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Full text of "Correspondance de Christophe Plantin .."

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\A  f'^7/,  // 


l^arbarli  Collège  l^ibrarg 


FROM  THX  BSQJ7SST  OP 

FRANCIS    B.    HAYES 

(Olass  ol  1880)    * 

This  fund  \%  $10,000  and  itt  income  it-to  b«  us«d 

"  For  the  purchase  of  books  for  the  Library" 

Mr.  Hayes  died  in  1884 


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MAATSCHAPPIJ 


DER 


ANTWERPSCHE  BIBLIOPHILEN. 


UlTGAVE  Nr  12. 
l 


Exemplaar  voor  dm  handel 


De  VooRzrrtER, 


De  Sekretaris, 


Antwcrpen.  —  Druk.  J.-E.  Buschmann,  Rijnpoortvcst. 


CORRESPONDANCE 


CHRISTOPHE   PLANTIN 

PUBUÉE  PAR  Max  ROOSES 
Conservateur   du  Musie  PlanKn-Montui. 


.A^TWEICPEIL. 
I.-E.   BUSCHMANN, 

DXIJKKGK-UITGBVER. 


GE^T. 

Ad.    HOSTE, 
boekhandelaak  der  maatscbappij. 


/^yv/V/ 


OCT  18  1901 


P=WaaXI.  JuAA^oi. 


INTRODUCTION. 


•n  1876,  la  ville  d'Anvers  devint  propriétaire  de 
l'antique    et   célèbre  officine  plantinienne  et  de 
tous  les  trésors  artistiques  et  historiques  qu'elle 
renfermait. 

En  classant  les  archives  qui  font  partie  de  cette 
acquisition,  je  constatai  avec  bonheur  que  les  minutes 
des  lettres  écrites  par  Plantin  et  par  ses  successeurs, 
pendant  plus  de  trois  siècles,  de  1555  à  1876,  s'étaient 
conservées  à  peu  près  intégralement. 

La  seule  partie  de  ces  documents,  importante  pour 
l'histoire,  est  celle  qui  émane  de  Plantin  lui-même,  de 
son  gendre  Jean  Moretus  et  de  ses  petits-fils  Jean  et 
Balthasar  Moretus.  Elle  s'étend  de  1555  à  1641.  La 
correspondance  de  Plantin  lui-même  l'emporte  de  beau- 
coup,par  son  intérêt,  sur  celle  de  ses  descendants  immé- 
diats. Elle  nous  apprend  à  connaître,  dans  tous  les 
détails  de  sa  vie  domestique  et  professionnelle,  le  plus 
grand  des  topographes  des  Pays-Bas  ;  un  homme  qui  a 
vécu  aux  temps  les  plus  agités  de  l'histoire  de  notre 
patrie,  qui  a  été  en  relation  avec  quelques-uns  des  prin- 
cipaux personnages  et  avec  un  très  grand  nombre  des 


—  n 


littérateurs  et  des  savants  les  plus  illustres  de  son 
époque.  Elle  nous  fournit  des  détails  sans  nombre  sur 
les  ouvrages  imprimés  par  Plantin  et  sur  leurs  auteurs, 
sur  la  typographie  et  le  commerce  des  livres,  sur  l'his- 
toire des  lettres  et  des  sciences,  sur  les  événements  po- 
litiques et  sur  la  vie  privée  au  XVI'  siècle. 

Ce  sont  là  des  raisons  suffisantes  pour  motiver  la  publi- 
cation des  lettres  du  fondateur  de  l'officine  plantinienne. 
La  Société  des  Bibliophiles  anversois,  instituée  spéciale- 
ment pour  divulguer  les  documents  inédits  ayant  rapport 
à  l'histoire  et  à  la  bibliographie  d'Anvers  et  des  Pays- 
Bas,  n'a  pas  hésité,  sur  notre  proposition,  à  décréter 
l'impression  de  cette  correspondance;  et,  en  effet,  nulle 
matière  ne  pouvait  réunir  au  même  degré  les  qualités 
donnant  droit  à  une  place  dans  ses  publications. 

Nous  ne  possédons  pas  au  complet  les  minutes  de  la 
correspondance  de  Plantin.  Ce  n'est  même  qu'à  partir 
du  mois  de  juin  1567  qu'il  semble  avoir  commencé  à 
conserver  régulièrement  le  brouillon  de  ses  lettres.  De 
l'année  1555  jusqu'à  cette  dernière  date,  il  ne  reste,  dans 
les  archives  du  Musée  Plantin-Moretus,  que  10  lettres, 
dont  9  du  mois  d'octobre  15  61  et  i  du  mois  de  mai 
1567.  Du  mois  de  décembre  1566  jusqu'à  la  fin  de  mai 
1567,  il  nous  reste  7  lettres,  conservées  aux  archives 
de  Simancas.  A  partir  du  7  juin  1567,  la  série  des  mi- 
nutes se  .poursuit  régulièrement  jusqu'à  la  mort  de 
Plantin,  arrivée  le  premier  juin  1589.  Il  n'y  a  de  lacunes 
que  pour  le  temps  de  son  séjour  à  Leyde,  de  janvier 
1582  à  novembre  1585;.  pour  une  partie  des  années 
1577  et  1578  qu'il  passa  à  Paris,  et  pour  les  courtes 
absences  qu'il  était  obligé  de  faire  en  se  rendant  aux 
foires  de  Francfort. 


—  m  — 

La  pres,que  totalité  de  ces  minutes  est  écrite  de  la 
main  de  Plantin;  une  partie  des  lettres  les  plus  anciennes, 
allant  du  17  mai  1567  au  19  juillet  suivant,  et  du  30 
juillet  au  5  août  de  la  même  année,  une  lettre  du  30 
août  1367  à  Çayas,  une  du  13  février  1568  à  Arnold 
Birckman,  celle  de  la  page  216  du  premier  volume  à 
Gilles  Beys,  celle  du  21  mars  1568  à  Jehan  Desseran  et 
Thomas  Vantrouillier,  ainsi  qu'un  petit  nombre  d'autres 
qui  prendront  place  dans  les  volumes  postérieurs,  ne 
nous  ont  été  conservées  que  par  des  copies  de  la  main 
de  Martine  Plantin. 

Le  célèbre  typographe  anversois  tenait  lui-même  sa 
correspondance  en  français,  en  latin  et  en  espagnol.  Les 
quelques  lettres  italiennes  que  nous  aurons  à  publier 
sont  généralement  écrites  par  Jean  Moretus.  Un  très 
petit  nombre  de  lettres  latines  sont  rédigées  par  Raphe- 
lengien. 

Plantin  écrivait  ses  minutes  dans  des  cahiers  de  papier 
in-folio  non  reliés  ;  une  partie  peu  considérable  fut 
écrite  sur  des  feuilles  volantes. 

Nous  avons  retrouvé  un  gros  cahier  de  lettres  écrites, 
au  nom  de  son  beau-père,  par  Jean  Moretus.  Celui-ci 
avait  la  fâcheuse  habitude  de  ne  pas  mentionner  la  date 
de  sa  lettre  ni  le  nom  du  destinataire.  Plantin,  au  con- 
traire, ne  néglige  presque  jamais  de  nous  fournir  ces 
indications.  Ses  minutes  présentent  en  outre  l'avantage 
d'être  d'une  écriture  régulière  et  facile  à  lire.  Il  est  à 
remarquer,  cependant,  que  nous  ne  possédons  que  le 
brouillon  de  ses  lettres  et  que  les  ratures,  les  abrévia- 
tions et  les  omissions  n'y  sont  pas  rares. 

Nous  publions  généralement  le  texte  tel  qu'il  nous 
est  conservé.  Nous  n'avons  corrigé  les  fautes  d'orthogra- 


IV 


phe  ou  de  grammaire  que  dans  les  rares  cas  où  Plantin 
les  avait  évidemment  faites  par  inadvertance.  Les  mots 
suppléés  par  nous  sont  placés  entre  crochets.  En  tête  des 
lettres  écrites  dans  une  autre  langue  que  le  français, 
nous  donnons  un  résumé  succinct  du  contenu  ;  la  tra- 
duction intégrale  aurait  rendu  notre  publication  trop  vo- 
lumineuse. 

Nous  imprimons,  à  peu  d'exceptions  près,  toutes  les 
lettres  dont  les  minutes  se  sont  conservées  aux  archives 
du  musée  Plantin-Moretus.  Plantin  lui-même  n'a  gardé 
que  la  copie  de  celles  qu'il  considérait  comme  les  plus 
importantes.  Après  ce  triage  opéré  par  leur  auteur, 
nous  n'avons  eu  à  écarter  qu'un  nombre  très  restreint 
de  lettres  qui  n'offraient  aucune  importance. 

Une  partie  de  cette  correspondance  qu'il  aurait  été 
extrêmement  intéressant  de  retrouver,  est  celle  qu'il  a 
eue  avec  les  chefs  des  églises  mystiques,  Henri  Niclaes 
et  Barrefelt,  et  qui  doit  avoir  été  assez  volumineuse.  Il 
ne  s'en  est  conservé  que  quelques  fragments.  On  conçoit 
que  Plantin  avait  des  motifs  graves  de  faire  disparaître 
toute  trace  de  son  affiliation  aux  sectes  dissidentes. 

Nous  avons  publié  également  les  lettres  adressées  à 
Plantin  qui  se  sont  conservées.  Malheureusement  le 
nombre  de  celles-ci  n'est  pas  considérable.  Des  milliers 
de  missives  que  l'architypographe  a  dû  recevoir,  il  ne 
s'est  conservé  que  quelques  douzaines. 

En  dehors  des  archives  plantiniennes,  les  collections 
publiques  ou  privées  ne  nous  ont  guère  fourni  de  maté- 
riaux pour  cette  publication.  Dans  ce  premier  volume, 
nous  donnons  quelques  lettres  tirées  des  archives  de 
Simancas  ;  dans  les  volumes  suivants,  il  s'en  rencontrera 


encore  un  petit  nombre.  C'est  le  contingent  le  plus  in- 
téressant que  nous  aient  fourni  les  autres  dépôts. 

La  correspondance  de  Plantin  comprendra  de  huit  à 
dix  tomeSy  semblables  à  celui-ci.  Il  en  paraîtra  un  d'an- 
née en  année.  Les  tables  seront  imprimées  à  la  fin  de 
l'ouvrage. 

La  plus  grande  partie  du  présent  volume  a  été  copiée, 
d'après  les  manuscrits,  par  mes  collègues  du  bureau  des 
Bibliophiles  anversois,  MM.  Philippe  Rombouts  et  Louis 
Theunissens.  Je  me  fais  un  devoir  de  leur  adresser  ici 
mes  meilleurs  remerciments. 

Max  Rooses. 


CORRESPONDANCE 


DE 


CHRISTOPHE    PLANTIN. 


Le  célèbre  imprimeur  anversois,  Christophe  Plantîn,  naquit  en 
I>i4  à  Saint- Avcrtin,  village  situé  à  une  lieue  de  la  ville  de  Tours, 

en  France. 

Il  était  encore  enfant  lorsqu'il  perdit  sa  mère.  Il  fut  emmené  par  son 
père  à  Lyon  où  celui-ci  entra  au  service  de  Claude  Porret,  audiencier 
de  l'église  de  St-Just.  Plus  tard,  son  père  accompagna  un  des  neveux 
de  Claude  Porret  à  Orléans  et  à  Paris.  Dans  cette  dernière  ville,  il 
laissa  son  fils  Christophe  et  lui  remit  une  petite  somme  pour  conti- 
nuer ses  études.  Il  lui  promit  de  venir  le  reprendre  bientôt  pour  le 
conduire  à  Toulouse,  mais  il  oublia  sa  promesse  et  le  jeune  homme, 
à  bout  de  ressources,  se  rendit  à  Caen,  et  entra  en  apprentissage 
chez  l'imprimeur  Robert  Macé,  deuxième  du  nom.  Ce  fut  dans  cette 
ville  que,  en  154S  ou  1546,  il  épousa  Jeanne  Rivière.  Il  alla  s'établir 
avec  elle  à  Paris,  et  U  il  se  rendit  habile  dans  l'art  de  la  reliure  et 
de  la  maroquinerie. 

En  iS49f  ^^  ^*"^  ^  Anvers,  où  il  exerça  d'abord  le  métier  de  relieur 
et  de  fabricant  de  coffrets.  Il  s'y  fit  une  grande  réputation  d'ouvrier 
habile  et  son  commerce  commençait  â  fieurir.  Mais,  un  soir  qu'il 
était  sorti  pour  porter  un  coffret  à  Gabriel  de  Çayas,  le  secrétaire  de 
Philippe  II,  il  reçut  un  coup  d'épée  destiné  à  un  autre.  Cette  blessure 
mit  sa  vie  en  danger.  Il  se  rétablit,   mais  était   devenu  incapable  de 


—   2 


se  livrer  â  un  travail  manuel  exigeant  quelqu'efTort .  Ce  malheureux 
accident  le  força  d'abandonner  son  métier  de  relieur  pour  celui  d'im- 
primeur qu'il  avait  exercé  à  Caeu. 

En  iSSSi  il  imprima  son  premier  livre;  en  1557,  il  quitta  sa 
maison  de  la  rue  des  Douze  mois  p6ur  aller  habiter,  dans  la  Kam- 
merstrate,  la  Licorne  d'of,  dont,  en  1561,  il  changea  le  nom  en 
celui  de  Compas  d'or.  De  155  s  jusqu'en  1562,  ses  afTaires  de  typo- 
graphie et  de  librairie  prospérèrent  sans  que  nul  incident  marquant 
se  produisit  dans  sa  vie  *. 

C'est  à  la  première  époque,  embrassant  les  années  1549  à  1562, 
que  se  rapportent  les  plus  anciennes  lettres  écrites  par  Plantin  ou 
adressées  à  lui,  qui  nous  aient  été  conservées.  Nous  les  faisons  suivre 
ici.  La  première  seule  est  antérieure  à  1555  et,  sauf  les  derniers  mois 
de  Tannée  1561,  toute  cette  période  ne  fournit  guère  de  documents 
à  notre  recueil. 


I.  —  Jehan  Leclerc  à  Tlanitn, 

Christofle.  Après  toutes  recommandations  prémises, 
la  présente  est  pour  vous  advertir  que  mon  voyage  c'est 
bien  porté,  Dieu  mercy,  et  que  je  suys  en  bonne  pros- 
périté, priant  le  Sr  Dieu  que  ainsy  soit-il  de  vous  et  de 
tous  ceulx  de  vostre  maison,  le  frère  de  Jehanne  ', 
vous-même,  vostre  fille  \  Je  ne  luy  *  ay  ossé  bailler 
l'argent  que  sçavés,  de  peur  des  fortunes  qui  avienncnt 
sur  les  chemins,  et  aussy  que  ne  m'aviés  donné  charge 
de  luy  bailler.  Je  ne  baillcrc  ledict  argent  à  Gilles  Luccas 
pour  les  causses  de  Josse  Langcvin;  je  le  bailleré  plustost 


1.  Voir  pour  plus  de  d^!t:r.ls  :   ^f\x  Rooses,   Chn'slopJje  Tlantin 
(Anvers,  Jc>.  Mac;,  lî  ^.5.  C'   .p.  I  «.i  I'). 

2.  Jc\-nnc  R:v..,j,  Lw.nu  t'j  Cl    "      /'îe  Plantin. 

3.  Mùi\,Livrite,  nilo  -Alwio.  ûc  l-'.a...i.i,  née  en  15.17. 

4.  Au  lixre  de  Jcauiic  R'i.iùc. 


—  3  — 

à  Olivier,  sy  je  ne  le  vous  portes  moy-mesmes,  car  je 
pense  que,  à  la  fin,  me  fauldra  faire  bourgeoys  d'Anvers, 
pourceque  je  ne  trouves  icy  beaucoup  d'amys.  Je  vous 
eusses  envoyé  de  la  toille,  mais  je  vous  nsseure  que 
nous  en  aurions  meilleur  marché  par  delà  que  par  deçà, 
et  celle  de  mes  chemisses  que  avés  veue  par  delà,  qui 
ne  me  coustoit  que  vj  sous  vj  deniers  lors,  vauld  bien, 
pour  le  présent,  x  sous,  car  il  y  a  des  Angîoys  par 
dechà.  Et  puys  les  chènevières  ont  esté  gastées  de  la 
gresle  en  plusieurs  contrées  et  les  blez  aussy,  mais  je 
regarderay  sy  je  en  pourray  poinct  trouver  à  bon  marché 
en  cependant  que  Olivier  passera,  par  lequel  vous 
rescripvray  de  touttes  nouvelles,  car  je  n'é  eueu  encore 
loisir  de  parler  à  personne.  Quant  au  bruict  qui  couroit 
par  delà,  il  en  a  esté  aussy  ung  plus  grant  bruict  par 
dechà,  mais  j'é  ouy  dire  à  ceulx  qui  gouvernent  mon- 
seigneur l'Amiral  qu'il  n'en  est  riens  et  que  tout  est 
appaissé.  Le  bled  vault  viij  sous  le  boisseau.  Je  vous 
envoyé  une  monstre  des  papiers  de  par  dechà,  dont 
congnoissez  bien  le  marché  de  tous.  D  vous  plaira  de 
les  monstrer  tant  aux  imprimeurs  que  les  papetiers  de 
nostre  rue  et  celuy  que  vous  m'en  manderés  je  le  feré 
mener  par  delà.  Il  vous  plaira  me  rescripvre  de  touttes 
vos  nouvelles  et  quel  bruict  il  court  par  delà. 

Et  qui  sera  l'endroit  où  je  vous  présente  mes  très 
humbles  recommandations  et  de  madame  vostre  femme  ' 
et  de  Martinyque  *  et  de  Guillemette,  priant  le  Sr  Dieu 


1 .  De  cette  phrase,  il  faudrait  conclure  que  Jeanne  Rivière  alla 
passer  quelque  temps  à  Caen,  au  moment  où  Planiin  se  rendit  à 
Anvers  en  1549. 

2.  Martine,  la  seconde  fille  de  Plautin,  née  en  1550. 


—  4  — 

vous  donner,  en  santé,  bonne  et  longue  vye.   De  Caen 

ce  xvj*'  juing  *. 

Vostre  serviteur  et  amy  à 

jamais,  Jehan  Leclerc. 
A  Christofle  Plantain, 

relieur  de  livres,  demourant 

en  la  rue  Lombartde  veste, 

près  la  Cammestrate, 

à 

Anvers. 


2.  —  D^artin  Le  Jeune  *  à  Christophe  TIanitn. 

Sire  Christophle.  Recevant  le  3*  de  juillet  1558,  par 
les  mains  du  Sire  Gassen  ',  la  marchandise  que  m'avés 
envoie  dans  le  tonneau  dudict  Gassen,  voyant  qu'il  n  y 
avoit  lettre  d'advertissement,  j'en  fis  ung  mémoire 
auquel  je  trouve  beaucoup  de  faultes,  suivant  votredicte 
lettre  d'advertissement.  Je  ne  sçay  cy  vient  de  ceulx 
qui  prengne  charge   de   la  marchandise   ou  de    autres, 

1.  La  lettre  ne  porte  point  Tannée  où  elle  fut  écrite.  Cependant, 
tout  fait  présumer  qu'elle  fut  expédiée  peu  de  temps  après  rarrivéc 
de  Plantin  à  Anvers. 

2.  Martin  Le  Jeune,  imprimeur-libraire  à  Paris,  était  le  principal 
correspondant  de  Plantin  en  France.  Il  date  ses  lettres  de  •  De  vostre 
maison  »,  ce  qui  nous  permet  de  conclure  qu'il  louait  de  Plantin 
une  maison  que  celui-ci  avait  acquise  à  Paris.  Cette  propriété,  que 
Plantin  fît  vendre  en  1582,  était  située  en  la  rue  Sainct  Jehan  de 
Latran,  près  Sainct  Benoist,  devant  le  collège  de  Cambrai,  et  avait 
pour  enseigne  Timage  de  Saint  Christophe. 

3.  Depuis  son  arrivée  à  Anvers  jusqu'en  1573,  Plantin  a  été  en 
relations  d'amitié  et  d'affaires  avec  Pierre  Gassen,  lingier  de 
Messieurs,  frères  du  roi,  à  Paris.  Il  achetait  pour  lui,  dans  les  Pays- 
Bas,  des  articles  de  lingerie  et  des  dentelles.  Jean  Gassen,  neveu  de 
Pierre,  épousa,  en  1571,  Catherine,  la  troisième  fille  de  Plantin. 


—  s  — 

mais  la  faute  est  fort  lourde,  laquelle  faute  je  vous 
specifiray  en  la  fin  de  la  présente.  Je  suis  émerveillé  de 
ce  que  n'avés  receu  nulles  responces  de  moy  depuis  la 
foire  de  Franquefort,  veu  que  vous  ay  escrit  deux  fois. 
Par  Tune  desdictes  missives,  je  vous  fesois  certain  comme 
j'avois  receu  la  marchandise  de  Francfort  que  m'avés 
envolée,  de  quoy  je  vous  remercie  de  rechef.  Quand 
aux  Heures,  Brévières  et  Diurnaux  que  m'avés  envoie, 
après  estre  adverti  qu'en  vouliés  faire  relier,  j'é  incontinant 
porté  de  l'ung  et  de  l'autre  chez  le  laveur  pour  laver 
et  rigler,  et  quand  et  quand  j'en  ay  porté  d'autres 
chez  le  relieur  pour  commencer  à  en  relier  ainsy  que  le 
désirés  ;  mais  il  faut  qu'entendiés  qu'il  n  y  a  guères  de 
relieurs  quilz  veulent  faire  de  ceste  besongne,  parquoy 
aurés  patience,  vous  assurant  qu'en  feray  autant  de 
diligence  comme  cy  vostre  présence  y  estoit.  J'avois  jà 
envoyé  à  Lyon  de  vos  petites  Heures  *  devant  que 
j'eusse  receu  vostre  lettre  de  facture,  et  les  ay  envoie  à 
i8  deniers;  je  n'y  pers  que  la  voicture,  de  quoy  j'ay 
tousjours  paie  cent  soulz  pour  cent.  Je  n'ay  encore  receu 
ce  que  me  mandés  me  avoir  envoie  du  13*  de  juillet  qui 
est  les  premières  et  dernières  feuilles  de  Septentrium  ', 
etc.  Quand  aux  Secretz  '  que  demandés,  vous  ne 
spécifiés  le  nombre  qu'en  voulés,  j'en  ay  mis  seulement 
que  12  exemplaires.  Touchant  Jean  Laurens,  marchant 
de  Tomay,  je  vous  prie  de  rechef  y  prendre  ung  peu 
de  soing.  Outre,  vous  m'escrivés  qu'avés  trouvés  fautes 

1.  Hevres  de  Noitre  Dame,  à  Vvsage  de  Romme  (Planiîn,  1557, 
in- 120). 

2.  Historia  de  Geniibvs  sepUntrionalibvs  avthore  Olao  Magno,  In 
Epiiomen  redacta  (Plantin,  1558,  în-8o). 

3.  Les  Secrets  d'Alexis  Tiemonlois  (Phnûn,  1557,  in-40). 


—  6  — 

en  la  marchandise  qu'avés  receu  du  28*  de  juing  que 
vous  avois  envoie,  de  6  Historia  Belgica,  lesquels  suis 
certain  avoir  empactés,  mais  puisque  ne  les  avés  receu, 
vous  n'en  pouvés  tenir  compte  ;  metés  en  vostre  papier 
défaut  et  nous  en  ferons  bien  ung  jour,  Dieu  aidant. 
J'ay  parlé  à  celuy  qui  a  taillé  la  lettre  de  quoy  vous  ay 
envoie  une  espreuve,  lequel  m*a  faict  responce  qu'il  en 
avoit  une  fonte,  de  quoy  il  veult  faire  travailler  premier 
que  d'en  bailler  à  personne.  Davantage  vous  demandés 
Eutropius  cum  Paulo  diacono,  de  quoy  il  ne  ce  trouve 
plus  de  ceux  de  Colinet  *.  Ensuit  le  deffaut  que  j'ay 
trouvé  en  la  marchandise  qu'ay  receu  de  vous,  par  les 
mains  du  sire  Gassen,  le  3 «^  de  juillet  1558  *  : 

2  Brévières  de  Rome  *•  Je  vous  renvoie  2  commen- 

cements. 

1  Diumale  Romanum  * 

3  Theologia  Germanica  * 

2  Grands  déluge  • 

2  Grands  serpens  au  désert 

4  Nativités 

4  Résurection 

4  Descente  de  la  croix 

3  Florence 

4  Balaam  et  l'ange 

1 .  Simon  Colinet  ou  Collneus,  imprimeur  à  Paris. 

2.  D*après  le  Livre  de  Vente  de  Plan  tin,  ces  marchandises  avaient 
été  expédiées  à  Martin  Le  Jeune^  le  6  juin  1358,  sous  la  conduite  de 
Jacques  Robin. 

3.  'Breviarium  %ptnanum  (Plantin,  1557). 

4 .  THurnak  %omanum  (Plantin,  1558). 

5.  Theologia  Germanica  (Plantin,  1558). 

6.  Dans  les  25  articles  suivants,  il  s* agit  de  gravures,  dont  plu- 
sieurs étaient  enluminées. 


3  Danses  de  vilagois 

1  Baieur  après,  le  manteau  bleu  painct 

4  Patientia  malorum  painct 
3  Sainct  Anthoine  painct 

6  EscoIIe  de  Tasne  painct 

3  Démocrite  et  Héraclitus  painct 

2  Érasmes  grand  painct 

4  Érasmes  petit  painct 

2  Caftes  de  Savoye  painct 
6  Poissons  painct 

8  Circulus  romanus 

3  Mains  5  feuilles  de  princes 
3  Livres  de  femmes,  à  10  s. 

I  Livre  de  crotesques,  1556,  12  feuilles 
I  Livre  de  sépultures,  1557 
I  Livre  de  crotesques,  6  teuilles 

5  Victoires  de  l'empereur 
I  Anvers  painct,  à  6  sous. 

Ensuit  ce  que  j'ay.  trouvé  davantage  : 
5 1  Epitome  Olai  Magni  * 

5  Paysage  contenant  12  feuilles  qu'avés  mis  pour  5 

Victoires  comme  je  croy. 

6  Triumphe  de  Bachus  en  petit. 

Il  vous  plaira  m'envoier,  s'il  vous  plaist,  ce  qui  ensuit, 
me  recommandant  bien  humblement  à  vostre  bonne 
grâce,  sans  oublier  vostre  famille,  pàraillement  nostre 
amy  Lucas,  duquel  ay  receu  ces  recommandations  par 
maistre  Pierre  Poret  *,    de  quoy  je  le  remercie  hum- 

X.  Hist&ria  de  gentibvs  septentriorudïbvs,  etc,  (Plantin,  1558). 
2.  Pierre  Porrct  était  un  neveu  de  raudiencier  Claude  Porret, 
au  service  duquel  le  père  de  Plan  tin  entra.  Plantin  se  lia  avec  lui 


-1 


—  8  — 

blement.  Faisant  fin,  priant  le  Créateur  vous  maintenir 

en  sa  grâce.   Escrit  en  vostre  maison  [à  Paris],  ce  i8^ 

de  aoust  1558. 

Le  tout  vostre  bon  amy, 

Martin  le  jeune. 

2  Sentenciae  Stobsei  gras.  lat.  {^  (Jtnprimitur  rursus)  ' 

1  Opéra  Hippocratis  grae.  f» 

2  Idem  lat.  P* 

4  Schetzius  :  In  fisicam,  tomus  2",  de  cœlo 

2  Apophthegmata  Lycostenis  f* 

6  Epistote  Longolii  8° 

2  Opéra  Xenophontis  grae.  lat.  f® 

I  Chronica  Polydori  Anglie  * 

1  Petrus  Galatinus  f**  • 

2  Opéra  Demosthenis  lat.  f° 
6  Rudimenta  mathematica 

1  Novus  orbis  f» 

4  Granmiatica  Hebraica  Jo.  Isaac  4** 

6  Idem  Meditationes 

6  Liturgia  Cassandri  8**  * 

6  Orationes  Isocratis  grae.  lat.  8° 

2  Laonicus  de  rébus  Turcis  f*  * 
II  Carta  Graeciae  en  blanc 


d'une  vive  amitié,  qui  dura  jusqu'à  la  mort  de  Timprîmeur.  Ils  s'ap- 
pelaient toujours  «frères».  Porret  était,  à  Paris,  T intermédiaire  et 
l'agent  ordinaire  de  Plantin. 

1 .  Note  de  la  main  de  Plantin. 

2.  Historia  Anglicana  lihri  XXVIl  autore  Folydoko  Vergiuo. 

3.  Petrus  Columna  Galatinus^  de  Arcanis  Catholica  veritatis. 

4.  Georgius  Cassander^  Uturgica  de  ritu  et  ordine  Coena  domi- 
nica  ulebranda, 

5.  Laonicus    Chalcocondylas,  Historia  de  origine  atque  rébus 
Turcorum  et  imperii  Gracorum  interitu. 


—  9   - 

2  Fraseologia  Isocratis  gras.  lat.  8° 

6  De  optimo  génère  interpretandi  8° 

6  Tabulas  hereseon 

6  ComJ)endium  rei  medi.  Pictori  8**  * 

2  Logica  Lovanîi  f°. 

S'il  y  a  quelque  chose  de  nouveau  je  vous  prie  nous 
en  faire  participant. 

Je  vous  envoie  en  ung  petit  tonneau,  par  Jean  Pré- 
vost ou  ces  gens,  plein  de  livres,  là  où  j*ay  mis  tout  ce 
qu'il  y  a  faict  de  nouveau  par  deçà,  réservé  ung  livre 
que  Guillaume  des  Bois  et  Bastien  Nivelle  ont  imprimé, 
de  quoy  n'en  veulent  encore  vendre,  et  incontinant  qui 
le  meteront  en  vente,  je  ne  faudré  de  vous  en  faire 
tenir,  ensemble  une  géomantie  qui  se  imprime. 

Le  contenu  de  ce  que  je  vous  envoie  ensuit  : 

6  Jus  civile  Imberti  4®  ft  2  s.  8  d. — 

6  Divers  jeux  rustiques  fr.  4®  ft  i  s.  4  d. — 
4  Oratio  Basilii    magni  de  vita 

mor.  grae.  *  ft  i  s.  8  d. — 

6  Idem  lat.  8*»  ft  i  s.  i  d. — 

4  Épitres  dorées  de  Guevarre  ft  i  s.r6  d. — 

25  Petrarca  de  remediis  16°  *  ft  6  s.  17  d.  6 

20  Actuarius  de  spirit.  grae.  8°  *  ft  2  s.  10  d. — 

25  Argenteriusdeconsult.  ié°*  ft  i  s.  5  d. — 


1 .  Georgius  Pictorius,    ^edica  rei  totius  compendiosa  tractatio, 

2.  Basiuus  Magnus,  de  Vita  et  ^oribtis  gr.  (Paris,  1556). 

3.  Fr.  Petrarcha,  Opus  divinum  de  remediis  utriusque  fortuna 

(Mart.  Le  Jeune,  1557). 

4.  JoAN  Actuarius,  de  Actionibus  et  affectibus  spifitus  animaUs 

(Id.,  1557)- 

5.  JoANNES  Argenterius,  de  ConsultatUmiHs  medicis  (Id.,  1557)* 


—    10    — 


25  Calendarium  trilingue  8°  ' 

fb  I 

s.  s 

d.— 

25  Antiquités  du  monde  8° 

ft  4 

s.  7 

d.  6 

I  DictionarumBercorii4vol.* 

ïk  4 

s. 10 

d. 

12  Secretz  16° 

ib  2 

s'.    2 

d.— 

1 8  Destruction  de  l'orgueil  8"  * 

ft  3 

s.  3 

d.— 

6  Columelle  en  fr.  4°  * 

ft  4 

S.16 

d.— 

6  Antidotarium  16°  ' 

ft— 

s.  6 

d.— 

6  Théâtre  du  monde 

ft  I 

s.   I 

d. 

6  Juda  Macabaeus  fr.  gr. 

ft  I 

S.   4 

d.— 

25  Hippo.  de  flat.  quarto  ' 

ft3 

s.  2 

d.  6 

4  Chrisosto.  in  Esaiam  f"  ' 

ft  I 

S.IO 

d. 

3  Basilius  in  Esaiam  f°  ' 

ft  2 

s.  s 

d.— 

4  Origines  in  Jo.  £»  ' 

ft3 

s. 10 

d.— 

6  Sentenciae  Cic,  etc. 

ft  I 

s.  4 

d.— 

6  Discours  d'une  cortisane 

ft— 

s.   I 

d.  6 

2  Joseph  en  franc.  f°  " 

ft7 

S.IO 

d.- 

30  Ludovici  fidelis  8°. 

ft7 

s. — 

d.- 

Somme  toute 

ft66 

s.   7 

d.- 

Je  vous  envoie  un  mémoire  d'imperfection  à  quoy  je 
vous  prie  prendre  garde.  Je   parle    au  serviteur  du  Sire 


1.  Calendarium  Triîifigue  {Id,^  1557)' 

2.  Berchorius,  Dictionarium  (Paris,  Chevalon). 

3.  'Destruction  de  l'orgueil  mondain  8°  (Paris,  Claude  Fremy). 

4.  L.  J.  M.  Columelle,   Lis  dou^e  livres    des  choses  rustiques 
(Paris,  Jac.  Kerver,  i$ss  et  $6). 

5.  Antidotarium  anima  (Id.). 

6.  HiPPocRATES  :  de  Aère  y  aquis,  locis  et  flatihus,  Graeco-lat.  (Mart. 
Le  Jeune,  1557). 

7.  Chrysostomus,  In  Esaiam  (Paris,  Guill.  Des  Boys,  15  $6). 

8.  Basilius,  In  Esaiam  (Id.). 

9.  Origines,  In  Joannem  (Id . ,  1 5  5  5  ) . 

10.  Flavius  Joseph  (Lyon,  Jean  Temporal,  155S). 


I 

—  II  — 


Thomas  Guérin,  lequel  m'a  promis  vous  aîder.   Escrit 
en  haste. 

A  Sire  Christophle  Plantaing 
marchant  libraire 
à 
Francfort. 


s.i6  d. — 

s.  4  d. — 

s. —  d. — 

s.  2  d. — 

s.  7  d.  6 


3-  —  Martin  L^  Jeune  à  Tlantin. 

Sire  Christophle.  Estant  pressé  d'escrire  par  le  servi- 
teur de  Thomas  Guérin,  j'ay  oublié  de  vous  escrire,  au 
cathalogue  des  livres  que  je  vous  envoie,  les  livres  reliés, 
de  quoy  je  vous  veux  bien  advertir. 

2  Ruisseaux  de  G.  fontaine  8°  relié    ft — 

3  Roland  furieux  en  prose  8°  r.       ft  i 
6  Valère  le  grand  fr.  i6*»  r.  6  s.  8  d.  ft  2 

4  Vies  S.  Paul  lé**  fr.  r.  5  s.  6  d.   ft  i 

5  Justin  historiae  fr.  16®  r.  5  s.  6  d.     ft  i 

6  Heures  paraphrasées  16°  r.  doré 

5  s.  ft  I     s.io    d. — 

6  Heures  romaines    Hardouin   r. 
doré  3  s. 

4  Aphorismes  en  fr.  ié°r.  5  s.  6 

6  Viesdes  Apostres  i6°fr.r.  3  s.  6 

5  Entretènement  de  santé    16°  r. 

2  s.  3  d. 
3  Oribasius     Synopseos     16°     r. 

5  s.  6  d. 

7  Galendrier  ou  alphabet   16°   r. 

3  s.  6  d. 
Pour  le  tonneau,  façon  et  poix  etc.  ft— 

fti4    s.  7     d.  9 


ft—    S.I8 

d.- 

ft    I      s.    2 

d.— 

ft    I      S.    I 

d. 

ft —      S,  II 

d.  3 

ft —     S.  16 

d.  6 

ft   I      S.   4 

d.  6 

ft—      S.I5 

d.— 

—    12  — 

Sy  avés  le  moien  de  m'envoier  de  Francfort  ces  por- 
trectures,  je  vous  prie  les  m'envoier,  ou  bien  cy  n'en 
avés,  envoies  les  d'Envers  à  vostre  retour. 

4  Moyse  frapant  de  la  verge 

4  Mer  rouge,  non  des  grandes 

4  Lot 

4  Villes  de  S.  Quentin,  paincte  ou  blanche 

6  Patientia  malorum,  grand 

4  Feilles  de  Susanne. 

Me  recommandant  à  vostre  bonne  grâce,  priant  le 
Créateur  vous  maintenir  en  la  sienne.  De  vostre  maison 
[Paris]  ce  19*  d'aoust  iSS^. 

Le  tout  vostre  bon  amy 
Martin  Le  Jeune. 
Sire  Christophe  Plantaing, 
marchant  libraire, 
à 

Francfort. 


4.  —  !\Cartin  Le  Jeune  à  Tlantin. 

Amy  Plantaing.  Suivant  une  missive  qu'ay  receu  de 
vous  en  date  de  l'unziesme  de  may,  j'ay  assemblé  ce 
qu'ay  peu  recouvrir  des  livres  que  demandés,  et  après 
l'ay  communiqué  à  Jan  Foucher  et  Galliot  Du  Pré  *, 
comme  me  mandés,  lequel  Du  Pré  m'a  faict  responce 
qu'il  ne  pouvoit  bailler  encore  marchandise,  parce  que 
l'inventaire  n'est   faicte  en  leur   maison,  et  incontinant 

I.  Deux  imprimeurs  de  Paris. 


—  13  — 

que  ce  sera  faict  qu'il  vous  contentera  et  qu'il  vous 
escriveroit  ce  pendant.  Quant  à  Jan  Foucher,  il  m'a  dit 
qu'il  n'avoit  poinct  de  ces  livres  et  que  ce  n'estoit 
poinct  de  cqs  sortes.  J'ay  receu  de  Jaques  Dupuis  * 
et  Hercules  '  certains  livres  lesquelz  je  vous  envoie 
avec  ce  qu'ay  peu  recouvrir,  de  quoy  je  vous  envoie 
aussy  le  cathalogue,  et,  ensuivant  vostre  mandement,  j'en 
ay  retenu  aucuns  desquelz,  si  en  avés  affaire,  mandés 
et  je  les  vous  envoiray  sans  faillir.  Plus  ay,  receu  du 
compère  Gassen  4  rames  de  papier  d'Auvergne,  avec 
deux  paquetz,  dont  les  4  rames  de  papier  sont  demou- 
rées,  parce  que  j'avois  attendu  quelque  temps  à  faire  le 
pannier  pour  l'attendre.  Voiant  qu'il  ne  venoit  et  que 
estois  pressé  de  livrer  ladicte  voicture,  j'ay  pacqué  en  ce 
petit  pannier  là  où  elle  n'ont  seu  tenir.  Voilà  la  cause 
du  retardement  desdictes  4  rames.  Davantage  vous  trou- 
vères ung  paquet  de  matrisses  que  mon  cousin  Hotin  ' 
vous  envoie.  Vous  trouvères  aucuns  livres  de  Frédéric 
Morel  *,  desquelz  n'ay  pris  le  mémoire,  mais  je  vous 
envoie  la  lettre  de  facture  dudict  Morel.  J'ay  receu  vostre 
dernière  lettre,  avec  la  procuration  touchant  Pierre 
Jovant,  laquelle  ay  délivrée  à  la  mère  dudict  Jovant. 
Ensuit  les  livres  que  je  vous  envoie  : 


1 .  Imprimeur  i  Paris. 

2.  Hercule  François,  libraire,  qui  en  1580  était  associé  avec 
Baptiste  Dupuis  et  établi  à  Londres.  Eu  1561,  il  était  probablement 
l'associé  de  Jacques  Dupuis. 

3.  P.  Hotin,  Hautin  ou  Haultin,  tailleur  de  caractères,  à  La 
Rochelle. 

4.  Imprimeur  à  Paris. 


—  14  — 

2  Épistres  de  Gucvarre  en  fr.,  ung 

relié 
4  VéncrieduFouilIouxf°  i6s.  * 

3  Bouclier  de  la  foy  i6°  5  s. 
6  Sénècque  des  bénéfices  8°  7  s. 
3  Appian  Alexandrin  fr.  8°  10  s. 
6  Nouvelles  de  la  Royne  de  Na- 
varre 4?  12  s.  6 

6  Antiquités  de  Paris  8**  5  s. 

3  Marotz  16^  5  s.  * 

4  Vies  de  Jésus-Christ  16°  6  s.  6 
2  Arithmétique  de  Pelletier  4°  5  s. 
4  Azolains  de  Bembo  16°  ' 
6  Catéchisme  en  fr.  8°  10  d. 
2  Receuil   de   Torlogéographie  4° 

fr.  12  s.  * 
2  Amadis  de  Gaule  8®  55  s. 
4  Épistre  de  Cicéron  en  fr.  lô**  3  s.    ft — 
2  Cronique  de  Comine  fr.  4  s.  " 
6  Raymondi  Lortelii  lingua  graece 

4'  10  d. 

ft26     s.  S     d.  8 

Autre  chose  sinon  que  je  recommande  humblement  à 
vous,  sans  oublier  la  dame  Jeanne  et  tous  vos  enfans, 

1.  FouiLLOUX  (Jacques  du).    La  Vénerie,  (Poitiers,  Marnefiz  et 
Bouchetz,  1361). 

2.  Œuvres  de  Clément  !^Carot  (Lyon,  Guill.  Roville,  1561). 

3.  Pierre  Bembo,  Les   Asolains   (Id.,    ISS^    et    Paris,    Galiot 
Dupré). 

4.  Oronge  (Fine),  Des  Horologes  Solaires  (Paris,  Caveliat,  i$6o). 

5.  Chronique  de  Pu.  de  Commîmes  (Paris,  par  Guill.  Morcl  pour 
Galiot  Dupré,  iS6i). 


ft  2 

s.  8 

d.— 

ft3 

s.  4 

d— 

ft— 

S.15 

d.— 

ft  2 

s.    2 

d.— 

ft    I 

S. 10 

d.— 

ft3 

S. 15 

d.— 

ft  I 

S. 10 

d.— 

ft— 

S.  15 

d.— 

ft  I 

S.  6 

d.— 

ft— 

s. 10 

d.- 

ft— 

s.  6 

d.  8 

ft— 

s.  5 

d.— 

ft  I 

s.  4 

d.— 

ft  s 

s.  10 

d.— 

ft 

s. 12 

d.— 

ft— 

s.  8 

d.— 

ft— 

s.  s 

.d.- 

—  15  — 

priant  le  Seigneur  Dieu  vous  maintenir  tous.  De  vostre 
maison  [Paris],  ce  3^  de  juing  1561. 

Le  tout  votre  humble  serviteur 
Martin  Le  Jeune. 

J'ay  parlé   dé   vos  sphères  à  ung  mien  amy,  lequel 
désire  bien  en  voir  une  ;  parquoy  ne  pouvez  faillir  d'en 
envoler  une,  et,  sy  d'aventure   elle  ne   ce  despeschoit, 
sitost  que  le  désireriez,  j'en  paieray  la  voicture. 
A  Sire  Christophle  Plantaing, 
marchand  libraire 
à 

Anvers. 


5 .  —  Tlantin  à  François  Fabricius. 

(Il  se  déclare  prêt  à  imprimer  tous  les  ouvrages  de  Fabricius  que 
celui-ci  voudra  lui  envoyer.) 

Eruditissimo  viro  D.  Franc.  Fabricio  '. 

Quod  nuntius  in  sequentem  diem  distulerit  profectio- 
nem,  vir  doctissime,  id  fausto  mihi  fuisse  omini  inter- 
pretari  non  dubito.  Nihil  enim  jucundius  tuis  literis 
(quibus  alioqui  caruissem)  accidere  potuisset,  maxime 
quum  iis  intellexerim  typos  nostros  et  papyrum  tibi 
placere  meque  a  perito  viro  tibi  doctissimo  commenda- 


I.  François  Fabricius,  savant  du  XVI*  siècle,  né  à  Duren.  Il 
suivit  en  France  les  leçons  d* Adrien  Turnèbe  et  de  Pierre  Ramus, 
devint  recteur  du  collège  de  Dusseldorf  et  mourut  en  iS73'  H 
écrivit  plusieurs  ouvrages  de  philologie  et  traduisit  le  traité  de 
Plutarque  :  de  Educandis  îiberis.  Plan  tin  imprima  en  1565  :  Annota- 
Hones  Af.  Antofiii  Moreti  et  Francisci  Fahricii  Marcodurani  In  sex 
Terentii  ComœdiaSy  in-16^. 


—  i6  — 

tum  fuisse.  Faxit  Deus  Optimus  Maximus  ut  opinîoni  de 
me  a  vobis  conceptas  aliquando  respondere  possim. 
Mitte  itaque  omnia  qux  volueris,  ego,  quantum  in  me 
situm  erit,  conabor  ut  emendate  (si  pcr  exemplar  id 
licuerit)  ad  vos  redeant  excusa^  neque  unquam  ingratum 
me  habiturus  es.  Qiiando  autem  Plutarchi  de  educandis 
pueris  mentionem  fecisti,  ecce  eumdem  ab  alio  nunc 
etiam  versum  mitto,  ut  etiam  conferre  possis,  num  et 
hic  aliquid  deprehenderit  observatione  dignum.  Quod 
ubi  feceris,  mitte  statim  ad  nos  exemplar  tuum,  quod 
brevi  postea  impressum  remiitemus,  iddemque  de 
omnibus  quas  ad  nos  dederis  et  bona  fide  nos  facturos 
et  emptores  precio  non  gravaturos  pollicemur.  Qua;^ 
nova  his  nundinis  prodierint  hoc  sequenti  catalogo 
accipe  et  vale,  vir  doctissime.  Antverpia?  III  nonas 
octob.  (1561) 


6    —  Tlantin  à  Etienne  Tighius. 

(Il  lui  envoie  la  dernière  feuille  de  la  table  des  Fasti  Magistratuum 
Romanorum.) 

Eruditissimo  viro  D.  Stephano  Pigghio  *,  Reverendis- 
simo  D.  Cardinali  Granvellano  a  secretis. 

I.  Stephanus  Vinandus  Pighius,  littérateur  latin  et  archéologue, 
naquit  en  1520,  à  Kampen,  se  rendit  jeune  encore  à  Rome  auprès  de 
son  oncle  Albertus  Pighius  et  y  étudia  les  antiquités.  Après  son  retour 
dans  les  Pays-Bas,  il  fut  pendant  plus  de  quatorze  ans  secrétaire  et 
bibliothécaire  du  cardinal  deGranvelle.  En  1575,  il  devint  précepteur 
du  fils  du  duc  de  Clèves.  Il  mourut,  en  1604,  à  Xanten  où  il  était 
chanoine  et  écolâire. 

En  1561,  Plantin  imprima  de  lui  :  Comtttentatia  in  tàbulam  magis- 
tiatiium  romanorum  pour  lequel  Arnaud  Nicolaï  grava  des  médailles; 
en  1)68:  Thcmis  Dea  ;  en  1587  :  Hercules  PraUcius.  Le  premier  de 


—  17  — 

Ecce  postremum  tandem  folium  tabulas  tuae  Fastorum, 
vir  eruditissime,  mitto  precorque  ut  illud,  quamprimum 
fieri  poterit,  emendatum  remittas,  eoque  postea  impresso, 
integrae  tôt  exempla  ad  te  quot  sîgnificaveris  mittam.  Ea 
tamen,  si  jusseris,  prius  adornari  et  coloribus  suis  ad 
exemplar  manuscriptum  depingi  curabo,  eademque 
opéra  efficiam  ut  quas  me  absente  et  invîto  praeter 
sententiam  tuam  relictas  sunt  umbras  et  si  quid  aliud 
praeterea  observare  poterim  emendatione  dignum  coope- 
riantur  et  emendantur.  Interea  laboratur  in  excudendis 
numismatibus  ad  me  missis,  ita  ut  libro  accepto  sperem 
illud  nobis  non  in  mora  futurum.  Catalogum  librorum 
novorum,  quos  Francofordia  adduximus,  mitto  missurus 
quos  volueris.  Vale.  Antverpise  X*  octobris  1561. 


7.  —  Tlantin  à  Guillaume  Symons  de  Thielt  \ 

(Il  est  toujours  disposé  à  imprimer  Touvrage  dont  Guillaume 
Symons  Ta  entretenu.) 

D.  Guillelmo  Symonio  Tiletano  S. 

Ego  nuUas  omnino  ex  quo  hinc  discessisti,  doctissime 
Domine,  abs  te  accepi  quo  factum  est  ut  et  ipse  hactenus 
miratus  sim  quod  meis  non  responderetur  a  Domino 
Aug.  Hunaeo  ',  ad  quem  statim  post  discessum  tuum 

ces  ouvrages,  revu  par  André  Schottus,  fut  réimprimé  dans  Tofficine 
plantinienne  en  trois  volumes  in-folio  dont  le  premier  parut  en  1599 
et  les  deux  autres  en  161$.  Pighius  revit  une  édition  de  Valère 
Maxime  quePlantin  publia  en  1567,  en  1574  et  en  i$8s. 

1.  Guillaume  Symons  était  professeur  de  théologie  à  l'Université 
de  Louvain. 

2.  Augustin  Hunnseus,  né  à  Malines,  le  29  juillet  1521,   docteur 

2 


—  i8  — 

scripseram  me  exemplaria  4  priera  venalia  reperire  non 
posse,  ob  idque  obnixe  rogabam  ad  me  eadem  mitti  de 
quibus  tune  locutus  fueras  et  nunc  mentionem  facis.  Et 
iterum  ea  de  re  scripsi  postquam  Bruxellis  ad  me 
scriptum  est  non  posse  privilegium  impetrari  antequam 
mitterem  libros  ipsissimos  subsignatos  et  approbatos, 
ex  quibus  Epitome  est  ad  imprimendum  confecta  '. 
Certus  itaque  esse  potes  me  nunquam  animum  mutasse 
meque  statim  rem  quamprimum  licuerit  libentissime 
aggressurum,  quam  utinam  prius  licuisset.  Superest 
igitur  ut  illi  4  priores  tomi  ad  nos  mittantur,  quos  illico 
Bruxellas  ad  privilegium  impetrandum  mittam,  cum 
tribus  posterioribus,  quos  hucusque  in  hune  futurum 
usum  pênes  me  servavi,  et  nisi  de  imprimendo  cogitas- 
sem,  etiam  hesterna  die  vendidissem  cuidam  bono  viro 
qui  emere  illos  cupiebat.  Faxit  Deus  Opt.  Max.  ut  in 
Reipublicas  commodum  te  multos  in  annos  servet 
incolumem.  Magistro  nostro  D.  Augustino  Hunago 
salutem  precor  meo  nomine  dicas  omnibusque  qui 
nobis  bene  esse  cupiunt.  Vale.  Ex  ofEcina  nostra  lypo- 
graphica  hac  10*  octobris  1561. 

en  théologie  et  professeur  à  TUniversité  de  Louvain.  Il  mourut  le  8 
septembre  1578. 

Plan  tin  publia  de  lui,  en  1566  :  Catechtsmi  Catholici  schéma,  ^ia- 
Uctica  et  Logices  Fundamentum  ;  en  1570:  ©*  sacramentis  ;  en  1572  : 
Trodidagmata  de  diàUctiàs  vocum  affectionibus  et  proprietatibus.  Tous 
ces  ouvrages  eurent  plusieurs  éditions.  Hunnajus  est  un  des  théolo- 
giens de  Louvain  qui  forent  chargés  d'examiner  Tédition  planlinienne 
de  la  Bible  royale  ou  polyglotte. 

1.  L'ouvrage  dont  il  s'agit  ici  est  Vita  Sanctorum  Aloysii  Lippomani 
Episcopi  Veronensis  dont  Symons  rédigea  un  abrégé  qui  parut  en 
1571,  non  pas  chez  Plantin,  mais  chez  Pierre  Zangriusà  Louvain  en 
2  vol.  in-fol. 


—  19  — 
8.  —  Tlantin  à  Guillaume  Symons. 

(Il  le  remercie  de  lui  avoir  envoyé  le  correcteur  François  de  Thielt. 
II  attend  l'approbation  des  FUiB  Sanctorum  pour  en  irtiprimer 
l'abrégé  fait  par  G.  Symons.) 

Doctiss.  Theologo  D.  Guillelmo   Symonio   Tiletano. 

Gaudeo  ad  me  M.  Franciscum  Tiletanum  tam  insigni 
commendatione  dignum  venisse.  De  tua  namque  since- 
rîtate  tantum  confido  ut  existimem  a  te  neminem  nisi 
merito  commendatum  îri,  maxime  quum  non  ignores 
in  reipublicas  litterariae  compendium  esse  si  dignum 
aut  dispendium  si  indignum  correctorem  habuero.  Cum 
eo  transegi,  estque  ad  nos  infra  15  dies,  modo  illi  per 
parentes  liceat  rediturus  mansurusque.  Nihil  hactenus 
fuit  quod  me  ab  impressione  Vitarum  Sanctorum  * 
(ut  abhinc  quatuor  scripsi  diebus)  suspensum  tenuerit 
praeterquam  quod  4  prioribus  tomis  caruerim.  Fieri 
etenim  non  potest  ut  privilegium  extorquere  possimus 
antequam  intégra  7  volumina  subsignata  et  approbata  in 
curia  exhibeamus,  tantum  abest  ut  nobis  imprimere 
liceat.  Ecce  eum  indicem  vitarum  imprimendarum  quem 
jussisti  mitto.  Deus  Opt.  Max.  te  tuique  similes  viros 
reipublicas  studiosos  diu  nobis  servet  incolumes.  Vale. 
Ex  typographia  nostra  15  octobris  (1561). 


I.  Aloysius   Lippomanus,  Sanctorum  priscorum  vitte  (Venise  et 
Romo,  i5$i-i558,  6  vol.  in-40). 


—  20  — 

9-  —  Vlantin  à  Henri  Ernest  de  Campen, 

(l\  le  remercie  de  lui  avoir  envoyé,  pour  être  employé  chez  lui, 
un  jeune  homme  zélé,  instruit  et  digne  de  confiance.) 

Eruditissimo  viro  D.  Henrico  Ernestio  Campensi, 
amico  probatissimo  Christoph.  Plantinus  S.  D.  P. 
Rem  duplici  nomine  mihi  gratam  fecisti,  vir  amicissime, 
primum  quod  cito,  tum  quod  adolescentem  miseris  de 
cujus  fide,  diligentia  et  eruditione  non  dubites,  ob  idque 
gratias  habeo  maximas  redditurus  ubi  licuerit.  Ego, 
recitatis  fere  omnibus,  quae  sunt  illi  apud  nos  obeunda, 
muneribus,  cum  illo  eodem  pretio  iisdemque  conditioni- 
bus  transegi  atque  hactenus  cum  cognato,  ea  tamen  lege 
ut  illi  infra  15  dies  ad  nos  per  parentes  suos  redire 
liceat.  Vale  et  nos,  ut  soles,  ama.  Antverpiae,  16  kalendas 
octobres  '  [1561]. 


10.  —  Plantin  à  Corneille  Valerius. 

(Suivant  un  accord  conclu  avec  Silvius,  il  imprimera  la  Grammaire 
de  Corn.  Valerius  ;  il  envoie  à  Fauteur  une  feuille  imprimée  d'un  côté 
pour  montrer  de  quelle  manière  il  entend  ce  travail.) 

D.  Cornelio  Valerio,  viro  undequaque  doctissimo,  apud 
inclytum  Lovanium  professori  regio  '. 

S.  P. 
Quod    Francofordise    hisce    postremis    nundinis    D. 


1 .  Lisez  :  novembres. 

2.  Corneille  Valerius  (Wouters)  naquit  en  15 12  à  Oudewater, 
dans  l'évêché  d'Utrecht,  il  étudia  dans  cette  ville  et  plus  tard  à  Lou- 
vain.  Successivement,  il  enseigna  la  rhétorique  à  Ulrecht  et  fut  chargé 
de  l'éducation  de  quelques  jeunes  gens.  Le  7  octobre  1537,  il  fut 
appelé  à  la  chaire  de  latin  dans  le  collège  des  Trois-langues  à  Ldu- 


—  2î   — 

Arnoldus  Birckmannus,  *  vir  de  bonis  omnibus  optime 
meritus,  poUicitus  fuerat,  vir  doctissime,  id  tandem  D. 
Sylvius  ',  compater  amicissimus,  praestitit,  nempe  ut 
Institutîones  tuae  Grammaticae'  a  te  postremo  recognitae 
fidei  nostrae  ad  imprimendum  (quod  salvo  semper  jure 
et  amicitia  Birckmanni  fiet)  committerentur.  Antequam 
autem  id  aggrederemur  librum  (ut  moris  est  mihi) 
percurrere  volui  ut  viderem  num  quid,  quod  ad  ornatura 
et  elegantiam  impressionis  faceret,  observare  possem. 
Cum  vero  in  ipso  fere  Institutionum  principio  quaedam 
notassem,  quae  non  solum  ad  impressoris  diligentiam 
commendandam,  verum  quas  et  studiosorum  memoriae 
(quod  aiunt)  locali  compendio  esse  possent,  si  quo  modo 
cogitabam  ederentur,  ea  impresso  ab  una  parte  folio  tibi 
prius  demonstranda  putavi  quam  aut  imprimerentur 
aut  reiiqua  ad  hune  modum  imprimenda  notarentur,  ne 
forte  eveniret  ut  pro  diligente,  si  non  placèrent,  temera- 
rius  et  in  alieno  opère  nimium  audax  haberer. 

Tuum  est,  vir  humanissime,  conatibus  nostris,  pro 
animi  tui  candore,  sincère  et  in  bonam  partem  inter- 
pretatis  verbo  significare  ecquid  institutum  nostrum  tibi 
placeret.   Quicquid    enim   conamur  aut  conabimur   id 

vain.  Il  mourut  dans  cette  dernière  ville  le  ii  août  1578.  Il  exerça 
une  grande  et  salutaire  influence  sur  les  études  latines  par  son  ensei- 
gnement et  par  ses  traités  sur  la  grammaire,  la  rhétorique,  la  dialec- 
tique, la  philosophie  morale,  la  physique  et  l'astronomie.  Plantin 
fournit  plusieurs  éditions  de  chacun  de  ces  livres. 

1 .  Arnaud  Birckman,  imprimeur  libraire  d'Anvers,  avait  une 
maison  dans  cette  ville  et  une  autre  à  Cologne. 

2.  Guillaume  Sylvius,  imprimeur  anversois. 

3.  Au  commencement  de  1561,  Plantin  imprima  de  Corn.  Valerius 
le  traité  de  Sphara,  Nous  ne  trouvons  pas  dans  la  même  année,  de 
trace  d'une  éditioa  des  Inslilutiones  grammattca.  La  première  édition  ' 
plantinienœ  de  ce  livre  date  de  1567. 


—  22   — 

omne  non  hic  tantum,  verum  in  omnibus  aliis  susci- 
piendis  operibus  tuo  tuique  similibus  judicio  ita  libenter 
et  ultro  judicandum  committimus,  ut,  si  vel  nutu  îndi- 
cetis  non  placere  quod  constanter  decrevissemus,  illud 
simus  illico  ad  vestrum  arbitrium  mutaturi.  Nam,  quum 
ad  meliora  aspiremus,  fieri  nequit  ut  nobis  gratins 
jucundiusque  aliquid  accidat  quam  quae  ad  ea  nobis 
viam  demonstrent  deque  erroribus  nostris  commone- 
faciant.  Dom.  Deus  opt.  max.  te  nobis  reiquepublicse 
literarise  commodo  diu  servet  incolumem.  Vale.  Ant- 
verpiae,  ex  officina  nostra  tjrpographica,  i6  Calendas 
octobres  *  anni  D.  1561. 


II.  —  Tlantin  à  Hertnan  Cruserius. 

(Il  se  défend  du  reproche  de  mettre  de  la  négligence  à  publier  la 
traduction  de  Plutarque  et  demande  que  Fauteur  lui  envoie  le 
manuscrit  tout  entier  pour  qu*il  puisse  le  faire  approuver.) 

Prudentissimo  simul  ac  doctissimo  viro  D.  Hermanno 
Cruserio.  ' 

Ego  semper,  quantum  pro  viribus  licuit,  studui,  vir 
prudentissime,  talem  me  omnibus  praestare  qui  judicarer 
commendatione  bonorum  virorum  non  indignum  esse, 
semperque  vel  abjectissimorum  hominum  responsione 
dignum  existimavi,  tantum  abest  ut  tanti  viro  respon- 
dere  non  dignaverim.  Quare  te  obnixe  precor,  vir  huma- 
nissime,  ut  a  te  talem  de  me  conceptam  opinionem 

1 .  Lisez  :  novembres, 

2.  Herman  Cruserius,  de  Kampen,  docteur  en  droit  et  en  médecine, 
conseiller  de  Guillaume,  duc  de  Clèves.  Il  écrivit  plusieurs  livres  de 
médecine  et  traduisit  en  latin  les  vies  et  les  œuvres  morales  de  Plu- 
tarque. Cet  ouvrage,  dont  il  s'agit  dans  la  lettre  ci-dessus,  fut  publié 
à  Bâle,  en  1573,  P^r  Guarinus. 


—  23    — 

abjicias.  Ego  namque,  quum  primum  scripsisti,  in  Gallias 
ad  papyrum  emendum  me  cohtuleram  sperabamque 
totum  tuum  exemplum  Plutarchi  domi  me  in  reditu 
nostro  inventurum  illumque  Bruxellas  illico  ad  impe- 
trandum  privilegium  missurum.  Existimabam  etenim  te 
non  ignorare  quod  nobis  non  liceat  ab  epigrammate 
solo  ant  epistelio  ad  immensum  opus  usque  aliquid 
prselo  submittere  antequam  universo  opère  a  theologis 
ad  id  constitutis  perlecto,  approbato  et  subsignato,  ab 
aula  illud  imprimendi  privilegium  impetraverimus. 
Q.uum  itaque  quartam  alteram,  ni  fallor,  partem  hic 
tantum  invenissem  neque  propter  nundinas  Francofor- 
dienses,  quo  properabam,  ultra  3  dies  adesse  possem, 
statui  in  reditum  meum  ex  nundinis  rem  esse  difFeren- 
dam.  Sperabam  enim  tune  me  integrum  exemplum  domi 
inventurum.  Verum  ne  nunc  quidem  habeo  ,  neque 
quando  sîm  accepturus  certiorem  me  fecisti.  Quo  fit  ut 
quemadmodum  institueram  incipere  non  possim,  neque 
est  quod  me  tarditatis  neque  infidelitatis  accuses,  vir 
integerrime,  antequam  ea  receperinj  quae  mihi  omnino 
sunt  habenda  priusquam  opus  aggredi  liceat  et  possim, 
illisque  habitis  fidem  (quod  absit  a  me)  fregerim.  Si 
autem  acerbius  scripseras  quod  fortasse  alieniori  sis  a 
nobis  animo  et  pœniteat  misisse  quae  ex  opère  tuo 
fecisti,  vel  verbo  indica,  ego  servata  semper  amicitia 
remittam.  Si  vero  in  eadem  permanes  sententia  ut 
imprimamus,  necessario  reliquum  exempli  mittendum  est 
antequam  ne  facultatem  quidem  imprimendi  extorquere 
possimus.  Vale.  Antverpiae,  22  octobris  1561.  Ex 
officina  nostra  typographica. 

Tuus  ad  mandata  paratissimus. 
Plantinus. 


—  24  — 

12.  —  Tlantin  à  Herman  Cruserius. 

(Il  a  reçu  le  manuscrit  de  Plutarque  tout  entier  ;  il  l'a  envoyé  au 
Censeur  à  Bruxelles,  et  se  dispose  â  rimprimer  avec  toute  la  diligence 
possible.) 

Prudentissimo  simul  ac  doctissimo  viro  D.  Hermanno 
Cruserio  S.  P. 

Acceptis  omnibus  quae  mihi  ex  Plutarcho  tuo  deerant, 
vir  integerrime,  Bruxellas  totum  opus  ad  parochum 
divae  Gudulae,  cui  librorum  examinandorum  demandata 
est  a  D.  Cancellario  provincîa,  misi,  ut  illo  a  se  subsi- 
gnato  et  approbato  nobis  privilegium,  quod  aiunt, 
imprimendi  ab  ipso  Cancellario  procuret.  Quibus  rébus 
confectis  ego  tanta  diligentia  et  festinatione  inter  impri- 
mendum  usurum  me  spero  ut  nunquam  de  me  conqueri 
merito  possis.  ' 

QjLiod  puer  autem  meus  antehac  tam  obscure  ad  te 
scripserit,  vir  humanissime,  ut  ex  scriptione  illius  assequi 
non  potueris,quid  a  nobis  expectandum  aut  a  te  faciendum 
esset,  id  imperitîae  juventutis  illius,  non  malitiae  adscri- 
bendum  existimo,  quod  alias  fortasse  non  accidet. 

Interea  Deum  opt.  max.  precor  ut  te  in  reipublicae 
literariae  commodum  nobis  diu  servet  incolumem.  Vale 
vir  ornatissime.  Ex  officina  nostra  typographica,  Idibus 
novemb.  1561. 

I.  Malgré  cette  promesse  Plantin  n'imprima  point  l'ouvrage  de 
Cruserius.  Ce  fut  la  crise  survenue  dans  ses  affaires,  en  15  62,  qui  l'en 
empêcha. 


—  25   — 

13.  —  Planiin  à  Etienne  Pighius, 

(Il  lui  envoie  trois  exemplaires  des  Fastonim  Tabulas  ;  l'artiste  qui 
doit  graver  sur  bois  les  médailles  des  empereurs,  Amnud  Nicolaï, 
Tamuse  de  trompeuses  promesses.) 

Doctissimo  viro  D.  Stephano  Pigghio  Reverendissimi 
domîni  Cardinalis  Granvellani  a  secretis 

S.  P. 

Mitto  ad  te  très  Fastorum  tabulas,  missurus  alias  très 
quamprimum  conglutinatse  fuerint,  quod  abhinc  2  dies 
futurum  spero.  Tum  erit  scribere  quot  pr^eterea  velis  a 
me  mitti.  Doleo  quod  non  tam  cito  neque  eo  quo 
volcbam  modo  absoluta  fuerit  impressio.  Qui  figuras 
numismatum  excidendas  susceperat  mihi,  credo,  illudit; 
vix  etenim  5  aut  sex  ab  illo  hactenus  extorquere  potui. 
Ego  alium^quaeram,  nisi  brevi  (quod  hodie  iterum 
pollicitus  est)  quae  habet  absoluta  reddiderit.  Ligna  ad 
reliquas  figuras  mîttam  cum  aliis  tabulis.  Vale.  Antver- 
piae,  21  novcmbris  1561. 


Nous  ne  possédons  de  la  correspondance  de  Plantin,  pendant  les 
dix  premières  années  de  sa  carrière  comme  typographe,  que  les  lettres 
peu  nombreuses  qui  précèdent. 

A  la  fin  de  1561,  il  fut  accusé  d'avoir  imprimé  un  livre  hétéro- 
doxe intitulé  'Briefvc  instruction  pour  prier.  Au  mois  de  mars  1S62, 
une  visite  domiciliaire  eut  lieu  chez  lui  et  trois  de  ses  ouvriers 
furent  arrêtés  et  condamnés.  Pour  se  soustraire  aux  suites  de  cette 
accusation,  lui-même  avait  quitté  Anvers  dans  les  derniers  jours 
de  décembre  1561  et  s'était  réfugié  à  Paris.  Afin  d'empêcher  que 
ses  biens  ne  fussent  confisqués,  il  les  fit  saisir  par  des  amis  qui  se 
disaient  ses  créanciers.  Tout  son  avoir,  y  compris  le  matériel  de  son 
imprimerie  et  le  fond  de  sa  librairie,  fut  vendu  publiquement  en 
avril  1562.  Cependant  l'instruction  judiciaire  n'ayant  constaté  à  sa 
charge  aucun  fait  contraire  à  la  religion  catholique,  il  put  rentrer 
dans  les  Pays-Bas  au  mois  de  septembre  1565. 


—  26  — 

Le  mois  suivant,  il  s'associa  avec  Corneille  et  Charles  de  Bomberghe, 
Jacques  Schotti  et  le  docteur  Goropius  Becanus  qui  lui  fournirent  les 
moyens  de  réorganiser  ses  ateliers  et  de  donner  une  plus  grande 
extension  à  ses  affaires.  L'association  prit  fin  dans  le  second  semestre 
de  Tannée  1 567  ;  à  partir  de  cette  date,  Plantin  exploita  son  officine 
pour  son  propre  compte. 

Les  lettres  conservées,  datant  des  années  de  l'association,  sont  en 
petit  nombre.  Ce  n'est  qu'à  partir  de  la  dissolution  de  celle-ci  que  la 
minute  de  la  correspondance  de  Plantin  nous  a  été  conservée  inté- 
gralement. 


14.  —  Pierre  Gassen  à  Plantin, 

Compère  et  amy.  Il  y  a  long  temps  qu'avec  désir 
j'attens  responce  de  mes  lettres  à  vous  escriptes  dès  le 
22*  et  26*  de  février  par  Jehan  de  La  Haye  et  despuys 
encor  du  4*  de  mars  par  Gabriel.  Et,  pour  ce  que  j'ay 
pour  quelques  amis  et  voysins  envoyé  par  dellà,  dans 
vostre  tonneau,  2  paques  de  marchandise  d'élite,  ils 
me  pressent  fort  et  prient  d'avoyr  de  moy  seulement  un 
mot  d'avis,  sy  tout  est  arrivé  en  bon  port  etc.,  et  pour 
ce  que  ces  jours  sont  arrivés  plusieurs  messagers  sans 
aucune  lettre  pour  moy,  cella  les  met  en  peyne.  J'aten- 
doys  aussy  vostre  responce  de  toutes  les  valeurs  et  cours 
des  eixpèces  que  vous  avoys  rescriptes  par  dellà,  car 
j'ay  ici  toutes  prestes  des  marchandises  d'élite  de 
plusieurs  ouvriers,  mais  pour  la  présente  qu'il  y  pourroit 
avoir,  ne  sachant  au  vray  le  cours,  j'en  diffère  fins  à 
vostre  responce  que  j'atens  d'eure  à  autre,  et,  l'ayant  eue, 
j'ay  tout  prest  à  vous  les  payer  avec  des  peaux  que  j'ay 
exprès  retenu,  pour  vous  envoyer  par  le  premier  voytu- 
rier,  une  balle,  laquelle  n'ay  voulu  envoyer  avec  deux 
grandes  balles  de  peaux  avec  le  poil  que  je  vous  ay 
envoyé  et  chargé  dès  le  21   du   présent   là   où  il  y  a 


—  27  — 

42  doeseynes  de  peaux  délivrées  à  Jaques  Uguebert, 
voyturier  de  Lisle  en  Flandres,  lequel  pourra  arriver  à 
Anvers  environ  le  commencement  d'avril ,  et  sont 
merquées  à  ma  merque  N**  2  et  3,  pesant  unze  cent 
72  ft  comme  verres  par  la  letre.  Estant  arrivées,  il  vous 
.  plaira  les  retirer  et  mètre  soit  chez  Enric  ou  alleurs, 
seurement  en  bonne  place  pour  les  déballer  en  bien 
payant  la  place  et  poynes  etc.  Car  notés  qu'il  y  a 
de  peaux  qui  ce  pourroient  gaster  estant  si  longtems 
enbalées,  estant  moellées  ou  humides  sans  estre  remuées 
s'empireroyent,  pourquoy  ne  faut  y  espargner  les  frés 
pour  les  fayre  bien  acoustrer  par  gens  à  ce  conoyssans. 
Saches  que  ce  qui  m'enuye  le  plus  que  n'ayés  ce  que  j'ay 
prest  pour  vous  envoyer,  c'est  pour  ce  qui  est  escheu  à 
Monsigneur  De  Bonbergue  *,  auquel  je  vous  supplie  me 
recommander  humblement,  le  priant  d'escuzer  pour  un 
peu,  à  cauze  des  difîcultés  susdites,  mais  par  quelques 
moyen  que  ce  soit  incontinent  vous  en  aurés.  Maistre 
Mathias  m'a  encor  bien  prié  d'avoyr  responce  de  2 
lettres  ou  paques  que  vous  ay  pour  luy  adressés  par 
Endrick  Andreley  et  mesmes  de  sçavoyr  comme  tout  ce 
porte  pardellà,  car  on  a  faict  ici  quelques  bruict  que 
l'on  persécutoit  par  dellà  aucuns  etc.  Le  bonhomme 
Monsieur  Damboylle  m'avoit  prié  et  Monsieur  de 
Varende,  et  moy  vous  pour  eux,  me  faire  ce  bien  d'avoyr 
de  la  graine  de  choux-fleur  des  melleures  que  l'on 
pourrait  avoyr  ny  recouvrer  par  dellà,  sans  y  espargner 
l'argent,  ce  que  je  prie  encor  et  suplye  fayre  sy  faict  ne 
l'avez. 
Le  sieur  Léonart  Jovin  m'a  ici  envoyé  une  lettre  pour 

I .  Corneille  Bomberghe,  associé  de  Plantin  et  négociant  â  Anvers. 


—  28  — 

vous  fayre  tenir  que  je  vous  envoyé  ici  incluse  et  il 
désire  en  avoyr  response  parcequ'il  dit  n'avoyr  encor  de 
lettre  de  vous,  partant  vous  prie  luy  respondre. 

J'atendoys  responce  des  soyes  de  couleur  organsins, 
que  vous  avoys  envoyées,  à  la  vérité  ce  qu'il  en  pourroit 
esire,  les  ayans  montrées  pour  dellà  en  avoir  avis,  corne 
aussy  de  musqué  et  ambre  gris  et  noyr  de  sieur  Manuel 
Poret  de  Paris,  qu'à  présent  il  le  veut  vendre  comme 
vous  avoys  rescrit  par  cy-devant.  Maistre  Jaques  '  m'a 
rescript  et  envoyé  quelques  mesures,  mais  le  pauvre 
homme  n'escrit  pas  bien  ny  intelligiblement,  pourcoy 
n'ay  pas  bien  seu  entendre  ce  qu'il  veut  dire  par  les 
mesures  qu'il  m'a  envoyé,  sy  c'est  la  longueur  ou  la 
largeur  des  peaux.  Pourcoy  seroit  bon  qu'il  me  les 
envoyast  encor  en  vostre  présence  pour  me  les  donner 
entendre.  Cependant  pour  la  bonne  volonté  qu'il  a  vers 
nous,  je  vous  prie  de  luy  bailler,  incontinent  la  présente 
veue,  trois  florins  en  atendant  que  je  le  payeroy  de  ce 
que  pour  moy  aura  faict  du  passé,  car  en  ce  que  pour 
moy  l'employerés,  je  vous  prie  le  bien  payer  inconti- 
nent, m'asseurant  qu'il  est  pouvrc  et  en   a  bon   besoin. 

Je  rescris  encor  audit  maistre  Jaques  une  lettre  cy- 
incluse  que  luy  baillerés,  s'il  vous  plaist,  et  la  luy 
pourrés  lire  et  donner  entendre,  afEn  qu'il  prene  garde 
à  nos  peaux  que  l'on  les  aseure  bien  et  que  seulement 
vous  ordoniés  ce  qu'il  aura  désigné,  et  s'il  y  veut  bien 
entendre  et  fidellement  servir,  pourrés  bien  aider  et 
soulager  en  le  payant  bien,  car  dores  en  avant  nous 
aurons  encor  plus  aflFayre  d'un  tel  homme  qui  aie  et 
viene  à  comandement  que  nous  n'avons  pas    encor  eu, 

I .  Maistre  Jaques cordouannier  (Journa  de  Plan  lin). 


—  29  — 

parceque,  outre  la  baie  des  8  1/2  doeseynes  N®  i,  il  en 
y  a  encores  aux  deux  baies  N**  2  et  3  quarante-deux 
douseynes  qui  seront  50  douseynes  1/2  qu'en  aurés 
par  dellà  bientost,  Dieu  aydant,  outre  encor  un  bon 
nombre  que  je  en  atends  encor  vers  ces  Pasques.  Et  en 
atendant  que  je  sois  par  dellà,  vous  prieray  de  donner 
encor  ordre  à  tout,  ainsi  que  verres  estre  bon  puisque 
tant  avés  faict  pour  nous,  et  moy,  estant  par  dellà  avec 
vous,  donnerons  ordre  d'avoyr  homme  et  paques  au 
magasin  comme  avions  proposé.  Faisant  fin,  me  reco- 
mandant  à  vous  et  ma  comère,  vous  priant  d'estre 
recomandé  au  bon  père  et  fils  aîné  \  et  à  tous  leurs 
amis  qui  sont  nostres,  priant  Dieu  estre  vostre  garde. 
De  Paris,  ce  24*  mars  1565. 

Vostre  compère  et  amy 
P.  Gassen. 
Je  vous  prie  que  par  le  premier  ayons  responce. 
A  Sire  Christofle  Plantin, 
imprimeur  au  Compas  d'or. 

Anvers. 


15.  —  Pierre  Gassen  à  Planlin. 

Cordial  amy  et  compère.  J'ay  receu  vostre  dernière, 
en  date  du  20*,  avec  les  greynes  de  choux,  dont  je  vous 
remercie,   et  voudroys   bien  en    avoyr  encor  pour  12 

I .  Le  bon  père  dont  il  s*agit  ici  et  dans  une  des  lettres  suivantes 
de  P.  Gassen,  est  probablement  Henri  Niclaes,  le  chef  de  la  secte 
religieuse,  la  Famille  de  la  OxirUéy  à  laquelle  Plantin  était  affilié  à 
cette  époque.  Le  fils  aîné  de  Henri  Niclaes  était  établi  à  Anvers.  La 
secte  comptait  plusieurs  adhérents  à  Paris,  et,  si  notre  supposition 
est  iondée,  Pierre  Gassen  était  du  nombre.  Voir  ;  Max  Rooses, 
Christophe  Plantin,  chap.  IV, 


—  30  — 

patards,  tout  de  la  melleure  que  pourrés  recouvrer. 
Vosdites  letres  nous  ont  donné  grand  soulagelement- 
entendant  qu'aviez  receu  vostre  tonneau  et  baie  tout 
bien  conditioné,  car  il  y  en  avoit  eu  poyne  à  cauze  des 
paques  etc.  Je  vous  remercie  de  la  dilligence  faite  à 
fayre  acoustrer  nos  peaux,  desquelles  avons  bien  fort 
afFayre,  estans  à  présent  toutalement  dessortis  desdiies 
sortes.  Je  suys  bien  ayse  que  puissions  avoyr  à  coman- 
dement  le  pouvre  maistre  Jaques  à  nous  servir,  en  le 
bien  payant  et  qu'il  soit  loyal  et  secret,  et  m'avés  faict 
plésir  de  lui  avoyr  preste  ou  baillé,  pour  des  gages,  son 
lit.  Je  vous  ay  en  çà,  par  mes  dernières,  prié  luy  bailler 
encor  3  fl.  ;  vous  mettrés  tout  sur  mon  conte.  Et  s'il 
vous  semble  bon,  je  seroys  d'avis  de  luy  donner  encor 
dores  en  avant  2  ou  3  patards  par  jour  pour  s'employer 
tous  les  jours  une  heure  au  matin  et  autant  au  soyr 
pour  nos  afFayres,  ainsi  que  luy  ordonnerés  et  principal- 
lement  à  veoyr,  deux  foys  le  jour,  les  courroyeures  qu'ilz 
diligentènt  nostre  besogne  et  la  fassent  bien  tout  le  mieux  * 
que  possible  sera.  Mesmes  le  pourriez  envoyer  à  Malines 
vers  la  béguine,  et  veoyr  là  le  cours  et  nombre  des 
marroquins  qu'il  y  a  et  les  pris  au  vray,  chose  qui  nous 
pourroit  bien  servir  de  le  bien  sçavoyr.  Et  par  ainsi  le 
pourriez  employer  en  tout  ce  qui  pour  nous  seroit 
besoin  et  que  conoistriez  qu'il  pourroit  ou  voudroit  bien 
fayre,  et  alors  le  payer  ses  journées  ou  despens  raiso- 
nablement,  ainsi  que  verriés  estre  bon.  Car  je  seroys 
bien  ayse  que  vous  fussiez  soulagé  de  tant  de  poynes  et 
par  trop  à  mon  gré  d'empêchement  que  je  vous  donne, 
et  que  seulement  vous  fissiez  les  ordonances  et  comander 
ce  que  luy  ou  autre  pour  moy  auroit  affayre  et  tenir  la 
quesse  pour  les  payer  seulement. 


—  31  — 

Je  rescris  audit  maistre  Jaques  ;  vous  verres  la  lettre 
et  en  ferés  comme  bon  vous  semblera  et  de  tout  serés 
avoué,  vous  priant  me  donner  avis  de  ce  qui  vous  en 
semble  et  sy  cella  sera  bon  ainsy  de  remployer  ainsi 
pour  nous  etc. 

J'ay  ici  quelques  portugoises,  et  anges  neufs  et  ma- 
rionettes  *  et  voudroys  bien  sçavoyr  le  juste  pris  qui 
valent  par  dellà  pour  etc.  Monsieur  Canaye,  lequel  de 
jour  à  autre  attent  de  son  frère  une  lettre  de  change  de 
500  îb  de  gros  m'a  promis  en  prendre  de  moy  300  ft 
de  gros  pour  les  vous  payer  par  dellà,  et  suys  après  tous 
les  jours  pour  la  retirer  et  vous  l'envoyer,  ce  qu'il  m'a 
promis  et  dit  qu'il  ne  peut  passer  3  jours  qu'il  n'aye 
les  letres,  ce  qui  me  tarde  et  m'enuye  plus  que  toutes 
mes  autres  aflfayres,  pour  ce  qui  est  deu  à  monseigneur 
de  Bombergue,  et  ne  tient  d'argent  lequel  est  tout 
prest,  grâces  à  Dieu,  et  davantage,  mais  la  perte  est 
partout  grande,  les  pistoles  valent  30  s.,  les  escus  sol 
52  s.  parcoy  n'y  a  ordre.  Il  faut  autre  moyen,  pourcoy 
vous  prie  escuser  pour  un  peu  etc,  espérant  que  nous 
contenterons  tout  avec  raison. 

Le  21' du  présent,  j'ay  chargé  par  Jaques  Uguebart, 
voyturier  de  Lisle,  deux  balles  grandes,  N°  2  et  N°  3, 
merquées  à  ma  merque  à  vous  adressant,  là  où  il  y  a 
42  douseynes  de  peaux.  Lesquelles  je  vous  suplyeroy 
entendre  et  les  retirer,  desbaler  et  fajnre  merquer  et 
prendre  avec  maistre  Jaques  encor  un  homme  pour  luy 
ayder  à  les  bien  merquer,  plus  tost  à  double  merque,  et 
en  fa)Te  fayre  une  toute  la  melleure  et  la  plus  mal 
aysée  à  contrefayre  que   possible  sera,   en  payant   le 

I.  Noms  de  difiérentes  monn^des. 


—  32  — 

graveur  plus  tost  au  double,  car  notés  que  cella  nous 
est  et  sera  encor  plus  que  nécessayre,  parceque  nous 
avons  de  fort  belles  et  grandes  peaux  et  fortes,  et,  sy 
les  courroyeurs  ne  nous  estoient  loyaulx,  cela  nous 
causeroit  une  ruyne.  Pourtant  je  vous  prie  en  fayre  une 
bone  ordonance,  coy  qu'il  couste,  que  soyons  en  seureté 
sans  dire  mot  pour  etc. 

Et,  estant  ainsi  bien  merquées,  les  livrerés  pour  bon 
conte  aux  courroyeurs,  aux  deux  frères  *,  les  priant,  s'il 
vous  plaist,  de  les  passer  et  acoustrer  le  plus  tost  et  le 
mieux  qu'il  leur  sera  possible,  les  laissant  les  plus  fortes 
qu'ils  pourront  sans  les  afFoyblir,  car  se  sont  les  plus 
fortes  qui  sont  les  plus  propres  pour  nostre  affayre  et 
puys  beau  grain  et  beau  lustre,  etc. 

Compère,  il  nous  sera  besoin  conoistre  quelques  bon 
marchant  qui  fasse  bon  trafique  de  somac  '  pour  passer 
nos  peaux,  et  parceque  j'espère  qu'il  nous  en  faudra, 
avec  le  temps,  cantité,  et  mesmes  qu'ores  à  présent 
(pour  avisio)  nous  avons  bien  desjà  cent  douseynes  de 
peaux  avec  le  poil  et  plus,  pourtant  je  vous  prie  y  bien 
aviser.  Les  deux  courroyeurs  et  maistre  Jaques  conois- 
sent  bien  ceux  qui  ce  mellent  dudict  somac  d'Espagne  et 
savent  bien.  Notés  que  l'on  les  baille  à  long  terme 
estant  asseurés  etc.,  come  vous  pourrés  bien  sçavoir  par 
moyen  des  deux  frères  et  de  maistre  Jaques  tout  le 
discours.  Et  faut  entendre  que  je  ne  veux  que  du  bon 
somac  noveau,  car  notés  que  le  no  veau  faict  plus  belle 
marchandise  et  mieux  nourie  sans  conparayson  que  le 
vieux  somac  éventé  etc.  Pourtant  pour  la  première  balle 
en  prendrés  du  nouveau  et  du  meilleur,   tout  ainsi  que 

X.  Jean  et  Pierre  Boziers. 
2.  Sumac. 


-  33  ~ 

verres  bon  estre.  Je  escris  à  maistre  Jaques  ;  vous  verres 
la  lettre  et  la  luy  baillerés,  sy  elle  vous  semble  bien  ainsi, 
ou  bien  en  ôterés  ou  accoustrerés  ou  la  garderés  sy  bon 
vous  semble  *,  luy  en  baillant  une  autre  en  mon  nom, 
affin  qu'il  nous  serve  en  nos  affayres  en  le  payant  ;  en  ce 
que  le  verres  estre  propre  et  de  bonne  volonté  Tem- 
ployerés,  en  atendant  que  je  puisse  partir  pour  vous  aler 
veoyr,  que  sera  non  si  tost  que  je  voudroys,  mais  le 
plus  tost  que  je  pourroy,  comme  environ  ses  pasques, 
car  j'atends  Jehan  Gassen  *,  qui  sera  yci  dans  15  jours. 
Et  puis  cependant  je  fais  bastir  nostre  maison  de  la 
corne,  contre  nous,  et  la  fais  bien  acomoder,  pour  nous 
loger  et  nos  amis  bien  et  au  large,  et  pour  paquer  et 
despaquer  sans  le  seu  ny  ouye  de  nos  envieux  et  beau- 
coup d'autres  bonnes  comodités,  come  j'espère  que  vous 
mesmes  expérimenterés  bien  tost,  car  il  y  aura  pour 
vous  bonne  chambre,  contoyr  et  place  pour  vostre 
cheval  et  paques  etc.  Je  suys  bien  ayse  de  la  venue  de 
vostre  Jehan  '  pour  vostre  soulagement  ;  j'espère  qu'il 
nous  poura  conter  la  vérité  des  traffiques  de  Venise. 

1.  La  lettre  adressée  à  Maistre  Jacques  a  été  gardée  par  Plantin 
et  s'est  conservée.  Elle  porte  Tadresse  •  A  Maistre  Jaques  le  Cordonier 
Anvers,  t  et  ne  nous  apprend  rien  de  nouveau,  si  ce  n*est  que  les 
deux  corroyeurs  dont  il  est  souvent  question  s'appelaient  Jean  et 
Pierre  et  étaient  établis  aux  •  Gasthuisbeemden  »  à  Anvers. 

2.  Jehan  Gassen^  neveu  de  Pierre  Gassen,  voyageant  pour  le 
commerce  de  son  oncle. 

3.  Jean  Moerentorf  ou  Moretus^  le  futur  beau-fils  de  Plantin,  né  à 
Anvers  le  22  mai  x  543  de  Jacques  Moerentorf  et  d'Adrienne  Gras. 
II  entra  au  service  de  Plantin  en  1557.  En  1562,  lorsque  les  ateliers 
de  l'imprimeur  lurent  fermés,  il  se  rendit  à  Venise  et  y  resta  jusqu'en 
1565.  A  cette  époque,  il  rentra  chez  Plantin,  dont,  en  1570,  il  épousa 
la  seconde  fille,  Martine.  Il  était  spécialement  chargé  de  la  vente  des 
livres  et  tenait  les  comptes  de  l'officine. 

3 


—  34  — 

J'atens  la  response  de  la  soye  organsin  et  de  ce  que 
vous  semble  des  autres  2  sortes  apellées  or  de  ducat 
et  soye  à  coudre.  Je  en  ay  veu  manier  à  maistre  Jaques  ; 
pourtant  employés  le  à  le  fayre  trotter  pour  en  savoyr 
au  vray  la  conclusion,  car  on  me  presse  de  responce  et 
mesmes  de  musqué  et  ambre  gris  et  noyr. 

Je  vous  prieray  me  doner  avis  que  ce  que  vous  semble 
des  peaux  envoyées,  et  mesmes  quelle  opinion  en  ont 
les  deux  courroyeurs  et  maistre  Jaques  des  3  premières 
baies,  car  nous  avons  bien  moyen  de  continuer.  Mesmes 
je  en  ay  de  celles-là  où  il  y  a  eu  de  Tuylle  bien  130 
peaux,  prestes  à  vous  envoyer  par  le  premier  voyturier. 
Faisant  fin,  me  recomandant  à  vous  et  à  tous  les  amis, 
priant  Dieu  estre  vostre  garde.  De  Paris,  ce  premier 
d'apvril  1565. 

Vostre  entièrement 
compère  et  amy 
P.  Gassen. 

Je  vous  prie  fayrc  tenir  l'incluse  à  Sr  Minary,  Italien, 
qui  fut  compagnon  de  pellissery. 

Maistre  Jaques  m'a  donné  avis  pour  avoyr  des  mou- 
tons de  Berry,  mais  je  n'ay  pas  bien  entendu  sa  lettre. 
Je  vous  prie  luy  demander  l'intelligence  et  me  le  rescrire 
par  vos  premières  que  je  l'entende. 

A  Sire  Christophe  Plantin, 

Anvers. 
Payé  2  patards. 


—  3S  — 

i6.  —  Pierre  Gassen  à  Plantin. 

Cordial  amy  et  compère.  Le  5*  du  présent,  vous  ay 
escript  mes  dernières,  et  despuys  j*ay  receu  les  vostres 
du  dernier  mars,  ensemble  2  rézeaux  de  nos  incons- 
tantes béguines.  Or,  je  me  doute,  comme  je  vous  ay 
escript,  que  quelques  uns  de  nos  voysins  a,  en  achetant 
des  filz  de  cloistre,  descouvert  les  ouvrières,  qui  pouroit 
estre  la  cauze  de  les  renchérir  ainsi.  Mais  tant  y  a  que, 
pour  la  cauze  que  je  en  ay  promis  quelques  nombre  à 
rozes,  il  nous  les  faut  avoir  plus  tost  leur  mot  (sy 
mieux  on  ne  peut),  pourveu  qu'elles  les  fassent  bien 
beaux  et  de  beau  fil  et  qu'elles  m'en  despeschent  davan- 
tage, comme  elles  promettent  à  4  florins  10  patars.  Il 
me  semble  qu'il  ne  sera  mauvays  de  sy  bien  serrer  le 
marché  qu'elles  ne  varient  plus  et  leur  fayre  promettre 
par  escript  et  jurer  par  la  foy  de  billouart  ou  de 
béguine  de  ne  plus  leur  dédire,  et  que  maistre  Jaques 
y  aile  en  vostre  faveur  leur  fayre  prester  le  serment 
solenel  etc.  Et  faut  qu'elles  les  fassent  dores  en  avant 
tous  cou  vers  de  rozes  de  4  fl.  10  patars,  et  en  retirer, 
estans  achevez,  tout  ce  que  pourrés  pour  nous  les 
incontinent  envoyer.  Je  vous  ay  escript  avoyr  délivré 
au  compère  Lucas  Brayer  ',  pour  vous  envoyer,  434  fis. 
14  1/2  patars  en  un  pasque  etc. 

Je  suys  encor  après  pour  avoyr  une  lettre  de  change 
comme  vous  ay  escript,  aflin  de  ne  perdre  tant  sur  les 
cxpèces  etc.,  car  j'ay  yci  tout  prest  de  long  temps,  pour 
vous  envoyer,  sy  la  comodité  se  seroit  offerte  de  pouvoyr 
changer,  et  suys  marri  de  tant  tarder.  Qpi  est  la  cauze 

I .  Lucas  Brayer,  libraire  à  Paris. 


-36- 

qui  me  faict  par  tous  moyens  chercher  la  comodité  que, 
par  marchandises,  vous  puissiez  par  dellà  avoyr  la  quesse 
mieux  garnie  etc.  Je  suys  esbay  que,  par  maistre  Jaques 
ou  vous,  je  n'aye  encor  eu  quelques  mots  d'avis  despuys 
que  vous  avez  veus  et  montrés  les  botes  de  soye 
d*organssin,  parce  que  cella  m'importoit  et  désireroys 
d'en  savoyr  au  vray  ce  que  par  dellà  on  en  sçauroit 
fayre.  Je  vous  prie  d'y  employer  ledict  maistre  Jaques  ; 
qu'il  sache  partout  et  montre  l'une  bote  après  l'autre 
d'après  mon  dernier  avis  et  mcsmes  des  autres  que 
je  vous  ay  encor  envoyé.  J'ay  y  ci  quelques  nombre 
de  peaux  de  boucz  avec  le  poil,  là  où  il  y  a  eu  des 
huylles  d'olive,  et  suys  d'avis  de  les  envoyer  par  dellà, 
et  voudroys  bien  en  avoyr  vostre  avis  et  conseil,  sçavoyr 
sy  elles  seront  (comme  je  pense)  aussy  bonnes  que  les 
autres  par  dellà,  car  il  y  en  a  de  belles  et  bien  grandes 
et  parce  que  seront  bien  fortes.  Pourtant  je  vous  prie 
d'en  communiquer  en  devisant  avec  nos  corroyeurs, 
sans  fayre  autre  semblant  etc.,  et  sçavoyr  sy  elles  seront, 
estans  passées  en  somac,  aussy  bonnes  que  celles-là  où 
il  n'y  a  point  eu  de  l'uylle.  On  en  a  passé  par  dessà  à 
nostre  mode  qui  se  sont  bien  portées  et  sont  forts 
souples  et  douces,  mais  j'ay  en  volonté  de  les  fayre 
acoustrer  à  la  mode  de  par  dellà  et  voudroys  avoyr 
donné  un  escu  pour  avoyr  desjà  la  responce,  et  pourtant 
je  vous  prie  que  par  le  premier  ou  par  la  poste  m'en 
doniés  avis  de  ce  que  en  aurés  peu  entendre,  affin  que 
par  là  je  puisse  mieux  conclure  de  envoyer  tout  ou 
partie  par  dellà. 

Maistre  Mathias,  '  chirurgien,  m'avoit  plusieurs  foys 
prié  de  vous  prier  et  rescrire  d'avoyr  responce  et  novelles 
d'Andric  Andreley,  et  de  deux  paqués  que  je  vous  ay 


—  37  — 

envoyez  pour  luy.  Je  vous  avoys  aussy  prié  donner,  en 
mon  nom,  seulement  un  formage  d'Auvergne  audict 
Endric  et  le  prier  que,  en  payant,  nous  ayons  lieu  pour 
paquer  et  débaler  nos  marchandises,  en  atendant  que 
vous  ayés  toute  vostre  maison  à  comandement  pour 
nous  en  louer.  Je  youloys  acheter  encor  des  formages 
d'Auvergne  pour  vous  envoyer  et  pour  les  amis,  mais 
cregnant  que,  à  cauze  de  caresme,  on  ne  fût  escandalisé 
etc.  nous  avons  différé  fins  à  ces  pasques. 

Je  vous  avoys  par  cy-devant  mandé  que  j'avoys 
livré  à  compère  Brayer  des  pièces  d'eslite  pour  434  fl. 
14  1/2  patars.  Il  me  vient  présentement  dire  que  il  a 
livrée  ladite  marchandise  d'eslite  à  Claude  du  Boys 
présent  porteur,  et  y  a  en  espèces  ce  qui  s'ensuit  :  5 
portugueses,  14  escus  de  la  reyne,  31  marionettes, 
8  1/2  daldres,  72  1/4  Philipus  daldres  d'or  ou  d'argent, 
20  réaux  d'or,  2  cavalos  *,  2  Philipus  d'or,  3  Carolus 
d'or  ou  d'argent,  93  1/2  reaies  de  3  1/2  par  pièce,  ou 
la  valeur  en  plusieures  sortes  desdits  reaies,  20  estootres 
d'Engleterre,  qui  est  tout  ce  que  trouvères  dans  ledit 
paquet.  Je  vous  envoyeray  tout  l'acompliment  pour 
le  reste,  tant  pour  Monseigneur  De  Bombergue,  que 
pour  nos  ouvriers,  et  autres  choses,  et  n'eust  esté  la 
crainte  du  mauvais  chemin  etc.,  je  en  eusse  mis  davan- 
tage. 

Cependant  je  vous  prie  par  ma  gouvernante  Catherine 
Plantin  *  faire  sy  bien  soliciter  toutes  nos  ouvrières  que 

1 .  Cavalos.  Plantin  en  annotant  dans  soi^  «  Journal  des  affaires 
de  Pierre  Cassen  •  la  réception  de  cette  somme,  donne  à  cette  mon- 
naie le  nom  de  «  Ridders  t.  Le  Ridder  ou  Ryder  d'or  était  une 
pièce  à  refHgie  d*un  cavalier  et  valait  2  R.  8  s. 

2.  Catherine  Plantin,  troisième  fille  de  Plantin,  était  spécialement 


-38- 

nous  ayons  ce  que  par  les  mémoyres  avons  demandé, 
car  à  présent  nous  sommes  ausi  dessorties  des  sortes 
demandées  ;  pourtant,  avec  nostre  première  baie  de  peaux 
ou  par  ce  porteur  et  compagnons,  vous  prions  les  envoyer. 
Si  nous  achetés  des  coffres  à  barres  pour  nous  envoyer 
nos  peaux  dedans,  s'il  vous  plaist,  vous  les  prendrés 
moyens  de  14  barres,  car  on  n'accepte  point  tant  les 
grands,  et  qu'ils  soyent  de  belle  couleur,  comme  vert 
sur  vert  et  quelques  belle  couleur  rouge  ou  bleu  parmy. 
Les  faisant  bien  paquer,  il  seroit  bon  acheter  du  pappier 
pour  mètre  partout  le  dessus  et  devant,  avant  que  de 
mètre  la  paille  pour  ce  que  la  poudre  et  paille  s'atache 
contre  et  gaste  la  pinture.  Je  vous  sohayte  encore  deux 
pièces  de  vin  les  frères  du  vostre,  Tune  pour  vous  pour 
succéder  au  vostre,  et  l'autre  pour  le  bon  père  *.  Duquel 
et  de  ses  enfans,  je  désire  et  vous  prie  que  nous  mandiés 
des  novelles  et  comme  tout  ce  pone  par  dellà.  Les 
voytures  sont  sy  chères  et  le  danger  d'estre  le  vin  beu 
et  gasté  par  les  chemins  que  je  suys  d'avis  pour  le 
présent  que  sy  par  dellà  en  trouviez  comme  je  pense  du 
bon  [à]  acheter  que  en  preniés  une  couple  de  bonnes 
pièces,  je  entens  sur  mon  conte,  l'une  pour  vous,  l'autre 
pour  envoyer  et  fayre  tenir,  ce  que  je  vous  suplie,  bien 
tost  à  bon  père,  avant  que  les  chaleurs  viennent,  espé- 
rant par  grâce  en  aler  boyre  ma  part  du  vostre  et  du 
sien  pour  nous  rafraîchir  à  ce  beau  temps,  m'assurant 
que  le  bon  père  ne  nous  donne  pas  seuUement  de  ce 
vin-là,   mais  qu'il  nous  en  donnera  et  présentera  encor 


chargée  des  affaires  de  Pierre  Gassen  à  Anvers.  En  1571,  elle  épousa 
le  neveu  de  ce  dernier,  Jean  Gassen. 
I.  Henri  Niclaes. 


—  39  — 

d'autre,  pour  nous  sans  comparayson  le  plus  excellent  et 
plein  de  bonne  odeur  *.  Je  désire  sçavoyr  sy  maistre 
Jaques  vous  peut  soulager  en  mes  afFayres  en  le  payant, 
ainsi  que  verres  estre  bon,  comme  vous  escript. 

Faisant  fin  à  la  présente,  me  recommandant  à  vous  et 
à  tous  nos  amis  en  général,  désirant  sçavoyr  sy  nostre 
amy  André  a  achevé  sa  besogne,  de  laquelle  je  veus  estre 
participant,  et  aux  frères,  sans  oublier  ma  comère 
Plantin  et  toute  vostre  famille,  ensemble  nostre  jardin 
pour  aller  jouer  avec  les  susdits,  priant  Dieu  estre  garde 
de  nous  tous  et  vous  de  fayre  bien  acoustrer  le  jardin 
en  temps  et  saison  et  non  sans  fayre  boyre  etc.  De 
Paris,  ce  7*  avril  1565,  par 

Vostre  compère  et  à 
jamais  amy 

P.  Gassen. 

Mes  massons  et  le  messager  ne  m'ont  point  tant  hâté 
à  ceste  foys  que  ma  dernière  qui  est  cauze  qu'à  présent 
en  avés  plus  belle  lettre. 

A  Sire  Christophle  Plantin, 
imprimeur,  demeurant, 
au  compas  d'or  en  Camestraete 

Anvers. 
Paies  de  port 
deux  patars. 

I.  C'est-à-dire  le  vin  de  sa  doctrine. 


—  40  — 

17.  —  Pierre  Gassen  à  Plantin 

Compère  et  amy.  Serés  averti  que  j*ay  receu  vos 
dernières  du  3*  et  despuys  par  JuUien  une  cscripte  avec 
son  meith  (?)  sans  date,  ensemble  un  petit  paquet  et  le 
contenu  au  mémoyre.  J'ay  faict  vos  recomandations 
aux  amis  tous,  qui  en  font  envers  vous  le  semblable.  Je 
suys  grandement  joyeux  de  l'arrivée  de  vostre  Jehan  * 
pour  vostre  soulagement,  liberté,  etc. 

J'ay  faict  vos  excuses  envers  Boybaux.  Je  vous 
remercie  bien  fort  de  l'avis  des  cuyres  et  exposition  des 
letres  et  avis  de  maistre  Jaques,  duquel  vous  ayderés 
en  mes  affayres,tout  ainsi  et  autant  que  verres  estre  bon, 
car,  if  présent,  j'ay  bien  affayre  d'une  personne  pour 
entendre  à  mes  affayres  par  dellà,  principalement  aux 
cuirs  de  les  bien  merquer  et  en  dilligence  les  fayre 
passer  et  corroyer  et  solititer. 

J'espéroys  vous  aler  veoyr  devant  pasques  ;  mais,  pour 
n'avoyr  letres  de  Jehan  Gassen  il  y  a  un  moys,  m'est 
besoin  atendre  des  nouvelles  de  luy  avant  que  partir 
pour  donner  ordre  à  quelques  marchandises,  mesmes 
des  cuyres  qu'il  a  chargés  que  j'atens  tous  les  jours  bon 
nombre.  Le  22*  mars,  vous  en  ay  envoyés  2  balles 
par  Jaques  Huguebert,  voyturier  de  Lisle,  là  où  il  y  en 
avoyt  42  douseynes,  desquelles  balles  n'ay  nul  avis 
que  les  ayés  encor  receux  et  faites  mètre  en  la  chaux, 
ce  que  je  vous  prie  de  fayre  le  plus  tost  que  l'on 
pourra.  Car  sachez  qu'il  m'en  vient  bon  nombre  et  sera 
requis  grande  dilligence  etc.,  pour  auprès  et  à  mesure 
qu'elles  arriveront  les  fayre  comencer  à  mètre  en  chaux 
pour  ne  perdre   mais  gaigner  le   temps  et  la  saison, 

I.  Jean  Moercniorf  ou  Moretus. 


—  41  — 

laquelle  est  tardée  pour  nous.  A  cauze  des  pestes 
n'avons  peu  avancer.  Sachez  que  présentement  nous 
alons  paqer  300  peaux  pour  vous  envoyer  et  ay  mar- 
chandé à '  .voyturier  par  terre  de 

Valenciene,  qui  vous  mena  la  première  balle  et  promet 
que  les  vous  livrera  avant  Casimode  ;  ce  sont  celles-là  où 
il  y  a  eu  dos  huylles  d'olive  dedans  et  est  une  belle 
marchandise  et  grande,  et  m'assure  qu'elle  sera  bonne, 
si  elle  est  bien  et  fidellement  passée  etc. 

Mais,  compère,  je  vous  prie  entendre  ce  qui  est  en 
cella  requis,  autrement  toutes  les  peaux  seroient  gastées, 
c'est  qu'il  est  fort  nécessayre  que,  incontinent  que  le 
voyturier  sera  arrivé  [à]  Anvers,  avoyr  soin  de  le: 
retirer  et  prontement  les  fayre  desbaler  et  mètre  à 
l'essor  ou  évcnt,  cregnant  que  ne  se  gastent  et  eschauf- 
fcnt  ensemble  pour  ce  urdoir  et  perdre.  Et  le  melleur 
sera  de,  incontinent  estre  desballées,  prendre  des  gens  et 
les  fayre  merqer,  et  à  la  mesme  heure  les  livrer  aux 
deux  frères  pour  les  getter  dans  la  chaux,  et  pour  ceste 
cauze  vous  en  ay  bien  voulu  donner  plus  tost  avis,  affin 
de  vous  prier  d'en  parler  aux  courroyeurs  pour  qu'ils  se 
préparent  et  gardent  une  place  et  vaisseau  pour,  incon- 
tinent estre  arrivées,  les  mettre  en  besongne,  et  les 
pouvés  bien  assurer  que  s'ils  me  sont  loyaulx  et  fidelles 
et  uzent  envers  moy  de  dilligence,  que  je  les  feray 
resjouir,  qu'ils  vous  ont  coneu  estant  leur  voysin  en 
Gastuys  bembde  ',  car  estant  telz  que  dessus  vous  leur 
aurés  amené  bon  profEt  etc. 

1.  Mahieu  Pasquier. 

2.  Gasthuisbeemden  :  terrains  non  bâtis,  près  de  Tancienne  porte 
S«  Georges  à  Anvers,  traversés  par  la  rue  qui  s'appelle  actuelles 
ment  la  rue  Léopold. 


—  42  - 

« 

Le  compère  Lucas  *  fera  pour  vous  baller  un  tonneau 
auquel  je  metray  quelqes  chose  etc.  et  aurés  bien  tost 
Tacompliment  de  tout  ce  qu'il  vous  faut  et  outre,  car 
tout  est  prest  et  serons  par  grâce  tous  contens.  Mais 
cependant  je  vous  suplye  que  nos  affayres  s'avancent  et 
que  ne  tiene  à  l'argent  et  bien  payer  pour  avoyr  des 
gens  n'espargnant  les  frés  etc.,  car  nous  les  ferons  par 
grâce  bien  revenir,  mais  que  soyons  servis  en  dilligence 
et  fidellement. 

Le  messager  me  presse  et  aussy  me  faut  paqer  pour 
Lion  et  Anvers  et  j'ay  bien  faim,  aussy  a  le  curé  et 
nostre  amy  Porret,  lesquels  avec  maistre  Aubin  [et]  mes 
maceurs  vienent  diner  avec  moy,  mais  non  sans  boyre 
et  manger  à  vous  et  à  tous  les  bons  amis,  et  prions 
d'estre  recomandés  etc.  De  Paris,  ce  14  Avril  1365,  par 

Vostre  compère  et  amy 
P.  Gassen. 

Ma  femme  qui  ce  recomande  à  vous  et  la  vostre 
et  Rachel,  à  ses  compagnes  Plantines  prient  que  leur 
envoyés  leurs  rézeaux  achevés  et  les  ouvrages  que  par 
plusieurs  mémoyres  ont  demandé,  car  c'est  à  présent 
leur  marchandise  et  point  la  miene  et  sont  à  présent  fort 
mal  sorties. 

Au  Sire  Christophle  Plantin, 
imprimeur,  demeurant 
en  Camestraetc,  au  compas  d'or, 

Anvers. 
Paiez  de  port  deux  patars. 

I.  Lucas  Brayer. 


—  43  — 

i8.  —  Tierre  Cassen  à  Plant  in. 

Compère  et  amy.  Toutes  recomandations  prémises, 
serés  averty  que  j'ay  par  Jaques  le  flamen  et  de  Chasteau 
receu  deux  petis  paqés  de  lingerie  et  les  2  rézeaux 
couvers  de  rozes,  le  tout  a  esté  bien  venu  pour  estre 
dessortis  par  trop  à  présent. 

J'ay  receu  la  balance  de  mes  contes,  mais  je  n'ay  peu 
encor  avoyr  nul  loisir  de  la  veoyr  par  l'empêchement 
de  mes  massons,  charpentiers,  couvreurs  et  ma  femme 
malade,  qui  est  assés  d'empêchement  pour  une  foys. 

J'ay  receu  vos  letres  du  8  et  13  du  présent  et 
mesmes  pour  vos  amis  les  maistres  des  enfans,  lesquelles 
nous  avons  acompli  pour  le  temps  et  acomplirons  de 
tout  nostre  pouvoyr,  celon  le  désir  de  messieurs  leurs 
père  et  mère,  et  tout  ainsi  que  de  bone  et  grande  afec- 
tion  Tavés  mandé  et  recomandé,  et  mesmes,  pour  la 
singulière  dévotion  que  j'ay  de  fayre  agréable  service  de 
toutes  mes  forces  à  Monseigneur  de  Bombergue  et  à 
tous  ses  amis  et  serviteurs  pour  l'amour  de  luy,  n'ayant 
mis  en  rien  oubly  des  biens  que  je  sçay  par  vostre 
tesmoynage  qu'avés  receu  de  luy,  et  mesmes  que  de  sa 
grâce  vous  a  pour  moy  oflFers.  Pourcoy  vous  pouvés 
bien  asseurer  mes  dis  seigneurs  qu'ils  nous  ont  yci  pour 
leurs  fidelles  amis  et  serviteurs  et  que  Messieurs  leurs 
enfans  ne  défaudra  or  ny  argent,  logis  et  service  et 
faveurs,  soit  en  santé  ou  maladye,  le  cas  avenant,  et 
qu'ils  ne  facent  qu'ordonner  et  nous  comander.  J'ay 
présentement  veu  les  enfans  et  nôtre  et  ce  portent  fort 
bien,  et  mesmes  le  plus  grand  dit  ce  porter  yci  mieux 
que  par  dellà. 

J'ay  incontinent  avoyr  receu  vostre  dernière  cherché 


—  44  — 

et  trouvé  l'autre  escolier  Clément  de  vostre  letre  oubliée 
en  vostre  comptoyr  et  Tay  faict  content,  come  verés 
par  sa  quîtance  que  je  vous  envoyé  dans  ses  incluses 
escripte  en  latin. 

Sachez  que  ce  jourduy  est  parti  de  ceste  ville  Mahyeu 
Pasquier,  voyturier  de  Valencenne,  auquel  j'ay  baillé  et 
chargé  cinq  paniers,  là  où  il  y  a  852  peaux  avec  le 
poil,  dont  les  4  sont  grandes  mânes  ou  paniers,  et  le 
5*  est  plus  petit,  pesans  tous  ensemble  4250  ft,  que 
j'ay  acordé  à  35  s.  ts.  pour  chascun  cent,  poys  et  mon- 
noye  de  Paris,  à  la  charge  de  les  vous  rendre  en  vostre 
maison  [à]  Anvers,  dans  12  jours,  qui  sera  le  4  ou 
5  juin.  Il  vous  playra  y  fayre  prendre  garde  et  les 
retirer  incontinent,  despaqer,  conter  et  les  fayre  bien 
merqer  et  mètre  en  chaux  etc.  Cependant  et  en  les 
atendant,  je  vous  prie  de  préparer  et  fayre  diligenter  les 
deux  baies  des  42  douseynes,  afEn  d'estre  prestes  pour 
les  charger  par  ledit  Mahyeu,  affin  que  nous  les  ayons 
pour  le  lendit  pour  ne  perdre  nos  chalans  etc. 

Mais  notés  que  dans  le  plus  petit  panier  un  nostre 
amy  a  mis,  au  milieu  des  peaux,  un  paqet  envelopé  de 
toille,  là  où  il  y  a  un  escripteau,  pour  l'adresser  là  où 
il  le  faut  bailler  et  poise  quelqes  demy  cent.  Je  vous 
prie  les  fayre  desbaler  en  vostre  présence  et  le  retirer  et 
rendre  à  qui  il  s'adresse,  seurement,  en  payant  bien  le 
port,  etc. 

Je  vous  envoyé  cy-dedans.  vos  2  autres  letres  «de 
change.  J'atends  vostre  responce  encor  une  foys  pour 
sçavoyr  sy  Jaques  Dupuys  sera  encor  revenu  ou  envoyé, 
ou  du  tout  rien,  car  cela  me  tient  en  aboy,  ne  sachant 
qu'il  fera,  affin  de  tenir  prest  ce  qu'il  faudroit  pour  luy, 
autrement  je  vous  eusse  desjà  paquée  et  envoyée  de 


—  45  — 

marchandise  d'élite  que  j'ay  yci  preste  pour  vous  envoyer 
qui  ne  me  sert  de  rien.  C'est  de  la  mesmes  des  300 
cornes  ;  je  en  ay  encore  autant  et  n'y  auroit  point  de 
perte,  mais  j'ay  bien  encor  voulu  atendre  ce  que  melleur 
vous  semblera  que  je  face  par  vos  premières,  estant 
parvenu  jusques  yci. 

Le  sire  Mareschal  de  Lion  '  m'a  aporté  la  vostre  du 
14,  auquel  celon  vostre  letre  luy  ay  offert  tout  à  leure 
mesmes  les  10  escus  et  3  ft  ts,  avec  tout  plesir,  de 
sorte  qu'il  est  bien  content  etc.  Je  vous  ay  escript  un 
mot  ses  jours  passés  par  le  chartier  qui  me  gasta  mes 
cuyrs  de  Turquie,  afEn  de  recevoyr  de  luy  1$  û.  qui 
me  sont  de  longtemps  deux  par  luy,  lesquels  15  fl. 
m'en  coustent  plus  de  60.  Ne  recevés  que  bon  paye- 
ment, car  j'ay  yci  respondant,  et  m'en  donés  avis  l'ayant 
receu,  le  me  tant  sur  mes  comptes. 

J'ay  rescript  à  ceux  de  hault  passage  de  Hen  qui 
prenent  et  extorqent  argent  sur  les  voyturiers  et  mar- 
chans  autant  qu'ils  peuvent,  j'ay  donné  charge  au  voy- 
tuiier  de  retirer  de  leur  main  leur  sine  à  quel  titre  ilz 
font  tant  payer.  Il  m'a  dit  vous  avoyr  baillé  le  dernier 
des  7  ft  ts,  qu'il  dit  avoyr  payé  pour  2  paniers.  Je 
voudroys  bien  que  vous  me  l'eussiez  renvoyé  avec  les 
autres  de  ce  voyage,  afEn  d'en  fayre  remontrance  là  où 
il  apartient. 

Je  vous  remercie  de  l'avertissement  doné  des  cuirs 
huiUés.  J'espère  qu'ils  ce  porteront  à  la  fin  bien,  et 
qu'estant  bien  acoustrées  et  labourées,  la  pluspart  servira 
bien  pour  coles,  à  porter  vers  le  costé  noyr,  pourtant  je 
vous  prie  les  fayre  diligenter  et  bien  passer,  estant  bien 

I.  Jehan  Mareschal,  imprimeur-libraire  à  Lyon. 


desgrayssées,  qui  est  Tun  des  poîns  principaulx.  Il  y  a 
de  belles  et  grandes  peaux,  lesquelles  ayderont  à  payer 
la  despence,  encores  qu'elle  soit  grande,  pourveu  que 
les  deux  frères  nous  tienent  loyalté  etc.  Il  sera  bon  les 
bien  merquer.  Je  vous  prie  de  m'avertir  comment  elles 
se  porteront  et  l'avis  des  couroyeurs,  estans  hors  la 
chaux,  je  dis  les  premières  huillées.  Q.uant  à  ses  852, 
eles  seront  encor  melleures  et  plus  frêches.  Nos  chalans 
atendent  fort  après  la  première  et  deusième  2  baies, 
qui  font  ensemble  50  douseynes,  qui  nous  viendront  bien 
à  propos  pour  ce  lendit,  car  nous  n'en  avons  pas  une. 

Vous  estes  aussy  fort  prié  de  nos  gens  d'envoyer  leur 
sortiment  et  acompliment  des  mémoyres  tant  à  présent 
que  de  longtemps  demandés,  mesmes  ma  femme,  la 
malade,  laquelle  se  recomande  à  vous  et  à  la  vostre,  a 
trouvés  fort  beaux  les  rézeaux  couvers  de  roses,  toutes- 
foys  un  peu  par  trop  bas  de  auteur,  et  vous  prie  de 
prier  les  saintes  béguines  pour  elle  de  luy  en  despechcr 
2  ou  3  douseynes,  tout  le  plus  tost  qu'elles  les  pourrons 
fayre,  de  beaux  patrons. 

Nostre  amy  et  frère  malade  Porret  ce  porte  à  présent 
assés  bien,  au  moins  mieux  que  le  passé,  aussy  font  le 
compère  Brayer  et  le  pouvre  curé  et  ce  recomandent  à 
vous  et  aux  amis,  ce  que  je  fais  aussy,  priant  Dieu  estre 
vostre  garde.  De  Paris,  le  24*  may  iS^S,  par 

Vostre  compère  et  amy 
P.  Gassen. 
A  Sire  Christophle  Plantin, 
imprimeur  en  Camestraete 
au  compas  d'or 

Anvers. 

Receu  le  3  Juin.  Respondu  le  4. 


—  47  — 

19.  —  Guillaume  ^çville  *  à  Tlantin. 

Seigneur  Plantin.  Je  receuz  vostre  lettre  du  xij 
d'octobre  avec  la  balle  des  livres  que  m'avez  envoyez 
montant  142  fl.  8,  que  j'ay  mys  à  Tancontre  de  ce  que 
me  debviez.  Quant  à  l'ambalaige,  vous  metez  5  fl.  12 
sols.  Je  me  suys  fort  estonné  de  tel  embalaige,  il  semble 
que  vostre  homme  aye  faict  cella  à  plaisir.  Le  plus  cher 
embalaige  que  j'ay  receu  en  ma  vye  d'Anvers  ny  de 
Francfort  ne  passa  à  ung  escu  ;  le  plus  cher  que  je 
vous  aye  envoyé,  ny  à  autre,  n'a  passé  30  sols  de 
France.  Outre  la  cherté,  vous  y  avez  mys,  ou  vostre 
homme,  certaines  mattes  qui  ne  servent  de  rien,  synon 
pour  faire  pourir  les  livres,  cas  advenant  que  la  balle  se 
mouillasse,  jamays  cella  ne  sécheroit  que  les  livres  ne 
fussent  tous  pouris,  et  couste  beaucoup  de  port.  C'estoit 
assez  de  paille,  de  toille  et  de  cordes  et  me  renvoyer 
l'embalaige  mesme  que  je  vous  avoys  envoyé.  Je  vous 
prye  de  faire  mètre  ledict  embalaige  à  la  rayson,  comme 
j'ay  faict  à  vous  et  quant  au  demeurant  du  pois  des 
livres  je  m'en  fie  en  vous.  J'ay  entendu  ce  que  m'escri- 
viez  des  livres  dont  n'en  y  a  plus'  et  faudra  atendre 
qu'ils  se  réimpriment.  Me  recommandant  à  vostre  bonne 
grâce,  apprès  avoir  prié  le  créateur  vous  tenir  en  sa 
saincte  garde.  De  Lyon,  ce  xxvj  de  décembre  1565. 

Vostre  serviteur  et  amy 
Guillaume  Roville. 

L'on  m'a  dict  que  vous  voulez  imprimer  mes  cours 
de  Roussart  in-8°  *,    je  vous  voudroys  prier  de  vous 


1.  Guillaume  Roville,  imprimeur  de  Lyon. 

2.  Il  s'agit  du  Corpus  juris  civilis  annoté  i)ar.Lx>uis   Roussart 


-48- 

déporter  de  cella  pour  la  pareille,  car  vous  avez  assez 
d'autres  choses  à  fayre.  Je  le  dis  pource  que  je  fays  une 
segonde  édition,  là  où  Monsieur  Cujas  *  met  aussi  la 
main,  avec  ledict  S*"  Roussart,  et  faudra  que  je  les  imprime, 
car  je  y  ay  faict  jà  de  la  despence  grande,  sans  cella,  je 
ne  me  souciroys  pas  qui  les  imprimasse.  Si  vous  me 
faictes  ce  plaisir,  je  vous  en  pouveray  faire  ung  autre 
quelque  autrefoys. 

Au  Sire  Christofle  Plantin, 
marchant  librayre  imprimeur 
demeurant 

à  Anvers. 
Payez  le  port. 


20.  —  Vlantin  à  Gabriel  Çayas  ' 
Monsigneur. 

Pour  response  à  Vostre  Signcurie  touchant  l'impression 
de  la  Bible   en  quatre   langues,   asçavoir  Hébraïcque, 

(Russardus).  En  1567,  Plantin  en  publia  une  édition  en  10  volumes 
in-80.  Il  y  a  des  exemplaires  du  premier  volume  avec  la  date  de 
1566.  D'après  un  contrat  daté  du  10  octobre  1565^  Jehan  Maréschal 
de  Lyon  prit  pour  son  compte  625  exemplaires  de  l'édition  planti- 
nienne,  à  48  sous  la  pièce. 

1.  Jacques  Cujas,  célèbre  jurisconsulte  français.  Il  naquit  à  Tou- 
louse en  1520;  enseignit  le  droit  dans  plusieurs  Universités  et 
mourut  à  Bourges  en  1590. 

2.  Gabriel  de  Çayas  ou  de  Zayas,  fut  nommé  secrétaire  de  Phi- 
lippe II  en  1 563,  après  avoir  beaucoup  travaillé  avec  le  roi  en  l'absence 
du  secrétaire  principal  Gonçalo  Ferez.  Avec  le  cardinal  de  Granvelle, 
Çayas  fut  le  patron  le  plus  zélé  et  le  plus  constant  de  Plantin. 

3 .  Cette  lettre  n'existe  pas  dans  les  minutes  de  la  correspondance 
de  Plantin.  Nous  la  publions  d'après  l'original  conservé  aux  Archives 
générales  de  Simancas. 


—  49  — 

• 

Chaldaïque  et  Grecque  et  à  chaicune  d'icelles  leur 
version  Latine,  il  vous  plaira  entendre  qu'elle  seroit 
contenue  en  six  volumes  :  lesquels  j'espérerois  de  pou- 
voir imprimer  en  l'espace  de  trois  ans,  à  compter  du 
jour  que  j'aurois  commencé  à  l'imprimer.  * 

Le  papier  pourrois  je  faire  venir  de  Troye  en  Cham- 
paigne  ou  de  la  Rochelle,  car  de  chaicun  desdits  lieux 
aurions  nous  bien  la  commodité  et  en  fauldroit  avoir 
environ  de  3000  rames,  qui  cousteroyent  rendus  ici 
environ  douze  mille  florins  pour  ie  moins. 

Les  frais  ordinaires  de  la  besongne,  pour  les  ouvriers 
et  autres  despenses  de  l'imprimerie,  cousteroyent  autre 
douze  mille  florins,  qui  seroit  ensemble  environ  de 
douze  mille  escus  pour  le  papier  et  travail  ordinaire  des 
ouvriers  et  telles  autres  despenses  desquels  je  puis  bien 
faire  le  calcul. 

Mais  quant  aux  aultres  frais  par  moy  desjà  faicts  et 
qu'il  me  conviendroit  encores  faire  cy-après^  il  me  seroit 
impossible  de  les  rédiger  en  compte  devant  l'achèvement 
de  l'ouvrage.  Car  j'ay  desjà  employé  une  bonne  somme 
d'argent  à  tenir  des  hommes  sçavants  en  hébrieu  et 
aultres  langues  en  mon  logis,  à  mes  despens  et  gages, 
pour  corriger  le  dictionnaire  de  tous  les  mots  hébraicques 
de  laditte  Bible  que  j'ay  faict  aussi  visiter  par  gens  doctes 
et  députez  par  Sa  Majesté  à  la  visitation  des  œuvres  qui 
se  doibvent  imprimer  par  deçà,  lequel  dictionnaire  déco- 
reroit  grandement  l'œuvre.  ' 

1 .  Cette  lettre  constitue  le  document  le  plus  ancien  que  nous  pos- 
sédions sur  la  Bible  royale  ou  polyglotte,  imprimée  par  Plantin  avec 
un  subside  du  roi,  de  1568  à  1572.  L'ouvrage  renferme  8  volumes 
et  non  6,  comme  le  plan  primitif  de  Plantin  le  comportait.  Voir  : 
Max  Rooses,  Chistophe  Plantin,  Chap.  V. 

2.  Plantin  avait  confié  le  soin  de  revoir  le  dictionnaire  hébreu  de 


~  50  — 

Il  me  convien droit  davantage,  durant  Timpression  de 
ladicte  Bible,  entretenir  des  gens  doctes  et  bien  expéri- 
mentez en  la  cognoissance  desdictes  langues, pour  vacquer 
ordinairement  à  la  correction,  ce  qui  ne  se  feroit  sans 
grandes  despenses  et  bons  gages,  dont  je  ne  pourrois 
rendre  compte  jusques  à  la  fin.  Et  mesmes  je  n'oserois 
pas  entreprendre  de  trouver  gens  capables  de  corriger 
tel  ouvrage,  qui  voulussent  s'y  assubjectir,  si  je  n'estois 
asseuré  de  quelques-uns  que  j'entretiens  desjà  passé 
quelque  temps  à  celte  intention,  et  qui  plus  est,  j'ay 
rencontré  entre  autres  un  jeune  homme  fort  docte  es  lan- 
gues Hébraïque,  Chaldeénne,  Grecque  et  Latine,  auquel, 
pour  mieux  l'entretenir  et  l'avoir  à  commodité,  sous 
l'espoir  que  j'ay  eu  d'aider  avec  le  temps  au  bien 
public,  et  en  la  faveur  des  lectres  et  de  telles  vertus  rares 
qui  sont  en  iceluy,  j'ay  baillé  ma  fille  aisnée  en  mariage.  * 

Qiiant  aux  charactères  je  les  ay  tous  taillés  et  en  ordre 
et  les  ay  par  le  moyen  de  mes  amis  recouverts  et  acheptés 
de  longue  main,  à  tels  frais,  travail  et  nombre  d'argent 
qu'on  n'y  pourroit  bonnement  mettre  prix  :  d'autant  que 
je  ne  pense  pas  qu'il  s'en  trouvast  encores  autant  ensem- 
ble de  si  beaux  et  bons  en  aucunne  partie  de  toute 
l'Europe,  ainsi  comme  plusieurs  des  principaux  impri- 
meurs et  gens  à  ce  cognoissants  de  la  France,  de  l'Alc- 
magne  et  de  l'Italie  l'ont  rescript  et  maintes  fois  confessé 

S«inte  Pagnini  à  Jean  Isaac  professeur  d'hébreu  à  Cologne.  Ce 
savant  habita  chez  l'imprimeur  du  10  novembre  1563  au  21  octobre 
1564.  Le  dictionnaire  hébreu,  imprimé  à  la  suite  de  la  Bible  royale, 
était  revu  par  François  Raphelengien,  le  beau-fils  de  Plantin,  qui 
habitait  dans  l'imprimerie  depuis  le  12  mars  1^64,  C'est  à  ces  deux 
savants  et  à  leurs  travaux  que  Plantin  fait  ici  allusion. 

I .  François  Raphelengien  qui  épousa  Marguerite  Plantin  au  mois 
de  juin  156$. 


—  si- 
en mon  absence,  et  puis  après  en  ma  présence  à  la  foire 
de  Francfort  ;  dont  l'occasion  est  advenue  parcequc 
j'avois  donné,  à  la  foire  de  quaresme  dernier,  à  quelques 
personnages  de  grande  auctorité  aucunnes  fueilles  de 
nostre  espreuve  de  ladicte  Bible,  d'entre  lesquelles  l'une 
fiit  monstrée  au  duc  Auguste  électeur,  qui  desjà  avoit 
desboursé  quelque  grand  nombre  de  daldres  pour  faire 
les  préparations  de  telle  ouvrage.  '  Mais  ledit  Signeur 
ayant  veu  et  faict  visiter  nostredite  espreuve  à  plusieurs 
et  mesmes  à  ceux  qu'il  avoit  mis  en  besongne,  ils  con- 
fessèrent tous  qu'il  leur  estoit  impossible  de  parvenir  à 
telle  perfection  et  ainsi,  ledit  Signeur  et  ses  ouvriers 
ayant  désisté  de  leur  entreprinse,  il  m'en  fist  advertir  à 
la  dernière  foire  dudit  Francfort,  en  septembre,  et 
exhorter  par  son  imprimeur  mesmes  de  poursuivre  mon 
entreprinse.  Le  semblable  ont  faict  plusieurs  qui  avoyent 
proposé  la  mesme  chose  et  entre  autres  les  Signeurs  de 
la  ville  de  Francfort,  qui  m'en  vindrent  aussi  parler 
estant  audict  lieu,  et  offrir  d'entendre  au  déboursement 
des  deniers  d'une  telle  œuvre,  si  je  voulois  l'aler  faire  en 
leur  ville.  Le  semblable  m'a  esté  offert  au  nom  du  prince 
électeur  Palatin,  si  je  voulois  aler  en  sa  ville  de  Heidel- 
berghe  pour  l'imprimer.  Mais  à  tous  j'ay  répondu  ce  que, 
estant  à  Paris  durant  le  temps  de  mon  infortune,  *  je 
fis  à  Mons'  le  Conestable  de  France  et  à  plusieurs  autres 
qui  me  vouloyent  rattirer  en  France  et  me  bailler  bon 


1 .  Auguste,  duc  de  Saxe^  s'était  déclaré  prêt  à  payer  les  frais  d'une 
édition  de  la  Bible  en  cinq  langues,  préparée  par  Jean  Draconite 
théologien  luthérien.  Ce  dernier  mourut  en  1566,  au  moment  où  on 
allait  mettre  son  ouvrage  sous  presse  et  où  Plantin  apportait  sa 
feuille-modèle  à  Francfort. 

2.  En  1S61-1S62. 


—  52  — 

estât  et  moyen  de  fournir  à  mes  entreprinses,  c'est  que, 
comme  je  me  suis  dédié  à  imprimer  choses  catholiques 
et  profEtables  à  la  République  chrestienne,  que  je  me 
suis  aussi  résolu  de  ne  me  transporter  en  autre  lieu  que 
sous  l'obéissance  de  la  Majesté  de  nostre  Roy  catholique, 
auquel  j'ai  donné  le  serment  de  fidélité  et  léale  obéissance, 
en  mains  de  ses  officiers,  en  ceste  noble  et  renommée 
ville  d'Anvers. 

Je  prie  Dieu,  Monsigneur,   de  vous  maintenir  en  sa 
grâce.  D'Anvers,  ce  19  décembre  1566. 

De  V.  S.  le  très  humble  serviteur 

C.  Plantin. 


21.  -^  Tlantin  à  Cayas.  * 

(Plantin  entretient  Çayas  de  plusieurs  livres  qu'il  lui  envoie;  il  fait 
une  chaleureuse  profession  de  foi  catholique,  et  exprime  son  désir 
d'imprimer  la  Bible  polyglotte.  Il  annonce  l'envoi  d'un  mémoire 
concernant  la  manière  dont  ce  travail  s'exécuterait.) 

Mi  Senor, 

Yo  creo  que  despnes  de  las  ultimas  de  Vuestra  Senoria 
de  20  y  28  del  passado  avra  recibido  los  otros  libros  que 
le  embie.  Lo  en  ellas  contenido  hare  yo,  y  embiare,  Dios 
queriendo,  los  libros  con  el  primer  correo,  y  huvieralo 
hecho  agora,  si  el  correo  se  huviera  tardado  dos  o  très 
horas  mas.  En  el  entretanto  embio  a  V.  Senoria  la  cuenta 
de   la  mayor  parte  de  los  libros   que  le   he  embiado  ; 


I.  L'original  de  cette  lettre  se  trouve  aux  Archives  de  Simancas. 
La  minute  ne  s'en  est  pas  conservée. 


—  53  -. 

porque,  quanto  a  las  sutnas  de  doctrina  christiana  * 
(por  la  dedicacion)  y  de  algunos  otros,  no  he  yo  puesto 
nada,  contentandome  con  vuestra  buena  gracia,  ni  tam- 
poco  huviera  embiado  la  cuenta  destos,  sino  por  haver- 
melo  vos  mandado. 

Aqui  va  la  lista  de  los  libros  de  Philosophia  tal  quai 
por  agora  se  ha  podido  hazer  de  todos  los  que  se  hallan 
al  présente  en  esta  villa. 

Tambien  embio  a  V.  Seiioria  la  costa  y  gastos  que  yo 
he  hecho  y  queda  por  hazer  para  la  impresîon  de  la 
Biblia  en  quatro  lenguas  laquai  yo  desseo  mucho  impri- 
mir  debaxo  del  favor  de  Su  Mag**,  y  asi  no  he  podido 
contenerme  en  lo  de  la  prolixidad  que  lo  he  sido  mas 
de  lo  que  déviera  tanto  que  he  estado  muchas  vezes  por 
hazer  otra  relacion  temiendo  ser  pesado  à  V.  Senoria 
y  mucho  mas  a  Su  Mag**  con  tan  larga  platica  que  no  hay 
en  ella  ninguna  cosa  que  no  sea  verdadera  y  cierta  y  que 
no  se  pudiera  dezir  mucho  mas.  Qpe  si  el  correo  no  se 
hubiera  partido  tan  presto  despues  que  rescibi  el  pliego 
de  Vuestra  Senoria  con  los  dos  libros  del  seiior  Doctor 
Vallès  ',  porque  yo  los  recibi  ayer  tarde  y  el  maestro  de 
postas  me  ha  dicho  que  manana  de  manana  partia  el 
correo,  yo  huviera  tornado  a  escrivir  otra  mas  brève 
que  esta,  laquai  he  hecho  duplicar  de  la  minuta  de  mi 
mano  a  un  mi  criado  que  esta  en  mi  tienda  porque  yo 
no  ténia  lugar  de  hazella  y  tambien  porque  el  escrive 

1.  Summa  doctrirue  CbrisUatue  per  quastiones  îvcvhnter  conscripia. 
Auctore  D.  Pctro  Canisio.  1566.  Le  livre  est  dédié  à  Philippe  II  par 
Piantin. 

2.  François  Vallès  ou  Valesius,  médecin  du  roi  d'Espagne,  écrivit 
plusieurs  ouvrages  sur  son  art.  Le  7  février  1589,  Piantin  lui  fit  savoir 
qu'il  était  prêt  à  imprimer  trois  tomes  de  ses  œuvres. 


—  54  — 

me|or  que  yo.  Por  loqual,  monsenor,  yo  supplice  de 
nuevo  a  V.  S",  me  perdone  y  haga  sacar  délia  lo  que  le 
pluguiere  en  brève  relacion  para  poderla  mostrar  a  Su 
Mag^,  a  tal  que  no  enfade  de  letra  tan  prolixa  aunque 
procède  todavia  de  buena  afficion. 

Qpanto  al  Boecio  que  embia  el  Seiior  Morales,  yo 
no  hallo  que  haya  en  el  mas  que  en  el  que  yo  imprimi 
algunos  anos  '  ha,  de  los  quales  embie  uno  luego  que  recibi 
el  del  dicho  senor,  el  quai  todavia  ayudara  en  algunos 
pasos  a  emmendar  la  otra  impresion,  de  laquai  tenemos 
aun  alguna  cantidad,  que  esta  no  la  podremos  vcnder 
despues  que  huvieremos  hecho  una  nueva  edicion,  laquai 
nos  haze  tardar  y  supplicar  a  V.  Senoria  nos  escuse  y 
encomiende  humilmente  al  dicho  senor  Ambrosio  de 
Morales  y  al  seiior  doctor  Vallès,  a  quien  yo  respondere 
con  la  primera  ocasion  que  me  sera  possible. 

Embio  a  V.  Senoria  las  Phisicas  y  Eticas  y  las  Epitho- 
mas  de  Cornelio  Valerio  '  que  agora  de  nuevo  he  imprcsso 
con  un  libro  de  las  fabulas  de  Facrna,  *  y  no  tengo  otra 
cosa  al  présente  que  os  pueda  dar  gusto  y  assi  hare  fin 
con  rogar  a  Dios  etc.  A  el  gracias  estamos  todos  buenos  de 
salud  del  cuerpo  aunque  el  spiritu  ;  dessearia  alguna  mas 
aplazible  tranquilidad  y  emmienda  de  vida  debaxo  de  la 


1.  Anicii  Matilii  Torqvati  Sei'erini  Bœthii  de  Consolai iotie  philoso- 
phiae,  lib.  V.  1562. 

2.  Cornélius  Valerius.  Ethicx  seu  de  tnoribus  philosophie  hrci'is 
et  perspicua  descriptio  ;  Id.  Thysica  seu  de  riaturiC  philosophia  ;  Id. 
Grammaticarum  institutionnm  lihri  quator.  Ces  différents  traités 
portent  la  date  de  1567,  mais  étaient  achevés  au  mois  de  décembre 
précédent. 

3 .  Ceutum  fabula  ex  aniiquis  aucloribus  delecUr  el  a  Gabriele  Faenio 
ctemouensi  carminibus  explicaLc.  Première  édition,  achevée  au  mois 
de  septembre  1566. 


-  ss  — 

obcdiencia  de  la  sancia  y  verdadera  religion  catholica,  y 
por  esto  nos  allegamos  a  aquellos  que  aman  la  concordia 
y  union  de  la  christianidad,  laquai  no  podra  ser  en  gêne- 
rai mientras  que  la  tan  falsa  opinion  de  los  que  se  han 
desviado  y  separado  de  la  verdadera  yglesia  occupara 
en  entendimiento  rebelde,  y  por  tanto  rogamos  grande- 
mente  a  Dios  sea  servido  dj  alumbrar  los  corazones  de 
los  desviados  para  que  puedan  atender  y  conoscer  en  que 
abismo  y  hondura  de  pcnsamientos  contrarios  a  la  volun; 
tad  de  Dios  y  de  sus  superiores  se  van  tan  porfiadamente 
a  prccipitar  sin  que  ninguna  les  pueda  detener,  hasta 
que  ayan  probado  el  ynfortunio  inquietud  y  llaga  que  les 
viene  o  que  sea  Dios  servido  de  les  hazer  ver  el  horror 
de  sus  pccados  y  abominables  fantasias  en  que  se  fundan 
al  contrario  de  la  intelligencia  de  loque  quieran  significar 
las  scripturas  sanctas,  laquai  intelligencia  verdaderamente 
no  se  hallara  jamas  sino  en  los  prelados  y  verdaderos 
ministros  de  la  sancta  yglesia  catholica  Romana,  y  no  en 
estos  nuevos  ministros  que  por  verse  hincliados  con  alguna 
sciencia  de  las  letras  y  lenguas,  piensan  y  quîercn  dar  a 
entender  por  àus  interpretaciones  de  la  sancta  scriptura 
(las  quales  ellos  entienden  muy  mal)  que  ellos  hayan  reci- 
bido  en  si  el  spiritu  sancto  (el  quai  ciertamente  no 
entrara  jamas  en  un  coraçon  rebelde  y  villano  y  que  se 
alexa  de  la  cliaridad  y  union  de  paz  que  consiste  en  la 
obediencia  de  los  superiores  que  nos  son  dados  y  esta- 
blecidos  por  Dios  y  assi  se  puede  bien  assegurar  que  el 
Reyno  destos  taies  nuevos  embaydores  no  durara)  antes 
quanto  mas  se  piensan  augmentar  tanto  mas  entraran 
en  una  confusion  de  sus  sentidos  y  entendimiento,  y  ansi 
convendra  que  ellos  cayan  de  si  mismos  mas  presto  de 
lo  que  piensan  y  desto  estoy  bien  assegurado  y  assi  me 


-  56  - 

consuelo  con  la  esperanza  que  tengo  de  ver  florescer  de 
nuevo  la  yglesia  catholica  que  agora  esta  afligida  y 
nosotros  con  ella  y  que  los  sectarios  y  gente  levantada 
bolveran  a  la  obediencia  que  ellos  deven  para  su  bien  y 
salud  del  aima,  loqual  ruego  yo  a  Dios  de  todo  mi  coraçon 
para  que  todos  los  danos,  discordias  y  rigores  sean  evi- 
tados  a  honor  y  gloria  y  a  la  conservacion  y  augmenta- 
cion  de  la  felice  prosperidad  de  Su  Mag**  y  grandeza  suya 
con  una  aplazible  tranquilidad  y  buen  successo  de  sus 
subditos.  Amen.  Perdone  me,  V.  Senoria,  si  me  he 
alargado  en  esto  que  llegame  tan  al  aima  el  ver  la  desorden 
destos  tiempos  que  no  he  podido  dexar  de  le  dedicar 
una  pequeiia  porcion  de  los  sospiros  y  pensamientos  de 
mi  coraçon,  el  quai  me  paresce  que  lo  descargo  quando 
descubro  a  un  amigo  estas  cosas  y  no  le  puedo  hallar 
alguno  tal  como  vos  que  me  le  déclare  lo  mismo  a  los 
unos  para  consolarme  con  ellos  a  los  otros  para  hazerles 
conoscer  el  misérable  error  en  que  se  arrojan  y  precipitan 
separandose  de  la  sancta  union  de  nuestra  madré  sancta 
yglesia,  en  laquai  supplico  a  Dios  nos  quiera  mantener 
por  su  gracia  y  segura  bondad  para  siempre  jamas.  Amen. 
De  Amberes,  a  19  de  dezienbre  1566. 

Senor, 

Despues  de  escrita  esta  hize  copiar  una  parte  de  la 
carta  en  que  escrivo  los  gastos  que  convernia  hazer  para 
la  ympression  de  la  Biblia,  para  que,  si  os  paresciere,  se 
muestre  la  una  y  dexe  la  otra,  o  sino  haga  vuestra 
senoria  como  viere  convenir  mas  para  la  utilidad  del 
bien  publico,  que  cierto  séria  gran  acrescentamiento 
suyo  que  una  tal  obra  salliesse  estampada  debaxo  de  la 
autoridad  de  Su  Mag**  antes  que  por  otro  ninguno  que 


—  S7  — 

como  sean  dados  a  contraria  manera  de  religion  no 
podria  Uevar  en  si  la  obra  la  puridad  que  se  requière 
siendo  quai  es  antes  causaria  perjuyzio  a  ella  y  a  la 
religion  catholica. 

A  cette  lettre  était  joint  le  document  suivant. 

Despences  jà  faictes  ;  et  pour  démonstrer  la  sincérité" 
de  laquelle  j'entends  procéder,  et  que  je  ne  veux  pas 
donner  aucunne  occasion  de  quelque  soupson  à  quicon- 
ques  ce  fust  de  vouloir  attirer  la  Majesté  en  quelque 
laberinthe  de  frais  non  limités;  je  suis  prest  et  m'offre 
à  imprimer  laditte  Bible,  au  nom  de  Sa  Majesté,  s'il  luy 
plaist  de  me  donner  ou  faire  délivrer  six  ou  huict  mille 
escus,  pour  lesquels  je  bailleray  piège  suffisant  en  ceste 
ville  d'Anvers,  d'imprimer  laditte  Bible  en  six  volumes, 
dedans  trois  ans,  après  la  livraison  desdits  deniers,  et 
en  oultre  de  contenter  Sa  Majesté  avec  tel  nombre 
d'exemplaires  qu'il  luy  plaira  selon  les  cousts  et  frais 
qu'il  m'aura  convenu  faire.  En  quoy  je  promets  d'estre 
loyal  et  de  ne  grever  les  achapteurs  de  prix  extraordi- 
naire à  la  vente  desdits  exemplaires  :  qui,  comme 
j'espère,  se  pourront  vendre  au-desous  de  20  ducats. 
Comment  que  ce  soit,  je  prometray  de  ne  les  vendre 
pas  davantage,  mais  bien  autant  moins  qu'il  me  sera 
possible,  ladicte  œuvre  estant  achevée  et  les  frais 
calculés.  Et  par  ainsi  Sa  Majesté  pourra,  avec  petite 
despense,  s'acquérir  un  los  et  renom  le  plus  solide  et 
immortel  qu'il  seroit  possible  par  quelque  autre  moyen 
d'avoir  à  ses  propres  cousts  et  despens  (car  ainsi  le 
metrois-je  en  la  dédication  que  je  luy  addresserois) 
faict  imprimer  une  telle  œuvre.  Laquelle  j'espérerois 
faire  de  telle  manière   qu'onques   ne  se   vit  sortir  une 


-  58- 

plus  belle  pièce  d'ouvrage  d'aucunne  imprimerie,  car 
j'y  ferois  mesmes  imprimer  le  nouveau  testament  en  la 
langue  syriaque  que  feu  de  haute  et  immortelle  mémoire 
l'empereur  Ferdinand  fist,  à  ses  cousts  et  despens,  impri- 
mer à  Vienne,  dont  il  reçoit  une  louange  perpétuelle 
de  la  chrestienté,  lequel  nouveau  testament  seul  couste 
par-deça  quatre  escus.  Bref,  je  n'y  épargnerois  rien  que 
je  pensasse  estre  profEtable  à  l'avancement  et  entretien 
de  la  Religion  catholique  et  à  l'honneur  de  Sa  Majesté. 
Or  je  prens  d'autant  plus  de  courage  à  entreprendre 
ceste  œuvre  que  je  cognois  plusieurs  gens  de  bien  et 
très  catholiques  qui  m'y  promettent  assister  :  entre 
lesquels  est  mesmes  le  Révérend  Père  en  Dieu,  le  signeur 
Wilhelmus  Lindanus,  *  Évesque  de  Ruremonde  en  Hol- 
lande, qui,  soudain  que  je  luy  communiquay  ce  mien 
desseing  me  promist  verbalement  que,  selon  les  facultez 
dont  il  est  jouissant,  qu'il  me  donneroit  cent  escus 
incontinent  que  j'aurois  trouvé  le  moy^n  d'y  besogner, 
et  que,  si  Sa  Majesté  venoit  par  deçà  ou  qu'il  peust  estre 
jouissant  de  son  Évesché,  qu'il  s'employeroit  à  faire  tout 
ce  qu'il  pourroit  davantage,  et  fust-ce    jusques  à  cincq 


I.  Guillaume  Lindanus,  né  à  Dordrecht  en  1525.  Étudia  la  théo- 
logie, le  grec  et  Thébreu  à  Louvain  et  à  Paris  ;  enseigna  pendant 
trois  années  à  l'université  de  Dillingen  en  Bavière  qui  venait  d'être 
fondée;  revint  en  1556  à  Louvain,  où  il  fut  reçu  docteur  eu  théolo- 
gie; devint  successivement  doyen  de  La  Haye,  vicaire  de  l'évêque 
d'Utrecht,  premier  évêque  de  Ruremonde  et  enfin,  trois  mois 
avant  sa  mort,  évêque  de  Gand.  Il  mourut  en  cette  ville  le  2 
novembre  1588.  Il  écrivit  un  grand  nombre  de  livres  théologiques, 
dont  Plantin  en  imprima  quelques-uns:  De  sapientia  cœ-esti  (1S67), 
^Apologelicutn  ad  Gcrmanos  pro  reîigionis  caiholicu:  pau  (i$68),  Para- 
phrases  in  psahfios  (i^y  2),  Christomaclna  calvinistica  (1S84),  Chris  te- 
licke  manière  om  de  sondaègsche  misse  salighlyck  teJjooren  (1588). 


—  59  — 

cents,  voire  mille  cscus,  et  depuis  m'a  souventes  fois 
rescrit  qu*il  avoit  encores  trouvé  quelque  aultres  bons 
prélats  qui  m'assisteroient  aussi.  Nous  avons  davantage 
ici  quelques  aultres  bons  marchans  catholiques,  qui, 
comme  ils  me  promett-ent,  demeureront  pièges  pour 
moi  et  m'assisteront  où  j'auray  besoing  de  leur  aide 
jusques  à  la  fin  de  laditte  œuvre.  Et  entre  autres  nous 
avons  ici  Monsigneur  le  Docteur  Bechanus  ',  jadis 
médecin  de  feu  de  haute  mémoire  la  Roine  de  Hongrie, 
homme  fort  sçavant  en  la  cognition  de  la  langue  grecque 
et  l'un  des  plus  exccllens  Philosophes  que  je  scache, 
qui  nous  promect  faire  toute  l'assistcnce  qu'il  luy  sera 
possible  à  une  telle  œuvre.  Toutes  lesquelles  choses 
m'augmentent  le  courage  de  l'entreprendre  sous  la 
faveur  et  seul  nom  de  Sa  Majesté  Catholique,  au  service 
de  laquelle  m'estant  de  longtemps  voué,  je  me  tiendray 
heureux  de  pouvoir  faire  chose  qui  luy  puisse  estrc 
aggréable  et  proffitable  au  public.  Ce  que  j'espère,  non 
seulement  en  cest  œuvre  ici,  mais  aussi  en  l'impression 
de  plusieurs  bons  et  anciens  docteurs  ecclésiastiques  et 
aultres  œuvres  dignes  du  nom  de  Sa  Majesté,  telle 
qu'est  une  histoire  paradoxique  de  ces  Pais-Bas  qui  sont 
sous  l'obéisance  de  Sa  Majesté,  de  laquelle  histoire  je 
me  tiens  asscuré  qu'il  n'y  aura  homme  en  l'univers,  qui 

I.  Joanncs  Goropius  Bccanus,  né  à  Hiiverenbeck  en  Brabant,  le 
2}  juin  1518.  Après  avoir  été,  en  Espagne,  médecin  des  deux  soeurs 
de  Charles  V,  Éléonore,  reine  de  France,  et  Marie,  reine  de  Hon- 
grie, il  s'établit  à  Anvers.  Il  y  fut  un  des  meilleurs  amis  de  Plantin 
et  son  associé  de  1563  d  1567.  Plantin  fit  paraître  de  lui,  en  1569, 
Orif^ines  Antwerf^iana  et,  après  la  mort  de  l'auteur,  en  1580,  ses 
œuvres  inédites.  A  la  fin  de  sa  vie,  Becanus,  soupçonné  d'hérésie,  se 
retira  à  Liège  auprès  du  Cardinal  prince-évôque  de  Groesbeek.  Il 
mourut  à  Maestricht  le  28  juin  1573. 


—  6o  — 

aime  les  lectres  et  ait  iamais  ouï  parler  des  fables  poéti- 
ques, qui  ne  s'en  émerveille  et  l'admire  tant  pour  la 
divine  explication  de  tous  les  dieux  et  fables  poétiques, 
comme  aussi  pour  les  secrets  de  Philosophie  qui  sont 
déclarez  en  icelle,  avec  telle  dextérité  et  sçavoir  qu'on 
verra  manifestement  les  anciens  avoir  ignoré  maintes 
choses,  les  récents  y  avoir  bien  peu  entendu,  et  la  postérité 
devoir  se  tenir  extresmement  obligée  à  célébrer  l'heur 
de  Sa  Majesté  à  qui  ledit  docteur  a  proposé  de  la  dédier, 
ainsi  comme  par  plusieurs  fois  il  le  m'a  dict,  et  mesmes 
encores  cejourdhuy.  '  Or,  Monsigncur,  je  sçay  avoir 
excédé  les  limites  d'une  déclaration  de  frais,  mais  la 
fervente  amour  qui  quasi  me  ravist  et  contrainct  à 
dédier  mes  labeurs  et  travail  à  chose  qui  puisse  estre 
honorable  à  Sa  Majesté  et  proffitable  à  la  religion  catho- 
lique m'y  a  contrainct.  Parquoy  )e  supplie  très  humble- 
ment à  Vostre  Signeurie  qu'il  luy  plaise  excuser  ma 
longueur  et  prendre  en  bien  la  bonne  affection  que  j'ay  à 
telle  chose.  Et  je  prieray  Dieu  pour  la  prospérité  et 
bonne  santé  de  vostredicte  Signeurie,  de  laquelle  désire 
estre  et  demeurer  le  très  humble  serviteur,  le  vostre  à 
jamais 

C.  Plantin. 


I.  Plantin  fait  ici  allusion  aux  Origines  %AnhJJtr[nana  de  J.  Goro- 
piusBecanus,  publiées  par  lui  en  1569. 


—  6i  — 

22.  —  Plantin  à  Çayas.  ' 

Monseigneur, 

Je  pensois  qu'eussiez  jà  receu  les  Heures  in-12  et 
in-24,  quand  celuy  à  qui  j'avois  baillé  mon  pacquet 
pour  le  porter  à  Bruxelles,  à  monseigneur  Leonardo  de 
Tassis,  m'a  dict  qu'il  luy  estoit  [tombé]  en  l'eau  sortant 
du  batteau.  Par  quoy  j'en  ay  incontinent  faict  lier 
d'autres  qui  estoyent  parachevés,  quand  j'ay  receu  les 
vostres  du  26  janvier,  par  lesquelles  me  commandez 
de  faire  relier  2  Epist.  et  Evang.  '  ce  que  j'ai  inconti- 
nent sollicité  et  les  envoyeray  par  le  premier.  Cependant 
j'envoye  à  Vostre  Seigneurie  Révérendissime  lesdictes 
Heures  in-24**  ^^  in-12®  '  avec  3  almanachs  de  Nostra- 
damus  *  et  6  Kalendarium  cum  septem  Psalmis  ',  lesquels 
je  supplie  à  V.  S.  de  recevoir  en  gré  pour  en  faire  un 
bien  petit  présent  aux  amis. 

Je  suis  fort  joyeux  que  V.  S.  se  soit  contentée  de 
ma  relation  touchant  l'impression  de  la  Bible  en  4 
langues,  pour  laquelle  j'ay  desj à  ordonné  faire  du  papier 
excellent,  à  condition  toutefois  de  renoncer  à  mon 
marché  dedans  trois  mois,  pour  non  que  je  prenne  le 
nombre  qui  pour  lors  sera  faict  et  achevé,  et  cependant 
j'espère  d'avoir  de  V.  S.  R.   l'advis  de  la   résolution 


1 .  D'après  le  texte  conservé  aux  archives  de  Simancas. 

2.  EpistoU  et  Evangeîia,  graece  (Plantin,  1564,  80). 

3.  Hora  Btalissima  Maria  Virginis,  (Plantin,  1565,  12°).  Id, 
(Plantin,  1567,  240). 

4.  Chaque  année  Plantin  publiait  différents  almanachs.  Les  exem- 
plaires en  sont  devenus  d'une  extrême  rareté.  Celui  dont  il  est  ques- 
tion ici  était  probablement  imprimé  par  lui. 

5.  Kalendarium  Romanum  (Plantin,  1565). 


—   62   — 

qu'il  aura  pieu  à  Sa  Majesté  de  faire  donner,  de  quoy  je 
supplie  V.  S.  R.  avoir  souvenance,  comme  aussi  de  ma 
requeste  touchant  de  nostre  subject  (en  cas  que  bessoing 
fust  d'en  avoir  d'estrangers  en  ceste  ville)  de  recevoir 
soudards  en  mon  logis,  pour  l'inconvénient  que  j'ay 
déclaré  par  mes  letres  pouvoir  advenir  par  telles  gens 
barbares  à  mon  imprimerie,  que  je  souhaitte  et  requiers 
estre  misse  sous  la  protection  de  Sa  Majesté.  Je  supplie 
davantage  à  V.  S.  qu'il  luy  plaise  m'advertir  si  je  doibs 
encores  attendre  les  œuvres  de  monsigneur  le  docteur 
Sepulveda  sur  les  Éthiques  et  Politiques  d'Aristote, 
car  je  me  suis  de  longtemps  préparé  à  les  imprimer 
incontinent  que  je  les  aurois  entre  mains.  '  J'ay  achevé 
d'imprimer  Biblia  en  très  petite  forme  '  et  Valerius 
Maximus  fort  bien  corrigé  et  annoté  par  monsigneur 
Stephanus  Pighius,  secrétaire  de  monsigneur  le  Révéren- 
dissime  Cardinal  de  Granvelle',  Nomenclator  omnium 
rerum,  qui  sont  tous  les  noms  des  choses  en  latin  et 
en  grec  rédigés  par  classes  et  expliqués  en  allemant, 
flameng ,  françois ,  italian ,  espagnol  et  quelquefois 
anglois  *.    Si   c'est    chose    qu'ayez  plaisir  de  voir,   le 

1.  Sepulveda  (Jean  Ginès  de)  né  vers  1490  à  Pozo-Blanco  près  de 
Cordoue,  mort  à  Mariano  en  1573.  ^^  traduisit  quelques  opuscules 
d'Aristote,  composa  plusieurs  traités  théologiques  et  politiques  et 
écrivit  trois  ouvrages  remarquables  sur  l'histoire  de  TEspagne  au 
i6«  siècle.  Ces  derniers  livres  ne  furent  publiés  que  deux  siècles 
après  sa  mort.  Plantin  n*imprima  rien  de  lui. 

2.  'Biblia  ad  vetvstissima  exemplaria  castigata  (Plantin,  1567,  i  vol. 
in-80  ou  5  vol.  in-240.  En  caractère  nonpareille). 

3.  VaUrii  Maxitni  àiciorvm  factorvmque  memorahilivm  lihri  IX. 
Infinitis  mettais  ex  veterum  exemplarium  fide  repurgati  atque  in  meliorem 
ordinem  restilutiper  Slephanvm  Tiginvm  Campensem  (Plantin,  1 567, 80). 

4.  Nonunclator  omnivm  rervm  propria  nomina  varii:  lingvis  expîicata 
indicans:  Hadriano  Ivnio  Medico  avctore  (Plantin,  1567,  80). 


-63  - 

commandant    j'envoyray    d'aussi   bon   cueur     que  me 

recommandant  à  vostre  bonne  grâce,  je  prie  Dieu  vous 

donner  l'augmentation  des  siennes  en  toute  prospérité. 

D'Anvers,  ce  15  febvrier  1367.  Le  très  humble  serviteur 

à  commandement  de  V.  S.  R. 

C.  Plan  tin. 


23.  —  xAnloine  de  Sienne  *  à  Tlantin. 

« 

(Il  propose  à  Plantin  d'imprimer  la  Somme  de  S<  Thomas  annotée 
par  lui.  Ses  annotations  lui  paraissent  surtout  utiles  parce  que,  chaque 
fois  que  le  grand  docteur  renvoie  à  Tun  ou  à  l'autre  passage  de  la 
Somme  ou  cite  un  auteur,  elles  donnent  Tend  roi  t  exact  de  la  Somme 
auquel  S» Thomas  renvoie  ou  du  livre  auquel  la  citation  est  empruntée.) 

Multum  Magnifice  Domine, 

Ad  aures  meas  pervenit  non  multis   ab  hinc  diebus, 
dominationem  vestram  esse  illius  animi   ut  velit  impri-' 
mère  panes  S.  Thomae  sine  Cajetano.   Si  meum  super 
hoc  requireretur  consiHum,  dubitarem  an  esset  futurum 


I.  Antoine  de  Sienne  ou  de  la  Conception  naquit  vers  Tan  1539 
à  Guimaraens  en  Portugal,  entra  jeune  dans  Tordre  des  Dominicains 
et  prit  le  nom  d'Antoine  de  la  Conception  qu'il  changea  depuis  en 
celui  d'Antoine  de  Sienne,  par  dévotion  pour  S^  Catherine  de  Sienne. 
Il  étudia  à  Coïmbre  et  à  Lisbonne  et  se  rendit  en  1564  à  Louvain. 
Dans  cette  ville,  il  prit  successivement  tous  les  grades  académiques  et 
fut  reçu  docteur  en  théologie  le  25  juin  1 571.  En  157$,  il  se  rendit  à 
Rome  et  mena  depuis  lors  une  vie  errante,  le  roi  d'Espagne  lui  ayant 
interdit  le  séjour  dans  ses  états,  parce  qu'il  s'était  déclaré  partisan  de 
Dom  Antoine,  compétiteur  de  Philippe  II  au  trône  du  Portugal.  Il 
mourut  à  Nantes  en  1585.  Il  composa  un  grand  nombre  d'ouvrages 
de  théologie  dont  plusieurs  sont  consacrés  à  l'explication  de  la 
Somme  de  S«  Thomas.  Il  écrivit  également  quelques  ouvrages  histo- 
riques de  peu  de  valeur.  (Voir  Paquot,  Mémoires  pour  servir  à 
V histoire  littéraire  des  dix-sept  provinces  des  Pays-Bas ^  XUI,  429.) 


-64- 

Utile  dominationi  vestrae,  cum  summa  S.  Thomae  sine 
commentariis  Cajetani  (nisi  Lovanii)  a  paucissimis  putem 
fore  quoerendam  ex  aliis  universitatibus.  Sed  ut  intérim 
hoc  omittam,  quod  prassentibus  occurrit  scribendum, 
hoc  unum  est  :  quod  ego  sunt  jam  duo  anni  quod  sum 
occupatus  in  eadcm  Summa  S.  Thomas,  nec  inutiliter 
per  Dei  gratiam,  quamvis  multas  noctes  insomnes 
duxerim  multumque  desudaverim.  Scopus  autem  mei 
laboris  fuit  in  omnibus  partibus  S.  Thomae  haec  quae 
dixero  accurate  perficere  ut  sic  meo  talento  multis 
prodessem. 

In  primis  ubicumque  S.  Thomas  dicit  in  tota  summa 
(dicit  autem  hoc  saepissime)  :«  ut  supra  dictum  est  »,  vei  : 
«  ut  infra  dicetur  »,  adnotavi  semper  in  margine  quaîstio- 
nem  et  articulum  ad  quem  se  remittit,  ut  sic  cuivis  Icctori 
sit  facilior  doctrina  iliius,  quia  per  taies  citationes  cognitis 
locis  suprapositis  vel  infra  scribendis  praesens  magis 
erit  pervia  doctrina  tanquam  ab  illis  dependens.  Secundo 
eamdem  summam  totam  a  multis  vitiis  et  falsissimis 
citationibus  librorum  et  capitum  repurgavi,  ut  res  ipsa 
facilHme  comprobabit  et  ostendam.  3*»  Quia  S.  Thomas 
ex  omnibus  quos  citât  authoribus  nuUius  unquam  testi- 
monium  citatum  dicit  in  quo  capite  habetur,  nisi  solius 
Dionysii  Areopagitae  aliquando,  et  capita  omnia  librorum 
omnium  quo3  ille  edidit,  satis  prolixa  sunt,  in  margine 
etiam  adnotavi  in  qua  parte  uniuscujusque  capitis 
unumquodque  dictum  est,  ita  ut  nullo  negotio  reperiri 
mox  possit  a  lectore.  4°  Et  quod  fuit  mihi  omnium 
laboriosissimum,  est  quod,  quia  S.  Thomas  Augustinum, 
Ambrosium ,  Hieronimum ,  Aristotelem,  Macrobium, 
Ciceronem  similesque  authores  et  sacros  et  prophanos 
citât  innumeros,  et  fere  infinities,  neque  unquam  expri- 


/ 


-6s  - 

mit  caput  et  saepissime  nec  librum  exprimit.  Verbi 
gratia,  cum  sint  XV  libri  de  trinitate  apud  Augustinum 
saepissime  S.  Thomas  nil  facit  nisi  dicere  :  a  ut  dicit 
Augustinus  in  libro  de  trinitate  >,  non  nominando  aliquem 
librum  in  speciali,  nunquam  autem  citando  caput,  unde 
lector,  si  similia  testimonia  citata  vult  videre,  nimio 
cruciatur  labore  et  magnam  temporis  facere  jacturam  in 
uno  solo  testimonio  quaerendo  cogitur,  prassenim  quia 
etiam  multoties  S.  Thomas  nec  etiam  in  generali  ullum 
librum  citât  contentus  dictum  Augustini  vel  Ambrosii  vel 
cujusvis  sic  referre  :  «  ut  Augustinus  dicit  »,  c  ut  Am- 
brosius  dicit  »,  «  ut  Aristoteles  vel  etc.  dicit  »,  lectorem 
nunc  his  omnibus  angustiis  et  laboribus  do  liberum  et 
in  eadem  Summa  S.  Thomae  in  margine  uniuscujusque 
testimonii  citati  cujuscumque  est  authoris  sacri  vel  pro- 
phani  librum  noto  in  margine  et  capitis  principium,  vel 
médium,  vel  finem,  in  quo  unumquodque  citatum  habetur 
testimonium,  ita  ut  sine  ullo  prorsus  labore  lector  mox 
reperiat  haec  omnia  testimonia,  si  ea  velit  in  proprio 
fonte  videre  et  ita  melius  S.  Thomam  intelligere,  in  his 
autem  etiam  comprehendo  glosas.  Loca  plurima  tam 
canonici  quam  civilis  juris,  quae  omnia  ac,  ut  summatim 
et  uno  verbo  dicam,quotquot  citât  testimonia  cujuscumque 
sunt  generis  omnia  in  margine  praedicto  modo  adnotan- 
tur.  Qpod  opus  (ut  intérim  taceam  quod  fuit  mihi  labo- 
riosum)  esse  futurum  omnibus  supra  modum  gratissimum, 
non  est  cum  possimus  ambigere,  cum  et  modo  viri 
docti  quam  plurimi  et  aliqui  etiam  ex  magistris  nostris, 
postquam  me  huic  negotio  intellexerunt  addictum,  nil 
aliud  faciunt  quam  interrogare  quando  excussioni  dabitur 
opus,  mihi  de  suscepto  labore  plurimum  congratulantes, 
nec  vereor  asserere  futurum   ut  studiosi    omnes   vehnt 

5 


-^  66  — 

hanc  Summam  S.  Thomae  cum  hujusmodi  lucubrationi- 
bus  impressam  carius  quam  alias  quascumque  emere 
uno  vel  duobus  florenis,  et  quamquam  in  magna  copia 
excudantur  exemplaria,  ea  omnia  admodum  brevi  distra- 
henda  fore  habeo  pro  comperto,  quamvis  multo  minoris 
vendantur  partes  quae  nunc  Lugduni  vel  Antverpiae 
imprimuntur,  et  ita  erit  opus  reipublicae  christianas 
utilissimum  et  in  quo  dominatio  vestra  non  médiocre 
lucrum  faciet.  Qiaod  ergo  ex  his  omnibus  reliquum,  est 
quod,  si  dominatio  vestra  voluerit  hoc  opus  imprimere, 
quod  erit  omnibus  gratissimum  et  dominationi  vestrae 
non  parum  proficuum,  ibo  Antverpiam,  Deo  fa  vente,  et 
id  tractabimus  inter  nos  et  statim  in  proximo  festo  Pen- 
tecostes  illi  dabo  très  partes,  videlicet  primam  partem, 
primam  2*  et  secundam  2",  ut  simui  mandet  prelo  ; 
inde  vero  ad  duos  menses,  Deo  dame,  dabo  et  tertiam. 
Qjiartam  vero  ad  Summam  S.  Thomas  sine  Cajetano,  si 
dominatio  vestra  adhuc  sit  ejus  animi,  possemus  nos 
taiiter  disponere  hoc  ut  aggrediendo  prius  hanc  quam 
cupio  cum  commentariis  Cajetani  fieri,  postquam  esset 
in  medio  impressionis^  inciperet  simul  hanc  quam  cupit 
facere  sine  Cajetano.  Itaque  hase  impressio,  quam  cupio 
fieri  cum  Cajetano,  absolvatur  prius  quam  alia  per  duos 
vel  très  menses,  et  ita  poterit  etiam  in  hac  Summa,  quam 
vult  imprimere  sine  Cajetano,  ponere  has  meas  lucubra- 
tiones,  secundum  quas  convenerimus  inter  nos,  et  ita 
dominatio  vestra  rem  omnibus  gratissimam  faciet  et 
utilissimam  et  sibi.  Qjiid  dominationi  vestrae  videatur 
super  hac  re  libenter  audiam,  si  vult  hoc  opus  impri- 
mere, quia  ego,  et  totius  reipublicae  et  meae  consulens 
utilitati,  vellem  cito  id  operis  impressioni  mandare.  Non 
est  quod  pluribus  morer*  Dominationem  vestram  pluri- 


-67  - 

mum  valereopto.  Datum  Lovanii,  23  februarii  1567,  in 
isto  nostro  Monasterio  Praedicatorum.  * 


I .  Nous  publions  cette  lettre  d'après  une  copie  écrite  de  la  main 
de  François  Raphelengien  et  conservée  aux  archives  du  Musée 
Plantin-Moretus.  Comme  on  le  verra  par  la  lettre  suivante,  Plantin 
avait  envoyé  Toriginal  à  un  confrère.  La  lettre  transcrite  ne  porte 
point  de  signature,  mais  elle  a  évidemment  Antoine  de  Sienne  pour 
auteur.  Elle  soulève  une  question  de  paternité  littéraire  curieuse  et 
assez  obscure.  Plantin  publia  en  1569  une  première  édition  de  la 
Somme  de  S.  Thomas  d'Aquin,  en  trois  volumes  in-40.  L'ouvrage 
est  précédé  d'une  dédicace  au  pape  Pie  V  et  d'un  avis  au  lecteur, 
tous  deux  signés  par  Augustin  Hunnaeus.  Après  ces  pièces,  vient  un 
avis  au  lecteur  de  Plantin  et  le  privilège,  puis  on  trouve  une  dédicace 
à  Dom  Antoine  et  un  avis  au  lecteur  tous  deux  signés  par  Antoine 
de  Sienne.  Chacun  des  deux  théologiens  parle  de  l'édition  comme  si 
elle  était  son  ouvrage  personnel  ;  le  premier  dit  qu'il  a  corrigé  le 
texte  d'après  un  grand  nombre  d'anciens  manuscrits  ;  le  second  dit 
également  qu'il  a  corrigé  dans  le  texte  de  nombreux  passages  très 
corrompus  et  insiste  sur  l'importance  des  notes  marginales  qu'il  a 
fournies.  Le  titre  ne  porte  pas  de  nom  d'éditeur  ;  un  avis  imprimé 
au  revers  de  ce  titre  ne  mentionne  d'autre  commentateur  qu'Antoine 
de  Sienne,  mais  il  est  rédigé  de  façon  à  faire  attribuer  la  grande  part 
de  l'ouvrage  i  Hunnaeus. 

En  157 S,  Plantin  publia  une  nouvelle  édition  de  la  Somme  de  S< 
Thomas  en  deux  volumes  in-folio.  Dans  celle-ci,  la  préface  et  l'avis 
d'Antoine  de  Sienne  ont  disparu  et  Hunnaeus  a  ajouté  aux  liminaires 
une  nouvelle  dédicace  à  Grégoire  XULDans  l'avis,  au  revers  du  titre, 
la  mention  des  travaux  d'Antoine  de  Sienne  a  disparu. 

Il  faut  conclure  de  cela  que  les  deux  théologiens  ont  collaboré  à 
la  première  édition;  la  suppression  de  la  préface  d'Antoine  de  Sienne 
doit  être  attribuée  au  bannissement  de  ce  théologien  des  états  du  roi 
d'Espagne  et  à  l'interdit  jeté  sur  ses  écrits.  Cette  suppression  donna 
lieu  à  une  protestation  de  la  part  d'Antoine  de  Sienne  adressée  à 
Plantin.  Nous  n'avons  pas  conservé  cette  dernière  pièce,  mais  dans 
un  brouillon,  tenu  par  Jean  Moretus,  nous  trouvons  un  projet  de 
réponse  à,  cette  réclamation.  L'imprimeur  rejette  la  faute  de  la  sup- 
pression sur  Hunnxus.En  1568,  Plantin  reçut  225  florins  pour  l'aider 
à  supporter  les  frais  de  l'édition  de  la  Somme  annotée  par  Antoine 


—  68  — 

24.  —  Vlantin  à  Charles  Pesnot.  * 

Sire  Charles  Pesnot, 

Toutes  rescommandations  prémises,  la  présente  sera 
pour  vous  advertir  que,  suivant  vostre  lettre,  j'ay  promis 
à  Clément  Baldin  '  de  fournir  tout  ce  que  je  pourray 
des  livres  de  par  deçà  d'un  catalogue  qu'il  m'a  ordonné 
et  baillé  pour  l'envoyer  en  Espaigne,  ce  que  je  feray  le 
plus  tost  qui  me  sera  possible,  car  jusques  à  présent  les 
troubles  de  par  deçà  m'en  ont  osté  l'opportunité,  mais 
doresnavant  j'espère  que  la  trafique  se  portera  mieux 
qu'elle  n'a  faict  d'un  an  en  çà  et  que  pourron:.  mieux 
avoir  affaire  les  uns  avec  les  autres. 

Au  reste,  il  y  a  par  deçà  deux  docteurs  en  théologie, 
dont  l'un  est  natif  de  ce  pais  et  l'autre  d'Espaigne,  qui 
tous  deux  ont  faict  grand  travail  (ne  sçachant  rien  l'un 
de  l'autre)  sur  Summa  Sancti  Thomae.  Celuy  qui  est  de 
ce  pais  est  l'un  des  premiers  ou  plus  doctes  professeurs 
en  théologie  de  Louvain  ',  lequel  a  faict  toute  extresme 
diligence  de  trouver  diverses  copies  escriptes  à  la  main 
de  la  ladicte  Summa,  et  luy  en  ay  aussi  donné  quelques- 
unes,  passé  2  ou  3  ans,  et  ce  faict  il  a  mis  6  autres  théo- 
logiens en  besongne  pour  conférer  avec  luy  ledict  livre 
avec  lesdictes  copies  escrites  à  la  main,  de  sorte  qu'ils 
ont  trouvé  des  erreurs  infinies  et  restitué  plusieurs  pas- 

de  Sienne.  L*édition  ne  s' étant  point  faite,  la  somme  fut  restituée  au 
théologien  portugais.  En  outre,  Plantin  lui  accorda  des  livres  pour 
une  valeur  de  152  florins  6  sous,  parce  qu'il  «  avoit  baillé  la  copie  de 
Catena  D.  Thoma:  et  aussi  corrections  in  Summa  D.  Thomae.  » 

1.  Charles  Pesnot,  imprimeur  à  Lyon. 

2.  Clément  Baldin^  imprimeur  à  Lyon. 

3 .  Augustin  Hunnseus. 


-69  - 

sages  qui  n'estoyent  intelligibles  et  desquels  Cajetanus 
mesmes,  qui  a  commenté  ladicte  Summe,  n'est  peu  venir 
à  bout  de  les  entendre,  et  de  faict  il  ne  pouvoit  parce  que 
souventesfois  il  y  défailloit  quelque  mot,  voir  lignes  et 
sentences.  Et,  en  plus  de  cinquante  passages,  ont  ils 
trouvé  que  les  livres  imprimés  ont  des  négatives  au  lieu 
d'affirmatives  et  au  contraire  en  maintes  autres  telles 
fautes  énormes.  De  sorte  que,  ne  doubtant  pas  que  ce 
livre  ainsi  imprimé  ne  fust  (estant  maintenant  ainsi  res- 
titué) autant  bien  vendable  que  livre  qui  soit  de  ce 
temps,  j'ay  achapté  ladicte  copie,  ainsi  reveue  par  les- 
dicts  théologiens,  le  prix  de  30  escus  et  30  exemplaires, 
que  je  dois  livrer  incontinent  que  j'aurois  achevé  d'im- 
primer ledict  livre,  qui  seroit  seulement  le  texte  sans  Ca- 
jetanus. Ceci  ay  je  faict  dès  l'année  passée,  pensant  de 
le  commencer  incontinent,  mais  les  accidens  et  troubles 
de  par  deçà  m'en  ayant  osté  le  moyen  et  voulant  bien 
commencé  de  faire  quelque  chose  avec  vous,  je  vous 
en  ay  voulu  advertir  et  offiir  telle  portion  qu'en  voudrés 
prendre,  pourveu  que  j'en  aye  un  tiers  ou  un  quart  et 
mesmes,  si  voulés,  la  moitié.  Touchant  à  l'autre  copie, 
je  vous  envoyé  ici  la  lettre  mesmes  que  l'espagnol 
m'en  a  escrit  dès  le  mois  de  febvrier  dernier  \  Or  n'a 
cestuy-ci  les  corrections  du  texte  cy-dessus  mentionnées. 
Parquoy  me  sembleroit  bon,  s'il  vous  sembloit  aussi 
ainsi,  que  nous  imprissions  premièrement  ledict  texte,  ou 
bien,  si  bon  vous  semble,  je  le  vous  envoyeray  par  delà, 
si  l'ordonnés,  pour  en  disposer  par  deçà,  sy  me  donnés 
la  charge   de   traitter  avec  ce   moine  ici,   ou  bien  en 

I.  Par  •  l'espagnol  »  il  faut  entendre  Antoine  de  Sienne.  La  lettre 
envoyée  à  Charles  Pesnot  est  l'original  de  celle  qui  précède  et  que 
nou3  publions  sur  une  copie  prise  par  Raphelengien. 


—  70  — 

pourrés  aussi  parler  et  en  adviser  avec  ceux  qui  ont 
accoustumé  de  le  faire  par  delà.  Car,  quant  à  moy,  je 
seray  prest  à  y  faire  comme  Tordonnerés. 

J'ay  aussi  Opéra  Cypriani  reveues  et  conferrées  avec 
la  copie  de  Rome  et  Morel  et  bien  20  exemplaires  à  la 
main  et  toutes  autres  impressions  par  un  très  savant 
homme  en  théologie  et  bonnes  lettres  qui  s'appelle 
Pamelius  \  lequel  y  a  faict  aussi  de  brefves  et  bonnes 
annotations,  èsquelles  il  rend  principallement  raison  des 
diverses  leçons  et  antiquités.  Cettuy-ci  ay  je  délibéré 
d'imprimer  sur  une  sorte  de  papier  que  j'ay  qui  est  fort 
grand  et  le  faire  in  8^,  mais  il  sera  comme  petit  4*^.  J'ay 
aussi  la  Bible  en  françois  entre  mains  in-f**  corrigée  après 
celle  de  N.  M.  Besnoist  et  approuvée  à  Lion  ".  S'il 
vous  vient  à  gré  de  prendre  partie  d'aucunes  desdictes 
œuvres,  m'en  advertissant  et  faisant  tenir  argent  ou  bien 
le  délivrant  par  delà  à  qui  je  le  pourois  ordonner,  après 
avoir  eu  vostre  response  et  adveu,  j'en  feray  ainsi  que 
l'ordonnerés,  vous  envoyant  par  delà  vostre  part  ou  là  où 
le  vouldrés  ordonner  ou  bien  les  vendant  par  compagnie. 

X.  Jacques  Pamelius  (Van  Pamele),  né  à  Bruges  en  1536,  fut 
chanoine  de  l'église  de  S^*  Gudule  à  Bruxelles  et  de  celle  de  S^  Jean 
â  Bois-le-duc.  Il  habita  plus  tard  S<  Orner  et  mourut  à  Mons,  au 
moment  où  il  allait  prendre  possession  de  l'évèché  de  S*  Orner.  Il 
publia  divers  ouvrages  de  théologie  dont  Piantin  imprima  les  sui- 
vants: ^icrologvs  de  eccUsiasticis  ohservationibvs  (156$,  80)  ;  De  reli» 
gionibus  diuersis  non  admittendis  in  vno  aliquo  vnius  Regni,  Monar- 
chia^  ProuincùCf  Reipuhlica,  aut  Ciuitatis  loco  (1589,80);  ^agni 
<Aurelii  Cassidiori  Senatoris  institutionis  divinarum  lectionum  liber  I, 
Nunc  primum  evulgatum  perjacobum  Tameîium  (1566, 80)  ;  Les  Opéra 
Cypriani,  dont  il  est  question  ici,  furent  publiés  en  1603  par  Sébas- 
tien Nivelles  à  Paris. 

2.  La  Bible  française  in  fol.  ne  fut  publiée  par  Piantin  qu'en  1578. 
Le  privilège  et  la  préface  sont  de  1572. 


—  71  — 

Et  cela  faict  ou  accordé,  j'ay  quelques  autres  entre- 
prinses  en  main  qui,  à  mon  advis,  seront  de  bonne  et 
seure  importance,  dont  je  vous  advcrtiray  et  vous  feray 
en  tout  meilleur  parti  et  plus  honeste  que  je  ne  le  voul- 
drois  faire  à  honmie  de  par  delà.  Parquoy  je  vous  suplie 
de  me  donner  response  en  la  plus  grande  diligence  que 
le  pourrés,  affin  que  selon  icelle  je  me  puisse  asseurer 
de  vous  ou  m'addresser  à  autres,  d'autant  que  pour  telles 
affaires,  je  désire  doresnavant  avoir  compagnon  que  je 
cercheray  plustost  hors  de  ce  pais  que  dedans  pour  di- 
verses [raisons]  et  aussi  que  je  désire  respondre  et  donner 
résolution  au  bon  frère  qui  s'adresse  à  moy  pour  ladicte 
sentence  et  lequel  je  tiens  encore  [en]  suspens  '. 


25.  —  Tlantin  à  Gabriel  de  Cayas. 

Monseigneur,  * 

Suivant  l'ordonnance  de  V.  S.  et  ma  promesse,  je 
vous  envoyé  les  deux  livrets  avec  l'indice  de  la  meil- 
leure partie  de  mes  charractères,  avec  espoir  de  vous 
envoyer  le  reste  quand  je  l'auray  imprimé.  '  J'envoye 
aussi  le  cathalogue  des  livres  que  j'ay  imprimés,  à  cause 

1 .  Cette  lettre  ne  porte  point  de  date  ;  comme  elle  est  écrite  sur 
une  feuille  volante,  il  n'est  pas  possible  d'indiquer  approximative- 
ment le  jour  où  elle  fut  expédiée.  H  est  certain  toutefois  qu'elle  est  de 
1 567.  Nous  l'avons  placée  ici  parce  qu'elle  se  rapporte  au  même 
sujet  que  la  lettre  précédente. 

2.  D'après  le  texte  conservé  aux  archives  de  Simancas. 

3.  Index  sive  spécimen  charactervm  Christophori  Pîaniini  (1567, 
petit  in-fol).  Il  en  existe  deux  tirages  différents,  dont  l'un  renferme 
41  et  l'autre  42  espèces  de  caractères. 


f 


—  72  — 

qu'il  y  en  a  beaucoup  qui  n'estoyent  pas  spédfiés  au 
cathalogue  précédent.  '  S'il  est  chose  en  quoy  je  puisse 
faire  quelque  service  à  V.  S.,  le  commandant  vous  serez 
obéi  d'aussi  bon  cueur  qu'en  me  recommandant  à  vostre 
bonne  grâce,  je  prie  Dieu  vous  favoriser  le  service  de 
plus  en  plus.  D'Anvers,  ce  jour  de  mars  1567. 
Le  très  humble  et  très  obéissant  serviteur  de  V.  S. 

C.  Plantin. 


26.  —  tAtégustin  de  Hasselt  ■  à  Tlantin. 

(S'excuse  de  s*être  établi  à  Vianen  ;  promet  de  payer  sa  dette  à 
Pâques.) 

Allent  wat  ick  vormach  thovoren.Weeth  Christopher, 


•  I.  Plantin  aurait  donc  imprimé,  en  1567,  la  seconde  édition  de  son 
catalogue.  Nous  n'avons  de  renseignements  certains  que  sur  un 
catalogue  de  1566  et  sur  un  autre  de  1568  :  Index  lïbrorum  officina 
plantiniani  (1566),  tiré  à  300  exemplaires,  et  Index  librorum  qui 
Antverpia  in  officina  Christophori  Plantini  excusi  sunt  (is68,  in-S®). 
Ce  dernier  est  peut-être  postdaté. 

2.  Augustin  de  Hasselt  était  un  imprimeur  qui,  suivant  la  Chro- 
nique manuscrite  de  la  Famille  de  la  Charité,  conservée  à  la  Biblio- 
thèque de  rUniversité  de  Leyde,  imprima  d'abord,  à  Kampen,  les 
ouvrages  de  Henri  Niclaes.  Les  archives  de  TofRcine  plantinienne 
prouvent  qu'il  travailla  comme  ouvrier-imprimeur  chez  Plantin  en 
1564,  1565  et  i$66.  Il  fut  également  employé  à  revoir  le  manuscrit 
du  Thésaurus  theutonica  îingwt.  Comme  le  prouve  la  présente  lettre 
et  comme  l'affirme  la  Chronique  de  la  Famille  de  la  Charité,  Augus- 
tin de  Hasselt  s'établit  à  Vianen  vers  le  commencement  de  1567. 
Il  y  imprima  aux  frais  d'Henri  Niclaes  plusieurs  petits  traités  de  ce 
dernier  et  des  traductions  latines  et  françaises  de  ces  ouvrages. 
Plantin  lui  avait  fourni  les  fonds  et  le  matériel  pour  son  officine  et 
devait  partager  les  bénéfices.  Plus  tard,  Augustin  transporta  son 
imprimerie  à  Cologne  où  il  continua  à  imprimer  les  livres  de  la 
secte  à  laquelle  il  appartenait.  En  1591,  il  habitait  encore  Cologne 
et  y  travaillait  pour  Barrefeh. 


—  73  — 

gude  frendt,  dath  ick  van  iuw  twe  diversche  brieven 
ontfangen  hebbe,  daer  inné  gy  qualick  tho  vreden  zyt, 
dath  ick  my  tôt  Vianen  nedergeslagen  hebbe,  und  segt^ 
dath  ick  mit  geveinstheit  met  u  gehandelt  hebbe,  omme 
dath  ick  my  geliet,  dath  ick  tôt  Campen  werken  soude, 
het  welcke  ick  oick  sins  was;  dan  int  reysen  wart  het  mij 
ontraden  omme  dath  dit  naerder  was,  und  oick  warde 
my  belovet,  dath  men  alknt  werck,  dath  ick  drucken 
solde,  my  afgenomen  sal  werden,  daromme  behoorde  gy 
dat  niet  qualick  tho  nemen  waer  ick  wone,  als  gy  tôt 
uwe  betalinge  komet,  gelyck  oick  onmidelick  iuw.  wal 
gesecht  heft  G)rnelis  Kiel  *  correcteur,  den  welcken  gy 
ontrent  vastelavont  tôt  my  sonden  omme  my  mundelicks 
darvan  tho  straffen,  und  mit  rechts  sonder  lange  verdrach 
tho  eysschen,  dath  ick  u  schuldich  ben.  Bidde  daromme 
wilt  my  sulckes  ten  besten  holden  und  mit  my  wat 
patientie  hebben,  want  ick  dencke  tho  paesschen  tho 
uw  tho  komen  um  tho  vemoegen  na  unsen  vordrach. 
Hjrrmit  blyvet  den  Heer  bevolen. 

Datum  tôt  Vianen  den  lo  martii  anno  1567. 
By  my  Augustin  van  Hasselt  u  dienaer. 

Den  eersamen 
Christopher  Plantin,  boeckdrucker, 
tôt  Antwerpen  in  den  Gulden  passer. 

I.  Corneille  Kiel  (Kilianus)^  le  célèbre  lexicographe,  correcteur 
dans  Tofficine  plantinienne  de  1558  à  1607.  Né  à  Duffel  en  1528  ou 
1529,  mort  à  Anvers  eu  1607. 


—  74  — 

27.  —  Pierre  Torret  à  Plantin. 

Mon  frère,Je  vous  advertys  que  jamays  monseigneur  le 
chevallier  d'Angolesme  ne  me  rencontre  qu'il  ne  me 
desmande  de  vos  novelles,  comme  vous  vous  portés  et 
que  c'est  que  vous  faictes.  Il  vous  ayme  grandement  et 
qui  plus  l'incite  à  ce,  c'est  qu'il  a  bien  entendu  que 
jamays  on  ne  vous  a  sceu  faire  trover  bon  ny  condes- 
cendre à  la  novelle  religion,  quelque  grande  liberté  qui 
se  soit  sceu  monstrer  par  delà,  et  que  vous  avés 
destourné  un  sien  serviteur  allemand  qui  l'avoit  laissé 
pour  aller  ouyr  ces  abilles  ministres,  de  sorte  que  ledict 
jeune  homme  a  faict  entendre  à  mondict  seigneur  le 
chevallier  comme  vous  l'avés  exhorté  de  jamays  n'aban- 
donner l'obéissance  de  la  saincte  catholicque  esglise 
romaine,  de  si  long  temps  bien  fondée,  pour  suivre  je  ne 
sçay  quoy  de  noveau  qui  n'a  point  de  fondement  ny 
de  durée  ;  de  quoy  il  vous  sçait  fort  bon  gré,  parce 
qu'il  se  veult  servir  du  jeune  compagnon  et  seroit 
marry  qu'il  feust  enivré  de  telle  doctrine  de  si  peu  de 
fondement.  Or  ce  n'est  pas  tout,  car  il  a  fallu  que  je  luy 
aye  récité,  de  point  en  point,  la  cause  de  nostre  fraternité 
et  si  grande  amytié,  et  comme  nous  avons  estes  nouris 
ensemble  dès  la  grande  jeunesse.  Je  luy  ay  récité 
comme  feu  vostre  père  avoit  servy  aux  escoUes  un  mien 
oncle  qui  s'appelloit  Claude  Porret,  lequel  a  despuys 
esté  obéancier  de  S'  Just  de  Lion,  avec  l'aide  d'une 
sienne  seur,  qui  estoit  mariée  à  Chapelles,  païs  de 
Forés,  à  un  nommé  Anthoine  Puppier.  Ledict  obéancier 
trespassa,  eagé  de  80  ans  et  plus,  en  l'an  1548.  Or  a 
il  eslevé  4  de  ses  nepveux,  enfans  de  sadicte  seur,  à- 
sçavoyr  :  Françoys,  Anthoine,  Charles  et  Pierre  Pupiers, 


—  7S  — 

et  les  a  faict  tous  quatre  chanoynes    de  ladicte  esglise 
de  S^  Justy  et  les  deux  ont  estes  obéanciers^  l'ung  après 
Taultre,  avant  qu'il  trespassa,   car  il  avoit  résiné  cum 
regressu,  qui  avoit  lieu  en  ce  temps-là.  Pierre  Puppier 
le  feust  après  son  trespas  qui  ne  dura  guère.  C'est  celluy 
que  vous   avés  servi   à  Paris  et  Orléans,    lorsque  feu 
vostre  père  vous  amena  chez  ledict  seigneur  obédiencier, 
fuiant  la  peste  quand  tous  mouroient  en  vostre  maison. 
Vous  estiés  bien  jeune  et  n'aviés  aulcune  cognoissance  de 
jamays  avoyr  veu  vostre  mère.  Nous  feusmes  deux  ou 
troys    ans  ensemble  chez   mondict   oncle,     avant   que 
monsieur  le  docteur  Pierre  Puppier  allast  à  Orléans  ou 
en  ceste  ville,  et,  pour  aultant  que  feu  vostre  père,  qui 
governoit  entièrement  la  maison,    me  donoit   tousjours 
des  friandises  et  qu'il  m'apelloit  son  fils,  je  l'appelloys 
mon  père  comme  vous.  Et  voylà   ce   (luy  dis-je)  d'où 
est  venu  nostre  fraternité.  Il  m'a  desmandé  comme  vous 
avés  esté  faict  libraire  et  moy  appotiquère.  Je  luy  ay 
recité  comme,    après  que  son  maistre  fust  chano3me, 
il  se  retira  à  Lion  et  vous  laissa  icy,  en  ceste  ville, 
quelque  peu  d'argent  pour  vous  entertenir  à  l'estude  en 
atendant  qu'il   iroit  à  Tolouze,   là  où   il   vous   debvoit 
mener.  Mays  il  s'en  alla  sans  vous,  ce  que  voyant,  vous 
vous   en  allastes  à  Caen    servir    un  libraire,  et  puys, 
quelques  ans  après,  vous  vous  mariastes  audict  lieu  et  moy 
je  me  mys  aprentif  appotiquère.  Puys  vous  amenastes 
vostre  mesnage  en  ceste  ville,  où  nous  avons  tousjours 
estes  ensemble,  et  en  l'an   1548  ou   49  vous  allastes  à 
Anvers,  où  vous  estes  encores.  Et  voylà  de   quoy  j'ay 
entertenu   mondict   seigneur    l'espace  de  deux  heures 
avec  plusieurs  discours  quy  seroyent  trop  longs  à  racon- 
ter. J'ay  esté   despuys  quelques  moys  à  Lion  où  vis  je 


-76- 

vostre  cousin  Jacques  Plantin,  fort  vieux  et  quy  jamays 
n'a  profité  despuys  qu'il  a  veu  le  ravage,  de  quoy  ces 
mauldis  rebelles,  ennemis  de  Dieu,  du  roy  et  de  nature, 
ont  faict  à  S'  Just  et  S*  Liévin,  les  deux  plus 
anciennes  esglises  de  la  crestienté.  N'estant  content 
d'avoyr  tué  le  reste  de  nos  amys  par  delà,  défenceurs  du 
repos  public  et  de  la  religion  catholicque,  ils  ont  ren- 
vercé  jusques  aux  fondemens  ses  deux  anticques  esglises, 
si  bien  servies  et  plaines  de  tant  belles  antiquités,  et  la 
maison  où  vous  et  moy  avons  esté  nourris  si  amiable- 
ment  et  avec  si  gens  de  bien.  Il  y  a  quelques  ans  que 
vous  parliez  d'aller  revisiter  la  sépulture  de  feu  vostre 
père  et  luy  faire  un  service,  mays  vous  auriés  bien 
affaire,  à  présent,  de  trouver  le  lieu  où  il  a  esté  enterré. 
Je  suys  joyeux  de  vous  ramantevo)rr  de  nos  jeunes  ans, 
mays  le  cueur  me  plourer  de  voyr  une  si  grande  désola- 
tion. Le  bon  home  se  recommande  à  vous  et  a  grand 
désir  de  vous  vo3rr.  Et  sur  ce  point,  mon  frère  et  plus 
ancien  amy,  je  me  recommanderay  à  vostre  bonne  grâce, 
sans  oublier  vostre  famille,  priant  nostre  Seigneur  quy 
soit  garde  de  vous.    Escriptç  à  Paris  ce  xxv  mars  1367- 

Vostre  frère  et  entier  amy 

P.  Porret. 
A  mon  frère  et  bon  amy, 

le  Sieur  Christophle  Plantin, 

à  Anvers. 


f 


—  77  — 

28.  -—  Plantin  à  Cayas.  * 

Monseigneur, 

Estant  retourné  de  Francfort  et  ayant  trouvé  par  efFect 
que  la  fin  des  outrecuidés  était  parvenue  à  ce  que  de 
longtemps  je  Tavois  préveue,  je  me  suis  resjouy  de 
voir  que  ceste  tant  noble .  ville  fust  grandement  purgée 
d'un  tas  de  gens  effrontés,  qui  auroyent  bien  osé  penser 
d'introduire  quelques  nouveautés  contraires  à  l'intention 
de  Sa  Majesté  et  du  bien  public.  Car  j'ay  trouvé  que  la 
plus  part  de  tels  s'en  estoyent  fuis  et  que  plusieurs 
encores  s'en  retiroyent  pour  craincte  de  la  punition 
juste  qu'on  pourroit  prendre  d'eux,  dont  nous  espérons 
bonne  issue  par  la  bonne  provision  et  gouvernement  de 
Son  Altesse,  mais  comme,  au  subit  arriver  de  gendarmerie 
en  une  ville  et  à  la  calunmie  des  envieux,  il  se  trouve 
bien  souvent  des  accidents  dangereux,  je  me  suis  résolu 
d'y  prévenir,  et  pour  ce  faire  m'estant  transporté  cejour- 
d'huy  en  ceste  ville  de  Brusselles  pour,  par  le  moyen  de 
la  faveur  de  vos  lectres,  m'addresser  au  signeur  Armen- 
terios  *  lequel  voyant  estre  occupé  à  la  despesche  de  mon- 
seigneur Robles  ',  n'ay  osé  ne  voulu  interpeller,  me  réser- 
vant de  ce  faire  jusques  à  ce  que  j'entende  qu'il  ait 
bonne  oportunité,  de  quoy  j'ay  bien  voulu  advenir 
vostre  R.  S.  et  aussi  que  je  seray  prest  d'imprimer  la 
Bible  en  quatre  langues  et  adjouxter  la  paraphrase 
chaldaïcque,  quand  il  plaira  à  Sa  Majesté  de  l'ordonner, 

1 .  D'après  le  texte  conservé  aux  archives  de  Simancas. 

2.  Thomas  Armenteros,  secrétaire  intime  de  la  gouvernante  Mar- 
guerite de  Parme. 

3.  Gaspar  de  Robles,  seigneur  de  Billy,  gouverneur  de  Philippe^ 
ville. 


-78- 

ainsi  que  le  signeur  Becanus  m'a  dict  vous  avoir  rcscrit 
pour  moi,  tandis  que  j^estois  à  Francfort.  Or  n'avois  je 
pas  délibéré  ne  pensé  trouver  ici  la  commodité  d'escrire 
à  V.  S.,  ce  qui  faict  que,  pour  le  présent,  je  ne  vous 
puis  envoyer  (pour  ne  les  avoir  en  ceste  ville  de  Brusselles) 
les  monstres  des  Bibles  ne  les  livres  des  Épistres  et 
Évangiles  de  Tannée,  ce  que  je  feray  Dieu  aidant  par 
la  première  oportunité  et  advertiray  aussy  du  succès  de 
ma  venue  en  ceste  ville  de  Brusselles.  J'ay,  par  mes  pré- 
cédentes, adverti  V.  R.  S.  que  le  seigneur  Curiel  *  m'avoit 
payé,  incontinent  avoir  veu  vos  lectres.  Et  ici,  me  recom- 
mandant très  humblement  à  V.  R.  S.,  je  prie  Dieu  vous 
conserver  et  augmenter  tous  jours  de  ses  sainctes  grâces. 
De  Bruxelles,  ce  i6*  jour  d'avril  1567. 
L'entièrement  et  bien  aflfectionné  serviteur  de  V.  R.S. 

C.  Plantin. 


29.  —  Plantin  à  Çayas.  ' 
Monseigneur, 

Estant  ces  jours  passés  à  Bruxelles,  je  n'osai  parler  à 
m.onseigneur  Armenterios  de  peur  de  luy  estre  impor- 
tun, en  partie  pour  n'avoir  jamais  parlé  à  luy,  et  en 
partie  pour  ce  que  je  l'entendois  estre  empesché  à 
la  dépesche  de  monseigneur  Robles  pour  le  voyage 
d'Espagne,  par  le  moyen  duquel  j'estime  qu'aurés  receu 

1.  Hieronimo  de  Curiel,  négociant  espagnol  établi  à  Anvers,  fac- 
teur de  Philippe  II  et  son  intermédiaire  pour  les  achats  et  les  paie- 
ments que  le  roi  faisait  faire  dans  cette  ville. 

2.  D'après  le  texte  conservé  aux  archives  de  Simancas. 


f 


—  79  — 

les  letres  qu'alors  j'envoyai  à  V.  S*.  Maintenant  j'envoye 
les  espreuves  de  la  Bible  en  quatre  langues,  selon  qu'il 
vous  a  pieu  l'ordonner  par  vos  dernières.  Je  loue  Dieu 
grandement  de  ce  que  la  volonté  des  malings  est  cessé 
et  la  religion  catholique  exercé  publiquement,  ainsi 
qu'il  apartient,  soubs  la  seule  auctorité  du  Roy  catho- 
lique. Je  n'envoyé  pour  le  présent  des  livres  de  Episto- 
lae  et  Evangelia,  *  parce  que,  avec  mes  pénultièmes,  j'en 
envoyai  deux  avec  l'indice  des  livres  par  moy  imprimés 
et  les  monstres  d'une  bonissime  partie  de  mes  char- 
ractères.  S'il  vient  à  gré  à  Vostre  S.  je  supplie  d'avoir 
response  touchant  les  œuvres  de  monseigneur  Sepul- 
veda,  auquel  je  supplie  estre  recommandé  et  à  V.  R.  S., 
laquelle  je  prie  Dieu  vouloir  conserver  et  augmenter  de 
bien  en  mieux.  D'Anvers,  ce  20  avril  1367. 

Je  souhaitte  d'enrichir  l'impression  de  la  Bible  en 
quatre  langues  de  tout  ce  qu'il  me  sera  possible,  ainsi 
que  par  mes  autres  je  l'ay  assez  amplement  spécifié, 
parquoy,  s'il  plaisoit  à  Sa  Majesté  de  me  faire  délivrer 
les  livres  que  m'escrivés  estre  en  la  librairie,  j'en  seray 
fort  joyeux. 

L'entièrement  serviteur    très    humble    et    amy  très 
affectionné. 

C.  Plantin. 

I.  Epistola  et  Evaftgelia^  groece  (1564,  111-8°). 


—  8o  — 

30.  —  Plantin  à  Guillaume  TosteL  * 

Deux  causes  m'ont  induict  Signeur  très  aimé,  à  vous 
escrîre  la  présente,  dont  la  première  est  afin  de  pouvoir 
par  cestes  requérir  qu'il  vous  plaise  me  donner  à 
entendre  apertement  vostre  conception  touchant  l'en- 
droict  de  la  lettre  qu'avés  escriste  dernièrement  à  nostre 
amy  Abraham  Ortels,  *  là  où  vous  luy  ordonnés  qu'il 
me  die  notos  tibi  esse  charitatis  alumnos  '  etc.,  car  je  n'en- 
tends pas  bien  vostre  intention  quand  vous  y  meslés  je 
ne  sçay  quoy  des  Davidistes,  *  et  qu'en  ayés  réservé  le 
secret  et  vérité  in  consortii  charitatis  usum  etc.  Parquoi 
monsigneur,  je  vous  supplie  de  m'interpréter  ce  passage. 
L'autre  cause  que  j'ay  prins  la  hardiesse  de  vous  escrire 
est  pour  n'estre  veu  ingrat  envers  vous  d'avoir  reçeu 
salutation  de  vous,  sans  la  vous  souhaiter  telle  que  je 
m'asseure  que  l'ancien  père  de  la  congrégation  de 
charité*  la  désire  à  tous  cens  qui,  ayants  esté   desplai- 

1.  Guillaume  Postel,  né  à  Dolcrie,  le  25  mars  1510,  mourut  à 
Paris  le  6  septembre  1 581.  Il  fut  un  des  hommes  les  plus  savants  de 
son  siècle.  Il  enseigna  à  Paris  les  mathématiques  et  les  langues 
orientales.  Il  est  célèbre  par  l'extravagance  de  ses  opinions  religieuses 
et  philosophiques,  qui  se  rapprochent,  jusqu*à  un  certain  point,  de  la 
doctrine  d'Henri  Niclaes.  Poursuivi  à  cause  de  ces  rêveries,  il  mena 
une  existence  errante  pendant  la  plus  grande  partie  de  sa  vie. 

2.  Abraham  Ortelius,  le  célèbre  géographe  anversois,  né  le  26 
mars  1527,  mort  le  4  juillet  1S98.  Plantin  était  lié  d'amitié  avec  lui 
et  imprima  plusieurs  de  ses  ouvrages  :  son  TJxatrum  Orhis  Terrarum 
dont  les  différentes  éditions  furent  publiées  par  l'auteur,  excepté 
l'édition  espagnole  de  1 588  que  Plantin  fit  paraître  à  ses  frais  ; 
Synonymia  geographica  en  IS78,  et  Thésaurus  geo^raphicuSy  en  1S87  ; 
Itinerarium  per  nonnullas  Gallùe  Belgica  partes ^  en  1584. 

3.  Les  membres  de  la  Famille  de  la  Charité. 

4.  Adhérents  de  David  Joris^  fondateur  d'une  secte  de  l'anabap- 
tisme. 

5.  Henri  Niclaes. 


—  gi- 
sants et  fait  (à  la  réquisition  de  l'annoncement  de 
l'évangile  sainct  de  Nostre  Signeur  Jesus-Christ)  péni- 
tence de  leurs  péchés,  ont  ensuivi  Nostre  Signeur  Jésus- 
Christ  en  sa  passion,  mort  et  ensevelissement,  jusques  à 
la  résurrection  et  vie  éternelle,  par  l'ascension  d'iceluy 
au  ciel,  à  la  dextre  de  Dieu  son  père,  d'où  il  conferme  les 
siens  qui  restent  pour  annoncer  et  tesmoigner  aus 
peuples  les  faicts  magnifiques  de  l'éternel,  et  que  Dieu 
a  constitué  un  homme,  par  lequel  il  jugera  la  terre  et 
séparera  les  boucs  d'avec  les  brebis,  que  luy-mesmes  il 
paistra  de  pasture  non  périssable,  mais  qui  nourrist  en 
éternité  ceux  qui  en  mengent,  et  par  icelle  viennent  par 
Jésus-Christ  à  estre  finablement  héritiers  de  la  vie  éter- 
n'.Ue,  à  laquelle  nous  veille  conduire  le  souverain  Dieu 
du  ciel  et  de  la  terre  par  iceluy  son  fils  éternel  Jésus- 
Christ  en  l'union  du  sainct  Esprit,  lien  de  toute  charité 
à  jamais.  D'Anvers,  ce  17  may  1567.  * 


I .  Cette  lettre,  la  réponse  de  Postel  et  la  seconde  lettre  à  ce 
dernier,  écrite  par  Plantin  le  7  juin  1567,  formaient  un  petit  rouleau, 
retrouvé  par  nous  parmi  les  papiers  de  Tofficine  plantinienne. 
Elles  font  partie  des  documents  peu  nombreux  prouvant  claire- 
ment Taffiliation  de  Plantin  à  la  secte  d'Henri  Niclaes.  Les  preuves 
indirectes  ne  manquent  point.  La  doctrine  de  la  Famille  de  la 
Charité  est  fort  nébuleuse.  Henri  Niclaes  mettait  la  Charité,  c'est- 
à-dire  Tamour  de  Thumanité,  au-dessus  de  tous  les  dogmes.  Par 
l'observation  de  ce  premier  des  préceptes  devait  s'accomplir  l'œuvre 
que  le  Christ  n'avait  pas  terminée.  Ce  dogme  était  le  seul  qui  eût 
de  la  valeur.  En  fait  de  morale,  il  prêchait  l'abnégation  et  condamnait 
l'égoîsme  de  la  manière  la  plus  absolue.  La  Famille  de  la  Charité 
avait  une  organisation  hiérarchique  très  compliquée  dont  Henri 
Niclaes  était  le  chef  suprême  et  autocrate.  11  prétendait  êtr^  en 
communication  directe  avec  la  divinité  qui  lui  révélait  sa  doctrine. 

6 


—    82     - 

31.  —  Guillaume  Postel  à  Plantin, 

J'ay  eu  plaisir  de  veoir  en  vostre  lettre  les  deux  ques- 
tions par  vous  à  moy  proposées,  et  suyvant  la  lettre  à 
monsieur  Ortelius,  de  moy  chez  vous  arrivées.  Quant  à 
la  première,  là  où  vous  demandez  que  j'entends  en  ce 
que  je  luy  ay  escript  qu'il  vous  dist  notos  mihi  esse  chari- 
tatis  alumnosy  soyez  asseuré  que  je  n'entends  aultre 
chose,  sauf  que  comme  simplement  le  Signeur  et  Saul- 
veur  du  monde  Jésus-Christ,  vray  Dieu  et  juif,  l'entendt 
par  sa  parole  infallible  quand  il  faict  par  son  Apostre 
Paul  escrire  :  finis  pracepii  charitaSy  de  corde  puro,  de 
conscientia  bona,  de  fide  non  ficta;  à  laquelle  je  réfère 
Tescript  imprimé  que  sçavez  que  j'estime,  combien  que 
souverainement  sçavant,  pour  un  grand  don  venu  de 
vostre  main.  L'aultre  question  est,  que  j'entends  in 
consortii  charitatis  usunty  parlant  des  Davidistes.  Je  vous 
asseure*  et  ce  en  la  charité  qui  dure  éthernelement, 
voire  et  depuys  que  la  foy  et  espérance  cesseront,  que 
je  n'entends  de  Georges  David,  ou  David  Jorgis,  come 
Ihom  le  disoit,  aultre,  sauf  que  ce  aye  esté  un  meschant, 
et  quant  à  sts  actes,  du  tout  tyran,  et  plain  d'amour 
propre,  qui  ha  eu  cognoissance  du  tout  très  grande  des 

Plantin  et  plusieurs  de  ses  amis  lui  restèrent  5dèles  jusqu'en  1567. 
Plus  tard,  l'imprimeur  anversois  fut  en  communion  d'idées  avec 
Barrefelt,  un  des  anciens  disciples  de  Niclaes  qui  avait  quitté  la 
Famille  de  la  Charité.  La  doctrine  de  Niclaes  fortement  empreinte  de 
mysticisme  enseignait  que  les  adhérents,  en  entrant  dans  la  Famille 
de  la  Charité,  ne  devaient  point  quitter  la  religion  qu'ils  avaient  pro- 
fessée jusqu'alors.  Le  culte  extérieur  étant  de  peu  d'importance,  nul 
ne  devait  s'exposer  à  souffrir  un  dommage  quelconque  à  cause  de 
cette  question  de  pure  forme.  Ceci  explique  comment  Plantin,  tout 
en  étant  un  membre  zélé  de  la  secte  de  Niclaes,  pouvait,  sans  trop 
d'hypocrisie,  se  proclamer  un  fils  dévoué  de  l'église  catholique. 


-83  - 

secretz  de  Dieu,  desquels  il  ha  abusé,  parcequ'il  ha 
abusé  tant  de  l'église  corne  de  la  chanté  qui  en  est  la 
finale  marke,  en  tournant  à  son  profict  particulier  et 
filautie  ce  que  ayant  receu  du  povre  et  moins  intelligent 
peuple  qui  le  conduysoit  par  son  povoir  et  richesse, 
estoit  obligé,  corne  un  bon  chef  à  ses  membres,  à 
l'employer  pour  eulx  et  davantage  à  mettre  pour  eulx, 
si  il  en  eust  eu  de  propres,  mettre  les  biens,  la  vie  et 
rhoneur,  et  pour  les  siens,  s'il  est  besoing^  mourir  en 
povrelé,  mespris  et  douleur.  Je  dis  donc  que  qui  fera 
ainsi,  come  ayant  le  sça voir  qu'il  havait,  il  estoit  tenu 
de  faire,  il  sera  le  père,  le  frère  et  l'enfant  de  l'éthernelle 
charité,  laquelle  charité  come  la  souveraine  vérité,  le 
gardera  à  tout  jamais  de  mourir^  car  l'une  et  l'aultre  est 
immortelle  et  la  vraye  vie,  par  laquelle  nous  vivons 
éthernelement.  Au  surplus,  le  souverain  père  de  la  cha- 
rité, quiconque  il  soit  icy  bas,  doué  du  vray  image  et 
non  adultère,  de  celluy  seul  et  unique,  combien*que  par 
nécessité  trinun  Dieu  qui  est  charitéy  si  aulcun  tel  s'en 
trouve  sur  terre,  pour  l'amour  de  l'invisible,  je  le  révère, 
soit  vieil,  égual,  ou  june  quant  à  moy,  non  moins  que 
son  origine.  Et  vous  asseure,  mon  très  cher  frère  en 
charité,  pour  tout  certein,  qu'en  ayant  autant  come  je  le 
pouroys  supporter  en  leur  aydant  touts  les  plus  vieubc 
pour  pères  ou  mères,  les  égaulx  pour  frères  ou  seurs, 
les  moins  eagés  pour  fils  ou  filles,  je  ne  feray  jamais 
difficulté,  feussé-je  roy  d'aprouver  en  tout  et  par  tout, 
l'heureux  jadis,  combien  qu'aujourd'hui  bany  estant. de 
ceulx  qui  entre  eulx  eurent  tout  par  vraye  charité 
comun.  Car  Lycurgus  et  Platon  par  diverse  raison 
prouvèrent  pour  un  moyen  d'éthernels  pais  en  la  ci- 
vile république,  ce  que  les  du   tout  très   bien  institués 


J' 


1^  -w 


-84- 

apostres  de  Jésus-Christ  feirent  incontinent  après  le  St. 
Esprit  receu,  ayant,  sans  rien  excepter,  tout  ce  qu'ils 
havoint  comun,  ce  que  j'ay  dict,  combien  que  je  feusse 
roy,  ayant  la  royne  d'Escosse  à  présent  pour  femme. 
Car  à  qui  ayme  son  prochain  il  n  y  peult  havoir  que 
douse  moys  en  Tan,  dond  les  neuf  sont  à  tout  le  monde 
esgaulx  come  les  troys  font  le  désordre,  qui  legit  intel- 
ligat.  Il  y  ha  nécessairement  de  la  paille  au  brin  de 
bled,  beaucop  plus  que  de  fruict  ou  de  grain,  come 
aussi  en  nous  plus  de  follie  ou  d'ignorance  que  de 
sagesse.  Si  je  suys  trop  hardy,  réprimez-moy,  et  si  peu, 
apprenez-moy«  Si  vous  voulez  ouvrir  aux  frères  de  deçà 
mes  conceptions,  j'espère  qu'elles  ne  seront  inutiles  à  la 
Compagnie  de  la  Charité,  car  come  Dieu  est  mon  père, 
aussi  Nature  est  ma  mère,  duquel  je  désire  que  la  béné- 
diction éthernele  vous  soit  donée.  Ce  25  may  1367. 

Ce  vostre  autant  come  sien 
Guillaume  Postael. 

Ayant  peu  de  loysir  à  présent,  une  aultre  foys  j'escriré 
à  notre  amy  Ortelius,  lequel  je  ne  sçay  si  il  entend 
valon.  Vous  le  salures  en  la  langue  qu'il  entend  et  luy 
dires  que  je  désire  pour  avec  vous  le  veoir  aller  en 
vostre  ville  d'Antwerpen.  J'escriray  aussi  à  nostre  par 
luy  amy  Mylius,  *  à  la  première  occasion,  pour  ce  qu'il 
sçait. 

I .  Arnold  Mylius,  libraire,  représentant  des  Birckmans  à  Anvers. 


-  85  - 

32.  —  Tlantin  à  Çayas.  * 

Monseigneur, 

Encores  que  le  seigneur  docteur  Becanus  vous  ait 
respondu  premièrement  en  mon  nom,  tandis  que  j'estois 
à  Francfort,  et  que  depuis  mon  retour  j'aye  aussi 
respondu  aux  lectres  de  V.  S.,  touchant  l'impression  de 
la  Bible  en  4  langues,  ausquelles  luy  et  moy  avons 
déclaré  apertement  que  je  suis  joyeux  des  livres  trouvés 
en  la  bibliothèque  d'Alcala  que  j'adjouxteray  très  volon- 
tiers auxdictes  Bibles,  si  est  ce  que  j'ay  prins  ici  la  har- 
diesse de  répéter  à  V.  S.  ceste  mienne  intention,  et  ce 
d'autant  plus  volontiers  et  alègrement  m'yemployeray  je, 
que  je  suis  ores  en  plus  grand  espoir  que  je  ne  fus  onques 
de  voir  la  religion  et  tous  les  bons  catholiques  estre 
jà  si  bien  advancés  d'estre  de  bref  restaurée  et  florir  es 
parties  où  elle  sembloit  estre  déplorée,  que  je  m'asseure 
que  de  bref  on  verra  nostre  Roy  catholique  prospérer 
plus  que  jamais  et  par  tel  présage  advancer  sa  domina- 
tion jusques  au  bout  de  Tunivers,  car  nous  apercevons 
ici  à  veue  d'œil  que  la  seule  renommée  de  Sa  Majesté  a 
faict,  par  le  bon  gouvernement  de  Son  Altesse,  que  les 
malings  se  soyent  trouvés  comme  estourdis  et  sans 
force,  œuvre  certes  digne  d'admiration  et  perpétuelle 
action  de  grâces. 

Quand  il  plaira  à  V.  S.  m'envoyer  les  Éthiques  et 
Polytiques  de  monseigneur  Sepulveda,  j'en  feray  aussi 
comme  il  luy  plaira  et  à  vous  en  ordonner. 

Je  vous  envoyé  ici  quelques  livrets  par  moy  impri- 
més nouvellement  qui  sont  un  petit  cathéchisme  avec  le 

I.  D*aprcs  le  texte  conservé  aux  archives  de  Simancas. 


—  86  — 

calendrier  et  precibus  horariis  ',  un  autre  cathéchisme  en 
table  ',  un  Aromatum  historia  *,  un  Nomenclator  Adriani 
Junii  *.  J'espère  qu'aurés  receu  les  autres  livres  par  ci- 
devant  envoyés,  avec  l'indice  d'une  partie  de  mes  cha- 
ractères  et  des  livres  par  moy  imprimés. 

Reste,  Monseigneur,  qu'il  plaise  à  V.  S.  continuer 
envers  moy  vostre  faveur  que  je  puisse  faire  qui  soit 
aggréable  à  icelle  V.  S.,  à  laquelle  je  prie  le  bon  Dieu, 
par  son  fils  Jésus,  octroyer  la  continuation  de  tout  heur 
et  prospérité,  comme  bien  le  désirerez.  D'Anvers,  ce 
dernier  de  may  1367. 

Le  très  humble  et  très  obéissant  serviteur  de  V.  R.  S. 

C.  Plantin. 


33.  —  Plantin  à  Guillaume  Postel. 

Je  loue  Dieu  de  sa  grâce  qu'il  luy  plaist  donner  aux 
hommes  de  bonne  volonté,  et  luy  prie  de  vouloir  con- 
tinuer envers  nous  sa  faveur  pour  nous  faire  cognoistre 
et  sentir  ses  dons  inénarrables.  Je  me  resjouis  aussi 
grandement  de  ce  que  dirrigés  vos  pas  vers  le  sentier 
de  la  charité,  la  perfection  et  accomplissement  des 
œuvres  du  Signeur  et  Dieu  mesmes  en  l'unicque  trinité 
et  trine  unité  dont  l'habitation,   vraye  demeure  et  siège 

1.  Canisius  (Pet.).  Parvus  Catechismus  cum  precihtis  horariis  et 
kalendario  (1S67). 

2.  HUNN^EUS  (AuG.^.  Caiechismi  catholici  Schéma  (1567,  en 
placard). 

3.  Clusius  (Carolus).  %Aroniatum  et  simplicium  aliquot  nudica- 
mentorum  apud  Indos  nascentium  (1S67,  8°). 

4.  JuNius  (Hadrianus).  Nomenclator  omnium  rerum  propria  no- 
mina  variis  linguis  expîicaia  indicans  (1567,  8»), 


-87- 

de  sa  majesté,  mérite  bien  qu'un  chaicun  de  ceux  qui 
habitent  ou  au  ciel,  ou  en  la  terre,  s'inclinent  au 
devant  et  révèrent  celuy  qui  s'y  sied  pour  faire  justice, 
et  juger  en  équité  la  rondeur  de  la  terre,  et  séparer  en 
temps  oportun  le  grain  d'avec  la  paille,  pour  adapter 
chaicunne  chose  à  Tusage  de  sa  maison.  Et  n'y  a  pas 
de  comparaison  entre  la  folie  ou  ignorance  de  l'homme 
avec  la  sagesse  qui  soit  à  conférer  à  la  parole  et  au 
grain  du  bled  :  veu  que  de  la  folie  et  ignorance  ne  s'en- 
gendre jamais,  ni  ne  croist  la  sagesse  :  ains  est  besoing 
que  l'abjection  de  la  folie  et  ignorance  (que  le  monde 
et  les  sçavants  de  la  lectre  tiennent  pour  la  sagesse 
et  congnoissance)  procède  et  qu'elle  meure  du  tout 
comme  mauvaises  herbes  qui  occuppent  le  champ,  avant 
que  la  crainte  du  Signeur  (premier  commencement  de 
la  sagesse  divine,  qui  est  folie  aux  hommes,  comme 
l'autre  l'est  à  Dieu)  y  puisse  prendre  quelque  racine  qui 
ait  vie  et  puisse  mesmes  charnellement  accroistre  pour, 
par  la  loy  du  Signeur,  dompter  le  péché  en  la  chair  et 
parvenir  à  la  foy  de  Jésus-Christ,  ou  assurance  et  espé- 
rance du  salut  en  l'unique  fils  du  Dieu  vivant,  qui  ne 
peut  demeurer  en  la  mort,  ne  y  délaisser  aussi  ceux 
que  le  père  luy  a  donnés  et  se  sont  rendus  à  luy  pour 
l'ensuivre  jusques  à  l'abolition  du  péché  et  mort  de  la 
chair  en  la  croix  et  ensevelissement  de  toutes  concupis- 
çances  et  folies  mondaines.  En  sa  résurrection  glorieuse, 
il  mène  les  siens  avec  luy  hors  des  ténèbres  et  les  rem- 
plit (estant  monté  à  la  dextre  de  Dieu  son  père)  de  son 
sainct  esprit,  lien  unique  de  toute  charité  et  l'accomplie 
déité.  A  quoi  se  peut  voir,  mon  très  cher  et  bien 
aimé  confrère  en  la  charité  de  Christ,  que  la  folie  et 
ignorance  de  l'homme  ne  sert  pas  au  fruict  de  la  sagesse, 


—  88  — 

comme  il  semble  que  le  veilliés  [dire],  quand  m'es- 
crivés  que  il  y  a  nécessairement  de  la  paille  au  brin  de 
bled  beaucoup  plus  que  de  fruict  ou  grain,  comme  aussi 
en  nous  plus  de  folie  et  d'ignorance  que  de  sagesse  etc. 
Car  il  est  nécessairement  besoing  de  renaissance,  et 
jamais  les  ronces  ou  espines  ne  peuvent  tellement  [estre] 
cultivées  qu'elles  aportent  du  grain  à  faire  pain  profi- 
table à  la  vie  humaine.  Et  pourtant,  très  aimé,  que  si 
vostre  dire  me  semble  trop  hardi  que  je  vous  reprenne, 
je  vous  ay  (bien  que  je  fusse  fort  occupé)  voulu  escrire 
peu  de  tesmoignage  de  la  vérité  que  je  vous  supplie  de 
vouloir  examiner  à  droict  :  et,  si  vous  ne  le  trouvés 
ainsi  en  vous-mesmes  de  ne  vous  en  scandaliser  aucun- 
nement  ni  de  ce  que  moy,  qui  ne  suis  rien,  advance 
encores  en  la  congnoissance  des  grands  secrets  inénar- 
rables de  la  charité  du  Dieu  vivant,  mais  seulement 
Tun  de  ceux  qui  désirent  cheminer  au  chemin  par  où 
on  y  va,  et  y  trouve  place,  ay  osé  escrire  si  franchement 
response  à  vostre  demande,  mesmes  sur  le  point  qu'il 
me  semble  que  pensés  estre  le  mieux  fondé. 

Quant  à  David  Jorges  *,  ou  tel  qu'il  soit  nommé  ou 
tenu,  ne  quoy  qu'il  ait  faict  ou  mal  versé,  je  m'asseure 
que  ceux  qui  sont  de  la  charité  ne  s'en  empeschent,  ni 
des  fautes  de  nulle  créature  qui  ne  se  soyent  rendus  sous 
leur  charge.  Et  encores  quand  ainsi  seroit,  si  n'est  ce 
leur  affaire  ni  ofBce  et  aussi  enterprenent-ils  pas,  ni  aussi 
qu'on  accuse  ne  blasme  quelqu'un  particulièrement  ou 
de  nom  propre,  si  ce  n'est  pour  son  amendement  et 
proffit  à  se  pouvoir  recongnoître  :  car  ils  sçavent  bien 
que  Dieu  est  juste  et  ne  laissera   rien   impuni,  ains  fera 

I.  David  Joris. 


-89- 

que  le  mal,  audace,  tyranie  etc.  seront  les  boureaux 
mesmes  de  ceux  qui  les  nouriront  et  entretiendront. 

Parquoy,  très  cher  amy,  regardons  à  ce  que  le  Signeur 
requiert  de  nous,  et  taschons  d'employer  nostre  talent 
à  cela  qui  nous  est  commandé,  et  non  à  ce  qui  nous 
sembleroit  bon,  selon  nostre  sagesse  acquise  ou  par 
longue  estude,  ou  par  expérience  et  imagination  des 
choses  qui  passent  par  devant  nostre  esprit.  Or  sçay  je 
et  congnois  que  le  Signeur  vous  a  doué  de  dons  inesti- 
mables et  enrichi  de  maints  thrésors  précieux,  lesquels 
pourroyent  estre  duisables  au  ministère  de  la  charité  ; 
parquoy  je  désirer  ois  grandement  que  vostre  commo- 
dité fust  telle,  qu'escrivés  le  désirer,  de  pouvoir  venir 
conférer  avec  ceux  de  qui  je  ne  suis  digne  (quant  à 
Tadvancement  du  faict  de  la  charité)  porter  le  moindre 
message  qu'ils  me  pounoyent  commander  :  car  ainsi 
pouriés  vous  bien  par  ensemble  entendre  l'un  l'autre, 
si  estes  d'un  mesmes  art  ou  mestîer,  et  qui  aura  le  moins 
l'adjoindra  au  plus  pour,  par  son  humilité  et  bon  vou- 
loir, obtenir  puis  après  part  et  jouir  du  plus  avec  le  plus 
riche  :  et  ainsi  faire  que  la  communauté  se  cognoisse 
non  telle  que  plusieurs  paresseux  et  délicats  luxurieus 
mondains  la  pourroyent  désirer  ou  les  sages  mondains 
l'excogiter,  mais  telle  que  le  Signeur  et  les  apostres 
l'ont  pratiqué  en  un  cueur,  courage  et  esprit  à  ce  que 
le  Signeur  soit  honoré  par  les  dons  receus  des  estrangers 
qui  enfin  se  rengeront  à  luy  et  luy  apporteront  ce  qui 
luy  apartient.  A  iceluy  soit  gloire  et  louange  à  jamais. 

Qui  sera  l'endroict  où  je  me  recommanderay  à  vostre 
bonne  grâce.  En  haste,  d'Anvers,  ce  7  juin  etc.  [1S67]. 


—  90  — 

34'  —  'Plantin  à  Jean  de  Molina.  ' 
Par  la  Poste. 

Signeur  Jehan  de  Molina,  Suivant  vos  advertissemcnts 
par  deux  lettres  que  m'avés  envoyées  à  diverses  fois, 
j'ay  faict  relier  quelques  sortes  des  livres  que  j'ay  im- 
primés et  le  temps  venu  que  les  Birckraans  vous  en- 
voyent  quelques  casses  de  livres,  je  vous  ay  aussi  faict 
appareiller  le  tout  et  pacquer  aussi  en  une  petite  casse, 
dont  voyés  la  facture  enclose  en  la  présente,  et  ay  mis 
le  prix  des  livres  en  blanc  comme  je  les  vens  ici  aux 
libraires,  et  les  relieures  au  me?me  prix  que  je  les  ay 
payés,  afin  que  voyiés  par  ce  peu  si  ferés  profEt  d'en 
mander  davantage.  Quand  au  rabat,  je  n'en  sçaurois 
rien  rabattre,  s'il  me  convenoit  attendre  un  an  le  paie- 
ment, à  cause  des  relieures  qu'il  fauldroit  avancer.  Mais 
si  vous  voulés  avoir  des  livres  en  blanc  et  les  paier  con- 
tant, je  vous  rabatray  de  six  ung,  c'est-à-dire  que  de 
I20  f.  n'en  payerés  que  cent  à  l'argent  comptant,  et  à 
terme  d'un  an  je  vous  rabbatteray  lo  pour  cent.  Mais, 
si  preniés  quantité  à  terme  d'un  an,  je  voudrois  avoir 
asseurance  par  deçà  de  quelqu'un  qui  me  paiast  ici  en 
cas  qu'il  pleust  à  Dieu  (ce  que  je  luy  prie  qu'il  n'ad- 
vienne) vous  appeller  de  vie  à  trespas.  Car,  quand  est 
de  vostre  personne,  j'en  ay  si  bonne  relation  que  je  suis 
prest  de  vous  fier  tout  mon  bien  durant  sa  vie.  Mais 
j'ay  desja  esté  tant  de  fois  intéressé  par  le  trespas  de 
plusieurs,  qui  durant  leur  vie  m'avoyent  fort  bien  payé, 
que  je  crains  de  m'y  remettre.   Car  il  advient  fort  sou- 

I .  Jean  de  Molina  ou  Jean  d'Espagne,  libraire  à  Lisbonne. 


—  91  — 

vent  que  les  héritiers  ou  exécuteurs  des  testaments  ne 
font  pas  leur  devoir  et  ne  prennent  pas  la  peine  de  sa- 
tisfaire à  la  volonté  de  l'âme  des  trespassés.  Voylà  le 
seul  point  qui  me  faict  demander  asseurance  en  cas  de 
mort. 

Qiiant  à  vos  heures  ',  je  les  ay  commencées  passé 
trois  semaines,  ainsi  que  j'espère  qu'aurés  veu  par  mes 
précédentes,  et  affin  qu'ayés  meilleure  volonté  de  trafi- 
quer avec  moy,  je  me  contenteray  de  trois  florins  et 
demi  par  chaicunne  rame  imprimée,  autrement  j'en  ay 
4fl.et  demi  de  rouge  et  noir,  ce  qui  m'eust  aussi  faiUu 
prendre,  n'eust  esté  que  pour  fournir  vostre  nombre  de- 
mandé de  1250  ou  de  1500,  il  m'a  faillu  faire  double 
journée,  à  cause  que  nos  imprimeurs  ne  veulent  faire 
pour  jour  que  1000  de  rouge  et  noir.  Les  autres  300  ay 
je  imprimés  en  mon  nom  par  l'advis  d'Arnoult  »  de  chés 
les  Birckmans,  mais,  si  les  voulés  avoir,  je  les  déHvreray 
au  mesme  prix,  et  avant  vostre  response  n'en  vendray 
pas  une  en  ceste  vile  ne  par  deçà. 

Quand  au  point  qu'escrivés  que  je  vous  envoyé  des 
Bibles  petites  et  autres  livres,  pourveu  qu'il  n'y  ait  rien 


1 .  Hora  Beaiissinue  Virginis  ^arùe,  ad  vsum  Romana  cvrite,  iuxta 
tria  anni  tempora,  nunc  primum  perquam  syncere  castigata  atque  repur- 
gaU.  Antverpia,  Tro  Joanne  ah  Hispania.  Af.  D.  LXVIIL  Ce  titre 
fut  imprimé  de  cinq  manières  différentes  et  orné  d*autant  de  fleurons. 
L*un  représente  une  rose,  l'autre  le  soleil,  le  troisième  la  lune,  le 
quatrième  une  étoile,  le  dernier  le  nom  de  Jésus.  Dans  son  Livre 
d'affaires  Plantin  annota  le  28  juin  1567  :  «Horae  latinae,  in-i6,  lettre 
italique.  Ils  sont  imprimés  à  2500  et  contiennent  is  feilles.  J'en  ay 
livré  1500  exemplaires  à  la  Poule  Grasse  pour  Jehan  de  Molina  et 
en  ay  receu  168  florins.  »  La  Poule  Grasse  était  l'enseigne  de  la 
librairie  des  Birckmans  à  Anvers  et  à  Cologne. 

2.  Arnaud  Mylius. 


—  92  — 

des  nouveautés  des  hérésies  de  ce  ♦empsetc,  croies  que 
je  n'ay  pas  délibéré  de  imprimer  ne  vendre  rien  «n 
faceon  quelconques  que  je  schache  sentir  aucunement 
telles  sectes,  et  qui  ne  soit  doresnavant  approuvé  par 
messieurs  de  la  faculté  de  Louvain  ou  leurs  commis  à 
ce  députés,  suivant  l'ordonnance  de  nostre  Roy  Catho- 
lique. Qjii  sera  Tendroict,  où  me  recommandant  à  vostre 
bonne  grâce,  je  prie  Dieu  vous  maintenir  et  augmenter 
la  sienne. 

D'Anvers,  ce  7*  jour  de  juin  1567. 

L*entièrement  vostre  serviteur  et  amy 

C.  Plantin. 


33.  —  Tlantin  à  Gabriel  Hacqiu. 

(Lettre  concernant  des  livres  achetés  ou  demandés  par  Bacque  et 
d'autres  que  Plantin  publie  en  ce  moment.) 

Reverendissimo  in  Christo  Patri  ac  domino 
domino  Gabrieli  Bacque  Abbad  Eynamensi, 
dignissimo  domino  magistro  observandissimo. 
Le  17®  de  juing  1567. 
S.  P. 

Révérende  Pater, 

Statim  ubi  a  Johanne  Bellero  admonitus  fui  de  foliis, 
quas  in  libro  quem  a  nobis  em?ras  [deerant],  nihil  liben- 
tius  feci  quam  quod  scriberem  Lutetiam  pro  illis.  Ecce 
autem  nunc  ad  te  mitto,  neque  prius  licuit,  carebam 
enim  et  illis  et  exemplari.  Litteras   tuas   domino   Goe- 


—  93  — 

thalsîo  reddidî,  neque  erat  quod  te  vel  excusares  vcl 
rogares  ut  facerem,  nam  tu  et  tui  similes,  nempe  viri 
pii  et  lîtterarum  amantes,  mihi  merito  suo  imperare 
possunt,  ut  qui  me  servitio  litterarum  et  litterariorum 
hominum  prorsus  devoverim. 

Qjios  vero  a  me  petiisti  libros  et  posthac  petes,  bona 
fide  et  viliori  quam  potero  pretio  tibi  curabo  ;  catalogum 
eorum  cum  pretio  adscripto  quos  petiisti  hic  habes. 
Qusedam  autem  perfeci  ex  quo  ille  catalogus  editus  et 
conscriptus  est,  inter  quae  est  :  Lt  nouveau  testament  en 
français  avec  annotations  des  lieux  les  plus  difficiles  par  Af . 
René  Benoist  ô^  '  et  depuis  reveu  par  F.  Jehan  Henten 
et  approuvé  par  docteurs  régents  en  théologie,  à  Lou- 
vain.  Si  rem  gratam  me  tibi  facturum  scirem,  aliquando 
qu«  nova  excuderem  transmitti  ad  te  conarer.  Jubé 
itaque  et  impera  mihi  quicquid  placuerit,  obsequiosum 
me  habebis  et  dicto  obedientem.  Vale,  Domine  mi  ; 
raptim  pro  more,  eadem  qua  tuas  recepi  die  et  hora  ; 
quod  memoravi  nam  tamdiu  hasserunt,  cum  ex  dato 
appareat  14  junii  scriptas  fuisse. 

Ad  mandata  tua  paratus 
Plantinus. 


1.  François  Gocthals  né  à  Gand  en  1541.  Fit  ses  études  de  droit 
à  l'université  de  Louvain,  s'établit  comme  avocat  à  Bruges  et  devint 
successivement  professeur  à  l'université  de  Louvain  et  à  celle  de 
Douai.  Quoique  marié  il  embrassa  la  prêtrise  et  mourut  â  Douai  en 
16 16.  Il  écrivit  plusieurs  traités  de  droit  et  de  nombreux  ouvrages 
contre  les  réformés.  Plantin  publia  de  lui  en  1567  :  Lts  prcwerhes  an- 
ciens  flametigs  et  français  correspondans  de  sentence  tes  uns  aux  autres, 

2.  Le  nouveau  testament,  etc.  Plantin,  1567,  160. 


—  94  — 

36.  —  Plantin  à  Jean  MareschaL  * 

Au  Sire  Jehan  Maresclial, 
Marchant  libraire  demeurant  à 

Heydelberghe. 

Sire  Jehan  Mareschal,  Je  vous  ay  assés  adverti  par  cy- 
devant  que  je  m'esbahissois  assés,  comment  aviés  prins 
le  tonneau  des  Bibles  hébraïques  '  qui  cstoit  derrière 
ma  boutique  à  Francfort,  veu  que  cestuy-là  estoit  de 
mon  costé  et  marqué  N°  7,  là  où  je  vous  avois  dès  le 
commencement  de  la  foire,  dict  et  montré  l'autre  plain 
de  Cours  *  estre  du  costé  de  Frobenc  *  et  marqué  N°  4, 
et  me  semble  bien  que  j 'avois  esté  assés  longtemps  à 
Francfort  pour  venir  prendre  vostre  tonneau  en  ma  pré- 
sence, sans  y  toucher  après  que  j'estois  party,  puisque 
n'en  aviés  à  faire.  Je  vous  ay  aussi  adverti  que  j'ay  dé- 
livré ici  aux  gens  de  Antoine  Dieu  un  tonneau  plain  de 
Cours,  pour  l'envoyer  suivant  vostre  ordonnance  aux 
Morlots  '  à  Lion,  pour  le  vous  délivrer,  ou  à  qui  l'or- 
donnerés,  et  est  parti  d'ici  le  4  juin.  Au  reste,  s'il  est 
chose  que  je  puisse,  la  commandant,  vous  serés  obéi 
d'aussi  bon  cueur  que  me  recommandant  à  vostre  bonne 
grâce,  je  prie  Dieu  vous  m-aintenir  en  la  sienne. 

D'Anvers,  ce  21  juin  1567. 

L'entièrement  vostre  serviteur  et  amy 

C.  Plantin. 

1 .  Jean  Mareschal  fut  libraire  à  Heidelberg,  â  Lyon  et  à  Spire. 

2.  'Bibîia  hcbraica  (i$66,  iu-40,  ou  2  tomes  in-80,  ou  4   tomes 
in- 160). 

3.  Jus  civile  y  L.  Russardo  auctore  (1566-1567,  10  vol.  in-S»). 

4.  Froben  (Jérôme),  imprimeur  à  Bâle. 

5.  Moulins?  Barthélemi  Moulin,  libraire  à  Lyon. 


I 


—  9S  - 

37.  —  Plantin  à  Jacques  Ravardus.  ' 

(Plantin  se  déclare  prêt  à  imprimer  le  De  diversis  replis  juris 
anliqui  que  Rœvardus  vient  de  lui  envoyer.  Il  a  soumis  le  manuscrit 
au  censeur.) 

Clarissimo  doctîssimoque  D.  Jacobo  Raevardo 

amico  suo  observando, 

Brugas. 

S.  P.  Nihil  libentius  fecerim  quam  ut  ilico  commen- 
tarium  tuum  in  régulas  juris  prœlo  submitterem,  cum 
propter  bonitatem  operis,  tum  quod  tibi  libentissime 
gratifîcarer.  Per  me  igitur  non  stabit  quin  brevi  sudes. 
Statim  ubi  exemplar  accepi  (accepi  autem  hudiuster- 
tius),  pastori  ecclesiae  Di  Mariae  hujus  oppidi  approban- 
dum  dedi  '.  Is  vero  se  mihi  redditurum  ante  finem 
sequentis  hebdomadae  pollicitus  est.  Qiiod  si  fecerit,  sta- 
tim privilégie  curabo,  quo  impetrato,  crede  mihi  prœlo 
subjiciam  et  quamprimum  potero  absolvam.  Pulman- 
nus  •  te  vicissim  resalutare  jubet.  Vale,  Domine  mi,  et 
si  quid  possum  impera.  Antverpiae  21  junii  1567. 

Tibi  merito  tuo  addictissimus 

C.  Plantinus. 


1.  Jacques  Raevardus  (Raewaerd),  jurisconsulte,  né  à  Lisseweghe, 
dans  la  Flandre  occidentale,  en  IS34.  H  étudia  à  Louvain  et  à  Orlé- 
ans, fit  partie  du  Magistrat  de  Bruges  et  fut  nommé  en  1565  pro- 
fesseur à  rUniversité  de  Douai.  Le  mauvais  état  de  sa  santé  Tobligca 
de  retourner  bientôt  après  à  Bruges  où  il  mourut  le  i*»"  juin  1568.  Il 
écrivit  un  grand  nombre  de  livres  de  jurisprudence  dont  Plantin  im- 
prima les  suivants:  Tribofiianvs  sive  de  verts  vsvcapionum  differentiis 
(1561,  80),  De  avctoritale  prudent vm  {1  $66,  8»),  De  diversis  regvlis 
jvris  anliqvi  commentarivs  (1568,  8°). 

2.  Le  curé  de  Notre-Dame  d'Anvers  était  Sébastien  Baer. 

}.  Pulmannus  (Poelman)  Théodore,  naquit  en  151 1  àCranenburg, 


-96- 
38.  —  Plantin  à  Jacques  Tamelius. 

(Plantin  va  commencer  Timpression  du  Cyprianus  de  Pamelius.) 

Clarissitno  doctissimoque  viro,  domino  Jacobo  Pamelîo^ 

S.  Theologiae  licentiato,   canonico,   domino  suo  ob- 

servando, 

Brugas. 

S.  P.  Duo  jam  prasterierunt  dies,  vir  clarissime,  est- 
que  hodie  tertius  ex  quo  compostitori  seu  coileciori  ty- 
porum  Cypriani  exemplar  tuum  dedi,  ut  secundi  folii 
nobis  spécimen  paret.'  Primum  namque  folium,  qui  libri 
continebit  inscriptionem,  praefationem  etc.,  censeo  defe- 
rendum  usque  ad  finera  operis.  Opportune  autem  nos  de 
interstitionibus  monuisti,  sed  scrupulum  habemus,  quod 
aliquando  ignorare  possimus,  ad  quem  locum  referatur 
numerus  annotatus  in  margine  et  ideo  sit  nobis  fortasse 
recurrendum  ad  annotationes,  sed  huic  facile,  spero,  me- 
debimur.  Qjiamprimum  potero,  spécimen  operis  mittam, 
quod  futurum  spero  circa  diem  Mercurii  aut  Jovis  pro- 
xime  sequentis  hebdomadas.  Vale,  Domine  mi  et  nostri, 
memor  [esto].  Ant\'erpiaB  21  junii  1567. 

Tibi  addictissimus 

C.  Plantinus. 


dans  le  duché  de  Clèves.  Il  vint  s'établir  à  Anvers  en  1532  et  y  de- 
meura jusqu'à  sa  mort.  Il  était  foulon  de  son  métier  et  commenta 
un  grand  nombre  de  classiques  latins  dont  plusieurs  furent  publiés 
par  Plantin.  A  la  fin  de  sa  vie,  il  avait  trouvé  un  emploi  aux  accises 
de  la  ville  d'Anvers.  Il  mourut  en  1581.  Après  sa  mort,  Plantin 
devint  propriétaire  des  manuscrits  anciens  que  Poelman  possédait 
ainsi  que  de  ses  papiers  domestiques. 
I.  Voir  note  i  de  la  page  70. 


—  97  — 
39-  —  Plantin  à  Jacques  Cruquius.  * 

(Plantîn  se  plaint  des  nombreuses  fautes  laissées  par  Cruquius  dans 
son  manuscrit  des  Épodes  d'Horace.) 

Qarissimo  doctissimoque  viro  domino  Jacobo  Cruquio 
politioris  litteraturas  apud  Brugenses  professori  publico 

Brugas. 

S.  P*  Tuas,  doctissime  Cruqui,  idibus  junii  scriptas 
13  kal.  julii  accepi,  quibus  conquereris  de  tarditate  in 
edendo  Epodon  Horatiî.  Verum  tibi  folia  impressa  mi- 
simus.  Eadem  vero  opéra  conqueri  correctores  nostros 
de  tuo  exemplari  significavi;  neque  certe  immefito  con- 
queruntur,  quod  id  tôt  dubiis  et  confessis  mendis  scateat 
ut  certo  aflSrmare  ausim  te,  postquam  descriptum  fuerit, 
non  emendasse.  Qpod  certo  nobis  non  tantum  moies- 
tum  et  dispendiosum  sed  et  damnosum.  Sequenti  tamen 
(Deo  favente)  hebdomada  absolutum  iri  speramus.  Vale. 
Antverpiae,  21  junii  iséy, 

Tuus  ut  suus 
C.  Plantinus. 

I .  Jacques  Cruquius  ou  de  Crucque,  naquit  à  Messines,  étudia  les 
belles-lettres  à  Louvain  et  à  Tétranger,  fut  nommé,  en  1 544,  profes- 
seur des  langues  grecque  et  latine  à  Bruges.  Il  écrivit  plusieurs  com- 
mentaires sur  Horace  dont  Plantin  publia  :  Q.  Horatii  Flacci  epodon 
liber  (1567,  80)  et  g,  Horatii  Satyrarum  Ubri  II  (1573,  80).  Paquot 
dit  que  la  date  de  sa  mort  est  inconnue.  Plantin  lui  fournit  des  livref 
jusqu'en  1582. 


-98- 
40.  —  Plantin  au  Cardinal  de  Gramelle.  • 

A  Tillustrissime  et  révérendissime 
Cardinal  de  Granvelle 

à  Rome. 

Illustrissime  et  révérendissime  Signeur, 

• 

Suivant  l'ordonnance  de  V.  R.  S.  et  ma  promesse, 
j'ay  mis,  incontinent  avoir  receu  la  copie,  la  main  à 
faire  imprimer  l'œuvre  sur  Virgile  *,  ce  dont  aussi  j 'en- 
voyé ici  la  seconde  feille,  que  j'ay  faicte  la  première,  à 
cause  que  je  n'avois  pas  d'épistre  ne  préface,  qui  se 
pourra  faire  à  meilleur  loisir  cependant  que  je  poursuy- 
vray  le  corps  de  l'ouvrage.  Si  mon  effort  (que  je  cognois 
bien  estre  de  petite  eflScacité)  peut  trouver  telle  faveur 
envers  V.  R.  S.  d'avoir  d'elle  la  grâce  de  n'estre  mé- 
prisé, je  m'estimeray   avoir  assés  faîct,   et  prendray  le 


1.  Anloine  Perrenot  de  Granvelle,  naquit,  le  20  août  15 17,  à 
Ornans  en  Bourgogne.  A  23  ans,  il  était  évêque  d'Arras  ;  â  32,  il 
succéda  à  son  père  dans  les  fonctions  de  conseiller  d*état  et  de  gardien 
des  sceaux  de  l'empire.  En  1559,  Philippe  II  confia  le  gouvernement 
des  Pays-Bas  à  Marguerite  d'Autriche  et  lui  donna  Granvelle  pour 
ministre.  Il  fut  successivement  nommé  archevêque  de  Mali  nés  et 
cardinal.  Il  se  rendit  odieux  au  peuple  des  Pays-Bas  et  fut  révoqué 
par  Philippe  lien  i564.En  1571,11  fut  nommé  vice-roi  de  Naples,  et, 
en  1575,  il  fut  appelé  au  Conseil  d'Espagne,  avec  le  titre  de  président 
du  Conseil  suprême  d'Italie  et  de  Castillc.  En  réalité,  il  fut,  depuis  lors 
jusqu'à  sa  mort,  le  premier  ministre  de  Philippe  II.  En  1584,  il  fut 
élu  archevêque  de  Besançon  et  se  démit  de  l'archevêché  de  Malines. 
Il  mourut  à  Madrid  le  21  septembre  1586.  A  partir  de  1567,1e 
cardinal  de  Granvelle  fut  pour  Plantin  un  protecteur  aussi  actif  que 
puissant.  C'est  à  lui  surtout  que  le  grand  imprimeur  anversois  fut 
redevable  de  sa  fortune. 

I.  Virgilivs  coîîatione  scriptorvm  gr<ecorv}n  ilîvstratvSy  opéra  et  in- 
dvstria  Fvlvii  Vrsini  (1 568,  8°). 


—  99  - 

courage  et  hardiesse  de  poursuivre  alègrement  et  à 
m*employer  en  tout  ce  je  sçauray  vous  pouvoir  estre 
agréable,  et  prieray  Dieu  pour  la  prospérité  et  bone  santé 
de  V.  R.  S.  D'Anvers,  ce  xxii  jour  de  juing,  Tan  1567. 
De 

Vostre  illustrissime  et  révérendissime  Signeurie 
le  très  humble  et  très  affectionné  serviteur 

C.  Plantîn^ 


41.  —  Tlantin  à  Luc  Harrison. 

Au  Signeur  Lucas  Harisson, 

marchant  libraire, 

à  Londres. 

Monsieur  Harisson,  Par  les  vostres  du  14  du  présent, 
j'ay  entendu  le  peu  d'espoir  qu'avés  de  la  vente  de  mes 
livres  et  par  conséquent  le  descouragement  qu'avés  de 
les  acheter,  et  aussi  la  bonne  volunté  qu'avés  à  m'y  faire 
plaisir  et  en  autres  choses,  dont  je  vous  remercie  gran- 
dement, tant  de  l'advertissement  que  de  vostre  bon 
vouloir,  en  quoy  je  vous  prie  de  continuer  et  de  ne  re- 
fuser par  aucune  occasion  de  vendre  honnestement,  en- 
cores  que  j'y  deuse  perdre  es  sortes  qui  seroyent  moins 
requises,  tant  pource  que  je  m'en  voudrois  bien  despes- 
cher,  mesmes  avec  perte,  comme  pource  qu'à  faute  de 
bonne  vente  par  deçà,  j'aurois  besoing  de  m'aider  de 
l'argent  qui  en  pourroit  procéder.  Quant  à  l'autre  basle, 
celuy  à  qui  elle  est,  entendant  vostre  peu  d'espoir,  l'en- 
voyé à  Colongne.  S'il  est  chose  en  quoy  je  vous  puisse 
faire  service,  le  commandant,  vous  serés  obéi  d'aussi 


—    100  — 

bon  cueur  que,  me  recommandant  à  vostre  bonne  grâce, 
je  prie  Dieu  vous  maintenir  en  la  sienne.  D'Anvers,  ce 
22  juin  1567. 

Le  vostre  à  commandement 
C.  Plantin. 


42.  Plantin  à  André  Masius.  * 

  Monsigneur  Mons*"  Andréas  Masius, 
Docteur  es  droicts  et  Conseiller  de  Monsigneur  le  duc 

de  Clèves, 

où  il  sera. 

Monsigneur,  Geste  seconde  sera  pour  vous  prier  qu'il 
vous  plaise  (si  le  pouvés  facilement  faire)  nous  rescrire 
quelque  mot  de  ce  que  pourés  entendre  qui  puisse  ser- 
vir à  la  volonté  du  bon  sig'  Italian  qui  demande  par  ses 
lettres,  adressées  en  ceste  vile  à  ung  sien  amy,  quelque 
élucidation  du  point  contenu  en  lesdictes  lectres  dont, 
par  ci- devant,  je  vous  ay  envoyé  la  copie  affin  de 
mieux  entendre  la  conception  dudit  signeur.  Q.ue  si 
d'adventure  mes  autres  lectres  n'estoyent  parvenues  en 

X.  André  Masius  (Macs),  né  à  Linnich  près  de  Bruxelles,  le  30 
novembre  15 15  ou  15 16,  étudia  à  Louvain  la  jurisprudence,  le  grec 
et  rhébreu.  Il  fut  secrétaire  de  Jean  de  Weze,  évêque  de  Constance, 
séjourna  quelque  temps  à  Rome  et  y  étudia  le  syriaque.  Il  fut  ensuite 
nommé  conseiller  de  Guillaume  duc  de  Clèves.  Il  mourut  le  7  avril 
1573.  Ce  fut  un  homme  d'une  érudition  fort  remarquable.  Il  écrivit 
un  grand  nombre  d'ouvrages  dont  Plantin  en  imprima  trois  :  'De 
paradiso,  traduit  du  syriaque  de  Moses  Bar-Cepha  (xS^9>  S°)>  Josva 
imperatoris  hUtoria(i^'j^y  in-fol.),  Dispvtatio  de  Cœna  'Domini  (1575, 
40).  Dans  VApparatus  de  la  Bible  polyglotte^  publiée  par  Plantin,  il 
Cournit  Syrorum  TecuUum  et  la  grammaire  Syriaque. 


—   lOI    — 

vos  mains,  j'ay  voulu  vous  envoyer  ici  derechef  la  copie 
des  lectres  missives  dudit  sîgneur  Italian,  afin  que  sur 
ce  nous  puissions  mieux  donner  vostre  résolution, que  le 
bon  signeur  mien  amy  attend  avec  grande  affection  et 
désire  de  recongnoistre  le  plaisir  que  luy  aurés  faict. 
Qui  sera  Tendroict  où,  me  recommandant  très  humble- 
ment à  vostre  bonne  grâce,  je  prieray  Dieu  vous  mainte- 
nir en  la  sienne. 

D'Anvers,  ce  22  juin  1567. 

Le  tout  vostre  à  commandement 

serviteur  et  amy 

C.  Plantin. 

Je  ne  vous  fais  ici  mention  d'autres  choses,  à  cause 
que  par  mes  autres  vous  en  ay  assés  amplement  escrit 
etc. 


43.  —  Planiin  à  Çayas. 

A  Monsieur  Monsigneur    Gabriel  de  Çayas, 
Secrétaire  d'Estat  de  Sa  Majesté 

en  Espagne. 
Monsigneur, 

Geste  estant  la  quatrième  que  j'envoye  à  V.  S.  depuis 
que  j'ay,  à  mon  retour  de  la  foire  de  Francfort,  receu 
les  vostres  du  25  de  février,  je  ne  répéteray  autre  chose, 
fors  que  je  demeure  prest  d'obéir  au  commandement  de 
Sa  Majesté  et  de  V.  S.  en  tout  ce  qui  me  sera  com- 
mandé, soit  en  l'impression  de  la  Bible  en  quatre  lan- 
gues, suivants  les  avertissements  par  cy-devant  donnés, 
soit  en  l'impression  des  œuvres  de   Monsigneur  Sepul- 


—    102    — 

veda,  de  longtemps  attendues,  ou  en  autres  choses  qui 
me  pouroyent  estre  commandés  et  qui  soyent  en  mon 
pouvoir.  A  quoy  faire  je  me  trouve  d'autant  plus  délibéré 
que,  grâces  à  Dieu,  nous  avons  maintenant  un  espoir 
indicible  du  bon  portement  et  prospérité  des  aflfaires  qui 
concernent  la  vraye  religion  catholique  et  romaine  en 
ces  tant  nobles  païs,  naguères  tant  troublés  et  mainte- 
nant, grâces  à  Dieu,  tant  paisibles,  par  le  bon  conseil 
de  Sa  Majesté  et  ordre  suivi  par  Son  Altèze,  que  j'ay 
bien  espoir  et  asseurance  que  les  desvoyés  ne  viendront 
jamais  à  telle  outrecuidance  que  de  penser  seulement  à 
introduire  leurs  sectes  à  Tencontre  de  la  saincte  volonté 
de  Dieu,  de  Sa  Majesté  et  de  tous  les  bons  chrestiens, 
vrais  amateurs  de  paix,  repos  et  tranquilité. 

J*envoye  ici  à  V.  S.  Tindice  des  livres  que  j'ay  sous  la 
presse,  deux  desquels,  marqués  i.  2.  sur  la  marge,  m'ont 
esté  envoyés  de  Rome  par  Monsigneur  le  révérendissime 
Cardinal  de  Granvelle,  avec  lectres  bien  instantes  de  les 
vouloir  imprimer  V  S'il  est  chose  que  je  puisse,  le  com- 
mandant, Vostre  Signeurie  sera  obéye  d'aussi  bon  cueur 
que,  me  recommandant  très  humblement  à  elle,  je  prie 
Dieu   la    maintenir  en  prospérité   comme   elle    mérite. 

D'Anvers,  ce  22  juin  1567. 

Le  très  humble  et  très  obéissant  et 
bien  affectionné  serviteur  de  V.  R.  S. 

C.   Plantin. 

I .  Virgilivs  coîlatione  scriplorvm  gracorvm  illvstraivs  opéra  et  indts- 
tria  Fvlvii  Vrsini  (1567,  80)  et  Hieronymi  Seripandii  commentariva  in 
Epistoîam  Pavîi  odGaîatas  (1567.  80). 


—    103    "" 

44-  —  Planîin  à  Mathieu  Gast.  ' 

A  my  Senor  Matias  Gast 
Mercador  de  libros 

a  Salamanca. 

Signeur  Matias  Gast,  Par  mes  dernières  responsives 
aux  vostres,  vous  aurés  peu  entendre  comment  je  fus 
délibéré  d'accepter  l'offre  que  me  faictes  de  prendre  400 
Summa  Sancti  Thomas  *,  texte,  à  payer  cent  escus,  in- 
continent qu'il  y  aura  10  feilles  faictes,  et  le  reste  à  la 
fin  du  livre,  et  que  sur  ce  je  fay  mes  aprests  pour  y 
besogner,  et  de  bref  je  vous  cnvoyeray  quelque  feille 
faicte,  et  aussi  du  Cours  de  droict  canon  que  j'ay  entre 
mains,prest  aussi  à  commencer  de  bref,  fort  bien  amen- 
dé, annoté  et  augmenté  de  tous  les  lieux  qui  estoyent 
dcsinés  et  marqués  par  cy-devant  par  ces  mots  et  infra, 
es  textes  dudict  Droict  canon.  Le  tout  ce  que  je  dy  est 
faict  par  Contius  *,  homme  fort  docte  et  lecteur  du  Roy 
au  Droict  canon. 

Je  vous  advertissois  aussi  que  je  n'ay  pas  denlandé 
piège  pour  défiance  que  j'aye  de  vous  aucunncment, 
mais  seulement  pour  pouvoir  trouver  mon  argent  par 
deçà  en  cas  qu'il  pleust  à  Dieu  vous  appeler  de  vie  à 


I.  Mathieu  Gast,  imprimeur-libraire,  établi,  en  1564-1565,  à  An- 
vers, en  1567,  à  Salamanque  et  à  Médina  del  Campo,  en  1574,  à 
Madrid.  Ce  fut  lui  que  Plantin  recommanda  au  roi  d'Espagne,  en 
1576,  lorsque  Philippe  II  lui  demanda  de  désigner  un  imprimeur 
capable  d'établir  une  bonne  typographie  à  Madrid. 

2.  Svmma  S.  T^&owi^  (1569,  3  vol.  in-40^. 

3.  Antoine  Contius,  un  des  commentateurs  du  cours  de  droit 
civil  publié  en  1575  par  Philippe  Nutius,  Plantin  et  Pierre  Bellèrc, 
en  :ix  volumes  in-folio. 


—  104  — 

trespas  (ce  que  je  luy  prie  n'advenir).  Car  vous  sçavés 
(et  l'ay  expérimenté  par  cy-devant  maintes  fois  à  mon 
grand  dommage)  que,  les  personnes  décédées,  les 
héritiers  ou  tuteurs  ne  font  pas  souventefois  grand 
compte  d'acquiter  l'âme  ne  la  volonté  des  trespassés,  et 
aussi  que  ce  ne  seroit  mon  affaire  que  d'aller  par  delà 
soliciter  mon  payement.  Voylà  ce  que  je  vous  escrivois 
m'avoir  donné  occasion  de  demander  asseurance  par 
deçà  et  non  pas  aucunne  défiance  du  payment  durant 
vostre  vie. 

Il  est  besoing  d'advancer  toujours  l'argent  du  papier 
et  de  la  besogne  par  chacunne  semaine,  en  quoy  toute- 
fois je  suis  prest  de  m'acommoder  à  tout  ce  qu'il  me 
sera  possible,  de  sorte  que  l'une  fois  je  pourois  advancer 
et  quelquefois  pas.  Ne  pourries  vous  aussi  advancer 
quelque  somme,  ou  bien,  si  mieux  vous  semble,  faire 
que  vostre  argent  fust  ici  en  temps  entre  les  mains 
d'homme  qui  me  payast  à  la  mesure  que  j'imprimerois 
chose  dont  voulussiés  avoir  part.  Car,  comme  sçavés, 
le  temps  courroit  toujours  bien  long  avant  que  puissiés 
respondre  et  ordonner  provision  pour  les  payements, 
s'il  estoil  besoing  de  rescrire  à  chacune  fois  quand  les 
livres  seroyent  achevés. 

Ceci  vous  ay  je  voulu  de  rechef  escrire  à  l'adventure, 
si  n'aviés  pas  receu  mes  précédentes.  Je  vous  envoyé  ici 
de  rechef  aussi  le  catalogue  de  livres  par  moy  imprimés 
et  de  ceux  qui  $ont  sous  les  presses,  en  vous  advertissant 
que  tout  est  à  vostre  commandement,  en  quelle  sorte 
que  le  demandiés  raisonnablement,  de  manière  que,  si 
voulés  au  comptant,  je  suis  prest  de  faire  tel  rabat  que 
la  raison  le  veut,  et,  si  voulés  à  terme,  je  vous  cnvoye- 
ray  aussi  cela  que  voudrés  m'ordonncr. 


—  105    - 

Qui  sera  Tcndroict  où,  me  recommandant  à  vostre 
bonne  grâce,  je  prie  Dieu  vous  donner  la  sienne. 
D'Anvers,  ce  22  jour  de  juin  1567. 

Le  vostre  serviteur  et  amy 
C.  Plantin. 


43 .  —  T^Ianiin  à  Jean  Gassen, 

Sire  Jan  Gassen,  Depuis  vostre  partement,  le  courtier 
Jan  du  Boys  m'est  venu  dire  qu'il  estoit  seulement  venu 
environ  150  de  la  sorte  du  cuivre  dont  avés  laissé  le 
calibre,  mais  qu'il  en  dcvoit  venir  dedans  10  ou  12 
jours,  ce  que  j'estime  devoir  estre  à  la  fin  de  la  semaine 
prochaine,  et  nous  a  semblé  meilleur  d'attendre  la  venue 
de  l'autre,  veu  que  lesdits  150  tb  eust  esté  peu. 

Cejourdhui  avons  receu  de  Jannekê  Boutzelaer,  fille  du 
Prince,  sèze  livres  de  fil,  montant  h  la  somme  de  65  fi. 
5  pntars,  dont  je  luy  ny  faict  obligation  conditionnelle, 
à  cause  qu'elle  m'a  dict  que  vous  luy  aviés  promis 
qu'elle  seroit  payée  dudict  fil,  au  mesmes  terme  de  celuy 
qu'elle  dict  vous  avoir  livré  le  18  de  may  à  paier  le  iS*" 
juillet,  et  pourtant  qu'elle  n'avoit  pas  sa  sédule  avec 
elle,  et  que  vostre  mémoire  dict  le  28  jour  [de  septem- 
bre] '  et  aussi  que  ne  m'avés  pas  ordonné  de  payer  ce 
dernier  avec  le  premier. 

Je  luy  ay  promis  de  vous  escrire  et  d'en  faire  comme 
sa  cédule  est  faictc,  et  de  payer  aussi  le  dernier  fil  déli- 
vré au  mcsme  terme,    si  vous  me  l'ordonnés  ainsi,  au- 


I.  Payé  le  28  septembre    1567  par  Janneken  Boutzclaer  à  cédule 
fl.  65  s.  5.  (Livre  des  affaires  de  Ticrre  Gasieu  à  Anvers^  f.  52.) 


—  io6  — 

trenient  je  me  suis  obligé  de  luy  paitr  ledict  dernier 
fil^  receu  le  19  jour  d'aoust  prochain,  assavoir  à  2  mois 
du  jour  de  la  livraison. 

Je  désire  d'entendre  des  nouvelles  de  vostrc  arrivée 
et  de  la  salutation  faicte  aux  amis,  et  principalement  des 
jeunes  gens  qu'on  avoit  escrit  estrc  en  nécessité,  et 
lesquels  je  vous  priay  de  faire  incontinent  assister  d'ar- 
gent, de  conseil  et  aide  en  tout  ce  qui  ne  seroit  contre 
les  ordonnances  etc.  [22  juin  1567] 


46.  —  Plantin  à  Pierte  Daniel.  * 

A  Monsigneur  Mons'  P.  Daniel 

à  Paris. 

Monsigneur  Daniel,  Depuis  le  temps  que  de  vostre 
grnce  m'envoyastes  les  deux  livres  de  Monsigneur  Do- 
natus,  je  n'ay  sceu  tant  faire  qu'aucun  des  visitateurs, 
ordonnés  pour  Tapprobation  des  livres  qui  s'impriment 
par  deçà,  me  voulût  approuver  pour  bons  lesditr,  deux 
livrets,  jusques  au  jour  d'hier  que,  la  court  estant  en 
ceste  ville,  la  faveur  de  mes  amis  a  faict  que  l'un  des- 
dits visitateurs  ait  entreprins  de  les  lire  et  approuver, 
ostant  ce  qu'il  trouveroit  estre  nuisible  au  temps  etc., et 
m'a  promis  iceluy  de  m'expédier  ceste  semaine  Jesdits 
livrets. Ce  que  faisant  iceluy,  et  les  soussignant  bons  et  ne 
contenans  rien  de  contraire  aux   meurs,    ne   l'esglise   et 


I.  Pierre  Daniel,  avocat  et  commentateur  d'auteurs  classiques, 
publia  VAuîuîaria  de  Plaute,  les  commentaires  de  Servius  sur  Vir- 
gile, etc.  Plantin  n'imprima  rien  de  lui.  Il  mourut  en  1603. 


—  107  — 

foy  catholique,  j'auray  facilement  le  privilège  de  la  cour 
pour  la  faveur  des  amis  que  j'y  ay  et  de  tout  vous  ad- 
vertiray  et  feray  tout  devoir. 

Quant  à  l'autre  point  dont  demandés  estre  incontinent 
aJverti  et  acertené,  si  j'ay  receu  un  Virgile  commenté 
par  ung  d'Italie  pour  imprimer  ;  soyés  asseuré  que, passé 
jà  quelques  mois,  Monsigneur  le  Cardinal  de  Gran- 
velle  m'a  envoyé  de  Rome  un  Virgile  pour  imprimer, 
lequel  porte  le  tittre  suivant  VirgiliuSy  collatione  scripto- 
rum  gracorum  illustratus,  opéra  &  industria  Ftilvii 
Ursini.  Iceluy  ay  je  commencé  d'imprimer  ces  jours 
passés  par  le  commandement  et  prière  très  instante  de 
mondict  Signeur  le  Cardinal  de  Granvelle,  qui  depuis 
m'a  encores  envoyé  un  autre  livre  en  téologie  pour  im- 
primer, qui  est  Commentarius  Card.  Seripandii  Episcopi 
Salcrnitani  etc.  in  Epistolam  ad  Galathas,  lequel  est 
aussi  commencé.  Reste,  Monsigneur,  qu'il  vous  plaise 
m'adveriir  de  ce  que  me  promeciés  par  vos  lecttres  tou- 
chant le  Virgile  susdict,  au  moins  si  c'est  celuy  que 
vous  pensés  et  s'il  y  a  chose  en  tel  ou  autre  à  faire  qui 
me  compète  ou  les  amis,  car  je  désire  en  cela  et  toute 
autre  chose  suivre  la  raison. 

Qui  sera  l'endroict  où  me  recommandant  très  hum- 
blement à  vostre  bonne  grâce,  je  prieray  Dieu  vous 
maintenir  en  la  sienne.  D'Anvers,  ce  22  juin  1567. 

L'entièrement  vostre  à  commandement 
serviteur  et  amy 

C.  Plantin. 


—  io8  — 
47.  —  Tlantin  à  ^Alanus  Copus.  ' 

(Plantin  lui  annonce  l'envoi  de  plusieurs  livres.) 

Clarissimo  dociissimoque  viro 
domino  Alano  Copo  Anglo, 

Lovanium. 

Nullum  non  moveo,  mihi  crede,  lapidem  quo  rationem 
inveniam  qua  tibi  et  aliis  saiisfaciam.  Utinam  vero  scires 
quantum  laborem  hac  in  re,  et  quam  qui  nobis  debent 
sint  négligentes,  aut  débita  opéra,  vel,  quod  potius 
credo,  quod  tempora  ha^c  difBcilia  neminem  permittant 
eadem  facilitate  frui  inter  distrahendum,  atque  nos  ante 
hos  tumultus  solebamus.  Spero  meliora.  Mitto  iterum 
quod  possum.  Nempe  brevi,  vel  rcliquum  vel  quod 
habuero  mittam  et,  si  quem  ex  tuis  hue  venturum 
sciveris,  ad  nos  deflecti  curato  ne  sumptus  facias  in  ven- 


I .  Alanus  Copus,  savant  anglais,  établi  à  cette  époque  à  Louvain. 
En  1572,  il  se  trouvait  à  Rome  où  Plantin,  en  1574,  lui  envoie  ses 
lettres  avec  Tadresse  :  Pietate  et  eruditione  praestantissimo  viro 
Domino  Alano  Copo,  Ecclesicc  S.  Pétri  beneficiario  in  familia  IU™i 
Cardinalis  Hesii.  Il  mourut  dans  la  même  ville.  Plantin  qui,  depuis 
le  commencement  de  1565, était  en  relations  d'affaires  avec  lui, annote 
dans  son  grand  livre  au  mois  de  mai  1582  :  «  Alanus  Copus  debvoit 
avoir  200  fl.  de  livres  pour  sa  copie  etc.  Est  trespassé  à  Rome, 
parquoy  ici  soulde  ladite  partie  fl.  181. 6.» 

Alanus  Copus  publia  chez  Plantin  :  Dialogi  sex  contra  Summi  Pon- 
tificaius  oppu^natores,  La  première  édition  parut  en  1566,  la  seconde 
en  1573.  L'auteur  de  l'ouvrage  est  Nicolas  Harpsfield  archidiacre  de 
Cantorbéry,  qui  fut  enfermé  à  la  Tour  de  Londres  par  ordre  de  la 
j.eine  Elisabeth,  parce  qu'il  voulait  rester  fidèle  au  catholicisme,  et  qui 
resta  prisonnier  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1583.  Pendant  sa  déten- 
tion, il  écrivit  plusieurs  ouvrages  au  nombre  desquels  on  compte  les  : 
DUiîogi  seXy  publics  par  Alanus  Copus  chez  Plantin. 


—  109  — 

tara  solvenda.  Bona  fide  quicquid  habuero  innumerabo, 
vel  aperte  confitebor  me  non  habere.  Si  quid  receperis 
non  satis  justi  ponderis,  istic  remittito  per  opportuni- 
tatem,  ego  in  alios  nummos  commutabo. 

Concilia  generalia  fl.  lo — 

Prosopographia  fl.  2 — 15 

Orthodoxa  Payvse  fl.  i — 15 

Historia  Carthaginensium  fl.  o —  5 

fl.  14 — 15 

Juris  universa  historiae  descriptio  ex  variis  auctoribus 
collecta  per  Marinum  Libergium  Cenomanum  4°,  pic- 
turîs,  1567,  venditur  5  stufFeris. 

Litteras  tuas,  de  quibus  gratias  habeo  maximas,  misi 
cum  meis  Romam.  Reverendissimus  etiam  Cardinalis 
Granvellanus^  Roma  missis  ad  me  duobus  libris  ad  im- 
primendum^obtulit  per  litteras  suas  mihi  operam,  si  quid 
Romse  curatum  vellem,  quare  ego  aperte  illi  hoc  nego- 
tium  meis  litteris  aperui  et  rogavi  ut  in  hac  re  mihi 
favere  vellet.  Quid  facturus  sit  nescio.  Inscriptio  vcro 
librorum  ad  me  missorum  est  :  Seripandii  Card.  S.  E.  R. 
et  Episcopi  Salernitani  in  Epistolam  D.  Pauli  ad  Galatas 
commentarius,  Virgilius  cum  graecîs  aliisque  auctoribus 
coUatus  a  Fulvio  Ursino.  Utrumque  praelo  subjeci.  Vale, 
Domine  mi.  Antverpiae  22  junii  1567. 

Tibi  merito  addictissimus 

C.  Plantin. 


—    110  — 

48.  —  Obertus  Gifanius  '  à  Tlantin. 

(Il  envoie  à  Plantin  un  ouvrage  de  Duarenus  en  le  priant  de  cher- 
cher un  personnage  généreux  auquel  il  puisse  le  dédier.  Il  ne  men- 
tionnera plus  Poelman  et  Giselinus,  parce  que  ceux-ci  n'aiment  point 
à  être  cités  par  lui.  Il  se  défend  de  certaines  accusations.  Il  envoie  le 
manuscrit  des  psaumes  de  Buchanan  et  demandera  à  cet  auteur  d'en- 
voyer son  de  Sphara  à  Plantin.) 

Binas  jam  brevi  accepi  a  te  litteras  amicitias  et  huma- 
nitatis  plenissimas,  mi  Plaatine,  de  quibus  magnam  tibi 
gratiam  habeo^  mixitne  quod  tam  egregie  causam  meam 
egeris  apud  heram  illam  Halleram.  Velim  ut  posthac 
agas,  si  forte  ob  rationes  aut  stipendium  tetnpestates 
concitet. 

Domino  Vanderano  nunc  scribo.Mitto  Duarenum'  cum 
quo  quid  agendum  tibi  sit,  breviter  descripsi.  Praefa- 
tionem  conficiam  Venetiis,  Deo  volente,  ad  virum 
aliquem  honestum  ;  tu,  quaeso,  aliquem  mihi  deligas, 
qui  munusculo  aliquo  nos  remunerare  possit  et  velit. 
Opus  erit  praeclarum.  Tu  fac  ut  hic  Lugdunenses  et 
clegantia  typorum  et  chartas  superes  :  nam  diligentia  et 
voluntate  longe  vinces.  Ego,  cum  Lucretium  ederem, 
Pulmani  et  Giselini  '  mentionem  honorificam  feceram, 

1.  Obertus  Gifanius  ou  Giphanius  (van  GifTen)  jurisconsulte, 
philosophe  et  philologue,  né  à  Buren  en  Gueldre  en  1554.  Il  étudia 
à  Louvain,  à  Paris  et  à  Orléans,  devint  professeur  de  droit  en  Alle- 
magne et  mourut  à  Prague,  le  26  juillet  1604.  Eq  156$,  Plantin 
publia  un  Lucrèce  annoté  par  lui.  Une  partie  des  exemplaires  de 
cette  édition  porte  la  date  de  1566.  En  1567,  Gifanius  fît  un  voyage 
en  Italie  avec  l'ambassadeur  de  France  à  Venise. 

2.  François  Duaren,  né  en  1509  à  S^  Brieux  en  Bretagne,  profes- 
seur de  droit  à  Paris  et  à  Bourges,  mort  dans  cette  dernière  ville  en 
1559.  ^^  collabora  à  l'édition  du  Jus  civile  réimprimé  par  Plantin  en 
I 566-1567. 

3.  Victor  Giselinus  naquit  en  1543  A  Zantvoorde  près  d'Ostende. 


—  III  — 

bis  terve  etîam  in  praefatione  ex  tuo  consiiio.  Sed 
postquam  intellexi  eos  non  cupere  ut  nomen  suum  refer- 
retur  cum  meis  libris  verso  stiio  induxî.  An  hic  peccavi? 

Qpod  reprehendant  Langius  *  et  alii,  quia  tam  multa 
nihil  ad  rem  facientia  studio  congesseram^  faciunt  id 
quod  Moncus  olim.  Sed  eorum  inepta  accusatione  non 
dimovebor  ab  hoc  meo  instituto,  quo  quam  piurimis 
prodesse  constitui,  dum  et  alios  auctorum  locos  emendo. 

Et  quid  facit  Turnebus  *  ?  Sed  de  hoc  alias.  Caesarcm 
statim  expoliam  Venetiis,  semel  liberatus  psedagogicis 
molestiis^  et  alia  quasdam. 

Spero  cistam  meam  jam  Gorichemium  missam  ad 
sororem  ;  de  libris  aliis  fac  quaeso  quod  potes. 

Vale,  amicissime  Plantine,  raptissime,  Parîsiis  1567, 
25  junii. 

Hodie  celeribus  equis  cum  Dn.  Legato  proficiscimur 
Lugdunum  versus. 

Salutanr  te  Dn.  Canterus  '  et  Dn.  Daniel. 
Tuus  ex  animo   Obertus  Giphanius. 

Pêne   omiseram   quod   maxime  tamen   scriptum  eu- 

Il  fit  ses  études  de  médecine  et  s'établit  à  Bergues-St.-Winoc  où  il 
mourut  en  1591.  En  décembre  1564,  il  entra  comme' correcteur  au 
service  de  Plantin  et  remplit  ces  fonctions  jusqu'en  septembre  1 566. 
Il  publia  chez  le  grand  imprimeur  anversois  :  TrudenHus  (1S64),  le 
second  volume  deVEpitome  Adagiorum  omnium  (i  $66),  Ovidius(i^66), 
Sententiae  veterum  poetarum  (i  566),  Sulpicius  Severus  (iS74)  etjoanm's 
Ferhelii  De  luis  venerea  curatione  (iS79). 

1.  Carolus  Langius  (Lange)  chanoine  de  St-Lambert  à  Liège, 
philologue,  jurisconsulte  et  botaniste  très  savant,mourut  le  29  juillet 

IS73- 

2.  Adrien  Tumèbe,  célèbre  philologue  français,  né  en  15 12,  à 

Andcly  en  Normandie.  Il  mourut  à  Paris  le  12  juin  1565. 

3.  Guillaume  Canterus  (Ganter),  savant  critiqus,  né  à  Utrecht  le 
24  juillet  IS42.  Il  fit  des  voyages  littéraires  en  France,  en  Allemagne 


—    112   — 

piebam.  Accepi  hodie  duas  litteras  a  Dn.  Buchanano  '  et 
Raverdo  duobus  praestaatissimis  Scottiae  viris.  Miseruiit 
una  quse  petieram  epigramtnata.  Ea  omnia  una  cum 
epistola  nunc  ad  te  mitto,  videbis  ipse  quod  scribunt. 
Rescripsi  illis  nudiustertius,  petiique  ut  psalmos  suos 
mittaty  te  paratum  esse  illos  jam  statim  excudere.  Misi 
quoque  ad  eum  psalmorum  ejus.tuam  editionetn  secun- 
dam,  ut  laudent  tuam  diligentiam. 

Epigrammata  de  Grasco  versa  malim  nunc  mittas  ad 
Metkerchium  Brugas  ",  qui  dicitur  omnia  brevi  editurus. 
Scripsissem  ad  îpsum,  sed  non  vacat.  Scribam  Venetiis  ut 
tibi  illa  excudenda  tradat,  quod  eum  facturum  confido^ 
et  sic  eodem  res  recidet.  Ego  sane  huic  rei  vacare  nunc 


et  en  Italie.  Il  se  fixa  à  Louvain  où  il  mourut  le  i8  mai  157 5, épuisé 
par  un  travail  trop  assidu.  Plantin  publia  quelques-uns  de  ses  nom- 
breux ouvrages  de  philologie  :  Deorum  et  hominum  illustrium  prqgenies 
(1571,  8<>),  'Kfivarum  Uctionum  lihri  octo  et  T^e  ratione  emendandi 
gnecos  auctores  syntagma  (1571,  80),  Euripides  (iS7i>  160),  Aristotelis 
Pepli  fragmentum  (1S71,  8°),  Stobaus  et  Tletho  (iS7Si  in-f®),  Sophodes 
(1579,  '^°)»  *^^schylus  (1580,  160)  et  Varia  Uctimes  ad  *Bibïia  graca 
dans  le  6«  volume  de  la  Bible  polyglotte. 

1.  Georges  Buchanan,  historien  et  poète,  né  le  12  février  1506  à 
Kilkeme  en  Ecosse,  mourut  à  Edimbourg  le  28  septembre  1582.  En 
])6o.  il  embrassa  la  réforme.  Plantin  publia  de  lui  Paraphrasis 
psalmorum,  La  première  édition  de  ce  volume  parut  en  1566,  la 
seconde  fut  imprimée  au  mois  de  mars  1567,  par  conséquent  avant 
la  réception  de  la  présente  lettre.  Une  troisième  édition  plantinienne 
parut  en  1588.  Parmi  ses  autres  ouvrages,  on  compte  :  les  Epigram- 
mata et  le  traité  de  Sphara  dont  parle  Gifanius. 

2.  Metkerchius  (Adolphe  van  Meetkerke),  jurisconsulte,  historien  et 
philologue,  naquit  à  Bruges  vers  1527.  Il  fut  pensionnaire  du  Franc 
de  Bruges  et  président  du  conseil  de  Flandre  ;  il  se  convertit  en  1580 
au  protestantisme  et  mourut  en  1591  à  Londres,  où  il  s'était  retiré 
en  1586.  Plantin  publia  de  lui  :  De  veteri  et  recta  pronuntiatione  lin- 
gua  graca  commentarius  (1576). 


—  113  — 

non  possum,   praesertim  quia  hinc  discedo   ubi  plurima 
potuissem  colligere. 

(Au  dos)  Oravi  quoque  summopere   Buchananum  ut 
opus  de  Sphaera  tibi  quoque  tradat. 

A  Sire  Christoffle  Plan  tin, 
mon  bon  seigneur  et  ami, 
en  Anvers. 


49.  —  TPlantin  à  thCax  Morilloti.^ 

A  Monsigneur  Monsigneur  le  Prévost  d'Aire, 
Monsigneur  Morrillon, 

à  Brusselles. 
Monsigneur, 

Je  vous  envoyé  ici  2  feilles  du  Virgile'  que  j'ny 
comencé  et  que  je  continue  le  plus  que  je  puis,  en 
attendant  que  V.  S.  m'ordonne  comment  je  doibs  faire 
touchant  la  première  feille  où  doibt  estre  l'épistrc  dé- 
dicatoire,  laquelle  je  voy,  par  les  lettres  qui  estoyent 
joinctes  à  l'exemplaire  qu'il  vous  a  pieu  m'envoyer,  que 
Sa  Révérendissime  S.  entend  qu'elle  doibve  estre  faicte 

1.  Maximilien  Morillon  naquit  à  Louvain  en  1517,  fit  ses  études 
de  licencié  en  droit  et  prit  ensuite  les  premiers  ordres.  Il  devint 
successivement  secrétaire  du  cardinal  Granvelle^  chanoine  et  écolâtrc 
de  la  cathédrale  d'Arras,  clianoine  de  St-Rombaut  â  Malines  en 
1554,  chanoine  de  St-Bavon  à  Gand,  chanoine  de  S*«-Gudule  à 
Bruxelles,  prévôt  de  St-Pierre  à  Aire,  en  Artois,  en  1559,  archidiacre 
et  premier  vicaire  général  pour  le  diocèse  de  Malines  etc.  En  1583, 
il  devint  évêque  de  Tournai,  tout  en  continuant  à  jouir  des  nom- 
breux bénéfices  que  Tamitié  du  cardinal  Granvelle  lui  avait  fait 
obtenir.  Ce  dernier  en  avait  fait  son  confident  et  son  correspondant 
ordinaire  dans  les  Pays-Bas.  Il  mourut  le  27  mars  1586. 

2.  Le  Virgile  publié  par  Fulvius  Ursinus. 

8 


—  114  — 

par  Mons'  Pighius  ou  Mons'  Polytes*.Qui  sera  l'endroict 
où,  me  recommandant  très  humblement  à  vostre  bonne 
grâce,  je  prie  Dieu,  Mons'  le  Prévost,  de  vous  octroyer 
ce  que  votre  cueur  luy  sçait  bien  sainctement  désirer. 
D'Anvers,  ce  27  de  juin  1567. 

L'entièrement  vostre  très  humble  et 
obéissant  serviteur 

C.  Plantin. 


50.  —  Tlantin  à  Jean  Siadius.* 

(Il  donne  des  nouvelles  de  l'impression  du  Florus  de  Stadius  quHl 
imprime  en  ce  moment.) 

Clarissimo  doctissimoque  viro 

domino  Johanni  Stadio  mathematices 

et  historiarum  professori  apud  Lovanienses  publico, 

Lovanium. 

S.P.  Nos  aliquid  prasstitisse  in  tuo  libro  edendo,  quod 
tibi  non  ingratum  sit,  gaudemus  V.  C.  Indicem  curabo 
colligi  ab  aliquo  docto.  Très  praeterea  quaterniones 
mitto.  Compositor  seu  characterum  coUector,  propter 
mortem  curatoris  sui  Hollandiam  evocatus,  a  nobis  ante 


1 .  Joachim  Polytes  (de  Borghere),  secrétaire  de  la  ville  d'Anvers 
de  1541  à  1566. 

2.  Jean  Stadius,  mathématicien  né  à  Loenhout,  dans  la  province 
d'Anvers,  le  premier  janvier  1527,  étudja  à  Louvain  et  y  enseigna 
ensuite  les  mathématiques  et  Thistoirc.  11  habita  successivement 
la  Savoie,  Bruges  et  Paris.  Il  mourut  dans  cette  dernière  ville  en 
1 579.  Il  publia  chez  Plantin  en  1  $67:  Juin  Flori  De  gesiis Romanorumy 
historiarum  libri  IlII  et  seorsim  in  eos  comnuntarius. 


—  115  — 

4  dies  decessic  neque  alium  mihi  substituere  licuit. 
Euni  autem  postridie  rediturum  speramus,  et  nisi  fecerit, 
alium  aliquem  constituemus  qui  perficiat.Nos  autem  quar- 
todecimo  postea  die  absoluturos,  dempto  indice  et  quae 
missurus  sis,  speramus,  neque  te  intempestive  tune  ad- 
venturum  credimus.  Vaie.  Antvorpiae,  2  julii  1367. 

Tuus    si    suus 
C.  Plantinus. 


51.  —  Vlantin  à  Jean  Gassen. 
Au  Sire  Jan  Gassen. 

J'ay  receu  quasi  en  un  mesme  temps  vos  lettres  du 
23,  25  et  28  de  juin,  ausquels  j'ay  tasché  de  satisfaire 
à  mon  pouvoir.  Premièrement,  j'ay  mis  à  compte  les 
parties  de  Tanneken  Vertangen  et  Jehanne  Masqueliers. 
J'ay  aussi  faict  diligence  de  recevoir  l'argent  des  3  lectres 
de  change  envoyés  et  par  moy  receues.  Mais  je  n'ay 
encores  rien  receu,  en  partie  parce  que  le  receveur  de 
Bernuy  *  n'est  en  ceste  ville  ;  mais  il  y  sera.  Dieu 
aydant,  dedans  3  ou  4  jours,  et  alors  je  receveray  la 
partie  de  300  ft.  Qjjand  à  M*"  Lambert',  je  suis  en  diffi- 
culté et  doubte  quelle  monnoye  c'est  que  je  dois  rece- 
voir, d'autant  qu'en  l'une  partie  il  déclare  avoir  receu 
20  fb  et  en  l'autre  12  fl.,  et  en  la  somme  tirée  en  vostre 
lettre  vous  mettes  32  fl.  Parquoy  rescrirés  au  net  quelle 
somme  je  dois  recevoir. 

1.  Bernuy  (Fernando  de),  cousin  de  Charles  et  de  Corneille  de 
Bomberghe,  associés  de  Plantin,  et  intéressé  lui-même  dans  l'asso- 
ciation dont  la  direction  était  confiée  à  Plantin  de  1563  à  1567. 

2.  Lambert  Barleus. 


—  Ii6  ^ 

fl 

Quand  à  la  somme  délivrée  à  Obert  Gifanius  de 
43  fl.  et  7  patars,  je  ne  sçay  comment  j'en  sera  payé, 
d'autant  que  le  père  de  l'enfant',  pour  qui  ledit  GifFan 
confesse  avoir  ladicte  somme,  m'a  dict  tout  à  plat  qu'il 
n'en  payeroit  rien  et  qu'il  n'avoyt  pas  donné  aucun 
consentement  ne  ordonnance  de  bailler  quelque  chose 
pour  son  fils.  Et  de  faict  je  n'en  ay  pas  aussi  rien  en- 
tendu, si  non  quelque  jour,  passé  quelque  nombre  de 
mois,  quand  je  vous  escrivi,  au  nom  de  Bernuy,  que 
délivrassiés  une  certaine  somme  d'argent  pour  lors  spé- 
cifié en  la  lettre  que  j'escrivois  à  mon  compère  vostre 
oncle.  Or  le  receveur  de  Monsigneur  de  Bernuy  estant 
de  retour,  je  soliciteray  davantage  ledict  payement  avec 
l'autre,  et  puis  vous  en  escriray  plus  au  certain,  car  j'es- 
père bien  qu'on  n'y  perdra  qu'un  peu  d'attente. 

J'espère  d'envoyer  le  fil  et  ouvrages  par  le  premier 
chartier  en  un  tel  coffre  que  me  l'avés  mandé.  Je 
payeray  aussi  la  fille  du  Prince  *,  comme  l'ordonnés.  Le 
28  du  présent,  j'ay  receu  la  lettre  de  Barleus  de  24  fl., 
lesquels  receus  je  mettray  à  compte  de  casse.  Ne  doubtés 
que  je  ne  contente  vos  ouvrières,  tout  ainsy  que  si  vous 
y  estiés,  car  à  cela  ay  je  assés  de  soing  et  déjà  ay  payé 
M*  Piere  de  Bruges,  pourtant  qu'il  y  avoit  peu,  et  aussi 
la  femme  de  George  Farinai,  encores  que  son  terme  ne 
fust  qu'au  13  du  présent  ;  mais  elle  a  aporté  ouvrage  et 
se  plaignoit  fort  de  n'avoir  pas  d'argent  pour  plus  entre- 
tenir ne  payer  ses  cousturières  et  qu'elle  iroit  vendre  sa 
marchandise  pour  avoir  argent,  ce  que  je  l'escoutoy 
dire  sans  respondre  autre  chose  si  non  que  je  luy  baille- 

1 .  Le  père  de  Tenfant  se  nommait  Hans  Peeter. 

2.  Une  ouvrière  désignée  dans  les  comptes  de  Plantin  à  Gassen 
sous  le  nom  de  Janneken  Boutzelaer,  fille  du  prince. 


—  117  — 

rois  son  argent  incontinent  qu'elle  m'aporteroit  ouvrage. 
Ce  que  oyant,  elle  me  délivra  sur  le  champ  pour....  d'ou- 
vrages que  je  pacqueray  avec  le  fil  et  je  la  paye  de  66.8 
suivant  vostre  sédule  que  je  voy  estre  faicte  du  13*  juin 
à  ung  mois,  qui  seroit  le  13  du  présent,  et  par  vostre 
mémoire  délaissé  ici,  vous  m'escrivés  qu'elle  doibt  estre 
payée  à  2  mois.  Davantage,  elle  a  voulu  aussi  que  je 
luy  fisse  obligation  à  ung  mois  et  m'a  dict  qu'elle  ne 
veut  pas  autrement  faire  besogner  que  payer  tous  les 
mois.  Sur  quoy  je  luy  ay  dict  qu'elle  vous  en  escrive, 
ce  qu'elle  m'a  promis  de  faire  faire  par  son  mari  estant 
de  retour  à  Malines;  car  elle  aportoit  cette  lettre,  que  je 
vous  envoyé,  de  Malines  avec  elle  toute  faicte. 

Je  suis  aussi  esmerveillé  que  Gilles  Chastelain  m'a 
dict,  juré  et  affirmé  que  luy  avés  dict  le  soir,  devant 
vostre  partement  de  ceste  ville,  en  la  présence  de  Han- 
kart,  que  sériés  fort  bien  content  et  luy  donniés  terme 
de  payer  le  15  du  présent  mois  de  juillet,  pourveu  qu'il 
n'y  eust  pas  de  faute.  Et  sur  cela  il  s'apuye  et  dict  qu'il 
ne  peut  paier  rien  devant  ledict  temps.  Parquoy  je  vous 
prie,  s'il  est  autrement,  luy  en  rescrire  un  peu  en  peu  de 
papier  et  de  langage. 

Qjiand  à  Linquen  '  Roy  elle  m'a  rescrit  cejourd'huy 
une  lettre  par  laquelle  elle  m'a  mandé  que  je  luy  rescrive 
si  je  la  payeray  tout  comptant  ce  qu'elle  m'envoyeroit 
pour  vous,  et  qu'autrement  elle  n'estoyt  pas  délibérée  ne 
d'advis  de  livrer  rien  qui  soit,  sans  estre  payée  tout 
comtant.  Je  luy  ay  mandé  que  je  la  payeray  tout  comtant 
à  la  livrayson  de  sa  besogne.  A  cela  et  telles  choses 
pourés  vous  voir  ce  dont  plusieurs  fois  je  vous  ay  adverti 

I.  Lijnken  =  Catherine. 


—  ii8  — 

et  que  je  vous  dis  advant  votre  partement,  c'est  qu'en 
vostre  présence  les  personnes  vous  promectent  d'attendre 
et  le  font  aussi;  mais,  en  votre  absence,  ils  pensent  que 
je  leur  retienne  l'argent  etc.  Vous  scavés  aussi  ce  que 
je  vous  dis  touchant  Gilles  Chastelain.  Mais  si  est  ce 
que,  grâces  à  Dieu,  j'espère  faire  que  de  cela  que  j'ay 
receu  et  dois  par  nos  comptes  ne  se  trouvera  faute  que 
je  ne  le  paye  jusques  au  dernier  denier  aux  premiers  à 
qui  il  sera  deu,  ou  que  je  verray  bon  de  payer  ou  adven- 
cer  pour  les  entretenir. 

Oiiand  au  point  dont  rescrivés  en  vos  lectres  que 
doutés  que  le  marchant,  dont  m'aviés  parlé,  qui  devoît 
aller  en  Angleterre  pour  recevoir  ou  se  faire  payer  de 
ses  debtes,  ira  par  delà,  si  on  le  veut  souffrir  de  desployer 
et  vendre  en  destail,  ce  que  pensés  qu'on  ne  fera  etc., 
je  ne  vous  entends  pas  en  cela  et  vous  prie  de  m'inter- 
préter  cela  plus  amplement;  car,  pour  autant  que  je  vous 
dis  aussi  que  pour  subvenir  à  payer  ce  que  je  restois  à 
vostre  oncle,  j'envoyerois  ou  irois  en  Angleterre  etc,  je 
ne  pense  pas.  Suivant  les  mots,  on  croiroit  que,  si  ledict 
marchant  vient  par  delà,  qu'on  le  mectra  en  grand  pro- 
cès etc.  Faictes  moy  certain  pour  un  seul  mot.  Quant 
au  leton  il  n'en  est  pas  encores  venu. 


52.  —  Plantin  à  Pierre  Porret. 
Maistre  Pi  ère  Porret 


à  Paris. 


Mon  frère,  Toutes  recommandations  promises,  je 
vous  prie  de  ne  faillir  à  m'envoyer,  tout  le  plus  tost  que 
le  pourrés  faire   seurement,  en  quelque  baslot,  tonneau 


—  119   - 

ou  basle  qui  viendra  par  deçà,  soit  pour  nous  ou  pour 
un  autre,  pourveu  que  ce  soyent  gens  seurs,  les  poinsons 
de  la  lectre  de  Bréviaire,  ainsi  que  j'estime  que  le  verres 
escrits  sur  le  pacquet  desdicts  poinsons.  Davantage,  je 
vous  prie  aussi  de  m'acheter  de  Hautin  *  une  frappe 
bien  complète  de  son  grec  que  nous  appelions  cicero  ou 
médian,  qui  est  celuy  dont  j'ay  imprimé  la  gramaire 
de  Clénard  '  in  8°  et  diverses  autres  sortes.  Or  me 
serait'il  besoing  que  j'eusse  le  tout  dedans  la  fin  de  ce 
mois  de  juillet,  ou  commencement  d'aoust,  ou  au  plus 
tard  devant  la  my-aoust,  d'autant  qu'à  la  dernière  foire 
de  Francfort,  je  me  suis  obligé  d'envoyer  ou  porter  moy- 
mesmes  audict  Francfort  une  frappe  dudict  grec  de 
Hautin,  ce  que,  toutefois,  il  n'est  pas  besoing  de  décla- 
rer audict  Hautin,  de  peur  qu'il  ne  se  tînt  trop  fier  et 
cher,  et  aussi  une  frappe  de  madicte  lectre  de  Brévière, 
et  sur  ce  ay  je  receu  argent  d'errcs.  Ladicte  frappe 
de  grec  vous  pourra  couster  sans  justifier  (car  ainsi  je 
les  veux)  environ  12  escus. 

Et  ayant  ici  les  poinsons  de  la  Brévière,  j'en  feray 
incontinent  faire  une  frappe.  Qiie  si  aviés  homme  loyal 
par  delà  qui  la  peust  frapper  sans  nous  en  faire  tort,  il 


1.  Voir  p.  13,  note  3.  Hautin  était  non  seulement  tailleur  de 
caractères,  mais  aussi  libraire.  En  cette  dernière  qualité,  il  avait  un 
magasin  à  Paris. 

2.  Clenardus  (Nie),  Instiiutiones  in gracam  îinguam  (1564,  in-80). 
Dans  la  vente  des  biens  de  Plantin,  faite  le  28  avril  1562,  on  adjugea 
5  rames  de  la  grammaire  de  Clenardus  â  Guillaume  Sylvius.  Mais  il 
y  avait  en  réalité  10  rames  comprenant  les  deux  premières  feuilles  de 
Touvrage.  Le  30  avril  1564,  Sylvius  céda  ces  deux  feuilles  à  Plantin 
qui  continua  l'impression  du  livre  et  l'acheva  le  3  août  suivant.  11  fut 
tiré  à  2500  exemplaires,  dont  Sylvius  en  prit  525  portant  son  adresse 
et  Materne  Cholin  1 50. 


—    120   — 

seroit  bien  aussi  bon  de  la  faire  faire  là  et  l'envoyer 
incontinent  par  deçà,  comme  d'envoyer  les  poinsons  ; 
mais  je  crains  qu'on  ne  nous  y  fist  quelque  falace  ou 
tromperie.  Faictes  le  tout  comme  verres  pour  le  mieux. 

J'ay  receu  vos  lectres  du  22  juin,  pour  ausquelles  res- 
pondre,  j'estime  qu'aurés  maintenant  receu  les  miennes 
d'advertissement,  que  je  vous  prie  d'user  de  vostre  mo- 
destie accoustumée  envers  Gasscn,  tant  pour  le  moins 
que  j'aye  parlé  ou  soyons  tous  quictes  à  lui.  Mais  s'il 
vous  doibt,  retirés  promptement  cela  qu'il  vous  doibt, 
en  attendant  par  patience  que  le  temps  descouvre  la 
vérité  de  ses  faicts  à  luy-mesmes. 

Je  vous  envoyé  encores  6  des  cahiers,  de  mesmes  les 
précédens  touchant  l'office  de  la  messe  *.  Je  suis  joyeux 
des  lettres  de  naturalité  de  Giles  ',  et  m'encouragera  cela 
d'envoyer  hardiement  et  fournir  la  boutique  à  mon  pou- 


1.  Probablement  Petrus  ab  Opmeer,  Officium  missic  (Antv.  Chr. 
Plantinus  impensis  Simonis  Pauli  Delphensis,  1 570).  Le  27  février  1 568 
Plantin  reçut  de  Simon  Pauwels,  à  bon  compte  de  cette  impression 
la  somme  de  72  fl.  Elle  ne  fut  terminée  que  le  19  novembre  1569. 
Simon  Pauwels,  ou  plutôt  Fauteur  de  l'ouvrage,  en  prit  750  exem- 
plaires et  10  exemplaires  sur  grand  papier. 

2.  Gilles  Beys,  natif  de  Bréda  ou  des  environs  de  cette  ville,  entra 
au  service  de  Plantin  au  mois  de  juillet  1564.  Le  7  janvier  1567,  il 
se  rendit  à  Paris  pour  tenir  la  boutique  de  Plantin  ;  le  7  juillet 
suivant,  il  s'y  était  fait  naturaliser.Lc  7  octobre  1572,  il  épousa,dans 
la  même  ville,  Madeleine  Plantin,  quatrième  fille  de  son  patron.  Il 
géra  la  librairie  parisienne,  sous  la  direction  de  Pierre  Porret,  jusqu'au 
21  juillet  I57S-  A  partir  de  cette  date  jusqu'au  22  août  1577,  il  en 
fut  le  seul  gérant.  Alors  Plantin  céda  sa  boutique  à  Michel  Sonnius. 
Égide  Beys  continua  le  commerce  des  livres  à  Paris  et  y  imprima 
sous  son  propre  nom,  à  partir  de  1577.  En  1590,  après  la  mort  de 
son  beau-père,  il  vint  s'établir  à  Anvers  où  il  publia  un  petit  nombre 
d'ouvrages.  En  1594,  il  habitait  de  nouveau  Paris  où  il  mourut  le 
19  avril  1595. 


—    121    — 

voir,  qui  sera,  comme  j'espère,  assés  bon,  pourveu  que 
je  puisse  doresnavant  recevoir  quelque  aide  de  ladicte 
boutique,  pour  subvenir  aux  payements  de  nos  ouvriers 
et  papiers,  dont  j'ay  maintenant  assés  et  à  comandement, 
encores  que  j'entende  que  nos  bons  amis  de  par  delà 
ayent  faict  tant  qu'il  ne  nous  en  vienne  plus  de  Troye, 
de  peur  que  je  ne  continuasse  nos  entreprises. 

Parquoy  ne  reste  que  de  recevoir  argent  pour  faire 
de  bonnes  sortes,  car  j'ay  et  s'offrent  journellement  de 
bonnes  copies  pour  imprimer  par  deçà.  Je  vous  ay  aussi 
respondu  que  je  n'ay  personne  que  je  peusse  de  présent 
envoyer  pour  soulager  Gilles,  mais  j'espère  d'avoir  de 
bref  quelques-uns  qui  pourront  y  estre  propres  et  lors 
feray  tout  devoir.  Q.uand  aux  ouvrages,  si  ne  les  pouvés 
vendre,  vous  les  pouvés  renvoier,  et  j'espère  de  trouver 
le  moyen  de  les  vendre  sans  telle  perte  qu'escrivés  avoir 
voulu  donner  50  }fe  à  Jan  Gassen  pour  les  vous  vendre. 
Qiaand  à  Bougleau,  je  vous  prie  aussi  de  me  mander  si 
vous  avés  retiré  mon  obligation  de  luy,  je  vous  ay  jà, 
une  autre  fois,  mandé  que  les  vergettes  coustoient,  à 
mon  ad  vis,  5  fl.  6  patars,  car  moy  mesmes  je  l'ay  desjà 
oublié.  Je  pensois  que  les  demandassiés  pour  faire  pré- 
sents, parquoy  n'en  ay  pas  faict  compte.  Si  j'avois  à  faire 
d'aix  à  paquer,  j'en  commandrois  à  faire  faire  à  Paris, 
d'autant  qu'il  y  a  des  ouvriers  mieux  qu'ici  et  que  le 
bois,  qui  doibt  estre  noyer  ou  bon  hestre,  y  est  assés 
fréquent  et  ne  se  trouve  pas  ici  aisément.  A  Dieu  soyés. 
D'Anvers,  ce  7  juillet  1367. 

Vous  voyés  par  ces  feilles  que  j'ay  commencé  le  livre 
de  Mons""  Grevin  \   de  si  longtemps  délaissé,  faute  de 

I .  Jacqtues  Grevin,  Deux  livres  des  Venins,  Ensemble  les  œuvres  de 


—    122  — 

papier,  dont  grâces  à  Dieu,  j*espère  doresnavent  avoir 
assés,  pour  le  moins  autant  et  plus  que  je  n'en  pourray 
payer,  si  la  vente  ne  me  soulage  mieux  d'un  costé  ou 
d'autre,  pour  continuer  les  ouvrages  que  je  pourois 
entreprendre,  soyent  in-8°  ou  in-f**  commun.  Je  vous 
prie  faire  mes  recommandations  €t  excuses  audict  S' 
Grevin,  et  luy  dire  que  j'espère  de  continuer  à  son  livre 
tant  qu'il  soit  achevé,  et  que  je  suivray  à  mon  pouvoir 
ses  advis  et  luy  envoyeray  des  feilles  le  plus  souvent  que 
je  pourraj\ 


53.  —  Planlin  à  Pierre  Porret, 
A  Pierre  Porret. 

Mon  frère,  Je  prendray  garde  doresnavant  à  la  noir- 
ceur de  mon  impression,  pourquoy  faire,  je  dèsirois  bien 
avoir  espreuve  de  l'ancre  faicte  à  Paris  ou  Lyon.  J'ay 
receu  les  lettres  d'advertissement  touchant  les  marchants 
assés  tost  et  par  les  mains  mêmes  de  Peter,  duquel  vous 
escrivép,  parce  que  Jaques  les  luy  bailla  à  la  porte  de  ceste 
ville,  pour  me  les  bailler  en  passant  par  devant  mon 
logis^  ce  qu'il  fist  et  incontinent  alay  advertir  mon  amy. 

J'ay  commencé  le  livre  de  Grevin  '  que  je  continue  à 
mon  pouvoir.  Si  Samon  est  tant  fascheux,   je  vous  prie 


Nicandre  (1568,  in-40).  Plantin  avait  commencé  Timpression  de  (iet 
ouvrage  au  mois  de  novembre  1565.  A  cette  époque,  il  en  tira  12 
feuilles.  Il  reprit  le  travail  en  juillet  1567  et  Tacheva  le  mois  suivant. 
Geoffroy  Ballain  en  dessina  les  planches,  Jehan  de  Gourmont  les 
grava  sur  bois. 

I.  jAcauES  Grevin,  Deux  livres  des  Fenins(i^6'jf  in-40). 


faire  avec  Balin  *  qu'il  treille  s*ai<kr  cPautres  lectres  jà 
faictes  par  cy-devant,  et  m'achever  les  cadeaux'  commen- 
cés tellement  quellement,  le  plus  tost  qu'il  sera  possible. 

Si  MoDS'  Chrestian  me  donne  quelque  chose  mesme 
sur  Pindare  ',  je  feray  devoir  encores  de  rimprimer  en 
une  feille  à  part. 

Gifanius  m'a  envoyé  quelques  psalmes  en  grec  dudict 
Christien,  que  j'espère  d'imprimer  incontinent  que  j'en 
auray  aussi  quelques  autres  que  m'a  promis  aussi  Jamo- 
.tius . 

Je  vous  ay  rescrist  que  j'avois  vendu  ici  l'astrolabie. 
J'ay  receu  et  vendu  les  lectres  patentes  du  Roy  que 
m'avés  envoyées. 

Postel  monstre  par  ses  lectres  où  il  en  est  etc.;  je  luy 
respondray  par  melleur  loisir.  Qiiand  à  Gassen,  il  faict 
toujours  ses  comptes  à  large,  car  il  compte  du  jour  où 
il  est  et  ne  pense  pas  toujours  qu'il  est  besoing  de  faire 
provision  avant  le  temps  venu. Car  il  doibt  estre  asseuré, 
ce  que  je  luy  ay  souventefois  dict  et  à  son  nepveu  et 
aussi  rescript,  que  ceux  à  qui  il  doibt  pût  deçà  attendront 
plus  tost  ung  mois  apprès  leur  jour,  quand  luy  ou  son 
nepveu  sont  ici,  qu'ils  ne  veulent  faire  une  heure  en 
leur  absence  et  veulent  estre  paies  comptant.  Si  Lambon 
mangeant  le  fromage  le  trouve  bon,  mandés-le,  et  on 
en  envoyera  d'autres,  et  quand  il  fera  froid,  Dieu 
aidant,  on  envoyera  du  heure.  Quant  la  casse  sera  four- 
nie, je  prie  d'aider  la  nostre  et  si  vostre  neveu  a  affaire 


1.  Geoffroy  Balîn  ou  Éallain,   artiste   de    Paris,  qui  fournit  à 
Plantin  de  nombreux  dessins  destinés  à  être  gravés  sur  bols. 

2.  Cadeaux  =  Grandes  lettres  ornées. 

3.  Tindari  Carmina  etc.  ds^y,  160). 


—   124  — 

ou  pense  que  je  luy  peusse  aider  à  quelque  marchandise 
et  qu'il  vous  semble  bon,  m'aidant,  je  feray  le  pouvoir. 
J'ay  reçeu  ma  marque  pourtraict.  J'espère  d'envoyer 
dedans  3  jours  encores  de  la  marchandise.  J'en  ay  ausi 
pacqué  dedans  un  coffre  envoyé  à  Gassen,  dont  j 'envoyé 
la  facture  es  lettres  de  Gilles.  * 


54.  —  Vlantin  à  Jean  Henten.  * 

Monsigneur  Nostre  Maistre  F.  Jehan  Henten, 

docteur  régent  à  la  S.  Faculté  de  Théologie 

au  couvent  des  Frères  Prêcheurs, 

à  Louvain. 

Monsigneur  nostre  Maistre,  Suivant  ma  promesse,  je 
vous  ay  envoyé  4  exemplaires  du  Nouveau  Testament 
en  françois,  afin  d'en  faire  vostre  volonté  devant  que 
j'en  vende  aucuns.  S'il  est  autre  chose  en  quoy  je  vous 
puisse  faire  quelque  service,   commandés-le,   vous  serés 

1.  Gilles  Beys. 

2.  Jean  Hentenius  (Henten)  naquit  en  1499  à  Nalinnes,  village  du 
pays  de  Liège.  Il  entra  dans  Tordre  des  Dominicains  et  devint  doc- 
teur en  théologie  et  régent  de  renseignement  de  cette  science,  au 
couvent  de  son  ordre  à  Louvain.  Sweertius  place  sa  mort  au  1 3  oc- 
tobre i$66.  La  présente  lettre  fait  naître  des  doutes  sérieux  sur 
l'exactitude  de  cette  date  qu'on  retrouve  dans  toutes  les  biographies. 
Ces  doutes  sont  confirmés  par  un  article  du  livre  des  comptes  de 
Plantin  daté  du  i^  mars  1567  et  par  lequel  nous  voyons  que  l'im- 
primeur lui  paya  ce  jour  24  florins  pour  ses  travaux  sur  la  Bible  en 
français.  Plantin  publia  de  lui,  en  1567,  li»  nouveau  testament  avec  an- 
notations de  Tietiê  'Benoist.  Le  tout  revu  par  F.  Jean  Henten ,  in- 160. 
Ce  furent  lui  et  d'autres  professeurs  de  Louvain  qui  revirent  le  texte 
de  la  Bible  latine  publiée  par  Plantin  en  1 583. 


—    I2S    — 

obéi  d'aussi  bon  cueur  que  me  recommandant  à  vostre 
bonne  grâce,  je  prie  Dieu  vous  conserver  en  la  sienne, 
et  vous  vouloir  favoriser  qu'au  grand  profEt  de  la  répu- 
blicque  christienne,  nous  puissions  de  bref  jouir  de  vos 
nobles  labeurs  sur  la  Saincte  Bible  en  latin,  cependant 
que  je  poursuivray  l'yrapression  (d'autant  qui  me  sera 
possible)  de  la  françoise.   D'Anvers,  ce    13    de  juillet 

l'an  1367. 

L'entièrement  vostre  à  commandement 
serviteur  et  amy 

C.  Plantin. 


55.  —  Plantin  à  Jean  Stadius. 

(Plantin  lui  donne  des  nouvelles  de  Timpression  de  son  livre,  etc.) 

Qarissimo  doctissimoque  viro 

domino  Johanni  Stadio 

mathematicarum  et  historiae  professori  meritissimo, 

Lovanium. 

S.  P.  Ut  litteras  vacuas  dare  nolim,  sic  expectandum 
mihi  fuit  reditum  operae  et  impressionem  duorum  ecce 
quae  mitto  foliorum  '.  Pergetur,  Deo  faveme,  usque  ad 
finem  operis,  quem,  ut  spero,  habebimus  ad  finem  alte- 
rius  proxime  hujus  sequentis  hebdomadae.  Tuas  Flamin- 
go  ipse  in  manibus  propriis  dedi  ;  poUicitus  est  se 
curaturum  missas  et  mihi  daturum  quicquid  ab  eis 
exiorquere  poterit.  Q.uum  viri  Cornelii    Valerii  similes 

I.  Voir  note  2  de  la  page  114. 


—    126    — 

tuum  sunt  opus  laudaturi  et  comniendaturi,  non  est 
quod  dubitem  dîgnum,  namque  est  qui  ametur  et  admi- 
retur  a  doctis.  De  Suetonio  quid  agatur  scire  percupio. 
Vale,  domine  mi.  Antverpiae,  13  julii. 

Tibi  tuo  merito  addictissimus 

C.  Plantinus. 

Has  cura  scripsissem  nuntium  non  inveni.  Tuas 
postea  recepî  cum  carnibus  etc.  Hesterna  die  nostri  per 
totum  diem  genio  indulserunt  typographi,  hodie  ferian- 
tur.  Littteras  tuas  D.  Flamingo  reddi  curavi.  Quid  spei 
habendum  sit  de  carnibus  nos  et  D.Thesaurarii  prorsus 
expiscari  non  possum[us].  Indicem  toUi  curabo  in  tem- 
pore.  Vale,  domine  mi.  Antverpiae,  16  julii  [1567]. 


36.  —  Vlantin  à  Gilles  Beys. 

Gilles.  J'estime  que,  le  mesme  jour  ou  peu  après 
avoir  receu  le  tonneau  N^  18,  vous  aurés  receu  la  fac- 
ture  d'iceluy.  Hier  avons  nous  baillé  à'Langhe  Martin  * 
un  coffret  adressé  à  nostre  amy  P.  Gassan,  auquel 
avons  mis  le  contenu  en  ce  billet  pour  vous  estre  déli- 
vré. 

Par  le  premier,  nous  vous  envoyerons  tout  ce  que 
pourrons  de  vostrc  dernier  mémoire  du  5  du  présent, 
et  n'avés  rien  demandé,  ni  ne  demandés  maintenant,  et 
ne  demanderés  aussi  doresnavant  qui,  avec  la  grâce  de 
Dieu,  ne  vous  ait  esté,  est  et  sera  envoyé,  quand  on  le 
peut  trouver  en  la  ville  avec  commodité  propre.   Soyés 

I.  Latighe  Martin  =  Martin  le  long,  le  grand  Martin. 


—   127  — 

doncques  adverti  que  je  ne  vous  puis  envoyer  devant  la 
foyre  de  Francfort  plus  de  une  cosmographie  de  Mon- 
ster  '  en  François. 

Orationes  Isocratis  et  Demosthenis  grsece  et  latine,  ne 
se  trouve  pas;  Tabulae  totius  anni,  de  Jourain,  in  f°,  ne 
se  trouve  pas  aussi;  Galenus,  in  f°.,  Basileae,  ne  se  trouve 
pas  aussi  ici,  non  plus  que  Plante,  graece  et  latine,  ne 
Stobaei  sententise  etc.,  ne  Clemens  Alexandrinus,  grsece. 
Schola  Lovaniensis,  on  ne  sçaii  que  c'est.  Eusebii  opéra 
nouveaux  ne  sont  pas  achevés.  Parquoy,  si  en  avés  à 
faire  nécessairement,  les  pouvés  achepter,  si  les  trouvés, 
ou  les  nous  mander  avec  tout  ce  que  penserés  estre  né- 
cessaire pour  prendre  à  Francfort,  ce  qui  se  pouira  re- 
couvrer à  ceste  foire  prochaine,  ce  qui  sera  bon  de  faire 
devant  le  20*  aoust  prochain,  afin  de  l'adjouxter  à  nostre 
mémoire  particulier.  Car  ce  qui  viendra  après  se  devra 
mander  après  par  les  messagers,  chose  qui  jamais  n'est 
si  propre  ;  nonobstant  quoy,  quand  besoing  sera,  ne  se 
devra  différer.  Cependant,  je  prie  Dieu  estre  vostre 
garde.  D'Anvers,  en  haste,  ce  14  de  juillet  1367. 

Le  vostre 

Plan  tin. 


I.    Sébastien    Munster  ,    La    Cosmographie    universelle    (Bâle, 
Henricpetri,  iSS^). 


—    128    — 

37«  —  Tlantin  à  Cornélius  Gemma.  • 

(Si  Gemma  veut  que  Plantin  édite  ses  livres^  à  ses  frais,  il  faut 
qu'avant  de  rien  décider,  Timprimeur  en  ait  la  copie.) 

Doctissimo  ac  ingeniosissimo  viro 
domino  Comelio  Gemmae. 

S.  P.  Nihil  prorsus  aliud  quid  respondere  possim,  vir 
clarissime,  ad  litteras  tuas  datas  ad  me  ante  aliquot 
menscs,  quam  quod  tune  me  respondisse  succurrit  in 
mentem,  riempe  me  plurimi  facere  nomen  tuum,  de 
libris  autem  tuis  imprimendis  nihil  (si  id  meis  impensis 
faciendum  esset)  statuere  posse  certi  antequam  librorum 
ipsorum  mihi  facta  esset  copia.  Quando  vero  Lovanium 
sum  profecturus  prorsus  ignoro.  Si  ;;utem  id  mihi  con- 
tingat,  non  prsetermittam  quin  te  alloquar.  Tu  vero  si 
hue  ad  nos  veneris  et  allocutus  fueris  gratum  erit.  Vale, 
Domine  mi.  Antverpiaî,  i6*  julii  1367. 

Tibi  addictissimus 
Plantinus. 


I .  Cornélius  Gemma,  fils  de  Régnier  ou  Gemma  Frisius,  naquît 
à  Louvain  en  1 5  3  5 .  Il  étudia  la  médecine  et  fut  nommé  professeur  de 
cette  science  à  l'université  de  sa  ville  natale  en  1570.  Il  mourut  en 
]  579,  après  avoir  publié  quelques  ouvrages  où  la  science  est  mise  au 
service  de  rêveries  philosophiques.  Plantin  imprima  de  lui  :  De  arU 
cyclognoniica^  tomi  111(1569,  40);  De  natura  divinis  characterismis 
(  IS75»  80)  ;  T)e  prodiqiosa  specie  naturaque  cotneta  (1S78,  8°). 


—    129   — 

58.  —  TIantin  à  Jacques  Patnelius. 

(Plantîn  se  défend  de  Taccusation  d*être,  par  sa  négligence,  cause 
des  fautes  restées  dans  l'impression  des  livres  de  Pamelius.  Celui-ci 
doit  en  porter  lui-même  la  responsabilité,  puisque  les  incorrections  des 
ouvrages  imprimés  se  rencontraient  dans  les  manuscrits  de  l'auteur.) 

S.  P.  Variis  de  causis,  lectis  luis  ad  me  litteris, 
anxius  fui,  vir  clarissime,  neque  exemplar  tuum  remit- 
tendum  ad  te  judicabam,  priusquam  tu  ipse  vel  aliqui 
docti  tuo  nomine  hic  errata  abs  te  iiotata  cum  autogra- 
phe contulissent,  idque  aperte,  ut  mos  est  meus.  Mer- 
catori,  qui  tuas  mihi  reddidit,  primum  respondi,  inter- 
rogavique  num  linguam  latinam  calleret,  quo  illum  judi- 
cem  inter  me  et  exemplar  constituere  possem.  lUe  vero 
respondit  se  utcumque  callere  linguam  latinam,  sed  non 
ut  posset  hujus  rei  judicem  agere  aut  arbitrum.  Sed  quor- 
sum,  inquies,  cum  diffiteri  non  possis  me  in  ipsa  erra- 
torum  scheduia  fassum,  fortassis  etiam  ob  amanuensis 
negligentiam  illa  accidisse  et  caetera  quae  tuis  in  litteris 
urges. 

Sed,  domine  mi  Pameli,  ea  quas  mihi  in  hanc  sen- 
tentiam  scripsisti  verba  magis  moverunt  ut  noilem  edi- 
lionem  Cypriani  serio,  etsi  jam  sumptus  haud  parvos 
ad  hujus  editionem  adornandam  (quos  mihi  magno 
perire  nolim)  fecerim,  aggredi  ';  nam,  cum  de  autographi 
non  bene  distincta  scriptura  ioquaris,  sintque  ea  qux* 
primo  adnotas  errata  non   autographi  sed  ipsius  exem- 


I .  Dans  le  Livre  des  ouvriers  de  Plantin,  nous  lisons,  sous  la  date 
du  28  juin  1567:  <  A  Cornélius  Mulener,  pour  la  première  feuille 
de  Cypriani  opéra,  graece,  fl.  2—9.  »  Plantin  avait  donc  imprimé  la 
première  feuille  de  l'ouvrage,  au  moment  où  il  écrivait  la  présente 
lettre. 


—  130  — 

plaris  impressiy  cogitabam  apud  me,  quid  tandem,  si 
post  impressa  folia  nostra  tôt  nobis  attribuerentur  errata, 
fieret.  Memini  etenim  eorum  qu^  in  Micrologo  '  et 
Cassiodoro  '  nobis,  cum  autographi  essent,  attributa 
sunt,  si  non  abs  te,  a  lectoribus,  qui  causam  ignorant  et 
diligentiam  nostram.  Plura  etiam  nobis  excidere  quam 
vellemus  quantamcumque  diligentiam  adhibeamus,  etiam- 
si  ea  quae  excmplaris  impressi  [sunt]  etiam  diligenter 
perlccti  non  adscribantur. 

Quod  autem  scribis  me  nomini  tuo  detrahere  apud 
doctos,  judicent  inter  me  et  te  illi  quibus  de  te  sum 
locutus,  num  aliquid  dixerim  quod  te  offendere  debcat. 
Amicis  tuis  amice  de  te  sum  locutus,  sed  cum  illi 
urgerent  editionem,  vel  tuo  vel  reipublicse  nomine,  et 
me  accusarent,  opposui  quid  nunc  in  via  nos  impediret, 
et  eos  judiccs  hac  in  causa  constitui  et  veritatem  cum 
nomine  meo  defendi,  faciamque  quandocumque  potero, 
neque  est  quod  quisquam  me  simulatorem  existimet  aut 
assentatorem,  tantominus  calumniantem.  Te  namque 
tuique  similes  viros  doctos  et  pios  veneror,  sed  non  ita 
ut  velim  nomini  meo  maie  consultum,  cum  fortasse 
non  parum  intersit  etiam  reipublica:;  nomen  typographi 
bene  vel  maie  audirc  vulgo  propter  frequentia  errata. 

Cogitabam  pra^terea  quid  futurum  fortassis  esset,  si 
exemplar  a  me  accusato  tam  graviter  ad  accusatorem 
iratuni  mitterem,  neque  tutum  neque  consultum  id 
mihi  videbatur.  Sed  tamen  vicit  humanitatis  tuas  cum 
eruditione  et  pietate  conjuncta  recordatio,  leque  judicem 


1.  Jac  'Pamelius,  Micrologiis  de  ecclesiasticis  observandis  {i$6'),  8°). 

2.  Magni  Aurelii  Cassiodori  institutiotiis  diviuatum  lectionum  liber  I. 
Opus  per  Jacobum  Pamelium  evulgatum  (1566,  80). 


—  131  — 

nostrae  causae  statuere  malim  quam  te  suspensum  diutius 
detinere  vel  magis  iratum  reddere.  Q.aare  mitto  ad  te 
tua  omnia  ut  quae  notasti  errata  bene  et  sincère  pro 
animi  tui  candore  ad  exemplar  conféras,  et  ex  aequo  et 
bono  judicium  tuum  ad  nos  perscribas,  nam  ex  27  erra- 
tis  quae  notasti,  non  reperio  aliquod  alicujus  momenti 
quod  non  sit  exemplaris  impressi  vel  in  autographo 
perspicue  scriptum,  ex  quo  videre  est  quid  praestare 
conati  simus.  Neque  folium  impressum  ad  te  adhuc  misi- 
mus  tamquam  postrema  manu  correctoris  sed  tamquam 
spécimen  ut  admoneremur.  Imo  ne  illa  quidem  forma 
aut  caracteris  iisdem  progredi  erat  animus.  Nostrosque 
correctores  de  M.  S.  conjungendis  et  Manutio  pro  Aldo 
commutando,  si  serio  aggrederetur  opus,  monueram, 
deque  observandis  litt^ris  vel  parvis  vel  majusculis 
juxta  contextum  ipsius  Cypriani,  quae  bene  notas  in  tua 
schedula. 

Sed  ea  quae  sunt  graviora  (ut  est  i  non  in  suo  loco 
positum,  animam  pro  ammuniy  fascibus  pro  fassis,  ubi 
qui  damneant  improbos  desunt  ?  Soli  etc.  pro  qui  damnent 
improbos  desunt  ?  Soli  tibi  qui  démentant  occurrunt  1  Peremit 
pro  perimity  affectione  pro  affeclationey  hune  pro  hicy 
in  magistratu  etc.,  et  postea  diaconi  super fluum  esse  ;  et 
talia),  cum  viderem  me  non  posse  ulla  ratione  effugere 
posthac,  nisi  correcto  exemplari,  et  tamen  a  multis 
accusari  quod  opus  tamdiu  detinerem,  te  merito  edi- 
tionem  urgere,  essemque  ejus  animi  ut  errata  quae  non 
essent  nostra  nunquam  in  me  recipere  vellem  aut  pati 
aliquo  modo  meo  nomini  adnotari,  quid  quaeso  aliud 
fecissem,  mi  Pameli  doctissime,  quam  quod  feci,  nempe 
ut  amicos  tuos  et  meos  sollicitarem  ut  intercessores 
essent  apud  te  de  exemplari   ita  castigando  ut  imprimi 


—    132   — 

velles  ?  Scio  etenim  et  doleo  quam  multa  plerumque 
irrepant,  nobis  invitis,  errata  inter  imprimendum,  scio 
quid  lectores  molestiarum  typographicarum  expertes  et 
plerumque  parum  candidi  de  libris  impressis  judicent  ; 
scio  quantum  damni  typographo  emergenti  malum 
nomen  aflferat;  scio  et  sentio  multa  alla  quse,  si  tu 
asquo  animo  perpendas  et  judices,  non  certe  ita  in  me 
excandesceres  ob  id  quod  dixi  vel  scripsi  :  quod  quicquid 
sit,  non  certe  (Deumque  optimum  maximum  hac  in  re 
testor)  feci  quo  nomini  tuo  aliquam  infamiae  (ut  scribis) 
notam  adurerem,  cui  aeque  ac  mep  bene  consultum 
volo,  sed  ut  amice  ab  amicis,  quando  mihi  hactenus 
non  credideras,  monereris  de  exemplaribus  corrigendis 
et  abs  te  demittendis  eo  modo  quo  velles  imprimi. 

Si  quid  autem,  omnibus  etiam  consideratis^  peccatum 
in  te  adhuc  existimes,  condonabis,  ut  spero,  cum  in- 
telliges  neque  erroris  nomen,  neque  quicquam  aliud 
dictum  scriptumve  esse  ut  tibi  vel  nomini  tuo  detrahe- 
retur,  idque  ut  facias  et  ad  hase  respondeas,  oro,  rogo 
postuloque  iterum.  Caeterum  me  tuum  esse  totum  in 
omnibus  quag  potero  certe  scias.  Vale,  Domine  mi,  et 
fac  ut,  re  aequiori  animo  perpensa,  nos  ut  soles  amare 
pergas^  nostramque  libertatem  et  animum  apertum  can- 
dide interpreteris.  Antverpiae,  i9Julii  1567. 

Tibi  perpetuo  addictus 
C.  Plantinus. 

Cum  primum  scriberc  inciperem  paucis  id  me  factu- 
rum  sperabam,  cum  autem  progrederer  rescripturum 
cogitabam,  sed,  cum  urgeres  me  tuis,  litteras  tumultuarie 
scriptas  et  maie  malui  mittere  quam  te  diutius  suspen- 
sum  detinere  :  asqui  bonique  omnia  consulere  nunc  tuum 
erit. 


—  133  — 

59-  —  Vlantin  à  François  Gentili. 

Admodum  nobili  doctissimoque  juveni 
domino  Francisco  Gentili  domino  suo  et  amico 

observando, 

Paduae. 
Monsigneur, 

Il  ne  me  sçauroit  advenir  chose  de  quoy  je  me  tienne 
plus  heureux  que  d'estre  aimé  de  vous  et  de  tous  vos 
frères,  gentils  et  de  vertu  et  de  race  et  de  nom  '.  Par- 
quoy  je  serois  grandement  ingrat  et  indigne  de  l'honneur 
qu'il  vous  plaist  de  me  faire  de  me  repu  ter  au  nombre 
de  vos  amis  et  de  messigneurs  vos  frères,  si  de  tout 
mon  pouvoir  je  ne  m'employois  à  faire  chose  respon- 
dante  à  la  conception  que  vous  et  vos  semblables  ont  de 
moy,  chose  en  quoy,  Dieu  aydant,  je  ne  faudray  de 
ma  vie  à  mon  escient. 

Pour  satisfaire  donques  à  ce  que  demandés,  j'ay 
cherché  par  toutes  les  boutiques  de  ceux  qui  vendent  en 
ceste  ville  les  pourtraictures  que  j'ay  trouvées  notées  en 
l'autre  page  de  vostre  lettre,  et  n'ay  sceu  trouver  les 
douze  mois  de  Tan  taillés  en  formes  d'airain,  parquoy 
j'en  ay  incontinent  mandé  à  Paris',  là  où  ils  sont  taillés 
fort  nettement,  et  incontinent  les  avoir  receues  dudict 
lieu,  je  les  délivreray  à  monsigneur  vostre  frère,  ainsi 
que  j'ay  faict  présentement  trois  feilles   d'Albert  Durer, 


1.  Un  de  ces  frères,  nommé  Etienne,  habitait  Anvers,   c'est  à  lui 
que  Piantin  remettait  ce  qui  était  destiné  à  François  Gentili. 

2.  Le  22  août  1567  Piantin  fournit  à  Etienne  Gentili  : 
Les  douze  mois  en  cuivre.  Paris,  fl  2. 

Les  trois  villageois  in  aère  d'Albert  Durer  fl.  o.  s.  3. 


—  ^34  ~ 

à  sçavoir   le  S*  Eustace  *,   qui   me  couste  30  patars,  le 
sainct  Hiérosme  et  la  Mélancholie  (2  fort  belles  pièces) 
qui  me  coustent  chaicun  15  patars,  qui  est  le  tout  en- 
semble 3  florins.  Or,  monsigneur,  il  vous  plaira  entendre 
qu'il    se    trouve    bien    quelques    pièces  de   S*  Eustace 
vielles,    qui    se    vendent    bien    jusques  6  fis   la  pièce, 
d'autres   à   4  fis  et  d'autres  à   3  fis  la  pièce,  combien 
qu'ils    soyent    d'une    mesme    planche   et    main   dudict 
Albert  Durer,   et   ainsi   aussi  de   divers  prix   par  trop 
diflférents  de  Tung  à  l'autre,  ce   qui  advient  par  le  juge- 
ment ou  affection  de  painctres  ou  cognoisseurs  de  telles 
pourtraictures,  qui  prisent   quelquefois  l'une  pièce  (bien 
que  d'une  mesme  main,  planche,  jour  et  heure  impri- 
mée) 2,   3   ou  4  fois  au  double   plus  que   l'autre,  chose 
qui  se  trouveroit  fort  estrange  à  ceux  qui  ne  l'ont  expé- 
rimenté et  qui  par  conséquent  pourroit   faire  esmerveil- 
1er  ceux  à  qui  on  les  pourroit  envoyer  sans  préadvertis- 
sement.    Et   pourtant  m'a  il   semblé   bon  de  ne   vous 
achapter  que  ces  3  pièces  ici,    afin   que  par  icelles  vous 
jugiés  et  puis  m'advertissiés  de  vostre  volonté,  à  laquelle 
je  mettray  peine  toute   ma   vie   de  satisfaire  selon  mon 
pouvoir  *. 
Toutes   les  feilles   de   pourtraictures  d'Albert   Durer 

1 .  Le  compte  de  Plantin  à  Etienne  Gentili  pour  son  frère  Fran- 
çois porte,  sous  la  date  du  18  juillet  1567  :  3  pièces  d'Albert  Durer: 
I  S»  Hubert,  i  S*  Hiérosme,  i  Melancolia.  Valent  3  fl. 

2.  Le  19  mars  1568, Plantin  fournit  encore  à  Etienne  Gentili, pour 
son  frère  François: 

I  Les  douze  mois  en  cuivre,  de  Paris  fl  2 

I  S.  Hubert  belle  fl  3  s.  10 

I  Melancholia  fl  o  s.  15 

8  pièces  de  Nostre  Dame  diverses,  à  8  s.  pièce  fl  3  s.    4 

I  Les  trois  villageois  ft  o  s.    8 


—  I3S  — 

cousteroyent  bien  à  en  avoir  de  chaicunne  sorte  une  et 
passablement  nettes,  comme  sont  celles  que  je  vous 
envoyé,  quelque  cent  escus  d'or.  Mais,  s'il  vous  plaist 
que  je  vous  achapte  seulement  de  celles  qui  se  peuvent 
aisément  recouvrer  et  à  prix  assés  bas  selon  telle  qualité, 
ordonnés  moy  la  somme  d'argent  que  voudriés  que  j'y 
employasse  et  vous  tenés  bien  asseuré  que  j'y  feray 
tout  le  devoir  qui  me  sera  possible  et  en  toute  autre 
chose  qu'il  vous  plaira  me  commander. 

Quand  à  mes  affaires  particulières,  je  suis  d'autant  bon 
espoir  que  je  fus  oncques,  grâces  à  Dieu,  et  m'efforce 
de  continuer  en  mieux.  Mais  les  tumultes  de  ces  païs  et 
absence  de  plusieurs,  et  le  peu  de  vente  qui  s'est  ensuivi 
et  continue  encores,  font  que  je  n'ay  pas  le  moyen  de 
imprimer  ou  de  continuer  ainsi  que  je  l'avois  commencé 
et  délibéré.  Car,  si  l'aide  des  amis  défaut,  ou  que  la 
vente  ne  responde  au  desboursement  qu'il  convient  faire 
ce  qui  seroit  utile  et  qu'on  voudroit  bien,  si  est  ce  que 
je  continue  à  imprimer  autant  que  je  puis  et  ne  désis- 
teray  de  poursuivre  aussi  longtemps  que  j'en  auray  le 
moyen. 

Et  sur  ce,  Monsigneur,  je  supplie  que  je  puisse 
demourer  en  vostre  bonne  grâce  et  recommandation  et 
aussi  de  monsigneur  Stephano  Gentili  et  de  tous  vos 
autres  frères  et  amis,  que  je  révère  tous  pour  vos  sin- 
gulières vertus  renommées  entre  tous  les  vertueux. 
Priant  Dieu  vous  maintenir  tous  en  prospérité.  D'Anvers, 
ce  19  juillet  1567. 

Le  très  humble  serviteur  et  amy 
à  commandement  de  V.  S. 

C.  Plantin. 


-  136- 

6o.  —  Tierre  Daniel  à  Plantin. 

9 

Monsieur  Plantin,  Je  vous  remercie  bien  fort  touchant 
Tadvertissement  du  Virgile  de  Fulvius  Ursinus  qui  est 
fort  docte,  et  n'y  a  rien  qui  vous  puisse  nuire  par  deçà, 
dont  je  vous  vouldrois  sur  tout  advertir.  Seulement 
j'avois  esté  adverti  par  quelque  personnage  de  l'impres- 
sion dudict  Virgile,  et  pensois  que  ce  fust  chose  apos- 
tée,  mais  à  ce  que  je  voy,  elle  est  très  véritable,  dont  je 
suis  fort  joyeulx,  et  vous  asseure  que  pour  imprimer 
telz  bons  livres,  vous  florissez  par-dessuz  tous  impri- 
meurs, et  florirez  encores  daventage,  si  continuez, 
comme  j'espère,  avec  l'aide  de  Dieu.  Libri  autem  D. 
Dana^i  '  nihil  tuo  nomini  detrahent,  et  loue  Dieu  de  ce 
que  la  Visitation  en  est  entreprinse,  vous  priant  les 
faire  incontinent  mètre  soubz  la  presse,  mais  vous 
m'advertirez,  s'il  vous  plaist,  ce  qui  aura  esté  osté  et 
trouvé  nuisible  au  temps,  comme  vous  escrivez  et  plus 
tost  me  le  ferez  coppier  à  part. 

Au  demourant,  je  vous  prie  m'escrire,  si  avez  vendu 
vos  exemplaires  de  Petronius  *,  d'aultant  que  j'en  ay 
trois  fois  aultant  que  Monsieur  Sambucus,  qui  ne  fust 
jamais  imprimé  et,  si  avez  envie  de  l'avoir,  je  le  vous 
envoieray  par  les  premiers,  à  la  charge  de  quelques 
exemplaires  de  vostre  imprimerie, pour  la  peine  que  j'ay 
prinse,  tant  en  la  correction  et  collation,  que  en  an- 
notations que  j'ay  faictes  sur  ledict  autheur,  qui  jam 
auctior  et  emendatior  exiturus  est.  Orthographorum 
editioncm  et  Quintiliani  longam  et  laboriosam  emenda- 

1 .  Danielis  ? 

2.  Petronii  tArhitri  DiCassiliensis  satyrici  fragmenta  restituta  et 
aucta,  e  hihliotheca  Johannis  Samîmci.  Plantin,  1565,  80. 


-  137  — 

tionem  cum  annotationibus  in  dies  tibi  paro,  si  commo- 
dum  fuerit  excudere.  Habeo  et  Varronis  ad  Papinianum 
sententias  nondum  vulgatas,  atque  Sexti  philosophi  py- 
thagorici  sententias  christianas  olim  a  B.  Rhenano  * 
éditas,  jam  a  me  ex  vetere  codice  emendatas,  quse 
omnia,  si  cupis  edere,  mittam. 

Quant  aux  œuvres  de  Duarenus,  oultre  ce  que  j'ay 
baillé  a  Mons""  Gifanius  pour  vous  envoier,  j'ay  depuis 
retiré  de  quelq'amy  le  catalogue  de  quelques  tiltres  de 
droict  expliquez  par  ledict  Duarenus,  lequel  je  vous 
envoie,  afin  que  vous  advisiez  desquels  vous  avez 
faulte,  et  je  ne  fauldray  à  les  vous  envoier. 

Sur  ce,  je  me  recommande  à  vos  bonnes  grâces, 
priant  Dieu  vous  tenir  en  sa  garde.  De  Paris,  ce  20  de 
juillet  1567. 

Vostre  frère  et  amy 

P.  Daniel. 

Je  désirerois  fort  que  m'eussiez  envoie  ce  qu'avez 
imprimé  de  Fulvius  Ursinus,  et  vous  promects  de  ne 
le  monstrer  à  personne,  et  qu'il  ne  vous  en  sera  aucu- 
nement faict  tort. 


I.  Beatus  Rhenanus,  né  à  Schlettstadt  dans  l'Alsace,  en  1487  ou 
en  1474,  mort  à  Strasbourg  en  1547.  Il  publia  de  nombreux  auteurs 
anciens  annotés  par  lui  ainsi  que  plusieurs  livres  de  théologie  et  de 
philologie. 


-  138- 

6i.  —  Plantin  à  Jean  de  Molina, 
Par  les  Birckmans. 

Signeur  Jehan  de  Molina,  Il  m'a  despieu  et  desplaît 
assés  que  je  n'ay  peu  commencer  et  parfaire  plus  tost 
les  Heures  que  m'avés  commandé,  et  encores  plus  de  ce 
que  je  les  avois  tant  advancées,quand  j'ay  receu  vos  lettres 
du  20  d'avril,  qu'il  estoit  impossible  de  les  retarder  ou 
délaisser  sans  quelque  60  fis  de  perle  *.  Parquoy  je  les 
poursuis  et  espère  de  les  avoir  achevées,  au  plus  tard 
dedans  trois  semaines  de  ce  jourd'huy.  Je  vous  ay  assés 
adverti  par  mes  autres  du  nombre  que  j'en  imprime  [etj 
que  tout  est  à  vostre  commandement,  ainsi  que  je  vous 
ay  faict  advertir  par  Arnoult  des  Birckmans  et  escrit  en 
mes  lettres  du  7  du  présent,  avec  lesquelles  je  vous  ay 
envoyé  la  facture  de  la  casse  que  je  vous  ay  envoyé 
plaine  des  sortes  de  mon  impression  pour  une  espreuve, 
ainsi  que  me  Taviés  escrit  par  deux  vostres  lettres,  de 
vous  envoyer,  lorsque  les  Birckmans  vous  envoyeront 
quelque  marchandise.  Si  vous  pensés  faire  profict  avec 
moy,  me  le  commandant,  vous  serés  obéi  et  vous  feray 
tel  prix  et  si  raisonnable  qu'il  me  sera  possible. 

J'espère  de  commencer,dedans  peu  de  temps,  le  cours 
de  [droit]  canon,  texte  in  8°,  avec  les  annotations,  émen- 
dations  et  augmentations  de  tout  ce  qui  est  désiré  audict 
cours  es  lieux  où  il  est  escrit,  le  tout  selon  les  vieux 
exemplaires  par  Mons*^  Contins,  jurisconsulte  fort  expert 
et  lecteur  du  Roy.  ' 


1 .  Voir  lettre  54,  page  90. 

2.  Antoine  Contius  (Lecomte),    jurisconsulte,   natif  de  Noyon, 
professa  le  droit  à  Orléans  et  à  Bourges.   Il  mourut  à  Bourges  en 


—  139  — 

Je  commenceray  aussi  de  brief  Summa  Sancti  Thomas 
in  8**,  texte,  et  autres  bons  livres  à  mon  advis  ;  s'il  est 
chose  que  pensiés  vous  estre  utile,  le  commandant, vous 
serés  obéi.  Mais  il  vous  convient  notter  que,  si  vouliés 
avoir  quelque  partie  des  livres  que  imprimerois,  au  prix 
de  papier  et  faceon,  ou  bien  me  faire  imprimer  quelque 
livre  pour  vous  seul,  qu'il  seroit  besoing  de  m'advancer 
toujours  l'argent  de  la  valeur  du  papier,  pour  le  moins, 
et,  à  la  fin  de  l'ouvrage,  le  payement  du  labeur  de  l'im- 
pression. 

Qui  sera  l'endroict  où,  me  recommandant  à  vostre 
bonne  grâce,  je  prie  Dieu  vous  maintenir  en  la  sienne. 
D'Anvers,  ce  22^  de  juillet  1567. 

Le  tout  vostre  serviteur  et  amy 
C.  Plantin. 


62.  —  Plantin  à  Michel  Fenegas.  * 

Michaeli  Venegae  Hispano 
Ch.   Plantinus. 

(Plantin  se  déclare  prêt  à  imprimer  les  ouvrages  de  Venegas  que 
celui-ci  voudra  lui  envoyer  A  cet  effet.) 

Quanti  te  fccerim,  vir  doctissime,  ex  quo  tu  mihi 
quaedam  tua,  cum  hic  ante  duos  annos  apud  Jesuitas 
diverteres,  ostendisti,  possunt  multi  docti  et  graves  viri 

1586,  âgé  d'environ  60  ans.  Le  cours  de  droit  canon,  dont  il  est 
question  ici,  fut  publié  par  Plantin,  sous  le  titre  :  Epistola  decretaîes 
summorum   pontifictim^    a    Grecrorio    notio     ponlifice    maximo  collectte. 

1S70,  8°. 

I.  Nous  ne  connaissons  ni  cet  auteur  ni  les  ouvrages  qu'il  peut 
avoir  écrits. 


—  140  — 

testes  esse,  quibus  saepissime  conquestus  sum  de  tua  hinc 
migratione  tam  subita,  maxime  quod  ncscirem  quo  te 
contulisses  neque  id  a  Jesuitis  ipsis  expiscari  certe  pos- 
sem.  Unus  enim  dicebat  te  Romam  profectum  esse  et 
illic  agere  ;  alius  vero  aliud  dicebat  et  narrabat.  Nunc 
vero,  acceptis  primum  (nam  priores  de  quibus  in  his 
scribis  non  vidi),  verbis  explicare  non  possum  quanta 
me  laetitia  afFeceris  dum  et  te  illis,  Deo  gratias,  super- 
stitem  [video]  et  lucubrationes  tuas  per  me  in  lucem 
edendas  non  dedignaris.  Age  itaque,  mi  Venega,  mitte 
quicquid  volueris,  prescribe  legem  imprimendi  et  con- 
ditiones  et  nisi  obsequar  (nihil  etenim  te  indignum  et 
ab  aequitate  alienum  injuncturum  confido)  me  ingratum 
et  gradu  quem  occupo  indignum  judica.  Quod  si  quid 
infeliciter,  ut  fingendum  proponis,  accidat,  meo  periculo 
id  facturum  esse,  magis  gaudeo  quam  si  ex  multis  alio- 
rum  laboribus  bene  cessent.  Sed  nuntio  abitum  paranti 
me  prolixiorem  esse  non  licet.  Vale  itaque  et  nos  in 
albo  amicorum,  qua^so,  adscribere  non  pigeât.  Vale 
iterum,  amice  jam  carissime. 

Antverpiae,  festinanti  admodum  calamo,  22  julii,  eadem 
nempe  hora,  imo  momento,  quo  tuas  nonis  junii  Sala- 
manticae  datas  accepi. 


—  141  — 
63.  —  Planiin  à  Michel  Fenegas. 

(Même  sujet  que  la  lettre  précédente.) 

Michaeli  Venegae  Hispano,  patria  Abulensi, 

C.  Plantinus. 

Tuis,  vir  doctissime  et  eloquentissime,  ad  me  nonis 
juniis  Salamanticae  datis  et  a  me  11  kal.  augusti  re- 
ceptis,  nisi  illico  respondissem,  iniquiori  ferrem  animo 
priores  tuas,  Abulae  15  kal.  maii  ad  me  scriptas,  hodie 
tam  sero,  nempe  7  kal.  augusti,  primum  redditas  mihi 
fuisse.  Dici  etenim  non  potest  quanta  aviditate  expectem 
tuorum  operum  quicquid  mittere  placuerit  ;  ob  id  vereor 
ne  serius  meae  tibi  reddantur  quam  ego  et  tu,  quantum 
ex  tuis  epistolis  intelligere  licet,  vellemus. 

Paucis  itaque  hisce  meis  verbis  pectus  meum  ingénue 
et  candide,  ut  exigis,  apertum  rursus  introspice.  Aveo 
ego  tua  in  vulgus  producere,  agere,  emittere  et  publica 
facere.  Mitte  itaque,  mi  Venega,  mitte  quamprimum 
poteris  quicquid  edendum  nostris  typis,  vel  coujunctim 
vel  separatim,  judicaveris.  Conditiones  nullas,  quantum 
ex  unguibus  leonem  possumus,  praescribes,  quas  libenter 
recusem. 

Quod  si  fortunam,  ut  tuis  verbis  utar,  matrem  exper- 
tus  unquam  fuero,  efficiam  ut  me  non  ingratum  sentias; 
sin  novercam  (quod  non  existimo)  gratins  erit  quam  si 
exemplo  nonnuUorum  nostri  saeculi  importunorum  ho- 
minum  lucra  non  parum  facerem.Mihi  etenim  mea  inest 
cupido  quod  placet  imprimendi,  ut  aliis  aliquid  aliud 
quid  faciendi,  neque  facile  quod  alacri  fecerim  et  prompto 
animo  displicet.  Habeo  vçro  gratias  relaturus  si  vires 
adfuerint,  unquam  quod  me  tanto  honore  dignatus  sis. 


—  142  -~ 

ut  tua  teque  totum  mihi  immerenti  et  haud  taie  quid  jam 
expectanti  ofFcrre  dignatus  fueris  Si  quid  itaque  possim 
aut  alicui  rei  me  non  inidoneum  judicas,  âge,  quaeso, 
indica,  imperatum  mihi  ab  eo  qui  potestatem  in  me 
habeat  existimabo  et  alacriter  obsequentem  me  praebebo. 
Vale,  domine  mi,  cum  omnibus  quibus  bene  cupis. 
Vale  iterum.  Antverpiae,  26  julii  [1567]. 


64.  —  Vlantin  à  Çayas. 

(Minute  de  la  lettre.) 

A  Monsigneur  Çayas. 

Monsigneur, 

Depuis  mon  retour  de  la  foire  de  Francfort,  j'ay  par 
deux  fois  rendu  response  à  V.  S.  touchant  mon  advis  de 
la  Paraphrase  de  Jonatan  sur  le  reste  de  la  Bible  ',  que 
je  serais  fort  bien  délibéré  d'adjouxter  à  Timpression  de 
la  Bible  en  4  langues,  et  depuis  rescrit  et  envoyé  autres 
lectres  avec  quelques  livrets  de  nostre  impression  et 
adverti  de  nostre  santé  et  bon  espoir  de  la  fin  des  trou- 
bles. Parquoy,  Monsigneur,  je  n'en  feray  ici  autre  répé- 
tition que  d'advertir  V.  S.  que  je  continue  tousjours  en 
mes  premiers  desseings,  et  que,  voyant  de  quelle  provi- 
dence et  bon  ordre  procèdent  les  affaires  et  que  rien  ne 
se   faict  à  la  haste  ni   aux  faux   rapports  et   bruits  des 

I.  Jonathan  ben  Uziel  vivait  peu  de  temps  avant  ou  après  la  nais- 
sance du  Christ,  il  traduisit  en  chaldéen  les  livres  de  Josuë,  des  Juges, 
de  Samuel,  des  Rois  et  des  prophètes.  Plantin  imprima  dans  la  Bible 
royale  non-seulement  la  paraphrase  du  Pentateuque  par  Onkelos, 
mais  aussi  celle  des  autres  livres  par  Jonathan  et  par  Joseph  Taveugle. 


—  143  — 

malings  et  envieux  qui  taschent  continuellement  à  diffa- 
mer et  mestre  en  extresme  danger  ceux  qu'ils  pensent 
leur  estre  nuisibles  à  leurs  mauvaises  entreprinses  ou 
honneurs  et  profficts  particuliers,  mais  que  toutes  choses 
s'examinent  à  la  vérité,  voyant,  dis-je,  le  commence- 
ment de  si  bon  ordre,  je  redouble  mon  espoir  et  courage 
de  pouvoir  cy-après,  pour  le  moins,  continuer  (si  mieux 
je  ne  puis)  mes  labeurs  par  une  constance  renforcée  de 
l'espoir  que  tous  les  bons  et  vrais  catholiques  prennent 
de  l'heureuse  venue  de  Sa  Majesté  et  de  tant  de  nobles 
et  prudents  personnages.  Et  pourtant  que  j'entends  que 
ce  sera  si  bref,  je  n'ose  plus  envoyer  rien,  joinct  aussi 
que  je  n'ay  pas  eu  quelque  advertissement  de  V.  S.,  si 
avés  receu  ce  que  j'ay  envoyé  depuis  Pasques  dernières. 

Qiii  sera  l'endroict  où,  me  recommandant  très  hum- 
blement à  V.S.,  je  prie  Dieu  la  maintenir  en  telle  pros- 
périté que  de  bref  la  puissions  voir  par  deçà  avec  tel 
heur  qu'elle  mérite  et  le  sçait  demander  à  Nostre 
Signeur  Jesus-Christ  qui  soit  avec  nous  tous. 

D'Anvers,  ce  27  de  juillet  1567. 

(Copie  expédiée  de  la  même  lettre,  comme  elle  se  trouve  aux 
archives  de  Simancas.) 

Monsigneur, 

Depuis  mon  retour  de  la  foire  de  Francfort  dernière, 
j'ay  par  diverses  fois  rendu  response  à  V.  R.  S.  touchant 
mon  désir  d'imprimer  la  Paraphrase  Chaldaïque  sur  le 
reste  de  la  Bible,  et  aussi  envoyé  les  livres  demandés 
par  vos  lectres  et  quelques  autres  de  nostre  impression. 
Parquoy  ne  me  sembleroit  à  propos  d'en  rescrire  autre 
chose,  non  plus  ausi  que  des  œuvres  de  M.  Sepulveda 
sur  Aristote,  car  du  tout  je  me  remects  à  la  direction  de  V. 


^.^ 


—  144  — 

R.  S.  pour  en  ordonner  et   me  faire  sçavoir  sa  volonté, 
quand  bon  lui  semblera. 

Et  ne  servira  ceste  pour  autre  chose  que  d'adviser 
icelle  V.  S.  que,  depuis  le  mois  de  mars,  je  n'ay  receu 
aucunes  lectres  d'icelle.  Et  que,  grâces  à  Dieu,  nous 
sommes  en  bonne  disposition  et  plains  de  bon  espoir, 
de  la  venue  de  Sa  Majesté.  Et  cependant  je  continue 
mes  premiers  dessings  de  l'imprimerie,  et  ce  d'autant 
plus  que  je  vois  les  affaires  s'accommoder  à  honneur  de 
Dieu  et  prospérité  heureuse  et  glorieuse  de  Sa  Majesté. 

Qui  sera  l'endroict  où,  ayant  présenté  mes  humbles 
recommandations,  je  prie  nostre  signeur  Jesus-Christ 
vous  conserver  et  donner  heureux  voyage  à  Sa  Majesté 
en  ses  bas  Païs  et  à  V.  S.  avec  toute  la  suitte.  D'An- 
vers, ce  27  juillet  1567.  L'entièrement  humble  et  très 
affectionné  serviteur  de  V.  R.  S. 

C.  Plantin. 


65.  —  Plantin  à  Jean  T>esserans.  * 

A  Jan  Desserans  à  Londres,  adi  27  juillet  1567. 

Sire  Jan  Desserans,  J'ay  receu  vos  lettres  et  mémoires 
du  22®  du  présent  ce  27*^,  qui  est  5  après,  et  ayant  leu 
vostre  lettre  et  considérant  diverses  choses,  je  me  suis 
ung  peu  trouvé  perplex  et  en  doubte,  si  je  vous  debvois 
envoyer  marchandises,  et  ce  principalement  pour  deux 
causes,    dont  l'une   et    principale   est   de  trancher  les 

1.  Libraire  français,  établi  à  Londres.  En  i$68,  il  était  associé 
avec  Thomas  Vantroul lier  ;  en  1578,  avec  Pierre  Bonneval.  Il  ne 
lut  Tagent  de  Plantin,  à  Londres,  qu'en  1567  et  1568. 


reproches  faukes  de  vostre  jadis  maistre  qui  jurera  que 
je  vous  auray  suborné,  et  aultres  mille  inventions  telles 
que  sçavés.  L'autre  que  je  ne  sçavois  que  penser  pour- 
quoy  me  préfériés  plustost  qu'un  aultre,  veu  que  escri- 
vés  avoir  refusé  tant  de  belles  offres  de  gens  qui  peust- 
estre  vous  auroyent  peu  mieulx  avancer  que  moi,  et 
aussi  que  je  ne  doubtois  aulcunement  que  Jaques 
Dupuis,  comme  je  le  cognois  rusé,  ne  vous  eust  subor- 
né pour  me  mander  de  la  marchandise,  pour  après  Tar- 
rester  ou  saisir  entre  vos  mains  comme  son  serviteur  et 
obligé,  car  je  cognois  le  pelle  sur  ses  finesses  et  har- 
diesses outrecuidées  de  s'attacher  à  celluy  sur  qui  il 
pense  avoir  prinse,  par  quelque  moyen  que  ce  soit. 
Mais  pour  toute  résolution,  ayant  bien  considéré  le 
contenu  de  vos  lettres  et  les  notes  que  escrivés,  je  me 
suis  résolu  de  vous  ayder  et,  tout  à  l'instant,  j'ay  faict 
mettre  à  point  le  contenu  de  vostre  mémoire,  lequel. 
Dieu  aydant,  je  vous  envoyeray  demain  par  Comille 
Jansen  qui,  comme  il  me  a  dict,  partira  demain,  et  de 
ce  vous  pouvés  bien  asseurer.  Et  davantage,  si  vous 
tenés  vos  promesses  et  voulés  vous  monstrer  fidelle, 
comme  il  apartient,  je  vous  foumiray  tellement  de  mar- 
chandises que  n'aurés  occasion  de  vous  plaindre.  Mais 
il  sera  besoing  aussi  que  reniés  parolle  fidelle  et  que  ne 
vous  amusiés  ni  abusiés  à  jouer,  ni  follastrer,  ni  à  bailler 
vostre  argent  à  personne  du  monde  pour  luy  faire  plai- 
sir, à  vostre  ni  nostre  retardement,  ainsi  que  par  les 
paroUes  dudit  Dupuis,  et  par  le  contenant  de  vostre 
livret,  j'entends  que  avés  faict  par  cy-devant,  d'aultant 
que  par  après  on  ne  peult  pas  retirer  ce  qu'il  fault 
payer  les  papiers,  les  ouvriers  et  les  marchants,  au  jour 
qu'on  leur  a  promis  faire,  ni  faillir  en  façon  que  ce  soit, 

10 


—  146  — 

au  moins  es  pais  de  par  deçà,  et  pourtant  avisés  à  vous, 
il  en  est  temps,  et  ainsi  faisant,  et  en  me  asseurant  par 
quelque  bonne  sorte  de  loyal  coiltract,  je  feray  que 
serés  bien  assorti  avec  le  temps  ;  car,  grâces  à  Dieu, 
j'ay  le  moyen,  et  me  prioit  affectueusement  que  je 
vueille  prendre  des  livres  de  Lyon  telle  quantité  que  je 
vouldray   et  desjà  m'y   est  bien  deu  deux  mille  ft  etc. 

Pourquoi  avisés  à  vous  et  des  moyens  propres  pour 
vostrc  proffict  et  le  mien,  comment  nous  pourrions 
faire  Tung  pour  Taultre,  et  me  mandés  vostre  résolution 
et  mémoires  des  sortes  que  sçavés  estre  vendables  par 
delà  et  que  cela  soit  devant  le  20^  du  mois  d'augst  pro- 
chain, d'aultant  que,  le  2$^  ou  26*^  dudit,  j'espère  de 
partir  pour  Francfort. 

Qiie  si,  entre  ce  temps-là,  vous  pouviés  venir  par  deçà 
pour  deviser  et  accorder  ensemble,  je  ne  le  trouverois 
pas  maulvais  ni  impertinent  et,  entre  aultres  choses,  il 
scroit  besoing  que  vous  eussiés  l'arrest  de  vos  comptes 
faicts  avec  le  Sire  Jaques  Dupuis,  affin  de  faire  toutes 
choses  plus  seurement.  Son  nepfeu,  nommé  Pierre  Du- 
puis, m'a  mandé  de  Londres,  il  y  a  8  jours,  ung  mé- 
moire pour  luy  envoyer  des  livres  suivant  la  commis- 
sion, ainsi  qu'il  me  escript  que  ledit  Dupuis  luy  a 
donné  charge  ;  mais  je  luy  ay  mandé  que  ne  luy  en- 
voyerois  rien  que  son  oncle  ne  m'en  eust  rescript  et 
envoyé  obligation  de  me  payer,  comme  je  luy  ay  propo- 
sé, et  s'il  ne  faict  rien  aussi  n'envoyerois  je  rien,  et  si 
je  me  trouve  bien  de  vous,  je  feray  que  serés  seur 
comme  il  appartiendra  ;  mais,  sur  toutes  choses,  il  me 
fauldroit  avoir  mon  retour  seur  et  le  plus  souvent  qu'il 
seroit  possible. 

Qiii  sera  l'endroict  où,  me   recommandant  à  vous, 


—  147  — 

j'espère  Dieu  estre  vostre  garde.  Quant  à  Libert,  libraire, 
dont  m'escrivés,  ne  prestes  que  cela,  que  vouldriés  don- 
ner. Quant  à  la  religion,  afHn  que  entendiës  en  ung 
mot  mes  desseins,  je  suis  l'ordonnance  de  celle  appelléc 
catholique  et  ne  me  suis  ni  ne  veulx  empescher  d'aul* 
cune  nouvelle,  bien  si  demandés  à  la  fois  quelque  chose 
de  Francfort,  je  ne  ferois  difficulté  de  le  vous  achepter, 
mais  je  ne  veulx  avoir  ne  compte  ne  reliqua,  ainsi  que 
je  veulx  bien  avoir  des  aultres  et  des  livres  de  humanité  ; 
et  que  ceci  soit  dict  une  fois  pour  toutes.  Adieu  soyés. 
D'Anvers,  ce  27*  de  juillet  [1367]. 


66.  —  Plantin  à  Antoine  de  Sienne. 

(Plantin  le  tient  au  courant  des  pourparlers  engagés  avec  les 
libraires  de  Lyon  pour  les  faire  intervenir  dans  la  publication  de  la 
Somme  de  St.  Thomas.  Il  lui  conseille  de  s'adresser  directement  au 
cardinal  de  Granvelle.) 

Reverendo  admodum  doctissimoque 
d.  Fr.   Antonio  de  Conceptione   S.  Theologiae  doctori, 

Lovanium. 

Plurimum  venerande  pater  et  domine. 

Summae  contra  gentes  divi  Thomae  neque  quaestionum 
disputationum  ejusdem  exemplaria  nulla  habeo  neque 
apud  alios  bibliopolas  invenire  potui,  quare  nec  mlttere 
potui.  Imprimi  vero  a  Stelsio  '  intelligo.  Responsum 
Lugduno  accepi  opus  placere.  Caeterum  nunc  non  licere 
illis  se  nobis  adjungere  ad  impressionem  ejus,  antequam 
statutum  sit   aliquid  firmum  de  istis  nostris  regionibus. 

I.  Steelsius,  imprimeur-libraire  anversois. 


—  148  — 

Ego  vero  illis  jam  respondi  nihil  amplius  hic  esse  quod 
me  ab  editione  tam  boni  libri  retardaret.  Illi  praeterea 
mallent  primum  imprimi  ipsum  textum.  Dicunt  enim 
non  bene  cessurum  si  tantus  numerus  ejusdem  libri 
(Lugduni  etenim  hoc  anno  iterum,  ut  audio,  excusse- 
runt)  tam  brevi  spatio  imprimatur  ;  textum  vero  deside- 
rari  a  plurimis.  Ad  tertium  punctum  litterarum  tuarum 
quid  poUiceri  possum  non  scio.  Quod  namque  misit  ad 
me  Reverendissimus  Cardinalis  '  libros  excudendos  hoc 
mihi  accipiendum  est  pro  beneficio,  neque  scio  an  boni 
consuleret  si  extra  meam  professionem  me  extenderem. 
Melius  et  consultius  itaque  mihi  videretur,  si  tu  ipse,  ar- 
repta  occasione  ex  correctione  et  laboribus  tuis  in  summa 
D.  Thomae  cxantlatis,  illi  ipsi  scriberes.  Ego  autem  li- 
bentissime  curabo  ut  litterae  tuae  illi,  Deo  favente,  red- 
dantur  et  si  quid  possim  diligentissime  et  fidelissime 
procurabo.  Vale,  domine  mi,  et  nos  amare,  ut  te  nos 
faciemus  semper,  perge.  Antverpia?,  festinanti  admodum 
calamo,  30  julii  1567. 

Tibi  merito  tuo  addictissimus 

C.  Plantinus. 

I.  Le  cardinal  de  Granvelle. 


—  149  — 
6j.  —  Plantin  à  Augustin  Hunnaus. 

(Nouvelles  de  la  librairie  et  de  la  politique.) 

Clarissimo  doctissimoque  viro  domino  Augustino  Hunaeo, 
S.  Theologiae  sententiarum  professori  regîo  etc., 

Lovanium. 

S.  P. 

Ecce  tandem  librum  Concilii  Trîdentini  hodie  primum 
Bruxellis  accepi  et  mitto.  De  Prodidagmatis  *,  Dialectica  * 
et  Summa  •  nihîl  scribo  aut  saltem  urgeo,  quod  confidam 
satis  te  per  opportunitatem  nihil  praetermissurum  quin 
quod  e  re  nostra  futurum  videbis  absolvas.  Vale  itaque, 
mi  domine.  Nos  valemus,  laus  Deo.  Adventum  régis 
avide  expectamus.  Ducem  Albae  advenisse  dicunt.  Parva 
nos  recréât  distractio.  Spe  alimur  adhuc.  Nihil  post 
Canonem  missum  te  dignum  absolvimus.  Vale,  domine 
mi,  iterum  atque  iterum.  Antverpiae,  30  julii  1567. 

Tibi  merito  tuo  addictissimus 
C.  Plantinus. 

1 .  A.  HuNK£US,  Logées  fuftdamentum  seu  Prodidagmata  de  DiàUc- 
ticis  vocum  ajfectionibus  et  proprietatihus  (1566^. 

2.  A.  HuNN^us,  Dialectica  (-'S66). 

3.  Summa  Theohgia  S.  Thoma  (1569). 


—  150  — 

68.  —  Plantin  à  Tlancius.  « 

(Il  le  prie  de  lui  faire  envoyer  les  Emendationes  de  Leopardus  pour 
qu'il  puisse  les  imprimer.) 

S.  p. 

Accepi,  mi  Planci,  cum  tuis  litteras  Leopardi,'  cujus 
libros,  antequam  proficiscar  ad  nundinas,  Deo  favente, 
praslo  submittere  constitua  Quare  rogo  ut,  quampri- 
mum  poteris,  bibliopolae  illi,  qui  tibi  litteras  defuncti 
reddidit,  scribas  ut  nobis  procuret  rcddendos  libros  duos, 
quos  se  ad  me  mittere  scribebat  ;  non  vacat  aut  non  in- 
tegrum  est  Dixmuda,  ubi  se  reliquisse  tibi  dixit  illos  evo- 
care.  Scribat  saltem  ad  te  vel  ad  me  quonam  pacto  et 
quibus  indiciis  illinc  evocare  illos  aut  recuperare  posse- 
mus.  Sumptus  ego  faciam  si  qui  sunt  faciendi.  [30  ou 
31  juillet  1567.] 

1.  Jacques  Plancius,  libraire  à  Bruges. 

2.  Paul  Léopard,  né  à  Isemberg  près  de  Fumes,  vers  15 10,  ouvrit 
une  école  à  Hondschoote  et  puis  à  Bergues-S*-Winoc.  Il  mourut  le 
3  juin  1567.  Il  publia  Vita  et  Chria  (Antv.  Joan.  Withaghius,  iSS^. 
120);  Emendationum  et  MisceUaneorum  libri  XX,  Tomus  prior  libros 
X  continens  (Plantin,  1568,40).  Les  huit  premières  feuilles  de  ce 
dernier  volume  avaient  été  imprimées  par  Hubert  Goltzius  à  Bruges. 
Plantin  les  acheta  en  1566,  au  prix  de  36  florins,  et  continua  l'im- 
pression de  l'ouvrage. 


—  isi  — 

69.  —  Plantin  à  Pierre  Gassen. 

Compère  et  amy,  J'ay  envoyé  ces  jours  passés  à  Ma- 
lines  pour  soliciter  vos  ouvrières  et  ay  payé  tous  ceux  à 
qui  il  falloit  paier,  de  sorte  que  tous  sont  à  commande- 
ment et  bien  contents.  Si  est  ce  que  je  ne  suis  pas 
encores  achevé  de  paier,  à  90  ft  de  gros  près,  de  la  partie 
de  Risbourg  et  ay  jà  receu  à  4  fois  ce  que  j'ay  receu. 
Au  reste,  j*ay  adressé  une  lectre  de  change  à  mon  frère 
M?  Pierre  Porret  pour  payer  quelque  argent  par  delà. 
Afin  que  je  ne  suis  pas  asseuré  de  la  somme  que  mon- 
dict  frère  poura  fournir,  je  luy  ay  mandé  (suivant  Tad- 
vertissement  que  m'en  avés  donné)  qu'il  se  adresse  à 
vous  pour  avoir  le  surplus  de  ce  qu'il  ne  poura  fournir, 
ce  que  je  vous  prie  de  faire.  Nous  sommes  tous,  grâces 
à  Dieu,  en  bonne  santé  et  disposition  et  avons  encores 
bon  espoir  en  la  venue  de  nostre  Roy.  Les  amis  se 
recommandent  à  vous  et  prions  Dieu  d'estre  vostre  garde. 
Ce  dernier  de  juillet  1567. 

Le  vostre  à  commandement  serviteur  et  amy 

C.  Plantin. 


—    IS2  — 

70.  —  Tlantin  à  Jean  Gassen, 

Jehan  Gassen,  J'ay  receu  les  vostres  et  remonstré  la 
faute  à  Barleus,  qui  m'a  promis  d'accomplir  le  payement. 
J'ay  tant  faict  aussi  que  j'ay  esté  payé  des  43  fl.  7  pa- 
tars  pour  Hans  Peeters,  mais  non  pas  sans  solicitations 
assés.  J'ay  receu  aussi  les  300  ft  pour  les  Brévières.  J'ay 
pareillement  contenté  un  chaicun  qui  demande  argent, 
encores  que  les  termes  ne  fussent  du  tout  écheus,  selon 
vostre  desseing  et  accord.  Gilles  Chastelain  m'a  payé  à 
diverses  fois  130  ft,  et  reste  encores  le  surplus  qu'il 
me  promect  de  jour  en  jour  payer.  Je  fay  tout  ce  que 
je  puis  et  le  feray.  Catherine  a  esté  à  Malines  soliciter 
les  Béguines.  Dedans  4  ou  5  jours,  Dieu  aydant,  nous 
vous  envoyerons  cela  que  nous  avons  et  recevrons  de 
vos  mémoires.  Le  marchant  dont  nous  avés  escrit  est 
arrivé,  comme  nous  entendons,  par  deçà  et  attendons 
quelle  despesche  il  amènera  de  marchandises.  [31  juillet 

1567] 


—  153  — 

71.  —  Plantin  à  Gilles  Beys. 

Gilles,  Je  vous  envoyé  ici  vostre  mémoire  augmenté 
des  sortes  que  demandons  pour  nostre  boutique  de  ceste 
ville.  Par  quoi  pourrés  faire  vostre  cathologe  qu'envoyés 
au  Sire  Ramot  d'autant  davantage,  et  ayant  receu  la 
marchandise  la  nous  ^envoyer.  Dedans  peu  de  jours,  je 
feray  un  autre  cataloghe  pour  avoir  aussi  des  livres  de 
Pesnot,  qui  nous  doit  aussi,  et  alors  manderay  aussy  des 
Cours.  Dedans  3  ou  6  jours,  nous  vous  ferons  un  ton- 
neau et  envoyerons  ce  que  demandés  par  les  vostres  du 
24  juillet  et  y  adjouxterons  les  livres  nouveaux  entretemps 
envoyés. 

Nous  n'avons  pas  encores  receu  le  baslot.  Vous  n'estes 
pas  seul  qui  trouvés  la  Practique  civile  chère  Mais  quoy, 
il  faut  faire  ce  qu'on  peut  etc.  Qtiand  à  la  venue  de 
Mess'  Nicolo  etc.,  je  m'esbahis  fort  de  vous  de  croire 
si  de  léger,  comme  de  vous  persuader  que  ledict  ait 
porté  quelque  grand  nombre  de  nos  livres,  car  vous 
vous  abusés,  et  afin  que  le  consideriés  mieux,  je  vous 
envoyé  la  facture  de  ce  qu'il  a  eu  de  nos  sortes.  Que 
s'il  en  a  davantage,  il  faut  que  ce  soit  encores  de  ceux 
de  Grandion,'  ou  bien  qu'on  vous  veille  (faire)  accroire 
autres  choses  que  la  vérité  qui  est  la  coustume  de  plu- 
sieurs, et  principalement  de  ceux  qui  hantent  à  Paris,  de 
se  vanter  beaucoup  et  dire  toujours  cent  pour  dix.  Mais 
usés  de  réciproque,  et  s'ils  vous  disent  quelque  chose 
telle,  tenés  vous  froid  et  coy,  attendant  l'issue  avec  pa- 
tience, et  vous  trouvères  leur  babil  estre  vray  babil  le 
plus  souvent. 

I .  Robert  Granjon^  impémeur  et  fondeur  de  caractères  à  Lyon. 


—  154  — 

Et  faut  davantage  qu'entendiés  que  je  '  ne  puis  pas 
honnestement  ne  commodément  esconduire  ou  nier  nos 
livres  à  ceux  de  qui  nous  en  prenons,  ainsi  comme 
avons  faict  dudict  Sylvius.  Parquoy  faut  porter  patiente- 
ment  ce  qu'ils  font  de  nosdicts  livres  qu'ils  prennent 
en  payement.  Mais  tenés  vous  asseuré  que  tels  marchés 
ne  quantités  se  bailleront  doresnavant,  comme  je  fis  à 
Grandion  qui  m'a  abusé,  comme  je  vous  ay  mandé  passé 
longtemps. 

Je  vous  prie  de  soliciter  les  cadeaux  et  en  faire  dilli- 
gence  de  les  envoyer,  sans  craindre  de  me  faire  paier  le 
port  par  les  messagers.  Demandés  à  Jaques  Dupuis  s'il 
me  veut  rendre  response  à  mes  dernières  touchant  son 
neveu  qui  est  à  Londres.  [31  juillet  1567] 


72.  —  Plantin  à  Guillaume  Tostel. 

Monsieur,  Ayant  receu  et  leu  vos  lectres  dernière- 
ment envolées  à  moy,  il  me  semblojrt  que  d'autant  qu'elles 
n'estoyent  responsives  aux  miennes,  ne  contenoyent 
chose  qui  me  touschast  que  je  n'y  devois  rien  respon- 
dre.  Mais  le  tout  bien  considéré,  je  vous  ay  bien  voulu 
advertir  de  cela  mesmes  que  je  dy,  et  aussy  que  je  n'ay 
onques  entendu  de  vous  fere  tere  de  blasmer  le  mal  en 
qui  il  puisse  estre.  Et  pourtant,  cher  Signeur  et  amy, 
soyés  adverti  que  ne  les  Davidiens,  ne  de  Leide,  ne 
autres  qui  ont  monstre  leur  fourvoyement,  soit  à  Rouen 
ou  ailleurs,  comme  l'escrivés  ou  pensés,  ici  ou  là  ne 
sont  approuvés  ne  suivis  ou  tenus  en  quelque  degré  du 


-  I5S  - 

bien  par  ceux  qui,  sous  l'obéissance  de  la  Charité  ',  font 
ou  veulent  taire  profession  de  renoncer  à  soy-mesmes  et 
au  monde  pour  ensuivre  Christ  en  toutes  tribulations,  à 
la  mort  du  péché,  confusion  du  diable  et  ensevelissement 
de  toutes  les  concupiscences  chamelles  jusques  à  la  ré- 
génération avec  Jésus-Christ  pour  régner  avec  luy  à 
jamais.  Ce  quoy  faisant  tous  (disons  nous)  avons  assés 
à  quoy  nous  employer  sans  s'amuser  à  partial iser  et 
reprocher  les  malfaictures  et  fourvoyement  des  autres, 
si  non  en  tant  que  l'office  de  fraternelle  correction  et 
instruction  de  la  Charité  le  comporte  à  l'émendation  du 
prochain  et"  acquisition  des  âmes  à  nostre  Dieu  et  Père. 
Auquel  soit  honneur  et  gloire  à  jamais,  et  à  nous  con- 
fusion, jusques  à  ce  qu'en  la  résurrection  par  son  Christ 
il  nous  ait  oingts  de  son  huille  de  grâce  de  joye  pour 
estre  comptés  au  nombre  de  son  peuple  saint.  D'Anvers, 
ce  31  de  juillet  1567. 

Le  vostre  que  cognoissés 
et  le  nom  duquel  est  en  telles  affaires 
mieux  celé  qu'escrit.  Parquoy  suffise  vous 
de  le  sçavoir  et  ceux-cy. 

I.  La  famille  de  la  Charité,  secte  d'Henri  Niclaes. 


-  is6  - 

73 .  —  Plantin  à  Pierre  Dupuis. 

Sire  Pierre  Dupuis,  Ayant  receu  vos  lectres  du  25  de 
juillet,  j'ay  par  icelles  entendu  vostre  désir  et  le  propos 
touchant  Jehan  Desseran  avec  vostre  oncle.  *  Et  pour 
responce  à  icelles,  saches  que  jamais  je  n'ay  voulu  faire 
accord  avec  vostredit  oncle  en  faceon  quelquonques, 
sinon  pour  la  pareille,  c'est  à  sçavoir  que  s'il  vouloit 
avoir  de  mes  livres,  à  quatre  ft  la  rame,  que  je  vouUois 
qu'il  me  baillast  aussi  les  semblables  sortes  de  formats 
et  lettres  des  livres  de  Paris  au  mesme  prix.  Et  que  s'il 
vouloit  avoir  de  mesmes  livres  à  25  ou  à  30  pour  cent, 
qu'il  s'obligeast  aussi  de  me  faire  prendre  par  qui  bon 
me  sembleroit  ainsy,  comme  il  est  assés  notoire  par  son 
obligation  que  j'ay  encores  de  nos  vieux  comptes,  par 
laquelle  il  est  obligé  de  me  délivrer  tels  livres  que  je 
vouldray  prendre  ou  faire  prendre  à  semblable  prix  et 
rabat,  comme  il  me  voulut  faire  à  nosdicts  vieux  comp- 
tes, qui  sont  les  derniers  qu'avons  faict  ensemble,  à  quoy 
il  sçait  bien  que  je  ne  fus  oncques  de  volonté  de  luy 
bailler,  ni  à  personne  du  monde,  autrement  mes  livres, 
sinon  à  la  pareille  ou  au  payement  tel  que  j'avois  faict 
avec  Jehan  Desserans,  auquel  il  a  grand  tord  de  repro- 
cher que,  sans  luy,  il  eust  eu  meilleur  marché  de  moy, 
veu  qu'il  sçait  bien  qu'estant  présent  à  conclure  nos 
comptes,  je  ne  luy  voulu  accorder  autrement  que  pour 
la  pareille,  comme  j'ay  dict,  et  que  depuis  je  ne  luy  ay 
respondu  autre  chose  à  toutes  ses  lectres,  et  mesmes  que 
je  le  manderay  ainsi  audit  Jehan  Desseran. 

Et  quant  aux  cartes  dont  escrivés,  cela  ne  me  touche 

I.  Jacques  Dupuis. 


—  IS7  — 

en  rien,  d'autant  que  ce  n'est  de  ma  marchandise. 
Car  je  vous  asseure  que,  par  l'ordonnance  dudict  Des- 
seran,  je  les  ay  icy  achaptées,  argent  comptant,  pour  luy 
faire  plaisir,  et  les  luy  ay  envoyées,  à  sa  requeste,  au 
mesmes  prix,  de  sorte  que  je  n'en  aye  que  la  peine  de 
les  achapter,  de  les  paquer  et  d'advancer  mon  argent.  Et 
pourtant  soyés  adverti  et  vous  tenés  seur  que  je  ne 
bailleray  pas  mes  sortes  à  d'autres  conditions  qu'ainsi 
que  j'ay  faict  et  voulu  faire.  Ce  que  je  vous  ay  ici  voulu 
rescrire  incontinent,  affin  qu'advisiés  à  ce  qu'en  voudrés 
faire.  Et  cependant,  si  je  puis  vous  faire  service  à  condi- 
tions égales,  mandés-le  ;  je  m'y  employeray  très  volon- 
tiers.Cependant,  je  me  recommande  à  vous,et  prie  Dieu 
estre  vostre  garde.  D'Anvers,  ce  2  jour  d'aoust  1567. 

Le  vostre  à  commandement 
C.  Plan  tin. 


74.  —  Tlantin  à  Henri  ^NJclaes. 

Monsieur  Hncs  *,  Vous  asseure  que  pour  l'ami  que 
recommandés  en  vos  lectres,  je  feray  toujours  ce  qui 
me  sera  possible  et  estimeray  totalement  son  bien  estre 
le  mien.  Qjiand  aux  37  Psalmes  flamengs,  Ascanius  * 
les  reporta  ung  soir  avec  le  pistolet,  chausses,  bonnet 
et  telles  hardes  et  les  délivra  ensemble  (comme  mesmes 
il  dict  luy  en  souvenir  encores  bien)  à  madamoiselle  et 
que   le   double  escrit  par  maistre  Martin  *  fut  envoyé 

1 .  L'adresse  de  la  lettre  ne  nous  est  connue  que  par  ces  quatre 
consonnes.  Le  texte  cependant  autorise  Texplication  que  nous  avons 
donnée  de  ces  lettres  énigmatiques. 

2.  Pierre  Ascanius,  employé  de  Plantin. 

3.  Martin  Everaert,  littérateur,  employé  par  Plantin. 


1 
I 
I 


-  is8- 

à  Augustin  *.  Mais  depuis  je  n'en  ay  rien  entendu,  non 
plus  que  de  tout  ce  qui  estoit  entre  les  mains  dudict 
Augustin,  chose  mesmes  qui  me  mect  aussi  en  peine,  à 
cause  que  j'ay  déboursé  plus  de  cinq  cens  florins,  tant 
pour  papiers,  cuirs,  ancres,  ports  et  advances  etc.,  dont 
je  n'ay  onques  retiré  qu'environ  40  fl.  de  quelque  partie 
des  Apoc.  et  Rec.  *  etc. 

Au  reste,  j'espère  bien  que  le  S^  Jaspar  van  Zurich  ' 
continuera  de  manifester,  encores  qu'à  la  fois  il  semble 
vouloir  se  retirer  de  ce  faire,  comme  dernièrement  il 
m'a  encores  dict  (dont  je  suis  rentré  en  peine  et  soing 
très  grand)  qu'il  falloit  que  je  ne  faillisse  à  payer  à 
Franfort  la  somme  de  115  ft  de  gros  de  Hierosme 
Corru,  *  dont  par  avant  il  m'avoit  deschargé  et  dict  que 
je  prise  courage  et  qu'il  feroit  mesmes  que  j'aurois 
encores  le  reste  de  ce  qui  estoit  à  payer  de  viel,  qui 
estoit,  outre  cela,  encores  900  fl.,  car  en  toutes  choses  il 

1.  Augustin  van  Hasselt. 

2.  Probablement  deux  titres  d'ouvrages  de  Niclaes  imprimés  par 
Augustin  Van  Hasselt  :  les  Images  apocalyptiques  et  les  Refrains. 

3.  Gaspar  Van  Zurich,  négociant  d'Anvers,  qui  prêtait  souvent  de 
Targent  à  Plantin.  Cette  lettre  fait  présumer  que  Van  Zurich  était 
un  bailleur  de  fonds  de  la  Famille  de  la  Charité,  et  semble  confirmer 
ce  passage  de  la  Chronique  de  cette  secte,  où  il  est  dit  que  Plantin 
agrandit  ses  affaires,  au  moyen  de  l'argent  que  les  adhérents  d'Henri 
Niclaes  lui  avançaient. 

4.  Jérôme  Curiel,  agent  du  roi  d'Espagne. 

Faisons  observer  que  la  plupart  des  lettres  de  Plantin  que  nous 
avons  imprimé  jusqu'ici  sont  publiées  d'après  une  copie  que  sa  fille 
Martine  en  a  fait.  Or,  comme  elle  n'entendait  point  le  latin  qu'elle 
transcrivait  et  ne  connaissait  point  les  personnes  dont  elle  gopiait  les 
noms,  nous  avons  été  souvent  réduit  à  établir  le  sens  et  l'ortho- 
graphe du  texte  par  conjecture.  Après  cette  lettre,  il  n'y  en  a  plus 
que  cinq  que  nous  publions  dans  ces  conditions.  Les  autres  minutes 
sont  de  la  main  de  Plantin  lui-même. 


/ 


—  159  - 

ne  m'a  compté  que  éo  ib  de  gros.  Et  sur  cette  espérance, 
j'avois  prins  courage  et  continué  le  train  qui  se  porte 
fort  bien,  grâces  à  Dieu,  ne  fust  ces  vieilles  playes  sus- 
dictes,  qui  de  rechef  viennent  à  me  remectre  en  soing. 
Et  eusse  mieux  aimé  qu'on  ne  m'eust  donné  aucun 
espoir,  que  puis  après  me  Toster  ;  car,  sur  le  faict  et 
présence  des  affaires,  je  me  fusse  réglé  et  non  sur  Tespoir 
et  attente. 

Ces  choses  n'ay  je  pas  encores  déclarées  si  apertement 
audict  de  Zurich,  qui  pour  le  présent  est  hors  la  ville 
pour  quelques  jours,  mais  à  son  retour  je  luy  en  parleray 
tout  ouvertement.  Si  est  ce  que  pour  l'affection  que  j'ay 
toujours  vers  vous  (ainsi  que  je  doibs)  je  n'ay  peu, 
ayant  l'occasion  de  vous  escrire,  celer  ceci.  Et  aussi  que, 
ayant  le  premier  de  janvier  dernier  passé  délivré  200 
biblia  Hebraica  4®,*  en  blanc,  à  Jehan  Rademaker  pour 
les  envoyer  à  commune  risque  en  Bafbarie,  nous  avons 
eu  le  retour  passable,  grâces  à  Dieu.  Depuis  naguères 
lesdictes  ayant  esté  vendues  à  5  onces  pièces,  sur  quoy 
a  couru  plusieurs  avaris,  lesquels  déduicts  et  la  mar- 
chandise de  retour  vendue,  je  doibs  recevoir  dedans  4 
mois  300  fl.  pour  la  moictié  desdictes  200  Bibles,  de 
l'autre  moictié  ay  je  receu  l'argent,  à  35  patarsla  pièce, 
au  nom  dudict  Rademaker  suivant  l'accort  faict.  Et  de 
ceci  n'avois-je  rien  dict  à  personne,  jusques  à  ce  que  le 
retour  a  esté  en  seureté,  grâces  à  Dieu,  et  lors  Tay  je 
dict  à  Jaspar  van  Zurich  qui  en  avoit  pris  quelque 
nombre   comme  sçavés.  Sur  ce  m'a  iceluy  or3onné  que 

I.  ^îhîia  hebraica  (1566)  i  vol.  in-40,  2  in-80  ou  4  in-ié®.  Plan- 
tin  tira  cet  ouvrage  à  un  très  grand  nombre  d'exemplaires  et  en 
écoula  plusieurs  centaines  en  Barbarie.  Le  caractère  employé  dans 
cette  impression  avait  appartenu  aux  Bomberghe  de  Cologne. 


\ 


—  i6o  — 

je  n'en  vende  plus  à  personne  ni  délivre  aucune  quantité, 
jusques  à  ce  qu'il  ait  response  de  Barbarie,  là  où  il  a 
rescrit  à  son  homme  qu'il  vende  hardiment  celles  qu'il 
a  envoyées,  à  condition  que  nuUuy  n'en  portera  que  de 
par  luy,  et  ce  a  il  faict  afEn  d'essayer  à  vendre  tout  le 
reste  à  telle  condition.  Ce  qui  seroit  fort  bon  ;  mais  aussy, 
s'il  faut  à  ce  faire,  je  faudray  aussy  à  vendre,  car  de  pré- 
sent Gilles  HofFman,  alléché  par  la  vente  qu'il  a  veu 
des  200  susdictes,  que  nous  avons  advanturées,  m'a 
demandé  très  instamment  que  je  luy  en  vendisse  quelque 
quatre  ou  cinq  cents,  et  qu'il  me  les  payeroit  comptant, 
à  quoy  je  n'ay  peu  respondre  autre  chose,  sinon  que 
pour  lors  qu'il  m'en  parloit,  je  n'avois  le  loisir  de  devi- 
ser avec  luy,  parce  que  j'avois  affaire  et  que  ce  seroit 
pour  une  autre  fois  ;  ce  que  je  fis,  espérant  avoir  cepen- 
dant le  moyen  d'en  parler  audict  van  Zurich,  car  autre- 
ment l'argent  comptant  m'eust  grandement  soulagé  et 
aidé  en  nos  affaires.  Je  vous  envoyé  ici  les  lignes 
de  Masus  '  pour  autant  qu'ils  vous  touchent,  ainsi  que 
pouvés  voir  [2  août  1567]. 

I.  André  Masius. 


—  i6i  — 

75.  —  Plantin  à  Jacques  Ravardus. 

(Il  espère  recevoir  bientôt  le  privilège  pour  imprimer  le  de  Regulis 
juris  antiqui  de  Raevardus.) 

Clarissimo  doctissimoque  J.  C.  domino  Jacobo  Raevardo, 

domino  et  amico  suo, 

Brugas. 
S.  P. 

Peropportune  mihi  redditae  sunt  litterae  tu«,  doctîssime 
et  amicissime  Raevarde,  nam  tune  litteras  obsignabam 
Bruxellas  ad  amicum  mittendas,  rogans  ut  libri  tui  pri- 
vilegium  nobis  vel  importunitate  maxima  impetraret  et 
quamprimum  possit  ad  nos  traasmitti  curaret.  Quare 
tuas  ad  dominum  Âssonvillium  ipsi  nuntio  qui  aderat 
exspectans  tradidi.  Spero  itaque  nunc  nos  brevi  recep- 
turos.  Ego  vero  nihil  libentius  fecerim,  Vale;  in  nostra, 
rogo,  fide  ne  dubita.  Antverpiae,  2  augusti. 

Tibi  tuo  merito  addictissimus 
C.  Plantinus. 


76.  —  Tlaniin  à  Geoffroi  ^allaîn.  * 

Sire  Geoffroy  -Balain,  Toutes  recommandations  pré- 
mises, je  vous  supplie  de  faire  tout  le  reste  de  cadeaux 
tout  au  plustost  que  faire  pourés  et  de  les  bailler  à 
maistre  Gilles,  '  à  chaicune  fois  qu'en  aurés  quelqu'un 
de  faict  pour  me  les  envoyer.  Et  puis  cela  fait,  je  vous 
prie  de  faire  les  figures  du  Nouveau  Testament,  suivant 

1 .  Ballain  (Geof&oi),  graveur  sur  bois,  à  Paris,  qui  fournit  à  Plantin 
un  grand  nombre  de  lettres  ornées,  de  frontispices  et  de  vignettes. 

2.  Gilles  Beys. 

II 


—    l62   — 

premièrement  Tordre  que  je  vous  ay  faict  ici  escrire 
par  ma  fille  en  ce  mémoire,  et  de  livrer  aussi  lesdictes 
figures,  jusques  à  celle  qui  est  marquée  i6,  à  nostredict 
Gilles,  afBn  de  me  les  envoyer  à  chaicune  fois  que  les 
messagers  viendront,  à  cause  que  j'ay  entreprins  d'im- 
primer un  livret  où  lesdictes  figures  doibvent  servir  '. 
Et  puis,  apprès  que  vous  aurés  achevé  ladicte  figure 
marquée  i6,  vous  achèverés  le  reste  qui  est  aussi  noué 
audict  mémoire  jusques  à  la  figure  marquée  23.  Et  cela 
faîct,  vous  achèverés  les  grandes  .figures  délaissées  du 
Vieil  Testament. 

Et  puis  ferés  les  figures  de  TApocalipse,  après  les- 
quelles pourrés  achever  ce  qui  sera  resté  ou  délaissé  à 
faire,  par-cy  par-là,  des  figures  du  Nouveau  Testament. 
Et  sur  ce,  je  prieray  Dieu  estre  vostre  garde.  D'Anvers, 
ce  5  d'aoust  1567. 

Le  vostre  serviteur  et  amy 

C.  Plan  tin. 


I .  Les  vignettes  dont  il  est  question  ici  furent  employées  dans  les 
Missels  imprimés  par  Plantin  en  1572  et  plus  tard.  Celles  du  Nou- 
veau Testament  servirent  une  première  fois  dans  le  ^hLouveau  Testa- 
ment (1567,  in-i6o).  C*est  à  ce  dernier  livret  que  Plantin  fait  allu- 
sion ici. 


-  i63  - 

77.  —  Jean  Desserans  à  Christophe  Tlantin» 

Sire  Christophle,  A  vosrre  bonne  grâce  me  recomman- 
de, sans  oublier  vostre  femme  et  tous  de  vostre  maison. 
Je  vous  ay  escript,  il  y  a  8  jours,  ample  responce  à  la 
lettre  qu'il  vous  a  pieu  me  envoyer  ;  parcquoy  il  ne  est 
besoing  que  je  vous  fasse  plus  long  discours,  sinon  que 
la  présente  sera  pour  vous  donner  advis  que  je  ay  receu, 
le  7  de  ce  moys,  une  vostre  lettre  escripte  du  3*  dudict, 
là  où  estoit  la  facture  des  livres  que  dites  me  envoyer, 
lesquelz  je  ne  ay  pas  encore  receus,  à  cause  que  le  ma- 
rinier ne  est  pas  encores  arivé  ;  et  les  ayans  receus  et 
recongnus  sur  vostredict  mémoire,  je  ne  feray  fautt^ 
de  vous  en  donner  advis. 

Les  livres  que  vous  me  envoyés  sont  bonnes  sortes 
pour  ce  pays,  mais  vous  mectés  les  prix  ung  peu  bien 
hault;  parcquoy  je  vous  prie  de  avoir  esgart  à  cela, 
quant  vous  me  envoyrés  quelque  chose  ;  car  vous  scavés 
que  cy  je  ne  fais  aussi  bon  marché,  comme  faict  Birck- 
man  et  Jacques  Du  Puys  et  aultres,  que  je  ne  pourois 
pas  vendre,  toutefois  que  je  feray  du  myeulx  que  je 
pourray. 

Je  vous  ay  aussy  mandé  ung  ample  cathalogue  des 
livres  de  Lyon  et  ceus  d'Alemagne  et  Genève  et  Venize, 
lesquelz  il  vous  plaira  de  assortir  le  myeulx  qu'il  vous 
sera  possible,  et  comme  je  vous  ay  mandé  que  je  les 
reçoive  devant  les  aultres,  à  celle  fin  que  je  puisse 
myeulx  faire  vostre  proufEt  et  le  mien. 

Qiiant  à  ce  que  me  mandés  que  je  aille  par  delà,  je 
vous  ay  mandé  mon  advis.  Qjuant  à  vous  faire  tenir  de 
l'argent,  je  ne  puys  pour  le  présant,  mais  ayans  receu 
les  livres,  je  tacheré  à  en  faire,  et  puys  vous  en  feray 


—  164  — 

tenir.  Toutefois,  c'il  y  a  quelque  ung  de  vos  amis  qui 
vînt  'par  deçà,  et  qui  eut  affaire  de  30  ou  40  escus, 
nous  les  trouverions  tousjours  bien. 

Je  vous  veult  bien  advertir  comme  il  y  a  ung  mien 
amy  en  ceste  ville  qui  m'a  baillé  100  escus  pour  me 
mestre  en  avant  et  pour  me  ayder  sans  nul  proufBt  ny 
interest,  et  ay  loué  une  belle  soUe,  c'est-à-dire  ung 
pacqus  pour  mectre  marchandise,  et  une  chambre  gar- 
nie, qui  me  couste  cinq  livres  strelin  par  an,  et  en 
ladicte  maison  je  y  prendray  ma  dépence  et  ay  faict 
marché  à  six  deniers  pour  jour,  qui  est  fort  bon  pris; 
il  est  vray  que,  cy  je  veult  boire  du  vin,  il  le  fauldra 
payer.  Et  je  ay  faict  pr ester  lesdicts  100  escus  à  mondict 
hoste  pour  troys  mois,  à  la  charge  que  je  ne  payeray 
rien  ny  de  ma  dépence  ny  du  louage.  Et  au  bout  des 
troys  mois,  il  est  obligé  corps  et  biens  de  me  les  rendre 
ou  bien,  cy  je  les  luy  veult  laisser,  que  ma  dépence  ne 
me  coustera  rien,  tant  qu'il  les  tiendra.  Il  est  vray  qu'il 
ne  feroit  pas  à  tous  le  party  qu'il  me  faict,  mes  c'est  à 
cause  qu'il  est  de  mes  amys  et  est  homme  riche,  qui 
est  bien  ayse  de  me  avoir  en  sa  maison,  laquelle  est 
une  des  belles  maisons  que  aye  estranger  en  cesie  ville. 
Et  cy  ledict  a  des  facteurs  à  Anvers  et  à  Paris  et  à 
Rouen,  et  est  plumassier  et  se  nomme  Pierre  Bonneval, 
marchant,  dcmourant  au  blanc  chapiton  ou  au  blacque 
frieres.  Parcquoy,  quand  me  escriprés,  vous  y  pourés 
adresser  vos  lettres,  et  cy  vous  veniés  par  deçà  ou  de 
vos  amys,  il  y  aura  tousjours  place  pour  vous  loger. 

Il  y  a  ung  libraire  à  Paris  qui  mè  doibt  cinquante  et 
cinq  livres  monnoye  de  France  ;  cy  avés  affaire  par 
delà,  je  manderay  la  céduUe  à  vostre  homme  pour  les 
recepvoir,  car  je  les  luy   baillé  pour  me  faire  tenir  par 


-  i65  - 

deçà,  mais  celuy  qui  me  les  debvoit  bailler,  qui  est 
Thomas  Vantrouiller  est  allé  à  Paris,  et  fault  que  je 
atende  à  son  retour. 

Aussi  vous  pouriés  mander  à  vostre  homme  par  delà 
qu'il  fist  quelque  bon  assortiment  de  livres  nouviaulx 
et  de  tout  les  sortes  de  petis  poètes  qui  pouroit  recouvrer 
de  chez  Guillaume  Cavellart*,  et  que  il  en  fist  une  balle 
ou  ung  tonniau,  et  que  il  me  les  envoyast  en  ceste  ville. 
Il  ne  le  faudroit  que  envoyer  à  Rouen,  là  où  je  adres- 
serois  pour  me  le  faire  tenir  en  ceste  ville,  ou  bien  s'il 
vous  semble  milleur  qu'il  vous  le  fist  tenir  par  delà, 
cy  la  voicture  ce  trouvoit  à  bon  compte,  et  de  Anvers 
vous  me  le  pouriés  faire  tenir  en  ceste  ville. 

Aultre  chose  ne  vous  sçaurois  que  mander  pour  le 
présent,  jusques  à  ce  que  je  ay  eu  responce  de  ma  dernière 
lettre.  Qui  sera  fin  par  ung  adieu,  lequel  je  prie  qui  luy 
plaise  me  faire  la  grâce  que  je  puisse  faire  vostre  prouf- 
fit  et  le  mien,  come  je  ay  bon  vouloir  de  ce  faire,  cy 
me  assortisses  selon  que  je  vous  manderay,  et  à  vous 
de  vous  donner  ce  que  vostre  ceur  désire  et  accomplis- 
sement du  bon  désir  et  vouloir  que  vous  avés  envers 
moy,  vous  assurant  que  ne  estes  pas  intéressé.  Aussi  je 
prie  ce  bon  Dieu  qu'il  vous  veuille  bien  conduire  en 
vostre  voyage  de  Francfort  et  en  toutes  vos  aultres 
afiaires.  De  Londre,  ce  9*  d'aoust  1567. 

Par  le  tout  vostre  serviteur  et  bon  amy  à  jamais 

lehan  Desserans. 

I.  Guillaume  Cavelat,  imprimeur  parisien. 


—  i66  — 

78.  —  Tlantin  à  Jean  Desserans. 

Au  sire  Jehan  Desseran, 

à  Londres. 

Sire  Jehan  Desseran,  Pour  response  à  vos  lectres 
datcées  le  2  du  mois  présent,  je  suis  joyeux  qu'ayés 
rendu  bon  compte  et  ne  debviés  rien,  ainsi  -que  se  van- 
toit  Jaques  du  Puis,  mais  au  contraire  qu'il  vous  doive. 
Quand  à  moy,  je  ne  le  crains,  à  cause  que  la  raison  et 
la  vérité  est  pour  moy,  et  me  garderay  bien  aussi.  Dieu 
aidant,  qu'il  ne  m'abuse  par  ses  paroles.  Il  est  mon 
obligé  en  argent  et  en  livres,  outre  l'accord  du  Cours 
dont  j'ay  obligation  de  sa  main,  et  n'aura  rien  de  moy 
sans  qu'il  s'oblige. 

Or,  pour  délaisser  toute  longueur  de  propos  inutiles  et 
quelque  bon  faict,  j'ay  délibéré  de  vous  assortir  selon 
vos  mémoires  et  ce  qui  pourra  recouvrir  hors  mis  les 
livres  de  compagnie,  desquels  je  ne  suis  pas  d'intention 
de  me  charger,jusques  à  ce  que  je  commence  à  recevoir 
sommes  compétentes  pour  le  payement  desdicts  livres 
que  voudrois  plustost  achepter  argent  comptant  qu'à 
termes,  d'autant  que  ce  sont  livres  de  longue  vente, 
chers,  et  de  quoy  on  ne  peut  trouver  advantage. 

Quand  au  louement  de  boutique,  vous  ne  m'escrivés 
pas  combien  il  en  faudroit  payer  par  an,  ni  à  quelles 
conditions  vous  l'entendriés  louer.  Parquoy  je  ne  puis 
que  vous  en  respondre.  Mais  voici  les  conditions  qui,  à 
mon  advis,  pourroyent  estre  propres  pour  vous  et  pour 
moy,  c'est  que  me  faciès  un  contract  et  obligation  par 
lequel  vous  recongnoirsiés  que  toute  la  marchandise  qui 
sera  entre  vos  mains  me  sera  obligée  avec  vostre  per- 
sonne et  autres  meubles  de  tout  ce  que  je  vous  envoyé- 


-  i67- 

ray,  de  sorte  que  le  tout  soit  mien,  ce  pendant  que  je 
vous  fourniray  et  qu'aurés  entre  vos  mains  desdictes 
marchandises,  ou  que  ne  me  les  auriés  rendues  ou  payées. 
Et  pour  vostre  profEt,entretien  en  toutes  autres  choses, je 
vous  donneray  le  sixiesme  dernier  de  tout  ce  que  rece- 
vrés  ou  vendrés  de  tous  les  livres  ou  autres  choses  qui 
seront  de  mon  impression  ou  que  j'auray  en  change, 
les  voictures  de  Lyon,  de  Paris,  ou  d'ailleurs  estant  tous- 
jours  déduictes  jusques  en  ceste  ville  d'Anvers.  Et  pour 
éviter  fascherie  de  comptes  desdictes  voictures  et  autres 
menus  frais  d'emballage  etc  ,  je  mettray  toujours  les 
livres  de  France  rendus  en  ceste  ville  à  monnoye  pour 
monnoye,  à  sçavoir  ce  qui  couste  ung  soûls  de  France 
à  ung  patar  de  Brabant,  qui  est  la  manière  comme  nous 
en  faisons  ordinairement  en  ceste  ville  les  uns  envers 
les  autres.  Et  quand  aux  livres  qui  se  doibvent  achapter 
à  l'argent,  comme  sont  quasi  tous  ceux  d'Allemagne,  je 
vous  en  fourniray  de  catholiques  ou  en  humanité,  à  la 
moictié  de  profit. 

Bien  entendu  que  j'auray  en  change,  à  moindre  prix, 

quelconques '. 

ni  en  façon  que  ce  soit,  sans  mon  consentement,  que  je 
les  mets  à  prix  ordinaire  aux  autres  marchants,  c'est-à- 
dire  que  je  vous  advoue  de  vendre  le  plus  et  mieux  que 
pourrés  en  saine  conscience  et  bonne  fidélité  lesdicts 
livres,  encores  que  les  vendissiés  au  mesmes  prix  que  je 
les  taxe.  Et,  en  ce  payant  ce  que  vous  aurés  vendu  d'iceux, 
vous  retiendrés  le  sixième  denier  pour  vous  et  payement 
de  toutes  aultres  despences  faictes  depuis  ceste  ville  à  la 
vente  et  réception  de  l'argent  dcsdicts  livres,  de  sorte 
que  d'un  livre  que  je  vends  icy,  en  bouticle,  6  patars, 
vous   n'en  payerez,    l'ayant   vendu,    seulement  que  la 


—  i68  — 

valeur  desdicts  6  patars  que  cinq,  et  ainsi  le  6*  patar 
sera  vostre  ;  mais,  si  vous  le  vendez  davantage,  ce  sera 
autant  davantage  de  proSt  tant  pour  vous  comme  pour 
moy  et  courage  de  bien  vous  assortir  si  vendez  bien. 

Il  sera  de  besoing  que  cedit  contract  soit  faict,  tant 
pour  l'ung  que  pour  Taultre,  pour  ung  an  entier,  dedans 
laquelle  année  vous  et  moy  verrions  si  nous  aurons 
profitté  audit  contract,  et,  en  cas  que  l'ung  de  nous  vou- 
lust  changer  ou  rompre  ledit  accord,  il  sera  tenu  obligé 
de  continuer  les  clauses  contenues  au  project  que  vous 
envoyé  lequel  vous  pourrés  lire  et  aviser  s'il  est  rayson- 
nable. 

Que  si  vous  avisés  de  quelques  aultres  poincts  qui 
soyent  propices  et  raysonnables  et  équitables  vous  m'en 
pourrés  advertir  et  les  y  adjoucter  ;  car,  quand  à  moy, 
je  ne  cherche  rien,  sinon  l'équité,  et  ne  demande  aultre 
chose,  sinon  que  d'avanzer  aultruy  à  mon  pouvoir, 
ainsi  que  j'espère  que  entendrés  par  les  conditions  que 
j'ay  couchés  audit  projet  du  contract  icy  inclos  qui,  à 
mon  advis,  est  fort  avantageux  pour  vous,  veu  que  je  ne 
vous  oblige  qu'à  ce  qui  vous  sera  vendu,  me  confiant  en 
vous  que  ne  me  demanderés  pas  des  livres  que  ne  sachiez 
quasi  comme  vendus,  en  quoy  faisant  vous  ferez  vostre 
debvoir  et  nostre  commun  profict,  et  si,  avec  le  temps, 
vous  avez  le  moyen  ou  dès  mayntenant,  je  seray  bien 
d'advis  de  faire  la  paine  de  achapter  et  faire  venir  pour 
vous  les  livres  que  demanderez  de  la  religion  (desquels 
je  ne  me  veulx  pas  mesler  aultrement  pour  mon  compte 
et  aultres  aussi).  Bref,  si  l'expérience  me  monstre  vostre 
diligente  loyaulté  et  heur,  je  m'employeray  de  tout  mon 
pouvoir  en  toutes  manières  possibles  et,  pour  commencer, 
j'ay  desjà  faict  le  premier  pour  Lyon, avec  espoir  de  faire 


—  169  — 

.\  Francfort  raccomplissement  de  celluy  d'Allemagne,  et, 
si  je  reçois  devant  mon  partement  celluy  de  Paris,  je 
feray  aussi  le  pareil.  Pourquoy  mandés  le  hardiment  le 
plus  tost  que  pouvés,  car  encores  que  je  fusse  parti,  mon 
serviteur  le  mandera  bien  à  Paris,  et  rescriveray  qu'on 
accomplisse.  Bref,j'ay  bien  délibéré  de  vous  assortir  peu 
à  peu  et  selon  les  ventes  et  mémoires  qu'envoyerés;  en 
quoy  aussi  je  vous  prie,  de  rechef,  d'estre  prudent  et 
sage  et  bien  avisé  et  diligent  et  ne  bailler  pas  grans  ny 
longs  termes,car  il  vault  mieux  estre  aultant  plus  patient 
après  le  terme  echeupt  que  de  se  accoustumer  à  longs 
termes. 

(Dans  les  minutes  de  la  correspondance  de  Plantin  cette  missive 
vient  après  une  lettre  datée  du  5  août  et  précède  une  autre  datée  du 
10  août  1567.) 


Le  projet  de  contrat  dont  parle  la  lettre  précédente  était  de  la 
teneur  suivante  : 

Nous,  Jehan  d'Esseran  et  Christofle  Plantin,  con- 
gnoissons  et  confessons  avoir  faict  marché,  accord  et 
obligation  par  ensemble,  telle  comme  s'ensuict  ;  à 
sçavoir,  que  moy  Christofle  Plantin  promects  audict 
Jehan  Desseran  de  luy  envoyer  à  Londres,  toutes  sortes 
de  livres  communs  et  permis,  que  ledict  Desseran  me 
demandera  par  ses  mémoyres,  tant  de  mon  impression 
que  de  toutes  autres,  desquels  j'auray  la  commodité 
d'en  avoir  en  change,  tant  de  ces  païs  de  par  deçà,  que 
de  Paris,  Lyon  et  d'ailleurs,  et  ce  au  prix  ordinaire  de 
ceste  ville  d'Anvers,  sans  luy  mectre  les  prix  des  livres 
de  France  plus  hauts  qu'à  monnoye  pour  monnoye,  à 
sçavoir,  les  sols  à  patars  de  Brabant,  sans  les  luy  enché- 
rir davantage   pour  quelques  voîctures  ou   autres  frais 


—  lyo  — 

par  moy  faicts  jusques  en  cestedicte  ville  d'Anvers,  et  ce 
pour  vendre  lesdicts  livres  au  mieux  et  plus  haut  prix 
qu'il  pourra,  au-dessus  dudict  prix  ordinaire  que  je  luy 
auray  rescrit,  et  de  tout  ce  qu'il  vendra  desdicts  livres, 
à  quelque  prix  que  ce  soit,  pourveu  que  ce  ne  soit  au- 
dessoubs  dudict  prix  ordinaire,  que  je  luy  auray  rescrit 
en  la  facture  de  la  marchandise  envoyée.  Je  laisseray 
audict  d'Esseran  le  sixiesme  denier  pour  ses  peines,  va- 
cations et  frais,  depuis  ceste  ville  d'Anvers  jusques  au 
payement  desdicts  livres  vendus  que  ledict  d'Esseran  sera 
tenu  de  me  faire,  ou  à  qui  je  l'ordonneray  à  chaicunne 
fois  qu'il  aura  vendu  marchandise  au  comptant  et  dedans 
six  mois  après,  de  toutes  les  marchandises  susdictes 
qu'il  aura  vendues  à  crédict,  sans  aucuns  autres  miens 
frais  ne  despenses  que  du  change  de  Londres,  lequel 
change  je  prendray  à  ma  charge,  proffict  ou  perte. 

Item,  moy  ledict  Plantin,  je  promects  en  outre  audict 
Jehan  Desseran  de  l'assortir  et  fournir  en  temps  compé- 
tent et  convenable  les  mémoires  des  livres  recouvrables 
et  permis,  sauf  ceux  des  compagnies  qu'il  m'envoyera, 
lesquels  livres  ledict  d'Esseran  me  payera  aussi  comme 
dict  est  des  autres,  quand  il  les  aura  vendus,  et  pour 
ses  peines,  vacations  et  frais,  depuis  ceste  ville  jusques 
audict  payement,  il  aura  la  moictié  de  cela  que  se  mon- 
tera sadicte  vente,  outre  l'achapt  et  frais  par  moy  faicts 
jusques  en  cestedicte  ville  d'Anvers. 

Et  en  cas  que  je  voulusse  me  retirer  de  ce  contrat,  je 
le  pourray  faire,  reprenant  tous  lesdicts  livres  envoyés, 
qui  pour  lors  resteront  à  vendre,  et  payant  le  port 
d'iceux  de  ceste  ville  d'Anvers  à  Londres,  et  sera  tenu 
ledict  Desseran  de  me  les  livrer  entiers  et  nets,  ou  à 
qui  je  l'ordonneray,  et  l'entier  payement  de  tout  ce  qui 


—  171  —     . 

aura  esté  vendu,  comme  dict  est,  ou  bien  de  me  bailler 
bonne  et  léale  caution  et  piège  à  mon  contentement 
de  ce  faire,  dedans  six  mois  après  que  j'auray  demandé 
ou  faict  demander  compte  audict  Desseran  et  renoncé  à 
ce  contract  ou  accord. 

Et  en  cas  aussi  que  ledict  Jehan  Desseran  voulust  se 
retirer  et  renoncer  à  ce  présent  contract,  il  le  pourra 
faire  m'en  advertissant  six  mois  auparavant,  et  me 
payant  ce  qui  sera  vendu  alors,  rendant  tous  les  autres 
livres  restants  nets  et  entiers,  où  il  me  plaira  les  rece- 
voir de  ces  deux  villes  ici,  assçavoir  Londres  en  Angle- 
terre ou  bien  Anvers  en  Brabant,  selon  que  pour  lors  il 
me  semblera  bon,  ou  bien  me  les  payant  tous  au  comp- 
tant ou  à  six  mois  de  terme,  en  baillant  piège  à  mon 
contentement,  et  rabatant  de  mes  sortes  ledict  sixiesme 
denier,  et  payant  les  estrangers  dix  pour  cent,  outre  le 
prix  de  Tachapt,  sans  que  je  sois  tenu  de  luy  payer  au- 
cune chose  pour  le  port  ni  autres  frais. 

Et  moy,  Jehan  Desseran,  je  promects  et  m'oblige 
audict  Christofle  Plantin  de  m'employer  totalement, 
loyalement  et  en  bonne  conscience  à  envoyer  les  mé- 
moires audict  Plantin  des  sortes  que  je  sçauray  estre 
vendables  au  pais  d'Angleterre,  et  de  faire  toute  dili- 
gence et  devoir  possible  de  vendre  ce  que  j'en  auray 
receu,  au  meilleur  profict  que  je  pourray,  et  de  payer 
audict  Plantin,  ou  à  qui  il  l'ordonneroit,  l'argent  de  ce 
que  j'auray  vendu  en  la  manière  spécifiée  ici  devant  ;  à 
sçavoir,  le  total  de  la  vente  des  livres  de  l'impression 
dudict  Plantin,  ou  qu'il  aura  eu  en  change  direct,  rete- 
nant pour  mes  peines,  va:ations  et  frais  depuis  Anvers 
jusques  au  payement  desdicts  livres,  le  sixiesme  denier. 
Et  de  tous  autres  livres  achaptés,  soit  au  comptant  ou  à 


—  172  — 

credict,  retenant  aussi,  comme  dict  est,  pour  mes  peines, 
vacations  et  frais  par  moy  faicts  jusques  au  jour  dudict 
payement,  la  moictié  du  proffict  de  la  vente  d'iceux.  Et 
de  rendre  bon  compte  et  reliqua  audict  Plantin  ou  son 
commis,  chaicune  fois  qu'il  le  demandra  en  la  manière 
spécifiée  ici-devant,  à  sçavoir  de  luy  payer,  quand  bon 
luy  semblera,  tous  les  livres  vendus  et  luy  restituer  ou 
à  son  commis  à  Londres  ceux  que  je  ne  luy  payeray, 
en  me  rendant  le  port  seulement  desdicts  livres  depuis 
la  ville  d'Anvers  jusques  en  ladicte  ville  de  Londres,  ou 
bien  de  bailler  piège  audict  Plantin,  à  son  contentement 
d'accomplir  ce  que  dict  est,  dedans  six  mois  après. 

Et  en  cas  aussi  que  je  voulusse  renoncer  à  ce  con- 
tract,  je  promects  tout  ce  qui  est  dict  cy-devant,  à  sça- 
voir d'en  advertir  ledict  Plantin,  six  mois  devant,  et 
luy  rendre  compte  et  reliqua  comme  dict  est,  à  sçavoir 
le  payement  entier  des  livres  vendus  et  les  restes  nets 
et  entiers  à  Londres  ou  à  Anvers,  sans  que  ledict  Plan- 
tin doibve  rien  payer  de  port  ni  autres  frais  desdicts 
livres  d'Anvers  à  Londres  ne  de  Londres  aussi  à  Anvers, 
en  cas  qu'il  luy  pleust  les  y  recevoir  et  non  à  Londres, 
ou  bien  de  payer  comptant  alors  lesdicts  livres  restants 
audict  Plantin,  en  baillant  piège  à  son  contentement  de 
les  luy  payer  dedans  six  mois  après,  comme  dict  est,  et 
ce  les  sortes  duditt  Plantin,  en  rabattant  le  sixiesme 
denier  et  augmentant  le  prix  des  estrangers  de  dix  pour 
cent.  Et  à  ce  j'oblige  ma  personnne,  biens,  meubles  et 
immeubles,  présents  et  advenir,  et  renonce  à  toutes 
exceptions,  coustumes  ou  droicts  faisans  au  contraire  de 
ce  présent  contract,  me  confessant  et  rendant  par  cestes 
pour  jugé  et  condamné,  et  me  submectant  à  l'exécution 
de  tous  juges  pour  l'accomplissement  du   présent  con- 


—  173  — 

tract,  et  mesmes  à  la  restitution  et  satisfaction  entière 
de  tous  despeuFes,  dommages  et  intérests  que  ledict 
Plantin,  ou  autres  ayant  cause,  pourroyent  faire  ou 
souffrir  pour  la  poursuite  de  l'accomplissement  et  entière 
satisfaction  de  cedict  contract,  accord  ou  obligation.  Le 
tout  sans  fraude  ni  mal  engin  quelconques.  En  tesmoing 
de  quoy,  nous  avons  faict  faire  deux  lectres  d'une 
mesme  teneur,  lesquelles  nous  avons  signées  de  nos 
signes  manuels  cy  mis.  Le 


79.  —  Plantin  à  Jean  Desicrans. 

Sig'  Jan  Desserans,  Je  suis  joyeux  que  faictos  service 
de  bon  cueur  à  monsieur  Grcvin.'  Quand  à  S... ne,  s'il  a 
chose  qui  vaille  la  peine,  et  il  veille  envoyer,  je  donne- 
ray  incontinent  la  response,  mais  sans  voir  et  examiner 
que  c'est,  je  ne  veux  aulcun  ;  car,  à  la  vérité,  je  le 
trouve  tout  aultre  en  cffect  qu'en  parolles,  et  perdray 
assez  au  marché  que  j'ay  faict  avec  luy  de  son  livre, 
d'aultant  qu'il  entend  assez  peu  en  telles  affaires  et  qu'il 
ne  tient  promesse  etc. 

I.  Jacques  Grevin,poète  et  médecin, naquit  à  Clcrmont  vers  1540, 
accompagna  Marguerite  de  France,  duchesse  de  Savoie  à  Turin  où 
il  mourut  le  5  novembre  1570.  Plantin  publia  de  lui  :  en  1568, 
'Deux  livres  des  Venins,  ensemble  les  œuvres  de  Nicandre  et,  en  i  $  7 1 ,  la 
traduction  latine  des  Deux  livres  des  Venins  faite  par  Jérôme  Martius. 
Grevin  fournit  à  Plantin  la  traduction  des  Emblèmes  de  Sambucus 
(i  565  )  des  Emblèmes  de  Junius  (i  $67)  et  de  La  première  et  la  seconde 
partie  des  Dialogues  français  (1567).  Le  musée  Plantin- Moretus  pos- 
sède un  exemplaire  du  Tlxâtre  de  Jacques  Grevin  (Paris,  Vincent 
Sertenas,i562),  corrigé  de  la  main  de  rauteur,en  vue  d'une  nouvelle 
édition.  Plantin  ne  fit  point  paraître  ce  livre. 


—  174  — 

Quand  au  florin  d'Allemagne,  je  vous  en  ay  rescrit 
ce  qui  en  est  à  la  vérité,  et  adverti  que  la  coustume  a 
tousjours  esté  de  le  compter  à  30  sols  de  France  ;  mais 
il  ne  se  trouve  monnaye  aulcune  en  laquelle  je  le 
peusse  payera  31  1/2.  Car  Tescu  de  52  sols  p.  en 
France  ne  s'expose  aulcun  à  plus  de  24  basses,  *  qui 
sont  audit  compte  48  sols  p.,  le  pistolet  à  23  sols  qui 
font  46  sols  et  il  vault  53  sols  de  France,  et  ainsi  de 
toutes  aultres  espèces,  t  quoy  se  peust  voir  qu'il  n'est 
pas  possible  de  revenir  au  compte. 

Quand  aux  livres  de  Basle,  de  Zurich,  Wittemberg 
etc.,  soyent  grands  ou  petits,  il  ne  s'en  baille  ung  seul 
fueilet  en  change,  car  ceulx  qui  impriment  en  ces  villes- 
là  vendent  pas  aultres  livres  que  les  leurs  ny  ailleurs 
qu'aux  foires  de  Francfort.  Ouentell  de  Cologne  faict 
aussi  le  semblable  ;  ceulx  de  Nuremberg  aussi  et  ceulx- 
là  sont  les  principaux.  Et  changeant  n'est  on  subject  de 
payer  en  livres,  mais  celluy  qui  doibt  paye    en    argent. 

Et  pourtant  que,  en  toutes  vos  lettres,  vous  m'avés 
tousjours  escript  que  nous  mettions  la  marchandise  trop 
cher  et  que  les  aultres  en  faysoient  milleur  marché  etc., 
j'ay  considéré  que  ce  seroit  folie  à  moy  de  me  vouloir 
assubjectir  aux  dicts  des  aultres,  qui,  peust-estrc  (comme 
souvent  l'ay  aperceu),  baillent  des  bourdes  et  disent 
achapter  ou  vendre  une  marchandise  aultrement  qu'ils 
ne  font.  Et  pour  ce  n'ay  je  sceu,  à  mon  advis,  mieux 
faire  que  de  ne  vous  assubjectir  en  rien,  mais  vous 
laisser  libre  d'achapter  marchandise  de  qui  vous  fera 
milleur  parti.  Car,  quant  à  moy,  je  veux  bien  vous  faire 
seul  l'advancement  qu'il  me   sera  possible  et  de  bailler 

I.  Batz,  monnaie  d'Allemagne. 


—  I7S  ~ 

de  toute  la  marchandise  qui  sera  en  mon  pouvoir  et  ce 
à  aussi  bon  marché  que  la  pourrés  trouver  ;  mais  je  ne 
veux  vous  assubjectir  en  rien  que  au  payement  de  ce 
que  vous  me  manderés  et  quand  à  ce  qui  est  faict  entre 
nous  jusques  à  ceste  heure,  je  n'entends  pas  aulcunement 
qu'y  perdiés  vostre  peine.  Rt  pourtant  trouveray  je  bien 
que,  suivant  vostre  lettre,  vous  m'envoyiés,  au  plus  tost 
que  faire  le  pourrés,  la  vente  par  vous  faicte,  tant  au 
comptant  qu'au  crédit,  afEn  que  par  cela  je  puisse  con- 
jecturer ce  qui  sera  bon  de  faire,  afEn  que  vous  ny  moy 
ne  commencions  une  chose  et  la  poursuivions  plus 
avant  que  ne  debvons  sans  contentement  de  l'un  et  de 
l'autre. 

Et  en  cas  que  je  cognoisse  que  ce  ne  fust  mon  prof- 
fict,  si  est  ce  que  pour  ceste  fois  je  feray  tellement  avec 
vous  que,  comme  au  dire  de  tout  homme  de  bien, 
cognoissant  de  nostre  estât,  vous  n'auriés  occasion  de 
vous  plaindre  de  moy,  car  je  perdray  plus  tost  du  mien 
que  de  vouloir  vostre  peine  pour  néant.  Le  tout  avec  la 
rayson  et  équité,  tant  s'en  fault  que  je  veuille  aviser 
à  faire  quelque  grand  gaing. 

Et  quand  est  de  mettre  les  livres  à  ung  prix  auquel 
les  puissiés  vendre  ou  rendre,  ce  ne  seroit  aulcunement 
mon  cas  que  de  vous  envoyer  livres  qu'il  faille  que  je 
paye  de  six  en  six  mois  argent  comptant  et  les  envoyer 
à  telle  condition  que  disiés.  Car  de  tels  je  n'en  prens  que 
pour  l'assortissement  de  ma  bouticle  ou  aultant  que  j'en 
pense  pouvoir  payer  au  temps  et  terme  deu  et  accordé. 
Mais  bien  de  ceulx  que  je  imprime  ou  ay  telle  commo- 
dité, vous  pourrois  je  faire  tel  parti,  mais  de  nuls  aultres. 

Voilà  en  bref  ma  résolution.  A  laquelle  je  vous  prie 
de  me  rendre  la  vostre  par  le  premier,  afin  que  selon 


—  178  -- 

8i.  —  Tlantin  à  Etienne  'Pighius, 
(Diverses  nouvelles  de  rimprimerie.) 

22  augusti  1567.  Domino  Pighio. 

Indicem  Flori  mitt[ere].  Accep[isse]  Martialem  nos- 
trum  *  et  scripturum  Janio  *  de  Rhinocerote.  Jam 
petere  Eunapium  %  ob  id  autem  me .  epistolam  Junio 
mittere.  Mittere  figuras  Themidis  *  et   non   posse  polli- 


1.  En  1568»  Plantin  publia  deux  éditions  de  Martial  ;  l'une,  in- 
160,  revue  par  Hadrianus  Junius  ;  l'autre,  in-S^^  publiée  par  Emun- 
dus  Augerius. 

2.  Adrien  Junius  (de  Jonghe),  naquit  à  Hoorn,  en  15 12.  Il  étudia 
à  Haarlem,  à  Louvain,  à  Paris  et  à  Bologne.  Dans  cette  dernière 
ville,  il  prit  ses  degrés  en  médecine.  Il  fut  d'abord,  pendant  quelques 
années,  médecin  du  duc  de  Norfolk,  s'établit  ensuite  à  Haarlcra  et  fut 
appelé  à  Copenhague  comme  premier  médecin  du  roi.  En  1 564,  il 
revint  à  Haarlem  où  il  passa  plusieurs  années.  A  la  fin  de  sa  vie,  il 
résida  pendant  un  petit  nombre  d'années  â  Middclbourg  et  mourut 
à  Arnemuyden  le  16  juin  i>7S-  Junius  produisit  un  nombre  considé- 
rable de  volumes  traitant  de  philologie,  d'antiquités,  d'histoire,  de 
morale  et  de  botanique.  Un  de  ses  ouvrages  les  plus  connus  est 
'Batavia,  dans  lequel  il  attribue  à  Laurent  Coster,  de  Haarlem, 
l'honneur  de  l'invention  de  l'imprimerie.  Plantin  publia  de  lui  :  en 
i^6/^y  Epithetorum  Joannis  %avisii  Textoris  epUome  ;  on  1^6$ y  Etn- 
hkmata;  en  i$66,  Observât i^nes  in  Plaututn  ;  en  1567,  l^menclator 
omnium  rerum  propria  nomina  variis  îinguis  explicata  indicans  ;  en  1  $68, 
Martiaîis  et  Eunapius  Sardianus,  de  Vita  philosophorum  et  sophistarum  ; 
en  1572,  Hesychius  Milesius,  De  his  qui  eruditione  fama  clarture.  Les 
Emblemata,  le  'Hjomendator  et  le  Marlialis  eurent  chacun  plusieurs 
éditions.  Le  premier  de  ces  ouvrages  fut  traduit  en  français  et  en  fla- 
mand. 

3.  Eunapius  Sardianus,  de  Vita  philosophorum  et  sophistarum,  Plan- 
tin, 1568. 

4.  Steph.  Pighius,  Themis  dea.  Plantin,  1368.  Ce  volume  renferme 
deux  planches  dessinées  par  Pierre  Van  der  Borcht  et  gravées  sur 
bois  par  Antoine  Van  Leest. 


—   179  — 

ceri  refusionem  prec[ii]  et  lucri.  Intra  annum,  aut  cer- 
tum  aliquod  tempus^  aleam  nos  expectare  debere  etc. 
Serip[andii]  '  ex[emplaria]  mittere  plura  si  indicet. 
Litt[eras]  ad  Masium  '  misisse  et  missurum.  Si  quid 
cupiai  suis  imp[ensis]  excudi  et  edi  me  lib[enter]  cura- 
turum  et  distractione  precii  redditurum.  Si  velit  experia- 
tur,  et  incipiat  a  Themide  pro  cujus  lignis  duobus  et 
pictura  solvi  3  fl.  12  st.,  et,  si  velit  aut  melius  non 
possit,  curabo  excudi  etc. 


82.  — r  Planîin  à  Jean  Sepulveda. 

(Il  se  déclare  prêt  à  imprimer  les  œuvres  de  Sepulveda,  et  con- 
seille uniquement  à  Fauteur  de  choisir  le  format  in-40,  au  lieu  du 
grand  in-folio.) 

D.  Doctori  Jo.  Sepulveda. 

Litteras  tuas,  vir  clarissime,  jam  ocreatus  et  versus 
Lutetiam  profecturus  acceperam.  Hinc  factum  ut  ex 
tempore  domino  meo  Sayae  paucis  rescripserim  me  nihil 
libentius  impressurum  quam  quse  tu  in  publicum 
emittere  volueris. 

Nunc  autem  reversus  nihil  antiquius  habui  quam  ut 
idem  tibi  hoc  epistolio  propria  manu  testatum  facerem. 
Ego  namque  me  eo  quo  fungor  munere  indignum  judi- 
carem,  si  tanti  viri  opéra  obviis  et  apertis,  quod  aiunt, 
ulnis  oblata  accipere  dubitarem. 


1.  Hieron,  Seripandii  Commentarius  in  iJisioJam  TauU  ad  Gaîatas, 
Plantin,  1567. 

2.  André  Masius. 


—  i8o  — 

Tuum  itaque  erit,  vir  humanissime,  exemplaria  tua, 
quandoque  voles,  mittere.  Ego  autem  tibi  bona  fide 
polliceor  libentissime  quomodo  scripsisti  impressurum, 
idque  ipso  modo  et  forma  quae  nobis  prsescripsisti, 
nisi  (quod  mallem)  mihi  abs  tua  humanitate  concede- 
retur  in  4*°  potius  quam  in  magno  folio  ea  exprimera,  ut 
qui  sciam,  experientia  edoctus,  me  multo  plura  exempla- 
ria distracturum  hac  forma  quam  alia.  Caeterum  nihil 
aliud  mutari  de  tua  sententia  vellem,  caractères  etenim 
cagteraque  omnia  praescripta  perplacent. 

Placebit  etiam  forma  si  hac  in  re  nihil  de  tuo  jure 
dimittere  velis.  Vale,  vir  doctissime,  et  Christophorum 
Plantinum  amare  perge  ut  is  tibi  addictissimus  esse 
cupit.  8  kal  septembres  [1567]. 


83.  —  Tlantin  à  Çayas* 

Monsîgneur  Çayas, 

Estant  en  doutes  diférentes  ou  que  V.  S.  n'ait  pas 
receu  Tune  des  cinq  miennes  lectres  différentes  et  en- 
voyées à  diverses  fois,  ou  bien  que  l'envie  de  quelques 
malveillans  et  calumniateurs,  envieux  de  la  sincérité 
d'autruy,  vous  ayent  aliéné  de  l'amitié  que  par  cy-devant 
m'avés  desmonstré,  ou  bien  (qui  plus  m'ennuyeroit) 
que  V.  S.  soit  mal  disposée,  j'ay  prins  la  hardiesse  de 
vous  advertir  que,  grâces  à  Dieu,  je  suis  avec  tout  mon 
mesnage  en  bonne  santé  et  prospérité,  de  laquelle  j'es- 
père bonne  augmentation,  veu  que,  à  louange  de  Dieu  et 
à  l'honneur  de  Sa  Majesté  et  de  son  bon  conseil,  nous 
sommes  délivrés  des  craintes  qu'avons  eu  des  gens 
outrecuidés  et  opiniastres. 


L 


-  i8i  - 

Et  davantage,  en  suivant  encores  l'ordonnance  première 
de  V.  S.,  j'envoye  ici  un  calendrier  que  j'ai  imprimé 
ces  jours  passés  *.  J'ay  faict  d'autres  choses,  qui,  à  mon 
advis,  vous  plairont  bien,  mais  n'estant  (après  si  long 
silence)  asseuré  si  V.  S.  est  en  bonne  santé  et  ait  encores 
quelque  plaisir  à  ouir  bien  parler  de  moy  et  voyre  de 
nos  ouvrages,  je  n'ay  osé  envoyer  davantage,  ce  que  je 
feray  très  volontiers,  quand  il  luy  plaira  me  le  comman- 
der. Je  désire  aussi  de  sçavoir  ce  que  je  doibs  espérer  de 
l'impression  des  Bibles  en  4  langues  et  des  œuvres  de 
Monsigneur  Sepulveda  sur  Aristote. 

Quant  à  mes  particularités  de  la  maison  et  de  ma  traf- 
fique  de  l'imprimerie  et  de  toutes  autres  aflfaires,  je  me 
suis  totalement  séparé  d'avec  quelques-uns  qui  cy-devant 
m'avoyent  assisté  de  deniers  pour  fournir  aux  despents 
de  mon  imprimerie  *,  de  sorte  que  je  fay  maintenant 
moins  que  par  avant,  mais  mieux  à  mon  gré,  d'autant 
que  je  ne  suis  pas  lié  à  personne.  Et  aime  beaucoup 
mieux  de  faire  moins  doresnavant  que  d'estre  subgect  à 
des  gens  de  qui,  à  l'avanture,  je  ne  serois  pas  seur  ni  de 
volonté,  ni  du  faict  de  la  religion  catholique,  à  laquelle 
je  me  suis  tousjours  maintenu  (encores  que  j'aye  eu 
beaucoup  d'assauts  et  vitupères  des  ennemis  de  ladicte 
religion  catholique)  et  maintiendray,  avec  la  grâce  de 
Dieu,  jusques  au  dernier  souspir  de  ma  vie  sous  l'obéis- 
sance de  la  saincte  Église  catholique  et  romaine  et  de  la 


1 .  Calendrier  et  première  instruction  des  enfants  en  latin  et  en  frath 
çois,  1567,  in- 160. 

2.  De  1563  à  1567,  Plantin  était  associé  avec  Charles  etG>rneille 
de  Bomberghe,  Jean  Goropius  Becanus  et  Jacques  de  Schotti  pour 
Tcxploitation  de  son  imprimerie.  (Voir  Max  Rooses,  Christophe 
Tlantin,  chap.  V.) 


—    l82    — 

Majesté  de  nostre  Roy  très  catholique,  l'heureuse  venue 
de  laquelle  nous  attendons  avec  grande  dévotion  et 
espérons  fermement.  Or  combien,  comme  j'ay  ci-dessus 
dict,  que  je  me  sois  du  tout  séparé  et  ayes  payé  ou  ren- 
du à  ceux  qui  m'avoyent  par  cy-devant  assisté  d'argent, 
ce  que  leur  apartenoit,  et  que  je  n'aye  pas  maintenant 
tel  moyen  de  beaucoup  besongner  comme  par  avant,  si 
est  ce  que,  grâces  à  mon  Dieu,  je  besongne  encores  à 
4  presses,  car  je  n'en  ay  quicté  que  la  besongne  de 
trois,  lesquelles  trois  presses  j'ay  encores  avec  toutes 
mes  lectres  et  autres  ustensiles  ou  besongnes  servantes 
à  l'imprimerie,  car  le  tout  a  tous  jours  esté  mien  et  n'ay 
onques  voulu  m'associer  ou  donner  part  à  homme  vi- 
vant en  mon  imprimerie. 

Ces  choses  ay  je  un  peu  récité  trop  au  long  à  V.  S, 
pour  cause  que  (pour  la  longue  silence)  je  ne  doute 
que  quelques-uns,  mal  informés  de  moy  et  de  mes 
affaires,  auront  peu  advertir  Vostre  Signeurie  que,  depuis 
ung  an  en  ça,  je  n'ay  pas  tellement  continué  à  tant  im- 
primer que  par  avant,  et  que  par  cela  auront  pensé  que 
je  n'auroîs  pas  le  moyen  de  continuer  quelque  labeur 
d'importance,  tel  que  seroit  la  Bible  en  4  langues,  en- 
cores que  j'y  fusse  aidé  par  Sa  Majesté.  Mais  j'asseure  à 
V.  S.  que  je  n'ay  moindre  moyen  à  la  faire,  par  la  fa- 
veur de  Sadicte  Majesté,  que  quelque  autre,  qui  qu'il  soit. 
Toutesfois,  si  je  ne  suis  digne  de  tel  bénéfice  ou  qu'un 
autre  le  puisse  mieux  faire  que  moy,  je  suis  prest  de  luy 
favoriser,  tant  s'en  faut  que  j'y  portasse  envie,  ainsi  que 
je  suis  adverty  et  que  j'ay  assés  aperceu  qu'aucuns 
mesmes  de  mes  voisins  ont  et  font  envers  moy.  Et 
pourtant,  Monsigneur,  je  loue  Dieu  de  ses  grâces  de 
m'avoir  faict  ce  bien  de  n'estre   de  rien  envieux  sur 


-  i83  - 

autruy,  et  luy  prie  qu'il  favorise  tous  ceus  qui  taschent  à 
radvancement  du  bien  public,  de  l'esglise  catholique,  et 
ainsi  serés  vous  des  premiers  à  la  bonne  grâce  de  la 
Signeurie,  duquel  je  me  recommande  très  humblement, 
suppliant  V.  S.  d'avoir  quelque  petit  mot  de  response 
pour  l'appaisement  de  mon  esprit  doubteux  d'où  peut 
venir  ceste  defFaveur  que  je  n'aye  eu  lectres  de  Vostre- 
dite  Signeurie  depuis  7  mois  en  ça.  D'Anvers,  en  haste, 
partant  pour  aler  à  Francfort,  ce  30  aoust  1567. 


84.  —  Plantin  à  Çayas. 

Monseigneur, 

Estant  retourné  de  Francfort,  ce  premier  d'octobre, 
j'ay  trouvé  deux  lectres  de  V.  R.  S.,  la  première  datée 
du  2  et  l'autre  du  11  de  septembre,  chose  dont  je  me 
suis  autant  resjouy  que  de  chose  qui  m'advînt  onques 
ou  me  pourroit  advenir, d'autant  que  par  icelles  j'entends 
la  continuation  de  la  bonne  affection  que  portés  à  l'ad- 
van cément  de  mon  bien,  honneur  et  profict. 

Pour  responce  doncques  de  la  première,  j 'envoyé 
Diogenes  Laertius  '  et  Val[erîus]  Maxpmus]',  ainsi  liés, 
à  mon  advis,  que  V.  S.  les  demande. 

Quant  à  la  seconde,  touchant  l'impression  de  la  Bible 
en  4  langues,  il  plaira  à  V.  R.  S.  [entendre  que]  j'ay 
tousjours    entretenu  le  principal  de  mes  correcteurs,  qui 

1 .  Laertii  Diqgenis  de  Fita  et  morihus  phiîosophorum  Uhri  X.  Plan- 
tin, 1566,  in-80. 

2.  VaUrii  Maximi  dictorum  factorutnque  memoràbiïium  Uhri  IX* 
Plantin,  1567,  in-80. 


—  184  — 

est  mon  gendre  *,  auquel  estoyent  autrement  offertes 
diverses  bonnes  conditions  ;  mais  je  me  suis  eflforcé  de 
luy  bailler  tousjours  les  mesmes  gages  ou  profitz  qu'on 
luy  a  offerts,  et  ay  tousjours  continué  d'entretenir  les 
compositeurs  et  ouvriers,  à  qui  j'ay  faict  apprendre  à 
besogner  en  grec,  chaldéen  et  hébrieu,  et  donner  pré- 
sents à  ceux  qui,  avec  le  temps,  me  pourroyent  servir  à 
l'impression  dudict  œuvre,  afin  de  les  pouvoir  retenir  et 
avoir  quand  besoing  en  sera,  et  encores  pour  l'entretien 
de  six  presses  que  j'ay  tousjours  entretenues  besognan- 
tes tous.  Durant  le  temps  de  ces  difficultés  survenues, 
j'ay  este  contrainct  d'aliéner  beaucoup  de  choses  pour 
avoir  argent,  si  est  ce  qu'onques  je  n'ay  voulu  vendre 
rien  qui  soit  requis  à  l'impression  de  telle  œuvre  et 
entreprinse,  qui  sera  bien  la  plus  belle  qui  fût  onques 
mise  en  exécution,  principalement  estant  enrichie  de  ce 
noble  thrésor  des  deux  volumes  dont  m'escrivés,  et  que 
j'ay  aussi  délibéré  d'y  adjouxter,  le  Nouveau  Testament 
en  langage  syriach  et  le  Thésaurus  linguae  sanctas  R.  P. 
Santis  Pagnini,  lequel,  comme  autres  fois  j'ay  rescrit  h 
Y.  S.,  j'ay,  passé  sont  jà  quelques  années,  faict  revoir 
et  amander  à  mes  propres  cousts  et  despends,  et  l'ay 
tousjours  voulu  garder  pour  l'embellissement  et  enri- 
chissement de  ceste  œuvre  tant  noble  et  nécessaire  pour 
l'utilité  chrestienne  '. 


1.  François  Raphelengien. 

2.  Jean  Isaac,  professeur  d'hébreu,  à  Cologne,  avait  revu  le  dic- 
tionnaire de  Santé  Pagnino  en  1 563-1 564.  Ce  savant  habita  chez 
Plantin  depuis  le  10  novembre  1563  jusqu'au  21  octobre  1564.  Avant 
de  publier,  dans  YApparatus  de  la  Bible  Royale,  le  dictionnaire  de 
Pagnino,  Plantin  le  fit  une  seconde  fois  revoir  par  François  Raphe- 
lengien. 


-  i8s  ~ 

Quant  aux  six  mille  ducats,  desquels  j'ay  supplié 
d'estre  aidé  par  Sa  Majesté,  je  ne  les  désire  tout  à  la 
fois,  mais  seulement  mille  ducats  premièrement,  pour 
m'aider  à  faire  le  reste  des  frais  qu'il  convient  faire  pour 
ladicte  entreprinse,  et  principalement  de  la  provision  du 
papier,  et  puis,  estant  la  besongne  en  bon  train,  je  dési- 
rerois  encores  cinq  cents  ducats,  et  puis  ainsi,  de  trois 
en  trois  mois  après,  à  chacunne  fois  autres  cinq  cents 
ducats,  continuant  ainsi  le  payement,  peu  à  peu,  selon 
que  je  irois  ainsi  continuant  à  monstrer  les  feilles  faictes 
à  qui  il  plairoit  à  Sa  Majesté  ou  à  V.  S.  l'ordonner.  Car 
je  ne  désire,  après  les  mille  premiers  ducats  (dont  je 
suis  prest  d'obliger  tout  ce  que  j'ay  ou  bailler  piège),  de 
recevoir  aucuns  deniers,  sinon  ainsi  comme  je  continue- 
ray  à  monstrer  besogne  faicte. 

Q.uant  au  papier,  j'ay  proposé  d'user  de  ces  deux  sor- 
tes dont  j'envoye  ici  2  feilles  de  chacun. 

Le  plus  grand  d'iceux  ferois  je  venir  d'Auvergne  et 
m'a  par  cy-devant  cousté  le  semblable,  l'ayant  achapté 
sur  le  lieu  et  faict  venir  à  Anvers,  quatre  florins  et  dix 
patars  la  rame.Cesmy-ci  seroit  pour  faire  la  moictié  des- 
dictes Bibles,  je  dy  du  nombre  d'icelles  et  non  partie  de 
chaicunne  Bible,  et  ce  pour  ceux  qui  désirent  plustost 
avoir  quelque  chose  d'excellent  que  d'y  espargner  l'ar- 
gent. Et  de  ceste  sorte  de  papier  ici,  ay  je  bien  petit 
nombre  encores,  mais  j'ay  la  commodité  assez  d'en  rece- 
voir, après  avoir  [obtenu]  argent,  car  je  l'achapte  au 
comptant» L'autre  moindre  ferois  je  venir  de  La  Rochelle 
ou  de  Troye  en  Champagne  et  jà  en  ay  je  quelque  500 
rames,  lesquelles  me  coustent  57  patars  la  rame  rendue 
à  mon  logis.  Les  Bibles  imprimées  sur  ce  papier  ici  se- 
roient  pour  le  commun,  qui  n'est  si  cognoissant  ou  n'a 


-   i86  — 

le  moyen  d'y  employer  tant  d'argent,  ou  bien  qui  ne  se 
délectent  pas  à  la  belle  marge  du  livre. 

Quant  au  nombre  des  volumes,j'espérerois  d'imprimer 
lesdictes  Bibles  avec  toutes  les  adjonctions  cy-devant 
mentionnées  en  huit  volumes,  lesquelles,  toutes  choses 
calculées  au  plus  près  et  le  mieux  que  je  puis,  j'espére- 
rois  de  pouvoir  donner  pour  le  prix  de  dix  ou  douze  ou 
(au  plus  haut  prix)  quinze  ducats.  C'est-à-dire  que  j'es- 
time que  je  ne  les  pourrois  pas  donner  ou  vendre  à 
moins  de  dix  ducats  et  aussi  que  le  prix  n'excédera  pas 
aucunnement  quinze  ducats. 

Voylà,  Monseigneur,  ce  que  je  puis  escrire  de  certain 
touchant  l'impression  desdictes  Bibles,  jà  désirées  de 
maints  grands  personnages  qui  m'en  escrivent  souvent 
et  exhortent  à  persister  en  ma  volonté  et  entreprinse,  et 
mesmes,  escrivant  la  présente,  je  rèçoy  lectres  de  M.  G. 
Poste),  qui  semblent  m'esire  escrites  par  iceluy  à  ceste 
seule  intention  \  et  pourtant  que  lesdictes  lectres  m'ont 
este  rendues  si  à  propos,  j'ay  bien  voulu  (encores  que 
l'auteur  soit  tenu  pour  fantastique  et  resveur)  les  trans- 
crire pour  en  envoyer  le  double  à  V.  S.  pour  une  espèce 
d'allusion  à  mon  espoir  que  j'ay  testifié  en  ma  dédica- 
toire  du  Cathéchisme  catholique  '  à  Sa  Majesté,  qui  est, 

1 .  Les  mots  en  italique  sont  barrés  dans  Toriginal. 

2.  Petrus  Canisius,  Summa  Doctrina  christiana,  Plantin  1566, 
in- 160.  Nous  lisons  entre  autres  dans  la  préface  de  ce  livre  écrite 
par  Plantin  et  adressée  à  Philippe  II  :  (iuem  vero  huic  arti  (calco- 
graphise)  cujus  usus  est  divinus,  abusus  reip.  pemicies,  potiorem 
praesidem  et  auspicem,  tum  etiam  ducem  atque  imperatorem  repe- 
rire  queam  in  toto  hoc  orbe,quam  te,  potentissirae  Rex,  cujus  impe- 
rium  ad  ipsos  usque  Antipodas  infînitis  maris  atque  terrarum  spatiis 
exporrigitur,  et  qui  nomen  Catholici  a  majoribus  acceptum  optime 
tueris,  et  ab  ipsa  Italia,  et  Germania  per  totum  occidentem  ad  pri- 


—  i87  — 

que  la  vraye  religion  catholique  sera  restituée  et  dilatée 
par  toute  la  terre, sous  l'autorité  et  prospérité  de  la  cou- 
ronne de  nostre  Roy  très  catholique,  de  sorte  qu'on  le 
nommera  à  bon  droit  le  Roy  de  l'Univers  et  ce  à 
honneur  souverain  de  nostre  Dieu  et  louange  immortelle 
de  Sadicte  Majesté. 

Or,  puisque  encores  ceste  fois  il  a  pieu  à  V.  R.  S. 
me  signifier  que  mes  labours  ne  vous  desplaisent,  je 
continueray  hardiement  dorénavant  à  envoyer  de  toutes 
les  feilles  que  imprimeray,  ainsi  que  je  le  fay  main- 
tenant de  tout  ce  que  j'ay  faict  depuis  les  derniers  livres 
par  moy  envoyés  avec  Historia  Aromatum  '. 

J'ay  achapté  à  Francfort  20  rames  de  très  fin  duquel, 
suivant  vostre  ordonnance,  je  délivreray,  incontinent  que 
la  marchandise  sera  arrivée,  les  six  rames  que  V.  S. 
demande  au  signeur  Hieronymo  Curiel.  Chaicunne  des- 
dictes rames  de  papier  vient  à  couster,  rendue  en  ceste 
ville,  quatre  florins.  S'il  est  autre  service  que  je  puisse 
faire  à  V.  R.  S.,  la  commandant,  je  m'y  employeray 
d'aussi  bon  cueur  que,  me  recommandant  très  humble- 
ment à  V.  R.  S.,  je  prie  nostre  Dieu  vous  donner 
l'accomplissement  de  tous  vos  saincts  désirs.  D'Anvers, 

ce  premier  d'octobre  IS67,  de 

V.  R.  S. 

le  très  humble  serviteur 

C.  Plantin. 

mos  orientis  solis  cardines  promoves  :  adeo  ut  speremus  brevi,  pro 
ratione  catholici  nominis,  totam  mundi  universitatem  fore  nominis 
hujus  audientem. 

I.  Aromatum  et  simpUcium  aliqmt  medicamentorum  apud  Indos 
nascentium  historia.  D.  Garcia  ab  Horto  auctore  :  nunc  vero  primum 
latina  facta  et  in  Epitomen  contracta  a  Carolo  Clusio  Atrebate. 
Plantin,  1567,  in-80. 


^  i88  - 

Monseigneur,  Afin  de  gagner  temps  et  pour  que  le 
premier  courier  ne  fist  difficulté  de  recevoir  le  pacquet, 
j'ay  mis  les  lectres  et  monstres  de  papier  pour  la  Bible 
en  4  langues  à  part  et  les  livres  et  feilles  de  mon  im- 
pression en  un  autre  *. 

(A  cette  lettre  était  jointe  la  lettre  suivante  de  Guillaume  Postel  à 
Plantin.; 

85.  —  Guillaume  Tostel  à  Plantin. 

Guilielmus  Postellus,  apostolica  professione  pauper 

sacerdos,  optimo  typographo  Christoforo  Plantino 

S.  et  summopere  Christi  regnum  promovere. 

Vix  potest  dici,Plantine,de  tuafide  mihi  amantissime, 
quantum  voluptatis  sincerae  et  verae  conceperim  ex 
conspectu  quantumvis  solius  speciminis  a  te  editi  de 
magnorum  Bibliorum  sive  editionis  complutensis  im- 
pressione,  quia  video  rêvera  Deum,  toto  incogitante 
mundo,  sensim  in  Belgica  regione  complere  nunc, 
quod  statim  a  creato  mundo,  aut  saltem  a  tertia  crea- 
tionis  die,  cum  fluctus  omnino  maximos  totius  spherae 
aquas  lotam  terram  undique  submergentis  removit  et 
terram  in  sublime  propter  hominem  attoUens  ad  Septen- 
triones,  Deus  pro  primaria  gente  mundi  instituerat. 
Nam  cum  homo  sit  mensura  onmium,  et  inter  omnes 
populos  mundi  sit  necessario  unus,  a  Deo  nihil  frustra 
faciente  aut  permittente,   praeordinatus  ut  ante  et  super 

I.  Il  existe  de  cette  lettre  deux  versions, de  rédaction  sensiblement 
différente  :  Tune  dans  les  minutes  de  Plantin,  l'autre,  dans  les 
archives  de  Simancas.  Nous  nous  sommes  contenté  d'imprimer  la 
dernière,  les  variantes  ne  présentant  rien  d'essentiel. 


—  189  — 

omnes,  Belga  id  est  terrae  dominans  et  vere  fortissimus. 
Opus  est  nunc  ita  restitui  omnia  secundum  divinam 
praeordinationem  ut  et  ab  operibus  cognoscantur,  veluti 
a  fr'uctibus  arbor,  qui  rêvera  voluntatem  Patris  aetherii 
fecerint.  Nam  non  ille  primus  populus  aut  filius  qui  fide 
sola  vineae  çulturam  Patri  promisit,  sed  ille  qui,  licet 
dixisset  verbo  se  nolle,  tamen  opéra  charitatis  veras 
plena  vineam  laboravit,  secundum  voluntatem  Patris. 

Quod  itaque,  nunc  cum  est  septiraa  et  sabbathina 
maximarum  conjunctionum  ï)  et  1^.  in  capital!  signo 
Arietino  fieri  solitarum,  in  Belgio  tam  insigne  opus  sub 
Philippi  summi  polemarchi  et  sub  Charoli  régis  primarii 
tempore  incipcre  velis  et  absolvere,  imo  Deus  tibi  nunc 
dederit  velle  qui  dabit  perficere,  idque  in  Belgio,  mihi 
persuadeo  fore  ut  illud  tam  faustum  et  felix  futurum  sit, 
ut,  si  id  fiet  ex  consilio  Christi  intra  nos  agentis  victo- 
riam  universi  mundi  sit  reportaiurum  et  cordibus  uni- 
vers! sub  hoc  evangelio  regni  edomitis  rationeque  vera 
ex  fide  vera  dependente  subactis,  fiât  unum  ovile  et  unus 
Pastor.  Quod  si  Gallorum,  quorum  fortissimi  sint  Belgae, 
et  Hiberorum  gens  sit  toto  in  orbe  prima,  ut  certissime 
demonstro  in  opère  de  Authoritate  et  Ratione  summa 
et  in  libro  de  Divinatione  sacrarum  prophetiarum  :  sic  et 
Habdias  propheta  clare  promisit  Gallis  et  Hispanis 
regni  pacifici  promotionem.  Typographia  porro  erit 
lancea  et  gladius  hujus  victoriae  et  regni.  Consilium 
autem  Christi  intra  nos  agentis  certissimum  est  positum 
esse  et  patefieri  duce  ratione  certa  ex  vera  vetustissima- 
que  evangelii  ipsius  Jesu  Christi  fide  illuminata  et  resti- 
tuta  in  nobis,  eo  quod  ipse  Christus,  qui  fidem  habere 
non  poterat  ob  divinitatem  suam,  quse  mundi  paternitas 
est,  rationem    certissimam    semper    habuit    quae  cordi 


naturae  maternitatis  et  regni  dux  est,  ut  per  illam  nobis 
imaginem  sirailitudinemque  imprimeret,  et,  cum  obscu- 
rarctur,  restitueret.  Anima  enim  nostra  rationalis,  quas 
pars  Dei  infiniti  immutabilis  esse  non  potest,  rêvera  est 
pars  et  substantia  ipsius  imaginis  Dei,  qu«  semper 
unita  est  imagini  Deo  qui  consub'stantialis  filius  Deus 
est. 

Recta  itaque  illa  ratio  et  lux  vera  illuminans  absolute 
omnem  hominem  venientem  in  hune  mundum  nobis 
dicit  debere  Deum  per  sui  verbi  potentiam  sic  vincere 
mundum  sicut  créât  et  gubernat  mundum.  Ratio  itaque 
vult  ut  cum  Dei  verbum  ex  hispanica  complutensive  edi- 
tione  prodierit  idoncum  latinae,  hebraicae,  chaldaicae  et 
grascoî  linguae  hominibus  instruendis,  sic  editio  Belgica 
ipsum  primum  exemplar  imitando  sic  superet,  ut  etiam 
et  maxima  Ismaelitis,qui  H  cogniti  olim  orbis  sui  Corani 
arabico  veneno  partem  occupant,  in  sua  etiam  lingua  in 
eadem  editione,  saltem  quod  ad  quinque  Mosis  libros  et 
ad  totum  Novum  Testamentum  attinet  lumen  evangeli- 
cum  recipiant  :  cujus  utriusque  partis  cxemplaria  fide- 
lissima  et  in  christianorum  S3Tiacorum  iEgyptiorum 
ecclesiis  usitata  in  banc  rem  attuli,  quœ,  si  voles  atten- 
dere  tanto  operi,  sunt  in  Dei  gloriam  comparata. 

Ut  autem  tôt  sint  columnse  in  Novo  quot  in  Veteri 
Testamento,  syriaca  editio  pro  orientalibus  christianis 
erit  addenda.  Nam  defectu  librorum  totus  oriens  périt. 
Curandum  ea  de  re  non  tantum  ut  Syro  charactere  ha- 
beamus,  sed  ut  propter  Judasos  transciibatur  fidelissime  in 
avitam  et  sanctam  picturam  hebream,  sic  erit  exemplar 
in  Novo  Testamento.  Licet  autem  in  editione  complu- 
tensi  non  posuerunt  Targum  nisi  super  Pentateuchum 
ob  prolixitatem  aut  alia  de  causa, opus  tamen  erit  addere 


~  19Î  - 

ad  coarguendas  falsas  cum  judaeorum  tum  hasreticoriim 
interpretationes,  sicut  etiam  cum  inquisitionis  hispauicae 
judicio  Carolus  Qjiintus  imperator  Belga  concesserat 
Danieli  Bombergas  cum  privilégie.  Vide  itaque,  mi  Plan- 
tine,  ut  cum  catholico  rege  per  probos  viros  de  re 
tanti  momenti  agatur  ut  summi  alioqui  sui  regni  opes 
honores  addat  ad  eam  fama^  toto  in  mundo  summas 
magnitudinem,  cui  et  libri  et  characteres  et  matrices 
typograpliicae  sunt  paratae,ut  nuUa  unquam  toto  in  orbe 
major  victoria  potuerit  etiam  sine  sanguine  in  Christi 
Jesu  honorem,  quem  eu  jus  instrumentum  Deus  te  esse 
voluit,  si  rerum  satagas,  si  typographi  privati  nomen 
tantum  est,  quanta  erit  régis  summum  totius  mundi 
opificium  per  typographiam  exequentis. 

(Sunt  multo  plura  de  regum  Gallias  et  Hispanias  vo- 
catione  deque  Jesuitarum  ordine  scripta  in  epistola  ad 
Johannem  Federicum  Lumnium  *  etc.) 

R.  D.  Gabriel!  Çayas. 

Haec  fesiinanti  admodum  calamo  ex  epistola  Postelli 
ad  me  (quam  cum  Domination!  Tuae  responderem, 
révérende  Çaya,  accepi),  excerpere  placuit  ad  verbum, 
non  quod  quidem  hinc  judicare  aliquid  velim,  sed  ut 
Dominatio  Tua  examinet  et  indicet  aut  aliis  judicandum 
proponat.  Is  est  vero  Postellus  qui  sumptibus  invictissi- 
mi  et  serenissimi  imperatoris  Ferdinand!  et  jussu  ejus- 

I .  Jean  Frédéric  Lumnius,  né  à  Lummen,  dans  le  Limbourg,  en 
1533,  curé  du  Béguinage  à  Anvers,  écrivit  plusieurs  livres  de  morale 
religieuse.  Plantin  imprima  de  lui  :  en  1567,  i<î  Extremo  Dei  judicio 
et  jud^eorum  vocatione  libri  duo ^  peur  compte  d'Antoine  Tilens;  en 
1568,  Evaugelica  Strena  ;  en  1588,  Thésaurus  Christiani  hominis  ;  en 
1589,  Van  een  gère  for  mecrt  cljristeîijck  leven  te  kyden. 


—  192  — 

dem  curavit  Viennae  Austriae  Novum  Testamentum 
syriaca  lingua  procudi  et  typis  mandari.  Qui  vir,  etiam 
si  fantasticus  habeatur,  multa  certe  ingeniosa  neque 
semper  vana  tractare  videtur  in  suis  operibus. 

Vale  et  perpende  pro  voto  omnia.  Sciât  vere  D.  T. 
me  nunquam  quid  de  hac  Bibliorum  editione  aperuisse 
huic  Postello  ;  proinde  miror  quod  tam  bene  judicio  D. 
T.  et  nostro  conveniat  de  addendo  Targum  et  Novo  Tes- 
tamento  syriaca  lingua  et  regiae  majestati  catholicas 
hoc  munus  convemre  prsedicet  et  afErmet.  Itcrum  vale. 

D.  T.  merito  addictissimus. 
C.  Plantinus. 


86.  —  Plantin  à  Çayas, 

(Plantin  commence  par  répéter  les  sept  premiers  alinéas  de  sa 
lettre  précédente,  puis  il  continue:) 

Voylà,  Monseigneur,  ce  que  je  puis  escrire  de  certain 
touchant  l'impression  desdictes  Bibles  jà  désirées  de 
maints  grands  et  doctes  personnages,  qui  m'en  escrivent 
souvent  et  exhortent  à  persister  en  ceste  volonté.  Ce 
que  devant  est  double,  suivant  l'argument  et  quasi  les 
paroles  à  mon  advis  d'une  autre  que  j'escrivi  hier  et 
envoyé  à  monsieur  le  maistre  des  postes,  avec  les  livres 
demandés  et  les  monstres  ou  feilles  de  ce  que  j'ay  im- 
primé de  nouveau  ou  que  j'ay  sous  la  presse. 

J'espère  de  commencer,  dedans  huict  ou  15  jours,  le 
cours  de  droict  canon,  fort  bien  et  doctement  annoté  et 
restitué  tout  le  contexte  aux  lieux  où  par  cy-devant 
estoit  et  infra.  Iceluy  estant  commencé,  je  ne  faudray 
d'en  envoyer  les   feilles  à  V.  R.   S.,   puisque  je  suis 


—  193  — 

derechef  acertené  que  désirés  qu'ainsi  je  le  face  et  conti- 
nue pour  mon  bien  et  honneur. 

J'espère  de  recevoir,  dedans  5  ou  6  jours,  le  très  fin 
papier  que  j'ay  achapté  à  Francfort,  et  lors  délivreray  les 
six  rames  que  V.  S.  demande  au  signeur  Curiel,  et,  si 
ledict  papier  arrive  sans  être  endommagé,je  ne  prendray 
rien  davantage  que  cela  qu'il  me  couste  à  Francfort,  qui 
est  trois  florins  et  trois  patars  chacunne  rame  et  six  pa- 
tars  que  chacunne  rame  couste  de  port  de  Francfort  ici. 
Mais,  si,  à  l'adventure,  quelque  fortune  advient  de 
mouilleure,  alors  est  ce  nostre  coustume  de  charger  un 
peu  celle  marchandise  qui  sera  venue  endommagée,  afin 
de  ne  perdre  trop.  Si  est  qu'à  l'endroict  de  V.  S.  je  ne 
prendray  pas  davantage  que  le  prix  constant  et  ne  délivre- 
ray rien  qui  ne  soit  net,  voire  encores  que  tout  le  reste 
vînt  mouillé  ou  autrement  endommagé.  Et  en  toutes 
autres  choses  qu'il  plaira  à  V.  R.  S.  de  me  commander 
quelque  chose,  je  seray  trouvé  prest  et  léal,  d'aussi  bon 
cœur  que  je  prie  nostre  Dieu  vous  conserver  en  santé  et 
augmenter  en  biens  et  honneur  comme  le  mérités. 
D'Anvers,  ce  4  jour  d'octobre  1367,  par 

Celuy  qui  souhaitte  pouvoir  faire  service  à  V.  R.  S. 

Christofle  Plantin. 


87.  —  Plantin  au  Cardinal  Granvelle. 

Monsigneur    Révérendissime, 

Incontinent  que  j'ay,  le  5  du  présent  mois  de  juing 
de  ceste  année  1567,  receu  les  lectres  qu'il  a  pieu  à 
Vostre  Révérendissime  Signeurie  de  m'envoyer  de  Rome, 


—  194  — 

le  7  de  may,  j'ay  rescrit  à  Monsigneur  le  Provost  * 
qu'il  m'envoye  le  livre  du  Signeur  Fulvio  [Ursino]  pour 
le  commencer,  afin  de  le  mectre  en  œuvre  et  d'envoyer 
bien  tost  la  première  feille  à  V.  R.  S.  et  de  continuer 
le  reste  en  la  plus  grande  diligence  qu'il  me  sera  possi- 
ble. Car  il  ne  me  soroit  estre  commandé  chose  que  je 
fisse  plus  volontiers  et  de  quoy  je  me  tinsse  mieux  favo- 
risé que  de  valoir  d'estre  employé  à  faire  quelque  service 
à  V.  R.  S.,  qui  tant  vertueusement  s'est  tousjours  estu- 
diée  à  l'advancement  de  la  tranquilité,  prospérité  et 
ornement  du  bien  public,  qu'à  bon  droict  elle  est  révérée 
de  tous  ceux  qui  souhaittent  la  paix  en  la  chrestienté  et 
principallement  en  ces  nobles  paiis  de  par  deçà,  jadis 
tant  florissants  sous  le  gouvernement  de  son  prudent  et 
admirable  conseil,  par  lequel  j'espère  les  revoir  de  bref 
redressés  et  confirmés  en  sa  bonne  et  heureuse  pollice, 
que  les  maladvisés  et  outrecuidés  cognoistront  tellement 
leurs  fautes,  que  de  mémoire  d'homme  n'entreprendront 
chose  qui  tant  soit  peu  puisse  troubler  le  repos  public 
ne  diminuer  l'auctorité  de  Sa  Majesté,  ainsi  qu'en  eflFect 
nous  commençons  d'en  voir  les  apparences. 

J'envoye  ici  à  V.  R.  S.  Tespreuve  de  la  Bible  en 
quatre  langues,  et  le  double  des  lectres  de  Monsigneur 
le  Secrétaire  Çayas,  quant  à  ce  qui  concerne  l'impression 
desdictes  Bibles,  avec  l'espreuve  du  commentaire  sur 
Tépistre  ad  Galathas  du  R.  Cardinal  Seripandii,  que 
j'espère  d'avoir  achevé  devant  un  mois. 

J'envoye  aussi  le  double  de  mon  privilège  de  Tempe- 
reur  que  j'ay  faict  escrire  en  forme  autentique,  à  l'imi- 
tation  duquel  toutesfois  je  ne  désire   aucunnement  de- 

X.  Max  Morillon,  prévôt  d'Aire. 


—  195  — 

mander  chose  qui  ne  soit  raisonnable,  facile  à  obtenir 
et  profitable  à  la  républicque  autant  qu*à  mon  particu- 
lier, et  mesmes  me  tiendray  grandement  honoré,  favorisé 
et  pourveu  d'un  grand  bénéfice  par  V.  R.  S.,  s'il  lui 
plaist  .impétrer  de  Sa  Saincteté  que  je  puisse  seul  impri- 
mer par  deçà,  les  Bréviaires,  Journaux,  Missels,  Cathé- 
chismes  et  autres  tels  livres"  duisables  et  nécessaires  aux 
ecclésiastiques,  qui  sont  ou  seront  ordonnés  par  Sa 
Saincteté  d'estre  imprimés,  publiés,  leus  et  tenus  de 
toute  la  chrestienté.  Et  si,  par  le  moyen  de  V.  R.  S., 
j'obtiens  ceste  niienne  requeste,  je  promects  de  m'em- 
ployer  tellement  à  les  bien  imprimer  et  en  fournir  ces 
paiis  de  par  deçà,  que  V.R.  S.  ne  se  repentira  de  m'avoir 
pourveu  de  tel  bien,  que  j'espérerois  ne  m'estre  puis 
après  refusé  de  Sa  Majesté  en  ses  paiis  de  par  deçà. 

Que  si  d'adventure  (ce  que  je  ne  pense  pas),  il  ne 
plaisait  à  Sa  Saincteté  de  me  favoriser  un  tel  bien  que 
je  peusse  estre  son  très  humble  serviteur,  particulière- 
ment en  cela,  je  supplie  au  moins  à  V.  R.  S.  qu'il  luy 
plaise  me  faire  tant  de  bien  que  de  me  faire  envoyer  le 
Bréviaire  nouveau,  que  j'ay  entendu,  par  ung  mien  ami 
qui  se  tient  à  Rome,   que  Paullus  Manutius  '  imprime 

I.  Paul  Manuce,  le  célèbre  imprimeur  italien,  fils  d'Aide  Manuce, 
de  Venise.  Il  naquit  en  15 12,  dirigea  pendant  sept  années  Timprime- 
rie  des  Aides,  en  son  nom  et  celui  de  ses  cohéritiers,  mais  en  devint 
'  Tunique  chef  en  1S40.  En  1561,  il  s'établit  à  Rome  pour  y  devenir 
l'imprimeur  des  papes.  Il  obtint  le  privilège  exclusif  d'éditer  les 
Bréviaires  et  Missels  revus  par  le  Concile  de  Trente.  C'est  de  la 
cession  de  ce  privilège,  à  Plantin,  pour  les  Pays  -Bas,  qu'il  s'agit  dans 
la  présente  lettre  et  dans  les  suivantes.  Il  quitta  Rome  en  1570, 
résida  dans  différents  lieux  et  revint  mourir  dans  la  ville  papale,  le  6 
avril  1574.  (Voir  pour  l'accord  conclu  entre  Plantin,  Paul  Manuce 
et  SCS  successeurs,  concernant  le  privilège  des  Bréviaires  et  des  Mis- 
sels: Max  Rooses,  Christophe  'Plantitty  chap.  VII.) 


—  196  — 

maintenant  par  l'ordonnance  de  Sadicte  Saincteté,de  sorte 
que  (quoy  que  le  port  me  deust  couster  à  l'apporter  par 
la  poste)  je  peusse  avoir  le  premier  qui  seroit  envoyé 
par  deçà,  pour  incontinent  tascher  d'en  obtenir  le  privi- 
lège, et  de  l'imprimer  pour  l'utilité  des  gens  d'église  qui 
en  auront  besoing.  Et,  pour  mieux  venir  à  mon  desseing, 
il  me  sembleroit  expédient  qu'il  pleust  à  V.  R.  S.  faire 
prendre  de  chés  l'imprimeur  telles  feilles  qui  pour  lors 
de  la  réception  de  cestes  seroyent  imprimées  et  me  les 
envoyer  incontinent,  pour  avoir  le  moyen  de  pourvoir 
à  ce  que  je  désire  touchant  ladicte  impression,  cepen- 
pendant  que  le  reste  s'acheveroit  par  ledict  Signeur 
Manutius  et  s'envoyeroit  par  après,  choses  que  je  m'as- 
seure  estre  faciles  d'obtenir  et  commander  estre  faictes 
par  V.  R.  S.,  et  que  j'estime  devoir  estre  grandement 
proffitables  et  honorables  pour  ces  paiis,  et  d'honneste 
moyen  pour  pouvoir  entretenir  ma  famille  et  estât  (qui 
est  grande  et  de  grands  cousts)  et  en  quoy  j'espérerois 
tellement  m'acquiter  que  jamais  V.  R.  S.  ne  se  rçpen- 
tiroit  de  m'avoir  faict  ce  bien,  et  de  rechef  obligé  si 
estroictement  à  prier  Dieu,  sans  cesse,  pour  la  prospérité 
et  santé  d'icelle,  et  à  perpétuellement  demeurer  (ce  que 

aussi  je  feray  toute  ma  vie).  ' 

De  V.  R.  S.  le 

très  humble,  très  obéissant 

et  très  aflfectionné  serviteur 

C.  Plan  tin. 

I .  La  minute  de  cette  lettre  ne  porte  pas  de  date.  Dans  le  registre 
de  Plantin  elle  vient  immédiatement  après  celle  qu'il  adressa,  le  18 
octobre  4567,  à  Paul  Manuce.  Il  est  clair  toutefois  qu'elle  est  anté- 
rieure à  cette  dernière  et  la  première  ligne  prouve  qu'elle  fut  écrite 
au  mois  de  juin  1567. 


—  197  — 
88  —  Plantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Monsigneur  très  Illustre  et  Révérendissime. 

Les  deux  lectres  de  Vostre  Signeurie  très  Illustre  et 
Révérendissime  dont  la  première  est  du  pénultième 
d'aoust  et  l'autre  de  Tunziesme  septembre  m'ayant  esté 
délivrées  le  13  du  présent,  je  n'ay  sceu  y  respondre  plus- 
tost. 

Qpant  au  Bréviaire,  je  serois  bien  délibéré  de  contenter 
le  Signeur  Paulus  Manutius,  par  certaine  somme  d'ar- 
gent, pour  avoir  le  privilège  de  Sa  Saincteté,  si  je  me 
pouvois  asseurer  d'en  jouir  seul  es  pais  de  la  basse 
et  haute  Allemagne.  Mais  je  crains  que  cela  ne  me  seroit 
permis.  Pour  éviter  donques  toutes  doubtes  et  proposer 
audict  Manutius  chose  qui  luy  pourra  estre  autant  ou 
plus  avantageuse  que  les  300  escus  qu'il  demande,  je 
me  suis  advisé  de  luy  offrir,  pour  ledict  privilège,  la  disme 
de  tous  les  Bréviaires  que  je  feray  durant  ma  vie  et  la 
sienne,  suivant  ledict  privilège  de  Sa  Saincteté  qu'il 
m'aura  faict  avoir.  Ce  que  je  promectray  observer  en 
foy  d'homme  de  bien,  et  chaicunne  impression  par  moy 
achevée,  soit  en  grand  soit  en  petit  volume,  je  délivreray 
incontinent,  ici,  à  qui  il  luy  plaira,ou  envoyeray,  là  où  il 
ordonnera,  la  dixiesme  partie  de  tout  ce  que  j'auray  im- 
primé, et  mesmes  mectray,  s'il  plaist  audict  Manutius, ces 
paroles  en  la  première  page  :  Excudebat  sihi  et  T?aullo 
Manutio  Ch.  VlantinuSy  ou  tout  ainsi  autrement  qu'il 
luy  plaira,  sans  que  ledict  Manutius  paye  rien  dans  mes 
frais-  de  papier  ne  d'impression  de  la  disme  desdicts 
Bréviaires,  sinon  les  frais  de  les  faire  transporter,  en  cas 
qu'il  voulust  m'ordonner  de  les  envoyer  ailleurs. 

Le  Signeur  Çayas,  secrétaire  de  Sa  Majesté,  m'a  de 


—  198  — 

rechef  cscrit  du  7  septembre  que  Sadicte  Majesté  avoit 
résolu  de  me  faire  assister,  en  bref,  à  l'impression  de  la 
Bible  en  quatre  langues,  ce  que  venant  à  estre  effectué, 
j'ay  délibéré  d'y  employer  tout  mon  pouvoir. 

Si  par  la  faveur  de  Vostre  Illustriss.  et  Révérendiss. 
Signeurie,  il  plaist  au  Signeur  Michael  Thomasius  *  nous 
envoyer  les  œuvres  de  Lactance,  je  les  recevray  et  im- 
primeray  très  volontiers  et  adjouxteray  ce  bénéfice  au 
nombre  des  bienfaits  de  V.  111.  et  R.  S.  envers  moy, 
ainsi  comme  je  feray  de  la  copie  du  S'  Padre  Onoffrio' 
contre  les  Centuries,  et  luy  envoyeray,  incontinent  l'avoir 
imprimé,  un  suffisant  nombre  d'exemplaires  à  Venise, 
pour  recognoissance  de  ses  labeurs. 

J'ay  communiqué  à  mon  compère  Hiérosme  Cocq  ' 
l'intention  dudict  Padre  Onoffrio,  touchant  les  figures,  et 
rcmonstré  que  ce  seroit  chose  de  bonne  vente  ;  mais  il 
m'a  respondu  absolutement,  qu'outre  ce  qu'il  estoit  trop 


1.  Michel  Thomasius,  né  dans  Tîle  de  Majorque,  enseigna  le  droit 
à  Lérida  et  à  Bologne,  étudia  la  philosophie  et  l'histoire  et  prit  le 
grade  de  docteur  en  droit  canon.  En  1S56,  il  devint  conseiller  et 
secrétaire  du  roi  d'Espagne  ;  il  assista  au  Concile  de  Trente  et  fut 
employé  par  Grégoire  XIII  à  la  correction  du  Decretum  Gratiani  ; 
enfin  il  fut  nommé  évêque  de  Lerida.  Parmi  ses  ouvrages,  nous 
remarquons  les  œuvres  de  Laotance,  annotées  par  lui,  que  Plantin 
publia  en  1570.  Granvelle  doit  l'avoir  connu  à  Rome,  au  moment 
où  Thomasius  travaillait  à  la  révision  du  Decretum  Gratiani. 

2.  Panvinius  (Onuphrius),  de  l'ordre  de  S«  Augustin,  né  en  1529 
à  Vérone,  enseigna  la  théologie  à  Florence  pendant  un  court  es- 
pace de  temps, et  vint  se  fixer  à  Rome, où  il  habitait  chez  le  cardinal 
Farnèse.  Il  écrivit  de  nombreux  ouvrages,  fort  estimés  de  son  temps, 
et  mourut  à  Rome,  à  l'âge  de  39  ans.  Plantin  n'imprima  point  le 
livre  dont  il  s'pgit  dans  cette  lettre. 

3.  Jérôme  Cock,  graveur  et  marchand  d'estampes  et  d'objets 
d'art,  mort  à  Anvers,  en  1570. 


~  199  — 

occupé  à  autres  ouvrages  commencés,  qu'il  ne  fut  onques 
d'advis  de  se  mectre  en  compagnie  d'aucun,  principale- 
ment si  esloigné  d'ici,  comme  est  Romme. 

Je  poursuis  le  Virgile  du  Signor  Fulvio  Ursino 
que  j'espère  d'achever  ceste  semaine  et  l'envoyer  à  V. 
111.  et  R.  S.  par  le  prochain  poste  qui  partira. 

[18  octobre  1567] 


89.  —  Plantin  à  Paul  Manuce. 

Signeur  Paul  Manutius,  Estant  sollicité  de  plusieurs 
de  vouloir  imprimer  le  livre  du  Concile  de  Trente  \  le 
Catéchisme  ad  Parochos  '  et  autres  livres  par  vous  im- 
primés, avec  le  privilège  de  Sa  Saincteté,  je  n'y  ay 
oncques  voulu  entendre,  en  partie  pour  l'amitié  que  je 
porte  naturellement  à  vos  semblables,  gens  doctes  et 
qui  s'employent  à  l'advancement  du  bien  public,  tant 
aux  lectres  qu'à  l'impression  correcte,  belle  et  commode 
pour  ceux  qui  s'en  doibvent  servir,  que  pour  la  révé- 
rence que  je  doibs  aux  privilèges  de  Sa  Saincteté.  Mais, 
ayant  par  cy-devant  maintefois  imprimé  le  Bréviaire  de 
Saincte-Croix  '  et  autres  livres  de  dévotion,  et  me  sen- 
tant conîme  en  possession  de  telles  sortes  de  livres,  et 
me  voyant  incité  de  plusieurs  personnages  d'auctorité  à 

1.  Canones  et  décréta  Concilii  Tridentini.  Rome,  Paul  Manuce, 
1564  et  années  suivantes. 

2.  Catechismus  ex  decreto  Concilii  Tridentini,  ad  Tarochos  editus, 
Rome,  Paul  Manuce,  1566  et  années  suivantes. 

3 .  Breviarium  %<manum  per  Franc,  Quignonium  Card.  Plantin, 
1563  et  autres  années.  Le  cardinal  François  de  Qjiignonez  était  titu- 
laire de  Sainte-Croix;  de  là  le  nom  donné  au  Bréviaire  composé  par 
lui. 


—   200   — 

observer  les  moyens  comment  je  pourrois,  sans  avoir  la 
censure  de  Sa  Saincteté,  trouver  le  moyen  d'imprimer 
le  Bréviaire  *  nouveau,  que  j'entendois  estre  soubs  vos 
presses,  par  l'ordonnance  du  Concile  et  de  Sa  Saincteté, 
et  ayant  prins  l'occasion  de  rescrire  à  Monsigneur  le 
très  Illustre  et  Révérendissime  Cardinal  de  Granvelle, 
personnage  digne  d'estre  admiré  et  vénéré  de  tous  ceux 
qui,  avec  la  piété,  font  profession  des  lectres  ou  les 
aiment  aucunement,  je  luy  priay  très  instamment  qu'il 
luy  pleust  de  sa  grâce  m'impétrer  de  Sa  Saincteté  que 
je  peusse  imprimer  ledict  Bréviaire,  non  tant  pour  ce 
que  je  pensasse  de  pouvoir  jouir  seul  dudict  privilège 
comme  pour  éviter  lesdictes  censures,  èsquelles,  pour 
nul  respect,  je  ne  désire  tomber. 

Ledict  Signeur  s'estant  de  sa  grâce  et  bénignité  faict 
informer  des  moyens  de  me  satisfaire,  m'a  finalement 
rescrit  l'affaire  despendre  de  vous  seul,  et  qu'ayant  faict 
traicter  avec  vous  de  ceste  affaire,  estiés  résolu  de  me 
faire  avoir  le  privilège  de  Sa  Saincteté,  moyennant  que 
je  vous  payasse  trois  cents  escus.  Laquelle  condition 
j'accepterois  volontiers,  si  j'estois  certain  que  chaicun 
fust  tenu  d'user  doresnavant  dudict  Bréviaire,  et  que 
seul  je  peusse  jouir  es  Allemagnes  dudict  privilège, 
sans  qu'autres  imprimeurs,  principalement  es  pais  de 
nostre  Roy  peussent  imprimer  ledict  Bréviaire,  ainsi 
que  je  voy  qu'ils  ont  faict  et  font  journellement  du 
livre  du  Concile,  du  Catéchisme  ad  Parochos  etc.,  que 
je  voy  imprimés  en  autant  de  lieux  qu'il  se  trouve 
d'imprimeries,  voire  mesmes  par  divers  imprimeurs   en 


I.  Breviarium  Romanum    ex  décréta  sacrosancH  Concilii  Tridentini 
restiitttum.  Rome,  Paul  Manuce,  i$68. 


—   20I    — 

une  mesme  ville.  Mais,  afEn  que  je  puisse  demeurer  en 
la  possession  d'imprimer  les  Bréviaires,  et  par  ainsi 
satisfaire  à  plusieurs  gens  de  bien  qui  en  veulent  avoir 
de  mon  impression,  et  me  sollicitent  journellement  de 
me  préparer  à  imprimer  le  nouveau,  et  aussi  que  je  ne 
vous  puisse  incommoder,  je  suis  prest  de  vous  donner 
la  disme  de  tous  les  Bréviaires  que  j'imprimeray  suyvant 
ledict  Bréviaire  nouveau,  à  sçavoir  que  de  chaicun 
mille  de  Bréviaires  que  j'imprimeray,  j'en  délivreray 
cent  exemplaires  cemplets  de  toutes  les  sortes  que  -j'im- 
primeray,  et  les  délivreray  incontinent,  que  chaicunne 
impression  sera  achevée,  à  qui  il  vous  plaira  l'ordonner 
en  ceste  ville,  ou  bien  les  envoyeray  là  où  il  vous  plaira 
l'ordonner,  sans  qu'en  payiés  autre  chose  que  les  frais 
des  emballages  et  port  au  lieu  où  les  voudrés  faire 
transporter,  et  mesmes,  si  bon  vous  semble,  je  mettray 
aussi  en  la  première  page  :  Imprimebat  siH  et  Paullo 
Manutio  Christophorus  PlantinuSy  ou  ainsi  que  mieux 
autrement  vous  semblera  pour  vostre  honneur  ou  advan- 
tage. 

Que  si  ledict  Bréviaire  doibt  avoir  cours  général  et 
que  je  puisse  jouir  seul  dudict  privilège  d'iceluy,  j'es- 
père voire  et  m'asseure  que  telle  disme  vous  vaudra 
bien,  la  première  année,  cinc  cents  escus.  Car  j'aurois 
délibéré  de  l'imprimer  incontinent  à  quatre  presses,  en 
divers  formats  et  charactères,  et,  tant  plus  de  sortes  et 
de  fois  que  je  l'imprimerois,  tant  plus  seroit  ce  vostre 
profEct,  et  serois  d'autant  plus  diligent  aussi  de  faire 
observer  les  privilèges,  tant  de  Sa  Saincteté  que  de 
nostre  Roy,  vers  lequel  j'espérerois  trouver  adresse  par 
la  faveur  de  mes  bons  signeurs  et  amis,  desquels  je  tiens 
monsigneur  le   très  Illustre  Cardinal    de  Granvelle   le 


—   202    — 

principal  et  mieux  affectionné  envers  tous  ceux  qui 
traictent  ou  manient  la  piété  et    les   estudes  vertueuses. 

Voylà,  Signeur  Manutius,  ce  qui  m'a  semblé  bon  de 
vous  proposer.  Que  si  ceste  condition  ne  vous  plaist, 
je  suis  encores  bien  délibéré  de  vous  accorder  le  paye- 
ment des  trois  cents  escus  que  demandés,  à  payer  vingt 
et  cincq  escus  à  chaicunne  fois  que  j'auray  achevé  d'im- 
primer mille  exemplaires  desdicts  Bréviaires  et  jouy  du 
privilège,  et  de  continuer  ainsi  jusques  à  la  fin  du 
payement  desdicts  300  escus,  ou  bien,  si  vous  vous 
advisés  d'autre  condition  raisonnable  et  équitable,  sui- 
vant laquelle  je  puisse  m'asseurer  de  retirer,  par  l'im- 
pression desdicts  Bréviaires,  les  payements  qu'il  me 
conviendroit  vous  faire,  je  suis  prest  et  appareillé  d'y 
entendre,  car  je  vous  certifie  que  je  ne  désire  vous  dés- 
avantager aucunnement,  mais  bien  vous  faire  tout  ser- 
vice et  advancement  en  toutes  manières  qu'il  me  sera 
jamais  possible,  pourveu  que  ce  soit  sans  mon  dommage 
évident.  Parquoy  vous  pouvés  bien  asseurement  me 
faire  envoyer  le  privilège  et  la  copie  dudict  Bréviaire, 
vous  promectant  par  cestes,  en  foy  d'homme  de  bien, 
que  je  vous  seray  autant  loyal  et  fidèle  que  je  désire 
qu'on  le  soit  envers  moy.  Le  tout  sans  fraude  ou  mal 
engin  quelquoncques. 

Qiii  sera  l'endroict,  Signeur  Manutius,  où  ayant  pré- 
senté mes  humbles  recommandations  à  vostre  bonne 
grâce,  je  prie  Nostre  Signeur  Dieu  vous  maintenir  et 
avancer  en  la  sienne.  D'Anvers,  ce  18  octobre  1567. 


—  203    — 

90.  —  Plantin  à  Fulvius  Ur sinus.  * 

(Plantin  envoie  à  Fulvius  Ursinus  la  première  feuille  imprimée  de 
son  Virgilius  coîlatione  scriptorttm  gracorum  iïlustratus.  Il  se  déclare 
prêt  à  imprimer  les  petits  poètes  gracs  que  le  philologue  romain  a 
promis  de  lui  envoyer.) 

Molto  magnîfico  mio  Signore. 

Honorando  Signore,  Essendo  di  ritorno  da  Bruxelles 
(dove  io  era  andato  por  ricever  qualche  littere  mandate 
dal  Illustrissimo  et  Reverendissîmo  Cardinal  di  Granvela), 
ho  trovato  la  vostra  di  vi  di  juglio  mandata  per  le  mani 
del  Illustrissimo  Signore  Galleazzo  Farnese,  a  laquai 
haverete  questa  brève  risposta,  cioè  que  vi  mando  uno 
foglio  de  stesso  quello  che  fina  hora  si  ritrova  stampato 
délie  vostri  annotationi  in  Virgilio,  a  lequali  spero 
andar  drieto,  fina  a  Taccomplimento  dessi.  Pregando  la 
Vostra  Signoria  di  pigliare  et  carescher  il  mio  labore 
d'una  affectione  non  minore  che  ho  da  far  servitio  a  la 
Vostra  Signoria,laqual  me  fara  cossa  gratissima  di  avisar- 
mi  quello  che  dispiacera,  a  ciô  che.  secondo  il  aviso,  mi 
possa  in  el  resto  governar  tanto  di  questo  che  altro  che 
placera  a  la  Vostra  Signoria  de  mandarmi. 


I.  Fulvius  Ursinus  (Orsini),  né  à  Rome  le  2  décembre  1529,  cha- 
noine de  S^  Jean  de  Latran,  bibliothécaire  des  cardinaux  Rainuce  et 
Alexandre  Farnèse^  mourut  le  18  mai  1600.  Plantin  publia  de  lui  : 
en  1567,  Virgilius  coîlatione  scriptorum  gracorum  iïlustratus  (une 
partie  de  l'édition  porte  la  date  de  1568);  en  1568,  Carmina  novem 
illustrium  femimrum  ;  en  1570  et  1574,  Julius  Casar  ;  en  1581, 
'hiota  in  omnia  Ciceronis  opéra;  en  1582,  Ex lihris  Polybii  de  lega- 
tiontbus.  Jean  Moretus  publia:  en  159S»  Fragmenta  historicorum  et 
Nota  ad  Sallustium\  en  1S98,  Illustrium  imagines  qua  exiant 
%oma  major  pars  apud  Fulvium  Ursinum,  Th.  Gallaeus  delineabat 
Romae,  incidebat  Antverpiae. 


Expectando  di  mo  innanzi  con  grandissima  afFectione 
quelli  fragmenti  delli  nove  lirici  et  le  nove  poétesse  con 
li  due  poète  bucolici  et  li  due  elegi,  che  me  scrivette 
mettar  in  bello  '.  Essendo  con  la  V.  S.  de  Topinione 
di  stamparli  subito  che  li  havero  ricevuti  in  quella  forma 
de  i6**  como  scrivette.  Et  si  in  altro  pos^a  far  servitio  a 
la  S.  V.  commandandomi,  sero  prompto. 

Il  humilissimo  vostro  servitor 
et  amigo 

C.  Plantinus  '. 


91.  —  Plantin  à  Çayas.  * 

Monsigneur, 

Encores  qu'en  la  faveur  de  V.  R.  S.,  monseigneur  le 
maistre  des  Postes  m'ait,  à  chaicunne  fois  qu'il  m'a  veu, 
offert  de  faire  plaisir,  si  est  ce  que  je  n'ay  pas  osé, 
maintenant  que  j'entends  la  difficulté  des  passages,  le 
charger  du  reste  des  feilles  des  livres  envoyés  par  cy- 
devant  à  Vostredicte  Signeurie,  le  premier  jour  d'octobre 
et  après.  Il  me  suffira  donques  pour  le  présent  d'advertir 
V.  R.  S.  que  j'ay  délivré  au  signeur  Hiérosme  Curiel 
les  6  rames  du  très  fin  papier  de  Francfort,  demandées 
par  vos  dernières,et  que  j'ay  receu  dudict  signeur  Curiel 


1.  Carmina  novem  illustrium  feminarum,,,  et  îyricorum,  Eîepa 
Tyrtai  et  Mimnerni.Bucolica  3ionis  et  Moschi.  Latino  ver  su  a  Laurentio 
Gamhara  expressa,  Cleanthis,  !\Coschionis  aliorumque  fragmenta.  Ex 
hibliotheca  Fulvii  Ursini  %omani,  Plantin,  1568,  in-80. 

2.  Minute  de  la  main  de  Jean  Moretus. 

3.  D'après  la  copie  conservée  aux  archives  de  Simancas,  dont  la 
rédaction  diffère  assez  notablement  de  celle  des  minutes. 


—  205  — 

trois  florins  et  demy  pour  chaicunne  rame  qui  est  en 
somme  21  fl.  et  le  mesme  prix  que  l'achapt  et  la  voie- 
ture  dudict  papier  m'a  cousté  rendu  en  ceste  ville,  ceste 
fois  la  voicture  m'en  ayant  cousté  quelques  patars  plus 
que  je  n'avois  pensé. 

J'ay  aussi,  dès  le  premier  du  mois  d'octobre  dernier 
passé,  délivré  à  monsigneur  le  maistre  des  postes  les 
livres  demandés  par  V.  R.  S.  et  premièrement  respondu 
par  lectres  doubles  aux  vostres,touchant  l'impression  de 
la  Bible  en  quatre  langues,  que  je  ne  demandois  à  rece- 
voir les  6000  ducats  sinon  à  diverses  fois  ;  à  sçavoir, 
premièrement  mille  ducats  et  puis  de  trois  en  trois 
mois  500  ducats  à  la  fois,  selon  que  je  montrerois  la 
continuation  de  la  besongne  et  recevrois  le  papier, 
duquel  aussi  j'ay,  avec  mes  lectres,  envoyé  les  monstres 
et  les  prix  de  chaicunne  à  V.  R.  S,  et  pacqué  mesdictes 
lectres  et  monstres  de  papier  hors  le  pacquet  des  livres, 
de  peur  que,  pour  la  grosseur  des  pacquets,  les  lectres 
n'eussent  par  adventure  esté  retardées. 

Par  le  premier  qui  partira,  j'espère  d'envoyer  à  V.  S. 
le  reste  des  livres  dont,  par  cy-devant,  j'ay  envoyé  les 
commencements  et  avec  icelles  les  commencements  des 
autres  livres  que  j'auray  mis  sous  la  presse.  Cependant 
je  prie  Dieu  qu'il  plaise  nous  conserver  V.  R.  S.'  en  sa 
saincte  grâce  et  moy  en  la  vostre.  D'Anvers,  ce  2  de 
novembre  1567. 

De  V.  R.  S.  le  très  humble  et  très  affectionné  ser- 
viteur. 

C.  Plantin. 


—  2o6  — 
92.  —  Vlantin  au  cardinal  de  Granvelle. 

Très  Illustre  et  Révérendissime  Signeur, 

J'ay  receu  la  copie  et  lectres  du  Signeur  Fulvio 
[Ursino]  qu'il  a  pieu  à  V.  I.  et  R.  Signeurie  de  m'en- 
voyer  et  eusse  incontinent  commencé  à  Timprimer, 
n'eust  esté  que,  ayant  achevé  l'œuvre  dudict  Signeur 
sur  Virgile,  j'ay  commencé  un  autre  livre  qui  est  : 
Observationes  seu  emendationes  varioe  Leopardi  ', 
lequel,  si  je  voy  que  je  ne  puisse  achever  environ  ce 
nouvel  an,  je  le  différeray  pour  commencer  et  poursui- 
vre jusques  à  la  fin  l'impression  de  ceste  copie  receue, 
selon  l'ordonnance  dudict  Signeur  Ursino  et  j'envoyeray 
incontinent  une  espreuve  à  V.  I.  S. 

J'ay  envoyé  la  semaine  passée  2  exemplaires  de 
l'œuvre  sur  Virgile  à  Monsigneur  le  Provost  '  pour  les 
envoyer  à  V  I.  S.  et  maintenant  j'en  délivre  encores  2 
de  Diogenes  Laertius  *  à  Monsigneur  le  maistre  des 
Postes,  suivant  l'ordonnance  de  V.  I.  S.,  laquelle, 
comme  j'espère,  aura  maintenant  receu  pour  le  moins 
l'une  de  mes  deux  lectres  contenantes  la  volonté  que 
j'ay  d'accepter,  à  conditions  équitables,  le  parti  du  Si- 
gneur P.  Manutius,  touchant  le  privilège  du  Bréviaire 
nouveau,  duquel  le   clerc  de  Monsigneur  le   Président 


1 .  PauU  Leopardi  Isembergensis  Furnii,  emendationum  et  misceUaneo- 
rum  libri  viginti.  Tomus  prior,  decera  libros  continens.  Plantin, 
1568,  in-40.  Les  8  premières  feuilles  de  ce  livre  avaient  été  impri- 
mées par  Hubert  Goltzius  à  Bruges.  Plantin  les  acheta,  en  i  $66,  au 
prix  de  36  florins  et  continua  Timpression. 

2.  Max.  Morillon. 

3 .  Laertii  Diogenis  de  Vita  et  moribus  phiîosopJjorum  libri  X  opéra 
Joannis  Samhuci,  Plantin,  iS^^i  in-80. 


—  207  — 

Viglius  *,  estant  venu  de  Bruxelles  vers  moy  pour  me 
payer  quelques  parties  de  livres  et  papiers  pour  mondict 

• 

Signeur  sqn  maistre,  m'a  dict  avoir  entendu  qu'aucuns  ont 
desjà  sollicité  et  sollicitent  encores  f)ar  deçà  le  privilège, 
afin  de  prévenir  tous  autres  ;  mais  que  mondict  Signeur 
le  leur  a  refusé  jusques  à  l'exhibition  de  l'exemplaire 
qu'ils  disent  avoir.  Quant  à  moy,  il  me  sufEroit,  pour- 
veu  que  le  Signeur  Manutius  ne  fust  intéressé,  que  je 
peusse  avoir  la  licence  de  le  pouvoir  imprimer,  sans 
prétendre  qu'un  autre  que  moy  ne  le  puisse  imprimer. 
Car  je  ne  veux  empescher  aucun  de  son  profict,  mais 
bien  désirerois  je  grandement  de  n'estre  frustré  de  pou- 
voir satisfaire  à  plusieurs  de  mes  amis  qui  journellement 
requièrent  les  livres  de  mon  impression  et  m'importunent 
journellement  de  tascher  à [manque  la  fin]. 


93.  —  Vlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Très  Illustre  et  Révérendissime  Signeur, 

Incontinent  avoir  achevé  d'imprimer  l'œuvre  très 
docte  du  Signeur  Fulvio  Ursino,  j'en  ay  faict  relier  2 
exemplaires,  dont  j 'envoyé  l'un  à  Vostre  Illustrissime  et 
Révérendissime  Signeurie,  la  suppliant  très  humblement 
de  l'avoir  pour  aggréable  et  d'excuser  les  fautes  et  la 
nécessité  que  j'ay  eue  de  papier  tel  que  je  l'avois  désiré 

4.  Viglius  (Wiger)  ab  Aytta  de  Zuichem,  né  au  château  de  Barra- 
huys,  près  de  Leeuwarden  en  Frise,  le  19  octobre  1507.  Étudia  le 
droit  et  entra  ensuite  dans  les  ordres.  Il  fut  professeur  de  droit  à 
Bourges,  à  Padoue  et  à  Ingolstadt,  devint  prévôt  de  St  Bavon  à 
Gand,  chancelier  de  la  Toison  d*or,  président  du  Conseil  privé  et  du 
Conseil  d'État.  Il  mourut  le  8  mai  1577. 


—   208   — 

imprimer,  d'autant  que  les  troubles  advenus  m'ont 
frustré  de  la  commodité  paravant  accoustumée.  laquelle, 
grâces  à  Dieu,  j'ay  recouverte  depuis  3  jours  en  çà. 

Il  plaira  aussi  à  V.  I.  et  R.  S.  d'excuser  les  macules 
qui  sont  advenues  pour  avoir  ledict  livre  esté  relié  trop 
fraischement  et  hastivement.  Ce  qui  a  esté  faict  pour  ne 
perdre  l'occasion  de  ceste  poste,  me  persuadant  en  ces 
choses  qu'il  vaut  mieux  faire  tost  ce  qu'on  peut  que 
d'ennuyer  les  personnes  d'une  longue  attente  sous 
espoir  d'une  plus  grande.... 

Quant  à  la  dédicatoire,  personne  de  nous  ne  trou- 
vant bon  de  préposter  leurs  noms  aux  œuvres  d'autruy, 
Messigneurs  Polytes  et  Pighius  m'en  ont,  comme  au 
foible  le  fardeau,  baillé  la  charge,  de  laquelle  je  me  con- 
fesse incapable,  d'autant  que  je  ne  fais  pas  profession 
des  lectres,  mais  seulement  d'estre  l'un  des  clercs  ou 
copieurs  des  gens  sçavants.  Et  pourtant  j'espère  que 
Vostre  Illustrissime  et  Révérendissime  Signeurie,  selon 
sa  grâce  et  bénignité  accoustumée,  ne  prendra  pas  de 
mauvaise  part  que  j'aye  osé  recevoir  ceste  charge  à 
moy  imposée  et  m'en  suis  acquité  selon  la  force  de 
mes  espaules  '.  Ce  qu'entendant,  je  m'en  resjouiray 
grandement  et  mectray  telle  faveur  au  rang  des  bénéfices 
par  moy  receus.  Or,  estimant  bien  que  V.  I.  S.  aura 
receu  pour  le  moins  l'une  de  mes  lectres  responsives 
touchant  l'offre  que  je  fais  de  payer  à  P.  Manutius,  pour 
le  privilège  du  Bréviaire  nouveau,  et  aussi  d'imprimer  le 
Lactantius  recogneu  et  annoté  par  le  S*^  Michael  Tho- 

I.  La  préface  du  Virgilius  de  Fulvius  Ursinus,  en  forme  de  dédi- 
cace au  Cardinal  de  Granvelle ,  est  écrite  par  Plantin.  L'imprimeur 
inséra  également  dans  les  liminaires  un  avant*propos  de  sa  rédaction 
adressé  au  lecteur. 


—  209  — 

masius  et  des  livres  de  Padre  Onoffrio,  avec  offre  de 
recongnoissance,  je  n'en  répéteray  ici  autre  chose,  sinon 
que  je  supplie  de  rechef  à  Vostre  très  Illustre  et  Révé- 
rendissime  Signeurie  m  y  avoir,  comme  avés  coustume, 
pour  recommandé,  et  je  me  tiendray  à  jamais  obligé 
de  prier  Dieu  pour  l'heureuse  prospérité  d'icelle.  D'An- 
vers, ce  22  novembre  1567. 


94.  —  Plantin  à  Çayas. 

Monsigneur  Çayas, 

Me  persuadant  que  Vostre  Magnifique  et  Révérendis- 
sime  Signeurie  aura  maintenant  reçeu  pour  le  moins 
l'une  de  mes  trois  précédentes  contenantes  la  résolution 

* 

que  j'ay  peu  donner  du  coust  du  papier  et  des  Bibles 
entières  es  quatre  langues,  je  n'en  feray  ici  autre  répé- 
tition. Et  sera  ceste  pour  acertener  V.  R.  S.  que  j'ay 
receu  le  livre  de  Monsigneur  le  Docteur  F.  Mena,  mé- 
decin de  Sa  Majesté,  lequel  il  vous  a  pieu  m'envoyer^ 
et  qu'après  avoir  obtenu  le  privilège  de  le  pouvoir  im- 
primer, j'en  envoyeray,  par  le  premier  qui  partira,  une 
espreuve  de  l'œuvre  commencée.  ' 

Cependant  j'envoye  à  V.  R.  S.  les  restes  des  livres 
dont  par  cy-devant  je  luy  ay  envoyé  les  commencements, 
et  davantage  quelques  feilles  d'un  livre  d'exemples  de 
lectres  françoises  que  j'ay  ordonné  pour  la  commodité 
des  pauvres  enfants  qui  n'ont  le  moyen  d'estre  entre- 

I.  Ferdinandi  f^ena,  docioris  et  medici  cuhicuîarii  Thilippi  régis 
Hispaniaratn,  Methodus  febrium  omnium,  Plantin^  1568,111-40. 

14 


—   2IO   — 

tenus  aux  escoles  '.  Pour  auquel  livret  donner  auctorité 
envers  le  vulgaire  (ainsi  que  la  face  et  nom  royal  donne 
valeur  à  la  monnoye),  j'ay  délibéré  de  préposer  quel- 
ques petits  vers,  au  nom  de  la  grandeur  de  nostre 
Prince  très  souverain,  fils  de  Sa  Majesté,  afin  d'induire 
ainsi  peu  à  peu  la  jeunesse  croissante  à  recongnoistre, 
révérer,  admirer  et  aimer  ce  nostre  Prince  souverain, 
héritier  légitime  des  royaumes,  signeuries,  et  qui  plus 
est  des  vertus  héroïques  de  nostre  grandissime  Roy  très 
chrestien  et  très  catholique  et  aux  justes  commande- 
ments duquel,  par  conséquent,  ils  devront  un  jour  fidè- 
lement obéir. 

Or  me  tiens  je  comme  asseuré  que  plusieurs  estime- 
ront, jugeront  et  condamneront  telle  faceon  de  faire, 
d'oser,  comme  ils  diront,  prophaner,  par  impression,  le 
nom  d'un  tel  Prince  en  une  chose  totalement  enfantine. 
A  quoy  je  pourroys,  entre  autres  arguments,  respondre 
que,  si  tels  considéroyent,  à  droict,  combien  il  importe  à 
un  Prince,  pour  le  gouvernement  de  ses  paiis,  comment 
la  pauvre  jeunesse  y  soit  instituée  et  duite,  dès  l'enfance, 
à  aimer,  révérer  et  prester  toute  obéissance  à  ceux  sous 
l'auctorité  desquels  ils  sont  eslevés  et  nourris,  quelle 
chose  y  soit  imprimée  et  quelle  est  pour  l'instruction 
décidée,  ils  trouveroyent,  à  mon  advis,  que  l'instruction 
des  pauvres  enfants,  par  laquelle  on  leur  donne  l'adresse 

I .  P.  Heyns.  ABC  oft  exempîen  om  de  kinderen  hequamélick  te  leertn 
schryven.  Id.  ABC  pour  apprendre  à  escrire  en  françoiSy  Plantin,  1 568, 
in-80  oblong.  Dans  la  lettre  adressée  à  Çayas,  le  15  décembre  1567, 
on  verra  que  Plantin  abandonna  ce  projet  et  n'inséra  pas,  dans  le 
livre  d'écriture,  la  pièce  de  vers  dont  il  parle  ici.  L'ouvrage  ne  ren- 
ferme que  quelques  vers  signés  par  Plantin,  dans  lesquels  il  n'est  fait 
aucune  allusion  au  fils  du  roi.  (Voir  sur  ce  livre  F.  Van  der  Hae- 
GHEN,  Tibîiotheca  'Beîgica,  U,  52.) 


—  211   — 

à  devenir  bon  peuple  et  à  se  contenir  et  contenter  de 
chaicun  son  estât,  ni  le  faict  de  Timprimerie,  par  laquelle 
on  publie  la  doctrine  aux  absens  ou  qui  n'ont  le  moyen 
de  se  trouver  assiduellement  aux  eschoUes,  ne  sont  de 
moindre  importance  pour  la  grandeur  d'un  Prince, 
asseurance,  tranquilité  et  heureuse  prospérité  de  ses 
paiis  et  subjects  que  les  enseignements  des  disciplines 
plus  graves,  ou  le  battement  des  monnoyes  pour  le 
trafEc  public,  ausquelles,  tant  s'en  faut  qu'il  y  ait  celuy 
qui  tourne  à  profanation  ou  vitupère  de  la  majesté  d'un 
prince  que  son  nom  soit  imprimé,  voire  aux  plus  villes 
ou  de  moindre  valeur  que  ceux  mêmes,  qui  s'ingéreroyent 
d'en  faire  autrement,  seroyent  accusables  et  à  bon 
droict  punissables  de  crime  de  laese-maj esté.  Nonobstant 
lesquelles  raisons,  toutesfois  je  n'oserois  pas  entreprendre 
de  faire  telle  chose,  sans  l'appuy  que  je  prends  sur  vostre 
Magnifique  et  Révérende  Signeurie  qu'icelle,  par  sa 
prudence^  m'impétrera  de  Sa  Grandeur  la  grâce  et  faveur 
que  telle  chose  ne  soit  mal  prinse,  ou  bien  m'advertira 
incontinent  que  je  ne  le  face.  A  quoy  j'obéiray  volon- 
tairement et  d'aussi  bon  cueur  que  je  prie  Dieu  conti- 
nuer envers  V.  R.  S.  sa  saincte  faveur  et  grâce,  et  m'en- 
tretenir  en  la  vostre.  D'Anvers,  ce  24  novembre  [1567]. 


—  212  — 

95-  —  Tlantin  à  Ferdinand  !\Cena^  * 

(Il  se  déclare  prêt  à  imprimer  le  livre  du  D^  Ferdinand  Mena.) 

Qarissimo  Doctissîmoque  Viro  Dno  Ferdinando  Mena 
Regias  Majestatis  medico  fîdelissimo  et  Complutensis 
Scholae  primario  Plantinus.  S.  D.  P. 
Quod  vir  ille  doctissimus,  prudentissimus  et  piissimus 
Çayas  me  tantopere  commendavit,  est,  quod  illi  gratias 
quando  referre  non  possum,  habeam  maximas  tibi  vero 
tuisque  similibus,  hoc  est  clarissimis  excellentissimisque 
in  omni  disciplinarum  génère  viris,  perpetuo  devinctum 
et  in  aère  vestro  me  semper  esse  cogitem  et  cognoscam  : 
utrumque  vero  iibenter  faciam  quamdiu  vixero  adnitarque 
sedulo  ne  animi  ingrati  nota  mihi  jure  unquam  inuratur. 
Idque  ut  apud  te  probarem,  libro  tuo'  accepto,  spécimen 
ejus  (etsi  medica  hic  haud  féliciter  distrahantur)  illico 
edere  et  ad  te  mittere  volui,  ne  dilatio  aliquid  de  gratia 
diminueret.  Exemplar  vero  ipsum  Bruxellas,  quod  nobis 
de  quibuscumque  libris  novis  faciendum  est  semper, 
ad  privilegium  impetrandum  misi.  Isthinc  vero  ubi 
recepero,  serio  opus  tuum  aggrediar  et,  Deo  favente, 
ad  finem  usque,  quanta  potero  diligentia  et  fidelitate, 
perducam  et  favore  nostri  Çayae  erga  magistrum,  quod 
aiunt,  postarum  innixus  ad  vos  mittam.  Tuum  vero  erit, 
vir,  clarissime,  nostrum  officium  boni  aequi  consulere  et 
tuum  Plantinum,  quamdiu  non  indignum  judicabis, 
amare.  Vale. 

(Lettre  sans  date,  écrite  sur  un  feuillet  détaché.) 

1 .  Ferdinand  Mena,  médecin  de  Philippe  II  et  professeur  à  l'Uni- 
versité d'Alcala. 

2.  Ferdinandi  Vi^enay  V\€ethodus  febrium  omnium.  Plantin,  1568, 
in-40. 


—  213    — 

96.  —  Plantin  à  Çayas. 

Monsigneur,  Par  mes  dernières,  j'ay  adverti  V.  R.  S. 
que  je  luy  avois,  par  deux  fois,  respondu  aux  siennes 
touchant  le  papier,  dont  aussi  j'ay  envoyé  les  monstres 
et  les  cousts  de  la  Bible  en  4  langues  et  donné  advis  de 
la  réception  du  livre  du  Sig**  Ferdinando  Mena,  lequel 
ayant  commencé  d'imprimer,  j'envoye  ici  la  monstre, 
avec  espoir  de  le  continuer,  parachever  et  envoyer  de 
bref  tout  imprimé,  avec  autres  choses  nouvelles.  J'escri- 
vois  aussi  à  V.  R.  S.  que  j'avois  faict  et  ordonné  quel- 
que livret  d'exemples,  propre  pour  estre  donné  aux  pau- 
vres enfants  qui  ont  bien  le  désir  d'apprendre  à  escrire, 
mais  n'ont  ou  le  temps  ou  la  puissance  de  fréquenter 
les  bonnes  escholes,  devant  lequel  livre  imprimerois 
volontiers  quelques  petits  vers  addressés  à  la  grandeur  de 
nostre  Prince,  fils  aisné  de  la  Majesté  de  nostre  Roy  très 
catholique  et  très  chrestien.  Maintenant,  j'envoye  ici  les 
vers  susdicts,  ainsi  que  je  l'avois  proposé. 

Qjaant  à  la  matière  ou  argument  du  livret,  je  sçay 
que  ce  n'est  pas  chose  qui  soit  digne  ni  correspondante 
à  ce  qui  apartient  à  tel  Prince  ;  mais  aussi,  n'est  pas 
le  métal  ou  plomh  de  vil  prix,  auquel  toutesfois  on 
imprime  bien  la  médaille  des  Roix  pour  le  faire  valoir 
entre  les  hommes  et  s'en  servir,  puis  après,  à  l'achapt  de 
leurs  nécessités  ?  Et  ainsi  est  la  monnoie  estimée,  non 
pour  sa  valeur,  mais  pour  l'auctorité  de  celuy,  au  nom 
duquel  elle  est  battue,  par  son  commandement,  sans 
lequel  tout  est  réputé  pour  faux  et  sont  ceux  dignes  de 
punition  qui  autrement  s'en  meslent.  Et  quant  à  moy, 
j'ay  tousjours  estimé  que  l'institution  de  la  jeunesse 
d'un  paiis  et    tout    ce  qui  en  despend,  comme   sont 


—    214    "~ 

l'escriture,  rimprimerie  et  les  livres,  est  bien  d'autant 
grande  importance,  pour  le  prince,  que  la  monnoye 
mesme  ou  autre  chose  qui  soit.  Et  de  ma  part  j'ay 
tousjours  tasché  de  faire  chose  qui  peust  servir  à  cet 
effect.  Mais,  d'autant  que  je  cognois  l'envie  et  babil  de 
plusieurs  qui  se  pourroyent  moquer  de  moy  d'avoir 
osé  préposer  et  quasi,  comme  ils  vont  dire,  profaner  le 
nom  d'un  tel  prince,  en  choses  si  puériles,  et  aussi  je  ne 
me  sens  capable  de  faire  chose  qui  soit  digne  d'estre  mise 
en  lumière  ne  garantie  sous  telle  authorité,  je  me  suis 
résolu  de  supprimer  ceste  mienne  entreprinse  et  de  don- 
ner simplement  ledict  livret  aux  enfants.  Après  toutesfois 
avoir  envoyé  à  V.  R.  S.  ces  6  exemplaires  desdicts  vers, 
dont  je  n'en  ay  pas  imprimé  davantage  et  ne  les  divul- 
gueray  aucunement,  sans  vostre  exprès  commandement, 
de  peur  qu'en  pensant  auctoriser  mon  livret  de  l'aucto- 
rité  de  tel  nom,  je  n'encourusse  la  maie  grâce  de  plu- 
sieurs et  peut  estre  de  Sa  Grandeur. 

15  décembre  1567.  A.  Cayas. 


97.  —  TIantin  à  Çayas. 

Monsigneur^ 

Depuis  mes  dernières,  avec  lesquelles  j'ay  envoyé  la 
première  feille  du  livre  de  médecine  de  monsigneur  le 
Docteur  Mena  et  quelques  feilles  de  l'Alphabet  que  j'ay 
ordonné  et  imprimé  pour  le  soulagement  des  pauvres 
enfants  qui  n'ont  le  moyen  de  fréquenter  les  bonnes 
eschoUes,  j'ay  achevé  ledict  livret  dont  j'envoye  ici  le 
reste  des  feilles  à  V.  R.  S.,  laquelle  je  supplie  de  pren- 
dre en  gré  ceste  mienne  affection  envers  V.  R.  S.  que 


—   2IS    — 

j'ay  voulu  tcsmoigner  en  la  dédicatoire  de  ce  Martial 
pudique',  lequel  je  renvoyé  des  pais  de  par  deçà  aux 
heureuses  Espagnes  sous  vostre  protection.  Et  enten- 
dant que  tel  mien  office  ne  vous  desplaise,  je  seray 
esguillonné  à  continuer  d'autant  plus  constamment  mon 
labeur  assidu,  que  j'ay  dédié  à  l'honneur  de  Sa  Majesté 
et  à  l'utilité  de  ses  subjects.  J'envoye  aussi  à  V.  S. 
Flores  Bibliorum  '  et  l'entier  Martial  ',  comme  par  son 
premier  aucteur  il  nous  a  esté  forgé,  le  tout  sans  relier, 
d'autant  que  les  ayant  achevés  tous  ce  jourdhuy,  je 
n'ay  eu  le  loisir  de  les  faire  lier,  ce  que  je  feray, 
et  les  envoyeray,  incontinent  après,  encores  une  fois, 
avec  cela  que  j'auray  imprimé  davantage  au  livre  de 
Mons.  le  Docteur  et  achevé  de  nouveau.  Cependant, 
Monsigneur,  etc.  Le  24  décembre  1567. 

Première  feille  de  Mena.  Les  feilles  de  V*Alphabet. 
Mart.  8**.  Id.  i6«.  Flores  Bpbliae].  Colloquia  Sylvii  *. 
Themis  *,  Hortulus  *• 


1.  Falerii  ^arliàUs  Epigrammata  ab  omni  rerum  chscœnitaU  verbo- 
rumque  turpitudine  vinéUcata  opéra  Emundi  oiugerii  5.  /.  Plantia, 
i$68,  in-80.  Ce  livre  fut  dédié  par  Plantîn  à  Çayas. 

2.  Flores  Biblia  a  F,  Tboma  Hihernico  castigaii,  Plantia,  1568, 
in- 160. 

3.  thC.  VàUrii  MartiaJis  Epigrammaton  lihri  XIL  Studio  Hadriani 
JuniL  Plantin,  1568,  in-iô», 

4.  Joannis  Silvii  Diaicgi  et  Cannina,  Plantia,  1568,  in-80. 

5.  Steph.  Pighii  Tfiemis  Dca,  1568,  in-80. 

6.  Hortuitu  anima,  in-ié».  Plantin,  15^7»  iS^^»  etc. 


—   2l6  — 

98.  —  Tlaniin  à  Gilles  "Beys. 

Giles,  J'ay  receu  vos  lettres  et  les  100  Oraisons  funè- 
bres de  feu  Mons'  le  Connestable,  pour  lesquels  j'ay  payé 
1 5  patars  de  port.  Et  nottés  que,  si  vous  eussiés  envoyé 
autant  de  chaicunne  sorte  des  nouveaux  édits  qu'ils 
eussent  esté  moyen  de  recouvrer  le  peu  de  perte  qui 
est  sur  lesdictes  Oraisons  qu'il  [ne]  m'a  esté  possible 
de  vendre  à  plus  de  demy  braspenning  la  pièce,  encores 
a  il  faillu  prier  Waesberghe  et  Keerberghe  *  et  tels  qu'ils 
les  voulussent  faire  porter  à  la  bourse  par  leurs  garsons, 
encores  quelque  20.  Si  aviés  le  moyen  de  nous  envoyer 
quelque  petit  balot  des  sortes  que  voyés  spécifiées  en  ce 
mémoire,  je  le  désirerois  fort  bien.  Vous  y  pourés  advi- 
ser  et  en  faire  comme  pourés  et  adviserés,  et  mesmes 
vous  les  pouvés,  ce  pendant,  amasser  peu  à  peu,  pour 
après  les  envoyer,  quand  l'oportunité  s'y  addonnera. 

Quant  à  moy,  je  vous  envoyeray  aussy  ce  qu'avés 
demandé  et  ce  dont  n'avés  pas  eu,  quant  j'auray  le 
moyen  et  advis  que  les  chemins  soyent  plus  seurs.  J'ay 
entendu  les  piteuses  nouvelles  de  la  prise  de  ce  peu  que 
je  vous  envoyois  avec  les  marchandises  de  Gassen,  ce 
qui  me  fera  penser  deux  fois,  icy  après,  avant  que  d'en- 
voyer rien. 

Si  est  ce  que,  si  j'eusse  envoyé  un  tonneau  ou  ballot, 
où  il  n'y  eust  que  de  mes  livres,  j'entens  qu'il  n'y  eust 
eu  difficulté  à  prendre  pacience.  J'attens  encores  com- 
ment Jehan  Gassen  en  poura  avoir  faict. 

(iuant  aux  tonneaux  envoyés  de  Francfort,  je  les  ay 
délivrés  audit  lieu  de  Francfort  en  la  conduitte  de  Jehan 

I.  Deux  imprimeurs  anversois. 


—   217   '^ 

et  Thibaut  Marlots,  conducteurs  ordinaires  des  mar- 
chandises, tant  d'ici,  de  Lion,  de  Francfort  que  de 
mains  autres  lieux,  places  et  contrées. Parquoy,  j'estime 
que  lesdictes  marchandises  seront  encores  bien  gardées 
et  vous  seront  délivrées,  quant  la  comodité  propre  s'y 
ofirira. 

Michel  Somnius  '  a  rescrit  par  deçà  à  Antoine  Tilens  ' 
pour  avoir  la  copie  de  Quadragesimale  Topiarii  qui 
sera  bien  tost  prest  à  imprimer.  Mais  nous  avions  dès 
long  temps  accordé  ensemble  qu'il  ne  l'envoyeroit 
point  audit  Somnius  pour  en  avoir  par  delà  privilège, 
mais  que  cela  seroit  pour  moy  ;  parquoy  ledit  Antoine 
Tillens  luy  a  mandé  qu'il  en  accorde  par  delà  avec  vous, 
car  je  l'imprimeray  et  vous  l'envoyeray  pour  en  prendre 
le  privilège.  Qjie  si  ledict  Somnius  vous  en  parle,  regar- 
dés de  tascher  à  entretenir  pour  le  moins  paix  avec  luy 
(et  tous  ceux  aussi  que  vous  pourés)  et  pourés  accorder 
ensemble  qu'ayés  vous  deux  le  privilège,  de  sorte  que 
vous  deux  seuls  les  puissiés  vendre,  et,  selon  qu'en 
accorderés,  mandés  le  moy,  et, -par  son  contentement,  je 
mettray  son  nom  et  le  vostre  en  la  première  page,  ou 
en  feray  comment  pour  le  mieux  vous  en  aurés  advisé 
et  conclud  ensemble.  Q)ie  s'il  veut  contexter  et  soutenir 
qu'il  ait  desjà  le  privilège,  vous  luy  pourés  respondre 
qu'il  peut  bien  avoir  le  privilège  de  la  première  copie 
qu'il  a  faict  imprimer,  mais  qu'il  sçait  bien  luy-mesmes 
que  ce  n'est  pas  (si  non  quelque  petite  partie  du  com- 
mencement) dudict  Topiarius,  mais  des  Tables  de  Vel- 
dius,  imprimées  à  Venise,  in-8'',  et  que  cela  ne  peut 


1.  Michel  Sonnius^  imprimeur  à  Paris. 

2.  Imprimeur  anversois. 


—  2l8  — 

préjudicier  à  la  vraye  copie  dudict  Topiarius,  qui 
mesmes  (si  besoing  est  et  fût  ledict  Sonuius  trop  dur  à 
accorder)  en  rcscriroit  à  Mess"  de  la  Téologie,  à  Paris, 
et  à  quiconques  en  seroit  besoing  pour  la  vérification  de 
nostre  droit,  car  nous  luy  payons  bien  raisonnablement 
son  travail  etc.  Pour  conclusion,  il  seroit  bon  que  peus- 
sions  accorder  amiablement  avec  ledict  Somnius  que 
puissiés  vendre  par  delà,  ainsi  comme  luy,  toutes  les 
sortes  dudict  Topiarius.  Et  plus  tost  que  de  n'accorder 
ensemble,  je  luy  promecterois  que  son  nom  y  fust 
seul,  en  la  première  page,  et  point  le  vostre,  ni  le  mien, 
à  telle  condition  aussi  qu'il  vous  baillast  lectre  de  sa 
main,  par  laquelle  il  confessast  qu'ayés  pouvoir  d'en 
vendre  aussi  bien  comme  luy.  Que  s'il  en  veut  avoir 
milleure  seureté,  vous  les  pourés  mesmes  faire  imprimer 
à  Paris,  à  communs  frais  et  despens,  et  en  vendre 
chaicun  sa  part,  ou  autrement,  ainsi  que  verres  bon  par 
ensemble,  à  condition  toutefois  que  l'un  ne  le  poura 
faire  rimprimer  que  l'autre  n'ait  tout  vendu  ses  exem- 
plaires et  duquel  il  sera,  si  bon  luy  semble,  tenu  d'en 
prendre  cependant  à  tel  prix  ou  rabat  qu'ordonne  rés 
réciproquement  l'un  envers  l'autre.  Voilà  mon  ad  vis  : 
auquel  s'il  ne  veut  pas  condescendre,  nous  adviserons 
de  trouver  autre  moyen,  qui  nous  sera  facile,  d'autant 
que  nous  avons  l'aucteur  par  deçà  qui  nous  favorisera. 
Mais  je  prise  beaucoup  paix  et  accord,  et  vaut  mieux 
gagner  moins  en  paix  que  plus  en  fâcherie. 

Ayant  escrit  la  présente  jusques  ici,  j'ay  receu  les 
vostres  du  2  5  du  passé  et  entendu  p^r  icelles  vostre  con- 
tinuation et  bonne  santé,  dont  j'ay  esté  joyeux.  Qiiant  à 
la  vente,  il  me  suffit  pour  le  présent  que  puissiés  vous 
entretenir  et  contenter  un  chaicun,   comme  Balling  et 


^  219  — 

autres.  Or  me  plaisent  fort  les  lettres  ou  cadeaux  receux 
et  jà  imprimées,  ainssy  qu'eussiés  veu,  si  eussiés  peu 
recevoir  ce  qui  a  esté  pillé  auprès  d'Amiens.  Et  pourtant 
que  j'ay  lectres  plus  petites  pour  faire  exemple  et  qu'on 
nie  demande  journellement  desdits  exemplaires,  qui  sont 
de  la  moytié  plus  petit  format,  je  voudrois  fort  bien  que 
me  fassiés  incontinent  pourtraire  encores  nn  alphabet 
complet,  qui  soit  d'un  tiers  moindre  que  celuy  que 
m'avés  faict  faire  et  envoyé  par  cidevant,  à  sçavoir  de  la 
grandeur  de  ce  caré  ici  opposite,  et  ce  le  plust  tost  que 
pourés.  Mesmes  j'en  voudrois  bien  aussi  un  après  (mais 
avec  comodité  et  sans  hâte)  aussi  petit  comme  le  petit 
carré  qui  est  dans  le  plus  grand  ici  opposite,  et  peu  à 
peu  faictes  continuer  l'accomplissement  des  figures  du 
Nouveau  Testament  par  cy-devant  de  long  tems  spéci- 
fiées. Et  le  tout  avec  commodité  et  par  devant  toutes 
choses  lesdicts  cadeaux,  de  la  forme  du  plus  grand  carré, 
ici  tiré  à  l'opposite  de  ce-feillet  '. 

I.  La  minute  de  cette  lettre  se  trouve  écrite  sur  une  feuille  volante» 
sans  date.  Nous  savons  cependant  qu'elle  a  été  expédiée  en  1567.  En 
effet,  Gilles  Beys  se  rendit  i  Paris  au  commencement  de  cette  année, 
et  les  Conckmes  in  Evan^elia  et  epistolas  per  D,  jEgidium  Topiarium 
(pars  hiemalis),  de  1568,  portent  à  la  fin  l'indication:  Excudebat 
Antverpi»  Christophonis  Plantinus,  mense  Augusto,  M.  D.  LXVII. 
Cest  donc  avant  cette  dernière  date  que  la  lettre  doit  avoir  été  écrite. 
En  1 569,  Plantin  publia  de  nouveau  les  Conçûmes  Topiarii  ;  une 
partie  de  cette  dernière  édition  porte  l'adresse  :  Antverpiae,  Apud 
Antonium  Tylenium  Brechtanum. 


—  220   — 

99*  —  PldfUin  au  Cardinal  de  Graf ruelle. 

Très  Illustre  et  Révérendissime  Signeur. 

Puisque,  de  la  grande  libéralité  de  Vostre  Illustrissime 
et  Révérendissime  Signeurie,  j'apperçoy  tant  de  bien- 
faicts  m'estre  procurés  et  faicts,  qu'impossible  me 
seroit  de  pouvoir  jamais  satisfaire  au  moindre  d'iceux, 
j'estime  que  c'est  mien  oflSce  de  m'employer  à  les  faire 
valoir  et  recoignoistre  tousjours  d'où  je  les  auray  receus. 
En  quoy,  je  tascheray,  toute  ma  vie,  à  faire  tel  devoir 
que  je  ne  pourray  cstre  accusé  que  d'impuissance.  Car 
je  me  sens  foible  et  n'est  pas  le  succès  en  mon  pouvoir. 
Mais^quant  à  la  volonté  avec  un  diligent  labeur  et  ferme 
constance  en  un  cueur  léal  et  bien  affectionné,  j'espère 
qu'ils  ne  me  défaudront,  et  que,  par  conséquent,  jamais 
défiance,  ingratitude,  ne  paresse  ne  me  saisiront. 

Je  n'ay  pas  eu  autres  lectres  d'Espagne,  depuis  les 
miennes  à  V.  I.  S.,  et  crains  bien  que  les  affaires  plus 
pressantes  retarderont  l'entreprinse  de  l'impression  de 
la  Bible  en  4  langues. 

J'ay  receu  les  lectres  du  S^  P.  Manutius,par  lesquelles 
il  m'escrit  sa  compagnie  et  luy  aussy  accepter  mon 
offre  de  la  disme  touchant  les  Bréviaires,  dont  je  suis 
joyeux  et  tiens  ce  bienfaict  de  Vostre  Illustrissime 
Signeurie,  suivant  l'ordonnance  de  laquelle  j'ay  ici 
passé  procuration  au  nom  de  Monsigneur  Renobert  de 
Malpas,  chantre  de  Malines,  et,  quant  à  mon  intention, 
elle  est  purement  et  simplement  que  ledict  Manutius  et 
compagnons  me  donnent  privilège' ratifié  de  Sa  Saincteté, 
suivant  lequel  je  puisse  seul  imprimer  les  Bréviaires 
nouveaux,  en  tous  les  paiis  de  par  deçà,  subjects  à  la 
Majesté  de  nostre  Roy  (car  Manutius  me  rescrit  seule- 


—   221    — 

ment  de  Flandres,  en  quoy  j'estime  bien  qu'il  s'abuse,  à 
la  mode  des  François  aussi  qui  appellent  Flamengs  tous 
les  habitans  ou  natifs  des  paiis  ou  terres  de  par  deçà 
obéissants  à  nostre  Roy  très  catholique),  et  en  ce  fai- 
sant que  je  sois  obligé  de  donner  la  disme  de  chaicunne 
impression  que  je  feray  desdicts  Bréviaires  (ou  autres 
livres  dont  ils  me  donneront  tel  privilège),  en  quelque 
forme  et  charractères  que  je  les  auray  imprimés,  et  de 
livrer  ici  ladicte  disme  ou  dixiesme  partie,  à  sçavoir, 
pour  chaicun  mille,  un  cent  exemplaires  complets  et 
collationnés  et  empacquétés  ou  emballés,  à  qui  ledict 
Manutius  et  compagnons  l'ordonneront  en  ceste  ville, 
pour  d'ici  les  faire  conduire,  à  leurs  despens,  hors  des 
paiis  de  par  deçà,  où  bon  leur  semblera,  sans  que  ledict 
Manutius  ou  compagnons,ni  autres  soyent,en  ce  faisant, 
subjects  de  payer  autre  chose  pour  lesdicts  exemplaires 
que  les  frais  des  emballages  et  port  où  il  leur  plaira  les 
envoyer,  hors  desdicts  paiis  de  par  deçà.  A  quoy  aussi 
ils  devront  s'obliger,  ainsi  que  la  raison  le  veut,  ce  que 
je  requiers,  non  tant  pour  éviter  l'empeschement  de  la 
vente  que  je  pourrois  faire  de  cent  exemplaires  plus, 
comme  divers  autres  inconvénients  qui  pourroyent  s'en 
ensuivre,  sous  couleur  de  telle  vente  qui  s'en  devroit 
faire  par  autruy.  Et  ce  à  peine  que  celuy  qui  aura  con- 
trevenu à  ceste  convention  soit  tenu  de  payer  cent 
escus  d'amende  pour  chaicunne  fois,  la  moictié  applica- 
ble au  proffict  des  pauvres,  et  l'autre  de  la  partie  inté- 
ressée. Et  le  tout  sans  fraude  ne  malengin  quelquon- 
ques. 

J'estime  que  V.  I.  S.  aura  maintenant  receu  le  livre 
de  Fulvio  Ursinio  sur  Virgile,  et  entendu  que  j'ay  receu 
l'autre  œuvre  des  fragments  grecs,lequel  je  ne  puis  faire 


—   222   — 

venir  à  propos  d'imprimer,  si  tost  que  ledict  Signeur 
Ursinius  le  désireroit  et  moy  aussi,  d'autant  que  j'avois 
desjà  fourni  la  presse  d'autre  besongne,  mais  inconti- 
nent avoir  achevé  quelque  œuvre,  que  j'espère  .sera 
devant  un  mois,  je  ne  faudray  à  commencer  ladicte 
œuvre  et  à  continuer,  Dieu  aidant,  jusques  à  la  fin. 

J'envoye  Aristenetus  par  moy  imprimé  \  Je  n'ay 
point  imprimé  Commentaria  Caesaris.  Vray  est  que, 
passé  3  ans,  j'avois  prié  plusieurs  personnages  doctes  de 
me  donner  leurs  observations  sur  ledict  aucteur  et  avois 
obtenu  quelques  corrections  et  aussi  quelques  exemplai- 
res escrits  à  la  main  et  le  tout  livré  à  un  jeune  homme 
docte  nommé  Obertus  Gifanius  (duquel  j'ay  imprimé  le 
Lucretius,  amendé  après  l'édition  de  Dionys.  Lambinus), 
pour  lors  demeurant  en  ceste  ville,  pour  conférer  le  tout 
et  le  mectre  en  ordre  pour  l'imprimer.  Mais  depuis,  il 
receut  la  charge  d'instituer  les  enfants  de  feu  Monsi- 
gneur  Haller  qu'il  mena  en  France,  et  depuis  il  a  pris 
autre  condition  de  Monsigneur  de  Foix.  ambassadeur 
pour  le  roy  de  France  à  Venise,  là  où  maintenant  il 
est,  et  d'où  il  me  rescrit  du  19  novembre,  s'estre  remis 
à  besongner  audict  Caesar,  Justinus,  Suetonius  et  autres 
tels  qu'il  m'envoyera  ou  apportera  plustost  que  je  ne 
pense.  Mais,  voiant  telles  longueurs,  je  l'ay  commencé 
en  la  forme  dont  j'envoye  ici  4  cahiers  pour  monstre. 
Nonobstant  quoy,   je  ne  laisserois  à  l'imprimer   in  8**^ 

lorsque  j'auray  receu  autre  meilleure  copie.  ' 
(Fin  décembre  1567,  ou  commencement  janvier  i$68^. 


1.  %.irisUfueti  epistoht  erolica.  Plantin,  1566,  in-40. 

2.  C.  JuUi  Casaris  Commentant  ex  hihliotheca  Fulvii  Ursini.  Plan- 
tin,  1570,  in-80.  La  publication  du  Casar  plantinien  eut  à  subir  plus 


—  22}    — 

100.  —  Plantin  à  Çayas. 
Monsigneur, 

Voici  que  j'envoye  à  V.  R.  S.  2  exemplaires  du 
Martial  *  par  moy  ordonné  aux  enfants  sous  Tauctorité 
de  vostre  nom,  suppliant  qu'il  luy  plaise,  pour  estraines 
de  ceste  nouvelle  année,  recevoir  ce  mien  petit  office 
d'aussi  bonne  part  qu'avés  de  coustume  et  que  mon 
affection  est  addonnée  à  s'employer  pour  vostre  service, 
si  en  quelque  chose  je  suis  trouvé  n'en  estre  indigne 

Suivant  aussi  l'ordonnance  de  V.  R.  S.,  j'envoye  ici 
Flores  Bibliorum  et  Martial  lé*»,  que  j'ay  achevés  depuis 
mes  dernières  lectres,  avec  lesquelles  j'ay  envoyé 
l'A. B.C.  pour  apprendre  les  enfants,  dont  j'en  envoyé 
encores  ici  pour  en  faire  ce  qu'il  plaira  à  V.  R.  S. 

Par  le  premier,  j'envoyray  ce  qui  sera  davantage 
achevé  et  avec  cela  les  feilles  aussi  du  livre  de  Monsieur 
le  docteur  de  Mena,  duquel  j'envoye  aussi  maintenant 
ce  que  j'en  ay  imprimé  (A.B.C.D.E.F.G.H.),  suppliant 
qu'il  veuille  prendre  en  bonne  part  mon  petit  service  et 
m'advertir  des  fautes  qu'il  y  trouvera  et  de  tout  ce  qui 
luy  pourra  desplaire  afin  que,  si  possible  sera,  je  le 
puisse  amender. 

Qpi  sera  l'endroict  où,  prérentant  mes  humbles 
recommandations  à  la  bonne  grâce  de  V.  R.  S  ,  je  prie 


de  retards  que  celle  de  n*importe  quel  autre  de  ses  classiques.  Déjà 
au  mois  de  juin  1564,  Plantin  avait  fait  tailler  par  Corn.  Muller 
cinq  figures  pour  cette  édition;  en  1566,  il  fit  transcrire  par  Antoine 
Tiron  des  annotations  sur  César.  En  mai  1568,  il  reçut  les  anno- 
tations de  Fulvius  Ursinus,  mais  l'ouvrage  ne  parut  qu'en  février  1 570. 
I.  Valerii  ^artidis  Epigrammata,  opéra  Emundi  %Atigerii  S,  J. 
Plantin,  X56S,  in-80. 


—  224  — 

Dieu  luy  donner  heureuse  année  et   autant  prospère, 
comme  son  humanité  le  mérite. 
D'Anvers,  ce  12  janvier  1568. 


10 1.  —  'Plantin  à  Fulvius  Ur sinus. 

Signeur  très  magnifique. 

Je  suis  très  joyeux  et  vous  remercie  très  grandement 
de  ce  qu'il  vous  plaist  prendre  en  bonne  part  nostre 
diligence,  chose  aussi  qui  me  donne  un  vray  esguillon 
de  tascher  à  faire  encores  plus  doresenavant,  de  quoy 
j'espère,  de  bref,  vous  faire  voir  l'expérience  en  l'impres  ' 
sion  des  fragments  que,  passé  quelques  semaines,  j'ay 
receus  de  V.  S.,  par  le  moyen  de  l'IUustriss.  et  Révé- 
rendiss.  S.  de  Monsigneur  le  Cardinal  de  Granvelle.  Je 
ne  faudray  de  faire  incontinent  tailler  l'efEgie  de  Sappho 
pour  l'imprimer  ainsi  que  l'ordonnés  par  la  vostre.  ' 

Quant  au  César  et  fragments  d'iceluy,  dont  vous 
m'escrivés,  en  me  les  offrants  de  vostre  grâce,  soyés 
asseuré,  Monsigneur,  que  je  ne  receu  oncques  nouvelles 
qui  me  fussent  plus  aggréables,  car  il  y  a  plus  de  10 
ans  que  j'ay  souhaitté  telle  chose  et  prié  divers  miens 
amis,  gens  doctes  de  m'y  vouloir  prester  leur  diligence, 
ce  que  plusieurs  m'ont  bien  promis,  mais  nuUuy  ne 
m'y  [a]  encores  satisfaict  jusques  à  maintenant.  Et  pour- 
tant, Monsigneur,  je  vous  supplie  très  affectueusement 
qu'il  vous  plaise  m'enrichir  de  ce  vostre  thrésor,  lequel 
je  vous  promects,  avec  l'aide  de  Dieu,    de  faire   telle- 

I.  Livre  des  ouvriers  de  Tîantin.  15  juin  1568.  A  Antoine  Van 
Leest  2  médailles  de  Sapho  fl.  o  •-*  s.  14. 


—  225   — 

ment  multiplier  qu'avec  vostre  honneur  un  chaicun  en 
pourra  jouir,  tout  au  plus  tost  et  au  mieux  pour  la 
commodité  des  gens  de  lectres,  qu'il  me  sera  possible. 
Au  reste,  Monsigneur,  je  vous  supplie  que,s'il  est  chose 
en  quoy  je  vous  puisse  faire  quelque  service,  de  me  le 
vouloir  commander,  et  je  mectray  peine  de  n'estre 
jamais  veu  paresseux  à  vous  obéir,  ne  ingrat  de  tant  de 
bien  que  me  voulés  et  offres. 

Par  le  premier  qu'il  me  sera  possible,  j'envoyerai  à 
Vostre  Signeurie  l'exemplaire  net  et  relié  que  désirés 
pour  Monsigneur  le  Cardinal  Famèse.  Je  suis  aussi 
joyeux  et  vous  remercie  grandement  de  ce  qu'il  vous  a 
pieu  me  faire  aussi  ce  bien  de  faire  traduire  les  frag- 
ments de  Moscho  et  Bione,  et  principalement  par  le 
Signeur  Lorenzo  Gambara,  duquel  j'ai  receu  les  Nautica  * 
que  m'avés  envoyés,  qui  plaisent  merveilleusement  aux 
doctes  de  par  deçà,  à  qui  je  les  ay  communiqués.  Et  ne 
faudray  aussi.  Dieu  aidant,  à  les  imprimer  après  les 
fragments  grecs.  Parquoy  vous  pourrés  ordonner  telle- 
ment le  tiltre  des  fragments  grecs  que  je  dois  envoyer 
pour  la  première  feille,avec  la  dédicatoire,que  les  lecteurs 
entendent  que  ladicte  traduction  y  sera  joincte.  Nonob- 
stant quoy,  si  bon  vous  semble,  j'imprimeray  tellement 
ladicte  traduction  qu'elle  se  puisse  diviser  de  l'œuvre 
grecque.  Bref,  je  suis  délibéré  d'en  faire  ainsi  qu'il 
plaira  d'en  ordonner  à  Vostre  très  Magnifique  Signeurie, 

I.  Les  Nautica  font  partie  de  Laurentii  Gambara  Brixiani  Poemata 
publiés  par  Plantin  en  :  569.  Laurent  Gambara,  prêtre  et  poète  latin, 
était  né  à  Brescia  en  1496  et  mourut  â  Rome  en  1586.  Plantin  publia 
de  lui  la  traduction  de  Moschus  et  de  Bion  dans  le  recueil  de  Fui- 
vius  Ursinus,  Carmina  novem  ilîustrium  feminarum  (1 568),  ses  Poemata 
(x569),ses  Precationesad  T>eum(i$y2)ei  Rerum  sacrarum  liber (l'y'j'j), 

15 


—  226  — 

à  laquelle  je  me  recommande  et  prie  Dieu  la  vouloir 
conserver  à  son  honneur  et  au  proffict  de  nous  tous  qui 
désirons  l'advancement  des  estudes  libérales.  D'Anvers, 
ce  23  (janvier  1568]. 


102.  —  Plantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Très  Illustre  et  Révérendissime  Signeur, 

J'ay  esté  fort  esjouy  d'entendre  la  continuation  des 
promesses  de  Monsigneur  le  Docteur  Thomasius,  tou- 
chant Lactance,  et  de  l'entreprinse  de  Monsigneur  Onof- 
frio,  auquel  je  souhaitte  telle  assistence  que  son  travail 
et  l'œuvre  le  mérite,  mais  surtout  de  ce  que  V.  I.  et 
R.  S.  faict  conférer  la  Bible  grecque,  d'autant  que  nous 
avons  par  cy-devant  esprouvé  la  grande  variété  et  fautes 
de  celles  de  Basle  d'avec  celles  de  G>mplute,  chose  qui 
nous  a  faia  laisser  de  l'imprimer.  Car,  quant  première- 
ment j'entreprins  les  Bibles  en  hébreu,  que  j'ay  ache- 
vées, passé  un  an  *,  j'avois  aussi  délibéré  et  commencé 
d'imprimer  les  livres  qui  ne  sont  en  hébreu,  affin  de 
donner  ainsi  les  Bibles  entières  en  leur  langue  primitive, 
et  de  faict,  avois  desjà  poursuivi  autant  de  feilles  comme 
j'en  envoyé  ici  à  V.  R.  et  111.  S.  pour  luy  faire  foy  de 
mon  dire  *,  mais,  craignant  telles  variétés,  je  désistay  in- 
continent, en  attendant  autre  milleure  occasion,  laquelle, 
comme  j'espère,   nous  sera  donnée  maintenant  par  ce 

X.  *Bibliahehratca,Fluïdn^  1566,  i  vol.  in-40;  Idem,  2  vol.  in-8o; 
Idetttf  4  vol.  in- 16*. 

2.  Le  9  juin  1566,  on  avait  imprimé  les  feuilles  A,  B  et  C  de 
^ihliorum pars ^raca,  in-40;  le  16  juin,  la  feuille  D  était  achevée. 
C'est  tout  ce  qui  fut  tiré  de  cet  ouvrage. 


—  237  — 

vostre  moyen  pour  en  enrichir  ceste  tant  nécessaire 
Bible  en  quatre  langues,  de  l'impression  de  laquelle  je 
ne  désespère  aucunnement. 

Cejourdhuy  aussi,  Mons'  le  docteur  Clemens,  anglois, 
jadis  médecin  de  feu  de  bonne  mémoire  la  très  catho- 
lique reine  d'Angleterre,  m'a  rescrit  de  Berghes,  où  il 
se  tient  en  volontaire  exil,  ainsi  que  plusieurs  autres 
bons  et  catoliques  personnages  Anglois,  et  envoyé  ung 
catalogue  de  quelques  livres  rares  en  grec,  entre 
lesquels  il  dict  avoir  une  partie  de  la  Bible  grecque 
jusques  aux  livres  des  Roix,  qui  est  très  ancienne  et 
beaucoup  différente  de  celles  qui  sont  imprimées.  Je 
tascheray  de  l'avoir,  pour  la  faire  conférer  à  celles  que 
j'ay  tant  de  Complute  que  de  Aldus  Manutius  Romanus 
et  Basle. 

Je  suivray,  par  cy-après,  l'ordonnance  de  V.  R.  S.  en 
tout  ce  que  j'imprimeray  qui  soit  de  quelque  importance, 
et  me  desplaist  bien  que  je  n'en  ay  esté  adverti,  avant 
que  d'avoir  commencé  Summa  Sancti  Thomae,  dont 
j'avois  desjà  achevé  trois  feilles,  non  toutesfois  sans  en 
faire  quelque  petit  nombre  de  milleur  ou  plus  blanc 
papier  que  le  reste. 

J'ay  aussi  délivré  à  Mons'  Polytes  '  une  Bible  de  mon 
impression  in-4®,  laquelle  j'ay  bien  faict  laver,  battre  et 
relier,  suivant  l'ordonnance  de  V.  R.  S.,  à  laquelle 
j'envoye  quelques  feilles  imprimées  du  livre  d'Eunapius 
en  grec  ',  et  quelques  feilles  aussi  de  la  traduction 
d'iceluy  faicte  par  le  Sig**  Had.  Junius,  qui  estant  ce- 

X.  PoljTtes  ^  Joachim  Borger,  greffier  de  la  ville  d*Ânvers. 

2.  Eunapius  Sardimus^  de  Fitis  phihsophorum  :  nunc  primum 
graece  et  latine  editus,  interprète  Hadriano  Junio  Homano.  Plantin^ 
1568,  in-So. 


—  228  — 

jourd'huy  en  nostre  boutique  et  entendant  la  grande 
piété  et  diligence  de  Sa  Saincteté  à  faire  contenir  chai- 
cun  en  son  devoir,  s'est  mis  à  faire  ces  petits  vers  ex- 
tempore,  lesquels  escrits  de  sa  main,  j'ay  enclos  en  la 
présente  espérant  qu'ils  ne  desplairoyent  à  V.  R.  S. 

J'ay  aussi  commencé  à  imprimer  l'œuvre  du  Signeur 
Johannes  Goropius  Becanus,  traictant  des  antiquités  ou 
origines  de  ces  paiis  ici  *  et  de  plusieurs  autres,  en  quoy 
il  tasche  à  démonstrer  maintes  choses  avoir  esté  mal 
entendues  et  traictées  par  divers  historiographes,  faute 
d'entendre  l'énergie  et  étymologie  ou  vraye  signification 
des  noms  des  paiis,  lieux  et  places  dont  ils  ont  voulu 
traicter,  œuvre  qui,  à  mon  advis,  sera  bien  philosophic- 
que,  mais  jugée  paradoxique  de  la  plus  grande  part  de 
ceux  qui  n'entendront  pas  la  propriété  des  mots  de  la 
langue  vulgaire  de  ces  paiis  ici. 

J'imprime  aussi  Florum  et  coronariarum  herbarum 
historia  Remberti  Dodonaei  ',  avec  les  figures,  lequel 
j'espère  achever  dedans  3  semaines,  et,  dedans  15  jours, 
le  livre  de  Variarum  lectionum  Leopardi,  lequel  j'avois 
commencé  avant  que  de  recevoir  les  fragments  poétiques 
de  Mons'  Fulvio  Ursino,  lesquels  j'ay  délibéré  de  faire 
succéder  au  susdict  et  en  envoyeray  incontinent  quelques 
feilles  à  V.  I.  et  R.  Sîgneurie,  laquelle  je  supplie  à 
Dieu  vous  vouloir  conserver  à  son  honneur  et  gloire  et 
à  l'advancement  du  bien  public  et  du  nostre.  D'Anvers, 
ce  29  janvier  1568. 

1.  Joan»  Goropi  Becani  Origines  %Antwtrpiana.  Pkntin,  1569.  in-f^. 

2.  Plantin,  1568,  in-80.  L'ouvrage  renfermait  107  figures  dessinées 
par  Pierre  Van  der  Borcht,  gravées  par  Arnaud  Nicolaî  et  Gérard 
Janssen  van  Kampen. 


-r  229  — 

103.  —  Tlantin  au  Cardinal  de  Granvdle. 

Très  Illustre  et  Révérendissîme  Signeur, 

n  me  desplaist  maintenant  que  je  ne  désistay  de  Tim- 
pressîon  commencée  du  livre  de  Variarum  Leopardi, 
auquel  estoyent  empeschés  les  lectres  propres  pour  com- 
mencer et  poursuivre  celle  des  Fragments  poétiques  du 
Sig'  Fulvio  Ursino,  puisque  en  cela  j'eusse  peu  luy  faire 
service  et  aux  gens  doctes  de  par  delà.  Parquoy  je  feray 
toute  diligence  possible  de  les  commencer  et  en  envoyer 
la  monstre  à  V.  I.  S.  dedans  12  jours  au  plus  tard. 
Qjiant  est  d'Eunapius,  le  Signeur  Pighius  nous  avoit 
par  cy-devant  rescrit  qu'il  n'estoit  point  en  la  librairie 
de  V.  I.  S.  à  Brusselles,  parquoy  le  commenceasmes 
incontinent,  tant  en  grec  qu'en  latin,  ainsi  que  V.  1.  S. 
pourra  veoir  par  les  feilles  envoyées  avec  mes  précé- 
dentes. 

Je  remercie  très  humblement  V,  I.  S.  de  sa  libéralité 
et  facilité  de  l'avoir  voulu  faire  communiquer  à  Junius 
et  principalement  aussi  de  l'espoir  qu'il  luy  plaist  me 
donner  de  son  retour  par  deçà,  que  je  supplie  à  Dieu 
vouloir  estre  de  bref  et  en  toute  bonne  prospérité. 

Qjiant  au  tiltre  de  Summa  Sancti  Thomae,  je  suis 
très  joyeux  et  remercie  très  humblement  V.  I.  S.  de 
l'advertissement  qu'il  a  pieu  de  m'en  donner,  lequel  je 
suivray  totallement  en  imprimant  la  première  feille  que 
j'ay  restrouvée  pour  l'imprimer  après  le  reste  de  toute 
l'œuvre,  laquelle  j'avois  desjà  commencée,  avant  que 
d'avoir  receu  l'advertissement  d'en  faire  trois  exemplaires 
du  milleur  papier. 

Je  suis  très  joyeux  que  la  récognition  de  la  Bible 
grecque  se  poursuive  et  prie  à  Dieu,   qu'au   proffict  de 


—  230  — 

toute  la  chrestienté  et  à  Thonneur  de  nostre  Roy  très 
cathollcque,  la  Bible  en  4  langues  se  puisse  mectre  en 
œuvre,  suivant  Tespoir  qui  m'en  a  été  donné  par  cy- 
devant. 

Qjiant  aux  Bréviaires,  j'espère  que  V.  I.  S.  aura 
maintenant  receu  ma  response  d'accord  et  procuration, 
parquoy  je  n'en  feray  ici  autre  réitération.  Et  suivant 
l'exhortation  de  V.  1.  S.  et  me  confiant  qu'en  la  vérité 
et  asseurance  du  bon  chemin,  que  je  suis  résolu  de 
suivre  toute  ma  vie,  V.  1.  S.  et  tels  congnoistront 
facilement  de  quelle  rage  envieuse  pourroyent  procéder 
les  calumnies  des  malveillants,  j'ay  proposé  de  ne  m'en 
soucier  doresnavant;  mais,  au  contraire,  d'en  redoubler 
le  courage  à  poursuivre  d'autant  plus  vertueusement  le 
bon  chemin  encommencé.  En  priant  Dieu  pour  la  con- 
servation et  augmentation  de  l'auctorité  de  V.  I.  S. 
D'Anvers,  ce  5  febvrier  1568. 


104.  —  Tlantin  à  ^Arnold  ^erckman. 

Signeur  M*  Arnold  Birckman,  Geste  sera  pour  vous 
supplier  qu'il  vous  plaise  vous  recorder  comment,  passant 
par  G)logne  pour  aler  à  Francfort,  le  quaresme  passé, 
je  m'addressay  vers  vous,  en  vostre  logis,  là  où  nous 
pourmenant  en  un  petit  poelle  bas,  après  plusieurs  et 
divers  propos  touchant  l'impression  et  vente  de  livres 
etc.,  nous  vinsmes  finablement  à  parler  de  nos  comptes 
passés  en  ceste  ville  entre  vostre  frère  M.  GeoflFroy  et 
moy,  desquels  nous  estions  d'accord,  que  j'attendrois  un 
an  le  payement  de  ce  qui  m'estoit  deu  de  reste  par  les- 
dicts  comptes,  et  ce  pour  la  pareille,  quand  aussi  je  vous 


—  231  — 

devrois,  ce  que  vous  accordastes  aussi.  Après  quoy,  je 
me  mis  à  vous  dire  ces  mots  ou  semblables  en  substance  : 
Or  bieriy  quand  aux  comptes  passés  y  ils  demeureront  ainsi  en 
leur  entier  et  ferons  ainsi  doresnavant  tous  les  six  mois. 
Maintenant  je  vous  demande  (car  je  sçay  bien  que  vous  avis 
le  moyen  bon  et  commode  pour  vous  envers  Mess,  de  Basle) 
s'il  vous  viendroit  bien  à  propos  et  me  voudrois  faire  le 
plaisir  que  je  prinse  quelques  livres  des  Froben,  Episcopius^ 
Hervagius,  H.  Pétri  '  etc.,  sur  vostre  compte,  à  ceste  foire  à 
Francfort  pour  lesquels  vous  prinsiis  ou  fissOs  prendre  telles 
sortes  de  moy  qu'il  vous  plairoit.  A  quoy  vous  me  deman- 
distes,  pour  quelle  somme  ou  environ  j'en  voudrois  bien 
prendre  ainsi.  Sur  quoy  je  respondis  :  Pour  quelque  deux 
ou  trois  cens  florins^  ce  que  vous  me  accordastes  alors. 

Et  depuis  encores,  estant  à  Francfort,  à  la  raesme 
foire,  je  vous  demanday  encores  la  mesme  chose, 
laquelle  aussi  vous  m'accordastes.  Suivant  lesquels  pro- 
pos et  accord,  je  prins  aussi  les  livres  dont,  à  la  fin  de  la 
foire,  nous  accordasmes  ensemble,  et,  après  la  conclusion 
de  nosdicts  comptes,  j'escrivis  dedans  mon  livre  de 
ladicte  foire  nostre  conclusion,  adjouxtant  que  je  vous 
devois  bailer  en  paiement  tels  livres  de  mon  impression 
qu'il  vous  plairoit  prendre  ou  faire  prendre,  en  vous 
rabattant  vingt  pour  cent. 

De  cecy  je  vous  supplie  de  rechef  vous  souvenir  à  la 
vérité  et  m'en  rescrire  un  petit  mot,d'autant  que  vostre- 
dict  frère,  M*  Geoffroy  maintient  que  je  prins  lesdicts 
livres  sur  le  compte  passé  et  non  sur  l'advenir,  chose 
que  je  m'asseure  bien  que  sçavés  (s'il  vous  en  souvient) 
estre  autrement,   ainsi   que   dès  lors  aussi   je   l'escrivi 

I.  Tous  les  quatre  imprimeurs  à  Bâle. 


•^  232  5=* 

dedans  mon  livre  de  ladictè  foire,  ce  que  je  ne  voudrois 
faire  autrement,  pour  ma  vie,  au  préjudice  d'autruy.  Et 
de  faict,  je  serois  trop  impudent,  effronté  et  hors  de  sens 
d'entreprendre  telle  chose  contre  ce  que  j'aurois  accordé, 
et  que  ma  conscience  me  jugeroit,  et  ce  d'autant  plus 
que  j'ay  affaire  à  gens  raisonnables  et  vivans.  Nonob- 
stant quoy,  si  vous  estiés  intéressé,  je  ne  voudrois 
laisser  de  vous  recompenser  et  faire  ainsi  que  par  raison 
vous  sçavés  bien  juger.  Mais  je  désire  sur  tout  que  la 
vérité  soit  recongneue.  Parquoy  je  désire  et  vous  supplie 
de  m'en  escrire  un  petit  mot.  Et  s'il  est  chose  en  quoy 
je  vous  puisse  faire  aucun  service  ou  à  qui  que  ce  soit 
en  vostre  nom  et  faveur,  me  le  commandant,  vous  me 
trouvères  prompt  et  prest  de  vous  obéir  d'aussi  bon 
cueur  que,  me  recommandant  à  vostre  bonne  grâce,  je 
prie  Dieu  vous  augmenter  les  siennes.  D'Anvers,  ce  13 
febvrier  1568. 

105.  —•  PlatUin  à  Arias  MorUanus.  * 
1568,  14  febvrier. 

A  Monsigneur 

Le  13  du  présent,  j'ay,  avec  les  lectres  de  Monsi- 
gneur  Çayas,  receu  aussi  celles  de  Vostre  Signeurie 

I.  Benoît  Arias  Montanus  naquit  en  1527  à  Fregenal  de  la  Sierra, 
près  de  Sévilie.  Son  nom  de  famille  était  Arias  ;  il  prit  le  surnom  de 
Montanus  en  mémoire  de  son  lieu  de  naissance  (Sierra  s.  Montagne). 
Il  étudia  à  Sévilie  et  à  Alcala.  Le  5  mai  1560,  il  prit  l'habit  de  Tor- 
dre militaire  de  S<  Jacques,  et  en  1562,  il  accompagna  au  Concile  de 
Trente  Tévôque  de  Ségovie.  Le  21  février  1 566,  Philippe  II  le  nomma 
son  chapelain.  Le  31  mars  1568,  le  roi  Tenvoya  à  Anvers  pour  y 
diriger  la  correction  de  la  Bible  royale  ou  polyglotte.  H  y  arriva  le 


—  233  — 

escrites  en  Madrid,  le  22  décembre,  et  n'en  ay  pas  re- 
ceu  d'autres  par  cy-devant.  Parquoy  j'estime  et  crains 
bien  que  les  autres  envoyées  par  le  moyen  de  Monsi- 
gneur  Juan  de  Muflin,  mon  bon  signeur  et  amy,  des- 
quelles V.  S.  faict  mention,  auront  esté  perdues,  ainsi 
que  je  m'aperçoy  aussi  estre  advenu  d'une  de  Mon- 
signeur  et  singulier  fauteur  Mons^  Çayas,  auquel  je  me 
tiens  de  plus  en  plus  obligé  pour  les  plaisirs,  biens 
et  faveurs  qu'il  luy  plaist  de  jour  en  jour  me  procurer, 
et  d'entre   lesquels    je  recongnois  cestuy-ci   estre    des 

18  mai  suivant.  En  avril  1572^  ce  travail  étant  achevé,  Arias  se 
rendit  à  Rome  pour  solliciter  Tapprobation  du  pape,  qu*il  obtint  le 
premier  septembre  suivant.  Il  retourna  à  Anvers,  où  il  resta  encore 
jusqu'au  mois  de  mai  de  Tannée  1575.  A  cette  époque,  il  se  rendit 
à  Rome  et  de  là  à  Madrid.  Il  habita  successivement  î'Escurial,  où  il 
mit  en  ordre  la  bibliothèque  dont  il  avait  acheté,  dans  les  Pays-Bas, 
la  majeure  partie  des  livres  et  des  manuscrits.  En  1578,  il  se  retira 
dans  une  maison  de  campagne  qu'il  s'était  fait  construire  à  Pena  de 
Aracena.  Il  y  demeura  le  reste  de  sa  vie,  à  l'exception  des  années  z  585 
à  1590  qu'il  passa  à  I'Escurial.  H  mourut  le  6  juillet  1598.  Après  son 
départ  d'Anvers,  Arias  entretint  avec  Plantin,  qui  était  devenu  son 
ami,  une  correspondance  très  aaive.  Les  lettres  échangées  entre  ces 
deux  honmies  iUustres  sont  les  plus  intéressantes  de  celles  que  nous 
avons  à  publier.  Plantin  lui  racontait  tous  les  événements  de  sa  vie, 
grands  et  petits. 

L'ofEcine  plantinienne  a  publié  d'Arias  Montanus  :  Hfietoricorvm 
libri  IIII (i$6^  et  1572J,  Commentaria  in  duodedm  propheias  ^1571, 
1583)^  Humana  sàlutis  Monumenta  (iSli,  1572,  1583),  Pidmi  in  la- 
ttnum  Carmen  conversi  {i$j^ y  1574)^  Dictatum  Christianum,  Elucida- 
tûmes  in  quatuor  Evangeïia  et  Itinerarium  Benjamini  Tudeknsis  (1575), 
de  Optimo  imperio  sive  in  librum  Josue  Commentarius  (1583),  Elu- 
cidationes  in  omnia  5.  Apostohrum  scripta  (1588),  Poemata  (1589), 
Hymni  et  Secula  et  Liber  generatianis  Adam  (1593),  Commentaria  in 
Isaia  propheta  sermones  (1599),  ^HAtura  historia  (1601),  Commen- 
taria in  XXXI  Davidis  PsaJmos  priores  (1605).  Une  traduaion  fran- 
çaise du  Dictatum  Christianum  vit  le  jour  chez  Plantin,  en  1579, 
sous  le  nom  de  Leçon  Chrestienne. 


—  234  — 

principaux  de  m'avoir  mis  en  la  cognoissance  de  V.  S., 
à  laquelle  je  désire  servir  fidèlement  et  loyalement  en 
tout  ce  qu'il  luy  plaira  me  commander  et  me  sera  ja- 
mais possible.  Et  si  ay  bon  espoir  que  je  pourray  autant 
bien  vous  servir  que  nul  autre  tant  de  Sphaerae,  Astro- 
labas,  Anneau,  des  milleurs  Globes  de  Mercator,  avec 
leurs  cercles  de  cuivre,  et  de  toutes  autres  sortes  d'in- 
struments de  mathématique,  comme  de  toutes  bonnes 
sortes  de  livres,  de  quelque  science  que  ce  soit.  Et  pro- 
mects  de  faire  toute  diligence  possible  et  loyauté  inconti- 
nent qu'il  vous  aura  pieu  de  m'envoyer  les  mémoires 
et  ordonnance  de  ce  faire. 

Quant  à  la  remise  des  cinq  cents  escus  que  V.  S. 
m'escrit  que  le  Signeur  Monsigneur  Diego  Diaz  me  fera 
incontinent  en  crédit,  huile,  vin  ou  comme  autrement 
je  voudray,  je  ne  sçay  milleur  ne  plus  propre  moyen 
pour  moy  que  en  crédit,  que  j'entends  estre  par  lectre 
de  change  sur  quelque  marchant  qui  me  paye  ici  ledict 
argent.  Car  d'autant  que  je  m'occupe  à  l'imprimerie  et 
marchandise  de  livres,  cartes  et  autres  instruments  ser- 
vants aux  gens  de  lectres,  je  ne  pourrois  pas  bien  vac- 
quer  à  la  vente  d'autres  marchandises. 

Nonobstant  quoy,  si  je  puis  faire  quelque  service  au- 
dict  Signeur  Diego  Diaz  ou  autre,  en  la  vente  des  mar- 
chandises qu'il  luy  plairoit  envoyer  par  deçà,  je  suis 
prcst  et  bien  délibéré  de  les  faire  vendre  par  courtier  et 
de  luy  en  tenir  bon  et  léal  compte  à  son  proffict  et  ri- 
sique,  ainsi  que  j'escris  présentement  audict  Signeur. 

Bref  en  toutes  choses  qu'il  plaira  à  V.  S.  m'employer, 
j'espère  de  m'acquitter  si  fidèlement  et  diligentement 
que  nul  ne  s'en  devra  plaindre.  Et  ce  d'autant  plus  que 
telle  congnoissance  procédera  de   la  faveur  de  Monsi- 


—  23S  — 

gneur  et  bon  fauteur  Çayas,  personnage  rare  en  toutes 
vertus  et  qui  sçait  les  moyens  de  discerner  les  person- 
nes semblables  à  luy  pour  en  faire  telle  recommandation 
comme  par  ses  lectres  il  m'a  faict  de  V,  S,  Laquelle  je 
supplie  à  Dieu  vouloir  conserver  et  me  donner  la  grâce 
que  je  puisse  faire  chose  qui  luy  soit  aggréable. 


io6.  —  Plantin  à  Diego  Dia:^  Be:^riL 

(Il  se  met  au  service  du  docteur  Arias  Montanus  pour  fournir  ce 
que  le  savant  espagnol  désirerait  acheter  dans  les  Pays-Bas  en  fait  de 
livres  ou  d'instruments  scientifiques.  Il  demande  que  les  paiements 
se  fassent  en  lettres  de  crédit  ou  de  change.) 

14  februarij  1568. 
Diego  Diaz  Bezerril,  Consul  en  Sevilla. 

S.  P.  Ne  mirum  tibi  videatur,  vir  clarissime,  quod 
ignotus  ego  D.  V.  interpellare  audeam,  paucis  rem  ex- 
ponam. 

Clarissimus  D.  Gabriel  Çayas,  Regias  Majestatis  secre- 
tariusy  patronus  et  fautor  meus  summus^  nuper  ad  me 
cum  suis  commendatitiis  litteras  doctissimi  doctoris  Arias 
Montani^  22  decembris  scriptas,  misit,  quibus  idem 
doctissimus  dominus  doctor  se  altéras  opéra  D.  Johanijis 
Mufflin  antea  misisse  déclarât.  Eas  vero  me  non  acce- 
pisse  minus  doleo,  quod  hisce  postremis  scribat  hanc 
esse  utrarumque  sententiam.  Nempe  se  ob  commenda- 
tionem  nostri  nominis  supra  nominato  domino  Çayas  et 
aliis  in  aula  Majestatis  Regias  gravissimis  et  doctissimis 
viris  adductum  esse  ut  cupiat  mecum  notitiam  et  fami- 
liaritatem  contrahere^qua  liceat  illi  mea  posthac  saepissime 


—  236  — 

uti  opéra  in  sibi  comparandis  Sphaera,  Âstrolobio,  Globis 
et  quibusdam  aliis,  tum  instrumentis  mathematîcis,  tum 
libris  ad  sua  studia  pertincntibus ,  seque  jam  habere 
quingentos  ducatos,  quos  per  D.  T.  vellet  ad  me  mit- 
tendos  curare,  modo  id  ei  officium  non  denegarem,  et 
an  in  litteris,  quod  aiunt  cambii  vel  crediti,  vel  in  oleo/ 
vel  in  vino,  vel  in  alio  quovis  mercium  génère  id  factum 
vellem  latine  vel  hispanice  D,  T.  significarem. 

Ego  vero  cum  nihil  magis  in  votis  habeam  quam  vel 
quovis  officii  génère  hominibus  claris,  doctis  et  probis 
inservire,  tum  eo  maxime  percupio  cui  ex  professo  me 
destinavi.  Quod  et  illico  praefato  D.  Doctori  cum  signi- 
ficaverim,  superest  ut  D.  T.  de  modo  quem  ad  pecunias 
nobis  mittendas  commodiorem  judico  certiorem  faciam. 
h  vero  est  ut  per  litteras,  quod  aiunt  cambii  vel  crediti, 
fiât.  Nam  ego,  cum  arti  impressorias,  librariae  et  iis  quse 
eo  tendunt  me  totum  addixerim,  vererer  ne  alias  merces 
mihi  parum  ex  usu  forent.  Quod  si  tamen  aliquas  hue 
mittere  voluerit  D.T.,  ego  in  nomine  suo  proxenetarum 
opéra  haud  gravate  curabo  vendis  rationesque  accepti  et 
venditi  justas  et  aequas  reddere  non  gravabor,  neque, 
unico  ut  verbo  dicam,  in  gratiam  vestram  laborem 
ullum  detrectabo.  Vestrum  itaque  nunc  crit  mihi  quod 
vobis  placuerit  imperare;  meum  vero  adniti  ut  neque 
fides  neque  diligentia  et  animi  gratitudo  in  me  deside- 
retur  :  quod,  quamdiu  vivam,  bona  fide  et  ex  animo  totis 
viribus  efficere  conabor.  Vale,  vir  clarissime,  et  Qiristo- 
phorum  Plantinum  vestrum  esse  certi  estote. 

AntverpiaB,raptim  ab  occupatissimo.  15  februarii  1568. 


—  ^37  — 

loy.  —  Plantin  à  Çayas. 

Le  15  febvrier  1568.  A  Çayas. 

Monsigneur, 

Pourtant  que  je  crains  que  le  pacquet  que  }'ai  faict 
hier  et  adressé  à  Monsigneur  Leonardo  de  Tassis, 
maistre  des  postes,  pour  envoyer  incontinent  à  V.  S,, 
ne  soit,  à  cause  de  sa  pesanteur,  si  tost  envoyé  à  V.  S, 
que  je  le  désirerois,  et  que  mesmes  j'ay  entendu,  par 
celuy  qui  Ta  délivré  au  comptoir,  que  les  commis  dudict 
Sig'  faisoyent  grandes  difficultés  de  le  recevoir,  j'ay 
voulu  de  rechef  escrire  la  présente  pour  advertir  vostre- 
dicte  Signeurie  du  contenu  audict  pacquet  et  sommaire 
de  mes  lectres  y  contenues. 

Audict  pacquet  sont  deux  livres  entiers  et  achevés  de 
Mons'  le  Docteur  Mena,  dont  Tun  est  en  blanc  et  l'autre 
relié  en  bon  parchemin,  et  doré  sur  les  feillets,  et  sur  la 
couverture  des  fîUets,  avec  ung  milieu  dorés.  Et  dudict 
livre  aussi  sont  toutes  les  feilles  restantes  pour  l'accom- 
plissement de  celles  que,  par  cy-devant,  j'avois  envoyé  à 
V.  S.  Item,  un  livret  intitulé  :  Themis  dea  seu  de  lege 
divina,  Stephano  Pighio  auctore,  relié  et  doré  en  par- 
chemin aussi,  et  Officia  Ciceronis  8®  en  blanc  *.  Et  avec 
cela  mes  lectres,  èsquelles  j'advertis  Vostre  Signeurie  de 
ce  que  dessus,  en  vous  remerciant  de  la  faveur  qu'il 
vous  plaist  me  faire  de  jour  en  jour,  et  mesmes  de  m'a- 
voir  procuré  l'amitié  de  Mons'  le  Docteur  Arrias  Mon- 

I .  Marci  Tullii  Ciceronis  Officiorum  lihri  très  ;  cum  animadversioni^ 
bus  Joannis  Cauchii^  Corneîii  Vakrii  et  GuiL  Cateri,  Plântin,  1568^ 
in-80.  La  même  année,  il  publia  :  Ciceronis  de  Officiis  libri  III  cum 
annotationihus  Tauli  Manutii,  in-24*. 


—  238  — 

tano,  aux  lectres  duquel,  mises  audict  pacquet,  je  responds 
que  je  suis  prest  et  délibéré  de  le  servir  loyalement  et 
diligemment  en  tout  ce  qu'il  luy  plaira  commander. 
Parquoy  il  s'en  peut  bien  asseurer  et  le  mander  à  Monsg' 
Diego  Diazy  auquel  j'escris  qu'il  me  seroit  plus  com- 
mode qu'il  m'adressast  les  deniers  qu'il  désire  m'en- 
voyer  par  lectres  de  change  qu'en  marchandises,  d'au- 
tant que,  m'estant  du  tout  arresté  au  faict  de  l'imprimerie 
et  librairie  et  de  ce  qui  en  dépend,  je  ne  pourrois  pas  si 
bien  vacquer  à  la  vente  d'autres  marchandises.  Et  fina- 
blement  j'advertis  aussi  V.  S.  que  Monsigneur  le  Cardi- 
nal de  Granvelle  m'a  rescrit  plusieurs  fois  de  Rome  que 
chaicun  homme  docte  et  personnage  d'auctorité  ecclé- 
siastique attend  très  désireusement  la  Bible  en  4  langues, 
pour  l'enrichissement  de  laquelle  ledict  Signeur  faict 
conférer  la  Bible  grecque  à  l'exemplaire  très  ancien  qui 
reste  à  Rome,  en  la  bibliothèque  de  Sa  Saincteté  in 
Vaticano,  et  que  Mons'  Postel  m'a  rescrit  aussi  que, 
quand  je  voudray,  en  recongnoissant  le  labeur,  il  m'en- 
voyera  tout  le  Nouveau  Testament  transcript  de  cha- 
ractères  syriaques,  inusités  vulgairement,  en  charactères 
hébraïques  et  usités  de  ce  temps,  le  tout  avec  la  version 
latine. 

Et  sur  ce,  je  fay  fin,  priant  Nostre  Signeur  maintenir 
V.  S.  en  sa  grâce,  me  recommandant  très  humblement 
à  celle  de  Vostre  R.  Signeurie, 

de  laquelle  je  désire  demeurer 
le  très  humble  et  très  affectionné 
serviteur 

C.  Plantin. 


—  239  — 

io8.  —  Plantyn  à  Cayas. 

15  febvrier  1568. 
Monsigneur  Çayas, 

I-^  12  du  présent,  j'ay  receu  deux  lectres  de  V.  S., 
Tune  dattée  du  1 7  et  l'autre  du  23  du  passé.  Par  la  pre- 
mière d'icelles,  j'entends  que  V.  S.  m'a  escrit  autres  lec- 
tres plus  amples  touchant  l'impression  de  la  Bible, 
lesquelles  lectres  je  n'ay  pas  receucs,  ny  autres  de  V.S., 
depuis  celles  que  je  receu  avec  la  copie  du  Signeur  doc- 
teur Mena,  jusques  à  ces  deux  dernières  ici. 

Qjiiant  à  l'accomplissement  des  livres  dont  j'avois  en- 
voyé les  commencements,  je  les  ay  envoyés  depuis  avec 
Martialis  castus,  imprimé  sous  vostre  faveur,  et  quelques 
8  feuilles,  à  mon  advis,  du  livre  de  Mons'  le  docteur 
Mena,  ce  que  j'espère  que  V.  S.  aura  receu  depuis. 
J'ay  incontinent  ordonné  aussi  de  relier  les  2  livres 
d'Épistres  et  Évangiles  de  l'année  *  avec  6  Summa 
doctrinal  Christianas  '  et  incontinent  qu'ils  seront  re- 
liés, je  les  envoyerai  à  Mons'  le  M*  des  Postes.  Par  les 
secondes  susdictes,  j'ay  entendu  que  V.  S.  avoit  receu  les 
miennes  d'advis  touchant  la  réception  de  l'exemplaire 
de  Mons'  le  docteur  Mena,  duquel  j'envoye  ici  un  ex- 
emplaire relié  et  ung  en  blanc,  avec  le  reste  des  feilles 
pour  accomplir  le  précédent,  et  avec  ce  Themis  Dea  seu 
de  lege  divina,  les  Heures  latin-françois  '  et  OflSicia 
Gceronis,  8^,  naguères  achevées. 


1.  EpistoUe  et  Evangdia^  grau,  Plantin,  1564,  in-S». 

2.  P.  Canisitis,  Summa  doctrina  christiana.  Plantin,  1567,  in-24. 

3.  En  1568,  Plantin  publia  plusieurs  éditions  des  Heures  de  la 
Vierge: HoraUatissimteVirginis  Maria ^ïti'^^;  Idsm,  in- 16©;  I(Um  in- 


—  240  — 

Le  13  du  présent,  j*ay  receu  autres  lectres  de  V.  S. 
escrittes  le  24  décembre,  avec  celles  de  Mons'  le  Docteur 
Arrias  Montano.  Par  icelles,  j'entends  de  rechef  que  V.  S. 
m'a  rescrît  encore  autres  lectres  que  je  n'ay  pas  receues, 
d'autant  que  je  n'ay  point  paravant  receu  lectres  d'advis 
que  V.  S,  eust  receu  les  cahiers  des  œuvres  encommen- 
cées.  Quant  à  Mons'  le  Docteur  Arias  Montano,  je  re- 
mercie très  humblement  V.  R.  S.  de  la  faveur  qu  il  luy 
plaist  de  me  faire  en  me  recommandant  à  tel  person- 
nage, auquel  je  serviray  fidèlement  et  loyalement  de 
tout  moii  pouvoir,  ainsi  que  je  luy  respons  par  les  in- 
cluses. 

Je  souhaite  que  V.  R.  S.  ait  receu  les  papiers  de 
Francfort  et  les  autres  livres,  et  à  bonne  commodité  et 
le  tout  bien  conditionné. 

Qiiant  à  l'impression  de  la  Bible,  je  demeureray  en 
bon  espoir,  jusques  à  une  meure  resolution  et  ordon- 
nance de  Sa  Majesté.  Et  pourtant  qu'il  plaist  à  V.  S. 
que  je  l'advertisse  de  ce  qui  s'offrira  touchant  ceste  ma- 
tière, je  le  feray  tousjours.  Et  dès  maintenant  soit  V.  S. 
advertie  que  Mons'  l'illustrissime  Cardinal  de  Granvelle 
m'a  desjà  rescrit  de  Rome,  par  plusieurs  fois,  que  tous 
les  doctes  et  grands  personnages  de  Rome  attendent  dési- 
reusement  et  souhaittent  grandement  que  telle  oeuvre  se 
face  sous  l'auctorité  de  Sa  Majesté.  Et,  par  ces  deux 
dernières  lectres,  ledict  Signeur  très  illustre  m'escrit 
qu  il  fait  journellement  conférer  à  Rome  la  Bible  grec- 
que avec  les  vieux  et  autentiques  exemplaires,  qui  sont 
en  la  Bibliothèque  de  Rome  in  Vaticano,  pour  me  l'en- 

160  pro  Joanne  ab  Hispania  (Jean  de  Molina,  de  Lisbonne).  Nous  ne 
connaissons  pas  d'édition  latine-française  de  cette  année.  La  plus  rap- 
prochée en  date  que  nous  ayons  vue  est  de  1566. 


—  241   — 

voyer,  afin  de  nous  en  servir  pour  la  correction.  Mons' 
Postel  aussi,  homme  très  docte  et  bien  exercité  es 
langues  grecque,  latine,  hébraïque,  siriaque,  arabe,  tur- 
que et  autres  diverses  m*a,  ces  jours-ici,  rescrit  et  offert 
tout  le  Nouveau  Testament  transcrit  des  anciens  charac- 
tères  syriaques  en  lectres  hébraïques,  avec  la  traduction 
latine  du  Nouveau  Testament,  chose  qui  à  la  vérité 
enrichira  merveilleusement  l'ouvrage. 

Ledict  Postel,  au  reste,  m'escrit  une  lettre  assez  pro- 
lixe *,  en  laquelle,  louant  souverainement  le  zèle,  fer- 
veur et  libéralité  de  Sa  Majesté,  il  dict  estre  asseuré  que 
tel  oeuvre,  s'achevant  sous  l'auctorité  de  Sa  Majesté,  sera 
cause  qu'un  nombre  infini  des  Juifs  et  Turcs  se  vien- 
dront convertir  à  la  Chrestienté  et  se  fera  finablement  et 
tost  après  un  tropeau  et  une  bergerie  sous  un  Dieu,  une 
loy,une  foy,  un  Pasteur  et  un  Roy.  Ce  que  je  prie  à  Dieu 
nous  vouloir  favoriser  sous  Sa  Majesté  très  catholique  et 
conserver  et  augmenter  V.  R.  S.  en  tout  bonheur  et 
félicité. 

Quant  au  Lactance  et  Bible  grecque,  j'en  ay  rescrit 
par  mes  précédentes.  J'ay  aussi  bon  espoir  que  V. 
I.  S.  aura  receu  ma  response  et  celle  à  P.  Manutius, 
avec  la  procuration  que  j'ay  envoyé  au  nom  de  Mons' 
Malpas  '  pour  accepter  le  Bréviaire,  et  croy  asseurement 
que  cela  qu'on  en  avoit  dict  à  Mons'  le  président 
Viglius  de  l'avoir  eu  par  deçà,  aura  seulement  esté,  de 
quelques  feillcs.  Et  quant  aux  calumnies  des  envieux,  je 
commence,  grâces  à  Dieu,  à  ne  m'en  soucier  et  ce  d'au- 

1.  Voir  page  j88. 

2.  Renobert  Bourrelier,  seigneur  de  Malpas,  prêtre,  docteur  en 
droits,  grand  chantre  de  l'église  de  Malines  et  maître  d'hôtel  du  car- 
dinal Granvelie. 

i6 


—  242  — 

tant  que  j'espère  et  aperçoy  que  les  aflFaires  bien  ache- 
minées se  poursuivront  de  mieux  en  mieux,  non  à  la 
volonté  ou  faux  raport  des  malveillants,  mais  selon  la 
vérité  du  faict  de  chaicun.  De  quoy,  en  saine  et  pure 
conscience,  je  ne  crains  nulluy  ;  nonobstant  quoy,  je  sçay 
assés  combien,  principalement  au  temps  et  lieux  où  l'ab- 
sent ne  peut  respondre,  les  bons  amis  servent,  et  ce 
d'autant  plus  qu'ils  sont  dignes  de  foy  et  d'auctorité. 


109.  —  Plantin  à  Fulvius  Ur sinus. 
A  Fulvio  Ursino. 

Monseigneur, 

Suivant  mes  promesses  précédentes,  j'ay  mis  les  frag- 
ments des  poétrices  sous  la  presse  pour  les  poursuivre, 
selon  ceste  monstre,  jusques  à  la  fin,  que  j'espère  avoir 
dedans  cejourd'hui  en  trois  semaines  au  plus  tard.  Par- 
quoy,  si  V.  S.  ne  nous  aura  envoyé  la  dédicatoire,  quant 
elle  recevra  la  présente,  j'estime  bien  que  ne  la  pourrons 
pas  recevoir,  devant  que  d'avoir  achevé  l'œuvre  entier. 
Au  reste,  j'espère  que  aurés  maintenant  receu  mes 
autres,  par  lesquelles  je  supplioys  Vostredicte  Seigneu- 
rie de  nous  vouloir  envoyer  le  Caesar  corrigé  avec  ses 
fragments.  Qpi  sera  Tendroict  etc.  Le  21  febvrier  1568. 


—  243  — 
iio.  —  Platttin  au  Cardinal  Granvdk. 
Très  Illustre  et  Révérendissime  Signeur, 

Voici  que,  pour  accomplir  ma  promesse,  j'envoye  à 
V.  I.  S.  deux  feilles  imprimées  des  fragments  poétiques 
du  Signeur  Fulvius  Ursinus,  auquel  il  y  a  cejourd'hui 
huict  jours,  que  j'envoyay  la  première  espreuve  d'iceux. 
J'espère  de  les  avoir  achevés  dedans  3  semaines,  et  dési- 
rerois  fort  que  je  peusse,  avant  ledict  terme,  recevoir 
l'épistre  dédiciatoire  pour  achever  l'œuvre  tout  d'un 
train. 

Espérant  au  reste  que  V.  I.  S.  aura  receu  toutes  mes 
précédentes  et  faict  traicter  avec  le  Signeur  Manutius, 
Onufrius  et  autres  bons  Signeurs,  la  faveur  desquels  il  a 
pieu  à  V.  I.  S.  me  procurer,  je  n'en  répéterai  pas  ici 
quelque  chose. 

Qjiant  à  nos  labeurs,  je  continue  aux  œuvres  par  cy- 
devant  commencées,  en  priant  Dieu  qu'il  luy  plaise 
nous  conserver  V.  1.  S.  en  santé  et  prospérité,  telle 
qu'elle  le  mérite,  au  profSct  de  la  république  chrestienne 
et  politique  et  me  maintenir  en  sa  faveur. 

D'Anvers,  ce  28  de  febvrier  1568. 

De  V.  Illustriss.  et  Révérendissime  Signeurie 
le  très  humble,  très  obéissant 
et  très  affectionné  serviteur. 


—  244  — 
III.  —  Plantin  à  Hannardus  GatHerim  \ 

(Il  est  sur  point  de  commencer  l'impression  des  poésies  de  Han- 
nardus Gamerius.  Il  imprimera  le  Bréviaire  des  Prémontrés,  si  ces 
religieux  veulent  lui  en  acheter  300  exemplaires.) 

S.  P.  Binas  tantum,  easque  longo  admodum  postea 
quam  dédisses  tempore,  cum  poematis  tuis  litteras  abs  te 
accepi,  vir  clarissime,  quibus  etiam  ilico  respondi  me 
post  Martialem  castum,  qui  tum  iisdem  characteribus 
quibus  tua  videbantur  imprimenda  sub  praslo  sudabat, 
libentissime  impressurutn.  Eum  vero  Martialem  his  pos- 
teris  diebus  absolvi  et  ad  poemata  tua  me  accinxi,  adeo 
tamen  pudibundus  ad  Illustrissimum  quid  scribere  ut^  nisi 
tu  me  his  posteris  litteris  tuis  calcar  addidisses  et  confir- 
masses, ab  incœpto  prorsus  destitissem;  neque  enim,  etsi 
quod  possum  pro  religione  catholica  conservanda  prass- 
tem,  is  sum  qui  audeam  me  erga  summos  viros  insi- 
nuare.  Sed  tabellarius  urget,  quare  paucis  accipe  quod  ad 
tuas  tumultuarie  nunc  respondere  licet.  Litteras  domini 
Praspositi  accepi.  Ei  salutem  ex  me  dici  maximam  percu- 

I.  Hannardus  Gamerius  (Van  Gameren)  naquit  à  Hemert  dans 
l'ancienne  principauté  de  Liège.  Il  prit  le  grade  de  licencié  en  méde- 
cine. U  était  professeur  à  Ingolstadt,  en  Bavière,  lorsque  Plantin  lui 
écrivit  la  présente  lettre.  Au  mois  de  mai  suivant,  il  se  trouvait  à 
Louvain  où  il  parait  avoir  rempli  un  emploi  à  l'Université.  Quelque 
temps  après,  il  devint  directeur  de  l'école  latine  de  Tongres.  En 
1571,  il  était  professeur  à  Harderwyck.  Dans  une  lettre  datée  de 
cette  dernière  année  et  adressée  à  Erasme  Vendius,  Plantin  donne 
des  détails  sur  la  conduite  scandaleuse  que  menait  Gamerius  depuis 
son  retour  dans  les  Pays-Bas.  En  1568,  Plantin  publia  de  lui  un 
recueil  de  vers  latins  intitulé  :  Bucolica  latina.  Le  21  juillet  1568, 
Plantin  lui  envoya  à  Louvain  90  exemplaires  de  ce  livre,  à  raison  de 
3  sous  la  pièce.  Le  6  du  même  mois,  il  lui  en  avait  envoyé  25  sur 
papier  blanc  coûtant  4  sous  la  pièce.  L'auteur  reçut  en  outre  un 
certain  nombre  d'exemplaires,  à  titre  d'honoraires. 


-  245  — 

pio.  Breviaria  vero  Premonstratensia,  quds  mittere  scribis, 
negat  se  accepisse  nuntius.  Ubi  vero  cum  aliqua  bona 
pecuniarum  parte,  quibus  essent  numeri  trecentorum 
Breviariorum  redempturi ,  miserint  exemplaria  impri- 
menda  paratus  ero. 

(D'après  une  minute,  sans  date,  écrite  sur  un  feuillet  détaché.  La 
lettre  a  été  rédigée  évidemment  dans  les  premiers  mois  de  i$68.) 


112.  —  Plantin  à  Hannardus  Gammus. 

(Il  se  plaint  de  la  négligence  et  du  retard  des  courriers.  Il  a  com- 
mencé à  imprimer  les  BucoUca.  Il  offre  ses  services  pour  la  fourniture 
des  livres.  Nouvelles  concernant  l'impression  des  Bréviaires  et  de  la 
Bible  royale.) 

Hannardo  Gamerio. 

Paucissimis  et  confiisis  verbis  nuper  ex  tempore,  nuntio 
properante,  tibi,  vir  clarissime,  respondi  neque  nuiic 
longioribus  vel  comptius  licet.  Distinctius  tamen  velim 
ut  his  paucis  intelligas  quam  maie  nobiscum  egerint  vel 
nuntii  vel  illi  quibus  tuas  commiseris  ad  me  litteras,  ne 
perpetuo  mihi  vitio  vertas  et  fortasse  succenseas  quod  vel 
negligentior  fuerim  vel  tuam,  ut  viri  probi,  docti  et 
candidi  de  republica  chrisdana  bene  menti  amicitiam 
ultro  mihi  immerenti  oblatam  non,  ut  decet  et  debeo^ 
amplexus  fuerim,  coluerim,  observaverim.  Nam  quas 
Dilingae  ii  octobris  ex  aula  episcopi  Âugustani  ad  me 
dedisti  cum  tuis  bucolicis  litteras  primo  die  decembris, 
solutis  pro  vectura  25  stuflFeris,  acçepi.  Quas  vero  10 
novembris  cum  tragedia  *  Ingolstadii,  24  januarii,  solutis 

I.  PomiuSy  tragœdia  vert  sacra.  Auctare  Hannardo  Gamerio  Moueo» 
Imprimé  à  la  suite  des  Bucoiica.  Plantin,  1568,  în-80. 


—  246  — 

stufferis  18.  Postremae  vero  24  novembris  Monachi  în- 
tempesta  nocte  raptissime  ut  addebas,  numerato  dalero 
integro,  10  aut  paulo  plus  hebdomadibus,  nempe  10 
hujus  februarii  mensis  redditae  fiierant. 

Harum  vero  retentione  nimia  et,  ni  fallor,  iniqua  du- 
plici  de  causa  dolui  admodum.  Primum  quod  quae  scribe- 
bas  curare  voluissem,  ut  par  erat,  non  potuerim,  tibi  obse- 
qui  cum  tempestive  non  sciverim.  Alterum  quod  nuntius 
hic  reliquerit  fasciculum  in  quo  erat  liber  involutus  cum 
litteris  ad  Illustrissimum  D.  Ducem  Albanum,  quas  certe 
non  auderet  neque  deceret  post  tantum  tempus  curare 
tradi,  nisi  data  ratione  tantae  moras,  quam  certe  moram 
tune  cum  mihi  meae  redderentur  littéral  non  observavi, 
distractus  siquidem  eram  et  impeditus  cum  mulds  aliis 
negotiis,  tum  nuntio  mire  urgenti  responsum  et  dimis- 
sionem  suam  a  nobis.  Ubi  vero  jam  discesserat  legenti 
mihi  litteras  tuas  attentius  occurrit  ita  esse  ut  jam  dixi, 
cum  prius  nuntio  credidissem,  qui  dicebat  se  quam  expe- 
ditissime  ad  nos  accurrisse,  cum  ut   tuas  mihi,  tum  alia 
certa  negotia  nomine  tuo    curaret    Amsterodami,  quo 
maxime  properandum  sibi   esse   contendebat.  Sed  quid 
facerem?  Patienti  his  in  omnibus  mihi  constantia  utendum 
fuit  et  labore  nostro  conandum  ut  saltem,quod  nuntiorum 
vel  aliorum  negligentia,  ne  dicam  iniquitate,  peccatum 
erat,  quanta  possem  celeritate  compensarem. 

Bucolica  itaque  tua  statim  arripui  subque  praelo  nostro 
sudanda  posui.  Eorum  nunc  vero  spécimen  ad  te  mitto, 
missurus  cum  prasfatione  ad  Illustrissimum  sub  finem 
proximae  sequentis  hebdomadae.  Ad  illa  vero  quse  in 
tua  epistola  de  me  praedicas  nihil  aliud  habeo  quod  res- 
pondeam,  vir  clarissime,  quam  re  vera  nimis  amice 
te  ipsum  fallere,  non  quod  te  minus  redamem  imo  et 


—  ^47  — 

réverear,  sed  qood  me  tantis  laadibiis  indignom  sdam 
et  libenter  agnoscam. 

Ceterum^  quando  meis  rébus  studes,  ultro  mibi  ipsi  ini- 
quus  essem  nisi  monitionibustuis  morem  gerere  studerem. 
Q.uamvis  enim  certo  sciam  me  nuUas  tibi  posse  un- 
quam  referre  gratias,  babere  tamen  nanqaam  desinam, 
imo  et  quando  re  non  possim  paria  facere  totis  ingenii 
et  animi  viribus  conabor.  Tuum  itaque  erit  mihi  quod 
volueris  imperare  :  obsequar  libenter  efficiamque  quantum 
in  me  erit,  ne  unquam  de  nostra  neque  diligentia  neque 
fide  merito  couqueri  possis.  Qpare  si  nostra  velis,  Illus- 
trissime, vel  cujusvîs  alii  nomine,  in  emendis  libris  vel 
meis  vel  qui  in  bibliotbeca  ejus  desiderantur  mi  opéra, 
paratum  me  et  volentem  offero.  Catalogum  vero  a  me 
editorum  omnium  abhinc  8  vel  lo  diebus  cum  libro  tuo 
mittam.  Breviaria  vero  Prasmonstratensis  ordinis  me  non 
accepisse  jam  respondi. 

Roma  vero  novum  in  dies  ab  Illustrissimo  Cardinali 
Granvellano  expecto.  Is  et  enim  jam  saepissime  pollicitus 
est  se  efFecturum  ut  mihi  soli  in  Belgio  imprimendi 
potestas  ab  ipso  Pontifice  summo  et  a  Populo  Romano 
tradatur  ;  multa  etiam  promittit  alla  majoris  momenti. 
Sed  ut  apud  te  in  aure  tua  amicus  amicissinio  deponam, 
ita  me  video  et  sentio  maligna  premi,  etiam  ab  ipsis  qui- 
bus  maxime  profui  et  prosum  invidia,  ut  nihil  libentius 
-  quam  aliqua  insigniorum  auctorum  opéra,  principis 
alicujus  favore,  imprimenda  susciperem.  Ego  autem 
paucis  millibus  dalerorum  efficerem  profecto  ut  nun- 
quam  ipsi  Cardinali  Ximeni  Ârcbiepisco  Toletano  qui 
Biblia.  illa  quatuor  linguarum,  neque  illi  episcopo  Italo 
qui  Chrysostomum  et  Tbeophilactum  Grascos  posteritati 
primum,  nescio  quot  centenis  florenorum  millibus  in  illis 


—  248  — 

consumptis^  edidemnt,  tanta  tamque  solida  laas  sit  attri* 
buta  atque  huic  nostro  Mascenad  et  qui  vivunt  et  qui 
sequentur  merito  essent  daturi.  Nullam  etenim,  ut  quod 
venun  est  fatear,  scio  typographiam  quse  tanta  cum 
copia  tum  varietate  et  elegantia  characterum  abundet 
atque  nostra,  ut  qui  sezaginta  et  amplius  varia  gênera 
exhibere  possim. 

[Entre  le  28  février  et  le  8  mars.] 


113.  —  Plantin  à  Fulvius  Ursinus. 

Monsigneur,  Saches  qu'ayant  receu  l'advis  qu'il  vous 
a  pieu  me  donner  de  vos  corrections  et  fragments  de 
Gesar,  j'ay  différé  Tachevement  de  mon  édition  com- 
mencée, sous  espoir  de  les  recevoir  en  bref  de  V.  S. 

Mr  Gérard  Falkenburg  se  recommande  très  affectueu- 
sement à  V.  S.  et  la  remercie  grandement  de  la  résolu- 
tion qu'il  luy  a  pieu  m'escrire  à  ses  demandes. 

J'envoye  à  V.  S.  les  livres  demandés  par  ses  dernières 
et  trois  feilles  des  fragments  poétiques  *  que  j'ay  com- 
mencés et  les  poursuivray,  Dieu  aidant,  jusques  à  la 
fin,  devant  laquelle  je  désirerois  bien  avoir  receu 
l'épistre  dédicatoire,  ce  que  je  prie  de  nous  vouloir 
envoyer  incontinent.  Qui  sera  Tendroîct  où,  me  recom- 
mandant à  vostre  bonne  grâce,  je  prie  Dieu  vous  favo- 
riser la  sienne.  D'Anvers,  ce  8  mars  1568. 

I.  De  Fdvias  Ursinus. 


—  249  — 
1 14. . —  Plantin  au  Cardinal  GranueUe. 

8  mars  i868. 

Très  illustre  et  Révérendissime  Signear, 

J'envoye  ici  une  autre  procure,  en  laquelle  ay  faict 
place  pour  y  mectre  tels  noms  et  en  oster  tellement  qu'il 
plaira  à  Vostre  Illustrissime  Seigneurie  à  Tauctorité  et 
prudence  de  laquelle  je  me  remects  entièrement  \  Je  me 
délibère  de  réimprimer  les  Journaux  de  S*^  Croix  incon- 
tinent que.  Dieu  aidant,  je  seray  de  retour  de  Franc- 
fort, et  puis  après  le  Bréviaire,  puisque  Vostre  Illustris- 
sime Seigneurie  me  donne  espoir  que  ledict  usage  devra 
estre  encore  permis  à  quelques-uns. 

Qpant  au  Cassar,  j'en  diffère  totalement  l'impression 
jusques  à  ce  qu'il  ait  pieu  au  Signeur  Ursino  nous 
envoyer  sa  copie  ;  laquelle  receue,  n'ay  pas  délibéré  d'en 
attendre  autre  de  qui  que  ce  soit. 

J'ay  encore  receu  4  lectres  que  le  Signeur  Çayas  m'a 
escrittes  à  diverses  fois,  depuis  le  26  de  janvier  dernier 
passé,  par  chaicune  desquelles,  entre  autres  choses,  il  me 
commande  de  me  tenir  asseuré  et  prest  pour,  avec 
l'aide  de  la  libéralité  de  Sa  Majesté,  imprimer  de  bref 
la  Bible  en  quatre  langues.  Laquelle  chose,  encore 
qu'elle  ne  se  fist,  si  ne  perdrois  je  pas  l'espoir  de 
trouver  un  jour  le  moyen  d'imprimer  la  Grecque  ;  par 
quoy  je  suis  joyeux  qu'elle  se  poursuive  de  conférer  à 
l'honneur  de  Vostre  Illustrissime  Seigneurie. 

I.  Il  s'agit  ici  de  la  procuration  pour  conclure,  au  nom  de  Plan- 
tin, un  contrat  avec  Paul  Manuce,  stipulant  les  conditions  auxquelles 
ce  dernier  permettrait  d'exploiter,  dans  les  Pays-Bas,  le  Bréviaire  du 
Condle  ^e  Trente* 


—  ^$o  — 

Je  besongne  à  la  Summa  Sancd  Thomas,  autant  et  en 
la  manière  que  pour  le  présent  je  puis  fournir  à  la  des- 
pense. Je  poursuy  aussi  l'œuvre  de  Becanus  *  qui  ne 
pourra  à  mon  advis  estre  achevée  devant  3  ou  4  mois, 
et  lors  ne  faudray  de  l'envoyer  à  Vostre  Illustrissime 
Seigneurie. 

Quant  à  ce  que  V.  I.  S.  m'escrit  en  ses  secondes 
touchant  Lambinus  *j  je  me  suis  abusé  en  escrivant  mes 
lettres,  si  j'ai  escrit  qu'autre  qu'un  nommé  Obertus 
Gifanius  qui  a  corrigé  Lucrèce,  que  j'ay  imprimé  depuis 
l'édition  de  Lambinus,  m'ait  promis  des  corrections 
sur  Cassar,  et  n'ay  pas  entendu  dire  ou  rescrire  que  ce 
fust  esté  Lambinus,  qui  toutesfois  est  tenu  des  gens  de 
lectres  pour  homme  fervent,  et  serois  marri  qu'il  eust 
aussi  abandonné  la  religion  catholique,  de  quoy  je  n'ay 
rien  entendu  par  deçà,  mais  bien  de  Ramus  '  et  plu- 
sieurs autres  lecteurs  aux  gages  du  roy  à  Paris,  ainsi 
que  ledict  Lambinus. 

1.  Joan,  Goropii  Becani  Origines  Antwerpiana.  Plantin,  1569,  in- 
folio. 

2.  Lambin  (Denis)  naquit  vers  15 16  à  Montreuil-sur-Mer.  Il  fut 
nommé  professeur  d'éloquence  au  collège  royal  à  Paris  en  1560. 
L'année  suivante,  il  devint  professeur  de  grec.  Il  traduisit  et  annota 
un  grand  nombre  d'auteurs  latins  et  grecs.  Il  mourut  en  septembre 

3 .  La  Ramée  ou  Ramus  (Pierre)  célèbre  savant  français,  naquit 
dans  le  Vermandois  au  commencement  du  XVI«  siècle.  Il  fut  nommé 
professeur  de  philosophie  et  d'éloquence  au  collège  de  France.  En 
1 562,  il  embrassa  les  doctrines  de  la  Réforme  et  au  mois  d'août 
1572,  il  périt  dans  le  massacre  de  la  S^  Barthélemi. 


—  251  — 

115.—  Pïantin  à  Taul  S^anuce. 
  Paul  Manutius.  Mars  1568. 

Magnifique  et  Excellent  Signeur. 

Ayant  esté  adverti  par  les  vostres  du  26  de  janvier 
que,  pour  l'absence  de  Monsigneur  Malpas,  il  estoit 
besoing  que  j'envoyasse  une  autre  procuration  pour 
conclure  et  m'adresser  la  copie  du  Bréviaire,  j'en  ay 
incontinent  faict  faire  une  autre^  en  laquelle  se  peut 
nommer  celuy  qui  viendra  le  mieux  à  propos,  à  l'arri- 
vée d'icelle  à  Rome,  et  que  par  ainsi  il  n'y  reste  pas 
d'autre  empeschement.  Q.ui  sera  l'endroict  où  me 
recommande  à  Vostre  Seigneurie,  etc. 


116.  —  Plantin  à  Çayas. 

» 
Au  Seigneur  Cayas.  Mars  1568. 

J'avoîs  devant  quelques  jours  respondu  aux  lettres  de 
Vostre  Signeurie  du  7  janvier  et  envoyé  deux  exem- 
plaires entiers  et  les  feilles  restantes  du  livre  de  Mons' 
le  docteur  Mena,  quant  j'ay  receu  les  secondes  de 
mesme  argument,  escrittes  le  8  février,  avec  l'adver- 
tissement  y  adjoinct  de  réimprimer  la  dédicatoire  dudict 
livre  que  j'ay  receue  avec  et  incontinent  mise  en 
œuvre,  pour  l'envoyer,  ainsi  que  Vostre  Révérendissime 
Signeurie  le  peut  voir,  avec  ces  autres  livres  demandés 
tant  par  les  précédentes  que  lesdictes  dernières  lettres,  et 
avec  cela  aussi  ce  que  j'ay  achevé  de  nouveau  et  sui- 
vray  cest  ordre  aussi  longtemps  que  Vostre  Révérendis- 


—  2$2  — 

sime  Signeurie  prendra  plaisir  à  voir  la  continuation  de 
mes  labeurs  que  je  désire  tousjours  estre  aggréables  à 
Vostre  Seigneurie  et  à  ses  semblables^  personnages 
doctes  et  doués  des  vertus  les  plus  rares.  A  quoy,  par  la 
grâce  de  Dieu,  je  travailleray  constamment,  aussi  long- 
temps que  je  pourray  trouver  le  moyen  de  fournir  aux 
frais  qu'il  y  convient  faire. 

Quant  est  d'envoyer  quelque  bonne  prédiction,  je  ne 
sçay  quel  auteur  soit  le  meilleur,  et  pourtant  j'envoye 
ce  que  j'ay  peu  trouver.  Je  supplie  à  Vostre  Révéren- 
dissime  Seigneurie  prendre  en  grâce  mon  très  humble 
service  et  me  tenir  en  la  faveur  de  sa  bonne  grâce. 
Et  je  prieray  à  Dieu  luy  favoriser  la  sienne  comme  elle 
la  mérite. 

Qpant  à  l'impression  de  la  Bible  en  4  langues,  je  vous 
remercie  très  affectueusement  du  soing  qu'il  vous  a 
pieu  d'en  prendre  en  ma  faveur  et  de  l'advertissement 
qu'il  vous  plaist  m'en  faire.  Et  pourtant  que  Vostre 
Révérendissime  Signeurie  m'a  commandé,  par  ses  précé- 
dentes, que  je  i'advertisse  de  tout  ce  que  ferois  à  icelle, 
je  l'advertis  que,  depuis  trois  jours  en  ça,  j'ay  receu  le 
Nouveau  Testament  transcrit  des  charractères  syriens, 
peu  entendus,  en  charactères  hébraïques  communs,  sans 
toutesfois  changer  un  seul  mot.  Et  davantage  la  version 
latine  du  langage  syrien,  le  tout  faict  par  un  nommé 
Guido   Fabricius  ',  homme,  à  ce    que  j'entends,  bien 


I.  Lefèvre  de  la  Boderie  (Gui)  ou  Fabricius  Boderianus  (Guido), 
savant  orientaliste,  né  au  château  de  la  Boderie,  près  de  Falaise,  en 
1541.  U  fournit,  dans  le  premier  volume  de  VApparatus  saur  de  la 
Bible  royale,  une  grammaire  chaldaîque  et  un  dictionnaire  S3n:o- 
chaldaîque.  Pour  le  corps  de  l'ouvrage,  il  transcrivit  le  Nouveau 
Testament  syriaque  en  caractères  hébreus  et  en  donna  la  traduction 


—  253  — 

catholique.  Par  quoy  je  voudrois  bien  Timprimer  le 
plus  tost  qu'il  me  seroit  possible,  afin  que  ceste  édition 
catholique  vint  en  lumière  devant  celle  que  prépare  un 
quidam  calviniste  *.  Je  l'espère  commencer  à  mon 
retour  de  Francfort  comme  je  pourray. . 

J'imprime  Summa  Sancti  Thomas,  j'ay  commencé 
Corpus  canonicum.  [Au  reste  je  sçay  combien  mes  en- 
vieux ont  travaillé  à  me  nuire  et,  pensant  avoir  trouvé 
occasion  de  ce  qu'aucuns,  qui,  auparavant  ces  troubles 
misérables,  m'avoyent  fréquenté  et  aidé  quelquefois 
d'argent  en  ma  nécessité,  ont  faict  envers  tous  du 
pis  qu'ils  ont  peu.  Mais,  grâces  à  Dieu,  la  vérité  et 
nostre  innocence  en  toutes  les  choses  qu'ils  ont  mur- 
murées les  a  rendus  confus.  Car  je  prends  Dieu  et  ma 
conscience  à  tesmoing  que  je  n'ay  oncques  adhéré  ni 
favorisé  de  cœur  ni  d'œuvre  à  chose  contraire  à  la 
Majesté  Catholique  ni  à  la  foy  et  religion  de  nostre 
mère,  saincte  esglise  catholique  et  Romaine,  en  laquelle 
je  proteste,  comme  j'ay  tousjours  faict,  de  vivre  et  mou- 
rir. Ce  que  voyant  ces  mesmes  envieux  et  cognoissants 
s'estre  grandement  abusés  en  leurs  soupsons  se  repen- 
tent bien  de  m'avoir  trop  malicieusement  calumnié 
envers  ceux  qui  ont  sceu  et  bien  esprouvé  le  contraire 

latine.  Plantin  imprima  en  outre  de  lui  :  VEncyclU  des  secrets  de  l'éter- 
nité, 1571,  in-4«;  Severini  AUxandrini  de  Ritibus  haptismi,  1S72,  in- 
40;  Syriaca  lingtue  prima  eUmenta^  1572,  in-40.  Dans  la  suite,  il 
devint  secrétaire  du  duc  d*Alençon  et  mourut  dans  sa  maison  natale 
en  1598. 

I.  Probablement  Emanuel  Tremellius.  Celui-ci  né  de  parents  juifs, 

embrassa  le  catholicisme  d'abord,  le  calvinisme  ensuite.  U  professa 

l'hébreu  à  Hombach  et  à  Heidelberg.  U  publia  et  traduisit  en  latin 

.la  bible.  Sa  traduction  de  l'évangile  en  syriaque  parut  en  1579.  ^i 

mourut  à  Sedan  en  1580. 


~  ^S4  — 

de  leurs  calumtnations.  Je  prie  à  Dieu  qu'il  les  veille 
délivrer  de  leur  mauvaise  volonté  et  me  donner  la  me- 
sure qu'en  toutes  choses  je  leur  souhaitte.  Et  pourtant 
que  je  m'aperçoy  aucunnement  qu'aucuns,  ayant  entendu 
de  longtemps  que  je  m'estois  préparé  sous  l'espérance 
de  la  libéralité  de  Sa  Majesté  à  l'impression  de  la  Bible 
susdite  en  4  langues  en  ont  rengrégé  leur  envie  et 
despit  contre  moy,  je  suis  prest  de  monstrer  par  efFect 
que  je  ne  cerche  en  cela  mon  particulier  profict  et  de 
bailler  très  volontiers  les  copies  et  autres  pareils  par 
moy  faicts  à  celuy  qui  se  trouvera  propre  et  idoine 
d'entreprendre  et  poursuivre  l'œuvre  en  me  rembour- 
sant des  frais  que  je  y  ay  faicts  par  cy-devant  qui  ont 
esté •] 

117.  —  Tlantin  à  Jean  Mofflin  *. 
A  Monsigneur  Mofflin. 

Monsigneur, 

La  réception  de  vos  lectres,  dattées  à  Madrid  le  11 
décembre  dernier,  m'ont  autant  et  plus  esté  agréables 
comme  j'ay  esté  desplaisant  de  les  avoir  receues  si  long- 
temps après,  asçavoir  le  1 5  de  febvrier,  et  principalement 
pour  en  avoir  desjà  receu  d'autres  de  Mons'  le  docteur 
Ariaz  Montano  par  le  moyen  de  Mons'  et  ancien  fauteur 
et  vray  amy  Çayas,  ausquelles  je  respondi   aussi  tout 


1.  La  tîn  de  cette  lettre,  mise  entre  [],  a  été   barrée  par  Plantin. 

2.  Jean  Mofflin  (Moflin,  Muflin  ou  Mouflin),  chapelain  de  Philippe 
II,  revint  de  Madrid  dans  les  Pays-Bas  en  1585,  fut  nommé,  â  cette 
époque,  abbé  de  Bergues-St-Winoc,  et  mourut  le  9  février  1587. 


—  255  — 

incontinent,  Tadvertissant  que  je  n'avois  pas  receu 
icelles  qu'il  vous  avoit  délivrées,  et  accepta}"  très  vo- 
lontiers la  demande  dudict  signeur,  l-amitié  duquel  je 
tiendray  à  jamais  de  la  faveur  de  Vostre  Signeurie,  en 
vous  asseurant  que  je  répute  Tamitié  de  tels  personnages 
doctes  et  vertueux  plus  que  nul  thrésor,  et  recognois 
franchement  que  je  ne  puis  jamais  satisfaire  à  la  moin- 
dre partie  du  bien  que  me  font  ceux  qui  m'insinuent 
en  leur  recommandation,  et  d'autant  plus  de  cestuy-ci 
qui,  comme  j'entends  par  ses  lectres  et  les  vostres,  me 
favorise  de  bonne  affection  et  sincérité  cordiale. 

Je  vous  remercie  pareillement  de  très  bon  cueur  de 
l'advis  qu'il  vous  a  pieu  me  donner,  sur  lequel  je  vous 
asseure,  sur  ma  conscience,  que  je  n'ay  oncques  eu 
familiarité,  commerce,  accord  ni  entente  avec  aucun  en 
chose  contraire  à  la  religion  catholique  et  romaine. 
Vray  est  que  Corneille  de  Bomberghe  m'a  quelquesfois 
aidé  d'argent  en  mes  nécessités,  et  que  pareillement  il 
m'a  délivré  les  charactères  hébraïques  de  ses  ancestres, 
desquels  j'ay  imprimé  les  Bibles  eh  hébrieu,  mais  avec 
le  congé  et  privilège  de  Sa  Majesté.  Et  depuis  ay  payé  • 
et  satisfaict  ledict  Bomberghe,  tant  de  l'argent  qu'il 
m'avoit  preste  et  respondu  pour  moy  que  desdicts  cha- 
ractères que  je  luy  ay  très  bien  payés,  de  sorte  qu'il  n'y 
a  pas  moins  de  trois  ans  que  je  ne  luy  doibs  rien  ni  à 
autre,  touchant  le  faict  de  l'imprimerie.  Outre  plus,  je 
vous  certifie  que  j'ay  tousjours  trouvé  ledict  bon  catholi- 
que et  ennemy  de  toutes  sectes,  jusques  au  jour  que  les  * 
séditieux  et  malheureux  rebelles  commeocèrent  ici  leurs 
enragements.  Car  alors  il  commença  à  fleschir  et  parler 
en  la  faveur  des  nouveaux  prédicants,  dont  je  fus  telle- 
ment esbahi  qu'onques  je  ne  le  fus  davantage,  et  ayant 


—  256  — 

parlé  à  luy  en  nostre  boutique  et  trouvé  qu'il  fleschis- 
soit  du  droict  chemin,  je  luy  priay  de  ne  plus  hanter  si 
familièrement  en  mon  logis,  s'il  vouloit  ainsi  continuer, 
à  cause  que  ce  me  pourroit  estre  scandale,  veu  princi- 
palement qu'il  se  déclaroit;  ce  qu'il  me  promist  et  l'ob- 
serva, car  il  n'y  hanta  onques  depuis. 

Or,  de  bonne  fortune,  je  luy  avois,  longtemps  au  pa- 
ravant,  rendu,  payé  ou  assigné  tout  ce  que  je  luy  devois, 
ainsi  qu'il  l'avoit  requis  et  demandé  de  moy.  Et  ce  par 
un  accident  qui  le  contraignit  à  s'aider  de  tout  son  bien, 
d'autant  qu'ayant  preste  6000  florins  à  un  nommé  Elixa, 
il  en  avoit  receu  banqueroutte,  et  depuis  avoit  encores 
perdu  quelques  autres  8000  florins  en  asseurances  mari- 
nes, de  manière  qu'il  ne  luy  estoit  rien  demeuré  pour 
vivre.  Et  croy  bien  que,  par  telles  rencontres,estant  tombé 
en  despération,  il  se  rengea,  par  l'occasion  survcnue,vers 
les  séditieux. 

Quant  à  celuy  qui  a  rescrit,  je  sçay  que  cela  procède 
de  l'envie  de  ceux  qui  ont  despit  de  me  voir  en  quelque 
petite  prospérité,  et  encores  plus  de  ce  qu'ils  ont  en- 
tendu que  Sa  Majesté  par  le  moyen  de  mes  amis  me 
voulut  favoriser,  ainsi  qu'il  est  aisé  de  l'apercevoir  en 
ce  qu*un  nommé  maître  Guillaume  Sylvius,  entendant 
que  le  signeur  Çayas,  Strella  et  autres  bons  signeurs  et 
amis  m'avoient  tellement  advancé  vers  Sa  Majesté  que 
je  devois  estre  déclaré  son  imprimeur  royal,  fist,  moy 
estant  à  Paris,  imprimer  le  livre  de  la  Toison  d'or  '  en 

I.  Il  s'agit  de  l'édition  des  Ordonnances  de  la  Toison  d'or  {Nie. 
Grudius,  Constitutiones  clarissimi  atque  excelîentissimi  ordinis  veUeris 
aureiy  in-4<>)  que  l'on  attribue  communément  à  Plantin  et  que  l'on 
date  de  1559  ou  1560.  D'après  ce  passage,  le  livre  fut  imprimé  par 
Guillaume  Silvius  dans  l'imprimerie  plantinienne  en  156 1   ou  1562. 


—  2S7  — 

mon  logis,  et  puis  le  porta  à  la  cour,  là  où  sous  la 
couleur  qu'il  eust  imprimé  si  bel  ouvrage,  il  obtint  le 
signe  du  roy,  avec  lequel  venant  après  (comme  lui  m'a 
confessé  depuis)  pour  en  avoir  le  sceau.  Monsieur  le 
Cardinal  de  Grandvelle,  pour  lors  évêque  d'Arras,  le  luy 
refusa  disant  que  Sa  Majesté  entendoit  que  ce  fust 
Plantin.  Parquoy  ledict  Sylvius  en  vint  me  supplier 

Au  reste,  ils  me  cognoissent  fort  mal  de  m'estimer 
vanteur  ni  glorieux  etc.,  car  il  me  seroit  impossible  de 
pouvoir  mesmes  suivre  les  bonnes  fortunes,  si  elles  ne 
me  sont  non-seulement  offertes,  mais  aussi  délivrées  en 
main,  et  ne  me  soroit  en  faire  plus  grande  honte  que  de 
me  louer  etc.  De  sorte  que  je  ne  puis  pas  à  grand'peine 
respondre  à  ceux  qui  me  voudroyent  eslever  de  quelques 
tiltres  ou  louanges. 

Et  pour  faire  conclusion,  je  me  sens  tel  et  si  libre  de 
cueur  et  pensée  que  s'il  est  aucun  qui  soit  trouvé  idoine 
et  veille  entreprendre  l'œuvre  que  j'avois  proposée,  je 
seray  tousjours  prest,  non-seulement  de  la  luy  céder,  mais 
aussi  de  luy  ayder  de  tout  mon  pouvoir  en  luy  délivrant 
les  préparations  que  j'ay  faictes  à  cette  intention,  pour- 
veu  seulement  qu'il  me  rende  les  deniers  par  moy 
desboursés,  sans  rien  compter  pour  mes  travaux  et  peines, 
[ni  pour]  les  grâces  à  moy  faictes,lesquelles  ce  néantmoins 
ne  sont  pas  petites.  Car  j'ay,  passé  3  ou  4  ans,  tenu  des 
gens  doctes  (et  mesmes  un  nommé  Johannes  Isaac, 
lecteur  public  en  hébreu  à  Cologne)  en  mon  logis,  à  mes 
despens  et  gages,  et  cherché  et  trouvé  tous  les  moyens 
qu'il  m'a  esté  possible  pour  faire  amender  et  corriger  le 
dictionnaire  hébraïcque  de  Sanctes  Pagninus,  et  autres 
choses  utiles  pour  telle  entreprise.  Et  mesmes  depuis  3 
jours  en  çà,  j'ay  receu  le  Nouveau  Testament  en  langue 

17 


—  258  — 

syriaque  qui,  passé  quelques  années,  fut  imprimé  à 
Vienne,  par  le  commandement,  faveur  et  libéralité  de  feu 
de  haute  mémoire  l'empereur  Ferdinand,  qu'un  homme 
fort  sçavant,  demeurant  à  Paris,  '  a  translaté  en  latin, 
transcript  en  charractëres  hébraïcques  pour  estre  mieux 
leu  et  plus  facilement  entendu  des  gens  doctes  de  ceste 
parti  occidentale  plus  exercités  ausdicts  charractëres 
hébraïcques  qu'aux  syriens  ou  chaldaïcques. 

Au  reste,  je  n'ignore  pas  les  calumnies  de  mes  envieux, 
qui,  par  tous  moyens,  ont  essayé  et  taschent  journelle- 
ment à  me  faire  dommage  et  empeschement,  et  ce  qu'ils 
ne  peuvent  ou  n'osent  faire  ils  le  font  secrètement  par 
autruy  ;  mais,  grâces  à  Dieu,  je  ne  crains  pas  qu'on 
trouve  en  vérité  que  je  sois  ni  aye  esté  autre  qu'il  appar- 
tient à  celuy  qui  veut  vivre  et  mourir  en  l'obéissance 
des  commandements  et  volonté  de  nostre  Roy  et  en  la 
foy  d'iceluy  et  de  nostre  mère  saincte  Esglise  catholique 
et  rommaine,  et  je  loue  Dieu  qu'il  y  a  des  gens  de  bien 
ici  et  par  tout  ou  j'ay  conversé,  lesquels  me  cognois- 
sent  tel,  tant  de  fréquentation  familière  que  par  la  fré- 
quentation des  saincts  services  qu'en  la  saincte  confession 
et  réception  des  saincts  sacrements.  Et  mesmes,  depuis 
naguères  j'ay  conversé  et  communiqué  familièrement 
avec  le  personnage  qui  avoit  rescrit,  lequel  me  favorise 
maintenant  et  aime  grandement  (ou  je  serois  bien  abusé), 
car  mesmes  il  m'envoye  des  présens  et  des  recomman- 
dations bien  souvent  et  moy  à  luy,  et  m'a  confessé  qu'il 
avoit  par  faux  rapport  esté  mal  informé  de  ma  per- 
sonne. 

Les  pères  de  la  compagnie  de  Jésus  se  servent  ordi- 

I.  Guy  Lefèvre  de  la  Boderie. 


—  ^59  — 

nairement  de  moy,  plus  que  de  nul  autre,  et  pourroyent 
estre  bons  tesmoins  de  ma  conversation  ordinaire  et 
principalement  du  temps  des  troubles,  calamités  et  pré- 
dications exécrables  de  ceste  ville,  durant  quoy  je  me 
suis  tousjours  maintenu  constamment  en  l'obéissance  de 
nostre  mère  saincte  esglise  catholique  et  rommaine  et  ce 
plus  ardamment  que  devant,  de  sorte  qu'onques  je  ne 
perdy  une  prédication  catholique  et  n'en  allé  onques  ouir 
une  des  autres  entières,  ni  pour  y  entendre  quelques 
choses  de  leurs  erreurs  ou  séductions.  U  me  desplaist, 
Monsigneur,  d'estre  si  prolixe  à  vous  rendre  compte  de 
moy-mesmes,  mais  je  vous  prie  de  m'excuser  et  vous 
persuader  de  moy  la  vérité,  c'est  que  je  n'ay  oncques 
adhéré  ni  favorisé  aux  sectaires  et  que,  pour  vivre  ne 
pour  mourir,  je  ne  veux  me  séparer  de  l'obéissance  de 
nostre  Roy  très  catholique,  nostre  mère  saincte  esglise, 
en  la  foy  de  laquelle  je  prétends  vivre  et  mourir.  De 
quoy,  je  prie  à  Dieu  m'en  faire  la  grâce,  et  à  vous  de 
m'y  recommander  en  vos  oraisons  et  de  me  tenir  à 
jamais  vostre  humble  serviteur  et  amy,  autant  affectionné 
qu'il  s'en  pourroit  trouver  d'autre. 


—  2éo  — 

II 8.  —  Tlantin  à  ^rias  Montanus. 
Monsigneur  le  docteur  Arias  Montano. 

Quant,  le  15  febvrier,  j'ay  receu  les  lettres  de  Vostre 
Signeurie,  escrittes  à  Madrid  le  9  novembre  (qui  est 
quasi  3  mois  après),  j'avois  desjà  respondu  aux  secondes 
d'icelles  receues  par  le  moyen  de  Monsigneur  Çayas  ; 
parquoy  ceste  servira  seulement  pour  répéter  que  je 
m'employeray  très  volontiers  à  servir  Vostre  Signeurie 
en  toutes  choses  qu'il  luy  plaira  me  commander  et  que 
je  m'y  tiens  obligé  de  ce  faire,  tant  pour  le  devoir  à 
quoy  je  me  sens  obligé  vers  tous  personnages  qui  ont, 
comme  Vostre  Signeurie,  conjoinct  la  vertu  avec  la 
cognoissance  des  langues  et  toutes  autres  sciences  et 
disciplines,  comme  pour  la  faveur  laquelle  j'aperçoy 
qu'il  vous  plaist  de  me  porter.  Et  pourtant  j'aflSrme  de 
rechef  à  Vostre  Signeurie  que  je  m'employeray  en  ami- 
tié et  toute  loyauté  à  luy  faire  tout  service. 

Reste  seulement  qu'il  luy  plaise  me  signifier  et  en- 
voyer les  mémoires  de  ce  qu'il  luy  plaist.  Car  il  ne  se 
trouvera  rien  par  deçà,  ni  en  France,  que  je  ne  luy 
puisse  fournir  et  envoyer.  Parquoy  il  me  sembleroit  chose 
superflu  et  ce  nonobstant  de  grand  travail  et  temps 
d'envoyer  le  cathalogue  des  livres,  cartes  et  instruments 
que  je  pourrois  fournir.  Et  pourtant  je  n'en  déporteray 
pour  le  présent  comme  d'escrire  plus  amplement. 

Qpi  sera  l'endroict  où,  me  recommandant  très  hum- 
blement à  la  bonne  grâce  de  Vostre  Signeurie,  je  prieray 
Dieu  la  vouloir  conserver  et  faire  prospérer. 

D'Anvers,  ce  18  mars  1568. 


—  2él   — 

119.  —  Plantin  à  Ferdinand  Mena. 

(Plantin  a  dû  réimprimer  la  dédicace  du  livre  du  D^  Mena.  Il  l'a 
fait  aussitôt  qu*il  a  reçu  le  nouveau  texte  et  du  mieux  que  cela  lui  a 
été  possible.) 

D.  Doctori  Mena. 

Qjiin  jamdudum  recepto  exemplarî  uno  atque  altero 
tui  libri,  quem  ad  me  miseras  imprimendum,  videris 
quanti  apud  me  fuerit  commendatio  D.  Cayas,  non 
ignoro,  vir  clarissime.  Nam  tan  ta  profecto  quanta  potui 
in  eo,  ut  petieratis,  diligentia  usus  ium.  Q.uod  vero 
praeter  animi  sententiam  dedicatoria  fuerit  nobis  recu- 
denda,  doleo  id  quidem,  sed  non  tam  sumptus  aut 
laboris  gratia  quam  propter  causam  et  rationem  indica- 
tam.  In  quo  tamen  non  potui  non  approbare  prudentis- 
simum  tuum  judicium  :  quare  accepta  praefatione  altéra 
ilico  prasio  supponendam  curavi.  Sed  ex  animi  sententia 
hoc  prasstare  non  potui,  quod  non  esset  tam  longa  ut 
folium  impleret,  neque  tam  brevis  ut  magnam  litteram 
in  principio  admitteret,  neque  poteramus  alla  ratione 
quam  fecimus  uti.  Tuas  humanitatis  erit  aequi  boni 
quod  emendare  non  potuimus  consulere  et  nostrum 
studium  gratum  habere.  Qpod  si  feceris,  obsequentem 
tuum  perpetuum  tibi  habebis  Plantinum.  Vale,  vir  claris- 
sime. Antverpiae,  18  martii  1568. 


—  2é2  — 

120.  —  Tlantin  à  Jean  Desserans  et  Thomas  Vantrouillier. 

Signeurs  et  amis  Jehan  Desseran  et  Tomas  Vantroul- 
lier,  La  présente  sera  pour  advis  que  j'ay  receu  les  vostres 
du  14  mars  ;  pour  response  ausquelles,  saches  que  j'ay 
receu  les  30  livres  sterling  de  Hector  de  la  Goue.  Je 
vous  ay  aussi  adverti  par  cy-devant  que  fissiés  de  la 
lectre  de  Scralet  comme  pouriés  et  verriés  le  milleur, 
en  acceptant  plus  tost  le  payement  du  sieur  Jehan .  que 
de  renvoyer  la  lectre.  Et  encores  si  ne  pouvés  au  piège 
par  escrit,  me  semblera  bon  advis  que  m'en  donnés, 
c'est  que  trouviés  moyen  de  faire  confesser  ledict  Gérard 
d'Aoust,  dont  m'escrivés  que  faict  la  debte  bonne.  Car 
il  faut  sortir  d'un  mauvais  lieu  quand  on  y  est,  et  pren- 
dre pacience  avec  l'advertissement  de  s'en  garder  à 
l'advenir. 

Qpand  est  de  vous  assortir,  je  le  feray  très  volontiers, 
à  condition  (comme  je  vous  ay  desjà  assés  rescrit)  que 
ce  soit  sans  que  j'y  sois  intéressé.  Et  pourtant  je  vous 
répète  encores  ici  mon  intention,  c'est  que,  touchant  les 
livres  estrangers,  je  veux  tousjours  estre  payé  sans  aucun 
délay  ny  retardement,  devant  que  nous  partions  de  ceste 
ville  pour  aller  à  Francfort.  Et  en  ce  faisant,  je  vous 
envoyeray  tout  ce  qui  se  pourra  trouver  de  vos  mémoi- 
res aux  foires  et  ce  au  prix  que  les  libraires  les  mectent 
audict  Francfort  ;  bien  entendu  que  payerés  aussy  tous 
les  frais  raisonnables,  tant  pour  amasser,  pacquer,  voi- 
tures et  autres  choses  qu'il  apartiendra,  depuis  ladicte 
ville  de  Francfort  jusques  à  vostre  réception;  Le  tout  à 
vos  frais  et  risiques. 

Et  de  tous  ceux  que  demanderés  de  ces  livres  estran- 
gers, entre  les  foires,  à  sçavoir  que  j'envoyeray  de  ma 


\ 


—  263  — 

provision,  je  les  vous  raecteray  au  prix  que  nous  le  fai- 
sons ici  l'un  à  l'autre  en  argent  comptant  qui  est  le  flo- 
rin de  Francfort  à  trente  patars  de  ceste  monoye  qui 
sont  36  sols.  Et  de  ceux-ici  veux  je  aussi  estre  tousjours 
payé,  comme  je  l'ay  dict  ici-devant  de  ceux  que  j'en- 
voyeray  de  Francfort. 

Qiiand  à  mes  sortes  et  autres  que  pourés  mander  de  ce 
pays  ici  ou  dont  j'auray  commodité,  j'en  feray  un  conte 
à  part  et  tel  party  que  verres  propre  ;  de  quoy  je  vous 
prie  de  m'adviser  et  rescrire  amplement  et  ouvertement. 

Si  ces  conditions-ici  vous  plaisent  et  si  vous  les 
acceptés,  envoyés  m'en  une  lettre  à  part  de  vostre  main, 
signée  de  tous  deux,  par  laquelle  vous  me  permettiés  de 
payer  lesdicts  livres  que  j'achepteray  à  Francfort  ou 
vous  envoyeray  de  ceste  ville,  ainsi  que  je  l'ay  spécifié 
icy-devant. 

Car,  comnie  je  vous  ay  assés  dict,  je  vous  veux  faire 
tout  le  plaisir  qu'il  m'est  possible,  mais  je  ne  veux  pas 
perdre  ni  advancer  mon  argent  à  mon  dommage.  Et 
quand  aux  autres  livres  de  mon  impression,  vous  pourrés 
adviser  par  ensemble  comment  vous  en  voudrés  faire  et 
m'en  doner  advis,  sur  quoy  je  vous  respondray  à  mon 
retour.  Dieu  aidant. 

Mais  quand  aux  estrangers,  qu'il  faut  que  je  paye  au 
comptant  (comme  il  me  fault  faire  le  Matheolus  *  et 
quelques  autres  encore),  ou  bien  de  foire  en  foire,  je 
suis  résolu,  ainsy  que  je  vous  l'ay  icy  spécifié.  Et  pour- 
tant n'est  il  pas  besoing  de  m'en  respondre  autre  chose, 
si  non  du  faire  ou  du  laisser. 

I.  Matheolus  ou  Mathiolus  (Pierre  André)  médecin  italien  du 
XVI«  siècle  qui  a  écrit  plusieurs  ouvrages  sur  la  botanique  et  la 
médecine. 


—  264  — 

Parquoy  il  est  besoing,  au  moins  si  le  voulés,  que 
m'envoyiés  une  obligation  suivant  les  articles  cy-devant 
déclarés.  Et  encores  que  je  ne  seray  pas  en  ceste  ville, 
mon  serviteur  et  enfants  m'en  envoyeront  bien  le  dou- 
ble (après  qu'il  l'auront  receue  de  vous)  à  Francfort, 
afin  que  de  millieur  courage  je  m'employe  à  vous  servir 
en  toutes  sones  qu'il  me  sera  possible.  Si  je  suis  court 
d'argent  et  le  Sire  Marchus  Berick  m'en  veille  assister, 
j'en  feray,  comme  vostre  ad  vis  le  porte.  Mes  gens  vous 
serviront  en  mon  absence,  comme  si  j'estois  présent,  et 
vous  envoyeront  des  cartes,  ainsi  que  le  demandés,  et 
que  je  leur  ay  ordonné,  et  que  j'en  ay  bien  moyen  et 
des  globes  aussi,  mais  il  faut  que  je  les  commande  et 
paye  tousjours  comptant. 

J'ay  une  paire  de  globes  de  Gemma  Frisius  que  j'ay 
faict  faire,  avec  les  méridiens  en  cercles  de  cuivre,  et  ne 
les  puis  donner  moins  de  seize  florins  et  douze  patars. 
Si  les  voulés  avoir,  mandés-les,  on  les  vous  envoyera. 
Les  ordinaires  dudict  Gemma,  qui  ont  les  cercles  méri- 
dionaux de  bois,  puis  je  bien  vous  envoyer  à  onze  flo- 
rins la  paire.  Ceux  de  Mercator  (dont  j'en  espère  rece- 
voir incontinent  après  Pasques)  ne  puis  je  donner 
moins  de  24  florins  la  paire.  Si  mandés  quelque  chose, 
vous  serés  servis  à  mon  pouvoir. 

Cependant,  je  prie  à  Dieu  vous  vouloir  donner  toute 
bonne  prospérité  et  une  vraye  santé  et  amitié,  ainsi 
qu'il  appartient,  en  me  recommandant  à  vos  bonnes 
grâces.  D'Anvers,  ce  21  mars  1568. 

Entièrement  vostre  serviteur  et  amy. 

Plantin. 


-^  265  — 
121.  —  Plantin  à  Arias  Montanus. 

(Plantin  répète  le  sommaire  de  sa  première  lettre  à  Arias.  Il  se 
déclare  grandement  honoré  de  pouvoir  servir  un  homme  de  tant  de 
savoir  et  de  vertu.  Il  se  sent  flatté  qu'Arias  désire  son  portrait, 
mais  ne  saurait  satisfaire  à  sa  demande,  parce  que  jamais  il  n'a 
posé  pour  un  peintre  et  ne  se  permettrait  pas  encore  pareil  acte 
de  vanité.) 

Etsi  lltterîs  tuis  20  aprilis  Alcalae  in  coUegio  trilingui 
ad  me  scriptis  jam  ante  menses  aliquot  responderim, 
neqiie  alias  postea  receperim  abs  te,  vir  doctissime,  ego 
tamen  quod  nonnullas  etiam  tune  temporis  ad  cla- 
rissimum  virum  D.  Gabrielem  Sayam,  regiae  majes- 
tatis  secretarium,  paironura  nostrum  singularem,  mise- 
rim,  quas,  aut  sua  negligentia,  vel  temporum  iniquitate, 
itinerumve  praeclusione  impediti  nuntii  cum  non  red- 
diderint,  in  suspicionem  venio  fieri  posse  ut  neque 
priores  illa^  meae  ad  manus  tuas  pervenerint.  Qpare  ne, 
quod  certe  nolim,  diligentia  nostra  tibi  hac  fortasse  occa- 
sione  suspecta  reddatur,  hic  paucis  summam  earum  quse 
tuis  responderam  recensere  volui. 

Primum  itaque,  si  bene  memini  (ex  tempore  namque 
tune,  ut  semper  soleo,  responderam),  ru  bore  suffusus  et 
pudore  innato  ultra  modum  confusus,  diu  multumque 
haesitasse  me  seribebam  an  mihi  litteris  tuis  doetissimis 
respondendum  esset  aut  prorsus  taeendum,  cum  nihil 
aut  certe  parum  in  me  agnoscerem  earum  omnium  vir- 
tutum,  quibus  o.natum  me  tibi  persuasisse  videbaris. 
Ilinc  eolligebam  fieri  non  posse  quin  vel  mea  tacitur- 
nitate  ingratî  animi  notam  nomini  meo  inurerem,  vel 
me  deridendum  proderem.  Ut  autem  a  priori  semper  vitio 
abhorrai,  ita  in  hoc  duplici   nomine  incidere  malui  pri- 


—  266  — 

muDiy  ne  id  negligentiae  potius  quam  pudori  adscribe- 
retur  nostro,  alterum  ne  tantus  vir  tamque  de  republica 
litteraria  et  christiana  bene  meritus  meo  silentio  deci- 
peretur,  dum  interca  me  talem  putasset  qualem  bénigne 
et  liberali  animo  conceperat. 

Nihil  etenim,  ut  candide  et  pio  more  nostro  id  quod 
res  est  fatear,  in  me  cognosco  laude  dignum  aliqua 
praster  quamdam  animi  inclinationem  et  affectum  ab 
ipso  Deo  Opt.  Max.  nobis  datos>  quibus  ita  rapior  ad 
laborem  cum  corporis  tum  quicquid  in  me  est  ingenii, 
neque  quemvis,  sed  qui  plurimis  prodesse  possit,  susci- 
piendum  et  perferendum,  ut  citra  hune  ne  vivere  quidem 
liceat,  certe  non  diem  unum,  sed  ne  horulam  quidem 
mens  nostra  absque  tali  cogitatione  abire  permitteret. 
Egregii  vero  aliquid  praestare,  nisi  principum  virorum 
favore  et  tui  similium,  hoc  est  doctissimorum  virorum  et 
de  litteris  litteratisque  bene  merentium  consiliis,  judicio 
et  ingenua  iiberalitate  adjUtus,  ut  nostrarum  virium  neque 
in  dexteritate  ingenii  nostri  situm  esse  cognoscimus,  ita 
nos  illis  quorum  facultatibus,  favore  vel  industria  quid 
prasclari  e  nostra  prodit  of&cina,  libenter  acceptum  et 
fatemur  et  prasdicamus,  nihil  inde  prorsus  nobis  arro- 
gantes praeter  id  quod  labore  et  constantia  consequi 
potest. 

Quod  autem  nos  tanti  facias  ut  effigiem  nostram  desi- 
deraris,  vir  clarissime,  id  tuae  humanitati  et  amicorum 
errori,  qui  me  pluris  ut  video  facitis  quam  ipse  faciam, 
est  condonandum.  Nam  ego  me  nunquam  proposui 
delineandum  neque  operae  pretium  putavi,  cum  ipse  mihi 
conscius  sim  quam  curta  sit  mihi  domi  suppellex,  vel 
quam  mihi  ignobili  taie  quid  non  conveniat.  Verecun- 
diam  tantam  mihi  sentio  innatam  ut  vix  absque  rubore 


—  267  — 

pictori  vel  familiarissimo,  dum  faciem  nostram  delineare 
vellet,  antestare  possém.  * 

Cxterum,  si  mea  opéra  quacumque  in  re  uti  pla- 
cuerit,  experieris  me  tui  tuorumque  similium,  hoc  est 
virorum  doctissimorum  et  omni  génère  disciplinarum 
virtutumque  rarissimarum  insignium,  perquamstudiosum, 
nihilque  magis  cupere  quam  ut  talibus  talem  me  propo- 
nam  et  omni  obsequio  reipsa  probem.  Proinde  si  quid 
(quod  et  tune  significabam  et  ex  animo  repeto)  a  me 
tua  vel  amicorum  gratia  curatum  velis,  indica  vel  verbo. 
Ego  bona  fide  totis  viribus,  id  quod  jam  jam  dixi,  pro- 
batum  reddere  conabor.  Deus  Opt.  Max.  votîs  tuis  te,  vîr 
clarissimc,  compotem  reddat.  Antverpiae,  26  manii  1568. 


I .  Plus  tard,  Plantin  n'éprouva  plus  ces  scrupules.  Il  posa  plusieurs 
fois  pour  des  peintres  et  des  dessinateurs.  Nous  possédons  de  lui 
trois  portraits  gravés  et  deux  portraits  peints  de  son  vivant.En  1586, 
il  écrivit  à  Arias  Montanus  qu'il  allait  lui  envoyer  son  effigie  peinte  ; 
mais  ce  tableau  ne  fut  expédié  qu'après  sa  mort. 


r-    268   — 

122.  —  Plantin  à  Érasme  Vendius.  ' 

(Plantin  écrit  à  Érasme  Vendius  pour  lui  faire  savoir  que  Han- 
nardus  Gamerius  est  malade  à  Louvain.  Il  profite  de  l'occasion  pour 
remercier  le  duc  de  Bavière  de  la  médaille  que  celui-ci  vient  de  lui 
envoyer.  Il  la  portera  toujours  à  son  cou.  Il  attend  une  réponse 
d'Eckius  concernant  les  œuvres  de  ce  dernier.) 

Clarissimo  doctissimo  viro  D.  Vendio,  Ducis  Bavariae 

consiliario  prudentissimo. 

Hannardus  Gamerius  Bruxellis  Lovanium  reversas 
ad  me  scripsit  se  gravedine  adeo  torqueri  ut  neque  ad 
nos,  quod  pollicitus  fuerat,  Antverpiam  venire,  ut  hinc 
ad  vos,  vir  clarissime,  postae,  quod  aiunt,  litteras  daret 
neque  illinc  scribere  licuerit,  rogavitque  ut  paucis  hoc 
tibi  significarem  :  quod  eo  libentius  facio,  ne  mihi  desit 
occasio  rogandi  et  obsecrandi  tuam  humanitatem  ut 
lUustrissimae  Celsitudini  Ducis  nostri  *  gratias  nomine 
meo  agere  non  dedignetur  de  munere  ad  me  misso, 
quod  certe  quamdiu  vixero  carissimum  et  ex  collo 
dependens  habebo  et  in  gratiam  tanti  principis  ob 
oculos  gestabo.  Utinam  vero  aliquando  mihi  detur 
occasio  declarandi  quam  ad  illius  inserviendum  Celsitu- 
dini perpetuo  paratissimus  esse  velim  !  De  operibus 
Eckii,  '  quae  scribenda  erant,  D.  Hannardus  Francofurti 

1.  Érasme  Vendius,  conseiller  et  secrétaire  du  duc  de  Bavière. 

2.  Albert,  comte  du  Palatinat  rhénan  et  duc  de  Bavière,  auquel 
Plantin  avait  dédié,  par  lettre  du  premier  mars  1368,  le  recueil  des 
'Biicolica  de  Hannardus  Gamerius. 

3.  Eckius,  frère  de  Simon  Eckius,  chancelier  du  duc  de  Bavière. 
Une  lettre  écrite  par  Plantin  à  ce  dernier,  sous  la  date  du  1 5  novem- 
bre 1573,  nous  apprend  qu'il  n'a  pas  été  donné  suite  au  projet  d'im- 
primer les  œuvres  dont  il  est  question  ici,  mais  dont  nous  ne  con- 
naissons pas  le  sujet. 


—  269  — : 

ad  D.  Cancellarium  litterarum  inscriptione  ad  ipsius 
lUustrissimam  Celsitudinem  directe  scripsit  responsum 
jam  expectamus,  Vale,  vir  clarissime.  Antverpiae,  i*  maii 
1568. 

Tibi  merito  tuo  addictissitnus. 
C.  Plantinus. 


123.  —  Plantin  au  Cardinal  Granvelle. 

Monsigneur  très  illustre. 

Estant  retourné  de  Francfort,  j'ay  trouvé  l'exemplaire 
de  Lactance  de  Monsigneur  le  docteur  Thomasio  *,  avec 
ses  lectres  et  celles  de  V.  I.  S.,  lequelles  je  n'ayeu  loisir 
de  lire  et  revisiter,  pour  autres  lettres  qui,  au  mesmes 
instant,  m'ont  esté  aportées  de  la  part  de  Monsigneur 
Albernoz,  secrétaire  de  l'excellence  de  Monsigneur  le 
duc  d'Albe,  par  lesquelles  il  m'escrivit  qu'incontinent 
icelles  reçues,  je  me  transportasse  vers  luy  sans  délay, 
là  où  estant  arrivé,  il  me  dist  avoir  charge  de  me  dé- 
clarer que  Sa  Majesté  m'envoyoit  ung  docteur  par  deçà, 
avec  le  moyen  de  me  délivrer  deniers  et  vaquer  à  la 
correction  de  la  Bible  en  4  langues,  de  laquelle  Sa- 
dicte  Majesté  veut  que  j'imprime  6  exemplaires  en  par- 
chemin et  pourtant  m'ordonnoit  il  que  je  fisse  l'apprest 
dudict  parchemin  et  d'autres  choses  nécessaires.  A  quoy 
je  respondi,  comme  la  vérité  est,  qu'il  m'estoit  impos- 
sible de  ce  faire,  avant  que  de  recevoir  argent  ;  à  quoy 


I.  L,  Coeîii  Lactantii  Firmiani  divinarum  institutionum  lihri  VU, 
etc.  Omnia  studio  Michaelis  Thomasii  emendata  cum  notis  ejusdem. 
Plantin,  1570,  in-8<>. 


—  270  — 

il  répliqua  qu'il  falloit  faire  cependant  lesdicts  apprests 
et  que  l'argent  nécessaire  me  seroit  délivré  à  la  venue 
dudict  docteur. 

Or  estant  de  retour  cejourd'hui  de  Brusselles  et  de 
Louvain,  j'ay  receu  lectres  de  Monsigneur  Çayas,  par 
lesquelles  il  me  demande  jà  le  Lactantius  de  Mons"  le 
docteur  Thomasius,  et  m'advertist  que  Monsigneur  le 
docteur  Arias  Montanus  est  parti,  le  dernier  de  mars,  de 
Madrid  pour  s'aller  embarquer  au  port  de  Caredo>  *  et 
de  là  s'en  venir  ici  avec  lectres  de  crédit  et  toutes  char- 
ges deues  pour  l'impression  de  la  Bible  en  4  langues,  par 
quoy  l'espère  de  la  commencer  en  bref. 

J'ay  faict  desjà  tous  les  apprests  qui  m'ont  esté  pos- 
sibles. J'ay  faict  faire  du  papier  à  Francfort,  qui  me 
couste  audict  lieu  6  dalders  le  rame,  pour  en  faire  quelque 
nombre  d'exemplaires,  et  à  ceste  foire  dernière  en  ay  jà 
receu  et  payé  12  rames  et  500  rames  d'autre  sorte  pour 
l'impression  commune.  J'ay  receu  aussi  la  transcription 
des4Évangélistes  de  charractères  syriaques  et  hébraïcques, 
et  la  version  latine  d'iceux  faicte  par  un  nommé  Guido 
Fabri  ',  personnage  catholique.  Et  suis  d'advis,  sauf  la 
volonté  des  mieux  entendus,  de  commencer  à  mestre  en 
lumière  le  Nouveau  Testament. 

Q.uant  au  livre  des  fragments  poétiques  j'espère  de 
l'achever  devant  8  jours,  le  livre  de  Becanus  dedans  six 
semaines,  et  Summa  S.  Thomas  dedans  3  mois  ou  envi- 
ron. Les  affaires  devant  dictes  ont  faict  qu'il  me  con- 
vienne différer  l'envoy   des  livres  que  Vostre  Illustre 

1.  La  lettre  de  Philippe  II,  ordonnant  à  Diego  Hurtadd  de  Men- 
doza,  «  proveedor  gênerai  b  de  la  flotte,  de  transporter  Arias  dans 
les  Pays-Bas,  indique  le  port  de  la  Corogne  comme  point  de  départ. 

2.  Guy  Le  Fèvre  de  la  Boderie. 


—  271    — 


Sîgneurîe  demande  jusques  au  premier  jour  que  j'en 
délivreray  une  partie  pour  le  premier  poste  qui  partira. 
Cependant,  je  prie  Dieu  nous  vouloir  conserver  V,  I.  S. 
en  bonne  prospérité.  D'Anvers,  ce  i  may  1568. 


124.  —  Tlantin  à  Çayas. 
A  Mons'  Cayas,  le  3  may  1568. 

Estant  retourné  de  Francfort,  j'ay  trouvé  que  Mons' 
le  Cardinal  de  Granvelle  m'avoit  envoyé  les  œuvres  de 
Lactance,  corrigées  et  annotées  par  Monsg'  le  docteur 
Michel  Thomasius,  avecques  les  lectres  dudict  Sign'  doc- 
teur, par  lesquelles  il  m'ordonnoit  que,  suivant  nostre 
coustume,  je  fasse  diligentement  revoir  son  labeur  aux 
plus  doctes  d'entre  les  docteurs  de  Louvain  pour  en 
avoir  leur  jugement.  Parquoy,  j'ay  envoyé  les  œuvres 
à  Louvain  pour  ce  faire,  et  l'ayant  receu,  avec  le  privi- 
lège de  la  cour,  je  ne  faudray.  Dieu  aidant,  à  l'impri- 
mer et  puis  à  en  envoyer  des  exemplaires  à  Vostre  Si- 
gneurie,  ainsi  que,  par  sa  dernière  du  13  d'avril,  il  luy  a 
pieu  me  l'ordonner. 

Et  cependant  j'envoye  ici  le  catalogue  des  livres  que 
j'ay  envoyés  depuis  le  dernier  mémoire  envoyé  à  V.  S., 
afin  qu'elle  puisse  conférer  avec  le  receu  et  entendre  si 
la  diligence  et  fidélité  ou  la  commodité  et  seureté  des 
chemins  ont  permis  que  le  tout  soit  venu  entre  ses 
mains,  de  pareille  diligence  comme  je  les  ay  tousjours 
envoyés  à  Monsg'  de  Taxis,  Maistre  des  Postes  à 
Bruxelles,  pour  les  envoyer  à  V.  S. 

Au  reste,   Monsg"  le  Secrétaire  de  Son    Excellence 


-^  272  — 

m'ayant  mandé,  ces^  jours  passés,  qu'en  toute  diligence 
je  vinsse  à  Bruxelles  pour  entendre  de  sa  bouche  ce  que 
V.  S.  lui  avoit  rescrit,  me  déclara  en  fin  qu'il  venoit 
un  docteur  par  deçà,  envoyé  de  Sa  Majesté,  pour  en- 
tendre à  l'impression  de  la  Bible  en  4  langues.  Et 
pourtant  que  Sa  Majesté  vouloit  que  j'en  imprimasse  6 
en  parchemin,  qu'il  estoit  besoing  que  j'en  fisse  prépa- 
ration. A  quoy  je  respondis  que  tout  ce  que  j'ay  avec 
ma  propre  personne  et  tout  mon  pouvoir,  labeur  et 
industrie  estoyent  prests  et  appareillés  au  service  de  Sa 
Majesté.  Mais  que,  à  la  vérité,  je  n'avois  pas  le  moyen 
de  fournir  à  l'advancement  de  l'achat  dudict  parchemin 
ni  d'autres  frais  que  ceux  par  moy  faicts  ;  nonobstant 
quoy,  répétant  que  l'argent  viendroit  et  que  je  devois 
me  tenir  prest,  me  renvoya  joyeux  d'entendre  la  bonne 
volonté  de  Sa  Majesté  et  triste  de  ce  qu'il  m'estoit  jà 
impossible  de  faire  autres  préparations  que  celles  que 
j'en  ay  par  cy-devant  faictes. 

Car  j'ay,  par  cy-devant,  achapté  assez  bon  nombre  de 
papier  et  entretenu,  quelques  années,  les  ouvriers, 
attendant  le  commandement  de  Sa  Majesté,  jusques  à 
ce  que  en  fin  j'ay  esté  contrainct  de  revendre  une  partie 
dudict  papier  et  d'employer  l'autre  à  imprimer  Summa 
Sancti  Thomae  que  j'ay  de  présent  entre  mains.  J'ay 
mesmes  faict  aussi  faire  du  papier  à  Francfort,  pour 
faire  quelque  nombre  d'exemplaires,  qui  me  couste  6 
dalders,  à  sçavoir  4  escus  et  demy  la  rame,  dont  j 'en- 
voyé icy  une  feille  à  V.  S.  pour  monstre. 

Bref,  j'ay  faict,  jusques  à  présent,  tout  ce  qu'il  m'a 
été  possible  et  le  feray  toute  ma  vie,  mais  je  ne  puis 
plus  rien  sans  l'aide  et  soustien  que  j'attends  de  Sa  Ma- 
jesté par  la  faveur  de  V.  S.  Et  pourtant  sera  il  besoing 


—  273  — 

qu'après  avoir  receu  quelque  argent,  je  me  transporte 
sur  les  lieux  où  se  faict  le  papier  et  les  bons  parchemins 
pour  conclure  du  nombre  et  ordonner  de  la  délivrance 
d'iceux,  afin  qu'il  n  y  ait  retardement  aucun  quant  la 
besongne  sera  commencée.  Que  si  ce  temps  pendant  que 
Monsg'  le  docteur  Arias  Montano  vient  par  de^a,  ainsi 
que  Vostre  Signeurie  m'escrit,  j'avois  quelque  moyenne 
somme  d'argent,  je  ferois  les  voyages  et  préparations 
nécessaires,  de  sorte  qu'à  sa  venue  nous  serions  prests 
de  commencer  et  poursuivre  sans  aucun  retardement 
de  temps. 


125.  —  Tlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

A  Monsigneur  le  Révérendissime  de  Granvelle. 

Le  7  may  1568. 

Suivant  l'ordonnancé  de  Vostre  Illustrissime  Signeurie 
du  20  de  mars,  j'ay  envoyé  à  Brusselles,  à  Monsigneur 
le  Provost  d'Aire,  un  exemplaire  de  Historia  florum 
Dodonaei  *,  avec  le  premier  tome  de  Leopardus  '  conte- 
nant 10  livres,  lesquels,  si  je  m'aperçoy  que  les  doctes 
aprouvent,  je  besongneray  à  mettre  les  autres  dix  en 
lumière.  J'ay  envoyé  Lactantius  *  à  Louvain  pour  estre 


1.  Florum,  et  coronariarum  odoratarumque  nonnullarum  herharum 
historia  %jmiberto  Dodonao  fhCechliniensi  medico  auctore.  Plantin,  1 568, 
in-80. 

2.  Tauîi  Leopardi  emendationum  et  misceîîaneorum  libri  viginti.  To* 
mus  prior  decem  libros  continens.  Plantin,  1568,  in-40. 

3.  £.  Cœlii  Lactantii  Firmiani  divinarum  institutUmum  libri  Fil» 
Plantin,  1570,  in-8o. 

18 


—  ^74  — 

revisité  et  approuvé  par  Messigneurs  les  docteurs  ;  ce 
que  faict,  je  délibère  d'y  mectre  la  main  en  la  plus 
grande  diligence  que  je  pourray. 

Et  ce  pendant  je  me  suis  proposé  de  partir  d'ici 
dedans  deux  jours.  Dieu  aidant^  pour  aler  en  France 
faire  l'achapt  du  reste  des  papiers  qu'il  convient  pour 
l'impression  de  la  Bible  en  4  langues,  pour  l'impression 
de  six  exemplaires  [sur  parchemin],  de  laquelle  je  suis 
cejourd'huy  demouré  d'accord  et  baillé  arres,  de  quatre 
cents  douzaines  de  fin  parchemin,  et  ce  à  4  patars  chai- 
cunne  peau.  Et  pour  pouvoir  bailler  arres  tant  dudict 
parchemin  que  pour  d'autres  choses  nécessaires,  le 
Signeur  Hiérosme  Curiel  m'a  preste  cent  livres  de  gros 
sur  l'asseurance  qu'il  m'a  dict  avoir  non  seulement  des 
lectres  et  parole  du  secrétaire  de  Monsigneur  le  Duc 
d'Âlbe,  mais  aussi  de  la  bouche  mesmes  dudict  Signeur 
Duc,  en  attendant  Monsigneur  le  docteur  Arias  Montano, 
qui  aporte  les  lectres  de  crédîct,  de  manière  que  j'espère 
de  commencer  l'impression  devant  ou  environ  la  sainct 
Jehan  prochainement  venant. 

Ce  pendant,  je  poursuy,  autant  qu'il  m'est  possible, 
Summa  Sancti  Thomae  et  l'œuvre  de  Becanus,  laquelle 
je  ne  faudray  d'envoyer  à  Vostre  Illustrissime  Signeurie, 
incontinent  que  je  l'auray  achevée,  ce  que  j'espère  faire 
devant  deux  mois.  Qpi  me  faict  supplier  à  Vostre 
Illustrissime  Signeurie  qu'il  luy  plaise  nous  faire  com- 
muniquer son  exemplaire  de  la  Bible  grecque  conféré 
au  vieil  exemplaire  de  ceste  tant  bien  renommée  biblio- 
thèque de  Sa  Saincteté.  Et  sur  ce,  je  prie  Dieu  qu'il  luy 
plaise  maintenir  Vostre  Illustrissime  Signeurie  en  toute 
bonne  prospérité.  D'Anvers,  ce  8  may. 


—  ^75  — 
126.  —  Vierre  Gassen  à  Jeanne  Rivière. 

Ma  comère  Jehanne  Plantin,  J'ay  dernièrement  res- 
cript à  mon  compère,  vostre  mary,  et  à  Jehan  Gassen, 
mais  despuis  j'ay  entendu  que  mon  compère  Plantin  et 
Jehan  Gassen  pourront  estre  à  présent  tous  les  deux  en 
chemin  pour  venir  par  desçà,  dont  nous  sommes  tous 
joyeux  de  sa  venue,  et  voyant  qu'il  ne  sera  pas  à  présent 
par  dellà,  ny  Jehan  Gassen,  pour  nos  afiayres,  je  vous 
prie  de  fayre  ce  plesir  à  vostre  comère  Gassen  que  vos 
filles  Martine  et  Catherine  fassent  nos  sortimens,  re- 
çoyvent  nos  ouvrages  de  nos  ouvrières,  les  entretiennent 
pour  nous  à  la  manyère  acoustumée,  et  vostre  Jehan  * 
reçoyve  nos  letres  et  nous  responde.  Je  dis  s'il  leur  est 
possible,  sans  vous  incomoder  en  vos  et  leurs  affayres, 
espérant.  Dieu  aydant,  de  reconoistre,  avec  le  temps,  les 
peynes  envers  nos  amis.  Je  vous  prie  donc  et  vos  filles 
et  Jehan  d'en  fayre,  comme  s'en  suit,  le  mémoyre,  et,  en 
premier  lieu,  de  retenir  pour  nous  et  nous  envoyer,  par 
le  premier  seur,  ce  que  Martine  et  Catherine  ont  de  prest 
de  leur  lingerie,  des  sortes  qu'il  nous  fault,  car  j'ayme 
mieux  qu'elles  ayent  le  profit  qu'autres.  J'ay  receu  à  ce 
voyage  plusieurs  frezes  de  Martine  Plantin,  à  hors,  des 
bas  pris,  dont  j'en  veux  encor  de  mesmes,  assés  bonne 
calité  comme  : 

Des  frezes  à  hors,  à  8  soûls  de  gros  la  douse3me. 

Des  frezes  à  hors,  de  9  soûls,  6  den.  de  gros  la  dou- 
seyne  et  de  ii  à  12  soûls  la  douseyne.  Voylà  les  trois 
basses  sortes  dont  en  faut  le  plus  à  hors,  et  le  plus 
grand  nombre,  despuis  8  souIs  fins  à  10  soûls  de  gros 

I.  Jean  Moretus. 


—  276  — 

la  douseyne,  et  puis  en  suyvant,  quelques  peu  de  14  à 
15  et  16  soûls,  mais  peu  de  fines.  Il  nous  fault  aussy 
des  frezes  my-coupe  des  pris  bas,  de  8  à  9  et  10  soûls  la 
pièce.  Aussi  de  2  auteurs,  dei2ài3ài4  patars  pièce. 
Des  garnitures  à  freze,  à  hors,  sans  pereles,  à  15  et  16 
soûls  et  à  13  et  14  patars  pièce.  Je  vous  prie  aussy  fayre 
besogner  toutes  vos  ouvrières  de  Malines  et  de  Brusselles, 
mesmes  Janeken  Vertange,  à  nos  lassis,  et  le  plus  tost 
que  en  aurès,  nous  les  envoyer  par  les  messagers. 

Faisant  fin,  après  m'cstre  recomandé  à  vous,  à  vos 
filles  et  gendre,  à  Jehan  et  à  tous  les  amis  de  par  dellà, 
priant  Dieu  estre  à  tous  vostre  garde.  De  Paris,  en  hâte, 
ce  13  de  may  1568. 

Le  tout  vostre  compère  et  à  jamais  amy, 

P.  Gassen. 

Je  prie  aussy  à  Martine  ou  à  Catherine  Plantin,  de 
prendre  pour  nous  chez  Madame  Sanglier,  une  douseyne 
des  plus  fins  et  beaux  colés.à  monter,  de  mesmes  ou 
plus  beaux  que  Jehan  Gassen  en  a  envoyé  une  douseyne 
dernièrement,  de  44  patars  la  pièce,  point  levé  et  cassé 
bien  fin,  et  toille  bien  fine,  des  plus  beaux  et  divers 
patrons,  et  s'il  n'en  n'y  a  point  tant  de  beaux,  n'en 
prenés  que  six  et  luy  dites  que  j'ay  payé  à  son  mary  les 
autres  en  ceste  ville,  ei  tout  ce  que  luy  devoys,  et  adieu. 

Je  vous  prie  ne   montrés  pas  à  personne  mes  letres, 
pour  cause,  mais  les  ayant,  conservés  les. 
A  Sire  Christophle  Plantin,  marchant  libraire, 

demeurant  en  la  Camestrate,  au  Compas  d'or, 

Anvers. 

De  port  deux  patars. 


—  277  — 

127.  —  Plantin  à  Çayas. 

A  M.  Çayas. 

II    juin    1568. 

Monsigneur, 

Incontinent  après  avoir  esté  adverti  de  Monsigneur 
d'Albernoz,  secrétaire  de  Son  Excellence,  de  l'intention 
de  Sa  Majesté,  persuadé  par  l'exhortation  de  Vostre 
Signeurie  touchant  l'impression  de  la  Bible  en  4  langues, 
m'efforceant  de  faire  toutes  préparations  nécessaires,  je 
cerchay  les  moyens  de  pouvoir  faire  les  provisions 
deues  pour  tel  effect,  A  quoy  me  servit  grandement  le 
Signeur  Curiel  qui,  libéralement,  sur  mon  obligation,  me 
presta  cent  livres  de  gros,  pour  me  servir  à  conclure  de 
marché  et  à  bailler  arres,  tant  du  parchemin  qu'il  con- 
vient pour  les  exemplaires  que  Sa  Majesté  veut  avoir 
imprimés  sur  iceluy,  comme  des  papiers  nécessaires.  Et 
pour  mieux  faire,  je  me  transportay  en  France.  Là  où  je 
n'avois  pas  esté  plus  de  4  ou  5  jours,  quant  je  fus 
adverti  de  l'arrivée  de  Monsigneur  le  docteur  Arrias 
Montano,  Parquoy,  soudain,  je  m'en  retournay  en  ceste 
ville  d'Anvers,  là  où,  ayant  receu  les  lectres  de  Vostre 
Signeurie,  et  par  icelles  entendu  les  excellentes  vertus 
dudict  Signeur,  et  que  Vostrcdicte  Signeurie  luy  porte 
amitié  pareille  à  une  autre  soy-mesmes,  je  me  résolus 
de  tenir  ledict  Signeur  en  telle  réputation  et  révérence 
que  je  doy  à  Vostre  Révérendissime  Signeurie  et  par 
conséquent  à  celuy  lequel,  après  Dieu,  la  saincte  reli- 
gion catholique  et  nostre  Roy,  je  doibs  à  bon  droict 
révérer  et  aimer  en  ce  monde,  et  de  faict  je  m'y  em- 
ployay  d'arriver  autant  qu'il  me  fut  possible. 


—  278  — 

Mais  depuis  que,  par  l'accès  familier  qu'il  a  pieu 
audict  Signeur  docteur  me  donner  envers  sa  personne, 
et  l'expérience  que  journellement  j'acquiers  des  inesti- 
mables faveurs  divines  du  sainct  esprit  de  Dieu  eslargies 
en  ce  personnage,  j'ay  commencé  par  effect  à  le  con- 
gnoistre  de  plus  en  plus,  je  n'ay  plus  tant  d'esgard  aux 
vrayes  et  dignes  recommandations  de  Vostre  Signeurie, 
ni  mesmes  au  lieu  qu'il  tient  envers  Sa  Majesté,  tant 
s'en  faut  que  je  me  règle  en  ce  que  m'en  a  rescrit  mon 
bon  signeur  et  amy  Monsieur  Mufflin,  chapelain  de  Sa 
Majesté  ;  car  je  me  sens  attiré,  contrainct  et  volontaire- 
ment ravi  et  transporté  à  aimer  et  révérer  ledict  signeur 
Arrias  Montanus,  et  ce  comme  personnage  que,  sans 
envie  ni  affection,  j'aperçoy  à  la  vérité  estre  autant  bien 
doué  et  rempli  de  toutes  grâces  divines  que  j'en  con- 
gnoisse.  De  manière  que  je  m'asseure  qu'il  eust  esté 
impossible  à  Sa  Majesté  et  à  tous  autres  de  trouver  ung 
personnage  plus  idoine,  capable  ou  propre,  voire  et  né- 
cessaire pour  entreprendre  la  charge  de  l'ordonnance 
et  correction  de  ce  tant  excellent  ouvrage  que  ledict 
signeur.  De  quoy  je  me  resjouy  tellement  que  je  n'esti- 
me rien  tout  ce  que  j'ay  faict  et  tous  les  labeurs  et  tra- 
vaux que  j'ay  commencés  ou  pourray  jamais  porter 
pour  ceste  impression  des  Bibles  en  4  langues.  A  quoy 
je  promects  de  m'employer  de  cœur  et  courage  entière- 
ment, sans  y  prétendre  autre  profEct  ni  honneur  que  de 
l'advancement  du  bien  public  en  la  religion  catholique 
et  de  l'honneur  de  Sa  Majesté,  de  Vostre  Signeurie  et  de 
tous  ceux  qui  l'ont  incité  à  ce  faire,  le  tout  conjoinct 
avec  celuy  de  nostre  Dieu. 

Et  pourtant  me  suis  je  proposé  de  n'y  employer  que 
tout  papier  excellent  et  royal,  et  n'ay  pas  espargné  mes- 


—  279  — 

mes  de  faire  tailler  encores  autres  charactères  hébreux,  à 
l'advis  du  Signeur  Docteur  Montano  et  du  mien,  plus 
excellens  que  ceux  de  nostre  espreuve,  de  sorte  que 
j'espère  faire  du  tout  une  œuvre  royale. 

Mais  d'autant  que,  pour  la  suspicion  des  temps  par 
deçà,  il  est  trop  difficile  de  trouver  maintenant  qui 
veille  respondre,  mesmes  pour  les  meilleurs  ou  plus  sol- 
vables  de  ceste  ville,  et  que,  ce  nonobstant,  je  désire, 
quoy  qu'il  me  couste,  satisfaire  à  la  volonté  de  Sa  Ma- 
jesté, j'ay  prié  Monsigneur  le  Docteur  Arrias  Montano 
et  Monsigneur  Curiel  que  je  ne  fusse  astrainct  à  bailler 
autre  piège  que  des  mille  et  cinq  cents  ducats  qui,  pour 
le  commencement,  me  seront  délivrés,  et  que  je  rendray 
entre  leurs  mains  toutes  les  feilles  imprimées  jusques  à 
la  fin  de  l'ouvrage  et  obligeray  ma  maison,  tous  mes 
biens  et  ma  personne  à  telle  restitution  qu'il  plaira  à  Sa 
Majesté.  En  quoy  faisant,  lesdicts  signeurs  seront  mieux 
garantis  pour  la  seureté  des  deniers  de  Sa  Majesté,  que  si 
je  baillois  divers  pièges  qu'on  pensast  maintenant  estre 
plus  que  suffisants,  d'autant  que,  avant  qu'ils  me  déli- 
vrent autres  deniers,  ils  seront  saisis  de  l'impression 
faicte,  qui  vaudra  mieux  que  lesdicts  deniers  première- 
ment advancés,  joinct  que,  grâces  à  Dieu,  je  ne  voudrois 
quicter  mon  imprimerie  pour  dix  mille  ducats  ;  aussi  est 
ce  toute  ma  richesse,  excepté  quelque  honnête  quantité 
de  bons  livres  et  maison  assez  commode.  Et  pourtant, 
Monsigneur,  je  supplie  à  Vostre  Signeurie  de  faire  que 
Sa  Majesté  se  contente  desdicts  piège  et  engagement  de 
tout  mon  bien  et  mesmes  de  ma  personne  que  je  conti- 
nue d'ofiirir  et  de  dire  totalement  à  son  service. 

Qpant  à  ce  que,  par  les  lettres  de  Vostre  Signeurie 
envoyées  audict  Signeur  Docteur  Arrias  Montano,  j'ay 


—  28o  — 

entendu  qu'il  n'ait  pas^receu  les  livres  de  Monsigneur 
le  Docteur  Mena,  ni  les  autres  mandés  depuis,  il  m'en 
desplaist  grandement,  suppliant  Vostredicte  Signeurie  de 
ne  penser  qu'il  y  ait  de  ma  faute  ou  négligence  aucune, 
car  j'ay  faict  à  chaicunne  fois,  tout  extresme  devoir  de 
les  faire  délivrer  au  Signeur  Leonardo  de  Tassis  ',  ainsi 
que  du  tout  j'ay,  par  mes  dernières,  envoyé  le  mémoire 
à  Vostre  Signeurie,  à  laquelle  de  rechef  je  répète,  en  ce 
mémoire,  les  parties  des  livres  envoyés  avec  la  datte  de 
chaicun  jour.  Qlue  si  Vostre  Signeurie  me  le  commande, 
je  envoyeray  itérativement  et  tout  ce  qu'il  luy  plaira  me 
commander,et  ce  d'aussi  bon  cœur  que,  me  recomman- 
dant très  humblement  à  la  bonne  grâce  de  Vostre  Révé- 
rendissime  Signeurie,  je  prie  Dieu  l'augmenter  en  toute 
prospérité.  D'Anvers,  ce  12  juin  1568. 


128.  —  Plantin  au  Cardinal  Granvelle. 
Monsigneur  le  Cardinal  Granvelle. 

Très  illustre  et  Révérendissime  Signeur, 

Le  temps  m'estant  court,  j'advertiray  ici  en  bref 
Vostre  Illustrissime  et  Révérendissime  Signeurie  que  j'ay 
receu  les  versions  des  fragments  qui  ont  esté  envoyés 
au  Signeur  Fulvio  Ursino  par  mon  serviteur,  ce  pendant 
que  j'estois  alors  à  Paris  pour  faire  l'achapt  des  papiers, 
propres  à  imprimer  les  grandes  Bibles  en  4  langues, 
pour  l'assistace  de  quoy  Sa  Majesté  a  ici  envoyé  exprès 
Monsigneur  le  Docteur  Arrias  Montanus,personnage  des 

I.  Maître  des  postes. 


—   28l    — 

plus  doctes  en  la  congnoissance  des  langues  hébraïque, 
chaldéenne,  grecque  et  latine,  et  doué  des  plus  rares 
vertus  qui  doivent  estre  estimées  qui  soyent  de  ce 
temps.  Lequel  estant  arrivé  ici  depuis  mon  partement, 
m'a  revocqué  en  diligence,  et  baillé  à  mon  retour  les 
lettres  qu'il  a  pieu  à  Sa  Majesté  m'en  faire  escrire  et 
soussigner  soy-mesmes  et  monstre  les  ordonnances  de 
Sadicte  Majesté,  par  où  il  ordonne  que  je  mecte  incon- 
tinent la  main  et  que  on  me  délivre  6  mille  ducats  pour 
m'y  aider.  Par  quoy,  s'il  plaist  à  Vostre  Dlustrissime 
Signeurie  de  nous  faire  prester  les  exemplaires  de  la 
Bible  en  grec  qu'elle  a  faict  conférer  à  Rome,  il  en  est 
plus  que  temps,  d'autant  que  nous  sommes  résolus  d'y 
commencer  avec  l'aide  de  Dieu,  dedans  la  fin  du  mois 
présent. 

Ce  que  faisant  la  république  sera  tenue  à  la  libéralité 
de  Vostre  Illustrissime  Signeurie  et  l'honneur  deu  pour 
telle  grâce  ne  sera  celé  à  la  postérité. 

J'ay,  retournant  de  Paris  par  Brusselles,  receu  les 
lectres  de  Vostre  Illustrissime  Signeurie,  avec  les  annota- 
tions et  fragments  du  Signeur  Fulvio  Ursino  sur  Caesar 
et  les  imprimeray  le  plus  tost  que  je  pourray.  Le  sem- 
blable feray  je  aussi  du  Lactance,  qui,  depuis  mon  parte- 
ment d'ici,  est  encore  es  mains  de  Messigneurs  les  doc- 
teurs de  Louvain  pour  visiter  avec  les  annotations  que 
j'imprimeray  avec,  Dieu  aidant.  [i2  juin  1568] 


—  282  — 

129.  —  Plantin  à  Fulvius  Ur sinus. 
13  juin  1568.  Fulvio  Ursino. 

Magnifique  Signeur, 

D  me  plaist  grandement  que  mon  service  vous  plaise. 
J'espère  qu'aurés  maintenant  receu  les  exemplaires  des 
fragments  des  poètes,  '.  que  mon  serviteur,  suivant  mon 
ordonnance,  a  envoyés  à  Vostre  Signeurie  en  mon 
absence  ;  mais  il  me  desplaist  que,  comme  j'entends, 
la  relieure  n'a  esté  faicte  selon  vostre  desseing.  Par 
quoy,  si  l'ordonnés,  j'en  feray  relier  et  envoyer  un 
autre  exemplaire,  et,  par  la  première  basle,  j'en 
envoyeray  quelque  nombre  pour  donner  aux  amis  de 
Vostre  Signeurie. 

A  mon  retour  de  France,  où  j'estois  aie  pour  certaines 
affaires  nécessaires,  dont  j'ay  advisé  l'illustrissime  Si- 
gneurie de  Monsg*"  le  Cardinal  de  Granvelle,  j'ay  receu 
les  fragments  de  Cassar  et  annotations  de  V.S.  sur  iceluy, 
dont  je  feray.  Dieu  aidant,  ainsi  que  l'ordonnés,  avec 
aussi  les  adjoinctes  envoyées  depuis.  J'envoye  ici  à 
Vostre  Signeurie  lib.  Animadversorum  et  de  Coma  '  de 
Hadrien  Junius.  Quant  aux  Adagia  *,  Commentaria  ex 
Eustatio  in  Homerum  *,  Nomenclator  *  etc.,  pour  estre 


1 .  Carmina  novem  illustrium  femitiarum,  etc.  Ex  bibliotheca  Fulvii 
Ursini.  Plantin,  i568,in-8o. 

2.  xÀdriantis  Junius,    *Animadversorum  lihri  VI  et  de  Coma.  Bâle, 
1556,  in-80. 

3.  /i.,  %Adagiorum  àb  Erasmo  omissorum  centuria  octo  cum  dimidia. 

4.  Id.,  Cornu  copia  ex  Eustathii  Commentariis  in  Homerum. 

5.  Id.,  'HjOmencîaior  omnium  rerum  propria  nomina  variis  linguis 
expîicatainiicans.Plsinûa,  i^S'jt'm-S: 


~  283  — 

trop  grands,  je  les  envoyeray,  avec  les  autres  que  Vostre 
Signeurie  demande,  es  basies  que^  dedans  2  ou  3  jours, 
j'espère  d'envoyer  à  Rome  au  Signeur  G.  Ferrari, 
libraire. 

Quant  à  la  phisique  de  Stobeo  %  je  suis  joyeux  que 
Vostre  Signeurie  m'ait  adverti  d'où  elle  procède,  car 
Sambucus  m'en  a  rescrit,  et,  s'il  la  m'envoye  pour  impri- 
mer, j'en  feray  le  devoir,  comme  aussi  de  parler  à  Can- 
terus,  la  première  fois  que  je  le  verray  ou  luy  rescriray. 


130.  —  Plantin  à  Christophe  CalveU  de  Estrella  ' 

Christoval  Calvete  de  Estrella. 

13  juin  1568. 

Monsigneur, 

J'ay  receu  les  lectres  de  Vostre  Signeurie  escrittes  à 
Madrid,  le  20  de  mars,  et  ce  par  le  Signeur  docteur 
Arias  Montano,  personnage  que  j'ay  tenu  en  grande 
estime,  incontinent  avoir  receu  le  témoignage  de  Mon- 
signeur et  comme  père  Çayas,  de  Vostre  Signeurie  et  de 

1.  JoannisStohaieclogarumlihri  duo,  quorum  prior  Phystcas y  posterior 
Ethicas  compJeciitur  ;  nunc  primum  Graece  editi,  interprète  Guilielmo 
Cantero.  Ex  bibliotheca  C.  V.  J.  Sambuci.  Plantin,  1575,  in-S». 

2.  Jean-Christophe  Calvete  de  Estrella  ou  Stella,  de  Barcelone^ 
était  le  confesseur  de  Charles-Qpint  et  son  historien  pour  les  affaires 
de  rinde.  Il  écrivit  entre  autres  :  El  felicissimo  Viajc  del  tnuy  aJto  y 
muy  poderoso  pricipé  don  Phelippe,  hijo  d'aï  emperador  don  Carlos  quinto 
maximoy  desde  Espana  a  sus  tierras  de  la  boxa  Alemaha,  Anvers,  Mart. 
Nucio,  1552,  in-fol.  et  Ad  ExelUnliss.  et  Ma^nanimum  principem 
Ferdinandutn  Alvarum  loletum  Alhœ  dttcem  Encomium.  Plantin,  1573, 
in-8o. 


—  204  — 

Monsigneur  Mofflin,  mais  lequel  maintenant  je  révère 
et  admire  de  plus  en  plus,  tant  pour  son  érudition  en 
toutes  langues  et  sciences,  que  pour  sa  diligence  et  fidé- 
lité, maïs  surtout  de  sa  modestie,  humanité  et  rarissimes 
vertus,  dont  je  Tapperçoy  doué  et  rempli  de  grâces  di- 
vines. Et  me  tiens  plus  heureux  qu'un  tel  personnage 
ait  esté  choisi  pour  l'ordonnance  et  correction  d'un 
ouvrage  si  véritablement  royal,  que  si  mille  escus  de 
rente  m'estoyent  advenus  ou  donnés  entièrement.  Parle 
premier  qui  partira  après  cestuy-ci,  j'envoyeray  à  Vostre 
Signeurie  le  catalogue  des  livres  demandés  et  rescriray 
souvent,  puisque  la  commodité  si  addonne  par  le  moyen 
du  Signeur  Montano.  Que  s'il  plaist  à  Vostre  Signeurie 
m'envoyer  ses  poésies,  je  les  imprimeray  volontiers, 
mais  encores  plus  volontiers  ses  histoires  tant  désirées. 


131.  —  Plantin  à  Jean  Mofflin. 
A  Monsigneur  Mofflin.    13  juin  1568. 

Monsigneur, 

A  l'advertissement  qu'il  vous  a  pieu  me  faire  des 
qualités  du  Signeur  Arias  Montano  et  des  grandes  solici- 
tude  et  diligences  qu'il  a  faictes  en  nostre  faveur  contre 
les  envieux  et  calumniateurs,  touchant  l'impression  de 
la  Bible  en  4  langues,  je  me  délibéray  de  tenir  ledict 
Signeur  docteur  Arias  Montano  en  telle  réputation  que 
je  devois,  et  m'y  employay  de  tout  mon  pouvoir,  incon- 
tinent, non  comme  je  le  devois,  mais  comme,  selon  ma 
mode  rustique,  il  m'estoit  possible.  Mais  depuis  que  ledict 


—  28s   — 

Signeur  Arias  Montano  m'a  donné  la  hardiesse  de  con- 
verser familièrement  avec  luy,  je  me  suis  trouvé  telle- 
ment esprins  et  comme  transporté  d'amour  et  révérence 
envers  ses  tant  rares  vertus,  qu'ayant  oublié  toutes  vos 
recommandations,  celles  de  mon  bon  Signeur  et  comme 
père  Çayas,  de  Monsigneur  Strella,  et  mesmes  le  lieu 
qu'il  tient  envers  Sa  Majesté,  je  l'admire  et,  comme  tout 
esperdu,  ne  sçay  bien  souvent  si  je  doibs  me  taire  ou 
luy  respondre,  quant  mesmes  il  parle  à  moy.  Et  par  con- 
séquent, je  souhaite  et  désire  que  je  peusse  faire  service 
audict  Signeur  qui  luy  fust  aggréable,  à  quoy  je  m'em- 
ployray  de  tout  mon  mieux  et  pouvoir. 

Quant  à  vos  lectres  précédentes,  escrites  à  Madrid,  le 
II  décembre^  je  les  ay  receues  le  ii  febvrier  ensuivant, 
et  incontinent  je  fis  le  contenu  de  vostre  mémoire,  que 
je  délivray,  le  6  de  mars  ensuivant,  au  Signeur  Jaques 
Goossens,  marchant  peletier  en  ceste  ville,  frère,  disoit- 
il,  de  celuy  à  qui  aviés  donné  la  commission  en  ceste 
ville,  et  alors  je  luy  baillay  deux  factures,  l'une  pour 
vous  envoyer  par  le  marinier  et  l'autre  par  la  poste,  et 
moy-mesmes  en  délivray  une  autre  à  la  poste,  avec  la 
response  bien  ample  aux  vostres  et  à  l'advertissement 
[que],  de  vostre  grâce,  il  vous  avoit  pieu  de  me  faire, 
touchant  le  frère  prédicateur  qui  avoit  rescrit  de  ceste 
ville  en  la  faveur  de  Steelsius  etc. 

Et  depuis  encores  je  vous  ay  rescrit  aussi  et  me  des- 
plaist  fort  que  n'ayés  receu  de  moy  le  contentement  que 
désiriés,  mais  d'autant  que  je  me  tiens  et  sens  incou- 
pable en  cest  endroit,  je  me  consoleray  en  patience, 
attendant  qu'il  vous  plaise  de  me  commander  autre 
chose,  en  quoy  me  trouvères  tousjours  volontaire  et  dili- 
gent. Mais,  si  les  messagers  ne  feront  leur  devoir,  je 


—  286  — 

désire  estre,  ce  nonobstant,  excusé,  comme  la  raison  le 
veut.  Et  ce  pendant,  me  recommandant  très  humble- 
ment à  vos  bonnes  grâces,  je  prie  Dieu 


132.  —  Tlantin  à  Mathias  Gasl. 

Mathîas  Gast.  Le  14  juin  1568. 

J*ay  receu  les  lectres  et  livret  du  Signeur  Michel  de 
Venegas,  lequel  (nonobstant  que  je  n*aye  loysir  de  luy 
rescrire  présentement)  j'espère  d'imprimer  selon  qu'il 
me  l'ordonne.  Gaspar  de  Portonariis  *  est  ici  et  a  achepté 
quelque  nombre  de  livres  de  moy,  mais  il  ne  m'a  rien 
parlé  de  la  Bible  de  Robert  Estienne  avec  les  annota- 
tions de  Vatable  ',  mais  bien  en  ay  je  un  exemplaire 
corrigé,  que  j'espère  mectre  en  lumière,  au  plus  tost  que 
j'en  auray  le  moyen.  Je  vous  envoyeray  les  livres  par 
vous  demandés,  ainsi  que  l'ordonnés,  avec  ceux  de 
Birckman,  et  suivray  vostre  ordre,  n'envoyant  rien  qui 
ne  soit  bien  catholique  et  ne  le  voudrois  pas  aussi  au- 
trement. La  Surama  texte  sera,  Dieu  aidant,  achevée 
d'imprimer  dedans  3  ou  6  semaines  du  jourd'huy.  Que 
si  en  voulés  quelque  nombre,  ordonnés  argent  par  deçà, 
et  je  vous  en  feray  prix  autant  raisonnable  qu'il  me 
sera  possible.  Et  sur  ce,  me  recommandant 

1.  Gaspar  de  Portonariis,  de  Lyon,  libraire  en  Espagne. 

2.  'Biblia  sacra  latina  cum  notis  Fr,  Vatabli,  (Genevae)  Rob.  Ste- 
phanus,  1^67,  2  vol.  in-fol. 


—  287  — 

133-  -"  Pldntin  à  Çayas. 
Monsieur  Sayas.  22  juin  1568. 

Le  12  du  présent,  j'escrivi  et  envoyé  le  catalogue  des 
livres  qu'à  diverses  fois  j'ay  envoyés  au  Signeur  Leo- 
nardo  de  Tassis  pour  Vostre  Révérendissime  Signeurie, 
et  adjouxtay  ung  des  livres  de  Monsigneur  le  docteur 
Mena,  auquel  j'en  désirerob  envoyer  quelque  nombre, 
s'il  luy  plaisoit  m'ordonner,  comment  je  pourrois  les 
envoyer  à  Sa  Signeurie.  Depuis  j'ay  accompagné  Mon- 
signeur le  docteur  Arias  Montano  à  Louvain,  où  j'ay 
continué  à  congnoistre  de  plus  en  plus  les  singuliers 
[dons]  de  Dieu  en  Sa  Signeurie.  De  sorte  que  je  ne 
me  sçay  assés  esmerveiller  des  rares  vertus  que  j'aperçoy 
en  tel  personnage,  chose  qui  le  faict  admirer  et  aimer 
d'un  chaicun  et  me  contrainct  facilement  à  le  recognois- 
tre  et  tenir  au  mesmes  rang  et  révérer  comme  de  bon 
droict  je  fay  et  doibs  faire  Vostre  Révérendissime 
Signeurie. 

Pour  le  présent,  je  n'envoyé  rien,  craignant  que  le 
poste  ne  soit  assés  chargé,  d'autant  mesmes  que  le  Si- 
gneur Hiéronyme  Curiel  m'a  faict  achapter  du  parche- 
min pour  envoyer  par  la  mesme  poste.  J'ay  du  papier 
fin  de  Francfort,  duquel  je  délivreray  tel  nombre  qu'il 
plaira  à  Vostre  Révérendissime  Signeurie  le  comman- 
der. 


—  288  — 
134-  ""  Plantin  à  Jean  Êgolphe  de  Knoringen. 

(Il  a  appris  que  Jean  Égolphe  de  Knoringen  songe  à  faire  impri- 
mer les  livres  de  Glareanus.  Il  se  déclare  prêt  à  exécuter  ce  travail^ 
à  condition  que  son  correspondant  lui  avance  le  prix  du  papier  et 
s'engage  à  prendre  300  exemplaires  de  l'ouvrage,  à  raison  de  quinze 
réaux  d'Espagne  ou  de  dix  batz  d'Allemagne,  les  cent  feuillets.) 

Reverendo  et  Nobili  viro  ac  Domino  D.  Johanni  Egolpho 
a  Knoringen  Cathedralium  Ecclesiarum  Nureburgen- 
sium  scholastico  et  Augustanas  custodi  et  Domino 
gratioso  et  patrono  colendo. 

Cum  ex  familiari  coUoquio  non  semel  a  Domino 
Hanardo  Gamerio,  viro  ut  doctissimo  ita  de  litteris 
litteratisque  bene  merito,  intellexerim  voluntatem  Re- 
verendae  Dominationis  Tuae  de  libris  Glareani,'  oratoris 
et  poetas  excellentissimi,  simul  excudendis,  ego,  pro  mea 
erga  doctissimos  viros  observantia,  nolui  praetermittere, 
quin  meam  operam  ad  •  taie  opus  imprimendum  non 
oSerrem.  Idque  libentius  facio  quod  pietatem  canonico 
et  ecclesiastico  viro  dignam,  eruditionem  absolutam  et 
erga  ecclesiam  zelum  aliasque  omnis  generis  virtutes  et 
animi  dotes  in  te  sitas  esse  Hanardus  noster  ita  frequen- 
tissime  prasdicaverit,  ut  non  magis  Homerus  Achillem  aut 
Ulyssem  laudare  potuerit  quam  is  te  nunquam  non  lau- 
dibus  efiert.  Quas  certe  non  falsas  esse  ex  tuis  ad  eum 
litteris  facile  cognovi. 

Qponiam  vero  temporum  incuria  neque  facultates 
nostras  ferunt  ut  meis  sumptibus  solis  dicta  Domini 

X .  Glareanus  (Henri  Loritus),  philosophe,  mathématicien,  histo- 
rien, théologien  et  poète,  naquit  en  1488  à  Claris  en  Suisse,  mourut 
àFribourgen  1563.  Plan  tin  n'imprima  aucun  de  ses  nombreux 
livres  ;  les  négociations,  dont  il  est  question  dans  cette  lettre,  n'eu- 
rent donc  point  de  résultat. 


—  28?  — 

Glareani  opéra  imprimam,  ecce  conditiones  quas  possutn 
aequas  proponere.  Volui  nempe  ut  R.  D.  T.  nos  aliqua 
summa  honesta,  juzta  operis  magnitudineiiiy  primam  ad 
papyrum  emendam  juvet,  polliceaturque,  opère  absolu to, 
300  ad  minimum  exemplaria  se  redempturam,  pretio 
constituto,  ut  huic  centum  folia  dem  pro  quinque  rega- 
iibus  hispanicis  seudecembassionibusgermanicis;  neque 
possum  minorisy  si  ea  carta  et  diligentia,  qua  in  aliis 
soleo,  utar,  neque  vellem  ego  minori,  praecipue  in  tali 
auctore. 

Casterum,  si  qua  in  re  mea  non  displicuerit  uti  opéra, 
si  vel  annueris,  paratum  me  habebis.  Vale,  vir  clarissime, 
et  nobis,  si  placuerit,  per  nuntium,  quem  hinc  ad  vos 
destinât  noster  Hanardus,  quasso  ut  mittatis.  Antverpias, 
25  junii  1568. 
Reverendas  Dominationis  Tuae  cliens  obsequentissimus. 


135.  —  Plantin  à  Louis  in  Schaffleren. 

(Plantin  se  déclare  prêt  à  imprimer  le  Bréviaire  des  Prémontrés,  à 
condition  qu'on  lui  paie  1 50  thalers,  en  échange  desquels,  il  fournira 
300  exemplaires  de  ce  Bréviaire.) 

Reverendo  in  Christo  Patri  ac  Domino  D.  Praeposito 
Ludovico  in  Schasffleren  etc. 

De  Breviariis  Prasmonstratensis  ordinis  imprimendis 
quoniam  aliquando  ad  me  scripsistis,  rationibus  nostris 
initisy  reperio  me  non  posse  impressionem  suscipere, 
nisi  Reverenda  Dominatio  Vestra  nobis  centum  et  quin- 
quaginta  dalleros  mittat,  pro  quibus  pollicebor  me  vobis 
daturum  trecenta    exemplaria    dictorum  Breviariorum. 

19 


Vestnim  nunc  erit  dîspicere  quid  jubere  velitis  ;  ea  ete- 
nim  lege  me  vobis  addictum  et  paratum  habebitis. 
Valete  in  Ghristo.  Antveipiae,  25  junii  1568. 

ReverendsB  Dominationîs  Tuse  addictissimus. 

C.  Plantinus. 


136.  —  Plantin  au  Cardinal  Granvelle. 

26  juin  1568. 

A  Monsieur  le  Cardinal  de  Granvelle. 

Très  illustre  et  Révérendissime, 

Pourtant  que  je  faisois  cejourd'huy  deux  basles  de  li- 
vres pour  envoyer  à  M*  Georges  Ferrari,  libraire  à  Rome, 
et  que  le  pasquet  eust  esté  grand  pour  la  poste,  j'ay 
mis  en  l'une  desdictes  basles  142  feilles  de  Summa 
Sancti  Thomae  que  j'avois  imprimées  ;  les  autres  feilles 
envoyeray  je  à  Vostre  Illustrissime  Signeurie  par  chai- 
cunne  semaine  jusques  à  la  fin,  que  j'espère  en  faire 
dedans  le  mois  d'aoust  prochain,  devant  lequel  pourray 
je  bien  à  peine  commencer  ni  Lactance  ni  César,  d'au- 
tant que  je  ne  pourrois  avoir  achevé  ni  l'un  ni  l'autre 
devant  la  foîre  de  Francfort,  ni  mesmes  ladicte  Summa 
Sancti  Thomae,  et  par  ainsi  serois  je  retardé  du  tout 
pour  six  mois,  ce  qui  me  seroit  fort  incommode.  J'espère 
que  Vostre  Illustrissime  Signeurie  aura  maintenant  receu 
mes  lectres,  par  lesquelles  je  l'ay  advisée  de  la  venue  de 
Monsigneur  le  Docteur  Arias  Montanus,  envoyé  ici  de  la 
Majesté  de  nostre  Roy  très  catholique,  pour  entendre  à 
la  correction  de  l'impression  de  la  Bible  en  4  langues 


=    ?9:?     — 

çt  que  Vpstre  Illustrissime  Signeuri^  aura  mandé  nous 
faire  accomoder  de  sa  bible  grecque  conférée.  Par  quoy 
feray  fin. 


137.  —  Plantin  à  Maximilien  de  Terghes^  archevêque  de 

Cambrai  *. 

Au  très  Illustre  et  Révérendissime  Signeur  Monsigpeur 

l'archevesque  de  Cambray. 

Le  28  juin  1568. 

Très  Illustre  et  Révérendissime, 

Pourtant  que  Vostre  Dlustrissime  et  Révérendissime 
Signeurie  me  commanda  dernièrement  de  l'advertir  du 
succès  et  occurences  qui  adviendroyent  en  l'impression 
de  la  Bible  en  4  langues,  je  l'en  ay  ici  voulu  advertir. 
Estant  donc  de  retour  en  ceste  ville,  je  trouvay  Monsi- 
gneur  le  docteur  en  théologie  Bénédîct  Arias  Montanus, 
officier  de  la  Sainte  Inquisition  en  Espagne,  Chevalier 
de  l'ordre  de  Saint  Jaques,  personnage,  outre  Testât  de 
noblesse  et  degré  qu'il  tient,  npn  seulement  autant 
accompli  en  la  science  des  langues  hébraïcque,  chaldaïc* 
que,  syrienne,  grecque,  latine  et  diverses  autres,  mais 
aussi  doué  d'une  autant  souveraine  modestie,  prudence, 
amour  divin,  et  toutes  autres  vertus  divines  qu'oncques 
j'en  ay  sceu  congnoistre.  Iceluy,   après  m'avoir  exposé 

I.  Maximilien  de  Berghes,  né  vers  15 12,  était  doyen  de  St  Gom- 
maire  à  Lierre,  quand,  le  10  septembre  1556,  il  fut  élu  évêque  de 
Cambrai.  Son  élection  fut  confirmée  par  le  S'  Siège  en  1559.  En 
1562,  après  Torganisation  des  nouveaux  évèchés,  il  devint  archevêque 
de  Cambrai.  Il  mourut  subitement  à  Berg-op-Zoom,   le  37  août 

1570- 


—  292  — 

l'occasion  de  sa  venue  et  de  sa  charge,  qu'il  me  monstra 
par  escrit  annotée,  apostilée  et  signée  de  la  propre 
main  de  la  Majesté  de  nostre  Roy  très  catholique,  me 
bailla  lettres  aussi  addressantes  à  moy,  soussignées  aussi 
de  la  propre  main  de  Sa  Majesté  et  de  son  secrétaire 
d'estat,  par  lesquelles  Sadicte  Majesté  m'escrit  signam- 
ment  que  les  monstres  de  la  Bible  en  quatre  langues, 
que,  passé  trois  ans,  j'avoys  envoyées  en  Espagne,  luy 
ont  esté  si  agréables,  qu'après  meure  délibération,  il 
avoit  envoyé  ledict  Arias  Montanus,  son  domestique 
etc.,  avec  toutes  charges  et  commodités,  pour  m'aider, 
voire  et  présider  en  son  nom  à  la  correction  de  ladicte 
Bible,  laquelle  il  désire  et  m'exhorte  de  commencer 
incontinent  et  la  poursuivre  en  la  plus  grande  diligence 
que  possible  me  sera.  Ce  que  faisant,  il  me  promect 
toute  faveur  en  tous  endroits  qui  s'offiiront  à  mon 
advantage  etc. 

Au  reste,  il  ordonne  ici  à  son  facteur  qu'il  me  délivre 
la  somme  de  six  mille  ducats  en  prest,  pour  employer  à 
ladicte  impression  et  que^  contractant  avec  moy,  il  me 
demande  et  prenne  piège  de  ladicte  somme  :  article 
qui  en  ce  temps  fascheux  m'a  esté  fort  dur.  Mais,  grâces 
à  Dieu,  j'y  ay,  par  promesse  de  livrer  les  exemplaires 
qui  s'imprimeront,  entre  les  mains  ou  pouvoir  dudict 
signeur  docteur,  satisfaict,  excepté  de  mille  et  cinq 
cents  escus,  pour  lesquels  il  me  convient  bailler  quelque 
personnage  pour  piège  :  chose  qui  m'est  assés  difficile 
en  ce  temps  fascheux,  auquel  le  père  faict  difficulté  de 
respondre  pour  le  fils. 

Si  est  ce,  grâces  à  Dieu,  que,  outre  une  assés  passa- 
blement bonne  quantité  de  livres  et  mon  imprimerie, 
que  je  ne  donnerois  pas  pour  6  mille  ducats,  j'ay  achapté 


—  293  — 

et  payé  la  maison  où  je  demeure  plus  que  ne  se  monte 
ladicte  somme  de  1500  escus  et  suis  prest  d'engager  et 
obliger  le  tout  à  quiconques  me  voudra  faire  ce  plaisir, 
afin  que  telle  œuvre  ne  soit  retardée  pour  si  peu  de 
chose.  Ledict  facteur  me  dict  bien  qu'il  prendroit  bien  ma 
personne  et  biens  pour  asseurance,  sans  piège,  n'estoit 
que  Sa  Majesté  luy  a  prescript  ce  point,  auquel  il  ne 
soroit  aucunement  contrevenir. 

Voylà,  Monsigneur,  ce  qui  nous  peut  retarder.  Car 
le  papier  est  achapté,  les  lectres  sont  fondues  et  ne  lais- 
sons aussi  de  faire  besongner  au  reste  des  appareils.  Le 
tout  sous  espoir  qu'il  plaira  à  Dieu  inspirer  quelque 
personnage  de  nous  faire  ce  bien  de  respondre  desdicts 
1500  escus,  ce  que  je  ne  désire  point  pour  aucun  prof- 
fict  particulier,  mais  pour  le  seul  advnncement  de  la 
saincte  esglisc  catholique,  apostolique  et  romaine,  et 
ainsi  Dieu  et  ses  saincts  me  puissent  aider. 

Au  reste,  j'envoye  ici  à  Vostre  Excellence  un  exem- 
plaire d'Œconomia  Bibliorum  relié,  lequel  livre  couste, 
ainsi  relié  qu'il  est,  48  patars.  S'il  est  autre  chose  en 
quoy  Vostre  Exellence  m'estime  propre  à  luy  faire  ser- 
vice, me  le  faisant  commander  par  l'un  de  ses  serviteurs, 
je  m'y  employeray  d'aussi  bonne  volonté  que  je  prie 
Dieu  la  préserver  et  augmenter  en  ses  sainctes  grâces  et 
que  je  demeure  en  la  sienne.  D'Anvers,  ce  28  juni  1568. 

De  vostre  Illustrissime  et  Révérendissime 
Signeurie  le  très  humble,  très  obéissant 
et  très  affectionné  serviteur. 

C.  Plantin. 


—  294  — 
138.  —  Plantin  à  Etienne  Tighius. 

(Plantin  se  déclare  prêt  à  imprimer  un  petit  livre  sur  la  manière 
d'écrire  l'histoire  fait  par  un  Sicilien.  Il  annonce  â  Pighius  l'envoi 
de  deux  ouvrages  et  l'achèvement  d'un  troisième.) 

Domino  Stephano  Pighio. 

Libellum  Siculi  manuscriptum  de  historia  *  recepi,  vir 
clarissitne.  Hune  libentissime  imprimerem,  si  scrupulo 
mihi  ex  lectione  dedicationis  ad  Illustrissimum  injecto 
liberarer.  Is  autem  est  quod  dubitem  num  liber  jam 
antehac  impressus  fiierit,  cum  dicat  se  adductum  fuisse 
ad  hune  libellum  emittendum  postquam  vidisset  histo- 
riam  suam  Melitensem  ab  amicis,  se  nescio,  editam 
fuisse.  Nam,  si  liber  jam  fuerit  ab  aliquo  alio  editus, 
abstinerem  ab  editîone;  si  non,  praîlo,  quam  facere  pos- 
sem,  citissime  excuderem. 

Poetrias  Fulvii,  una  cum  Gregorii  Nazianzeni  ali- 
quot  carminibus  ',  mitto.  Becani  historia  est  absoluta, 
praeter  praefationes  et  indices,  quas  ipse  parât.  Ubi  abso- 
luta  erunt,  omnia  mittam  tibi,  et  Domino  Morillonio, 
cui  salutem  plurimam  ex  me  dici  percupio.  Vale,  domine 
mi,  etc.  3  julii  1568. 

1.  fo,  AnUmii  Fiùerani  de  Scribenda  historia  liber,  Plantin,  1569, 
in-80.  Le  livre  est  dédié  au  Cardinal  Granvelle.  Dans  la  préface, 
l'auteur  dit  :  Scripsi  de  bello  Meliiensi  historiam,  non  quae  in  aliorum 
manus  veniret,  sed  quae  studium  meum  et  voluntatem  amicis  com- 
mendaret,  qui  plus  aequo  illam  probantes,  in  lucem  subito  emiserunt, 
hoc  ipsum  refugiente  me. 

2.  SenUntia  et  régula  viUe  ex  Gregorii  Na^ianieni  scriptis  collecta, 
Ejusdem  Jambi  aliquot,  nunc  ptimum  in  lucem  editi  per  Johanwm  Sam- 
bucum.  Plantin,  1568,  in-80. 


—  29S  — 

139-  "•  Plantin  au  Cardinal  Gaiwelle. 

  Monsigneur  le  Cardinal  de  Granvelle.  4  juillet  1568. 

Très  lUustr.  et  Révérendissime, 

Par  mes  précédentes,  Vostre  Illustrissime  et  Révéren- 
dissime Signeurie  aura  entendu  que  nous  sommes  prests 
à  commencer  l'impression  de  la  Bible  en  4  langues,  et 
qu'attendons  la  Bible  conférée  à  Rome,  à  son  instance  ; 
de  laquelle  nous  servans,  ne  faudrons  à  faire  telle  men- 
tion des  grands  personnages  qu'il  luy  a  pieu   nous  en 

« 

advenir. 

J'estime  que  le  Signeur  Fulvio  Ursino  aura  dès  long 
temps  receu  l'exemplaire  des  Poétrices  que  mon  servi- 
teur luy  a  envoyé,  cependant  que  j'estois  à  Paris.  Par 
mes  dernières,  Vostre  Illustrissime  Signeurie  aura  aussi 
entendu  que  j'ay,  pour  ne  charger  par  trop  les  postes, 
mis  142  feilles  de  Sa  Signeurie  en  une  des  basles  que 
j'ay  faicte  et  envoyée,  ces  jours  passés,  à  Rome,  pour  les 
délivrer  au  Signeur  Georges  Ferrari,  libraire,  et  mainte- 
nant j 'envoyé  ces  feilles  que  j'en  ay  imprimées  depuis, 
et  continueray  d'envoyer  le  reste  jusques  à  la  fin,  qui 
sera.  Dieu  aidant,  devant  la  fin  du  mois  d'aoust  pro- 
chain. Après  quoy,  j'espère  (suivant  aussi  mes  précé- 
dentes) d'imprimer  incontinent  et  en  diligence  le  Lac- 
tance  et  les  commentaires  de  Csesar. 

Qiiant  à  la  disme  des  Bréviaires  de  Manutio,  je  la  luy 
pourray  bien  envoyer,  par  le  moyen  des  conducteurs, 
où  il  luy  plaira,  et  ne  feray  aussi  diflSculté  de  luy  faire 
le  service  de  la  vendre  à  son  profict  ;  mais  il  me  sem- 
bleroit  meilleur  pour  luy  que  je  l'envoyasse  ailleurs.  Au 
reste,  si  je  n'ay  l'exemplaire  devant  qui  que  ce  soit  de 


—  296  — 

par  deçà,  il  se  peut  bien  asseurer  (à  ce  que  j'entends) 
qu'on  n'aura  point  d'esgard  à  son  privilège,  et  par  consé- 
quent, que  je  n'en  voudray  pas  beaucoup.  Comment  que 
ce  soit,  je  feray  mon  devoir  autant  qu'il  me  sera  pos- 
sible. 

J'estime  que  Vostre  Illustrissime  Signeurie  aura  main- 
tenant receu  Coronariarum  herbarum  historia  Dodonaei 
et  tomus  primus  Observationum  etc.  Leopardi.  J'envoye 
maintenant  ici  Gregorii  Nazianzeni  carmina  aliquot  etc. 

Le  livre  de  Becanus  est  achevé,  excepté  les .  préfaces 
et  tables.  II  est  fort  gros  pour  l'envoyer  par  la  poste. 
Par  quoy,  me  semblera  expédient  de  l'envoyer  à  deux  ou 
trois  fois.  Je  suivray  en  cela  et  toutes  autres  choses 
l'ordonnance  de  Vostre  Illustrissime  Signeurie,  à  laquelle 
je  prie  Dieu  nous  vouloir  conserver  en  toute  prospérité, 
à  son  honneur  et  gloire,  et  me  faire  demeurer  en  sa 
bonne  grâce. 

D'Anvers,  ce  4  juillet  1568. 


140.  —  Tlantin  à  Érasme  Vendius. 

(A  la  demande  de  Hannardus  Gamerius,  Plantin  se  prépare  à  tirer 
sur  vélin  deux  exemplaires  de  la  Bible  royale  pour  le  duc  de  Bavière. 
Il  déconseille  de  lui  envoyer  Paulus  £milius  pour  aider  à  la  correc- 
tion du  même  ouvrage  ;  il  ne  lui  manque  pas  de  savants  pour  exé- 
cuter cette  besogne.) 

D"°  Vendio.  s  julii  1368. 

S.  P.  Cum  D.  Hannardus,  vir  nobis  hic  ut  doctissi- 
mus,  ita  et  doctissimis  bonisque  omnibus  carissimus, 
intellexisset  Regiam  Majestatem  ab  Hispania  usque  ad 
nos  misisse  hue  D.  Doctorem  B.  Ariam  Montanum  cum 


—  297  — 

multis  commodis  et  litteris  ab  ipsa  majestate  ad  me  scrip- 
tis,  quibus  hortatur  me,  imo  et  auctoritate  sua  impellit 
ad  Biblia  quatuor  linguarum  edenda,  quodque  ipsa  sibi 
sex  exemplaria  in  pergamena  jussisset  imprimenda,  non 
prius  quievit  fidem  suam  interponendo  quîn  efEceret  ut 
ego  lUustrissimo  Duci  et  Maecenati  nostro  duo  etiam 
exemplaria  susciperem  conficienda.  Hoc  vero  eo  libentius 
suscepi,  partira  quod  liberalitatem  Illustrissimi  D.  Ducis 
ubique  audiverim  praedicari,  partira  quod  ipse  effigie 
aurea  donatus  expertus  fuerim.  Caeterura  Hanardo  nostro 
fidem  suam  liberandi  curam  relinquo.  Blé  naraque 
utcuraque  noscit  facultates  nostras  et  quanti  intersit 
nobis  pecunias  ad  pergamenara  solvendara  paratas 
habere. 

De  Paulo  iErailio  *  sumptibus  illustrissimi  ducis  ad 
nos  mittendo  spera  fecit  nobis  maximam.  Sed  cura 
audiam  eura  linguarura  graecas,  chaldaicae  et  latinae  qui- 
bus omnibus  cum  hebraica  vêtus  testamentum  est  nobis 
edendum,  non  satis  esse  peritum,  neque  fortasse  syriacas 
qua  cum  grasca  et  latinis  quoque  versionibus  novum 
decrevimus  edere  testamentum^  non  scio  an  sumptus 
tanti  et  labor  horainis  jam  senis  bene  coUocarentur.Vobis 
itaque  hoc  judicandum  relinquo.  Lutetia  duos  dictarum 
linguarum  peritissimos  homines  evocavi*.  Habeo  hic 
praeterea  generum  meum  in  oranibus  istis  linguis  non  in- 
doctum*.  Praeerit  vero  correctioni,  noraine  regio,  Benedic- 

1.  Paulus  JEmilius.  Différents  auteurs  ont  porté  ce  nom.  Il  s'agit 
probablement  ici  de  celui  d'entre  eux  qui  fit  paraître  à  Ingolstadt,  en 
1548,  une  réfutation  des  erreurs  des  juifs,  et  qui  n'est  connu  que  par 
cet  écrit  (J.  C.  Adelung,  GeUhrUn  ïexico,  I.  265). 

2.  Les  deux  frères  Gui  et  Nicolas  Le  Fèvre  de  La  Boderic« 

3.  François  Raphelengien. 


—  298  — 

tus  Arias  ipse  Montanus,  theologias  doctor  insignis,  vir 
duodecim  linguarum  peritissimus  omnique  disciplinarum 
génère  haud  mediocriter  imbutus. 

Si  quid  autem  sit  ad  quod  D.  T.  Plantinum  non  ini- 
doneum  judicet  qui  suo  Illustrissimi  Ducis 

Prudentia,  eruditîone  et  dignitate  clarissimo  viro  Dno 
D.  Vendio,  Illustrissimi  utriusque  Bavariae  Ducis  etc. 
consiliario  meritissimo^  Patrono  singulari  suo. 


141.  —  Plantin  à  Jirémie  Martius  '. 

(Il  a  appris  avec  plaisir  que  Martius  se  propose  de  traduire  les 
deux  livres  des  Venins  de  Jacques  Grevin.  Il  imprimera  Touvrage 
aussitôt  qu'il  en  aura  reçu  la  copie.) 

9  julii  1568. 

Clarissimo  Doctissimoque  D.  Hieremias  Martio 
Augustano  médicinal  doctori. 

Binas  tuas  ejusdem  argumenti  accepi,  vir  clarissime, 
utrisque  vero  variis  a  reditu  nostro  e  Gallis  occupatus 
paucis  respondere  cogor.  Quod  Jacobi  Grevini  nostri 
librum  de  venenis  latine  reddideris  est  mihi  gratissimum, 
eumque  laborem  multis  utilem  fore  non  dubito.  Proinde 
me,  ubi  miseris  exemplar  versionis  tuae,  praelo  submissu- 
rum,  Deo  favente,  polliceor.  (iiod  si  ad  nundinas  qua- 
dragesimales  cupias  emitti,  curare  debes  ut  in  ipsis  nun- 
dinis  proximis  vel  paulo  post  exemplar  versionis  tuas 

I.  Jérémie  Martius,  né  à  Augsburg,  mourut  en  cette  ville,  en 
1585.  Il  écrivit  plusieurs  ouviages  sur  la  médecine  et  traduisit  en 
latin  Deux  livres  des  Venins  par  Jacques  Grevin.  Plantin,  1568,  in-40. 
La  traduction  parut  sous  le  titre  Jacobi  Grevini  de  Venenis  libri  duo, 
Plantin,  1571,  in-40. 


—  299  — 

nobis  reddatur.  Scis  etenim,  ni  fallor,  nos  hic  nihil  prorsus 
imprimere  uUa  lingua,  nisi  prius  a  doctoribus  ad  hoc 
officium  ab  aula  destinatis  perlectum  approbatumque  sit. 
Tuum  itaque  erit  curare  ut  mature  possimus  habere. 
Vale,  Domine  observantissime.  Antverpiae,  9  julii. 


142.  —  Plantin  au  Cardinal  Granvelle. 

ro  juillet  1568. 
A  Monsieur  le  Cardinal. 

Très  illustre  etc. 

Estimant  que  V.  I"*  et  R°*  S*  aura  receu  les  feilles  de 
S'  Thomas,  dernièrement  envoyées,  et  quaedam  carmina 
D.  Gregorii  Nazianzeni,  avec  mes  précédentes,  et  par 
icelles  entendu  que  je  suis  prest  de  faire  service  au 
S""  P  Manutio,  en  telle  sorte  qu'il  luy  plaira  me  l'or- 
donner, ceste  ne  sera  que  pour  acheminer  ces  autres 
feilles  de  S.  Thomas,  et  offrir  la  continuation  de  mon 
humble  et  bien  affectionné  service  à  vostre  Ill°*  et  R"® 
Signeurie,  à  laquelle  désirant  estre  recommandé,  je  prie 
Dieu  donner  toute  prospérité  et  santé.  D'Anvers,  ce 
10  juillet  1568. 


—  3^^  — 
143-  —  Vlantin  à  un  inconnu. 

Vos  lettres  escrittes  à  Lyon,  le  21  de  juing,  que  j'ay 
receues  le  9*  du  présent,  m'ont  plus  resjouy  d'entendre 
vostre  arrivée  en  santé  à  Lyon,  et  l'espoir  de  vostre 
partement  dudict  lieu  en  très  bonne  compagnie,  que 
contristé  pour  le  refus  de  mess"  les  Jonctes  *  des  exem- 
plaires de  la  Bible  en  4  langues,  ni  le  retardement  des 
deniers  pour  la  Summe  de  S'  Thomas,  qui,  avec  l'aide 
de  Dieu,  sera  achevé  devant  le  15  d'aoust  prochain  ; 
après  laquelle  j'ay  délibéré  de  poursuivre  l'impression 
du  cours  de  droict  canon  que  j'ay  commencé  in-8°,  de  la 
récognition  de  Contins,  et  aussi  les  œuvres  de  Cicero 
in  8°  recongneus  après  Lambinus,  desquelles  les  Epistolse 
familiares  seront  achevées.  Dieu  aidant,  dedans  3  semai- 
nes '.  Le  cours  de  droict  canon  ay  je  espoir  d'achever 
en  4  mois,  car  j'y  besongneray  à  trois  presses,  ainsi  que 
je  fais,  de  la  mesme  lectre,  en  Summa  S.  Thomae.  Les 
œuvres  de  Cicero,  à  cause  que  l'un  volume  se  vendra 
sans  l'autre,  je  n'imprimeray  qu'à  une  presse.  J'auray 
achevé  aussi  le  Diurnale,  de  la  correction  d'Espagne,  que 
m'a  baillé  ici  de  Portonariis  en-32,  dedans  15  jours. 
Après  quoy,  je  délibère  de  faire  encores  le  Bréviaire  de 
la  -J-  %  nonobstant  le  nouveau  que  j'attends  de  Rome, 
avec  privilège  de  Sa  Saincteté,  par  le  consentement  de 
P.  Manutius  et  Populus  Romanus,que  j'espère  de  recevoir 
de  bref  et  le  commencer  incontinent. 

1 .  Les  Junte,  célèbres  imprimeurs  italiens  dont,  au  seizième  siècle, 
une  branche  s'était  établie  à  Lyon. 

2.  M.  Tullii  Ciceronis  Epistola  ad  familiares.  Avec  annotations  de 
P.  Manutius,  Lambinus  et  Canterus.  Plantin,  iS^S^  in-S®, 

3.  Bréviaire  de  la  Croix.  Bréviaire  publié  par   Franc.  Quignoncz, 
cardinal  de  Sainte-Croix. 


—  JOI  — 

Je  recommence  l'impression  de  mes  deux  sortes  de 
Bibles  in-8**  et  une  autre  in-f°*,  en  attendant  vostre  réso- 
lution, ou  de  quelque  autre,  à  vostre  refus,  touchant  les 
docteurs  in-4°,  ainsi  qu'estant  en  ceste  ville  je  vous 
avois  déclaré,  et  m'aviés  promis  mesmes,  estant  à  Paris, 
d'y  entendre  d'une  partie,  ce  qu'il  semble  qu'ayés  oblié, 
veu  qu'en  vos  lectres  vous  ne  m'en  faictes  pas  de 
mention. 


144.  —  Plantin  à  Claude  de  Withem  *. 

Le  13  juillet  1568.  A  très  noble  et  magnanime  Signeur 
Monsigneur  Claude  de  Withem,  Signeur  de  Risbourg 
et  lieutenant  de  haut  et  puissant  Signeur  Monsigneur 
le  conte  de  Meghe. 

Monsigneur,  Estant,  ainsi  que  Sieur  Pierre  Cassen, 
piège  envers  Monsigneur  le  chevalier  de  Sèvre  des  de- 
niers annuels  de  la  commanderie  que  V.S.  tient  au  pays 
de  Liège,  m'a,  estant  mesmes  encores  sur  le  chemin  de 
Francfort,  dès  la  propre  semaine  de  Pasques,  envoyé 
son  neveu,  qui,  nonobstant  quelques  remonstrances  de 

1.  Biblia  laiina,  Plantin,  i$69,  in-40  et  in-80. 

2.  Le  26  juin  1566,  Plantin  et  Corneille  de  Bomberghe  se  portè- 
rent garants,  en  faveur  de  Qaude  de  Withem,  envers  le  Chevalier 
de  Sèvre,  pour  une  somme  de  1300  écus  au  soleil  à  52  sous  par  écu. 
L'engagement  était  contracté  pour  un  terme  de  neuf  ans.  Le  chevalier 
de  Risbourg  s'obligeait  de  son  côté  à  leur  payer  annuellement  la  somme 
de  2646  fl.  I  sou,  le  florin  compté  à  20  patars.  A  en  juger  par  le 
début  de  la  présente  lettre,  il  faut  croire  que  de  Bomberghe  passa  sa 
part  dans  ce  contrat  à  Pierre  Cassen.  Toute  cette  affaire  du  cheva- 
lier de  Risbourg  fut  pour  Plantin  une  source  abondante  de  tracas- 
series et  d'ennuis  de  tout  genre.  Elle  se  termina  pour  lui  par  une 
perte  de  2630  florins. 


—  jcx:^  — 

La  diflSculté  des  temps,  de  l'absence  de  Pierre  le  Vignon, 
Nicolas  Cbastelain  et  coinpagme,  que  moy  ni  mes  amis 
lui  sceussçnt  faire,  me  contraignit  dès  la  mesmes  se- 
maine à  luy  payer  le  terme  de  Pasques.  Et  que,  dès  le 
20  du  mois  de  juing,  il  m'a  envoyé  Icctres  de  change, 
à  payer  l'autre  terme  au  premier  de  juillet.  Par  ainsi, 
ayant  esté  contraint  d'accepter  lesdictes  lectres  de  change 
et  par  conséquent  de  fournir  aux  payements,  je  me  suis 
trouvé  en  telle  perplexité  que,  si  n'eust  esté  l'impres- 
sion d'une  œuvre  de  grandissime  importance,  en  laquelle 
la  Majesté  de  nostre  Roy  très  catholique,  m'ayant  envoyé 
un  noble  chevalier  et  très  sçavant  docteur  exprès,  avec 
lectres  de  faveur,  tant  à  Son  Excellence  qu'à  autres  et  à 
moy  en  particulier,  de  commandement  d'y  travailler  en 
toute  diligence,  je  me  fusse  transporté  moy-mesmes  vers 
Vostre  Signeurie,  pour  d'icelle  avoir  le  moyen  de  recou- 
vrer les  deniers  desdicts  deux  termes  escheus,  pour  les- 
quels j'ay  employé  tous  mes  amis  et  crédict,  de  peur  de 
tomber  en  inconvénient,  perte  et  déshonneur  misérable. 
Mais,  comme  j'estais  en  ceste  peine,  est  arrivé  de  Lyon 
Gilles  Chastelain,  frère  de  Nicolas  et  facteur  de  la 
mesme  compagnie,  auquel  m'estant  adressé,  m'a  respon- 
du  n'avoir  aucun  moyen  de  me  subvenir.  Chose  qui 
m'a  d'autant  plus  contristé  que  j'ay  tousjours  entendu 
que  ladicte  compagnie  tenoit  à  rente  bon  nombre  d'ar- 
gent de  Vostre  Signeurie.  De  sorte  que  je  n'ay  sceu 
moins  faire  que  de  protester  à  l'encontre  d'eux,  selon 
droict  et  raison.  Dont  c'est  ensuivi  qu'ayant  depuis  faict 
diligence,  il  m'a  payé  à  bon  compte  la  somme  de  six 
cents  florins  et  promis  de  faire  faire  le  devoir  de  me 
faire  avoir  argent  dedans  lo  ou  12  jours,  chose  qui  m'est 
nécessaire,  si  je  veux  maintenir  mon  honneur. 


—  303  — 

Or  de  ceci  ay  je  bien  voulu  advenir  vostre  noble 
Signeurie,  des  vertus  de  laquelle  je  me  tiens  tant  asseuré 
que  je  ne  me  persuaderay  jamais  qu'elle  n'y  ait  donné 
tel  ordre  qu'il  apartient,  et  que  la  faute  ne  vienne  d'au- 
tres, qui,  comme  j'estime,  font  leur  profict  de  ses  deniers 
à  nostre  dommage.  Car  je  vous  jure,  Monsigneur,  que 
je  n'ay  oncques  eu  ni  ne  prétends  aucun  profict  des 
deniers  avancés  par  Vostre  Signeurie,  et  que  je  n'en  ay 
rien  autre  chose  que  les  peines  et  travaux,  quant,  les 
termes  venus,  iedict  Pierre  Cassen,  qui  reçoit  et  paie  les 
deniers,  m'envoye  incontinent  lectre  de  change,  tout 
ainsi  comme  si  j'avois  de  longtemps  l'argent  de  V.  S, 
en  mon  coffre,  chose  qui  m'est  si  moleste  qu'il  me 
seroit  impossible  de  la  racompter  ni  escrire.  Et  pourtant, 
Monsigneur,  je  suplie  très  humblement  V.  S.  qu'il  luy 
plaise  de  me  délivrer  de  ceste  peine,  ennuy  et  fascherie, 
où  je  suis  à  présent,  et  me  donner  le  moyen  pour 
l'advenir  de  n'y  tomber  plus.  Que  s'il  luy  plaist  me 
donner  ses  deniers  en  mains,  je  suis  prest  (pour  éviter 
toutes  fascheries  aux  jours  des  payements)  de  les  pren- 
dre à  tel  profict  que  les  autres  les  prennent. 

Au  reste,  je  prie  à  V.  S.  se  souvenir  que  je  n'ay  pas 
été  remboursé  de  quelques  frais  que  je  fis  pour  le  mes- 
sager envoyé  en  France,  et  les  procurations  et  autres 
menus  despens  que  je  payé  alors  que  Vostre  Signeurie 
envoya  en  France  vers  Monsigneur  le  chevallier  pour 
passer  la  plègerie  et  avoir  les  lectres  d'entrée  en  posses- 
sion ni  de  quelques  livres  délivrés  depuis  pour  Vostre- 
dicte  Signeurie.  Et  si,  en  quelque  chose  que  ce  soit,  mon 
service  peut  estre  aggréable  à  V.  S.,  elle  me  trouvera 
derechef  tousjours  prompt  et  apareillé  à  m'y  employer 


—  304  — 

d'aussi  bon  cueur  que  je  prie  à  Dieu  la  maintenir  en  sa 
grâce  et  moy  en  la  sienne. 
D'Anvers,  ce  13  juillet  1368. 


145.  —  Tlantin  au  Cardinal  Gramelle. 

17  juillet  1568. 

A  Monsg'  le  Cardinal  de  Granvelle. 

Ayant  respondu  par  ci-devant  aux  lectres  de  V.  1°**  et 
R"»*  Signeurie  et  ne  m'estant  survenu  autre  chose  digne 
d'escrire  à  icelle,  ceste  ne  servira  que  pour  adresser  les 
feilles  de  S.  Thomas,  partie  imprimées  depuis  les  der- 
nières, envoyées  le  10  du  présent,  et  partie  ici  restées 
pour  n'avoir  esté  imprimées  selon  leur  ordre,  mais  anti- 
cipées pour  certaines  commodités  de  nos  ouvriers.  Car 
je  n'en  imprime  guères  davantage  que  15  par  chaicunne 
semaine. 

J'espère  d'envoyer  par  le  premier  qui  panira  d'ici  en 
avant  quelque  feille  imprimée  à  bon  escient  de  la  Bible 
en  4  langues,  de  laquelle  ayant  faict  plusieurs  espreuves 
différentes,  il  s'en  est  trouvé  une  qui,  outre  toutes  les 
autres,  ayant  merveilleusement  pieu  à  tous  ceux  qui  les 
ont  veues  et  principalement  à  Mons**  le  Docteur  Arias 
Montanus,  que  la  Majesté  de  nostre  Roy  a  envoyé  par 
deçà  pour  conduire  la  correction  dudict  œuvre,  [ce  savant] 
veut  et  ordonne  absolutement  que  je  la  poursuive  de  telle 
faceon,  chose  qui  enrichira  et  enchérira  tellement  la  be- 
songne  que  je  crains  que,  outre  les  six  mille  ducats 
desquels  le  Roy  me  faict  accommoder  jusques  à  la  an 
de  l'impression,   tout  mon  bien     ne  suffira  pas  pour 


—  305  — 

Tachever.  Nonobstant  quoy,  me  fiant  en  la  grâce  de 
Dieu,  en  celle  du  Roy  et  de  mes  bons  signeurs  et  amis, 
je  prens  la  hardiesse  de  commencer  tel  ouvrage,  de  la 
magnificence  duquel  V.  I"«  S**'  pourra  juger  à  la  pre- 
mière feille,  que  j'espère  de  luy  envoyer  déans  7  ou  8 
jours.  Ce  pendant,  je  prie  Dieu  la  conserver  à  son  hon- 
neur et  gloire  et  au  profict  de  la  république  chrestienne. 
D'Anvers  etc. 


146.  —  Plantin  au  Cardinal  Stanislas  Hosius.  * 

(Plantin  remercié  le  cardinal  Hosius  de  Tenvoi  des  additions  à  la 
Confession  polonaise.  Avant  de  décider  s'il  imprimera  les  autres 
œuvres  du  prélat,  il  désire  savoir  si  celui-ci  n'y  a  point  apporté  de 
changements.  Toutefois,  il  a  résolu  d'imprimer  la  Confession  polo- 
naise, et,  dans  quelques  jours,  il  en  enverra  un  spécimen.) 

17  julii  1568. 

Ulustrissimo  Reverendissimoque  in  Christo  Patri  ac 
Dno  D.  Hosio  Cardinali  amplissimo. 

duod  in  reîpublicae  christianae  utilitatem  cum  litteris 
additionum  folia  non  pauca  ad  editionem  Confession is 
polonicae,  quam  jampridem  meditamur,  adomandam 
venerabili  D.  Henrico  Ziberto,  *  S.  theologiae  doctori, 
canonico  Antverpiensi  et  domino  mihi  plurimum  obser- 

1.  Stanislas  Hosius  ou  Osius  naquit  à  Cracovie  en  1504.  Il  fut 
successivement  chanoine  dans  cette  ville^  évéque  de  Culm  et  d'Erme- 
land  ;  il  était  cardinal,  grand-pénitencier  et  légat  du  pape  pour  la 
Pologne.  Il  écrivit  un  grand  nombre  d'ouvrages,  spécialement  pour 
combattre  la  doctrine  de  Luther.  Il  mourut  à  Capranica,  près  de 
Rome,  le  S  août  1579. 

2.  Henri  Ciberti,  ou  Dunghaeus,  chanoine  de  l'église  de  Notre- 
Dame  à  Anvers. 

20 


—  3^6  — 

vando  miserit  V.  Ill°*  et  R"*  Dominatio,  gratias  habeo 
habiturusque  sum  quoad  vixero  maximas. 

Casterum,  cum  dubito  num  aliquid  etiam  in  reliquis 
operibus  suis  annotaverit  III"*  D.  V.,  non  audeo,  ut 
libenter  facerem,  operum  omnium  editionem  in  folio 
aggredi,  priusquam  ab  ea  de  hac  re  certior  factus  fuero. 

Interea  vero,  ne  temporis  jactura  in  hoc  tam  necessa- 
rio  opère  fiât,  apud  me  statui  (nisi  tamcn  aliter  I"***  D. 
V.  visum  fuerit)  Confessionis  polonicae  librum  in  8* 
forma  imprimere  atque  hujus  rei  intra  paucos  dies  spé- 
cimen mittere.  Interea  vero,  si  quid  sit  in  quo  nostra 
opéra  placuerit,  ego  semper  paratissimus  et  obsequentis- 
simus  fore  promitto.  Deus  opt.  max.  111*™  et  R™  D.  V. 
servet  incolumem. 


147.  —  Plantin  à  Alanus  Copus, 

CPlantin  traite  de  différents  sujets,  et  spécialement  d'une  nouvelle 
édition  des  Diaiogi  sex  que  G)pus  voudrait  faire  paraître,  mais  que 
Plantin  déconseille,  parce  qu'une  partie  des  exemplaires  de  la  pre- 
mière édition  se  trouve  encore  en  magasin.  Il  se  défend  en  outre  de 
chercher  à  faire  des  gains  exagérés  par  ses  transactions  avec  Alanus 
Copus.) 

17  julii  1568. 
Clarissimo  doctissimoque  viro  D.  Alano  Copo. 

Qjiandoquidem  conditiones  mihi  damnosas,  in  tuam 
gratiam  potius  quam  in  meum  uUum  quaestum,  tibi  pe- 
tenti  obtuli  offeroque,  non  video  qui  (si  tamen  tuas 
intelligo)  in  aliam  partem  debueris  interpretari.  Pecu- 
nias  nunquam  denegavi,  sed  tempora  fuerunt  nobis  ini- 
quiora.  Imo,  nisi  existimassem  te  nos  non  libenter  vo- 


—  307  — 

luisse  et  potuisse  ferre,  ego  jamdudum  quoquo  fœnore 
aliunde  pecunias  corrasissem,  quo  meam  erga  te  fidem 
et  chirographum  liberassem.  Qiiod  et  nunc  facere  est 
animus.  Quare,  quando  hue  venire  pecunias  qusesitum 
voles,  indica  2  vel  3  antea  diebus,  efficiam,  Deo  favente, 
uteas  paratas  iiivenire  possis. 

De  quasstu  ex  libris  a  te  emptis  tantum  abest  ut  co- 
gitem,  ut  paratus  sim,  tibi  vel  cuicumque  libuerit,  15 
stufFeris  (quod  ego  22  emi)  dare  \  Tu  mihi  80  florenos 
obtulisti,  si  vellem  nunc  recudere  librum.  Ego  vero  180 
tibi  vel  cuicumque  libuerit  ex  ipsis  libris  dabo,si  reliquos 
velit  mihi  solvere,adque  editionem  novam  ita  properabo 
ut  ante  3  postea  menses  poUicear  me,  Deo  favente,  abso- 
luturum  impressionem  idque  praestabo. 

Qpod  scribis  te  noUe  magno  emere  quod  eu  m  magna 
gratia  et  aliquo  fortasse  commodo  potueris  impetrare, 
non  satis  assequor,  cum  ex  verbis  tuis  intelligam  te  non 
oblitum  esse  ofEcii  tui,  qui  mihi  ex  compromisso  et  chiro- 
grapho  amici  privilégia  omnia  et  exemplar  Dialogorum 
tuorum  correctum  debueris  dare,quinto  mense  ab  eo  die 
quo  Hbros  tuos  emi  :  tantum  abest  ut  debueris  alicui 
oflFerre  vel  addicere.  Imo  neque,  si  rem  meam  amas  et 
editionem  novam,  ut  semper  mihi  occasionem  dari  optavi, 
desideras,  debuisses   aliquem  de   nova   recognitione  vel 

I .  Plantin  avait  imprimé  la  première  édition  des  Dialogi  sex  Con- 
tra summi  pontificatus,  moncLstica  vita,  sanctorum,  sacrarum  imaginum 
optmgnatores  et  pseudomartyres  aux  frais  d'Alanus  Copus  qui,  de  ce 
chef,  lui  avait  payé  1097  florins.  L'ouvrage  était  terminé  en  janvier 
1 566  ;  au  mois  de  mars  suivant,  Plantin  reprit  940  exemplaires  à  22 
sous  la  pièce,  soit  pour  une  somme  totale  de  1034  florins.  Il  était 
stipulé  entre'eux  qu*Alanus  Copus  prendrait  des  livres  de  Plantin 
pour  une  valeur  égale  à  celle  de  100  exemplaires,  c'est-à-dire  pour 
330  florinsk. 


—  3o8  — 

editione  parata  certiorem  reddere,  antequam  de  me,  ad 
quem  res  pertinet,  intellexisses  priorem  editionem  esse 
ferme  divenditam.  Ignorasne  me  nuUum,  ut  aiant,  non 
movisse  lapidem  quo  possem  vel  partem  aliquam  viliori 
quam  emerim  pretio  distrahere.  Nonne  tu  et  aniicus 
noster  Frimannus  ',  Bellerum*,  Zangrium  '  et,  ut  mihi 
dixisti,  alios  nonnuUos  sollicitastis,  vel  ad  emtionem  vel 
permutationem  quo  possem  ad  novam  editionem  animum 
applicare. 

Qiiod  si  de  fide  mea  dubitasti  hactenus,  quasi  simukte 
aliquid  dixerim,  vel  me  tôt  exemplaria  quod  postremum 
dixi  non  habere  credas,  tibi  experiendum  fuit  quod  et 
nunc  etiam  potes.  Si  tibi  de  expectatione  pecuniaruni 
tuarum  ultra  tempus  prsescriptum  aliquid  damni  accidit, 
hoc  resarciri  potest  et  ad  id  prasstandum  sum  paratus. 
Num  vero  quod  ex  declaratione  emendatorum  Dialo- 
gorum  damnumjnobis  accidit  resarciri  possit,  tuum  esto 
judicîum.  Iniquumne  tibi  videtur,  si,  cum  nova  correctio 
tua  et  privilegium  ad  editionem  mei  solius  juris  sint 
omnino,  eo  me  demittam  ut  paratus  sim  in  tuam  gratiam 
mediam  partem  jacturse  in  exemplaribus  qui  supersunt 
distrahendis  ferre  et  mediam  partem  lucri  novae  editionis 
vel  tibi  vel  cui  volueris  cedere  ?  An  existimas  fortasse, 
nova  etiam  editione  facta,  priorem  posse  divendi  ?  Certe, 
si  hoc  credis,  erras  ;  imo  religio  mihi  esset,  nisi  praîfato 
id  quod  esset,  alicui  obtrudere.  Quare  nuUi  usui  tune 
forent  praeterquam  ad  maculaturas,  quod  aiunt. 

Vide  itaque,  mi  Cope,  et  perpende,  quseso,  num  ali- 

1.  Thomas  Frecman,  anglais,  associé  de  Copus  dans  Taffaire  des 
l^ahgi  sex. 

2.  Imprimeur  à  Anvers. 

3.  Imprimeur  à  Louvain. 


-  309  — 

quam  occasionem  conquerendi  de  me  vel  de  scriptione 
mea,  quod  sciam,  dederim.  Paratus  sum  ad  omnia  quae 
indicaveris,modo  ne  ultra,  ut  jam  dixi,i5o,  imo  ducentos 
florenos  ex  libris,  quos  adhuc  h.ibeo,  jactura  proponatur. 
Atque  ne  existimes  etiam  aliquid  aliud  de  me  quam  de 
amicissimo,  et  tibi  tuisque  studiis  atque  adeo  toti  reipu- 
blicas  bene  faventi  paratus  sum  dare  rationem  omnium 
quaî  accepi  exemplarium  et  quicquid  inde  lucri  prove- 
nu cum  his  quae  in  mea  adhuc  sunt,  tum  hic  tum  alibi, 
potestate  ei  qui  voluerit  suo  commodo  vel  tuo  novam 
editionem  emittere.  Aut  excogita  quem  volueris  modum 
vel  conditionem,  modo  non  excédât  summam  prsedictam, 
accipiam  et  gratias  habebo. 

Quod  de  supplendis  foliis  nihil  responderem,  non  ea 
certe  fuit  causa  quod,  ut  tu  judicas,  non  meminerim 
totus  attentus  ad  rem  de  qua  agebam.  Ego  namque,  ex 
tempore  et  absque  meditatione  anxia,  id  quod  res  est  et 
ut  sese  oflFert  respondeo.  Idque  facio  plerumque  multis 
aliis  distractus  negotiis  et  curis  variis  obrutus.  Hinc  fît 
ut  ad  ea  tantum  saspissime  respondeam  quae  mei  solius 
sunt  ofEcii.  Caetera  namque  institori  meo  committo,  qui 
ne  omnibus  quidem  sufficere  vel  aliquando  quod  petitur 
invenire  potest,  quod  postremum  ei  nunc  sibi  accidisse 
dixit  et  ad  te  se  scripturum  recepit  atque  missurum  quae 
invenerit. 


—  3^0  — 
148.  —  Tlanîin  au  Cardinal  de  GranvelU. 

24  juillet  1568. 

Au  très  illustre  Gard,  de  Granvelle. 

Le  mesme  jour  que  j'ay  receu  les  lectres  de  V.  I"*"  et 
R"e  S'^  du  19  du  passé,  j'en  receu  aussi  de  Paris  du  S"^ 
Guido  Lolgio,  agent  du  très  illustre  cardinal  Farnèse, 
touchant  l'œuvre  du  Sig"^  Hieronymo  Mercuriale  '  de 
Arte  Gymnastica,  lequel,  à  la  recommandation  de  V. 
I"*  S*,  je  me  suis  résolu  d'imprimer,  le  plus  tost  et  dili- 
gentement  que  je  pourray,  ainsi  que  je  l'ay  rescrit  audict 
Lolgio  et  prie  que,  pour  cest  effect,  il  me  l'envoyé  à  sa 
première  commodité. 

Suivant  ce  que  V.  I"*  S.  m'advertist,  au  dernier 
article  de  sa  lectre,  avoir  piéçà  enchargé  à  ses  gens  à 
Bruxelles  de  m'envoyer  son  exemplaire  de  la  Bible 
grecque  corrigée,  j'ay  par  lectres  prié  cejourd'huy 
Monsg»^  le  Provost  d'Aire  de  la  m'envoyer,  d'autant 
que,  dedans  3  ou  4  jours,  nous  espérons  de  commencer 
à  bon  escient,  de  la  faceon  qu'est  ceste  présente  espreuve, 
laquelle  n'est  encores  leue  ne  corrigée,  et  pourtant  je 
supplie  à  V.  I™^  S*  qu'elle  ne  soit  veue  d'autres,  pour 
le  moins  qu'elle  ne  vienne  es  mains  de  ceux  qui  vou- 
droyent  juger  de  la  correction  d'icelle.  Car  ce   n'est 

I .  Mercurialis  (Hieron3rmus),  docteur  en  médecine,  né  à  Forli  en 
1530,  exerça  d'abord  son  art  dans  sa  ville  natale,  entra  en  1562  au 
service  du  cardinal  Alexandre  Farnèse,  fut  nommé  professeur  de 
médecine  à  l'Université  de  Padoue  en  1569,  puis  à  celle  de  Bologne 
en  1587,  et  enfin  à  celle  de  Pise.  Il  mourut  dans  sa  ville  natale  en 
1606.  Il  écrivit  un  très  grand  nombre  d'ouvrages  sur  la  médecine 
dont  aucun  ne  fut  imprimé  par  Plantin.  Le  de  Arte  Gymîiasiica  parut 
à  Paris,  en  1577,  in-40. 


—  311  — 

qu'une  première  espreuve,  laquelle,  pour  le  degré  que 
Vostre  111"*  S'^  tient  en  la  chrestienté  et  le  zèle  qu'elle 
porte  au  bien  d'icelle  et  à  l'advancement  de  toutes 
sciences  libérales,  je  ne  luy  ay  peu  celer. 

Qjiant  à  Summa  S.  Thomas,  j'espère  que  par  plusieurs 
miennes  précédentes,  V.  I™*  et  R"*  S'*,  aura  entendu 
que,  pour  ne  charger  trop  les  premières  postes,  j'en  ay 
mis  142  feilles  en  une  des  basles  que,  le  mois  passé, 
j'ay  ici  délivrées  au  conducteur  pour  les  adresser  au  S' 
G.  Ferrari,  libraire  à  Rome,  et  depuis  veu  par  autres 
feilles,  envoyées  depuis  par  la  poste  à  deux  fois,  et  par 
les  14  feilles  que  j 'envoyé  maintenant,  comment  je  pro- 
cède en  l'impression  dudict  livre,  que  j'eusse  espéré 
pouvoir  achever  (ainsi  que  je  l'avois  escrit  à  V.  I"*  S*®) 
environ  la  S*  Jehan,  s'il  ne  m'eust  convenu  faire  le 
voyage  en  France  et  entendre  à  faire  les  préparatifs  de 
la  Bible  pt  d'autres  œuvres  que  j'espère  de  faire  suivre. 

Maintenant  ay  je  bon  espoir  d'avoir  achevé  ladicte 
Summe  environ  la  my-aoust.  Et  pour  autant  jqu'il  a  pieu 
à  V.  111""*  et  R°*  Signeurie  m'advertir  du  desseing  faict 
pour  la  récognition  de  toutes  les  œuvres  de  S*  Thomas, 
et  que,  passé  plusieurs  années,  ayant  eu  le  mesme  désir, 
j'ai  incité  plusieurs  doctes  théologiens  de  Louvain  à 
conférer  ceste  summe  de  S'  Thomas  aux  exemplaires 
escrits  à  la  main  et  depuis  d'autres  encores  à  cercher  et 
annoter  les  passages  cités  en  icelle,  en  quoy,  outre  les 
frais  de  l'imprimerie  et  papier,  j'ay  employé  telle  somme 
d'argent  qu'il  me  seroit  impossible  de  m'en  rembourser 
par  l'entière  vente  de  ceste  impression,  je  désirerois 
avoir  argument  de  la  pouvoir  dédier  à  celuy  qui  me 
peust  tellement  favoriser  que  l'impression  desdictes  œu- 
vres corrigées  me  fust  commise,  ou  bien  empescher  que 


—  312  — 

je  ne  vinsse  par  l'imitation  de  quelques  autres  à  estre 
frustré  de  la  jouyssance  des  despenses  par  moy  desjà 
faictes,  et  que  pour  telles  poursuites  je  fais  encore 
journellement,  trop  plus  grandes  que  mes  facultés  ne  le 
peuvent  porter,  pour  continuer  ainsi  que  je  le  désirerois  '. 
Sur  quoy  je  supplie  V.  111"**^  et  R""^  Signeurie  qu'il  luy 
plaise  m'informer  au  plus  tôt  qu'il  sera  commodément 
possible,  afin  que  pour  cela  je  ne  retardasse  (comme 
aussi  je  n'ay  pas  délibéré)  l'achèvement  dudict  œuvre 
qui  desjà,  pour  le  peu  de  vente  que  nous  faisons  et  le 
peu  de  moyens  que,  par  conséquent,  j'ay  de  fournir  aux 
despens,  me  poise  tellement  que,  pour  ce  pouvoir  long- 
temps supporter,  j'ay  esté  contrainct,  non  seulement  de 
le  faire  in-4°,  mais  aussi  de  mectre  bas,pour  ung  temps, 
toutes  autres  charges,  afin  d'avoir  plus  tost  faict,  et 
ainsi  pouvoir  retirer  de  la  vente  de  cestuy-ci  de  quoy 
puis  après  fournir  à  poursuivre  les  autres  ouvrages  en- 
trepris. 

Ce  faisant,  je  seray  d'autant  plus  tenu  à  prier  Dieu 
pour  la  bonne  santé  et  prospérité  de  Vostre  lUustriss, 
et  Révérendissime  Signeurie,  à  laquelle  je  désire  estre 
tousjours  etc. 

I.  L'édition  plantinienne  de  1569  de  la  Somme  de  S«  Thomas  fut 
dédiée  par  Augustin  Hunnaeus  au  pape  Pie  V,  et  par  Antoine  de 
Sienne  au  prince  Antoine,  neveu  de  Jean  III,  roi  de  Portugal. 


—  313  — 

149-  —  Triant  in  à  Fulvius  Ur  sinus. 

24  juillet  1568. 
Monsigneur, 

Il  me  desplaist  que  nous  ayons  commis  quelque 
faute  en  vostre  livre  des  fragments,  et  encore  plus  de 
ce  que  j'entends,  par  les  vostres  du  19  juin,  que  n'avés 
pas  encores  receu  le  livre  entier,  lequel  j'espère  que 
pour  le  moins  le  pourrés  maintenant  avoir  receu. 

Qpant  à  Commentaria  Caesaris,  je  n'ay  sceu,  pour 
certaines  raisons,  encores  y  besongner,  ce  que  j'espère 
faire  dedans  3  semaines. 

J'ay  rescrit  à  Paris  au  signeur  Guido  Lolgîo  qu'il 
m'envoye  la  copie  du  livre  de  Monsigneur  Hieronymo 
Mercuriale,  avec  espoir  de  le  commencer  incontinent 
après  l'avoir  receu. 

Au  reste,  je  vous  remercie  très  grandement  de  la 
bonne  affection  qu'il  vous  plaist  me  porter  et  du  bien 
que  me  procurés  en  advertissant  Vostre  Signeuric 
que,  quand,  à  sa  commodité  et  bon  loisir,  il  luy  plaira 
m'envoyer  le  livre  d'Achile  Statio,  avec  l'autre  inscrit 
Ta  iroifieviKa,  que  je  les  conjoindray  ensemble  et  ce  d'au- 
tant plus  volontiers  qu'elle  a  le  désir  de  les  dédier  à 
Monsigneur  le  Cardinal  de  Granvelle,  auquel  je  me 
sens  et  confesse  volontairement  grandement  obligé, 
mais  non  tant  que  je  ne  désire  de  l'estre  encores  jour- 
nellement de  plus  en  plus,  ainsi  que  le  semblable  j'ac- 
cepte aussi  volontiers  de  Vostre  Signeurie,  laquelle  je 
prie  à  Dieu  etc. 


—  314  — 
150.  —  Tlantin  à  Jérimie  SKartius. 

(Il  attend  la  traduction  latine  des  deux  livres  des  Venins  par 
Jacques  Grevin  et  est  disposé  à  Timprimer.  Toutefois  il  ne  pourra 
accorder  au  traducteur  d'autres  honoraires  que  12  ou  20  exemplaires 
de  l'ouvrage,  Si  ces  conditions  ne  plaisent  pas  à  Martius,  Plantin 
est  prêt  à  imprimer  la  traduction^  au  prix  que  le  travail  lui  coûtera  et 
à  prêter  gratuitement  les  gravures  faites  à  ses  frais.) 

Pridie  kalendas  augusti  1568. 

Clarissimo  doctissimoque  viro  Hieremias  Martio 
Âugustano  medecinae  doctori. 

Spero  equidem  me  ad  proximas  nundinas  Francofor- 

diam  iturum  :  quare  tuum   erit  statuere  num  illuc  vel 

hue  exemplar  versionis  tuae  mittere  cupieris.  Ne  te  vero 

suspensum  detineam,  vel  vana  spe  lactem,   aut  in  gra- 

tiam  nostram  videaris  hanc  operam  sumpsisse,  pro  certo 

tibi  persuadeas   velim  me  illius   suscepturum   editionem 

latinam,  potius  ut  tibi  gratîficer,  quam  quod  inde  aliquid 

lucri  expectem.  Proinde  non  est  quod  a   me  quid    pro 

remuneratione  laboris  hujus  expectes,  praeter  12   aut  20 

exemplaria,  amicis  tuis  abs  te,  si  velis,  donanda  Ut  autem 

intelligas  me  tuo  et  studiosorum  potius  quam   meo   hac 

in  re  consulere  velle,  paratus  sum  cujuslibet  impensis  et 

commodo    imprimere  et  meis  figuris  '   ornare  ;  neque 

quid  aliud  ultra  pensum  operarium   diurnum   expecto 

quam  ut  tuus  manere  possim,  ad  id,  quod  numine   tuo 

potero^  paratissimus. 

Plantinus. 

I.  En  X565,  Plantin  fit  dessiner  par  GeofFroi  Ballain  et  graver 
sur  bois  par  Jehan  de  Gourmont,  tous  deux  de  Paris,  55  figures 
pour  /.  Grevity  'Deux  livres  des  Venins.Le  dessinateur  reçut  7  sous  de 
France,  le  graveur,  1 5  sous  par  pièce. 


—  315  — 
151.  —  ^lantin  à  Claude  de  JVithent. 

Le  premier  aoust  1568. 

A  très  noble  et  vertueux  Signeur,  Monsigneur  de  Rys- 
bourg,  lieutenant  général  de  Monsigneur  le  comte  de 
Meghen  etc. 

La  révérence  qu'à  bon  droict  je  porte  à  tous  serviteurs 
de  Sa  Majesté  et  pricipalement  aux  grandes  charges  que 
Vostre  Signeurie  soustient  maintenant  pour  les  guerres 
et  affaires  très  urgentes^  me  commandent  bien  de  ne 
Timportuner  de  la  lecture  de  mes  lectres  en  temps  im- 
portuns. Mais  Textresme  nécessité  me  contrainct  comme 
forcé  de  passer  outre  toutes  les  bornes  de  jugement  et 
raison.  Suivant  donques  le  commandement  de  la  révé- 
rence et  devoir  envers  V.  S.,  principalement  en  ce  temps, 
je  prieray  seulement  ici  Vostre  Signeurie  qu'il  luy  plaise, 
quelque  heure  de  repos,  lire  ces  autres  pages  que  la  né- 
cessité me  contrainct  luy  respondre  et  ne  trouver  estrange 
ni  prendre  en  mal  que  son  bien  aflFectionné  serviteur 
remonstre  humblement  la  peyne,  ehnuy,  fascherie  et 
danger  où  il  se  trouve  pour  le  service  d'icelle.  Cepen- 
dant, je  prie  Dieu  qu'il  luy  plaise  faire  prospérer  Vostre 
noble  Signeurie  et  donner  victoire  telle  qu'elle  la  sou- 
haite à  son  honneur  et  service  de  Sa  Majesté. 

Comme  j'ay  escrit  par  mes  précédentes,  il  m'a  faillu 
payer  le  terme  de  Pasques,  dès  la  propre  semaine,  et 
celuy  de  S*  Jehan,  dès  le  dernier  de  juing  dernièrement 
passés.  Et  qui  pis  est,  je  ne  sceu  alors  trouver  argent  à 
crédict  pour  nul  prix  ;  de  sorte  que  je  fus  en  danger  que 
tout  mon  bien  eust  esté  vendu,  mon  crédit  perdu  et 
ainsi  du  tout  ruiné.   Mais   il   advint  que  Sa  Majesté, 


-3i6- 

environ  ce  temps-là,  m'envoya  lectres  soussignées  de  sa 
main,  par  lesquelles  il  m'ordonne  de  m'adresser  vers  l'ex- 
cellence du  duc  d'Albe,  auquel  elle  en  escrivit  aussi, pour 
estre  favorisé  en  tout  ce  que  me  sera  de  besoing  pour 
suivre  son  ordonnance,  qui  est  entre  autres  choses,d'im- 
primer  une  Bible  en  cinq  langues,  et  pour  cest  efFect 
m'a  il  aussi  envoyé  un  chevallier  de  l'ordre  de  S^Jacques, 
docteur  très  sçavant  et  expert,  avec  lectres  de  crédit  pour 
recevoir  ici  argent  et  demeurer  jusques  à  ce  que  j'eusse 
achevé  pour  le  moins  ladicte  Bible.  Or  ay  je  receu  à  bon 
compte  1500  [ducats]  d'arres  pour  faire  les  provisions 
deues,  desquels,  pour  éviter  le  danger  où  je  me  voyois, 
espérant  que  les  pièges  de  V.  S.  feroyent  de  bref  le 
devoir  de  me  rembourser,  de  bref  j'ay  payé  lesdicts 
termes  et  prins  à  crédict  les  papiers  et  autres  avance- 
ments qu'il  ma  faillu  faire  pour  les  préparations  de  la 
dicte  Bible  etc. 

Or  maintenant  sont  les  termes  venus  que  je  doibs 
payer  lesdicts  papiers  et  autres  avancements,  autrement 
je  serois  contrainct  par  justice  de  ce  faire.  Chose  qui 
me  viendroit  à  encore  plus  grand  dommage,  d'autant 
que  si  Son  Excellence  venoit  à  entendre  que  j'eusse 
employé  l'argent  de  Sa  Majesté  en  autres  affaires,  je  ne 
doubte  qu'elle  ne  le  print  en  mal  et  qu'il  ne  s'en  ensui- 
vist  quelque  grand  inconvénient.  Et  pourtant,  Monsg"", 
je  supplie  Vostre  noble  Signeurie  de  considérer  la  peine 
et  danger  où  je  suis  pour  ceste  affaire. 

duant  à  l'advertissement  donné,  je  remercie  très  gran- 
dement V.  S.  du  bien  qu'en  cela  elle  monstre  me  désirer 
et  m'en  tiendray  toute  ma  vie  d'autant  plus  obligé  vers 
elle.Nonobstant  quoy,il  vous  plaira  entendre  que  dès  long- 
temps j'ay  consigné  à  Mess"  les  fiscaux  tout  ce  que  j'avois 


—  317  — 

de  tels,  qui  est  la  somme  d'environ  i6o  fl.  de  rente,  ûs- 
seurant  V.  S.  qu'onques  je  ne  fus  leur  adhérent  en  aucun 
point  qui  me  doibve  préjudicier,  ni  débiteur  de  celuy  que 
nommés*,  depuis  environ  13  mois  dès  devant  que  je 
congnusse  V.  S.  Et  de  faict,  dès  lors  il  y  avoit  plus  de 
18  mois  qu'il  avoit  tout  perdu,par  banqueroutes  qui  luy 
avoyent  esté  faictes  par  diverses  personnes,  de  sorte 
qu'il  ne  vivoit  que  d'emprunt,  chose  toutesfois  qui  n'a 
pas  été  sceu  de  personnes  autres  que  de  3  ou  4  de  ses 
amis  qui  luy  assistoyent  à  vivre,  et  d'autant  qu'il  avoit 
payé  quasi  tous  ceux  à  qui  il  devoit  et  qu'il  faisoit  tous- 
jours  monstre,  cela  ne  s'est  pas  cogneu  ne  sceu  sur  la 
Bourse.  Et  j'estime  bien  aussi  que  Vostre  Signeurie  se 
souvient  bien  qu'alors  que  je  promis  de  bailler  piège  pour 
elle  à  Paris,  que  je  disais  que  ledict  personnage  n'avoit 
que  faire  d'estre  aucunnement  nommé,  d'autant  que  les 
pièges  que  je  devois  bailler  à  Paris  ne  le  congnoissoyent 
aucunnement  et  n'accepteroyent  la  partie  aucunnement 
sinon  à  mon  seul  respectet.  Mais  Vostredicte  Sig"*  et 
la  compagnie  des  pièges  d'icelles  vouloyent  qu'elle  y  fust, 
à  cause  que  pensiés  bien  que  je  dépendisse  de  luy,  ainsi 
que  la  renommée  estoit  entre  aucuns  et  que  ledict  per- 
sonnage le  vouloit  bien,  afin  de  couvrir  sa  renommée. 
Car  pourtant  qu'il  ne  faisoit  (pour  les  causes  devant 
dictes)  plus  de  trafique  sur  la  Bourse,  il  estoit  bien 
content  que  le  bruict  demeurast  qu'il  faisoit  encores  im- 
primer,ainsi  que  ses  ancestres  avoyent  faict,et  luy-mesme 
m'avoit  faict  commencer  des  Bibles  en  hébrieu,  mais 
lesquelles  il  ne  sceut  pas  mesmes  faire  achever  par  faute 
d'argent.   De  sorte  que  je  fus  contrainct,  longtemps  de- 

I.  Corneille  de  Bomberghe. 


-3r8- 

vant  qu'aucuns  troubles  commenceassent,  de  cercher 
autres  moyens,  ainsi  que  plusieurs  gens  de  bien  et  des 
plus  fidèles  serviteurs  de  Sa  Majesté  ont  bien  sceu  dès 
lors,  et  pourtant,  Monsg%  il  n  y  a  rien  que  je  craigne 
de  telle  part. 

Et  davantage,  Monsg%Vostre  Signeurie  sçait  que  c'est 
à  Monsieur  le  Chevalier  de  Sèvre  et  à  Pierre  Cassen 
que  j'ay  affaire,  lesquels  s'il  plaist  à  V.  S.  de  faire  con- 
sentir par  cy-après,  je  serai  très  content;  mais  il  est  né- 
cessaire que  je  sois  maintenant  remboursé  des  termes 
advancés,  afin  que  je  puisse  poursuivir  Tceuvre  que  Sa 
Majesté  m'ordonne.  Et  faut  bien  que  V.  S.  entende  que 
j'ay  oflfert  à  l'homme  de  vos  pièges  cent  escus  de  perte 
pour  ces  derniers  payements,  et  qu'il  me  les  fist  comp- 
ter sans  aucun  procès,estimant  bien, voire  et  m'asseurant, 
que  V.  S.  ne  permectra  jamais  que  je  fusse  intéressé 
pour  son  service  là  où  je  n'aj»^  onques  prétendu  autre 
salaire,  proffict  ne  récompense  que  de  sa  bonne  ^râce, 
à  laquelle  je  supplie  estre  recommandé,  priant  Dieu  la 
vouloir  conserver  et  faire  prospérer  en  son  honneur  et 
gloire. 


—  319  — 
152.  —  Tlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Le  14  aoust  1568. 
A  Monsigneur  le  Cardinal  Granvelle. 
Très  illustre  et  révérendissime. 

Ayant  achevé  l'impression  du  Diurnale  de  Saincte 
Croix,  j'avois  desjà  baillé  la  copie  du  Bréviaire  aux  com- 
positeurs pour  y  besogner,  quant  j'ay  receu  les  lectres 
de  Vostre  Illustrissime  Signeurie  qui  m*ont  faict  changer 
de  labeur,  entendant,  par  la  teneur  d'icelle?,  le  dommage 
qui  m'en  eust  peu  ensuivir,veu  que,  de  bref,  se  publiera 
le  nouveau,  selon  le  dire  de  Manutius,  à  qui  je  désire 
faire  toutes  les  commodités  qu'il  me  sera  possible  en  la 
vente  et  distribution  de  sa  disme,  ainsi  que  j'espère  que 
Vostre  Illustrissime  Signeurie  aura  entendu  par  mes  pré- 
cédentes, nonobstant  la  teneur  desquelles  je  me  remects 
à  la  discrétion  et  bon  jugement  de  Monsigneur  vostre 
maistre  d'hôtel  ',  puisque  il  luy  a  pieu  en  prendre  la 
charge  en  la  faveur  du  bien  que  me  procure  Vostre 
Illustrissime  Signeurie,  à  laquelle  j'envoye  ici  encores  38 
feilles  de  Summa  Sancti  Thomae,  duquel  livre  j'espère 
que  Vostre  Illustrissime  Signeurie  aura  receu  maintenant 
toutes  les  précédentes,  et  de  bref  luy  envoyer  le  reste 
qui  seront  les  premières  feilles  et  les  indices. 

J'ay  aussi  receu  cejourd'huy  les  préfaces  et  index  du 
livre  de  Becanus,  par  quoy  j'ay  bon  espoir  de  l'avoir 
achevé  dedans  12  ou  15  jours  et  alors   de  l'envoyer  à 

I.  Renobert  de  Malpas. 


—  320  — 

Vostre  Illustrissime  Signeurie,  à  laquelle  cependant  j'en- 
voye  aussi  un  ternion  de  la  Bible  commencée  en  4  lan- 
gues, laquelle  je  souhaite  premièrement  estre  agréable 
à  Vostre  Illustrissime  et  Révérendissime  Signeurie  et 
puis  à  tous  ses  semblables,  personnages  doctes  et  de 
rarissime  jugement,  ausquels,  en  servant  au  public,  je 
désire  complaire  et  estre  d'iceùx  favorisé. 


MAATSCHAPPIJ 


DER 


ANTWERPSCHE  BIBLIOPHILEN. 


UITGAVE  N'  1$. 


i 


Exemplaar  voor  den  handeL 


Antwerpen.  —  Druk.  J.-E.  Buschmann,  Rijnpoortvest. 


CORRESPONDANCE 

DE 

CHRISTOPHE    PLANTIN 

PUBUËE  FAR  Max  ROOSES 

Conservateur  du  Musée  Phnlin-Moretus. 

—  u.  — 


^tUWURJPEtl. 
J.-E.    BUSCHMANN. 
GE^T.  I ,  'S  GRAVENHAGE. 

Ad.    HOSTE.  I  Martinus    NYHOFF. 


CORRESPONDANCE 

DE 

CHRISTOPHE    PLANTIN 


153.  —  Plantin  au  Cardinal  de  Granvelle, 

Le  21  aoust  1568. 
A  Monsigneur  le  Cardinal  de  Granvelle. 

J'envoye  ici  le  reste  des  feilles  imprimées  de  la  somme 
de  S.  Thomas  *,  car  il  ne  reste  plus  qu'aulcunes  premières 
feilles  et  celles  de  l'index  que  j'espère  d'envoyer  par  le 
premier,  et  incontinent  après  le  livre  de  Becanus  ",  du- 
quel j'ay  cejourd'huy  receu  les  préfaces,desquelles  y  en  a 
Tune  à  Vostre  Illustrissime  et  Révérendissime  Signeurie. 

Qjuant  au  Lactance  et  Caesar  ',  je  les  imprimeray, 
Dieu  aidant,  incontinent  avoir  receu  les  exemplaires 
que,  passé  2  mois^  j'ay  envoyé  à  Brusselles  pour  en  ob- 
tenir le  Privilège,   ce  que  je   n'ay  peu  encores,   à  cause 

1.  5.  Thoma  Aquinatis  Summa  tctius  Theologia,  Plajitin,  1569, 
3  vol.  in-40. 

2.  Joan.  Goropii  Becani,  Origines  Antwerpiana.  Plantin,  1569, 
in- fol. 

3.  Ces  deux  volumes  parurent  en  1570. 


—  6  — 

des  autres  affaires  plus  urgentes  et  l'absence  du  privé 
conseil,  d'autant  que  Monsigneur  le  chancelier  faict 
difficulté  d'admectre  l'impression  d'aucun  livre  que  le 
congé  n'en  ait  premièrement  été  donné  audict  conseil 
privé. Ce  qui  me  faict  moins  croire  ce  que  un  mien  amy 
libraire  demourant  à  Brusselles  et  tenant  sa  boutique  de- 
dans la  cour  du  Palais,  nommé  Pierre  de  la  Tumbe  \ 
m'a  rescrit  hier,  c'est  que  Bogard  ',  libraire  à  Louvain, 
luy  auroit  monstre  un  Bréviaire  du  nouvel  usage  de 
Rome,  de  l'impression  de  Manutius  ',  duquel  il  venoit, 
par  le  moyen  d'un  Signeur  espagnol  nommé  Castille 
(car  ainsi  m'escrit-il),  d'impétrer  le  privilège  de  la  Cour 
de  Brabant,  adjouxtant  qu'il  sçavoit  bien  que,  par  la  fa- 
veur de  V.  111"*^  et  R"**'  S^*,j'avois  obtenu  le  privilège  de 
Sa  Saincteté  et  le  congé  de  Manutius  et  du  peuple  Ro- 
main, mais  que,  nonobstant  cela,  il  l'aloit  imprimer  et 
faire  imprimer.  Et  de  faict,  jà  deux  personnages  d'auc- 
torité,  chanoines  de  ceste  ville,  m'ont  dict  en  avoir  veu, 
passé  huict  jours,  par  deçà,  et  quelqu'un  m'en  a  offert 
un  à  vendre,  duquel  il  demandoit  20  escus.  Mais,  d'au- 
tant que  je  n'ay  encore  le  privilège  de  Sa  Saincteié  ni  le 
consent  de  Manutius,  sans  quoy  je  ne  veux  m'advancer 
d'imprimer  ledict  Bréviaire  ni  autres  livres  desquels  Sa 
Saincteté  ait  baillé  tels  privilèges  et  faict  telles  défenses, 
je  ne  l'ay  voulu  achapter,  encores  que  j'en  eusse  autre- 
ment volontiers  autant  payé. 

Ce  que  j'escri  à  V.  111°*  S.,    afin  qu'elle  puisse  d'au- 
tant mieux  faire  entendre  à  P.  Manutius  que,   suivant 

1.  Pierre  de  la  Tombe. 

2.  Jean  Bogard. 

3.  'Breviarium  Romanum.  Rome,  Paul  Manuce,   1568,   in-fol.  et 

in-80. 


mes  advertissements  donnés  par  diverses  miennes  pré- 
cédentes, telles  affaires  ne  consistent  pas  tant  à  les  pru- 
dentement  et  deuement  pourchasser  et  assurer,  comme 
en  la  diligence  de  les  mectre  en  exécution.  Si  est  ce 
toutesfois  que,  si  je  reçoy  l'exemplaire  et  privilèges  en 
bref,  je  ne  laisseray  à  faire  le  devoir  promis  par  mes 
lectres  audict  Manutius,  tant  en  la  disme  promise  qu^en 
la  vendition  d'icelle,  tout  ainsi  qu'en  la  faveur  de  V. 
111™^  et  R"'*  S'%  j'en  auray  peu  obtenir  le  pouvoir  de  le 
faire  et  serai  obligé  de  m'y  gouverner  et  acquiter. 


154.  —  Planttn  à  Çayas. 
A  Monsig'  Çayas.  1568,  le  27  aoust. 

J'ay  esté  fort  joyeux  d'entendre  par  monsigneur  le 
docteur  B.  Arias  Montanus  que  V.  S.  avoit  finablement 
receu  les  livres  envoyés  de  longtemps  et  à  diverses  fois, 
chose  qui  m'a  redonné  le  courage  de  continuer  doresen- 
avant  à  envoyer  de  tout  ce  que  je  feray  et  ce  qu'il  plaira 
à  V.  S.  m'ordonner,  ainsi  que  je  le  fay  maintenant. 

Au  reste,  je  me  trouve  tout  honteux  des  biens  qu'il 
plaist  à  Mons'  le  Docteur  de  me  procurer,  en  quoy  je 
congnois  combien  je  suis  et  seray  toute  ma  vie  redevable 
à  V.  S.  des  bénéfices  qu'elle  non  seulement  me  faict, 
mais  aussi  m'adresse  ses  semblables.  Et  pourtant  qu'il 
ne  me  sera  jamais  possible  d'en  recongnoistre  le  moin- 
dre, je  ne  puis  autre  chose  mieux  faire  que  de  m'effor- 
cer  et  y  exhorter  tous  mes  enfants  et  famille  à  continuer, 
toute  leur  vie,  à  prier  ce  bon  Dieu  pour  l'heur  et  pros- 
périté de  Vostre  Signeurie  et  de  mondict  Sig*"  Arias 
Montanus,  pour  la  prudence,  grâce,   bonté,   humanité. 


—  8  — 

sçavoir  admirable,  piété,  sincérité  extresmes,  et  toutes 
autres  rares  vertus,  duquel  je  Tay  révéré  et  V.  S.  en 
iceluy,  dès  que  je  receu  les  premières  lectres  d'icelle  en 
la  recommandation  d'iceluy,  et  depuis  admiré,  congnois- 
sant  combien  l'effet  surpasse  la  recommandation. 

Et  maintenant,  ayant  l'expérience  de  quelle  faveur 
mesmes  ledict  Signeur  et  V.  S.  continuent  à  poursuivre 
mon  bien,  honneur  et  advancement  au  service  de  Sa 
Majesté  et  de  la  république  chrestienne,  regardant  en 
moi  et  à  mon  incapacité,  le  plus  souvent  tout  honteux 
que  je  ne  sçai  que  devenir,  de  sorte  que  je  reste  muet. 
Et  principalement  quant  ledict  S'  docteur  m'a  dernière- 
ment adverti  que  V.  S.  avoit  obtenu  de  Sa  Majesté  que 
je  peusse  recevoir  les  deniers  ordonnés  pour  le  subside 
de  l'impression  de  la  Bible  vrayement  Royale,  sans 
bailler  autres  pièges  ni  asseurance  que  des  mesmes  im- 
pressions et  de  tout  mon  bien  '.  Car  je  répute  autant 
telle  grâce,  en  ce  temps  tant  difficile  et  fascheux  à  trou- 
ver gens  par  deçà  qui  veillent  respondre  pour  leurs 
meilleurs  amis  pour  quelque  asseurance  qu'on  leur  puisse 
bailler,comme  l'advancement  des  propres  deniers, desquels 


I .  Par  la  lettre  de  Plantiu  à  Çayas,  datée  du  1 1  juin  1 568,  on  a 
vu  que  le  roi  demandait  à  Plantin  une  garantie  pour  les  1500  ducats 
que  Philippe  II  consentait  à  lui  avancer  sur  les  travaux  de  la  Bible 
royale.  Plantin  offrait  en  garantie  les  feuilles  imprimées,  sa  maison 
et  tous  ses  biens.  Une  lettre  d'Arias  Montanus  à  Çayas,  en  date  du 
22  juillet  1568,  nous  apprend  que  le  roi  se  contenta  de  cette  ga- 
rantie :  V.  M.  envfe  un  capitulo  d  Curiel,  para  que  vaya  dando  d 
Plantino  los  dineros,  tomando  en  prendas  sus  casas  que  valen  mas 
de  4.000  scudos,  y  mas  la  obra  hecha  y  que  se  fuere  haciendo  :  que 
acabada  valdrà  mas  de  20  000  scudos.  (Carrespondencia  del  doctor 
Benito  Arias  Montano  cofi  Felipe  II,  etc,  Collecaon  de  documentos 
tnéditos  para  la  historia  de  Espana  XLI,  128  ) 


—  9  — 

j'ay  desjà,  par  la  faveur  de  mondict  S'  le  docteur  et  la 
bonne  preudhommie  et  facilité  amiable  du  Sig*"  Hiérosme 
Curiel,  personnage  à  la  vérité  si  réal,  béning  et  cordial 
qu'il  est  très  digne  de  Testât  qu'il  tient  au  service  de  Sa 
Majesté,  de  sorte  que  je  ne  sçay  assés  m'esmerveiller  et 
louer  Dieu  de  la  grâce  qu'il  m'a  faicte  que  je  sois 
adressé  à  tels  personnages ,  desquels  chaicun  semble 
tascher  à  qui  mieux  servira  Sa  Majesté  et,  qui  est  chose 
bien  plus  rare,  advancera  ceux  qui  voudroyent  pareille- 
ment s'employer  à  son  service. 

Cela,  Monsigneur,  m'incite  et  encourage  tellement  à 
poursuivre  l'ouvrage  de  la  Bible  encommencée  que  je 
ne  désire  rien  plus  que  d'en  voir  la  fin,  quoy  qu'il  me 
doibve  couster  ;  car  j'espère  qu'elle  plaira  à  Sa  Majesté  et 
à  toute  la  Chrestienté,  qui  s'en  recongnoistra  estre  rede- 
vable à  la  recommandation  de  V.  S.  à  l'érudition  de 
Monsigneur  le  Docteur  et  comme  père  Arias  Montanus 
et  à  la  libéralité  de  Sa  Majesté,  par  laquelle  j'auray  esté 
accommodé  et  auctorisé  d'entreprendre  et  faire  bien  telle 
ouvrage  et  sur  ce. 


'  •  •  •  •  • 


—    10  — 

155-  —  Tlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Le  22  octobre  1368. 

Au  très  illustre  et  R™*  Cardinal  de  Granvelle. 
Très  illustre  et  R"*  Seigneur 

Ayant  quasi  achevé  d'imprimer  la  somme  de  S. 
Thomas,  jusques  à  une  partie  des  Indices  nouveaux, 
dont  j'envoye  ici  le  reste,  je  commence  l'impression 
de  Summa  Silvestrina  *,  et  d'autant  que  j'alois  à  Franc- 
fort et  que  j'avois  receu  un  exemplaire  du  Bréviaire 
nouveau,  j'en  fis  faire  une  espreuve,  pour  adviser  com- 
ment l'ouvrage  se  pourroit  porter,  et  sur  ce  j'ordonnay 
à  mes  gens  qu'incontinent  après  avoir  receu  le  privilège 
et  exemplaire  de  V.  R™*  S^*'  et  ceux  de  Brusselles,  qu'ils 
intermissent  l'impression  de  la  susdicte  Summa  Sylves- 
trina  et  besongnassant  à  trois  presses  audict  Bréviaire, 
suivant  l'ordonnance  que  je  leur  laissay. 

Or,  nos  marchandises  ayant  esté  arrestées  en  montant 
vers  Francfort,  et  nous  ayant  esté  contraincts  de  fuir, 
mesmes  au  retour,  les  aguets  des  ennemis  du  repos 
public,  et  aussi  qu'en  retournant,  je  suis,  par  l'ordon- 
nance de  Monsg""  Arias  Montanus,  aie  trouver  Monsg' 
Andréas  Masius,  à  l'intention  d'impétrer  de  luy  quel- 
ques livres  en  chaldéen  et  syriaque,  pour  nous  en  servir 
à  l'ornement  de  la  Bible  que  nous  poursuivons,  sous  la 
faveur  et  aide  de  Sa  Majesté,  il  est  advenu  que  je  sois 
retourné  quelques  18  jours  plus  tard  que  de  coustume. 
Estant  donques,  grâces  à  Dieu,   arrivé  en  santé,   j'ay 

I.  Sylvestrina  Sumnia^  qua  summa  summarum  merito  nuncupatur, 
Ab  Reverendo  pâtre  Sylvestre  Prierate  édita.  Plantin,   1569,  2  vol. 


—  II  — 

trouvé  trois  missives  de  V.  I"*  et  R°*  S**,  par  la  pre- 
mière desquelles,  dattée  du  7  aoust,  j'entends  la  résolu- 
tion de  Monsg**  le  Général  et  du  Magister  sacri  Palatii, 
touchant  de  faire  corriger  et  imprimer  les  œuvres  de 
S*  Thomas  à  Rome,  ce  qui,  tout  considéré,  me  semble 
milleur,  pour  la  présence  des  aucteurs  de  la  correction, 
que  de  l'envoyer  en  lieu,  là  où  on  ne  pourroit  avoir 
leur  conseil  es  doubtes  qui  pourroyent  survenir  durant 
l'impression.  Et  pourtant  suis  je  triste  que  Monsigneur 
le  docteur  Hunaeus  ait  faict  telle  mention  de  moy  en 
l'espitre  dédicatoire  que  je  trouve  avoir  esté  imprimée 
devant  la  première  partie  de  mon  édition,  et  suis  d'avis, 
si  V.  ni"*®  et  R™«  Signeurie  le  trouve  bon,  de  prier  le- 
dict  Hunaeus  de  vouloir  changer  tels  propos.  * 

I.  Dans  la  dédicace  de  la  Somme  deSt  Thomas  (Plantin,  1569) 
Augustin  Hunnaeus  dit  de  Plautin  :  CJuaerentibus  autem  nobis  ta- 
lem  typographum,  qui  et  typorum  elegantia,  et  emandate  imprimendi 
fidelitate  tam  eximium  opus  pro  sua  dignitate  typis  mandare  posset, 
Christophorus  Plantinus  ultro  ad  eam  rem  suam  obtulit  operam^ 
oblatamque  fideliter  feliciterque  prasstitit  ;  splendidius  tamen  et 
magnificentîus  prsestiturus,  si  ei  per  rei  familiaris  augustiam  licuis- 
set  :  flagrat  enim  hic  eximius  typographus  (ut  istud  obiter  dicam, 
cupimus  enim  istius  summi  in  imprimendo  artifîcis  industriam  et 
promptam  juvandae  Ecclesiae  voluntatem  V.  S«»  notam  esse)  studio 
doctrinal  catholicae  illustrandas,  exornandae,  propagandae,  et  omnium 
oculis  et  animis  commendandae.  C2^od  quidem  suum  studium,  per- 
multis  jam  et  minime  obscuris  argumentis  declaravit,  dum  Biblia 
sacra,  Breviaria^  Diurnalia,  Horas  sccundum  usum  Romanum,  Sum- 
mam  peccatorum,  quae  Armilla  nominatur,  et  alia  permulta,  ita 
polite,  ita  nitide  et  castigate  in  lucem  emisit,  ut  magnum  spécimen 
praebuerit,  clarumque  documentum  dederit,  quantum  sua  arte  catho- 
licam  Ecclesiam,  si  facultates  suppeterent,  juvare  posset,  et  muito 
ma  jus  atque  illustrius,  divina  bonitate  sanctos  ejus  conatus  prospé- 
rante, propediem  est  daturus.  Ei  namque  Philippus,  Hispaniarum  rex 
et  no^trarum  Belgicarum  regionum  moderator  sapientissimus,  non 
contentus  externos  catholicse  Ecclesias  hostes  a  suis  regionibus  armis 


-^12   — 

Quant  au  Bréviaire  nouveau,  je  congnois  asseurément 
et  recongnostray  toute  ma  vie  et  enchargeray  aux  miens 
de  recongnoistre  les  bénéfices  que  V.  111"*  et  R"*''  et  les 
peines,  travaux  et  diligences  que  Mons"*  son  maistre 
d'hostel  m'y  ont  procuré  et  faict  et  poursuivent  de  faire, 
car  j'entends  par  le  Signeur  Malpas,  frère  du  dict  S'', 
qu'il  y  besongne  de  rechef  pour  racoustrer  les  fautes  et 
obmissions  et  esclaircir  toutes  difiicultés,  et*  de  faict, 
mes  gens  ayants  receu  l'exemplaire  en  double  du  con- 
tract  et  commencé  de  besongner  à  trois  presses,  ils 
n'avoyent  faict  qu'à  chaicune  presse  une  feille,  dont 
j 'envoyé  ici  les  monstres,  quand  ledict  S"^  Malpas, 
les  vint  advertir  de  ne  procéder  plus  avant  jus- 
ques  à  ce  que  Mons*"  son  frère  nous  eust  envoyé  encores 
une  autre  copie  qu'il  préparoit.  Parquoy  ils  s'arres- 
tèrent  cependant  et  recommenceront  à  poursuivre  la 
Summa  Sylvestrina  entrelaissée,  laquelle  nous  espérons 
avoir  achevé  dedans  quelque  2  mois,  si  ce  n'est  que,  de 
bref,  nous  recevions  l'autre  copie  dudict  Bréviaire  corri- 
gée et  asseurance  d'y  pouvoir  besongner,  à  quoy  j'ay 
délibéré  de  m'employer  en  toute  diligence  et  fidéUté, 
suivant  en  tout  l'advis  de  V.  111®  et  R*^  S'*  et  de  mondict 
S*"  son  maistre  d'hostel. 

arcere,  et  internos  dignis  suppliciis  coërcere,  ad  divinae  salutarisquc 
doctrinae  cognitionem  latius  feliciusque  propagandam,Bibliorum  Com- 
plutensium  impressionem,  sumptuum  onere  pro  singulari  et  eximia 
sua  liberalitate  sublevato,  commisit:  ex  qua  brevi  in  lucem  proditura, 
quid  in  universisThomaeoperibus  imprimendis,(quorum  coUectionem, 
recognitionem  ei  editionem,  S»*"  V.  meditari  ex  illustrissimi  atque 
reverendissimi  domini  Cardinalis  Granvellani,  patriîe  meae  Machliniae 
archiepiscopi  dignissimi,  cujus  virtutes  omnibus  provinciis  ac  regnis 
uotie  sunt,  literis  intelleximus)  si  hxc  illi  provincia  raandaretur,  et 
V.St>s  liberalitate  ad  sumptuum  onus  sustinendum  juvaretur,  praesti- 
turus  esset,  facile  fuerit  S^»  Vr*e  conjecturam  facere. 


—  13  — 

Nonobstant  toutes  lesquelles  entreprinses,  je  ne  fau- 
dray.  Dieu  aidant,  à  commencer  et  poursuivre,  sous  une 
autre  presse,  le  livre  de  Mons'*Mercuriar,que  j'ay  trouvé 
m'avoir  esté  envoyé  de  Paris  et  lequel  j'ai  incontinent 
délivré  à  Monsg""  nostre  curé  pour  le  visiter  et  approu- 
ver, pour  l'envoyer  à  Bruxelles  avec  les  livrets  de  Rege 
et  Regno  et  de  Historia  *,  que  j'ai  receus  de  Monsg'^ 
Pighius  et  le  receveur  d'Aire  ',  pour  en  obtenir  les 
privilèges  et  puis  les  imprimer  le  plus  bref  que  je 
pourray. 

J'ay  receu  les  exemplaires  de  la  Bible  grecque,  les 
notes  de  laquelle  nous  avons  délibéré  d'adjouxter,  avec 
tout  ce  dont  les  gens  de  bien  et  doctes  nous  adviseront, 
en  ung  tome  séparé,  qui  se  vendra  avec  les  autres  de  la 
Bible  et  dictionnaires  y  servants,  sans  en  rien  changer 
aux  textes  hébraïques,  cKaldaïques,  grecs  ni  latins  de 
l'exemplaire  du  corps  de  la  Bible  de  Complute.  Mais, 
quant  aux  grammaires, dictionnaires  et  autres  telles  choses 
commodes  pour  les  apprentifs  ou  pour  la  diversité  des 
leçons  etc.,  nous  suivrons  les  aucteurs  cathoHques  et 
approuvés  comme  Panignus  *  et  autres  tels,  sous  le  ju- 
gement et  approbation  des  Messg"  de  la  faculté  de 
Théologie  de  Louvain,  auxquels  Sa  Majesté  a  rescrit 
de  nous  assister.  Et  pourtant  leur  communiquerons  nous 
ce  qui  s'adjouxtera,  ainsi  que  de  long  temps  j'avois  desjà 
faict   du  Thésaurus  linguae   sanctas  Panigni,  que   nous 


1.  Hier»  Mercurtalis,  de  Arte  Gymnasiica, 

2.  Jo.  %Antonii  Viperani  de  Rege  et  Regno  liber.  Ejusdem  Jo.  uAnto. 
yiperani  de  Historia  scrihenda  liber.  Plantin,  1569^  in-8. 

3.  Max  Morillon. 

4.  Sanctus  Pagninus, 


—  14  — 


espérons  y  adjouxter,  avec  autres  diverses  commodités, 
propres  à  Tintelligence  des  langues. 


136.  —  Rei  narratio  quam  casum  conscientîae  vocat 
R.  Fr.  Antonius  Siennensis.  * 

(Planiin  avait  acheté  des  livres  chez  le  libraire  Pierre  Kerkhovius  ; 
le  dominicain  Antoine  de  Sienne  prétendait  que  ces  livres  lui  appar- 
tenaient et  devaient  lui  être  rendus  par  Plantin.  Celui-ci  allègue  sa 
bonne  foi,  en  les  achetant,  pour  défendre  la  légitimité  de  sa  posses- 
sion.) 

Anno  Domîni  1568,  prima  novembris,  Christophorus 
Plantinus,  volens  ingredi  per  portam  septentrionalem 
ecclesiam  B.  Virginis  Marias,  vidît  quosdam  libros, 
quorum  folia  rubro  colore  (praeter  morem  communem 
hujus  loci)  erant  infecta,  venum  expositos  supra  tabu- 
lam  tabernas  librarias,  quag  illic  est  sub  porticu.Novitate 
hac  allectus,  accedit  tabernam  et,  libros  cum  aperiret, 
interrogatur  a  Petro  Kerkhovio  *,  ejusdem  tabernae  do- 
mino, num  velit  emere.  Rogat  Christophorus  a  quo 
habuerit  et  quamdiu  habuerit  expositos.  Respondet  Petrus 
ante  quatuor  dies  se  habuisse  a  quodam  mercatoris  insti- 
tore  sibi  probe  noto,  cui  commissi  erant  ad  vendendum, 

1 .  Cette  pièce  est  écrite  sur  une  feuille  volante  non  datée.  Elle 
est  rédigée  en  1369,  mais  nous  la  plaçons  ici  à  la  date  où  se  passè- 
rent les  faits  qui  y  sont  exposés. 

2.  Petrus  Kerkhovius  ou  Cemetière  s'occupait  aussi  de  travaux 
littéraires.  Il  traduisit  en  flamand  pour  Plantin  Flot  es  Ciceronis  ad 
epistolas  scrihendas  et  une  partie  de  La  pretnière  et  la  seconde  partie 
des  Dialogues  français^  sur  un  texte  de  Jacques  Grévin  et  probablement 
de  Plantin  lui-mcme  (Plantin  1567).  Il  fit  encore  Tindex  du  Vàlerius 
Maximus  de  1567. 


—  15  — 

quod  cujus  essent  vellet  hinc  migrare  ad  suos.  Faciebat 
autem3oflorenis  omnes;se  quidem  potuîsse  jam  bonam 
partem  diversis  canonicis  vendidisse,  verum  malle  simul 
omnes  vendere  si  facere  posset.  Obtulit  tune  Christo- 
phorus  i8  florenos,  negavît  Petrus. 

Sequentibus  po^tea  diebus,  illac  îngrediens  Christo- 
phorus,  bis  aut  ter  adhuc  vocatur  a  Petro  et  ad  libres 
singulis  diebus  expositos  emendum  pro  re  sua  hortatur. 
Undecima  tandem  die  novembris  convenitur  et  afferun- 
tur  libri  a  dicto  Petro  et  ejus  famulo  in  aedes  Christo- 
phori  et  libro  rationum  Diurno  nominatim  ascribuntur 
ad  hune  modum  ^  :  ii  Novembris  1^68,  emi  a  D^  Petro 
Kerkhovio  bibliopola,  ad  portant  B.  Virginis  Maria  taber- 
nam  habtnte  hos  sequentes  libros,  pretio  22  florenorum  quos 
existimo,  ut  taxavi  : 

Concilia  generalia,  4  voll.  lig.  9 — 1$ 

Metaphisica  Pauli  Cassinatis,  Macrobius  f°  simul  i —  5 
Confessio  Augustiniana,  4^  — 18 

3  Euthimius  in  Evangelia  2 — 14 

I  Titus  Livius,  f*',  viel  i —  4 

I  Psalterium  Flaminii  —  6 

I  Plautus,  16*'  —  6 

I  Janelli  metaphisica  et  physica,  8°  i^^  4 

I  Alphonsus  de  lege  pœnali,  8°  — 10 

I  Hector  Pontus  in  Jesayam,  8°  — 10 

m 

I  Quintilianus  Griphii  — 10 

I  Allegoria  Bibliorum,  8°,  Paris  — 10 

I  Euripides  grsece,  8°  — 12 

I.  La  note  en  question  est  moins  explicite,  elle  dit  : 
Adi  ditto  (11  novembre  1568)  Achepté  comptant. 
Suit  la  liste  des  livres,  et  à  la  fin  : 
Le  maistre  (Plantin)  les  a  payés  22  florins,  argent  comptant. 


—  i6  — 

I  Cajetanus  in  Job.  Idem  in  Psalmos  i—  8 

I  Hilarii  opéra,  f°  i — lo 

23 —  2 

Ex  quo  satis  liquet  non  fuisse  minus  emptos  quam 
valerent. 

Qiiario  vero  postca  die  Dominus  Canonicus  Almaras 
accedit  tabernam  dicti  Christophori,  contemplatur  libros 
supradictos  quos  se  prius  licitasse  prasdicat,  maxime  vero 
sibi  Concilia  gcneralia  cupere  dicit,  quse  illi  pro  10,  ni 
fallor'jflorenis  conceduntur.Euripides  dono  postea  cuidam 
studioso  datur,  ex  quo  liquet  dictum  Christophorum 
nihil  scivisse  de  dolo  ;  minus  de  alla  re  quapiam  mala  : 
proinde  non  teneri  reddere  nisi  recepta,  saltem  absque 
lucro,  sunima  persoluta,  Fr.  Antonius  S,  aulem  aliter 
prietendit;  dicit  enim  suos  esse  etc.  Q.uod  si  ejus  fuissent 
mihi  videtur  dcbuisse  prius  indicasse.  Nam  quamvis 
dictos  libros  viderit  saepissime  et  nonnuUos  in  manibus 
habuerit,  in  dicta  taberna  Christophorumque  verbum 
fecit,  ante  mensem,  ni  fallor,  decembris  postremi,  cum 
jam  dictus  Petrus  ex  urbe  in  Quadragesima  superiori 
abivisset.  Praeterea  mihi  videtur  justius  ut  a  mercatore 
satis  sibi  noto  et  divite,  cui  vas  suum  concredidit  (ut 
non,  idem  mercator  negat),  libros  suos  répétât  quam  a 
dicto  Christophoro,  qui  eos  diu  expositos  in  loco  fre- 
quentissimo  émit  et  in  taberna  sua  postea  omnibus,  etiam 
ipsi  Fr.  D.  Antonio,  proposuit. 

I.  Plantin  se  trompe  effectivement.  Le  15  novembre  1568,  il  ven- 
dit au  chanoine  Almaras  les  Concilia  generalia  à  12  florins. 


—  17  — 
157*  —  Plantin  à  Henri  Corbry. 

(Il  se  chargera  volontiers  de  fournir  les  livres  désirés  pour  la  bi- 
bliothèque de  l'abbé  de  St  Martin,  à  Tournai,  et  indiquera  les  prix 
les  plus  bas  possible.) 

Clariss.  doctissimoque  viro  Domino  Henrico  Corbry  ad 
D.  Virginem  Canonico  Sacras  Theologiag  doctori  pro 
Reverendo  Abbate  D.  Martini  Tomaci. 

Quod  ad  Bibliothecam  R***  D"*  Abbatis  libris  novis 
instruendam  nostra  velis  uti  opéra,  vir  clarissime, 
gratias,  quando  referre  non  possum,  habeo  ;  habebo 
maximas,  conaborque,  si  nobis  cura  haec  serio  deman- 
detur,ut  de  nostra  fide  neque  diligentia  conqueri  possis. 

Pretia  vero  incompactorum  librorum,  quos  in  indice 
tuo  designasti,  et  eorum  quos  addidi,  declarato  loco  et 
forma,  melioris  notas  impressionis,  quam  ex  sequo  et 
bono  possum  divendere  minima  adnotavi.  Compacturse 
vero  pretium  uniuscujusque  voluminis  formas  separatim, 
quemadmodum  hic  nobis  est  ipsis  solvendum  compac- 
toribus,  indicare  volui,  ut  liberum  sit  dispicere  utrum 
magis  e  re  R'**  D"*  Abbatis  foret  hinc  compactos  vel 
incompactos  libros  evocare. 


—  i8  — 

158.  —  Tlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Le  20  novembre  1568. 
A  Monsigneur  rillustrissime  Cardinal  de  Granvelle 
Très  illustre  et  Révérendissime  S^ 

J'attendray  patiemment  la  correction  des  Bréviaires, 
autant  qu'il  sera  de  besoing,  et  ce  d'autant  plus  volon- 
tairement que  j'espère  qu'ils  seront  plus  corrects  que 
ceux  des  autres  qui  m'auront  précédé,  dont  je  me  tien- 
drai à  jamais  obligé  à  V.  111.  Signeurie  et  à  Monsg*^ 
Malpas,  son  maistre  d'hostel. 

Je  respons  au  Signeur  Fulvio  Ursino,  les  labeurs 
duquel,  pour  estre  tant  doctes  comme  les  sçavants  les 
jugent,  je  désire  mectre  en  lumière,  chaicune  fois  qu'ils 
me  viendront  entre  les  mains,  ainsi  que,  dès  le  mois 
de  juillet,  j'avois  arresté  de  faire  de  ses  émendations  et 
annotations  sur  le  C^esar.  Mais  il  m'est  advenu,  contre 
mon  espoir,  que  je  n'ay  sceu  achever  les  ouvrages,  par 
avant  commencés,  avant  mon  partement  pour  Francfort, 
ne  par  conséquent  commencer  ledict  Ciesar.  Or,  je  ne 
permects  jamais  à  mes  gents  qu'ils  commencent  en  mon 
absence  aucunne  chose  nouvelle,  ou  que  je  tienne  chère, 
si  premièrement  je  n'en  ay  veu  l'espreuve  et  ordonné 
la  besongne.  Par  quoy,  il  a  esté  différé  jusques  à  mon 
retour,  lequel  n'a  esté  sitost,  ni  le  voyage  si  prospère 
que  de  coustume,  dont  s'est  ensuivy  ledict  retardement, 
que  j'espère  de  récompenser,  là  où  le  moyen  m'en  sera 
donné,  et  de  commencer  ledict  Caesar,  incontinent  que 
j'auray  délivré  quelqu'une  de  mes  presses,  ce  que  j'es- 
père estre  devant  ce  Noël  prochain,  et  puis  y  besongner 
de  telle  diligt^nce  que,  peu  de  temps  après,  je  le  puisse 
mener  à  fin. 


—  19  — 

J'ay  aussi  envoyé  à  Bruxelles  le  livre  de  Gymnastica  ', 
avec  les  deux  autres  livres  De  Rege  et  Regno  et  De  His- 
toria  scribenda,  pour  obtenir  Toctroy  de  les  imprimer, 
ce  que  j'ay  délibéré  de  faire  par  après,  le  plus  tost  qu'il 
me  sera  possible,  non  sans  advertir  V.  111"®  et  R"**  S'* 
et  luy  envoyer  des  premières  feilles  imprimées. 

Je  poursuy  l'impression  des  grandes  Bibles,  desquelles 
nous  avons,  grâces  à  Dieu,  achevé  Genèse  et  Exode  et 
commencé  le  Lévitique.  Je  prie  à  Dieu  qu'il  luy  plaise 
nous  donner  le  moyen  de  les  pouvoir  achever  au  profict 
de  la  Chrestienté  et  à  l'honneur  de  Sa  Majesté,  et  de 
nous  vouloir  conserver  V.  Dl"*  et  R°**  Signeurie  en 
bonne  santé  et  prospérité.  D'Anvers,  etc. 

I.  Par  lettres  d'octroi,  datées  du  i6  novembre  1569,  Plantiû  ob- 
tint le  privilège  pour  imprimer  un  ouvrage  libellé  ainsi  :  Artis  Gym- 
nastica apud  antiqvos  ceîeberrinue  nostris  temporibus  ignoraia  Ubri  sex, 
authore  Hieronimo  Mercuriali  Forolinensi  medico  et  philosopJx),  Plantin 
n'imprima  point  le  livre,  qui  parut,pour  la  première  fois,  à  Venise  en 
1569  et  fut  souvent  réimprimé. 


—   20   — 

159-  —  Plantin  au  Cardinal  de  GranvelU. 

Le  10  décembre  1568. 
A  Monsig'  le  Cardinal  de  Granvelle. 

Très  illustre  et  R»  S*«. 

Incontinent  avoir  receu  les  lectres  de  V.  111°*®  et  R"'' 
Signeurie,  avec  celles  y  encloses,  adressées  à  icelle  tou- 
chant le  Targum  de  Jonathan  *  sur  le  Pentatheuque  et 
autres  livres  en  hébreu  y  spécifiés,  je  suis  aie  communi- 
quer le  tout  à  Monsg'  le  docteur  B.  Arias  Montanus  qui, 
très  joyeux,  m'a  incontinent  ordonné  d'escrire  à  V.  111® 
et  R"*  S"  et  la  supplie,  au  nom  de  la  République  Chres- 
tienne  et  de  la  Majesté  de  nostre  Roy,  qu'il  luy  plaise 
faire  ce  bien  de  nous  faire  avoir  ladicte  parafrase  à  nos 
despens,  soit  que  le  bon  Signeur  qui  l'a  nous  la  veille 
vendre,  ou  bien  prester,  et  nous  la  payrons,  avec  le  port 
d'icelle  ou  la  rendrons, s'il  ne  la  veut  aliéner,  et  l'impri- 
merons avec  mention  digne  de  celuy  d'où  elle  viendra 
et  de  V.  111°»®  et  R"®  Signeurie,  par  qui  nous  l'aurons 
obtenu,  ainsi  que  ferons  des  diverses  leçons  de  la  Bible 
conférée  à  Rome,  aux  dépens  et  par  la  libéralité  d'icelle 
V.  111°*®  et  R°*®  Signeurie,  tant  bien  aflfectionnée  vers  la 
religion  et  les  estudes  libérales. 

QjLiant  aux  autres  livres  de  Jonathas  sur  tout  le  reste 
des  Bibles,  nous  les  avons  receus,  en  chaldéen  et  en 
latin,  de  la  libéralité  de  nostre  roy  très  catholique.  Et, 
quant  aux  livres  qui  ne  concernent  lesdictes  Bibles,  nous 
n'y  pourrions  maintenant  entendre.  Au  reste,  j'ay  receu 

I.  Jonathan  ben  Uziel  vécut  peu  de  temps  avant  ou  après  le 
Christ.  Il  traduisit  en  chaldéen  les  livres  de  Josué^  des  Juges,  de 
Samuel,  des  Rois  et  les  Prophètes. 


—  21   — 

une  partie  des  Bréviaires  et  envoyé  à  la  cour,  mais 
Emanuel-Philibert  Tornesius,  ayant  une  lectre  de  Sa  S**, 
avoit  jà  présenté  requeste ,  laquelle,  communiquée  à 
Monsg"*  le  Prévost,  a  esté  retardée,  par  son  moyen,  en 
vostre  faveur. 

J'ay  faict  relier  deux  exemplaires  de  Sumtoa  S**  Tho- 
mae  et  de  Ursinus  In  Virgilium  *  et  Carmina  feminarum*, 
pour  mectre  es  livres  de  V.  111°*,  lesquels  j'espère  livrer 
demain  à  monsg'  Polytes. 

J'auray,  Dieu  aidant,  achevé  Summa  Sylvestrina  ceste 
semaine  prochaine  et  commenceray  Commentaria  Cae- 
saris,  si  je  n'ay  autre  advis  de  S'  Fulvius  Ursinus. 

Nous  sommes  parvenus  aux  Nombres  es  Bibles  en  4 
langues.  J'ay  faict  une  basle  pour  Rome,  où  ay  mis  un 
Becanus  ',  et  envoyeray,  par  la  première  commodité,  au 
mesme,  à  qui  j'ay  par  cy-devant  envoyé  les  premières 
feilles  de  S.  S.  Thomae,  que  j'espère  maintenant  avoir 
esté  délivrées  à  V.  Ill«  et  R»«  S",  laquelle  je  prie  à 
Dieu  nous  vouloir  conserver. 

Le  10  décembre  1568  etc. 

1 .  Virgilius  collatione  scriptorum  gracorum  illustratus  opéra  et  indus- 
tria  Fulvil  Ursini,  Plan  tin,  1568,  in-80. 

2.  Carmina  novem  ilîustrium  jerninarum^  etc.  Latino  versu  a  Lau- 
rentio  Gambara  expressa.  Plantin,  1568,  in-80 

3.  Plantia  venait  d'achever  les  Origines  Antwerpiana  qui  portent 
la  date  de  1569. 


2 


—   22   — 

159-  —    Plantin  à  Kjmbert  de  Malpas. 

A  Mons'  Malpas,  Maistre  d'hostel  de  Monsg*^ 
riUustriss.  Cardinal  Granvelle. 

Monsigneur,   Ayant  receu  une  preuve  du  Bréviaire, 
avec  les  lectres  de  V.  S.,  je  Tay,  au  mesme  instant,  en- 
voyé à  Brusselles  pour  en  obtenir  le  privilège,  espérant 
de  commencer   incontinent  et  ensuivre  du  tout  vostre 
ordonnance  et  advis,  à  quoy  je  ne  faudray,tout  inconti- 
nent  que  j'en  auray  peu  obtenir  le  congé  du  conseil, 
auquel,  deux  ou  trois  jours  auparavant  que  ladicte  partie 
du  Bréviaire  fust  de   ma  part  présentée  à  Monsg^   le 
Président  par  son  Secrétaire,   il  avoit  esté  exhibée  une 
licence  de  Sa  Saincteté  à  un  nouveau  et  jeune   libraire 
de  ceste  ville,   nommé  Phillebert  Tomcsius  \   de  pou- 
voir imprimer  ledict  Bréviaire,  ce  que  par  sa  requeste  il 
demandoit  luy  estre  octroyé.  A  quoy,  par  la  responce  et 
remonstrance  de  ce  que,  par  la  sollicitation  et  faveur  de 
V.  S.,  s'est  passé  à  Rome  envers  le  Sig'  Paul  Manutius 
etc.  faictes  par  Monsig'  le  Prévost  d'Aire,  sur  ce  requis 
par  ordonnance  dudict  conseil,   fut  apostille  que  ladicte 
requeste  me  fust  communiquée.   De  quoy  je  fus  incon- 
tinent  advisé  par  ledict  S*"  Prévost  de  ce  que  je   devois 
faire  pour  prolonger  l'affaire,  cependant  que  V.  S.  ren- 
voyeroit  le  reste  dudict  Bréviaire  avec  la  licence   de   Sa 
Saincteté,sans  laquelle,  veu  les  choses  demandées,  il  ne 
m'est  possible  de  rien  faire,   veu  que  tant  de   divers 
compétiteurs  se  manifestent. 

Ledict  libraire  ne  m'a  point  encore  faict  insinuer  sa- 
dicte  requeste  ni  parlé  aucunement,   et  ay  bon   espoir 

I.  Emanuel-Philippe  Tronassius. 


—  23    — 

qu'il  ne  se  hastera,  et  que,  cependant,  je  recevray  nostre 
licence  par  la  faveur  de  V.  S.,  laquelle  je  prie  Dieu 
vouloir  faire  prospérer,  me  recommandant  humblement 
à  sa  bonne  grâce. 
D'Aûvers,  ce  lo  décembre  1568. 


160.  —  Tlantin  à  Çayas. 

A  Monsg'  le  secrétaire  Çayas,  le  13  décembre  1568. 

Monsigneur. 

Depuis  la  venue  de  Monsigneur  le  docteur  B.  Arias 
Montanus,  et  que  j'ay  practiqué  avec  luy,  à  bon  escient, 
et  entendu  l'amitié  réciproque  qu'il  observe  vers  V.  S., 
je  l'ay  tellement  expérimenté  estre  un  autre  vous-mesmes, 
qu'encores  que  V.  S.  ne  m'eust  ordonné  le  tenir  pour 
tel,  il  ne  me  seroit  possible  que  je  le  tinsse  pour  autre, 
et,  par  conséquent,  qu'il  ne  faut  d'advertir  V.  S.  de  ce 
qu'elle  pourroit  désirer.  Ce  que,  joinct  à  la  difficulté  des 
passages  et  affaires  trop  nécessaires  de  V.  S  ,  m'a  faict 
abstenir  de  luy  escrire  jusques  à  maintenant,  que  je  l'ay 
voulu  advertir  aussi  de  nostre  bonne  disposition  et  santé 
et  de  celle  de  mondict  Signeur,  le  docteur,  que  je  tiens 
(ainsi  que  V.  S.  mesmes)  en  révérence  extresme,  tant 
pour  les  rares  vertus  dont,  entre  tous  les  personnages 
que  j'aye  onques  congneu,  je  le  trouve  divinement  doué, 
comme  pour  la  diligence  et  travail  constant  et,  si  je 
l'osois  dire,  trop  assiduel  dont  il  use,  de  sorte  Mon- 
signeur, qu'il  ne  me  sembleroit  impertinent  que  V.  S. 
luy  recommandast  souvent  sa  santé,  laquelle  je  crains 
grandement  que,  par  un  trop  grand  désir  et  affection  de 


—  24  — 

faire  service  à  Dieu,  à  la  république  chestienne,  à  la 
Majesté  de  nostre  Roy  très  Catholique,  à  tous  ses  amis 
et  cogneus,  voire  mesmes  à  tous  ceux  qui  s'adressent 
et  le  requièrent  de  chose  qu'il  puisse,  il  ne  vienne  à 
TofFenser  et  acourcir  finablement  les  jours  de  ceste  vie 
présente,  chose  qui  seroit  autant  lamentable  et  déplo- 
rable de  tous  les  bons  qu'autre  qui  peust  advenir  en  ce 
monde.  Car  j'espère  plus  de  ses  labeurs  pour  l'augmen- 
tation de  la  congnoissance  de  Dieu  envers  ceux  qui  la 
cerchent  et  de  moyen  à  retirer  les  desvoyés  à  la  vraie  et 
non  feincte  obéissance  de  nostre  mère  saincte  esglise, 
que  je  n'ay  onques  faict  d'auteur  qui,  de  nostre  temps, 
l'ait  précédé.  Et  croy  que  Dieu  l'a  remply  de  s^s  grâces 
spéciales  et  choisi  pour  révéler  et  ramener,  de  ce  temps, 
le  vray  moyen  de  traicter  la  leçon  des  sainctes  escrit- 
tures  et  saincte  théologie  et  parvenir  à  la  vraye  congnois- 
sance des  secrets  d'icelle.  Bref,  pour  le  dire  en  un  mot, 
j'ay  un  tel  espoir  de  ce  personnage  qu'il  me  seroit 
impossible  de  l'expliquer,  et,  d'autant  plus  je  le  prac- 
tique  ou  hante,  d'autant  plus  je  l'admire  et  révère  et 
tiens  Sa  Majesté  plus  heureuse  d'avoir  un  tel  serviteur, 
que  si  quelque  grand  Royaume  luy  estoit  advenu,  et  moy 
très  heureux  de  luy  pouvoir  faire  quelque  service.  A 
quoy  de  tout  mon  coeur  je  m'employeray  toute  ma  vie, 
et  ticndray  à  jamais  ce  bénéfice  receu  de  la  faveur  de 
Vostre  Signeurie,  à  qui  par  ce  moyen  la  république  devra  ' 
une  louange  immortelle,  qui  ne  sera  celée  de  ceux  qui 
ne  voudront  estre  congneus  ingrats. 

Et  de  ma  part,  je  tascheray  de  trouver  le  moyen  pour 
tesmoigner  à  la  postérité  combien  je  me  sens  tenu  audict 
Signeur,  et  premièrement  à  V.  S.,  duquel  me  vient  ce 
bien  d'avoir  eu  la  cognoissance  et  familiarité  de  cest  autre 


—  25  — 

vous-mesmes,  auquel  je  me  réfère  et  asseure  tousjours  de 
tout  ce  qui  est  besoing  d'escrire  ou  advertir  à  V.  S.  des 
choses  de  par  deçà.  Nonobstant  quoy,  pour  n'oblier  du 
tout  l'office  que  je  doibs  à  VostredicteSigneurie,  j'ay  prins 
encores  la  hardiese  de  luy  adresser  la  présente,  que  je 
luy  supplie  prendre  de  bonne  part  et  recevoir  en  gré  les 
livres  spécifiés  en  ce  billet  que  j'ay  envoyés  à  V.  S.  au 
coffi'e  N°       envoyé  par  mondict    Signeur  le  docteur 

Arias  Montanus  au  Sig' d'entre  lesquels  celuy 

de  Originibus  Antverpdae  '  etc.  V.S.  trouvera,  peut  estre, 
(ainsi  que  prime  face  il  a  faict  à  plusieurs  gens  doctes 
et  grands  personnages  de  diverses  contrées)  d'argument 
et  fondement  fort  estrange.  Mais  j'espère  que,  comme 
il  en  est  aussi  advenu  à  plusieurs  personnages  bien 
expérimentés  et  de  bon  jugement,  qu'en  la  fin  elle  y 
trouvera  de  merveilleusement  bonnes  raisons  et  mieux 
fondées  que  de  première  entrée  il  n'a  semblé.  Car  je 
voy  par  expérience  qu'ainsi  en  est  il  prins  à  plusieurs. 
Qiie  si,  par  la  faveur  et  moyen  de  V.  S.,  il  plaisoit  à 
Sa  Majesté  employer  l'aucteur  dudict  livre  et  luy  com- 
mander de  poursuivre  la  description  des  choses  qu'il  a 
conceues  et  les  mectre  en  lumière,  sous  le  nom  de  Sa 
Majesté,  je  ne  doubte  (après  un  grand  nombre  de  gens 
doctes  et  rares  qui  admirent  son  sçavoir)  qu'il  ne  fist 
voir  un  œuvre  autant,  voire  plus  esmerveillable,  touchant 
les  histoires  et  choses  naturelles  de  l'Univers,  que  ne  fist 
onques  Aristote  ou  Pline  ou  quelconques  autres  des  an- 
ciens. Et  me  semble,  sauf  meilleur  jugement,que,  comme 

I.  /.  Goropius  Becanus,  Origines  Aniwerpia.Lt  17  décembre  1568, 
Plantin  envoya  par  Arias  Montanus  à  Diego  Diaz  Bezerril,  de  Séville, 
cinq  coHres  de  livres.  Dans  celui  qui  portait  le  n^  14,  se  trouvait 
Touvrage  de  Becanus. 


—  a6  — 

mon  bon  signeur  et  amy  Monsg'  B.  Ârias  Montanus 
excelle  en  Tintelligence  et  congnoissance  des  sainctes 
lectres  et  de  la  S*  Théologie,  que  ledict  S'  Becanus 
est,  en  ces  païs  ici,  très  excellent  en  la  Philosophie  et 
raisons  naturelles  référées  à  leur  premier  moteur  et 
aucteur  de  TUnivers. 

Et  ainsi,  sous  la  Majesté  de  nostre  Roy  très  catholique, 
ay-je  espoir  de  voir  encores  le  vray  siècle  d'or  tant  cé- 
lèbre et  renommé  des  anciens.  Ce  que  je  prie  nostre 
signeur  Dieu  nous  vouloir  favoriser  et  réduire  tous  les 
desvoyés  sous  un  seul  Dieu,  une  S**  esglise  et  un  seul 
gouverneur  et  Roy  sus  la  terre,  en  une  saincte  foy,  ung 
saint  baptesme,  une  S'®  espérance  et  divine  communion 
du  saint  Sacrement,  en  ceste  vie  corporelle,  et  finable- 
ment  nous  octroyer  la  vie  perdurable  à  son  honneur  et 
gloire ,  par  nostre  Signeur  Jésus-Christ.  Le  mesme 
aussi  je  prie  de  tout  mon  cœur  vouloir  maintenir  et 
bonheurer  Sa  Majesté  et  son  estât  et  V.  S.  à  son  ser- 
vice en  toute  prospérité  et  bonne  santé,  et  moy  en  la 
bonne  grâce  d'icelle. 

D'Anvers,  ce  14  décembre  1368  de 

V.  S.  le  très  humble  et  très  obéissant  serviteur 

C.  PI. 


27  — 


i6i.  —  Plantin  à  Joachim  Hopperus.  ' 

^  Le  14  décembre  1568,  à  Monsig' 

Monsig'  Joach.  Hopperus. 

Monsigneur. 

Estant  retourné  dernièrement  de  la  foire  de  Francfort 
plus  tard  et  par  plus  longs  chemins  que  de  coustume,  à 
cause  des  empeschements  qui  estoyent  es  accoustumés, 
je  trouve  une  lectre  de  V.  S.  du  30  de  juillet,  par  la- 
quelle, il  luy  a  pieu  m'advertir  d*avoir  receu  quelques 
livres  de  mon  impression  avec  le  catalogue  de  ce  que 
j'ay  imprimé  sans  aucunes  lectres  miennes.  Je  remercie 
très  humblement  V.  S.  de  ce  qu'il  luy  plaist  avoir 
aggréable  Icsdicts  livres  et  de  la  faveur  qu'il  luy  plaist 
m'avoir  faict  par  cy-devant,  et  continuer  en  telle  volonté, 
de  quoy  je  tascheray  tousjours  de  n'estre  veu  ingrat  de 
tels  bénéfices  qui  proviennent  de  l'humanité  accoustu- 
mée  de  V.  S. 

Quant  aux  livres  qu'il  a  pieu  à  V.  S.  m'annoter  du- 
dict  catalogue,  je  les  ay  tous  apprestés  incontinent,  avec 
un  autre  livre  faict  naguères  par  le  S*"  Becanus,  jadis 
médecin  des  reynes  de  bonne  mémoire,  Marie  de  Hon- 
grie et  Léonora  de  France,  que  j'avois  lors  nouvellement 
achevé,  qui  traite  de  Originibus  Gentium,  et  pensois 
l'envoyer  à  V.  S.,  par  le  premier  et  principalement  par 
le  serviteur  de  V.S.,  qui  m'estant  venu  saluer  de  la  part 


I .  Joachim  Hopperus  naquit  à  Sneek  en  Frise,  le  1 1  novembre 
1525.  II.  fut  successivement  professeur  en  droit  à  Tuniversité  de 
Louvain,  conseiller  au  grand  Conseil  de  Malines,  conseiller  au  Con- 
seil privé  et,  depuis  1566,  garde  des  sceaux  auprès  de  Philippe  II. 
11  mourut  à  Madrid,  le  1$  décembre  1576. 


—  28  — 

de  V.  S.  m'avoit  promis  de  venir  en  passant  par  ceste 
ville  avec  ma  dame,  la  partie  de  V.  S.,  à  laquelle  je 
désirois  aussi  faire  la  révérence  par  ici,  et  recueillir  les- 
dicts  livres.  Lesquels,  puisque,  à  mon  regret,  j'ay  perdu 
telle  occasion,  laquelle  attendant  j'avois  différé  de  les 
mectre  en  un  cofre  envoyé  par  monsig'  le  docteur  Arias 
Montanus,  personnage  doué  de  maintes  vertus  très  rares, 
m'avoit  faict  pacquer  pour  le  S'  Don  Manriques  avec 
autres,  je  ne  faudray  Dieu  aidant  à  les  paquer  dedans  un 
autre  que  j'espère  de  pacquer  dedans  3  ou  4  JQurs,  par 
l'ordonnance  aussi  dudict  Sig'  Ârias  Montanus,  dont 
j'advertiray  aussi  V.  S.,  laquelle  je  prie  Dieu  vouloir 
conserver  et  maintenir  en  la  bonne  grâce  d'icelle  etc. 


162.  —  Tlantinà  François 'Sjchardot  \ 

A  très  révérend  Père  en  Dieu,  Monsigneur  TEvesque 
d'Arras,  ce  21  décembre  1568. 

Révérendissime  Signeur. 

Estant  retourné  en  mon  logis,  il  me  semble  plus  ex- 
pédient, considéré  la  qualité  de  V.  R.  S.,  plus  addonnée 
au  faict  et  à  l'exécution  qu'à  Tapparence  et  ostentation 
des  choses,  de  faire  au  mesme  instant  tout  simplement 
tellement  relier  cest  exemplaire  de  Summa  S.  Thomae 

I.  François  Richardot  né  à  Morey,  en  Franche-Comté,  en  1507, 
docteur  en  théologie  de  la  faculté  de  Paris,  successivement  religieux 
augustin,  puis  prévôt  à  Champlite,  professeur  à  Tuniversité  de 
Bçsançon,  chanoine  et  écolâtre  de  St«  Gudule  à  Bruxelles,  professeur 
d'écriture  sainte  â  Douai,  suffragant  d'Arras,  et,  depuis  1561,  évêque 
de  cette  dernière  ville.  Il  mourut  le  26  juillet  1574. 


—  29  — 

comme  la  constitution  de  l'air  trop  véhémente  pour 
manier  l'or  me  Ta  permis,  que,  sous  l'espoir  d'une  plus 
brave  relieure,  différer  davantage  de  l'envoyer  à  V.  R*"** 
S.,  à  laquelle  je  supplie  de  prendre  en  gré  ce  mien  petit 
service  et  présent  de  nostre  imprimerie,  de  laquelle  je 
désire  pouvoir  sortir  chose  qui  lui  puisse  estre  aggréable 
et  proffitable  au  public.  De  quoy,  moyennant  la  grâce 
de  Dieu,  je  ne  doubte  aucunement,  pourveu  qu'à  V. 
R«e  S***  et  à  ses  semblables,  c'est-à-dire  aux  personnages 
vrayement  religieux,  doctes  et  d'autorité  deuement  ap- 
prouvée, il  plaise  nous  employer  et  favoriser  à  nos  la- 
beurs assidus  que  je  prétends  estre  voués  au  service  de 
Dieu  et  de  la  respublique  chrestienne,  selon  les  ordon- 
nances et  conseils  de  nostre  Roy,  de  son  magistrat  et 
de  ceux  à  qui  de  droit  il  appartient,  le  trouvent  expé- 
dient, selon  les  temps  et  nécessités  occurrentes. 

Parquoy,  je  supplie  à  V.  R°*  S**  qu'il  luy  plaise  user 
de  moy  en  tout  ce  qu'elle  jugera  que  je  ne  seray  du  tout 
incapable  et  ainsi  je  mectray  peine  de  luy  satisfaire  de 
tout  mon  pouvoir,  priant  Dieu  qu'il  la  veille  conserver 
en  santé  et  bonne  prospérité. 


—  30  — 

163.  —  Tlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Le   dernier   décembre    1368,   au  très  Illustre 
Cardinal  de  Granvelle. 

Très  Illustre  et  R™*^  Cardinal. 

Si  j'estois  acertené  que  V.  111*  et  R"**  Signeurie  n'eust 
encores  receu  les  premières  feilles  emballées,  j'en  en- 
voyerois  incontinent  d'autres  et  me  deplaist  que,  dès  le 
commencement,  je  ne  les  envoyay,  comme  les  autres,  par 
la  poste,  que  je  pensois  ainsi  soulager. 

J'ay,  grâces  à  Dieu,  receu  l'accomplissement  du  Bré- 
viaire avec  le  brief  de  Sa  Saincteté,  de  quoy  je  me  tiens 
et  tiendray  toute  ma  vie  obligé  à  V.  111*  et  R™*  S'*  et  à 
Monsig**  son  maistre  d'hostel,  le  chantre  de  Malines  *,  et 
tascheray  tousjours  de  n'estre  veu  ingrat  d'un  tel  béné- 
fice. 

J'ay  achevé  la  Sylvestrine  et  empacqué  une,  avec  en- 
cores un  entier  œuvre  de  la  Summe  et  ung  livre  de 
Becanus,  en  l'une  des  deux  basles  que  j'ay  derechef 
faict  ici  emballer  et  délivrer  au  conducteur  pour  les 
conduire  à  Rome,  au  libraire  nommé  le  S*"  Georgio  Fer- 
rari, lesquels  livres  je  supplieray  à  V.  111*  S*  recevoir 
en  gré. 

Quant  aux  grandes  Bibles,  j'ay  commencé  et  pour- 
fuivray,  en  tout  ce  que  je  feray  d'importance,  de  tous- 
jours  imprimer  trois  exemplaires  pour  V.  111*  et  R"* 
Sign**  du  meilleur  papier  que  je  pourray  trouver,  de  la 
forme  dont  imprimeray  l'œuvre. 

J'ay,  par  mes  précédentes,  respondu  au  billet  addressé 

I.  Rembert  de  Malpas. 


-    31  — 

à  V.  R"*  S**^  touchant  la  Paraphrase  de  Jonathan  que 
nous  désirons  avoir  pour  renrichissement  de  la  Bible  en 
4  langues.  Quant  aux  Commentaires  de  Csesar,  j'attends 
la  response  de  mes  dernières  au  S""  Fulvio  Ursino  et 
faisant  l'un  je  n'ay  pas  délibéré  d'obmectre  l'autre,  mais 
d'imprimer  Lactance  avec  tous  les  autres,  selon  l'ordre 
qu'il  me  sera  possible  d'y  poursuivre,  sans  que,  d'icy  en 
avant,  j'entreprenne  plus  rien  que  ce  qui  est  entreprins  et 
en  train  jusques  à  ce  que  l'aye  du  tout  achevé.  J'envoye  à 
V.  S.  les  poètes  et  les  poétresses,  et,  par  le  premier 
poste  ensuivant,  j'envoyeray  ce  que,  par  l'itérative  lecture 
des  lectres  de  V.  lUustriss.  et  R°**  S**,  je  trouveray  avoir 
esté  par  icelles  demandé.  Car,  pour  le  présent,  je  n'ay 
sceu  avoir  assés  de  temps  pour  ce  faire.  Et  cependant, 
faisant  fin  à  la  présente,  je  prie  le  créateur  conserver 
V.  111"**  et  R"*  S'*  en  toute  bonne  prospérité. 


164.  —  Tlantin  au  roi  Philippe  IL 

Au  Roy. 

Remonstre  en  toute  humiUté  Christofle  Plantin,  im- 
primeur juré  en  la  ville  d'Anvers,  vostre  serviteur,  auquel 
il  vous  a  pieu,  ainsi  qu'il  appert  par  les  lectres  de  V.  M. 
cy  attachées,  ordonner  l'impression  des  grandes  Bibles 
en  cinq  langues,  œuvre  de  labeur,  travail  et  fraiz  indi- 
cibles, comment,  ayant,  devant  treze  ans  en  çà,  com- 
mencé et  continué  à  tellement  imprimer  et  vendre  à 
prix  raisonnables  les  Bréviaires,  Diurnaux,  Heures  et 
autres  livres  Ecclésiastiques  de  divers  usages,  maints 
prélats  et  autres  vénérables   personnages,  tant   des  païs 


—  32  - 

de  vostre  obéissance  que  de  plusieurs  autres  contrées, 
prisants  sa  diligence  et  raisonnabileté  de  prix.  Tau- 
royent  maintefois  exhorté  d'y  continuer.  Et,  quinze  mois 
en  çà,  ayant  esté  exhorté  et  adnionnesté  par  le  très  Il- 
lustre et  R"**  Cardinal  Granvelle  d'entreprendre  l'impres- 
sion du  Bréviaire  nouveau,  que,  selon  l'ordonnance  du 
Sainct  Concile  de  Trente,  nostre  Sainct  Père  le  Pape 
faisoit  imprimer  à  Rome,  et  depuis,  par  plusieurs  lec- 
tres  dudict  Signeur  Cardinal,  acertené  de  la  volonté  de 
nostredict  Saint  Père,  il  avoit,  passé  un  an  entier,  com- 
mencé et  depuis  continué  à  faire  de  grands  appareils, 
fraiz  et  mises  pour  bien  et  deuement  imprimer  ledict 
Bréviaire,  lequel  estant  imprimé,  et,  par  l'ordonnance  de 
nostredict  Sainct  Père  et  par  ses  députés,  collationné  et 
corrigé  à  Rome,  il  auroit,  pour  les  causes  et  aux  condi- 
tions déclarées  au  brief  de  nostredict  Saint  Père,  envoyé 
à  vostredict  serviteur  Plantin  pour  l'imprimer,  ce  qu'il 
feroit  volontiers  diligemment  et  fidèlement,  s'il  vous 
plaisoit  luy  en  donner  le  Privilège,  avec  clausel  défen- 
dant à  tous  libraires  imprimeurs  et  autres,  de  quelque 
condition  ou  qualité  qu'ils  soyent,  d'imprimer  ni  faire 
imprimer  ledict  Bréviaire  en  tous  pais  de  par  deçà,  ni 
ailleurs  imprimer,  vendre  ni  distribuer  par  deçà  en  quel- 
que façon  ni  forme  que  ce  soit. 

(Supplique  sans  date,  mais  rédigée  évidemment  à  la  fin  de  1568 
ou  en  1569.  Elle  est  écrite,  avec  les  deux  lettres  suivantes,  dans  un 
cahier  séparé,  dont  aucune  pièce  n'est  datée.  Le  privilège  royal  pour 
le  Bréviaire  est  daté  du  10  janvier  1568  (1S69).  Le  bref  papal  date 
du  22  novembre  1568.) 


—  33  — 
165.  —  Planttn  au  duc  (TAlbe. 

(Lettre  incomplète.  Plantin  y  expose  la  mission  qu'il  a  reçue  de 
Philippe  II  d'imprimer  la  Bible  royale.) 

Jam  ego,  hyeme  veluti  quodairi  rigido  correptus,  a 
labore  nostro  constanti  paene  mihi  desistendum  cogita- 
bam  atque  nonnihil  jam  viribus  utcumque  fractis  re- 
missius  in  eo  persistebam,  Dux  Illustrissime,  cum  ecce, 
tamquam  lux  a  Sole,adventus  in  hasce  terras  Tuae  Excel- 
lentiae  nubes  fugans  et  dissipans,  nos  recreavit  quidem 
animumque  et  vires  reddîdit  ad  ea  pro  viribus  prose- 
quenda,  quas  jamdiu  piis  et  doctis  consiliis  in  reipublicas 
Christianae  commodum  me  concepisse  et  incœpisse 
argumentis  aliquot  jamjam  ostendi. 

Ceterum  quando  Régi  re  et  nomine  catholico,  hoc  est 
Regum  omnium  qui  nunc  in  orbe  toto  régnent  maximo, 
Philîppo  n  placuit  primum  per  illustrem  virum  et  vere 
principis  sui  commodis,  decori  et  honori  ex  animo  fide- 
lissimo  consulentem  et  perpetuo  servientem,  Gabrielem 
Zayam,  non  semel  nobis  significari  nostrum  sibi  de  Bi- 
bliis  illis  quatuor  linguarum  imprimendis  probari  consi- 
lium,  atque  tandem  ab  Hispania  usque  misso  hue  ad  nos 
illo,  cum  ob  eruditionem  et  variarum  linguarum  cogni- 
tionem  admirabili  et  Sacrae  Theologiae  peritiam  suspicien- 
dum,  tum  ob  virtutum  omnium  quse  in  eo  refulgent 
praestantiam  et  pietatem  insignem  nunquam  satis  laudato, 
nqbili  viro  B.  Aria  Montano,  qui  tanto  huic  operi  praesit 
imprimendo,  cum  commodis  et  litteris  propria  sua  manu 
Regia  et  sui  fidelissimi  Zayae  subsignatis  declarare  voluit 
quam  gratum  sibi  sit  futurum,  si,  consilii  sui  ratione  ab 
Excellentia  Vestra  cognita,  ad  Biblia  illa  maxima,  quorum 
jam  ante  aliquot  annos,  florentibus  his  adhuc  regionibus, 


—  34  — 

spécimen  a  nobis  editum  miseram,  quam  diligentissime 
et  commodissime  fieri  posset,  me  applicarem  ;  quando 
haec,  inquam,  Régis  voluntas  ita  mihi  declarata  fuit, 
dici  profecto  non  potest  quanta  laetitia  animique  gaudio 
et  alacritate  hoc  Régis  in  re  mea  liberalissimi  et  optimi 
abs  Tua  Excellentia  optima  et  ^equissima  alioque  nostris 
viribus  impar  onus  et  mandatum  susceperimus  et  execu- 
tioni  promptissimae  nos  nostraque  omnia  subjecerimus 
dedicaverimusque. 

Etsi  ab  ipsa  usque  pueritia  perpetuo  me  in  ofBcio  de- 
lecto  vel  dato  et  accepte  ita  me  continere  studuerim, 
vir  clarissime,  ut,  quantum  in  me  esset  et  res  ferret, 
nemini  ex  aequalibus  molestus  essem,  tantum 


i66.  —  Vlantin  à  un  membre  du  Conseil  privé, 

à  Bruxelles. 

(Plantin  s'excuse  d'avoir  été  trop  timide  pour  Tentretenir  de  ses  affai- 
res, la  dernière  fois  qu'il  l'a  vu  à  Bruxelles. Sur  l'invitation  du  Cardinal 
de  Granvelle,  il  avait  fait  ies  préparatifs  nécessaires  pour  imprimer  le 
nouveau  Bréviaire,  lorsqu'il  reçut  du  même  prélat  l'avis  de  suspen- 
dre l'impression,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  obtenu  de  Paul  Manuce  la  ces- 
sion de  son  privilège  pour  les  Pays-Bas.  Une  seconde  fois,  il  se  mit 
en  mesure  de  commencer  l'impression,  lorsqu'il  reçut  du  Cardinal 
l'avis  de  ne  pas  continuer,  parce  que  l'édition  aldine  du  Bréviaire 
était  fautive.  Pendant  qu'il  attendait,  une  supplique  d'Emanuel  Phi- 
libert Tronassius  parvint  au  Conseil, par  laquelle  ce  typographe  novice 
demandait  l'autorisation  de  publier  le  Bréviaire.  Plantin  s'étonna  de 
l'audace  de  ce  jeune  homme  et  fit  des  démarches  pour  faire  respecter 
son  droit.  Le  secrétaire  du  Conseil  l'avait  d'abord  rassuré,  mainte- 
nant il  apprend  qu'il  y  a  péril  en  la  demeure  et  supplie  son  corres- 
pondant de  bien  vouloir  intervenir  pour* sauvegarder  ses  intérêts.) 

Tanta  verecundia  ipsos  etiam  asquales  et  familiares 
nostros  adiré  soleo,  vir  pra^stantissime,  ut  libentius  non- 


—  3S  — 

nunquam  commoditatibus  caream  qaam  ab  illis  quid 
petere  audeatn,  tantum  abest  ut  tui  similes,  hoc  est 
omni  reruiti  scientia  et  cognitione  virtijtumque  génère 
viros  illustres  atque  merito  proinde  ad  publica  munia 
vocatos  et  impeditos  (quos  certe  debeo  perpétua  quadam 
devotione  suspicere  et  venerari  soleo),  nisi  maxima  in 
necessitate  vel  data,  non  quaesita,  occasione  aut  vocatus, 
mihi  adorandos  vel  interpellandos  pcrsuadere  possim. 
Immo,  etsi  aliquando  quos  taies  alloqui  contingat,  malim 
ea  saepissime  tacere  quae  in  rem  nostram  essent  quam 
illos  a  publias  rébus  detinere  vel  a  seriis  et  gravioribus 
defatigati  quid  illis  molestiae  rursus  parère.  Quod  et 
mihi  cum  superioribus  diebus  Bruxellis  vos  illustres 
viros,  te  et  D.  Vargam,  salutarem  et  litteras  ofFerrem  com- 
mendatitias,  mihi  usu  venisse  fateor.  Nam,  etsi  te  unum 
maxime  tune  de  meo  negocio  alloqui  vellem  et  debuis- 
sem  meque  perhumaniter  accepisses  et  allocutus  fuisses, 
ego  nihilominus  mea  innata  verecundia  praepeditus  et 
captus  non  agnovi,  atque  de  meo  negotio  pro  vestro  can- 
dore  interrogatus,  ita  puduit  me  vos  graves  et  necessariis 
rébus  occupatîssimos  viros  ab  officiis  publiais  avocare,  ut 
satius  esse  duxerim  respondere  absolutum  esse  negotium 
meum  (id  quod  Secretarius  cui  commissum  erat  negotium 
mihi  paulo  ante  dixerat)  quam  narratione  longiori  vos  a 
rébus  gravioribus  interpellare.  Caeterum  quando  (quae 
tua  est  humanitas  et  animi  candor)  tune  jusseris  ut,  si 
quid  posthac  mihi  occurreret  istic  negotii,  id  quicquid 
esset  tuae  totum  prudentiae  et  auctoritati  significarem  et 
committerem,  non  potui  meo  pudore  paulisper  rejecto 
quin  paucis  de  negotio  meo  ad  te  deferrem.  Qjiod  ut 
melius  Intelligas  paulo  altius  est  mihi  repetendum. 
Res  ita  sese  habet.  DIustriss.  et  R"""  Cardinalis  ante 


-36- 

duos  annos  plurimis  ad  me  scriptis  litteris  hortabatur 
ut  Breviarium  Romanum  a  Paulo  III  promulgatum , 
quod  exemplaria  Romse  et  omnibus  in  locis  passim  et  a 
maxima  auctoritate  viris  ex  prioribus  nostris  editionibus 
desiderantur,  recuderem.  Qiiod  statim  me  facturum  re- 
cepi,  ubi  me  certiorem  faceret  num  Breviarium  novum, 
quod  ex  edicto  S.  Concilii  Tridentini  conficiendum  erat, 
brevi  excuderetur  necne.  lUe  vero  primum  aliquot  suis 
litteris  significavit  confici  quidem,  sed,  more  illius  regio- 
nis,  tanta  cum  cunctatione  ut  non  dubitaret  quin  et  ego 
bis  aut  saltem  semel  possem  recudere  alium  et  distrahere 
antequam  longum  aliud  novum  emitteretur.  His  per- 
suasus  ad  novam  illius  Breviarii  editionem  omnia  neces- 
saria  comparo  et  me  accingo.Interea  tamen  erantmuiti, 
graves  etiam  viri,  qui  mihi  de  novi  Breviarii  impressione 
praedicarent  multa  et  me  ab  altéra  deterrere  conarentur. 
Ego,  etsi  papyrum  aliaque  omnia  parassem,  malui  Diur- 
nale  quod  minores  essent  sumptus  faciendi,  cujus  etiam 
exemplaria  desiderabantur,  primum  recudere.  Quod  dum 
ante  sesquiannum  facio,  ecce  ab  eodem  lUusstriss.  Car- 
dinale accipio  litteras,  qui,  mutata  sententia,  monet  ut 
neque  superius  dictum  Breviarium  neque  Diurnale  recu- 
dam,  sed  expectem  novum,  quod  jam  Paulo  Manutio  prelo 
traditum  erat,  poUiceturque  se  efFecturum  ut  Summus 
Pontifex,  non  sine  Populi  Romani  et  Pauli  Manutii  con- 
sensu,  mihi  soli  facultatem  ejus  in  his  omnibus  regioni- 
bus  imprimendi  concédât,  ob  idque  jubet  ut  procuration 
nem  ad  suum  œconomum  D°°  Remb.  de  Malpas,  eccle- 
siae  Mechliniensis  cantorem,  mittam,  qua  illi  per  me 
liceat  de  hac  re  cum  omnibus  Romas  quibus  interesset 
agere.  Q.uod  cum  fecissem  quadraginta  diversis  plus 
minus   litteris   ad  me  postea  scripsit  rem  esse  meo  no- 


—  37  — 

mine  confectam  nihilque  mihi  cunctandum  esse  quin 
omnia,  quae  ad  editionem  celerem  et  diligentem  spectant, 
compararem  et  me  paratum  facerem,  se  namque  efFectu- 
rum  ut  statim,pubIicato  dicto  Breviario,exemplar  ad  me 
per  veredarium  mitteretur.  Cui  cum  paruissem  et  praes- 
titisset  ipse  jamque  Bruxellas  exemplar  ad  Privilegium 
impetrandum  misissem,  alias  litteras  ab  eodem  Illustriss. 
accipio,  quibus  supersedendum  esse  signiâcat,  quod  Paulli 
Manutii,  in  aliis  diligentissimi,  in  istis  vero  ecclesiasticis, 
quae  rubro  et  nigro  atramento  scribuntur,  parum  exerci- 
tati  multa  invenirentur  in  ea  impressione  omissa, 
plurima  transposita,  quae  Summus  Pontifex  dedisset  de- 
putatis  aliquot  viris  corrigenda. 

Huic  rei  deputatorum  vero  unus  erat  supradictus  D" 
cantor,  qui  folia  récusa  rursusque  ab  iisdem  examinata 
cum  consensu  eorum  omnium  quorum  intereratet  jussu 
Ulustriss.  Card.  singulis  fere  diebus  correcta  folia  mitte- 
bat,  quae  omnia  apud  me  servabam  quo  suo  tempore, 
omnibus  acceptis,ad  Consilium  Regium  ipsum  exemplar 
ita  correctum  (priora  etenim  missa  monitus  ab  illustriss. 
revocaveram)  ut  imprimendum  est  mitterem  et  de  Pri- 
vilegiis  concedendis  supplicarem. 

Haec  autem,  dum  ex  praecipuis  de  Concilio  Regio  con- 
seils ita  sese  habent,  nomine  Emmanuelis  Philiberti 
Tronesii,Consilio  Regio  libellus  supplex  ofFertur,  qui  mihi 
postea  ab  Âccenso  hic  traditur,  atque  huic  quod  eadem 
quae  et  ille  praetenderem,  intra  octo  dies  respondere 
jubeor.  Ego  autem,  lecto  dicto  libello  supplici,  miratus 
sum  adolescentem  hune  Tronesium,  etsi  abhinc  duobus 
plus  minus  annis  ad  libros  vendendos  admissum,  nun- 
quam  tamen  in  typographia  neque  in  aliqua  taberna  libra- 
riaantea  versatum,  exemplari  P.  Manutii  hominis,alioqui 

3 


-  38- 

docrissimi  et  in  arte  typographîca  exercitatissimi,  satîs 
grave  et  periculosum  munus,  si  non  onus,  ambire. 
Qjioniam  vero  illum,  praeter  constitutiones  et  edicta  de 
libris  imprimendis  regia,  primum  petiisse  privilegium 
operis  nondum  perfecti,  tantum  abest  ut  promulgati  (ita 
enîm  se  fecisse  in  suo  eodem  libello  supplici  testaba- 
tur)  animadvertebam,  deinde  ad  exhibitionem  merîto 
remissus  exemplar,  jamdudum  a  Summo  Pontifice  ob 
errata  plurima  revocatum,  produxisse  multos  post  men- 
ses,  viderem,  causae  meae  nihil  timendum  sperabam. 
Proinde,  libello  supplici  dicti  adolescentis  Bruxellas 
ad  amicum  remisso,  rogavi  ut,  nisi  in  tempore  veni- 
rem,meo  nomine  Consilio  Regio  responderet.  Ego  vero, 
dum  gelu  nimio  impediti  opus  regium,  a  quo  vix 
abesse  licet,  prosequi  non  possumus,  Bruxellas  me 
contuli  cum  litteris  R*^*  D.  Doctoris  Ariae  Montani  ad 
vos,  illustres  et  prudentes  viros,  sperans  me  illustri  auc- 
toritate  vestra  statim  a  consilio  id  consecuturum,  quod 
petebam. 

Bruxellis  vero,  cum  amicum  de  meo  negotio  convenis- 
sem,  duxit  me  ilico  ad  Secretarium,  qui  aliis  impeditus 
diserte  respondit  rem  nostram  ex  animi  sententia  omnino 
fuisse  confectam. 

Hinc  factum  est  ut  tibi,  viro  illustri,me  de  eo  percon- 
tanti  idem  responderim.  Nunc  vero,cum  multo  aliter  fac- 
tum esse  intelligam,  istam  tuam  praestantem  humanitaiem 
et  erga  omnes  asquitatem  et  reipublic»  commodo  et 
bono  bene  potius  quam  suo  privato  studentes  volunta- 
tem  et  animi  propensionem  supplico  et  obsecro  ut  tua 
auctoritate  jus  nostrum,  tantis  viris  intercessoribus  et 
procurantibus,  ab  ipso  Sanctissimo  Pâtre  Nostro  Papa  da- 
tum  et  concessum  sartum  tectum   servetur  atque  Privi- 


—  39  — 

legia  regia  nobis  etiam  concedantur.  Qiiod,  si,  ut  facil- 
lime  potes,  efFeceris,  dabo  operam 

(Manque  la  fin). 


167.  —  Tlantinau  Cardinal  de  Granvelle. 

Le  5  febvrier  1569. 
A  rillustriss  et  R™*  Cardinal  de  Granvelle. 

Très  Illustre  et  R°^ 

Les  gelées  trop  aspres  nous  ont  retardé,  d'ung  mois 
entier,  de  pouvoir  achever  les  œuvres  commencées,  et, 
par  conséquent,  de  pouvoir  commencer  les  entreprinses, 
et  encores  maintenant  sont  telles  que  ne  pouvons  be- 
songner  qu'à  demy.  Mais  j'espère  que,  de  bref,  elles  ces- 
sées, j'envoyeray  à  V.  S.  quelques  felles  de  Caesar  et  de 
Gymnastica  et  continueray  ainsi  de  poursuivre  de  tout 
mon  pouvoir. 

J'ai  receu  le  Bréviaire  entier  et  le  brief  de  Sa  Saincteté, 
en  vertu  de  quoy  et  de  la  faveur  de  V.  111™**  et-R"*  S**, 
j'ay,  contre  la  volonté  et  sollicitations  très  expresses 
et  vives  d'aucuns  personnages  principaux  de  ceste  ville 
et  du  conseil  à  Bruxelles,  obtenu  les  Placets,  tant  au 
privé  conseil  qu'en  celuy  de  Brabant,  de  sorte  que, 
maintenant,  je  commence  d'y  besongner  à  bon  escient, 
espérant  en  avoir  achevé  une  impression  pour  après  les 
Pasques  prochaines  '. 

I .  En  1 569,  Plan  tin  imprima  quatre  éditions  différentes  du  Bré- 
viaire, in-80.  La  première  fut  achevée  le  26  avril,  la  seconde  le  4 
juin,  la  troisième  le  3  septembre,  la  quatrième  dans  la  semaine  finis- 


—  40  — 

Il  me  deplaist  grandement  du  long  retardement  des 
premières  feilles  de  la  balle  envoyée  de  si  long  temps 
au  libraire.  S'il  plaist  à  V.  Hh*  et  R°«  S^«  me  l'ordon- 
ner, j'envoyeray  de  rechef  pareilles  feilles  par  la  poste  et 
me  garderay  bien  une  autre  fois  d'en  faire  ainsi.  Je  suis 
joyeux  qu'on  besongne  aux  œuvres  de  S*  Thomas  en  telle 
diligence. 

J'ay,  le  dernier  décembre,  envoyé  un  exemplaire  relié 
et  ung  en  blanc  des  Poétresses,  et  maintenant  j 'envoyé 
encores  un,  avec  Poemata  Joh.  Secundi,  de  l'impression 
de  Paris,  car  je  n'en  ay  sceu  recevoir  de  l'impression 
de  par  deçà,  qui  estoyent  in  8**. 


r68.  — Tlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Le  27  febvrier  1569. 
Au  très  Illustre  et  R°**  Cardinal  de  Granvelle. 

Je  ne  feray  faute.  Dieu  aidant,  d'envoyer  par  le  pre- 
mier poste  quelques  feilles  de  Caesar,  que  plus  tost  je 
n'ay  sceu  commencer,  à  cause  des  livres  entreprins  pour 
envoyer  à  la  foire  de  Francfort  prochaine,  l'achèvement 
desquels,  outre  mon  dessein,  a  esté  retardé  de  bien  six 
semaines  par  les  grandes  gelées  et  tant  de  fois  réitérées, 
cest  hiver,  par  deçà. 

J'ay  par  cy-devant  adverti  V.  111°^*  et  R"*  S.  que  j'avois 

sant  le  26  novembre.  Les  trois  premières  portent  la  date  de  1569, 
la  quatrième  celle  de  1570.  Une  édition  in- 160  fut  achevée  le  26  oc- 
tobre 1569,  Voir  Max  Rooses,  Christophe  Tlantin,  chap.  VII. 


—  41  — 

receu  tout  le  Bréviaire  et  le  Brief  de  N.  S.  P.,  moyen- 
nant quoy,  non  sans  grande  sollicitation  toutesfois,  solli- 
citude et  faveur  des  amis  de  V.  Dl°***  et  R°*  S.,  j'ay 
obtenu  le  consent  des  deux  cours  à  Bruxelles,  et,  incon- 
tinent après,  commencé  à  y  besongner,  non  si  bien  que 
j'eusse  voulu,  mais  selon  que  la  rigueur  de  l'hiver  nous 
l'a  permis,  ainsi  que  les  lo  feilles,  que  j'envoye  pour  6 
exemplaires,  qui  font  60  feilles  ensemble,  font  foy. 

L'air  estant  de  présent  adoucy,  grâces  à  Dieu,  je 
m'appreste  pour  y  besongner  plus  diligentement  que  je 
n'ay  peu  faire  jusques  à  maintenant.  De  sorte  que  j'es- 
père d'avoir  achevé,  dedans  deux  mois  d'ici,  l'impression 
entière  et  ne  faudray  de  continuer  à  envoyer,  chaicunne 
semaine  ou  quinzaine,  ce  que  j'auray  imprimé  jusques  à 
la  fin. 

Or  est-il  que  monsieur  le  Doyen  de  l'église  de  Nostre 
Dame,  en  ceste  ville,  '  employé  derechef  tous  moyens 
pour  m'empescher  de  jouir  de  ladicte  faveur,  à  moy 
faicte  par  V.  111*  et  R*  S.,  et  pour  ne  réciter  diverses 
calumnies  dont,  comme  je  luy  ay  remonstré  l'estant 
allé  trouver  seul  et  parler  à  luy  en  son  logis  mesme,  il 
estoit  mal  informé.  Ces  mots  escrits  au  Brief  de  Sa  Sainc- 
teté,  qui  m'a  esté  envoyé,  qui  sont  :  «  Hortantes  prop- 
terea  in  Domino  dilectum  filium  T)overutn  Canonicum 
Ecc^  tAntwerp.  eique  etiam  mandantes  ut  in  imprimendo 
Breviario  hujusmodi  sollicite  atque  diligenter  assistât 
omnemque  curam,  operam  etc.  »  nourrissent  une  diffi- 
culté, d'autant  qu'il  n'y  a  pas  de  Chanoine  en  ceste 
église  d'Anvers  qui  s'appelle   Doverus,  mais   bien  ung 

I.  Joannes  Rogerius  de  Tassis,  doyen  depuis  le  6  mars  1545, 
mort  en  1593,  donna  sa  démission  en  1590. 


—  42  — 

nommé  D.  Henricus  Dongheus  ',  docteur  en  théologie, 
sçavant  aux  langues  et  pénitentier  de  nostre  S.  Père  et 
bien  congneu  à  Rome,  à  ce  que  j'entends,  auquel  j'ay 
esté  addressé  par  nostre  curé  et  depuis  par  l'adresse  de 
Monsig'  le  Prévost  d'Aire  à  Monsig'  l'Esc^olastre  de  ceste 
ville,  aussi  chanoine,  nommé  D.  Franciscus  Donckerus, 
lesquels  tous  deux  m'ont  promis  assistance,  mais  le  der- 
nier m'a  respondu  que  Tronesius  (pour  qui  Monsig' 
nostre  Doyen  a  sollicité  apertement,  et  comme  j'en- 
tends sollicite  encores  par  divers  moyens)  avoit  aussi 
le  mesme  consent  et  poursuivoit  l'impression,  à  quoy 
j'ay  respondu  que,  pour  mon  particulier,  je  ne  l'empe- 
scherois  point,  me  contentant  d'avoir  aussi  le  consent  de 
Sa  Saincteté  et  de  nosire  Roy  de  pouvoir  continuer  etc. 
Pour  comble  donc  des  biens  faicts  de  V.  111"*^  et  R°*^  S., 
envers  moy,  je  la  supplie  qu'il  luy  plaise  ordonner,  par 
delà,  que,  par  telle  manière  qu'il  appartiendra,  ceste 
difficulté  soit  esclairée  et  nous  soit  envoyé  quelque  mot, 
par  lequel  nous  puissions  au  vrai  congnoistre  lequel  des 
deux  Chanoines  susdicts  a  esté  entendu  estre  dénommé 
au  Brief  de  Sa  Saincteté.  J'envoye  b.  de  l'indice  de  S. 
Thomas.  J'estime  que  les  exemplaires  des  Poétresses  et 


I.  Le  bref  papal  imprimé  devant  les  éditions  plantiniennes  du 
Bréviaire  dit  :  Hortantes  propterea  in  Domino  dilectum  filium  Don- 
kerum  Canonicum  Ecclesias  Antwerpiensis,  eique  mandantes,  etc. 
A  partir  de  1588  seulement,  le  nom  de  Henricus  Dungaeus  remplace 
celui  de  Donkerus  dans  le  texte  de  ce  bref,  imprimé  dans  les  liminaires 
des  Bréviaires.  Il  est  assez  probable,  toutefois,  que,  bien  avant  cette 
date,  Dungaeus  remplissait  les  fonctions  de  réviseur  des  Bréviaires, 
car,  à  la  demande  de  Plantin,  son  nom  figure  depuis  1572  dans  le 
privilège  des  Missels  plantiniens. 

Le  chanoine  désigné  sous  le  nom  de  Dungaeus  ou  Dunghaeus  était 
Henri  Ciberti  de  Donghen. 


—  43  — 

Joannis  Secundi  carmina,  reliés  avec  Maruli  '  in-i6°, 
seront  maintenant  parvenus  es  mains  de  V.  111°**  et  R°® 
S.,  laquelle  je  supplie  à  Dieu  nous  vouloir  conserver  en 
sa  sainte  grâce  etc. 


169.  —  Plantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Le  26  mars  1569. 

Au  très  Illustre  et  R°*  Cardinal  de  Granvelle. 

Il  me  souviendra  tousjours,  très  Illustre  et  R.  S^%  des 
trois  exemplaires  pour  les  librairies  de  V.  111®  et  R°*  S^* 
et  de  tout  ce  qu'il  luy  plaira  jamais  me  commander,  qui 
soit  en  mon  pouvoir.  J'ay  envoyé,  par  cy-devant,  dix 
cahiers  du  Bréviaire  et  maintenant  j'en  envoyé  ici  16, 
assçavoir  jusques  à  la  signature  marquée  d.  J'espère, 
par  le  premier,  d'envoyer  encores  quelques  autres  10 
ou  12  feilles,  et  de  continuer  tellement  que,  dedans 
ung  mois,  je  puisse  avoir  achevé  ceste  première  impres- 
sion pour  commencer  la  seconde,  tout  incontinent,  car 
je  ne  fay  que  1000  exemplaires,  qui  est  la  taxe  ordinaire, 
pour  chaicunne  journée,  des  compagnons  besongnans 
en  telle  ouvrage  rouge  et  noir.  Mon  intention  estoit 
bien  d'en  faire  double  nombre  d'un  train,  ce  qui  eust 
esté  beaucoup  mieux  mon  profEct,   mais  la  besongne 


I.  Michael  Tarcagnota  Marullus,  poète  de  Constantinople,  qui, 
après  la  prise  de  cette  ville,  en  1453,  ^^"^  ^  ^^^^  ^^  Italie  et  y 
cultiva  la  poésie  latine.  Il  mourut  le  14  août  1500.  Ses  Hymni  et 
Epigrammata  (\iTQni  imprimés  en  1582,  avec  les  poésies  de  Janus  Sc- 
cundus  et  de  Hieronym'is  Augerianus.  Avant  cette  date,  ils  avaient 
été  imprimés  plusieurs  fois  séparément. 


—  44  — 

eust  autant  plus  long  temps  resté  sous  les  presses,  au 
mescontentement  de  plusieurs  qui  journellement  Tat- 
t'endent. 

J'envoye  ici  des  feilles  imprimées  des  fragments  et 
annotations  du  Sig*"  Fulvio  Ursino  sur  le  Caesar.  J'espère 
d'avoir  achevé  le  reste  dedans  4  ou  5  jours  et  conti- 
nueray  l'impression  dudict  César  et  des  autres  livres, 
autant  que  ma  puissance  et  facultés  le  pourront  porter 
en  ce  temps,  qui  nous  est  fort  rude,  d'autant  que  les 
gens  studieux  perdent  tout  courage  d'achapter  plus  de 
livres,  et  semble  maintenant  à  plusieurs  que  les  lectres  et 
ceux  qui  les  advancent  soyent  quelque  ennemy  de  Dieu 
et  de  nature.  Dieu,  par  sa  grâce,  veuille  incliner  le  cueur 
du  Roy  et  de  son  Magistrat  à  miséricorde  et  clémence 
vers  son  pauvre  peuple,  qui  veut  recongnoistre  ses  fautes, 
et  ne  perdre  pas  les  bons  et  respentants  avec  les  rebelles 
et  opiniastres. 

Je  remercie  très  humblement  V.  111"^  et  R™*  Sig*'  des 
bons  advertissements  et  principallement  des  œuvres  de 
S*  Thomas,  èsquelles  je  ne  veux  doubter  que  tant  de 
doctes  personnages  et  si  bien  fournis  d'exemplaires  ne 
trouvent  beaucoup  qu'amender.  Cependant  je  distribue- 
ray  des  miennes  ce  que  je  pourray  et  seray  plus  aise 
de  l'amendement,  avec  ma  perte,  que  de  mon  proffict 
particulier,  au  détriment   de  la  république  chrestienne. 


—  4S  - 
170.  —  Planiin  à  Fulvius  Ursinus. 

(Il  s'excuse  de  n'avoir  pas  encore  imprimé  le  César.  Il  continuera 
l'ouvrage  aussitôt  que  possible.  Il  lui  envoie  des  feuilles  des  frag- 
ments des  lyriques  grecs  et  lui  apprend  qu'il  a  terminé  les  Dionysiaca 
de  "^  onnîus,  que  Sambucus  lui  a  envoyé  les  Physica  de  Stobaeus,  et 
qu'il  consent  à  imprimer  de  Amoribus  Leucippes  et  Clitophontis 
d'Achilles  Tatius  avec  une  préface  de  Fulvius  Ursinus.) 

Clarissimo  Doctissimoque  Viro  D°°  Fulvio  Ursino. 

Etsi  multas  neque  levés  causas  adferre  possem,  vir 
clarissime,  quibus  me  erga  te  purgarem  de  non  impresso 
Cîesare  cum  tuis  fragmentis  et  annotationibus  doctis- 
simis,  culpam  fateri  tamen  et  deprecari  atque  diligentia 
quod  peccatum  est  resarciri  compendiosius  esse  duco. 

Accipe  nunc  itaque  folia  fragmentorumpriora,  reliqua 
sequenti  habiturus  hebdomada.  Epistolam  vero  ubi  mise- 
ris  ilico  edam,  et  Caesarem  ipsum, quantum  per  domesti- 
cas  iicebit  hoc  tempore  maligno  angustias,  prosequar. 
Dionysiaca  Nonnii  Graeca,  alienis  sumptibus  ad  j  ut  us, 
(mirum  etenim  quantum  his  temporibus  nostrae  frigeant 
tabernae)  impressi  \ 

Stobaei  Physica  misit  ad  me  Sambucus  atque  plura 
poliicetur  antiqua  se  missurum  et  nos,  ut  solet,  re  ad  ea 
imprimenda  adjuturum  iddemque  ut,  qui  possint,  faciant 
hortaturum. 

Achillem  Statium  de  Amoribus  Leucipes  et  Clito- 
phontis ',   si  descriptus  est,  velim  cum  tua   pr^fatione, 

1.  Nonni  Panopolita  Dionysiaca,  Nunc  primum  in  lucem  édita 
ex  bibliotheca  Joannis  Sambuci  Pannonii.Cum  lectionibus  et  conjec- 
turis  Gerarti  Falkenburgii  Noviomagi.  Plantin,  1569,  in-8^. 

2.  AchilUs  Tatius  y  de  Clitophontis  et  Leucippes  amoribus.  Heidel- 
bergae,  ex  officina  Commeliana,  1601,  in-S®.  Première  édition  de  ce 
roman  Grec. 


-4é- 

nostris  sumptibus,  ferendum  cures.  Quod  si  feceris,  dabo 
primo  quoque  die  operam  ne  tuas  honestissimas  volun- 
tati  defuisse  videar.  Aveo  scire  num  in  Bibliotheca  Far- 
nesiana  sint  Nonnii  Dionysiaca.  D.  Falkenbergus  *  te 
plurimum  salutat.  Vale 


171.  —  Tlantin  à  oindre  Duiditius.  * 

(Plantîn  prie  Duiditius  de  lui  envoyer  deux  manuscrits  grecs  :  l'un 
de  St.  Grégoire  de  Nysse  sur  le  Cantique  des  Cantiques,  l'autre 
d'un  auteur  inconnu  sur  les  évangiles). 

Rmo  Dno  Andreae  Duiditio. 

S.  P. 

Petrus  Antesignanus,  amicus  meus  summus  et  fa- 
miliaris,  significavit  mihi  te  habere  codices  Grascos 
duos,  quorum  unus  S.  P.  N.  Gregorii  Nysseni  enarra- 
tionem  in  Cantica  Canticorum  Salomonis  sapientissimi, 
aiter  Enarrationes  in  quattuor  Evangelia  incerti  auctoris 
Graece  continet,  quos  nobis  ea  lege  communicares,  ut, 
postquam  eos  impresserimus,  cum  aliquot  exemplaribus 
ad  te  autographa  curaremus  remittenda. 

1.  Gérard  Falkenburg,  né  à  Nymègue,  en  1538,  le  commentateur 
de  Nonni  Dionysiaca.  Mort  le  5  septembre  1578  à  Stumfurt. 

2.  André  Dudith,  né  à  Ofen,  le  6  février  iS33-  En  1561,  il  tut 
nommé  évêque  de  Tina,  en  Dalmatie,  et  siégea  en  cette  qualité  au 
Concile  de  Trente.  En  1563,  il  devint  évêque  de  Chonad  et  plus 
tard  de  Fùnfkirchen,  en  Hongrie.  En  1567,  il  renonça  à  son  siège, 
se  maria  et  fut  excommunié.  Il  s'établit  à  Cracovie,  où  il  fut  le  con- 
seiller des  empereurs  Ferdinand  I,  Maximilien  II  et  Rodolphe  II.  Il 
embrassa  le  Luthéranisme  et  mourut  à  Breslau  le  23  février  1589. 
Il  publia  quelques  livres  traitant, pour  la  plupart,  de  sujets  théologiques. 


—  47  — 

Ego  vero,  quoniam  reipublicae  Christianas  non  parum 
interesse  confido  ut  taies  libri  veterum  patrum  in  lucem 
prodeant,  conditîones  abs  te  praescriptas  accipio,  hacque 
mea  manu  scripta  poliiceor,  et,  posteaquam  dictos  libros 
impressero  (ego  vero,  ubi  primum  recepero,  prima  occa- 
sione  vel  aggrediar  vei  ad  te  remittam),  me  ad  te  remis- 
surum  ipsa  exemplaria  quae  abs  te  accepero  atque  con- 
diiiones  me  observaturum  quas  dictus  D.  Petrus  Ante- 
signanus  tecum  pacîscetur. 

Deus  interea'  optimus  maximus  te  in  reipublicae 
Christianae  commodum  et  utilitatem  diu  servet  incolu- 
mem. 

Vale.  Antverpias,  3  aprilis  1569. 

Tibi  et  omnibus  tui   similibus   reipublicae  iitterariae 

faventibus  addictissimus 

C.  Plantinus. 


172.  —  Gilles  Œeys  à  un  inconnu. 

(Le  présent  extrait  d'une  lettre  de  Gilles  Beys  a  été  conservé  par 
une  copie  de  la  main  de  Plandn.  Gilles  Beys  désire  savoir  si  son 
oncle  voudrait  lui  prêter  une  certaine  somme  d'argent  pour  lui  per- 
mettre de  faire  honneur  à  ses  affaires.  S'il  obtenait  ce  secours,  il 
pourrait  faire  un  riche  mariage  à  Paris.  Il  recommande  instamment 
à  son  correspondant  de  tenir  secret  leur  échange  de  lettres,  de  lui 
écrire  par  Tintermédiaire  de  Hans  Liefrinck  ou  d'un  autre,  et  de  ne 
confier  à  Plantin  que  des  missives  traitant  de  sujets  sans  importance.) 

2  may  1569. 

Ende  van  daer  naer  Zantvliet  getrocken  bent  om  myn 
heer  00m  te  gaen  besoecken  en  oock  van  hem  te  ver- 
nemen  en  te  verstaen  syn  myninghe  ende  sin  angande 
tgene  daer  ick  U  van  geschreven  hadde,  te  weten  ofte 
hy  my  wel  een  hondert  croonen  twee  of  dreie  ter  hant 


-48- 

soude  willen  stellen  om  my  daer  mede  ter  eeren  te 
mueghen  schiken,  eer  ick  inde  bouverie  mochte  vallen, 
soo  men  gemeyniick  seyt.  Waer  af  ick  met  godts  hulpe 
nochtans  egheen  sorge  af  en  hebbe,  nyet  min  waer 
den  tyt  wat  beter,  ick  mocht  my  hier  wei  ten  houwe- 
licken  staet  begheven  endç  soude  hopen  wel  goeden  en 
rycken  howelick  te  doene,soo  't  ware  myn  heeroom  ende 
myn  itioeder  my  die  hant  willen  toe  reyken,  ghelyck  sy 
metten  anderen  wel  ghedaen  hebben,  waer  aen  ick 
oyck  niet  en  twyffel,  dat  sy  sulcx  wel  doen  sullen. 
Waer  af  ick  seer  wel  soude  begeeren  geadverteert  te 
wesen  en  wat  haer  daer  af  dunct.  Want  ick  en  soude 
nyet  gheerne  tegen  haerlieder  raet  oft  wille  begeeren  te 
doen. 

Ick  bidde  U,  bout  dit  secret  en  maect  toch  boven  al 
dat  mynén  baes  t'Antwerpen  daer  af  niet  en  vemeemt, 
duer  U  oft  myn  heer  oom  oft  duer  yemant  anders. 
Want  daer  en  is  noch  niet  af  vermaert  en  moghelycken 
en  soude  ick  hier  niet  willen  houwen,  want  men  en 
weet  nyet  hoe  dat  hier  aile  dinghen  sullen  vergaen,  ende 
en  ben  van  sinne  nyet  sulcx  te  doene,  voer  dat  ick  en 
sie,  dat  ten  eenen  ofte  ten  anderen  sal  wesen,  dwelck 
met  Godts  hulpe  noch  desen  somer  wel  mochte  wesen, 
daeromme  ist  dat  u  ende  myn  vrienden  hier  af  wel  heb 
willen  adverteren. 

Ick  bidde  U,  als  ghy  my  yet  van  sulcx  wilt  schryven, 
bestelt  toch  Uwe  brieven  tôt  Hans  LieflFrinck  *  oft  tôt 
ymant  anders,  en  bidde  haer  dat  zy  die  den  bode  van 
Paris  geven  willen  om  my  die  te  bestellen,  ende  maect  die 

I.  Hiins  Liefrinck^  graveur  sur  bois  et  imprimeur  de  gravures  à 
Anvers.  Né  à  Augsbourg  en  1518,  mort  à  Anvers  en  1573. 


—  49  — 

brieven  wel  toe  en  doeget  opschrift  schriven  van 
yemant  vremps,  op  dat  men  nyet  en  merct,  ende  aldus  : 
A  Gilles  Beys,  marchant  libraire,  rue  S*  Jacques,  au 
compas  d'or,  près  les  Mathurins,  à  Paris,  ende  op  dat 
mynen  Baes  nyet  en  twyfele  hoe  't  kompt,  dat  ghy 
hem  egheen  brieven  en  gheft  om  aen  my  te  bestellen, 
schrift  my  somtyts  een  briefken,  daer  egheen  verlang 
aen  en  leyt  al  sach  hyt,  ende  geeft  hem  dat,  maer  anders 
nyet  ende  kan  ick  U  ergens  in  vrientschap  doen  etc. 
Uyt  Paris  desen  2***"  in  meye  1569  by  my. 

U.  L.  Compère,  Vrient  ende  Dienaer  enz. 


173.  —  Plantin  à  Paul  fXCanuce. 

Molto  mag'°  S*  Manutio,  Soyés  adverti  qu'après  avoir 
receu  l'exemplaire  vostre,  et,  suivant  vostre  advis,  com- 
mencé à  besongner  à  l'impression  du  Bréviaire,  jusques 
environ  quelques  12  feilles,  estant  adverti  des  correc- 
tions qui  depuis  s'y  estoyent  faictes,  il  m'a  convenu,  à 
la  perte  desdictes  feilles,  attendre  autre  exemplaiie  cor- 
rigé, pendant  lequel  temps,  autres  me  voulants  prévenir, 
es  pais  de  par  deçà,  m'ont  tellement  exercé  et  faict 
empeschements  que,  nonobstant  le  Bref  de  Sa  Saincteté, 
mon  bon  droict,  toutes  faveurs  et  despenses  desjà  faictes 
par  moy,  ils  m'eussent  faict  défendre  l'impression 
dudict  Bréviaire,  sans  l'interposition  de  l'authorité  et 
des  amis  du  très  illustre  et  R"*  Cardinal  de  Granvelle, 
vray  fauteur  de  la  religion  catholique,  des  bonnes 
lectres  et  de  tous  ceux  qui  les  aiment  ou  s'employent  à 
y  faire  quelque  service.  Pendant  lequel  temps,  j'ay 
souffert  de  grandes  despenses,  tant  par  la  perte  desdic- 


—  Sû- 
tes premières  feilles  ainsi  imprimées,  comme  en  faire 
divers  voyages  en  Cour,  à  la  poursuite  de  mon  droict, 
en  longues  attentes  et  diverses  rencontres.  A  quoy  je 
supplie  que,  V.  S.  prenant  garde,  il  luy  plaise  me 
remectre  la  disme  de  quelques  milles. 

Cependant  je  ne  laisseray  d'advertir  V.  S.  qu'en 
attendant  journellement  Tadvis  des  corrections  que 
j'attendois  estre  journellement  faictes  à  Rome,  j'ay  pre- 
mièrement commencé  à  la  my-janvier  de  besongner  à 
une  seule  presse,  et  ainsi  continué  jusques  à  la  my-qua- 
resme,  que  j'ay  ad  jouxté  la  deuxiesme  et  ainsi  continué 
jusques  au  premier  jour  après  Pasques  de  Résurrection, 
que  j'ay  ad  jouxté  la  troisiesme  et  ainsy  fini  la  première 
impression  dudict  Bréviaire  in-8°  forma,  le  26  d'avril, 
qui  a  seulement  esté  de  la  journée  ordinaire  par  deçà 
de  nos  compagnons  d'imprimerie,  en  telles  ouvrages  de 
rouge  et  noir,  à  sçavoir  deux  rames,  qui  sont  mille 
exemplaires. 

Ce  petit  nombre  ay  je  ainsi  faict  du  commencement, 
attendant  tousjours  si  ne  -serois  adverti  de  quelques 
fautes  entrevenues,  et  pour  achever  plus  tost  ladicte 
impression  que  je  commence  à  vendre,  et,  incontinent 
après,  ay  recommencé  autre  mesme  nombre  et  sembla- 
ble impression  dudict  Bréviaire  que  je  continue  à  3 
presses,  de  sorte  que  j'espère  l'avoir  achevé  à  la  S*  Jehan 
prochaine. 

Et  quant  je  congnoistray  que  ledict  Bréviaire  soit  en- 
tièrement correct  et  ordonné  du  tout  comme  il  devra 
demourer,  je  l'imprimeray  incontinent  in-f°,  in-4°  et  in- 
16'',  avec  tant  de  presses  que  je  pourray  et  verray 
nécessaire,  dont  à  chaicunne  fois  je  vous  advertiray.  Au 
reste,  je  vous  supplie  de  m'advertir  de  toutes   les   cor- 


—  SI  — 

tections  que  sçaurés  estre  dignes  d'advertissement.  Et  si 
vous  ou  autre  par  delà  imprimés  aussi  le  Diurnal  propre 
audict  Bréviaire  et  le  Missale  aussi  reformé  ou  corrigé, 
je  vous  prie  de  m'en  envoyer  incontinent  de  chaicunne 
sorte  un  exemplaire,  avec  le  congé,  et  les  imprimeray 
tellement  que  ce  sera  vostre  profEct  autant  que  le  mien. 

Cependant  je  prie  Dieu  estre  vostre  garde. 

D'Anvers,  ce  vu  may  1369. 


174.  —  Vlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 
Au  très  illustre  et  R"*  Cardinal  de  Granvelle. 

Espérant  que  toutes  les  feilles  de  nostre  première 
impression  du  Bréviaire  seront  maintenant  parvenues  es 
mains  de  V.  111*  et  R°*®  Sig"*,  je  luy  supplie  très  hum- 
blement que  luy  playse  me  faire  advertir  des  corrections 
et  commodités  désirées,  afin  que  je  rende  peine  d'y 
remédier,  et  m'aprester  pour  autres  éditions  de  plus 
grandes  et  plus  petites  formes  et  charractères,  èsquelles 
je  tascheray  de  satisfaire  à  la  volonté  d'icelle  V.  111°**  et 
R"*  Signeurie,  touchant  la  disposition  des  nombres  et 
de  toute  chose  y  désirée,  dont  je  seray  admonesté.  Sup- 
pliant aussi  que,  si  le  Diurnale  correspondant  audict 
Bréviaire  et  le  Missale  aussi  corrigé  sont  imprimés,  ou 
l'un  d'eux,  qu'il  plaise  à  V.  111*  et  R°*  S»*  me  faire  le 
bien  que  je  puisse  recevoir  de  chaicun  ung  des  premiers 
exemplaires. 

Quant  au  Cagsar,  j'espère  que  les  feilles  de  toutes  les 
annotations  et  des  fragments  d'iceluy,  avec  autres  du 
commencement  dudict  Caesar,  seront  arrivées  avec  les- 
dictes  feilles  du  Bréviaire. 


—    S2    — 

Après  le  Caesar  (si  plus  tost  je  ne  puis,  comme  je  le 
voudrois  bien),  je  n'oblieray  Lactance  ni  le  Gymnasiica. 

Nous  continuons  l'impression  des  grandes  Bibles, 
autant  que  toutes  mes  facultés  le  peuvent  comporter. 
Qpe  si  la  vente  du  Bréviaire,  et  des  autres  livres 
d'Usages  que  je  pourrois  imprimer  par  cy-après,  m'ap- 
porte (comme  je  l'espère)  quelque  commodité  d'argent, 
j'y  besongneray  à  plus  de  presses,  pour  avoir  plus  tost 
faict,  car  il  me  faut  besongner  selon  l'argent  que  je 
puis  recevoir,  d'autant  qu'il  me  faut  desbourser  pour 
les  fraiz  de  l'impression  dudict  œuvre  plus  qiîe  les  trois 
parts  davantage  que  Sa  Majesté  ne  m'a  ordonné  d'aide 

pour  iceluy. 

(Entre  le  7  et  le  19  mai  i$69). 


175.  —  Plantin  à  Valerius  Serenus.  ' 

(Il  envoie  une  liste  de  livres  à  Tévêque  de  Cuença  et  prie 
son  correspondant  de  modérer  ses  éloges  et  de  ne  point  le  comparer 
à  Aide  Manuce.) 

Clarissimo  doctissimoque  viro  D"°  Valerio  Sereno, 
111™*  et  R™*  Episcopi   Conchensis   Bibliothecario    S.    P. 

19  maii  1569. 

Litterae  tuae,  Valeri  Screne  doctissime,  Madriti,  die 
Epiphaniae,  ad  me  scriptag,  cum  nunc  primum  mihi 
redJerentur,  atque  eodem  pêne  momento  clarissimus 
doctissimusque  vir,  Alonsus  Suarez,  111"^**  D.  Frederici 
Toletani  a  secretis,   significaret  se  hinc  sequenti  die  ad 

I.  Valerius  Serenus,  bibliothécaire  de  Tévêque  de  Cuença;  en 
1571,  chanoine  à  Cambrai. 


—  53  — 

vos  discessurum,  ego,  etsi  viderem  me  tantillo  temporis 
spatio  non  posse  votis  111"**  et  R°*'  D"*  Episcopi  Con- 
chensis  satisfacere,  nolui  tamen  committere  quin  ilico 
vel  confuse  eos  annotarem  libros  quos,  vel  in  Catalogo 
ad  nos  misso  obiter  periecto,  non  deprehendebam,  vel 
melius  aut  emendatius  impressos  existimavi.  Pretium 
verOy  annum  nec  impressorem  in  tanta  festinatione 
annorare  non  licuit,  faciam  vero  per  otium  atque  secundo 
alium  magis  peculiarem  et  voluntati  Ul"**  et  R™*  D"* 
Episcopi  melius  respondentem  Catalogum  mittam. 

Interea  vero  rogo  et  obsecro  ut  hoc,  quicquid  est 
officiinostri,  aequi  boni  consules  et,  ut  111""*  atque  R""" 
faciat,  persuadeas.  Ceterum  hoc  te  unum  oratum  velim 
ut  de  nobis  nihil  majus,  quam  id  quod  res  est,  sentias 
neque  pr<edices.  Non  etenim,  crede  mihi^  ita  mihi  ipsi 
quasi  suffertus  sum  ut  eas,  quas  tuis  inseruisti  litteris, 
laudes  de  me  dici  merito  posse  agnoscam,  cum  nihil  in 
me  sit  praeter  quaedam  de  republica  Christiana  imprimis, 
tum  de  studiis  liberalibus  benemerendi  voluntas  et  stu- 
dium,  labore  constanti  exercitata. 

Proinde  velim  etiam  nostrum  Moufflinum,  elegantem 
hominem  certe  et  amicum  antiquum,  posthac  non  tam 
amice  de  nobis  sibi  et  aliis  imponere,  quasi  Manutio 
illi,  typographorum  qui  vixerunt  et  vivunt  omnium 
eloquentissimo  et  doctissimo,  aliqua  in  parte  alia  quam, 
ut  dixi,  voluntate,  labore,  diligentia  et  âdelitate  compa- 
randus  essem. 

Rogo  itemque  et  obsecro,  mi  Serene,  ut  me  quidem 
amare  pergas,  sed  ita  ut  non  alium  me  putes  esse 
quam  Plantinum.  Deus  Illustriss.  et  R°*»  Episcopo 
nobisque  in  multos  annos  te  conservet. 

Antverpiae,  19  mair  1569. 


—  54  - 

ij6.  —  Tlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

4  juin  1369. 
Très  illustre  et  R™*"  Signeur. 

Pour  response  à  celles  de  V.  Ill"«  et  R°*  S'*,  je 
désire  grandement  que  je  puisse,  en  quelque  partie, 
respondre  à  l'expectation  que  V  111"*  et  R°*  Sig"*  et, 
par  icelle,  plusieurs  autres  Signeurs  ont  de  moy,  et  que 
je  méritasse  le  moindre  bénéfice  qu'il  luy  plaist 
m'eslargir  et  procurer. 

J'espère  que  l'accomplissement  des  Bréviaires  par 
moy  achevés  sera,  passé  quelque  temps,  arrivé  entre 
ses  mains. 

Quant  aux  œuvres  de  S*  Thomas,  je  prie  à  Dieu 
qu'elles  puissent  tellement  sortir  de  l'imprimerie  que 
les  gens  studieux  de  Théologie  y  sentent  soulagement 
et  proffict. 

Qiiant  aux  exemplaires  que  j'imprime  pour  les  biblio- 
thèques de  V.  111"*  Sig"*,  je  n'oblie  pas  d'y  user  du 
millieur  papier  que  je  puis  trouver  ;  mais  il  me  desplaist 
que  le  plus  souvent  je  n'en  puis  trouver  de  tel  que  je 
voudrois,  accordant  à  la  forme  que  je  tiens  la  plus  ordi- 
nère,  qui  est  celle  dont  j'imprime  le  Caesar,  le  Bréviaire 
et  autres  livres  in-8°,  dont  est  aussi  advenu  que  les 
Bréviaires  que  j'ai  envoyés  par  teilles  à  V.  Dl"®  et  R"** 
S**  sont  de  plus  petit  papier,  et,  par  conséquent,  ont 
moindre  marge  que  ceux  du  papier  ordinaire.  Ce  qui 
me  faict  abstenir  à  la  fois  d'en  imprimer  quelques 
exemplaires,  estimant  que  la  belle  marge  donne  quelque 
grâce  au  livre. 


—  ss  - 

177.  —  Vlantin  à  Fulvius  Ur sinus. 

18  junii  1^6^. 
Fulvio  Ursino. 

Monsigneur. 

Je  croy  que,  par  le  reste  des  feilles  des  fragments  et 
autres  du  commencement  des  Commentaires  de  Caesar, 
aurés  maintenant  veu  que  je  suis  délibéré  d'imprimer 
vostre  dédicatoire,  ainsi  qu'il  la  vous  plaira  ordonner,  et 
envoyer,  soit  avec  les  fragments  et  annotations  seule- 
ment ou  avec  ledict  Caesar,  que  j'espère  de  continuer 
peu  à  peu,  ainsi  que  de  ce  temps  ici  j'en  puis  prendre 
l'occasion. 

Quant  à  demander  aide  de  V.  S.  pour  les  fraiz  de 
l'impression,  je  m'estimerois  indigne  de  mon  estât,  si  je 
ne  recongnoissois  que  je  suis  grandement  tenu  à  icelle 
de  me  favoriser  de  ses  labeurs,  tant  s'en  faut  qu'avec 
iceux  je  désirasse  avoir  argent  d'icelle  pour  les  impri- 
mer, non  plus  que  de  l'Illustrissime  et  Révérendissime 
Cardinal  de  Granvelle,  aux  faveurs  et  bénéfices  duquel 
je  me  sens  tellement  obligé  que  je  ne  doibs  jamais  me 
lasser  de  cercher  les  moyens,  parlesquels  je  puisse  éviter 
le  soupson  d'estre  un  ingrat  en  son  endroict. 

Mais  bien,  si,  en  ce  temps  ici,  auquel,  à  la  vérité, 
nous  ne  vendons  assés  pour  fournir  aux  despens  des 
œuvres  entreprinses,  il  se  trouvoit  quelqu'un  qui  vou- 
lust  nous  prester  quelques  deniers  à  prix  tolérable,  ou 
bien  les  advancer  sur  quelques  exemplaires  des  grandes 
Bibles  hébraïcques,  chaldaïcques,  grecques  et  latines 
que  j'ay  sous  les  presses,  je  serois   très  content  de   les 


-  S6  - 

recevoir,  au  profict  de  celuy  qui  en  cela  nous  voudroit 
accommoder. 

Je  suis  en  besongne  pour  envoyer  encores  deux  basles 
de  livres  au  Signeur  Georgîo  Ferrari,  èsquelles  je 
mectray  Nonni  Dionysiaca  Graece  que  j'ay  imprimées, 
et  de  ce  que  j'auray  de  nouveau,  que  je  penserai  ne 
vous  devoir  desplaire,  et  au  très  Illustre  et  R"»*  Cardinal 
de  Granvelle. 

Le  Xénophon  de  Henry  Estienne  vendons  nous  ici 
6  fl.,  qui  sont  trois  escus,  et  ainsi  Tay  je  escrit  au  S' 
Georgio  Ferrari,  du  compte  de  qui  je  Tay  osté,  et  prie  à 
V.  S.  l'avoir  pour  aggréable  en  mon  nom,  sans  payer 
audict  Ferrari  autre  chose  que  la  conduitte. 


178.  —  Plantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

18  juin  1569. 
Très  illustre  et  R"^  S'. 

J'ay  receu  le  livret  imprimé  du  Sig*"  Bernardini 
Grippas  '  et  son  billet,  contenant  le  tiltre  du  livre  qu'il 
désiroit  que  j'imprimasse  ;  mais,  outre  ce  que  les  livres 
de  philosophie  ne  se  distribuent  pas  ici  facilement, 
j'ay  entreprins  autres  œuvres  qu'il  me  convient  achever 
avant  '  que  de  plus  rien  entreprendre,  asçavoir  les 
grandes  Bibles,  Commentaria  Cassaris,  Lactantius,  et  de 
Re  Gymnastica,  avec  la  continuation  des  nouveaux 
Usages  de  Rome,  que  je  ne  doibs  aucunnement  retar- 
der, car,  sans  la  distribution  que  je  fay  des  Bréviaires 

l .  Bernard  Grippa  On  connaît  de  lui  :  Ecphrasis  in  Atistotelis 
librutn  de  animàlium  moiu  a  se  latine  redditum    Venise,    1566,  in-40. 


_  57  — 

de  Rome,  je  ne  pourrois,  à  la  vérité,  fournir  aux  fraiz 
qu'il  me  convient  faire  pour  lesdictes  œuvres  commen- 
cées, d'autant  qu'il  ne  se  faict  pas  ici  maintenant  quel- 
que distribution  de  tous  nos  autres  livres,  encores  que, 
grâces  à  Dieu,  nous  soyons  assés  bien  assortis  de 
bonnes  sottes. 

Parquoy,  je  seray  à  tout  jamais  (comme  volontaire- 
ment je  le  suis),  et  la  république  aussi,  tenus  et  obligés 
à  V.  ni"**^  et  R"*  Signeurie  de  m'avoir  procuré  et  donné 
le  moyen  de  soustenir  et  d'espérer  pouvoir  (bien  que 
c'est  ung  grand  et  continuel  travail)  achever  œuvre  si 
laborieuse,,  au  proffict  de  la  Chrestienté  et  l'honneur  de 
Sa  Majesté,  sous  le  commandement,  faveur  et  auctorité 
de  qui  je  l'ay  entreprinse,  sans  espoir  d'aucun  profict 
particulier. 

Au  reste,  je  suis  journellement  importuné  de  vouloir 
imprimer  le  Diumal  correspondant  audict  Usage  de 
Rome,  et  aussi  le  Messel,  et  pareillement  d'imprimer 
ledict  Bréviaire  de  Rome  en  plus  petite  et  en  plus 
grande  forme.  Qiiant  à  la  plus  petite,  j'ay  délibéré  d'y 
commencer  ceste  semaine  prochaine  ;  mais,  quant  au 
Diumale  et  Messel,  je  suis  délibéré  d'attendre  les  copies 
de  la  libéralité  de  V.  111"*  et  R"*  S*%  ainsi  que  l'adver- 
tissement  aussi  de  ce  qu'il  luy  plaira  me  déclarer  estre 
désiré  en  l'impression  grande,  pour  le  service  des 
anciens  et  de  ceux  qui  lisent  leurs  Heures  en  chambre, 
et  alors  je  ne  faudray  de  m'y  employer  d'aussi  bon 
cueur  que  je  prie  Nostre  Signeur  nous  conserver 
V.  Dl""*  et  R""*  S**,  en  santé  et  bonne  prospérité. 

D'Anvers  etc. 


-  58- 

179-  —  Gaspar  de  Tartonariis  à  Plantin  ' 

Frère  Cristofle.  A  vostre  bonne  grâce  me  recommande. 
Je  vous  ay  escript,  ces  jours  passés,  et,  à  présent,  je  n'ay 
voulu  laysser  à  vous  escripre,  vous  ad  visant  de  mon  bon 
portemant,  priant  Dieu  que  ainsi  soyt  de  vous  et  de 
toutte  vostre  mayson. 

Quant  à  nos  affaires  des  impressions,  j'ay  escript  al 
S'  Diego  de  la  Pefia  qu'il  vous  bagle  l'argent,  suivant 
nostre  accord,  et,  quant  au  debte  que  je  vous  doibtz, 
par  ma  céduUe,  tant  de  l'escheu  comme  du  terme  d'aust 
procham,  je  luy  ay  aussi  escript  qu'il  vous  le  bagle,  et 
qu'il  le  prenne  à  change  sur  moy,  et  je  croys  qu'il  ne 
fera  faulte  à  ce  fayre,  car  je  luy  ay  recommandé  fort 
affectueusemant  qu'il  vous  contante,  car  je  sçay  bien  que 
vous  avés  affaire  du  vostre. 

Mays  je  fusse  esté  bien  nyse  que  n'eussiés  procédé 
en  la  sorte  avec  ledict  de  la  Pena.  Laquelle  chose  me 
déplaict  que  luy  ayés  donné  fâcherie,  et  me  semble  que 
n'y  avoit  occasion  suffisante  de  procéder  par  justice,  car 
il  fault  que  entendiés  et  vous  assuriés  que,  quant  je  vous 
debvray,  je  donneray  ordre  que  soyés  contant  de  moy, 
et,  si  je  suys  esté  tardif  à  vous  fayre  payer  l'argent  de 
la  cédule,  a  esté  que  mes  lettres  sont  demeuré  en  che- 
min ;  car,  quant  à  l'argent  des  impressions^  ledict  de  la 
Pena  dict  que,  ayant  baglé  200  escus,  que  ne  luy  avés 
voulu  bagler  les  Bibles  de  lettre  nonpareîlle  ny  les  Som- 
ma Silvestrina,  et  que,  si  ne  luy  eussiés  refusé  les  livres, 
qu'il  ne  vous  heust  refusé  l'argent.  Parquoy,  je  vous 
prie.  Sire  Cristofle,  que  soyons  amys  et  que  trafiquions 

I.  Gaspar  de  Portonariis,  libraire  à  Lyon  et  à  Salamanque. 


—  S9  — 

amoreusement  ensemble,  et  vous  prie  de  bagler  audict 
de  la  Pena  cinq  cens  Bibles  in-8°,  nonparelle,  et  deux 
cens  cinquante  Summa  Silvestrina,  que  sont  achepvés, 
et  vous  m'envoyerés  le  compte  de  tout  ce  que  aurés 
baglé  des  livres  des  impressions,  affin  que  je  sache,  si  je 
vous  debvray  ou  si  me  debvrés  du  compte  de  ceste 
année,comme  porte  nostre  contracta  que  facions  compte 
à  la  fin  de  l'année. 

Et  vous  playrra  me  aviser  des  livres  que  faictes  à 
présent.  Je  croys  que  vous  imprimés  le  Cours  Canon 
folio,  et,  si  est  ainsi,  vous  me  donnerés  avis  combien 
vous  en  gardés  pour  moy,  et,  quant  ilz  seront  achepvés 
au  certain,  et  vous  prie  fayre  bien  le  compte  du  temps 
qu'il  s'achepvera,  pour  cause  qu'il  m'importe.  Et  si  avés 
imprimé  d'aultres  livres,  despuis  mon  départ, vous  m'en 
aviserés,  affin  que  je  voye  si  j'en  prandray. 

Aussi,  je  vous  envoyeray  le  contenu  en  vostre  mé- 
moyre  incontinent  qu'il  y  aura  navegacion.  Et  ne  f  ul- 
drés  à  m'envoyer  l'inventaere  de  touttes  vous  sortes  en 
latin,  car  je  les  montreray  de  par  deçà,  aulx  gens  de 
lettres,  quant  il  viennent  en  ma  bouttique,  et,  s'il 
est03rt  imprimé,  il  seroit  beaucoup  mieulx,  car  je  le  cou- 
leroys  surung  carton  et  le  tiendroys  affigé  en  la  bouttique, 
dont  n'y  auriés,  sinon  du  proffict.  Aussi,  quant  Diego 
m'envoyera  mes  balles,  s'il  vous  semble,  m'envoyez 
tout  ce  que  aurés  lors  faict  de  la  grande  Bible. 

Je  croys  que  plus  facillement  pourray  £aire  vante  de 
quelque  quantité,  car  en  ayant  parlé  à  d'aulcungs,  ilz 
m'ont  respondu  que,  sans  voyr  ce  qu'il  y  a  de  imprimé, 
qu'ilz  n'ont  vouloyr  d'y  entendre.  Et  nl'escriprés  le 
dernier  pris,  en  prenant  cinquante,  ou  bien  comme  sera 
vostre  intention  d'en  hjre,  et  je  m'y  employeray  en  tout 


—  6o  — 

ce  que  je  pourray.  Et  semblableraent  en  tout  ce  qu'il 
vous  playrra  me  commander. 

J'escritz  a  Diego  de  la  Peiia  que  je  vous  demande  les 
livres  cy  après  escriptz,  et  seront  au  pris  de  papier,  im- 
pression, et  je  luy  escriptz  qu'il  vous  bagle  la  moytié  de 
l'argent  et  l'autre  moytié  dans  la  fin  de  l'année,  et,  s'il 
vous  plaict  de  le  fayre,  vous  luy  baglerés  les  livres,  quant 
il  vous  les  demandera.  Et,  si  je  vous  peuls  fayre  service 
de  par  deçà,  je  le  feray  de  bon  cueur,en  priant  Dieu  vous 
donner  sa  grâce. 

Je  vous  advertis  que  je  faictz  recorriger  la  Bible  de 
Robert  Estienne,  de  Vatable,  que  messieurs  du  grand 
conseyl  de  l'inquisition  m'ont  baglé  licence,  avec  privi- 
lège de  rimprimer.Et,  accause  qu'elle  soyt  de  meilheure 
vente,  j'ay  présenté  requeste  que  messieurs  les  docteurs 
en  Théologie  de  l'Université  de  Salamanca  la  corrigent, 
laquelle  chose  ilz  m'ont  obtroyé  et  sera  achepvée  de 
corriger,  dans  quinze  jours,  par  les  docteurs  de  cestedicte 
Université,  que  sera  une  sorte  fort  bonne. 

Je  vous  vouldroys  prier  de  m'envoyer  quelques  belles 
montres  de  lettres  pour  la  faire  in-folio,  en  sorte  que  la 
Bible  ne  soit  chière,  car,  quant  ung  livre  est  chier,  il  se 
tarde  beaucoup  à  vendre.  Et  si  je  la  vouloys  fayre  in-S"*, 
lettre  nonparelle,  je  la  vouldroys  fayre  à  mil  cinq  cens, 
non  plus.  Et  pourtant,  il  vous  playrra  me  donner  advis, 
si  la  pouvés  faire  à  mil  cinq  cens,  et  à  quel  pris,et  quant 
auriés  la  commodité  de  y  commanser.  Mays  je  veulx 
lettre  neufve,  car  je  prétendz  que  soyt  une  Bible  bien 
imprimée,  voyant  que  sera  la  Bible  en  plus  grande  répu- 
tation de  touttes  les  Bibles,  accause  de  la  correction  et 
sinatures  que  seront  mises  en  ladicte  Bible  desdictz  doc- 
teurs et  de  messieurs  les  inquisiteurs  du  grand  conseyl. 


—  6i  — 


Je  vous  prie  tenir  cest  avis  secret  pour  certaines  occa- 
sions. Et  attendant  de  vous  responce,  je  feray  fin  en  vous 
disant  adieu.  De  Salamanca,  le  17  de  juillet  1569.. 

Vostre  serviteur  et   amy 
Gaspar  de  Portonariis 

Les  livres  qu'il  vous  playra  bagler  al  S'  Diego  de  la 
Pena,  au  pris  du  papier,  impression  : 

0  Magia  Naturalis  P(lantini). 

o  Conciones  Villavicentii  8°. 

o  Novum  testamentum  en-24°. 

o  Horas  en-24**. 

o  Epistolae  Tullii  famil.  P. 

o  Biblia  en-24°. 

o  Emblemata  Alciati  P. 

o  Virgilius  8°. 

0  Biblia  cum  lineis  8°  o  celles  que  vous  pourrés  bagler. 

o  Fabulae  Esopi  graece  latine  P. 

o  Fabulae  Faërnii  P. 

0  Psalterium  Bucanani  P. 

o  Doctrina  Canisii  P. 


—   62   — 

i8o.  — Vlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

27  aoust  1569. 
Très  Illustre  et  R"*  S' 

Monsieur  le  Prévost  d'Aire  estant  adverti  de  mon 
retour  de  France,  où  j'estois  aie,  dès  le  mois  de  juing, 
pour  faire  mon  achapt  de  papiers,  qu'il  me  convient  avoir 
pour  la  continuation  de  nos  impressions,  durant  cest 
hyver,  m'a  envoyé  les  lectres  de  V.  Ill°*  et  R"*  S*%  du 
17  et  25  de  juin  et  du  2  et  11  de  juillet,  avec  les  vers 
du  Sig*"  Gambara  et  les  lectres  de  Monsg'  Goneville,  avec 
ung  des  Bréviaires  nouvellement  imprimés  à  Rome.  De 
quoy,  je  remercie  très  humblement  V.  Ill"*«  et  R"«  S^*, 
l'advertissement  de  laquelle  je  suivray  en  toutes  ma- 
nières. 

On  m'importune  fort  d'imprimer  les  Diurnaux,  la 
copie  desquels  j'attendray,  ainsi  que  des  Messels  pour 
lesquels  je  supplie  V.  111"*®  et  R™'  S**  de  faire  traicter 
avec  celuy  qui  les  aura,  aux  mesmes  conditions  passées 
avec  Manutius  touchant  les  Bréviaires.  Car,  de  tels  livres 
ecclésiastiques  seulement,  je  m'entretiens  maintenant  à 
soustenir  les  fraiz  des  autres  œuvres  que  je  poursuis 
autant  diligentement  que  j'en  puis  avoir  le  moyen,  de 
sorte  que  j'espère  d'achever  Caesar,  Lactance,  Gymnas- 
tica  et  les  autres  livrets  que  j'ay,  par  la  faveur  de  V. 
ni""*  et  R""®  S'*,  durant  cest  hyver.  Et,  avant  toutes 
choses,  les  vers  du  S**  Gambara  '  que  j'ay,  incontinent  les 
avoir  receus  et  entendu  la  volonté  de  V.  1I1°*  et  R°*  S., 
portés  à  Bruxelles  et  délivrés  à  monsig*"  le  Doyen  de 
S'*  Gudule   Metsius,   pour  les   lire  et  soussigner,  afin 

I.  Laurentii  Gambara  'Pœmata.  Plantin,  1569,  in-80 


-é3  - 

d*obtenîr  le  consent  de  les  imprimer,  ce  que  j'espère 
avoir  en  bien  peu  de  jours  et  d'en  envoyer  quelques  feilles 
par  le  prochain  courrier  qui  partira  d'icy. 

Je  voudrois  qu'il  eust  pieu  à  V.  Ill"«  et  R°*  S**  m'or- 
donner  la  forme  qui  luy  eust  esté  la  plus  aggréable,  me 
tenant  pour  très  bien  récompensé  de  tout  ce  que  je 
pourray  faire  pour  le  service  de  V.  Ill°*  et  R°*  S**,  si 
je  Êty  chose  qui  luy  soit  aggréable.  Pour  à  quoy  tascher 
d'autant  plus,je  suivray  son  ordonnance  de  prendre  plus 
grandes  sortes  de  papier,  encores  qu'il  se  deust  beaucoup 
rogner  pour  accorder  aux  marges  de  nos  sortes  ordi- 
naires. 

J'envoye  ici  2  exemplaires  du  livre  de  Viperanus  de 
Scribenda  Historia  ;  l'autre,  de  Rege  et  Regno,  sera  de 
bref  aussi  achevé  et  en  envoyeray  tel  nombre  qu'il 
plaira  à  V.  111"*  et  R°*  S'*,  à  laquelle,s'il  plaist  aussi  me 
faire  advenir  quelles  feilles  défaillent  pour  accomplir  les 
Bréviaires  envoyés  par  feilles,  je  les  envoyeray  inconti- 
nent. 

Cependant  je  prie  à  nostre  Signeur  vouloir  maintenir 
V.  m™*  et  R»*  S»«. 


-64- 
i8i.  —  Plantin  à  de  Goneville. 

Le  27  aoust  1569. 

A  Monsg'  de  Goneville  et  de  Mesmay,  audîencier 
de  Monsg'  TIII"*  Gard,  de  Granvelle. 

Monsigiieur. 

Peu  de  jours  après  mon  retour  de  France,  où  j'ay  esté 
pour  mes  affaires  quelques  six  semaines,  Monsg*"  le  Pré- 
vost d'Aire  m'envoya  les  lectres  de  V.  S.  et  le  Bréviaire 
qu'en  la  faveur  de  Monsigneur  Tlllustriss.  et  R°**  Gardi- 
nal,  il  vous  a  pieu  m'envoyer,  dont  je  vous  remercie 
très  humblement  et  supplie  vouloir  continuer  en  telle 
volonté  que  me  déclarés,  de  me  faire  ce  bien  de  m'en- 
voyer les  corrections  qui  se  feront  au  Bréviaire  et  le 
Diurnal  et  Missel,  quand  ils  seront  faits,  et  me  vouloir 
commander  en  toutes  choses,  èsquelles  mon  service 
pourra  estre  aggréable  à  V.  S.  Laquelle  je  prie  à  nostre 
Signeur  vouloir  conserver  et  augmenter  en  sa  saincte 
grâce,  me  recommandant  très  humblement  à  la  vostre. 
D'Anvers,  ce  27  aoust  1569. 


-  6s  - 

182    —  Plantin  à  Gaspar  de  Vortonariis, 

Sire  Gaspar  de  Portonariis.  Toutes  recommandations 
prémises,  ceste  est  pour  vous  advertir  que  je  n'ay  pas 
eu  de  lectres  ni  d'advis  aucun  de  vous,  depuis  vostre  par- 
lement de  ce  pays,  jusques  à  la  réception  des  vostres  du  28 
de  juing  1569.  Au  contenu  desquelles,  je  vous  respon- 
dray  succinctement. 

Je  suis  premièrement  joyeux  d'entendre  que  soyés  arrivé 
en  Espaigne  et  continuiés  en  bonne  disposition,  de 
laquelle,  grâces  à  Dieu,  nous  avons  aussi  continué 
jusques  à  présent. 

Qiiand  au  point  ensuivant  de  vostre  lectre,  ainsi  que 
des  autres  ensuivants,  je  m'esmerveille  bien  davantage 
que  ne  sauriés  faire. Car,  pour  le  premier,  je  n'ay  oncques 
fleschi  de  nostre  marché  ni  de  ma  paroUe,  ce  qui  se 
montre  clèrement.  De  vostre  part,  au  contraire,veu  que 
je  n'ay  receu  payement  aucun,  depuis  vostre  partement, 
qu'un  de  Diego  de  la  Peiia,  auquel,  tant  s'en  faut  que 
j'aye  refusé  de  livrer  les  sortes  par  nous  accordées,  que 
mesmes,  après  luy  avoir  prié  de  les  recevoir  en  particu- 
lier, ou  seul  à  seul,  pour  ne  faillir  d'en  pouvoir  faire 
apparoir,  je  le  luy  ay  faict  offrir,  et  sommé  de  le 
rescevoir  et  me  payer  aux  termes  escheuts,  par  l'officier 
du  Magistrat  de  ceste  ville,  ainsi  qu'assés  il  appert  par 
les  actes  sur  ce  passés  en  droict,  où  j'ay  esté  contrainct 
le  traicter  en  vostre  nom,  d'autant  qu'il  me  dist,  dès 
Noël  passé,  qu'il  ne  me  payeroit  rien,  si  premièrement 
ne  lui  ay  envoyé  permission,  et  qu'il  ne  m'avoit  rien 
autrement  promis  ni  entendu.  Parquoy,  je  ne  pouvois 
faire  moins  que  cela  que  j'ai  faict  envers  luy,  pour  mon 
asseurance,  et,  pour  démonster  qu'il  ne  tenoit  pas  à  moy 
que  nostre  contract  ne  se  constituast  etc. 


—  66  — 

Vous  dictes  que  j'ay  receu  deux  payes  sur  ledict  con- 
tract,  en  quoy  je  ne  sçay  où  vous  pensés  d'escrire  ainsi, 
veu  que  les  cent  escus  premiers  estoyent  à  bon  compte 
des  150  Somma  S.  Thomae,  que  je  vous  délivray  icy, 
hors  la  spécification  dudict  contract,  et  que,  sur  vos- 
tre  parole,  je  m'attendois  que  payeriés  le  reste  desdictes 
Summa  S.  Thomae,  à  Noël  prochainement  ensuivant,  et 
que  despuis  je  n'ay  receu  quatre  cent  escus  de  Diego 
de  la  Pena. 

Je  ne  sçay  aussi  que  dire  des  autres  articles  qu'escri- 
vés  que  je  vous  mande  ce  que  voudrés  avoir,  comme  si 
vous  ne  fissiés  pas  de  conscience  de  me  demander  que 
j'imprimasse  et  avanceasse  mes  labeurs  et  deniers  à  vos- 
tre  proffit,  sans  que  me  les  payassiés,  sinon  à  vostre  plai- 
sir, et,  qui  pis  est,  et  contre  vostre  promesse  et  serment, 
vous  voulussiés  permectre.  Car  je  ne  croy  pas  encore  que 
voulussiés  tant  contrevenir  à  vostre  parole  que  d'or- 
donner à  Diego  de  Pena,  qu'il  distribuast  ou  changeasr 
ici  des  livres  que  je  vous  délivrerois,  ainsi  que,  par  amitié, 
je  suis  adverti  qu'il  veult  faire  encore  maintenant,  ne  se 
contentant  du  grand  tord  et  irréparable  que  me  fistes, 
contre  vostre  promesse  de  distribuer  à  Paris  de  ceux 
qu'eustes  de  moy,  ainsi  qu'à  vostre  retour  dudict  lieu, 
je  le  vous  remonstray,  et  pourtant  voulus  avoir  obligation 
de  vous  que  ne  le  fériés  plus,  et  que  depuis  j'ay  entendu 
que  fistes  ung  tort,  comme  j'ay  dict  irréparable,en  ce  que 
délivrastes  cestedicte  Summa  S.  Thomae  au  Sire  Pierre 
Zangre  *,  avant  que  j'eusse  mesmes  achevé  les  secondes 
feilles  et  envoyé  les  exemplaires  que  j'estois  tenu  de 
bailler  des  premiers  à  Mess"^*  les  Docteurs  qui  avoient  be- 

I.  Petrus  Zangrius,  imprimeur  à  Louvain. 


-é7- 

songné  audict  livre,  lesquels  depuis  ont  tousjours  esté 
courroucés  contre  moy  de  tel  acte,  pensant  que  je  l'aye 
faict  exprès,  là  où  vous  sçavés  que  je  ne  vous  eusse  ja- 
mais délivré  lesdicts  livres  ni  autres,  ni  faict  aucun 
marché  avec  vous,  si  vous  ne  m'eussiés  promis  en  pa- 
role d'homme  de  bien  que  vous  ne  distribueriés  point 
de  mesdictes  sortes  par  deçà,  aussi  longtemps  que  j'en 
aurois,  mais  que  les  envoyeriés  toutes  à  vostre  commo- 
dité en  Espagne,  à  Lyon  ou  là  où  verriés  bien,  pourveu 
que  ce  ne  fust  en  ces  païs  ici,  ni  à  Paris. 

Et  pourtant  je  ne  puis  assés  m'esmerveiller,  à  le  dire 
encore  de  rechef,  que  voulussiez  souffrir  que  ledict  de 
la  Pena  voulust  distribuer  ici  les  sortes  qu'il  eust  reçeu 
de  moy,  si  vous  eussiés  continué  le  contract,  ainsi  que 
mes  voysins  m'ont  confessé  et  adverti  qu'il  eust  faict. 
Davantage  encores  que  n'eussiés  contrevenu  (ainsi 
comme  dict  est  cy-devant)  audict  contract.  De  quel 
courage,  cueur  ou  conscience  eussiés  vous  voulu  procé- 
der, en  la  fin  de  l'année,  pour  la  conclusion  de  nos 
comptes,  que  vous  escrivés  maintenant  que  je  vous 
mande,  et  que,  par  après,  ordonnerés  de  me  payer  du 
reste,  en  quoy  j'aperçoy  que  ne  fériés  conscience  que 
je  vous  donnasse  mon  labeur  et  l'advancement  de  mon 
argent  pour  le  payer,  quand  bon  vous  sembleroit,  veu 
qu'il  me  faudroit  attendre  vostre  response  et  ordon- 
nance de  payement,  qui  viendroit,  selon  que  les  messa- 
gers se  trouveroyent  prêts  et  qu'il  vous  pouroyent  trouver, 
ou  vous-mesmes  le  trouveriés  bon  et  à  vostre  propos,  en 
quoy  je  ne  voy  de  raison,  et  pourtant  ne  suis  je  pas 
délibéré  de  rien  faire  davantage,  si  ce  n'est  à  l'argent 
comptant.  Moyennant  lequel,  je  suis  et  seray  prest  de 
vous  faire  tout   le   service  qu'il  me  sera  possible,  mais 


—   68  — 

non  pas  de  me  ruiner  pour  vous  faire  plaisir,  ainsi  qu'il 
adviendroit,  si  je  continuois  de  vous  servir  et  vous  gar- 
der les  livres,  sans  recevoir  argent,  ainsi  qu'il  est  advenu, 
ceste  année  passée,  à  mon  grand  dommage  et  perte.  Et 
pourtant,  ne  vous  y  attendes  aucunement.  Mais,  si  vou- 
lés  avoir  service  de  moy,  ordonnés  icy  à  qui  vous  vou- 
drés  plain  pouvoir  et  auctorité  de  me  payer  et  compter 
avec  moy  de  toutes  choses,  à  chaicune  fois,  et  que  mes 
sortes  que  vous  voudrés  avoir  ne  soient  distribués  par 
deçà  ni  à  Paris,  suivant  nostre  premier  acort  et  promesse, 
autrement  je  ne  veux  plus  rien  avoir  affaire  ni  commen- 
cer avec  vous. 

Quant  au  reste,  le  Sig'  Diego  de  la  Pena  m'a  payé  le 
2  de  ce  mois,  à  bon  compte  de  vostre  obligation  liquide 
de  723  fl.  17  7,  patars  la  somme  de  quarante  livres  de 
gros,  qui  sont  deux  cents  quarante  florins,  et  m'a  promis 
de  payer  le  reste  ceste  semaine.  Qjiant  aux  autres  livres 
que  voudriés  que  je  délivrasse  audict  Diego,  je  luy  ay 
dict  que  je  suis  prest  de  les  luy  livrer,  en  me  payant  et 
s'obligeant  qu'il  ne  sera  point  distribué  ni  changé  par 
deçà,ainsi  que  la  rayson  le  veut,  et  ce  encores  sans  pré- 
judice de  rentrer  au  contract  que  vous  avés  rompu,  si- 
non qu'entreteniés  vous  et  vos  commis  les  points  cy-des- 
sus  déclarés. 

Qjie  si  Diego  de  la  Pena  ne  s'entend  pas,  ainsi  qu'il 
dist,  de  faire  ni  arrester  tels  comptes  de  librairie,  je  suis 
content  que  luy   ordonniés  qui  vous  voudrés   par  deçà  i 

qui  s'y  entende,  devant  qui  nous  pourrons  passer  lesdicts 
comptes,  ainsi  passés  mon  argent  me  paye,  ainsi  que  la 
raison  le  veut.Car  d'attendre  de  vous  quelque  response, 
ce  ne  seroit  raison,veu  que  je  vous  accorde  la  marchan- 
dise, au  prix  de  papier  et  faceon  que  je  paie  pour  vous, 


-69- 

parquoy  ce  ne  seroit  la  raison  que  je  gardasse  la  mar- 
chandise, attendant  vostre  advis,  ainsi  que  Tentendés,  et 
puis  après  que  j'attendisse  encores  le  payement. 

Au  reste,  j'ay  achevé  le  cours  Canon  in-8°  '  et  com- 
mencé celuy  in-f*.  '  J'ai  imprimé  les  Bréviaires  in-8®  et 
je  les  acheveray  de  bref  in-i6**,  et  commenceray,  Dieu 
aydant,in-4*'.  J'ay  aussi  commencé  Concordantiae  Bibliae 
in-f*  *,  bien  augmentées  et  ordonnées  en  milleur  ordre 
que  n'a  voit  faict  Rob.  Estienne  ny  ceulx  de  Bâle.  Je 
continue  les  grandes  Bibles,  desquelles  j'ay  achevé  les 
livres  des  Juges,  des  Rois,  de  Paralipomenon,  outre  les 
S  livres  de  Moïse,  de  sorte  qu'il  ne  reste  du  viel  Testa- 
ment que  Psalmes,Proverbes,Ecclésiaste  avec  les  Profètes, 
que  j'espère  d'avoir  achevé  devant  la  S"*  Jehan  prochaine. 

De  tout  je  ne  garderay  rien  pour  vous,  puisque  je  ne 
reçoy  pas  argent,  et  que  les  points  passés  entre  nous 
n'ont  esté  observés  de  vostre  costé.  Mais  pour  vous 
monstrer  que  je  suis  prest  de  vous  faire  encores  amitié, 
je  ne  vous  refuseray  rien  que  je  pouray  avoir,  lorsque 


1.  Decretorum  Canonicorum  colïecianea  Gratiani.  Plantin,  1570,  3 
vol.  în-8». 

2.  'DecreiaJes  Gregorii  IX.  Antv.  Apud  Christophorum  Plantinum^ 
viduam  Joannis  Steelsii,  et  Philippum  Nutium^  1573,  m-îo^o.l^ecre- 
tum  Grattant  Antv.  Apud  Christophorum  Plantinum,  Haeredes 
J.  Steelsii,  et  Philippum  Nutium,  1573,  Iq-^oI.  Sexttu  Tkcretàlium 
liber  Mgidii  Terini  opéra,  Ibîd.,  iS73>  in-folio.  Le  premier  fut 
imprimé  par  Jean  Verwithagen  ;  du  second,  une  partie  des  exem- 
plaires porte  l'adresse  de  Guillaume  Desboys,  de  Paris  ;  une  autre, 
celles  de  Théodore  van  der  Linden  et  de  Jean  Verwithagen  d'Anvers; 
le  troisième  a  été  imprimé  par  Philippe  Nutius. 

3.  Oeconomia  meihodica  Concardaniiarum  Scriptura  Sacra  :  authore 
Georgio  Bulloco.  Plantin,  1572,  in-fol.  Ouvrage  imprimé  aux  frais 
de  l'auteur.  Après  la  mort  de  Bullocus^  en  janvier  1573,  Plantin 
racheta  de  ses  héritiers  550  exemplaires,  au  prix  de  18 18  florins. 

5 


m*ordonnerés  payer  comptant^ou  bien  à  terme,seIon  que 
serons  d'acort  des  pris  et  du  temps  en  claires  paroles  et 
ra3rsons,  comme  dict  est.  Quant  aux  grandes  Bibles  en 
diverses  langues,  je  vous  en  envoyeroys  volontiers  quel- 
ques feilles  pour  monstrer,  mais  les  postes  me  semblent 
assés  chargés.  Si  faictes  quelque  chose  à  mon  profict,  je 
n*en  seray  ingrat. 

Qpant  à  l'impression  d'Augustini  opéra  f°,  mes  servi- 
teurs sont  à  Francfort  et  je  ne  sçay  que  c'est  qu'il  vous 
faulty  car  je  n'en  ay  pas  le  mémoire.  Qpand  à  vostre 
packhuys,  je  ne  m'en  suis  pas  servi  en  rien,  et  en  ay 
loué  ailleurs,  à  cause  des  questions  en  différent. 

Je  ne  sçay  autre  chose  pour  vous  mander,  sinon  que, 
si  m'envoyés  quelques  basles  de  livres  d'Espagne,  quant 
la  mer  sera  franche,  je  vous  en  tiendray  bon  et  léal 
compte  et  rond,  ainsi  que  je  désire  qu'il  me  soit  tousjours 
faict,  sans  quelques  arrière-pensées,  ni  subtilités,  les- 
quelles en  fin  n'engendreroyent  que  discords  et  re- 
proches, outre  le  remors  de  la  conscience.  Et  ainsi  je 
prie  Dieu  qu'il  soit  vostre  garde  par  sa  saincte  grâce. 
D'Anvers,  ce  7  de  septembre  1369.  * 

I.  D*après  une  copte  peu  correcte,  écrite  par  Martine  Plantin. 


—  71  — 
183.  —Vlantin  au  Cardinal  de  GranvelU. 

Le  17  septembre  1569. 
A  Monsg'  le  Cardinal  de  Granvelle. 
Très  Illust.  et  R"«  S'. 

Depuis  mes  précédentes,  pour  toutes  diligences  que 
j'aye  sceu  faire,  je  n'ay  peu  retirer  la  copie  des  vers  du 
S'  Gambara  des  mains  du  Secrétaire,  jusques  au  14*  du 
présent,  que  j'en  ay  faict  commencer  la  composition  et, 
les  jours  ensuivant,  l'impression,  que  j'espère  de  conti- 
nuer^ chaicun  jour  une  feille,  jusques  à  la  fin  et  aussi 
d'envoyer  les  feilles,  selon  que  je  les  auray  poursuivant. 

J'ay  esté  en  diverses  doubtes  de  l'élection  du  format, 
et  finablement  me  suis  résolu,  pour  l'avoir  plus  tost 
achevé,  de  le  faire  in-S**,  ainsi  que  V.  I"«  et  R"*  S*«  peut 
veoir  par  ces  premières  feilles.  Qjie  si  la  forme  et  lectre 
ne  luy  agrée,  en  estant  adverty,  je  ne  faudray  de  les 
imprimer,  tout  incontinent,  d'aussi  grand  format  et  cha- 
ractères  qu'il  luy  plaira  m'ordonner. 

Messeigneurs  les  Révérendissimes  de  Gimbray,  d'Âr- 
ras,  de  Toumay,  d'Ypre,  de  Guend  et  plusieurs  autres, 
tant  prélats  qu'autres  Signeurs  Ecclésiastiques,  m'ayants 
plusieurs  fois  rescrit  que  je  leur  imprimasse  des  Bré- 
viaires en  deux  temps,  de  plus  grosse  lectre  que  les  pre- 
mières, j'ay  faict  ceste  espreuve  que  j'envoye  ici  à  V. 
Ill°*  et  R°*  S",  afin  que,  si  d'aventure  elle  s'en  contente, 
il  luy  plaise  m'en  faire  advertir  pour  luy  en  envoyer  tel 
nombre  des  feilles,  par  chaicun  courrier,  qu'il  luy  plaira 
m'ordonner. 

Ledict  Bréviaire  se  relieroit  en  deux  parties,  asçavoir 
celle  d'hyver  et  celle  d'esté,  desquelles  chaicune  contien- 


—  12  — 

droit  environ  40  ou  45  feilles  au  plus,  de  sorte  que  Tune 
ni  l'autre  ne  seroit  si  espesse  que  l'entier  imprimé  en 
moyenne  lectre ,  et  ne  me  semble  trop  incommode 
pour  tenir  à  la  main.  Au  reste,  j'avois  de  long  temps 
faict  marché  avec  un  libraire  de  France  d'imprimer  le 
Cours  Canon  et  luy  en  livrer  500  ung  certain  prix, 
auquel  voyant  que  je  perdray  * 

(Manque  la  fin.) 

184.  —  Plantin  à  Maximilien  de  Berghes.  * 

Le  24  septembre  1569. 

A  Monsign'  l' Arche vesque  de  Cambrai, 

Très  illustre  et  R»«  S'. 

Ayant  volonté  d'accomplir  ma  promesse,  comme  il 
apartient  envers  V.  111°**  S**,  j'ay  cerché  tous  les  moyens 
possibles  de  pouvoir  faire  les  Bréviaires  de  forme  maniable, 
en  deux  temps,  de  la  plus  grosse  lectre  qu'on  pourroit, 
sans  que  toutesfois  ne  l'une  ne  l'autre  des  parties  n'excé- 
dassent juste  grosseur.  Et  finablement,  j'ay  faict  apprester 
la  lectre  et  faict  une  feille  que  j  'envoyé  ici,  suppliant  à 
V.  111°**  et  R™'  S**  qu'il  luy  plaise  me  faire  advertir,  si 
elle  s'en  contentera  (en  attendant  que,  par  commande- 
ment,  j'imprime  lesdicts  Bréviaires  en    plus  grands  vo- 

1 .  Plantin  fournit  des  Decretorutn  Canonicorum  collectanea  Gratiani 
(i  570)  500  exemplaires  à  Jacques  Du  puis  de  Paris,  au  prix  de  672  fl. 
12  1/2  s.  et  400  exemplaires  aux  héritiers  de  Steelsius  à  486  fl. 
II  1/2  s.  Le  compte  fut  fait,  le  16  novembre  1569  ;  l'ouvrage,  qui 
porte  la  date  de  1570,  était  achevé  depuis  le  mois  de  septembre  de 
l'année  précédente. 

2.  Maximilien  de  Berghes,  archevêque  de  Cambrai. 


—  73  — 

lûmes  et  gros  charactères  pour  les  églises).  Ce  qu'adve- 
nant, je  ne  faudray,  moyennant  la  grâce  de  Nostre  S' Dieu, 
de  poursuivre  ceste  impression,  tellement  que  je  pourray 
donner  la  partie  d'hyver,  devant  le  Noël  prochain,  et 
avec  icelle,  l'ordre  ou  cartabelle  d'icelle. 

Au  reste,  nous  poursuivons  à  grands  travaux  l'œuvre 
des  grandes  Bibles,  desquelles  nous  avons  achevé  tous 
les  livres  précédents  fob,  que  nous  commencerons. 

J'ay  receu  une  fort  belle  et  grande  carte  universelle 
faicte  maintenant  par  Mercator,  '  et  j'attends  des  livres 
nouveaux  de  Francfort.  S'il  est  chose,  en  quoy  mon  pe- 
tit service  puisse  estre  aggréable  à  V.  111*  et  R"*  S'*, 
m'en  faisant  advertir,  je  seray  tousjours  prest  et  prompt 
d'obéyr,  d'aussi  bon  cueur  que  je  prie  Dieu  nous  la  vou- 
loir conserver  en  toute  bonne  prospérité. 

D'Anvers,  ce  24  septembre. 


185.  —  Plantin  au  Cardinal  de  Granvelle, 

Le  24  septembre  1569. 

A  Monsigneur  le  Cardinal  de  Granvelle. 

111°»*  et  R"*  S^ 

Cejourd'huy  sont  7  jours  passés  que  j'ai  envoyé  à  V. 
ni"*  et  R"*  S'*  les  deux  premières  feilles  des  vers  du 
S'  Gambara,  avec  une  feille  pour  monstre  d'un  Bré- 
viaire que  plusieurs  S"  et  Prélats  désirent  que  j'imprime. 

I .  Nova  et  aucta  orbis  terra  descriptio  ad  usum  navigantium  emendate 
accùmmodata.  Cette  carte  universelle  venait  d'être  publiée  par  Gérard 
Mercator  à  Duisbourg,  au  mois  d*août  1569.  (Voir  D»"  J.  van  Raem- 
DONCK,  Gérard  Mercator,  sa  vie  et  ses  œuvres.  St-Nicolas,  1869. 
p.  124.) 


—  74  — 

Maintenant  je  luy  envoyé  3  autres  feilles  desdicts  vers, 
desquels  j'espère  d'envoyer  le  reste  par  le  premier  cour- 
rier. 

Cependant  je  prieray  Dieu  qu'il  luy  plaise  maintenir 
V.  Ili"**  et  R°*  S**  en  sa  bonne  grâce. 

D'Anvers  etc. 


i8é.  —  Vlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Le  premier  octobre  1569. 
A  M.  le  Cardinal  de  Granvelle. 

Il  me  déplaist  tousjours  grandement  que  je  ne  puis 
chaicunne  fois  mectre  en  exécution  mes  promesses  et  le 
désir  que  j'ay  de  satisfaire  à  la  volonté  de  V.  111"*  et 
R"«  S**,  et  m'en  contristerois  davantage,  si  je  ne  m'as- 
seurois  qu'icelle  sçait  trop  mieux  considérer  les  fautes 
survenantes,  et  juger  des  affections  de  ses  humbles  ser- 
viteurs, qu'eux-mesmes  demander  pardon  de  leurs  dé- 
mérites. Et  pourtant,  j'espère  qu'icelle  ne  prendra  pas 
en  mauvaise  part  que  je  ne  puisse  encores,  maintenant, 
envoyer  l'accomplissement  de  tous  les  vers  du  Sig*^ 
Gambara,  qui.  Dieu  aidant,  seront  achevés  dedans  deux 
jours,  et  par  conséquent  ay  je  espoir  de  ne  faillir  d'en- 
voyer les  deux  dernières  feilles  de  Nautica,  par  le  pre- 
mier courrier  avec  d'autres. 

Ce  pendant,  je  prie  Dieu  vouloir  tousjours  conserver 
V.  I.  S.  en  bonne  prospérité  et  santé. 

D'Anvers,  etc. 


—  75  — 

iSy.  —  Vlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 
^  Ce  6  octobre  1569. 

M.  rm*  et  R»»»  Cardinal  de  Granvelle. 

J'envoye  le  reste  de  l'impression  des  vers  du  S' 
Gambara,  laquelle  je  seray  prest  de  rimprimer  en  telle 
forme  qn'il  plaira  à  V.  Ill"»  et  R°*'  S"  de  me  comman- 
mander.  Ce  pendant,  je  poursuyvray.  Dieu  aidant,  les 
autres  œuvres  que,  de  longtemps,  elle  m'a  favorisé, 
nonobstant  quoy,  je  ne  laisseray  de  commencer,  à  bon 
escient,  et  poursuivre  l'impression  du  Bréviaire,  tout  au 
^  long,   sans  renvois  si   fréquents,   suivant  l'ordonnance 

notée  au  Bréviaire  qu'il  a  pieu  à  V.  Ill«  et  R°'  $•  me 
faire  procurer  et  envoyer  par  Monsg'  son  Âudiencier,  et 
ce  de  telle  lectre,  comme,  ces  jours  passés,  j'en  ay  en- 
voyé une  feille,  pour  monstrer  à  vostre  111*  et  R°**  Signeu- 
rie,  laquelle  je  prie  Dieu  nous  vouloir  conserver  à  son 
honneur  et  gloire  et  au  profict  de  la  république  Chres- 
tienne. 

D'Anvers,  ce  6  octobre. 


-76  - 

i88.  —  Plantin  à  Claude  de  fVithem,  Seigneur  deRisbourg. 

Monseigneur. 

Je  suis  fort  esmerveillé  que  les  indignités  qui,  pre- 
mièrement, me  sont  faictes,  et,  consécutivement,  à  mes 
pièges  pour  V.  S.  envers  Monsg'  le  Chevalier  de  Sèvre, 
touchant  la  ferme  de  la  commanderie  de  Liège,  des- 
quelles, plusieurs  fois,  avés,  à  mon  advis,  suflSsamment 
esté  par  diverses  adverti,  n'esmeuvent  une  fois  vostre 
noble  courage  à  nous  faire  la  raison  et  le  deu  de  vos 
promesses  et  obligations,  faictes  sur  vostre  honneur,  sur 
vostre  personne  et  sur  vos  biens.  Car  vous  estes,  comme 
j'entends,  assés  bien  informé  comme  Gilles  Chastelain, 
par  diverses  prolongations,  subterfuges  et  finesses  de 
mauvaise  foy,  m'a  traîné,  l'année  passée,  en  procès,  qu'il 
a  faict  durer  jusques  après  l'an  passé,  qu'il  eust  deu 
payer  les  sommes  deus,  et  que,  finalement,  ayant  esté 
condamné,  il  m'a  payé  une  partie  seulement  des  sommes 
escheutes,  passé  ung  an,  et  quelque  autre  partie  à  Jehan 
Cassen,  vers  lequel  il  a  esté  aussi  condamné  pour  les 
termes  de  Pasques  et  la  S.  Jehan  dernièrement  passés, 
sans  que  jamais  il  ait  voulu  liquider  les  premiers  paye- 
ments, ni  despents  deus  et  raisonnables,  et  que  depuis  il 
a  juré  n'avoir  rien*  à  ses  maistres  et  n'avoir  le  moyen 
aucun  de  payer,  et  autres  cavillations,  trop  longues  à 
réciter  par  lectres.  De  sorte  que  j'en  porte  une  fascherie, 
dommage  et  perte  inestimables,  tant  en  mon  honneur 
et  biens,  que  principalement  en  mon  crédict,  qui,  par 
faute  des  payements  ordonnés  aux  temps,  en  est  diminué 
et  en  danger  de  le  perdre,  qui  seroit  non  seulement  ma 
ruine  et  de  ma  famille,  mais  aussi  un  déshonneur  grand 
pour  Vostre  Signeurie,  pour  le  service  de  laquelle  je  me 


—  77  — 

suis  à  la  bonne  foy  et  en  bonne  intention  mis  en  ce 
labirinthe,  duquel,  pour  me  retirer,  je  désire  perdre  du 
mien  tout  autant  que  mes  facultés  le  pourront  porter, 
plustost  que  de  venir  à  procéder  contre  Vostredicte  S*', 
par  les  moyens  que  le  droict  et  l'équité  requiert  et  de- 
mande en  tel  cas,  comme  icelle  sçait  très  bien. 

Et  pourtant,  Monsigneur  ,  je  supplie  Vostredicte 
Signeurie  qu'icelle  veille  prendre  garde  à  ce  qui  est 
non  seulement  raisonnable,  mais  par  le  droict  et  justice 
nécessaire,  d'estre  faict  envers  nous,  sans  plus  long  dé- 
lay  ne  dissimulation  de  paroles  ni  d'excuses  d'aucunes 
injures  des  temps  qui  ne  doivent  ni  ne  peuvent  aucun- 
nement  servir  en  ceste  affaire,  veu  principalement  que 
V.  S.  s'en  est  totalement  exclus,  s'estant  premièrement 
obligé,  et,  par  conséquent,  tous  ses  pièges,  de  payer 
purement  et  simplement  les  sommes  accordées  à  chaicun 
terme,  sans  pouvoir  aucunement  différer  pour  quelquon- 
que  accident,  tant  de  gelées,  gresles,  tempestes,  feu, 
eau  et  autres  infortunes,  que  de  toutes  manières  de 
guerres  qui  puissent  survenir  ou  entrevenir  durant  le 
temps  de  vostre  bail  et  t  rmes  assignés.  Et  de  faict, 
Monsg*",  je  croy  que,  si  vous  sçaviés  la  rigueur  que  tient 
Monsg*^  le  Chevallier  de  Sèvre  à  se  faire  payer  à  ses 
jours  et  en  monnoye  à  son  plaisir,  j'estime  que  sériés 
esmeu  et  ne  faudriés,  de  vostre  part,  à  nous  garantir, 
comme  il  appartient. 

Et  pourtant,  Monsigneur,  je  vous  supplie  encores 
ceste  fois  pour  l'amour  de  Dieu,  du  juste  droict,  de  la 
raison  et  de  vostre  honneur,  qu'il  vous  plaise  nous  faire 
payer  des  termes  passés  et  nous  asseurer  et  garantir 
mieux  pour  l'advenir  que  ne  l'avons  esté  jusques  à  pré- 
sent, ou  bien  nous  faire  descharger  de  la  plègerie  envers 


-78- 

mondict  Sign'  le  Chevallier  de  Sèvre,  avant  que  nous 
soyons  contraincts  de  cercher  les  derniers  moyens  à 
rencontre  de  V.  S.,  de  laquelle  nous  désirons  demeurer 
les  humbles  serviteurs,  autant  que  nostre  estât  le  peut 
porter,  car  plus  outre  ne  pouvons  nous  l'endurer  et  croy 
que  V.  S.  aussi  ne  Ta  onques  autrement  entendu,  mais 
que  la  faute  est  es  pièges  que  nous  avés  obligés,  des- 
quels il  ne  nous  est  plus  possible  d'endurer.  Parquoy 
nous  vous  supplions  derechef  d'y  vouloir  mectre  ordre 
et  nous  donner  contentement  raisonnable,  et  nous  prie- 
rons Dieu  vous  eslargir  ses  sainctes  grâces  et  nous 
maintenir  en  la  vostre. 

D'Anvers,  ce  l  novembre  1569. 


Ï89.  —  Thomas  Corraa  '  à  Tlantin. 

(Il  propose  à  Plantin  d'imprimer  son  livre  de  Epigrammaiây  cinq 
livres  de  Eîoquentia  et  des  commentaires  sur  le  quatrième  et  le 
sixième  livre  de  l'Enéide.) 

Thomas  Corraea  Christophoro  Plantino  S.  P,  D. 

Virtus  plerumque  amorem  conciliât  majorem,  quam 
consuetudo  et  congressus  voluntatumque  consensio  ; 
promerita  etiam  eu  jusque  animos  saepe  nostros  ad  bene- 
volentiam  invitant.  Virtus  actione  cemitur  ex  qua  prae- 

I .  Thomas  Correa  né  à  Coïmbre  en  Portugal.  Il  entra  dans  la 
Société  de  Jésus,  mais  quitta  l'ordre  et  fut  successivement  professeur 
à  Palerme,  à  Rome  et  à  Bologne.  Il  écrivit  de  EpiqrammaU^  de 
Eîegia,  Expîanatio  in  Horatium  ds  Arte  poetica,  Oratio  de  Antiquiiate 
dignilaUque  poeseos,  Plantin  n'imprima  rien  de  lui.  D  mourut  à  Bo-. 
logne,  le  24  février  1595,  à  l'&ge  de  59  ans. 


-  79  — 

clari  effectus  emergunt;  sed  illi  omnium  praestantissimi, 
qui  aut  multis  utilitatem  afferunt,  aut  toti  reipublicas 
sunt  ornamento.  Praeclara  tua  virtus,  mi  Plantine,  te 
mihi  carissimum  reddidit  ;  cum  vero  de  omni  re  littera- 
ria  sis  optime  meritus,  eodem  ego  nomine  tibi  plurimum 
debeo.  Sed  hsec  alias,  scribendi  rationem  tibi  exponam. 
Adii  visendi  gratia,  ut  soleo,  communem  litterarum 
Maecenatem  amplissimum  Cardinalem  Granvellanum  :  is 
mihi  amici  mei  Joannis  Antonii  Viperani  de  Scribenda 
historia  dédit  iibellum  a  te  excusum.  Cœpi  mecum  co- 
gitare,  non  esse  ab  re,  si  ad  te  Iibellum  meum  de  Epi- 
grammate  mitterem,  ut  si  tibi  esset  commodum,  t)rpis 
tuis  velles  imprimi,  quoniam  hic  perpauca  reperiuntur 
exempla,  et  si  rationem  hanc  inire  non  displicet,  mittam 
statim  ad  te  quinque  libros  de  Eloquentia,  quos  spero 
nec  ingratos  nec  inutiles  litterarîae  reipublicae  fore  ;  me- 
ditor  praeterea  in  duos  Virgilii  libros,  quartum  et  sextum, 
commentarios  ;  eos  etiam  ubi  elimaro,  ad  te  transmitti 
curabo  ;  si  suscipis  negotium,  poteris  me  litteris  docere. 
Poteram  hanc  provinciam  amplissimo  Cardinali  Granvel- 
lano  imponere,  sed  hac  ratione  malui  rem  transigi. 

Siquid  est  in  Urbe,  in  quo  ego  operam  studiumque 
meum  tibi  rebusque  tuis  possini  praestare,  poUiceor  me 
non  defuturum.  Sum  apud  Cardinalem  Montis  Politiani, 
me  meaque  tibi  defero. 

Vale.  Romas  nu  nonas  novembris,  anno  salutis 
cId.  Id.  lxix.  • 


I .  Nous  ne  savons  en  quel  sens  Planttn  répondit  à  cette  lettre. 
Nous  possédons  cependant  le  commencement  d'une  lettre  de  lui  â 
Thomas  Corrasa,  que  nous  reproduisons  ici,  mais  qui  ne  nous  apprend 


—  8o  — 

190.  —  Vlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Le  7  novembre  1569. 
A  Mons'  riU"*  Gard,  de  Granvelle. 

Avec  mes  dernières,  j'ay  envoyé  le  reste  des  vers  du 
S"  Gambara  et  deux  feilles,  à  mon  advis,  du  livre  de 
Rege  et  Regno,  duquel  j^envoye  maintenant  le  reste,  et 
4  exemplaires  entiers.  J'espère  d'envoyer  par  le  premier 
quelques  feilles  de  la  continuation  de  Caesar,  que  j'es- 
père avoir  achevé  de  bref  et  de  faire  suivre  le  Lactance; 
nonobstant  quoy,  je  ne  laisse  de  poursuivre,  autant  que 
je  puis,  le  Bréviaire  en  deux  temps,  de  la  lectre  dont 
j'ay,  par  cy-devant,  envoyé  quelques  épreuves  à  V.  Ill°* 
et  R"®  S'*,  et  extendu,  selon  l'advis  donné,  selon  son 
ordonnance,  par  Mons*^  son  Audiencier,  duquel  la  partie 
d'hiver  achevée,  je  ne  faudray  de  luy  en  envoyer.  Ce- 
pendant j'attendray  encores  le  Diumal  et  l'avis  du  Messel. 

Au  reste,  Mons'  le  Docteur  Arias  Montanus,  commis 
envoyé  par  deçà  pour  présider  à  la  correction  des  gran- 
des Bibles  que  je  poursuy,  m'a  ordonné  d'envoyer  les 
incluses  à  V.  111"*  et  R™*  Signeurie,  laquelle  je  prie  à 
Dieu  nous  vouloir  conserver  en  santé,  et  me  maintenir 
en  la  bonne  grâce  d'icelle.  D'Anvers  etc. 


rien.  Plantin,  comme  on  voit  intitule  son  correspondant  a  secrétaire 
du  pape  »« 

Chistophorus  Plantinus  Tliomae  Corraeae  D.  N.  PP.  a  secretis. 

Rursus  ego  illius  non  solum  litterarum  sed  et  omnium  aliquo 
modo  virtutis  studiosorum  Maecenatis  amplissimi  111™»  nempe  et 
R™»  Cardinalis  Granvellani  ex  litteris  tuis  ad  me  doctissimis  benefi- 
cium  cognosco,  qui  et  me  aliquid  efficere  cupit  et  ut  iddem  alii 
praestent  hortatur.  Virtutem  etenim  amo  quidem  et  colo,  ceteram 
actionem.... 


—  8i  — 

191.'  —  Ambroise  Lœiti  à  Plantin. 

Monsieur.  Comme  Sa  Grandeur  Ex°'  et  111"*  de  Liè- 
ge, mon  Prince  et  Seigneur,  doibt  au  Noble  Seigneur 
Claude  de  Witthem,  Seigneur  de  Rysbrouck  etc.  la 
somme  de  deux  mille  trois  cens  florins  de  Brabant,  et 
que  ledict  S'  de  Rysbrouck  m'en  at  demandé  le  paye- 
ment pour  les  compter  à  vous  ;  mais  comme  n'ay  pré- 
sentement le  moyen,  Tay  je  pryé  à  vouUoir  avoir  la  pa- 
tience, jusques  à  huict  ou  diex  jours  après  le  Noël  pro- 
chain. Et  allors  ne  fauldray  de  le  contenter.  Parquoy 
pouvez  asseurément,  sy  ainsy  plaise  audict  S'  de  Rys- 
brouck, prendre  assignation  sur  moy  au  terme  susdict. 
Et  venant  icy  quelcung  de  vostre  part,  avec  ordonnance 
et  quittances  de  ladicte  somme  de  S'  de  Rysbrouck,  ne 
fauldray  d'en  faire  le  deubz  payement.  Qpe  soit  fin  de 
ceît^  après  vous  avoir  présenté  mes  excuses,  prieray 
Dieu,  le  Créateur,  vous  donner  bonne  et  longue  vie. 
Daulté  en  Liège,  ce  XVI*  jour  de  novembre,  anno  1569. 

A  vostre  commandement 
Âmbrose  Loeité. 


—   82    — 

192.  —  Tlantin  à  Joannes  Leodius. 

(Joannes  Leodius  ayant  proposé  à  Plantin  d'imprimer  son  livre  sur 
la  confession  d'Augsbourg,  l'imprimeur  répond  que  la  chose  ne  pour- 
rait se  faire,  sans  crainte  des  censures  ecclésiastiques,  et  qu'il  serait 
plus  opportun  de  le  publier  en  Allemagne.  D  se  déclare  prêt  à  impri- 
mer les  écrits  de  feu  Eclsius,  et  transmet  à  Leodius  les  salutations 
cl'un  prêtre  anversois.) 

23  novembris  1569. 

Amplissimo  doctissimoque  viro  D.  Johanni  Leodio  S. 
Theologiae  Doctori  piissîmo  et  111"*  Ducis  Bavarias 
consiliario  prudentissimo. 

Qiiid  nominîs  ego  apud  exteros  et  gratiae  apud  prin- 
cipes viros,  maximo  vero  apud  111™  Ducem  vestrum 
Albertum,  fidei  catholicse  in  Germania  unicum  azylium 
et  propugnaculum,  consecutus  sim,  vir  amplissime,  hoc 
totum  humanitati  et  benevolentiae  tuae  tuique  similium, 
hoc  est  piissime  doctorum  et  candidorum  virorum  nos- 
tris  conatibus  faventium,  debere  me  cognosco  et  libenter 
fateor. 

Qjiamvis  etenim  labore  maximo  et  constantia  quasi 
pertinaci  reipublicae  christianae  in  dies  magis  ac  magis 
prodesse  quam  velimus  et  conemur,  nihil  prorsus  nos 
absque  favore  vestro  posse  scio  et  agnosco.  Quantum 
vero  mihi  immerenti  ultro  ofFeras  thpsaurum  non 
ignoro,  ob  idque  gratias  habeo  habeboque  quoad  vixero, 
maximas,  quod  et  omni  data   occasione  testari  conabor. 

Verum  cum  homines  harum  regionum  novis  et  ple- 
rumque  vetitis  rébus  sunt  addictissimi,  non  video  qui 
liber  tuus,  ob  Confessionis  Augustanae  binam  etsi  diver- 
sam  proinde  et  vanam  descriptionem,  absque  periculo 
hic  possit  imprimi.  Iddem  judicat  eiiam  R*"  D"  M.  N. 
Judocus  liletanus^  cum  alliis  nonnullis  doctissimis  et 
piissimis  viris  a  quibus  consilium  petii. 


-83  - 

Consultum  autem  erit  ut  în  Get mania,  ubi  talia  plu- 
rimum  emolumenti  et  utilitatis  reipublicse  christianae, 
nihil  vero  detrimenti  adferre  possunt,  opus  tuum  impri- 
matur. Siquid  autem  aliud  erit,  ad  quod  me  non  inido- 
neum  judices,  indica:  efficiam,  Deo  fa  vente,  ut  officium 
meum  a  vobis  nunquam  desideretur. 

Interea  rogo  et  obsecro  ut  amplissimum  virum  D°" 
Eckium  Cancellarium  Monacensem  nomine  meo  salutare 
et  me  paratum  esse  ad  omnia,  quando  jusserit  pias  me- 
moriae  D.  Eckii  opéra  praelo  nostro  committere,  signifi- 
care  digneris.  D.  Henricus  Dunghaeus  te  plurimum  jubet 
resalutare.  D"  Franciscus  Cnobart  agit  nunc  Lovanii. 

Dominus  Deus  optimus  maximus  te  nobis  diu  inco- 
lumem  servet  tt  dignitatem  tuam  pro  merito  augere 
dignetur.  Antverpiae,  25  novembris  1569. 


193.  —  Gilles  Beys  à  Plantin. 

25  novembre  1569. 

Très  honoré.  Geste  sera  seuUement  pour  vous  ad  ver- 
tir  que  je  ne  puis  rien  recouvrir  d'avantage  de  vostre 
mémoire  pour  Pôle  que  ce  qui  est  spécifié  en  ce  petit 
billet.  J'espère  que  le  recevrez  bien  tost,  car  le  tonneau 
est  parti  de  ceste  ville,  hier,  par  Paul  voicturier  d'Anvers. 
Je  vous  envoyé  icy  le  double  de  tout  ce  que  je  vous  ay 
envoyé  depuis  le  commencement  jusques  à  maintenant, 
avec  l'extraict  de  toutes  les  lectres  de  change  que  j'ay 
payé  à  divers,  et  ay  conféré  la  vostre  avec  mon  livre  et 
y  ay  trouvé  bien  peu  de  faulte,  sinon  en  ce  qu'a  esté 
faict  par  mesgardç,  comme  pourrez  voir  par  le  double 
que  je  vous  envoyé. 


-84- 

Je  vous  prie  aussy,  après  que  vous  aurez  conféré  le 
mien,  de  m'en  advenir  et  de  l'ordre  que  vous  volez 
que  nous  tenions  doresnavant  des  lectres  de  change 
etc  ,  comme  aussy  je  prie  Jan  de  faire.  Je  vous  prie 
aussi  de  rendre  l'argent  à  Jehan  de  ce  qu'il  aura  dé- 
boursé pour  mes  mules  etc.,  et  si  recevez  les  i8  ft 
Tournois  pour  moy  de  Mons'  Montanus,  dont  je  vous 
ay  envoyé  la  céduUe  par  Antoine,  messagier,  retenez 
en  pour  vous  ce  que  lesdictes  mules  auront  cousté. 

Je  vous  prie  de  délivrer  à  Mons'  de  La  Boderie  '  l'in- 
cluse qui  m'est  recommandée,  et  luy  présentez,  s'il 
vous  plaist,  mes  très  humbles  recommandations,  sans 
oblier  nostre  très  chière  maistresse  (que  je  debvois  avoir 
nommé  la  première)  et  toutes  vos  filles  et  conséquem- 
ment  à  tous  ceulx  de  la  maison,  et  en  prenez  vostre  part. 

De  Paris,  ce  25*  susdict,  par 

Le  tout  vostre  très  humble  à  jamais  serviteur 

Gilles  Beys. 


194,  — Plantin  à  Claude  de  Withem^  seigneur  de  Risbaur^. 

A  Monsg'  de  Rysbourg,  le  2>  novembre. 
Monsigneur. 

Ayant  leu  les  lectres  de  V.  S.  par  son  chappelain, 
envoyé  exprès,  je  me  suis  encores  fort  esmerveillé  de  ce 
qu'icelle  m'accuse  de  n'avoir  faict  tour  d'amy,  de  luy 
avoir  renvoyé  ung  paquet,  qu'elle  m'avoit  envoyé,  pour 
l'adresser  à  Monsg'  le  Chevallier  de   Sèvre,   car  je  n'ay 

1.  Guy  Lefèvre  de  La  Boderie. 


i 


-8s  - 

oncques  veu  aucun  pacquet  pour  adresser  audict  Signeur, 
ni  receu  lectres  de  Vostredicte  Signeurie,  depuis  six  mois 
en  çà.  Parquoy,  je  la  prie  de  s'oster  de  telle  persuasion 
et  croire  asseurément  qu'onqnes  je  n*ay  eu  autre  volonté 
que  de  m'employer  à  faire  tout  service  à  quiconques 
m'en  a  requis,  voire  jusque  à  n'avoir  oncques  refusé 
pacquet  des  incongneus,  et  que  je  ne  l'aye  mesmes  en- 
voyé, où  besoing  a  esté,  à  mes  propres  cousts  et  despens, 
tant  s'en  faut  que  j'eusse  voulu  refuser  d'envoyer  le 
vostre  audict  Signeur  Chevallier  de  Sèvre,  d'autant  que 
j'eusse  espéré,  par  la  responce,  d'avoir  soulagement  des 
misères  où  je  suis,  et  aussi,  depuis  que  Mons*"  M^  Lucas 
de  Mora  me  recommanda  Vostre  Signeurie  et  me  pria 
de  luy  faire  service,  je  m'y  suis  employé  de  si  bon 
cueur,  qu'il  n'eust  esté  possible  de  mieux,  de  sorte  que 
Teffect  ensuivy  l'a  monstre,  qui  depuis  m'est  tourné  à 
tel  préjudice,  dommage  et  perte,  qu'il  m'est  impossible 
de  l'escrire  et  à  vous  de  le  croire.  Car  le  virement  de 
changes  et  rechanges  qu'il  m'a  convenu  faire,  depuis 
que  j'ay  mis  piège  à  Paris  pour  V.  S.,  afin  d'entretenir 
mon  crédict,  m'a  tellement  intéressé,  rongé  et  miné,  et 
me  tient  en  tels  termes,  qu'il  m'est  impossible  de  plus  y 
subvenir,  ni  pareillement  de  plus  dissimuler,  ainsi  que 
plusieurs  fois  je  l'ay  rescrit  à  V.  S.  par  cy-devant ,  et 
signamment  naguères,  ayant  envoyé  mes  dernières  lec- 
tres au  susdict  Sig*^  de  Mora,  à  qui  et  de  qui  je  me  doibs 
plaindre,  veu  que  c'est  luy  qui  premièrement  m'en  a 
requis  en  la  faveur  d'icelle. 

Or,  me  tiens  je  asseuré  qu'icelle  V.  S.  n'a  jamais  bien 
entendu  le  tord  qui  m'est  faict  par  le  retardement  des 
payements,  aux  termes  spécifiés,  tant  pour  ne  practiquer 
les  affaires  de  lectres  de  change,  qui  me  sont  à  chai- 

6 


—  86  — 

cunne  fois  envoyées  de  Paris  pour  payer,  que  pour  esti- 
mer qu'il  soit  facile  de  trouver  ici  argent  à  change  et 
ainsi  (bien  que  tousjours  à  fraiz)  de  contenter  Tun 
l'autre.  Autrement,  je  m'asseure  que  vostre  cueur  est 
tant  noble  qu'il  ne  voudroit,  pour  aucun  argent,  que, 
pour  faire  service  à  V.  S.,  j'endurasse  la  dixiesme  partie 
de  ce  qu'il  me  convient  endurer,  quasi  tous  les  mois, 
pour  ceste  affaire.  Car,  pour  le  dire  en  bref  mots,  ja- 
mais le  terme  de  Pasques  n'approche  que,  dès  quinze 
jours  devant,  Pierre  Cassen  ne  m'envoye  lectres  de 
change  pour  payer,  précisément  audict  terme  de  Pasques, 
la  somme  qui  doibt  alors  eschoir,  ladicte  lectre  de  change 
m'estant  ainsi  tousjours  présentée  devant  Pasques,  il  me 
la  faut  accepter,  sur  peine  de  perdre  tout  mon  crédict  et 
de  recevoir  mille  autres  inconvénients  et  fascheries.  Le 
jour  estant  escheu,  dénommé  en  ladicte  lectre,  il  faut 
que,  sans  nul  délay,  je  paye,  sur  peine  de  pis  que  para- 
vant,  et  ainsi  m'en  faict  il  devant  le  terme  de  Sainct- 
Jehan. 

Or  est-il  que  je  n'ay  nul  crédict  sur  la  bourse  pour 
trouver  argent,  et  est  mon  stile  et  estât  tel,  que  je  ne 
trouverois  pas  cinquante  escus  au  besoing  sur  tous  mes 
livres  ;  nonobstant  quoy,  il  est  nécessaire  de  tenir  mon 
crédict  ou  d'abandonner  le  païs. 

Parquoy,  c'est  à  moy  de  penser,  de  courir,  de  cher- 
cher et  trouver,  faisant  tousjours  bonne  mine,  le  moyen 
de  satisfaire.  Et  jamais  n'en  sceu  trouver  autre  moyen, 
sinon  que  de  prendre  argent  ici  des  marchants  de  France, 
à  très  grands  frais,  pour  le  rendre  à  Paris  à  lectre  veue. 
Et  ainsi  l'ayant  faict  rendre  à  Paris,  par  quelqu'un  que 
je  pense  ou  sçay  avoir  affaire  d'argent  par  deçà,  cestuy- 
là,  l'ayant  payé  par  delà,  m'envoye  incontinent  autres 


-87- 

lectres  de  change  par  deçà,  pour  le  mesme  payement,  et 
ainsi  me  faut  il  continuer  ces  virements  et  changes, 
jusques  à  ce  que  je  reçoive  le  payement  de  vostre  Si- 
gneurie,  qui,  tous  les  termes  passés,  est  venu  si  tard, 
que  j'en  ay  eu  despendu  la  moictié,  avant  que  de  le  re- 
cevoir, de  sorte  qu'il  ne  sera  de  ma  vie,  à  ce  que  je 
voy,  que  je  ne  m'en  sorte. 

Et  pourtant,  je  supplie  Vostre  noble  Signeurie  de  me 
vouloir  descharger  de  tel  fardeau,  devant  que  je  sois 
contrainct  de  quicter  le  païs,  ou  d'avoir  recours  au  der- 
nier remède. 

Qpe  s'il  ne  pend  qu'au  reste  de  ce  qui  est  de  bien  en 
ma  puissance  privée,  j'aimeray  mieux  le  donner  que  de 
plus  endurer  ce  travail,  ni  de  commencer  à  procéder  en 
justice,  à  rencontre  de  V.  S.  Parquoy,  Monsiepr,  je  vous 
supplie  de  rechef  d'y  avoir  esgard.  Car,  quand  est  d'es- 
pérer avoir  quelque  grâce  ou  respit  de  Monsg'  le  Che- 
vaUer  de  Sèvre,  ce  n'est  rien  que  de  perdre  temps  et 
despens,  veu  ce  qu'il  en  a  rescrit  au  Sig^  Pierre  Cas- 
sen, qui  m'a  envoyé  les  lectres  dudict  Sig^  de  Sèvre, 
par  lesquelles  il  luy  mande  ces  mots  en  bref  :  «  Ne 
m'escry  plus  rien  de  Monsg^  de  Risbourg,  et  pense  seu- 
lement à  me  tenir  mon  argent  prest,  aux  termes  assignés, 
nonobstant  quelquonques  inconvénients,  survenus  ou  à 
survenir,  soit  de  vents,  gresles,  tempestes,  desbordements 
d'eaux,  stérilités,  guerres,  feux,  famines,  fautes  de  paye- 
ments, procès,  ni  autres  allégations,  quelles  qu'elles 
soyent  ou  se  puissent  alléguer,  ainsi  que  tu  t'y  es  obligé, 
corps  et  biens  généralement,  et  ypothéqué  ta  maison  et 
en  fay,  avec  ledict  S*"  de  Risbourg  et  tous  autres,  comme 
tu  voudras,  sans  jamais  plus  m'en  escrire  ne  requérir  de 
rien.  » 


—  88  — 

Ausquels  mots  V.  S.  peut  voir  Tintention  dudîct  Sig% 
vers  lequel  nonobstant,  si  Vostredicte  Sîgneurie  nous 
peut  descharger,  nous  serons  très  contents  ;  mais,  cepen- 
dant, il  n'est  pas  raison  que  je  porte  les  pertes,  et  de 
faict  je  ne  le  puis  plus  faire.  Q.uant  à  l'assignation  du 
receveur  de  Monsg'  le  Révérendissime,  il  me  seroit  im- 
possible de  l'accepter,  ainsi  qu'il  me  le  rescript,  qui  est 
d'envoyer  homme  pour  recevoir  l'argent  à  Liège,  tant 
pour  les  hazards  des  chemins  que  pour  ce  que  les  mon- 
noyes  s'employent  là  (comme  j'entends)  à  plus  haut 
prix  qu'ici.  Ce  que  je  supplie  aussi  à  V.  S.  de  considé- 
rer et  d'y  donner  autre  ordre,  tant  pour  ladicte  somme 
assignée  sur  ledict  receveur,  que  pour  les  restes  des 
payenens,  tant  de  l'année  précédente,  il  y  eut  à  Pas- 
ques  et  Sainct  Jehan  un  an,  que  pour  les  derniers  passsés. 

Supliant  aussi  de  n'oblier  les  autres  fraiz  et  deniers 
desboursés  pour  le  voyage  du  messager,  qu'à  l'instance 
et  requeste  de  V.  S.^  j'envoyeray  à  Paris,  pour  faire 
bailler  piège  audict  S'  de  Sèvre  et  le  payement  de  quel- 
ques livres  délivrés,  passé  2  ans,  à  Vostredicte  S**,  la- 
quelle, de  rechef,  je  supplie,  pour  l'amour  de  Dieu,  de 
la  raison  et  de  son  honneur,  qu'elle  veille  avoir  pitié  de 
moy  et  de  me  descharger  de  ce  fardeau,  sous  lequel  je 
me  consomme,  et  je  prieray  Dieu  pour  sa  prospérité  et 
santé. 

D'Anvers,  ce  26  de  novembre  1569. 


-89- 

19  S  •  —  Plantin  à  Ambroîse  Loeiti. 

A  Monsg'  M*  Ambroise  Loeité, 
thrésorier  de  Monsg'  le  R"*  de  Liège. 

Ledict  25  novembre. 

Monsieur.  Pour  responce  aux  vostres,  il  m'est  impos- 
sible d'attendre  du  payement  de  Mons'  de  Risbourg, 
sans  grand  perte  et  dommage,  ainsi  que  je  rescris  audict 
Sig',  et  encores  moins  m'est  il  convenable  d'envoyer  là 
homme  exprès  pour  recevoir  ledict  argent,  tant  à  cause 
des  périls  et  dangers  des  chemins,  comme  de  ce  que 
j'entends  que  les  monnoyes  s'employent  là  autrement 
qu'ici,  choses  qui  me  seroyent  trop  préjudiciables.  Et 
pourtant,  je  supplie  V.  S.  de  me  vouloir  aider  pat  quel- 
que assignation  en  ceste  ville  ;  de  la  commodité  de 
quoy,  je  vous  supplie  de  m'advertir,  le  plus  tost  que 
faire  se  pourra.  Et  s'il  est  chose  en  quoy  je  puisse 
vous  faire  quelque  service,  commandés  :  vous  serez  obéi 
d'aussi  bon  cueur. 


—  90  — 

196.  —  Plantin  à  Paul  Manuce. 
Au  Signeur  Paulo  Manutio. 
Moult  mag°  Senor. 

Je  m'esmerveille  que  je  n'ay  response  aux  miennes, 
par  lesquelles  j'advertissois  V.  M.  S.  du  nombre  des 
Bréviaires  que  j'avois  imprimés,  et  encore  plus  de  ce 
que  nuUuy  ne  s'est  addressé  à  moy,  de  sa  part,  pour  re- 
cevoir la  disme  que  je  luy  en  doibs,  par  accord  faict. 
Ores,  j'advertis  derechef  V.  M.  S.  que  j'ay,  jusques  à  ce 
jour,  faict  trois  impressions  des  Bréviaires  in-8°,  qui  sont 
trois  mille  cent  et  cinquante  exemplaires,  et  une  autre 
impression,  de  ceux  in- 16'',  de  mille  et  cinq  cents. 

Parquoy,  je  doibs  desdicts  Bréviaires  in-8°  300  exem- 
plaires, et  150  in-i6**,  lesquels  je  délivreray  à  qui  V.  M. 
S.  l'ordonnera,  ou  moy-mesmes  les  pacqueray  et  les  en- 
voyèray  où  il  luy  plaira  ordonner,  ou  bien  payeray,  à 
qui  luy  plaira,  cent  escus  d'or  pour  lesdicts  exemplaires, 
et  continueray  comme  l'ordonnera  Vostredicte  S*"*,  à 
laquelle  je  baise  les  mains,  et  prie  Dieu  la  vouloir  con- 
server etc. 

Le  26  novembre  1569. 


—  91  — 

197"  —  Plantin  à  de  Goneville. 

A  Mons'  de  Goneville  auditeur  du  très  illustre 

Cardinal  Granvelle. 

Monsigneur. 

Je  ne  sçay  par  quel  moyen  explicquer  ni  déclarer 
combien  je  me  sens  obligé,  premièrement  au  très  Illustre 
et  R°*  Cardinal,  mon  bon  Signeur  et  maistre  (car  je 
me  tiens  heureux  de  me  pouvoir  advouer  son  très  hum- 
ble serviteur),  et  puis  à  ses  domestiques,  et  principale- 
ment à  V.  S.,  de  laquelle  j'ay  receu  les  lectres  du  22 
du  passé  avec  le  Bréviaire,  et  le  traicté  pour  tenir  l'office 
jusques  à  dix  ans,  dont  je  la  remercie  grandement  et  la 
supplie  de  vouloir  continuer  à  me  faire  ainsi  du  bien, 
de  quoy  je  ne  seray  jamais  ingrat  et  voudrois  que  le 
moyen  me  fust  offert  de  le  monstrer  par  effect,  car  je 
m'y  employerois  autant  volontiers,  et  d'aussi  bonne  af- 
fection, que  je  reçoy  les  bénéfices  d'icelle. 

Je  suivray  en  tout  les  advertissements  qu'il  a  pieu  à 
Vostre  Signeurie  me  donner  pour  l'impression  du  Bré- 
viaire, que  j'imprime  au  long,  en  la  plus  grande  dili- 
gence que  je  puis.  La  partie  d'esté  sera,  Dieu  aidant, 
achevée  environ  Noël. 

Par  mes  précédentes,  j'ay  adverti  V.  S.  avoir  receu  le 
Diurnal  dont  je  la  remercie.  Paravant,  j'en  avois  desjà 
commencé  ung  autre  qui  sera  beaucoup  plus  petit,  tant 
pour  le  format  plus  ample,  que  pour  ce  que  je  n'y  mets 
nuls  nocturnes  au  Psautier  ni  commun.  De  chaicun  je  ne 
faudray  d'en  envoyer  estants  faicts.  Cependant  )e  m'ap- 
preste  pour  les  Bréviaires  de  Chœur,  en  grand  volume, 
mais  je  voudrois  bien  avoir  premièrement  achevé  lesdicts 


—  92  — 

Bréviaire  et  Diuraal,  et  sur  iceux  avoir  entendu  la  vo- 
lonté et  jugement  du  son  111"**  etR^^Sig*^*.  Pourquoy,  je 
me  hasteray  de  les  achever  et  envoyer  à  V.  S.,  pour  les 
luy  présenter  et  me  rescrire  ce  qu'il  luy  en  plaira  me 
faire  advertir  et  ordonner. 

Au  reste,  j'entends,  par  Monsg'  le  Chantre  de  Malines, 
que  le  Signeur  Manutius  se  plainct  que  je  ne  luy  res- 
crive  pas  le  nombre  que  j'imprime  des  Bréviaires,  à  quoy 
je  ne  pense  pas  faire  de  faute,  veu  que  je  luy  ay  rescrit, 
passé  quelques  mois,  et  m'avoit  mandé  qu'il  m'ordonne- 
roit  ici  quelqu'un  qui  recevroit  la  disme  que  je  luy  ay 
promise;  nonobstant  quoy,  il  ne  m'a,  despuis,  rien  escrit, 
ni  addressé  nuUuy  qui,  de  sa  part,  m'ayt  rien  dict  ni 
demandé. 

Que  s'il  luy  plaist  m'ordonner  que  je  luy  envoyé,  à  la 
fin  de  chaicunne  impression,  ladicte  disme  des  Bréviai- 
res, je  le  feray  volontiers  et  fidèlement,  ou  bien  autre- 
ment, comme  il  l'ordonnera.  Car  luy  et  tous  autres  me 
trouveront  tousjours  prests  à  toutes  bonnes  raisons  et 
surtout  prest  et  prompt  d'accomplir  ma  promesse,  ce  que 
(puisque  il  plaist  à  V.  S.  me  procurer  ce  bien)  pourrés 
aussi  asseurer  à  celuy,  avec  qui  sera  besoing  de  traicter 
pour  le  Privilège  du  Messel.  Suppliant  à  V.  S.  m'em- 
ployer  à  ce  que  je  pourray  pour  son  service,  en  quoy 
je  m'employray  tousjours,  comme  je  doibs,  d'aussi  bon 
cueur  que  j'en  reçoy  plaisir,  et  que  je  me  recommande 
à  sa  bonne  grâce,  et  prie  Dieu  la  maintenir  et  faire 
prospérer  en  la  sienne. 

D'Anvers  (Entre  le  25  novembre  et  le  16  décembre  1569). 


—  93  — 

198.  —  Plantin  à  de  Gotteville. 

Le  16  décembre  1369. 

A  Mons'  de  Goneville,  auditeur  de  M.  le  Cardinal. 
Monsigneur. 

J'espère  que,  par  mes  précédentes,  V.  S.  aura  enten- 
du que  j'ay  reccu  le  Diurnal  et  l'autre  Bréviaire,  avec 
les  rubricques  pour  dix  ans,  imprimées  à  Venise  (dont 
je  la  remercie  très  humblement)  et  le  désir  que  j'ay  de 
satisfaire  au  Signeur  Paulus  Manutius  et  à  tous  autres. 
Mons*"  de  S*  Bavo  m'a  envoyé,  de  sa  grâce,  son  grand 
Bréviaire,  passé  quelques  semaines,  auquel  j'ay  aperceu 
ce  dont  V   S.  m'escrit. 

J 'envoyé  les  feilles  imprimées  de  la  partie  hiémale  du 
Bréviaire  à  son  illustriss.  S'"^;  en  quoy,  si  V.  S.  aperçoit 
quelque  chose  obmise  ou  y  requise,  je  la  supplie  de 
m'en  advertir,  ;ifEn  que  j'y  puisse  remédier,  à  la  partie 
d'esté  et  à  la  seconde  impression  de  ceste-ci,  que  j'es- 
père de  recommencer  incontinent  après,  et,  à  ceste  fin, 
j'en  imprime  fort  petit  nombre. 

Je  remercie  très  humblement  V.  S.  de  tant  de  biens 
qu'il  luy  plaist  me  procurer,  sous  la  faveur  de  V.  111"* 
S'*",  et  mesmes  de  la  licence  d'imprimer  le  Missel,  pour 
faire  l'accord  duquel,  avec  celuy  qui  en  a  le  privilège, 
j'envoye  ici  ung  double  estât  à  Venise  du  contract  passé 
en  ladicte  ville  avec  le  peuple  romain,  et,  quand  à  la 
teneur  du  Bricf,  il  est  entièrement  imprimé  aux  Bré- 
viaires que  j'ay  imprimés,  dont  j^envoye  ici  la  page  ; 
mais,  au  lieu  du  nom  Donkerum,  je  désirerois,  pour  plus 
grande  cornmoditc,  cju'il  y  fust  mis  Henricum  Dunghaum^ 


—  94  — 

pour  superintendant  de  la  correction  etc.,  tant  à  cause 
que  ledict  Donkerus  est  assés  occupé  à  d'autres  affaires 
plus  graves  de  sa  charge,  que  pour  ce  que  ledict  H. 
Dunghaeus  est  docteur  en  théologie,  homme  sçavant, 
studieux  et  bien  congneu  et  approuvé  à  Rome,  où  il  a 
demeuré  en  bonne  réputation,  et  s'en  est  retourné  avec 
le  tiltre  de  Pœnitentier  de  Sa  Saincteté,  passé  longtemps. 
De  sorte  que  j'ay  tousjours  estimé  que,  par  la  faute  de 
l'escrivain  du  bref  de  Sa  Saincteté,  l'un  nom  ait  esté 
escrit  pour  l'autre. 

Nonobstant  quoy,  je  me  contente  de  tout  ce  que  V. 
S.  en  ordonnera  et  fera,  tant  en  cest  endroict  qu'en 
toutes  autres  choses,  luy  suppliant  de  m'employer  en 
tout  ce  qu'il  luy  plaira,  car  j'ay  désir  de  monstrer  com- 
bien je  me  tiens  obligé  vers  icelle,  et  que  je  ne  veux  être 
ingrat. 

Qui  sera  l'endroict  où  je  prie  Dieu  nous  la  conserver 
en  toute  prospérité  et  santé. 

D'Anvers. 


199.  —  Planiin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Le  16  décembre  1569. 
Au  très  illustre  Cardinal  de  Granvelle. 

J'envoye  ici "feilles  de  la  partie  hiémale  du  Bré- 
viaire que  je  continue,  avec  le  moins  de  renvoy  que  je 
puis,  en  quoy,  si,  d'adventure,V.  lU"**  et  R™*  Sig**"  désire 
autre  chose,  m'en  faisant  advertir,  je  mectray  peine  d'y 
remédier,  non  seulement  à  la  seconde  partie,  que  j'espère 
de  poursuivre,  incominent  avoir  achevé  ceste-cy,  mais 
aussi  à  la  seconde  impression,  que  j'espère  de  recommen- 


—  9S  — 

cer,  incontinent  avoir  achevé  ceste  première,  laquelle,  à 
ceste  intention,  je  fay  en  bien  petit  nombre,  sçachant 
que  les  derniers  advis  apportent  communément  quelque 
élégance  ou  commodité  aux  premiers  ouvrages. 

Monsigneur  de  S'  Bavon,  de  sa  grâce,  m'a  envoyé 
son  exemplaire,  en  grand  volume,  que  j'ay  veu  fort  in- 
correct. Mons*"  le  chantre  de  Malines,  aussi,  m'a  faict 
toutes  les  faveurs  que  je  pourrois  souhaitter.  Parquoy, 
j'espère  qu'il  ne  me  déniera  le  chant  de  ce  qui  est 
changé  ou  adjouxté  audict  Bréviaire,  pour  lequel  im- 
primer quelque  jour,  je  fay  provision  de  nottes  et  grosses 
lectres ,  à  ce  estant  mesmes  incité  par  les  lectres  de 
Mons'  le  Secrétaire  de  S.  Ma**,  Çayas,  qui  m'a  rescrit  de 
luy  envoyer  des  monstres  de  grosses  lectres,  pour  les 
monstrer  à  Messieurs  de  l'ordre  des  Hiéronymitains  et 
autres,  qui  désirent  faire  imprimer  leurs  livres  de  chœur. 

Je  remercye  très  humblement  vostre  111™*  et  R"*  S** 
de  ce  qu'il  luy  a  pieu  faire  traicter  avec  celuy  à  qui  Sa 
Saincteté  a  faict  la  faveur  du  Privilège  des  Messels. 

J'estime  que  le  reste  des  poèmes  du  S'  Gambara,  et  le 
livret  de  Rege  et  Regno,  est  maintenant  parvenu  entre 
les  mains  sacrées  de  V.  111"*  et  R*  S^%  à  qui  j'envoye 
maintenant  de  ce  que  nous  avons  recommencé  d'impri- 
mer des  commentaires  de  Caesar,  que  j'ay  totalement 
proposé  de  poursuivre  jusques  à  la  fin,  et  de  faire  suivre 
Lactance,  différés,  tant  pour  la  pesanteur  des  fi-aiz,  qu'il 
me  faut  faire  et  porter  pour  l'impression  des  grandes 
Bibles  Royales,  que  pour  entendre  à  l'impression  des 
Bréviaires,  du  fruict  desquels  estant  soulagé,  je  seray,  à 
tout  jamais,  et  la  république  Chrestienne,  tenu  à  la  libé- 
rale faveur  de  V.  Ill°*  et  R°*  S»%  d'autant  qu'autrement 
jç  me  sentois  tomber  sous  le  fardeau  de  si  pesante  œuvre, 


-9é- 

en  laquelle  j'avois  desjà  employé  plus  que  tout  le  mien, 
car  il  n'a  esté  jour  ouvrable,  depuis  18  mois  en  çà,  que 
je  Tay  commencé  à  bon  escient,  que  je  n'y  aye  despendu 
plus  de  25  efcus,  seulement  en  papier  et  gages  des 
ouvriers  manuaires,  sans  y  comprendre  les  despens  or- 
dinaires, ni  gages  de  six  doctes  correcteurs  domesticques 
et  des  docteurs  de  la  faculté  de  Théologie  de  Louvain 
et  d'ailleurs,  qui,  à  nos  despens,  visitent  et  approuvent 
tout  ce  nous  y  adjouxtons  plus  qu'aux  exemplaires  de 
Complute. 

Grâces  à  Dieu,  nous  avons  achevé  les  cinq  livres  de 
Moïse,  les  Juges,  les  Rois,  les  Paralipomenon,  Esdras, 
Judith,  Tobias,  Job,  Sapience,  Ecclésiastique  et  beson- 
gnons  aux  Psaumes,  que  nous  espéroms  achever  avec  les 
Proverbes,  Ecclésiastique  [Ecclésiaste  ?]  et  Cantica  Can- 
ticorum,  dedans  le  mois  de  febvrier  prochain,  et  puis 
commencer  les  Prophètes. 

Au  reste,  Mons""  le  Docteur  Arias  Montanus,  person- 
nage très  docte  es  langues  orientales,  le  plus  diligent, 
constant  et  qui  de  millieur  cœur  s'employe  et  tout  le 
sien,  non  seulement  à  l'advancement  de  cest  œuvre  di- 
vin, auquel  il  est,  à  bon  droict,  commis  par  Sa  Majesté, 
mais  aussi  en  tout  ce  qu'il  peut  apercevoir  estre  utile  à 
la  Chrestienté  et  au  service  de  Sa  Majesté  et  de  tous  les 
siens,  ayant  entendu  par  quelques  rumeurs  que,  par  l'or- 
donnance de  Sa  Saincteté,  aucuns  doctes  et  grands  per- 
soniîages  estoyent  commis  pour  revoir,  conférer  et  amen- 
der la  version  latine  receue,  m^a  ordonné  de  saluer  très 
humblement  V.  Ilh*  et  R°*  S**  et  la  supplier  très  affec- 
tueusement qu'il  luy  plaise  nous  faire  entendre  ce  qui 
en  est. 

Ce  que  je  luy  supplie  d'aussi  bon  cueur,   que  je  prie 


—  97  — 

Dieu  nous  la  vouloir  conserver  en  bonne  santé  et  heu- 
reuse prospérité. 
D'Anvers  etc. 


200.  —  Tlantin  à  Joannes  Leodius. 

(Il  lui  recommande  le  porteur  de  la  présente  lectre,  un  jeune 
homme,  employé  dans  la  librairie,  qui  veut  aller  ouvrir  une  boutique 
de  livres  à  Ingolstadt.) 

20  decembris  1569. 

Clarissimo  doctissimoque  viro  D.  Johanni  Leodio  S. 
Theologiae  Doctori  piissimo  et  111.  Ducis  Bavarias 
Consiliario  prudentissimo. 

Spero  equidcm  et  confido  te  jamdudum  meas,  23 
novembris  ad  te  datas,  cum  R^'  D"*  Doctoris  Tiletani 
accepisse,  et  illis  intellexisse  quantum  me  oblatione  tui 
Thcsauri  tibi,  jnm  merito  devinctum,  plane  tuum  efFece- 
ris.Nunc  autem  paucis  occasionem  ad  te  nunc  scribendi 
accipe. 

Qui  bas  tibi  reddet  liiteras  est  mihi  satis  quidem  no- 
lus  juvenis  et,  quod  pluris  facio,  de  meliore  nota  a  catho- 
licis  et  optimi  nominis  hominibus  Lutetiae  commendatus. 
Vixit  namque  illic  primum  apud  Gabrielem  Buon,  bi- 
bliopolam  non  vulgarem,  postea  Lugduni,  tum  in  Ger- 
mania,  ubi  in  nundinis  Francofordiensibus  eum  novi 
fidum,  diligentem  et  optime  artem  nostram  callentem. 
Is,  sum  expertus,  porro  nunc,  cum  venia  amicorum,  de- 
crevit  tabernam  librariam  instruere,  quod  ut  Ingolsiadii 
faciat,  si  pcr  III™  Ducem  et  Academiam  liceat,  iili  a  plu- 
rimis  est  suasum,  partim  quod  nunc  in  Galliis  frigeat 
mercatura  librorum,  partim  quod  pauci,  ut  audimus,  illic 


reperiantur  diligentes  bibliopolae.  Proinde  rogo  et  obse- 
cro  tuam  pietatem  et  humanitatem  ut  illi,  quod  pro  tua 
auctoritate  facile  poteris,  tum  ad  Privilegium  impetran- 
dum  ab  I1I"°  Duce,  tum  ad  receptionem  obtinendam  ab 
Academia  illi  patronus  esse  velis. 

Quod  si  feceris,  nos  omnes  tibi  hoc  soli  debere  fate- 
bimur  grati,  neque,  ut  spero,  pœnitebit  coUati  beneficii. 


201.  —  Tlantin  à  Vendius. 

(Plantin  fait  savoir  à  Vendius  qu'il  lui  est  impossible  d'imprimer 
sur  vélin  un  exemplaire  de  la  Bible  royale  pour  le  duc  de  Bavière, 
parce  que  le  roi  d'Espagne  a  retenu  pour  lui-même  les  treize  exem- 
plaires sur  parchemin  qui  pourront  être  tirés  de  Touvrage.  Il  lui 
offre  de  réserver  pour  le  duc  de  Bavière  un  des  dix  exemplaires  sur 
grand  papier  impérial  d'Italie.  Il  lui  explique  en  détail  où  en  est 
l'impression  de  cette  Bible  et  ce  que  chacun  des  volumes  compren- 
dra. Il  annonce  l'impression  de  la  Bible  de  Pagninus,  et  finit  par 
recommander  le  jeune  libraire  dont  il  est  question  dans  la  lettre 
précédente.) 

Clarissimo  doctissimoque  vîro  D.  Vendio 
111™^  Ducis  Bavarias  Secretario  fidelissimo. 

Annus  jam  elapsus,  clarissime  doctissimeque  Vendi, 
ex  quo,  e  nundinis  Francofordiensibus  reversus,  ad 
tuas,  quas  in  nundinis  cum  centuni  florenis,  ad  perga- 
menum  emendum  pro  uno  exemplari  Bibliorum  maxi- 
morum  111°**  Duci  Bavarias  imprimendo,  acceperam, 
respondi,  et  me  dolere,  quod  domum  reversus  intel- 
lexerim  aperte  Regem  nostrum  Catholicum  (jussu  et 
auctoritate  cujus  illa  Biblia  quinque  linguarum  imprimo) 
ppn  velle  ut  alicui  praîterquam  sibi  in    pergameno  im- 


—  99  — 

primerem.  lUe   namque   sibi  soli  vult  habere  13  exem- 
plaria  principibus  viris,  quibus  placuerit,  donanda. 

Imprimo  vero  decem  exemplaria  in  carta  elegantissi- 
ma  Italica,  cujus  risma  hic  emo  25  florenis.  Haec  autem 
erunt,  ut  etiam  tum  significabam,  illis  pergamenicis  mul- 
to  nitidiora  et  elegantiora.  Ex  eis  unum  exemplar  desti- 
navi  111"°  Ducî,  non  tam  cène  pecuniarum  acceptarum 
gratia,  quam  quod  illi  tamquam  unico  in  Germania 
Catholicae  religionis  propugnaculo  et  defensori  summo 
debeatur. 

Ex  eo  vero  tempore  an  meas,  quas  magistro  postarum 
hic  ad  vos  mittendas  dederam,  acceperis,  neque  quic- 
quam  de  operibus  Eckii  imprimendis  intellexi.  Ostendit 
.  veromihi  D.  Rabus  *,  paucis  ab  hinc  hebdomadibus, 
litteras  tuas  ad  D.  Hannardum,  in  quibus  videbaris 
dubitare  an  pergeremus  in  illis  Bibliis  imprimendis.  Ego 
autem  statim  illi  quousque  progressi  essemus  et  quanta 
diligentia  laboribus  et  sumptibus  impensis  in  illis  pro- 
grediamur  indicavi,  quod  ut  tibi  significatum  curaret 
rogavi,  quod  et  nunc  paucis  tibi  ipse  aperire  volui. 

Nos,  Dei  gratia,  non  ineleganter,  ut  spero  et,  ut  judi- 
cant  omnes  qui  viderunt  apud  nos,  féliciter  absolvimus 
libros  Moysis  uno  satis  magno  volumine  ;  libros  Josuê, 
Judicum,  Ruth,  Regum  4  et  Paralipomenon  2,  altero  ; 
Esdras  4,  Tobiae,  Judith,  Esther,  Job,  Psalmorum, 
Proverbiorum,  Ecclesiastis  et  Cantici  Canticorum,  cum 
Sapientiae  et  Ecclesiastici,  tertio  etiam  satis  magno  volu- 
mine. Pergemus  nunc  in  Prophetis  et  Machabaeorum 
libris   quarto   volumine,   eosque  duos  libros   hebraice, 

I.  Justin  Rabus,  né  à  Cracovie,  se  convertit  au  catholicisme  pen- 
dant un  voyage  à  Paris  et  entra  dans  la  Société  de  Jésus  en  1569. 
Il  enseigna  dans  différentes  villes,  et  mourut  à  Cracovie  en  1612. 


—    100  — 

chaldaice,  graece,  latine  ex  Vulgata  et  recepta  editione, 
atque  versionibus  aliis  latinis  ex  graeco  et  ex  chaldaice 
duabus  impressos  damus.  Novum  Testamentum  syriace 
syriacis  characteribus  et  rursum  eadem  lingua  hebraicis 
characteribus  gra^ce  itidem  et  latine  ex  versione  recepta, 
cum  aliis  versionibus  ex  graeca  et  syriaca  lingua,  occu- 
pabit  quintum  volumen. 

Apparatus  Bibliorum,  varias  lectiones  diversorum 
exemplarium  et  rationes  versionum  et  quaedam  alia  ad 
introductionem  lectionis  sacrorum  voluminum  condu- 
centia  complectentes,  sexto  volumine  imprimentur. 

Lexica  hebraica,  chaldaica,  syriaca  et  graeca  locuple- 
tissima,  cum  suis  grammaticis,  septimo  et  octavo  com- 
prehendentur  volumine. 

Jamdudum  praeterea  et  aliud  volumen  laboriosissimum 
et  sumptuosissimum,  si  unquam  visum  sit,  habemus 
sub  praslo,  quod  vel  nonum  erit,  vel  cum  prioribus 
suis  partibus  divisim  poterit  compingi,  nempe  Biblia 
iterum  hebraica,  in  quibus  supra  unamquamque  die- 
tionem  hebraicam  latin am  illi  respondenteni  adprimi- 
mus  ex  versione  Santis  Panigni,  si  fieri  possit;  ubi  vero 
non  reddidit  Panignus  ad  verbum,  adposita  aliis  char- 
racteribus  propria  interprétation e  dictionis  hebraicae  ver- 
sionem  dicti  Panigni  rejicimus  ad  marginem,  ubi  prae- 
terea radices  seu  themata  dictionum  hebraicarum  certis 
signis  illic  et  in  texta  designata  exprimimus,  ita  ut  nihil, 
nostro  quidem  judicio,  neque  docti,  neque  linguarum 
imperiti  ad  sua  in  Bibliis  sacris  sancta  studia  juvanda 
merito  sint  a  nobis  desideraturi  *. 

I .  Suivant  la  table  imprimée  dans  les  liminaires  de  Touvrage,  la 
Bible  royale  comprend  quatre  volumes  de  l'ancien  Testament,  un  du 
nouveau  et  trois  volumes  de  TApparatus  sacer  :  en  tout  huit  tomes. 


—    lOI    — 

Faxit  Deus  opt.  max.  ut  ad  honorem  suum  et  Eccle- 
siae  Catholicae  utilitatem  et  haereticorum  linguarum  peri- 
tiam  mentientium  confusionem  istud  laboriosissimum  et 
sumptuosissimum  opus  nobis  liceat  absolvere,  quod, 
nisi  nos  valetudo  et  facultates  ad  sumptus  hos  ingentes 
ferendos  deserant  et  deficiant,  intra  sesquiannum  futu- 
rum  speramus.  Nam,  cum  abhînc  sesquianno  duobus 
praelis  illud  sumus  prosequuti,  nunc  rationem  quaerimus 
addendi  adhac  duo  praela,  ut  sic  quatuor  praelis,  qnae 
supersunt,  citius  absolvere  possimus» 

H^c  paulo  fusius  tibi,  quod  ex  supra  memoratîs 
litteris  ad  D.  Hannardum  dubîtare  videreris,  an  aliquid 
ex  opère  praedicto  a  nobis  poUicito  expectandum  esset, 
scribenda  esse  duxi,  ne  quid  de  nostra  fide  scrupuli 
animo  tuo  frustra  inhaereret.  Centum  vero  florenis,  quos 
Francofordiae  superiore  anno  me  ad  pergamenum  emen- 
dum  recepi,  quandoquidem  id  ad  quod  numerati  sunt 
praesiare  non  est  integrum,libenter  reddam  cui  et  quando 
praemonitu   significaveris . 

Bonum  etenim  nomen,  ut  decet,  apud  quemcunque, 
maxime  vero  apud  vos,  ita  retincre  volo,  ut  in  aliis 
commendandis  aliquid  valere  possim.  Mihi  namque  non 
soleo  tam  diligenter  laborare  quam  reipublicas  et  amicis, 
quorum  causa  auctoritate  apud  te  tuique  similes,  hoc 
est  viros  clarissimos  doctissimos  et  prudentissimos,  non- 
nihil  valere  desidero. 


Le  second  volume  de  PApparatus  contient  les  textes  hébreux  et  grecs 
avec  traduction  interlinéaire.  C*est  ce  dernier  volume  dont  Plantin 
expose  ici  le  plan.  Au  moment  où  il  écrivait  la  présente  lettre,  il 
voulait  donner  trois  volumes  d*Apparatus,  sans  compter  Touvrage 
dont  il  parle  ici  et  qui  aurait  formé  un  quatrième  volume, 

7 


—    102     — 

Quod  si  jam  de  me  aliquo  modo  tibi  persuasum  est, 
rogo  et  obsecro  ut,  in  negotio  hujus  juvenis,  nostro, 
imo  reipublicae  litterarias,  in  istis  regionibus  nomine 
declarare  non  dedigneris.  Is  vero  quid  tuo  favore  ab 
111"°  Duce  et  ab  Academia  Ingolstadiensi  petat  paucis 
melius  tibi  aperiet.  Qjuod  vero  pr^estiteris  ei  beneficium, 
mihi  et  ejus  amicis  praestiteris,  eflScietque,  ut  spero,  ne 
unquam  ejus  commendatione  pœnitear.  Si  quid  vero 
tuo  vel  amicorum  tuorum  [beneficio]  possim  in  his 
regionibus,  vel  quocumque  terrarum,  imperare  poteris  : 
obsequar  et  exequar  libens.  . 

Vale,  vir  clarissime,  etPlantinum  tuum,quasso,  amare 
perge,  Antverpias,  20  decembris  1569. 


202.  —  Plantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

28  janvier  1570. 
Au  très  illustre  Cardinal  de  Granvelle. 

Estant  retourné  de  Liège,  où  j'avois  esté  appelle  pour 
quelques  affaires  expédientes  avec  Sa  Grâce,  j'ay  trouvé 
les  lectres  de  Vostre  lUustriss.  et  R™*  S**,  avec  la  traduc- 
tion de  l'opuscule  de  S*  Grégoire  Nazianzène  *  et  les 
deux  autres,  lesquels  j'ay  incontinent  portés  et  délivrés 
à  Mons'  nostre  curé  ou  pasteur,  pour  les  visiter,  approu- 
ver et  soussigner,  afin  de  les  envoyer  à  Brusselles  et  en 

I.  S.  Gregorii  Nazianzeni  Apohgeticus,  Constantio/Sebastiano 
Olivetano  interprète.  S.  Hieron.  ad  Nepot.  de  Vita  Clericorum. 
S.  Ambro.  Mediol.  episc  "De  dignitate  saurdotali  liber.  Antv. 
Plantin,  i570,in-i6o. 


—   103  — 

pouvoir  obtenir  congé  et  privilège,  sous  espoir  de  les 
commencer  incontinent,  selon  la  volonté  du  très  illustre 
Cardinal  Carafa,  et  les  achever,  s'il  m'est  possible,  avant 
que  d'aler  à  la  foire  de  Francfort. 

J'envoye  ici  maintenant  les  autres  feilles  de  la  partie 
d'hiver  du  Bréviaire,  de  laquelle  ne  restent  plus  que  trois 
feilles,  que  j^espère  d'envoyer  la  semaine  prochaine,  avec 
quelques  autres  feilles  que  celles  qui  vont  joinctes  du 
reste  des  commentaires  de  Cassar,  qui,  durant  mon  ab- 
sence a  esté  diSéré,  cependant  qu'on  changeoit  audict 
reste  le  nombre  des  observations  et  diverses  leceons.  Et 
durant  lequel  intervalle  de  temps,  mes  gens,  ayant  enten- 
du que  je  voulois  faire  suivre  Lactance,  en  ont  imprimé 
ce  que  j'envoye  aussi  joinct,  qui  n'est  pas  ordonné, 
comme  par  la  collation  de  l'exemplaire  et  des  notes  de 
Mons*^  Thomasius,  *  j'ay  trouvé  aujourd'hui  qu'il  apar- 
tenoit. 

Car  j'eusse  faict  faire  plus  belle  distinction  du  nombre 
des  chapitres  de  chaicun  livre,  et  faict  mectre  quelque 
nombre  en  marge  de  l'annotation  respondante,  ce  que 
je  feray  (encores  que  tard)  commencer,  au  prochain 
livre  qui  suivra  ce  qui  en  est  de  faict.  J'ay  dadvant^ige 
observé  que  Mons*^  Thomasius  n'a  pas  eu  esgard  aux 
errata  qui  sont  notés  par  Aide,*  en  la  fin  de  l'exemplaire 
qu'il  nous  a  envoyé,  d'où  s'est  ensuivi  quelques  fautes 
passées,  et  me  semble  qu'il  faudroit  aussi  obmectre 
quelques  notes  d'émendations  d'aucuns  passages,  que  je 
trouve  annotés  auxdicts  Errata,   imprimés  par  les  Aide, 

1.  Michel  Thomasius»  Tannotateur  du  Lactance  plantinien. 

2.  Aide  Manuce  Tancien  et  Paul  Manuce  ont  donné  chacun,  à 
Venise,  une  édition  de  Lactance  in-S»;  le  premier  en  1515,  le  second 
en  1555. 


—  104  — 

comme,  pour  exemple,  libro  VI  cap.  VIE  [huic  legi  nec 
propagari  fas  est]  legitur  in  libris  impressis  ;  [huic  legi 
neque  abrogari  fas  est]  habet  codex  antiquus,  sed  sane 
nunquam  legi  hujusmodi  verbum  junctum  casui  dandi, 
ita  puto  melius  legi  abrogari  etc.  Et  je  trouve  auxdicts 
Errata,  notés  en  la  fin  du  mesme  exemplaire  de  Lac- 
tance,  que  ledict  mot  propagari  est  émendé  en  promul- 
gari.  Et  d'autant  que  le  mot  abrogari  suit  après^  en  la 
mesme  clause,  si  est  ce  toutesfois  que  je  n'ose  pas  ré- 
souldre  quelque  chose  de  ce  passage,  ni  des  autres  sem- 
blables, sans  l'advis  et  jugement  de  l'aucteur. 

Mons^  le  Docteur  B.  Arias  Montanus  et  moy  avons 
esté  extresmement  joyeux  d'entendre  qu'un  si  docte  et 
rare  personnage,comme  le  R°*  Cardinal  Sirleto,'  s'occupe 
aux  corrections  de  la  Bible,  et  le  serons  d'avantage,  si 
nous  les  pouvons  recevoir  en  tel  temps  que  ne  les  devions 
attendre,  après  le  corps  achevé  des  grandes  Bibles,  que 
nous  espérons  finir  devant  la  fin  du  mois  d'aoust  pro- 
chainement venant,  et  avoir  commencé  le  volume  sui- 
vant, qui  s'intitule  Apparatus  Bibliorum,  auquel,  sous  les 
nonis  et  tesmoignages  honnestes  de  ceux  qui  nous  auront 
aidé  et  communiqué  quelque  chose,  nous  espérons  d'im- 
primer les  diverses  leçons  des  divers  exemplaires  chal- 
daïcques,  grecs  et  latins,  ainsi  qu'autrefois  j'en  ay  adverti 
V.  Ill°»  et  R»^  S'«. 

J'ay,  par  cy-devant,receu  le  Diurnale  imprimé  à  Rome 
et  le  Bréviaire  de  Venise,  et  maintenant  le  Directoire,  et 
entendu  l'advertissement  du  Missel  qui  s'imprime,  et 

I.  Guillaume  Sirlet,  né  en  15 14  à  Guardavalle  en  Calabre.  U  fut 
nommé  cardinal  par  Pie  IV  et  directeur  de  la  bibliothèque  Vaticane 
par  Pie  V.  Il  mourut  le  8  octobre  1585.  Il  fournit  des  textes  pour 
la  Bible  royale  et  écrivit  dans  i'Âpparatus  :  Varia  lectiones  in  Psalmos. 


—  los  — 

pour  lequel  V.  El"»*  et  R"*'  S»*  a  faict,  par  le  moyen  de 
Monsieur  le  Sacriste  de  Sa  Saincteté,  traicter  en  ma  fa- 
veur avec  Timprimeur,  en  mémoire  de  quoy  et  de  tant 
d'autres  bénéfices,  que  je  reçoy  journellement,  je  ne 
puis  faire  autre  chose  que,  d'un  cueur  non  ingrat,  me  te- 
nir prest,  comme,  je  doibs,  pour  obéir  à  son  commande- 
ment, et  prier  tousjours  Dieu  de  tout  mon  cueur  qu'il 
luy  plaise  nous  la  conserver  en  bonne  santé,  joye  et 
prospérité  bienheureuse. 

D'Anvers,  ce  28  janvier  1570. 


203 .  —  Plantin  au  Cardinal  de  Grairuelle. 

Audict  S'  Cardinal  de  Granvelle. 

Le  28  susdict  (janvier  1570). 

Depuis  avoir  respondu  aux  lectres  de  V.  Dl"*  et  R°* 
S**  du  17  de  décembre,  et  ayant  envoyé  les  feilles  im- 
primées de  la  partie  Hyémale  du  Bréviaire  de  Rome,  et 
celles  du  Csesar  et  Lactance,  j'ay  entendu  qu'il  y  avoit 
en  ceste  ville  le  pourtraict  d'un  crucifix  fort  excellente- 
ment  et  richement  faict  et  orné,  duquel,  ces  jours  passés, 
j'avois  esté  requis  de  faire  Tescriteau  en  hébrieu,  grec 
et  latin,  et  congnoissant  quel  souverain  et  divin  juge- 
ment V.  Ill«  et  R"*'  S*«  peut  donner  de  toutes  choses 
bien  faictes,  et  à  qui  elles  méritent  estre  monstrées,  j'ay 
désiré  que  celuy  qui  délivrera  la  présente  à  V.  111"*  et 
R°*  S**,  le  luy  monstrast  pour,  si  bon  luy  sembloit,  faire 
veoir  ledict  pourtraict  à  Sa  Saincteté,  et  puis,  s'il  luy 
plaisoit,  mander  la  pièce  mesme,  qui  se  monstre  sans 
comparaison  milleure  et  mieux  faicte  que  la  paincture  ne 
l'a  sceu  exprimer. 


—  io6  — 

Je  supplie  très  humblement  V.  111.  et  R"*  S*'  quil 
luy  plaise  prendre  en  bonne  part  ceste  mienne  har- 
diesse, de  luy  addresser  telle  chose,  qui  ne  procède  que 
d*une  affection  et  désir  que  j'ay  de  luy  pouvoir  faire 
quelque  petit  service.  Et  je  prieray  Dieu  la  nous  vouloir 
conserver  en  bonne  santé  et  augmenter  en  toute  bonne 
prospérité. 

D'Anvers,  ce  29  de  janvier  1570. 


204.  —  Plantin  à  de  Goneville. 

Le  29  janvier  1370. 
A  Monsieur  de  Goneville,  Auditeur. 

A  mon  retour  de  Liège,  où  j'avois  esté  mandé  pour 
certaines  affaires  nécessaires,  j'ay  trouvé  celles  de  V.  S. 
du  17  du  passé,  pour  responses  ausquelles,  j'espère 
qu'elle  aura  maintenant  entendu,  par  mes  précédentes, 
que  j'ay  receu  le  Bréviaire  et  Directorium  de  Venise,  et 
maintenant  j'ay  receu  l'autre  de  Rome,  dont  je  remercie 
Vostre  S**,  et  de  l'advertissement  qu'il  luy  a  pieu  me 
donner  de  l'Antienne,  obliée  en  nostre  première  im- 
pression, laquelle  nous  avons  adjouxtée  en  la  seconde, 
et  en  la  partie  d'hiver  aussi,  de  laquelle  j'ay,  par  cy- 
devant,  envoyé  quelques  feilles,  et  maintenant  j'en 
envoyé  encores  d'autres  à  son  111"*  S**,  et  désirerois  en 
envoyer  aussi  et  de  ce  que  je  sçaurois  estre  aggréable  à 
V.  S.,  s'il  luy  plaisoit  m'advertir  du  moyen,  d'autant 
que,  sans  son  ordonnance,  je  n'ose  rien  adjouxter  aux 
pacquets  de  sadicte  111""*  S**. 

J'espère  que  V.  S.  aura  maintenant  receu  les   copies 


—  loy  — 

du  contract  faict  avec  le  S'  Paulus  Manutius,  et,  selon 
icelies,  aura  peu  traicter  pour  le  Missel,  en  ma  faveur, 
sans  qu'il  soit  besoing  que  j*envoye  nouvelle  procura- 
tion, d'autant  que  j'estime  que  celle  envoyée  par  delà, 
pour  ledict  Bréviaire,  du  temps  que  Mons'  le  Chantre 
de  Malines  y  estoit,  suflSra,  joinct  que  je  seray  tous- 
jours  prest  de  ratifier  ici,  et  envoyer  acte  de  ladicte  rati- 
fication par  delà,  de  tout  ce  qu'il  vous  aura  pieu  faire 
pour  moy. 

Quant  au  Signeur  Paulus  Manutius,  je  suis  esmerveillé 
qu'oncques  ne  m'a  adressé  aucun  à  qui  je  baillasse  ce 
que  je  luy  doibs,  encores  que  je  l'aye  adverti  du  nombre 
par  moy  imprimé,  et  prié  que  m'escrivist,  à  qui  il  vou- 
loit  que  je  consignasse  sa  part,  jusques  mesmes  à  luy 
offrir  de  la  payer  à  prix  honneste  en  argent,  s'il  luy 
plaisoit. 

Au  reste,  je  supplie  qu'il  plaise  à  Vostre  Signeurie 
me  vouloir  employer  en  tout  ce  qu'elle  voira  que  mon 
service  luy  pourra  estre  aggréable^  et  je  prieray  Dieu 
pour  sa  prospérité  et  bonne  santé. 

D'Anvers,  ce  29  janvier  1570. 


—  io8  — 
203.  —  Tlantin  à  %Arias  V^ontanus. 

(Les  frais  du  parchemin  pour  les  exemplaires  de  la  Bible  royale 
sur  vélin  dépasseront  3800  florins.  Il  n'a  reçu  de  Jérôme  Curiel  que 
1400  florins.  Il  s'excuse  d'importuner  Arias  de  ces  comptes,  mais 
celui-ci  lui  a  ordonné  de  les  lui  communiquer). 

3  februarii  1570. 
ni'  D.  B.  Âriae  Montano,  Bruxellas. 

De  Anglis  et  3°  praelo  addito  ' antehac  bis  scripsîsse. 
Sumptus  pergameni  computasse,  qui  pervenient  ultra 
3800  fl.  Biblia  namque  habitura  1600  folia,  pro  quibus 
totidem  dozenis  pergameni  opus  est.  Accepi  vero  a  D"** 
Curiele  ad  bas  rationes  1400  fl.,  quae  summa  non  est 
média  pars  eorum,  quae  pergamenis  jam  receptis  solvi. 
Vellem  me  posse  ferre  sumptus.  Ego  ne  verbum  quidem 
facerem.  Imo  etiam  nunc  taedet  et  pudet  111.  D.  V.  bac 
etiam  in  parte  molestum  esse,  quod  ne  nunc  quidem 
essem,  nisi  mibi  jussisset  rationes  bas  auferre  et  illi 
significare,  quod  nunc  non  facio  ut  urgcam  vel  impor- 
tunus  sim  absenti,  sed  morem  voluntati  geram  et  man- 
dato  paream.  D"  D.  obsecro  ut  111.  D.  V.  nobis  diu 
servet  incolumem. 

Antverpias  raptim,  3  februarii. 


—   109  — 
2o6.  —  Tlantin  à  Jirémie  !\Cartius. 

(Il  n'a  pas  encore  pu  obtenir  le  privilège  pour  l'impression  latine 
de  la  traduction  des  «  Deux  livres  des  Venins  de  Jacques  Grevin  », 
mais  on  vient  de  le  lui  promettre,  pour  le  Girême  prochain.  U  re- 
grette le  retard  ;  mais,  une  fois  l'autorisation  reçue,  il  imprimera 
l'ouvrage  et  espère  pouvoir  le  terminer  pour  la  foire  d'automne). 

4  februarii  1370. 

Doctori  Medico  D.  Hieremias  Martîo  Augustam. 

Pudet  me  profecto  quod  hactenus  non  licuerit  ob 
varias  et  necessarias  causas,  librum  tuum  edere,  magis 
vero  quod  ne  nunc  quidem  adhuc  liceat,  quod  tamen 
me  brevi  facturum  spero.  iEstate  fere  tota  in  Galliis,  ad 
quaedam  Regia  negotia  curanda,  haesi.  Domum  reversus, 
jussus  sum  Breviaria  Romana,  neque  quicquam  aliud  sine 
consensu  magnatum  excudere.  Tui  vero  libri,  *  quod 
opus  Reipublicae  non  adeo  utile  dicerent,  privilegium 
impetrare  non  potui  ;  fuerunt  tamen,  cum  in  tuam 
gratiam  efBagitarem,  qui  perpetuo  poUiciti  sunt  se  cura- 
turos  tandem  ut  mihi  daretur;  idque  se  ista  Qpadrage- 
sima  facturos,  nunc  acceptis  ab  eis  litteris,  confirmant  : 
ita  ut  sperem  et  jam  confidam  me  ante  nundinas  autum- 
nales,  una  cum  quibusdam  aliis  opusculis  rei  herbariae^ 
quae  eamdem,  ab  eo  et  amplius  tempore,  quo  primum 
exemplar  tuum  recepi,  passi  sunt  moram  et  difScuItatem. 
Haec  autem  non  ausus  sum  ad  te  prius  scribere  quam 
aliquid  certius  de  privilegio  impetrando  scribere  possem; 
nunquam  etenim  aliquid  certi  ab  illis,  quorum  interest 

I .  Jacc^i  Grevini  de  VenenU  libri  duo,  Gallice  scripti  et  opéra  Hie- 
remise  Martii  in  latinum  sermonem  conversi.  Antv.  Plan'.in,  1571, 
in-40. 


•n 


—    IIO  — 


nobis  concedere,  extorquere  potuimus.  Vale,  vir  claris- 
sime. 
Antverpiae,  4  februarii  1570. 


207.  —  Plantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Le  4  febvrier  1570- 
Au  très  illustre  Cardinal  de  Granvelle. 

Ayant  hier  achevé  la  partie  hiémale  du  Bréviaire,  je 
n*ay  voulu  faillir  d'envoyer,  avec  encores  deux  feilles 
de  Lactance,  les  deux  feilles  qui  restoyent  pour  Taccom- 
plissement  des  envoyées  par  cy-devant,  et  de  les  accom- 
pagner d'un  volume  entier,  cependant  que  je  feray  lier 
les  six  qu'il  a  pieu  à  V.  111"*  et  R"*  S.  m'advertir  luy 
envoyer. 

J'envoye  aussi  ung  des  premiers  Bréviaires  pour  le 
Signeur  Fulvio  Ursino,  qui,  par  lectres,  m'a  rescrit  le 
luy  envoyer.  Parquoy,  je  supplie  V.  El.  et  R"*  S**  ne 
prendre  de  mauvaise  part  que  je  l'aye  osé  addresser  en 
son  pacquet.  J'espère  d'envoyer,  par  le  premier,  les 
feilles  de  reste  de  Cassar,  différées  pour  les  réduire  au 
nombre  de  nos  pages. 

Je  n'ay  pas  encores  receq  de  Bruxelles  la  copie  des 
livrets  S.  Greg.  Naz.,  S.  Hiérosme  et  S.  Ambr.  Parquoy, 
n'y  ay  sceu  encores  besongner.  Ce  que  j'ay  délibéré  de 
faire  incontinent  les  avoir  reçeus.  Cependant  je  prie 
Dieu  nous  vouloir  conserver  V.  111"*  et  R"*  S**  en 
toute  prospérité  et  bonne  santé. 


—  III  — 

I 

I 


2o8.  —  Plantin  à  Paul  3iCanuce. 

Le  i8  febvrier  1570. 

Au  Signeur  Paulus  Manutius. 

Ayant  receu  la  vostre  du  dernier  décembre,  le  12  du 
présent,  j'ay  incontinent  cerché  et  trouvé  le  moyen  de 
vous  faire  délivrer  les  cent  escus  acceptés  pour  la  disme 
des  Bréviaires  ;  que  j'ay  imprimés  jusques  à  la  fin  du 
mois  de  novembre,  lesquels  par  l'ordonnance  du  Signeur 
Jaspar  van  Zurich,  à  qui  je  les  ay  ici  délivrés,  vous 
payera  par  delà,  sans  aucuns  frais,  le  Signeur  Georges 
Pieters,  marchant  de  Flandres,  estant  de  présent  à 
Rome.  Et  pour  vous  donner  advis  du  reste,  j'avois,  dès 
lors,  commencé  d'imprimer  lesdicts  Bréviaires,  aussi 
in-8°,  mais  de  plus  grosse  lectre,  en  deux  parties,  asçavoir 
de  l'hiver  et  esté,  dont,  grâces  à  Dieu,  j'ay,  passé  quel- 
que bien  peu  de  jours,  achevé  la  partie  d'hiver  en 
nombre  ordinaire  de  1050  exemplaires.  Je  continue 
maintenant  la  partie  d'esté,  que  j'espère  d'achever, 
devant  la  Pentecouste  prochaine. 

Quant  à  l'autre  point  de  vostre  lectre,  il  me  desplaist 
grandement  que  Messigneurs  et  vous  ayés  esté  si  mal 
informés,  car  je  vous  certifie  qu'onques  je  n'en  ay  vendu 
à  personne,  que  j'aye  sceu  les  vouloir  envoyer  en 
Espagne,  et  de  moy  je  n'ay  onques  eu  la  volonté  d'y 
en  envoyer,  mais  bien  m'a  faict  rescrire  Sa  Majesté  que 
je  luy  ^n  envoyasse  deux,  ce  que  j'ay  faict,  et  deux 
autres  à  ses  familiers,  qui  m'en  ont  requis,  et  m'asseure 
qu'il  n'y  en  a  point  esté  envoyé  que  je  puisse  sçavoir. 
Nostre  Signeur  soit  vostre  garde. 


—    112   — 

209.  —  Plantin  à  de  Goneville. 

A  Mons'  de  Goneville. 

Le  18  febvrier  1570. 

Qpe  je  luy  envoyé  ung  Bréviaire  pars  Hiemalis,  relié, 
doré  en  parchemin.  Q.ue  j'ay  addressé  cent  escus  à 
Manutius  pour  sa  disme,  jusques  au  mois  de  novembre, 
et  que  je  ne  pense  faillir  au  contracta  si  quelqu'un 
achapte  des  Bréviaires  de  moy  et  les  envoyé  en  Espagne. 


210.  —  Plantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 
Au  très  illustre  et  R™*  Cardinal  de  Granvelle. 

18  febvrier. 
Très  illustre  et  R"«  S*^ 

Ayant  faict  lier  quelques  exemplaires  des  douze  que 
j'avois  imprimé  sur  papier  de  Francfort,  de  la  partie 
d'hiver,  et  les  trouvans  demeurer  si  gros,  comme  ils 
sont,  il  ne  m'a  semblé  hors  de  propos,  avec  quatre  du- 
dict  papier,  en  envoyer  aussi  3  du  commun,  qui  ne  de- 
meure si  espois,  et  attendre  la  volonté  de  V.  111"*  et  R"* 
S**,  avant  que  d'en  envoyer  davantage. 

J 'envoyé  aussi  trois  feilles  faisants  six  cahiers  des  li- 
vrets que  Mons*"  le  R"*  Cardinal  Carafa  désiroit  que 
j'imprimasse,  espérant  d'achever  et  envoyer  le  reste,  à  la 
fin  de  la  semaine  prochaine.  J'ay  esté  en  doubte  pre- 
mièrement si  je  devois  imprimer  lesdicts  livrets  de  tels 
charactères  '.  Car  la  page  prémise  à  l'exemplaire,  et  les 

I.  Les  petits  livres  en  question,  5.  Gregorii  Naitan:(eni  Apologe- 
icus  etc.,  sont  imprimés  en  caractères  italiques. 


—  113  — 

lectres  de  V.  111*  et  R"*  S**,  portoyent  que  je  les  deusse 
imprimer  de  charractères  semblables,  ou  plus  clers,  que 
ceux  dont  j'ay  imprimé  les  Offices  de  Cicéron,  Tan  1567, 
auquel  an  je  ne  trouve  pas  avoir  imprimé  ledict  livre, 
d'autres  charractères  que  semblables  à  ces  trois  cahiers 
ici  enclos,  qui  sont  imprimés  Tan  1568,  qu'ayant  vendu 
ladicte  première  impression,  je  les  rimprimay,  et  subit 
après,  audict  an,  in-8°,  de  la  lectre  dont  est  ce  cahier 
ici  enclos.  Mais  considéré  finablement  que  les  charrac- 
tères des  Offices  de  Cicéron,  imprimées  en  petite  forme 
de  24°,  1567  et  1568,  estoyent  semblables  à  ceux  dont 
j'avois  imprimé  les  Épistres  de  Cicéron  16°,  laquelle 
forme  m'estoit  prescripte,  et  aussi,  que  de  ladicte  lectre, 
qui  est  petite,  les  trois  livrets  n'eussent  contenu  que  3 
feilles  ou  environ,  je  me  suis  résolu  de  les  imprimer  de 
ceste  lectre,  qui  est  pareille  en  grandeur,  mais  plus 
ouverte  et,  à  mon  advis,  plus  clère  que  celle  dont  j'avois 
imprimé  lesdicts  Offices  de  Cicéron  in-8**.  En  quoy  si 
j'ay  failli,  c'est  contre  ma  volonté  et  affection,  qui  est 
et  sera  tousjours  de  pouvoir  faire  chose  aggréable  à  V. 
Ill°*  et  R"*  S**  et  à  ses  semblables,  personnages  doctes 
et  excellents  en  toutes  vertus. 

J'envoye  ici feilles  de  Lactance,  que  je  poursuy  à 

mon  pouvoir,  et  des  Commentaires  de  Ca^sar,  que  j'es- 
père achever  dedans  peu  de  jours.  Cependant  je  prie 
Nostre  Signeur  Dieu.... 


—  114  — 
211. —  Tlantin  à  François  Sonnius.  * 

(Il  lui  envoie  la  partis  d*hiver  du  Bréviaire  qu'il  vient  de  terminer. 
Les  travaux  de  la  Bible  royale  Font  empêché  de  commencer  la 
CaUna  S\  Thoma  ) 

R°***  D.  Sonnio  Episcopo  Buscoducensi.  22  feb. 

Cum  venerabilis  D*^^  et  patronus  meus  D.  H.  Dun- 
ghaeus,  missis  ad  me  litteris,  quas  ab  Ilh°  et  R"***  D. 
Cardinale  Hosio  '  de  recudendis  nostro  praelo  ejus  ope- 
ribus  acceperat,  eadem  simul  opéra  curasset  me  inter- 
rogari,  num  quid  ad  R™  D.  V.  vellem,  se  namque 
postero  die  ad  eam  scripturum,  occasionem  banc  jam- 
dudum  a  me  quassitam  ambabus,  quod  aiunt,  manibus 
accipiendam  esse  mihi  persuasi,  qua  banc  Breviarii  Ro- 
mani partem  hiemalem,  paulo  majoribus  characteribus 
nuper  impressam,  ei  commode  possem  offerre.  Vestram 
autem  R"*"  D.  obsecro  ut  hoc  quicquid  est  munusculi 
aequi  boni  consulere  non  dedignetur  ;  quod  si  illam 
fecisse  intellexero,  afFatim  mihi  gratulandum  putabo. 

Catenam  S.  Thomae  *  nondum  incepi,  tôt  namque 
difficukatibus  in  Bibliis  maximis  prosequendis  premor, 
ut,  nisi  adjutus,  alia  inchoare  non  possim. 

Ubi  vero  R.  D.  V.  jusserit,  quanta  nos  poterimus  di- 
ligentia  opus  aggrediemur  et,  Deo  favente,  prosequi 
sedulo  conabimur.  D°'  Deus  R™  D.  V.  nobis  diu  can- 
servare  dignetur.  Antverpiae. 

1.  François  Sonnius,  né  à  Zonhoven  dans  le  Limbourg,  devint 
évêque  de  Bois-le-duc  en  1566.  Quatre  ans  plus  tard,  il  tut  nommé 
à  Tévêché  nouvellement  créé  d'Anvers.  Il  mourut  en  1576. 

2.  Stanislas  Osius,  né  en  1504  à  Cracovie,  fut  successivement 
évêque  de  Culm  et  d'Ermeland.  Le  pape  le  nomma  son  légat  pour 
la  Pologne.  Il  assista  au  Concile  de  Trente  et  mourut  à  Capranica, 
près  de  Rome,  en  IS79' 

3.  S.  Thorfue  Aquinatis  Catem  aurea.  Antv.  Plantin,  1571,  in-fol. 


—  115  — 
212.  —  Plantin  à  Gilbert  d'Oignies.  • 

Le  22  febvrier. 
Au  R°*  Évesque  de  Tournay. 
Très  noble  et  R"«  S'. 

J'ay  receu  le  payement  des  livres  que  j'avois  par  cy- 
devant  envoyés  à  V.  R"*  S*®,  dont  je  la  remercie  très 
grandement,  Tadvertissant  que  Chronicon  Urspergensis 
ne  se  trouve  point  ici  à  vendre,  à  cause  qu'il  est  suspect. 
Mais  s'il  luy  plaist  me  commander  de  luy  en  faire 
aporter  de  Francfort,  je  le  feray  très  volontiers. 

Quant  à  l'Antiphonaire  nouveau,  je  m'employeray 
très  volontiers,  autant  que  mon  labeur  et  facultés  le 
pourront  porter,  et  que  j'y  seray  aidé,  à  y  servir  V.R™* 
S**  et  les  Esglises  qui  en  auront  besoing.  Et  l'ayant 
receu,  je  ne  faudray,  s'il  plaist  à  V.  R"*  S**,  me  trans- 
porter à  Malines,  vers  Monsg'  Malpas,  chantre  de 
l'esglise  dudict  lieu  et  maistre  d'hostel  du  très  illustre 
Cardinal  de  Granvelle,  pour  conférer  avec  luy  de  l'im- 
pression dudict  livre,  pour  ce  que  mondict  très  illustre 
Signeur  Cardinal  m'a  plusieurs  fois,  et  mesmes  par  ses 
lectres  du  2  de  janvier,  adverti  que  ledict  Signeur  Mal- 
pas  avoit  aporté  de  Rome  le  chant  convenable  audict 
Bréviaire,  à  l'usage  duquel  il  m'escrit  qu'il  est  fort 
excercité,  et  qu'en  tout  cela,  qui  concerne  telles  choses, 
il  me  pourra  fort  bien  et  luy  ordonne  de  m'assister  et 
aider.  Ce  que  ledict  Signeur  Malpas  m'a  plusieurs  fois 
rescrit  qu'il  sera  prest  de  faire,   quand  je  voudray  me 

I.  Gilbert  d*Oignies,  né,  vers  1520,  à  Tournai,  sacré  évéque  de 
la  même  ville  en  1565,  mort  le  2$  août  1574. 


I 

J 


—  n6  — 

transporter  vers  luy.  Monsîg'  le  Révérendissime  de 
Guendt  *  me  dist  aussi,  passé  quelques  mois,  qu'il  fai- 
soit  besongner  à  faire  escrire  ledict  chant  pour  son 
esglise,  qui  jà  en  usoit  et  seroit  prest  de  contribuer  à 
l'impression.  J'ay  faict  quelque  monstre  à  la  haste  des- 
dicts  charractères,  que  j'ay  prests,  laquelle  j'envoye  à 
V.  R°*®  Signeurie,  la  suppliant  me  faire  mander  ce  qu'elle 
y  désire,  afin  que,  cependant,  je  peusse,  à  peu  à  peu, 
donner  ordre  pour  estre  prest,  quand  besoing  seroit  d'y 
besongner  à  bon  escient. 

Cependant,  je  prie  Dieu  nous  vouloir  conserver  V. 
R««  S**  en  toute  heureuse  prospérité. 

D'Anvers. 


213.  —  Tlantin  à  André  Francquart. 

23  febvrier  1370. 

A  Monsigneur,  Monsieur  M.  André  Francquart, 
Vicaire  du  très  Illustre  et  R°*  de  Cambray. 

Il  me  desplaist  que  plustost  je  n'ay  peu  achever  les 
impressions  du  Diurnal  et  de  la  partie  hiémale  des  Bré- 
viaires de  Rome,  desquels  maintenant  j'envoye  ici  deux 
exemplaires  de  chaicun,  suppliant  V.  S.  vouloir  recevoir, 
de  chaicun,  l'un  en  bonne  part,  et  présenter  les  autres, 
avec  mes  très  humbles  recommandations  à  mon  très 
illustre  et  R"*  S*^  de  Cambray.  Et  me  ferés  ung  singulier 
plaisir. 

Nous  avons  imprimé  de  nouveau  Corpus  Canonicum, 

I.  Cornélius  Jansenius,  né  à  Hulst  en   1510,  mort  le  11  avril 
1576,  premier  évêque  de  Gand,  installé  en  1568. 


—  117  — 

texte  avec  annotations,  émendations  et  adjonctions  de 
ce  qui  par  çy-devant  a  tousjours  esté  désiré  entre  les 
[et  infra]  per  Antonium  Contium  Professorem  regium 
Biturig«. 

Conciones  Qiiadragesimales  Fr.  Jacobi  Veldii  Augus- 
tiniani  Brugensis.  ' 

Nonni  Dionysiaca  grsece. 

Commentaria  Caesaris  cum  fragmentis  et  notis  Fulvii 
Ursini,  dont  mon  très  illustre  et  R"*  S'  le  Cardinal  de 
Granvelle  m'avoit  envoyé  la  copie - 

De  Paris  nous  avons  receu  : 

Josephi  opéra,  latin  et  françoys. 

Demosthenis  opéra  grsece,  cum  notis  graecis. 

Qpadragesimale  Hecquetii. 

Explicationes  in  Genesim  D.  Capitis. 

La  continuation  de  la  Conférence  par  Despense. 

J'ay  sous  la  presse,  et  auray  bientost  achevé.  Dieu 
aidant,  Lactamius  emendatus  et  notis  illustratus  a  Mi* 
chaele  Thomasio  et  S.  Greg.  Nazianz.  Apologeticus  etc. 
desquels  mon  susdict  S' le  Cardinal  m'a  envoyé  de  Rome 
les  exemplaires. 

I .  Jac.  Veldii  Enarratio  paraphrastica  evangeliorum  qua  sacro  qua- 
dragesinue  tempore  populo  soient  proponi.    Anlv.    Plantin,  1570,  in-8o. 


8. 


—  ii8  — 

214.  —  Plantin  à  Max  Morillon. 

Le  23  febvrier  1570. 

A  M.  le  Provost  d'Aire. 

Que  j'estime  qu'il  a  receu  les  Bréviaires  envoyés  et 
que,  pour  n'avoir  eu  le  loisir,  je  ne  rescrivis  lors  à  son 
111,  S*®,  ce  que  je  fay  maintenant,  luy  envoyant  les 
feilles  etc. 

Or  ay  je  depuis  receu,  par  les  mains  du  Sig'  Contrô- 
leur Malpas,  un  pacquet  de  sadicte  S^®,  auquel  estoit  le 
cahier  ici  enclos,  avec  les  lectres  qu'il  a  pieu  à  son  111"* 
et  R°*  S*®  m'envoyer,  èsquelles  est  contenu  l'article 
suivant. 

Je  joindray  à  cestes  etc. 

Et  comme  je  désire,  ainsi  que  je  suis  obligé,  satisfaire, 
en  toute  diligence  et  de  tout  mon  pouvoir,  à  la  volonté 
de  son  Dl*  S**,  et  que,  sans  l'auctorité  de  V.  S.,  il 
pourroit  passer  quelques  jours  avant  que  je  peusse  obte- 
nir le  congé  d'imprimer  ledict  cahier,  je  supplie  à  icelle 
qu'il  luy  plaise  me  le  faire  consentir  par  Monsg^  le 
Chancelier,  afin  qu'au  plus  tost  je  le  puisse  imprimer,  et 
envoyer  le  nombre  demandé  par  son  111"*  S". 


—  119  — 
215-  —  Plantin  à  François  Sonnius. 

(Piantin  envoie  la  quittance  du  subside,  accordé  par  l'évèque  de 
Bois-le-Duc  à  Timprimeur,  pour  publier  la  Catena  5.  Thoma  in  qua- 
tuor Evaftgelia  revue  par  Antoine  de  Sienne.) 

25  febr.  1570. 

R"»°  D.  Episcopo  Buscoducensi. 

R"^  D.  V.  litteras,  Buscoducîs  20  hujus  datas,  acce- 
pi,  quibus  significat  promissum  mutuum  paratum  fore 
numerandum,  ubi  syngraphum  misero,  quod  nunc  facio. 
Poterit  îtaque  illud  mandate  numerari  D.  Petro  de 
Court,  secretario  cîvitatis  Buscoducensis,  cujus  uxor, 
quse  hic  est,  mihi  promisit  se  illico  dictum  mutuum 
remuneraturam. 

Ego  Christophorus  Plantinus,  typographus,  Antver- 
pias  habitans,  fateor  me,  in  favorem  impressionis  Ca- 
thenae  S.  Thomas  in  4  Evangelia  a  Fr.  Antonio  Senensi 
emendatae  a  me  faciendse,  accepisse  mutuo  a  K^°  in 
Christo  Pâtre  D.  Francisco  Sonnio  summam  trecento- 
rum  florenorum,  quam  ego  polliceor  me  redditurum  ab- 
hinc  duos  annos,  vel,  impresso  dicto  libro,  illi  vel  latori 
harum,  asquo  pretio,  daturum  in  solutionem,  quos  a 
me  petierit  libros,  in  mea  officina  extantes,  in  cujus  rei 
testimonum  hanc  propria  manu  scripsi  et  signo  manuali 
firmavi. 

25  februarii  anno  D»*  1569. 


—    120   — 

21 6.  —  Tlantin  à  Paul  Manuce. 

25  febvrier  1570. 
Au  S^  Paulo  Manutio. 

Je  crois  que,  pour  avoir  jà  respondu  et  satisfaict,  de 
poinct  en  poinct,  aux  lettres  de  V.  S.  du  12  de  décembre, 
la  mesme  response  suffiroit  aussi  pour  celles  du  24  de 
janvier,  que  m'a  délivrées  le  S*^  Nicolas  Signibaldi. 

Si  est  ce  que,  pour  mieux  déclarer  combien  V.  S. 
et  messieurs  les  députés  de  l'imprimerie  sont  mal  infor- 
més de  mon  faict,  touchant  l'envoy  des  Bréviaires  que 
j'imprime,  par  la  licence  de  V.  S.  S.,  je  leur  certifie 
de  rechef  que  je  n'en  ay  oncques  envoyé,ni  veux  envoyer, 
en  Espagne,  qu'à  la  requeste  de  Sa  Majesté,  quelque  4 
exemplaires  et  nuls  en  Portugal,  et  que  je  vends  tous 
ceux  que  j'imprime,  ici  en  ma  boutique  et  point  ailleurs, 
et  que  mesmes  je  n'en  ay  pas  voulu  envoyer  pour 
vendre  un  seul  exemplaire  en  ma  boutique  et  maison 
que  je  tiens  à  Paris,  et  que  mesme  j'ay  refusé  d'en 
vendre  quantité  à  quelques  bons  marchans  Portugais 
qui  m'en  ont  requis. 

Et  combien  que  je  ne  me  sens  aucunnement  obligé 
de  refuser  d'en  vendre  quelque  petit  nombre  à  ceux  qui 
les  voudroyent  achapter,  icy  en  ma  maison,  ni  avoir  la 
puissance  de  leur  défendre  de  les  transporter  où  bon 
leur  semble,  si  est  ce  que  je  m'asseure  bien  que  je  n'en 
ay  livré  à  personne,  grand  ni  petit  nombre,  qui  les  ait 
envoyés  èsdicts  p^'s  d'Espagne  ni  de  Portugal,  à  quoy 
je  congnois  que  le  rapport  faict  à  Vos  S.  S.  procède 
de  quelque  jalousie,  crainte,  soupson  ou  défiance  vaine. 

Au  reste,  croyés,  magnifique  S%    que  je  suis  entière- 


—    121    — 


ment  prest  à  faire  tout  service  à  Vos  S.  S.,  lesquelles 
je  prie  Dieu   nous  vouloir  conserver,   au   profict  de  la 
république  Chrestienne,  pour  laquelle  vos  labeurs  sont 
très  utiles  et  nécessaires. 
D'Anvers. 


217.  —  Tlantin  au  Cardinal  de  Granvelle, 

25  febvrîer  1570. 

Au  très  illustre  Cardinal  de  Granvelle. 

Continuation  du  18  dudict. 

J'ai  maintenant  receu  celles  de  V.  111"**  et  R"*  S**  du 
20  de  janvier,  pour  response  ausquelles,  je  suis  plus 
joyeux  que  mes  labeurs  luy  soyent  aggréables  es  livrets, 
qu'il  luy  plaist  me  faire  addresser,  que  de  quelque 
bonne  distribution  qui  en  puisse  suivre. 

J'envoye  procuration  à  Monsg*^  de  Goneville  pour,  en 
mon  nom,  pouvoir  accorder  et  contracter  avec  qui  que 
ce  soit  de  l'impression  du  Missel  et  de  tous  autres 
livres. 

J'ay  reçeu  le  cahier  de  Bonis  clericorum,  lequel  j'ai  en- 
voyé à  MonsgMe  Provost  d'Aire',  afin  que,  par  sa  faveur, 
je  puisse  d'autant  plus  tost  obtenir  le  congé  d'en  imprimer 
le  nombre  demandé  par  V.  Ill°*  et  R"*  S",  sans  lequel 
congé  il  ne  me  seroit  loysible  de  le  faire.  L'ayant  receu, 
je  feray  diligence  de  l'imprimer  et  délivrer  à  mondict 
S'  le  Provost  d'Aire  pour  le  luy  envoyer. 

Monsg'  le  docteur  Arias  Montanus  baise  les  mains 
de  V.  111"*  S**  et  désire  fort  que  les  corrections  com- 
mencées de  la  Bible  latine  peussent  tellement  s'advancer 
que,  de  bref,  elles  peussent  venir  en  lumière. 

I.  Max  Morillon. 


—    122   — 

21 8.  —  Tlantin  à  de  Goneville. 

25  febvrier  1570. 
A  Monsg'  de  Gone ville,  Auditeur,  etc. 

Depuis  avoir  escrit  la  présente,  j'ay  receu  celles  de 
V.  S.  du  24  du  passé,  du  premier  article  de  laquelle 
j'ay  respondu  en  cestes  touchant  Manutius. 

Je  remercie  V.  S.  de  l'advertissement  qu'il  luy  a 
pieu  me  donner  de  la  mauvaise  punctuation  faicte  par 
nous,  au  feillet  215  de  la  partie  d'hiver,  ce  que  j'émen- 
deray  incontinent,  ainsi  que  le  livret,  intitulé  Ordo 
legendi  ',  à  l'exemple  duquel,  j'en  désirerois  bien  avoir 
pour  l'année  suivante  et  autres,  qui  peussent  estre 
seurs  et  propres,  pour  ceux  qui  n'ont  le  moyen  de  bien 
estudier  et  retenir  les  règles  générales,  et  ne  me  fau- 
,drois  d'en  envoyer  par  delà  tel  nombre  qu'il  suflSroit 
pour  donner  aux  amis  de  V.  S. 

J'envoye  ici  la  procuration  à  V.  S.  pour  accorder  et 
contracter  de  l'impression  du  Missel  et  de  tous  autres 
livres. 


219.  —  Gilles  Beys  à  Vlantin. 

1 570,  le  28*  febvrier. 

Très  honoré.  Toutes  humbles  recommandations  pré- 
mises, soyez  adverty  que  j'ay  receu  les  vostres  du  11*, 
i6«  et  18*  du  présent,  avec   la  provision  envoyée,  tant 

I .  Ordo  ïe^endi  divinum  officium,  juxta  BreviaHum  %pmanum  ex 
décréta  Conciîii  Tridentini  restiiutum,  (Index  librorura  quae  Antverpise 
in  officina  Qiristophori  Plantini  excusi  sunt,  1575). 


—    123   — 

par  Julian,  Gabriel,  Gilles,  Estienne,  que  Jacques  Goet- 
hals  messagiers.  J'espère  qu'aurez  receu  mes  dernières 
envoyées  par  petit  Jan,  et  par  icelles  entendu  ce  qu'a- 
vons receu  icy  de  divers  par  vostre  compte,  à  sçavoir 
de  Mons'  de  Rivau,  le  i8*  febvrier,  550  ft  i6  s.,  de 
Pierre  Gassan,  pour  payer  les  livres  en  grec,  100  ft  tour- 
nois, de  Françoys  Stipont,  le  23*  febvrier,  100  ft  tour- 
nois, pour  faire  délivrer  à  Mons'  de  la  Rosière,  en  Alle- 
magne, et  paravani,  le  11*  de  janvier,  de  vostre  frère  ', 
pour  dix  doubles  ducats  qu'il  m'a  baillé,  lesquels  luy 
aviez  envoyé,  passé  quelques  mois,  qui  valent  60  ft,  et 
puis  de  Jacques  Dupuis,  le  30  de  janvier,  130  ft  tour- 
nois, ce  que  metterez  ainsy  en  compte,  s'il  vous  plaist, 
avec  ce  que  j'ay  payé  icy  pour  vous,  comme  s'ensuict.  A 
mons.  Charpentier,  le  28  janvier,  6  escus  soleil,  qui 
valent  16  ft  4  s.  A  mons.  Vergetius  Graecus,  pour  di- 
vers livres  grecs,  le  4"*  febvrier,  100  ft  16  s.  A  Carel, 
le  25*  janvier,  13*  et  23*  de  febvrier,  581  ft  tournois. 
A  Merlin,  le  23  febvrier,  503  ft,  pour  marchandise  de 
papier  et  livres  eus  de  luy,  le  30*  juillet  i569.Puis  ay  je 
payé  encores  audict  Merlin,  pour  neuf  rames  de  papier 
au  raisin,  et  deux  Bernardus  fo.  eus  de  luy,  le  14*  oc- 
tober  1369,  et  pour  ung  Bréviaire  Romain,  16°,  des 
vostres  1561,  la  somme  de  51  ft  12  s.;  ce  que  je  vous 
ay  mis  en  compte,  le  14*  et  24*  octobre^  pourquoy  ne 
le  metterez  derechef  en  compte. 

Je  n'ay  sceu  mettre  la  portugaloise  à  plus  hault  que 
27  ft  tournois,  pour  ce  qu  elle  estoit  trop  légière.  J'ay 
encores  la  pièce  d'ung  deux  tiers  d'ung  double  ducat  et 
quelque  4  ou  5  escus  soleil  ;  si  je  ne  puis  mettre,  je  les 
vous  renvoyeray. 

I.  Pierre  Porret. 


—   124  — 

Je  suis  bien  marri  que  je  vous  aye  envoyé  aultre  pa- 
pier que  de  la  marcque  mesmes  que  m'aviez  envoyée.  Si 
vous  m'eussiez  mandé  :  «  ne  m'en  envoyez  pas  d'aultre, 
sinon  de  la  marcque  que  je  vous  envoyé,  »  je  ne  vous 
l'eusse  pas  envoyé,  mais  vous  m'avez  seuUement  mandé  : 
«  je  vous  envoyé-  icy  une  demye  feuUe,  pour  monstre  de 
papier,  dont  je  vouldrois  bien  avoir,  le  plustost  qu'il 
seroit  possible,  quelque  40  ou  30  rames,  pourveu  qu'il 
ne  me  revînt,  rendu  icy,  à  plus  de  2  fl.  la  rame,»  et  ne 
sçavoye  je  pas  que  c'estoit  pour  envoyer  en  Hespagne. 
Mais,  comment  que  ce  soit,  j'eusse  mieulx  faict  de  vous 
en  avoir  adverty  et  envoyé  une  feuille  (devant  que  de 
vous  envoyer  ledict  papier)  pour  monstre,  car  il  advient 
soubvent  que  lorsqu'on  pense  bien  faire,  on  faict  mal, 
en  jugeant  aultrement  des  choses  qu'il  n'est,  ou  qu'on 
pense  qu'il  soit.  Ung  aultre  fois  nous  serions  mieulx 
ad  visé,  si  plaist  à  Dieu. 

Je  suis  après  pour  compter  avec  tous  et  ay  desjà  compté 
avec  plusieurs  comme  Sonnius,  Pierre  Lhuilier,  Chau- 
dière, Rielle  et  aultres.  Et  avois  tousjours  délibéré  de 
faire  l'inventaire  de  toutes  choses,  devant  que  partir, 
comme  aussy  m'advertissez  de  faire,  ce  que  je  ne  faul- 
dray  de  faire,  et  du  tout  serez  adverty. 

Les  petits  cahiers  en  livrets  que  me  prestastes  en  par- 
tant de  là,  je  ne  les  ay  plus,  car  au  commencement  des 
troubles,  il  y  aura  ceste  esté  trois  ans,  je  les  déchiré, 
pour  cause  dont  j'estois  bien  marry  toutesfois.  Vostre 
frère  en  a  des  mesmes  et  d'aulires  avec.Pourquoy,  il  me 
semble  qu'il  n'y  a  pas  grande  pêne  et  qu'il  n'est  pas  de 
besoin  de  luy  bailler  ce  qu'il  a. 

Quant  au  Démosthènes,  dont  je  vous  en  ay  envoyé 
36,  Sonnius  m'a  dict  qu'il  vous  les  baillera  pour  3  ft  IS 


—   I2S    — 

S.  pièce,  à  payer  dans  six  mois,  qui  est  le  meilleur  mar- 
ché qu'il  vous  pourroit  faire,  ce  dict  il,  car  il  les  vend 
icy  5  ft  tournois^  en  argent  comptant,  et  rien  moins, 
et  en  change  5  ft  to  solz.  Pourquoy  advisez  ce  que  vous 
aimez  raieulx  faire.  Il  se  offre  à  vous  faire  tout  ainsy 
comme  vouldrez,  et  comme  luy  vouldriez  faire.  Les 
Âdagia  Erasmi  ne  seront  encores  faicts  de  long  temps, 
mais  incontinent  qu'ils  seront  faicts,  il  vous  en  baillera 
tant  que  vouldrez  en  change  ou  en  argent,  au  plus  rai- 
sonnable prix  qu'il  luy  sera  possible,  comme  luy  pour- 
riez ou  vouldriez  faire. 

Je  vous  envoyé  ung  exemplaire  des  1 2  prophètes  pe- 
tits en  chaldèen,  de  la  punctuation  de  Mons.  Mercier, 
et  couste  6  s.  Par  le  primier,  je  vous  en  envoyeray  en- 
cores 2  aultres. 

Qpant  vous  m'envoyerez  quelques  livres  nouveaux, 
envoyez  moy  tousjours  des  affiges  et  commencements, 
pour  affiger,  car  cela  faict  bien  vendre  les  livres  davan- 
tage. Il  n'est  pas  de  besoin  de  nous  envoyer  de  la  pro- 
vision davantage,  devant  quatre  mois,  car  nous  ne  deb- 
vons  plus  rien  à  personne,  devant  ce  temps-là  ;  mais 
lors,  nous  fauldra,  pour  le  moins,  plus  de  trois  mille  Ifc 
tournois. 

J'ay  eu  une  paire  des  souliers  qu'aviez  envoyé  à  vos- 
tre  frère,  et  luy  il  a  retenu  l'autre.  Je  vous  la  payeray 
et  en  tiendray  compte.  Sonnius  me  vient  de  dire  main- 
tenant qu'il  vous  baillera  les  Démosthènes  pour  trois 
Ifc  10  s.  tournois,  à  payer,  la  mojnié,  en  argent  comptant, 
et  l'autre  moytié,  dans  six  mois,  pourveu  que  luy  veuil- 
liez  faire  le  semblable.  Pourquoy,  advisés  moy  ce  que 
vous  plaid  que  j'accorde  avec  ledict  Sonnius,  et,  si  vous 
plaist  d'avoir  davantage  desdictz  Démosthènes,  car  j'en 


—   126  — 

ay  encores  14  qui  me  sont  demeurez  des  50  prins  de 
luy,  aultrement  ne  les  luy  pourrois  vendre,  et,  quant 
aux  Adages  d'Érasme,  il  m'a  dict  avoir  parlé  au  Sire 
Nicolas  Chesneau,  qui  les  imprime  avec  luy,  et  sont 
bien  d'avis  de  vous  en  bailler  50,  du  cent,  ou  davantage, 
incontinent  qu'ils  seront  achevés  (qui  pourra  estre, selon 
leur  compte,  environ  la  S.  Rhémy),  au  plus  juste  et  rai- 
sonnable pris  que  leur  sera  possibl',  à  Targent  ou  en 
change,  comme  aimerez  mieulx. 

J'espère  vous  envoyer,  par  le  primier  voicturier,  deux 
ou  trois  balles  de  papier  grand  bastard,  avec  ce  que  j'au- 
ray  sceu  trouver  de  vos  mémoires  et  de  ce  qu'il  y  aura 
de  nouveau. 

Cependant  je  prieray  Dieu  estre  vostre  garde,  me  re- 
commandant très  affectueusement  à  vostre  bonne  grâce 
et  à  celle  de  tous  ceulx  de  la  maison.  De  Paris,  le  pri- 
mier de  mars  1370  par 

Le  tout  vostre  très  humble  serviteur. 

Gilles  Beys. 

Vous  avez  icy  dedans  lectres  de  Jan  Desseran  que  jay 
receu  hier  de  Londres,  et  autres  de  Mons.  Bernardo  et 
Frémy.  Vous  pourrez  veoir  ce  qu'ils  vous  mandent  et 
m'en  advertir  de  ce  que  sera  besoin  de  faire. 


220.  —  Tlantin  à  Fulvius  Ursinus. 

Le  2  mars  1570. 
Au  S'  Fulvio  Ursino. 

J'espère  que  V.  M.  S**  aura,  par  expérience,  veu  l'ef- 
fect  de  ce  que  j'avois  promis  par  mes  lectres  escrittes 


—   127  — 

au  S'  Lypsius,  touchant  Timpression  du  Cassar,  duquel 
j'ay,  du  25  du  passé,  envoyé  les  dernières  feilles,  avec 
un  exemplaire  entier,  et  maintenant  j'en  envoyé  enco- 
res  deux  exemplaires  et  en  envoyeray  autant  et  comme  il 
plaira  à  V.  S.  me  l'ordonner. 

Je  tiens  aussi  que  V.  S.  aura,  passé  jà  quelques 
deux  semaines,  receu  le  Bréviaire  qu'icelle  m'avoit  de- 
mandé par  ses  lectres,  suivant  lesquelles  j'attendray  il 
Longo  Grseco  con  l'Achille  Statio  dell'  amore  de  Leu- 
cippo  et  Clitophonte  con  la  tradutione  di  esso  Longo 
del  S*^  Gambara,  dedicata  al  patron  de  tuttc  le  scientie 
e  de  tutti  huomini  virtuosi,  mon  Signeur  le  très  illustre 
Cardinal  de  Granvelle,  mon  Signeur  et  maistre. 

Le  S'  Motellus,  ayant  entendu  que  V.  S  me  portoit 
bonne  affection  et  faveur,  et  qu'icelle  avoit  en  son  pou- 
voir les  œuvres  de  feu  de  bonne  mémoire  le  père 
Onufrio,  desquelles  mon  très  illustre  Sig'  et  patron  le 
Cardinal  de  Granvelle  m'avoit,  autresfois,  envoyé  les  ar- 
guments et  donné  espoir  de  les  imprimer,  m'a,  entre 
autres  choses,  rescrit  ces  mots  :  Qpîd  de  Onuphrii 
lucubrationibus  tecum  Fulvius,  qui  eas  Romae  habet,  ege- 
rit,scire  velim.Et  quoniam  Onuphrius,dum  viveret,mihi 
pollicitus  est  se  mihi  descripturum  notatas  a  se  varias 
solis  ac  lunae  Eclipses,  quse  praesertim  ante  Christum 
acciderunt  temporibus,  diligentius  excudendis ,  amabo 
te  Fulvium  urgeas.  ut  eas  tibi  mittat.  Erunt  paucissima 
omnino  folia,  quibus  tamen  et  Mercator  in  suis  Chronicis 
et  ego  aliis  in  rébus  valde  juvari  possumus.  Si  forte 
aliquas  ille  Salmanassare  antiquiores  invenit  et  rursum 
partui  Christi  proximiores  aliquot  addidit,  nam  re- 
liquis  non  ica  habemus  opus.  Tu,  mi  Plantine,  tibi 
persuade  gratissimum  te  mihi   facturum,  et  me,  si  qua 


—    128  — 

in  re  tibi  utilis  esse  potero,  non  ingratus  fore.  Par- 
quoi,  je  supplie  V.  S.  de  nous  faire  en  ceci  telle  faveur 
qu^ii  luy  semblera  propre  à  son  honneur  et  utile  à  la 
république,  pour  laquelle  nous  désirons  employer  tout 
ce  qui  est  en  notre  pouvoir. 

Et  sur  ce,  me  recommandant  à  la  bonne  grâce  de  V.S., 
je  prie  Dieu  la  faire  prospérer. 

D'Anvers. 


22 1 .  —  Tlantin  à  T.  Vaillant  de  Guellis. 

A  Monsigneur  Monsieur  de  Pimpont,  Conseiller  du  Roy, 

nostre  sire  etc. 

G.  Vaillant  de  Guellis. 

Je  ne  sçaurois  vous  rendre  assés  de  grâces,  Monsigneur 
très  honoré,  de  la  faveur  qu'il  vous  plaist  de  m'envoyer 
et  commettre  vostre  livre  '  comme  vostre,  et  à  bon 
droict,  propre  et  cher  fils,  duquel  j'espère  prendre  tel 
soing  et  cure  qu'il  sortira  tel,  si  non  que  le  père  et  luy 
le  mériteroyent,  au  moins  non  plus  mal  en  ordre,  ni 
moins  aggréable  qu'autres  sortis  de  nostre  boutique.  En 
quoy,  très  volontiers,  je  suivray  totallement  vostre  ordon- 
nance et  volonté  de  vos  amis,  par  l'advis  et  conseil  de 
nostre  amy  Thorins,  vers  lequel  aussi  je  ne  veux  estre 
veu  ingrat  de  son  labeur. 

Il  m'ennu5^e  cependant  que  je  ne  voy  et  reçoy  ce 
vostre  cher  enfant,  et  ce  d'autant  plus  que  je  suis  quasi 

I.  Le  livre  dont  il  s*agit  est  :  7.  Firgilius  ^aro^  et  in  mm  commen- 
tatùmeSy  et  paralipomena  Germant  Falentis  Guellii  pp.  Ejusdem  Virgiîii 
AppendiXf  cum  Josephi  Scaïigeri  commentariis  et  castigatUmUnu,  >^tv. 
Plantin,  1575,  in-folio. 


—   129   — 

hors  d'espoir  de  luy  faire  le  devoir,  avant  mon  parte- 
ment  pour  aler  à  Francfort,  vers  où  nous  espérons  partir 
après  demain.  Durant  lequel  temps,  ce  nonobstant,  j'ay 
ordonné  qu'il  soit  très  bien  receu  et  gardé  songneuse- 
ment  jusques  à  mon  retour,  qui  sera.  Dieu  aidant,  la 
semaine  prochaine  d'après  Pasques. 

Et  sur  tel  gage  et  fondement  d'amitié  éternelle  que  je 
reçoy  de  vostrc  faveur,  je  me  dédie  à  vous  faire  très 
humble  service,  lequel  je  désire  ung  jour  vous  pouvoir 
estre  aggréable,  d'aussi  bon  cueur  que  je  me  recom- 
mande très  humblement  à  vostre  bonne  grâce,  priant 
Dieu  vous  maintenir  en  la  sienne. 

D'Anvers  etc. 

Thorins  escrit  : 

La  copie  contient  541  pages  et  maints  petits  papiers 
insérés  ;  la  table  est  de  3  alphabets  parfaicts,  un  latin, 
deux  grecs,  et  lé  pièces  contenants  les  [unes  ?]  deux, 
les  autres  4  pagelles. 

Il  y  faut  adjouxter  la  plus  grande  part  de  ma  table  sur 
le  texte  de  Virgile.  Toute  lectre  Rommaine,  tant  le  texte 
que  les  commentaires  in-folio,  pages  entières,  comme  le 
Virgile  cum  commentariis  Servii,  faict  par  Robert  Etienne, 
1532,  et  le  tout  ensemble,  sans  diviser  les  Bucoliques  ni 
Géorgiques  de  l'Enéide.  Et  d'envoyer  espreuve  incon- 
tinent. 


—  130  — 

222.  "—  Gilles  Beys  à  Jean  Maretus. 

1570,  le  8*  mars. 

Frère  et  amy  Jehan.  Toutes  humbles  recommanda- 
tions prémisesy  soyez  adverty  que  je  me  porte  fort  bien, 
Dieu  mercy,  espérant  le  semblable  de  vous  et  de  tous 
les  amys  de  par  deçà.  J*ay  receu  la  lectre  de  nostre 
maistre,  du  primier  de  mars,  avec  les  incluses  pour 
divers,  lesquelles  j'ay  délivrées  toutes,  fors  que  celle 
de  Mons.  Pimpontius  Conseillier  etc.  à  la  cour  de  par- 
lement, et  ce  su3rvant  l'advis  et  conseil  de  Mons.  Tho- 
rins,  lequel  craignant  que  nostredict  maistre  ne  mandict 
au  susdict  Mons.  de  Pimpont  (par  la  lectre  qu'il  m'a 
envoyée  pour  luy  bailler),  comment  il  n'avoit  pas 
encores  receu  la  copie  de  son  Virgile,  laquelle  il  m'a 
baillée  pour  la  vous  envoyer,  passé  trois  sepmaines,  et 
ne  Tay  encores  envoyée,  faulte  de  voicturiers,  et  avons 
tous)ours  faict  acroire  audict  S'  de  Pimpont  vous  l'avoir 
envoyée,  qui  est  la  cause  que  nous  n'avons  pas  trouvé 
bon  de  luy  bailler  les  lectres  de  nostre  maistre. 

J'espère  vous  envoyer  ladicte  copie,  par  le  premier 
voiturier  qui  partira  de  ceste  ville,  pour  l'avoir  par  delà, 
devant  le  retour  de  nostre  maistre  de  Francfort,  et  lors 
nostredict  maistre  luy  pourra  escrire  ung  petit  mot, 
comme  si  vous  eussiez  reçeu  ladicte  copie,  incontinent 
après  son  département  de  Anvers  pour  Francfort,  car 
aultrement  ledict  Seigneur  s'en  pourroit  fascher  et  accu- 
ser Mons.  Thorins  et  moy  de  négligence  etc. 

Cecy  vous  est  seulement  pour  advis.  Nostre  maistre 
m'a  mandé  aussy,  par  la  sienne  susdicte,  qu'il  vouldroit 
bien  avoir  quelques  40  ou  50  rames  de  papier  réal  de 
Troye,  tel  comme  il  imprime  la  Bible  en  4  langues.  J'ay 


—  131  — 

esté  hier  par  toute  la  ville  de  Paris,  mais  il  n'y  en  a  pas 
maintenant.  Le  Sire  Cosme  Carel  m'a  dict  qu'il  en  es- 
père de  recevoir  demain  ou  après  demain.  Incontinent 
qu'il  y  en  aura  en  ceste  ville,  ne  fauldray  à  le  vous  en- 
voyer, par  le  primier,  moyennant  que  je  le  puisse  avoir 
pour  3  fl.  12  pats.,  la  rame,  comme  mon  maistre  me 
mande  Tavoir  en  Anvers  de  Mons.  Langaigne,  ou  bien 
peu  davantage. 

Je  suis  marry  que  je  ne  vous  puis  envoyer  le  papier 
grand  bastard,  faulte  que  la  voicture  est  trop  chère,  qui 
est  maintenant  à  55  s.  et  60  s.  tournois,  le  cent,  qui 
est  trop  pour  de  papier.  Incontinent  que  la  voicture 
sera  à  meilleur  marché,  ne  fauldray  à  le  vous  envoyer, 
ou  bien,  si  vous  en  avez  nécessairement  affaire,  mandés- 
moy  que  je  le  vous  envoyé,  à  quelque  pris  que  ce  soit, 
et  n'y  feray  faulte. 

J'espère  qu'avez  assez  entendu  par  mes  précédentes  les 
payements  que  j'ay  faict  par  deçà  et  ce  que  j'ay  receu  de 
vous  et  d'aultres  par  vostre  compte  etc.  Ce  que  je  vous 
envoyé  encores  de  rechef  pour  le  mettre  en  compte,  si 
desjà  ne  l'avez  faict  le  tout,  comme  est  spécifié  en  ce 
petit  billet.  Cependant,  je  prieray  le  Créateur  vous  don 
ner  la  sienne,  me  recommandant  très  affectueusement 
à  vostre  bonne  grâce,  sans  oublier  tous  ceuk  de  la  mai- 
son de  Paris. 

Le  susdict,  Paris. 


—  132  — 

223.  —  Gilles  Beys  à  Jean  Maretus. 

Frère  et  amy  Johan.  Toutes  humbles  recommandations 
prémises,  j*ay  receu  les  vostres  du  3*  et  4*  du  présent. 
Pour  responce  auxquelles,  serez  adverty  que  j'ay  receu 
les  livres  qu'avez  mis  dedans  les  coflFres  de  Gassan,  pour 
moy,  le  tout  suyvant  vostre  mémoire,  sinon  que  j'ay 
trouvé  51  Gramm.  Heb.  Isaaçi,  4®,  où  n'en  mettez  que 
50,  et  loi  Commentaria  Caesaris  8°,  pour  100.  Pourquoy 
ndjouterez  à  chascung  ung  davantage,  s'il  vous  plaist. 
J'ay  aussy  receu  le  cofire  de  Mons.  Van  de  Werve  bien 
condidonné,  et  en  ay  retiré  le  port,  suyvant  la  lectre  de 
voicture  etc. 

Quant  est  du  jeune  homme  qui  debvoit  venir  par 
deçà  pour  m'aider,  je  vous  en  ay  escript  par  mes  der- 
nières envoyées  par  Hans  le  messagier,  comment  il  me 
suSiroit  d'avoir  ung  garson  de  12,  15  ou  16  ans  etc. 
Toutefois  cela  ne  vous  est  que  pour  advis,  tout  ce  que 
le  maistre  en  fera  sera  bien  faict  et  agréable.  Je  ne  ay 
sceu  trouver  de  papier  réal  de  Troye,  tel  que  nostre 
maistre  et  vous  m'avez  demandé  pour  la  Bible,  sinon 
six  rames  de  chez  le  Sire  Guillaume  Le  Bé,  à  4  ]t  15  s. 
tz.,  la  rame.  Le  Sire  Cosme  Carel  et  Merlin  m'avoyent 
toujours  asseuré  d'en  recevoir  dedans  un  jour  ou  deux, 
ce  qu'ils  n'ont  faict  nullement,  mais  ils  en  ont  bien 
receu  d'aultre  et  du  gros  bon,  mais  point  du  fin.  Pour- 
quoy, je  ne  vous  en  ay  sceu  envoyer  da^'antage  que  six 
rames,  lesquelles  je  vous  envoyé  dedans  une  balle  n°  18 
signée  de  nostre  marcque,  dedans  laquelle  y  a  diverses 
besonges  pour  divers,  le  tout  suyvant  la  facture  que  je 
vous  envoyé  icy  inclose. 

Incontinent  qu'aurez  receu  ladicte    balle,  je  vous  prie 


—  ^33  — 

d'envoyer  par  le  primier,  et  le  plustost  que  pourrez,  la 
malle  qu'y  est  inclose  à  Mons.  Parent,  avocat  en  parle- 
ment à  Paris,  estant  de  présent  à  Cologne,  avec  ceste 
lectre  icy  enclose,  car  elle  nous  est  fort  recommandée. 
J'ay  esté  contrainct  de  vous  envoyer  ladicte  balle,  com- 
bien que  la  voicture  est  fort  chère,  à  cause  de  la  caisse 
qui  y  est  dedans,  par  l'advis  de  M*  Pierre  Porret,  et 
aussi  pour  vous  faire  tenir  les  six  rames  de  papier  réal, 
combien  que  c'est  bien  peu  que  six  rames,  encores  ser- 
viront ils  tant  qu'ils  pourront  en  ung  besoing,  en  atten- 
dant que  l'autre  pourra  venir. 

J'ay  receu  aussy  les  passements  que  mon  maistre  m'a 
envoyé  dedans  les  coffres  de  Gassan,  qui  montent  en 
tout  deux  centz  vingt  ft  tournois.  Je  vous  prie  de  m'en- 
voyer,  par  le  primier,  les  livres  demandés  par  mes  pré- 
cédentes, et  délivrez  les  incluses  à  qui  elles  s'adressent, 
et  me. ferez  plaisir. 

Me  recommendant  très  humblement  à  vostre  bonne 
grâce  et  à  tous  ceulx  de  la  maison. 

De  Paris,  ce  19*  mars  1370  par 

Le  tout  vostre  à  commandement  et 
comme  frère  amy 

Gilles  Beys. 


—  '34  — 
224.  —  Plahtin  à  Gilbert  d'Oignies. 

Au  R"*  Évesque  de  Toumay. 

Très  noble  et  R°«  S^ 

Le  présent  porteur  m'ayant  faict  ceste  faveur  et  honneur 
de  me  venir  visiter,  j'ay,  entre  autres  propos,  entendu 
de  luy  que  V.  R"*  S'*  avoit  entendu,  par  mes  lectres  pré- 
cédentes, que  je  luy  promectois  envoyer  le  chant  des 
Respons  et  Antiennes  à  l'usage  de  Rome,  aportées  par 
Monsg""  Malpas,  maistre  d'hostel  de  très  Illustre  et  Ré- 
vérendiss.  Cardinal  de  Granvelle  et  chantre  de  S*  Rom- 
baut  à  Malines,  pour  le  faire  conférer  avec  celuy  qu'il 
luy  avoit  pieu  me  mander  avoir  faict  escrire.  Parquoy, 
j'ay  prins  la  hardiesse  de  luy  faire  entendre,  par  la  pré- 
sente, que  ledict  S'  Malpas  ne  m'a  encores  rien  délivré 
et  s'attcndoit  de  conférer  son  exemplaire  avec  celuy  de 
V.  R°*  S^*,  à  laquelle,  s'il  plaisi  autrement  me  l'ordonner, 
je  suivray  son  commandement  à  mon  pouvoir  et  adver- 
tiray  ledict  S""  Malpas  de  la  volonté  d'icelle. 

Cependant,  je  luy  supplie  très  humblement  de  recevoir 
de  bonne  part  ce  catalogue  des  livres  nouveaux  de  ceste 
dernière  de  Francfort,  avec  l'entier  de  ceux  qui  sont 
jusques  à  présent  sortis  de  nostre  imprimerie  que  je  luy 
envoyé.'  Et  je  prieray  Dieu  qu'au  profict  de  son  peuple 
il  luy  plaise.... 

I.  Index  Ubrorum  qui   Antverpia  in  officina  Christophori  Tlantiui 
excusi  sunt,  Antv.  Plantin,  1568,  in-8. 


—  ns  — 

225.  —  Plantin  à  Max  Morillon. 

Le  ij  avril  1570. 

A  Monsg"^  Mons'  Morillon. 

Retourné  de  Francfort  en  santé,  grâces  à  Dieu,  j*ay 
trouvé  lectres  de  mon  très  Illustre  et  R"*  S^  le  Cardinal, 
par  lesquelles  il  m'ordonne  de  lui  envoyer,  à  chaiscune 
fois,  les  feilles  que  j*auray  imprimées  de  Lactance.  Et 
pourtant,  je  supplie  V.  S.  de  luy  addresser  celles-icy, 
que  maintenant  j'ay  trouvées  faictes,  et  me  faire  advertir 
de  ce  que  je  doibs  attendre  ou  respondre  touchant  le  li- 
vret de  Bonis  clericorum,  dont,  avant  mon  partement 
pour  Francfort,  j'ay  envoyé  la  copie  à  V.  S.,  afin  d'a- 
voir le  consent  d'en  imprimer  quelque  cinquante,  pour 
les  envoyer  à  son  lUustriss.  et  R"*  S**,  à  laquelle  cepen- 
dant je  diffère  de  rescrire,  jusques  à  ce  que  je  sache  que 
luy  respondre  de  ce  poinct. 


226.  —  Tlantin  à  Max  Morillon. 

Le  3  may  1570. 

A  Mons"^  le  Provost  d'Aire. 

A  mon  retour  de  Louvain,  ayant  entendu  que  V.  S. 
a  voit  esté  en  ceste  ville  et  m'avoit  fait  demander,  j'ay 
esté  fort  triste  d'avoir  ainsi  perdu  le  moyen  de  luy  faire 
la  révérence,  et  entendre  d'icelle  ce  que  je  devois  res- 
pondre à  son  Ill"«  et  R"«  S**,  touchant  l'impression  ou 
suppression  du  livret  de  Bonis  clericorum,  dont  aussi, 


—  13.6  — 

estant  retourné  de  Francfort,  j'en  escrivi  à  V.  S.  et 
envoyay  les  feilles  imprimées  du  Lactance,  duquel 
j'envoye  encores  ici  deux  feilles. 

Estant  à  Louvain,  Monsg""  N.  M.  Thomas  Gozasus  ', 
m'ayant,  de  sa  grâce,  invité  à  souper,  me  communica  le 
vouloir  qu'il  a  de  s'occuper  de  la  répurgation  des  œu- 
vres des  saints  docteurs  de  l'Église,  pourveu  que  je 
voulusse  entreprendre  de  les  imprimer,  ce  que  je  luy 
promis  de  faire  très  volontiers,  pourveu  qu'il  pleust  à 
Dieu  me  donner  la  grâce  d'avoir  premièrement  achevé 
l'œuvre  des  grandes  Bibles  qui  me  poise  tellement  que, 
non  seulement,  je  ne  puis  entreprendre  autre  chose 
d'importance,  mais  aussi  m'oste  le  moyen  de  pouvoir 
entretenir  mes  petites  sortes  ordinaires,  dont  me  souloit 
procéder  l'entretien  de  ma  maison.  Sur  quoy,  nous  ad- 
visâmes  qu'il  seroit  utile  de  besongner  cependant  à  la- 
dicte  répurgation  desdicts  docteurs.  Et  pourtant  m'a  il 
depuis  rescrit  l'incluse  pour  en  communiquer  avec  V.  S. 
qu'il  pensoit  se  retrouver  en  ceste  ville  d'Anvers.  Par- 
quoy,  je  la  supplie  de  luy  en  respondre  ou  à  moy  ce 
qu'elle  trouvera  bon  de  faire  pour  Tutilité  du  public  qui 
à  jamais  en  sera  tenu  à  vous,  etc. 

I.  Thomas  Gozaeus,  professeur  de  théologie  à  Louvain.  Il  avait 
réuni  plus  de  deux  cents  manuscrits  et  s'était  adjoint  un  grand  nom- 
bre de  théologiens  pour  collationner  ces  textes,  en  vue  de  l'édition 
des  pères  de  l'église,  à  publier  par  Plantin.  Malheureusement,  il  mou- 
rut le  8  mars  1571,  au  moment  où  il  vdnait  de  répartir  le  travail 
entre  ses  collaborateurs. 


—  137  — 
227-  —  Plantin  à  Gilbert  d'Oignies, 

Le  6  may  (1570). 

A  Monsg""  d'Ongnies,  Évesqiie  de  Tournay. 

Très  noble  et  R"*  S'. 

C'est  à  moy  de  remercier  très  humblement  vostre 
très  noble  et  R"*  S**  de  ce  qu'il  luy  plaist  me  faire  ce 
bien  de  recevoir  favorablement  le  très  petit  présent  de 
la  partie  hiémale  du  Bréviaire  de  Rome,  duquel  cejour- 
d'huy  j'ay  premièrement  achevé  la  partie  d'esté,  que 
j'espère  faire  relier  la  semaine  prochaîne,  et  la  luy 
envoyer  par  le  premier  messager  qui  partira  en  après. 
Et  quant  il  plaira  à  V.  R"*  S**  envoyer  l'Antiphonaire, 
je  le  recevray  comme  de  sa  main. 

Ce  pendant  je  luy  envoyé  les  livres  suivants  : 
Practica  Caméras  fl  :  i  pat.      2 

De  residentia  Episcoporum  fl  —  pat.    13 

De  reditibus  Ecclesiasticis  fl  —  pat.    18 

2—15 

Q.uant  aux  livres  intitulés  Seditio  rusticorum,  ayant 
esté  trouvés  suspects,  je  les  fay  délivrer  à  nostre  curé 
pour  les  garder  jusques  à  ce  qu'on  les  puisse  renvoyer 
à  Francfort. 

Au  reste,  suppliant  très  humblement  estre  tenu  de 
V.  R™*  S*"  pour  son  très  humble  serviteur,  je  prie  Dieu 
qu'il  luy  plaise  la  nous  conserver  en  toute  prospérité, 
etc. 


-  138- 

228.  —  Tlanttn  à  Paul  !\Canuce. 

Le  13  may  1570. 
  Paullo  Manutio. 

■ 

Très  magnifique  S^ 

J'ay,  par  les  vostres  du  18  de  mars,  entendu  le  con- 
tentement qu'avés  eu  des  cent  escus  d'or,  en  or  receus 
pour  la  disme  des  Bréviaires,  par  moy  imprimés  jusques 
à  26  de  novembre  passé,  et  aussi  par  celles  de  Tonziesme 
avril,  Tasseurance  qu'avés  en  ma  parole  de  ne  vouloir 
contrevenir  à  nostre  accord,  dont  je  suis  fort  satisfaict 
et  vous  asseure  de  rechef  que  je  veux  vivre  sincèrement 
et  tenir  le  droict  d'amytié  et  bon  compte  avec  ung 
chaicun. 

Et  pourtant  soyés  acertené  que  je  n'ay  pas  achevé  le 
Bréviaire  en  deux  tomes  jusques  au  10  du  présent, 
asçavoir  le  dernier  qui  est  de  la  partie  aestivale,  mais 
bien  ay  je,  de  long  temps,  achevé  celuy  d'hiver,  lequel 
se  peut  estre  veu  en  Rome,  mais  non  pas  Tautre.  A 
quoy  V.  S.  peut  veoir  et  juger  que  je  n'ay  pas  esté 
grandement  abusé,  ayant  escrit  que  j'espérois  achever  le- 
dict  Bréviaire  environ  la  Pentecoste,  comme  il  apparoist. 
Et  d'iceux  ay  je  imprimé  mille  exemplaires  complets, 
desquels  je  suis  prest  d'envoyer  la  disme  ou  soixante 
escus  d'or,  en  or,  quand  et  comment  il  vous  plaira 
m'advertir.  Et,  ce  pendant,  je  me  prépare  d'imprimer 
ledict  Bréviaire  en  deux  tomes,  de  plus  petite  lectre  et 
format,  de  l'achèvement  duquel  j'advertiray  V.  S.,  à 
laquelle  je  me  recommande,  etc. 


—  139  — 
229.  —  Tlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Le  13  may  1570. 
Au  très  illustre  Cardinal  de  Granvelle. 

Très  Dlustre  et  R°»«  S'. 

J'espère  que  V.  Ill"«  S*',  avant  la  réception  de  la 
présente,  avec  4  exemplaires  de  la  partie  d'esté,  aura 
receu  l'entière  impression  de  Csesar  et  des  livrets  de 
S.  Grégoire  Nazianze,  et  depuis  aussi  celle  du  Lactance 
(excepté  quelques  feilles  des  annotations  et  de  l'index 
qui  s'achèveront,  Dieu  aidant,  le  premier  jour  ouvrable), 
avec  deux  Diurnaux  que  je  désire  luy  estre  agréables. 
Et  qu'icelle  aura  aussi  entendu  la  convalescence  de 
Monsg^  le  Docteur  Arias  Montanus  et  receu  ses  lectres, 
avec  une  copie  de  la  préface  qu'il  a  ordonnée  pour 
imprimer  au  commencement  des  grandes  Bibles  en 
diverses  langues,  ausquelles  nous  continuons  de  travail- 
ler, autant  que  nos  facultés  peuvent  supporter  ung  si 
pesant  fardeau,  qui  me  poise  tellement  que  je  crains 
grandement  de  tomber  sous  iceluy,  me  sentant  atténué 
d'avoir  employé  quasi  toutes  nos  forces  à  l'impression 
de  tout  le  Vieil  Testament  qui,  moyennant  les  grâces 
de  Dieu,  sera  parfaict  dedans  3  semaines.  Et  ne  restera 
que  le  Nouveau  et  les  Grammaires  et  Dictionnaires,  avec 
les  diverses  leçons  entre  lesquelles  tiendront  leur  rang 
toutes  celles  qu'il  a  pieu  et  plaira  à  V.  111"*  et  R"** 
Signeurie  nous  envoyer,  asçavoir  tant  celles  de  la 
collation  à  l'exemplaire  Vatican,  comme  les  dernières 
du  très  illustre  Cardinal  Sirleto  sur  les  Pseaumes  qui 
ont  esté  très  agréables  à  Monsg'  le  Docteur  Ârias  Mon- 


—  140    - 

tanus,  duquel  aussi  j'espère  que  V.  111"^  et  R°*  S'* 
aura  receu  les  lectres  et  préface  qu'il  m'avoit  ordonné 
luy  envoyer. 

Quant  au  Missel,  j'ny  entendu,  par  Monsg'^  de  Gone- 
ville,  la  demande  du  tuteur  des  héritiers  de  celuy  à  qui 
Sa  S*****  en  a  donné  le  Privilège*,  qui  est  telle  que  je  ne 
penserois  pas,  qu'en  la  vie  de  dix  hommes,  l'une  après 
l'autre,  la  somme  se  peust  retirer,  par  deçà,  du  profict 
qu'on  pourroit  faire  à  l'impression  desdicts  Missels.  Et 
pourtant  je  me  contente  et  remercie  très  humblement 
V.  111™*  S'*  qu'il  luy  plaist  me  faire  tant  bien  conseiller 
de  ne  m'attendre  plus  à  telle  impression,  et  que  je 
convertisse  les  apprestes  faictes  aux  livres  ecclésiastiques. 
Ce  que  je  fay  très  volontiers,  et  les  entreprendray,  et 
feray,  Dieu  aidant,  au  contentement  d'icelle  et  des 
autres  prélats  et  gens  d'Esglise  de.  par  deçà,  quand  il 
leur  plaira  le  me  commander,  ainsi  que  Mons'  le 
Chantre  de  Malines  m'a  donné  bon  espoir  qu'il  advien- 
dra de  bref» 

Ce  pendant  je  prieray  Dieu  nous  conserver  et  aug- 
menter V.  m™*  et  R™*^  S**  en  bonne  santé  et  heureuse 
rospérité. 

D'Anvers,  ce  13  may  1570. 

I.  Barthélemi  Faletti.  Il  obtint  du  pape  le  privilège  du  nouveau 
Missel,  peu  de  temps  avant  sa  mort.  Ses  héritiers  l'exploitèrent  après 
lui.  Ce  fut  d'après  un  exemplaire  du  Missel,  avec  l'adresse  :  %pnue, 
fjlfmd  baredes  'Bartljolontiei  Faletti,  Johannem  Variscum  et  Socios,  que 
Plantin  imprima  ses  premières  édition  de  ce  livre. 


—  141   - 
230.  -^  Triant  in  à  Georges  Buchanan. 

(Plan tin  a  reçu  un  livre  de  Buchanan,  avec  une  lettre  contenant 
des  corrections.  Il  regrette  de  ne  pas  avoir  à  lui  offrir  des  nouveautés 
bien  intéressantes  et  se  déclare  prêt  à  imprimer  ce  que  l'auteur  vou- 
dra bien  lui  envoyer.) 

29  may  1570. 
D.  G.  Buchanan. 

Venerande  Illustrissime. 

Desideratissimas  et  gratissimas  litteras  tuas  nono 
aprilis  Sterilini  datas,  una  cum  libro  *  et  carta  immu- 
tandorum,  accepi,  vir  prasstantissime,  de  quibus,  ut 
debeo,  maxîmas  habeo  gratias.  Referàm  vero  libenter, 
si  unquam  sese  nobis  obtulerit  occasio.  Doleo  vero  me 
jam  nihil  habere  quod  doctissimo  palato  tuo  sapere 
posse  existimem,  praîterea  quae  mitto  admodum  pauca 
prae  magnitudine  tuas  in  nos  et  rempublicam  liberalitatis. 
Q.uantum  ad  rationes  meas  attinet,  eae,  Deo  optimo 
maximo  gratias,  eo  loco  jam  sunt^  ut  si  operum  tuorum 
quid  miseris,  quod  et  haec  loca  et  tempora  ferre  possint, 
illud  sim  ego  ambabus  ulnis  suscepturus  et  in  lucem 
editurus. 

I .  Le  livre  en  question  est  probablement  un  exemplaire  de  l'édi- 
tion plantinienne  de  1567  de  la  Taraphrasis  psaîmorum  de  Buchanan, 
avec  des  corrections  pour  Une  édition  subséquente.  L'édition  de 
1586  porte^  en  effet,  la  mention  «  multo  quam  antehac  castigatior.» 


—  142  — 
231.  —  Servatius  Sassenus  '    à  Plantin, 

(En  son  nom  et  au  nom  de  ses  collègues  de  Louvain,  il  félicite 
Plantin  de  sa  nomination  à  la  charge  de  Prototypographe.  Il  de- 
mande une  explication  de  l'article  XXV  de  l'ordonnance  royale  sur 
les  imprimeurs  et  libraires.) 

S.  P.  Humanîssime  D,  Plantine. 

Certiores  facti  te  hoc  novo  officio  Prototypographi  a 
R.  M.  decoratum  *,  praetermittere  non  possumus  quin 
nomine  omnium  nostrum  tibi  omnia  prospéra  et  felicia 
in  hac  dignitate  preceniur,  supplicantes  ut  nobis  signi- 
ficare  digneris,  quid  nobis  agendum  jam  erit,  et  quando 
vobis  opportunum  erit,  ut  secundum  novam  R.  M.  Ordi- 
nationem  te  accedere  possimus,  ut  a  te  examinati  et  ap- 
probati  ab  eadem.  R.  M,  confirmari  et  in  officio  nostro 
continuari  possimus,  cupientes  in  omnibus  Regiae  Majes- 
tatis  ordinationibus  esse  morigeri  et  obedientes. 

"Qponiam  vero  vigesimum  quintum  hujus  publicatio- 
nis  vel  edicti  articulum  alii  aliter  intelligunt,  et  tempus 
20  dierum  a  publicatione  prasscribitur,  significare  pla- 
cebit  an  prius  a  vobis  approbari,  illiusque  approbationis 
spécimen  ante  diem  vigesimum  exhibere,  vel  an  vero 
consensum  et  potestatem    imprimendi,  jam  olim  impe- 


1.  Imprimeur  à  Louvain. 

2.  Sur  la  charge  de  prototypographe  exercée  par  Plantin  voir: 
Ph.  Rombouts,  Certificats  délivrés  aux  imprimeurs  des  Pays-Bas  par 
Christophe  Plantin.  Publication  des  Bibliophiles  anversois,  Anvers, 
J.  E.  Buschmann,  1881,  et  Max  Rooses,  Christophe  Tlantin,  impri^ 
tneur  anversois^  Chap.  !)(. 


—  143  — 

tratam,  ante  dîem  praescriptum  R.  M.  exhibere  oportebit.* 
Super  quibus  à  vobis  certiores  facti,  nos  statim  regiis 
ordinationibus  et  vobis  obsecuturi  sumus,  rogantes  ne 
responsum  différas,  sed  per  latorem  praesentium  nos  ho- 
rum  certiores  facere  digneris. 

Âliud  nihil  est  quod  addam.  Bene  vale.  Raptim,  Lo- 
vanii,  1570,  junii  26. 

Servatius  Sassenus  suo  et  aliorum  typogra- 
phoruni  Lovaniensium  nomine. 


232.  —  Tlantin  à  Servatius  Sassenus, 

(Il  le  remercie, ainsi  que  ses  collègues  de  Louvain,de  leurs  félicita- 
tions. Il  regrette  que  le  roi  Tait  désigné  pour  une  charge  au-dessus 
de  ses  talents.  Il  donne  les  explications  demandées  et,  en  post-scrip- 
tum,  il  prie  ses  correspondants  de  ne  lui  donner  aucun  titre  honori- 
fique en  s'adressant  à  lui.  Il  ne  s'y  reconnaît  aucun  droit  et 
serait  reconnaissant  à  ses  collègues,  s'ils  voulaient  continuer  à  le 
traiter  sur  l'ancien  pied  d'égalité.) 

Humanissimo  viro  Domino  Servatio  Sasseno 
aliisque  typographis  Lovaniensibus. 

Gratias  vobis  maximas  habeo^viri  humanissimi  et  con- 
fratres  clarissimi,  de  vestro  erga  me  animi  candore  et 
precatione  prospéra.  Utinam  vero  magis  huic  novo 
officio  Prototypographi    Regii    idoneum    elegisset  Rex 

3.  Voici  le  texte  de  l'article  XXV. 

«r  Et  pour  meilleure  exécution  et  provision  de  ce  que  dessus,  tous 
les  imprimeurs  auront  à  apporter  et  exhiber  à  nostredict  lieutenant 
et  gouverneur  gênerai  de  par  deçà,  ou  à  ceulx  par  iceluy  à  ce  dépu- 
tez, le  congié  et  faculté  qu'ilz  ont  par  escript,  pour  exercer  le  stU  et 
mestier  de  l'imprimerie,  endéans  vingt  jours  après  la  publication  de 
cestes,  afin  que,  de  nouveau,  ils  soyent  examinez  et  donné  congié  en 
la  manière  que  dict  est  cy-dessus,  à  ceulx  quil  semblera  convenir 
de  laisser  exercer  ledict  stil  et  mestier.  » 


—   M4  — 

ipse  una  cum  ejus  consiliariis,  tneque  ad  tnle  munns 
ineptum  negotiis  aliis  plus  asquo  impeditum  obscurum 
reliquissent.  Q.uoniam  vero  nuUis  omnîno  excusationibus 
neque  exceptionibus  hoc  a  me  onus  excutere  licuit, 
aequo  ferre  illud  animo  vobisque  omnibus,  quantum  in 
me  erit,  favere  statui. 

Ad  examinationen  vero  quod  attinet  atque  litterarum 
vestrarum  exhibitionem  nihil  mihi  neque  vobis  facien- 
dum  existimo  antequam,  vel  Ex*  Ducis  hue  venerit,  vel 
quid  aliud  significatum  fuerit.  Nam  evocato  mihi  Bruxel- 
las  mandavit  D.  Vargas,  ut  hujus  civitatis  impressoribus 
significarem,  ne  se  huic  loco  admoverent  sed  adventum 
Ducis  expectarent,  tune  examinandi;  quod  si  qui  interea 
temporis  Bruxellas  aliunde  venirent,  illis  se  indicaturum 
poUicebatur,  ut  tune  temporis  hue  etiam  se  hac  de  causa 
conferrent  :  nihil  etenim  prius  agendum  quam  hue  se 
eontulisset  Ex*  Ducis.  Si  quid  prasterea  sit  quo  meum 
desideretis  ofEcium,  indieate  :  me  perpetuo  vobis  ad- 
dictissimum  et  vestris  votis  honestis  faventissimum 
habebitis. 

Valete.  Raptim  oeeupatissime. 

Antverpiae,  27  junii  1570. 

Vobis  omnibus  addietissimiis 

Plantinus. 
Humanitatem  quidem  non  detrecto  ;  a  titulis  vero  seu 
epithetis  istis,  quibus  me  fucare  velle  vestrarum  littera- 
rum inscriptione  videmini,  ut  re  absum,  ita  ut  vos  ad 
me  scribendo  abstineatis,  rogo.  Prudentiam  etenim  nul- 
lam,  minus  vero  eruditionem  in  me  agnoseo.  Sincère 
itaque  et  simpliciter  ut  ad  me  peragatis  scribere  obseero. 


—  14S  — 
23  î-  —  Strvatius  Sassenus  à  Planiin. 

(Sassenus  demande  au  prototypographe  quand  les  imprimeurs  de 
Louvain  auront  à  se  rendre  à  Anvers  pour  être  examines.) 

S.  Gratias  tibi  raaximas  agimus,  Domine  Plantine, 
pro  vestro  benevolo  responso,  quo  nos  certiores  fecisti 
nobissecure  licere  adventum  Illustrissimi  ducis  Antver- 
piam  opperiri,  ncc  prius  nobis  aliquid  agendum  esse.  Ne 
autem  nos  citius  quam  opus  sit  Antverpiam  conferamus, 
ac  tempus  illic  teramus,  pergratum  nobis  feceris,  si  mo- 
lestum  non  erit,  significare,  quo  die  post  Illustrissimi 
Ducis  adventum  nos  certe  adesse  oportebit,  ne  diu  istic 
hserere  oporteat,  ac  cito  expediri  possimus;  quod  ut 
facere  digneris,  obsecramus  Aliud  nihil  est  quod  addam. 
Deum  opt.  max.  precamur  ut  omnia  speratum  finem 
sortiantur. 

Data  Lovaniî,  1370,  junii  ultima. 

Ser.  Sassenus,  suo  et  aliorum  typographorum 
nomine. 


234.  —  9\/Cinute  de  Vacte  notariel^  écrite  de  la  main  de 
Tlantin  et  autorisant  Jacques  Boschart,  de  Douay,  à 
exercer  le  métier  d'imprimeur. 

L'an  de  nosire  Signeur  1570,  le  7»  jour  de  juillet,  Ja- 
ques Boschart,  libraire  et  imprimeur  demeurant  à  Douay, 
ayant  apporté  lectres  closes  de  l'Excellence  du  duc 
d'Albe,  Gouverneur  et  capitaine  général  pour  le  Roy  es 
païs  de  par  deçà,addressées  à  Christofle  Plantin,  prototy- 
pographe juré  de  Sa  Majest«^%  par  lesquelles,  suivant  la 
dernière  ordonnance  sur  le  faict  de  l'imprimerie  et  sa 


—  146  — 

commission,  luy  ordonnoit  d'examiner  ledict  Boschart 
et  Tencharger  des  points  dépendants  à  sa  charge,  et  faire 
le  serment  à  ce  requis,  et  s'estant  à  ceste  fin  présenté 
ledict  Boschard  audict  Prototypographe,  en  la  présence 
de  Jehan  Verwithagen  et  Arnolt  Tavernier,  imprimeurs 
jurés  en  ceste  ville  d'Anvers,  et  de  moy  notaire  souscrit, 
a  premièrement  exhibé  ses  lectres  d'admission  de  pou- 
voir imprimer  et  vendre  livres,  passés  au  Conseil  du 
Roy  le  XX  de  mars  1556,  signées  de  la  Torre  et  scel- 
lées du  sceau  de  Sa  M**,  sans  quelque  attestation  escritte 
d'avoir  faict  le  serment  enchargé  èsdictes  lectres,  le- 
quel serment  toutesfois  ledict  Boschart  afferme  avoir 
faict  es  mains  de  mons'  le  Président  Viglius,  confesse 
aussi  ledict  Boschart  avoir  de  soy-mesmes  apprins  Testât 
de  l'imprimerie,  en  voyant,  depuis  huict  ans  çà,  beson- 
gner  les  compagnons  qu'il  avoit  prins  pour  exercer  ledict 
estât  et  mestier  en  son  logis  à  Douay,  et  qu'il  peut  seule- 
ment imposer  les  pages,  selon  l'exemplaire  qu'il  se  pro- 
pose, et  a  monstre  de  faict  qu'il  sçavoit  assembler  les 
charactères  et  besongner  à  la  presse,  et  entend  les  lan- 
gages latin,  françois  et  fiameng. 

Il  a  aussi  promis  et  promect  d'observer,  de  point  en 
point,  les  ordonnances  faictes  et  à  faire  par  Sa  Majesté 
sur  le  faict  de  Timprimerie.  Item,d'imprimer  ce  qu'il  fera, 
correctement,  nettement,  en  papier  compétent  et  marges 
suflSsantes  et  n'entreprendra  d'imprimer  chose  à  quoy  il 
ne  soit  expert,  à  peine  que  ce  qu'il  imprimeroit  ne  se- 
roit  taxé  que  pour  maculatures,  à  estre  vendues  aux 
apothicaires  et  beurriers,  et  que,  s'il  entend  qu'aucun 
commecte  quelqu'abus  au  faict  de  l'imprimerie,  qu'il  l'en 
advertira  deuement  et  à  bon  escient  de  s'en  déporter, 
en  faute  de  quoy  il  en  advertira  le  magistrat,  le  proto- 


-    147  — 

typographe  ou  les  visitateurs,   selon   que   le   cas  le  re- 
querra. 

233.  —  Lettres  d'examen  délivras  par  le  notaire  M,  Lovi- 
riusy  alias  Loeiemans,  à  Guillaume  van  Varys,  examiné 
par  l^lantin. 

Au  nom  d^  EMeu,  Amen  :  Par  ce  présent  publicq 
instrument  soit  notoir  et  évident  à  ung  chacun  que,  en 
Tan  de  la  Nativité  de  Ncstre  S'  Sauveur,  mil  cincq 
cens  et  septant,  le  vingt  et  septiesme  jour  du  mois  de 
juillet,  comparut  personnellenïent  par  devant  les  hon- 
nestz  et  discretz  personnes,  Maistre  CristofFre  Plantin  et 
Ameet  Tavernir,  son  confrer  et  adjoinct,  sur  ce  requiz, 
imprimeurs  jurez,  résidentz  en  la  ville  d'Anvers,  etc. 
asçavoir  l'honnest  homme  Guillaume  van  Parys,  aussi 
imprimeur  juré,  natifF  et  résidentz  en  ladicte  ville  d'An- 
vers, lequelle  en  présence  de  moy  Notaire  et  Tabellion 
publicq,  par  le  Conseil  du  Roy,  ordonné  en  Brabant, 
approuvé,  a  exhibée  es  mains  dudict  Plantin,  comme 
chieff  et  superintendant  imprimeur,  de  par  Sa  Majesté 
ordonné  et  commis  pour  examiner  et  enquester  de 
l'exercice,  styl,  approbation  et  idoniété  des  imprimeurs 
et  l'imprimerie,  etc.,  certains  lectres,  documentz  et 
aultres  attestations  contenantes  l'admission,  serment,  et 
approbation  de  sondict  office  de  l'imprimerie,  et  aussi 
de  la  réputation,  régime  ou  gouverne,  et  anchienne 
catholicque  foy  et  religion  dudict  Guillaume,  ce  que 
nous  est  apparue  évidemment  par  les  mesmes.  Et 
ayantz  veu  premièrement  ces  lectres  de  dépesche 
d'admission  dudict  imprimeur,  trouvez  estre  faictz  et 
expédiez  de  par  le  Roy  an  son  Conseil  de  Brabant,  le 


—  148  — 

XXVII"**  du   mois  de  juing  Tan  XV*  et  soixante  six, 
seelez   du    grand    seau    en    rouge    sire,    pendante,    et 
subsignez  du  secrétaire  J.  de  Perre,  estant  aussi  sur  la 
mesme    lectre,    noté    et    escript   au    dois,   la   date  du 
serment  par    ledict  Guillaume  estre  fait  aux  mains  de 
Monsieur    le    Margraff   de    ladicte    ville,    assçavoir   le 
XXX"**  de  jullet  XV'^  soixante  six,   et  par  ledict  Mar- 
grave soubzsigné   Jan   van   Ymmerzeile  ;  après   nous  a 
aussi  exhibée  ledict    Guillaume  diverses  attestations  à 
son  instance  nouvellement  impétrez  correspondantes  en 
ce   que   dessus,    dont  la  première  estant  de  la  date  du 
XX™*  de  jullet  XV'^  et  septante,  ainsi  soubzsignée  :  Ita 
est  Petrus   Uten   Rhetius  Ecclesiae  Cathedralis  Sanctas 
Mariae  Antwerpise  Pastor  ;  la  deuxiesme  attestation  pour 
le  susdict  Guillaume  faict,  estant  de  la  date  comme  la 
susdicte,  estoit  soubsigné  de  Messire  Philippe  Almaraz, 
Chanoine  d'Anvers,   etc.,   ainsi:   Ita  est  Almaraz;    la 
troisiesnie  certification  faict  et  octroyé  audict  Guillaume 
par  Monsieur  TEscolastre  et  saieleur  de  monseigneur  le 
Révérendissime   d'Anvers,    datée   du   XXV"*  de  cedict 
mois  de  jullet  XV*  et  LXX*,  corroborant  et  confirmant 
en   tout   les   précédentes  et  par   le   mesme,  le  susdict 
Guillaume,  addressant  à  sondict  chieff  et  superintendent 
imprimeur  et  examinateur  Plantin  pour,  etc.,  soubzsigné 
Franciscus  Doncker  Scholasticus  et  Vicarius  sive  sigillifer 
Reverendissimi    Domini    Episcopi    Antwerpiensis.    En 
oultre,  a  encoir  exhibée  à  noz  susdictz  aultre  lectre  de 
certification  du  Magistraet  de  la  mesme  ville  d'Anvers, 
affirmée   dessoubz  les  sermentz  de  deux   honnescz   et 
louables    personnes,     comme    tesmoingz    à    l'instance 
dudict  Guillaume  ad   ce   requiz,    Tung  appellée  Pieter 
Borremans^  eaigé  de  xl  ans,  et  l'aultre  Pieter  van  Kar- 


—  149  — 

beecky  eaigé  de  xlii  ans,  prévostz  de  la  monnoye  de  la 
Majesté  susdicte,  en  ladicte  ville  d'Anvers,  endatée 
XXVI"**  de  jullet  Tan  XV*^  et  septant,  seelé  et  soubzsi- 
gnée  du  Secrétaire  van  der  Neesen.  Et  après  ce,  estant  le 
susdict  Guillaume  examinée  et  interrogué  du  susdict 
examinateur  et  prototypographe  Plantin,  sur  le  faict, 
exercice  et  idoniété  de  sondict  office  de  l'imprimerie,  a 
dict  et  déclairée  n'avoir  point  apprinse  ne  exercé  Testât 
de  l'imprimerie,  mais  qu'il  a  tenu  et  tient  des  compai- 
gnons,  lesquelz  exercent  en  sa  maison,  et  les  mest  en 
besoing  à  l'imprimer,  de  sortes  que  feu  Sjrmon  Cocq  et 
Nicollas  vanden  Wouwere,  ces  prédécesseurs  et  alliez 
ont  imprimé  en  leur  tempz.  Et  sçait  les  langues  fran- 
chois  et  flameng,  et  fort  bien  tailler  figures  en  bois.  Et, 
d'aultant  qu'il  a  dit  avoir  faict  les  despens  à  l'achapt 
des  instrumentz  nécessaires  à  l'imprimeries,  requist,  le 
susdict  Guillaume,  d'estre  continuez  à  ladicte  office  ou 
styl  de  l'imprimerie,  suyvant  la  contenue  de  ces  lectres 
d'admission  au  Conseil  de  Sadicte  Majesté,  en  Brabant, 
impétrez  et  expédiez  comme  dessus,  désirant  et  pro- 
mectant  en  oultre  ledict  Guillaume  de  faire,  suivre  et 
ce  rigler  selon  les  pointz,  placcartz  et  aultres  mande- 
mentz  en  cy-avant  faictz  et  ordonnez,  ou  à  faire  et 
ordonner  sur,  etc.  Ce  que  ledict  Plantin,  pour  le  pré- 
sent entre  aultres  plus  amplement  a-  adveniz,  commandé 
et  injoinct  audict  Guillaume,  renvoyant  et  redressant  le 
mesme,  par  cestes,  vers  la  Court  et  Conseil  de  Sa  Ma- 
jesté, en  Brabant  susdict,  pour  obtenir  et  maintenir 
Tapprobations  et  confirmations  de  tout  ce  que  dessus, 
suyvant,  etc.  Sur  touttes  quelles  chozes  ledict  Plantin 
et  Guillaume  requiroient  de  moy  Notaire  dessoubz 
nommez,  leur  en  estre  faictz  instrumentz  publicqz  ung 

10. 


—  ISO  — 

ou  plusieurs  en  forme  deue.  Ainsi  faict  en  la  susdicte 
ville  d'Anvers,  à  la  maison  dudict  Plantin,  scitué  en  la 
Camerstrate  illecq,  en  Tan,  jour  et  mois,  et  en  présence 
de  ceulx  qui  dessus. 

In  quorum  omnium  et  singulorum  fidem  et 
testimonium  premissorum,  ego  Mattheus 
Lovirius,  alias  Loèkemans  Ântwerpias 
residens  publicus,  sacra  apostolica  aucto- 
ritate,  Notarius  per  Magnum  Senatum 
Curise  Regiae  Majestatis  Brabantis  admis- 
sus,  subsignavi  hoc  prssens  publicum 
instrumentum,  manu  propria  scriptum, 
rogatus  ac  requisitus. 

Mattheus  Lovirius  alias 

Loèkemans  Notarius 

IS70. 


236.  —  Plantin  à  Gilbert   d'Oignies. 
A  Monsg'  de  Tournay. 

Très  illustre  et  R"*  Signeur. 

Je  remercie  très  humblement  V.  R"*  S**  de  tant  de 
faveurs  qu'il  luy  plaist  me  démonstrer  journellement,  et 
principalement  des  cent  escuz  qu'il  luy  a  pieu,  avec  son 
honorable  Chapistre,  m'ordonner  pour  aider  à  l'impres- 
sion de  l'Antiphonaire  '  et  Psaultier  *,  selon  le  nouveau 

1.  AnHphonarium  juxta  Breviarium  romanum  restitutum.  Plantin, 
1573,  2  vol.  in-fol. 

2.  Psalterium,  Plantin,  iS7i}  in-fol. 


1 


—  151  — 

Bréviaire,  pour  le  Chœur,  avec  le  chant.  Pour  parvenir 
à  la  perfection  duquel,  et  contenter  V.  R°"  S»*  et  son 
honorable  Chappistre,  Monsg'  le  Chantre  de  Malines 
m'ayant  communiqué  sts  exemplaires  et  volonté,  a  dé- 
libéré d'envoyer,  dès  le  premier  jour  après  le  Synode 
dudict  Malines  achevé,  maistre  René,  maistre  des  céré- 
monies à  Malines,  avec  les  exemplaires  vers  V.  R°*  S** 
et  son  honorable  chapitre,  pour  communiquer  et  accor- 
der ledict  chant,  autant  qu'il  sera  possible,  devant  que 
de  rien  commencer  à  bon  escient.  Et,  cependant,  je 
poursuyvray  de  faire  les  apprestes  nécessaires.  Qjae  s'il 
se  trouve  aucuns  qui  veueillent  que  je  leur  imprime  quel- 
ques exemplaires  en  parchemin,  je  le  feray  volontiers.  Je 
promects  aussi  davantage  de  satisfaire  bien  et  deuement 
à  tous  ceux  qui  nous  voudront  assister,  en  telle  sorte 
qu'il  leur  plaira  honnestement  l'ordonner. 

Cependant,  je  prie  Nostre  Signeur  qu'il  luy  plaise  con- 
server et  augmenter  V.  très  noble  S*®  en  toute  bonne 
santé  et  heureuse  prospérité. 

D'Anvers,  ce  i6  de  juillet  iS7o» 


—  152  — 

237-  —  Tlantin  au  Marcgrave,  Bourgmestres  et  Échevins 

de  la  ville  d'%Afivers. 

Le  19  juillet  1370. 

A  Messigneurs  Messieurs  le  Margrave,   Burghmaistres, 
Eschevins  et  Conseil  de  la  ville  d'Anvers. 

Remonstre  en  toute  humilité  Christofle  Plantin,  ser- 
viteur domestique  du  Roy,  et  commis  par  Sa  Majesté 
en  l'office  de  son  Prototypographe,  ou  chef  imprimeur 
et  superintendant  juré  de  touts  les  imprimeurs  et  im- 
primeries de  ses  païs  de  par  deçà,  et  deuement  mis  en 
la  possession  dudict  office  et  des  honneurs,  droicts, 
prééminences,  franchises  et  libertés  y  apertenants,  par 
très  noble  Sig'  Messire  Charles  de  Tisnacq,  chevalier, 
chief  et  président  du  Conseil  privé  de  Sa  Majesté, 
comment  par  cela  et  les  grandes  charges  et  occupations 
qu'il  luy  convient  porter  et  souffi'ir  pour  le  service  de 
Sa  Majesté  et  le  bien  public  de  ceste  noble  ville  et  de 
tout  le  païs  (enquoy  il  s'est  tousjours  employé  et  désire 
de  plus  en  plus  continuer, autant  qu'il  luy  sera  possible), 
il  entend  devoir  estre  exempt  et  francq  de  toutes  axises 
et  impositions  ou  maltostes  de  bière  et  de  vin  et  de 
toutes  autres  charges  ou  contributions  aux  logements 
des  gens  de  guerre  ou  autres  qui  qu'ils  soyent.  * 

I.  Le  texte  de  cette  pièce  est  barré  dans  le  registre  des  minutes, 
probablement  que  Tidée  de  cette  requête  fut  abandonnée  et  que  la 
pièce  suivante  fut  seule  expédiée. 


—  153  — 

238.  —  Plantin  au  roi  Philippe  IL 

Au  Roy. 

Remonstre  en  toute  humilité  Christofle  Plantin,  ser- 
viteur ordinaire  ou  domestique  de  Vostre  Majesté,  com- 
ment vous  ayant  pieu,  depuis  naguères  en  ça,  le  créer, 
commectre  et  instituer  en  T  Estât  et  Office  de  Prototy- 
pographe ou  chef-imprimeur  et  superintendant  de  tous 
les  imprimeurs  et  imprimeries  de  par  deçà,  de  quoy  bien 
et  léaument  s'acquitter  il  avoit  faictle  serment  dû,  et  par 
ainsi  seroit  tenu  et  obligé  (comme  il  se  sent  estre)  de 
laisser  ses  propres  affaires  et  négoces  domesticques  et  né- 
cessaires pour  Tentretènement  de  soy  et  de  sa  famille, 
pour  employer  (comme  il  a  desjà  faict  et  luy  conviendra 
doresenavant  faire  de  plus  en  plus)  la  plus  grande  et 
milleure  partie  de  son  temps  à  desservir  ledict  Estât  et 
Office  :  Et  pourtant,  il  supplie  très  humblement  qu'il 
vous  plaise  luy  faire  déclarer,  ordonner,  et  assigner  tels 
gages  et  traictement  que  trouvères  y  convenir  :  Et  au 
surplus  ordonner  à  Messieurs,  tant  de  ceste  ville  d'Anvers 
qu'à  tous  autres  à  qui  apartiendra,  qu'ils  ayent  à  exemp- 
ter et  aflfranchir  ledict  suppliant  de  toutes  axises,  impo- 
sitions, de  vin  et  de  bierre,  ou,  pour  le  moins  de 
tel  nombre  de  tonneaux  qu'il  vous  semblera  convenir 
pour  l'usage  de  sa  maison  et  domestiques,  sans  toutes- 
fois  y  comprendre  le  grand  nombre  de  compagnons  et 
ouvriers  besongnants  à  journées  en  sadicte  maison,  et 
de  toutes  autres  charges  ou  contributions  de  logements 
de  soudarts  ou  autres  gens  quelconques  et  lui  en  faire 
délivrer  acte  suffisant. 

Et  vous  ferés  bien,   et  ledict  suppliant  priera  pour 
vostre  bonne  santé  et  heureuse  prospérité. 


—  IS4  — 
239-  —  Tlantin  à  de  Goneville. 

Le  3  aoust  1570. 

A  Monsg'  de  Gonneville, 
Auditeur  de  Monsg'  le  Révérendiss.  de  Granvelle. 

Monsigneur,  Je  recongnois  et  confesse  librement  que 
je  ne  pourrois  assés  rendre  grâces  à  rillustrissime  et 
R"*  Signeurie  de  Monsg^  le  Cardinal  et  à  la  Vostre  des 
biens  qu'il  luy  plaist  et  à  vous  me  favoriser  et  procurer, 
tant  s'en  faut  que  j'y  peusse  incontinent  satisfaire;  mais, 
ce  que  je  ne  peux  en  efFect,  demeurera  en  bonne  volonté, 
que  j'auray  tousjours  preste  et  prompte  à  faire  tout 
humble  service. 

J'ay  receu  les  feilles  du  Missel  (pour  lequel  j'avois 
commencé  et  maintenant  fais  continuer  les  préparations) 
et  la  copie  du  contract  que  V.  S.  a  passé  en  mon  nom 
avec  les  exécuteurs  du  testament  de  deffunct  Faletti,  la 
ratification  duquel  j'envoye  icy,  passée  par  le  mesme 
notaire  qui  avoit  passé  la  procuration. 

Je  vous  remercie  aussi  de  l'advertissement  qu'il  vous 
a  pieu  me  faire  de  la  faute  advenue  en  la  partie  sestî- 
vale  du  Bréviaire  de  mon  impression,  de  laquelle  faute 
desjà  nous  avoit  aussi  adverii  Mons'  le  Chantre  Malpas . 

Au  reste,  ayant  esté  prié  d'imprimer  le  Cathéchisme 
du  S*  Concile  de  Trente  *,  réduict  à  certaine  méthode 
de  Questions,  pour  plus  facilement  entendre  ledict  Ca- 
théchisme, par  ung  très  docte  personnage,  conseiller  du 

i.  Catechismus  romanus  ex  décrète  Concilii  Tridentini,  et  Pii  V 
pontifias  maximi  jussu  primum  editus  :  studio  et  industria  Andreae 
Fabricii  Leodii.  Plantin,  1570,  in-80. 


-  155  — 

Duc  de  Bavière,  j'en  ay  faict  visiter  la  copie  à  la  main 
par  nostre  maistre  Thomas  Gozasus,  qui  a  approuvé  les 
citations  des  tesmoignages,  mises  en  marge,  et  les 
interrogations  adjouxtées  au  texte  dudict  Cathéchisme, 
toutes  lesquelles  choses  adjouxtées,  encore  que  je  serois 
délibéré  de  les  imprimer  d'autres  charactères  moindres 
ou  différens,  pour  facilement  congnoîstre  le  vray  texte 
dudict  Cathéchisme  de  Trente,  si  est  ce  que  je  n'ay 
trouvé  bon  d'attenter  telle  impression,  sans  première- 
ment en  avoir  l'advis  dé  par  delà.  Et  pourtant  ay  je 
faict  copier  la  préface  de  l'aucteur  et  quelques  pages 
dudict  œuvre,  que  j'envoye  icy  à  V.  S.,  afin  que,  par 
occasion,  il  vous  plaise  la  monstrer  à  son  111.  et  R"®  S. 
(pourveu  que  pensiés  que  cela  ne  luy  despleust)  afin 
d'en  avoir  son  jugement,  s'il  luy  plaist,  car  je  ne  vou- 
drois  pour  rien  attenter  de  faire  chose,  principalement 
sur  ce  qui  est  décrété  au  S*  Concile,  que  je  sceusse 
desplaire  à  Sa  Saincteté  ou  à  ceux  qui,  après  luy,  tien- 
nent les  premiers  rangs. 

Au  reste,  Monsigneur,  je  supplie  V.  S.  qu'il  luy 
plaise  m'employer  en  ce  que  je  pourray  luy  faire  quel- 
que service.  Et,  cependant,  je  prieray  nostre  Signeur 
Dieu  pour  sa  prospérité  et  santé. 

D'Anvers,  etc. 


-  is6- 

240.  —  Plantin  à  Çayas. 

A  rillustre  Senor  Gabriel  de  Çayas, 
Secr*=  d'Estat  de  Sa  Majesté. 

Encores  que  la  très  agréable  présence  de  monsieur  le 
docteur  B.  Arias  Montanus,  personnage  de  doctrine  et 
vertus  inexplicables,  me  soit  plus  que  toutes  les  lectres 
et  recommandations,  voire  et  que  je  tienne  le  bien  qui 
m'en  revient  entre  les  principaux  bénéfices,  que  libre- 
ment je  confesse  avoir  receus  infinis  de  V.  I.  S.,  si  est 
ce  que,  par  je  ne  sçay  quel  instinct  de  cueur  et  tressauts 
de  joye,  chaicunne  fois  que  j'ay  Theur  de  voir  et  encores 
plus  de  recevoir  ceste  tant  noble  et  désirable  signature 
de  Çayas,  sous  Tauctorité  et  vertu  de  laquelle,  non  seu- 
lement ce  m'est  et  sera  tousjours  plaisir  de  recevoir 
quelque  commandement,  mais  aussi  j'espère  que  mes 
enfants  et  leurs  héritiers,  mémoratifs  de  ce  qu'ils  enten- 
dent et  entendront  de  moy,  s'efforceront  tousjours  de 
plus  en  plus  de  n'estre  aperceus  ingrats  d'une  infinité  de 
biens  receus  par  nous,  ni  paresseux  de  s'employer  à  luy 
faire  et  à  ses  successeurs  tout  humble  recongnoissance 
et  service,  tant  s'en  faut  que  je  voulusse  faillir  de  faire 
le  devoir  en  si  petite  chose,  comme  est  d'envoyer  quel- 
ques exemplaires  du  livre  de  défunct  S' et  Docteur  Mena, 
à  la  Dame  dudict  S'  deffunct,  à  laquelle  j'en  envoyeray. 
Dieu  aidant,  comme  V.  I.  S.  m'ordonne,  quelque  30 
exemplaires  es  navires. 

Que  si  ce  n'est  tel  nombre  qu'elle  désireroit,  je  prie 
à  V.  I.  S.  et  à  icelle  de  croire  que  ce  ne  sera  par  faute 
de  bonne  volonté,  mais  d'en  avoir  davantage. Car,  comme 
le  bon  Signeur  défunct  désiroit  que  j'expédiasse  diligen- 


—  157  — 

tement  Timpression  de  son  œuvre,  j*en  imprime  seule- 
ment 300,  tant  pour  avoir  plus  tost  faict,  que  pour  autant 
que  j'avois  bon  espoir  que  ledict  S*"  défunct,  voyant  son 
livre  imprimé,  le  pourroit  recevoir  et,  se  trouvant  de 
bonne  -ente,  seroit  facile  de  le  rimprimer.  Depuis,  pour 
les  difficultés  des  navigations,  je  n*ay  le  moyen  d'en- 
voyer des  exemplaires,  qui  cependant  se  sont  distribués 
en  divers  lieux. 

Au  reste,  combien  que  je  peusse  rescrire  à  V.  S.  di- 
verses particularités  touchant  les  difficultés  qui  se  passent 
et  les  grandes  charges  que  je  porte  à  l'impression  des 
grandes  Bibles,  que  nous  imprimons  beaucoup  plus 
magnificques,  et  coustageuses  au  double  que  n'estoit  le 
premier  desseing,  si  est  ce  que,  me  remectant  du  tout  à 
ce  mien  Patron  ou  plus  tost  vray  Père  autre  vous-mes- 
mes,  qui  de  tout  son  pouvoir  me  supporte,  soulage  et 
maintient,tant  de  faict  que  de  conseil  et  bonnes  exhorta- 
tions, je  n'en  feray  icy  autre  discours,  mais  seulement 
je  prie  Dieu  qu'au  profict  de  sa  saincte  Catholique  Esglise 
Romaine,  et  à  l'honneur  de  nostre  vrayement  Catholique 
Roy,  il  nous  donne  la  grâce  de  la  pouvoir  achever. 

Et  sur  ce,  je  prie  Nostre  Signeur  Jésus-Christ  pour  la 
bonne  santé  et  heureuse  prospérité  d'iceluy  nostre  Roy 
et  de  Vostre  Illustre  Signeurie,  par  la  sage  prudence  et 
sollicitation  de  laquelle  envers  ung  si  bon  Roy,  les  stu- 
dieux de  la  pureté  des  langues  et  de  la  divine  lecture 
des  sainctes  Bibles  pourront  jouir  d'un  tant  riche,  noble 
et  précieux  thésor. 

D'Anvers,  ce  7  aoust  1370. 


-  is8- 

241.  —  Tlantin  à  Çayas, 

Du  10  aoust  1570. 

A  l'illustre  S'  Gabriel  Çayas  Secr«  d'Estat. 
• 

Le  9  du  présent,  j'ay  respondu  à  V.  I.  S.  qu'en  l'ar- 
mée qui,  Dieu  aidant,  conduira  nostre  Séréniss.  Roine, 
j'envoyeray  ce  qui  me  reste  du  petit  nombre  d'exem- 
plaires que  j'avois  imprimé  du  livre,  que  j'ay  imprimé 
de  feu  de  bonne  mémoire  le  S**  Mena,  et  lesquelles 
j'espère  accompagner  des  livres  que  j'ay  imprimés, 
depuis  que  je  n'ay  eu  la  commodité  de  les  envoyer  par 
delà. 

Depuis  ce  singulier  personnage  et  autre  vous-mesmes, 
mon  souverain  patron,  voire  bien  père,  le  S*^  Docteur 
B.  Arias  Montanus,  m'a  dict  estre  adverti  par  V.  111.  5**= 
que  la  Majesté  Catholique,  nostre  Roy,  vouloit  sçavoir 
combien  pourroit  couster  la  Rame  des  Bréviaires  impri- 
més, sans  que,  toutesfois,  il  m'ait  sceu  dire  de  quelle 
forme  ou  grandeur  de  papier  il  les  vouloit  Parquoy, 
j'envoye  ici  trois  feilles  différentes  de  sorte,  comme 
pour  monstre,  et  le  prix  de  chaicunne  sorte,  tant  du  pa- 
pier que  de  l'ouvrage  distinctement.  Suivant  quoy, 
V.  m.  S*®  pourra  conjecturer  et  juger  de  combien  pour- 
roit la  besongne  et  papier  enchérir,  les  voulant  plus  ou 
moins  chargés  ou  plus  grand  ou  plus  petit. 

La  feille  donques,  marcquée  N**  i  —  2  fl,  est  papier 
fin  qui  couste  rendu  en  ceste  ville  deux  fl.  la  rame. 

L'autre  feille,  marquée  N*»  2  —  fl  i  pat.  12,  est  autre, 
non  si  fin  papier,  qui  couste  rendu  icy  trente  et  deux 
pat.  la  ramç. 


—  159  — 

L'impression  de  telles  lectres  en  rouge  et  noir,  comme 
sont  lesdictes  feilles,  tant  du  fin  papier  que  de  l'autre, 
couste  icy  cinquante  et  cinq  pats,  la  rame,  en  la  rendant 
parfaicte  et  entière.  Et  ainsi,  la  rame  du  fin  papier  im- 
primée et  complette  cousteroit  quatre  florins  et  quinze 
patars.  Et  l'autre  cousteroit  quatre  florins  Qt  sept  patars. 

Quant  à  l'autre  feille,  marcquée  N°  3,  le  papier  est  du 
prix  de  celle,  marquée  cy-devant  N**  2  ;  mais,  d'autant 
que  la  lectre  est  ung  peu  plus  grosse,  la  rame  couste 
quatre  patars  moins  à  imprimer. 

Qiaant  à  la  livraison  du  papier,  à  cause  que,  d'autant 
que  plus  i'achapte  de  papier,  d'autant  peut  accroistre 
mon  crédit  envers  les  marchants  qui  le  font  et  vendent, 
je  désirerois  bien  le  pouvoir  achapter  et  fournir  moy- 
mesmes,  sans  que  j'y  prétende  autre  profict. 

Que  s'il  plaist  aussi  à  Sa  Majesté  me  faire  délivrer 
ledict  papier,  je  seray  aussi  très  content,  pourveu  que 
celuy  qui  le  me  livreroit  me  le  livrast  bon,  léal,  bien 
compté  et  bien  collé,  ainsi  qu'il  est  beaucoup  plus  né- 
cessaire qu'il  le  soit,  pour  tels  ouvrages  doubles  de  noir 
et  rouge,  que  pour  les  autres  qui  se  font  de  noir 
seulement. 


—  i6o  — 

242.  —  Plantin  à  Çayas. 

A  Tillustre  Signeur  Monsigneur  Gabriel  Çayas, 
Secrétaire  d*Estat  de  la  Majesté  Catholique. 

Monsigneur. 

Le  S'  capitaine  Haro  m'ayant,  de  sa  grâce,  adverti  de 
son  partement  à  la  conduicte  de  nostre  Sérénissime 
Royne,  et  offert  de  faire  tenir  à  Vostre  Illustre  Signeu- 
rie  ce  que  je  luy  voudrois  envoyer^  je  luy  ay  délivré  les 
livres  cy-après  nommés  : 

Horae  Beatae  Virginis  Marias,  grandes  à  vignettes.  * 

Justi  Lypsii  Variae  Lectiones*. 

Commentaiii  Cflesaris  cura  annotationibus  Fui.  Ursini. 

Lactantius  cum  annotât.  D.  Michaelis  Thomasii. 

Gregorii  Nazianzeni  Apologeticum. 

Viperanus,  de  Rege  et  regno  et  de  bistoria  scribenda. 

Apologeticum  R"**  D.  Lindani  '. 

Cyclognomica  Comelii  Gemmse  *. 

Corpus  Canonicum,  in-8**. 

Breviarium  Romanum,  en  deux  parties  *. 

Exemples  de  diverses  sortes  de  charractères  '. 

Le  tout  de  mon  impression. 

1.  Plaatin,  1570,  in-S». 

2.  Plantin,  1569,  in~8o. 

3 .  Apolog*4icum  ad  Germanos  pro  religionis  cathoHca  pace,  Auctore 
Revertndiss,  D.  Wilhd,  Damasi  Lindano  Ruremond  Episcopo.  Plan- 
tin, 1568,  in-40. 

4.  Cornelii  Gemma,  de  Arte  Cyclognomica^  tomi  III.  Plantin,  1569, 
in-40. 

5.  Plantin,  1S70. 

6.  Index  seu  spécimen  characUrum  Christophori  'Phnlini.  Antverpiae, 
1S67,  in-4*». 


—  i6i  — 

Item  Theatrum  totius  orbis  Terrarum,  encores  qu^au 
nom  de  l'autheur  Abraham  Ortelius,  qui  est  bien  mon 
amy,  j*en  aye  baillé  ung  à  Monsigneur  et  souverain  pa- 
tron, B.  Ârias  Montanus,  pour  envoyer  à  V.  S.»  car  j'es- 
time que  cestuy-ci  servira  pour  contenter  quelque  bon 
amy. 

Qpant  aux  exemplaires  du  livre  de  Mena,  je  n'en  ay 
pas  osé  charger  ledict  Signeur  capitaine,  qui,  en  la  faveur 
de  Vostre  111"*  S*%  me  porte  et  faict  grandes  amitiés. 
Mais  j'espère  en  mectre  quarante  exemplaires,  qui  me 
resteqt,  en  quelqu'un  des  coffres  ou  pacquets  de  mon 
susdict  Signeur  et  Patron  B.  Ârias  Montanus,  ou  de  qui 
ledict  Signeur  me  donnera  le  moyen  de  ceste  flotte  de 
nostre  Séréniss.  Royne. 

Au  reste,  je  prie  Dieu  pour  la  prospérité  et  santé  de 
Vostre  Dlustre  Signeurie. 

D'Anvers,  ce  dernier  jour  d'aoust  1570. 


—    l62   — 

243.  —  Plantin  à  Fabritio  Galhtti  \ 
Al  mag"  S°'  Fabritio  Galleiti. 

J'ay  receu  la  vostre  du  20  juin,  par  laquelle  me  don- 
nés advis  qu'acceptés  les  soixante  escus,  pour  le  reste  de 
la  disme  des  Bréviaires,  par  moy  imprimés  jusques  à  la 
Pentecoste,  et  que,  par  accord  faict,  la  charge  et  pro- 
fict  de  toute  rimprimerie  est  transférée  à  vous  et  au  S' 
Paulus  Manutio,  qui  aussi  le  confirme,  en  la  fin  de  la 
vostre.  Parquoy,  je  n'en  fay,  ne  feray  aucune  difficulté. 

J'ay  bon  espoir  qu'aurés  maintenant  receu  lesdicts 
soixante  escus,  suivant  l'ordre  que  j'en  donnais,  par  mes 
dernières,  audict  S'  Paulo  Manutio.  Depuis,  j'ay  encores 
faict  une  impression  de  mille  Bréviaires  in  8°  en  ung 
volume,  et  puis  je  l'ay  recommencé  in-i6°,  auquel  je 
besongne  maintenant.  Or  ay  je  bon  espoir  qu'après  la 
confirmation  et  publication  du  Synode  provincial,  les 
esglises  de  par  deçà  et  gens  ecclésiastiques  prendront 
l'usage  dudict  Bréviaire,  et  qu'alors  j'en  pourray  vendre 
davantage,  et,  par  conséquent,  j'en  imprimeray  tel  nom- 
bre que  besoing  sera.  Car  j'asseure  bien.  V.  S.  que, 
depuis  que  j'ay  eu  achevé  la  première  impression  dudict 
Bréviaire,  nostre  maison  n'en  a  esté  desgamie  de  suffi- 
sante quantité.  Qpe  si  j'eusse  veu  milleure  vente,  j'en 
eusse  imprimé  davantage.  De  sorte  que,  si  besoing 
estoit,  j'en  pourrois  bien  imprimer  plus  de  12  mille  par 
an;  mais, voyant  que  je  puis  fournir  à  ce  qu'on  en  peut 
vendre  par  deçà,  y  employant  une  ou  deux  presses,  il 

i.  Fabritio  Galletti,  imprimeur  à  Rome,  héritier  et  successeur  de 
Barthélemi  Faletti. 


-  r63  - 

n'est  jà  besoing  que  j'y  en  employé  davantage.   Et  de 
tout  ce  qui  adviendra  serés  tousjours  fidèlement  adverty 
et  honnestement  satisfaict  de  nostre  accord. 
Qui  sera  l'endroict  où  je  prie  Dieu,  etc. 


244.  —  Plantin  à  Michel  Thamasius. 

(Il  se  conforme  au  désir  de  Thomasius  concernant  le  Lactance. 
Il  en  a  envoyé  cinquante  exemplaires  au  cardinal  de  Granvelle,  et 
enverra  à  l'auteur  celles  de  ses  éditions  qu'il  croit  pouvoir  lui  être 
agréables.) 

D.  Doctori  Mich.  Thomasio 

14  octobris  1370. 

Non  tantum  ea,  quae  in  Lactantio  tuo  aptari  jubés, 
diligenter  et  fideliter  curabo,  vir  clarissime,  sed  quas 
praeterea  etiam  jusseris  omnia  non  praetermittam  ullo 
tempore. 

Exemplaria  vero  quinquaginta  cum  aliquibus  libris 
hinc  27  junii  ad  lUustrissimum  et  R"'"  D.  Card.  Gran- 
vellanum  Maecenatem  nostrum  optimum  misi^  ex  quibus, 
si  non  satis  multa  accepturum  te  putes,  significare  ne 
•graveris.  Ego  plura  cum  Decretis  Gratiani  *,  quae  ex  mea 
impressione  petis,  et,  si  quid  praetcrea  impressero,  quod 
tibi  non  ingratum  fore  confidam,  libentissime  mittam. 

Vale.  Antverpiaî,  22  octobris  1370. 

I.  Decretorum  Canonkorum  Ccikctanea  Gratiani,  Plantin,  1570, 
3  vol.  in-80. 


—  164  — 
245  •  —  Vlantin  au  Cardinal  de  Granvdle. 

Le  22  octobre  1570. 
Au  très  illustre  et  R*"*  Gurd.  de  Granvelle. 

Les  lectres  de  V,  111"*  et  R*«  Signeurie  du  12  d'aoust 
m'ayant  esté  premièrement  délivrées  hier^  je  la  supplie 
ne  m'imputer  à  négligence  que  je  n'y  aye  respondu 
plus  tost»  et  tenir  aussi  pour  certain  qu'il  n'a  pas  tenu 
à  moy  que  je  n'aye  incontinent  imprimé  et  renvoyé  le 
livret  de  bonis  Ecclesiasticorum.  Car  incontinent  que  je 
l'eu  receu,  je  Tenvoyay  à  Monsg'  l'archidiacre  de  Malines, 
le  Prévost  d'Aire,  pour  obtenir  le  consent  de  l'imprimer, 
espérant  que,  par  sa  faveur,  je  l'obtiendrois  plus  facile- 
ment et  ainsi  aurois  le  moyen  de  l'imprimer  plus  tost. 
Mais  il  s'est  ensuivi  que,  ledict  Sig'  ayant  faict  diligence 
de  le  faire  donner  en  conseil,  nous  n'avons  jamab, 
pour  sollicitations  que  mondict  S'  le  Prévost  ni  moy  ni 
mes  amis  ayent  sceu  faire,  sceu  revoir  la  copie,  ce  que 
j'ay  diflféré  de  rescrire  à  V.  Dl.  S**,  espérant  première- 
ment qu'elle  se  recouvreroit,  et  puis  après  que  mondict 
S'  Archidiacre  l'en  advertiroit  et  m'excuseroit,  ainsi 
qu'il  m'avoit  respondu  de  le  faire, dont,  à  ce  que  je  voy, 
ses  fréquentes  affaires  d'importance  luy  ont  faict  perdre 
la  mémoire. 

Et  pourunt,  je  supplie  V.  Dl*  S*®  ne  penser  qu'en 
cecy  il  y  ait  eu  de  ma  négligence  ou  faute  de  bonne 
affection  à  luy  faire  ung  si  petit  service,  veu  qu'au 
moindre  advertissement  que  je  pourrois  avoir  de  chose 
que  je  sceusse  luy  estre  aggréable,  il  ne  se  pourroit 
rien  présenter  tant   di£Eicile  que  je  ne  voulusse  entre- 


prendre  et  tascher  de  tout  mon  pouvoir  à  le  mectre  en 
effect,  ainsi  que  je  m'y  sens  tenu  et  obligé,  tant  pour 
ses  rares  vertus,  que  pour  tant  de  biensfaicts  que  j'ay 
receu  et  reçois  journellement  d'icelle,  ausquels  j'adjouxte, 
à  bon  droict^  cestuy  du  Missal  que  j'ay  receu,  et  le 
brief  aussi  de  Sa  S** ,  avec  Tadvertissement  de  Monsg' 
l'auditeur  de  V.  111.  S",  lequel  suis  résolu  de  suivre  de 
point  en  point,  et  d'envoyer  les  exemplaires  requis  en 
parchemin  pour  Mess"  de  S*  Pierre,»  et  les  autres,  4u 
R"^  card.  Caraffa,  pour  lequel  aussi  je  me  prépare  d'im- 
primer D.  Bemardum  de  Consideratione  ad  Eugenium, 
io-i6^,  estant  adverti,  ces  jours  passés,  par  mondict  S' 
l'Archidiacre  de  Malines,  qu'il  désiroit  veoir  ledict 
livret  en  telle  forme. 


246.  —  Plantin  à  "Philippe  IL 
Au  Roy. 

Remonstre  en  toute  humilité  Christofle  Plantin,  vostre 
prototypographe,  comment,  à  ses  grands  frais  etdespens, 
il  a  recouvert  les  livres  ensuivants  qu'il  désireroit  impri- 
mer, et  premièrement  Stanislai  Hosii  Cardinalis  Opéra 
omnia  ab  ipso  auctore  correcta  et  aucta,  soussigné  et 
approuvé  par  M.  Henricus  Dunghaeus,  docteur  en  Théo- 
logie, et  commis  par  M.  l'Évesque  d'Anvers  à  la  Visita- 
tion et  approbation  des  livres  qui  se  doibvent  imprimer  ; 
Catechismus  Romanus  luculentis  quasstionibus  distinc- 
tus  et  novis  annotationibus  elucidatus,  studio  et  industria 
Andréas  Fabricii,  et  l'Encyclie  des  secrets  de  l'éternité, 
avec  quelques  autres  vers  françois,  par  Guy  le  Fèvre  de 

II 


—  i66  —     , 

la  Boderie  •,  tous  deux  soussignés  et  approuvés  par  M. 
Thomas  Gozaeus,  docteur  en  la  S.  Théologie  à  Louvain  ; 
Item  Paraphrasis  in  triginta  Psalmos  Davidis  R.  Wilhel- 
mi  Lindani  Episcopi  Ruremundensis  *  ;  mais  d'autant 
que,  sans  vostre  permission,  il  ne  l'oseroit  faire,  et  que, 
davantage,  il  craihct,  outre  cela,  qu'ayant  mis  lesdictes 
œuvres  en  lumière,  autres  ne  les  imprimassent  en  vos 
païs  de  par  deçà,ou  ailleurs  imprimés  les  y  apportassent, 
er  ainsi  fust  frustré  de  ses  despens  et  labeurs,  supplie  très 
humblement  qu'il  vous  plaise  luy  octroyer  qu'il  puisse 
imprimer  lesdicts  livres  et  défendre  à  tous  autres,  de  quel- 
que qualité  ou  condition  qu'ils  soyent,  d'imprimer  les 
semblables,  ni  ailleurs  imprimés  les  vendre  ou  distribuer 
en  tous  vos  païs  de  par  deçà,  devant  dix  ans  accomplis^ 
sur  peine  de  confiscation  desdicts  livres,  autrement  im- 
primés ou  vendus,  et  de  telle  amende  qu'il  vous  plaira. 
Ce  faisant  vous  ferés  bien,  et  ledict  suppliant.... 


247.  -r-  Plantin  et  Michel  de  Hamont  à  Philippe  IL 

Au  Roy. 

Remonstrent  en  toute  humilité  Christofile  Plantin, 
prototypographe,  et  Michel  de  Hamont,  imprimeurs 
jurez,  résidens  es  villes  d'Anvers  et  de  Bruxelles  respec- 
tivement, comme  il  soit  venu  à  leur  cognoissance  que 
V"  Ma"  faict  présentement  dresser  quelques  ordonnan- 
ces sur   le   faict  de  la  Réformation  de  la  Justice  crimi- 


1.  Plantin,  1571,  in-40. 

2.  Plantin,  1572,  m-40. 


-  i67- 

nelle,  es  pays  de  V"  Ma**  par  deçà,  pour  y  estre  pu- 
blyées  et  entretenues,  et,  attendu  que  lesdicts  supplians 
ont  communément,  jusques  ores,  imprimé  semblables 
ordonnances  et  placcars  décernez  par  V"  M**,  et  tous- 
jours  s'y  [sont]  bien  et  diligamment  employé,  au  con- 
tentement d'ung  chacun  ; 

Suplyent  partant  très  humblement  que,  ce  considéré, 
mesmes  afin  que  lesdictes  ordonnances  puissent  tant 
mieux  estre  divulguées  et  distribuées,  et  ung  chaicun  plus 
accommodé  d'icelles  pour  s'en  pouvoir  régler  :  Il  plaise 
à  Vostredicte  Ma"  ottroyer  et  accorder  ausdicts  supplians 
que  eulx  seulz  conjointement  puissent  imprimer  ou  faire 
imprimer  les  ordonnances  susdictes,  et  icelles  vendre  en 
et  par  tous  lesdicts  pays  de  par  deçà,  et  ce  pour  ung 
temps  et  terme  de  six  ans,  avec  interdiction  à  tous 
autres  de  faire  semblable  impression,  imiter  ou  contre- 
faire icelle^  ou  vendre  par  deçà  autre  que  celle  desdicts 
supplians  ;  à  peine  de  cent  florins  pour  chaicune  foiz 
que  se  feroit  le  contraire,  et  confiscation  de  l'impres- 
sion, à  appliquer  l'ung  tiers  au  prouffict  de  Vostredicte 
Ma**,  l'autre  tiers  au  prouffict  desdicts  supplians  et  le 
troiziesme  tiers  au  prouffict  de  l'officier  qui  en  feroit 
l'exécution,  et  sur  ce  leur  faire  despescher  lectres  pa- 
tentes peninentes  '. 

I .  L'ordonnance  sur  le  fait  de  la  Justice  criminelle  fut  publiée  en 
I S  70,  en  français  et  en  flamand,  par  Plantin  et  par  Michel  de  Hamont, 
de  Bruxelles.  Plantin  en  fournit  plusieurs  centaines  à  son  collègue. 
En  1570,  Jean  Verwithagen  imprima  cette  ordonnance  pour  Plantin. 
L'année  suivante,  Henri  Alsens  lui  en  flt  une  nouvelle  édition. 


—  i68  — 

248.  —  Tlantin  à  Gilbert  d'Ognies. 

Le  22  octobre  1570. 

A  très  noble  et  Révérendissime  Signeur  Monsigneur 

rÉvesque  de  Tournay. 

Ma  longue  absence  de  ceste  ville  d'Anvers  est  cause 
que  plus  tost  je  n'ay  respondu  aux  lectres  de  V.  R*°® 
S**.  Ce  que  je  feray  maintenant  en  bref.  Q.uant  aux 
Bréviaires  envoyés  de  mon  impression,  estants  agréables 
à  V.  R™*  S**,  je  m'en  tiens  doublement  satisfaict. 

J'advance  l'impression  du  Psautier  '  autant  qu'il  m'est 
possible,  y  besongnant  à  deux  presses,  qui  font  une 
feille  pour  jour,  de  sorte  que  j'en  ay  30  feilles  imprimées 
et  continueray  ainsi,  ou  à  davantage  de  presses,  si  j'en 
pouvois  trouver  le  moyen,  jusques  à  la  fin  d'iceluy.  Or, 
j'en  imprime  10  exemplaires  en  parchemin,  desquels 
Messieurs  de  Malines  "  ont  retenu  les  4  et  payent  le- 
dict  parchemin.  Qpe,  si  V.  R.  S.  ou  Messieurs  du 
chapitre  en  vouloyent  quelque  exemplaire,  il  seroit  be- 
soing  m'en  advenir,  devant  que  autres  les  retinssent  et 
payassent  ledict  parchemin.  J'estime  bien  que  chacun 
exemplaire  en  parchemin  coustera  quelque  cinquante 
florins  ■. 

Qjiant  à  l'Antiphonaire  *,  n'ayant  pas  encores  receu 
autre  chose  que  le  commun,   je  ne  l'ay  encores  com- 


1.  PsalUrium,  1571,  in-folio. 

2.  Les  Chanoines  de  la  Cathédrale  de  Malines. 

3 .  Le  chapitre  de  Tévèché  de  Tournai  acheta  de  Plantin  deux 
Psautiers  en  parchemin,  à  60  florins  la  pièce,  sans  parler  d'un  grand 
nombre  d'exemplaires  sur  papier,  à  8  florins. 

4.  xAntifixmarium^  X573>  2  vol.  in-folio. 


—   lé9  — ' 

lïîencé  et  ne  trouve  pas  bon  de  le  commencer,  jusques 
à  ce  que  je  voye  davantage  de  la  copie  preste,  que  nous 
attendons  du  Chapitre  de  Tesglise  de  V.  R°*  S. 

J'ay  receu  de  Rome  le  nouveau  Missal  corrigé  en 
beaucoup  d'endroicts  par  les  commis  de  Sa  Saincteté, 
qui,  par  ses  lectres  particulières,  m'en  commet  Tim- 
presâon,  selon  ladicte  copie  corrigée  qu'il  m'a  faict 
envoyer,  ce  que  j'espère  aussi  de  commencer  bien  tost 
et  lors  d'en  envoyer  quelque  feille  à  V.  R"**  S.,  à  la 
bonne  grâce  de  laquelle  suppliant  estre  recommandé,  je 
prie  Dieu  la  maintenir  en   santé  et  bonne  prospérité. 

D'Anvers,  etc. 


249.  —  Plantin  à  "Philippe  IL 

(Plantin  écrit  à  Philippe  II  qu'il  peut  imprimer,  tous  les  quatre 
mois,  2000  Bréviaires  in-S^,  2000  Diurnaux  in- 160  et  1000  Missels. 
Deux  mille  florins  devaient  lui  être  payés  d'avance  ;  le  reste  à  la  fin 
des  quatre  mois.  Si  sa  maison  était  plus  grande,  il  pourrait  fournir 
le  double  en  trois  mois.) 

Aviso  V.  M.  que  cantidad  de  dineros  sera  menester 
que  se  le  provean  ante  mano  y  que  numéro  de  Brevia- 
rios,  Diurnales  y  Missales  podran  salir  juntos  d'una 
stampa  y  en  que  tanto  tiempo. 

La  quantidad  de  dineros  a  de  ser  ante  mano  segun  el 
numéro  que  se  ha  de  imprimir. 

Yo  puedo  imprimir  cada  quatro  meses  2000  Breviarios 
in-8°  y  2000  Diurnales  in-i6°  con  1000  Missales,  por 
los  quales  séria  menester  que  se  proveesse  ante  mano^ 
para  comprar  y  mandar  el  papel,  dos  mil  florenes  y  algo 
para  los  otros  gastos  de  la  impression  ;  y  al  cabo  de  los 
dichos  quatro  meses  lo  demas  se  devria  pagar. 


—  lyo  — 

Que  si  la  mia  posada  fuesse  mas  grande,  para  poner 
mas  prelos  y  poder  sugar  [sic]  los  pliegos  quando  son  im- 
presses,  yo  entonces  podria  dar  cada  très  meses  4000 
Breviarios,  4000  Diumales  y  dos  mil  Missales,  y  entonces 
séria  menester  otro  tanto  de  dineros,  para  que  en 
tiempo  se  mandasse  hazer  el  papel  ;  y  es  de  notar  que 
para  hazer  buena  obra  séria  menester  tener  al^unos 
meses  el  papel  antes  que  imprimir  lo,  porque  el  papel 
nuevamente  hecho  no  se  dexa  tambien  imprimir  o  no 
salle  la  obra  tam  buena. 


250.  —  Vlantin  à  Çayas. 

A  l'illustre  Signeur,  le  Sig'  Gabriel  de  Çayas, 
Secrétaire  d'Estat  du  Roy. 

Illustre  Signeur, 

D'autant  plus  que  je  voy  mes  entreprinses  et  labeurs 
favorisés  et  soustenus,  premièrement  par  Vostre  Illustre 
Signeurie  et  conséquemment  par  cestuy  autre  soy- 
mesmes  Monsieur  le  docteur  B.  Arias  Montanus,  ma 
•  personne  par  tous  deux,  sans  que  mçsme  je  le  désire, 
poussée  aux  faveurs  et  honneurs  d'estre  nommé  servi- 
teur de  la  Majesté  de  nostre  Roy  catholique,  d'autant 
plus  je  deviens  honteux  et  comme  esmerveillé,  me  sen- 
tant du  tout  indigne  de  tels  bénéfices. 

Et  pourtant  serois  je  bien  ingrat,  si  je  ne  recongnois- 
sois  toute  ma  vie  et  ne  commandois  aux  miens  de  re- 
congnoistre  que  tous  les  biens  et  honneurs  qui  me 
viennent  ou  viendront  jamais  de  la  part  de  Sa  Majesté 
et  de  tous  les  siens  proviennent  de  la  faveur  et  advan- 


—  lyi  — 

cernent  de  V.  Ill*  Sig*,  par  laquelle  je  suis  venu  en  la 
recommandation  et  congnoissance  de  cest  autre  soy- 
mesmes  qui,  par  l'auctorité  de  ses  grâces,  contrainct 
un  chaicun  de  me  favoriser. 

Je  suis  joyeux  d'entendre  que  les  livres  envoyés  par 
le  S'  Capitaine  Haro  soyent  parvenus  bien  traictés  entre 
les  mains  de  V.  S.  Et  encores  plus  qu'en  cela  mon 
service  luy  ait  esté  aggréable,  car  à  ceste  fin  ay^je  en- 
voyé lesdicts  livres  et  non  pour  en  recevoir  autre  paye- 
ment de  V.  111*  S**,  au  commandement  de  laquelle  tou- 
tesfois  n'osant  contrevenir,  je  luy  envoyé  le  compte  de 
tout  ce  que  je  luy  ay  envoyé  ceste  année  avec  le  prix 
constant.  , 

Ma  femme  remercie  très  humblement  V.  111*  S'*  de 
la  faveur  qu'il  luy  plaist  nous  faire  et  mesmes  dfe  l'avoir 
en  si  bonne  souvenance  que  de  luy  envoyer  ses  recom- 
mandations, dont  se  resjouissant  grandement,  et  ne  pou- 
vant récompenser  telle  faveur,  elle  prie  et  fera  prier  les 
siens  Dieu,  toute  leur  vie  pour,  la  santé  et  prospérité 
d'icelle  V.  Dl*  S'*;  ce  que,  à  son  exemple,  font  et  feront 
aussi  toutes  mes  filles  et  gendres,  les  noms  et  exercices 
desquels  j'envoye  icy  par  escrit  à  V.  111*  S.,  ainsi  qu'il 
luy  a  pieu  me  l'ordonner.  A  laquelle,  par  le  premier, 
j'envoyeray  6o  exemplaires  du  livre  de  défunct  Docteur 
Mena.  Car  j'ay  remandé  tous  les  exemplaires  qui  res- 
toyent  en  nostre  boutique  à  Paris,  lesquels  j'adjouxteray 
à  trente  que  j'avois  par  avant,  qui,  pour  attendre  les 
autres,  ont  été  réservés  icy  jusques  à  maintenant  que  je 
les  feray  m«ctre  en  dedans  les  cofres  que,  par  l'ordon- 
nance dudict  S^  B.  Arias  Montanus,  j'avois  faict  faire 
pour  V.  111*  S*  ou  bien  ainsi  que  mieux  viendra  à  pro- 
pos. 


—  172  — 

(Le  4  novembre  1570.) 

A  cette  lettre  était  joint  le  mémoire  que  nous  faisons  suivre  ici 
et  dans  lequel  Plantin  énumère  «  les  noms  et  exercices  de  ses  filles 
et  gendres  ».  Dans  les  minutes'îies  lettres,  cette  pièce  porte  en  tête 
le  mot  «  Copie  »  et  la  date  du  4  novembre.  A  la  fin  elle  est  datée 
du  6  décembre  1S70.  Entre  la  lettre  précédente  et  celle-ci,  les  minutes 
donnent  celle  que,  le  21  novembre,  Plantin  adressa  au  Cardinal  Sta- 
nislas Hosius.  Nous  croyons  que  la  lettre  mentionnant  Tenvoi  du 
mémoire  fut  écrite  le  4  novembre  et  que  le  mémoire  fut  expédié 
le  même'  jour,  mais  qu'il  ne  fut  copié  dans  les  minutes  que  le  6  dé- 
cembre. 


251.  —  Plantin  à  Çayas. 

4  novembre  1570. 
Monsg'  Çayas, 

Pour  satisfaire,  comme  j'y  suis  tenu,  à  l'ordonnance 
de  Vostre  Illustre  Signeurie,  par  laquelle  il  luy  a  pieu 
rescrire  que  je  luy  envoyasse  par  escrit  le  nombre  de 
mes  fils  et  filles  et  l'aage  et  l'exercice  de  chaicun,  il  luy 
plaira  doncques  premièrement  entendre  que  Dieu  ne 
m'a  point  laissé  de  fils  vivant  en  ce  monde,  mais  seule- 
ment cinc  filles.  Lesquelles  j'ay,  autant  qu'il  a  pieu  à 
Dieu  m'en  faire  la  grâce  et  donner  de  capacité,  tant  à 
elles  qu'à  moy,  préalablement  instituées  à  craindre,  ho- 
norer et  aimer  Dieu,  nostre  Roy,  tous  nos  Magistrats 
et  supérieurs  et  pareillement  à  soulager  leur  mère  et 
luy  servir  de  chambrière  es  affaires  domestiques  selon 
leur  pouvoir  et  aage.  Et  d'autant  que  la  première  en- 
fance est  trop  fragile  et  débille  de  corps  pour  faire 
choses  manuelles  au  mesnage  ou  train  de  marchandise, 
je  leur  ay  faict  alors  tellement  apprendre  à  escrire  et  à 
bien  lire  que,  depuis  l'aage  de  quatre  à  cinq  ans  jusque 
à  l'aage  de  douze  ans,  chaicunne  des  quatre  premières. 


—  173.  — 

selon  leur  aage  et  reng,  nous  ont  aidé  à  lire  les  espreu- 
ves  de  rimprimerie  en  quelque  escriture  et  langue  qui 
se  soit  offerte  pour  imprimer.  Et,  aux  heures  vacantes 
et  selon  le  loisir  qu'elles  ont  eu,  j'ay  prins  peine  aussi 
de  leur  faire  apprendre  à  besongner  de  Tesguille  sur 
toille,  tant  pour  chemises,  collets  ou  mouchoirs  que 
pour  autres  telles  choses  de  lingerie,  en  observant  tous- 
jours,  peu  à  peu,  à  quoy  chaicunne  s'inclineroit  le.  plus 
ou  seroit  la  mieux  idoine  d'exercer  au  temps  advenir, 
comme  particulièrement  je  dédareray  ici  l'aage  et  exer- 
cice de  chaicunne  d'icelles. 

La  pfemièrc  nommée  Marguerite,  maintenant  aagée 
de  23  ans,  s'estant,  outre  l'habilité  de  bien  lire,  trouvée 
dextre  à  escrire,  se  fust  enfin  monstrée  l'une  des  milleurs 
plumes  de  tous  les  païs  de  par  deçà  pour  son  sexe,  s'il 
ne  luy  fust  survenu  ung  accident  entièrement  contraire 
à  cela,  qui  a  esté  une  débilité  de  veue  telle  qu'impossible 
luy  eust  esté  de  voir  escrire  deux  ou  trois  lignes  conti- 
nuelles. Parquoy,  dès  l'aage  de  douze  ans  qu'elle  m'es- 
crivit  de  Pariç  (où  pour  lors  je  l'avois  menée  chez  ung 
mien  parent  pour  la  faire  mieux  apprendre  les  bons 
traicts  de  plume  d'un  certain  brave  escrivain  qui  pour 
lors  monstroit  à  escrire  au  Roy  qui  la  luy  recommanda) 
ceste  lectre  que  j'envoye  pour  monstre  à  V.  I.  S.,  je  fus 
contrainct  de  la  retirer  et  depuis  n'a  esté  propre  à 
chose  ou  fust  requis  bonne  veue. 

Ceste-cy  parvenue  à  l'aage  de  dix-huict  ans  me  fut 
demandée  en  mariage  par  ung  de  mes  correcteurs  de 
l'imprimerie  auquel,  pour  ses  seules  veitus  et  sçavpir  je 
la  donnay,  prévoyant  qu'il  seroit  ung  jour  utile  à  la  Ré- 
publique Chrestienne,  comme  je  dirois  qu'il  le  monstre 
en  effect,   ne  fust  que  mon  tesmoignage  pourroit  estre 


—  174  — 

suspect  et  que  ce  grand  et  admirable  personnage  en 
toutes  rares  vertus,  sçavoir  très  exquis  et  piété  souve- 
raine, B.  Arias  Montanus,  pour  l'avoir  expérimenté  en 
la  correction  des  espreuves  de  la  Bible  Royale  en  peut 
mieux  et  plus  seurement  juger  que  moy.  Ledict  correc- 
teur, mari  de  ma  susnommée  fille  Marguerite,  a  nom 
François  Raphlinghen,  à  qui  madicte  fille  a  enfanté 
deux  beaux  fils,  desquels  j'ay  nommé  le  premier-nay 
Christofle,  maintenant  aagé  d'environ  4  ans  :  l'autre  est 
nommé  Françoys,  aagé  d'environ  deux  ans  :  et  est  la 
mère  enceinte  pour  enfanter.  Dieu  aidant,  environ  la 
fin  de  Quaresme  prochain. 

La  seconde  de  mesdictes  filles  nommée  Martine 
aagée  maintenant  de  20  ans  s'estant  outre  les  premiers 
exercices  susdicts  [montrée],  dès  sa  jeunesse,  propre  à 
faire  le  train  de  lingerie,,  je  l'ay  entretenue  audict  train, 
depuis  l'aage  de  treze  ans  jusques  au  mois  de  may  der- 
nier, qu'elle  me  fut  demandée  en  mariage  par  ung  jeune 
homme  assés  expert  et  bien  entendant  les  langues 
Grecque,  Latine,  Espagnole,  Italienne,  Françoise,  Alle- 
mande et  Flamahde  qui,  dès  le  temps  que  V.  111*  S** 
estoit  par  deçà  avec  Sa  Majesté  jusques  à  maintenant, 
m'a  tousjours  servi,  en  temps  de  faveurs  et  en  temps 
contraire,  sans  m'abandonner  pour  fortune  qui  m'advînt 
ni  pour  promesses  ou  attraict  qu'autres  luy  ayent  sceu 
faire,  mesme  en  luy  présentant  trop  plus  riches  maria- 
ges et  gages  qu'il  n'estoit  en  mon  pouvoir  de  luy  don- 
ner. Parquoy  je  la  luy  donnay,  au  grand  contentement 
de  tQps  lîies  bons  Signeurs,  parents  et  amis  qui  ont 
cogneu  ledict  jeune  homme  en  maniant  les  affaires  de 
nostre  boutique  '. 

I.  Jean  Moretus  qui  épousa  Martine  Plantin,  le  4  juin  1570. 


—  I7S  — 

Et  ainsi  ay  je  (grâces  à  mon  Dieu  qui  me  donne  ceste 
faveur)  deux  autres  moy-mesmes  aux  deux  principaux 
points  de  mon  estât  :  le  premier  pour  l'imprimerie  à  la 
correction ,  et  le  second  en  la  jj^outique  pour  nos 
comptes  et  marchandises.  A  quoy,  pour  le  présent,  il 
me  seroit  impossible  de  pouvoir  entendre,  veu  les  char- 
ges et  occupations  qui  me  sont  données  journellement. 

La  troisiesme  nommée  Catherine  *,  aagée  maintenant 
de  dix-sept  ans,  s'estant,  outre  les  susdictes  occupations 
premières  de  Tenfance,  trouvée  idoine  à  manier  affaires 
et  comptes  de  marchandises,  je  Tay;  depuis  Taage  de 
13  ans  jusques  à  ores,  instruicte  et  occupée  aux  com- 
missions qui  me  sont  ordinairement  données  de  mes 
parents  et  amis  demeurant  en  France  pour  leurs  mar- 
chandises et  principalement  pour  ung  mien  amy  demeu- 
rant à  Paris  qui  est  nommé  Pierre  Cassen,  lingier  de 
Messieurs  frères  du  Roy  et  leur  pourvoyeur  de  mar- 
chandises. Lequel  marchant  s'est  telleiûent  trouvé  du 
service  que,  par  mon  ordonnance,  elle  luy  a  faict  par 
deçà  à  la  sollicitation  et  achapt  des  ouvrages  de  lingerie 
et  toilles  fines  que,  maintenant,  il  luy  laisse  la  charge  et 
se  confie  en  elle  de  sesdictes  affaires  de  par  deçà,  qui  se 
montent  chaicun  an  plus  de  douze  mille  ducats. 

La  quatriesme  nommée  Magdelaine  ',  aagée  mainte- 
nant de  treze  ans,  tient  encores  la  règle  qu'ont  tenu  les 
autres  jusques  à  pareil  aage  :  asçavoir  d'aider  à  sa  mère 
aux  affaires  du   mesnage  :    et  principalement  a  pécu- 

1.  Catherine  Plantin  épousa  Jean  Gassen,  à  Paris,  en  1571.  De- 
venue veuve,  elle  épousa,  à  Anvers,  en  15 75,  Hans  Arents,  alias 
Spierinck. 

2.  Madeleine  Plantin  épousa  Égide  Beys,  à  Paris^  le  7  octobre 
1572  ;  elle  convola  en  secondes  noces  avec  Adrien  Périer^  en  1595. 


—  176  — 

lière  charge  de  porter  toutes  les  espreuves  des  grandes 
Bibles  Royales  au  logis  de  Monsg*^  le  Docteur  B.  Arias 
Montanus  et  de  lire,  des  originaux  Hébraïcques,  Chal- 
déens,  Syriacques,  Grecs  et  Latins,  le  contenu  desdictes 
espreuves,  tandis  que  mondict  S'  le  docteur  observe  dili- 
gemment si  nos  feilles  sont  telles  qu'il  convient  pour 
les  imprimer.  Et  lesdictes  Bibles  Royales  estant,  avec  la 
grâce  de  Dieu,  achevées,  je  suis  d'intention  (d'autant 
que  l'aage  ne  me  semblera  plus  estre  seur  de  la  laisser 
fréquenter  avec  les  correcteurs)  de  l'employer  à  m'aider 
et  soulager  à  prendre  esgard  à  la  besongne  qui  s'impri- 
me céans,  et  à  payer  les  compagnons  au  samedi  de  leurs 
gages  de  la  semaine  et  à  observer  que  chaicun  face  son 
devoir  parmy  la  maison.  Le  tout  selon  que  le  temps  et 
la  capacité  de  son  esprit  le  pourra  porter  et  compren- 
dre pour  sçavoir  ung  jour,  s'il  le  plaira  ainsi  à  Dieu, 
aider  à  gouverner  l'imprimerie. 

La  cinquiesftie  et  plus  jeune  nommée  Henrie  ' ,  aagèe 
de  huict  à  neuf  ans  est  encores  (pour  la  tardivité  de  son 
esprit  lent,  mais  autrement  doux  et  modeste)  entretenue 
à  lire,  escrire  et  coudre  à  l'esguille  en  lingerie  et  à 
servir  sa  mère  es  petites  affaires  du  mesnage,  à  quoy  je 
la  prévoy  plus  propre  qu'à  quelques  autres  choses. 
Nonobstant  quoy,  je  délibère  d'essayer  si  elle  pourra 
aussi  estre  propre  à  lire  les  espreuves  de  Timprimerie, 
comme  auront  faict  toutes  ses  sœurs'  devant  elle  :  et 
cependant  j'adviseray  de  me  résoudre  de  la  faire  exercer 
à  Testât  que  je  la  croiray  plus  idoine. 

Voylà,  Monsg*"  très  honoré,  le  nombre  de  mes  enfans, 

I .  Henriette  Plantin  épousa  Pierre  Moerentorf,  frère  de  Jean  Mo- 
retus,  à  Anvers,  le  premier  juin  1S78.  * 


—  177  — 

leur  aage  et  exercice.  Je  prie  Dieu  qu'il  luy  plaise  me 
faire  la  grâce  et  auxdicts  mes  enfants  et  gendres  et  aux 
enfans  qui  en  procéderont  qu'ils  puissent,  sous  la  crainte 
et  amour  de  Dieu,  faire  quelque  petit  service  à  la  ma- 
jesté de  nôstre  Roy  vrayement  catholique  et  à  tous  ses 
magistrats  et  signamment  à  V.  111*  S**,  ainsi  qu'ils  y  sont 
tenus  et  de  prier  Dieu  à  jamais  pour  icelle,  tant  pour  les 
bienfaicts  et  faveurs  que  j'en  ay  receus,  et  eux  consé- 
quemment,  que  par  les  mérites  d'icelle  V.  111.  S**  envers 
la  république  chrestienne,  au  profict  de  laquelle  ce  grand 
thrésor  des  Bibles  Royales  et  autres  maints  œuvres  de 
piété  ont  esté  par  son  incitation,  conseil  et  sollicitude 
entreprins  et  achevés  et  se  feront  journellement,  comme 
je  l'espère  de  plus  en  plus.  Car,  quant  à  moy,  je  ne  tiens 
nul  bien,  travail  ne  industrie  mieux  employés  que  ceux 
qui  le  sont  au  proffict,  advancement  et  entretien  de  nostre 
saincte  foy  apostolique  Rommaine.  Et  aussi  me  tiens  je 
heureux  d'avoir  eu  le  moyen,  par  la  seule  faveur  de  V. 
111.  S**,  d'estre  employé  à  chose  qui  puisse  servir  à  icela, 
ne  faisant  compte  de  travail  ni  despenses  que  je  puisse 
endurer,  faire  ne  supporter,  pourveu  que  cela  puisse 
donner  quelque  aide  à  ceux  qui  aiment  la  piété  et  quel- 
que contentement  à  Sa  M**  et  à  ses  bons  conseilliers  et 
serviteurs,  desquels  je  désire  pouvoir  mériter  d'estre  le 
plus  infime. 

Qui  sera  l'endroict,  Monsg'  très  honoré,  où  je  prieV. 
m.  S**  me  pardonner,  si  j'ay  esté  icy  trop  prolixe  et  me 
tenir  tousjours  pour  l'un  de  ses  petits  (mais  très  affec- 
tionné) serviteurs  qui  prie  Dieu  et  le  fera  prier  par  les 
siens,  à  jamais,  pour  la  bonne  santé  et  prospérité  d'icelle. 

D'Anvers,  ce  6  décembre  1570. 


-  178- 

252.  —  Gilles  Veys  à  Jean  Maretus. 

A°  1570,  le  16*  novembre. 

Frère  et  amy  Jehan,  Toutes  humbles  recommendations 
prémises,  je  vous  envoyé  su}rvant  vostre  advis  les  fac- 
tures des  balles  n?  22,  23,  24,  25  et  26,  combien  que 
je  les  vous  aye  envoyées  une  fois  par  Hans  le  messagier, 
dès  le  13*^  septembre.  Le  Sire  Jehan  Gassan  m*a  prié 
vous  mander  qu'il  vous  plaise  luy  faire  ce  bien  de  luy 
achepter  douze  aulnes  de  frize,  aultrement  Engelsche  vrise^ 
de  la  meilleure,  la  plus  forte,  et  de  la  plus  belle  cou- 
leur, sçavoir  de  couleur  tanné  ou  aultrement  brun, 
comme  a  esté  la  vostre  qu'aviez  achepté  pour  vous, 
passé  cinq  ou  six  ans,  c'eçt  pour  luy  faire  une  robbe  de 
nuict,  et  les  luy  envoyer  par  le  primier  tonneau  ou 
coffre  que  vous  envoyerez,  en  luy  mandant  le  pris  qu'il 
vous  rendra.  N'estant  la  présente  pour  aultre,  prieray 
l'éternel  vous  donner  avec  Mad°*  vostre  compfigne,  en 
santé,  bonne  et  heureuse  vie,  me  recommandant,  etc., 
sans  oblier  les  filles  de  la  maison  et  toute  la  famille. 
De  Paris,  comme  dessus. 

Vostre  meilleur  et  comme  frère  amy 

Gilles  Beys. 
3  fb  douze  s. 

Adresse  :  Au  S'  Jehan  MoretorflF,  à 

Anvers. 


—  179  ~ 
253.  —  Plantin  à  Stanislas  Hosius. 

(Plantin  aurait  été  heureux  d'imprimer  les  œuvres  du  Cardinal 
Hosius  et  s'apprêtait  à  mettre  la  main  à  l'œuvre,  quand  des  circon- 
stances imprévues  vinrent  l'en  empêcher.  Les  héritiers  de  Steelsius 
en  avaient  commencé  la  réimpression  et  Jean  Srinowsky,  homme  de 
confiance  du  Cardinal,  avait  engagé  Plantin  à  remettre  le  travail, 
lui  assurant  qu'il  répondrait  ainsi  aux  intentions  de  l'auteur.) 

Le  21  novembre  1370. 

lUustrissimo  et  Reverendissimo  Cardinal!  Domino 

Stanislao  Hosio,  etc. 

Plurimae  cène  et  paene  insuperabiles  difficultates  me 
hactenus  impediverant,  111"*  et  R™*  Cardinalis,  quomi- 
nus  ego,  ut  jam  diu  summis  votis  exoptaveram,  aliquod 
indicium  meae  erga  Tuam  Celsitudinem  observantiae,  in 
doctïssimis  et  piissimis  operibus  tuis,  qua  potuissem  di- 
ligentia,  fide  et  elegantia,  excudendis,  declarare  potuis- 
sem, cum  ecce  tandem,  superatis  illis  omnibus  et  jam 
serio  manum  operi  admoventi,  iisdemque  typis  et  pa- 
pyro  (sed  folio  integro),  quibus  olim  Alani  Copi  nostri, 
hominis  et  doctissimi  ita  et  candidissimi,  deque  repu- 
blica  christiana  bene  meriti ,  opus  dialogorum  edide- 
ram,  incœpta  editione  nostra,  aliud  insperatum  accidit 
quod  me  currentem  impedit  et  remoratur,  nempe  im- 
pressio  rursus  incœpta  a  vicinis  meis  haeredibus  de- 
functi  Johannis  Steelsii  ;  cujus  spécimen  visum  non  me 
ab  instituto  deterruisset,  nisi  nobilis  viri  D.  Johannis 
Srinowsky,  servitoris  lUustrissimae  Reverentiae  Tuae, 
auctoritas  intervenisset  et  me  jam  ad  incœptum  iter  ani- 
mum  resumentem  paenitus  stitisset.  Rogavit  namque 
ut  impressionem  a  dictis   haeredibus   suo  et  Matemi  * 

X.  Materne  Cholin,  imprimeur  à  Cologne. 


—  i8o  — 

nomine  a  quo  correctiones  111.  et  R.  D.  T.,  ut  dicunt, 
easdem  quas  et  ego,  acceperant,  incœptam  absolvi  et, 
aliquid  praeterea  temporis  postea,  illis  ad  distractionem 
exemplarium  faciendam  permitterem.*  Quod,  praesente 
clarissimo  et  doctissimo  viro  D.  Henrico  Dunghaeo  S. 
Theologiae  doctore  111"**  D.  T.  observantissimo  dictoque 
Srinowski,  feci  libentius,  quod  hic  affirmaret  me  tibi 
rem  facturum  non  ingratam  et  quae  in  proximam  edi- 
tionem,  quam,  bac  absoluta,  post  sex  menses  suscipere 
potero,  non  sit  mihi  nocitura. 

Habet  hic  111"*  et  R°*  D.  T.  caussam  quart  nunc  ab 
optatissimis  operibus  tuis  imprimendis  desistam  et  me 
servitorem  in  omnibus  quae  potero  semper  paratissimum 
et  addictissimum,  quem  ut  non  contemnas  obsecro.  Domi- 
nus  Deus  111"*"  et  R*"  D.  T.  in  reipublicae  Christia- 
nae  gratiam  et  utilitatem  diu  nobis  incolumem  conservare 
dignetur. 

Antverpiae,  21  novembris  1570. 


254.  —  Plantin  à  Laurent  à  Villaviuntio  *. 

(Protestations  de  dévouement  de  Plantin.  Le  père  Santysius  lui 
avait  remis  à  imprimer  un  livre  de  Laurent  à  Villa vicentio.  Il  s'était 
mis  en  devoir  de  le  faire  et  Tavait  soumis  au  censeur  ecclésias- 
tique. Peu  après,  il  apprit  que  Santysius  avait  redemandé  le  livre 

I .  Laurent  à  Villavicentio,  prédicateur  du  roi  d'Espagne,  né  à 
Xérès.  Il  entra  dans  Tordre  des  Augustins  et  séjourna  dans  les  Pays- 
Bas  où  il  enseigna  la  théologie  à  l'Université  de  Louvain,  avant 
d'être  attaché  à  la  chapelle  du  roi.  Plantin  imprima  de  lui  :  De 
Œconomia  sacra  circa  pauperum  curant,  1564,  in-8o;  Conciotus  in 
Evangelia  et  epistolas  e  tabulis  Dom,  Laureniii  a  VHÎavicentio  elàborata 
nunc  vero  aucta  et  locupktata  per  F,  Dominicum  JEgidium  Topiarium^ 
1568,  1573,  IS74. 


—  i8i  - 

au  censeur  et  Tavait  donné  à  imprimer  aux  héritiers  de  Steelsius, 
ce  qui  privait  Plantin  du  plaisir  de  rendre  service  à  l'auteur.  Pour 
confirmer  son  dire,  il  ajoute  à  sa  lettre  la  première  feuille  de  l'édi- 
tion de  Steelsius.) 

Reverendo  admodum  Patri  ac  doctissimo  viro  Domino 

Laurentio  a  Villavicentio  S.  Theologiae  Doctori, 
Catholicae  Regiae  Majestatis   concionatori  piissimo  etc. 

Quod  me  nuUis  certe  meritis  nostris  sed  amicorum, 
qui  me  aliquid  esse  vellent,  commendationibus  regia 
benignitate  et  favore  prosecutum  esse  gaudeas,  Pater 
multum  révérende,  gratias  habeo,  maximas  relaturus, 
si  vires  et  occasio  adessent.  Faxit  autem  Deus  optimus 
maximus  ut  onus  hoc  mihi  (animo  precibus  et  oratio- 
nibus  a  me  deprecatum)  impositum  diu  ad  reipublicae 
christianae  utilitatem  ferre  possim.  Vires  etenim  nuUas, 
industriam  nullam,  nullum  denique  animum  in  me 
agnosco,  quibus  possim,  ut  deceret,  tantam  rem  sartam 
tectani  agere  et  conservare,  nisi  Deus  ipse  actus  nostros 
juxta  voluntatem  suam  dirigat.  Animum  mihi  hactenus 
certe  dédit  et  voluntatem  ad  quasvis,  nuUa  ratione  habita 
proprii  lucri  vel  commodi,  suscipienda,  quae  in  reipu- 
blicae  Christianae  utilitatem  et  Régis  nostri  honorem  et 
ministrorum  ejus  fidelitatem  prsedicandam  et  dilatandam 
esse  cognoveram  vel  existimaveram.  Idque,  quantum 
potui,  in  parvis  praestare  antehac  conatus  sum. 

Nunc  vcro  et  posthac,  si  quid  in  majoribus,  ut  spero, 
praestitero,  id  totum  Maecenati  meo  Domino  Gabriel! 
Çayae,  Régis  nostri  catholici  Ministro  fidissimo  et  viro 
sapientissimo,  primum  debebitur,  postea  vero  maximo 
huic  doctori  domino  B.  Arias  Montano,  viro  tum  propter 
eruditionem  singularem  rerum  pêne  omnium  cognitio- 
çem  et  ingenii  dexteritatem,   tum  animi  candorem,  pie- 

12 


—    l82  — 

tatem  insignem  et  erga  omnes  charitatem  divinaiû 
admirabili^  quetn  ille  mihi  tamque  seipsum  merito  com- 
meodavit  aut  me  potius  huic  tamque  suum  insinuavit. 
His  itaque  duobus,  cum  me  ipsum  debeam  atque  R. 
P.  T.  ambobus   videam   esse  carissimam  (quam  enim 

I 

bene  de  ipsa  sentiat  et  loquatur  hic  D*^"  meus  Arias 
Montanus  testis  esse  possem)  eamque  semper  coluerim 
et,  quacumque  in  re  licuisset,  ei  gratificare  voluissem, 
nihil  certe  (nisi  nostris  humeris  impar)  unquam  recusare 
voluissem.  Cumque  primum  a  R^**  admodum  pâtre  et 
nunquam  satis  laudato  Domino  Santtysio  *  mihi  daretur 
liber  tuus  ',  mirum  gaudebam  in  modum  mihi  tandem 
esse  occasionem  in  re  nomine  odiosa  at  omnibus  S. 
Theologiae  studiosis  utili  Maecenati  illi  meo  D.  Çaya^  et 
tibi  gratificandi.  Dato  itaque  libro  Domino  licentiato 
Pardo',  Canonico  hujus  Ecclesiae  cathedralis,  viro  docto, 
pio,  et  candido,  characteres  novos  et  bonam  papyrum 
adornare  et  parare  cœpi.  Cum  autem  intellexi  Dominum 
Santysium  a  dicto  Domino  Pardo  librum  repetisse,  dolui 
quidem,  non  certe  lucri  alicujus  aut  proprii  commodi 
(quorum  causa  tantum  numquam  ego  aliquid  suscepi 
suscipiamve  imprimendum)  gratia,  sed  quod  abrepta 
mihi  esset  causa  bene  de  vobis  merendi. 

Qiiod  vero   nunc  a  me  petit  R.  P.  V.,  ut  repetam 
exemplar,  jam  tardius  est  quam   ut  fieri  posset,  cum 


1 .  Christophe  Santotisius  (Santo-Tis  ou  a  Sancto  Tyrso),  vicaire- 
général  de  Tordre  des  Augustins  et  prédicateur  célèbre,  né  à  Burgos, 
mourut  vers  1612. 

2.  Probablement  le  :  7)6  formando  Studio  thedlogicOy  imprimé  par 
Stedsius. 

3 .  Sylvestre  Pardo,  chanoine  de  la  Cathédrale  d* Anvers,  censeur 
de  livres,  mort  le  4  avril  1605,  à  Tâge  de  72  ans. 


^  183  ^ 

hodie  de  eo  mihi  percontanti  traditum  sit  in  manibus 
exemplar  jam  ex  impressione  nova  haeredum  Steelsii 
absolutum,  cujus  ut  certior  fias  primum  folium  unum 
hic  adjunge^  ad  majorem  tibi  fidem  faciendam  non 
dubitavi.  Ceterum,  si  qua  in  re  alias  R.  P.  T.  aliquod 
ofEcium  praestare  [potuero],  habebit  me  votis  suis  per- 
pétue quantum  oportunitas  et  vires  nostrae,  ferent  addic- 
dssimum. 

Vale. 

Antverpiae^  7  decembris  1570. 


255,  — p  Tlantin  à  Serranus  *. 

(Plantin  se  dit  heureux  de  pouvoir  éditer  le  Commentaire  sur 
Ezéchid  de  Serranus  ;  il  fera  tout  son  possible  pour  se  rendre  digne 
de  rhonneur  d'avoir  été  choisi  pour  exécuter  ce  travail.  Le  manuscrit 
a  été  mis  entre  les  mains  des  censeurb.  Dès  que  le  livre  aura  été 
approuvé  4>ar  eux,  il  sera  mis  sous  presse  et  Tauteur  recevra,  à  la 
première  occasion,  une  épreuve  du  commencement.) 

Reverendo  et  Doctissimo  Vire 
D°**  P.  Serrano  S.  Theologiae  Doctori. 

Quod  placuerit  nostra  qualicumque  opéra  doctissimum 
opus  tuum  in  Ezechielem  publici  juris  facere  gaudeo 
equidem  et  R.  D.  T.  gratias  habeo  maximas,  quas,  etsi 
inter  ipsum  opus  tuum  agere  me  posse  diffidam,  conabor 

I.  Pierre  Serrano^  né  à  Bujalance,  près  de  Cordoue,  était  abbé 
de  Téglise  collégiale  et  professeur  de  philosophie  à  Alcala;  en  1577^ 
il  devint  abbé  de  Coria  et  mourut  peu  après.  En  1572,  Plantin  pu- 
blia de  lui  :  In  Levitici  îibrum  Commentaria  et  Commentaria  in  E^e- 
chidem  prophetamy  in-folio.  L'auteur  paya  200  florins  à  Timprimeur 
pour  couvrir  les  frais  et  reçut  en  retour  186  exemplaires  de  ses  ou- 
vrages. 


—  184  — 

tatnen  efScere,  ne  ingratus  videar  vel  omnino  indignus 
qui  a  patrono  illo  meo  D.  B.  Aria  Montano,  viro  ob 
ejus  dotes  admirabili,  commendatus  fuerim.  Ipsum 
itaque  opus  commissariis,  hic  ab  Episcopd  nostro  auc- 
toritate  Regia  deputatis,  jam  dedi  ad  approbandum,  ut 
nobis  faciendum  est,  antequam  a  consilio  Regio  hic 
confirmationem,  ut  dccet,  impetrare  possimus.  Ea  vero 
impetrata  ilico  manum,  Deo  favente,  operi  admovebo, 
neque  ab  eo  tollam,donec  perfecero;  cujus  etiam  princi- 
pii  spécimen  ad  D.  V,  prima  oportunitate  mittara. 


256.  —  Tlantin  à  xAlon^  de  Vera  Cru^  *. 

(Plantin  remercie  Alonzo  de  Vera  Cruz  pour  les  éloges  que  celui- 
ci  lui  a  adressés  ;  il  doit  tout  à  ses  protecteurs  et  se  met  entièrement 
au  service  de  son  correspondant  et  des  autres  amis  de  son  patron 
Arias  Montanus.  Il  compte  réimprimer  bientôt  une  édition  in-40  de 
la  Somme  de  S^  Thomas  d'Aquin.  Q.uant  à  la  proposition  faite  par 
Alonzo  de  Vera  Cruz  d'envoyer  les  impressions  plantiniennes  aux 
Indes  pour  les  y  faire  vendre,  l'imprimeur  préférerait  que  quelqu'un 
lui  achetât  ces  livres  i  un  prix  rémunérateur  et  les  vendit,  à  ses 
risques  et  périls,  dans  les  contrées  éloignées.) 

Rdo  et  doctiss.  viro  Domino  Alonzo  a  Vera  Cruce. 

Etsi  nihil  mihi  gratins  accidere  posset,  clarissime  Do- 
mine, quam  quod  conatus  et  labores  nostri  a  tui  et  Pa- 
troni  nostri  B.  Arias  Montani  similibus,  hoc  est  viris 
doctis  et  piis  probentur,  non  is  sum  tamen  qui  aliud 
quid  in  illis  meum  esse  praesumem,  praeter  quemdam 
laborem  pertinacem   ex   animi   voluntate   et   desiderio 

I.  Alonzo  de  Vera  Cruz,  de  son  nom  de  famille,  Alphonse  Gu- 
tierrez^  augustin  espagnol,  à  Madrid.  Il  écrivit  Memoriale  pro  defen^ 
Hone  reîigionum  mendicantium  et  Spéculum  conjugiorum. 


-  i85  - 

susceptum  ad  ea  publici  juris  facienda,  quae  nobis  aliquid 
suggerentibus  viri  docti,  graves  et  pii  in  reipublicae 
christianae  utilitaiem  esse  judicant  ;  cetera  omnia  majori 
laude  digna  vcstrorum  esse  libenter  agnosco,  qui  nostros 
illos  labores  favore  vestro  prosequi  et  ornare  dignamini. 
Nihil  itaque  me  omnino  profiieor  esst  prasterquam  quod 
Mascenates  et  Domini  mei  me  esse  volunt,  eorum  au- 
tem  voluntati  quin  pcrpctuo,  quantum  in  me  erit,  satis- 
facere  coner  facere  non  possum.  Proinde,  cum  Domi- 
natio  Tua  fuerit  ex  amicis  patroni  mei  B.  Ariae  Montani, 
non  est  quod  quid  a  me  petas,  sed  imperes  quicquid 
placuerit,  absente  namque  illo  ut  et  prassente  nihil  erit 
quod  non  libenter  ejus  et  tua  gratia  suscipiam  et  prae- 
stare  satagam. 

Quantum  ad  commentaria  in  Summam  S.  Thomas 
in-4*  forma  imprimenda  attinet,  jam  paene  mihi  desunt 
exemplaria  in-4®,  santque  plurimi  qui  a  me  efflagitant 
ut  dictam  Summam  una  cum  commentariis  etiam  cor- 
rectis  velim  imprimere,  qliod,  si  Deus  vitam  et  facul- 
tates  suppeditaverit,  me  agressurum  spero  fortasse  an- 
tcquam  adhuc  annus  elabatur. 

Quod  autem  D.  T.  libros  a  nobis  impressos  ofFerat 
per  suos  in  Indias  mittendos,  gratias  habeo  maximas. 
Libentissime  quidem  libros  nostros  bono  pretio  dabo  ei 
qui  eos  illuc  vel  aUo  cuperet  suo  commodo  vel  incom- 
modo  mittere  ;  meae  facultates  vero  non  tantas  sunt 
(ingénue  fateor)  ut  possim  tempus  missionis  et  venditio- 
nis  expectare.  Ad  libros  novos  quod  attinet,  prima  opor- 
tunitate  quicquid  ex  judicio  Patroni  mei  D.  B.  Ariae 
Montani  novi  hic  erit  prima  occasione  mittam. 

Vale,  vir  clarissime  et  doctissime. 


—  i86  — 

257.  —  Tlantin  à  Vaillant  de  Guellis  ^ 

A  Monsig'  Mons'  G.  Vaillant  de  Guelis, 
Conseiller  du  Roy,  à  Paris. 

1570,  II  décembre. 

n  n'a  pas  tenu  à  la  bonne  volonté  ni  diligence  de 
cercher  les  moyens  d'accomplir  ma  promesse,  Monsi- 
gneur  très  honoré,  que  je  ne  vous  y  ay  de  long  temps 
satisfaict  et  au  désir  de  vos  amis. 

A  quoy  me  voyant  toujours  et  sentant  et  confessant 
obligé,  et  toutesfois  empesché  d'autre  part  de  ne  pou- 
voir si  bien  et  libéralement  m'acquiter  que  je  l'avois 
délibéré  et  en  ay  cerché  et  attendu  le  moyen,  je  suis 
entièrement  résolu  de  faire  ce  que  je  puis  pour  monstrer 
par  efFect  le  bon  désir  que  j'ay  de  n'estre  pas  tenu  pour 
desloyal  debteur.  Dont  j'espère  vous  faire  voir  l'expé- 
rience, environ  ce  Noël  prochain. 

Et  me  recommandant  très  humblement  à  vostre  bonne 
grâce,  je  prie  Dieu,  Monsigneur  très  honoré,  qu'il  vous 
maintienne  et  augmente  les  siennes  en  bonne  santé  et 
heureuse  prospérité. 

D'Anvers,  etc. 

I.  Germain  Vaillant  de  Guellis,  né  à  Orléans,  d'abord  conseiller 
au  Parlement  de  Paris,  ensuite  évêque  d'Orléans,  mourut  le  25  sep- 
tembre 1S87,  à  Tâge  de  70  ans.  Plantiii  imprima  de  lui  :  P.  Virgilius 
Maro  et  in  eum  Commentationes  et  Paralipomena  Germant  Vahntis 
GuelHi,  1575,  in-folio. 


—  i87  — 

258.  —  Plantin  au  Conseil  privé  du  roi  dans  les  Pays-Bas. 

Copie  de  requeste  pour  demander  taxe. 

A  Messigneurs  le  Président  et  Conseillers  du  Roy 
nostre  sire  en  son  conseil  Privé. 

Supplie  humblement  Christofle  Plantin,  Imprimeur 
du  Roy,  que,  suivant  la  dernière  Ordonnance  de  Sa  Ma- 
jesté sur  le  faict  de  Timprimerie  \  Il  vous  plaise  (con- 
sidérant ses  frais  et  labeurs  employés,tant  à  faire  escrire 
et  coUationner  l'exemplaire  du  Synode  tenu  à  Malines 
avec  Nossg"  les  R""  Évesques,  comme  pour  en  obtenir 
les  Privilèges  et  le  bien  imprimer,  etc.)  luy  taxer  chai- 
cun  exemplaire  dudict  Synode  *,  imprimé  par  ledict 
suppliant,  à  deux  patarts. 

Et  vous  ferés  bien  et  ledict  suppliant  priera  Dieu 
pour  vostre  santé  et  prospérité. 

I.  Ordonnance  du  19  mai  1570,  article  19  :  Après  que  Timpres- 
sion  sera  achevée,  l'imprimeur,  avant  en  pouvoir  riens  vendre  ou 
distribuer,  apportera  ausdictz  commissaires,  ung  des  livres  imprimez 
avec  la  minute  originale,  pour  estre  collationné  avec  icelle,  laquelle 
leur  demeurera,  selon  qu'il  est  plus  amplement  porté  par  ladicte  or- 
donnance ou  placcart  publyé  sur  le  faict  de  la  religion.  Et  pardessus 
ce,  lesdictz  commissaires  signeront  ledict  livre  imprimé,  ainsi  par 
eulx  collationné,  certifiians  l'avoir  collationné  et  trouvé  concorder 
avec  ladicte  mynute  originale,  lequel  livre  sera  après  envoyé  devers 
nous,  ou  nostredict  lieutenant  et  gouverneur  général  de  pardeçà, 
avant  aussi  le  povoir  vendre  ou  distribuer,  pour  estre  taùxé  et  mis 
i  certain  pris  raisonnable,  par  nos  amez  et  féaulx  les  chef  Président 
et  gens  de  nostre  conseil  privé,  eu  sur  ce  Tadvis  du  prototypographe 
ou  d'aulire  personne  que  bon  leur  semblera,  et  sera  iceluy  pris  spé- 
ciale au  premier  ou  dernier  feullet  de  chascun  livre. 

2.  Décréta  et  SlalutaSynodi  pravinciaîis  MechliniensiSy  11  junii  i^yo 
inchoata  et  14  julii  concîusa.  Plantin,  1570,  in-80. 


—  i88 

259.  —  Plantin  à  de  Goneville. 

Le  16  décembre  1370. 
A  Monsigneur  Mons^  de  Goneveille,  à  Rome. 

Incontinent  j'ay  receu  les  lectres  de  Vostre  Signeurie 
du  7  du  passé,  j'ay  commencé  à  donner  ordre  pour  be- 
songner  en  toute  diligence  au  Missal,  espérant  le  conti- 
nuer, incontinent  que  les  gelées  se  passeront,  de  telle 
sorte  que,  par  la  diligence  de  diverses  presses,  je  ratain- 
dray  le  temps  escoulé,  en  attendant  la  résolution  de  la 
sorte  de  lectre. 

Qiiant  au  cathéchisme  *  dont  j'avois  rescrit,  c'est  une 
copie  escritte  à  la  main  qui  m'a  esté  envoyée  pour  Tim- 
primer,  parquoy  je  ne  la  pourrois  envoyer  que,  premiè- 
rement, elle  ne  fust  rescritte  ce  qui  seroit  de  coust  et 
long  à  faire. 

Quant  au  Theatrum  orbis  *   je   vous  ai  envoie  ung, 

passé  sont et  encores  ung,  par  ung  envoyé,  de  milleur 

papier  que  le  premier,  en  ung  bàslot  que  j'ay  faict  pour 
l'occasion  d'envoyer  toutes  les  centuries  '  à  monsigneur 
et  maistre  mons*"  rillustrissimme  et  Révérendissime 
Cardinal,  que  monsigneur  le  Provost  m'avoit  dict  que 
j'envoyasse  à  Sadicte  Illustrissime  Signeurie,  duquel 
baslot   j'envoye   ici   la   facture,  ce   que  je  vous  supplie 

1.  Catecfnsmus  romanus.  Plantin,  1S70. 

2.  Abr.  Ortelius:  Theatrum  orbis  terrarutn.  Antverpiae,  Aegidius 
Coppenius  Diesthemius,  1570,  in-folio. 

3.  Dans  son  compte  du  17  novembre  1570,  Plantin  annote  : 
Une  balle  de  livres  envoyée  à  Basle  pour  addresser  à  Rome  fl.  68. 
Item   pour  les  centuries  lesquels  à  Basle  ont  esté  mises  en 

laditte  balle  par  Garibaldo  fl.  11. 

Par  Centuries  il  faut  entendre  Centmiatores  Magdeburgici,  Ecchsias- 
tica  historia,  Basle,  1569. 


—  189  — 

vouloir  déclarer  à  mondict  Signeur  et  m* excuser  de  ce 
que  je  n*ay  encores  peu  satisfaire  au  désir  que  j*ay 
d'imprimer. 

260.  —  ^lantm  à  de  Goneville. 

m 

A  Monsigneur  Monsg*^  de  Goneveille 
Auditeur  du  très  illustre  Cardinal  de  Granvelle. 

Encores  que  de  long  temps  j'eusse  faict  pourtraire  et 
commencer  à  tailler  diverses  figures  propres  pour  impri- 
mer devant  chaicunne  Évangile  du  Missal  \  si  est  ce 
que,  ayant  entendu  depuis  les  difficultés  et  quasi  estant 
hors  d'espoir  d'avoir  le  privilège  de  le  pouvoir  faire,  je 
n'avois.  pas  faict  tant  de  diligence  à  en  poursuivre 
l'achèvement  qu'autrement  j'eusse  faict.  Et  depuis  sont 
entrevenues  les  difficultés  de  l'élection  de  la  lectre  ou 
formes  de  charractères,  que  les  gelées  ont  suivies  si 
véhémentes  qu'il  nous  estoit  impossible  de  faire  rien 
qui  eust  valu. 

Maintenant,  j'envoye  ici  deux  cahiers,  tant  en  papier 
qu'en  parchemin,  èsquels,  s'il  se  trouve  chose  qui  ne 
plaise  à  son  Illustrissime  et  Révérendissime  Signeurie 
(à  laquelle  très  humblement  je  baise  les  mains),  m'en 
adverrissant.  je  prendray  peine  d'y  remédier,  et  ce  pen- 
dant j'espère  tellement  poursuivre  au  reste  que,  devant 
4  mois,  nous  en  aurons  une  fin  de  ceste  première  im- 
pression et  une  autre  bien  advancée  *. 

1.  A  partir  de  1566  jusqu'en  1570,  Antoine  Van  Leest  grava  les 
petites  figures  employées  dans  les  premiers  missels. 

2.  La  première  édition  du  Missel  fut  achevée  le  24  juillet  1571J 
la  seconde,  le  24  mars.,  15  72. 


—  190  — 

J'espère  aussi  de  recommencer  une  nouvelle  impres- 
sion des  Bréviaires,  en  laquelle  je  suivray  Tordre  que 
V.  S.  m'advertist  en  l'impression  des  rubricques  \ 
J'envoye  ici  pareillement  le  commencement  de  S.  Ber- 
nardus  de  Consideratione  ad  Eugenium  *  que  Monsg'  le 
Provost  d'Aire  m'avoit  adverty  estre  désiré  par  l'illus- 
trissime Cardinal  Caraffa,  auquel  je  désire  qu'il  puisse 
plaire  et  que  je  puisse  avoir  le  moyen  de  faire  chose 
qui  luy  soit  aggréable  et  à  V.  S.  pareillement.  Laquelle 
je  prie  Dieu  nous  conserver  en  santé. 

D'Anvers,  ce  9  de  febvrier  1371- 


1 .  La  première  édition  du  Bréviaire  nouveau,  in-80,  fut  terminée 
le  21  avril  1569  ;  la  seconde,  le  4  juin;  la  troisième,  le  3  septembre; 
la  quatrième,  le  26  novembre  de  la  même  année.  Cette  dernière 
est  datée  de  1S70.  La  cinquième  édition  fut  achevée  le  6  mai  1S70; 
elle  était  en  format  in-8*>  et  en  deux  volumes.  Le  29  octobre  1569, 
Plantin  termina  la  première  édition  in- 16°  du  Bréviaire. 

2.  S.  Bernard i  abbat.  Claravaïlis  de  Consideratione  ad  Eugenium 
lihri  V,  Diligentia  Henrici  Cuyckii  ad  vetustissima  exemplaria  casti- 
gati,  et  argumentis  atque  notis  illustrati.  Plantin,  1571,  in-80  et  in- 
160. 


—  191  — 

26 1.  —  Plantin  à  Fabritio  Gaîleiti, 

A  Nostre  Signeur  Fabricio  Galleti, 
chef  de  l'imprimerie  de  Rome,  etc. 

Suivant  l*advis  que  Vostre  Signeurie  et  le  Sieur  Paulo 
Manutio  m'a  donné  par  cy-devant,  qu'icelle  V.  S,  avoit 
maintenant  l'entière  charge  de  l'imprimerie  de  Rome, 
et  de  l'advertir  du  nombre  de  Bréviaires  que  j'imprime, 
je  n'ay  voulu  faillir  de  l'advertir  que  j'ay  achevé  une 
édition  en  i6°  de  1500  et  que,  dedans  15  jours,  j'espère 
d'en  achever  une  autre  de  1000  in-8**,  pour  lesquels  je 
seray  prest  de  faire  le  devoir.  Et  pourtant  je  rescry  au 
Sig'  Georgio  Ferrari  *  qu'il  délivre  à  V.  S.  soixante 
escus  qu'il  me  reste,  priant  V.  S.  se  vouloir  contenter 
de- 50.  Plaise  à  V.  S.  se  contenter  du  droit  desdictes 
deux  impressions  et  continuer  ainsi  des  autres  que  je 
feray  cy-japrès.  Elle  me  donnera  occasion  d'essayer  à  en 
distribuer  et  par  conséquent  imprimer  davantage  et  je 
ne  faudray  d'envoyer  chaicunne  fois  autant  que  j'en 
feray.  Et  me  trouvera  V.  S.  prest  en  toutes  autres 
choses  à  luy  faire  affectionné  service,  etc. 

(Entre  le  9  et  le  13  février  1571.) 

I.  Georgio  Ferrari,  libraire  à  Rome.  Le  30  avril  1571,  Plantin  le 
débite  d'une  somme  de  100  florins  ff  Pour  auhant  qu'il  a  payé  à 
Rome  pour  nostre  compte  au  Sr  Fabritio  Galeti  la  somme  de  50 
escus  ». 


—  192  — 
262.  —  Plantin  à  Etienne  Çamalloa  de  Garibay  *. 

(Plantin  a  appris  que  souvent  Çamalloa  s*est  plaint  de  lui.  Comme 
il  n*a  conscience  d'aucune  négligence  ou  infraction  à  son  devoir,  il  ne 
s'émeut  point  de  ces  reproches.  Il  compte  que  les  gens  honnêtes  ne 
le  condamneront  point  sans  l'avoir  entendu.  Il  propose  de  choisir 
des  arbitres  qui  prononceront  entre  eux  deux.  Si  cette  offre  est  reje- 
tée, il  se  contentera  du  témoignage  de  sa  conscience  tranquille.) 

Clarissimo  et  magnifico  Viro  Domino 
Stephano  Çamalloae  etc. 

Cum  ego  Dominationem  Tuam  multis  verbis  passim 
de  me  conqueri  intelligam^  neque  me  uUius  ofScii 
neglecti  aut  praetermissi  conscium  sentiam,  hisce  paucis 
testatum  volui  me  rerum  veritate  niti  neque  verbis  ullis, 
querelis  vel  convitns  clam,  hoc  est  in  absentia  nostra 
efFusis  aut  conjectis,  moveri  :  minus  vero  terreri  aut  ad 
aliquid  suscipiendum  vel  promovendum  instigari,  ut  qui 
(praeterquam  quod  a  nonnuUis  jam  antehac  annis  ca- 
Mumnias  laborc  pati  et  constantia  vincere  didicerim) 
non  dubitem  quin  probi,  candidi  et  cordati  viri  (moro- 
sos  vel  invidos  non  moror)  judicium  de  quavis  re  pro- 
posita  tantisper  sint  suspensuri,  donec  alteram  partem 
mature  audiverint. 

Quoniam  vero  plerumque  sit  ut  quivis  in  propria 
causa  caecutiat,  me  paratum  ofFero,  imo  peto  et  rogo, 
ut  eos  inter  nos  constituamus  amicos  judices  qui  semoto 
causai  nostra^  atFectu  partibus  intellectis  quid  Domina- 
tioni  Tuag^quid  mihi  faciendum  pra^standumve  décernant 

I .  Esteban  de  Garibay  y  Çamalloa,  de  nacion  Cantabro,  vezino 
de  la  villa  de  Mondragon,  de  la  provincia  de  Guipuzcoa,  est  l'histo- 
rien espagnol  dont  Plantin  fit  paraître  :  Los  XL  lihros  d*el  compendio 
historial  de  las  Chronicas  y  Universàl  Historia  de  todos  los  reynos  de 
Espana.  i$7i,  4  vol.  in-folio. 


—  193  — 

et  statuant.  Quorum  autem  sententiae  qui  non  pro  viri- 
bus  paruerit,  reus  esto  et  vulgo  ad  exemplum  traducatur. 
Hoc  si  facere  D.  T.  recuset,  ego  me  hac  schedula 
negotio  ipsius  liberatum  mihi  et  amicis  jure  bono  per- 
suadebo  et  in  conscientia  bona  conquiescam.  Vale,  mi 
Domine.  Ex  typographia  nostra.  Morbo  nondum  satis 
liberatus.  13  februarii  1571. 

D.  T.'  rerumque  ipsius  liactenus 

magis  quam  suarum  studiosus 

C.  Plantinus. 


263 .  —  PlatUin  au  Cardinal  de  Gratwelle, 

25  febvrier  1371- 
Au  très  Illustre  et  Révérendissime  Cardinal  de  Granvelle. 

J'ai  receu  les  corrections  du  très  illustre  Cardinal 
Sirleto  qu'il  a  pieu  à  V.  Ul"*®  et  R"*  S'*  m'envoyer  avec 
les  siennes  du  12  du  passé,  dont  Monsieur  le  docteur 
Arias  Montanus  et  tous  ceux  qui  nous  ont  assisté  à 
l'impression  des  grandes  Bibles  avons  esté  grandement 
resjouis  et  le  serons  autant  plus  que  plus  nous  recevrons 
de  tels  et  si  beaux  présents  pour  l'enrichissement  de 
l'œuvre  *,  le  corps  duquel,  grâces  à  Dieu,  est  assés 
heureusement  parachevé  et  travaillons  maintenant  aux 
ornements  ou  appendices  d'iceluy,  sçavoir  est  aux  gram- 
maires, aux  dictionnaires  Hébraïcque,  Chaldaïcque,  Sy- 
rien et  Grec  qui  seront  (quant  à  l'ordre)  précédés  des 
diverses  leçons  et  autres  choses  concernantes  plus  pécu- 
lièrement  les  textes,  car  autrement  nous  réservons  les- 
dictes  diverses  leçons  pour  le  dernier  de  toute  l'œuvre, 

I .  La  Bible  royale. 


—  ^94  — 

en  attendant  tousjours  ce  qu'il  plaira  à  chaicun  de  nous 
donner. 

Parquoy,  ce  qui  ne  sera  envoyé  dedans  ces  six  mois 
prochains  nous  sera  tousjours  fort  aggréable  et  tiendra, 
comme  j'espère,  son  rang  et  lieu  en  ladicte  œuvre. 

J'ay  envoyé,  la  semaine  passée,  ce  que  j'avois  imprimé 
du  Missal  et  du  livret  de  S*  Bernard  '  et  maintenant 
j'envoye  ce  que  j'ay  faict  depuis,  espérant  de  continuer 
ainsi  jusques  à  la  fin,  pourveu  que  je  puisse  entendre 
que  je  face  chose  qui  ne  soit  désagréable  à  V.  Ill°*  et 
R"'  S^*,  que  je  prie  à  Dieu  nous  vouloir  conserver  en 
bonne  santé  et  heureuse  prospérité. 


264.  —  Plantin  à  François  T(ichardot, 

Au  Révérendissime  Évesque  d'Arras. 

Illustre  et  Révérendissime  Signeur, 

Je  me  suis  grandement  resjouy  d'entendre  par  les 
lectres  de  V.  R°*  S*'  qu'il  luy  ait  pieu  recevoir  de  bonne 
part  mon  petit  service.  Quant  aux  grandes  Bibles,  le 
corps  d'icelles,  grâces  à  Dieu,  est  achevé,  mais  je  ne 
voy  pas  que  je  puisse  achever  les  appendances  de  huict 
mois,  encores  qu'à  mes  grandes  charges  et  travail  j'y 
besongne  ordinairement  à  trois  presses,  fardeau  qui  me 
faict  quasi  perdre  l'haleine,  d'autant  que,  ce  pendant,  je 
ne  puis  pas  non  seulement  faire  les  autres  sortes,  dont 
l'argent  me  reviendroit  avec  profict,  mais  aussi  que  je 
suis  contrainct  d'y  employer  encores,  chaicun  jour,  plus 

\,  Tk  Cçnsideratiçnc  ad  Eugénium^  1571* 


—  ï9$  ~ 

de  cent  florins  et  que  je  suis  contrainct  d'ainsi  continuer 
jusques  à  la  fin  desdictes  appendances,  qui  contiendront 
encores  le  Vieil  Testament  en  hébrieu  et  le  nouveau 
en  grec,  avec  leurs  versions  ad  verbum,  comme  gloses, 
entre  les  lignes^  sur  les  mots  originels  et  les  collations 
latines  avec  les  thèmes  en  marge,  ce  qui  sera  ung  vo- 
lume. 

Et  puis  les  diverses  ieceons,  les  phrases  hébraïcques 
et  les  manières  de  parler  de  l'Escriture,  avec  diverses 
cartes  et  leurs  interprétations  feront  ung  autre  bon  vo- 
lume. Et  finablement  les  Grammaires  Hébraïcque,  Chal- 
daïcque,  Syriacque  et  Grecque,  avec  les  Dictionnaires 
desdictes  langues,  feront  le  dernier  volume,  que  je  prie 
à  Dieu  nous  donner  la  grâce  de  parachever  aussi  pros- 
pèrement  comme  nous  y  avons  besongné  jusques  à  pré- 
sent. 

Qjiant  aux  sermons  de  V.  R"*  S**  sur  le  Pater  noster, 
je  la  remercie  très  humblement  de  la  faveur  qu'il  luy 
plaist  me  faire  de  m'en  faire  le  présent,  que  je  recevray 
de  très  bonne  affection,  espérant  de  les  imprimer  à  son 
contentement,  pourveu  qu'il  luy  plaise  me  faire  ce  bien 
d'attendre  que  je  les  puisse  commencer,  la  semaine  pro- 
chaine d'après  Pasques  \Car,  avant  ledict  temps,  je  n'y 
pourrois  bonnement  vacquer  pour  les  livres  qui  sont 
maintenant  sous  les  presses,  lesquels  je  ne  puis  aucun- 
nement  différer;  mais,  alors,  il  n'y  aura  faute.  Dieu 
aidant.  Auquel  je  prie  qu'il  luy  plaise  nous  conserver 


I .  Six  Sermons  sur  VexplicatUm  de  Voraison  dominicak  ;  et  auîires 
quatre  sur  l'histoire  de  l'incarnation  de  nostre  rédempteur  Jésu-Christ, 
tousfaicti  en  la  ville  de  'Douay,  par  messire  Françoys  Richardot^  êvesque 
d'nArras.  Plantin,  1572,  in-So. 


—  196  — 

V.    R"'  S''  en   bonne   santé   et   heureuse   prospérité. 
D'Anvers,  ce  3  mars  1571. 


265.  —  Plantin  au  roi. 

(Rapport  sur  Timpression  des  Bréviaires  à  imprimer  pour  le  roi 
d*Espagne.  Ces  livres  auront  quarante  feuillets  de  plus  que  les  édi- 
tions antérieures,  soit  20  feuilles  du  format  in-folio,  10  du  format 
in-40  et  $  du  format  in-80.  Plantin  croit  prudent  de  ne  pas  trop 
précipiter  Texécution  de  la  première  édition  et  de  la  faire  in-80. 
Ce  format  s'imprime  plus  rapidement  et  on  pourrait  envoyer  les 
feuilles  en  Espagne,  par  les  courriers,  pour  permettre  d'y  faire  les 
changements  désirés.  Il  donne  ensuite  les  prix  des  Bréviaires  et  des 
Diurnaux  en  divers  formats  et  sur  divers  papiers,  dont  il  envoie  des 
échantillons.  Ces  prix  ne  comprennent  pas  les  Offices  propres,  dont 
il  ne  saurait  évaluer  l'étendue.  Si  le  roi  voulait  faire  imprimer  cent 
exemplaires  in-folio  sur  parchemin,  Plantin  le  lui  déconseillerait  et 
l'engagerait  à  les  faire  tirer  sur  papier  ordinaire,  pour  diminuer  les 
frais  et  pour  être  en  état  de  trouver  la  quantité  de  papier  voulue.  Il 
serait  impossible  de  trouver  en  un  seul  été  le  parchemin  nécessaire 
pour  imprimer  cent  exemplaires.  Il  faudrait  trente  mille  peaux,  à  4 
sous  la  peau,  et  il  faudrait  six  mille  florins  comptant  pour  pouvoir 
acquitter  les  envois  de  la  Hollande,  les  fabricants  de  ce  pays  ne 
voulant  fournir  que  contre  paiement  immédiat.) 

BREVIARIORUM    RATIONES  AD  REGULAS  PRiBSCRIPTAS  EX 

HISPANIA. 

Consideratis  omnibus,  quag  ex  voluntate  regia  impres- 
sion! Breviariorum  addenda  prsescribuntur,  non  dubito 
quin  omnibus  sint  ecclesiasticîs  vins,  prassertim  seniori- 
bus  et  negotiis  publiais  occupatis,  gratissima  futura,  eo 
namque  modo  lectio,  eorumdem  facilior,  expeditior  et 
multo  clarior  reddetur, 

Perpensis  vero  omnibus  addendis,  habita  etiam  ratione 
minorum  characterum,  depraehendo  quadragiuta  circiter 


—  197  — 

foliola  plus  futura  quam  hactenus  in  illis  fuerint,  quas  a 
nobis  sunt  impressa. 

Quae  40  foliola  viginti  foHa  intégra  papyri  in  illis  eflS- 
ciunt,  quse  in  folio  sunt  imprimenda.  In  illis  vero  quae 
in  4°,  quamvis  hujus  formae  nuUa  in  praescriptione  nobis 
data  mentio  sit  facta,  imprimenda  essent  folia  10.  In 
octava  vero  forma  dicta  40  folia  quinque  folia  intégras 
papyri  efficerent. 

Notandum  vero  est  imprimis,  non  posse  nisi  cum 
magna  difficultate,  soUicitudine,  labore,  diligentia  et  pe- 
riculo  variis  praelis  hujusmodi  impressionem  primam 
aggredi,  minus  vero  accelerari  quod  periculum  foret  ne 
quid  aliquando  ex  pra^scriptis  et  ad  longum  ponendis 
omitteretur,  confunderetur,  vel  parum  décerner  adpri- 
meretur  aut  coUocaretur. 

Satius  itaque  videtur  prima  edîtio  fiât  in  octavo,  eaque 
simplex;  tôt  namque  foliola  hac  forma  imprimentur 
singulis  diebus  unico  praelo  quot  possent  quatuor  praelis 
in  folio  imprimi.  Folia  vero  quae  singulis  hebdomadibus 
imprimentur  poterunt  in  Hispaniam  mitti  ad  observan- 
dum  et  indicandum  num  quid  desideretur.  Quod,  si  quid 
indicatum  fuerit,  faciliori  negotio  et  minori  sumptu 
emendabitur  quam  si  forent  in  folio.  Ex  eo  porro  exem- 
plari  in  Hispania  tune  emendato  poterunt  tuto  alia  in 
folio  imprimi  et  majori  facilitate  accelerari. 

Ad  commoditatem  vero  eorum  omnium  qui  Breviariis 
ex  regio  mandato  imprimendis  utentur,  banc  rationem 
ineundam  cogitavi,  ut  omnes  formas  ad  unum  et  eum- 
dem  numerum  foliorum  vel  paginarum  redigerentur  seu 
imprimerentur  :  eo  namque  modo  fîet  ut  mempria  sem- 
per  juvetur,  conservetur  et  coçfirmetur  neque  in  muta- 
tione   formarum   vel   characterum  confundatur,   et  qui 


—  198  — 

praeterea  ex  variis  formis  simul  legent,  possînt  ad  foliuni 
eadem  numeri  nota  signatum  recurrere. 

Hanc  porro  methodum  conatus  sum  indiçare  tribus 
variis  speciminibus,  nempe  magna  forma  in  folio,  com- 
muni  in  8°  et  parvo  etiam  in  8°,  seu  magno  16**  :  tôt 
namque  sunt  linese  et  dictiones  in  pagina  maxima  atque 
sunt  in  unaquaque  aliarum  duarun. 

Forma  prima  Breviarii  magni,  Camerae  dicti,  quod 
circiter  280  folia  intégra  papyri,  hoc  est  foliola  560, 
paginas  1120  continebit.  Suntque  specimina  sequentia 
composita  ex  characteribus  majoribus  indicatis  (sed  me- 
lioribus  quam  quœ  erant  in  speciminc  characterum  îm- 
pressa)  et  ex  illis  quibus  Horas  Illustrissima^  Ducis  Albanas 
impressimus  \ 

N°  I.  Papyrus  est  Lugdunensis  insignita  Racemo,  ex 
qua  unumquodque  Breviarium  constaret  sex  florenis  ; 
hoc  autem  génère  papyri  imprimimus  aliquot  exemplaria 
Bibliorum  Regiorum. 

N°  2.  Papyrus  est  Novo  Castello,  ex  qua  unum- 
quodque Breviarium  constaret  quatuor  florenis  et  decem 
stuferis. 

N°  3.  Papyrus  est  etiam  Trojana,  qua  Biblia  Regia 
communia  imprimimus  ;  ex  hac  unumquodque  Brevia- 
rium constaret  quatuor  florenis  cum  decem  stuferis. 

N°  4.  Papyrus  est  e  Troja  Gallorum  advecta,  ex  qua 
unumquodque  Breviarium  plus  minus  constaret  tribus 
florenis  et  decem  stuferis. 

Forma  etiam  primi  Breviarii  magni  ex  characteribus 
quibus    Horas   lUustrissimae  Ducis  Albanse  impressimus 


I .  Hora  'Beatissim^e  Virginis  Maria;,  ad  usum  romanum  repurgatis- 
sinia.  Plantin,  1570,  in-80.  Les  armes  du  duc  d*Albe  sur  le  titre. 


—  199  — 

et  ex  illis  quibus  textum  Vulgatse   editionis  Bibliorum 
Regiorum  impressimus. 

N°  S-  Papyrus  est  Lugdunensis,  ex  qua  unumquod- 
que  exemplar  Breviarii  constaret  duobus  florenis  cum 
quindecim  stuferis. 

N°  6.  Papyrus  est  Trojana,  ex  qua  unumquodque 
exemplar  constaret  duobus  florenis  cum  decem  stuferis. 

N°  7.  Forma  alia  in  magno  4°  vel  parvo  folio,cujus  nulla 
est  facta  mentio  in  praescriptionibus  missis.  Sunt  vero  haec 
specimina  composita  ex  characteribus  quibus  textum 
Vulgatae  editionis  Bibliorum  Regiorum  impressimus  et 
ex  illis  quibus  apparatum  dictorum  Bibliorum  imprimi- 
mus. 

N°  8.  Potesi  haec  forma  imprimi  in  4°  in  eadem  pa- 
pyro,  qua  communia  exemplaria  et  alia  Bibliorum  Re- 
giorum imprimimus,  nempe  ea  quae  signata  est  N°  3  ;  ex 
qua  constaret  duobus  florenis  cum  quinque  stuferis,  et 
ex  N°  I,  ex  qua  tune  constaret  unumquodque  exemplar 
tribus  florenis. 

Forma  secunda  Breviariorum  ex  characteribus  desi- 
gnatis. 

N**  9.  Papyrus  est  Lugdunensis,  ex  qua  unumquodque 
exemplar  constaret  decem  et  octo  stuferis. 

N°  10.  Papyrus  est  Trojana,  ex  qua  unumquodque 
Breviarium  constaret  sexdecim  stuferis  cum  dimidio. 

Forma  tertia  ex  characteribus  (in  praescriptionibus 
missis  de  Hispania)  designatis.' 

N**  II.  Papyrus  est  dicta  Collubrilla,  ex  qua  Brevia- 
rium unumquodque  constaret  quatuordecim  stuferis. 

Diurnalium  très  formae. 

N°  I.  Constaret  unumquodque  exemplar  quatuor  stu- 
feris cum  dimidio. 


—   200  — 

N®  2.  Constaret  exemplar  unumquodque  quatuor  stu- 
feris. 

N*  3.  Itidem  constaret  unumquodque  exemplar  qua- 
tuor stuferis. 

Supradictorum  vero  pretia  intelliguntur  prêter  officia 
peculiaria  mittenda,  de  quorum  magnitudine  prius  judi- 
care  non  possumus  quam  ea  nobis  reddita  fuerint. 

Cum  autem  velit  Majestas  Regia  ut  centum  Breviaria 
primée  formas  supra  in  pergameno  imprinii,  consultius 
mihi  videtur  ut  illa  majoribus  typis  primi  speciminis 
excudantur,  sed  communi  papyro,  nempe  illa  notata  N° 
4,  tum  ad  sumptus  moderandos,tum  quod  tempore  lon- 
giori  opus  esset  ad  curandum  papyrum  fieri.  Non  enim 
tanta  copia  reperiri  possit  hac  tota  aestate  ut  et  Bibliis 
Regiis  absolvendis  et  supradictis  Breviariis  imprimendis 
sufficeret. 

Est  praeterea  notandum  una  asstate  tota,  (hyeme 
autem  nihil  quod  valeat  paratur)  parari  non  posse  tanta 
copia  pergameni  quanta  nobis  opus  esset  ad  centum 
Breviaria  imprimenda.  Paulo  namque  minus  30,000 
pellium  foliis  nobis  esset  opus  quorum  unumquodque 
ad  impressionem  paratum  constabit  quatuor  stuferis. 
Quorum  omnium  summa  esset  paene  sex  millia  floreno- 
rum,  quae  parata  habenda  ad  solvendum  quotiescumque 
ex  Hollandia  mitterent  artifices  pergamena.  Tantum  enim 
abest  ut  illi  unquam  solutionem  expectent,  ut  nunquam 
non  debeani  illis  quibus  sua  vendunt. 

Nous  possédons  deux  rédactions  différentes  de  ce  mémoire,  Tune 
dans  les  Minutes  de  lettres,  l'autre  dans  une  farde  de  documents 
concernant  l'impression  des  livres  liturgiques  pour  le  roi  d'Espagne. 
Ce  dernier  recueil  renferme  une  grande  quantité  de  documents  et 
de  lettres  ayant  rapport  au  même  objet.  Leur  nombre  et  leur  éten- 


—  201    — 


due  sont  trop  considérables,  leur  intérêt,  par   contre,  trop  spécial, 
pour  que  nous  les  publiions  dans  la  Correspondance  de  Plantin. 


266.  —  Plantin  au  Cardinal  de  Granvelle, 

21  mars  1571. 
Au  très  Illustre  et  Révérendissime  Cardinal. 
Très  Illustre  et  R°>*  Sig'. 

Avec  les  lectres  deV.lU"'  et  R"'  Signeurie,j*ay  receu  les 
cahiers  des  collations  du  R"*  Cardinal  Sirleto  et  cejour- 
d'huy  encores  ung,  par  le  moyen  de  Monsigneur  l'Archi- 
diacre de  Malines  \  qui  faict  le  sixiesme  cahier,contenant 
jusques  à  la  fin  du  texte  grec  de  l'Ecclésiastique.  Dont 
Monsieur  le  docteur  B.  Arias  Montanus  (personnage, 
pour  sa  qualité,  d'autant  rares  vertus  qu'il  s'en  trouve  et 
qui  ne  souhaitte  rien  plus  que  d'avoir  l'occasion  de 
pouvoir  faire  quelque  service  à  V.  111"*  et  R°*  S.,  de 
laquelle  il  baise  très  humblement  les  mains)  et  tous  nos 
correcteurs  et  côadjuteurs,  avec  moy,sommes  très  joyeux 
et  tous  ensemble  désirons  qu'il  plaise  à  Dieu  donner  la 
grâce  à  ce  R"*  Cardinal  de  pouvoir  continuer  tels  labeurs. 

J'envoye  le  livret  de  S.  Bernard  parachevé,  souhait- 
tant  qu'il  puisse  estre  autant  aggréable  au  très  illustre 
Card.  CarafFa,  comme  je  me  sens  obligé  et  aflFectionné 
de  vouloir  faire  très  humblement  service  à  sa  R"«  S*'. 

Quant  aux  Grandes  Bibles,  nous  avons,  grâces  à  Dieu, 
achevé  l'entier  corps  d'icelles,  passées  sont  quelques  se- 
maines; mais  je  ne  voys  pas  moyen  que  nous  puissions 

I.  Max  Morillon. 


—   202   — 

achever  le  reste  devant  six  mois,  ainsi  que  j'escrivois  par 
mes  précédentes,  depuis  lesquelles  nous  avons  aussi 
achevé  la  Grammaire  et  le  Dictionnaire  Siriaque  escrits 
en  nostre  faveur  et  du  public  par  le  Signeuf  Andrseas 
Masius, personnage  fort  bien  cogneu,très  docte  es  langues 
orientales,et  commencé  les  Chaldaïcques  et  Hébraïcques. 

Nous  avons  aussi  achevé  le  Psalterium  Chori  et  les 
Hymnes,  avec  le  chant  noté  sur  tous  les  versets,  et  avons 
prins  la  hardiesse  de  faire  ceste  petite  préface  à  V.  Dl"* 
et  R°*  S**,  à  laquelle  je  supplie  très  humblement  prendre 
en  bonne  part  ce  mien  petit  office  et  me  retenir  tous- 
jours  l'un  de  ses  plus  humbles  et  obéissants  serviteurs  '. 

Cependant,  je  prieray  Dieu  de  nous  vouloir  maintenir 
V.  111°»''  et  R"*  S'*  en  bonne  santé  et  heureuse  prospérité. 


267.  —  Plantin  à  François  Richardot. 

9  mars  1571. 

A  l'Illustre  et  R°**  Évesque  d'Arras. 

Incontinent  avoir  receu  les  lectres  de  V.  R"'  S'%  par 
lesquelles  il  luy  a  pieu  m'escrire  la  satisfaction  qu'elle  a 
prins  de  la  lecture  des  commentaires  sur  les  12  profètes, 
faicts  par  le  S*"  B.  Arias  Montanus,  je  suis  aie  baiser  les 
mains  dudict  S^  Montanus,  au  nom  de  V.  R"**  S'*,  à  la- 
quelle il  m'a  ordonné  présenter  ses  très  affectionnées 
recommandations  et  la  remercier  grandement  de  la  fa- 
veur qu'il  luy  plaist  faire  de  nous  avoir  adverty  de  ce 
qu'elle  sent  de  ses  commentaires  qu'il  désire   estre  tels 

I .  La  préface  du  Psalterium  est  adressée  au  Cardinal  de  Granvellc 
et  datée  du  i^  février  1571. 


—   203   — 

que  V.  R"®  S.  les  faict  par  sesdictes  lectres.  Et  de  ma 
part  je  ne  faudray  d'envoyer  tout  ce  que  ledict  person- 
nage fera  et  ce  que  davantage  il  vous  plaira  me  com- 
mander. * 

Quant  à  l'impression  des  Sermons  de  V.  R.  S.  sur 
le  Paternoster,  j'ay  par  mes  autres  respondu  ce  que 
j'en  puis  faire,  qui  est  de  les  commencer  et  poursuivre 
incontinent  après  ces  Pasques,  s'il  luy  plaist  cependant 
me  les  envoyer  tant  pour  les  faire  visiter  que  pour  en 
obtenir  le  Privilège. 

Et  quant  à  vos  Problèmes  sur  les  Épistres  de  S*  Paul, 
je  les  recevray  et  imprimeray  très  volontiers,  quant  il 
plaira  à  V.  R™*  S**  me  faire  tant  de  bien  et  faveur  de 
me  les  envoyer  *.  Qui  sera  l'endroict,  Monsigneur  très 
honoré,  où  je  prieray  Dieu  nous  conserver  V.  R.  S*' 
en  bonne  santé  et  heureuse  prospérité. 

J'envoye  à  V.  R.  S.  le  Theatrum  orbis  terrarum  de- 
mandé, qui  couste  8  â.  lo  patars. 


I.  Cet  ouvrage  de  François  Richardot  ne  fut  jamais  imprimé  que 
nous  sachions.  Piantin  n'imprima  de  i'évêque  d*Arras  que  les 
livres  suivants  :  Lt  sermon  funèbre  fait  devant  le  %,oy^  par  messire 
François  Richardot,  Êvesque  de  'HJcopîe  et  suffragant  d*%ArraSf  aux 
Obsèques  et  Funérailles  du  Trèsgrand  et  Trèsvictorieus  Empereur  Charles 
Cinquième f  etc.,  I5S9>  in-folio;  *Deux  oraisons  funèbres  f aides  en  la 
ville  de  'Bruxelles  en  la  chapelle  du  palais  en  présence  de  Monseigneur  le 
duc  d'ÀhCy  les  IIII  et  V  jours  de  janvier  MDLXIX  aux  exèques  des 
*^oyne  et  prince  d'Espagne,  1569,  in-80;  Six  sermons  sur  l'explication 
de  l'oraison  dominicale,  etc.,  1572,  in-80. 


'    —   204   — 

268.  —  Plantin  à  Gérard  de  Groesbeek. 

Au  très  Illustre  et  Révérendissime  Signeur 
Monsigneur  l'Évesque  de  Liège. 

Très  illustre  et  R°**  S^ 

II  me  desplaist  grandement  que  la  dure  nécessité  me 
presse  tellement  que  je  sois  contrainct  d'envoyer  exprès 
le  présent  porteur  mon  gendre  pour,  se  jectant  aux  pieds 
de  Vostre  Grâce  Révérendissime,  la  supplier  très  hum- 
blement qu'il  luy  plaise  me  faire  payer  la  somme  de 
II 50  florins  que  le  S'  Ambroise  Lots  •  m'avoit  promis 
payer,  il  y  a  six  mois  passés,  pour  le  compte  de  ce  que 
me  doibt  Monsg*"  de  Risbourg  et  que,  pour  quelque  ré- 
compense d'une  si  longue  attente  de  six  mois,  il  luy 
plaise  me  faire  payer,  tout  d'un  train,  autre  ri 50  fl., 
desquels  le  terme  escherra  dedans  ung  mois  d'icy.  Et  en 
ce  faisant,  Vostre  Grâce  R°'  fera  œuvre  charitable  et 
m'obligera,  et  tous  les  miens  aussi,  à  prier  Dieu  pour 
sa  prospérité  et  bonne  santé. 

D'Anvers,  ce  premier  avril  1571. 

I.  Ambroise  Locité,  trésorier  de  TÉvêque  de  Liège. 


—  203   — 

f 

269.  —  Plantin  à  Henri  Van  der  Hove. 

Au  Signeur  Henry  Van  der  Hove,  libraire  juré 
de  rillustrissime  et  Révérendissime  Évesque  de  Liège. 

Signeur  Henry  Van  der  Hove.  Combien  que  de  long 
temps  j'aye  assés  entendu  les  menasses  de  vos  allés  de 
faire  contrefaire  à  Liège  les  sortes  dont  j'ay  ou  auray 
privilège  par  deçà,  et  que  je  sceusse  cela  estre  de  long- 
temps projette  et  commencé,  si  est  ce  que  po 

(Minute  de  lettre  non  terminée.) 


270.  —  Plantin  à  Gilbert  d'Ognies. 

Au  très  noble  et  Révérendissime  Évesque  de  Toumay, 

ce  6  avril  1571. 

Ayant  achevé  le  Psautier  et  Hymnes,  je  n'ay  voulu 
faillir  d'envoyer  deux  exemplaires  en  parchemin  et  deux 
en  papier  à  V.  très  noble  et  R"'  Sig"%  afin  que,  comme 
par  elle  et  par  son  moyen  j'ay  esté  aidé  à  porter  les 
despens  de  l'impression,  icelle  aussi  en  ait  la  première 
veue  et  par  icelle  viennent  au  chœur  de  son  Esglise  '. 
Or  suis  je  prest  et  bien  délibéré  de  commencer  mainte- 
nant et  poursuivre  encores  mieux  les  autres  livres  Ecclé- 
siastiques, mais  les  grands  fraiz  qu'il  me  convient  con- 
tinuer de  faire  pour  l'achèvement  du  grand  œuvre  des 
Bibles  Royales  et  que  j'ay  faicts  à  imprimer  ce  Psautier 
me  rongent  à  tels  termes  que  je  ne   pourrois  subvenir 

« 

I.  Au  mois  de  juillet  1570,  Gilbert  d'Ognies  envoya  100  écus  à 
Plantin  pour  l'aider  dans  l'impression  du  Psautier  et  de  l'AntiphO' 
naire. 


—  2o6  — 

aux  dépenses  qu'il  convient  faire  pour  l'impression  des- 
dicts  livres  Ecclésiastiques,  si  non  par  la  vente  et  ré- 
cepte  des  deniers  de  cedict  Psautier,  duquel  aussi  pour 
n'avoir  la  puissance  (car  je  n'ay  pas  esté  secouru  d'autres 
en  cecy  que  de  V.  I.  et  R"*  S**  et  de  son  chapitre),  je 
n'ay  imprimé  que  430  exemplaires,  lesquels  aussi  je  ne, 
puis  vendre  moins  que  huict  florins  la  pièce,  en  blanc,et 
ceux  en  parchemin  coustent  soixante  florins  la  pièce. 
Parquoy  lesdicts  2  exemplaires  en  parchemin  et  les  deux 
autres  en  papier  que  j 'envoyé  montent  ensemble  cent 
trente  et  six  florins.  Reste  qu'il  plaise  à  V.  R"*  S**  or- 
donner combien  il  luy  plaist  que  je  luy  envoyé  d'exem- 
plaires *.  Et  cependant  je  prieray  Dieu  la  nous  conser- 
ver en  bonne  santé  et  heureuse  prospérité. 
D'Anvers,  ce  6  avril  1571. 


271.  —  Plantin  à  de  Goneville. 

A  Monsigneur  Monsg*^  de  Goneveille, 
Audiencier  du  très  illustre  Gard,  de  Granvelle  à  Rome. 

Le  14  avril  1571. 

Monsigneur,  j'ay  receu  l'advertissement  des  correc- 
tions que  Mons'  le  Chantre  de  Malines  m'a  envoyées 
venantes  de  V.  S.  pour  le  Messel,  duquel  j'envoye 
maintenant  treze  cahiers,  qui  sont  39  feilles,  et  continue- 
ray  d'envoyer  ainsi  les  feueilles  jusques  à  la  fin.  Or 
d'autant  que  V.  S.  demande  sçavoir  (ainsi  qu'il  est  rai- 

I.  L'évêque  de  Tournai  prit  encore  treize  Psautiers  dont  un  pour 
lui  et  douze  pour  «  Messieurs  de  son  chapitre  ».  Voir  lettre  du  2} 
mai  1371. 


—  207  — 

son)  quel  nombre  j'en  imprime,il  luy  plaira  sçavoir  que 
je  n'en  ay  voulu,  pour  ceste  première  impression,  faict 
tirer  que  750  et  ce  pour  deux  raisons,  dont  la  première 
et  principale  a  esté  qu'au  commencement  j'ay  doubté 
et  craint  que  plusieurs  choses  (ainsi  que  par  cy-devant 
est  advenu  au  Bréviaire  et  advient  souvent  es  livres 
nouveaux)  fussent  obmises  ou  deussent  estre  changées 
par  après.  L'autre  a  esté  que,  comme  je  n'avois  eu  le 
loisir  de  faire  provision  de  papier  propre  avant  l'hiver, 
ni  le  temps  assés  suffisant  pour  faire  tailler  le  reste  des 
figures  que  j'avois  faict  pourtraire  de  longue  main  et 
commencé  à  faire  tailler  à  l'adventuré,  il  m'a  semblé  et 
à  quelques-ungs  de  mes  bons  Signeurs  et  amis,  à  qui  je 
m'en  suis  conseillé,  d'en  imprimer  petit  nombre  et  ce 
pendant  faire  provision  de  papier  et  faire  diligenter  les 
tailleurs  d'achever  lesdictes  figures,  afin  que  la  seconde 
impression  puisse  sortir,  comme  je  l'espère  faire,  encores 
plus  absolue  que  la  première  et  que,  des  deniers  de 
ceste-cy,  je  puisse  aussi  m'aider  à  faire  l'autre  plus 
ample. 

Au  reste,  comme  j'escrivois  la  présente,  le  S'  Malpas, 
frère  de  monsg'  le  Chantre  de  Malines,  m'a  délivré  les 
lectres  de  V.  S.  du  20  mars,  lesquelles  m'ont  resjouy  et 
animé  d'entendre  que  nostre  labeur  plaise  à  Messieurs 
de  S*  Pierre  ',  lesquels  aussi  je  remercie  grandement  de 
ce  qu'ils  m'ont  faict  advertir  touchant  le  parchemin,  à 
quoy  je  feray  doresnavant  prendre  garde  et  remercie 
aussi  grandement  V.  S.  et  la  prie  de  continuer  à  bien 
garder  nettement  les  feilles  envoyées  et  à  envoyer,  afin 


I.  Les  chanoines  de  S*  Pierre  à  Rome. 


—  2o8  — 

que,  le  tout  achevé,  elles  se  puissent  assembler  et  servir 
ainsi  que  de  raison. 

Qui  sera  Tendroict,  Monsigneur,  où,  désirant  estre 
recommandé  à  la  bonne  grâce  de  V.  S.,  je  prie  Dieu  la 
nous  vouloir  maintenir  en  bonne  santé  et  heureuse 
prospérité. 

D'Anvers,  ce  14  febvrier  [lire  avril]  1571. 


272.  —  Tlantin  à  Lucas  de  Arevalo. 

(Plantin  a  remis  les  deux  lettres  de  Lucas  de  Arevalo,  destinées  à 
révoque  de  Ruremonde,  au  frère  de  ce  dernier.  D  offre  à  son  corres- 
pondant un  exemplaire  du  Psautier  et  s'excuse  de  ne  l'avoir  pas  fait 
relier  :  la  fraîcheur  de  l'impression  aurait  pu  tacher  les  feuilles.) 

Reverendo  admodum  fr.  Patri  Lucae  ab  Arevalo 
.    Illustrissimi  Ducis  Albani  a  Confessionibus. 

Non  dubitet  Reverenda  Paternitas  Vestra  mihi  pluri- 
mum  colenda  quin  et  litteras  utrasque  R.  P.  V.  ad  Re- 
verendissum  Dominum  Ruremundensem  '  miserim.  Nam 
ego  cum  nullam  viam  compendiosiorem  hactenus  sci- 
verim  tuto  quid  ad  illum  mittendi,  ipse  fratri  ejusdem 
R"*  tradidi  cum  sarcina  librorum  ad  hoc  Brugis  etiam 
mihi  a  D.  Pamelio  missorum.  Ego  vero  scriptis  iterum 
litteris  commonefaciam  Reverendissimum  ut  fidem  meam 
apud  R.  P.  V.  libefet. 

Cui  cum  nihil  non  debeam,  observantiae  nostras  et 
gratitudinis  ergo,  primitias  laborum  nostrorum  pro  Choro 
Ecclesias  Dei  susceptorum  ofFero  et  obsecro  ut  benigno 
vultu  recipere  dignetur.   Ego  quidem  curassem   prius 

I .  Guillaume  Lindanus,  évéque  de  Ruremonde. 


—  209  — 
compingi  quam  ad  R.  P.  Y.   misissetn,   sed  recens  de 

« 

prœlo  suscepium  hoc  fœtus  nondum  ob  characterum  et 
notarum  crassitiem  tulisset  contusionem. 

Dominus  Deus  R.  P.  V.  nobis  et  reipublicae  Christianae 
diu  conservare  dignetur  incolumem. 

Antverpiae,  22  aprilis  1571. 


273.  —  Plantin  à  Guillaume  Lindanus. 

(Plantin  prie  Tévêque  de  Rureraonde  d'expédier  le  plus  tôt  possible 
les  certificats  qu'il  lui  a  envoyés  à  signer,  par  ordre  du  père  Luc  de 
Arevalo.  Il  lui  envoie  un  exemplaire  du  Psautier.  Avant  d'avoir  ter- 
miné la  Bible  royale,  il  ne  saurait  rien  entreprendre  en  dehors  des 
Missels  et  Bréviaires,  si  ce  n'est  les  Psaumes  de  Lindanus,  et  encore 
cela  ne  se  ferait  pas  sans  difficulté.  Il  avait  nourri  l'espoir  que  le  roi 
de  France  supprimerait  l'hérésie  dans  ses  états;  cet  espoir  s'évanouit 
lorsqu'il  voit  que  le  roi  prend  des  mesure^évères  contre  ceux  qui,  à 
Rouen  et  ailleurs,  voulaient  empêcher  les  prêches  réformés.) 

Reverendissimo  in  Christo  Patri  ac  Domino  D°° 
Wilhelmo  Lindano,  Ruremuqdensi  Episcopo. 

Superioribus  diebus  acceptas  litteras  particulares  à  R. 
P.  Confessario  Illustris  Ducis  '  et  alias  testimoniales, 
quas  cupiebat  authoritate  R.  D.  V.  confirmari,  una  cum 
sarcina  librorum  Brugis  a  D.  Pamelio  acceptorum,  fratri 
ad  R.  D.  V.  mittenda  tradidi.  Eas  nunc  litteras  testi- 
moniales urget  dictus  R.  P.  Confessarius  et  jussit  ut 
hujus  rei  R.  D.  V.  commonefecerem.  Quare  oro  et 
obsecro  ut  voluntati  ejusdem  R.  P.  vel  meis  sumptibus, 
misso  nuntio,  satisfacere  dignetur  R™*  V.  D.  Cui  ego 
nunc  Psalterium  Chori  a  nobis  impressum  ofEcii  causa 
mitto. 

I .  Le  père  Lucas  de  Arevalo  à  qui  la  lettre  précédente  est  adressée. 


—    2IO   — 

Nihil  praeterea  paene  obruto  prioribus  mihi  hao- 
tenus  imprimere  licuit  neque  adhuc,  facultatibus  exhaus- 
tus,  video  qui  possim  ante  absolutionem  Bibliorum  quid 
praeter  Breviaria  et  Missalia,  incipere,  tantum  abest  ut 
perficere,  nisi  Psalmos  '  R.  D.V.,  quos  tamen  nondum 
sine  incommode  potuissem.  De  Galliis  spes  nobis  fuit 
maxima  Regia  connivatione  reprimendos  fore  passim 
haereticos;  nunc  vero  spe  cecidimus,  quod  Rex  severiter 
animadverti  jubeat  in  cos  qui  Rotomagi  et  alibi  impe- 
diendas  conciones  illorum  curabant. 


274.  —  Tlantin  à  Erasme  Vendius. 

(Plantin  remercie  Vendius  de  ce  qu'il  ne  lui  fait  pas  un  grief  de 
n'avoir  pu  fournir  au  duc  de  Bavière  un  exemplaire  sur  vélin  de  la 
Bible  royale.  Le  corps  de  «elle-ci  est  terminé  ;  l'imprimeur  travaille 
actuellement  aux  grammaires  et  dictionnaires  de  différentes  langues 
et  aux  traités,  qui  seront  publiés  comme  annexes  à  l'ouvrage. Ce  tra- 
vail ne  sera  pas  terminé  avant  la  foire  prochaine.  Il  réserve  et  fera 
relier  un  exemplaire  sur  le  plus  grand  papier  pour  le  duc  et  un  autre 
sur  papier  ordinaire  pour  Vendius.  11  donne  des  détails  très  précis 
sur  la  vie  désordonnée  qu'a  menée  Hanardus  depuis  qu'il  est  revenu 
aux  Pays-Bas.  Il  n'ose  point  recommander  Eickius.  Après  avoir 
pris  l'avis  de  Jean  Willems  de  Haarlem  et  de  Rabus,  il  recommande 
comme  professeurs  à  l'Université  d'Ingolstadt,  Gérard  Voschius  et 
un  autre  littérateur  qui  donne  des  leçons  particulières  à  Louvain.) 

lUustri  et  doctissimo  viro  D.  Erasmo  Vendio 
lUustrissimi   Ducis    Bavariaî    Consiiiario  prudentissimo. 

Litteras  lllustris  Dominationis  Tuas  Monachi  25  martii 
scriptas  25  hujus  primum  recepi.  In  his  autem  humani- 
tatem  tuam  et  animi  candorem  D.  T.  et  Principis  lUus- 

I,  'Paraphraseœn  in  Psahnos  TDavidicos^  Tomus  primus.  Auctore 
Wilhelnio  Damasi  Lindano.  Plantin,  1572,  in-40. 


i 


—   211    — 

trissimi  magnificentiara  agiiosco  et  suspicio  atque  vene- 
ror,  gratiasque  habeo  quod  ofEcium  nostrum  probare  et, 
^quod  praestare  non  potuerimus,  excusare  digneris  *.  Sa- 
crorum  Bibliorum  corpus  ipsum  quidem  jam  a  januario 
mense  absolvimus  et  ^postea  Grammaticam  et  Dictiona- 
rium  Syricum  atqué  Chaldaicum  et  Hebraicum  necnon 
et  Graecuni  incœpimus,  cum  quibusdam  aliis,  non  solum 
ad  orna.tum  operis  facientibus,  sed  etiam  ad  studia  et 
labores  eorum  sublêvandos  qui  sacrorum  librorûm  verba 
et  sententias  ex  linguarum  cognitione  et  sacri  eloquii 
phrasibus  intelligere  volent.  Quae  certe  tanta  sunt  ut 
jam  paene  difidam  nos  posse  ad  sequentes  nundinas  ab- 
soluturos.  Quandocumque  autem  fuerit,  ego  quanta  po- 
tero  fide  et  diligentia  exemplar  unum  ex  maxima  papyro 
111"°  Duci  et  tibi  alterum  ex  communi  papyro,  utrumque, 
ut  jubés,  compingi  et  mitti  curabo. 

De  Hanardo  nihil  hactenus  peculiare  intellexeram 
quam  quod  foro  cessisset.  Nunc  autem  mihi,  vestra  gra- 
tia  de  illo  diligenter  et  serio  inquirenti,  narrata  est  a 
viris  fidei  npn  dubi^e  et  testibus  fidis  misera  et  deplo- 
randa  et  meo  quidem  judicio  detestanda  ejus  vitag  cer- 
tissima  historia.  Illum  nempe  nemini  neque  suo  neque 
D.  Rabi  nomine  vel  obulum  numerasse.  Omnia  quas  ali- 
cunde  corradere  potuerit  turpiter  abligurivisse  et  in 
meretrices  ita  contulisse  ut,  contracta  scabie  perniciosis- 
sima,  ille  uxorem  suam  ita  perdiderit  ut  tota  corpore 
fœdata  et  facie    paene  exesa  misereque  omnibus  rébus 

I .  Le  duc  de  Bavière  avait  exprimé  le  désir  d'acquérir  un  exem- 
plaire de  la  Bible  royale  imprimé  sur  vélin.  Plantin  avait,  dans  sa 
dernière  lettre,  écrit  à  Vendius  que  le  roi  d*Espagne  avait  défendu 
de  tirer  d'autres  exemplaires  dj  cette  sorte  que  ceux  qu'il  avait  rete- 
nus pour  lui-même. 


-r   212   — 

exhausta  et  jam  ad  hospitalem  publicum  relegata  paulo 
post  a  parentibus  suis  domum  illinc  assumpta  et  reducta 
fuerit  ubi  nunc  scmiputrida  languet.  lUe  vero,  aliquo 
modo  etiam  ab  ipsa  lue  veneria  curatus,jam  Harderviae, 
qui  pagus  est  in  HoUandia  prope  Amsterodamum,  recto- 
rem  scholae  puerorum  agit.  Hinc  judicare  potest  quid 
de  ejus  fide,  pecunia  quavis  numerata  et  commendatio- 
nibus  sperare  debeas. 

Ad  Eickium  '  namque  quod  attinet,  eum  talem  esse 
depraehendo  de  eu  jus  constantia,  eruditione,  ingenio  et 
modestia  parum  aut  certe  nihil  vobis  poUiceri  audeam, 
imo  neque  dignum  esse  qui  honeste  commendetur  aut  a 
vobis  accipi  debeat.Mihi  autem  a  D.  Johanne  Wilhelmio*, 
theologiae  in  Societate  Jesu  licenciato,  homine  raro  et  D. 
Rabo  optime  noto  et  probato,  de  istis  diligenter  inquirenti 
et  simul  de  aliquo  qui  vobis  usui  esse  possit,  indicati  et 
nominati  sunt  duo  probatœ  fidei,  diligentes  et  in  arte  Rhe- 
torica  docti  homines,quorum  unus  brevide  arte  Rhetoricae 
editurus  librum  nunc  sùmma  cum  laude  Leodii  earadem 
artem  profitetur  ;  ei  nomenest  Gerardo  Voschio*  Alter 


1 .  Arnold  Eick  (Eyck,  Eickius),  né  à  Anvers,  devint  recteur  du 
Gymnase  à  Utrecht  en  1558,  fut  démissionné  avec  d'autres  profes- 
seurs en  1578.  Plantin  imprima  de  lui,  en  1582,  Tabula  in  gram- 
maticam  gracam,  dont  Tauteur  prit  pour  son  compte  200  exemplaires, 
au  prix  de  30  florins. 

2.  Jean  Willems  ou  Wilhelmius  ou  Harlemius,  recteur  du  Col- 
lège des  Jésuites  et  professeur  à  Louvain,  écrivit  dans  le  second  vo- 
lume de  VxApparatus  saur  de  la  Bible  royale  les  traités  Index  hibîicus 
et  Varia  îectiones  in  Bihliis  latinis  vuîgata  editionis.  Il  mourut  à  Lou- 
vain  en  1578. 

3.  Gérard  Vossius,  docteur  en  théologie,  protonotaire  papal  et 
prévôt  à  Tongres,  né  à  Borgloon  (Looz),  mourut  le  25  mars  1609  à 
Liège,  laissant  ^n  manuscrit,  entr|  autres  ouvrages,  le  %})etorica 
artis  methodus,  dont  il  est  question  ici 


—  213   — 

privatim  eamdem  quoque  Rhetorices  artem  Lovanii  non 
imperitis  aliquot  gravibus  jam  viris  docet,  brevi  editurus 
libellum  de  Officio  Christiani  hominis  litteris  incum- 
bentis.  Hic  autem  non  videtur  recusaturus  conditionem 
apud  vos  honestam  judicaturque  dignus  qui  tum  propter 
eruditionem,  tum  môres  probatissimos  commendetur, 
et  honesto  stipendie  conducetur,  et  viatico  numerato 
evocetur.  Hujus  rei  curam  si  dicto  D.  Joh.  Wilhelmi 
Harlemio  dederitis,  is  optime  et  fidelissime,  ut  solet, 
omnia  praestare  poterit.  Qiiod  si  hoc  illi  onus  nolitis 
imponere,  ego  illius  opéra  et  authoritate  adjutus,  quic- 
quid  manduveritis  bona  fide  et  libentissime  praestare 
conabor. 


275.  —  Plantin  au  duc  d'Albe. 

Illustrissime  Seigneur. 

Cejourd'hui,  j'ay  receu  les  lectres  de  Vostre  Excellence 
dattées  de  Tunziesme  du  présent,  par  lesquelles  il  luy  a 
pieu  m'ordonner  de  Tadvertir,  si  je  sçavois  quelque  chose 
d'aucuns  livres  en  lapgue  Angloise,  concernant  la  Royne 
d'Escosse,  qui  pourroyent  estre  imprimés  par  deçà  et  puis 
naguères  espars  en  Angleterre  '.  Et,  en  cas  que  je  n'en 
sceusse  rien,  que  je  feisse  diligence  de  tous  costés  vers 
les  libraires,  afin  de  l'enfoncer  et  luy  en  rescrire  la  vé- 
rité. A  quoy  voulant,  comme  je  doibs,   songneusement 

I.  Il  s'agit  probablement  de:  Philippes  Morgak  (J.  Leslie).  A 
ireatise  concerning  ihe  defence  of  the  honour  of  t\Carie  Quune  qf  Scoi^ 
ïand  with  a  Déclaration  as  wd  of  her  %ight  to  the  Succession  of  the 
Croune  of  Engeîand  :  as  that  the  Régiment  of  Women  is  conformàbîe  to 
the  lawe  of  God  and  Nature.  Leodii,  apud  G.  Morberium,   1571,   80. 

14 


—  214  — 

obéir  et  n'ayant,  onques  paravant,  rien  sceu  de  telle 
chose,  je  me  suis  au  niesme  instant  transporté  chez  un 
chaicun  de  tous  les  libraires  et  imprimeurs  de  ceste 
ville  et,  les  ayant  tous  diligentement  interrogués,  je  n'ay 
pas  sceu  rien  descouvrir  ni  entendre  desdicts  livres  ni 
qu'aucuns  tels  eussent  esté  imprimés  par  deçà.  Nonob- 
stant quoy,  je  n'ay  diféré  d'escrire  à  Louvain  et  en  tou- 
tes les  autres  villes  de  par  deçà  pour  essayer  s'il  s'en 
pourra  trouver  quelque  chose.  De  quoy  je  ne  faudray 
d'advertir  incontinent  Vostre  Excellence  très  illustre, 
laquelle  je  prie  Dieu  nous  conserver  en  bonne  santé  et 
heureuse  prospérité. 

D'Anvers,  ce  XIII  may  1571  de 

V.  Ex"  très  illustre 
Le  très  humble  et  très  affectionné  serviteur 

C.  Plantin. 


276.  —  Plantin  au  duc  d'Albe. 

A  l'Illustrissime  et  Excellentissime  Signeur 

le  Duc  d'Albe  etc. 

> 
Illustrissime  Signeur, 

Ayant  cejourd'huy  receu  les  lectres  de  son  Ex"  sous- 
signées par  V.  111.  S'*",  j'ay  faict  incontinent  tout  devoir 
de  m'enquérir  de  ce  qu'il  luy  a  pieu  m'ordonncr  et, 
n'ayant  icy  rien  sceu  descouvrir,  je  ne  laisse  à  poursui- 
vre par  lectres,  tant  envers  ceux  qui  ont  la  charge  des 
imprimeries  es  autres  villes  que  par  autres  mes  amis, 
pour  sonder  si  je  pourrois  trouver  quelque  certitude  de 
telle  affaire,  afin  d'en  advertir,  cy-après,  plus  amplement 
Son  Excellence  très  illustre,  vers  laquelle  je  supplie  V. 


* —  215   — 

m.  S'*  m' excuser  si,  d'adventure,  pour  n'estre  exercé 
d'escrire  à  tels  Princes  et  Signeurs,  j'auray  commis  quel- 
que faute  ou  obmis  quelque  chose,  tant  aux  tiltres  qu'aux 
manières  d'escrire,  et  que,  pour  ne  tomber  doresenavant 
en  erreur,  il  luy  plaise  m'en  faire  advertir. 

En  quoy  je  me  tiendray  grandement  tenu  et  obligé  à 
V.  111"*^  S'*"  et  dont  j'espère  n'estre  jamais  trouvé  ingrat, 
et  cependant  je  prieray  Dieu,  Monsigneur,  qu'il  luy 
plaise  nous  maintenir  et  faire  prospérer  V,  111*  S*  en 
bonne  santé. 

D'Anvers,  le  13  may  1571. 

De  V.  111*  S'*  le  très  humble  serviteur 

C.  Plantin. 


277.  —  'Plantin  à  Cornélius  %eimri  \ 

(Plantia  prie  Reineri,  au  nom  d* Arias  Montanus,  d'acheter  un 
exemplaire  de  tou^  les  livres  anglais  parus  dans  le  courant  des  deux 
dernières  années  et  spécialement  celui  qui  traite  des  droits  de  Marie 
Stuart  au  trône  d'Angleterre.  Il  lui  recommande  une  discrétion 
absolue  sur  cet  achat  ;  il  lui  remboursera  les  frais  et  à  la  première 
occasion  il  lui  fera  connaître  de  vive  voix  la  raison  qui  le  fait  agir 
ainsi.) 

S.  P.  Eximie  M.  N.  obsecro  ne  mireris  quod  ego 
nunc  ad  D.  T.  scribam,  sed  paucis  occasionem  accipe 
et  causam.  Cum  D.  B.  Arias  Montano  perspecta  sit 
fidelitas   et,   ubi  opus  est,  taciturnitas  D.  T.,  ipse  mihi 

I.  Cornélius  Reineri  ou  Reyneri,  de  Gouda,  docteur  en  théologie, 
professeur  à  l'Université  et  président  du  Grand  Collège,  à  Louvain, 
fut  chargé,  avec  Augustin  Hunnaeus  et  Jean  Guilielmius,  d'examiner 
les  différentes  parties  de  la  Bible  Royale,  avant  que  la  Faculté  de 
Théologie  de  Louvain  y  donnât  son  approbation. 


—   2l6   — * 

mandavit  ut  ad  te  perscriberem  et  obnixe  rogarem  qua- 
tenus  velles  diligenter  istic  nobis  quasrere  et  coemere  ex 
omnibus  cujuscumque  argumenti  libris  Anglice,  ubicum- 
que  ante  duos  annos  quovis  modo  impressis,  unum  vel 
alterum  exemplar,  prascipue  vero  unius  qui  nescio  quid 
pro  Regina  Scotia^  tractât,  quem  audimus  in  Anglia 
olim  disseminatum  esse.  In  eo  namque  sunt  puncta 
quagdam,  quag  ille  vehementer  cupit  videre.  Q.u3e  omnia 
vel  singula  ubi  coemeris,  vel  alio  quovis  modo  compara- 
veris,  rogatum  cupimus  D.  T.  ut  ilico,  indicatis  pretiis 
singulorum,  ad  nos  per  primum  tutum  nuntium  mittere 
velit.  Ego  vero  ilico  pecuniam  remunerari  curabo  et 
gratias  habebimus  maximas.  Hase  tamen  omnia  sub 
secreto  confessionis  manere  debent,  maxime  vero  quod 
nobis  emantur.  Postea  vero  praesens  pra^senti  causam, 
Deo  favente,  tibi  soli  indicabimus  ;  nunc  vero  dexteri- 
tate  et  silentio  et  diligentia  in  perquirendo  et  respon- 
dendo,  non  tamen  prascipitantia,  opus  est. 

Dominus  Deus  D.  T.  nobis  et  reipublicae  Christianie 
diu  servet  incolumem. 

Antverpias,  14  maii  1571. 

Eximio  doctissimoque  M.  N.  Domino  Cornelio  Rei- 
ncri  Goudano  S.  Thcologiaî  Doctori  et  professori  ma- 
gnique  CoUegii  Theologorum  Praesidi  vigilantissimo,etc. 

Lovanium, 


—   217    ~^ 

278.  —  Plantin  à  Gilbert  d'Ognies, 

Au  très  noble  et  R"*  S\ 
Monsg^  rÉvesque  de  Tournay. 

Très  noble  et  R"^  S*". 

Ayant  receu  les  lectres  de  V.  R"*  S**,  j'ay  délivré  au 
porteur  d'icelles  ung  Psautier  de  chœur  pour  icelle  et 
douze  pour  Messieurs  de  son  Chapitre.  Quant  aux  An- 
tiphonaires,  je  les  eusse  pieçà  commencés  et  poursuivis, 
si  les  grands  fraiz  desjà  faicts  et  qu'il  me  convient  con- 
tinuer à  parachever  les  grandes  Bibles  et  les  deniers 
employés  à  l'impression  desdicts  Psautiers  ne  m'en 
eussent  osté  tout  moyen,  de  sorte  que  je  ne  puis  faire 
l'un,  sinon  de  la  réception  de  l'autre,  ou  bien  de  Tad- 
vancement  qu'il  plaira  à  V.  R"*  S**  et  à  Messg"  de  son 
Chapitre  et  autres  bons  Signeurs  (encores  que  jusques 
à  présent  je  n'en  aye  trouvé  ung  seul  autre  qui  m'ait 
rien  offert)  de  me  faire  pour  aider  à  payer  les  papiers 
que  j'ay  de  long  temps  faict  faire  et  sont  prests  à  les  y 
employer,  tout  incontinent  que  j'en  auray  le  moyen. 

Cependant,  Monsg%  je  prie  Dieu  qu'il  luy  plaise  vous 
conserver  en  santé  et  faire  prospérer  vostre  très  noble 
et  R"*  Sig"*. 
,  D'Anvers,  ce  23  may  1571. 


—   2l8   — 

279.  —  Vlantin  au  Cardinal  de  Granvelle. 

Au  très  illustre  et  excellentissime  S""  Monsigneur 
le  Cardinal  de  Granvelle,  Vice-roy  de  Naples. 

Le  7  juillet  1371. 
Très  Illustre  et  Ex°»^  S', 

J'espère  que   depuis  les   lectres  que   j'ay  receues  de 
Vostre   Illustrissime   Excellence,   escriites  à  Naples,  le 
23  de  may,  le  reste  du  Psautier  luy  aura  esté  rendu,  et 
depuis  j'en  ay  aussi  livré  ung  exemplaire  complet,  avec 
autres  livres,  à  Monsg*^  le  contreroleur  Malpas,  pour  le 
luy  envoyer  par  conduicte,  avec  encores  ung  exemplaire 
complet  des  centuries  que  j 'a vois   exprès  faict  apporter 
de  Francfort,  craignant  que  ceux  de  Basle,  à  qui  j'avois 
enchargé  d'en   mectre   aussi  ung   exemplaire    en    ung 
baslot   que   j'ay  faict  icy,    dès  le    17  de  novembre,  et 
consigné   au   conducteur  pour  Rome,     n'eussent   faict 
leur   devoir   d'ouvrir   ledict   baslot  passant  par  ladicte 
ville  de  Basle  et  y  mectre  lesdictes  Centuries,  veu  prin- 
cipalement   que   depuis   je    n'ay   pas   eu    aucun    advis 
qu'ainsi  ait  esté  faict.  Parquoy  il  m'a  semblé  moins  mal 
d'envoyer  ledict  livre  deux  fois  et  par  deux  moyens  que 
d'attendre  plus  longtemps  la  certitude   de  la  réception 
du  premier. 

J'ay  aussi  baillé,  avec  les  susdicts,  les  livrets  de  mon 
impression  ici  déclarés  :  Grevinus  de  Venenis,  G.  Canteri 
novae  lectiones,  l'Encyclie  des  secrets  de  l'Eternité,  6 
Monumenta  Salutis  B.  Ariae  Montani  ',  dont  aussi,  pour 

I.  Jacohi  Greinni,  de  Vemnis  Ubri  duOy  in-40;  Guîielmi  Canteri 
Novantm  lectionum  Ubri  octo,  in-80  ;  '  LEncyclie  des  Secrets  de  Vèternité 
par  Guy  Le  Fèvre  de  la  'Boderie^  in-40.  Humana  salutis  Monumenta 
B.  Aria  Montani  studio  constructa  et  decantata^  in-40.  Tous  les  quatre 
imprimés  par  Plantin,  en  1571. 


—  219  — 

n'estre   ledict  livret  grand,   j'ay   bien  osé   envoyer  icy 
ung  exemplaire  que  je  désire  estre  aggréable  à  V.  111™* 
Ex",  laquelle  je  remercie  très  humblement  de  la  bonne 
volonté  et  bénéfices  qu'il  luy  plaist  de  sa  grâce  me  por- 
ter et  de  faict  exercer,  en  la  suppliant  aussi  très  affec- 
tueusement  qu'il   luy   plaise,  me  faire   ce   bien  qu'elle 
m'offre  en  ses  lectres  de  m'envoyer  ung  exemplaire  des 
Heures  de  Nostre  Dame,  imprimées  par  le  commande- 
ment de  Sa  Saincteté,  pourveu  qu'en  la  faveur  d'icelle 
Vostre  111™.*  Exe"  je  puisse  obtenir  le  congé  de  Sadicte 
Saincteté    pour   les  imprimer.    Lequel  congé   je   seray 
prest    de    recevoir   à   quelques    conditions    honnestes, 
pourveu  qu'elles  n'excèdent  la  valeur  de  cent  escus  d'or 
ou  environ  pour  une  fois,  ou  autre  telle   recongnois- 
sance  que,  selon  le  mérite  de  l'ouvrage,  il  seroit  de  be- 
soing   faire  à  celuy  à  qui    la  charge    de   l'impression 
dudict  livret  est  donnée.  Car  autrement  je  n'oserois  ni 
voudrois  attenter  de  les  imprimer,  d'autant   que  par  la 
Busle  de  Sadicte  Saincteté  que  j'ay  veue,  touchant  les- 
dictes  Heures,  je  voy  que  nuUuy  ne  les  peut  ni  doibt 
imprimer  ne  lire  aussi  d'autre  impression  que  de   celle 
du  peuple  Romain  ',  sans  le  congé  de  Sadicte  Saincteté  ; 
à  quoy  toutesfois   je  voy   qu'aucuns  imprimeurs  n'ont 
pas  grand  esgard,  veu  que,  sans  ledict  Congé,  ils  ne 
laissent  d'imprimer  lesdictes  Heures,  desquelles,  par  quel- 
ques banquiers,  ils  ont,  passé  sept  sepmaines,  receu  icy 


I.  Les  impressions 'du  peuple  romain  sont  celles  qui  se  faisaient 
dans  l'officine,  établie  par  le  pape  Pie  V  à  Rome  et  dirigée,  de 
1561  à  1570,  par  Paul  Manuce.  La  municipalité  de  Rome  payait  la 
moitié  des  charges  occasionnées  par  cet  atelier  dont,  pour  ce  motif, 
les  éditions  portent  l'adresse  ;  In  iEdibus  Populi  Romani. 


1 


—   220   — 

les  exemplaires  de  Rome^  lesquels  ils  ne  font  di£Bculté 
d'imiter. 

Que  s'il  plaist  à   V.  Ill"*  Exe"  me  faire  tant  de  bien 
que  je  les  puisse  imprimer  par  le  congé  de  Sa  Saincteté, 
elle  m'obligera  d'autant  plus  à  elle,  m'incitera  et  don- 
nera moyen  de  poursuivre  plus  commodément  les  grands 
livres  Ecclésiastiques  que  j'imprime  pour  le  Chœur,  de 
la  grande  despense  et  frais  desquels  je  me  trouve  chargé, 
d'autant  que  chaicun  faict  difficulté  d'achepter  le  Psau- 
tier,   devant   que   l'Antiphonaire  soit  achevé.  En  quoy 
je  leur  donnerois  raison,  si  je  pouvois  continuer  à  des- 
bourser  si  grands  et  longs  fraiz,   avant  que  de  pouvoir 
retirer  les  deniers  de  l'un  achevé  pour  pouvoir  fournir  à 
poursuivre  l'autre.  Et  que,  ayant  le  moyen  entretant  de 
pouvoir    imprimer  et  distribuer  aisément  autres  livres, 
je  puis  mieux  supporter  les  frais  des  plus  grandes  œu- 
vres,  ainsi   que  j'ay   tousjours  continué   de    faire    des 
heures  de  Nostre  Dame  en  diverses  formes,  dont  je  me 
trouve  encores  chargé,  tant  in  4*»,  8®,  12°,  16°,  24°,  32° 
qu'en  64,   etc.,  de  plus  de  dix  mille  exemplaires,    qui 
ne  me  seront  par  cy  après  que  maculatures,  là  où  j'en 
eusse  retiré,  dedans   un   an   grand   argent  ;  car  j'en  ay 
tousjours  depuis    huict   ans  en    çà  bien  vendu  autant, 
sans  quoy  et  les  Bréviaires,  il  m'eust  esté  impossible  de 
poursuivre   l'impression   des  grandes  Bibles.    Parquoy, 
après  la  majesté  de  nostre  Roy,  à  nuUuy  ne  sera  plus 
tenue  la  postérité  de  tel  œuvre  qu'à  V.  111™^  Exe",  la- 
quelle je  supplie  Nostre  Signeur  vouloir  nous  conserver 
et  augmenter  tousjours    en    bonne    santé    et  heureuse 
prospérité. 


—   221   — 

28o.  —  Plantin  à  G.  Vaillant  de  Guellis. 

A  Monsigneur  Mons'  de  Pimpont, 
Conseiller  du  Roy  à  Paris. 

Combien  il  m'a  despieu,  desplaist  et  desplaira  tous- 
jours  que  je  n'ay  peu  satisfaire  à  vostre  désir  et  au  mien 
d'imprimer  vos  tant  doctes  commentaires  sur  le  Virgile 
et  combien  à  bon  escient  et  quantes  fois,  depuis  en 
avoir  avec  diiBcuItés  obtenu  le  Privilège  par  deçà,  je  les 
ay  commencés,  ne  veux  je  pas  maintenant  entreprendre 
de  vous  persuader,  Monsigneur  très  honoré,  espérant 
que  la  congnoissance  de  mon  affection  et  de  mon  faict 
que  pourrés  congnoistre  avec  le  temps  vous  adoucira  la 
cholère  et  ostera  l'opinion  que  j'ay  entendue,  estant  à 
Paris  dernièrement,  qu'à  mon  grand  regret  vous  avés 
conservé  à  l'encontre  de  moy  ;  mais,  seulement,  je  vous 
déclareray  simplement  par  escrit  ce  que  j'avois  délibéré 
de  vous  dire  de  bouohe,  si  la  manière  importune  de 
procéder  envers  moy  par  Mons»^  Thorins,  et  la  répétition 
de  l'exemplaire  en  vostre  nom,  lorsque  la  compagnie 
partie,  je  teuois  ma  fille  par  la  main  pour  la  conduire 
espouser  à  l'église  *,  ne  m'eust  mis  hors  d'espoir  d'ob- 
tenir quelque  paisible  audience  tnvers  vous. 

Ayant  donques  receu  vostre  exemplaire,  je  le  délivray 
incontinent  entre  les  mains  des  visitiiteurs  et  censeurs, 
députés  pour  l'approbation  ou  rejection  de  tout  ce  qui 
se  peut  imprimer  es  pais  de  par  deçà,  lesquels,  pour 
n'estre  tous  assés  versés  au  grec,  le  tindrent  longuement 
avant  que  le  me  rendre  approuvé.  Après  cela,  je  l'offri 
en  cour,   où,  m'ayant   esté  retenu   encores   davantage, 

I .  Catherine  Plantin  qui  épousa  Jean  Gassen  au  mois  de  juin  1 57 1 . 


—  222    — 

j'obtins  fînablement  le  Consent  et  Privilège  de  l'impri- 
mer, laquelle  approbation  et  Privilèges  me  coustèrent 
plus  de  vingt  escus. 

Estant  prest  de  la  mectre  sous  la  presse,  la  difficulté 
fut  que  celuy  qui  m'avoît  vendu  le  papier  pour  l'impri- 
mer ne  m'en  sceut  fournir.  Parquoy  je  rescrivi  tout  su- 
bit à  Paris,  d'où  aussi  je  n'en  sceu  avoir  de  propre. 
Parquoy  honteux  et  confus  de  vous  faire  tant  attendre, 
contre  ma  volonté,  je  me  résolu  de  l'imprimer  sur  le 
grand  et  coustageux  papier,  duquel  avés  veu  les  deux 
premières  feilles  qui  valent  plus  que  quatre  de  celles 
dont  m'aviés  prescrit  la  grandeur. 

Ayant  donques  livré  la  copie  des  Bucoliques  au  com- 
positeur, il  y  besongna  quelques  journées  (ainsi  qu'il 
appert  par  les  susdictes  deux  doubles  feilles  qui  en  sont 
imprimées  à  bon  escient,  et  non  pas  par  manière  d'es- 
preuve,  comme  il  m'a  semblé  que  vous  et  Mor.sg''  Thorins 
l'aviés  entendu,  lorsque  je  vous  en  envoyay  de  chaicunne 
une)  et  par  quelques  formes  qui,  jusques  à  présent,  en 
sont  restées  céans  toutes  composées  et  pensois  bien  con- 
tinuer ainsi  Tœuvre,  quand  il  pleut  à  Dieu  visiter  ledict 
compositeur  de  la  maladie  hastive,  dont  il  mourut,  et 
fusmes  contraincts  délayer  jusques  à  quelques  jours  par 
après,que  j'y  en  ordonnay  l'un  de  ceux  qui  avoyent  beson- 
gné  et  besongneront  encores  en  l'impression  des  grandes 
Bibles  en  diverses  langues  que  j'imprime  par  le  comman- 
dement du  Roy  Catholique  ;  ce  qui  me  fut  incontinent 
défendu,et  ce  jusques  à  quatre  fois  diverses  que  j'ay  tasché 
de  le  recommencer  et  mectre  en  train.  De  quoy  estant 
fort  triste  et  honteux  de  ce  que  je  ne  vous  pouvois  sa- 
tisfaire, je  le  rescrivi  à  Mons""  Thorins  et  qu'avec  vostre 
consentement  je  le  ferois  volontiers  imprimer  à  Paris,  à 


—   223    — 

quoy  il  me  respondit  que,  de  joyeux  et  placide  visage, 
vous  luy  aviés  ordonné  m'escrire  que  je  vous  renvoyasse 
la  copie  et,  venue  l'occasion  que  moy-mesmes  j'alois 
mener  ma  fille  espouser  par  delà,  pensant  ne  pouvoir 
mieux  faire,  je  la  fis  mectre  au  cofre  où  j'avois  faict 
mectre  nos  habillements  nuptiaux,  lequel  à  nostre  grand 
rçgret,  dommage  et  intérests,  par  la  malice  des  chartiers 
ou  autrement,  ne  nous  a  esté  délivré,  ainsi  que  pourrés 
(si  ne  Testes  assés)  estre  acertené,  selon  mesmes  que  je 
le  déclaray,  estant  à  Paris,  à  Monsieur  Lambin  *,  pour  qui 
nous  avions  aussi  empacqué  avec  quelque  petit  présent  à 
luy  envoyer  et  auquel,  et  audict  Signeur  Thorins,  Monsg' 
Daniel  *  et  autres,  je  déclaray  assés  combien  il  m'estoit 
non  seulement  desplaisant,  mais  aussi  coustageux  et 
dommageable,  après  avoir  faict  tant  de  cousts  et  d'appa- 
reils pour  plus^de  300  escus,  de  ne  pouvoir  poursuivre 
l'impression  dudict  livre,  que  je  déclarois  estre  prest  de 
faire  imprimer  par  delà,  à  mes  propres  cousts  et  despens, 
ou  d'y  entrer  pour  la  moictié  ou  d'en  faire  tout  ainsi 
qu'il  seroit  tiouvé  le  mieux  pour  vostre  contentement, 
ainsi  que  je  le  proposay  au  S*^  André  Wechel  *  et  que 
j'avois  totalement  résolu  de  vous  aler  déclarer  et  propo- 
ser, si  j'eusse  osé. 

A  quoy,  Monsigneur,  je  vous  supplie  vouloir  consi- 
dérer et  appaiser  la  cholère  et  sinistre  opinion  que  j'ay 
entendu  estre  par  vous  conceue  à  l'encontre  de  moy,  qui 
suis  et  seray  tousjours  prest  de  m'employer  à  vous  faire 

1 .  Denis  Lambin,  professeur  au  G)llège  royal  i  Paris. 

2.  Pierre  Daniel,  avocat  i  Paris. 

3.  André  Wechel,  imprimeur  i  Paris,  né  en  1535,  y  travailla 
jusqu'en  1573.  Après  la  S^  Barthélemi,  il  se  rendit  à  Francfort  d*où 
il  était  originaire. 


—   224   — 

tout  humble  service,  autant  qu'il  est  et  sera  jamais  en 
mon  pouvoir,  que  scavés  bien  estre  nul,  lorsque  le  Roy 
et  Signeurs  me  veulent  autrement  commander,  ainsi 
qu'à  mon  grand  regret  et  dommage  il  m'en  prend  main- 
tenant, qu'il  m'est  défendu  de  faire  chose  difficile  ou 
d'importance,  par  laquelle  fust  aucunnement  retardée  la 
poursuite  convenable  des  susdictes  Bibles  Royales  que 
nous  espérons  achever  devant  huict  mois  et  alors  pouvoir 
estre  libres  de  vous  fafre  tout  service  et  à  qui  il  vous 
plaira  l'ordonner  * . 

Qui  sera  l'endroit,  Monsignêur  très  honoré,  où,  dési- 
rant que  me  veueilliés  derechef  favoriser  de  vostre  bonne 
grâce,  je  prieray  Dieu  vous  maintenir  en  la  sienne. 

D'Anvers  ce....  juillet  1571. 


281.  —  Henri  du  Tour  y  le  jeune,  à  Tlantin,  " 

Signeur  Christofle,  Toutes  recommandations  prémises, 
soyez  adverty  comme  j'ay  embarqué  hier  en  une  mande 
la  deuxiesme  fonte  de  la  Garampnde  en  la  navire  de 
Jean  vander  Sluys,  qui  a  dict  de  descharger  mardy  à 
venir.  La  troisiesme  je  la  vous  envoyeray,  s'il  plaist  à 
Dieu,   aussy    tost  qu'il   me  sera    possible.   Et  s'il  vous 

1.  Le  Virgile  de  Vaillant  de  Guellis,  interrompu  en  1570,  fut  re- 
pris par  Plantin  en  1574  et  parut  en  1575. 

2.  Henri  Du  Tour  (Van  den  Keere)  était  fils  de  Henri,  impri- 
meur à  Gand.  Lui-même  exerçait  l'état  de  libraire  et  était  en  cette 
qualité  en  relation  avec  Plantin,  dès  Tannée  1567.  En  1569,  il  lui 
vendit  la  frappe  d'une  non-pareille  flamande.' De  1570  à  1580,  il  fut 
le  seul  fournisseur  de  poinçons,  matrices  et  lettres  de  l'officine  plan, 
tinienne,  comme  il  était  le  seul  graveur  de  caractères  dans  les  Pays- 
Bas.  Il  mourut  entre  le  11  juillet  et  le  4  octobre  i$8o. 


—   225   — 

plaict  d'avoir  la  quatriesriie,  vous  n'avez  qu'à  le  com- 
mander. Je  vous  serviray  vouluntiers  en  toute  diligence 
de  tout  ce  que  aurez  besoing,  aussy  longuement  qu'il 
me  sera  possible. 

J'espère  de  vous  envoyer,  de  ceste  sepmaine,  une 
fonte  des  Capitales  de  l'ascendonica  sur  deux  lignes  de 
la  Brévière.  Sy  vous  en  avez  affaire  davantage,  vous 
n'avez  que  de  m'en  advertir  et  combien. 

Quant  à  vostre  matrices  pour  Jan  Maes  \  je  le  luy 
ay  rescript,  je  ne  les  useray  point,  ny  celles-là  ny 
aultres,  que  je  pourroy  avoir  de  vous,  comme  aussy  je 
n'ay  faict  jusques  à  présent,  point  pour  une  seule  ma- 
trice. 

Je  pense  que  Loys  de  la  Bccque  sera  le  porteur  de 
ceste,  vous  le  pourrez  contenter  le  mieux  qu'il  vous 
sera  possible. 

Je  n'ay  point  encore  parlé  à  l'Évesque  *  pour  luy  dire 
que  le  missel  est  quasy  achevé,  mais  son  Chappellain 
estoit  hier  auprès  de  moy,  auquel  je  le  disoy,  et  comme 
je  luy  disoy  aussy  que  vous  aviez  escript  d'en  envoyer 
un  à  Sa  Révérend"*®  S***,  il  me  dict  incontinent  :  «  escri- 
vez-luy  qu'il  en  envoyé  un  relié  ».  Vous  luy  ferez 
grand  plaisir;  mais  de  ce  vous  pourrez  faire  ce  qui  vous 
semblera  le  mieulx.  Quant  à  moy,  je  ne  diray  point  que 
je  vous  en  ay  escript.  Et  aussy  il  me  semble  qu'ilz  vous 
sçaivent  petit  gré  de  tout  les  despens  et  fraiz  que  vous 
avez  desjà  souffert  pour  leurs  libvres  d'église,  et  j'en  oy 

I.  Jean  Maes,  imprimeur  à  Louvain. 

2  Cornélius  Jansenius,  premier  évêque  de  Gand.  Né  à  Hulst, 
il  fut  professeur  â  Louvain  et  à  Tabbaye  de  Tongerloo,  et  curé  de  S* 
Martin  à  Courtrai.  Il  fut  envoyé  au  Concile  de  Trente  par  Philippe 
II  et  mourut  à  Gand,  le  ii  avril  1576. 


—   226   — 

bien  peu  qui  les  demandent,  mais  disent  qu'ils  se  pas- 
seront bien  sans  cela. 

Je  vous  prye  de  m'envoyer  un  petit  Bréviaire  relié  de 
la  plus  petite  Romaine  nonpareille;  mectez-le  sur  mon 
compte. 

Je  vous  envoyé  icy  le  Registre  avec  le  compte  de 
ceste  2®  fonte. 

En  oultre,  s'il  y  a  chose  en  quoy  nous  vous  puissions 
faire  service  aggréable,  commandez  et  vous  serez  servy 
et  obéy  devant  touts,  d'aussy  bon  cœur  que  je  prye 
Dieu  vous  donner  sa  garde. 

De  Gand,  ce  29*^  de  juillet  1571. 

Le  tout  vostre  à  commandement  serviteur  et  amy 
Henry  du  Tour  le  Jeusne. 


282.  —  Plantin  à  Gilbert  d'Ognies, 
Au  R"''=  S""  de  Tournay. 

Très  noble  et  R*. 

Estant  retourné  de  Paris,  j'ay  trouvé  deux  lectres  de 
V.  R°«  S'%  Tune  du  21*^  et  l'autre  du  pénultiesme  du 
passé,  auxquelles,  bien  que  mon  gendre  m'ait  dit  avoir 
respbndu,  je  n'ay  voulu  faillir,  ayant  aussi  présentement 
receu  certain  mémoire  par  Monsg""  d'Oienbrugghe  '  de 
respondre  aux  poincts  contenus  ausdictes  lectres  et  mé- 
moire. 

Et  premièrement,  quand  au  chant,  je  supplie  V.  R°* 
5«c  Qi  Messigneurs  de  son  chapistre  entendre  que  je  ne 

l,  Conr^rd  d'Oyenbrugghe,  chantre  de  la  cathédrale  de  Tournai. 


—   227   — 

sui  pas  autre  chant  que  celuy  qui  m'est  prescript  par 
Monsieur  le  chantre' de  Malines,  lequel  me  dict  muer 
peu  de  chose,  et  non  sans  avoir  ses  raisons,  à  l'exem- 
plaire à  luy  envoyé  par  Tauctorité  de  mesdicts  S"  du 
Chapitre.  Vray  est  qu'après  avoir  receu  ledict  exem- 
plaire des  mains  dudict  S*^  Chantre  ou  du  Maistre  des 
Cérémonies  de  Malines,  je  le  fay,  pour  plus  grande  seu- 
reté  de  nos  ouvriers  et  pour  éviter  au  danger  de  perdre 
rien,transcrire,  à  mes  grands  despens,  au  net  par  ung  cer- 
tain religieux  de  ceste  ville  qui  n'y  change  ni  adjouxte 
aucunne  autre  chose  sinon  que  là,  où  la  quantité  des 
sillabes  (chose  qui  expressément  m'est  enchargée  de 
Rome)  ne  peut  souffrir  nombre  de  plusieurs  notes,  il 
les  transporte  où  est  de  besoing,  sans  rien  oster  ni 
changer  du  chant. 

Quant  au  prix  du  Psautier,  qui  leur  semble  cher  à 
huit  florins,  je  leur  supplie  considérer  quels  et  combien 
de  fraiz  il  m'a  convenu  et  convient  faire  pour  telles 
œuvres  et  aussi  que  je  n'ay  imprimé  desdicts  Psautiers, 
comme  je  n'imprime  aussi  des  Antiphonaires  que  envi- 
ron quatre  cents  exemplaires,  sur  lesquels  faut  que  je 
recouvre  tous  les  frais  de  l'impression,  n'ayant  pas  le 
moyen,  pour  la  cherté  du  papier  et  longueur  de  temps 
qu'il  faudroit  attendre  d'en  faire  davantage,  ce  que  bien 
considéré,  on  trouvera  le  prix  n'estre  excessif;  nonob- 
stant quoy,  je  leur  rabatteray  ung  florin  sur  chaicun 
exemplaire  dudict  prix,  à  cause  du  plaisir  de  l'argent 
advancé. 

Et  quant  est  du  dernier  poinct  de  m'obliger  de  don- 
ner ledict  Antiphonaire  achevé  aux  Advents,  je  le 
ferois  bien  volontiers  si  la  nonchallance,  yvrongnerie  et 
malice  de  mes  ouvriers  pouvoit  estre  par  quelques  loix^ 


—  228  — 

raisons,  ou  conditions  réprimée  et  réduicte  à  quelques 
certaines  journées  de  bespngner.  Ce  que  je  voy  estre 
impossible  et  par  conséquent  aussi  que  je  me  puisse 
obliger  à  certain  jour.  Mais  bien  suis-je  prest  de  m'obli- 
ger  de  continuer  l'ouvrage  sans  quelque  interruption 
d'autre,  ainsi  que  maintenant  j'y  besogne,  et  que  pour  le 
moins  je  délivreray  (outre  le  Commune  Sanctorum  que 
j'espère  achever  dedans  huict  ou  lo  jours)  autant  de 
proprium  qu'il  en  sera  besoing  pour  chaicun  mois  au 
paravant  qu'on  s'en  doibve  servir  au  chœur.  Et  de  faire 
aussi  tout  debvoir  à  moy  possible  d'advancer  la  besogne. 

Qpant  à  la  marge  du  fonds,  dont  mesdicts  m'ont  faict 
advenir,  j'y  ay  remédié,  de  sorte  que  j'espère  qu'ils  s'en 
contenteront  et  ceux  qui  s'en  voudront  servir. 

Reste  aussi  les  advertir  que  le  parchemin  est  fort 
renchéri  et  renchérist  tous  les  jours;  par  quoy,  s'il 
leur  plaist  m'en  envoyer  ou  m'en  faire  délivrer  icy  par 
qui  il  leur  plaira,  je  le  leur  imprimeray  volontiers,  sans 
leur  en  demander  aucunne  chose. 


—   229   — 

283.  —  Tlantin  à  Corneille  Jansenius. 

(Plantin  se  réjouit  de  ce  que  son  petit  présent  a  été  agréable  à 
Tévêque.  Il  le  remercie  d'avoir  bonne  opinion  de  la  vente  qui  se  fera 
des  Psautiers,  quand  l'Antiphonaire  et  le  Responsoriale  seront  termi- 
nés. Mais  il  doit  faire  remarquer  qu'ayant  engagé  environ  cinq  mille 
florins  dans  la  publication  du  Psautier,  il  ne  peut  dépenser  de  nou- 
velles sommes  pour  l'Antiphonaire  et  le  Responsoriale,  avant  d'avoir 
retiré  l'argent  dépensé  pour  le  Psautier.  La  vente  de  ce  dernier 
marche  d'une  manière  tellement  satisfaisante  qu'à  l'aide  de  l'argent 
qu'il  en  reçoit,  il  peut  faire  face  aux  dépenses  de  la  publication  des 
autres  livres.  Le  Psautier  est  donc  demandé,  avant  que  l'Antipho- 
naire et  le  Responsoriale  aient  paru.  Il  lui  a  envoyé  le  cahier 
manquant  au  tome  premier  de  Surius,  avec  le  second  volume  du 
même  ouvrage.) 

Reverendissimo  in  Christo  Patri 
D.  D.  Cornelio  Jansenio  Gandensi  Episcopo  meritissimo. 

Gratum  fuisse  R""  D.  V.  munusculum  nostrum  *  est 
quod  gaudeam. 

Qpod  autem  de  Psalterii  a  nobis  impressi  distractione, 
ubi  Responsoriale  post  Antiphonarium  fuerit  absolutum, 
spem  faciat,  habeo  gratias  maximas.  Hoc  unum  vero 
R.  D.  V.  non  ignorare  volo  meas  facultates  non  adeo 
amplas  esse  ut,  in  impressione  dicti  Psalterii  expositis 
quinque  plus  minus  milibus  florenis,  potuerim  in  Anti- 
phonali  imprimendo  aliquanto  plus  impendere  et  rursus 
ad  Responsorialia  multo  plus  insumere,  antequam  ad 
distractionem  Psalterii  jamdudum  impressi  pervenissem. 
Quare  mihi  cessandum  fuisset  omnino,  nisi  Dominus 
Deus,  ad  cu)us  honorem  et  ejus  ecclesiae  matris  nostrse 
commoditatem  nos  nostraque  dicavimus,  alio  modo 
nobis  jam  succurrisset.  NonnuUos  etenim  excitasse  video 
ad  Psalterii  emptionem  :   est  enim  qui  jam  plus  quam 

I.  Le  missel  envoyé  à  Tévêque  sur  le  conseil  de  Henri  Du  Tour, 

15 


M 


230      

centum,  est  qui  15,  qui  10,  qui  50,  qui  sex  redemerint 
et  redimant,  ex  quibus  nonnullos  annoto  ex  Hispania, 
Lusitania  et  Italia  evocatos,  ita  ut  nunc,  quod  alioqui 
non  potuissem,  ex  pecuniis  receptis  aliorum  librorum 
impressionem,  quanta  per  facultates  et  valetudinem  licet 
diligentia,  prosequar,  quo  ^em  meam  iis  ipsis  prsestem 
qui  dicta  Psalteria  redemerunt  et  rediment,  quod,  ut 
bene  dicit  R"*  D.  V.,  Psalterium  et  Antiphonale  sine 
Responsoriali  parum  utile  esset  ecclesiis  qui  a  mercato- 
ribus  hic  emi  curassent.  Hinc  video  impressa  Psalteria 
desideranda,  priusquam  vel  ipsum  Antiphonale  absolva- 
tur  ;  tantum  abest  ut  Responsoriale  sit  illis  expectandum 
qui  volent  nostris  exemplaribus  uti.  Quatemionem  in 
Surii  *  tomo  primo  desideratum,  una  cum  secundo 
tomo,  misimus  ad  R"*"*  D.  V.,  cui  omnia  prospéra  ad 
gregis  sibi  commissi  utilitatem  Dominus  Deus  largire 
dignetur. 

Antverpise,  9  augusti  1571. 

I.  Laur,   Surii  Historia  eccUsiastica,  Coloniae  apud  Qjientelios, 
1571,  in-folio. 


—  231  — 

284.  —  Tlantin  à  Louis  de  Berlaymont.  ' 

Au  très  Illustre  et  R"*  Archevesque  de  Cambray, 
le  Signeur  Louys  de  Berlaymont. 

Très  illustre  et  R"*'  S^% 

Ayant  achevé  d'imprimer  fe  Missal,  j'ay  prins  la  har- 
diesse de  faire  présenter  cest  exemplaire  à  V.  111™*  et 
j^me  gie^  j^  Suppliant  de  prendre  ce  mien  petit  office  en 
bonne  part.  Ce  qu'entendant,  je  me  réputeray  grande- 
ment favorisé  et  avoir  recouvert  ce  que  j'ay  perdu  au 
trespas  de  feu  de  bonne  mémoire  le  devancier  de  V. 
Ill"*'  et  R™*  S**"  *,  laquelle  je  prie  Nostre  Signeur  nous 
vouloir  conserver  et  augmenter  en  toute  bonne  santé  et 
heureuse  prospérité. 

D'Anvers,   en  nostre  Imprimerie,  ce  18  jour  d'aoust 

IS7I. 

1.  Louis  comte  de  Berlaymont,  né  à  Bruxelles,  en  1542,  mort  à 
Môns,  le  15  février  1596.  Il  fut  élu  archevêque  de  Cambrai,  le  15 
septembre  1570.  Après  la  prise  de  Cambrai  par  le  duc  d'Alençon,  il 
quitta  cette  ville  et  se  retira  à  Mons.  Le  pape  Qément  VII  le  nom- 
ma administrateur  du  diocèse  de  Tournai,  le  13  novembre  1591. 
Cambrai  ayant  été  repris,  en  1595,  par  les  Espagnols,  l'archevêque 
fut  encore  empêché  de  rentrer  dans  sa  métropole  par  des  difficultés 
survenues  entre  lui  et  les  magistrats  de  cette  ville.  Il  retourna  à 
Mons,  où  il  mourut. 

2.  Maximilien  de  Berghes. 


285.  —  Plantin  au  Cardinal  de  Granvdle. 

Au  très  Illustre  et  R"*  Gard,  de  Granvelle, 
Viceroy  de  Naples,  etc. 

25  aoust  IS71. 

Ayant  bon  espoir  que  V.  111"*  et  R"*  Ex"  aura  receu 
rachèvement  du  Missal,  je  la  supplie  me  faire  advertir 
comment  et  combien  il  luy  plaist  que  j 'envoyé  des  exem- 
plaires en  parchemin  à  Messieurs  de  Sainct  Pierre  à 
Rome,  pour  lesquels  elle  m'avoit  ordonné  d'en  impri- 
mer, ce  que  j'ay  faict,  jusques  au  nombre  de  dix,  des- 
quels aucuns  m'en  demandent  par  deçà  ;  mais  je  n'en 
ose  délivrer  à  personne,  jusques  à  ce  qu'il  ait  pieu  à 
V.  Dh*  Ex^'  m'ordonner  ce  qu'il  luy  plaira.  * 

Par  mes  dernières,  je  respondois  à  V.  Ilh*  Ex"  tou- 
chant l'impression  des  Heures,  ordonnées  par  Sa  Sainc- 
teté,  et  la  suppliois  de  me  faire  avoir  le  congé  de  Sa 
Saincteté  pour  les  pouvoir  imprimer,  sans  lequel  toutes- 
fois  autres  libraires  et  imprimeurs  ne  faisoyent  difficulté 
par  deçà,  car  ils  les  ont  faict  et  continuent  d'imprimer, 
nonobstant  la  clausule  d'excommunication  sub  pœna 
latae  sententiae,  contenue  en  la  bulle  de  Sa  Saincteté, 
qu'ils  ne  laissent  aussi  d 'ad jouxter  au  commencement  et 
à  la  fin  le  Privilège  du  Roy,  et  semble  que  les  Privilèges 
de  Sa  Saincteté  n'ayent  auctorité  qu'es  terres  de  son 
obéissance,  veu  mesmes  que  les  libraires  de  cestc  ville 
font  imprimer  les  Bréviaires  de  Rome  (pour  le  Privilège 
desquels  je  paye  grand  tribut)  à  Liège,  comme  en  terre 

I.  Le  3  octobre  1571,  Plantin  expédia  au  Cardinal  de  Granvelle 
8  missels  sur  grand  papier,  5  sur  parchemin  et  3  sur  papier  ordi- 
naire. {Archives plantiniennes  :  Journal,  i57i,*fo  131  v'>.) 


—  ^33  — 

non  sabjecte  an  Rgy  catholique,  sans  le  Privil^e 
duquel,  qui  m'a  esté  concédé,  ils  disent  qu'ils  ne  lais- 
seroyent  de  les  faire  imprimer  icy,  choses  que  je  n'ose- 
rois  ni  vpudrois  entreprendre.  Et  mesmes,  estant  requis 
par  diverse.^  lectres  rescrittes  par  Monsg'  le  Secrétaire 
Çayas  de  la  volonté  du  Roy  de  tout  incontinent  impri*- 
mer  lesdictes  Heures  ordonnées  par  Sa  Saincteté,  de  la 
sorte  de  lectre  et  forme  que  j'en  ay,  ces  années  passées, 
imprimé  à  la  requeste  de  plusieurs  Signeurs,  et  signa- 
ment  de  celles  que  naguères  j'ay  imprimées  par  l'ordon- 
nance de  l'Excellentissime  Monsigneur  nostre  gouver- 
neur le  Duc  d'Âlbe,  j'ay  respondu  qu'obstant  la  susdite 
clausule  contenue  en  ladicte  Bulle  des  Heures  dernières, 
je  n'oserois  le  faire  sans  congé  de  Sa  Saincteté.  Et 
pourtant,  je  supplie  très  humblement  V.  111"'  et  R"*  S** 
me  faire  advertir,  si  je  puis  bien,  sans  danger  de  con- 
science, imprimer  lesdictes  Heures,  veu  principalement 
qu'il  me  le  seroit  ainsi  ordonné  par  Sa  Majesté. 
Cependant,  je  prie  Nostre  Signeur  nous  maintenir,  etc. 


286.  —  Plantin  à  Max  Morillon. 

  Monsigneur  Monsieur  le  Provost  d'Aire, 
Max  Morillon,  Secréuire  général  du  très  illustre  et 

R°«  Card.  de  Granvelle. 

25  aousti57i. 
Monsigneur, 

Encores  que  j'estime  bien  que  V.  R'  $*•  aura  esté 
advertie  par  le  S^  Malpas  que,  passé  quelques  jours, 
j'avois  receu  trois  cents  florins  qu'il  avoit  pieu  délivrer 


—  234  — 

à  Pierre  de  la  Tombe',  à  BrusseUes,  et  depuis  soixante 
livres  de  gros  du  receveur,  si  est  ce  que  ayant  ce  jour- 
d'huy  receu  dudict  receveur  encores  quarante  livres  de 
gros  (toutes  lesdictes  trois  sommes  faisantes  ensemble 
neuf  cents  florins  carolus  de  XX  patars  chaicun  florin, 
pour  l'asseurance  desquels  j'avois  consigné  audit  S*"  Mal- 
pas  cent  et  cinquante  grand  Psalterium),  je  n'ay  voulu 
faillir  de  l'en  advertir  et  remercier  grandement  de  telle 
aide,  qui  m'a  renforcé  le  courage  et  donné  moyen  de 
continuer  à  l'impression  de  l'Antiphonaire,  lequel  nous 
avançons  tant  qu'il  nous  est  possible. 

Qiie  si  nos  grandes  Bibles,  ausquelles  sont  employées 
toutes  nos  facultés  et  crédict  estoyent  achevées,  je  n'au- 
rois  pas  importuné  V.  R.  S.  de  telles  propositions  ni 
requestes,  veu  mesmes  tant  de  bénéfices  qu'ordinaire- 
ment je  reçoy  d'icelle  et  les  bonnes  faveurs  qu'il  luy 
plaist  me  porter.  En  continuation  desquelles,  je  luy  prie 
envoyer  l'incluse  à  son  111*  et  R"*  Ex",  par  laquelle  je 
la  supplie  m'advertir  combien  il  luy  plaist  que  j'envoye 
à  Rome  des  Missals  en  parchemin,  qu'il  luy  avoit  pieu 
m'ordonner  que  j'imprimasse  pour  Messieurs  de  St. 
Pierre  à  Rome.  Et  aussi,  comment  je  devray  faire  tou- 
chant les  Heures  de  Rome  dernièrement  reformées  par 
Sa  Saincteté  que  le  Signeur  Secrétaire  Çayas,  de  la 
volonté  du  Roy,  me  sollicite  d'imprimer;  ce  que  je 
n'ose  faire,  d'autant  qu'en  la  Bulle  de  Sa  Saincteté  im- 
primée au  devant  desdictes  Heures,  il  est  défendu  à 
tous  ceux  de  l'obéissance  de  ses  terres  et  Signeuries, 
soubs  grande  peine  pécuniaire,  et  à  tous  autres,  soubs 
peine  d'excommunication  latae  sententise,  d'imprimer  ne 

I .  Pierre  de  la  Tombe,  imprimeur  à  Bruxelles. 


—  ^35  — 

faire  imprimer,  vendre  ne  distribuer  autres  tels  livres 
que  de  l'impression  faicte  à  Rome  du  peuple  Romain 
etc.  Nonobstant  quoy,  les  héritiers  de  feu  de  bonne 
mémoire  Jehan  Steelsius  n'ont  laissé  d'en  requérir  le 
Privilège  à  la  cour  qui  leur  a  esté  octroyé,  sans  avoir 
prins  esgard  au  contenu  de  ladicte  bulle,  à  quoy  il 
semble  qu'elle  n'ait  efficace  es  terres  et  Signeuries 
situées  sous  autre  obéissance  temporelle.  Ce  qui  se 
practiqueroyt  aussi  aux  Bréviaires  et  Messels,  si  le  Pri- 
vilège du  Roy  que  j'en  ay  obtenu  n'en  retenoit  ceux 
de  ceste  ville  qui  les  font  imprimer  à  Liège  et  là  où 
ils  peuvent,  sans  avoir  esgard  au  brief  de  Sa  Saincteté 
que,  par  la  grande  et  libérale  faveur  de  sou  111"*  et  R"' 
Ex"  et  de  V.  R®  S**  et  entre  vous,  Messigneurs  ses 
officiers,  j'en  ay  obtenu  de  Sa  Saincteté,  et  dont  je 
me  sens  volontairement  obligé  de  payer  librement  le 
dixiesme  de  tout  ce  que  j'en  fay,  qui  se  monte  plus 
de  quinze  par  cent,  là  où  sur  le  reste  je  ne  gagne  pas 
autant,  à  beaucoup  près., Ce  que  j'ay  faict  très  volon- 
tiers jusques  à  maintenant.  Mais  voyant  qu'on  ne  tient 
compte* des  defFenses  de  Sa  Saincteté,  imprimant  ailleurs 
lesdicts  Bréviaires  et  icy  lesdictes  Heures,  sans  aucune 
licence  ni  congé  de  Sadicte  Saincteté,  je  désirerois 
estre  délivré  du  scrupule  que  j'en  fay  et  du  grand 
tribut  que  j'en  paye  ordinairement  à  chaicunne  impres- 
sion. Et  pourtant  je  supplie  aussi  à  V.  R.  S.  qu'il  luy 
plaise  me  faire  ce  bien  de  m'en  escrire  ung  petit  mot 
d'advis,  en  attendant  la  décision  qu'il  plaira  à  son  111°** 
et  R"*  Ex"  nous  en  donner. 

Et    cependant,    Monsigneur,    je  prieray  Dieu  nous 
vouloir  etc. 


—  236  — • 

287-  —  Tlaniin  à  Gilbert  dVgnies. 
A  Monseigneur  de  Tournay. 

Très  Noble  et  R»«  S% 

Ayant  achevé  l'impression  du  Missal,  j'ay  prins  la 
hardiesse  d'envoyer  cest  exemplaire  à  V.  I.  et  R"*  S", 
la  suppliant  l'avoir  aggréable. 

Qpant  à  l'impression  de  l'Antiphonaire,  je  le  continue 
autant  qu'il  m'est  possible  et  ce  d'autant  plus  facilement 
que,  grâces  à  Dieu,  les  Psautiers  par  nous  imprimés 
ayants  esté  veus  en  Italie  et  ailleurs  sont  tellement 
requis  que  j'espère  qu'il  m'en  restera  peu  ou  point, 
lorsque  lesdicts  Antiphonaires  avec  le  Responsorial  sera 
parfaict.  De  quoy  j'ay  bien  voulu  advertir  V.  I.  et  R"* 
S**  pour  s'en  faire  fournir  ceux  qu'il  luy  plaira  *. 

Qui  est  l'endroict  où  je  prieray  Dieu  nous  conserver 
V.  I.  et  R"*  S**  en  toute  bonne  santé  et  prospérité. 


288.  —  P.  (FOverloepe  *  à  Planiiti. 

S'  Plantin,  Pay  veu  ce  que  avez  escript  à  Michiel  de 
Hamont  touchant  l'impression  des  ordonnances  ou  plac- 
cars  endroit  la  répurgation  des  livres',   ensemble   le 

1.  Uévêque  de  Tournai  et  son  chapitre  achetèrent  de  Plantin,  en 
X572,  deux  Psautiers  sur  vélin  et  quinze  sur  papier;  en  1573,  encore 
huit  sur  papier. 

2.  Secrétaire  du  conseil  privé  du  roi,  à  Bruxelles* 

3.  Index  ixpurgatorius  lihrorum  qui  hoc  seculo  prodUrunt,,..  Philippi 
II  R^s  catholiei  jussu  et  auctoritate  atque  Albani  ducis  condîioacminis- 
t$rio  in  Btigio  concinnatus.  Plantin,  1571,  in-4o.  Livre  imprimé  par 
Plantin,  pour  compte  du  roi. 


—  237  — 

commencement  de  deux  exemplaires  imprimez  de  l'indice 
expurgatoire,  tant  en  thyois  que  françoys.  Et  comme 
vous  désirez  savoir  s*il  sera  besoing  en  imprimer  à  part, 
sans  ledia  Indice,  je  vous  advise  que  les  greffiers  des 
consaulx  de  Flandres,  Hollande  et  autres  m'ont  escript 
pour  en  avoir  des  exemplaires  imprimez.  Sur  quoy  ne 
leur  ay  sceu  donner  autre  response  que  ce  que  ledict 
Hamont  m'avoit  dit  avoir  entendu  qu'il  vous  èstoit  def- 
fendu  en  distribuer  aucuns,  jusques  à  ce  que  ledict  In- 
dice seroit  imprimé.  Depuis  je  n'en  ay  rien  entendu 
d'iceulx.  Parquoy  et  pour  pouvoir  donner  meilleure  res- 
ponce  à  ce  que  demandez  par  vosdictes  lectres,  )'en  ay 
fait  parler  par  le  S' Mesdach  *  à  Messeigneurs  du  conseil 
lez  son  Excellence,  lequel  m'a  respondu  que  vous  pour- 
rez imprimer  lesdicts  placcars,  et  non  l'indice  expurga- 
toire, pourveu  que  ce  ne  soit  aux  despens  de  Sa  Majesté, 
dont  vous  ay  bien  voulu  advertir  par  ceste,  pour  selon 
ce  vous  y  savoir  régler  et  suivrai»  . 

S"  Plantin,  me  recommanderay  à  vostre  bonne  grâce, 
pryant  à  Dieu  vous  donner  la  sienne  en  santé  et  longue 
vye. 

De  Bruxelles,  le  XIX**  jour  de  septembre  1571. 

Vostre  bon  amy  à  vous  rendre  service, 

P.  d'Overloepe. 

I.  Secrétaire  du  conseil  privé. 


—  238  — 

289.  —  Tlantin  à  Gilbert  dVgnies. 

A  très  noble  et  R°*  Sig'  Monsg^ 
rÉvesque  de  Tournay. 

Très  Noble  et  R™**  Signeur, 

Il  me  suffist,  très  Noble  et  R"*  Sig%  d'entendre  que  le 
Missal  envoyé  luy  soit  aggréable. 

Quant  à  TAntiphonaire  j'y  ay  besongné  et  continue 
d'y  besongner  autant  qu'en  ce  temps,  dificile  à  recou- 
vrer deniers,  il  m'a  esté  et  est  possible  de  fournir  à  la 
despense  qu'il  m'y  convient  faire,  outre  ceste  grande 
charge  de  Bibles. 

Nous  avons  de  longtemps  achevé  le  Commune  Sanc- 
torum  et  poursuivi  le  Proprium  jusques  au  Quaresme  et, 
s'il  plaist  à  V.  R°*  S**  l'ordonner,  je  luy  envoyeray  de 
chaicun  ung  cahier  de  tout  ce  qui  est  faict,  par  où  elle 
verra  qu'on  pourroit  bien  commencer  à  s'en  servir  à 
ces  Advents  prochains,  pourveu  qu'on  s'en  contentast 
de  faire  seulement  couldre  lesdicts  cahiers  ensemble 
pour  s'en  servir  ainsi,  jusques  à  Tachèvement  de  la  par- 
tie hyemale.  Et  de  ma  part  j'espère,  avec  la  grâce  de 
Dieu,  de  tellement  continuer  la  besongné  qu'on  n'aura 
pas  faute  de  ce  qui  restera  d'imprimer,  avant  qu'on  soit 
parvenu  à  la  fin  de  ce  qui  sera  imprimé.  Davantage  ne 
puis  je  faire. 

Qui  sera  l'endroict,  très  Noble  et  R™**  Sig',  où,  sup- 
pliant d'estre  recommandé  à  la  bonne  grâce  de  V.  R°* 
S",,  je  prie  Dieu  la  nous  conserver  en  toute  bonne 
santé  et  heureuse  prospérité. 

D'Anvers,  ce  28  octobre  1371- 


—  239  — 
290.  —  Plantin  à  Martin  T(jthomus.  * 

(Plantin  envoie  à  l'évêque  d*Ypres  un  Psautier  en  feuilles.  Il  n'a 
rien  imprimé  de  nouveau.  Le  Proprium  de  Umporc  de  l'Antipho- 
naire  est  avancé  jusqu'à  la  Q^adragésime.  Le  prix  du  Psautier  est 
de  huit  florins,  mais  il  accordera  un  rabais.  Il  lui  est  arrivé  plus 
d'une  fois  que,  d'un  seul  coup,  on  lui  achète  la  majeure  partie  d'un 
ouvrage  qu'il  vient  d'imprimer.  Le  fait  s'est  encore  produit  pour  le 
Missel  dont  le  roi  d'Espagne  a  pris  presque  tous  les  exemplaires.  Il 
lui  envoie  un  des  vingt  exemplaires  qui  lui  restent,  ainsi  que  des 
lettres  de  l'évêque  de  Ruremonde.) 

R™°  in  Christo  Patri  ac  D. 
Martino  Rithovio  Episcopo  Yprensî. 

Paucis  ego,  multis  impeditus,  ut  R""  D.  V.  litteris 
respondeam  et,  si  fieri  possit,  sansfacere  queam  ego, 
mitto  Psalterium  Chori  una  cum  Communi  Sanctorum 
impresso,  eaque  incompacta,  quod  nulla  haberem  com- 
pacta, neque  hactenus  curaverim  compingi  ;  soient 
namque  qui  emunt  id  pro  voto  suo  curare. 

Nihil  prasterea  absolvimus.  Proprium  de  tempore  ad 
Qpadragesimam  usque  perduximus.  Precium  vero  Psal- 
terii  est  constitutum  octo  florenis,  de  quo,  si  quinque 
aut  decem  ad  summum  stufferos  demeremus,  parum  ad 
nos  praster  sumptus  factos  rediret.  Hoc  tamen  ingra- 
tiam  ecclesiarum  jam  variis  solutionibus  onustarum 
patiar  mihi  detrahi. 

Qpare,  si  aliquot  exemplaria  cupiat  R°*  D.  V.,  mît- 
tam  libenter;  casterum  in  spem  venditionis  hoc  facere 
non   videretur   e   re  mea,   ne  forte  mihi  isthinc  meo 

I.  Martin  Baudewyns  de  Rythoven,  premier  évêque  d'Ypres, 
mourut  à  S*  Omer,  en  1583.  Il  présida,  en  1570,  le  s3mode  de  Ma- 
lines,  dont  il  publia,  chez  Plantin,  les  décrets  et  statuts  :  'Décréta 
et  statuta  sjnoài  provincialis  MechliniensiSy  1571,  in-80. 


—  140  — 

sumptu  revocandi  essent  :  non  semel  namque  mihi  acci- 
dit  ut  quae  baberem  Breviariorum  exemplaria  omnia  ex 
Italiis  evoçata  ab  uno  mercatore  emerentur;  quod  mihi 
etiam  bis  diebus  de  Missalibus  a  me  impressis  accidit, 
nam  ex  Hispaniis  nomine  regio  exemplaria  fuerunt,  quae 
habere  potui  perfecta,  onmia  evocata,  et  in  bac  classe 
quae  brevi,  Deo  favente,  bine  solvet  imposita,  ita  ut 
vix  pro  annis  abscondita  servare  potuerim  vigind,  ex*^ 
quibus,  quod  compactum  mitto^  est  unum.  Pro  eo  vero 
a  D°^  Pastore  accepi  sex  florenos  pro  compactura  et 
libro  ipso. 

Mitto  quas  accepi  a  R"'^  D.  Ep.  Ruremundensi  ad 
R"  D.  V.  litteras,  quibus  si  placuerit  respondere,  ego 
illi  perlibenter  transmittam  et^  quicquid  prasterea  nobis 
mandaveris,  bona  fide  et  diligentia  exequi  conabor. 

D™"  Deus  Reverendissimam  D.  V.  diu  nobis  servet 
incolumem. 

Antverpiae,  8  novembris  iS7i« 


—  241  — 
291.  —  Tlantin  à  %Andri  Fabricius  \ 

(Plantin  lui  envoie  un  exemplaire  de  son  Catechismus  Romanus 
qui  est  enHn  achevé.  Jamais  livre  n'a  vu  retarder  sa  publication 
par  tant  de  contrariétés.  Il  a  coUatiotmé  toutes  les  feuilles  avec  le 
manuscrit  de  Tauteur  et  y  a  ajouté  une  table  d'errata.  Il  envoie  le 
livre  dans  un  paquet  de  Georges  Willer  d*Augsbourg.) 

Clariss,  Doctissimoque  Viro  Domino  And. 
Fabricio  Leodio,  S.  Theologiae  doctori  et 
lUustriss.  Ducis  Bavariae  Consiliario.   * 

S.  P.  Nunquam  ego  de  dilatione  alicujus  operis  mihi 
commissi  ita  dolui  ut  de  libro  hoc  tuo*,  quem  tandem 
absolutum  mitto,  non  certe  ut  voluimus  impressum, 
sed  ut  potuimus.  Tantas  etenim  difËcultates  passi  sumus 
inter  hune  imprimendum  ut  vix  ab  illo  credi  possit  qui 
prsesens  ipse  non  adfuerit.  Primum  etenim  ubi  eum 
susceperamus,  accidit  nobis  ut  alia  mihi  imponerentur 
ab  illis  onera  ferenda  qui  auctoritatem  fc  nos  habent  et 
quae  non  paterentur  me  quid  aiiud  praestare.  Postea 
vero  pestrs  opéras  huic  operi  laborantes  corripuit  et 
necavit.  Interque  hase  pmnia  vix  unquam  licuit  cor- 
rectoribus  nostris  probas  ante  vigesimum  folium  continue 
légère,  ita  illis  aliis  nobis  impositis  oneribus  erant  onusti. 

Absoluto  tamen  opère  toto  curavimus  iterum  omnia 
folia  ad  exemplar  tua  manu  scriptum  conferri  atque 
errata  notari  inque  fine  ad j ici.  Quae  certe  plura  sunt 
multo  quam  vellem,  sed  quorum  vix  média  pars  absunt 
ab    ipso   autographo.   Hoc  unum  tamen   mihi    restare 

1.  André  Fabricius,  né  à  Hodeige  dans  la  principauté  de  Liège, 
étudia  à  Ingolstadt  et  enseigna  la  philosophie  au  Collège  de  S<e 
Gertrude  à  Louvain.  Il  devint  dans  la  suite  Conseiller  du  duc  de 
Bavière  et  mourut  à  Ottingen,  dont  il  était  prévôt» 

2.  Catechismus  romanus  y  1572, 


—  242  — 

videtur  ut  a  tua  humanitate  impetrem  ut  quicquid 
nostra  culpa  peccatum  est  condonare  mihi  dignetur, 
alias  meliori  opportunitate  compensaturo. 

Ego  nunc  exemplar  hoc  integrum  mitto.  Adposuimus 
vero  in  sarcina  Augustam  ad  Georgium  Willerum  *  hinc 
hodie  a  nobis  missa  exemplaria  ex  aliquanto  meliori 
papyro  quam  sunt  reliqua  exemplaria.  Plura  si  petieris, 
mittemus. 


292.  —  Tlantin  à  Martin  Rithovius. 

(Le  huitième  du  mois  courant,  Plantin  a  envoyé  à  Tévêque  d'Ypres 
un  Missel  relié  et  un  Psautier.  Sur  un  avis  nouveau,  il  a  fait  relier 
huit  Missels  qu'il  envoie  également,  en  même  temps  que  deux  Psau- 
tiers et  deux  Commune  Sanctorum  également  reliés.  Il  donne  le 
prix  de  ces  reliures  et  d'autres  plus  ordinaires.  D'après  l'ordre  du 
curé  de  la  Citadelle,  il  envoie  deux  exemplaires  du  Commune  Sanc- 
torum et  des  feuilles,  imprimées  du  Proprium  de  Tempore.  Il  a  reçu 
de  l'intendant  de  l'évêque  200  florins,  pour  lesquels  il  enverra  tout 
ce  qui  lui  a  été  demandé.) 

R°°  in  Christo  Patri  ac  D.  D.  Martino  Rithovio, 

Episcopo  Ypfensi. 

Octava  hujus  mensis,  secundum  id  quod  R.  D.  V. 
videbatur  petere,  misi  cum  Missali  compacto  Psalterium 
et  Commune  Sanctorum.  Postea  vero,  acceptis  aKis 
litteris,  statim  curavi  8  missalia  compingi,  quas  nunc 
mitto,  una  cum  duobus  Psalteriis  et  totidem  Communi- 
bus  Sanctorum  simul  compactis  ;  neque  plura  ausus  sum, 
donec  R™*  D.  V.,  his  acceptis,  indicaverit  num  hoc 
modo  placeant.  Compactura  uniuscujusque  libri  hoc 
modo  constat Quod  si  communiori  modo,  absque 

I .  Georges  Willerus,  libraire  à  Augsbourg, 


—  243  — 

angulis  «ris  et  cum  solis  claustris  communibus,  consta- 
bit  ligatura  uniuscujusque  libri  tantum...  '.  Per  nuntium 
vero  alia  duo  exemplaria  Communis  Sanctorum  et  toti- 
dem  ex  quatemionibus  Proprii  de  Tempore  impressis 
mittimus,  ut  nobis  jussit  D.  Pastor  in  Castro  '. 

Hodie  praeterea  accepi  a  dusestore  *  R""  D.  V.  du- 
centos  florenos  pro  quibus,  qua^cumque  mandaverit  et 
poterimus,  libentissime  mittemus,  et  omni  oblata  occa- 
sione  gratos  nos  perpetuo  fore  testari  conabimur.  Do- 
minus  Deus  R™*"*  D.  V,  nobis  et  reipublica^  sua^  diu 
sanam  et  incolumem  conservare  dignetur. 

Antverpiae,  22  novembris  1571. 


293.  —  Plantin  à  Jean  Gassen. 

Jehan  Gassan.  Estants  venus  tant  de  messagers  par 
deçà,  sans  m'apporter  ung  seul  mot  de  lettre  de  vostre 
Oncle,  de  vous,  ni  de  ma  fille,  je  n'ay  sceu  que  penser, 
sinon  qu'il  y  avoit  quelques  pièces  (comme  on  dict) 
mal  taillées.  Et  depuis,  estant  plus  acertené  des  petites 
sottises,  légèretés  et  manières  desquelles  vous  vous  gou- 
vernés par  ensemble,  d'une  débilité  de  corps  et  ennuy 
de  ne  pouvoir  faire  les  affaires  communes  et  ordinaires, 
au  contentement  de  nos  créditeurs  (ainsi  je  vous  ay 
assés  adverty  et  vostre  Oncle   que   je   tasches  de  tout 

1 .  Le  prix  du  Missel  était  de  4  florins.Le  premier  exemplaire  de  ce 
livre,  dont  il  est  question  dans  cette  lettre,  était  doré  sur  tranches, 
avait  de  doubles  fermoirs  et  des  coins  en  cuivre.  Relié,  il  coûta  6 
florins.  Les  Missels  en  reliure  ordinaire  coûtaient  4  1/2  florins. 

2.  Adam  Andries,  curé  de  la  citadelle  d'Anvers. 

3.  Petrus  Winandus. 


—  244  — 

mon  pouvoir),  je  suis  tombé  en  une  tristesse  de  cœur 
assés  véhémente  d'entendre  lesdicts  désordres,  contraires 
du  tout  à  la  volonté  de  Dieu,  à  mon  intention  et  de 
tout  bon  ordre.  Sur  quoy,  je  vous  prie  considérer  d'où 
vient  la  faute  et  entendre  que  quand  je  vous  ay  par  cy- 
devant  rescrit  (comme  en  riant  et  par  gayeté  de  cœur) 
que  je  n'entendois  pas  vous  avoir  baillé  ma  fille  afin 
qu'elle  empirasse,  etc.,  que  je  n'escrivois  pas  tels  mots 
(car  je  sçavois  bien  ce  que  par  lesdicts  mots  vous  vou- 
liés  dire)  sans  sçavoir  le  but  de  ce  que  je  prétendois 
vous  donner  à  entendre  ou  plus  tost  vous  en  faire  sou- 
venir. 

Car  souvenés-vous,  je  vous  prie,  de  tous  les  propos 
que  je  vous  ay  tenus  touchant  les  aliances,  mariages,  et 
sociétés  ou  manières  d'acquérir  et  d'entretenir  paix  et 
concorde  entre  ceux  avec  qui  nous  vivons,  qui  est 
principalement  et  premièrement  de  nous  acquérir  une 
trancquilité  et  repos  d'esprit  selon  la  loy  et  commande- 
ments de  Dieu  et  des  hommes,  à  qui  sommes  tenus 
d'obéir  selon  le  reng  et  degré  qu'ils  tiennent,  en  quel- 
que lieu  que  nous  soyons,  sans  jamais  nous  entremectre 
de  vouloir  rien  changer  aux  affaires  d'autruy,  si  ce  ne 
fût  par  conseil  et  du  consentement  d'iceux,  en  toute 
équité. 

Et  notés  aussi  que  telle  tranquilité  ou  repos  d'esprit 
ne  nous  adviendra,  ni  ne  les  pourrons  jamais  acquérir, 
par  aucun  moyen  que  ce  puisse  estre,  que  par  une 
bonne,  douce  et  patiente  humilité  de  cœur,  mère  seule 
de  tous  biens  et  dons  de  Dieu,  nourice  de  toutes  vertus 
divines  et  vray  lien  d'amitié,  concorde,  paix  et  union 
avec  les  bons,  et  le  seul  refuge,  force,  armes,  victoire, 
et  vengeance  (si  besoing  est),  à  l'encontre  des  mauvais 


—  24S  — 

et  de  tous  ceux  qui^  d'ung  cœur  hautain,  bravçté  de 
cotirage,  malicieuse,  sotte,  fine  ou  cauteleuse  nature, 
voudroyent  dominer,  suppéditer,  ou  abastardir  les 
autres.  ▼ 

Et  pourtant,  mon  très  chier  fils  et  amy,  je  vous  sup- 
plie au  nom  de  Dieu  que  veueillés  réduire  en  mémoire 
tous  les  propos  que  je  vous  ay  tenus  par  cy-devant,  et 
que  je  vous  [ay]  escrits  touchant  le  moyen  de  se  gou- 
verner avec  ung  chaicun  de  tous  ceux  avec  qui  on 
habite,  ce  qui  doit  procéder  d'une  bonne  humilité  de 
cœur  et  de  l'intérieur,  afin  qu'il  dure;  car  tout  le  reste  ' 
seroit  hipocrisie  et  n'auroit  pas  de  durée. 

Considérons  doncques,  en  premier  lieu,  nostre  inté- 
rieur ;  voyons  comment  il  s'est  porté  et  se  porte  envers 
Dieu  à  qui  le  devons  entièrement,  et  ainsi  nous  humi- 
lions à  luy  et  s'il  nous  faict  quelque  miséricorde  et 
grâce,  ne  nous  l'attribuons  pas  comme  chose  nostre, 
mais  usons  en  à  son  honneur  et  gloire  envers  nostre 
prochain;  si  nous  avons  quelque  don,  science,  sçavoir, 
industrie,  moyen  d'entretenir  les  gens,  trafficquer,  han- 
ter, besongner,  et  faire  quelque  chose  que  ce  soit, 
gardons  nous  bien  d'en  monter  sur  nos  ergots,  de  [nous] 
en  estimer  quelque  chose  d'avantage,  et  sur  toutes 
choses  de  nous  en  vouloir  préférer  au  plus  abject, 
ignorant,  malotru,  malplaisant,  malaprins  et  rusticque 
qu'il  soit  point  en  tout  le  monde  ;  tant  s'en  faut  qu'il 
nous  soit  licite  de  le  blasmer,  en  parler  mal,  mespriser, 
desdaigner,  ou  ne  tenir  compte  de  luy  pour<ela. 

Car,  si  c'est  de  Dieu  et  non  pas  de  nous  que  tout 
bien  vient  et  est  donné,  quelle  injure  luy  faisons  nous 
donc,  quand  nous  osons  (par  je  ne  sçay  quelle  outre- 
cuidance et  faute  de  bonne  considération)  despriser  ung 

i6 


—  246  — 

autre  à  qui  Dieu  n'auroit  pas  faict  grâce  semblable.  Je 
ne  suis  pas  pourtant  ignorant  que  la  manière  du 
monde  est  contrayre  à  ce  que  j'en  dy,  et  sçay  par 
trop  que  nostre  beau  semblant  et  justice  fardée,  assise 
dedans  nostre  cœur,  nous  suppédite  assés  de  raysons 
et  allègue  assés  de  loix  de  nostre  propre  droict,  par 
lesquelles  nous  prononçons  asseurément  qu'avons  bonne, 
juste,  et  léale  cause  de  ne  nous  laisser  abastardîr,  de 
nous  faire  estimer  vertueux,  de  tenir  le  reng  que  nous- 
mesmes  choississons,  et  nous  semble  bien  que  devons 
tenir,  sans  en  céder  d'un  seul  pas,  et  mesmes  de  mon- 
strer  par  effort  qu'on  sçait  bien  de  quoy  on  sert,  et 
que  nostre  ferme  preudhomie  mérite  d'estre  vengée  de 
toute  mjure  que  nous  nous  persuaderions  avoir  esté 
faicte,  en  absence  ou  bien  en  présence  de  nous,  et  si 
ne  me  veux  pas  aussi  exempter  que  je  ne  sois  maintes- 
fois  tombé  et  retombé  en  telles  fautes,  jugements,  et 
exécutions  dépravées  et  meschantes. 

Mais  je  sçay  aussi  comment  il  m'en  est  toujours 
prins  et  suis  asseuré  de  ce  qu'il  m'en  peut  advenir,  et 
à  tous  ceux  qui  ne  se  donneront  de  garde  d'y  tomber 
et  cognois  manifestement  et  certainement  qu'en  telles 
choses  il  n'y  a  que  hargneuse,  tempestueuse  et  impa- 
tiente superbité  et  outrecuidance,  mère  et  nourice  de 
tout  malheur,  vices,  péchés  et  iniquités  et  la  vraye 
ennemye  et  meurdrière  de  nostre  liberté  et  vraye  vie, 
et  qui  rompt  et  débrise  tous  liens  et  moyens  de  faire 
ou  tenir  quelque  paix  en  nous-mesmes  et  avec  tous 
autres  :  dont  après  s'ensuict  que  ne  soyons  jamais  con- 
tents de  ce  qu'un  autre  faict  et  que  tumbions  en  une 
servitude  misérable,  premièrement  de'  nostre  esprit, 
cogitations,  pensées  et  entreprinses  qui  nous  mastinent. 


—  247  — 

tyrannissent  et  tiennent  esclaves  :  et  par  conséquent 
que  ne  puissions  jamais  estre  paysibles,  faciles  à  entre- 
tenir quelque  manière  de  pais  durable  entre  ceux  avec 
qui  nous  conversons  ou  devons  conversi^r.  Car  ce 
nostre  esprit  d'arrogance  et  persuasion  de  nostre  beau 
sçavoir  et  moyens  de  trafficquer,  gaigner  la  bonne 
grâce  des  estrangers,  et  autres  habilités,  que  trouvons 
alors  dedans  nous,  sont  trop  braves,  entendus,  et  grands 
Seigneurs  pour  obéir,  céder  ou  servir  à  ceux  que  nous 
voyons  estre  moindres  que  nous  et  sont  trop  gentils 
et  curieux  pour  trouver  bon,  ni  approuver  chose  faicte 
par  un  autre,  ni  pour  excuser,  supporter,  endurer  ou 
faire  semblant  de  ne  voir  pas  les  fautes  commises  par 
autruy. 

Et  ainsi  nous  plaisons  nous  et  tenons  forts  et  vail- 
lans  en  la  vertu  de  nos  cogitations  et  beaux  jugements 
pernicieux  et  faulx,  sans  nous  appercevoir  de  la  trame 
que  nous  nous  ordissons  peu  à  peu  pour,  en  la  fin,  nous 
envelopper  et  suffocquer  en  nos  subtilités,  et  trop  des- 
guisées  arrogances  et  supperbités.  Il  peult  bien  estre 
que  ces  miens  propos  ne  vous  sembleront  guère  propres 
et  sembleront  plus  tost  de  quelque  prédicateur  en 
chaire,  preschant  pour  néant  aux  assistans  endormis  ou 
à  gens  oblivieux,  qui  ni  vont  que  pour  coustume  ou 
pour  ouïr  ce  qu'on  y  dict,  sans  se  soucier  ni  prendre 
paine  d'en  devenir  meilleurs.  Si  est  ce  que  (prenés  le 
comment  que  ce  soit)  je  me  sens  tenu  et  poussé  de  les 
vous  déclarer,  et  vous  rendre  asseuré  par  cestes,  que 
je  ne  me  sens  à  rien  tant  tenu,  et  aussi  ne  tascheray  à 
rien  de  tout  mon  cœur,  durant  ma  vie,  qu'à  instruire 
mes  enfants  à  l'acquisition  d'une  vraye  humilité  de 
cœur  qui  est  la  fpntaine  et  source  de  tous  biens  cèles- 


—  248  — 

tes  et  donnant  suffisance  des  terrestres.  Que  si  ils  ne 
m'escoutent  ou  ne  veulent  entendre  ou  croire,  après  en 
avoir  faict  mon  devoir,  j'en  tiendray  ma  conscience  quite 
devant  Dieu« 

Or,  afin  que  ne  trouviés  pas  trop  estrange  ces 
miens  propos  et  trop  rudes  pour  une  première  fois,  je 
vous  prie  entendre  qu'ils  me  procèdent  maintenant  de 
rintérieur  de  mon  cœur,  comme  une  flamme  de'  feu 
qui  m'y  brusle  ou,  si  mieux  le  voulés,  comme  une 
certaine  cholère  feroit  d'un  personnage  se  sentant  injurié 
ou  accusé  à  tord  et  s'en  voulant  vanger  contre  son 
adverse  partie  et  luy  monstrer,  comme  on  dict,  qu'il  a 
du  sang  aux  ongles.  Car,  à  la  vérité,  je  me  sens  gran- 
dement oflensé  d'entendre  estré  injure  ou  faussement 
(bien  que  peut-estre  tacitement)  accusé,  comme  si 
j'estois  d'intention  ou  voulusse  bien  que  ma  fille  fiist 
soustenue  ou  apprinse  à  se  tenir  rogue,  despite,  dédai- 
gneuse, paresseuse,  et  fière,  s'esgalant  ou  prenant 
exemple  aux  autres  et  s'attribuant,  et  à  ceux  qu'elle  se 
persuaderoit  estre  ses  plus  proches  parents  ou  amis, 
quelque  dignité  ou  degré  pareil  à  ceux  soubs  qui  elle 
doibt  estre  subjecte  et  obéissante  en  toutes  et  quelcqon- 

a 

ques  choses  qui  ne  soyent  contraires  aux  commande- 
ments de  Dieu.  Et,  afin  que  m'entendiés  mieux,  j'entends 
que  la  pensés  supporter  etc.  de  ne  se  lever  au  matin, 
de  ne  s'employer  à  faire  les  choses  qui  apartiennent 
au  mesnage,  disant  qu'il  y  a  d'autres  chambrières  assés, 
ou  bien  qu'elle  n'est  chambrière  non  plus  qu'une  autre, 
et,  mesmes,  qu'estant  question  d'assister  aux  nopces 
de  la  fille  de  la  seur  de  vostre  tante,  n'avés  voulu 
qu'elle  y  allast  et  en  rudes  paroles  avec  vostre  oncle, 
tante,  etc.  pour  vouloir  monstrer  juste  courroux  contre 


—  249  — 

des  etc. y  choses  à  la  vérité  aasquelles  je  n'eusse  estimé 
qu'eussiés  encore  voulu  chopper.  Car,  croyés  moy,  cela 
n'est  qu'enfantise  ou  ignorance  ;  car  les  honneurs , 
biens,  ni  réputation  dignes  d'fctre  conservées  ne  peu- 
vent jamais  estre  blessées  par  telles  gens,  et  pounant 
n'en  faut  il  faire  compte,  mais  supporter  l'infirmité, 
hastiveté,  légèreté,  voire  mesmes  la  malice  de  ceux 
qu'on  ne  peult  pas  instruire  ni  édifier  ou  amender. 

Mais,  je  vous  prie,  considérés  ung  peu  quelle  sagesse 
ce  seroit  à  ung  homme,  se  voulant  tenir  vertueux  et 
noble  de  courage,  d'aimer  mieux  se  plonger  et  faire 
plonger  les  siens  en  ung  bourbier  très  profond  que  de 
vouloir  passer  parmi  le  champ  de  celuy  qui,  en  son 
enfance  ou  ignorance,  luy  auroit  pensé  de  barbouiller  sa 
robbe  ou  jette  des  glettrons  sur  ses  habillemens  et  qui 
après  ce  tant  Tinviteroit  à  passer  ou  venir  par  ledict 
champ  ?  Et  de  faict  ne  seroit-il  pas  estimé  je  ne  sçay 
quoy,  qui  se  voudroit  attacher  et  user  de  vengeance 
contre  un  sot  ou  téméraire,  alors  qu'il  se  voudroit 
monstrer  ou  faindre  sage  ?  L'acte  faict  par  ci-devant  ou 
tous  tels,  croyés-moy,  ne  sont  pas  d'autre  importance 
ni  rayson,  selon  la  vérité.  Quant  aux  autres,  notés  et 
entendez,  .je  vous  suplie,  que  vous  ne  vous  sçauriés 
faire  plus  grand  tord  que  de  planter  ou  donner  la 
moindre  occasion  que  ce  puisse  estre  à  vostre  femme 
d'estre  négligente,  superbe,  ou  de  luy  mectre,  comme 
on  dict,  le  cœur  au  ventre  pour  s'estimer  quelque  chose 
ou  estre  trop  utile  à  d'autres  affaires,  ou  en  trop  haut 
estât  et  degré  ou  de  trop  bons  père,  mère  ou  parents 
pour  s'employer  ou  estre  mise  à  faire  choses  viles  ou 
que  chaicun  autre  moindre  peut  faire.  Car  cela,  croyés- 
moy,   engendre   et  attraict  peu  à  peu  autres  vices  qui, 


—  250  — 

par  après,  viennent  à  autres  conséquenses  qu'on  ne 
Teust  jamais  pensé,  et,  quant  telle  persuasion  est  entrée 
en  la  teste  d'une  femme,  croyés  asseurément  qu'elle 
n'est  pas  facile  à  l'en  oster  ni  de  cheoir  d'elle,  comme 
on  le  voudroit  et  qu'il  apartiendroit.  J'en  escry  aussi  à 
ma  fille  ce  que  j'ay  veu  de  besoing,  et  tascheray  ainsi 
de  tout  mon  pouvoir  à  me  venger  de  telles  modes  et 
commencemens  de  faire,  essayant  et  donnant  conseil 
d'en  arracher  la  semence  autant  qu'il  me  sera  possible, 
devant  qu'elle  croysse  et  prenne  racine  trop  profonde, 
car  l'orgueil,  superbité,  arrogance,  outrecuidance  ou  la 
persuasion  fausse  que  l'homme  se  donne  et  attribue 
d'estre  sage,  bien  apprins,  discret,  ou  autrement  que  le 
voudrés  dire  selon  le  monde,  etc.,  est  une  beste  la  plus 
vigoureuse,  la  mieux  croissante  et  la  plus  féconde  et 
tost  parmi  quatre  mille  qui  se  puissent  trouver,  car 
incontinent  elle  s'esgale,  voire  et  outrepasse,  toutes 
autres  bestes  et  animaux  et  de  soy-mesmes  se  remplist 
et  se  nourrist  toute  la  forest  où  elle  se  trouve,  et  si 
n'est  pas  facilement  chassée  ni  ostée  du  lieu  où  elle 
s'est  habituée. 

Parquoy  avons  bon  besoing  de  nous  garder  d'elle  en 
l'intérieur  de  nostre  cœur,  là  où  elle  se  niche  et  d'où 
elle  sort  à  l'impourveu,  à  chasque  occasion,  pour  dévo- 
rer  tout  ce  qui  luy  est  contraire  et  ainsi  dominer  seule 
et  tenir  soubs  sa  tyrannie  toute  la  puissance  de  l'homme, 
^  ignorant  le  dommage  et  perdition  qu'elle  luy  apporte  et 
le  grand  bien  d'humilité,  paix,  tranquillité  et  repos 
d'esprit  qu'elle  faict  languir,  opprimer  et  finnablement 
estainct  ou  suffoque  en  iceluy.  Et  pourtant,  je  vous 
prie  et  supplie  que  vueilliés  prendre  garde  à  ceci  et 
tascher  de  tout  vostre  cœur  à  éviter  toutes  noises,   dis- 


—   2SI    — 

cordes,  rancunes  et  légèretés  d'entre  vous  tous  et  vous 
addonner  derechef  à  supporter  et  bien  dire  et  vouloir 
les  ungs  aux  aultres  et  à  penser  sur  toutes  choses  que 
sommes  tous  d'ung  et  à  ung  Dieu,  aux  commandemens 
duquel  il  nous  convient  obéir  de  tout  nostre  cœur,  sens 
et  volonté,  avant  que  puissions  avoir  quelqu'autorité  de 
vouloir  estre  obéis  ni  de  commander  à  nuluy,  qui  qu'il 
soit,  et  n'est  pas  aucun  subject  de  nous  obéir  (mais 
entendez-may  bien  et  à  droict  et  si  ne  me  pouvés  pas 
bien  entendre,  maintenant  ne  vous  eo  scandalizés  pas 
ou  prennes  en  mauvaise  part)  en  rien  qui  soit  aucune- 
ment répugnant  à  la  volonté  divine.  De  sorte  qu'en 
nous-mesmes  nous  devons  estre  honteus  d'oser  rien 
commander  à  quicquonques  soit  de  nous-mesmes, 
tandis  que  nous  nous  sentons  et  trouvons  n'obéir  pas 
aux  commandements  de  nostre  Seigneur  Dieu,  à  qui 
nous,  nos  femmes  et  enfants  et  serviteurs  apartenons  et 
devons  tout  service  et  à  chaicun  de  tous  nos  semblables, 
pour  l'amour  de  luy.  Que  si  cela  nous  est  trop  estrange, 
confessons,  au  moins,  que  nous  sommes  desvoyez  et 
taschons  peu  à  peu  de  retourner  où  il  nous  convient 
estre,  au  moins  si  voulons  estre  ou  devenir  bons  Chres- 
tiens  devant  Dieu.  Au  reste  (^Manque  la  fin). 


—   252   — 

294«   —  Plcintin  à  sa  fille  Catherine, 

Catherine,  Pour  vous  faire  entendre  nostre  estât  en 
peu  de  paroles,  soyez  advertie  que  tous  ceux  de  la  may- 
son  sont  en  bonne  santé,  grâces  à  Dieu  ;  mais,  quant  à 
moy,  il  y  a  certaines  sepmaines  que  je  me  suis  trouvé 
mal  disposé  et  pesant  de  courage,  comme  si  quelque 
chose  de  mal  s'en  devoit  suivre,  et  attendant  de  jour 
en  aultre  des  nouvelles  d'entre  vous  tous  nos  amis  de 
par  delà,  espérant  m'en  resjouir,  j'ay  esté  fort  esmer- 
veillé  que  trois  messaigiers  sont  venus  par  deçà,  sans 
m'apporter  un  seul  mot  de  lectres  de  vous,  de  vostre 
mary,  ni  de  mon  compère  vostre  oncle.  A  quoy  j'ay 
incontinent  conclud  en  moy-mesmes  qu'il  y  avoît  quel- 
que choses  malfaictes.  Car  notés  que,  peu  souvent  ou 
point,  je  ne  me  suis  trouvé  ainsi  qu'il  ne  m'en  soit  ainsi 
advenu,  et  tenois  je  d'autant  plus  seur  que  de  ceste 
tristesse  occulte  et  pesanteur  de  cœur  j'en  suis  tombé 
en  une  maladie  corporelle  de  cholique  qui  me  vexe 
outre  sa  coustume,  laquelle  me  seroit  peu  de  chose,  si 
j'eusse  peu  entendre  quelque  occasion  de  me  resjouir 
de  vostre  bon  portement  et  de  vostre  mary  avec  tous 
ceux  de  [la^  mayson.  Je  dy  et  entends  tousjours  le  bon 
portement  que  je  désire  entendre  de  vous  soit  principa- 
lement en  ung  bon,  humble,  gay,  prompt  et  volontaire 
maintien  à  ne  désobéir  à  personne  de  la  mayson  en 
toutes  et  quelquonques  choses  qui  ne  soient  contraires  à 
Dieu.  Mays  ayant  entendu  le  contraire  et  une  partie  de 
la  légèreté  (car  je  ne  veux  pas  encores  l'interpréter 
ou  prendre  pour  malice)  et  sotte  outrecuidance,  et 
cholérique  superbité,  dont  vous  commencés  user  à  vou- 
loir vous  monstrer  esire  quelque  chose  et  à  soustenir, 


—  253  — 

non  vos  amis  ou  parents  (ainsi  que  toutes-fois  le  pensés), 
mais  bien  leur  légèreté  aussi  et  faute  de  modestie,  je  n'ay 
sceu  que  devenir,  que  penser  ne  que  faire.  Vray  est 
que  mon  frère  \  selon  la  coustume  d'estre  cordial  et 
fidèle  à  tous  ses  amys,  pensant  bien  que  vostre  gouver- 
nement et  sottes  légèretés  ne  me  seroient  celées,  ains 
que  je  les  sçaurois  bien  tost,  m'a  rescrit  assés  d'excuses 
de  vos  beaux  faicts,  pensant  me  dissuader  qu'il  n'y  eust 
pas  eu  beaucoup  de  vostre  faute,  mais  seulement  ung 
je  ne  sçay  quel  courage  de  vouloir  défendre  ceux  que 
vous  estimés  vous  toucher  de  plus  près  :  mais  notés, 
considéretz,  et  remarquetz  bien  tous  les  propos  que  je 
vous  ay  tenus,  tant  par  deçà  que  sur  le  chemin  en  alant 
par  delà  et  depuis  estants  arrivés,  et  puis  relises  bien 
toutes  mes  lecttres  depuis  envoyeez,  et  vous  trouvères 
appertement  que  j'ay  bien  (par  la  grâce  de  Dieu)  pré- 
veu  et  quasi  cogneu  cela  dont  il  m'estoit  nécessaire  de 
vous  préadvertir.  Car  j'ay  veu  vostre  inclination  qui 
semble  bien  et  cordiale,  mais  laquelle  est  facile  à  trop 
s'incliner  à  ce  qu'il  luy  semble  pouvoir  aussi  bien  faire 
qu'un  autre,  selon  la  mode  accoustemée  du  monde  ;  de 
sorte  que  sériés  incontinent  persuadée  que  sériés  digne 
d'estre  ouye  et  d'avoir  l'auctorité  de  parler,  caqueter, 
babiller,  voire  et  tanser  comme  est  la  coustume  très 
mauvaise  de  plusieurs. 

Et  pourtant  que  je  n'ay  la  commodité  de  faire  ceste  si 
longue  comme  mon  affection  m'y  pousse,  et  aussi  que 
ce  seroit  chose  superflue  de  réciter  tous  lesdicts  propos 
que  je  vous  ay  tenus  et  rescripts,  touchant  la  manière 
comment  il  vous  convient  gouverner  selon  Dieu  et  la 

ï.  Pierre  Porret. 


—  2S4  — 

volonté  de  vos  milleurs  amis,  je  vous  remects  à  la 
recordation  et  à  la  lecture  d'iceux  en  mesdictes  lecttres 
précédentes,  afin  que  puissiés  considérer  si  les  avés 
ensuivis  et  si  avés  ordonné  de  vous  gouverner  avec  ung 
chaicun,  ainsi  que  je  vous  ay  adverti  qu'il  apartient  de 
faire.  Et  en  attendant  autres  nouvelles  de  vous  et 
Tadvertissement  du  train  que  vous  aurés  résolu  de 
prendre  et  continuer  touchant  de  vous  gouverner  avec 
tous  ceux  avec  qui  vous  estes  ou  .serés  doresnavant,  je 
vous  advertis  qu'il  faut  en  premier  lieu  considérer  que 
vous  n'estes  rien  non  plus  que  vostre  mère  ou  moy 
sommes,  et  qu'il  est  besoing  et  nécessaire  de  servir  soi- 
gneusement, diligentement,  cordialement  et  humble- 
ment à  ceux  à  qui  nous  sommes  obligés  et  tenus,  et 
que,  aussi  longtemps  qu'il  m'a  esté  possible,  je  me  suis 
levé  au  matin  et  me  suis  employé  à  tout  ce  que  j'ay 
peu,  sans  me  proposer  à  personne  qui  soit,  de  jour  en 
jour  suis  prest  de  servir  à  tous,  en  quelque  affaire  que  ce 
soit,  sans  en  excepter  une  seule,  tant  vile  sembleroit  elle, 
de  toutes  choses  licites  et  honnestes.  Qjie  si  oncques 
j'ay  refusé,  faict  difficulté  ou  ordonné  à  ung  aultre  de 
faire  quelque  chose,  ce  n'a- jamais  esté  pourtant  que  je 
m'estimasse  estre  de  trop  grande  qualité  ou  en  autre 
degré  que  le  moindre  de  mes  enfants,  serviteurs  ou 
chambrières,  mais  pour  que  cependant  je  pouvois  faire 
autre  chose  qu'ils  n'eussent  peu  faire  et  aussi  pour 
entretenir  chaicun  à  besongner  et  pour  leur  apprendre 
à  n'estre  oyseux. 

Vous  sçavés  aussi  ce  que  en  cela  vostre  mère  et  moy 
vous  avons  resmontré  tousjours,  et  mesmes  que  vous 
aviés  tousjours  esté  céans  comme  fille  de  la  mayson,  et 
que  vous  aliés  pour  estre  chambrière   aux  filles  d'unç 


—  2$$  — 

autre  mayson^Parquoy,  il  vous  convenoit,  selon  Dieu 
^t  la  rayson,  humilier  et  rendre  de  cœur,  d'aflFection  et 
de  manières  de  faire  obéissante  à  faire  toutes  et  quelc- 
quoncques  choses  qui  souflFriroyent  à  faire,  tant  du 
mesnage  que  de  la  marchandise,  et,  pour  le  dire  en  brief, 
ne  vous  penser  pas  trop  digne  pour  faire  les  plus  abjectes 
choses  qui  peussent  offrir  en  la  mayson.  Et  de  faict, 
considérez  que  vous,  ne  moy,  ne  vostre  mary  ne  sommes 
pas  d'autre  masse  de  chair  que  les  moindres  qui  soyent 
au  mondé.  Que  si  Dieu  nous  a  ou  à  quelques-uns  de 
nous  ou  des  nostres  donné  quelque  esprit  plus  apréhen- 
tif,  plus  vif,  ou  de  meilleur  jugement  qu'aucuns  autres, 
il  ne  l'a  pas  faict  pour  l'amour  de  nous  ou  nos  beaux 
yeux  (comme  on  dict)  ni  comme  chose  qui  soit  nostre 
ou  de  quoy  nous  debvions  estre  superbes  ou  estimés  en 
nous-mesmes  plus  que  les  abjects,  viles,  ignorants  et 
malotrus  du  monde.  Mais,  au  contraire,  afin  que  luy  qui 
est  le  Dieu  souverain  soit  glorifié  et  recogneu  en  nous 
et  dedans  nous  et  que  puissions  estre  en  aide  et  support 
aux  autres  plus  simples  et  ignorants,  lesquels  en  tous 
endroicts  nous  devons  supporter,  excuser  et.  entretenir 
par  tous  moyens  deus  et  raysonnables. 

Et  gardés  bien  de  penser  qu'il  soit  raysonnable  de 
supporter  ou  défendre  aucun  de  vos  parents  ou  amis  en 
sa  présence  ou  de  prendre  sa  cause  contre  quelques  sot- 
tises de  propos  d'autres  qui  puissent  imaginer  l'une  des 
parties.  Mais  considérés  tousjours  que  c'est  à  vous  de 
supporter  l'une  partie  et  l'autre  en  leurs  cholères  et 
tascher  par  tous  moyens  de  mectre  paix  et  accord.  Vous 
souvenant  que  tous  sommes  à  ung  Dieu  et  Maistre,  et, 
sur  toutes  choses,  que  devons  cercher  et  entretenir 
l'amitié  avec  ung  chaicun  et  principalement  avec  tous 


—  256  — 

les  domesticques  de  la  maison  où  nous  demourons,  les- 
quels tous,  sans  en  excepter  le  moindre,  nous  devons 
aymer  comme  nous-mesmes.  Q.ue,  si,  à  la  fois,  entre- 
viennent quelques  querelles,  noises,  discords  ou  diflférens 
jusques  à  se  cholérer,  démentir,  injurier,  ou  mal  parler 
des  uns  contre  les  autres,  il  ne  vous  convient  pas  incli- 
ner en  l'une  partie  ni  en  l'autre,  par  une  certaine  légèreté 
et  sottise,  encores  que  ce  fût  pour  vostre  propre  mari, 
père  ou  mère,  mais  seulement  tascher  à  les  séparer  et 
mecttre  d'accord  par  bonnes  remonstances  à  chaicun  des 
fautes  qui'  pourés  congnoistre  et  ce  (si  possible  est)  chai- 
cun à  part  l'un  de  l'autre,  d'autant  qu'en  la  cholère  et 
présence  ung  chaicun  (selon  la  despravée  manière  et 
aflFection  des  hommes)  se  veut  justifier  et  condamner 
autruy  et  dict  choses  dont  puis  après  il  se  repent. 

Et  pourtant,  apprenés  à  vous  cognoistre  et  maintenir 
ainsi  qu'il  appartient,  selon  Testât  à  quoy  vous  estes 
appelée,  qui  est  de  servir  à  tous  en  toutes  choses  ray- 
sonnables.  Et  pourtant,  gardés  vous  bien  d'estimer  que 
ce  ne  soit  pas  à  vous,  mais  aux  autres  chambrières,  de 
faire  toutes  les  choses  qui  appartiennent  au  mesnage  de 
la  mayson,  je  dy  quelles  qu'elles  soyent,  sans  en  rien 
excepter,  et  notés  que  tant  plus  et  mieux  vousTservirés  et 
vous  employerés  à  toutes  et  quelcquonques  choses  sans 
exception,  d'autant  plus  avec  le  temps  vous  trouvères 
vous  propre  à  toutes  affaires,  mieux  dispose,  mieux 
aimée  et  prisée  et  si  serés  plus  rusée  et  mieux  apprinse 
à  tenir  vostre  mesnage  et  à  gouverner  vostre  mayson, 
s'il  plaist  à  Dieu  vous  conduire  à  tel  degré. 

Parquoy,  levés  vous  matin,  faictes  ou  aidés  à  faire  le 
mesnage,  à  chaicune  heure  qu'avés  le  loysir,  faictes  ung 
tour,  quand  aurés   le  moyen  commode,  de  la  boutique 


—  257  — 

à  la  cuisine  ou  ailleurs,  pour  voir  s'il  y  a  rien  à  faire. 
Mectés  la  main  à  toutes  besongnes  et  vous  employés 
autant  qu'il  sera  possible,  sans  jamais  rejecter  la  besogne 
que  vous  pourrés  faire  sur  ung  autre  des  chambrières, 
encores  qu'il  y  en  eust  d'autres  par  demyes  douzaines. 
Car  il  ne  vous  faut  pas  suivre  la  mode,  ni  prendre 
garde  à  la  paresse,  négligence,  ou  nonchallance  et 
sottises  des  autres,  mais  à  ce  qu'il  appartient  de  faire 
selon  Dieu  et  rayson.  Et  surtout  gardés-vous  bien  de 
vous  tenir  esgale  aux  filles  de  la  mayson,  en  telles  ni 
autres  affaires  ;  considérés  qu'elles  sont  en  la  mayson 
de  leur  père,  héritières  d'iceluy,  et  sous  sa  seule  charge 
et  gouvernement,  ce  que  vous  n'estes  pas  ni  vostre 
mari,  ni  Antoine'  ni  autre  quiconque,  soit  serviteur  ou 
chambrière  en  la  mayson.  Et  par  conséquent  que  c'est 
à  vous  tous  à  leur  obéir  et  supporter  en  toutes  choses 
qui  ne  concernent  point  le  dommage  de  la  maison  ni 
l'honneur  de  Dieu,  en  quoy  ne  devés  céder  d  personne 
du  monde;  ni  aussi  penser  pouvoir  rien  faire  de  bien  par 
quelque  autorité,  audace^  superbité,  cholère,  despit,  ni 
force  quelcquonques,  lesquels  vices  aucuns  faussement 
veulent  colorer,  cacher,  et  faindre  sous  autres  noms, 
comme  se  disans  faire  telles  choses  par  leur  devoir, 
sçavoir,  suffisance,  bonne  affection  qu'ils  portent  au 
bien  et  proffit  de  la  mayson  et  par  meur  jugement  et 
la  vérité  de  ce  qu'il  apartient  de  faire  touchant  Testât 
et  devoir  de  marchandise  et  mille  autres  petites  hypo- 
crisies qui  se  cachent  aux  cœurs  des  sots  et  sortent  à  la 
despourveue  en  campaigne,  quant  la  cervelle  et  outre- 
cuide  jugement  ou  courage  vient  à  s'eschaufier. 

I.  Antoine,  frère  de  Jean  Gassen.  La  maison  dont  il  s'a^t  ici  est 
celle  de  Pierre  Gassen,  à  Paris, 


—  258  — 

Or,  doncques,  ma  fille,  si  vous  voulés  faire  vostre 
debvoir  selon  les  commandements  de  Dieu  et  les  volon- 
tés de  moy,  de  vostre  mère  et  de  tous  vos  vrays  et 
milleurs  amys,  suives  les  conseils  que  je  vous  ay  don- 
nés et  donne  encores  yci,  on  vous  considérant  vous- 
mesmes  et  ne  regardant  aucunement  à  la  liberté,  ni 
sottises  que  quiconques  ce  soit  puisse  prendre.  Mais 
advisés  sur  toutes  choses  d'estre  humble,  modeste, 
patiente,  longanime,  et  diligente  à  faire  toutes  choses 
bonnes  et  honnestes,  sans  vous  en  attendre  ni  remectre 
à  autruy  ni  escouter  ceux  (qui  qu'ils  soyent)  qui  vous 
voudroyent  faire  acroyre  que  ne  devés  pas  servir  ou 
faire  les  affaires  id'une  chambrière,  veu  qu'estes  mariée 
et  pouvés  servira  la  marchandise.  Car  telles  persuasions 
inutiles  et  domageables  vous  feroient  enraciner  une 
plante  d'orgueil,  superbité  et  outrecuidance  en  vostre 
cœur,  ce  qui  enfin  vous  raèneroit  en  mille  maux  et 
dangiers  et  en  une  infinité  de  rancunes,  discors,  haines 
et  malcontentements  et  par  ainsi  vous  desjoindroict  ou 
retireroit  de  tout  repos  et  tranquillité  d'esprit  et  de 
courage  qui  est  le  seul  et  souverain  plus  grand  bien  que 
peussions  jamais  désirer  et  sans  quoy  tous  les  biens, 
honneurs,  ni  faveurs  de  tout  le  monde  ne  nous  peuvent 
ayder  ne  secourir  ou  enrichir. 

Voylà,  ma  fille,  ce  que  pour  le  présent,  en  la  tristesse 
de  mon  cœur  d'avoir  entendu  vos  fautes,  j'ay  esté  poussé 
de  vous  escrire  plus  amplement  et  au  long  que  je  ne 
l'avoys  pensé,  quant  j'ay  prins  la  plume  en  la  main  pour 
vous  escrire,  car  de  tristesse  que  je  portois  de  vos  fautes, 
je  pensois  seulement  de  vous  faire  entendre  mon  juste 
courroux  en  peu  de  mots.  Mais,  entrant  en  matière,  je 
me  suis  oublié  et  enfin,  considérant  la  fragilité  humaine 


.       —  ^59  — 

d'entre  nous  tous  et  que  les  fautes  faictes  nous  servent 
à  la  fois  et  le  plus  souvent  (pourveu  que  ne  croyons 
trop  à  nostre  superbité  de  cœur)  sont  causes  de  nostre 
plus  grand  amandement,  j'ay  reprins  courage  et  conceu 
bon  espoir  que  toutes  telles  fautes  par  vous  faictes  vous 
pourront  servir  d'espreuve  et  d'occasion  pour  commen- 
cer à  vous  cognoistre  et  à  vous  contregarder  des  autres 
qui  s'en  eussent  peu  ensuivre.  Car  ce  n'est  pas  honte  ni 
mal  faict  que  de  tomber  aucunesfois  par  itiesgarde  ; 
mais  c'est  honte  et  mal  faict  quant,  après  estre  tumbé, 
on  ne  prend  paine  à  se  relever  et  à  se  contregarder  ne 
plus  chopper  à  telles  pierres  ou  empeschemens  dont  ne 
vient  que  tout  mal.  Et  pourtant,  ma  fille,  reprenés  cou- 
rage et  faictes  que  je  puisse  entendre  à  la  vérité  autant 
de  bonnes  nouvelles  de  votre  ammandement  es  choses 
susdictes  que  je  puisse  m'esjouir  de  quoy  telles  fautes 
vous  soyent  advenues  pour  vous  estre  occasion  de  milleur 
gouvernement  et  maintien,  au  lieu  où  vous  estes  apelée 
de  Dieu  pour  peu  d'années,  afin  que,  par  après,  vous 
soyés  avec  vostre  mari  désirés,  bien  voulus,  aimés  et 
jugés  dignes  d'estre  mis  et  aidés  à  gouverner  ung  propre 
mesnage  et  train  de  marchandise.  En  quoy  vous  me 
ferés  un  singulier  plaisir  et  ferés  prolonguer  mes  jours 
sur  la  terre,  lesquels  autrement  me  seroyent  abbrégées, 
ne  prenant  rien  plus  à  cœur  que  d'entendre  que  mes 
enfants  s'addonnassent  à  quelque  orgueil  ou  supperbité 
indigne  [de]  toute  personne  qui  se  puisse  vanter  d'estre 
chrestien  et  de  vouloir  vivre  chrestiennement.'  Et  ne 
nous  faut  pas  regarder,  ne  prendre  exemple  à  quiconques, 
soit  plus  grand,  petit  ou  moindre  que  nous,  mais  seule- 
ment adviser  à  nostre  chemin  et  à  marcher  droict  (lais- 
sant courir  çà  et  là  par  les  fanges,  boues,  eaus  et  ordures 


—  26o  -T- 

ceux  qui  voudront  estre  dévoyés,  enordis,  moullés  et 
gastés)  par  le  vray  chemin  et  droict  qui  nous  est  pro- 
posé. De  quoy  je  prie  à  Dieu  nous  faire  la  grâce. 

Rescrivés  moy  souvent  et  me  celés  rien  de  vostre 
courage  ni  mesmes  de  vos  fautes  ou  inconvénients  qui 
ppurroient  vous  survenir  ou  aux  vostres,  afin  que  je  vous 
puisse  aider  de  toute  ma  puissance  et  que  plus  tost  je 
les  puisse  sçavoir  de  vous  que  par  autruy  ;  car  aussi 
bien  ne  vous  peult  il  rien  advenir  que  je  ne  puisse  sça- 
voir tost  ou  tard  et  prendre  de  meilleure  part  tout  ce 
que  vous  me  rescrivés  que  cela  que  je  sçauroy  par  autre 
moyen.  Cependant,  je  prie  Dieu  qu'il  luy  playse  vous 
inspirer  et  donner  une  vraye  humilité  et  une  afiection 
et  courage  de  suivre  sa  volonté. 

D'Anvers,  en  haste,  ce  23*  de  novembre  1571 

Vostre  Père  et  autant  amy  que  il  vous 
expérimentera  estre  humble  et  modeste 

C.  Plantin  \ 


I .  Ces  deux  longues  lettres  nous  ont  été  conservées  par  une  copie 
de  la  main  de  Martine  Plantin.  Ceci  explique  certaines  obscurités  ou 
corruptions  du  texte  que  nous  n'avons  pas  toujours  été  en  état 
d'éclaircir  et  de  rétablir.  Les  abréviations  marquées  par  des  eU,  ne 
se  rencontraient  probablement  pas  dans  Foriginal.  La  copie  de  la 
lettre  à  Jean  Cassen  remplit  deux  feuillets  pleins  ;  un  troisième 
feuillet,  contenant  la  fin  de  la  lettre,  doit  s'être  perdu. 


—    2él    — 

295.  —  Tlanttn  à  Valerius  Serenus. 

(Plamin  a  reçu  la  lettre  de  Valerius  Serenus  et  le  catalogue  dans 
lequel  Tévêque  de  Cuença  a  annoté  les  livres  qu'il  désire.  Il  les  fera 
immédiatement  relier  et  demande  'les  armoiries  du  prélat  pour  en 
orner  les  couvertures.  Of&es  de  services.  Plaise  à  Dieu  que  la  victoire 
remportée  par  nos  armées  sur  les  Turcs  (à  la  bataille  de  Lépante) 
nous  rende  la  paix  ou,  mieux  encore,  ramène  les  dissidents  dans  le 
sein  de  l'Église  catholique.) 

Clarissimo  doctissimoque  viro  Domino 

Valerio  Sereno,  Canonico  Cameracensi,  etc. 

Patrono  colendissimo,  Cameratum. 

Acceptis  litteris  tuis,  vir  clarissime,  una  cum  catalogo 
librorum  a  R"°  D**°  meo  Episcopo  Conchensî,  confessario 
Regio,  notatorum,  nihil  prius  mihi  faciendum  judicavi 
quam  ut  te  primum  certiorem  facerem  me  nihil  libentius 
conaturum  quam  ut  tanti  viro  satisfacére  possim  et  tibi 
quacunque  in  re  gratificari.  Ego  itaque  statim  compin- 
gendos  dedi  eos  libros  quos  indicasti  ilico  mittendos,  et 
catalogos  librorum  novorum  omnium  perquiram  et  pri- 
mo nuntio  ad  illum  mittam.  Interea  vero,  quoniam  ego 
R««>  Domino  meo  non  ingratum  officium  me  praestitu- 
rum  credo,  si  supra  libros  quos  ad  illum  missurus  sum 
insignia  seu  arma  ejus  curem  imprimi,  oratum  te  velim 
ut  si  forte,  quod  credo,  illa  habeas  vel  designare  possis, 
vel  crassiori  modo  delineata  nobis  communicare  velis  '• 


I.  Le  12  décembre  1571,  Plantin  envoya  par  l'intermédiaire  de 
Pierre  d'Isonça  les  livres  demandés  par  l'évêque  de  Cuença  qui,  dans 
l'intervalle,  avait  passé  au  diocèse  de  Cordoue.  Le  compte  montait  à 
48  florins  13  1/2  sous.  Le  16  septembre  1576,  les  livres  furent  ren- 
voyés sans  avoir  été  payés,  sous  prétexte  que  l'évêque  ne  les  avait  pas 
demandés.  (Journal  1S71  [XLIX,  f.i63T;  Grand-livre +  + [XVIII, 
f.  40]  aux  archives  du  musée  Plantin-Moretus.) 

17 


—   262    — 

Nihil  etenim  non  libencer  conarer  quo  gratî  animi 
aliquod  indicium  illi  demonstrare  possim.  Tibi  vero,  si 
qua  in  re  mea  digneris  uti  opéra,  indica  vel  verbo  : 
paratum  me  namque  perpetuo  et  gratum  experieris. 

Faxit  Deus  opt.  max.  ut  Victoria  ilia  de  Turcis  '  nobis 
tantam  quantam  spero  a  vicinis  jam  corruptis  aut  cor- 
rumpendis  tranquilitatem  pariât  et  malos  vel  terrore 
coerceat  aut,  quod  •malim,  ad  Ecclesias  sanctas  matris 
nostrae  catholica;  gremium  redire  cogat. 

27  novembris  1571. 


296.  —  Vlantin  à  VÊvique  de  Cuatça. 

(Plantin  annonce  à  Févêque  de  Cuença  Tenvoi,  par  l'intermédiaire 
de  Pierre  d*Isonça,  des  livres  dont  il  est  question  dans  la  lettre  pré- 
cédente. Il  y  ajoute  deux  autres  livres  qu'il  vient  d'imprimer.) 

111"**  et  Rev°°  in  Christo  Patri  ac  D"° 
D"°  Episcopo  Conchensi,  Régis  Catholici  Confessario. 

Valerius  Serenus  R"*  D.  V.  addictissimus,  quod, 
propter  necessariam  residentiam  canonicatus  nuper  adepti, 
Cameraco  non  posset  exire,  litteris  suis  me  admonuit 
R™««  D.  V.  velle  ut  sibi  a  me  mitteretur  Catalogus  li- 
brorum  novorum  ab  hinc  duobus  annis  in  theologia  edi- 
torum,  et  simul  curarem  compingi  aliquot  libros  in  hac 
schedula  descriptos,  quos^  ut  etiam  praescribebat,  omnes 
D.  Petro  d'Isonça  tradidimus,  adJitis  duobus  libellis  a 
me  non  ita  diu  impressis;  uni  inscriptio  est  :  Humana^  Sa- 
lutis  Monumenta  auctore  B.  Aria  Montano;  alteri  vero  : 

I.  Victoire  de  Lépante,  remportée  sur  les  Turcs  par  don  Juan 
d'Autriche,  le  7  octobre  1571. 


—  263  — 

Catechismus  Romanus  ex  decreto  Concilii  Tridentini 
etc.  luculentis  quaestionibus,  quae  mox  rei  propositse 
materiatn  oculis  subjiciant,  distinctus  etc.  opéra  Andréas 
Fabricii  Leodii  etc. 


297.  —  Tlantin  à  Pierre  Serranus. 

(PI  an  tin  a  entrepris  dMmprinier  les  Commentaires  de  Serranus  sur 
Ézéchiel  et  sur  le  Lévitique,   à  la  demande  d'Arias  Montanus,  son 
élève,  et  par  respect  pour  la  grande  science  de  l'auteur.  Il  avait  bien 
recommandé  à  ses  correcteurs  de  ne  laisser  échapper  aucune  faute. 
A  peine,  cependant,  avaient-ils  commencé  leur  travail  qu'ils  se  plai- 
gnirent que  le  manuscrit  était  fautif  et  illisible  en  beaucoup  d'endroits. 
Arias  Montanus  qu'il  alla  consulter,  lui  conseilla  de  suivre  le  manus- 
crit dans  les  cas  douteux.  C'est  ce  qu'il  fit.  Grande  fut  sa  perplexité, 
quand  il  apprit  par  une  lettre  de  Serranus  à  Montanus  que  de  nom- 
breuses fautes  étaient  restées  dans  les  deux  premiers  cahiers,  dont  il 
*^avait  envoyé  un  exemplaire  à  l'auteur.  Il  rentra  chez  lui  et  coUationna 
le  manuscrit  avec  le  texte  imprimé.  Il  trouva  que  certains  des  errata 
signalés  s'expliquaient  par  la  différence  entre  l'orthographe  adoptée 
généralement   par    les    correcteurs   et   celle   de  l'auteur;  d'autres 
étaient  dus  à  la  négligence  des  correcteurs;  le  plus  grand  nombre  à 
l'inexactitude  du  manuscrit.   Plantin  reprend  une  à  une  les  fautes 
signalées  et  les  justifie  autant  que  possible.  Il  présente  les  excuses  de 
ses  correcteurs  pour  les  erreurs  qui  leur  sont  imputables  et  fait  res- 
sortir combien  difficile  est  leur  tâche.   Il  termine  sa  lettre  en  invo- 
quant pour  lui-même  la  bienveillance  de  Serranus.) 

R**°  admodum  Patri  D"°  Serrano  etc. 

Illustri  Viro  D"°  B.  A.  Montano  propter  ejus  doctis- 
simam  pietatem,  animi  candorem,  beneficentiam  et  in 
reipublicae  Christianae  utjlitatem  infinitos  labores,  non 
solum  omnia  quae  in  potestate  mea  sunt  sed  meipsum 
quoque  debere  fateor;  proindeque  nihil  omnino  esse 
quod  non  ejus  gracia  libenter  suscipiam  et  quanta  possim 
sedulitate   pra^stare  coner.  Is  vero  nihil  unquatn  a  me 


—  264  — 

majore  contentione  petiit  quam  ut  commentarios  tuos 
R.  P.  (cui  se  discipulum  fuisse  maxima  cum  gratia  pro- 
fitetur)  in  Leviticum  et  Ezechielem  conscriptos,  qua  pos- 
sem  diligentia  et  fide,  imprimendos  susciperem  ;  quod, 
tum  ejus  primum  caussa,  tum  vero  ob  doctrinam  in- 
signem  et  prasclaras  dotes  quas  in  te  sitas  esse  intelligo, 
libentissime  feci,  adque  operis  editionem,  quamprimum 
licuit,  me  accinxi,  correctoribusque  meis  mandavi  ut, 
quanta  possent  diligentia,  observarent,  ne  errata  inter 
imprimendum  irreperent. 

Quod  cum  se  bona  fide  facturos  recepissent,  inchoato 
vixdum  opère,  conquesti  sunt  exemplar  esse  mendosum, 
dictiones  aliquas  requiri,  nonnuila  se  non  intelligere. 
Ego  vero  illos  ad  dictum  D"""  Ariam  Montanum  comita- 
tus  sum  ab  eo  consilium  petituri.  Is,  cum.quaedam 
legisset  in  quo  vix  nos  juvare  posset,  jussit  in  dubiis* 
exemplar  nostrum,  in  apertis  id  quod  certum  foret  se- 
queremur.  Quod  se  omnino  facturos  spoponderunt  neque 
de  fide  eorum  unquam  dubitavi,  donec  a  dicto  D**°  Pa- 
trono  nostro  B.A.Montano  vocatus,  majori  quam  verbis, 
nedum  scribendo,  explicare  possem  pudore  correptus  et 
animi  dolore,  ne  dicam  perturbatione,  affectus  fuerim, 
cum  intelligerem  quot  et  q  nantis  in  duobus  tan  tum 
missis  ternionibus  vitiis  indicatis  illorum  summam  osci- 
tantiam  accusares,  neque  ob  id  pacari  poteram,  quod 
jam  opéra  ipsa  paene  ad  finem  usque  impressionis  per- 
ducta  essent.  Domum  itaque  anxietate  pressus  et  curis 
plenus  festinavi.Autographum  arripui,  in  ordinem  redegi, 
ad  impressa  folia  loca  accusata  contuli,  bene  inter  se  quae 
alicujus  erant  momenti  convenire  deprehendi,  leviora 
autem  vitia  (qua;  non  adeo  multa  suni  ;  utinam  tamen, 
quod  numquam   in  libris  impressis   vidi,  nulla  essent) 


—  265  — 

correctores,  graviter  accusati,  partim  institutioni  aut 
consuetudini  seu  juri  suo  tamquam  municipali,  partim 
suas  fragilitati  humanaî  adscribi  debere  et  sibi  condonari 
petunt,  flagitant  et  postulant,  ut  qui  omnetn  diligentiam, 
âdem  et  studium  se  adhibuisse  proâteantur  quo  libri  isti 
tui  in  publicum  prodirent  paucioribus  quam  fieiri  posset 
mendis  inspersi.  Neque  etenim  est  aliquis  mortalium 
tam  sagaci  aut  perspicaci  ingenio  et  judicio  praeditus 
quem  non  frequentius  fugiant  mendie  et  vitia  correctoria 
(si  ita  vocare  placet)  quam  quis  in  hac  artc  omnium 
artium  certe  diflScilIima  et  periculosissima,  non  diu  serio 
et  bene  exercitus   percipere,    credere  aut  fateri  possit. 

Paucis  proinde  mihi  quaeso,  Pater  Révérende,  pace 
tua  liceat  quae  nostra  sunt  vitia  meo  et  illorum  nomine 
deprecari  et  quae  exemplaris  sunt  excusare.  Q.uas  primum 
itaque  contra  fidem  exemplaris  correctores  ad  orthogra- 
phiée rationem  pertinentia,  in  dictionibus  littera,  quattuor 
in  primis  et  id  genus,  illos  peccasse  scfibis,  fatentur  et 
veniam  sibi  abs  te  non  denegatum  iri  confidunt,  si  tibi 
id,  quod  res  est,  probaverint:  se  non  deindustria,  negli- 
gentia  aut  oscîtantia  uila  quicquid  illud  est  vitii  corn- 
misisse,  sed  mera  fragilitate  humana,  ut  qui  jamdiu 
consuetudine  et  quasi  )ure  quodam  municipali  se  et 
nostrorum  aliquot  collectores  typorum  formaverint  ad 
eam  sequenidam  orthographias  rationem,  quam  in  orato- 
rum  et  poetarum  antiquorum  libris  et  suis  scribendis  et 
imprimendis  sequendam  et  servandam  contendunt,  ple- 
rique  hujus  temporis  iiumanarumlitterarum  periti  :  inter 
quos  primas  tenere  videtur  Manutius  in  libro  suo  quem 
de  orthographiae  ratione  conscripsit,  cujus  quasi  Epitomen 
olim  a  nobis  impressam  fidei  faciendae  gratia  mitto. 

Vix  namque  inter  probas,  ut  aiunt,  legendas  potuerunt 


—  266  — 

primo  talia  vitia  omnia  observare,  et  rejicere  quorum 
contrarium  in  multis  aliis  libris  nobis  vitio  verteretur. 
In  sequentibus  vero  foliis  spero  illos  cautiores  et  exer- 
citatiores  sese  prasstitisse. 

Âlia  vero  singulatim  ut  bene  et  ordine  expendamus 
culpaque  maxima  ex  parte  nos  et  nostros  facilius  pro  tua 
aequitate  absolvere  velis,  ecce  remitto  ea  folia  exempla- 
ris  in  quibus  videas  et  judices  ipse  graviora  vitia  illi 
adscribenda  vel  qui  scripsit  vel  ei  qui,  ut  debuit  fieri, 
postea  eu  m  vestro  autographo  contulerit. 

1 .  Erratum  itaque  primo  notatum  est  f*  4  *  versu  22, 
ubi  originale,  ita  ut  impressum,  habet  admovere  ■  ;  d 
manifeste  in  recta  ipsius  contextus  linea  primum  et  a 
postea,  ut  videtur,  additum. 

2.  De  secundo,  folio  6,  infra  num.  25,  quod  est 
continens  pro  concinnens,  manifestius  etiam  est  cum  ex 
priori  c  sit  factum  t,  de  cujus  auctore  cum  alio  atramento 
pictum  sit,  quis  posset  dubitare,  nisi  unicum  n  satis  tes- 
taretur,  scriptorem  continens  et  non  concinnens  Armasse. 

3.  Tertium,  quod  est  dammandum  pro  damnandum^ 
etiam  si  aliter  haberet  exemplar,  fragilitatis  suse  humana^ 
faterentur,  cum  manifestum  sit  omnino  ita  debuisse. 

4.  Quartum  :  suspicantur  pro  suspicabantur  est  etiam 
exemplaris. 

3.  Quintum,  ubi  scribis  déesse  wcvhum  avocareiur y  msL- 
nifestissimum  etiam  vides  non  esse  correctorum  culpa 
factum,  qui,  ut  vix  unquam  dictionem  aliquam  in  exem- 
plar iscriptam  prsetermitti  sinerent,  ita  nunquam  adder^ 
ex  praescripto  nostro  auderent. 


1.  P.  Serranus,  In  E^echielemy  p.  4. 

2.  Imprimé  pour  amovàre. 


—  267  — 

6.  Sextum,  etsi  sit  etiaro  exemplaris,  corrector  tamen 
(postquam  omnibus  jam  coUatis  et  ad  exemplar  emen- 
datis  inchoata  esset  illius  folii  impressio)  dum  solus  pro 
more  dictum  folium  rursus  percurrit  et  examinai,  vides 
judicavit  reponendum,  ut  videre  est  in  omnibus  praeter- 
quam  in  aliquot  foliis  primo  impressis. 

7.  Septimum  est  de  duplici  //  in  littera  et  quattuoty 
quae  principio  confessa  sunt. 

8.  Octavum  ubi  scribis  nos  folio  8  post  n**  50  im- 
pressisse /an'ttm,  contra  exemplar  in  quo  scriptum  est 
fasciumy  fatentur  idque  judicio  se  fecisse,  quod  fasces 
Romanorum  insignia,  non  autem  tedarum  aliquod  genus 
(quod  huic  loco  quadrare  videtur)  significare  intel- 
lexerint  ;  qua  in  re,  si  quid  contra  voluntatem  tuam 
peccatum  erit,  sibi  condonatum  cupiunt. 

9.  Nonum  vero  erratum  folio  9  infra  n°  55  lin.  6, 
ubi  notatum  est  verbum  exercebat  abundare  ;  non  possum 
invenire,  etiamsi  dictam  paginam  nonam  integram  et 
duas  aut  très  immédiate  sequentes  ad  id  legerimus,  neque 
facile  crediderim  aliquid  prasterquam  quod  habeat  origi- 
ginale  additum  correctores  reliquisse. 

10.  Decimum  quoque  erratum  fol.  14  supra  n°  9  no- 
tatum, in  quo  scribis  déesse  colon,  non  potuimus  invenire. 

11.  Undecimo  notatum  habitu  pro  halitUy  etsi  ipsum 
quoque  exemplar  opponere  possint,  malunt  fateri  tamen 
se  non  omnino  culpa  carere  et  veniam  petere. 

12.  Duodecimum  fol.  14  versu  32,  ubi  scribis  déesse 
ccelutHy  vides  etiam  exemplar  culpandum. 

13.  De  decimotertio  folio  16  versu  50  ubi  notas  irriii 
pro  irritatiy  itidem  ut  de  aliis  exemplari  est  tribuendum. 

14.  In  decimo  quarto  et  postremo  folio  21  versu  25, 
ubi  notas  nos  habere(,)  ubi  originale  habet  colum,  non 


—  268  — 

videmus  in  quo  impressum  discrepet  a  dicto  originali,  eu  jus 
folia  de  quibus  accusamur  mittimus,  quo  dispicias,  videas 
et  judices  homines,  quantumcumque  doctos  et  bene  exer- 
citatos,  pronos  esse  et  contra  mentem  suam  et  judicium 
proprium  faciles  ad  committenda  errata,  etiam  dum  ipsi 
aliéna  describenda  suscipiunt  et  totis  viribus  vitia  eflfugere 
conantur,  et  istinc  apud  te  perpendas  et  intelligas  quam 
sit  difficilis  et  periculis  exposita  provincia  corrigendi, 
atque  illis  quibus  ea  est  demandata  et  nobis  tandem  sis 
aequior  et  facilior  in  excusandis  vitiis  nostris,  cum  nos 
non  (ut  detractores  aliorum  operum)  uni  tantum  operi 
incumbamus,  neque  unius  ingenio  vel  sententias  animum 
applicare  possimus  vel  cum  paucis  operis  rem  habeamus. 
Nos  siquidem  in  hoc  pelago  impressorio  tôt  tamque 
variis  operibus  et  hominum  ingeniis  exercemur  et  urge- 
mur  ut,  singulis  fere  momentis  varietate  ventorum  agitati 
et  tentati,  vix  sciamus,  in  quam  partem  vêla  vertere 
debeamus,  taceo  operarum  nostrarum  morositatem  et 
difficultatum  numerosam  multitudinem  a  quibus  tam- 
quam  a  scopulis  nos  cavere  debemus. 

Proinde  nos  te  iterum  atque  iterum  rogamus  et  obse- 
cramus,  Pater  multum  Révérende  et  Doctor  pientissime, 
ut  nostros  conatus  boni  consulere  et  quae  interea,  ut 
homines  sumus,  nolentes  volentes  nos  fugiunt,  vitia 
condonare  digneris.  Sic  etenim  nobis  animum  addes  ad 
onera  ista  gravia  sequiori  animo  ferenda  et  ea  prosequen- 
da  quae  in  Reipublicae  Christianse  usum,  Régis  nostri 
Catholici  decus  et  D"'  Dei  nostri  Jesu-Christi  gloriam 
nostrae  fragilitati  imposita  et  mandata  erunt.  D""*  autem 
eis  te,  Pater  venerande,  tuosque  piissimos  conatus  omnes 
conservare  et  adjuvare  dignetur. 

Antverpiae,  9  decembris  1571. 


-^  269  — 

298.  —  Tlantin  à  Gilbert  d'Ognies. 

Au  très  noble  et  R"*  S'  Monsigueur 
rÉvesque  de  Toumay. 

Très  Noble  et  R««  S', 

Pour  response  aux  lectres  de  Vostre  très  Noble  et 
R»e  S'*,  je  ne  vois  moyen  aucun  qu'il  fust  possible  de 
pouvoir  achever  du  tout  Timpression  entière  des  An- 
tiennes et  Respons  devant  le  Noël  prochain. 

Mais  bien,  comme  je  l'ay  jà  plusieurs  fois  déclaré, 
pourroit  on  bien  s'en  servir  aux  Esglises  en  faisant  seu- 
lement coudre  les  cahiers  imprimés  qui  se  pourroyent 
envoyer  quelque  semaine  devant  les  jours  qu'on  devroit 
chanter  les  offices  contenus  es  dicts  cahiers^  ainsi  que 
font  Messieurs  de   l'église  de  Malines,  d'Ypre  et  autres. 

Au  reste,  j'espère,  avec  la  grâce  de  Dieu,  d'avoir  achevé 
les  parties  d'hiver  (contenantes  les  offices  depuis  l'Advent 
jusques  au  dimenche  de  la  Trinité)  pour  les  pouvoir 
faire  lier  devant  le  Quaresme  prochain. 

Quant  aux  livres  nouveaux,  j'en  envoyé  ici  le  cata- 
logue, afin  que  V.  R"*  S'*  puisse  eslire  et  ordonner  ce 
qu'il  luy  plaira.  Et  cependant,  je  la  supplie  très  humble- 
ment de  recevoir  ce  petit  livret  d'odes  et  figures  *  en 
bonne  part. 

* 

I .  Humatke  Saîutis  Monumenta  'B.  ^Aria  Montani  studio  constructa 
et  decantata.  Plantin,  1571.  Avec  71  gravures. 


—  270  — 

299-  —  Plantin  à  ^Philippe  d'oiuxi. 

Au  Signeur  Philippe  d'Auxi, 
Gentilhomme  de  la  Chambre  de  Sa  Majesté. 

19  décembre  157 1. 

Après  avoir  bien  considéré  les  catalogues  de  vostre 
tant  belle  Bibliothèque,  lesquels  de  vostre  grâce  il  vous 
a  pieu  me  communiquer  et  prins  maintesfois  la  plume 
pour  vous  marcquer  ceux  que  je  pensois  n'avoir  pas 
esté  imprimés,  je  reste  quasi  confus  et  esmerveillé  de 
voir  les  tiltres  de  si  beaux  et  rares  volumes  et,  finable- 
ment,  je  me  suis  résolu  de  ne  marcquer  rien,  car,  no- 
tant les  uns,  je  penserois  faire  grand  tord  au  reste, 
veu  l'antiquité  de  Tescriture  d'iceux,  ainsi  que  me  les 
spécifiés. 

Parquoy  je  ne  fay  pas  moins  d'estime  de  ceux  qui 
ont  esté  imprimés  par  cy-devant  que  de  ceux  qui  ne  le 
furent  oncques,  veu  que  par  iceux  se  peuvent  amender 
les  fautes  commises  es  livres  imprimés  ;  chose  que 
j'estime  bien  autant  et  davantage  que  d'en  mectre  d'autres 
en  lumière,  car  de  ce  qu'on  n'a  poinct  veu  ne  peut  il 
venir  tel  inconvénient  que  de  ce  qui  est  divulgué  incor- 
rectement. 

Et  pounant  je  conclud,  très  cher  Signeur,  que  ces 
vostres  Indices  qu'il  vous  a  pieu  m'envoyer  sont  de 
choses  si  rares  qu'on  doibt  tenir  toutes  telles  pièces  en 
révérence  esgale.  Ce  que  peuvent  très  bien  et  mieux 
juger  ces  personnages  tant  doctes,  comme  est  Monsg' 
Hoperus,  le  Signeur  Christophe  Calvete  Stella,  le  R"* 
Covarruvias  '  et  autres,   principalement   par  la  veue  et 

I .  Didacus  de  Covarruvias,  évêque  de  Ségovie,  président  du  con- 


—  271  — 

collation  d'iceux   avec  les  exemplaires  imprimés,  sans 
quoy  nous  seroit  impossible  de  rien  juger. 

Au  reste  si  de  mon  petit  pouvoir,  je  vous  puis  faire 
quelque  service,  commandés  et  serés  obéy  d'aussi  bon 
cueur  que  je  désire  mes  humbles  recommandations 
estre  aggréables  à  vostre  bonne  grâce,  et  je  prieray  Dieu 
vous  donner  de  plus  en  plus  les  siennes. 


300.  —   Planiin  à  Gilbert  (TO^nies. 

Au  R"*  de  Tournay. 

J'envoye  les  livres  demandés  par  Vostre  très  noble  et 
R««  Sig"*,  selon  le  billet  cy-joinct,  auquel  est  contenu 
le  prix  de  chaicun. 

Quant  à  TAntiphonaire,  entendant  la  volonté  de 
Messieurs  du  Chapitre,  je  me  suis  résolu  d'adjouxter 
encores  tant  d'ouvriers  à  la  besogne  que  nous  puissions 
en  faire  deux  feilles  entières  tous  les  jours,  et  ce  incon- 
tinent après  les  festes  de  Noël,  et  alors  feray  je  le 
compte  entier  de  toutes  les  feilles  qu'il  restera  d'impri- 
mer et  des  jours  qui  nous  resteront  et  advertiray  V. 
R"«  S'*  du  temps  que  je  le  pourray  justement  livrer 
parachevé,  avec  l'aide  de  Dieu.  Et  envoyray  les  autres 
feilles  qui  resteront  pour  les  deux  exemplaires  envoyés. 

Cependant  je  prie  Dieu  nous  conserver  V.  I.  et  R"* 
Sig"*  en  prospérité  et  santé. 

D'Anvers,  ce  19  décembre  1571. 


seil  de  Castille,  né  à  Tolède,  le  25  juillet  1512,  fut  d'abord  profes- 
seur de  droit  canon  à  Salamanca  et  juge  à  Burgos  et  à  Grenade.  Il 
écrivit  de  nombreux  ouvrages  sur  le  droit  civil  et  canon.  Il  mourut 
à  Madrid,  le  27  septembre  1577. 


—   272  — 

301.  —  'Plantin  à  M.  de  Goneville, 

A  Monsigneur  Mons'  de  Gonueille,  etc. 

Passés  sont  quelques  jcJurs,  Monsigneur  très  honoré, 
que,  par  le  moyen  du  Chappelain  de  monsieur  le 
Doyen  de  Taxis  \  je  vous  envoyé  quatre  livrets  de  la 
manière  de  lire  le  Bréviaire  de  Rome  '  et  maintenant 
je  luy  eusse  envcfyé  encores  autre  quatre  à  Tadventure,  si 
les  autres  n'estoyent  encores  parvenues  entre  ses  mains. 

J'ay  grand  désir  d'entendre  si  le  reste  des  feilles  du 
Missel,  tant  en  papier  qu'en  parchemin,  ne  seront  pas 
arrivées,  car  Monsg*^  le  Provost  d'Aire  m'a  rescrit  qu'il 
les  avoit  toutes  envoyées  et  m'a  aussi  adverty  que  soh 
111°*'  et  R°*  S''  a  receu  une  basle,  que  je  luy  avois 
envoyée  dès  le  19  de  novembre  de  l'année  passée,  et 
qu'il  s'est  trouvé  quelques  livres  dont  elle  ne  sçait  que 
faire. 

Or  est-il  ainsi  que  mondict  Signeur  Morillon  m' ayant 
ordonné  d'envoyer  toutes  les  Centuries  des  Magdebur- 
giens  '  et  l'ayant  adverti  qu'il  n'estoit  ordre  de  les  pou- 
voir envoyer  d'icy,  mais  qu'il  les  faudroit  envoyer  de 
Basle,  me  replicqua  que  je  les  envoyasse  comment  que 


1.  Roger  de  Taxis,  seigneur  de  Hemixem,  né  à  Malines  vers  1S13» 
fut  doyen  d'Anvers  depuis  le  6  mars  1545  jusqu'au  moment  de  sa 
mort,  arrivée  le  15  mars  1593. 

2.  Ordo  legetidi  divinum  officium,  juxta  Breviarium  T{ofnanum  ex 
décréta  Concilii  Trideniini  restitutum.  Nous  ne  connaissons  ce  petit 
volume  que  par  la  mention  que  Plantin  en  fait  dans  sa  corres- 
pondance et  dans  ses  catalogues  imprimés  et  manuscrits.  Il  com- 
prenait deux  feuilles  ;  l'édition  en  rouge  et  noir  coûtait  trois  quarts 
de  sou  ;  l'édition  en  noir  un  demi  sou. 

3.  Voir  plus  haut,  page  188. 


—  273  — 

ce  fust  et  avec  ce  ung  Fasti  Romanorum  '  et  JuliiCaesaris 
Numismata  ';  parquoy  j'ordonnay  de  faire  ladicte  basle 
des  livres  contenus  en  une  facture  ou  bulletin  que  j'en- 
voyay  dedans  mes  lectres  à  V.  S.,  le  1 6  jour  de  décembre 
dernier,  duquel  aussi  j 'envoyé  derechef  icy  le  double  et 
adjouxtois  que  l'un  des  Theatrum  Orbis  '  estoit  pour 
son  Ill"«  et  R"*  Signeurie  et  l'autre  pour  vous  avec  ung 
des  livres  de  Montanus  in  Prophetas  *  desquels  il  y 
avoit  deux  exemplaires  de  fin  papier  dont  je  désirerois 
l'un  estre  aggréable  à  son  Ill°"  S**  et  l'autre,  si  j'ay 
bonne  mémoire,  au  très  illustre  Cardinal  Sirleto  et 
CarafFa*^  ou  qui  eust  pieu  à  son  111"*  S"*. 

Et  pensois  bien  lors  que  ladicte  basle  seroit  rendue 
bien  tost  à  Rome  et  qu'ayant  esté  adverti  de  ce  que  son 
Ill™«  et  R°*  S**  et  la  vostre  auront  eu  aggréable  desdicts 
livres,  j'ordonnerois  le  reste  estre  consigné  à  quelque 
libraire  de  Rome  qui  en  rendroit  la  voicture  et  m'en 
payeroit  la  valeur,  car  je  n'adjouxtay,  à  dire  le  vray,  les 
quatre  derniers  exemplaires  desdicts  commentaires  de 
Montanus  sur  les  Prophètes  que  pour  achever  la  Basle, 
qui  autrement  eust  esté  par  trop  petite,  encores  l'estoit 
elle,  à  mon  advis,  assés. 

1.  Failos  t^agistratuum  et  Triumphorum  ronianotum  S,  P,  Q.  R. 
Hubertus  GoU\ius  dedicavit.  Brugis,  1 566,  in-folio. 

2.  C.  Julius  Casar  sive  Historia  Imperatorum  Casarumque  Ro- 
manorum Huberto  Golt\io  auciore.  2  vol.  in-fol.  Bruges  i563-;574. 

3 .  Tfjeatrum  Orbis  Terrarum  d'Abraham  Ortelius. 

4.  Benedicti  ârle  MontanI)  Commentaria  in  duodecim  prophetas, 
Plantin  1571,  in-fol. 

5.  Antoine  Caraffa,  cousin  du  pape  Paul  IV,  nommé  d'abord 
chanoine  de  S*  Pierre,  dépouillé  de  ce  titre  à  Tavènement  de  Pie  IV 
et  exilé  à  Padoue.  Rappelé  par  Pie  V,  il  fut  fait  cardinal  en  1586  et 
nommé  chef  de  la  congrégation  pour  la  correction  des  bibles.  Il 
mourut  en  1591. 


—  274  — 

Voylà  quant  à  la  basle,  de  laquelle  ne  pouvant  rien 
sçavoir  en  quelques  mois  et  craignant  qu'elle  eust  esté 
perdue  du  tout,  veu  que  derechef  Monsig'  le  Provost 
m'advertissoit  que  son  111"*  S**  désiroit  avoir  lesdictes 
Centuries,  je  fis  venir  de  Basle  icy  ung  exemplaire  que 
je  pacquay  moy-mesmes  et  le  contenu  en  la  facture,  que 
j'envoye  aussi  avec  la  présente  en  divers  pacquets,  et  les 
délivray  au  Sig'  Piscatori  *  pour  les  envoyer  à  Rome  et 
les  délivrer  es  mains  de  Sadicte  Signeurie  très  Illustre 
et  R*"*,  comme  s'ensuict,  de  la  réception  desquels  aussi 
je  suis  en  doubte  et  désire  pouvoir  estre  adverty  que  le 
tout  soit  arrivé  à  bon  port,  ainsi  que  je  fais  parellement 
d'une  autre  basle  que  nous  avons  aussi  faicte  au  mois 
d'octobre  dernier  et  consignée  aux  Hannoni,  conduc- 
teurs, pour  la  délivrer  entre  les  mains  de  V.  S.,  selon 
que,  par  mes  précédentes,  je  l'en  ay  aussi  advertie  et 
suppliée,  comme  je  la  supplie  encores  de  vouloir  faire 
que  les  très  illustres  Seigneurs  comme  Sirleto,  Caraffa 
et  que  son  111"*  et  R™*  Sig"*  et  la  Vostre  trouvères  bon 
de  présenter  des  Missals,  etc.,  prennent  de  bonne  part 
le  mien  petit  service  et  debvoir  que  j'ay  prétendu  faire 
en  le  leur  envoyant.  Ce  qui  me  donnera  courage  de 
faire  mieux  avec  la  grâce  de  Dieu,  lequel  je  prie  nous 
conserver  V.  S.  en  santé  et  prospérité. 

I.  N.  Consignée  à  Garibaldi,  le  19  novembre  1570- 

2  Comment.  Mont,  grand  pap.  * 

1  Id.  du  commun 

6  Horae  8°  cum  fig.  aen.  petit  pap. 

2  Id.  de  grand  pap. 


1.  Egide  de  Visschere,  dit  Piscatori,  négociant  à  Rome. 

2.  Arl£  Montani,  Commentaria  in  duodecim  propheias. 


—  275  — 

2  Theatrum  orbis 

2  Exemples  de  Perret  ' 

I  Fasti  Rom.  Goltzii  *. 

I  Julius  Caesar  Goltzii 

pour  remplir  la  Basle 
4  Commentaria  Montani 

Le  susdict  Garibaldi   doibt  mectre   en  ladicte   basle 
estant  à  Basle  les  Centuries  de  Magdeb. 

4  julii  1371^  P^ï*  Piscatori  en  divers  pacquets  : 

I  Cent.  Magdeb.  i  Grevinus' 

I  Encycli.  '  i  Canieri  Variae  lect.  * 

I  Psalt.  magnum.  6  Monumenta. 

Quicquid  Miss,  impressum  erat. 

Le  3  octobre  1571  consigné 
à  le  Hannoni  "  pour  Naples 

4  Psalterium  Chori 

8  Missale,  grand  papier 

5  Missale,  parchemin 

3  Missale,  papier  commun 

4  Humante  Sal.  Monumenta. 

1 .  Exercitatio  àlphabetica  nova  et  utilissima  variis  expressa  linguis 
tt  characteribus  rarisy  arnamentis,  umbris  et  recessihus  pictura  architec- 
turaqtu  spectosa^  démentis  Perrtti  'Bruxellani  nondum  18  anntim 
e^essi  industria.  Plantin,  1569,  folio  oblong. 

2.  Jacobi  Grevini,  de  Venenis  lihri  duo,  Plantin,  IS7I|  in-40. 

3  UEncyclU  des  Secrets  de  VÈtemiti,  par  Guy  ht  Fèvre  de  la  'Bo- 
d«rf>.  Planlin,  1 571,  in-40. 

4.  GuuELMi  Canteri  Ultrajectint ^  Novarum  lectionum  lihri  octo, 
Plantin,  1571,  in-8<». 

5.  Négociants  italiens  établis  à  Anvers. 


—  276  — 

302.  —  Arias  Montanus  au  Conseil  privé  du  roi. 

Translation^de  la  requeste  latine  faicte  par  Monsg' 
le  Docteur  B.  A.  Montanus,  le  4  janvier  1572. 

A  Messigneurs  le  Président  et  conseillers  du  Roy 
nostre  Sife  en  son  conseil  privé. 

Remonstre  humblement  à  vos  Signeuries  le  Docteur 
B.  A.  Montanus,  serviteur  du  Roy  Catholique  et  Chap- 
pelain  de  sa  cour,  comme  il  a  par  cy-devant  esté  envoyé 
par  Sa  Majesté  en  ses  Païs-Bas  de  par  deçà,  avec  charge 
et  commission  expresse  de  faire,  à  Futilité  publicque  de 
la  saincte  Église  catholique  et  à  la  commodité  de  tous 
les  amateurs  .ou  studieux  des  lectres  sainctes,  bien  et 
duement  imprimer  les  S.  Bibles  Catholiques  es  trois 
langues  Hébraïcque,  Grecque  et  Latine,  avec  l'entière 
paraphrase  Chaldaïcque  ancienne  et  les  interprétations 
latines  du  Grec  et  du  Chaldée^  selon  la  copie  des  Bibles 
jadis  imprimées  à  Complute  en  Espagne,  en  y  adjoux- 
tant  les  Grammaires  et  Dictionnaires  et  autres  traictés 
qui  pourroyent.  plus  amplement  et  commodieusement 
servir  pour  plus  facilement  apprendre  lesdictes  langues 
et  les  phrases  d'icelles  qu'il  n'avoit  esté  faict  ausdictes 
Bibles  de  Complute,  et  avec  ce  plusieurs  figures  et  pour- 
traicts  et  le  tout  en  beaucoup  milleur  papier  et  charrac- 
tères  que  n'estoyent  lesdictes  Bibles.  Et  comme  ainsi 
soit  que  par  la  grâce  divine  l'œuvre  quasi  parachevée 
doibve,  selon  l'intention,  conseil  et  volonté  de  Sa  Majesté, 
estre  mise  en  lumière  et  qu'outre  une  bonne  somme  de 
deniers  y  employés  par  Sa  Majesté,  Christophle  Plantin, 
serviteur  aussi  de  Sadicte  Majesté  et  son  prototypographe 
en   ses   Païs-Bas   de    pardeçà,  y   a   semblablement   par 


—  277  — 

l'espace  de  quatre  ans  faict  et  employé,  et  continue 
journellement  de  ce  faire,  maints  cousts,  fraiz  et  despences 
avec  le  continuel  travail,  diligence,  soing  et  industrie 
de  soy  et  des  siens,  sans  y  avoir  rien  espargné  à  recou- 
vrer et  faire  faire  toutes  sortes  de  charactères  propres  et 
quelconques  autres  choses  qui  ayent  peu  estre  advisées 
propres  pour  la  commodité  et  dignité  de  telle  œuvre  ; 
toutes  lesquelles  choses  seroyent  bien  plus  faciles  à  imi- 
ter qu'elles  n'ont  esté  à  trouver  ni  premièrement  faire 
faire,  ce  qui  retôurneroit  au  grand  préjudice  et  dommage 
inestimable  dudict  Prototypographe.  Et  pourtant  supglie 
ledict  commissaire  de  Sa  Majesté  le  Docteur  Ben.  A. 
Montanus  et,  selon  sa  légation  et  office,  requiert  de  Vos 
Signeuries  qu'il  leur  plaise,  en  la  faveur  dudict  Christofle 
Plantin,  luy  donner  Privilège  avec  défense  que  nul 
autre  de  quelque  estât,  condition  ou  qualité  qu'il  soit, 
ne  puisse,  durant  l'espace  de  vingt  ans  entiers  et  consé- 
cutifs, imiter  ou  imprimer  ni  ailleurs  imiter  ou  impri- 
mer, vendre  ou  distribuer  ledict  œuvre  entier,  ne 
aucusnes  des  parties  d'icelles  comme  sont  les  Gram- 
maires, Dictionnaires,  diverses  leçons  ni  quelques  autres 
(comprins  sous  le  tiltre  de  Âpparatus  sacer)  traictés 
et  livres,  lesquels  il  apparoist  par  la  testimoniale  de 
l'Université  de  Louvain  estre  bien  et  deuement  approu- 
vés et  dignes  d'estre  mis  en  lumière  pour  le  profict  ec 
utilité  de  la  République  Chrestienne  et  vous  ferés  .  .  • 


i8 


—  278  — 

303.  —  Plantin  à  de  GonevilU. 

A  Monslgneur  de  Goneveille,  auditeur 
du  très  illustre  Cardinal  vice-roy  de  Naples. 

Le  29  du  passé,  j'ay  rescrit  à  V.  S.  et  envoyé  les  fac- 
tures des  livres  envoyés,  tant  en  deux  basles  particulières 
qu'en  une  de  celles  du  Sig*^  Piscatori,  et  avec  ce  4  Modus 
legendi  Officium  juxta  Breviarium  Romanum. 

Maintenant,  je  luy  envoyé  icy  deux  exemplaires  des 
Bréviaires  que  j'ay  imprimés  quasi  tout  au  long,  en  la 
faveur  des  bons  Signeurs  d'Espaigne  qui  m'en  avoyent 
requis,  et  que  j'imprimasse  les  Saints  péculiers  à  part. 
Je  supplie  à  V.  S.  de  prendre  l'un  en  gré  et  de  vouloir 
présenter  l'autre  à  son  111°**  et  R™*  Signeurie  avec  les 
très  humbles  recommandations  de  moy,  son  petit  et  très 
affectionné  serviteur,  et  si  je  puis  entendre  que  mondict 
Signeur  très  illustre  et  V.  S.  trouvîés  bonne  ceste  ma- 
nière de  Bréviaire  ainsi  ad  longum,  je  mectray  inconti- 
nent la  main  à  l'œuvre  pour  l'imprimer  ainsi  en  grande 
forme,  pour  s'en  servir  en  la  chambre. 

Au  reste,  d'autant  que  pour  les  grandes  affaires  néces- 
saires, ausquelles  je  sçay  son  Dl^*  S**  estre  occupée,  je 
n'oserois  l'interpeller  et  que  dedans  deux  mois  nous 
espérons  achever  tout  ce  qui  appartient  ad  Apparatum 
Bibliorum  Regiorum  et  que  nous  n'avons  pas  receu  la 
fin  des  observations  du  très  illustre  Cardinal  Sirleto,  je 
vous  supplie,  Monsigneur,  qu'il  vous  plaise  en  advertir 
sa  susdîcte  très  illustre  S'*  pour  entendre  et  nous  adver-^ 
tir  de  ce  qu'en  devons  espérer,  et,  d'autant  aussi  que  je 
luy  fay  desjà  relier  les  sept  volumes  achevés  desdictes 
Bibles,  sçavoir  d'icelle  et  nous  advertir  s'il  luy  plaira  bien 
que  je  les  luy  adresse  à  Naples  pour  gagner  temps  ;  en 


—  279  — 

attendant  que  le  huictième  s'achèvera  et  se  pourra  en- 
voyer après,  avec  les  Antiphonaires  et  Responsoriaux 
pour  le  Chœur,  que  j'espère  aussi  achever  de  bref^  pour 
accompagner  les  Psautiers  et  avec  telle  autre  chose  qu'il 
luy  plaira,  ou  à  vous,  d'ordonner  que  j'envoye  avec.  Car 
je  désirerois  grandement  qu'avant  la  distribution  desdictes 
Bibles,  j'eusse  le  moyen  de  faire  le  debvoir  d'humble  et 
affectionné  serviteur  à  SadicteSign**  très  illustre,  à  laquelle 
je  me  tiens  obligé  et  dévoué  moy-mesmes.  Et  sur  ce 
poinct,  je  prieray  Dieu,  pour  une  bonne  estrene  de  ce 
nouvel  an,  qu'il  luy  plaise  nous  conserver  Vostre  S*'  en 
bonne  santé  et  la  faire  tousjours  bien  prospérer. 
D'Anvers,  ce  3  janvier  1572. 

Depuis  ces  présentes  escrittes,  j'ay  receu  de  Rome 
certaines  lectres  de  monsigneur  Don  Fernando  deTorres, 
par  lesquelles  il  se  dict  estre  agent  à  Rome  de  mon  très 
illustre  Signeur  le  cardinal  nostre  maistre,  et  pour  cela 
que  le  très  illustre  Card.  Carafa  luy  a  délivré  un  certain 
livre  qu'il  m'envoye  pour  imprimer,  et  avec  ledict  livre 
y  avoit  lectres  dudict  S*^  Carafa,  par  lesquelles  il  luy  plaist 
me  recommander  l'impression  dudict  livre  et  d'autres 
d'un  Signeur  qui  se  dict  estre  serviteur  dbdict  Signeur 
Carafa  et  se  soussigné  Flaminio  Filonardi,  qui  m'cscrit 
avoir  tousjours  escrit  les  corrections  qui  se  sont  faictes 
au  Missal  et  en  avoir  délivré  la  copie  à  V.  S.,  à  condi- 
tion d'en  avoir  deux  autres  de  mon  impression,  lesquels 
il  me  prie  de  luy  envoyer,  avec  ceux  en  parchemin  pour 
les  chanoines  de  S*  Pierre. Or,  combien  que,  pour  ignorer 
le  tiltre  dudict  Sig',  je  n'osasse  bonnement  luy  respondre, 
si  l'ay  jefaict,  au  mieux  que  j'ay  peu,  l'advertissant  que 
puisque  V.  S.  luy  avoit   promis  lesdicts  Missauls,  que 


i» 


—  aSo  — 

i'esp^rois  que  le  ferlés  volontiers,  après  avoir  receu  la 
basle  en  laquelle  j'avois  empacqué  lesdicts  Missals  en 
parchemin  pour  mesdicts  Signeurs  et  quelques  autres 
en  papier,  outre  ceux  que  je  désirois  estre  présentés  en 
mon  nom  aux  très  illustres  cardinaux  pour  les  distribuer 
à  ceux  qui  nous  avoyent  esté  ou  estoyent  favorables  :  que 
si  V.  S.  pense  lesdicts  exemplaires  envoyés  ne  debvoir 
suffire  au  nombre  des  bons  Signeurs  à  qui  j'en  suis  re- 
devable, je  la  supplie  très  humblement  de  m'en  vouloir 
advertir  et  je  ne  faudray  d'en  envoyer  incontinent  d'une 
autre  impression  que  j'ay  commencée, depuis  avoir  achevé 
la  première,  et  laquelle,  comme  j'espère,  outre  ung  bon 
nombre  de  nouvelles  et  plus  propres  figures,  ne  se  trou- 
vera moins  belle  que  la  première.  J'en  imprime  aussi  par 
mesme  moyen  encores  quelques-uns  en  parchemin,  mais 
plus  grands  assés  que  n'ont  esté  les  premiers^  à  cause  de 
quoy  et  que  les  parchemins  sont  fort  renchéris  par  deçà, 
ils  seront  plus  chers,  car  ils  reviendront  bien  chacun 
Missel  à  2j  escus. 

Depuis  encores  avoir  aussi  escrit  ceci,  j'ay  receu  celles 
de  V.  S.  du  13  décembre,  et  suis  fort  triste  que  nul  des 
Missals  ne  soyent  arrivés  parfaictsj  mais  j'espère,  suivant 
•ce  que  m'a  escrit  mons'  le  Provost,  que  le  reste  des 
feilles  seront  maintenant  arrivées  par  delà  et,  s'il  plaist 
à  Vostre  Signeurie  advertir  de  ce  qui  défaut  au  Missal 
envoyé  avec  la  tapisserie  ou  autrement,  je  l'envoyeray  in- 
continent avec  tout  ce  qui  luy  plaira  m'ordonner  davan- 
tage, ainsi  qu'à  bon  droict  je  m'y  sens  tenu  et  oblige  et 
désire  de  n'estre  jamais  tenu  ingrat  de  tant  de  bénéfices 
receus  par  son  moyen. 


—   2Sl    — 

■ 

304.  —  fPlatttin  à  Ferdinand  de  Torres. 

(11  a  reçu  les  lettres  de  Ferd,  de  Torres,  par  lesquelles  celui-ci  se 
fait  connaître  comme  l'agent  du  Cardinal  de  Granvelle.  II  a  appris 
avec  le  plus  grand  plaisir  que  le  pape  lui  permet  d'imprimer  les 
nouvelles  Heures.  Il  n'a  pas  de  désir  plus  vif  que  de  rendre  service 
â  ceux  qui  lui  veulent  du  bien,  mais  il  a  dû  répondre  plus  d'une 
fois  à  ceux  qui  lui  demandaient  d'imprimer  les  Heures,  qu'il  ne  le 
pouvait  sans  l'autorisation  du  pape.) 

Dlustri  admodum  viro  Domino  Ferdinando  de  Torres, 
Régime  Catholicae  Majestatis  famulo  et  Agent!  in 
Curia  Romana,  Domino  meo  coiendissimo. 

Fascicuium  et  litteras  111"*  Gard.  Carafse  hodie  sanum 
tectum  accepi  una  cum  litterisIU"  D.V.,  ex  quibus  ma- 
gnitudinem  amorîs  ejus  lU"»^»  et  D.  Gard.  Granvellanum 
me  percepisse  videor  intelligere,  cura  se  illius  Agentem 
Romae  profiter!  velit.  Quanto  autem  gaudio  inde,  tum 
ex  promissa  facultate  S.  P.  N.  Domini  Papae  ad  Horas 
novas  imprimendas  perfusus  fuerim  verb!s,nedum  scripto, 
declarare  non  possem.  Dlius  namque  me  famulum  esse 
merito  addictissimum  maximo  mih!  honor!  duco,  hujus 
vero  adeptionem  non  tam  certe  privât!  commodi  causa 
ambio  quam  quod  D°°  meo  Régi  nostro  catholico  et 
plurimis  viris  maximis  et  Patronis  meis  observandissimis 
satisfacere  posse  desiderem  :  qui  a  me  jam  saepius  petie- 
runt  ut  illas.  imprimerem  ;  quod  non  prius  ausus  sum 
neque  vellem  quam  id  mih!  a  S.  P.  N.  Papa  liceret. 

Quod  supèrest,  obsecro  ut  me  servo,  quacumque  in  re 
placuerit,  utt  pon  dedignetur  111.  D.  V.  quam  D"**'  Deus 
incolumem  servare  dignetur. 

Antverpise,  5  januari!  1572. 


—  202  — 

305.  —  Plantin  au  Cardinal  Caraffa. 

(Plantin  avait  désiré  depuis  longtemps  envoyer  un  Missel  au  Car- 
xlinal  Caraffa  qui  avait  tant  contribué  à  lui  faciliter  l'exécution  de 
cet  ouvrage.  L'occasion  qui  jusqu'ici  lui  avait  manqué  s'étant  offerte, 
il  le  prie  de  bien  vouloir  accepter  cet  humble  présent  et  se  déclare 
son  reconnaissant  et  dévoué  serviteur.) 

Christophorus  Plantinus  Â.  Card.  CaraEse. 

Et  benevolendam  erga  me  tuam  hamanitatemqae 
singalarem  eas  littéral  qaas  diversis  temporibus  binas 
dedisti,  aperte  mihi  significarunt.  Qjaarum  priores  simal 
atque  mihi  sant  redditas,  etsi  meum  fuit  de  isto  tuo  in 
me  animo  tibi  per  litteras  gratias  agere  ;  tamen  id  sine 
aliqua  testificatione  meas  in  te  observantias  fieri  nolebam 
atque  bac  de  causa  Missale  tuis  laboribus  diligentiaque 
correct um  tuaque  et  111"*  Cardin.  Granvellani  opéra  et 
favore  mihi,  illud  ut  imprimerem,  commissum,  una  cum 
meis  litteris  ad  te  deferendum  dono  in  animo  habebam. 
Qpod  cum  veredarii  propter  sarcinas  pondus  praeter 
meam  spem  récusassent,  fuit  id  quidem  mihi  tam  mo- 
lestum  quam  fuisset  gratum  si  illud  ad  te'  perlatum 
libenti,  ut  confidebam,  animo  accepisses.  Cum  vero 
aliam  in  singulas  horas  occasionem  expectarem,  qua  mec 
hac  in  re  desiderio  satisfacere  pbssem,  obtulit  iila  sese, 
qua  ad  eum  quem  dixi  Cardinalem  majorem  quamdam 
sarcinam  Neapolim,  ubi  ipse  est,  V  Non.  Octob.  defe- 
rendum dedi,  simulque  a  Dno  D.  Geneveille  meum  ut 
illud  munusculum  tibi  meo  nomine  oflFerret  per  litteras 
majorem  in  modum  petii.  Jam  vero  cum  altéras  huma- 
nissimas  scriptas  ad  me  dederis,  vereor  ne  iis  prius  fue- 
rim  oppressus  quam  eas  quas  ad  te  dedi  acceperis.  Quod 
si  est,  meae  me  tarditatis  abs  te  veniam  petere  oportet  : 
quam  quidem,  pro  insigni  illa  qua  pra^tus  es   morum 


—  283  — 

facilitate^  me  facile  impetraturum  puto.  Qpem  ad  me 
misisti  libram^  eam  propediem  imprimam,  nam  et  banc 
et  eas  omnes  res  quas  ad  te  tuosque  pertinebunt  summo 
studio  diligentiaqae  semper  curabo,  mihique  antiquius 
erit  plane  nihil  quam  ut  ea  quse  abs  te  ad  me  mandata 
perferentur  quam  diligentissime  exequar.  Equidem  me, 
ut  sum,  ita  tibi  esse  devinctum  non  solum  confiteor  sed 
etiam  vehementer  gaudeo,  daboque  operam  ut  omni 
tempore  quam  gratissimus  erga  te  esse  cognoscar  ; 
meaque  in  t&  observantia  efficiam  ut  tuam  summam 
amplitudinem  ac  dignitatem  non  minori  esse  curas  quam 
caeteris  iis  quos  in  gratiam  recepisti  tuam,  et  tu  ac 
omnes  homines  intelligant.  Vale. 
Ântverpias,  8  Idus  januarii  1572. 


306.  —  Plantin  à  Ferdinand  de  Tarres. 

(Plantin  a  reçu  les  lettres  du  Cardinal  CarafTa.  Ayant  appris  que 
Fernando  de  Torres  est  un  agent  du  Cardinal  de  Granvelle  à  Rome, 
il  est  prêt  à  lui  rendre  service.  Il  le  remercie  de  ce  qu*il  lui  a  promis 
le  bref  du  pape  pour  imprimer  les  Heures  et  lui  serait  encore  plus 
obligé  pour  un  privilège  plus  étendu,  ne  mentionnant  pas  les  états 
de  Flandre  et  d'Allemagne.  Il  n'a  pas  voulu  mettre  la  main  à  ce 
travail  avant  qu'il  n'ait  reçu  rautorisation  de  Sa  Sainteté  quoiqu'il 
eût  appris  par  deux  lettres  que  de  Torres  faisait  des  démarches  pour 
la  lui  faire  obtenir.  De  même  qu'en  lui  envoyant  le  Bréviaire  et  le 
Missel,  le  pape  les  avait  £ût  corriger  à  Rome,  il  lui  serait  fort  re- 
connaissant si  Sa  Sainteté  voulait  bien  lui  envoyer  également  un 
exemplaire  des  Heures  imprimé  là-bas  et  corrigé,  au  besoin,  ou  du 
moins  signé  par  un  des  cardinaux  mentionnés  dans  le  bref  papal. 
Il  lui  recommande  en  tout  cas  de  faire  toute  la  diligence  possible.) 

Al  m*  Senor  Don  Fernando  de  Torres  mi  Senor,  Agente 
y  criado  del  Rey  Catholico  en  Corte  Romana. 

Con  la  de  V.  M.  y  del  111.  S^'  drdinal  Caraffa  recibi 


—  284  — 

el  paquete  entero  con  el  libro  y  las  demas  pieças  que 
llego  bien  accondicionnado  a  mis  manos,  y,  por  ser  cosa 
que  toca  al  servicio  y  contente  del  111"°  Cardinal,  pome 
yo  en  lo  que  se  me  manda  toda  la  diligentia  a  mi  pos- 
sible, porque  tambien  entiendo  sirvo  en  esto  al  Cardinal 
Granvela  mi  Senor,  cu5^a  amistad  V.M  tiene  tan  familiar 
que  se  nombra  su  agente,  de  que  résulta  ser  y  mas 
aflScionado  y  obligado  al  servicio  deV.M.,  allende  de  lo 
que  antes  era,  ansi  por  la  notitia  que  tengo  de  quien 
V.  M.  es,  como  por  saver  que  esta  en  estît  corte  en  ser- 
vicio del  Rey  Catholico,  cuyo  criado  y  ministro  yo  soy 
en  estos  Estados,  y  en  tal  nombre  me  puede  V.M.tener 
por  suyo  proprio  y  mandarme  que  sera  muy  grande 
contcnto  mio  emplearme  en  lo  servir.  A  V.M.  beso  las 
manos  muchas  vezes  por  la  que  me  haze  en  prometerme 
la  brevedad  de  la  Lie*  para  imprimir  las  horas,  y  le 
supplico  procure  la  mayor  brevedad  y  mas  larga  gratia 
que  sea  possible,  sin  nombrar  los  estados  de  Flandes  y 
d'Alemania  etc.  sino,  si  ser  pudiere,  lie*  senzilla  para 
que  puedo  imprimir  las  en  mi  emprenta,  por  que  Su 
Magestad  y  otros  muchos  de  su  corte  Senores  mios  me 
las  piden  con  instantia.  E  yo  no  he  querido  ni  quiero 
poner  mano  en  ellas  hasta  tener  la  Lie*  y  bencdicion  de 
Su  S*,  aunque  por  dos  cartas  tengo  aviso  de  parte  de  Su 
Magestad  que  V.M.  ténia  el  cuidado  de  me  hazer  sacar 
esta  lie*  y,  para  mas  autoridad  y  commodidad  deste,  me 
la  haria  V.M.  muy  grande,  si  Su  S*  me  ha  embiado  el 
Breviario  y  Missal  de  alla  corregido  y  mention  fecha 
dello  en  las  lie**,  ansi  se  me  embiassen  tambien  un 
exemplar  de  las  mismas  horas  impresso  alla  y  correcto 
en  los  margines,  se  ha  menester  correction  que  en  esto 
me  hara  mereed  el  111'"°  Card.  CarafFa  de  mandarlo  corre- 


—  285  — 

gir  como  lo  ha  hecho  en  el  Missal  que  aca  tengo  y,  si 
no  tienen  que  corregir,  toda  via  se  me  embie  un  exem- 
plar  firmado  de  alguno  de  esses  mios  S"  Card'"  de!  quai 
se  haga  mention  en  la  Lie*  de  su  S*.  Empero  si  V.  M.  la 
tiene  ya  sacada  con'  otra  manera  con  qualquiera  partida 
y  condicion  que  sea,  sera  muy  bien,  y  lo  que  mas  desseo 
es  la  brevedad.  Yo  tomo  el  cuidado  que  devo  de 
servir  a  V.M.  con  las  cosas  que  de  mi  casa  salieren  que 
sean  de  su  gusto  y  Ib  mismo  hare  al  S°'  don  Alonso  de 
Torres,    hermano  de  V.M   en  Espaiia. 

N''°  Senor  la  111.  persona  y  casa  de  V.  M.  prospère  por 
largos  tiempos. 

En  Anvers  al  Vil  de  Enero  1S72. 
Dl.  S*''  besa  las  manos  de  V.M.  su  muy  afficionado  ser- 

Christophoro  Plantino. 


307.  —  Tlantin  à  Charles  Tisnacq, 

A  Monsigneur  Monsieur  Ch.  Tisnacq, 
Président  au  conseil  Privé  du  Roy  nostre  sire,  etc. 

Monsigneur  très  honoré, 

Par  les  lectres  de  Sa  Majesté  que  j'envoye  icy  pour 
tesmoignage,  V.  S.  peut  voir  ce  qu'il  pleut  à  Sadicte 
Majesté  m'ordonner,  il  y  a  jà.  quatre  ans  ou  peu  s'en 
faut,  touchant  l'impression  des  Bibles  en  Hébrieu, 
Chaldée,  Grec,  Latin  et  Syrien,  lesquelles  nous  avons, 
par  la  grâce  de  Dieu,  auctorité  de  nostre  Roy  et  faveur 
de  miens  Signeurs  et  amis,  tellement  poursuivies  que 
nous  espérons  les  achever  dedans  deux  mois;  et  d'autant 
que,  suivant  l'intention  et  volonté  de  Sadicte  Majesté, 
dont  je  suis  adverty,  il  nous  les  conviendra  incontinent 


—  286  — 

mectre  en  lumière,  j*ay  adverty  Monsg^  le  Docteur  B. 
Arias  Montanus  qu'il  ne  me  sembleroit  pas  convenable 
ne  seur  pojir  moy  de  ce  faire,  sans  en  avoir  première- 
ment aussi  obtenu  le  congé  et  Privilège  du  conseil  de 
Sa  Majesté  es  pays  de  par  deçà,  chose  qui  luy  a  semblé 
bonne  et,  à  ceste  occasion,  m'a  il  faict  faire  ceste  requeste, 
soussignée  de  sa  main,  à  laquelle  je  supplie  V.  S.  donnef 
telle  favorable  apostile  qu'elle  trouvera  convenir  pour 
l'auctorité  de  Sa  Majesté,  la  dignité  de  l'œuvre  et  la  fa- 
veur d'infinis  travaux,  despenses  et  fraiz  y  consumés  et 
ce  au  plus  tost  et  en  la  milleure  forme  que  faire  se 
pourra,  à  cause  que  de  brief  il  nous  convient  imprimer 
les  feilles  ausquelles  doibvent  estre  comprins  les  Privi- 
lèges. Et  je  prieray  Dieu  qu'il  luy  plaise  nous  conserver 
et  garder  V.  S.  en  toute  bonne  santé  et  heureuse  pros- 
périté. 
D'Anvers,  ce  9  de  janvier  1372. 


.308.  —  Plantin  à  Max  Morillon. 

^      Le  10  janvier  1572. 

A  Monsieur  le  Provost  d'Aire,  Max  Morillon. 

Monsigneur,  Je  remercie  très  aflFectueusement  V.  R.  S. 
de  la  faveur  qu'il  vous  plaist  de  me  continuer  en  toutes 
nos  affaires  et  de  l'offre  qu'il  vous  plaist  de  me  faire  des 
Psautiers  qui,  à  ce  que  j'ay  entendu  depuis  par  les  mar- 
chants qui  m'en  avoyent  parlé,  ne  sont  pas  au  contente- 
ment de  ceux  à  qui  ils  en  avoyent  envoyé  pour  monstre, 
et  n'y  allèguent  autre  cause  que  de  la  faceon  des  charac- 
tères  de  l'escriture  qu'ils  se  plaignent  estre  lectre  flamende 
dont  ils  ne  veulent  point  avoir.  J'ay,  grâces  à  Dieu, 


—  207  — 

achevé  la  partie  d'hiver  pour  le  Propriam  de  Sancds  de 
l'Ântiphonaire  et  suis  parvenu  jusques  à  la  sexagésime 
du  Proprium  de  Tempore  que  j'espère  achever  devant  la 
my-febvrier  et  alors  n'auront  excuse  de  s'en  pouvoir 
servir  ceux  qui  voudront.  Car  j'espère  d'avoir  aussi 
achevé  les  parties  d'esté,  avant  qu'ils  s'en  doibvent  ser- 
vir. De  la  Bible  Royale  feray  je  comme  V.  S.  me  l'or- 
dohne. 

Monsigneur  le  Docteur  a  receu  avec  plaisir  les  re- 
commandations de  V.  R.  S.  et  m'a  ordonné  de  luy  pré- 
senter réciproquement  les  siennes  très  affectueuses. 

J'ay  achevé  une  impression  de  Bréviaires  ordonnés 
quasi  ad  longum  en  la  faveur  des  bons  Signeurs  en 
Espagne  qui  ainsi  me  l'avoyent  ordonné,  dont  j'en  ay 
faict  lier  deux  en  parchemin  que  je  désirerois  estre  en- 
voyés à  Naples  à  son  111°'  et  R°'  S*«  et  pour  Monsg'  de 
Geneveille  et  que  pleust  à  V.  S.  recevoir  l'autre  de  bonne 
part.  Q}ie  si  je  puis  entendre  que  tel  ordre  plaise.... 


309.  —  Tlaniin  à  Gilbert  d*Ognies. 

Au  très  noble  Révérendissime  Seigneur, 
Monsigneur  de  Toumay. 

Très  noble  et  R°*  S.,  Je  remercie  très  humblement 
V.  R.  S.  des  47  pats,  que  j'ay  reçeu  pour  le  payement 
des  livres  envoyés  à  icelle  ;  j 'envoyé  maintenant  le  ggg 
désiré  in  Canisio  de  Corruptelis  *  et  les  100  petits  Caté- 
chismes *. 

1.  P.  Canisius,  Commentariorum  de  Verhi  Dei  corruptelis  liber 
primus.  Dilingae,  Sebaldus  Mayer,  1571,  in~4o. 

2.  P.  CanisiuSi  Summa  doctrina  Christiana,  Plantin,  i569,m->i6o. 


— •  288  — 

Quant  à  l'Antiphonaire,  nous  aurons,  passé  quelques 
jours,  achevé  la  partie  de  Sanctis  et  se  peut  bien  asseu- 
rer  V.  R.  S.  que,  avec  la  grâce  de  Dieu,  nous  aurons 
achevé  de  Tempore  pour  la  partie  d'hiver  au  i6  jour  de 
febvrier  prochain,  pour  les  pouvoir  faire  lier  alors.  Et  si 
ay  faict  mon  calcul  d'avoir  aussi  achevé  les  parties  d'hi- 
ver avant  Pasques,  de  sorte  qu'on  n'attendra  point  après 
l'impression. 

310.  —  Plantin  à  l'abbé  de  Hasnon. 

Au  Révérend  Père  en  Dieu  Monsigneur 
Monsieur  l'abbé  de  Hasnon,  à  nostre  Dame  la  Grande, 

à  Valenciennes. 

Monsigneur,  Pour  response  aux  lectres  de  V.  R.  S'* 
du  28  du  passé,  je  luy  prie  se  persuader  que  je  voudrois 
m'employer  pour  son  service  en  tout  ce  qu'il  me  seroit 
possible  et  principalement  en  chose  qui  concerne  le  bien 
public,  comme  j'espèrç  que  faict  l'impression  du  livre 
escrit  par  Mons""  le  Prieur  intitulé  Conciones  Catechisicae 
mesmes,  estant  approuvé  par  les  théologiens  deDouay; 
mais  j'ay  tellement  este  atténué  de  mes  facultés,  em- 
ployées depuis  quelques  années  en  ça  es  grandes  Bibles 
et  autres  grandes  œuvres  d'esglise,  qu'il  me  seroit  im- 
possible de  rien  entreprendre  pour  le  commencer  à  mes 
despens,  devant  la  Pentecouste  prochaine  :  après  quoy, 
j'espère  bien  avoir  milleur  moyen.  Que  si  mons'  le 
Prieur  peut  tant  attendre  de  l'impression  de  sondict 
livre  et  qu'il  plaise  à  Vostre  R.S'®  me  l'envoyer  pour,  le 
veoir  par  l'espace  de  quelque  journée,  j'espèreray  de  luy 
en  donner  incontinent  après  certaine  résolution  et  con- 
tentement. 


_  289  - 

Quant  aux  livres  d'église,  le  Missal  et  les  grands 
Psautiers  notés  pour  le  Chœur  sont  achevés,  passés  quel- 
ques  mois.  Des  Antiphonaires  et  Responsoriaux  les  par- 
ties d'hiver,  Dieu  aidant,  le  seront  dedans  quinze  jours 
et  celles  d'esté  devant  l'Ascension,  de  mode  qu'on  peut 
commencer  à  s'en  servir  maintenant,  ainsi  qu'on  faict 
desjà  en  aucunes  esglises  par  deçà,  qui  ont  levé  les 
feilles  à  la  mesure  que  les  avons  imprimées,  et  dedans 
quinze  jours,  comme  dict  est,  pourront  faire  lier  lesdictes 
parties  d'hiver,  et  celles  d'esté  seront  aussi  achevées  pour 
les  pouvoir  faire  lier  assés  longtemps  avant  qu'on  s'en 
doibve  servir.  Quant  aux  prix,  le  Missal  se  vend  4  fl. 
10  patt.;  le  Psautier  8  fl.;  les  parties  d'hiver,  tant  de 
Tempore  que  de  Sanctis,  avec  le  commun,  se  vendra  à 
mon  advis  (car  je  ne  puis  encores  faire  juste  calcul  avant 
que  d'avoir  achevé)  autres  9  fl. 

Les  grandes  Bibles  qui  seront,  avec  la  grâce  de  Dieu, 
achevées  dedans  ung  mois  de  ce  jourd'huy  se  vendront 
30  escus  en  blanc. 

Nous  aurons  aussi  achevé  dedans  quelque  six  se- 
maines les  grandes  et  nouvelles  concordances  des  Bibles  * 
qui  se  vendront  quelque  sept  florins,   le  tout  en  blanc. 

S'il  est  chose  que  je  puisse  pour  le  service  de  V.  R. 
S.,  elle  me  trouvera  tousjours  prest  et  délibéré  à  son 
commandement. Et  cependant  je  prie  Dieu,  Mons',  qu'il 
nous  veuille  garder  V.  R.  S.  en  bonne  santé  et  heu- 
reuse prospérité. 

D'Anvers,  ce  4  febvrier  IS72. 

I .  Œconomia  methodica  Concordaniiarum  scriptura  sacrée  :  authçre 
Georgio  'Bulhco,  Plantin,  1572,  grand  in-folio, 


—   290  — 

311.  —  Plantin  à  Gilbert  d*Ognies. 

» 

Au  très  noble  et  R™*  Évesque  de  Tournay. 

Suivant  les  lectres  de  V.  très  noble  et  R"'  S*%  j'en- 
voye  ici  la  feille  de  Ggg,  au  lieu  de  Gggg  renvoyée. 

Les  petits  cathéchismes  valent  demy  patart  la  pièce. 

Les  Antiphonaires,  suivant  mes  précédentes,  seront, 
avec  la  grâce  de  Dieu,  achevés  avant  le  jour  des  cendres, 
mais  pour  bien  les  relier,  comme  il  appartient,  ils  ne  le 
sçauroyent  estre  en  moins  de  quinze  jours  de  temps, 
parquoy  seroit  impossible  de  les  envoyer  d'icy  tous  re- 
liés devant  ledict  teinps  de  quinze  jours  après,  et  peut 
être  seroyent  ils  encore  quelque  huict  jours  sur  le  che- 
min. Je  désirerois  aussi  entendre  si  V.  R"^  S**  voudroit 
qu'on  reliast  le  Commune  Sanctorum  avec  le  Proprium 
de  Sanctis  et  de  Tempore,  aussi  pro  parte  Hiemali  ;  ou 
bien  s'il  luy  plaira  faire  lier  ledict  Commune  Sanctorum 
(ainsi  qu'ont  faict  aucuns)  avec  le  Psautier.  J'eusse 
maintenant  envoyé  le  suplément  des  deux  exemplaires 
commencés  d'envoyer,  mais  je  ne  suis  pas  assés  mémo- 
ratif  quels  ternes  j'ay  envoyés,  parquoy  je  supplie  d'en 
estre  adverty. 

Quant  à  la  Remonstrance  faicte  au  Roy  de  France 
par  les  Théologiens  de  Paris,  j'ay  esté  fort  joyeux  de  la 
veoir  et  l'imprimerois  volontiers  pour  l'utilité  du  peuple, 
maïs  d'autant  qu'elle  touche  à  la  Majesté  du  Roy  et  que 
l'effect  s'est  ensuivi  au  contraire  de  ce  à  quoy  elle  estoit 
deuement  faicte,  je  ne  l'oserois  pas  imprimer,  sans  com- 
mandement exprè;^  de  son  Ex",  parquoy  je  la  renvoyé 
ici  à  V.  R™*  S.,  laquelle  je  prie  Dieu  nous  voulpir  con- 
server en  bonne  santé  et  heureuse  prospérité. 

Le  6  febvrier, 


—  291  —  "* 

312.  —  Planttn  à  Érasme  Vendius. 

(n  s'étoqpe  de  lire  dans  la  dernière  lettre  de  Vendius  qu'aucune 
lettre  n'a  été  échangée  entre  eux  depuis  un  an  et  demi,  lorsque 
l'année  passée  il  a  reçu  une  lettre  et  y  a  répondu  longuement.  Il 
rappelle  le  contenu  de  cette  missive.  Il  donne  des  nouvelles  sur 
quelques-uns  de  ses  derniers  travaux  :  la  Bible  royale,  le  Caté- 
chisme de  Trente,  le  Missel,  le  Bréràire,  le  Diumal,  les  Heures  en 
différents  formats). 

Praestantissimo  doctissimoque  viro  Dno  Erasmo  Vendio 

111°**  Ducis  Bavarise  consiliario,  frumentorum 

praefecto  prudentissimo. 

Litterae  tuae  13  januarii  Monachi  scriptae  mihi  abhinc 
paucis  diebus  redditae  sunt,  vir  praestantissime  ;  lectîs 
autem  vixdum  earumdem  primis  lineis,  miratus  suçi 
quod  initio  scribas  sesquiannum  esse  ex  quo  litteris  in- 
vicem  destituimur  mutuis,  cum  ègo  anno  superiori 
unas  abs  te  25  martii  Monachi  scriptas  ego  25  aprilis 
acceperim,  et,  paucissimis  postea  diebus  interjectis  quibus 
de  illis  quorum  certior  fieri  volebas  inquirebam,  respon- 
derim  satis  prolixe^  nempe  nos  jam  a  mense  januario 
praecedenti  absolvisse  corpus  Bibliorum  regiorum,  impe- 
ditos  vero  fuisse  tum  temporis  in  aliis  plurimis  impri- 
mendis,  quae  ex  hoc  librorum  a  me  impressorum  cata- 
logo  légère  poteris  qua^  ad  Sacrum  Bibliorum  Apparatum 
pertinent.  De  Hanardo  viros  probos  omnem  spem  ab- 
jecisse;  Eyckii  mores  quoque  non  placere  cordatis  viris, 
nos  vero  Jesuitarum  opéra  unum  atque  alterum  alios 
invenisse  satis  aptos,  quorum  unus  ad  me  hos  libellos 
tibî  mittit  et  ut  primum  suo  nomine  111°°  Duci  offerre 
digneris, alterum  ut  tibi  habere  velis  rogat  :  miror  itaque 
ubinam  hasserit  vel  perierit  nobis  illa  mea  satis  tunt 
prolixe  scripta  responsio. 


*  —  292  — 

Ad  has  postremas  vero  jam  paucis  respondebo.  Biblia, 
Deo  favente,  enint  ab  hinc  mensem  absoluta  neque  prius 
(tantae  molis  sunt),  etiamsi  ab  impressione  eorum  quae  ex 
S.  Concilii  Tridentini  decreto  restituta  sunt  ecclesiastica 
officia  feriassemus,  absolvere  potuîssemus.  500.  exem- 
plaria,  quorum  unumquodque  bic  8  stuferis  vendimus, 
Cathechismi  Concilii  a  clarissimo  doctissimoque  viro 
D.  And.  Fabricio  îllustrati  una  in  sarcina  ad  vos  transira 
Jiesterno  composuimus  atque  lis  quse  sequuntur  addi- 
dimus,  ut  petiisti  :  Missaie  novum  in  f**,  Breviarium 
Romanum  8*  forma  commune,  Id.  in  16°,  Breviarium 
Romanum,  Hispanico  more,  hoc  est  ad  longum  sine 
paucioribus  require,  quod  aiunt,  Diurnale  in  ié°,  Id. 
in  24°  minori  forma.  Id.  in  24  minîma  forma.  Horas 
impressi  quidem,  sed  jam  desunt  nobis  exemplaria.  Recu- 
demus,  Deo  favente,  et  mittemus. 


313.-^  Tlantin  à  Gilbert  Genebrard  * . 

Monsigneur,  Monsieur  Genebrard,  personnage  très  docte 
aux  langues  et  lecteur  du  Roy  es  sainctes  lectres  etc. 

Monsigneur,  L'humanité  que  j'ay  congneue  en  vous 
de  long  temps  m'a  tousjours  faict  désirer  d'avoir  un  jour 

I.  Gilbert  Genebrard,  né  à  Riom  en  Auvergne  vers  1537,  prit 
rhabit  de  Bénédictin  et,  ayant  fait  ses  études  à  Paris,  il  fut  nommé 
professeur  d'hébreu  au  collège  royal,  titre  qu'il  possédait  au  moment 
où  Plantin  lui  écrivit.  En  1592,11  fut  nommé  archevêque  d*Aix.  Il  se 
jeta  avec  fougue  dans  le  parti  de  la  Ligue  et  fut  un  de  ses  plus  vio- 
lems  champions.  Après  le  triomphe  d'Henri  IV,  Genebrard  se  retira 
dans  le  prieuré  de  Sémur  en  Auxois,  où  il  mourut  en  iS97-  L*appro- 
bftion  de  la  Bible  royale  que  sollicite  de  lui  Plantin  fut  octroyée  le 
4  avril  1572  et  signée  par  Genebrard  et  six  autres  docteurs  de  la 
Faculté  de  Paris. 


—  293  — 

le  moyen  de  vous  pouvoir  faire  quelque  service,  plustost 
que  d'en  requérir  plaisir,  et  toutesfois  icelle  me  donne 
la  hardiesse  maintenant  de  ce  faire  en  chose  utile  à  la 
républicque  et  que  je  tiens  vous  estre  facile.  C'est  que, 
comme  nous  avons  depuis  quatre  ans  en  çà  travaillé  et 
consumé  tout  nostre  pouvoir  en  l'impression  de  ces 
grandes  Bibles  es  langues  primitives  et  que  sommes 
quasi  prests  de  le  mectre  en  lumière,  je  vous  supplie 
qu'il  vous  plaise  me  faire  ce  bien  d'en  visiter  les  parties 
qui  sont  par  delà  et  celles  que  j'envoye  maintenant 
exprès,  et  de  vouloir  nous  faire  ce  bien  et  honneur  de 
nous  en  donner  vostre  censure  et  approbation  par  escrit, 
sur  chaicune  partie  que  trouvères  n'en  estre  du  tout  in- 
digne, et  de  faire  tant  envers  quelques-ungs  de  vos  sem- 
blables, à  sçavoir  personnages  très  doctes  en  la  saincte 
théologie,  experts  aux  langues  et  amateurs  du  bien  pu- 
blic, qu'ils  approuvent  et  rendent  tesmoignage  que  nous 
n'ayons  pas  au  moins  du  tout  perdu  nostre  temps  et  mal 
employé  tant  de  fraiz  à  l'impression  desdictes  Bibles  et 
autres  parties  qui  en.  despendent,  et  par  cela  asseurent  les 
doubteux  et  bons  catholiques  de  se  pouvoir  servir  des- 
dicts  livres,  non  seulement  sans  danger,  mais  aussi  à  la 
confusion  des  ennemis  de  nostre  mère  saincte  Église, 
s'estans  par  cy-devant  si  bravement  vantés  de  la  con- 
gnoissance  desdictes  langues  primitives,  comme  si  le  sens 
dénoté  par  la  signification  des  mots  de  l'Hébrieu,  Grec 
ou  Chaldée  eust  faict  à  la  confirmation  de  leurs  inventions 
fantastiques  et  que,  par  le  moyen  de  ladicte  approbation, 
nous  puissions  obtenir  du  Roy  quelques  années  de  respit 
que  nuUuy  ne  nous  puisse  contrefaire  aucunne  desdictes 
parties  et  que  d'icelle  approbation  puissions  aussi  hono- 
rer et  auctoriser  ceste  nostre  édition.   Et  en  ce  faisant, 

19 


—  294  — 

monseigneur,  vous  nous  inciterés  à  poursuivre  d'exécu- 
ter autres  miennes,  conceptions  et  désir  de  m'employer 
à  faire  chose  que  vous  et  autres  tels  personnages  doctes 
et  religieux  puissiés  juger  donner  quelques  secours  à 
Tadvancement  de  Tintelligence  des  langues  et  à  la  con- 
gnoissance  du  vray  fundement  de  nostre  saincte  foy  ca- 
tholique. 


314.  —  Plantin  à  Gui  le  Fèvre  de  la  Boderie. 

A  Monsigneur,  Monsieur  de  la  Boderie. 

Comme  ainsi  soit,  monsigneur  et  très  cher  amy,  que, 
par  la  grâce  de  Dieu  et  l'aide  de  vous  et  mes  autres 
milleurs  amis,  je  me  voye  quasi  au  bout  de  ceste  tant 
moleste  et  si  coustageuse  ouvrage  des  Bibles  en  divers 
langages  et  des  autres  livres  servants  à  l'intelligence 
d'icelles,  je  me  suis  ad  visé  d'essayer  par  le  moyen  d'entre 
vous,  mes  amis,  fauteurs  et  promoteurs  de  tout  ce  que 
scavés*  estre  utile  à  la  républicque  chrestienne,  d'obtenir 
la  censure  et  approbation  desdicts  livres  de  quelques-ungs 
des  plus  doctes  et  mieux  renommés  en  l'intelligence  des 
langues  et  congnoissances  de  la  sainte  théologie  et  qui 
ne  soyent  aucunnement  suspects  en  la  cour  de  Rome, 
ainsi  que  j'estime  qu'est  monsigneur  le  R°**  de  Lavaur,* 
Monsieur  Estienne,*  Monsieur  le  R"*  Général  des  Cor- 


1.  Pierre  Danes  (1497-1577),  évêque  de  Lavaur,  professeur  de 
langue  grecque  au  Collège  royal  de  Paris,  l'un  des  doaeurs  signa- 
taires de  Tapprobation  de  la  Bible  royale. 

2.  Henri  II  Estienne,  le  célèbre  imprimeur  et  auteur  du  Thésaurus 
îingua  graca. 


—  ^9$  — 

deliers  ^  qui  est  ores  par  delà,  Monsieur  Genebrard  et 
autres  tels  personnages  que  vous  et  autres  nos  amis  pour- 
rés  le  mieux  choisir  par  delà  et  que  ceux  aussi  qui  nous 
voudront  favoriser  tel  honneur  trouveront  estre  bon,  sur 
quoy  je  vous  advise  que  je  n'oserois  pas  y  mectre  le  nom 
de  nostre  Seigneur  et  amy  Postel,  à  cause  du  renom  qu'il 
a  par  le  catalogue  romain  etc.  ' 

Et  pourtant,  monsigneur,  je  vous  supplie  d'assister  en 
ceci  à  mon  frère  *  qui,  au  reste,  prendra  la  peine  de  so- 
liciter ceux  que  par  ensemble  trouvères  bon,  et  fera  les 
despens  qu'il  y  conviendera  faire. 


315.  —  Tlantin  aux  docteurs  de  l'Université  de  Taris. 

Messeigneurs, 

D'autant  que,  par  la  grâce  et  bonté  divine  et  soubs  la 
faveur  et  auctorité  du  Roy  Catholique,  nous  avons,  à 
l'utilité  publicque  de  nostre  mère  la  saincte  église  et  à 
la  demande  de  tous  les  amateurs  et  studieux  des  lectres 

1.  Christophorus  a  Capite  Fontium  (de  Cheffontaines),  naquit  en 
Basse-Bretagne  vers  1532,  entra  de  bonne  heure  dans  l'ordre  des 
Frères-Mineurs  et  fut  élu  général  de  son  ordre  en  1571.  H  fut  nom- 
mé archevêque  de  Césarée  vers  1586  et  mourut  à  Rome  en  1595. 
Parmi  ses  nombreux  ouvrages  théologiques,  Plantin  en  publia  deux  : 
Fidti  majorum  nostrorum  defensio  qua  hareticorum  saculi  nostri  actus 
ac  stratagemata  deteguntur^  IS75»  in-S»,  et  De  libero  arbitrio  et  mentis 
honorum  operum  assertio  cathoîica,  1575,  in-80. 

2.  Malgré  le  scrupule  que  Plantin  exprime  ici,  on  lit  le  nom  de  Guil- 
laume Postel  sous  l'approbation  donnée  à  la  version  de  Santés  Pa- 
gnino  reproduite  par  Plantin  dans  la  Bible  royale.  Cette  approbation 
figure  dans  les  liminaires  de  la  Bible  royale  et  porte  outre  la  signa- 
ture de  Postel,  celle  de  cinq  autres  docteurs  parisiens. 

5.  Pierre  Porret. 


—  29^  — 

sainctes,  tellement  advancé,  depuis  quatre  ans  en  çà>  noti 
seulement  l'impression  des  Sainctes  Bibles  es  langues 
Hébraïcque,  Grecque,  Latine,  Chaldée  et  Syrienne^ 
mais  aussi  les  Grammaires,  Dictionnaires,  Extrcitations 
et  autres  divers  livres  et  pourtraicts  servants  à  rintelli- 
gence  desdictes  langues  et  matières  y  contenues,  que, 
de  bref,  nous  espérons  achever  le  tout  et  estre  prests 
de  l'exposer  en  vente,  et  que  je  ne  doubte  pas  qu'il  ne 
se  trouve  aucuns  malicieux,  d'autres  ignorants,  quel- 
ques-ungs  aussi  craintifs  et  doubteux  qui  voudroyent 
par  adventure  calumnier,  rejecter  ou  tenir  ceste  nostre 
entreprinse  pour  suspecte  et  superflue  et  par  ainsi  dé- 
gouster  les  catholiques  de  s'oser  servir  de  l'aide  qu'en 
cela  nous  avons,  sans  rien  y  espargner  du  nostre,  ni  de 
celuy  de  nos  amis,  tasché  leur  faire  et  présenter  :  Pour- 
tant est  ce,  Messigneurs,  que,  me  confiant  en  vostre  hu- 
manité, bonne  affection,  sainct  désir  et  piété  que  vous 
portés  à  l'advancement  de  ceux  qui  sont  amateurs  et 
studieux  des  sainctes  lectres  et  de  nostre  très  saincte 
foy  et  religion  catholique,  je  vous  supplie  très  humble- 
ment et  requiers,  au  nom  de  Dieu  de  qui  est  et  provient 
toute  bonne  œuvre,  qu'il  vous  plaise  nous  faire  ce  bien 
de  visiter  lesdiaes  Sainctes  Bibles  et  autres  livres  et 
nous  faire  tant  d'honneur  que  de  vouloir  nous  donner 
vostre  censure  de  chaicun  desdicts  livres  et  approbation 
pa/  escrit,  sous  la  confirmation  de  vos  signes,  afin  que 
d'îcelle  nous  puissions  honorer  la  fin  de  ceste  nostre 
entreprinse  et  ouvrage. 

Quoy  faisant, 

Messeigneurs  très  honorés,  vouis  ferés  service  à  Dieo, 
profict  à  la  république  chrestienne  et  à  moy  ung  singu- 
Uer  plaisir,  duquel  je  tascheray  toute  ma  vie  de  n'estre 


—  297  — 

veu  ingrat  envers  nul  de  tons  ceux  qui  m'âufês  honoré 
d'un  tel  bienfaict  et  prieray  Dieu  pour  vostre  prospérité 
et  bonne  santé. 
D'Anvers. 

316.  -—  Plantin  à  Gilbert  4'Ognies. 

^Martij  1372. 
Au  très  noble  et  R°*  Évesque  de  Toumay. 

J*envoye  icy  à  vostre  très  noble  et  R"*  S*  le  reste  des 
cahiers  de  TAntiphonaire  pour  la  panie  d'hiver.  Et, 
d'autant  que  les  gellées  ont  tellement  continué  depuis 
avoir  achevé  lesdictes  parties  qu'impossible  eust  esté  de 
faire  faire  bonne  reliure,  j'ay  tousjours  diflféré  d'en 
bailler  à  relier.  Je  désirerois  aussi  estre  adverty  com- 
ment je  doibs  conjoindre  lesdictes  parties  ;  asçavoir,  si 
du  Commune  Sanctorum  et  du  Proprium  de  Sanctis  je 
doibs  faire  faire  ung  volume,  ou  bien  si  je  doibs  faire 
conjoindre  le  tout  avec  de  Tempore,  car  aucuns  trouvent 
mieux  qu'on  relie  le  Commune  Sanctorum  avec  le 
Psalterium,  les  autres  le  veulent  autrement.  Mesmes 
aucuns  disent  qu'ils  veulent  attendre  que  pars  iEstivalis 
de  Tempore  soit  aussi  du  tout  achevée,  pour  faire  lier 
les  deux  ensemble  et  l'autre  aussi  de  Sanctis,  pour  les 
£aire  aussi  lier  ensemble  avec  ledict  Commuoe. 

Et  ainsi,  je  supplie  V.  R°*  S*'  de  me  faire  entendre 
sa  volonté.  Quant  aux  parties  d'esté,  tant  de  Tempore 
que  de  Sanctis,  elles  seront  achevées.  Dieu  aidant,  à 
l'Ascension  pour  les  pouvoir  faire  lier  alors,  ainsi  qu'il 
plaira  à  chacun  de  l'ordonner. 

Cependant  je  prie  Nostre  Seigneur  qu'il  nous  veuille 
conserver  V.  très  noble  et  R"'  S*'  etc. 


-  298  - 

317.  —  Plantin  à  !^C'  de  Gonemlle  (de  Geneuille)  *. 

Monsigneur,  Monsieur  de  Geneueille, 
audiencier  de  rUl"'  Gard,  de  Granvelle,  vice-roy,  etc. 

Monsigneur,  J'ay  esté  et  suis  plus  triste  que  son  Dl"* 
S**  n*ait  peu  avoir  contentement  de  la  réception  d*an 
Messel  entier  que  de  la  perte  des  exemplaires  qui  reste- 
ront icy  imparfaicts.  Et,  n'eust  esté  que  Mons'  le  vicaire 
général  de  son  Ill°*  S'*  m'avoit  acertené  que  toutes  les 
feilles  avoyent  esté  envoyées,  je  n'eusse  failli  de  les 
envoyer,  dès  la  réception  des  lectres  de  V.  S.  du  14  de 
septembre  dernier,  aussi  bien  que  je  le  fay  ores,  car 
j*ay  présentement  envoyé  à  mondict  Seigneur  le  Vicaire 
général*  toutes  les  feilles  destinées  aux  registres* des 
lectres  de  vostredicte  signeurie,tant  du  14  de  septembre 
dernier  que  du  3  de  janvier  dernier,  qui  m'ont  premiè- 
rement esté  délivrées  avant  hier,  et  sont  comme  s'en 
suict  : 

Du  premier  en  parchemin  : 

¥.  ¥¥.  ¥¥¥.  ¥¥¥¥.  ¥¥¥¥¥,  qui  sout  les  cahiers  du 
commencement. 

1,  Plantin  orthographie  de  façons  très  diverses  le  nom  de  Tau- 
diender  du  cardinal  de  Granvelle.  Par  une  sorte  de  fatalité,  il  n*est 
guère  possible  de  distinguer,  dans  les  nombreuses  répétitions  de  ce 
nom,  si  la  première  voyelle  est  un  «  ou  un  0  et  comme  Vu  et  le  v 
sont  la  même  lettre  dans  l'écriture  de  ce  temps,  on  pouvait  lire 
Goneville  ou  Geneuille.  Le  nom  du  personnage  ne  nous  étant  pas 
connu  par  d'autres  documents,  nous  avons  adopté  jusqu'ici,  mais 
non  sans  hésitation,  la  première  orthographe.  Nous  croyons  nous 
être  trompé.  En  effet,  il  existe  en  Belgique  une  localité  Geneuille, 
dont  probablement  l'audiender  portait  le  nom.  Ce  fait,  joint  à  la 
forme  ambiguë  des  lettres,  nous  fait  préférer  la  dernière  orthographe. 

2.  Max  Morillon. 


—  299  — 

A.  B.  C.  D.  E.  O.  P.  O.,  qui  est  du  Proprium  de 
Tempore  et  avec  cela  : 

c.  d.  e.  f.  g.  h.  i.  k.  1.,  qui  sont  du  Proprium  de 
Sanctis. 

EE.  FF.  GG.  HH.  II.,  qui  est  du  Commune  Sancto- 
rum. 

Les  semblables  en  papier. 

Item  pour  parfaire  l'autre  exemplaire  annoté  le  3  jan- 
vier : 

Q,  R.  S.  T.  V.  X.  Y.  Z.  et  le  canon  1.  HH.  II.,  qui 

est  tout  ce  qui  restoit  pour  parfaire  les  trois  Missels 
envoyés  par  diverses  parties. 

Suppliant  V.  S.  de  m'excuser  envers,  son  Ill*°*  et  R"® 
S^®  et  m'entretenir  en  sa  bonne  grâce,  suppliant  aussi 
d'estre  recommandé  à  celle  de  V.  S.  et  je  prieray  Dieu 
nous  la  conserver  en  la  sienne. 

D'Anvers,  ce  6  mars  1572. 


318.  —  Tlantin  à  Max  Marillan. 

A  monsigneur  Max  Morillon,  vicaire  général 
du  très  illustre  Card.  de  Granvelle. 

Suivant  l'ordonnance  de  mon  très  illustre  seigneur  le 
Cardinal  et  les  spécifications  de  M'  de  Geneuelle,  j 'en- 
voyé ici  à  V.  R.  S.  les  cahiers  qui  défaillent  aux  trois 
Missaux  envoyés  à  diverses  fois  par  les  postes,  durant  la 
première  impression  dudict  Messel,  asçavoir  de  deux 
en  papier  et  d'ung  en  parchemin,  lesquels  j'ay  séparé 
en  trois  parties,  afin  que  V.  S.   les  puisse  discerner  et^ 


^  300  — 

envoyer  à  sa  commodité.  J'ay  adjouxté  une  feille  en 
laquelle,  pour  la  commodité  de  ceux  qui  disent  les 
messes  sans  chanter,  j'ay  imprimé  les  préfaces,  sans 
notes  et  à  la  fin  l'image  de  nostre  Seigneur  en  la  croix 
qui,  à  mon  advis,  ne  desplaira  pas  à  V.  S.,  à  laquelle  je 
supplie  recevoir  mon  aflfection  pour  humble  service  et 
me  vouloir  conmiander  en  tout  ce  qu'il  luy  plaira.  Et 
je  prieray  Dieu  la  nous  conserver  en  santé  et  heureuse 
prospérité. 
D'Anvers,  ce  8  de  mars  1572. 


319.  —  Vlantin  au  Cardinal  de  GranvelU. 

Au  très  illustre  S',  monseigneur  le  cardinal  de  Granvelle, 

vice-roy,  etc. 

Très  illustre  S% 

Le  5  du  présent,  j'ay  receu  les  lectrcs  de  Vostre  très 
illustre  Ex*^*  dattées  du  dernier  de  décembre,  avec  les 
vers  du  S'  Gambara,  lesquels  j'ay  incontinent  délivrés 
entre  les  mains  des  censeurs  de  livres  en  ceste  ville 
pour  les  approuver,  afin  de  les  envoyer  à  Bruxelles 
pour  en  obtenir  le  congé  de  les  imprimer,  ce  que  je 
ferây  en'  la  plus  grande  diligence  qu'il  me  sera  possible, 
ainsi  que  de  livrer,  incontinent  après,  les  60  exemplaires 
à  Monsieur  le  Provost  d'Aire,  pour  les  envoyer  par  la 
poste,  ainsi  que  maintenant  j'ay  faict  des  feilles  désirées 
aux  Messels,  suivant  l'advertissement  que  m'en  a  faict 
Mons'  de  Geneueille. 

Nous  désirons  grandement  le  reste  des  corrections 
s|ir  l'Ecclésiasticque  de  Monsigneur  l'illustrissime  Sirlet, 


—  3^^-  — 

car  piéçà  avons  recea  celles  qu'il  a  faictes ,  sur  les 
Pseaumes  et  jà  les  avons  imprimées  entre  les  diverses 
leçons  de  TApparatus  sacer  des  grandes  Bibles  royales  * 
que  nous  espérons  achever  dedans  15  jours  et  ne  fau- 
dray  d'en  garder  trois  exemplaires  pour  les  Bibliothèques 
de  V.  Ex"  très  illustre  et  de  m'employer  de  toutes  mes 
forces  et  toute  ma  vie  en  tout  ce  que  je  sçauray  estre 
utile  ou  commode  aux  Églises  -et  à  Tadvancement  de 
nostre  saincte  foy  catholicque,  apostolique  et  Romaine 
et,  par  conséquent,  agréable  à  V.  Exe"  très  illustre, 
laquelle  je  prie  Dieu  nous  yçiiloir  conserver  en  bonne 
santé  et  bien  heureuse  prospérité. 
D'Anvers,  ce  6  mars  1572. 


320.  —  Tlantin  à  Louis  del  T(jo  '. 

A  Monsigneur  Monsieur  le  conseiller  del  Rio. 

Qjiand  les  lectres  de  V.  S.  ont  esté  délivrées  en  mon 
logis  à  mon  gendre  Jehan  Mourentorf,  j'estois  chez 
Monsg^  le  docteur,  fort  empesché  à  faire  contregarder 
les  parties  des  Bibbs  royales,  qui  y  sont,  des  eaux  du 
dégel,  qui  autrement  nous  les  eussent  gastées;  le 
mesmes  me  convint  il  aussi  faire  en  nostre  logis  qui  fut 
la  cause  que  mondict   gendre  respondit  de   bouche  à 

1 .  Ulustr,  'D,  SirUii  S.  %,,  5.  Cardinalis,  annotationes  variarum 
Uctionum  in  Tsalmos,  ad  Sacri  'Bibîiarum  apparatus  instructionem. 

Les  notes  sur  l'Ecclésiastique  n'ont  pas  paru. 

2.  Louis  del  Rio  naquit  à  Bruges,  en  1537,  ^^  parents  espagnols. 
Il  revint  aux  Pays-Bas  à  la  suite  du  duc  d'Albe  avec  le  titre  de  con- 
seiller. Il  fut  successivement  membre*  du  Conseil  des  Troubles  et  du 
Conseil  privé  et  mourut  le  51  juillet  i$78. 


—  ^oz  — 

monsignear  vostre  cousin  Jeronimo  Delrio  ^  et  depuis 
s'oblia  de  me  monstrer  lesdictes  lectres  jusques  à  ce 
jourd'huy,  que  j*ay  incontinent  escrit  ce  mot  pour  sup- 
plier vostredicte  Signeurie  qu'il  luy  plaise  m*excuser 
dé  ce  que  je  n'aurois  incontinent  respondu  moy-mesmes, 
comme  je  l'eusse  faict  sans  ledict  accident.  Quant  aux- 
dictes  Bibles  Royales,  elles  sont  achevées  passé  long* 
temps  et  deux  des  volumes  de  l'Apparat,  et  les  envoyray 
quant  il  plaira  à  V.  S.  de  le  mander,  et  le  troisiesme 
volume  (auquel  ne  restera  que  certaines  feilles  du  Die* 
tionnaire  Grec),  incontinenr  qu'il  sera  achevé,  ou  ce  qui 
en  est  faia,  quand  il  luy  plaira,  aussi.  Mais,  quant  au 
prix,  je  n'entreprendray  pas  de  le  constituer  à  l'endroict 
de  Vostredicte  Seigneurie,  joinct  que  j'espère  d'aler  par 
delà  dedans  huict  jours  et  porter  toutes  les  parties  en  cour, 
pour  en  obtenir  la  taxe  de  Vos  Seigneuries,  ausquelles 
j'exposeray  lors  les  fraiz  immenses  y  employés  et  sup- 
plieray  m'estre  gracieux  pour  ladicte  taxe  à  les  j^endre 
au  public;  mais,  quant  à  mes  bons  amis,  signeurs  et 
fauteurs  dont  je  tiens  V.  S.  l'un  des  principaux.  Us  en 
payront  ce  qu'il  leur  plaira  seulement,  sans  avoir  esgard 
à  ladicte  taxe  qu'il  vous  aura  pieu  lors  de  me.  favoriser. 
Et  ainsi  m'incitera  V.  S.  de  tascher  à  faire  mon  debvoir 
de  plus  en  plus  pour  faire  choses  qui  puissent  estre 
utiles  à  la  république  et  honorables  à  Sa  Majesté.  Â 
quoy  toute  ma  vie  je  m'employray  d'aussi  bon  cueur 
que  je  prie  Dieu  nous  y  vouloir  conserver  et  augmenter 
V.  S.  en  bonne  santé  et  heureuse  prospérité. 
D'Anvers,  ce  9  mars  1572. 

I .  Riche  négociant,  à  Anvers. 


—  303  — 

321.  —  Tlantin  à  Gilbert  d'Ognies. 

Au  très  noble  et  R°**  S%  monsigneur 
rÉvesque  de  Tonrnay. 

Très  noble  et  R°«  Seign% 

J'auray  possible  par  mes  précédentes  oblié  de  faire 
entendre  à  V.  R°**  Seigneurie  comme  j'auray,  Dieu  ai- 
dant, achevé,  dedans  3  jours  d'icy,  l'office  de  Tempore 
jusques  à  la  Trinité  et  le  pourray  faire  lier,  s'il  luy 
plaist,  et  à  Messieurs  de  son  Chapitre  pour  estre  prests 
à  envoyer  d'icy  le  Samedi  de  Pasques  fleuries,  de  sorte 
qu'on  s'en  pourra  servir  dès  Pasques.  Et,  quant  au  reste 
qui  ne  sera  si  grand  que  la  moictié  de  ce  qui  en  est 
faict,  le  tout  sera  parachevé.  Dieu  aidant,  devant 
l'Ascension,  et  pounant  j'attendray  encores  autre  advis 
devant  que  commencer  à  faire  lier  les  7  volumes  ordon- 
nés par  l'exprès  de  V.  R°'  S.,  à  laquelle  j'envoie  les 
feilles  pour  le  second  exemplaire,  et  cependant  je  feray 
estendre  les  feilles  de  ce  que  j'ay  depuis  imprimé  et  ce 
que  j'acheveray,  comme  dict  est,  ces  trois  prochains 
jours  en  une  estuves  que  j'ay  céans,  de  sorte  qu'elles 
seront  prestes  pour  les  commencer  à  relier,  sans  aucun 
dommage  dès  le  Vendredi  prochain,  affin  que  lesdicts 
livres  soyent  prests,  comme  dict  est,  pour  les  empacquer 
et  envoyer,  dès  le  Vendredi  ou  samedi  devant  le  S.  Di- 
manche des  Rameaux. 

Qpant  aux  Graduels,  j'espère  aussi  les  imprimer,  si, 
après  les  Antiphonaires  achevés,  la  vente  d'iceux  me 
peut  fournir  aux  despens  qu'il  y  conviendra  faire,  et 
cependant  Mons'  le  maistre  des  cérémonies  de  l'esglise 
de  Malines  besongne  à  ordonner  la  copie. 


—  304  — 

J'ay  imprimé  des  Missels  en  bon  vélin  jusques  au 
nombre  de  24,  desquels  j'ay  envoyé  6  à  messieurs  de 
S*  Pierre  à  Rome  selon  que,  dès  le  temps  que  Sa  Sainc- 
teté  m'envoya  de  Rome  la  copie  corrigée  par  ses  députés, 
lesdicts  signeurs  m'avoyent  ordonné  de  ce  faire  par  mon 
très  illustre  S'  le  Cardinal  de  Granvelle,  qui  m'a  faict 
entendre  que  chaicun  désire  fort  nostre  Impression  en 
Italie.  Depuis  j'ay  vendu  encores  autres  desdicts  exem- 
plaires en  parchemin,  desquels  j'en  ay  encores  quelques- 
ungs  qui  sont  au  commandement  de  V.  K^^  S***. 

Je  fay  mes  apprestes  pour  imprimer  les  Bréviaires  en 
grand  volume,  incontinent  que  j'auray  du  tout  achevé 
nos  grandes  Bibles  royales  et  commencé  à  en  retirer 
argent  pour  fournir  aux  fraiz  qu'autrement  je  ne  pour- 
rois  porter  tout  à  la  fois,  de  tant  et  si  coustageuses  ou- 
vrages en  ung  mesme  temps.  Au  reste,  je  remercie  très 
humblement  vostre  très  noble  et  R™"  S'*  des  biens  qu'il 
luy  plaist  me  faire  et  offrir,  ce  qui  me  rend  d'autant 
obligé  à  me  sousmectre  en  tout  ce  qu'il  luy  plaira  me 
commander  et  à  prier  Dieu  pour  sa  prospérité  et  bonne 
santé. 

D'Anvers,  ce  15  mars. 


322.  —  Tlantin  à  Joannes  Sylvius  *. 

(Plantin  avait  reçu  une  lettre  de  Sylvius  écrite  à  Tadresse  d* Arias 
Montanus  et  de  lui-même.  Arias  Ta  chargé  de  répondre  à  la  partie 
qui  concerne  l'imprimeur  et  Plantin  s'acquitte  de  cette  tâche.  Il 

I.  Joannes  Sylvius  (Jean  du  Bois;,  natif  d'Arras  et  seigneur  de 
Sapigny  en  Artois,  écrivit  et  commenta  des  ouvrages  religieux  en 
grec.  Plantin  imprima  de  lui,  en  1571,  Cathemerinon  ex  precaioriis 
gracorum  libelîis  congestum,  texte  grec  et  latin. 


—  305  — 

s'étonne  que  Sylvius  ait  traité  sur  le  même  pied  un  personnage  aussi 
éminent  qu'Arias  Montanus  et  un  homme  aussi  modeste  de  naissance 
et  de  position  que  lui-même.  Il  est  tout  prêt  à  imprimer  les  écrits 
de  Sylvius,  si  quelqu'un  en  veut  porter  les  frais,  mais  lui-même 
n'ose  se  charger  de  publier  des  livres,  très  savants  et  pieux,  mais 
d'un  débit  difficile. 

Sylvius  lui  a  reproché  de  ne  s'être  point  donné  assez  de  peine 
pour  faire  connaître  son  Cathemerinon;  ajoutant  que,  %i  le  volume 
avait  été  suffisamment  annoncé  et  envoyé  aux  libraires,  il  n'en 
resterait  plus  un  seul  exemplaire  en  magasin.  Beaucoup  se  plaignent 
de  ne  pas  recevoir  son  livre,  quoiqu'ils  l'aient  demandé. 

Plantin  répond  qu'il  voudrait  connaître  ceux  qui  font  entendre 
cette  plainte.  Lors  de  la  publication  de  l'ouvrage,  il  a  envoyé  des 
exemplaires  aux  libraires,  mais  personne  n'en  a  commandé.  Il  en  a 
expédié  bon  nombre  à  Paris  ;  mais  son  représentant  en  cette  ville, 
qui  est  en  ce  moment  à  Anvers,  lui  assure  qu'il  n'est  point  parvenu 
à  vendre,  à  tous  les  autres  acheteurs  ensemble,  autant  d'exemplaires 
que  Sylvius  seul  en  a  pris  lorsqu'il  était  dans  cette  dernière  ville. 
C'est  pourquoi,  Plantin  lui  offi-e  volontiers  ce  qui  lui  reste  de  l'édition. 

Sylvius  n'a  point  à  s'excuser  de  la  mauvaise  vente  de  son  livre. 
Plantin  ne  s'en  plaint  point,  mais  il  n'ose  se  charger  d'impressions 
nouvelles.  Il  y  a  dans  la  ville  d'Anvers  et  à  Paris  un  grand  nombre 
d'imprimeurs  capables  :  que  l'auteur  traite  avec  eux  ou  lui  amène 
quelqu'un  qui  réponde  des  frais.  Dans  ce  cas,  il  se  chargera  d'impri- 
mer ses  ouvrages  sans  profit  personnel.  Pour  permettre  à  Sylvius 
d'agir  en  tout  ceci  à  sa  guise,  il  lui  renvoie  son  sac  et  tout  ce  qu'il 
a  reçu  de  lui  et  du  recteur  du  collège  des  jésuites  à  Paris.) 

Doctissimo  Viro  Domino  Johanni  Silvio  Atrebatensi. 

Hestema  die  fascicuium  111.  viro  Dno  B.  Arias  Mon- 
tano  ascriptum,  vel  in  ejus  absentiâ  mihi,  postquam 
accepi,  vir  doctissime,  ego  statim  pro  more  ad  aedes 
regiaSy  ubî  vir  ille  tamquam  legatus  Regias.  majestatis 
agit,  me  contuli,  cumquè  illi  obtulissem,  jussit  aperiri, 
lectaque  communi  inscriptione  litterarum  tuarum,  mihi 
îllas  reddidit  legendas.  Quod  cum  facerem  intelligeret- 
que  nunc  se  nunc  me  illis  interpellari,  jussit  mecum 
illas   ut  domam  reportarem  tibique  prius  ad  ea  quae  ad 


me  spectant  responderem,  tum  vero  illî  remitterem 
easdem  postea,  si  opus  fuerit,  responsuro  per  otium  quo 
Dunc  omnino  se  carere  dicebat. 

Paucis  itaque,  meas  ut  partes  agam  :  miror  primum 
quid  tibi  venerit  in  mentem,  mi  Silvi,  litteris  tuis  con- 
jugium  tato  inaequale  facere  ;  quid  namque  mihi  parvi 
momenti  homini  cum  tanti  viro  commune  ? 

Benedictus  siquidem  Ârias  Montanus  doctor  est  S. 
Theologiae,  S.  Jacobi  ensigeri  in  Hispania  miles,  Régis 
nostri  in  causa  pia  ad  bas  regiones  legatus  quique  auc- 
toritate  sua  apud  Regem,  Ducem  Âlbanum  et  alias  pro- 
ceres  plurimum  valeat  ;  ego  vero  plebeius  homo,  libro- 
rum  impressor^  famulorum  régis  infimus  et  omnibus  piis 
et  doctis  viris  addictus,  inter  quos  te  merito  habeo^et 
magni  facio,  tuaque  libenter,  cathegorice  ut  respondeam, 
praelo  committerem  si  qui  sint  qui  sumptus  facere  velint; 
me  vero  ita  maximis  oneribus  ferendis  attenuatum  tsse 
sentio,  ut  jam  non  ausim  docta  ista  quidem  et  pia  opé- 
ra, sed  quae  vulgo  non  distrahantur,  meis  humeris  im- 
ponere. 

Audio  quidem  adhortationes  tuas,  nempe  ut  hue  illuc 
mittam,  distribuam,  faciam  ut  innotescant  ;  hoc  si  de 
Cathemerinis  '  factum  fuisset,  nuUum  nobis  restaret,  ut 
scribîs,  exemplar  ;  quotidie  a  pluribus  hic  et  illic  effla- 
gitari,  tum  a  Bibliopolis  tum  ab  aliis,  neque  uUa  tamen 
a  nobis  mitti  exemplaria,  adeoque  jam  complures  tecum 
expostulare  ac  si  ipsis  inviderentur. 

Vis  tibi  dicam,   mi  Silvi,   nescio  qui  sunt  illi  con- 

I .  Cathemerinon  ex  *Precatoriis  gracorum  libeîlis  a  Johanne  Syhio 
Atrehatio  congestum.  Item  brève  aliud  cathemerinon  ah  eodem  Syhio  he- 
roicis  versibus  conscriptum  :  utrumque  in  pietatis  et  lingiue  graca  candt- 
datorutu gratiam  latine  redditum,  Plantin,  1571,  in-80. 


—  307  — 

questores  aut  quam  vere  conqnerantar.  Scio  tamen  et 
nos  iiltro,  cum  primum  fuissent  impressi/  misisse,  ut 
solemus,  libros  novos  ad  omnes  Bibliopolas,  qui  quid 
aliud  a  nobis  evocarunt  ut  innotesçerent.  Postea  vero 
nemo  evocavit,  neque  scio  alium  modum  libros  distra- 
hendi.  Lutetiam  misi  satis  bonum  numerum.  Jurât  vero 
institor  noster  *,  quem  illinc  hue  certis  de  causis  evoca- 
tuniy  cum  tibi  nunc  respondeo,  prsesentem  habeo,  se 
non  tôt  alia  omnibus  obtrusa  potuisse  divendere  exem- 
plaria  quot  tu  ipse  solus,  dum  illic  esses,  ab  eo  emisti, 
unde  et  tibi  majores  habeo  gratias  et  reliqua  omnia  quse 
nobis  restant  exemplaria  libentissime  oflfero.  Non  est 
proinde  quod  de  non  satis  fructuosa  Cathemerinorum 
editione  meis  querelis  a  te  expressa  veritate  veniam 
petas,  non  sunt  certe  quae  scripsi  querelae  sed  testimonia 
certa,  quare  non  audeam  haec  tua  jam  suscipere  impri- 
menda.  Atqui  commendantur  a  sunmiis  viris,  expetantur, 
efflagitantur.  Respondeo  :  impressores  sunt  hic,  alii  sunt 
Parisiisy  plurimi  paratissimi  et  aptissimi  ;  cuiïl  illis  agas, 
vei  prodeat  aliquis  qui,  ut  dixi,  suis  sumptibus  mihi 
mandet  imprimi,  parebo  ilico  et  de  meo  nonnihil  in 
gratiam  reipublicae  Christianae  sine  uila  lucri  spe  addam, 
Utque  hoc  tibi  sit  liberum,  ecce  saccum  tuum  ad  te 
remitto  cum  omnibus  illis  quse,  tum  ab  ipso  doctissimo 
et  pientissimo  rectore  coUegii  Societatis  Jesu  Parisiis, 
tum  abs  te,  accepi  et  gratias  habeo. 

I.  Gilles  Beys  qui,  depuis  1567,  gérait  la  librairie  plantinienne  à 
Paris  et  qui,  le  7  octobre  1572,  épousa  Madeleine  PiantiQ. 


—  3o8  — 

323.  —  Tlantin  à  François  %ichardot, 
A  Monseigneur  monsieur  le  R°®  Évesque  d'Arras. 

Je  remercie  très  humblement  V.  R°**  S*'  de  ce  qu'il 
luy  plaist  avoir  aggréable  mon  petit  mais  très  affectionné 
service,  la  suppliant  d'ainsi  vouloir  continuer;  ce  que  je 
cognoistray,  lorsqu'icelle  m'employera  en  choses  que  je 
puisse  pour  son  service.  Quant  aux  fautes  advenues  en 
l'impression  de  ses  sermons  sur  l'oraison  Dominicale  et 
Missus  \  soit  par  nous^  soit  par  l'exemplaire,  s'il  luy 
plaist  me  les  faire  sçavoir,  je  les  imprimeray  très  volon- 
tiers en  quelque  feillet  pour  les  concoudre  aux  livres 
imprimés. 

Et  cependant,  je  prieray  Dieu  nous  vouloir  conserver 
V.  R.  S**  en  bonne  santé  et  heureuse  prospérité. 

D'Anvers,  ce  21  mars  1572. 


324.  —  Tlantin  à  Gilbert  d'Ognies. 

Au  très  noble  et  R"*"  S'^  monsigneur  l'Évesque  de 

Tournay. 

J'ay  receu  50  patars  pour  le  paquet  des  Catéchismes 
envoyés  par  cy-devant  et,  suivant  l'ordonnance  de  V. 
très  noble  et  R.  S.,  je  luy  envoyé  le  Gjmmune  Sancto- 
rum,  déjà  accompagné  de  ce  qu'avons  imprimé  des  An- 
dphonaires  jusques  à  la  Trinité,  pour  avoir  les  deux 

I.  Six  Sermons  sur  V explication  de  V oraison  dominicale  et  aultres 
quatre  sur  l'histoire  de  l'incarnation  de  nostre  %idempteur  Jésus-Christ, 
insérée  au  premier  Chap,  de  S^  Luc  que  Von  dit  communément  VÈvangile 
de  Mbsus  est  :  Tous  faicti  en  la  ville  de  Douay  par  O^essire  Françoys 
%ichardoty  Évesque  d'%Arras.  Plantin,  1572,  in-80. 


—  309  —       , 

exemplaires  parfaicts  de  la  partie  Hyémale,  et  avec  ce 
deux  Missals  en  parchemin,  desquels  celuy  du  plus 
petit  parchemin  est  de  la  première  édition  et  vaudroit 
quarante  florins;  l'autre  est  de  la  dernière  (qui  n'a  rien 
que  des  figures  davantage)  et  cousteroit  cinquante  flo- 
rins, le  tout  sans  relier,  asseurant  V.  R"*  S**  que  je  ne 
pourrois  maintenant  trouver  tel  parchemin  audict  prix, 
sans  en  rien  compter  l'impression  ni  autre  travail  et 
menues  despenses  que  convient  faire  beaucoup  plus  qu'au 
papier.  S'il  est  chose  davantage  que  je  puisse  pour  le 
service  de  V.R"**  S'*,  me  l'ordonnant,  je  m'y  employeray 
d'aussi  bon  cueur  que  je  prie  Nostre  Seigneur  Dieu  la 
nous  maintenir  en  bonne  santé  et  heureuse  prospérité. 
D'Anvers,  ce  25  mars. 


325.  —  TIantin  à  Henricpetri  \ 

(Lettre  de  recommandation  donnée^  par  Planùn  à  Louis  Ferez  et 
adressée  à  Henri  Pétri.) 

Henrico  Pétri, 

S.  P.  Q.ui  has  vel  reddet  vel  tibi  tradi  curabit  frater 
est  illius  Marci  Perezii  '  qui  apud  vos  nuper  diem  suum 
obiit,  vir  cerie  omnium  bonorum  virorum  commenda- 
tione  dignissimus.  Quare  ego  illum  quanto  possum  ani- 
mi  aflcctum  tibi  commendatum  esse  avidissime  pcrcupio 

1.  Henricpetri  (Henri  Pétri),  fameux  imprimeur  de  Bâle,  né  en 
1508,  mort  en  1579,  <^û-igea  l'imprimerie  fondée  par  son  grand  oncle 
Jean  Pétri  et  continuée  par  son  père  Adam.  U  avait  étudié  la  méde- 
cine et  fut  anobli  par  Charles  V. 

2.  Marco  Perez,  d*origine  espagnole,  riche  négociant  à  Anvers, 
fut  chef  du  consistoire  des  calvinistes  et  joua  un  rôle  considérable 
dans  les  troubles  de  la  religion.  Son  frère  Louis,  également  négociant 
à  Anvers,  était  en  continuelle  relation  d'aâaires  avec  Plantin. 

20 


—  310  — 

et  rogo  atque  obsecro  ut  illum  omnibus  in  rébus  consi- 
lio  et  re,  si  opus  fuerit,  juvare  velis  et,  quicquid  illî 
feceris,  mihi  prorsus  reipsa  praestitum  habebo,  atque  hac 
mea  schedula  propria  manu  scripta  ■  me  tibi  omnibus 
modîs  liberaliter  satisfacturum  polliceor  et  aflSrmo  et 
proinde  iterum  rogo  ut,  si  is  vir  aliqua  forte  summa  pecu- 
niarum  indiguerit,  ut  nuUo  modo  dubites  illi  credere  et 
statim,  ubi  vel  verbo  significaveris,  ego  bona  fide  curabo 
tibi  restitui  cum  gratia  débita.  Hac  in  re  si,  ut  spero, 
mihi  gratificare  dignatus  fueris,  tu  me  totum  tibi  et 
tuis  obligabis.  Vale. 

Antverpiae,  2  aprilis  1572. 


326.  —  Plantin  à  Mathieu  Galenus  *. 

(Plantin  répète  ce  qu'il  a  déjà  dît  au  doyen  du  collège  théologique 
de  Douai  et  affirme  qu'il  b'a  eu  entre  les  mains  que  pendant  une 
demi-heure  le  livre  d'Aruch,  le  temps  de  le  montrer  à  Gui  Lefèvre 
et  de  Tenvelopper  de  nouveau. Ce  dernier  savant,  ayant  terminé  son 
ouvrage  sur  le  Syro-Chaldéen  et  n'ayaat  pas  le  temps  de  comparer 
celui  de  Galenus  avec  le  sien,  ce  voulut  point  le  priver  de  son  livre. 
Il  n'a  jamais  reçu  de  lettres  de  Galenus  auxquelles  il  n'ait  répondu 
et  n'a  jamais  rien  appris  de  Vandevillius  touchant  cette  affaire.) 

Domino  Matthaeo  Galeno,  etc. 

Id  quod  pridem  respondi  et  dixi  Domino  Decano 
CoUegii  theologici  Academiae  Duacensis  idem  nunc 
confirmo   et   sancte   juro  verissimum   esse,  nempe  me 

I.  Matthieu  Galenus,  né  à  Westcapelle  en  Zélande,  étudia  à  Gand, 
succéda  à  Guillaume  Lindanus  comme  professeur  à  l'université  d'In- 
golstadt,  devint  plus  tard  prévôt  de  Douai  et  chancelier  de  l'univer- 
sité de  la  même  ville.  Il  écrivit  plusieurs  ouvrages  de  théologie  et 
mourut  en  1573. 


—  311  — 

Aruch  tuum  nunquam  diutius  habuisse  quam  dum,prae- 
sente  nuntio  qui  sarcinulam  attulerat,  aperirem  et  nostro 
Guidoni  Fabricio  ad  hoc  evocato  ostenderem,  quod 
semihorulae  spacio  factum  fuisse  contenderim,  atque  illico 
eadem  papyro  et  chorda  rursus  involutum  et  ligatum 
eidem  nuntio  qui  attulerat  reddidi  et  litteras  nostras 
etiam  ex  tempore  scriptas  addidi,  quibus  idipsum  quod 
jam  hic  dixi  scribebam,  causa  addita,  partim  quod  dictum 
Dominum  Guidonem  Fabricium  jam  ad  ânem  perduxis- 
sct  suum  opus  Syrocaldaicum,  partim  quod,  cum  illi 
tune  non  vacaret  tuum  cum  suo  conferre,  noUemus  tua 
studia  et  pios  conatus  retardare,  maxime  cum  significares 
te  non  posse  sine  dispendio  eo  libro  carere.Quare  omni 
prorsus  culpa  me  carere  sentio  et  testor,  neque  me 
unquam  litteras .  abs  te  uUas  récépissé  quibus  non 
responderim  memini.  A  D.  Vandevillio  '  vero  de  hac  re 
nuUas  quod  sciam  unquam  accepi. 

I .  Jean  Vendevillius  (Vandevillius,  Vandewillius,  Vande  Wid  ?) 
naquit  à  Lille,  le  24  juin  1327,  étudia  le  droit  à  Paris  et  à  Louvain 
où  il  conquit  le  grade  de  docteur.  Il  Tut  nommé  successivement  pro- 
fesseur de  droit  à  l'université  de  Douai,  conseiller  et  maître  de  re- 
quêtes au  conseil  privé  du  roi.  Étant  devenu  veuf,  il  fut  nommé 
évêque  de  Tournai.  Il  écrivit  plusieurs  ouvrages  de  droit  et  mourut 
à  Tournai,  le  15  octobre  1592. 


—  312  — 

327.  —  Plantin  au  cardinal  de  Granvelle. 

26  apvril  I  572. 

Au  très  illustre  et  Révérendissîme  S'  Monseigneur  le 
Cardinal  de  Granvelle,    Viceroy  dç  Napjes,  etc. 

Très  illustre  et  R"^  Seigneur, 

Cejourdhuy  retourné  de  convoyer  monsieur  le  Doc- 
teur Benedictus  Arias  Montanus,  qui,  par  ordonnance 
de  la  majesté  Catholique  le  Roy  nostre  maistre,  à  la 
bonne  heure,  accompagné  de  monsieur  Tarchidiacre  Lié- 
vin  Torrentius,'  s'en  va  à  Rome,  j'ay  trouvé  les  lectres 
de  V.  S*  très  illustre  du  XXIII  du  passé,  avec  le  Bref 
que,  de  sa  grâcç  singulière,  il  luy  a  pieu  me  faire  pro- 
curer et  obtenir  pour  pouvoir  imprimer  les  Heures  de 
Nostre  Dame,  selon  la  nouvelle  correction  et  sans  mes- 
prendre  contre  la  bulle  de  Sa  S'*^  et  que  non  seule- 
ment il  luy  a  pieu  me  faire  ce  bien,  que  le  S^  Çayas 
faisoit  procurer  de  la  part  de  Sa  Majesté,  que  je  les 
peusse  imprimer  pour  ks  royaumes  d'Espagne,  mais 
aussi   par  tout   où   la   distribution  s'en  pourra  faire.  De 

I.  Laevinus  Torrentius  (Liévin  Van  der  Beken),  naquit  à  Gand, 
le  8  mars  1525,  étudia  à  Louvain  et  y  prit  le  grade  de  licencié  en 
droit  canon  et  civil.  Il  devint  chanoine  de  S»  Lambert  de  Liège,  en- 
suite archidiacre  de  Brabant,  dans  la  même  église,  et  enfin  vicaire 
général  de  Tévêque  Gérard  de  Groesbeeck.  Nommé  évêqued*  An  vers, 
en  1576,  il  ne  put  prendre  possession  de  son  siège  qu'en  1587. 
Désigné  comme  archevêque  de  Malines  vers  1594,  il  mourut  à 
Bruxelles,  le  26  avril  159$,  avant  d'avoir  reçu  ses  bulles. Plantin  im- 
prima de  lui  :  luevini  Torrentii  poemata,  1579;  Suelonii  Tranquilli 
XII  Cifsares^  1578  ;  Jean  Moretus  publia  :  Q.  Horatius  Flaccus  cum 
erudito  Lavini  Torrentii  Commentario,  1608. Torrentius  publia  encore 
chez  Plantin,  en  1580,  les  œuvres  posthumes  de  Joannes  Goropius 
Becanus. 


■ni 


—  313  — 

quoy,  outre  une  infinité  de  bienfaicts  que  je  recongnois 
avoir  receu  d'icelle,  tant  s'en  faut  que  je  la  peusse  assés 
remercier  ou  rendre  grâces,  que  je  confesse  ne  pouvoir 
jamais  m'en  tenir,  ni  moy  ni  les  miens,  trop  obligés  à 
icelle  et  par  conséquent  tenus  d'obéir  et  de  nous  em- 
ployer de  cueur  et  de  corps  à  l'exécution  de  tout  ce 
qu'il  luy  plaira  commander  par  soy  et  par  les  siens, 
comme  aussi,  à  toutes  occasions,  je  tascheray  toute  ma 
vie  de  le  déclarer  et  monstrer  par  effect.  Lequel,  si  à  la 
fois  ne  respond  à  l'expectation  de  V.  111"®  S'*,  je  la 
supplie  très  humblement  de  se  persuader  que  ce  n'aura 
esté  par  quelque  faute  de  bonne  volonté,  affection  et 
désirs  miens,  mais  de  sçavoir  et  pouvoir. 


328.  —    Tlantin  à  de  GeneuilU. 

A  Monseigneur  monsieur  de  Geneuelle,  auditeur  du 
très  illustre  cardinal  de  Granvelle,vice-roy  de  Naples  etc. 

Monseigneur,  L'affection*  que  j'ay  de  faire  très  humble 
service  à  nostre  bon  Seigneur  et  maistre,  monseigneur 
le  cardinal,  me  faict  désirer  d'entendre  si  la  basle  où 
j'avois  faict  mectre  les  Missals  et  baillée  en  octobre  aux 
Hannoni  pour  la  délivrer  es  mains  de  V.  S.  y  sera  par- 
venue bien  conditionnée,  et  les  feilles  aussi  que  j'ay 
envoyées  le  6  du  passé  à  monseigneur  le  Vicaire  général 
de  son  Excellence  très  illustre,  pour  le  parfournissement 
desdicts  Missels  en  papier  et  d'un  en  parchemin  envoyés 
à  diverses  fois  par  les  postes,  tandis  que  premièrement 
les  imprimions. 

J'ay  depuis  faict  (comme  j'estime  avoir  par  cy-devant 


—  314  — 

adverty  V.  S.)  une  seconde  impression  desdicts  Missals", 
en  laquelle  sont  quasi  toutes  les  figures  propres  selon 
quelque  histoire  de  chaicun  Évangile  et  les  dimenches 
vacants  d'après  les  Rois  répétés  au  long  après  ceux  de 
la  Pentecouste,  dont  j 'envoyé  icy  le  cahier  du  canon, 
auquel,  par  le  consentement  de  Sa  Saincteté  impétré  par 
Sa  Majesté,  est  adjouxté  ce  mpt  :  Et  rege  nostro  N.  et  une 
feille  en  laquelle  j'ay,  pour  la  commodité  de  ceux  qui 
disent  les  messes  sans  chanter,  imprimé  les  préfaces  et 
communicantes  sans  notes  et  ung  (à  mon  advis)  beau 
crucifix  de  taille  douce,  afin  d'en  faire  ce  que  bon  vous 
semblera. 

J'achèveray  aussi,  Dieu  aidant,  en  bien  peu  de  jours 
une  autre  édition  de  la  mesme  forme  et  manière  de 
Missels,  où  le  chant  est  selon  la  coustume  des  Espagnes 
que  je  fay  par  l'ordonnance  de  Sa  M**  catholique.  Des- 
quelles impressions  ou  d'autre  quelconque  chose  qui  soit 
en  mon  pouvoir,  pensés  que  son  Ex"  très  illustre  print 
à  gré  de  voir  ou  faire  voir  à  ses  amis,  je  supplie  V.  S. 
m'en  advertir  et  aussi  de  faire  mes  excuses  envers  icelle 
de  ce  que,  jusques  à  présent,  il  ne  m'a  esté  possible 
d'imprimer  les  poèmes  sacrés  du  S'  Gambara  ;  car, 
encores  que,  dès  le  cinquiesme  jour  du  mois  précédent, 
incontinent  les  avoir  reçu,  je  les  eusse  mis  entre  les 
mains   d'un  des    commissaires   pour    l'impression    des 

I.  La  première  édition  du  Missel  plantinien  fut  commencée  le  26 
janvier  15 71  et  achevée  le  24  juillet  suivant;  la  seconde  fut  com- 
mencée du  13  au  18  août  1571  et  terminée  le  24  mars  1572;  la 
troisième,  destinée  à  l'Espagne,  fut  commencée  du  18  au  24  novem- 
bre 157 1  et  terminée  le  i^r  mai  1572;  la  quatrième,  destinée  au 
même  pays,  fut  commencée  en  mai  157e  et  achevée  au  mois  d'août 
suivant.  (Voir  Max  Rooses,  Christophe  Phintin,  imprimeur  anversois, 
page  162.) 


—  3IS   - 

livres,  qui  me  promîst  de  me  les  rendre  le  lendemain 
soussignés,  si  est  ce  que,  le  jour  mesmes,  il  partit  de 
ceste  ville  pour  certaines  siennes  affaires  et  me  convint 
luy  escrire,  afin  d'avoir  Tauctorité  de  reprendre  ledict 
livre  de  sa  maison,  pour  le  bailler  à  autre  qui  m'en  fict 
milleure  diligence.  Ce  que  fist  volontiers,  selon  sa  cous- 
tume  et  incrédible  diligence  de  faire  plaisir  à  ses  amis, 
monsieur  le  Docteur  Benedictus  Arias  Montanus  qui,  le 
mesme  jour  que  je  les  luy  baillay,  les  parlent  et  approuva. 
Et  depuis  ont  resté  quelques  jours  à  Brusselles  entre  les 
mains  du  Secrétaire,  de  sorte  qu'il  est  advenu  que  je  ne 
les  ay  sceu  recevoir  devant  le  partement  dudict  S*^  B. 
Arias  Montanus,  lequel  pour  certaines^  causes  j'ay  dû 
convoyer  quelques  journées  et,  à  mon  retour,  ay  trouvé 
raporté  de  Brusselles  lesdicts  Poèmes  que  je  vay  faire 
commencer  et  poursuivre.  Dieu  aidant,  jusques  à  la  fin, 
pour  envoyer,  incontinent  après,  le  nombre  déclaré  par 
son  Ex"  très  illustre,  en  la  bonne  grâce  de  laquelle  si 
vostre  S**  me  faict  la  faveur  de  m'entcetenir,  je  me  tien- 
dray  à  jamais  de  plus  en  plus  obligé  à  icelle  et  à  prier 
Dieu  pour  la  bonne  santé  et  heureuse  prospérité  d'icelle. 
D'Anvers,  ce  26  jour  d'apvril  1572. 


329.  —  Plantin  à  3^ax  Morillon, 

A  Monsigneur   Monsieur  Morillon,  Vicaire  Général  du 
très  illustre  Cardinal  de  Granvelle,vice-roy  de  Naples  etc. 

Monseigneur, 

Estant  présentement  retourné  de  convoyer  pour  quel- 
ques journées  monseigneur  le  Docteur  B.  Arias  Monta- 


-  3'6- 

nus,  j'ay  trouvé  les  lectres  de  mon  très  illustre  S%  avec 
le  Bref  de  Sa  S**  et  icelles  de  V.  R.  S.  du  22  du  pré- 
sent, suivant  la  teneur  desquelles,  puisque  il  plaist  à  V. 
R.  S.  m'offrir  ce  redoublement  de  bénéfice  de  m'obtenir 
Toctroy  pour  l'impression  des  Heures  de  Nostre  Dame, 
je  luy  renvoyé  icy  ledict  Brief  de  Sa  S****,  avec  le  billet 
y  joinct,  et  feray,  quant  au  datte  de  celles  de  mon  très 
illustre  S.,  ce  qu'il  a  pieu  à  V.  R.  S.  de  m'advertir. 
Priant  Dieu  la  nous  maintenir  en  bonne  santé  et  heu- 
reuse prospérité. 

D'Anvers,  ce  26  avril  1572. 


330.  —  Plantin  à  Michel  de  Malen  '. 

(L'ouvrage  de  Bullocus  prend  des  proportions  si  considérables 
qu'il  ne  pourra  le  terminer  que  dans  un  mois.  Son  gendre  est  revenu 
de  Francfort  et  a  rapporté  le  catalogue  des  livres  nouveaux.  Dans 
trois  semaines,  la  Bible  royale  sera  terminée;  die  se  vendra  70  florins 
non  reliée.) 

R****  in  Christo  patri  ac  Domino  Domino  Michaeli  a  Malo 
Ninivitarum  Abbati  dignissimo. 

Opus  D.  BuUoci  *,  paucis  ut  R.  P.  V.  litteris  respon- 

1.  Michel  de  Malen,  abbé  de  Ninove.  Il  avait  prêté  1600  florins  à 
Georges  Bullocus,  l'auteur  de  Œconomia  methodica  Concordantiarum 
scriptura  sacra,  ouvrage  imprimé  par  Plantin  en  1572.  Plantin  était 
resté  garant  de  cette  somme  et,  le  10  janvier  1573,  l'auteur  étant 
mort,  l'imprimeur  s'engagea  vis-à-vis  de  Michel  de  Malen  de  la  lui 
rembourser  en  trois  paiements  de  six  mois  en  six  mois.  Les  paiements 
se  firent  beaucoup  plus  lentement.  A  la  mort  de  Plantin,  1554 
florins  étaient  remboursés  ;  le  reste  fut  acquitté  par  Jean  Moretus. 
(joirchives  plant iniennes.  XlXy  24.)  ^ 

2.  Œconomia  methodica  Concordantiarum  scriptura  sacra  :  atithore 
Georgio  BuIhcOy  Plantin,  1572,  grand  in-folio.  L'ouvrage  fut  terminé 


—  317  — 

deam,  ita  in  dies  excrevit  ut,  cum  ante  mensem  credide- 
rim"  me  absolvere  potuisse,  nunc  videam  nos  vix  ante 
mensem  etiam  nunc  posse  perficere.  Gêner  meus  Fran- 
cofordia  sanus,  laus  Deo,  rediit  atque  hoc  catalogo  des- 
criptos  libros  novos  nobis  advehi  curavit.  Biblia  quoque 
Regia  nos,  laus  Deo,  ad  finem  omnino  intra  3  hebdo- 
madas  emittemus  ;  ea  vero  sestimatione  Regia  70  florenis 
venduntur  incompacta.  Si  quid  sit  quod  nomine  R.P. 
V.  possumus,  imperet  illa,  nos  libenter  parebimus  atque 
Deum  opt.  max.  interei  pVecabimur  ut  illum  nobis  diu 
servet  incolumem. 

Antverpiac,  28  aprilis  1572. 


331.  —  Vlantin  à  Mathieu  Galenus. 

(Le  29  avril,  Plantin  a  reçu  les  lettres  écrites  par  Galenus,  le  19 
du  même  mois,  en  même  temps  que  des  lettres  et  d'autres  objets 
destinés  à  Tévêque  Lindanus.  Il  enverra  ces  derniers  le  plus  tôt  pos- 
sible. Quant  à  TAruch,  il  est  indigné  de  la  perfidie  du  messager  (qui 
probablement  n*avait  plus  donné  de  ses  nouvelles)  et  témoignerait 
volontiers  en  justice  contre  lui,  s*il  le  connaissait.  Mais  comment 
aurait-il  songé  à  demander  le  nom  d'un  commissionnaire  qui  ne 
faisait  que  venir  reprendre  ce  qu'il  avait  apporté,  et  comment  le  re- 
connaîtrait-il, après  un  si  long  délai,  lui  qui  est  occupé  de  tant  de 
choses  diverses,  quand  le  licencié  en  théologie  qui  a  remis  l'ouvrage 
ne  le  reconnaîtrait  plus.  Si  Galenus  avait  quelqu'envie  d'intenter 
une  action  en  justice  à  Plantin,  celui-ci  aimerait  mieux  lui  faire  don 
d'un  ouvrage  imprimé  du  même  genre  pour  l'indemniser  en  partie. 


le  30  avril  1572.  L'auteur,  un  docteur  en  théologie  de  Cambridge, qui 
avait  dû  quitter  sa  patrie,  enseigna  la  théologie  à  l'abbaye  de  S^ 
Michel,  à  Anvers.  Il  dédia  son  livre  à  Michel  de  Malen  qui,  par  un 
prêt  généreux,  l'avait  aidé  à  le  publier.  Cette  dédicace  est  datée 
du  8  juillet  1572;  le  10  janvier  suivant,  l'auteur  était  mort. 


.    -  3i8  - 

Si  cela  ne  lui  suffisait  pas,  il  attendrait  avec  patience  ce  que  Galenus 
tenterait  contre  lui.) 

D.  Mattheo  Galeno. 

Litteras  tuas,  doctissime  Galène,  Duaci  13  Kalendas 
maij  scriptas,  ego  3  Kalendas  ejusdem  accepi,  atque 
cum  eis  una  eas  quas  ad  R°""  D.  Lîndanum  destinabas, 
quas  per  primum  nuntium  cum  aliis  nonnullis,  quas  ad 
eumdem  habeo,  mittam.  Ad  Aruch  tuum  quod  attinet, 
doleo  equidem  jacturam  et  perfidiam  nuntii  cui  tu  vel 
tuus  commisit,  prorsus  detestor  et,  si  eum  nossem,  pro- 
derem  libenter  ut  cum  eo  jure  agi  posset.  Sed  qui, 
quasso,  in  menrem  venisset  nomen  latoris  interrogare 
praster  omnem  consuetudinem,  cum  nihil  illi  prorsus 
aliud  comtnitteremus  quam  quod  prius  illi  commissum 
erat.  lUius  namque  omnino  est,  pace  eorum  omnium 
dixerim  qui  aliter  putant,  annotare  nomen  ejus  cui  quid 
crédit,  non  autem  ejus  qui  veluti  recusando  eidem 
eodem  tempore  reddit  quod  illi  creditum  erat,  et  sic 
perpetuo  solemus.  Quod  si  quid  aliud  quam  quod  attu- 
lerat  aut  non  eodem  tempore  reddidissemus,  culpa  nos 
non  carere  fateremur,  si  illud  a  nobis  praetermissum 
aut  neglectum  fuisset.  Quod  si  bonus  ille  S  Th.  Licen- 
tiatus  ob  diuturnitatem  temporis  ait  se  non  posse  re- 
minisci  cuinam  tradiderit,  qui  fieri  posset  ut  nos  tôt 
tamque  variis  distracti  negociis  id  possemus,  cum  ille 
secundo  aut  ad  summum  tertio  fortasse  postea  die  attu- 
lerit  neque  nos  unquam  ne  eodem  quidem  tempore 
honiinem  cognoverimus.  Satis  etenin^  nobis  fuit  tum 
eidem  veiuti  relinquere  quod  concrediium  fuerat. 

Quod  si  quis  sit  tibi  auctor  ut  mecum  jure  agas,  patiar 
libçns  niodo   non   summo  vel  captioso  ut  certe  hac  in 


—  3ï9  — 

re  mihi  videretur  fieri,  si  ex  confessione  acceptî,  sed 
statim  eidem  nuntio  cui  vos  commiseratis  reddiii  libri 
actionem  mecum  intendere  velles. 

Qjiod  si  ex  aequo  et  bono,  ut  decet,  agere  f  élis,  pa- 
ratus  ero  liberaliter  quodvis  istiusniodi  vel  recentioris 
seu  auctioris  impressionis^  ut  fateor  esse  nostrum  ad 
Bibliorum  Regiorum  exemplar,  liberaliter  mittere  ; 
alioqui  componam  me  ad  patientiae  scuto  exçipienda 
tela  quse  frustra  in  nos  ejaculabuntur.  Vale. 

Pridie  Kal.  maii  1572. 


332.  —  Tlantin  à  Gilbert  d'Ognies. 
A  Monsieur  de  Tournay. 

Très  noble  et  R"^  S, 

J'envoye  à  V.  R"*  S.  la  partie  de  l'Antiphonaire  de 
Tempore  depuis  la  Trinité  jusques  aux  Advents,  afin 
qu'icelle  voye  le  volume  que  le  tout  peut  faire.  Quant 
à  la  partie  de  Sanctis,  elle  sera,  avec  la  grâce  de  Dieu, 
parachevée  huict  jours  devant  la  pentecouste  et  contien- 
dra encores  quinze  tels  cahiers  que  sont  les  quatre  que 
je  luy  envoyé  icy,  commenceants  à  la  Vigile  de  S*  Jehan. 
QjLiant  à  mectre  tiltres  aux  conunencements  dudict  An- 
tiphonaire,  je  n'en  ay  encores  rien  conclud  et  peut  bien 
ainsi  deraourer  ;  aussi  ^seray  je  prest  d'y  en  faire  ung 
tel  qu'on  me  pourra  advertir  estre  propre  '. 

I.  Plantin  imprima  les  Antiphonaires  sans  frontispice  ni  titre. 
Nous  avons  rencontré  des  exemplaires  eh  cet  état.  Plus  tard,  il  y 
mit  un  frontispice  et  se  servit  à  cet  effet  du  bois  gravé  pour  le  Pscd- 
terium  de  1571,  dans  lequel  il  fit  tailler  une  ouverture  carrée  pour  y 
imprimer  une  partie  du  titre. 


—   320  — 

Or  d'autant  que,  par  les  lectres  de  V.  R""  S*«  du  20 
mars,  icelle  m'ordonnoit  de  faire  lier  lesdicts  Antipho- 
naires  en  deux  temps,  l'un  commenceant  aux  Advents 
jusques  4  la  Trinité  et  l'autre  de  la  Trinité  aux  Advents, 
et  que  par  les  siennes  ensuivantes,  escrites  le  29  dudict 
mois,  icelle  spécifie  que  lesdicts  temps  se  séparent  des 
Advents  à  Pasques  et  desdictes  Pasques  aux  Advents  et 
que  ceste  division  dernière  n'accorderoit  pas  si  bien 
avec  le  Proprium  de  Sanctis,  duquel  aussi  ni  du  Com- 
mune, elle  ne  faict  mention  en  nulle  de  sesdictes 
lectres,  je  n'ay  sceu  bonnement  comment  m'y  gouver- 
ner. Et  me  semble  bien  d'attendre  à  luy  en  respondre 
que  j'eusse  achevé  les  parties  de  Tempore  et  voir  com- 
bien pour  certain  contiendroyt  la  dernière  partie  de 
Sanctis,  ce  que  je  fay  maintenant,  suppliant  V.  R.  S. 
qu'il  luy  plaise  me  faire  advertir  particulièrement  du 
tout.  Car, aucuns  Sig"  d'autres  Esglises  m'ont  ordonné 
de  lier  le  Commune  Sanctorum  avec  le  Psalterium  et 
le  Proprium  de  Tempore  et  de  Sanctis  des  Advents 
jusques  à  la  Trinité  et  de  la  Trinité  jusques  aux  Advents 
en  ung  autre  volume. 

Autres  m'ont  ordonné  de  faire  lier  toutes  les  parties 
du  Proprium  de  Sanctis  avec  le  Commune  en  ung  vo- 
lume et  toutes  les  parties  de  Tempore  en  ung  autre. 

Et  incontinent  estre  adverty,  je  ne  faudray  à  faire 
toute  diligence  pour  la  relieure  desdicts  livres  et  de  les 
envoyer  pour  son  service  au  temps  que  commodément 
il  Juy  plaira  ordonner. 


*        1* 


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