. Mais que f ' il arrivoit, qu'elles ne
fe préfentaflent pas anés clairement & fortement à
fon efprit , il n' avoit qu'à fe fouvenîr d* abord de la-
clarté St avec <juelle conviftion il avolt vu les preu-
ves de 1* éternité, dans les livres qu* il en avoit lu»,
Il me demanda là deifus : fi je n'avois donc jmnau
douté diVétermté?' Non! lui répondts-je , je l'ai
toujours trouvée conforme à ma nature & à mefe
founaits; Si c'eA dés mon jeune âge que j* ai apris
k en connoître les preuves.
Ce fut auffi cette fois, , qu'il me témoigna foa
chagrin fur ce ^u'il craignoit , que fa repentancè ne
foit pas alTés vive. Hé4as, ajouta-t-il, que ne m6
puis-je affurer de la fmcérité de ma repentancè S
Comment voulés vous que je m'y prenne?
N'avés vous rîen lii dans le difcours dejefas,
ÎjUi vous réponde à cette qiieftion^ Il répondit: Je*
us dit, feft d lettr fruits que vous les connoftrés»
Hé bien portés donc des fruits d'amendement. C'eft
le feul moiert qui peut vous rendre certain, vous-
& d' autres perfonnes , de la fmcérité de votre con-
verfion. Il eft vrai , que celui qui fait tout & qui
fonde les cœurs & les reins , n'a pas befoin de ces
preuves, pour en bien juger, quoiqu'il les de-
mmiç, liAais quant à vous Se à çioi, nous ne
laurioKr
III
vous nourries encore faî-TÇ de bien. Choîlifl'ès de
^s aaions capables de vous foire facrSfie*" votre am-
bition» &,ies folles idées que vous avies autrefois de
ï infalibilitè de votre pénétration & /qui foient.de
ïiature qu' elles fervent à prouver votfe humilité Sr
à éfacet les triàuvaifes imprefTions que vous av^«
ocafiohné à d'autres.. (46) Si vous vous trouvé»
difpofé à former cette réfolution , vous ferés en état
de vofr votre fentîment changé & corrigé , & c'eflt
•ft quoi confijte la vtaie converlion & le changethenc
4e fentîment» Je m'en vais d' abord vous^ faire ui>e
propolition. Vous êtes afligé, de ce 'que vous a vés
préocupé pkifieurs de vos anciens Amis, contre la
leligion , en les rendant particîpaus de vos prind-
ces. Révoqués publiquement ces principes, Dref*
fes des mémoires pour a\*ertir le monde, des^fen*
^metls dans lesquels vous comptés de mourir &
comment ils vous font vemf«. Cette pro}>u^ition
lui plut.
Ceftyce<ttte je ferai, dît-lt, je réfléchirai fuf
la manière de rendre ces memoircs aulTi utiles qu'il
iera poQtble» '
tl fouhaitoîtà ïa fin^ dé pouvoir paifven'ïr à un
vif reflentiment de la religion» C'elt dèquoi il pri*
(Mt très ardemmeit» le bon Dieu»
\
Je lui répondis » Dieu exaucera volïê pHète»
Quand une fois vous. ferés convaincu du chriftianis*
me & qiie vous ferés «ffuré d'avoir corrigé vos fentî-
mens, le plus qu'Hvoiis aura été poiTible^' fuivanc
fes préceptes » ce reifentiment fuivra de lui même»
la J'efpére
(!X6) Ct^ pouftimi la iiDhntê B la nfdluHoH dé
faire de bonnes aftlons fufifent devant Dîm., &
, futouvent la conveffipn du chréthH^ lorsque Idt
^ mort , DM un autre accident Itd ràûH te tems ^
VoiOjiim "de produire des fmits du fou atm>i4t'>
ment & du gtrnit de fa f»i%
a rien qu'on puiffe prouver plus fenfément qufe ce
même chrifHanisme. C* e(t pourquoi je vous pfo*
mets que je ferai tous les éforts poiTibles, pourcoa?^
formel^ mes fentimens à la volonté de Dieu» *
' Ce fera le moîen , ajoutai- je, de vous tranquU
lifer. Mais avec tout cela , vous pourries pourtant
* reffentir de la crainte & des détreffes dans les der--
niers jours de votre vie, ou en allant à la mort»
Je vous préviens là deflfus, afin que vous né vous
x^ iraaginiés pas alors , que la religion manque de con-
foiation à l* heure de la mort. La crainte naturel!»
V de la mort, les cirODnftances épouvantables de la
vôtre & la perfuafion dan^- latjuelle vous ferés ;
que. vous vous Têtes attirée p«r vos dérègle-
mens» ne l'êfaçeront pas. {zi) Mais elle vous
' «prendra
• ^ ' . \ ■
V
V
(27) Toutes ces fuites Jeroient- elles toujours S
entièrement jujles? Comhigii «'y a^t'-il pas cl»
, Chrétiens dont la pénétration & le fentimetit
anroimt bien des chofus à opofer. La pen*-
fée relevée & pleine^ d' ejpérance de V aprocht
de^ V éternité d' un uoHueau monde , de même
que de fes vu'és fuhli tries & infinieSy ne fauroW
elle pas diminuer ta force de la ^crainte qu^ on a'
delà mort, en i^ Joignant le fentiment tfitnê
relighn fumaturelle / C efi auj/t fur ce fujtt
que V expérienâe nous aprend^ qù^une gran^
, de lumière ohfcurcH la, petite qui fe trouva
àjon calé,- C'kJî UHg préférence qii^ à ia^fi'
cme tranqui'ité. la conuicilon opérée par les
vérités lie la Bible, l abandon du cœur en-
tre les mains de Dieu' fur Ut conviStion de
Uk raifon^ vA que les premiers rendent l'a-
•l
ÏI3
aprandrft à antrevoif l'éternité «Tec^Q)^nce &
tranquHité. ■ - ^
Il avoit Bonnet, & temoignoit beaucoup defa-
lîsfafrion de- la lefture de re livre. L* hipothèfe
de Bonnet, par raport à l'explication des miracles,
lui avoit particulièrement plû, & T avoit tout d'un
coup tiré de plulieurs doutes. Sachant, queRouf-
feau étoit de fes Auteurs favorits, je craignois que
r inipreflion que failbit cet Auteur, au préjudice
des miracl'ès de Jefus Chrît, ne lui fuflent de quel-
que ini^)ortance. Je lui remis donc l'écrit deMon-
iieur Claparcde, des miracles de [^Evangile, ponr
lui faire voir le peu de force qu'avoient les ohjec-
.tiong de RoulTet^,' fur ce fujet» Perfonne ne f'é-
jnancipe, lui dis- je, de réfuter la fidélité des mira-
cles , par r examen des témoignages , fur iesqueU
elle elt fondée. Cependant on feroit bien aife de
les nier. C elt pourquoi l'on fait tantôt des con—
clufions judicieufes contre ce fait, tantôt on pré-
tend en faire des' allégories, & tantôt on nie, qu'il
les ait faits, malgré ce que Jefus en a dit expref-
fement, lui qui pou voit dire avec le plus de certi-
tude, dans quelles vues il a fait des miracles, &
qu'il les a faits pour prouver ta vérité de fa doftri-
ne. C elt là le tour le plus ordinaire de Rouf-
feau. Il faut que vous aies trouvé les endroits,
dans r hill-oifc de Jefus, où il fe-refôre k fes mira-
cles, pour prouver la divinité de fa tniffion. Ju*
gés vous même, du ' cas -qu'on peut faire, fur ce
fujet, de RouiVeau, & fil n'en agit pas malhonnê-
tement ou f ' il n' écrit pas au moins contre des vé-
rités , qu' il ne f ' elt pas feulement donné la peine
Â' examiner dans leur fourcé.
I 3 pixiém»
nie plus couragmx & fihu fervie, /^ fier"
té natumlle^ V inerédultti^ Je meuvent près-
épie toujours dans la dernière & plonge V ef-
prit craint^ mire la er ointe & V efpéran^
114
Pixième entretien le 2«tse de Mars
177^-
M'
fon delfein étoit de conva^re te €oRite>'^an<
cet entretien , que la raifon ne pouvoît riea
opofcr à la do^rîBe die Ift fécoociliatktn du Koende
par Jefkts Chrît» '
Y ai d^éja feît de$ réftéx?on9^ ftwr ce dont H fera
oueftion aujourd'hui; c'ett ainii que Hotre entrefeie»
liit entamé, il fe peut, que c'.e/^ |>ottF éprouva
ipor ce ropien nos fiçntiniten&t par rapoct à fes
Sréceptes , que Dieu demande notre foi , en faveur
e la do^FÎne de la redemtion, Etû cela eft, ceb«
«e feule i^SfA fu&f;» |)04u akhis. «b^gieiE de U re-
cevoir.
Nous {basmes» fkns doute-» oMigésde croîre^^
tout ce dont nous fommes afïuvés que c' eib Pîe«
uuî r a révetéiy Mais }' eipôre de vou« faiie voir
4es aujourd* hiû » qu' on peut encore plus aprocher
ta domine de kveconcilia(:fon>, de notre raiJon, v«
2u' elle elb ft gloriiiante aux ppopriefeés de Dk^u ^
couforme à notre fiélicifeé. Ne f retendes 4eule-
tneut pas de- pénétcer le« détiberaticms fecretes é»
Dieu,, naais q«*i* vous l'ufife, de- voiw convaincre i»
que Fes perfeétions de-Dîiea nous deviennent Ht^nU
ment plus refpeâabies, ^ar la domine- de la récon<4
ciliatioa du monde,, que nouj^ ne faurions la con«
Boître ^ ailleurs , & que notre felut fe trouve vifi<^
blereenfr avancé pas eUe; €e fefa le vrai- moien d»
£atis£aice vonre vaifoo. Ce- leroit certaitietnent keau -
coup riCquer,. que de croire ia doibFinede ki sécei»T
ciliation, incoinpatilïle ;*vec Iç* propriétés de Dieu ,
parce qu'on ne iâucoit goûter ta ntétode <\t DieuTus-
ce fujct, ou. parce qu'on croit, conformément d^
U péofctratio» beriiée^ qjHe DieH aupoii pu ariiver^
par une voie plus commode , au deflein qu* il avoik
îbroié, de nous réconcilier avec lui^ SI un hom-.
îjie plus ipt^tligent que mol, vouloltme cendrebçu-
K«x »' fls ,que je voie que U çro^oAtion quMlme^
/
«15'
r
'fSftk, pour cet ëfet, eft non feulement digne de lu!,
Inais auQi avanugeufe à moi même , feroit il donc
bienféant, que je lui demande avec méfiance pour-
quoi vous y prenés vohs ainH y & non pas autre-
ment? Il ne nous efb pas poflîble de découvrir erw
tiérement cette voie de D/eu , nous ne pouVons pas
favoir, comment cetjte forte de réconciliation étoit
Indifpenfablement néceffaire, pour remplir les vues
de Dieu & ce qu'elle doit opérer de grand, dans-
le plan de la dire^ion divine, qui fe raporte ait
tout. Nous trouvons aniTi bien des chofes dans
le monde vifible, dans la création & dans la pro^
vidence miême , qui ne paroiflent pas convenir d»
notre imagination & dont la fuite nous fait voir
£u* elles font dignes de tirer leur origine de Dieu. ,
es proprietésr de Dieu » qu'il f 'agit de confidej-er'
luA , font r amour , la fageffe , la fainteté & la jù*
ftice. La redemtfon du monde eft une opération
morale. Il eft donc queltioa des propriétés mora«>
les de Dieu.
Dans quelle clarté rePpeAable, ne voies vous
pas la doârine de la reconciliation ! Si Dieu «voit
abandonné les hommes aux fuites de leurs égare-
mens , fans les fecourir , perfonne n' auroit pu l'a»
cufer de n'avoir pas aimé fes créatures. On au-
roit, été obligé de croire, que la chnfe ne pouvoir
pas fe fifiire autrement & que les hommes Tavoienfc
voulu ''ainfi. Cependant Dieu veut rendre heu-
reux les pécheurs qui fe font rendu eux mêmes
malheureux, en fe montrant efinemis de £a per-
fonne & de fes.defleins. il le veut fî férieufe-
ment, qu'il facrifie en* faveur des tranfgrefleurs ,
ce qu'il a de plus cher, (avoir, là perfonne qu'il
uorame fon iils, & avec lamielle il eft uni p0s
]' amour la plus intime. Le (alut qu'il veut,
leur procurer par .îk , furpalTe toute atten-
te , elc une félicité qui n' a point de fembla-
bl^ dans le monde & q ui doit durer éternel-
lement ea croiifant. Souries vous bien vous
l 4 répr<«
\
\
']
m
fépréfentér nne.atnonr dé cette nature; 'bien do»-
ne fon (ils pour fes ennemis, hrhn de les rendre
«ternellernent heureux? Croies vous bien, que
quand môme la raifon huniHiiiC auroit voulu por-.
ter fes idées de l'amour de Dieu /m plus haut dé-
gré., on auroit pu croire que ce ïmut degré fut pof-
fible? Dires mol maintenant , fi la dottrine de la
réconciliation par Jefus Chrît,contredit à l'amour de
Dieu, ou fi au contraire elle ne la glorifie pas in-
iîniment plus. — Cette réprélentatlon fit beau-
coup d'imprefTon fur le Comte. Il fe trouva li pé-
nétré d'étonnement & de reconnoiftance , qu'il ré-
pandit de» larmes de joie.
, La ra^bn n'auroît jamais oÇé bazarder de fe
former une fi grande idée de l'amour de Dieu. Elle
ce fe.feroit auin jamais avifée d'une telle penfée.
La fagefle Dieu fe trouve auffi glorifiée, con-
tinuai - je, par cette doftrine de réconciliation.
La lagelVe d un Youverain ne fe fait jamais plus
voir, que lorsqu'il fait Ife bonheur df "tous fes fu-
jets par une opération entièrement fimp]e. C'eft
ainfi que la reconciliation du monde par Jefus Chrît,
elt une opération de Dieu. Il n'y en a qu'un feul
ijuî' foufre la punition, & tous en font afranchis.
Si Dieu avoit puni le dixième, ou le centième,
oà audi le milliônie pécheur , pour faire grâce
aux autres, cela auroit bien moins fait, qiic
fil le.savoit tous punis fans exception. Mais mainte-
nant il charge de tout le fordeau , du genre hu-
main , le feul qui eit affés fort pour le porter»
Les difpofitions de Dieu pouvoient elles bien étje
plus fimples ? Et toutes fimp'es qu'elles font,
tous peuvent.y trouver du fecours. Tout ce que
chacun "^a àfaîre, c'eft de recevoir le bienfait qui
lui eft ofert, & de fe gardes foignenfement de nou-
veaux péchés. Ce qui eft dit, en premier lieu, ne
fiipofe que le reflentiment de la mifère , attachée as
jpéché
, \
r
Ï17
l^éçhfc '& l'nrage du bon/ens: & c'eft ce que l'bom-
me feroît obligé de faire , quand même il n'y
«uroit point de redemtion. Ces conditions ne
font elles p*s bien iinnpies , jultes & fages !
Ne dites pas , qu'on ne peut pas encore arriver
»u deirein de Dieii, qui veut que tous fotent
fnvarifés. Dieu ne faiuroit forcer perfonne de fe
rendre heoreux. G'elV la faute de ceux qui ont
l'Kvangîle, fils fe perdent ndn obltant cet avan-
tage. Dieu ne condamne. pas ceux qui ne l'ont
pas. Nous ne pouvons cepenaant pas favoir, de
2nelle manière cachée à nos yeux, ils pourront
tre fauves, par la grâce de Dieu en ChrilK —
En difant cela , je lui Jus le v.. 19. du ch. I. de
l'Epître de St. Paul aux Romains, je lui expli-
quai le texte & j€ lui fis voir, qu'on ne rcpré-
fentoit pas les païens conune de»>, pécheurs . qui
n'avaient point d'excufes, parce qu'ils ignoroietit
la doctrine de la réconciliation, mais parce qu'ils
Béglieoient la connotiTancé naturelle (le Dieu, qu'ils
pouvoient avoir, & qu'ils f 'abundounoient aux
paffions & aux vices. — Il ne tnanqua pas de com-
prendre d'abord , que la fagefle de Dieu étoit glor
ififiée par la doftrine dé la réconciliatior.. J'avois
Choift cette manière de propofer, parce que je la-
vois, qu'il avoit toujo\irs déclare, que ce qu'il y
ttvoi^de iimple dans la conduite, dans les fcîen-
Ces & dans la forme du gouveruecnent, Vtoît pré-;
férable à tout. Il f'agiflbit encore de lui faire voirj
^ue la doArine de la réconciliation f'acorde auTiavec
la faiuteté & la jultice de Dieu. Dieu ell faint,
lui dis-]e, pafce qu'il a le mal. moral en horreur.
Trouvés vous maintenant quelque choie -de préjudi-
ciable à la faintetc de Dieu, dans le point fondamen-
tal du chrilUanisme ? Pourquoi elt -ce que Dieu
a fait fes grandes difpofitions par Jefus Chrit.? Son
amour ne. pouyoit pas être contraire à fa lainteté.
S'il avoit prouvé fon amour, env«rsles pécheurs, fans
leur expliquer l'horreur, qu'il a de 'Iturs péchés,
i'hnrame auroit pu croire, qu'il ell indiférent à Dieu,
iiu€ l'on pèche ou non; Si nWn feroit-ce pas fait
15 4t
i
I
y
^e notre coimoiiTaiicîe &; <le notre ••nTîftîos Se i^î
fainteté ? Mais à prélent nows vojons que fa faxntet6
& Ton horreur pour le péché, e(l tout aulH granA
que fon amour. U veut biçn pardonner aux pécheurs a
mais i( ne/ajiiroit le faire, fatls les convaincre de la
' haîiMî qu'il a contre leurs péchés. C*eft donc pour-
quoi il livre fon fils \ la mort, avant que de leur fai^
îe grâce. Faites bien réflexion, pour voif, ii vous
pourries imaginer un moien , faivant lequel Ofeit
«uroit pu faire voir plus ngoureufemànt aux hona-
' meâ, combien le vsaX moral lui eft odieux, fans las
|mnfr eux méme^.
Enfin , il eft aulfî fort riftbte, que non fealement
la jttftice de Di«u, f 'acorde très bien avec la doftrine
de la réconctHation,, mais auiii qu*elle doit beaucoup
gagner dans les idées que nous en avons. Il faloic
que Dieu fe montrât jufte aux pécheurs \ autrement
fe bonté ne feroit pas en même tems une fagefle»
mais une foiblelTe. Ainii il ne tard^ pas^^fans avoii^
/ • puni. Voilà donc qu'il punit» mais il ne punit qu'on
leul , un homme digne de répréfenter tout le genre
iiumain , par, la g^andeiir de la nature & par fon ca*
raâère. Vous pourries , fans doute, vous avifer de
croire ici," que cependant ce feul ici étoit innocent.
Mai» fâchés , quMl n'a pas été forcé de fe^ charger
des peines des pécheurs. Il étcHt l'ami particulier
' de Dieu & le fatfoit avec plaifir, pour avancer le def-
fein favori de Dieu, il étoic lé }}rincîpal ami des hom*
mes , Ini qui étoit homme lui même , Iç faifoit de
bon gré, pour faire le bonlieur de fes frères , ou*îl
aimoip d'une manière inexprimable. Je le fis foU'
y, venir ici de l'honnête criminel de' Favarfc, & il i^Tar
voua, r ' ^
lu'il avott tou}ours trouvé Taftioit du fils^ qui fe
It mettre aux galères à la place de fon père^ fait
noble ; qu'aiuli cela ne pouvoit pas être contraire
ik l'analogie» qu'un innoceiit (bufrepour un, ou
pour plgjieuri coupables.
Enfttite nous examinâmes encore ta doOrtne dft
la réconciliatiou, h, l'égard de k féHctté humaine.
Nous
t
1I>
NônS y trouvimej «n meîen ttre» rfficacc. Elle nom
ofre la plus parfaite félicité. EUe nous inflruit et
elle nous met en étet de faire yfage de ce qui petit
BOUS afTurer de cette féKctté. Elle nous apreiKl k
aimer Dieu ; car rien ne fauroit nous ^e rendre plus
aimable que cette penJ^e: Il nous a tant aimé qu'îï
a donné fon ftls unit^ue pour nous racheter î Pour
«béÏF à fes comnMindeoBens» quî tendent à notre fa-
lut. Je n'en faurojs point d*autre motif que.cehiî-
ci, favoir, que Dieu e^l TEtre le plus fainfe,& le juge
le plus Jufte. Il Teft fi fbrt, que même la réconcillii-
tion opérée par Jefus Cbrît, ne me ferviroid de rien,
£.jene faifois pas tous l^& éfo/ts poflTibles, poiir m»
rendre moralement ^n» c'eil; à dire^, craîgnanfe
Dieu, — Vous voies par là, ajoutat-je, le tott que-
font au chriftijinisme, ceux qui difent que la fbi en
Jefus Chrît augmente les péchés. Suivant le fenst
3e TEcriture , il n'y a poini; d'^trç croiance de vraie»
que celle qui opère ia fincérîté & la crainte dô
pieu. La féKcité n^a auflS été promife à la foi, qn* à
condition qu'elle fru^ifie, autant que letems ^
l'ocaiion pourra le permettre à Fhomméy €'eft par
cette raifoD , Monfieur le Comte, quej'kifille ft fort;
|)our vous porter à faire encore autant de bien, c^u'Ul
vous fera polfible. (28»)
Je piC vois plus rien (^ui puilTe vous empêcher d»
devQnie cbr^bieo^' Vos befoins yoxxs^ y obligent.
' ' You»
(as.) Ilfofès Jbmmês JÙA^pris- de- m:pas^ ifotwer iù^
' l'itnpartant fohUi dogmatique , /avoir la doHri"
ne qw» traki propremetU des fon^ancss effuiéeM-
pour ht réconciUation, (f de la mort de ^Je-"
^s te Téantrope-i & dit mêriie^ de fok parfaite
«héiffance., en Javettr ' du péthéur repetUanù
p9ur htà rendre les vérités de la jujlificattûmkt.
' ^ tpM efi le principal Jo^au de noire reUgio» évan-
Selique,. d'autant plus néteffaire &^ plus comipri^
enfilde. Plufiears' de nos le&eurs feront peté
itr6 muixi'g insft phis SoiOftnt çitu remaarqji»»
i2a
Vous voies, î'éternîti? devant vos y«ux« Votre
fcience eltlliargée & craint, la cogère de Dieu. Vo-
tre raifon n'a point de confeil à vous donner & le
feul nioien de repos à de coniblation, ailqjtiel vous
alpirts, qui fe trouve dans le monde & que des
tiiiUitrs de perfonnes fages ont trouvé bon, eft la
foi en Jefus Chnt. /Vous favés que ce Jefus a été
pleinement acrcdité , Vomme envolé -de Dieu aux
hommes, & vous voies inninteiuint que le moien,
qu'il vous fait valoir eft digne de Dieu, Si bien
donc que li vous prenés votre félicité kcœur, vou«
ne fauriés que recourierà ce moien, qui cib de cro-
ire en Jefus Chrft. Ceflcs, MonCieur le Comte,
d'être malheureux. Si vous croié« en Jefus Cfarft^
vos péchés v.ousl'eront pardonnes j& votre mort vou»
feivira dVntrée dans une éternité bien htureufe.
Mais voici une fcène extrêmement toucTianie,
pour moi. Je n'ai Jamais tant reHenti de joie, ni
connil la félicite'quil y a d'avoir ramené un pécheur
de fes erreurs , avec tant de certitude & avec une
fi tendre élévation de cœur. Je n'oublierai jamais
oe moment Iblemnel & l'excès de ma ]pie, fie je ne
celTerai jamais d'en rendre grâces à Dieu. .
Il faudroit que je fulfe le plus grand înfenfé,
dît le Comte , yoixt ne pas embrafler le chrtltianis-
me, après t/int de preuves convaincantes & de bien-
faits. Jl fait autli tout l'efet podible fur mon cœur.
Ce que je reiVens, en llfant V hidoire de Jefus, me
fait ibuvent verfer des larmes. C'eftauffi avec
efpérance que je penfe à la mort. Je me fuis fa-*
niilianlV avec les circonlVances horribles qui l'acom-
]a;.»nciit. Je ne fais, comment je me trouverai.
vardoti de mes égaremens , courageufement fur Je-
At9 Chrît, Et quant à vous» mon cher «mi, c'eft
ée
i2r
«le bon «œnr^iiit je vous rends .gjte'ces, dé ce
«fue vous m'dvés lî bien guidé ju«qu' à cette
■eure. ■ . - -
Je l'embraflai , eii l'exhortant » d'en rendre '
fraces à Dieu, & nous priâmes Dieu enfemble ^
■Je voulu enfuite le^quiter, mais il me pria de
demeurer encore wne demi -heure aujjrés de lui.
Voici le. plus remarquable > de ce que nous avdns
•ncbre parlé.
Nous étions d'accord, que la limple raîfon n'a-
▼oit pas pu intenter la dbftrine de la réconciliation.
Même -la plus vive imagination,, a joutai- je, -n'au-
roit pu. le bazarder,, de fe-réprltleuÉer que Dieu a
ëonaé fon fils pour le& pécheurs. Cela t'utit déjà*
pour faire préfiuner. qne culte do^rine a yn plus
grand origine.. Supofé, qu'un homme f 'en ■ fqit
•vifé & qu'il ait fait part de fa penfée à d'aUtces,
* cr<fié(i vous qu'il aurott trouvé i'-a^rément .& la foi,
nue les Apôtres ont éfeftivemeat trouvés y
Non, «répondit- il, on auroît cnl cette penfé©
lA plus extravagante, qui puifie venir à l'elprit d'un
homme ; elle le ieroit perdue avec fon inventeur
et «uroit été oubliée. • ' - ^ ' " S
J*ai vu un exemple bien remarquable, en la
peifonne du Comte Struenfée, combien il elt dificir«}
de fe défaire des faux préjugés, qu'on a adopté»
par. attachement au péché & longteras nourris avec
piatfir. .11 fe trouvoit non feuletiient pleineiHent
<H»nvaincû de la faulVétéde fon ancien principe, qu'il
n'y aura poini: d'autre vie après celle-ci, mais fl
«voit auffî folemnellement embrallé W chrilnanisme,
entièrement fondé lur/l'attente d'une éternité. Il
haïftbit fou ancien préjugé , comme la fource de fon
malheur, & n'avoit point d'autre confulatiou ni
•(pérance, que d^ns l'attente d'une meilleure vit
mr^tm* Cependant i^ étoit encert toujours pr<^*
^ -^ - ♦ cojpé
\ »
f
cupè de V\iêe>, tfifU hV ^w*^ pmt-^fire jwliie
é^ éternité 9 & ne l'eft entièrement défait àe cettiè
|)enfée, (|tie peu de jaurs avant fa mort, je fou-
fcaiUii que tàn ex^smplc> l^rvit d^avertitfetnetit, à.
ceux qui font Ci fort portés à adopter «vec joie dé^
fentitnçns encore bien ptus abfurdes, pour peu
ifu'ils Hâtent leurs paffio&s. <29)
H me vient encore fouvetiten penfée, ^ît-l!,
avec indignation & irifte(ïé> de me dire ,> mais qu*ea
feroit-il, fi l'idée qu^ tu t^étois formée, quefio-^
tne exift»nce ceiiera entièrement aprô^ nf»tre
mott, étoit vraie? La confoiation que fy trou»
ve eftt <î"€ je n'y penfe qu*av«c «roi, & que
je me remets d'abord de cette penfée. <!l[«el
malheur ne feroit ce pas., A tous mes fpuhalts &
toutes mes efperances étoient ftins éfets, je tremble
quand je fens venir cette ma(heureufe penfée, 5c
je m^^me auffitôt contre eile, par te fouvenirde
tant de raifons convaincantes » que je fais main-*
tenant, en faveur du chrilbanisme* & par confë*
quent aufli de l'éternité, Je fuis rorteinent réfo*
lu de fixer & de fuivre^ conformément k la con*
^âien que j'ai «ftueltement, 1« r<âgie> fuivant
' taquetie
i2V) ^^*^ rem»r4fue utile fak igàlemewt hnnnmt^
à la pénétnxtîên & à lafidilité de Mr. B. Totit
termnte Fonvrage le ptns fubtii de Vltorlogér ft
trouve arriti par U mmndre vbfiach , qm f'^
rencontre^ ou déremgé parlapius petite négligeH"
ce^ Vifprit d'une ame èpuéfée par fes vites^ le de» ■
vient dans/es conviSions , de même axijjfi la Cour
fcimce dans fes jugent ens, la votottti dans fainal» ' '
àeweufe iirréjointion > & quil eft cequi ponrroit
(ompter tous les cas <|Kt arrêtent tout Vefprit (f*
qui mettent /on oBtivité aux chaînes. Ces fortes
de règles brèves & intentent ahftrnîteSs tirées
de la nature de l'homme^ qni eft forci de fe di*
couvrir tn d^ étranges (ituations & ^iu'oft a objet"
vé avec attention , valent nûeux dans la pratl^
ijue , que Ut quantité de déductions éimplef fi fa"
^aéuts d0 théologie*
N
A^eUe je nfétoîs proporé autreroîs de me con*
4aire, quand une fois je viendrois à mourir. Mon
dcilein etoic proprement de penfer à Tapruche dd
la mort. Tu as afles examiné Si trouvé vraie l'idée»
eue tû t'es formée, que tout finit avet cette vie^
AinCx rien ne te troublera lorsque tu viendras à mou-
rir, thais tu mourras dans VaiTurance, qu'en cas
que tu te fois trompé, tu auras à faire à Dieu , qui
e(l un Etre plein de bonté. Je vois à prefent, qiis
je xne fuis formé alors des idées indignes de la bon-
té de Dieu. J'ai bien mieux examiné le chrillia-'
nisnie , que mon ancien fiftéme & cet examen m*a
convaincu de \a vérité q«*il contient. J 'y reHeral
maintenant fortement attaché , & ni mes anciennes
idées, ni les nouveaux doutes qui pourroient me
venir à l'efprit^ ne m'ébrânleronjt pas , quand même
ils ferpient indiiToIubles. S) quelcun me fjiifoit des
objeftions , auxquelles on ne fauroit répondre, con*
tre l'expérience, qu'on g:uérit de la fièvre par lé
bon ufagedu Quinquina, ^ ne m'en mettrois pas
^a peine.
Il me dit aufii qu'il fattachoit fort à la leftur^
de la Bible , de puis que je la lui ayois donnée. Mais
qu*il feroit bien aife de favoir, quelles raifons on
avoit pour f 'aifuren, que les livres de la Bible
étoint éfef^vement des Autieurs aux quels on les at-
tribue. -^
J'étois juftement fur le point de lui faire con**
tioître ces râlions, & c'efl; pourquoi je lui avpis a*
£ort6le livre de Moidleur le D. Leff, qui traite de
I vérité de la religion chrétienne. Je le priai de
le lire, en l'anurant, qu'il fufirott pour le cQn«
vaincre, que ne poiivant point produire d'autres
l>ffeuves conformes à la nature du fait , oti ne fauroit
recannokre les livres du nouveau Teilatnent , com*
me étant écrits par les Evangeliftes & les Apôtres»
aux quels on les attribue , fans le fecours des preu-
ves fuRfantes, que l'hiftoire nous en fournit ; qn*en
tn€tne tems ce livre Lui foumiroit auifi V ocaûon da
repafler encore une fois les autres preuves du chri*
ftianisme, "^u'il trou vérole m^nie. peatétrt, fort!*
fi9«4 de çùté & d'aau-e*.
A-t-a«
, »
^ «
1^4
'A-t-onanflfi, «fr demaiitfïf-t-U, de« prèwvw
fufiràirt<»s de l'autentîcîté dés livres ^n vieux Tefta-*
ment ^Toutefois, ajouta-t-iU c'eft oné chofe dont
ie n''ai pas befoin de m'informei*. Si le tioïKreau-
^•etlaniéut elt vrai, il faut que le vieux le foit auffi.
Te prie fouvent le bon Dieu, de m* éclairer &d«-
ïne^Tortifier lïans la vérité, & je fuii W«a<te,
quMl exaucera ûui pnère , & qu il bénira mM
foins, ^ . ' / . .
Onzième entretien le aime Mars 1772. -
Je favoi? que iés afaires concernant l'ancienne fitu- -
ation & le procès du, Comte, lui cauferoient
beaucoup de difVraftioji pendant quelque tems. Ceft
pourquoi je réfolus\d' attendre un tems. plus con-
venable, pour poûrfuîvre le refte des points foû-
riamentaux du chrilHanisme, que je m* étois propo-
fé de luivre. Je prévoiois que le tems néceflaire ne '
nous itianquerolt pas, & qu'il lui" fcroit utile de
r arrêter, dans la route que nous avions, fi heu-
renfement prile, & de' ce rellbuvenir, de ce qu'il
V avoit trouva- de corrigible, pourïon efprit-^ ponr
fon cœur. Gépendant j^ allois le voir presque tou«
les iours , & cela en partie pour l* oblerver & pour
me mettre en état de juger autant par fes difcours
que par fon maintient. Combien la grâce & la vé- '
rité operoient en lui & en partie pour latisfaire au
1 deflein que j'avois de continuer infenliblement moa
ouvrage, î^jnefure que J' en trou verols Vocation.
\\ f* ocupoit à la lefture du livre de Monfîeur-
Leff, que je lui a vois aporté la dernière fois.
Il me dit, qu'il étoit remarquable, de ce qu* îV
V avoit ii peu de i;émoignages pour l' autenticité des
livres du nouveau Teltament , dans le premier tiède.
Cependant, ajouta-t-il, je n'en fois aucunement
mentioii, comifiô d'xm fujet <i« dout«, O/U d' inqui-
éj^dc pour moi. si
y
■ I2f
Sî je ne m? trompe, îuî répo|dîs-Je, il faut
^\Ven (ifant, vous aies remarqué des raifons fort na-
turelles & fdtisfaifantes, de la rareté d« ces témoi-
U;n«ges, Vous pourrés anffî vous les expliquer vous
iiiêmé> fi feuienîeht vous vous Ibuvenés que les li-
vres du nouveau Teltamerit n'ont été écrits en par^
tie que vers le milieu & pour la pluspîîrt pendant la
dernière partie du premier liécle, , Il fuît de cette
remarque , que peu de perfonn^s ont pu V avoir en-
tre les mains, pendant le préinîer fiécle, & fur tout
ces livres aiant été particulièrement adrefiés pour l«
pluspart k des pe-rfônnes ou à des Eglifes , qui en
ont naturellenrentconfervé les originaux, avec beau-
coup de foin & qui n'en ont peut-ê^tre pi\s d'abord
communiqué les copies à d'autres. Outre cela nous
avons aiifli fort peu d' auteurs du premier liécle, qui
auroient pu rendre témoignage de l'autenticité des
livres du nouveau Telrament, & jians lesquels nous
avons droit de les attendre. Mais la récolte des^
tems'fuivans en a été d' autant plus grande &:(f.
J'ai vu par la courte allégation des principaux
icritS'des naturaljftes , que celivre contient, ajouta
le Comte, que toutes les objeftîons, des plus célè-
bres adverfatres de fa révélai ton , ne font d' aucune
utilité.
Vous n*aurès non feulement vu cela , fui répon-
dis-je, mais aulfi l'injniHce, la légèreté & l'incerti*
tude de-ces auteurs, qui exci-tent li fouvent le foup-
çon , non mal fondé , que ce n' a aucunement été
leur fentiment d'é^îrouver la vérité , 'mais de l'opri-
mer. Combien de fpis n^avés vous pas été fommé,
é'ata^uer la religion dans fes preuves & dans fon
fondement, quand une fois vous vous étiéspropofô
d'agir contre elle! Mais quoique l'attaque la plus
conforme aU bon fens , feroit de vous y engager ,
voi^s vous contentés de déterrer de côté & d' autre
des propofitions particulières de la connexion, & de
la coniidérer dans un autre point de vue; de recher-
cher des dificultés cranologiques & g<?ographiques;
A faire des objections qiii ne regardent projprement
V
^•,
;0.. ^-> . v<X
1* ^
VS
.^^
ït V
cupé de Vlièe^ ififU »> aturoU ^Êmt^itrt fnhKt
é^Uwnitiy & ne Teft entièrement défait de cettife
fienfée, que peu de jours avant fa mort. Je fou-
haitai que fon ex^smple> fervit d^avertiffement, à
ceux qui font fi fort portas à adopter «vec joie dés
fentimens encore bien ptus '«bfurdes, pour pea
i|u'ils flatent leurs paffio&s. <29)
H me -vient encore touventen penfée, dît-i!»
avet indignation & trtfteiBé> de me dire «> m^is qu'en
feroit-ii, ti l'idée qur tu t*<kois formée, quetio-
tne exiftance cenera entièrement apré^ notre
mott , étoit vraie ? La confotation qve j'y trou-
ve eftt que je n'y penfe qu'avec éfroi» & que
je me remets d'abord de cette penfée. Ouel
malheur ne feroit ce pas^ A tous mes fpuhaks &
toutes mes efperances étoient (kns éfeu. Je tremble
quand je fens venir cette ma(hetireufe penfée, 5c
je m'cfrme auilitôt contre eWe, par le fouvenirdo
tant de raifons convaincantes > que je fais main-*
tenant, en faveur du chriftianismet & par confé*
quent aulli de t'étemitéi Je fut^ fortement réfo»
iu de fixer & de fuivrei conformément î^ la con*
vision que j'ai «dueitement, t« f^(e> fuivant
' («quelle
{29) Cttie remarque utile fak paiement Innumit'
à la pén^tratién & à la fidélité ch Mr. B. Tottt
tomme Vouvrage le ^us fubtit 4e Vltorloger fe
trouve arrêté par U moindre obfiacle , ^tti f'^
rencontre^ on dérangé parlapkts petite nêgligen*
cei^ Vtfprit d^tme ame epmfée par f es viiess le d)^
vitmt dans'fes convi&ions , de même a^ffi ta tonr
fcimce dans fes jUgemens^ la voloiité dans famed» '
éieureufe inéfolntion , & qnil eft ceqe» poarroit
compter tous les cas qni arrêtent tout Vefprit ff*
ejvi ntettenifon activité aux ckaines. Ces fortes
de règles brèves ta jujlement abfiraiteS', tirées
de la nature de l'Itomme^, qni eft forcé de fe di*
couvrir en d' étranges fituations & qn'oh a objet»'
vé avec attention , valent mieux dans la prati-^
^ne , que la quantité de déduSU^tu empUf éi fit*
pemtts d$ théologie*
^
ft^neiie je ni'étoîs jpFopoCé mitrefoîsde me coii«
attire, quand une fois je viendrois à mourir. Mon
deflein étoic proprement de penfer à Taproche de
la mort. Tu as afPès examiné & trouvé vraie l'idée,
oue tû t*és formée, que tout finit avet cette vie.
Ainfr rien ne te troublera lorsque tu viendras à mou-
rir « mais tu mourras dans VaiTurance , qu'en cas
^ue tu te fois trompé, tu auras à faire à Dieu , qui
eft un Etre plein de bonté. Je vois à prefent, qii«
je me fuis formé alors des idées indignes de la boni-
te de Dieu. J'ai bien mieux escaminé le chriUia-
nisme , que mon ancien iiitéme & cet examen m'a
convaincu de la vérité q«*il contient. J'y relierai
maintenant fortement attaché , & ni mes anciennes
idées, ni les nouveaux doutes qui pourroient me
venir à l'efprit, ne m'ébrànleront pas , quand même
ils feraient indittolnbles. Si quelcun me faifoit des
objeftions , auxquelles on ne fauroit répondre, con-
tre l'expérience, qu'on guérît de la fièvre par lé
bon ufage du Quinquina , je ne m'en mettrois pas
%ù peine.
Il me dit auffi qu'il fatUchoit fort à la lefture
de la Bible , de puis que je la lui ayois donnée. Mais
qu'il feroit bien aife de favolr, quelles raifons on
avoit pour f 'affuren, que les livres de la Bible
étoint éfe^vement des Auteurs aux quels on lesat*
tribue. -^
J'étois juftement fur le point de lu: faire con-
tioître ces raifons , & c'eft pourquoi je lui avois a-^
porté ie livre de Moiifieur le D. LefT, qui traite de
la vérité de la religion chrétienne. Je le priai de
le lire, en l'aflbrant, qu'il fufirolt pour le con-
vaincre , que ne poiîvant ]>oint produire d*autretf
pieuves conformes à la nature du fait , on ne fauroit
recpnnoître les livres du nouveau Teftament , com**
me étant écrits par les Evangeliftes & les Apôtres»
aux quels on les attribue , fans le fecours des preu«
ves fufifantes, que rbîftoire nous en fournit ; qu'en
même tems ce livre lui fourniroit aulfi f ocaûon de
repafler encore une fois les autres preuves du chri*
ftianisme, 'lu'il trouveroic m6me. psitt eue, forti-
iç^s de côté & d'autres.
A<t.em"
« «
^
1^4
A-t-on anflS, «^ demanda-MI , âe« preiwtir *
rufirairt^-s de l'aùtèntîcfté dés livras çJii vieUx Tefta-
menf2 Toute fois , ajoiita-t-iU c'eft anéchofedont
ie ri''âi pas befoin de m'tnformef. Si le nouveau
Teftamént eil vrai, il faut que le vi€ux le foit auffi.
Te prie fouvent le bon Dieu, de m* éclairer & d«-
me fortifier itans la vérité, & je fuis 'perfuadé,
quMl exaucera m?» prière , &Vi* *>éûira mec
foins. ^ \ " . .
Onzième entretien le aime Mars 177a.
te favois qUe les afaires concernant Tancienne fitu- •
J ation & le procès du, Comte, lui cauferoient
beaucoup de diftraftiori pendant quelque tems. Ceft
pourquoi je réfolus\d' attendre un tems . plus con-
venable, pour poûrluîvre le refte des points fon-
damentaux du chrilHanisme, que je m'étois propo-
fé dfe luivre. Je prévoiois que le tenisnécelTairene'
nous itianqueroit pas, & qu'il lui' feroit utile d«
r arrêter, dans la route que nous avions, fi heu-
feulement prife , & de'ce rellbuvenir, de ce qu* il
y avoit trouvdde corrigible, pourïon efprit-& pour
ion cœur. Cependant j*allois le voir presque touj
les jours , Sf cela en partie pour T obferver & pour
me mettre en ëtatde juger autant par fes difcourg
que par fon maintient, combien la grâce & la ve-
nté operoient en lui & en partie pour fatisfaire au
I deHein que j'avois de continuer infeniiblement mon
ouvragé, \ mefure que j* en trouverois l'ocalion.
Il f ' ocupoit à la lefture diï livre de Monfieur
Leff, que je lui avois âporté la dernière fois.
Il me dit, qu'il étoit remarquable, de ce qu'il-
y avoit li peu de témoignages pour l' autenticité des
livres d\i nouveau Teftamént, dans le premier liècle.
Cependant, ajouta-t-il, je n'en fois aucunement
mention, coivûtiô dtm fujet d< douta, o^ d' inquî-
é|»(ic pour moi.
y
/
12f
Si je ne m» trompe, lui répofdjVJe, il fiiùt
^u*en llfant, vous aies remarqué des raifons fort na-
turelles & fatisfaifantea , de la rareté de ces témoi- '
gnages. Vous po\irrés auffi vous les expliquer vous
même , fi feiiJenieht vous vous ibuvenés que les li-
vres du nouveau Te/tanient n'ont été écrits en par-».
tie que vers le milieu & pour la pluspîîrt pendant la
dernière partie du premier liécle, , Il fuit de cette
remarque, que peu de perfonn^s ont pu l'avoir en-
tre les mains, pendant le préinîer fiècle, & fur tout
ces livres aiant <^té particulièrement adreilcs pour ta
pluspart à des perfonnes ou à des Eglifes , qui en
ont naturellement confervé les originaux, avec beau-
coup de foin & qui n'en ont peut-être pfls d'abord
communiqué les copies à d'autres. Outre cela nous >
avons àûfli fort peu d'auteurs du premier liècle, «^ui
auroieht pu rendre témoignage de l'autenticitc des
livres du «ouveau Teltament, & jians lesquels nous
avons droit de les attendre. Mais la reiolte de*
tems'fuirans en a été d' autant plus grande &:d, >
J*ai vu par la courte allégation des principaux
écrîtS'des naturalises , que celivre contient, ajouta
le Comte, que toutes les objeftions, des plus célè-
bres adverlaires de la révelaiton , ne font d' aucune
utilité.
«
Vous n*aurâs non feulement vu cela , lui répon-
dis-}e, mais auifi rinjmUce, la legèiteté & l'incertî*
tude de-ces auteurs, qui exckent ti fouvent le foup-
çon , non mal fondé , que ce n' a aucunement été
leur fentiment d'éprouver la vérité, 'mais de l'oprî-
tner. Combien de fois n^avés vous pas été fommé,
^'at«:]uer la religion 'dans fes preuves & dans fon
fondement, quand une fois vous vous étiés propoi^î
d'agir contre elle! Mais quoique l' attaque la plu» ^
confoï'me au bon fens, feroit de vous y engager,
voys vous contentés de déterrer de côté & d' autre
des propofitions particulières de la connexion, & de
la conlîdérer dans un autre point de-vue j de recher- ^
cher des dificultés cronologiques & g<.'ographiques;
tfà faire des ebjeAions qM? ne rsgardent proprement
^V' - ' ' \ ^'
%.
^ *L
12^
Oui, dît-îl, amenéf moi, Monlleur le Prtffot
Hée. Je l'en prierai êh" votre préfencé. Je né luis
pas honteux d' avouer ^ ce dont je fuis convaincu 5i
je fouhaiterois d'avoir oc^lîon de 1« dire à toutes
mes connoiiïances^
Il difoit la vérité , car ce fut vers ce tems là ,
qu'il commença à f entretenir le pltls fouvent qu'il
pouvoit, & avec i^aifir de. la religion & de la oio-
ralité , avec les Oficiers qui étoient de garde auprès
de lui, au lieiï qu'il ne leur avpit presque point par-
^ lé auparavant. J' apri» de Monfienr le Commandant,
<me depuis ma dernière vilite il avoiteu un entretien
' lOFt long & fort chrétien , avec un de ces MeiTieurs,^
Je voulus r aprendre de la bouche du Comte ,
& il me raconta «vec une forte- de joie, qO'il avoit
fait valoir U religion & une vie.vertueufe à un Ofi-
«ier, & que celui-ci lui avoit répondu , qu'il ne trou-
' voit k la vérité rien à redire à la religitoD» mais que
quant h. fes préceptes , & particulièrement à ceux
qui concernent la volupté charnelle, ' il croioit qu'il
étoit impoUible d'y latisfaire». Qu'il lui avoit en-
fuixe cité par fon propre exemple, combien il avoic
^ouyé, qu'on ne potivoit ablblument pas. -éviter'
cette débauche, & le malheur -dans lequel elle
r avoit précipité. ' Qu' il iui aVoitrecomraande.de
. lire Ibigneuiement Gellert, en lui difant, vous, en
avés le tems &. vous y trouvères au moins le ijé-
, cefTaire. Il vous convaincra de l'avantage, qu'il
y^ a d'éviter ces péchés ftïvoris. Je conviens que
vous trouvères 'dequoi combattre, avant que :de
pouvoir vaincre l'inclination que vous reflentés.
lilais vous ^tes Oficier, & c' elt pourquoi il faut que
vousi ainiiés la vertu héroïque. Plus la tenta-
tion e(t grande, & plus elle coûte dé peine, tant
plus vous vous réjouïrés du contentement qife
vous trouvères en vous même, & tant plus vous
Terrés croître le Ijon plailir de Ûieu , à 1* égard d«
■ ' » " ' votre
n9
votre vèrttis — ' Je^ifli kàs fouvenu dans ceete
eccafion, me dit-il^ d'une chofe., -oue j'ai lue
dans Geilert. Il m' a convaincu , que t'hotnme na
fauroit ablolument pas devenir bon 4i vertueux,
fans la révélation. Si elle n'exidott pas, tout
430! qu'on pourroit faire de mieux, feroit d'être
fubtilement' vicieux, & ce. feroit le plus hautd^
gré, auquel on pourroit parvenir.
■Quelle diférence n'y a- 1- il pas, ajouta-t-ÏI;,
Antre cette vertu, que le chrîftianismé demande,
& ce que le monde apelleune conduite honnétel
Je crois que fi des gen^ du monde, qui penfenti
comme j'ai penfé, jiigeoient moralement de mes
«ftions, ils les croiroient toutanlTi honaétes que jtt
les ai crues.
Gardés vous bien, lui dis-jë, de ne pas.enco«
ffe penfer trop avantageufcmeut de certaines chofes
que vous Avés faites.
O, 4Îît-îl là deffus, je renonnois très bien, que
la volupté &• l' ambition , ont eu au. moins autant ,
de part au3l aftions , que je croiois faire en de bon- ^
nés vuè's, que l'amour du bien. Je n' en faurdis
faire aucim • c^jfripte devant Oieu & ma confcience.
Je penfois tout 'comnie le Pharifien, lorsque dans
linon précèdent • état je croiois d' agir bien & loua-
blement. rétoît tout fier,- de ce q^ue jen'avois
pas fait tel & tel mal, & de ce que je n'étols pas
comme un tel &, ^el. Mais je ne me mettois pas
en peine du mal que je faifois éfeâivemei)t.
- Ce fat vers/ ce téms là , que |e commeniçai à
remarquer dans la perfonne du Comte, une certain
ne férénîté, qui me paroilTpit être un éfet ie fa fé^ !
rieufe repentance, de fà conviftion, que Dieu lui î
feroit grâce pour l'amour de Jeftis Chrît , & de la
connoifl'ance qu' il avoit de l'heureux changement "J
4« fes fen^îmens, La difpofitiondefoncœurf'étoit ' ^
''' K 3 encore <
/
V
i
Ï32
certainement beaucoup connus , qui n'avoîent riew
moins que de la moralité , & qui étoient Rrême très
'vicieux. Qu'il f'étoit palTé alors des choies fort
étrançcs » a? ec ces enfans convertis » & que non
feuieuient lui, mais aulU tous ceux qui n' étoient pas
de leur nombre« n'en a voient pas été peu fcandaii»
fé^ à fégard de la. religion.
Ce fut pour le mettre en état d'examiner lui
même» ce dont nous venions de parler, que je lui
promis de tui aporter l'excellent livre de Spalding»
qui ^aite du prix des reffbntimens en Cbrilû .
Douzième entretien, le 24016 Mars
1772-
Tl^onfieur le Prévôt eccléfiaftîque Hée , auquel f a-
•*''^ vois fait ouverture du d<élir que le Comte avoit
de lui pairlef ,' vint' le voir avec mol. Le Con«te.
Îjui ne crîiignoit plus d'avouer les anciennes iîfu-
lons de fon efprit & de foir coeur , croyant que
pour fatis faire à fes vuè'ç , il étoit néceffaire de
l'en informer, lui raconta tout au long, comment
il avoit commencé à renoncer à la vertu, de quelle
manière il avoit romp^i enfuite les liens 'de la reli-
gion, & enfin par quelle voie il étoit . revenu <ie fes •
égaremens-. Il fit connoître l^ crainte ou'il avoit,
que la vivacité naturelle de fon . ami , 4e Comte
Brandt, ne l'empechaMe penfer férieufement , cofti-
me il avott raifon de le faire, à la religion & à fon
état. Que cependant le Comte Brand aiant de tout
tems plus ajouté foi à la vérité, "de la celigion, que
lui, & qu'il lu* en avoit même donné des marques,,
dans des entretiens- particuliers, il efperoit qu'il ne
feroit pas fâché d'aprendre la conviftion dans la-
quelle il fe troùvoît, mais que cela feroit auffl un^
grande' imprefTio'n dans le cœur de fon ami. Qu'il
I^i vérité» il n'awit pas jugé à propos de f 'engager
çitttrefois à parler de la Religion, avec le Comte •
Brandt, mais que poujr le préfent} il fe faifoît imde-
' r < voir
'33
/
t »
^•îr dç lai faire favojr, ce qu'il t» penfoit; & ce-
la d'autant plïfs > qiVil avolt caufcfon «malheur.—'
Le Comte venoit de lire le livre» de Monfieur
le D. Leir, qui traite de la vérité de la, religion chré-
tienne. Il éloit venu jusqu'à la fin des preuve» ^
qu'où tire ck;s prophéties de Jelus Chrit, par ra-
port il la divinité de fa milfion & étoit jugement
ocupé à Ma lefture des réflexions fur les miracles de
l'Abbé Paris. Il ne pouvoit pas comprendre, pour-
quoi on n'avoit pas judiciaire raeat examiné alors
refaire en France , où elle avoit fait tant de bruit
& fouhaitoit que cela fe fit encore à préfent, vu
qu'on purroit peut-être encore trouver des témoin^
•culaires.
Cependant» il dit, que quoiqu'il croîoît qu'on
auroit de la peine à expliquer la cbofe par des rair
fons naturelles, il étoit néanmoins porté à croire»
que tout l'hilloire u'eft qu'un éfet du faitatisme.
Qii'apr^ avoir examiné la conduite de Mongeron»
il trouvoit jfu'elle étoit éfeftivement d'un entoulias»-
te & qu'aiant été obligé d'examiner un jour à Al-
iéna» une avainture coovuUîve» en qualité de Phi-
£cien» il favoit par expérience, les éfets inattendus
due pouvoient faire une imagination extravagante.
Il fe ibuvint aufli en cette ocaliou ^ de T hiltoire de
.cet^e fille de Chemnitz,^ qu'il avoit auiti lue dans les
écrite de Semier^
y ajoutai qu'on n'avoit qu* à prendre les miracle»
del' Abbé Paris, pour ce qu'on voudroit, qve les mi-
racles de Jefiis Chrît & les preuves» qui f 'en trou-
voient xlans le chrHHanisme» n'y perdroient rien.
Qu'on n'avoit qu' à cmwparer le* miracles de Jefus
Chrft, par rapojt A leurs preuves hiltoriques, leitr
«lignite intérieure, leurs vues & leurs, éfets, avec
îes aparitions en quetHon, & qu'on verroit bicp^
tôt combien ces aparitions étoient fufpeôcs- & de
4|uei peu de conDtquence elles font.
« S to
Ces fortes de chofi?s, continua ^ « - !l, ne^
|bnt plus cai}ables de me faire douter ; oir qiiand
même les miracles de Paris leroient vtai», cetuc •
de V Evangile ne le reltçroiçnt pour cela p««
moins, qu'ils l'ont ^té. Les vues de ceux-ci
font claires, & quant aiix autres, on n*en voit
point du tout. Je m'en tiendrois toujours à
ceux • ci, k caufc dès vues dans lesquelles el-
les ont été faits, & je ne me mettrols aucune*,
ment en j>elne deis autres , dont je ne fai j rlcm
Mais il fttut que je vous dife, quf il mo fùrvient
que^lqnç tbls d^autres doutes , qui me paroiffenc
être de plus, grande importance. Cependant je
"tne fuis prémédîté de me tranquilifer & de ne
j;as feulement penfer, comment' oii pourrott les
lever. Si je m'y engageois , je risqueroîs de ne
pas arriver au principal & de recommencer, pour
ainÀ,dire, tout de nouveau, Aiant une fois trou-
vé, apfrès un tranquile examen, que les preuves
dïi chrlItiHUîsme Ibnt vraies, cela me ftifit. J*era*
pfoie mon tems en aprenant à le connoître dfr
plus pr^s & de aie l'apliquer,
11 me dit en fl^ plaignant, «ju^enlifanfe ce m»-'
tin Vhiftoire de la nai (Tance de Jefus, dans l'Evatir
gile telon St. Matthieu, il/Tt^toit fouvenu db
quantité de blasphème, qu'on avoit vomi contre
IMarie & fou fils « & -qu' il croioit avoir trouvé
«utrelxi's quelque part, dans le livre d' uu efprU:
fort. C'ttoient, fi je ne me trompe, les mêmes
«jui n? trouveut dans ce fameux éerk blasphéma-
toire d'un Juif. Pour le préfent» je méprife.ces
fortes de ciiofes , ajouta - t - iU Mais dans les
CQuiniencemens elles auroient pu me porter, à
me moquer de cette bifloire , & elles auroient^
' tout ^u ipoini^ arvgté les progrès que je îais danft'
lu vdrité»
• J*étoî« perfliadié, que ]e n*avoîs pas mat fait»
de &e Lui a.YoD: doQR^ h Bibie» <|u'aprds Pavo&
pre-
">
:^
J3Î
|pr(?paré à la tire avec ta %'énâraiioa 4ue 9mk to-
Je hiî remis conf^mément à ma proraeffc , le
Evre dçSpalding, du prix des reffentHneas , dans)
le cHrif^ianisme , en 1^ faiXant Cixivenir des rùlîons «
qui meportoient à te lui donner, & je [e priai de '
le Ike avec attention âc avec une aplication contH
Auelle , fur Lui même. Ce livre vous tnettra « lu^
dis -je, en éta^ de juger exaftcment, »i vous pouvés
vous flatter d'avoir trouvé grâce devant Dieu. Voua
trotiverés, quepovu' ce qui regarde la foi & Taâiioa^
'tout dépend de la bonté du cœur. La ReUgicui vous:
paroîtra encore blea pi*»* airaabJe, lorsque vou*
verras l'entière confornuté c^'elle a avec notre amie*
il qu'elle n'a aucune^nent befoin d* inconipréhenii<«
bilités , d^opérations fans caufes, & d'^aparitions, au
fUjet desquels on ne feuroit ma|iquer <4b refter àeiS\s
i'inccrUtude> fi elles font convenables à Dieu ou non^
C'elU
(30) €^t» nrnthoês- ^eui avoir eti des eajamtagês^
qui ne font cependant pas eniiHenient J'anjt:
contradiéfions , Êf qu'on auroét peut être tau-.
jpiirs pu trouver dans &i leSluve fainfe. £11^-
^eut aujji avoir fis incommodités ^ tntr^
autre y la perte du- tums, par roffort d quel-
mtes doSiriftes de la Bible-^ la. diflraStÛM eitt
Ses idéfs accidetttelles j & la vaine con*u>i£a»^
ce de certaines ohjeêtions & de cliofes dotftetit'
fes^ La conduitie de ce- patient moral pour-,
ràit bieUf Vaverer. — V Ecriture juftifie ell$
ntfme ks vérités qui paroiff'ent douteufisy.
é/Pune mani'idre- qui lui eft propice, U-ae partie^
des doutas fi perd enitèrèmenjt à force de pé-
f^itrmtion & par le fentiment de la vérités
À'autfTe partÀe- perd Jo» im^jortatue' par (^
f^Cê de- l'abondance de la- xecunkoiffancji ^-
(^ la gfoce'de Dienu — <• Mr. le D, M- ne
coudra fixHs doute auffi pas^ qu'on apliquék.
I
I
/
)36
Ceft-c^qtie fefpère» ré'pondît-H. ^ ÙLVit ^yLé
la révélation loit conforme à la railbn , parce aue
Dieu l'a donnée à des créatures railbnnables. Plus
elle fe trouve examinée par un« raifou faine & fon-
de» plus, ellfe gagnas Si feulement on retranchoil}
des cliaires & des livres de doftrinç ^ tout - ce que
des hommes y ont ajouté, les armes des efprits forts
fe trouveroient pour la plupart bientôt émouffés.
Je me fouviens très vrvemeni combien plufieur*
Sermons» prononcés, fans doute, en de fort bonnes
vues & que j'ai entendu à H* m'ont fortilié dans
mon incrédulité. (3I> je fento^s- très bien <îue en
qu'on m'y difoit avec la plus grande certitud€ , ne
^ntenoit pas purement des vérités manifeftécjs d9
Dieu.
Treîziètïie entretien, le 25 Mars 1772.
iVT'aîant pu m'arrêter que- fqrt peu de tems au-
^^ près du Comte, je ne trouve de remarqua-
Vie dans notre entretien >i q«e ce .qui fuit.
11
(3t) Q«^ ^^^^ jur^tehtîon ejl fuft» & bonnet 0»
devroit if en ajoMsr un»' autre , qui ejl pa-
ralulh à la prénnire & ijui n'efi pas moins
générale tJîmt utile àVaccraiJfefumt de la fa-
gttfje chr2timfis & d la vertu : f% feulement on
faifoit connoiire en chaire tf dans les livres
de dodfrine, tout ce que les hommes ont re-
tranché y on ce qu'ils veulent encore rogner y pour
■eiinp. dire comme des iHgnerons imprudents^ tes
armes du déftr de la nouveauté , feroitnt bivn^
. tôt presque entièrement étHoUffées. — Ces deuoe
écaHs pmuent venir d'un efprit pénétré 4e pri-
ji4gés, ou d'un cœur enchanté par des défirs,
J)es fermons de cette forte peuvent aujfi fortifier
, V incrédulité quand l'incertain imprudent Juge,
' e{îCum chofe étant fejHtahle, elles le font tou-
tes. Il fmàroit <in'un B,,, fut opofi à k,
* • »
r
«37
Il faut, dit-il, aiiffi ajouter à mes objeftinns d'au-
Érefoii», ït rentimeiit de Boalariger, dans fon anti'
quité dévoilée, que la crainte avoit été la fonrc^
de toutes les religions des nations anciennes. Que
Us homiiies avoient pris les tremblemens de terre,
les incendier, les. inondations, les guerres, les ma^
ladies contaj^ieufes , pour des jugement des Dieux,
au lieu d'atribuer ces maux à des caufes naturelles,
& que c'étoitjpour apaile» leur colère, qu'ils avoient
inventé des reliions. Qu'il lui âvoit paru alors,
que Boulanger avoit tout très bien prouvé par
rhiftoire.-
Si V9US avés cru pouvoir vous repofçfxfur k
bonne foi de Boulanger, de même auffi fur fa con-
hoi (Tance de l'hiflo're, des antiquités & des langues
irons avés «u grand torti Cet homme f 'efc montré
comme le plus grand- idîot &.le. plus, {[^raud charia>>
tan, dans fon an^quité dévoilée, de même que dans
<3on dépotisme oriental. II. prend .extrêmeiuent l'air
d'honnête homme &c de fa.vant, & trompe par là,
ceux, qui ne fauroi^nt trouver fa trace. Mais ceux
qui ont de. la pénétration, difent, qu'il foutient «vec
la plu? grande éfronterie les fauffetés les plus déci-
dées, qu'il fait des fautes dans içs langues, dans la
critique & dans l'hiftoire, qu'on ne pardonneroitpas
thème à des novices, dans ces fiences, qu'il le ro-
jTereit à des livres qu'il n« connoiflbit aucunement
&' dans lesquels on ne trouvoit pas la moindre cho-
fe, de ce qu'il prétend prouver. Voilà comment
Çy prennent les demî-favan?, quand i|s décrient ifi
religion, ils entalTent faulfet^s fur fauiïetés. Jls
fe contredifent eux mêmes « autant que le befoin le
demajide & lorsq^i'ils le trouvent nécelfaire, ils in-
ventent des choff s dan» l'hitloire, qui ne font jamais
arrivées. Voici un exemple qui a du raport à ce
que je viens de dire. L' Evangile du jour doit prou-
ver» qu'il n'y a point eu de Moïle, fie i\nc par con-
ftquent toute l'hilloire "des Juifs n'eft q^Tune Uhle,
Que fi Moïfe avoit été au monde,, &£ qu'il êut.£ait
des chefes ii méfnor^bi«s, Sanchiini«tbon , hiilorieQ
•' . .• . Pke«l-
138
Fhfeïiicîeti> t^iiî Atttteii'PQifc daWs te voîfinàtrè du paTs,
«Hi riiiftoire de MoYfe doit avoir été farté > n'auroît
P&6 «nanqué d'en faïre^ mentton* Mais nous ne
troiiyon^ ))sl6 «n mot de Moîfe .» idans le peu (te
ft-agmens qtie nous avons encore des {^benicienSk
Pàt confôquent , il , faut que tout ce que la Bible
nous apr^rnd fort faux^ qWe tout (bit feint ■& trom*
jterte.. Ce même EvaOgîlé dtl j^r doft ravir à
Mrt'l^* 1^ holijieur d*avoit été le prèmîet hiftorien^
C'dt poiirqiTo'i il eft dit , qu'il eft viTible^ que MqYlfe
«ft plus nouveau Auteur, que Sanchunlalhon, par-
ce que ceiui-d a vécu avant i'autre. — Compa*
rés donc, Jevau$prie> i'un«vec l'être» & tlitet
mot en général» ^J vous avés trouvé plus d^rprit»
plus d' funour pout la vérité & de drokiire dans Vol*
tAite , Boukiiger & leurs fômblables , eu «buis Je'^
rufaietR, Reitnaiiis, Bonnet, LesC &c»
n répondit, qu* il eiî.trouvoït Infînhnent pii»
dam les dierniers. tl ajouta que Voïtaîre, d' autres
pareils Auteurs, ne font dangereux que parce xju'ilé
.rotït fins 4c prévetûihs* ^
Je fupofe qu'A foït vtai> 'comme ï*avatice 1^*-
langer, cominuaî-jei, que la crainte wt enfitnté i«
{îeifgion des anciennes nations, il ne Tenfait pat
que la Religion foît une vaine imagination. Bien*
que ces maux naturels afent pu être expliqués par
des caUfes naturelles, rEtre'fuprème, nepouvoît*
ît pas f 'ien fervîr pour prouvef foh déplaîRr à Té*
^afd du mal mornl? Sx les nations anciennes <crai-
gnorent 1* Etre fuprême, parce xjU'iis prenofent 4e*
JÈcctdens >ïour des effets de ftm jugenrent-, H faloit
toécéflaifement que les premières Idées que toutes
les fteligions avoient de rexiltance de l'Etre fuprê«
me, d^ la fujetion de l'hoimwe au péchés de l'ou*
iraRC faît "k cet Etre pat le péché & de la néceîTittf
deîa ïédûnciliation' du tout, heur aient €fcè cotinue»
«l'avatace. fts «voient donc, dans un certain fefis^
4e la Keiijioo, ayant que d'fiyviircon^ d« U cinainte.
r*
ï3^
9i ce ne fiit qne la crainte quî les porta à en faUd
«fage.
Aîant enfuit© été obligé dé quîter le Comte, il
tne dit encore, «qu'il fouhaitoit pouvoir avertit
iui même, le Comte Braudt, de fa piet.é & des fen-
îimens qu'il avoit à prefent, de la Keligion. Qu'il
le feroit devant fes juges, en cas qu'on le confron*
ta avec iui, ce qu'il avoit cependant de. la peine à
croire, parce que leurs confeffions étoient accor-
dantes; ou qu'il demanderoit la permiifion de l*alleè
voir & d'ofer le lui dire en prefahce de témoins.
Si je le lui difols moiméme, ajouta- 1- il » cela
feroit le plus grand éfet ftir lui & fon état
m'inquiète trop, pour, ne \>'ds contribuer de tou^
inoD pofllble, à fon amendement. «^
I
Quatorzième entretien le s^me Marg
• 1772-
Je rouhfttteroîs t dit» il', après mon arrivt^e, de m*
voir £>ient6t à la fin des lolns , qui m'ocupent pout
le préfent, qui mettent empêchement à nos en**
tretiens , fii qui troublent ma lefture. Je fais*
que je ne faurois avoir afCes de tems , pour ce qui
interelVe fi fort mon ame. Cependant j'ai fini d»
fire Lesf & je faii redevable de beaucoup à 'ce livre.
Il m'a mis dans une bien plus grande certitude, paf
rapori à la dignité de foi hiitorique des miracles, £c
}e fais aufli me prouver les vérités du cbriitiHnisme»
par les prophéties de Jefus Chrît. Ce livre a été
^rit avec beaucoup de folidité. Les Allemands
fe difiinguem fort aujourd' hui , par ces fortes
4'écrits.
Je lui/lis, que nous aviont encore un tel exceU
lent ouvrage, f avoir l* Apologie de la Religion
^' IVlonfieui le JDeâ:, Noeflelt, q^a'U pour^
' /
J40
roît lire, avec beaucoup de profit, fi d'ailleurs ij
IHI avoit le tems.
je trouve beaucoup de prophéties dans les
prophètes du vieux Teltament, continua-t-il, qui
recardent non feulement Chrift, mais auffi àçs
nations entières & môme des païennes. Peut-oa
dénaontrer , qu' ils ont auffi ^té accomplies?
L*hlftorre, répondis- je ,. nous fournit quantité
d* exemples de leur> furprenant accorapliffement,
Efaie/& Jeremie , p. e.'Ont prédit la prife de Bahi-
lone, & cela avec toutes les circonftances qui ont
àcompagnéia conquête de cette grande ville, lors-
que Sirus fen re^idit Maître. La dell;ruaion tota-
le dans laquelle elle le trouve depuis une fi lon-
gue fuite de fiècles, ell conforme & même jusques
dans les plus petites circonIVances, à la defcription
qu'en font les prophètes. Il en elk de même des
«rophêtïes d'EzédiieU par raport à la ville dç
Tyr, je la convertirai en un fimple rocher, dit
le Seigneur , par la bouche du Prophète, & en une
lie en mer où l'on étend les filets. -Et le's nou-
veaux mémoires de voiageurs nous aprenhent que
tout cela fe trouve encore aécompU jufqu'à c«
tour Lifés auffi les prophéties de Moïfe, à l'e*-
card dès juifs. Vous en verres, de vos yeux,
Vacomplîfl'einent, dans la deftinée particulière de
cette nation, dans fa dU'perfion par toute la ter-
T€ dans le mépris qu'on en fait & àans fa fé-
paration de toutes les nations, parmi lesquelles
elle fe trouve dilperfée. Il fe peut que d'autres
prophéties aïent eu leur accompUlTement, biea
qu'on ne puifle pas bien le prouver , parceque
les faits, qu'elles prédifioient, n'ont pas .étécon-
fervés, dans ce* qui elt parvenu a Botie''connoil-
■fance de l' hiftoire ancienne. Il y, en a d'autres
oui feront fans doute encore vérifiés en fon tems,
par leurs fuites. C ell ce qu' on a principalement à
attendre , de ce que^ ces projShêties ont annoncé
•iV peuple juif & qui ne lui'çft pas elicore arrivé.
•
\
\
J4r
11 eft: au i moins înçonteftable , qu*il faut que Di^Lu
ait des vues furprenantes, pour conferver ce peuple
& pour empêcher qu'il »e fe perde pas parmi les
nations , chez lesquelles elle elt domiciliée & tenue
dans ropreffion, ^
Le Comte f *étoit fouvenu des paroles de Jefùs,
Sfc. Matth. 13, 13. Je Jes lui expliquai^, en les
'raportantà Efâïe 6, 9. lO. &:ceià fufit pour ïp
contenter. Je lui dis auift en cette occafion de lire
les Evangeliftes , en les comparant à ï* hiftoire des:
trois derni<)fes années de la vie dejefus, & qu'il
feroît alors en état de lever lui même ces fortes
de diHcultés, Je lu^ prorois la plantation de la\
religion chrétienne de Banfon & • les) periphrafes
de Linar, pour lui faciliter, de la même manié->
te* la levure des' Aâes des Apôtres & des lettres,
évangeliques,
La tranquîlité & la férénité du Comte, coni-
mençoit à augmenter fi fort, que je ne ùvois
qu'en penfer,, C'ed pourquoi je croiois qu' il étoit
nécejTaire de la prier, ile ne fe pas abandopnerà
une trop fubite tranquilité & de ne pas oublier, dans
refpérance fondée, qu'il avoit de la-grace de Di^u,
ce qu'il avoit été avant fa. converiion. Que la légè-
reté, qu'il avoit' eu autre fois , pourroit facilement
reprendre empire fur lui , & qu'il pourroit" fe néglf*
ger eh ce qui devoit fattsfaire h fa réfolution , de
fe conformer ^ la volonté de Dieu , & fe caufer par
là beaucoup- d'inquiétude & d'angoiffes, pour les*
derniers jou|rs de fa vie.
Je vous afTure , répondit- H, que je ne me
fuis pas encore examiné un moment condefcen-
flance, & que je n*ai pas dis, continué de ref-
fentir la plus doolouteufe repentance, de ma con"
duite paffée. Je fuis bien plus perfuadé, que
toute heureufe que puifle être l'éternité cour
jrioi, je ne laifTèrai pas cle m'y fouvenir de mçs
ï^échés, avec triftette 5: horreur. Dites moj, me
L «le-
\
14»
lemanda-t-il» dans une autre occafion, d* où cela ^
vient, que les médecins- font fi facilement prévcr
liUB contre la religion.
Je fai*, Uiî repondis * je ♦ qu* on fait paffer hi .
profeflion des Médecins pour fufpefte, ma»s jecroi»
qu'on leur fait tort. • Tous les états f»ourroientbien
fournir, un nombre proportionné de perfonne» con-
traires à la religion, & vous vous fouviendrés vous
inême d'une plus grande quantité de grands méde-
cins, qui font inconteibabiement du nombre des
«hrêdens , que de ceux qui o^t des fentimens con-
traires; Bœrhave,Stahl, Iiincker, Hoffmann, Verlsflf,
■ 'étoient tous chfêtiens. Vous connoiifés, fans doute,
les écrits de Meards, fervant de confirmation duchri-
{Vianism'e. Il n'y a pas encore long tenis, que Hal-
1er a écrit un Livre en faveur de la religion, que je
Vous donnerois h lire, ft feulement on"^ pbuvôit déjà
ravoir ici. Avec quelle pieté convaincante , notre
médecin Berger ne fait-il pas profelfîon de la religions
Zimmermann» ajouta - 1 * îl, eft auflï' chrétien.-
Ke croies généralement pas que je veuille direquel^
que chofe p^r cette penfée, Non tout aufli peu,que
de ce que je me fou viens d'avoir entendu dire, que
Michaelis & Semlor font naturaliftes»
Si cela étoît, Monlieur le Comte, ils ne fe don-
fteroient de long tems pas tant de peine, pour
avancer & pour étendre la religion, qu'ils fe donnent
éfeôivement. C'eft fans doute une acufation de
«quelques çbrêtiens entièrement intolerans , laquelle
fe trouve fufifament refutée par les fervices , que
c«s hommes rendent à la Religion. (32)
Quîn-
(32) Çuoftd une fois les fruits étun arbre com^
mencent à dégénérer y c'eft un ajj'éi grandi
témoignage que V arbre perd fa bonne forte. -—
Auéc quelle intolérance ne voit on pas fouvwt
, lis injultes d'un Hergs dt Im' totiroHce.
I
\
*4J
QuîniKîème entretien » le 27me &ia»
1771.
lyres Lefteurs fe foavîendront^ iqne dans notre pré«
*"'^* cèdent entretien, le Comte fouhaitoit lâ'être 1
plus atnplepnent inChtilt, d€( 4' ncompliiTeRient des
prophéties. Ce fut donc pour cet éfet que je iiil
remis les dédu^ions <ie Neuton, fur les prophétie^»
qui ont eu des «compUSèmens repuarquAbles»
Je reconnnis n^aînténànt, dtt-iU de quelle îm»
porta nce elt la régie morale, qui veut qu'on foi t lut
fes gardes, contre le premier péclié» Quand "on ne,
te fait pas» quand "qh fe ^rmet de trouver du piailit
& de mauvais défîrs, & qu'on ne t^che pas d'ei^
étoufer le premier bouillonnement , il fe trouve en
fuite fouyant, qu'on n'ètt plijs maître d'en agir ver-
tueufement. Je le fais par expérience. Je trou vois,
que ce que jèfus dit, quiconque regardent une fèm*
nie, en ta convoitant , a voit déjà commis adultère
avec elle, étoît fort outré. Je difoîs <en moi mème#
eue quand même le i^gafd ^roit «compagne de dé*
mSt il ne faùroit être mauvais, iï d'aiUeurs on ne
f^it point d'autre maU Mais ce» défirs furent bien«
tôt mivis de la paUion de tes fatisfaire. Dés que
l'en voiois tes moiens^ il me fembjoit que c'étoit
trop prétendre, que de voutoît que je ne les em»
ploiaffe pa^. Je les mis donc en ttfage,je t^cbots de
Faffafier les mouvemens extravagans de ma paffion»
& c'el^ dans ces fentimens que je me fui4 vu pldngé
^ns une fuite de péclies, que j'auroi^ pu éviter*
et) fuiant le premier & le plailir que Je prenois k
lentrefceniet la volupté. Je fcàchoîs enfuite de m'ex*
ctifer , en me difAnt , que je n'étois pas U caiiie, de
ce que j'avois un tel tempérament & taint d'attadie*
knent pour la volupté. Ainft U faut qu'il ne me
foît nu moins pas défendu , de vWre vôluptueuf<=i-
ment. La févérité outrée des moraliftes que j' Ryoi$
dans ma jeantOe^ fer voie auffi i me foniHet
i. t^ dani
/
*
144-
dians ce^ idées. On ne me diToît pas, que Jefus
perm^ tout ce qui n'e(t pas nuifible, & que k mo-
rale du chrilHanisme ne nous défend point de plaîfir
innocent. Tout ce que je déiirois m'était imputé
à péché & cela fans diftin&ion. L'uPage des man-
chettes' & de la poudre» à poudrer les cheveux,
paffoit tout auffi férieufement pour des aftions if-
réligieures, que les plus manifeftes dérèglemens
criminels. Hébien, difois-je, en moi même^ il
-elt impoflible qu'oh puifle imputer à péché, cft
qui eft dit en premier lieu, parce qu'on ne fau-
roît l'éviter dans le monde. A in fx ces dérèRle-
mens ne fauroient manquer d'être~tout de môme
'innocentes & inévitables. Je. fais que ma cenclu-
fion étoit faufle. Mais j'étois encore jeune. Mes
paflions étoient brutales oé tnâs conduâeurs auroient
ëîi être plus prudens.
Cefl: de cette manière, ajouta -t- il, que ces
Bofteurs du chrillianinne , qui infjttent ûins cefle
fur une croiance aveugle & qui ne préfentent poiqt
• à leurs auditeurs , des preuves de l'autorité, fur
laquelle ils doivent recevoir U vérité, font beau».
coup de mal fans le. vouloir. ^ C'ed ainfrTque j'ai
toujours entendu dire dans ma jeunefle : Voilà ce
3u'il faut que vous croïés ; car c'eib Dieu «qui t'a-
it. Maïs on ne me prouvait pas que la Bible «toit
la parole de Dieu. Par conféquent, je çroiois que
mes Docteurs jie la prenoient pour telle , que parce-
que les leurs Tavoient prife fur le même pié, Se
cette autorité ne meparoinpit pas fufîfante. ^i feu-
lement on m'avoit apris la raifon» pourquoi je de*
yois prendre la Bible pour ta parole de Dieu ! Si*;
la révélation elt divine, il faut qu'elle foità toute
«preuve. ^ Elle l'eft & elle y gagne certainement le.
jÀus. Un. tel examen n'elt auni pas contraire à la«
volonté de J efus ChVîL 1 1 ne prétendoit pas que Jean
le reconnoiffe P9ur le MeflRe, fans l'avoir éprouvé,
il le renvoioit à fes ad-ion», en lui laillant le foin»
déjuger bû'méme, ce qu'il f^ouvpit bien être.,
^conque prendra le tet^s Jitcellairt & ^(n fc don-
ne.
'4f
ne U peine <^e méditer, n'examinera paj le chriV
flianî^me fans en être convaincu. Tout y a imè
connexion naturelle & réglée, & fe recQmmende
aulll déjà par cette ralfon, à une ame réfléchi flapte.
Je n'ai jamais trouvé de\rittènae*ii fuivi, dans les
«Écrits des efprits forts, que j'ai lus, S: je ne crois
généralement pas qu'il y ait un livre de ^oftrine,
fait ^i^^preflement pour enfeigner l'incrédulité. — "
Il efl: aulTi arrivé, me dit - U dans une. autre
9caiion , que j*ai fait un reproche aux chrétiens, de
ce qu'ils efpérent des recompenfes Si que c'elt par
ce motif qu'ils fe conduifent rien & vejtueufement.
Je favois que pluiieurs célèbres philofophes regar-
^oient cette conduit;e, comme vile âtinitereffée. fAali
je vois maintenant, que ce n'eil pas bien connoître,
iji l'ame humainç , ni ie cîiridianisme , que de pen-
iev ainVi. Aimer Qieu, fans aucun raportà foi.même*
n'eft qu'une pure idée. Je fens que ie ne faurois
aimera la lo^gui^ur du tçm^, uu ami qui fe mon-
treroit toujours iiidiférent envers moi. C eft ainfi,
que l'Etre fuprême ne fauroit dédaigner un amour«
que nous lui por.ton5 aufli pour notre propre bien ;.
car notr^ afedion ne fauroit jamal lui devenir
avantageufe , mais uniquement à nous «lêmes.
pourquoi ferions nous dificulté d'accepter & de
chercner des recompenfes, qu'il a bien voulu nous .
f Ô'rir & promettre lui même»
Je me fuis toujours figuré dahs la forte înclU -
nation que j^avois pour la volupté corporelle, que
les plaifirs du Paradis ne feroient pas fort tentatvCs
pour moi, parce que les premiers ii*ea écoiei)t
- pas. . ' * • •
Les bien - heureux fentiront auflî peu , la vo-
lupté corporelle, dont vous parlés, Monfieur le .
1 Comte, qîi'ïls la fouhaiteront. Tous les plaifirs '
dont la fin ne fera pins néceflaire, comme aulfi
vraifemblablement' lés inftrumens des fen's, par
lesquels on les reffenr ici bas, celïeront dahs l'autté
L 3' •' tie.
'14«
Vie. tes ptalfîr» cTe U tobte fr do mâtfa^, fbnfi
p. e^' de ce nombre.. Vous en aurés trouvé «ne
fent^hce dans Thittoire de Jefns» quf y a d« ra-
port. Matth. 22 » 30. Mais de dire qu'on ne fen-
'tira aucun rcffentitoent fervfitif» c*e(t-ce qwi ne
tne paroit pas vrai - lémblate. Nous aurons ua
corps ocganîfi^ 9z par cotifôquent auffidesfens. Ceux
ci teront agréablétnent touché • par les impreffionc
^e (certaîDs objets extérieurs., La jaatiére de ce
corps étant tnfinîmen^ plus fine ^ que ceHe dont no-
tre corps eft «nainténant eomporé, ils feront anfll
|)tiis ftns , pkis fenlàbles & plus pénétrante & Boue
«frirons par^ conféquent auffi des images plus jtt«
ftes^ ptu$ reflTenablants , des objets fenfttus» que
Boas pdurron^ conûderer par leur moien. Getil
feut' fera déjà un gcané ptaitir, tout coyiime p. e%
Il m'efl" bien phis agréabté, à moî, qut ai la vu»
^affe, de- côniidérer une belle centrée de loin pa»
le télescope V que de prds. Et ce qu'il y aura enfin'
de plus avdnëag^ux^ cVlb que nous n'abuferons pas
4e ces platfir*, que Dîe» n'en fera pasofcnfé, &
que BOUS ne noi^s en l^flerons pas &c. Peut étr»
que notre corps y- aura auffi de nouveaux &n<,, dont
nous ne fftarions nous fn'mer desndées icf bas,
l^ous ny manquerons généralement d'aucun bien ^
d'aucune j,oie» «conforme à ta deftiAde^ & à ki^af aci^
té q^e nons y^anrons.'*-*^
rSi! matnttmMfc iSnî èe W îcs Aftes èen apdtreaw
J dit le Comte, & ils m'ont apris il connoHre la fotv»
datîoa miracukiliJe de L'égHik U cft tbfi% vifihlc^
que Q'e^ une main fuprême, qui a avancé cet ob^
vrage«. car QDooament auroitiîpu fe faire en fi. peu
ée tems,,pax: des^eifonnes telies qu^'étoieht les Apô^
ixe^ Si malgiié l'Qpoiition qu'on y aportoit de toute
wt ? IL y « une chofe qui a réveillé mon atten>ioiu
Cent qjià^aa joui» St« Fwl dt.^ Fifirte ii*étoient'pa&
d'accozdis.
/•
r
r *47
iP accords. fiVais atant rêtnarqué. d'un aittî-e côté
combien ils étoient d'accords par raport au princi-
' paU qui eît la refurreftion de Jefus Chrît, la repen-
tance & la foi, çelh ne pouvoit plus m' inquiéter. II9
étoient hommes & par conséquent ils h*étoient paf
Infaillibles dans leurs fentimens.
Nous parlâmes en cette occafion de l'infperatiott.
4es livres de la Bible. Je lut fis voir que chaque au-*
fi'ur de la Bible parloit fiiivant fon propne Igenie &
qu'on reinarquoit par exemple, dans les Epîtres de
St. Paul , un tout autre ftilé , une autre fuite d^
peofées&unè autre métode , que dans celles que
nous avons de St, Pierre & de St. Jean. Qu'ainfî !U
«voient penfé eu3^ mêmes & qu'en compofant leurs
Epîtres, Dieu ne T'en étolt pas feryi, comme de iim*
pies machines. Mais que les chofes qu'ils a voient;
Kiifes par écrit, aiant été de la plus giçande importan*
ce pour le genre humain , Dieu leur en avoit com-
muniqué.par l'influence qu'il avoit fur eux, les phis
îuites idées & qu'il les a voient empêché de peni'er
\. de propofer av^c incertitude 6c d'omettre la moinr*
dre chofe , de ce qui regarde Ca volonté par rapor^
& la voie du falut, & de ce qui y efV attaché. Mais
qu'il étoit douteux & à peine croiable, qu'ils aiene
pu fAvpir eux mêmes, que leurs «îcritc deviendroient
IHi jour la règle de la foi. de tout le monde.
Î;hrêtien, jusqu'à la fin des tems, parce qu'ils avoien^
«parement adrelTé leurf Epîtres à des Ëglifes & \
4es perfonnes en particulier 6c quMls les avoienfc
compofé fuivant leur befoin. Que Ton n*étoit aufîl
pas obligé de foutenir, que Dieu leur a toqt infpiré
i^ns diftinftion, vii qu'on ne fauroïc le dire de$ fa-.-
lUtations, qu'ils recommandent de faire à des amis,
des avis pérfonnels, qu'ils donnent, de la commiOUoni
4ont St. Paul chargé Tiniothé de lui aporter fon
i^anteau &c.
fl arrive quelque foii, ^it-îl , entre autre, que mk'
lituatton précédente me revient à l*efprit.' Je-penfolS
«ncore aujourd'hui en moi même & en cette
.occafion, ne vaudroit- il pas mieux pour toi, fi ta
jivois pu te foutenir dans ton élévation ^
dans ta ^ yohipté ? Mais aiant ^réfléchi pendant
I- 4 ^ iuei.
■\ :
•I . !
i
\
À
1
ut
quoique», minutes • . jcî trouVofs <^e )e (Vils nwmt^
nant infiniment plus heureux, que lorsque ycto\s ad
plus haut degré de ma fortune. J'ai même fouvent
' dit au Comte Braild, qui croiois alors que yétois bien
plus à /non aife que lui , .que je n'étois rien moins
/-qvi* heureux. Vous nefauriés croire U quantité in-
nombrable de chofes qui m'ocupoient, les circonftan*
ces externes m'inquiétoient, j'etoif obligé de penfef
à faire des difpofitions pour ma ftlrete, j'étois ea
même tems forcé de me cacher mes inquiétudes à'
moi & à d'autres* je paflbis les journées dnn^.les
«fatres facheufes & en des di(lra8:ions ennuteufes, &
Il me faloit une partie des nuits pour fttisfairè à me»
foins. Pouvois-je être heureux dans une telle fi-
tuation? Mai» pour le prêtent, je fuis bien j^lu»
ferein & tranquiie. La Religion <{ui m' interefle fi
fort, fait mon ocupation, St l'unique confolation que
Tai,,c*eft de pouvoir fonder des efpérances pour
l'avenir , & que ma mort ne m'inquiète plus Ti fort.
Ai ij fouvent Je ne fais comment je me trouverai
dans la fuite., mais je fais que je fuis aftuellemene
heureux & tranquiie « & que je né fotihaite pas de
vétourqer dans ma précédente fituation. '
!l me demanda encore, fi rfîglîfc tt*cnfcN
Înoît pas, oue Jefus a été engendné par le Su
;fprit. Il f*en raporta aux paroles de V Ange^
qui dit» le St. £fprit furvicndra en toi.
r
Ajoutés y les paroles futvantéS| lui repondis—
Je ; La vertu du Souverain, te couvriras de foK
ombre & vous verres , qu'il n'eft pa^ queftion ici»
d'une procréation > précité. 11 eft feulement dit,
que Dieu vouloit efeftuer par fon St. Elprit & par
% l'a toute puiflànce, que IMarie devienne la Mère
dtt fils Rimais, fans le concoiurs d'un ixoinme.
Dix-
<u
/■
.149
Pix feptième èntretienle jomedeMars
1772.
Plus j'aprens à connoître le chriflianisme de la
Bible * dit le Comte, pivis je fuis peri'uaclc de
i'injiUlic^ des reproches qu'oa lui fait. C'eil ainfi,
p. e. que je trouve que ce que Voltaire & d'au-
tres diient, avoir été ocaiîonpé par l'intolérance
des Chrétiens & le fang répandu» ne iauroit aiti
cunement être imputé à la Keligion ; f
Non, répondis* je, elle proche*. J* amour 5j
rhumilité. Elle ne prétend pas triompher par -la
contrainte extérieux , mais iimpleanent' par la for-
ce .de la vérité. Tout ce qu'on fait j^our con-
tfaindre les hommes à la reconnoître, elt entiù-
lemçnt contraire à fon efpi^ic âç à fa nature.
On le voie auffi, ajouta- 1- il, quand on con-
fiHère l'inhumanité, qa*oQ impute à la Religion,
du boa côté , qn'&lle a été cauiée par des panions
huniatties-, -par intérêt & par imperlofité, ou tout;
"" au moins parv fimplicité, & qa'il a falu que la
Religion ferve de prétexte. On n'^ • qu' à lire,
riiiltoire des cruautés, que les Efpay;nols ont coni-,
ftiifes en Amérique, pour en être convaincu. —
Il venoit de finir Neuton , qui traite des pro-
phéties & il trouvoit que les vérités du chrilha-
; nisme ayoîent de très fortes preuves , ^ en ce que
Itur acompliflement peut li bien être prouvé par
rhiltoire. Que celles qui regardoient les ville*'
de Babilone, de Tir, de Jerufalem & la defb'née'
^u peuple juif étoient particulièrement frapantes.
*' Il faut pourtant que j'avoue, ajouta-t-iUqu'ilya'
^nelqnes prophéties qui me paroi fient trop obfcures.
Commep.'e. je ne faurois comprendre, ce que Jefus
Chrît a voulu dire par les fignesceieltes, qui dévoient*
j(rriver, rers le teins de la deftruftipn de Jerufalem,
Maïs tout tèrcfte, répondî»-je. Vous aura ftartt
d'autant plus clair & vous en aurés vu racomplîSe-»
méat dans toute fon étendue par ia fuite.
Il faut que j'avoue, que 'la confbftaiité ouif»
trouve entre les chofes qui font arrivées « les
proplièties, eft fort decifive pour le chriltianisme»
Elle le fera aufft toujours, quand même il
fe trouve 'des obfcurités dans certaines prophôties.
• Figurés vous ces expreflfions obfcures dans une
langue inconnue» ou écrites en des caractères (i
peu lifibles, qu'on n'en faurott entendre les mots i^
ni en tirer feulement la moindre chofe, auroitoa
bien rai fon de pfendre toute la prophétie pour fu-^
^)e6te, plirce qu'on nefauroifc, lire ou entendre
ces endroits & furtout lorsqu'on fauroit, qu'elle»
été ponftoellement acomplie , confonnément à tou«>
tes les autres circonltances? —
puant à la durée de la dîfperfîon des Juifs' ^
ée leur converfation » ajoiita- 1- il, je me fouvi«ns>
d'avoir lu, qu'il y a une pertaine nation en Afrique*
qu'on nomme, fi je ne me trompe, Guebres, qui fe
eonferve tout de même dans 4a difperlion. Mais
leur difperlion n'eft pa* générale, n» prédite, comme
celle des Juifs, ils ne vivent:pasdansi'opreffion, com-''
lue ceux-ci, & Ton ne fauroit être certain de eequ^on.
en dit. '
Mes ocupatlons terreftres, continua- t-îl, font;
maintenant toutes finies, honnfs Quelques entretiens»
avec mon défenfeur & quelques lettres que je coin*
pte encore d'écrire.
Ainli nous pourrons continuer no| entretiens»
lui dis-}<%, ôttùi une fuite & avec ordre. Empirons
donc fcrupiïleufement le temsqui nous relte, kc%
qui reg;(\rde votre (alut.
C'eft ce que je ne manquerai pas^de faire tr^
Ifkteufiemettti répo&ditr il. Je Ms grâces à Dieu
pkW
/
I 151
eleîntfment'cenvfttnco dtl tt vér!té du èlsrîftiaTirsme
«£ j'en fensaufTi la force» pour ia tranquiljté de
ma confcience & pour ^amendement de mes fentî-
mens. J'efpére que Dieu me pardonnera les doutes '
qui pourroient encore mè revenir & les petis bouil-
lonnemens des paHions qui me dominaient autre
fois & (ijui m*inquîtltent encore quelque fois, par-
ce que je ne prens plaifir, ni aux uns i)i ans;
autres & quf je tâche au contraire de les -étou^
fer !ur le champ, je fuis prêt à me prêter à cha-
que facrifice de mes anciennes inclinations, pari©
fait même , c|ue , vous demanderas de moi. Je ne
l'aurois jamais fait, lorsque je n'étois pas encore
éclairé parla Religion. Je ne lais fi votis avés main-
tenant Iteu d'être content de moi. ' Eprouvés moi»
t©ut comme vous le jugerés à propos, & fi.enfuite
vous trouvés, que vous aîés^Iîeu d'être coûtent de
ihoi, je vous prie de ne vous pas iriquieter, fil
«rrtvoit que l'un ou l*autre f*avîfe de dîne ftii-
vaut fa pénétration , que vous avés trop tâché
it me gagner par la raffon. Je rends grâces à
Dieu, de ce que vo\is avés yr'ts ce chemin avec
jndi. Vous n*aurîés jamais réuflt en vous y pre-
nant d'une autre manière avec moi. Je me fe>
fois opiniâtrement opofé. J'aurois pân - être pa
nie femir ému , mais on ne feroit aflurement pa»
venu à bout de m'inïpfrer une convîttion forte (k
diu'able. JLa Religion étant (t conforma à la rai-'
fofi , Dieu ne fourojt pas prendre mauvais , de ce
qu'on tâche d'y amener les hommes par la raifon.
Jefus n'en agilVoît pas autrement» & St. Paul fe trou*
-vant à Athées & autVi devant Félix & Agrippa , (^
conformoit toujours à ceux, Mixquels U avoot à fai«
re. J'efpére que le moien . par lequel je fuis par-
ventV au. changement de fentiment à l'égard de 1»
Religion $t de la vertu rendra attentifs ,, ceux qi^
penfent, comme je perifois autrefois. Les efprits fort»
1)rétendenl; ne p^s devoir fe fter à la converlton ât>
eurs frâresauchriftiania'me, qui n'a lieu que vers le^
éerniers jours de leuc vie. Us di Cent,. qu'U. faut
fU'iU aûKat été fufpris par les 4éclamationc
•* *
^cs Pafteiîrs qu'Us aienfe perdu la raifôn «a qu'étant
Étourdis par leur maladie, ou aufli par la crainte de
la mort, ils n'avoient pas fu ce qu'its faifoient. Mais
me trouvent maintenant daiiJ le chemin du chriftia-
tîîfme» perfonne ne dira cela de moi. C'ett en jouîT-
fant d'une parfaite fanté & en confervant toute ma
railbn , que j'ai examiné le chriltianiwne. J'en ai
tepalïé toutes les preuves , ]e né reflens aucune
crainte capable de m'étourdir , j'ai pr|g tout le tems
hécefl'aire & jtf ne me fuis aucunement précipité.
ÏM feule chofe, dont il f'agit encore, pour ma pro-
pre tranquili té , c'ell d'examiner, li je trouve e^
xnoi le témoignage néceffaire , pour avoir raiCon dç
Dj'affurer de la grâce de Dieu.
Ceft pour cet éfet, Monfieur Iç Conter que je
vous ai donné le livre cie Spalding" qui traite de la
i-aleur du fentiment du chrîftianisme. LWés - le,
pour avoir les juttes idées de ces marques de grâce*
Je lui remis encore une lettre de fa vertueufe
Wére, qu'il reçut avec un air tendre & tranquile, fc
qu'il promit de lire dans fon particulier.
Jamais, dît- il, je n'ai tant reflenti d'amouf
envers mes père & mère, qu' à cette heure , & ja-»
mais je n'ai été pUis affuré des bontés, qu'il» ont
toujours eues pour moi. Sur tout ma bonne Mère!
En difant ces paroles , il verfa un torrent de larmes*
Eil^ m'a toujours, particulièrement aimé!
Voici cette lettre:
> A M lieu de vous entretenir des toiirmens & de
'>'^* la triftefPe, que nous re{l^ntonsrun& l'autre,
|e me trouve dans la néceflité de vous marquer,les
douleurs accablantes, dont mon cœur el\ pénétré, à
caufe de votre état préient. C'eft en facrifiant
l'afeftion la plus tendre que je vous porte, e*
flua^
* ,
/ ,
l
*53
(qualité de mère, quî ne fouhaitoît que le bien
temporel & éternel de Ces enfans , que je n' ai pas
difcontinué, depuis des années entière», d'adreflef
irfes prières & mes fupl'catîons au Toutpuîflant,
afin qu'il préferve votrif aine immortelle , de
la perdition éternelle. Mais que fil n'étolt
as poflTible d'arriver au faUU de votre ameque par
es 'moiens les plus vioU»ns & les plus douloureux,
«u corps humain , je me foumettrois avec humili-
té & rélignatlon à la lainte volonté. Cependant je
n'aurois jamais pu m'attendre , à la déplorable litu-
«tion,^ dans laquelle vous vous trouvés aftuellemeut.
Mon cœur maternel en eltbrifé & je me trouve com-
me cnmurée. Tout ce qui me re/te, c'eft de re*
courir à Dieu, Le falut de votre ame fera la feule
confolaCîonque je pourrai trouver, dans mes grandes
- foufrances, & je rendrai .gracvs k Dieu en verfant
des larmes de joie , lorsque j'aprendrai que celui qui
aime l'homme pécheur ♦ conferve encore des fén-
tîmens de paix pour vous & qu'il a bien voulu
4,rempl?lr d'épines le chemin qui devoit vous mener
de la perditjion éternelle. Je ne doute pas que
refprit de Dieu ne vous ait déjà donné la conviftion,
qu 'apartenant propreïjient à Dieu, il ne voudra
pas votre perte éternelle. Prenés auffi garde au
châtiant outrage de grâce du St. Efprit dans votrtf
ame. Il vous dira & vous fera plus connoître'
qu'aucune laogue humaine nefauroit faire. Comptés
que vous n'avés k faire dans ce monde , ^qu' a la
fuprême trinité & à vous même & <îloignés par
conféquent vos penfées de tout ce quî fe pafle hors
de vpus éi du monde, \ Quand une fois T efprit de
pieu aura puiflamment glorifié Jefus Chrît, l'ami des
pécheurs, dans votre coeur & qu'il aura apropric',
avec conviction , la fufifance.de fa redemtion, à vo-
tre ame, tout vous paroitra dans boue & ordure,
«tans l'immenfité de cette connoifi'ance ♦ fi: votre ,
ef>)rit éternel & immortel reflentira déjà ici bas, plus
de repos , de confolation & de joie, que le monde
tie fauroit vous en donner dans tous fes plailirs &
«Uos (a plus atvià9 inagniiicenie. Le k»n Dieu- a
/ V
1
«54
, fEiit participer mon «me depuis ma tendre îeoneffe
jie U convïftion , qu'il n'y a point (J'état plu5 heu*
ceux dans le monde, que celuî de vmi chrétien y Se
cela autant dans les beaux jours que dans les mau-
vais, j'aurois été charmé, que tous mes enfans
euffent auiii foufert, dès leur tendre jeu nèfle, que
Dieu ooerat en #ux» cette falutaire iftipreifion*
Mais je nie fuis anlfi aperçue qud c* eft l^ouvrage
de Dieu & non pas des hommes. Or ,, mon cher
fils! ReconnoilTons avec componftion de coeur, ce
que les hommes out manqué & négligé & prions
très humblement le bon Dieu de nous pardonner.
Ne défefperons pas de l'abondance de fa mîféricor-
de, qu'il a fi viiiblement manifell:ée en Jefus Chrft
notre fauveur, & ne deroge'ins ni ne diminuons
ttuffî rieu de la volonté de Dieu, mais foufcrlvonn
nvec foi aux vérités certaines de l'écriture fainte ;
Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné fon fils
unique «afin que tous ceux qui croient en lui ne
periffent pas, mais qu'ils aient la vie éternelle. Mai»
ce font des vérités ^iie la fnnple raifon humaine ne
fauroit nous éilaircir avec f<^rce & conviction dr c'eft
autii pour cet éfet, qu'il faut implorer l'opération
de Tefprit de Dieu. C'eft lui , qui nous a tait con*
noître , par fa parole falutaire, Jefus & tofît. ce qu'il
a fait 'pour notre réconciliation. Pour vu que fans
relâche vous vous engagîés avec des fentimens ju-
ftes & fincèies k examiner ces vérités fondamenta-
les de notre fainte Religion & que vous demandiéd
avec inltance^ & géuiifiemens l'illuminHtîon de vo*<
tre inteltigenct, vous verres bientôt parottre dans
votre efprît , une lumière plus que naturelle, qui
vous mettra en état d'entrevoir & de confirmer cet-
te do^rine faluttnre. J'écris ceci fuivant la peti-
te mefure de connoîffance , que Dieli m* a acor-
dée par fa grâce. C'elb aînfi qu*il a falu.que
malgré toute la fcîence literate des vérités révé-
lées, ma foi furmonre les objeftions les ulus fpé-
cieuf^. Mais loué foit Dieu & fon efpnt, qui a
fi bien afermi ma foi , par la parole de Dieu &
^r i'hçufeule expérience des rérltés qu'elle ren*-
. ' ' ferme ^
. /'
V , ,155
liermc, qii« tant que je m*attachera{ a\i Diea tout-
yniflknt & que je ue • voudrai pas m'eii^ éloigner
ihoi même, les portes de Tenfer ne fauroient la
vainere, C'eft auifi te foutien, auquel je m'atta<^
chtf maintenant, dan» mes pius grandes foufran-
ces, où les flots de mes calamités ine manque-
rblent autrenleht pas de tourmenter le vailVeau de
ma foi. Ce font, ces fondemens de, la foi, que je
vons fonhaite & "que je prie très înCtamment le
Seigneur de vous acoander. Jefus eit & réitéra'
«éternellement la pierre du< coin, fur laquelle il
faut fonder, & parachever l'édifice de notre rnUit.
Vous avés fait paroitre, dés votre enfance, un
caraftère lincére & qui étoit faus déguifern^nt.
Oue cette dilpolition naturelle foit donc fandihée
par l'efprit dé Dieu & qu'elle agiffe aulli lincè-
renient dans votre retour à Dieu, Il fait réuJJir
ceux qui ont le cœur droit. Heureux l' homme
«iont 1 elprit e(t fans fatiflbté. Aprenés feulement
à vous bien connoître' dans votre cofruptton , Se
tout maudit pécheiu* qu6 vous foies , aprochés
vous de celui qui f'eft aulTt chargé, de votre nia^
leéiâion. Nous continuerons, votre père & moi,
<rimplorer la miféricorde divine en votre faveur , âc
je ferai toujours dans mon particulier votre Môr«
douloiu-eufement afligée.
' ■ ■ «
' :à Rendsbonrg
te *I7nie Mars 177Û.
Ce fut dans ces entrefaîtes que Monfieur le Pré-
vôt eccléliaftique Hée vint l'avertir que le Comt»
Br»nd, le réjouVffoit fort, de fa converfion, que ce-
ti'étojt qu'avec lui feul qu'il tachoit de trouver de
la confolation dans la Religion , qu'il n'en avoit ja-
mais entièrement perdu le fentiment & qu'il lui
Ï>ardonnoit de bon' cœur , le malheur dans lequel il
'avoit entraîné. Le Comte Struenfée, répondit avec
beaucoup de fenfibilité & Moufieur le Prevot prit con-
gé de lui, éa lui fal&ntle foufaait à'vm vrai Uif ôtien.
Dix,
) ■
ISd
z'
Dix huitième entretien, le jime Mars
Tiff es Letteurs fe fonvlcndront , que le Comtç
*^* Striienlée avoit déjà reçu la doflrin« de la ré-
conciliation du monde par Jefus Chrît &,que par
conféquent il étoit Chrétien. Il t'toit aufli entiè-
rement porté k reconnoître, comme des vérités
divines, tous les irûlXéres de la Religion, atta-
chas à cette doftrine : mais je crus auflfi être de
mon devoir, de lui en faire voir l'avantage & la
conformité qu'elle a avec la ralfon, afin de l'if-
furer contre les doutes qui pourroient l'inquiéter
& pour la lui faire recevoir avec un confente-
ment d'autant mieux fondé. (Teft dans cette-
«vue, que je fis premièrement tes ^remarques g€
nérales , que voici , fur les miltéres de la Rell-
giort.
S'il a pin à Dfeu, lui dis- je, d« fe manî»
fefVer extraordinaîrement îi l'homme, par Jefus
C4»rjt, il faut qu'il ait eu en vue, de rétablir la
Religion naturelle , de la corruption dans taqucH»
elle étoit tombée & de prélentér aux yeux -des
hommes, avec un autorité fuprême, le recueil
des vérités qui étoieut répandues dans mille di-
férens écrits purement humains ; ou que Ion but
ait été de leur découvrir des doftrines inconnues
à la raifon , qui étoient cependant nécefTaire à
leur faUit : ou qu'il ait aulti voulu l'un & l'autre,
La pcémiére vue étoit fort bienfaifante
aux hommes & digne de Dieu, Les hommes ,
excepté la nation juive & peut être aufli quel-
ques philofophes paiens ,. avoient presque eiîtiè-^
renient perdu la connoiffance naturelle de Dieu"
& le peu tjui rfltoit étoit inconnu au vnb*
g^re.« qui fait toujours la plus grande partfe
da
Ï57
' dtt ^nre bumaln: C*éto!t iflônc un deflein digne
de te révélAtton divine , que de rétablir cette t-on-
noiflance perdne & fi nécefîaire, de Itij recueillir 5e
de ta -pubUer félon le contenu du grand nombr«.
Mais ce n'étoit pas le feul ; car fi Dieu avoit voulu
fimplement donner connoillance de ta Religion na-
turelle par Jèfus Cbrît» les difpolitions qu'il a faites,
pour porteries hommes à lui ajôiiterlbi, paroîtroient
avoir été trop grandes. Jefus ne préchoit pour cet
éfet, que det» vérités que la raifon tmmaine ne pou-
Voitpa.'i manquer de comprendre & de trouver vraies,
^ en tes v^onliderant de près, A quoi auroit-it fervi,
de prouver la doftrine dejefds,par tant de miracles,
{ïâr fa refurreftion , & par i'éfulion ^u St. Êrprlt fur
es Apôtres.
Celbntdonc des vérités nouvelles & inconnues
à la raifon, dont Dieu a voulu donner la connoîflance,
par Jefus Chrît, en le chargeant enmêmetefns d*en-
feigner la Relig.ion- naturelle. !h à aufli éfeftivement
fait l'un & l'aiiwe : par confequent il a du te faire.
C'eft donc pourquoi il faloit un témoignage extra-
ordinaire , de fa miffion divine & des m>racles pour
faire voir aux hommes , que ia doftrine nouvelle
& inconiprehenfible , que Jefus prêchoit , venoitde
Dieu. Vous voies par là, qu'il faut qu'une Reli-
gion, dont le fondateur fait des miracles, renferme
des millôres conformément à fes vu^s.
Ce que la Religion chrétienne nous aprendd'iiv-
comprebenfible confilte, outre cela, en des propo*
litions, qui nous inftruifent de la nature de Dieu de
de fa volonté, comment Ptiomme pécheur doit faire
fon falut, & qui nous en difent plus, dans ces deux
yutfs, que la raifon ne fauroit faire. C'eft «infi p. e,
^ue la raifon nous aprend l'unité de Dieu. La ré-
yélation y ajoute, qu'il y en a trois dans la feule ef-
fence divine. La raifon cherche en vain un moien
filr, de la réconciliation avec Dieu: la révélation
nous a}>rend en quoi 11 conlifte. Avons nous bien
wifon a'étre Airpris de ce que cette révélation , quii
; - M ' parle
ïf8
parle de l'être infiai ft încomprenflbie &dft Um
fèil caché, à notre raifon, nous ouvre de nouvelles
vues, dont nous ne (aurions découvrir la fin, ou ce
qui eft la même chofe, de ce qu'elle nous aprend
des mil^éres eh ftiveur desquels elle demande notre
foi? Si bien donc que quiconque fe laiil'e intimider
{)ar la vue des miftéres de la Religion , prouve par
k, qu'il ne connoit ni fon delTein, ni ce ou elle
butte. Il fe conduit tout autrement k l'égard de la
Religion , qu* à l'égard des Hciences humaines ; car
bien 'que celles-ci contiennent bien plus de Riiftè-'
res, que le chrillianlsme , il ne les rejette pas pour
cela. Il faut que vous a'/ts- rencontré vous même,
& c'ed- ce que le Comte avoua, .mille chofes in-
compréhenfibles, dans la médecine, dans la phifi^
que & dans ta chimie, & vous iie vous ferés jamais
avifé de prendre pour cela ces fciences , pbur des
fonges & pour des erreurs.
Dieu aiant voulu, continuai -je, nous raanife-
fter dans la Religion chrétienne , des vérités incom«
préhenfibles, qui regardent ia perfonne & fa volon^
tév il étoit obligé de le faire par des lignes intelli-
gibles, & ces ligues ne pouvoient être autre chofe
que des paroles. Mais il ne fe trouvolt pas un mot
dans le langage des hommes , qui f 'acordat précifé-
ment avec les idées, dont il vouloit nous faire part»
Car nous ne fanrions point trouver des mots, entiè-
rement accordants, avec ces idées , pour marquer
(des idées qui nous font entièrement inconnues, il
faloit donc que pour nous donner connollTance de
ces vérités millérieufes, Dieu choifit de ces mots,
qui nous font connus , ceux qu'il étoit poiChle de
trouver ide pins aprochant, des idées des vérités
connues, qu'il vouloit nous découvrir. Âinfi ces
mots peuvent avoir des fi^nifications particulières^
ils peuvent dire quelque chofe detrop,oude trop peu,
& il peut fe trouver quelque chofe d'imparfait, dans
les idées que nous y attachons. C'eil pourquoi nous
n'ofons pas apliquer leur iigniHcation dans toute
fon étendue & avec toutes fes fuites., aux vérités
mlftérieufes , dont ils nous ont donné la cohnoiflknce:
ûaât
Ï5>
le plus aprôdMYit ^il'en t^meet tout et qu'il y â
4*imparfeSt (33.) •
l^xpîittiaî cette ïtmatqtre au Û6m%e> pat iq^iel*
qoes «xemp^es » qui fervirent fort -A Téclairer. La
Ï>rofA>rtion qu*H y « entre un pèr«^ & un 'fils fui dis"
e, nous îa\t coticevoîr l'idée , qu'il faut que te père
«lit été avant lé fils , qu'il Toit parvenu J^ un certain
Age , avant que d'«ngendref te fils , & qu'il fe foit x
«tcaché à lUïe p&Komte àe l'autre fêxew ^1 btea
donc que fi diieteun \^u1oit «piquer ces Idées par-
ticulières dt les faites > à ce qiîe dît V Ecriture» que
Clitift eft fils deOte«, il n'entendroit non feutement
mal la choTe , unais il y tfouveroit «uflt des contra«>
idiftions. figurés vous encore un Islandbis , qui
prendroit k tftche d*a|:>rendre  -un Indien , qtte la /
mer (e convertit en glace, par unegellée^ Se trou^
vera -t-il bten un mot dans ie langage de cet In^-
dien^ qui exprime précifement cetee aparitfon ? Ce*
pendant U faut pourtant que l'Cslanctofs lui par!«
dans fa langue, il faut par cdnfeqaent, qu'il pren*-
ne des mots empruntés ot des figures àfon recours^
Vord , p. e comment 11 poUrrolt C 'expliquer. Dans
non pais> la juer devtetit» par ta force de l'ait qui
y régne* en de certaines, faifotts de Tannée^ dur«
comme Cette pierre. Cela (lifira bien poitr faire croire
h V indien que Ta mer devient pierre en de certai*
Des faifonsi c'e^ à dire aitdl ferme it au(B dure corn**
tne une pierre. Mais il tis^te defe former des «déei
entitfcreineat ftiulTes , des éfets du ftoid ftir la mer»
M 2 en
(53.) Crtie tègle jt ti^ffmfabU^ âàni l\m «fMM
t^tpliiatioH raiJhnnAtU , (fiii cî/uire fi èien ici ^
ifui «71 déterminée avec tecmcoiiip ii'iftgiPiieufitê
jphil^ophe^ nefaufwt affis être rec9mmandée <»l
UdteMr attentif, de I' Ecritn^ fiUntt. Un né
famy>it/*en paffer dans^ le langage figuré det
«ncrens & dans hsf>araboles du NmûeiOi'Tvjki^
fneni & atitrt, de mimé mugi dtm kf <Wt «^
^Hés par I^Jmmr*
'< '
jtn ttpWqwsAht autres qualité» & tout Uufage de ^i
jjierre» an cas ea queltion. P. e. on fe fertdc
pierre pour bâtir des mairons, par conféquent V Is*
uindois fe «onUruit des palais d'au changé en pierre.
Il y a des pierres» dont on peut le iervir pour le
chaufage» ainli l' Lsiandois ùàt cuire fes viandes fur
cette eau iapidifiée (kc.
Enfuite je priai> le Comte d'avoir toujours ces
obfervations » des miUéres de la Religion , devant
jesyeux, parce qije J'allois les lui prqpofér, l'un
après l'autre, lui expliquer le feus de la Bible, lui
expliquer combien ils font éloignés de toute contra-
diftion , contre la 6tine raifoa & lai découvrir leur
, « ■ < . -
Le premier, de tes mtftères attaché à la doc*
irioe de la réconciliation eit la vérité , que Chrift
elt le fils de Dieu. Les premières fentencea de la
Bible, qui nous font connoître cette propolition,
Ibnt St. Matth. 3,17. St. Marc. 9, ?• St. Jean 3,16.
£e dernier ^fiflage marque par ces inots, fils unique*
que Jefus Chrilt eit 61s de Dieu , dans un fens tout
.ctiltingué, & non pas dans le fens, dans leauel on
bomme enfans ide Dieu , les hommes qui lont fes
créatures & furtout les jcroians.
Dieu nommant donc Jefus Chfilt fon fils,' que
voulés vous que nous en peniions ¥ Jefus Chrift m
fa fubftance de Dieu , comme le fils du père , mats
non pas de la f()i(an ordinaire du monde , . qui eft
«compagnée d' imperfeâions , mais d' une manière
plus élevée & inexplicable. La fiibftance de Jefus
Chriit, elt la même, que celte du père. On par con*
féquent il lui elt entièrement reffemblant & confor*
tue. Hebr. I, 3. Jefus Chriit éunt fils unii^e de
pieu, a plein droit fur tout ct^ qui efl; à Dieu , tout
comme le feul Qls aine elt le feul héritier de fon
père. Entin Cbrik elt attaché à Dieu , par l'amour
la plus intime, comme un fils unique l'elt à fon père»
V.ous voié$ pi^*là, due Dieu nous a révélé les pn>*
i6i
* • r /• -
ortions, dans lesqneltes il it trouva, «vec foi» fi{s,'
par l'image d'uri père &i d'un f^U, parce qu'il ne fis»
trouve point d'autre image dans toute la. nature,
«ui marque plus, precifément &, plus parfaitenaent
1 union inti;ue.. Trouvés vous quelque contradiftioii
dans cette répréfentation ? . ■ • > • • '
Non y répondit le Comte, il n'y « rienà^-con*
tredire id. Tout le miilére ne confiCld.que dans 1».
manière inexplicable , comment Jefiis CUrift a f«'
fabiUnce de Dieu le père,
■ "^ . • '
De cette manière » ajoutai "je, la raifon ne
iiiuroit rien objecter avec fondement, contre lapro^
polition,>queChrilte(t fils de Dieu, mais il faut que
fans conte^hftion elle la croie vraie., par refpeft pour
le témoignage & l'autorité de celui , qui nous a.
donné la connoifTance. *
. . • - > • . , - . ^ .
Là deffus. je fis la remarque , que tous lei*
t&i(Vères .du chrilbianisme étoient bienfaifonts pour-
les iiotnmes, &que ii d'ailleurs nous cannoiRîon#
bien notre propre avantage , cela (afiroit pour nous,
porter à les croire. Je lui promis de le lui faire voir«^
de peu h peu , par raport à tous. Ainfi , continuai-
je, il nous ed très avan^geux, de ce que Jefus
Chrilt e(t fils de Dieu. Le fils de Dieu e(t donc no-
tre ami & notre bienfafteur , notre (auveur ^ no*
tre tntercefleur, Fourroit-il bien nous avoir deOiné
quelque chofes de bon , fans nous le donner ? Tous
les biens du ciel & de la terre ne font * ils pas à lui
& à fon ffère? Dieu îi'ecoutera - t - il pas fon fils
fublbanclellement unique, lorqu'ils parlera eh no>
tre faveur, qu'il comparoîtra à notre placé, & qu'il
defen dra notre caufe devant Dieii ? Saura - 1 - il , &
pourra - 1 - il lui reûifer la prière , qu' il lui fera
en notre fitveur , lui étani uni par T*amour ta \>h\t
intime ? Et bferions nous Men craindre', aue Dieu,'
3ui n'a pas épargné fon propre fils , mais qui Vsi
orme pour noift racheter, ne nous donne pa^
avec lui;. tout ce qui pourra nous rendre heureu>^?
Rom. 8» 3λ ' ' - ■ ' "
M 3 Mon
V
leur, y^us le reconnoilTié^ pour tçU. J;ug«s. main^
Knant,. quelle gracç &; queîUî félicité^ vous auccs à
«tt^dre, ii vous vous reî^o{|és avec perfévécance &
^nfiançc* Cov Cei, t^conciliiaition & fi. vous, [^affês 1«
«elVe de votre Vie en peol^nt ^ en agiiïdDti comiaç
vous Oivés. q,uMii 4 fait. Piçu punira -. t - U a^rèft
cela vos i^échés dans K^ternit^f C*eft: fpn iils bien<*
4ltn4 qui yous a réconcilia avec lui- 1 Vous refuf&«
91 - tu ia grâce de Ifi vi<^ étemelle? C' nfk Ghrift» Im
ils de Dieu « qui eûr votre icifcerceffeur tout puiflanti*
{.ouéibit Djeu,. qui vous ai rendu capable d'avoir
4es. erpéra^ces i gloneufes ^ qu,*aMçune puilfance.^
aucune majefbé ni aucun, plaiûr du monde & qu*aiW
«une KaîTou ne vous fauroît donner* ^^u^il lui plaifit
de VOU4 les conffsrvec jusqja.' 4 la iài». poux Tawout
d^ «>A (àe« ^.!^
L^ Comte Cï trouva forfr toucha» 9t promît! d»
lepaiVei^ avec iq^ttation,. Is oiénvoir^ que j''avoi&
drelTié (xic^la, ii»ti^re, que «pus, yçnipns de traitec^
À que Jecc»s devpîc les laifler. U avbit auffi en^
çoretes feuilles précédentes devant- lui, pour les^
ieUreiii}ei!ec<HUifê'^ft>, «ftH^d^ ^e/r dat» Ucoor
texioo».
ll;fe fi>u^iRfr(£iMr R0U»étibtttcenvemi9 un jour*
4e la penfée^ que la eaifca. n'auroît pas pu inventer
m doarjne de k QécoQciiiation d' elle m$rae. Mais,
qu'il y avoit pourtant en plufieufs nations païennes.
2ui avoient tâché de Cçii&»a€ilJ€ii *»«ç Oie»*, pae^
es fiw3rifice.S^
Je lui népoiidf&;: *q«e Ifliomme pé^eus étoit ob^
ugé;de chercher Les moiens dé U: réconcilier avec
Pieu, que lacotifcience le-lui aprenoit d'elle m^nne,.
Qu'il fe pouvoir» que larailbn de croire,, qjie lesb
iÎBcri^c.es ëtoient utiD^&à UiécpiiciUation,.re trouvoifc
^n^ée daos la révélation dei bxify^ fie que U fimpl»-
«alron auroit bien pu C'en avifcf , parce que le^ift^
r
«liélix T^tnindier qaetqué choift deÇ fiss biens , que
ëe conferver le Tentîmem & th perfaalion du déplai*
lir dâ Dien. Iklais la forte de réconciliation , à l'égard
de laquelle nous avons foutenu tous deux , que la
Taifon n'auroit pas pu l'inventer d'elle même, étoitt
Sue Dieu donnerait fon fils en làcrifice. Et que Iç
égoîit que vous avlés pour cette doâriiie eu étoi|
aulfi une preuve certaine;
II me revint encore une de mes anciennes ob^
Jeftions'è refprit, continua * t - il. Je n'ai jamais
pu m^imaginer, que Dieu ait pu élire un peuple il
niépriGtible,tel qu'étoieut les luifs, pour en faire un
|)euple particulièrement cberi.
> La raifon^ répcuidis-je, pourquoi Dieu a vou*
lu, pourainfi dire, fe choilîr un peuple préférable^
ment à d'autres, à caufe de la part particulière qu'^t
y prenoit, étoit entre autre* qu'il vouloit confer-
ver par lui (a vraie connoiftance, jusqu' au tem$«
ou le fauveur du monde devoit venir, afin qu'il ne
tombe pas dans une entière perdition. Quel peuple
devoit-il choilir? Il étoit naturel, quMl deftinat les
luifs pour cetéfet, & cela en partie, parce qu'ils ,>
étoient defcendans de fon ami Abraham, dont ils
«voient confervé ta religion naturelle , par une tra-
dition durable, eux, qui dévoient en devenir, pour
«infi dire, les dépolitaires , & en partie parce que
le Sauveur dii monde devait fortir de ces mêmes
defcendans d'Abraham, & par conféquent par leur
moien.. Il eftvrai, qu*on regarde oc qu*on a re-
gardé depuis long tems les luifs, comme nne nation
inéprifée, Mais ce qui eft méprifé des hommes, ne
Teit pas pour cela de Dieu. Il y a auffi eu des tems,
où les luifs étoient fort refpefUble^ & vaillants.
C'eik ce que le Comte expliqua lui même, par plu.
fleurs ejcemples de leur bravoure, contre leurs an*
etens opreflCêurs.
«
On ne peut, dît- il, fiins doute point former
lie iugen»ent pac le mépris qu'on ça tait aftuelle-
«14 «ent.»
I
/
*
J
ï«4
ment. *Lfl etiofl» eft gën^nlement trop relatKre.
Voilà comme t'AQglo>$ méprife te François , & le
François croit en revaiige (a nation la plus ref))efta*
^le de l'univers.
Pix neuvième entretien, le ime Avril
1772.
La doftrine de ta réconctUation du monde par
Jefns Chrift, e(l k la vérité lé feul des mif^èret
dont l'Ecriture recommende la crMance , en ajou-
tant, que quiconque ne te croira pas « ne faiirott
être iauvé. Mais les autres mifVôres fe ^fondant
fur la même autorité, fur laquelle vous avés reçu
la doftrine de la réconciliation & que voils croies
maintenant en Jefus Chrilt, vous verres que vous
êtes autfi obligé de reconnoître ces doftrines in-
' connujss à Itt raifon pour des vérités.
Je ne ferai point de dificulté là delTus, ré-
pondit le Comte. Si l'un elb vrai, il faut que
l'autre le foit atiffi. Vous avés contenté ma
raifon jusqu'à cette heure, & je ne doute pas,
9ue vous ' ne puiflTiés encore Xe faire dans la fuite*
Si ChriO; continuai - je , e(t le Hls unique d*
Dieu, St. Jean, 3% 16, & fil a par conféquent»
fa fuMtance de Dieu, favoir la fubftance divine»
il faut qu'il foit vrai Dieu; car Dieu eft Dieu par
(k fubflance, ou par lui Inême. La doftrine du
chriftianisme fe trouve fouvent répétée dans te
nouveau Teftament. J^fus lui même, en rapor-
te plus d'une raifon, dans le difcours qu'il tient
aux Juifs St. Jean, 5. .Le verfet 8, prouve que
tes ' juifii entendoient ce qu'il difott. Ils tacfaoient
de le faire niburir, parce qu'il difott que Dieu
étoit fon père & qu' il fe /endoit égal à Dieu.
Jefus confirma, ce qu'il avoit dit, p|ir toute fit
propofition fuivante, & fur tout v. jfcX.- 83. fre^
nés
nés gardé aux trois f aHbn t roivantef . Le HH vt*
vjfie ceux qu'il veut- Le fils a tout jugemene;
c'ell à dire , il eiï le Juge du monde. Tous doi-
vent honorer le tiU , . comme ils honnotent io
pore.
St. Paul parle auffi ,fôrt amplemenfc de t»
divinité de Jefiis Chrift, aux Hebr. ch. h II
montre par lesChrêtiens recueillis du judair;»me,com-
by&ii Jefus , le fondateur du cbrîiliauisnie à de pré-
férence fur les Prophètes de l'andehne alliance
jG'elt pourquoi il dit v. 2. Chrift elV fils de Dieu;
iMiéritier de touti par lequel il a* crée le mondet
v« 3. Qu'il (*lï la fplendeur de la gloh-e de Die»
& rempfeînte de ta pertbnne » qu'il confervott
toute chofe, & qu'il étoit à la droite de la M*^
Jetré d'en -haut» c'eflr à dire, qu'il avoit part à tt
gloire & à la puill'ance d^e Dieu. H continue dans
ïes verfets fuivans & montra combien Jeltis Chriik
ett plus excellent que les Anges, & c*elV danç
cette ocalion, que dans le v. S-^ il explique du
Plaume 45, 7; où l'on f*adreffe è Dieu, une fen-
tence de Jefùs Chriit» où.Qn lui attribue ^ n&a
feulement une fouveraineté éternelle» mais aulS
exprefiement le nom d^ Dieu.
Ou ne fauroit n>er, dit le Comte, iipnès que
je lui eus afîés expliqué les deux endroits de St.
Jean 5. & de l'Epître aux Hebr. i, que Jefus
avoit eu en vue , de même que St. Paul , de fai-
re voir aux Juifs-^que le fils étoit. Dieu. Maîa
pour ne paà croire , ajoutai - Je , que Jefus n't
pas été nommé Dieu dans le lens le plus fuprê^
me, mais feulement à caufe de certaines refiem-*
bïances, quMl a avec Dieu, comme p. e. les ma*
giil:rats qu'on nomme des Dieux, on ne manque
pas de fentences de la Bible, qui fufifent pour
nous garantir de cette erreur. P. e. i Jean 5,
QO, où il eil dit, celui - ci elï véritablement
Dieu, Il eJt fort vifible, que ce titre de vrai
Pieu, ne fauroit être apliqué qu'au fujet, dont
' fia été immédiatement parlé, favoir, Jeius Chriit
. • : M 5 11
/
A
teè .
It cft donc c«rtaîn, <foe nçcritnre Êitnte rtiî
(bîgne la dtvii>ité de Jefus Clirilt. Trouvés vous
maintenant qu'elle contredire en quelque roanièr&
à U lame raifon? S> te chrilHanisme enfeignoit»
^ue la divHiité de Chrift ou fii fut^ançe diviI]|^
étoit dilling^iké de la divinité ou de la fublkanc^
tfivîpi: du ^re^ \l C^eih fuivrojt» qu'A y auroit
deux Dieux. Et cetà comb^ttroit la vérité de
V uni té de Dieu, reconwie par ht raifon & cotitir-
Boée par la révélatton. Mais U Religioo chré-
tienne foutient, qike DJeci te pôre<» a fait part à
fon fils de la mêrne fitblkance , qu'il a lui même.
par cenféquent U n'y a qu'un Dieu^ La ration
Wevi con^^rend pas la poflubilitét parce qu'elle no-
connolt pas un feul cas pareil dans ha nature^
quBC deux chefes aient. entièrement y ne forte éga<*
le ou la mèina fubdance. Cependant elle ne
pà\^ autfi fas prouver, qu'il foit unpolKble. Cet-
te doctrine lui eik donc un miftére , qu' elle eft
bbligée de refpefter j^ l'égard tie l'autorité de ce-i
lui, qui l'a révélée. — yéus voies maintenant de
^pous même, que bi rcconnoiflVnce de cette vé-
rité* qtie Jeui3 Chrift eft Dieu, acorde le» mêmes
evAutages , que notis pouvons attendre ; on, croiaflU
qufc* cWifb elt le fils de ÏHeu, Je répétai ici» en
y joig^nant encore quelques raifons , ce «uej'avoi&
Hît dans notre- dernier entretien. — Le Comte
ii*&vo4t rien à objeâer à tout ce que je veaols.
de dire.
h» Bible > continuât « je , nous «prend aufl^
a«e Chrirt elt en- môme tem* vrai homme. C eft^
rqixoî chacun conviendra fa:ns coatradiAion. Il
ètoit né d'une femme, tous ceux qui le coanon'-^
foient vierfonnellement le prenoieht pour un hom^
ine; l\ avoit toutes les. parties eflemielles de-
Viiomnie, le cocps & l'auie avec tous les mem-
bres ,. les. forces & h» capacité nécelTaire f il éteit
même femblabie aux hommes, en ce qui regarde
leurs inHfmités eflentielles : La feule diférence
qu'il y âvoit entre lui & les autres homme^
<'ett <]u'ii étpit fan& péché > & le péché n-' dk
\
\
fBs de no^e efl^iic^* Cèkiie- dsemttête qualité étoit-
nécefTiiire, » caiife de rintime Qnité> dans l;iqtieti&
4b troiivoit la nature humaine en Jeïas Chriit avec
bk Batuee divine» & auin parœ qu'autrement \t»
B'aurolt pas pu fcmfrir pour les «litres , mais feiv
temenfe poivr Ces propres péchés. -^ Toute indubï*.
tab4e que folt cette véribé : Cbrift^ e(t vrai hoinme^
tes Apôtres ont it ouvé Qécefllûire de k repeter plué^
d'une fbis^ Si de la tnettce aa jour^ Hebr. 2« 24^
l^br. 4, IS. Phil. 2, 6. 7. Comment l'ituroient Us^
trouvé" nécel&jre, f'ils ne l'"av.oient pas. cru,, en-
môme tems, vrai l>ieH«* & Il les (^retiens, aux^-
auels ils écrivoient, ii.'avoienJt pas cru fa. divinité*»
faut qu ils aient vouUi, empêchée pac là de cwire»
i}ue Cht\it nreib que Dieu feul , & non pa& en même-
lems, en- pi^re feus, homme^ Ces roémes en^r
droits^ qui témoisçneiH l« nature humaine de jefus!
Chrill:, font donc des preuves de fa divinité.'— li
trouvà'qu^<.*e$coaI<iquences.«taientLfondées,&av:bu49
que la ]^u«e de Phtmaanlté de jefu&Chrilb feroifr
Superflue, dan$ les endroits allégués, li onn'uvmfy
|»a5 c»U) que Qbrift étoit .en. niêmte. tems. vrai. Oieui
Qu*eft.-ce qu'il y a donc ici d'incompréheniible-
)t taratlbn.? Chcilt eit homme fatis avoir été engeu"
^ré par un hommei Mail», ne faut~.il. pa&que-iiou9
tombions. d'acord< qu'ii. eifcen la puiflance de Dteu^
de- quiter- la voie ordinaire de la. nature , lorsque ûl*
fagefle te tsouve nécQflaire^ éc de faire pa.s.ck?s moisns^
e^traordjmiires * tout ce qui lui plaît? Ne pouvoit-il»
ipas reijarer par fa vertu toute paillante, ce qui niaui»
auoit de la part d'u»^ homDid » à la proa'éatioa du*
ils du Macie l St. Luc. I, 34. 35* -^
t
Quant k cela, je n'y trouve qu' une très petite
dtftculté , en fupofant, que Dieu a trouvé qu'il étoLt
^écel(ahr« de quiter k voie ordinaire de k uature,.
Outre* cela.* la railpn ne^ fauroit comprendre*
C«mmçnt' lai dtvinifcé. &. l' humApi^ peuvent étrài
fé)UÛes,eaCbdA. Mais ette n'y trouve rien àcon^>
«Tft*
Redire i pourvu qu'elle fe garde des idées faufTesdê
4cette unité. Ui révélation ne dit pas que la ^divi Dû-
té de Jelus Cbrîib efl: fou humanité, ou ion humanité
«It fadiwnité, ou l'une a été convertie dans l'au-
tre. Ce feroit une contradition ; car le fini ne fau-
roit devenir l'infini, £c l'inSni le tîni. £Ue ne nous:
enfeigne» que ce qui. fuit; la divinité & l'humanité
ibnt toutes deux en Cbr^ft , elle font l& plus inti*
mement unies en lui. La manière de cette unit^
c(U ce qu'il y a dHncompi^éhenfible» C'eit pour-
quoi V Ecriture en parle par de&images. P. e. CoL
2, 9. Perfonne ne Caurojt prouver » qui? cela foit
iropoffîble. Nous en trotivons mêtne des rèiTem^.
bUnces- éloignées dans la nature. Voilà, comme
l'aine , qui eii; une fubftance lipirituelle , elt unie
«u corps d^me matière gr«fltére« Nou« dilbus. aul&
VaxûË réfide dans le corps^ —
Jevaus. avoue- ficanchement,. dit le Comte, qnct
quand même je levoudrois, je ne (aurois rien obv
Jèfter. Je ne faurois me l'expliquer, «aais je n'en
vols point tle contradiftion« & la chofe a une trop
grande autorité, pour ofer la. nier» àcaufe de foii
incompréhenûbilité.
*
Je voulus encore lui ovontrer» que U doftrine»
qui dit, que Cbxift efl eu mètns tetns Dieu 61 hom*^
me , elt une domine très bienfaiiante. Supofons»
dis -je, qu'il ne foit uniquement que Pieu, il ne
pouvoifc pas foufrir & mourir» ni pat conféquent.
nous fauveri ce qui étoit cependant néceuaire»
Cuivantia fagelle de Dieu» à, laquelle nous n'ofons
pas demander» pourquoi ^ parce que c'étoit le feu|
moien de notre redemtion. Tout ce qu'ii auroit pu
faire, iimplement en qualité de Dieu , ne pouvoit
pas nous mettre en droit de croire, qu'if l'avoit fait
pour nous. Mais étant en même tems vrai hom-*
me« les foufrances & ta mort lui étoient poifibles»
& ce qu'il faifoit & foufroit pouvoit, pour ainfi di-
re , nous être porte en ligne de compte , comme à
foft plus proches parens âc «lli^ Uebr. 2, I4-'
i6p
Ceften qualité d'homme, qu'il aprenoît, ce que
c'dk que l'homme, & les infirmités qui le portent
.à Te révolter contre Dieu: de forte qu'il peut au(H
nvoir d'autant4)lus pitié de nous & être d'autant
plus fidèlement notre procureur & notre întercef-
feur. Hebr. 4, I5. — Supofons qu'il ne foit
qu* homme. Comment pourrions nous donc affurer,
4)U'il étoit fans pcchtf ? Cependant il faloit que nou«
le fuQÎQns y p-^ur croire ♦ qu'il elt mort \xi\xr nos
péchés, & non pas pour les liens fie qu'étant juite,
il eft mort pour les injuftes? Ssi mort doit fervir de
réconciliation de tons les péchés du monde, i Jean.
2, X. a. S'il n'étoit fimplement qu' homme, corn*
ment pouvions nous prendi'e cela four vrai?QuèIIe
proportion y a - t- il entre un feul & plu<ieui*s mil-
Jjons? Mais étant en môme tems Dieu, la chofé, fe
découvre refpeftablement à nos yeux. Si l'homme,
qui e(t en m^e tems Dieu, foufre Su meurt pomr
^s ft-ères, il faut que fa nwrt foil d'un prix inex-
primable devant Dieu, & tous les péchés de tous
les homme« font moins grands, quecefacn^ce.
Je ne ûiurois vous exprimer ^ dit le Comte,
•combien ma railon ej^ tatisfaibe de ces miftéres de
la Religion, (34) Plus on y penfe* plus on y
découvre ia fag«fîe de Dieu, Tout œ qu'il y a»
c'eft
^34) Il 9 a htm des endroits dans les difcours et
Sir. irti le défaut d« fon iettif^raenent , /avoir
fa légèreté , parait encore faire entrevoir fon
empire. Cependant nous n^tn tirer (ms *nain*
^ tenant point de rai fon , pour douter de ia fin-'
€éritédefa ionverfiony quoique nous ne fan
rions attffi nous dffpenfer de'craindre , que des
fHoquetfi de la Religion ne profitent de tes en-
droits. Combien ne donne pas à ptnfer^ €9
qu'il dit. p. . . . Il me fembley qu' il vaudra
mieux, •que je fn*en ra/porte à cet égard à votre
Mitûi'itif lui qui vient d'entendre que la re-
fufre&ioH de Oirifi a été le plus grand de fes
fuwa-
17»
i'
tîon» quMls foaîiaUoieiit,' favoîr,- <jn*i!s 'poa-
voient i" 'attendre à ie retrouver un jour au nom*
fc des bienheureux.
Vingtième entretien le' jme Avril
Le ^efTeîn' de cet entretien étoît, depropoferau
Comte, la doftrine de )k Ste. Ecriture, qui
nous aprend , que le St. Efprit eO aulfi vrai Dieu,
«vec le père & le fils. Je lui expli«jiiai, en com-
mençant à tui en parler, que ia do^rine du St.
Efptit n'êtoit pas ii ititelligiblement & fi expref-
fement propofée dans la Bible, que celle de Chrift;
que l'expreffion de St- Efprit, & d'efprift du Seig-
netUt ou >gfprit de Dieu, avoit beaucoup & de
fort diférentes fignifications , & qu'on ne pouvoît
pas prouver avec certitude, qu'on donne indifé-^
rement le nom de Dieu, au St. Efprit, en liu
attribuant expreffement le nom de Dfeu. Mais
l* Ecriture. fainte le répréfencant comme diférent du
père ^ du fils, & Uiî attribuant des titres, qui ne
iauroient être attribués qu'au vrai Dieu, il f'en fuît
n^ceffairement, qu'il u'ell ni le père ni lefils, mais
une tfoilièrae perlbnne,' & qu'il faut qu'il Hit part à
ta divinité. Mais que la divinité elï indivilibte,
que pcrfanne ne pouvoit la polTeder que toute en-
tière, &qti'ain<iii faioit neceffairement, que le St.
Efprit foit vrai Dieu avec le père & le fils. Que Dieu
n'aiant pas ju^é à propos de nous en révéler da-
vantage, par raport à ces vérités miftérieufes, il ne
prétendront pa£ non plus, que nous en fâchions 6t
^u« nous en croïons davantage. Il me répondit :
je fuis maintenant pleinement convainc» de
l'autorité divine de l' Ecriture fainte , & je crois
être obligé de croire fes fentenœs. Je n'ai encore
point trouvé de contradiction dans fes miltères mais
fat ^ï&i plus remarqti^, qu'ils font dans une étroite
lîailba
J7â
liaifon ^v^ ta doftrîne de la réconciliation, & qu'Ut
^Cont non feulement fort bienfaifants» mais auiH fore
tranquilU'ants pour les hommes.
II fuivit ma propolitîon avec beaucoup d'at-
tention, & au li$u de marquer des doutes, il fit
pluflettrs remarques tendantes à confirm«r la doe«
trine , dont nous nous ^npîons»
Bien que le père & Je fils, lui dis* je, ne
foient qu'un & la même eQ'ence, divine, ils font
pourtant diférens par la proportion', qu'il y a en»
tre le père & le nls. L Ecriture fainte en nom-
me un troifiéme, l'avoir le St. Ëfprit, qui elï de
la divinité. On le décrit, non feulement com-
me diférent du pérc & du fils, mais atilfi com-'
' me participant de TefTence divine. — Quoique le
mot de perfonne ne foit pas de la Bible, on ne
fauroit pourtant pas bien f'en paffer, parce que
nous n'en avons point d'autre, dont on puiil'e fe
fervîr, & qui f'acorde avec ce aue l'Ecriture
Cainte fait connottre du pore, du fils & du St.
Efprit, dans la do^rine^ des trois, <^x\\ font de la
divinité. Alnil nous nous en fervirons & nous
ferons fur nos gardes , par raport aux fauffed fuites
de fes idée*.
Jefus ordonne à fes difciples, Matth. 28, tO«
de bàtifer les gentils, aU nom du père, du fils Si du
- St. Efprit. Cet endroit ne nous permet pas de
douter, que l'Efprit ne foit Une perfonne diférente
de celle du père Si du Hls. Si les expredions père
& fils ne doivent pas marquer fimplement ici, des'
forces abltraites ou des éfets , on ne fauroit auQl
Tenteudre autrement , à l'égard du St. Efprit. Or
il e(t certain , fuivant le fens <le l'Ecriture, que le
père & le fils , ont chacun leur propre fubl^aiice, &
qu'ils font des perfonnes diferentes l'une de l'autre.
Ainfi il faut que le St. Efprit ait aulll fa propre fub-
itance, & qu'il foit une perfonne diférente du père
& du fils. 11 feroit lingulier de croire, que dans
l'endroit qui vient d'être allégué, le père & le fils
N foietlt
(
•1-74 ■
foient des perfbnnes dîféf entes l'une de l'autre» &
que le St. Efprit ne foit qu'une vertu on une force
particulière , puis quMls J'e troui'cnt tous trois dans
vue même fupofition, & qu'il eft ordonné que le
; bàtême fe fafTe de la même manière, au nom du
père, du fils & du St. Efprit. — Confiderés enco-
•re outre cela, les paroles de Jellis , St. Jean l6,
13 — 15. .[efus promet ici le St. Efprit à fes Dis-
ciples, les doux éfeu, auMl doit produire « & le
diitingiTe fort du pére^E ae lui même, comnie 6ls.
Maintenant il ('agit de la qùefVion, iî l'Ecnture
fainte attribue des marques décilive de la divinité à
la perfonne du St. Efprit: car onpourroit bien avoir'
de la peine k prouver, (ans toute contradihion, que
. r Efprit y eft auffi exprefl'enient nommé Dieu, que
Chrift. Il fufit, qu'il f'y trouve des titres de Inî»
qui ne reviennent qu'à Dieu. C'eft - ce que nons
trouvons iCor. et, lO. II. On lui attribne ici U
, connoiflance de toute chofe , la connoi (Tance à%s
chofes les plus fecrettes & ce qui eft en Dieu. St.
Paul y ajoute t tout comme perfonne ne fauroit fit-
voir, ce oui eft caché dans l'homme, que l'efprit de
^ l'homme leul, ainfi perfonne ne fait les miracles dé
' la divinité, que l'el^rit de Dieu. Ainli l'efpritcon-
noit ce que perfonne ne fauroit connoître que Dlea;
par confequent il faut qu'il foit Dieu. — Il fe trou*
ve aufli déjà une preuve valable de la divinité du
' St. Efprit, dans le paiTage allégué, Matth. 28, JEç.
Les gentils doivent être bâtifés en fon nom , tout
, comnie en celui du père & du fils, c*eft à dire,
qu'ils doivent être obligés de les révérer de la nîê-,
nie manière. Or devant révérer le père & le fils
, comme Dieu, il faut auili qu'ils révèrent le St.
Efprit.
Voilà, donc , continuai - je , le miftère de ta Ste
Trinité. On peut examiner , comme on a fait fil
y a. quelque chofe qui contredife à la raifon, (avoir,
jî la doftrine qui no^s aprend que Chrift eft Dieu,
tout comme te père l' eft, eft çontredifante. La
dificulté quenouâ y trouvons, neconAlle pas en
ce
175
la feule eflence divine,- maïs en ce t^U'il y en a plud
ii*une, Coimne tirtus avons vtl ^ que » fans faire du
tort k l'ïinrté de Dîeu, & fans contredire h la raifon»
ie père Sr le fil» peavient être un Dieu » îf faut a\v\
que conformément à l'Ecritufe^ qui nons renfeiî>ne>
il n*y ait rien qfii contredire k ce qui elt dit , qiie le
Su Ef^rk eil aafll DieU avec le pète et te fils.
En fin 5'S fis encore volt au Comte» que tetke
- dortrine nous- elt bienfaîfante Ht tf anqulli Pante. Je
lui dis « qu'on nie de« trois per(bttnteps , de la divi^^
Hitét laquelle on voudra, il eÙ: certcUn^ qu'on ne
frouvera- ^lu» dans la ^oàrine de notre réconcilia*
ion> la connexion « la certitude s la confolatiqa Se
j'efpéraijce , que. nous y trouvon«( aâoeilementw
vMais en pous V ftant, nous npus repcfon^ fur les
' «(Tiirances "que nous donne le pere> qu'il uojlis fera
grâce .pour li'aroour de fon fils. Les ^u^rance^ du
Hlsnous coniblent, & nous fomtDes ajUirés» qU'iU
/ont le^ uioiens de, notre redetntio^v., Kows recon*
noilfons ejji; U perjonne du St. Erprit» U.n.condutteue
ftffuré» qUî nous inftruit & nous corrige, pi^r la ver*
tu du St. Efbrit, Si qui nous rend ciipablcs de deve-
toir & de relUr alVur«î de ia grace.&.£je'U Fbc^titilia»
iion de Pieu.' Pourquoi refufewons Dons doue d«
f'ecevoU une. doctrine, que la railon. i|$uore, mais
qui eh prouv«^e par ia révélatioU;^ qu; nous elk À
avantajseule dans fesfui^resî — , .. ..
C^étoît l* eftentîel dç cfe qUe ]ê cro^oj« être né*
ceQaire de dve, fur le miflère de la Ste trinitév (35)
. ■ . . K ft .-■•,■■• • La
(35) Si nous ûfîons pi'éHdi'ê îà îtùèrti, tioiis fe-
tioyis bien Mité de • detriandtir » poiir quoi
V Aiitmr, n'a pas parlé «ci-v m fiiveu.r \fuu$
plus grande etendm pratti\ut dé la doCtrUie
dti St.^ Effrita des efntfS de fa grtua^ de fus
ocupatiùfiSt votir le ùonhe^r moral dit pH"
chKur ^ dt Vei\finit de timi 9 ' C>M anvoit
fatis»'
>
1
iy6
Le Comte m'iAîira , que pour le préfent ilconnoifr
foit cette doftrine du côté, par lequei, elle lui p«r
roiflbit très refpe£table. Je fuis afTurv, ajouta- 1- il,
que r'eft avec une entière convidion , que je fuii
maintenant Chrétien téorétique, fi feulement je
Tétois auffi dans la pratique.
Je vous félicite, lui répondis -je, de ce que
c*eft de bon cœur qiie vous avés reçu la doftrinte de
Jefus. Quand même vous risqués de perdre votre
vie , vous trouvères le dommage que vous foufrés
furabondammcut reparé dans T éternité.
Il eft certain, dit ^ il, que je ne perds rien»
C'auroit bien plus été une perte irréparuble pour
moi , il j'étots refté dans nia tituation précédente ;
car je ne fefois vrai- femblàbleihent', jamais deve*
nu Chrétien. Mais une chofe, que je fais pour
fur, c'eft que f Ml étoit poOTible', que j'euflTe encore
long'tems à refter dans .le monde, je n' abandon^
nerois jamais la Religion. Je me fuis fouvente fois
opiniâtre dans mes fentimens , mais je le ferois id
avec raifort. '
.... \
Vous fouhaitiés tantôt, Monfieur le Comte,
d'être au(fî Chrétien dans la pratique. Il faut que
vonsfafliés tout votre poflible pour prouver que vous
Têtes. Travaillons maintenant avec foin à confor-^
mer vos fentimens à ta volonté de Dieu. Nous ne
nous mettrons plus en peine de doutes, d'objeÀlons,
de contradiftibns & de preuves , mais que le but de
nos peines ne tende x^u'à vous faire porter fincère»
ment des fruits du vrai chrilVianisme. La patience,
l'humilité, la iincérité, l'amour envers un chacun.
faHsfaii ftotre attenUt ta âéduHion du St.
Efprit §n ferait rtftée moine fpéculativê &
moins fiches & elle ferait devenue bienfai-
fante & fntjottt conjolantii au nuUheureiue
eUfdpki
177
et mB^envttin iros ennemis^ une «ntîére réfignatioii
à l» volonté de Dieu , le foin de reparer le, tort que
vous avé» caufô dans le inonde, tout cela eft du
devoir de la proportion , dans l'obfervation de la-
(}ueile uotre foi doit fe montrer vive & féconde.
C'etb par là que vous pour'és vouS' convaincre, que
vous êtes auffi Chrétien de pratique.
Je vous affure* répondit > il, que je fuis crét»
à faire iàout ce oue vous demanderés de moC Et
je me réjouis, aece que je m'y trouve difpofé. Je
le confidère comme une bonne marque. Je ne m'y
fefois pas prêté autrefois. . Je n*aorois certainement
pas facrifiémes inclinations. Je réfléchirai moi. mô-
me, fur \9& moien» de .nous donner, à vous & à
fnoi, des preuves éfeftives des (^ntimens. que j'ai
actuellement.
?-■■•-,
• Vous m*avés fait connoître plus d'une Jois, cou-
énua-t- il, que vous craignes, que je ne faiTe en-
core" trop, de cas de mon adminiftration ^ians tes
affaires publiques. J*at pris du tems , je fuis entré
dans le détail & j'ai cherché les fonrces. Je ite
vous cacherai pas le réAiltat de mon examen.
jÇroiés moi fur ma parole , que je n'ai pas eu le
deflein de caufer du malheur. Mais c*ell la volup-
té, la vanité* qui. ont été les reiforts de mes entrer
prifes. C'écoit dans les idées outrées , que je mé
formois de ma capacité, & que d'autres entrete-
noient dans mon ame , que je m'étois propofé* dés
mon entrée dans le Dannemarc » de jouer un grand
?ôle.
Jenefauroîs, à la vérité, pas dire, que j'aie'
d'abord penfé à celui que j'ai joué, mais vous fa-
vés "que l'ocaHon & les cîrconftances peuvent foire
aller plus loin , qu'on ne comptoit. Une démarche
porte k l'autre. Jugés par là, qu'il faut que je
trouve tout l'enchaînement de mes entreprifes né-
ceflairement rebutable devant Dieu & devant ma
«onfcience. — Mai^ d'avoir été généralement en-
N 3
nenu»
178 , ,
•|iemi'» dt ce ^ot \t grand m^ndo bbiuqp* vcAb»
ç'eit dequoi je ne fachfe pas rtç in'étre rflWdu coq-
Îablçv Je ne voui dis pas cela pour mi« gtoritteri»
e ials , qii& ce n'a pas été mon fait , mais la fuit»
ae i¥ia façon natiireUe de penfer, & tous les boni"»
tnes ont aiiffl contmiunenient un certain amour pour
ïa vertu. J'étois caufç inoi méMe , de c« q«ie je n«
fuis pas parvenu à mon Ijut, j'ai cherché le bien^
«nais je ne l'ai pas trouyé» parce que je n^ ra? fui»
psis lalité conduire par U rijiiCon, <}( par iA Keliglon»
(nais par mes paC^oD^»
. Il avoit la te tirre de Spalding , qui traite du
prix du fentinl^em d^na le chriftianisme, 6t il m^
témoigna fes remçrcillfi^^ „ d« ce qH«* je le Ivï
f vois .pr6t^^
Mes idées âki c*»angement < quï doit être apepd^
dans rbomiMë, paifte converfiwi., dît- ri i ont ét0
|)leinemem fathsfeit par ce IWre.. Je vous avoue
*vec joie, ^i# ptus j'aprens à connoitre le chriftia^
fiisraej, phïs je \e trouve aknable. Je ne l*ai ]a-«.
mais connu , je' croîois qu'il étoit enUerement opofif
Il la raifort & K Fa nature de t'iioinme, dont ce de^
voit être }a Religion» & je te prenois pour une-
doftuifle^ ârtlficielie, ambigu* & remplie d'incom-«
-préhenttbiiités. QtiRnd" il y avoît autrefois, 4p tems,
en tenis-» de» ùiomene.». où je penfois v^n peu îé^
rieufement à li» Reiij»4^on, javoîs bonjours dciwnt:
tes yeux Ifîd^éaf,' comment elle devroit être, c'ef¥^
à dite, iimpl.e- ^ rppoportionnée à Ui capacité dé
l'homme en chaqtie état: ^ c*^eft jnftement ainfi
.que je trouve préfentement le chrlftianisme & en«-
■tiérement; conforme à ce que je pesfe mot m^e«.
de la propriété .d'tti»e vraie Religion» Sl> l'avois pift
i*aprendre de môme,„^dan$ vnoa ancienne fiUaation^
où Je n.*au!:ois pas pu me refoudre à en prendue le
tj^w&y. je fais ce«taii]éwei)i» qiie je n'aur<ois pa&re«
«nis à devenir cfar^ieBi ^ j^squ' au ten)s de ma prU
Ipjk ^ais yai eu le malheur d'être pFémi^renienlt
^qattQ k Eet^ïQii.^ pftc «ue^ UiQl&imions.» & en^
i
175
y ftiite , par tant de forte de cliofes imaginées , don^ «-
l je vo^voTs comprenthre la faufl'eté , qu'on a fait- en- •
i trtr dans la Rdigion, &i t^ron faifoit paÏTer pour dus
* vérités rtfellesduehnttianisme. Combien de fois n'ai- >
i je pas été ft'andalifé d'entendre p. é, qn'onrépcéfen-
l toit Dïea , dont je fa\'ois qu'il eit l'amoitr même, &
dont je fsni maintenant, qu" il e{^> obligé de punir,
mais qu'illefaita regret, & qu'il aime mieu^ bé-
nir & faire grâce, comme un juge courroucé & ja-
loux y à qui il impofte beaucoup de faire éclater &i .
vengeance 4. dans chaque ocafinn. J'ai connu tort
peu de Chrétiens, dés majennëfTe, qui ne m'aient
pas Tcfindalifé par leur fanatisme , &. bien fouf enfc ■
par leur impieté cachée fous^ l'aparence de fainteté.^ '
Je favpis bien obfcurement , que tous les ChrêticniT
n'étoient pas de même , & n'avoient pas un langa-
ge li marqué , niais j' étois trop inconfideré pour .
tn'infonner auprès de ces mailleurs Chrétiens , du
vrai efprit de leur Religion. J'ai fort fouvent en-
tendu des fermons dans ma jeunefte , mais ils i>e
faifoient aucune imprelFion fur moi. On me repe-
toit toujours cette vérité, que hors Jefus Chrilt il,
nV a' point de falut, par des expreflions innom-
brables , qui avoient toujours la m^me Aguification, "^
mais on ne la prouvoit ou ne la mettoit jamais, ou
très rarement bien en lumière. Je voiois pleurer
les gens dans l'EgHfe, mais lorsque j'avois ocaiion
de confiderer leur conduite, après avoir elTuié leurs
larmes, je trouvoi? qu'ils n'étoient non feulement
p^s devenu meilleurs, mais qu'ils^ fe permettoient
toute» forte« de mechaocetés, fous prétexte de leur "
Religion. — Enfin je ne pouvois aufli pas compren-
dre les reflentimens que quantité de Chrétiens croi>
vient avoir. Tout me paroilîbit être furprenant &\
particulier. Cependant vous vous ferés bien aper-
çu, que depuis notre connoifTance , J*^ été fort ,
fouvent inquiet, de ce que je ne remàrquois rien
en moi de ce reffentiment. Je ne trou vois pas la
triUelTe véritablement lincère que me caufoient mrs
péchés, conforme aux expreflions, que j'aVois fi
fquvent entendu dans ma jcuneffe, & qui me can-
ibîent chaque fois des fraieurs, Je loahaitois de
N 4 porter
i
i8o
porter ma dooteur à nn fl baut éégxéi tatâs je
voiots «ufll d'un autre côte, qu'une telle contraint
te, que j'aurois peut être bien fu me donner, par
le fecours de rimagination y ne feroit p9s ce que
je cherchois , ^ que Dieu n'y pourroit point trou-
ver de ptaiOr. Maintenant, je me trouve entiére-r
ment tranquilifé fur ce fujet, par mon Spalding;
Je fais furement, quMl ne f'agit , que de la confi*
ance en Dieu par jefus ChrJlt » 9i du vrai change-
ment du mal au bien. C'eft- ce qu'il faut aue je
fente , il faut que je fois moi même en état ae ju-
ger avec certitude, fi j'ai cette confiance, & fi ce
changement C'eft fait en moi,
J'avola aporté les cantiques fplrituels de Gellert
9i de Cramer, au Comte, en le priant d'en lire de
tems en tems un. Que cette lefture le porteroit
peut-être à élever dévotement fon coeur à Diea«
Jl me répondu, qu'il n'avoît jamais aimé la
poetie , Se qu'il avoSt toujours préféré une propofi*
' tion fimple. Que cependant 'il garderoit ces livret
«tipréa de lui , pour voir» f'U y trouveroit dequoi
{•édifier.
Je 1b fia ibuvenir, que les canljques fpiritueU
fe diUinguolent particulièrement des autres poefies.
par leur limpUcité. &c.
Vingt & miième, entretien du 4 Avil
T e Comte Struenfis étolfc pldnement convaMdi de
*^ la vérité du Chriftianisme. U f 'agifleit mainte^
«ant d'emploier mes foins, à examiner, combien
fes /entimens avoient été changés jusqu*à cette
heure , par la force de la vérité , éi enCuite il étoit
nèceflfaire, que je priffe la peine de lever les dé-
fauts, que je poutroia trouver, Jiar l'apUcatloQ de<
ttioiens que T Evangile nous fournit»
Je
I '•
i8ï
Je le priai dnnc de me dire» aomtne étant de*
yant ia face de Dieu, fil croioit ia dcx^trin^ de Je-
fus avec conviction?
Il me repondit ; J'ai toujours cm , comme vous
le favés, que le chrKbiantsme étoit entiêrenient fans
{preuve & qu'il faloit limpiement le recevoir fur
[autorité des çccleiiaitiques. Maintenant je vois les
fondemens qu'elle a , je crois aulTi de la connoître
fufifament, & de fentir fi bien fa force, que quand'
même j'auroîs encore long tems à vivre, je ne
rfaindrois pas de me laifier prévenir contre le chrit
f>ianisme« par les plaiHrs attachés au péché*, ou
t)ar les objectons frivoles & les moqueries , que
lès efprits forts opoTent à ces preuves,
Jl ne f 'agit donc encore, continnai^je, pour
tranquiler entièrement votre confdence , que de
ftire ce que Dieu vous ordonne par Jefus Chrill,
$1 de corriger , autant que le tems & les circoniiran-
ces pourront le rendre pofllbles vos fentimens par
l'Evangile, félon le bon plaiiir de Dieu, Dans cet-
te vQtf » il faut que je vous montre maintenant, ce
qui eft de votre de\'oir, & nous aurions lieu de
Aous rôjouYr tous deux, fi nous pouvions nous
apercevoir, que vous ai^s déjà agi, en quelque
foite« conformément K ce que PËvaugile pjrefçrit.
La grâce, que Dieu nous fait en Jefus Chrift-,.
eft une Rrace entièrement libre. CelA regarde tous
les bienfaits de Dieu, &au(ficeux gui font nécef-
faires pour la confervation de notre vie. Ct-pendant
pous avons quelque raîfon d'attendre cette demie-
' re grâce de Dieu, pAïce qu'il nous a uue fois don^
né la vie, & qu'il veut, que nous la conservons
jusqu'à un certain terme. Maïs quant « la grâce de
farederation. particulittrement opérée par le iacri->
lice de fon fila, nous n'aurions jamais pu nous y
attendre, êi Dieu n'en auroit pas moins été to\\%
bon , quand môme il ne nous l'auroit pas accor-
3ée. — Far conCéquem il faut qiitr nous rccevioni
N S aulia
t8»
aafli une grâce fi tibré avec lîherté» tl fiint ponr
cet éfct , que nous tàchions"d*acjiierîr hi CDimoIflan-
ce de la dottrlne Ck des préceptes du cbrUtianism^/
de mêmç que la canviftion de la vérité & de fa <livJ-'
nite: bleu entendu, que Dieu ne demandera pas
plus de rétlC'xion, & dVxamen de 'perfonne, que
fa capacité & l'on état ne pourront permettre. D'em*
braffer le chrifHanistne fans cet examen, ce ferott
avoir une foi aveugle» engourdie, fans raiTon &
fans" liberté.
M faut que {e voiis dohne le témoignage; que
VOU8 avés rempli cette prétention avec fidélité et
fincérité. , Vous avés premièrement examiné la Re-
ligion naturelle & vous awés entièrement renoncé
aux erreurs qui y contrediCent» après en avoir re^
marqué la fauITeté & la malignité. Souvenés vous
ici , des tfets que les livres de Jerulalem fie de Rei-
iiiaru$ ont fait fur vous, & que vous n'auriés pas pu
fentir > i\ vous ne les aviés pas lus , avec rénéxion
&avcc des lientimens-fuicères» C'eft là delfils que
%o\xs avés examiné votre état, moral, êi vos propor-
tions envers Dieu. 'Je fuis venu à votre fecours, &
vous au mien, par la ^onfeifion liucére de vos éga-
remens. Vous avés aufli recherché avec moi > fi la
îîmple raifon fuHt. pour vous donner une affurance
tranquilifante de la grâce, & vous m' avés avoués
<jès le moment quç vous V aviés aprofondl, que Iiv
confolation que vous pouvîés attendre de ma part
«toit fort incertaine & iiifufilance. Enfuite pou»
fomtrvea entré pjus avant dans la Religion chrétien^*
ne. Premièrement nous avons apris à en connoître
le fondateur du côté hiltorique & fa doftrine de
Vautre. C'eit dans cette vue, cjue vous avés la
i'hiftoirç des trois dernières années de Ta vie de Je'*
fus Chrid, & voua avés' bientôt apris K aimer Ci h
admirer ce gratid homme , & fa morale.
Je crois qu'il eft impoflil)!^, dit te Comte, qu*un
homme qui apread la doâarine des moeurs^ & k- ca-
laftère moral de Chrift, n'e& foit pas prévenu.
Vous avés cru, continuai -je, qu*i! étoit tout Ik
iiiit irapoffibl«è , quSuie fi excellente morale piiilTe fe
/^
i83
f^ge& &bon pnifl'e être tanatVciue ou trompeur,
I^f confé<iuenfe vous avés cru, tjli'il étoit de votjre
devoir, di?. rechercher ft Jefus Teft montré çoWnç
envoie de Dicku Ç'ell dans ce deïTein^ que voua
avés cxami-né la fide,Uté hlrtorique de la refurrec-»
iioo. . Vous avés rétWchi lu.r l^s %pro^)hêties dp
la BiWe» & vous avé$ prouvé de p*rt Ôî d'autrQ
plus de pi'çJAvesi qu'il n'çn faloit» paur vbus con^
vaincre que Jefus' a 6t'é enyoié dç Dieu, & que
û parole elt vérité. Voh« avés lu Bonnet, Les(
&• îsleulon. Enfultt^ vous avéj& apris à. ^corinol-»
tre la doctrine kéoréfcique du çhril^iairisme. Noui
avons commencé par la principale do^ftrine , qui
e(l; celle de la réconciliation , & après cela ntw»
nous (bmnie& éténdiis fur l'infhviftion du. chcittia-
liisnje, de la perlbmje de Chrift & du S^» Erprifr^
^oi\& en avons, t>.ré notse connoifl'ance de l'i^cri-
ture foi-pte* qui eft l», Ceule foufce pure^ Vou»
avés criKes véri,tés fur. L' autorité de^ Diea, Jb
{ur le t4^tDPig.nage que votre raifcMi n'y decou-^
vroit rien, <iui ne convîenae pas â, Diçuv & qoi
(omredlfe àcVautcés^ vérités çertaUiement recott-*
Rues«
C'eft de cette, manière * que je fi5 Couvenie-
" te Comte , du chemin que nous avions fait ^us.-^
qu'^à cette heure, en répétant en peu de mots^
X% fuite dçs .preuves^ qiu avoient le plus opéré
en, lui, & feu5 le plailir de voir par fe^i cépoa-;
tes, qu'il (es avoiènt très bien comprifes, 5ç
qu,*ellie5 Uif étojent preC^ntes à l'efi^rit,, 1^^
ïtîfultat de vos peines , ajoutai - je encore , el\
que c'eft ave.ç ime vraiç conyiftîpa, que vous, fai--
tes nuûntenant profelfian du cbjrillianisiiie , qu«^
vous adoré* JeCus Çhtift, coinme votre fauveur»
^ q^bjye vous. vou% apercevés déjà des éfetg. dQ
votre foi , dans le repos & dans ' la l'érénîté na.-
turelle, que votre aitje reffent. X'^ ^^^^ dévelo-
ça' ces dçrnlèrçs ptopoûtiofis, en lui demandant»
^parement , ii j*avoi& reaçontré ton feus, ce;
ew'il aftimn chaque ibis avec Ceniîbilité.
184. ,
En partant dtt rtpps , dont il jmiTfToIt main-
tenant, il dit, qu*il étoit tout autre, qiïe celui
ijull avoit cru être autrefois. Que pour le pré-
fçnt il étojt ferçin £e que ci -devant il Vètak
forcé de le paroître, Qu*à la vérité il aaroit
peut être bien pu parvenir , dans fon état per-
vers,, à mourir avec tout l'air extérieur de fer-
meté, mais qu'il auroit certainement fenti tout
iiutre choie dans Ton coeur» que ce qu'il éfpéroit
éç fentir en mourant.
Je croîois pour le préfent, pouvoir lui don-
ner le témoignage, d*avoir lincérement rempli-
le premier devoir que l'hivvngile demande ^e no^
tre part. Vous avés tâché , lui dis- je , d'acqué-
rir de la connolflancô & de la convidion ; vous
avés renoncé à vos erreurs favoris , dé« que vous
avés reconnu» que c'étoient des erreurs. Si
vous ne l'avîes pas fait.» & (i au lieu d'y tra-
vailler vous même, vous vous étiés uniquement
re}x>ré fui" moi , & fur les entretiens que j'ai eus
avec vous, comlueii^ ne fériés pas encore en ar-
riére! Loués Dieu,, de ce qu'il vous a fait voir
l'importance de votre falut, & qu'il vous a por*
té, à faire des éforts pour en aquerir la con-
noiflance néceflaire» âc pour la recevoir de tK»k
coBur. —
L'acc»fation formelle du Fifcal du Comte, de-
voît fe faire en peu de jours* & Il avoit été ci-
té d'y comparoître & d'expofer,. ce qu'il étoit
ço état dé dire, pour fa défenfe.
Il me le raconta , Se me denianda confei!,
fil devoit lailTer atler les cliofes , cotfime elle»,
iroîent, ou fil luî étoit permis de dire ce qu'il
croioit pouvoir dire, pour faîte modérer fa fentence«
Je luî répondis, que f*il favoît des. rooîensi
légitimes, ie chriftranisme ne lui défendait pas^
de te«' çmploicr poul: fe ùuvet»
De,
185
Oe tous Ifts crimes ^\xe f ai commis» dit* il
là delTus, il y en a un qui n'eft fufceptible d'au-
cune excufe, & d*aucuue modération. Âinfi ie
vois bien que ta vrai - femblance que j'ai, de
conferver ma vie, eft fort petite, au prix de ceU
le de ma Qiort. Je ne vois autn rien d'agrtîable
pour moi, fi j'en rechapois. Une prifon perpe»
tueile me feroit {nfu)jortable. Cependant je ne
faurois nier, que je frifonne, quand je penfe au
moment de la mort, en de telles circonfi-ances f
Béfi^bifés fur ce que vous pourrés me confeiller.
, Je ne vois poipt d'efpérance pour vous, lui
répondis -jç. La Régence vous a donné un dé»
fenfeur. Il connoit plus préciféroent les loix,
que je ne faurois les connoître. Ainii il pourm
vous dire avec plus de certitude , que moi» ce
que vous pourrés efperer ou non. Outre ce!à7 ^
vos juges font det hommes très confcientieux 68
éclairés.
C'eft de quoi je fuis convaincu, dit^il, ils en
ont agi en bonnettes gens avec moi.
Mais une prière que j'ai à vous,.faire, Mon*
fieur le" Comte, ajoutai- je, c'eft de ne pas fou-
haiter trop vivement de vivre , fourtout recon^
tioiffant vous même , que vous n' avés presque
point de rl^ffemblance , de voir ce foubait acora»
pli. Vous favés que chaque palTion uuiiîante in>
terrom]:)t Tame dam fon repos» & celle-ci pour*
roit particulièrement avoir une mauvaile î^nHnen-
ce fur la continuation de votre retour A Dieu.
Il me donna la main, çnprometunt, qu'il feroit
fur fes gardes.
Je crois, dit- il, que Dieu ne défaprouvera
pas, que je reflfente le mouvement de la con-
fervatîon, qu'il m'a imprimé lui môme. Mais
j'efpère aufll , que je me tranquili ferai là defTus
en mourant, parce qu'au moins je fuis aiïnré,-
i85
iqiie je ne ïne tToiWétaî paspt'iW Trtïali^aVrtrâeï*
nité qu'k cette Irenfe» — Feiâi-je mal, fi ett
allant K la mort , j'apelîe k mon fectmrs ma fer»
fcatté naturelle & a«^uîfe p«»r rexjîérîmc'e ? y
Si elle ne vient pa* d^utî principe faux &
fïéfagréabîe k Dieti, fi l'otcueU & fe légèreté n*
f en mêlent pas , li ce tf eft fimpiement aixe pour
vous foftilîer, & non pas polir attirer tes yeuX
des fpeftatJetiTs ftir vous , & pour voua faire hon^
neuT , je ne vois pas que ce foit mal faîi. Ma»
i'efi>ère qxie la* Religion vous dt>nn«ni uneconfo-
lation plus certaine & Autant <ie courage i^u'il
fera néceffaire.
j n lîlbîtl'Epîtm de St. Paul aux Corîniihîfeiis,
i & dit> qu'il trouvoit en St. Paul un grand elpritt
i ^ beaucoup de fageiïe & une vtafe pl>ilolophie«
[ Ou'etïtre autre la . déciiion de la quelcion , qui
i étoit en conreftation» favoir, fil étoit pertuVs de
i manger des lacrifices ^u'on fait aux tdotes, avott
I tendu fa fagefle très vîfibife.
Il me fie tant de queOrrons U detîuss ^ue je
[ lbuhaiterpi« de r-avtoif liotév* *- |e lui remis les
' deux parties des fermons de Spalding , pour l'^n*
tretenir dans la lefture, &- Il les reçut , avec
toute i'eltime due à fon auieuf>
Vingt deuxième «ntretieft) k 6 Avril
' 1772.
J es foins (jue \-ous avés pris, d*aqàerîr de la fe-
*-^ connoifl^nce & de la coiiviftion de l'Evangile»
& l'apfobation avec laqiielle v'ous avés re^'U fa doc-
trine, font bous &: agréables à Dieui Mais ce n'eli
pas encore tout ce que vous avés à fitire , puut
avoir part à ta grâce , que Dieii vous y ofne. ïl
^t que la foi > que Dieu demande" de nouid , foît
. vive
Vive & fecôûtîe. îl falrt qu^eHe change ttos fentî*
inens d'une manière falutaire. II faut qu'elle fixe
jios aftions cotifûrmément aux vues de Dîeii & de
iiotre' fauveut. Notre correftion mofale doit être
•la fuite, fuivaiît laquelle îl faut que nous haîflîon*
- & évitions ce que nous ayons aimé* par le palTc , &
- que nous faflions & aimions le bien que noils avontf
traité. autre fois en ennemi, ou avec «idiference» ,
■ La nattfre & le délfeth de la redemtion que Dieu
^ ordonnée en notre fa^•eui•, vous fdit voir» que
cette prétention eft jufîe , >& les pallages fuivans,
'iavoit Rom. 2> 23- Tlt. î. 16. Matthr?, 21. Jaq»
2, 17» montrent que l'Evangile fbrme aufli efeftl-
yenient cette prétention fur notis.
Si bien donc^ que pour vofts afTurer de tvrpé-
/fance de la grâce de Dieu, il faut que vo\is vou<
• examîniés , pour voir U cette ("orreftion a été opé*
•Tée en vous, par la connoirOHnce & la réception de
PEvangile. Voies fi vous abhorrés férieufement &
fans vous flater» tous vos égafemens fans exception»
fi vous vous en ref^entés de bon cœur, &fi vous
les prenés tout comme ils fobt, pour les plus grandir
de tous les maux, qui vous acablent adueilement?
Et cela noh feulement, 'parte que vous en aprenés
les fuites agréables, mars particulièrement, parc*
que vous avés ofenfé par 1% Dieu votre père bien-
-faiftint, qui n'a pas épargné fon fils unique, pour
vous racheter. Si la Relijjîon a produit ce chan-
gement en \ous , elle aurti aufli opéré dans votre
ame, un penchant pour It bien opôfé, & généra-
lement pour tout ce qui eft bon & agréable k Dieu.
C'eft aufli là deflus qu'il tout vous examiner. Voii«.
* n'avés pas tant à prendre garde au degré de votre
amendement , dans cet examen > oue l\ir fa préfen*
ce & fur fà vérité. L'Evangile ne déligne nulle part,
le degré de répentance, que ^oiis devons avoir de
iios péch(ïs, de'la conffence en Dieu, & de l'amour
envers lui. (36) Wais i^ nous aprend, qi^' une vraie
^ repen-
^36) Paurce quUl n'if a point di fixation (à A't^agê
' poffibk iU, mais $ »ji ait HMtant qu'on ptut^re*
î88
repetitance d| tous «os pArhés, un defir 'ardeçt
d'avoir gracft *, u«e confiance filiale en Dieu, par Je-
fus Chrilt, u ne amoiu lincèrê enyers Dieu, & no-
tre Redemt® ur, & une terme refolution, de prou-
ver l'amour d à\is tous les bons fentimens, ài dans
toutes les a^ ons poflibles » font indifpenikbiement
bécei^lres»
Nous avom > examiné votre état moral , avant
que- vous avés él é convaincu' du ChritHanisme. Ré-
pétons cet exatq en, à cette heure, qt^^e vous êtes
Chrétien. Mon deflein étoit alors d'inquiéter votre
confcience Ik de . lui faire défirer la confolation de
, la Religion: maini •lenant H eft, de pouvoir juger, ,û
vous êtes capable . de vous apliquer les confolationf
de l'iivangile. Vo tre repentance en fera renouvel-
le <. &eile fefa fort "fiée, par, le fouvenir de l'amonr
de Dieu, par JefUs ( hrilt, que vous ne reconnois-
fiés. pas encore alon '., Cette repentance n'ofera
aufli jamais vous qutt «^r, pendant votre vie. Jdais
elle ne fera plus de - ce reflentiment douloureufe-
ment ébranlant; car v ous favés déjà, où vous troa-
y verés le pardon de vo. s péchés.
J« repréfêntai enfu ite au Comte, qu'il f'agiflbît
maiuti^nant ' de favoir, comment il fe trouveroit
dans cet examen, & qc elle confiante il ofoit met-
tre en Dieu. Je compto «s de lui faire les queilions,
3ue je croiois uéceiVaires . & je le priai d*y repon-
re fincérement ; afin de ne me pas expofer, à lui
donner de faulfes efpéran ces , & de ne fe pas aban-
donner lui même;, à um - tcanquilité mal fondée.
Je le priai en même tems. » «^^ *»€ djfter fes répon-
fes,
ifiarqueTt qu*it eft h 'en convenable ^ pour ne
' ' pas manqué au devoh ' ZUé de fa fànStifica^
tion, félon la pruUtniU ' c-taiute a un Cltrètien^
de tdchar Waqutyir Us prémitn'S .degrés de la
rtpentance âf de l'obà'Jf auce filiale; farce qug
c'ejî le moien de faire i, 'roi'tre notre certitude,
de ce qui efi dit f de ira voilier à l'avancement
de fiotrefalut, avec crâi.. nie & tremblemmtt.
ieir nfinifo^n réfléchifTânt chés-iM.'fé puiffe ja-
f}e.r des dccooftances, de les-fientimens, & qu'en
oasqiie jetfouvemieique c^fis qdijie f.'acbrde pas
«vec.4*lèH5 de rËviingiie,.je pitifle penfer ausc
noicnq de le Réparer. . U me pcôtait .fQctiiemeht*
qu'il iu« parteroit k cœur ouvert , & les reponfes-
(iiivantes contiennent prétliiféçaent, ce qu'il me dit^
. . • ■ .M " •
Ete3 vous bienmordfié, 4e ce que vous. avÀ
olenfé Dieu par W< penfde« voluptueufes & par
l«s ftftioRS dont vous- vous. Stôatéà Mupable^ , *
V>l<'
Je les regarde, comme mes pi i« .^goaiid? for-
faits, & je (mis qu'ils m'ont toujours plus éloig*
né ,tfe ta mérite» qiip j'aitrois 'pa trdu ver ddâs là.
connoUfiiooe tde la Keligioa^ '& je. crois que c'e(t>
la principale; fpuiccè' .de toûi : mes jés^f^aoens & <
de mea. vsioe&.. . ■ *,-' < " ■ . ■■••.•'
. . . '.. ' ' ■ '• * ^
Petêês To«» éoncr par .cette. même raifon,
avec horreue^Àees égareraens, ;q«i'^TOioi ootcav*
fé te>*pius.de..i>lailir4 dan» Ifi ooorwpëon de vos
ABcient i^efitlméti&?
Je ,ne penfe >«*. fî«aplement avec ta^ pUia
gramte iadifeMiiee à .tous, ces plRifirSy que^j'af
cbejrcfai^'^bns ^ia.ien^ujdit^,^'& xelà d'autant plus,
que je reflens maintenant; que Lila. vraie félicité-
confifle en des fentimens tout contraire, ainfi [o
hais aiitsftt ces-piaifirs, mie je fimhakç d'Acqucî^
rîp les.àntresv fouhaitant ae me rendre agréable à
Dieu, par l'ajuftemernt de tues featimens.
Crofés vous être afftiré-, 'que vous éviteriés
cet péchés, parobéiflance^envers Dieu, fi r«cafioi|
fe préfentoît à l'avenir de" vous y replonger?
Je ftilsperfuadé, que Je nefemis pis capafa{«
de les éviter v^r aucune autre niifon. Aiant uÀ
avanNgoùt très vif de la félicité, de ia vertu-, te
étant bien alTuré, que je nèfaurois k'aqnerir, qMm
par lA vcaJ« ccùQte de Dteik ^ par. U déiâr de mai
MH"
conformer è favékoiKté, j'ai aaffi pHr la femit té*
feiuUon de ne la jamais oublier, mais,d*ajiifter tout
mes fentiment & toutes mer avions , par lepuiU
fiint feoours dé ces moiens , que j'ai apris à con-
noftre, par la .vraie connotf&ncç de Dieu & par lia
doârine.'
* ^ ' * - *
Sentant comme vous le faites, combien vous
«vés péché contre Dieu, en ce que par votre \'o-
' tupté vous avez, non feulement rendu îmmoraL, k
malhenreiix- un tet>& un> tel eo partiaiUer , mais
auifi d'autres hommes, vous en repentes vous bien
férieufemcQt t
Il n*y Ji rien ({ne je reflente plus vivement, que
d^âvoir rendu malheureux^ certaines perfîMinés , pw
mes principes^ par. ma légèreté .& par mon pen«
çluint pour la volupté; & cela non feulement par
raport à leiSr bonheur temporel , mais auifi par ra-
port à la corruption de leur caraâéremorad. Ce-
pendant- je me repens auflien 'mtoie*tems, très
vivement de't» corruption, que j.'ai caufé à d'autres
perfonnes, par mon exemple, & cela. d'autant plos«,
aue j'ai apcis à connoftre, combien le renverfement
es faintes cHfpolitions d^ Dieu, çaufé par les
licàndales, lui eft déiagréàblê. Je me fais an A do
grands reproches, par raport à ce» -perfoiines que^
f ai féduites par des éfeU.
Abhorrés voos, par la mémerarfon de.l'amoor
envers Dieu, tous I^s ^aremeos, auxquels vous
avés été porté par i'kmbttion ? De même aufll les
faux principes, fur lesquels votre ambition fe fon*
doit ? Et auâi les moiens illidtes, dont vous vous
ItuferviY
Les premiers principes de morale, auxquels je-
me conformais, lie valant rien devant Dieu; con-
filhint fimplenaimir en un fifVème que je m'étois Ibr*^
iué moi- mêtne< far l'honneur} n'étant fondés que
ftnr les idées quele^< foit dtfant, beau monde f'eft
fmmé de l'lu>naâteté;. m'aiant. fimpleauMt lalffé
coû-
I
«
*9i
îçndttirc'pn une raUbn foumlfe k me$ défirs, à'
i'exciufion de toutes tel connoiflînves , qui vien*
ntiit fie la doârine diviiif : parce que je me for*
Chois des idëes trop avantageufe^ de mes lumières,
9î que mon but n'^toit jitmais de me rendre agréabts
à Dieu ou d^^complir l'a volonté* niaî4 parce qu«
j'avois des vues temporelles, quand même elles ne
regardoient pas toujours ma perfonneije nefauroit
finire autrement, fuivant la con vision que j*«! il cet-
te heure, que de croire cet enchaînement de tou-
tes mes avions, regardant l'honneur, reprocbable
devant Dieu, & quand même, je pourrois les ex-
cufer & juftifier devant lé monde.
Etes vojis afiigé, de ce que vous avéi facrifl^
ft vos entreprife^ amblt^eules, non feulement la for-
tune des nmis, qui foufrfnt, maintenant avec vous,
ynaisautn celles de tant d'autres, qui ont foufért j^en-»
ëant votre g^raudeurf
-^)1 faut que j'avoue , qu'aîant fouvent }ùgé avec
ttop de legèretd , de la félicité d 'autrui , & abufé de
U propolitTon, qu'il elt nécellarre, qu'une feule
^rfonne foufre pour l'amour du tout, je ne fau-
rois l'excurer devant Dieu, qui a recommendé l'a-
mour du prochain, comme la principale vertu, qui
veut que tout homme, qui elt en état de le faire,
avance aufli autant qu'il ell poffîblele bien être tem-
porel de chaque perfomie en purticnlier , on qu'au
moins il ne lui (bit pas nuifible. Je trouve même'
que toute les raifons de politique, qui m'y onÉ por-
té , ne fauroiént ni'excufer, ni me trenquilirer dang
ma confcience> Je reflens d'autant plus violem-
nient ie malheur ,de mes amis, que ma fénfibiltCé
naturelle m'y difpofe. ,
, Croies vous , que vous éviteriés tous tes deré*
jl^lemens ambitiewt, par des principes de la Reli-
gion , fil étoit poflible que vous retournafllés' dans
le monde? .
Sufyant •met fentfmens d'anjourd* hui, le fuis
fort perfuadé , que je tàcherois de le faire oc que
Q d four
i9Z
pour cet éfet j*implorerois cenûammen^ le fecourr
drôieu, en le priant de m'en donner les forces.
Regrettes vous de bon cœur la légèreté de vo«
^gareniens, contre la -Religion & contre les mœurs*
volant à préfent qu'ils vous ont fait agir contre Jès
vues de Dieu ? De même autft de la légèreté & de
Tirréverence avec laquelle vous avés penfé vbus
même de Dieu , de la Religion & de la vertu?
Je li'en fuis . non feulement mortifié, mais ce
trCeît auflll une grandç humiliation « que d'avoir fi
long tems vécu 6ans Terreur & de ce que je me
fuis fi fort écarté de la vérité , par une imagination
iiére & p^r la confiance que j'avois en mes princi-
pes d'alors, que je ne faurois imputer qu'à un
examen inçonlidéré, &: que je me fuis fi long tems
privé du plaifir^ que je retire maintenant de (acoQ7
noidràncê. Etant A préfent convaincu , que la vraie
félicité de l'homme, ne confiée que dans la Reli-
S;ion & dans les bonnes moeurs , je relTens fiuffi
d'autant plus forcement la douleur de. fayoir que
c'eft par ma légèreté, que j'ai caufé du mal, & que
j'ai peut être été- la caufe, que plulieurs ent été
<létournés de la Religion & de la vertu.
' « Vous repentes .vous de la iegèrete ,' avec la^
âuelle vous avés pris les rênes du gouvernement*
onné des loix & àbufc de la félicité de U nation?
. . . Ma confçjence m'aprend, que je ne fuis pas.
moins coupable ae ce côté là. Quand même les
circonftïinçes dans lesquelles je me fuis trouvé &
qui m'ont toujours fait aller plus loin, tjxie je ne
v'oulois , dans les commencemens , po^urroient
m'excufer en quelque manière. Il eft to^jours
certain, ^ne^'ai manqué, ^arce que je -ne me fuis
pas plus lérieuiementopofé, & que je n'ai pas tiré
de la- Religion les motifs, que je pouvais, y tronver. ^
Vous, repentes vous dt. tpi^s v«s péchés (ans
•n excepter aucun? * ' ' .
y
/
Je me .ftiîs très, Mcn examina ï . &.«jc troiive
. ^jujc toutes ces a^ons que. Dieu trouve mauvaî-
. feS en moi , me ferveUt de fource abondante , pour
me wufer de la douîeur & du repentir. J'ai
«nin trouvé en examinant de plus prés naa façon
'de penfer d'autrefois, que j'aurois été capable de
tien de plus grands égaremens, fi jé^'n'avois pas
été empêché par des circonitances particulières,
ou par la difçofitron naturelle de mes iuclinationf,
^e les réalifer. je ne me fouviens d'aucun pé-
ché, faos en avoir du regret.
Souhaiteriés vous '& tàcheriés vous de repa-
rer autant qu'il feroit en votre pouvoir , le mal
' que^ vous avés fait dan? le monde, li vous en
J" *v!és l'ocafion ? .
Comme il ne.m'efl maintenant pa^ poiSble
. 4c marquer par mes actions, l'avernon fincére
contre tout ce qu'il y a de mauvais, & le délir
que j'ai de faire tout !e' bien poflîble, & de re-
parer le mal que j'ai fait , tous mes foins ne ten«
' dent, au'à conformer mes fentimens, à la volon-
' tj de Dieu &L qu'à me rendre capable de régler
par ce moiens toutes les aftions , <}u' il me fera
encore polVible de faire, fuivant fon defifein & (a
volonté.
' Tàcheriés vous de faire revenir , ceiix que
'.vous aVés feduits à Tirréllgion & au. péché?
Efpérant que je relTentîfois toujours avec- une
égalité d« forces , la fhllcité de mon change-
ment , & aiant toujours truvé de la latisfadion à
' faire participer des autres de ce qui me faifoit
f)Uirir, je fuis perfuadé, que je ferois auffî tout
mon poirible, pour ramener ceux que j'ai éloig-
nés de la vérité & de la ^ertu, & fur tout ceux
3ue' j'ai fédutis , par mdn exemple & par mes
ifcoura, & pour en fortitier d'autret.
3
F€-
/•
1^4
I
Fériés ^rou« conftammeRt profeflioH iu ctiriftîii»
nisme , & êtes vous fermeincnt réfolii de le profaC»
fèr jusqu'à la fiD , & d'agir conforméuqent à fes
préceptes? '
Je me fais afbaeUement autant d'honneur de le
profefler & de confefler ()ue j'ai vécu ci «devant
dans l'erreur, que je puis avoir cherché par le paf-
'fé une gloire à en faire peu de cas. Ma réfolutîon,
qui fe fonde fur une conviftion entière , & non pas
{lar un fientiment aveugle, me donne i'efptfancecer*
taine, que j*y perAiterat dans toutes les drain"
ttances,-& que j'agirai en conféquence.
Etes vous aiTuré, de n'avoir ppint de haine
contre ceux ^ que vous comptés être de vos enne«»
mis , nî contre ceux , qui ont avancé le malheur^
dans lequel vous vous trcAives ?
N* étant natlirellement pas d'un tempérament
vindicatif, je le fuis d^autant moins dans ce ctts,
parce que je crois , que les perfonnes, oui ont caa-
fé mon malheur, ont exécuté la chofe aans la con-
viftion , ik dans le deffein d'avancer le bien du Roi
& du Roiaume. Mais je fupofe, que quelqu'un ait
agi par une animofité perfonnell^ , je veux bien
l'oublier avec le même empreiïement.
Demandés vous pardon de' bon cdenr, atout
ceux que vous avés ofenfés (ans exception?
Cotfime Je me repens iincéreroent d'en avoir
efenfé ptuiieurs, le moins que je puis faire, c'eft
de demander pardon à ces perfonnes.
Etes mus afifnré d'avoir toujours dit la pure
vérité devant vos juges, & dans, les entretiens que
nous avons eus enfemble , & que vous la dir^ à
votre défenfeur , en ce dont vous ferés obligé de
convenir^ p^ raport k votre défenfion pour votre
défenfion ? •
- Je ne faurois me fouvenir d*avoir dit, de propos'
délibéré , df s menteries & mes juges , ou il faudroît
que faute de mémoire , il f 'y fut gliffé quelque cbo-
w de faux. Je bç faclie pas non phis d'avoir man-
que
* ,
t95
jfaé de-tt oàté U eiiTtrt veus^ 4è je fuis tttffi re-
iotu , de ne dire , pour me 4^f<^n<*rf > que ce qui
fera conforme ^ la vérité. ^
Sentes vous un vrai défir de trouver' grâce (le-
vant Dieu , oc cela par la réconciliation de Jefus
Çhrift, & avés vous ta confiance en Dieu, qu'il ne
vous .la réfutera pas ?
' je n^ai point d'autre efp^ranoe* qn^cn la gnice de
Dieu* & je fuis perfuadé qu'il n'y a point d'autre
moien pour moi de l'obtenir, quepar lemérite de Je-
fus Chrilt. Je tâche de m'en rendre digne par unefdi
fmcère en ce Redemteur , . & en conformant tous raea
frntimehs Hi toutes mes penfées à fa volonté , pour
me rendre capable d'entrer par ce moien en com«
munion avec Dieu. Je le pr«e de m'en donner lepouv
voir, parce que je ne fens que de i'impuiflânce oc de
in foiblefleeo moi.
Eflimés vous cette grâce, comme le plus gran$
bienfait qui puiffe votks arriver, & comme tnfinimetifc
plus grande , oue ne feroit la confervation de vi
vie temporelle f . .
La confervation de ma vie 8c de tous les avan*
tages temporels, ne me p^roi0ent que fort peu de
chofe, en comparaifon de Taquifition de cette félicité»
dont mes fentimens intérieurs m'ont déjà donné de
l'expérience.
Trouvés vous que cette grâce vous obligé %
aimer Dieu & votre lauveur , de tout votre ccBur fit
icTés vous des éfoicts, pour«v&ncer dans cet amour f
Plus je le fens, Se plus j'en fois convaincu, plna
la bonté de Dieu & de mon Redemteur faitlmpref*
lion dans mon arae, &c*eft ce qui rend l'amour ar-
dent & la reconnoiflance que je dois ^ pieu & à Je«
fus Chrill, toujours plus grand & plus vif.
Etés vous réfolu de prouver^ cet amour, envers
Dieu, pendant tous le tems que vous aur^s encore
à vivrez par une entière obéiuance k Ca volonté;?
O 4 fiipe*
ETperant cTétre «îe fibas en pTa j pefftwrfé te
X amour que Die ira «uffi pour mot, Ôt reconnoiffant
que ce qu'il a réfolu par ràport à moi, m' cil avan-
tageux à t^ut égard,. & fvir tout. en ce qu» regarde
mon ame, ie fuis aÂTuréque je.me foumettvai iatis
murmurer & fao^ répugnance à tout ce qu'U. lui
plaira.
S! par te diréftion ^e IMeu, v«tre movt de-
venok inévitable, avec toutes bes cïrconftances, qm
Sdurroieni l'accompagner, la foufrivés yous ayec
iirailitë & avjK con&mce ei» Dieu?
• Autant qu'il fera en mon poiivofr ♦ & j* cfpère
4t foufrir ht mort dans une dîfpofition agréable à
Dieu , par ta confiance que je mettrai en kii.
Etes vous refolu de tirer votre confbUitî'iHi,
cette ocaCoD-, de la Religion , ^ de ne pas arêtier '
Une ambition cacbuée ou une fermeté forcée à votre
lècours?
/ ' • ■ ■ ...
Après avoir fi fort renoncé à tout ce q^ Tupe^
Je ambition. ^ |e Smm pfrfaad^» que danx ce moment,.
îe n'eVéîTentirai aucun mouvement de cette padîon,.
mais que ma 'fermeté fera fondée , Tur les princi pes 2(
£ur les conColaiions de la Religion^ Même l'ambition
que j'avôis autrefois , n'auroit pas pu me portera Vsjf
fedatioh. Je feroit mort avec les mêmes marques.
extérieurs, /$! conformément, à me», fentimens în--
térieurs » fans avoir de la Religion^ Je n* ai «té
prourement o];^iniàtre^ qu'en foutenanJb monopiiiioQ,
Cl c*eft en qiioi j'ai fou vent afeâé de Ta fermeté. • ^
Le Con>te m* affùr», k h fi n dé cet e^Muncn, qn*3
m*avoit trés'extiftement découvert lei^ féntimeos de
fbn cœnr en to«fc peint. J^avoid anffi remarqué (à
fincérké en tout ce qu'il témoignoit, pendant qu'il
diftoit, & particulièrement, en ce qu'îf prenoît foî-
£.neu(£:'raent garde à la. ûgoification dei mots & qu' il
reprenoit fouvent l'un ou l'autre ^ parce qu'il n*tftolt
ipas entièrement conforme à cequ*ilvpuloitdité> ou
^u'il tn difoît tiop ou trop peu. Je lui promis de'réflé-
' • cbi»
i.'-
^
«liîr ibîgnewfifmetit'fitrlfes oh^rlorcs, qtt*H venait
de me faire ,' de fes fftittttient d*àprefent/ & de lui
'dire enfuîte lîncéreinent/ftiivanfcraaconViôîon, f'H»
/ ' accordeiit avec, le fens de l'Evangtle , Si fi i^ar con-
iequeittil pouvoit rairvirerder la grâce de Dreu. — (37)
' ' • . ' ■ y
Lorsque Je voiilus m'en aller». Il me pria dîs
fcller encore lun peu auprès de luu parce qu'U
/•Voit lendore quelque " cbofe k me dire. ^
* j*af réftéchi-, dit-it, fur ce dont je votis af der-»
fièrement demanda confeil. 'Je vois que n»a vie n»
.(a\iroit ^re fauvée. Je RiîS auflitranquîleliircefu-
jet , '& j'efpère qiie 'le tltfir -de vivre ne m' inqnî'eterti
vas, quoique je ne puinTepaî encore favofr, commerit
Je me trouveraî»torsquej*auraila njortdevant l'eyyeux.
Quand une fois j'aurai funnonté ce moment éfroi»-
ble , je n*aurai rien perdu» Si l'eulement je me trou-
ve en état de penfer en allanÉ â la mort, je fulsaf-
Sxivé de trouver aO'é^s de repos fk de conTolatton dans
la Religion.
5i eu cas voits aviés de i» peiné à vous remet»
♦re, je vous en feraKfouvenir. Je ne fais* à la vé-
rité, pas non pUis» comment je me trouverai alor«^
Si feulement,. d<t-R, vous ne vous trouvés pa&.
trop touché! Cela m£ tranquililVcoit tort^
Je fera» tout m©n. poffîble , ppur me conferver
éRWi ma fermeté, & j'efpère de le poKvoir, pon^u-
que je ptilll« eCpérer , que vous mou^rés en Chrétien^
O & , Mais
(37) ^^ *** fwxoit refUfèr fom etppitolniiioM^ aux
quejlions bien arrangées^ que M, la D. tf faites ife
ie fugitif revetiu lie la Religion ;^ cthnme aujfi <jt
la fluspart de repunfes fincHres-, i^ au comp'yr-
tement de ce dernier^ Les projuos du Comte ont
faw dotUB été" ajHjlés f^ yro^tofes , conuve ce di-
gne Dr. V II jugé à propos ; m^îs du confeitte-»
W9nt du Comte , - cela étant nécejJ'jUre. Le fiil
îà la fa^on dt fnnfer>fetnbleHt Itfaivi tontifii-^
*l
I5l8
Mats 11 y a UB autre fa^fc <iiii m*a forfc înqi£<«4.
Vous favés mon crime capitat Vouf (àvés, cnie
plulîeurs perfonnes, aux quelles j'ai de grandes
obligations , font autB devenues malheureuTes • par
la confeflTton, que j'en al faite. Cette conûdératioii
in*a inlpiré la i>enfée, ficen'auroit pas été moit
devoir, de cacher la vérité, pour l'araotir d*eux^
& li la tçconnoifiance jointe à ramttié ne m'y aur
roit pas du obliger. J'en .ai été extrêmement iQ«
quiet. Mais rairant , comme je le fais à cette
ieure, quand je fuis «en détrelte, j'ai eu mon re-
cours à la prière, &t j'ai bien coniideré la chofe tst
adreffant mon coeur à Dieu. J'ai bientôt trouvé»
qu'en niant je n'empécfiérois , vrai fembUblenient
uas, la vérité de f« manifefter. J'ai trouvée cjue
j'aurois très maifait, en voulant cacher un crime
par un autre, & que celi^ m'auroit non feulement
rempli de nouveaux remords de coniciencc, mais
auffi rendu indigne de la grâce de Dieu. £t ce fe*
roit trop prétendre, que .de vouloir, que je facri-
fie mon falut, pour en confervér d'autres. J'ai
trouvé à la fin, que quand même j'aurois tout nié
jusqu'à çCite heure, je ne manquerois pas de
vou? ràvouer encore, mon cher ami, & de vous
prier d'en iàire part à mes j^ges. J'ai été affés'
heureux, que de me tranqulTifer par ces raifons.
11 m'importe auflTi fort peu; que da gens, qui
n'ont point d*ldée , de ce que c'eft d'être en fouci
de.fon falut , me prennent pour An infidèle & pour
ttn traître. Ma confeflTion ne fauroit pas manqucyr
d'avoir l'approbation, de ce qu'il y a de Chrêtiénf
fenrés & bonnettes. Cependant , je fuis plus affi-
gé du malheur ^ui a été caufiS à mes amis par m^
confefTion , que je ne faurois dire. Tout ce que je
puis faire, pour reparer h tort que je leur ai fait»
c'efl de prier Dieu de leur accorder la cohfola-^
tion de ta Religion & de la ^ertu. C* eft dequoi
je le fuplie très inftamment, & fi ma prière dit
exauce'e, je fuis perfuad queé leur perte fera
'richement rtcompenfée.
Vingt
/ /■
^99
Vingt tpoîfième elibwfâen, le 7 Avril >_
J'ai fort exa^ement f éfl^chî , Monfieiir te Comte,
fur tout ce que vous aVés répondu hier à met
«quelHons. . Je n'y trouve rien quf contredire «ux
préceptes de l'Ëvaiigile. . Sa)>oré <^ue Vous «fiés
été tmcére envers moi , coiûme j'ai l|eu de te
croire, vous avés accompli jusqnes à cette^tieu-
re, par la graçe de Dieu les conditions, fuivahr
lesquelles ^Dîeu nous a promis fa grâce.
Grâces au Seigneur , répondit - it , ie repos de
mon eiprit me fert aulH de preuve , que Dieu ne >
m'a pas rejette. Je ne faurois aucunement me le
cachera moi m^me, que je me trouve bien plus
heureux dans mes fers & à l'approche de la mort,
quejen'étois dans ma grandeur paffée.
^ Je vous ferai voir par la parole de Dieu, qtte
jç ne vous donne point âe faufCes efperances. Bien
entendu que vous perlillerés jusqu'K la fin dans les
fencïmens que vous avés & que vous tâcherés d«
les fortifier, de les augmenter, & de les rendre,
fécond , autant qu'il fera en votre pouvoir , A voOtf
> voulés que les palTages fuivans vous donnent la cef^
titude de ce que vouse^erés. Savoir St. Jean 3,16.
St. Matth. la 32- St. Matth. 6, 14* I Jean, a, 5*
Bqai.8t35.39. Tite3,3.-»7- iTim.ï, la— 16.
Kom. 6, 20— 22. St. Luc. 15-^11— 32. Nous re-
paffames tous ces p^ATages de V Scritnre lainte , je
fui fis voir , que refperance ,que je lui avois don-
jiée étoit fondée daHs chacun de ce» pallages, St
qn'il yen avoit plulieurs, qui pouvoient lui être
particulièrement appliqués , comme o, e. les trois
derniers , qui lui (ervoient fur tout de témoignage
fufifont» pour le tranquilifer.
Oui, dit * il, je verrat que ma mort ne ferft
qu*un pas pénible , & que tout ce qu'elle me fera
«erdre > fera magnifiquement recompcnié.
•Quîcrtmiue, c#ntînuât-]ç,fe trouve
avec Dieu , par ta vraie toi en Jefus Chrift , & pair
\in lincôre ainendem^înt de cœur, obtient le par-
, <lon de tons Tes péchés, tout grands & tout diférent^
qu'ils pniUeut être, malgré la longueur du f^tm*
. quMl jjtiut avoir prodigué pour les commettre. Die»
le regarde, comme r il n'avoit jamaîi pécbé« fit ne
lui dcplai Tant plu $, il rabfout du tous les châtimens»
.qu'il a mérité d'avoir dans réternité. Rom. 8* I*
. I Cor. 6, XI. Les péchés qu'il pourroit àaçme ea-
co»e commettre après fa-converi'ton, par foiblefle&
^par précipitation, mais qu'il se faut pas confondre
avec les égaremens, fait malicieufement & k defTein»
ne fui feront pas portés e»« compta, t Jean 2, I.14.
Vos pechc's étoient certainement énormi?s , îf»
l étoTt nt innombrables, & de dTx mille pécheurs, tl f 'ei»
■ eOpeiu être & peine trouvé un fful, avec de fi boiv-
• nés dîlpolitiojis naturelles, jj ni foH devenu afTés mé-
chant pour caufer tant de nml dans le mondé ♦ qtte
«vous. Dès votre tendre jeunefTe, toute votre vie
.n'a été qu'une fuite d'cRaremens, j^isqti'au tems
it>u le nuage de vos erreurs a commencé à fe difft-
-per. Plus un homme a de bon fensi de fèntimetit *
. moral & decanrlçur naturelle « plus il f^ut que fon
. jugement foit rigoureux de\»sint Dieu, fi malgré cela»
. il devient pluK nt«^chant Si qu'il fafTe plus db raal que
d'autres , qvi n'^ont ces avantages que dans un pe- -
. tit degré. Quelle fentence n'auroit - ce pas, été»
.que celle que vous aviés à attendie dans ce ftraad
! jour (le jugement l Quel éternité terriiilc & époit-
■ .v<intable n'avics. vous pâs à craindre! Mais apUqujé»
. vous maintenant les paroles de St. Paul i Tun. X»
13.16.. Ils VOU5 conviennent fi bien , comme fi el-
• les étoient écrites pour votre coniblation. Dite»
avec une convittion entièrement bien fondée. Cet- ,
:.ttî parole oft certaine &-. digne d'être entièrertie«t
reçue, quejefus Chrift elt vemi au monde popr faa--
ver les pécheurs. Vous étiés du nombre des plus
' grands pécheUTs i' mais il vous a été fait nuléricor-
• de. Dieu & votre fauveur vous ont fait voir t'aboà-
dance de hçur patience & de leur bonté,- pour doiiAtr
' c^mple k ceux qui doivent croire en Lui^pourra vie
eteç-
W V . . - «
«t«ro«lk. J*efpér< fliie4es.yeux d« tont le monde
^tant tvaintenant 0t;tachcs fur vous & votre irr^n^ion,
de ^néme que vos inclinations vicieufes ^tant fi çé*
néralement connues, il y en aura b^-aucoup de cc.ux,^
qui penfent& agifleiit encore de.raême, qui. feront*
liortés, à un pareil amendement de cœur ^ P^j^f ^
ttpuvélle de votre converlion fenllée & lincèré.
^ . . Vous voilà donc difculpé de tout de^'ant Dieu,.
ég. c*cll lui qui vous re:gârd€fa, cowinae li vous n'a-,,
. vié& jannsiis pécb^/ Il Te pourra « que des hommeji
Jugeront encore no'al de vous , mais f ils font Chrêf*^
tiens, ifs ne pourront au m'oins pas .vous haYr. Leur'
fjxoprc confcience pourroit peut être les faire foiive-r.
tnr\ qui vous a vés. été 4 mais elfô leur dira a uili que.
vous pentes ^ qpe vous agilles liiieux que voiu&,
a' avé» (ait. Vpf ég^remens feront fuivis de puiû^,'j
tÎQEi temporelles: mais la mort efi feraauOfi la fin..
Il ijVy a' plus rien à craindre pour vous dan*'
r éternité, mais tout à, efperer; car là où il y a
pardon de péchés il y a aufli falut, ée vie éter.
neUe- & les péchés que vous pourries encore çàm--»'^
mettra paV foi bl€ffe « nefauroieiit vous ravir ces*
avantages. — Nous pnrlame* auHi en cette ocnfioci'
delà pénitence' jounnriiére.' Je lui fis voir en quoi
elle confille, & combien elle etrnécefTafre, pourn*
nous pas mettre en danger d' être vaincus de peu k
pta , par nos défit^ & à reperdre nos avantages.
Il me répondit,» qu^il «voit déjà été convaihcn #
de IdL n^tffié de la choie par fa méditation ou par
lA lefture; Wenf qu'il ne l'ait pas penfé fous ce nom
îà. Je m'examine maintenant, tous les loirs, me
dlt^il, pour voir, fi pai fait ou penÇe quelque cho-
fe, qui pniffe être xléfagréable à Dieu, & li je le'
trouve , j'en d<»mande inceffamment pardon ù Dieu,
•au nom de mon fàuveifr,' & je rértôré ma bonne
rôfohition avec Tes motifs." Il me femble , que
je prie mainteftéirt Dieu avec plus de gaïetédé cotur,-
que ci-devant. Je croiois toujours, que j'en étois
indifpie. Cependant je me fuis poiirtimt fouvent ha-
sardé de iprier Oieu j 'en me confiant *en f» honté>
' '• ' Rendes
2ù%
Rnidés vôiM donc âuBî jouroeUement grâces It*
Dteu , dans vos prières , continuai - je , de ce qu'il
voiis «porte, par ta force de la vérité, à la croian*
«e en Jefns Chrift & au chang^fment de vos fenti'
mens , qui vous mettent maintenant en droit d'être
«fTuré, qu'il Ji'y a plus rien de condamnable en vous? ,
Lui rendes vous grâces , de ce qu'il a tourne votre*
attention du cdté 'de votre état moral , de ce qu'il
vous a doifné la volonté d'envifager Vbtre mifère.,
de ce qu'il vous a difpofé à revenir de ce vos er-
reurs, par le feul chemin aflfuré de la convifHon,
& d'aller avec empreflement au devant de la vérité?-
Lui rendirs vous grâces de chaque attendriflemenc
falutAire\ que fa parole a eau fée dans votre ame, île
chaque bonne penfée , qu'elle vou» a iafpirée , de
chaque fainte réfolution , qu* elle vous a ocanon»
née, & de toute U ftiite des idées & des reflenti-
mens , dont votre vraie & fincére converlion a été'
' la fin-?.
' Il fe fouvint ici avec recônnoidânce, de la gran-
de ImpretHon que plufieurs endroit^ des livres qu'il
avpit lus» & fur tout de rhilh>ire de Jefus*, avoit fait <ur
ion cœur« & avoua que c'étoitpar ce fecoursque ia
difpofition , à chercher & à recevoir la vérité, avoit
de peu à peu fortifiée. —
Je fuis convenu en moi même, dit encore la
Comte, un moment avant que je le quitte , de ce
<^\xe je ferai à l'égard de ma déret>rton. Ma vie ne
uuroit être confervée, & je ne puis pas non plu»
jufKfier mes Muions. Cependant je croi pou vohr mon-
tfer,qu'il y en a philteursi de moip^ mauvaife6,qu'elles
ne paroilVentêtre. Car vous tavés, qu'il y a une difé*
rtnce de juger fa conduite morale & politique de-
« irnnt Dieu & devant' le monde, je iais comt»en toutes
les miennes ont été mauvatfes, en ce qui regarde la
morale, mais 11 ne f>n fuit pas, qu'il faille qu'une
chofe moralement fort mauvaife, le foit etr-u»
même dégic . eu la c6niidérant politiquement.
Je me contenterai de faine voir , . & je ne (àivroid
plut faire,, que Im'façut^i, que i'ai faitts eontre
* ]
20i
IftpoUti^tie, ont été Ifa Ihiilsde Verrcar, ^ te
précipitution & du défir, & non pas des Qkites d'un,
oefTein prémédité, de caufer du m^. Je, croit me
If devoir , K moi , k la vérité & même à lu Religion «
amant oue ma converfion peut lui être avantageufi»
eu nuirible^.. Quand mente je con^erdrois tad-
. tement , que j* ai eu de mauvais ddTeins , dont je
1^ faurois me fouvenir * , on pourroit r'HcileiiMïni
{>;cndre ma convèrtion pour une fcibleiTe ou. pour
'.éfet d'un efprit troublé, elle qui eft le réfuitat
d' un examen, férieux & confosme à la rai fétu On
poarroit dire, ,que celui* auquel il elt mdiférent.
Su' ou le prenne pour un homme féduit par l'erreur,
(pas fes palTions, ou pour unfceltïTatachçvé* peut.
tout amli facilement facrifier., avec la même légère-
té. Ces fentimens de la Religion.
Je n.*âv6is rien à répliquer, par nport à cette
réfoUition , & je crus devoir me borner à le prier*
de n« pas y penfer.
Vingt quatrième, entretien du 9 Avril
J'avois formé le deffein de continuer, dans cet
entretien, l' examen des avàmagi^s , qne le Com-
te avoit à attendre de fa converfion. '
Dieu eft réellement porté par fon amour, lui
dis>je, à rendre les hommes au/fî heureux, qu'tt
elt poffibi|e de les rendre ,■ 9f leurs péchés font la
feule caufe qui peu,t l'empêcher. L'amour de
Dieu f* épanche fur eux. avec tous fes éfets»
dés que cet empêchement elt levé , tout comme u. e.
les raipnsdu foleil fe répandent dans une chambre,
dés qu'on en ouvre les contrevents., Deforte que ft '
les pîéchés font pardonnes au pécheur, f ' il fe garde
de nouveaux péchés , dans fon amendement, k ft
ptea l\ki pardonne, comme il le £ut éfeétivement,le9
fautes
V
/^
fjȈtet qti*ft poUTToSt: encore coMmeetrev'-U n!^
jjOr kqoeîte l'amour de Dieu a été empêchée de fe
montrer «gilTame en fa faveur & de penfer en
même tenis avec «onfiance & avec joie à 'Dieu/
fe trouve levée. EfaS'é 59, 2. Kfaie l, 'TS- 18.
H ett' eu droit d'attendre de Otçii tout le bren qu'il
peut lut donner « doat il <efl rufceptibie, & que la
fagefle de Dieu trwive avantageux pour lui, U lui-
€(t permis de prier Ofcu avec des ientiniens filiaU,
^ n'a pas lieu cie craindre. d'être ind;gne de conapa-
roître devant la face de l'Etre fouverain. Rom . 8,*
Ï4-17. Roni- 5> I' 2. I Jean 3, 19 - 22.' Qaicon-
<^te «H: donc aHinré d^i pardon de les péchés jouTra
d<u rep«s de V&tnes & fera a<Ttré dans les p4as graa-
des calamités > d'avoir Dieu pour père & pour ami.
Rom. 8» 28 - 34.
Je rae nr»i« enfnite k apliquer toutes ces vérités
^riéraies fur 1« coiji^te. N'oubliés pas un momeat,
lui dis -Je, & non pas*mème''pendant les plus épou.-
vantables de votre vie, que vous avès part à' cette
grâce de Dieu. Ç*eft avec plaifir qu'il tourne fa fa-
• cp vers vous. Votre falut elt précieux à les yeux
Sk Q^ett avec amâur -qu'il f Vxntpe de votre féltctbé^
Vous pouvés attendre avec confiance de Ta ç;Tace,
tout ce qui peut vous êtpe Utile, & quoiqu'il vous
Hrrivc, tnême la punition temporelle de vos péchés,
tntn-ne h votre grand avantage: car cellr vous arri-
ve fous la direftîôn de Dieu, qui vous aiiiie, &(pii
ne celle pas un moment, de prouver ft»n amour en
votre perfonne, C'eft au moinp avec une efpéc*
de crainte, que vous lui avès adrelTc* vos ptiôres.
Vous favi^s qui vousyL-tiés, favoif un pécheur, ua
apottat. ' Vo^js iaviés qui étoirDîeu, le faint des
faints. Vous voila maintenant dans la coTrefpon-
dunce la plus fafiuaire avec lui. It eft votre père,
& vous fon enfant. Vous pouvés prier Diea avec
confiance âz attendre avec certitude, qu'il vous
donnera tout ce que vous lui demandés, & tout ce
<jtjî eik conforme à fes vut?s bienfaifantes. Mainte-
nant vous êtes en état de vous expliquer, d'où
vient îe repos de* l*«tpe, t^ue vous, avés déjafenti
-depuis quelque tetos, & qui fi.» fortifiera d^ «prê^
font
-/
^nt dfe' pïù« *n pins i «n devcMht îiide(tmaible.
Sôuvenés vftius de I jours que vous avés paffés dans
la volupté & dans Ui grandeur mondaine. Y enavoit
il Bien \m feul, qui fut liferein, & ii, plein d'un
vrai contentement, qiïe vous eft maintenant ie
tems de votre prifon & de vos fers?
Vous «vés faifon, me repondit -il, & qui^id
t^nême riénnem'auroic rendu oaalbetireux dans ma
fortune , ii eft certain qu# i'infatiabiiité de mes dé-
firs , que , ia. fréquente joutûance ; ne pouvoit pa3
ûitisf^ire, me l'aufoit caufé»
Ne fentes vous pas déj*> çûntinual - je s que
même l'heure de votre mort, ft l'exception feu-
lenàent de la ^ crainte natureUe k. des ciccoali^nces
éfroijibles, n'aura rien ..d'horrible ni dfin^pietane
pour vous? C*eft dequ€ii je fuis perfuadé> dit-il, cv
Je fajs où je ferai con^duit par U mQrt<, , Je fis fou»
;venir ie Comte, qui li en cas fqn coeur fe trou voit
ferré & inquiet, le dernier jour de fai^ie, ou en
allant àU ^on, il ne de voit pas prendre celtt; dé*^
trelTe pour un manque de r<epos d'>ame , que fa- re-
pentaDce iinçjère lui donne dfoit d'avoir ^^ & qu'il
relTentoit déjà aftuellepaeni. Qu'il ne fauroit per-
dre ce repos que par une recliûte* h que pour
l'amour de l'erreur & du péclié. .Et que c'étoit
de quoi j'efperois certainement que Dieu le f^réfer-
veroit. > ..
Ceft fimplement pour V amo«r de ce chang«^
ment avantageux, de notre raport avec Dieu, coii-
tinuai-je, fimplement pour l'amour de ce repos
de l'ame , qu'il vaut bien la peine d'être Chrétien,
& de ftiffoumfettre aux demandes de l'Evangile, biert
qii'elles paroitTent être contre lanature & dificile
à coiriprendfe , tant que nous ne les connoiflbns
pas encore 9g. que nous ne pénétrons pas ce qu'elleis
ont de raifonnable & d'influant fur notre félicité. Mails
pieu ndus. a. encore promis de bien plus grands avan-
tages, par raport à la réception & à l'exécution voloh'^
i P tairç
*
*
taire de 1« vérité. Un liTtnîr biiSA hearvox ,àot
^tre la recompenfe de notre diangemcnt de cœur,
après la mort. L'efpérance que !e Chrétien a d*j
parvenir, lui donne d(;ja en qbelque forte, cette
félicité ici bas. Bom. 9« 24.
La liafîon , dans laquelle Iç dorps & l'am* vi-
vent en cette viev fera levée par la mort. Le corps
fe détruit par la corruption. Quailtà l'ame, la
raifon nous aprend, avec beaucoup de vraifeinbUince ,
'&Ik révéiatiOB avec certitude, au'elle ne meurt pas.
Pour ce qui regarde l'état de rame du jude, pen-
dant & après la mort du corps, T Ecriture nous
Hprend qu^eUe e(t entre les mains de Dieu « en la
' proteftion & en fa faiivegarde. Pf. 31, 6. St. Luc.
^, 46V Aft. 7« 281 Elle fe trouve &uvée de tout
mal, en Aireté cone-e tout danger, & par consé-
quent aufll contre le danger de perdre encore votre
prochaine félicité. 2 Tim. 4, 18^ Elle elï aujuiès
d« Chrilt, en union avec lui , & par conféquent dans
U ponfeffîon & la jouYOSince de la félicité celelte.
Phil. I,2T.> 24. La révélation ne noi»s en fait point
d'ouverture plus précife & plus ample. Mais H
n'elt aufll pas néceffaire que nous en fiichions da-
vantage, pour nous bten tranquilifer. — Le Comte
me fit encore fouvenir Ici , - des paroles de Jefus
Chrilt: Tu fieras aujourd'hui avec moi en Paradis.
Vous voilk maintenant fort proche de ce chan>
4|iiment û^lutaire, lui dis- je, en «pUquant ceci Cûr
lui : elle yous e(l falutaire , fi vous mourés dans les
^«ntlmens , que vous avés h préfent. Votre tor^y»
jouïra du repo$ & fera détruit dans fon repos. Cé-^
pendant votre raifou vous «prend, qu'il ne fe per-
dra pas un grain de fa poulfiôre, mais qu'il reliera
dans la nature & fera connu & confer\'é par le Seig.
neur oui fait tout. Quoique vous ne puifliés point
' vous former l'idée du plaiiir, dont jouYra votre ame,
dans l'état de fa féparation d*3ivec le corps, vous fa-
yés pourtant qu'un tel plailir cft polfibie. Car fl
>î>7
r^ 1 tAe» pUiritt <i^efprlt> «ux miels le cort)S h^a
'jkiicane part> cotnine p. e. ie 4eHc9 qu^on trou-
■y9 dans U connoilTance de la vérité « 4ans f «f-
fiimncie <(e ^ohs Centimeiu & dam les «ftiorts.l>—
Quand même te ^«e l*ott |3ttttltev die te.
Comte > que i^ame fe trouvi^a , pendant fa répa-
ration d^avec te corps « dans un <tat dMdées &
irie fentimens «bfcurs, ou daus un «fi'ouplilement»
«clà ne ra'hiqttiétecpit en «ucime oMniére. Car
•je fupofe , oue mon «me ne fente i>as fa prél^n»
ce, de qn^elle foit, bien g:ardée> elle n*ea fou'-
friroft pas. fit quand tnéme fon uRbupinement
-feroic de ta durée de mlUe on de dfx xtAWe an*
«lées, cela ne la rendroit aufii. pas inalheureufei
' car elle ignorernît tout> pendant cet «floupifre-
Inent, Mais il m^eft inaniment plus «gréabte» "
-«iouu^t-iU ^^aprendre par ceS'paflfages «tiegués
de -l* Ecriture fainter qu*elle parviendra , d'abord
«prè^ la non du corps «. A U joutfianee dt 4
i'aa'urance de ùl félicité.
. DieuaproitatS) Un dïs-^je là deffus > xfùà iet
iMnet'des juf^ feront bien, pendant leur fépa*>
Vfttion d^avec le corps. Ainli la vdtrte ne tnan^'
«uera nafTi pas de contentement & de joie pen-
>dant cet intervallev Dieit la ^rend^ en <a pro-
teftion dt en fa garde. Et quel eft T ennemi dt
l'accident qui fera en^ (Sut de In! nuire l Elle fe*
ra délivrée de tout mal. De mémeiiuAi de^tou- .
tes les palpons désagréables, de toutes les crafn--
tes de la confdence de fur tout de tout péché.
Vous êtes encore toujours dans l'incertitude, lH
vous perfifterés dans votre umendement faiutaire.
Vous ferés encore toujours obligé d'être (ur vos
gardes contre l'erreur »& te péché. U faut^que
vous fafliés ce que dit St Paul aux Pliil. 3> I2>
14. C'elt «lors que votri^^ ame fera pleinement
•ifurd* de £9U fidat^ «lie fe ftra déjà faifi, de
P Z flMl
^o8
fon joiau ^ & H ne hii fera plus pofflble de H
dre. Et ce qu'il y a de plus elle (em après 4e
Chrift. Par coriféquent elle fera dan* M com-
munion de votre fauvetir , & plus près de ffi pr4r
fence. Pourroit-il bien manquer de félicité & do
Joie» lui, que Dieu a établi feigneur de toute eho-
fél Quand même votre amen'auroit «utreraenc rien
à attendre; de votre union avec 4ul, elie ne fai^w
roit manquer de fentârim plailir inexprirnàble» d'a-
prendre à le connoîtne, lui & fes fefttimenc , dr
fe familiariser avec eux ♦ Se de croître en fon «r
mour t qui fera une des plus grandes joies & des
-^félicités de l'avenir. - \
Bieii que l'Bcriture faj^te» dit le Comtes ne di*-
le pas grand' choie de fixe, de l'état de l'àmei, pen-
dant fa féparatiotl du corps-, ce peu. nous eft'pour-»
tiint.fort çonfolant. Si Dieu'jsvqjt irouvé, qa"A
fiit néceiVcijre & utile de nous .en- infortner davan«>
tage, cela ferait au fli arrive. Il âifit-, pour tran*>
qui li fer mon ame^ qu'elle fe trouvera encore entrer
les mains de t)le\i. I^ais jugés du chagrtaque je
dois avoir, ajouta -t-il, de ce que la dételtable
penfée, qu'il n'y a peut être point d'éternité, me
revient auelqtoè fols à l'efprit Je-ixie fuis encore
fort exanement, examiné aujourd'hui; pourfavotif^
fi jy trou<ie encoi^ quelque fecret plaifir, ou fi j'y
ajoute obfcuirement foi. Mais je vousprçtefte* que je
n'ai trouvé ni l'un ni l'autre. )e ne trouve pas
la moindre vraiferablance pour elle , & les fortes^dc
nombreufes preuves du contraire font toujourjftie-
vant mes yeux. Cela m'interelTe fi fort, par rapore
à la grande conviftion , que j'ai à cette heure , que
je ne la perdrois pas ou que je ne ferois rien à def-
îeiu contre elle, pour tous les biens du monde.
Quand même je ponrnois aquerir tovis les avantagea
temporels par nh crime, diît - on, ne le pas crofre
ici bas , je fuis afluré que je ne le commettroi» pas.
Quand même on me doîmeroit i'afl'urance certaine
de la conferv«ttton de ma vie, & de' mon entier
retabliflfmeutrdans mon état préciktenty k eoaditki» .
. . que
I
I
*09,
^ùe'jft rfc^q»iê^*>' conffe'flRôtt qnef^î'fSiîle, de mes
crimes & qae^e confirme par fermept*, ce que je
pourrois eiKore dire » je fuis convaimru , que j'ai-
merois mieux mourir que de retrafter la vérité &
défaire [©ferment. Je n^penfero^s certainement
pas ainfi, ii je n'étois pas aOuré de l'éternké, mais
je fouhaitefois & je croïrois t^en plua y que ce n'eft
ijn'uhe pure chlmôjre. Je vois maintenant ce qu'il
en coûté, pour e^ctermiaer les faufles idées , qu'on
aoit bien alfe d'avoir.
^ . It Skvoh achevé de lire les fecmons de Spaiding
& il m*aiTHra , qu'il en avoit été fort édifié. Il ayoit
envoie plufieurs de ces livres, qui avoient le plus - -
contribué à fôn amendement , & à ion illumination,
à fp^n aiï^, te Comte Brandfe, en fa veuf duquel il'
pré&oit un foîn des phis tendres. Je hil avois dé-
jà «porté les fermons de paflion de Schlegel, k l'o-
CHfion de ma dernière vifite, & je lui remis pour le
préfdht, le tivre Me Doddrige , qui traite du corn-
jHencements de des progrés de la pieté.
n me pria auflTi , d'écrire à fes père & mè^e,
& de les confoler par les nouvelles que je pourrois
ttiaintenapb Leur donner.
Vingt cinquième entretien, le ii Avril
1772. •
r^et entretien n*avoit poînt de fîn fixe. Neus par*
^^ lames de plufieurs vérittîS de la Reliftion. Ce-
pendant je croi« que ce qui fuit , eft digne d'être
remarqué.
Quelqu^ln avoHa depuis c^ueloues jours, «a
Comte, qu'il n'aimoit pas de lire la Bible, parce
^ue te ftile n'en éfeoit pas moderne.
Vous avés fans doute entendu parler de Sully,
lui répondit.le Comté. On le,prenoit dans fon tems,
pour un des plus grands hommes , ^ on le "
reconnoilToit pour tel. Ce grand homme f'étoit
P s' «rou-
|toi de France le fapella. La C<Afr de France
«voit quiftlé la vieille nwxie des babiu & adopté 1%
mode italiemie« pendat^t ton abOence. SnUy^tott
relté fidèle à la vieille > Jk pajrut ba&illé à la mode,
qui n' étoit plu» d* ufa^e^ £t tout grand homme
qiVil étolt, â( qu'on le croioit^ il ne pat pas em-
ÎécUer que le» jeune» courtifans, ne fe vient de
\\\s Vous eu faite» jul^ement de tnéme* Mon-«
£eur« ^ r égard de te Bible. . Bien qn^ ce foit ua
exeilent livre» il ne vous plait pas « parce que le
Ion» ^li y ré&ne» n'eft(>a$ conforme à cehii de nos
jours. Mais vous devrié» faire réiIéxion« que les
Auteurs fâcrés otit écrit pour leilr tems, & qiV ibk
ti*ont peut être pas cm, que Dieu fe fetviroit enco-
re d;e leurs écrits , Après tant de fiécles » pour Ulu-
«i.iner le monde. Mîu^s c' ell pour cet éfet, qu^il nous
les a confervé$^ Comment vouttifi vous q^m^ cfcs
koromes aient pu fe conformer augoutd'aujoiud'huif
le fupol'e qu' lU l' aient éfeâiveoient fût , oh pu
taire » leur» écrit» n' auraient pa& eeuvenû» à ceux «.
pour le^qiieU K» ont été ûiits ^ favoir, leursc«nteni>
porain». CeiBc*ci n'autoient aacuncnieutpulesen^
tenutre » 4U Kea que ne^ ne manquons pas de fe«
cours > pour nou» familiaiifer avec leur manière d' é-
crire,. & m^oie pout U trouver ag^ésble & excel-^
knie*.
tes moenerie» de» esprits, fbrts-» par raport â Je-,
(us CbriU ^ ûi do^rine, me dit le .Comte « en cette
•calioo ^ marquent viCblement ^ qu'ils^, ne veulent
pa» en agiiT âncèrement. G'eit généralement une
impudence,, que de fe- moquer d' ua bomiâe ver*'
tueux:.. L^expre^n antique ftiafité de- l* Ecriture
iainte ,. ne fauroit aufll» être la raifon ^ qui pujfiCe !€>&
autorifer à fe moquer i cair i^ ne fe tient pas desau^
cieoRe» écritures , écrites dans un tPiX toujt; aufli an*
cfeiv. Je ^uis pecfiiadé\ que f '^âs lifoient,. p. e. lee
livres de ContuCius. ils ne fe moqueroient pas de
ii^n (bile ,. mais . qu'ils loueroienfc fa morale. G' eib
«inii quMU. exaltent tes.- fables, éi^^o^x. mois 1rs
\
•iftnpai«!fca« ^ ttg rêHts ié'f^m Hé fawoieffi
Jciir pJaire, «juoiqo'ils foient puiftJs d'une con--
nniflVince bien plus profonde, de la nature, qu'ils
aient une morale plus abondante, & qu'ils font pro-
pofcs av»ec une fimplkité bien plus noble, que tous
les écrits ' de cette forte, des anciens & des nou-
veaux Auteurs. Il faut donc que ceux qui f«
moquent de lui, aient quelqu* autre cbofe k redire
rfontre lui , & je ne faurois pas ce que ce pour-
roit être," fi ce n'eft la révolte dé leur cœur con-
tre fes préceptes.
...■/-
Le Comte avoit eu, depuis quelques Jowrs,'
la permiflion d'écrire, & il me dit.
qu*il les emploieroit k mettre par écrit le raport.
de £a converiion, qu'il avcHt promis de ma laiffer»
Ce me fera un legs fort agréable, !»*> répondis-
je. Ecrive» ayecTiéfléxion. J'efpére qu'il ne fera
pas fans éfèt. H fervira de monument aptentique ,
de vos fentimens de ta Religion & de la pieté. C'elt
pourquoi je votis laifle à vous feul le foin de mar-
quer & d'arranger vos peilfées. je n* ofe ni ne veut
V prendre aucune pan , &i tout ce que je puis voua
dire, c'eft cbiwnent il faut qu'il foitdreffê, pour
être conforme à votre but. Votre deffein eft en
partie d'éfacer les impr^ifions que vous avés fai-
tes fur d'autres, contre la Religion & la vertu
Il en partie» de rendre attentif pluûeurs autres
égarés, qui pefifent tout comme vous avé» penCé.
U faiidr* donc qu'on y trouve vifibleraent le caan-
«raent efettif de yos fentimens à l'égard de la
RdigiottjSç de la* vertu.. Mais il faut aufti» qu«
vons faltiés voir en môme teras la voie par^ la-,
quelle vous êtes parvenu à ce changement. Je
crois que ceià eft- néceftaire, à fin ^jue perfonne
ne puifTe dwitcr de la vérité de la chofe. Quant
iuix expreffions, il faut que vo^s* tàchiés de les
choiik de manière, que des gens du monde,
B'IKI foient pas choqués & qu« d'autre puiffenç
t
cheqmét fr que 4*aiikre pnfOfitA êtrtf !fl««iiteft»ble-.
meut convaincus » que vous ûte» devenu ChrSUen.
le tâchera», dit- il là deiTus, de garder conti-
nuelietnent ces règles devant -les yeux. Mais 6 en
cas vous trouviés,^ aue j*aie manqué, que je n'aie
pas bien compris telle & felle vérité* & qW'il y ait
quelque chôfe de choquant de côté,, ou d*^autre»'
irons lerés feouioucs en droit de le corriger.
Non , Monfieur le Comte, je n*auraî pas leceiï-
rage de corriger le moindre mot. k fe trouvera
toujours des gens. , qui feront paflec ce mémoire
pour être fupofé , & c'eft pourquoi il cft néceflâire
<fe rendre dompte* te phis exan dans cette affaire-
' Il ne feroit de long tems pas fi choquant fi en dé-
couvroit ça & là , une idée irregulière, ou une ex-
preffîon fouffe , . dahs votre mémoire, que R- on avoit
le moHidre prétexte de dire, qtflt n^tiï pas entier
remeut de votre- ouvrage^
Hé biea» jrécrh'aî donc fur du pâpiec à grandes
marges , & A apr^s l'avoir foignéufement examiné»
' vous trouvés qu'il, foit néceflàTre, d'y faire^des aug-
mentations, ou des chaugeraens en conformité d»
ma convi£^ion , je les ajouterai etx. propres- termes
& de ma maiiu
Je ferai part k mes Lefteiirs, dés endroits fui"
vans , d'un écrit que le Comte avoit fait le même
four, en me l'adreflant, & qui interefle fon cœur»
propres à témoigner avec certitude- 1» dif^ofition ie
les fentiraens.
Jç vous confîe mon cœur. Vous êtes en dioie»
de lire ce qui fe pajlfe dans l'tntétteur de mon anne.
C'eft vous qui l'avés éclairée. Vous voies vous
même , combien mon coeur a été déchiré , pAr lu
douleur, le repentie & les reproches que jie flw fais,
. • T- ' * par
«»5
]pnr rafort' îmm cwé^àte paiTile/. . (36)"— Ma coq'^
, fcience me fait tes reproches les plu& «mères, d»
l*imprefl5on, que mes 'exemples & pies difconrg
peuvent avoir fait- t'ur .^'autres ♦ contre la. Reli-^
gton. . Ce feroit une^conrol^tion pour moi^ ft j&
pouvois contnhue^, en quelque manière , it t'éfft*
cet, Monefpr^t, mon examen. Si ma médib^tiDn»
m'ont convainc»), mijl n'y a point d'autre foufc©'
de félicité, que celle que la Religion ;;ipus' aprené
J> coiMioître. Oqn*il feroit à fouhai^er , que ceux-
oue j'ai fedtiits, làchentandt de C'en convaincre! — ^
lk.r& fAuviendrontckii inécdnfcentemei^t & dcs-'in's
quiétudes, que l'éloignement de la. vertu leur a
c^îfé, & du peu <^ l'atisfa^ion; que les dilh^fHons
âc le» diverti ffemens ont pu leur donner, fMçrions,
nous t)ien efpérer d'être tr-anquiies, 'lorsque la con-r
fcience nous faib des reproches & lorsque nous fen-»
tons intérieurement que nous les avons- mérités.
I^ous pouvons- bien, nous étourdir, mais nous re*
venons- toujours h nous mêmes. Si qjian^t ce né-
feroit que dans le malheur: Quelle elt donc notr»
confolation V- EiL- ce le fouvenir du tems paffé ? i^
efc plein d'armertume, tes objets qui nous interef^
ibierre, nenous touchent maintenant, quep^rlecha-^
g«n de les avoir perdu» ! Eft - ce l'elpéranced'utt
avenir heureux V Notre fort ne- dépend pas de nous
tsêraes l Laraifon ? Elle- fe- trouve opriinée Ôc
/ .- .*.,.,.
(36) -W y afms doHttf isi ^na de c§s peirf «citons fti-*
perfluës-^ ou du as répétitions , «pii, fuiuan%
Ib jugement da peauconp de ledtetirs 'de l'fpfloirek
d9 csftte conver.fion , amplifia inutilement ceti
écrit , & qui ne dontte point de nouvelle ou de
fiififantH nPiMrritUi'e d Vatientioih. De petits.
extraits auraient été les bitnt-venusici. Le qu'ott-
(Ut y que le Jlile de Mr. h' D M. & ului du.
Comte font trop conformes ,^ étcordanU^ àf
non .feulement bien jouvettt difuSy trois aujj*
. quelque fois trop étendatS-t poùrfU bien itr.q
vrêf>
•H
la puifibnfce -voix de la cèiTfc te i i ef pénètre nm^f^.
t*Ue 1 Supofé <)u^it.ro!t poiftbie de nous tninquiU-
itr, fur- la dedinée de to»ite notre vies, ibrames.
n us donc iiiit$, pour cette vie ? Tout nous ett
■éprouve itt contraire. L'éteriiitt ne fc prëfente à
huus âc ne nous retnpUt de ci^uite, que lors-
que nos i'entintens ont été irréguliers & que nos
jiitionj» ont violé l'ordre pr^fcrit par la Reli-
gion. — Nous ftHihaiton» d'être Heureux; c'elt'
ce que nous fouhaitons tous, Sf c'èlt ce que j*Jii
(««h«î^é de même. Pour y parvenir je nae pcr-
mettoi^ tout ce que je croiois ne pas étre^
BuiAhie , ni à uior , ni k d'autres» Ma raifon^
condHite par mes paflîons, étoit ma condu^ricé*.
^ je rae fixois tuivant les principes qwtt j* avois.
puii'és d'une morale conforme à mon .goût.
J'efpcrois de prévoir pi^r ma prudence, les luites-
ce «.«es niechantes aftions » que je croiols moU
mt'Uie indiférentes. jle he maaquois pas de -rai-
fjtM pour leii Iproire acordantej avec tna féticité^
il celte des autres. — QueUe raitbri n'ai -je pas..
ttiainteltatit d'ablKirrer ces principes, quand ce ne
feroit -que« parce qu'iU tn'oiit féduit k reodre
Biatheureufrs des perlbunes,. qui mériteient feout^-
loAi^ re onnoLiVance t Joint àcelàv it y a encore
une rniÉon bien plus forte, que je reffens depnia
fue ]a Religion m'a t'clairé, e'ett que j'ai ofenfé.
tieu par là.. Jt^igés marnteTiant de la vivacité de
jai» re^^entance & de mes tourtuens \ C'eft un
bonheur pour n>o^; de ce que cette connoiHance
m'a fourni eil m€me tems , tes moîens de. re-'^
vet»îr de mon égarement, d'éfacer mes péchés.
devain luiV & de me rendre fuCceptible de fa
g:race, par un repentir iuifère,- par la foi que-
j'ajoute aux vérités, qne Dieu^nous a révélées
& par la conformité de mes (entimens à fa vo-
lonté.. Voilà ce qui me confole & qui fak l'uni-
que eonfolation qut me Wfte!' J'adreffe mainte-
mint mes vœux iincèresV & mes prières à Dteu,
fe OipHant de ramener dans le chemin de laver-
K»» les amis que j'ai, pervertis par mon exemple,
& par mes dUcoucs^ Je lés conjure de ne cher-
cher
ohcjr leur Wîrité, qné ^ant '4CU« f<9urce, {(C: «le
n'tfpérer, que ceUe que cuvent nous cionn«(r Ic^-
Cont«uU'tnent de nous mêmes, la ReIi(2;ion & U
^une conlcience. -— Vous. fa vés combien j'*» él4
prévenu par dés doutes contré la Religion » qtif
malgré ma grande prévention y je m'en luîs d^lfait
tprés une très foinneufe épreuve, (k que c'eft avec
tipe enefere cenvirtion que je crois îes vérités » que
notre (auveur nous a aprifes &c
Le Couue Ce fouvènoit de feit ^o^fteor Albertl
lie Haittburg , qu'il avoit cotinu perronneliement, dp
fouhaitoit de lire fes fermons « que je u'ai pas tar>
4é de lut «nvoier.
yUigt fxxîème entretien, le ij Avril
1772-
Le» fermons d'Albertî m^otifc fort édifia, *t !e
Comte, ils ont au fil coniribué à me prévenif»
ée phui^ en plus en faveur de la Relifçion Ht à tait
readre eà vaêwaç tenu plus traoquile & plus heureux*
JVfpêre, luî rép«t!d>s - ie«iè vo/iseBtîTeteniraMïr
^ aujourd'hui avec une nieékadoi), qui ne dimi"^
Buera pas l'ansour , que v<Mts avt's pour le chrif^
" tùirrisme> & fe contentement que vous fentes cî&
VOti^ éiiat. Nous n'ïtvt^ns pas encore parlé delà
^efurreftîoni.& en v^ici le fr-n»!», puisque hou» avon«
' tra^é en deriw*fr lf«*w, de l'état *de INme» pendant
id feparaxioa d*avec le corps^
Vous Divés que fa RetîjiîoR rhrôtîenne nous pro-
met^ qwe cette fépîrfurioij ne durera pas éternelle-
ment. H viendra «n jmir, sHqwfl le vuhiqixeor de
it moft relTufcitera tous Ws mort*. Sa refwrreftion»
^ qui étojt un éfet de la propre vertu S*. Jean 16»
17. I Cor. 15,12-22» nous eft une adiirance cer-
tftbfr, 4.u'it i^^ni notts^-rcfittCcker , h fo promets
tlS.
I
N
ite i^'teréte^/iiôft^'iflWré^i^rf^te Velit St. Jeaft $,
25 - fiÇ. Tout le corps du jufte m» revivra pas pro-
premetit avec toyt«s fës parties grôlfières» terretbre»
& accidentelles & évec 'k>ut ce q,ui ea étoit' à
rhewfé ile i» nooct.
Tout cammei l'h^name eft concçnfcrét pour aînû
dire , en un point en coijimençant à fe former » dit
le Comte, cela peut auffi bien le faire, au réta-
Wifl«ra.ent de fon corpsi après fe mort. Peut être
que fc fuc nerveu;^ ell le germe de Tancien corpj
«Se l'eflentiet du nouveau ,. (^ue Dieu conff^rve pouc
là refurreâion. ' - •
^ Iteft mpin» certain, continua! - je,. qa« le non»
▼eân cor/s proviendra de raHcien,quî efb, poiit
aiinfi dire la femence dun.Quyeau, & qu'il contien-
dra reffentiel de l'ancierrcorf^, I Cor. 15, 35-38^
Ainti nous pouvons fou tenir avec vérité, ique cha-
cun auEa derechef fon propre corps. Le no^iveai»
furpafifer^ cje beaucoup ^ancien, en perfeftion i Cor.
•15, 42*44. H fera, habite h fafcisfaire • «ix vues,
«ux affaires ,. & aux. plaiiirs de la vie avenir, tout
comme le corps, que nous avons à préfent, eft
lait t>ftur cette vie - cv. \\r reffcmbïera fuivatït St.
Paul aux Fhi|. 3» 21. au cor^s transfiguré àft
Ci^rift. ' ■ '
Qu*efV ~ ce qu*oit entend donc.par un cQi^s
iransfîgurè ? me demanda le Comte., ,
Je ne faurois proprement vous le dire» lui ré-
pondis - je. Figurés vous la defous un corps ra-
fiué & «:}^cellenfe, fuivant la difpoiitton d<^ la vie
avtf.ni'r, vous ne vous ferés au inoins point de
faufTe idée , quand même cette idée n'épuife pa»
la chofé. Vous favés. qu'il y a dé bien plu* fine»
matières , qiie celles , dont notre corps elfc com-
pofé. P. e. la lumière, l'éther. Peut être qu'eo
ii^aifitaAt Dousajoronf^ des. corps d'un^ iqâtiôre
t«ut
. J
y
a 17
«ofit «trOi %ie > ^ pnt^fiée. Et ri femble <i«ie Tidé*
ordmaire du mbt triinsfiguré, y a du raporc.
..' 1 La raifon Q€ fauroit prouver, que ta refiirrec-
• tiûA des morts elk itr^J0^1ble. Si l'homme elt de-
.Ifcine j ftiivant 1« froniefle de la Religion , à rt-vivre
dahs l'éternité , cela lufit f owr faire pr^luiner Ig
•alfon , que le corps fera rétabli « car ce n^st{\ pas
. limplement l'amé , qui fait, l'homme i mais la rtii^
"îiion de l'atne -aVec le corps. Oui, elle la deia
préfuthé, avant que d'en avoir eu l'înlhru^ioB de
ia Religion. Ceft ce qVie prouvent les cérémonies
' des enterrémes des anciennes nations païennes, &
leiirs contes fabuleux , du fôjour corporel de leiinr
*nôrU, dans deâ contrées agréables ou délagréable*.
Darius étant entré en citnpagtie,' ôontre les Scitbes^
9sL les aiant actifés de lâcheté , parce qu' il»J recu-
Ipient toujours , ils lui ftreîitdixe, que fil gvoit le
,4:ourage de f *en prendre aux fepulcres de leurs pè-
res, qu'ils lui feroient voir alors. fils étoient dex
lâches. Pourquoi prenoient-ils la dettruftion de îeiira
cJmetières , pour une ofcnfe, dont ils ne pouvoient
pas fe difpenfer de fe wnger, fils n'avoient regar*
dé la cendre de leurs ancêtres , que commx: de la
cendre ordinaire, & fils ne Tavoit pas Regardée,
comme un précieux dépôt, qui feroit redeman.^ë
un jour. , n elt yrai, qu'on a formé bien des for-
tes de raifonnemens , fur l'inij/oiTibilité de la re-
furreftîon, & on a même vo*iKi luputei-, qUe toute
la fuperficie àîl«terrç> feroittrop petite, poury
faire trouver! de la -place à tous des relluic;té,<.
Mais il a a\iffi été prouvé, qu'on f elt fort trompé,
i& toutes t^% objeftions montrent généralement,
' coéibien ceux oui les font, ont des idées bor-
.Bées & fenfuelles de la refurreftion. Ils \m
fétiiMent Jamais à trouver les vérités fuivan-
tes , fur lesquelles \^ poflibilité de la refurreftion
eit fondée. Les parties de l'ancien corps , dont
le nouveau doit être compofé, He fauroient fe per-.
dre dans la nature des chofes, bien quelles puilTent
■fouvent être mêlées dans lia circulation de la matière,
• aveodcs parties étrangères. Celui ^uif^^it tout ^qïU
les
&24>
tïefttnirtîon , fite p&hé n'avoit 'pj^â'renAa tsi imott:
-ïïéceUaire. —
Oien formera ;à la'^fin, ajoutai-je encore,' votre
«corps, tout comme il vous fera néceflaire dans, l'au-
tw vie-; il en Teparem l'imparfaft q|ii étoit néceflai-
re dans ce monde. Comme p. e. la matière grof-
iiérev dont -notre •corps^ -ed: coinpole, eft une imper-
ffcttion d'autant plus nécelTairé, que nous nous trou*-
vons environnés ici bas de groffi^res chofes temf)0>
••relies, qtiê n*i«js ne faurioiTS aucunement Ibutenir,
'avec des membres d'iuw njatiére fine. Remettes
'donc tranqiwleiuent & «vec «gérance votre corps
■ft la gfirde & à la prépaiation de l' làtre de tous les
êtres, "qui connoit très certainement chaque grain
'de potidière,, dans laquelle îl pourrort 'être réduit»
•Ô£ qui lerviraA remplir fes vues, -r-' '
' ■ *
La Comte m-aff«ra la 4e(îus , ^ue la mort ne
lui éeoit « la vérité .pas indiferente , mars qu'elle ne
l'^fraioît pas. Qu'H ne vouloit ni ne pouvoit pas
fe cachaf; iilui même, qu'il a\'ort fort raifon, de.fb
Tepentir de l'avoir a^'ancçe. Mais que ne pouvant
pas y remcfiier & qvi'étant affuré du pardon de TejB
|>éches, rien au monde, hormis le mouvement na-
turel de la confervati'on , ne 1-attachoît h la' vie , &
quMl étoit prêt-, à qttfter 4« monde, dés i^u'it plaira
k pieu de l'en retirer. Qu' îl ne fe mettoit aulTi
aucunement en peine de ce {7u*on pourrojc faire de
fon coi^^s, aprcs la mort. Qa'étinit Tous la gRfde
de Dveu , 'il étoit bien gardé par totit.
En attendant, dit -il, j'emploierai religieufç-»
"ïnent mon 'tpnry , & je tàdhetai de me rendre dé-
joar à MUtre meilleur &^plus agréable à Dieu. C'è/t
dans ce de^ein que je lis , qiie je prie Dieu, que
je penfe « l état dans lequel je ntG fuis trou\^é, com-
■mv. k celui dans lequel je nr>e trouve encore , & je -
les compare. Je parle de la Religion , & de la
vertu, avec les officiers, mais cela fans emprelTe*
ment âc (ans «Dettation, -je dis, l'un de ces jours,
j^ «n «le ced MeiTienr).» ^i^en {jlknt dilii^emment
)* BU>}e, «n fe fauiiiUriroit toujou^ plus avfec él*
ï«^ qu'on là trouvoii eot\jours plus iiiC0ili)<ible St
in(tru^iv«. Ce jeûner hoinifi« tne répondit, que
pliilM'urc ex^efllons en «torent pourtant fort af-
laillHntes. CVft furquoi on palVe bientôt , lui dis-»
ie, (lotn'vuq'on Ift lUe lUns le defleitt, poiir lequel
Dico.nous l'a donnée» Rien ne mWréte, que
lorsque je n'emens pas un paflVige, mais je ne
trou\'e rien d'aflailkint. (k^jeudunt» dite!< moi^
f'il vous plait, ce que vous trouvés p. e. dWeâ«
lîineY C'elt ou Jffus.Chrtl^ dit k «a mère: Qu\y
a-i- il eritre moi & toî, leiimie? N'eft - ce \)ù$
un procé«)é bien dur , âc ti je iWe dire iodéccnt*
Je vous dirai , cornu lenr je uie ft'prckente \it chofe^
Si p. e> trois perfonncK (iircrcf)tes« l'ube de hîtfl'ô
«xtioktioii , Tatitre de inoicAoe , Se ta trotliénie de
la première, vouloSent exprimer la inéinë pfci)fôe«
dans les némes cirçonitances , comment firoîent
elles. La première «' pourrait bien dire comtne je-
fus* qui, czHmne vous duvcs fa voir, a été élevé
4nï\s la iMai1v>od'un charpentier: More ou femme,
^Ti'eil •> cVque cêlii te fitit, que (es nouveaux UiiinéA
p'oncj)lus d&vin V L'autre pouii oie bien f 'exprimer»
eb dîànt: Ma chère mère, nevous^n Inquiétés pas.
Latrninèmtfitcdiroitpeutctierien du tout. & tVroî^
une iei^ère révérence. M^s n^auroi^nt-iU pas dit
^esientuneus par la linelTe & la bonne ^race dus ex"
|)relfiaus, daus les quelles ils font envê(op«s.
Vingt fcptième entretien le 14 Avril
1772.
t e ésnùet jugement t\\\vn la refurreSHon, Chef
"^ amU panons aujourd'hui de ce grand évène-»
ment, — Ce fera dans te m^ie tems ou Jefus
ChriU reiTufcitera les mores , qtt'il jugera aulB tcHit
le gehie humain, & cHîi ie fera avec des folemni-
téCf cwfonoÊ» à la dignité d'un taliagr,,& d'un
Q tel
221
tel jugement^. Jetiic nbns a fait tuVnrdme iinAis-
pie détail de ce grand jour. Matlh. 25» 3I-'4<S.
Il jugera avec bonté & juiHce. Vous favés que
la jufttce de Dieu ei^ la plus parfaite bontû. Ce
fera avec bonté tfu'il dellinera la vie éternelle,
it ceux qui auront reçu la véritd, & qui le teron«
conformé, autant qu'il leur aura été poOible, à
ce qu'elle enfeigne , &, il condamnera avec jnftî-
ce, à la perdition, ceuiic qui! n'auront pas obéT,
& qui auront fait du mal. Rom. 3> 6 - lO.
Le Comte Youhaltoit d*aprendre les peines de
rcnfer, & leur durée. Je me rois A tes lui
propofer, de même que lés raifons pour & con-
tre l'éternité de ces peines. Je me referai par-
\ tlculiérement uvat paroles de Jefus Cbrilh Matth«
25* 46. pour lui montrer, qu'il ne nous «i^pas
permis d'efpérer ou d'enfeigner la fin de la per-
dition des damnés , fi nous fie Voulons pas en
même tems, mettre en doute Téternité du («lut
les ju(tes. La bonté de Dieu n'en elt pas moit.i
grande, ajoutai* je, fi les méchans font éternel-
lemqnt ninlheuteux ; car ils ne le feront que parce
qu'il fera impoflîble, au'ils nefoient pas étemeU
icment malheureux. Leur punition fera à la vé*
rite épouvantable & douloureufe , mais je ne doni--
te pas , que ce nr ' foit encore un bienfait pour
tttx , que d'exifter & d'avoii' part à certains com.
mans avantages généraux , comme on pourrott
dire, ceux dont jouTITent dans ce monde, les
impies , gui profitent de la lumière , de la cha--
leur du (oleit , ^e ta fertilité de la campagne &c.
iln criminel condamné aux galères, e<limera tou*
Jour» plus fa vie , que fa mort. Il dépend auA
de la grâce du Roi , de lui rendre la liberté , mais,
perfonne n'eft en droit de lui faire efpéter on
de lui donner l'efperance , mie cela arrivera^
C'eft ainfi que Dieu fe referve le pouvoir de fixer
le fort des damnés , foit k V égard de quelques
uns ou de tous, conformément ik fa bonté Si k
ÙL fagefib. Quand même les punitlom, de la vie
avenir ne dureroient qu'auunt que la fie de Tiiom-
ne.
\
aa3
ntty dit ^ deirm It Comte» cUt»reràcne^poav«n.
tablei t & 5iftr«ntes pour craindiv le |>4ché. Cti
peines feroienc de» «(Tés «poavatmditoc, quand mê-
me eliet ne conlilteroient» qiie <l«nt les Alites im-
turelk-s du péché, fans d'autres difpofitions de to
part de Dieu. ^ J'ai eu la penfée que les hommek
«luj fe font latQTé gouverner ici bas, par leurs déiirs^
pourroient bien être punis p«r les mêmes délirs
dans l'éternité, ils fortent p. e. avec tous leurs
défirtf & a\'ec tonte la force de leur fureur de ce
Qionde. Mais ils ne trouvent rien' la baut, qui
puilTe chatouiller, ou contenter leurs délirs. Par
conCéqnent, lis Ce conf mueront, pour ainli dire*
en des défirs qui ne fauroient être i^afiès &
en de vains fouhaits. Dieu ti*auroit qu'à leur
dire; je ne vous femi point d'autre mal, mais je
yeux /que vous reftiés comme vous êtes. — Cepen-
dant on n'en iauroit rien dire de fixe êc de certain.
Sans doute, lui répondis • Je, que ' les délirs notk
Catisfatts, feront aum des peines des damnés. Mais
il y a auili des endroits dans !a Bible , par lesquels
en ne fauroient entendre, qi^e des douleurs 9t des
tourroens politifs. 11 faut que vous foies en état
de découvrir encore bien 'plus de «iféres, qui loi
afligeront, fans le manque de tout ce dont ces mal-
heureux pouiroéent avoir envie. Jmaginés vous
un alfeiBblage d'hommes orgueilleux, avaricieux»
voluptueuic, injuites, perfides. Ingrats & vindica*
tiîs, édites moi, fil ne faut pas que ce foit un
«tat infuportable , pour chacun' d'eux , en particu-
lier» de vivre en focieté avec les autres, & de ne
pouvoir jamdis f'en féparer? Mais de quelle natu-
re que fuit la mifère des damnés, €c fa duré» mon
cher ami , vous n'avés rien à craindre d« ce c6té
Uk, par bi grâce de Dieu. Ce fera avec joie que
TOUS comparoîtrés devant le tribunal dejefus Chriitt
car vous vous êtes converti de rérreiir à la véritéi
et du péché k des fentimens (kints & agréables à
Dieu. Si et changement falutâire ne f'étoit pas
fait en vous , avec quels reltèntimens épouvanta-
bles n'auriés vous pas été obligé de quiter le mon-
de ! Quel évèntmem trillt, votre rcfonvftion n&
Q 8 vous
\.
224
youi feroit ^ ptts dkvetm« î AvH quel àê(e(\ifiit
îrrMnédî«ble ifauriés vou^J pas tté oWî«:é rfe cotn-
paro{tr« de>^ntU face do fouverain jnj^e dumoncfe!
Voue avé3 apris* c6qiiec'e(l« que de comparaître
Mvec une çoiitcience bleflee devant des juges, qui
ne lont ()U^ des hommes « qui ne f*iut'ortneut que
de certains crimes ^ qui ne ftturoienfc jujB:er/ Vcs ^ en*
f«r(( fecrcces, devant lesquels U eil aàes facile de
cacher la v«rité , & qui ne lanroint, tmitaupltts,
«fue utenacer on punir de la mort temporelle.
Combien n'auroit-ce pas été indifiblenatne plus ép»«f- -
vanutbie ^)our vous, de cooiparoîtfe devant un
juge ♦ qui elt ce Dîc-u » qui a vu lui même vos pé«-'
ciibs, jusqu'aux méciiantes penfees les plus fecri^*
tes , fit qui auroit pu, on même du tout h la fois
vous perdre de corps & d'ame, fi vous étiés foF->
ti du inonde, Hms être purifié de ro» péchcs. Se
fans être f<»ntifîé par }a foi. Mon cher ami , cot«<-
mcnt faurics vous ufles fendre graceii h DIcn, de
ce qu'il vousamis à Pabri de cette terrible fcâtie, \inf
votre, converOo», de ce qu'lt vous a déjà pan«oiï-
Iié d'avance vos péchés, &df ce quMl vous a
rendu fulceptihle de |jenl*er, non feulement avec
tremblement av dernier jugenient, mais autli de
vo\\$ eï) réjouYr. Oui, il vous eft permis: car
vous favés , & vous êtes afiuré, que ie fouvemiti
juge du moïKle e(V \-otre ami, ^ut vous k oferl
la ^ïiacc & le pardon, & dont vous «vés accofK.
té l'ofre gracieux, en voifs oonHant h fa vérités
Vous ^>ouvés aller avec joie & conHance^ au fie»
vaut de Ion jugememj car fuirant fa promefTe»
)] ne fauroit toauquer, de vous étra «vaiitii»
geux. —
je vniis aiture* me dit-ll là daffus, que )e
m*en réjoiiVs éfefb'vement» et que je me repofi»
^ur la i^ace de Uieu.
Redés maintenant, c*e(l ainfi que Je flai*
ma propolition, fermement attaché % votre cro-
ûn4,« (Se à ramendefnent de ros fentlmens, cotn-
ne k votre bien unique & k mi bien ineiUaDable*
Plue
V\\xs von« avanc^rçs vers votre terme, pîus iî e*
fiôvrlTaire, que vous foies Ibigncux, de retenir
toujours votre atne entre les mains. Comme wa
jpniau précieux & fr;<g1le. Min qu'elle ne Ibît pas
nej^tigée. Veillés fur vous mÔfneV fur vos j»en-
fét'S, fur vos inclinai ions, & fur vos aftlons,
avec une attention conforme h l'impartante du
gnind pas, qiie vons hvés h franchît*, Si au devant
duquel vt'Uîi vous hAti's d atler.Ne von.> jtennettv's riéi*
de ce que Vous ne fercs pus en état de jultifier de-
vant votre confclence artiiellcment éclairée , & rien
de œ qui a befoîn d* excufcs. Plus vous avanoerés
encore dans V amei^demcnt que vous avés f\ heurçu-
fement commença, plus vous fcrés.réjouV.aùjoar
<lii jugement, & plus la fentence du juge ferii.con-
fbnne à yos fouhalts. — (36) Il me protefta,
l|u' il ' reconnoifToit V importanc» de cette exhor- •
tatlon , & qu* il favoit qu' il agînbit en con-
{Érmiençe. Qtr il ' fe trouvoit dtf plus en
. Q a plw*
^6) C9 cmfHl Ht pouvait pas im€m<[tier d^êirs
agrèablt^ pour pliuv d'une raijon, à ce
ComtM repentant t ^ rtumu â la piété,
ÎA foin 4» vêUUt fur tous fu ch^gMiws
intérieurs (f extérieurs, & la cotiftattte fi-
^lité , à r égatVl ^ ^' ouvrage , tpt* on avoît
. commevfci en faveur Ue fon amendement ,
étoieut des gàrAims y des afiUs a'^folu-
tftent niceffairei, pour fon falut, H éloit
riëceg'iMre' d^armtr & de garantir te c§l»~f
bre malhenreHx , contr» les diverfes &
violetHes difperfions d» fes pmjhs, contre
Mine crainte étourdiffant§ de la wcrt , .fo«-
ire n,ne fenfihHiti de tœur, portée iusqu' à
la craimèy & contre la flixibàUlé & Tw-
^njiance, d*tm teiHpéra*n*nt , dont V ai-
gttntonefi provetm de la iiohepti & *!**' on
petit facilement épom/itnier «W tranquili»
at6
fAa» fortifié dtns Ui t&Utuendkncé de Is vérité St a»
fermr dans fes bons fenthnens. Que les objeftions»
qu'il Avort cru autrefois tout à fait invinciblÊS^
«toient entièrement clirpttrurs , 0a an moins de^-e-
ttues , fi foi blés t qu'elles le faifoient aufli peu don-
tiér de la vérité de la Religioti, qu'elles étoient ca~
pables de le faire doutier , que Je fois éfeftivenieiit
auprès de lui , & que cette penfée n'eft pas une U-
lulion de l'imagination. Que pour te préfent, il
étoit fi religieux , qu'il examiiioit foigheufemene*
tout ce. qu'il penfbit & difoit^ pour voir û tout étoit
auin conforme à la, volonté de Dieu , & qn' il f *en
trouvoit il bien, fi tranquile & li heureux , ^u'il
étoit bien aiïuré, qu'il ne ceiïeroi|; plus de penfer Se
d'agir de même. En cette ocaAon , il Hit encore
bien des chofes réjouVlTantes pour moi « & qui au-
roient mérité d'être confervées, |i feulement j'a^
vois pu m'en fouvenir. .
Je crotois qu'il feroTt à propos de remplir fon
atne d'idées de l*étemit;é , & ce fut dans ce delfetn
que je lui remis les vu^s de Lavatre pour pénétrer
dans Tétemité. Je crus devoir le familiarifcr' pré-
anièrenVent avec le caraôére de l'Auteur, en lui fai-
fant ta defcription du livre même, comme d'une pro*
duftîon d'uae forte imagination , de beaucoup de
bon Cens & d*une pieté exemplaire.
/■ • . •
Vingt huitième entretien, le 17 Avril
'1772.
plus le Comte avançoit 'vert fon éternité , ptos
* il étoit néceflaire, de f'ocuper à 'lui en for-
mer des idées. C'eft pour l'y porter que je lui
avois donné leis vuë*^ de Lavater, « ce fut dans
le même d^ein que je réfolus de l'entretenir,
de méditations fur l'éternité.
Je le fis fouvenir de la réunion du corpt & de
Tame, qui fe doit faire le jour «te la refurreâion, 4e
la'poiTibilité i& de l'avenir certain* de laquelle fious
avions traité la decniére fois.
Ccft
,•37
Ç'€ft donc prédfiAifîent •préi C9 moment, con*
tînuai-|e, que l'entière féticité.dé l'homme, mort
dans des fentimens atçréabtes à Dieu, prend prémté'-
renient Ton çoramencenient. L'Ecritnre fainte nous
dit quelque chofe des propriétés de /cettç félicité»
& ta raifon en peut préfumer auetque- chofe par de«
fondemens analogiaues : mais tout ce que nous
pouvons favoiroii préfumer avec certitude, ne fanroit
être pris, que pour un deflein fort imparfait du fa*>
. hit érectif de rÉtefnittî .' Ce ne fera qu'après une
longue expérience, que nous aprendrons à le con*-
noître. Nous ne fommes presque acoutumés qu'à
de» biens terrelVres & périflables, 6i commentpour-
rions nous nous répréfenter exaâement des «van*
tages celeftes & éternels 9
Nous reprendrons la haut notre corps oi^anifé»
dont les Cens paroiflTent faire ufie partie eiTentielle.
Ctlï pourquoi je crois , que nous pourrons y «t»
tendre des relTentiinens agréablement fenfitifs. No«
tre corps fera illuminé, c'clb k dire rendu pltu fin«
plus précieux , & plus conforme aux vues & aux
affaires de la vie avenir. Ainfi ces joies fenfitivet
qui f 'y trouveront, deviendront à proportion plus pré-
icifures, plus fines, &plui celefles, que nous ne les
{auribns avoir ici bas. — L'imprefiion ag^réablc^
que font fur nous , la beauté, la harmonie, la fub«
limité des ouvrages de l'art & de la nature , e|k
toujours acompagnée d*idées irréguliéres & fe trou-
ve fouvent fondée dans l'iliiuion. Nous pénétre-
rons , fans doute plus avant , avec nos fens, dans
les objets « nous comprendrons plus de chofes \ U
fois , nous ne ferons fujets à aucune tromperie dft
nos fens , & par confcquent nous aurons auin des
raifons plus fortes & plus reconnues pour nous ré-
jeuVr du relTentiment des agréraens fenfitifs. — U
elï pofltble, qu'il pourmit y avoir aulfi encore d'au-
tres fens pour le corps illiunjné que le fens terreftre.
C'eit par là« qu'on pourroie ouvrir une quantité in-
Itoibbrable defources de nouveaux plaifirs, que nous
n«iauri»iis nous figurer, parce que nous a'en avons
Q 4 auou^
ti't
«ucunc ef»ht)o;îi!ïtRc9. la cMinftîfFîinee plnsCxuAf
ik plu.s Ctfindue des ouvrages de Ditu% dont nous
jivons ^u ocmion de n'en voir que fort ^cu de pré«»
feront cértuinetnent un do \)Ui$ agréaMes ét'vU» qit^
l'ulage des fens améliorés , (Si peut Être auflî aug*
pieutcs , pourront avoir vovir nous dans l* dutre vie.
En quoi que puilfent conulter les plaifirs fenlitlfç dç
réternitô, ils «Ç feront jyniais crinninçï** Iç dcfii
«e Içs «voir & de les Satisfaire, ne l'içra jimiA» d9
liaturç M être désagréable II Dieu 4^ llQQU())0|ter.«
V abandonner, i
- t'acroififem^ni dç nos forces émJnem??^* & To,
tftfion , que tious trouverons dQ les perreftionne;
de plus en plus« nous acorderont encore de pHi»
frands plaijirs, JJous nç ferons alors V*"» fujtts k
erreiJr, Notre amç IM? iwnfçra que les. v^rftts le^
plus pures & les plus fccondes. Quelle mer îné-»
puiiable de vçritvs^ dont la cotinoiffancc caufera I<|
voluptc h) plus hçurcufe^ riçuînitç de Dieu ne ie-t
ra-t-tlle pas pournous! Queues pouvcHes çcrfec-»
lions, ned(îcouvrhons.no«s pas enhli, Àtenqueft
te cl«rt«î n'apreiwfrons noui ps K çonno^rç ceU«s»
que nous açVnirons déN en fuj« çn tes envifageant
^ans un étoignetneni obfcur ^ Sa bonté, fafagcfTedfe
fa ptiilVîince, que npu? vofons nO^miçr ici bas» d^
IX s ouvrages,, dont nous. f^>vons que fort peu dÇ
coiinnjiVancç, & dont nous ne Otvirious çn pénctreç
aucun» nous rempiifl'çjit déjà de joîe, anlfi ft)uveni
que nous y penibns. 4««^^ <1»èt pbilir n'aurons
pous pas ^a baut» eu kf contem^lanfrà l'entrée d'iii»
|ilui ^Fai>d t^atr«, & lôrsqut nous |>én^èrons dfs
plus *én plus içurs pToprreWs« par nos recliercli^s !:
ici bas , nous n'apercevons dje côté ^ d*autrç, que
quelques traces de Diçu, dans le cbemin dj? fa.proviv
dei}ce: tuais là^ nous verrons plus «mpleuieiit le
^)lan finiple fi( fege, fuîvapt lequel H gouverne l^
|iionde V ^ nous prouverons P^çu par tout , « nouf
«girons d* ime manii^re digne de lur^ \% où nousau<«
jTons peut. être cru ou craint, ijuMI pourrolt ne pofi|^
prendrepar!) au-x aventures dti monae. — Nmia foi»,
I8<^4r d<)li£e« de COtubftttre «i b8S% 9Y^d^ dificulté%
i1i9
9l d0 pénétrer perdes ténèbres h l^gHrd di? fen con.
iÎBÎl, imr r«»port au tiilut «ie notre j^me, & là UîimI,
tout ce i]»ii iH)Us el^ (|iHi\ile fk àhfcur dans la llvH-
feiofl, l'e rH*«»ttclra dans k» plu5 fiJiH)If vérité & dtin»
lit plu» uiairt' Uinitcrë} de (Virtf que nuu^ nùù$ r^*
jpu'iYons nvec rurpriJc , de l'exccîlf née dt la rojme-
xinn, ^ de l'tiiipuniinlité, que l«fs ctiolVs puifTent
être autrenieni ^ meilleures qu'elles ne ftMU I Jeaiu'
3, a. I Cor. 13, 9-11^.
Lt; Connçxifvi de lîotre entretîen fe trouvatin^u
îatcrranij)u ù l'oculion dupaJra^;e!i1îej;ucdeSt. Paul;
Je iné mis à l« lui e^liqucr & je luifisv«irU»lK«u-
tc de cette expreâkin de St. Paul. Ue Cou^c ad»ivra
' U jul^eife * ^ la relVfniblanve des %urç$ « doiit il le
fervoit.
jç trotive« dit-il, que maintenatiLquQ je me fntut^
ii^iife de pias eu plus, avev; tç iti^ «io.s Ap'kres»
(jVi'iU écrivetU uoji (eulemcnt trè« bieu» mai;» auilt
«^lielque foi« avec une beauté iuuuitaUe, & eu ivi^fi'
me teius limpiu & intelligible. , 11 m'alk^u^i plulU
euri eu(trwt.s, pour eu donner d.e« exemples <k p^ir-^
(iculi«xenttîiit Kpnw 8- Qne d'autres ^xéch< \irs , ajou-*
ta-t-il» ou d'autres péauers « uù tapiilif rif" eilaieut
d* écrk« , c-Omme oui fait les l^viai|;eliliies âe k s
ikpùtres. —
A la fi»! cantiniui-)e , oofcre cœuf « dont La jpiç
dl toujours Ui plus renllt>le'« Si la plus douce, ltr4
eoiitiniveUçnient reHu)(i dies tY(t'enriiuens les plus
«Hiréabies. Quelle fcUcité Of? fj^ut-il \)!Ui déjà que ce
fiutk qu»d'^ie( alViifé de l alr^nciiineuif nt de t(ui|
eriuie'« de ut/ peniVr is: «U^.ne roiihaiter ,,,avec c«>iti'«
Éude, que ce qui pUit k UieHt. & (le l'csiuir le re|H>fi
d)Ë IV.ne qM» en dettMit-lV Juj»*'s en pur Uî refl'cnw-,
ment que yo^is ei\ avés déjA îi cttue ltf'^rL^ Qu^^tf
liiMiccur ne vuus e(l-ce p;^s , de lavoir , que yot i> ^^(:^f^^
(es âf ivt;i(tcfl Hé^uetluuiient mieux- « qne pMf k pajlu,
Hiit} croïant H^ tail^MH ce que Dieu x'UMt.srpreCcrit, V0144
pouvéi vQU/S conCoier. dv\ ^aifîr qn'îl y>Ten(4eii vomsI.
Nell-cé pas Ik dclVus, iiue fe fonde, diins tes cir-
CQntb|4)ces, dans lesquelWs voits vous trouvés le fe*
P9S t^\inmrdim}(i; dv vw*r(; au»jÇf Humel j<3invai.r
ifiQtiors ii p«u'( £1 elk certain /me répondit" iU
*30
\ •
Que ce i)ppos eft t^ne fuite de U ptug fine convîftîo»*
que ]'Ai cle lïw grftce par Jefus Chrilt» & de ce que Je
fut« «iTtirc «ie U corr«âioii, de mes fentiiiKfD«. Je
fuis niatitf ermnt «n ékftt de com|)rendre , coimnent
on fi pu rHttachf r aux Hlées des fentimens dans le
chfiitia'.mme. Le r^pos de l'ame; que donne le
cbriltiaiiisme, crt un tel fentlment. — Je Tai ac-
'^tu<*liemei!t moi inéme. OnneT'elbtrdnyé que dan»
f'expHcation de lacht^fe. Il n'eft |>a« néceffa're que.
Dieu éfedue iraméctiatenient ^ par des miracles
oc^ forte:» de fentimens. Jls font le refukat naturel
d'une ctHiviétion fondée & d*iiii changement de fén*
timeut. — /
La )>erfeftIon des b'tn^h^ureiix, ajoutai -je»
ira tonjaurs eu cruitl'ant, de même <)ue le conten-
tement d^tiix mêmes. Car la connoidance plut
l!ni!neme« plus JMite & plus étendue de Dieu, Se
de fa votontét à laquelle nous parviendrons infeniU
tilenient la haut, niarqucra cert^iitiement fâ vertu Ik
uotre ame, tâchera d'itprocher de plus en plus- nos.
feotimens ^ de ceux de Dieu & de les y conformer.
Tous tes doux fentimens dé l'amour, d» l'amitié,
et la bienveuillaitce & de la focieté, qui font déjà
ici bas le bonheur de la vie ,. d*un cœur fenfible,
"étant pttrgé de toute iuiperfeftion & afftntî contre
tous les changrtue<is dé^Mgréables , rt^neront fans,
teffe dans hos anies. Ce fera lorsque nous nout
trouverons plus proches de la pré(«*nce de Dieu, que'
nous aprendront prénii^ement à. bien (entir , cemr
bien i| elt^ inexpritnahlement aituable&nous auront-
pour lui un amgur aiie nous lie connoilTuns en> au*
f une manière. Ce fer* dans le commerce perfon-^
re! que t)ous aurons avec notre fauveiir» St. Jean
17,^4, qtie BOUS enteadroos uiie&«efre celefte» qui
IrVft parvenue à i'efprit de perfonne ici bas ; nou&
aprcndrons encore bien p^us qu'ici, cojtibîen i( mm^
aimé, 1& combien il nous eltime, nous c^i'il e fi.
chèrement éki. Les efprirs faints & fages du ciel
formeront notre focietd; de mânie que les bien-heu-
reux.- Hebr,. 12^ 22,93> Avec toute la diveriité
perfenoclte» qui ^ trôuvot» entre euXf chacun au--
«31
fa tes raémés featîmeiuu le même Ibin àûln vérité,
& de (a vertu, & les mêmes intérêts, de commun
^vec tous les autres. Quelle amitié génCrMn n'y
verra -t - on pas ^régner ! Comparés la uieilleure
amitiés terreftre, «v#»c cette amitié celelbe & con-
clues enfuite, de U joie, que la première caufe*
avec -toute l'es imperfeftions, à une ame, & .de là
volupté que nous pourrons efpér^r de la dernière.
Enfin, ajoutés encore, que fet heureux état
des bienheureux , ne prend |amats Hn , niais <|uVi4
fera fusceptihie aux progrès Ittcceifîfs & non tnter'-'
rompus, dans toute la perfection poinble. Mats il
faut pourtant, que la perfedion de^ êtret^, qui font
fujets à une lin , aient quelque part k un fuprême
d<^gré , quelque élevé qu'il foit. Par conféqueut, il
me femble, qu'ph peut f'attendre, que les t>ienheu«'
reux cefTerout à ta fin de croître dans la pei:feitiau,exr
cepté dans racroiflÎKuent de la connoiflance de
Dieu ; car Dieu étant infini , elle fera toujours Mx"
puiffable. C'eiï pourquoi je préfume^que le* bien*,
heureux ^larvrendront une fois , k un même dé^r^
de perfection , ou à peu pr^s. La diférence de ca-
pacité, qui fe trouve entre de éimples perionnes,4c
2ui elt fouvent fort confiderable ici bas, fera pénè-
tre moins grande. Cependant ce ne font que
' mes idées non eh feignes & encore prématurées.
Mais fupofé, que tous les bien-béureux le devien-
nent une fois dans un ui^me dé|^rc , ils ne feront
pourtant pas é^aux en pelTufcltant, en ce qni re%
garde le commencement de leur félicité celelte. ht
Juge du monde les placera fur diféreus dégrés., &
ces dégrés le trouveront proportionnés , fuivant
le degré de la bonté murale, qu'ils aporteront de
ce Uiun^e A^a l'autre, i Ov, 13,40-42. 2 Çor.9>,^
6. «Mais il el): aHcS certain , qu'aucun, ni même
le moindre d'entre eux, ne manquera d'aucune
de ces félicités , dont nous aveos parlé, — >
»
Je promis au Comte de luiappliqueï ces méditt*.
ttons générales, dans no^e premier entretien.
f 'i»ftiwo»t fort hfiirtux « de Te vo?r fi proche (t«
i'étermtc*, <v'"^M"c '« mani^ve àr fon entre*» ne
ftiurott nian-.i<ier «fe lut être fort «nit^e.'inM?. Qne
eejjendaw^ H Oroii toiia fcsétbrts , fw>ur fe mettre
e'i «tHt , H*ofer ef^jcrtr de pouvoir vaincre le»
fira-curs.de cette mort & r'nffurer d'une éternité
liien - hMirt^ufc. Qu'il ccoîoit « <}ue fon devoir
^îtoit îi Cet cgard, d'avoir préwiéreinent fa' con-
éuht j);»riécj ♦ cantînucHemctjt devant ki yt-Hx,
j?our conicrvt'r vivt?ment le ^pentir ijirîl en av«i«,
j^isqn* h U (in , 3r ehfuite de ne pas difcominuer
de travaiUer à fortUier fes fentinien$ actuels , k
§e fuinilisiriier avec eux , & «\ les i^nd»^ meilleurs.
Cert ajonia • t-M, et qiiî ftWt toute mon oc--
cav)«t»oM, Klltf nv'intere(Te fî fbrt , & j'y trouve tant
de fiât? •'Mt'-I ion, que je ne trouve plus àè Rotlt à q»ioi
que ce l'oit. Il n'y a pas loîKytems, que je j jifùra
encore quetqup fois uueKcure a lire Tbiltoire Rcué*
ritle d« vuiagc'i 6; votis x^tus touvUrnrirés quv jtf vous
irn a} fart part. Mais j'ai nun'f fenti aior$ , que ]•
pourroii |jIus Htileu»eni eun<'k)ier n»on teni». <>pen-
daiit ne voulant pa:i faife, pour ainH dire, le faUK
dévot envtr» ni»i~niélu>e, je ne vohIum! aulfi pas
lue forcer à ttoufer }» palifon qu*'j'avo»s pour c*
Kvre. Kllc f't'Jr maintenant j>erdue d'elle métne.
je ne faurois lire & penfer autre chofe, & rien nv
lîi'intrri-flt' (^ue ce qui » du raport avec mon occupa*
tion d'àprfcfeiK. quî clï de nie préparer à la. vie éter»
Heite. J'a! au'!» Tnife tant de yjo'^tés^ Dieu en fort
loué, quv ine« dtMUfS ne ui'înqnieteftt filus. J'a.l
frit rcN^jcrience de ce que vo4w m'avés dît, (\ès le
c«>»unK»»Kvnveut. Il ne me furvient plus de doure»
fur yL' rtt; pu^l'o^ me kver tuai même, pour uioii
entier reixi».
Lft Reliïîian chrétienne, me dit-H. dans une at».
Irr." occaijon , cil' (i prévenante , qu'elle ne fvuroît
Ittiiuquer de plaire, à ceux q^iii apr'ennent à !a
conM»<i»:re, i,'tl,lo produiroit méiue le plu? exteW
^ne ciVt dHn$ le lueuu peuple ^ clum^^eroit Lr ntou-
de.
/
proppfoit toUl^uTR lia bon côté . Si ii on fuîfoit «r*
{é% conjpr«»»tJre aux gens , fuivapt leur porfée,
«jn*n» ne fmtroieiitfe' rendre plu^ hrni'<Mix, mCmf
«ufli dans ce monde, qu'en accompHlVant les|?ré*
çeptei rfe ^efus Chrill. Chacun vcrroit HeîJtOt^
«luc quind mCnoe il ffroit ponîMc <]ne In Relfej-oH
îie puiHe être une erfeiir* ^ii'il rdudfoit qtie et
fiDt une erreur tout comraîre, k la nature deTer-
'teuT, étant le meilleur & le vrai chemin de la féf
'li«it«. C'hHcun trouveroit alori, que cette erretiè
T»udr6it bien la jjeine d'ctre roigneuferaent nour*
fie , ^ répandue.
je CotiHaiteroi*, coiltînùa-t-îl, «que v6r9 écrj-
-y'iïT'.é» vo4iâ '^d'aùt^ei ecc-lCiiaftiques, toutes ibrre*
tfe petites feniHei volantes, pour m'eux a^rwidré
•aux Retis les avantaRéti du chrilHanîsme; qu'il n'eft
-poffible, à ce que je croîs, de Je f^tirv fimpiement
pïir des «eriuQns. On pourroît p. e. fe fervir des A^
mannes pour cet éfet, & y enrei^jner la Rtli;;jot; Se
•kl vertu, confontiémeiît k h portée du vulgjiîre, au
lieu de îa qiwtKîté de çhofes fuper(H<^'eulVs » dont i)l
fe trouvent ordinairement remplis. ' Le pavran eA
^feroit un ufa^e journalier &• lés chojes Km étant
enfuîteriîpréfentces fouç une autre finure, ij ne
fauroît h la fin manqnec^ A i^jIcux penfer & frmlrùik
«liçir. C'eltainli que Voltaire, écrit, comtTjeyous t'a-
.viïS quantité de petite* pièces contre laUelTiiion, qui
jBÔntlcnncnt toujours la m^me diofe, fous divers
noms & diverP^s figures. Des hommes lenfés qui
révèrent lechrilUanisme, .drvro'enf le défaccutunief
de ces maximes, par lesqiielles îl caufr* tant de maU-
pour faire du bien. Voluiire ne fVn cro'tpa*peu«
de ce qu'il a Invente, ?i te, qu'il d^t, ce inoîen d'tllu-
■'miner le monde. Je me fouvlens qu'en uarlanr ds^ns
'won voli>i;e îl Aleniberta paris, il Taîroit beat^coup
•lie (as de cettif uu^tode; & qu'iUutmîroit fort en ce-
la la faî»etTe de Voltaire. Cependarit je uecreis pas
feulement qu'il en foit l'inventeur. !l peut bien avoir
-apri* cette manière, derepandr»? les penfces, & d? fe«
refidre publiques, de jefns môme. Car c'était ai nii,
que Jefus CUrUc tnHulgnmt la vérité» tafitdt par dei,
I
«
«
s
«34
' • ■ ■ »
StSt. U tantôt dHns fes prêches. — (40)
Alembert më dit auflî âtors> qu'il avoit roifÇBeu-
femetit exHininé le cbriltianisiue , & qu'il n* y avoit
rien trouva d'inlenré. Maisi que ti'çn aYant, mat-
f^é toiit cela, f'oint de fentmicnt, rVtoit la rai fou,
|>ourquoi il ne t'embrafroit pas. Que ce ^nt>
reent étoit unr éfet de Dieu, Que ,Oieu le Ipî
refufant., il ie croioit être excufé, de ce qu'il ne
l'avait pas, & de ce que par-conféquent» il n'vtoit
|Mis Chrétien. '—
A la tîn.le Comte feplaignif encore, de ce que
depuis queKiues jours , il avoit eu de mauvais fon-
des , & foufiMtoit de lavoir mon feneiment , pour
«prtfndre jusqu' à quel point ces fortes de fongea
j^toieot niorals & pourroieut être imputés àThonv-
4ue qui les l'ait. -* ' /
Je lui repondis, qu e c'ef-oit autant qu'ils fe ron-
4oieot fiir les libres reprétentatioaj que l'ame fe
iailoit pendant qu'on veiUoit.
Voilà,
(40) Sansdwttte^. que U Comt§ a fort rai/on en
€dài {(u'ef-tM^td pourrait f: lus itra ag fyra-
tique & miwax (hoifi , qu* de reinirn i^ y}ar^Ul»
À fus ettHemis , & d'acowmotUr l'ouvrage afs
fm défeMlioH , d ce qui ejl devenu la ntitae dans
U^ àuaifues. S'il efi vrai , qu'une pluie don/"
u & continuelle eji fflus féconde & qu'elié
feuilre plus auant dans la terre y qu'une gm^
^ Un OU une ondée t j^'^fi uraifemblable d
certain , fuivant ta ntfJentfUntce ae la nature^ &
ae l' expérience « que de petites feuilles opèrent
plus d'amendement inlelledukl Ô 4^ moral', an€
de gros volumes^ qu'où Ut rarmieut &fur'tes-
queU ou réflictiié encore motus, lue pluie mr-
nue d^ J^uueni trop foOfle ^ mêlée Ae nielle. — «
la aouceur & VtmmaHXti.feté* n'ifeStne kiem
fauuemt pas grand' chofe,.
/
Vùîlkt 4lt- U là dd|tts,< ce qôl va9 tmaquiliiitw^
«ar je vous aiîure, qu'à pr^fent je ne penfe «uctt-
tieinent AUX chofei!, auxqiieites mek longes Te ra*
portent. J'a^t génâralement reinari|u« , que tsf' nw
tiére de mes ((>nge« n'cil presque jamais protwnuc,
«le ces refTentimetis que je venois d'avoir, uiait» des
fentimens & des idées éloignées. Cel^ «iiili , que
je n*Mt fait des ibnç;es> dafw. tes Gemiuvncenieiis de
nui détention « que de mes |)érf5 ^ niéres , que je
n'avork pas^ns depuis long iems« tt me lembloit
toujmirs , que je rae tiouvois ch^ eux « & dans
lenr compagnie, & quantité d'avantures de uia je)i<»
nèfle , que . j*avois eue* en leur préfence , le repré*
léntolt derechef à me» yeux.
Vingt neuvième etitrètieii, le ao Avril
1772,'
en principal but ét,oSt poat cette %ni , tîTaTfpli*-
quer au Comte ('attente îdu «ulut de l'^'temité,
ropofé dins hotre dernier entretien, je le Hs 4t)n«
bu venir, quVn qualité d'faotnm« fauve par Jefus
Chrift y en qui il croioit , & qui tàchoit de con-
former fes fentiméni,^ toutes ^ a^ons pofHbles,
ieloH le bon plailir de Dieu, il deveit avoir une ef*
pérance fondée, de parvenir Ji toute cette féKeité.
Vous «téf aimé la joie la plus fenfitive, lui die >
Je. Elle efl' devenu U caUie de votiv perdition»
fMirce que vous vous êtes làiilé fcduire par fet dé->
tirs à Terreur & au péché. Vons n'aurés pas Iteu
de craindre cette féduftion> dans la vie avenir. Vous
lie chercherés pins vos ptaifirs , en des ctiofe»» dont
la jouiflancc peut vous rendre malheureux. « l^ ri^
ihefle' inéputlable de U beairté , <)ui fe trouve dans
les ouvrages* de Dieu, feroit feule ftififante, peur
«cCuper vos fens de la inali»tee'la- plus noble, 9i
bour vous flnrvir éterndlenwnt de fouroe de la
joie la plus pus*.
La
M'
1
Hit-U, m'a déjà chuIc Uaucouj» de jaîe, chaiiue
foî? que je l^a^ cherch<î«- 6( trouvée. C'a ctc le
i'eitle ruilao, qui m'tt dc-tourné de l'atcisiix: , au**
(|uel ]c iiie iVrois auili certainement «ctacbâ*
Si ctlà ne vous ef> pas arrive pluh/t, îl eft
ccrtuipi i]iit: c'eic ici daiia votre. |iriiuu que voxis
aMrcs trouvé la douceur qu'il y a, de recher*
l'iicr' la ycritd <& d^ fe j*i«irc cclaircr par tUe.
.Quelle jçic diviitc u'ai^rés vous y^u- (a haut , de
voir devant vous un champ iinnienfe, des plu«
excfUeiitcs eonnoin'aïK-és « & ^'en rt-cuelllir un
fruit de fat^efle , apr^s* l'autre, étant délivré de
tout danger , de retoinbt-r dans l'erreur ! Vous
ahiié< uiaiireiiant k' chriitiani.HnK'^ parce que vous
k trouvés lï lH>n 'ik tt 4)lei)(^M'atiÇ , cafnl>t?n iie
Icrcs vous p8S plus ih»rnjé là, ou vous apren-
drr!« plus parraitement. t piî»|j6;trcr le plan de Dieu,
à regard rie notre redemiibn ! Quelle volupté n«
fera- ce im» particv^içtewent pour vous,, d'être
encore plu^ convahiu.i , combien vous avés prti*.
iienunent ajii d'être rpvciui à Dieu par jefi«
^ thriJtî &c. ■ V
Vous reffentws h cette heure, une tranqu^lî-
té d'unie, que vous n'avc? jamais coûtée, da»ia
itmre fortuné. . C'elt une. Aiife de. ce tjue vou»
«tes convaincu, que vos' pt-chés vous fout par-
dnm>é.<(. & qtie vous ^Hes l'ur vos gardje«, a<1a
de- ne vouis piis écarter de Dieu. Quel co^itentet
nienc n'aurévi vous .)«» \k haut« ou vous voiii
imuverés fi biirn afcnui 'Jans le bien, . ijue \-ou«
ne fercs plus en état de pécher! -r Vous ûi-
Vcs par e'^périi'îtce, ce que Vautoin* renfurl de*
fendu ù d'titiriitant pour l'homme, UKiiquSl Lit
ç;ouverné par l'erreur Ht p^r des délîrs. Qttellç
doucruf . ne tr'iuverés vo«is pat dans Tainoui- lu
plus pure, & la plus faliitMire, qui e(t une fui-
te de !a vtéitw. ât de .!« vertv dana l'amour de
Dieu 6t de votre <Saùveur, & ^< l'wiiitié d«i»
An*
Anges 8e «Je Tafhts dti parâtiis! Et combien ne Ctréê
votis pas efjtfmé devant Dieu & votre Sauveur, qui
. rirqiioit de vous perdre, & vers liequel vous êtes re-
venu de votre égarement î Souveirés vous ici, de
ce que reporte Jefus Chrifl» de l'enfant perdu, 6c
qui fit une (\ forte iuipredlon fur vous, lorsque vous
Irttes 1* hilloire de la vie de Jefus. Mon fils qttg
voici , dit ce père plein de Joie , éi^ mort , mais
il efi rajfufciti. ^
Vous n'erpéfés à U Vérité pas, qu*en felTuf*
citant des morts , vous ferés mis au premier rang de
ceux auquel Dieu iiura fuit grâce : mais vous o(é$
«rpérer qu* à la (in vous fuivrés les piémiers.
panrois lieu d'être fort content, r«pondit-iI»
V il plailbit à Dieu , de re mé pas rendre plus inal-
][ieureux, que je ne le fuis »ftuelleraent. Dieu ne
changera pas, pour l'amour dt moi, l'ordre qu'il a
ftxé pour rautr« monde.
Continués donc, ajoutai-je, autant que vous
en aures encore le tems , de v«ns avancer dans le
bien. Chaque négligence & même la plus petite ,
<)ue vous pourries avoir, à l'égard du loin, qui elt
r unique que vous aies , fefoit un péché & vous re-
tarderoit. Mais chaque pas mie vous ferés encore
en avançant, vous mènera aulii plus <oîn, à Pégartf
de votre fahit avenir. Dieu poiirroit- plutôt cefl'er
^d'C'tre Dî*ru, que de ne pas recompen fer chaque
'^bcinne penfée, & une feule noble refolutlon. Hâ-
tés vous le plus que vous pourrés; car vous Ôlej:
irtàintenant fort proche de votre terme!
Il me répondît avec une mine, que jt n'amâ
encore jamais vu fi douce & X\ tranquiie , dans fon
Vîfage;
Grâces à Dieu, je fuis prêt, & quand ce ferolt
demakil —
Les efprits forts vont dire, contînua-t-il. • Que
Ûins retoQririi ta Religion, fatuofs pa chercher 9f
R trou-
«38 ,
trouver alEés iW forces en moi nîêine, contre m» *
Odifére. Que je me fuis conduit en poltron , & q\i«
par conféquent, je n*avoi$ pas été digne de ma (or-
tune. Plut à Dieu que je Ven enfle -pas été in-
digne par d' autres raifons ! Mais je férois bien aife
de, leur demander , comment j'aurois dû m'y pren-
dre , pour Couver de la confolatton en moi même.
Je n'oferpis penfer , ni à mes égaremens, ni à mon
état prêtent , ni à mon avenir « pour me tranquiii-
1er. Il ne me reileroit qu'à m'étourdir & qu' à di-
fperfer mes penfées: Mais coisiment aurols-je pu
le faire, & le continuer à la longueur du tems,
dans une tçlle folitude , & dans l' éloignetnent de
toute occalion de me di(br&ire? Et ^uand môme il
auroit été pofTible, cela ne m' autoit pourtant H^-
vi de rien; ' car la raifon de la crainte de la détref>
fe, auroit toujours été préfente, & m*auroit afl'és
ibuvent fait revenir à moi même , de fnoné tour«
diflement artificiel. J'ai eflaié xe moien de me
tranquififer , pendant la première femaine de ma
détention, oc avant qiijê d'avoir fait attention k
mon état.' Je reftois fouvent couché pendant trois
heures de fuite & d'avantage , fur mon lit , je fai-
^ fois des romans en pensées , Je parcourois le mon-
de, & mon imagination me rourniiïoit mille fortes
dMmages, que je cbnfiderois & qui me faifoient
paffer le tems. Mais je crbiois alors de voir enco-
re devant mbi, toutes fortes de moiens poffibles,
de me fauver. Je ne fkvois pas encore, fi & jus-
' qu' où me forfaits avoient été découverts. J' ig.
norois encore une certaine circonthince , qui fufifoit
pour me faire perdre tf ute efpérance. Et te fut
déjà alors que le fecours de la dîitraéUon étoit fans
éfet. Quand même je m'eforcois de pafTer quel-
ques heures en rêveries, mes fraieurs & mes d'e-
trelTes revenoient toujours. On prétendra peut»
être, que je fafle maintenant le fier &què je prouve
par mon comportement, que rien ne fauroit m'hu-
milrer. Mais que cette fierté efttrifte, quand on
n'a pas bonne confcience & quand on eO obligé de
mourir 'for l'échafaut. — Non,' je me trouve
mieux de tirer ma confôlaiion de la vraie & uni-
que
/-.
*
a35
^uc foiiroetP <mi eft U Religion, & ]$ foubaite è
toiû ceux qui poucratent me blâmer, d^ ce qud ^
j'ai couru à elle, qu'ils puilTent jouYr de la mê-
me tranquilité, qu'elle ui^ donne, k l'heure d«
U mort.
II n'y « qu'âne chofe dans le monde, qui niMn-*
Îiaiete éfedivement jSr fans difoontinuer. Ceft le
ou venir d'en avoir Tédait d'autres à l' irréligion &
an vice. Je crois que je ne pourrois pas bien (en-
tir ma félicité dans l'éternité , li je Tavois te malheur
de quelqu'un de ceux que j'ai féduita. C'^ft pour-
ouoi le plus împomint'fouhait que je puillie faire,
p& auquel racromplifleinent de mon propre falui eft
fortement attaché, c'e(t qu'il plaife à Dieu, d'ac-
corder la grâce qu'il m'a faite, à tous c^ax que j'ai
éloignés de lui , de quelque manière que ce puiffe
£tre , en les ramenant à la Religion & à la vertu.
C'eit dequoi je prie très inftamment le bon Dieu. -^
Vous venés de me dire, & vous m'avés déjà
dit plulieors fois, Monfieur le Comte, que vous
adrelTés fouvent vos- prières à Dieu. Je me fuis rè-
pofé fur votre parole , & c' eft pourquoi j'ai rarement
prié Dieu avec vous. Il faut que vqus (acblés le
mieux, les befoins que vous avés, & j'ofe me fier
à vous, que vous êtes en état de les repalTer dans
votre efprit & de les exprimer; en adreflant vos
penfées à Dieu , avec la confiance , k laquelle votre
foi en Jefus Chrift vous autorife. Les prières que
je pourrois faire avec vous, nepourroient vousier-
vir que de formulaires, ^ il pôurroit facilement ar-
river, que ne pouvant pas entiérepient entrer dans
vos befoins , ces formulaires ne faccorderoient pas
bien avec votre état & les fentimens que vous pour-
ries chaque fois avoir. Je crois donc , qu'il vaudra
mieux, que vous adrefliés de vous nîéme vos priè-
res k Dieu , puisque vous le pouvés & oue vous
n'avés pas befoin d'emprunter, pourainfi dice,mes
paroles & ce que je fens. . Mais fi en cas je m' a-
pcrcevois, que vous ne puifliés.pas affembler yoê
Ha , . .ptn*
'Mo
penfées, lonqnevous Ccris toxit frôcbê de ta toi^rt,
je tâcherai de vous aider à faire votre prière.
il me céppndic^ qu'il prioit fort Couvent, vu
qu'en élevant fon cœur à Dieu, il f entretenoit en
Un niénie & qu'il fe réveillait pour conferver &poiir
perfectionner davantage fes fentii«iens« & qu'il fti^
«irefîbit direttement à Dieu, en le priant de lui.«c-
eorder fa grâce & fon uflilkance, ^ lui & à fes Hoiis.
Il nie pria de lui donner quelques fermons
dé Cramer , & de lai aporter en m£nie tems le poè-
me du Meflie, difant qu'il avoit plus d'une fois ef-
. feie de le lire, mais qu'il n' y uyoit point pu trou-
ver (le goilt. IVîais que <;' avoit, fans doute , été
(a faute, parce qu' il ne f ' ctoit pas familiarifé avfd
les vérités de la ReliK'""» f»"' laquelle il fe fondoit;
'& qu'il ne r avoit pas cru important. Qu'en amnt
préfentement plus de connoillUnce, & qu'en en ju-
geant autrement, il fouhaitoit d'effaier denoiive»»,
ii KIopftock, Auteur de ce pocme« caufcroit de
Ibons lentimens dans fon aute. (41)
Tren^
(41) Katis mirions foiûiait^, ce qui bien des fjes^
teurs poiîrront fonliaiwr iciy pour leur édifica-
tion^ [avoir tiu'oii. eut fixmili'arifé^ aoèc plus
lie rdifons confjUïfUes de !a Bdi^ion de ta Bi^
t'Ut ce loijoi-ur ijartavt pour rHfnûti^ dont
Uf étoit (î fort approché, & cela encçre ptifs,
qu'il nu V éloit avec qnttquaS ituns du Ifsraffons.
une plus gr^iHd.: iifjliianci dg cette forte dtttOHr-
riture cCefprit^ Vauroit rendu plus coura-
geux & plus joiaux, qu'il ne le paroît, Flus
nos coups d'ot'ilfo:it a fîtes tf girdéSt plus
' fiofus apreiWHS À, faire la dif^rev.Ce de Oieu
fcj* de twus , du iviiis & d'f r éternité î '^ <^ eft
fur quoi fe fonde fi lis doute ^jine giande par-
tie de V actroiffement de la foi ^ qui combat
pour le fa!ut de l'uwe , qm eji innnuahl'ê ^•
' tiiii attend l'entière redtnition^ ou bien le pas ■
préparé pottr f étetnité. — C'^eft auffi «m d»-
V0sr
»
-«41
Trentième entretwn; leit Avril
i772r
A «tant qn*îl mVtoit poflible de juger du Cdmte
^^ Struenlée, que je voioit presque joiirnellehient,
& dont Je com^arois tout le maintien avec'fes paro-
les , je ci^'oîs qinê ]' «vois lieu d' être content de
lui. J' ttois au tnoins adurc,. que tous ceux qui
r avoienr connu autrefois , le trouveroient fort chitn-»
gé, lorsqu'ils le reverrotent, & je fi* aufli rencon-
tre de plulieurs de ces anciens atni , qui croîoient
ce changement fnctoîable, lorsque je leur fis le dé-
tail de fes fentinïcns aéhiels. Je ne trouvoîs pas la
moindre raifon» de douter de fa fincérité envers moi
& la vérité. Je' ne pouvors abfblument point dé-'
couvrir de raifon, poin-quot il auroit voulu me trnnt -
per; car la dilfiuiulation n'étoit pas confonne à fon
caraftêre, tous ceux qui le votoient» le trouvoient
comme moi , perfgnne ne doutoit , qu' il ne fut
nsitivellement tet qu'it fe mont^tiit, St j*étois ^^HTaré
d'avoir toujours été fur mes gardes , afin de ne pas
être trompé. Le repos de V ame, dont il jouVflbit,
me fervoit fur tout > de prfeuve certaine , de ce qtie
la Relîç^îon avoit opéré dans l'on cœur. Ainfi je
ne doutors ancunement d'€tre heureufement arrivé ♦
pttr la i^cace de Dieu , au but de ma vocation , St
R 3 }e
voir d» ftous/trvir <l# V abomiance de V infirnC'
tion & de la confolation tunrpfyrdle ^ dit V E~
crititre fainie ffftur nous tnrichir. Qui eji ce
miti en ftml découvrir tout l'ufagf jfojftbîe de
i* avenir, & de ciuel Jicotirs n* efi pas cette
f'ùvjfxon d' armure, à l hatredu troubln! L'E-
erkure dit fans doute, Jotivent, pour cette
apylkation , la mime vérité cap^eUa, en difé-
rents ternies & fntis bien de diferents idées fe-
cnndes ^ particulières. Cepeniiant V Auteur a
encore dit bien d^is ehojes pour it^ruire ce
pécheur avide du bien éternel, foHS ce qttifê
trouve dans le tontenu de ce livre*
/■
\
24^
je pris Ia i^fblntîoR de travuiTlér, dant des entm-"
dens libre» , à fortifier fes fenttmcns » & h corriger
tous les défauts que je pourrois encore découvrir en
lui. Je parlerai dès à préfent plus rarement dans
mes dations r 6c je n'entretiendrai, pour la plus-
part de t^ms , mes leâeurs a 1,1e de ce qu'il aura dit.
Je m'occnpe maintenant beaucoup à penferàrétat
de Taméf après la mort. J'ai penfé entre autre , que
Tame pourroit bien être mife dans un état d'idées
obfcures.y pendant fa réparation d'avecle corps* mais
pourtant dans l'alTurance de fa félicite. Car cefonr
les fens qui forment la fource , dont elle puife fp-s.
idées, & ces idées qui lui manquent Je Kiirépon^
dis , qu'on ne pouvait pas favoir , fi l'ame n'em^or-
teroit pas un certain Schéma perceptionis fin & în-^
vifiblede Ton corps, par. le fecours duquel ellepuifle
avoir des reprcfentations claires, & reffrntir des cho-.
fes extérieures. Qu'elle pourroit bieii conferver;
& joindre les idées qu'elle fétoit formées ici bas,
fans avoir un corps. Et que fi en cas uDeobfcurité
ponvoit avoir lieu dans fes repréfenuetons , ce ne
ppurroit être, que par raport à l'étaç, de fa jonc-
tion future avec le corps , & non pas par raport à la
vie palTée. Car autrement elle dcvicndroiten quel-
que forte plus imparfaite après la' mort, qu'aupara-
vant , au lieu qu*oh auroit raifon d'attendre le con7
traire. EMle fera fans doute aufÏÏ, aimita- tJl, com-
me dît I' Ecriture fainte, auprès de Chiill, & fiipi>.
faut cela, on ne fauroit point penfer d'état, de re-
préfentations obfcures. Voici ce que j'ai penfé de
cette demeure de l'ame auprès de Jefus. Je crois
l'avoir la quelque part. La vilion de.Oieu doit faire
notre princi|>ale félicité. Mais nousne faurion.< , en
propre fens , pas voir Dieu de face à face. Mais il faut
quepar des inlh-uftîons , par deséclairciflemens & par
l'extenftoa des idées, on nous fade part de nouvelles
connoilTances de Dieu. II. faut que celàfe fade par
quelcnn, qui ait une parfaite connoilTancc de Pieu ,
& qui facbeen même teras f ahaiffer jusqu'à nous&
fé conformer h notre capacité. Ce fera Jefus Chrilh
lleltDieu, & fait par conféquent» ce qu'il y «en Dieu.
n
«43
H eft iiomme & pe«t «infi nom rendre ritil^CBcm ,
qu'il nous donnera de Dieu, intelHgtble. -*
Je trouve, dit-il encore, qu'il y'«ura une très
fage gradation , dans la difpofition que Dieu a faite»
t ^r raport k û réconciliation , & à la «orreftion du
Îtenre humain. Dieu a ordonné les facriHces dans
e \rieux Teltament, pour rendre lesi hommes atten-
'tifs H fti fainteté. & à fa jultfce. Leç juifs éioient ob«
' , liges, de donner des chofes^ qui leUt étoient précieu-
Ces, quand ils' avoient péché , âf celà^ devôit rendre
le péché diBeile. Mais lis oublièrent depeu à peu
ces vuë3 » & redérent attachés à ce que ce moien
«voit de ienfuif. Là delTus Dieu facrifia lui même
fou fils, Jefus Chrift, pour prouver d'autant plus, par
là, aux hommes, & l'horreur qu'il a du péché &
l'amour qu'il a pour çux. S' il y avoit un régne
mtlenaire ou quelque «utre événement pareil à at-
tendre • où Dieu fe. nâontrc daus une grande magni-^
' ficenoe * ib y feroient peut être encore plus fènfibles.
Je trouve maintenant, qu'il el> bien abfttrde*
continua- t-ii, de ce que les efprits forts fe fcandaU-
fent, de la figure humiliante de Chrill, & des pre-
miers Dofteurs du chriltiaoisme. Car fans parler,
Ïu'il n'y a rien de grand , ou de petit par raport à
^ièu ,. cette figure humiliante a été quel<]ue chofe
d'efTeutiel, pour parvenir au but que Jelus Chrift
«voit (42). Si p. e. un grand Seigneur , vouloit re-
former un vilage rempli depaTfans, il ne reuffiroit
guéresf'il paroiflbitdans toute fa grandeur parmi eux/
R 4 It»
(4^) Mais <• but itoit fitns dauU pluà , <fiM Ut femU
mfirvMUm^ f/lm<omnioJt & pins pinétratUt ;
fi Scdllimrs Ù $/ifp»Ui que U vh humiliante &
^ penilfle de Chri/lf fe rapbrle à toutes fes foa-
firaneeSy & d JontMiritet ànotreégatd. No'
tre efprit philofophaHt prend facilement mmok-
ire tour^ i^ue celui que préfènte la counexio»^
de la propofUion ^ celle de l'hifloire de la Bi-
ble^ quani nous confiderons une Jhktence ^ & .
. quenousnefaifonspas i»terif«mr léiliaifon.
llf le preoâfoiett pmrtr un être 4tme forte pkit
dilbngu^, dont les }>n>poûtt€ms l*»iir feroir-m trop «
charge , on qu'elles ne fe faifoicnt pas en des rue»
bien Cnifanées. Mais fi ce grand Seignear rabaiflbir
jQïquàeux, & vîvoit avec eux, en les Pcequeu-
taiit, & fil faifoit lepaTTaB, Havanceioit bienpha
avec eux. Ccft fMMmjiiol je crois que Jeios Chrift
f eAl fait voir fous une figure H boiniUaBte. Dans
cet elat toote la foule le prenoit pour cm lioiiinie
dé leurs femblables & prenbit de la confiance en lui,
C elt potiiquei il ne choifit auffi^jnedes gens éebaC
fc condition , pour en ftiire fes Apôtres. C'eft i»
wi*Mi pourquoi H demeuroit le ptns parmi le peuple.*
Et le peuple pouvoît feoutanOt bien voir les mir».
des qu'H failoit, qu'une affenbtée de Plulofophe»;
car ces miracies étoient tous de natuie, qu'il ne fa.
ioit que le bon fens & nn^crprit commun à to«t le
monde, pour les obferver. ITn limple foUtot fcfoit
|>etifc-6tre pUis en état, de regarder une telle app».
rition de près qu'un General, dont la tête pourroit
€tre remplie de raille autres foins, ou qui croiroit»
cp n ne valoit pas U peinfe d*y penfer. Aîbli le té-
«loignage des fens, des comraitnes gens, à Téizant
des faits de Jefus Chrirt, <ians tesqnels fes miracles
con Wtent , ett donc très fâr. Que les fitvans & les
Vhijofophes réflécbiffent donc ftir ces aaions défaits»
fuhiammenfe prouvés, fie qu'ils les examinent pour
voir h ce font des miracles , & qn'ih» jugent enfuîte
de ce qu'elles prouvent en faveur de lefus & de
m doctrme.
* Il ne me rede maHitenant aucun doute, dît le
comte, en propre terme, qui puifle m'inquieter.
<H» me rendre incertaine Ut grâce eue je trotive devant
iJieu, Iicen'eftquejenefeis, li mon amendement
opéré par ta ReH^ion, ne coniiftc pms plaj dans le
«ens que dans les fentîmejis. J'y ai réfléchi , & voU
Cl ce que j^aî trouvé pour me tranquilifer. J,e fais
que j abhorre fans exception, tout ee mit e» mo-
ralement mauvais, & qw j'aime te bien opofe. Je
travajlle fai^ relacfce, i me corriger, je rttTens
un parfait' wuour pour Dieu & mon Sauvevirdans
non
1
I »
I
a*i
-HM» -âipéi ' Cet amouv n^eft pwlimA^r, mais cXi
ce-qu' il nei'auroit Strefuîvaut la. nature de l'objec
)l €ft vrai., qii'ii ne Ce! toiOBtre encore dan:; un ^u-»^
jcwa mwm êi^tt .4:]ue<diin8.iites- éîo\>b& & dune- lu
-détirÂrdetit. qii'e j'fti de me . rendre Mgréabie à Dieu»
jatfi k corrediàa £le.n»e& i'eotiineAi» , de mùine que
pm? autant de bonnes 'aJ:biGU]&i, qu'il me ferai encore
poiÏÏble de faire :. mais je ne vôîs aoflî pas, qu'uik
iKxnrne puiffe prmiver ♦ d' une avitre nuuiière foa
«onmir enver*- 4>ieii. Je tne r«jpaï5 du lalut éter-
■•Bel:; m^iâ- je ne laurois.dire.*. «que j«. rà>'im4>iitlent^
#y parvenir; - âii ie refîenttmeiu, que j'en as. D'eQi
^f>de»'Plusvifâ, €eJà:t*e fonder etvpartii:uliltr l'arma
fi^a naturelliT de peu&r , confôrroémÊnt i\ laquelle
i&i>e roefui£ jamais péjoui avec impatience du J)onr
hexvp dfim état prx>chA>n ; & et» f>artie I^f la convie^
Itan-que j'ai, qu' ii vaub njieux, que j«- me préparé-
avec- fecaaquitiité & avec, de fcrieufes^ rcilexioiH. i^ U
félicité dp l'avenir,. poAir en être plus alTiirJ, lors-
que Ijfr tjems. en viendra. Ëln<in il faut qjae j' av.ouev
que le repentir, que j'ai de mes péciiés , nVft plihs-
Ii vif, qu-'il étoit ci-devant., Je ne crois pas p. e»,
que je puille niaint(;na"t pleurer de nies Oft<irtn<ens..
.eowepfcé-que je- i>rennele tcmsde4efr pep^ficr de coik
le maiiiére dans- roon^ efpcit. (43) Mais il àù. ^vU.'U
' i^nppifîble , que mai repentanee puilVe Être Ii vive;
qu'elle étoit 91V étut de i'âtre aupai-ayanl', & cela
, - R $ parc*-
-(43)* ^ moien, cU^ cati^rveTt dans tut fom/tmr vif^
cifime , OM à£Co]m%^ie , /> daHleurs on ejlen linnt
dit' lûkrëg^ixrdbr cunune acheuie à toiU ég.ai\i, Jh'ti
a*L nwÎHS dit fmé/h-vatiT^fiifUfi^ ùmilrti unn fé-^
parité- aap.iUAe d'enJorm»' lu meiUem ca:nî\ii^
inonde. Et qu-'efî-cu qu'il tf a, qai puijj'c plus-
éionfar teèotUUojmit-neiu naturd àe ^ orgue^ ^
U jouÙ\;m*i9nt ditseffriés^ que h infY<Mtumir dt
fiA chtHej* B du jAfaibUffe'l ^tullg précuuiioik
nii.fiiHt'*^ V^ y f '(MCI* conj}ff:ut!r cHte Undre plan"
te , ce repentir humiliant du çxiur , devant Dieu^
U mUméf dans lits o£gufalio»s du la 6ori fiance foi^^
tutairify êH Dign k pir»re€^nciU4d»/ nommes i
(
/"
246
p»rc& qœ je «onnots A^ 1».ceiifi>tee)on ée PEwok
gile, & qi;e j'ote me l'NpUquer à moi même, pour
thinquitifer ma conicieecev Je vont prie» ajonta-t*
iU lie réfWc>t^ir iï vous me' trouvés tel, qu'U f%ut
qiie je ioi«t. Fa tes en fliiffî part à Cramer ,. & priés
t^, de juger dé moi. ]p fer«i avec pUiiiir , ce «yue
vous jiH|j;erés enc<nre à j^tn^os cieiueprefirire» . voua
4 lui.
Le Comte favok, que 'féiuâs encore en conro!-
fftondunce avec Crainer, paur raport.avi, i accès de ûi
converlkK). yéloia acoutumé de lui &irerpàrt.<le
fes tettreis, autant qu'elles k* regMrdei«nt , .^lipro^
Êtolt avi^e plaiiir,. dt's retnartiues &de&<i<>iues, qiie
Cramer raarquoit à (on ég,ard^ Il attjeudoit pafljoflh>
itéaieiu ces lettres» àc- me demenda le inêaie jour*
(k même encore pernbot la dernièie iiuccinée de &
vie, fil n'en cioitpoiiiiveiiae, ipir Fiitterefl^
Trente & unième entretien, le %2 Avril
^1772.
Je ne fais» par quelle raincmle Coftite craignoît,.
qu'on ne me faffe des reproches , par report â
la niétode trvec laqlielfe je l'avoir conduit au ch'rilki^
anUine. Il ^n' avint \më p Uu d'une fois d'être coiw
tent-& de le relier a caufe de l'éfet qu'elle avoit
'produit en tnoi , quand même les _uns ou tes au-
tietj croiroient,. que je p'anroispfls du prendee
cette roiite avec Im. U réïfiera cette pri^e ce
jour même, & cela avec béawoupâe circotittances.
Je ferai part du prrncipaU de ce qu'il en a <iit* par-
ce que dfs Lecteurs rétléchiflants , fe tKwreront ^
état de m»eux juger du carattéte de cet boAitne.
Je vous fupplfe , dit-il, de ne vons pas inqrufé-
ter, li cas quelqu'un ravKbit de dire, q«e vous
, auri<î« dû moim procéder pliilofopWquement, qii*à
\n tViçMi évangelique, à nion égara, jô" vous af-
Cknç , (jue vous n'auriés/ point trouvé de voie -pour
entrer dans mon cceuf , que pae celle que vous-' avés
■ ■■■ ^ '■ ■ ■ choilie.
447'
la décUmatioii, l'ngitation de l'imagiiiéttion & un
exanietî fait à fanj> froid. Si voii« aviés éécfainé^
j'aurois d'j«boid dit. en moi mêioe; li ctrt honitïit
wvoitnme bimne caaVe, f)Ourquwn^ me feroit-il f>as
roîi- (es raJfonsV Si-Oieu a révélé une Religion , it
faut qu'elle pnilïe foutewr un examen feulé. • Ainô
le vo»>s aiifois écouté fans m' émouvoir. Si viwii
avtés com^Jtc de tirer avantage de «ion imw?»!»»
tr(Jn, vous aurrés été.obUgé de la rempirr de fi^ttr
res épotu'àntables de l*Téternité. Et c'eit en quai
votts «uriés encore inoin* réOi* , ffiie par dcr dé-
daiTWtions. Je cfoiois trop' fen»eraent , que je n'a*
vois rien à efpérer> ni à traindre après la mort, iSt
tiWite rtjnprctttôn que vous «urits pu f*iire en moi,
par l» crainre, awrort outre celk, bientôt été aibi*
btie •& entièrement éfacée par le fouvenir <d& woft
Mcieii lili^éiue ^ qni Mtn'oittixcetV»inmenerfi»ivi.. Atnit
il ne vous retboit donc^ pwnt d'autre chemin , qu^
ctfteM que vows avé»>ri9 avpe moi , favotr celui d*iui
cxatnen tranquile.' Je m'en vais* vous raconter i*
réfoiulion que j^avois prife, avant que voiH vinlié*
trie trotiver» •& par quelle raffon je, crus devoir
m'engager-avec vous. Ce fut à peu près iiuit jotuv
uvant t»otre dernière vîlite, que Moalicur te Com*
mandant me demanda ,lî je ne fouhaitois pas» de
ptirler â qtielque eocléfiartique intelligent ? MtJli*
gnràftt qo»» chai^wa ecclé4ia(Hiï«ç ne manqttenott
pas de nie fermouer, ou de m'accabier de répréfiw»-» -
tAtions, je priai le Général de m'épargner, parra«
port k cette propolidon. Je lui dis: quel ecdé4
fiâltique'que ce fott, je ferai toujours fort élojg*
Hé dt? fort fentiniêîit, ,& je n'ai pus envie «de me
dî*i>uter. fependant ie uottvois biéum'imaglner,
q«e malgré t6ut cela ,' ia Régence ne manqueroit
uni de mVnvoier mi Prédicjtttur. Je i>ils donc U
réfolution de l« tetevoir, lorsqu'il fe. fcpofr. amion*
cer^ d'en" agir poliment k fon égard , d? l' rîcouter
tranquik-metat & avçc décence, û^ de lui dire, à la
fin de la première vilite, que fiî avoii. ordre de n^
■ veiiir voir diligemment* 'il meferftit; toujours le bte'v-
««nu. Mais que je le priois atiUi , de ne pas eipé-
rer
ter de r&atCir taprèt èe^ni^î^ parce <|iiéfêloitfero^
con^incu de mes fentimens , & que parconféquent
|e n'enireroig dans aucune difpnte inutile & fati-
gante. — C'e(k là defTuc que vous vîntes, tnatk
cher ami f J;e vis<t' abord que vous n'aviés pas fof
mé le ttefl'em. de vchi« alTeoir auprès de mo> et
ée prêcher, ou'" de ine mettre en cramtc & tretn-
btement & d^échaufovuion imat^ination. Vous vous
Iwrnàtes à me prier d'examiner mes fentimens & le
cbritHanisn^e parce que l'aflairc étnie fi importante.
Je trom'ai la piopoution raifoonable^ je »e fi^u-
lois que cet examen me mettreit en éCat de connoî^
Ire plvis fôrement la fauffetâ du chrilHnnisine , & <1q
mo Gon vaincre d'autant phu de mes pnncipes. En«
fmtii voMsnie cofidti'tUtes fur le troi(ièiiie cbeinin pof-
iible , r.ous comni^^nçàmes nos entretiens avec uik
fiin(7 froid, je UlbU les livres que vans me donnîéif»
avec m«ffiance, mais avec réticxion. Feu a^és
yc }ie pnuvots pUis me cacber«. que je tit'êtots
trompé, je ne faurols àa long tems pas vous dire»
ce qti^L m'er^a fvémiérement cotité, de m' avouée
à moi ntrrme, & enfuite à vous, l'erceur dans le*
ânel je me trou vois. Vous vous fouviendfés qtte
Ss be conainencetpent, je ne vous ai pas nié, qut
j'avois t'ait bc^ucoiK^ de tort^ que je ntr m'étois pas
trouvé heureux dans mon précèdent état, que -oui
confcience me faiAbit des sepipoches Sic. . Mais co
fut une viiitoire compiette remportée fiirmoî même»
^ue de déclarer faux , les anciens principes que j'a-
vois opintàtcement défendu», dans ma Êiçoii4Je peu*
fer d'autrefois. .Il n'y avoic que la firapie rajfos»
qui pouvoit m' y porter. Vous en favés mieux
Sie moi, les raisons tirées de 1;^ nature de la
ofe, qui vous a porté à en agir k mon (égard »
' comme vous avés fait. Et L'iiltie fufit, pour vous
niOitier. Le deffein de ma converfton a heureu>
ttiuent réiUIî ^ par la grâce de Diieu. La voie pat
lîu^uelle celé f'efl fait, peut être iudiférente à
' tih chacun , 9t des Chrétiens ra]fonn{d>tes y qui fe
reiouVront de voir mon ame fauvée, fe rejouTiront
ftiiffi , de ce %\iA vous «vés choîâ ane »étode»
^
I
H9
^ti €to1t m laoin» la feule bot^nt» d«nt vou«
f»oitvi4â voiis iervir avec inoi. <
/
Après quelques réflexions > qn« notis 6me5
pir raport aux ratfons de -fon culme , <& de fcn ef-
Î>érance» dti contenu desquet iiadéja été piirlédans
es entretitïTs précèdens, que je i»e voiidrois \>ué
TCfieter, je l*«Veriis, que la lemaine coiiiHiite,
coitrroït bien être là dernière ite fa vie. Ce que
je fRvois de certain, c'tft que A iennence feroltjjro-
nottoie le Samedi ftiivant, dc qu'il ne Ce pallcroit
que peu de jours, entre la il^ntefice & lb« «xv-
ctuion. li conferv* toute Pa fermeté» & fa i'cré^
nité en aprenant cette nouveiie.
*5e fuisperfuadé, dîl-ii, que jMrai tans aprehen*
• l^n, & fans une anj^oifre'étourdiilanie, au devant
, fie la mort. Tout «e qu'ii y a, c'eit que je crains
«ue vous ne fouffits beaucoup de cette horrible
(cène. Si cela ne rifquolt pas de f«fre une ixnpref-
ilon contraire l\ir les fpeétaceurs» je vûusprierui» d»
ne me pas acconnpagner. ' /
Monsieur le Comte, je fiiîs le feul/ami- que
. vtous aitfs, & je n'oferois vous quiter. Je tticherai
<lf me fortitier , jW VePpci^ance^ que j'ofe li certa»-
«uement avoir, que vous vous trouvert's bien d«hs
r éternité, '& c'eft pourquoi je vous alWhTMi, a^- •,
tiuît qu'il Uîfi fera poffible, lorsque voiks ferés ve
grand^ pas, & toute la recompcuic que j\'n atteiM,
c'eit de vous voir mourir en Chrc-tien,
Trente &deuvème entretien, le .aj
Avril lyyi. ■
Qn'eli^ce qui peut bien £tre la caufe , dit le
Comte, de ce que quantité de pérlbnnes con«
vaincues de la vérité du chri/lianisme , font inti-
£uité d'ep fuivre les préceptes^ '
11
à
i II ne paroit pM, répon^s«je, qiCMs feîetit en-
tièremeut convaincues, toutce<)U'ii Itft font, c't-ft
Ile taire pafliLT la Religion pour vraie, l'ans l'a\'oir
examiitce. Elles ont de faufl'es idées de Tes pré-
ceptes & tachent de èrouver des exctifes , par .ra~
port à tels & tels péchés fiavorits, qu'ils croient luê-
me poii«oir appuier de la Religion ; où tls efpérent
de l:u bonté de Dieu, qu'elle n'y regardera pas de
ii prés. On peut toujours fûrement lupofei- que
celui qni croit la do^rine de r£vangile vraie &
divine, & qui ofe rependant transgreOler Tes pré*
cept6s , a une balTe & faulTe connoiflance.
Il y a quelques jours., continua |e Comte, qu(
j*eus un entretien avec quelqu'un, qui m'a por-
, té ii vous faire cette queftion. Cet homme axonoit,
qu'd preuoit lu Reli«^ion pour vraie, mais qu'il ne
cioioit pas, qu'il fut pollible d'en accomplir les
loix. Que Jes mœurs du tems , les dif'rraftions de
la vie, les préjuges adoptés & génétalement re-
fpedés, & mille autres circonlkances ne le permet-
toient piis? Je lui repondis, que je ne pouvois
point former d'idée, comment on pouvoit prendre
des principes pour vrai, fans vouloir les fuivre.
.Que tant que j'av<^is été convaincu de Ja vérité,
de ceux que j'avois eijs autrefois, je m'en étoissaf-
fuf<^, pour la pluspart dans mes aaions, & que ie
leur étois reOé fidèle. Que pour le prêtent, je
me conformtTois certainement h ceux , que j'avots
reçus de la conviftion. Je lui fis voir outre cela ,
que le prétexte des dificuttés, qui dévoient rendra
J'obfervation , des préceptes de l'Evangile impoffi-
bles, étoit fort mal fondé. Si p. e. difois-je, votre
Colonel vous prométtoit une*Con»pagnie, à condi-
tion que vous vous conformiés entièrement, pendant
toute une année, à ce qu'il vous p^eicriroit, ne
rempliriés yous pas ces conditions avec plaifirs ,
qiiand m€me le Colonel fe montreroit tout à fait
hn^ulier &^ capricieux, dans fes prétentions? U
' afirma ces raifons. Hé bien , continuai-je , ûtites
en l'application. Quelle félicité n'ett^ce pas t que
celle
É
celle que l'Evangile vous promet,. eh reoûmpenfe
de robé)'(Tance que vous i^arquét envers Tes prâ-
teptes! Cela ne vaut-il pas bien celte peiue*/ Oui,
dit rOfiaer, on efpère qu' en prenant de l'ùge on
deviendra plus religieux. Mais la vons en agifftt-sd^
tnénie, dans le cas ^ne vous iupoicsi., lui re| 0!idi««
e* fi vous ne vous atTujettifliés aux ordres du Co-
onel, que félon votre coiumodité, ptndaivt onze
mois de l'année, & ii vous ne vous y mumriés at-
tentif que pendant 4e do\i2û'éme où le de^mier, quel-
le efpérance pourries vous . bien/avoir *d' obtetilr U
Compagnie? '41 efl bien vrai, qu'il faujt tâcher d«
furmonter les premières diticuûés/*
Or cela n^eft-n pas, me demanda fur cela le
Comte , le péché con^j« le St. Efptlt, quand quel-
qu'un croit fa Religion, & qu'il en eilconvafnca,
Mns cependant Vouloir y fatisfaire?
Je me mis à lui developer l'idée de ce péché , par
H'S paroles de Jefus « qur y oht ùu r«por««> & je.liu
lis voir, pourquoi il ne pouvoit plus être commis^
Le péché dont vous parlés, lui dis- je, a pourtant
beaucoup de reflembianoe & de rapbrt ^vec (e
péché, èontre le St, Efprit, & le premier approche •
d' autant plus de l'autre, que l'homme qite te cmn-
iBet, connoit des preuves de la Religion. (44) P. e.
vous conimettriés un péché, fort approchant du pé-
ché Contre le St. Efprit, h avec la connoilfance que
TOUS avés maintenant , vous vouliez vous révolter
contre I9 v;érité de la Religion, & entièrement re-
nier l'Evangile , pour aquerir l' agrément dfis efprits
forts, ou pour mourir en héros philotçphe,
X44)' Cnfl à caufe de la conformité de la péni^
tratton des plus gt-anUs^ ou des plus petiêâ
fentimens de Moiijieur le DoSfeuf^ avec «i'tw-
*tres Théologiens de notre Eglife^ que wms^
^ aurions été bien ai/us de lire , une lamte
fotmpijfance 'des raif&iti exégétiques des pa-
roles dt l* Ecriture y dont U f' efi fervi ici.
^ I
2Ç2
je n'ai rren à craindre, -dît- il , dti cfttédece pé-
ché. Pourvuque Dieu me fTclervd des autres, tjuî
|)ourroieiit |>Ui:> Taciletncnt ttie ftirprendre^
A la fin 1e Comte me pri«, 4e lui fixer le jour,
aitqticl il pourroit recevoir la communion. Je pré-
voiois, qne It Jeudi leioit le jotir de la inort,&
H Ibtihaitoit, qtie cette «ftîon faUrte ne ft: fafle »
pa», lorsqu'il 4eroit tout proche de fa mort.
Nous fixàuits donc le lendeinain pour cet éfet.
C'el'c en cette occalwn, qne nous nous entretin-
BTes encore de la nature & des v*»è's de cet éta-
Wiftement de Je4\i5, &^ je k\\.i promis de lui en
parle* encore lout particulière«eut,
Trentetroiûèfîie.entretieii te 24 Avril
J -e CoTOte venoît de finîr la veTlte, le mciiiotre
■^ de fa converlion & me^terennt.
\\ Tn*alTura , qti'il y n\'o\x travaillé avqc une cer-
taine dctrctVe , jx)ut ifv dire ^ <]ae ce qui <:toit con-
forme à les fentimens d'atrtw fois ^^ ti ceu'x d'âpre
fcnt. Que c* ôtuit ptitirquoi l'ouvrage c*<nt allé fi
ienteniput. Qu'il critigncrit de ne it- pas ^tre ex-
pliili'c <le cô^<r & d'autre, ^ivfc -JlVJs rfe clarté ou
d'alT«raiii.e, & cela en partie, parce que depuis
plusieurs anuc-fj:, il n'avoit ROéres écrft€niaUe-
fnand, & jamais fur des mjiti<*ri-s rfe cette natu-
re, & ew partit-, pîfriH.* ^ju'il avort f-Àché ëe joir»
dre l»u'clnt(iutMU fespenlces, atin de ne jxwf'tten-
dre trop atn<;lenKMn. Qu'au refte cette occupation
hii «voit Ac iV»rc agréa We, parce quVIfc l«i avoit
fourni rc»ci:ià<'wn, de repaMier encore wne fois*
toute la luite des prcwvc-s, que ta conviftion
avoit caulées &. qu'il les avoit n>aintcnant'tronvé
fi forttS, qu'il étoitallurj, qti'H tve racl)eterc4r pas
& vie avec toute ia félicité terreiire, piu aucune
adîoD
af3
aélion contniîre. QuMl me prioit de lire Ton mé-
moire & de juger, fi je ie trou vois conforme an
d^eAein, dans' lequel il étok écrit.
Le cems nous manquant , nous refolumes à^y
èmptoicr tur le champ celui que nous avions." Je
me mi:i donc à 'lire fon memoirf? tout haut, en
fa préCèncc. Je trouyoîs de côté & d^aiitres des en-
droits itiinteiUgibles, de même quedésexpreiBons^
des penrées, qui auroicnt pu être mal entendues,
};ar de bons ou mauvais Chrétiens, & Je \\a'\ en fis
mes remarques. * II en corrigea plufieurS de fa main^
Mais il y en avoit d'autres , qu'il foubaitdit de laîder
tels qu'ils étoieut.
'J'ai écrit cet avis, dit-il, pour convaincre les
Chrétiens, de même que ceu)c qui ne le font pas ,
& auxquels ces feuilles pourroient parvenir, que
tr'elk avec rétléxion , que je fuis devenu Chrétien ,
& qiie je mourrai en Chrétien. Je connois d'alîés
prés la façon de penfer des derniers. Pour tes em-
pêcher de trouver le prétexte de dire, que c'eft
par poltron iterie, on par IbibleiTe d*efprit, que Je
ftiis.tlevenu Chrétien, il fout que b leur montre vU
ftblement, que j'ai médité 8{ railonné nl^oi mêmes
tl faut p. e. que je leur .falTe voir, ce que mon
efprit penfe de miftères de la Religion, & pour-
' quoi je ne (a trouve pas contredi faute. Si les
Chrétiens qui fonf l' autre partie de mes Lefteurs ,
trouvent que mes reprcfentations ne foient pas tou-
jours jufVes ou que mes expreflions foient quelque
fois de travers & indéterminées, ils n'en feront pas
furpris , iiour peu qu'ils faOTent réflexion , jque ces
vérités me font toutes nouvelles & combien peu je
me fuis exercé à en parler ou à en écrire. Vous
favés, moii cher ami, que fans avoir d'autre expli-
cation ou pénétration, de la connexion de la cho-
ie, je crois fur U parole de Jelus CirMU toutct
qu'il a enfeigné.
Il me demanda, fi les nombre» ronds de la
Bible , âi fur tout du vieux Teftament , étdient tou-
S jottrs
254
jours certftins » -& f * il ïkloît néceifairement I« re-.
garder pour tels?
Je lui repondis, que Voltaire & d'autres, y
avrtient fait beaucoup d' objeftiofns. Mais comme il
étoit impolfible de, fixer au jufte la xnefùre, 1«
poids > la valeur des inunnoies &tc. avec lesquels ces
nombres avoientdu raport, ces objeftions vouioient
aulG peu dire, que les raifons n'étoient pas toujours
fatisfaifantes. Qu'il fe pouvoit aulR cju* il f * étoit
quelque fois glitTé des fautes d'écrivain, dans les
codes , & que -de côté & d'autres , oh n' avoit pac
rencontré la vraie tigniticctciou des mots. Je le lui
expliquai par plufieurs e<xemples du vieux Tella-
luent. — • Je lu» dis, qu'eu Suéde on pouvoit comp-
ter des fommes érforrnes, en prenant la inonnoie
d^ cui^e. Que fi après un grand nombre d'années,
où l'on ne fauroit plus la valeur d'un écudecuivre^
8i où l'on fupoferoit par abus fa valeur (:gale à un
écu d' Allemagne, on pourroit y opofer des dittcul-
tés iudiiTolubles.
Le Lundi Aiivant étoii;/ comme je l'ai déjà dit,
fixé pour la communion. Cet afte folemnel étant
utte confeflion publique du ChrilHanfsme, je crois
qu'il ne feroit pas déce!>t , de le célébrer tans té-
moins. Il feroit Julie, que /quelque vrai Chrétien,
rvcuiinu pour tel , en foit témoin.
Je fouhaiterois , 'répondit-il , pouvoir commu»
nier de compagnie avec le Comte Brand. Maisceîà
pouvant rencontrer des dificultés, je vous fupplîe de
prier Monfieur le Commendant, de f*en rendre té-
moin.
Le Comte ne me paroi flbît pas Être fi fereia
qu'à l'ordinaire. Je lui en demandai la raifon.
Vous favés, répondît-it, que J'attens demain
ma fentence. Cela m'a porfé à réfléchir fur le paf-
fé. Je me fuis fouvcnu , que U je n'avois pas fait telle
& telle choie, & que li je m'y étois pris autrement
2fy
f ar raport à d*autre5, je ne feroii pas devenu 11
malheureux. Voilà ce qui m'a un peu inquiété.
Mais foies perfuadé, que cette inquiétude n'eli; que
pallagCre. J'ai déjà aiïés de raifon, pourmemec-
tre au deiluii de toutes ces réflexions, âe cel d'au-
tant plus, qu' elles font aftuellemeoc toutes ùiper-
Hues & hors de failbn.
Trente quatrième entretien, le 2 ç Avril
1772.
T a volupté, dit le Comte, eft ki foarce de toiifc
-^ oiorî malheur. L'ambition n'a fait que Tavancer
& r^julter davantage. Je vo\xi ai dit, à la vérité,
\Hi jour, que j'étois/refotu, dôc mon arrivée danf
le Oannemarc, déjouer un grand rôle, fuivant les
circonftances, dans lesquelles je me trouverois , (Se
que mes vuè's ne tendoient pas alors à la puiflAnce
& aux dignités auxquelles j'wtois parvenu , mai«
qu'en tout cas je me l'erois contenté de me dil^n-*
guer dans ma fcience. lVlai:j ce n'a pas proprement
été l'ambition, qui m' a tant fait foubaiterde venir
ici. C'ell ce que vous verres par ce qui fuit. J'étola
rel'olu alors de quiter Alton'a , & de me démettre dt:
l'emploi que j'y avois. Je comptois enfuited' aller
à Maiaga, & de m'y établir en qualité de Médecin*
on de me rendre aux Indes.^ La raifon de ce pre-
mier deflein étoit, qu'étant alors maladif ,, je croioi*
qu'un plus doux climat iVroit plus convenable k ma
ftinré. I^le figurant autU que la volupté devoit Ôtm
bien plus forte &c atraiante en de plus chaudes con-
trées, cela méritoit d'être mis en confidération. La
quantité de chofes fenfibles, à mon imagination, que
j* avois lues àts Indes, dans les voiages , & le dé-
lir, de m'y amafler de l'or, joint aux autres rai font
ci-deffus , me déterminèrent plus d'aller aux Indes ,
qu'it Malaga. C'eil là denfus qne xûon deflein tont-
jia vers le Danneroarc. Je croiois devoir préférer la
fortune qu'il m'ofroit. Et cela pourquoi? J'ai hon-
te de le dire. C* étoit une connoiOance voluptueu-
fe,qaim'att{raici^ Quelle raifon n^ai^jt pas d'abhorrer
S 2 V»
a5«
la façon de penfier que Javoîs autrefois « de fuWre
continuellement uies panions brutales , éi aveugles!
Quelle rigoureafe punition ne fuis je pas obligé d'en
foufrir! „
II me parla encore de piuHeurs chofes, qui
interefvbient fon cœur , & autre autres de fts remi-
mens à l'égard de les père & mère, frères &.fueurs,
du contentement qu'il relTentoit de la voie, par la-
quelle ie bon Dieu Tavoit ramené ii fa deitinadon,
lorsque fon défenfeur. entra,» pour l'avertir d^ La
fentence qui âvoit été prononcée contre lui. Monlî-
* eur le Comte, dit-il, je vous aporte une tritfe
nouvelle. En difant celii, il tira la copie de la fen-
tence de la poche.
Je ne m'attendois pas h autre chofe , répondit te
Comte. Permettes que je La voie.
.»
Il la lut. Je r obfervai de prés , & je ne reraar-
jsuai paf le moindre chanjgement dans fon vifage.
Aiant fini de lire, il mç la donna. En voici le con-
tenu. —
C'efl: conformément It l'article premier, chapi-
tre quatrième, livre iixiôme des Loix du Danue-
marc , que le Comte Jean Frédéric Struenfée a été
i'iiRé digne de perdre (on honneur, fon corj» & ft-s
liens , de même auffi d* être demis des dignités de
Comte &*autr^s , qui lui ont été accordées , & de
voir mettre en pièces , fes armoiries , par la main
du Bourreau, conmiéilTa bien mérité, & pour
fervir d'exemple à d'autres mal intentionnés com-
me lui. En cpnféquence, Jean Frédéric Struenfée
a été condamné à avçir, lui vivant, ta main droite
coupée & enfuite la tête tranchée , le corps écartelé
& expofé fur une roue & la tête, joint la main,
iilantées ftir un^joteau.
Pendant que je lifois cette fentence en trem-
blant, il fi mit à parler fort tranqullemeot à fon dé-
fenfeur;
\
t
I
as7
V fenfenr, & k -iùi dema/ider, fi peurdéctcler, on
f't3roit fervi de tous les points d'accurations qa'oa
> avoit furin<é contre lui. Le défenfeur t'afinnà. *'Ët
quel fcrj» le fort de Brand" i Sa fenience efl: entière-,
ment confomiç à la vôtre. "Son défcnfeiir n'a-t-i(
donc ablblument rieu. pu faire , pour te fauver ? '*
Il a dit tout ce qui a été poflible dédire; mais le
Comte Braud eib trop coupable. — Cela toucha plus
le Comte quti fon propre fort. Cependant il le re-
mit d'abord & ajouta encore quelque chofc à un»
écrit » qu'il avoit remis a lion défenleurpour l'empor-
ter Ôf qu'il lui remiu de nouveau.
Nous retrouvant feuls, je i,ui témoignai ia vi-
ve part, que {e |^reno>s à fon malheur, & je l'exhor-
tai à fuporterfon tritte fort avec patience de réftg na-
tion.
Je vons afTure, me dit-il, qiie je fuis tran-
Îruîle k cet égard. Ces fortes de punitions devant
aire impreflion fur d'autres , il faut cfu'elles foient
rigoureufes. Je me fuis préparé à cela & à davan-
tage. Je me fuis figuré que je pourrois j)eat être,
bien être roaé , ^ j'ai déjà faitréfléxion , fi je poui* -
rots bien endurer les douleurs d'im tel fupplice avec
patience. Si i'ai mérité la mort, ajouta -t-tl , ma
honte ne feroit pas eifacée , quand mêmes les cir-
conttences ignominieufes n> étoient pas attachées.
Et fi je ne l'avois pas méritée, ce que je ne
puis , ni ne veux pas foutenir , des gens fenfés me
feroient jufliice & alors flioii honneur y trouveroit de
l'avantage. Et à quoi eft-ce que l'honneur & la honte
terreltre peut maintenant me fervir ? Mes juges àiant
la loi devant leurs yeux , ne pouvoient pas juger
autrement. J*avoue que mon crime efl: grand , &
je 'ne faurois nier que j'ai lezé la Majeflié 'du Roi.
Il y a bien des choies que je n'aurois pas faites,
fi j'avois eu aff$s dé contioifTanco/des loix. Mais
pourquoi n'ai-je pas tâché de les connoître?
^ Vous ne faar4és faus doutse, lui répondis- je*
S 3 acGufer
»5<
•ccufer qaè vonj fnêm«. Ce cHme quî ne fooftc
aucun doute, n'eft'non feulement un crime de Itae-
Majeilé, mais auffî contre la nation & H le (eroit
dans tous les paYs du monde. t«e pouvoir contrai-
re aux loix. qve vous vous êtes arrogé, IVft pa-
reillement fuivant la conilitution danoife. ^ Je veux
bieh croire , que vous n'avés pas cru de Vous ren-
dre coupable par là , de leze-Majefté. «Mais cela h©
fauroit vous julHtier; car le fait eiï prouvé & la loi
•Il éxprelfive. ]l accorda toul , & j' étois fa^hé de
lai avoir dit tant de chofes défagréables. Mais je
croîois y être obligé, afin qu'il ne fe plaigne pas fc-
crettement d'un tort , ou d'une illégitimité rigoureule.
Tout^e que je vous prie, ajouta«t-il, c* eft
d'être fur vos gardes, afin que vous ne foi^ pas
trop touché, lorsque j'irai à mon fuppllce. L'ami-
tié e(t le feul endroi auquel ie fuis fenfîble. Je
m'inqiiiékeroitesçtrêmeinent, il je vous voiois fou-
frir. Continuons tranquilement nos entretiens juso
- qu'à la fin. Parlés moi ic moins qu'il vous ferapof-
(ible , fie feulement autant qu'il conviendra lorsque
je me trouverai iiu tien du (lippUce, J' alTemblerai
certainement toutes mes forces , pour adrefl'er mes
yen fées h Dieu , & à notre Sauveur. Je ne pren-
oral pas congé de vous. Mais (oies pemwdé , que
fiius cette cérémonie, qui pourrott taciteuient me
dérailler, je fais & je feoi combien je vous fuis re-
devable.
MesLefteurs fe fouriendront, combien ce mat-
lieureux fe trouva ébranlé par la lettre 'de foapère.
lorsqu'il étpit encore rempli des principes de fon îr-
féligioQ. Maintenant ils ont vu avtfc quelle refygina--
j^ion il a écouté la fentence de mort, qu'on loi a
i^nnoncée apri^ être devenu Chrétien. -^
Il me remit la lettre fuivante, adreflTée h Tes pé<-
re & mère, & me laifla le choix de la leur envoier
d'abord ou après fa mort. Je pris le dernier parti,
fi^çe que je tkv^^ que foQ exécution aoroitbientdk
iîeu.
lien\ Çt qne je criwois devoir leur épargner cetfc
triite itttet)te.
VosJettfjes ont augmenté tpes douleurs « mais
j'y ai trouve t'n oiêmecenis, les fentimens de l'a-,
Mioar que vous avés toujours eu pour moi. .Le
i<iuvenir de U triltelVe. & particulièrement de la plyis
grande , «]ue je vous ai caufée en dernier lieu » eu
Ikifant toAit le contraire de ce que Vous ibuhaitiés,
m'eft d'aufcuît plus lenfible, que la connoilTatice lie
l»i vérité me montre plus vivement le tort que j'ai.
C'elh avec le plus ûncére repentir, que je vous en
deniaftde pardon. Je fuis redevable de mon état
preleiit à ce que fai reçu la foi à la réconciliation de;
Jefus Clnijh Vos prières & le fouvenir de votre
exemple y ont beaucoup coutribué. Soiâs pçriua-
dés, que votre fils a trouvé le bien, que vous çfH- .
«nés le/e«l véritable. Conûderés l'on malheur , corn -
Rie le nioien qui l'empêohe de le manquer. Cette
impreflion eftacera toutes les autres en vous, tout
comuie elle les a entièrement effacées en moi. Je
lae recommende à U continuation de votre interref-
fïon auprès de Dieu, tout comme je fupplie très in -
Itamment Jefus Ciirilkmon Sauveur, de vous rendre-
cette vie aulli fu^artable, que j*en fui* redevable h
ion fecours. C'eft avec toute la foumlinon filiale &
en faiuant mes frères & rœurs que je fuis &c. '
Treate cinquième entretien,le 2^ Avril
177Z. ,;
J'apris de Monfieur le Général Lieutenant de Ho-
ben, que Struenfée avoie été fort inquiet la nuit
palVée. Qu'il avoit triijigné» grincé les dents &
qu'tl f ' éttMt mordu les doigts. Que V Oftcier de la
^.trde f'en étoit approché, mais qu'il, l'^vott trouvé
profondément endormi. Je voulus favoir de mon
malheureux ami, fil avoit peut Ôp-e eu des fou-
ges inquiétants. i
U me ré|»ondit, qu'il ne f'étojt f<»)venu de rien,
- S 4 en
\
a6o
eût fe réveillant le matiff; finon <|u*ei3 dortnint H
«voit repaiVé dans fa memotret la fuite de fesrai-
Sni}ê convaincantes du chrilHanisnie. Que d' jtiU
leurs il ne fa voit rien de toute cette inquiétude
-de fon corps.
J* avois à lut caporter la trifïe nouvelle que
la fentence avoit été confirmée en tout point, &
(qu'elle devoit être mife en exécution * le furlende-
main.- Ce que j'attendois, favoir, qu'H la rece»
vroit avec une entière réiîgQMtion , arriva aiiffi.
Quant aux circonlVanc^i^ ignoitiinieufes de fa puniti- *
on de mort , il f * ex(>rima dan« tes ternies fuivaus.
Je me fuis mis fort au deflus de tout cetik /Se
tout ce que je fonhaifce , c' eft que mon ami Braïul le
faite autn. Aucun honneur, m aucune -honte ne \
iauroit plus me fraper dans ce monde» moî qui. fuis j
fur le point de le quiter. Que ma chair Ce corrompe {
dans la terre ou dans l' air, qu'elle foit rongée v«t !
les vers ou roangtée par les oiieaiix , tout cela fà la {
- même çhofe par rapprt à moi. Dieu (aura bien \
conferver les parties de mon corps, nécefliûres à ' <
fa refurreftion, pour former mon prochain corps
illumine. Ce qui fera expofé fur la roue, ne fe-
ra pas ce qui eft propremeiit moi. Je fais tré»^ien, |
Dieu foit loué» ce que vaut cette pou mère « ^
moi nfême. — |
^ !
Lorsque je lui dis, que le mardi fuivant fe-
roTt le jour die fii mort, il me répondit: Jecomp- ,
t<Ms que ce feroit le vendredi. Mais Je ne me j
fouh4iterois , pas feulement, ce petit retardement.
Ce feroit comme li j'avois une opération douloureufe
à etTuier, pour le rétablilTement de ma tantes & !
que je voudrois retarder , lorsqu' on feroit fur le
point de la faire. Je ferois pourtant obligé de
m'y fouruettre à la fin, & je retarderois d'autant
plus ma guéri fon.
Enfuite il repafla encore en particulier S? fr-
parément» toutes les circon/Vances attachées k ^
mort,
*
«
i -
. •
26 i
inort, il \çs Compara «vèc les drconflances de la
mort (de Jefiis, ^ trouva que Jefus avott infiniment
plus (butert, pour l'amour de lui, qu*il ne feroit
obligé deibufrir, pour fes péchés. U loua aulii la
force que la prière avoit pour le tranquilifer ,
quand quelquefois U f 'afligeoit du pas pénible, dont
U étoit luenacé;
, Je ne faurois exprimer te calme Sl le con-
tentement, »vec lequel il parloit de tout cela.
J* awis beaucoup attendu de Téfet que la Keligion
feroit dans ton cœur, mais elle failbit inHuiuieué
plus c^ue je n'anrdîs oie elpèrer.
Il m' affura, qu'il étoit redevable de ce conten-
iefhent d'elprit, à la Religion & ù PalTurance qu'elle
lui^voit dçnnée, de Ui grâce de Dieu. Qu'à la vu-
rite, il fe< trouvoit apuié par fon fang froid , p^r la
coutume qu* il «voit depuis bien des nnuées de rete-
nir fon imagination, dans des lïornes, &de Toccu-
per bien plus uvecdes réflexions dubonfens, qu'a-
vec lies tiguies de l'imagination.. Mais qu'il fen- .
toit trop bien que tout cela n' aurojt pas été capable
de le tranquilifer, fans le fecours de la Religion. Que "
^ Dieu - 1' aiaiu: opdonné de manière, qu'elle f' accorde
avec toates les fortes de temperiimens , & de carac-
tères humains, .& proportionnée aux hommes dan»* -
toutes les circonltances , elle t^ou^•oit pour ainfi di-
re en lui, un bon terrain, propre à produire ibo
fruit , le repos & la fermeté.
Toute défagréable que foît la voie, par laquelle
Dieu me fait fortir du monde , j' ai pourtant bien
raifon de lui rendre grâces ! de ce qu'il l'a choJiie,
de ce qu'ilnra montré la mort, pendant quelque
lems' d'avance & dé ce qu'il m'a arraché des con-
Voitifes & des dillraftions de» la vie. Tout autre
nioien n'àuroit fervi de rien, pour me portera la
connoilTance de la vérité ; & au changement de met
fenthnens. Je fais k la vérité pour certain, que
i'aurois embrafle le chrMHanfsine dans toutes les cîr-
, confiances» fi j'avois pu Taprcndrc, comme je le
S S - fa>< '
i _
262
fftis à prcrf»nt. Mais je tt*auroîfe p«s prfs !e tews de
rexatainer. Quand je penfois autrefois à la mort ,
ce fouv^nir ne faifoit jamais iraprellion fur moi. Au
côntrairç j'etonfois» bien plus chaque fois » cette
penfce, &; cela tantôt par Tidée que J'a vois, que >&
mort étoit un rort'uiévitable« quMl faloit tranquile.
ment attendre , mais qii*n ne faloit ^s& , pour ainti
dire, appeler avant ie tems» èi» penféé & tantôt
par la penfée,/ qu'il ne faloit pas «jjçrir ,1e pré-
ftnt par la contidéraMoo de l*avenir. Je' me fuis
même toujours gardtJ de confiderf.r l'ayenir, dans
k» dangers de mort. J'ai été plufieurs fois, ma-
lade à la moirt , j'ai tait ^s coyrfes* téméraôresà
cheval, & j'ai catV«5 Vïxi pafTé le bras, paii" une
chute que j'ai faite» avec mon cheval, niius je
ne me fuis jamais aviCé He peufer le moijidie peu,
à la fuite de ma vie.
Je le priai feulenvei>t, de tùMcKvt foignenfe-
ment, f*il relloit encore quelque choie dans iVs
ffentimens, qui p'-iir^e être défagréable à Dieu, <k
qu'on puiflfe corriger. Que je ii'étois à la vérité
pjjs en peine, ^ fon avenir, mais que je fou-
haitois qu'il put entrer dans rcternité aufll net du
mal moral & audl agr^^able, qu'il étok poYIibledans
les circonp-ances , dans tesquelles il | fe trouvoit*
Parce qu'il f ' y trouveroit d'autaot mieux.
Je vous affuré» me répondît-iU «ï"e cette re-
cherche fait mon .unique & ma plus cheire occupa-
tion. Je me juge avec la plus grande exaftiiude»
Entre autre je me Cuis fait un reproche , A^ ce que
les fentinieùs q,ue j'ai à l'égard dé l'éternité,
B*ont pas un plus haut degré de vivacUé. Mais
y Aï trouvé qu'il n'eft pas. néct?fl"aire, que je m'en
inquiète, & qae je me défie de moi même ,. fecliant
qu'il p'y a rien au monde que je reflente fi vive-
wnt » ou plus vivement. Quant à mon admîniftrap
tion des aft'aires d'étfit, j'avouç de bon cœur, qu'elle
cil fort méprifable devant Dieu » devant ma confci-
ence, & devaht les hommes» à. cauXe des mauvais
moHfïf, de IHnconftance »' tfe'rempreffement, de
^'orgueil &c de l'mterêt» » qui m'y ont conduit.
Quanta ce qu'eUe a été politiquetaent maiïvaife^ ea
la conliderant en entier ou en détail, je n'oierois
|amais pxamîner jusqii^où eUe tCt allée » parce que
jè n'en furvivrai pas le fuccés. Cependant 'je ;
préfume, qu*» je me Cerai trompé dans mes princi-
pes politiques « comme j'ai faitdAnsTet; fenëimens
que i* avois de la Religion. Que ceux qui vivront
après moi , décident cette qoellioii. Je me foumets:
volontiers k leur jagem^t. Tout ce qi»e j* puii
dife, &.que je luis obligé de dire, parce qu'autre-»
xnent, je' ne dtrois pas la vérité, c'e'à que j<} &i5»
que je »'ai point eu de mauvais^eirein. Pourcd
(jMl eit da^ ma coûviftiea du chriftiaotsme , & dd
la fmcérité de ma repentance, je liiU fort traiv
«juile h cet égat^. Je dc'telte mes péchés ," je no
cotinots poiivt de doivt» de la vérité de l'Ëvangi*
le, & rafTtkancie aae j'ea ai n'elt pas fubité^
jttais el^ eik prévenue de peu à peu par un foi-
gneux examen, je puis me Couvenir de trois
ou quatre jours, où je nie trouvois pour ainfi diiN.
re à kl fourcha; des cbenûns de la fot , & de
l'incrédulité & où je ne Cavois pas de qnel côté
me tourner. Mais du depuis, j'ai de plus en
j)lu5 pénétré la vérité,* & c* elV maiiiten^mt que
je pais d^ avec tme entière c»nvi<Aion: Je fiiia.,
en qui je crcds.
Je ïm avois promis de kii^ parler de la &int^.Cè*
fie, dans cet entretien. Urne prévint.
• J'ai réfléchi , moi mdme, dib«il, fur cette in^ '
fVitution de JeCUs. Je la trouve {«igement dioili^»
tooiir ce qui regardé fes vntfts. Jefus Clwift a voiv-,
la canfer<^er & renonveller ie fouvenic de fan a-
liaoïir & de les bienfaits , par un a^e lenfitif. n
en a cboiil un pmir cet éfet , qnl fut^ propre à être
pratiqué en tout lems âe en tout Heu. H n^ y n
rien d'extraordinaire, ni qui ne foit pas naturel,
dans cette dlfpolition. Il yades nations en Amérique ,>i
qiif ontcontunnedelAiredei feftmsenmeinoire de leur
p«re»«
^
264 ' '
' parcns défunts. C éft une pre«ve qne l'îdée de fe*
tairf Ibuvenîr l' un l'autre d*un fujet , en mangeant
& en bcuvant, n'eit pas étrange à la raîion huniaU
ne. Jefus Chrill dsiant , ceci elt mon corps & ceci
ert naon îkiK , je ne mt mêle aucunement de vou-
kiir en avoir l' expUcatîcifi. Suftt, qu'il n'y peut
rien avoir die, qui le conterdii^ ,' lui qui dittoujoivs
ia vérité. Il 1*' ^k feulement de ne fe pas figurer^
trop fenfitivement , <$c corporeltement U chofe. ill
en eit de même du bàtèrae, dont je crois, qu'il eft
non iculeuient une cérémonie d'initiation bien
ehoitie, mais- auQi une image fort accordante
de la purification du péché. ^1 ne faut iimpleBaefit
que de IVau , pour emporter la faleté du corps , &
e'eit ainfi t)u« l'impureté de refprit, ou le péché
eft purifié par la foi. (45) .
Vdus voies par là , ajoutai-Je , comment il faut
q^ie vous vous /prèpariés à la feinte Cénè, Vous
Kinhaités, de célébrer iblemneliement la. mémoire de
l'amour & par conféquent des foufrances & de la
mort de Jefus Chrilh & de confetler en mémetems »
que vous le iirenés pour le Sauveur à\\ genre hu-
main, dont la mort ettauffi lemoien de votre récon-
4 , ' » cilî-
(45) fht pourvoit trouver cette eofif«^im de foi
ifKomptettii en bien des égards , fi a'aiUeurs on
ne la Ut troutfe f?as d^nm toute autre fnoftrii-
tt — Selon U conteme de notre doêtrine, /»
comtnunio» n'efi ^s à proprement parler une
fimple cérémonu i. qui Je fait en mémoire , nuUs
un moien de grâce cf de réunion en/ee Dieu^
par la vertu & I0 mort de ^efus Cfvrifi. ^^
Le hatème nef aurait il 4tre qu unk image delà
purification Û rien de plus ; conune j». e. lebd •
time des prof élites ^wfs ? En ce cas ^ la foi
qu' enthraffe celui qui a été bdtifé , »'^ pas
proprement du contenu du bdtème. Mais f il
opère la foi & qu'il y porte ^ c^une manière in-
compréhen^ble ^ le cotur même de ^ui qui ^
fous tutelle^ U efi plm qu*UHe image de la pu^
rification.
265
ci nation avec Dleul & que vous croiés^tre ohifgé
de .remplir les conditionii, qu'il vous a |-)refcritei.
l«e deiVein eu eit , de vous approprier , piir Uiçroian-
c6 en Jefus Clirifï , les fcvant«ges *iuf vous aves à
attendre de votre rcdeuitioii , le pj.rdoii ^e vos pé-
■jChéSy di toute l^elpérance, qui l'y fonne. Ce-à
demande le Ibuveuir de vos égareuicris, de rhuint»
liation devant Dieu , de la ienueté dans Im foi , &
\lans la coutelfiou, un ardent amour pour celui qui'
voiLs a tauvé d^ la niifére, que^ous vous ôies attt*>
rée par vos tranlgreHions, une forte relbUition d«
ne vous plus Ibuillerde péchés, mais de vous mon-
trer digue de l'amour de Jefus Giriit. par une en-
tière obéïiVaUce envers Dieu & particulièrement par
un véritable amour envers tout le^monde, & métne
envers vos ennemis. Si vous retranchés une l'eule
de ces prétentions, quelle qu'elle foit, la mémoire
* <{e la mort de Jefus vous deviendra infrutttieufr , par
la part V ipatlon k la fainte Cène , fie elle fe fait fans
le d'-lVein dans lequel Jefus a ordonné cette in-
ftitution. — C étiit le contenu de notre entretien
de la communion, — -
Un paYfan que j'avois rencontré en pleine rue,
m'aburda en criant k haute voix; mon père, tâ-
chés de convaincre Struenfée, qu'il a manqué en-
vers notre Seigneur Jefiis. "S'il le reconnoit/ll
fera Ittuvé." Je lui fis p^rt de cette petite avan-
ture. il fe réjouit de U charité chrétienne, que
cet homme avoit marquée, à fon égard, & fit ta
remarque, qu'on pouvoit voir par là, comme, le
chril'iiauisme xempHCToit aulU. de fentiment d' hu-
w manité , des âmes iimples & aucunement fonuécs
par l'éducation. (46)
La lêfture, dit-il, ne m'entretien pat «(Tés.
C'eit
(46) £t nous fouhaiterions cPtf ajoûtor^ quicon-'
duit fans dé^ut & fatts fouets , à laftttU vrait
four M. Otyn'a qu' d fê fouvènir dà la compa-
raifon du foldat , d^nt il tfi parlé, dans l§
trnttiimt entrttitn.
266
i ' " • _
Ceft uottf quoi je me fuîs occupt^ aujoiird*hui J ècti-
• re. il avoit compofé entre autres , la lettre fuiraiK
te, à Madame de Perkeiitin, demeurant à PiiuKi-
berg , qu'il me chargea de lui faire tenir*
Je profite du premier moment ; Madame , où il
tn*eft permis de vou? écrire. Les occupiitîons, le
tlevolr & le raj)9rtdTitemspafré, pein'etit bien avoir
afoibli le fouvenit de mes amis,^niais ils ne l'om ja-
mais éfacé» ^Le loii'ir de mon état préfent l'a d'att-
tant plus Wt'Tevivre. Si mon Menc^ a caiifé des
ro\ipçons contre ntes fentlmens , j'en demande par-
tlon à tous ceux qui ortt quelque droit de prétendre
ma recoiinoilTance, & particulièrement vous. Ma-
dame. Cependant ce W ert pas le feul avantage,
que j" ai tiré de mon fort malheureux. Je lui fuis
redevable de la connoiflance de l|i vérité. Elle m'a
procuré un bonheur , que j'attt-ndois d'autant moins,
que je'm'en étoîs fi fort éloigné. Ne confiderés ]a-
Inais mon mulhenr, qu'avec des. feutiinens de Reli-
ï^ion^ Etlt: me donne hifinimentpius qu'elle me fert
perdre, C'eit avec conviftion, avec trH"nquîlitfc,' &
avec joie , que je vous en donne l'aflTurance.j Je
vous fuppiie. Madame, de repeter 'ce que je viens
de dire chés Monlicuf d* Alilcfeld , & à Ranzau. Je
fuis infiniment redevable à ces detix mailbns, &j'ai
^téd" autant plus afligé d'avoir entraîné avec moi,
des perfonnes, qui teur ayjpaitieiînent. Permettes
Madame , que j'ajoute encore ici mes très humbles
complimens à Mademoifcllp de Thun, Sf àla mai-
Ibn de Monsieur Waiz. J'ai l'honneur d* être avec
les fentimens les phss relpedueux &c 1« a6ine
d'Avril 1772.
Trente fixième entretien^ k 27 Avr2
J'arrivai accompagné de ^|Ion^leuf \e General Lieu-
tena/lt de Hohen, qui voulut le rendre témoin de
la (kiote-Cdae, à ma rèquiiitioo^ Celui-ci aiTûrt-
l'autre
. V
267
l'autre avec heauco^ip de refcfibilité, qiie celui étoit
im afte fort imptortant & qui k* rcinplifibit de joie.
Je lui adreflai un petit difcours, je lin' donnai
rabfolutjon fuivant la couru me de PEgl'fe» & je lui
donnai la Sainte-Cène. Cet homme qui avoit reçu
lia iVntence <5pouvani«|jle , de fa mort, fanslamoin'.
dre émotjon vilible, fe trouva li attenrin à ce fou-
venir Iblcmnel, de la mort de Jefus CHrift, qu'il
verfa un torrent de larmei^. Je'n^ai jamais rc>
marqué la moindre larme dans fe$ yeux, tant qu'il
a été queRion entre nous, de fou malheur, Â: de
fil mor^ : mais il a plus pleuré de fes péchés de la
inifère & furtout de la mifôre morale, dans laquelle
il a précipité d'autres jjerfonnes, de l'amour de Dieu
envers lui & le genre huiuaia , que je n'aurois ja-
mais cru, 11 je ne l'avoispas va moi même.
Ce faint afte aianl été terminé par la prière»
Il demanda au Commandant, la permilHon d(i difpo»
fer -des bagatelles qu'il avoit auprès de lui, favoir
de fon lit, de fon linge, & du peu d'argent qui lui
ro^Voit , de 1* Ecu qu*il avoit iourmellement à dépen-
ler. Je n'ai k préfent rien en propre, dit-il. M^is
le plus exellent donc» luidis-je, en l'interrompant,
que Dieu vous a confié, favoir votre açie immof-
teile, t(i entièrement à vous & à Dieu. Enfuite il
prit fort tendrement congé du Commandant , & lui
rendit grâces , de fes bontés , en témoîgnani qu'il
ne lui avoit rien refafé de ce qui lui avoit été permis
de lui accorder. Ce vénérable vieïllard le qiiita, en
dilant ces paroles. Je fais certainement «^ue nous
nous reverrons un. jour devant fa face de Oieu.
Rien ne m* InterefTe p\\\^ , me dît-ii , lorsque
nous nous retrouvâmes feuls, cjue d'être affùré,
que je reparoîtrai avec toute la fincerké.poflible de
mes featimens devant Dieu. CVfl pourquoi, je me
fuis encon* une fois très foigheufement examiné • &
î'y trouve beaucoup de plaifir, parce que c'ell mon
devoir. Je fuis aflVîré devant Dieu, que je fais avec
joie & fans la moindre opolition, tout ce qui eitdemqn
• , ' devoirt
268
devoir « que fat aprts dans rUUmtinatton , que j* ai
ynr le chriftianisnie. Ainfî ]'«! cru qii* ii étoit (te
nton Hevoir, de drefTer la relation de ma conver-
fion , q«ie vous avés entre le? mains } pour tra-
cer -iui moins, le pins qu'il efl poflible de le fai-
re par* moi mcnie, les manvaifes imprefTions, qite
fpes difcoura <fe mes exemples ont f«'tes fur d'autres.
Et j*oie vous aflVirer, que je t*ai fait avec un bien
plus extrême plaifir , que celui que j'ai fend en
t-ompofant mes autres écrits, qui .ret^rdoicnt eu
partie ma dJt'cnlion. J'ai autn fait des rétltxions
plus exactes que ci-devant, fur moii admiui(h-atioo
d'état, & Ii j en dois croire ma conviftion, je n'en
puis ïiaS juger autrement, que coa»me je vons dis
hier. J'enipone nvec mol dans t'éternité, raflu- «
rance que j'ai d«» n'avoir pas voulu caufer lé ra*»!-
beur du Roi & du pfiV*'. Il eft- vrai, qu'en p«-u de
tems, je me fuis auiaile des fonuues considérables,
& que j'ai profite de la grâce du Roi, d'une ma-
nière que je ne fauroîs jufUfîer. IWals je n'en
ai pas faliitii^ le compte, quoique touttf la vrai-
femblancC' paroitte me contredire dans ce, fait,. &
que je ne puilVe pas trouver à redire à ceux qui
me croient coupable.
Il eft dîficile de })«rdre tout foupçon contre
Struenfce, par raport à cette affaire. Cependant
de quelle Vrileur^auroit été fa converlion, f il étoii
coupable! J'en ai' fouvem été en fouci , fijje le fuis
encore (]uei<|ue fois après fa mort. L'aparence,
la coiireiîîon qu'il a faite, qu'il n'étoit pas état de
je décfidre contre ce foupçon, & encore d'autres
preuves vraiieniblautes , ténioi{>nent contre lui.
D'un autre crtté, je nie ^ranqiiilife, par 'la réfle-
xion que je fais, que f.ins aucune contrainte, il a
;ivoué des crimes de plus i^rande importance & bien
plus puniOViblts, au lieu qu'il a nié ce fait, avec
nne fermeté , avec une tranquilité & avec une af-
furance, qui, toute inexprimable qu' elle refte,
fait qu'il eit dlfictle d« cioif » qu'il fe foit rendu
coupable^
j
•
tl^ni Je lire mon repos & ma refignation. je ruiH
certain , qu' elles font ^e totïte autne Aatt!te> qu9
telles dont j* ai tiré de la conToiatron dans mes de^
fk\ nées déCa^éablef . Ui dIRraftion ^ rék>ignement
llet» 'f^tenfées du dang)&r p.rjaictèi!n> ne fotitabfolumefit
toas pûflîbteS ptDur ie prél'ent. La mort qUi f "^apfocbît
«toub» ^tcey tiefaait>it certSkhïi^merftpaïétrebaiv*
tifede reTpHe. Je ne fens pas lemoiodre luouve*.
went d'orguel U Je fens trop tien ma petîtelTe, )♦
défefte la pénrée^ qiill tï\f a p)us lAen à «ttendr»
feptés ia mjditv Rien ne me x;oi^le & tto me trart^
(^ullire, ifcte Paltunince de la ^ncé ^ Dfeii *' ^ T&f*
fufance qAe fai-, qtie je fais toutniotlyelfibte,|)oqt
Vendre lues ^litimens agréables 4 0îctt.
te|)tttâânt> «)Anta-t-{U x;e fepofs que j*ai li^af*
tète pas mon adivité * mais je -cûntrhue <$ je iànti^
nueral jnsqA'*^ la fin, de techercher Oèrieiifement ,
W dVSi jîôOrroît encore V avonf %hi woî de défagréa-
bte à Ûieu , |:«W lir cotYrgeN le plus qu'il fcra ^offiblei"
Je YiMleg^tietâ! qtte la pTeuv« ttiivantt, éé plu»
|6Urs autres q^ll me donna, 'parce Qu'elfe lait voiir
evnftbfeii n fbbfervoil lui inèm^»
té pf«hs )»èfehtemënt, âk-^U Upt\ètt qui fe
hUt « iabW't pour Xin devt>ir clirétîen ^ ^ittoiqne Je
ne pettfe pM fuperlbtielbiWntent fur c^ fojet» . il n'y
a ftt^ du plus )ù(te, que de toufcner^uM de penféei
««ec reconnoiflAace^ en mangeant & «n ^euvant^
vers telut qui donne tilihera^eiïierit (^ti beibins. CtiS
KUtqitol je fnefuls dtit, depuis q\relquetemB, UYié
de prier Dieu à tabte. mais le pouvoir de moji
«tlcienne eOiYtjCimeavnèofeété ft grande poulr la f>lns«
toaVt du tetAs, qu'en volant v^nfir mon vepas, )e m»
»HS m^sà man(t«r> fans avoir lait niatitièfe. Il eft
kla vèrîtèin^iferent, qu'on penfeÀ DieU^ àUpr6»
Wiéfe« pu kU quatrième cuillerée de foupe; maii
}'ai été tachée pat raport à moi & k ma coutume in*
tontiderée , de ce qâe ]e n*avois pas été plus atten»
Kf ) A t* qu« Je crotois ^tre d« mon 4evoir. —
t QUé
y'
VJO
. Que HiroHt tries Lt^fteurs de ce rcrtiptîle d'un
hotiime qui fe pennettoit autrefois tout ce que tes
piiOiuns lui Infpiroieut?
Trente feptième entretien, le 1 7 Avril.
1772.
Ïe le tronvar dan» toute ta tranqnînténaflirened'a-
nie, à lac^uelle j'étois acoutumé depuis pliilieun
femaines, tnaii qui me paroiflbit toujours plus vtné-
table à l'approche d*une rdie mort. (47) QutMes
aH:ionscle grâces, ne rendis je p'«s, dans mon coeur à
Diea, qui avoit ufc de tant de miféricorde envers ce
iiiiilfjeureux î Combien ne fouhtiitai- je pad, que ]<î ne
fiiiVe pus le feul mortel, qtii l'enten^ie parler avec
triut de tranquilitéde la mort. ^
Il avoit encore écrit à Monfieur le f^ambellan de
hrand, frèredefon anti, devenu malheureux avecluû
une lefrr-' qu'il me remit. Quelques écrits de fit main
t\>rf lu mis dans une envriopc. & cachetés en fa pré-
fcna*. par Monteur le Commandant, qui avoit eu la
b<»ntûiie revenir auprès denous.pour cet éfet, &par
nuïi. Quant aux auhes papiers qui cooMlMient dan»
îesujemoiresqueje lùiavoisdonnés, de temsà autre,
& dans lesdeu."; lettres écrites ^ fes père& m«re, il lei
avoit altemblés & il me tes remit. C'elt ainii qu'il «
diPporé de fa maifon.-
Voici la lettre \ Monfreur de Brand.
I>ent»ettés que je déplore avec vous, & Madame
Votre Mère, le fort de notre cher Enevold. A*e
* . m'ei*
<47) Charmanlt pgnféedt Monteur VJitiâur! —
' (^(ie!s fmaqes ; le divin youimir de la Religion,
lal)i>eFt/réniiffant delajurtede niort diterminit ,
la vite majejlumfH de l'éttrniti! ! qiud éfet cdd
ûe tliit - il l'as dans une am» pleine dt; f^ntimens^
qui retutirne fes regards- en Ur rnoi.tdrtis «i*-
voh'S , Vai's ce ciu'il ij a dt religkux dans •<!
hountie ntn d^guifé, '
^
th*«n cfoîé» pus îiitliêné, f|iioî(Jne j'ert ToU inhocem-
liieut fa ciiule. Vous lavés coiïjbien jt? l'aîme.' lia
été le feul (idHs te monde, qui a eu toute Ynon amH
tiû. Son mnlh^ut me caufe les p(ns vives douleur»,
^ c'e^b de ce coté \hi que le mien rn'efl: devenu 4n-
fenfible* II « partagé ma fortune arec nmU& nous
jouVrons enfemble de lafelfcitét qUe notre Sauveur
Tious a promile.- Je ne faurois rien ajouter pour votre
conlblation. Vous connoiflés la Religion. J'ai re-
couru a elle,jx)ur me tranquilcr (ur le relte de won
twalheûr. Je prie Dieu de vous en faire feutir tolitC
U force^ttens cemmnejit. Je ne cefierai pas decoh-
lervtfr lapins vive reconnolllan ce envers toutes let
berfonnes qui me font cliëres it Ranjsau. Je fuis &Cé
le ttf Avril 1776-
. J'ai eff^eré & je me fl«tc tncore, qlîe le Ibrt «le tnan
«mi lera adonci.
Nous pai tàraes pfémiércmentle même jour de la .
récoi'cili»tio?i du molide par JefusChfilh Je répétai
la plus pHrt de ce^qù^Je !tji avois»propofièi lorsuuc
nojis p/»rlàniesproprement de ce fnje-t. Héndltbren
«leschofes agréables & édifiantes, mais que je ne pou-
vois retenir, qu'en partie, h «lufe de l'emotfoA daiia
laquelle je me troiivois, pour me le nbier. Voici ce
dontie puis encore mefouvejur.
je crois qne fa réconcrliatïon cfes hommes avec
Dieu, par la itiort de JefusChrilt, ellt jefeul moren rfu
pardon des péchés. Tout ce qu*on a fait palTer d'ail-
leurs dans ce monde, pourunmoienpro(|)ré h Taque*
tir, elbvîfibltment infufifant. ' Maiscenioien eftcoup»
f>rme aux idées que rions avons de Oieli, il nous
caufe le« phisdigite? répréfenlatiohs de l^s priipHé»"
tés. Il ert démontré par les plus fortes preuves, 5: U
nous caufe du repoç & de la joie en tiiolifanT. Oui-
conque ne veut pas le recevoir & f'en fervrr, fait cnn-
lîoître, qu'il ne fouhaîte pas d'être Vtrtu<-iix ^' de
traindfe Dieu 5 car il en rejette les |'!us forts u -.tifs
qn*on puilfe donrwpr, parraportàla vertu ^ hi crainte
de Dieu, &niéprife enméme ten)9 lefecoursdeDieu,
(ans lequel bn ne fauroit devenir bon âe homme 4e
bien.
T !4 , Je
'
'
274
Je foff dû monde» ajouta-t-ll ,' avec la pIusguB*^
de convidioiit de la vérité de la Religion i:br£tieni»e;
Si vous en fentes encore la moindre inquiétude ou in*
certitude^ je m'ofke à fduCcrire formeilemeut Uconfef-
lion de fol des Apôtres , qui e(l la mienne. Je puis le
faire en bonne confclencV, car il ne C'y trouve pas
un feui mot , que je ne croie Tur le témoignage ds
r Ecriture faïntc.
Je lui répondis, quMl n'avolt pas befo!n de ceiee
preuve « qu' elle étoit iiiperflue, parce que je coo-
noitTois les fentittiens de Ion cœur Ht qUe li je ne tes
connoinbis pas » une telk fignature ne me tt anquiii-
fcroit pas pour cela.
Après m'avoir répété de cette maniél^ « avec de4
marques villbles dé fincénté & de refTentitnent une
conteilion de fa créance en JefusChriftt jenietuisà
lui parier de l'amour de et lui , k qui il a été fuit (^rac*
devant Dieu, par la croiânceenJefusChrilU lui fui-
faut voir la grandeur de robligatbn des fauves euvers
cet miuour, â je le priai de hie dire, comment il ttotivoii
maintenant fon amour en versDîeu ii norreRedetuteurk
Je conlidèreDieu Si Jefus Chrift^ dit.il, tomme nt^
meilleurs amis, &c*eil (^ ce point de vue^ que je me
reprefente les devoirs de l'amour ^ que je reireus
pour Dieu & moti Redemteur. Il faut i^rémièreuient
que je fâche, & queje fente»ceque je dois à mou ami
fit à mon bienfaiteur. Il fouhaitede tûe rendre heu-
reux , il fe donne de ta peine i>our cet éfet, (k\i facritie
< pour l'amoui* dempi, ce qui lui elt cher & précieux»
Tant , çiUe je ne fais,ui reconnoître ni eihraer tout
ceU , je fuis indigne 'de fon amitié i & je ne
ra|ute pas. Mais je fulsauflà obliaé d'être actif*
pour agir conformément à Ces vues. Autremenc
le me rends ingrat, je n'aime fon amitié que par
intérêt , ât je ne fois pas la moindre cho^ pour
m'en rendre digne. Vous voies ici par quels principes
j'aime Dieu & mon.Redemteur. Je fais , ce que Dieu «
fait en moi , &ce que Jeliis a empbié pour me fauvei.
Je fais le Diiut que j'en dois attendre. Mais je fiîis aufli,
(j^ie je fais tous les éforts polllhles, pour agir c«nrorme-
ment à la vobnté de Dieu, pour régler mes rentimens.
& pour me préparer ^ un« vonltance agréable à
Die«,
J»
*73 .
9ieïK &ri)èurfi(eni«ni<»rt, Jeraefoutnet'adnfans
la moiiKtre o}ipor>tion àce qu'il plaira à Dieu <ie faire de
moi; p^rçequejefais, q\i'i\ m'aime. Je regarde ma
mort, 6£ même tout ce qu'elle a dépouvanuble ée "
d*igttominieux«cotnme des chofes que uieu trouvé ri^
ceiVairç pour luoq bien. Je. penfois tout autrement fur
çe fujet,dan;» lescomtnençemens de maGaptivité,(Se lur
iout quand je me fouvenois, que cette iffue de mon af-
faire étoi^ vraifembiablé. Je ibuliaîtois de tomber ma-
Uiie^do mourrir. Je. me fui» aUflfi «vifé de lie. pas
manger (b dç mourir d« ft<im, mai* je. i|'aiirQi« pour-
tant jamaii mis la main fur moi, pourm'ôter la vie,
^luand^même j'en aurois eu l'occaiion^ IVlaiQtenaoc
j^ reiids $r«ice9 à Oifeu« de ce que q1 i'im ni l'autre n'èft ,
arrivé. 's
Je TalRitoi \h deflus, mie je me trouvois fort ra^-
furéde ces li^timens , a l'ggard de (ort.iatut&dç
voir, combien il avait ralfoo d'âtreaui^ traaquile, ég
aufB feretn , qm ie le trauvois.
Ouï , Dieu (oifc 1qu4 ! dit>iU je Aits aQflS content
la grâce deDieii Si la v<;rtu de laReligt
i Si mon repos fe trouve quelque fois interrompu; pour
(^lelque&mom^ns, cela ne vient, que de ce que je fou*^
bn te d'être a(ftlré,lu'ai«UH:ompli toutes le^ conditioiu
ic la grâce deDieu,ec fl je fuis toKqueDleu de mande ac^
tut'Uemeni que j^ fois,pour y fatis(Viire par fon feconrs^
Je lui réponms, (lue jb ne connoifToispoliit d'autres
conditions du (kldt^oc qu'il ne f 'en trouvoît point d'au-
tres dans l«Bible,que ces delix,favair,ta cofinance libre
en Dieu, pftr Jefus ChrUN & le travail ferieux de penllpr
k d'agir en tonte chof^, conformément à la vérité*
iMi ce qui ett la même chofe , la foi agi0a|)te pat lâ-
mour. Que quant à lui, il étoit affilré de la foi ell
Jei'us Chriit di; de (on amour envers Dieu.
^ J'aituiit recherché, dit. il là deff us» je «e fuis exa^.
miné de tous les côtés ^ve j'ai pii imaginer * & j*
ne trouve rien qui pUiite m^inquiétér. Autrement ie
vnu5 ie dirois &]e vous demanfderoiscûtkfeil: Mais qu'tt
cit facile > que -je ptiitVe avoir palfiâ fur queiqcif
' T 3 chofe:
;
174
cHof»; Dïicfi trouvera île pourr» enwre trouver We»
des chofe». Mais fi Dieu voioie encore en moi » d»
fentimens contraires à ta tuoralev «jwe je oe fau-
rdis de qouvrir ni corriger?
/ Dieu von 8 fer» pourtant miféricorde ; car vous
«vés fiait « tout ce qui vous étort poOibte de fitir*
dans les cinconitairces , dans )e« qu<Htes voug vou»
trouvés. L'iiomme ne fauroit f 'clevep jusqu'à fe ren-
dre irreproc-habJe devant Oieu. Dieu elt l'amour même
& Chrif't e(t mort, afin que nous ai.ons de la confolatlon ;
S'il y u do pêche , nous avons un intercefTeur au«
près du père . JetVrs Chr r(^ qui efr )« Oc &c.
EnCuttenous convînmes encore de pluBeurs choPes»
^ui avoient du raport k la con^ui^ que noiis avions à
obferver tous deux le lendemain. Je lui promis de
prendre l'avance, & de Tattendre.
• H me pria 'aiiiTfi de diminuer tranqtt4lemenV& de
fangitoldleJendemala, mrs entretiens avec {ui, com-
me je i*avâis fait ci-devant, &de me contenir le plus
cpi'iimeTei^oitpofltble, afin qu*il ne me voie pas fon-
Ifir, Al de terttainer mes foins le plus vitemenc que
je pburrois loisque nous ferions fur k'echafaut. H
ajouta encore , qu'il n'y diroit « que ce qui étoit ab-
Ibkuuent néoeffeire, parce qu'il vouloit tourner fet
peitfées vers Dieu & vers fon entrée dans l'éternité.
Je lui dis, quéj*étoi3;à la vérité obligé de faire une
«flfés longue fuite de quedions, fuivant le rituel , mais
que» je croiors qu'il me feroit pas pertnis de Içs abréger.
Je me nitsà écrite en fa préfence, tes queftions que j'a*
vola kilaf fiiîfee^ &"je les lus dei^ant lui.
j^ ne fouhatte pas de voir mon frère, ni de pren-
dre comgé de lui, dit-il , k caufe de Ja tendreflfe
de la iituation. Je votis prie de te faire en /non nom.
Je lui demande pardon de ce que je l'ai attiré dans
it Boalheur. Mais j'espère âc je fuis aifuré, que .fon
^^irfti aura une bonne îlTue. Jeraffure, q^ue e'eft
javec une amitié vraiment fraternelle, que je <>uite
1^ inoQdp, Pfto< \w aufli le? fçntimens avec les*
:. .1 . qufh
' j
«75:
' t^i je n^«d "^««6 mourir Se çamxpfnï vous me
trôMvés, — , , /. ' .
. 0,futf!ncpre penHaiu la mêm^ foiré^,^»ie jp m'aquî-
, tai, Hvec la ïVerrailUon de Monhear leGoionrwntiaiit, de,
cette c9iDti}iir]pi)iqiii.titoi£ i^ \fhi$ t^n<^i*<^ ^ )>* F^^>^ ^^^i"
chante , q lie j*ai e euq d e nwi v ie , & je Hs aii^G f aport 4e.
la rej'onCe du tVére extrêtnemeiu attendri.
Trente huitième entretien , 1^ 28 Avril
1772-
Cuwuntcèqué racontoitrOHcîer, qui étoit d!e garde,
notre bottime » quin'étoit certaijieraent plusjnaU
heureiix.f'étoitconcHéde bonne heure la veîlle'& avoit
2iTes long tems lu> 1 1 âvoit tranquileinent dormi, pen •
ant cu)<| oiiC\}i lijeureg, S'étant revçiUéle matin , jl
Mvoit pailé un bon bout df tems , k fiiif£ de profonde 9
réfléxipni. Qu'enfuite il Tétoît levé, habillé, & entre^
tenu vtfanqiiUenient avec l'.OHcier.
Je'ie trouvai couché fur fon Canapé & entièrement
|}9bill|$,^. conime il ibubaitoit (i!êtrc,en allant au fu-r'
plice. il iifoit les ferh^ons de p^iVion d^Schlegel, <Sf. ,
^ne reçut (zomme à l'ordinaire, ay^ç un air tran*
i^uile 6{ afkble.
' ; ^ Je penfoUhier 3U foîr, dit-il ..qu'en allant à la nsort,
je fpourrqls peut-être trouver du foulagemcnt, en
.rempUQMtit mon imaf^inatlon , dHniages agréables de
réternité.* Lès vuei de Lavater auroi^nt pu m'iêtre
Utiles pour' cet éfe t. Mais je n'ai pas. voulu le ris^
.quer. Jeeroi, qu'il vaut mieux, que lefaflfe le grand
• 4)as, q\ie j'ai à fair?, avec de douces réfï^îdons. L.'kna -
^ination étant une fois mille en mouvement , pciU;
^Ticilement prendre un tnauvais tour, ^lle pourrolt
laitier édiaper ces images agréables, & fe jetter fur le»
xirconftances horribles, de uiJ| mort, & me déconte-
nancer par je moien. Je ne m'y abandonnerai donc
pas moi même en ,ch'etiiin , ma»*? j'ocuperal inoti
efprit , en me fonvenant du chemin que Jéfiis.
Chrift a fait pmir aller à fa mort, ço mç l'appU-
liii^nt ^ ï^\ rnSme» *
I %
»7«
90ni , (ici'AilLçurt je te jii<;«eols àvc<^po*« i^où U con^
vien4roit « <fie ce ^'U «voie dit devant fçs jtifteA ^it
conforme «ix^tHpoint, à la vérfté, ^ qu'il o^'uvoit rien
. V dit à defTein , «(lû pvaoî» tqmbfr à (a çuuge ,^ «ul à c«i^
Vorsqnejem^revèUIfli&ceQEiatin!^ dlt-iK ^que]»
X9ioS% qu'if fiiifQit jour , j« fus Cumrin y^X un violent
tretapbletQéot p«f tout le çoruf^ Kkûs jtf- recouma
d'abord à U pri^, çh repaw»nt iea caiv»ns que j'iii
tirée» de U Religion, pom metjranqujLifev. l^j^ii
«nétne tem^ prié pour le |^oi« fu^lûntie l^o i>ieu^
de.lç^ fairç gouverner nvee i^gefl'e &areç gmce ^
die le tendre p«rfiiJtemeBl lieureux^ WK étant fait».
je me remi& tventât. je fois iQaintentnt tranquîfe fi(
content v & je 0ti$ cert«iin«tAent <^ je te relierai^
pQAirquQi qa'inauiétçfois-jç, étant enti^^nieBtçon-..
vaincu de to^n falut?* Orçu OQ'aptrdoobé uies péçhé^,
(b niéme;ceu\ dont j^ ne me CM{9pas(biwça.u» de wé-
i«ie auffi, ce (^uî lui d^btit eoçoi:e en moi, ^que ie
liHii paiB pu découvrir pm mes tecberçbe«. ^ diànt jt
li,')ii par c«nCéq^nt pu. me défaire A Di^ ite peut
om céder le genre ^«.leaiodividus^ Le Cbuveaif dei
{r)iiftaDce&de Je(m , qui a Oiti$f«it àtPlU tn pécb^d^
tout les homnaesL ^ me donne cette alT^rvnçe.. Jen«
f rain*r pa^ia mort^ dtns cette afTucance démon âilut^
p H^m'eit pH» perm^ de ctaindre, dé&qoe je reionnoift
U bonté deOie V ^ mon efpérance. Je n'oie p«« doâtcc^
de cette botTtié,ni prendre l'eQ^érance pour fn^ettain^
Je fbroie l^tin î Vautre , fi je çraigooit de meurir , va»
laM que Dieiv le veut ainft. }e ne Çauieis auffi me piaîn«-
<dre,'quejvfonfretfop. Jefais^ie reconnois, q.ueJB
9*ainoi^fettleraent mjétTté,.ce.qui m'artive , mais bMà
davantage. Maif quîeft-c-eqttjlm*acuQeranK<iQ]k'naLDt^
^QjC élude Dieu** Qtii'e<^-cequ;me çondamnetaf
{embraffiii t\>ccaljon, q^uMl me foartitt ^ de biiiire fou^
; Cl^apitre huitième de St. Paul eux ftomains ^ de lut
toucher le ceens par la quantité de paflages t^iii Vw coo-
venoient fibten^en r»tfant l*apHcation fur fon état paff(
|{ i^Tiùçnt^lk en ; m^iant de ceuctetjpri^ecet. Xm celmi
' 277
le plu» v'd^hh éboh répand» dirais ibtv lifogMe il mé '
|>r<éuoiu v>oMr ainli dire* Couvent ie» paroles (te Uboiu
che, jTOur fe<lîrt*à iMimêmet ceoacj*étoi»l\ur lepoint
«ielui prof^ofer, pi^r foitf Acr ffi roi.
Jtisqu'oCi m'çft-il pemiis, medçmaoda't-iJ, ép
me leatlrf ferme & riiûi» '?.p.e. que je tàclie de mecpn*
ferveteh i-tuifcie réilédiir, <ji;que je né permi^tte pa&à
Fiinafl^natHm de ni^eutrainer Q£c.
LMeuvous amnt donn^ xunjs certaine force d'Aindi
il vetit au (H que vgmu la lu&tttés en uiage, à çefcte heu'-
fcQÙ vû«is en svésleplus befoih. Pourvu qw'flincïm
orgueil feçret» (Sz qu'aucune çpntpiaM^nce pour voiia
mêtue* neffonieie. H n^ f^uc pa$ qtte voui^ faifi^
\fi maifidre cbofe pou( aquerir un jugrnieiit favcura%
hlede voare rercneté&4e v<^ttecQ.WFiig^e»dela part deâ
ipe^teurs* il faut que vaiw vous oiettlés fort au deî* '
iiis de ces fortes de, çontidéiations. Dieu aitne la lm«^
oérité, mivcontifte en Ç& que les tnarquès extérieures
f'accorc(ei\t aveg la, difpotition intt»rteuré. Motittéf
'VcuvitloncteU que vous vous (ftllés. Je fupofti^quf
vous TOUS trouvié&aAt^tvIri,' jusqu'à y««r£eriies lanutesi
HetâçlKispaiSde les retenir ^n'en fai#pa$houteu?^i
èar elles ne vous^ feront poiu( d« hoMte* V^tis rô^
(Auriés< pourtant pas vcuis cachée Jusq'ftù derniet vai»
/«nent^U caiife de votre mort, Aihi vous pécheri^s.^
TOUS rçandaliferi^'s des Cbr^t^nf (enfés^â v«i;s com^
liés dé mourir avec cette ^(i'atmçs «fitf perfonne n^
fauroi^ moQtrçr^ que celui qui foutre pour l*MikiouT dlb
■JU vérité & de ih yertiiJ Je l'aobvite' dç vous voir fuir .
récÂaf«iit avec des inarque* -v'rfiUles de repet^nce^â(
ée trille fléf tn^ls ^uiR avec te rGfK>s d'anie^. qui. votts
vient de laconHance, que vous avés» que Dieu voias^i,
pardonné vos pèches. Je ferais mime f^ciuî dç vottt
VPic cefiiçr la crainte iwt(urelie «i^ (kuiort.
. je,»e fuis certainement pasinteneMonn^ dit-il àe
fnlre para<iedeyaut lesLboQipies« .Ri<|Q ne()urolta^Hi)«^
tereHer à cette luxure, que le bonheui: déplaire à V^i&i^
il le pQuvoJK de vaînçr<^ lftcr«iotiB d^'ktnoct. Si ]e m^-
Corvois k prendra une Ùf^ttjm étrangère, il m! en MLo^K
çoinn^eà unl^oinnie, lequel feiuc^p^r^i^ « ptrl^r d«K
vant un grand Seigneur, 4)enfe pretajéremenit bieoA
4^ttt ce qu'a Yçut dUç ». çoinuïf iicç i h «A 4P«lçr eé
«78
)>égâVaiit, & rfui devient muet 2i ffUrce d# ne pas voa\oTt
begaTer. Je tôuiJierai ipes penrces vers Dieu , le p|u«
Iju'il me feia \ oillble, & jenemcdilbairai par aucun
foin, de fiitisfaire l'attente des fpeftjiteurs. C'el^poair-
t|Uoi je ne dirai auiWy l'ur le lîeu du fuptice, qfuece
(f^ voug me doniierésoccaficn de dire.
Je vouj alTure, que ceferafo-rlpeudechofe. Ce
li'e<V pas l'endroit c»ttnons piiilltons beacoup parler,
tn .vous ni mot. Quand jnie fois vous y ferés , ce fera
votre teini de peiUer d^ns la pUis fofte lignifies-?
i^oiM Joubiie les chofei» qui l'nnt derrière moi Se je
* lil'Hyanc"* vers relies qui font devant moi.
. MaînteniuiC» que je fiMsli proche delà mort, dk-U
jà delVus , je commence prénuérement à bien fentir,
i;omt>itai l'afVurance poiitive t^iie nous donne Jefi»
Chritt de l'éternité ell necetihire, fi: quel bienfHtt
elle e(t pour leâ hamn:es. Si je ne l'avo» ptts,
lu fitnple raifon ne poarroit ^uère fatisfaire à ia
QueUion , l'U y auroit & f.'il Vivroit encore quelque
«bofe de ma perfoone. je puis aulFi vous dirr par
tua propre expérience,* que la mauvaife conHcien»
fjSi.elï iin Weu'plus grand nurl, que la naort. Je
trouve de qaoi. nua tranquilifer à l'on égarai , rnsôM
cpii^nt^ ce préuùeil mal , je n'y ai jamais trouvé de
l^*^». Je çfoisqtt,e je rne fcrois endurci , iiceitepiaie
■a.'« voit-pas iété .iguérie. . , .
V.MVous^urésr<unMrqué, quejen'ai pas laiflPé devenir
iùr%\'weit les idéec;a(ywtagelires, quitn'ontcaûféle
certitude de tnagraceidevanc Dieu. Autrement vous
éwjf'iÂA racilement pu arrêter , ou diminuer mon fS»-
Aiti^dans )'âmendeii|ent>demon coeur & dans lacon&v
j(riérr«ition de mes lentiniens*. Maintenant j'fti la coniblv-
jKtion de l'avoir . que^j'^ti faittout mon poflibie, pour nie
rendre agréable à 13^e«..
M 41 tàvoye'tTft «kins 1^' lettre écrite au Chambellan de
Briind , qu*ll étô}r<ii>«ocîemment la canfe du malheur
WS& Ton frère. -Il menVla^de hiiçxpliquer ce» paroles ife
\ik' manière ftMvafite, fàvôi*., que c'êtoit en de boB-
pes vn«s , qûMl «volt*' ramh^né ici fon artii Brandt
'♦»ï>pêché! de fe tïner d'aflaîres lorsqu'il frn avoft
-i'ttcafwn. -«!-'=*> ' ■- " •
{
r
jl^ €e Tut en et mdhfient q\i*on ouvrît îa'pprtef (je la ^
I prifoi), vers laquelle il n'avolt jamais tourné ici
regarda* comme )e l'ai fonvent fait, dn^s Une fa-
tale attentt». Il entra un OHcier qui n»e priti depren-
ch-e Tavance. J'ctois fort attendri- t^ecoudaaiîli-uie, .
parla d*Hii,a?r, comni« là chofc nelô rffgarddît,
en aucune façon,
Tranvjiiilii'és vous, mèdit-îl, njon plier ami », pv*
la conlideration de mes avantages ^ £v i^ar^-e ^ut* youç
favés, que Dieu f'elt. (kcvî de vous, pour me Ici
accord '.-r. ; .
JeJ'embralTai, en le rerommendant à l'aii>0urite
pieu, ^'jemehàtai d'alle-rau lieudufupljc**.' — ' - i
' L'>rîq.u'on V^nt a)vp^lé bientôt a près mo». Il fe lev»
ât lui vit ceuK quidevo>i>nt]ééouduire. Il (aUia t«ii^
c^ux qu'il rencontra en fortant de lii prifon pour en-
trer d;ans lecaroiVe. fin citemin faifant ii palVa fou*
tenis, t^ partie à f'^errfrtftenir avec l'Oficic», quiétoit
^upré« de lui & de l'aittre à (nlvfî des réflcxioni •
4an$ un |)rulbnd Olenci».
' Dès qjie lesdenx crïminels'furentarrivés, Chacuî^
4ans Ton carofTe partkuliei:, auprès de i'écliar^u^y ^
que Brand eut été le urcvïiicf. à y monter, je ii>f^"^«,i-
tre d'alîord , H rçmarqua'mon Inquiétude, irm:ere-î
garHb avec une mine rioclvànte & me dit. ' .G<irdt?#
Çard6 fl
yo<^is bîan , d^ ]yons attendrir. Je vois, que vquj^
ft>uft*îè.' Souvprié^ vous,, q^iie vous avOs été l'inf^ru-^
ment de Dieu , pour me rendre hemcux. Je pii'fs me,
ISgrtrer la douceur que ^ous devés f«?îit1r 'ii\'^ ÔV-ré?,
affùré. Je rendrai gracët à Dieu duns réle.mit#
gVec vous, de ce qufe v6«i nvés'fatiVé tnoh ame. „ Me '
trouvat\t encore pini attendri qu'auj^aravaiit, je \mréii
pondis , qu'en conftdératîon de là recompenfe , qui
JNsivroit «près le" foin qiie j'avois emploie auprfas drf
lui , par la grâce de Dieu , je le comp^erois toii<j , %
«•lira 9t\\ non^bre àct f\a» impo^nt 48 usa vi^; 3
QfiM^ V^fpi^iKe diÇ pouvoir çoQfei»i«6c votre «nu
«U^ diiin$ r^çrnUéx étoit jtiUït ce que je fouhaitois
4^ bo» çotuç. — Je dcYoii -être fpn çonfoUteur
$1 ç'étoit lui qui me coufçiloit. .
^ xn# pi-i^ «tilViite de fiiUier ptufieur:; de ft-g
Hip^ , & de dirç à ()^ueique& un« d'«4ure euoc^ que
fi «m ç9$ M les avoit tro.ublés pat fes discours oa
Sar Ces ' actions , d»n«. Ieu.r& idées de t^ vertu &
f l«. Religioa* il les prioit^ lui qui étoit fiJï\te
l^oU)^ de uioujrir & quj FeconnoirToIt ([on. toft« dé>.
fiiçer^f^iii in^HVHires iin]preinon^ ^ & dç lui. p^don*.
9Çf de ce quM le& avoUi çaiiC^$^
^^t^ uji çwrt Stence de part fit ^'aotrç , î!
tife -demanda, *'Si PieMt qu^aconnoiflancè ^ fcout,.
%(€>Uûè^ quç fi. ^avoJ«: vécu plus tanft tetn&^ je no-
fer«}& pa« deihtnicé fidi^e aux pripci^çs & aux
featiMe»» q.*ie j^ ^préfent^ çeli^ p6urroit-il avoic-
l^ne influence délavant^g^uie , Cuç ie jugj^mçnt
4(«e j'ai bieijt^Jl attendre V**^ >• lui répondis Die^
^e de» «liions, éfe^tives, â; non pas. de celiez
qui n'oiit pa& été ooromift^Si il ju^ rhomine fuj<t
VdOt qvi'il.le. trouve çtv foit^nt du moQ/le^ U cft
l^^niour , & trouve & peu de piaifir à ta moct du,
pécheur V qu'il n'y coridaïunerat cçrtaineitienb au*^
iy^ de ceux,, qui mourront avec djC telle*, dîf^o^- ,
^ions & auxquels, il a proniJ& Kil giace.
Je fuî$ faiîidoirte revenu fort tard, dît-il en-»
çorç ^ à. Oitu, Majs. je Cùç. qu/d 1c bon Dieu n^
legarde pa^-K te longueur ou à la hrièvfté du tcms,
£?ndailit lequel; liioinme tèch^dç lui plairç. -^^otre
uveiir dit «, fans delçrnunçr çea Çircon/lances :
Qiùçohque viendra à moi^^fle fera pas rejeté^ Ain-
%, jene in'inqulétierai.pai de «ne que je nie fuis ab>
leixté rîloDg tem^ -de Oteu^ de la' vérité & de li vertu^
Jq. Ijtû di$ ^ ei^ obCervant \k f;rande Coule de
^e^teurs « que paraû tous c^s mUiiers d'houx-*
9es,. il i^^en trouvecoit cortaîuen^ut une quanti-
10, qui ne rnanqueroient pa:i d'inva>:|uer 'Dieu de
(ai faire gtace. C'eft ce ouaj'efpète, dit iU fit cet-
te pi^nfée rju; réjouit, il ajouta imtnédiatenieht
ij^tis^x H^Q c' étoit up grand fpe^lç d^ yeir ^afl'em-
biage
\
blage de tant de monde. iMali «M tkiitftiM^ tfdé feift*.
ih eu comparai ion de la fomme e»tiér«i» des t:réi*tu^
(es deDieay Ct un feui hourtne ne devitrnt-iltJiik
un "Tien dans cette comparaitbn ? €e}i<^,nclcmt Uten.
aime fi fort chaque homme en f^artictiHer qu^fl ivà
iprépai'e le fi^lut par te facrifice de fun ftto. QOe
cec amour de Dieu eftadmirabte !
Voos me voie» k t«tte beuîe, coneinwi-t-iK
teHeui^ment, tout comme Je k luis dans llnterleuiv
iâ ne trouvai point de ch^ugetnent en tnr, pendant
'entretien e|ue nous euinèn> dans lecarofKs ït non^
Î|u^ii avoit pâli , (Se ^aHl avoit phn de f)eine à peU^'
er & à parler qu' aqtffelbi», ^ ntérae que ce matin»
Au refte il écoit entièrement prêtent à lui même ^ â
teconnoHToat tantôt iVn» tantôt l'autre de» atfiftaniS
H les faluoiten ôcant ^e chapeau, & en jettant an rc^
Sard gracieux fur plalieurs d'entre eiix. „l>e calmé
<)ue je reilens n^èlt pas fcittê \ ajouta - 1.- il , &je
n*en fais point de raifbn qiti puîAe dépWireàDieth
Je ne compte aucunemeift de me ,faît-e honneut
devant les homme». Je ne garantis -aulti pas, et
ne point marqua de l'inquiéctidei lorsque je few
tm. mr V^Wfaut. J'«i actuellement des rencntuiien<
fenfieivetnent défagreabtes. H» y deviendront encolftt
|)lu» torts & je ne pourrai pas tes caciiert MaisfoiéS
^perfnadè, ^ue mon amepaffera tranquilement & aveô
efpérance, ait defl'n» delà aioftC 'Qu^lpeu nVft-^
pas qtie j'^i à foulrir ^n le tomparattt ^ ce que je»
nis 'Chrtlt a foufeft «n ntouranik ÂouvenÀ voué
de fes paro^es, torstfUMl dit i Mon Dieà> mon Dieu»
pourquoi m'astn abandonné. Et %«iriés vons fim*^
plement les deuténts énormes, ouMl faut qu^îl
«it fouferte»! en reftalit pendant pluitetirs faenrat
«ttaché ilé croix?
}e )*e^heittal h IbllSn t>et1iAer dam fâ téfoIntloiH
Ht de ne point «fefter de fermeté qtill n^ avoit pHS*
Qu'une ^eHe dimmulfiftion ne fauroit manquer dé
déplaire ^ bteu,/ & ()tte qtliaRd même il auroft en^
core le tems de fe mettire en peine du jugement
dM homnei» je lut diroîS) qu*il a^y auroit que
^iiel*
z'
. i]>te)quei ferftsnnes peu ^clAkéo^ qui prcmlroîeift
cet air libre yoiir mw yérité.
Je fui dis U\ dtlViis : Jcfus Chrrft prioit encorv
toçnr fes meurtriers eta«t attaché à' U croix* Puis-
J^ m'arfuref , que ce fera «v€C de femblatries fcncK
mens d'amouf , envers ceux que voiw pourrîéc
jirendre* pour vos enneroii, que jfous fortirés ëH
monde? «Préniièrement, répondit-il, je crois qne
je n*aî point d'enncniî.s perfonnei» , roais que ceux
\]ui ont'ttvancé mon malheur Poiit fait en de boo-
' hes vues, 8r Je Tais en iVcord Heu, oue j'at lieu
t!e me confiderer comme habitant de tautre mon-
de , & qu'ainfi je fuis obl'gé d'avoir tes fitMti-
luens qui y régnent. Je fuis très aitûré, que
quand je verrai dans l'éternité» que j'efpêre obtenir,
» ceux qui pourroient être mes ennemis dansceCte vie,
.V . l'en relTéntïrai la plus vive joie. Et je fupplîe
la bouté divine, que fi en cas les ennemi?, que'
je poufrois- avoir , fe repentoicni^ de leurs fenii-
niens d'Vnimitîé , cette repentance les porte à re-
c1»ercber te faiut , qne j'aftena c^eaînemenfe de la
|>race de Dieu,"
Bien que je n*àie pas été à portée de voîr réchà-
fnftt, il ni't^toit fucite d'apercevoir par le mouvéïiicnt
ric.< fpr.ftateurs, i]ue Struenfée feroit d'abord obligé
jri'y monter. Jeràchaicferypréparer, par une courtk
Jirière, & on nous appela un moment après, fl tra-
verl'n avec di^rence & humilité la foule des (^jefta-
teurs. ^' en ffibiaplrifieurs. Ce fut avec qntkjue pet-
ite qu'il inanra. . Ktant arrivé je me ;uî^ à lui parlei"
ifout briévcmenf & fitMs élever ma voix, dtç Paroles da
• Jefus Chrîlf: Qui colique croit en moi, vivra, quoî-
<qu*il meure. Il m'auroît été entiért-utcnt iitipoiliblts
tie pnrtet haut & beaitcoup, quand ïiiCJiieil l'auroii
fouhaJté. ']
J'ai encore à dire îv\ qu.' étant fur î'écliafaat, je
t>*ai pas rVm»iqué lewtoindrt? artifice dans Ton niaiï^-
tien. je reconnus en fui Ttiomme» qui favok qu'il
étolt obligé flcMioiirir j^arla main du hoineruu pour
fes pèches. tUétc^t pîiic ^il avoit de la peine U)}ar-
ler. La crainte de la mort étoîf pointis dans fon «ifa-
ge. Maisfanitîi«-t'xpriUu)!bt«i!lîén rirCi'ïik têtus, de ÎA
Kefiji^nation'i du ciihneoi de l'eiptrknce.
«85
On lui tut fa ft'ntence & ta c*tifirroation roTale,
otltoi montrft fesîinnoiries &.on tts mît en piiîces.
je lui fis les querticum fuivantes, pendflnt (}u'f>n It
«Jdivroît de fes chaîne» ; Vous repentes vous de lion-
coeur, de tout ce dont vous avts oHeiilé D[eu& les
■lioraines? „Vovis GonnoilVés le.sreflentiuie'ns'jjue )'t'»
a?, & je vous aflnre, que dans ce moment il>foi)^ft^4- .
core les mêmes?'* Vou$ vepofés vous uniquement ^
fur la réconciliation de Jelus Chrilt. pour trouver
fçrace devant Dleu*^ "Jt* ne connois point d'autre
moien, pour trouver ftr'ace devant Dieu, tS^ c'elr là \
deflns que je me repofe entièrement."^ Sorrc's vous
du monde iaus rolTentir dt la tjHine, contre qui que ce '
foit? "Je ne crois pas .quej erionne ne me haiiliu per-
fonnellement. . Au relie vous lavés mon fentiinent
fiW ce point, & je me refôre fur ce que je viens de vous
en dire. "Je* lui impoUnUe^ mains, diltlnt: AWts ^
voiftendonc en paix, là oiiDieu vous appelé! Que
fa grâce ibit avec Vous! *i.
Il commença a )e déshabiller) demanda aux bou^
reaux jusqu'où il devoit l'émettre nud» lesijrjadelui
«idei*, fe imta d'aller vers lé billot, qui étoit encore
teint du O^ng de l'on ami , fe coucha «veç emprelï'e-
*nenfr & tâcha de Hqix «mhoîter fon cou & fon men-
ton. La m^in étant coupée, tout ion corps fut faifi de
convullions. je memisft élever ma v.oix, lorstjue le
boureau eut 'le^0 lii liache, fjour couper lu. uiain»
*n lui difant l^iteiiicnt. Souvenés vo\is. de jelus
Cbrift crucihéi qui elt iBort ^ relïwî»t;itv:' ! Ces
n»ot9 n'ctoient pas encoté achevés , que ià tête
^ trouv», feparé du cOrps u nies pi^s.
•
' ^ ■ -«- -^ -^
Que Pieu eft admirable, & que! K'în ne prend'
^ il paSs des hommes, \\vVi font encore k rame-
ner H la vér'itéî Mais quelle diférence n'y a-t-il
jpas entre ïe juf^ement qu'il fai*t foruier par roport
» ces bontriies /uivant les principes du Koiaume
de Dieu, & ceux que le monde prononce contre
eux ! Si Siruenfée Pétoit foiuenu dans Ion pré-
cédent état 6i qu'il l'ufânort un jour d'une ^mort
naturelle , il^ur«ijt peut'ôtre p«ifl'é pour toujoiuv'
aux f*ltx 4* <MK qti M îi^Bt <i|ae iMsit U-
^rtnce exiiâriettrc i<i monde, paur un bonn
grsnd Si éclairé i •jUind mime il auroh Aé (bm
lit cAiilè qui iei Chréiieni feniià lui iiardoni*^
lont II honte, dont il a fouillé fa vie, & Ni nu-
iioiit gruBci il Dieu 4e oa ou'il en ttiort en il>
li Mmei il^nlitMai.
285
MEMOIRE Écrit de la propre main
pu /
. COM][E
STRUENSÈE>
, DE LA MANIÈRE
COMMENT IL EST PARVENU A CHANGER DE
SENTIMENT PARRAPORTALAREUGION.
, ADRESSÉ
À MONSIEUR
LE DOCTEUR ]VIUI^TER.'
VOUS fioûhaités, mon cher amî/qne* je laille par
écrit, comment je fuïs parvenu à changer de'
connofflanre & de fentînïent par raport à lu Re-
ligion. Il f'ert'faît devant vos yeux, vous m'y
avés conduit & je vous en fuis infiniment rede-
vable. 5**c°"™P*'S ^® *I^c ^°"* demandés , avec
Â'aurant* plus de plaifif , que j'awai ùccafion de
me fonvenir de ia fuite des idées &des impréf-
fions qui ont produit la difpofition aftuellc de
iiîoii efprife, & de fortifier ma conviftion.
'Mon irréligion & Taverlion que î'avois de U
Religion étoit tout aufll pçil fpnné fur une recher-
che ^afte de fa vérité, que fur uil examen replé des
dotUes qu'on forme coi\tre elle. , Ils font venuîî, com-
me il arrive ordinairement en de tels cas, en adoptant.
d'un côté, nne connoilfance générale & fuperficielle
de la Reli»îion , & de l'îiutre beaucoup d'inclination,
de p'en pas ofei fuiyre les préceptes, avec un granti
Û ' «tnprcf*
2%6
emprefTement, à embrader tes doiite^^ue je trouvms
contre el4e. Vons favés nmiftrttiot» ordinaiff 4a
iChrilHanisme, qu'on à dan» les écoleapublique : toute
fois c'étoit ma faute de ce que je n'avois pas mieux
profité des in(truftions & de l'exemple de mes père
& mère. Je ne me fuis iimplement occapé, depuis ma
auartorzième année, qu'lk 'éprendre la nnédecine. Si
y ai emploie beaucoup de tems dans la fiiite à la feâu-
re,ce n*étoit que pour mon ptaifir, &que pour éten-
dre les connoiffances néceflairès pour faire ma fortu-
ne. [^ violence de&pafllons afeclaqtrette je m'aban-
donnais àans ma jeunefle à tons Tes plaffirs fenfuels,
& aux débauches, me permettoità peine 4e penfdr à
ia momlrté & bien moins encore à la Rèlfgion. '
L'expérience m'aprenant dans la fuite, le peu
de contentement qu'on trouve dans la joaiTlaïîce or-
dinaire de ces fortes de plaifH"^, & me trouvant con-
vaincu par des méditations, que ma félicité deman-
' doit une (^rtainq fatisfadioii intérieiuç, qu'on ne
fauroit conferver par riicotuplitremerTt des devoirs
particuliers» ni en la nét^lîgeant, de^vices-ptuAgiof-
iiers, je tâchois de m'inculquer des principes que je
cTOiois conforme à ce but. Mais quelle fut ma
difpolition en rentreprenant? Ma mémoire remplie
de principes de morale, &ekmême tems desexcufef
d'une raifon comjjlai''antç envers les foiMélTes, & les
défauts du cœ\ir hunwin î mon efprrtprevemïde dou-
tes & de difîcultés, contre l'incertitude des fecotirs,
pour parvenir à la vérité & ^ la certitude: & ma vo-
lonté, laquelle, /i elle n'étoit pâs bien déterminée,
4toit au moins fecrétement fort portée à fixer mes àc-
^ <^ voirs de maiiiére, que je ne fois pas obligé d*y facrrfier
mes inclinations favorites : c'étaient là les contkic-
Cears, dans la recherche que jefaifois.
Jefupofois, que dans une chofe , qui regardoitia
félicité particulière d'un hommç, il ne faloit ni profon-'
deurdu favoir, ni fubtiltté ouérudition, mais fimple-
ment Quelques propres expériences. Sa de» idées, doofc
chacun éH en état de fe convaincre , pour trouver la
-vérité. Bienque la néceilité d'éviter tous les reffén-
tiraens défagréabtes, des douleurs , des maladies, de
niés propres ceprochies & d«s rt^prochcs d'autrui , me
reor
• -1
\
r 887
hindôît Vobfertatton la plus foigneufe, de ce qtie je
me devow à tpoi même , & à mon prochain , très \m--
portant: je necroiois cependant pa» trouver, dans la
cotueniplfttion de Dieu, de la nature & de l'bon^me,
decfuoi avoir des obligations particulières à l'Etre Ai*,
prême', que celles qui venoient de fi^miraHon de Ai
grandeur, & de mon çxilto«ce. Les aftions de Phora-
ifte, fixées par des Idées, que l'infVInft, l'imprefTion
agréable ou défagréablé dés objets extérieurs, l'édu-
cation, la coutume ftJa diverfité des çirconl^ances^dans
lesquelles il le trouve produîfent, me paroiflbient
auflt peu pouvoir plaire ou déplaîrea Dieu, en àts cas
particuliers, que ce qui arrive diferemment dafts ta
nature &<jui fe trouve fqndé dans les régies établies
lie la Phiiique. H me fuHfoit de remarquer, qa»
tout tendoit' autant dans ce cas que dans l'autre, 4
un b«t, ravoir, à la confervation de- toute chofe, &
c'eft-ce c|ue je trouvois feu! digne dû foin de l'Etre
fuprême. d'eft pourquoi mon attention ri'étoît
tournée , pour la plus part, que du côté du devoir -
envers le* prochain. L'accompHf|etnent fixoit aion
bonhe\ir extérieur & j'efperois auîB d'y trouver mft
fatisfadicsn intérieure.
Le ftouhait, que chacun reflent d'être vertueux,'
& une inclination uî^tureJle pour de bonnes aftions
convenables à la fociété , me portoient à faire tous
les éfortipofltbles,pouraprendre àçonnoître, la ver-
tu. ^ Mais où trouver la véritable, ne la cherchanÉ
pas,' à l'unique endroit où elle fe trouve ? Qu^elle
.diverfité de fentimens ne voit on pas régner parmi
les Phiîofophes,. par raport à la nature & à fe» mo-.
tifs, & le jugement des hommes, combien ne fe
contredit- il pas, par raport aux éfets quelle produit
dan» des cas particuliers? Cependant ceux - ci dg-
vroient - ils me jugei;, le bon Di^u ne le faifant
})as , & fi vje ne voulois pas fimplément me repo-
ér fur ina confcience». l,aquelle fe trouve A faci-
lement aveuglée, vaincue pas des paflîon? & or>
dinair«?ment point du tout écoutée? Je trouvois au
moins, qu'il étoit trés'^acile' de fe tromper par
U 9 rapart
»S8
raport à fes feiUiràefis , fz que cependant il apatti»
noit pourtant à chacun d'en juger lui-4nême. Com-
bien n'en reniai]quois-je p. «s, d' un autre côté, qui pa*
roiQbient remplis de bons Centimens, dans la p^is
grande inadivité ! Ces coniidérations joint à pluiienrs
autres, lue féduifoient à tHire fmiplement cônfifter
la vertu , dans les adions' qui avotent une infi^'Dce
inutile dans la focietét dans laouelle je vivois , & daiu
les détirs de les produire. — Les motifs que j'y trou-
vois, l'anabition, l'amour de la patrie, l'inltind pour
le bien , un amour propre bien entendu , ou même
la connoifTance de la Religion, me paroifibient indife-
ren«, à mefure que l'un on l'autre operoit plus ou
moins dans les fentimens de certaines perfonnes eo
particulier. - - Il faut que l'efprit & les réflexions
lixent feuls l'application & l'exécution de la vertu.
.. - Que celui qui produit les adions les plus utiles,
les plus dificiles ^les plus étendties, efl: le plus vertu-
eux. - - Que perfonne n'avoitdereproclwàle faire»
pourvuque dans le choix des moiens on obferve foig-
ueufement les-loix dupMÏ^, & les principes de l'hoD-
neiir fixés fans prévention.
Je croiois trouver affés de forces & de reflbrts, dans
la nature de l'horaîtie, pour le porter à la vertu, &D5
avoir belbin d'une Religion révélée, quîpourroitfim-
plement éfeftuerune obligation dans des perfonnes
moins éclairées. Je n'avois jamais expérimenté le fen-
tJment & le refl'entiment qu'elle devoit exciter,
ouNjiumoinsjen'y avois jamais pris garde. Les véri-
tés delà Religion, fembloientcontreJire à toutes bits
autres idées, faDodrinenle paroiflbittrop févère, &
je croiois les trouver tout au moins aulTi claire-
ment, parfaitement -& utilement traitées dans les
écrits des Philofophes. Joignes y les doutes que j'a-
vois h y opofer"; dans le cercle étroit des hommes oui
en avoient connoifTance, - - dans 'e petit npmbreiur
lequel elle faifoit impreflîon, - - les mauvaîfes/uités
que l'abus qu'on en a fait , acaufé au genre humain,
- - le peu de perfonnes qu'on trouve qui f'y confor-
ment, même en y ajoutant foi - - le peu d'efpéraiice
' que
I
. .285
«)ne je tn^fonnois démon exiftaiiceaprés ma mort - *
l'idée de la bonté de, Dieu , qui pardonneroit- fans
cela les fautes de l'erreur 6c deia précipitation - -^
' la contradiftion &i la reiiOance invincible i que je
trofois obferver dans la nature de l'homme d'acom-
plir (es préceptes de l|i Religion ; enfin*" vous n^
ikurlés deviner la concluûon que je me croiois
être en droit d'en faire. ^
La raifon conduite^ par l'esprit , & appuiée )pHt
l'honneur, l'amour propre & l'inltinô: pour le bien,
^toient devenus les conduj:teurs , qui fixoient mes
allions. A combien d'erreurs & d'égaremens n'érois-
je pas expofé? Je trouvois^ qu'il n'étoit point dit
tout diticile d'excuTer mes inclinations feivorites, &
même de m'y abat^donner avec tranquilité. Je
prenois les égaremeiis, & même les vices de la volup-
té ;, tour au plus pour des foIblelTes ^ pourvu qu'ils
n'aient point de mauvaifes fuites pbur moi ou pour
■d'autres . & que la précaution , jcnnt à la prudence,
pou voient les prévenir. - - Que quantité de ceux
. qui form oient des prétentions fur l'honneur & ta vertu^
rexcufoîeiit ^ fç le permettoient. — Que les mœurs
des tems permettoient des libertés tacites , que per.-
(onne n« con(|amnoitque(tesiTioraliftesfevèreSt mais
que ceikx quiétoientptus raifonnables , regardoietrt
*avec plus de douceur & d'indulgence , connoiffant le
coeur tkum^in. - Que l'abftinence étoit une vertu
du préjugée , & oue des nations entières fubA^
ftoient & avoient lubfillées, lans connoître cette
vertu & fans l'exercer.
C'eft une vraie humiliaftion pour moi , mon cher
ami , que de vous iiepeter de faux prétextes , que
je trouve maintenant fi abfurdes, mats que vouBaurés
plus ou moins trouvé , dans tous ceux qui n'agiffent
Î)MS entièrement fans réflexions & qui cherchent dans
eur efprit des moiens de fe tranquililert dans leur con-
duite déréglée. Avec quelle facilité toutes nos paflions
ne peuvenc-eUes pas être plâtrées & juftitiées de cette
manière! L'ambitieux trouve l'amour de la patrie &
U 3 une
r I
■S
/
290<
une noble aml»itîoii dans fes entreprifes : l^préfoints*
enx une noble fierté «le îhn mérite, & de (a jufticé, dont
il eft redevable à lui même » le calomniateur , Fa-
mour de la vérité & de la pjaiûuiterie &c. '
J'erpcTois d'éviter ces erreurs par un rigonrenx
examen de moi même & des fuites que mes aiôotiê
aurotnt & pourrment avoir. Ai-je été heureux/
& eit-it poflibte, <;uand même je ne devro^ garant
que pour leurs faites immédiates? Ne m« troropois •
je ^ pas raoi même, en croiantde me contenter par
la ferme refolution de fiiire tout le bien qui me
îeroit poflible, & par la conviétion que je le fai-
fois autant que les circonftances dans lesquelles je
tne trouvois poavoient le permettre? £toît-ce de
rétourdiiïement, de l'infenii 'milité, de raffedat^bn,
quand j'efperois de trouver eu moi>même du repos,
de la fermeté & de la refignation , dans mon préient
liialheur. Quand j'en recherchois' les raifons, je
tn'arrétois au politique « & combien de chofes n'é-
tois-je pas état de découvrir daiis raccidentel , d:
dans la nature de ma fituation, pour m'excufert
Te ne conAderois mes fentimens mossls que de
. loin : & comment pouvo>8>je les condamner , pour
ne me pas priver tout d'un coup de tout repos? J'ai
déjà dit, ce que j'efperois de l'avenir, & fâchant
qu'une repréfentation durable, & une méditation
continuelle du même objet, fait une finpreÔioB
d'autant plus vive , je tâchois de me rendre mon
malheur moins fenfible, & d'appuier la difpofidon
démon cœur, par des diitraftions, Ik en occupant
mon efprlt par d'autres objets.
C'eft 1& l'état dans lequel vous me trouvâtes,
Xaàn très cher ami , Si nous cotnmençames nos en-
tretiens. Souvenés vous combien je croiois être
convaincu de mes principes , jusqu'où je me les étois
Imprimés ,\& combien j'étois fur mes gardes, con-
tre toutes les paffions qu'on auroit pu exiteren moi.
Je trouvois, qu'il étoitjufte , qu'une chofe qui in-
tereïïbit ma félicité, & qui poizrroic eqcpre avoir
de
V
i, • ■
"^4e Hnfliwfice dans Pavetîir» m^^ite d*46tr« «xaminé;
^ . qu'un fentimeat dans lequel la plus grande yrai-
fewiblanç^ étbit la certitude, krouvoit.de nouvelles
forces, par la recherche de •celui qui lui ell«pofé,
^ fk que la réfutation deis doutes dei;handoit au moins
«utant,d'»ttentk>n , qu'on «ki ^auoit eiuplpâjé pour r-ét
fiéchjr fur ie« raifeas^ en les recevant. .
£n confiderant nnes principes de morale., & Ichik
Cuites, je fus bientôt agité du doute, fa voir, ti.
je n'avois pas manqué le but du repos, & du
contentement intérieur, par raport à nies {(ftions.
nJç ne |îouvoi» pas n>e -cacher ^ que 3e méritois de$
reproches., tant de moi même que d'autrai, $
• quand ce ne fetoit que de la part de mes ami« naalbeu-
reux aviîc moi, <lorK ]*-étois très vWement toucha
K'aurbk-ilfjas mieux valu, difois-je en moi même, À
j'avois plu4 jugé de mes avions, par lenr origine, que
|;ar le«jF« proportions & par leurs fuîtes? --Quei
peu de contentement & diaàlvké n'y aurott-il pas ^
-eu atera 'dans ma vleî Pour le préfent nioins de re-
pentir & de mécon^ntement , mais ci-devant pi U9
de combat Si de reiiitancecontre moi-même t letems
des foufraoces, n'a fait iimpletnent que changer, il
y a des douleurs vives & courtes att^diées au pré- \
nier cas^ & des £éntimens uniformes, durables &
•défagréables k TautreV Mais j'aurois étélefeulquf
«uroit {bufert. Et q^iel contentement , la jouïlTah-
, <e de tout ce que je («oavois attendre de la fortune,
tu'a-«-eUe doané ? La. fetisfaftion des defîr«, qui trai-.
ne un vuidc inévitable après eUe; l'jicoompliffer
«lent des foubaits , dont l'attrait fe trouve diminué
^lar i'aftivité 4n<)uléCe de f'y conferver; tes plaîfîrs
^ «multipliés qui fedétruifent les uns les autres, con^
fonnement À leur nature, & qui après tout, ne font S
tout au plus que des diRraftions ; l'infenfibillté, qivi « ^
leiï une fuite nature;i1e de 'la poffeiTion de tout ce
qui peut rendre la vie proiotement & facilement
agréable. - - Le..plaiiïr de l'aqutié & dé 4a fOr
^leté , c*efl-ce qu'on ae pourra pas me conte«>
Jier ? J^oQ, ù uns iituation, pijûs» ifi 4iftia^ons«
i
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*,
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p
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I.
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pleine d'attention fur mtlie iortef de baçatelln,
pouvoit ie donner avec l'impoinbllicé d'éloigner U
penfée de rincertitndc ; 5t 'que cela ne contredlfc
Îias h fa nature. Mais je fapofe, que je ne fols af-
uré, que de bons defleins & de moiens permis, &.
que mes égareraens morals fuiVent les fuites de U
légèreté & de la foiblelle ? Les reproches de ceux-
ci me pri^'eroient pourtant maintenant ne toute la
tranquilitë à réGjarà desBr.tres. Je les anrois évités,
A j'en avois coniideré contes les laites fuivant toui
leurs raports. Mais cette refolution étoit elle polli-
ble , dans un tems, cC; d'un autre cOté la paflfion me
reprefentoit fi vivement ma félicité, & celle d'autmi, le
mépris du danger, l'incertitude des fuites éloignées,
& l'aflurance d'avoir les plus prochaines en mon pou-
voir? L'ilTue ne pouvoit pas manquer de fe tourner
du côté où Idpirtîfir étoit li proche, & la douleur fi
éloignée & certaine: mais lecas', où la raifon & les
patn^nj violentes combattent, & où l'efprit dojt dé-
cider rte peut pas être penfé autrement. L'honneur
& Taraour propre, l'intluence, qu'une aftion peut
avoir fur pluiieurs autres, & d'autres motifs Ibntfacii*
leraent expliqués & trouvés conformes dans l'appli-
cation, au but qu'on f'ett propofé. Or poiivois-jc
faire autrement que d'avouer, que mes principes ne
Çouvoient point me donner de repos moral, que la paf-
iion avoitfixémesadions, &qu'ilne me re/loit point
d'autre confolation, ijuecellequi vient de Taccidcn-
,tes & de l'inévitable de la aeflinée de Thomme?
Je pouvois leur être redevable de ma fortune & de
ce qu'ils medonnoient de l'afttvité, dans l'accoroplif-
fenf^nt de mes devoirs: mais me féduifant feule-
ment une feule fois à faire une aftion que j'auroit
dA & pu éviter', qui mérite des reproches, &t dont le
fouvenir trouble ma félicité intérieure, j'étoîs obligé
de les rejeter.
C'eit ce que j'écoii prêt de faire, fi d'ailleurs
je pouvois en trouver de meilleurs. Je rèroar-
qnois particulièrement deux défauts en ei^c. Le
Jugement des proportions & des faites des avions,
evoit toute la certitude. & raffur^nce, de parvenir à
une convidioQ morale de moi même; le motifs que
j'avois
t
/
493
I
|*«w>M ponr la vertu peuvent tant ftoflî facilement \
ifervir à contenter, qu'à refilter aux , delirs. Ils i
n'opcrerit pas attés vivement , & (on fujets à des «
amoigtiités , lojsque l'atne demande quel^que chofe v . !
avec violence. La confcience, le refftntiment du
bien &: du mal, & la crainte deiûieu ne 'me paroir-
foient pas pouvoir y remédier, Mon efpril étoit riche
en raifons pour Ips méconnoître , & la lenfualité ne \
me permettoit pas de l'emarquer l'impreflidn qu'ils
failbient. Auroient-ils pu niefmre agir^inflrntre,
& tranquilifer exaftement dans/ toutes , les- ci rc9n~
ftances , quand même les fuites, le jugement dés
hommes & les reproches de mes amis feroient con- *
tre moi? Sans doute. Mais alors il auroit falu que r
mes adions priiVent leur origine dans les l'entimens, '
& que ceux-ci èuITent une règle certaine pour ne
le pas tromper.
L'erreur étoit claire, en ce que j'avais mis la ver-
tu dans les adions & non pas dans les fentimens, & que , , /
j'avois manqué par là, le but que j'avois^ par raportft
mon repos intérieur. Ofellert me montra les règles,
fui vaut lesquelles j'aurois pu l'éviter; Jerufaiem, me
convainquit de la vertu & de la force que la vraie v^
nération de Dieu donne pour l'obrërver, "Si Rçîimarus,
me prouva l'invalidité des doutes, que l'eiprit trou<-
vepour nier la part que Dieu prend aux aftions mo-
rales particulières. Je ne répéterai pas la fuite des
méditations, qui me convainquent des vérités , que '
ces excellens auteurs enfeignent. H fufira de nre
fou venir de celles » qui fe préfentent le plus vivement >
àmesyeux. j
N'étoit ce pas lajenfualité qui me faifoU nfer
des vérités, que ma raifon connoîB'oic, & quimèreti-
doit d'autres objets Si de fanlTt^s idées importantes ? < - .
Y a - 1 - il de la lïireté & de la fagelVe là, où je trouve
des principes particuliers, qu'on peut appliquer fans
.exception, avec clarté, dans tous les cas, ou là, où la
diverfitéde fentimens Si les conditions innombra-
bles demandent plus de tems à examiner qu'à .
sigix ? « - Si la diférence morale de La vertu Hz
du vi«e De fe 'trouve pas éfedi ventent dans
U S 1rs
I
•
ap4 -
{et fentimens, pertonne ne Ikuroît former de» pré-
tentions fur la vertu ,^ au moins ell« ne dépend
pas de fa volonté. Le prudent, le prcvoiant, le
ful'é» l'hypocrite, eft brave: le fimple, l' inconô-
deré , le inailienreux , le«ftncère, lera vicieux. —
Le repos intérieur ^dépend du fe'ntitneiit d'aiitnii,
& de l'accidentel , fi je nç puis pas juger de met
'icutinienit fulvant*^ des règles fixes.
L'idée -n'ell elle pas fort relbrainte, lorsque je
•trouve qu'il n'y a que' le tout qui fçit digne de
l'attention de Dieu ? Nou« fevons, que la connoif*
fiance , & la combinaifon de pluiieurs nioiens par*
ttcniliers & do caufes agiiTkntes , en fcant qu'on
les emploie dans la même intention , prodiiUent
le» grande» aftionç noorales. . La capacité de rhom-
vae ne lui permet pas de fe reprefehter d'abord
diUinAement les premiers. Il perd le tout de
vue, lorsqu'il f'oecupe trop du détail. Ceft pour-
quoi H elb obligé de fixer fimplement fon atten-
tioti fur les caufes les plus pfocbaines, & les plus
«giflantes â: d'abandonner celles qui font 'les plus
éloignées A L'accidentel, ou , ce qui y a du ra-
^ort, de fupofer qu'elles ne manqueront pas, bien
qu'il- ne Jes ait pas £n fon pouvoir. Cependant,
tie nous arrêtons pas à cela. Celui qui pourroit
revoir en nvême tems le ptVis de moiens, 6l les
moiens les plus éloignés , les fixer & les Appli-
quer chacun en particulier , conformément k fon
, intention & prévenir & détourner vitement & fii-
cilement toutes les dificulté^, mériteroit avec rai-
ion le ifom "de grand homme. Plus il fait don- .
li^x de l'drdre fie de la conformité k chaque par-
tie, plus le fuccés eft aflûré. Il faut qu'il veS»
fente du déplaiiir lorsqu'il ne te peut pas par toot.
Plufîeur^ mouvemens fautifs faits par des foldats
en particulier, ne fauroiept faire plalAr au Géné-^
rut dans le combat , quand il elV en état de les
remarquer, & il les reffentira chacun en parti-
culier. Quantité de petijts désordres rendent le
tout plus imparfaits. Si lious fommes obligés de
paiïer par dellHis » parce que noQre capacité ne le
|)ermet pasauuement, & que nousiîDions aflcou-
tuméi
■ • I - "295
ttiAié« âe' méprîfer ce que dos fortes ne fauroietit
atteindre: il efl: pourtant «bJurde d'a^ipliquer cette
idée à Dieti & rte croire, qu'il fuit notre exem-
x^le, & qu'il ne Toccupe que du tout, fans preti-.
dre garde aux fhutes particulières: L^ propofition
(^U4 veut, que' Dieu ait fait Im difpofition du tout
de manière, que les fautes particulières des
^hommes n'y piiilTent point porter de dommage*
« que par colilequent > elles lui étotent indi-
fërentes, en revient toujours' là, de quel côté
que je le cohfidère , li d'ailleurs je n'admet que
l'homme f.iï obligé d'agir fuivant une nécellité
fixée. Ainfi Dieu ^biervera certainement, ju$«
ÎfU'où chacun fe comporte en particulier félon fo»
i*anc arbitre, conforrn^ment à fa delhnation. Otl
ne fauroit parvenir ftu but de la félicité «nker-
feile, ii tous ne f 'accordent.
I C*eft un faux prétexte, que de dire, -que Dieu
, a tant de biens dans la nature iS; qu'il à mis unet A
grande diverlité diftînft dans l'homme, que chacun
pouvoit fe reuflre heureux. Uhe grande \ ofleilion,
&unefatfsfaftion plu8conlîd<îrftbJes f'aquiert toujours
«cix dépens & au mécontentement d'»utrni. La
paillon de parvenir à un plus grand accroilTement^ eft
déjà un éloigneraentdemadeltination, 11 n'y a que
l'étendue des j»*rfeftions morales , qui puilTe le faire
fans dommage & à l'avantage du tout, Le moindre
éloigqenient ne fauroit que déplaire à Dieu. Quelle
excufe pourront nous trouver pour èet éfet ! Celle
qui permet au Cdurtvfan de duper fon maître^ pôiir
fervh'fes amis, & au Miniltre d'oublier dans des vué's
perfonnelles, l'avantage du tout. >
N'eft - ce pas une fierté âz une Imagination de
notre force intérieure , que d'efpérer de noas
rendre vertueux de i)ous mêmes '^ Lchrsqtie nous
votons ordinairement dans les objets, ce qne'
nous voulons ; lorsqu'il èlï InHninient difici-
le d'avoir préfént dans la mémoire, toutes lea
; idées nécefl'aires , pour ' former qne Jufte con^
«Infion ; lorsque nou9 trouvons le plus facilement
^ «ailes
296
celles qtiî fervent à notre bufc; lorsqiur le Pbilofophft
glacé trouve fouvent» ce qu'il a pris pour vrai, avant
que de l'avoir exaiîjiné : on peut tactlemfnt être
convaincu de rjincertiiude de^ çoncluiions de la
raifou ,' «qui nous permettent,, ou qui nous défendent
la jouïHauce- d'une chofe, que nous délirons avec ar-,
deur. H n'y a qu^une^^ve imprellion, quîiiouspre>
lente des idée%:ôpôfées, qui puiife nous empêcher de
tomber daris l'erreur. Mais y éua'-t-ilunequipuiflc
éRaletiient opérer dans, toutes les difpofitions de
Vcfprit, que le fmivenir de Dieu?
Combien de mécontentement de moi même; i^i
fonfidérations n'out-elle$ pas excité en moi ? 11 m«
futiibit d'être convaincu , combien je m-'étois éio-
igné de mon but, combien peu j'avo)s.agi con*
f>- inéraent à ma delVination, Si combien de repro*
4Hieè je méritois. C'étojt avec feuliblité &.hamî>
lité que je. fentois que j'avois fuivi de faux|>rin-
cipes, & des préjtigés r^ibraints. Vous Êtvés avec
quelle violence j'ai particulièrement reflenti le
malheur des perlbnnes avec lesquelles j'étoîs en
liai l'on : il ne me relta plus dequoi adoucir dm
douleur , fâchant que j'en étols uniquement la
^ CRufe. Elle étoit d'autant plus viye , en la confide*
ranc du côté qui faifoit le plus d'impreffion fur moi.
La quantité de fuites que meségaremens morals çn-
traineut après eux, & la penfée, d'avoir ofenfé
Dieu, operoient avec le plus de violence en moi.
Les repréfentations auxquelles je nyétois ha-
bitué, excitoient cependant fort.fouvent en mtâ
la méfiance , fi la difpofitidn de mon cœur ne
caufoit pas plus ces fentim^ns, que la conviftion
de mon efprit. L'incertitude , dans laquelle fé-
èois par raport à la nature de l'arae . & de fa du-
rée aprôs cette vie , m'empêchoit particulière-
ment de m'y abandonner entièrement, fionnet
Tne met hors de doute , i^ur ce fujet « autant que
la rai l'on peut y trouver de la certitude. Je ne
paui'ois pas nier, que la difpQntioQ. que i'avofs
étoit
étûftltittO pUis capable d'examiner^ & de trouver
la vérité, en com^^araifon dé îa précédente. Jçs
Itafibis legàrèmf>nt par delTus la dernière , quant
À ce qui étoit contî-aire à mes inclinatiotis , & jo '
tr«iwots vrai ce qu'elles {ouhaitoîent. La préiui-
ère étoit bien plus prévoiante, pleine de défianct,
& il en contoit beaucoup d'auvouer qu'on rétoit
trompé. .Pluj je penfols à mes autres doutes ,
moins je trouvois des raifons de les croire fon-
dés. Je repaiTois de peu à peu ce que je m'étois
fl fouvent répété pour me confirmer dans mes fen-
timens : mais à la fin, j'étois obligé d'avouer,
avec Gellert , qtie fi ce aue la raifon nous fait
reconnoître de \y\^xi^ de l'ame & de notre félicité
morale , n'eit pas cer^ain , il faut' cfue la vérité
foU une folie & l'erreur une fagefle.
Vous lavés , très cher ami , combien cette con-^
noiffance augtnentoit mon inquiétude. ' Il le pré-
fento'^t de nouveaux objets à mes yeux , qui
létoient refté cachés par la vivacité des im^irefTions
{)lus ' prochaines. L'indiference, à arranger mes
tentimens, la négligence, le peu d'attention, ?i l'é-
gard de chaque devoir en particulier , la négliè^'iice
rie faire le bien que j'avois l'occalion, & la capacité de
faire le mal, que la cotmnnn'cation de mes prin-
cipes pouvoit caufer , le déplaifir de Dieu , que
ines égaremens méritoîent: tout cela me caufolt
-lés douleurs les plus fenfiblés. Comment étoit
il polTible de les adoucir? Je pris la refolution de
. me conformer aux vérités que je reconnoilTois ;
Je fentoîs lincèrement le repentir des fautes q\ie
j'avois commifes: mais pouvois - je efperer de re-
parer & d'éfacer-le palTe? Il eft incertain , fi une
Donne refolutibn peut être également forte , fi de nou^-
veaux attraits & des erreurs d'efprit ne la d^Jtruiient
pas, fi le fouvenir de Dieu , delaconfcience & de la
douleur ne f'afoiblit pas. Les vertus ne fa»\roiônt em-
pocher le dommage caufé par le vice , & encore moins
le reparsr. Le tems, i'occafion & les proportions
" pré-
N
«
/
1
29i
précédentes étoient perdues pirar moi. Deceeoié
là, je ne pouvois' trou\rer que fort peu de confob.
tion pour mon repos. La contemplation d« pieu, tirée
de la raifon , ne me donnoit pas plus d'efpénmce
d'obtenir le pardon de meç égar^ens. Qoelfei
idées avantageufes que j'aie tâche de m» former de
fa bonté, & qu'en lés juji^antil auroit égard àl'inw
Les fuites des allions fe font dans le moral , coottie
dans le Phyftque , fuivant des règles fixes. Cett à
cette difpofition que Dieu abandonne le fert de
rhonuiie,â{4l elt en fon pouvoir d'agir en liberté. L'ex-
périence fert h nous convaincre clairement , qu'oa
n'en fauroit point faire d'exception. Chaque égare-
tnent & clia<]uê vice entraine déjà fa punition après
îbl ici bas. Il ne fe trouvera peut-être aucun cas,
où l'on ne puiiïe être convaincu de cette vérité, lors-
au'on juge dr la félicité d'un bommé fuivant lesref*
ientimens intérieurs , & non pas fuivant ce que
Ton nomme bonheur. .Les patTions irrèguliéres &
entalTées font n^uvatfes, ik le fouvetiir douloureux
d'un vice commis ne nous quite jamais. Diea
changera -t- il le mal en bien, pour détourner de
deû'us noas le malheur» qui prouve fon dépUilicI
j'ai toujours été convaincu de ces vérités^, mais
je les preno^ pour des tnaux néceiTairement atta-
chés à notre delHnée, qui finiroient avec cette vie,
quani njême on voirdroit les fairepalTer pour des pu-
nitions. Je croiois que la fermeté de l'ame, la froi-
deur acquife par ta pratique, & la confidération du
mal même, fans imagînatiop , en dimlnuoient la vi-
ve impreflion. Que la patience nous rendbit indi-
fcreht à leur égard, & que les difrraftiQn» les met-
toient en oubli. Ce font \h les mo-ens quîm'ai-
doient k fuporter tranquilement le malheur, que je
ne pouvoîs pas éviter & il me paroiflbit moins éfro-
iabie. Kous croions à la fin une erreur , comme uue
faufleté, fouvente fois répétée. L**-fpérance que ta
mort met tin au aiaUieur, avolt be foin d'une grande
IBT-
^99
t .
lérroeté & d'indifôretice. Vous' Cuvés les raifons
qu'on ft pour fe trant^uilifer , par raport à la- vie «ve-
nir, quand on fe juge fuivant mes anciens principes »
& qu'on la conlutôie dans/le même point de vue,
que je l'ai confiderée. ' L'incertitude m'auroit peut
€tre caufé dey inquiètes infinies à cet égard , quand
même ]ç ne me ferois pas défié de me forces;
La continuation de mes recherches morales n'a-
moindrilToit au iilpins pas les ^srémières. Lame-
moire fera l'efl'entiél qui confervera rtotre état avenir
CB iiaifon avec le préfent. Comment éfticer la mé-
moire des^teproches qui me tourmentent, i$: donner
k mes fentimens l'ordre régulier néceflairet Tout
renouvelloit le fouvenir des premiers & la polition
k laquelle les derniers étoient> accoutumés dz peut .
être encore plu» difîcile k changef qu» de négliger
une coutume corporelle. Je le trou vois en moi mê-
me, avec une entîière conviâion de la raifon, je
dontois, je ra'excufois & je voiois la polUbilité, q»:e
}e ne m'étois pas trompé. La repétition de la fuite
des idées , qui m'ont fttit voir mes erreurs, me ra-
mena à la vérité , Cependfmt je ne pou vois parvenir
à aucune certitude par raportà l'état de la vie avenir.
Il Aux fuites de mes égaremens .kV égard de Dieu.
Le fmivenir des vérités de la Religion reVelée , se
faifoit encore point d'imprelHon fur moi.
Vous' me donnâtes l'hilloire des trois dernières
aimées de Jefus Chrifbà lire. Quelle cxcelkpce n«
trouvois-je pas dans la .doftnna qu'elle contient? Ses
propofitioi)s morales font fimples^ claires jk conve-
nables, dans tous les cas. Quiconque fait ce qu'il
tu coûte, de porter unefcience à des v^rincipes géné-
raux , ne remarquera pas cela (ansfurprife , fil coufi-
dére iimplement Jefus Chrift comme bomme. J'a-
vois 4ionte de retrouver ici, ce que j'avois oublié»
& de ce dont je croiois en fuite étrç redevable à la
lefture d'une infinité d'Auteurs de morale. Je m'é-
tois prouvé à moi même,' que le reflJentiment de U
vengeance étoit mauvais, fans pen/er que Jefus
Chritt l'avoit enfeigné. Ptrfonne n'avcit ddeva^
pcnfé à fon mnour, «ivers fe« tautnais» & ell^
me
/
30O
tne puroifToît toùjoàn contredire à U luitore homi-
ne. Je fquhaitois non feulement d'être cQnvaincti de
cet amour, mnis auffi de tous ^les autres principes, de
la doftrine de^Chritt, qui faifoit une vive impreifian
fur moi. Les doutes tirés de fa naifijince , <ie foa
éducation en Egypte, & de L'ififtru5Uon qu'il a eue
dans les fciences juives, me donnolent bien plus Uéa
ée préfumer leur origine extraordinaire. Comment
auroit - il pu fè mettre au deifus des préjugés des
premiers , & découvrir les autres, en fouténant des
fentimens opofés ? Il n'y a point de contradiâions
dans fes dHcours &, dans feç adions. U eft facile
de Ce convaincre de tout, pQurvuqu'on ne croie pas,
qu'il faille fe fonder dai)s la recherche^ fur nos moeurs,
nos coutumes & nos préjugés. Ne pas vouloir acqué-
rir la connoiilaïK-e de l'Evangile , parce que Chrift
«îtoit Juif, veut autant dire , qiie de ne pas ^vouloir
lire les écrits de Mendelfon, parce qu'il l'eft encore.
L'Hirtoire de la vie dejefus , qni a parue à Zuric,
empêche qu'on ne f 'arrête pas à re:tpreff!on, &à la
manière de raconter & marquer la connexion 6^9
avantures. Ces dlKçultés n'ont à la vérité pas fait
le p\aa d'imprelfion fur moi: cependant elles peu-
vent m'avoir enipêché d'examiner plus folîdement
la révélation , parce que je lifois continuellement
les écrits , qui l'attaquoieot de ce côté là.
Je reconnoilToîs la nécefTitè de la Révélation,
' 'mais la vérité de fes hifboires me paroi doit douteu*
fe', & les faits qui y font raportés avoir peu de
vraifembiance. Préfente|nent j'étois convaincu de»
premiers vérités. L'incertitude des deux poima
fusdits, & lanéceflité de trouver déplus puilVant mo-
tifs à la vertu, ne me laiflbient plus aucun ^oute \k
dbfl\i». Lefs & Bonnet me proiivoîent la probalité
de riiiftoire facreé & la poflibilité des miracles, fl
m'auKoit dû fuffire d'avoir été convaincu par Weft
de la Réfurreftion de jfefus Cbrilt, mais vous fa-
tez que j'ai aufli lu toutes les autres preuves.
J'avois ci -devant crfi beaucoup d'opérations
phviiques, dont je ne con^prenois pas le raport
des
3-01
des caufes aVec leurs effets: pourquoi donc dou-
tois-je des miracles, dont le but eil évident?
ce n'etoit furemeht que par ce que je le youlois.
Je fuis à préleut auflî afi'uré d<ts vérités bîltorîques/
dont la ceriitude de la Révélation dépend prîn-
cipîUeineut» que li je les avois vues de mes yeux.
L'opinion unîtorme de divers témoins dignes de
foi, lorsqu'il ne f'agit que d'oblervations ftnilibles,
tne convaintautant i}ue ma propre expérience. J'a-
vois belbin en cela de la plus grande certitude , pour
éloigner tous les doutes, (^ui le préfentoient conti-
nuellement li mon efprit, & je bénis Dieu, avec la plus
vive fenfibilité, d'y avoir rculli. ,
Vous favez , cher ami , avec quelle dirpofition
J'ai entrepris cet examen. Mes pren»iers priiii
cipes ine faifoient connoitre la néceiîité d'être en
garde contre toute violente paffion. Mes expé-
riences, la nature de mes occupations ,' & la car-
rière oi\ je cherchois fortune , m'avoient rendu
' tapable d'agir avec fans froid en toute cifcon-
Iwnce. Je >« me trouvai fenfible tjue d'un coté»
favojr du c<îté de l'arnîtié. Ce point feul me ren-
doit mon état aftuel douloureux, n'ayant éte^que
peu touché de la polTefllon & de la perte de'uies
autres avantages, je me précautîounois fans celTe
contre 'mon imagination , q.ui auroit pu mettre
©bllacle à mes vues, c*ert pourquoi je ne lilbis ni
pofc"a*s, -ni autres auteurs capables de l'exciter,
^uoiqua j'eus au commencement beaucoup de mé-
fiance & de doute, je n'abandonnois pas enfuits
facilem«ïnt une opinion , qui me paroilfoit vérita-
\ We, fâchant que les recherches & les fhange-
mens réitérés empêchent fouvent la pratique. SI
cette obftination , la continuelle petfécutlon d'un
ennemi, & le fans froid de ma^ conduite ont
beaucoup contribué h mon bonheur & malheur»
cela m'auroit pu auflt faire perdre mon falut éter-
nel, li le grand nombre de preuves que j'ai lue**;
& que j'ai entendues de vous ne m'avoient pas ar-
30»
ratchéft de mon erreur. Je m'en trouve à préfcnt
beaucoup plui tranauile & afluré, d'avoir exaiiii>
né les preuve's de la certitude des hiftoires de U
révélation avec tant de précaution & df prudence.
Cette conviftion mef mettoit en état de lever moi
même tous les autres doutles. J'étois perfuadé d«
la nécelFite d'un motif plys fort que celui que ia
raifon fournit II elï certain que l'aroour propre
bien -éclairé, l'honneur, & l'amour de la vertu font
fufceptibles de divers explications , & que refprit,
dans l'ufage qu'il en fait, peut facilement"^ être porté
à ne confiderer les chofes qu'il délire , que du^ coté
le plus agréable , fi n'en efV pas retenu par un
pailTant motif. Rien n'a plus de force que le fon-
venir, que je dois jjlaire à Dieu par mes fen^iroenf
& ma conduite. Quoique ce but m'ait toujours fait
conliderer la religion comme très utile, je croiurs
cependant qu'une jufVe & cUiire connoifl'ance de fef
devoirs, jointe à la volonté de f'y confbroierfuffifoit
pour porter à la vertu celui qui faccoutumoit à «rit
par principes. La crainte ^& la foiblefTe naturelle
de l'homme me paroinbient être la véritable origine
des ufages de religion, qui furent augmentés ptc
les différentes révolutions de la terre, & qui reçu-
rent enfuite diverfes foruies par les moeurs Jes cou-
tumes , & les idées des nations. Cette conlidera-
tion me ^endoit plus redevable à la religion chréti-
enne à caufe de fa certitude & de fa clarté. Nous
nous accoutumons aux chofes qui fe paflent chaque
jour fous nos yeux, & nous découvrons leurs eau-
fes les plus prochaines , mais les extraordinaires
perdent avec le tems l'impreflion qu'elles faifoieot
fur nous. C'eit pourquoi nous ne relTentons pour
l'ordinair que foiblemert la vue de Dieu, & des
effets qui devroient nous faire penfer à lui. Il eft
rare que les fentimens intérieurs, la confcience, la
confideration de la nature, & fes phénomènes ex*
traordinaîres nou* ramènent U , 6: fi cela arrive»
nous n*en faifons auctuie application morale fur
nous mêmes, La voionté de Dieu à l'égard de no-
tre félicité reite douteufe à U raifon, aufli longtenu
que
303
qiw VHprît ^oie la trouver. Lès différentes révé-
lations de l'ancien teftament, les chatimens, les
prophéties , la loi , laiflbîent encore douter fi cela
ne pouvoit point avoir des caufes naturelles fie
des hommes pour auteurs. Mais prefeiitement II
que Chrilt eft venu au monde , & ,tju'il a dit
qu'il enfeignoit la» volonté de Dieu, qu'il étoit
envoie pour cela , fit qu'il étoit lui même Dieu»
H ne relie à, l'ignorance & à l'erreur aucune ex-
cufe. Quiconque en a roccafion« fit veut f'ea
fervir» peut f 'en» convaincre.
Un témoignage digne de foi, efl aulTi afluré
'que l\ j'étois convaincu d'une chofe par ma pro-
pre expérience : fit c'eft de cette derniere^manier»
que chacun peut f'aflfurer chaque jour, par fe«
propres "yeux f'IKle veut, de l'accompli Itement
de la prediétion de lefus Chrill k l'égard des juifs.
Peuple qu'aucun m épris, aucune perfécution, au- *■
cune opréffîoQ n'a* pd confondre aved les autref
nations , ni l'ert^ager à fe conformer à leurs
moeurs & ufages. On peut prouver avec la môme
certitude les miracles par les quels Jefus a con- '
tirmé ia mlifion divine. 11 les a fait fans prépa- "*
ration , fans circonliances capables d'éblouir les
fens, Inopinetnent félon l'exigence des cas, fi; en
prefence de fpeftateurs méfians, de façon qu'on
n'y peut prefumer aucune impofture. Ils confi*
Jtoient outre cela dans dés aétions , qui ne poa«
voient être l'effet des moyens extérieurs emploies
à cela, alnfi,qne chacun pouvoit le voir, fans'
beaucoup de pénétration. Un aveugle né , re'
couvroit la vué'i un mort enfeveli depuis quatre
jour étoit relTufcité fi; un paralttique guéri: fie
tout cela fe faifoit par une feule parole. Soit que
cela arriva par une fuite /de l'ordre établi dans U
nature, ou que Dieu l'opcrat immédiatement, il
fallotc dAUS le premier cas, que Tefus Cfarift en
eut connoiflance , fit dans le fécond, qu'il fut ex>
•ucé de Dieu. L'un ik l'antre étoit un miraclt
le uiM preuve de fa miffion.
U 2 Sitôt
304 ^
Sitôt que j'en fus convaincu, il ne me re^
ila qu'à examiner fil y qvolt dans fa doctrine
& dans ce qu'il ordonne de croire, quelque cbofc
d'opofé à ma raifon. Il veut que je fois heureux &
• vertueux, que je ne cherche point mon bonhenr
dans les plaimrs des fens, ni dans la fatisfadkm de
mes delirs, que j'arme Dieu par deffua toutes cho-
jfes, & que j'en agifle enyerr mon prochain com-
me Je fouhaite qu il fe conduife envers moi. fl
m'ordonne de croire, qu'il y aura une vie après
cette ci, ou les fentimens & (es aftions de mon état
uth\e[ feront déterminiés; que mes forces ne font pas
fuffiûntes fans l'afliftrtnce de Dieo : qu'il faut tou-
jours T'apUquer à la vertu & aux bonnes oeuvres;
que Dieu ne fera pas en ma faveur des miracles
pour me garantir dans la vie à venir des mauvaifes
fuites de mes.égaremens; que Dieu l'a envoie f)o*ir
me donner les plus fortes a!ïurances de fa iu(tice&
de fon îmrauabiHté; mais que c'etï en niêtne teros
la plus gcande preuve de fa rharité: puisque Diea
me montre par lui le plus fur moien lie lui plaire;
Tout cela f'accorde avec ma raifon.
Mais Jefiis fbrift m'a aufll commfindé de croire
qu'il e(l vrai Dieu & vrai homme, qu'il eft le fils de
Dieu, & que Dieu Père, Fils & St. Efprit ne font
qu'un. Voilà ce qui me paroiflbit contraire à tou-
tes mes idées précédentes, je lavois cependant que
toutes les paroles de Jefus Chrift étotent véritables,
que ces njilWes dévoient lui être parfaitement con-
nlts, & qu'il n'y avoit aucune aparence qu'il vou-
lut m'ordonner de croire quoique ce foit de contrai-
re à ma raifon. Ce q\i'il m'ordonne de croire peut
bien rurpafler la capacité de mon entendement; mais
combien de chofes n'y a t - il \}«s dans la niiture
dont nous ne pouvons comprendre toute la conve-
nance! Je crus qu'il étoit de mon devoir de croire
à ces miltères fur la parole de J. Chrifh Néanmoins
je les examinai avec foin , fans y rien trouver de
conr.radiftoirc. Je penfai , que Dieu vouloit fe don-
ner à conuoitre de façon qu'ofl ne put en expliquer
la
r
305
hunanîére, les fignes fi; ie biit, pa^d^s caufes na-
turelles, comme «iiparÀvant. Dieu chqiiiflbit pour'
ce'a ie langage des horames,.^ les caoiens les plus
yrçjjresà fe communiquer l'un l'autre leui^ penfeés.
Ce Dieu qui parloit par Chriii: étoit le m^'ine que
«elwi - d nous a enluite^ fait connoitre comme Pér^
& YaîQt fct*prit. Perfonn<» ne^jeut nier, qu'on i'îe
fauiojfc fe rej>r<*fenter l'elTence divine comme pro-
duiiitQC datis un même teuis divers objets avec tous
{e% atribut«' fans rt-ionnoit-re qtie pour cela elle«
tteibii) de fe divifer. Cétoit ainA l'Ktre iypréuije
que laraifoii nous découvre Gemu>6 uuique, quiope-
roit rurnouspar^Chriltlequel avoitaurelte toutes les
qualités d'un hotnme, & qui fe manifeitoit à nous,
lœ pouvant l'apercevoir lui même' par nos fens.
Mou« fommes accoutumés de raporter des idue»
étrangères, aux obiets qui nous foiu connus , pour
nous 1«6 /cadre plus comprebenfibles. Je.iiie ra»
peilai à ce fujet la pefanteur, qui produit divers ef-
fets dana dilTerens cor'ps, & qui cependant reU:e tou-»
joiu-s la même v«rtu. Je n'ai môme jamais rieti
tronvjéde.contradiftoire dans l'idée laquelle j'ai foun
vent examinée de tous les cotés, & plus amplement
«tie ^ n«''ie fai \c^ , nouiplus. que dans celle que
Chriii nous donne de Dieu en nous le fiaiiant con-r
noltre comoae.Pére £( laint l^fprit.
Qu'il e(t facile d'errer, quand quelqu'un nous
compare un objet connu Avec un inconnu:! Il nf
inscrit i)as- pej'rais de raporter à celui - ci toutes les
4dées au£ j'ai de l'autre. Si l'on difoit à un indien
qu'en niver l'eau devient ici auQi dure qu'une pier*-
re, ■& f 'U eu youloit inférer, qu'on pouroit echau-
fer la glace ^ f '«n fervir à conllruire une maifon,
il eti tif^roit une confiequence abfurde. ChrKt nous
Si révélé Dieu comme Père, pour comparer l'idée
de fon^amour, avec celle que bous avons d'une for-
te d'amour. Une defcription Dhilofophique ne
l'a^uroit pas rendue plus çlair^>, Mfois fi noiis alU-
■ ons raporter à cette idée, toiit ce que celle de Pérjp
H^u^ f^pr^£eatp pous ferJQhs coaunc l'indien, C'eA
* X3' «to
^ 1
\
30^
de cette manière qu'on comprend suffi que Chrifteft
le fils de Dieu, engendré de lui, iqu'atiifi Dieu eft
fon Père. Dieu a voulu de toute éteritite fè faire
connoitre à nous par Chritt , & c'etï cette image,
qui a témoigné de lui , & qui nous en a donné une
julte idée. Nous pouvons nous en Ibrvir pour
nous reprefentlr le raport deDieu le Père avec Chrift,
' en confidcrant celui - ci comme fon fils. U faut
feulement en f'eparer ce que la railbn nous dit ne
pouvoir être raporté à Ditu. Le flls a reçu du
Père, fon Etre femblable au fien. Le Pè^e Paime,
& les biens qu'il poËfcde apartiennenr aufli à l'on
liis.
Enfin Chrift promet qu'après fa mort l'Erprit de
Dieu confirmera là vérité qu'il a enfeignée. Cela
arriva d'une manière fenfible par les dons que les
Apôtres reçurent Cet Efprit opère autfi fur ceux
que fe fouviennent de la doarine de Chrift, & qui
(e trouvent par ce vif fouvenir de Dieu , en état de
prendre de bonnes refoluti^ns , & de penfer St agir
çonjme ils lavent que cela elV agréable à Dieu.
Or Dieu, feft fait connoitre à moi de trois fii-
çons , ce qui me rapelle fon fouvenir d'une triple
manière, quand jepenfe à ma deftination & félicité.
Nous fommes accoutumés de reftreindre dans un mot
des reprefentations & idées combinées , pour ne pas
répéter chacune d'elle dans nos difcours & penfées:
& pour cela on a trouvé le mot de po'fomie pour le
Elus convenable. Si donc bn difant : il y a on
ieu, mais je reconnoîs en lui trois perfonnes, j'y
trouve une contradiction cela ne vient", que de ce
<}ue mon entendement, n'a pas préfentés les juftes
idées de cette vérité & qu'il y ajoute celles qui Uil
tombent les premières dans Pefprit, ou qu'il a ac-
coutumé d'avoir en-fsenfant aux mots de Dîen & de
perfonne. Il m'en îroit comme à l'indien, li je
vQulois rejetter la cfebré' comme- abfurde; car celui-
ci éprouvant enfuitet^uè la'gflace fe fond en été, &
revient en eau ««iprès du feu, H croit que je ne II
m pas dit la vérité.
307
\
\
r«
Je corifidere'la recondliafciofi de ChrHh fans
que mon erprit y trouve le moindre achopement,
S^ch^nt cortibieu il iinporte à mon bonheur d'être
bien allure que Dieu ne regarde pas riies artions
avec indiference, j' aprends avec la plus grande
^certitude hiltorique que Chriit a vecu.^ & prouvé /
qu'il ctoit une à Dieu,'T;n ce qu*il failbit des oeu-
vres qui ne peuvejit être expliquées par aucune cau-
fe naturelle. U m'alVuie de fon amitié, je ne
puis apercevoir qu'il ait aucun profit à attendre de
moi , ni aucune raifon de nie tromper. Je fuis dii-
pofé à croire mon ami dans une choie , qu'il ui'a
prouvé mieux connoitre que moi , par fes aftions
precé.ientes , ppurvû que U rai l'on n'y trouve rien
de contradiftoire. Chrift me dit qu'il connoit les
fentimens de Dieu, & que c'eft Dieu même qui
parle avec moi par fa bouche, ce qui eit la
meilleure manière de mte faire connoitre ces fenti-
mens. Les initruftions qu'il me donne f'accordent
avec ce que la raifon me fait voir être néce flaire à
mon bonheur { mais je favois en même teras que
je pouvois facilement errer dans l'âplication, fi je ,
ne me rapellois pas d'une manière également vi-
ve l'intereur que Dieu prend à ma conduite. J'a-
vois attribué d'autres caufes & d'autres vues, à
ce qui étoit arrivé auparavant, & peut-être que
i'aurois expliqué de même les aftions & l'amitié
de Chrift. il me rapetle tçut ce que j'ai «pris
pat l'hîltoire & l'étude de* la nature, en m affurant,
que les événeroens extraordinaires, étoiei^t parti-'
culierement deftinés de. Dieu pour ce but. Il ren-
fermé tout cela dans l'i4ée , que Dieu a un amour
paternel pour 1' homme. Préfentement Dieu fe
manifelte comme ami. Chrift eft méprifé & con»
lideré comme Itqpodeur, quoiqu'il ne nous enfeig-
pe que les moiensde devenir lieureax,& qu'il ne faf- '
fe que des oeuvres cliaritables. Pour que je ne
Î)uine douter de, fa fincéricé, il me donne les plus
brtes preuves de fon affeftion ; il fouffre la mort ,
pour confirmer une vérité , dont l'aifurance & Tob-
fervation font néceffaires à mon bonhear. Dieu ,
X 4 avec
à
3o8
avec qui il eft en relation 4e fils, le loi pemiet
Comment pourois-je donc douter de nouveau, que
Dieu ne f'interelTe pour moi? Je fais par la raitoa
que la régularité de ma conduite & de mes fen-
timeuA eitragréable à Dieu, & que je ne puis
l'avoir fans un vif fouvenir de Dieu. A préfçw
je le ccnnoiî. comme Père & ami. Jamais je
n'oublierai de l'envifager de ces deux manières!
Chrjft me recommande principalement àe croire
en lui , & de me rapeller fa charité , vH que je ne
pouvois parvenir à mon but fans cela. Plus je pen-
y ' le aux vérités qu'il m'a laiffées , plus je recon-
* nois combien j'étois éloigné de l'ordre, dont l'ob-
fervation feule .pouvoit me rendre agréable à Dieu.
' Ne dois-je donc pas me repentir vivement d* avoir
ofl'enfé un ami, que j'eiHmois peu, & que je ne
voulois pas connoitre? Je fuis incertain fil y a une
vie avenir , & ii les mauvaiies fuite de mes égare*
mens y auront quelque influence. Chrift m'afiu-
re que Dieu, que je reconnois comme Père, dé-
tournera ce malheur de moi, fi dorenavaiu je mets ^
une confiance illimitée en fon amitié- - - Je me ,
tranquilife à l'égard du palTé , cependant je fais par
expérience combien il ell facile d'affoiblir 4e fouve-
nir du pafle, par la vue du préfent; & c'elt ce
qui arrive quand je défire avec paflion, ce que je
dois ra'interdite. La doftrine de Chrift m'inftruit
aulB là defliis. Dieu le faint Efprlt m'en renouvel-
lera le ibuvenir, Ji je me mets bien au fait de la vé-
rité de cette domine, & ii jeme la rapellè en vu«?
de la fui vie.
H n'y a préfentement plus rien dans ma rai-
fon qui m' empêche d'être pleinement perfuadé,
qu'il n'y a d'autres moyens de devenir vertueux &
atîftabîe à Dieu , que ceux que Chrift m'enfeigne.
C'eft ma fayte fi je refufe de les accepter & mettre
en u/age. Ce feroit ne vouloir p»S/ être heureux.
Dieu ne changera pas l'ordre des chofes dans i'au-
w
/
309
fcre vie ponr Puniour de mdl , & il mè faudra endu-
rer lès mauvailes fuites de nia négligence . de ma
legèret:e& de ma vame connance tu t'a bonté. Ne
liu f«is-je pas fans cela infiniment redevable de ce
qu'il f'eft fait connoitre à mojl par une voie tonte
extraordinaire? C'elï une prace que je ne pou vois
«fperer, & je ne mérite aurti pas le» lieureufes ftiî-
tes du deiTein que j'ai de me onlbjmer à la doftri-
ne de Chrilt. Je ne puis l'exécuter fans la continu-
elle prefence de l'Efprit de Dieu , & je crains d'être -
fou vent entraîné par la precipiution « à l'oublier,
malgré fon fecours.
Tout cela f accorde avec la doftripe de Chrilï.
Je penfe toujours à un Dieu, & les différentes
jdées fous lesquelles je me le reprefente , ne font
pas des Dieux particuliers. Tout cela f accord*
'avec ma raifon. Seulement elle ne f hazardoit ja-
n^ais, dans la< confideration de Dien & de moi, d'ef» ,
perer quei cet Etre fuprôme auroit la bonté inéfa-
cle de m'enfeigner à être heiu-eiix, par une con-
duite 6onforme aux lumières de mon ame.^ Je
l'adore plein de reconnoilVance & avec une humblf
conviftion de mon indigAlté. Jamais je ne celîe.
rai de penfer avec Génération, à la grâce qn'il
m*a accordée par Chrith . -
Je lus avec beaucoup d' édification Thilloire &%
ia vie de Jefus Chrilt. Elle augmenta ma douleur,
& m'en occafionna une nouvelle. Mais je craignoit
que cela ne vint de la dilpofitlon de mon efprit, qui
étoit encore plein de dontes. Plus j'etudiois la
vérité de li^RéMgion chrétienne plus elle me prô-
cnroit de fati&fuAlon. Ma raifon l'adoptoit, mais
je ne goutols pas le fentiment qu'on m'avoit dit de-
voir accompagner cette adoption , après en avoir eu
une connoîlfance obfcure. Spalding éclaircit mes
idées là delTus. J'apris combien il ttoit dificîle d'aT
bandonner des Opinions & des afTcftians auxquelles
on ert accoutumé, quoique |e fufle convaincu de
' UxiT fauffeté & perniciofité. Mes doutes revenoient
X 5 mai^ /
3ia
Tans a ver choifî. Les images £r les déiclam«tiai»
finiraient fait peu d'et^'et^lur moi, Quund même vous
auriez yH émouvoir mon inia^,in;ut!Dn & me paf-
firtns , mes principes y nuroicnt bientôt mis \e c»l-
nxe. i^es vérités de ta Réiigioii étoifrnt dans ms
xnOinnire. J'dt beaucoup iû la bible dans ma jeu-
Reile, mais avec des idées bien dîfiferentes de cel-
Us que j'ai- à préfént en fa Hianf. iîes expfefltoas
tn'éLoient connues, & j'eiquis eivfuite une habilité à
■y joindre les doutes & les opinions qui étoient con-
iionnes à' mes- fentitnens. Tant que l'entende-
ment n'ctoit pas convaincu de la fiiuffete de ces
decuiércs « vous ne pouviez efperer de moi unt
Itncere adoption de la Révétatipn, je reconnoiflbss
lacileinent mes fautes morales, mats il nie coutoic
plus de pein6 que vous ne favez & que je ne vou<
ai dit, à avouer k moi>méme mes erreurs. La re-
prefentation de la crainte de" l'éternité n'auroît (ait
qu'exciter mon orgueil à furmûnter auili cette crain-
te comm^ d'autres femblables. Le déiir d'être
«ufli heui^eiix que- i>oflril)le en cette vie, m'avoit
apris à meprifer toute forte de dangers , plus en
les regardant de fans froid, que par un vif fend-
-ment dié bonheur. Il n'y avojt que ia vérité qui pat
me redrefier, & vous l'avAz abandonnée à tston
examen. Vous me reprefentiez feulement les ef-
fets que ma manière de penfer & d'agir pouvoit
produire fur ces amis qui f'étoient intérrefli^
pour moi , & au bonheur desquels j'avois en quei»-
que influence. Ce coté m'etoit déjà fenfible, de
c'étoit le feul qui pouvoit m 'émouvoir.. Cependant
il ne m'aaroit pas fait recevoir la réligioii fans une
claire connoilTance de, la vérité. Je furs très pcr-
fuadé que je l'auDois fait auparavant, en chaque
ctrconftance, ou j'étois furreptible de rçflexfon, fi
on me l'avoit enfeignée &' démontrée comme vous
l'avez' fait. J'ai trouvé dans la religion ce que je
fouhaitois, mais que je n'olbis ;efperer. Je ne coji-
noilTois fes vérités que fous certains imagés &
tenues auxquels leur fréqueiîf^ répétition m'avoie
Accoutumé»' fajDs y attacher de» idées. La pre-
miero
313
miere inftrtiftioti ne peut fe faire que par des figu.
res & reprefentations fenfibles, & enfuite je nit
les rapeliois, pour y chercher àes Ç\i]cis de doute.
C'eft ce qui m'empechoit d'efperer de vous ce
que je cherchois.
Deux raifons m' engagere/nt principalement k
ne pas examiner plus murt-ment le6 preuves de
la réngion.- V^ous lavez ce qu'on a coutume d'al-
léguer conlre la certitude des faits hllborrques 6c
des miracif s. LelT fk Bonnet ne ni'étoient |jas con-
nus; & tes objection, tfu'on y fait* uie paroil-
(bient fi fondées, que je les pris pour véritables.
D'un autre coté , . lorsque je reflecbi(p;>is fur la ré-
conciliation de Chrllt, je la trouvons o^^pofée à tou-
tes mes idées. Pour rendre la julHce & l'amour de
Dieu plus fenfibles, on a coutume de la dépein-
dre, pomme li Dieu étoit courouiTé contre les hom-
mes à caufe de leurs péchas, mais que cepen-
dant il les aimoit tellement qu'il' foubîtitoit pou-
voir les pardonner: ce qui n'avoit pu le faire que
par la mort de l'on fils unique, vrai Dieu com-
me lui. Mes attentions étoieut ici particulière-
ment tournées vers l'idée que j'avois de Dieu : &
comment pouvois-je y voir* la néc'efilté d'im tel
arrangement? Dieu ne pouvoit-il pas pardonner
fans cela ? ,«iemanflois-je. C elt ce raport i\ir Dieu
qui me fcaiidaliloit Mais litot que vous m'apri-
tes à conliderer la chofe par raport à l'état de
Thcmime, vous levate* la difiBculté. J'erfhrecoç-
Bus'Ia néceflité, de même oue la grande bonté de
Dieu , qui n'a pas épargné ton iils pour rendre les
hommes heureux.
Quant à ta pratique du Chriftianifme, je me
fais particulièrement hearté en volant , quelesfen-
^ timens & les aftions de la plupart n'harmonioient
pas avec leur vive foi, «ni avec leur connoiiTance
de la vérité. Je remarquois les effets de la force de
l'imagination oi de i'itlufion propre, th ce qu'ils fe
cbntentoient d'avoir évité les égaremens des fens ,
/^
^
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. .lolent à l'orgodl.
Il l'êniie. à la haine Gr h l'rfj^rk de perrébutioa
foui 1* ïOi<e du zélé. Cet abiu me (miok c<w-
THlem la réliRion comme un «veiiglcment qui a
de tout temi hit v'<>> ti^ ™»1 i l" Iwiielé, p»
fei fiindtei (aitrt, que tti iauilTancc deie^lc-eAet
plaiiirs [ciilHieti. Quand l' imugioition Toccupe
«vec feu de frni but, fa trop grande predpiatioo
fait qu'elle n'en aperijoic pat lei oiotenj . & qu'eu
le en clwliit de bi«. C tli pourquoi j'eAine
que ia roigneme ipllcxcton dei v^'itia de la re-
ligion fur fol-niéme, jante à la-droiinre du cceur,
Si i l'obfervacion dei devoirs de (on état, & U
ebofe la plus néceflaire pour être chrécien. C'eft
dan> cette vaë ^ue j'at etrit ceci ares plaifir. Je
vont le remet, tcé) cher uni, pour en juger, le
mui laiiTE libre d'ea Oiire l'ufage que voua ému-
veiei à propo).
Le 33 Avril. IT78.
Struenfée.
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n
-v
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fh^
APR 1 3 1944
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