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\A f'^7/, //
l^arbarli Collège l^ibrarg
FROM THX BSQJ7SST OP
FRANCIS B. HAYES
(Olass ol 1880) *
This fund \% $10,000 and itt income it-to b« us«d
" For the purchase of books for the Library"
Mr. Hayes died in 1884
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MAATSCHAPPIJ
DER
ANTWERPSCHE BIBLIOPHILEN.
UlTGAVE Nr 12.
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Exemplaar voor dm handel
De VooRzrrtER,
De Sekretaris,
Antwcrpen. — Druk. J.-E. Buschmann, Rijnpoortvcst.
CORRESPONDANCE
CHRISTOPHE PLANTIN
PUBUÉE PAR Max ROOSES
Conservateur du Musie PlanKn-Montui.
.A^TWEICPEIL.
I.-E. BUSCHMANN,
DXIJKKGK-UITGBVER.
GE^T.
Ad. HOSTE,
boekhandelaak der maatscbappij.
/^yv/V/
OCT 18 1901
P=WaaXI. JuAA^oi.
INTRODUCTION.
•n 1876, la ville d'Anvers devint propriétaire de
l'antique et célèbre officine plantinienne et de
tous les trésors artistiques et historiques qu'elle
renfermait.
En classant les archives qui font partie de cette
acquisition, je constatai avec bonheur que les minutes
des lettres écrites par Plantin et par ses successeurs,
pendant plus de trois siècles, de 1555 à 1876, s'étaient
conservées à peu près intégralement.
La seule partie de ces documents, importante pour
l'histoire, est celle qui émane de Plantin lui-même, de
son gendre Jean Moretus et de ses petits-fils Jean et
Balthasar Moretus. Elle s'étend de 1555 à 1641. La
correspondance de Plantin lui-même l'emporte de beau-
coup,par son intérêt, sur celle de ses descendants immé-
diats. Elle nous apprend à connaître, dans tous les
détails de sa vie domestique et professionnelle, le plus
grand des topographes des Pays-Bas ; un homme qui a
vécu aux temps les plus agités de l'histoire de notre
patrie, qui a été en relation avec quelques-uns des prin-
cipaux personnages et avec un très grand nombre des
— n
littérateurs et des savants les plus illustres de son
époque. Elle nous fournit des détails sans nombre sur
les ouvrages imprimés par Plantin et sur leurs auteurs,
sur la typographie et le commerce des livres, sur l'his-
toire des lettres et des sciences, sur les événements po-
litiques et sur la vie privée au XVI' siècle.
Ce sont là des raisons suffisantes pour motiver la publi-
cation des lettres du fondateur de l'officine plantinienne.
La Société des Bibliophiles anversois, instituée spéciale-
ment pour divulguer les documents inédits ayant rapport
à l'histoire et à la bibliographie d'Anvers et des Pays-
Bas, n'a pas hésité, sur notre proposition, à décréter
l'impression de cette correspondance; et, en effet, nulle
matière ne pouvait réunir au même degré les qualités
donnant droit à une place dans ses publications.
Nous ne possédons pas au complet les minutes de la
correspondance de Plantin. Ce n'est même qu'à partir
du mois de juin 1567 qu'il semble avoir commencé à
conserver régulièrement le brouillon de ses lettres. De
l'année 1555 jusqu'à cette dernière date, il ne reste, dans
les archives du Musée Plantin-Moretus, que 10 lettres,
dont 9 du mois d'octobre 15 61 et i du mois de mai
1567. Du mois de décembre 1566 jusqu'à la fin de mai
1567, il nous reste 7 lettres, conservées aux archives
de Simancas. A partir du 7 juin 1567, la série des mi-
nutes se .poursuit régulièrement jusqu'à la mort de
Plantin, arrivée le premier juin 1589. Il n'y a de lacunes
que pour le temps de son séjour à Leyde, de janvier
1582 à novembre 1585;. pour une partie des années
1577 et 1578 qu'il passa à Paris, et pour les courtes
absences qu'il était obligé de faire en se rendant aux
foires de Francfort.
— m —
La pres,que totalité de ces minutes est écrite de la
main de Plantin; une partie des lettres les plus anciennes,
allant du 17 mai 1567 au 19 juillet suivant, et du 30
juillet au 5 août de la même année, une lettre du 30
août 1367 à Çayas, une du 13 février 1568 à Arnold
Birckman, celle de la page 216 du premier volume à
Gilles Beys, celle du 21 mars 1568 à Jehan Desseran et
Thomas Vantrouillier, ainsi qu'un petit nombre d'autres
qui prendront place dans les volumes postérieurs, ne
nous ont été conservées que par des copies de la main
de Martine Plantin.
Le célèbre typographe anversois tenait lui-même sa
correspondance en français, en latin et en espagnol. Les
quelques lettres italiennes que nous aurons à publier
sont généralement écrites par Jean Moretus. Un très
petit nombre de lettres latines sont rédigées par Raphe-
lengien.
Plantin écrivait ses minutes dans des cahiers de papier
in-folio non reliés ; une partie peu considérable fut
écrite sur des feuilles volantes.
Nous avons retrouvé un gros cahier de lettres écrites,
au nom de son beau-père, par Jean Moretus. Celui-ci
avait la fâcheuse habitude de ne pas mentionner la date
de sa lettre ni le nom du destinataire. Plantin, au con-
traire, ne néglige presque jamais de nous fournir ces
indications. Ses minutes présentent en outre l'avantage
d'être d'une écriture régulière et facile à lire. Il est à
remarquer, cependant, que nous ne possédons que le
brouillon de ses lettres et que les ratures, les abrévia-
tions et les omissions n'y sont pas rares.
Nous publions généralement le texte tel qu'il nous
est conservé. Nous n'avons corrigé les fautes d'orthogra-
IV
phe ou de grammaire que dans les rares cas où Plantin
les avait évidemment faites par inadvertance. Les mots
suppléés par nous sont placés entre crochets. En tête des
lettres écrites dans une autre langue que le français,
nous donnons un résumé succinct du contenu ; la tra-
duction intégrale aurait rendu notre publication trop vo-
lumineuse.
Nous imprimons, à peu d'exceptions près, toutes les
lettres dont les minutes se sont conservées aux archives
du musée Plantin-Moretus. Plantin lui-même n'a gardé
que la copie de celles qu'il considérait comme les plus
importantes. Après ce triage opéré par leur auteur,
nous n'avons eu à écarter qu'un nombre très restreint
de lettres qui n'offraient aucune importance.
Une partie de cette correspondance qu'il aurait été
extrêmement intéressant de retrouver, est celle qu'il a
eue avec les chefs des églises mystiques, Henri Niclaes
et Barrefelt, et qui doit avoir été assez volumineuse. Il
ne s'en est conservé que quelques fragments. On conçoit
que Plantin avait des motifs graves de faire disparaître
toute trace de son affiliation aux sectes dissidentes.
Nous avons publié également les lettres adressées à
Plantin qui se sont conservées. Malheureusement le
nombre de celles-ci n'est pas considérable. Des milliers
de missives que l'architypographe a dû recevoir, il ne
s'est conservé que quelques douzaines.
En dehors des archives plantiniennes, les collections
publiques ou privées ne nous ont guère fourni de maté-
riaux pour cette publication. Dans ce premier volume,
nous donnons quelques lettres tirées des archives de
Simancas ; dans les volumes suivants, il s'en rencontrera
encore un petit nombre. C'est le contingent le plus in-
téressant que nous aient fourni les autres dépôts.
La correspondance de Plantin comprendra de huit à
dix tomeSy semblables à celui-ci. Il en paraîtra un d'an-
née en année. Les tables seront imprimées à la fin de
l'ouvrage.
La plus grande partie du présent volume a été copiée,
d'après les manuscrits, par mes collègues du bureau des
Bibliophiles anversois, MM. Philippe Rombouts et Louis
Theunissens. Je me fais un devoir de leur adresser ici
mes meilleurs remerciments.
Max Rooses.
CORRESPONDANCE
DE
CHRISTOPHE PLANTIN.
Le célèbre imprimeur anversois, Christophe Plantîn, naquit en
I>i4 à Saint- Avcrtin, village situé à une lieue de la ville de Tours,
en France.
Il était encore enfant lorsqu'il perdit sa mère. Il fut emmené par son
père à Lyon où celui-ci entra au service de Claude Porret, audiencier
de l'église de St-Just. Plus tard, son père accompagna un des neveux
de Claude Porret à Orléans et à Paris. Dans cette dernière ville, il
laissa son fils Christophe et lui remit une petite somme pour conti-
nuer ses études. Il lui promit de venir le reprendre bientôt pour le
conduire à Toulouse, mais il oublia sa promesse et le jeune homme,
à bout de ressources, se rendit à Caen, et entra en apprentissage
chez l'imprimeur Robert Macé, deuxième du nom. Ce fut dans cette
ville que, en 154S ou 1546, il épousa Jeanne Rivière. Il alla s'établir
avec elle à Paris, et U il se rendit habile dans l'art de la reliure et
de la maroquinerie.
En iS49f ^^ ^*"^ ^ Anvers, où il exerça d'abord le métier de relieur
et de fabricant de coffrets. Il s'y fit une grande réputation d'ouvrier
habile et son commerce commençait â fieurir. Mais, un soir qu'il
était sorti pour porter un coffret à Gabriel de Çayas, le secrétaire de
Philippe II, il reçut un coup d'épée destiné à un autre. Cette blessure
mit sa vie en danger. Il se rétablit, mais était devenu incapable de
— 2
se livrer â un travail manuel exigeant quelqu'efTort . Ce malheureux
accident le força d'abandonner son métier de relieur pour celui d'im-
primeur qu'il avait exercé à Caeu.
En iSSSi il imprima son premier livre; en 1557, il quitta sa
maison de la rue des Douze mois p6ur aller habiter, dans la Kam-
merstrate, la Licorne d'of, dont, en 1561, il changea le nom en
celui de Compas d'or. De 155 s jusqu'en 1562, ses afTaires de typo-
graphie et de librairie prospérèrent sans que nul incident marquant
se produisit dans sa vie *.
C'est à la première époque, embrassant les années 1549 à 1562,
que se rapportent les plus anciennes lettres écrites par Plantin ou
adressées à lui, qui nous aient été conservées. Nous les faisons suivre
ici. La première seule est antérieure à 1555 et, sauf les derniers mois
de Tannée 1561, toute cette période ne fournit guère de documents
à notre recueil.
I. — Jehan Leclerc à Tlanitn,
Christofle. Après toutes recommandations prémises,
la présente est pour vous advertir que mon voyage c'est
bien porté, Dieu mercy, et que je suys en bonne pros-
périté, priant le Sr Dieu que ainsy soit-il de vous et de
tous ceulx de vostre maison, le frère de Jehanne ',
vous-même, vostre fille \ Je ne luy * ay ossé bailler
l'argent que sçavés, de peur des fortunes qui avienncnt
sur les chemins, et aussy que ne m'aviés donné charge
de luy bailler. Je ne baillcrc ledict argent à Gilles Luccas
pour les causses de Josse Langcvin; je le bailleré plustost
1. Voir pour plus de d^!t:r.ls : ^f\x Rooses, Chn'slopJje Tlantin
(Anvers, Jc>. Mac;, lî ^.5. C' .p. I «.i I').
2. Jc\-nnc R:v..,j, Lw.nu t'j Cl " /'îe Plantin.
3. Mùi\,Livrite, nilo -Alwio. ûc l-'.a...i.i, née en 15.17.
4. Au lixre de Jcauiic R'i.iùc.
— 3 —
à Olivier, sy je ne le vous portes moy-mesmes, car je
pense que, à la fin, me fauldra faire bourgeoys d'Anvers,
pourceque je ne trouves icy beaucoup d'amys. Je vous
eusses envoyé de la toille, mais je vous nsseure que
nous en aurions meilleur marché par delà que par deçà,
et celle de mes chemisses que avés veue par delà, qui
ne me coustoit que vj sous vj deniers lors, vauld bien,
pour le présent, x sous, car il y a des Angîoys par
dechà. Et puys les chènevières ont esté gastées de la
gresle en plusieurs contrées et les blez aussy, mais je
regarderay sy je en pourray poinct trouver à bon marché
en cependant que Olivier passera, par lequel vous
rescripvray de touttes nouvelles, car je n'é eueu encore
loisir de parler à personne. Quant au bruict qui couroit
par delà, il en a esté aussy ung plus grant bruict par
dechà, mais j'é ouy dire à ceulx qui gouvernent mon-
seigneur l'Amiral qu'il n'en est riens et que tout est
appaissé. Le bled vault viij sous le boisseau. Je vous
envoyé une monstre des papiers de par dechà, dont
congnoissez bien le marché de tous. D vous plaira de
les monstrer tant aux imprimeurs que les papetiers de
nostre rue et celuy que vous m'en manderés je le feré
mener par delà. Il vous plaira me rescripvre de touttes
vos nouvelles et quel bruict il court par delà.
Et qui sera l'endroit où je vous présente mes très
humbles recommandations et de madame vostre femme '
et de Martinyque * et de Guillemette, priant le Sr Dieu
1 . De cette phrase, il faudrait conclure que Jeanne Rivière alla
passer quelque temps à Caen, au moment où Planiin se rendit à
Anvers en 1549.
2. Martine, la seconde fille de Plautin, née en 1550.
— 4 —
vous donner, en santé, bonne et longue vye. De Caen
ce xvj*' juing *.
Vostre serviteur et amy à
jamais, Jehan Leclerc.
A Christofle Plantain,
relieur de livres, demourant
en la rue Lombartde veste,
près la Cammestrate,
à
Anvers.
2. — D^artin Le Jeune * à Christophe TIanitn.
Sire Christophle. Recevant le 3* de juillet 1558, par
les mains du Sire Gassen ', la marchandise que m'avés
envoie dans le tonneau dudict Gassen, voyant qu'il n y
avoit lettre d'advertissement, j'en fis ung mémoire
auquel je trouve beaucoup de faultes, suivant votredicte
lettre d'advertissement. Je ne sçay cy vient de ceulx
qui prengne charge de la marchandise ou de autres,
1. La lettre ne porte point Tannée où elle fut écrite. Cependant,
tout fait présumer qu'elle fut expédiée peu de temps après rarrivéc
de Plantin à Anvers.
2. Martin Le Jeune, imprimeur-libraire à Paris, était le principal
correspondant de Plantin en France. Il date ses lettres de • De vostre
maison », ce qui nous permet de conclure qu'il louait de Plantin
une maison que celui-ci avait acquise à Paris. Cette propriété, que
Plantin fît vendre en 1582, était située en la rue Sainct Jehan de
Latran, près Sainct Benoist, devant le collège de Cambrai, et avait
pour enseigne Timage de Saint Christophe.
3. Depuis son arrivée à Anvers jusqu'en 1573, Plantin a été en
relations d'amitié et d'affaires avec Pierre Gassen, lingier de
Messieurs, frères du roi, à Paris. Il achetait pour lui, dans les Pays-
Bas, des articles de lingerie et des dentelles. Jean Gassen, neveu de
Pierre, épousa, en 1571, Catherine, la troisième fille de Plantin.
— s —
mais la faute est fort lourde, laquelle faute je vous
specifiray en la fin de la présente. Je suis émerveillé de
ce que n'avés receu nulles responces de moy depuis la
foire de Franquefort, veu que vous ay escrit deux fois.
Par Tune desdictes missives, je vous fesois certain comme
j'avois receu la marchandise de Francfort que m'avés
envolée, de quoy je vous remercie de rechef. Quand
aux Heures, Brévières et Diurnaux que m'avés envoie,
après estre adverti qu'en vouliés faire relier, j'é incontinant
porté de l'ung et de l'autre chez le laveur pour laver
et rigler, et quand et quand j'en ay porté d'autres
chez le relieur pour commencer à en relier ainsy que le
désirés ; mais il faut qu'entendiés qu'il n y a guères de
relieurs quilz veulent faire de ceste besongne, parquoy
aurés patience, vous assurant qu'en feray autant de
diligence comme cy vostre présence y estoit. J'avois jà
envoyé à Lyon de vos petites Heures * devant que
j'eusse receu vostre lettre de facture, et les ay envoie à
i8 deniers; je n'y pers que la voicture, de quoy j'ay
tousjours paie cent soulz pour cent. Je n'ay encore receu
ce que me mandés me avoir envoie du 13* de juillet qui
est les premières et dernières feuilles de Septentrium ',
etc. Quand aux Secretz ' que demandés, vous ne
spécifiés le nombre qu'en voulés, j'en ay mis seulement
que 12 exemplaires. Touchant Jean Laurens, marchant
de Tomay, je vous prie de rechef y prendre ung peu
de soing. Outre, vous m'escrivés qu'avés trouvés fautes
1. Hevres de Noitre Dame, à Vvsage de Romme (Planiîn, 1557,
in- 120).
2. Historia de Geniibvs sepUntrionalibvs avthore Olao Magno, In
Epiiomen redacta (Plantin, 1558, în-8o).
3. Les Secrets d'Alexis Tiemonlois (Phnûn, 1557, in-40).
— 6 —
en la marchandise qu'avés receu du 28* de juing que
vous avois envoie, de 6 Historia Belgica, lesquels suis
certain avoir empactés, mais puisque ne les avés receu,
vous n'en pouvés tenir compte ; metés en vostre papier
défaut et nous en ferons bien ung jour, Dieu aidant.
J'ay parlé à celuy qui a taillé la lettre de quoy vous ay
envoie une espreuve, lequel m*a faict responce qu'il en
avoit une fonte, de quoy il veult faire travailler premier
que d'en bailler à personne. Davantage vous demandés
Eutropius cum Paulo diacono, de quoy il ne ce trouve
plus de ceux de Colinet *. Ensuit le deffaut que j'ay
trouvé en la marchandise qu'ay receu de vous, par les
mains du sire Gassen, le 3 «^ de juillet 1558 * :
2 Brévières de Rome *• Je vous renvoie 2 commen-
cements.
1 Diumale Romanum *
3 Theologia Germanica *
2 Grands déluge •
2 Grands serpens au désert
4 Nativités
4 Résurection
4 Descente de la croix
3 Florence
4 Balaam et l'ange
1 . Simon Colinet ou Collneus, imprimeur à Paris.
2. D*après le Livre de Vente de Plan tin, ces marchandises avaient
été expédiées à Martin Le Jeune^ le 6 juin 1358, sous la conduite de
Jacques Robin.
3. 'Breviarium %ptnanum (Plantin, 1557).
4 . THurnak %omanum (Plantin, 1558).
5. Theologia Germanica (Plantin, 1558).
6. Dans les 25 articles suivants, il s* agit de gravures, dont plu-
sieurs étaient enluminées.
3 Danses de vilagois
1 Baieur après, le manteau bleu painct
4 Patientia malorum painct
3 Sainct Anthoine painct
6 EscoIIe de Tasne painct
3 Démocrite et Héraclitus painct
2 Érasmes grand painct
4 Érasmes petit painct
2 Caftes de Savoye painct
6 Poissons painct
8 Circulus romanus
3 Mains 5 feuilles de princes
3 Livres de femmes, à 10 s.
I Livre de crotesques, 1556, 12 feuilles
I Livre de sépultures, 1557
I Livre de crotesques, 6 teuilles
5 Victoires de l'empereur
I Anvers painct, à 6 sous.
Ensuit ce que j'ay. trouvé davantage :
5 1 Epitome Olai Magni *
5 Paysage contenant 12 feuilles qu'avés mis pour 5
Victoires comme je croy.
6 Triumphe de Bachus en petit.
Il vous plaira m'envoier, s'il vous plaist, ce qui ensuit,
me recommandant bien humblement à vostre bonne
grâce, sans oublier vostre famille, pàraillement nostre
amy Lucas, duquel ay receu ces recommandations par
maistre Pierre Poret *, de quoy je le remercie hum-
X. Hist&ria de gentibvs septentriorudïbvs, etc, (Plantin, 1558).
2. Pierre Porrct était un neveu de raudiencier Claude Porret,
au service duquel le père de Plan tin entra. Plantin se lia avec lui
-1
— 8 —
blement. Faisant fin, priant le Créateur vous maintenir
en sa grâce. Escrit en vostre maison [à Paris], ce i8^
de aoust 1558.
Le tout vostre bon amy,
Martin le jeune.
2 Sentenciae Stobsei gras. lat. {^ (Jtnprimitur rursus) '
1 Opéra Hippocratis grae. f»
2 Idem lat. P*
4 Schetzius : In fisicam, tomus 2", de cœlo
2 Apophthegmata Lycostenis f*
6 Epistote Longolii 8°
2 Opéra Xenophontis grae. lat. f®
I Chronica Polydori Anglie *
1 Petrus Galatinus f** •
2 Opéra Demosthenis lat. f°
6 Rudimenta mathematica
1 Novus orbis f»
4 Granmiatica Hebraica Jo. Isaac 4**
6 Idem Meditationes
6 Liturgia Cassandri 8** *
6 Orationes Isocratis grae. lat. 8°
2 Laonicus de rébus Turcis f* *
II Carta Graeciae en blanc
d'une vive amitié, qui dura jusqu'à la mort de Timprîmeur. Ils s'ap-
pelaient toujours «frères». Porret était, à Paris, T intermédiaire et
l'agent ordinaire de Plantin.
1 . Note de la main de Plantin.
2. Historia Anglicana lihri XXVIl autore Folydoko Vergiuo.
3. Petrus Columna Galatinus^ de Arcanis Catholica veritatis.
4. Georgius Cassander^ Uturgica de ritu et ordine Coena domi-
nica ulebranda,
5. Laonicus Chalcocondylas, Historia de origine atque rébus
Turcorum et imperii Gracorum interitu.
— 9 -
2 Fraseologia Isocratis gras. lat. 8°
6 De optimo génère interpretandi 8°
6 Tabulas hereseon
6 ComJ)endium rei medi. Pictori 8** *
2 Logica Lovanîi f°.
S'il y a quelque chose de nouveau je vous prie nous
en faire participant.
Je vous envoie en ung petit tonneau, par Jean Pré-
vost ou ces gens, plein de livres, là où j*ay mis tout ce
qu'il y a faict de nouveau par deçà, réservé ung livre
que Guillaume des Bois et Bastien Nivelle ont imprimé,
de quoy n'en veulent encore vendre, et incontinant qui
le meteront en vente, je ne faudré de vous en faire
tenir, ensemble une géomantie qui se imprime.
Le contenu de ce que je vous envoie ensuit :
6 Jus civile Imberti 4® ft 2 s. 8 d. —
6 Divers jeux rustiques fr. 4® ft i s. 4 d. —
4 Oratio Basilii magni de vita
mor. grae. * ft i s. 8 d. —
6 Idem lat. 8*» ft i s. i d. —
4 Épitres dorées de Guevarre ft i s.r6 d. —
25 Petrarca de remediis 16° * ft 6 s. 17 d. 6
20 Actuarius de spirit. grae. 8° * ft 2 s. 10 d. —
25 Argenteriusdeconsult. ié°* ft i s. 5 d. —
1 . Georgius Pictorius, ^edica rei totius compendiosa tractatio,
2. Basiuus Magnus, de Vita et ^oribtis gr. (Paris, 1556).
3. Fr. Petrarcha, Opus divinum de remediis utriusque fortuna
(Mart. Le Jeune, 1557).
4. JoAN Actuarius, de Actionibus et affectibus spifitus animaUs
(Id., 1557)-
5. JoANNES Argenterius, de ConsultatUmiHs medicis (Id., 1557)*
— 10 —
25 Calendarium trilingue 8° '
fb I
s. s
d.—
25 Antiquités du monde 8°
ft 4
s. 7
d. 6
I DictionarumBercorii4vol.*
ïk 4
s. 10
d.
12 Secretz 16°
ib 2
s'. 2
d.—
1 8 Destruction de l'orgueil 8" *
ft 3
s. 3
d.—
6 Columelle en fr. 4° *
ft 4
S.16
d.—
6 Antidotarium 16° '
ft—
s. 6
d.—
6 Théâtre du monde
ft I
s. I
d.
6 Juda Macabaeus fr. gr.
ft I
S. 4
d.—
25 Hippo. de flat. quarto '
ft3
s. 2
d. 6
4 Chrisosto. in Esaiam f" '
ft I
S.IO
d.
3 Basilius in Esaiam f° '
ft 2
s. s
d.—
4 Origines in Jo. £» '
ft3
s. 10
d.—
6 Sentenciae Cic, etc.
ft I
s. 4
d.—
6 Discours d'une cortisane
ft—
s. I
d. 6
2 Joseph en franc. f° "
ft7
S.IO
d.-
30 Ludovici fidelis 8°.
ft7
s. —
d.-
Somme toute
ft66
s. 7
d.-
Je vous envoie un mémoire d'imperfection à quoy je
vous prie prendre garde. Je parle au serviteur du Sire
1. Calendarium Triîifigue {Id,^ 1557)'
2. Berchorius, Dictionarium (Paris, Chevalon).
3. 'Destruction de l'orgueil mondain 8° (Paris, Claude Fremy).
4. L. J. M. Columelle, Lis dou^e livres des choses rustiques
(Paris, Jac. Kerver, i$ss et $6).
5. Antidotarium anima (Id.).
6. HiPPocRATES : de Aère y aquis, locis et flatihus, Graeco-lat. (Mart.
Le Jeune, 1557).
7. Chrysostomus, In Esaiam (Paris, Guill. Des Boys, 15 $6).
8. Basilius, In Esaiam (Id.).
9. Origines, In Joannem (Id . , 1 5 5 5 ) .
10. Flavius Joseph (Lyon, Jean Temporal, 155S).
I
— II —
Thomas Guérin, lequel m'a promis vous aîder. Escrit
en haste.
A Sire Christophle Plantaing
marchant libraire
à
Francfort.
s.i6 d. —
s. 4 d. —
s. — d. —
s. 2 d. —
s. 7 d. 6
3- — Martin L^ Jeune à Tlantin.
Sire Christophle. Estant pressé d'escrire par le servi-
teur de Thomas Guérin, j'ay oublié de vous escrire, au
cathalogue des livres que je vous envoie, les livres reliés,
de quoy je vous veux bien advertir.
2 Ruisseaux de G. fontaine 8° relié ft —
3 Roland furieux en prose 8° r. ft i
6 Valère le grand fr. i6*» r. 6 s. 8 d. ft 2
4 Vies S. Paul lé** fr. r. 5 s. 6 d. ft i
5 Justin historiae fr. 16® r. 5 s. 6 d. ft i
6 Heures paraphrasées 16° r. doré
5 s. ft I s.io d. —
6 Heures romaines Hardouin r.
doré 3 s.
4 Aphorismes en fr. ié°r. 5 s. 6
6 Viesdes Apostres i6°fr.r. 3 s. 6
5 Entretènement de santé 16° r.
2 s. 3 d.
3 Oribasius Synopseos 16° r.
5 s. 6 d.
7 Galendrier ou alphabet 16° r.
3 s. 6 d.
Pour le tonneau, façon et poix etc. ft—
fti4 s. 7 d. 9
ft— S.I8
d.-
ft I s. 2
d.—
ft I S. I
d.
ft — S, II
d. 3
ft — S. 16
d. 6
ft I S. 4
d. 6
ft— S.I5
d.—
— 12 —
Sy avés le moien de m'envoier de Francfort ces por-
trectures, je vous prie les m'envoier, ou bien cy n'en
avés, envoies les d'Envers à vostre retour.
4 Moyse frapant de la verge
4 Mer rouge, non des grandes
4 Lot
4 Villes de S. Quentin, paincte ou blanche
6 Patientia malorum, grand
4 Feilles de Susanne.
Me recommandant à vostre bonne grâce, priant le
Créateur vous maintenir en la sienne. De vostre maison
[Paris] ce 19* d'aoust iSS^.
Le tout vostre bon amy
Martin Le Jeune.
Sire Christophe Plantaing,
marchant libraire,
à
Francfort.
4. — !\Cartin Le Jeune à Tlantin.
Amy Plantaing. Suivant une missive qu'ay receu de
vous en date de l'unziesme de may, j'ay assemblé ce
qu'ay peu recouvrir des livres que demandés, et après
l'ay communiqué à Jan Foucher et Galliot Du Pré *,
comme me mandés, lequel Du Pré m'a faict responce
qu'il ne pouvoit bailler encore marchandise, parce que
l'inventaire n'est faicte en leur maison, et incontinant
I. Deux imprimeurs de Paris.
— 13 —
que ce sera faict qu'il vous contentera et qu'il vous
escriveroit ce pendant. Quant à Jan Foucher, il m'a dit
qu'il n'avoit poinct de ces livres et que ce n'estoit
poinct de cqs sortes. J'ay receu de Jaques Dupuis *
et Hercules ' certains livres lesquelz je vous envoie
avec ce qu'ay peu recouvrir, de quoy je vous envoie
aussy le cathalogue, et, ensuivant vostre mandement, j'en
ay retenu aucuns desquelz, si en avés affaire, mandés
et je les vous envoiray sans faillir. Plus ay, receu du
compère Gassen 4 rames de papier d'Auvergne, avec
deux paquetz, dont les 4 rames de papier sont demou-
rées, parce que j'avois attendu quelque temps à faire le
pannier pour l'attendre. Voiant qu'il ne venoit et que
estois pressé de livrer ladicte voicture, j'ay pacqué en ce
petit pannier là où elle n'ont seu tenir. Voilà la cause
du retardement desdictes 4 rames. Davantage vous trou-
vères ung paquet de matrisses que mon cousin Hotin '
vous envoie. Vous trouvères aucuns livres de Frédéric
Morel *, desquelz n'ay pris le mémoire, mais je vous
envoie la lettre de facture dudict Morel. J'ay receu vostre
dernière lettre, avec la procuration touchant Pierre
Jovant, laquelle ay délivrée à la mère dudict Jovant.
Ensuit les livres que je vous envoie :
1 . Imprimeur i Paris.
2. Hercule François, libraire, qui en 1580 était associé avec
Baptiste Dupuis et établi à Londres. Eu 1561, il était probablement
l'associé de Jacques Dupuis.
3. P. Hotin, Hautin ou Haultin, tailleur de caractères, à La
Rochelle.
4. Imprimeur à Paris.
— 14 —
2 Épistres de Gucvarre en fr., ung
relié
4 VéncrieduFouilIouxf° i6s. *
3 Bouclier de la foy i6° 5 s.
6 Sénècque des bénéfices 8° 7 s.
3 Appian Alexandrin fr. 8° 10 s.
6 Nouvelles de la Royne de Na-
varre 4? 12 s. 6
6 Antiquités de Paris 8** 5 s.
3 Marotz 16^ 5 s. *
4 Vies de Jésus-Christ 16° 6 s. 6
2 Arithmétique de Pelletier 4° 5 s.
4 Azolains de Bembo 16° '
6 Catéchisme en fr. 8° 10 d.
2 Receuil de Torlogéographie 4°
fr. 12 s. *
2 Amadis de Gaule 8® 55 s.
4 Épistre de Cicéron en fr. lô** 3 s. ft —
2 Cronique de Comine fr. 4 s. "
6 Raymondi Lortelii lingua graece
4' 10 d.
ft26 s. S d. 8
Autre chose sinon que je recommande humblement à
vous, sans oublier la dame Jeanne et tous vos enfans,
1. FouiLLOUX (Jacques du). La Vénerie, (Poitiers, Marnefiz et
Bouchetz, 1361).
2. Œuvres de Clément !^Carot (Lyon, Guill. Roville, 1561).
3. Pierre Bembo, Les Asolains (Id., ISS^ et Paris, Galiot
Dupré).
4. Oronge (Fine), Des Horologes Solaires (Paris, Caveliat, i$6o).
5. Chronique de Pu. de Commîmes (Paris, par Guill. Morcl pour
Galiot Dupré, iS6i).
ft 2
s. 8
d.—
ft3
s. 4
d—
ft—
S.15
d.—
ft 2
s. 2
d.—
ft I
S. 10
d.—
ft3
S. 15
d.—
ft I
S. 10
d.—
ft—
S. 15
d.—
ft I
S. 6
d.—
ft—
s. 10
d.-
ft—
s. 6
d. 8
ft—
s. 5
d.—
ft I
s. 4
d.—
ft s
s. 10
d.—
ft
s. 12
d.—
ft—
s. 8
d.—
ft—
s. s
.d.-
— 15 —
priant le Seigneur Dieu vous maintenir tous. De vostre
maison [Paris], ce 3^ de juing 1561.
Le tout votre humble serviteur
Martin Le Jeune.
J'ay parlé dé vos sphères à ung mien amy, lequel
désire bien en voir une ; parquoy ne pouvez faillir d'en
envoler une, et, sy d'aventure elle ne ce despeschoit,
sitost que le désireriez, j'en paieray la voicture.
A Sire Christophle Plantaing,
marchand libraire
à
Anvers.
5 . — Tlantin à François Fabricius.
(Il se déclare prêt à imprimer tous les ouvrages de Fabricius que
celui-ci voudra lui envoyer.)
Eruditissimo viro D. Franc. Fabricio '.
Quod nuntius in sequentem diem distulerit profectio-
nem, vir doctissime, id fausto mihi fuisse omini inter-
pretari non dubito. Nihil enim jucundius tuis literis
(quibus alioqui caruissem) accidere potuisset, maxime
quum iis intellexerim typos nostros et papyrum tibi
placere meque a perito viro tibi doctissimo commenda-
I. François Fabricius, savant du XVI* siècle, né à Duren. Il
suivit en France les leçons d* Adrien Turnèbe et de Pierre Ramus,
devint recteur du collège de Dusseldorf et mourut en iS73' H
écrivit plusieurs ouvrages de philologie et traduisit le traité de
Plutarque : de Educandis îiberis. Plan tin imprima en 1565 : Annota-
Hones Af. Antofiii Moreti et Francisci Fahricii Marcodurani In sex
Terentii ComœdiaSy in-16^.
— i6 —
tum fuisse. Faxit Deus Optimus Maximus ut opinîoni de
me a vobis conceptas aliquando respondere possim.
Mitte itaque omnia qux volueris, ego, quantum in me
situm erit, conabor ut emendate (si pcr exemplar id
licuerit) ad vos redeant excusa^ neque unquam ingratum
me habiturus es. Qiiando autem Plutarchi de educandis
pueris mentionem fecisti, ecce eumdem ab alio nunc
etiam versum mitto, ut etiam conferre possis, num et
hic aliquid deprehenderit observatione dignum. Quod
ubi feceris, mitte statim ad nos exemplar tuum, quod
brevi postea impressum remiitemus, iddemque de
omnibus quas ad nos dederis et bona fide nos facturos
et emptores precio non gravaturos pollicemur. Qua;^
nova his nundinis prodierint hoc sequenti catalogo
accipe et vale, vir doctissime. Antverpia? III nonas
octob. (1561)
6 — Tlantin à Etienne Tighius.
(Il lui envoie la dernière feuille de la table des Fasti Magistratuum
Romanorum.)
Eruditissimo viro D. Stephano Pigghio *, Reverendis-
simo D. Cardinali Granvellano a secretis.
I. Stephanus Vinandus Pighius, littérateur latin et archéologue,
naquit en 1520, à Kampen, se rendit jeune encore à Rome auprès de
son oncle Albertus Pighius et y étudia les antiquités. Après son retour
dans les Pays-Bas, il fut pendant plus de quatorze ans secrétaire et
bibliothécaire du cardinal deGranvelle. En 1575, il devint précepteur
du fils du duc de Clèves. Il mourut, en 1604, à Xanten où il était
chanoine et écolâire.
En 1561, Plantin imprima de lui : Comtttentatia in tàbulam magis-
tiatiium romanorum pour lequel Arnaud Nicolaï grava des médailles;
en 1)68: Thcmis Dea ; en 1587 : Hercules PraUcius. Le premier de
— 17 —
Ecce postremum tandem folium tabulas tuae Fastorum,
vir eruditissime, mitto precorque ut illud, quamprimum
fieri poterit, emendatum remittas, eoque postea impresso,
integrae tôt exempla ad te quot sîgnificaveris mittam. Ea
tamen, si jusseris, prius adornari et coloribus suis ad
exemplar manuscriptum depingi curabo, eademque
opéra efficiam ut quas me absente et invîto praeter
sententiam tuam relictas sunt umbras et si quid aliud
praeterea observare poterim emendatione dignum coope-
riantur et emendantur. Interea laboratur in excudendis
numismatibus ad me missis, ita ut libro accepto sperem
illud nobis non in mora futurum. Catalogum librorum
novorum, quos Francofordia adduximus, mitto missurus
quos volueris. Vale. Antverpise X* octobris 1561.
7. — Tlantin à Guillaume Symons de Thielt \
(Il est toujours disposé à imprimer Touvrage dont Guillaume
Symons Ta entretenu.)
D. Guillelmo Symonio Tiletano S.
Ego nuUas omnino ex quo hinc discessisti, doctissime
Domine, abs te accepi quo factum est ut et ipse hactenus
miratus sim quod meis non responderetur a Domino
Aug. Hunaeo ', ad quem statim post discessum tuum
ces ouvrages, revu par André Schottus, fut réimprimé dans Tofficine
plantinienne en trois volumes in-folio dont le premier parut en 1599
et les deux autres en 161$. Pighius revit une édition de Valère
Maxime quePlantin publia en 1567, en 1574 et en i$8s.
1. Guillaume Symons était professeur de théologie à l'Université
de Louvain.
2. Augustin Hunnseus, né à Malines, le 29 juillet 1521, docteur
2
— i8 —
scripseram me exemplaria 4 priera venalia reperire non
posse, ob idque obnixe rogabam ad me eadem mitti de
quibus tune locutus fueras et nunc mentionem facis. Et
iterum ea de re scripsi postquam Bruxellis ad me
scriptum est non posse privilegium impetrari antequam
mitterem libros ipsissimos subsignatos et approbatos,
ex quibus Epitome est ad imprimendum confecta '.
Certus itaque esse potes me nunquam animum mutasse
meque statim rem quamprimum licuerit libentissime
aggressurum, quam utinam prius licuisset. Superest
igitur ut illi 4 priores tomi ad nos mittantur, quos illico
Bruxellas ad privilegium impetrandum mittam, cum
tribus posterioribus, quos hucusque in hune futurum
usum pênes me servavi, et nisi de imprimendo cogitas-
sem, etiam hesterna die vendidissem cuidam bono viro
qui emere illos cupiebat. Faxit Deus Opt. Max. ut in
Reipublicas commodum te multos in annos servet
incolumem. Magistro nostro D. Augustino Hunago
salutem precor meo nomine dicas omnibusque qui
nobis bene esse cupiunt. Vale. Ex ofEcina nostra lypo-
graphica hac 10* octobris 1561.
en théologie et professeur à TUniversité de Louvain. Il mourut le 8
septembre 1578.
Plan tin publia de lui, en 1566 : Catechtsmi Catholici schéma, ^ia-
Uctica et Logices Fundamentum ; en 1570: ©* sacramentis ; en 1572 :
Trodidagmata de diàUctiàs vocum affectionibus et proprietatibus. Tous
ces ouvrages eurent plusieurs éditions. Hunnajus est un des théolo-
giens de Louvain qui forent chargés d'examiner Tédition planlinienne
de la Bible royale ou polyglotte.
1. L'ouvrage dont il s'agit ici est Vita Sanctorum Aloysii Lippomani
Episcopi Veronensis dont Symons rédigea un abrégé qui parut en
1571, non pas chez Plantin, mais chez Pierre Zangriusà Louvain en
2 vol. in-fol.
— 19 —
8. — Tlantin à Guillaume Symons.
(Il le remercie de lui avoir envoyé le correcteur François de Thielt.
II attend l'approbation des FUiB Sanctorum pour en irtiprimer
l'abrégé fait par G. Symons.)
Doctiss. Theologo D. Guillelmo Symonio Tiletano.
Gaudeo ad me M. Franciscum Tiletanum tam insigni
commendatione dignum venisse. De tua namque since-
rîtate tantum confido ut existimem a te neminem nisi
merito commendatum îri, maxime quum non ignores
in reipublicas litterariae compendium esse si dignum
aut dispendium si indignum correctorem habuero. Cum
eo transegi, estque ad nos infra 15 dies, modo illi per
parentes liceat rediturus mansurusque. Nihil hactenus
fuit quod me ab impressione Vitarum Sanctorum *
(ut abhinc quatuor scripsi diebus) suspensum tenuerit
praeterquam quod 4 prioribus tomis caruerim. Fieri
etenim non potest ut privilegium extorquere possimus
antequam intégra 7 volumina subsignata et approbata in
curia exhibeamus, tantum abest ut nobis imprimere
liceat. Ecce eum indicem vitarum imprimendarum quem
jussisti mitto. Deus Opt. Max. te tuique similes viros
reipublicas studiosos diu nobis servet incolumes. Vale.
Ex typographia nostra 15 octobris (1561).
I. Aloysius Lippomanus, Sanctorum priscorum vitte (Venise et
Romo, i5$i-i558, 6 vol. in-40).
— 20 —
9- — Vlantin à Henri Ernest de Campen,
(l\ le remercie de lui avoir envoyé, pour être employé chez lui,
un jeune homme zélé, instruit et digne de confiance.)
Eruditissimo viro D. Henrico Ernestio Campensi,
amico probatissimo Christoph. Plantinus S. D. P.
Rem duplici nomine mihi gratam fecisti, vir amicissime,
primum quod cito, tum quod adolescentem miseris de
cujus fide, diligentia et eruditione non dubites, ob idque
gratias habeo maximas redditurus ubi licuerit. Ego,
recitatis fere omnibus, quae sunt illi apud nos obeunda,
muneribus, cum illo eodem pretio iisdemque conditioni-
bus transegi atque hactenus cum cognato, ea tamen lege
ut illi infra 15 dies ad nos per parentes suos redire
liceat. Vale et nos, ut soles, ama. Antverpiae, 16 kalendas
octobres ' [1561].
10. — Plantin à Corneille Valerius.
(Suivant un accord conclu avec Silvius, il imprimera la Grammaire
de Corn. Valerius ; il envoie à Fauteur une feuille imprimée d'un côté
pour montrer de quelle manière il entend ce travail.)
D. Cornelio Valerio, viro undequaque doctissimo, apud
inclytum Lovanium professori regio '.
S. P.
Quod Francofordise hisce postremis nundinis D.
1 . Lisez : novembres.
2. Corneille Valerius (Wouters) naquit en 15 12 à Oudewater,
dans l'évêché d'Utrecht, il étudia dans cette ville et plus tard à Lou-
vain. Successivement, il enseigna la rhétorique à Ulrecht et fut chargé
de l'éducation de quelques jeunes gens. Le 7 octobre 1537, il fut
appelé à la chaire de latin dans le collège des Trois-langues à Ldu-
— 2î —
Arnoldus Birckmannus, * vir de bonis omnibus optime
meritus, poUicitus fuerat, vir doctissime, id tandem D.
Sylvius ', compater amicissimus, praestitit, nempe ut
Institutîones tuae Grammaticae' a te postremo recognitae
fidei nostrae ad imprimendum (quod salvo semper jure
et amicitia Birckmanni fiet) committerentur. Antequam
autem id aggrederemur librum (ut moris est mihi)
percurrere volui ut viderem num quid, quod ad ornatura
et elegantiam impressionis faceret, observare possem.
Cum vero in ipso fere Institutionum principio quaedam
notassem, quae non solum ad impressoris diligentiam
commendandam, verum quas et studiosorum memoriae
(quod aiunt) locali compendio esse possent, si quo modo
cogitabam ederentur, ea impresso ab una parte folio tibi
prius demonstranda putavi quam aut imprimerentur
aut reiiqua ad hune modum imprimenda notarentur, ne
forte eveniret ut pro diligente, si non placèrent, temera-
rius et in alieno opère nimium audax haberer.
Tuum est, vir humanissime, conatibus nostris, pro
animi tui candore, sincère et in bonam partem inter-
pretatis verbo significare ecquid institutum nostrum tibi
placeret. Quicquid enim conamur aut conabimur id
vain. Il mourut dans cette dernière ville le ii août 1578. Il exerça
une grande et salutaire influence sur les études latines par son ensei-
gnement et par ses traités sur la grammaire, la rhétorique, la dialec-
tique, la philosophie morale, la physique et l'astronomie. Plantin
fournit plusieurs éditions de chacun de ces livres.
1 . Arnaud Birckman, imprimeur libraire d'Anvers, avait une
maison dans cette ville et une autre à Cologne.
2. Guillaume Sylvius, imprimeur anversois.
3. Au commencement de 1561, Plantin imprima de Corn. Valerius
le traité de Sphara, Nous ne trouvons pas dans la même année, de
trace d'une éditioa des Inslilutiones grammattca. La première édition '
plantinienœ de ce livre date de 1567.
— 22 —
omne non hic tantum, verum in omnibus aliis susci-
piendis operibus tuo tuique similibus judicio ita libenter
et ultro judicandum committimus, ut, si vel nutu îndi-
cetis non placere quod constanter decrevissemus, illud
simus illico ad vestrum arbitrium mutaturi. Nam, quum
ad meliora aspiremus, fieri nequit ut nobis gratins
jucundiusque aliquid accidat quam quae ad ea nobis
viam demonstrent deque erroribus nostris commone-
faciant. Dom. Deus opt. max. te nobis reiquepublicse
literarise commodo diu servet incolumem. Vale. Ant-
verpiae, ex officina nostra tjrpographica, i6 Calendas
octobres * anni D. 1561.
II. — Tlantin à Hertnan Cruserius.
(Il se défend du reproche de mettre de la négligence à publier la
traduction de Plutarque et demande que Fauteur lui envoie le
manuscrit tout entier pour qu*il puisse le faire approuver.)
Prudentissimo simul ac doctissimo viro D. Hermanno
Cruserio. '
Ego semper, quantum pro viribus licuit, studui, vir
prudentissime, talem me omnibus praestare qui judicarer
commendatione bonorum virorum non indignum esse,
semperque vel abjectissimorum hominum responsione
dignum existimavi, tantum abest ut tanti viro respon-
dere non dignaverim. Quare te obnixe precor, vir huma-
nissime, ut a te talem de me conceptam opinionem
1 . Lisez : novembres,
2. Herman Cruserius, de Kampen, docteur en droit et en médecine,
conseiller de Guillaume, duc de Clèves. Il écrivit plusieurs livres de
médecine et traduisit en latin les vies et les œuvres morales de Plu-
tarque. Cet ouvrage, dont il s'agit dans la lettre ci-dessus, fut publié
à Bâle, en 1573, P^r Guarinus.
— 23 —
abjicias. Ego namque, quum primum scripsisti, in Gallias
ad papyrum emendum me cohtuleram sperabamque
totum tuum exemplum Plutarchi domi me in reditu
nostro inventurum illumque Bruxellas illico ad impe-
trandum privilegium missurum. Existimabam etenim te
non ignorare quod nobis non liceat ab epigrammate
solo ant epistelio ad immensum opus usque aliquid
prselo submittere antequam universo opère a theologis
ad id constitutis perlecto, approbato et subsignato, ab
aula illud imprimendi privilegium impetraverimus.
Q.uum itaque quartam alteram, ni fallor, partem hic
tantum invenissem neque propter nundinas Francofor-
dienses, quo properabam, ultra 3 dies adesse possem,
statui in reditum meum ex nundinis rem esse difFeren-
dam. Sperabam enim tune me integrum exemplum domi
inventurum. Verum ne nunc quidem habeo , neque
quando sîm accepturus certiorem me fecisti. Quo fit ut
quemadmodum institueram incipere non possim, neque
est quod me tarditatis neque infidelitatis accuses, vir
integerrime, antequam ea receperinj quae mihi omnino
sunt habenda priusquam opus aggredi liceat et possim,
illisque habitis fidem (quod absit a me) fregerim. Si
autem acerbius scripseras quod fortasse alieniori sis a
nobis animo et pœniteat misisse quae ex opère tuo
fecisti, vel verbo indica, ego servata semper amicitia
remittam. Si vero in eadem permanes sententia ut
imprimamus, necessario reliquum exempli mittendum est
antequam ne facultatem quidem imprimendi extorquere
possimus. Vale. Antverpiae, 22 octobris 1561. Ex
officina nostra typographica.
Tuus ad mandata paratissimus.
Plantinus.
— 24 —
12. — Tlantin à Herman Cruserius.
(Il a reçu le manuscrit de Plutarque tout entier ; il l'a envoyé au
Censeur à Bruxelles, et se dispose â rimprimer avec toute la diligence
possible.)
Prudentissimo simul ac doctissimo viro D. Hermanno
Cruserio S. P.
Acceptis omnibus quae mihi ex Plutarcho tuo deerant,
vir integerrime, Bruxellas totum opus ad parochum
divae Gudulae, cui librorum examinandorum demandata
est a D. Cancellario provincîa, misi, ut illo a se subsi-
gnato et approbato nobis privilegium, quod aiunt,
imprimendi ab ipso Cancellario procuret. Quibus rébus
confectis ego tanta diligentia et festinatione inter impri-
mendum usurum me spero ut nunquam de me conqueri
merito possis. '
QjLiod puer autem meus antehac tam obscure ad te
scripserit, vir humanissime, ut ex scriptione illius assequi
non potueris,quid a nobis expectandum aut a te faciendum
esset, id imperitîae juventutis illius, non malitiae adscri-
bendum existimo, quod alias fortasse non accidet.
Interea Deum opt. max. precor ut te in reipublicae
literariae commodum nobis diu servet incolumem. Vale
vir ornatissime. Ex officina nostra typographica, Idibus
novemb. 1561.
I. Malgré cette promesse Plantin n'imprima point l'ouvrage de
Cruserius. Ce fut la crise survenue dans ses affaires, en 15 62, qui l'en
empêcha.
— 25 —
13. — Planiin à Etienne Pighius,
(Il lui envoie trois exemplaires des Fastonim Tabulas ; l'artiste qui
doit graver sur bois les médailles des empereurs, Amnud Nicolaï,
Tamuse de trompeuses promesses.)
Doctissimo viro D. Stephano Pigghio Reverendissimi
domîni Cardinalis Granvellani a secretis
S. P.
Mitto ad te très Fastorum tabulas, missurus alias très
quamprimum conglutinatse fuerint, quod abhinc 2 dies
futurum spero. Tum erit scribere quot pr^eterea velis a
me mitti. Doleo quod non tam cito neque eo quo
volcbam modo absoluta fuerit impressio. Qui figuras
numismatum excidendas susceperat mihi, credo, illudit;
vix etenim 5 aut sex ab illo hactenus extorquere potui.
Ego alium^quaeram, nisi brevi (quod hodie iterum
pollicitus est) quae habet absoluta reddiderit. Ligna ad
reliquas figuras mîttam cum aliis tabulis. Vale. Antver-
piae, 21 novcmbris 1561.
Nous ne possédons de la correspondance de Plantin, pendant les
dix premières années de sa carrière comme typographe, que les lettres
peu nombreuses qui précèdent.
A la fin de 1561, il fut accusé d'avoir imprimé un livre hétéro-
doxe intitulé 'Briefvc instruction pour prier. Au mois de mars 1S62,
une visite domiciliaire eut lieu chez lui et trois de ses ouvriers
furent arrêtés et condamnés. Pour se soustraire aux suites de cette
accusation, lui-même avait quitté Anvers dans les derniers jours
de décembre 1561 et s'était réfugié à Paris. Afin d'empêcher que
ses biens ne fussent confisqués, il les fit saisir par des amis qui se
disaient ses créanciers. Tout son avoir, y compris le matériel de son
imprimerie et le fond de sa librairie, fut vendu publiquement en
avril 1562. Cependant l'instruction judiciaire n'ayant constaté à sa
charge aucun fait contraire à la religion catholique, il put rentrer
dans les Pays-Bas au mois de septembre 1565.
— 26 —
Le mois suivant, il s'associa avec Corneille et Charles de Bomberghe,
Jacques Schotti et le docteur Goropius Becanus qui lui fournirent les
moyens de réorganiser ses ateliers et de donner une plus grande
extension à ses affaires. L'association prit fin dans le second semestre
de Tannée 1 567 ; à partir de cette date, Plantin exploita son officine
pour son propre compte.
Les lettres conservées, datant des années de l'association, sont en
petit nombre. Ce n'est qu'à partir de la dissolution de celle-ci que la
minute de la correspondance de Plantin nous a été conservée inté-
gralement.
14. — Pierre Gassen à Plantin,
Compère et amy. Il y a long temps qu'avec désir
j'attens responce de mes lettres à vous escriptes dès le
22* et 26* de février par Jehan de La Haye et despuys
encor du 4* de mars par Gabriel. Et, pour ce que j'ay
pour quelques amis et voysins envoyé par dellà, dans
vostre tonneau, 2 paques de marchandise d'élite, ils
me pressent fort et prient d'avoyr de moy seulement un
mot d'avis, sy tout est arrivé en bon port etc., et pour
ce que ces jours sont arrivés plusieurs messagers sans
aucune lettre pour moy, cella les met en peyne. J'aten-
doys aussy vostre responce de toutes les valeurs et cours
des eixpèces que vous avoys rescriptes par dellà, car
j'ay ici toutes prestes des marchandises d'élite de
plusieurs ouvriers, mais pour la présente qu'il y pourroit
avoir, ne sachant au vray le cours, j'en diffère fins à
vostre responce que j'atens d'eure à autre, et, l'ayant eue,
j'ay tout prest à vous les payer avec des peaux que j'ay
exprès retenu, pour vous envoyer par le premier voytu-
rier, une balle, laquelle n'ay voulu envoyer avec deux
grandes balles de peaux avec le poil que je vous ay
envoyé et chargé dès le 21 du présent là où il y a
— 27 —
42 doeseynes de peaux délivrées à Jaques Uguebert,
voyturier de Lisle en Flandres, lequel pourra arriver à
Anvers environ le commencement d'avril , et sont
merquées à ma merque N** 2 et 3, pesant unze cent
72 ft comme verres par la letre. Estant arrivées, il vous
. plaira les retirer et mètre soit chez Enric ou alleurs,
seurement en bonne place pour les déballer en bien
payant la place et poynes etc. Car notés qu'il y a
de peaux qui ce pourroient gaster estant si longtems
enbalées, estant moellées ou humides sans estre remuées
s'empireroyent, pourquoy ne faut y espargner les frés
pour les fayre bien acoustrer par gens à ce conoyssans.
Saches que ce qui m'enuye le plus que n'ayés ce que j'ay
prest pour vous envoyer, c'est pour ce qui est escheu à
Monsigneur De Bonbergue *, auquel je vous supplie me
recommander humblement, le priant d'escuzer pour un
peu, à cauze des difîcultés susdites, mais par quelques
moyen que ce soit incontinent vous en aurés. Maistre
Mathias m'a encor bien prié d'avoyr responce de 2
lettres ou paques que vous ay pour luy adressés par
Endrick Andreley et mesmes de sçavoyr comme tout ce
porte pardellà, car on a faict ici quelques bruict que
l'on persécutoit par dellà aucuns etc. Le bonhomme
Monsieur Damboylle m'avoit prié et Monsieur de
Varende, et moy vous pour eux, me faire ce bien d'avoyr
de la graine de choux-fleur des melleures que l'on
pourrait avoyr ny recouvrer par dellà, sans y espargner
l'argent, ce que je prie encor et suplye fayre sy faict ne
l'avez.
Le sieur Léonart Jovin m'a ici envoyé une lettre pour
I . Corneille Bomberghe, associé de Plantin et négociant â Anvers.
— 28 —
vous fayre tenir que je vous envoyé ici incluse et il
désire en avoyr response parcequ'il dit n'avoyr encor de
lettre de vous, partant vous prie luy respondre.
J'atendoys responce des soyes de couleur organsins,
que vous avoys envoyées, à la vérité ce qu'il en pourroit
esire, les ayans montrées pour dellà en avoir avis, corne
aussy de musqué et ambre gris et noyr de sieur Manuel
Poret de Paris, qu'à présent il le veut vendre comme
vous avoys rescrit par cy-devant. Maistre Jaques ' m'a
rescript et envoyé quelques mesures, mais le pauvre
homme n'escrit pas bien ny intelligiblement, pourcoy
n'ay pas bien seu entendre ce qu'il veut dire par les
mesures qu'il m'a envoyé, sy c'est la longueur ou la
largeur des peaux. Pourcoy seroit bon qu'il me les
envoyast encor en vostre présence pour me les donner
entendre. Cependant pour la bonne volonté qu'il a vers
nous, je vous prie de luy bailler, incontinent la présente
veue, trois florins en atendant que je le payeroy de ce
que pour moy aura faict du passé, car en ce que pour
moy l'employerés, je vous prie le bien payer inconti-
nent, m'asseurant qu'il est pouvrc et en a bon besoin.
Je rescris encor audit maistre Jaques une lettre cy-
incluse que luy baillerés, s'il vous plaist, et la luy
pourrés lire et donner entendre, afEn qu'il prene garde
à nos peaux que l'on les aseure bien et que seulement
vous ordoniés ce qu'il aura désigné, et s'il y veut bien
entendre et fidellement servir, pourrés bien aider et
soulager en le payant bien, car dores en avant nous
aurons encor plus aflFayre d'un tel homme qui aie et
viene à comandement que nous n'avons pas encor eu,
I . Maistre Jaques cordouannier (Journa de Plan lin).
— 29 —
parceque, outre la baie des 8 1/2 doeseynes N® i, il en
y a encores aux deux baies N** 2 et 3 quarante-deux
douseynes qui seront 50 douseynes 1/2 qu'en aurés
par dellà bientost, Dieu aydant, outre encor un bon
nombre que je en atends encor vers ces Pasques. Et en
atendant que je sois par dellà, vous prieray de donner
encor ordre à tout, ainsi que verres estre bon puisque
tant avés faict pour nous, et moy, estant par dellà avec
vous, donnerons ordre d'avoyr homme et paques au
magasin comme avions proposé. Faisant fin, me reco-
mandant à vous et ma comère, vous priant d'estre
recomandé au bon père et fils aîné \ et à tous leurs
amis qui sont nostres, priant Dieu estre vostre garde.
De Paris, ce 24* mars 1565.
Vostre compère et amy
P. Gassen.
Je vous prie que par le premier ayons responce.
A Sire Christofle Plantin,
imprimeur au Compas d'or.
Anvers.
15. — Pierre Gassen à Planlin.
Cordial amy et compère. J'ay receu vostre dernière,
en date du 20*, avec les greynes de choux, dont je vous
remercie, et voudroys bien en avoyr encor pour 12
I . Le bon père dont il s*agit ici et dans une des lettres suivantes
de P. Gassen, est probablement Henri Niclaes, le chef de la secte
religieuse, la Famille de la OxirUéy à laquelle Plantin était affilié à
cette époque. Le fils aîné de Henri Niclaes était établi à Anvers. La
secte comptait plusieurs adhérents à Paris, et, si notre supposition
est iondée, Pierre Gassen était du nombre. Voir ; Max Rooses,
Christophe Plantin, chap. IV,
— 30 —
patards, tout de la melleure que pourrés recouvrer.
Vosdites letres nous ont donné grand soulagelement-
entendant qu'aviez receu vostre tonneau et baie tout
bien conditioné, car il y en avoit eu poyne à cauze des
paques etc. Je vous remercie de la dilligence faite à
fayre acoustrer nos peaux, desquelles avons bien fort
afFayre, estans à présent toutalement dessortis desdiies
sortes. Je suys bien ayse que puissions avoyr à coman-
dement le pouvre maistre Jaques à nous servir, en le
bien payant et qu'il soit loyal et secret, et m'avés faict
plésir de lui avoyr preste ou baillé, pour des gages, son
lit. Je vous ay en çà, par mes dernières, prié luy bailler
encor 3 fl. ; vous mettrés tout sur mon conte. Et s'il
vous semble bon, je seroys d'avis de luy donner encor
dores en avant 2 ou 3 patards par jour pour s'employer
tous les jours une heure au matin et autant au soyr
pour nos afFayres, ainsi que luy ordonnerés et principal-
lement à veoyr, deux foys le jour, les courroyeures qu'ilz
diligentènt nostre besogne et la fassent bien tout le mieux *
que possible sera. Mesmes le pourriez envoyer à Malines
vers la béguine, et veoyr là le cours et nombre des
marroquins qu'il y a et les pris au vray, chose qui nous
pourroit bien servir de le bien sçavoyr. Et par ainsi le
pourriez employer en tout ce qui pour nous seroit
besoin et que conoistriez qu'il pourroit ou voudroit bien
fayre, et alors le payer ses journées ou despens raiso-
nablement, ainsi que verriés estre bon. Car je seroys
bien ayse que vous fussiez soulagé de tant de poynes et
par trop à mon gré d'empêchement que je vous donne,
et que seulement vous fissiez les ordonances et comander
ce que luy ou autre pour moy auroit affayre et tenir la
quesse pour les payer seulement.
— 31 —
Je rescris audit maistre Jaques ; vous verres la lettre
et en ferés comme bon vous semblera et de tout serés
avoué, vous priant me donner avis de ce qui vous en
semble et sy cella sera bon ainsy de remployer ainsi
pour nous etc.
J'ay ici quelques portugoises, et anges neufs et ma-
rionettes * et voudroys bien sçavoyr le juste pris qui
valent par dellà pour etc. Monsieur Canaye, lequel de
jour à autre attent de son frère une lettre de change de
500 îb de gros m'a promis en prendre de moy 300 ft
de gros pour les vous payer par dellà, et suys après tous
les jours pour la retirer et vous l'envoyer, ce qu'il m'a
promis et dit qu'il ne peut passer 3 jours qu'il n'aye
les letres, ce qui me tarde et m'enuye plus que toutes
mes autres aflfayres, pour ce qui est deu à monseigneur
de Bombergue, et ne tient d'argent lequel est tout
prest, grâces à Dieu, et davantage, mais la perte est
partout grande, les pistoles valent 30 s., les escus sol
52 s. parcoy n'y a ordre. Il faut autre moyen, pourcoy
vous prie escuser pour un peu etc, espérant que nous
contenterons tout avec raison.
Le 21' du présent, j'ay chargé par Jaques Uguebart,
voyturier de Lisle, deux balles grandes, N° 2 et N° 3,
merquées à ma merque à vous adressant, là où il y a
42 douseynes de peaux. Lesquelles je vous suplyeroy
entendre et les retirer, desbaler et fajnre merquer et
prendre avec maistre Jaques encor un homme pour luy
ayder à les bien merquer, plus tost à double merque, et
en fa)Te fayre une toute la melleure et la plus mal
aysée à contrefayre que possible sera, en payant le
I. Noms de difiérentes monn^des.
— 32 —
graveur plus tost au double, car notés que cella nous
est et sera encor plus que nécessayre, parceque nous
avons de fort belles et grandes peaux et fortes, et, sy
les courroyeurs ne nous estoient loyaulx, cela nous
causeroit une ruyne. Pourtant je vous prie en fayre une
bone ordonance, coy qu'il couste, que soyons en seureté
sans dire mot pour etc.
Et, estant ainsi bien merquées, les livrerés pour bon
conte aux courroyeurs, aux deux frères *, les priant, s'il
vous plaist, de les passer et acoustrer le plus tost et le
mieux qu'il leur sera possible, les laissant les plus fortes
qu'ils pourront sans les afFoyblir, car se sont les plus
fortes qui sont les plus propres pour nostre affayre et
puys beau grain et beau lustre, etc.
Compère, il nous sera besoin conoistre quelques bon
marchant qui fasse bon trafique de somac ' pour passer
nos peaux, et parceque j'espère qu'il nous en faudra,
avec le temps, cantité, et mesmes qu'ores à présent
(pour avisio) nous avons bien desjà cent douseynes de
peaux avec le poil et plus, pourtant je vous prie y bien
aviser. Les deux courroyeurs et maistre Jaques conois-
sent bien ceux qui ce mellent dudict somac d'Espagne et
savent bien. Notés que l'on les baille à long terme
estant asseurés etc., come vous pourrés bien sçavoir par
moyen des deux frères et de maistre Jaques tout le
discours. Et faut entendre que je ne veux que du bon
somac noveau, car notés que le no veau faict plus belle
marchandise et mieux nourie sans conparayson que le
vieux somac éventé etc. Pourtant pour la première balle
en prendrés du nouveau et du meilleur, tout ainsi que
X. Jean et Pierre Boziers.
2. Sumac.
- 33 ~
verres bon estre. Je escris à maistre Jaques ; vous verres
la lettre et la luy baillerés, sy elle vous semble bien ainsi,
ou bien en ôterés ou accoustrerés ou la garderés sy bon
vous semble *, luy en baillant une autre en mon nom,
affin qu'il nous serve en nos affayres en le payant ; en ce
que le verres estre propre et de bonne volonté Tem-
ployerés, en atendant que je puisse partir pour vous aler
veoyr, que sera non si tost que je voudroys, mais le
plus tost que je pourroy, comme environ ses pasques,
car j'atends Jehan Gassen *, qui sera yci dans 15 jours.
Et puis cependant je fais bastir nostre maison de la
corne, contre nous, et la fais bien acomoder, pour nous
loger et nos amis bien et au large, et pour paquer et
despaquer sans le seu ny ouye de nos envieux et beau-
coup d'autres bonnes comodités, come j'espère que vous
mesmes expérimenterés bien tost, car il y aura pour
vous bonne chambre, contoyr et place pour vostre
cheval et paques etc. Je suys bien ayse de la venue de
vostre Jehan ' pour vostre soulagement ; j'espère qu'il
nous poura conter la vérité des traffiques de Venise.
1. La lettre adressée à Maistre Jacques a été gardée par Plantin
et s'est conservée. Elle porte Tadresse • A Maistre Jaques le Cordonier
Anvers, t et ne nous apprend rien de nouveau, si ce n*est que les
deux corroyeurs dont il est souvent question s'appelaient Jean et
Pierre et étaient établis aux • Gasthuisbeemden » à Anvers.
2. Jehan Gassen^ neveu de Pierre Gassen, voyageant pour le
commerce de son oncle.
3. Jean Moerentorf ou Moretus^ le futur beau-fils de Plantin, né à
Anvers le 22 mai x 543 de Jacques Moerentorf et d'Adrienne Gras.
II entra au service de Plantin en 1557. En 1562, lorsque les ateliers
de l'imprimeur lurent fermés, il se rendit à Venise et y resta jusqu'en
1565. A cette époque, il rentra chez Plantin, dont, en 1570, il épousa
la seconde fille, Martine. Il était spécialement chargé de la vente des
livres et tenait les comptes de l'officine.
3
— 34 —
J'atens la response de la soye organsin et de ce que
vous semble des autres 2 sortes apellées or de ducat
et soye à coudre. Je en ay veu manier à maistre Jaques ;
pourtant employés le à le fayre trotter pour en savoyr
au vray la conclusion, car on me presse de responce et
mesmes de musqué et ambre gris et noyr.
Je vous prieray me doner avis que ce que vous semble
des peaux envoyées, et mesmes quelle opinion en ont
les deux courroyeurs et maistre Jaques des 3 premières
baies, car nous avons bien moyen de continuer. Mesmes
je en ay de celles-là où il y a eu de Tuylle bien 130
peaux, prestes à vous envoyer par le premier voyturier.
Faisant fin, me recomandant à vous et à tous les amis,
priant Dieu estre vostre garde. De Paris, ce premier
d'apvril 1565.
Vostre entièrement
compère et amy
P. Gassen.
Je vous prie fayrc tenir l'incluse à Sr Minary, Italien,
qui fut compagnon de pellissery.
Maistre Jaques m'a donné avis pour avoyr des mou-
tons de Berry, mais je n'ay pas bien entendu sa lettre.
Je vous prie luy demander l'intelligence et me le rescrire
par vos premières que je l'entende.
A Sire Christophe Plantin,
Anvers.
Payé 2 patards.
— 3S —
i6. — Pierre Gassen à Plantin.
Cordial amy et compère. Le 5* du présent, vous ay
escript mes dernières, et despuys j*ay receu les vostres
du dernier mars, ensemble 2 rézeaux de nos incons-
tantes béguines. Or, je me doute, comme je vous ay
escript, que quelques uns de nos voysins a, en achetant
des filz de cloistre, descouvert les ouvrières, qui pouroit
estre la cauze de les renchérir ainsi. Mais tant y a que,
pour la cauze que je en ay promis quelques nombre à
rozes, il nous les faut avoir plus tost leur mot (sy
mieux on ne peut), pourveu qu'elles les fassent bien
beaux et de beau fil et qu'elles m'en despeschent davan-
tage, comme elles promettent à 4 florins 10 patars. Il
me semble qu'il ne sera mauvays de sy bien serrer le
marché qu'elles ne varient plus et leur fayre promettre
par escript et jurer par la foy de billouart ou de
béguine de ne plus leur dédire, et que maistre Jaques
y aile en vostre faveur leur fayre prester le serment
solenel etc. Et faut qu'elles les fassent dores en avant
tous cou vers de rozes de 4 fl. 10 patars, et en retirer,
estans achevez, tout ce que pourrés pour nous les
incontinent envoyer. Je vous ay escript avoyr délivré
au compère Lucas Brayer ', pour vous envoyer, 434 fis.
14 1/2 patars en un pasque etc.
Je suys encor après pour avoyr une lettre de change
comme vous ay escript, aflin de ne perdre tant sur les
cxpèces etc., car j'ay yci tout prest de long temps, pour
vous envoyer, sy la comodité se seroit offerte de pouvoyr
changer, et suys marri de tant tarder. Qpi est la cauze
I . Lucas Brayer, libraire à Paris.
-36-
qui me faict par tous moyens chercher la comodité que,
par marchandises, vous puissiez par dellà avoyr la quesse
mieux garnie etc. Je suys esbay que, par maistre Jaques
ou vous, je n'aye encor eu quelques mots d'avis despuys
que vous avez veus et montrés les botes de soye
d*organssin, parce que cella m'importoit et désireroys
d'en savoyr au vray ce que par dellà on en sçauroit
fayre. Je vous prie d'y employer ledict maistre Jaques ;
qu'il sache partout et montre l'une bote après l'autre
d'après mon dernier avis et mcsmes des autres que
je vous ay encor envoyé. J'ay y ci quelques nombre
de peaux de boucz avec le poil, là où il y a eu des
huylles d'olive, et suys d'avis de les envoyer par dellà,
et voudroys bien en avoyr vostre avis et conseil, sçavoyr
sy elles seront (comme je pense) aussy bonnes que les
autres par dellà, car il y en a de belles et bien grandes
et parce que seront bien fortes. Pourtant je vous prie
d'en communiquer en devisant avec nos corroyeurs,
sans fayre autre semblant etc., et sçavoyr sy elles seront,
estans passées en somac, aussy bonnes que celles-là où
il n'y a point eu de l'uylle. On en a passé par dessà à
nostre mode qui se sont bien portées et sont forts
souples et douces, mais j'ay en volonté de les fayre
acoustrer à la mode de par dellà et voudroys avoyr
donné un escu pour avoyr desjà la responce, et pourtant
je vous prie que par le premier ou par la poste m'en
doniés avis de ce que en aurés peu entendre, affin que
par là je puisse mieux conclure de envoyer tout ou
partie par dellà.
Maistre Mathias, ' chirurgien, m'avoit plusieurs foys
prié de vous prier et rescrire d'avoyr responce et novelles
d'Andric Andreley, et de deux paqués que je vous ay
— 37 —
envoyez pour luy. Je vous avoys aussy prié donner, en
mon nom, seulement un formage d'Auvergne audict
Endric et le prier que, en payant, nous ayons lieu pour
paquer et débaler nos marchandises, en atendant que
vous ayés toute vostre maison à comandement pour
nous en louer. Je youloys acheter encor des formages
d'Auvergne pour vous envoyer et pour les amis, mais
cregnant que, à cauze de caresme, on ne fût escandalisé
etc. nous avons différé fins à ces pasques.
Je vous avoys par cy-devant mandé que j'avoys
livré à compère Brayer des pièces d'eslite pour 434 fl.
14 1/2 patars. Il me vient présentement dire que il a
livrée ladite marchandise d'eslite à Claude du Boys
présent porteur, et y a en espèces ce qui s'ensuit : 5
portugueses, 14 escus de la reyne, 31 marionettes,
8 1/2 daldres, 72 1/4 Philipus daldres d'or ou d'argent,
20 réaux d'or, 2 cavalos *, 2 Philipus d'or, 3 Carolus
d'or ou d'argent, 93 1/2 reaies de 3 1/2 par pièce, ou
la valeur en plusieures sortes desdits reaies, 20 estootres
d'Engleterre, qui est tout ce que trouvères dans ledit
paquet. Je vous envoyeray tout l'acompliment pour
le reste, tant pour Monseigneur De Bombergue, que
pour nos ouvriers, et autres choses, et n'eust esté la
crainte du mauvais chemin etc., je en eusse mis davan-
tage.
Cependant je vous prie par ma gouvernante Catherine
Plantin * faire sy bien soliciter toutes nos ouvrières que
1 . Cavalos. Plantin en annotant dans soi^ « Journal des affaires
de Pierre Cassen • la réception de cette somme, donne à cette mon-
naie le nom de « Ridders t. Le Ridder ou Ryder d'or était une
pièce à refHgie d*un cavalier et valait 2 R. 8 s.
2. Catherine Plantin, troisième fille de Plantin, était spécialement
-38-
nous ayons ce que par les mémoyres avons demandé,
car à présent nous sommes ausi dessorties des sortes
demandées ; pourtant, avec nostre première baie de peaux
ou par ce porteur et compagnons, vous prions les envoyer.
Si nous achetés des coffres à barres pour nous envoyer
nos peaux dedans, s'il vous plaist, vous les prendrés
moyens de 14 barres, car on n'accepte point tant les
grands, et qu'ils soyent de belle couleur, comme vert
sur vert et quelques belle couleur rouge ou bleu parmy.
Les faisant bien paquer, il seroit bon acheter du pappier
pour mètre partout le dessus et devant, avant que de
mètre la paille pour ce que la poudre et paille s'atache
contre et gaste la pinture. Je vous sohayte encore deux
pièces de vin les frères du vostre, Tune pour vous pour
succéder au vostre, et l'autre pour le bon père *. Duquel
et de ses enfans, je désire et vous prie que nous mandiés
des novelles et comme tout ce pone par dellà. Les
voytures sont sy chères et le danger d'estre le vin beu
et gasté par les chemins que je suys d'avis pour le
présent que sy par dellà en trouviez comme je pense du
bon [à] acheter que en preniés une couple de bonnes
pièces, je entens sur mon conte, l'une pour vous, l'autre
pour envoyer et fayre tenir, ce que je vous suplie, bien
tost à bon père, avant que les chaleurs viennent, espé-
rant par grâce en aler boyre ma part du vostre et du
sien pour nous rafraîchir à ce beau temps, m'assurant
que le bon père ne nous donne pas seuUement de ce
vin-là, mais qu'il nous en donnera et présentera encor
chargée des affaires de Pierre Gassen à Anvers. En 1571, elle épousa
le neveu de ce dernier, Jean Gassen.
I. Henri Niclaes.
— 39 —
d'autre, pour nous sans comparayson le plus excellent et
plein de bonne odeur *. Je désire sçavoyr sy maistre
Jaques vous peut soulager en mes afFayres en le payant,
ainsi que verres estre bon, comme vous escript.
Faisant fin à la présente, me recommandant à vous et
à tous nos amis en général, désirant sçavoyr sy nostre
amy André a achevé sa besogne, de laquelle je veus estre
participant, et aux frères, sans oublier ma comère
Plantin et toute vostre famille, ensemble nostre jardin
pour aller jouer avec les susdits, priant Dieu estre garde
de nous tous et vous de fayre bien acoustrer le jardin
en temps et saison et non sans fayre boyre etc. De
Paris, ce 7* avril 1565, par
Vostre compère et à
jamais amy
P. Gassen.
Mes massons et le messager ne m'ont point tant hâté
à ceste foys que ma dernière qui est cauze qu'à présent
en avés plus belle lettre.
A Sire Christophle Plantin,
imprimeur, demeurant,
au compas d'or en Camestraete
Anvers.
Paies de port
deux patars.
I. C'est-à-dire le vin de sa doctrine.
— 40 —
17. — Pierre Gassen à Plantin
Compère et amy. Serés averti que j*ay receu vos
dernières du 3* et despuys par JuUien une cscripte avec
son meith (?) sans date, ensemble un petit paquet et le
contenu au mémoyre. J'ay faict vos recomandations
aux amis tous, qui en font envers vous le semblable. Je
suys grandement joyeux de l'arrivée de vostre Jehan *
pour vostre soulagement, liberté, etc.
J'ay faict vos excuses envers Boybaux. Je vous
remercie bien fort de l'avis des cuyres et exposition des
letres et avis de maistre Jaques, duquel vous ayderés
en mes affayres,tout ainsi et autant que verres estre bon,
car, if présent, j'ay bien affayre d'une personne pour
entendre à mes affayres par dellà, principalement aux
cuirs de les bien merquer et en dilligence les fayre
passer et corroyer et solititer.
J'espéroys vous aler veoyr devant pasques ; mais, pour
n'avoyr letres de Jehan Gassen il y a un moys, m'est
besoin atendre des nouvelles de luy avant que partir
pour donner ordre à quelques marchandises, mesmes
des cuyres qu'il a chargés que j'atens tous les jours bon
nombre. Le 22* mars, vous en ay envoyés 2 balles
par Jaques Huguebert, voyturier de Lisle, là où il y en
avoyt 42 douseynes, desquelles balles n'ay nul avis
que les ayés encor receux et faites mètre en la chaux,
ce que je vous prie de fayre le plus tost que l'on
pourra. Car sachez qu'il m'en vient bon nombre et sera
requis grande dilligence etc., pour auprès et à mesure
qu'elles arriveront les fayre comencer à mètre en chaux
pour ne perdre mais gaigner le temps et la saison,
I. Jean Moercniorf ou Moretus.
— 41 —
laquelle est tardée pour nous. A cauze des pestes
n'avons peu avancer. Sachez que présentement nous
alons paqer 300 peaux pour vous envoyer et ay mar-
chandé à ' .voyturier par terre de
Valenciene, qui vous mena la première balle et promet
que les vous livrera avant Casimode ; ce sont celles-là où
il y a eu dos huylles d'olive dedans et est une belle
marchandise et grande, et m'assure qu'elle sera bonne,
si elle est bien et fidellement passée etc.
Mais, compère, je vous prie entendre ce qui est en
cella requis, autrement toutes les peaux seroient gastées,
c'est qu'il est fort nécessayre que, incontinent que le
voyturier sera arrivé [à] Anvers, avoyr soin de le:
retirer et prontement les fayre desbaler et mètre à
l'essor ou évcnt, cregnant que ne se gastent et eschauf-
fcnt ensemble pour ce urdoir et perdre. Et le melleur
sera de, incontinent estre desballées, prendre des gens et
les fayre merqer, et à la mesme heure les livrer aux
deux frères pour les getter dans la chaux, et pour ceste
cauze vous en ay bien voulu donner plus tost avis, affin
de vous prier d'en parler aux courroyeurs pour qu'ils se
préparent et gardent une place et vaisseau pour, incon-
tinent estre arrivées, les mettre en besongne, et les
pouvés bien assurer que s'ils me sont loyaulx et fidelles
et uzent envers moy de dilligence, que je les feray
resjouir, qu'ils vous ont coneu estant leur voysin en
Gastuys bembde ', car estant telz que dessus vous leur
aurés amené bon profEt etc.
1. Mahieu Pasquier.
2. Gasthuisbeemden : terrains non bâtis, près de Tancienne porte
S« Georges à Anvers, traversés par la rue qui s'appelle actuelles
ment la rue Léopold.
— 42 -
«
Le compère Lucas * fera pour vous baller un tonneau
auquel je metray quelqes chose etc. et aurés bien tost
Tacompliment de tout ce qu'il vous faut et outre, car
tout est prest et serons par grâce tous contens. Mais
cependant je vous suplye que nos affayres s'avancent et
que ne tiene à l'argent et bien payer pour avoyr des
gens n'espargnant les frés etc., car nous les ferons par
grâce bien revenir, mais que soyons servis en dilligence
et fidellement.
Le messager me presse et aussy me faut paqer pour
Lion et Anvers et j'ay bien faim, aussy a le curé et
nostre amy Porret, lesquels avec maistre Aubin [et] mes
maceurs vienent diner avec moy, mais non sans boyre
et manger à vous et à tous les bons amis, et prions
d'estre recomandés etc. De Paris, ce 14 Avril 1365, par
Vostre compère et amy
P. Gassen.
Ma femme qui ce recomande à vous et la vostre
et Rachel, à ses compagnes Plantines prient que leur
envoyés leurs rézeaux achevés et les ouvrages que par
plusieurs mémoyres ont demandé, car c'est à présent
leur marchandise et point la miene et sont à présent fort
mal sorties.
Au Sire Christophle Plantin,
imprimeur, demeurant
en Camestraetc, au compas d'or,
Anvers.
Paiez de port deux patars.
I. Lucas Brayer.
— 43 —
i8. — Tierre Cassen à Plant in.
Compère et amy. Toutes recomandations prémises,
serés averty que j'ay par Jaques le flamen et de Chasteau
receu deux petis paqés de lingerie et les 2 rézeaux
couvers de rozes, le tout a esté bien venu pour estre
dessortis par trop à présent.
J'ay receu la balance de mes contes, mais je n'ay peu
encor avoyr nul loisir de la veoyr par l'empêchement
de mes massons, charpentiers, couvreurs et ma femme
malade, qui est assés d'empêchement pour une foys.
J'ay receu vos letres du 8 et 13 du présent et
mesmes pour vos amis les maistres des enfans, lesquelles
nous avons acompli pour le temps et acomplirons de
tout nostre pouvoyr, celon le désir de messieurs leurs
père et mère, et tout ainsi que de bone et grande afec-
tion Tavés mandé et recomandé, et mesmes, pour la
singulière dévotion que j'ay de fayre agréable service de
toutes mes forces à Monseigneur de Bombergue et à
tous ses amis et serviteurs pour l'amour de luy, n'ayant
mis en rien oubly des biens que je sçay par vostre
tesmoynage qu'avés receu de luy, et mesmes que de sa
grâce vous a pour moy oflFers. Pourcoy vous pouvés
bien asseurer mes dis seigneurs qu'ils nous ont yci pour
leurs fidelles amis et serviteurs et que Messieurs leurs
enfans ne défaudra or ny argent, logis et service et
faveurs, soit en santé ou maladye, le cas avenant, et
qu'ils ne facent qu'ordonner et nous comander. J'ay
présentement veu les enfans et nôtre et ce portent fort
bien, et mesmes le plus grand dit ce porter yci mieux
que par dellà.
J'ay incontinent avoyr receu vostre dernière cherché
— 44 —
et trouvé l'autre escolier Clément de vostre letre oubliée
en vostre comptoyr et Tay faict content, come verés
par sa quîtance que je vous envoyé dans ses incluses
escripte en latin.
Sachez que ce jourduy est parti de ceste ville Mahyeu
Pasquier, voyturier de Valencenne, auquel j'ay baillé et
chargé cinq paniers, là où il y a 852 peaux avec le
poil, dont les 4 sont grandes mânes ou paniers, et le
5* est plus petit, pesans tous ensemble 4250 ft, que
j'ay acordé à 35 s. ts. pour chascun cent, poys et mon-
noye de Paris, à la charge de les vous rendre en vostre
maison [à] Anvers, dans 12 jours, qui sera le 4 ou
5 juin. Il vous playra y fayre prendre garde et les
retirer incontinent, despaqer, conter et les fayre bien
merqer et mètre en chaux etc. Cependant et en les
atendant, je vous prie de préparer et fayre diligenter les
deux baies des 42 douseynes, afEn d'estre prestes pour
les charger par ledit Mahyeu, affin que nous les ayons
pour le lendit pour ne perdre nos chalans etc.
Mais notés que dans le plus petit panier un nostre
amy a mis, au milieu des peaux, un paqet envelopé de
toille, là où il y a un escripteau, pour l'adresser là où
il le faut bailler et poise quelqes demy cent. Je vous
prie les fayre desbaler en vostre présence et le retirer et
rendre à qui il s'adresse, seurement, en payant bien le
port, etc.
Je vous envoyé cy-dedans. vos 2 autres letres «de
change. J'atends vostre responce encor une foys pour
sçavoyr sy Jaques Dupuys sera encor revenu ou envoyé,
ou du tout rien, car cela me tient en aboy, ne sachant
qu'il fera, affin de tenir prest ce qu'il faudroit pour luy,
autrement je vous eusse desjà paquée et envoyée de
— 45 —
marchandise d'élite que j'ay yci preste pour vous envoyer
qui ne me sert de rien. C'est de la mesmes des 300
cornes ; je en ay encore autant et n'y auroit point de
perte, mais j'ay bien encor voulu atendre ce que melleur
vous semblera que je face par vos premières, estant
parvenu jusques yci.
Le sire Mareschal de Lion ' m'a aporté la vostre du
14, auquel celon vostre letre luy ay offert tout à leure
mesmes les 10 escus et 3 ft ts, avec tout plesir, de
sorte qu'il est bien content etc. Je vous ay escript un
mot ses jours passés par le chartier qui me gasta mes
cuyrs de Turquie, afEn de recevoyr de luy 1$ û. qui
me sont de longtemps deux par luy, lesquels 15 fl.
m'en coustent plus de 60. Ne recevés que bon paye-
ment, car j'ay yci respondant, et m'en donés avis l'ayant
receu, le me tant sur mes comptes.
J'ay rescript à ceux de hault passage de Hen qui
prenent et extorqent argent sur les voyturiers et mar-
chans autant qu'ils peuvent, j'ay donné charge au voy-
tuiier de retirer de leur main leur sine à quel titre ilz
font tant payer. Il m'a dit vous avoyr baillé le dernier
des 7 ft ts, qu'il dit avoyr payé pour 2 paniers. Je
voudroys bien que vous me l'eussiez renvoyé avec les
autres de ce voyage, afEn d'en fayre remontrance là où
il apartient.
Je vous remercie de l'avertissement doné des cuirs
huiUés. J'espère qu'ils ce porteront à la fin bien, et
qu'estant bien acoustrées et labourées, la pluspart servira
bien pour coles, à porter vers le costé noyr, pourtant je
vous prie les fayre diligenter et bien passer, estant bien
I. Jehan Mareschal, imprimeur-libraire à Lyon.
desgrayssées, qui est Tun des poîns principaulx. Il y a
de belles et grandes peaux, lesquelles ayderont à payer
la despence, encores qu'elle soit grande, pourveu que
les deux frères nous tienent loyalté etc. Il sera bon les
bien merquer. Je vous prie de m'avertir comment elles
se porteront et l'avis des couroyeurs, estans hors la
chaux, je dis les premières huillées. Q.uant à ses 852,
eles seront encor melleures et plus frêches. Nos chalans
atendent fort après la première et deusième 2 baies,
qui font ensemble 50 douseynes, qui nous viendront bien
à propos pour ce lendit, car nous n'en avons pas une.
Vous estes aussy fort prié de nos gens d'envoyer leur
sortiment et acompliment des mémoyres tant à présent
que de longtemps demandés, mesmes ma femme, la
malade, laquelle se recomande à vous et à la vostre, a
trouvés fort beaux les rézeaux couvers de roses, toutes-
foys un peu par trop bas de auteur, et vous prie de
prier les saintes béguines pour elle de luy en despechcr
2 ou 3 douseynes, tout le plus tost qu'elles les pourrons
fayre, de beaux patrons.
Nostre amy et frère malade Porret ce porte à présent
assés bien, au moins mieux que le passé, aussy font le
compère Brayer et le pouvre curé et ce recomandent à
vous et aux amis, ce que je fais aussy, priant Dieu estre
vostre garde. De Paris, le 24* may iS^S, par
Vostre compère et amy
P. Gassen.
A Sire Christophle Plantin,
imprimeur en Camestraete
au compas d'or
Anvers.
Receu le 3 Juin. Respondu le 4.
— 47 —
19. — Guillaume ^çville * à Tlantin.
Seigneur Plantin. Je receuz vostre lettre du xij
d'octobre avec la balle des livres que m'avez envoyez
montant 142 fl. 8, que j'ay mys à Tancontre de ce que
me debviez. Quant à l'ambalaige, vous metez 5 fl. 12
sols. Je me suys fort estonné de tel embalaige, il semble
que vostre homme aye faict cella à plaisir. Le plus cher
embalaige que j'ay receu en ma vye d'Anvers ny de
Francfort ne passa à ung escu ; le plus cher que je
vous aye envoyé, ny à autre, n'a passé 30 sols de
France. Outre la cherté, vous y avez mys, ou vostre
homme, certaines mattes qui ne servent de rien, synon
pour faire pourir les livres, cas advenant que la balle se
mouillasse, jamays cella ne sécheroit que les livres ne
fussent tous pouris, et couste beaucoup de port. C'estoit
assez de paille, de toille et de cordes et me renvoyer
l'embalaige mesme que je vous avoys envoyé. Je vous
prye de faire mètre ledict embalaige à la rayson, comme
j'ay faict à vous et quant au demeurant du pois des
livres je m'en fie en vous. J'ay entendu ce que m'escri-
viez des livres dont n'en y a plus' et faudra atendre
qu'ils se réimpriment. Me recommandant à vostre bonne
grâce, apprès avoir prié le créateur vous tenir en sa
saincte garde. De Lyon, ce xxvj de décembre 1565.
Vostre serviteur et amy
Guillaume Roville.
L'on m'a dict que vous voulez imprimer mes cours
de Roussart in-8° *, je vous voudroys prier de vous
1. Guillaume Roville, imprimeur de Lyon.
2. Il s'agit du Corpus juris civilis annoté i)ar.Lx>uis Roussart
-48-
déporter de cella pour la pareille, car vous avez assez
d'autres choses à fayre. Je le dis pource que je fays une
segonde édition, là où Monsieur Cujas * met aussi la
main, avec ledict S*" Roussart, et faudra que je les imprime,
car je y ay faict jà de la despence grande, sans cella, je
ne me souciroys pas qui les imprimasse. Si vous me
faictes ce plaisir, je vous en pouveray faire ung autre
quelque autrefoys.
Au Sire Christofle Plantin,
marchant librayre imprimeur
demeurant
à Anvers.
Payez le port.
20. — Vlantin à Gabriel Çayas '
Monsigneur.
Pour response à Vostre Signcurie touchant l'impression
de la Bible en quatre langues, asçavoir Hébraïcque,
(Russardus). En 1567, Plantin en publia une édition en 10 volumes
in-80. Il y a des exemplaires du premier volume avec la date de
1566. D'après un contrat daté du 10 octobre 1565^ Jehan Maréschal
de Lyon prit pour son compte 625 exemplaires de l'édition planti-
nienne, à 48 sous la pièce.
1. Jacques Cujas, célèbre jurisconsulte français. Il naquit à Tou-
louse en 1520; enseignit le droit dans plusieurs Universités et
mourut à Bourges en 1590.
2. Gabriel de Çayas ou de Zayas, fut nommé secrétaire de Phi-
lippe II en 1 563, après avoir beaucoup travaillé avec le roi en l'absence
du secrétaire principal Gonçalo Ferez. Avec le cardinal de Granvelle,
Çayas fut le patron le plus zélé et le plus constant de Plantin.
3 . Cette lettre n'existe pas dans les minutes de la correspondance
de Plantin. Nous la publions d'après l'original conservé aux Archives
générales de Simancas.
— 49 —
•
Chaldaïque et Grecque et à chaicune d'icelles leur
version Latine, il vous plaira entendre qu'elle seroit
contenue en six volumes : lesquels j'espérerois de pou-
voir imprimer en l'espace de trois ans, à compter du
jour que j'aurois commencé à l'imprimer. *
Le papier pourrois je faire venir de Troye en Cham-
paigne ou de la Rochelle, car de chaicun desdits lieux
aurions nous bien la commodité et en fauldroit avoir
environ de 3000 rames, qui cousteroyent rendus ici
environ douze mille florins pour ie moins.
Les frais ordinaires de la besongne, pour les ouvriers
et autres despenses de l'imprimerie, cousteroyent autre
douze mille florins, qui seroit ensemble environ de
douze mille escus pour le papier et travail ordinaire des
ouvriers et telles autres despenses desquels je puis bien
faire le calcul.
Mais quant aux aultres frais par moy desjà faicts et
qu'il me conviendroit encores faire cy-après^ il me seroit
impossible de les rédiger en compte devant l'achèvement
de l'ouvrage. Car j'ay desjà employé une bonne somme
d'argent à tenir des hommes sçavants en hébrieu et
aultres langues en mon logis, à mes despens et gages,
pour corriger le dictionnaire de tous les mots hébraicques
de laditte Bible que j'ay faict aussi visiter par gens doctes
et députez par Sa Majesté à la visitation des œuvres qui
se doibvent imprimer par deçà, lequel dictionnaire déco-
reroit grandement l'œuvre. '
1 . Cette lettre constitue le document le plus ancien que nous pos-
sédions sur la Bible royale ou polyglotte, imprimée par Plantin avec
un subside du roi, de 1568 à 1572. L'ouvrage renferme 8 volumes
et non 6, comme le plan primitif de Plantin le comportait. Voir :
Max Rooses, Chistophe Plantin, Chap. V.
2. Plantin avait confié le soin de revoir le dictionnaire hébreu de
~ 50 —
Il me convien droit davantage, durant Timpression de
ladicte Bible, entretenir des gens doctes et bien expéri-
mentez en la cognoissance desdictes langues, pour vacquer
ordinairement à la correction, ce qui ne se feroit sans
grandes despenses et bons gages, dont je ne pourrois
rendre compte jusques à la fin. Et mesmes je n'oserois
pas entreprendre de trouver gens capables de corriger
tel ouvrage, qui voulussent s'y assubjectir, si je n'estois
asseuré de quelques-uns que j'entretiens desjà passé
quelque temps à celte intention, et qui plus est, j'ay
rencontré entre autres un jeune homme fort docte es lan-
gues Hébraïque, Chaldeénne, Grecque et Latine, auquel,
pour mieux l'entretenir et l'avoir à commodité, sous
l'espoir que j'ay eu d'aider avec le temps au bien
public, et en la faveur des lectres et de telles vertus rares
qui sont en iceluy, j'ay baillé ma fille aisnée en mariage. *
Qiiant aux charactères je les ay tous taillés et en ordre
et les ay par le moyen de mes amis recouverts et acheptés
de longue main, à tels frais, travail et nombre d'argent
qu'on n'y pourroit bonnement mettre prix : d'autant que
je ne pense pas qu'il s'en trouvast encores autant ensem-
ble de si beaux et bons en aucunne partie de toute
l'Europe, ainsi comme plusieurs des principaux impri-
meurs et gens à ce cognoissants de la France, de l'Alc-
magne et de l'Italie l'ont rescript et maintes fois confessé
S«inte Pagnini à Jean Isaac professeur d'hébreu à Cologne. Ce
savant habita chez l'imprimeur du 10 novembre 1563 au 21 octobre
1564. Le dictionnaire hébreu, imprimé à la suite de la Bible royale,
était revu par François Raphelengien, le beau-fils de Plantin, qui
habitait dans l'imprimerie depuis le 12 mars 1^64, C'est à ces deux
savants et à leurs travaux que Plantin fait ici allusion.
I . François Raphelengien qui épousa Marguerite Plantin au mois
de juin 156$.
— si-
en mon absence, et puis après en ma présence à la foire
de Francfort ; dont l'occasion est advenue parcequc
j'avois donné, à la foire de quaresme dernier, à quelques
personnages de grande auctorité aucunnes fueilles de
nostre espreuve de ladicte Bible, d'entre lesquelles l'une
fiit monstrée au duc Auguste électeur, qui desjà avoit
desboursé quelque grand nombre de daldres pour faire
les préparations de telle ouvrage. ' Mais ledit Signeur
ayant veu et faict visiter nostredite espreuve à plusieurs
et mesmes à ceux qu'il avoit mis en besongne, ils con-
fessèrent tous qu'il leur estoit impossible de parvenir à
telle perfection et ainsi, ledit Signeur et ses ouvriers
ayant désisté de leur entreprinse, il m'en fist advertir à
la dernière foire dudit Francfort, en septembre, et
exhorter par son imprimeur mesmes de poursuivre mon
entreprinse. Le semblable ont faict plusieurs qui avoyent
proposé la mesme chose et entre autres les Signeurs de
la ville de Francfort, qui m'en vindrent aussi parler
estant audict lieu, et offrir d'entendre au déboursement
des deniers d'une telle œuvre, si je voulois l'aler faire en
leur ville. Le semblable m'a esté offert au nom du prince
électeur Palatin, si je voulois aler en sa ville de Heidel-
berghe pour l'imprimer. Mais à tous j'ay répondu ce que,
estant à Paris durant le temps de mon infortune, * je
fis à Mons' le Conestable de France et à plusieurs autres
qui me vouloyent rattirer en France et me bailler bon
1 . Auguste, duc de Saxe^ s'était déclaré prêt à payer les frais d'une
édition de la Bible en cinq langues, préparée par Jean Draconite
théologien luthérien. Ce dernier mourut en 1566, au moment où on
allait mettre son ouvrage sous presse et où Plantin apportait sa
feuille-modèle à Francfort.
2. En 1S61-1S62.
— 52 —
estât et moyen de fournir à mes entreprinses, c'est que,
comme je me suis dédié à imprimer choses catholiques
et profEtables à la République chrestienne, que je me
suis aussi résolu de ne me transporter en autre lieu que
sous l'obéissance de la Majesté de nostre Roy catholique,
auquel j'ai donné le serment de fidélité et léale obéissance,
en mains de ses officiers, en ceste noble et renommée
ville d'Anvers.
Je prie Dieu, Monsigneur, de vous maintenir en sa
grâce. D'Anvers, ce 19 décembre 1566.
De V. S. le très humble serviteur
C. Plantin.
21. -^ Tlantin à Cayas. *
(Plantin entretient Çayas de plusieurs livres qu'il lui envoie; il fait
une chaleureuse profession de foi catholique, et exprime son désir
d'imprimer la Bible polyglotte. Il annonce l'envoi d'un mémoire
concernant la manière dont ce travail s'exécuterait.)
Mi Senor,
Yo creo que despnes de las ultimas de Vuestra Senoria
de 20 y 28 del passado avra recibido los otros libros que
le embie. Lo en ellas contenido hare yo, y embiare, Dios
queriendo, los libros con el primer correo, y huvieralo
hecho agora, si el correo se huviera tardado dos o très
horas mas. En el entretanto embio a V. Senoria la cuenta
de la mayor parte de los libros que le he embiado ;
I. L'original de cette lettre se trouve aux Archives de Simancas.
La minute ne s'en est pas conservée.
— 53 -.
porque, quanto a las sutnas de doctrina christiana *
(por la dedicacion) y de algunos otros, no he yo puesto
nada, contentandome con vuestra buena gracia, ni tam-
poco huviera embiado la cuenta destos, sino por haver-
melo vos mandado.
Aqui va la lista de los libros de Philosophia tal quai
por agora se ha podido hazer de todos los que se hallan
al présente en esta villa.
Tambien embio a V. Seiioria la costa y gastos que yo
he hecho y queda por hazer para la impresîon de la
Biblia en quatro lenguas laquai yo desseo mucho impri-
mir debaxo del favor de Su Mag**, y asi no he podido
contenerme en lo de la prolixidad que lo he sido mas
de lo que déviera tanto que he estado muchas vezes por
hazer otra relacion temiendo ser pesado à V. Senoria
y mucho mas a Su Mag** con tan larga platica que no hay
en ella ninguna cosa que no sea verdadera y cierta y que
no se pudiera dezir mucho mas. Qpe si el correo no se
hubiera partido tan presto despues que rescibi el pliego
de Vuestra Senoria con los dos libros del seiior Doctor
Vallès ', porque yo los recibi ayer tarde y el maestro de
postas me ha dicho que manana de manana partia el
correo, yo huviera tornado a escrivir otra mas brève
que esta, laquai he hecho duplicar de la minuta de mi
mano a un mi criado que esta en mi tienda porque yo
no ténia lugar de hazella y tambien porque el escrive
1. Summa doctrirue CbrisUatue per quastiones îvcvhnter conscripia.
Auctore D. Pctro Canisio. 1566. Le livre est dédié à Philippe II par
Piantin.
2. François Vallès ou Valesius, médecin du roi d'Espagne, écrivit
plusieurs ouvrages sur son art. Le 7 février 1589, Piantin lui fit savoir
qu'il était prêt à imprimer trois tomes de ses œuvres.
— 54 —
me|or que yo. Por loqual, monsenor, yo supplice de
nuevo a V. S", me perdone y haga sacar délia lo que le
pluguiere en brève relacion para poderla mostrar a Su
Mag^, a tal que no enfade de letra tan prolixa aunque
procède todavia de buena afficion.
Qpanto al Boecio que embia el Seiior Morales, yo
no hallo que haya en el mas que en el que yo imprimi
algunos anos ' ha, de los quales embie uno luego que recibi
el del dicho senor, el quai todavia ayudara en algunos
pasos a emmendar la otra impresion, de laquai tenemos
aun alguna cantidad, que esta no la podremos vcnder
despues que huvieremos hecho una nueva edicion, laquai
nos haze tardar y supplicar a V. Senoria nos escuse y
encomiende humilmente al dicho senor Ambrosio de
Morales y al seiior doctor Vallès, a quien yo respondere
con la primera ocasion que me sera possible.
Embio a V. Senoria las Phisicas y Eticas y las Epitho-
mas de Cornelio Valerio ' que agora de nuevo he imprcsso
con un libro de las fabulas de Facrna, * y no tengo otra
cosa al présente que os pueda dar gusto y assi hare fin
con rogar a Dios etc. A el gracias estamos todos buenos de
salud del cuerpo aunque el spiritu ; dessearia alguna mas
aplazible tranquilidad y emmienda de vida debaxo de la
1. Anicii Matilii Torqvati Sei'erini Bœthii de Consolai iotie philoso-
phiae, lib. V. 1562.
2. Cornélius Valerius. Ethicx seu de tnoribus philosophie hrci'is
et perspicua descriptio ; Id. Thysica seu de riaturiC philosophia ; Id.
Grammaticarum institutionnm lihri quator. Ces différents traités
portent la date de 1567, mais étaient achevés au mois de décembre
précédent.
3 . Ceutum fabula ex aniiquis aucloribus delecUr el a Gabriele Faenio
ctemouensi carminibus explicaLc. Première édition, achevée au mois
de septembre 1566.
- ss —
obcdiencia de la sancia y verdadera religion catholica, y
por esto nos allegamos a aquellos que aman la concordia
y union de la christianidad, laquai no podra ser en gêne-
rai mientras que la tan falsa opinion de los que se han
desviado y separado de la verdadera yglesia occupara
en entendimiento rebelde, y por tanto rogamos grande-
mente a Dios sea servido dj alumbrar los corazones de
los desviados para que puedan atender y conoscer en que
abismo y hondura de pcnsamientos contrarios a la volun;
tad de Dios y de sus superiores se van tan porfiadamente
a prccipitar sin que ninguna les pueda detener, hasta
que ayan probado el ynfortunio inquietud y llaga que les
viene o que sea Dios servido de les hazer ver el horror
de sus pccados y abominables fantasias en que se fundan
al contrario de la intelligencia de loque quieran significar
las scripturas sanctas, laquai intelligencia verdaderamente
no se hallara jamas sino en los prelados y verdaderos
ministros de la sancta yglesia catholica Romana, y no en
estos nuevos ministros que por verse hincliados con alguna
sciencia de las letras y lenguas, piensan y quîercn dar a
entender por àus interpretaciones de la sancta scriptura
(las quales ellos entienden muy mal) que ellos hayan reci-
bido en si el spiritu sancto (el quai ciertamente no
entrara jamas en un coraçon rebelde y villano y que se
alexa de la cliaridad y union de paz que consiste en la
obediencia de los superiores que nos son dados y esta-
blecidos por Dios y assi se puede bien assegurar que el
Reyno destos taies nuevos embaydores no durara) antes
quanto mas se piensan augmentar tanto mas entraran
en una confusion de sus sentidos y entendimiento, y ansi
convendra que ellos cayan de si mismos mas presto de
lo que piensan y desto estoy bien assegurado y assi me
- 56 -
consuelo con la esperanza que tengo de ver florescer de
nuevo la yglesia catholica que agora esta afligida y
nosotros con ella y que los sectarios y gente levantada
bolveran a la obediencia que ellos deven para su bien y
salud del aima, loqual ruego yo a Dios de todo mi coraçon
para que todos los danos, discordias y rigores sean evi-
tados a honor y gloria y a la conservacion y augmenta-
cion de la felice prosperidad de Su Mag** y grandeza suya
con una aplazible tranquilidad y buen successo de sus
subditos. Amen. Perdone me, V. Senoria, si me he
alargado en esto que llegame tan al aima el ver la desorden
destos tiempos que no he podido dexar de le dedicar
una pequeiia porcion de los sospiros y pensamientos de
mi coraçon, el quai me paresce que lo descargo quando
descubro a un amigo estas cosas y no le puedo hallar
alguno tal como vos que me le déclare lo mismo a los
unos para consolarme con ellos a los otros para hazerles
conoscer el misérable error en que se arrojan y precipitan
separandose de la sancta union de nuestra madré sancta
yglesia, en laquai supplico a Dios nos quiera mantener
por su gracia y segura bondad para siempre jamas. Amen.
De Amberes, a 19 de dezienbre 1566.
Senor,
Despues de escrita esta hize copiar una parte de la
carta en que escrivo los gastos que convernia hazer para
la ympression de la Biblia, para que, si os paresciere, se
muestre la una y dexe la otra, o sino haga vuestra
senoria como viere convenir mas para la utilidad del
bien publico, que cierto séria gran acrescentamiento
suyo que una tal obra salliesse estampada debaxo de la
autoridad de Su Mag** antes que por otro ninguno que
— S7 —
como sean dados a contraria manera de religion no
podria Uevar en si la obra la puridad que se requière
siendo quai es antes causaria perjuyzio a ella y a la
religion catholica.
A cette lettre était joint le document suivant.
Despences jà faictes ; et pour démonstrer la sincérité"
de laquelle j'entends procéder, et que je ne veux pas
donner aucunne occasion de quelque soupson à quicon-
ques ce fust de vouloir attirer la Majesté en quelque
laberinthe de frais non limités; je suis prest et m'offre
à imprimer laditte Bible, au nom de Sa Majesté, s'il luy
plaist de me donner ou faire délivrer six ou huict mille
escus, pour lesquels je bailleray piège suffisant en ceste
ville d'Anvers, d'imprimer laditte Bible en six volumes,
dedans trois ans, après la livraison desdits deniers, et
en oultre de contenter Sa Majesté avec tel nombre
d'exemplaires qu'il luy plaira selon les cousts et frais
qu'il m'aura convenu faire. En quoy je promets d'estre
loyal et de ne grever les achapteurs de prix extraordi-
naire à la vente desdits exemplaires : qui, comme
j'espère, se pourront vendre au-desous de 20 ducats.
Comment que ce soit, je prometray de ne les vendre
pas davantage, mais bien autant moins qu'il me sera
possible, ladicte œuvre estant achevée et les frais
calculés. Et par ainsi Sa Majesté pourra, avec petite
despense, s'acquérir un los et renom le plus solide et
immortel qu'il seroit possible par quelque autre moyen
d'avoir à ses propres cousts et despens (car ainsi le
metrois-je en la dédication que je luy addresserois)
faict imprimer une telle œuvre. Laquelle j'espérerois
faire de telle manière qu'onques ne se vit sortir une
- 58-
plus belle pièce d'ouvrage d'aucunne imprimerie, car
j'y ferois mesmes imprimer le nouveau testament en la
langue syriaque que feu de haute et immortelle mémoire
l'empereur Ferdinand fist, à ses cousts et despens, impri-
mer à Vienne, dont il reçoit une louange perpétuelle
de la chrestienté, lequel nouveau testament seul couste
par-deça quatre escus. Bref, je n'y épargnerois rien que
je pensasse estre profEtable à l'avancement et entretien
de la Religion catholique et à l'honneur de Sa Majesté.
Or je prens d'autant plus de courage à entreprendre
ceste œuvre que je cognois plusieurs gens de bien et
très catholiques qui m'y promettent assister : entre
lesquels est mesmes le Révérend Père en Dieu, le signeur
Wilhelmus Lindanus, * Évesque de Ruremonde en Hol-
lande, qui, soudain que je luy communiquay ce mien
desseing me promist verbalement que, selon les facultez
dont il est jouissant, qu'il me donneroit cent escus
incontinent que j'aurois trouvé le moy^n d'y besogner,
et que, si Sa Majesté venoit par deçà ou qu'il peust estre
jouissant de son Évesché, qu'il s'employeroit à faire tout
ce qu'il pourroit davantage, et fust-ce jusques à cincq
I. Guillaume Lindanus, né à Dordrecht en 1525. Étudia la théo-
logie, le grec et Thébreu à Louvain et à Paris ; enseigna pendant
trois années à l'université de Dillingen en Bavière qui venait d'être
fondée; revint en 1556 à Louvain, où il fut reçu docteur eu théolo-
gie; devint successivement doyen de La Haye, vicaire de l'évêque
d'Utrecht, premier évêque de Ruremonde et enfin, trois mois
avant sa mort, évêque de Gand. Il mourut en cette ville le 2
novembre 1588. Il écrivit un grand nombre de livres théologiques,
dont Plantin en imprima quelques-uns: De sapientia cœ-esti (1S67),
^Apologelicutn ad Gcrmanos pro reîigionis caiholicu: pau (i$68), Para-
phrases in psahfios (i^y 2), Christomaclna calvinistica (1S84), Chris te-
licke manière om de sondaègsche misse salighlyck teJjooren (1588).
— 59 —
cents, voire mille cscus, et depuis m'a souventes fois
rescrit qu*il avoit encores trouvé quelque aultres bons
prélats qui m'assisteroient aussi. Nous avons davantage
ici quelques aultres bons marchans catholiques, qui,
comme ils me promett-ent, demeureront pièges pour
moi et m'assisteront où j'auray besoing de leur aide
jusques à la fin de laditte œuvre. Et entre autres nous
avons ici Monsigneur le Docteur Bechanus ', jadis
médecin de feu de haute mémoire la Roine de Hongrie,
homme fort sçavant en la cognition de la langue grecque
et l'un des plus exccllens Philosophes que je scache,
qui nous promect faire toute l'assistcnce qu'il luy sera
possible à une telle œuvre. Toutes lesquelles choses
m'augmentent le courage de l'entreprendre sous la
faveur et seul nom de Sa Majesté Catholique, au service
de laquelle m'estant de longtemps voué, je me tiendray
heureux de pouvoir faire chose qui luy puisse estrc
aggréable et proffitable au public. Ce que j'espère, non
seulement en cest œuvre ici, mais aussi en l'impression
de plusieurs bons et anciens docteurs ecclésiastiques et
aultres œuvres dignes du nom de Sa Majesté, telle
qu'est une histoire paradoxique de ces Pais-Bas qui sont
sous l'obéisance de Sa Majesté, de laquelle histoire je
me tiens asscuré qu'il n'y aura homme en l'univers, qui
I. Joanncs Goropius Bccanus, né à Hiiverenbeck en Brabant, le
2} juin 1518. Après avoir été, en Espagne, médecin des deux soeurs
de Charles V, Éléonore, reine de France, et Marie, reine de Hon-
grie, il s'établit à Anvers. Il y fut un des meilleurs amis de Plantin
et son associé de 1563 d 1567. Plantin fit paraître de lui, en 1569,
Orif^ines Antwerf^iana et, après la mort de l'auteur, en 1580, ses
œuvres inédites. A la fin de sa vie, Becanus, soupçonné d'hérésie, se
retira à Liège auprès du Cardinal prince-évôque de Groesbeek. Il
mourut à Maestricht le 28 juin 1573.
— 6o —
aime les lectres et ait iamais ouï parler des fables poéti-
ques, qui ne s'en émerveille et l'admire tant pour la
divine explication de tous les dieux et fables poétiques,
comme aussi pour les secrets de Philosophie qui sont
déclarez en icelle, avec telle dextérité et sçavoir qu'on
verra manifestement les anciens avoir ignoré maintes
choses, les récents y avoir bien peu entendu, et la postérité
devoir se tenir extresmement obligée à célébrer l'heur
de Sa Majesté à qui ledit docteur a proposé de la dédier,
ainsi comme par plusieurs fois il le m'a dict, et mesmes
encores cejourdhuy. ' Or, Monsigncur, je sçay avoir
excédé les limites d'une déclaration de frais, mais la
fervente amour qui quasi me ravist et contrainct à
dédier mes labeurs et travail à chose qui puisse estre
honorable à Sa Majesté et proffitable à la religion catho-
lique m'y a contrainct. Parquoy )e supplie très humble-
ment à Vostre Signeurie qu'il luy plaise excuser ma
longueur et prendre en bien la bonne affection que j'ay à
telle chose. Et je prieray Dieu pour la prospérité et
bonne santé de vostredicte Signeurie, de laquelle désire
estre et demeurer le très humble serviteur, le vostre à
jamais
C. Plantin.
I. Plantin fait ici allusion aux Origines %AnhJJtr[nana de J. Goro-
piusBecanus, publiées par lui en 1569.
— 6i —
22. — Plantin à Çayas. '
Monseigneur,
Je pensois qu'eussiez jà receu les Heures in-12 et
in-24, quand celuy à qui j'avois baillé mon pacquet
pour le porter à Bruxelles, à monseigneur Leonardo de
Tassis, m'a dict qu'il luy estoit [tombé] en l'eau sortant
du batteau. Par quoy j'en ay incontinent faict lier
d'autres qui estoyent parachevés, quand j'ay receu les
vostres du 26 janvier, par lesquelles me commandez
de faire relier 2 Epist. et Evang. ' ce que j'ai inconti-
nent sollicité et les envoyeray par le premier. Cependant
j'envoye à Vostre Seigneurie Révérendissime lesdictes
Heures in-24** ^^ in-12® ' avec 3 almanachs de Nostra-
damus * et 6 Kalendarium cum septem Psalmis ', lesquels
je supplie à V. S. de recevoir en gré pour en faire un
bien petit présent aux amis.
Je suis fort joyeux que V. S. se soit contentée de
ma relation touchant l'impression de la Bible en 4
langues, pour laquelle j'ay desj à ordonné faire du papier
excellent, à condition toutefois de renoncer à mon
marché dedans trois mois, pour non que je prenne le
nombre qui pour lors sera faict et achevé, et cependant
j'espère d'avoir de V. S. R. l'advis de la résolution
1 . D'après le texte conservé aux archives de Simancas.
2. EpistoU et Evangeîia, graece (Plantin, 1564, 80).
3. Hora Btalissima Maria Virginis, (Plantin, 1565, 12°). Id,
(Plantin, 1567, 240).
4. Chaque année Plantin publiait différents almanachs. Les exem-
plaires en sont devenus d'une extrême rareté. Celui dont il est ques-
tion ici était probablement imprimé par lui.
5. Kalendarium Romanum (Plantin, 1565).
— 62 —
qu'il aura pieu à Sa Majesté de faire donner, de quoy je
supplie V. S. R. avoir souvenance, comme aussi de ma
requeste touchant de nostre subject (en cas que bessoing
fust d'en avoir d'estrangers en ceste ville) de recevoir
soudards en mon logis, pour l'inconvénient que j'ay
déclaré par mes letres pouvoir advenir par telles gens
barbares à mon imprimerie, que je souhaitte et requiers
estre misse sous la protection de Sa Majesté. Je supplie
davantage à V. S. qu'il luy plaise m'advertir si je doibs
encores attendre les œuvres de monsigneur le docteur
Sepulveda sur les Éthiques et Politiques d'Aristote,
car je me suis de longtemps préparé à les imprimer
incontinent que je les aurois entre mains. ' J'ay achevé
d'imprimer Biblia en très petite forme ' et Valerius
Maximus fort bien corrigé et annoté par monsigneur
Stephanus Pighius, secrétaire de monsigneur le Révéren-
dissime Cardinal de Granvelle', Nomenclator omnium
rerum, qui sont tous les noms des choses en latin et
en grec rédigés par classes et expliqués en allemant,
flameng , françois , italian , espagnol et quelquefois
anglois *. Si c'est chose qu'ayez plaisir de voir, le
1. Sepulveda (Jean Ginès de) né vers 1490 à Pozo-Blanco près de
Cordoue, mort à Mariano en 1573. ^^ traduisit quelques opuscules
d'Aristote, composa plusieurs traités théologiques et politiques et
écrivit trois ouvrages remarquables sur l'histoire de TEspagne au
i6« siècle. Ces derniers livres ne furent publiés que deux siècles
après sa mort. Plantin n*imprima rien de lui.
2. 'Biblia ad vetvstissima exemplaria castigata (Plantin, 1567, i vol.
in-80 ou 5 vol. in-240. En caractère nonpareille).
3. VaUrii Maxitni àiciorvm factorvmque memorahilivm lihri IX.
Infinitis mettais ex veterum exemplarium fide repurgati atque in meliorem
ordinem restilutiper Slephanvm Tiginvm Campensem (Plantin, 1 567, 80).
4. Nonunclator omnivm rervm propria nomina varii: lingvis expîicata
indicans: Hadriano Ivnio Medico avctore (Plantin, 1567, 80).
-63 -
commandant j'envoyray d'aussi bon cueur que me
recommandant à vostre bonne grâce, je prie Dieu vous
donner l'augmentation des siennes en toute prospérité.
D'Anvers, ce 15 febvrier 1367. Le très humble serviteur
à commandement de V. S. R.
C. Plan tin.
23. — xAnloine de Sienne * à Tlantin.
«
(Il propose à Plantin d'imprimer la Somme de S< Thomas annotée
par lui. Ses annotations lui paraissent surtout utiles parce que, chaque
fois que le grand docteur renvoie à Tun ou à l'autre passage de la
Somme ou cite un auteur, elles donnent Tend roi t exact de la Somme
auquel S» Thomas renvoie ou du livre auquel la citation est empruntée.)
Multum Magnifice Domine,
Ad aures meas pervenit non multis ab hinc diebus,
dominationem vestram esse illius animi ut velit impri-'
mère panes S. Thomae sine Cajetano. Si meum super
hoc requireretur consiHum, dubitarem an esset futurum
I. Antoine de Sienne ou de la Conception naquit vers Tan 1539
à Guimaraens en Portugal, entra jeune dans Tordre des Dominicains
et prit le nom d'Antoine de la Conception qu'il changea depuis en
celui d'Antoine de Sienne, par dévotion pour S^ Catherine de Sienne.
Il étudia à Coïmbre et à Lisbonne et se rendit en 1564 à Louvain.
Dans cette ville, il prit successivement tous les grades académiques et
fut reçu docteur en théologie le 25 juin 1 571. En 157$, il se rendit à
Rome et mena depuis lors une vie errante, le roi d'Espagne lui ayant
interdit le séjour dans ses états, parce qu'il s'était déclaré partisan de
Dom Antoine, compétiteur de Philippe II au trône du Portugal. Il
mourut à Nantes en 1585. Il composa un grand nombre d'ouvrages
de théologie dont plusieurs sont consacrés à l'explication de la
Somme de S« Thomas. Il écrivit également quelques ouvrages histo-
riques de peu de valeur. (Voir Paquot, Mémoires pour servir à
V histoire littéraire des dix-sept provinces des Pays-Bas ^ XUI, 429.)
-64-
Utile dominationi vestrae, cum summa S. Thomae sine
commentariis Cajetani (nisi Lovanii) a paucissimis putem
fore quoerendam ex aliis universitatibus. Sed ut intérim
hoc omittam, quod prassentibus occurrit scribendum,
hoc unum est : quod ego sunt jam duo anni quod sum
occupatus in eadcm Summa S. Thomas, nec inutiliter
per Dei gratiam, quamvis multas noctes insomnes
duxerim multumque desudaverim. Scopus autem mei
laboris fuit in omnibus partibus S. Thomae haec quae
dixero accurate perficere ut sic meo talento multis
prodessem.
In primis ubicumque S. Thomas dicit in tota summa
(dicit autem hoc saepissime) :« ut supra dictum est », vei :
« ut infra dicetur », adnotavi semper in margine quaîstio-
nem et articulum ad quem se remittit, ut sic cuivis Icctori
sit facilior doctrina iliius, quia per taies citationes cognitis
locis suprapositis vel infra scribendis praesens magis
erit pervia doctrina tanquam ab illis dependens. Secundo
eamdem summam totam a multis vitiis et falsissimis
citationibus librorum et capitum repurgavi, ut res ipsa
facilHme comprobabit et ostendam. 3*» Quia S. Thomas
ex omnibus quos citât authoribus nuUius unquam testi-
monium citatum dicit in quo capite habetur, nisi solius
Dionysii Areopagitae aliquando, et capita omnia librorum
omnium quo3 ille edidit, satis prolixa sunt, in margine
etiam adnotavi in qua parte uniuscujusque capitis
unumquodque dictum est, ita ut nullo negotio reperiri
mox possit a lectore. 4° Et quod fuit mihi omnium
laboriosissimum, est quod, quia S. Thomas Augustinum,
Ambrosium , Hieronimum , Aristotelem, Macrobium,
Ciceronem similesque authores et sacros et prophanos
citât innumeros, et fere infinities, neque unquam expri-
/
-6s -
mit caput et saepissime nec librum exprimit. Verbi
gratia, cum sint XV libri de trinitate apud Augustinum
saepissime S. Thomas nil facit nisi dicere : a ut dicit
Augustinus in libro de trinitate >, non nominando aliquem
librum in speciali, nunquam autem citando caput, unde
lector, si similia testimonia citata vult videre, nimio
cruciatur labore et magnam temporis facere jacturam in
uno solo testimonio quaerendo cogitur, prassenim quia
etiam multoties S. Thomas nec etiam in generali ullum
librum citât contentus dictum Augustini vel Ambrosii vel
cujusvis sic referre : « ut Augustinus dicit », c ut Am-
brosius dicit », « ut Aristoteles vel etc. dicit », lectorem
nunc his omnibus angustiis et laboribus do liberum et
in eadem Summa S. Thomae in margine uniuscujusque
testimonii citati cujuscumque est authoris sacri vel pro-
phani librum noto in margine et capitis principium, vel
médium, vel finem, in quo unumquodque citatum habetur
testimonium, ita ut sine ullo prorsus labore lector mox
reperiat haec omnia testimonia, si ea velit in proprio
fonte videre et ita melius S. Thomam intelligere, in his
autem etiam comprehendo glosas. Loca plurima tam
canonici quam civilis juris, quae omnia ac, ut summatim
et uno verbo dicam,quotquot citât testimonia cujuscumque
sunt generis omnia in margine praedicto modo adnotan-
tur. Qpod opus (ut intérim taceam quod fuit mihi labo-
riosum) esse futurum omnibus supra modum gratissimum,
non est cum possimus ambigere, cum et modo viri
docti quam plurimi et aliqui etiam ex magistris nostris,
postquam me huic negotio intellexerunt addictum, nil
aliud faciunt quam interrogare quando excussioni dabitur
opus, mihi de suscepto labore plurimum congratulantes,
nec vereor asserere futurum ut studiosi omnes vehnt
5
-^ 66 —
hanc Summam S. Thomae cum hujusmodi lucubrationi-
bus impressam carius quam alias quascumque emere
uno vel duobus florenis, et quamquam in magna copia
excudantur exemplaria, ea omnia admodum brevi distra-
henda fore habeo pro comperto, quamvis multo minoris
vendantur partes quae nunc Lugduni vel Antverpiae
imprimuntur, et ita erit opus reipublicae christianas
utilissimum et in quo dominatio vestra non médiocre
lucrum faciet. Qiaod ergo ex his omnibus reliquum, est
quod, si dominatio vestra voluerit hoc opus imprimere,
quod erit omnibus gratissimum et dominationi vestrae
non parum proficuum, ibo Antverpiam, Deo fa vente, et
id tractabimus inter nos et statim in proximo festo Pen-
tecostes illi dabo très partes, videlicet primam partem,
primam 2* et secundam 2", ut simui mandet prelo ;
inde vero ad duos menses, Deo dame, dabo et tertiam.
Qjiartam vero ad Summam S. Thomas sine Cajetano, si
dominatio vestra adhuc sit ejus animi, possemus nos
taiiter disponere hoc ut aggrediendo prius hanc quam
cupio cum commentariis Cajetani fieri, postquam esset
in medio impressionis^ inciperet simul hanc quam cupit
facere sine Cajetano. Itaque hase impressio, quam cupio
fieri cum Cajetano, absolvatur prius quam alia per duos
vel très menses, et ita poterit etiam in hac Summa, quam
vult imprimere sine Cajetano, ponere has meas lucubra-
tiones, secundum quas convenerimus inter nos, et ita
dominatio vestra rem omnibus gratissimam faciet et
utilissimam et sibi. Qjiid dominationi vestrae videatur
super hac re libenter audiam, si vult hoc opus impri-
mere, quia ego, et totius reipublicae et meae consulens
utilitati, vellem cito id operis impressioni mandare. Non
est quod pluribus morer* Dominationem vestram pluri-
-67 -
mum valereopto. Datum Lovanii, 23 februarii 1567, in
isto nostro Monasterio Praedicatorum. *
I . Nous publions cette lettre d'après une copie écrite de la main
de François Raphelengien et conservée aux archives du Musée
Plantin-Moretus. Comme on le verra par la lettre suivante, Plantin
avait envoyé Toriginal à un confrère. La lettre transcrite ne porte
point de signature, mais elle a évidemment Antoine de Sienne pour
auteur. Elle soulève une question de paternité littéraire curieuse et
assez obscure. Plantin publia en 1569 une première édition de la
Somme de S. Thomas d'Aquin, en trois volumes in-40. L'ouvrage
est précédé d'une dédicace au pape Pie V et d'un avis au lecteur,
tous deux signés par Augustin Hunnaeus. Après ces pièces, vient un
avis au lecteur de Plantin et le privilège, puis on trouve une dédicace
à Dom Antoine et un avis au lecteur tous deux signés par Antoine
de Sienne. Chacun des deux théologiens parle de l'édition comme si
elle était son ouvrage personnel ; le premier dit qu'il a corrigé le
texte d'après un grand nombre d'anciens manuscrits ; le second dit
également qu'il a corrigé dans le texte de nombreux passages très
corrompus et insiste sur l'importance des notes marginales qu'il a
fournies. Le titre ne porte pas de nom d'éditeur ; un avis imprimé
au revers de ce titre ne mentionne d'autre commentateur qu'Antoine
de Sienne, mais il est rédigé de façon à faire attribuer la grande part
de l'ouvrage i Hunnaeus.
En 157 S, Plantin publia une nouvelle édition de la Somme de S<
Thomas en deux volumes in-folio. Dans celle-ci, la préface et l'avis
d'Antoine de Sienne ont disparu et Hunnaeus a ajouté aux liminaires
une nouvelle dédicace à Grégoire XULDans l'avis, au revers du titre,
la mention des travaux d'Antoine de Sienne a disparu.
Il faut conclure de cela que les deux théologiens ont collaboré à
la première édition; la suppression de la préface d'Antoine de Sienne
doit être attribuée au bannissement de ce théologien des états du roi
d'Espagne et à l'interdit jeté sur ses écrits. Cette suppression donna
lieu à une protestation de la part d'Antoine de Sienne adressée à
Plantin. Nous n'avons pas conservé cette dernière pièce, mais dans
un brouillon, tenu par Jean Moretus, nous trouvons un projet de
réponse à, cette réclamation. L'imprimeur rejette la faute de la sup-
pression sur Hunnxus.En 1568, Plantin reçut 225 florins pour l'aider
à supporter les frais de l'édition de la Somme annotée par Antoine
— 68 —
24. — Vlantin à Charles Pesnot. *
Sire Charles Pesnot,
Toutes rescommandations prémises, la présente sera
pour vous advertir que, suivant vostre lettre, j'ay promis
à Clément Baldin ' de fournir tout ce que je pourray
des livres de par deçà d'un catalogue qu'il m'a ordonné
et baillé pour l'envoyer en Espaigne, ce que je feray le
plus tost qui me sera possible, car jusques à présent les
troubles de par deçà m'en ont osté l'opportunité, mais
doresnavant j'espère que la trafique se portera mieux
qu'elle n'a faict d'un an en çà et que pourron:. mieux
avoir affaire les uns avec les autres.
Au reste, il y a par deçà deux docteurs en théologie,
dont l'un est natif de ce pais et l'autre d'Espaigne, qui
tous deux ont faict grand travail (ne sçachant rien l'un
de l'autre) sur Summa Sancti Thomae. Celuy qui est de
ce pais est l'un des premiers ou plus doctes professeurs
en théologie de Louvain ', lequel a faict toute extresme
diligence de trouver diverses copies escriptes à la main
de la ladicte Summa, et luy en ay aussi donné quelques-
unes, passé 2 ou 3 ans, et ce faict il a mis 6 autres théo-
logiens en besongne pour conférer avec luy ledict livre
avec lesdictes copies escrites à la main, de sorte qu'ils
ont trouvé des erreurs infinies et restitué plusieurs pas-
de Sienne. L*édition ne s' étant point faite, la somme fut restituée au
théologien portugais. En outre, Plantin lui accorda des livres pour
une valeur de 152 florins 6 sous, parce qu'il « avoit baillé la copie de
Catena D. Thoma: et aussi corrections in Summa D. Thomae. »
1. Charles Pesnot, imprimeur à Lyon.
2. Clément Baldin^ imprimeur à Lyon.
3 . Augustin Hunnseus.
-69 -
sages qui n'estoyent intelligibles et desquels Cajetanus
mesmes, qui a commenté ladicte Summe, n'est peu venir
à bout de les entendre, et de faict il ne pouvoit parce que
souventesfois il y défailloit quelque mot, voir lignes et
sentences. Et, en plus de cinquante passages, ont ils
trouvé que les livres imprimés ont des négatives au lieu
d'affirmatives et au contraire en maintes autres telles
fautes énormes. De sorte que, ne doubtant pas que ce
livre ainsi imprimé ne fust (estant maintenant ainsi res-
titué) autant bien vendable que livre qui soit de ce
temps, j'ay achapté ladicte copie, ainsi reveue par les-
dicts théologiens, le prix de 30 escus et 30 exemplaires,
que je dois livrer incontinent que j'aurois achevé d'im-
primer ledict livre, qui seroit seulement le texte sans Ca-
jetanus. Ceci ay je faict dès l'année passée, pensant de
le commencer incontinent, mais les accidens et troubles
de par deçà m'en ayant osté le moyen et voulant bien
commencé de faire quelque chose avec vous, je vous
en ay voulu advertir et offiir telle portion qu'en voudrés
prendre, pourveu que j'en aye un tiers ou un quart et
mesmes, si voulés, la moitié. Touchant à l'autre copie,
je vous envoyé ici la lettre mesmes que l'espagnol
m'en a escrit dès le mois de febvrier dernier \ Or n'a
cestuy-ci les corrections du texte cy-dessus mentionnées.
Parquoy me sembleroit bon, s'il vous sembloit aussi
ainsi, que nous imprissions premièrement ledict texte, ou
bien, si bon vous semble, je le vous envoyeray par delà,
si l'ordonnés, pour en disposer par deçà, sy me donnés
la charge de traitter avec ce moine ici, ou bien en
I. Par • l'espagnol » il faut entendre Antoine de Sienne. La lettre
envoyée à Charles Pesnot est l'original de celle qui précède et que
nou3 publions sur une copie prise par Raphelengien.
— 70 —
pourrés aussi parler et en adviser avec ceux qui ont
accoustumé de le faire par delà. Car, quant à moy, je
seray prest à y faire comme Tordonnerés.
J'ay aussi Opéra Cypriani reveues et conferrées avec
la copie de Rome et Morel et bien 20 exemplaires à la
main et toutes autres impressions par un très savant
homme en théologie et bonnes lettres qui s'appelle
Pamelius \ lequel y a faict aussi de brefves et bonnes
annotations, èsquelles il rend principallement raison des
diverses leçons et antiquités. Cettuy-ci ay je délibéré
d'imprimer sur une sorte de papier que j'ay qui est fort
grand et le faire in 8^, mais il sera comme petit 4*^. J'ay
aussi la Bible en françois entre mains in-f** corrigée après
celle de N. M. Besnoist et approuvée à Lion ". S'il
vous vient à gré de prendre partie d'aucunes desdictes
œuvres, m'en advertissant et faisant tenir argent ou bien
le délivrant par delà à qui je le pourois ordonner, après
avoir eu vostre response et adveu, j'en feray ainsi que
l'ordonnerés, vous envoyant par delà vostre part ou là où
le vouldrés ordonner ou bien les vendant par compagnie.
X. Jacques Pamelius (Van Pamele), né à Bruges en 1536, fut
chanoine de l'église de S^* Gudule à Bruxelles et de celle de S^ Jean
â Bois-le-duc. Il habita plus tard S< Orner et mourut à Mons, au
moment où il allait prendre possession de l'évèché de S* Orner. Il
publia divers ouvrages de théologie dont Piantin imprima les sui-
vants: ^icrologvs de eccUsiasticis ohservationibvs (156$, 80) ; De reli»
gionibus diuersis non admittendis in vno aliquo vnius Regni, Monar-
chia^ ProuincùCf Reipuhlica, aut Ciuitatis loco (1589,80); ^agni
<Aurelii Cassidiori Senatoris institutionis divinarum lectionum liber I,
Nunc primum evulgatum perjacobum Tameîium (1566, 80) ; Les Opéra
Cypriani, dont il est question ici, furent publiés en 1603 par Sébas-
tien Nivelles à Paris.
2. La Bible française in fol. ne fut publiée par Piantin qu'en 1578.
Le privilège et la préface sont de 1572.
— 71 —
Et cela faict ou accordé, j'ay quelques autres entre-
prinses en main qui, à mon advis, seront de bonne et
seure importance, dont je vous advcrtiray et vous feray
en tout meilleur parti et plus honeste que je ne le voul-
drois faire à honmie de par delà. Parquoy je vous suplie
de me donner response en la plus grande diligence que
le pourrés, affin que selon icelle je me puisse asseurer
de vous ou m'addresser à autres, d'autant que pour telles
affaires, je désire doresnavant avoir compagnon que je
cercheray plustost hors de ce pais que dedans pour di-
verses [raisons] et aussi que je désire respondre et donner
résolution au bon frère qui s'adresse à moy pour ladicte
sentence et lequel je tiens encore [en] suspens '.
25. — Tlantin à Gabriel de Cayas.
Monseigneur, *
Suivant l'ordonnance de V. S. et ma promesse, je
vous envoyé les deux livrets avec l'indice de la meil-
leure partie de mes charractères, avec espoir de vous
envoyer le reste quand je l'auray imprimé. ' J'envoye
aussi le cathalogue des livres que j'ay imprimés, à cause
1 . Cette lettre ne porte point de date ; comme elle est écrite sur
une feuille volante, il n'est pas possible d'indiquer approximative-
ment le jour où elle fut expédiée. H est certain toutefois qu'elle est de
1 567. Nous l'avons placée ici parce qu'elle se rapporte au même
sujet que la lettre précédente.
2. D'après le texte conservé aux archives de Simancas.
3. Index sive spécimen charactervm Christophori Pîaniini (1567,
petit in-fol). Il en existe deux tirages différents, dont l'un renferme
41 et l'autre 42 espèces de caractères.
f
— 72 —
qu'il y en a beaucoup qui n'estoyent pas spédfiés au
cathalogue précédent. ' S'il est chose en quoy je puisse
faire quelque service à V. S., le commandant vous serez
obéi d'aussi bon cueur qu'en me recommandant à vostre
bonne grâce, je prie Dieu vous favoriser le service de
plus en plus. D'Anvers, ce jour de mars 1567.
Le très humble et très obéissant serviteur de V. S.
C. Plantin.
26. — tAtégustin de Hasselt ■ à Tlantin.
(S'excuse de s*être établi à Vianen ; promet de payer sa dette à
Pâques.)
Allent wat ick vormach thovoren.Weeth Christopher,
• I. Plantin aurait donc imprimé, en 1567, la seconde édition de son
catalogue. Nous n'avons de renseignements certains que sur un
catalogue de 1566 et sur un autre de 1568 : Index lïbrorum officina
plantiniani (1566), tiré à 300 exemplaires, et Index librorum qui
Antverpia in officina Christophori Plantini excusi sunt (is68, in-S®).
Ce dernier est peut-être postdaté.
2. Augustin de Hasselt était un imprimeur qui, suivant la Chro-
nique manuscrite de la Famille de la Charité, conservée à la Biblio-
thèque de rUniversité de Leyde, imprima d'abord, à Kampen, les
ouvrages de Henri Niclaes. Les archives de TofRcine plantinienne
prouvent qu'il travailla comme ouvrier-imprimeur chez Plantin en
1564, 1565 et i$66. Il fut également employé à revoir le manuscrit
du Thésaurus theutonica îingwt. Comme le prouve la présente lettre
et comme l'affirme la Chronique de la Famille de la Charité, Augus-
tin de Hasselt s'établit à Vianen vers le commencement de 1567.
Il y imprima aux frais d'Henri Niclaes plusieurs petits traités de ce
dernier et des traductions latines et françaises de ces ouvrages.
Plantin lui avait fourni les fonds et le matériel pour son officine et
devait partager les bénéfices. Plus tard, Augustin transporta son
imprimerie à Cologne où il continua à imprimer les livres de la
secte à laquelle il appartenait. En 1591, il habitait encore Cologne
et y travaillait pour Barrefeh.
— 73 —
gude frendt, dath ick van iuw twe diversche brieven
ontfangen hebbe, daer inné gy qualick tho vreden zyt,
dath ick my tôt Vianen nedergeslagen hebbe, und segt^
dath ick mit geveinstheit met u gehandelt hebbe, omme
dath ick my geliet, dath ick tôt Campen werken soude,
het welcke ick oick sins was; dan int reysen wart het mij
ontraden omme dath dit naerder was, und oick warde
my belovet, dath men alknt werck, dath ick drucken
solde, my afgenomen sal werden, daromme behoorde gy
dat niet qualick tho nemen waer ick wone, als gy tôt
uwe betalinge komet, gelyck oick onmidelick iuw. wal
gesecht heft G)rnelis Kiel * correcteur, den welcken gy
ontrent vastelavont tôt my sonden omme my mundelicks
darvan tho straffen, und mit rechts sonder lange verdrach
tho eysschen, dath ick u schuldich ben. Bidde daromme
wilt my sulckes ten besten holden und mit my wat
patientie hebben, want ick dencke tho paesschen tho
uw tho komen um tho vemoegen na unsen vordrach.
Hjrrmit blyvet den Heer bevolen.
Datum tôt Vianen den lo martii anno 1567.
By my Augustin van Hasselt u dienaer.
Den eersamen
Christopher Plantin, boeckdrucker,
tôt Antwerpen in den Gulden passer.
I. Corneille Kiel (Kilianus)^ le célèbre lexicographe, correcteur
dans Tofficine plantinienne de 1558 à 1607. Né à Duffel en 1528 ou
1529, mort à Anvers eu 1607.
— 74 —
27. — Pierre Torret à Plantin.
Mon frère,Je vous advertys que jamays monseigneur le
chevallier d'Angolesme ne me rencontre qu'il ne me
desmande de vos novelles, comme vous vous portés et
que c'est que vous faictes. Il vous ayme grandement et
qui plus l'incite à ce, c'est qu'il a bien entendu que
jamays on ne vous a sceu faire trover bon ny condes-
cendre à la novelle religion, quelque grande liberté qui
se soit sceu monstrer par delà, et que vous avés
destourné un sien serviteur allemand qui l'avoit laissé
pour aller ouyr ces abilles ministres, de sorte que ledict
jeune homme a faict entendre à mondict seigneur le
chevallier comme vous l'avés exhorté de jamays n'aban-
donner l'obéissance de la saincte catholicque esglise
romaine, de si long temps bien fondée, pour suivre je ne
sçay quoy de noveau qui n'a point de fondement ny
de durée ; de quoy il vous sçait fort bon gré, parce
qu'il se veult servir du jeune compagnon et seroit
marry qu'il feust enivré de telle doctrine de si peu de
fondement. Or ce n'est pas tout, car il a fallu que je luy
aye récité, de point en point, la cause de nostre fraternité
et si grande amytié, et comme nous avons estes nouris
ensemble dès la grande jeunesse. Je luy ay récité
comme feu vostre père avoit servy aux escoUes un mien
oncle qui s'appelloit Claude Porret, lequel a despuys
esté obéancier de S' Just de Lion, avec l'aide d'une
sienne seur, qui estoit mariée à Chapelles, païs de
Forés, à un nommé Anthoine Puppier. Ledict obéancier
trespassa, eagé de 80 ans et plus, en l'an 1548. Or a
il eslevé 4 de ses nepveux, enfans de sadicte seur, à-
sçavoyr : Françoys, Anthoine, Charles et Pierre Pupiers,
— 7S —
et les a faict tous quatre chanoynes de ladicte esglise
de S^ Justy et les deux ont estes obéanciers^ l'ung après
Taultre, avant qu'il trespassa, car il avoit résiné cum
regressu, qui avoit lieu en ce temps-là. Pierre Puppier
le feust après son trespas qui ne dura guère. C'est celluy
que vous avés servi à Paris et Orléans, lorsque feu
vostre père vous amena chez ledict seigneur obédiencier,
fuiant la peste quand tous mouroient en vostre maison.
Vous estiés bien jeune et n'aviés aulcune cognoissance de
jamays avoyr veu vostre mère. Nous feusmes deux ou
troys ans ensemble chez mondict oncle, avant que
monsieur le docteur Pierre Puppier allast à Orléans ou
en ceste ville, et, pour aultant que feu vostre père, qui
governoit entièrement la maison, me donoit tousjours
des friandises et qu'il m'apelloit son fils, je l'appelloys
mon père comme vous. Et voylà ce (luy dis-je) d'où
est venu nostre fraternité. Il m'a desmandé comme vous
avés esté faict libraire et moy appotiquère. Je luy ay
recité comme, après que son maistre fust chano3me,
il se retira à Lion et vous laissa icy, en ceste ville,
quelque peu d'argent pour vous entertenir à l'estude en
atendant qu'il iroit à Tolouze, là où il vous debvoit
mener. Mays il s'en alla sans vous, ce que voyant, vous
vous en allastes à Caen servir un libraire, et puys,
quelques ans après, vous vous mariastes audict lieu et moy
je me mys aprentif appotiquère. Puys vous amenastes
vostre mesnage en ceste ville, où nous avons tousjours
estes ensemble, et en l'an 1548 ou 49 vous allastes à
Anvers, où vous estes encores. Et voylà de quoy j'ay
entertenu mondict seigneur l'espace de deux heures
avec plusieurs discours quy seroyent trop longs à racon-
ter. J'ay esté despuys quelques moys à Lion où vis je
-76-
vostre cousin Jacques Plantin, fort vieux et quy jamays
n'a profité despuys qu'il a veu le ravage, de quoy ces
mauldis rebelles, ennemis de Dieu, du roy et de nature,
ont faict à S' Just et S* Liévin, les deux plus
anciennes esglises de la crestienté. N'estant content
d'avoyr tué le reste de nos amys par delà, défenceurs du
repos public et de la religion catholicque, ils ont ren-
vercé jusques aux fondemens ses deux anticques esglises,
si bien servies et plaines de tant belles antiquités, et la
maison où vous et moy avons esté nourris si amiable-
ment et avec si gens de bien. Il y a quelques ans que
vous parliez d'aller revisiter la sépulture de feu vostre
père et luy faire un service, mays vous auriés bien
affaire, à présent, de trouver le lieu où il a esté enterré.
Je suys joyeux de vous ramantevo)rr de nos jeunes ans,
mays le cueur me plourer de voyr une si grande désola-
tion. Le bon home se recommande à vous et a grand
désir de vous vo3rr. Et sur ce point, mon frère et plus
ancien amy, je me recommanderay à vostre bonne grâce,
sans oublier vostre famille, priant nostre Seigneur quy
soit garde de vous. Escriptç à Paris ce xxv mars 1367-
Vostre frère et entier amy
P. Porret.
A mon frère et bon amy,
le Sieur Christophle Plantin,
à Anvers.
f
— 77 —
28. -— Plantin à Cayas. *
Monseigneur,
Estant retourné de Francfort et ayant trouvé par efFect
que la fin des outrecuidés était parvenue à ce que de
longtemps je Tavois préveue, je me suis resjouy de
voir que ceste tant noble . ville fust grandement purgée
d'un tas de gens effrontés, qui auroyent bien osé penser
d'introduire quelques nouveautés contraires à l'intention
de Sa Majesté et du bien public. Car j'ay trouvé que la
plus part de tels s'en estoyent fuis et que plusieurs
encores s'en retiroyent pour craincte de la punition
juste qu'on pourroit prendre d'eux, dont nous espérons
bonne issue par la bonne provision et gouvernement de
Son Altesse, mais comme, au subit arriver de gendarmerie
en une ville et à la calunmie des envieux, il se trouve
bien souvent des accidents dangereux, je me suis résolu
d'y prévenir, et pour ce faire m'estant transporté cejour-
d'huy en ceste ville de Brusselles pour, par le moyen de
la faveur de vos lectres, m'addresser au signeur Armen-
terios * lequel voyant estre occupé à la despesche de mon-
seigneur Robles ', n'ay osé ne voulu interpeller, me réser-
vant de ce faire jusques à ce que j'entende qu'il ait
bonne oportunité, de quoy j'ay bien voulu advenir
vostre R. S. et aussi que je seray prest d'imprimer la
Bible en quatre langues et adjouxter la paraphrase
chaldaïcque, quand il plaira à Sa Majesté de l'ordonner,
1 . D'après le texte conservé aux archives de Simancas.
2. Thomas Armenteros, secrétaire intime de la gouvernante Mar-
guerite de Parme.
3. Gaspar de Robles, seigneur de Billy, gouverneur de Philippe^
ville.
-78-
ainsi que le signeur Becanus m'a dict vous avoir rcscrit
pour moi, tandis que j^estois à Francfort. Or n'avois je
pas délibéré ne pensé trouver ici la commodité d'escrire
à V. S., ce qui faict que, pour le présent, je ne vous
puis envoyer (pour ne les avoir en ceste ville de Brusselles)
les monstres des Bibles ne les livres des Épistres et
Évangiles de Tannée, ce que je feray Dieu aidant par
la première oportunité et advertiray aussy du succès de
ma venue en ceste ville de Brusselles. J'ay, par mes pré-
cédentes, adverti V. R. S. que le seigneur Curiel * m'avoit
payé, incontinent avoir veu vos lectres. Et ici, me recom-
mandant très humblement à V. R. S., je prie Dieu vous
conserver et augmenter tous jours de ses sainctes grâces.
De Bruxelles, ce i6* jour d'avril 1567.
L'entièrement et bien aflfectionné serviteur de V. R.S.
C. Plantin.
29. — Plantin à Çayas. '
Monseigneur,
Estant ces jours passés à Bruxelles, je n'osai parler à
m.onseigneur Armenterios de peur de luy estre impor-
tun, en partie pour n'avoir jamais parlé à luy, et en
partie pour ce que je l'entendois estre empesché à
la dépesche de monseigneur Robles pour le voyage
d'Espagne, par le moyen duquel j'estime qu'aurés receu
1. Hieronimo de Curiel, négociant espagnol établi à Anvers, fac-
teur de Philippe II et son intermédiaire pour les achats et les paie-
ments que le roi faisait faire dans cette ville.
2. D'après le texte conservé aux archives de Simancas.
f
— 79 —
les letres qu'alors j'envoyai à V. S*. Maintenant j'envoye
les espreuves de la Bible en quatre langues, selon qu'il
vous a pieu l'ordonner par vos dernières. Je loue Dieu
grandement de ce que la volonté des malings est cessé
et la religion catholique exercé publiquement, ainsi
qu'il apartient, soubs la seule auctorité du Roy catho-
lique. Je n'envoyé pour le présent des livres de Episto-
lae et Evangelia, * parce que, avec mes pénultièmes, j'en
envoyai deux avec l'indice des livres par moy imprimés
et les monstres d'une bonissime partie de mes char-
ractères. S'il vient à gré à Vostre S. je supplie d'avoir
response touchant les œuvres de monseigneur Sepul-
veda, auquel je supplie estre recommandé et à V. R. S.,
laquelle je prie Dieu vouloir conserver et augmenter de
bien en mieux. D'Anvers, ce 20 avril 1367.
Je souhaitte d'enrichir l'impression de la Bible en
quatre langues de tout ce qu'il me sera possible, ainsi
que par mes autres je l'ay assez amplement spécifié,
parquoy, s'il plaisoit à Sa Majesté de me faire délivrer
les livres que m'escrivés estre en la librairie, j'en seray
fort joyeux.
L'entièrement serviteur très humble et amy très
affectionné.
C. Plantin.
I. Epistola et Evaftgelia^ groece (1564, 111-8°).
— 8o —
30. — Plantin à Guillaume TosteL *
Deux causes m'ont induict Signeur très aimé, à vous
escrîre la présente, dont la première est afin de pouvoir
par cestes requérir qu'il vous plaise me donner à
entendre apertement vostre conception touchant l'en-
droict de la lettre qu'avés escriste dernièrement à nostre
amy Abraham Ortels, * là où vous luy ordonnés qu'il
me die notos tibi esse charitatis alumnos ' etc., car je n'en-
tends pas bien vostre intention quand vous y meslés je
ne sçay quoy des Davidistes, * et qu'en ayés réservé le
secret et vérité in consortii charitatis usum etc. Parquoi
monsigneur, je vous supplie de m'interpréter ce passage.
L'autre cause que j'ay prins la hardiesse de vous escrire
est pour n'estre veu ingrat envers vous d'avoir reçeu
salutation de vous, sans la vous souhaiter telle que je
m'asseure que l'ancien père de la congrégation de
charité* la désire à tous cens qui, ayants esté desplai-
1. Guillaume Postel, né à Dolcrie, le 25 mars 1510, mourut à
Paris le 6 septembre 1 581. Il fut un des hommes les plus savants de
son siècle. Il enseigna à Paris les mathématiques et les langues
orientales. Il est célèbre par l'extravagance de ses opinions religieuses
et philosophiques, qui se rapprochent, jusqu*à un certain point, de la
doctrine d'Henri Niclaes. Poursuivi à cause de ces rêveries, il mena
une existence errante pendant la plus grande partie de sa vie.
2. Abraham Ortelius, le célèbre géographe anversois, né le 26
mars 1527, mort le 4 juillet 1S98. Plantin était lié d'amitié avec lui
et imprima plusieurs de ses ouvrages : son TJxatrum Orhis Terrarum
dont les différentes éditions furent publiées par l'auteur, excepté
l'édition espagnole de 1 588 que Plantin fit paraître à ses frais ;
Synonymia geographica en IS78, et Thésaurus geo^raphicuSy en 1S87 ;
Itinerarium per nonnullas Gallùe Belgica partes ^ en 1584.
3. Les membres de la Famille de la Charité.
4. Adhérents de David Joris^ fondateur d'une secte de l'anabap-
tisme.
5. Henri Niclaes.
— gi-
sants et fait (à la réquisition de l'annoncement de
l'évangile sainct de Nostre Signeur Jesus-Christ) péni-
tence de leurs péchés, ont ensuivi Nostre Signeur Jésus-
Christ en sa passion, mort et ensevelissement, jusques à
la résurrection et vie éternelle, par l'ascension d'iceluy
au ciel, à la dextre de Dieu son père, d'où il conferme les
siens qui restent pour annoncer et tesmoigner aus
peuples les faicts magnifiques de l'éternel, et que Dieu
a constitué un homme, par lequel il jugera la terre et
séparera les boucs d'avec les brebis, que luy-mesmes il
paistra de pasture non périssable, mais qui nourrist en
éternité ceux qui en mengent, et par icelle viennent par
Jésus-Christ à estre finablement héritiers de la vie éter-
n'.Ue, à laquelle nous veille conduire le souverain Dieu
du ciel et de la terre par iceluy son fils éternel Jésus-
Christ en l'union du sainct Esprit, lien de toute charité
à jamais. D'Anvers, ce 17 may 1567. *
I . Cette lettre, la réponse de Postel et la seconde lettre à ce
dernier, écrite par Plantin le 7 juin 1567, formaient un petit rouleau,
retrouvé par nous parmi les papiers de Tofficine plantinienne.
Elles font partie des documents peu nombreux prouvant claire-
ment Taffiliation de Plantin à la secte d'Henri Niclaes. Les preuves
indirectes ne manquent point. La doctrine de la Famille de la
Charité est fort nébuleuse. Henri Niclaes mettait la Charité, c'est-
à-dire Tamour de Thumanité, au-dessus de tous les dogmes. Par
l'observation de ce premier des préceptes devait s'accomplir l'œuvre
que le Christ n'avait pas terminée. Ce dogme était le seul qui eût
de la valeur. En fait de morale, il prêchait l'abnégation et condamnait
l'égoîsme de la manière la plus absolue. La Famille de la Charité
avait une organisation hiérarchique très compliquée dont Henri
Niclaes était le chef suprême et autocrate. 11 prétendait êtr^ en
communication directe avec la divinité qui lui révélait sa doctrine.
6
— 82 -
31. — Guillaume Postel à Plantin,
J'ay eu plaisir de veoir en vostre lettre les deux ques-
tions par vous à moy proposées, et suyvant la lettre à
monsieur Ortelius, de moy chez vous arrivées. Quant à
la première, là où vous demandez que j'entends en ce
que je luy ay escript qu'il vous dist notos mihi esse chari-
tatis alumnosy soyez asseuré que je n'entends aultre
chose, sauf que comme simplement le Signeur et Saul-
veur du monde Jésus-Christ, vray Dieu et juif, l'entendt
par sa parole infallible quand il faict par son Apostre
Paul escrire : finis pracepii charitaSy de corde puro, de
conscientia bona, de fide non ficta; à laquelle je réfère
Tescript imprimé que sçavez que j'estime, combien que
souverainement sçavant, pour un grand don venu de
vostre main. L'aultre question est, que j'entends in
consortii charitatis usunty parlant des Davidistes. Je vous
asseure* et ce en la charité qui dure éthernelement,
voire et depuys que la foy et espérance cesseront, que
je n'entends de Georges David, ou David Jorgis, come
Ihom le disoit, aultre, sauf que ce aye esté un meschant,
et quant à sts actes, du tout tyran, et plain d'amour
propre, qui ha eu cognoissance du tout très grande des
Plantin et plusieurs de ses amis lui restèrent 5dèles jusqu'en 1567.
Plus tard, l'imprimeur anversois fut en communion d'idées avec
Barrefelt, un des anciens disciples de Niclaes qui avait quitté la
Famille de la Charité. La doctrine de Niclaes fortement empreinte de
mysticisme enseignait que les adhérents, en entrant dans la Famille
de la Charité, ne devaient point quitter la religion qu'ils avaient pro-
fessée jusqu'alors. Le culte extérieur étant de peu d'importance, nul
ne devait s'exposer à souffrir un dommage quelconque à cause de
cette question de pure forme. Ceci explique comment Plantin, tout
en étant un membre zélé de la secte de Niclaes, pouvait, sans trop
d'hypocrisie, se proclamer un fils dévoué de l'église catholique.
-83 -
secretz de Dieu, desquels il ha abusé, parcequ'il ha
abusé tant de l'église corne de la chanté qui en est la
finale marke, en tournant à son profict particulier et
filautie ce que ayant receu du povre et moins intelligent
peuple qui le conduysoit par son povoir et richesse,
estoit obligé, corne un bon chef à ses membres, à
l'employer pour eulx et davantage à mettre pour eulx,
si il en eust eu de propres, mettre les biens, la vie et
rhoneur, et pour les siens, s'il est besoing^ mourir en
povrelé, mespris et douleur. Je dis donc que qui fera
ainsi, come ayant le sça voir qu'il havait, il estoit tenu
de faire, il sera le père, le frère et l'enfant de l'éthernelle
charité, laquelle charité come la souveraine vérité, le
gardera à tout jamais de mourir^ car l'une et l'aultre est
immortelle et la vraye vie, par laquelle nous vivons
éthernelement. Au surplus, le souverain père de la cha-
rité, quiconque il soit icy bas, doué du vray image et
non adultère, de celluy seul et unique, combien*que par
nécessité trinun Dieu qui est charitéy si aulcun tel s'en
trouve sur terre, pour l'amour de l'invisible, je le révère,
soit vieil, égual, ou june quant à moy, non moins que
son origine. Et vous asseure, mon très cher frère en
charité, pour tout certein, qu'en ayant autant come je le
pouroys supporter en leur aydant touts les plus vieubc
pour pères ou mères, les égaulx pour frères ou seurs,
les moins eagés pour fils ou filles, je ne feray jamais
difficulté, feussé-je roy d'aprouver en tout et par tout,
l'heureux jadis, combien qu'aujourd'hui bany estant. de
ceulx qui entre eulx eurent tout par vraye charité
comun. Car Lycurgus et Platon par diverse raison
prouvèrent pour un moyen d'éthernels pais en la ci-
vile république, ce que les du tout très bien institués
J'
1^ -w
-84-
apostres de Jésus-Christ feirent incontinent après le St.
Esprit receu, ayant, sans rien excepter, tout ce qu'ils
havoint comun, ce que j'ay dict, combien que je feusse
roy, ayant la royne d'Escosse à présent pour femme.
Car à qui ayme son prochain il n y peult havoir que
douse moys en Tan, dond les neuf sont à tout le monde
esgaulx come les troys font le désordre, qui legit intel-
ligat. Il y ha nécessairement de la paille au brin de
bled, beaucop plus que de fruict ou de grain, come
aussi en nous plus de follie ou d'ignorance que de
sagesse. Si je suys trop hardy, réprimez-moy, et si peu,
apprenez-moy« Si vous voulez ouvrir aux frères de deçà
mes conceptions, j'espère qu'elles ne seront inutiles à la
Compagnie de la Charité, car come Dieu est mon père,
aussi Nature est ma mère, duquel je désire que la béné-
diction éthernele vous soit donée. Ce 25 may 1367.
Ce vostre autant come sien
Guillaume Postael.
Ayant peu de loysir à présent, une aultre foys j'escriré
à notre amy Ortelius, lequel je ne sçay si il entend
valon. Vous le salures en la langue qu'il entend et luy
dires que je désire pour avec vous le veoir aller en
vostre ville d'Antwerpen. J'escriray aussi à nostre par
luy amy Mylius, * à la première occasion, pour ce qu'il
sçait.
I . Arnold Mylius, libraire, représentant des Birckmans à Anvers.
- 85 -
32. — Tlantin à Çayas. *
Monseigneur,
Encores que le seigneur docteur Becanus vous ait
respondu premièrement en mon nom, tandis que j'estois
à Francfort, et que depuis mon retour j'aye aussi
respondu aux lectres de V. S., touchant l'impression de
la Bible en 4 langues, ausquelles luy et moy avons
déclaré apertement que je suis joyeux des livres trouvés
en la bibliothèque d'Alcala que j'adjouxteray très volon-
tiers auxdictes Bibles, si est ce que j'ay prins ici la har-
diesse de répéter à V. S. ceste mienne intention, et ce
d'autant plus volontiers et alègrement m'yemployeray je,
que je suis ores en plus grand espoir que je ne fus onques
de voir la religion et tous les bons catholiques estre
jà si bien advancés d'estre de bref restaurée et florir es
parties où elle sembloit estre déplorée, que je m'asseure
que de bref on verra nostre Roy catholique prospérer
plus que jamais et par tel présage advancer sa domina-
tion jusques au bout de Tunivers, car nous apercevons
ici à veue d'œil que la seule renommée de Sa Majesté a
faict, par le bon gouvernement de Son Altesse, que les
malings se soyent trouvés comme estourdis et sans
force, œuvre certes digne d'admiration et perpétuelle
action de grâces.
Quand il plaira à V. S. m'envoyer les Éthiques et
Polytiques de monseigneur Sepulveda, j'en feray aussi
comme il luy plaira et à vous en ordonner.
Je vous envoyé ici quelques livrets par moy impri-
més nouvellement qui sont un petit cathéchisme avec le
I. D*aprcs le texte conservé aux archives de Simancas.
— 86 —
calendrier et precibus horariis ', un autre cathéchisme en
table ', un Aromatum historia *, un Nomenclator Adriani
Junii *. J'espère qu'aurés receu les autres livres par ci-
devant envoyés, avec l'indice d'une partie de mes cha-
ractères et des livres par moy imprimés.
Reste, Monseigneur, qu'il plaise à V. S. continuer
envers moy vostre faveur que je puisse faire qui soit
aggréable à icelle V. S., à laquelle je prie le bon Dieu,
par son fils Jésus, octroyer la continuation de tout heur
et prospérité, comme bien le désirerez. D'Anvers, ce
dernier de may 1367.
Le très humble et très obéissant serviteur de V. R. S.
C. Plantin.
33. — Plantin à Guillaume Postel.
Je loue Dieu de sa grâce qu'il luy plaist donner aux
hommes de bonne volonté, et luy prie de vouloir con-
tinuer envers nous sa faveur pour nous faire cognoistre
et sentir ses dons inénarrables. Je me resjouis aussi
grandement de ce que dirrigés vos pas vers le sentier
de la charité, la perfection et accomplissement des
œuvres du Signeur et Dieu mesmes en l'unicque trinité
et trine unité dont l'habitation, vraye demeure et siège
1. Canisius (Pet.). Parvus Catechismus cum precihtis horariis et
kalendario (1S67).
2. HUNN^EUS (AuG.^. Caiechismi catholici Schéma (1567, en
placard).
3. Clusius (Carolus). %Aroniatum et simplicium aliquot nudica-
mentorum apud Indos nascentium (1S67, 8°).
4. JuNius (Hadrianus). Nomenclator omnium rerum propria no-
mina variis linguis expîicaia indicans (1567, 8»),
-87-
de sa majesté, mérite bien qu'un chaicun de ceux qui
habitent ou au ciel, ou en la terre, s'inclinent au
devant et révèrent celuy qui s'y sied pour faire justice,
et juger en équité la rondeur de la terre, et séparer en
temps oportun le grain d'avec la paille, pour adapter
chaicunne chose à Tusage de sa maison. Et n'y a pas
de comparaison entre la folie ou ignorance de l'homme
avec la sagesse qui soit à conférer à la parole et au
grain du bled : veu que de la folie et ignorance ne s'en-
gendre jamais, ni ne croist la sagesse : ains est besoing
que l'abjection de la folie et ignorance (que le monde
et les sçavants de la lectre tiennent pour la sagesse
et congnoissance) procède et qu'elle meure du tout
comme mauvaises herbes qui occuppent le champ, avant
que la crainte du Signeur (premier commencement de
la sagesse divine, qui est folie aux hommes, comme
l'autre l'est à Dieu) y puisse prendre quelque racine qui
ait vie et puisse mesmes charnellement accroistre pour,
par la loy du Signeur, dompter le péché en la chair et
parvenir à la foy de Jésus-Christ, ou assurance et espé-
rance du salut en l'unique fils du Dieu vivant, qui ne
peut demeurer en la mort, ne y délaisser aussi ceux
que le père luy a donnés et se sont rendus à luy pour
l'ensuivre jusques à l'abolition du péché et mort de la
chair en la croix et ensevelissement de toutes concupis-
çances et folies mondaines. En sa résurrection glorieuse,
il mène les siens avec luy hors des ténèbres et les rem-
plit (estant monté à la dextre de Dieu son père) de son
sainct esprit, lien unique de toute charité et l'accomplie
déité. A quoi se peut voir, mon très cher et bien
aimé confrère en la charité de Christ, que la folie et
ignorance de l'homme ne sert pas au fruict de la sagesse,
— 88 —
comme il semble que le veilliés [dire], quand m'es-
crivés que il y a nécessairement de la paille au brin de
bled beaucoup plus que de fruict ou grain, comme aussi
en nous plus de folie et d'ignorance que de sagesse etc.
Car il est nécessairement besoing de renaissance, et
jamais les ronces ou espines ne peuvent tellement [estre]
cultivées qu'elles aportent du grain à faire pain profi-
table à la vie humaine. Et pourtant, très aimé, que si
vostre dire me semble trop hardi que je vous reprenne,
je vous ay (bien que je fusse fort occupé) voulu escrire
peu de tesmoignage de la vérité que je vous supplie de
vouloir examiner à droict : et, si vous ne le trouvés
ainsi en vous-mesmes de ne vous en scandaliser aucun-
nement ni de ce que moy, qui ne suis rien, advance
encores en la congnoissance des grands secrets inénar-
rables de la charité du Dieu vivant, mais seulement
Tun de ceux qui désirent cheminer au chemin par où
on y va, et y trouve place, ay osé escrire si franchement
response à vostre demande, mesmes sur le point qu'il
me semble que pensés estre le mieux fondé.
Quant à David Jorges *, ou tel qu'il soit nommé ou
tenu, ne quoy qu'il ait faict ou mal versé, je m'asseure
que ceux qui sont de la charité ne s'en empeschent, ni
des fautes de nulle créature qui ne se soyent rendus sous
leur charge. Et encores quand ainsi seroit, si n'est ce
leur affaire ni ofBce et aussi enterprenent-ils pas, ni aussi
qu'on accuse ne blasme quelqu'un particulièrement ou
de nom propre, si ce n'est pour son amendement et
proffit à se pouvoir recongnoître : car ils sçavent bien
que Dieu est juste et ne laissera rien impuni, ains fera
I. David Joris.
-89-
que le mal, audace, tyranie etc. seront les boureaux
mesmes de ceux qui les nouriront et entretiendront.
Parquoy, très cher amy, regardons à ce que le Signeur
requiert de nous, et taschons d'employer nostre talent
à cela qui nous est commandé, et non à ce qui nous
sembleroit bon, selon nostre sagesse acquise ou par
longue estude, ou par expérience et imagination des
choses qui passent par devant nostre esprit. Or sçay je
et congnois que le Signeur vous a doué de dons inesti-
mables et enrichi de maints thrésors précieux, lesquels
pourroyent estre duisables au ministère de la charité ;
parquoy je désirer ois grandement que vostre commo-
dité fust telle, qu'escrivés le désirer, de pouvoir venir
conférer avec ceux de qui je ne suis digne (quant à
Tadvancement du faict de la charité) porter le moindre
message qu'ils me pounoyent commander : car ainsi
pouriés vous bien par ensemble entendre l'un l'autre,
si estes d'un mesmes art ou mestîer, et qui aura le moins
l'adjoindra au plus pour, par son humilité et bon vou-
loir, obtenir puis après part et jouir du plus avec le plus
riche : et ainsi faire que la communauté se cognoisse
non telle que plusieurs paresseux et délicats luxurieus
mondains la pourroyent désirer ou les sages mondains
l'excogiter, mais telle que le Signeur et les apostres
l'ont pratiqué en un cueur, courage et esprit à ce que
le Signeur soit honoré par les dons receus des estrangers
qui enfin se rengeront à luy et luy apporteront ce qui
luy apartient. A iceluy soit gloire et louange à jamais.
Qui sera l'endroict où je me recommanderay à vostre
bonne grâce. En haste, d'Anvers, ce 7 juin etc. [1S67].
— 90 —
34' — 'Plantin à Jean de Molina. '
Par la Poste.
Signeur Jehan de Molina, Suivant vos advertissemcnts
par deux lettres que m'avés envoyées à diverses fois,
j'ay faict relier quelques sortes des livres que j'ay im-
primés et le temps venu que les Birckraans vous en-
voyent quelques casses de livres, je vous ay aussi faict
appareiller le tout et pacquer aussi en une petite casse,
dont voyés la facture enclose en la présente, et ay mis
le prix des livres en blanc comme je les vens ici aux
libraires, et les relieures au me?me prix que je les ay
payés, afin que voyiés par ce peu si ferés profEt d'en
mander davantage. Quand au rabat, je n'en sçaurois
rien rabattre, s'il me convenoit attendre un an le paie-
ment, à cause des relieures qu'il fauldroit avancer. Mais
si vous voulés avoir des livres en blanc et les paier con-
tant, je vous rabatray de six ung, c'est-à-dire que de
I20 f. n'en payerés que cent à l'argent comptant, et à
terme d'un an je vous rabbatteray lo pour cent. Mais,
si preniés quantité à terme d'un an, je voudrois avoir
asseurance par deçà de quelqu'un qui me paiast ici en
cas qu'il pleust à Dieu (ce que je luy prie qu'il n'ad-
vienne) vous appeller de vie à trespas. Car, quand est
de vostre personne, j'en ay si bonne relation que je suis
prest de vous fier tout mon bien durant sa vie. Mais
j'ay desja esté tant de fois intéressé par le trespas de
plusieurs, qui durant leur vie m'avoyent fort bien payé,
que je crains de m'y remettre. Car il advient fort sou-
I . Jean de Molina ou Jean d'Espagne, libraire à Lisbonne.
— 91 —
vent que les héritiers ou exécuteurs des testaments ne
font pas leur devoir et ne prennent pas la peine de sa-
tisfaire à la volonté de l'âme des trespassés. Voylà le
seul point qui me faict demander asseurance en cas de
mort.
Qiiant à vos heures ', je les ay commencées passé
trois semaines, ainsi que j'espère qu'aurés veu par mes
précédentes, et affin qu'ayés meilleure volonté de trafi-
quer avec moy, je me contenteray de trois florins et
demi par chaicunne rame imprimée, autrement j'en ay
4fl.et demi de rouge et noir, ce qui m'eust aussi faiUu
prendre, n'eust esté que pour fournir vostre nombre de-
mandé de 1250 ou de 1500, il m'a faillu faire double
journée, à cause que nos imprimeurs ne veulent faire
pour jour que 1000 de rouge et noir. Les autres 300 ay
je imprimés en mon nom par l'advis d'Arnoult » de chés
les Birckmans, mais, si les voulés avoir, je les déHvreray
au mesme prix, et avant vostre response n'en vendray
pas une en ceste vile ne par deçà.
Quand au point qu'escrivés que je vous envoyé des
Bibles petites et autres livres, pourveu qu'il n'y ait rien
1 . Hora Beaiissinue Virginis ^arùe, ad vsum Romana cvrite, iuxta
tria anni tempora, nunc primum perquam syncere castigata atque repur-
gaU. Antverpia, Tro Joanne ah Hispania. Af. D. LXVIIL Ce titre
fut imprimé de cinq manières différentes et orné d*autant de fleurons.
L*un représente une rose, l'autre le soleil, le troisième la lune, le
quatrième une étoile, le dernier le nom de Jésus. Dans son Livre
d'affaires Plantin annota le 28 juin 1567 : «Horae latinae, in-i6, lettre
italique. Ils sont imprimés à 2500 et contiennent is feilles. J'en ay
livré 1500 exemplaires à la Poule Grasse pour Jehan de Molina et
en ay receu 168 florins. » La Poule Grasse était l'enseigne de la
librairie des Birckmans à Anvers et à Cologne.
2. Arnaud Mylius.
— 92 —
des nouveautés des hérésies de ce ♦empsetc, croies que
je n'ay pas délibéré de imprimer ne vendre rien «n
faceon quelconques que je schache sentir aucunement
telles sectes, et qui ne soit doresnavant approuvé par
messieurs de la faculté de Louvain ou leurs commis à
ce députés, suivant l'ordonnance de nostre Roy Catho-
lique. Qjii sera Tendroict, où me recommandant à vostre
bonne grâce, je prie Dieu vous maintenir et augmenter
la sienne.
D'Anvers, ce 7* jour de juin 1567.
L*entièrement vostre serviteur et amy
C. Plantin.
33. — Tlantin à Gabriel Hacqiu.
(Lettre concernant des livres achetés ou demandés par Bacque et
d'autres que Plantin publie en ce moment.)
Reverendissimo in Christo Patri ac domino
domino Gabrieli Bacque Abbad Eynamensi,
dignissimo domino magistro observandissimo.
Le 17® de juing 1567.
S. P.
Révérende Pater,
Statim ubi a Johanne Bellero admonitus fui de foliis,
quas in libro quem a nobis em?ras [deerant], nihil liben-
tius feci quam quod scriberem Lutetiam pro illis. Ecce
autem nunc ad te mitto, neque prius licuit, carebam
enim et illis et exemplari. Litteras tuas domino Goe-
— 93 —
thalsîo reddidî, neque erat quod te vel excusares vcl
rogares ut facerem, nam tu et tui similes, nempe viri
pii et lîtterarum amantes, mihi merito suo imperare
possunt, ut qui me servitio litterarum et litterariorum
hominum prorsus devoverim.
Qjios vero a me petiisti libros et posthac petes, bona
fide et viliori quam potero pretio tibi curabo ; catalogum
eorum cum pretio adscripto quos petiisti hic habes.
Qusedam autem perfeci ex quo ille catalogus editus et
conscriptus est, inter quae est : Lt nouveau testament en
français avec annotations des lieux les plus difficiles par Af .
René Benoist ô^ ' et depuis reveu par F. Jehan Henten
et approuvé par docteurs régents en théologie, à Lou-
vain. Si rem gratam me tibi facturum scirem, aliquando
qu« nova excuderem transmitti ad te conarer. Jubé
itaque et impera mihi quicquid placuerit, obsequiosum
me habebis et dicto obedientem. Vale, Domine mi ;
raptim pro more, eadem qua tuas recepi die et hora ;
quod memoravi nam tamdiu hasserunt, cum ex dato
appareat 14 junii scriptas fuisse.
Ad mandata tua paratus
Plantinus.
1. François Gocthals né à Gand en 1541. Fit ses études de droit
à l'université de Louvain, s'établit comme avocat à Bruges et devint
successivement professeur à l'université de Louvain et à celle de
Douai. Quoique marié il embrassa la prêtrise et mourut â Douai en
16 16. Il écrivit plusieurs traités de droit et de nombreux ouvrages
contre les réformés. Plantin publia de lui en 1567 : Lts prcwerhes an-
ciens flametigs et français correspondans de sentence tes uns aux autres,
2. Le nouveau testament, etc. Plantin, 1567, 160.
— 94 —
36. — Plantin à Jean MareschaL *
Au Sire Jehan Maresclial,
Marchant libraire demeurant à
Heydelberghe.
Sire Jehan Mareschal, Je vous ay assés adverti par cy-
devant que je m'esbahissois assés, comment aviés prins
le tonneau des Bibles hébraïques ' qui cstoit derrière
ma boutique à Francfort, veu que cestuy-là estoit de
mon costé et marqué N° 7, là où je vous avois dès le
commencement de la foire, dict et montré l'autre plain
de Cours * estre du costé de Frobenc * et marqué N° 4,
et me semble bien que j 'avois esté assés longtemps à
Francfort pour venir prendre vostre tonneau en ma pré-
sence, sans y toucher après que j'estois party, puisque
n'en aviés à faire. Je vous ay aussi adverti que j'ay dé-
livré ici aux gens de Antoine Dieu un tonneau plain de
Cours, pour l'envoyer suivant vostre ordonnance aux
Morlots ' à Lion, pour le vous délivrer, ou à qui l'or-
donnerés, et est parti d'ici le 4 juin. Au reste, s'il est
chose que je puisse, la commandant, vous serés obéi
d'aussi bon cueur que me recommandant à vostre bonne
grâce, je prie Dieu vous m-aintenir en la sienne.
D'Anvers, ce 21 juin 1567.
L'entièrement vostre serviteur et amy
C. Plantin.
1 . Jean Mareschal fut libraire à Heidelberg, â Lyon et à Spire.
2. 'Bibîia hcbraica (i$66, iu-40, ou 2 tomes in-80, ou 4 tomes
in- 160).
3. Jus civile y L. Russardo auctore (1566-1567, 10 vol. in-S»).
4. Froben (Jérôme), imprimeur à Bâle.
5. Moulins? Barthélemi Moulin, libraire à Lyon.
I
— 9S -
37. — Plantin à Jacques Ravardus. '
(Plantin se déclare prêt à imprimer le De diversis replis juris
anliqui que Rœvardus vient de lui envoyer. Il a soumis le manuscrit
au censeur.)
Clarissimo doctîssimoque D. Jacobo Raevardo
amico suo observando,
Brugas.
S. P. Nihil libentius fecerim quam ut ilico commen-
tarium tuum in régulas juris prœlo submitterem, cum
propter bonitatem operis, tum quod tibi libentissime
gratifîcarer. Per me igitur non stabit quin brevi sudes.
Statim ubi exemplar accepi (accepi autem hudiuster-
tius), pastori ecclesiae Di Mariae hujus oppidi approban-
dum dedi '. Is vero se mihi redditurum ante finem
sequentis hebdomadae pollicitus est. Qiiod si fecerit, sta-
tim privilégie curabo, quo impetrato, crede mihi prœlo
subjiciam et quamprimum potero absolvam. Pulman-
nus • te vicissim resalutare jubet. Vale, Domine mi, et
si quid possum impera. Antverpiae 21 junii 1567.
Tibi merito tuo addictissimus
C. Plantinus.
1. Jacques Raevardus (Raewaerd), jurisconsulte, né à Lisseweghe,
dans la Flandre occidentale, en IS34. H étudia à Louvain et à Orlé-
ans, fit partie du Magistrat de Bruges et fut nommé en 1565 pro-
fesseur à rUniversité de Douai. Le mauvais état de sa santé Tobligca
de retourner bientôt après à Bruges où il mourut le i*»" juin 1568. Il
écrivit un grand nombre de livres de jurisprudence dont Plantin im-
prima les suivants: Tribofiianvs sive de verts vsvcapionum differentiis
(1561, 80), De avctoritale prudent vm {1 $66, 8»), De diversis regvlis
jvris anliqvi commentarivs (1568, 8°).
2. Le curé de Notre-Dame d'Anvers était Sébastien Baer.
}. Pulmannus (Poelman) Théodore, naquit en 151 1 àCranenburg,
-96-
38. — Plantin à Jacques Tamelius.
(Plantin va commencer Timpression du Cyprianus de Pamelius.)
Clarissitno doctissimoque viro, domino Jacobo Pamelîo^
S. Theologiae licentiato, canonico, domino suo ob-
servando,
Brugas.
S. P. Duo jam prasterierunt dies, vir clarissime, est-
que hodie tertius ex quo compostitori seu coileciori ty-
porum Cypriani exemplar tuum dedi, ut secundi folii
nobis spécimen paret.' Primum namque folium, qui libri
continebit inscriptionem, praefationem etc., censeo defe-
rendum usque ad finera operis. Opportune autem nos de
interstitionibus monuisti, sed scrupulum habemus, quod
aliquando ignorare possimus, ad quem locum referatur
numerus annotatus in margine et ideo sit nobis fortasse
recurrendum ad annotationes, sed huic facile, spero, me-
debimur. Qjiamprimum potero, spécimen operis mittam,
quod futurum spero circa diem Mercurii aut Jovis pro-
xime sequentis hebdomadas. Vale, Domine mi et nostri,
memor [esto]. Ant\'erpiaB 21 junii 1567.
Tibi addictissimus
C. Plantinus.
dans le duché de Clèves. Il vint s'établir à Anvers en 1532 et y de-
meura jusqu'à sa mort. Il était foulon de son métier et commenta
un grand nombre de classiques latins dont plusieurs furent publiés
par Plantin. A la fin de sa vie, il avait trouvé un emploi aux accises
de la ville d'Anvers. Il mourut en 1581. Après sa mort, Plantin
devint propriétaire des manuscrits anciens que Poelman possédait
ainsi que de ses papiers domestiques.
I. Voir note i de la page 70.
— 97 —
39- — Plantin à Jacques Cruquius. *
(Plantîn se plaint des nombreuses fautes laissées par Cruquius dans
son manuscrit des Épodes d'Horace.)
Qarissimo doctissimoque viro domino Jacobo Cruquio
politioris litteraturas apud Brugenses professori publico
Brugas.
S. P* Tuas, doctissime Cruqui, idibus junii scriptas
13 kal. julii accepi, quibus conquereris de tarditate in
edendo Epodon Horatiî. Verum tibi folia impressa mi-
simus. Eadem vero opéra conqueri correctores nostros
de tuo exemplari significavi; neque certe immefito con-
queruntur, quod id tôt dubiis et confessis mendis scateat
ut certo aflSrmare ausim te, postquam descriptum fuerit,
non emendasse. Qpod certo nobis non tantum moies-
tum et dispendiosum sed et damnosum. Sequenti tamen
(Deo favente) hebdomada absolutum iri speramus. Vale.
Antverpiae, 21 junii iséy,
Tuus ut suus
C. Plantinus.
I . Jacques Cruquius ou de Crucque, naquit à Messines, étudia les
belles-lettres à Louvain et à Tétranger, fut nommé, en 1 544, profes-
seur des langues grecque et latine à Bruges. Il écrivit plusieurs com-
mentaires sur Horace dont Plantin publia : Q. Horatii Flacci epodon
liber (1567, 80) et g, Horatii Satyrarum Ubri II (1573, 80). Paquot
dit que la date de sa mort est inconnue. Plantin lui fournit des livref
jusqu'en 1582.
-98-
40. — Plantin au Cardinal de Gramelle. •
A Tillustrissime et révérendissime
Cardinal de Granvelle
à Rome.
Illustrissime et révérendissime Signeur,
•
Suivant l'ordonnance de V. R. S. et ma promesse,
j'ay mis, incontinent avoir receu la copie, la main à
faire imprimer l'œuvre sur Virgile *, ce dont aussi j 'en-
voyé ici la seconde feille, que j'ay faicte la première, à
cause que je n'avois pas d'épistre ne préface, qui se
pourra faire à meilleur loisir cependant que je poursuy-
vray le corps de l'ouvrage. Si mon effort (que je cognois
bien estre de petite eflScacité) peut trouver telle faveur
envers V. R. S. d'avoir d'elle la grâce de n'estre mé-
prisé, je m'estimeray avoir assés faîct, et prendray le
1. Anloine Perrenot de Granvelle, naquit, le 20 août 15 17, à
Ornans en Bourgogne. A 23 ans, il était évêque d'Arras ; â 32, il
succéda à son père dans les fonctions de conseiller d*état et de gardien
des sceaux de l'empire. En 1559, Philippe II confia le gouvernement
des Pays-Bas à Marguerite d'Autriche et lui donna Granvelle pour
ministre. Il fut successivement nommé archevêque de Mali nés et
cardinal. Il se rendit odieux au peuple des Pays-Bas et fut révoqué
par Philippe lien i564.En 1571,11 fut nommé vice-roi de Naples, et,
en 1575, il fut appelé au Conseil d'Espagne, avec le titre de président
du Conseil suprême d'Italie et de Castillc. En réalité, il fut, depuis lors
jusqu'à sa mort, le premier ministre de Philippe II. En 1584, il fut
élu archevêque de Besançon et se démit de l'archevêché de Malines.
Il mourut à Madrid le 21 septembre 1586. A partir de 1567,1e
cardinal de Granvelle fut pour Plantin un protecteur aussi actif que
puissant. C'est à lui surtout que le grand imprimeur anversois fut
redevable de sa fortune.
I. Virgilivs coîîatione scriptorvm gr<ecorv}n ilîvstratvSy opéra et in-
dvstria Fvlvii Vrsini (1 568, 8°).
— 99 -
courage et hardiesse de poursuivre alègrement et à
m*employer en tout ce je sçauray vous pouvoir estre
agréable, et prieray Dieu pour la prospérité et bone santé
de V. R. S. D'Anvers, ce xxii jour de juing, Tan 1567.
De
Vostre illustrissime et révérendissime Signeurie
le très humble et très affectionné serviteur
C. Plantîn^
41. — Tlantin à Luc Harrison.
Au Signeur Lucas Harisson,
marchant libraire,
à Londres.
Monsieur Harisson, Par les vostres du 14 du présent,
j'ay entendu le peu d'espoir qu'avés de la vente de mes
livres et par conséquent le descouragement qu'avés de
les acheter, et aussi la bonne volunté qu'avés à m'y faire
plaisir et en autres choses, dont je vous remercie gran-
dement, tant de l'advertissement que de vostre bon
vouloir, en quoy je vous prie de continuer et de ne re-
fuser par aucune occasion de vendre honnestement, en-
cores que j'y deuse perdre es sortes qui seroyent moins
requises, tant pource que je m'en voudrois bien despes-
cher, mesmes avec perte, comme pource qu'à faute de
bonne vente par deçà, j'aurois besoing de m'aider de
l'argent qui en pourroit procéder. Quant à l'autre basle,
celuy à qui elle est, entendant vostre peu d'espoir, l'en-
voyé à Colongne. S'il est chose en quoy je vous puisse
faire service, le commandant, vous serés obéi d'aussi
— 100 —
bon cueur que, me recommandant à vostre bonne grâce,
je prie Dieu vous maintenir en la sienne. D'Anvers, ce
22 juin 1567.
Le vostre à commandement
C. Plantin.
42. Plantin à André Masius. *
 Monsigneur Mons*" Andréas Masius,
Docteur es droicts et Conseiller de Monsigneur le duc
de Clèves,
où il sera.
Monsigneur, Geste seconde sera pour vous prier qu'il
vous plaise (si le pouvés facilement faire) nous rescrire
quelque mot de ce que pourés entendre qui puisse ser-
vir à la volonté du bon sig' Italian qui demande par ses
lettres, adressées en ceste vile à ung sien amy, quelque
élucidation du point contenu en lesdictes lectres dont,
par ci- devant, je vous ay envoyé la copie affin de
mieux entendre la conception dudit signeur. Q.ue si
d'adventure mes autres lectres n'estoyent parvenues en
X. André Masius (Macs), né à Linnich près de Bruxelles, le 30
novembre 15 15 ou 15 16, étudia à Louvain la jurisprudence, le grec
et rhébreu. Il fut secrétaire de Jean de Weze, évêque de Constance,
séjourna quelque temps à Rome et y étudia le syriaque. Il fut ensuite
nommé conseiller de Guillaume duc de Clèves. Il mourut le 7 avril
1573. Ce fut un homme d'une érudition fort remarquable. Il écrivit
un grand nombre d'ouvrages dont Plantin en imprima trois : 'De
paradiso, traduit du syriaque de Moses Bar-Cepha (xS^9> S°)> Josva
imperatoris hUtoria(i^'j^y in-fol.), Dispvtatio de Cœna 'Domini (1575,
40). Dans VApparatus de la Bible polyglotte^ publiée par Plantin, il
Cournit Syrorum TecuUum et la grammaire Syriaque.
— lOI —
vos mains, j'ay voulu vous envoyer ici derechef la copie
des lectres missives dudit sîgneur Italian, afin que sur
ce nous puissions mieux donner vostre résolution, que le
bon signeur mien amy attend avec grande affection et
désire de recongnoistre le plaisir que luy aurés faict.
Qui sera Tendroict où, me recommandant très humble-
ment à vostre bonne grâce, je prieray Dieu vous mainte-
nir en la sienne.
D'Anvers, ce 22 juin 1567.
Le tout vostre à commandement
serviteur et amy
C. Plantin.
Je ne vous fais ici mention d'autres choses, à cause
que par mes autres vous en ay assés amplement escrit
etc.
43. — Planiin à Çayas.
A Monsieur Monsigneur Gabriel de Çayas,
Secrétaire d'Estat de Sa Majesté
en Espagne.
Monsigneur,
Geste estant la quatrième que j'envoye à V. S. depuis
que j'ay, à mon retour de la foire de Francfort, receu
les vostres du 25 de février, je ne répéteray autre chose,
fors que je demeure prest d'obéir au commandement de
Sa Majesté et de V. S. en tout ce qui me sera com-
mandé, soit en l'impression de la Bible en quatre lan-
gues, suivants les avertissements par cy-devant donnés,
soit en l'impression des œuvres de Monsigneur Sepul-
— 102 —
veda, de longtemps attendues, ou en autres choses qui
me pouroyent estre commandés et qui soyent en mon
pouvoir. A quoy faire je me trouve d'autant plus délibéré
que, grâces à Dieu, nous avons maintenant un espoir
indicible du bon portement et prospérité des aflfaires qui
concernent la vraye religion catholique et romaine en
ces tant nobles païs, naguères tant troublés et mainte-
nant, grâces à Dieu, tant paisibles, par le bon conseil
de Sa Majesté et ordre suivi par Son Altèze, que j'ay
bien espoir et asseurance que les desvoyés ne viendront
jamais à telle outrecuidance que de penser seulement à
introduire leurs sectes à Tencontre de la saincte volonté
de Dieu, de Sa Majesté et de tous les bons chrestiens,
vrais amateurs de paix, repos et tranquilité.
J*envoye ici à V. S. Tindice des livres que j'ay sous la
presse, deux desquels, marqués i. 2. sur la marge, m'ont
esté envoyés de Rome par Monsigneur le révérendissime
Cardinal de Granvelle, avec lectres bien instantes de les
vouloir imprimer V S'il est chose que je puisse, le com-
mandant, Vostre Signeurie sera obéye d'aussi bon cueur
que, me recommandant très humblement à elle, je prie
Dieu la maintenir en prospérité comme elle mérite.
D'Anvers, ce 22 juin 1567.
Le très humble et très obéissant et
bien affectionné serviteur de V. R. S.
C. Plantin.
I . Virgilivs coîlatione scriplorvm gracorvm illvstraivs opéra et indts-
tria Fvlvii Vrsini (1567, 80) et Hieronymi Seripandii commentariva in
Epistoîam Pavîi odGaîatas (1567. 80).
— 103 ""
44- — Planîin à Mathieu Gast. '
A my Senor Matias Gast
Mercador de libros
a Salamanca.
Signeur Matias Gast, Par mes dernières responsives
aux vostres, vous aurés peu entendre comment je fus
délibéré d'accepter l'offre que me faictes de prendre 400
Summa Sancti Thomas *, texte, à payer cent escus, in-
continent qu'il y aura 10 feilles faictes, et le reste à la
fin du livre, et que sur ce je fay mes aprests pour y
besogner, et de bref je vous cnvoyeray quelque feille
faicte, et aussi du Cours de droict canon que j'ay entre
mains,prest aussi à commencer de bref, fort bien amen-
dé, annoté et augmenté de tous les lieux qui estoyent
dcsinés et marqués par cy-devant par ces mots et infra,
es textes dudict Droict canon. Le tout ce que je dy est
faict par Contius *, homme fort docte et lecteur du Roy
au Droict canon.
Je vous advertissois aussi que je n'ay pas denlandé
piège pour défiance que j'aye de vous aucunncment,
mais seulement pour pouvoir trouver mon argent par
deçà en cas qu'il pleust à Dieu vous appeler de vie à
I. Mathieu Gast, imprimeur-libraire, établi, en 1564-1565, à An-
vers, en 1567, à Salamanque et à Médina del Campo, en 1574, à
Madrid. Ce fut lui que Plantin recommanda au roi d'Espagne, en
1576, lorsque Philippe II lui demanda de désigner un imprimeur
capable d'établir une bonne typographie à Madrid.
2. Svmma S. T^&owi^ (1569, 3 vol. in-40^.
3. Antoine Contius, un des commentateurs du cours de droit
civil publié en 1575 par Philippe Nutius, Plantin et Pierre Bellèrc,
en :ix volumes in-folio.
— 104 —
trespas (ce que je luy prie n'advenir). Car vous sçavés
(et l'ay expérimenté par cy-devant maintes fois à mon
grand dommage) que, les personnes décédées, les
héritiers ou tuteurs ne font pas souventefois grand
compte d'acquiter l'âme ne la volonté des trespassés, et
aussi que ce ne seroit mon affaire que d'aller par delà
soliciter mon payement. Voylà ce que je vous escrivois
m'avoir donné occasion de demander asseurance par
deçà et non pas aucunne défiance du payment durant
vostre vie.
Il est besoing d'advancer toujours l'argent du papier
et de la besogne par chacunne semaine, en quoy toute-
fois je suis prest de m'acommoder à tout ce qu'il me
sera possible, de sorte que l'une fois je pourois advancer
et quelquefois pas. Ne pourries vous aussi advancer
quelque somme, ou bien, si mieux vous semble, faire
que vostre argent fust ici en temps entre les mains
d'homme qui me payast à la mesure que j'imprimerois
chose dont voulussiés avoir part. Car, comme sçavés,
le temps courroit toujours bien long avant que puissiés
respondre et ordonner provision pour les payements,
s'il estoil besoing de rescrire à chacune fois quand les
livres seroyent achevés.
Ceci vous ay je voulu de rechef escrire à l'adventure,
si n'aviés pas receu mes précédentes. Je vous envoyé ici
de rechef aussi le catalogue de livres par moy imprimés
et de ceux qui $ont sous les presses, en vous advertissant
que tout est à vostre commandement, en quelle sorte
que le demandiés raisonnablement, de manière que, si
voulés au comptant, je suis prest de faire tel rabat que
la raison le veut, et, si voulés à terme, je vous cnvoye-
ray aussi cela que voudrés m'ordonncr.
— 105 -
Qui sera Tcndroict où, me recommandant à vostre
bonne grâce, je prie Dieu vous donner la sienne.
D'Anvers, ce 22 jour de juin 1567.
Le vostre serviteur et amy
C. Plantin.
43 . — T^Ianiin à Jean Gassen,
Sire Jan Gassen, Depuis vostre partement, le courtier
Jan du Boys m'est venu dire qu'il estoit seulement venu
environ 150 de la sorte du cuivre dont avés laissé le
calibre, mais qu'il en dcvoit venir dedans 10 ou 12
jours, ce que j'estime devoir estre à la fin de la semaine
prochaine, et nous a semblé meilleur d'attendre la venue
de l'autre, veu que lesdits 150 tb eust esté peu.
Cejourdhui avons receu de Jannekê Boutzelaer, fille du
Prince, sèze livres de fil, montant h la somme de 65 fi.
5 pntars, dont je luy ny faict obligation conditionnelle,
à cause qu'elle m'a dict que vous luy aviés promis
qu'elle seroit payée dudict fil, au mesmes terme de celuy
qu'elle dict vous avoir livré le 18 de may à paier le iS*"
juillet, et pourtant qu'elle n'avoit pas sa sédule avec
elle, et que vostre mémoire dict le 28 jour [de septem-
bre] ' et aussi que ne m'avés pas ordonné de payer ce
dernier avec le premier.
Je luy ay promis de vous escrire et d'en faire comme
sa cédule est faictc, et de payer aussi le dernier fil déli-
vré au mcsme terme, si vous me l'ordonnés ainsi, au-
I. Payé le 28 septembre 1567 par Janneken Boutzclaer à cédule
fl. 65 s. 5. (Livre des affaires de Ticrre Gasieu à Anvers^ f. 52.)
— io6 —
trenient je me suis obligé de luy paitr ledict dernier
fil^ receu le 19 jour d'aoust prochain, assavoir à 2 mois
du jour de la livraison.
Je désire d'entendre des nouvelles de vostrc arrivée
et de la salutation faicte aux amis, et principalement des
jeunes gens qu'on avoit escrit estrc en nécessité, et
lesquels je vous priay de faire incontinent assister d'ar-
gent, de conseil et aide en tout ce qui ne seroit contre
les ordonnances etc. [22 juin 1567]
46. — Plantin à Pierte Daniel. *
A Monsigneur Mons' P. Daniel
à Paris.
Monsigneur Daniel, Depuis le temps que de vostre
grnce m'envoyastes les deux livres de Monsigneur Do-
natus, je n'ay sceu tant faire qu'aucun des visitateurs,
ordonnés pour Tapprobation des livres qui s'impriment
par deçà, me voulût approuver pour bons lesditr, deux
livrets, jusques au jour d'hier que, la court estant en
ceste ville, la faveur de mes amis a faict que l'un des-
dits visitateurs ait entreprins de les lire et approuver,
ostant ce qu'il trouveroit estre nuisible au temps etc., et
m'a promis iceluy de m'expédier ceste semaine Jesdits
livrets. Ce que faisant iceluy, et les soussignant bons et ne
contenans rien de contraire aux meurs, ne l'esglise et
I. Pierre Daniel, avocat et commentateur d'auteurs classiques,
publia VAuîuîaria de Plaute, les commentaires de Servius sur Vir-
gile, etc. Plantin n'imprima rien de lui. Il mourut en 1603.
— 107 —
foy catholique, j'auray facilement le privilège de la cour
pour la faveur des amis que j'y ay et de tout vous ad-
vertiray et feray tout devoir.
Quant à l'autre point dont demandés estre incontinent
aJverti et acertené, si j'ay receu un Virgile commenté
par ung d'Italie pour imprimer ; soyés asseuré que, passé
jà quelques mois, Monsigneur le Cardinal de Gran-
velle m'a envoyé de Rome un Virgile pour imprimer,
lequel porte le tittre suivant VirgiliuSy collatione scripto-
rum gracorum illustratus, opéra & industria Ftilvii
Ursini. Iceluy ay je commencé d'imprimer ces jours
passés par le commandement et prière très instante de
mondict Signeur le Cardinal de Granvelle, qui depuis
m'a encores envoyé un autre livre en téologie pour im-
primer, qui est Commentarius Card. Seripandii Episcopi
Salcrnitani etc. in Epistolam ad Galathas, lequel est
aussi commencé. Reste, Monsigneur, qu'il vous plaise
m'adveriir de ce que me promeciés par vos lecttres tou-
chant le Virgile susdict, au moins si c'est celuy que
vous pensés et s'il y a chose en tel ou autre à faire qui
me compète ou les amis, car je désire en cela et toute
autre chose suivre la raison.
Qui sera l'endroict où me recommandant très hum-
blement à vostre bonne grâce, je prieray Dieu vous
maintenir en la sienne. D'Anvers, ce 22 juin 1567.
L'entièrement vostre à commandement
serviteur et amy
C. Plantin.
— io8 —
47. — Tlantin à ^Alanus Copus. '
(Plantin lui annonce l'envoi de plusieurs livres.)
Clarissimo dociissimoque viro
domino Alano Copo Anglo,
Lovanium.
Nullum non moveo, mihi crede, lapidem quo rationem
inveniam qua tibi et aliis saiisfaciam. Utinam vero scires
quantum laborem hac in re, et quam qui nobis debent
sint négligentes, aut débita opéra, vel, quod potius
credo, quod tempora ha^c difBcilia neminem permittant
eadem facilitate frui inter distrahendum, atque nos ante
hos tumultus solebamus. Spero meliora. Mitto iterum
quod possum. Nempe brevi, vel rcliquum vel quod
habuero mittam et, si quem ex tuis hue venturum
sciveris, ad nos deflecti curato ne sumptus facias in ven-
I . Alanus Copus, savant anglais, établi à cette époque à Louvain.
En 1572, il se trouvait à Rome où Plantin, en 1574, lui envoie ses
lettres avec Tadresse : Pietate et eruditione praestantissimo viro
Domino Alano Copo, Ecclesicc S. Pétri beneficiario in familia IU™i
Cardinalis Hesii. Il mourut dans la même ville. Plantin qui, depuis
le commencement de 1565, était en relations d'affaires avec lui, annote
dans son grand livre au mois de mai 1582 : « Alanus Copus debvoit
avoir 200 fl. de livres pour sa copie etc. Est trespassé à Rome,
parquoy ici soulde ladite partie fl. 181. 6.»
Alanus Copus publia chez Plantin : Dialogi sex contra Summi Pon-
tificaius oppu^natores, La première édition parut en 1566, la seconde
en 1573. L'auteur de l'ouvrage est Nicolas Harpsfield archidiacre de
Cantorbéry, qui fut enfermé à la Tour de Londres par ordre de la
j.eine Elisabeth, parce qu'il voulait rester fidèle au catholicisme, et qui
resta prisonnier jusqu'à sa mort, arrivée en 1583. Pendant sa déten-
tion, il écrivit plusieurs ouvrages au nombre desquels on compte les :
DUiîogi seXy publics par Alanus Copus chez Plantin.
— 109 —
tara solvenda. Bona fide quicquid habuero innumerabo,
vel aperte confitebor me non habere. Si quid receperis
non satis justi ponderis, istic remittito per opportuni-
tatem, ego in alios nummos commutabo.
Concilia generalia fl. lo —
Prosopographia fl. 2 — 15
Orthodoxa Payvse fl. i — 15
Historia Carthaginensium fl. o — 5
fl. 14 — 15
Juris universa historiae descriptio ex variis auctoribus
collecta per Marinum Libergium Cenomanum 4°, pic-
turîs, 1567, venditur 5 stufFeris.
Litteras tuas, de quibus gratias habeo maximas, misi
cum meis Romam. Reverendissimus etiam Cardinalis
Granvellanus^ Roma missis ad me duobus libris ad im-
primendum^obtulit per litteras suas mihi operam, si quid
Romse curatum vellem, quare ego aperte illi hoc nego-
tium meis litteris aperui et rogavi ut in hac re mihi
favere vellet. Quid facturus sit nescio. Inscriptio vcro
librorum ad me missorum est : Seripandii Card. S. E. R.
et Episcopi Salernitani in Epistolam D. Pauli ad Galatas
commentarius, Virgilius cum graecîs aliisque auctoribus
coUatus a Fulvio Ursino. Utrumque praelo subjeci. Vale,
Domine mi. Antverpiae 22 junii 1567.
Tibi merito addictissimus
C. Plantin.
— 110 —
48. — Obertus Gifanius ' à Tlantin.
(Il envoie à Plantin un ouvrage de Duarenus en le priant de cher-
cher un personnage généreux auquel il puisse le dédier. Il ne men-
tionnera plus Poelman et Giselinus, parce que ceux-ci n'aiment point
à être cités par lui. Il se défend de certaines accusations. Il envoie le
manuscrit des psaumes de Buchanan et demandera à cet auteur d'en-
voyer son de Sphara à Plantin.)
Binas jam brevi accepi a te litteras amicitias et huma-
nitatis plenissimas, mi Plaatine, de quibus magnam tibi
gratiam habeo^ mixitne quod tam egregie causam meam
egeris apud heram illam Halleram. Velim ut posthac
agas, si forte ob rationes aut stipendium tetnpestates
concitet.
Domino Vanderano nunc scribo.Mitto Duarenum' cum
quo quid agendum tibi sit, breviter descripsi. Praefa-
tionem conficiam Venetiis, Deo volente, ad virum
aliquem honestum ; tu, quaeso, aliquem mihi deligas,
qui munusculo aliquo nos remunerare possit et velit.
Opus erit praeclarum. Tu fac ut hic Lugdunenses et
clegantia typorum et chartas superes : nam diligentia et
voluntate longe vinces. Ego, cum Lucretium ederem,
Pulmani et Giselini ' mentionem honorificam feceram,
1. Obertus Gifanius ou Giphanius (van GifTen) jurisconsulte,
philosophe et philologue, né à Buren en Gueldre en 1554. Il étudia
à Louvain, à Paris et à Orléans, devint professeur de droit en Alle-
magne et mourut à Prague, le 26 juillet 1604. Eq 156$, Plantin
publia un Lucrèce annoté par lui. Une partie des exemplaires de
cette édition porte la date de 1566. En 1567, Gifanius fît un voyage
en Italie avec l'ambassadeur de France à Venise.
2. François Duaren, né en 1509 à S^ Brieux en Bretagne, profes-
seur de droit à Paris et à Bourges, mort dans cette dernière ville en
1559. ^^ collabora à l'édition du Jus civile réimprimé par Plantin en
I 566-1567.
3. Victor Giselinus naquit en 1543 A Zantvoorde près d'Ostende.
— III —
bis terve etîam in praefatione ex tuo consiiio. Sed
postquam intellexi eos non cupere ut nomen suum refer-
retur cum meis libris verso stiio induxî. An hic peccavi?
Qpod reprehendant Langius * et alii, quia tam multa
nihil ad rem facientia studio congesseram^ faciunt id
quod Moncus olim. Sed eorum inepta accusatione non
dimovebor ab hoc meo instituto, quo quam piurimis
prodesse constitui, dum et alios auctorum locos emendo.
Et quid facit Turnebus * ? Sed de hoc alias. Caesarcm
statim expoliam Venetiis, semel liberatus psedagogicis
molestiis^ et alia quasdam.
Spero cistam meam jam Gorichemium missam ad
sororem ; de libris aliis fac quaeso quod potes.
Vale, amicissime Plantine, raptissime, Parîsiis 1567,
25 junii.
Hodie celeribus equis cum Dn. Legato proficiscimur
Lugdunum versus.
Salutanr te Dn. Canterus ' et Dn. Daniel.
Tuus ex animo Obertus Giphanius.
Pêne omiseram quod maxime tamen scriptum eu-
Il fit ses études de médecine et s'établit à Bergues-St.-Winoc où il
mourut en 1591. En décembre 1564, il entra comme' correcteur au
service de Plantin et remplit ces fonctions jusqu'en septembre 1 566.
Il publia chez le grand imprimeur anversois : TrudenHus (1S64), le
second volume deVEpitome Adagiorum omnium (i $66), Ovidius(i^66),
Sententiae veterum poetarum (i 566), Sulpicius Severus (iS74) etjoanm's
Ferhelii De luis venerea curatione (iS79).
1. Carolus Langius (Lange) chanoine de St-Lambert à Liège,
philologue, jurisconsulte et botaniste très savant,mourut le 29 juillet
IS73-
2. Adrien Tumèbe, célèbre philologue français, né en 15 12, à
Andcly en Normandie. Il mourut à Paris le 12 juin 1565.
3. Guillaume Canterus (Ganter), savant critiqus, né à Utrecht le
24 juillet IS42. Il fit des voyages littéraires en France, en Allemagne
— 112 —
piebam. Accepi hodie duas litteras a Dn. Buchanano ' et
Raverdo duobus praestaatissimis Scottiae viris. Miseruiit
una quse petieram epigramtnata. Ea omnia una cum
epistola nunc ad te mitto, videbis ipse quod scribunt.
Rescripsi illis nudiustertius, petiique ut psalmos suos
mittaty te paratum esse illos jam statim excudere. Misi
quoque ad eum psalmorum ejus.tuam editionetn secun-
dam, ut laudent tuam diligentiam.
Epigrammata de Grasco versa malim nunc mittas ad
Metkerchium Brugas ", qui dicitur omnia brevi editurus.
Scripsissem ad îpsum, sed non vacat. Scribam Venetiis ut
tibi illa excudenda tradat, quod eum facturum confido^
et sic eodem res recidet. Ego sane huic rei vacare nunc
et en Italie. Il se fixa à Louvain où il mourut le i8 mai 157 5, épuisé
par un travail trop assidu. Plantin publia quelques-uns de ses nom-
breux ouvrages de philologie : Deorum et hominum illustrium prqgenies
(1571, 8<>), 'Kfivarum Uctionum lihri octo et T^e ratione emendandi
gnecos auctores syntagma (1571, 80), Euripides (iS7i> 160), Aristotelis
Pepli fragmentum (1S71, 8°), Stobaus et Tletho (iS7Si in-f®), Sophodes
(1579, '^°)» *^^schylus (1580, 160) et Varia Uctimes ad *Bibïia graca
dans le 6« volume de la Bible polyglotte.
1. Georges Buchanan, historien et poète, né le 12 février 1506 à
Kilkeme en Ecosse, mourut à Edimbourg le 28 septembre 1582. En
])6o. il embrassa la réforme. Plantin publia de lui Paraphrasis
psalmorum, La première édition de ce volume parut en 1566, la
seconde fut imprimée au mois de mars 1567, par conséquent avant
la réception de la présente lettre. Une troisième édition plantinienne
parut en 1588. Parmi ses autres ouvrages, on compte : les Epigram-
mata et le traité de Sphara dont parle Gifanius.
2. Metkerchius (Adolphe van Meetkerke), jurisconsulte, historien et
philologue, naquit à Bruges vers 1527. Il fut pensionnaire du Franc
de Bruges et président du conseil de Flandre ; il se convertit en 1580
au protestantisme et mourut en 1591 à Londres, où il s'était retiré
en 1586. Plantin publia de lui : De veteri et recta pronuntiatione lin-
gua graca commentarius (1576).
— 113 —
non possum, praesertim quia hinc discedo ubi plurima
potuissem colligere.
(Au dos) Oravi quoque summopere Buchananum ut
opus de Sphaera tibi quoque tradat.
A Sire Christoffle Plan tin,
mon bon seigneur et ami,
en Anvers.
49. — TPlantin à thCax Morilloti.^
A Monsigneur Monsigneur le Prévost d'Aire,
Monsigneur Morrillon,
à Brusselles.
Monsigneur,
Je vous envoyé ici 2 feilles du Virgile' que j'ny
comencé et que je continue le plus que je puis, en
attendant que V. S. m'ordonne comment je doibs faire
touchant la première feille où doibt estre l'épistrc dé-
dicatoire, laquelle je voy, par les lettres qui estoyent
joinctes à l'exemplaire qu'il vous a pieu m'envoyer, que
Sa Révérendissime S. entend qu'elle doibve estre faicte
1. Maximilien Morillon naquit à Louvain en 1517, fit ses études
de licencié en droit et prit ensuite les premiers ordres. Il devint
successivement secrétaire du cardinal Granvelle^ chanoine et écolâtrc
de la cathédrale d'Arras, clianoine de St-Rombaut â Malines en
1554, chanoine de St-Bavon à Gand, chanoine de S*«-Gudule à
Bruxelles, prévôt de St-Pierre à Aire, en Artois, en 1559, archidiacre
et premier vicaire général pour le diocèse de Malines etc. En 1583,
il devint évêque de Tournai, tout en continuant à jouir des nom-
breux bénéfices que Tamitié du cardinal Granvelle lui avait fait
obtenir. Ce dernier en avait fait son confident et son correspondant
ordinaire dans les Pays-Bas. Il mourut le 27 mars 1586.
2. Le Virgile publié par Fulvius Ursinus.
8
— 114 —
par Mons' Pighius ou Mons' Polytes*.Qui sera l'endroict
où, me recommandant très humblement à vostre bonne
grâce, je prie Dieu, Mons' le Prévost, de vous octroyer
ce que votre cueur luy sçait bien sainctement désirer.
D'Anvers, ce 27 de juin 1567.
L'entièrement vostre très humble et
obéissant serviteur
C. Plantin.
50. — Tlantin à Jean Siadius.*
(Il donne des nouvelles de l'impression du Florus de Stadius quHl
imprime en ce moment.)
Clarissimo doctissimoque viro
domino Johanni Stadio mathematices
et historiarum professori apud Lovanienses publico,
Lovanium.
S.P. Nos aliquid prasstitisse in tuo libro edendo, quod
tibi non ingratum sit, gaudemus V. C. Indicem curabo
colligi ab aliquo docto. Très praeterea quaterniones
mitto. Compositor seu characterum coUector, propter
mortem curatoris sui Hollandiam evocatus, a nobis ante
1 . Joachim Polytes (de Borghere), secrétaire de la ville d'Anvers
de 1541 à 1566.
2. Jean Stadius, mathématicien né à Loenhout, dans la province
d'Anvers, le premier janvier 1527, étudja à Louvain et y enseigna
ensuite les mathématiques et Thistoirc. 11 habita successivement
la Savoie, Bruges et Paris. Il mourut dans cette dernière ville en
1 579. Il publia chez Plantin en 1 $67: Juin Flori De gesiis Romanorumy
historiarum libri IlII et seorsim in eos comnuntarius.
— 115 —
4 dies decessic neque alium mihi substituere licuit.
Euni autem postridie rediturum speramus, et nisi fecerit,
alium aliquem constituemus qui perficiat.Nos autem quar-
todecimo postea die absoluturos, dempto indice et quae
missurus sis, speramus, neque te intempestive tune ad-
venturum credimus. Vaie. Antvorpiae, 2 julii 1367.
Tuus si suus
C. Plantinus.
51. — Vlantin à Jean Gassen.
Au Sire Jan Gassen.
J'ay receu quasi en un mesme temps vos lettres du
23, 25 et 28 de juin, ausquels j'ay tasché de satisfaire
à mon pouvoir. Premièrement, j'ay mis à compte les
parties de Tanneken Vertangen et Jehanne Masqueliers.
J'ay aussi faict diligence de recevoir l'argent des 3 lectres
de change envoyés et par moy receues. Mais je n'ay
encores rien receu, en partie parce que le receveur de
Bernuy * n'est en ceste ville ; mais il y sera. Dieu
aydant, dedans 3 ou 4 jours, et alors je receveray la
partie de 300 ft. Qjjand à M*" Lambert', je suis en diffi-
culté et doubte quelle monnoye c'est que je dois rece-
voir, d'autant qu'en l'une partie il déclare avoir receu
20 fb et en l'autre 12 fl., et en la somme tirée en vostre
lettre vous mettes 32 fl. Parquoy rescrirés au net quelle
somme je dois recevoir.
1. Bernuy (Fernando de), cousin de Charles et de Corneille de
Bomberghe, associés de Plantin, et intéressé lui-même dans l'asso-
ciation dont la direction était confiée à Plantin de 1563 à 1567.
2. Lambert Barleus.
— Ii6 ^
fl
Quand à la somme délivrée à Obert Gifanius de
43 fl. et 7 patars, je ne sçay comment j'en sera payé,
d'autant que le père de l'enfant', pour qui ledit GifFan
confesse avoir ladicte somme, m'a dict tout à plat qu'il
n'en payeroit rien et qu'il n'avoyt pas donné aucun
consentement ne ordonnance de bailler quelque chose
pour son fils. Et de faict je n'en ay pas aussi rien en-
tendu, si non quelque jour, passé quelque nombre de
mois, quand je vous escrivi, au nom de Bernuy, que
délivrassiés une certaine somme d'argent pour lors spé-
cifié en la lettre que j'escrivois à mon compère vostre
oncle. Or le receveur de Monsigneur de Bernuy estant
de retour, je soliciteray davantage ledict payement avec
l'autre, et puis vous en escriray plus au certain, car j'es-
père bien qu'on n'y perdra qu'un peu d'attente.
J'espère d'envoyer le fil et ouvrages par le premier
chartier en un tel coffre que me l'avés mandé. Je
payeray aussi la fille du Prince *, comme l'ordonnés. Le
28 du présent, j'ay receu la lettre de Barleus de 24 fl.,
lesquels receus je mettray à compte de casse. Ne doubtés
que je ne contente vos ouvrières, tout ainsy que si vous
y estiés, car à cela ay je assés de soing et déjà ay payé
M* Piere de Bruges, pourtant qu'il y avoit peu, et aussi
la femme de George Farinai, encores que son terme ne
fust qu'au 13 du présent ; mais elle a aporté ouvrage et
se plaignoit fort de n'avoir pas d'argent pour plus entre-
tenir ne payer ses cousturières et qu'elle iroit vendre sa
marchandise pour avoir argent, ce que je l'escoutoy
dire sans respondre autre chose si non que je luy baille-
1 . Le père de Tenfant se nommait Hans Peeter.
2. Une ouvrière désignée dans les comptes de Plantin à Gassen
sous le nom de Janneken Boutzelaer, fille du prince.
— 117 —
rois son argent incontinent qu'elle m'aporteroit ouvrage.
Ce que oyant, elle me délivra sur le champ pour.... d'ou-
vrages que je pacqueray avec le fil et je la paye de 66.8
suivant vostre sédule que je voy estre faicte du 13* juin
à ung mois, qui seroit le 13 du présent, et par vostre
mémoire délaissé ici, vous m'escrivés qu'elle doibt estre
payée à 2 mois. Davantage, elle a voulu aussi que je
luy fisse obligation à ung mois et m'a dict qu'elle ne
veut pas autrement faire besogner que payer tous les
mois. Sur quoy je luy ay dict qu'elle vous en escrive,
ce qu'elle m'a promis de faire faire par son mari estant
de retour à Malines; car elle aportoit cette lettre, que je
vous envoyé, de Malines avec elle toute faicte.
Je suis aussi esmerveillé que Gilles Chastelain m'a
dict, juré et affirmé que luy avés dict le soir, devant
vostre partement de ceste ville, en la présence de Han-
kart, que sériés fort bien content et luy donniés terme
de payer le 15 du présent mois de juillet, pourveu qu'il
n'y eust pas de faute. Et sur cela il s'apuye et dict qu'il
ne peut paier rien devant ledict temps. Parquoy je vous
prie, s'il est autrement, luy en rescrire un peu en peu de
papier et de langage.
Qjiand à Linquen ' Roy elle m'a rescrit cejourd'huy
une lettre par laquelle elle m'a mandé que je luy rescrive
si je la payeray tout comptant ce qu'elle m'envoyeroit
pour vous, et qu'autrement elle n'estoyt pas délibérée ne
d'advis de livrer rien qui soit, sans estre payée tout
comtant. Je luy ay mandé que je la payeray tout comtant
à la livrayson de sa besogne. A cela et telles choses
pourés vous voir ce dont plusieurs fois je vous ay adverti
I. Lijnken = Catherine.
— ii8 —
et que je vous dis advant votre partement, c'est qu'en
vostre présence les personnes vous promectent d'attendre
et le font aussi; mais, en votre absence, ils pensent que
je leur retienne l'argent etc. Vous scavés aussi ce que
je vous dis touchant Gilles Chastelain. Mais si est ce
que, grâces à Dieu, j'espère faire que de cela que j'ay
receu et dois par nos comptes ne se trouvera faute que
je ne le paye jusques au dernier denier aux premiers à
qui il sera deu, ou que je verray bon de payer ou adven-
cer pour les entretenir.
Oiiand au point dont rescrivés en vos lectres que
doutés que le marchant, dont m'aviés parlé, qui devoît
aller en Angleterre pour recevoir ou se faire payer de
ses debtes, ira par delà, si on le veut souffrir de desployer
et vendre en destail, ce que pensés qu'on ne fera etc.,
je ne vous entends pas en cela et vous prie de m'inter-
préter cela plus amplement; car, pour autant que je vous
dis aussi que pour subvenir à payer ce que je restois à
vostre oncle, j'envoyerois ou irois en Angleterre etc, je
ne pense pas. Suivant les mots, on croiroit que, si ledict
marchant vient par delà, qu'on le mectra en grand pro-
cès etc. Faictes moy certain pour un seul mot. Quant
au leton il n'en est pas encores venu.
52. — Plantin à Pierre Porret.
Maistre Pi ère Porret
à Paris.
Mon frère, Toutes recommandations promises, je
vous prie de ne faillir à m'envoyer, tout le plus tost que
le pourrés faire seurement, en quelque baslot, tonneau
— 119 -
ou basle qui viendra par deçà, soit pour nous ou pour
un autre, pourveu que ce soyent gens seurs, les poinsons
de la lectre de Bréviaire, ainsi que j'estime que le verres
escrits sur le pacquet desdicts poinsons. Davantage, je
vous prie aussi de m'acheter de Hautin * une frappe
bien complète de son grec que nous appelions cicero ou
médian, qui est celuy dont j'ay imprimé la gramaire
de Clénard ' in 8° et diverses autres sortes. Or me
serait'il besoing que j'eusse le tout dedans la fin de ce
mois de juillet, ou commencement d'aoust, ou au plus
tard devant la my-aoust, d'autant qu'à la dernière foire
de Francfort, je me suis obligé d'envoyer ou porter moy-
mesmes audict Francfort une frappe dudict grec de
Hautin, ce que, toutefois, il n'est pas besoing de décla-
rer audict Hautin, de peur qu'il ne se tînt trop fier et
cher, et aussi une frappe de madicte lectre de Brévière,
et sur ce ay je receu argent d'errcs. Ladicte frappe
de grec vous pourra couster sans justifier (car ainsi je
les veux) environ 12 escus.
Et ayant ici les poinsons de la Brévière, j'en feray
incontinent faire une frappe. Qiie si aviés homme loyal
par delà qui la peust frapper sans nous en faire tort, il
1. Voir p. 13, note 3. Hautin était non seulement tailleur de
caractères, mais aussi libraire. En cette dernière qualité, il avait un
magasin à Paris.
2. Clenardus (Nie), Instiiutiones in gracam îinguam (1564, in-80).
Dans la vente des biens de Plantin, faite le 28 avril 1562, on adjugea
5 rames de la grammaire de Clenardus â Guillaume Sylvius. Mais il
y avait en réalité 10 rames comprenant les deux premières feuilles de
Touvrage. Le 30 avril 1564, Sylvius céda ces deux feuilles à Plantin
qui continua l'impression du livre et l'acheva le 3 août suivant. 11 fut
tiré à 2500 exemplaires, dont Sylvius en prit 525 portant son adresse
et Materne Cholin 1 50.
— 120 —
seroit bien aussi bon de la faire faire là et l'envoyer
incontinent par deçà, comme d'envoyer les poinsons ;
mais je crains qu'on ne nous y fist quelque falace ou
tromperie. Faictes le tout comme verres pour le mieux.
J'ay receu vos lectres du 22 juin, pour ausquelles res-
pondre, j'estime qu'aurés maintenant receu les miennes
d'advertissement, que je vous prie d'user de vostre mo-
destie accoustumée envers Gasscn, tant pour le moins
que j'aye parlé ou soyons tous quictes à lui. Mais s'il
vous doibt, retirés promptement cela qu'il vous doibt,
en attendant par patience que le temps descouvre la
vérité de ses faicts à luy-mesmes.
Je vous envoyé encores 6 des cahiers, de mesmes les
précédens touchant l'office de la messe *. Je suis joyeux
des lettres de naturalité de Giles ', et m'encouragera cela
d'envoyer hardiement et fournir la boutique à mon pou-
1. Probablement Petrus ab Opmeer, Officium missic (Antv. Chr.
Plantinus impensis Simonis Pauli Delphensis, 1 570). Le 27 février 1 568
Plantin reçut de Simon Pauwels, à bon compte de cette impression
la somme de 72 fl. Elle ne fut terminée que le 19 novembre 1569.
Simon Pauwels, ou plutôt Fauteur de l'ouvrage, en prit 750 exem-
plaires et 10 exemplaires sur grand papier.
2. Gilles Beys, natif de Bréda ou des environs de cette ville, entra
au service de Plantin au mois de juillet 1564. Le 7 janvier 1567, il
se rendit à Paris pour tenir la boutique de Plantin ; le 7 juillet
suivant, il s'y était fait naturaliser.Lc 7 octobre 1572, il épousa,dans
la même ville, Madeleine Plantin, quatrième fille de son patron. Il
géra la librairie parisienne, sous la direction de Pierre Porret, jusqu'au
21 juillet I57S- A partir de cette date jusqu'au 22 août 1577, il en
fut le seul gérant. Alors Plantin céda sa boutique à Michel Sonnius.
Égide Beys continua le commerce des livres à Paris et y imprima
sous son propre nom, à partir de 1577. En 1590, après la mort de
son beau-père, il vint s'établir à Anvers où il publia un petit nombre
d'ouvrages. En 1594, il habitait de nouveau Paris où il mourut le
19 avril 1595.
— 121 —
voir, qui sera, comme j'espère, assés bon, pourveu que
je puisse doresnavant recevoir quelque aide de ladicte
boutique, pour subvenir aux payements de nos ouvriers
et papiers, dont j'ay maintenant assés et à comandement,
encores que j'entende que nos bons amis de par delà
ayent faict tant qu'il ne nous en vienne plus de Troye,
de peur que je ne continuasse nos entreprises.
Parquoy ne reste que de recevoir argent pour faire
de bonnes sortes, car j'ay et s'offrent journellement de
bonnes copies pour imprimer par deçà. Je vous ay aussi
respondu que je n'ay personne que je peusse de présent
envoyer pour soulager Gilles, mais j'espère d'avoir de
bref quelques-uns qui pourront y estre propres et lors
feray tout devoir. Q.uand aux ouvrages, si ne les pouvés
vendre, vous les pouvés renvoier, et j'espère de trouver
le moyen de les vendre sans telle perte qu'escrivés avoir
voulu donner 50 }fe à Jan Gassen pour les vous vendre.
Qiaand à Bougleau, je vous prie aussi de me mander si
vous avés retiré mon obligation de luy, je vous ay jà,
une autre fois, mandé que les vergettes coustoient, à
mon ad vis, 5 fl. 6 patars, car moy mesmes je l'ay desjà
oublié. Je pensois que les demandassiés pour faire pré-
sents, parquoy n'en ay pas faict compte. Si j'avois à faire
d'aix à paquer, j'en commandrois à faire faire à Paris,
d'autant qu'il y a des ouvriers mieux qu'ici et que le
bois, qui doibt estre noyer ou bon hestre, y est assés
fréquent et ne se trouve pas ici aisément. A Dieu soyés.
D'Anvers, ce 7 juillet 1367.
Vous voyés par ces feilles que j'ay commencé le livre
de Mons"" Grevin \ de si longtemps délaissé, faute de
I . Jacqtues Grevin, Deux livres des Venins, Ensemble les œuvres de
— 122 —
papier, dont grâces à Dieu, j*espère doresnavent avoir
assés, pour le moins autant et plus que je n'en pourray
payer, si la vente ne me soulage mieux d'un costé ou
d'autre, pour continuer les ouvrages que je pourois
entreprendre, soyent in-8° ou in-f** commun. Je vous
prie faire mes recommandations €t excuses audict S'
Grevin, et luy dire que j'espère de continuer à son livre
tant qu'il soit achevé, et que je suivray à mon pouvoir
ses advis et luy envoyeray des feilles le plus souvent que
je pourraj\
53. — Planlin à Pierre Porret,
A Pierre Porret.
Mon frère, Je prendray garde doresnavant à la noir-
ceur de mon impression, pourquoy faire, je dèsirois bien
avoir espreuve de l'ancre faicte à Paris ou Lyon. J'ay
receu les lettres d'advertissement touchant les marchants
assés tost et par les mains mêmes de Peter, duquel vous
escrivép, parce que Jaques les luy bailla à la porte de ceste
ville, pour me les bailler en passant par devant mon
logis^ ce qu'il fist et incontinent alay advertir mon amy.
J'ay commencé le livre de Grevin ' que je continue à
mon pouvoir. Si Samon est tant fascheux, je vous prie
Nicandre (1568, in-40). Plantin avait commencé Timpression de (iet
ouvrage au mois de novembre 1565. A cette époque, il en tira 12
feuilles. Il reprit le travail en juillet 1567 et Tacheva le mois suivant.
Geoffroy Ballain en dessina les planches, Jehan de Gourmont les
grava sur bois.
I. jAcauES Grevin, Deux livres des Fenins(i^6'jf in-40).
faire avec Balin * qu'il treille s*ai<kr cPautres lectres jà
faictes par cy-devant, et m'achever les cadeaux' commen-
cés tellement quellement, le plus tost qu'il sera possible.
Si MoDS' Chrestian me donne quelque chose mesme
sur Pindare ', je feray devoir encores de rimprimer en
une feille à part.
Gifanius m'a envoyé quelques psalmes en grec dudict
Christien, que j'espère d'imprimer incontinent que j'en
auray aussi quelques autres que m'a promis aussi Jamo-
.tius .
Je vous ay rescrist que j'avois vendu ici l'astrolabie.
J'ay receu et vendu les lectres patentes du Roy que
m'avés envoyées.
Postel monstre par ses lectres où il en est etc.; je luy
respondray par melleur loisir. Qiiand à Gassen, il faict
toujours ses comptes à large, car il compte du jour où
il est et ne pense pas toujours qu'il est besoing de faire
provision avant le temps venu. Car il doibt estre asseuré,
ce que je luy ay souventefois dict et à son nepveu et
aussi rescript, que ceux à qui il doibt pût deçà attendront
plus tost ung mois apprès leur jour, quand luy ou son
nepveu sont ici, qu'ils ne veulent faire une heure en
leur absence et veulent estre paies comptant. Si Lambon
mangeant le fromage le trouve bon, mandés-le, et on
en envoyera d'autres, et quand il fera froid, Dieu
aidant, on envoyera du heure. Quant la casse sera four-
nie, je prie d'aider la nostre et si vostre neveu a affaire
1. Geoffroy Balîn ou Éallain, artiste de Paris, qui fournit à
Plantin de nombreux dessins destinés à être gravés sur bols.
2. Cadeaux = Grandes lettres ornées.
3. Tindari Carmina etc. ds^y, 160).
— 124 —
ou pense que je luy peusse aider à quelque marchandise
et qu'il vous semble bon, m'aidant, je feray le pouvoir.
J'ay reçeu ma marque pourtraict. J'espère d'envoyer
dedans 3 jours encores de la marchandise. J'en ay ausi
pacqué dedans un coffre envoyé à Gassen, dont j 'envoyé
la facture es lettres de Gilles. *
54. — Vlantin à Jean Henten. *
Monsigneur Nostre Maistre F. Jehan Henten,
docteur régent à la S. Faculté de Théologie
au couvent des Frères Prêcheurs,
à Louvain.
Monsigneur nostre Maistre, Suivant ma promesse, je
vous ay envoyé 4 exemplaires du Nouveau Testament
en françois, afin d'en faire vostre volonté devant que
j'en vende aucuns. S'il est autre chose en quoy je vous
puisse faire quelque service, commandés-le, vous serés
1. Gilles Beys.
2. Jean Hentenius (Henten) naquit en 1499 à Nalinnes, village du
pays de Liège. Il entra dans Tordre des Dominicains et devint doc-
teur en théologie et régent de renseignement de cette science, au
couvent de son ordre à Louvain. Sweertius place sa mort au 1 3 oc-
tobre i$66. La présente lettre fait naître des doutes sérieux sur
l'exactitude de cette date qu'on retrouve dans toutes les biographies.
Ces doutes sont confirmés par un article du livre des comptes de
Plantin daté du i^ mars 1567 et par lequel nous voyons que l'im-
primeur lui paya ce jour 24 florins pour ses travaux sur la Bible en
français. Plantin publia de lui, en 1567, li» nouveau testament avec an-
notations de Tietiê 'Benoist. Le tout revu par F. Jean Henten , in- 160.
Ce furent lui et d'autres professeurs de Louvain qui revirent le texte
de la Bible latine publiée par Plantin en 1 583.
— I2S —
obéi d'aussi bon cueur que me recommandant à vostre
bonne grâce, je prie Dieu vous conserver en la sienne,
et vous vouloir favoriser qu'au grand profEt de la répu-
blicque christienne, nous puissions de bref jouir de vos
nobles labeurs sur la Saincte Bible en latin, cependant
que je poursuivray l'yrapression (d'autant qui me sera
possible) de la françoise. D'Anvers, ce 13 de juillet
l'an 1367.
L'entièrement vostre à commandement
serviteur et amy
C. Plantin.
55. — Plantin à Jean Stadius.
(Plantin lui donne des nouvelles de Timpression de son livre, etc.)
Qarissimo doctissimoque viro
domino Johanni Stadio
mathematicarum et historiae professori meritissimo,
Lovanium.
S. P. Ut litteras vacuas dare nolim, sic expectandum
mihi fuit reditum operae et impressionem duorum ecce
quae mitto foliorum '. Pergetur, Deo faveme, usque ad
finem operis, quem, ut spero, habebimus ad finem alte-
rius proxime hujus sequentis hebdomadae. Tuas Flamin-
go ipse in manibus propriis dedi ; poUicitus est se
curaturum missas et mihi daturum quicquid ab eis
exiorquere poterit. Q.uum viri Cornelii Valerii similes
I. Voir note 2 de la page 114.
— 126 —
tuum sunt opus laudaturi et comniendaturi, non est
quod dubitem dîgnum, namque est qui ametur et admi-
retur a doctis. De Suetonio quid agatur scire percupio.
Vale, domine mi. Antverpiae, 13 julii.
Tibi tuo merito addictissimus
C. Plantinus.
Has cura scripsissem nuntium non inveni. Tuas
postea recepî cum carnibus etc. Hesterna die nostri per
totum diem genio indulserunt typographi, hodie ferian-
tur. Littteras tuas D. Flamingo reddi curavi. Quid spei
habendum sit de carnibus nos et D.Thesaurarii prorsus
expiscari non possum[us]. Indicem toUi curabo in tem-
pore. Vale, domine mi. Antverpiae, 16 julii [1567].
36. — Vlantin à Gilles Beys.
Gilles. J'estime que, le mesme jour ou peu après
avoir receu le tonneau N^ 18, vous aurés receu la fac-
ture d'iceluy. Hier avons nous baillé à'Langhe Martin *
un coffret adressé à nostre amy P. Gassan, auquel
avons mis le contenu en ce billet pour vous estre déli-
vré.
Par le premier, nous vous envoyerons tout ce que
pourrons de vostrc dernier mémoire du 5 du présent,
et n'avés rien demandé, ni ne demandés maintenant, et
ne demanderés aussi doresnavant qui, avec la grâce de
Dieu, ne vous ait esté, est et sera envoyé, quand on le
peut trouver en la ville avec commodité propre. Soyés
I. Latighe Martin = Martin le long, le grand Martin.
— 127 —
doncques adverti que je ne vous puis envoyer devant la
foyre de Francfort plus de une cosmographie de Mon-
ster ' en François.
Orationes Isocratis et Demosthenis grsece et latine, ne
se trouve pas; Tabulae totius anni, de Jourain, in f°, ne
se trouve pas aussi; Galenus, in f°., Basileae, ne se trouve
pas aussi ici, non plus que Plante, graece et latine, ne
Stobaei sententise etc., ne Clemens Alexandrinus, grsece.
Schola Lovaniensis, on ne sçaii que c'est. Eusebii opéra
nouveaux ne sont pas achevés. Parquoy, si en avés à
faire nécessairement, les pouvés achepter, si les trouvés,
ou les nous mander avec tout ce que penserés estre né-
cessaire pour prendre à Francfort, ce qui se pouira re-
couvrer à ceste foire prochaine, ce qui sera bon de faire
devant le 20* aoust prochain, afin de l'adjouxter à nostre
mémoire particulier. Car ce qui viendra après se devra
mander après par les messagers, chose qui jamais n'est
si propre ; nonobstant quoy, quand besoing sera, ne se
devra différer. Cependant, je prie Dieu estre vostre
garde. D'Anvers, en haste, ce 14 de juillet 1367.
Le vostre
Plan tin.
I. Sébastien Munster , La Cosmographie universelle (Bâle,
Henricpetri, iSS^).
— 128 —
37« — Tlantin à Cornélius Gemma. •
(Si Gemma veut que Plantin édite ses livres^ à ses frais, il faut
qu'avant de rien décider, Timprimeur en ait la copie.)
Doctissimo ac ingeniosissimo viro
domino Comelio Gemmae.
S. P. Nihil prorsus aliud quid respondere possim, vir
clarissime, ad litteras tuas datas ad me ante aliquot
menscs, quam quod tune me respondisse succurrit in
mentem, riempe me plurimi facere nomen tuum, de
libris autem tuis imprimendis nihil (si id meis impensis
faciendum esset) statuere posse certi antequam librorum
ipsorum mihi facta esset copia. Quando vero Lovanium
sum profecturus prorsus ignoro. Si ;;utem id mihi con-
tingat, non prsetermittam quin te alloquar. Tu vero si
hue ad nos veneris et allocutus fueris gratum erit. Vale,
Domine mi. Antverpiaî, i6* julii 1367.
Tibi addictissimus
Plantinus.
I . Cornélius Gemma, fils de Régnier ou Gemma Frisius, naquît
à Louvain en 1 5 3 5 . Il étudia la médecine et fut nommé professeur de
cette science à l'université de sa ville natale en 1570. Il mourut en
] 579, après avoir publié quelques ouvrages où la science est mise au
service de rêveries philosophiques. Plantin imprima de lui : De arU
cyclognoniica^ tomi 111(1569, 40); De natura divinis characterismis
( IS75» 80) ; T)e prodiqiosa specie naturaque cotneta (1S78, 8°).
— 129 —
58. — TIantin à Jacques Patnelius.
(Plantîn se défend de Taccusation d*être, par sa négligence, cause
des fautes restées dans l'impression des livres de Pamelius. Celui-ci
doit en porter lui-même la responsabilité, puisque les incorrections des
ouvrages imprimés se rencontraient dans les manuscrits de l'auteur.)
S. P. Variis de causis, lectis luis ad me litteris,
anxius fui, vir clarissime, neque exemplar tuum remit-
tendum ad te judicabam, priusquam tu ipse vel aliqui
docti tuo nomine hic errata abs te iiotata cum autogra-
phe contulissent, idque aperte, ut mos est meus. Mer-
catori, qui tuas mihi reddidit, primum respondi, inter-
rogavique num linguam latinam calleret, quo illum judi-
cem inter me et exemplar constituere possem. lUe vero
respondit se utcumque callere linguam latinam, sed non
ut posset hujus rei judicem agere aut arbitrum. Sed quor-
sum, inquies, cum diffiteri non possis me in ipsa erra-
torum scheduia fassum, fortassis etiam ob amanuensis
negligentiam illa accidisse et caetera quae tuis in litteris
urges.
Sed, domine mi Pameli, ea quas mihi in hanc sen-
tentiam scripsisti verba magis moverunt ut noilem edi-
lionem Cypriani serio, etsi jam sumptus haud parvos
ad hujus editionem adornandam (quos mihi magno
perire nolim) fecerim, aggredi '; nam, cum de autographi
non bene distincta scriptura ioquaris, sintque ea qux*
primo adnotas errata non autographi sed ipsius exem-
I . Dans le Livre des ouvriers de Plantin, nous lisons, sous la date
du 28 juin 1567: < A Cornélius Mulener, pour la première feuille
de Cypriani opéra, graece, fl. 2—9. » Plantin avait donc imprimé la
première feuille de l'ouvrage, au moment où il écrivait la présente
lettre.
— 130 —
plaris impressiy cogitabam apud me, quid tandem, si
post impressa folia nostra tôt nobis attribuerentur errata,
fieret. Memini etenim eorum qu^ in Micrologo ' et
Cassiodoro ' nobis, cum autographi essent, attributa
sunt, si non abs te, a lectoribus, qui causam ignorant et
diligentiam nostram. Plura etiam nobis excidere quam
vellemus quantamcumque diligentiam adhibeamus, etiam-
si ea quae excmplaris impressi [sunt] etiam diligenter
perlccti non adscribantur.
Quod autem scribis me nomini tuo detrahere apud
doctos, judicent inter me et te illi quibus de te sum
locutus, num aliquid dixerim quod te offendere debcat.
Amicis tuis amice de te sum locutus, sed cum illi
urgerent editionem, vel tuo vel reipublicse nomine, et
me accusarent, opposui quid nunc in via nos impediret,
et eos judiccs hac in causa constitui et veritatem cum
nomine meo defendi, faciamque quandocumque potero,
neque est quod quisquam me simulatorem existimet aut
assentatorem, tantominus calumniantem. Te namque
tuique similes viros doctos et pios veneror, sed non ita
ut velim nomini meo maie consultum, cum fortasse
non parum intersit etiam reipublica:; nomen typographi
bene vel maie audirc vulgo propter frequentia errata.
Cogitabam pra^terea quid futurum fortassis esset, si
exemplar a me accusato tam graviter ad accusatorem
iratuni mitterem, neque tutum neque consultum id
mihi videbatur. Sed tamen vicit humanitatis tuas cum
eruditione et pietate conjuncta recordatio, leque judicem
1. Jac 'Pamelius, Micrologiis de ecclesiasticis observandis {i$6'), 8°).
2. Magni Aurelii Cassiodori institutiotiis diviuatum lectionum liber I.
Opus per Jacobum Pamelium evulgatum (1566, 80).
— 131 —
nostrae causae statuere malim quam te suspensum diutius
detinere vel magis iratum reddere. Q.aare mitto ad te
tua omnia ut quae notasti errata bene et sincère pro
animi tui candore ad exemplar conféras, et ex aequo et
bono judicium tuum ad nos perscribas, nam ex 27 erra-
tis quae notasti, non reperio aliquod alicujus momenti
quod non sit exemplaris impressi vel in autographo
perspicue scriptum, ex quo videre est quid praestare
conati simus. Neque folium impressum ad te adhuc misi-
mus tamquam postrema manu correctoris sed tamquam
spécimen ut admoneremur. Imo ne illa quidem forma
aut caracteris iisdem progredi erat animus. Nostrosque
correctores de M. S. conjungendis et Manutio pro Aldo
commutando, si serio aggrederetur opus, monueram,
deque observandis litt^ris vel parvis vel majusculis
juxta contextum ipsius Cypriani, quae bene notas in tua
schedula.
Sed ea quae sunt graviora (ut est i non in suo loco
positum, animam pro ammuniy fascibus pro fassis, ubi
qui damneant improbos desunt ? Soli etc. pro qui damnent
improbos desunt ? Soli tibi qui démentant occurrunt 1 Peremit
pro perimity affectione pro affeclationey hune pro hicy
in magistratu etc., et postea diaconi super fluum esse ; et
talia), cum viderem me non posse ulla ratione effugere
posthac, nisi correcto exemplari, et tamen a multis
accusari quod opus tamdiu detinerem, te merito edi-
tionem urgere, essemque ejus animi ut errata quae non
essent nostra nunquam in me recipere vellem aut pati
aliquo modo meo nomini adnotari, quid quaeso aliud
fecissem, mi Pameli doctissime, quam quod feci, nempe
ut amicos tuos et meos sollicitarem ut intercessores
essent apud te de exemplari ita castigando ut imprimi
— 132 —
velles ? Scio etenim et doleo quam multa plerumque
irrepant, nobis invitis, errata inter imprimendum, scio
quid lectores molestiarum typographicarum expertes et
plerumque parum candidi de libris impressis judicent ;
scio quantum damni typographo emergenti malum
nomen aflferat; scio et sentio multa alla quse, si tu
asquo animo perpendas et judices, non certe ita in me
excandesceres ob id quod dixi vel scripsi : quod quicquid
sit, non certe (Deumque optimum maximum hac in re
testor) feci quo nomini tuo aliquam infamiae (ut scribis)
notam adurerem, cui aeque ac mep bene consultum
volo, sed ut amice ab amicis, quando mihi hactenus
non credideras, monereris de exemplaribus corrigendis
et abs te demittendis eo modo quo velles imprimi.
Si quid autem, omnibus etiam consideratis^ peccatum
in te adhuc existimes, condonabis, ut spero, cum in-
telliges neque erroris nomen, neque quicquam aliud
dictum scriptumve esse ut tibi vel nomini tuo detrahe-
retur, idque ut facias et ad hase respondeas, oro, rogo
postuloque iterum. Caeterum me tuum esse totum in
omnibus quag potero certe scias. Vale, Domine mi, et
fac ut, re aequiori animo perpensa, nos ut soles amare
pergas^ nostramque libertatem et animum apertum can-
dide interpreteris. Antverpiae, i9Julii 1567.
Tibi perpetuo addictus
C. Plantinus.
Cum primum scriberc inciperem paucis id me factu-
rum sperabam, cum autem progrederer rescripturum
cogitabam, sed, cum urgeres me tuis, litteras tumultuarie
scriptas et maie malui mittere quam te diutius suspen-
sum detinere : asqui bonique omnia consulere nunc tuum
erit.
— 133 —
59- — Vlantin à François Gentili.
Admodum nobili doctissimoque juveni
domino Francisco Gentili domino suo et amico
observando,
Paduae.
Monsigneur,
Il ne me sçauroit advenir chose de quoy je me tienne
plus heureux que d'estre aimé de vous et de tous vos
frères, gentils et de vertu et de race et de nom '. Par-
quoy je serois grandement ingrat et indigne de l'honneur
qu'il vous plaist de me faire de me repu ter au nombre
de vos amis et de messigneurs vos frères, si de tout
mon pouvoir je ne m'employois à faire chose respon-
dante à la conception que vous et vos semblables ont de
moy, chose en quoy, Dieu aydant, je ne faudray de
ma vie à mon escient.
Pour satisfaire donques à ce que demandés, j'ay
cherché par toutes les boutiques de ceux qui vendent en
ceste ville les pourtraictures que j'ay trouvées notées en
l'autre page de vostre lettre, et n'ay sceu trouver les
douze mois de Tan taillés en formes d'airain, parquoy
j'en ay incontinent mandé à Paris', là où ils sont taillés
fort nettement, et incontinent les avoir receues dudict
lieu, je les délivreray à monsigneur vostre frère, ainsi
que j'ay faict présentement trois feilles d'Albert Durer,
1. Un de ces frères, nommé Etienne, habitait Anvers, c'est à lui
que Piantin remettait ce qui était destiné à François Gentili.
2. Le 22 août 1567 Piantin fournit à Etienne Gentili :
Les douze mois en cuivre. Paris, fl 2.
Les trois villageois in aère d'Albert Durer fl. o. s. 3.
— ^34 ~
à sçavoir le S* Eustace *, qui me couste 30 patars, le
sainct Hiérosme et la Mélancholie (2 fort belles pièces)
qui me coustent chaicun 15 patars, qui est le tout en-
semble 3 florins. Or, monsigneur, il vous plaira entendre
qu'il se trouve bien quelques pièces de S* Eustace
vielles, qui se vendent bien jusques 6 fis la pièce,
d'autres à 4 fis et d'autres à 3 fis la pièce, combien
qu'ils soyent d'une mesme planche et main dudict
Albert Durer, et ainsi aussi de divers prix par trop
diflférents de Tung à l'autre, ce qui advient par le juge-
ment ou affection de painctres ou cognoisseurs de telles
pourtraictures, qui prisent quelquefois l'une pièce (bien
que d'une mesme main, planche, jour et heure impri-
mée) 2, 3 ou 4 fois au double plus que l'autre, chose
qui se trouveroit fort estrange à ceux qui ne l'ont expé-
rimenté et qui par conséquent pourroit faire esmerveil-
1er ceux à qui on les pourroit envoyer sans préadvertis-
sement. Et pourtant m'a il semblé bon de ne vous
achapter que ces 3 pièces ici, afin que par icelles vous
jugiés et puis m'advertissiés de vostre volonté, à laquelle
je mettray peine toute ma vie de satisfaire selon mon
pouvoir *.
Toutes les feilles de pourtraictures d'Albert Durer
1 . Le compte de Plantin à Etienne Gentili pour son frère Fran-
çois porte, sous la date du 18 juillet 1567 : 3 pièces d'Albert Durer:
I S» Hubert, i S* Hiérosme, i Melancolia. Valent 3 fl.
2. Le 19 mars 1568, Plantin fournit encore à Etienne Gentili, pour
son frère François:
I Les douze mois en cuivre, de Paris fl 2
I S. Hubert belle fl 3 s. 10
I Melancholia fl o s. 15
8 pièces de Nostre Dame diverses, à 8 s. pièce fl 3 s. 4
I Les trois villageois ft o s. 8
— I3S —
cousteroyent bien à en avoir de chaicunne sorte une et
passablement nettes, comme sont celles que je vous
envoyé, quelque cent escus d'or. Mais, s'il vous plaist
que je vous achapte seulement de celles qui se peuvent
aisément recouvrer et à prix assés bas selon telle qualité,
ordonnés moy la somme d'argent que voudriés que j'y
employasse et vous tenés bien asseuré que j'y feray
tout le devoir qui me sera possible et en toute autre
chose qu'il vous plaira me commander.
Quand à mes affaires particulières, je suis d'autant bon
espoir que je fus oncques, grâces à Dieu, et m'efforce
de continuer en mieux. Mais les tumultes de ces païs et
absence de plusieurs, et le peu de vente qui s'est ensuivi
et continue encores, font que je n'ay pas le moyen de
imprimer ou de continuer ainsi que je l'avois commencé
et délibéré. Car, si l'aide des amis défaut, ou que la
vente ne responde au desboursement qu'il convient faire
ce qui seroit utile et qu'on voudroit bien, si est ce que
je continue à imprimer autant que je puis et ne désis-
teray de poursuivre aussi longtemps que j'en auray le
moyen.
Et sur ce, Monsigneur, je supplie que je puisse
demourer en vostre bonne grâce et recommandation et
aussi de monsigneur Stephano Gentili et de tous vos
autres frères et amis, que je révère tous pour vos sin-
gulières vertus renommées entre tous les vertueux.
Priant Dieu vous maintenir tous en prospérité. D'Anvers,
ce 19 juillet 1567.
Le très humble serviteur et amy
à commandement de V. S.
C. Plantin.
- 136-
6o. — Tierre Daniel à Plantin.
9
Monsieur Plantin, Je vous remercie bien fort touchant
Tadvertissement du Virgile de Fulvius Ursinus qui est
fort docte, et n'y a rien qui vous puisse nuire par deçà,
dont je vous vouldrois sur tout advertir. Seulement
j'avois esté adverti par quelque personnage de l'impres-
sion dudict Virgile, et pensois que ce fust chose apos-
tée, mais à ce que je voy, elle est très véritable, dont je
suis fort joyeulx, et vous asseure que pour imprimer
telz bons livres, vous florissez par-dessuz tous impri-
meurs, et florirez encores daventage, si continuez,
comme j'espère, avec l'aide de Dieu. Libri autem D.
Dana^i ' nihil tuo nomini detrahent, et loue Dieu de ce
que la Visitation en est entreprinse, vous priant les
faire incontinent mètre soubz la presse, mais vous
m'advertirez, s'il vous plaist, ce qui aura esté osté et
trouvé nuisible au temps, comme vous escrivez et plus
tost me le ferez coppier à part.
Au demourant, je vous prie m'escrire, si avez vendu
vos exemplaires de Petronius *, d'aultant que j'en ay
trois fois aultant que Monsieur Sambucus, qui ne fust
jamais imprimé et, si avez envie de l'avoir, je le vous
envoieray par les premiers, à la charge de quelques
exemplaires de vostre imprimerie, pour la peine que j'ay
prinse, tant en la correction et collation, que en an-
notations que j'ay faictes sur ledict autheur, qui jam
auctior et emendatior exiturus est. Orthographorum
editioncm et Quintiliani longam et laboriosam emenda-
1 . Danielis ?
2. Petronii tArhitri DiCassiliensis satyrici fragmenta restituta et
aucta, e hihliotheca Johannis Samîmci. Plantin, 1565, 80.
- 137 —
tionem cum annotationibus in dies tibi paro, si commo-
dum fuerit excudere. Habeo et Varronis ad Papinianum
sententias nondum vulgatas, atque Sexti philosophi py-
thagorici sententias christianas olim a B. Rhenano *
éditas, jam a me ex vetere codice emendatas, quse
omnia, si cupis edere, mittam.
Quant aux œuvres de Duarenus, oultre ce que j'ay
baillé a Mons"" Gifanius pour vous envoier, j'ay depuis
retiré de quelq'amy le catalogue de quelques tiltres de
droict expliquez par ledict Duarenus, lequel je vous
envoie, afin que vous advisiez desquels vous avez
faulte, et je ne fauldray à les vous envoier.
Sur ce, je me recommande à vos bonnes grâces,
priant Dieu vous tenir en sa garde. De Paris, ce 20 de
juillet 1567.
Vostre frère et amy
P. Daniel.
Je désirerois fort que m'eussiez envoie ce qu'avez
imprimé de Fulvius Ursinus, et vous promects de ne
le monstrer à personne, et qu'il ne vous en sera aucu-
nement faict tort.
I. Beatus Rhenanus, né à Schlettstadt dans l'Alsace, en 1487 ou
en 1474, mort à Strasbourg en 1547. Il publia de nombreux auteurs
anciens annotés par lui ainsi que plusieurs livres de théologie et de
philologie.
- 138-
6i. — Plantin à Jean de Molina,
Par les Birckmans.
Signeur Jehan de Molina, Il m'a despieu et desplaît
assés que je n'ay peu commencer et parfaire plus tost
les Heures que m'avés commandé, et encores plus de ce
que je les avois tant advancées,quand j'ay receu vos lettres
du 20 d'avril, qu'il estoit impossible de les retarder ou
délaisser sans quelque 60 fis de perle *. Parquoy je les
poursuis et espère de les avoir achevées, au plus tard
dedans trois semaines de ce jourd'huy. Je vous ay assés
adverti par mes autres du nombre que j'en imprime [etj
que tout est à vostre commandement, ainsi que je vous
ay faict advertir par Arnoult des Birckmans et escrit en
mes lettres du 7 du présent, avec lesquelles je vous ay
envoyé la facture de la casse que je vous ay envoyé
plaine des sortes de mon impression pour une espreuve,
ainsi que me Taviés escrit par deux vostres lettres, de
vous envoyer, lorsque les Birckmans vous envoyeront
quelque marchandise. Si vous pensés faire profict avec
moy, me le commandant, vous serés obéi et vous feray
tel prix et si raisonnable qu'il me sera possible.
J'espère de commencer,dedans peu de temps, le cours
de [droit] canon, texte in 8°, avec les annotations, émen-
dations et augmentations de tout ce qui est désiré audict
cours es lieux où il est escrit, le tout selon les vieux
exemplaires par Mons*^ Contins, jurisconsulte fort expert
et lecteur du Roy. '
1 . Voir lettre 54, page 90.
2. Antoine Contius (Lecomte), jurisconsulte, natif de Noyon,
professa le droit à Orléans et à Bourges. Il mourut à Bourges en
— 139 —
Je commenceray aussi de brief Summa Sancti Thomas
in 8**, texte, et autres bons livres à mon advis ; s'il est
chose que pensiés vous estre utile, le commandant, vous
serés obéi. Mais il vous convient notter que, si vouliés
avoir quelque partie des livres que imprimerois, au prix
de papier et faceon, ou bien me faire imprimer quelque
livre pour vous seul, qu'il seroit besoing de m'advancer
toujours l'argent de la valeur du papier, pour le moins,
et, à la fin de l'ouvrage, le payement du labeur de l'im-
pression.
Qui sera l'endroict où, me recommandant à vostre
bonne grâce, je prie Dieu vous maintenir en la sienne.
D'Anvers, ce 22^ de juillet 1567.
Le tout vostre serviteur et amy
C. Plantin.
62. — Plantin à Michel Fenegas. *
Michaeli Venegae Hispano
Ch. Plantinus.
(Plantin se déclare prêt à imprimer les ouvrages de Venegas que
celui-ci voudra lui envoyer A cet effet.)
Quanti te fccerim, vir doctissime, ex quo tu mihi
quaedam tua, cum hic ante duos annos apud Jesuitas
diverteres, ostendisti, possunt multi docti et graves viri
1586, âgé d'environ 60 ans. Le cours de droit canon, dont il est
question ici, fut publié par Plantin, sous le titre : Epistola decretaîes
summorum pontifictim^ a Grecrorio notio ponlifice maximo collectte.
1S70, 8°.
I. Nous ne connaissons ni cet auteur ni les ouvrages qu'il peut
avoir écrits.
— 140 —
testes esse, quibus saepissime conquestus sum de tua hinc
migratione tam subita, maxime quod ncscirem quo te
contulisses neque id a Jesuitis ipsis expiscari certe pos-
sem. Unus enim dicebat te Romam profectum esse et
illic agere ; alius vero aliud dicebat et narrabat. Nunc
vero, acceptis primum (nam priores de quibus in his
scribis non vidi), verbis explicare non possum quanta
me laetitia afFeceris dum et te illis, Deo gratias, super-
stitem [video] et lucubrationes tuas per me in lucem
edendas non dedignaris. Age itaque, mi Venega, mitte
quicquid volueris, prescribe legem imprimendi et con-
ditiones et nisi obsequar (nihil etenim te indignum et
ab aequitate alienum injuncturum confido) me ingratum
et gradu quem occupo indignum judica. Quod si quid
infeliciter, ut fingendum proponis, accidat, meo periculo
id facturum esse, magis gaudeo quam si ex multis alio-
rum laboribus bene cessent. Sed nuntio abitum paranti
me prolixiorem esse non licet. Vale itaque et nos in
albo amicorum, qua^so, adscribere non pigeât. Vale
iterum, amice jam carissime.
Antverpiae, festinanti admodum calamo, 22 julii, eadem
nempe hora, imo momento, quo tuas nonis junii Sala-
manticae datas accepi.
— 141 —
63. — Planiin à Michel Fenegas.
(Même sujet que la lettre précédente.)
Michaeli Venegae Hispano, patria Abulensi,
C. Plantinus.
Tuis, vir doctissime et eloquentissime, ad me nonis
juniis Salamanticae datis et a me 11 kal. augusti re-
ceptis, nisi illico respondissem, iniquiori ferrem animo
priores tuas, Abulae 15 kal. maii ad me scriptas, hodie
tam sero, nempe 7 kal. augusti, primum redditas mihi
fuisse. Dici etenim non potest quanta aviditate expectem
tuorum operum quicquid mittere placuerit ; ob id vereor
ne serius meae tibi reddantur quam ego et tu, quantum
ex tuis epistolis intelligere licet, vellemus.
Paucis itaque hisce meis verbis pectus meum ingénue
et candide, ut exigis, apertum rursus introspice. Aveo
ego tua in vulgus producere, agere, emittere et publica
facere. Mitte itaque, mi Venega, mitte quamprimum
poteris quicquid edendum nostris typis, vel coujunctim
vel separatim, judicaveris. Conditiones nullas, quantum
ex unguibus leonem possumus, praescribes, quas libenter
recusem.
Quod si fortunam, ut tuis verbis utar, matrem exper-
tus unquam fuero, efficiam ut me non ingratum sentias;
sin novercam (quod non existimo) gratins erit quam si
exemplo nonnuUorum nostri saeculi importunorum ho-
minum lucra non parum facerem.Mihi etenim mea inest
cupido quod placet imprimendi, ut aliis aliquid aliud
quid faciendi, neque facile quod alacri fecerim et prompto
animo displicet. Habeo vçro gratias relaturus si vires
adfuerint, unquam quod me tanto honore dignatus sis.
— 142 -~
ut tua teque totum mihi immerenti et haud taie quid jam
expectanti ofFcrre dignatus fueris Si quid itaque possim
aut alicui rei me non inidoneum judicas, âge, quaeso,
indica, imperatum mihi ab eo qui potestatem in me
habeat existimabo et alacriter obsequentem me praebebo.
Vale, domine mi, cum omnibus quibus bene cupis.
Vale iterum. Antverpiae, 26 julii [1567].
64. — Vlantin à Çayas.
(Minute de la lettre.)
A Monsigneur Çayas.
Monsigneur,
Depuis mon retour de la foire de Francfort, j'ay par
deux fois rendu response à V. S. touchant mon advis de
la Paraphrase de Jonatan sur le reste de la Bible ', que
je serais fort bien délibéré d'adjouxter à Timpression de
la Bible en 4 langues, et depuis rescrit et envoyé autres
lectres avec quelques livrets de nostre impression et
adverti de nostre santé et bon espoir de la fin des trou-
bles. Parquoy, Monsigneur, je n'en feray ici autre répé-
tition que d'advertir V. S. que je continue tousjours en
mes premiers desseings, et que, voyant de quelle provi-
dence et bon ordre procèdent les affaires et que rien ne
se faict à la haste ni aux faux rapports et bruits des
I. Jonathan ben Uziel vivait peu de temps avant ou après la nais-
sance du Christ, il traduisit en chaldéen les livres de Josuë, des Juges,
de Samuel, des Rois et des prophètes. Plantin imprima dans la Bible
royale non-seulement la paraphrase du Pentateuque par Onkelos,
mais aussi celle des autres livres par Jonathan et par Joseph Taveugle.
— 143 —
malings et envieux qui taschent continuellement à diffa-
mer et mestre en extresme danger ceux qu'ils pensent
leur estre nuisibles à leurs mauvaises entreprinses ou
honneurs et profficts particuliers, mais que toutes choses
s'examinent à la vérité, voyant, dis-je, le commence-
ment de si bon ordre, je redouble mon espoir et courage
de pouvoir cy-après, pour le moins, continuer (si mieux
je ne puis) mes labeurs par une constance renforcée de
l'espoir que tous les bons et vrais catholiques prennent
de l'heureuse venue de Sa Majesté et de tant de nobles
et prudents personnages. Et pourtant que j'entends que
ce sera si bref, je n'ose plus envoyer rien, joinct aussi
que je n'ay pas eu quelque advertissement de V. S., si
avés receu ce que j'ay envoyé depuis Pasques dernières.
Qiii sera l'endroict où, me recommandant très hum-
blement à V.S., je prie Dieu la maintenir en telle pros-
périté que de bref la puissions voir par deçà avec tel
heur qu'elle mérite et le sçait demander à Nostre
Signeur Jesus-Christ qui soit avec nous tous.
D'Anvers, ce 27 de juillet 1567.
(Copie expédiée de la même lettre, comme elle se trouve aux
archives de Simancas.)
Monsigneur,
Depuis mon retour de la foire de Francfort dernière,
j'ay par diverses fois rendu response à V. R. S. touchant
mon désir d'imprimer la Paraphrase Chaldaïque sur le
reste de la Bible, et aussi envoyé les livres demandés
par vos lectres et quelques autres de nostre impression.
Parquoy ne me sembleroit à propos d'en rescrire autre
chose, non plus ausi que des œuvres de M. Sepulveda
sur Aristote, car du tout je me remects à la direction de V.
^.^
— 144 —
R. S. pour en ordonner et me faire sçavoir sa volonté,
quand bon lui semblera.
Et ne servira ceste pour autre chose que d'adviser
icelle V. S. que, depuis le mois de mars, je n'ay receu
aucunes lectres d'icelle. Et que, grâces à Dieu, nous
sommes en bonne disposition et plains de bon espoir,
de la venue de Sa Majesté. Et cependant je continue
mes premiers dessings de l'imprimerie, et ce d'autant
plus que je vois les affaires s'accommoder à honneur de
Dieu et prospérité heureuse et glorieuse de Sa Majesté.
Qui sera l'endroict où, ayant présenté mes humbles
recommandations, je prie nostre signeur Jesus-Christ
vous conserver et donner heureux voyage à Sa Majesté
en ses bas Païs et à V. S. avec toute la suitte. D'An-
vers, ce 27 juillet 1567. L'entièrement humble et très
affectionné serviteur de V. R. S.
C. Plantin.
65. — Plantin à Jean T>esserans. *
A Jan Desserans à Londres, adi 27 juillet 1567.
Sire Jan Desserans, J'ay receu vos lettres et mémoires
du 22® du présent ce 27*^, qui est 5 après, et ayant leu
vostre lettre et considérant diverses choses, je me suis
ung peu trouvé perplex et en doubte, si je vous debvois
envoyer marchandises, et ce principalement pour deux
causes, dont l'une et principale est de trancher les
1. Libraire français, établi à Londres. En i$68, il était associé
avec Thomas Vantroul lier ; en 1578, avec Pierre Bonneval. Il ne
lut Tagent de Plantin, à Londres, qu'en 1567 et 1568.
reproches faukes de vostre jadis maistre qui jurera que
je vous auray suborné, et aultres mille inventions telles
que sçavés. L'autre que je ne sçavois que penser pour-
quoy me préfériés plustost qu'un aultre, veu que escri-
vés avoir refusé tant de belles offres de gens qui peust-
estre vous auroyent peu mieulx avancer que moi, et
aussi que je ne doubtois aulcunement que Jaques
Dupuis, comme je le cognois rusé, ne vous eust subor-
né pour me mander de la marchandise, pour après Tar-
rester ou saisir entre vos mains comme son serviteur et
obligé, car je cognois le pelle sur ses finesses et har-
diesses outrecuidées de s'attacher à celluy sur qui il
pense avoir prinse, par quelque moyen que ce soit.
Mais pour toute résolution, ayant bien considéré le
contenu de vos lettres et les notes que escrivés, je me
suis résolu de vous ayder et, tout à l'instant, j'ay faict
mettre à point le contenu de vostre mémoire, lequel.
Dieu aydant, je vous envoyeray demain par Comille
Jansen qui, comme il me a dict, partira demain, et de
ce vous pouvés bien asseurer. Et davantage, si vous
tenés vos promesses et voulés vous monstrer fidelle,
comme il apartient, je vous foumiray tellement de mar-
chandises que n'aurés occasion de vous plaindre. Mais
il sera besoing aussi que reniés parolle fidelle et que ne
vous amusiés ni abusiés à jouer, ni follastrer, ni à bailler
vostre argent à personne du monde pour luy faire plai-
sir, à vostre ni nostre retardement, ainsi que par les
paroUes dudit Dupuis, et par le contenant de vostre
livret, j'entends que avés faict par cy-devant, d'aultant
que par après on ne peult pas retirer ce qu'il fault
payer les papiers, les ouvriers et les marchants, au jour
qu'on leur a promis faire, ni faillir en façon que ce soit,
10
— 146 —
au moins es pais de par deçà, et pourtant avisés à vous,
il en est temps, et ainsi faisant, et en me asseurant par
quelque bonne sorte de loyal coiltract, je feray que
serés bien assorti avec le temps ; car, grâces à Dieu,
j'ay le moyen, et me prioit affectueusement que je
vueille prendre des livres de Lyon telle quantité que je
vouldray et desjà m'y est bien deu deux mille ft etc.
Pourquoi avisés à vous et des moyens propres pour
vostrc proffict et le mien, comment nous pourrions
faire Tung pour Taultre, et me mandés vostre résolution
et mémoires des sortes que sçavés estre vendables par
delà et que cela soit devant le 20^ du mois d'augst pro-
chain, d'aultant que, le 2$^ ou 26*^ dudit, j'espère de
partir pour Francfort.
Qiie si, entre ce temps-là, vous pouviés venir par deçà
pour deviser et accorder ensemble, je ne le trouverois
pas maulvais ni impertinent et, entre aultres choses, il
scroit besoing que vous eussiés l'arrest de vos comptes
faicts avec le Sire Jaques Dupuis, affin de faire toutes
choses plus seurement. Son nepfeu, nommé Pierre Du-
puis, m'a mandé de Londres, il y a 8 jours, ung mé-
moire pour luy envoyer des livres suivant la commis-
sion, ainsi qu'il me escript que ledit Dupuis luy a
donné charge ; mais je luy ay mandé que ne luy en-
voyerois rien que son oncle ne m'en eust rescript et
envoyé obligation de me payer, comme je luy ay propo-
sé, et s'il ne faict rien aussi n'envoyerois je rien, et si
je me trouve bien de vous, je feray que serés seur
comme il appartiendra ; mais, sur toutes choses, il me
fauldroit avoir mon retour seur et le plus souvent qu'il
seroit possible.
Qiii sera l'endroict où, me recommandant à vous,
— 147 —
j'espère Dieu estre vostre garde. Quant à Libert, libraire,
dont m'escrivés, ne prestes que cela, que vouldriés don-
ner. Quant à la religion, afHn que entendiës en ung
mot mes desseins, je suis l'ordonnance de celle appelléc
catholique et ne me suis ni ne veulx empescher d'aul*
cune nouvelle, bien si demandés à la fois quelque chose
de Francfort, je ne ferois difficulté de le vous achepter,
mais je ne veulx avoir ne compte ne reliqua, ainsi que
je veulx bien avoir des aultres et des livres de humanité ;
et que ceci soit dict une fois pour toutes. Adieu soyés.
D'Anvers, ce 27* de juillet [1367].
66. — Plantin à Antoine de Sienne.
(Plantin le tient au courant des pourparlers engagés avec les
libraires de Lyon pour les faire intervenir dans la publication de la
Somme de St. Thomas. Il lui conseille de s'adresser directement au
cardinal de Granvelle.)
Reverendo admodum doctissimoque
d. Fr. Antonio de Conceptione S. Theologiae doctori,
Lovanium.
Plurimum venerande pater et domine.
Summae contra gentes divi Thomae neque quaestionum
disputationum ejusdem exemplaria nulla habeo neque
apud alios bibliopolas invenire potui, quare nec mlttere
potui. Imprimi vero a Stelsio ' intelligo. Responsum
Lugduno accepi opus placere. Caeterum nunc non licere
illis se nobis adjungere ad impressionem ejus, antequam
statutum sit aliquid firmum de istis nostris regionibus.
I. Steelsius, imprimeur-libraire anversois.
— 148 —
Ego vero illis jam respondi nihil amplius hic esse quod
me ab editione tam boni libri retardaret. Illi praeterea
mallent primum imprimi ipsum textum. Dicunt enim
non bene cessurum si tantus numerus ejusdem libri
(Lugduni etenim hoc anno iterum, ut audio, excusse-
runt) tam brevi spatio imprimatur ; textum vero deside-
rari a plurimis. Ad tertium punctum litterarum tuarum
quid poUiceri possum non scio. Quod namque misit ad
me Reverendissimus Cardinalis ' libros excudendos hoc
mihi accipiendum est pro beneficio, neque scio an boni
consuleret si extra meam professionem me extenderem.
Melius et consultius itaque mihi videretur, si tu ipse, ar-
repta occasione ex correctione et laboribus tuis in summa
D. Thomae cxantlatis, illi ipsi scriberes. Ego autem li-
bentissime curabo ut litterae tuae illi, Deo favente, red-
dantur et si quid possim diligentissime et fidelissime
procurabo. Vale, domine mi, et nos amare, ut te nos
faciemus semper, perge. Antverpia?, festinanti admodum
calamo, 30 julii 1567.
Tibi merito tuo addictissimus
C. Plantinus.
I. Le cardinal de Granvelle.
— 149 —
6j. — Plantin à Augustin Hunnaus.
(Nouvelles de la librairie et de la politique.)
Clarissimo doctissimoque viro domino Augustino Hunaeo,
S. Theologiae sententiarum professori regîo etc.,
Lovanium.
S. P.
Ecce tandem librum Concilii Trîdentini hodie primum
Bruxellis accepi et mitto. De Prodidagmatis *, Dialectica *
et Summa • nihîl scribo aut saltem urgeo, quod confidam
satis te per opportunitatem nihil praetermissurum quin
quod e re nostra futurum videbis absolvas. Vale itaque,
mi domine. Nos valemus, laus Deo. Adventum régis
avide expectamus. Ducem Albae advenisse dicunt. Parva
nos recréât distractio. Spe alimur adhuc. Nihil post
Canonem missum te dignum absolvimus. Vale, domine
mi, iterum atque iterum. Antverpiae, 30 julii 1567.
Tibi merito tuo addictissimus
C. Plantinus.
1 . A. HuNK£US, Logées fuftdamentum seu Prodidagmata de DiàUc-
ticis vocum ajfectionibus et proprietatihus (1566^.
2. A. HuNN^us, Dialectica (-'S66).
3. Summa Theohgia S. Thoma (1569).
— 150 —
68. — Plantin à Tlancius. «
(Il le prie de lui faire envoyer les Emendationes de Leopardus pour
qu'il puisse les imprimer.)
S. p.
Accepi, mi Planci, cum tuis litteras Leopardi,' cujus
libros, antequam proficiscar ad nundinas, Deo favente,
praslo submittere constitua Quare rogo ut, quampri-
mum poteris, bibliopolae illi, qui tibi litteras defuncti
reddidit, scribas ut nobis procuret rcddendos libros duos,
quos se ad me mittere scribebat ; non vacat aut non in-
tegrum est Dixmuda, ubi se reliquisse tibi dixit illos evo-
care. Scribat saltem ad te vel ad me quonam pacto et
quibus indiciis illinc evocare illos aut recuperare posse-
mus. Sumptus ego faciam si qui sunt faciendi. [30 ou
31 juillet 1567.]
1. Jacques Plancius, libraire à Bruges.
2. Paul Léopard, né à Isemberg près de Fumes, vers 15 10, ouvrit
une école à Hondschoote et puis à Bergues-S*-Winoc. Il mourut le
3 juin 1567. Il publia Vita et Chria (Antv. Joan. Withaghius, iSS^.
120); Emendationum et MisceUaneorum libri XX, Tomus prior libros
X continens (Plantin, 1568,40). Les huit premières feuilles de ce
dernier volume avaient été imprimées par Hubert Goltzius à Bruges.
Plantin les acheta en 1566, au prix de 36 florins, et continua l'im-
pression de l'ouvrage.
— isi —
69. — Plantin à Pierre Gassen.
Compère et amy, J'ay envoyé ces jours passés à Ma-
lines pour soliciter vos ouvrières et ay payé tous ceux à
qui il falloit paier, de sorte que tous sont à commande-
ment et bien contents. Si est ce que je ne suis pas
encores achevé de paier, à 90 ft de gros près, de la partie
de Risbourg et ay jà receu à 4 fois ce que j'ay receu.
Au reste, j*ay adressé une lectre de change à mon frère
M? Pierre Porret pour payer quelque argent par delà.
Afin que je ne suis pas asseuré de la somme que mon-
dict frère poura fournir, je luy ay mandé (suivant Tad-
vertissement que m'en avés donné) qu'il se adresse à
vous pour avoir le surplus de ce qu'il ne poura fournir,
ce que je vous prie de faire. Nous sommes tous, grâces
à Dieu, en bonne santé et disposition et avons encores
bon espoir en la venue de nostre Roy. Les amis se
recommandent à vous et prions Dieu d'estre vostre garde.
Ce dernier de juillet 1567.
Le vostre à commandement serviteur et amy
C. Plantin.
— IS2 —
70. — Tlantin à Jean Gassen,
Jehan Gassen, J'ay receu les vostres et remonstré la
faute à Barleus, qui m'a promis d'accomplir le payement.
J'ay tant faict aussi que j'ay esté payé des 43 fl. 7 pa-
tars pour Hans Peeters, mais non pas sans solicitations
assés. J'ay receu aussi les 300 ft pour les Brévières. J'ay
pareillement contenté un chaicun qui demande argent,
encores que les termes ne fussent du tout écheus, selon
vostre desseing et accord. Gilles Chastelain m'a payé à
diverses fois 130 ft, et reste encores le surplus qu'il
me promect de jour en jour payer. Je fay tout ce que
je puis et le feray. Catherine a esté à Malines soliciter
les Béguines. Dedans 4 ou 5 jours, Dieu aydant, nous
vous envoyerons cela que nous avons et recevrons de
vos mémoires. Le marchant dont nous avés escrit est
arrivé, comme nous entendons, par deçà et attendons
quelle despesche il amènera de marchandises. [31 juillet
1567]
— 153 —
71. — Plantin à Gilles Beys.
Gilles, Je vous envoyé ici vostre mémoire augmenté
des sortes que demandons pour nostre boutique de ceste
ville. Par quoi pourrés faire vostre cathologe qu'envoyés
au Sire Ramot d'autant davantage, et ayant receu la
marchandise la nous ^envoyer. Dedans peu de jours, je
feray un autre cataloghe pour avoir aussi des livres de
Pesnot, qui nous doit aussi, et alors manderay aussy des
Cours. Dedans 3 ou 6 jours, nous vous ferons un ton-
neau et envoyerons ce que demandés par les vostres du
24 juillet et y adjouxterons les livres nouveaux entretemps
envoyés.
Nous n'avons pas encores receu le baslot. Vous n'estes
pas seul qui trouvés la Practique civile chère Mais quoy,
il faut faire ce qu'on peut etc. Qtiand à la venue de
Mess' Nicolo etc., je m'esbahis fort de vous de croire
si de léger, comme de vous persuader que ledict ait
porté quelque grand nombre de nos livres, car vous
vous abusés, et afin que le consideriés mieux, je vous
envoyé la facture de ce qu'il a eu de nos sortes. Que
s'il en a davantage, il faut que ce soit encores de ceux
de Grandion,' ou bien qu'on vous veille (faire) accroire
autres choses que la vérité qui est la coustume de plu-
sieurs, et principalement de ceux qui hantent à Paris, de
se vanter beaucoup et dire toujours cent pour dix. Mais
usés de réciproque, et s'ils vous disent quelque chose
telle, tenés vous froid et coy, attendant l'issue avec pa-
tience, et vous trouvères leur babil estre vray babil le
plus souvent.
I . Robert Granjon^ impémeur et fondeur de caractères à Lyon.
— 154 —
Et faut davantage qu'entendiés que je ' ne puis pas
honnestement ne commodément esconduire ou nier nos
livres à ceux de qui nous en prenons, ainsi comme
avons faict dudict Sylvius. Parquoy faut porter patiente-
ment ce qu'ils font de nosdicts livres qu'ils prennent
en payement. Mais tenés vous asseuré que tels marchés
ne quantités se bailleront doresnavant, comme je fis à
Grandion qui m'a abusé, comme je vous ay mandé passé
longtemps.
Je vous prie de soliciter les cadeaux et en faire dilli-
gence de les envoyer, sans craindre de me faire paier le
port par les messagers. Demandés à Jaques Dupuis s'il
me veut rendre response à mes dernières touchant son
neveu qui est à Londres. [31 juillet 1567]
72. — Plantin à Guillaume Tostel.
Monsieur, Ayant receu et leu vos lectres dernière-
ment envolées à moy, il me semblojrt que d'autant qu'elles
n'estoyent responsives aux miennes, ne contenoyent
chose qui me touschast que je n'y devois rien respon-
dre. Mais le tout bien considéré, je vous ay bien voulu
advertir de cela mesmes que je dy, et aussy que je n'ay
onques entendu de vous fere tere de blasmer le mal en
qui il puisse estre. Et pourtant, cher Signeur et amy,
soyés adverti que ne les Davidiens, ne de Leide, ne
autres qui ont monstre leur fourvoyement, soit à Rouen
ou ailleurs, comme l'escrivés ou pensés, ici ou là ne
sont approuvés ne suivis ou tenus en quelque degré du
- I5S -
bien par ceux qui, sous l'obéissance de la Charité ', font
ou veulent taire profession de renoncer à soy-mesmes et
au monde pour ensuivre Christ en toutes tribulations, à
la mort du péché, confusion du diable et ensevelissement
de toutes les concupiscences chamelles jusques à la ré-
génération avec Jésus-Christ pour régner avec luy à
jamais. Ce quoy faisant tous (disons nous) avons assés
à quoy nous employer sans s'amuser à partial iser et
reprocher les malfaictures et fourvoyement des autres,
si non en tant que l'office de fraternelle correction et
instruction de la Charité le comporte à l'émendation du
prochain et" acquisition des âmes à nostre Dieu et Père.
Auquel soit honneur et gloire à jamais, et à nous con-
fusion, jusques à ce qu'en la résurrection par son Christ
il nous ait oingts de son huille de grâce de joye pour
estre comptés au nombre de son peuple saint. D'Anvers,
ce 31 de juillet 1567.
Le vostre que cognoissés
et le nom duquel est en telles affaires
mieux celé qu'escrit. Parquoy suffise vous
de le sçavoir et ceux-cy.
I. La famille de la Charité, secte d'Henri Niclaes.
- is6 -
73 . — Plantin à Pierre Dupuis.
Sire Pierre Dupuis, Ayant receu vos lectres du 25 de
juillet, j'ay par icelles entendu vostre désir et le propos
touchant Jehan Desseran avec vostre oncle. * Et pour
responce à icelles, saches que jamais je n'ay voulu faire
accord avec vostredit oncle en faceon quelquonques,
sinon pour la pareille, c'est à sçavoir que s'il vouloit
avoir de mes livres, à quatre ft la rame, que je vouUois
qu'il me baillast aussi les semblables sortes de formats
et lettres des livres de Paris au mesme prix. Et que s'il
vouloit avoir de mesmes livres à 25 ou à 30 pour cent,
qu'il s'obligeast aussi de me faire prendre par qui bon
me sembleroit ainsy, comme il est assés notoire par son
obligation que j'ay encores de nos vieux comptes, par
laquelle il est obligé de me délivrer tels livres que je
vouldray prendre ou faire prendre à semblable prix et
rabat, comme il me voulut faire à nosdicts vieux comp-
tes, qui sont les derniers qu'avons faict ensemble, à quoy
il sçait bien que je ne fus oncques de volonté de luy
bailler, ni à personne du monde, autrement mes livres,
sinon à la pareille ou au payement tel que j'avois faict
avec Jehan Desserans, auquel il a grand tord de repro-
cher que, sans luy, il eust eu meilleur marché de moy,
veu qu'il sçait bien qu'estant présent à conclure nos
comptes, je ne luy voulu accorder autrement que pour
la pareille, comme j'ay dict, et que depuis je ne luy ay
respondu autre chose à toutes ses lectres, et mesmes que
je le manderay ainsi audit Jehan Desseran.
Et quant aux cartes dont escrivés, cela ne me touche
I. Jacques Dupuis.
— IS7 —
en rien, d'autant que ce n'est de ma marchandise.
Car je vous asseure que, par l'ordonnance dudict Des-
seran, je les ay icy achaptées, argent comptant, pour luy
faire plaisir, et les luy ay envoyées, à sa requeste, au
mesmes prix, de sorte que je n'en aye que la peine de
les achapter, de les paquer et d'advancer mon argent. Et
pourtant soyés adverti et vous tenés seur que je ne
bailleray pas mes sortes à d'autres conditions qu'ainsi
que j'ay faict et voulu faire. Ce que je vous ay ici voulu
rescrire incontinent, affin qu'advisiés à ce qu'en voudrés
faire. Et cependant, si je puis vous faire service à condi-
tions égales, mandés-le ; je m'y employeray très volon-
tiers.Cependant, je me recommande à vous,et prie Dieu
estre vostre garde. D'Anvers, ce 2 jour d'aoust 1567.
Le vostre à commandement
C. Plan tin.
74. — Tlantin à Henri ^NJclaes.
Monsieur Hncs *, Vous asseure que pour l'ami que
recommandés en vos lectres, je feray toujours ce qui
me sera possible et estimeray totalement son bien estre
le mien. Qjiand aux 37 Psalmes flamengs, Ascanius *
les reporta ung soir avec le pistolet, chausses, bonnet
et telles hardes et les délivra ensemble (comme mesmes
il dict luy en souvenir encores bien) à madamoiselle et
que le double escrit par maistre Martin * fut envoyé
1 . L'adresse de la lettre ne nous est connue que par ces quatre
consonnes. Le texte cependant autorise Texplication que nous avons
donnée de ces lettres énigmatiques.
2. Pierre Ascanius, employé de Plantin.
3. Martin Everaert, littérateur, employé par Plantin.
1
I
I
- is8-
à Augustin *. Mais depuis je n'en ay rien entendu, non
plus que de tout ce qui estoit entre les mains dudict
Augustin, chose mesmes qui me mect aussi en peine, à
cause que j'ay déboursé plus de cinq cens florins, tant
pour papiers, cuirs, ancres, ports et advances etc., dont
je n'ay onques retiré qu'environ 40 fl. de quelque partie
des Apoc. et Rec. * etc.
Au reste, j'espère bien que le S^ Jaspar van Zurich '
continuera de manifester, encores qu'à la fois il semble
vouloir se retirer de ce faire, comme dernièrement il
m'a encores dict (dont je suis rentré en peine et soing
très grand) qu'il falloit que je ne faillisse à payer à
Franfort la somme de 115 ft de gros de Hierosme
Corru, * dont par avant il m'avoit deschargé et dict que
je prise courage et qu'il feroit mesmes que j'aurois
encores le reste de ce qui estoit à payer de viel, qui
estoit, outre cela, encores 900 fl., car en toutes choses il
1. Augustin van Hasselt.
2. Probablement deux titres d'ouvrages de Niclaes imprimés par
Augustin Van Hasselt : les Images apocalyptiques et les Refrains.
3. Gaspar Van Zurich, négociant d'Anvers, qui prêtait souvent de
Targent à Plantin. Cette lettre fait présumer que Van Zurich était
un bailleur de fonds de la Famille de la Charité, et semble confirmer
ce passage de la Chronique de cette secte, où il est dit que Plantin
agrandit ses affaires, au moyen de l'argent que les adhérents d'Henri
Niclaes lui avançaient.
4. Jérôme Curiel, agent du roi d'Espagne.
Faisons observer que la plupart des lettres de Plantin que nous
avons imprimé jusqu'ici sont publiées d'après une copie que sa fille
Martine en a fait. Or, comme elle n'entendait point le latin qu'elle
transcrivait et ne connaissait point les personnes dont elle gopiait les
noms, nous avons été souvent réduit à établir le sens et l'ortho-
graphe du texte par conjecture. Après cette lettre, il n'y en a plus
que cinq que nous publions dans ces conditions. Les autres minutes
sont de la main de Plantin lui-même.
/
— 159 -
ne m'a compté que éo ib de gros. Et sur cette espérance,
j'avois prins courage et continué le train qui se porte
fort bien, grâces à Dieu, ne fust ces vieilles playes sus-
dictes, qui de rechef viennent à me remectre en soing.
Et eusse mieux aimé qu'on ne m'eust donné aucun
espoir, que puis après me Toster ; car, sur le faict et
présence des affaires, je me fusse réglé et non sur Tespoir
et attente.
Ces choses n'ay je pas encores déclarées si apertement
audict de Zurich, qui pour le présent est hors la ville
pour quelques jours, mais à son retour je luy en parleray
tout ouvertement. Si est ce que pour l'affection que j'ay
toujours vers vous (ainsi que je doibs) je n'ay peu,
ayant l'occasion de vous escrire, celer ceci. Et aussi que,
ayant le premier de janvier dernier passé délivré 200
biblia Hebraica 4®,* en blanc, à Jehan Rademaker pour
les envoyer à commune risque en Bafbarie, nous avons
eu le retour passable, grâces à Dieu. Depuis naguères
lesdictes ayant esté vendues à 5 onces pièces, sur quoy
a couru plusieurs avaris, lesquels déduicts et la mar-
chandise de retour vendue, je doibs recevoir dedans 4
mois 300 fl. pour la moictié desdictes 200 Bibles, de
l'autre moictié ay je receu l'argent, à 35 patarsla pièce,
au nom dudict Rademaker suivant l'accort faict. Et de
ceci n'avois-je rien dict à personne, jusques à ce que le
retour a esté en seureté, grâces à Dieu, et lors Tay je
dict à Jaspar van Zurich qui en avoit pris quelque
nombre comme sçavés. Sur ce m'a iceluy or3onné que
I. ^îhîia hebraica (1566) i vol. in-40, 2 in-80 ou 4 in-ié®. Plan-
tin tira cet ouvrage à un très grand nombre d'exemplaires et en
écoula plusieurs centaines en Barbarie. Le caractère employé dans
cette impression avait appartenu aux Bomberghe de Cologne.
\
— i6o —
je n'en vende plus à personne ni délivre aucune quantité,
jusques à ce qu'il ait response de Barbarie, là où il a
rescrit à son homme qu'il vende hardiment celles qu'il
a envoyées, à condition que nuUuy n'en portera que de
par luy, et ce a il faict afEn d'essayer à vendre tout le
reste à telle condition. Ce qui seroit fort bon ; mais aussy,
s'il faut à ce faire, je faudray aussy à vendre, car de pré-
sent Gilles HofFman, alléché par la vente qu'il a veu
des 200 susdictes, que nous avons advanturées, m'a
demandé très instamment que je luy en vendisse quelque
quatre ou cinq cents, et qu'il me les payeroit comptant,
à quoy je n'ay peu respondre autre chose, sinon que
pour lors qu'il m'en parloit, je n'avois le loisir de devi-
ser avec luy, parce que j'avois affaire et que ce seroit
pour une autre fois ; ce que je fis, espérant avoir cepen-
dant le moyen d'en parler audict van Zurich, car autre-
ment l'argent comptant m'eust grandement soulagé et
aidé en nos affaires. Je vous envoyé ici les lignes
de Masus ' pour autant qu'ils vous touchent, ainsi que
pouvés voir [2 août 1567].
I. André Masius.
— i6i —
75. — Plantin à Jacques Ravardus.
(Il espère recevoir bientôt le privilège pour imprimer le de Regulis
juris antiqui de Raevardus.)
Clarissimo doctissimoque J. C. domino Jacobo Raevardo,
domino et amico suo,
Brugas.
S. P.
Peropportune mihi redditae sunt litterae tu«, doctîssime
et amicissime Raevarde, nam tune litteras obsignabam
Bruxellas ad amicum mittendas, rogans ut libri tui pri-
vilegium nobis vel importunitate maxima impetraret et
quamprimum possit ad nos traasmitti curaret. Quare
tuas ad dominum Âssonvillium ipsi nuntio qui aderat
exspectans tradidi. Spero itaque nunc nos brevi recep-
turos. Ego vero nihil libentius fecerim, Vale; in nostra,
rogo, fide ne dubita. Antverpiae, 2 augusti.
Tibi tuo merito addictissimus
C. Plantinus.
76. — Tlaniin à Geoffroi ^allaîn. *
Sire Geoffroy -Balain, Toutes recommandations pré-
mises, je vous supplie de faire tout le reste de cadeaux
tout au plustost que faire pourés et de les bailler à
maistre Gilles, ' à chaicune fois qu'en aurés quelqu'un
de faict pour me les envoyer. Et puis cela fait, je vous
prie de faire les figures du Nouveau Testament, suivant
1 . Ballain (Geof&oi), graveur sur bois, à Paris, qui fournit à Plantin
un grand nombre de lettres ornées, de frontispices et de vignettes.
2. Gilles Beys.
II
— l62 —
premièrement Tordre que je vous ay faict ici escrire
par ma fille en ce mémoire, et de livrer aussi lesdictes
figures, jusques à celle qui est marquée i6, à nostredict
Gilles, afBn de me les envoyer à chaicune fois que les
messagers viendront, à cause que j'ay entreprins d'im-
primer un livret où lesdictes figures doibvent servir '.
Et puis, apprès que vous aurés achevé ladicte figure
marquée i6, vous achèverés le reste qui est aussi noué
audict mémoire jusques à la figure marquée 23. Et cela
faîct, vous achèverés les grandes .figures délaissées du
Vieil Testament.
Et puis ferés les figures de TApocalipse, après les-
quelles pourrés achever ce qui sera resté ou délaissé à
faire, par-cy par-là, des figures du Nouveau Testament.
Et sur ce, je prieray Dieu estre vostre garde. D'Anvers,
ce 5 d'aoust 1567.
Le vostre serviteur et amy
C. Plan tin.
I . Les vignettes dont il est question ici furent employées dans les
Missels imprimés par Plantin en 1572 et plus tard. Celles du Nou-
veau Testament servirent une première fois dans le ^hLouveau Testa-
ment (1567, in-i6o). C*est à ce dernier livret que Plantin fait allu-
sion ici.
- i63 -
77. — Jean Desserans à Christophe Tlantin»
Sire Christophle, A vosrre bonne grâce me recomman-
de, sans oublier vostre femme et tous de vostre maison.
Je vous ay escript, il y a 8 jours, ample responce à la
lettre qu'il vous a pieu me envoyer ; parcquoy il ne est
besoing que je vous fasse plus long discours, sinon que
la présente sera pour vous donner advis que je ay receu,
le 7 de ce moys, une vostre lettre escripte du 3* dudict,
là où estoit la facture des livres que dites me envoyer,
lesquelz je ne ay pas encore receus, à cause que le ma-
rinier ne est pas encores arivé ; et les ayans receus et
recongnus sur vostredict mémoire, je ne feray fautt^
de vous en donner advis.
Les livres que vous me envoyés sont bonnes sortes
pour ce pays, mais vous mectés les prix ung peu bien
hault; parcquoy je vous prie de avoir esgart à cela,
quant vous me envoyrés quelque chose ; car vous scavés
que cy je ne fais aussi bon marché, comme faict Birck-
man et Jacques Du Puys et aultres, que je ne pourois
pas vendre, toutefois que je feray du myeulx que je
pourray.
Je vous ay aussy mandé ung ample cathalogue des
livres de Lyon et ceus d'Alemagne et Genève et Venize,
lesquelz il vous plaira de assortir le myeulx qu'il vous
sera possible, et comme je vous ay mandé que je les
reçoive devant les aultres, à celle fin que je puisse
myeulx faire vostre proufEt et le mien.
Qiiant à ce que me mandés que je aille par delà, je
vous ay mandé mon advis. Qjuant à vous faire tenir de
l'argent, je ne puys pour le présant, mais ayans receu
les livres, je tacheré à en faire, et puys vous en feray
— 164 —
tenir. Toutefois, c'il y a quelque ung de vos amis qui
vînt 'par deçà, et qui eut affaire de 30 ou 40 escus,
nous les trouverions tousjours bien.
Je vous veult bien advertir comme il y a ung mien
amy en ceste ville qui m'a baillé 100 escus pour me
mestre en avant et pour me ayder sans nul proufBt ny
interest, et ay loué une belle soUe, c'est-à-dire ung
pacqus pour mectre marchandise, et une chambre gar-
nie, qui me couste cinq livres strelin par an, et en
ladicte maison je y prendray ma dépence et ay faict
marché à six deniers pour jour, qui est fort bon pris;
il est vray que, cy je veult boire du vin, il le fauldra
payer. Et je ay faict pr ester lesdicts 100 escus à mondict
hoste pour troys mois, à la charge que je ne payeray
rien ny de ma dépence ny du louage. Et au bout des
troys mois, il est obligé corps et biens de me les rendre
ou bien, cy je les luy veult laisser, que ma dépence ne
me coustera rien, tant qu'il les tiendra. Il est vray qu'il
ne feroit pas à tous le party qu'il me faict, mes c'est à
cause qu'il est de mes amys et est homme riche, qui
est bien ayse de me avoir en sa maison, laquelle est
une des belles maisons que aye estranger en cesie ville.
Et cy ledict a des facteurs à Anvers et à Paris et à
Rouen, et est plumassier et se nomme Pierre Bonneval,
marchant, dcmourant au blanc chapiton ou au blacque
frieres. Parcquoy, quand me escriprés, vous y pourés
adresser vos lettres, et cy vous veniés par deçà ou de
vos amys, il y aura tousjours place pour vous loger.
Il y a ung libraire à Paris qui mè doibt cinquante et
cinq livres monnoye de France ; cy avés affaire par
delà, je manderay la céduUe à vostre homme pour les
recepvoir, car je les luy baillé pour me faire tenir par
- i65 -
deçà, mais celuy qui me les debvoit bailler, qui est
Thomas Vantrouiller est allé à Paris, et fault que je
atende à son retour.
Aussi vous pouriés mander à vostre homme par delà
qu'il fist quelque bon assortiment de livres nouviaulx
et de tout les sortes de petis poètes qui pouroit recouvrer
de chez Guillaume Cavellart*, et que il en fist une balle
ou ung tonniau, et que il me les envoyast en ceste ville.
Il ne le faudroit que envoyer à Rouen, là où je adres-
serois pour me le faire tenir en ceste ville, ou bien s'il
vous semble milleur qu'il vous le fist tenir par delà,
cy la voicture ce trouvoit à bon compte, et de Anvers
vous me le pouriés faire tenir en ceste ville.
Aultre chose ne vous sçaurois que mander pour le
présent, jusques à ce que je ay eu responce de ma dernière
lettre. Qui sera fin par ung adieu, lequel je prie qui luy
plaise me faire la grâce que je puisse faire vostre prouf-
fit et le mien, come je ay bon vouloir de ce faire, cy
me assortisses selon que je vous manderay, et à vous
de vous donner ce que vostre ceur désire et accomplis-
sement du bon désir et vouloir que vous avés envers
moy, vous assurant que ne estes pas intéressé. Aussi je
prie ce bon Dieu qu'il vous veuille bien conduire en
vostre voyage de Francfort et en toutes vos aultres
afiaires. De Londre, ce 9* d'aoust 1567.
Par le tout vostre serviteur et bon amy à jamais
lehan Desserans.
I. Guillaume Cavelat, imprimeur parisien.
— i66 —
78. — Tlantin à Jean Desserans.
Au sire Jehan Desseran,
à Londres.
Sire Jehan Desseran, Pour response à vos lectres
datcées le 2 du mois présent, je suis joyeux qu'ayés
rendu bon compte et ne debviés rien, ainsi -que se van-
toit Jaques du Puis, mais au contraire qu'il vous doive.
Quand à moy, je ne le crains, à cause que la raison et
la vérité est pour moy, et me garderay bien aussi. Dieu
aidant, qu'il ne m'abuse par ses paroles. Il est mon
obligé en argent et en livres, outre l'accord du Cours
dont j'ay obligation de sa main, et n'aura rien de moy
sans qu'il s'oblige.
Or, pour délaisser toute longueur de propos inutiles et
quelque bon faict, j'ay délibéré de vous assortir selon
vos mémoires et ce qui pourra recouvrir hors mis les
livres de compagnie, desquels je ne suis pas d'intention
de me charger,jusques à ce que je commence à recevoir
sommes compétentes pour le payement desdicts livres
que voudrois plustost achepter argent comptant qu'à
termes, d'autant que ce sont livres de longue vente,
chers, et de quoy on ne peut trouver advantage.
Quand au louement de boutique, vous ne m'escrivés
pas combien il en faudroit payer par an, ni à quelles
conditions vous l'entendriés louer. Parquoy je ne puis
que vous en respondre. Mais voici les conditions qui, à
mon advis, pourroyent estre propres pour vous et pour
moy, c'est que me faciès un contract et obligation par
lequel vous recongnoirsiés que toute la marchandise qui
sera entre vos mains me sera obligée avec vostre per-
sonne et autres meubles de tout ce que je vous envoyé-
- i67-
ray, de sorte que le tout soit mien, ce pendant que je
vous fourniray et qu'aurés entre vos mains desdictes
marchandises, ou que ne me les auriés rendues ou payées.
Et pour vostre profEt,entretien en toutes autres choses, je
vous donneray le sixiesme dernier de tout ce que rece-
vrés ou vendrés de tous les livres ou autres choses qui
seront de mon impression ou que j'auray en change,
les voictures de Lyon, de Paris, ou d'ailleurs estant tous-
jours déduictes jusques en ceste ville d'Anvers. Et pour
éviter fascherie de comptes desdictes voictures et autres
menus frais d'emballage etc , je mettray toujours les
livres de France rendus en ceste ville à monnoye pour
monnoye, à sçavoir ce qui couste ung soûls de France
à ung patar de Brabant, qui est la manière comme nous
en faisons ordinairement en ceste ville les uns envers
les autres. Et quand aux livres qui se doibvent achapter
à l'argent, comme sont quasi tous ceux d'Allemagne, je
vous en fourniray de catholiques ou en humanité, à la
moictié de profit.
Bien entendu que j'auray en change, à moindre prix,
quelconques '.
ni en façon que ce soit, sans mon consentement, que je
les mets à prix ordinaire aux autres marchants, c'est-à-
dire que je vous advoue de vendre le plus et mieux que
pourrés en saine conscience et bonne fidélité lesdicts
livres, encores que les vendissiés au mesmes prix que je
les taxe. Et, en ce payant ce que vous aurés vendu d'iceux,
vous retiendrés le sixième denier pour vous et payement
de toutes aultres despences faictes depuis ceste ville à la
vente et réception de l'argent dcsdicts livres, de sorte
que d'un livre que je vends icy, en bouticle, 6 patars,
vous n'en payerez, l'ayant vendu, seulement que la
— i68 —
valeur desdicts 6 patars que cinq, et ainsi le 6* patar
sera vostre ; mais, si vous le vendez davantage, ce sera
autant davantage de proSt tant pour vous comme pour
moy et courage de bien vous assortir si vendez bien.
Il sera de besoing que cedit contract soit faict, tant
pour l'ung que pour Taultre, pour ung an entier, dedans
laquelle année vous et moy verrions si nous aurons
profitté audit contract, et, en cas que l'ung de nous vou-
lust changer ou rompre ledit accord, il sera tenu obligé
de continuer les clauses contenues au project que vous
envoyé lequel vous pourrés lire et aviser s'il est rayson-
nable.
Que si vous avisés de quelques aultres poincts qui
soyent propices et raysonnables et équitables vous m'en
pourrés advertir et les y adjoucter ; car, quand à moy,
je ne cherche rien, sinon l'équité, et ne demande aultre
chose, sinon que d'avanzer aultruy à mon pouvoir,
ainsi que j'espère que entendrés par les conditions que
j'ay couchés audit projet du contract icy inclos qui, à
mon advis, est fort avantageux pour vous, veu que je ne
vous oblige qu'à ce qui vous sera vendu, me confiant en
vous que ne me demanderés pas des livres que ne sachiez
quasi comme vendus, en quoy faisant vous ferez vostre
debvoir et nostre commun profict, et si, avec le temps,
vous avez le moyen ou dès mayntenant, je seray bien
d'advis de faire la paine de achapter et faire venir pour
vous les livres que demanderez de la religion (desquels
je ne me veulx pas mesler aultrement pour mon compte
et aultres aussi). Bref, si l'expérience me monstre vostre
diligente loyaulté et heur, je m'employeray de tout mon
pouvoir en toutes manières possibles et, pour commencer,
j'ay desjà faict le premier pour Lyon, avec espoir de faire
— 169 —
.\ Francfort raccomplissement de celluy d'Allemagne, et,
si je reçois devant mon partement celluy de Paris, je
feray aussi le pareil. Pourquoy mandés le hardiment le
plus tost que pouvés, car encores que je fusse parti, mon
serviteur le mandera bien à Paris, et rescriveray qu'on
accomplisse. Bref,j'ay bien délibéré de vous assortir peu
à peu et selon les ventes et mémoires qu'envoyerés; en
quoy aussi je vous prie, de rechef, d'estre prudent et
sage et bien avisé et diligent et ne bailler pas grans ny
longs termes,car il vault mieux estre aultant plus patient
après le terme echeupt que de se accoustumer à longs
termes.
(Dans les minutes de la correspondance de Plantin cette missive
vient après une lettre datée du 5 août et précède une autre datée du
10 août 1567.)
Le projet de contrat dont parle la lettre précédente était de la
teneur suivante :
Nous, Jehan d'Esseran et Christofle Plantin, con-
gnoissons et confessons avoir faict marché, accord et
obligation par ensemble, telle comme s'ensuict ; à
sçavoir, que moy Christofle Plantin promects audict
Jehan Desseran de luy envoyer à Londres, toutes sortes
de livres communs et permis, que ledict Desseran me
demandera par ses mémoyres, tant de mon impression
que de toutes autres, desquels j'auray la commodité
d'en avoir en change, tant de ces païs de par deçà, que
de Paris, Lyon et d'ailleurs, et ce au prix ordinaire de
ceste ville d'Anvers, sans luy mectre les prix des livres
de France plus hauts qu'à monnoye pour monnoye, à
sçavoir, les sols à patars de Brabant, sans les luy enché-
rir davantage pour quelques voîctures ou autres frais
— lyo —
par moy faicts jusques en cestedicte ville d'Anvers, et ce
pour vendre lesdicts livres au mieux et plus haut prix
qu'il pourra, au-dessus dudict prix ordinaire que je luy
auray rescrit, et de tout ce qu'il vendra desdicts livres,
à quelque prix que ce soit, pourveu que ce ne soit au-
dessoubs dudict prix ordinaire, que je luy auray rescrit
en la facture de la marchandise envoyée. Je laisseray
audict d'Esseran le sixiesme denier pour ses peines, va-
cations et frais, depuis ceste ville d'Anvers jusques au
payement desdicts livres vendus que ledict d'Esseran sera
tenu de me faire, ou à qui je l'ordonneray à chaicunne
fois qu'il aura vendu marchandise au comptant et dedans
six mois après, de toutes les marchandises susdictes
qu'il aura vendues à crédict, sans aucuns autres miens
frais ne despenses que du change de Londres, lequel
change je prendray à ma charge, proffict ou perte.
Item, moy ledict Plantin, je promects en outre audict
Jehan Desseran de l'assortir et fournir en temps compé-
tent et convenable les mémoires des livres recouvrables
et permis, sauf ceux des compagnies qu'il m'envoyera,
lesquels livres ledict d'Esseran me payera aussi comme
dict est des autres, quand il les aura vendus, et pour
ses peines, vacations et frais, depuis ceste ville jusques
audict payement, il aura la moictié de cela que se mon-
tera sadicte vente, outre l'achapt et frais par moy faicts
jusques en cestedicte ville d'Anvers.
Et en cas que je voulusse me retirer de ce contrat, je
le pourray faire, reprenant tous lesdicts livres envoyés,
qui pour lors resteront à vendre, et payant le port
d'iceux de ceste ville d'Anvers à Londres, et sera tenu
ledict Desseran de me les livrer entiers et nets, ou à
qui je l'ordonneray, et l'entier payement de tout ce qui
— 171 — .
aura esté vendu, comme dict est, ou bien de me bailler
bonne et léale caution et piège à mon contentement
de ce faire, dedans six mois après que j'auray demandé
ou faict demander compte audict Desseran et renoncé à
ce contract ou accord.
Et en cas aussi que ledict Jehan Desseran voulust se
retirer et renoncer à ce présent contract, il le pourra
faire m'en advertissant six mois auparavant, et me
payant ce qui sera vendu alors, rendant tous les autres
livres restants nets et entiers, où il me plaira les rece-
voir de ces deux villes ici, assçavoir Londres en Angle-
terre ou bien Anvers en Brabant, selon que pour lors il
me semblera bon, ou bien me les payant tous au comp-
tant ou à six mois de terme, en baillant piège à mon
contentement, et rabatant de mes sortes ledict sixiesme
denier, et payant les estrangers dix pour cent, outre le
prix de Tachapt, sans que je sois tenu de luy payer au-
cune chose pour le port ni autres frais.
Et moy, Jehan Desseran, je promects et m'oblige
audict Christofle Plantin de m'employer totalement,
loyalement et en bonne conscience à envoyer les mé-
moires audict Plantin des sortes que je sçauray estre
vendables au pais d'Angleterre, et de faire toute dili-
gence et devoir possible de vendre ce que j'en auray
receu, au meilleur profict que je pourray, et de payer
audict Plantin, ou à qui il l'ordonneroit, l'argent de ce
que j'auray vendu en la manière spécifiée ici devant ; à
sçavoir, le total de la vente des livres de l'impression
dudict Plantin, ou qu'il aura eu en change direct, rete-
nant pour mes peines, va:ations et frais depuis Anvers
jusques au payement desdicts livres, le sixiesme denier.
Et de tous autres livres achaptés, soit au comptant ou à
— 172 —
credict, retenant aussi, comme dict est, pour mes peines,
vacations et frais par moy faicts jusques au jour dudict
payement, la moictié du proffict de la vente d'iceux. Et
de rendre bon compte et reliqua audict Plantin ou son
commis, chaicune fois qu'il le demandra en la manière
spécifiée ici-devant, à sçavoir de luy payer, quand bon
luy semblera, tous les livres vendus et luy restituer ou
à son commis à Londres ceux que je ne luy payeray,
en me rendant le port seulement desdicts livres depuis
la ville d'Anvers jusques en ladicte ville de Londres, ou
bien de bailler piège audict Plantin, à son contentement
d'accomplir ce que dict est, dedans six mois après.
Et en cas aussi que je voulusse renoncer à ce con-
tract, je promects tout ce qui est dict cy-devant, à sça-
voir d'en advertir ledict Plantin, six mois devant, et
luy rendre compte et reliqua comme dict est, à sçavoir
le payement entier des livres vendus et les restes nets
et entiers à Londres ou à Anvers, sans que ledict Plan-
tin doibve rien payer de port ni autres frais desdicts
livres d'Anvers à Londres ne de Londres aussi à Anvers,
en cas qu'il luy pleust les y recevoir et non à Londres,
ou bien de payer comptant alors lesdicts livres restants
audict Plantin, en baillant piège à son contentement de
les luy payer dedans six mois après, comme dict est, et
ce les sortes duditt Plantin, en rabattant le sixiesme
denier et augmentant le prix des estrangers de dix pour
cent. Et à ce j'oblige ma personnne, biens, meubles et
immeubles, présents et advenir, et renonce à toutes
exceptions, coustumes ou droicts faisans au contraire de
ce présent contract, me confessant et rendant par cestes
pour jugé et condamné, et me submectant à l'exécution
de tous juges pour l'accomplissement du présent con-
— 173 —
tract, et mesmes à la restitution et satisfaction entière
de tous despeuFes, dommages et intérests que ledict
Plantin, ou autres ayant cause, pourroyent faire ou
souffrir pour la poursuite de l'accomplissement et entière
satisfaction de cedict contract, accord ou obligation. Le
tout sans fraude ni mal engin quelconques. En tesmoing
de quoy, nous avons faict faire deux lectres d'une
mesme teneur, lesquelles nous avons signées de nos
signes manuels cy mis. Le
79. — Plantin à Jean Desicrans.
Sig' Jan Desserans, Je suis joyeux que faictos service
de bon cueur à monsieur Grcvin.' Quand à S... ne, s'il a
chose qui vaille la peine, et il veille envoyer, je donne-
ray incontinent la response, mais sans voir et examiner
que c'est, je ne veux aulcun ; car, à la vérité, je le
trouve tout aultre en cffect qu'en parolles, et perdray
assez au marché que j'ay faict avec luy de son livre,
d'aultant qu'il entend assez peu en telles affaires et qu'il
ne tient promesse etc.
I. Jacques Grevin,poète et médecin, naquit à Clcrmont vers 1540,
accompagna Marguerite de France, duchesse de Savoie à Turin où
il mourut le 5 novembre 1570. Plantin publia de lui : en 1568,
'Deux livres des Venins, ensemble les œuvres de Nicandre et, en i $ 7 1 , la
traduction latine des Deux livres des Venins faite par Jérôme Martius.
Grevin fournit à Plantin la traduction des Emblèmes de Sambucus
(i 565 ) des Emblèmes de Junius (i $67) et de La première et la seconde
partie des Dialogues français (1567). Le musée Plantin- Moretus pos-
sède un exemplaire du Tlxâtre de Jacques Grevin (Paris, Vincent
Sertenas,i562), corrigé de la main de rauteur,en vue d'une nouvelle
édition. Plantin ne fit point paraître ce livre.
— 174 —
Quand au florin d'Allemagne, je vous en ay rescrit
ce qui en est à la vérité, et adverti que la coustume a
tousjours esté de le compter à 30 sols de France ; mais
il ne se trouve monnaye aulcune en laquelle je le
peusse payera 31 1/2. Car Tescu de 52 sols p. en
France ne s'expose aulcun à plus de 24 basses, * qui
sont audit compte 48 sols p., le pistolet à 23 sols qui
font 46 sols et il vault 53 sols de France, et ainsi de
toutes aultres espèces, t quoy se peust voir qu'il n'est
pas possible de revenir au compte.
Quand aux livres de Basle, de Zurich, Wittemberg
etc., soyent grands ou petits, il ne s'en baille ung seul
fueilet en change, car ceulx qui impriment en ces villes-
là vendent pas aultres livres que les leurs ny ailleurs
qu'aux foires de Francfort. Ouentell de Cologne faict
aussi le semblable ; ceulx de Nuremberg aussi et ceulx-
là sont les principaux. Et changeant n'est on subject de
payer en livres, mais celluy qui doibt paye en argent.
Et pourtant que, en toutes vos lettres, vous m'avés
tousjours escript que nous mettions la marchandise trop
cher et que les aultres en faysoient milleur marché etc.,
j'ay considéré que ce seroit folie à moy de me vouloir
assubjectir aux dicts des aultres, qui, peust-estrc (comme
souvent l'ay aperceu), baillent des bourdes et disent
achapter ou vendre une marchandise aultrement qu'ils
ne font. Et pour ce n'ay je sceu, à mon advis, mieux
faire que de ne vous assubjectir en rien, mais vous
laisser libre d'achapter marchandise de qui vous fera
milleur parti. Car, quant à moy, je veux bien vous faire
seul l'advancement qu'il me sera possible et de bailler
I. Batz, monnaie d'Allemagne.
— I7S ~
de toute la marchandise qui sera en mon pouvoir et ce
à aussi bon marché que la pourrés trouver ; mais je ne
veux vous assubjectir en rien que au payement de ce
que vous me manderés et quand à ce qui est faict entre
nous jusques à ceste heure, je n'entends pas aulcunement
qu'y perdiés vostre peine. Rt pourtant trouveray je bien
que, suivant vostre lettre, vous m'envoyiés, au plus tost
que faire le pourrés, la vente par vous faicte, tant au
comptant qu'au crédit, afEn que par cela je puisse con-
jecturer ce qui sera bon de faire, afEn que vous ny moy
ne commencions une chose et la poursuivions plus
avant que ne debvons sans contentement de l'un et de
l'autre.
Et en cas que je cognoisse que ce ne fust mon prof-
fict, si est ce que pour ceste fois je feray tellement avec
vous que, comme au dire de tout homme de bien,
cognoissant de nostre estât, vous n'auriés occasion de
vous plaindre de moy, car je perdray plus tost du mien
que de vouloir vostre peine pour néant. Le tout avec la
rayson et équité, tant s'en fault que je veuille aviser
à faire quelque grand gaing.
Et quand est de mettre les livres à ung prix auquel
les puissiés vendre ou rendre, ce ne seroit aulcunement
mon cas que de vous envoyer livres qu'il faille que je
paye de six en six mois argent comptant et les envoyer
à telle condition que disiés. Car de tels je n'en prens que
pour l'assortissement de ma bouticle ou aultant que j'en
pense pouvoir payer au temps et terme deu et accordé.
Mais bien de ceulx que je imprime ou ay telle commo-
dité, vous pourrois je faire tel parti, mais de nuls aultres.
Voilà en bref ma résolution. A laquelle je vous prie
de me rendre la vostre par le premier, afin que selon
— 178 --
8i. — Tlantin à Etienne 'Pighius,
(Diverses nouvelles de rimprimerie.)
22 augusti 1567. Domino Pighio.
Indicem Flori mitt[ere]. Accep[isse] Martialem nos-
trum * et scripturum Janio * de Rhinocerote. Jam
petere Eunapium % ob id autem me . epistolam Junio
mittere. Mittere figuras Themidis * et non posse polli-
1. En 1568» Plantin publia deux éditions de Martial ; l'une, in-
160, revue par Hadrianus Junius ; l'autre, in-S^^ publiée par Emun-
dus Augerius.
2. Adrien Junius (de Jonghe), naquit à Hoorn, en 15 12. Il étudia
à Haarlem, à Louvain, à Paris et à Bologne. Dans cette dernière
ville, il prit ses degrés en médecine. Il fut d'abord, pendant quelques
années, médecin du duc de Norfolk, s'établit ensuite à Haarlcra et fut
appelé à Copenhague comme premier médecin du roi. En 1 564, il
revint à Haarlem où il passa plusieurs années. A la fin de sa vie, il
résida pendant un petit nombre d'années â Middclbourg et mourut
à Arnemuyden le 16 juin i>7S- Junius produisit un nombre considé-
rable de volumes traitant de philologie, d'antiquités, d'histoire, de
morale et de botanique. Un de ses ouvrages les plus connus est
'Batavia, dans lequel il attribue à Laurent Coster, de Haarlem,
l'honneur de l'invention de l'imprimerie. Plantin publia de lui : en
i^6/^y Epithetorum Joannis %avisii Textoris epUome ; on 1^6$ y Etn-
hkmata; en i$66, Observât i^nes in Plaututn ; en 1567, l^menclator
omnium rerum propria nomina variis îinguis explicata indicans ; en 1 $68,
Martiaîis et Eunapius Sardianus, de Vita philosophorum et sophistarum ;
en 1572, Hesychius Milesius, De his qui eruditione fama clarture. Les
Emblemata, le 'Hjomendator et le Marlialis eurent chacun plusieurs
éditions. Le premier de ces ouvrages fut traduit en français et en fla-
mand.
3. Eunapius Sardianus, de Vita philosophorum et sophistarum, Plan-
tin, 1568.
4. Steph. Pighius, Themis dea. Plantin, 1368. Ce volume renferme
deux planches dessinées par Pierre Van der Borcht et gravées sur
bois par Antoine Van Leest.
— 179 —
ceri refusionem prec[ii] et lucri. Intra annum, aut cer-
tum aliquod tempus^ aleam nos expectare debere etc.
Serip[andii] ' ex[emplaria] mittere plura si indicet.
Litt[eras] ad Masium ' misisse et missurum. Si quid
cupiai suis imp[ensis] excudi et edi me lib[enter] cura-
turum et distractione precii redditurum. Si velit experia-
tur, et incipiat a Themide pro cujus lignis duobus et
pictura solvi 3 fl. 12 st., et, si velit aut melius non
possit, curabo excudi etc.
82. — r Planîin à Jean Sepulveda.
(Il se déclare prêt à imprimer les œuvres de Sepulveda, et con-
seille uniquement à Fauteur de choisir le format in-40, au lieu du
grand in-folio.)
D. Doctori Jo. Sepulveda.
Litteras tuas, vir clarissime, jam ocreatus et versus
Lutetiam profecturus acceperam. Hinc factum ut ex
tempore domino meo Sayae paucis rescripserim me nihil
libentius impressurum quam quse tu in publicum
emittere volueris.
Nunc autem reversus nihil antiquius habui quam ut
idem tibi hoc epistolio propria manu testatum facerem.
Ego namque me eo quo fungor munere indignum judi-
carem, si tanti viri opéra obviis et apertis, quod aiunt,
ulnis oblata accipere dubitarem.
1. Hieron, Seripandii Commentarius in iJisioJam TauU ad Gaîatas,
Plantin, 1567.
2. André Masius.
— i8o —
Tuum itaque erit, vir humanissime, exemplaria tua,
quandoque voles, mittere. Ego autem tibi bona fide
polliceor libentissime quomodo scripsisti impressurum,
idque ipso modo et forma quae nobis prsescripsisti,
nisi (quod mallem) mihi abs tua humanitate concede-
retur in 4*° potius quam in magno folio ea exprimera, ut
qui sciam, experientia edoctus, me multo plura exempla-
ria distracturum hac forma quam alia. Caeterum nihil
aliud mutari de tua sententia vellem, caractères etenim
cagteraque omnia praescripta perplacent.
Placebit etiam forma si hac in re nihil de tuo jure
dimittere velis. Vale, vir doctissime, et Christophorum
Plantinum amare perge ut is tibi addictissimus esse
cupit. 8 kal septembres [1567].
83. — Tlantin à Çayas*
Monsîgneur Çayas,
Estant en doutes diférentes ou que V. S. n'ait pas
receu Tune des cinq miennes lectres différentes et en-
voyées à diverses fois, ou bien que l'envie de quelques
malveillans et calumniateurs, envieux de la sincérité
d'autruy, vous ayent aliéné de l'amitié que par cy-devant
m'avés desmonstré, ou bien (qui plus m'ennuyeroit)
que V. S. soit mal disposée, j'ay prins la hardiesse de
vous advertir que, grâces à Dieu, je suis avec tout mon
mesnage en bonne santé et prospérité, de laquelle j'es-
père bonne augmentation, veu que, à louange de Dieu et
à l'honneur de Sa Majesté et de son bon conseil, nous
sommes délivrés des craintes qu'avons eu des gens
outrecuidés et opiniastres.
L
- i8i -
Et davantage, en suivant encores l'ordonnance première
de V. S., j'envoye ici un calendrier que j'ai imprimé
ces jours passés *. J'ay faict d'autres choses, qui, à mon
advis, vous plairont bien, mais n'estant (après si long
silence) asseuré si V. S. est en bonne santé et ait encores
quelque plaisir à ouir bien parler de moy et voyre de
nos ouvrages, je n'ay osé envoyer davantage, ce que je
feray très volontiers, quand il luy plaira me le comman-
der. Je désire aussi de sçavoir ce que je doibs espérer de
l'impression des Bibles en 4 langues et des œuvres de
Monsigneur Sepulveda sur Aristote.
Quant à mes particularités de la maison et de ma traf-
fique de l'imprimerie et de toutes autres aflfaires, je me
suis totalement séparé d'avec quelques-uns qui cy-devant
m'avoyent assisté de deniers pour fournir aux despents
de mon imprimerie *, de sorte que je fay maintenant
moins que par avant, mais mieux à mon gré, d'autant
que je ne suis pas lié à personne. Et aime beaucoup
mieux de faire moins doresnavant que d'estre subgect à
des gens de qui, à l'avanture, je ne serois pas seur ni de
volonté, ni du faict de la religion catholique, à laquelle
je me suis tousjours maintenu (encores que j'aye eu
beaucoup d'assauts et vitupères des ennemis de ladicte
religion catholique) et maintiendray, avec la grâce de
Dieu, jusques au dernier souspir de ma vie sous l'obéis-
sance de la saincte Église catholique et romaine et de la
1 . Calendrier et première instruction des enfants en latin et en frath
çois, 1567, in- 160.
2. De 1563 à 1567, Plantin était associé avec Charles etG>rneille
de Bomberghe, Jean Goropius Becanus et Jacques de Schotti pour
Tcxploitation de son imprimerie. (Voir Max Rooses, Christophe
Tlantin, chap. V.)
— l82 —
Majesté de nostre Roy très catholique, l'heureuse venue
de laquelle nous attendons avec grande dévotion et
espérons fermement. Or combien, comme j'ay ci-dessus
dict, que je me sois du tout séparé et ayes payé ou ren-
du à ceux qui m'avoyent par cy-devant assisté d'argent,
ce que leur apartenoit, et que je n'aye pas maintenant
tel moyen de beaucoup besongner comme par avant, si
est ce que, grâces à mon Dieu, je besongne encores à
4 presses, car je n'en ay quicté que la besongne de
trois, lesquelles trois presses j'ay encores avec toutes
mes lectres et autres ustensiles ou besongnes servantes
à l'imprimerie, car le tout a tous jours esté mien et n'ay
onques voulu m'associer ou donner part à homme vi-
vant en mon imprimerie.
Ces choses ay je un peu récité trop au long à V. S,
pour cause que (pour la longue silence) je ne doute
que quelques-uns, mal informés de moy et de mes
affaires, auront peu advertir Vostre Signeurie que, depuis
ung an en ça, je n'ay pas tellement continué à tant im-
primer que par avant, et que par cela auront pensé que
je n'auroîs pas le moyen de continuer quelque labeur
d'importance, tel que seroit la Bible en 4 langues, en-
cores que j'y fusse aidé par Sa Majesté. Mais j'asseure à
V. S. que je n'ay moindre moyen à la faire, par la fa-
veur de Sadicte Majesté, que quelque autre, qui qu'il soit.
Toutesfois, si je ne suis digne de tel bénéfice ou qu'un
autre le puisse mieux faire que moy, je suis prest de luy
favoriser, tant s'en faut que j'y portasse envie, ainsi que
je suis adverty et que j'ay assés aperceu qu'aucuns
mesmes de mes voisins ont et font envers moy. Et
pourtant, Monsigneur, je loue Dieu de ses grâces de
m'avoir faict ce bien de n'estre de rien envieux sur
- i83 -
autruy, et luy prie qu'il favorise tous ceus qui taschent à
radvancement du bien public, de l'esglise catholique, et
ainsi serés vous des premiers à la bonne grâce de la
Signeurie, duquel je me recommande très humblement,
suppliant V. S. d'avoir quelque petit mot de response
pour l'appaisement de mon esprit doubteux d'où peut
venir ceste defFaveur que je n'aye eu lectres de Vostre-
dite Signeurie depuis 7 mois en ça. D'Anvers, en haste,
partant pour aler à Francfort, ce 30 aoust 1567.
84. — Plantin à Çayas.
Monseigneur,
Estant retourné de Francfort, ce premier d'octobre,
j'ay trouvé deux lectres de V. R. S., la première datée
du 2 et l'autre du 11 de septembre, chose dont je me
suis autant resjouy que de chose qui m'advînt onques
ou me pourroit advenir, d'autant que par icelles j'entends
la continuation de la bonne affection que portés à l'ad-
van cément de mon bien, honneur et profict.
Pour responce doncques de la première, j 'envoyé
Diogenes Laertius ' et Val[erîus] Maxpmus]', ainsi liés,
à mon advis, que V. S. les demande.
Quant à la seconde, touchant l'impression de la Bible
en 4 langues, il plaira à V. R. S. [entendre que] j'ay
tousjours entretenu le principal de mes correcteurs, qui
1 . Laertii Diqgenis de Fita et morihus phiîosophorum Uhri X. Plan-
tin, 1566, in-80.
2. VaUrii Maximi dictorum factorutnque memoràbiïium Uhri IX*
Plantin, 1567, in-80.
— 184 —
est mon gendre *, auquel estoyent autrement offertes
diverses bonnes conditions ; mais je me suis eflforcé de
luy bailler tousjours les mesmes gages ou profitz qu'on
luy a offerts, et ay tousjours continué d'entretenir les
compositeurs et ouvriers, à qui j'ay faict apprendre à
besogner en grec, chaldéen et hébrieu, et donner pré-
sents à ceux qui, avec le temps, me pourroyent servir à
l'impression dudict œuvre, afin de les pouvoir retenir et
avoir quand besoing en sera, et encores pour l'entretien
de six presses que j'ay tousjours entretenues besognan-
tes tous. Durant le temps de ces difficultés survenues,
j'ay este contrainct d'aliéner beaucoup de choses pour
avoir argent, si est ce qu'onques je n'ay voulu vendre
rien qui soit requis à l'impression de telle œuvre et
entreprinse, qui sera bien la plus belle qui fût onques
mise en exécution, principalement estant enrichie de ce
noble thrésor des deux volumes dont m'escrivés, et que
j'ay aussi délibéré d'y adjouxter, le Nouveau Testament
en langage syriach et le Thésaurus linguae sanctas R. P.
Santis Pagnini, lequel, comme autres fois j'ay rescrit h
Y. S., j'ay, passé sont jà quelques années, faict revoir
et amander à mes propres cousts et despends, et l'ay
tousjours voulu garder pour l'embellissement et enri-
chissement de ceste œuvre tant noble et nécessaire pour
l'utilité chrestienne '.
1. François Raphelengien.
2. Jean Isaac, professeur d'hébreu, à Cologne, avait revu le dic-
tionnaire de Santé Pagnino en 1 563-1 564. Ce savant habita chez
Plantin depuis le 10 novembre 1563 jusqu'au 21 octobre 1564. Avant
de publier, dans YApparatus de la Bible Royale, le dictionnaire de
Pagnino, Plantin le fit une seconde fois revoir par François Raphe-
lengien.
- i8s ~
Quant aux six mille ducats, desquels j'ay supplié
d'estre aidé par Sa Majesté, je ne les désire tout à la
fois, mais seulement mille ducats premièrement, pour
m'aider à faire le reste des frais qu'il convient faire pour
ladicte entreprinse, et principalement de la provision du
papier, et puis, estant la besongne en bon train, je dési-
rerois encores cinq cents ducats, et puis ainsi, de trois
en trois mois après, à chacunne fois autres cinq cents
ducats, continuant ainsi le payement, peu à peu, selon
que je irois ainsi continuant à monstrer les feilles faictes
à qui il plairoit à Sa Majesté ou à V. S. l'ordonner. Car
je ne désire, après les mille premiers ducats (dont je
suis prest d'obliger tout ce que j'ay ou bailler piège), de
recevoir aucuns deniers, sinon ainsi comme je continue-
ray à monstrer besogne faicte.
Q.uant au papier, j'ay proposé d'user de ces deux sor-
tes dont j'envoye ici 2 feilles de chacun.
Le plus grand d'iceux ferois je venir d'Auvergne et
m'a par cy-devant cousté le semblable, l'ayant achapté
sur le lieu et faict venir à Anvers, quatre florins et dix
patars la rame.Cesmy-ci seroit pour faire la moictié des-
dictes Bibles, je dy du nombre d'icelles et non partie de
chaicunne Bible, et ce pour ceux qui désirent plustost
avoir quelque chose d'excellent que d'y espargner l'ar-
gent. Et de ceste sorte de papier ici, ay je bien petit
nombre encores, mais j'ay la commodité assez d'en rece-
voir, après avoir [obtenu] argent, car je l'achapte au
comptant» L'autre moindre ferois je venir de La Rochelle
ou de Troye en Champagne et jà en ay je quelque 500
rames, lesquelles me coustent 57 patars la rame rendue
à mon logis. Les Bibles imprimées sur ce papier ici se-
roient pour le commun, qui n'est si cognoissant ou n'a
- i86 —
le moyen d'y employer tant d'argent, ou bien qui ne se
délectent pas à la belle marge du livre.
Quant au nombre des volumes,j'espérerois d'imprimer
lesdictes Bibles avec toutes les adjonctions cy-devant
mentionnées en huit volumes, lesquelles, toutes choses
calculées au plus près et le mieux que je puis, j'espére-
rois de pouvoir donner pour le prix de dix ou douze ou
(au plus haut prix) quinze ducats. C'est-à-dire que j'es-
time que je ne les pourrois pas donner ou vendre à
moins de dix ducats et aussi que le prix n'excédera pas
aucunnement quinze ducats.
Voylà, Monseigneur, ce que je puis escrire de certain
touchant l'impression desdictes Bibles, jà désirées de
maints grands personnages qui m'en escrivent souvent
et exhortent à persister en ma volonté et entreprinse, et
mesmes, escrivant la présente, je rèçoy lectres de M. G.
Poste), qui semblent m'esire escrites par iceluy à ceste
seule intention \ et pourtant que lesdictes lectres m'ont
este rendues si à propos, j'ay bien voulu (encores que
l'auteur soit tenu pour fantastique et resveur) les trans-
crire pour en envoyer le double à V. S. pour une espèce
d'allusion à mon espoir que j'ay testifié en ma dédica-
toire du Cathéchisme catholique ' à Sa Majesté, qui est,
1 . Les mots en italique sont barrés dans Toriginal.
2. Petrus Canisius, Summa Doctrina christiana, Plantin 1566,
in- 160. Nous lisons entre autres dans la préface de ce livre écrite
par Plantin et adressée à Philippe II : (iuem vero huic arti (calco-
graphise) cujus usus est divinus, abusus reip. pemicies, potiorem
praesidem et auspicem, tum etiam ducem atque imperatorem repe-
rire queam in toto hoc orbe,quam te, potentissirae Rex, cujus impe-
rium ad ipsos usque Antipodas infînitis maris atque terrarum spatiis
exporrigitur, et qui nomen Catholici a majoribus acceptum optime
tueris, et ab ipsa Italia, et Germania per totum occidentem ad pri-
— i87 —
que la vraye religion catholique sera restituée et dilatée
par toute la terre, sous l'autorité et prospérité de la cou-
ronne de nostre Roy très catholique, de sorte qu'on le
nommera à bon droit le Roy de l'Univers et ce à
honneur souverain de nostre Dieu et louange immortelle
de Sadicte Majesté.
Or, puisque encores ceste fois il a pieu à V. R. S.
me signifier que mes labours ne vous desplaisent, je
continueray hardiement dorénavant à envoyer de toutes
les feilles que imprimeray, ainsi que je le fay main-
tenant de tout ce que j'ay faict depuis les derniers livres
par moy envoyés avec Historia Aromatum '.
J'ay achapté à Francfort 20 rames de très fin duquel,
suivant vostre ordonnance, je délivreray, incontinent que
la marchandise sera arrivée, les six rames que V. S.
demande au signeur Hieronymo Curiel. Chaicunne des-
dictes rames de papier vient à couster, rendue en ceste
ville, quatre florins. S'il est autre service que je puisse
faire à V. R. S., la commandant, je m'y employeray
d'aussi bon cueur que, me recommandant très humble-
ment à V. R. S., je prie nostre Dieu vous donner
l'accomplissement de tous vos saincts désirs. D'Anvers,
ce premier d'octobre IS67, de
V. R. S.
le très humble serviteur
C. Plantin.
mos orientis solis cardines promoves : adeo ut speremus brevi, pro
ratione catholici nominis, totam mundi universitatem fore nominis
hujus audientem.
I. Aromatum et simpUcium aliqmt medicamentorum apud Indos
nascentium historia. D. Garcia ab Horto auctore : nunc vero primum
latina facta et in Epitomen contracta a Carolo Clusio Atrebate.
Plantin, 1567, in-80.
^ i88 -
Monseigneur, Afin de gagner temps et pour que le
premier courier ne fist difficulté de recevoir le pacquet,
j'ay mis les lectres et monstres de papier pour la Bible
en 4 langues à part et les livres et feilles de mon im-
pression en un autre *.
(A cette lettre était jointe la lettre suivante de Guillaume Postel à
Plantin.;
85. — Guillaume Tostel à Plantin.
Guilielmus Postellus, apostolica professione pauper
sacerdos, optimo typographo Christoforo Plantino
S. et summopere Christi regnum promovere.
Vix potest dici,Plantine,de tuafide mihi amantissime,
quantum voluptatis sincerae et verae conceperim ex
conspectu quantumvis solius speciminis a te editi de
magnorum Bibliorum sive editionis complutensis im-
pressione, quia video rêvera Deum, toto incogitante
mundo, sensim in Belgica regione complere nunc,
quod statim a creato mundo, aut saltem a tertia crea-
tionis die, cum fluctus omnino maximos totius spherae
aquas lotam terram undique submergentis removit et
terram in sublime propter hominem attoUens ad Septen-
triones, Deus pro primaria gente mundi instituerat.
Nam cum homo sit mensura onmium, et inter omnes
populos mundi sit necessario unus, a Deo nihil frustra
faciente aut permittente, praeordinatus ut ante et super
I. Il existe de cette lettre deux versions, de rédaction sensiblement
différente : Tune dans les minutes de Plantin, l'autre, dans les
archives de Simancas. Nous nous sommes contenté d'imprimer la
dernière, les variantes ne présentant rien d'essentiel.
— 189 —
omnes, Belga id est terrae dominans et vere fortissimus.
Opus est nunc ita restitui omnia secundum divinam
praeordinationem ut et ab operibus cognoscantur, veluti
a fr'uctibus arbor, qui rêvera voluntatem Patris aetherii
fecerint. Nam non ille primus populus aut filius qui fide
sola vineae çulturam Patri promisit, sed ille qui, licet
dixisset verbo se nolle, tamen opéra charitatis veras
plena vineam laboravit, secundum voluntatem Patris.
Quod itaque, nunc cum est septiraa et sabbathina
maximarum conjunctionum ï) et 1^. in capital! signo
Arietino fieri solitarum, in Belgio tam insigne opus sub
Philippi summi polemarchi et sub Charoli régis primarii
tempore incipcre velis et absolvere, imo Deus tibi nunc
dederit velle qui dabit perficere, idque in Belgio, mihi
persuadeo fore ut illud tam faustum et felix futurum sit,
ut, si id fiet ex consilio Christi intra nos agentis victo-
riam universi mundi sit reportaiurum et cordibus uni-
vers! sub hoc evangelio regni edomitis rationeque vera
ex fide vera dependente subactis, fiât unum ovile et unus
Pastor. Quod si Gallorum, quorum fortissimi sint Belgae,
et Hiberorum gens sit toto in orbe prima, ut certissime
demonstro in opère de Authoritate et Ratione summa
et in libro de Divinatione sacrarum prophetiarum : sic et
Habdias propheta clare promisit Gallis et Hispanis
regni pacifici promotionem. Typographia porro erit
lancea et gladius hujus victoriae et regni. Consilium
autem Christi intra nos agentis certissimum est positum
esse et patefieri duce ratione certa ex vera vetustissima-
que evangelii ipsius Jesu Christi fide illuminata et resti-
tuta in nobis, eo quod ipse Christus, qui fidem habere
non poterat ob divinitatem suam, quse mundi paternitas
est, rationem certissimam semper habuit quae cordi
naturae maternitatis et regni dux est, ut per illam nobis
imaginem sirailitudinemque imprimeret, et, cum obscu-
rarctur, restitueret. Anima enim nostra rationalis, quas
pars Dei infiniti immutabilis esse non potest, rêvera est
pars et substantia ipsius imaginis Dei, qu« semper
unita est imagini Deo qui consub'stantialis filius Deus
est.
Recta itaque illa ratio et lux vera illuminans absolute
omnem hominem venientem in hune mundum nobis
dicit debere Deum per sui verbi potentiam sic vincere
mundum sicut créât et gubernat mundum. Ratio itaque
vult ut cum Dei verbum ex hispanica complutensive edi-
tione prodierit idoncum latinae, hebraicae, chaldaicae et
grascoî linguae hominibus instruendis, sic editio Belgica
ipsum primum exemplar imitando sic superet, ut etiam
et maxima Ismaelitis,qui H cogniti olim orbis sui Corani
arabico veneno partem occupant, in sua etiam lingua in
eadem editione, saltem quod ad quinque Mosis libros et
ad totum Novum Testamentum attinet lumen evangeli-
cum recipiant : cujus utriusque partis cxemplaria fide-
lissima et in christianorum S3Tiacorum iEgyptiorum
ecclesiis usitata in banc rem attuli, quœ, si voles atten-
dere tanto operi, sunt in Dei gloriam comparata.
Ut autem tôt sint columnse in Novo quot in Veteri
Testamento, syriaca editio pro orientalibus christianis
erit addenda. Nam defectu librorum totus oriens périt.
Curandum ea de re non tantum ut Syro charactere ha-
beamus, sed ut propter Judasos transciibatur fidelissime in
avitam et sanctam picturam hebream, sic erit exemplar
in Novo Testamento. Licet autem in editione complu-
tensi non posuerunt Targum nisi super Pentateuchum
ob prolixitatem aut alia de causa, opus tamen erit addere
~ 19Î -
ad coarguendas falsas cum judaeorum tum hasreticoriim
interpretationes, sicut etiam cum inquisitionis hispauicae
judicio Carolus Qjiintus imperator Belga concesserat
Danieli Bombergas cum privilégie. Vide itaque, mi Plan-
tine, ut cum catholico rege per probos viros de re
tanti momenti agatur ut summi alioqui sui regni opes
honores addat ad eam fama^ toto in mundo summas
magnitudinem, cui et libri et characteres et matrices
typograpliicae sunt paratae,ut nuUa unquam toto in orbe
major victoria potuerit etiam sine sanguine in Christi
Jesu honorem, quem eu jus instrumentum Deus te esse
voluit, si rerum satagas, si typographi privati nomen
tantum est, quanta erit régis summum totius mundi
opificium per typographiam exequentis.
(Sunt multo plura de regum Gallias et Hispanias vo-
catione deque Jesuitarum ordine scripta in epistola ad
Johannem Federicum Lumnium * etc.)
R. D. Gabriel! Çayas.
Haec fesiinanti admodum calamo ex epistola Postelli
ad me (quam cum Domination! Tuae responderem,
révérende Çaya, accepi), excerpere placuit ad verbum,
non quod quidem hinc judicare aliquid velim, sed ut
Dominatio Tua examinet et indicet aut aliis judicandum
proponat. Is est vero Postellus qui sumptibus invictissi-
mi et serenissimi imperatoris Ferdinand! et jussu ejus-
I . Jean Frédéric Lumnius, né à Lummen, dans le Limbourg, en
1533, curé du Béguinage à Anvers, écrivit plusieurs livres de morale
religieuse. Plantin imprima de lui : en 1567, i<î Extremo Dei judicio
et jud^eorum vocatione libri duo ^ peur compte d'Antoine Tilens; en
1568, Evaugelica Strena ; en 1588, Thésaurus Christiani hominis ; en
1589, Van een gère for mecrt cljristeîijck leven te kyden.
— 192 —
dem curavit Viennae Austriae Novum Testamentum
syriaca lingua procudi et typis mandari. Qui vir, etiam
si fantasticus habeatur, multa certe ingeniosa neque
semper vana tractare videtur in suis operibus.
Vale et perpende pro voto omnia. Sciât vere D. T.
me nunquam quid de hac Bibliorum editione aperuisse
huic Postello ; proinde miror quod tam bene judicio D.
T. et nostro conveniat de addendo Targum et Novo Tes-
tamento syriaca lingua et regiae majestati catholicas
hoc munus convemre prsedicet et afErmet. Itcrum vale.
D. T. merito addictissimus.
C. Plantinus.
86. — Plantin à Çayas,
(Plantin commence par répéter les sept premiers alinéas de sa
lettre précédente, puis il continue:)
Voylà, Monseigneur, ce que je puis escrire de certain
touchant l'impression desdictes Bibles jà désirées de
maints grands et doctes personnages, qui m'en escrivent
souvent et exhortent à persister en ceste volonté. Ce
que devant est double, suivant l'argument et quasi les
paroles à mon advis d'une autre que j'escrivi hier et
envoyé à monsieur le maistre des postes, avec les livres
demandés et les monstres ou feilles de ce que j'ay im-
primé de nouveau ou que j'ay sous la presse.
J'espère de commencer, dedans huict ou 15 jours, le
cours de droict canon, fort bien et doctement annoté et
restitué tout le contexte aux lieux où par cy-devant
estoit et infra. Iceluy estant commencé, je ne faudray
d'en envoyer les feilles à V. R. S., puisque je suis
— 193 —
derechef acertené que désirés qu'ainsi je le face et conti-
nue pour mon bien et honneur.
J'espère de recevoir, dedans 5 ou 6 jours, le très fin
papier que j'ay achapté à Francfort, et lors délivreray les
six rames que V. S. demande au signeur Curiel, et, si
ledict papier arrive sans être endommagé,je ne prendray
rien davantage que cela qu'il me couste à Francfort, qui
est trois florins et trois patars chacunne rame et six pa-
tars que chacunne rame couste de port de Francfort ici.
Mais, si, à l'adventure, quelque fortune advient de
mouilleure, alors est ce nostre coustume de charger un
peu celle marchandise qui sera venue endommagée, afin
de ne perdre trop. Si est qu'à l'endroict de V. S. je ne
prendray pas davantage que le prix constant et ne délivre-
ray rien qui ne soit net, voire encores que tout le reste
vînt mouillé ou autrement endommagé. Et en toutes
autres choses qu'il plaira à V. R. S. de me commander
quelque chose, je seray trouvé prest et léal, d'aussi bon
cœur que je prie nostre Dieu vous conserver en santé et
augmenter en biens et honneur comme le mérités.
D'Anvers, ce 4 jour d'octobre 1367, par
Celuy qui souhaitte pouvoir faire service à V. R. S.
Christofle Plantin.
87. — Plantin au Cardinal Granvelle.
Monsigneur Révérendissime,
Incontinent que j'ay, le 5 du présent mois de juing
de ceste année 1567, receu les lectres qu'il a pieu à
Vostre Révérendissime Signeurie de m'envoyer de Rome,
— 194 —
le 7 de may, j'ay rescrit à Monsigneur le Provost *
qu'il m'envoye le livre du Signeur Fulvio [Ursino] pour
le commencer, afin de le mectre en œuvre et d'envoyer
bien tost la première feille à V. R. S. et de continuer
le reste en la plus grande diligence qu'il me sera possi-
ble. Car il ne me soroit estre commandé chose que je
fisse plus volontiers et de quoy je me tinsse mieux favo-
risé que de valoir d'estre employé à faire quelque service
à V. R. S., qui tant vertueusement s'est tousjours estu-
diée à l'advancement de la tranquilité, prospérité et
ornement du bien public, qu'à bon droict elle est révérée
de tous ceux qui souhaittent la paix en la chrestienté et
principallement en ces nobles paiis de par deçà, jadis
tant florissants sous le gouvernement de son prudent et
admirable conseil, par lequel j'espère les revoir de bref
redressés et confirmés en sa bonne et heureuse pollice,
que les maladvisés et outrecuidés cognoistront tellement
leurs fautes, que de mémoire d'homme n'entreprendront
chose qui tant soit peu puisse troubler le repos public
ne diminuer l'auctorité de Sa Majesté, ainsi qu'en eflFect
nous commençons d'en voir les apparences.
J'envoye ici à V. R. S. Tespreuve de la Bible en
quatre langues, et le double des lectres de Monsigneur
le Secrétaire Çayas, quant à ce qui concerne l'impression
desdictes Bibles, avec l'espreuve du commentaire sur
Tépistre ad Galathas du R. Cardinal Seripandii, que
j'espère d'avoir achevé devant un mois.
J'envoye aussi le double de mon privilège de Tempe-
reur que j'ay faict escrire en forme autentique, à l'imi-
tation duquel toutesfois je ne désire aucunnement de-
X. Max Morillon, prévôt d'Aire.
— 195 —
mander chose qui ne soit raisonnable, facile à obtenir
et profitable à la républicque autant qu*à mon particu-
lier, et mesmes me tiendray grandement honoré, favorisé
et pourveu d'un grand bénéfice par V. R. S., s'il lui
plaist .impétrer de Sa Saincteté que je puisse seul impri-
mer par deçà, les Bréviaires, Journaux, Missels, Cathé-
chismes et autres tels livres" duisables et nécessaires aux
ecclésiastiques, qui sont ou seront ordonnés par Sa
Saincteté d'estre imprimés, publiés, leus et tenus de
toute la chrestienté. Et si, par le moyen de V. R. S.,
j'obtiens ceste niienne requeste, je promects de m'em-
ployer tellement à les bien imprimer et en fournir ces
paiis de par deçà, que V.R. S. ne se repentira de m'avoir
pourveu de tel bien, que j'espérerois ne m'estre puis
après refusé de Sa Majesté en ses paiis de par deçà.
Que si d'adventure (ce que je ne pense pas), il ne
plaisait à Sa Saincteté de me favoriser un tel bien que
je peusse estre son très humble serviteur, particulière-
ment en cela, je supplie au moins à V. R. S. qu'il luy
plaise me faire tant de bien que de me faire envoyer le
Bréviaire nouveau, que j'ay entendu, par ung mien ami
qui se tient à Rome, que Paullus Manutius ' imprime
I. Paul Manuce, le célèbre imprimeur italien, fils d'Aide Manuce,
de Venise. Il naquit en 15 12, dirigea pendant sept années Timprime-
rie des Aides, en son nom et celui de ses cohéritiers, mais en devint
' Tunique chef en 1S40. En 1561, il s'établit à Rome pour y devenir
l'imprimeur des papes. Il obtint le privilège exclusif d'éditer les
Bréviaires et Missels revus par le Concile de Trente. C'est de la
cession de ce privilège, à Plantin, pour les Pays -Bas, qu'il s'agit dans
la présente lettre et dans les suivantes. Il quitta Rome en 1570,
résida dans différents lieux et revint mourir dans la ville papale, le 6
avril 1574. (Voir pour l'accord conclu entre Plantin, Paul Manuce
et SCS successeurs, concernant le privilège des Bréviaires et des Mis-
sels: Max Rooses, Christophe 'Plantitty chap. VII.)
— 196 —
maintenant par l'ordonnance de Sadicte Saincteté,de sorte
que (quoy que le port me deust couster à l'apporter par
la poste) je peusse avoir le premier qui seroit envoyé
par deçà, pour incontinent tascher d'en obtenir le privi-
lège, et de l'imprimer pour l'utilité des gens d'église qui
en auront besoing. Et, pour mieux venir à mon desseing,
il me sembleroit expédient qu'il pleust à V. R. S. faire
prendre de chés l'imprimeur telles feilles qui pour lors
de la réception de cestes seroyent imprimées et me les
envoyer incontinent, pour avoir le moyen de pourvoir
à ce que je désire touchant ladicte impression, cepen-
pendant que le reste s'acheveroit par ledict Signeur
Manutius et s'envoyeroit par après, choses que je m'as-
seure estre faciles d'obtenir et commander estre faictes
par V. R. S., et que j'estime devoir estre grandement
proffitables et honorables pour ces paiis, et d'honneste
moyen pour pouvoir entretenir ma famille et estât (qui
est grande et de grands cousts) et en quoy j'espérerois
tellement m'acquiter que jamais V. R. S. ne se rçpen-
tiroit de m'avoir faict ce bien, et de rechef obligé si
estroictement à prier Dieu, sans cesse, pour la prospérité
et santé d'icelle, et à perpétuellement demeurer (ce que
aussi je feray toute ma vie). '
De V. R. S. le
très humble, très obéissant
et très aflfectionné serviteur
C. Plan tin.
I . La minute de cette lettre ne porte pas de date. Dans le registre
de Plantin elle vient immédiatement après celle qu'il adressa, le 18
octobre 4567, à Paul Manuce. Il est clair toutefois qu'elle est anté-
rieure à cette dernière et la première ligne prouve qu'elle fut écrite
au mois de juin 1567.
— 197 —
88 — Plantin au Cardinal de Granvelle.
Monsigneur très Illustre et Révérendissime.
Les deux lectres de Vostre Signeurie très Illustre et
Révérendissime dont la première est du pénultième
d'aoust et l'autre de Tunziesme septembre m'ayant esté
délivrées le 13 du présent, je n'ay sceu y respondre plus-
tost.
Qpant au Bréviaire, je serois bien délibéré de contenter
le Signeur Paulus Manutius, par certaine somme d'ar-
gent, pour avoir le privilège de Sa Saincteté, si je me
pouvois asseurer d'en jouir seul es pais de la basse
et haute Allemagne. Mais je crains que cela ne me seroit
permis. Pour éviter donques toutes doubtes et proposer
audict Manutius chose qui luy pourra estre autant ou
plus avantageuse que les 300 escus qu'il demande, je
me suis advisé de luy offrir, pour ledict privilège, la disme
de tous les Bréviaires que je feray durant ma vie et la
sienne, suivant ledict privilège de Sa Saincteté qu'il
m'aura faict avoir. Ce que je promectray observer en
foy d'homme de bien, et chaicunne impression par moy
achevée, soit en grand soit en petit volume, je délivreray
incontinent, ici, à qui il luy plaira,ou envoyeray, là où il
ordonnera, la dixiesme partie de tout ce que j'auray im-
primé, et mesmes mectray, s'il plaist audict Manutius, ces
paroles en la première page : Excudebat sihi et T?aullo
Manutio Ch. VlantinuSy ou tout ainsi autrement qu'il
luy plaira, sans que ledict Manutius paye rien dans mes
frais- de papier ne d'impression de la disme desdicts
Bréviaires, sinon les frais de les faire transporter, en cas
qu'il voulust m'ordonner de les envoyer ailleurs.
Le Signeur Çayas, secrétaire de Sa Majesté, m'a de
— 198 —
rechef cscrit du 7 septembre que Sadicte Majesté avoit
résolu de me faire assister, en bref, à l'impression de la
Bible en quatre langues, ce que venant à estre effectué,
j'ay délibéré d'y employer tout mon pouvoir.
Si par la faveur de Vostre Illustriss. et Révérendiss.
Signeurie, il plaist au Signeur Michael Thomasius * nous
envoyer les œuvres de Lactance, je les recevray et im-
primeray très volontiers et adjouxteray ce bénéfice au
nombre des bienfaits de V. 111. et R. S. envers moy,
ainsi comme je feray de la copie du S' Padre Onoffrio'
contre les Centuries, et luy envoyeray, incontinent l'avoir
imprimé, un suffisant nombre d'exemplaires à Venise,
pour recognoissance de ses labeurs.
J'ay communiqué à mon compère Hiérosme Cocq '
l'intention dudict Padre Onoffrio, touchant les figures, et
rcmonstré que ce seroit chose de bonne vente ; mais il
m'a respondu absolutement, qu'outre ce qu'il estoit trop
1. Michel Thomasius, né dans Tîle de Majorque, enseigna le droit
à Lérida et à Bologne, étudia la philosophie et l'histoire et prit le
grade de docteur en droit canon. En 1S56, il devint conseiller et
secrétaire du roi d'Espagne ; il assista au Concile de Trente et fut
employé par Grégoire XIII à la correction du Decretum Gratiani ;
enfin il fut nommé évêque de Lerida. Parmi ses ouvrages, nous
remarquons les œuvres de Laotance, annotées par lui, que Plantin
publia en 1570. Granvelle doit l'avoir connu à Rome, au moment
où Thomasius travaillait à la révision du Decretum Gratiani.
2. Panvinius (Onuphrius), de l'ordre de S« Augustin, né en 1529
à Vérone, enseigna la théologie à Florence pendant un court es-
pace de temps, et vint se fixer à Rome, où il habitait chez le cardinal
Farnèse. Il écrivit de nombreux ouvrages, fort estimés de son temps,
et mourut à Rome, à l'âge de 39 ans. Plantin n'imprima point le
livre dont il s'pgit dans cette lettre.
3. Jérôme Cock, graveur et marchand d'estampes et d'objets
d'art, mort à Anvers, en 1570.
~ 199 —
occupé à autres ouvrages commencés, qu'il ne fut onques
d'advis de se mectre en compagnie d'aucun, principale-
ment si esloigné d'ici, comme est Romme.
Je poursuis le Virgile du Signor Fulvio Ursino
que j'espère d'achever ceste semaine et l'envoyer à V.
111. et R. S. par le prochain poste qui partira.
[18 octobre 1567]
89. — Plantin à Paul Manuce.
Signeur Paul Manutius, Estant sollicité de plusieurs
de vouloir imprimer le livre du Concile de Trente \ le
Catéchisme ad Parochos ' et autres livres par vous im-
primés, avec le privilège de Sa Saincteté, je n'y ay
oncques voulu entendre, en partie pour l'amitié que je
porte naturellement à vos semblables, gens doctes et
qui s'employent à l'advancement du bien public, tant
aux lectres qu'à l'impression correcte, belle et commode
pour ceux qui s'en doibvent servir, que pour la révé-
rence que je doibs aux privilèges de Sa Saincteté. Mais,
ayant par cy-devant maintefois imprimé le Bréviaire de
Saincte-Croix ' et autres livres de dévotion, et me sen-
tant conîme en possession de telles sortes de livres, et
me voyant incité de plusieurs personnages d'auctorité à
1. Canones et décréta Concilii Tridentini. Rome, Paul Manuce,
1564 et années suivantes.
2. Catechismus ex decreto Concilii Tridentini, ad Tarochos editus,
Rome, Paul Manuce, 1566 et années suivantes.
3 . Breviarium %<manum per Franc, Quignonium Card. Plantin,
1563 et autres années. Le cardinal François de Qjiignonez était titu-
laire de Sainte-Croix; de là le nom donné au Bréviaire composé par
lui.
— 200 —
observer les moyens comment je pourrois, sans avoir la
censure de Sa Saincteté, trouver le moyen d'imprimer
le Bréviaire * nouveau, que j'entendois estre soubs vos
presses, par l'ordonnance du Concile et de Sa Saincteté,
et ayant prins l'occasion de rescrire à Monsigneur le
très Illustre et Révérendissime Cardinal de Granvelle,
personnage digne d'estre admiré et vénéré de tous ceux
qui, avec la piété, font profession des lectres ou les
aiment aucunement, je luy priay très instamment qu'il
luy pleust de sa grâce m'impétrer de Sa Saincteté que
je peusse imprimer ledict Bréviaire, non tant pour ce
que je pensasse de pouvoir jouir seul dudict privilège
comme pour éviter lesdictes censures, èsquelles, pour
nul respect, je ne désire tomber.
Ledict Signeur s'estant de sa grâce et bénignité faict
informer des moyens de me satisfaire, m'a finalement
rescrit l'affaire despendre de vous seul, et qu'ayant faict
traicter avec vous de ceste affaire, estiés résolu de me
faire avoir le privilège de Sa Saincteté, moyennant que
je vous payasse trois cents escus. Laquelle condition
j'accepterois volontiers, si j'estois certain que chaicun
fust tenu d'user doresnavant dudict Bréviaire, et que
seul je peusse jouir es Allemagnes dudict privilège,
sans qu'autres imprimeurs, principalement es pais de
nostre Roy peussent imprimer ledict Bréviaire, ainsi
que je voy qu'ils ont faict et font journellement du
livre du Concile, du Catéchisme ad Parochos etc., que
je voy imprimés en autant de lieux qu'il se trouve
d'imprimeries, voire mesmes par divers imprimeurs en
I. Breviarium Romanum ex décréta sacrosancH Concilii Tridentini
restiitttum. Rome, Paul Manuce, i$68.
— 20I —
une mesme ville. Mais, afEn que je puisse demeurer en
la possession d'imprimer les Bréviaires, et par ainsi
satisfaire à plusieurs gens de bien qui en veulent avoir
de mon impression, et me sollicitent journellement de
me préparer à imprimer le nouveau, et aussi que je ne
vous puisse incommoder, je suis prest de vous donner
la disme de tous les Bréviaires que j'imprimeray suyvant
ledict Bréviaire nouveau, à sçavoir que de chaicun
mille de Bréviaires que j'imprimeray, j'en délivreray
cent exemplaires cemplets de toutes les sortes que -j'im-
primeray, et les délivreray incontinent, que chaicunne
impression sera achevée, à qui il vous plaira l'ordonner
en ceste ville, ou bien les envoyeray là où il vous plaira
l'ordonner, sans qu'en payiés autre chose que les frais
des emballages et port au lieu où les voudrés faire
transporter, et mesmes, si bon vous semble, je mettray
aussi en la première page : Imprimebat siH et Paullo
Manutio Christophorus PlantinuSy ou ainsi que mieux
autrement vous semblera pour vostre honneur ou advan-
tage.
Que si ledict Bréviaire doibt avoir cours général et
que je puisse jouir seul dudict privilège d'iceluy, j'es-
père voire et m'asseure que telle disme vous vaudra
bien, la première année, cinc cents escus. Car j'aurois
délibéré de l'imprimer incontinent à quatre presses, en
divers formats et charactères, et, tant plus de sortes et
de fois que je l'imprimerois, tant plus seroit ce vostre
profEct, et serois d'autant plus diligent aussi de faire
observer les privilèges, tant de Sa Saincteté que de
nostre Roy, vers lequel j'espérerois trouver adresse par
la faveur de mes bons signeurs et amis, desquels je tiens
monsigneur le très Illustre Cardinal de Granvelle le
— 202 —
principal et mieux affectionné envers tous ceux qui
traictent ou manient la piété et les estudes vertueuses.
Voylà, Signeur Manutius, ce qui m'a semblé bon de
vous proposer. Que si ceste condition ne vous plaist,
je suis encores bien délibéré de vous accorder le paye-
ment des trois cents escus que demandés, à payer vingt
et cincq escus à chaicunne fois que j'auray achevé d'im-
primer mille exemplaires desdicts Bréviaires et jouy du
privilège, et de continuer ainsi jusques à la fin du
payement desdicts 300 escus, ou bien, si vous vous
advisés d'autre condition raisonnable et équitable, sui-
vant laquelle je puisse m'asseurer de retirer, par l'im-
pression desdicts Bréviaires, les payements qu'il me
conviendroit vous faire, je suis prest et appareillé d'y
entendre, car je vous certifie que je ne désire vous dés-
avantager aucunnement, mais bien vous faire tout ser-
vice et advancement en toutes manières qu'il me sera
jamais possible, pourveu que ce soit sans mon dommage
évident. Parquoy vous pouvés bien asseurement me
faire envoyer le privilège et la copie dudict Bréviaire,
vous promectant par cestes, en foy d'homme de bien,
que je vous seray autant loyal et fidèle que je désire
qu'on le soit envers moy. Le tout sans fraude ou mal
engin quelquoncques.
Qiii sera l'endroict, Signeur Manutius, où ayant pré-
senté mes humbles recommandations à vostre bonne
grâce, je prie Nostre Signeur Dieu vous maintenir et
avancer en la sienne. D'Anvers, ce 18 octobre 1567.
— 203 —
90. — Plantin à Fulvius Ur sinus. *
(Plantin envoie à Fulvius Ursinus la première feuille imprimée de
son Virgilius coîlatione scriptorttm gracorum iïlustratus. Il se déclare
prêt à imprimer les petits poètes gracs que le philologue romain a
promis de lui envoyer.)
Molto magnîfico mio Signore.
Honorando Signore, Essendo di ritorno da Bruxelles
(dove io era andato por ricever qualche littere mandate
dal Illustrissimo et Reverendissîmo Cardinal di Granvela),
ho trovato la vostra di vi di juglio mandata per le mani
del Illustrissimo Signore Galleazzo Farnese, a laquai
haverete questa brève risposta, cioè que vi mando uno
foglio de stesso quello che fina hora si ritrova stampato
délie vostri annotationi in Virgilio, a lequali spero
andar drieto, fina a Taccomplimento dessi. Pregando la
Vostra Signoria di pigliare et carescher il mio labore
d'una affectione non minore che ho da far servitio a la
Vostra Signoria,laqual me fara cossa gratissima di avisar-
mi quello che dispiacera, a ciô che. secondo il aviso, mi
possa in el resto governar tanto di questo che altro che
placera a la Vostra Signoria de mandarmi.
I. Fulvius Ursinus (Orsini), né à Rome le 2 décembre 1529, cha-
noine de S^ Jean de Latran, bibliothécaire des cardinaux Rainuce et
Alexandre Farnèse^ mourut le 18 mai 1600. Plantin publia de lui :
en 1567, Virgilius coîlatione scriptorum gracorum iïlustratus (une
partie de l'édition porte la date de 1568); en 1568, Carmina novem
illustrium femimrum ; en 1570 et 1574, Julius Casar ; en 1581,
'hiota in omnia Ciceronis opéra; en 1582, Ex lihris Polybii de lega-
tiontbus. Jean Moretus publia: en 159S» Fragmenta historicorum et
Nota ad Sallustium\ en 1S98, Illustrium imagines qua exiant
%oma major pars apud Fulvium Ursinum, Th. Gallaeus delineabat
Romae, incidebat Antverpiae.
Expectando di mo innanzi con grandissima afFectione
quelli fragmenti delli nove lirici et le nove poétesse con
li due poète bucolici et li due elegi, che me scrivette
mettar in bello '. Essendo con la V. S. de Topinione
di stamparli subito che li havero ricevuti in quella forma
de i6** como scrivette. Et si in altro pos^a far servitio a
la S. V. commandandomi, sero prompto.
Il humilissimo vostro servitor
et amigo
C. Plantinus '.
91. — Plantin à Çayas. *
Monsigneur,
Encores qu'en la faveur de V. R. S., monseigneur le
maistre des Postes m'ait, à chaicunne fois qu'il m'a veu,
offert de faire plaisir, si est ce que je n'ay pas osé,
maintenant que j'entends la difficulté des passages, le
charger du reste des feilles des livres envoyés par cy-
devant à Vostredicte Signeurie, le premier jour d'octobre
et après. Il me suffira donques pour le présent d'advertir
V. R. S. que j'ay délivré au signeur Hiérosme Curiel
les 6 rames du très fin papier de Francfort, demandées
par vos dernières,et que j'ay receu dudict signeur Curiel
1. Carmina novem illustrium feminarum,,, et îyricorum, Eîepa
Tyrtai et Mimnerni.Bucolica 3ionis et Moschi. Latino ver su a Laurentio
Gamhara expressa, Cleanthis, !\Coschionis aliorumque fragmenta. Ex
hibliotheca Fulvii Ursini %omani, Plantin, 1568, in-80.
2. Minute de la main de Jean Moretus.
3. D'après la copie conservée aux archives de Simancas, dont la
rédaction diffère assez notablement de celle des minutes.
— 205 —
trois florins et demy pour chaicunne rame qui est en
somme 21 fl. et le mesme prix que l'achapt et la voie-
ture dudict papier m'a cousté rendu en ceste ville, ceste
fois la voicture m'en ayant cousté quelques patars plus
que je n'avois pensé.
J'ay aussi, dès le premier du mois d'octobre dernier
passé, délivré à monsigneur le maistre des postes les
livres demandés par V. R. S. et premièrement respondu
par lectres doubles aux vostres,touchant l'impression de
la Bible en quatre langues, que je ne demandois à rece-
voir les 6000 ducats sinon à diverses fois ; à sçavoir,
premièrement mille ducats et puis de trois en trois
mois 500 ducats à la fois, selon que je montrerois la
continuation de la besongne et recevrois le papier,
duquel aussi j'ay, avec mes lectres, envoyé les monstres
et les prix de chaicunne à V. R. S, et pacqué mesdictes
lectres et monstres de papier hors le pacquet des livres,
de peur que, pour la grosseur des pacquets, les lectres
n'eussent par adventure esté retardées.
Par le premier qui partira, j'espère d'envoyer à V. S.
le reste des livres dont, par cy-devant, j'ay envoyé les
commencements et avec icelles les commencements des
autres livres que j'auray mis sous la presse. Cependant
je prie Dieu qu'il plaise nous conserver V. R. S.' en sa
saincte grâce et moy en la vostre. D'Anvers, ce 2 de
novembre 1567.
De V. R. S. le très humble et très affectionné ser-
viteur.
C. Plantin.
— 2o6 —
92. — Vlantin au cardinal de Granvelle.
Très Illustre et Révérendissime Signeur,
J'ay receu la copie et lectres du Signeur Fulvio
[Ursino] qu'il a pieu à V. I. et R. Signeurie de m'en-
voyer et eusse incontinent commencé à Timprimer,
n'eust esté que, ayant achevé l'œuvre dudict Signeur
sur Virgile, j'ay commencé un autre livre qui est :
Observationes seu emendationes varioe Leopardi ',
lequel, si je voy que je ne puisse achever environ ce
nouvel an, je le différeray pour commencer et poursui-
vre jusques à la fin l'impression de ceste copie receue,
selon l'ordonnance dudict Signeur Ursino et j'envoyeray
incontinent une espreuve à V. I. S.
J'ay envoyé la semaine passée 2 exemplaires de
l'œuvre sur Virgile à Monsigneur le Provost ' pour les
envoyer à V I. S. et maintenant j'en délivre encores 2
de Diogenes Laertius * à Monsigneur le maistre des
Postes, suivant l'ordonnance de V. I. S., laquelle,
comme j'espère, aura maintenant receu pour le moins
l'une de mes deux lectres contenantes la volonté que
j'ay d'accepter, à conditions équitables, le parti du Si-
gneur P. Manutius, touchant le privilège du Bréviaire
nouveau, duquel le clerc de Monsigneur le Président
1 . PauU Leopardi Isembergensis Furnii, emendationum et misceUaneo-
rum libri viginti. Tomus prior, decera libros continens. Plantin,
1568, in-40. Les 8 premières feuilles de ce livre avaient été impri-
mées par Hubert Goltzius à Bruges. Plantin les acheta, en i $66, au
prix de 36 florins et continua Timpression.
2. Max. Morillon.
3 . Laertii Diogenis de Vita et moribus phiîosopJjorum libri X opéra
Joannis Samhuci, Plantin, iS^^i in-80.
— 207 —
Viglius *, estant venu de Bruxelles vers moy pour me
payer quelques parties de livres et papiers pour mondict
•
Signeur sqn maistre, m'a dict avoir entendu qu'aucuns ont
desjà sollicité et sollicitent encores f)ar deçà le privilège,
afin de prévenir tous autres ; mais que mondict Signeur
le leur a refusé jusques à l'exhibition de l'exemplaire
qu'ils disent avoir. Quant à moy, il me sufEroit, pour-
veu que le Signeur Manutius ne fust intéressé, que je
peusse avoir la licence de le pouvoir imprimer, sans
prétendre qu'un autre que moy ne le puisse imprimer.
Car je ne veux empescher aucun de son profict, mais
bien désirerois je grandement de n'estre frustré de pou-
voir satisfaire à plusieurs de mes amis qui journellement
requièrent les livres de mon impression et m'importunent
journellement de tascher à [manque la fin].
93. — Vlantin au Cardinal de Granvelle.
Très Illustre et Révérendissime Signeur,
Incontinent avoir achevé d'imprimer l'œuvre très
docte du Signeur Fulvio Ursino, j'en ay faict relier 2
exemplaires, dont j 'envoyé l'un à Vostre Illustrissime et
Révérendissime Signeurie, la suppliant très humblement
de l'avoir pour aggréable et d'excuser les fautes et la
nécessité que j'ay eue de papier tel que je l'avois désiré
4. Viglius (Wiger) ab Aytta de Zuichem, né au château de Barra-
huys, près de Leeuwarden en Frise, le 19 octobre 1507. Étudia le
droit et entra ensuite dans les ordres. Il fut professeur de droit à
Bourges, à Padoue et à Ingolstadt, devint prévôt de St Bavon à
Gand, chancelier de la Toison d*or, président du Conseil privé et du
Conseil d'État. Il mourut le 8 mai 1577.
— 208 —
imprimer, d'autant que les troubles advenus m'ont
frustré de la commodité paravant accoustumée. laquelle,
grâces à Dieu, j'ay recouverte depuis 3 jours en çà.
Il plaira aussi à V. I. et R. S. d'excuser les macules
qui sont advenues pour avoir ledict livre esté relié trop
fraischement et hastivement. Ce qui a esté faict pour ne
perdre l'occasion de ceste poste, me persuadant en ces
choses qu'il vaut mieux faire tost ce qu'on peut que
d'ennuyer les personnes d'une longue attente sous
espoir d'une plus grande....
Quant à la dédicatoire, personne de nous ne trou-
vant bon de préposter leurs noms aux œuvres d'autruy,
Messigneurs Polytes et Pighius m'en ont, comme au
foible le fardeau, baillé la charge, de laquelle je me con-
fesse incapable, d'autant que je ne fais pas profession
des lectres, mais seulement d'estre l'un des clercs ou
copieurs des gens sçavants. Et pourtant j'espère que
Vostre Illustrissime et Révérendissime Signeurie, selon
sa grâce et bénignité accoustumée, ne prendra pas de
mauvaise part que j'aye osé recevoir ceste charge à
moy imposée et m'en suis acquité selon la force de
mes espaules '. Ce qu'entendant, je m'en resjouiray
grandement et mectray telle faveur au rang des bénéfices
par moy receus. Or, estimant bien que V. I. S. aura
receu pour le moins l'une de mes lectres responsives
touchant l'offre que je fais de payer à P. Manutius, pour
le privilège du Bréviaire nouveau, et aussi d'imprimer le
Lactantius recogneu et annoté par le S*^ Michael Tho-
I. La préface du Virgilius de Fulvius Ursinus, en forme de dédi-
cace au Cardinal de Granvelle , est écrite par Plantin. L'imprimeur
inséra également dans les liminaires un avant*propos de sa rédaction
adressé au lecteur.
— 209 —
masius et des livres de Padre Onoffrio, avec offre de
recongnoissance, je n'en répéteray ici autre chose, sinon
que je supplie de rechef à Vostre très Illustre et Révé-
rendissime Signeurie m y avoir, comme avés coustume,
pour recommandé, et je me tiendray à jamais obligé
de prier Dieu pour l'heureuse prospérité d'icelle. D'An-
vers, ce 22 novembre 1567.
94. — Plantin à Çayas.
Monsigneur Çayas,
Me persuadant que Vostre Magnifique et Révérendis-
sime Signeurie aura maintenant reçeu pour le moins
l'une de mes trois précédentes contenantes la résolution
*
que j'ay peu donner du coust du papier et des Bibles
entières es quatre langues, je n'en feray ici autre répé-
tition. Et sera ceste pour acertener V. R. S. que j'ay
receu le livre de Monsigneur le Docteur F. Mena, mé-
decin de Sa Majesté, lequel il vous a pieu m'envoyer^
et qu'après avoir obtenu le privilège de le pouvoir im-
primer, j'en envoyeray, par le premier qui partira, une
espreuve de l'œuvre commencée. '
Cependant j'envoye à V. R. S. les restes des livres
dont par cy-devant je luy ay envoyé les commencements,
et davantage quelques feilles d'un livre d'exemples de
lectres françoises que j'ay ordonné pour la commodité
des pauvres enfants qui n'ont le moyen d'estre entre-
I. Ferdinandi f^ena, docioris et medici cuhicuîarii Thilippi régis
Hispaniaratn, Methodus febrium omnium, Plantin^ 1568,111-40.
14
— 2IO —
tenus aux escoles '. Pour auquel livret donner auctorité
envers le vulgaire (ainsi que la face et nom royal donne
valeur à la monnoye), j'ay délibéré de préposer quel-
ques petits vers, au nom de la grandeur de nostre
Prince très souverain, fils de Sa Majesté, afin d'induire
ainsi peu à peu la jeunesse croissante à recongnoistre,
révérer, admirer et aimer ce nostre Prince souverain,
héritier légitime des royaumes, signeuries, et qui plus
est des vertus héroïques de nostre grandissime Roy très
chrestien et très catholique et aux justes commande-
ments duquel, par conséquent, ils devront un jour fidè-
lement obéir.
Or me tiens je comme asseuré que plusieurs estime-
ront, jugeront et condamneront telle faceon de faire,
d'oser, comme ils diront, prophaner, par impression, le
nom d'un tel Prince en une chose totalement enfantine.
A quoy je pourroys, entre autres arguments, respondre
que, si tels considéroyent, à droict, combien il importe à
un Prince, pour le gouvernement de ses paiis, comment
la pauvre jeunesse y soit instituée et duite, dès l'enfance,
à aimer, révérer et prester toute obéissance à ceux sous
l'auctorité desquels ils sont eslevés et nourris, quelle
chose y soit imprimée et quelle est pour l'instruction
décidée, ils trouveroyent, à mon advis, que l'instruction
des pauvres enfants, par laquelle on leur donne l'adresse
I . P. Heyns. ABC oft exempîen om de kinderen hequamélick te leertn
schryven. Id. ABC pour apprendre à escrire en françoiSy Plantin, 1 568,
in-80 oblong. Dans la lettre adressée à Çayas, le 15 décembre 1567,
on verra que Plantin abandonna ce projet et n'inséra pas, dans le
livre d'écriture, la pièce de vers dont il parle ici. L'ouvrage ne ren-
ferme que quelques vers signés par Plantin, dans lesquels il n'est fait
aucune allusion au fils du roi. (Voir sur ce livre F. Van der Hae-
GHEN, Tibîiotheca 'Beîgica, U, 52.)
— 211 —
à devenir bon peuple et à se contenir et contenter de
chaicun son estât, ni le faict de Timprimerie, par laquelle
on publie la doctrine aux absens ou qui n'ont le moyen
de se trouver assiduellement aux eschoUes, ne sont de
moindre importance pour la grandeur d'un Prince,
asseurance, tranquilité et heureuse prospérité de ses
paiis et subjects que les enseignements des disciplines
plus graves, ou le battement des monnoyes pour le
trafEc public, ausquelles, tant s'en faut qu'il y ait celuy
qui tourne à profanation ou vitupère de la majesté d'un
prince que son nom soit imprimé, voire aux plus villes
ou de moindre valeur que ceux mêmes, qui s'ingéreroyent
d'en faire autrement, seroyent accusables et à bon
droict punissables de crime de laese-maj esté. Nonobstant
lesquelles raisons, toutesfois je n'oserois pas entreprendre
de faire telle chose, sans l'appuy que je prends sur vostre
Magnifique et Révérende Signeurie qu'icelle, par sa
prudence^ m'impétrera de Sa Grandeur la grâce et faveur
que telle chose ne soit mal prinse, ou bien m'advertira
incontinent que je ne le face. A quoy j'obéiray volon-
tairement et d'aussi bon cueur que je prie Dieu conti-
nuer envers V. R. S. sa saincte faveur et grâce, et m'en-
tretenir en la vostre. D'Anvers, ce 24 novembre [1567].
— 212 —
95- — Tlantin à Ferdinand !\Cena^ *
(Il se déclare prêt à imprimer le livre du D^ Ferdinand Mena.)
Qarissimo Doctissîmoque Viro Dno Ferdinando Mena
Regias Majestatis medico fîdelissimo et Complutensis
Scholae primario Plantinus. S. D. P.
Quod vir ille doctissimus, prudentissimus et piissimus
Çayas me tantopere commendavit, est, quod illi gratias
quando referre non possum, habeam maximas tibi vero
tuisque similibus, hoc est clarissimis excellentissimisque
in omni disciplinarum génère viris, perpetuo devinctum
et in aère vestro me semper esse cogitem et cognoscam :
utrumque vero iibenter faciam quamdiu vixero adnitarque
sedulo ne animi ingrati nota mihi jure unquam inuratur.
Idque ut apud te probarem, libro tuo' accepto, spécimen
ejus (etsi medica hic haud féliciter distrahantur) illico
edere et ad te mittere volui, ne dilatio aliquid de gratia
diminueret. Exemplar vero ipsum Bruxellas, quod nobis
de quibuscumque libris novis faciendum est semper,
ad privilegium impetrandum misi. Isthinc vero ubi
recepero, serio opus tuum aggrediar et, Deo favente,
ad finem usque, quanta potero diligentia et fidelitate,
perducam et favore nostri Çayae erga magistrum, quod
aiunt, postarum innixus ad vos mittam. Tuum vero erit,
vir, clarissime, nostrum officium boni aequi consulere et
tuum Plantinum, quamdiu non indignum judicabis,
amare. Vale.
(Lettre sans date, écrite sur un feuillet détaché.)
1 . Ferdinand Mena, médecin de Philippe II et professeur à l'Uni-
versité d'Alcala.
2. Ferdinandi Vi^enay V\€ethodus febrium omnium. Plantin, 1568,
in-40.
— 213 —
96. — Plantin à Çayas.
Monsigneur, Par mes dernières, j'ay adverti V. R. S.
que je luy avois, par deux fois, respondu aux siennes
touchant le papier, dont aussi j'ay envoyé les monstres
et les cousts de la Bible en 4 langues et donné advis de
la réception du livre du Sig** Ferdinando Mena, lequel
ayant commencé d'imprimer, j'envoye ici la monstre,
avec espoir de le continuer, parachever et envoyer de
bref tout imprimé, avec autres choses nouvelles. J'escri-
vois aussi à V. R. S. que j'avois faict et ordonné quel-
que livret d'exemples, propre pour estre donné aux pau-
vres enfants qui ont bien le désir d'apprendre à escrire,
mais n'ont ou le temps ou la puissance de fréquenter
les bonnes escholes, devant lequel livre imprimerois
volontiers quelques petits vers addressés à la grandeur de
nostre Prince, fils aisné de la Majesté de nostre Roy très
catholique et très chrestien. Maintenant, j'envoye ici les
vers susdicts, ainsi que je l'avois proposé.
Qjaant à la matière ou argument du livret, je sçay
que ce n'est pas chose qui soit digne ni correspondante
à ce qui apartient à tel Prince ; mais aussi, n'est pas
le métal ou plomh de vil prix, auquel toutesfois on
imprime bien la médaille des Roix pour le faire valoir
entre les hommes et s'en servir, puis après, à l'achapt de
leurs nécessités ? Et ainsi est la monnoie estimée, non
pour sa valeur, mais pour l'auctorité de celuy, au nom
duquel elle est battue, par son commandement, sans
lequel tout est réputé pour faux et sont ceux dignes de
punition qui autrement s'en meslent. Et quant à moy,
j'ay tousjours estimé que l'institution de la jeunesse
d'un paiis et tout ce qui en despend, comme sont
— 214 "~
l'escriture, rimprimerie et les livres, est bien d'autant
grande importance, pour le prince, que la monnoye
mesme ou autre chose qui soit. Et de ma part j'ay
tousjours tasché de faire chose qui peust servir à cet
effect. Mais, d'autant que je cognois l'envie et babil de
plusieurs qui se pourroyent moquer de moy d'avoir
osé préposer et quasi, comme ils vont dire, profaner le
nom d'un tel prince, en choses si puériles, et aussi je ne
me sens capable de faire chose qui soit digne d'estre mise
en lumière ne garantie sous telle authorité, je me suis
résolu de supprimer ceste mienne entreprinse et de don-
ner simplement ledict livret aux enfants. Après toutesfois
avoir envoyé à V. R. S. ces 6 exemplaires desdicts vers,
dont je n'en ay pas imprimé davantage et ne les divul-
gueray aucunement, sans vostre exprès commandement,
de peur qu'en pensant auctoriser mon livret de l'aucto-
rité de tel nom, je n'encourusse la maie grâce de plu-
sieurs et peut estre de Sa Grandeur.
15 décembre 1567. A. Cayas.
97. — TIantin à Çayas.
Monsigneur^
Depuis mes dernières, avec lesquelles j'ay envoyé la
première feille du livre de médecine de monsigneur le
Docteur Mena et quelques feilles de l'Alphabet que j'ay
ordonné et imprimé pour le soulagement des pauvres
enfants qui n'ont le moyen de fréquenter les bonnes
eschoUes, j'ay achevé ledict livret dont j'envoye ici le
reste des feilles à V. R. S., laquelle je supplie de pren-
dre en gré ceste mienne affection envers V. R. S. que
— 2IS —
j'ay voulu tcsmoigner en la dédicatoire de ce Martial
pudique', lequel je renvoyé des pais de par deçà aux
heureuses Espagnes sous vostre protection. Et enten-
dant que tel mien office ne vous desplaise, je seray
esguillonné à continuer d'autant plus constamment mon
labeur assidu, que j'ay dédié à l'honneur de Sa Majesté
et à l'utilité de ses subjects. J'envoye aussi à V. S.
Flores Bibliorum ' et l'entier Martial ', comme par son
premier aucteur il nous a esté forgé, le tout sans relier,
d'autant que les ayant achevés tous ce jourdhuy, je
n'ay eu le loisir de les faire lier, ce que je feray,
et les envoyeray, incontinent après, encores une fois,
avec cela que j'auray imprimé davantage au livre de
Mons. le Docteur et achevé de nouveau. Cependant,
Monsigneur, etc. Le 24 décembre 1567.
Première feille de Mena. Les feilles de V*Alphabet.
Mart. 8**. Id. i6«. Flores Bpbliae]. Colloquia Sylvii *.
Themis *, Hortulus *•
1. Falerii ^arliàUs Epigrammata ab omni rerum chscœnitaU verbo-
rumque turpitudine vinéUcata opéra Emundi oiugerii 5. /. Plantia,
i$68, in-80. Ce livre fut dédié par Plantîn à Çayas.
2. Flores Biblia a F, Tboma Hihernico castigaii, Plantia, 1568,
in- 160.
3. thC. VàUrii MartiaJis Epigrammaton lihri XIL Studio Hadriani
JuniL Plantin, 1568, in-iô»,
4. Joannis Silvii Diaicgi et Cannina, Plantia, 1568, in-80.
5. Steph. Pighii Tfiemis Dca, 1568, in-80.
6. Hortuitu anima, in-ié». Plantin, 15^7» iS^^» etc.
— 2l6 —
98. — Tlaniin à Gilles "Beys.
Giles, J'ay receu vos lettres et les 100 Oraisons funè-
bres de feu Mons' le Connestable, pour lesquels j'ay payé
1 5 patars de port. Et nottés que, si vous eussiés envoyé
autant de chaicunne sorte des nouveaux édits qu'ils
eussent esté moyen de recouvrer le peu de perte qui
est sur lesdictes Oraisons qu'il [ne] m'a esté possible
de vendre à plus de demy braspenning la pièce, encores
a il faillu prier Waesberghe et Keerberghe * et tels qu'ils
les voulussent faire porter à la bourse par leurs garsons,
encores quelque 20. Si aviés le moyen de nous envoyer
quelque petit balot des sortes que voyés spécifiées en ce
mémoire, je le désirerois fort bien. Vous y pourés advi-
ser et en faire comme pourés et adviserés, et mesmes
vous les pouvés, ce pendant, amasser peu à peu, pour
après les envoyer, quand l'oportunité s'y addonnera.
Quant à moy, je vous envoyeray aussy ce qu'avés
demandé et ce dont n'avés pas eu, quant j'auray le
moyen et advis que les chemins soyent plus seurs. J'ay
entendu les piteuses nouvelles de la prise de ce peu que
je vous envoyois avec les marchandises de Gassen, ce
qui me fera penser deux fois, icy après, avant que d'en-
voyer rien.
Si est ce que, si j'eusse envoyé un tonneau ou ballot,
où il n'y eust que de mes livres, j'entens qu'il n'y eust
eu difficulté à prendre pacience. J'attens encores com-
ment Jehan Gassen en poura avoir faict.
(iuant aux tonneaux envoyés de Francfort, je les ay
délivrés audit lieu de Francfort en la conduitte de Jehan
I. Deux imprimeurs anversois.
— 217 '^
et Thibaut Marlots, conducteurs ordinaires des mar-
chandises, tant d'ici, de Lion, de Francfort que de
mains autres lieux, places et contrées. Parquoy, j'estime
que lesdictes marchandises seront encores bien gardées
et vous seront délivrées, quant la comodité propre s'y
ofirira.
Michel Somnius ' a rescrit par deçà à Antoine Tilens '
pour avoir la copie de Quadragesimale Topiarii qui
sera bien tost prest à imprimer. Mais nous avions dès
long temps accordé ensemble qu'il ne l'envoyeroit
point audit Somnius pour en avoir par delà privilège,
mais que cela seroit pour moy ; parquoy ledit Antoine
Tillens luy a mandé qu'il en accorde par delà avec vous,
car je l'imprimeray et vous l'envoyeray pour en prendre
le privilège. Qjie si ledict Somnius vous en parle, regar-
dés de tascher à entretenir pour le moins paix avec luy
(et tous ceux aussi que vous pourés) et pourés accorder
ensemble qu'ayés vous deux le privilège, de sorte que
vous deux seuls les puissiés vendre, et, selon qu'en
accorderés, mandés le moy, et, -par son contentement, je
mettray son nom et le vostre en la première page, ou
en feray comment pour le mieux vous en aurés advisé
et conclud ensemble. Q)ie s'il veut contexter et soutenir
qu'il ait desjà le privilège, vous luy pourés respondre
qu'il peut bien avoir le privilège de la première copie
qu'il a faict imprimer, mais qu'il sçait bien luy-mesmes
que ce n'est pas (si non quelque petite partie du com-
mencement) dudict Topiarius, mais des Tables de Vel-
dius, imprimées à Venise, in-8'', et que cela ne peut
1. Michel Sonnius^ imprimeur à Paris.
2. Imprimeur anversois.
— 2l8 —
préjudicier à la vraye copie dudict Topiarius, qui
mesmes (si besoing est et fût ledict Sonuius trop dur à
accorder) en rcscriroit à Mess" de la Téologie, à Paris,
et à quiconques en seroit besoing pour la vérification de
nostre droit, car nous luy payons bien raisonnablement
son travail etc. Pour conclusion, il seroit bon que peus-
sions accorder amiablement avec ledict Somnius que
puissiés vendre par delà, ainsi comme luy, toutes les
sortes dudict Topiarius. Et plus tost que de n'accorder
ensemble, je luy promecterois que son nom y fust
seul, en la première page, et point le vostre, ni le mien,
à telle condition aussi qu'il vous baillast lectre de sa
main, par laquelle il confessast qu'ayés pouvoir d'en
vendre aussi bien comme luy. Que s'il en veut avoir
milleure seureté, vous les pourés mesmes faire imprimer
à Paris, à communs frais et despens, et en vendre
chaicun sa part, ou autrement, ainsi que verres bon par
ensemble, à condition toutefois que l'un ne le poura
faire rimprimer que l'autre n'ait tout vendu ses exem-
plaires et duquel il sera, si bon luy semble, tenu d'en
prendre cependant à tel prix ou rabat qu'ordonne rés
réciproquement l'un envers l'autre. Voilà mon ad vis :
auquel s'il ne veut pas condescendre, nous adviserons
de trouver autre moyen, qui nous sera facile, d'autant
que nous avons l'aucteur par deçà qui nous favorisera.
Mais je prise beaucoup paix et accord, et vaut mieux
gagner moins en paix que plus en fâcherie.
Ayant escrit la présente jusques ici, j'ay receu les
vostres du 2 5 du passé et entendu p^r icelles vostre con-
tinuation et bonne santé, dont j'ay esté joyeux. Qiiant à
la vente, il me suffit pour le présent que puissiés vous
entretenir et contenter un chaicun, comme Balling et
^ 219 —
autres. Or me plaisent fort les lettres ou cadeaux receux
et jà imprimées, ainssy qu'eussiés veu, si eussiés peu
recevoir ce qui a esté pillé auprès d'Amiens. Et pourtant
que j'ay lectres plus petites pour faire exemple et qu'on
nie demande journellement desdits exemplaires, qui sont
de la moytié plus petit format, je voudrois fort bien que
me fassiés incontinent pourtraire encores nn alphabet
complet, qui soit d'un tiers moindre que celuy que
m'avés faict faire et envoyé par cidevant, à sçavoir de la
grandeur de ce caré ici opposite, et ce le plust tost que
pourés. Mesmes j'en voudrois bien aussi un après (mais
avec comodité et sans hâte) aussi petit comme le petit
carré qui est dans le plus grand ici opposite, et peu à
peu faictes continuer l'accomplissement des figures du
Nouveau Testament par cy-devant de long tems spéci-
fiées. Et le tout avec commodité et par devant toutes
choses lesdicts cadeaux, de la forme du plus grand carré,
ici tiré à l'opposite de ce-feillet '.
I. La minute de cette lettre se trouve écrite sur une feuille volante»
sans date. Nous savons cependant qu'elle a été expédiée en 1567. En
effet, Gilles Beys se rendit i Paris au commencement de cette année,
et les Conckmes in Evan^elia et epistolas per D, jEgidium Topiarium
(pars hiemalis), de 1568, portent à la fin l'indication: Excudebat
Antverpi» Christophonis Plantinus, mense Augusto, M. D. LXVII.
Cest donc avant cette dernière date que la lettre doit avoir été écrite.
En 1 569, Plantin publia de nouveau les Conçûmes Topiarii ; une
partie de cette dernière édition porte l'adresse : Antverpiae, Apud
Antonium Tylenium Brechtanum.
— 220 —
99* — PldfUin au Cardinal de Graf ruelle.
Très Illustre et Révérendissime Signeur.
Puisque, de la grande libéralité de Vostre Illustrissime
et Révérendissime Signeurie, j'apperçoy tant de bien-
faicts m'estre procurés et faicts, qu'impossible me
seroit de pouvoir jamais satisfaire au moindre d'iceux,
j'estime que c'est mien oflSce de m'employer à les faire
valoir et recoignoistre tousjours d'où je les auray receus.
En quoy, je tascheray, toute ma vie, à faire tel devoir
que je ne pourray cstre accusé que d'impuissance. Car
je me sens foible et n'est pas le succès en mon pouvoir.
Mais^quant à la volonté avec un diligent labeur et ferme
constance en un cueur léal et bien affectionné, j'espère
qu'ils ne me défaudront, et que, par conséquent, jamais
défiance, ingratitude, ne paresse ne me saisiront.
Je n'ay pas eu autres lectres d'Espagne, depuis les
miennes à V. I. S., et crains bien que les affaires plus
pressantes retarderont l'entreprinse de l'impression de
la Bible en 4 langues.
J'ay receu les lectres du S^ P. Manutius,par lesquelles
il m'escrit sa compagnie et luy aussy accepter mon
offre de la disme touchant les Bréviaires, dont je suis
joyeux et tiens ce bienfaict de Vostre Illustrissime
Signeurie, suivant l'ordonnance de laquelle j'ay ici
passé procuration au nom de Monsigneur Renobert de
Malpas, chantre de Malines, et, quant à mon intention,
elle est purement et simplement que ledict Manutius et
compagnons me donnent privilège' ratifié de Sa Saincteté,
suivant lequel je puisse seul imprimer les Bréviaires
nouveaux, en tous les paiis de par deçà, subjects à la
Majesté de nostre Roy (car Manutius me rescrit seule-
— 221 —
ment de Flandres, en quoy j'estime bien qu'il s'abuse, à
la mode des François aussi qui appellent Flamengs tous
les habitans ou natifs des paiis ou terres de par deçà
obéissants à nostre Roy très catholique), et en ce fai-
sant que je sois obligé de donner la disme de chaicunne
impression que je feray desdicts Bréviaires (ou autres
livres dont ils me donneront tel privilège), en quelque
forme et charractères que je les auray imprimés, et de
livrer ici ladicte disme ou dixiesme partie, à sçavoir,
pour chaicun mille, un cent exemplaires complets et
collationnés et empacquétés ou emballés, à qui ledict
Manutius et compagnons l'ordonneront en ceste ville,
pour d'ici les faire conduire, à leurs despens, hors des
paiis de par deçà, où bon leur semblera, sans que ledict
Manutius ou compagnons,ni autres soyent,en ce faisant,
subjects de payer autre chose pour lesdicts exemplaires
que les frais des emballages et port où il leur plaira les
envoyer, hors desdicts paiis de par deçà. A quoy aussi
ils devront s'obliger, ainsi que la raison le veut, ce que
je requiers, non tant pour éviter l'empeschement de la
vente que je pourrois faire de cent exemplaires plus,
comme divers autres inconvénients qui pourroyent s'en
ensuivre, sous couleur de telle vente qui s'en devroit
faire par autruy. Et ce à peine que celuy qui aura con-
trevenu à ceste convention soit tenu de payer cent
escus d'amende pour chaicunne fois, la moictié applica-
ble au proffict des pauvres, et l'autre de la partie inté-
ressée. Et le tout sans fraude ne malengin quelquon-
ques.
J'estime que V. I. S. aura maintenant receu le livre
de Fulvio Ursinio sur Virgile, et entendu que j'ay receu
l'autre œuvre des fragments grecs,lequel je ne puis faire
— 222 —
venir à propos d'imprimer, si tost que ledict Signeur
Ursinius le désireroit et moy aussi, d'autant que j'avois
desjà fourni la presse d'autre besongne, mais inconti-
nent avoir achevé quelque œuvre, que j'espère .sera
devant un mois, je ne faudray à commencer ladicte
œuvre et à continuer, Dieu aidant, jusques à la fin.
J'envoye Aristenetus par moy imprimé \ Je n'ay
point imprimé Commentaria Caesaris. Vray est que,
passé 3 ans, j'avois prié plusieurs personnages doctes de
me donner leurs observations sur ledict aucteur et avois
obtenu quelques corrections et aussi quelques exemplai-
res escrits à la main et le tout livré à un jeune homme
docte nommé Obertus Gifanius (duquel j'ay imprimé le
Lucretius, amendé après l'édition de Dionys. Lambinus),
pour lors demeurant en ceste ville, pour conférer le tout
et le mectre en ordre pour l'imprimer. Mais depuis, il
receut la charge d'instituer les enfants de feu Monsi-
gneur Haller qu'il mena en France, et depuis il a pris
autre condition de Monsigneur de Foix. ambassadeur
pour le roy de France à Venise, là où maintenant il
est, et d'où il me rescrit du 19 novembre, s'estre remis
à besongner audict Caesar, Justinus, Suetonius et autres
tels qu'il m'envoyera ou apportera plustost que je ne
pense. Mais, voiant telles longueurs, je l'ay commencé
en la forme dont j'envoye ici 4 cahiers pour monstre.
Nonobstant quoy, je ne laisserois à l'imprimer in 8**^
lorsque j'auray receu autre meilleure copie. '
(Fin décembre 1567, ou commencement janvier i$68^.
1. %.irisUfueti epistoht erolica. Plantin, 1566, in-40.
2. C. JuUi Casaris Commentant ex hihliotheca Fulvii Ursini. Plan-
tin, 1570, in-80. La publication du Casar plantinien eut à subir plus
— 22} —
100. — Plantin à Çayas.
Monsigneur,
Voici que j'envoye à V. R. S. 2 exemplaires du
Martial * par moy ordonné aux enfants sous Tauctorité
de vostre nom, suppliant qu'il luy plaise, pour estraines
de ceste nouvelle année, recevoir ce mien petit office
d'aussi bonne part qu'avés de coustume et que mon
affection est addonnée à s'employer pour vostre service,
si en quelque chose je suis trouvé n'en estre indigne
Suivant aussi l'ordonnance de V. R. S., j'envoye ici
Flores Bibliorum et Martial lé*», que j'ay achevés depuis
mes dernières lectres, avec lesquelles j'ay envoyé
l'A. B.C. pour apprendre les enfants, dont j'en envoyé
encores ici pour en faire ce qu'il plaira à V. R. S.
Par le premier, j'envoyray ce qui sera davantage
achevé et avec cela les feilles aussi du livre de Monsieur
le docteur de Mena, duquel j'envoye aussi maintenant
ce que j'en ay imprimé (A.B.C.D.E.F.G.H.), suppliant
qu'il veuille prendre en bonne part mon petit service et
m'advertir des fautes qu'il y trouvera et de tout ce qui
luy pourra desplaire afin que, si possible sera, je le
puisse amender.
Qpi sera l'endroict où, prérentant mes humbles
recommandations à la bonne grâce de V. R. S , je prie
de retards que celle de n*importe quel autre de ses classiques. Déjà
au mois de juin 1564, Plantin avait fait tailler par Corn. Muller
cinq figures pour cette édition; en 1566, il fit transcrire par Antoine
Tiron des annotations sur César. En mai 1568, il reçut les anno-
tations de Fulvius Ursinus, mais l'ouvrage ne parut qu'en février 1 570.
I. Valerii ^artidis Epigrammata, opéra Emundi %Atigerii S, J.
Plantin, X56S, in-80.
— 224 —
Dieu luy donner heureuse année et autant prospère,
comme son humanité le mérite.
D'Anvers, ce 12 janvier 1568.
10 1. — 'Plantin à Fulvius Ur sinus.
Signeur très magnifique.
Je suis très joyeux et vous remercie très grandement
de ce qu'il vous plaist prendre en bonne part nostre
diligence, chose aussi qui me donne un vray esguillon
de tascher à faire encores plus doresenavant, de quoy
j'espère, de bref, vous faire voir l'expérience en l'impres '
sion des fragments que, passé quelques semaines, j'ay
receus de V. S., par le moyen de l'IUustriss. et Révé-
rendiss. S. de Monsigneur le Cardinal de Granvelle. Je
ne faudray de faire incontinent tailler l'efEgie de Sappho
pour l'imprimer ainsi que l'ordonnés par la vostre. '
Quant au César et fragments d'iceluy, dont vous
m'escrivés, en me les offrants de vostre grâce, soyés
asseuré, Monsigneur, que je ne receu oncques nouvelles
qui me fussent plus aggréables, car il y a plus de 10
ans que j'ay souhaitté telle chose et prié divers miens
amis, gens doctes de m'y vouloir prester leur diligence,
ce que plusieurs m'ont bien promis, mais nuUuy ne
m'y [a] encores satisfaict jusques à maintenant. Et pour-
tant, Monsigneur, je vous supplie très affectueusement
qu'il vous plaise m'enrichir de ce vostre thrésor, lequel
je vous promects, avec l'aide de Dieu, de faire telle-
I. Livre des ouvriers de Tîantin. 15 juin 1568. A Antoine Van
Leest 2 médailles de Sapho fl. o •-* s. 14.
— 225 —
ment multiplier qu'avec vostre honneur un chaicun en
pourra jouir, tout au plus tost et au mieux pour la
commodité des gens de lectres, qu'il me sera possible.
Au reste, Monsigneur, je vous supplie que,s'il est chose
en quoy je vous puisse faire quelque service, de me le
vouloir commander, et je mectray peine de n'estre
jamais veu paresseux à vous obéir, ne ingrat de tant de
bien que me voulés et offres.
Par le premier qu'il me sera possible, j'envoyerai à
Vostre Signeurie l'exemplaire net et relié que désirés
pour Monsigneur le Cardinal Famèse. Je suis aussi
joyeux et vous remercie grandement de ce qu'il vous a
pieu me faire aussi ce bien de faire traduire les frag-
ments de Moscho et Bione, et principalement par le
Signeur Lorenzo Gambara, duquel j'ai receu les Nautica *
que m'avés envoyés, qui plaisent merveilleusement aux
doctes de par deçà, à qui je les ay communiqués. Et ne
faudray aussi. Dieu aidant, à les imprimer après les
fragments grecs. Parquoy vous pourrés ordonner telle-
ment le tiltre des fragments grecs que je dois envoyer
pour la première feille,avec la dédicatoire,que les lecteurs
entendent que ladicte traduction y sera joincte. Nonob-
stant quoy, si bon vous semble, j'imprimeray tellement
ladicte traduction qu'elle se puisse diviser de l'œuvre
grecque. Bref, je suis délibéré d'en faire ainsi qu'il
plaira d'en ordonner à Vostre très Magnifique Signeurie,
I. Les Nautica font partie de Laurentii Gambara Brixiani Poemata
publiés par Plantin en : 569. Laurent Gambara, prêtre et poète latin,
était né à Brescia en 1496 et mourut â Rome en 1586. Plantin publia
de lui la traduction de Moschus et de Bion dans le recueil de Fui-
vius Ursinus, Carmina novem ilîustrium feminarum (1 568), ses Poemata
(x569),ses Precationesad T>eum(i$y2)ei Rerum sacrarum liber (l'y'j'j),
15
— 226 —
à laquelle je me recommande et prie Dieu la vouloir
conserver à son honneur et au proffict de nous tous qui
désirons l'advancement des estudes libérales. D'Anvers,
ce 23 (janvier 1568].
102. — Plantin au Cardinal de Granvelle.
Très Illustre et Révérendissime Signeur,
J'ay esté fort esjouy d'entendre la continuation des
promesses de Monsigneur le Docteur Thomasius, tou-
chant Lactance, et de l'entreprinse de Monsigneur Onof-
frio, auquel je souhaitte telle assistence que son travail
et l'œuvre le mérite, mais surtout de ce que V. I. et
R. S. faict conférer la Bible grecque, d'autant que nous
avons par cy-devant esprouvé la grande variété et fautes
de celles de Basle d'avec celles de G>mplute, chose qui
nous a faia laisser de l'imprimer. Car, quant première-
ment j'entreprins les Bibles en hébreu, que j'ay ache-
vées, passé un an *, j'avois aussi délibéré et commencé
d'imprimer les livres qui ne sont en hébreu, affin de
donner ainsi les Bibles entières en leur langue primitive,
et de faict, avois desjà poursuivi autant de feilles comme
j'en envoyé ici à V. R. et 111. S. pour luy faire foy de
mon dire *, mais, craignant telles variétés, je désistay in-
continent, en attendant autre milleure occasion, laquelle,
comme j'espère, nous sera donnée maintenant par ce
X. *Bibliahehratca,Fluïdn^ 1566, i vol. in-40; Idem, 2 vol. in-8o;
Idetttf 4 vol. in- 16*.
2. Le 9 juin 1566, on avait imprimé les feuilles A, B et C de
^ihliorum pars ^raca, in-40; le 16 juin, la feuille D était achevée.
C'est tout ce qui fut tiré de cet ouvrage.
— 237 —
vostre moyen pour en enrichir ceste tant nécessaire
Bible en quatre langues, de l'impression de laquelle je
ne désespère aucunnement.
Cejourdhuy aussi, Mons' le docteur Clemens, anglois,
jadis médecin de feu de bonne mémoire la très catho-
lique reine d'Angleterre, m'a rescrit de Berghes, où il
se tient en volontaire exil, ainsi que plusieurs autres
bons et catoliques personnages Anglois, et envoyé ung
catalogue de quelques livres rares en grec, entre
lesquels il dict avoir une partie de la Bible grecque
jusques aux livres des Roix, qui est très ancienne et
beaucoup différente de celles qui sont imprimées. Je
tascheray de l'avoir, pour la faire conférer à celles que
j'ay tant de Complute que de Aldus Manutius Romanus
et Basle.
Je suivray, par cy-après, l'ordonnance de V. R. S. en
tout ce que j'imprimeray qui soit de quelque importance,
et me desplaist bien que je n'en ay esté adverti, avant
que d'avoir commencé Summa Sancti Thomae, dont
j'avois desjà achevé trois feilles, non toutesfois sans en
faire quelque petit nombre de milleur ou plus blanc
papier que le reste.
J'ay aussi délivré à Mons' Polytes ' une Bible de mon
impression in-4®, laquelle j'ay bien faict laver, battre et
relier, suivant l'ordonnance de V. R. S., à laquelle
j'envoye quelques feilles imprimées du livre d'Eunapius
en grec ', et quelques feilles aussi de la traduction
d'iceluy faicte par le Sig** Had. Junius, qui estant ce-
X. PoljTtes ^ Joachim Borger, greffier de la ville d*Ânvers.
2. Eunapius Sardimus^ de Fitis phihsophorum : nunc primum
graece et latine editus, interprète Hadriano Junio Homano. Plantin^
1568, in-So.
— 228 —
jourd'huy en nostre boutique et entendant la grande
piété et diligence de Sa Saincteté à faire contenir chai-
cun en son devoir, s'est mis à faire ces petits vers ex-
tempore, lesquels escrits de sa main, j'ay enclos en la
présente espérant qu'ils ne desplairoyent à V. R. S.
J'ay aussi commencé à imprimer l'œuvre du Signeur
Johannes Goropius Becanus, traictant des antiquités ou
origines de ces paiis ici * et de plusieurs autres, en quoy
il tasche à démonstrer maintes choses avoir esté mal
entendues et traictées par divers historiographes, faute
d'entendre l'énergie et étymologie ou vraye signification
des noms des paiis, lieux et places dont ils ont voulu
traicter, œuvre qui, à mon advis, sera bien philosophic-
que, mais jugée paradoxique de la plus grande part de
ceux qui n'entendront pas la propriété des mots de la
langue vulgaire de ces paiis ici.
J'imprime aussi Florum et coronariarum herbarum
historia Remberti Dodonaei ', avec les figures, lequel
j'espère achever dedans 3 semaines, et, dedans 15 jours,
le livre de Variarum lectionum Leopardi, lequel j'avois
commencé avant que de recevoir les fragments poétiques
de Mons' Fulvio Ursino, lesquels j'ay délibéré de faire
succéder au susdict et en envoyeray incontinent quelques
feilles à V. I. et R. Sîgneurie, laquelle je supplie à
Dieu vous vouloir conserver à son honneur et gloire et
à l'advancement du bien public et du nostre. D'Anvers,
ce 29 janvier 1568.
1. Joan» Goropi Becani Origines %Antwtrpiana. Pkntin, 1569. in-f^.
2. Plantin, 1568, in-80. L'ouvrage renfermait 107 figures dessinées
par Pierre Van der Borcht, gravées par Arnaud Nicolaî et Gérard
Janssen van Kampen.
-r 229 —
103. — Tlantin au Cardinal de Granvdle.
Très Illustre et Révérendissîme Signeur,
n me desplaist maintenant que je ne désistay de Tim-
pressîon commencée du livre de Variarum Leopardi,
auquel estoyent empeschés les lectres propres pour com-
mencer et poursuivre celle des Fragments poétiques du
Sig' Fulvio Ursino, puisque en cela j'eusse peu luy faire
service et aux gens doctes de par delà. Parquoy je feray
toute diligence possible de les commencer et en envoyer
la monstre à V. I. S. dedans 12 jours au plus tard.
Qjiant est d'Eunapius, le Signeur Pighius nous avoit
par cy-devant rescrit qu'il n'estoit point en la librairie
de V. I. S. à Brusselles, parquoy le commenceasmes
incontinent, tant en grec qu'en latin, ainsi que V. 1. S.
pourra veoir par les feilles envoyées avec mes précé-
dentes.
Je remercie très humblement V, I. S. de sa libéralité
et facilité de l'avoir voulu faire communiquer à Junius
et principalement aussi de l'espoir qu'il luy plaist me
donner de son retour par deçà, que je supplie à Dieu
vouloir estre de bref et en toute bonne prospérité.
Qjiant au tiltre de Summa Sancti Thomae, je suis
très joyeux et remercie très humblement V. I. S. de
l'advertissement qu'il a pieu de m'en donner, lequel je
suivray totallement en imprimant la première feille que
j'ay restrouvée pour l'imprimer après le reste de toute
l'œuvre, laquelle j'avois desjà commencée, avant que
d'avoir receu l'advertissement d'en faire trois exemplaires
du milleur papier.
Je suis très joyeux que la récognition de la Bible
grecque se poursuive et prie à Dieu, qu'au proffict de
— 230 —
toute la chrestienté et à Thonneur de nostre Roy très
cathollcque, la Bible en 4 langues se puisse mectre en
œuvre, suivant Tespoir qui m'en a été donné par cy-
devant.
Qjiant aux Bréviaires, j'espère que V. I. S. aura
maintenant receu ma response d'accord et procuration,
parquoy je n'en feray ici autre réitération. Et suivant
l'exhortation de V. 1. S. et me confiant qu'en la vérité
et asseurance du bon chemin, que je suis résolu de
suivre toute ma vie, V. 1. S. et tels congnoistront
facilement de quelle rage envieuse pourroyent procéder
les calumnies des malveillants, j'ay proposé de ne m'en
soucier doresnavant; mais, au contraire, d'en redoubler
le courage à poursuivre d'autant plus vertueusement le
bon chemin encommencé. En priant Dieu pour la con-
servation et augmentation de l'auctorité de V. I. S.
D'Anvers, ce 5 febvrier 1568.
104. — Tlantin à ^Arnold ^erckman.
Signeur M* Arnold Birckman, Geste sera pour vous
supplier qu'il vous plaise vous recorder comment, passant
par G)logne pour aler à Francfort, le quaresme passé,
je m'addressay vers vous, en vostre logis, là où nous
pourmenant en un petit poelle bas, après plusieurs et
divers propos touchant l'impression et vente de livres
etc., nous vinsmes finablement à parler de nos comptes
passés en ceste ville entre vostre frère M. GeoflFroy et
moy, desquels nous estions d'accord, que j'attendrois un
an le payement de ce qui m'estoit deu de reste par les-
dicts comptes, et ce pour la pareille, quand aussi je vous
— 231 —
devrois, ce que vous accordastes aussi. Après quoy, je
me mis à vous dire ces mots ou semblables en substance :
Or bieriy quand aux comptes passés y ils demeureront ainsi en
leur entier et ferons ainsi doresnavant tous les six mois.
Maintenant je vous demande (car je sçay bien que vous avis
le moyen bon et commode pour vous envers Mess, de Basle)
s'il vous viendroit bien à propos et me voudrois faire le
plaisir que je prinse quelques livres des Froben, Episcopius^
Hervagius, H. Pétri ' etc., sur vostre compte, à ceste foire à
Francfort pour lesquels vous prinsiis ou fissOs prendre telles
sortes de moy qu'il vous plairoit. A quoy vous me deman-
distes, pour quelle somme ou environ j'en voudrois bien
prendre ainsi. Sur quoy je respondis : Pour quelque deux
ou trois cens florins^ ce que vous me accordastes alors.
Et depuis encores, estant à Francfort, à la raesme
foire, je vous demanday encores la mesme chose,
laquelle aussi vous m'accordastes. Suivant lesquels pro-
pos et accord, je prins aussi les livres dont, à la fin de la
foire, nous accordasmes ensemble, et, après la conclusion
de nosdicts comptes, j'escrivis dedans mon livre de
ladicte foire nostre conclusion, adjouxtant que je vous
devois bailer en paiement tels livres de mon impression
qu'il vous plairoit prendre ou faire prendre, en vous
rabattant vingt pour cent.
De cecy je vous supplie de rechef vous souvenir à la
vérité et m'en rescrire un petit mot,d'autant que vostre-
dict frère, M* Geoffroy maintient que je prins lesdicts
livres sur le compte passé et non sur l'advenir, chose
que je m'asseure bien que sçavés (s'il vous en souvient)
estre autrement, ainsi que dès lors aussi je l'escrivi
I. Tous les quatre imprimeurs à Bâle.
•^ 232 5=*
dedans mon livre de ladictè foire, ce que je ne voudrois
faire autrement, pour ma vie, au préjudice d'autruy. Et
de faict, je serois trop impudent, effronté et hors de sens
d'entreprendre telle chose contre ce que j'aurois accordé,
et que ma conscience me jugeroit, et ce d'autant plus
que j'ay affaire à gens raisonnables et vivans. Nonob-
stant quoy, si vous estiés intéressé, je ne voudrois
laisser de vous recompenser et faire ainsi que par raison
vous sçavés bien juger. Mais je désire sur tout que la
vérité soit recongneue. Parquoy je désire et vous supplie
de m'en escrire un petit mot. Et s'il est chose en quoy
je vous puisse faire aucun service ou à qui que ce soit
en vostre nom et faveur, me le commandant, vous me
trouvères prompt et prest de vous obéir d'aussi bon
cueur que, me recommandant à vostre bonne grâce, je
prie Dieu vous augmenter les siennes. D'Anvers, ce 13
febvrier 1568.
105. —• PlatUin à Arias MorUanus. *
1568, 14 febvrier.
A Monsigneur
Le 13 du présent, j'ay, avec les lectres de Monsi-
gneur Çayas, receu aussi celles de Vostre Signeurie
I. Benoît Arias Montanus naquit en 1527 à Fregenal de la Sierra,
près de Sévilie. Son nom de famille était Arias ; il prit le surnom de
Montanus en mémoire de son lieu de naissance (Sierra s. Montagne).
Il étudia à Sévilie et à Alcala. Le 5 mai 1560, il prit l'habit de Tor-
dre militaire de S< Jacques, et en 1562, il accompagna au Concile de
Trente Tévôque de Ségovie. Le 21 février 1 566, Philippe II le nomma
son chapelain. Le 31 mars 1568, le roi Tenvoya à Anvers pour y
diriger la correction de la Bible royale ou polyglotte. H y arriva le
— 233 —
escrites en Madrid, le 22 décembre, et n'en ay pas re-
ceu d'autres par cy-devant. Parquoy j'estime et crains
bien que les autres envoyées par le moyen de Monsi-
gneur Juan de Muflin, mon bon signeur et amy, des-
quelles V. S. faict mention, auront esté perdues, ainsi
que je m'aperçoy aussi estre advenu d'une de Mon-
signeur et singulier fauteur Mons^ Çayas, auquel je me
tiens de plus en plus obligé pour les plaisirs, biens
et faveurs qu'il luy plaist de jour en jour me procurer,
et d'entre lesquels je recongnois cestuy-ci estre des
18 mai suivant. En avril 1572^ ce travail étant achevé, Arias se
rendit à Rome pour solliciter Tapprobation du pape, qu*il obtint le
premier septembre suivant. Il retourna à Anvers, où il resta encore
jusqu'au mois de mai de Tannée 1575. A cette époque, il se rendit
à Rome et de là à Madrid. Il habita successivement î'Escurial, où il
mit en ordre la bibliothèque dont il avait acheté, dans les Pays-Bas,
la majeure partie des livres et des manuscrits. En 1578, il se retira
dans une maison de campagne qu'il s'était fait construire à Pena de
Aracena. Il y demeura le reste de sa vie, à l'exception des années z 585
à 1590 qu'il passa à I'Escurial. H mourut le 6 juillet 1598. Après son
départ d'Anvers, Arias entretint avec Plantin, qui était devenu son
ami, une correspondance très aaive. Les lettres échangées entre ces
deux honmies iUustres sont les plus intéressantes de celles que nous
avons à publier. Plantin lui racontait tous les événements de sa vie,
grands et petits.
L'ofEcine plantinienne a publié d'Arias Montanus : Hfietoricorvm
libri IIII (i$6^ et 1572J, Commentaria in duodedm propheias ^1571,
1583)^ Humana sàlutis Monumenta (iSli, 1572, 1583), Pidmi in la-
ttnum Carmen conversi {i$j^ y 1574)^ Dictatum Christianum, Elucida-
tûmes in quatuor Evangeïia et Itinerarium Benjamini Tudeknsis (1575),
de Optimo imperio sive in librum Josue Commentarius (1583), Elu-
cidationes in omnia 5. Apostohrum scripta (1588), Poemata (1589),
Hymni et Secula et Liber generatianis Adam (1593), Commentaria in
Isaia propheta sermones (1599), ^HAtura historia (1601), Commen-
taria in XXXI Davidis PsaJmos priores (1605). Une traduaion fran-
çaise du Dictatum Christianum vit le jour chez Plantin, en 1579,
sous le nom de Leçon Chrestienne.
— 234 —
principaux de m'avoir mis en la cognoissance de V. S.,
à laquelle je désire servir fidèlement et loyalement en
tout ce qu'il luy plaira me commander et me sera ja-
mais possible. Et si ay bon espoir que je pourray autant
bien vous servir que nul autre tant de Sphaerae, Astro-
labas, Anneau, des milleurs Globes de Mercator, avec
leurs cercles de cuivre, et de toutes autres sortes d'in-
struments de mathématique, comme de toutes bonnes
sortes de livres, de quelque science que ce soit. Et pro-
mects de faire toute diligence possible et loyauté inconti-
nent qu'il vous aura pieu de m'envoyer les mémoires
et ordonnance de ce faire.
Quant à la remise des cinq cents escus que V. S.
m'escrit que le Signeur Monsigneur Diego Diaz me fera
incontinent en crédit, huile, vin ou comme autrement
je voudray, je ne sçay milleur ne plus propre moyen
pour moy que en crédit, que j'entends estre par lectre
de change sur quelque marchant qui me paye ici ledict
argent. Car d'autant que je m'occupe à l'imprimerie et
marchandise de livres, cartes et autres instruments ser-
vants aux gens de lectres, je ne pourrois pas bien vac-
quer à la vente d'autres marchandises.
Nonobstant quoy, si je puis faire quelque service au-
dict Signeur Diego Diaz ou autre, en la vente des mar-
chandises qu'il luy plairoit envoyer par deçà, je suis
prcst et bien délibéré de les faire vendre par courtier et
de luy en tenir bon et léal compte à son proffict et ri-
sique, ainsi que j'escris présentement audict Signeur.
Bref en toutes choses qu'il plaira à V. S. m'employer,
j'espère de m'acquitter si fidèlement et diligentement
que nul ne s'en devra plaindre. Et ce d'autant plus que
telle congnoissance procédera de la faveur de Monsi-
— 23S —
gneur et bon fauteur Çayas, personnage rare en toutes
vertus et qui sçait les moyens de discerner les person-
nes semblables à luy pour en faire telle recommandation
comme par ses lectres il m'a faict de V, S, Laquelle je
supplie à Dieu vouloir conserver et me donner la grâce
que je puisse faire chose qui luy soit aggréable.
io6. — Plantin à Diego Dia:^ Be:^riL
(Il se met au service du docteur Arias Montanus pour fournir ce
que le savant espagnol désirerait acheter dans les Pays-Bas en fait de
livres ou d'instruments scientifiques. Il demande que les paiements
se fassent en lettres de crédit ou de change.)
14 februarij 1568.
Diego Diaz Bezerril, Consul en Sevilla.
S. P. Ne mirum tibi videatur, vir clarissime, quod
ignotus ego D. V. interpellare audeam, paucis rem ex-
ponam.
Clarissimus D. Gabriel Çayas, Regias Majestatis secre-
tariusy patronus et fautor meus summus^ nuper ad me
cum suis commendatitiis litteras doctissimi doctoris Arias
Montani^ 22 decembris scriptas, misit, quibus idem
doctissimus dominus doctor se altéras opéra D. Johanijis
Mufflin antea misisse déclarât. Eas vero me non acce-
pisse minus doleo, quod hisce postremis scribat hanc
esse utrarumque sententiam. Nempe se ob commenda-
tionem nostri nominis supra nominato domino Çayas et
aliis in aula Majestatis Regias gravissimis et doctissimis
viris adductum esse ut cupiat mecum notitiam et fami-
liaritatem contrahere^qua liceat illi mea posthac saepissime
— 236 —
uti opéra in sibi comparandis Sphaera, Âstrolobio, Globis
et quibusdam aliis, tum instrumentis mathematîcis, tum
libris ad sua studia pertincntibus , seque jam habere
quingentos ducatos, quos per D. T. vellet ad me mit-
tendos curare, modo id ei officium non denegarem, et
an in litteris, quod aiunt cambii vel crediti, vel in oleo/
vel in vino, vel in alio quovis mercium génère id factum
vellem latine vel hispanice D, T. significarem.
Ego vero cum nihil magis in votis habeam quam vel
quovis officii génère hominibus claris, doctis et probis
inservire, tum eo maxime percupio cui ex professo me
destinavi. Quod et illico praefato D. Doctori cum signi-
ficaverim, superest ut D. T. de modo quem ad pecunias
nobis mittendas commodiorem judico certiorem faciam.
h vero est ut per litteras, quod aiunt cambii vel crediti,
fiât. Nam ego, cum arti impressorias, librariae et iis quse
eo tendunt me totum addixerim, vererer ne alias merces
mihi parum ex usu forent. Quod si tamen aliquas hue
mittere voluerit D.T., ego in nomine suo proxenetarum
opéra haud gravate curabo vendis rationesque accepti et
venditi justas et aequas reddere non gravabor, neque,
unico ut verbo dicam, in gratiam vestram laborem
ullum detrectabo. Vestrum itaque nunc crit mihi quod
vobis placuerit imperare; meum vero adniti ut neque
fides neque diligentia et animi gratitudo in me deside-
retur : quod, quamdiu vivam, bona fide et ex animo totis
viribus efficere conabor. Vale, vir clarissime, et Qiristo-
phorum Plantinum vestrum esse certi estote.
AntverpiaB,raptim ab occupatissimo. 15 februarii 1568.
— ^37 —
loy. — Plantin à Çayas.
Le 15 febvrier 1568. A Çayas.
Monsigneur,
Pourtant que je crains que le pacquet que }'ai faict
hier et adressé à Monsigneur Leonardo de Tassis,
maistre des postes, pour envoyer incontinent à V. S,,
ne soit, à cause de sa pesanteur, si tost envoyé à V. S,
que je le désirerois, et que mesmes j'ay entendu, par
celuy qui Ta délivré au comptoir, que les commis dudict
Sig' faisoyent grandes difficultés de le recevoir, j'ay
voulu de rechef escrire la présente pour advertir vostre-
dicte Signeurie du contenu audict pacquet et sommaire
de mes lectres y contenues.
Audict pacquet sont deux livres entiers et achevés de
Mons' le Docteur Mena, dont Tun est en blanc et l'autre
relié en bon parchemin, et doré sur les feillets, et sur la
couverture des fîUets, avec ung milieu dorés. Et dudict
livre aussi sont toutes les feilles restantes pour l'accom-
plissement de celles que, par cy-devant, j'avois envoyé à
V. S. Item, un livret intitulé : Themis dea seu de lege
divina, Stephano Pighio auctore, relié et doré en par-
chemin aussi, et Officia Ciceronis 8® en blanc *. Et avec
cela mes lectres, èsquelles j'advertis Vostre Signeurie de
ce que dessus, en vous remerciant de la faveur qu'il
vous plaist me faire de jour en jour, et mesmes de m'a-
voir procuré l'amitié de Mons' le Docteur Arrias Mon-
I . Marci Tullii Ciceronis Officiorum lihri très ; cum animadversioni^
bus Joannis Cauchii^ Corneîii Vakrii et GuiL Cateri, Plântin, 1568^
in-80. La même année, il publia : Ciceronis de Officiis libri III cum
annotationihus Tauli Manutii, in-24*.
— 238 —
tano, aux lectres duquel, mises audict pacquet, je responds
que je suis prest et délibéré de le servir loyalement et
diligemment en tout ce qu'il luy plaira commander.
Parquoy il s'en peut bien asseurer et le mander à Monsg'
Diego Diazy auquel j'escris qu'il me seroit plus com-
mode qu'il m'adressast les deniers qu'il désire m'en-
voyer par lectres de change qu'en marchandises, d'au-
tant que, m'estant du tout arresté au faict de l'imprimerie
et librairie et de ce qui en dépend, je ne pourrois pas si
bien vacquer à la vente d'autres marchandises. Et fina-
blement j'advertis aussi V. S. que Monsigneur le Cardi-
nal de Granvelle m'a rescrit plusieurs fois de Rome que
chaicun homme docte et personnage d'auctorité ecclé-
siastique attend très désireusement la Bible en 4 langues,
pour l'enrichissement de laquelle ledict Signeur faict
conférer la Bible grecque à l'exemplaire très ancien qui
reste à Rome, en la bibliothèque de Sa Saincteté in
Vaticano, et que Mons' Postel m'a rescrit aussi que,
quand je voudray, en recongnoissant le labeur, il m'en-
voyera tout le Nouveau Testament transcript de cha-
ractères syriaques, inusités vulgairement, en charactères
hébraïques et usités de ce temps, le tout avec la version
latine.
Et sur ce, je fay fin, priant Nostre Signeur maintenir
V. S. en sa grâce, me recommandant très humblement
à celle de Vostre R. Signeurie,
de laquelle je désire demeurer
le très humble et très affectionné
serviteur
C. Plantin.
— 239 —
io8. — Plantyn à Cayas.
15 febvrier 1568.
Monsigneur Çayas,
I-^ 12 du présent, j'ay receu deux lectres de V. S.,
Tune dattée du 1 7 et l'autre du 23 du passé. Par la pre-
mière d'icelles, j'entends que V. S. m'a escrit autres lec-
tres plus amples touchant l'impression de la Bible,
lesquelles lectres je n'ay pas receucs, ny autres de V.S.,
depuis celles que je receu avec la copie du Signeur doc-
teur Mena, jusques à ces deux dernières ici.
Qjiiant à l'accomplissement des livres dont j'avois en-
voyé les commencements, je les ay envoyés depuis avec
Martialis castus, imprimé sous vostre faveur, et quelques
8 feuilles, à mon advis, du livre de Mons' le docteur
Mena, ce que j'espère que V. S. aura receu depuis.
J'ay incontinent ordonné aussi de relier les 2 livres
d'Épistres et Évangiles de l'année * avec 6 Summa
doctrinal Christianas ' et incontinent qu'ils seront re-
liés, je les envoyerai à Mons' le M* des Postes. Par les
secondes susdictes, j'ay entendu que V. S. avoit receu les
miennes d'advis touchant la réception de l'exemplaire
de Mons' le docteur Mena, duquel j'envoye ici un ex-
emplaire relié et ung en blanc, avec le reste des feilles
pour accomplir le précédent, et avec ce Themis Dea seu
de lege divina, les Heures latin-françois ' et OflSicia
Gceronis, 8^, naguères achevées.
1. EpistoUe et Evangdia^ grau, Plantin, 1564, in-S».
2. P. Canisitis, Summa doctrina christiana. Plantin, 1567, in-24.
3. En 1568, Plantin publia plusieurs éditions des Heures de la
Vierge: HoraUatissimteVirginis Maria ^ïti'^^; Idsm, in- 16©; I(Um in-
— 240 —
Le 13 du présent, j*ay receu autres lectres de V. S.
escrittes le 24 décembre, avec celles de Mons' le Docteur
Arrias Montano. Par icelles, j'entends de rechef que V. S.
m'a rescrît encore autres lectres que je n'ay pas receues,
d'autant que je n'ay point paravant receu lectres d'advis
que V. S, eust receu les cahiers des œuvres encommen-
cées. Quant à Mons' le Docteur Arias Montano, je re-
mercie très humblement V. R. S. de la faveur qu il luy
plaist de me faire en me recommandant à tel person-
nage, auquel je serviray fidèlement et loyalement de
tout moii pouvoir, ainsi que je luy respons par les in-
cluses.
Je souhaite que V. R. S. ait receu les papiers de
Francfort et les autres livres, et à bonne commodité et
le tout bien conditionné.
Qiiant à l'impression de la Bible, je demeureray en
bon espoir, jusques à une meure resolution et ordon-
nance de Sa Majesté. Et pourtant qu'il plaist à V. S.
que je l'advertisse de ce qui s'offrira touchant ceste ma-
tière, je le feray tousjours. Et dès maintenant soit V. S.
advertie que Mons' l'illustrissime Cardinal de Granvelle
m'a desjà rescrit de Rome, par plusieurs fois, que tous
les doctes et grands personnages de Rome attendent dési-
reusement et souhaittent grandement que telle oeuvre se
face sous l'auctorité de Sa Majesté. Et, par ces deux
dernières lectres, ledict Signeur très illustre m'escrit
qu il fait journellement conférer à Rome la Bible grec-
que avec les vieux et autentiques exemplaires, qui sont
en la Bibliothèque de Rome in Vaticano, pour me l'en-
160 pro Joanne ab Hispania (Jean de Molina, de Lisbonne). Nous ne
connaissons pas d'édition latine-française de cette année. La plus rap-
prochée en date que nous ayons vue est de 1566.
— 241 —
voyer, afin de nous en servir pour la correction. Mons'
Postel aussi, homme très docte et bien exercité es
langues grecque, latine, hébraïque, siriaque, arabe, tur-
que et autres diverses m*a, ces jours-ici, rescrit et offert
tout le Nouveau Testament transcrit des anciens charac-
tères syriaques en lectres hébraïques, avec la traduction
latine du Nouveau Testament, chose qui à la vérité
enrichira merveilleusement l'ouvrage.
Ledict Postel, au reste, m'escrit une lettre assez pro-
lixe *, en laquelle, louant souverainement le zèle, fer-
veur et libéralité de Sa Majesté, il dict estre asseuré que
tel oeuvre, s'achevant sous l'auctorité de Sa Majesté, sera
cause qu'un nombre infini des Juifs et Turcs se vien-
dront convertir à la Chrestienté et se fera finablement et
tost après un tropeau et une bergerie sous un Dieu, une
loy,une foy, un Pasteur et un Roy. Ce que je prie à Dieu
nous vouloir favoriser sous Sa Majesté très catholique et
conserver et augmenter V. R. S. en tout bonheur et
félicité.
Quant au Lactance et Bible grecque, j'en ay rescrit
par mes précédentes. J'ay aussi bon espoir que V.
I. S. aura receu ma response et celle à P. Manutius,
avec la procuration que j'ay envoyé au nom de Mons'
Malpas ' pour accepter le Bréviaire, et croy asseurement
que cela qu'on en avoit dict à Mons' le président
Viglius de l'avoir eu par deçà, aura seulement esté, de
quelques feillcs. Et quant aux calumnies des envieux, je
commence, grâces à Dieu, à ne m'en soucier et ce d'au-
1. Voir page j88.
2. Renobert Bourrelier, seigneur de Malpas, prêtre, docteur en
droits, grand chantre de l'église de Malines et maître d'hôtel du car-
dinal Granvelie.
i6
— 242 —
tant que j'espère et aperçoy que les aflFaires bien ache-
minées se poursuivront de mieux en mieux, non à la
volonté ou faux raport des malveillants, mais selon la
vérité du faict de chaicun. De quoy, en saine et pure
conscience, je ne crains nulluy ; nonobstant quoy, je sçay
assés combien, principalement au temps et lieux où l'ab-
sent ne peut respondre, les bons amis servent, et ce
d'autant plus qu'ils sont dignes de foy et d'auctorité.
109. — Plantin à Fulvius Ur sinus.
A Fulvio Ursino.
Monseigneur,
Suivant mes promesses précédentes, j'ay mis les frag-
ments des poétrices sous la presse pour les poursuivre,
selon ceste monstre, jusques à la fin, que j'espère avoir
dedans cejourd'hui en trois semaines au plus tard. Par-
quoy, si V. S. ne nous aura envoyé la dédicatoire, quant
elle recevra la présente, j'estime bien que ne la pourrons
pas recevoir, devant que d'avoir achevé l'œuvre entier.
Au reste, j'espère que aurés maintenant receu mes
autres, par lesquelles je supplioys Vostredicte Seigneu-
rie de nous vouloir envoyer le Caesar corrigé avec ses
fragments. Qpi sera Tendroict etc. Le 21 febvrier 1568.
— 243 —
iio. — Platttin au Cardinal Granvdk.
Très Illustre et Révérendissime Signeur,
Voici que, pour accomplir ma promesse, j'envoye à
V. I. S. deux feilles imprimées des fragments poétiques
du Signeur Fulvius Ursinus, auquel il y a cejourd'hui
huict jours, que j'envoyay la première espreuve d'iceux.
J'espère de les avoir achevés dedans 3 semaines, et dési-
rerois fort que je peusse, avant ledict terme, recevoir
l'épistre dédiciatoire pour achever l'œuvre tout d'un
train.
Espérant au reste que V. I. S. aura receu toutes mes
précédentes et faict traicter avec le Signeur Manutius,
Onufrius et autres bons Signeurs, la faveur desquels il a
pieu à V. I. S. me procurer, je n'en répéterai pas ici
quelque chose.
Qjiant à nos labeurs, je continue aux œuvres par cy-
devant commencées, en priant Dieu qu'il luy plaise
nous conserver V. 1. S. en santé et prospérité, telle
qu'elle le mérite, au profSct de la république chrestienne
et politique et me maintenir en sa faveur.
D'Anvers, ce 28 de febvrier 1568.
De V. Illustriss. et Révérendissime Signeurie
le très humble, très obéissant
et très affectionné serviteur.
— 244 —
III. — Plantin à Hannardus GatHerim \
(Il est sur point de commencer l'impression des poésies de Han-
nardus Gamerius. Il imprimera le Bréviaire des Prémontrés, si ces
religieux veulent lui en acheter 300 exemplaires.)
S. P. Binas tantum, easque longo admodum postea
quam dédisses tempore, cum poematis tuis litteras abs te
accepi, vir clarissime, quibus etiam ilico respondi me
post Martialem castum, qui tum iisdem characteribus
quibus tua videbantur imprimenda sub praslo sudabat,
libentissime impressurutn. Eum vero Martialem his pos-
teris diebus absolvi et ad poemata tua me accinxi, adeo
tamen pudibundus ad Illustrissimum quid scribere ut^ nisi
tu me his posteris litteris tuis calcar addidisses et confir-
masses, ab incœpto prorsus destitissem; neque enim, etsi
quod possum pro religione catholica conservanda prass-
tem, is sum qui audeam me erga summos viros insi-
nuare. Sed tabellarius urget, quare paucis accipe quod ad
tuas tumultuarie nunc respondere licet. Litteras domini
Praspositi accepi. Ei salutem ex me dici maximam percu-
I. Hannardus Gamerius (Van Gameren) naquit à Hemert dans
l'ancienne principauté de Liège. Il prit le grade de licencié en méde-
cine. U était professeur à Ingolstadt, en Bavière, lorsque Plantin lui
écrivit la présente lettre. Au mois de mai suivant, il se trouvait à
Louvain où il parait avoir rempli un emploi à l'Université. Quelque
temps après, il devint directeur de l'école latine de Tongres. En
1571, il était professeur à Harderwyck. Dans une lettre datée de
cette dernière année et adressée à Erasme Vendius, Plantin donne
des détails sur la conduite scandaleuse que menait Gamerius depuis
son retour dans les Pays-Bas. En 1568, Plantin publia de lui un
recueil de vers latins intitulé : Bucolica latina. Le 21 juillet 1568,
Plantin lui envoya à Louvain 90 exemplaires de ce livre, à raison de
3 sous la pièce. Le 6 du même mois, il lui en avait envoyé 25 sur
papier blanc coûtant 4 sous la pièce. L'auteur reçut en outre un
certain nombre d'exemplaires, à titre d'honoraires.
- 245 —
pio. Breviaria vero Premonstratensia, quds mittere scribis,
negat se accepisse nuntius. Ubi vero cum aliqua bona
pecuniarum parte, quibus essent numeri trecentorum
Breviariorum redempturi , miserint exemplaria impri-
menda paratus ero.
(D'après une minute, sans date, écrite sur un feuillet détaché. La
lettre a été rédigée évidemment dans les premiers mois de i$68.)
112. — Plantin à Hannardus Gammus.
(Il se plaint de la négligence et du retard des courriers. Il a com-
mencé à imprimer les BucoUca. Il offre ses services pour la fourniture
des livres. Nouvelles concernant l'impression des Bréviaires et de la
Bible royale.)
Hannardo Gamerio.
Paucissimis et confiisis verbis nuper ex tempore, nuntio
properante, tibi, vir clarissime, respondi neque nuiic
longioribus vel comptius licet. Distinctius tamen velim
ut his paucis intelligas quam maie nobiscum egerint vel
nuntii vel illi quibus tuas commiseris ad me litteras, ne
perpetuo mihi vitio vertas et fortasse succenseas quod vel
negligentior fuerim vel tuam, ut viri probi, docti et
candidi de republica chrisdana bene menti amicitiam
ultro mihi immerenti oblatam non, ut decet et debeo^
amplexus fuerim, coluerim, observaverim. Nam quas
Dilingae ii octobris ex aula episcopi Âugustani ad me
dedisti cum tuis bucolicis litteras primo die decembris,
solutis pro vectura 25 stuflFeris, acçepi. Quas vero 10
novembris cum tragedia * Ingolstadii, 24 januarii, solutis
I. PomiuSy tragœdia vert sacra. Auctare Hannardo Gamerio Moueo»
Imprimé à la suite des Bucoiica. Plantin, 1568, în-80.
— 246 —
stufferis 18. Postremae vero 24 novembris Monachi în-
tempesta nocte raptissime ut addebas, numerato dalero
integro, 10 aut paulo plus hebdomadibus, nempe 10
hujus februarii mensis redditae fiierant.
Harum vero retentione nimia et, ni fallor, iniqua du-
plici de causa dolui admodum. Primum quod quae scribe-
bas curare voluissem, ut par erat, non potuerim, tibi obse-
qui cum tempestive non sciverim. Alterum quod nuntius
hic reliquerit fasciculum in quo erat liber involutus cum
litteris ad Illustrissimum D. Ducem Albanum, quas certe
non auderet neque deceret post tantum tempus curare
tradi, nisi data ratione tantae moras, quam certe moram
tune cum mihi meae redderentur littéral non observavi,
distractus siquidem eram et impeditus cum mulds aliis
negotiis, tum nuntio mire urgenti responsum et dimis-
sionem suam a nobis. Ubi vero jam discesserat legenti
mihi litteras tuas attentius occurrit ita esse ut jam dixi,
cum prius nuntio credidissem, qui dicebat se quam expe-
ditissime ad nos accurrisse, cum ut tuas mihi, tum alia
certa negotia nomine tuo curaret Amsterodami, quo
maxime properandum sibi esse contendebat. Sed quid
facerem? Patienti his in omnibus mihi constantia utendum
fuit et labore nostro conandum ut saltem,quod nuntiorum
vel aliorum negligentia, ne dicam iniquitate, peccatum
erat, quanta possem celeritate compensarem.
Bucolica itaque tua statim arripui subque praelo nostro
sudanda posui. Eorum nunc vero spécimen ad te mitto,
missurus cum prasfatione ad Illustrissimum sub finem
proximae sequentis hebdomadae. Ad illa vero quse in
tua epistola de me praedicas nihil aliud habeo quod res-
pondeam, vir clarissime, quam re vera nimis amice
te ipsum fallere, non quod te minus redamem imo et
— ^47 —
réverear, sed qood me tantis laadibiis indignom sdam
et libenter agnoscam.
Ceterum^ quando meis rébus studes, ultro mibi ipsi ini-
quus essem nisi monitionibustuis morem gerere studerem.
Q.uamvis enim certo sciam me nuUas tibi posse un-
quam referre gratias, babere tamen nanqaam desinam,
imo et quando re non possim paria facere totis ingenii
et animi viribus conabor. Tuum itaque erit mihi quod
volueris imperare : obsequar libenter efficiamque quantum
in me erit, ne unquam de nostra neque diligentia neque
fide merito couqueri possis. Qpare si nostra velis, Illus-
trissime, vel cujusvîs alii nomine, in emendis libris vel
meis vel qui in bibliotbeca ejus desiderantur mi opéra,
paratum me et volentem offero. Catalogum vero a me
editorum omnium abhinc 8 vel lo diebus cum libro tuo
mittam. Breviaria vero Prasmonstratensis ordinis me non
accepisse jam respondi.
Roma vero novum in dies ab Illustrissimo Cardinali
Granvellano expecto. Is et enim jam saepissime pollicitus
est se efFecturum ut mihi soli in Belgio imprimendi
potestas ab ipso Pontifice summo et a Populo Romano
tradatur ; multa etiam promittit alla majoris momenti.
Sed ut apud te in aure tua amicus amicissinio deponam,
ita me video et sentio maligna premi, etiam ab ipsis qui-
bus maxime profui et prosum invidia, ut nihil libentius
- quam aliqua insigniorum auctorum opéra, principis
alicujus favore, imprimenda susciperem. Ego autem
paucis millibus dalerorum efficerem profecto ut nun-
quam ipsi Cardinali Ximeni Ârcbiepisco Toletano qui
Biblia. illa quatuor linguarum, neque illi episcopo Italo
qui Chrysostomum et Tbeophilactum Grascos posteritati
primum, nescio quot centenis florenorum millibus in illis
— 248 —
consumptis^ edidemnt, tanta tamque solida laas sit attri*
buta atque huic nostro Mascenad et qui vivunt et qui
sequentur merito essent daturi. Nullam etenim, ut quod
venun est fatear, scio typographiam quse tanta cum
copia tum varietate et elegantia characterum abundet
atque nostra, ut qui sezaginta et amplius varia gênera
exhibere possim.
[Entre le 28 février et le 8 mars.]
113. — Plantin à Fulvius Ursinus.
Monsigneur, Saches qu'ayant receu l'advis qu'il vous
a pieu me donner de vos corrections et fragments de
Gesar, j'ay différé Tachevement de mon édition com-
mencée, sous espoir de les recevoir en bref de V. S.
Mr Gérard Falkenburg se recommande très affectueu-
sement à V. S. et la remercie grandement de la résolu-
tion qu'il luy a pieu m'escrire à ses demandes.
J'envoye à V. S. les livres demandés par ses dernières
et trois feilles des fragments poétiques * que j'ay com-
mencés et les poursuivray, Dieu aidant, jusques à la
fin, devant laquelle je désirerois bien avoir receu
l'épistre dédicatoire, ce que je prie de nous vouloir
envoyer incontinent. Qui sera Tendroîct où, me recom-
mandant à vostre bonne grâce, je prie Dieu vous favo-
riser la sienne. D'Anvers, ce 8 mars 1568.
I. De Fdvias Ursinus.
— 249 —
1 14. . — Plantin au Cardinal GranueUe.
8 mars i868.
Très illustre et Révérendissime Signear,
J'envoye ici une autre procure, en laquelle ay faict
place pour y mectre tels noms et en oster tellement qu'il
plaira à Vostre Illustrissime Seigneurie à Tauctorité et
prudence de laquelle je me remects entièrement \ Je me
délibère de réimprimer les Journaux de S*^ Croix incon-
tinent que. Dieu aidant, je seray de retour de Franc-
fort, et puis après le Bréviaire, puisque Vostre Illustris-
sime Seigneurie me donne espoir que ledict usage devra
estre encore permis à quelques-uns.
Qpant au Cassar, j'en diffère totalement l'impression
jusques à ce qu'il ait pieu au Signeur Ursino nous
envoyer sa copie ; laquelle receue, n'ay pas délibéré d'en
attendre autre de qui que ce soit.
J'ay encore receu 4 lectres que le Signeur Çayas m'a
escrittes à diverses fois, depuis le 26 de janvier dernier
passé, par chaicune desquelles, entre autres choses, il me
commande de me tenir asseuré et prest pour, avec
l'aide de la libéralité de Sa Majesté, imprimer de bref
la Bible en quatre langues. Laquelle chose, encore
qu'elle ne se fist, si ne perdrois je pas l'espoir de
trouver un jour le moyen d'imprimer la Grecque ; par
quoy je suis joyeux qu'elle se poursuive de conférer à
l'honneur de Vostre Illustrissime Seigneurie.
I. Il s'agit ici de la procuration pour conclure, au nom de Plan-
tin, un contrat avec Paul Manuce, stipulant les conditions auxquelles
ce dernier permettrait d'exploiter, dans les Pays-Bas, le Bréviaire du
Condle ^e Trente*
— ^$o —
Je besongne à la Summa Sancd Thomas, autant et en
la manière que pour le présent je puis fournir à la des-
pense. Je poursuy aussi l'œuvre de Becanus * qui ne
pourra à mon advis estre achevée devant 3 ou 4 mois,
et lors ne faudray de l'envoyer à Vostre Illustrissime
Seigneurie.
Quant à ce que V. I. S. m'escrit en ses secondes
touchant Lambinus *j je me suis abusé en escrivant mes
lettres, si j'ai escrit qu'autre qu'un nommé Obertus
Gifanius qui a corrigé Lucrèce, que j'ay imprimé depuis
l'édition de Lambinus, m'ait promis des corrections
sur Cassar, et n'ay pas entendu dire ou rescrire que ce
fust esté Lambinus, qui toutesfois est tenu des gens de
lectres pour homme fervent, et serois marri qu'il eust
aussi abandonné la religion catholique, de quoy je n'ay
rien entendu par deçà, mais bien de Ramus ' et plu-
sieurs autres lecteurs aux gages du roy à Paris, ainsi
que ledict Lambinus.
1. Joan, Goropii Becani Origines Antwerpiana. Plantin, 1569, in-
folio.
2. Lambin (Denis) naquit vers 15 16 à Montreuil-sur-Mer. Il fut
nommé professeur d'éloquence au collège royal à Paris en 1560.
L'année suivante, il devint professeur de grec. Il traduisit et annota
un grand nombre d'auteurs latins et grecs. Il mourut en septembre
3 . La Ramée ou Ramus (Pierre) célèbre savant français, naquit
dans le Vermandois au commencement du XVI« siècle. Il fut nommé
professeur de philosophie et d'éloquence au collège de France. En
1 562, il embrassa les doctrines de la Réforme et au mois d'août
1572, il périt dans le massacre de la S^ Barthélemi.
— 251 —
115.— Pïantin à Taul S^anuce.
 Paul Manutius. Mars 1568.
Magnifique et Excellent Signeur.
Ayant esté adverti par les vostres du 26 de janvier
que, pour l'absence de Monsigneur Malpas, il estoit
besoing que j'envoyasse une autre procuration pour
conclure et m'adresser la copie du Bréviaire, j'en ay
incontinent faict faire une autre^ en laquelle se peut
nommer celuy qui viendra le mieux à propos, à l'arri-
vée d'icelle à Rome, et que par ainsi il n'y reste pas
d'autre empeschement. Q.ui sera l'endroict où me
recommande à Vostre Seigneurie, etc.
116. — Plantin à Çayas.
»
Au Seigneur Cayas. Mars 1568.
J'avoîs devant quelques jours respondu aux lettres de
Vostre Signeurie du 7 janvier et envoyé deux exem-
plaires entiers et les feilles restantes du livre de Mons'
le docteur Mena, quant j'ay receu les secondes de
mesme argument, escrittes le 8 février, avec l'adver-
tissement y adjoinct de réimprimer la dédicatoire dudict
livre que j'ay receue avec et incontinent mise en
œuvre, pour l'envoyer, ainsi que Vostre Révérendissime
Signeurie le peut voir, avec ces autres livres demandés
tant par les précédentes que lesdictes dernières lettres, et
avec cela aussi ce que j'ay achevé de nouveau et sui-
vray cest ordre aussi longtemps que Vostre Révérendis-
— 2$2 —
sime Signeurie prendra plaisir à voir la continuation de
mes labeurs que je désire tousjours estre aggréables à
Vostre Seigneurie et à ses semblables^ personnages
doctes et doués des vertus les plus rares. A quoy, par la
grâce de Dieu, je travailleray constamment, aussi long-
temps que je pourray trouver le moyen de fournir aux
frais qu'il y convient faire.
Quant est d'envoyer quelque bonne prédiction, je ne
sçay quel auteur soit le meilleur, et pourtant j'envoye
ce que j'ay peu trouver. Je supplie à Vostre Révéren-
dissime Seigneurie prendre en grâce mon très humble
service et me tenir en la faveur de sa bonne grâce.
Et je prieray à Dieu luy favoriser la sienne comme elle
la mérite.
Qpant à l'impression de la Bible en 4 langues, je vous
remercie très affectueusement du soing qu'il vous a
pieu d'en prendre en ma faveur et de l'advertissement
qu'il vous plaist m'en faire. Et pourtant que Vostre
Révérendissime Signeurie m'a commandé, par ses précé-
dentes, que je i'advertisse de tout ce que ferois à icelle,
je l'advertis que, depuis trois jours en ça, j'ay receu le
Nouveau Testament transcrit des charractères syriens,
peu entendus, en charactères hébraïques communs, sans
toutesfois changer un seul mot. Et davantage la version
latine du langage syrien, le tout faict par un nommé
Guido Fabricius ', homme, à ce que j'entends, bien
I. Lefèvre de la Boderie (Gui) ou Fabricius Boderianus (Guido),
savant orientaliste, né au château de la Boderie, près de Falaise, en
1541. U fournit, dans le premier volume de VApparatus saur de la
Bible royale, une grammaire chaldaîque et un dictionnaire S3n:o-
chaldaîque. Pour le corps de l'ouvrage, il transcrivit le Nouveau
Testament syriaque en caractères hébreus et en donna la traduction
— 253 —
catholique. Par quoy je voudrois bien Timprimer le
plus tost qu'il me seroit possible, afin que ceste édition
catholique vint en lumière devant celle que prépare un
quidam calviniste *. Je l'espère commencer à mon
retour de Francfort comme je pourray. .
J'imprime Summa Sancti Thomas, j'ay commencé
Corpus canonicum. [Au reste je sçay combien mes en-
vieux ont travaillé à me nuire et, pensant avoir trouvé
occasion de ce qu'aucuns, qui, auparavant ces troubles
misérables, m'avoyent fréquenté et aidé quelquefois
d'argent en ma nécessité, ont faict envers tous du
pis qu'ils ont peu. Mais, grâces à Dieu, la vérité et
nostre innocence en toutes les choses qu'ils ont mur-
murées les a rendus confus. Car je prends Dieu et ma
conscience à tesmoing que je n'ay oncques adhéré ni
favorisé de cœur ni d'œuvre à chose contraire à la
Majesté Catholique ni à la foy et religion de nostre
mère, saincte esglise catholique et Romaine, en laquelle
je proteste, comme j'ay tousjours faict, de vivre et mou-
rir. Ce que voyant ces mesmes envieux et cognoissants
s'estre grandement abusés en leurs soupsons se repen-
tent bien de m'avoir trop malicieusement calumnié
envers ceux qui ont sceu et bien esprouvé le contraire
latine. Plantin imprima en outre de lui : VEncyclU des secrets de l'éter-
nité, 1571, in-4«; Severini AUxandrini de Ritibus haptismi, 1S72, in-
40; Syriaca lingtue prima eUmenta^ 1572, in-40. Dans la suite, il
devint secrétaire du duc d*Alençon et mourut dans sa maison natale
en 1598.
I. Probablement Emanuel Tremellius. Celui-ci né de parents juifs,
embrassa le catholicisme d'abord, le calvinisme ensuite. U professa
l'hébreu à Hombach et à Heidelberg. U publia et traduisit en latin
.la bible. Sa traduction de l'évangile en syriaque parut en 1579. ^i
mourut à Sedan en 1580.
~ ^S4 —
de leurs calumtnations. Je prie à Dieu qu'il les veille
délivrer de leur mauvaise volonté et me donner la me-
sure qu'en toutes choses je leur souhaitte. Et pourtant
que je m'aperçoy aucunnement qu'aucuns, ayant entendu
de longtemps que je m'estois préparé sous l'espérance
de la libéralité de Sa Majesté à l'impression de la Bible
susdite en 4 langues en ont rengrégé leur envie et
despit contre moy, je suis prest de monstrer par efFect
que je ne cerche en cela mon particulier profict et de
bailler très volontiers les copies et autres pareils par
moy faicts à celuy qui se trouvera propre et idoine
d'entreprendre et poursuivre l'œuvre en me rembour-
sant des frais que je y ay faicts par cy-devant qui ont
esté •]
117. — Tlantin à Jean Mofflin *.
A Monsigneur Mofflin.
Monsigneur,
La réception de vos lectres, dattées à Madrid le 11
décembre dernier, m'ont autant et plus esté agréables
comme j'ay esté desplaisant de les avoir receues si long-
temps après, asçavoir le 1 5 de febvrier, et principalement
pour en avoir desjà receu d'autres de Mons' le docteur
Ariaz Montano par le moyen de Mons' et ancien fauteur
et vray amy Çayas, ausquelles je respondi aussi tout
1. La tîn de cette lettre, mise entre [], a été barrée par Plantin.
2. Jean Mofflin (Moflin, Muflin ou Mouflin), chapelain de Philippe
II, revint de Madrid dans les Pays-Bas en 1585, fut nommé, â cette
époque, abbé de Bergues-St-Winoc, et mourut le 9 février 1587.
— 255 —
incontinent, Tadvertissant que je n'avois pas receu
icelles qu'il vous avoit délivrées, et accepta}" très vo-
lontiers la demande dudict signeur, l-amitié duquel je
tiendray à jamais de la faveur de Vostre Signeurie, en
vous asseurant que je répute Tamitié de tels personnages
doctes et vertueux plus que nul thrésor, et recognois
franchement que je ne puis jamais satisfaire à la moin-
dre partie du bien que me font ceux qui m'insinuent
en leur recommandation, et d'autant plus de cestuy-ci
qui, comme j'entends par ses lectres et les vostres, me
favorise de bonne affection et sincérité cordiale.
Je vous remercie pareillement de très bon cueur de
l'advis qu'il vous a pieu me donner, sur lequel je vous
asseure, sur ma conscience, que je n'ay oncques eu
familiarité, commerce, accord ni entente avec aucun en
chose contraire à la religion catholique et romaine.
Vray est que Corneille de Bomberghe m'a quelquesfois
aidé d'argent en mes nécessités, et que pareillement il
m'a délivré les charactères hébraïques de ses ancestres,
desquels j'ay imprimé les Bibles eh hébrieu, mais avec
le congé et privilège de Sa Majesté. Et depuis ay payé •
et satisfaict ledict Bomberghe, tant de l'argent qu'il
m'avoit preste et respondu pour moy que desdicts cha-
ractères que je luy ay très bien payés, de sorte qu'il n'y
a pas moins de trois ans que je ne luy doibs rien ni à
autre, touchant le faict de l'imprimerie. Outre plus, je
vous certifie que j'ay tousjours trouvé ledict bon catholi-
que et ennemy de toutes sectes, jusques au jour que les *
séditieux et malheureux rebelles commeocèrent ici leurs
enragements. Car alors il commença à fleschir et parler
en la faveur des nouveaux prédicants, dont je fus telle-
ment esbahi qu'onques je ne le fus davantage, et ayant
— 256 —
parlé à luy en nostre boutique et trouvé qu'il fleschis-
soit du droict chemin, je luy priay de ne plus hanter si
familièrement en mon logis, s'il vouloit ainsi continuer,
à cause que ce me pourroit estre scandale, veu princi-
palement qu'il se déclaroit; ce qu'il me promist et l'ob-
serva, car il n'y hanta onques depuis.
Or, de bonne fortune, je luy avois, longtemps au pa-
ravant, rendu, payé ou assigné tout ce que je luy devois,
ainsi qu'il l'avoit requis et demandé de moy. Et ce par
un accident qui le contraignit à s'aider de tout son bien,
d'autant qu'ayant preste 6000 florins à un nommé Elixa,
il en avoit receu banqueroutte, et depuis avoit encores
perdu quelques autres 8000 florins en asseurances mari-
nes, de manière qu'il ne luy estoit rien demeuré pour
vivre. Et croy bien que, par telles rencontres,estant tombé
en despération, il se rengea, par l'occasion survcnue,vers
les séditieux.
Quant à celuy qui a rescrit, je sçay que cela procède
de l'envie de ceux qui ont despit de me voir en quelque
petite prospérité, et encores plus de ce qu'ils ont en-
tendu que Sa Majesté par le moyen de mes amis me
voulut favoriser, ainsi qu'il est aisé de l'apercevoir en
ce qu*un nommé maître Guillaume Sylvius, entendant
que le signeur Çayas, Strella et autres bons signeurs et
amis m'avoient tellement advancé vers Sa Majesté que
je devois estre déclaré son imprimeur royal, fist, moy
estant à Paris, imprimer le livre de la Toison d'or ' en
I. Il s'agit de l'édition des Ordonnances de la Toison d'or {Nie.
Grudius, Constitutiones clarissimi atque excelîentissimi ordinis veUeris
aureiy in-4<>) que l'on attribue communément à Plantin et que l'on
date de 1559 ou 1560. D'après ce passage, le livre fut imprimé par
Guillaume Silvius dans l'imprimerie plantinienne en 156 1 ou 1562.
— 2S7 —
mon logis, et puis le porta à la cour, là où sous la
couleur qu'il eust imprimé si bel ouvrage, il obtint le
signe du roy, avec lequel venant après (comme lui m'a
confessé depuis) pour en avoir le sceau. Monsieur le
Cardinal de Grandvelle, pour lors évêque d'Arras, le luy
refusa disant que Sa Majesté entendoit que ce fust
Plantin. Parquoy ledict Sylvius en vint me supplier
Au reste, ils me cognoissent fort mal de m'estimer
vanteur ni glorieux etc., car il me seroit impossible de
pouvoir mesmes suivre les bonnes fortunes, si elles ne
me sont non-seulement offertes, mais aussi délivrées en
main, et ne me soroit en faire plus grande honte que de
me louer etc. De sorte que je ne puis pas à grand'peine
respondre à ceux qui me voudroyent eslever de quelques
tiltres ou louanges.
Et pour faire conclusion, je me sens tel et si libre de
cueur et pensée que s'il est aucun qui soit trouvé idoine
et veille entreprendre l'œuvre que j'avois proposée, je
seray tousjours prest, non-seulement de la luy céder, mais
aussi de luy ayder de tout mon pouvoir en luy délivrant
les préparations que j'ay faictes à cette intention, pour-
veu seulement qu'il me rende les deniers par moy
desboursés, sans rien compter pour mes travaux et peines,
[ni pour] les grâces à moy faictes,lesquelles ce néantmoins
ne sont pas petites. Car j'ay, passé 3 ou 4 ans, tenu des
gens doctes (et mesmes un nommé Johannes Isaac,
lecteur public en hébreu à Cologne) en mon logis, à mes
despens et gages, et cherché et trouvé tous les moyens
qu'il m'a esté possible pour faire amender et corriger le
dictionnaire hébraïcque de Sanctes Pagninus, et autres
choses utiles pour telle entreprise. Et mesmes depuis 3
jours en çà, j'ay receu le Nouveau Testament en langue
17
— 258 —
syriaque qui, passé quelques années, fut imprimé à
Vienne, par le commandement, faveur et libéralité de feu
de haute mémoire l'empereur Ferdinand, qu'un homme
fort sçavant, demeurant à Paris, ' a translaté en latin,
transcript en charractëres hébraïcques pour estre mieux
leu et plus facilement entendu des gens doctes de ceste
parti occidentale plus exercités ausdicts charractëres
hébraïcques qu'aux syriens ou chaldaïcques.
Au reste, je n'ignore pas les calumnies de mes envieux,
qui, par tous moyens, ont essayé et taschent journelle-
ment à me faire dommage et empeschement, et ce qu'ils
ne peuvent ou n'osent faire ils le font secrètement par
autruy ; mais, grâces à Dieu, je ne crains pas qu'on
trouve en vérité que je sois ni aye esté autre qu'il appar-
tient à celuy qui veut vivre et mourir en l'obéissance
des commandements et volonté de nostre Roy et en la
foy d'iceluy et de nostre mère saincte Esglise catholique
et rommaine, et je loue Dieu qu'il y a des gens de bien
ici et par tout ou j'ay conversé, lesquels me cognois-
sent tel, tant de fréquentation familière que par la fré-
quentation des saincts services qu'en la saincte confession
et réception des saincts sacrements. Et mesmes, depuis
naguères j'ay conversé et communiqué familièrement
avec le personnage qui avoit rescrit, lequel me favorise
maintenant et aime grandement (ou je serois bien abusé),
car mesmes il m'envoye des présens et des recomman-
dations bien souvent et moy à luy, et m'a confessé qu'il
avoit par faux rapport esté mal informé de ma per-
sonne.
Les pères de la compagnie de Jésus se servent ordi-
I. Guy Lefèvre de la Boderie.
— ^59 —
nairement de moy, plus que de nul autre, et pourroyent
estre bons tesmoins de ma conversation ordinaire et
principalement du temps des troubles, calamités et pré-
dications exécrables de ceste ville, durant quoy je me
suis tousjours maintenu constamment en l'obéissance de
nostre mère saincte esglise catholique et rommaine et ce
plus ardamment que devant, de sorte qu'onques je ne
perdy une prédication catholique et n'en allé onques ouir
une des autres entières, ni pour y entendre quelques
choses de leurs erreurs ou séductions. U me desplaist,
Monsigneur, d'estre si prolixe à vous rendre compte de
moy-mesmes, mais je vous prie de m'excuser et vous
persuader de moy la vérité, c'est que je n'ay oncques
adhéré ni favorisé aux sectaires et que, pour vivre ne
pour mourir, je ne veux me séparer de l'obéissance de
nostre Roy très catholique, nostre mère saincte esglise,
en la foy de laquelle je prétends vivre et mourir. De
quoy, je prie à Dieu m'en faire la grâce, et à vous de
m'y recommander en vos oraisons et de me tenir à
jamais vostre humble serviteur et amy, autant affectionné
qu'il s'en pourroit trouver d'autre.
— 2éo —
II 8. — Tlantin à ^rias Montanus.
Monsigneur le docteur Arias Montano.
Quant, le 15 febvrier, j'ay receu les lettres de Vostre
Signeurie, escrittes à Madrid le 9 novembre (qui est
quasi 3 mois après), j'avois desjà respondu aux secondes
d'icelles receues par le moyen de Monsigneur Çayas ;
parquoy ceste servira seulement pour répéter que je
m'employeray très volontiers à servir Vostre Signeurie
en toutes choses qu'il luy plaira me commander et que
je m'y tiens obligé de ce faire, tant pour le devoir à
quoy je me sens obligé vers tous personnages qui ont,
comme Vostre Signeurie, conjoinct la vertu avec la
cognoissance des langues et toutes autres sciences et
disciplines, comme pour la faveur laquelle j'aperçoy
qu'il vous plaist de me porter. Et pourtant j'aflSrme de
rechef à Vostre Signeurie que je m'employeray en ami-
tié et toute loyauté à luy faire tout service.
Reste seulement qu'il luy plaise me signifier et en-
voyer les mémoires de ce qu'il luy plaist. Car il ne se
trouvera rien par deçà, ni en France, que je ne luy
puisse fournir et envoyer. Parquoy il me sembleroit chose
superflu et ce nonobstant de grand travail et temps
d'envoyer le cathalogue des livres, cartes et instruments
que je pourrois fournir. Et pourtant je n'en déporteray
pour le présent comme d'escrire plus amplement.
Qpi sera l'endroict où, me recommandant très hum-
blement à la bonne grâce de Vostre Signeurie, je prieray
Dieu la vouloir conserver et faire prospérer.
D'Anvers, ce 18 mars 1568.
— 2él —
119. — Plantin à Ferdinand Mena.
(Plantin a dû réimprimer la dédicace du livre du D^ Mena. Il l'a
fait aussitôt qu*il a reçu le nouveau texte et du mieux que cela lui a
été possible.)
D. Doctori Mena.
Qjiin jamdudum recepto exemplarî uno atque altero
tui libri, quem ad me miseras imprimendum, videris
quanti apud me fuerit commendatio D. Cayas, non
ignoro, vir clarissime. Nam tan ta profecto quanta potui
in eo, ut petieratis, diligentia usus ium. Q.uod vero
praeter animi sententiam dedicatoria fuerit nobis recu-
denda, doleo id quidem, sed non tam sumptus aut
laboris gratia quam propter causam et rationem indica-
tam. In quo tamen non potui non approbare prudentis-
simum tuum judicium : quare accepta praefatione altéra
ilico prasio supponendam curavi. Sed ex animi sententia
hoc prasstare non potui, quod non esset tam longa ut
folium impleret, neque tam brevis ut magnam litteram
in principio admitteret, neque poteramus alla ratione
quam fecimus uti. Tuas humanitatis erit aequi boni
quod emendare non potuimus consulere et nostrum
studium gratum habere. Qpod si feceris, obsequentem
tuum perpetuum tibi habebis Plantinum. Vale, vir claris-
sime. Antverpiae, 18 martii 1568.
— 2é2 —
120. — Tlantin à Jean Desserans et Thomas Vantrouillier.
Signeurs et amis Jehan Desseran et Tomas Vantroul-
lier, La présente sera pour advis que j'ay receu les vostres
du 14 mars ; pour response ausquelles, saches que j'ay
receu les 30 livres sterling de Hector de la Goue. Je
vous ay aussi adverti par cy-devant que fissiés de la
lectre de Scralet comme pouriés et verriés le milleur,
en acceptant plus tost le payement du sieur Jehan . que
de renvoyer la lectre. Et encores si ne pouvés au piège
par escrit, me semblera bon advis que m'en donnés,
c'est que trouviés moyen de faire confesser ledict Gérard
d'Aoust, dont m'escrivés que faict la debte bonne. Car
il faut sortir d'un mauvais lieu quand on y est, et pren-
dre pacience avec l'advertissement de s'en garder à
l'advenir.
Qpand est de vous assortir, je le feray très volontiers,
à condition (comme je vous ay desjà assés rescrit) que
ce soit sans que j'y sois intéressé. Et pourtant je vous
répète encores ici mon intention, c'est que, touchant les
livres estrangers, je veux tousjours estre payé sans aucun
délay ny retardement, devant que nous partions de ceste
ville pour aller à Francfort. Et en ce faisant, je vous
envoyeray tout ce qui se pourra trouver de vos mémoi-
res aux foires et ce au prix que les libraires les mectent
audict Francfort ; bien entendu que payerés aussy tous
les frais raisonnables, tant pour amasser, pacquer, voi-
tures et autres choses qu'il apartiendra, depuis ladicte
ville de Francfort jusques à vostre réception; Le tout à
vos frais et risiques.
Et de tous ceux que demanderés de ces livres estran-
gers, entre les foires, à sçavoir que j'envoyeray de ma
\
— 263 —
provision, je les vous raecteray au prix que nous le fai-
sons ici l'un à l'autre en argent comptant qui est le flo-
rin de Francfort à trente patars de ceste monoye qui
sont 36 sols. Et de ceux-ici veux je aussi estre tousjours
payé, comme je l'ay dict ici-devant de ceux que j'en-
voyeray de Francfort.
Qiiand à mes sortes et autres que pourés mander de ce
pays ici ou dont j'auray commodité, j'en feray un conte
à part et tel party que verres propre ; de quoy je vous
prie de m'adviser et rescrire amplement et ouvertement.
Si ces conditions-ici vous plaisent et si vous les
acceptés, envoyés m'en une lettre à part de vostre main,
signée de tous deux, par laquelle vous me permettiés de
payer lesdicts livres que j'achepteray à Francfort ou
vous envoyeray de ceste ville, ainsi que je l'ay spécifié
icy-devant.
Car, comnie je vous ay assés dict, je vous veux faire
tout le plaisir qu'il m'est possible, mais je ne veux pas
perdre ni advancer mon argent à mon dommage. Et
quand aux autres livres de mon impression, vous pourrés
adviser par ensemble comment vous en voudrés faire et
m'en doner advis, sur quoy je vous respondray à mon
retour. Dieu aidant.
Mais quand aux estrangers, qu'il faut que je paye au
comptant (comme il me fault faire le Matheolus * et
quelques autres encore), ou bien de foire en foire, je
suis résolu, ainsy que je vous l'ay icy spécifié. Et pour-
tant n'est il pas besoing de m'en respondre autre chose,
si non du faire ou du laisser.
I. Matheolus ou Mathiolus (Pierre André) médecin italien du
XVI« siècle qui a écrit plusieurs ouvrages sur la botanique et la
médecine.
— 264 —
Parquoy il est besoing, au moins si le voulés, que
m'envoyiés une obligation suivant les articles cy-devant
déclarés. Et encores que je ne seray pas en ceste ville,
mon serviteur et enfants m'en envoyeront bien le dou-
ble (après qu'il l'auront receue de vous) à Francfort,
afin que de millieur courage je m'employe à vous servir
en toutes sones qu'il me sera possible. Si je suis court
d'argent et le Sire Marchus Berick m'en veille assister,
j'en feray, comme vostre ad vis le porte. Mes gens vous
serviront en mon absence, comme si j'estois présent, et
vous envoyeront des cartes, ainsi que le demandés, et
que je leur ay ordonné, et que j'en ay bien moyen et
des globes aussi, mais il faut que je les commande et
paye tousjours comptant.
J'ay une paire de globes de Gemma Frisius que j'ay
faict faire, avec les méridiens en cercles de cuivre, et ne
les puis donner moins de seize florins et douze patars.
Si les voulés avoir, mandés-les, on les vous envoyera.
Les ordinaires dudict Gemma, qui ont les cercles méri-
dionaux de bois, puis je bien vous envoyer à onze flo-
rins la paire. Ceux de Mercator (dont j'en espère rece-
voir incontinent après Pasques) ne puis je donner
moins de 24 florins la paire. Si mandés quelque chose,
vous serés servis à mon pouvoir.
Cependant, je prie à Dieu vous vouloir donner toute
bonne prospérité et une vraye santé et amitié, ainsi
qu'il appartient, en me recommandant à vos bonnes
grâces. D'Anvers, ce 21 mars 1568.
Entièrement vostre serviteur et amy.
Plantin.
-^ 265 —
121. — Plantin à Arias Montanus.
(Plantin répète le sommaire de sa première lettre à Arias. Il se
déclare grandement honoré de pouvoir servir un homme de tant de
savoir et de vertu. Il se sent flatté qu'Arias désire son portrait,
mais ne saurait satisfaire à sa demande, parce que jamais il n'a
posé pour un peintre et ne se permettrait pas encore pareil acte
de vanité.)
Etsi lltterîs tuis 20 aprilis Alcalae in coUegio trilingui
ad me scriptis jam ante menses aliquot responderim,
neqiie alias postea receperim abs te, vir doctissime, ego
tamen quod nonnullas etiam tune temporis ad cla-
rissimum virum D. Gabrielem Sayam, regiae majes-
tatis secretarium, paironura nostrum singularem, mise-
rim, quas, aut sua negligentia, vel temporum iniquitate,
itinerumve praeclusione impediti nuntii cum non red-
diderint, in suspicionem venio fieri posse ut neque
priores illa^ meae ad manus tuas pervenerint. Qpare ne,
quod certe nolim, diligentia nostra tibi hac fortasse occa-
sione suspecta reddatur, hic paucis summam earum quse
tuis responderam recensere volui.
Primum itaque, si bene memini (ex tempore namque
tune, ut semper soleo, responderam), ru bore suffusus et
pudore innato ultra modum confusus, diu multumque
haesitasse me seribebam an mihi litteris tuis doetissimis
respondendum esset aut prorsus taeendum, cum nihil
aut certe parum in me agnoscerem earum omnium vir-
tutum, quibus o.natum me tibi persuasisse videbaris.
Ilinc eolligebam fieri non posse quin vel mea tacitur-
nitate ingratî animi notam nomini meo inurerem, vel
me deridendum proderem. Ut autem a priori semper vitio
abhorrai, ita in hoc duplici nomine incidere malui pri-
— 266 —
muDiy ne id negligentiae potius quam pudori adscribe-
retur nostro, alterum ne tantus vir tamque de republica
litteraria et christiana bene meritus meo silentio deci-
peretur, dum interca me talem putasset qualem bénigne
et liberali animo conceperat.
Nihil etenim, ut candide et pio more nostro id quod
res est fatear, in me cognosco laude dignum aliqua
praster quamdam animi inclinationem et affectum ab
ipso Deo Opt. Max. nobis datos> quibus ita rapior ad
laborem cum corporis tum quicquid in me est ingenii,
neque quemvis, sed qui plurimis prodesse possit, susci-
piendum et perferendum, ut citra hune ne vivere quidem
liceat, certe non diem unum, sed ne horulam quidem
mens nostra absque tali cogitatione abire permitteret.
Egregii vero aliquid praestare, nisi principum virorum
favore et tui similium, hoc est doctissimorum virorum et
de litteris litteratisque bene merentium consiliis, judicio
et ingenua iiberalitate adjUtus, ut nostrarum virium neque
in dexteritate ingenii nostri situm esse cognoscimus, ita
nos illis quorum facultatibus, favore vel industria quid
prasclari e nostra prodit of&cina, libenter acceptum et
fatemur et prasdicamus, nihil inde prorsus nobis arro-
gantes praeter id quod labore et constantia consequi
potest.
Quod autem nos tanti facias ut effigiem nostram desi-
deraris, vir clarissime, id tuae humanitati et amicorum
errori, qui me pluris ut video facitis quam ipse faciam,
est condonandum. Nam ego me nunquam proposui
delineandum neque operae pretium putavi, cum ipse mihi
conscius sim quam curta sit mihi domi suppellex, vel
quam mihi ignobili taie quid non conveniat. Verecun-
diam tantam mihi sentio innatam ut vix absque rubore
— 267 —
pictori vel familiarissimo, dum faciem nostram delineare
vellet, antestare possém. *
Cxterum, si mea opéra quacumque in re uti pla-
cuerit, experieris me tui tuorumque similium, hoc est
virorum doctissimorum et omni génère disciplinarum
virtutumque rarissimarum insignium, perquamstudiosum,
nihilque magis cupere quam ut talibus talem me propo-
nam et omni obsequio reipsa probem. Proinde si quid
(quod et tune significabam et ex animo repeto) a me
tua vel amicorum gratia curatum velis, indica vel verbo.
Ego bona fide totis viribus, id quod jam jam dixi, pro-
batum reddere conabor. Deus Opt. Max. votîs tuis te, vîr
clarissimc, compotem reddat. Antverpiae, 26 manii 1568.
I . Plus tard, Plantin n'éprouva plus ces scrupules. Il posa plusieurs
fois pour des peintres et des dessinateurs. Nous possédons de lui
trois portraits gravés et deux portraits peints de son vivant.En 1586,
il écrivit à Arias Montanus qu'il allait lui envoyer son effigie peinte ;
mais ce tableau ne fut expédié qu'après sa mort.
r- 268 —
122. — Plantin à Érasme Vendius. '
(Plantin écrit à Érasme Vendius pour lui faire savoir que Han-
nardus Gamerius est malade à Louvain. Il profite de l'occasion pour
remercier le duc de Bavière de la médaille que celui-ci vient de lui
envoyer. Il la portera toujours à son cou. Il attend une réponse
d'Eckius concernant les œuvres de ce dernier.)
Clarissimo doctissimo viro D. Vendio, Ducis Bavariae
consiliario prudentissimo.
Hannardus Gamerius Bruxellis Lovanium reversas
ad me scripsit se gravedine adeo torqueri ut neque ad
nos, quod pollicitus fuerat, Antverpiam venire, ut hinc
ad vos, vir clarissime, postae, quod aiunt, litteras daret
neque illinc scribere licuerit, rogavitque ut paucis hoc
tibi significarem : quod eo libentius facio, ne mihi desit
occasio rogandi et obsecrandi tuam humanitatem ut
lUustrissimae Celsitudini Ducis nostri * gratias nomine
meo agere non dedignetur de munere ad me misso,
quod certe quamdiu vixero carissimum et ex collo
dependens habebo et in gratiam tanti principis ob
oculos gestabo. Utinam vero aliquando mihi detur
occasio declarandi quam ad illius inserviendum Celsitu-
dini perpetuo paratissimus esse velim ! De operibus
Eckii, ' quae scribenda erant, D. Hannardus Francofurti
1. Érasme Vendius, conseiller et secrétaire du duc de Bavière.
2. Albert, comte du Palatinat rhénan et duc de Bavière, auquel
Plantin avait dédié, par lettre du premier mars 1368, le recueil des
'Biicolica de Hannardus Gamerius.
3. Eckius, frère de Simon Eckius, chancelier du duc de Bavière.
Une lettre écrite par Plantin à ce dernier, sous la date du 1 5 novem-
bre 1573, nous apprend qu'il n'a pas été donné suite au projet d'im-
primer les œuvres dont il est question ici, mais dont nous ne con-
naissons pas le sujet.
— 269 — :
ad D. Cancellarium litterarum inscriptione ad ipsius
lUustrissimam Celsitudinem directe scripsit responsum
jam expectamus, Vale, vir clarissime. Antverpiae, i* maii
1568.
Tibi merito tuo addictissitnus.
C. Plantinus.
123. — Plantin au Cardinal Granvelle.
Monsigneur très illustre.
Estant retourné de Francfort, j'ay trouvé l'exemplaire
de Lactance de Monsigneur le docteur Thomasio *, avec
ses lectres et celles de V. I. S., lequelles je n'ayeu loisir
de lire et revisiter, pour autres lettres qui, au mesmes
instant, m'ont esté aportées de la part de Monsigneur
Albernoz, secrétaire de l'excellence de Monsigneur le
duc d'Albe, par lesquelles il m'escrivit qu'incontinent
icelles reçues, je me transportasse vers luy sans délay,
là où estant arrivé, il me dist avoir charge de me dé-
clarer que Sa Majesté m'envoyoit ung docteur par deçà,
avec le moyen de me délivrer deniers et vaquer à la
correction de la Bible en 4 langues, de laquelle Sa-
dicte Majesté veut que j'imprime 6 exemplaires en par-
chemin et pourtant m'ordonnoit il que je fisse l'apprest
dudict parchemin et d'autres choses nécessaires. A quoy
je respondi, comme la vérité est, qu'il m'estoit impos-
sible de ce faire, avant que de recevoir argent ; à quoy
I. L, Coeîii Lactantii Firmiani divinarum institutionum lihri VU,
etc. Omnia studio Michaelis Thomasii emendata cum notis ejusdem.
Plantin, 1570, in-8<>.
— 270 —
il répliqua qu'il falloit faire cependant lesdicts apprests
et que l'argent nécessaire me seroit délivré à la venue
dudict docteur.
Or estant de retour cejourd'hui de Brusselles et de
Louvain, j'ay receu lectres de Monsigneur Çayas, par
lesquelles il me demande jà le Lactantius de Mons" le
docteur Thomasius, et m'advertist que Monsigneur le
docteur Arias Montanus est parti, le dernier de mars, de
Madrid pour s'aller embarquer au port de Caredo> * et
de là s'en venir ici avec lectres de crédit et toutes char-
ges deues pour l'impression de la Bible en 4 langues, par
quoy l'espère de la commencer en bref.
J'ay faict desjà tous les apprests qui m'ont esté pos-
sibles. J'ay faict faire du papier à Francfort, qui me
couste audict lieu 6 dalders le rame, pour en faire quelque
nombre d'exemplaires, et à ceste foire dernière en ay jà
receu et payé 12 rames et 500 rames d'autre sorte pour
l'impression commune. J'ay receu aussi la transcription
des4Évangélistes de charractères syriaques et hébraïcques,
et la version latine d'iceux faicte par un nommé Guido
Fabri ', personnage catholique. Et suis d'advis, sauf la
volonté des mieux entendus, de commencer à mestre en
lumière le Nouveau Testament.
Q.uant au livre des fragments poétiques j'espère de
l'achever devant 8 jours, le livre de Becanus dedans six
semaines, et Summa S. Thomas dedans 3 mois ou envi-
ron. Les affaires devant dictes ont faict qu'il me con-
vienne différer l'envoy des livres que Vostre Illustre
1. La lettre de Philippe II, ordonnant à Diego Hurtadd de Men-
doza, « proveedor gênerai b de la flotte, de transporter Arias dans
les Pays-Bas, indique le port de la Corogne comme point de départ.
2. Guy Le Fèvre de la Boderie.
— 271 —
Sîgneurîe demande jusques au premier jour que j'en
délivreray une partie pour le premier poste qui partira.
Cependant, je prie Dieu nous vouloir conserver V, I. S.
en bonne prospérité. D'Anvers, ce i may 1568.
124. — Tlantin à Çayas.
A Mons' Cayas, le 3 may 1568.
Estant retourné de Francfort, j'ay trouvé que Mons'
le Cardinal de Granvelle m'avoit envoyé les œuvres de
Lactance, corrigées et annotées par Monsg' le docteur
Michel Thomasius, avecques les lectres dudict Sign' doc-
teur, par lesquelles il m'ordonnoit que, suivant nostre
coustume, je fasse diligentement revoir son labeur aux
plus doctes d'entre les docteurs de Louvain pour en
avoir leur jugement. Parquoy, j'ay envoyé les œuvres
à Louvain pour ce faire, et l'ayant receu, avec le privi-
lège de la cour, je ne faudray. Dieu aidant, à l'impri-
mer et puis à en envoyer des exemplaires à Vostre Si-
gneurie, ainsi que, par sa dernière du 13 d'avril, il luy a
pieu me l'ordonner.
Et cependant j'envoye ici le catalogue des livres que
j'ay envoyés depuis le dernier mémoire envoyé à V. S.,
afin qu'elle puisse conférer avec le receu et entendre si
la diligence et fidélité ou la commodité et seureté des
chemins ont permis que le tout soit venu entre ses
mains, de pareille diligence comme je les ay tousjours
envoyés à Monsg' de Taxis, Maistre des Postes à
Bruxelles, pour les envoyer à V. S.
Au reste, Monsg" le Secrétaire de Son Excellence
-^ 272 —
m'ayant mandé, ces^ jours passés, qu'en toute diligence
je vinsse à Bruxelles pour entendre de sa bouche ce que
V. S. lui avoit rescrit, me déclara en fin qu'il venoit
un docteur par deçà, envoyé de Sa Majesté, pour en-
tendre à l'impression de la Bible en 4 langues. Et
pourtant que Sa Majesté vouloit que j'en imprimasse 6
en parchemin, qu'il estoit besoing que j'en fisse prépa-
ration. A quoy je respondis que tout ce que j'ay avec
ma propre personne et tout mon pouvoir, labeur et
industrie estoyent prests et appareillés au service de Sa
Majesté. Mais que, à la vérité, je n'avois pas le moyen
de fournir à l'advancement de l'achat dudict parchemin
ni d'autres frais que ceux par moy faicts ; nonobstant
quoy, répétant que l'argent viendroit et que je devois
me tenir prest, me renvoya joyeux d'entendre la bonne
volonté de Sa Majesté et triste de ce qu'il m'estoit jà
impossible de faire autres préparations que celles que
j'en ay par cy-devant faictes.
Car j'ay, par cy-devant, achapté assez bon nombre de
papier et entretenu, quelques années, les ouvriers,
attendant le commandement de Sa Majesté, jusques à
ce que en fin j'ay esté contrainct de revendre une partie
dudict papier et d'employer l'autre à imprimer Summa
Sancti Thomae que j'ay de présent entre mains. J'ay
mesmes faict aussi faire du papier à Francfort, pour
faire quelque nombre d'exemplaires, qui me couste 6
dalders, à sçavoir 4 escus et demy la rame, dont j 'en-
voyé icy une feille à V. S. pour monstre.
Bref, j'ay faict, jusques à présent, tout ce qu'il m'a
été possible et le feray toute ma vie, mais je ne puis
plus rien sans l'aide et soustien que j'attends de Sa Ma-
jesté par la faveur de V. S. Et pourtant sera il besoing
— 273 —
qu'après avoir receu quelque argent, je me transporte
sur les lieux où se faict le papier et les bons parchemins
pour conclure du nombre et ordonner de la délivrance
d'iceux, afin qu'il n y ait retardement aucun quant la
besongne sera commencée. Que si ce temps pendant que
Monsg' le docteur Arias Montano vient par de^a, ainsi
que Vostre Signeurie m'escrit, j'avois quelque moyenne
somme d'argent, je ferois les voyages et préparations
nécessaires, de sorte qu'à sa venue nous serions prests
de commencer et poursuivre sans aucun retardement
de temps.
125. — Tlantin au Cardinal de Granvelle.
A Monsigneur le Révérendissime de Granvelle.
Le 7 may 1568.
Suivant l'ordonnancé de Vostre Illustrissime Signeurie
du 20 de mars, j'ay envoyé à Brusselles, à Monsigneur
le Provost d'Aire, un exemplaire de Historia florum
Dodonaei *, avec le premier tome de Leopardus ' conte-
nant 10 livres, lesquels, si je m'aperçoy que les doctes
aprouvent, je besongneray à mettre les autres dix en
lumière. J'ay envoyé Lactantius * à Louvain pour estre
1. Florum, et coronariarum odoratarumque nonnullarum herharum
historia %jmiberto Dodonao fhCechliniensi medico auctore. Plantin, 1 568,
in-80.
2. Tauîi Leopardi emendationum et misceîîaneorum libri viginti. To*
mus prior decem libros continens. Plantin, 1568, in-40.
3. £. Cœlii Lactantii Firmiani divinarum institutUmum libri Fil»
Plantin, 1570, in-8o.
18
— ^74 —
revisité et approuvé par Messigneurs les docteurs ; ce
que faict, je délibère d'y mectre la main en la plus
grande diligence que je pourray.
Et ce pendant je me suis proposé de partir d'ici
dedans deux jours. Dieu aidant^ pour aler en France
faire l'achapt du reste des papiers qu'il convient pour
l'impression de la Bible en 4 langues, pour l'impression
de six exemplaires [sur parchemin], de laquelle je suis
cejourd'huy demouré d'accord et baillé arres, de quatre
cents douzaines de fin parchemin, et ce à 4 patars chai-
cunne peau. Et pour pouvoir bailler arres tant dudict
parchemin que pour d'autres choses nécessaires, le
Signeur Hiérosme Curiel m'a preste cent livres de gros
sur l'asseurance qu'il m'a dict avoir non seulement des
lectres et parole du secrétaire de Monsigneur le Duc
d'Âlbe, mais aussi de la bouche mesmes dudict Signeur
Duc, en attendant Monsigneur le docteur Arias Montano,
qui aporte les lectres de crédîct, de manière que j'espère
de commencer l'impression devant ou environ la sainct
Jehan prochainement venant.
Ce pendant, je poursuy, autant qu'il m'est possible,
Summa Sancti Thomae et l'œuvre de Becanus, laquelle
je ne faudray d'envoyer à Vostre Illustrissime Signeurie,
incontinent que je l'auray achevée, ce que j'espère faire
devant deux mois. Qpi me faict supplier à Vostre
Illustrissime Signeurie qu'il luy plaise nous faire com-
muniquer son exemplaire de la Bible grecque conféré
au vieil exemplaire de ceste tant bien renommée biblio-
thèque de Sa Saincteté. Et sur ce, je prie Dieu qu'il luy
plaise maintenir Vostre Illustrissime Signeurie en toute
bonne prospérité. D'Anvers, ce 8 may.
— ^75 —
126. — Vierre Gassen à Jeanne Rivière.
Ma comère Jehanne Plantin, J'ay dernièrement res-
cript à mon compère, vostre mary, et à Jehan Gassen,
mais despuis j'ay entendu que mon compère Plantin et
Jehan Gassen pourront estre à présent tous les deux en
chemin pour venir par desçà, dont nous sommes tous
joyeux de sa venue, et voyant qu'il ne sera pas à présent
par dellà, ny Jehan Gassen, pour nos afiayres, je vous
prie de fayre ce plesir à vostre comère Gassen que vos
filles Martine et Catherine fassent nos sortimens, re-
çoyvent nos ouvrages de nos ouvrières, les entretiennent
pour nous à la manyère acoustumée, et vostre Jehan *
reçoyve nos letres et nous responde. Je dis s'il leur est
possible, sans vous incomoder en vos et leurs affayres,
espérant. Dieu aydant, de reconoistre, avec le temps, les
peynes envers nos amis. Je vous prie donc et vos filles
et Jehan d'en fayre, comme s'en suit, le mémoyre, et, en
premier lieu, de retenir pour nous et nous envoyer, par
le premier seur, ce que Martine et Catherine ont de prest
de leur lingerie, des sortes qu'il nous fault, car j'ayme
mieux qu'elles ayent le profit qu'autres. J'ay receu à ce
voyage plusieurs frezes de Martine Plantin, à hors, des
bas pris, dont j'en veux encor de mesmes, assés bonne
calité comme :
Des frezes à hors, à 8 soûls de gros la douse3me.
Des frezes à hors, de 9 soûls, 6 den. de gros la dou-
seyne et de ii à 12 soûls la douseyne. Voylà les trois
basses sortes dont en faut le plus à hors, et le plus
grand nombre, despuis 8 souIs fins à 10 soûls de gros
I. Jean Moretus.
— 276 —
la douseyne, et puis en suyvant, quelques peu de 14 à
15 et 16 soûls, mais peu de fines. Il nous fault aussy
des frezes my-coupe des pris bas, de 8 à 9 et 10 soûls la
pièce. Aussi de 2 auteurs, dei2ài3ài4 patars pièce.
Des garnitures à freze, à hors, sans pereles, à 15 et 16
soûls et à 13 et 14 patars pièce. Je vous prie aussy fayre
besogner toutes vos ouvrières de Malines et de Brusselles,
mesmes Janeken Vertange, à nos lassis, et le plus tost
que en aurès, nous les envoyer par les messagers.
Faisant fin, après m'cstre recomandé à vous, à vos
filles et gendre, à Jehan et à tous les amis de par dellà,
priant Dieu estre à tous vostre garde. De Paris, en hâte,
ce 13 de may 1568.
Le tout vostre compère et à jamais amy,
P. Gassen.
Je prie aussy à Martine ou à Catherine Plantin, de
prendre pour nous chez Madame Sanglier, une douseyne
des plus fins et beaux colés.à monter, de mesmes ou
plus beaux que Jehan Gassen en a envoyé une douseyne
dernièrement, de 44 patars la pièce, point levé et cassé
bien fin, et toille bien fine, des plus beaux et divers
patrons, et s'il n'en n'y a point tant de beaux, n'en
prenés que six et luy dites que j'ay payé à son mary les
autres en ceste ville, ei tout ce que luy devoys, et adieu.
Je vous prie ne montrés pas à personne mes letres,
pour cause, mais les ayant, conservés les.
A Sire Christophle Plantin, marchant libraire,
demeurant en la Camestrate, au Compas d'or,
Anvers.
De port deux patars.
— 277 —
127. — Plantin à Çayas.
A M. Çayas.
II juin 1568.
Monsigneur,
Incontinent après avoir esté adverti de Monsigneur
d'Albernoz, secrétaire de Son Excellence, de l'intention
de Sa Majesté, persuadé par l'exhortation de Vostre
Signeurie touchant l'impression de la Bible en 4 langues,
m'efforceant de faire toutes préparations nécessaires, je
cerchay les moyens de pouvoir faire les provisions
deues pour tel effect, A quoy me servit grandement le
Signeur Curiel qui, libéralement, sur mon obligation, me
presta cent livres de gros, pour me servir à conclure de
marché et à bailler arres, tant du parchemin qu'il con-
vient pour les exemplaires que Sa Majesté veut avoir
imprimés sur iceluy, comme des papiers nécessaires. Et
pour mieux faire, je me transportay en France. Là où je
n'avois pas esté plus de 4 ou 5 jours, quant je fus
adverti de l'arrivée de Monsigneur le docteur Arrias
Montano, Parquoy, soudain, je m'en retournay en ceste
ville d'Anvers, là où, ayant receu les lectres de Vostre
Signeurie, et par icelles entendu les excellentes vertus
dudict Signeur, et que Vostrcdicte Signeurie luy porte
amitié pareille à une autre soy-mesmes, je me résolus
de tenir ledict Signeur en telle réputation et révérence
que je doy à Vostre Révérendissime Signeurie et par
conséquent à celuy lequel, après Dieu, la saincte reli-
gion catholique et nostre Roy, je doibs à bon droict
révérer et aimer en ce monde, et de faict je m'y em-
ployay d'arriver autant qu'il me fut possible.
— 278 —
Mais depuis que, par l'accès familier qu'il a pieu
audict Signeur docteur me donner envers sa personne,
et l'expérience que journellement j'acquiers des inesti-
mables faveurs divines du sainct esprit de Dieu eslargies
en ce personnage, j'ay commencé par effect à le con-
gnoistre de plus en plus, je n'ay plus tant d'esgard aux
vrayes et dignes recommandations de Vostre Signeurie,
ni mesmes au lieu qu'il tient envers Sa Majesté, tant
s'en faut que je me règle en ce que m'en a rescrit mon
bon signeur et amy Monsieur Mufflin, chapelain de Sa
Majesté ; car je me sens attiré, contrainct et volontaire-
ment ravi et transporté à aimer et révérer ledict signeur
Arrias Montanus, et ce comme personnage que, sans
envie ni affection, j'aperçoy à la vérité estre autant bien
doué et rempli de toutes grâces divines que j'en con-
gnoisse. De manière que je m'asseure qu'il eust esté
impossible à Sa Majesté et à tous autres de trouver ung
personnage plus idoine, capable ou propre, voire et né-
cessaire pour entreprendre la charge de l'ordonnance
et correction de ce tant excellent ouvrage que ledict
signeur. De quoy je me resjouy tellement que je n'esti-
me rien tout ce que j'ay faict et tous les labeurs et tra-
vaux que j'ay commencés ou pourray jamais porter
pour ceste impression des Bibles en 4 langues. A quoy
je promects de m'employer de cœur et courage entière-
ment, sans y prétendre autre profEct ni honneur que de
l'advancement du bien public en la religion catholique
et de l'honneur de Sa Majesté, de Vostre Signeurie et de
tous ceux qui l'ont incité à ce faire, le tout conjoinct
avec celuy de nostre Dieu.
Et pourtant me suis je proposé de n'y employer que
tout papier excellent et royal, et n'ay pas espargné mes-
— 279 —
mes de faire tailler encores autres charactères hébreux, à
l'advis du Signeur Docteur Montano et du mien, plus
excellens que ceux de nostre espreuve, de sorte que
j'espère faire du tout une œuvre royale.
Mais d'autant que, pour la suspicion des temps par
deçà, il est trop difficile de trouver maintenant qui
veille respondre, mesmes pour les meilleurs ou plus sol-
vables de ceste ville, et que, ce nonobstant, je désire,
quoy qu'il me couste, satisfaire à la volonté de Sa Ma-
jesté, j'ay prié Monsigneur le Docteur Arrias Montano
et Monsigneur Curiel que je ne fusse astrainct à bailler
autre piège que des mille et cinq cents ducats qui, pour
le commencement, me seront délivrés, et que je rendray
entre leurs mains toutes les feilles imprimées jusques à
la fin de l'ouvrage et obligeray ma maison, tous mes
biens et ma personne à telle restitution qu'il plaira à Sa
Majesté. En quoy faisant, lesdicts signeurs seront mieux
garantis pour la seureté des deniers de Sa Majesté, que si
je baillois divers pièges qu'on pensast maintenant estre
plus que suffisants, d'autant que, avant qu'ils me déli-
vrent autres deniers, ils seront saisis de l'impression
faicte, qui vaudra mieux que lesdicts deniers première-
ment advancés, joinct que, grâces à Dieu, je ne voudrois
quicter mon imprimerie pour dix mille ducats ; aussi est
ce toute ma richesse, excepté quelque honnête quantité
de bons livres et maison assez commode. Et pourtant,
Monsigneur, je supplie à Vostre Signeurie de faire que
Sa Majesté se contente desdicts piège et engagement de
tout mon bien et mesmes de ma personne que je conti-
nue d'ofiirir et de dire totalement à son service.
Qpant à ce que, par les lettres de Vostre Signeurie
envoyées audict Signeur Docteur Arrias Montano, j'ay
— 28o —
entendu qu'il n'ait pas^receu les livres de Monsigneur
le Docteur Mena, ni les autres mandés depuis, il m'en
desplaist grandement, suppliant Vostredicte Signeurie de
ne penser qu'il y ait de ma faute ou négligence aucune,
car j'ay faict à chaicunne fois, tout extresme devoir de
les faire délivrer au Signeur Leonardo de Tassis ', ainsi
que du tout j'ay, par mes dernières, envoyé le mémoire
à Vostre Signeurie, à laquelle de rechef je répète, en ce
mémoire, les parties des livres envoyés avec la datte de
chaicun jour. Qlue si Vostre Signeurie me le commande,
je envoyeray itérativement et tout ce qu'il luy plaira me
commander,et ce d'aussi bon cœur que, me recomman-
dant très humblement à la bonne grâce de Vostre Révé-
rendissime Signeurie, je prie Dieu l'augmenter en toute
prospérité. D'Anvers, ce 12 juin 1568.
128. — Plantin au Cardinal Granvelle.
Monsigneur le Cardinal Granvelle.
Très illustre et Révérendissime Signeur,
Le temps m'estant court, j'advertiray ici en bref
Vostre Illustrissime et Révérendissime Signeurie que j'ay
receu les versions des fragments qui ont esté envoyés
au Signeur Fulvio Ursino par mon serviteur, ce pendant
que j'estois alors à Paris pour faire l'achapt des papiers,
propres à imprimer les grandes Bibles en 4 langues,
pour l'assistace de quoy Sa Majesté a ici envoyé exprès
Monsigneur le Docteur Arrias Montanus,personnage des
I. Maître des postes.
— 28l —
plus doctes en la congnoissance des langues hébraïque,
chaldéenne, grecque et latine, et doué des plus rares
vertus qui doivent estre estimées qui soyent de ce
temps. Lequel estant arrivé ici depuis mon partement,
m'a revocqué en diligence, et baillé à mon retour les
lettres qu'il a pieu à Sa Majesté m'en faire escrire et
soussigner soy-mesmes et monstre les ordonnances de
Sadicte Majesté, par où il ordonne que je mecte incon-
tinent la main et que on me délivre 6 mille ducats pour
m'y aider. Par quoy, s'il plaist à Vostre Dlustrissime
Signeurie de nous faire prester les exemplaires de la
Bible en grec qu'elle a faict conférer à Rome, il en est
plus que temps, d'autant que nous sommes résolus d'y
commencer avec l'aide de Dieu, dedans la fin du mois
présent.
Ce que faisant la république sera tenue à la libéralité
de Vostre Illustrissime Signeurie et l'honneur deu pour
telle grâce ne sera celé à la postérité.
J'ay, retournant de Paris par Brusselles, receu les
lectres de Vostre Illustrissime Signeurie, avec les annota-
tions et fragments du Signeur Fulvio Ursino sur Caesar
et les imprimeray le plus tost que je pourray. Le sem-
blable feray je aussi du Lactance, qui, depuis mon parte-
ment d'ici, est encore es mains de Messigneurs les doc-
teurs de Louvain pour visiter avec les annotations que
j'imprimeray avec, Dieu aidant. [i2 juin 1568]
— 282 —
129. — Plantin à Fulvius Ur sinus.
13 juin 1568. Fulvio Ursino.
Magnifique Signeur,
D me plaist grandement que mon service vous plaise.
J'espère qu'aurés maintenant receu les exemplaires des
fragments des poètes, '. que mon serviteur, suivant mon
ordonnance, a envoyés à Vostre Signeurie en mon
absence ; mais il me desplaist que, comme j'entends,
la relieure n'a esté faicte selon vostre desseing. Par
quoy, si l'ordonnés, j'en feray relier et envoyer un
autre exemplaire, et, par la première basle, j'en
envoyeray quelque nombre pour donner aux amis de
Vostre Signeurie.
A mon retour de France, où j'estois aie pour certaines
affaires nécessaires, dont j'ay advisé l'illustrissime Si-
gneurie de Monsg*" le Cardinal de Granvelle, j'ay receu
les fragments de Cassar et annotations de V.S. sur iceluy,
dont je feray. Dieu aidant, ainsi que l'ordonnés, avec
aussi les adjoinctes envoyées depuis. J'envoye ici à
Vostre Signeurie lib. Animadversorum et de Coma ' de
Hadrien Junius. Quant aux Adagia *, Commentaria ex
Eustatio in Homerum *, Nomenclator * etc., pour estre
1 . Carmina novem illustrium femitiarum, etc. Ex bibliotheca Fulvii
Ursini. Plantin, i568,in-8o.
2. xÀdriantis Junius, *Animadversorum lihri VI et de Coma. Bâle,
1556, in-80.
3. /i., %Adagiorum àb Erasmo omissorum centuria octo cum dimidia.
4. Id., Cornu copia ex Eustathii Commentariis in Homerum.
5. Id., 'HjOmencîaior omnium rerum propria nomina variis linguis
expîicatainiicans.Plsinûa, i^S'jt'm-S:
~ 283 —
trop grands, je les envoyeray, avec les autres que Vostre
Signeurie demande, es basies que^ dedans 2 ou 3 jours,
j'espère d'envoyer à Rome au Signeur G. Ferrari,
libraire.
Quant à la phisique de Stobeo % je suis joyeux que
Vostre Signeurie m'ait adverti d'où elle procède, car
Sambucus m'en a rescrit, et, s'il la m'envoye pour impri-
mer, j'en feray le devoir, comme aussi de parler à Can-
terus, la première fois que je le verray ou luy rescriray.
130. — Plantin à Christophe CalveU de Estrella '
Christoval Calvete de Estrella.
13 juin 1568.
Monsigneur,
J'ay receu les lectres de Vostre Signeurie escrittes à
Madrid, le 20 de mars, et ce par le Signeur docteur
Arias Montano, personnage que j'ay tenu en grande
estime, incontinent avoir receu le témoignage de Mon-
signeur et comme père Çayas, de Vostre Signeurie et de
1. JoannisStohaieclogarumlihri duo, quorum prior Phystcas y posterior
Ethicas compJeciitur ; nunc primum Graece editi, interprète Guilielmo
Cantero. Ex bibliotheca C. V. J. Sambuci. Plantin, 1575, in-S».
2. Jean-Christophe Calvete de Estrella ou Stella, de Barcelone^
était le confesseur de Charles-Qpint et son historien pour les affaires
de rinde. Il écrivit entre autres : El felicissimo Viajc del tnuy aJto y
muy poderoso pricipé don Phelippe, hijo d'aï emperador don Carlos quinto
maximoy desde Espana a sus tierras de la boxa Alemaha, Anvers, Mart.
Nucio, 1552, in-fol. et Ad ExelUnliss. et Ma^nanimum principem
Ferdinandutn Alvarum loletum Alhœ dttcem Encomium. Plantin, 1573,
in-8o.
— 204 —
Monsigneur Mofflin, mais lequel maintenant je révère
et admire de plus en plus, tant pour son érudition en
toutes langues et sciences, que pour sa diligence et fidé-
lité, maïs surtout de sa modestie, humanité et rarissimes
vertus, dont je Tapperçoy doué et rempli de grâces di-
vines. Et me tiens plus heureux qu'un tel personnage
ait esté choisi pour l'ordonnance et correction d'un
ouvrage si véritablement royal, que si mille escus de
rente m'estoyent advenus ou donnés entièrement. Parle
premier qui partira après cestuy-ci, j'envoyeray à Vostre
Signeurie le catalogue des livres demandés et rescriray
souvent, puisque la commodité si addonne par le moyen
du Signeur Montano. Que s'il plaist à Vostre Signeurie
m'envoyer ses poésies, je les imprimeray volontiers,
mais encores plus volontiers ses histoires tant désirées.
131. — Plantin à Jean Mofflin.
A Monsigneur Mofflin. 13 juin 1568.
Monsigneur,
A l'advertissement qu'il vous a pieu me faire des
qualités du Signeur Arias Montano et des grandes solici-
tude et diligences qu'il a faictes en nostre faveur contre
les envieux et calumniateurs, touchant l'impression de
la Bible en 4 langues, je me délibéray de tenir ledict
Signeur docteur Arias Montano en telle réputation que
je devois, et m'y employay de tout mon pouvoir, incon-
tinent, non comme je le devois, mais comme, selon ma
mode rustique, il m'estoit possible. Mais depuis que ledict
— 28s —
Signeur Arias Montano m'a donné la hardiesse de con-
verser familièrement avec luy, je me suis trouvé telle-
ment esprins et comme transporté d'amour et révérence
envers ses tant rares vertus, qu'ayant oublié toutes vos
recommandations, celles de mon bon Signeur et comme
père Çayas, de Monsigneur Strella, et mesmes le lieu
qu'il tient envers Sa Majesté, je l'admire et, comme tout
esperdu, ne sçay bien souvent si je doibs me taire ou
luy respondre, quant mesmes il parle à moy. Et par con-
séquent, je souhaite et désire que je peusse faire service
audict Signeur qui luy fust aggréable, à quoy je m'em-
ployray de tout mon mieux et pouvoir.
Quant à vos lectres précédentes, escrites à Madrid, le
II décembre^ je les ay receues le ii febvrier ensuivant,
et incontinent je fis le contenu de vostre mémoire, que
je délivray, le 6 de mars ensuivant, au Signeur Jaques
Goossens, marchant peletier en ceste ville, frère, disoit-
il, de celuy à qui aviés donné la commission en ceste
ville, et alors je luy baillay deux factures, l'une pour
vous envoyer par le marinier et l'autre par la poste, et
moy-mesmes en délivray une autre à la poste, avec la
response bien ample aux vostres et à l'advertissement
[que], de vostre grâce, il vous avoit pieu de me faire,
touchant le frère prédicateur qui avoit rescrit de ceste
ville en la faveur de Steelsius etc.
Et depuis encores je vous ay rescrit aussi et me des-
plaist fort que n'ayés receu de moy le contentement que
désiriés, mais d'autant que je me tiens et sens incou-
pable en cest endroit, je me consoleray en patience,
attendant qu'il vous plaise de me commander autre
chose, en quoy me trouvères tousjours volontaire et dili-
gent. Mais, si les messagers ne feront leur devoir, je
— 286 —
désire estre, ce nonobstant, excusé, comme la raison le
veut. Et ce pendant, me recommandant très humble-
ment à vos bonnes grâces, je prie Dieu
132. — Tlantin à Mathias Gasl.
Mathîas Gast. Le 14 juin 1568.
J*ay receu les lectres et livret du Signeur Michel de
Venegas, lequel (nonobstant que je n*aye loysir de luy
rescrire présentement) j'espère d'imprimer selon qu'il
me l'ordonne. Gaspar de Portonariis * est ici et a achepté
quelque nombre de livres de moy, mais il ne m'a rien
parlé de la Bible de Robert Estienne avec les annota-
tions de Vatable ', mais bien en ay je un exemplaire
corrigé, que j'espère mectre en lumière, au plus tost que
j'en auray le moyen. Je vous envoyeray les livres par
vous demandés, ainsi que l'ordonnés, avec ceux de
Birckman, et suivray vostre ordre, n'envoyant rien qui
ne soit bien catholique et ne le voudrois pas aussi au-
trement. La Surama texte sera, Dieu aidant, achevée
d'imprimer dedans 3 ou 6 semaines du jourd'huy. Que
si en voulés quelque nombre, ordonnés argent par deçà,
et je vous en feray prix autant raisonnable qu'il me
sera possible. Et sur ce, me recommandant
1. Gaspar de Portonariis, de Lyon, libraire en Espagne.
2. 'Biblia sacra latina cum notis Fr, Vatabli, (Genevae) Rob. Ste-
phanus, 1^67, 2 vol. in-fol.
— 287 —
133- -" Pldntin à Çayas.
Monsieur Sayas. 22 juin 1568.
Le 12 du présent, j'escrivi et envoyé le catalogue des
livres qu'à diverses fois j'ay envoyés au Signeur Leo-
nardo de Tassis pour Vostre Révérendissime Signeurie,
et adjouxtay ung des livres de Monsigneur le docteur
Mena, auquel j'en désirerob envoyer quelque nombre,
s'il luy plaisoit m'ordonner, comment je pourrois les
envoyer à Sa Signeurie. Depuis j'ay accompagné Mon-
signeur le docteur Arias Montano à Louvain, où j'ay
continué à congnoistre de plus en plus les singuliers
[dons] de Dieu en Sa Signeurie. De sorte que je ne
me sçay assés esmerveiller des rares vertus que j'aperçoy
en tel personnage, chose qui le faict admirer et aimer
d'un chaicun et me contrainct facilement à le recognois-
tre et tenir au mesmes rang et révérer comme de bon
droict je fay et doibs faire Vostre Révérendissime
Signeurie.
Pour le présent, je n'envoyé rien, craignant que le
poste ne soit assés chargé, d'autant mesmes que le Si-
gneur Hiéronyme Curiel m'a faict achapter du parche-
min pour envoyer par la mesme poste. J'ay du papier
fin de Francfort, duquel je délivreray tel nombre qu'il
plaira à Vostre Révérendissime Signeurie le comman-
der.
— 288 —
134- "" Plantin à Jean Êgolphe de Knoringen.
(Il a appris que Jean Égolphe de Knoringen songe à faire impri-
mer les livres de Glareanus. Il se déclare prêt à exécuter ce travail^
à condition que son correspondant lui avance le prix du papier et
s'engage à prendre 300 exemplaires de l'ouvrage, à raison de quinze
réaux d'Espagne ou de dix batz d'Allemagne, les cent feuillets.)
Reverendo et Nobili viro ac Domino D. Johanni Egolpho
a Knoringen Cathedralium Ecclesiarum Nureburgen-
sium scholastico et Augustanas custodi et Domino
gratioso et patrono colendo.
Cum ex familiari coUoquio non semel a Domino
Hanardo Gamerio, viro ut doctissimo ita de litteris
litteratisque bene merito, intellexerim voluntatem Re-
verendae Dominationis Tuae de libris Glareani,' oratoris
et poetas excellentissimi, simul excudendis, ego, pro mea
erga doctissimos viros observantia, nolui praetermittere,
quin meam operam ad • taie opus imprimendum non
oSerrem. Idque libentius facio quod pietatem canonico
et ecclesiastico viro dignam, eruditionem absolutam et
erga ecclesiam zelum aliasque omnis generis virtutes et
animi dotes in te sitas esse Hanardus noster ita frequen-
tissime prasdicaverit, ut non magis Homerus Achillem aut
Ulyssem laudare potuerit quam is te nunquam non lau-
dibus efiert. Quas certe non falsas esse ex tuis ad eum
litteris facile cognovi.
Qponiam vero temporum incuria neque facultates
nostras ferunt ut meis sumptibus solis dicta Domini
X . Glareanus (Henri Loritus), philosophe, mathématicien, histo-
rien, théologien et poète, naquit en 1488 à Claris en Suisse, mourut
àFribourgen 1563. Plan tin n'imprima aucun de ses nombreux
livres ; les négociations, dont il est question dans cette lettre, n'eu-
rent donc point de résultat.
— 28? —
Glareani opéra imprimam, ecce conditiones quas possutn
aequas proponere. Volui nempe ut R. D. T. nos aliqua
summa honesta, juzta operis magnitudineiiiy primam ad
papyrum emendam juvet, polliceaturque, opère absolu to,
300 ad minimum exemplaria se redempturam, pretio
constituto, ut huic centum folia dem pro quinque rega-
iibus hispanicis seudecembassionibusgermanicis; neque
possum minorisy si ea carta et diligentia, qua in aliis
soleo, utar, neque vellem ego minori, praecipue in tali
auctore.
Casterum, si qua in re mea non displicuerit uti opéra,
si vel annueris, paratum me habebis. Vale, vir clarissime,
et nobis, si placuerit, per nuntium, quem hinc ad vos
destinât noster Hanardus, quasso ut mittatis. Antverpias,
25 junii 1568.
Reverendas Dominationis Tuae cliens obsequentissimus.
135. — Plantin à Louis in Schaffleren.
(Plantin se déclare prêt à imprimer le Bréviaire des Prémontrés, à
condition qu'on lui paie 1 50 thalers, en échange desquels, il fournira
300 exemplaires de ce Bréviaire.)
Reverendo in Christo Patri ac Domino D. Praeposito
Ludovico in Schasffleren etc.
De Breviariis Prasmonstratensis ordinis imprimendis
quoniam aliquando ad me scripsistis, rationibus nostris
initisy reperio me non posse impressionem suscipere,
nisi Reverenda Dominatio Vestra nobis centum et quin-
quaginta dalleros mittat, pro quibus pollicebor me vobis
daturum trecenta exemplaria dictorum Breviariorum.
19
Vestnim nunc erit dîspicere quid jubere velitis ; ea ete-
nim lege me vobis addictum et paratum habebitis.
Valete in Ghristo. Antveipiae, 25 junii 1568.
ReverendsB Dominationîs Tuse addictissimus.
C. Plantinus.
136. — Plantin au Cardinal Granvelle.
26 juin 1568.
A Monsieur le Cardinal de Granvelle.
Très illustre et Révérendissime,
Pourtant que je faisois cejourd'huy deux basles de li-
vres pour envoyer à M* Georges Ferrari, libraire à Rome,
et que le pasquet eust esté grand pour la poste, j'ay
mis en l'une desdictes basles 142 feilles de Summa
Sancti Thomae que j'avois imprimées ; les autres feilles
envoyeray je à Vostre Illustrissime Signeurie par chai-
cunne semaine jusques à la fin, que j'espère en faire
dedans le mois d'aoust prochain, devant lequel pourray
je bien à peine commencer ni Lactance ni César, d'au-
tant que je ne pourrois avoir achevé ni l'un ni l'autre
devant la foîre de Francfort, ni mesmes ladicte Summa
Sancti Thomae, et par ainsi serois je retardé du tout
pour six mois, ce qui me seroit fort incommode. J'espère
que Vostre Illustrissime Signeurie aura maintenant receu
mes lectres, par lesquelles je l'ay advisée de la venue de
Monsigneur le Docteur Arias Montanus, envoyé ici de la
Majesté de nostre Roy très catholique, pour entendre à
la correction de l'impression de la Bible en 4 langues
= ?9:? —
çt que Vpstre Illustrissime Signeuri^ aura mandé nous
faire accomoder de sa bible grecque conférée. Par quoy
feray fin.
137. — Plantin à Maximilien de Terghes^ archevêque de
Cambrai *.
Au très Illustre et Révérendissime Signeur Monsigpeur
l'archevesque de Cambray.
Le 28 juin 1568.
Très Illustre et Révérendissime,
Pourtant que Vostre Dlustrissime et Révérendissime
Signeurie me commanda dernièrement de l'advertir du
succès et occurences qui adviendroyent en l'impression
de la Bible en 4 langues, je l'en ay ici voulu advertir.
Estant donc de retour en ceste ville, je trouvay Monsi-
gneur le docteur en théologie Bénédîct Arias Montanus,
officier de la Sainte Inquisition en Espagne, Chevalier
de l'ordre de Saint Jaques, personnage, outre Testât de
noblesse et degré qu'il tient, npn seulement autant
accompli en la science des langues hébraïcque, chaldaïc*
que, syrienne, grecque, latine et diverses autres, mais
aussi doué d'une autant souveraine modestie, prudence,
amour divin, et toutes autres vertus divines qu'oncques
j'en ay sceu congnoistre. Iceluy, après m'avoir exposé
I. Maximilien de Berghes, né vers 15 12, était doyen de St Gom-
maire à Lierre, quand, le 10 septembre 1556, il fut élu évêque de
Cambrai. Son élection fut confirmée par le S' Siège en 1559. En
1562, après Torganisation des nouveaux évèchés, il devint archevêque
de Cambrai. Il mourut subitement à Berg-op-Zoom, le 37 août
1570-
— 292 —
l'occasion de sa venue et de sa charge, qu'il me monstra
par escrit annotée, apostilée et signée de la propre
main de la Majesté de nostre Roy très catholique, me
bailla lettres aussi addressantes à moy, soussignées aussi
de la propre main de Sa Majesté et de son secrétaire
d'estat, par lesquelles Sadicte Majesté m'escrit signam-
ment que les monstres de la Bible en quatre langues,
que, passé trois ans, j'avoys envoyées en Espagne, luy
ont esté si agréables, qu'après meure délibération, il
avoit envoyé ledict Arias Montanus, son domestique
etc., avec toutes charges et commodités, pour m'aider,
voire et présider en son nom à la correction de ladicte
Bible, laquelle il désire et m'exhorte de commencer
incontinent et la poursuivre en la plus grande diligence
que possible me sera. Ce que faisant, il me promect
toute faveur en tous endroits qui s'offiiront à mon
advantage etc.
Au reste, il ordonne ici à son facteur qu'il me délivre
la somme de six mille ducats en prest, pour employer à
ladicte impression et que^ contractant avec moy, il me
demande et prenne piège de ladicte somme : article
qui en ce temps fascheux m'a esté fort dur. Mais, grâces
à Dieu, j'y ay, par promesse de livrer les exemplaires
qui s'imprimeront, entre les mains ou pouvoir dudict
signeur docteur, satisfaict, excepté de mille et cinq
cents escus, pour lesquels il me convient bailler quelque
personnage pour piège : chose qui m'est assés difficile
en ce temps fascheux, auquel le père faict difficulté de
respondre pour le fils.
Si est ce, grâces à Dieu, que, outre une assés passa-
blement bonne quantité de livres et mon imprimerie,
que je ne donnerois pas pour 6 mille ducats, j'ay achapté
— 293 —
et payé la maison où je demeure plus que ne se monte
ladicte somme de 1500 escus et suis prest d'engager et
obliger le tout à quiconques me voudra faire ce plaisir,
afin que telle œuvre ne soit retardée pour si peu de
chose. Ledict facteur me dict bien qu'il prendroit bien ma
personne et biens pour asseurance, sans piège, n'estoit
que Sa Majesté luy a prescript ce point, auquel il ne
soroit aucunement contrevenir.
Voylà, Monsigneur, ce qui nous peut retarder. Car
le papier est achapté, les lectres sont fondues et ne lais-
sons aussi de faire besongner au reste des appareils. Le
tout sous espoir qu'il plaira à Dieu inspirer quelque
personnage de nous faire ce bien de respondre desdicts
1500 escus, ce que je ne désire point pour aucun prof-
fict particulier, mais pour le seul advnncement de la
saincte esglisc catholique, apostolique et romaine, et
ainsi Dieu et ses saincts me puissent aider.
Au reste, j'envoye ici à Vostre Excellence un exem-
plaire d'Œconomia Bibliorum relié, lequel livre couste,
ainsi relié qu'il est, 48 patars. S'il est autre chose en
quoy Vostre Exellence m'estime propre à luy faire ser-
vice, me le faisant commander par l'un de ses serviteurs,
je m'y employeray d'aussi bonne volonté que je prie
Dieu la préserver et augmenter en ses sainctes grâces et
que je demeure en la sienne. D'Anvers, ce 28 juni 1568.
De vostre Illustrissime et Révérendissime
Signeurie le très humble, très obéissant
et très affectionné serviteur.
C. Plantin.
— 294 —
138. — Plantin à Etienne Tighius.
(Plantin se déclare prêt à imprimer un petit livre sur la manière
d'écrire l'histoire fait par un Sicilien. Il annonce â Pighius l'envoi
de deux ouvrages et l'achèvement d'un troisième.)
Domino Stephano Pighio.
Libellum Siculi manuscriptum de historia * recepi, vir
clarissitne. Hune libentissime imprimerem, si scrupulo
mihi ex lectione dedicationis ad Illustrissimum injecto
liberarer. Is autem est quod dubitem num liber jam
antehac impressus fiierit, cum dicat se adductum fuisse
ad hune libellum emittendum postquam vidisset histo-
riam suam Melitensem ab amicis, se nescio, editam
fuisse. Nam, si liber jam fuerit ab aliquo alio editus,
abstinerem ab editîone; si non, praîlo, quam facere pos-
sem, citissime excuderem.
Poetrias Fulvii, una cum Gregorii Nazianzeni ali-
quot carminibus ', mitto. Becani historia est absoluta,
praeter praefationes et indices, quas ipse parât. Ubi abso-
luta erunt, omnia mittam tibi, et Domino Morillonio,
cui salutem plurimam ex me dici percupio. Vale, domine
mi, etc. 3 julii 1568.
1. fo, AnUmii Fiùerani de Scribenda historia liber, Plantin, 1569,
in-80. Le livre est dédié au Cardinal Granvelle. Dans la préface,
l'auteur dit : Scripsi de bello Meliiensi historiam, non quae in aliorum
manus veniret, sed quae studium meum et voluntatem amicis com-
mendaret, qui plus aequo illam probantes, in lucem subito emiserunt,
hoc ipsum refugiente me.
2. SenUntia et régula viUe ex Gregorii Na^ianieni scriptis collecta,
Ejusdem Jambi aliquot, nunc ptimum in lucem editi per Johanwm Sam-
bucum. Plantin, 1568, in-80.
— 29S —
139- "• Plantin au Cardinal Gaiwelle.
 Monsigneur le Cardinal de Granvelle. 4 juillet 1568.
Très lUustr. et Révérendissime,
Par mes précédentes, Vostre Illustrissime et Révéren-
dissime Signeurie aura entendu que nous sommes prests
à commencer l'impression de la Bible en 4 langues, et
qu'attendons la Bible conférée à Rome, à son instance ;
de laquelle nous servans, ne faudrons à faire telle men-
tion des grands personnages qu'il luy a pieu nous en
«
advenir.
J'estime que le Signeur Fulvio Ursino aura dès long
temps receu l'exemplaire des Poétrices que mon servi-
teur luy a envoyé, cependant que j'estois à Paris. Par
mes dernières, Vostre Illustrissime Signeurie aura aussi
entendu que j'ay, pour ne charger par trop les postes,
mis 142 feilles de Sa Signeurie en une des basles que
j'ay faicte et envoyée, ces jours passés, à Rome, pour les
délivrer au Signeur Georges Ferrari, libraire, et mainte-
nant j 'envoyé ces feilles que j'en ay imprimées depuis,
et continueray d'envoyer le reste jusques à la fin, qui
sera. Dieu aidant, devant la fin du mois d'aoust pro-
chain. Après quoy, j'espère (suivant aussi mes précé-
dentes) d'imprimer incontinent et en diligence le Lac-
tance et les commentaires de Csesar.
Qiiant à la disme des Bréviaires de Manutio, je la luy
pourray bien envoyer, par le moyen des conducteurs,
où il luy plaira, et ne feray aussi diflSculté de luy faire
le service de la vendre à son profict ; mais il me sem-
bleroit meilleur pour luy que je l'envoyasse ailleurs. Au
reste, si je n'ay l'exemplaire devant qui que ce soit de
— 296 —
par deçà, il se peut bien asseurer (à ce que j'entends)
qu'on n'aura point d'esgard à son privilège, et par consé-
quent, que je n'en voudray pas beaucoup. Comment que
ce soit, je feray mon devoir autant qu'il me sera pos-
sible.
J'estime que Vostre Illustrissime Signeurie aura main-
tenant receu Coronariarum herbarum historia Dodonaei
et tomus primus Observationum etc. Leopardi. J'envoye
maintenant ici Gregorii Nazianzeni carmina aliquot etc.
Le livre de Becanus est achevé, excepté les . préfaces
et tables. II est fort gros pour l'envoyer par la poste.
Par quoy, me semblera expédient de l'envoyer à deux ou
trois fois. Je suivray en cela et toutes autres choses
l'ordonnance de Vostre Illustrissime Signeurie, à laquelle
je prie Dieu nous vouloir conserver en toute prospérité,
à son honneur et gloire, et me faire demeurer en sa
bonne grâce.
D'Anvers, ce 4 juillet 1568.
140. — Tlantin à Érasme Vendius.
(A la demande de Hannardus Gamerius, Plantin se prépare à tirer
sur vélin deux exemplaires de la Bible royale pour le duc de Bavière.
Il déconseille de lui envoyer Paulus £milius pour aider à la correc-
tion du même ouvrage ; il ne lui manque pas de savants pour exé-
cuter cette besogne.)
D"° Vendio. s julii 1368.
S. P. Cum D. Hannardus, vir nobis hic ut doctissi-
mus, ita et doctissimis bonisque omnibus carissimus,
intellexisset Regiam Majestatem ab Hispania usque ad
nos misisse hue D. Doctorem B. Ariam Montanum cum
— 297 —
multis commodis et litteris ab ipsa majestate ad me scrip-
tis, quibus hortatur me, imo et auctoritate sua impellit
ad Biblia quatuor linguarum edenda, quodque ipsa sibi
sex exemplaria in pergamena jussisset imprimenda, non
prius quievit fidem suam interponendo quîn efEceret ut
ego lUustrissimo Duci et Maecenati nostro duo etiam
exemplaria susciperem conficienda. Hoc vero eo libentius
suscepi, partira quod liberalitatem Illustrissimi D. Ducis
ubique audiverim praedicari, partira quod ipse effigie
aurea donatus expertus fuerim. Caeterura Hanardo nostro
fidem suam liberandi curam relinquo. Blé naraque
utcuraque noscit facultates nostras et quanti intersit
nobis pecunias ad pergamenara solvendara paratas
habere.
De Paulo iErailio * sumptibus illustrissimi ducis ad
nos mittendo spera fecit nobis maximam. Sed cura
audiam eura linguarura graecas, chaldaicae et latinae qui-
bus omnibus cum hebraica vêtus testamentum est nobis
edendum, non satis esse peritum, neque fortasse syriacas
qua cum grasca et latinis quoque versionibus novum
decrevimus edere testamentum^ non scio an sumptus
tanti et labor horainis jam senis bene coUocarentur.Vobis
itaque hoc judicandum relinquo. Lutetia duos dictarum
linguarum peritissimos homines evocavi*. Habeo hic
praeterea generum meum in oranibus istis linguis non in-
doctum*. Praeerit vero correctioni, noraine regio, Benedic-
1. Paulus JEmilius. Différents auteurs ont porté ce nom. Il s'agit
probablement ici de celui d'entre eux qui fit paraître à Ingolstadt, en
1548, une réfutation des erreurs des juifs, et qui n'est connu que par
cet écrit (J. C. Adelung, GeUhrUn ïexico, I. 265).
2. Les deux frères Gui et Nicolas Le Fèvre de La Boderic«
3. François Raphelengien.
— 298 —
tus Arias ipse Montanus, theologias doctor insignis, vir
duodecim linguarum peritissimus omnique disciplinarum
génère haud mediocriter imbutus.
Si quid autem sit ad quod D. T. Plantinum non ini-
doneum judicet qui suo Illustrissimi Ducis
Prudentia, eruditîone et dignitate clarissimo viro Dno
D. Vendio, Illustrissimi utriusque Bavariae Ducis etc.
consiliario meritissimo^ Patrono singulari suo.
141. — Plantin à Jirémie Martius '.
(Il a appris avec plaisir que Martius se propose de traduire les
deux livres des Venins de Jacques Grevin. Il imprimera Touvrage
aussitôt qu'il en aura reçu la copie.)
9 julii 1568.
Clarissimo Doctissimoque D. Hieremias Martio
Augustano médicinal doctori.
Binas tuas ejusdem argumenti accepi, vir clarissime,
utrisque vero variis a reditu nostro e Gallis occupatus
paucis respondere cogor. Quod Jacobi Grevini nostri
librum de venenis latine reddideris est mihi gratissimum,
eumque laborem multis utilem fore non dubito. Proinde
me, ubi miseris exemplar versionis tuae, praelo submissu-
rum, Deo favente, polliceor. (iiod si ad nundinas qua-
dragesimales cupias emitti, curare debes ut in ipsis nun-
dinis proximis vel paulo post exemplar versionis tuas
I. Jérémie Martius, né à Augsburg, mourut en cette ville, en
1585. Il écrivit plusieurs ouviages sur la médecine et traduisit en
latin Deux livres des Venins par Jacques Grevin. Plantin, 1568, in-40.
La traduction parut sous le titre Jacobi Grevini de Venenis libri duo,
Plantin, 1571, in-40.
— 299 —
nobis reddatur. Scis etenim, ni fallor, nos hic nihil prorsus
imprimere uUa lingua, nisi prius a doctoribus ad hoc
officium ab aula destinatis perlectum approbatumque sit.
Tuum itaque erit curare ut mature possimus habere.
Vale, Domine observantissime. Antverpiae, 9 julii.
142. — Plantin au Cardinal Granvelle.
ro juillet 1568.
A Monsieur le Cardinal.
Très illustre etc.
Estimant que V. I"* et R°* S* aura receu les feilles de
S' Thomas, dernièrement envoyées, et quaedam carmina
D. Gregorii Nazianzeni, avec mes précédentes, et par
icelles entendu que je suis prest de faire service au
S"" P Manutio, en telle sorte qu'il luy plaira me l'or-
donner, ceste ne sera que pour acheminer ces autres
feilles de S. Thomas, et offrir la continuation de mon
humble et bien affectionné service à vostre Ill°* et R"®
Signeurie, à laquelle désirant estre recommandé, je prie
Dieu donner toute prospérité et santé. D'Anvers, ce
10 juillet 1568.
— 3^^ —
143- — Vlantin à un inconnu.
Vos lettres escrittes à Lyon, le 21 de juing, que j'ay
receues le 9* du présent, m'ont plus resjouy d'entendre
vostre arrivée en santé à Lyon, et l'espoir de vostre
partement dudict lieu en très bonne compagnie, que
contristé pour le refus de mess" les Jonctes * des exem-
plaires de la Bible en 4 langues, ni le retardement des
deniers pour la Summe de S' Thomas, qui, avec l'aide
de Dieu, sera achevé devant le 15 d'aoust prochain ;
après laquelle j'ay délibéré de poursuivre l'impression
du cours de droict canon que j'ay commencé in-8°, de la
récognition de Contins, et aussi les œuvres de Cicero
in 8° recongneus après Lambinus, desquelles les Epistolse
familiares seront achevées. Dieu aidant, dedans 3 semai-
nes '. Le cours de droict canon ay je espoir d'achever
en 4 mois, car j'y besongneray à trois presses, ainsi que
je fais, de la mesme lectre, en Summa S. Thomae. Les
œuvres de Cicero, à cause que l'un volume se vendra
sans l'autre, je n'imprimeray qu'à une presse. J'auray
achevé aussi le Diurnale, de la correction d'Espagne, que
m'a baillé ici de Portonariis en-32, dedans 15 jours.
Après quoy, je délibère de faire encores le Bréviaire de
la -J- % nonobstant le nouveau que j'attends de Rome,
avec privilège de Sa Saincteté, par le consentement de
P. Manutius et Populus Romanus,que j'espère de recevoir
de bref et le commencer incontinent.
1 . Les Junte, célèbres imprimeurs italiens dont, au seizième siècle,
une branche s'était établie à Lyon.
2. M. Tullii Ciceronis Epistola ad familiares. Avec annotations de
P. Manutius, Lambinus et Canterus. Plantin, iS^S^ in-S®,
3. Bréviaire de la Croix. Bréviaire publié par Franc. Quignoncz,
cardinal de Sainte-Croix.
— JOI —
Je recommence l'impression de mes deux sortes de
Bibles in-8** et une autre in-f°*, en attendant vostre réso-
lution, ou de quelque autre, à vostre refus, touchant les
docteurs in-4°, ainsi qu'estant en ceste ville je vous
avois déclaré, et m'aviés promis mesmes, estant à Paris,
d'y entendre d'une partie, ce qu'il semble qu'ayés oblié,
veu qu'en vos lectres vous ne m'en faictes pas de
mention.
144. — Plantin à Claude de Withem *.
Le 13 juillet 1568. A très noble et magnanime Signeur
Monsigneur Claude de Withem, Signeur de Risbourg
et lieutenant de haut et puissant Signeur Monsigneur
le conte de Meghe.
Monsigneur, Estant, ainsi que Sieur Pierre Cassen,
piège envers Monsigneur le chevalier de Sèvre des de-
niers annuels de la commanderie que V.S. tient au pays
de Liège, m'a, estant mesmes encores sur le chemin de
Francfort, dès la propre semaine de Pasques, envoyé
son neveu, qui, nonobstant quelques remonstrances de
1. Biblia laiina, Plantin, i$69, in-40 et in-80.
2. Le 26 juin 1566, Plantin et Corneille de Bomberghe se portè-
rent garants, en faveur de Qaude de Withem, envers le Chevalier
de Sèvre, pour une somme de 1300 écus au soleil à 52 sous par écu.
L'engagement était contracté pour un terme de neuf ans. Le chevalier
de Risbourg s'obligeait de son côté à leur payer annuellement la somme
de 2646 fl. I sou, le florin compté à 20 patars. A en juger par le
début de la présente lettre, il faut croire que de Bomberghe passa sa
part dans ce contrat à Pierre Cassen. Toute cette affaire du cheva-
lier de Risbourg fut pour Plantin une source abondante de tracas-
series et d'ennuis de tout genre. Elle se termina pour lui par une
perte de 2630 florins.
— jcx:^ —
La diflSculté des temps, de l'absence de Pierre le Vignon,
Nicolas Cbastelain et coinpagme, que moy ni mes amis
lui sceussçnt faire, me contraignit dès la mesmes se-
maine à luy payer le terme de Pasques. Et que, dès le
20 du mois de juing, il m'a envoyé Icctres de change,
à payer l'autre terme au premier de juillet. Par ainsi,
ayant esté contraint d'accepter lesdictes lectres de change
et par conséquent de fournir aux payements, je me suis
trouvé en telle perplexité que, si n'eust esté l'impres-
sion d'une œuvre de grandissime importance, en laquelle
la Majesté de nostre Roy très catholique, m'ayant envoyé
un noble chevalier et très sçavant docteur exprès, avec
lectres de faveur, tant à Son Excellence qu'à autres et à
moy en particulier, de commandement d'y travailler en
toute diligence, je me fusse transporté moy-mesmes vers
Vostre Signeurie, pour d'icelle avoir le moyen de recou-
vrer les deniers desdicts deux termes escheus, pour les-
quels j'ay employé tous mes amis et crédict, de peur de
tomber en inconvénient, perte et déshonneur misérable.
Mais, comme j'estais en ceste peine, est arrivé de Lyon
Gilles Chastelain, frère de Nicolas et facteur de la
mesme compagnie, auquel m'estant adressé, m'a respon-
du n'avoir aucun moyen de me subvenir. Chose qui
m'a d'autant plus contristé que j'ay tousjours entendu
que ladicte compagnie tenoit à rente bon nombre d'ar-
gent de Vostre Signeurie. De sorte que je n'ay sceu
moins faire que de protester à l'encontre d'eux, selon
droict et raison. Dont c'est ensuivi qu'ayant depuis faict
diligence, il m'a payé à bon compte la somme de six
cents florins et promis de faire faire le devoir de me
faire avoir argent dedans lo ou 12 jours, chose qui m'est
nécessaire, si je veux maintenir mon honneur.
— 303 —
Or de ceci ay je bien voulu advenir vostre noble
Signeurie, des vertus de laquelle je me tiens tant asseuré
que je ne me persuaderay jamais qu'elle n'y ait donné
tel ordre qu'il apartient, et que la faute ne vienne d'au-
tres, qui, comme j'estime, font leur profict de ses deniers
à nostre dommage. Car je vous jure, Monsigneur, que
je n'ay oncques eu ni ne prétends aucun profict des
deniers avancés par Vostre Signeurie, et que je n'en ay
rien autre chose que les peines et travaux, quant, les
termes venus, iedict Pierre Cassen, qui reçoit et paie les
deniers, m'envoye incontinent lectre de change, tout
ainsi comme si j'avois de longtemps l'argent de V. S,
en mon coffre, chose qui m'est si moleste qu'il me
seroit impossible de la racompter ni escrire. Et pourtant,
Monsigneur, je suplie très humblement V. S. qu'il luy
plaise de me délivrer de ceste peine, ennuy et fascherie,
où je suis à présent, et me donner le moyen pour
l'advenir de n'y tomber plus. Que s'il luy plaist me
donner ses deniers en mains, je suis prest (pour éviter
toutes fascheries aux jours des payements) de les pren-
dre à tel profict que les autres les prennent.
Au reste, je prie à V. S. se souvenir que je n'ay pas
été remboursé de quelques frais que je fis pour le mes-
sager envoyé en France, et les procurations et autres
menus despens que je payé alors que Vostre Signeurie
envoya en France vers Monsigneur le chevallier pour
passer la plègerie et avoir les lectres d'entrée en posses-
sion ni de quelques livres délivrés depuis pour Vostre-
dicte Signeurie. Et si, en quelque chose que ce soit, mon
service peut estre aggréable à V. S., elle me trouvera
derechef tousjours prompt et apareillé à m'y employer
— 304 —
d'aussi bon cueur que je prie à Dieu la maintenir en sa
grâce et moy en la sienne.
D'Anvers, ce 13 juillet 1368.
145. — Tlantin au Cardinal Gramelle.
17 juillet 1568.
A Monsg' le Cardinal de Granvelle.
Ayant respondu par ci-devant aux lectres de V. 1°** et
R"»* Signeurie et ne m'estant survenu autre chose digne
d'escrire à icelle, ceste ne servira que pour adresser les
feilles de S. Thomas, partie imprimées depuis les der-
nières, envoyées le 10 du présent, et partie ici restées
pour n'avoir esté imprimées selon leur ordre, mais anti-
cipées pour certaines commodités de nos ouvriers. Car
je n'en imprime guères davantage que 15 par chaicunne
semaine.
J'espère d'envoyer par le premier qui panira d'ici en
avant quelque feille imprimée à bon escient de la Bible
en 4 langues, de laquelle ayant faict plusieurs espreuves
différentes, il s'en est trouvé une qui, outre toutes les
autres, ayant merveilleusement pieu à tous ceux qui les
ont veues et principalement à Mons** le Docteur Arias
Montanus, que la Majesté de nostre Roy a envoyé par
deçà pour conduire la correction dudict œuvre, [ce savant]
veut et ordonne absolutement que je la poursuive de telle
faceon, chose qui enrichira et enchérira tellement la be-
songne que je crains que, outre les six mille ducats
desquels le Roy me faict accommoder jusques à la an
de l'impression, tout mon bien ne suffira pas pour
— 305 —
Tachever. Nonobstant quoy, me fiant en la grâce de
Dieu, en celle du Roy et de mes bons signeurs et amis,
je prens la hardiesse de commencer tel ouvrage, de la
magnificence duquel V. I"« S**' pourra juger à la pre-
mière feille, que j'espère de luy envoyer déans 7 ou 8
jours. Ce pendant, je prie Dieu la conserver à son hon-
neur et gloire et au profict de la république chrestienne.
D'Anvers etc.
146. — Plantin au Cardinal Stanislas Hosius. *
(Plantin remercié le cardinal Hosius de Tenvoi des additions à la
Confession polonaise. Avant de décider s'il imprimera les autres
œuvres du prélat, il désire savoir si celui-ci n'y a point apporté de
changements. Toutefois, il a résolu d'imprimer la Confession polo-
naise, et, dans quelques jours, il en enverra un spécimen.)
17 julii 1568.
Ulustrissimo Reverendissimoque in Christo Patri ac
Dno D. Hosio Cardinali amplissimo.
duod in reîpublicae christianae utilitatem cum litteris
additionum folia non pauca ad editionem Confession is
polonicae, quam jampridem meditamur, adomandam
venerabili D. Henrico Ziberto, * S. theologiae doctori,
canonico Antverpiensi et domino mihi plurimum obser-
1. Stanislas Hosius ou Osius naquit à Cracovie en 1504. Il fut
successivement chanoine dans cette ville^ évéque de Culm et d'Erme-
land ; il était cardinal, grand-pénitencier et légat du pape pour la
Pologne. Il écrivit un grand nombre d'ouvrages, spécialement pour
combattre la doctrine de Luther. Il mourut à Capranica, près de
Rome, le S août 1579.
2. Henri Ciberti, ou Dunghaeus, chanoine de l'église de Notre-
Dame à Anvers.
20
— 3^6 —
vando miserit V. Ill°* et R"* Dominatio, gratias habeo
habiturusque sum quoad vixero maximas.
Casterum, cum dubito num aliquid etiam in reliquis
operibus suis annotaverit III"* D. V., non audeo, ut
libenter facerem, operum omnium editionem in folio
aggredi, priusquam ab ea de hac re certior factus fuero.
Interea vero, ne temporis jactura in hoc tam necessa-
rio opère fiât, apud me statui (nisi tamcn aliter I"*** D.
V. visum fuerit) Confessionis polonicae librum in 8*
forma imprimere atque hujus rei intra paucos dies spé-
cimen mittere. Interea vero, si quid sit in quo nostra
opéra placuerit, ego semper paratissimus et obsequentis-
simus fore promitto. Deus opt. max. 111*™ et R™ D. V.
servet incolumem.
147. — Plantin à Alanus Copus,
CPlantin traite de différents sujets, et spécialement d'une nouvelle
édition des Diaiogi sex que G)pus voudrait faire paraître, mais que
Plantin déconseille, parce qu'une partie des exemplaires de la pre-
mière édition se trouve encore en magasin. Il se défend en outre de
chercher à faire des gains exagérés par ses transactions avec Alanus
Copus.)
17 julii 1568.
Clarissimo doctissimoque viro D. Alano Copo.
Qjiandoquidem conditiones mihi damnosas, in tuam
gratiam potius quam in meum uUum quaestum, tibi pe-
tenti obtuli offeroque, non video qui (si tamen tuas
intelligo) in aliam partem debueris interpretari. Pecu-
nias nunquam denegavi, sed tempora fuerunt nobis ini-
quiora. Imo, nisi existimassem te nos non libenter vo-
— 307 —
luisse et potuisse ferre, ego jamdudum quoquo fœnore
aliunde pecunias corrasissem, quo meam erga te fidem
et chirographum liberassem. Qiiod et nunc facere est
animus. Quare, quando hue venire pecunias qusesitum
voles, indica 2 vel 3 antea diebus, efficiam, Deo favente,
uteas paratas iiivenire possis.
De quasstu ex libris a te emptis tantum abest ut co-
gitem, ut paratus sim, tibi vel cuicumque libuerit, 15
stufFeris (quod ego 22 emi) dare \ Tu mihi 80 florenos
obtulisti, si vellem nunc recudere librum. Ego vero 180
tibi vel cuicumque libuerit ex ipsis libris dabo,si reliquos
velit mihi solvere,adque editionem novam ita properabo
ut ante 3 postea menses poUicear me, Deo favente, abso-
luturum impressionem idque praestabo.
Qpod scribis te noUe magno emere quod eu m magna
gratia et aliquo fortasse commodo potueris impetrare,
non satis assequor, cum ex verbis tuis intelligam te non
oblitum esse ofEcii tui, qui mihi ex compromisso et chiro-
grapho amici privilégia omnia et exemplar Dialogorum
tuorum correctum debueris dare,quinto mense ab eo die
quo Hbros tuos emi : tantum abest ut debueris alicui
oflFerre vel addicere. Imo neque, si rem meam amas et
editionem novam, ut semper mihi occasionem dari optavi,
desideras, debuisses aliquem de nova recognitione vel
I . Plantin avait imprimé la première édition des Dialogi sex Con-
tra summi pontificatus, moncLstica vita, sanctorum, sacrarum imaginum
optmgnatores et pseudomartyres aux frais d'Alanus Copus qui, de ce
chef, lui avait payé 1097 florins. L'ouvrage était terminé en janvier
1 566 ; au mois de mars suivant, Plantin reprit 940 exemplaires à 22
sous la pièce, soit pour une somme totale de 1034 florins. Il était
stipulé entre'eux qu*Alanus Copus prendrait des livres de Plantin
pour une valeur égale à celle de 100 exemplaires, c'est-à-dire pour
330 florinsk.
— 3o8 —
editione parata certiorem reddere, antequam de me, ad
quem res pertinet, intellexisses priorem editionem esse
ferme divenditam. Ignorasne me nuUum, ut aiant, non
movisse lapidem quo possem vel partem aliquam viliori
quam emerim pretio distrahere. Nonne tu et aniicus
noster Frimannus ', Bellerum*, Zangrium ' et, ut mihi
dixisti, alios nonnuUos sollicitastis, vel ad emtionem vel
permutationem quo possem ad novam editionem animum
applicare.
Qiiod si de fide mea dubitasti hactenus, quasi simukte
aliquid dixerim, vel me tôt exemplaria quod postremum
dixi non habere credas, tibi experiendum fuit quod et
nunc etiam potes. Si tibi de expectatione pecuniaruni
tuarum ultra tempus prsescriptum aliquid damni accidit,
hoc resarciri potest et ad id prasstandum sum paratus.
Num vero quod ex declaratione emendatorum Dialo-
gorum damnumjnobis accidit resarciri possit, tuum esto
judicîum. Iniquumne tibi videtur, si, cum nova correctio
tua et privilegium ad editionem mei solius juris sint
omnino, eo me demittam ut paratus sim in tuam gratiam
mediam partem jacturse in exemplaribus qui supersunt
distrahendis ferre et mediam partem lucri novae editionis
vel tibi vel cui volueris cedere ? An existimas fortasse,
nova etiam editione facta, priorem posse divendi ? Certe,
si hoc credis, erras ; imo religio mihi esset, nisi praîfato
id quod esset, alicui obtrudere. Quare nuUi usui tune
forent praeterquam ad maculaturas, quod aiunt.
Vide itaque, mi Cope, et perpende, quseso, num ali-
1. Thomas Frecman, anglais, associé de Copus dans Taffaire des
l^ahgi sex.
2. Imprimeur à Anvers.
3. Imprimeur à Louvain.
- 309 —
quam occasionem conquerendi de me vel de scriptione
mea, quod sciam, dederim. Paratus sum ad omnia quae
indicaveris,modo ne ultra, ut jam dixi,i5o, imo ducentos
florenos ex libris, quos adhuc h.ibeo, jactura proponatur.
Atque ne existimes etiam aliquid aliud de me quam de
amicissimo, et tibi tuisque studiis atque adeo toti reipu-
blicas bene faventi paratus sum dare rationem omnium
quaî accepi exemplarium et quicquid inde lucri prove-
nu cum his quae in mea adhuc sunt, tum hic tum alibi,
potestate ei qui voluerit suo commodo vel tuo novam
editionem emittere. Aut excogita quem volueris modum
vel conditionem, modo non excédât summam prsedictam,
accipiam et gratias habebo.
Quod de supplendis foliis nihil responderem, non ea
certe fuit causa quod, ut tu judicas, non meminerim
totus attentus ad rem de qua agebam. Ego namque, ex
tempore et absque meditatione anxia, id quod res est et
ut sese oflFert respondeo. Idque facio plerumque multis
aliis distractus negotiis et curis variis obrutus. Hinc fît
ut ad ea tantum saspissime respondeam quae mei solius
sunt ofEcii. Caetera namque institori meo committo, qui
ne omnibus quidem sufficere vel aliquando quod petitur
invenire potest, quod postremum ei nunc sibi accidisse
dixit et ad te se scripturum recepit atque missurum quae
invenerit.
— 3^0 —
148. — Tlanîin au Cardinal de GranvelU.
24 juillet 1568.
Au très illustre Gard, de Granvelle.
Le mesme jour que j'ay receu les lectres de V. I"*" et
R"e S'^ du 19 du passé, j'en receu aussi de Paris du S"^
Guido Lolgio, agent du très illustre cardinal Farnèse,
touchant l'œuvre du Sig"^ Hieronymo Mercuriale ' de
Arte Gymnastica, lequel, à la recommandation de V.
I"* S*, je me suis résolu d'imprimer, le plus tost et dili-
gentement que je pourray, ainsi que je l'ay rescrit audict
Lolgio et prie que, pour cest effect, il me l'envoyé à sa
première commodité.
Suivant ce que V. I"* S. m'advertist, au dernier
article de sa lectre, avoir piéçà enchargé à ses gens à
Bruxelles de m'envoyer son exemplaire de la Bible
grecque corrigée, j'ay par lectres prié cejourd'huy
Monsg»^ le Provost d'Aire de la m'envoyer, d'autant
que, dedans 3 ou 4 jours, nous espérons de commencer
à bon escient, de la faceon qu'est ceste présente espreuve,
laquelle n'est encores leue ne corrigée, et pourtant je
supplie à V. I™^ S* qu'elle ne soit veue d'autres, pour
le moins qu'elle ne vienne es mains de ceux qui vou-
droyent juger de la correction d'icelle. Car ce n'est
I . Mercurialis (Hieron3rmus), docteur en médecine, né à Forli en
1530, exerça d'abord son art dans sa ville natale, entra en 1562 au
service du cardinal Alexandre Farnèse, fut nommé professeur de
médecine à l'Université de Padoue en 1569, puis à celle de Bologne
en 1587, et enfin à celle de Pise. Il mourut dans sa ville natale en
1606. Il écrivit un très grand nombre d'ouvrages sur la médecine
dont aucun ne fut imprimé par Plantin. Le de Arte Gymîiasiica parut
à Paris, en 1577, in-40.
— 311 —
qu'une première espreuve, laquelle, pour le degré que
Vostre 111"* S'^ tient en la chrestienté et le zèle qu'elle
porte au bien d'icelle et à l'advancement de toutes
sciences libérales, je ne luy ay peu celer.
Qjiant à Summa S. Thomas, j'espère que par plusieurs
miennes précédentes, V. I™* et R"* S'*, aura entendu
que, pour ne charger trop les premières postes, j'en ay
mis 142 feilles en une des basles que, le mois passé,
j'ay ici délivrées au conducteur pour les adresser au S'
G. Ferrari, libraire à Rome, et depuis veu par autres
feilles, envoyées depuis par la poste à deux fois, et par
les 14 feilles que j 'envoyé maintenant, comment je pro-
cède en l'impression dudict livre, que j'eusse espéré
pouvoir achever (ainsi que je l'avois escrit à V. I"* S*®)
environ la S* Jehan, s'il ne m'eust convenu faire le
voyage en France et entendre à faire les préparatifs de
la Bible pt d'autres œuvres que j'espère de faire suivre.
Maintenant ay je bon espoir d'avoir achevé ladicte
Summe environ la my-aoust. Et pour autant jqu'il a pieu
à V. 111""* et R°* Signeurie m'advertir du desseing faict
pour la récognition de toutes les œuvres de S* Thomas,
et que, passé plusieurs années, ayant eu le mesme désir,
j'ai incité plusieurs doctes théologiens de Louvain à
conférer ceste summe de S' Thomas aux exemplaires
escrits à la main et depuis d'autres encores à cercher et
annoter les passages cités en icelle, en quoy, outre les
frais de l'imprimerie et papier, j'ay employé telle somme
d'argent qu'il me seroit impossible de m'en rembourser
par l'entière vente de ceste impression, je désirerois
avoir argument de la pouvoir dédier à celuy qui me
peust tellement favoriser que l'impression desdictes œu-
vres corrigées me fust commise, ou bien empescher que
— 312 —
je ne vinsse par l'imitation de quelques autres à estre
frustré de la jouyssance des despenses par moy desjà
faictes, et que pour telles poursuites je fais encore
journellement, trop plus grandes que mes facultés ne le
peuvent porter, pour continuer ainsi que je le désirerois '.
Sur quoy je supplie V. 111"**^ et R""^ Signeurie qu'il luy
plaise m'informer au plus tôt qu'il sera commodément
possible, afin que pour cela je ne retardasse (comme
aussi je n'ay pas délibéré) l'achèvement dudict œuvre
qui desjà, pour le peu de vente que nous faisons et le
peu de moyens que, par conséquent, j'ay de fournir aux
despens, me poise tellement que, pour ce pouvoir long-
temps supporter, j'ay esté contrainct, non seulement de
le faire in-4°, mais aussi de mectre bas,pour ung temps,
toutes autres charges, afin d'avoir plus tost faict, et
ainsi pouvoir retirer de la vente de cestuy-ci de quoy
puis après fournir à poursuivre les autres ouvrages en-
trepris.
Ce faisant, je seray d'autant plus tenu à prier Dieu
pour la bonne santé et prospérité de Vostre lUustriss,
et Révérendissime Signeurie, à laquelle je désire estre
tousjours etc.
I. L'édition plantinienne de 1569 de la Somme de S« Thomas fut
dédiée par Augustin Hunnaeus au pape Pie V, et par Antoine de
Sienne au prince Antoine, neveu de Jean III, roi de Portugal.
— 313 —
149- — Triant in à Fulvius Ur sinus.
24 juillet 1568.
Monsigneur,
Il me desplaist que nous ayons commis quelque
faute en vostre livre des fragments, et encore plus de
ce que j'entends, par les vostres du 19 juin, que n'avés
pas encores receu le livre entier, lequel j'espère que
pour le moins le pourrés maintenant avoir receu.
Qpant à Commentaria Caesaris, je n'ay sceu, pour
certaines raisons, encores y besongner, ce que j'espère
faire dedans 3 semaines.
J'ay rescrit à Paris au signeur Guido Lolgîo qu'il
m'envoye la copie du livre de Monsigneur Hieronymo
Mercuriale, avec espoir de le commencer incontinent
après l'avoir receu.
Au reste, je vous remercie très grandement de la
bonne affection qu'il vous plaist me porter et du bien
que me procurés en advertissant Vostre Signeuric
que, quand, à sa commodité et bon loisir, il luy plaira
m'envoyer le livre d'Achile Statio, avec l'autre inscrit
Ta iroifieviKa, que je les conjoindray ensemble et ce d'au-
tant plus volontiers qu'elle a le désir de les dédier à
Monsigneur le Cardinal de Granvelle, auquel je me
sens et confesse volontairement grandement obligé,
mais non tant que je ne désire de l'estre encores jour-
nellement de plus en plus, ainsi que le semblable j'ac-
cepte aussi volontiers de Vostre Signeurie, laquelle je
prie à Dieu etc.
— 314 —
150. — Tlantin à Jérimie SKartius.
(Il attend la traduction latine des deux livres des Venins par
Jacques Grevin et est disposé à Timprimer. Toutefois il ne pourra
accorder au traducteur d'autres honoraires que 12 ou 20 exemplaires
de l'ouvrage, Si ces conditions ne plaisent pas à Martius, Plantin
est prêt à imprimer la traduction^ au prix que le travail lui coûtera et
à prêter gratuitement les gravures faites à ses frais.)
Pridie kalendas augusti 1568.
Clarissimo doctissimoque viro Hieremias Martio
Âugustano medecinae doctori.
Spero equidem me ad proximas nundinas Francofor-
diam iturum : quare tuum erit statuere num illuc vel
hue exemplar versionis tuae mittere cupieris. Ne te vero
suspensum detineam, vel vana spe lactem, aut in gra-
tiam nostram videaris hanc operam sumpsisse, pro certo
tibi persuadeas velim me illius suscepturum editionem
latinam, potius ut tibi gratîficer, quam quod inde aliquid
lucri expectem. Proinde non est quod a me quid pro
remuneratione laboris hujus expectes, praeter 12 aut 20
exemplaria, amicis tuis abs te, si velis, donanda Ut autem
intelligas me tuo et studiosorum potius quam meo hac
in re consulere velle, paratus sum cujuslibet impensis et
commodo imprimere et meis figuris ' ornare ; neque
quid aliud ultra pensum operarium diurnum expecto
quam ut tuus manere possim, ad id, quod numine tuo
potero^ paratissimus.
Plantinus.
I. En X565, Plantin fit dessiner par GeofFroi Ballain et graver
sur bois par Jehan de Gourmont, tous deux de Paris, 55 figures
pour /. Grevity 'Deux livres des Venins.Le dessinateur reçut 7 sous de
France, le graveur, 1 5 sous par pièce.
— 315 —
151. — ^lantin à Claude de JVithent.
Le premier aoust 1568.
A très noble et vertueux Signeur, Monsigneur de Rys-
bourg, lieutenant général de Monsigneur le comte de
Meghen etc.
La révérence qu'à bon droict je porte à tous serviteurs
de Sa Majesté et pricipalement aux grandes charges que
Vostre Signeurie soustient maintenant pour les guerres
et affaires très urgentes^ me commandent bien de ne
Timportuner de la lecture de mes lectres en temps im-
portuns. Mais Textresme nécessité me contrainct comme
forcé de passer outre toutes les bornes de jugement et
raison. Suivant donques le commandement de la révé-
rence et devoir envers V. S., principalement en ce temps,
je prieray seulement ici Vostre Signeurie qu'il luy plaise,
quelque heure de repos, lire ces autres pages que la né-
cessité me contrainct luy respondre et ne trouver estrange
ni prendre en mal que son bien aflFectionné serviteur
remonstre humblement la peyne, ehnuy, fascherie et
danger où il se trouve pour le service d'icelle. Cepen-
dant, je prie Dieu qu'il luy plaise faire prospérer Vostre
noble Signeurie et donner victoire telle qu'elle la sou-
haite à son honneur et service de Sa Majesté.
Comme j'ay escrit par mes précédentes, il m'a faillu
payer le terme de Pasques, dès la propre semaine, et
celuy de S* Jehan, dès le dernier de juing dernièrement
passés. Et qui pis est, je ne sceu alors trouver argent à
crédict pour nul prix ; de sorte que je fus en danger que
tout mon bien eust esté vendu, mon crédit perdu et
ainsi du tout ruiné. Mais il advint que Sa Majesté,
-3i6-
environ ce temps-là, m'envoya lectres soussignées de sa
main, par lesquelles il m'ordonne de m'adresser vers l'ex-
cellence du duc d'Albe, auquel elle en escrivit aussi, pour
estre favorisé en tout ce que me sera de besoing pour
suivre son ordonnance, qui est entre autres choses,d'im-
primer une Bible en cinq langues, et pour cest efFect
m'a il aussi envoyé un chevallier de l'ordre de S^Jacques,
docteur très sçavant et expert, avec lectres de crédit pour
recevoir ici argent et demeurer jusques à ce que j'eusse
achevé pour le moins ladicte Bible. Or ay je receu à bon
compte 1500 [ducats] d'arres pour faire les provisions
deues, desquels, pour éviter le danger où je me voyois,
espérant que les pièges de V. S. feroyent de bref le
devoir de me rembourser, de bref j'ay payé lesdicts
termes et prins à crédict les papiers et autres avance-
ments qu'il ma faillu faire pour les préparations de la
dicte Bible etc.
Or maintenant sont les termes venus que je doibs
payer lesdicts papiers et autres avancements, autrement
je serois contrainct par justice de ce faire. Chose qui
me viendroit à encore plus grand dommage, d'autant
que si Son Excellence venoit à entendre que j'eusse
employé l'argent de Sa Majesté en autres affaires, je ne
doubte qu'elle ne le print en mal et qu'il ne s'en ensui-
vist quelque grand inconvénient. Et pourtant, Monsg"",
je supplie Vostre noble Signeurie de considérer la peine
et danger où je suis pour ceste affaire.
duant à l'advertissement donné, je remercie très gran-
dement V. S. du bien qu'en cela elle monstre me désirer
et m'en tiendray toute ma vie d'autant plus obligé vers
elle.Nonobstant quoy,il vous plaira entendre que dès long-
temps j'ay consigné à Mess" les fiscaux tout ce que j'avois
— 317 —
de tels, qui est la somme d'environ i6o fl. de rente, ûs-
seurant V. S. qu'onques je ne fus leur adhérent en aucun
point qui me doibve préjudicier, ni débiteur de celuy que
nommés*, depuis environ 13 mois dès devant que je
congnusse V. S. Et de faict, dès lors il y avoit plus de
18 mois qu'il avoit tout perdu,par banqueroutes qui luy
avoyent esté faictes par diverses personnes, de sorte
qu'il ne vivoit que d'emprunt, chose toutesfois qui n'a
pas été sceu de personnes autres que de 3 ou 4 de ses
amis qui luy assistoyent à vivre, et d'autant qu'il avoit
payé quasi tous ceux à qui il devoit et qu'il faisoit tous-
jours monstre, cela ne s'est pas cogneu ne sceu sur la
Bourse. Et j'estime bien aussi que Vostre Signeurie se
souvient bien qu'alors que je promis de bailler piège pour
elle à Paris, que je disais que ledict personnage n'avoit
que faire d'estre aucunnement nommé, d'autant que les
pièges que je devois bailler à Paris ne le congnoissoyent
aucunnement et n'accepteroyent la partie aucunnement
sinon à mon seul respectet. Mais Vostredicte Sig"* et
la compagnie des pièges d'icelles vouloyent qu'elle y fust,
à cause que pensiés bien que je dépendisse de luy, ainsi
que la renommée estoit entre aucuns et que ledict per-
sonnage le vouloit bien, afin de couvrir sa renommée.
Car pourtant qu'il ne faisoit (pour les causes devant
dictes) plus de trafique sur la Bourse, il estoit bien
content que le bruict demeurast qu'il faisoit encores im-
primer,ainsi que ses ancestres avoyent faict,et luy-mesme
m'avoit faict commencer des Bibles en hébrieu, mais
lesquelles il ne sceut pas mesmes faire achever par faute
d'argent. De sorte que je fus contrainct, longtemps de-
I. Corneille de Bomberghe.
-3r8-
vant qu'aucuns troubles commenceassent, de cercher
autres moyens, ainsi que plusieurs gens de bien et des
plus fidèles serviteurs de Sa Majesté ont bien sceu dès
lors, et pourtant, Monsg% il n y a rien que je craigne
de telle part.
Et davantage, Monsg%Vostre Signeurie sçait que c'est
à Monsieur le Chevalier de Sèvre et à Pierre Cassen
que j'ay affaire, lesquels s'il plaist à V. S. de faire con-
sentir par cy-après, je serai très content; mais il est né-
cessaire que je sois maintenant remboursé des termes
advancés, afin que je puisse poursuivir Tceuvre que Sa
Majesté m'ordonne. Et faut bien que V. S. entende que
j'ay oflfert à l'homme de vos pièges cent escus de perte
pour ces derniers payements, et qu'il me les fist comp-
ter sans aucun procès,estimant bien, voire et m'asseurant,
que V. S. ne permectra jamais que je fusse intéressé
pour son service là où je n'aj»^ onques prétendu autre
salaire, proffict ne récompense que de sa bonne ^râce,
à laquelle je supplie estre recommandé, priant Dieu la
vouloir conserver et faire prospérer en son honneur et
gloire.
— 319 —
152. — Tlantin au Cardinal de Granvelle.
Le 14 aoust 1568.
A Monsigneur le Cardinal Granvelle.
Très illustre et révérendissime.
Ayant achevé l'impression du Diurnale de Saincte
Croix, j'avois desjà baillé la copie du Bréviaire aux com-
positeurs pour y besogner, quant j'ay receu les lectres
de Vostre Illustrissime Signeurie qui m*ont faict changer
de labeur, entendant, par la teneur d'icelle?, le dommage
qui m'en eust peu ensuivir,veu que, de bref, se publiera
le nouveau, selon le dire de Manutius, à qui je désire
faire toutes les commodités qu'il me sera possible en la
vente et distribution de sa disme, ainsi que j'espère que
Vostre Illustrissime Signeurie aura entendu par mes pré-
cédentes, nonobstant la teneur desquelles je me remects
à la discrétion et bon jugement de Monsigneur vostre
maistre d'hôtel ', puisque il luy a pieu en prendre la
charge en la faveur du bien que me procure Vostre
Illustrissime Signeurie, à laquelle j'envoye ici encores 38
feilles de Summa Sancti Thomae, duquel livre j'espère
que Vostre Illustrissime Signeurie aura receu maintenant
toutes les précédentes, et de bref luy envoyer le reste
qui seront les premières feilles et les indices.
J'ay aussi receu cejourd'huy les préfaces et index du
livre de Becanus, par quoy j'ay bon espoir de l'avoir
achevé dedans 12 ou 15 jours et alors de l'envoyer à
I. Renobert de Malpas.
— 320 —
Vostre Illustrissime Signeurie, à laquelle cependant j'en-
voye aussi un ternion de la Bible commencée en 4 lan-
gues, laquelle je souhaite premièrement estre agréable
à Vostre Illustrissime et Révérendissime Signeurie et
puis à tous ses semblables, personnages doctes et de
rarissime jugement, ausquels, en servant au public, je
désire complaire et estre d'iceùx favorisé.
MAATSCHAPPIJ
DER
ANTWERPSCHE BIBLIOPHILEN.
UITGAVE N' 1$.
i
Exemplaar voor den handeL
Antwerpen. — Druk. J.-E. Buschmann, Rijnpoortvest.
CORRESPONDANCE
DE
CHRISTOPHE PLANTIN
PUBUËE FAR Max ROOSES
Conservateur du Musée Phnlin-Moretus.
— u. —
^tUWURJPEtl.
J.-E. BUSCHMANN.
GE^T. I , 'S GRAVENHAGE.
Ad. HOSTE. I Martinus NYHOFF.
CORRESPONDANCE
DE
CHRISTOPHE PLANTIN
153. — Plantin au Cardinal de Granvelle,
Le 21 aoust 1568.
A Monsigneur le Cardinal de Granvelle.
J'envoye ici le reste des feilles imprimées de la somme
de S. Thomas *, car il ne reste plus qu'aulcunes premières
feilles et celles de l'index que j'espère d'envoyer par le
premier, et incontinent après le livre de Becanus ", du-
quel j'ay cejourd'huy receu les préfaces,desquelles y en a
Tune à Vostre Illustrissime et Révérendissime Signeurie.
Qjuant au Lactance et Caesar ', je les imprimeray,
Dieu aidant, incontinent avoir receu les exemplaires
que, passé 2 mois^ j'ay envoyé à Brusselles pour en ob-
tenir le Privilège, ce que je n'ay peu encores, à cause
1. 5. Thoma Aquinatis Summa tctius Theologia, Plajitin, 1569,
3 vol. in-40.
2. Joan. Goropii Becani, Origines Antwerpiana. Plantin, 1569,
in- fol.
3. Ces deux volumes parurent en 1570.
— 6 —
des autres affaires plus urgentes et l'absence du privé
conseil, d'autant que Monsigneur le chancelier faict
difficulté d'admectre l'impression d'aucun livre que le
congé n'en ait premièrement été donné audict conseil
privé. Ce qui me faict moins croire ce que un mien amy
libraire demourant à Brusselles et tenant sa boutique de-
dans la cour du Palais, nommé Pierre de la Tumbe \
m'a rescrit hier, c'est que Bogard ', libraire à Louvain,
luy auroit monstre un Bréviaire du nouvel usage de
Rome, de l'impression de Manutius ', duquel il venoit,
par le moyen d'un Signeur espagnol nommé Castille
(car ainsi m'escrit-il), d'impétrer le privilège de la Cour
de Brabant, adjouxtant qu'il sçavoit bien que, par la fa-
veur de V. 111"*^ et R"**' S^*,j'avois obtenu le privilège de
Sa Saincteté et le congé de Manutius et du peuple Ro-
main, mais que, nonobstant cela, il l'aloit imprimer et
faire imprimer. Et de faict, jà deux personnages d'auc-
torité, chanoines de ceste ville, m'ont dict en avoir veu,
passé huict jours, par deçà, et quelqu'un m'en a offert
un à vendre, duquel il demandoit 20 escus. Mais, d'au-
tant que je n'ay encore le privilège de Sa Saincteié ni le
consent de Manutius, sans quoy je ne veux m'advancer
d'imprimer ledict Bréviaire ni autres livres desquels Sa
Saincteté ait baillé tels privilèges et faict telles défenses,
je ne l'ay voulu achapter, encores que j'en eusse autre-
ment volontiers autant payé.
Ce que j'escri à V. 111°* S., afin qu'elle puisse d'au-
tant mieux faire entendre à P. Manutius que, suivant
1. Pierre de la Tombe.
2. Jean Bogard.
3. 'Breviarium Romanum. Rome, Paul Manuce, 1568, in-fol. et
in-80.
mes advertissements donnés par diverses miennes pré-
cédentes, telles affaires ne consistent pas tant à les pru-
dentement et deuement pourchasser et assurer, comme
en la diligence de les mectre en exécution. Si est ce
toutesfois que, si je reçoy l'exemplaire et privilèges en
bref, je ne laisseray à faire le devoir promis par mes
lectres audict Manutius, tant en la disme promise qu^en
la vendition d'icelle, tout ainsi qu'en la faveur de V.
111™^ et R"'* S'% j'en auray peu obtenir le pouvoir de le
faire et serai obligé de m'y gouverner et acquiter.
154. — Planttn à Çayas.
A Monsig' Çayas. 1568, le 27 aoust.
J'ay esté fort joyeux d'entendre par monsigneur le
docteur B. Arias Montanus que V. S. avoit finablement
receu les livres envoyés de longtemps et à diverses fois,
chose qui m'a redonné le courage de continuer doresen-
avant à envoyer de tout ce que je feray et ce qu'il plaira
à V. S. m'ordonner, ainsi que je le fay maintenant.
Au reste, je me trouve tout honteux des biens qu'il
plaist à Mons' le Docteur de me procurer, en quoy je
congnois combien je suis et seray toute ma vie redevable
à V. S. des bénéfices qu'elle non seulement me faict,
mais aussi m'adresse ses semblables. Et pourtant qu'il
ne me sera jamais possible d'en recongnoistre le moin-
dre, je ne puis autre chose mieux faire que de m'effor-
cer et y exhorter tous mes enfants et famille à continuer,
toute leur vie, à prier ce bon Dieu pour l'heur et pros-
périté de Vostre Signeurie et de mondict Sig*" Arias
Montanus, pour la prudence, grâce, bonté, humanité.
— 8 —
sçavoir admirable, piété, sincérité extresmes, et toutes
autres rares vertus, duquel je Tay révéré et V. S. en
iceluy, dès que je receu les premières lectres d'icelle en
la recommandation d'iceluy, et depuis admiré, congnois-
sant combien l'effet surpasse la recommandation.
Et maintenant, ayant l'expérience de quelle faveur
mesmes ledict Signeur et V. S. continuent à poursuivre
mon bien, honneur et advancement au service de Sa
Majesté et de la république chrestienne, regardant en
moi et à mon incapacité, le plus souvent tout honteux
que je ne sçai que devenir, de sorte que je reste muet.
Et principalement quant ledict S' docteur m'a dernière-
ment adverti que V. S. avoit obtenu de Sa Majesté que
je peusse recevoir les deniers ordonnés pour le subside
de l'impression de la Bible vrayement Royale, sans
bailler autres pièges ni asseurance que des mesmes im-
pressions et de tout mon bien '. Car je répute autant
telle grâce, en ce temps tant difficile et fascheux à trou-
ver gens par deçà qui veillent respondre pour leurs
meilleurs amis pour quelque asseurance qu'on leur puisse
bailler,comme l'advancement des propres deniers, desquels
I . Par la lettre de Plantiu à Çayas, datée du 1 1 juin 1 568, on a
vu que le roi demandait à Plantin une garantie pour les 1500 ducats
que Philippe II consentait à lui avancer sur les travaux de la Bible
royale. Plantin offrait en garantie les feuilles imprimées, sa maison
et tous ses biens. Une lettre d'Arias Montanus à Çayas, en date du
22 juillet 1568, nous apprend que le roi se contenta de cette ga-
rantie : V. M. envfe un capitulo d Curiel, para que vaya dando d
Plantino los dineros, tomando en prendas sus casas que valen mas
de 4.000 scudos, y mas la obra hecha y que se fuere haciendo : que
acabada valdrà mas de 20 000 scudos. (Carrespondencia del doctor
Benito Arias Montano cofi Felipe II, etc, Collecaon de documentos
tnéditos para la historia de Espana XLI, 128 )
— 9 —
j'ay desjà, par la faveur de mondict S' le docteur et la
bonne preudhommie et facilité amiable du Sig*" Hiérosme
Curiel, personnage à la vérité si réal, béning et cordial
qu'il est très digne de Testât qu'il tient au service de Sa
Majesté, de sorte que je ne sçay assés m'esmerveiller et
louer Dieu de la grâce qu'il m'a faicte que je sois
adressé à tels personnages , desquels chaicun semble
tascher à qui mieux servira Sa Majesté et, qui est chose
bien plus rare, advancera ceux qui voudroyent pareille-
ment s'employer à son service.
Cela, Monsigneur, m'incite et encourage tellement à
poursuivre l'ouvrage de la Bible encommencée que je
ne désire rien plus que d'en voir la fin, quoy qu'il me
doibve couster ; car j'espère qu'elle plaira à Sa Majesté et
à toute la Chrestienté, qui s'en recongnoistra estre rede-
vable à la recommandation de V. S. à l'érudition de
Monsigneur le Docteur et comme père Arias Montanus
et à la libéralité de Sa Majesté, par laquelle j'auray esté
accommodé et auctorisé d'entreprendre et faire bien telle
ouvrage et sur ce.
' • • • • •
— 10 —
155- — Tlantin au Cardinal de Granvelle.
Le 22 octobre 1368.
Au très illustre et R™* Cardinal de Granvelle.
Très illustre et R"* Seigneur
Ayant quasi achevé d'imprimer la somme de S.
Thomas, jusques à une partie des Indices nouveaux,
dont j'envoye ici le reste, je commence l'impression
de Summa Silvestrina *, et d'autant que j'alois à Franc-
fort et que j'avois receu un exemplaire du Bréviaire
nouveau, j'en fis faire une espreuve, pour adviser com-
ment l'ouvrage se pourroit porter, et sur ce j'ordonnay
à mes gens qu'incontinent après avoir receu le privilège
et exemplaire de V. R™* S^*' et ceux de Brusselles, qu'ils
intermissent l'impression de la susdicte Summa Sylves-
trina et besongnassant à trois presses audict Bréviaire,
suivant l'ordonnance que je leur laissay.
Or, nos marchandises ayant esté arrestées en montant
vers Francfort, et nous ayant esté contraincts de fuir,
mesmes au retour, les aguets des ennemis du repos
public, et aussi qu'en retournant, je suis, par l'ordon-
nance de Monsg"" Arias Montanus, aie trouver Monsg'
Andréas Masius, à l'intention d'impétrer de luy quel-
ques livres en chaldéen et syriaque, pour nous en servir
à l'ornement de la Bible que nous poursuivons, sous la
faveur et aide de Sa Majesté, il est advenu que je sois
retourné quelques 18 jours plus tard que de coustume.
Estant donques, grâces à Dieu, arrivé en santé, j'ay
I. Sylvestrina Sumnia^ qua summa summarum merito nuncupatur,
Ab Reverendo pâtre Sylvestre Prierate édita. Plantin, 1569, 2 vol.
— II —
trouvé trois missives de V. I"* et R°* S**, par la pre-
mière desquelles, dattée du 7 aoust, j'entends la résolu-
tion de Monsg** le Général et du Magister sacri Palatii,
touchant de faire corriger et imprimer les œuvres de
S* Thomas à Rome, ce qui, tout considéré, me semble
milleur, pour la présence des aucteurs de la correction,
que de l'envoyer en lieu, là où on ne pourroit avoir
leur conseil es doubtes qui pourroyent survenir durant
l'impression. Et pourtant suis je triste que Monsigneur
le docteur Hunaeus ait faict telle mention de moy en
l'espitre dédicatoire que je trouve avoir esté imprimée
devant la première partie de mon édition, et suis d'avis,
si V. ni"*® et R™« Signeurie le trouve bon, de prier le-
dict Hunaeus de vouloir changer tels propos. *
I. Dans la dédicace de la Somme deSt Thomas (Plantin, 1569)
Augustin Hunnaeus dit de Plautin : CJuaerentibus autem nobis ta-
lem typographum, qui et typorum elegantia, et emandate imprimendi
fidelitate tam eximium opus pro sua dignitate typis mandare posset,
Christophorus Plantinus ultro ad eam rem suam obtulit operam^
oblatamque fideliter feliciterque prasstitit ; splendidius tamen et
magnificentîus prsestiturus, si ei per rei familiaris augustiam licuis-
set : flagrat enim hic eximius typographus (ut istud obiter dicam,
cupimus enim istius summi in imprimendo artifîcis industriam et
promptam juvandae Ecclesiae voluntatem V. S«» notam esse) studio
doctrinal catholicae illustrandas, exornandae, propagandae, et omnium
oculis et animis commendandae. C2^od quidem suum studium, per-
multis jam et minime obscuris argumentis declaravit, dum Biblia
sacra, Breviaria^ Diurnalia, Horas sccundum usum Romanum, Sum-
mam peccatorum, quae Armilla nominatur, et alia permulta, ita
polite, ita nitide et castigate in lucem emisit, ut magnum spécimen
praebuerit, clarumque documentum dederit, quantum sua arte catho-
licam Ecclesiam, si facultates suppeterent, juvare posset, et muito
ma jus atque illustrius, divina bonitate sanctos ejus conatus prospé-
rante, propediem est daturus. Ei namque Philippus, Hispaniarum rex
et no^trarum Belgicarum regionum moderator sapientissimus, non
contentus externos catholicse Ecclesias hostes a suis regionibus armis
-^12 —
Quant au Bréviaire nouveau, je congnois asseurément
et recongnostray toute ma vie et enchargeray aux miens
de recongnoistre les bénéfices que V. 111"* et R"*'' et les
peines, travaux et diligences que Mons"* son maistre
d'hostel m'y ont procuré et faict et poursuivent de faire,
car j'entends par le Signeur Malpas, frère du dict S'',
qu'il y besongne de rechef pour racoustrer les fautes et
obmissions et esclaircir toutes difiicultés, et* de faict,
mes gens ayants receu l'exemplaire en double du con-
tract et commencé de besongner à trois presses, ils
n'avoyent faict qu'à chaicune presse une feille, dont
j 'envoyé ici les monstres, quand ledict S"^ Malpas,
les vint advertir de ne procéder plus avant jus-
ques à ce que Mons*" son frère nous eust envoyé encores
une autre copie qu'il préparoit. Parquoy ils s'arres-
tèrent cependant et recommenceront à poursuivre la
Summa Sylvestrina entrelaissée, laquelle nous espérons
avoir achevé dedans quelque 2 mois, si ce n'est que, de
bref, nous recevions l'autre copie dudict Bréviaire corri-
gée et asseurance d'y pouvoir besongner, à quoy j'ay
délibéré de m'employer en toute diligence et fidéUté,
suivant en tout l'advis de V. 111® et R*^ S'* et de mondict
S*" son maistre d'hostel.
arcere, et internos dignis suppliciis coërcere, ad divinae salutarisquc
doctrinae cognitionem latius feliciusque propagandam,Bibliorum Com-
plutensium impressionem, sumptuum onere pro singulari et eximia
sua liberalitate sublevato, commisit: ex qua brevi in lucem proditura,
quid in universisThomaeoperibus imprimendis,(quorum coUectionem,
recognitionem ei editionem, S»*" V. meditari ex illustrissimi atque
reverendissimi domini Cardinalis Granvellani, patriîe meae Machliniae
archiepiscopi dignissimi, cujus virtutes omnibus provinciis ac regnis
uotie sunt, literis intelleximus) si hxc illi provincia raandaretur, et
V.St>s liberalitate ad sumptuum onus sustinendum juvaretur, praesti-
turus esset, facile fuerit S^» Vr*e conjecturam facere.
— 13 —
Nonobstant toutes lesquelles entreprinses, je ne fau-
dray. Dieu aidant, à commencer et poursuivre, sous une
autre presse, le livre de Mons'*Mercuriar,que j'ay trouvé
m'avoir esté envoyé de Paris et lequel j'ai incontinent
délivré à Monsg"" nostre curé pour le visiter et approu-
ver, pour l'envoyer à Bruxelles avec les livrets de Rege
et Regno et de Historia *, que j'ai receus de Monsg'^
Pighius et le receveur d'Aire ', pour en obtenir les
privilèges et puis les imprimer le plus bref que je
pourray.
J'ay receu les exemplaires de la Bible grecque, les
notes de laquelle nous avons délibéré d'adjouxter, avec
tout ce dont les gens de bien et doctes nous adviseront,
en ung tome séparé, qui se vendra avec les autres de la
Bible et dictionnaires y servants, sans en rien changer
aux textes hébraïques, cKaldaïques, grecs ni latins de
l'exemplaire du corps de la Bible de Complute. Mais,
quant aux grammaires, dictionnaires et autres telles choses
commodes pour les apprentifs ou pour la diversité des
leçons etc., nous suivrons les aucteurs cathoHques et
approuvés comme Panignus * et autres tels, sous le ju-
gement et approbation des Messg" de la faculté de
Théologie de Louvain, auxquels Sa Majesté a rescrit
de nous assister. Et pourtant leur communiquerons nous
ce qui s'adjouxtera, ainsi que de long temps j'avois desjà
faict du Thésaurus linguae sanctas Panigni, que nous
1. Hier» Mercurtalis, de Arte Gymnasiica,
2. Jo. %Antonii Viperani de Rege et Regno liber. Ejusdem Jo. uAnto.
yiperani de Historia scrihenda liber. Plantin, 1569^ in-8.
3. Max Morillon.
4. Sanctus Pagninus,
— 14 —
espérons y adjouxter, avec autres diverses commodités,
propres à Tintelligence des langues.
136. — Rei narratio quam casum conscientîae vocat
R. Fr. Antonius Siennensis. *
(Planiin avait acheté des livres chez le libraire Pierre Kerkhovius ;
le dominicain Antoine de Sienne prétendait que ces livres lui appar-
tenaient et devaient lui être rendus par Plantin. Celui-ci allègue sa
bonne foi, en les achetant, pour défendre la légitimité de sa posses-
sion.)
Anno Domîni 1568, prima novembris, Christophorus
Plantinus, volens ingredi per portam septentrionalem
ecclesiam B. Virginis Marias, vidît quosdam libros,
quorum folia rubro colore (praeter morem communem
hujus loci) erant infecta, venum expositos supra tabu-
lam tabernas librarias, quag illic est sub porticu.Novitate
hac allectus, accedit tabernam et, libros cum aperiret,
interrogatur a Petro Kerkhovio *, ejusdem tabernae do-
mino, num velit emere. Rogat Christophorus a quo
habuerit et quamdiu habuerit expositos. Respondet Petrus
ante quatuor dies se habuisse a quodam mercatoris insti-
tore sibi probe noto, cui commissi erant ad vendendum,
1 . Cette pièce est écrite sur une feuille volante non datée. Elle
est rédigée en 1369, mais nous la plaçons ici à la date où se passè-
rent les faits qui y sont exposés.
2. Petrus Kerkhovius ou Cemetière s'occupait aussi de travaux
littéraires. Il traduisit en flamand pour Plantin Flot es Ciceronis ad
epistolas scrihendas et une partie de La pretnière et la seconde partie
des Dialogues français^ sur un texte de Jacques Grévin et probablement
de Plantin lui-mcme (Plantin 1567). Il fit encore Tindex du Vàlerius
Maximus de 1567.
— 15 —
quod cujus essent vellet hinc migrare ad suos. Faciebat
autem3oflorenis omnes;se quidem potuîsse jam bonam
partem diversis canonicis vendidisse, verum malle simul
omnes vendere si facere posset. Obtulit tune Christo-
phorus i8 florenos, negavît Petrus.
Sequentibus po^tea diebus, illac îngrediens Christo-
phorus, bis aut ter adhuc vocatur a Petro et ad libres
singulis diebus expositos emendum pro re sua hortatur.
Undecima tandem die novembris convenitur et afferun-
tur libri a dicto Petro et ejus famulo in aedes Christo-
phori et libro rationum Diurno nominatim ascribuntur
ad hune modum ^ : ii Novembris 1^68, emi a D^ Petro
Kerkhovio bibliopola, ad portant B. Virginis Maria taber-
nam habtnte hos sequentes libros, pretio 22 florenorum quos
existimo, ut taxavi :
Concilia generalia, 4 voll. lig. 9 — 1$
Metaphisica Pauli Cassinatis, Macrobius f° simul i — 5
Confessio Augustiniana, 4^ — 18
3 Euthimius in Evangelia 2 — 14
I Titus Livius, f*', viel i — 4
I Psalterium Flaminii — 6
I Plautus, 16*' — 6
I Janelli metaphisica et physica, 8° i^^ 4
I Alphonsus de lege pœnali, 8° — 10
I Hector Pontus in Jesayam, 8° — 10
m
I Quintilianus Griphii — 10
I Allegoria Bibliorum, 8°, Paris — 10
I Euripides grsece, 8° — 12
I. La note en question est moins explicite, elle dit :
Adi ditto (11 novembre 1568) Achepté comptant.
Suit la liste des livres, et à la fin :
Le maistre (Plantin) les a payés 22 florins, argent comptant.
— i6 —
I Cajetanus in Job. Idem in Psalmos i— 8
I Hilarii opéra, f° i — lo
23 — 2
Ex quo satis liquet non fuisse minus emptos quam
valerent.
Qiiario vero postca die Dominus Canonicus Almaras
accedit tabernam dicti Christophori, contemplatur libros
supradictos quos se prius licitasse prasdicat, maxime vero
sibi Concilia gcneralia cupere dicit, quse illi pro 10, ni
fallor'jflorenis conceduntur.Euripides dono postea cuidam
studioso datur, ex quo liquet dictum Christophorum
nihil scivisse de dolo ; minus de alla re quapiam mala :
proinde non teneri reddere nisi recepta, saltem absque
lucro, sunima persoluta, Fr. Antonius S, aulem aliter
prietendit; dicit enim suos esse etc. Q.uod si ejus fuissent
mihi videtur dcbuisse prius indicasse. Nam quamvis
dictos libros viderit saepissime et nonnuUos in manibus
habuerit, in dicta taberna Christophorumque verbum
fecit, ante mensem, ni fallor, decembris postremi, cum
jam dictus Petrus ex urbe in Quadragesima superiori
abivisset. Praeterea mihi videtur justius ut a mercatore
satis sibi noto et divite, cui vas suum concredidit (ut
non, idem mercator negat), libros suos répétât quam a
dicto Christophoro, qui eos diu expositos in loco fre-
quentissimo émit et in taberna sua postea omnibus, etiam
ipsi Fr. D. Antonio, proposuit.
I. Plantin se trompe effectivement. Le 15 novembre 1568, il ven-
dit au chanoine Almaras les Concilia generalia à 12 florins.
— 17 —
157* — Plantin à Henri Corbry.
(Il se chargera volontiers de fournir les livres désirés pour la bi-
bliothèque de l'abbé de St Martin, à Tournai, et indiquera les prix
les plus bas possible.)
Clariss. doctissimoque viro Domino Henrico Corbry ad
D. Virginem Canonico Sacras Theologiag doctori pro
Reverendo Abbate D. Martini Tomaci.
Quod ad Bibliothecam R*** D"* Abbatis libris novis
instruendam nostra velis uti opéra, vir clarissime,
gratias, quando referre non possum, habeo ; habebo
maximas, conaborque, si nobis cura haec serio deman-
detur,ut de nostra fide neque diligentia conqueri possis.
Pretia vero incompactorum librorum, quos in indice
tuo designasti, et eorum quos addidi, declarato loco et
forma, melioris notas impressionis, quam ex sequo et
bono possum divendere minima adnotavi. Compacturse
vero pretium uniuscujusque voluminis formas separatim,
quemadmodum hic nobis est ipsis solvendum compac-
toribus, indicare volui, ut liberum sit dispicere utrum
magis e re R'** D"* Abbatis foret hinc compactos vel
incompactos libros evocare.
— i8 —
158. — Tlantin au Cardinal de Granvelle.
Le 20 novembre 1568.
A Monsigneur rillustrissime Cardinal de Granvelle
Très illustre et Révérendissime S^
J'attendray patiemment la correction des Bréviaires,
autant qu'il sera de besoing, et ce d'autant plus volon-
tairement que j'espère qu'ils seront plus corrects que
ceux des autres qui m'auront précédé, dont je me tien-
drai à jamais obligé à V. 111. Signeurie et à Monsg*^
Malpas, son maistre d'hostel.
Je respons au Signeur Fulvio Ursino, les labeurs
duquel, pour estre tant doctes comme les sçavants les
jugent, je désire mectre en lumière, chaicune fois qu'ils
me viendront entre les mains, ainsi que, dès le mois
de juillet, j'avois arresté de faire de ses émendations et
annotations sur le C^esar. Mais il m'est advenu, contre
mon espoir, que je n'ay sceu achever les ouvrages, par
avant commencés, avant mon partement pour Francfort,
ne par conséquent commencer ledict Ciesar. Or, je ne
permects jamais à mes gents qu'ils commencent en mon
absence aucunne chose nouvelle, ou que je tienne chère,
si premièrement je n'en ay veu l'espreuve et ordonné
la besongne. Par quoy, il a esté différé jusques à mon
retour, lequel n'a esté sitost, ni le voyage si prospère
que de coustume, dont s'est ensuivy ledict retardement,
que j'espère de récompenser, là où le moyen m'en sera
donné, et de commencer ledict Caesar, incontinent que
j'auray délivré quelqu'une de mes presses, ce que j'es-
père estre devant ce Noël prochain, et puis y besongner
de telle diligt^nce que, peu de temps après, je le puisse
mener à fin.
— 19 —
J'ay aussi envoyé à Bruxelles le livre de Gymnastica ',
avec les deux autres livres De Rege et Regno et De His-
toria scribenda, pour obtenir Toctroy de les imprimer,
ce que j'ay délibéré de faire par après, le plus tost qu'il
me sera possible, non sans advertir V. 111"® et R"** S'*
et luy envoyer des premières feilles imprimées.
Je poursuy l'impression des grandes Bibles, desquelles
nous avons, grâces à Dieu, achevé Genèse et Exode et
commencé le Lévitique. Je prie à Dieu qu'il luy plaise
nous donner le moyen de les pouvoir achever au profict
de la Chrestienté et à l'honneur de Sa Majesté, et de
nous vouloir conserver V. Dl"* et R°** Signeurie en
bonne santé et prospérité. D'Anvers, etc.
I. Par lettres d'octroi, datées du i6 novembre 1569, Plantiû ob-
tint le privilège pour imprimer un ouvrage libellé ainsi : Artis Gym-
nastica apud antiqvos ceîeberrinue nostris temporibus ignoraia Ubri sex,
authore Hieronimo Mercuriali Forolinensi medico et philosopJx), Plantin
n'imprima point le livre, qui parut,pour la première fois, à Venise en
1569 et fut souvent réimprimé.
— 20 —
159- — Plantin au Cardinal de GranvelU.
Le 10 décembre 1568.
A Monsig' le Cardinal de Granvelle.
Très illustre et R» S*«.
Incontinent avoir receu les lectres de V. 111°*® et R"''
Signeurie, avec celles y encloses, adressées à icelle tou-
chant le Targum de Jonathan * sur le Pentatheuque et
autres livres en hébreu y spécifiés, je suis aie communi-
quer le tout à Monsg' le docteur B. Arias Montanus qui,
très joyeux, m'a incontinent ordonné d'escrire à V. 111®
et R"* S" et la supplie, au nom de la République Chres-
tienne et de la Majesté de nostre Roy, qu'il luy plaise
faire ce bien de nous faire avoir ladicte parafrase à nos
despens, soit que le bon Signeur qui l'a nous la veille
vendre, ou bien prester, et nous la payrons, avec le port
d'icelle ou la rendrons, s'il ne la veut aliéner, et l'impri-
merons avec mention digne de celuy d'où elle viendra
et de V. 111°»® et R"® Signeurie, par qui nous l'aurons
obtenu, ainsi que ferons des diverses leçons de la Bible
conférée à Rome, aux dépens et par la libéralité d'icelle
V. 111°*® et R°*® Signeurie, tant bien aflfectionnée vers la
religion et les estudes libérales.
QjLiant aux autres livres de Jonathas sur tout le reste
des Bibles, nous les avons receus, en chaldéen et en
latin, de la libéralité de nostre roy très catholique. Et,
quant aux livres qui ne concernent lesdictes Bibles, nous
n'y pourrions maintenant entendre. Au reste, j'ay receu
I. Jonathan ben Uziel vécut peu de temps avant ou après le
Christ. Il traduisit en chaldéen les livres de Josué^ des Juges, de
Samuel, des Rois et les Prophètes.
— 21 —
une partie des Bréviaires et envoyé à la cour, mais
Emanuel-Philibert Tornesius, ayant une lectre de Sa S**,
avoit jà présenté requeste , laquelle, communiquée à
Monsg"* le Prévost, a esté retardée, par son moyen, en
vostre faveur.
J'ay faict relier deux exemplaires de Sumtoa S** Tho-
mae et de Ursinus In Virgilium * et Carmina feminarum*,
pour mectre es livres de V. 111°*, lesquels j'espère livrer
demain à monsg' Polytes.
J'auray, Dieu aidant, achevé Summa Sylvestrina ceste
semaine prochaine et commenceray Commentaria Cae-
saris, si je n'ay autre advis de S' Fulvius Ursinus.
Nous sommes parvenus aux Nombres es Bibles en 4
langues. J'ay faict une basle pour Rome, où ay mis un
Becanus ', et envoyeray, par la première commodité, au
mesme, à qui j'ay par cy-devant envoyé les premières
feilles de S. S. Thomae, que j'espère maintenant avoir
esté délivrées à V. Ill« et R»« S", laquelle je prie à
Dieu nous vouloir conserver.
Le 10 décembre 1568 etc.
1 . Virgilius collatione scriptorum gracorum illustratus opéra et indus-
tria Fulvil Ursini, Plan tin, 1568, in-80.
2. Carmina novem ilîustrium jerninarum^ etc. Latino versu a Lau-
rentio Gambara expressa. Plantin, 1568, in-80
3. Plantia venait d'achever les Origines Antwerpiana qui portent
la date de 1569.
2
— 22 —
159- — Plantin à Kjmbert de Malpas.
A Mons' Malpas, Maistre d'hostel de Monsg*^
riUustriss. Cardinal Granvelle.
Monsigneur, Ayant receu une preuve du Bréviaire,
avec les lectres de V. S., je Tay, au mesme instant, en-
voyé à Brusselles pour en obtenir le privilège, espérant
de commencer incontinent et ensuivre du tout vostre
ordonnance et advis, à quoy je ne faudray,tout inconti-
nent que j'en auray peu obtenir le congé du conseil,
auquel, deux ou trois jours auparavant que ladicte partie
du Bréviaire fust de ma part présentée à Monsg^ le
Président par son Secrétaire, il avoit esté exhibée une
licence de Sa Saincteté à un nouveau et jeune libraire
de ceste ville, nommé Phillebert Tomcsius \ de pou-
voir imprimer ledict Bréviaire, ce que par sa requeste il
demandoit luy estre octroyé. A quoy, par la responce et
remonstrance de ce que, par la sollicitation et faveur de
V. S., s'est passé à Rome envers le Sig' Paul Manutius
etc. faictes par Monsig' le Prévost d'Aire, sur ce requis
par ordonnance dudict conseil, fut apostille que ladicte
requeste me fust communiquée. De quoy je fus incon-
tinent advisé par ledict S*" Prévost de ce que je devois
faire pour prolonger l'affaire, cependant que V. S. ren-
voyeroit le reste dudict Bréviaire avec la licence de Sa
Saincteté,sans laquelle, veu les choses demandées, il ne
m'est possible de rien faire, veu que tant de divers
compétiteurs se manifestent.
Ledict libraire ne m'a point encore faict insinuer sa-
dicte requeste ni parlé aucunement, et ay bon espoir
I. Emanuel-Philippe Tronassius.
— 23 —
qu'il ne se hastera, et que, cependant, je recevray nostre
licence par la faveur de V. S., laquelle je prie Dieu
vouloir faire prospérer, me recommandant humblement
à sa bonne grâce.
D'Aûvers, ce lo décembre 1568.
160. — Tlantin à Çayas.
A Monsg' le secrétaire Çayas, le 13 décembre 1568.
Monsigneur.
Depuis la venue de Monsigneur le docteur B. Arias
Montanus, et que j'ay practiqué avec luy, à bon escient,
et entendu l'amitié réciproque qu'il observe vers V. S.,
je l'ay tellement expérimenté estre un autre vous-mesmes,
qu'encores que V. S. ne m'eust ordonné le tenir pour
tel, il ne me seroit possible que je le tinsse pour autre,
et, par conséquent, qu'il ne faut d'advertir V. S. de ce
qu'elle pourroit désirer. Ce que, joinct à la difficulté des
passages et affaires trop nécessaires de V. S , m'a faict
abstenir de luy escrire jusques à maintenant, que je l'ay
voulu advertir aussi de nostre bonne disposition et santé
et de celle de mondict Signeur, le docteur, que je tiens
(ainsi que V. S. mesmes) en révérence extresme, tant
pour les rares vertus dont, entre tous les personnages
que j'aye onques congneu, je le trouve divinement doué,
comme pour la diligence et travail constant et, si je
l'osois dire, trop assiduel dont il use, de sorte Mon-
signeur, qu'il ne me sembleroit impertinent que V. S.
luy recommandast souvent sa santé, laquelle je crains
grandement que, par un trop grand désir et affection de
— 24 —
faire service à Dieu, à la république chestienne, à la
Majesté de nostre Roy très Catholique, à tous ses amis
et cogneus, voire mesmes à tous ceux qui s'adressent
et le requièrent de chose qu'il puisse, il ne vienne à
TofFenser et acourcir finablement les jours de ceste vie
présente, chose qui seroit autant lamentable et déplo-
rable de tous les bons qu'autre qui peust advenir en ce
monde. Car j'espère plus de ses labeurs pour l'augmen-
tation de la congnoissance de Dieu envers ceux qui la
cerchent et de moyen à retirer les desvoyés à la vraie et
non feincte obéissance de nostre mère saincte esglise,
que je n'ay onques faict d'auteur qui, de nostre temps,
l'ait précédé. Et croy que Dieu l'a remply de s^s grâces
spéciales et choisi pour révéler et ramener, de ce temps,
le vray moyen de traicter la leçon des sainctes escrit-
tures et saincte théologie et parvenir à la vraye congnois-
sance des secrets d'icelle. Bref, pour le dire en un mot,
j'ay un tel espoir de ce personnage qu'il me seroit
impossible de l'expliquer, et, d'autant plus je le prac-
tique ou hante, d'autant plus je l'admire et révère et
tiens Sa Majesté plus heureuse d'avoir un tel serviteur,
que si quelque grand Royaume luy estoit advenu, et moy
très heureux de luy pouvoir faire quelque service. A
quoy de tout mon coeur je m'employeray toute ma vie,
et ticndray à jamais ce bénéfice receu de la faveur de
Vostre Signeurie, à qui par ce moyen la république devra '
une louange immortelle, qui ne sera celée de ceux qui
ne voudront estre congneus ingrats.
Et de ma part, je tascheray de trouver le moyen pour
tesmoigner à la postérité combien je me sens tenu audict
Signeur, et premièrement à V. S., duquel me vient ce
bien d'avoir eu la cognoissance et familiarité de cest autre
— 25 —
vous-mesmes, auquel je me réfère et asseure tousjours de
tout ce qui est besoing d'escrire ou advertir à V. S. des
choses de par deçà. Nonobstant quoy, pour n'oblier du
tout l'office que je doibs à VostredicteSigneurie, j'ay prins
encores la hardiese de luy adresser la présente, que je
luy supplie prendre de bonne part et recevoir en gré les
livres spécifiés en ce billet que j'ay envoyés à V. S. au
coffi'e N° envoyé par mondict Signeur le docteur
Arias Montanus au Sig' d'entre lesquels celuy
de Originibus Antverpdae ' etc. V.S. trouvera, peut estre,
(ainsi que prime face il a faict à plusieurs gens doctes
et grands personnages de diverses contrées) d'argument
et fondement fort estrange. Mais j'espère que, comme
il en est aussi advenu à plusieurs personnages bien
expérimentés et de bon jugement, qu'en la fin elle y
trouvera de merveilleusement bonnes raisons et mieux
fondées que de première entrée il n'a semblé. Car je
voy par expérience qu'ainsi en est il prins à plusieurs.
Qiie si, par la faveur et moyen de V. S., il plaisoit à
Sa Majesté employer l'aucteur dudict livre et luy com-
mander de poursuivre la description des choses qu'il a
conceues et les mectre en lumière, sous le nom de Sa
Majesté, je ne doubte (après un grand nombre de gens
doctes et rares qui admirent son sçavoir) qu'il ne fist
voir un œuvre autant, voire plus esmerveillable, touchant
les histoires et choses naturelles de l'Univers, que ne fist
onques Aristote ou Pline ou quelconques autres des an-
ciens. Et me semble, sauf meilleur jugement,que, comme
I. /. Goropius Becanus, Origines Aniwerpia.Lt 17 décembre 1568,
Plantin envoya par Arias Montanus à Diego Diaz Bezerril, de Séville,
cinq coHres de livres. Dans celui qui portait le n^ 14, se trouvait
Touvrage de Becanus.
— a6 —
mon bon signeur et amy Monsg' B. Ârias Montanus
excelle en Tintelligence et congnoissance des sainctes
lectres et de la S* Théologie, que ledict S' Becanus
est, en ces païs ici, très excellent en la Philosophie et
raisons naturelles référées à leur premier moteur et
aucteur de TUnivers.
Et ainsi, sous la Majesté de nostre Roy très catholique,
ay-je espoir de voir encores le vray siècle d'or tant cé-
lèbre et renommé des anciens. Ce que je prie nostre
signeur Dieu nous vouloir favoriser et réduire tous les
desvoyés sous un seul Dieu, une S** esglise et un seul
gouverneur et Roy sus la terre, en une saincte foy, ung
saint baptesme, une S'® espérance et divine communion
du saint Sacrement, en ceste vie corporelle, et finable-
ment nous octroyer la vie perdurable à son honneur et
gloire , par nostre Signeur Jésus-Christ. Le mesme
aussi je prie de tout mon cœur vouloir maintenir et
bonheurer Sa Majesté et son estât et V. S. à son ser-
vice en toute prospérité et bonne santé, et moy en la
bonne grâce d'icelle.
D'Anvers, ce 14 décembre 1368 de
V. S. le très humble et très obéissant serviteur
C. PI.
27 —
i6i. — Plantin à Joachim Hopperus. '
^ Le 14 décembre 1568, à Monsig'
Monsig' Joach. Hopperus.
Monsigneur.
Estant retourné dernièrement de la foire de Francfort
plus tard et par plus longs chemins que de coustume, à
cause des empeschements qui estoyent es accoustumés,
je trouve une lectre de V. S. du 30 de juillet, par la-
quelle, il luy a pieu m'advertir d*avoir receu quelques
livres de mon impression avec le catalogue de ce que
j'ay imprimé sans aucunes lectres miennes. Je remercie
très humblement V. S. de ce qu'il luy plaist avoir
aggréable Icsdicts livres et de la faveur qu'il luy plaist
m'avoir faict par cy-devant, et continuer en telle volonté,
de quoy je tascheray tousjours de n'estre veu ingrat de
tels bénéfices qui proviennent de l'humanité accoustu-
mée de V. S.
Quant aux livres qu'il a pieu à V. S. m'annoter du-
dict catalogue, je les ay tous apprestés incontinent, avec
un autre livre faict naguères par le S*" Becanus, jadis
médecin des reynes de bonne mémoire, Marie de Hon-
grie et Léonora de France, que j'avois lors nouvellement
achevé, qui traite de Originibus Gentium, et pensois
l'envoyer à V. S., par le premier et principalement par
le serviteur de V.S., qui m'estant venu saluer de la part
I . Joachim Hopperus naquit à Sneek en Frise, le 1 1 novembre
1525. II. fut successivement professeur en droit à Tuniversité de
Louvain, conseiller au grand Conseil de Malines, conseiller au Con-
seil privé et, depuis 1566, garde des sceaux auprès de Philippe II.
11 mourut à Madrid, le 1$ décembre 1576.
— 28 —
de V. S. m'avoit promis de venir en passant par ceste
ville avec ma dame, la partie de V. S., à laquelle je
désirois aussi faire la révérence par ici, et recueillir les-
dicts livres. Lesquels, puisque, à mon regret, j'ay perdu
telle occasion, laquelle attendant j'avois différé de les
mectre en un cofre envoyé par monsig' le docteur Arias
Montanus, personnage doué de maintes vertus très rares,
m'avoit faict pacquer pour le S' Don Manriques avec
autres, je ne faudray Dieu aidant à les paquer dedans un
autre que j'espère de pacquer dedans 3 ou 4 JQurs, par
l'ordonnance aussi dudict Sig' Ârias Montanus, dont
j'advertiray aussi V. S., laquelle je prie Dieu vouloir
conserver et maintenir en la bonne grâce d'icelle etc.
162. — Tlantinà François 'Sjchardot \
A très révérend Père en Dieu, Monsigneur TEvesque
d'Arras, ce 21 décembre 1568.
Révérendissime Signeur.
Estant retourné en mon logis, il me semble plus ex-
pédient, considéré la qualité de V. R. S., plus addonnée
au faict et à l'exécution qu'à Tapparence et ostentation
des choses, de faire au mesme instant tout simplement
tellement relier cest exemplaire de Summa S. Thomae
I. François Richardot né à Morey, en Franche-Comté, en 1507,
docteur en théologie de la faculté de Paris, successivement religieux
augustin, puis prévôt à Champlite, professeur à Tuniversité de
Bçsançon, chanoine et écolâtre de St« Gudule à Bruxelles, professeur
d'écriture sainte â Douai, suffragant d'Arras, et, depuis 1561, évêque
de cette dernière ville. Il mourut le 26 juillet 1574.
— 29 —
comme la constitution de l'air trop véhémente pour
manier l'or me Ta permis, que, sous l'espoir d'une plus
brave relieure, différer davantage de l'envoyer à V. R*"**
S., à laquelle je supplie de prendre en gré ce mien petit
service et présent de nostre imprimerie, de laquelle je
désire pouvoir sortir chose qui lui puisse estre aggréable
et proffitable au public. De quoy, moyennant la grâce
de Dieu, je ne doubte aucunement, pourveu qu'à V.
R«e S*** et à ses semblables, c'est-à-dire aux personnages
vrayement religieux, doctes et d'autorité deuement ap-
prouvée, il plaise nous employer et favoriser à nos la-
beurs assidus que je prétends estre voués au service de
Dieu et de la respublique chrestienne, selon les ordon-
nances et conseils de nostre Roy, de son magistrat et
de ceux à qui de droit il appartient, le trouvent expé-
dient, selon les temps et nécessités occurrentes.
Parquoy, je supplie à V. R°* S** qu'il luy plaise user
de moy en tout ce qu'elle jugera que je ne seray du tout
incapable et ainsi je mectray peine de luy satisfaire de
tout mon pouvoir, priant Dieu qu'il la veille conserver
en santé et bonne prospérité.
— 30 —
163. — Tlantin au Cardinal de Granvelle.
Le dernier décembre 1368, au très Illustre
Cardinal de Granvelle.
Très Illustre et R™*^ Cardinal.
Si j'estois acertené que V. 111* et R"** Signeurie n'eust
encores receu les premières feilles emballées, j'en en-
voyerois incontinent d'autres et me deplaist que, dès le
commencement, je ne les envoyay, comme les autres, par
la poste, que je pensois ainsi soulager.
J'ay, grâces à Dieu, receu l'accomplissement du Bré-
viaire avec le brief de Sa Saincteté, de quoy je me tiens
et tiendray toute ma vie obligé à V. 111* et R™* S'* et à
Monsig** son maistre d'hostel, le chantre de Malines *, et
tascheray tousjours de n'estre veu ingrat d'un tel béné-
fice.
J'ay achevé la Sylvestrine et empacqué une, avec en-
cores un entier œuvre de la Summe et ung livre de
Becanus, en l'une des deux basles que j'ay derechef
faict ici emballer et délivrer au conducteur pour les
conduire à Rome, au libraire nommé le S*" Georgio Fer-
rari, lesquels livres je supplieray à V. 111* S* recevoir
en gré.
Quant aux grandes Bibles, j'ay commencé et pour-
fuivray, en tout ce que je feray d'importance, de tous-
jours imprimer trois exemplaires pour V. 111* et R"*
Sign** du meilleur papier que je pourray trouver, de la
forme dont imprimeray l'œuvre.
J'ay, par mes précédentes, respondu au billet addressé
I. Rembert de Malpas.
- 31 —
à V. R"* S**^ touchant la Paraphrase de Jonathan que
nous désirons avoir pour renrichissement de la Bible en
4 langues. Quant aux Commentaires de Csesar, j'attends
la response de mes dernières au S"" Fulvio Ursino et
faisant l'un je n'ay pas délibéré d'obmectre l'autre, mais
d'imprimer Lactance avec tous les autres, selon l'ordre
qu'il me sera possible d'y poursuivre, sans que, d'icy en
avant, j'entreprenne plus rien que ce qui est entreprins et
en train jusques à ce que l'aye du tout achevé. J'envoye à
V. S. les poètes et les poétresses, et, par le premier
poste ensuivant, j'envoyeray ce que, par l'itérative lecture
des lectres de V. lUustriss. et R°** S**, je trouveray avoir
esté par icelles demandé. Car, pour le présent, je n'ay
sceu avoir assés de temps pour ce faire. Et cependant,
faisant fin à la présente, je prie le créateur conserver
V. 111"** et R"* S'* en toute bonne prospérité.
164. — Tlantin au roi Philippe IL
Au Roy.
Remonstre en toute humiUté Christofle Plantin, im-
primeur juré en la ville d'Anvers, vostre serviteur, auquel
il vous a pieu, ainsi qu'il appert par les lectres de V. M.
cy attachées, ordonner l'impression des grandes Bibles
en cinq langues, œuvre de labeur, travail et fraiz indi-
cibles, comment, ayant, devant treze ans en çà, com-
mencé et continué à tellement imprimer et vendre à
prix raisonnables les Bréviaires, Diurnaux, Heures et
autres livres Ecclésiastiques de divers usages, maints
prélats et autres vénérables personnages, tant des païs
— 32 -
de vostre obéissance que de plusieurs autres contrées,
prisants sa diligence et raisonnabileté de prix. Tau-
royent maintefois exhorté d'y continuer. Et, quinze mois
en çà, ayant esté exhorté et adnionnesté par le très Il-
lustre et R"** Cardinal Granvelle d'entreprendre l'impres-
sion du Bréviaire nouveau, que, selon l'ordonnance du
Sainct Concile de Trente, nostre Sainct Père le Pape
faisoit imprimer à Rome, et depuis, par plusieurs lec-
tres dudict Signeur Cardinal, acertené de la volonté de
nostredict Saint Père, il avoit, passé un an entier, com-
mencé et depuis continué à faire de grands appareils,
fraiz et mises pour bien et deuement imprimer ledict
Bréviaire, lequel estant imprimé, et, par l'ordonnance de
nostredict Sainct Père et par ses députés, collationné et
corrigé à Rome, il auroit, pour les causes et aux condi-
tions déclarées au brief de nostredict Saint Père, envoyé
à vostredict serviteur Plantin pour l'imprimer, ce qu'il
feroit volontiers diligemment et fidèlement, s'il vous
plaisoit luy en donner le Privilège, avec clausel défen-
dant à tous libraires imprimeurs et autres, de quelque
condition ou qualité qu'ils soyent, d'imprimer ni faire
imprimer ledict Bréviaire en tous pais de par deçà, ni
ailleurs imprimer, vendre ni distribuer par deçà en quel-
que façon ni forme que ce soit.
(Supplique sans date, mais rédigée évidemment à la fin de 1568
ou en 1569. Elle est écrite, avec les deux lettres suivantes, dans un
cahier séparé, dont aucune pièce n'est datée. Le privilège royal pour
le Bréviaire est daté du 10 janvier 1568 (1S69). Le bref papal date
du 22 novembre 1568.)
— 33 —
165. — Planttn au duc (TAlbe.
(Lettre incomplète. Plantin y expose la mission qu'il a reçue de
Philippe II d'imprimer la Bible royale.)
Jam ego, hyeme veluti quodairi rigido correptus, a
labore nostro constanti paene mihi desistendum cogita-
bam atque nonnihil jam viribus utcumque fractis re-
missius in eo persistebam, Dux Illustrissime, cum ecce,
tamquam lux a Sole,adventus in hasce terras Tuae Excel-
lentiae nubes fugans et dissipans, nos recreavit quidem
animumque et vires reddîdit ad ea pro viribus prose-
quenda, quas jamdiu piis et doctis consiliis in reipublicas
Christianae commodum me concepisse et incœpisse
argumentis aliquot jamjam ostendi.
Ceterum quando Régi re et nomine catholico, hoc est
Regum omnium qui nunc in orbe toto régnent maximo,
Philîppo n placuit primum per illustrem virum et vere
principis sui commodis, decori et honori ex animo fide-
lissimo consulentem et perpetuo servientem, Gabrielem
Zayam, non semel nobis significari nostrum sibi de Bi-
bliis illis quatuor linguarum imprimendis probari consi-
lium, atque tandem ab Hispania usque misso hue ad nos
illo, cum ob eruditionem et variarum linguarum cogni-
tionem admirabili et Sacrae Theologiae peritiam suspicien-
dum, tum ob virtutum omnium quse in eo refulgent
praestantiam et pietatem insignem nunquam satis laudato,
nqbili viro B. Aria Montano, qui tanto huic operi praesit
imprimendo, cum commodis et litteris propria sua manu
Regia et sui fidelissimi Zayae subsignatis declarare voluit
quam gratum sibi sit futurum, si, consilii sui ratione ab
Excellentia Vestra cognita, ad Biblia illa maxima, quorum
jam ante aliquot annos, florentibus his adhuc regionibus,
— 34 —
spécimen a nobis editum miseram, quam diligentissime
et commodissime fieri posset, me applicarem ; quando
haec, inquam, Régis voluntas ita mihi declarata fuit,
dici profecto non potest quanta laetitia animique gaudio
et alacritate hoc Régis in re mea liberalissimi et optimi
abs Tua Excellentia optima et ^equissima alioque nostris
viribus impar onus et mandatum susceperimus et execu-
tioni promptissimae nos nostraque omnia subjecerimus
dedicaverimusque.
Etsi ab ipsa usque pueritia perpetuo me in ofBcio de-
lecto vel dato et accepte ita me continere studuerim,
vir clarissime, ut, quantum in me esset et res ferret,
nemini ex aequalibus molestus essem, tantum
i66. — Vlantin à un membre du Conseil privé,
à Bruxelles.
(Plantin s'excuse d'avoir été trop timide pour Tentretenir de ses affai-
res, la dernière fois qu'il l'a vu à Bruxelles. Sur l'invitation du Cardinal
de Granvelle, il avait fait ies préparatifs nécessaires pour imprimer le
nouveau Bréviaire, lorsqu'il reçut du même prélat l'avis de suspen-
dre l'impression, jusqu'à ce qu'il eût obtenu de Paul Manuce la ces-
sion de son privilège pour les Pays-Bas. Une seconde fois, il se mit
en mesure de commencer l'impression, lorsqu'il reçut du Cardinal
l'avis de ne pas continuer, parce que l'édition aldine du Bréviaire
était fautive. Pendant qu'il attendait, une supplique d'Emanuel Phi-
libert Tronassius parvint au Conseil, par laquelle ce typographe novice
demandait l'autorisation de publier le Bréviaire. Plantin s'étonna de
l'audace de ce jeune homme et fit des démarches pour faire respecter
son droit. Le secrétaire du Conseil l'avait d'abord rassuré, mainte-
nant il apprend qu'il y a péril en la demeure et supplie son corres-
pondant de bien vouloir intervenir pour* sauvegarder ses intérêts.)
Tanta verecundia ipsos etiam asquales et familiares
nostros adiré soleo, vir pra^stantissime, ut libentius non-
— 3S —
nunquam commoditatibus caream qaam ab illis quid
petere audeatn, tantum abest ut tui similes, hoc est
omni reruiti scientia et cognitione virtijtumque génère
viros illustres atque merito proinde ad publica munia
vocatos et impeditos (quos certe debeo perpétua quadam
devotione suspicere et venerari soleo), nisi maxima in
necessitate vel data, non quaesita, occasione aut vocatus,
mihi adorandos vel interpellandos pcrsuadere possim.
Immo, etsi aliquando quos taies alloqui contingat, malim
ea saepissime tacere quae in rem nostram essent quam
illos a publias rébus detinere vel a seriis et gravioribus
defatigati quid illis molestiae rursus parère. Quod et
mihi cum superioribus diebus Bruxellis vos illustres
viros, te et D. Vargam, salutarem et litteras ofFerrem com-
mendatitias, mihi usu venisse fateor. Nam, etsi te unum
maxime tune de meo negocio alloqui vellem et debuis-
sem meque perhumaniter accepisses et allocutus fuisses,
ego nihilominus mea innata verecundia praepeditus et
captus non agnovi, atque de meo negotio pro vestro can-
dore interrogatus, ita puduit me vos graves et necessariis
rébus occupatîssimos viros ab officiis publiais avocare, ut
satius esse duxerim respondere absolutum esse negotium
meum (id quod Secretarius cui commissum erat negotium
mihi paulo ante dixerat) quam narratione longiori vos a
rébus gravioribus interpellare. Caeterum quando (quae
tua est humanitas et animi candor) tune jusseris ut, si
quid posthac mihi occurreret istic negotii, id quicquid
esset tuae totum prudentiae et auctoritati significarem et
committerem, non potui meo pudore paulisper rejecto
quin paucis de negotio meo ad te deferrem. Qjiod ut
melius Intelligas paulo altius est mihi repetendum.
Res ita sese habet. DIustriss. et R""" Cardinalis ante
-36-
duos annos plurimis ad me scriptis litteris hortabatur
ut Breviarium Romanum a Paulo III promulgatum ,
quod exemplaria Romse et omnibus in locis passim et a
maxima auctoritate viris ex prioribus nostris editionibus
desiderantur, recuderem. Qiiod statim me facturum re-
cepi, ubi me certiorem faceret num Breviarium novum,
quod ex edicto S. Concilii Tridentini conficiendum erat,
brevi excuderetur necne. lUe vero primum aliquot suis
litteris significavit confici quidem, sed, more illius regio-
nis, tanta cum cunctatione ut non dubitaret quin et ego
bis aut saltem semel possem recudere alium et distrahere
antequam longum aliud novum emitteretur. His per-
suasus ad novam illius Breviarii editionem omnia neces-
saria comparo et me accingo.Interea tamen erantmuiti,
graves etiam viri, qui mihi de novi Breviarii impressione
praedicarent multa et me ab altéra deterrere conarentur.
Ego, etsi papyrum aliaque omnia parassem, malui Diur-
nale quod minores essent sumptus faciendi, cujus etiam
exemplaria desiderabantur, primum recudere. Quod dum
ante sesquiannum facio, ecce ab eodem lUusstriss. Car-
dinale accipio litteras, qui, mutata sententia, monet ut
neque superius dictum Breviarium neque Diurnale recu-
dam, sed expectem novum, quod jam Paulo Manutio prelo
traditum erat, poUiceturque se efFecturum ut Summus
Pontifex, non sine Populi Romani et Pauli Manutii con-
sensu, mihi soli facultatem ejus in his omnibus regioni-
bus imprimendi concédât, ob idque jubet ut procuration
nem ad suum œconomum D°° Remb. de Malpas, eccle-
siae Mechliniensis cantorem, mittam, qua illi per me
liceat de hac re cum omnibus Romas quibus interesset
agere. Q.uod cum fecissem quadraginta diversis plus
minus litteris ad me postea scripsit rem esse meo no-
— 37 —
mine confectam nihilque mihi cunctandum esse quin
omnia, quae ad editionem celerem et diligentem spectant,
compararem et me paratum facerem, se namque efFectu-
rum ut statim,pubIicato dicto Breviario,exemplar ad me
per veredarium mitteretur. Cui cum paruissem et praes-
titisset ipse jamque Bruxellas exemplar ad Privilegium
impetrandum misissem, alias litteras ab eodem Illustriss.
accipio, quibus supersedendum esse signiâcat, quod Paulli
Manutii, in aliis diligentissimi, in istis vero ecclesiasticis,
quae rubro et nigro atramento scribuntur, parum exerci-
tati multa invenirentur in ea impressione omissa,
plurima transposita, quae Summus Pontifex dedisset de-
putatis aliquot viris corrigenda.
Huic rei deputatorum vero unus erat supradictus D"
cantor, qui folia récusa rursusque ab iisdem examinata
cum consensu eorum omnium quorum intereratet jussu
Ulustriss. Card. singulis fere diebus correcta folia mitte-
bat, quae omnia apud me servabam quo suo tempore,
omnibus acceptis,ad Consilium Regium ipsum exemplar
ita correctum (priora etenim missa monitus ab illustriss.
revocaveram) ut imprimendum est mitterem et de Pri-
vilegiis concedendis supplicarem.
Haec autem, dum ex praecipuis de Concilio Regio con-
seils ita sese habent, nomine Emmanuelis Philiberti
Tronesii,Consilio Regio libellus supplex ofFertur, qui mihi
postea ab Âccenso hic traditur, atque huic quod eadem
quae et ille praetenderem, intra octo dies respondere
jubeor. Ego autem, lecto dicto libello supplici, miratus
sum adolescentem hune Tronesium, etsi abhinc duobus
plus minus annis ad libros vendendos admissum, nun-
quam tamen in typographia neque in aliqua taberna libra-
riaantea versatum, exemplari P. Manutii hominis,alioqui
3
- 38-
docrissimi et in arte typographîca exercitatissimi, satîs
grave et periculosum munus, si non onus, ambire.
Qjioniam vero illum, praeter constitutiones et edicta de
libris imprimendis regia, primum petiisse privilegium
operis nondum perfecti, tantum abest ut promulgati (ita
enîm se fecisse in suo eodem libello supplici testaba-
tur) animadvertebam, deinde ad exhibitionem merîto
remissus exemplar, jamdudum a Summo Pontifice ob
errata plurima revocatum, produxisse multos post men-
ses, viderem, causae meae nihil timendum sperabam.
Proinde, libello supplici dicti adolescentis Bruxellas
ad amicum remisso, rogavi ut, nisi in tempore veni-
rem,meo nomine Consilio Regio responderet. Ego vero,
dum gelu nimio impediti opus regium, a quo vix
abesse licet, prosequi non possumus, Bruxellas me
contuli cum litteris R*^* D. Doctoris Ariae Montani ad
vos, illustres et prudentes viros, sperans me illustri auc-
toritate vestra statim a consilio id consecuturum, quod
petebam.
Bruxellis vero, cum amicum de meo negotio convenis-
sem, duxit me ilico ad Secretarium, qui aliis impeditus
diserte respondit rem nostram ex animi sententia omnino
fuisse confectam.
Hinc factum est ut tibi, viro illustri,me de eo percon-
tanti idem responderim. Nunc vero,cum multo aliter fac-
tum esse intelligam, istam tuam praestantem humanitaiem
et erga omnes asquitatem et reipublic» commodo et
bono bene potius quam suo privato studentes volunta-
tem et animi propensionem supplico et obsecro ut tua
auctoritate jus nostrum, tantis viris intercessoribus et
procurantibus, ab ipso Sanctissimo Pâtre Nostro Papa da-
tum et concessum sartum tectum servetur atque Privi-
— 39 —
legia regia nobis etiam concedantur. Qiiod, si, ut facil-
lime potes, efFeceris, dabo operam
(Manque la fin).
167. — Tlantinau Cardinal de Granvelle.
Le 5 febvrier 1569.
A rillustriss et R™* Cardinal de Granvelle.
Très Illustre et R°^
Les gelées trop aspres nous ont retardé, d'ung mois
entier, de pouvoir achever les œuvres commencées, et,
par conséquent, de pouvoir commencer les entreprinses,
et encores maintenant sont telles que ne pouvons be-
songner qu'à demy. Mais j'espère que, de bref, elles ces-
sées, j'envoyeray à V. S. quelques felles de Caesar et de
Gymnastica et continueray ainsi de poursuivre de tout
mon pouvoir.
J'ai receu le Bréviaire entier et le brief de Sa Saincteté,
en vertu de quoy et de la faveur de V. 111™** et-R"* S**,
j'ay, contre la volonté et sollicitations très expresses
et vives d'aucuns personnages principaux de ceste ville
et du conseil à Bruxelles, obtenu les Placets, tant au
privé conseil qu'en celuy de Brabant, de sorte que,
maintenant, je commence d'y besongner à bon escient,
espérant en avoir achevé une impression pour après les
Pasques prochaines '.
I . En 1 569, Plan tin imprima quatre éditions différentes du Bré-
viaire, in-80. La première fut achevée le 26 avril, la seconde le 4
juin, la troisième le 3 septembre, la quatrième dans la semaine finis-
— 40 —
Il me deplaist grandement du long retardement des
premières feilles de la balle envoyée de si long temps
au libraire. S'il plaist à V. Hh* et R°« S^« me l'ordon-
ner, j'envoyeray de rechef pareilles feilles par la poste et
me garderay bien une autre fois d'en faire ainsi. Je suis
joyeux qu'on besongne aux œuvres de S* Thomas en telle
diligence.
J'ay, le dernier décembre, envoyé un exemplaire relié
et ung en blanc des Poétresses, et maintenant j 'envoyé
encores un, avec Poemata Joh. Secundi, de l'impression
de Paris, car je n'en ay sceu recevoir de l'impression
de par deçà, qui estoyent in 8**.
r68. — Tlantin au Cardinal de Granvelle.
Le 27 febvrier 1569.
Au très Illustre et R°** Cardinal de Granvelle.
Je ne feray faute. Dieu aidant, d'envoyer par le pre-
mier poste quelques feilles de Caesar, que plus tost je
n'ay sceu commencer, à cause des livres entreprins pour
envoyer à la foire de Francfort prochaine, l'achèvement
desquels, outre mon dessein, a esté retardé de bien six
semaines par les grandes gelées et tant de fois réitérées,
cest hiver, par deçà.
J'ay par cy-devant adverti V. 111°^* et R"* S. que j'avois
sant le 26 novembre. Les trois premières portent la date de 1569,
la quatrième celle de 1570. Une édition in- 160 fut achevée le 26 oc-
tobre 1569, Voir Max Rooses, Christophe Tlantin, chap. VII.
— 41 —
receu tout le Bréviaire et le Brief de N. S. P., moyen-
nant quoy, non sans grande sollicitation toutesfois, solli-
citude et faveur des amis de V. Dl°*** et R°* S., j'ay
obtenu le consent des deux cours à Bruxelles, et, incon-
tinent après, commencé à y besongner, non si bien que
j'eusse voulu, mais selon que la rigueur de l'hiver nous
l'a permis, ainsi que les lo feilles, que j'envoye pour 6
exemplaires, qui font 60 feilles ensemble, font foy.
L'air estant de présent adoucy, grâces à Dieu, je
m'appreste pour y besongner plus diligentement que je
n'ay peu faire jusques à maintenant. De sorte que j'es-
père d'avoir achevé, dedans deux mois d'ici, l'impression
entière et ne faudray de continuer à envoyer, chaicunne
semaine ou quinzaine, ce que j'auray imprimé jusques à
la fin.
Or est-il que monsieur le Doyen de l'église de Nostre
Dame, en ceste ville, ' employé derechef tous moyens
pour m'empescher de jouir de ladicte faveur, à moy
faicte par V. 111* et R* S., et pour ne réciter diverses
calumnies dont, comme je luy ay remonstré l'estant
allé trouver seul et parler à luy en son logis mesme, il
estoit mal informé. Ces mots escrits au Brief de Sa Sainc-
teté, qui m'a esté envoyé, qui sont : « Hortantes prop-
terea in Domino dilectum filium T)overutn Canonicum
Ecc^ tAntwerp. eique etiam mandantes ut in imprimendo
Breviario hujusmodi sollicite atque diligenter assistât
omnemque curam, operam etc. » nourrissent une diffi-
culté, d'autant qu'il n'y a pas de Chanoine en ceste
église d'Anvers qui s'appelle Doverus, mais bien ung
I. Joannes Rogerius de Tassis, doyen depuis le 6 mars 1545,
mort en 1593, donna sa démission en 1590.
— 42 —
nommé D. Henricus Dongheus ', docteur en théologie,
sçavant aux langues et pénitentier de nostre S. Père et
bien congneu à Rome, à ce que j'entends, auquel j'ay
esté addressé par nostre curé et depuis par l'adresse de
Monsig' le Prévost d'Aire à Monsig' l'Esc^olastre de ceste
ville, aussi chanoine, nommé D. Franciscus Donckerus,
lesquels tous deux m'ont promis assistance, mais le der-
nier m'a respondu que Tronesius (pour qui Monsig'
nostre Doyen a sollicité apertement, et comme j'en-
tends sollicite encores par divers moyens) avoit aussi
le mesme consent et poursuivoit l'impression, à quoy
j'ay respondu que, pour mon particulier, je ne l'empe-
scherois point, me contentant d'avoir aussi le consent de
Sa Saincteté et de nosire Roy de pouvoir continuer etc.
Pour comble donc des biens faicts de V. 111"*^ et R°*^ S.,
envers moy, je la supplie qu'il luy plaise ordonner, par
delà, que, par telle manière qu'il appartiendra, ceste
difficulté soit esclairée et nous soit envoyé quelque mot,
par lequel nous puissions au vrai congnoistre lequel des
deux Chanoines susdicts a esté entendu estre dénommé
au Brief de Sa Saincteté. J'envoye b. de l'indice de S.
Thomas. J'estime que les exemplaires des Poétresses et
I. Le bref papal imprimé devant les éditions plantiniennes du
Bréviaire dit : Hortantes propterea in Domino dilectum filium Don-
kerum Canonicum Ecclesias Antwerpiensis, eique mandantes, etc.
A partir de 1588 seulement, le nom de Henricus Dungaeus remplace
celui de Donkerus dans le texte de ce bref, imprimé dans les liminaires
des Bréviaires. Il est assez probable, toutefois, que, bien avant cette
date, Dungaeus remplissait les fonctions de réviseur des Bréviaires,
car, à la demande de Plantin, son nom figure depuis 1572 dans le
privilège des Missels plantiniens.
Le chanoine désigné sous le nom de Dungaeus ou Dunghaeus était
Henri Ciberti de Donghen.
— 43 —
Joannis Secundi carmina, reliés avec Maruli ' in-i6°,
seront maintenant parvenus es mains de V. 111°** et R°®
S., laquelle je supplie à Dieu nous vouloir conserver en
sa sainte grâce etc.
169. — Plantin au Cardinal de Granvelle.
Le 26 mars 1569.
Au très Illustre et R°* Cardinal de Granvelle.
Il me souviendra tousjours, très Illustre et R. S^% des
trois exemplaires pour les librairies de V. 111® et R°* S^*
et de tout ce qu'il luy plaira jamais me commander, qui
soit en mon pouvoir. J'ay envoyé, par cy-devant, dix
cahiers du Bréviaire et maintenant j'en envoyé ici 16,
assçavoir jusques à la signature marquée d. J'espère,
par le premier, d'envoyer encores quelques autres 10
ou 12 feilles, et de continuer tellement que, dedans
ung mois, je puisse avoir achevé ceste première impres-
sion pour commencer la seconde, tout incontinent, car
je ne fay que 1000 exemplaires, qui est la taxe ordinaire,
pour chaicunne journée, des compagnons besongnans
en telle ouvrage rouge et noir. Mon intention estoit
bien d'en faire double nombre d'un train, ce qui eust
esté beaucoup mieux mon profEct, mais la besongne
I. Michael Tarcagnota Marullus, poète de Constantinople, qui,
après la prise de cette ville, en 1453, ^^"^ ^ ^^^^ ^^ Italie et y
cultiva la poésie latine. Il mourut le 14 août 1500. Ses Hymni et
Epigrammata (\iTQni imprimés en 1582, avec les poésies de Janus Sc-
cundus et de Hieronym'is Augerianus. Avant cette date, ils avaient
été imprimés plusieurs fois séparément.
— 44 —
eust autant plus long temps resté sous les presses, au
mescontentement de plusieurs qui journellement Tat-
t'endent.
J'envoye ici des feilles imprimées des fragments et
annotations du Sig*" Fulvio Ursino sur le Caesar. J'espère
d'avoir achevé le reste dedans 4 ou 5 jours et conti-
nueray l'impression dudict César et des autres livres,
autant que ma puissance et facultés le pourront porter
en ce temps, qui nous est fort rude, d'autant que les
gens studieux perdent tout courage d'achapter plus de
livres, et semble maintenant à plusieurs que les lectres et
ceux qui les advancent soyent quelque ennemy de Dieu
et de nature. Dieu, par sa grâce, veuille incliner le cueur
du Roy et de son Magistrat à miséricorde et clémence
vers son pauvre peuple, qui veut recongnoistre ses fautes,
et ne perdre pas les bons et respentants avec les rebelles
et opiniastres.
Je remercie très humblement V. 111"^ et R™* Sig*' des
bons advertissements et principallement des œuvres de
S* Thomas, èsquelles je ne veux doubter que tant de
doctes personnages et si bien fournis d'exemplaires ne
trouvent beaucoup qu'amender. Cependant je distribue-
ray des miennes ce que je pourray et seray plus aise
de l'amendement, avec ma perte, que de mon proffict
particulier, au détriment de la république chrestienne.
— 4S -
170. — Planiin à Fulvius Ursinus.
(Il s'excuse de n'avoir pas encore imprimé le César. Il continuera
l'ouvrage aussitôt que possible. Il lui envoie des feuilles des frag-
ments des lyriques grecs et lui apprend qu'il a terminé les Dionysiaca
de "^ onnîus, que Sambucus lui a envoyé les Physica de Stobaeus, et
qu'il consent à imprimer de Amoribus Leucippes et Clitophontis
d'Achilles Tatius avec une préface de Fulvius Ursinus.)
Clarissimo Doctissimoque Viro D°° Fulvio Ursino.
Etsi multas neque levés causas adferre possem, vir
clarissime, quibus me erga te purgarem de non impresso
Cîesare cum tuis fragmentis et annotationibus doctis-
simis, culpam fateri tamen et deprecari atque diligentia
quod peccatum est resarciri compendiosius esse duco.
Accipe nunc itaque folia fragmentorumpriora, reliqua
sequenti habiturus hebdomada. Epistolam vero ubi mise-
ris ilico edam, et Caesarem ipsum, quantum per domesti-
cas iicebit hoc tempore maligno angustias, prosequar.
Dionysiaca Nonnii Graeca, alienis sumptibus ad j ut us,
(mirum etenim quantum his temporibus nostrae frigeant
tabernae) impressi \
Stobaei Physica misit ad me Sambucus atque plura
poliicetur antiqua se missurum et nos, ut solet, re ad ea
imprimenda adjuturum iddemque ut, qui possint, faciant
hortaturum.
Achillem Statium de Amoribus Leucipes et Clito-
phontis ', si descriptus est, velim cum tua pr^fatione,
1. Nonni Panopolita Dionysiaca, Nunc primum in lucem édita
ex bibliotheca Joannis Sambuci Pannonii.Cum lectionibus et conjec-
turis Gerarti Falkenburgii Noviomagi. Plantin, 1569, in-8^.
2. AchilUs Tatius y de Clitophontis et Leucippes amoribus. Heidel-
bergae, ex officina Commeliana, 1601, in-S®. Première édition de ce
roman Grec.
-4é-
nostris sumptibus, ferendum cures. Quod si feceris, dabo
primo quoque die operam ne tuas honestissimas volun-
tati defuisse videar. Aveo scire num in Bibliotheca Far-
nesiana sint Nonnii Dionysiaca. D. Falkenbergus * te
plurimum salutat. Vale
171. — Tlantin à oindre Duiditius. *
(Plantîn prie Duiditius de lui envoyer deux manuscrits grecs : l'un
de St. Grégoire de Nysse sur le Cantique des Cantiques, l'autre
d'un auteur inconnu sur les évangiles).
Rmo Dno Andreae Duiditio.
S. P.
Petrus Antesignanus, amicus meus summus et fa-
miliaris, significavit mihi te habere codices Grascos
duos, quorum unus S. P. N. Gregorii Nysseni enarra-
tionem in Cantica Canticorum Salomonis sapientissimi,
aiter Enarrationes in quattuor Evangelia incerti auctoris
Graece continet, quos nobis ea lege communicares, ut,
postquam eos impresserimus, cum aliquot exemplaribus
ad te autographa curaremus remittenda.
1. Gérard Falkenburg, né à Nymègue, en 1538, le commentateur
de Nonni Dionysiaca. Mort le 5 septembre 1578 à Stumfurt.
2. André Dudith, né à Ofen, le 6 février iS33- En 1561, il tut
nommé évêque de Tina, en Dalmatie, et siégea en cette qualité au
Concile de Trente. En 1563, il devint évêque de Chonad et plus
tard de Fùnfkirchen, en Hongrie. En 1567, il renonça à son siège,
se maria et fut excommunié. Il s'établit à Cracovie, où il fut le con-
seiller des empereurs Ferdinand I, Maximilien II et Rodolphe II. Il
embrassa le Luthéranisme et mourut à Breslau le 23 février 1589.
Il publia quelques livres traitant, pour la plupart, de sujets théologiques.
— 47 —
Ego vero, quoniam reipublicae Christianas non parum
interesse confido ut taies libri veterum patrum in lucem
prodeant, conditîones abs te praescriptas accipio, hacque
mea manu scripta poliiceor, et, posteaquam dictos libros
impressero (ego vero, ubi primum recepero, prima occa-
sione vel aggrediar vei ad te remittam), me ad te remis-
surum ipsa exemplaria quae abs te accepero atque con-
diiiones me observaturum quas dictus D. Petrus Ante-
signanus tecum pacîscetur.
Deus interea' optimus maximus te in reipublicae
Christianae commodum et utilitatem diu servet incolu-
mem.
Vale. Antverpias, 3 aprilis 1569.
Tibi et omnibus tui similibus reipublicae iitterariae
faventibus addictissimus
C. Plantinus.
172. — Gilles Œeys à un inconnu.
(Le présent extrait d'une lettre de Gilles Beys a été conservé par
une copie de la main de Plandn. Gilles Beys désire savoir si son
oncle voudrait lui prêter une certaine somme d'argent pour lui per-
mettre de faire honneur à ses affaires. S'il obtenait ce secours, il
pourrait faire un riche mariage à Paris. Il recommande instamment
à son correspondant de tenir secret leur échange de lettres, de lui
écrire par Tintermédiaire de Hans Liefrinck ou d'un autre, et de ne
confier à Plantin que des missives traitant de sujets sans importance.)
2 may 1569.
Ende van daer naer Zantvliet getrocken bent om myn
heer 00m te gaen besoecken en oock van hem te ver-
nemen en te verstaen syn myninghe ende sin angande
tgene daer ick U van geschreven hadde, te weten ofte
hy my wel een hondert croonen twee of dreie ter hant
-48-
soude willen stellen om my daer mede ter eeren te
mueghen schiken, eer ick inde bouverie mochte vallen,
soo men gemeyniick seyt. Waer af ick met godts hulpe
nochtans egheen sorge af en hebbe, nyet min waer
den tyt wat beter, ick mocht my hier wei ten houwe-
licken staet begheven endç soude hopen wel goeden en
rycken howelick te doene,soo 't ware myn heeroom ende
myn itioeder my die hant willen toe reyken, ghelyck sy
metten anderen wel ghedaen hebben, waer aen ick
oyck niet en twyffel, dat sy sulcx wel doen sullen.
Waer af ick seer wel soude begeeren geadverteert te
wesen en wat haer daer af dunct. Want ick en soude
nyet gheerne tegen haerlieder raet oft wille begeeren te
doen.
Ick bidde U, bout dit secret en maect toch boven al
dat mynén baes t'Antwerpen daer af niet en vemeemt,
duer U oft myn heer oom oft duer yemant anders.
Want daer en is noch niet af vermaert en moghelycken
en soude ick hier niet willen houwen, want men en
weet nyet hoe dat hier aile dinghen sullen vergaen, ende
en ben van sinne nyet sulcx te doene, voer dat ick en
sie, dat ten eenen ofte ten anderen sal wesen, dwelck
met Godts hulpe noch desen somer wel mochte wesen,
daeromme ist dat u ende myn vrienden hier af wel heb
willen adverteren.
Ick bidde U, als ghy my yet van sulcx wilt schryven,
bestelt toch Uwe brieven tôt Hans LieflFrinck * oft tôt
ymant anders, en bidde haer dat zy die den bode van
Paris geven willen om my die te bestellen, ende maect die
I. Hiins Liefrinck^ graveur sur bois et imprimeur de gravures à
Anvers. Né à Augsbourg en 1518, mort à Anvers en 1573.
— 49 —
brieven wel toe en doeget opschrift schriven van
yemant vremps, op dat men nyet en merct, ende aldus :
A Gilles Beys, marchant libraire, rue S* Jacques, au
compas d'or, près les Mathurins, à Paris, ende op dat
mynen Baes nyet en twyfele hoe 't kompt, dat ghy
hem egheen brieven en gheft om aen my te bestellen,
schrift my somtyts een briefken, daer egheen verlang
aen en leyt al sach hyt, ende geeft hem dat, maer anders
nyet ende kan ick U ergens in vrientschap doen etc.
Uyt Paris desen 2***" in meye 1569 by my.
U. L. Compère, Vrient ende Dienaer enz.
173. — Plantin à Paul fXCanuce.
Molto mag'° S* Manutio, Soyés adverti qu'après avoir
receu l'exemplaire vostre, et, suivant vostre advis, com-
mencé à besongner à l'impression du Bréviaire, jusques
environ quelques 12 feilles, estant adverti des correc-
tions qui depuis s'y estoyent faictes, il m'a convenu, à
la perte desdictes feilles, attendre autre exemplaiie cor-
rigé, pendant lequel temps, autres me voulants prévenir,
es pais de par deçà, m'ont tellement exercé et faict
empeschements que, nonobstant le Bref de Sa Saincteté,
mon bon droict, toutes faveurs et despenses desjà faictes
par moy, ils m'eussent faict défendre l'impression
dudict Bréviaire, sans l'interposition de l'authorité et
des amis du très illustre et R"* Cardinal de Granvelle,
vray fauteur de la religion catholique, des bonnes
lectres et de tous ceux qui les aiment ou s'employent à
y faire quelque service. Pendant lequel temps, j'ay
souffert de grandes despenses, tant par la perte desdic-
— Sû-
tes premières feilles ainsi imprimées, comme en faire
divers voyages en Cour, à la poursuite de mon droict,
en longues attentes et diverses rencontres. A quoy je
supplie que, V. S. prenant garde, il luy plaise me
remectre la disme de quelques milles.
Cependant je ne laisseray d'advertir V. S. qu'en
attendant journellement Tadvis des corrections que
j'attendois estre journellement faictes à Rome, j'ay pre-
mièrement commencé à la my-janvier de besongner à
une seule presse, et ainsi continué jusques à la my-qua-
resme, que j'ay ad jouxté la deuxiesme et ainsi continué
jusques au premier jour après Pasques de Résurrection,
que j'ay ad jouxté la troisiesme et ainsy fini la première
impression dudict Bréviaire in-8° forma, le 26 d'avril,
qui a seulement esté de la journée ordinaire par deçà
de nos compagnons d'imprimerie, en telles ouvrages de
rouge et noir, à sçavoir deux rames, qui sont mille
exemplaires.
Ce petit nombre ay je ainsi faict du commencement,
attendant tousjours si ne -serois adverti de quelques
fautes entrevenues, et pour achever plus tost ladicte
impression que je commence à vendre, et, incontinent
après, ay recommencé autre mesme nombre et sembla-
ble impression dudict Bréviaire que je continue à 3
presses, de sorte que j'espère l'avoir achevé à la S* Jehan
prochaine.
Et quant je congnoistray que ledict Bréviaire soit en-
tièrement correct et ordonné du tout comme il devra
demourer, je l'imprimeray incontinent in-f°, in-4° et in-
16'', avec tant de presses que je pourray et verray
nécessaire, dont à chaicunne fois je vous advertiray. Au
reste, je vous supplie de m'advertir de toutes les cor-
— SI —
tections que sçaurés estre dignes d'advertissement. Et si
vous ou autre par delà imprimés aussi le Diurnal propre
audict Bréviaire et le Missale aussi reformé ou corrigé,
je vous prie de m'en envoyer incontinent de chaicunne
sorte un exemplaire, avec le congé, et les imprimeray
tellement que ce sera vostre profEct autant que le mien.
Cependant je prie Dieu estre vostre garde.
D'Anvers, ce vu may 1369.
174. — Vlantin au Cardinal de Granvelle.
Au très illustre et R"* Cardinal de Granvelle.
Espérant que toutes les feilles de nostre première
impression du Bréviaire seront maintenant parvenues es
mains de V. 111* et R°*® Sig"*, je luy supplie très hum-
blement que luy playse me faire advertir des corrections
et commodités désirées, afin que je rende peine d'y
remédier, et m'aprester pour autres éditions de plus
grandes et plus petites formes et charractères, èsquelles
je tascheray de satisfaire à la volonté d'icelle V. 111°** et
R"* Signeurie, touchant la disposition des nombres et
de toute chose y désirée, dont je seray admonesté. Sup-
pliant aussi que, si le Diurnale correspondant audict
Bréviaire et le Missale aussi corrigé sont imprimés, ou
l'un d'eux, qu'il plaise à V. 111* et R°* S»* me faire le
bien que je puisse recevoir de chaicun ung des premiers
exemplaires.
Quant au Cagsar, j'espère que les feilles de toutes les
annotations et des fragments d'iceluy, avec autres du
commencement dudict Caesar, seront arrivées avec les-
dictes feilles du Bréviaire.
— S2 —
Après le Caesar (si plus tost je ne puis, comme je le
voudrois bien), je n'oblieray Lactance ni le Gymnasiica.
Nous continuons l'impression des grandes Bibles,
autant que toutes mes facultés le peuvent comporter.
Qpe si la vente du Bréviaire, et des autres livres
d'Usages que je pourrois imprimer par cy-après, m'ap-
porte (comme je l'espère) quelque commodité d'argent,
j'y besongneray à plus de presses, pour avoir plus tost
faict, car il me faut besongner selon l'argent que je
puis recevoir, d'autant qu'il me faut desbourser pour
les fraiz de l'impression dudict œuvre plus qiîe les trois
parts davantage que Sa Majesté ne m'a ordonné d'aide
pour iceluy.
(Entre le 7 et le 19 mai i$69).
175. — Plantin à Valerius Serenus. '
(Il envoie une liste de livres à Tévêque de Cuença et prie
son correspondant de modérer ses éloges et de ne point le comparer
à Aide Manuce.)
Clarissimo doctissimoque viro D"° Valerio Sereno,
111™* et R™* Episcopi Conchensis Bibliothecario S. P.
19 maii 1569.
Litterae tuae, Valeri Screne doctissime, Madriti, die
Epiphaniae, ad me scriptag, cum nunc primum mihi
redJerentur, atque eodem pêne momento clarissimus
doctissimusque vir, Alonsus Suarez, 111"^** D. Frederici
Toletani a secretis, significaret se hinc sequenti die ad
I. Valerius Serenus, bibliothécaire de Tévêque de Cuença; en
1571, chanoine à Cambrai.
— 53 —
vos discessurum, ego, etsi viderem me tantillo temporis
spatio non posse votis 111"** et R°*' D"* Episcopi Con-
chensis satisfacere, nolui tamen committere quin ilico
vel confuse eos annotarem libros quos, vel in Catalogo
ad nos misso obiter periecto, non deprehendebam, vel
melius aut emendatius impressos existimavi. Pretium
verOy annum nec impressorem in tanta festinatione
annorare non licuit, faciam vero per otium atque secundo
alium magis peculiarem et voluntati Ul"** et R™* D"*
Episcopi melius respondentem Catalogum mittam.
Interea vero rogo et obsecro ut hoc, quicquid est
officiinostri, aequi boni consules et, ut 111""* atque R"""
faciat, persuadeas. Ceterum hoc te unum oratum velim
ut de nobis nihil majus, quam id quod res est, sentias
neque pr<edices. Non etenim, crede mihi^ ita mihi ipsi
quasi suffertus sum ut eas, quas tuis inseruisti litteris,
laudes de me dici merito posse agnoscam, cum nihil in
me sit praeter quaedam de republica Christiana imprimis,
tum de studiis liberalibus benemerendi voluntas et stu-
dium, labore constanti exercitata.
Proinde velim etiam nostrum Moufflinum, elegantem
hominem certe et amicum antiquum, posthac non tam
amice de nobis sibi et aliis imponere, quasi Manutio
illi, typographorum qui vixerunt et vivunt omnium
eloquentissimo et doctissimo, aliqua in parte alia quam,
ut dixi, voluntate, labore, diligentia et âdelitate compa-
randus essem.
Rogo itemque et obsecro, mi Serene, ut me quidem
amare pergas, sed ita ut non alium me putes esse
quam Plantinum. Deus Illustriss. et R°*» Episcopo
nobisque in multos annos te conservet.
Antverpiae, 19 mair 1569.
— 54 -
ij6. — Tlantin au Cardinal de Granvelle.
4 juin 1369.
Très illustre et R™*" Signeur.
Pour response à celles de V. Ill"« et R°* S'*, je
désire grandement que je puisse, en quelque partie,
respondre à l'expectation que V 111"* et R°* Sig"* et,
par icelle, plusieurs autres Signeurs ont de moy, et que
je méritasse le moindre bénéfice qu'il luy plaist
m'eslargir et procurer.
J'espère que l'accomplissement des Bréviaires par
moy achevés sera, passé quelque temps, arrivé entre
ses mains.
Quant aux œuvres de S* Thomas, je prie à Dieu
qu'elles puissent tellement sortir de l'imprimerie que
les gens studieux de Théologie y sentent soulagement
et proffict.
Qiiant aux exemplaires que j'imprime pour les biblio-
thèques de V. 111"* Sig"*, je n'oblie pas d'y user du
millieur papier que je puis trouver ; mais il me desplaist
que le plus souvent je n'en puis trouver de tel que je
voudrois, accordant à la forme que je tiens la plus ordi-
nère, qui est celle dont j'imprime le Caesar, le Bréviaire
et autres livres in-8°, dont est aussi advenu que les
Bréviaires que j'ai envoyés par teilles à V. Dl"® et R"**
S** sont de plus petit papier, et, par conséquent, ont
moindre marge que ceux du papier ordinaire. Ce qui
me faict abstenir à la fois d'en imprimer quelques
exemplaires, estimant que la belle marge donne quelque
grâce au livre.
— ss -
177. — Vlantin à Fulvius Ur sinus.
18 junii 1^6^.
Fulvio Ursino.
Monsigneur.
Je croy que, par le reste des feilles des fragments et
autres du commencement des Commentaires de Caesar,
aurés maintenant veu que je suis délibéré d'imprimer
vostre dédicatoire, ainsi qu'il la vous plaira ordonner, et
envoyer, soit avec les fragments et annotations seule-
ment ou avec ledict Caesar, que j'espère de continuer
peu à peu, ainsi que de ce temps ici j'en puis prendre
l'occasion.
Quant à demander aide de V. S. pour les fraiz de
l'impression, je m'estimerois indigne de mon estât, si je
ne recongnoissois que je suis grandement tenu à icelle
de me favoriser de ses labeurs, tant s'en faut qu'avec
iceux je désirasse avoir argent d'icelle pour les impri-
mer, non plus que de l'Illustrissime et Révérendissime
Cardinal de Granvelle, aux faveurs et bénéfices duquel
je me sens tellement obligé que je ne doibs jamais me
lasser de cercher les moyens, parlesquels je puisse éviter
le soupson d'estre un ingrat en son endroict.
Mais bien, si, en ce temps ici, auquel, à la vérité,
nous ne vendons assés pour fournir aux despens des
œuvres entreprinses, il se trouvoit quelqu'un qui vou-
lust nous prester quelques deniers à prix tolérable, ou
bien les advancer sur quelques exemplaires des grandes
Bibles hébraïcques, chaldaïcques, grecques et latines
que j'ay sous les presses, je serois très content de les
- S6 -
recevoir, au profict de celuy qui en cela nous voudroit
accommoder.
Je suis en besongne pour envoyer encores deux basles
de livres au Signeur Georgîo Ferrari, èsquelles je
mectray Nonni Dionysiaca Graece que j'ay imprimées,
et de ce que j'auray de nouveau, que je penserai ne
vous devoir desplaire, et au très Illustre et R"»* Cardinal
de Granvelle.
Le Xénophon de Henry Estienne vendons nous ici
6 fl., qui sont trois escus, et ainsi Tay je escrit au S'
Georgio Ferrari, du compte de qui je Tay osté, et prie à
V. S. l'avoir pour aggréable en mon nom, sans payer
audict Ferrari autre chose que la conduitte.
178. — Plantin au Cardinal de Granvelle.
18 juin 1569.
Très illustre et R"^ S'.
J'ay receu le livret imprimé du Sig*" Bernardini
Grippas ' et son billet, contenant le tiltre du livre qu'il
désiroit que j'imprimasse ; mais, outre ce que les livres
de philosophie ne se distribuent pas ici facilement,
j'ay entreprins autres œuvres qu'il me convient achever
avant ' que de plus rien entreprendre, asçavoir les
grandes Bibles, Commentaria Cassaris, Lactantius, et de
Re Gymnastica, avec la continuation des nouveaux
Usages de Rome, que je ne doibs aucunnement retar-
der, car, sans la distribution que je fay des Bréviaires
l . Bernard Grippa On connaît de lui : Ecphrasis in Atistotelis
librutn de animàlium moiu a se latine redditum Venise, 1566, in-40.
_ 57 —
de Rome, je ne pourrois, à la vérité, fournir aux fraiz
qu'il me convient faire pour lesdictes œuvres commen-
cées, d'autant qu'il ne se faict pas ici maintenant quel-
que distribution de tous nos autres livres, encores que,
grâces à Dieu, nous soyons assés bien assortis de
bonnes sottes.
Parquoy, je seray à tout jamais (comme volontaire-
ment je le suis), et la république aussi, tenus et obligés
à V. ni"**^ et R"* Signeurie de m'avoir procuré et donné
le moyen de soustenir et d'espérer pouvoir (bien que
c'est ung grand et continuel travail) achever œuvre si
laborieuse,, au proffict de la Chrestienté et l'honneur de
Sa Majesté, sous le commandement, faveur et auctorité
de qui je l'ay entreprinse, sans espoir d'aucun profict
particulier.
Au reste, je suis journellement importuné de vouloir
imprimer le Diumal correspondant audict Usage de
Rome, et aussi le Messel, et pareillement d'imprimer
ledict Bréviaire de Rome en plus petite et en plus
grande forme. Qiiant à la plus petite, j'ay délibéré d'y
commencer ceste semaine prochaine ; mais, quant au
Diumale et Messel, je suis délibéré d'attendre les copies
de la libéralité de V. 111"* et R"* S*% ainsi que l'adver-
tissement aussi de ce qu'il luy plaira me déclarer estre
désiré en l'impression grande, pour le service des
anciens et de ceux qui lisent leurs Heures en chambre,
et alors je ne faudray de m'y employer d'aussi bon
cueur que je prie Nostre Signeur nous conserver
V. Dl""* et R""* S**, en santé et bonne prospérité.
D'Anvers etc.
- 58-
179- — Gaspar de Tartonariis à Plantin '
Frère Cristofle. A vostre bonne grâce me recommande.
Je vous ay escript, ces jours passés, et, à présent, je n'ay
voulu laysser à vous escripre, vous ad visant de mon bon
portemant, priant Dieu que ainsi soyt de vous et de
toutte vostre mayson.
Quant à nos affaires des impressions, j'ay escript al
S' Diego de la Pefia qu'il vous bagle l'argent, suivant
nostre accord, et, quant au debte que je vous doibtz,
par ma céduUe, tant de l'escheu comme du terme d'aust
procham, je luy ay aussi escript qu'il vous le bagle, et
qu'il le prenne à change sur moy, et je croys qu'il ne
fera faulte à ce fayre, car je luy ay recommandé fort
affectueusemant qu'il vous contante, car je sçay bien que
vous avés affaire du vostre.
Mays je fusse esté bien nyse que n'eussiés procédé
en la sorte avec ledict de la Pena. Laquelle chose me
déplaict que luy ayés donné fâcherie, et me semble que
n'y avoit occasion suffisante de procéder par justice, car
il fault que entendiés et vous assuriés que, quant je vous
debvray, je donneray ordre que soyés contant de moy,
et, si je suys esté tardif à vous fayre payer l'argent de
la cédule, a esté que mes lettres sont demeuré en che-
min ; car, quant à l'argent des impressions^ ledict de la
Pena dict que, ayant baglé 200 escus, que ne luy avés
voulu bagler les Bibles de lettre nonpareîlle ny les Som-
ma Silvestrina, et que, si ne luy eussiés refusé les livres,
qu'il ne vous heust refusé l'argent. Parquoy, je vous
prie. Sire Cristofle, que soyons amys et que trafiquions
I. Gaspar de Portonariis, libraire à Lyon et à Salamanque.
— S9 —
amoreusement ensemble, et vous prie de bagler audict
de la Pena cinq cens Bibles in-8°, nonparelle, et deux
cens cinquante Summa Silvestrina, que sont achepvés,
et vous m'envoyerés le compte de tout ce que aurés
baglé des livres des impressions, affin que je sache, si je
vous debvray ou si me debvrés du compte de ceste
année,comme porte nostre contracta que facions compte
à la fin de l'année.
Et vous playrra me aviser des livres que faictes à
présent. Je croys que vous imprimés le Cours Canon
folio, et, si est ainsi, vous me donnerés avis combien
vous en gardés pour moy, et, quant ilz seront achepvés
au certain, et vous prie fayre bien le compte du temps
qu'il s'achepvera, pour cause qu'il m'importe. Et si avés
imprimé d'aultres livres, despuis mon départ, vous m'en
aviserés, affin que je voye si j'en prandray.
Aussi, je vous envoyeray le contenu en vostre mé-
moyre incontinent qu'il y aura navegacion. Et ne f ul-
drés à m'envoyer l'inventaere de touttes vous sortes en
latin, car je les montreray de par deçà, aulx gens de
lettres, quant il viennent en ma bouttique, et, s'il
est03rt imprimé, il seroit beaucoup mieulx, car je le cou-
leroys surung carton et le tiendroys affigé en la bouttique,
dont n'y auriés, sinon du proffict. Aussi, quant Diego
m'envoyera mes balles, s'il vous semble, m'envoyez
tout ce que aurés lors faict de la grande Bible.
Je croys que plus facillement pourray £aire vante de
quelque quantité, car en ayant parlé à d'aulcungs, ilz
m'ont respondu que, sans voyr ce qu'il y a de imprimé,
qu'ilz n'ont vouloyr d'y entendre. Et nl'escriprés le
dernier pris, en prenant cinquante, ou bien comme sera
vostre intention d'en hjre, et je m'y employeray en tout
— 6o —
ce que je pourray. Et semblableraent en tout ce qu'il
vous playrra me commander.
J'escritz a Diego de la Peiia que je vous demande les
livres cy après escriptz, et seront au pris de papier, im-
pression, et je luy escriptz qu'il vous bagle la moytié de
l'argent et l'autre moytié dans la fin de l'année, et, s'il
vous plaict de le fayre, vous luy baglerés les livres, quant
il vous les demandera. Et, si je vous peuls fayre service
de par deçà, je le feray de bon cueur,en priant Dieu vous
donner sa grâce.
Je vous advertis que je faictz recorriger la Bible de
Robert Estienne, de Vatable, que messieurs du grand
conseyl de l'inquisition m'ont baglé licence, avec privi-
lège de rimprimer.Et, accause qu'elle soyt de meilheure
vente, j'ay présenté requeste que messieurs les docteurs
en Théologie de l'Université de Salamanca la corrigent,
laquelle chose ilz m'ont obtroyé et sera achepvée de
corriger, dans quinze jours, par les docteurs de cestedicte
Université, que sera une sorte fort bonne.
Je vous vouldroys prier de m'envoyer quelques belles
montres de lettres pour la faire in-folio, en sorte que la
Bible ne soit chière, car, quant ung livre est chier, il se
tarde beaucoup à vendre. Et si je la vouloys fayre in-S"*,
lettre nonparelle, je la vouldroys fayre à mil cinq cens,
non plus. Et pourtant, il vous playrra me donner advis,
si la pouvés faire à mil cinq cens, et à quel pris,et quant
auriés la commodité de y commanser. Mays je veulx
lettre neufve, car je prétendz que soyt une Bible bien
imprimée, voyant que sera la Bible en plus grande répu-
tation de touttes les Bibles, accause de la correction et
sinatures que seront mises en ladicte Bible desdictz doc-
teurs et de messieurs les inquisiteurs du grand conseyl.
— 6i —
Je vous prie tenir cest avis secret pour certaines occa-
sions. Et attendant de vous responce, je feray fin en vous
disant adieu. De Salamanca, le 17 de juillet 1569..
Vostre serviteur et amy
Gaspar de Portonariis
Les livres qu'il vous playra bagler al S' Diego de la
Pena, au pris du papier, impression :
0 Magia Naturalis P(lantini).
o Conciones Villavicentii 8°.
o Novum testamentum en-24°.
o Horas en-24**.
o Epistolae Tullii famil. P.
o Biblia en-24°.
o Emblemata Alciati P.
o Virgilius 8°.
0 Biblia cum lineis 8° o celles que vous pourrés bagler.
o Fabulae Esopi graece latine P.
o Fabulae Faërnii P.
0 Psalterium Bucanani P.
o Doctrina Canisii P.
— 62 —
i8o. — Vlantin au Cardinal de Granvelle.
27 aoust 1569.
Très Illustre et R"* S'
Monsieur le Prévost d'Aire estant adverti de mon
retour de France, où j'estois aie, dès le mois de juing,
pour faire mon achapt de papiers, qu'il me convient avoir
pour la continuation de nos impressions, durant cest
hyver, m'a envoyé les lectres de V. Ill°* et R"* S*% du
17 et 25 de juin et du 2 et 11 de juillet, avec les vers
du Sig*" Gambara et les lectres de Monsg' Goneville, avec
ung des Bréviaires nouvellement imprimés à Rome. De
quoy, je remercie très humblement V. Ill"*« et R"« S^*,
l'advertissement de laquelle je suivray en toutes ma-
nières.
On m'importune fort d'imprimer les Diurnaux, la
copie desquels j'attendray, ainsi que des Messels pour
lesquels je supplie V. 111"*® et R™' S** de faire traicter
avec celuy qui les aura, aux mesmes conditions passées
avec Manutius touchant les Bréviaires. Car, de tels livres
ecclésiastiques seulement, je m'entretiens maintenant à
soustenir les fraiz des autres œuvres que je poursuis
autant diligentement que j'en puis avoir le moyen, de
sorte que j'espère d'achever Caesar, Lactance, Gymnas-
tica et les autres livrets que j'ay, par la faveur de V.
ni""* et R""® S'*, durant cest hyver. Et, avant toutes
choses, les vers du S** Gambara ' que j'ay, incontinent les
avoir receus et entendu la volonté de V. 1I1°* et R°* S.,
portés à Bruxelles et délivrés à monsig*" le Doyen de
S'* Gudule Metsius, pour les lire et soussigner, afin
I. Laurentii Gambara 'Pœmata. Plantin, 1569, in-80
-é3 -
d*obtenîr le consent de les imprimer, ce que j'espère
avoir en bien peu de jours et d'en envoyer quelques feilles
par le prochain courrier qui partira d'icy.
Je voudrois qu'il eust pieu à V. Ill"« et R°* S** m'or-
donner la forme qui luy eust esté la plus aggréable, me
tenant pour très bien récompensé de tout ce que je
pourray faire pour le service de V. Ill°* et R°* S**, si
je Êty chose qui luy soit aggréable. Pour à quoy tascher
d'autant plus,je suivray son ordonnance de prendre plus
grandes sortes de papier, encores qu'il se deust beaucoup
rogner pour accorder aux marges de nos sortes ordi-
naires.
J'envoye ici 2 exemplaires du livre de Viperanus de
Scribenda Historia ; l'autre, de Rege et Regno, sera de
bref aussi achevé et en envoyeray tel nombre qu'il
plaira à V. 111"* et R°* S'*, à laquelle,s'il plaist aussi me
faire advenir quelles feilles défaillent pour accomplir les
Bréviaires envoyés par feilles, je les envoyeray inconti-
nent.
Cependant je prie à nostre Signeur vouloir maintenir
V. m™* et R»* S»«.
-64-
i8i. — Plantin à de Goneville.
Le 27 aoust 1569.
A Monsg' de Goneville et de Mesmay, audîencier
de Monsg' TIII"* Gard, de Granvelle.
Monsigiieur.
Peu de jours après mon retour de France, où j'ay esté
pour mes affaires quelques six semaines, Monsg*" le Pré-
vost d'Aire m'envoya les lectres de V. S. et le Bréviaire
qu'en la faveur de Monsigneur Tlllustriss. et R°** Gardi-
nal, il vous a pieu m'envoyer, dont je vous remercie
très humblement et supplie vouloir continuer en telle
volonté que me déclarés, de me faire ce bien de m'en-
voyer les corrections qui se feront au Bréviaire et le
Diurnal et Missel, quand ils seront faits, et me vouloir
commander en toutes choses, èsquelles mon service
pourra estre aggréable à V. S. Laquelle je prie à nostre
Signeur vouloir conserver et augmenter en sa saincte
grâce, me recommandant très humblement à la vostre.
D'Anvers, ce 27 aoust 1569.
- 6s -
182 — Plantin à Gaspar de Vortonariis,
Sire Gaspar de Portonariis. Toutes recommandations
prémises, ceste est pour vous advertir que je n'ay pas
eu de lectres ni d'advis aucun de vous, depuis vostre par-
lement de ce pays, jusques à la réception des vostres du 28
de juing 1569. Au contenu desquelles, je vous respon-
dray succinctement.
Je suis premièrement joyeux d'entendre que soyés arrivé
en Espaigne et continuiés en bonne disposition, de
laquelle, grâces à Dieu, nous avons aussi continué
jusques à présent.
Qiiand au point ensuivant de vostre lectre, ainsi que
des autres ensuivants, je m'esmerveille bien davantage
que ne sauriés faire. Car, pour le premier, je n'ay oncques
fleschi de nostre marché ni de ma paroUe, ce qui se
montre clèrement. De vostre part, au contraire,veu que
je n'ay receu payement aucun, depuis vostre partement,
qu'un de Diego de la Peiia, auquel, tant s'en faut que
j'aye refusé de livrer les sortes par nous accordées, que
mesmes, après luy avoir prié de les recevoir en particu-
lier, ou seul à seul, pour ne faillir d'en pouvoir faire
apparoir, je le luy ay faict offrir, et sommé de le
rescevoir et me payer aux termes escheuts, par l'officier
du Magistrat de ceste ville, ainsi qu'assés il appert par
les actes sur ce passés en droict, où j'ay esté contrainct
le traicter en vostre nom, d'autant qu'il me dist, dès
Noël passé, qu'il ne me payeroit rien, si premièrement
ne lui ay envoyé permission, et qu'il ne m'avoit rien
autrement promis ni entendu. Parquoy, je ne pouvois
faire moins que cela que j'ai faict envers luy, pour mon
asseurance, et, pour démonster qu'il ne tenoit pas à moy
que nostre contract ne se constituast etc.
— 66 —
Vous dictes que j'ay receu deux payes sur ledict con-
tract, en quoy je ne sçay où vous pensés d'escrire ainsi,
veu que les cent escus premiers estoyent à bon compte
des 150 Somma S. Thomae, que je vous délivray icy,
hors la spécification dudict contract, et que, sur vos-
tre parole, je m'attendois que payeriés le reste desdictes
Summa S. Thomae, à Noël prochainement ensuivant, et
que despuis je n'ay receu quatre cent escus de Diego
de la Pena.
Je ne sçay aussi que dire des autres articles qu'escri-
vés que je vous mande ce que voudrés avoir, comme si
vous ne fissiés pas de conscience de me demander que
j'imprimasse et avanceasse mes labeurs et deniers à vos-
tre proffit, sans que me les payassiés, sinon à vostre plai-
sir, et, qui pis est, et contre vostre promesse et serment,
vous voulussiés permectre. Car je ne croy pas encore que
voulussiés tant contrevenir à vostre parole que d'or-
donner à Diego de Pena, qu'il distribuast ou changeasr
ici des livres que je vous délivrerois, ainsi que, par amitié,
je suis adverti qu'il veult faire encore maintenant, ne se
contentant du grand tord et irréparable que me fistes,
contre vostre promesse de distribuer à Paris de ceux
qu'eustes de moy, ainsi qu'à vostre retour dudict lieu,
je le vous remonstray, et pourtant voulus avoir obligation
de vous que ne le fériés plus, et que depuis j'ay entendu
que fistes ung tort, comme j'ay dict irréparable,en ce que
délivrastes cestedicte Summa S. Thomae au Sire Pierre
Zangre *, avant que j'eusse mesmes achevé les secondes
feilles et envoyé les exemplaires que j'estois tenu de
bailler des premiers à Mess"^* les Docteurs qui avoient be-
I. Petrus Zangrius, imprimeur à Louvain.
-é7-
songné audict livre, lesquels depuis ont tousjours esté
courroucés contre moy de tel acte, pensant que je l'aye
faict exprès, là où vous sçavés que je ne vous eusse ja-
mais délivré lesdicts livres ni autres, ni faict aucun
marché avec vous, si vous ne m'eussiés promis en pa-
role d'homme de bien que vous ne distribueriés point
de mesdictes sortes par deçà, aussi longtemps que j'en
aurois, mais que les envoyeriés toutes à vostre commo-
dité en Espagne, à Lyon ou là où verriés bien, pourveu
que ce ne fust en ces païs ici, ni à Paris.
Et pourtant je ne puis assés m'esmerveiller, à le dire
encore de rechef, que voulussiez souffrir que ledict de
la Pena voulust distribuer ici les sortes qu'il eust reçeu
de moy, si vous eussiés continué le contract, ainsi que
mes voysins m'ont confessé et adverti qu'il eust faict.
Davantage encores que n'eussiés contrevenu (ainsi
comme dict est cy-devant) audict contract. De quel
courage, cueur ou conscience eussiés vous voulu procé-
der, en la fin de l'année, pour la conclusion de nos
comptes, que vous escrivés maintenant que je vous
mande, et que, par après, ordonnerés de me payer du
reste, en quoy j'aperçoy que ne fériés conscience que
je vous donnasse mon labeur et l'advancement de mon
argent pour le payer, quand bon vous sembleroit, veu
qu'il me faudroit attendre vostre response et ordon-
nance de payement, qui viendroit, selon que les messa-
gers se trouveroyent prêts et qu'il vous pouroyent trouver,
ou vous-mesmes le trouveriés bon et à vostre propos, en
quoy je ne voy de raison, et pourtant ne suis je pas
délibéré de rien faire davantage, si ce n'est à l'argent
comptant. Moyennant lequel, je suis et seray prest de
vous faire tout le service qu'il me sera possible, mais
— 68 —
non pas de me ruiner pour vous faire plaisir, ainsi qu'il
adviendroit, si je continuois de vous servir et vous gar-
der les livres, sans recevoir argent, ainsi qu'il est advenu,
ceste année passée, à mon grand dommage et perte. Et
pourtant, ne vous y attendes aucunement. Mais, si vou-
lés avoir service de moy, ordonnés icy à qui vous vou-
drés plain pouvoir et auctorité de me payer et compter
avec moy de toutes choses, à chaicune fois, et que mes
sortes que vous voudrés avoir ne soient distribués par
deçà ni à Paris, suivant nostre premier acort et promesse,
autrement je ne veux plus rien avoir affaire ni commen-
cer avec vous.
Quant au reste, le Sig' Diego de la Pena m'a payé le
2 de ce mois, à bon compte de vostre obligation liquide
de 723 fl. 17 7, patars la somme de quarante livres de
gros, qui sont deux cents quarante florins, et m'a promis
de payer le reste ceste semaine. Qjiant aux autres livres
que voudriés que je délivrasse audict Diego, je luy ay
dict que je suis prest de les luy livrer, en me payant et
s'obligeant qu'il ne sera point distribué ni changé par
deçà,ainsi que la rayson le veut, et ce encores sans pré-
judice de rentrer au contract que vous avés rompu, si-
non qu'entreteniés vous et vos commis les points cy-des-
sus déclarés.
Qjie si Diego de la Pena ne s'entend pas, ainsi qu'il
dist, de faire ni arrester tels comptes de librairie, je suis
content que luy ordonniés qui vous voudrés par deçà i
qui s'y entende, devant qui nous pourrons passer lesdicts
comptes, ainsi passés mon argent me paye, ainsi que la
raison le veut.Car d'attendre de vous quelque response,
ce ne seroit raison,veu que je vous accorde la marchan-
dise, au prix de papier et faceon que je paie pour vous,
-69-
parquoy ce ne seroit la raison que je gardasse la mar-
chandise, attendant vostre advis, ainsi que Tentendés, et
puis après que j'attendisse encores le payement.
Au reste, j'ay achevé le cours Canon in-8° ' et com-
mencé celuy in-f*. ' J'ai imprimé les Bréviaires in-8® et
je les acheveray de bref in-i6**, et commenceray, Dieu
aydant,in-4*'. J'ay aussi commencé Concordantiae Bibliae
in-f* *, bien augmentées et ordonnées en milleur ordre
que n'a voit faict Rob. Estienne ny ceulx de Bâle. Je
continue les grandes Bibles, desquelles j'ay achevé les
livres des Juges, des Rois, de Paralipomenon, outre les
S livres de Moïse, de sorte qu'il ne reste du viel Testa-
ment que Psalmes,Proverbes,Ecclésiaste avec les Profètes,
que j'espère d'avoir achevé devant la S"* Jehan prochaine.
De tout je ne garderay rien pour vous, puisque je ne
reçoy pas argent, et que les points passés entre nous
n'ont esté observés de vostre costé. Mais pour vous
monstrer que je suis prest de vous faire encores amitié,
je ne vous refuseray rien que je pouray avoir, lorsque
1. Decretorum Canonicorum colïecianea Gratiani. Plantin, 1570, 3
vol. în-8».
2. 'DecreiaJes Gregorii IX. Antv. Apud Christophorum Plantinum^
viduam Joannis Steelsii, et Philippum Nutium^ 1573, m-îo^o.l^ecre-
tum Grattant Antv. Apud Christophorum Plantinum, Haeredes
J. Steelsii, et Philippum Nutium, 1573, Iq-^oI. Sexttu Tkcretàlium
liber Mgidii Terini opéra, Ibîd., iS73> in-folio. Le premier fut
imprimé par Jean Verwithagen ; du second, une partie des exem-
plaires porte l'adresse de Guillaume Desboys, de Paris ; une autre,
celles de Théodore van der Linden et de Jean Verwithagen d'Anvers;
le troisième a été imprimé par Philippe Nutius.
3. Oeconomia meihodica Concardaniiarum Scriptura Sacra : authore
Georgio Bulloco. Plantin, 1572, in-fol. Ouvrage imprimé aux frais
de l'auteur. Après la mort de Bullocus^ en janvier 1573, Plantin
racheta de ses héritiers 550 exemplaires, au prix de 18 18 florins.
5
m*ordonnerés payer comptant^ou bien à terme,seIon que
serons d'acort des pris et du temps en claires paroles et
ra3rsons, comme dict est. Quant aux grandes Bibles en
diverses langues, je vous en envoyeroys volontiers quel-
ques feilles pour monstrer, mais les postes me semblent
assés chargés. Si faictes quelque chose à mon profict, je
n*en seray ingrat.
Qpant à l'impression d'Augustini opéra f°, mes servi-
teurs sont à Francfort et je ne sçay que c'est qu'il vous
faulty car je n'en ay pas le mémoire. Qpand à vostre
packhuys, je ne m'en suis pas servi en rien, et en ay
loué ailleurs, à cause des questions en différent.
Je ne sçay autre chose pour vous mander, sinon que,
si m'envoyés quelques basles de livres d'Espagne, quant
la mer sera franche, je vous en tiendray bon et léal
compte et rond, ainsi que je désire qu'il me soit tousjours
faict, sans quelques arrière-pensées, ni subtilités, les-
quelles en fin n'engendreroyent que discords et re-
proches, outre le remors de la conscience. Et ainsi je
prie Dieu qu'il soit vostre garde par sa saincte grâce.
D'Anvers, ce 7 de septembre 1369. *
I. D*après une copte peu correcte, écrite par Martine Plantin.
— 71 —
183. —Vlantin au Cardinal de GranvelU.
Le 17 septembre 1569.
A Monsg' le Cardinal de Granvelle.
Très Illust. et R"« S'.
Depuis mes précédentes, pour toutes diligences que
j'aye sceu faire, je n'ay peu retirer la copie des vers du
S' Gambara des mains du Secrétaire, jusques au 14* du
présent, que j'en ay faict commencer la composition et,
les jours ensuivant, l'impression, que j'espère de conti-
nuer^ chaicun jour une feille, jusques à la fin et aussi
d'envoyer les feilles, selon que je les auray poursuivant.
J'ay esté en diverses doubtes de l'élection du format,
et finablement me suis résolu, pour l'avoir plus tost
achevé, de le faire in-S**, ainsi que V. I"« et R"* S*« peut
veoir par ces premières feilles. Qjie si la forme et lectre
ne luy agrée, en estant adverty, je ne faudray de les
imprimer, tout incontinent, d'aussi grand format et cha-
ractères qu'il luy plaira m'ordonner.
Messeigneurs les Révérendissimes de Gimbray, d'Âr-
ras, de Toumay, d'Ypre, de Guend et plusieurs autres,
tant prélats qu'autres Signeurs Ecclésiastiques, m'ayants
plusieurs fois rescrit que je leur imprimasse des Bré-
viaires en deux temps, de plus grosse lectre que les pre-
mières, j'ay faict ceste espreuve que j'envoye ici à V.
Ill°* et R°* S", afin que, si d'aventure elle s'en contente,
il luy plaise m'en faire advertir pour luy en envoyer tel
nombre des feilles, par chaicun courrier, qu'il luy plaira
m'ordonner.
Ledict Bréviaire se relieroit en deux parties, asçavoir
celle d'hyver et celle d'esté, desquelles chaicune contien-
— 12 —
droit environ 40 ou 45 feilles au plus, de sorte que Tune
ni l'autre ne seroit si espesse que l'entier imprimé en
moyenne lectre , et ne me semble trop incommode
pour tenir à la main. Au reste, j'avois de long temps
faict marché avec un libraire de France d'imprimer le
Cours Canon et luy en livrer 500 ung certain prix,
auquel voyant que je perdray *
(Manque la fin.)
184. — Plantin à Maximilien de Berghes. *
Le 24 septembre 1569.
A Monsign' l' Arche vesque de Cambrai,
Très illustre et R»« S'.
Ayant volonté d'accomplir ma promesse, comme il
apartient envers V. 111°** S**, j'ay cerché tous les moyens
possibles de pouvoir faire les Bréviaires de forme maniable,
en deux temps, de la plus grosse lectre qu'on pourroit,
sans que toutesfois ne l'une ne l'autre des parties n'excé-
dassent juste grosseur. Et finablement, j'ay faict apprester
la lectre et faict une feille que j 'envoyé ici, suppliant à
V. 111°** et R™' S** qu'il luy plaise me faire advertir, si
elle s'en contentera (en attendant que, par commande-
ment, j'imprime lesdicts Bréviaires en plus grands vo-
1 . Plantin fournit des Decretorutn Canonicorum collectanea Gratiani
(i 570) 500 exemplaires à Jacques Du puis de Paris, au prix de 672 fl.
12 1/2 s. et 400 exemplaires aux héritiers de Steelsius à 486 fl.
II 1/2 s. Le compte fut fait, le 16 novembre 1569 ; l'ouvrage, qui
porte la date de 1570, était achevé depuis le mois de septembre de
l'année précédente.
2. Maximilien de Berghes, archevêque de Cambrai.
— 73 —
lûmes et gros charactères pour les églises). Ce qu'adve-
nant, je ne faudray, moyennant la grâce de Nostre S' Dieu,
de poursuivre ceste impression, tellement que je pourray
donner la partie d'hyver, devant le Noël prochain, et
avec icelle, l'ordre ou cartabelle d'icelle.
Au reste, nous poursuivons à grands travaux l'œuvre
des grandes Bibles, desquelles nous avons achevé tous
les livres précédents fob, que nous commencerons.
J'ay receu une fort belle et grande carte universelle
faicte maintenant par Mercator, ' et j'attends des livres
nouveaux de Francfort. S'il est chose, en quoy mon pe-
tit service puisse estre aggréable à V. 111* et R"* S'*,
m'en faisant advertir, je seray tousjours prest et prompt
d'obéyr, d'aussi bon cueur que je prie Dieu nous la vou-
loir conserver en toute bonne prospérité.
D'Anvers, ce 24 septembre.
185. — Plantin au Cardinal de Granvelle,
Le 24 septembre 1569.
A Monsigneur le Cardinal de Granvelle.
111°»* et R"* S^
Cejourd'huy sont 7 jours passés que j'ai envoyé à V.
ni"* et R"* S'* les deux premières feilles des vers du
S' Gambara, avec une feille pour monstre d'un Bré-
viaire que plusieurs S" et Prélats désirent que j'imprime.
I . Nova et aucta orbis terra descriptio ad usum navigantium emendate
accùmmodata. Cette carte universelle venait d'être publiée par Gérard
Mercator à Duisbourg, au mois d*août 1569. (Voir D»" J. van Raem-
DONCK, Gérard Mercator, sa vie et ses œuvres. St-Nicolas, 1869.
p. 124.)
— 74 —
Maintenant je luy envoyé 3 autres feilles desdicts vers,
desquels j'espère d'envoyer le reste par le premier cour-
rier.
Cependant je prieray Dieu qu'il luy plaise maintenir
V. Ili"** et R°* S** en sa bonne grâce.
D'Anvers etc.
i8é. — Vlantin au Cardinal de Granvelle.
Le premier octobre 1569.
A M. le Cardinal de Granvelle.
Il me déplaist tousjours grandement que je ne puis
chaicunne fois mectre en exécution mes promesses et le
désir que j'ay de satisfaire à la volonté de V. 111"* et
R"« S**, et m'en contristerois davantage, si je ne m'as-
seurois qu'icelle sçait trop mieux considérer les fautes
survenantes, et juger des affections de ses humbles ser-
viteurs, qu'eux-mesmes demander pardon de leurs dé-
mérites. Et pourtant, j'espère qu'icelle ne prendra pas
en mauvaise part que je ne puisse encores, maintenant,
envoyer l'accomplissement de tous les vers du Sig*^
Gambara, qui. Dieu aidant, seront achevés dedans deux
jours, et par conséquent ay je espoir de ne faillir d'en-
voyer les deux dernières feilles de Nautica, par le pre-
mier courrier avec d'autres.
Ce pendant, je prie Dieu vouloir tousjours conserver
V. I. S. en bonne prospérité et santé.
D'Anvers, etc.
— 75 —
iSy. — Vlantin au Cardinal de Granvelle.
^ Ce 6 octobre 1569.
M. rm* et R»»» Cardinal de Granvelle.
J'envoye le reste de l'impression des vers du S'
Gambara, laquelle je seray prest de rimprimer en telle
forme qn'il plaira à V. Ill"» et R°*' S" de me comman-
mander. Ce pendant, je poursuyvray. Dieu aidant, les
autres œuvres que, de longtemps, elle m'a favorisé,
nonobstant quoy, je ne laisseray de commencer, à bon
escient, et poursuivre l'impression du Bréviaire, tout au
^ long, sans renvois si fréquents, suivant l'ordonnance
notée au Bréviaire qu'il a pieu à V. Ill« et R°' $• me
faire procurer et envoyer par Monsg' son Âudiencier, et
ce de telle lectre, comme, ces jours passés, j'en ay en-
voyé une feille, pour monstrer à vostre 111* et R°** Signeu-
rie, laquelle je prie Dieu nous vouloir conserver à son
honneur et gloire et au profict de la république Chres-
tienne.
D'Anvers, ce 6 octobre.
-76 -
i88. — Plantin à Claude de fVithem, Seigneur deRisbourg.
Monseigneur.
Je suis fort esmerveillé que les indignités qui, pre-
mièrement, me sont faictes, et, consécutivement, à mes
pièges pour V. S. envers Monsg' le Chevalier de Sèvre,
touchant la ferme de la commanderie de Liège, des-
quelles, plusieurs fois, avés, à mon advis, suflSsamment
esté par diverses adverti, n'esmeuvent une fois vostre
noble courage à nous faire la raison et le deu de vos
promesses et obligations, faictes sur vostre honneur, sur
vostre personne et sur vos biens. Car vous estes, comme
j'entends, assés bien informé comme Gilles Chastelain,
par diverses prolongations, subterfuges et finesses de
mauvaise foy, m'a traîné, l'année passée, en procès, qu'il
a faict durer jusques après l'an passé, qu'il eust deu
payer les sommes deus, et que, finalement, ayant esté
condamné, il m'a payé une partie seulement des sommes
escheutes, passé ung an, et quelque autre partie à Jehan
Cassen, vers lequel il a esté aussi condamné pour les
termes de Pasques et la S. Jehan dernièrement passés,
sans que jamais il ait voulu liquider les premiers paye-
ments, ni despents deus et raisonnables, et que depuis il
a juré n'avoir rien* à ses maistres et n'avoir le moyen
aucun de payer, et autres cavillations, trop longues à
réciter par lectres. De sorte que j'en porte une fascherie,
dommage et perte inestimables, tant en mon honneur
et biens, que principalement en mon crédict, qui, par
faute des payements ordonnés aux temps, en est diminué
et en danger de le perdre, qui seroit non seulement ma
ruine et de ma famille, mais aussi un déshonneur grand
pour Vostre Signeurie, pour le service de laquelle je me
— 77 —
suis à la bonne foy et en bonne intention mis en ce
labirinthe, duquel, pour me retirer, je désire perdre du
mien tout autant que mes facultés le pourront porter,
plustost que de venir à procéder contre Vostredicte S*',
par les moyens que le droict et l'équité requiert et de-
mande en tel cas, comme icelle sçait très bien.
Et pourtant, Monsigneur , je supplie Vostredicte
Signeurie qu'icelle veille prendre garde à ce qui est
non seulement raisonnable, mais par le droict et justice
nécessaire, d'estre faict envers nous, sans plus long dé-
lay ne dissimulation de paroles ni d'excuses d'aucunes
injures des temps qui ne doivent ni ne peuvent aucun-
nement servir en ceste affaire, veu principalement que
V. S. s'en est totalement exclus, s'estant premièrement
obligé, et, par conséquent, tous ses pièges, de payer
purement et simplement les sommes accordées à chaicun
terme, sans pouvoir aucunement différer pour quelquon-
que accident, tant de gelées, gresles, tempestes, feu,
eau et autres infortunes, que de toutes manières de
guerres qui puissent survenir ou entrevenir durant le
temps de vostre bail et t rmes assignés. Et de faict,
Monsg*", je croy que, si vous sçaviés la rigueur que tient
Monsg*^ le Chevallier de Sèvre à se faire payer à ses
jours et en monnoye à son plaisir, j'estime que sériés
esmeu et ne faudriés, de vostre part, à nous garantir,
comme il appartient.
Et pourtant, Monsigneur, je vous supplie encores
ceste fois pour l'amour de Dieu, du juste droict, de la
raison et de vostre honneur, qu'il vous plaise nous faire
payer des termes passés et nous asseurer et garantir
mieux pour l'advenir que ne l'avons esté jusques à pré-
sent, ou bien nous faire descharger de la plègerie envers
-78-
mondict Sign' le Chevallier de Sèvre, avant que nous
soyons contraincts de cercher les derniers moyens à
rencontre de V. S., de laquelle nous désirons demeurer
les humbles serviteurs, autant que nostre estât le peut
porter, car plus outre ne pouvons nous l'endurer et croy
que V. S. aussi ne Ta onques autrement entendu, mais
que la faute est es pièges que nous avés obligés, des-
quels il ne nous est plus possible d'endurer. Parquoy
nous vous supplions derechef d'y vouloir mectre ordre
et nous donner contentement raisonnable, et nous prie-
rons Dieu vous eslargir ses sainctes grâces et nous
maintenir en la vostre.
D'Anvers, ce l novembre 1569.
Ï89. — Thomas Corraa ' à Tlantin.
(Il propose à Plantin d'imprimer son livre de Epigrammaiây cinq
livres de Eîoquentia et des commentaires sur le quatrième et le
sixième livre de l'Enéide.)
Thomas Corraea Christophoro Plantino S. P, D.
Virtus plerumque amorem conciliât majorem, quam
consuetudo et congressus voluntatumque consensio ;
promerita etiam eu jusque animos saepe nostros ad bene-
volentiam invitant. Virtus actione cemitur ex qua prae-
I . Thomas Correa né à Coïmbre en Portugal. Il entra dans la
Société de Jésus, mais quitta l'ordre et fut successivement professeur
à Palerme, à Rome et à Bologne. Il écrivit de EpiqrammaU^ de
Eîegia, Expîanatio in Horatium ds Arte poetica, Oratio de Antiquiiate
dignilaUque poeseos, Plantin n'imprima rien de lui. D mourut à Bo-.
logne, le 24 février 1595, à l'&ge de 59 ans.
- 79 —
clari effectus emergunt; sed illi omnium praestantissimi,
qui aut multis utilitatem afferunt, aut toti reipublicas
sunt ornamento. Praeclara tua virtus, mi Plantine, te
mihi carissimum reddidit ; cum vero de omni re littera-
ria sis optime meritus, eodem ego nomine tibi plurimum
debeo. Sed hsec alias, scribendi rationem tibi exponam.
Adii visendi gratia, ut soleo, communem litterarum
Maecenatem amplissimum Cardinalem Granvellanum : is
mihi amici mei Joannis Antonii Viperani de Scribenda
historia dédit iibellum a te excusum. Cœpi mecum co-
gitare, non esse ab re, si ad te Iibellum meum de Epi-
grammate mitterem, ut si tibi esset commodum, t)rpis
tuis velles imprimi, quoniam hic perpauca reperiuntur
exempla, et si rationem hanc inire non displicet, mittam
statim ad te quinque libros de Eloquentia, quos spero
nec ingratos nec inutiles litterarîae reipublicae fore ; me-
ditor praeterea in duos Virgilii libros, quartum et sextum,
commentarios ; eos etiam ubi elimaro, ad te transmitti
curabo ; si suscipis negotium, poteris me litteris docere.
Poteram hanc provinciam amplissimo Cardinali Granvel-
lano imponere, sed hac ratione malui rem transigi.
Siquid est in Urbe, in quo ego operam studiumque
meum tibi rebusque tuis possini praestare, poUiceor me
non defuturum. Sum apud Cardinalem Montis Politiani,
me meaque tibi defero.
Vale. Romas nu nonas novembris, anno salutis
cId. Id. lxix. •
I . Nous ne savons en quel sens Planttn répondit à cette lettre.
Nous possédons cependant le commencement d'une lettre de lui â
Thomas Corrasa, que nous reproduisons ici, mais qui ne nous apprend
— 8o —
190. — Vlantin au Cardinal de Granvelle.
Le 7 novembre 1569.
A Mons' riU"* Gard, de Granvelle.
Avec mes dernières, j'ay envoyé le reste des vers du
S" Gambara et deux feilles, à mon advis, du livre de
Rege et Regno, duquel j^envoye maintenant le reste, et
4 exemplaires entiers. J'espère d'envoyer par le premier
quelques feilles de la continuation de Caesar, que j'es-
père avoir achevé de bref et de faire suivre le Lactance;
nonobstant quoy, je ne laisse de poursuivre, autant que
je puis, le Bréviaire en deux temps, de la lectre dont
j'ay, par cy-devant, envoyé quelques épreuves à V. Ill°*
et R"® S'*, et extendu, selon l'advis donné, selon son
ordonnance, par Mons*^ son Audiencier, duquel la partie
d'hiver achevée, je ne faudray de luy en envoyer. Ce-
pendant j'attendray encores le Diumal et l'avis du Messel.
Au reste, Mons' le Docteur Arias Montanus, commis
envoyé par deçà pour présider à la correction des gran-
des Bibles que je poursuy, m'a ordonné d'envoyer les
incluses à V. 111"* et R™* Signeurie, laquelle je prie à
Dieu nous vouloir conserver en santé, et me maintenir
en la bonne grâce d'icelle. D'Anvers etc.
rien. Plantin, comme on voit intitule son correspondant a secrétaire
du pape »«
Chistophorus Plantinus Tliomae Corraeae D. N. PP. a secretis.
Rursus ego illius non solum litterarum sed et omnium aliquo
modo virtutis studiosorum Maecenatis amplissimi 111™» nempe et
R™» Cardinalis Granvellani ex litteris tuis ad me doctissimis benefi-
cium cognosco, qui et me aliquid efficere cupit et ut iddem alii
praestent hortatur. Virtutem etenim amo quidem et colo, ceteram
actionem....
— 8i —
191.' — Ambroise Lœiti à Plantin.
Monsieur. Comme Sa Grandeur Ex°' et 111"* de Liè-
ge, mon Prince et Seigneur, doibt au Noble Seigneur
Claude de Witthem, Seigneur de Rysbrouck etc. la
somme de deux mille trois cens florins de Brabant, et
que ledict S' de Rysbrouck m'en at demandé le paye-
ment pour les compter à vous ; mais comme n'ay pré-
sentement le moyen, Tay je pryé à vouUoir avoir la pa-
tience, jusques à huict ou diex jours après le Noël pro-
chain. Et allors ne fauldray de le contenter. Parquoy
pouvez asseurément, sy ainsy plaise audict S' de Rys-
brouck, prendre assignation sur moy au terme susdict.
Et venant icy quelcung de vostre part, avec ordonnance
et quittances de ladicte somme de S' de Rysbrouck, ne
fauldray d'en faire le deubz payement. Qpe soit fin de
ceît^ après vous avoir présenté mes excuses, prieray
Dieu, le Créateur, vous donner bonne et longue vie.
Daulté en Liège, ce XVI* jour de novembre, anno 1569.
A vostre commandement
Âmbrose Loeité.
— 82 —
192. — Tlantin à Joannes Leodius.
(Joannes Leodius ayant proposé à Plantin d'imprimer son livre sur
la confession d'Augsbourg, l'imprimeur répond que la chose ne pour-
rait se faire, sans crainte des censures ecclésiastiques, et qu'il serait
plus opportun de le publier en Allemagne. D se déclare prêt à impri-
mer les écrits de feu Eclsius, et transmet à Leodius les salutations
cl'un prêtre anversois.)
23 novembris 1569.
Amplissimo doctissimoque viro D. Johanni Leodio S.
Theologiae Doctori piissîmo et 111"* Ducis Bavarias
consiliario prudentissimo.
Qiiid nominîs ego apud exteros et gratiae apud prin-
cipes viros, maximo vero apud 111™ Ducem vestrum
Albertum, fidei catholicse in Germania unicum azylium
et propugnaculum, consecutus sim, vir amplissime, hoc
totum humanitati et benevolentiae tuae tuique similium,
hoc est piissime doctorum et candidorum virorum nos-
tris conatibus faventium, debere me cognosco et libenter
fateor.
Qjiamvis etenim labore maximo et constantia quasi
pertinaci reipublicae christianae in dies magis ac magis
prodesse quam velimus et conemur, nihil prorsus nos
absque favore vestro posse scio et agnosco. Quantum
vero mihi immerenti ultro ofFeras thpsaurum non
ignoro, ob idque gratias habeo habeboque quoad vixero,
maximas, quod et omni data occasione testari conabor.
Verum cum homines harum regionum novis et ple-
rumque vetitis rébus sunt addictissimi, non video qui
liber tuus, ob Confessionis Augustanae binam etsi diver-
sam proinde et vanam descriptionem, absque periculo
hic possit imprimi. Iddem judicat eiiam R*" D" M. N.
Judocus liletanus^ cum alliis nonnullis doctissimis et
piissimis viris a quibus consilium petii.
-83 -
Consultum autem erit ut în Get mania, ubi talia plu-
rimum emolumenti et utilitatis reipublicse christianae,
nihil vero detrimenti adferre possunt, opus tuum impri-
matur. Siquid autem aliud erit, ad quod me non inido-
neum judices, indica: efficiam, Deo fa vente, ut officium
meum a vobis nunquam desideretur.
Interea rogo et obsecro ut amplissimum virum D°"
Eckium Cancellarium Monacensem nomine meo salutare
et me paratum esse ad omnia, quando jusserit pias me-
moriae D. Eckii opéra praelo nostro committere, signifi-
care digneris. D. Henricus Dunghaeus te plurimum jubet
resalutare. D" Franciscus Cnobart agit nunc Lovanii.
Dominus Deus optimus maximus te nobis diu inco-
lumem servet tt dignitatem tuam pro merito augere
dignetur. Antverpiae, 25 novembris 1569.
193. — Gilles Beys à Plantin.
25 novembre 1569.
Très honoré. Geste sera seuUement pour vous ad ver-
tir que je ne puis rien recouvrir d'avantage de vostre
mémoire pour Pôle que ce qui est spécifié en ce petit
billet. J'espère que le recevrez bien tost, car le tonneau
est parti de ceste ville, hier, par Paul voicturier d'Anvers.
Je vous envoyé icy le double de tout ce que je vous ay
envoyé depuis le commencement jusques à maintenant,
avec l'extraict de toutes les lectres de change que j'ay
payé à divers, et ay conféré la vostre avec mon livre et
y ay trouvé bien peu de faulte, sinon en ce qu'a esté
faict par mesgardç, comme pourrez voir par le double
que je vous envoyé.
-84-
Je vous prie aussy, après que vous aurez conféré le
mien, de m'en advenir et de l'ordre que vous volez
que nous tenions doresnavant des lectres de change
etc , comme aussy je prie Jan de faire. Je vous prie
aussi de rendre l'argent à Jehan de ce qu'il aura dé-
boursé pour mes mules etc., et si recevez les i8 ft
Tournois pour moy de Mons' Montanus, dont je vous
ay envoyé la céduUe par Antoine, messagier, retenez
en pour vous ce que lesdictes mules auront cousté.
Je vous prie de délivrer à Mons' de La Boderie ' l'in-
cluse qui m'est recommandée, et luy présentez, s'il
vous plaist, mes très humbles recommandations, sans
oblier nostre très chière maistresse (que je debvois avoir
nommé la première) et toutes vos filles et conséquem-
ment à tous ceulx de la maison, et en prenez vostre part.
De Paris, ce 25* susdict, par
Le tout vostre très humble à jamais serviteur
Gilles Beys.
194, — Plantin à Claude de Withem^ seigneur de Risbaur^.
A Monsg' de Rysbourg, le 2> novembre.
Monsigneur.
Ayant leu les lectres de V. S. par son chappelain,
envoyé exprès, je me suis encores fort esmerveillé de ce
qu'icelle m'accuse de n'avoir faict tour d'amy, de luy
avoir renvoyé ung paquet, qu'elle m'avoit envoyé, pour
l'adresser à Monsg' le Chevallier de Sèvre, car je n'ay
1. Guy Lefèvre de La Boderie.
i
-8s -
oncques veu aucun pacquet pour adresser audict Signeur,
ni receu lectres de Vostredicte Signeurie, depuis six mois
en çà. Parquoy, je la prie de s'oster de telle persuasion
et croire asseurément qu'onqnes je n*ay eu autre volonté
que de m'employer à faire tout service à quiconques
m'en a requis, voire jusque à n'avoir oncques refusé
pacquet des incongneus, et que je ne l'aye mesmes en-
voyé, où besoing a esté, à mes propres cousts et despens,
tant s'en faut que j'eusse voulu refuser d'envoyer le
vostre audict Signeur Chevallier de Sèvre, d'autant que
j'eusse espéré, par la responce, d'avoir soulagement des
misères où je suis, et aussi, depuis que Mons*" M^ Lucas
de Mora me recommanda Vostre Signeurie et me pria
de luy faire service, je m'y suis employé de si bon
cueur, qu'il n'eust esté possible de mieux, de sorte que
Teffect ensuivy l'a monstre, qui depuis m'est tourné à
tel préjudice, dommage et perte, qu'il m'est impossible
de l'escrire et à vous de le croire. Car le virement de
changes et rechanges qu'il m'a convenu faire, depuis
que j'ay mis piège à Paris pour V. S., afin d'entretenir
mon crédict, m'a tellement intéressé, rongé et miné, et
me tient en tels termes, qu'il m'est impossible de plus y
subvenir, ni pareillement de plus dissimuler, ainsi que
plusieurs fois je l'ay rescrit à V. S. par cy-devant , et
signamment naguères, ayant envoyé mes dernières lec-
tres au susdict Sig*^ de Mora, à qui et de qui je me doibs
plaindre, veu que c'est luy qui premièrement m'en a
requis en la faveur d'icelle.
Or, me tiens je asseuré qu'icelle V. S. n'a jamais bien
entendu le tord qui m'est faict par le retardement des
payements, aux termes spécifiés, tant pour ne practiquer
les affaires de lectres de change, qui me sont à chai-
6
— 86 —
cunne fois envoyées de Paris pour payer, que pour esti-
mer qu'il soit facile de trouver ici argent à change et
ainsi (bien que tousjours à fraiz) de contenter Tun
l'autre. Autrement, je m'asseure que vostre cueur est
tant noble qu'il ne voudroit, pour aucun argent, que,
pour faire service à V. S., j'endurasse la dixiesme partie
de ce qu'il me convient endurer, quasi tous les mois,
pour ceste affaire. Car, pour le dire en bref mots, ja-
mais le terme de Pasques n'approche que, dès quinze
jours devant, Pierre Cassen ne m'envoye lectres de
change pour payer, précisément audict terme de Pasques,
la somme qui doibt alors eschoir, ladicte lectre de change
m'estant ainsi tousjours présentée devant Pasques, il me
la faut accepter, sur peine de perdre tout mon crédict et
de recevoir mille autres inconvénients et fascheries. Le
jour estant escheu, dénommé en ladicte lectre, il faut
que, sans nul délay, je paye, sur peine de pis que para-
vant, et ainsi m'en faict il devant le terme de Sainct-
Jehan.
Or est-il que je n'ay nul crédict sur la bourse pour
trouver argent, et est mon stile et estât tel, que je ne
trouverois pas cinquante escus au besoing sur tous mes
livres ; nonobstant quoy, il est nécessaire de tenir mon
crédict ou d'abandonner le païs.
Parquoy, c'est à moy de penser, de courir, de cher-
cher et trouver, faisant tousjours bonne mine, le moyen
de satisfaire. Et jamais n'en sceu trouver autre moyen,
sinon que de prendre argent ici des marchants de France,
à très grands frais, pour le rendre à Paris à lectre veue.
Et ainsi l'ayant faict rendre à Paris, par quelqu'un que
je pense ou sçay avoir affaire d'argent par deçà, cestuy-
là, l'ayant payé par delà, m'envoye incontinent autres
-87-
lectres de change par deçà, pour le mesme payement, et
ainsi me faut il continuer ces virements et changes,
jusques à ce que je reçoive le payement de vostre Si-
gneurie, qui, tous les termes passés, est venu si tard,
que j'en ay eu despendu la moictié, avant que de le re-
cevoir, de sorte qu'il ne sera de ma vie, à ce que je
voy, que je ne m'en sorte.
Et pourtant, je supplie Vostre noble Signeurie de me
vouloir descharger de tel fardeau, devant que je sois
contrainct de quicter le païs, ou d'avoir recours au der-
nier remède.
Qpe s'il ne pend qu'au reste de ce qui est de bien en
ma puissance privée, j'aimeray mieux le donner que de
plus endurer ce travail, ni de commencer à procéder en
justice, à rencontre de V. S. Parquoy, Monsiepr, je vous
supplie de rechef d'y avoir esgard. Car, quand est d'es-
pérer avoir quelque grâce ou respit de Monsg' le Che-
vaUer de Sèvre, ce n'est rien que de perdre temps et
despens, veu ce qu'il en a rescrit au Sig^ Pierre Cas-
sen, qui m'a envoyé les lectres dudict Sig^ de Sèvre,
par lesquelles il luy mande ces mots en bref : « Ne
m'escry plus rien de Monsg^ de Risbourg, et pense seu-
lement à me tenir mon argent prest, aux termes assignés,
nonobstant quelquonques inconvénients, survenus ou à
survenir, soit de vents, gresles, tempestes, desbordements
d'eaux, stérilités, guerres, feux, famines, fautes de paye-
ments, procès, ni autres allégations, quelles qu'elles
soyent ou se puissent alléguer, ainsi que tu t'y es obligé,
corps et biens généralement, et ypothéqué ta maison et
en fay, avec ledict S*" de Risbourg et tous autres, comme
tu voudras, sans jamais plus m'en escrire ne requérir de
rien. »
— 88 —
Ausquels mots V. S. peut voir Tintention dudîct Sig%
vers lequel nonobstant, si Vostredicte Sîgneurie nous
peut descharger, nous serons très contents ; mais, cepen-
dant, il n'est pas raison que je porte les pertes, et de
faict je ne le puis plus faire. Q.uant à l'assignation du
receveur de Monsg' le Révérendissime, il me seroit im-
possible de l'accepter, ainsi qu'il me le rescript, qui est
d'envoyer homme pour recevoir l'argent à Liège, tant
pour les hazards des chemins que pour ce que les mon-
noyes s'employent là (comme j'entends) à plus haut
prix qu'ici. Ce que je supplie aussi à V. S. de considé-
rer et d'y donner autre ordre, tant pour ladicte somme
assignée sur ledict receveur, que pour les restes des
payenens, tant de l'année précédente, il y eut à Pas-
ques et Sainct Jehan un an, que pour les derniers passsés.
Supliant aussi de n'oblier les autres fraiz et deniers
desboursés pour le voyage du messager, qu'à l'instance
et requeste de V. S.^ j'envoyeray à Paris, pour faire
bailler piège audict S' de Sèvre et le payement de quel-
ques livres délivrés, passé 2 ans, à Vostredicte S**, la-
quelle, de rechef, je supplie, pour l'amour de Dieu, de
la raison et de son honneur, qu'elle veille avoir pitié de
moy et de me descharger de ce fardeau, sous lequel je
me consomme, et je prieray Dieu pour sa prospérité et
santé.
D'Anvers, ce 26 de novembre 1569.
-89-
19 S • — Plantin à Ambroîse Loeiti.
A Monsg' M* Ambroise Loeité,
thrésorier de Monsg' le R"* de Liège.
Ledict 25 novembre.
Monsieur. Pour responce aux vostres, il m'est impos-
sible d'attendre du payement de Mons' de Risbourg,
sans grand perte et dommage, ainsi que je rescris audict
Sig', et encores moins m'est il convenable d'envoyer là
homme exprès pour recevoir ledict argent, tant à cause
des périls et dangers des chemins, comme de ce que
j'entends que les monnoyes s'employent là autrement
qu'ici, choses qui me seroyent trop préjudiciables. Et
pourtant, je supplie V. S. de me vouloir aider pat quel-
que assignation en ceste ville ; de la commodité de
quoy, je vous supplie de m'advertir, le plus tost que
faire se pourra. Et s'il est chose en quoy je puisse
vous faire quelque service, commandés : vous serez obéi
d'aussi bon cueur.
— 90 —
196. — Plantin à Paul Manuce.
Au Signeur Paulo Manutio.
Moult mag° Senor.
Je m'esmerveille que je n'ay response aux miennes,
par lesquelles j'advertissois V. M. S. du nombre des
Bréviaires que j'avois imprimés, et encore plus de ce
que nuUuy ne s'est addressé à moy, de sa part, pour re-
cevoir la disme que je luy en doibs, par accord faict.
Ores, j'advertis derechef V. M. S. que j'ay, jusques à ce
jour, faict trois impressions des Bréviaires in-8°, qui sont
trois mille cent et cinquante exemplaires, et une autre
impression, de ceux in- 16'', de mille et cinq cents.
Parquoy, je doibs desdicts Bréviaires in-8° 300 exem-
plaires, et 150 in-i6**, lesquels je délivreray à qui V. M.
S. l'ordonnera, ou moy-mesmes les pacqueray et les en-
voyèray où il luy plaira ordonner, ou bien payeray, à
qui luy plaira, cent escus d'or pour lesdicts exemplaires,
et continueray comme l'ordonnera Vostredicte S*"*, à
laquelle je baise les mains, et prie Dieu la vouloir con-
server etc.
Le 26 novembre 1569.
— 91 —
197" — Plantin à de Goneville.
A Mons' de Goneville auditeur du très illustre
Cardinal Granvelle.
Monsigneur.
Je ne sçay par quel moyen explicquer ni déclarer
combien je me sens obligé, premièrement au très Illustre
et R°* Cardinal, mon bon Signeur et maistre (car je
me tiens heureux de me pouvoir advouer son très hum-
ble serviteur), et puis à ses domestiques, et principale-
ment à V. S., de laquelle j'ay receu les lectres du 22
du passé avec le Bréviaire, et le traicté pour tenir l'office
jusques à dix ans, dont je la remercie grandement et la
supplie de vouloir continuer à me faire ainsi du bien,
de quoy je ne seray jamais ingrat et voudrois que le
moyen me fust offert de le monstrer par effect, car je
m'y employerois autant volontiers, et d'aussi bonne af-
fection, que je reçoy les bénéfices d'icelle.
Je suivray en tout les advertissements qu'il a pieu à
Vostre Signeurie me donner pour l'impression du Bré-
viaire, que j'imprime au long, en la plus grande dili-
gence que je puis. La partie d'esté sera, Dieu aidant,
achevée environ Noël.
Par mes précédentes, j'ay adverti V. S. avoir receu le
Diurnal dont je la remercie. Paravant, j'en avois desjà
commencé ung autre qui sera beaucoup plus petit, tant
pour le format plus ample, que pour ce que je n'y mets
nuls nocturnes au Psautier ni commun. De chaicun je ne
faudray d'en envoyer estants faicts. Cependant )e m'ap-
preste pour les Bréviaires de Chœur, en grand volume,
mais je voudrois bien avoir premièrement achevé lesdicts
— 92 —
Bréviaire et Diuraal, et sur iceux avoir entendu la vo-
lonté et jugement du son 111"** etR^^Sig*^*. Pourquoy, je
me hasteray de les achever et envoyer à V. S., pour les
luy présenter et me rescrire ce qu'il luy en plaira me
faire advertir et ordonner.
Au reste, j'entends, par Monsg' le Chantre de Malines,
que le Signeur Manutius se plainct que je ne luy res-
crive pas le nombre que j'imprime des Bréviaires, à quoy
je ne pense pas faire de faute, veu que je luy ay rescrit,
passé quelques mois, et m'avoit mandé qu'il m'ordonne-
roit ici quelqu'un qui recevroit la disme que je luy ay
promise; nonobstant quoy, il ne m'a, despuis, rien escrit,
ni addressé nuUuy qui, de sa part, m'ayt rien dict ni
demandé.
Que s'il luy plaist m'ordonner que je luy envoyé, à la
fin de chaicunne impression, ladicte disme des Bréviai-
res, je le feray volontiers et fidèlement, ou bien autre-
ment, comme il l'ordonnera. Car luy et tous autres me
trouveront tousjours prests à toutes bonnes raisons et
surtout prest et prompt d'accomplir ma promesse, ce que
(puisque il plaist à V. S. me procurer ce bien) pourrés
aussi asseurer à celuy, avec qui sera besoing de traicter
pour le Privilège du Messel. Suppliant à V. S. m'em-
ployer à ce que je pourray pour son service, en quoy
je m'employray tousjours, comme je doibs, d'aussi bon
cueur que j'en reçoy plaisir, et que je me recommande
à sa bonne grâce, et prie Dieu la maintenir et faire
prospérer en la sienne.
D'Anvers (Entre le 25 novembre et le 16 décembre 1569).
— 93 —
198. — Plantin à de Gotteville.
Le 16 décembre 1369.
A Mons' de Goneville, auditeur de M. le Cardinal.
Monsigneur.
J'espère que, par mes précédentes, V. S. aura enten-
du que j'ay reccu le Diurnal et l'autre Bréviaire, avec
les rubricques pour dix ans, imprimées à Venise (dont
je la remercie très humblement) et le désir que j'ay de
satisfaire au Signeur Paulus Manutius et à tous autres.
Mons*" de S* Bavo m'a envoyé, de sa grâce, son grand
Bréviaire, passé quelques semaines, auquel j'ay aperceu
ce dont V S. m'escrit.
J 'envoyé les feilles imprimées de la partie hiémale du
Bréviaire à son illustriss. S'"^; en quoy, si V. S. aperçoit
quelque chose obmise ou y requise, je la supplie de
m'en advertir, ;ifEn que j'y puisse remédier, à la partie
d'esté et à la seconde impression de ceste-ci, que j'es-
père de recommencer incontinent après, et, à ceste fin,
j'en imprime fort petit nombre.
Je remercie très humblement V. S. de tant de biens
qu'il luy plaist me procurer, sous la faveur de V. 111"*
S'*", et mesmes de la licence d'imprimer le Missel, pour
faire l'accord duquel, avec celuy qui en a le privilège,
j'envoye ici ung double estât à Venise du contract passé
en ladicte ville avec le peuple romain, et, quand à la
teneur du Bricf, il est entièrement imprimé aux Bré-
viaires que j'ay imprimés, dont j^envoye ici la page ;
mais, au lieu du nom Donkerum, je désirerois, pour plus
grande cornmoditc, cju'il y fust mis Henricum Dunghaum^
— 94 —
pour superintendant de la correction etc., tant à cause
que ledict Donkerus est assés occupé à d'autres affaires
plus graves de sa charge, que pour ce que ledict H.
Dunghaeus est docteur en théologie, homme sçavant,
studieux et bien congneu et approuvé à Rome, où il a
demeuré en bonne réputation, et s'en est retourné avec
le tiltre de Pœnitentier de Sa Saincteté, passé longtemps.
De sorte que j'ay tousjours estimé que, par la faute de
l'escrivain du bref de Sa Saincteté, l'un nom ait esté
escrit pour l'autre.
Nonobstant quoy, je me contente de tout ce que V.
S. en ordonnera et fera, tant en cest endroict qu'en
toutes autres choses, luy suppliant de m'employer en
tout ce qu'il luy plaira, car j'ay désir de monstrer com-
bien je me tiens obligé vers icelle, et que je ne veux être
ingrat.
Qui sera l'endroict où je prie Dieu nous la conserver
en toute prospérité et santé.
D'Anvers.
199. — Planiin au Cardinal de Granvelle.
Le 16 décembre 1569.
Au très illustre Cardinal de Granvelle.
J'envoye ici "feilles de la partie hiémale du Bré-
viaire que je continue, avec le moins de renvoy que je
puis, en quoy, si, d'adventure,V. lU"** et R™* Sig**" désire
autre chose, m'en faisant advertir, je mectray peine d'y
remédier, non seulement à la seconde partie, que j'espère
de poursuivre, incominent avoir achevé ceste-cy, mais
aussi à la seconde impression, que j'espère de recommen-
— 9S —
cer, incontinent avoir achevé ceste première, laquelle, à
ceste intention, je fay en bien petit nombre, sçachant
que les derniers advis apportent communément quelque
élégance ou commodité aux premiers ouvrages.
Monsigneur de S' Bavon, de sa grâce, m'a envoyé
son exemplaire, en grand volume, que j'ay veu fort in-
correct. Mons*" le chantre de Malines, aussi, m'a faict
toutes les faveurs que je pourrois souhaitter. Parquoy,
j'espère qu'il ne me déniera le chant de ce qui est
changé ou adjouxté audict Bréviaire, pour lequel im-
primer quelque jour, je fay provision de nottes et grosses
lectres , à ce estant mesmes incité par les lectres de
Mons' le Secrétaire de S. Ma**, Çayas, qui m'a rescrit de
luy envoyer des monstres de grosses lectres, pour les
monstrer à Messieurs de l'ordre des Hiéronymitains et
autres, qui désirent faire imprimer leurs livres de chœur.
Je remercye très humblement vostre 111™* et R"* S**
de ce qu'il luy a pieu faire traicter avec celuy à qui Sa
Saincteté a faict la faveur du Privilège des Messels.
J'estime que le reste des poèmes du S' Gambara, et le
livret de Rege et Regno, est maintenant parvenu entre
les mains sacrées de V. 111"* et R* S^% à qui j'envoye
maintenant de ce que nous avons recommencé d'impri-
mer des commentaires de Caesar, que j'ay totalement
proposé de poursuivre jusques à la fin, et de faire suivre
Lactance, différés, tant pour la pesanteur des fi-aiz, qu'il
me faut faire et porter pour l'impression des grandes
Bibles Royales, que pour entendre à l'impression des
Bréviaires, du fruict desquels estant soulagé, je seray, à
tout jamais, et la république Chrestienne, tenu à la libé-
rale faveur de V. Ill°* et R°* S»% d'autant qu'autrement
jç me sentois tomber sous le fardeau de si pesante œuvre,
-9é-
en laquelle j'avois desjà employé plus que tout le mien,
car il n'a esté jour ouvrable, depuis 18 mois en çà, que
je Tay commencé à bon escient, que je n'y aye despendu
plus de 25 efcus, seulement en papier et gages des
ouvriers manuaires, sans y comprendre les despens or-
dinaires, ni gages de six doctes correcteurs domesticques
et des docteurs de la faculté de Théologie de Louvain
et d'ailleurs, qui, à nos despens, visitent et approuvent
tout ce nous y adjouxtons plus qu'aux exemplaires de
Complute.
Grâces à Dieu, nous avons achevé les cinq livres de
Moïse, les Juges, les Rois, les Paralipomenon, Esdras,
Judith, Tobias, Job, Sapience, Ecclésiastique et beson-
gnons aux Psaumes, que nous espéroms achever avec les
Proverbes, Ecclésiastique [Ecclésiaste ?] et Cantica Can-
ticorum, dedans le mois de febvrier prochain, et puis
commencer les Prophètes.
Au reste, Mons"" le Docteur Arias Montanus, person-
nage très docte es langues orientales, le plus diligent,
constant et qui de millieur cœur s'employe et tout le
sien, non seulement à l'advancement de cest œuvre di-
vin, auquel il est, à bon droict, commis par Sa Majesté,
mais aussi en tout ce qu'il peut apercevoir estre utile à
la Chrestienté et au service de Sa Majesté et de tous les
siens, ayant entendu par quelques rumeurs que, par l'or-
donnance de Sa Saincteté, aucuns doctes et grands per-
soniîages estoyent commis pour revoir, conférer et amen-
der la version latine receue, m^a ordonné de saluer très
humblement V. Ilh* et R°* S** et la supplier très affec-
tueusement qu'il luy plaise nous faire entendre ce qui
en est.
Ce que je luy supplie d'aussi bon cueur, que je prie
— 97 —
Dieu nous la vouloir conserver en bonne santé et heu-
reuse prospérité.
D'Anvers etc.
200. — Tlantin à Joannes Leodius.
(Il lui recommande le porteur de la présente lectre, un jeune
homme, employé dans la librairie, qui veut aller ouvrir une boutique
de livres à Ingolstadt.)
20 decembris 1569.
Clarissimo doctissimoque viro D. Johanni Leodio S.
Theologiae Doctori piissimo et 111. Ducis Bavarias
Consiliario prudentissimo.
Spero equidcm et confido te jamdudum meas, 23
novembris ad te datas, cum R^' D"* Doctoris Tiletani
accepisse, et illis intellexisse quantum me oblatione tui
Thcsauri tibi, jnm merito devinctum, plane tuum efFece-
ris.Nunc autem paucis occasionem ad te nunc scribendi
accipe.
Qui bas tibi reddet liiteras est mihi satis quidem no-
lus juvenis et, quod pluris facio, de meliore nota a catho-
licis et optimi nominis hominibus Lutetiae commendatus.
Vixit namque illic primum apud Gabrielem Buon, bi-
bliopolam non vulgarem, postea Lugduni, tum in Ger-
mania, ubi in nundinis Francofordiensibus eum novi
fidum, diligentem et optime artem nostram callentem.
Is, sum expertus, porro nunc, cum venia amicorum, de-
crevit tabernam librariam instruere, quod ut Ingolsiadii
faciat, si pcr III™ Ducem et Academiam liceat, iili a plu-
rimis est suasum, partim quod nunc in Galliis frigeat
mercatura librorum, partim quod pauci, ut audimus, illic
reperiantur diligentes bibliopolae. Proinde rogo et obse-
cro tuam pietatem et humanitatem ut illi, quod pro tua
auctoritate facile poteris, tum ad Privilegium impetran-
dum ab I1I"° Duce, tum ad receptionem obtinendam ab
Academia illi patronus esse velis.
Quod si feceris, nos omnes tibi hoc soli debere fate-
bimur grati, neque, ut spero, pœnitebit coUati beneficii.
201. — Tlantin à Vendius.
(Plantin fait savoir à Vendius qu'il lui est impossible d'imprimer
sur vélin un exemplaire de la Bible royale pour le duc de Bavière,
parce que le roi d'Espagne a retenu pour lui-même les treize exem-
plaires sur parchemin qui pourront être tirés de Touvrage. Il lui
offre de réserver pour le duc de Bavière un des dix exemplaires sur
grand papier impérial d'Italie. Il lui explique en détail où en est
l'impression de cette Bible et ce que chacun des volumes compren-
dra. Il annonce l'impression de la Bible de Pagninus, et finit par
recommander le jeune libraire dont il est question dans la lettre
précédente.)
Clarissimo doctissimoque vîro D. Vendio
111™^ Ducis Bavarias Secretario fidelissimo.
Annus jam elapsus, clarissime doctissimeque Vendi,
ex quo, e nundinis Francofordiensibus reversus, ad
tuas, quas in nundinis cum centuni florenis, ad perga-
menum emendum pro uno exemplari Bibliorum maxi-
morum 111°** Duci Bavarias imprimendo, acceperam,
respondi, et me dolere, quod domum reversus intel-
lexerim aperte Regem nostrum Catholicum (jussu et
auctoritate cujus illa Biblia quinque linguarum imprimo)
ppn velle ut alicui praîterquam sibi in pergameno im-
— 99 —
primerem. lUe namque sibi soli vult habere 13 exem-
plaria principibus viris, quibus placuerit, donanda.
Imprimo vero decem exemplaria in carta elegantissi-
ma Italica, cujus risma hic emo 25 florenis. Haec autem
erunt, ut etiam tum significabam, illis pergamenicis mul-
to nitidiora et elegantiora. Ex eis unum exemplar desti-
navi 111"° Ducî, non tam cène pecuniarum acceptarum
gratia, quam quod illi tamquam unico in Germania
Catholicae religionis propugnaculo et defensori summo
debeatur.
Ex eo vero tempore an meas, quas magistro postarum
hic ad vos mittendas dederam, acceperis, neque quic-
quam de operibus Eckii imprimendis intellexi. Ostendit
. veromihi D. Rabus *, paucis ab hinc hebdomadibus,
litteras tuas ad D. Hannardum, in quibus videbaris
dubitare an pergeremus in illis Bibliis imprimendis. Ego
autem statim illi quousque progressi essemus et quanta
diligentia laboribus et sumptibus impensis in illis pro-
grediamur indicavi, quod ut tibi significatum curaret
rogavi, quod et nunc paucis tibi ipse aperire volui.
Nos, Dei gratia, non ineleganter, ut spero et, ut judi-
cant omnes qui viderunt apud nos, féliciter absolvimus
libros Moysis uno satis magno volumine ; libros Josuê,
Judicum, Ruth, Regum 4 et Paralipomenon 2, altero ;
Esdras 4, Tobiae, Judith, Esther, Job, Psalmorum,
Proverbiorum, Ecclesiastis et Cantici Canticorum, cum
Sapientiae et Ecclesiastici, tertio etiam satis magno volu-
mine. Pergemus nunc in Prophetis et Machabaeorum
libris quarto volumine, eosque duos libros hebraice,
I. Justin Rabus, né à Cracovie, se convertit au catholicisme pen-
dant un voyage à Paris et entra dans la Société de Jésus en 1569.
Il enseigna dans différentes villes, et mourut à Cracovie en 1612.
— 100 —
chaldaice, graece, latine ex Vulgata et recepta editione,
atque versionibus aliis latinis ex graeco et ex chaldaice
duabus impressos damus. Novum Testamentum syriace
syriacis characteribus et rursum eadem lingua hebraicis
characteribus gra^ce itidem et latine ex versione recepta,
cum aliis versionibus ex graeca et syriaca lingua, occu-
pabit quintum volumen.
Apparatus Bibliorum, varias lectiones diversorum
exemplarium et rationes versionum et quaedam alia ad
introductionem lectionis sacrorum voluminum condu-
centia complectentes, sexto volumine imprimentur.
Lexica hebraica, chaldaica, syriaca et graeca locuple-
tissima, cum suis grammaticis, septimo et octavo com-
prehendentur volumine.
Jamdudum praeterea et aliud volumen laboriosissimum
et sumptuosissimum, si unquam visum sit, habemus
sub praslo, quod vel nonum erit, vel cum prioribus
suis partibus divisim poterit compingi, nempe Biblia
iterum hebraica, in quibus supra unamquamque die-
tionem hebraicam latin am illi respondenteni adprimi-
mus ex versione Santis Panigni, si fieri possit; ubi vero
non reddidit Panignus ad verbum, adposita aliis char-
racteribus propria interprétation e dictionis hebraicae ver-
sionem dicti Panigni rejicimus ad marginem, ubi prae-
terea radices seu themata dictionum hebraicarum certis
signis illic et in texta designata exprimimus, ita ut nihil,
nostro quidem judicio, neque docti, neque linguarum
imperiti ad sua in Bibliis sacris sancta studia juvanda
merito sint a nobis desideraturi *.
I . Suivant la table imprimée dans les liminaires de Touvrage, la
Bible royale comprend quatre volumes de l'ancien Testament, un du
nouveau et trois volumes de TApparatus sacer : en tout huit tomes.
— lOI —
Faxit Deus opt. max. ut ad honorem suum et Eccle-
siae Catholicae utilitatem et haereticorum linguarum peri-
tiam mentientium confusionem istud laboriosissimum et
sumptuosissimum opus nobis liceat absolvere, quod,
nisi nos valetudo et facultates ad sumptus hos ingentes
ferendos deserant et deficiant, intra sesquiannum futu-
rum speramus. Nam, cum abhînc sesquianno duobus
praelis illud sumus prosequuti, nunc rationem quaerimus
addendi adhac duo praela, ut sic quatuor praelis, qnae
supersunt, citius absolvere possimus»
H^c paulo fusius tibi, quod ex supra memoratîs
litteris ad D. Hannardum dubîtare videreris, an aliquid
ex opère praedicto a nobis poUicito expectandum esset,
scribenda esse duxi, ne quid de nostra fide scrupuli
animo tuo frustra inhaereret. Centum vero florenis, quos
Francofordiae superiore anno me ad pergamenum emen-
dum recepi, quandoquidem id ad quod numerati sunt
praesiare non est integrum,libenter reddam cui et quando
praemonitu significaveris .
Bonum etenim nomen, ut decet, apud quemcunque,
maxime vero apud vos, ita retincre volo, ut in aliis
commendandis aliquid valere possim. Mihi namque non
soleo tam diligenter laborare quam reipublicas et amicis,
quorum causa auctoritate apud te tuique similes, hoc
est viros clarissimos doctissimos et prudentissimos, non-
nihil valere desidero.
Le second volume de PApparatus contient les textes hébreux et grecs
avec traduction interlinéaire. C*est ce dernier volume dont Plantin
expose ici le plan. Au moment où il écrivait la présente lettre, il
voulait donner trois volumes d*Apparatus, sans compter Touvrage
dont il parle ici et qui aurait formé un quatrième volume,
7
— 102 —
Quod si jam de me aliquo modo tibi persuasum est,
rogo et obsecro ut, in negotio hujus juvenis, nostro,
imo reipublicae litterarias, in istis regionibus nomine
declarare non dedigneris. Is vero quid tuo favore ab
111"° Duce et ab Academia Ingolstadiensi petat paucis
melius tibi aperiet. Qjuod vero pr^estiteris ei beneficium,
mihi et ejus amicis praestiteris, eflScietque, ut spero, ne
unquam ejus commendatione pœnitear. Si quid vero
tuo vel amicorum tuorum [beneficio] possim in his
regionibus, vel quocumque terrarum, imperare poteris :
obsequar et exequar libens. .
Vale, vir clarissime, etPlantinum tuum,quasso, amare
perge, Antverpias, 20 decembris 1569.
202. — Plantin au Cardinal de Granvelle.
28 janvier 1570.
Au très illustre Cardinal de Granvelle.
Estant retourné de Liège, où j'avois esté appelle pour
quelques affaires expédientes avec Sa Grâce, j'ay trouvé
les lectres de Vostre lUustriss. et R™* S**, avec la traduc-
tion de l'opuscule de S* Grégoire Nazianzène * et les
deux autres, lesquels j'ay incontinent portés et délivrés
à Mons' nostre curé ou pasteur, pour les visiter, approu-
ver et soussigner, afin de les envoyer à Brusselles et en
I. S. Gregorii Nazianzeni Apohgeticus, Constantio/Sebastiano
Olivetano interprète. S. Hieron. ad Nepot. de Vita Clericorum.
S. Ambro. Mediol. episc "De dignitate saurdotali liber. Antv.
Plantin, i570,in-i6o.
— 103 —
pouvoir obtenir congé et privilège, sous espoir de les
commencer incontinent, selon la volonté du très illustre
Cardinal Carafa, et les achever, s'il m'est possible, avant
que d'aler à la foire de Francfort.
J'envoye ici maintenant les autres feilles de la partie
d'hiver du Bréviaire, de laquelle ne restent plus que trois
feilles, que j^espère d'envoyer la semaine prochaine, avec
quelques autres feilles que celles qui vont joinctes du
reste des commentaires de Cassar, qui, durant mon ab-
sence a esté diSéré, cependant qu'on changeoit audict
reste le nombre des observations et diverses leceons. Et
durant lequel intervalle de temps, mes gens, ayant enten-
du que je voulois faire suivre Lactance, en ont imprimé
ce que j'envoye aussi joinct, qui n'est pas ordonné,
comme par la collation de l'exemplaire et des notes de
Mons*^ Thomasius, * j'ay trouvé aujourd'hui qu'il apar-
tenoit.
Car j'eusse faict faire plus belle distinction du nombre
des chapitres de chaicun livre, et faict mectre quelque
nombre en marge de l'annotation respondante, ce que
je feray (encores que tard) commencer, au prochain
livre qui suivra ce qui en est de faict. J'ay dadvant^ige
observé que Mons*^ Thomasius n'a pas eu esgard aux
errata qui sont notés par Aide,* en la fin de l'exemplaire
qu'il nous a envoyé, d'où s'est ensuivi quelques fautes
passées, et me semble qu'il faudroit aussi obmectre
quelques notes d'émendations d'aucuns passages, que je
trouve annotés auxdicts Errata, imprimés par les Aide,
1. Michel Thomasius» Tannotateur du Lactance plantinien.
2. Aide Manuce Tancien et Paul Manuce ont donné chacun, à
Venise, une édition de Lactance in-S»; le premier en 1515, le second
en 1555.
— 104 —
comme, pour exemple, libro VI cap. VIE [huic legi nec
propagari fas est] legitur in libris impressis ; [huic legi
neque abrogari fas est] habet codex antiquus, sed sane
nunquam legi hujusmodi verbum junctum casui dandi,
ita puto melius legi abrogari etc. Et je trouve auxdicts
Errata, notés en la fin du mesme exemplaire de Lac-
tance, que ledict mot propagari est émendé en promul-
gari. Et d'autant que le mot abrogari suit après^ en la
mesme clause, si est ce toutesfois que je n'ose pas ré-
souldre quelque chose de ce passage, ni des autres sem-
blables, sans l'advis et jugement de l'aucteur.
Mons^ le Docteur B. Arias Montanus et moy avons
esté extresmement joyeux d'entendre qu'un si docte et
rare personnage,comme le R°* Cardinal Sirleto,' s'occupe
aux corrections de la Bible, et le serons d'avantage, si
nous les pouvons recevoir en tel temps que ne les devions
attendre, après le corps achevé des grandes Bibles, que
nous espérons finir devant la fin du mois d'aoust pro-
chainement venant, et avoir commencé le volume sui-
vant, qui s'intitule Apparatus Bibliorum, auquel, sous les
nonis et tesmoignages honnestes de ceux qui nous auront
aidé et communiqué quelque chose, nous espérons d'im-
primer les diverses leçons des divers exemplaires chal-
daïcques, grecs et latins, ainsi qu'autrefois j'en ay adverti
V. Ill°» et R»^ S'«.
J'ay, par cy-devant,receu le Diurnale imprimé à Rome
et le Bréviaire de Venise, et maintenant le Directoire, et
entendu l'advertissement du Missel qui s'imprime, et
I. Guillaume Sirlet, né en 15 14 à Guardavalle en Calabre. U fut
nommé cardinal par Pie IV et directeur de la bibliothèque Vaticane
par Pie V. Il mourut le 8 octobre 1585. Il fournit des textes pour
la Bible royale et écrivit dans i'Âpparatus : Varia lectiones in Psalmos.
— los —
pour lequel V. El"»* et R"*' S»* a faict, par le moyen de
Monsieur le Sacriste de Sa Saincteté, traicter en ma fa-
veur avec Timprimeur, en mémoire de quoy et de tant
d'autres bénéfices, que je reçoy journellement, je ne
puis faire autre chose que, d'un cueur non ingrat, me te-
nir prest, comme, je doibs, pour obéir à son commande-
ment, et prier tousjours Dieu de tout mon cueur qu'il
luy plaise nous la conserver en bonne santé, joye et
prospérité bienheureuse.
D'Anvers, ce 28 janvier 1570.
203 . — Plantin au Cardinal de Grairuelle.
Audict S' Cardinal de Granvelle.
Le 28 susdict (janvier 1570).
Depuis avoir respondu aux lectres de V. Dl"* et R°*
S** du 17 de décembre, et ayant envoyé les feilles im-
primées de la partie Hyémale du Bréviaire de Rome, et
celles du Csesar et Lactance, j'ay entendu qu'il y avoit
en ceste ville le pourtraict d'un crucifix fort excellente-
ment et richement faict et orné, duquel, ces jours passés,
j'avois esté requis de faire Tescriteau en hébrieu, grec
et latin, et congnoissant quel souverain et divin juge-
ment V. Ill« et R"*' S*« peut donner de toutes choses
bien faictes, et à qui elles méritent estre monstrées, j'ay
désiré que celuy qui délivrera la présente à V. 111"* et
R°* S**, le luy monstrast pour, si bon luy sembloit, faire
veoir ledict pourtraict à Sa Saincteté, et puis, s'il luy
plaisoit, mander la pièce mesme, qui se monstre sans
comparaison milleure et mieux faicte que la paincture ne
l'a sceu exprimer.
— io6 —
Je supplie très humblement V. 111. et R"* S*' quil
luy plaise prendre en bonne part ceste mienne har-
diesse, de luy addresser telle chose, qui ne procède que
d*une affection et désir que j'ay de luy pouvoir faire
quelque petit service. Et je prieray Dieu la nous vouloir
conserver en bonne santé et augmenter en toute bonne
prospérité.
D'Anvers, ce 29 de janvier 1570.
204. — Plantin à de Goneville.
Le 29 janvier 1370.
A Monsieur de Goneville, Auditeur.
A mon retour de Liège, où j'avois esté mandé pour
certaines affaires nécessaires, j'ay trouvé celles de V. S.
du 17 du passé, pour responses ausquelles, j'espère
qu'elle aura maintenant entendu, par mes précédentes,
que j'ay receu le Bréviaire et Directorium de Venise, et
maintenant j'ay receu l'autre de Rome, dont je remercie
Vostre S**, et de l'advertissement qu'il luy a pieu me
donner de l'Antienne, obliée en nostre première im-
pression, laquelle nous avons adjouxtée en la seconde,
et en la partie d'hiver aussi, de laquelle j'ay, par cy-
devant, envoyé quelques feilles, et maintenant j'en
envoyé encores d'autres à son 111"* S**, et désirerois en
envoyer aussi et de ce que je sçaurois estre aggréable à
V. S., s'il luy plaisoit m'advertir du moyen, d'autant
que, sans son ordonnance, je n'ose rien adjouxter aux
pacquets de sadicte 111""* S**.
J'espère que V. S. aura maintenant receu les copies
— loy —
du contract faict avec le S' Paulus Manutius, et, selon
icelies, aura peu traicter pour le Missel, en ma faveur,
sans qu'il soit besoing que j*envoye nouvelle procura-
tion, d'autant que j'estime que celle envoyée par delà,
pour ledict Bréviaire, du temps que Mons' le Chantre
de Malines y estoit, suflSra, joinct que je seray tous-
jours prest de ratifier ici, et envoyer acte de ladicte rati-
fication par delà, de tout ce qu'il vous aura pieu faire
pour moy.
Quant au Signeur Paulus Manutius, je suis esmerveillé
qu'oncques ne m'a adressé aucun à qui je baillasse ce
que je luy doibs, encores que je l'aye adverti du nombre
par moy imprimé, et prié que m'escrivist, à qui il vou-
loit que je consignasse sa part, jusques mesmes à luy
offrir de la payer à prix honneste en argent, s'il luy
plaisoit.
Au reste, je supplie qu'il plaise à Vostre Signeurie
me vouloir employer en tout ce qu'elle voira que mon
service luy pourra estre aggréable^ et je prieray Dieu
pour sa prospérité et bonne santé.
D'Anvers, ce 29 janvier 1570.
— io8 —
203. — Tlantin à %Arias V^ontanus.
(Les frais du parchemin pour les exemplaires de la Bible royale
sur vélin dépasseront 3800 florins. Il n'a reçu de Jérôme Curiel que
1400 florins. Il s'excuse d'importuner Arias de ces comptes, mais
celui-ci lui a ordonné de les lui communiquer).
3 februarii 1570.
ni' D. B. Âriae Montano, Bruxellas.
De Anglis et 3° praelo addito ' antehac bis scripsîsse.
Sumptus pergameni computasse, qui pervenient ultra
3800 fl. Biblia namque habitura 1600 folia, pro quibus
totidem dozenis pergameni opus est. Accepi vero a D"**
Curiele ad bas rationes 1400 fl., quae summa non est
média pars eorum, quae pergamenis jam receptis solvi.
Vellem me posse ferre sumptus. Ego ne verbum quidem
facerem. Imo etiam nunc taedet et pudet 111. D. V. bac
etiam in parte molestum esse, quod ne nunc quidem
essem, nisi mibi jussisset rationes bas auferre et illi
significare, quod nunc non facio ut urgcam vel impor-
tunus sim absenti, sed morem voluntati geram et man-
dato paream. D" D. obsecro ut 111. D. V. nobis diu
servet incolumem.
Antverpias raptim, 3 februarii.
— 109 —
2o6. — Tlantin à Jirémie !\Cartius.
(Il n'a pas encore pu obtenir le privilège pour l'impression latine
de la traduction des « Deux livres des Venins de Jacques Grevin »,
mais on vient de le lui promettre, pour le Girême prochain. U re-
grette le retard ; mais, une fois l'autorisation reçue, il imprimera
l'ouvrage et espère pouvoir le terminer pour la foire d'automne).
4 februarii 1370.
Doctori Medico D. Hieremias Martîo Augustam.
Pudet me profecto quod hactenus non licuerit ob
varias et necessarias causas, librum tuum edere, magis
vero quod ne nunc quidem adhuc liceat, quod tamen
me brevi facturum spero. iEstate fere tota in Galliis, ad
quaedam Regia negotia curanda, haesi. Domum reversus,
jussus sum Breviaria Romana, neque quicquam aliud sine
consensu magnatum excudere. Tui vero libri, * quod
opus Reipublicae non adeo utile dicerent, privilegium
impetrare non potui ; fuerunt tamen, cum in tuam
gratiam efBagitarem, qui perpetuo poUiciti sunt se cura-
turos tandem ut mihi daretur; idque se ista Qpadrage-
sima facturos, nunc acceptis ab eis litteris, confirmant :
ita ut sperem et jam confidam me ante nundinas autum-
nales, una cum quibusdam aliis opusculis rei herbariae^
quae eamdem, ab eo et amplius tempore, quo primum
exemplar tuum recepi, passi sunt moram et difScuItatem.
Haec autem non ausus sum ad te prius scribere quam
aliquid certius de privilegio impetrando scribere possem;
nunquam etenim aliquid certi ab illis, quorum interest
I . Jacc^i Grevini de VenenU libri duo, Gallice scripti et opéra Hie-
remise Martii in latinum sermonem conversi. Antv. Plan'.in, 1571,
in-40.
•n
— IIO —
nobis concedere, extorquere potuimus. Vale, vir claris-
sime.
Antverpiae, 4 februarii 1570.
207. — Plantin au Cardinal de Granvelle.
Le 4 febvrier 1570-
Au très illustre Cardinal de Granvelle.
Ayant hier achevé la partie hiémale du Bréviaire, je
n*ay voulu faillir d'envoyer, avec encores deux feilles
de Lactance, les deux feilles qui restoyent pour Taccom-
plissement des envoyées par cy-devant, et de les accom-
pagner d'un volume entier, cependant que je feray lier
les six qu'il a pieu à V. 111"* et R"* S. m'advertir luy
envoyer.
J'envoye aussi ung des premiers Bréviaires pour le
Signeur Fulvio Ursino, qui, par lectres, m'a rescrit le
luy envoyer. Parquoy, je supplie V. El. et R"* S** ne
prendre de mauvaise part que je l'aye osé addresser en
son pacquet. J'espère d'envoyer, par le premier, les
feilles de reste de Cassar, différées pour les réduire au
nombre de nos pages.
Je n'ay pas encores receq de Bruxelles la copie des
livrets S. Greg. Naz., S. Hiérosme et S. Ambr. Parquoy,
n'y ay sceu encores besongner. Ce que j'ay délibéré de
faire incontinent les avoir reçeus. Cependant je prie
Dieu nous vouloir conserver V. 111"* et R"* S** en
toute prospérité et bonne santé.
— III —
I
I
2o8. — Plantin à Paul 3iCanuce.
Le i8 febvrier 1570.
Au Signeur Paulus Manutius.
Ayant receu la vostre du dernier décembre, le 12 du
présent, j'ay incontinent cerché et trouvé le moyen de
vous faire délivrer les cent escus acceptés pour la disme
des Bréviaires ; que j'ay imprimés jusques à la fin du
mois de novembre, lesquels par l'ordonnance du Signeur
Jaspar van Zurich, à qui je les ay ici délivrés, vous
payera par delà, sans aucuns frais, le Signeur Georges
Pieters, marchant de Flandres, estant de présent à
Rome. Et pour vous donner advis du reste, j'avois, dès
lors, commencé d'imprimer lesdicts Bréviaires, aussi
in-8°, mais de plus grosse lectre, en deux parties, asçavoir
de l'hiver et esté, dont, grâces à Dieu, j'ay, passé quel-
que bien peu de jours, achevé la partie d'hiver en
nombre ordinaire de 1050 exemplaires. Je continue
maintenant la partie d'esté, que j'espère d'achever,
devant la Pentecouste prochaine.
Quant à l'autre point de vostre lectre, il me desplaist
grandement que Messigneurs et vous ayés esté si mal
informés, car je vous certifie qu'onques je n'en ay vendu
à personne, que j'aye sceu les vouloir envoyer en
Espagne, et de moy je n'ay onques eu la volonté d'y
en envoyer, mais bien m'a faict rescrire Sa Majesté que
je luy ^n envoyasse deux, ce que j'ay faict, et deux
autres à ses familiers, qui m'en ont requis, et m'asseure
qu'il n'y en a point esté envoyé que je puisse sçavoir.
Nostre Signeur soit vostre garde.
— 112 —
209. — Plantin à de Goneville.
A Mons' de Goneville.
Le 18 febvrier 1570.
Qpe je luy envoyé ung Bréviaire pars Hiemalis, relié,
doré en parchemin. Q.ue j'ay addressé cent escus à
Manutius pour sa disme, jusques au mois de novembre,
et que je ne pense faillir au contracta si quelqu'un
achapte des Bréviaires de moy et les envoyé en Espagne.
210. — Plantin au Cardinal de Granvelle.
Au très illustre et R™* Cardinal de Granvelle.
18 febvrier.
Très illustre et R"« S*^
Ayant faict lier quelques exemplaires des douze que
j'avois imprimé sur papier de Francfort, de la partie
d'hiver, et les trouvans demeurer si gros, comme ils
sont, il ne m'a semblé hors de propos, avec quatre du-
dict papier, en envoyer aussi 3 du commun, qui ne de-
meure si espois, et attendre la volonté de V. 111"* et R"*
S**, avant que d'en envoyer davantage.
J 'envoyé aussi trois feilles faisants six cahiers des li-
vrets que Mons*" le R"* Cardinal Carafa désiroit que
j'imprimasse, espérant d'achever et envoyer le reste, à la
fin de la semaine prochaine. J'ay esté en doubte pre-
mièrement si je devois imprimer lesdicts livrets de tels
charactères '. Car la page prémise à l'exemplaire, et les
I. Les petits livres en question, 5. Gregorii Naitan:(eni Apologe-
icus etc., sont imprimés en caractères italiques.
— 113 —
lectres de V. 111* et R"* S**, portoyent que je les deusse
imprimer de charractères semblables, ou plus clers, que
ceux dont j'ay imprimé les Offices de Cicéron, Tan 1567,
auquel an je ne trouve pas avoir imprimé ledict livre,
d'autres charractères que semblables à ces trois cahiers
ici enclos, qui sont imprimés Tan 1568, qu'ayant vendu
ladicte première impression, je les rimprimay, et subit
après, audict an, in-8°, de la lectre dont est ce cahier
ici enclos. Mais considéré finablement que les charrac-
tères des Offices de Cicéron, imprimées en petite forme
de 24°, 1567 et 1568, estoyent semblables à ceux dont
j'avois imprimé les Épistres de Cicéron 16°, laquelle
forme m'estoit prescripte, et aussi, que de ladicte lectre,
qui est petite, les trois livrets n'eussent contenu que 3
feilles ou environ, je me suis résolu de les imprimer de
ceste lectre, qui est pareille en grandeur, mais plus
ouverte et, à mon advis, plus clère que celle dont j'avois
imprimé lesdicts Offices de Cicéron in-8**. En quoy si
j'ay failli, c'est contre ma volonté et affection, qui est
et sera tousjours de pouvoir faire chose aggréable à V.
Ill°* et R"* S** et à ses semblables, personnages doctes
et excellents en toutes vertus.
J'envoye ici feilles de Lactance, que je poursuy à
mon pouvoir, et des Commentaires de Ca^sar, que j'es-
père achever dedans peu de jours. Cependant je prie
Nostre Signeur Dieu....
— 114 —
211. — Tlantin à François Sonnius. *
(Il lui envoie la partis d*hiver du Bréviaire qu'il vient de terminer.
Les travaux de la Bible royale Font empêché de commencer la
CaUna S\ Thoma )
R°*** D. Sonnio Episcopo Buscoducensi. 22 feb.
Cum venerabilis D*^^ et patronus meus D. H. Dun-
ghaeus, missis ad me litteris, quas ab Ilh° et R"*** D.
Cardinale Hosio ' de recudendis nostro praelo ejus ope-
ribus acceperat, eadem simul opéra curasset me inter-
rogari, num quid ad R™ D. V. vellem, se namque
postero die ad eam scripturum, occasionem banc jam-
dudum a me quassitam ambabus, quod aiunt, manibus
accipiendam esse mihi persuasi, qua banc Breviarii Ro-
mani partem hiemalem, paulo majoribus characteribus
nuper impressam, ei commode possem offerre. Vestram
autem R"*" D. obsecro ut hoc quicquid est munusculi
aequi boni consulere non dedignetur ; quod si illam
fecisse intellexero, afFatim mihi gratulandum putabo.
Catenam S. Thomae * nondum incepi, tôt namque
difficukatibus in Bibliis maximis prosequendis premor,
ut, nisi adjutus, alia inchoare non possim.
Ubi vero R. D. V. jusserit, quanta nos poterimus di-
ligentia opus aggrediemur et, Deo favente, prosequi
sedulo conabimur. D°' Deus R™ D. V. nobis diu can-
servare dignetur. Antverpiae.
1. François Sonnius, né à Zonhoven dans le Limbourg, devint
évêque de Bois-le-duc en 1566. Quatre ans plus tard, il tut nommé
à Tévêché nouvellement créé d'Anvers. Il mourut en 1576.
2. Stanislas Osius, né en 1504 à Cracovie, fut successivement
évêque de Culm et d'Ermeland. Le pape le nomma son légat pour
la Pologne. Il assista au Concile de Trente et mourut à Capranica,
près de Rome, en IS79'
3. S. Thorfue Aquinatis Catem aurea. Antv. Plantin, 1571, in-fol.
— 115 —
212. — Plantin à Gilbert d'Oignies. •
Le 22 febvrier.
Au R°* Évesque de Tournay.
Très noble et R"« S'.
J'ay receu le payement des livres que j'avois par cy-
devant envoyés à V. R"* S*®, dont je la remercie très
grandement, Tadvertissant que Chronicon Urspergensis
ne se trouve point ici à vendre, à cause qu'il est suspect.
Mais s'il luy plaist me commander de luy en faire
aporter de Francfort, je le feray très volontiers.
Quant à l'Antiphonaire nouveau, je m'employeray
très volontiers, autant que mon labeur et facultés le
pourront porter, et que j'y seray aidé, à y servir V.R™*
S** et les Esglises qui en auront besoing. Et l'ayant
receu, je ne faudray, s'il plaist à V. R"* S**, me trans-
porter à Malines, vers Monsg' Malpas, chantre de
l'esglise dudict lieu et maistre d'hostel du très illustre
Cardinal de Granvelle, pour conférer avec luy de l'im-
pression dudict livre, pour ce que mondict très illustre
Signeur Cardinal m'a plusieurs fois, et mesmes par ses
lectres du 2 de janvier, adverti que ledict Signeur Mal-
pas avoit aporté de Rome le chant convenable audict
Bréviaire, à l'usage duquel il m'escrit qu'il est fort
excercité, et qu'en tout cela, qui concerne telles choses,
il me pourra fort bien et luy ordonne de m'assister et
aider. Ce que ledict Signeur Malpas m'a plusieurs fois
rescrit qu'il sera prest de faire, quand je voudray me
I. Gilbert d*Oignies, né, vers 1520, à Tournai, sacré évéque de
la même ville en 1565, mort le 2$ août 1574.
I
J
— n6 —
transporter vers luy. Monsîg' le Révérendissime de
Guendt * me dist aussi, passé quelques mois, qu'il fai-
soit besongner à faire escrire ledict chant pour son
esglise, qui jà en usoit et seroit prest de contribuer à
l'impression. J'ay faict quelque monstre à la haste des-
dicts charractères, que j'ay prests, laquelle j'envoye à
V. R°*® Signeurie, la suppliant me faire mander ce qu'elle
y désire, afin que, cependant, je peusse, à peu à peu,
donner ordre pour estre prest, quand besoing seroit d'y
besongner à bon escient.
Cependant, je prie Dieu nous vouloir conserver V.
R«« S** en toute heureuse prospérité.
D'Anvers.
213. — Tlantin à André Francquart.
23 febvrier 1370.
A Monsigneur, Monsieur M. André Francquart,
Vicaire du très Illustre et R°* de Cambray.
Il me desplaist que plustost je n'ay peu achever les
impressions du Diurnal et de la partie hiémale des Bré-
viaires de Rome, desquels maintenant j'envoye ici deux
exemplaires de chaicun, suppliant V. S. vouloir recevoir,
de chaicun, l'un en bonne part, et présenter les autres,
avec mes très humbles recommandations à mon très
illustre et R"* S*^ de Cambray. Et me ferés ung singulier
plaisir.
Nous avons imprimé de nouveau Corpus Canonicum,
I. Cornélius Jansenius, né à Hulst en 1510, mort le 11 avril
1576, premier évêque de Gand, installé en 1568.
— 117 —
texte avec annotations, émendations et adjonctions de
ce qui par çy-devant a tousjours esté désiré entre les
[et infra] per Antonium Contium Professorem regium
Biturig«.
Conciones Qiiadragesimales Fr. Jacobi Veldii Augus-
tiniani Brugensis. '
Nonni Dionysiaca grsece.
Commentaria Caesaris cum fragmentis et notis Fulvii
Ursini, dont mon très illustre et R"* S' le Cardinal de
Granvelle m'avoit envoyé la copie -
De Paris nous avons receu :
Josephi opéra, latin et françoys.
Demosthenis opéra grsece, cum notis graecis.
Qpadragesimale Hecquetii.
Explicationes in Genesim D. Capitis.
La continuation de la Conférence par Despense.
J'ay sous la presse, et auray bientost achevé. Dieu
aidant, Lactamius emendatus et notis illustratus a Mi*
chaele Thomasio et S. Greg. Nazianz. Apologeticus etc.
desquels mon susdict S' le Cardinal m'a envoyé de Rome
les exemplaires.
I . Jac. Veldii Enarratio paraphrastica evangeliorum qua sacro qua-
dragesinue tempore populo soient proponi. Anlv. Plantin, 1570, in-8o.
8.
— ii8 —
214. — Plantin à Max Morillon.
Le 23 febvrier 1570.
A M. le Provost d'Aire.
Que j'estime qu'il a receu les Bréviaires envoyés et
que, pour n'avoir eu le loisir, je ne rescrivis lors à son
111, S*®, ce que je fay maintenant, luy envoyant les
feilles etc.
Or ay je depuis receu, par les mains du Sig' Contrô-
leur Malpas, un pacquet de sadicte S^®, auquel estoit le
cahier ici enclos, avec les lectres qu'il a pieu à son 111"*
et R°* S*® m'envoyer, èsquelles est contenu l'article
suivant.
Je joindray à cestes etc.
Et comme je désire, ainsi que je suis obligé, satisfaire,
en toute diligence et de tout mon pouvoir, à la volonté
de son Dl* S**, et que, sans l'auctorité de V. S., il
pourroit passer quelques jours avant que je peusse obte-
nir le congé d'imprimer ledict cahier, je supplie à icelle
qu'il luy plaise me le faire consentir par Monsg^ le
Chancelier, afin qu'au plus tost je le puisse imprimer, et
envoyer le nombre demandé par son 111"* S".
— 119 —
215- — Plantin à François Sonnius.
(Piantin envoie la quittance du subside, accordé par l'évèque de
Bois-le-Duc à Timprimeur, pour publier la Catena 5. Thoma in qua-
tuor Evaftgelia revue par Antoine de Sienne.)
25 febr. 1570.
R"»° D. Episcopo Buscoducensi.
R"^ D. V. litteras, Buscoducîs 20 hujus datas, acce-
pi, quibus significat promissum mutuum paratum fore
numerandum, ubi syngraphum misero, quod nunc facio.
Poterit îtaque illud mandate numerari D. Petro de
Court, secretario cîvitatis Buscoducensis, cujus uxor,
quse hic est, mihi promisit se illico dictum mutuum
remuneraturam.
Ego Christophorus Plantinus, typographus, Antver-
pias habitans, fateor me, in favorem impressionis Ca-
thenae S. Thomas in 4 Evangelia a Fr. Antonio Senensi
emendatae a me faciendse, accepisse mutuo a K^° in
Christo Pâtre D. Francisco Sonnio summam trecento-
rum florenorum, quam ego polliceor me redditurum ab-
hinc duos annos, vel, impresso dicto libro, illi vel latori
harum, asquo pretio, daturum in solutionem, quos a
me petierit libros, in mea officina extantes, in cujus rei
testimonum hanc propria manu scripsi et signo manuali
firmavi.
25 februarii anno D»* 1569.
— 120 —
21 6. — Tlantin à Paul Manuce.
25 febvrier 1570.
Au S^ Paulo Manutio.
Je crois que, pour avoir jà respondu et satisfaict, de
poinct en poinct, aux lettres de V. S. du 12 de décembre,
la mesme response suffiroit aussi pour celles du 24 de
janvier, que m'a délivrées le S*^ Nicolas Signibaldi.
Si est ce que, pour mieux déclarer combien V. S.
et messieurs les députés de l'imprimerie sont mal infor-
més de mon faict, touchant l'envoy des Bréviaires que
j'imprime, par la licence de V. S. S., je leur certifie
de rechef que je n'en ay oncques envoyé,ni veux envoyer,
en Espagne, qu'à la requeste de Sa Majesté, quelque 4
exemplaires et nuls en Portugal, et que je vends tous
ceux que j'imprime, ici en ma boutique et point ailleurs,
et que mesmes je n'en ay pas voulu envoyer pour
vendre un seul exemplaire en ma boutique et maison
que je tiens à Paris, et que mesme j'ay refusé d'en
vendre quantité à quelques bons marchans Portugais
qui m'en ont requis.
Et combien que je ne me sens aucunnement obligé
de refuser d'en vendre quelque petit nombre à ceux qui
les voudroyent achapter, icy en ma maison, ni avoir la
puissance de leur défendre de les transporter où bon
leur semble, si est ce que je m'asseure bien que je n'en
ay livré à personne, grand ni petit nombre, qui les ait
envoyés èsdicts p^'s d'Espagne ni de Portugal, à quoy
je congnois que le rapport faict à Vos S. S. procède
de quelque jalousie, crainte, soupson ou défiance vaine.
Au reste, croyés, magnifique S% que je suis entière-
— 121 —
ment prest à faire tout service à Vos S. S., lesquelles
je prie Dieu nous vouloir conserver, au profict de la
république Chrestienne, pour laquelle vos labeurs sont
très utiles et nécessaires.
D'Anvers.
217. — Tlantin au Cardinal de Granvelle,
25 febvrîer 1570.
Au très illustre Cardinal de Granvelle.
Continuation du 18 dudict.
J'ai maintenant receu celles de V. 111"** et R"* S** du
20 de janvier, pour response ausquelles, je suis plus
joyeux que mes labeurs luy soyent aggréables es livrets,
qu'il luy plaist me faire addresser, que de quelque
bonne distribution qui en puisse suivre.
J'envoye procuration à Monsg*^ de Goneville pour, en
mon nom, pouvoir accorder et contracter avec qui que
ce soit de l'impression du Missel et de tous autres
livres.
J'ay reçeu le cahier de Bonis clericorum, lequel j'ai en-
voyé à MonsgMe Provost d'Aire', afin que, par sa faveur,
je puisse d'autant plus tost obtenir le congé d'en imprimer
le nombre demandé par V. Ill°* et R"* S", sans lequel
congé il ne me seroit loysible de le faire. L'ayant receu,
je feray diligence de l'imprimer et délivrer à mondict
S' le Provost d'Aire pour le luy envoyer.
Monsg' le docteur Arias Montanus baise les mains
de V. 111"* S** et désire fort que les corrections com-
mencées de la Bible latine peussent tellement s'advancer
que, de bref, elles peussent venir en lumière.
I. Max Morillon.
— 122 —
21 8. — Tlantin à de Goneville.
25 febvrier 1570.
A Monsg' de Gone ville, Auditeur, etc.
Depuis avoir escrit la présente, j'ay receu celles de
V. S. du 24 du passé, du premier article de laquelle
j'ay respondu en cestes touchant Manutius.
Je remercie V. S. de l'advertissement qu'il luy a
pieu me donner de la mauvaise punctuation faicte par
nous, au feillet 215 de la partie d'hiver, ce que j'émen-
deray incontinent, ainsi que le livret, intitulé Ordo
legendi ', à l'exemple duquel, j'en désirerois bien avoir
pour l'année suivante et autres, qui peussent estre
seurs et propres, pour ceux qui n'ont le moyen de bien
estudier et retenir les règles générales, et ne me fau-
,drois d'en envoyer par delà tel nombre qu'il suflSroit
pour donner aux amis de V. S.
J'envoye ici la procuration à V. S. pour accorder et
contracter de l'impression du Missel et de tous autres
livres.
219. — Gilles Beys à Vlantin.
1 570, le 28* febvrier.
Très honoré. Toutes humbles recommandations pré-
mises, soyez adverty que j'ay receu les vostres du 11*,
i6« et 18* du présent, avec la provision envoyée, tant
I . Ordo ïe^endi divinum officium, juxta BreviaHum %pmanum ex
décréta Conciîii Tridentini restiiutum, (Index librorura quae Antverpise
in officina Qiristophori Plantini excusi sunt, 1575).
— 123 —
par Julian, Gabriel, Gilles, Estienne, que Jacques Goet-
hals messagiers. J'espère qu'aurez receu mes dernières
envoyées par petit Jan, et par icelles entendu ce qu'a-
vons receu icy de divers par vostre compte, à sçavoir
de Mons' de Rivau, le i8* febvrier, 550 ft i6 s., de
Pierre Gassan, pour payer les livres en grec, 100 ft tour-
nois, de Françoys Stipont, le 23* febvrier, 100 ft tour-
nois, pour faire délivrer à Mons' de la Rosière, en Alle-
magne, et paravani, le 11* de janvier, de vostre frère ',
pour dix doubles ducats qu'il m'a baillé, lesquels luy
aviez envoyé, passé quelques mois, qui valent 60 ft, et
puis de Jacques Dupuis, le 30 de janvier, 130 ft tour-
nois, ce que metterez ainsy en compte, s'il vous plaist,
avec ce que j'ay payé icy pour vous, comme s'ensuict. A
mons. Charpentier, le 28 janvier, 6 escus soleil, qui
valent 16 ft 4 s. A mons. Vergetius Graecus, pour di-
vers livres grecs, le 4"* febvrier, 100 ft 16 s. A Carel,
le 25* janvier, 13* et 23* de febvrier, 581 ft tournois.
A Merlin, le 23 febvrier, 503 ft, pour marchandise de
papier et livres eus de luy, le 30* juillet i569.Puis ay je
payé encores audict Merlin, pour neuf rames de papier
au raisin, et deux Bernardus fo. eus de luy, le 14* oc-
tober 1369, et pour ung Bréviaire Romain, 16°, des
vostres 1561, la somme de 51 ft 12 s.; ce que je vous
ay mis en compte, le 14* et 24* octobre^ pourquoy ne
le metterez derechef en compte.
Je n'ay sceu mettre la portugaloise à plus hault que
27 ft tournois, pour ce qu elle estoit trop légière. J'ay
encores la pièce d'ung deux tiers d'ung double ducat et
quelque 4 ou 5 escus soleil ; si je ne puis mettre, je les
vous renvoyeray.
I. Pierre Porret.
— 124 —
Je suis bien marri que je vous aye envoyé aultre pa-
pier que de la marcque mesmes que m'aviez envoyée. Si
vous m'eussiez mandé : « ne m'en envoyez pas d'aultre,
sinon de la marcque que je vous envoyé, » je ne vous
l'eusse pas envoyé, mais vous m'avez seuUement mandé :
« je vous envoyé- icy une demye feuUe, pour monstre de
papier, dont je vouldrois bien avoir, le plustost qu'il
seroit possible, quelque 40 ou 30 rames, pourveu qu'il
ne me revînt, rendu icy, à plus de 2 fl. la rame,» et ne
sçavoye je pas que c'estoit pour envoyer en Hespagne.
Mais, comment que ce soit, j'eusse mieulx faict de vous
en avoir adverty et envoyé une feuille (devant que de
vous envoyer ledict papier) pour monstre, car il advient
soubvent que lorsqu'on pense bien faire, on faict mal,
en jugeant aultrement des choses qu'il n'est, ou qu'on
pense qu'il soit. Ung aultre fois nous serions mieulx
ad visé, si plaist à Dieu.
Je suis après pour compter avec tous et ay desjà compté
avec plusieurs comme Sonnius, Pierre Lhuilier, Chau-
dière, Rielle et aultres. Et avois tousjours délibéré de
faire l'inventaire de toutes choses, devant que partir,
comme aussy m'advertissez de faire, ce que je ne faul-
dray de faire, et du tout serez adverty.
Les petits cahiers en livrets que me prestastes en par-
tant de là, je ne les ay plus, car au commencement des
troubles, il y aura ceste esté trois ans, je les déchiré,
pour cause dont j'estois bien marry toutesfois. Vostre
frère en a des mesmes et d'aulires avec.Pourquoy, il me
semble qu'il n'y a pas grande pêne et qu'il n'est pas de
besoin de luy bailler ce qu'il a.
Quant au Démosthènes, dont je vous en ay envoyé
36, Sonnius m'a dict qu'il vous les baillera pour 3 ft IS
— I2S —
S. pièce, à payer dans six mois, qui est le meilleur mar-
ché qu'il vous pourroit faire, ce dict il, car il les vend
icy 5 ft tournois^ en argent comptant, et rien moins,
et en change 5 ft to solz. Pourquoy advisez ce que vous
aimez raieulx faire. Il se offre à vous faire tout ainsy
comme vouldrez, et comme luy vouldriez faire. Les
Âdagia Erasmi ne seront encores faicts de long temps,
mais incontinent qu'ils seront faicts, il vous en baillera
tant que vouldrez en change ou en argent, au plus rai-
sonnable prix qu'il luy sera possible, comme luy pour-
riez ou vouldriez faire.
Je vous envoyé ung exemplaire des 1 2 prophètes pe-
tits en chaldèen, de la punctuation de Mons. Mercier,
et couste 6 s. Par le primier, je vous en envoyeray en-
cores 2 aultres.
Qpant vous m'envoyerez quelques livres nouveaux,
envoyez moy tousjours des affiges et commencements,
pour affiger, car cela faict bien vendre les livres davan-
tage. Il n'est pas de besoin de nous envoyer de la pro-
vision davantage, devant quatre mois, car nous ne deb-
vons plus rien à personne, devant ce temps-là ; mais
lors, nous fauldra, pour le moins, plus de trois mille Ifc
tournois.
J'ay eu une paire des souliers qu'aviez envoyé à vos-
tre frère, et luy il a retenu l'autre. Je vous la payeray
et en tiendray compte. Sonnius me vient de dire main-
tenant qu'il vous baillera les Démosthènes pour trois
Ifc 10 s. tournois, à payer, la mojnié, en argent comptant,
et l'autre moytié, dans six mois, pourveu que luy veuil-
liez faire le semblable. Pourquoy, advisés moy ce que
vous plaid que j'accorde avec ledict Sonnius, et, si vous
plaist d'avoir davantage desdictz Démosthènes, car j'en
— 126 —
ay encores 14 qui me sont demeurez des 50 prins de
luy, aultrement ne les luy pourrois vendre, et, quant
aux Adages d'Érasme, il m'a dict avoir parlé au Sire
Nicolas Chesneau, qui les imprime avec luy, et sont
bien d'avis de vous en bailler 50, du cent, ou davantage,
incontinent qu'ils seront achevés (qui pourra estre, selon
leur compte, environ la S. Rhémy), au plus juste et rai-
sonnable pris que leur sera possibl', à Targent ou en
change, comme aimerez mieulx.
J'espère vous envoyer, par le primier voicturier, deux
ou trois balles de papier grand bastard, avec ce que j'au-
ray sceu trouver de vos mémoires et de ce qu'il y aura
de nouveau.
Cependant je prieray Dieu estre vostre garde, me re-
commandant très affectueusement à vostre bonne grâce
et à celle de tous ceulx de la maison. De Paris, le pri-
mier de mars 1370 par
Le tout vostre très humble serviteur.
Gilles Beys.
Vous avez icy dedans lectres de Jan Desseran que jay
receu hier de Londres, et autres de Mons. Bernardo et
Frémy. Vous pourrez veoir ce qu'ils vous mandent et
m'en advertir de ce que sera besoin de faire.
220. — Tlantin à Fulvius Ursinus.
Le 2 mars 1570.
Au S' Fulvio Ursino.
J'espère que V. M. S** aura, par expérience, veu l'ef-
fect de ce que j'avois promis par mes lectres escrittes
— 127 —
au S' Lypsius, touchant Timpression du Cassar, duquel
j'ay, du 25 du passé, envoyé les dernières feilles, avec
un exemplaire entier, et maintenant j'en envoyé enco-
res deux exemplaires et en envoyeray autant et comme il
plaira à V. S. me l'ordonner.
Je tiens aussi que V. S. aura, passé jà quelques
deux semaines, receu le Bréviaire qu'icelle m'avoit de-
mandé par ses lectres, suivant lesquelles j'attendray il
Longo Grseco con l'Achille Statio dell' amore de Leu-
cippo et Clitophonte con la tradutione di esso Longo
del S*^ Gambara, dedicata al patron de tuttc le scientie
e de tutti huomini virtuosi, mon Signeur le très illustre
Cardinal de Granvelle, mon Signeur et maistre.
Le S' Motellus, ayant entendu que V. S me portoit
bonne affection et faveur, et qu'icelle avoit en son pou-
voir les œuvres de feu de bonne mémoire le père
Onufrio, desquelles mon très illustre Sig' et patron le
Cardinal de Granvelle m'avoit, autresfois, envoyé les ar-
guments et donné espoir de les imprimer, m'a, entre
autres choses, rescrit ces mots : Qpîd de Onuphrii
lucubrationibus tecum Fulvius, qui eas Romae habet, ege-
rit,scire velim.Et quoniam Onuphrius,dum viveret,mihi
pollicitus est se mihi descripturum notatas a se varias
solis ac lunae Eclipses, quse praesertim ante Christum
acciderunt temporibus, diligentius excudendis , amabo
te Fulvium urgeas. ut eas tibi mittat. Erunt paucissima
omnino folia, quibus tamen et Mercator in suis Chronicis
et ego aliis in rébus valde juvari possumus. Si forte
aliquas ille Salmanassare antiquiores invenit et rursum
partui Christi proximiores aliquot addidit, nam re-
liquis non ica habemus opus. Tu, mi Plantine, tibi
persuade gratissimum te mihi facturum, et me, si qua
— 128 —
in re tibi utilis esse potero, non ingratus fore. Par-
quoi, je supplie V. S. de nous faire en ceci telle faveur
qu^ii luy semblera propre à son honneur et utile à la
république, pour laquelle nous désirons employer tout
ce qui est en notre pouvoir.
Et sur ce, me recommandant à la bonne grâce de V.S.,
je prie Dieu la faire prospérer.
D'Anvers.
22 1 . — Tlantin à T. Vaillant de Guellis.
A Monsigneur Monsieur de Pimpont, Conseiller du Roy,
nostre sire etc.
G. Vaillant de Guellis.
Je ne sçaurois vous rendre assés de grâces, Monsigneur
très honoré, de la faveur qu'il vous plaist de m'envoyer
et commettre vostre livre ' comme vostre, et à bon
droict, propre et cher fils, duquel j'espère prendre tel
soing et cure qu'il sortira tel, si non que le père et luy
le mériteroyent, au moins non plus mal en ordre, ni
moins aggréable qu'autres sortis de nostre boutique. En
quoy, très volontiers, je suivray totallement vostre ordon-
nance et volonté de vos amis, par l'advis et conseil de
nostre amy Thorins, vers lequel aussi je ne veux estre
veu ingrat de son labeur.
Il m'ennu5^e cependant que je ne voy et reçoy ce
vostre cher enfant, et ce d'autant plus que je suis quasi
I. Le livre dont il s*agit est : 7. Firgilius ^aro^ et in mm commen-
tatùmeSy et paralipomena Germant Falentis Guellii pp. Ejusdem Virgiîii
AppendiXf cum Josephi Scaïigeri commentariis et castigatUmUnu, >^tv.
Plantin, 1575, in-folio.
— 129 —
hors d'espoir de luy faire le devoir, avant mon parte-
ment pour aler à Francfort, vers où nous espérons partir
après demain. Durant lequel temps, ce nonobstant, j'ay
ordonné qu'il soit très bien receu et gardé songneuse-
ment jusques à mon retour, qui sera. Dieu aidant, la
semaine prochaine d'après Pasques.
Et sur tel gage et fondement d'amitié éternelle que je
reçoy de vostrc faveur, je me dédie à vous faire très
humble service, lequel je désire ung jour vous pouvoir
estre aggréable, d'aussi bon cueur que je me recom-
mande très humblement à vostre bonne grâce, priant
Dieu vous maintenir en la sienne.
D'Anvers etc.
Thorins escrit :
La copie contient 541 pages et maints petits papiers
insérés ; la table est de 3 alphabets parfaicts, un latin,
deux grecs, et lé pièces contenants les [unes ?] deux,
les autres 4 pagelles.
Il y faut adjouxter la plus grande part de ma table sur
le texte de Virgile. Toute lectre Rommaine, tant le texte
que les commentaires in-folio, pages entières, comme le
Virgile cum commentariis Servii, faict par Robert Etienne,
1532, et le tout ensemble, sans diviser les Bucoliques ni
Géorgiques de l'Enéide. Et d'envoyer espreuve incon-
tinent.
— 130 —
222. "— Gilles Beys à Jean Maretus.
1570, le 8* mars.
Frère et amy Jehan. Toutes humbles recommanda-
tions prémisesy soyez adverty que je me porte fort bien,
Dieu mercy, espérant le semblable de vous et de tous
les amys de par deçà. J*ay receu la lectre de nostre
maistre, du primier de mars, avec les incluses pour
divers, lesquelles j'ay délivrées toutes, fors que celle
de Mons. Pimpontius Conseillier etc. à la cour de par-
lement, et ce su3rvant l'advis et conseil de Mons. Tho-
rins, lequel craignant que nostredict maistre ne mandict
au susdict Mons. de Pimpont (par la lectre qu'il m'a
envoyée pour luy bailler), comment il n'avoit pas
encores receu la copie de son Virgile, laquelle il m'a
baillée pour la vous envoyer, passé trois sepmaines, et
ne Tay encores envoyée, faulte de voicturiers, et avons
tous)ours faict acroire audict S' de Pimpont vous l'avoir
envoyée, qui est la cause que nous n'avons pas trouvé
bon de luy bailler les lectres de nostre maistre.
J'espère vous envoyer ladicte copie, par le premier
voiturier qui partira de ceste ville, pour l'avoir par delà,
devant le retour de nostre maistre de Francfort, et lors
nostredict maistre luy pourra escrire ung petit mot,
comme si vous eussiez reçeu ladicte copie, incontinent
après son département de Anvers pour Francfort, car
aultrement ledict Seigneur s'en pourroit fascher et accu-
ser Mons. Thorins et moy de négligence etc.
Cecy vous est seulement pour advis. Nostre maistre
m'a mandé aussy, par la sienne susdicte, qu'il vouldroit
bien avoir quelques 40 ou 50 rames de papier réal de
Troye, tel comme il imprime la Bible en 4 langues. J'ay
— 131 —
esté hier par toute la ville de Paris, mais il n'y en a pas
maintenant. Le Sire Cosme Carel m'a dict qu'il en es-
père de recevoir demain ou après demain. Incontinent
qu'il y en aura en ceste ville, ne fauldray à le vous en-
voyer, par le primier, moyennant que je le puisse avoir
pour 3 fl. 12 pats., la rame, comme mon maistre me
mande Tavoir en Anvers de Mons. Langaigne, ou bien
peu davantage.
Je suis marry que je ne vous puis envoyer le papier
grand bastard, faulte que la voicture est trop chère, qui
est maintenant à 55 s. et 60 s. tournois, le cent, qui
est trop pour de papier. Incontinent que la voicture
sera à meilleur marché, ne fauldray à le vous envoyer,
ou bien, si vous en avez nécessairement affaire, mandés-
moy que je le vous envoyé, à quelque pris que ce soit,
et n'y feray faulte.
J'espère qu'avez assez entendu par mes précédentes les
payements que j'ay faict par deçà et ce que j'ay receu de
vous et d'aultres par vostre compte etc. Ce que je vous
envoyé encores de rechef pour le mettre en compte, si
desjà ne l'avez faict le tout, comme est spécifié en ce
petit billet. Cependant, je prieray le Créateur vous don
ner la sienne, me recommandant très affectueusement
à vostre bonne grâce, sans oublier tous ceuk de la mai-
son de Paris.
Le susdict, Paris.
— 132 —
223. — Gilles Beys à Jean Maretus.
Frère et amy Johan. Toutes humbles recommandations
prémises, j*ay receu les vostres du 3* et 4* du présent.
Pour responce auxquelles, serez adverty que j'ay receu
les livres qu'avez mis dedans les coflFres de Gassan, pour
moy, le tout suyvant vostre mémoire, sinon que j'ay
trouvé 51 Gramm. Heb. Isaaçi, 4®, où n'en mettez que
50, et loi Commentaria Caesaris 8°, pour 100. Pourquoy
ndjouterez à chascung ung davantage, s'il vous plaist.
J'ay aussy receu le cofire de Mons. Van de Werve bien
condidonné, et en ay retiré le port, suyvant la lectre de
voicture etc.
Quant est du jeune homme qui debvoit venir par
deçà pour m'aider, je vous en ay escript par mes der-
nières envoyées par Hans le messagier, comment il me
suSiroit d'avoir ung garson de 12, 15 ou 16 ans etc.
Toutefois cela ne vous est que pour advis, tout ce que
le maistre en fera sera bien faict et agréable. Je ne ay
sceu trouver de papier réal de Troye, tel que nostre
maistre et vous m'avez demandé pour la Bible, sinon
six rames de chez le Sire Guillaume Le Bé, à 4 ]t 15 s.
tz., la rame. Le Sire Cosme Carel et Merlin m'avoyent
toujours asseuré d'en recevoir dedans un jour ou deux,
ce qu'ils n'ont faict nullement, mais ils en ont bien
receu d'aultre et du gros bon, mais point du fin. Pour-
quoy, je ne vous en ay sceu envoyer da^'antage que six
rames, lesquelles je vous envoyé dedans une balle n° 18
signée de nostre marcque, dedans laquelle y a diverses
besonges pour divers, le tout suyvant la facture que je
vous envoyé icy inclose.
Incontinent qu'aurez receu ladicte balle, je vous prie
— ^33 —
d'envoyer par le primier, et le plustost que pourrez, la
malle qu'y est inclose à Mons. Parent, avocat en parle-
ment à Paris, estant de présent à Cologne, avec ceste
lectre icy enclose, car elle nous est fort recommandée.
J'ay esté contrainct de vous envoyer ladicte balle, com-
bien que la voicture est fort chère, à cause de la caisse
qui y est dedans, par l'advis de M* Pierre Porret, et
aussi pour vous faire tenir les six rames de papier réal,
combien que c'est bien peu que six rames, encores ser-
viront ils tant qu'ils pourront en ung besoing, en atten-
dant que l'autre pourra venir.
J'ay receu aussy les passements que mon maistre m'a
envoyé dedans les coffres de Gassan, qui montent en
tout deux centz vingt ft tournois. Je vous prie de m'en-
voyer, par le primier, les livres demandés par mes pré-
cédentes, et délivrez les incluses à qui elles s'adressent,
et me. ferez plaisir.
Me recommendant très humblement à vostre bonne
grâce et à tous ceulx de la maison.
De Paris, ce 19* mars 1370 par
Le tout vostre à commandement et
comme frère amy
Gilles Beys.
— '34 —
224. — Plahtin à Gilbert d'Oignies.
Au R"* Évesque de Toumay.
Très noble et R°« S^
Le présent porteur m'ayant faict ceste faveur et honneur
de me venir visiter, j'ay, entre autres propos, entendu
de luy que V. R"* S'* avoit entendu, par mes lectres pré-
cédentes, que je luy promectois envoyer le chant des
Respons et Antiennes à l'usage de Rome, aportées par
Monsg"" Malpas, maistre d'hostel de très Illustre et Ré-
vérendiss. Cardinal de Granvelle et chantre de S* Rom-
baut à Malines, pour le faire conférer avec celuy qu'il
luy avoit pieu me mander avoir faict escrire. Parquoy,
j'ay prins la hardiesse de luy faire entendre, par la pré-
sente, que ledict S' Malpas ne m'a encores rien délivré
et s'attcndoit de conférer son exemplaire avec celuy de
V. R°* S^*, à laquelle, s'il plaisi autrement me l'ordonner,
je suivray son commandement à mon pouvoir et adver-
tiray ledict S"" Malpas de la volonté d'icelle.
Cependant, je luy supplie très humblement de recevoir
de bonne part ce catalogue des livres nouveaux de ceste
dernière de Francfort, avec l'entier de ceux qui sont
jusques à présent sortis de nostre imprimerie que je luy
envoyé.' Et je prieray Dieu qu'au profict de son peuple
il luy plaise....
I. Index Ubrorum qui Antverpia in officina Christophori Tlantiui
excusi sunt, Antv. Plantin, 1568, in-8.
— ns —
225. — Plantin à Max Morillon.
Le ij avril 1570.
A Monsg"^ Mons' Morillon.
Retourné de Francfort en santé, grâces à Dieu, j*ay
trouvé lectres de mon très Illustre et R"* S^ le Cardinal,
par lesquelles il m'ordonne de lui envoyer, à chaiscune
fois, les feilles que j*auray imprimées de Lactance. Et
pourtant, je supplie V. S. de luy addresser celles-icy,
que maintenant j'ay trouvées faictes, et me faire advertir
de ce que je doibs attendre ou respondre touchant le li-
vret de Bonis clericorum, dont, avant mon partement
pour Francfort, j'ay envoyé la copie à V. S., afin d'a-
voir le consent d'en imprimer quelque cinquante, pour
les envoyer à son lUustriss. et R"* S**, à laquelle cepen-
dant je diffère de rescrire, jusques à ce que je sache que
luy respondre de ce poinct.
226. — Tlantin à Max Morillon.
Le 3 may 1570.
A Mons"^ le Provost d'Aire.
A mon retour de Louvain, ayant entendu que V. S.
a voit esté en ceste ville et m'avoit fait demander, j'ay
esté fort triste d'avoir ainsi perdu le moyen de luy faire
la révérence, et entendre d'icelle ce que je devois res-
pondre à son Ill"« et R"« S**, touchant l'impression ou
suppression du livret de Bonis clericorum, dont aussi,
— 13.6 —
estant retourné de Francfort, j'en escrivi à V. S. et
envoyay les feilles imprimées du Lactance, duquel
j'envoye encores ici deux feilles.
Estant à Louvain, Monsg"" N. M. Thomas Gozasus ',
m'ayant, de sa grâce, invité à souper, me communica le
vouloir qu'il a de s'occuper de la répurgation des œu-
vres des saints docteurs de l'Église, pourveu que je
voulusse entreprendre de les imprimer, ce que je luy
promis de faire très volontiers, pourveu qu'il pleust à
Dieu me donner la grâce d'avoir premièrement achevé
l'œuvre des grandes Bibles qui me poise tellement que,
non seulement, je ne puis entreprendre autre chose
d'importance, mais aussi m'oste le moyen de pouvoir
entretenir mes petites sortes ordinaires, dont me souloit
procéder l'entretien de ma maison. Sur quoy, nous ad-
visâmes qu'il seroit utile de besongner cependant à la-
dicte répurgation desdicts docteurs. Et pourtant m'a il
depuis rescrit l'incluse pour en communiquer avec V. S.
qu'il pensoit se retrouver en ceste ville d'Anvers. Par-
quoy, je la supplie de luy en respondre ou à moy ce
qu'elle trouvera bon de faire pour Tutilité du public qui
à jamais en sera tenu à vous, etc.
I. Thomas Gozaeus, professeur de théologie à Louvain. Il avait
réuni plus de deux cents manuscrits et s'était adjoint un grand nom-
bre de théologiens pour collationner ces textes, en vue de l'édition
des pères de l'église, à publier par Plantin. Malheureusement, il mou-
rut le 8 mars 1571, au moment où il vdnait de répartir le travail
entre ses collaborateurs.
— 137 —
227- — Plantin à Gilbert d'Oignies,
Le 6 may (1570).
A Monsg"" d'Ongnies, Évesqiie de Tournay.
Très noble et R"* S'.
C'est à moy de remercier très humblement vostre
très noble et R"* S** de ce qu'il luy plaist me faire ce
bien de recevoir favorablement le très petit présent de
la partie hiémale du Bréviaire de Rome, duquel cejour-
d'huy j'ay premièrement achevé la partie d'esté, que
j'espère faire relier la semaine prochaîne, et la luy
envoyer par le premier messager qui partira en après.
Et quant il plaira à V. R"* S** envoyer l'Antiphonaire,
je le recevray comme de sa main.
Ce pendant je luy envoyé les livres suivants :
Practica Caméras fl : i pat. 2
De residentia Episcoporum fl — pat. 13
De reditibus Ecclesiasticis fl — pat. 18
2—15
Q.uant aux livres intitulés Seditio rusticorum, ayant
esté trouvés suspects, je les fay délivrer à nostre curé
pour les garder jusques à ce qu'on les puisse renvoyer
à Francfort.
Au reste, suppliant très humblement estre tenu de
V. R™* S*" pour son très humble serviteur, je prie Dieu
qu'il luy plaise la nous conserver en toute prospérité,
etc.
- 138-
228. — Tlanttn à Paul !\Canuce.
Le 13 may 1570.
 Paullo Manutio.
■
Très magnifique S^
J'ay, par les vostres du 18 de mars, entendu le con-
tentement qu'avés eu des cent escus d'or, en or receus
pour la disme des Bréviaires, par moy imprimés jusques
à 26 de novembre passé, et aussi par celles de Tonziesme
avril, Tasseurance qu'avés en ma parole de ne vouloir
contrevenir à nostre accord, dont je suis fort satisfaict
et vous asseure de rechef que je veux vivre sincèrement
et tenir le droict d'amytié et bon compte avec ung
chaicun.
Et pourtant soyés acertené que je n'ay pas achevé le
Bréviaire en deux tomes jusques au 10 du présent,
asçavoir le dernier qui est de la partie aestivale, mais
bien ay je, de long temps, achevé celuy d'hiver, lequel
se peut estre veu en Rome, mais non pas Tautre. A
quoy V. S. peut veoir et juger que je n'ay pas esté
grandement abusé, ayant escrit que j'espérois achever le-
dict Bréviaire environ la Pentecoste, comme il apparoist.
Et d'iceux ay je imprimé mille exemplaires complets,
desquels je suis prest d'envoyer la disme ou soixante
escus d'or, en or, quand et comment il vous plaira
m'advertir. Et, ce pendant, je me prépare d'imprimer
ledict Bréviaire en deux tomes, de plus petite lectre et
format, de l'achèvement duquel j'advertiray V. S., à
laquelle je me recommande, etc.
— 139 —
229. — Tlantin au Cardinal de Granvelle.
Le 13 may 1570.
Au très illustre Cardinal de Granvelle.
Très Dlustre et R°»« S'.
J'espère que V. Ill"« S*', avant la réception de la
présente, avec 4 exemplaires de la partie d'esté, aura
receu l'entière impression de Csesar et des livrets de
S. Grégoire Nazianze, et depuis aussi celle du Lactance
(excepté quelques feilles des annotations et de l'index
qui s'achèveront, Dieu aidant, le premier jour ouvrable),
avec deux Diurnaux que je désire luy estre agréables.
Et qu'icelle aura aussi entendu la convalescence de
Monsg^ le Docteur Arias Montanus et receu ses lectres,
avec une copie de la préface qu'il a ordonnée pour
imprimer au commencement des grandes Bibles en
diverses langues, ausquelles nous continuons de travail-
ler, autant que nos facultés peuvent supporter ung si
pesant fardeau, qui me poise tellement que je crains
grandement de tomber sous iceluy, me sentant atténué
d'avoir employé quasi toutes nos forces à l'impression
de tout le Vieil Testament qui, moyennant les grâces
de Dieu, sera parfaict dedans 3 semaines. Et ne restera
que le Nouveau et les Grammaires et Dictionnaires, avec
les diverses leçons entre lesquelles tiendront leur rang
toutes celles qu'il a pieu et plaira à V. 111"* et R"**
Signeurie nous envoyer, asçavoir tant celles de la
collation à l'exemplaire Vatican, comme les dernières
du très illustre Cardinal Sirleto sur les Pseaumes qui
ont esté très agréables à Monsg' le Docteur Ârias Mon-
— 140 -
tanus, duquel aussi j'espère que V. 111"^ et R°* S'*
aura receu les lectres et préface qu'il m'avoit ordonné
luy envoyer.
Quant au Missel, j'ny entendu, par Monsg'^ de Gone-
ville, la demande du tuteur des héritiers de celuy à qui
Sa S***** en a donné le Privilège*, qui est telle que je ne
penserois pas, qu'en la vie de dix hommes, l'une après
l'autre, la somme se peust retirer, par deçà, du profict
qu'on pourroit faire à l'impression desdicts Missels. Et
pourtant je me contente et remercie très humblement
V. 111™* S'* qu'il luy plaist me faire tant bien conseiller
de ne m'attendre plus à telle impression, et que je
convertisse les apprestes faictes aux livres ecclésiastiques.
Ce que je fay très volontiers, et les entreprendray, et
feray, Dieu aidant, au contentement d'icelle et des
autres prélats et gens d'Esglise de. par deçà, quand il
leur plaira le me commander, ainsi que Mons' le
Chantre de Malines m'a donné bon espoir qu'il advien-
dra de bref»
Ce pendant je prieray Dieu nous conserver et aug-
menter V. m™* et R™*^ S** en bonne santé et heureuse
rospérité.
D'Anvers, ce 13 may 1570.
I. Barthélemi Faletti. Il obtint du pape le privilège du nouveau
Missel, peu de temps avant sa mort. Ses héritiers l'exploitèrent après
lui. Ce fut d'après un exemplaire du Missel, avec l'adresse : %pnue,
fjlfmd baredes 'Bartljolontiei Faletti, Johannem Variscum et Socios, que
Plantin imprima ses premières édition de ce livre.
— 141 -
230. -^ Triant in à Georges Buchanan.
(Plan tin a reçu un livre de Buchanan, avec une lettre contenant
des corrections. Il regrette de ne pas avoir à lui offrir des nouveautés
bien intéressantes et se déclare prêt à imprimer ce que l'auteur vou-
dra bien lui envoyer.)
29 may 1570.
D. G. Buchanan.
Venerande Illustrissime.
Desideratissimas et gratissimas litteras tuas nono
aprilis Sterilini datas, una cum libro * et carta immu-
tandorum, accepi, vir prasstantissime, de quibus, ut
debeo, maxîmas habeo gratias. Referàm vero libenter,
si unquam sese nobis obtulerit occasio. Doleo vero me
jam nihil habere quod doctissimo palato tuo sapere
posse existimem, praîterea quae mitto admodum pauca
prae magnitudine tuas in nos et rempublicam liberalitatis.
Q.uantum ad rationes meas attinet, eae, Deo optimo
maximo gratias, eo loco jam sunt^ ut si operum tuorum
quid miseris, quod et haec loca et tempora ferre possint,
illud sim ego ambabus ulnis suscepturus et in lucem
editurus.
I . Le livre en question est probablement un exemplaire de l'édi-
tion plantinienne de 1567 de la Taraphrasis psaîmorum de Buchanan,
avec des corrections pour Une édition subséquente. L'édition de
1586 porte^ en effet, la mention « multo quam antehac castigatior.»
— 142 —
231. — Servatius Sassenus ' à Plantin,
(En son nom et au nom de ses collègues de Louvain, il félicite
Plantin de sa nomination à la charge de Prototypographe. Il de-
mande une explication de l'article XXV de l'ordonnance royale sur
les imprimeurs et libraires.)
S. P. Humanîssime D, Plantine.
Certiores facti te hoc novo officio Prototypographi a
R. M. decoratum *, praetermittere non possumus quin
nomine omnium nostrum tibi omnia prospéra et felicia
in hac dignitate preceniur, supplicantes ut nobis signi-
ficare digneris, quid nobis agendum jam erit, et quando
vobis opportunum erit, ut secundum novam R. M. Ordi-
nationem te accedere possimus, ut a te examinati et ap-
probati ab eadem. R. M, confirmari et in officio nostro
continuari possimus, cupientes in omnibus Regiae Majes-
tatis ordinationibus esse morigeri et obedientes.
"Qponiam vero vigesimum quintum hujus publicatio-
nis vel edicti articulum alii aliter intelligunt, et tempus
20 dierum a publicatione prasscribitur, significare pla-
cebit an prius a vobis approbari, illiusque approbationis
spécimen ante diem vigesimum exhibere, vel an vero
consensum et potestatem imprimendi, jam olim impe-
1. Imprimeur à Louvain.
2. Sur la charge de prototypographe exercée par Plantin voir:
Ph. Rombouts, Certificats délivrés aux imprimeurs des Pays-Bas par
Christophe Plantin. Publication des Bibliophiles anversois, Anvers,
J. E. Buschmann, 1881, et Max Rooses, Christophe Tlantin, impri^
tneur anversois^ Chap. !)(.
— 143 —
tratam, ante dîem praescriptum R. M. exhibere oportebit.*
Super quibus à vobis certiores facti, nos statim regiis
ordinationibus et vobis obsecuturi sumus, rogantes ne
responsum différas, sed per latorem praesentium nos ho-
rum certiores facere digneris.
Âliud nihil est quod addam. Bene vale. Raptim, Lo-
vanii, 1570, junii 26.
Servatius Sassenus suo et aliorum typogra-
phoruni Lovaniensium nomine.
232. — Tlantin à Servatius Sassenus,
(Il le remercie, ainsi que ses collègues de Louvain,de leurs félicita-
tions. Il regrette que le roi Tait désigné pour une charge au-dessus
de ses talents. Il donne les explications demandées et, en post-scrip-
tum, il prie ses correspondants de ne lui donner aucun titre honori-
fique en s'adressant à lui. Il ne s'y reconnaît aucun droit et
serait reconnaissant à ses collègues, s'ils voulaient continuer à le
traiter sur l'ancien pied d'égalité.)
Humanissimo viro Domino Servatio Sasseno
aliisque typographis Lovaniensibus.
Gratias vobis maximas habeo^viri humanissimi et con-
fratres clarissimi, de vestro erga me animi candore et
precatione prospéra. Utinam vero magis huic novo
officio Prototypographi Regii idoneum elegisset Rex
3. Voici le texte de l'article XXV.
«r Et pour meilleure exécution et provision de ce que dessus, tous
les imprimeurs auront à apporter et exhiber à nostredict lieutenant
et gouverneur gênerai de par deçà, ou à ceulx par iceluy à ce dépu-
tez, le congié et faculté qu'ilz ont par escript, pour exercer le stU et
mestier de l'imprimerie, endéans vingt jours après la publication de
cestes, afin que, de nouveau, ils soyent examinez et donné congié en
la manière que dict est cy-dessus, à ceulx quil semblera convenir
de laisser exercer ledict stil et mestier. »
— M4 —
ipse una cum ejus consiliariis, tneque ad tnle munns
ineptum negotiis aliis plus asquo impeditum obscurum
reliquissent. Q.uoniam vero nuUis omnîno excusationibus
neque exceptionibus hoc a me onus excutere licuit,
aequo ferre illud animo vobisque omnibus, quantum in
me erit, favere statui.
Ad examinationen vero quod attinet atque litterarum
vestrarum exhibitionem nihil mihi neque vobis facien-
dum existimo antequam, vel Ex* Ducis hue venerit, vel
quid aliud significatum fuerit. Nam evocato mihi Bruxel-
las mandavit D. Vargas, ut hujus civitatis impressoribus
significarem, ne se huic loco admoverent sed adventum
Ducis expectarent, tune examinandi; quod si qui interea
temporis Bruxellas aliunde venirent, illis se indicaturum
poUicebatur, ut tune temporis hue etiam se hac de causa
conferrent : nihil etenim prius agendum quam hue se
eontulisset Ex* Ducis. Si quid prasterea sit quo meum
desideretis ofEcium, indieate : me perpetuo vobis ad-
dictissimum et vestris votis honestis faventissimum
habebitis.
Valete. Raptim oeeupatissime.
Antverpiae, 27 junii 1570.
Vobis omnibus addietissimiis
Plantinus.
Humanitatem quidem non detrecto ; a titulis vero seu
epithetis istis, quibus me fucare velle vestrarum littera-
rum inscriptione videmini, ut re absum, ita ut vos ad
me scribendo abstineatis, rogo. Prudentiam etenim nul-
lam, minus vero eruditionem in me agnoseo. Sincère
itaque et simpliciter ut ad me peragatis scribere obseero.
— 14S —
23 î- — Strvatius Sassenus à Planiin.
(Sassenus demande au prototypographe quand les imprimeurs de
Louvain auront à se rendre à Anvers pour être examines.)
S. Gratias tibi raaximas agimus, Domine Plantine,
pro vestro benevolo responso, quo nos certiores fecisti
nobissecure licere adventum Illustrissimi ducis Antver-
piam opperiri, ncc prius nobis aliquid agendum esse. Ne
autem nos citius quam opus sit Antverpiam conferamus,
ac tempus illic teramus, pergratum nobis feceris, si mo-
lestum non erit, significare, quo die post Illustrissimi
Ducis adventum nos certe adesse oportebit, ne diu istic
hserere oporteat, ac cito expediri possimus; quod ut
facere digneris, obsecramus Aliud nihil est quod addam.
Deum opt. max. precamur ut omnia speratum finem
sortiantur.
Data Lovaniî, 1370, junii ultima.
Ser. Sassenus, suo et aliorum typographorum
nomine.
234. — 9\/Cinute de Vacte notariel^ écrite de la main de
Tlantin et autorisant Jacques Boschart, de Douay, à
exercer le métier d'imprimeur.
L'an de nosire Signeur 1570, le 7» jour de juillet, Ja-
ques Boschart, libraire et imprimeur demeurant à Douay,
ayant apporté lectres closes de l'Excellence du duc
d'Albe, Gouverneur et capitaine général pour le Roy es
païs de par deçà,addressées à Christofle Plantin, prototy-
pographe juré de Sa Majest«^% par lesquelles, suivant la
dernière ordonnance sur le faict de l'imprimerie et sa
— 146 —
commission, luy ordonnoit d'examiner ledict Boschart
et Tencharger des points dépendants à sa charge, et faire
le serment à ce requis, et s'estant à ceste fin présenté
ledict Boschard audict Prototypographe, en la présence
de Jehan Verwithagen et Arnolt Tavernier, imprimeurs
jurés en ceste ville d'Anvers, et de moy notaire souscrit,
a premièrement exhibé ses lectres d'admission de pou-
voir imprimer et vendre livres, passés au Conseil du
Roy le XX de mars 1556, signées de la Torre et scel-
lées du sceau de Sa M**, sans quelque attestation escritte
d'avoir faict le serment enchargé èsdictes lectres, le-
quel serment toutesfois ledict Boschart afferme avoir
faict es mains de mons' le Président Viglius, confesse
aussi ledict Boschart avoir de soy-mesmes apprins Testât
de l'imprimerie, en voyant, depuis huict ans çà, beson-
gner les compagnons qu'il avoit prins pour exercer ledict
estât et mestier en son logis à Douay, et qu'il peut seule-
ment imposer les pages, selon l'exemplaire qu'il se pro-
pose, et a monstre de faict qu'il sçavoit assembler les
charactères et besongner à la presse, et entend les lan-
gages latin, françois et fiameng.
Il a aussi promis et promect d'observer, de point en
point, les ordonnances faictes et à faire par Sa Majesté
sur le faict de Timprimerie. Item,d'imprimer ce qu'il fera,
correctement, nettement, en papier compétent et marges
suflSsantes et n'entreprendra d'imprimer chose à quoy il
ne soit expert, à peine que ce qu'il imprimeroit ne se-
roit taxé que pour maculatures, à estre vendues aux
apothicaires et beurriers, et que, s'il entend qu'aucun
commecte quelqu'abus au faict de l'imprimerie, qu'il l'en
advertira deuement et à bon escient de s'en déporter,
en faute de quoy il en advertira le magistrat, le proto-
- 147 —
typographe ou les visitateurs, selon que le cas le re-
querra.
233. — Lettres d'examen délivras par le notaire M, Lovi-
riusy alias Loeiemans, à Guillaume van Varys, examiné
par l^lantin.
Au nom d^ EMeu, Amen : Par ce présent publicq
instrument soit notoir et évident à ung chacun que, en
Tan de la Nativité de Ncstre S' Sauveur, mil cincq
cens et septant, le vingt et septiesme jour du mois de
juillet, comparut personnellenïent par devant les hon-
nestz et discretz personnes, Maistre CristofFre Plantin et
Ameet Tavernir, son confrer et adjoinct, sur ce requiz,
imprimeurs jurez, résidentz en la ville d'Anvers, etc.
asçavoir l'honnest homme Guillaume van Parys, aussi
imprimeur juré, natifF et résidentz en ladicte ville d'An-
vers, lequelle en présence de moy Notaire et Tabellion
publicq, par le Conseil du Roy, ordonné en Brabant,
approuvé, a exhibée es mains dudict Plantin, comme
chieff et superintendant imprimeur, de par Sa Majesté
ordonné et commis pour examiner et enquester de
l'exercice, styl, approbation et idoniété des imprimeurs
et l'imprimerie, etc., certains lectres, documentz et
aultres attestations contenantes l'admission, serment, et
approbation de sondict office de l'imprimerie, et aussi
de la réputation, régime ou gouverne, et anchienne
catholicque foy et religion dudict Guillaume, ce que
nous est apparue évidemment par les mesmes. Et
ayantz veu premièrement ces lectres de dépesche
d'admission dudict imprimeur, trouvez estre faictz et
expédiez de par le Roy an son Conseil de Brabant, le
— 148 —
XXVII"** du mois de juing Tan XV* et soixante six,
seelez du grand seau en rouge sire, pendante, et
subsignez du secrétaire J. de Perre, estant aussi sur la
mesme lectre, noté et escript au dois, la date du
serment par ledict Guillaume estre fait aux mains de
Monsieur le Margraff de ladicte ville, assçavoir le
XXX"** de jullet XV'^ soixante six, et par ledict Mar-
grave soubzsigné Jan van Ymmerzeile ; après nous a
aussi exhibée ledict Guillaume diverses attestations à
son instance nouvellement impétrez correspondantes en
ce que dessus, dont la première estant de la date du
XX™* de jullet XV'^ et septante, ainsi soubzsignée : Ita
est Petrus Uten Rhetius Ecclesiae Cathedralis Sanctas
Mariae Antwerpise Pastor ; la deuxiesme attestation pour
le susdict Guillaume faict, estant de la date comme la
susdicte, estoit soubsigné de Messire Philippe Almaraz,
Chanoine d'Anvers, etc., ainsi: Ita est Almaraz; la
troisiesnie certification faict et octroyé audict Guillaume
par Monsieur TEscolastre et saieleur de monseigneur le
Révérendissime d'Anvers, datée du XXV"* de cedict
mois de jullet XV* et LXX*, corroborant et confirmant
en tout les précédentes et par le mesme, le susdict
Guillaume, addressant à sondict chieff et superintendent
imprimeur et examinateur Plantin pour, etc., soubzsigné
Franciscus Doncker Scholasticus et Vicarius sive sigillifer
Reverendissimi Domini Episcopi Antwerpiensis. En
oultre, a encoir exhibée à noz susdictz aultre lectre de
certification du Magistraet de la mesme ville d'Anvers,
affirmée dessoubz les sermentz de deux honnescz et
louables personnes, comme tesmoingz à l'instance
dudict Guillaume ad ce requiz, Tung appellée Pieter
Borremans^ eaigé de xl ans, et l'aultre Pieter van Kar-
— 149 —
beecky eaigé de xlii ans, prévostz de la monnoye de la
Majesté susdicte, en ladicte ville d'Anvers, endatée
XXVI"** de jullet Tan XV*^ et septant, seelé et soubzsi-
gnée du Secrétaire van der Neesen. Et après ce, estant le
susdict Guillaume examinée et interrogué du susdict
examinateur et prototypographe Plantin, sur le faict,
exercice et idoniété de sondict office de l'imprimerie, a
dict et déclairée n'avoir point apprinse ne exercé Testât
de l'imprimerie, mais qu'il a tenu et tient des compai-
gnons, lesquelz exercent en sa maison, et les mest en
besoing à l'imprimer, de sortes que feu Sjrmon Cocq et
Nicollas vanden Wouwere, ces prédécesseurs et alliez
ont imprimé en leur tempz. Et sçait les langues fran-
chois et flameng, et fort bien tailler figures en bois. Et,
d'aultant qu'il a dit avoir faict les despens à l'achapt
des instrumentz nécessaires à l'imprimeries, requist, le
susdict Guillaume, d'estre continuez à ladicte office ou
styl de l'imprimerie, suyvant la contenue de ces lectres
d'admission au Conseil de Sadicte Majesté, en Brabant,
impétrez et expédiez comme dessus, désirant et pro-
mectant en oultre ledict Guillaume de faire, suivre et
ce rigler selon les pointz, placcartz et aultres mande-
mentz en cy-avant faictz et ordonnez, ou à faire et
ordonner sur, etc. Ce que ledict Plantin, pour le pré-
sent entre aultres plus amplement a- adveniz, commandé
et injoinct audict Guillaume, renvoyant et redressant le
mesme, par cestes, vers la Court et Conseil de Sa Ma-
jesté, en Brabant susdict, pour obtenir et maintenir
Tapprobations et confirmations de tout ce que dessus,
suyvant, etc. Sur touttes quelles chozes ledict Plantin
et Guillaume requiroient de moy Notaire dessoubz
nommez, leur en estre faictz instrumentz publicqz ung
10.
— ISO —
ou plusieurs en forme deue. Ainsi faict en la susdicte
ville d'Anvers, à la maison dudict Plantin, scitué en la
Camerstrate illecq, en Tan, jour et mois, et en présence
de ceulx qui dessus.
In quorum omnium et singulorum fidem et
testimonium premissorum, ego Mattheus
Lovirius, alias Loèkemans Ântwerpias
residens publicus, sacra apostolica aucto-
ritate, Notarius per Magnum Senatum
Curise Regiae Majestatis Brabantis admis-
sus, subsignavi hoc prssens publicum
instrumentum, manu propria scriptum,
rogatus ac requisitus.
Mattheus Lovirius alias
Loèkemans Notarius
IS70.
236. — Plantin à Gilbert d'Oignies.
A Monsg' de Tournay.
Très illustre et R"* Signeur.
Je remercie très humblement V. R"* S** de tant de
faveurs qu'il luy plaist me démonstrer journellement, et
principalement des cent escuz qu'il luy a pieu, avec son
honorable Chapistre, m'ordonner pour aider à l'impres-
sion de l'Antiphonaire ' et Psaultier *, selon le nouveau
1. AnHphonarium juxta Breviarium romanum restitutum. Plantin,
1573, 2 vol. in-fol.
2. Psalterium, Plantin, iS7i} in-fol.
1
— 151 —
Bréviaire, pour le Chœur, avec le chant. Pour parvenir
à la perfection duquel, et contenter V. R°" S»* et son
honorable Chappistre, Monsg' le Chantre de Malines
m'ayant communiqué sts exemplaires et volonté, a dé-
libéré d'envoyer, dès le premier jour après le Synode
dudict Malines achevé, maistre René, maistre des céré-
monies à Malines, avec les exemplaires vers V. R°* S**
et son honorable chapitre, pour communiquer et accor-
der ledict chant, autant qu'il sera possible, devant que
de rien commencer à bon escient. Et, cependant, je
poursuyvray de faire les apprestes nécessaires. Qjae s'il
se trouve aucuns qui veueillent que je leur imprime quel-
ques exemplaires en parchemin, je le feray volontiers. Je
promects aussi davantage de satisfaire bien et deuement
à tous ceux qui nous voudront assister, en telle sorte
qu'il leur plaira honnestement l'ordonner.
Cependant, je prie Nostre Signeur qu'il luy plaise con-
server et augmenter V. très noble S*® en toute bonne
santé et heureuse prospérité.
D'Anvers, ce i6 de juillet iS7o»
— 152 —
237- — Tlantin au Marcgrave, Bourgmestres et Échevins
de la ville d'%Afivers.
Le 19 juillet 1370.
A Messigneurs Messieurs le Margrave, Burghmaistres,
Eschevins et Conseil de la ville d'Anvers.
Remonstre en toute humilité Christofle Plantin, ser-
viteur domestique du Roy, et commis par Sa Majesté
en l'office de son Prototypographe, ou chef imprimeur
et superintendant juré de touts les imprimeurs et im-
primeries de ses païs de par deçà, et deuement mis en
la possession dudict office et des honneurs, droicts,
prééminences, franchises et libertés y apertenants, par
très noble Sig' Messire Charles de Tisnacq, chevalier,
chief et président du Conseil privé de Sa Majesté,
comment par cela et les grandes charges et occupations
qu'il luy convient porter et souffi'ir pour le service de
Sa Majesté et le bien public de ceste noble ville et de
tout le païs (enquoy il s'est tousjours employé et désire
de plus en plus continuer, autant qu'il luy sera possible),
il entend devoir estre exempt et francq de toutes axises
et impositions ou maltostes de bière et de vin et de
toutes autres charges ou contributions aux logements
des gens de guerre ou autres qui qu'ils soyent. *
I. Le texte de cette pièce est barré dans le registre des minutes,
probablement que Tidée de cette requête fut abandonnée et que la
pièce suivante fut seule expédiée.
— 153 —
238. — Plantin au roi Philippe IL
Au Roy.
Remonstre en toute humilité Christofle Plantin, ser-
viteur ordinaire ou domestique de Vostre Majesté, com-
ment vous ayant pieu, depuis naguères en ça, le créer,
commectre et instituer en T Estât et Office de Prototy-
pographe ou chef-imprimeur et superintendant de tous
les imprimeurs et imprimeries de par deçà, de quoy bien
et léaument s'acquitter il avoit faictle serment dû, et par
ainsi seroit tenu et obligé (comme il se sent estre) de
laisser ses propres affaires et négoces domesticques et né-
cessaires pour Tentretènement de soy et de sa famille,
pour employer (comme il a desjà faict et luy conviendra
doresenavant faire de plus en plus) la plus grande et
milleure partie de son temps à desservir ledict Estât et
Office : Et pourtant, il supplie très humblement qu'il
vous plaise luy faire déclarer, ordonner, et assigner tels
gages et traictement que trouvères y convenir : Et au
surplus ordonner à Messieurs, tant de ceste ville d'Anvers
qu'à tous autres à qui apartiendra, qu'ils ayent à exemp-
ter et aflfranchir ledict suppliant de toutes axises, impo-
sitions, de vin et de bierre, ou, pour le moins de
tel nombre de tonneaux qu'il vous semblera convenir
pour l'usage de sa maison et domestiques, sans toutes-
fois y comprendre le grand nombre de compagnons et
ouvriers besongnants à journées en sadicte maison, et
de toutes autres charges ou contributions de logements
de soudarts ou autres gens quelconques et lui en faire
délivrer acte suffisant.
Et vous ferés bien, et ledict suppliant priera pour
vostre bonne santé et heureuse prospérité.
— IS4 —
239- — Tlantin à de Goneville.
Le 3 aoust 1570.
A Monsg' de Gonneville,
Auditeur de Monsg' le Révérendiss. de Granvelle.
Monsigneur, Je recongnois et confesse librement que
je ne pourrois assés rendre grâces à rillustrissime et
R"* Signeurie de Monsg^ le Cardinal et à la Vostre des
biens qu'il luy plaist et à vous me favoriser et procurer,
tant s'en faut que j'y peusse incontinent satisfaire; mais,
ce que je ne peux en efFect, demeurera en bonne volonté,
que j'auray tousjours preste et prompte à faire tout
humble service.
J'ay receu les feilles du Missel (pour lequel j'avois
commencé et maintenant fais continuer les préparations)
et la copie du contract que V. S. a passé en mon nom
avec les exécuteurs du testament de deffunct Faletti, la
ratification duquel j'envoye icy, passée par le mesme
notaire qui avoit passé la procuration.
Je vous remercie aussi de l'advertissement qu'il vous
a pieu me faire de la faute advenue en la partie sestî-
vale du Bréviaire de mon impression, de laquelle faute
desjà nous avoit aussi adverii Mons' le Chantre Malpas .
Au reste, ayant esté prié d'imprimer le Cathéchisme
du S* Concile de Trente *, réduict à certaine méthode
de Questions, pour plus facilement entendre ledict Ca-
théchisme, par ung très docte personnage, conseiller du
i. Catechismus romanus ex décrète Concilii Tridentini, et Pii V
pontifias maximi jussu primum editus : studio et industria Andreae
Fabricii Leodii. Plantin, 1570, in-80.
- 155 —
Duc de Bavière, j'en ay faict visiter la copie à la main
par nostre maistre Thomas Gozasus, qui a approuvé les
citations des tesmoignages, mises en marge, et les
interrogations adjouxtées au texte dudict Cathéchisme,
toutes lesquelles choses adjouxtées, encore que je serois
délibéré de les imprimer d'autres charactères moindres
ou différens, pour facilement congnoîstre le vray texte
dudict Cathéchisme de Trente, si est ce que je n'ay
trouvé bon d'attenter telle impression, sans première-
ment en avoir l'advis dé par delà. Et pourtant ay je
faict copier la préface de l'aucteur et quelques pages
dudict œuvre, que j'envoye icy à V. S., afin que, par
occasion, il vous plaise la monstrer à son 111. et R"® S.
(pourveu que pensiés que cela ne luy despleust) afin
d'en avoir son jugement, s'il luy plaist, car je ne vou-
drois pour rien attenter de faire chose, principalement
sur ce qui est décrété au S* Concile, que je sceusse
desplaire à Sa Saincteté ou à ceux qui, après luy, tien-
nent les premiers rangs.
Au reste, Monsigneur, je supplie V. S. qu'il luy
plaise m'employer en ce que je pourray luy faire quel-
que service. Et, cependant, je prieray nostre Signeur
Dieu pour sa prospérité et santé.
D'Anvers, etc.
- is6-
240. — Plantin à Çayas.
A rillustre Senor Gabriel de Çayas,
Secr*= d'Estat de Sa Majesté.
Encores que la très agréable présence de monsieur le
docteur B. Arias Montanus, personnage de doctrine et
vertus inexplicables, me soit plus que toutes les lectres
et recommandations, voire et que je tienne le bien qui
m'en revient entre les principaux bénéfices, que libre-
ment je confesse avoir receus infinis de V. I. S., si est
ce que, par je ne sçay quel instinct de cueur et tressauts
de joye, chaicunne fois que j'ay Theur de voir et encores
plus de recevoir ceste tant noble et désirable signature
de Çayas, sous Tauctorité et vertu de laquelle, non seu-
lement ce m'est et sera tousjours plaisir de recevoir
quelque commandement, mais aussi j'espère que mes
enfants et leurs héritiers, mémoratifs de ce qu'ils enten-
dent et entendront de moy, s'efforceront tousjours de
plus en plus de n'estre aperceus ingrats d'une infinité de
biens receus par nous, ni paresseux de s'employer à luy
faire et à ses successeurs tout humble recongnoissance
et service, tant s'en faut que je voulusse faillir de faire
le devoir en si petite chose, comme est d'envoyer quel-
ques exemplaires du livre de défunct S' et Docteur Mena,
à la Dame dudict S' deffunct, à laquelle j'en envoyeray.
Dieu aidant, comme V. I. S. m'ordonne, quelque 30
exemplaires es navires.
Que si ce n'est tel nombre qu'elle désireroit, je prie
à V. I. S. et à icelle de croire que ce ne sera par faute
de bonne volonté, mais d'en avoir davantage. Car, comme
le bon Signeur défunct désiroit que j'expédiasse diligen-
— 157 —
tement Timpression de son œuvre, j*en imprime seule-
ment 300, tant pour avoir plus tost faict, que pour autant
que j'avois bon espoir que ledict S*" défunct, voyant son
livre imprimé, le pourroit recevoir et, se trouvant de
bonne -ente, seroit facile de le rimprimer. Depuis, pour
les difficultés des navigations, je n*ay le moyen d'en-
voyer des exemplaires, qui cependant se sont distribués
en divers lieux.
Au reste, combien que je peusse rescrire à V. S. di-
verses particularités touchant les difficultés qui se passent
et les grandes charges que je porte à l'impression des
grandes Bibles, que nous imprimons beaucoup plus
magnificques, et coustageuses au double que n'estoit le
premier desseing, si est ce que, me remectant du tout à
ce mien Patron ou plus tost vray Père autre vous-mes-
mes, qui de tout son pouvoir me supporte, soulage et
maintient,tant de faict que de conseil et bonnes exhorta-
tions, je n'en feray icy autre discours, mais seulement
je prie Dieu qu'au profict de sa saincte Catholique Esglise
Romaine, et à l'honneur de nostre vrayement Catholique
Roy, il nous donne la grâce de la pouvoir achever.
Et sur ce, je prie Nostre Signeur Jésus-Christ pour la
bonne santé et heureuse prospérité d'iceluy nostre Roy
et de Vostre Illustre Signeurie, par la sage prudence et
sollicitation de laquelle envers ung si bon Roy, les stu-
dieux de la pureté des langues et de la divine lecture
des sainctes Bibles pourront jouir d'un tant riche, noble
et précieux thésor.
D'Anvers, ce 7 aoust 1370.
- is8-
241. — Tlantin à Çayas,
Du 10 aoust 1570.
A l'illustre S' Gabriel Çayas Secr« d'Estat.
•
Le 9 du présent, j'ay respondu à V. I. S. qu'en l'ar-
mée qui, Dieu aidant, conduira nostre Séréniss. Roine,
j'envoyeray ce qui me reste du petit nombre d'exem-
plaires que j'avois imprimé du livre, que j'ay imprimé
de feu de bonne mémoire le S** Mena, et lesquelles
j'espère accompagner des livres que j'ay imprimés,
depuis que je n'ay eu la commodité de les envoyer par
delà.
Depuis ce singulier personnage et autre vous-mesmes,
mon souverain patron, voire bien père, le S*^ Docteur
B. Arias Montanus, m'a dict estre adverti par V. 111. 5**=
que la Majesté Catholique, nostre Roy, vouloit sçavoir
combien pourroit couster la Rame des Bréviaires impri-
més, sans que, toutesfois, il m'ait sceu dire de quelle
forme ou grandeur de papier il les vouloit Parquoy,
j'envoye ici trois feilles différentes de sorte, comme
pour monstre, et le prix de chaicunne sorte, tant du pa-
pier que de l'ouvrage distinctement. Suivant quoy,
V. m. S*® pourra conjecturer et juger de combien pour-
roit la besongne et papier enchérir, les voulant plus ou
moins chargés ou plus grand ou plus petit.
La feille donques, marcquée N** i — 2 fl, est papier
fin qui couste rendu en ceste ville deux fl. la rame.
L'autre feille, marquée N*» 2 — fl i pat. 12, est autre,
non si fin papier, qui couste rendu icy trente et deux
pat. la ramç.
— 159 —
L'impression de telles lectres en rouge et noir, comme
sont lesdictes feilles, tant du fin papier que de l'autre,
couste icy cinquante et cinq pats, la rame, en la rendant
parfaicte et entière. Et ainsi, la rame du fin papier im-
primée et complette cousteroit quatre florins et quinze
patars. Et l'autre cousteroit quatre florins Qt sept patars.
Quant à l'autre feille, marcquée N° 3, le papier est du
prix de celle, marquée cy-devant N** 2 ; mais, d'autant
que la lectre est ung peu plus grosse, la rame couste
quatre patars moins à imprimer.
Qiaant à la livraison du papier, à cause que, d'autant
que plus i'achapte de papier, d'autant peut accroistre
mon crédit envers les marchants qui le font et vendent,
je désirerois bien le pouvoir achapter et fournir moy-
mesmes, sans que j'y prétende autre profict.
Que s'il plaist aussi à Sa Majesté me faire délivrer
ledict papier, je seray aussi très content, pourveu que
celuy qui le me livreroit me le livrast bon, léal, bien
compté et bien collé, ainsi qu'il est beaucoup plus né-
cessaire qu'il le soit, pour tels ouvrages doubles de noir
et rouge, que pour les autres qui se font de noir
seulement.
— i6o —
242. — Plantin à Çayas.
A Tillustre Signeur Monsigneur Gabriel Çayas,
Secrétaire d*Estat de la Majesté Catholique.
Monsigneur.
Le S' capitaine Haro m'ayant, de sa grâce, adverti de
son partement à la conduicte de nostre Sérénissime
Royne, et offert de faire tenir à Vostre Illustre Signeu-
rie ce que je luy voudrois envoyer^ je luy ay délivré les
livres cy-après nommés :
Horae Beatae Virginis Marias, grandes à vignettes. *
Justi Lypsii Variae Lectiones*.
Commentaiii Cflesaris cura annotationibus Fui. Ursini.
Lactantius cum annotât. D. Michaelis Thomasii.
Gregorii Nazianzeni Apologeticum.
Viperanus, de Rege et regno et de bistoria scribenda.
Apologeticum R"** D. Lindani '.
Cyclognomica Comelii Gemmse *.
Corpus Canonicum, in-8**.
Breviarium Romanum, en deux parties *.
Exemples de diverses sortes de charractères '.
Le tout de mon impression.
1. Plaatin, 1570, in-S».
2. Plantin, 1569, in~8o.
3 . Apolog*4icum ad Germanos pro religionis cathoHca pace, Auctore
Revertndiss, D. Wilhd, Damasi Lindano Ruremond Episcopo. Plan-
tin, 1568, in-40.
4. Cornelii Gemma, de Arte Cyclognomica^ tomi III. Plantin, 1569,
in-40.
5. Plantin, 1S70.
6. Index seu spécimen characUrum Christophori 'Phnlini. Antverpiae,
1S67, in-4*».
— i6i —
Item Theatrum totius orbis Terrarum, encores qu^au
nom de l'autheur Abraham Ortelius, qui est bien mon
amy, j*en aye baillé ung à Monsigneur et souverain pa-
tron, B. Ârias Montanus, pour envoyer à V. S.» car j'es-
time que cestuy-ci servira pour contenter quelque bon
amy.
Qpant aux exemplaires du livre de Mena, je n'en ay
pas osé charger ledict Signeur capitaine, qui, en la faveur
de Vostre 111"* S*% me porte et faict grandes amitiés.
Mais j'espère en mectre quarante exemplaires, qui me
resteqt, en quelqu'un des coffres ou pacquets de mon
susdict Signeur et Patron B. Ârias Montanus, ou de qui
ledict Signeur me donnera le moyen de ceste flotte de
nostre Séréniss. Royne.
Au reste, je prie Dieu pour la prospérité et santé de
Vostre Dlustre Signeurie.
D'Anvers, ce dernier jour d'aoust 1570.
— l62 —
243. — Plantin à Fabritio Galhtti \
Al mag" S°' Fabritio Galleiti.
J'ay receu la vostre du 20 juin, par laquelle me don-
nés advis qu'acceptés les soixante escus, pour le reste de
la disme des Bréviaires, par moy imprimés jusques à la
Pentecoste, et que, par accord faict, la charge et pro-
fict de toute rimprimerie est transférée à vous et au S'
Paulus Manutio, qui aussi le confirme, en la fin de la
vostre. Parquoy, je n'en fay, ne feray aucune difficulté.
J'ay bon espoir qu'aurés maintenant receu lesdicts
soixante escus, suivant l'ordre que j'en donnais, par mes
dernières, audict S' Paulo Manutio. Depuis, j'ay encores
faict une impression de mille Bréviaires in 8° en ung
volume, et puis je l'ay recommencé in-i6°, auquel je
besongne maintenant. Or ay je bon espoir qu'après la
confirmation et publication du Synode provincial, les
esglises de par deçà et gens ecclésiastiques prendront
l'usage dudict Bréviaire, et qu'alors j'en pourray vendre
davantage, et, par conséquent, j'en imprimeray tel nom-
bre que besoing sera. Car j'asseure bien. V. S. que,
depuis que j'ay eu achevé la première impression dudict
Bréviaire, nostre maison n'en a esté desgamie de suffi-
sante quantité. Qpe si j'eusse veu milleure vente, j'en
eusse imprimé davantage. De sorte que, si besoing
estoit, j'en pourrois bien imprimer plus de 12 mille par
an; mais, voyant que je puis fournir à ce qu'on en peut
vendre par deçà, y employant une ou deux presses, il
i. Fabritio Galletti, imprimeur à Rome, héritier et successeur de
Barthélemi Faletti.
- r63 -
n'est jà besoing que j'y en employé davantage. Et de
tout ce qui adviendra serés tousjours fidèlement adverty
et honnestement satisfaict de nostre accord.
Qui sera l'endroict où je prie Dieu, etc.
244. — Plantin à Michel Thamasius.
(Il se conforme au désir de Thomasius concernant le Lactance.
Il en a envoyé cinquante exemplaires au cardinal de Granvelle, et
enverra à l'auteur celles de ses éditions qu'il croit pouvoir lui être
agréables.)
D. Doctori Mich. Thomasio
14 octobris 1370.
Non tantum ea, quae in Lactantio tuo aptari jubés,
diligenter et fideliter curabo, vir clarissime, sed quas
praeterea etiam jusseris omnia non praetermittam ullo
tempore.
Exemplaria vero quinquaginta cum aliquibus libris
hinc 27 junii ad lUustrissimum et R"'" D. Card. Gran-
vellanum Maecenatem nostrum optimum misi^ ex quibus,
si non satis multa accepturum te putes, significare ne
•graveris. Ego plura cum Decretis Gratiani *, quae ex mea
impressione petis, et, si quid praetcrea impressero, quod
tibi non ingratum fore confidam, libentissime mittam.
Vale. Antverpiaî, 22 octobris 1370.
I. Decretorum Canonkorum Ccikctanea Gratiani, Plantin, 1570,
3 vol. in-80.
— 164 —
245 • — Vlantin au Cardinal de Granvdle.
Le 22 octobre 1570.
Au très illustre et R*"* Gurd. de Granvelle.
Les lectres de V, 111"* et R*« Signeurie du 12 d'aoust
m'ayant esté premièrement délivrées hier^ je la supplie
ne m'imputer à négligence que je n'y aye respondu
plus tost» et tenir aussi pour certain qu'il n'a pas tenu
à moy que je n'aye incontinent imprimé et renvoyé le
livret de bonis Ecclesiasticorum. Car incontinent que je
l'eu receu, je Tenvoyay à Monsg' l'archidiacre de Malines,
le Prévost d'Aire, pour obtenir le consent de l'imprimer,
espérant que, par sa faveur, je l'obtiendrois plus facile-
ment et ainsi aurois le moyen de l'imprimer plus tost.
Mais il s'est ensuivi que, ledict Sig' ayant faict diligence
de le faire donner en conseil, nous n'avons jamab,
pour sollicitations que mondict S' le Prévost ni moy ni
mes amis ayent sceu faire, sceu revoir la copie, ce que
j'ay diflféré de rescrire à V. Dl. S**, espérant première-
ment qu'elle se recouvreroit, et puis après que mondict
S' Archidiacre l'en advertiroit et m'excuseroit, ainsi
qu'il m'avoit respondu de le faire, dont, à ce que je voy,
ses fréquentes affaires d'importance luy ont faict perdre
la mémoire.
Et pourunt, je supplie V. Dl* S*® ne penser qu'en
cecy il y ait eu de ma négligence ou faute de bonne
affection à luy faire ung si petit service, veu qu'au
moindre advertissement que je pourrois avoir de chose
que je sceusse luy estre aggréable, il ne se pourroit
rien présenter tant di£Eicile que je ne voulusse entre-
prendre et tascher de tout mon pouvoir à le mectre en
effect, ainsi que je m'y sens tenu et obligé, tant pour
ses rares vertus, que pour tant de biensfaicts que j'ay
receu et reçois journellement d'icelle, ausquels j'adjouxte,
à bon droict^ cestuy du Missal que j'ay receu, et le
brief aussi de Sa S** , avec Tadvertissement de Monsg'
l'auditeur de V. 111. S", lequel suis résolu de suivre de
point en point, et d'envoyer les exemplaires requis en
parchemin pour Mess" de S* Pierre,» et les autres, 4u
R"^ card. Caraffa, pour lequel aussi je me prépare d'im-
primer D. Bemardum de Consideratione ad Eugenium,
io-i6^, estant adverti, ces jours passés, par mondict S'
l'Archidiacre de Malines, qu'il désiroit veoir ledict
livret en telle forme.
246. — Plantin à "Philippe IL
Au Roy.
Remonstre en toute humilité Christofle Plantin, vostre
prototypographe, comment, à ses grands frais etdespens,
il a recouvert les livres ensuivants qu'il désireroit impri-
mer, et premièrement Stanislai Hosii Cardinalis Opéra
omnia ab ipso auctore correcta et aucta, soussigné et
approuvé par M. Henricus Dunghaeus, docteur en Théo-
logie, et commis par M. l'Évesque d'Anvers à la Visita-
tion et approbation des livres qui se doibvent imprimer ;
Catechismus Romanus luculentis quasstionibus distinc-
tus et novis annotationibus elucidatus, studio et industria
Andréas Fabricii, et l'Encyclie des secrets de l'éternité,
avec quelques autres vers françois, par Guy le Fèvre de
II
— i66 — ,
la Boderie •, tous deux soussignés et approuvés par M.
Thomas Gozaeus, docteur en la S. Théologie à Louvain ;
Item Paraphrasis in triginta Psalmos Davidis R. Wilhel-
mi Lindani Episcopi Ruremundensis * ; mais d'autant
que, sans vostre permission, il ne l'oseroit faire, et que,
davantage, il craihct, outre cela, qu'ayant mis lesdictes
œuvres en lumière, autres ne les imprimassent en vos
païs de par deçà,ou ailleurs imprimés les y apportassent,
er ainsi fust frustré de ses despens et labeurs, supplie très
humblement qu'il vous plaise luy octroyer qu'il puisse
imprimer lesdicts livres et défendre à tous autres, de quel-
que qualité ou condition qu'ils soyent, d'imprimer les
semblables, ni ailleurs imprimés les vendre ou distribuer
en tous vos païs de par deçà, devant dix ans accomplis^
sur peine de confiscation desdicts livres, autrement im-
primés ou vendus, et de telle amende qu'il vous plaira.
Ce faisant vous ferés bien, et ledict suppliant....
247. -r- Plantin et Michel de Hamont à Philippe IL
Au Roy.
Remonstrent en toute humilité Christofile Plantin,
prototypographe, et Michel de Hamont, imprimeurs
jurez, résidens es villes d'Anvers et de Bruxelles respec-
tivement, comme il soit venu à leur cognoissance que
V" Ma" faict présentement dresser quelques ordonnan-
ces sur le faict de la Réformation de la Justice crimi-
1. Plantin, 1571, in-40.
2. Plantin, 1572, m-40.
- i67-
nelle, es pays de V" Ma** par deçà, pour y estre pu-
blyées et entretenues, et, attendu que lesdicts supplians
ont communément, jusques ores, imprimé semblables
ordonnances et placcars décernez par V" M**, et tous-
jours s'y [sont] bien et diligamment employé, au con-
tentement d'ung chacun ;
Suplyent partant très humblement que, ce considéré,
mesmes afin que lesdictes ordonnances puissent tant
mieux estre divulguées et distribuées, et ung chaicun plus
accommodé d'icelles pour s'en pouvoir régler : Il plaise
à Vostredicte Ma" ottroyer et accorder ausdicts supplians
que eulx seulz conjointement puissent imprimer ou faire
imprimer les ordonnances susdictes, et icelles vendre en
et par tous lesdicts pays de par deçà, et ce pour ung
temps et terme de six ans, avec interdiction à tous
autres de faire semblable impression, imiter ou contre-
faire icelle^ ou vendre par deçà autre que celle desdicts
supplians ; à peine de cent florins pour chaicune foiz
que se feroit le contraire, et confiscation de l'impres-
sion, à appliquer l'ung tiers au prouffict de Vostredicte
Ma**, l'autre tiers au prouffict desdicts supplians et le
troiziesme tiers au prouffict de l'officier qui en feroit
l'exécution, et sur ce leur faire despescher lectres pa-
tentes peninentes '.
I . L'ordonnance sur le fait de la Justice criminelle fut publiée en
I S 70, en français et en flamand, par Plantin et par Michel de Hamont,
de Bruxelles. Plantin en fournit plusieurs centaines à son collègue.
En 1570, Jean Verwithagen imprima cette ordonnance pour Plantin.
L'année suivante, Henri Alsens lui en flt une nouvelle édition.
— i68 —
248. — Tlantin à Gilbert d'Ognies.
Le 22 octobre 1570.
A très noble et Révérendissime Signeur Monsigneur
rÉvesque de Tournay.
Ma longue absence de ceste ville d'Anvers est cause
que plus tost je n'ay respondu aux lectres de V. R*°®
S**. Ce que je feray maintenant en bref. Q.uant aux
Bréviaires envoyés de mon impression, estants agréables
à V. R™* S**, je m'en tiens doublement satisfaict.
J'advance l'impression du Psautier ' autant qu'il m'est
possible, y besongnant à deux presses, qui font une
feille pour jour, de sorte que j'en ay 30 feilles imprimées
et continueray ainsi, ou à davantage de presses, si j'en
pouvois trouver le moyen, jusques à la fin d'iceluy. Or,
j'en imprime 10 exemplaires en parchemin, desquels
Messieurs de Malines " ont retenu les 4 et payent le-
dict parchemin. Qpe, si V. R. S. ou Messieurs du
chapitre en vouloyent quelque exemplaire, il seroit be-
soing m'en advenir, devant que autres les retinssent et
payassent ledict parchemin. J'estime bien que chacun
exemplaire en parchemin coustera quelque cinquante
florins ■.
Qjiant à l'Antiphonaire *, n'ayant pas encores receu
autre chose que le commun, je ne l'ay encores com-
1. PsalUrium, 1571, in-folio.
2. Les Chanoines de la Cathédrale de Malines.
3 . Le chapitre de Tévèché de Tournai acheta de Plantin deux
Psautiers en parchemin, à 60 florins la pièce, sans parler d'un grand
nombre d'exemplaires sur papier, à 8 florins.
4. xAntifixmarium^ X573> 2 vol. in-folio.
— lé9 — '
lïîencé et ne trouve pas bon de le commencer, jusques
à ce que je voye davantage de la copie preste, que nous
attendons du Chapitre de Tesglise de V. R°* S.
J'ay receu de Rome le nouveau Missal corrigé en
beaucoup d'endroicts par les commis de Sa Saincteté,
qui, par ses lectres particulières, m'en commet Tim-
presâon, selon ladicte copie corrigée qu'il m'a faict
envoyer, ce que j'espère aussi de commencer bien tost
et lors d'en envoyer quelque feille à V. R"** S., à la
bonne grâce de laquelle suppliant estre recommandé, je
prie Dieu la maintenir en santé et bonne prospérité.
D'Anvers, etc.
249. — Plantin à "Philippe IL
(Plantin écrit à Philippe II qu'il peut imprimer, tous les quatre
mois, 2000 Bréviaires in-S^, 2000 Diurnaux in- 160 et 1000 Missels.
Deux mille florins devaient lui être payés d'avance ; le reste à la fin
des quatre mois. Si sa maison était plus grande, il pourrait fournir
le double en trois mois.)
Aviso V. M. que cantidad de dineros sera menester
que se le provean ante mano y que numéro de Brevia-
rios, Diurnales y Missales podran salir juntos d'una
stampa y en que tanto tiempo.
La quantidad de dineros a de ser ante mano segun el
numéro que se ha de imprimir.
Yo puedo imprimir cada quatro meses 2000 Breviarios
in-8° y 2000 Diurnales in-i6° con 1000 Missales, por
los quales séria menester que se proveesse ante mano^
para comprar y mandar el papel, dos mil florenes y algo
para los otros gastos de la impression ; y al cabo de los
dichos quatro meses lo demas se devria pagar.
— lyo —
Que si la mia posada fuesse mas grande, para poner
mas prelos y poder sugar [sic] los pliegos quando son im-
presses, yo entonces podria dar cada très meses 4000
Breviarios, 4000 Diumales y dos mil Missales, y entonces
séria menester otro tanto de dineros, para que en
tiempo se mandasse hazer el papel ; y es de notar que
para hazer buena obra séria menester tener al^unos
meses el papel antes que imprimir lo, porque el papel
nuevamente hecho no se dexa tambien imprimir o no
salle la obra tam buena.
250. — Vlantin à Çayas.
A l'illustre Signeur, le Sig' Gabriel de Çayas,
Secrétaire d'Estat du Roy.
Illustre Signeur,
D'autant plus que je voy mes entreprinses et labeurs
favorisés et soustenus, premièrement par Vostre Illustre
Signeurie et conséquemment par cestuy autre soy-
mesmes Monsieur le docteur B. Arias Montanus, ma
• personne par tous deux, sans que mçsme je le désire,
poussée aux faveurs et honneurs d'estre nommé servi-
teur de la Majesté de nostre Roy catholique, d'autant
plus je deviens honteux et comme esmerveillé, me sen-
tant du tout indigne de tels bénéfices.
Et pourtant serois je bien ingrat, si je ne recongnois-
sois toute ma vie et ne commandois aux miens de re-
congnoistre que tous les biens et honneurs qui me
viennent ou viendront jamais de la part de Sa Majesté
et de tous les siens proviennent de la faveur et advan-
— lyi —
cernent de V. Ill* Sig*, par laquelle je suis venu en la
recommandation et congnoissance de cest autre soy-
mesmes qui, par l'auctorité de ses grâces, contrainct
un chaicun de me favoriser.
Je suis joyeux d'entendre que les livres envoyés par
le S' Capitaine Haro soyent parvenus bien traictés entre
les mains de V. S. Et encores plus qu'en cela mon
service luy ait esté aggréable, car à ceste fin ay^je en-
voyé lesdicts livres et non pour en recevoir autre paye-
ment de V. 111* S**, au commandement de laquelle tou-
tesfois n'osant contrevenir, je luy envoyé le compte de
tout ce que je luy ay envoyé ceste année avec le prix
constant. ,
Ma femme remercie très humblement V. 111* S'* de
la faveur qu'il luy plaist nous faire et mesmes dfe l'avoir
en si bonne souvenance que de luy envoyer ses recom-
mandations, dont se resjouissant grandement, et ne pou-
vant récompenser telle faveur, elle prie et fera prier les
siens Dieu, toute leur vie pour, la santé et prospérité
d'icelle V. Dl* S'*; ce que, à son exemple, font et feront
aussi toutes mes filles et gendres, les noms et exercices
desquels j'envoye icy par escrit à V. 111* S., ainsi qu'il
luy a pieu me l'ordonner. A laquelle, par le premier,
j'envoyeray 6o exemplaires du livre de défunct Docteur
Mena. Car j'ay remandé tous les exemplaires qui res-
toyent en nostre boutique à Paris, lesquels j'adjouxteray
à trente que j'avois par avant, qui, pour attendre les
autres, ont été réservés icy jusques à maintenant que je
les feray m«ctre en dedans les cofres que, par l'ordon-
nance dudict S^ B. Arias Montanus, j'avois faict faire
pour V. 111* S* ou bien ainsi que mieux viendra à pro-
pos.
— 172 —
(Le 4 novembre 1570.)
A cette lettre était joint le mémoire que nous faisons suivre ici
et dans lequel Plantin énumère « les noms et exercices de ses filles
et gendres ». Dans les minutes'îies lettres, cette pièce porte en tête
le mot « Copie » et la date du 4 novembre. A la fin elle est datée
du 6 décembre 1S70. Entre la lettre précédente et celle-ci, les minutes
donnent celle que, le 21 novembre, Plantin adressa au Cardinal Sta-
nislas Hosius. Nous croyons que la lettre mentionnant Tenvoi du
mémoire fut écrite le 4 novembre et que le mémoire fut expédié
le même' jour, mais qu'il ne fut copié dans les minutes que le 6 dé-
cembre.
251. — Plantin à Çayas.
4 novembre 1570.
Monsg' Çayas,
Pour satisfaire, comme j'y suis tenu, à l'ordonnance
de Vostre Illustre Signeurie, par laquelle il luy a pieu
rescrire que je luy envoyasse par escrit le nombre de
mes fils et filles et l'aage et l'exercice de chaicun, il luy
plaira doncques premièrement entendre que Dieu ne
m'a point laissé de fils vivant en ce monde, mais seule-
ment cinc filles. Lesquelles j'ay, autant qu'il a pieu à
Dieu m'en faire la grâce et donner de capacité, tant à
elles qu'à moy, préalablement instituées à craindre, ho-
norer et aimer Dieu, nostre Roy, tous nos Magistrats
et supérieurs et pareillement à soulager leur mère et
luy servir de chambrière es affaires domestiques selon
leur pouvoir et aage. Et d'autant que la première en-
fance est trop fragile et débille de corps pour faire
choses manuelles au mesnage ou train de marchandise,
je leur ay faict alors tellement apprendre à escrire et à
bien lire que, depuis l'aage de quatre à cinq ans jusque
à l'aage de douze ans, chaicunne des quatre premières.
— 173. —
selon leur aage et reng, nous ont aidé à lire les espreu-
ves de rimprimerie en quelque escriture et langue qui
se soit offerte pour imprimer. Et, aux heures vacantes
et selon le loisir qu'elles ont eu, j'ay prins peine aussi
de leur faire apprendre à besongner de Tesguille sur
toille, tant pour chemises, collets ou mouchoirs que
pour autres telles choses de lingerie, en observant tous-
jours, peu à peu, à quoy chaicunne s'inclineroit le. plus
ou seroit la mieux idoine d'exercer au temps advenir,
comme particulièrement je dédareray ici l'aage et exer-
cice de chaicunne d'icelles.
La pfemièrc nommée Marguerite, maintenant aagée
de 23 ans, s'estant, outre l'habilité de bien lire, trouvée
dextre à escrire, se fust enfin monstrée l'une des milleurs
plumes de tous les païs de par deçà pour son sexe, s'il
ne luy fust survenu ung accident entièrement contraire
à cela, qui a esté une débilité de veue telle qu'impossible
luy eust esté de voir escrire deux ou trois lignes conti-
nuelles. Parquoy, dès l'aage de douze ans qu'elle m'es-
crivit de Pariç (où pour lors je l'avois menée chez ung
mien parent pour la faire mieux apprendre les bons
traicts de plume d'un certain brave escrivain qui pour
lors monstroit à escrire au Roy qui la luy recommanda)
ceste lectre que j'envoye pour monstre à V. I. S., je fus
contrainct de la retirer et depuis n'a esté propre à
chose ou fust requis bonne veue.
Ceste-cy parvenue à l'aage de dix-huict ans me fut
demandée en mariage par ung de mes correcteurs de
l'imprimerie auquel, pour ses seules veitus et sçavpir je
la donnay, prévoyant qu'il seroit ung jour utile à la Ré-
publique Chrestienne, comme je dirois qu'il le monstre
en effect, ne fust que mon tesmoignage pourroit estre
— 174 —
suspect et que ce grand et admirable personnage en
toutes rares vertus, sçavoir très exquis et piété souve-
raine, B. Arias Montanus, pour l'avoir expérimenté en
la correction des espreuves de la Bible Royale en peut
mieux et plus seurement juger que moy. Ledict correc-
teur, mari de ma susnommée fille Marguerite, a nom
François Raphlinghen, à qui madicte fille a enfanté
deux beaux fils, desquels j'ay nommé le premier-nay
Christofle, maintenant aagé d'environ 4 ans : l'autre est
nommé Françoys, aagé d'environ deux ans : et est la
mère enceinte pour enfanter. Dieu aidant, environ la
fin de Quaresme prochain.
La seconde de mesdictes filles nommée Martine
aagée maintenant de 20 ans s'estant outre les premiers
exercices susdicts [montrée], dès sa jeunesse, propre à
faire le train de lingerie,, je l'ay entretenue audict train,
depuis l'aage de treze ans jusques au mois de may der-
nier, qu'elle me fut demandée en mariage par ung jeune
homme assés expert et bien entendant les langues
Grecque, Latine, Espagnole, Italienne, Françoise, Alle-
mande et Flamahde qui, dès le temps que V. 111* S**
estoit par deçà avec Sa Majesté jusques à maintenant,
m'a tousjours servi, en temps de faveurs et en temps
contraire, sans m'abandonner pour fortune qui m'advînt
ni pour promesses ou attraict qu'autres luy ayent sceu
faire, mesme en luy présentant trop plus riches maria-
ges et gages qu'il n'estoit en mon pouvoir de luy don-
ner. Parquoy je la luy donnay, au grand contentement
de tQps lîies bons Signeurs, parents et amis qui ont
cogneu ledict jeune homme en maniant les affaires de
nostre boutique '.
I. Jean Moretus qui épousa Martine Plantin, le 4 juin 1570.
— I7S —
Et ainsi ay je (grâces à mon Dieu qui me donne ceste
faveur) deux autres moy-mesmes aux deux principaux
points de mon estât : le premier pour l'imprimerie à la
correction , et le second en la jj^outique pour nos
comptes et marchandises. A quoy, pour le présent, il
me seroit impossible de pouvoir entendre, veu les char-
ges et occupations qui me sont données journellement.
La troisiesme nommée Catherine *, aagée maintenant
de dix-sept ans, s'estant, outre les susdictes occupations
premières de Tenfance, trouvée idoine à manier affaires
et comptes de marchandises, je Tay; depuis Taage de
13 ans jusques à ores, instruicte et occupée aux com-
missions qui me sont ordinairement données de mes
parents et amis demeurant en France pour leurs mar-
chandises et principalement pour ung mien amy demeu-
rant à Paris qui est nommé Pierre Cassen, lingier de
Messieurs frères du Roy et leur pourvoyeur de mar-
chandises. Lequel marchant s'est telleiûent trouvé du
service que, par mon ordonnance, elle luy a faict par
deçà à la sollicitation et achapt des ouvrages de lingerie
et toilles fines que, maintenant, il luy laisse la charge et
se confie en elle de sesdictes affaires de par deçà, qui se
montent chaicun an plus de douze mille ducats.
La quatriesme nommée Magdelaine ', aagée mainte-
nant de treze ans, tient encores la règle qu'ont tenu les
autres jusques à pareil aage : asçavoir d'aider à sa mère
aux affaires du mesnage : et principalement a pécu-
1. Catherine Plantin épousa Jean Gassen, à Paris, en 1571. De-
venue veuve, elle épousa, à Anvers, en 15 75, Hans Arents, alias
Spierinck.
2. Madeleine Plantin épousa Égide Beys, à Paris^ le 7 octobre
1572 ; elle convola en secondes noces avec Adrien Périer^ en 1595.
— 176 —
lière charge de porter toutes les espreuves des grandes
Bibles Royales au logis de Monsg*^ le Docteur B. Arias
Montanus et de lire, des originaux Hébraïcques, Chal-
déens, Syriacques, Grecs et Latins, le contenu desdictes
espreuves, tandis que mondict S' le docteur observe dili-
gemment si nos feilles sont telles qu'il convient pour
les imprimer. Et lesdictes Bibles Royales estant, avec la
grâce de Dieu, achevées, je suis d'intention (d'autant
que l'aage ne me semblera plus estre seur de la laisser
fréquenter avec les correcteurs) de l'employer à m'aider
et soulager à prendre esgard à la besongne qui s'impri-
me céans, et à payer les compagnons au samedi de leurs
gages de la semaine et à observer que chaicun face son
devoir parmy la maison. Le tout selon que le temps et
la capacité de son esprit le pourra porter et compren-
dre pour sçavoir ung jour, s'il le plaira ainsi à Dieu,
aider à gouverner l'imprimerie.
La cinquiesftie et plus jeune nommée Henrie ' , aagèe
de huict à neuf ans est encores (pour la tardivité de son
esprit lent, mais autrement doux et modeste) entretenue
à lire, escrire et coudre à l'esguille en lingerie et à
servir sa mère es petites affaires du mesnage, à quoy je
la prévoy plus propre qu'à quelques autres choses.
Nonobstant quoy, je délibère d'essayer si elle pourra
aussi estre propre à lire les espreuves de Timprimerie,
comme auront faict toutes ses sœurs' devant elle : et
cependant j'adviseray de me résoudre de la faire exercer
à Testât que je la croiray plus idoine.
Voylà, Monsg*" très honoré, le nombre de mes enfans,
I . Henriette Plantin épousa Pierre Moerentorf, frère de Jean Mo-
retus, à Anvers, le premier juin 1S78. *
— 177 —
leur aage et exercice. Je prie Dieu qu'il luy plaise me
faire la grâce et auxdicts mes enfants et gendres et aux
enfans qui en procéderont qu'ils puissent, sous la crainte
et amour de Dieu, faire quelque petit service à la ma-
jesté de nôstre Roy vrayement catholique et à tous ses
magistrats et signamment à V. 111* S**, ainsi qu'ils y sont
tenus et de prier Dieu à jamais pour icelle, tant pour les
bienfaicts et faveurs que j'en ay receus, et eux consé-
quemment, que par les mérites d'icelle V. 111. S** envers
la république chrestienne, au profict de laquelle ce grand
thrésor des Bibles Royales et autres maints œuvres de
piété ont esté par son incitation, conseil et sollicitude
entreprins et achevés et se feront journellement, comme
je l'espère de plus en plus. Car, quant à moy, je ne tiens
nul bien, travail ne industrie mieux employés que ceux
qui le sont au proffict, advancement et entretien de nostre
saincte foy apostolique Rommaine. Et aussi me tiens je
heureux d'avoir eu le moyen, par la seule faveur de V.
111. S**, d'estre employé à chose qui puisse servir à icela,
ne faisant compte de travail ni despenses que je puisse
endurer, faire ne supporter, pourveu que cela puisse
donner quelque aide à ceux qui aiment la piété et quel-
que contentement à Sa M** et à ses bons conseilliers et
serviteurs, desquels je désire pouvoir mériter d'estre le
plus infime.
Qui sera l'endroict, Monsg' très honoré, où je prieV.
m. S** me pardonner, si j'ay esté icy trop prolixe et me
tenir tousjours pour l'un de ses petits (mais très affec-
tionné) serviteurs qui prie Dieu et le fera prier par les
siens, à jamais, pour la bonne santé et prospérité d'icelle.
D'Anvers, ce 6 décembre 1570.
- 178-
252. — Gilles Veys à Jean Maretus.
A° 1570, le 16* novembre.
Frère et amy Jehan, Toutes humbles recommendations
prémises, je vous envoyé su}rvant vostre advis les fac-
tures des balles n? 22, 23, 24, 25 et 26, combien que
je les vous aye envoyées une fois par Hans le messagier,
dès le 13*^ septembre. Le Sire Jehan Gassan m*a prié
vous mander qu'il vous plaise luy faire ce bien de luy
achepter douze aulnes de frize, aultrement Engelsche vrise^
de la meilleure, la plus forte, et de la plus belle cou-
leur, sçavoir de couleur tanné ou aultrement brun,
comme a esté la vostre qu'aviez achepté pour vous,
passé cinq ou six ans, c'eçt pour luy faire une robbe de
nuict, et les luy envoyer par le primier tonneau ou
coffre que vous envoyerez, en luy mandant le pris qu'il
vous rendra. N'estant la présente pour aultre, prieray
l'éternel vous donner avec Mad°* vostre compfigne, en
santé, bonne et heureuse vie, me recommandant, etc.,
sans oblier les filles de la maison et toute la famille.
De Paris, comme dessus.
Vostre meilleur et comme frère amy
Gilles Beys.
3 fb douze s.
Adresse : Au S' Jehan MoretorflF, à
Anvers.
— 179 ~
253. — Plantin à Stanislas Hosius.
(Plantin aurait été heureux d'imprimer les œuvres du Cardinal
Hosius et s'apprêtait à mettre la main à l'œuvre, quand des circon-
stances imprévues vinrent l'en empêcher. Les héritiers de Steelsius
en avaient commencé la réimpression et Jean Srinowsky, homme de
confiance du Cardinal, avait engagé Plantin à remettre le travail,
lui assurant qu'il répondrait ainsi aux intentions de l'auteur.)
Le 21 novembre 1370.
lUustrissimo et Reverendissimo Cardinal! Domino
Stanislao Hosio, etc.
Plurimae cène et paene insuperabiles difficultates me
hactenus impediverant, 111"* et R™* Cardinalis, quomi-
nus ego, ut jam diu summis votis exoptaveram, aliquod
indicium meae erga Tuam Celsitudinem observantiae, in
doctïssimis et piissimis operibus tuis, qua potuissem di-
ligentia, fide et elegantia, excudendis, declarare potuis-
sem, cum ecce tandem, superatis illis omnibus et jam
serio manum operi admoventi, iisdemque typis et pa-
pyro (sed folio integro), quibus olim Alani Copi nostri,
hominis et doctissimi ita et candidissimi, deque repu-
blica christiana bene meriti , opus dialogorum edide-
ram, incœpta editione nostra, aliud insperatum accidit
quod me currentem impedit et remoratur, nempe im-
pressio rursus incœpta a vicinis meis haeredibus de-
functi Johannis Steelsii ; cujus spécimen visum non me
ab instituto deterruisset, nisi nobilis viri D. Johannis
Srinowsky, servitoris lUustrissimae Reverentiae Tuae,
auctoritas intervenisset et me jam ad incœptum iter ani-
mum resumentem paenitus stitisset. Rogavit namque
ut impressionem a dictis haeredibus suo et Matemi *
X. Materne Cholin, imprimeur à Cologne.
— i8o —
nomine a quo correctiones 111. et R. D. T., ut dicunt,
easdem quas et ego, acceperant, incœptam absolvi et,
aliquid praeterea temporis postea, illis ad distractionem
exemplarium faciendam permitterem.* Quod, praesente
clarissimo et doctissimo viro D. Henrico Dunghaeo S.
Theologiae doctore 111"** D. T. observantissimo dictoque
Srinowski, feci libentius, quod hic affirmaret me tibi
rem facturum non ingratam et quae in proximam edi-
tionem, quam, bac absoluta, post sex menses suscipere
potero, non sit mihi nocitura.
Habet hic 111"* et R°* D. T. caussam quart nunc ab
optatissimis operibus tuis imprimendis desistam et me
servitorem in omnibus quae potero semper paratissimum
et addictissimum, quem ut non contemnas obsecro. Domi-
nus Deus 111"*" et R*" D. T. in reipublicae Christia-
nae gratiam et utilitatem diu nobis incolumem conservare
dignetur.
Antverpiae, 21 novembris 1570.
254. — Plantin à Laurent à Villaviuntio *.
(Protestations de dévouement de Plantin. Le père Santysius lui
avait remis à imprimer un livre de Laurent à Villa vicentio. Il s'était
mis en devoir de le faire et Tavait soumis au censeur ecclésias-
tique. Peu après, il apprit que Santysius avait redemandé le livre
I . Laurent à Villavicentio, prédicateur du roi d'Espagne, né à
Xérès. Il entra dans Tordre des Augustins et séjourna dans les Pays-
Bas où il enseigna la théologie à l'Université de Louvain, avant
d'être attaché à la chapelle du roi. Plantin imprima de lui : De
Œconomia sacra circa pauperum curant, 1564, in-8o; Conciotus in
Evangelia et epistolas e tabulis Dom, Laureniii a VHÎavicentio elàborata
nunc vero aucta et locupktata per F, Dominicum JEgidium Topiarium^
1568, 1573, IS74.
— i8i -
au censeur et Tavait donné à imprimer aux héritiers de Steelsius,
ce qui privait Plantin du plaisir de rendre service à l'auteur. Pour
confirmer son dire, il ajoute à sa lettre la première feuille de l'édi-
tion de Steelsius.)
Reverendo admodum Patri ac doctissimo viro Domino
Laurentio a Villavicentio S. Theologiae Doctori,
Catholicae Regiae Majestatis concionatori piissimo etc.
Quod me nuUis certe meritis nostris sed amicorum,
qui me aliquid esse vellent, commendationibus regia
benignitate et favore prosecutum esse gaudeas, Pater
multum révérende, gratias habeo, maximas relaturus,
si vires et occasio adessent. Faxit autem Deus optimus
maximus ut onus hoc mihi (animo precibus et oratio-
nibus a me deprecatum) impositum diu ad reipublicae
christianae utilitatem ferre possim. Vires etenim nuUas,
industriam nullam, nullum denique animum in me
agnosco, quibus possim, ut deceret, tantam rem sartam
tectani agere et conservare, nisi Deus ipse actus nostros
juxta voluntatem suam dirigat. Animum mihi hactenus
certe dédit et voluntatem ad quasvis, nuUa ratione habita
proprii lucri vel commodi, suscipienda, quae in reipu-
blicae Christianae utilitatem et Régis nostri honorem et
ministrorum ejus fidelitatem prsedicandam et dilatandam
esse cognoveram vel existimaveram. Idque, quantum
potui, in parvis praestare antehac conatus sum.
Nunc vcro et posthac, si quid in majoribus, ut spero,
praestitero, id totum Maecenati meo Domino Gabriel!
Çayae, Régis nostri catholici Ministro fidissimo et viro
sapientissimo, primum debebitur, postea vero maximo
huic doctori domino B. Arias Montano, viro tum propter
eruditionem singularem rerum pêne omnium cognitio-
çem et ingenii dexteritatem, tum animi candorem, pie-
12
— l82 —
tatem insignem et erga omnes charitatem divinaiû
admirabili^ quetn ille mihi tamque seipsum merito com-
meodavit aut me potius huic tamque suum insinuavit.
His itaque duobus, cum me ipsum debeam atque R.
P. T. ambobus videam esse carissimam (quam enim
I
bene de ipsa sentiat et loquatur hic D*^" meus Arias
Montanus testis esse possem) eamque semper coluerim
et, quacumque in re licuisset, ei gratificare voluissem,
nihil certe (nisi nostris humeris impar) unquam recusare
voluissem. Cumque primum a R^** admodum pâtre et
nunquam satis laudato Domino Santtysio * mihi daretur
liber tuus ', mirum gaudebam in modum mihi tandem
esse occasionem in re nomine odiosa at omnibus S.
Theologiae studiosis utili Maecenati illi meo D. Çaya^ et
tibi gratificandi. Dato itaque libro Domino licentiato
Pardo', Canonico hujus Ecclesiae cathedralis, viro docto,
pio, et candido, characteres novos et bonam papyrum
adornare et parare cœpi. Cum autem intellexi Dominum
Santysium a dicto Domino Pardo librum repetisse, dolui
quidem, non certe lucri alicujus aut proprii commodi
(quorum causa tantum numquam ego aliquid suscepi
suscipiamve imprimendum) gratia, sed quod abrepta
mihi esset causa bene de vobis merendi.
Qiiod vero nunc a me petit R. P. V., ut repetam
exemplar, jam tardius est quam ut fieri posset, cum
1 . Christophe Santotisius (Santo-Tis ou a Sancto Tyrso), vicaire-
général de Tordre des Augustins et prédicateur célèbre, né à Burgos,
mourut vers 1612.
2. Probablement le : 7)6 formando Studio thedlogicOy imprimé par
Stedsius.
3 . Sylvestre Pardo, chanoine de la Cathédrale d* Anvers, censeur
de livres, mort le 4 avril 1605, à Tâge de 72 ans.
^ 183 ^
hodie de eo mihi percontanti traditum sit in manibus
exemplar jam ex impressione nova haeredum Steelsii
absolutum, cujus ut certior fias primum folium unum
hic adjunge^ ad majorem tibi fidem faciendam non
dubitavi. Ceterum, si qua in re alias R. P. T. aliquod
ofEcium praestare [potuero], habebit me votis suis per-
pétue quantum oportunitas et vires nostrae, ferent addic-
dssimum.
Vale.
Antverpiae^ 7 decembris 1570.
255, — p Tlantin à Serranus *.
(Plantin se dit heureux de pouvoir éditer le Commentaire sur
Ezéchid de Serranus ; il fera tout son possible pour se rendre digne
de rhonneur d'avoir été choisi pour exécuter ce travail. Le manuscrit
a été mis entre les mains des censeurb. Dès que le livre aura été
approuvé 4>ar eux, il sera mis sous presse et Tauteur recevra, à la
première occasion, une épreuve du commencement.)
Reverendo et Doctissimo Vire
D°** P. Serrano S. Theologiae Doctori.
Quod placuerit nostra qualicumque opéra doctissimum
opus tuum in Ezechielem publici juris facere gaudeo
equidem et R. D. T. gratias habeo maximas, quas, etsi
inter ipsum opus tuum agere me posse diffidam, conabor
I. Pierre Serrano^ né à Bujalance, près de Cordoue, était abbé
de Téglise collégiale et professeur de philosophie à Alcala; en 1577^
il devint abbé de Coria et mourut peu après. En 1572, Plantin pu-
blia de lui : In Levitici îibrum Commentaria et Commentaria in E^e-
chidem prophetamy in-folio. L'auteur paya 200 florins à Timprimeur
pour couvrir les frais et reçut en retour 186 exemplaires de ses ou-
vrages.
— 184 —
tatnen efScere, ne ingratus videar vel omnino indignus
qui a patrono illo meo D. B. Aria Montano, viro ob
ejus dotes admirabili, commendatus fuerim. Ipsum
itaque opus commissariis, hic ab Episcopd nostro auc-
toritate Regia deputatis, jam dedi ad approbandum, ut
nobis faciendum est, antequam a consilio Regio hic
confirmationem, ut dccet, impetrare possimus. Ea vero
impetrata ilico manum, Deo favente, operi admovebo,
neque ab eo tollam,donec perfecero; cujus etiam princi-
pii spécimen ad D. V, prima oportunitate mittara.
256. — Tlantin à xAlon^ de Vera Cru^ *.
(Plantin remercie Alonzo de Vera Cruz pour les éloges que celui-
ci lui a adressés ; il doit tout à ses protecteurs et se met entièrement
au service de son correspondant et des autres amis de son patron
Arias Montanus. Il compte réimprimer bientôt une édition in-40 de
la Somme de S^ Thomas d'Aquin. Q.uant à la proposition faite par
Alonzo de Vera Cruz d'envoyer les impressions plantiniennes aux
Indes pour les y faire vendre, l'imprimeur préférerait que quelqu'un
lui achetât ces livres i un prix rémunérateur et les vendit, à ses
risques et périls, dans les contrées éloignées.)
Rdo et doctiss. viro Domino Alonzo a Vera Cruce.
Etsi nihil mihi gratins accidere posset, clarissime Do-
mine, quam quod conatus et labores nostri a tui et Pa-
troni nostri B. Arias Montani similibus, hoc est viris
doctis et piis probentur, non is sum tamen qui aliud
quid in illis meum esse praesumem, praeter quemdam
laborem pertinacem ex animi voluntate et desiderio
I. Alonzo de Vera Cruz, de son nom de famille, Alphonse Gu-
tierrez^ augustin espagnol, à Madrid. Il écrivit Memoriale pro defen^
Hone reîigionum mendicantium et Spéculum conjugiorum.
- i85 -
susceptum ad ea publici juris facienda, quae nobis aliquid
suggerentibus viri docti, graves et pii in reipublicae
christianae utilitaiem esse judicant ; cetera omnia majori
laude digna vcstrorum esse libenter agnosco, qui nostros
illos labores favore vestro prosequi et ornare dignamini.
Nihil itaque me omnino profiieor esst prasterquam quod
Mascenates et Domini mei me esse volunt, eorum au-
tem voluntati quin pcrpctuo, quantum in me erit, satis-
facere coner facere non possum. Proinde, cum Domi-
natio Tua fuerit ex amicis patroni mei B. Ariae Montani,
non est quod quid a me petas, sed imperes quicquid
placuerit, absente namque illo ut et prassente nihil erit
quod non libenter ejus et tua gratia suscipiam et prae-
stare satagam.
Quantum ad commentaria in Summam S. Thomas
in-4* forma imprimenda attinet, jam paene mihi desunt
exemplaria in-4®, santque plurimi qui a me efflagitant
ut dictam Summam una cum commentariis etiam cor-
rectis velim imprimere, qliod, si Deus vitam et facul-
tates suppeditaverit, me agressurum spero fortasse an-
tcquam adhuc annus elabatur.
Quod autem D. T. libros a nobis impressos ofFerat
per suos in Indias mittendos, gratias habeo maximas.
Libentissime quidem libros nostros bono pretio dabo ei
qui eos illuc vel aUo cuperet suo commodo vel incom-
modo mittere ; meae facultates vero non tantas sunt
(ingénue fateor) ut possim tempus missionis et venditio-
nis expectare. Ad libros novos quod attinet, prima opor-
tunitate quicquid ex judicio Patroni mei D. B. Ariae
Montani novi hic erit prima occasione mittam.
Vale, vir clarissime et doctissime.
— i86 —
257. — Tlantin à Vaillant de Guellis ^
A Monsig' Mons' G. Vaillant de Guelis,
Conseiller du Roy, à Paris.
1570, II décembre.
n n'a pas tenu à la bonne volonté ni diligence de
cercher les moyens d'accomplir ma promesse, Monsi-
gneur très honoré, que je ne vous y ay de long temps
satisfaict et au désir de vos amis.
A quoy me voyant toujours et sentant et confessant
obligé, et toutesfois empesché d'autre part de ne pou-
voir si bien et libéralement m'acquiter que je l'avois
délibéré et en ay cerché et attendu le moyen, je suis
entièrement résolu de faire ce que je puis pour monstrer
par efFect le bon désir que j'ay de n'estre pas tenu pour
desloyal debteur. Dont j'espère vous faire voir l'expé-
rience, environ ce Noël prochain.
Et me recommandant très humblement à vostre bonne
grâce, je prie Dieu, Monsigneur très honoré, qu'il vous
maintienne et augmente les siennes en bonne santé et
heureuse prospérité.
D'Anvers, etc.
I. Germain Vaillant de Guellis, né à Orléans, d'abord conseiller
au Parlement de Paris, ensuite évêque d'Orléans, mourut le 25 sep-
tembre 1S87, à Tâge de 70 ans. Plantiii imprima de lui : P. Virgilius
Maro et in eum Commentationes et Paralipomena Germant Vahntis
GuelHi, 1575, in-folio.
— i87 —
258. — Plantin au Conseil privé du roi dans les Pays-Bas.
Copie de requeste pour demander taxe.
A Messigneurs le Président et Conseillers du Roy
nostre sire en son conseil Privé.
Supplie humblement Christofle Plantin, Imprimeur
du Roy, que, suivant la dernière Ordonnance de Sa Ma-
jesté sur le faict de Timprimerie \ Il vous plaise (con-
sidérant ses frais et labeurs employés,tant à faire escrire
et coUationner l'exemplaire du Synode tenu à Malines
avec Nossg" les R"" Évesques, comme pour en obtenir
les Privilèges et le bien imprimer, etc.) luy taxer chai-
cun exemplaire dudict Synode *, imprimé par ledict
suppliant, à deux patarts.
Et vous ferés bien et ledict suppliant priera Dieu
pour vostre santé et prospérité.
I. Ordonnance du 19 mai 1570, article 19 : Après que Timpres-
sion sera achevée, l'imprimeur, avant en pouvoir riens vendre ou
distribuer, apportera ausdictz commissaires, ung des livres imprimez
avec la minute originale, pour estre collationné avec icelle, laquelle
leur demeurera, selon qu'il est plus amplement porté par ladicte or-
donnance ou placcart publyé sur le faict de la religion. Et pardessus
ce, lesdictz commissaires signeront ledict livre imprimé, ainsi par
eulx collationné, certifiians l'avoir collationné et trouvé concorder
avec ladicte mynute originale, lequel livre sera après envoyé devers
nous, ou nostredict lieutenant et gouverneur général de pardeçà,
avant aussi le povoir vendre ou distribuer, pour estre taùxé et mis
i certain pris raisonnable, par nos amez et féaulx les chef Président
et gens de nostre conseil privé, eu sur ce Tadvis du prototypographe
ou d'aulire personne que bon leur semblera, et sera iceluy pris spé-
ciale au premier ou dernier feullet de chascun livre.
2. Décréta et SlalutaSynodi pravinciaîis MechliniensiSy 11 junii i^yo
inchoata et 14 julii concîusa. Plantin, 1570, in-80.
— i88
259. — Plantin à de Goneville.
Le 16 décembre 1370.
A Monsigneur Mons^ de Goneveille, à Rome.
Incontinent j'ay receu les lectres de Vostre Signeurie
du 7 du passé, j'ay commencé à donner ordre pour be-
songner en toute diligence au Missal, espérant le conti-
nuer, incontinent que les gelées se passeront, de telle
sorte que, par la diligence de diverses presses, je ratain-
dray le temps escoulé, en attendant la résolution de la
sorte de lectre.
Qiiant au cathéchisme * dont j'avois rescrit, c'est une
copie escritte à la main qui m'a esté envoyée pour Tim-
primer, parquoy je ne la pourrois envoyer que, premiè-
rement, elle ne fust rescritte ce qui seroit de coust et
long à faire.
Quant au Theatrum orbis * je vous ai envoie ung,
passé sont et encores ung, par ung envoyé, de milleur
papier que le premier, en ung bàslot que j'ay faict pour
l'occasion d'envoyer toutes les centuries ' à monsigneur
et maistre mons*" rillustrissimme et Révérendissime
Cardinal, que monsigneur le Provost m'avoit dict que
j'envoyasse à Sadicte Illustrissime Signeurie, duquel
baslot j'envoye ici la facture, ce que je vous supplie
1. Catecfnsmus romanus. Plantin, 1S70.
2. Abr. Ortelius: Theatrum orbis terrarutn. Antverpiae, Aegidius
Coppenius Diesthemius, 1570, in-folio.
3. Dans son compte du 17 novembre 1570, Plantin annote :
Une balle de livres envoyée à Basle pour addresser à Rome fl. 68.
Item pour les centuries lesquels à Basle ont esté mises en
laditte balle par Garibaldo fl. 11.
Par Centuries il faut entendre Centmiatores Magdeburgici, Ecchsias-
tica historia, Basle, 1569.
— 189 —
vouloir déclarer à mondict Signeur et m* excuser de ce
que je n*ay encores peu satisfaire au désir que j*ay
d'imprimer.
260. — ^lantm à de Goneville.
m
A Monsigneur Monsg*^ de Goneveille
Auditeur du très illustre Cardinal de Granvelle.
Encores que de long temps j'eusse faict pourtraire et
commencer à tailler diverses figures propres pour impri-
mer devant chaicunne Évangile du Missal \ si est ce
que, ayant entendu depuis les difficultés et quasi estant
hors d'espoir d'avoir le privilège de le pouvoir faire, je
n'avois. pas faict tant de diligence à en poursuivre
l'achèvement qu'autrement j'eusse faict. Et depuis sont
entrevenues les difficultés de l'élection de la lectre ou
formes de charractères, que les gelées ont suivies si
véhémentes qu'il nous estoit impossible de faire rien
qui eust valu.
Maintenant, j'envoye ici deux cahiers, tant en papier
qu'en parchemin, èsquels, s'il se trouve chose qui ne
plaise à son Illustrissime et Révérendissime Signeurie
(à laquelle très humblement je baise les mains), m'en
adverrissant. je prendray peine d'y remédier, et ce pen-
dant j'espère tellement poursuivre au reste que, devant
4 mois, nous en aurons une fin de ceste première im-
pression et une autre bien advancée *.
1. A partir de 1566 jusqu'en 1570, Antoine Van Leest grava les
petites figures employées dans les premiers missels.
2. La première édition du Missel fut achevée le 24 juillet 1571J
la seconde, le 24 mars., 15 72.
— 190 —
J'espère aussi de recommencer une nouvelle impres-
sion des Bréviaires, en laquelle je suivray Tordre que
V. S. m'advertist en l'impression des rubricques \
J'envoye ici pareillement le commencement de S. Ber-
nardus de Consideratione ad Eugenium * que Monsg' le
Provost d'Aire m'avoit adverty estre désiré par l'illus-
trissime Cardinal Caraffa, auquel je désire qu'il puisse
plaire et que je puisse avoir le moyen de faire chose
qui luy soit aggréable et à V. S. pareillement. Laquelle
je prie Dieu nous conserver en santé.
D'Anvers, ce 9 de febvrier 1371-
1 . La première édition du Bréviaire nouveau, in-80, fut terminée
le 21 avril 1569 ; la seconde, le 4 juin; la troisième, le 3 septembre;
la quatrième, le 26 novembre de la même année. Cette dernière
est datée de 1S70. La cinquième édition fut achevée le 6 mai 1S70;
elle était en format in-8*> et en deux volumes. Le 29 octobre 1569,
Plantin termina la première édition in- 16° du Bréviaire.
2. S. Bernard i abbat. Claravaïlis de Consideratione ad Eugenium
lihri V, Diligentia Henrici Cuyckii ad vetustissima exemplaria casti-
gati, et argumentis atque notis illustrati. Plantin, 1571, in-80 et in-
160.
— 191 —
26 1. — Plantin à Fabritio Gaîleiti,
A Nostre Signeur Fabricio Galleti,
chef de l'imprimerie de Rome, etc.
Suivant l*advis que Vostre Signeurie et le Sieur Paulo
Manutio m'a donné par cy-devant, qu'icelle V. S, avoit
maintenant l'entière charge de l'imprimerie de Rome,
et de l'advertir du nombre de Bréviaires que j'imprime,
je n'ay voulu faillir de l'advertir que j'ay achevé une
édition en i6° de 1500 et que, dedans 15 jours, j'espère
d'en achever une autre de 1000 in-8**, pour lesquels je
seray prest de faire le devoir. Et pourtant je rescry au
Sig' Georgio Ferrari * qu'il délivre à V. S. soixante
escus qu'il me reste, priant V. S. se vouloir contenter
de- 50. Plaise à V. S. se contenter du droit desdictes
deux impressions et continuer ainsi des autres que je
feray cy-japrès. Elle me donnera occasion d'essayer à en
distribuer et par conséquent imprimer davantage et je
ne faudray d'envoyer chaicunne fois autant que j'en
feray. Et me trouvera V. S. prest en toutes autres
choses à luy faire affectionné service, etc.
(Entre le 9 et le 13 février 1571.)
I. Georgio Ferrari, libraire à Rome. Le 30 avril 1571, Plantin le
débite d'une somme de 100 florins ff Pour auhant qu'il a payé à
Rome pour nostre compte au Sr Fabritio Galeti la somme de 50
escus ».
— 192 —
262. — Plantin à Etienne Çamalloa de Garibay *.
(Plantin a appris que souvent Çamalloa s*est plaint de lui. Comme
il n*a conscience d'aucune négligence ou infraction à son devoir, il ne
s'émeut point de ces reproches. Il compte que les gens honnêtes ne
le condamneront point sans l'avoir entendu. Il propose de choisir
des arbitres qui prononceront entre eux deux. Si cette offre est reje-
tée, il se contentera du témoignage de sa conscience tranquille.)
Clarissimo et magnifico Viro Domino
Stephano Çamalloae etc.
Cum ego Dominationem Tuam multis verbis passim
de me conqueri intelligam^ neque me uUius ofScii
neglecti aut praetermissi conscium sentiam, hisce paucis
testatum volui me rerum veritate niti neque verbis ullis,
querelis vel convitns clam, hoc est in absentia nostra
efFusis aut conjectis, moveri : minus vero terreri aut ad
aliquid suscipiendum vel promovendum instigari, ut qui
(praeterquam quod a nonnuUis jam antehac annis ca-
Mumnias laborc pati et constantia vincere didicerim)
non dubitem quin probi, candidi et cordati viri (moro-
sos vel invidos non moror) judicium de quavis re pro-
posita tantisper sint suspensuri, donec alteram partem
mature audiverint.
Quoniam vero plerumque sit ut quivis in propria
causa caecutiat, me paratum ofFero, imo peto et rogo,
ut eos inter nos constituamus amicos judices qui semoto
causai nostra^ atFectu partibus intellectis quid Domina-
tioni Tuag^quid mihi faciendum pra^standumve décernant
I . Esteban de Garibay y Çamalloa, de nacion Cantabro, vezino
de la villa de Mondragon, de la provincia de Guipuzcoa, est l'histo-
rien espagnol dont Plantin fit paraître : Los XL lihros d*el compendio
historial de las Chronicas y Universàl Historia de todos los reynos de
Espana. i$7i, 4 vol. in-folio.
— 193 —
et statuant. Quorum autem sententiae qui non pro viri-
bus paruerit, reus esto et vulgo ad exemplum traducatur.
Hoc si facere D. T. recuset, ego me hac schedula
negotio ipsius liberatum mihi et amicis jure bono per-
suadebo et in conscientia bona conquiescam. Vale, mi
Domine. Ex typographia nostra. Morbo nondum satis
liberatus. 13 februarii 1571.
D. T.' rerumque ipsius liactenus
magis quam suarum studiosus
C. Plantinus.
263 . — PlatUin au Cardinal de Gratwelle,
25 febvrier 1371-
Au très Illustre et Révérendissime Cardinal de Granvelle.
J'ai receu les corrections du très illustre Cardinal
Sirleto qu'il a pieu à V. Ul"*® et R"* S'* m'envoyer avec
les siennes du 12 du passé, dont Monsieur le docteur
Arias Montanus et tous ceux qui nous ont assisté à
l'impression des grandes Bibles avons esté grandement
resjouis et le serons autant plus que plus nous recevrons
de tels et si beaux présents pour l'enrichissement de
l'œuvre *, le corps duquel, grâces à Dieu, est assés
heureusement parachevé et travaillons maintenant aux
ornements ou appendices d'iceluy, sçavoir est aux gram-
maires, aux dictionnaires Hébraïcque, Chaldaïcque, Sy-
rien et Grec qui seront (quant à l'ordre) précédés des
diverses leçons et autres choses concernantes plus pécu-
lièrement les textes, car autrement nous réservons les-
dictes diverses leçons pour le dernier de toute l'œuvre,
I . La Bible royale.
— ^94 —
en attendant tousjours ce qu'il plaira à chaicun de nous
donner.
Parquoy, ce qui ne sera envoyé dedans ces six mois
prochains nous sera tousjours fort aggréable et tiendra,
comme j'espère, son rang et lieu en ladicte œuvre.
J'ay envoyé, la semaine passée, ce que j'avois imprimé
du Missal et du livret de S* Bernard ' et maintenant
j'envoye ce que j'ay faict depuis, espérant de continuer
ainsi jusques à la fin, pourveu que je puisse entendre
que je face chose qui ne soit désagréable à V. Ill°* et
R"' S^*, que je prie à Dieu nous vouloir conserver en
bonne santé et heureuse prospérité.
264. — Plantin à François T(ichardot,
Au Révérendissime Évesque d'Arras.
Illustre et Révérendissime Signeur,
Je me suis grandement resjouy d'entendre par les
lectres de V. R°* S*' qu'il luy ait pieu recevoir de bonne
part mon petit service. Quant aux grandes Bibles, le
corps d'icelles, grâces à Dieu, est achevé, mais je ne
voy pas que je puisse achever les appendances de huict
mois, encores qu'à mes grandes charges et travail j'y
besongne ordinairement à trois presses, fardeau qui me
faict quasi perdre l'haleine, d'autant que, ce pendant, je
ne puis pas non seulement faire les autres sortes, dont
l'argent me reviendroit avec profict, mais aussi que je
suis contrainct d'y employer encores, chaicun jour, plus
\, Tk Cçnsideratiçnc ad Eugénium^ 1571*
— ï9$ ~
de cent florins et que je suis contrainct d'ainsi continuer
jusques à la fin desdictes appendances, qui contiendront
encores le Vieil Testament en hébrieu et le nouveau
en grec, avec leurs versions ad verbum, comme gloses,
entre les lignes^ sur les mots originels et les collations
latines avec les thèmes en marge, ce qui sera ung vo-
lume.
Et puis les diverses ieceons, les phrases hébraïcques
et les manières de parler de l'Escriture, avec diverses
cartes et leurs interprétations feront ung autre bon vo-
lume. Et finablement les Grammaires Hébraïcque, Chal-
daïcque, Syriacque et Grecque, avec les Dictionnaires
desdictes langues, feront le dernier volume, que je prie
à Dieu nous donner la grâce de parachever aussi pros-
pèrement comme nous y avons besongné jusques à pré-
sent.
Qjiant aux sermons de V. R"* S** sur le Pater noster,
je la remercie très humblement de la faveur qu'il luy
plaist me faire de m'en faire le présent, que je recevray
de très bonne affection, espérant de les imprimer à son
contentement, pourveu qu'il luy plaise me faire ce bien
d'attendre que je les puisse commencer, la semaine pro-
chaine d'après Pasques \Car, avant ledict temps, je n'y
pourrois bonnement vacquer pour les livres qui sont
maintenant sous les presses, lesquels je ne puis aucun-
nement différer; mais, alors, il n'y aura faute. Dieu
aidant. Auquel je prie qu'il luy plaise nous conserver
I . Six Sermons sur VexplicatUm de Voraison dominicak ; et auîires
quatre sur l'histoire de l'incarnation de nostre rédempteur Jésu-Christ,
tousfaicti en la ville de 'Douay, par messire Françoys Richardot^ êvesque
d'nArras. Plantin, 1572, in-So.
— 196 —
V. R"' S'' en bonne santé et heureuse prospérité.
D'Anvers, ce 3 mars 1571.
265. — Plantin au roi.
(Rapport sur Timpression des Bréviaires à imprimer pour le roi
d*Espagne. Ces livres auront quarante feuillets de plus que les édi-
tions antérieures, soit 20 feuilles du format in-folio, 10 du format
in-40 et $ du format in-80. Plantin croit prudent de ne pas trop
précipiter Texécution de la première édition et de la faire in-80.
Ce format s'imprime plus rapidement et on pourrait envoyer les
feuilles en Espagne, par les courriers, pour permettre d'y faire les
changements désirés. Il donne ensuite les prix des Bréviaires et des
Diurnaux en divers formats et sur divers papiers, dont il envoie des
échantillons. Ces prix ne comprennent pas les Offices propres, dont
il ne saurait évaluer l'étendue. Si le roi voulait faire imprimer cent
exemplaires in-folio sur parchemin, Plantin le lui déconseillerait et
l'engagerait à les faire tirer sur papier ordinaire, pour diminuer les
frais et pour être en état de trouver la quantité de papier voulue. Il
serait impossible de trouver en un seul été le parchemin nécessaire
pour imprimer cent exemplaires. Il faudrait trente mille peaux, à 4
sous la peau, et il faudrait six mille florins comptant pour pouvoir
acquitter les envois de la Hollande, les fabricants de ce pays ne
voulant fournir que contre paiement immédiat.)
BREVIARIORUM RATIONES AD REGULAS PRiBSCRIPTAS EX
HISPANIA.
Consideratis omnibus, quag ex voluntate regia impres-
sion! Breviariorum addenda prsescribuntur, non dubito
quin omnibus sint ecclesiasticîs vins, prassertim seniori-
bus et negotiis publiais occupatis, gratissima futura, eo
namque modo lectio, eorumdem facilior, expeditior et
multo clarior reddetur,
Perpensis vero omnibus addendis, habita etiam ratione
minorum characterum, depraehendo quadragiuta circiter
— 197 —
foliola plus futura quam hactenus in illis fuerint, quas a
nobis sunt impressa.
Quae 40 foliola viginti foHa intégra papyri in illis eflS-
ciunt, quse in folio sunt imprimenda. In illis vero quae
in 4°, quamvis hujus formae nuUa in praescriptione nobis
data mentio sit facta, imprimenda essent folia 10. In
octava vero forma dicta 40 folia quinque folia intégras
papyri efficerent.
Notandum vero est imprimis, non posse nisi cum
magna difficultate, soUicitudine, labore, diligentia et pe-
riculo variis praelis hujusmodi impressionem primam
aggredi, minus vero accelerari quod periculum foret ne
quid aliquando ex pra^scriptis et ad longum ponendis
omitteretur, confunderetur, vel parum décerner adpri-
meretur aut coUocaretur.
Satius itaque videtur prima edîtio fiât in octavo, eaque
simplex; tôt namque foliola hac forma imprimentur
singulis diebus unico praelo quot possent quatuor praelis
in folio imprimi. Folia vero quae singulis hebdomadibus
imprimentur poterunt in Hispaniam mitti ad observan-
dum et indicandum num quid desideretur. Quod, si quid
indicatum fuerit, faciliori negotio et minori sumptu
emendabitur quam si forent in folio. Ex eo porro exem-
plari in Hispania tune emendato poterunt tuto alia in
folio imprimi et majori facilitate accelerari.
Ad commoditatem vero eorum omnium qui Breviariis
ex regio mandato imprimendis utentur, banc rationem
ineundam cogitavi, ut omnes formas ad unum et eum-
dem numerum foliorum vel paginarum redigerentur seu
imprimerentur : eo namque modo fîet ut mempria sem-
per juvetur, conservetur et coçfirmetur neque in muta-
tione formarum vel characterum confundatur, et qui
— 198 —
praeterea ex variis formis simul legent, possînt ad foliuni
eadem numeri nota signatum recurrere.
Hanc porro methodum conatus sum indiçare tribus
variis speciminibus, nempe magna forma in folio, com-
muni in 8° et parvo etiam in 8°, seu magno 16** : tôt
namque sunt linese et dictiones in pagina maxima atque
sunt in unaquaque aliarum duarun.
Forma prima Breviarii magni, Camerae dicti, quod
circiter 280 folia intégra papyri, hoc est foliola 560,
paginas 1120 continebit. Suntque specimina sequentia
composita ex characteribus majoribus indicatis (sed me-
lioribus quam quœ erant in speciminc characterum îm-
pressa) et ex illis quibus Horas Illustrissima^ Ducis Albanas
impressimus \
N° I. Papyrus est Lugdunensis insignita Racemo, ex
qua unumquodque Breviarium constaret sex florenis ;
hoc autem génère papyri imprimimus aliquot exemplaria
Bibliorum Regiorum.
N° 2. Papyrus est Novo Castello, ex qua unum-
quodque Breviarium constaret quatuor florenis et decem
stuferis.
N° 3. Papyrus est etiam Trojana, qua Biblia Regia
communia imprimimus ; ex hac unumquodque Brevia-
rium constaret quatuor florenis cum decem stuferis.
N° 4. Papyrus est e Troja Gallorum advecta, ex qua
unumquodque Breviarium plus minus constaret tribus
florenis et decem stuferis.
Forma etiam primi Breviarii magni ex characteribus
quibus Horas lUustrissimae Ducis Albanse impressimus
I . Hora 'Beatissim^e Virginis Maria;, ad usum romanum repurgatis-
sinia. Plantin, 1570, in-80. Les armes du duc d*Albe sur le titre.
— 199 —
et ex illis quibus textum Vulgatse editionis Bibliorum
Regiorum impressimus.
N° S- Papyrus est Lugdunensis, ex qua unumquod-
que exemplar Breviarii constaret duobus florenis cum
quindecim stuferis.
N° 6. Papyrus est Trojana, ex qua unumquodque
exemplar constaret duobus florenis cum decem stuferis.
N° 7. Forma alia in magno 4° vel parvo folio,cujus nulla
est facta mentio in praescriptionibus missis. Sunt vero haec
specimina composita ex characteribus quibus textum
Vulgatae editionis Bibliorum Regiorum impressimus et
ex illis quibus apparatum dictorum Bibliorum imprimi-
mus.
N° 8. Potesi haec forma imprimi in 4° in eadem pa-
pyro, qua communia exemplaria et alia Bibliorum Re-
giorum imprimimus, nempe ea quae signata est N° 3 ; ex
qua constaret duobus florenis cum quinque stuferis, et
ex N° I, ex qua tune constaret unumquodque exemplar
tribus florenis.
Forma secunda Breviariorum ex characteribus desi-
gnatis.
N** 9. Papyrus est Lugdunensis, ex qua unumquodque
exemplar constaret decem et octo stuferis.
N° 10. Papyrus est Trojana, ex qua unumquodque
Breviarium constaret sexdecim stuferis cum dimidio.
Forma tertia ex characteribus (in praescriptionibus
missis de Hispania) designatis.'
N** II. Papyrus est dicta Collubrilla, ex qua Brevia-
rium unumquodque constaret quatuordecim stuferis.
Diurnalium très formae.
N° I. Constaret unumquodque exemplar quatuor stu-
feris cum dimidio.
— 200 —
N® 2. Constaret exemplar unumquodque quatuor stu-
feris.
N* 3. Itidem constaret unumquodque exemplar qua-
tuor stuferis.
Supradictorum vero pretia intelliguntur prêter officia
peculiaria mittenda, de quorum magnitudine prius judi-
care non possumus quam ea nobis reddita fuerint.
Cum autem velit Majestas Regia ut centum Breviaria
primée formas supra in pergameno imprinii, consultius
mihi videtur ut illa majoribus typis primi speciminis
excudantur, sed communi papyro, nempe illa notata N°
4, tum ad sumptus moderandos,tum quod tempore lon-
giori opus esset ad curandum papyrum fieri. Non enim
tanta copia reperiri possit hac tota aestate ut et Bibliis
Regiis absolvendis et supradictis Breviariis imprimendis
sufficeret.
Est praeterea notandum una asstate tota, (hyeme
autem nihil quod valeat paratur) parari non posse tanta
copia pergameni quanta nobis opus esset ad centum
Breviaria imprimenda. Paulo namque minus 30,000
pellium foliis nobis esset opus quorum unumquodque
ad impressionem paratum constabit quatuor stuferis.
Quorum omnium summa esset paene sex millia floreno-
rum, quae parata habenda ad solvendum quotiescumque
ex Hollandia mitterent artifices pergamena. Tantum enim
abest ut illi unquam solutionem expectent, ut nunquam
non debeani illis quibus sua vendunt.
Nous possédons deux rédactions différentes de ce mémoire, Tune
dans les Minutes de lettres, l'autre dans une farde de documents
concernant l'impression des livres liturgiques pour le roi d'Espagne.
Ce dernier recueil renferme une grande quantité de documents et
de lettres ayant rapport au même objet. Leur nombre et leur éten-
— 201 —
due sont trop considérables, leur intérêt, par contre, trop spécial,
pour que nous les publiions dans la Correspondance de Plantin.
266. — Plantin au Cardinal de Granvelle,
21 mars 1571.
Au très Illustre et Révérendissime Cardinal.
Très Illustre et R°>* Sig'.
Avec les lectres deV.lU"' et R"' Signeurie,j*ay receu les
cahiers des collations du R"* Cardinal Sirleto et cejour-
d'huy encores ung, par le moyen de Monsigneur l'Archi-
diacre de Malines \ qui faict le sixiesme cahier,contenant
jusques à la fin du texte grec de l'Ecclésiastique. Dont
Monsieur le docteur B. Arias Montanus (personnage,
pour sa qualité, d'autant rares vertus qu'il s'en trouve et
qui ne souhaitte rien plus que d'avoir l'occasion de
pouvoir faire quelque service à V. 111"* et R°* S., de
laquelle il baise très humblement les mains) et tous nos
correcteurs et côadjuteurs, avec moy,sommes très joyeux
et tous ensemble désirons qu'il plaise à Dieu donner la
grâce à ce R"* Cardinal de pouvoir continuer tels labeurs.
J'envoye le livret de S. Bernard parachevé, souhait-
tant qu'il puisse estre autant aggréable au très illustre
Card. CarafFa, comme je me sens obligé et aflFectionné
de vouloir faire très humblement service à sa R"« S*'.
Quant aux Grandes Bibles, nous avons, grâces à Dieu,
achevé l'entier corps d'icelles, passées sont quelques se-
maines; mais je ne voys pas moyen que nous puissions
I. Max Morillon.
— 202 —
achever le reste devant six mois, ainsi que j'escrivois par
mes précédentes, depuis lesquelles nous avons aussi
achevé la Grammaire et le Dictionnaire Siriaque escrits
en nostre faveur et du public par le Signeuf Andrseas
Masius, personnage fort bien cogneu,très docte es langues
orientales,et commencé les Chaldaïcques et Hébraïcques.
Nous avons aussi achevé le Psalterium Chori et les
Hymnes, avec le chant noté sur tous les versets, et avons
prins la hardiesse de faire ceste petite préface à V. Dl"*
et R°* S**, à laquelle je supplie très humblement prendre
en bonne part ce mien petit office et me retenir tous-
jours l'un de ses plus humbles et obéissants serviteurs '.
Cependant, je prieray Dieu de nous vouloir maintenir
V. 111°»'' et R"* S'* en bonne santé et heureuse prospérité.
267. — Plantin à François Richardot.
9 mars 1571.
A l'Illustre et R°** Évesque d'Arras.
Incontinent avoir receu les lectres de V. R"' S'% par
lesquelles il luy a pieu m'escrire la satisfaction qu'elle a
prins de la lecture des commentaires sur les 12 profètes,
faicts par le S*" B. Arias Montanus, je suis aie baiser les
mains dudict S^ Montanus, au nom de V. R"** S'*, à la-
quelle il m'a ordonné présenter ses très affectionnées
recommandations et la remercier grandement de la fa-
veur qu'il luy plaist faire de nous avoir adverty de ce
qu'elle sent de ses commentaires qu'il désire estre tels
I . La préface du Psalterium est adressée au Cardinal de Granvellc
et datée du i^ février 1571.
— 203 —
que V. R"® S. les faict par sesdictes lectres. Et de ma
part je ne faudray d'envoyer tout ce que ledict person-
nage fera et ce que davantage il vous plaira me com-
mander. *
Quant à l'impression des Sermons de V. R. S. sur
le Paternoster, j'ay par mes autres respondu ce que
j'en puis faire, qui est de les commencer et poursuivre
incontinent après ces Pasques, s'il luy plaist cependant
me les envoyer tant pour les faire visiter que pour en
obtenir le Privilège.
Et quant à vos Problèmes sur les Épistres de S* Paul,
je les recevray et imprimeray très volontiers, quant il
plaira à V. R™* S** me faire tant de bien et faveur de
me les envoyer *. Qui sera l'endroict, Monsigneur très
honoré, où je prieray Dieu nous conserver V. R. S*'
en bonne santé et heureuse prospérité.
J'envoye à V. R. S. le Theatrum orbis terrarum de-
mandé, qui couste 8 â. lo patars.
I. Cet ouvrage de François Richardot ne fut jamais imprimé que
nous sachions. Piantin n'imprima de i'évêque d*Arras que les
livres suivants : Lt sermon funèbre fait devant le %,oy^ par messire
François Richardot, Êvesque de 'HJcopîe et suffragant d*%ArraSf aux
Obsèques et Funérailles du Trèsgrand et Trèsvictorieus Empereur Charles
Cinquième f etc., I5S9> in-folio; *Deux oraisons funèbres f aides en la
ville de 'Bruxelles en la chapelle du palais en présence de Monseigneur le
duc d'ÀhCy les IIII et V jours de janvier MDLXIX aux exèques des
*^oyne et prince d'Espagne, 1569, in-80; Six sermons sur l'explication
de l'oraison dominicale, etc., 1572, in-80.
' — 204 —
268. — Plantin à Gérard de Groesbeek.
Au très Illustre et Révérendissime Signeur
Monsigneur l'Évesque de Liège.
Très illustre et R°** S^
II me desplaist grandement que la dure nécessité me
presse tellement que je sois contrainct d'envoyer exprès
le présent porteur mon gendre pour, se jectant aux pieds
de Vostre Grâce Révérendissime, la supplier très hum-
blement qu'il luy plaise me faire payer la somme de
II 50 florins que le S' Ambroise Lots • m'avoit promis
payer, il y a six mois passés, pour le compte de ce que
me doibt Monsg*" de Risbourg et que, pour quelque ré-
compense d'une si longue attente de six mois, il luy
plaise me faire payer, tout d'un train, autre ri 50 fl.,
desquels le terme escherra dedans ung mois d'icy. Et en
ce faisant, Vostre Grâce R°' fera œuvre charitable et
m'obligera, et tous les miens aussi, à prier Dieu pour
sa prospérité et bonne santé.
D'Anvers, ce premier avril 1571.
I. Ambroise Locité, trésorier de TÉvêque de Liège.
— 203 —
f
269. — Plantin à Henri Van der Hove.
Au Signeur Henry Van der Hove, libraire juré
de rillustrissime et Révérendissime Évesque de Liège.
Signeur Henry Van der Hove. Combien que de long
temps j'aye assés entendu les menasses de vos allés de
faire contrefaire à Liège les sortes dont j'ay ou auray
privilège par deçà, et que je sceusse cela estre de long-
temps projette et commencé, si est ce que po
(Minute de lettre non terminée.)
270. — Plantin à Gilbert d'Ognies.
Au très noble et Révérendissime Évesque de Toumay,
ce 6 avril 1571.
Ayant achevé le Psautier et Hymnes, je n'ay voulu
faillir d'envoyer deux exemplaires en parchemin et deux
en papier à V. très noble et R"' Sig"% afin que, comme
par elle et par son moyen j'ay esté aidé à porter les
despens de l'impression, icelle aussi en ait la première
veue et par icelle viennent au chœur de son Esglise '.
Or suis je prest et bien délibéré de commencer mainte-
nant et poursuivre encores mieux les autres livres Ecclé-
siastiques, mais les grands fraiz qu'il me convient con-
tinuer de faire pour l'achèvement du grand œuvre des
Bibles Royales et que j'ay faicts à imprimer ce Psautier
me rongent à tels termes que je ne pourrois subvenir
«
I. Au mois de juillet 1570, Gilbert d'Ognies envoya 100 écus à
Plantin pour l'aider dans l'impression du Psautier et de l'AntiphO'
naire.
— 2o6 —
aux dépenses qu'il convient faire pour l'impression des-
dicts livres Ecclésiastiques, si non par la vente et ré-
cepte des deniers de cedict Psautier, duquel aussi pour
n'avoir la puissance (car je n'ay pas esté secouru d'autres
en cecy que de V. I. et R"* S** et de son chapitre), je
n'ay imprimé que 430 exemplaires, lesquels aussi je ne,
puis vendre moins que huict florins la pièce, en blanc,et
ceux en parchemin coustent soixante florins la pièce.
Parquoy lesdicts 2 exemplaires en parchemin et les deux
autres en papier que j 'envoyé montent ensemble cent
trente et six florins. Reste qu'il plaise à V. R"* S** or-
donner combien il luy plaist que je luy envoyé d'exem-
plaires *. Et cependant je prieray Dieu la nous conser-
ver en bonne santé et heureuse prospérité.
D'Anvers, ce 6 avril 1571.
271. — Plantin à de Goneville.
A Monsigneur Monsg*^ de Goneveille,
Audiencier du très illustre Gard, de Granvelle à Rome.
Le 14 avril 1571.
Monsigneur, j'ay receu l'advertissement des correc-
tions que Mons' le Chantre de Malines m'a envoyées
venantes de V. S. pour le Messel, duquel j'envoye
maintenant treze cahiers, qui sont 39 feilles, et continue-
ray d'envoyer ainsi les feueilles jusques à la fin. Or
d'autant que V. S. demande sçavoir (ainsi qu'il est rai-
I. L'évêque de Tournai prit encore treize Psautiers dont un pour
lui et douze pour « Messieurs de son chapitre ». Voir lettre du 2}
mai 1371.
— 207 —
son) quel nombre j'en imprime,il luy plaira sçavoir que
je n'en ay voulu, pour ceste première impression, faict
tirer que 750 et ce pour deux raisons, dont la première
et principale a esté qu'au commencement j'ay doubté
et craint que plusieurs choses (ainsi que par cy-devant
est advenu au Bréviaire et advient souvent es livres
nouveaux) fussent obmises ou deussent estre changées
par après. L'autre a esté que, comme je n'avois eu le
loisir de faire provision de papier propre avant l'hiver,
ni le temps assés suffisant pour faire tailler le reste des
figures que j'avois faict pourtraire de longue main et
commencé à faire tailler à l'adventuré, il m'a semblé et
à quelques-ungs de mes bons Signeurs et amis, à qui je
m'en suis conseillé, d'en imprimer petit nombre et ce
pendant faire provision de papier et faire diligenter les
tailleurs d'achever lesdictes figures, afin que la seconde
impression puisse sortir, comme je l'espère faire, encores
plus absolue que la première et que, des deniers de
ceste-cy, je puisse aussi m'aider à faire l'autre plus
ample.
Au reste, comme j'escrivois la présente, le S' Malpas,
frère de monsg' le Chantre de Malines, m'a délivré les
lectres de V. S. du 20 mars, lesquelles m'ont resjouy et
animé d'entendre que nostre labeur plaise à Messieurs
de S* Pierre ', lesquels aussi je remercie grandement de
ce qu'ils m'ont faict advertir touchant le parchemin, à
quoy je feray doresnavant prendre garde et remercie
aussi grandement V. S. et la prie de continuer à bien
garder nettement les feilles envoyées et à envoyer, afin
I. Les chanoines de S* Pierre à Rome.
— 2o8 —
que, le tout achevé, elles se puissent assembler et servir
ainsi que de raison.
Qui sera Tendroict, Monsigneur, où, désirant estre
recommandé à la bonne grâce de V. S., je prie Dieu la
nous vouloir maintenir en bonne santé et heureuse
prospérité.
D'Anvers, ce 14 febvrier [lire avril] 1571.
272. — Tlantin à Lucas de Arevalo.
(Plantin a remis les deux lettres de Lucas de Arevalo, destinées à
révoque de Ruremonde, au frère de ce dernier. D offre à son corres-
pondant un exemplaire du Psautier et s'excuse de ne l'avoir pas fait
relier : la fraîcheur de l'impression aurait pu tacher les feuilles.)
Reverendo admodum fr. Patri Lucae ab Arevalo
. Illustrissimi Ducis Albani a Confessionibus.
Non dubitet Reverenda Paternitas Vestra mihi pluri-
mum colenda quin et litteras utrasque R. P. V. ad Re-
verendissum Dominum Ruremundensem ' miserim. Nam
ego cum nullam viam compendiosiorem hactenus sci-
verim tuto quid ad illum mittendi, ipse fratri ejusdem
R"* tradidi cum sarcina librorum ad hoc Brugis etiam
mihi a D. Pamelio missorum. Ego vero scriptis iterum
litteris commonefaciam Reverendissimum ut fidem meam
apud R. P. V. libefet.
Cui cum nihil non debeam, observantiae nostras et
gratitudinis ergo, primitias laborum nostrorum pro Choro
Ecclesias Dei susceptorum ofFero et obsecro ut benigno
vultu recipere dignetur. Ego quidem curassem prius
I . Guillaume Lindanus, évéque de Ruremonde.
— 209 —
compingi quam ad R. P. Y. misissetn, sed recens de
«
prœlo suscepium hoc fœtus nondum ob characterum et
notarum crassitiem tulisset contusionem.
Dominus Deus R. P. V. nobis et reipublicae Christianae
diu conservare dignetur incolumem.
Antverpiae, 22 aprilis 1571.
273. — Plantin à Guillaume Lindanus.
(Plantin prie Tévêque de Rureraonde d'expédier le plus tôt possible
les certificats qu'il lui a envoyés à signer, par ordre du père Luc de
Arevalo. Il lui envoie un exemplaire du Psautier. Avant d'avoir ter-
miné la Bible royale, il ne saurait rien entreprendre en dehors des
Missels et Bréviaires, si ce n'est les Psaumes de Lindanus, et encore
cela ne se ferait pas sans difficulté. Il avait nourri l'espoir que le roi
de France supprimerait l'hérésie dans ses états; cet espoir s'évanouit
lorsqu'il voit que le roi prend des mesure^évères contre ceux qui, à
Rouen et ailleurs, voulaient empêcher les prêches réformés.)
Reverendissimo in Christo Patri ac Domino D°°
Wilhelmo Lindano, Ruremuqdensi Episcopo.
Superioribus diebus acceptas litteras particulares à R.
P. Confessario Illustris Ducis ' et alias testimoniales,
quas cupiebat authoritate R. D. V. confirmari, una cum
sarcina librorum Brugis a D. Pamelio acceptorum, fratri
ad R. D. V. mittenda tradidi. Eas nunc litteras testi-
moniales urget dictus R. P. Confessarius et jussit ut
hujus rei R. D. V. commonefecerem. Quare oro et
obsecro ut voluntati ejusdem R. P. vel meis sumptibus,
misso nuntio, satisfacere dignetur R™* V. D. Cui ego
nunc Psalterium Chori a nobis impressum ofEcii causa
mitto.
I . Le père Lucas de Arevalo à qui la lettre précédente est adressée.
— 2IO —
Nihil praeterea paene obruto prioribus mihi hao-
tenus imprimere licuit neque adhuc, facultatibus exhaus-
tus, video qui possim ante absolutionem Bibliorum quid
praeter Breviaria et Missalia, incipere, tantum abest ut
perficere, nisi Psalmos ' R. D.V., quos tamen nondum
sine incommode potuissem. De Galliis spes nobis fuit
maxima Regia connivatione reprimendos fore passim
haereticos; nunc vero spe cecidimus, quod Rex severiter
animadverti jubeat in cos qui Rotomagi et alibi impe-
diendas conciones illorum curabant.
274. — Tlantin à Erasme Vendius.
(Plantin remercie Vendius de ce qu'il ne lui fait pas un grief de
n'avoir pu fournir au duc de Bavière un exemplaire sur vélin de la
Bible royale. Le corps de «elle-ci est terminé ; l'imprimeur travaille
actuellement aux grammaires et dictionnaires de différentes langues
et aux traités, qui seront publiés comme annexes à l'ouvrage. Ce tra-
vail ne sera pas terminé avant la foire prochaine. Il réserve et fera
relier un exemplaire sur le plus grand papier pour le duc et un autre
sur papier ordinaire pour Vendius. 11 donne des détails très précis
sur la vie désordonnée qu'a menée Hanardus depuis qu'il est revenu
aux Pays-Bas. Il n'ose point recommander Eickius. Après avoir
pris l'avis de Jean Willems de Haarlem et de Rabus, il recommande
comme professeurs à l'Université d'Ingolstadt, Gérard Voschius et
un autre littérateur qui donne des leçons particulières à Louvain.)
lUustri et doctissimo viro D. Erasmo Vendio
lUustrissimi Ducis Bavariaî Consiiiario prudentissimo.
Litteras lllustris Dominationis Tuas Monachi 25 martii
scriptas 25 hujus primum recepi. In his autem humani-
tatem tuam et animi candorem D. T. et Principis lUus-
I, 'Paraphraseœn in Psahnos TDavidicos^ Tomus primus. Auctore
Wilhelnio Damasi Lindano. Plantin, 1572, in-40.
i
— 211 —
trissimi magnificentiara agiiosco et suspicio atque vene-
ror, gratiasque habeo quod ofEcium nostrum probare et,
^quod praestare non potuerimus, excusare digneris *. Sa-
crorum Bibliorum corpus ipsum quidem jam a januario
mense absolvimus et ^postea Grammaticam et Dictiona-
rium Syricum atqué Chaldaicum et Hebraicum necnon
et Graecuni incœpimus, cum quibusdam aliis, non solum
ad orna.tum operis facientibus, sed etiam ad studia et
labores eorum sublêvandos qui sacrorum librorûm verba
et sententias ex linguarum cognitione et sacri eloquii
phrasibus intelligere volent. Quae certe tanta sunt ut
jam paene difidam nos posse ad sequentes nundinas ab-
soluturos. Quandocumque autem fuerit, ego quanta po-
tero fide et diligentia exemplar unum ex maxima papyro
111"° Duci et tibi alterum ex communi papyro, utrumque,
ut jubés, compingi et mitti curabo.
De Hanardo nihil hactenus peculiare intellexeram
quam quod foro cessisset. Nunc autem mihi, vestra gra-
tia de illo diligenter et serio inquirenti, narrata est a
viris fidei npn dubi^e et testibus fidis misera et deplo-
randa et meo quidem judicio detestanda ejus vitag cer-
tissima historia. Illum nempe nemini neque suo neque
D. Rabi nomine vel obulum numerasse. Omnia quas ali-
cunde corradere potuerit turpiter abligurivisse et in
meretrices ita contulisse ut, contracta scabie perniciosis-
sima, ille uxorem suam ita perdiderit ut tota corpore
fœdata et facie paene exesa misereque omnibus rébus
I . Le duc de Bavière avait exprimé le désir d'acquérir un exem-
plaire de la Bible royale imprimé sur vélin. Plantin avait, dans sa
dernière lettre, écrit à Vendius que le roi d*Espagne avait défendu
de tirer d'autres exemplaires dj cette sorte que ceux qu'il avait rete-
nus pour lui-même.
-r 212 —
exhausta et jam ad hospitalem publicum relegata paulo
post a parentibus suis domum illinc assumpta et reducta
fuerit ubi nunc scmiputrida languet. lUe vero, aliquo
modo etiam ab ipsa lue veneria curatus,jam Harderviae,
qui pagus est in HoUandia prope Amsterodamum, recto-
rem scholae puerorum agit. Hinc judicare potest quid
de ejus fide, pecunia quavis numerata et commendatio-
nibus sperare debeas.
Ad Eickium ' namque quod attinet, eum talem esse
depraehendo de eu jus constantia, eruditione, ingenio et
modestia parum aut certe nihil vobis poUiceri audeam,
imo neque dignum esse qui honeste commendetur aut a
vobis accipi debeat.Mihi autem a D. Johanne Wilhelmio*,
theologiae in Societate Jesu licenciato, homine raro et D.
Rabo optime noto et probato, de istis diligenter inquirenti
et simul de aliquo qui vobis usui esse possit, indicati et
nominati sunt duo probatœ fidei, diligentes et in arte Rhe-
torica docti homines,quorum unus brevide arte Rhetoricae
editurus librum nunc sùmma cum laude Leodii earadem
artem profitetur ; ei nomenest Gerardo Voschio* Alter
1 . Arnold Eick (Eyck, Eickius), né à Anvers, devint recteur du
Gymnase à Utrecht en 1558, fut démissionné avec d'autres profes-
seurs en 1578. Plantin imprima de lui, en 1582, Tabula in gram-
maticam gracam, dont Tauteur prit pour son compte 200 exemplaires,
au prix de 30 florins.
2. Jean Willems ou Wilhelmius ou Harlemius, recteur du Col-
lège des Jésuites et professeur à Louvain, écrivit dans le second vo-
lume de VxApparatus saur de la Bible royale les traités Index hibîicus
et Varia îectiones in Bihliis latinis vuîgata editionis. Il mourut à Lou-
vain en 1578.
3. Gérard Vossius, docteur en théologie, protonotaire papal et
prévôt à Tongres, né à Borgloon (Looz), mourut le 25 mars 1609 à
Liège, laissant ^n manuscrit, entr| autres ouvrages, le %})etorica
artis methodus, dont il est question ici
— 213 —
privatim eamdem quoque Rhetorices artem Lovanii non
imperitis aliquot gravibus jam viris docet, brevi editurus
libellum de Officio Christiani hominis litteris incum-
bentis. Hic autem non videtur recusaturus conditionem
apud vos honestam judicaturque dignus qui tum propter
eruditionem, tum môres probatissimos commendetur,
et honesto stipendie conducetur, et viatico numerato
evocetur. Hujus rei curam si dicto D. Joh. Wilhelmi
Harlemio dederitis, is optime et fidelissime, ut solet,
omnia praestare poterit. Qiiod si hoc illi onus nolitis
imponere, ego illius opéra et authoritate adjutus, quic-
quid manduveritis bona fide et libentissime praestare
conabor.
275. — Plantin au duc d'Albe.
Illustrissime Seigneur.
Cejourd'hui, j'ay receu les lectres de Vostre Excellence
dattées de Tunziesme du présent, par lesquelles il luy a
pieu m'ordonner de Tadvertir, si je sçavois quelque chose
d'aucuns livres en lapgue Angloise, concernant la Royne
d'Escosse, qui pourroyent estre imprimés par deçà et puis
naguères espars en Angleterre '. Et, en cas que je n'en
sceusse rien, que je feisse diligence de tous costés vers
les libraires, afin de l'enfoncer et luy en rescrire la vé-
rité. A quoy voulant, comme je doibs, songneusement
I. Il s'agit probablement de: Philippes Morgak (J. Leslie). A
ireatise concerning ihe defence of the honour of t\Carie Quune qf Scoi^
ïand with a Déclaration as wd of her %ight to the Succession of the
Croune of Engeîand : as that the Régiment of Women is conformàbîe to
the lawe of God and Nature. Leodii, apud G. Morberium, 1571, 80.
14
— 214 —
obéir et n'ayant, onques paravant, rien sceu de telle
chose, je me suis au niesme instant transporté chez un
chaicun de tous les libraires et imprimeurs de ceste
ville et, les ayant tous diligentement interrogués, je n'ay
pas sceu rien descouvrir ni entendre desdicts livres ni
qu'aucuns tels eussent esté imprimés par deçà. Nonob-
stant quoy, je n'ay diféré d'escrire à Louvain et en tou-
tes les autres villes de par deçà pour essayer s'il s'en
pourra trouver quelque chose. De quoy je ne faudray
d'advertir incontinent Vostre Excellence très illustre,
laquelle je prie Dieu nous conserver en bonne santé et
heureuse prospérité.
D'Anvers, ce XIII may 1571 de
V. Ex" très illustre
Le très humble et très affectionné serviteur
C. Plantin.
276. — Plantin au duc d'Albe.
A l'Illustrissime et Excellentissime Signeur
le Duc d'Albe etc.
>
Illustrissime Signeur,
Ayant cejourd'huy receu les lectres de son Ex" sous-
signées par V. 111. S'*", j'ay faict incontinent tout devoir
de m'enquérir de ce qu'il luy a pieu m'ordonncr et,
n'ayant icy rien sceu descouvrir, je ne laisse à poursui-
vre par lectres, tant envers ceux qui ont la charge des
imprimeries es autres villes que par autres mes amis,
pour sonder si je pourrois trouver quelque certitude de
telle affaire, afin d'en advertir, cy-après, plus amplement
Son Excellence très illustre, vers laquelle je supplie V.
* — 215 —
m. S'* m' excuser si, d'adventure, pour n'estre exercé
d'escrire à tels Princes et Signeurs, j'auray commis quel-
que faute ou obmis quelque chose, tant aux tiltres qu'aux
manières d'escrire, et que, pour ne tomber doresenavant
en erreur, il luy plaise m'en faire advertir.
En quoy je me tiendray grandement tenu et obligé à
V. 111"*^ S'*" et dont j'espère n'estre jamais trouvé ingrat,
et cependant je prieray Dieu, Monsigneur, qu'il luy
plaise nous maintenir et faire prospérer V, 111* S* en
bonne santé.
D'Anvers, le 13 may 1571.
De V. 111* S'* le très humble serviteur
C. Plantin.
277. — 'Plantin à Cornélius %eimri \
(Plantia prie Reineri, au nom d* Arias Montanus, d'acheter un
exemplaire de tou^ les livres anglais parus dans le courant des deux
dernières années et spécialement celui qui traite des droits de Marie
Stuart au trône d'Angleterre. Il lui recommande une discrétion
absolue sur cet achat ; il lui remboursera les frais et à la première
occasion il lui fera connaître de vive voix la raison qui le fait agir
ainsi.)
S. P. Eximie M. N. obsecro ne mireris quod ego
nunc ad D. T. scribam, sed paucis occasionem accipe
et causam. Cum D. B. Arias Montano perspecta sit
fidelitas et, ubi opus est, taciturnitas D. T., ipse mihi
I. Cornélius Reineri ou Reyneri, de Gouda, docteur en théologie,
professeur à l'Université et président du Grand Collège, à Louvain,
fut chargé, avec Augustin Hunnaeus et Jean Guilielmius, d'examiner
les différentes parties de la Bible Royale, avant que la Faculté de
Théologie de Louvain y donnât son approbation.
— 2l6 — *
mandavit ut ad te perscriberem et obnixe rogarem qua-
tenus velles diligenter istic nobis quasrere et coemere ex
omnibus cujuscumque argumenti libris Anglice, ubicum-
que ante duos annos quovis modo impressis, unum vel
alterum exemplar, prascipue vero unius qui nescio quid
pro Regina Scotia^ tractât, quem audimus in Anglia
olim disseminatum esse. In eo namque sunt puncta
quagdam, quag ille vehementer cupit videre. Q.u3e omnia
vel singula ubi coemeris, vel alio quovis modo compara-
veris, rogatum cupimus D. T. ut ilico, indicatis pretiis
singulorum, ad nos per primum tutum nuntium mittere
velit. Ego vero ilico pecuniam remunerari curabo et
gratias habebimus maximas. Hase tamen omnia sub
secreto confessionis manere debent, maxime vero quod
nobis emantur. Postea vero praesens pra^senti causam,
Deo favente, tibi soli indicabimus ; nunc vero dexteri-
tate et silentio et diligentia in perquirendo et respon-
dendo, non tamen prascipitantia, opus est.
Dominus Deus D. T. nobis et reipublicae Christianie
diu servet incolumem.
Antverpias, 14 maii 1571.
Eximio doctissimoque M. N. Domino Cornelio Rei-
ncri Goudano S. Thcologiaî Doctori et professori ma-
gnique CoUegii Theologorum Praesidi vigilantissimo,etc.
Lovanium,
— 217 ~^
278. — Plantin à Gilbert d'Ognies,
Au très noble et R"* S\
Monsg^ rÉvesque de Tournay.
Très noble et R"^ S*".
Ayant receu les lectres de V. R"* S**, j'ay délivré au
porteur d'icelles ung Psautier de chœur pour icelle et
douze pour Messieurs de son Chapitre. Quant aux An-
tiphonaires, je les eusse pieçà commencés et poursuivis,
si les grands fraiz desjà faicts et qu'il me convient con-
tinuer à parachever les grandes Bibles et les deniers
employés à l'impression desdicts Psautiers ne m'en
eussent osté tout moyen, de sorte que je ne puis faire
l'un, sinon de la réception de l'autre, ou bien de Tad-
vancement qu'il plaira à V. R"* S** et à Messg" de son
Chapitre et autres bons Signeurs (encores que jusques
à présent je n'en aye trouvé ung seul autre qui m'ait
rien offert) de me faire pour aider à payer les papiers
que j'ay de long temps faict faire et sont prests à les y
employer, tout incontinent que j'en auray le moyen.
Cependant, Monsg% je prie Dieu qu'il luy plaise vous
conserver en santé et faire prospérer vostre très noble
et R"* Sig"*.
, D'Anvers, ce 23 may 1571.
— 2l8 —
279. — Vlantin au Cardinal de Granvelle.
Au très illustre et excellentissime S"" Monsigneur
le Cardinal de Granvelle, Vice-roy de Naples.
Le 7 juillet 1371.
Très Illustre et Ex°»^ S',
J'espère que depuis les lectres que j'ay receues de
Vostre Illustrissime Excellence, escriites à Naples, le
23 de may, le reste du Psautier luy aura esté rendu, et
depuis j'en ay aussi livré ung exemplaire complet, avec
autres livres, à Monsg*^ le contreroleur Malpas, pour le
luy envoyer par conduicte, avec encores ung exemplaire
complet des centuries que j 'a vois exprès faict apporter
de Francfort, craignant que ceux de Basle, à qui j'avois
enchargé d'en mectre aussi ung exemplaire en ung
baslot que j'ay faict icy, dès le 17 de novembre, et
consigné au conducteur pour Rome, n'eussent faict
leur devoir d'ouvrir ledict baslot passant par ladicte
ville de Basle et y mectre lesdictes Centuries, veu prin-
cipalement que depuis je n'ay pas eu aucun advis
qu'ainsi ait esté faict. Parquoy il m'a semblé moins mal
d'envoyer ledict livre deux fois et par deux moyens que
d'attendre plus longtemps la certitude de la réception
du premier.
J'ay aussi baillé, avec les susdicts, les livrets de mon
impression ici déclarés : Grevinus de Venenis, G. Canteri
novae lectiones, l'Encyclie des secrets de l'Eternité, 6
Monumenta Salutis B. Ariae Montani ', dont aussi, pour
I. Jacohi Greinni, de Vemnis Ubri duOy in-40; Guîielmi Canteri
Novantm lectionum Ubri octo, in-80 ; ' LEncyclie des Secrets de Vèternité
par Guy Le Fèvre de la 'Boderie^ in-40. Humana salutis Monumenta
B. Aria Montani studio constructa et decantata^ in-40. Tous les quatre
imprimés par Plantin, en 1571.
— 219 —
n'estre ledict livret grand, j'ay bien osé envoyer icy
ung exemplaire que je désire estre aggréable à V. 111™*
Ex", laquelle je remercie très humblement de la bonne
volonté et bénéfices qu'il luy plaist de sa grâce me por-
ter et de faict exercer, en la suppliant aussi très affec-
tueusement qu'il luy plaise, me faire ce bien qu'elle
m'offre en ses lectres de m'envoyer ung exemplaire des
Heures de Nostre Dame, imprimées par le commande-
ment de Sa Saincteté, pourveu qu'en la faveur d'icelle
Vostre 111™.* Exe" je puisse obtenir le congé de Sadicte
Saincteté pour les imprimer. Lequel congé je seray
prest de recevoir à quelques conditions honnestes,
pourveu qu'elles n'excèdent la valeur de cent escus d'or
ou environ pour une fois, ou autre telle recongnois-
sance que, selon le mérite de l'ouvrage, il seroit de be-
soing faire à celuy à qui la charge de l'impression
dudict livret est donnée. Car autrement je n'oserois ni
voudrois attenter de les imprimer, d'autant que par la
Busle de Sadicte Saincteté que j'ay veue, touchant les-
dictes Heures, je voy que nuUuy ne les peut ni doibt
imprimer ne lire aussi d'autre impression que de celle
du peuple Romain ', sans le congé de Sadicte Saincteté ;
à quoy toutesfois je voy qu'aucuns imprimeurs n'ont
pas grand esgard, veu que, sans ledict Congé, ils ne
laissent d'imprimer lesdictes Heures, desquelles, par quel-
ques banquiers, ils ont, passé sept sepmaines, receu icy
I. Les impressions 'du peuple romain sont celles qui se faisaient
dans l'officine, établie par le pape Pie V à Rome et dirigée, de
1561 à 1570, par Paul Manuce. La municipalité de Rome payait la
moitié des charges occasionnées par cet atelier dont, pour ce motif,
les éditions portent l'adresse ; In iEdibus Populi Romani.
1
— 220 —
les exemplaires de Rome^ lesquels ils ne font di£Bculté
d'imiter.
Que s'il plaist à V. Ill"* Exe" me faire tant de bien
que je les puisse imprimer par le congé de Sa Saincteté,
elle m'obligera d'autant plus à elle, m'incitera et don-
nera moyen de poursuivre plus commodément les grands
livres Ecclésiastiques que j'imprime pour le Chœur, de
la grande despense et frais desquels je me trouve chargé,
d'autant que chaicun faict difficulté d'achepter le Psau-
tier, devant que l'Antiphonaire soit achevé. En quoy
je leur donnerois raison, si je pouvois continuer à des-
bourser si grands et longs fraiz, avant que de pouvoir
retirer les deniers de l'un achevé pour pouvoir fournir à
poursuivre l'autre. Et que, ayant le moyen entretant de
pouvoir imprimer et distribuer aisément autres livres,
je puis mieux supporter les frais des plus grandes œu-
vres, ainsi que j'ay tousjours continué de faire des
heures de Nostre Dame en diverses formes, dont je me
trouve encores chargé, tant in 4*», 8®, 12°, 16°, 24°, 32°
qu'en 64, etc., de plus de dix mille exemplaires, qui
ne me seront par cy après que maculatures, là où j'en
eusse retiré, dedans un an grand argent ; car j'en ay
tousjours depuis huict ans en çà bien vendu autant,
sans quoy et les Bréviaires, il m'eust esté impossible de
poursuivre l'impression des grandes Bibles. Parquoy,
après la majesté de nostre Roy, à nuUuy ne sera plus
tenue la postérité de tel œuvre qu'à V. 111™^ Exe", la-
quelle je supplie Nostre Signeur vouloir nous conserver
et augmenter tousjours en bonne santé et heureuse
prospérité.
— 221 —
28o. — Plantin à G. Vaillant de Guellis.
A Monsigneur Mons' de Pimpont,
Conseiller du Roy à Paris.
Combien il m'a despieu, desplaist et desplaira tous-
jours que je n'ay peu satisfaire à vostre désir et au mien
d'imprimer vos tant doctes commentaires sur le Virgile
et combien à bon escient et quantes fois, depuis en
avoir avec diiBcuItés obtenu le Privilège par deçà, je les
ay commencés, ne veux je pas maintenant entreprendre
de vous persuader, Monsigneur très honoré, espérant
que la congnoissance de mon affection et de mon faict
que pourrés congnoistre avec le temps vous adoucira la
cholère et ostera l'opinion que j'ay entendue, estant à
Paris dernièrement, qu'à mon grand regret vous avés
conservé à l'encontre de moy ; mais, seulement, je vous
déclareray simplement par escrit ce que j'avois délibéré
de vous dire de bouohe, si la manière importune de
procéder envers moy par Mons»^ Thorins, et la répétition
de l'exemplaire en vostre nom, lorsque la compagnie
partie, je teuois ma fille par la main pour la conduire
espouser à l'église *, ne m'eust mis hors d'espoir d'ob-
tenir quelque paisible audience tnvers vous.
Ayant donques receu vostre exemplaire, je le délivray
incontinent entre les mains des visitiiteurs et censeurs,
députés pour l'approbation ou rejection de tout ce qui
se peut imprimer es pais de par deçà, lesquels, pour
n'estre tous assés versés au grec, le tindrent longuement
avant que le me rendre approuvé. Après cela, je l'offri
en cour, où, m'ayant esté retenu encores davantage,
I . Catherine Plantin qui épousa Jean Gassen au mois de juin 1 57 1 .
— 222 —
j'obtins fînablement le Consent et Privilège de l'impri-
mer, laquelle approbation et Privilèges me coustèrent
plus de vingt escus.
Estant prest de la mectre sous la presse, la difficulté
fut que celuy qui m'avoît vendu le papier pour l'impri-
mer ne m'en sceut fournir. Parquoy je rescrivi tout su-
bit à Paris, d'où aussi je n'en sceu avoir de propre.
Parquoy honteux et confus de vous faire tant attendre,
contre ma volonté, je me résolu de l'imprimer sur le
grand et coustageux papier, duquel avés veu les deux
premières feilles qui valent plus que quatre de celles
dont m'aviés prescrit la grandeur.
Ayant donques livré la copie des Bucoliques au com-
positeur, il y besongna quelques journées (ainsi qu'il
appert par les susdictes deux doubles feilles qui en sont
imprimées à bon escient, et non pas par manière d'es-
preuve, comme il m'a semblé que vous et Mor.sg'' Thorins
l'aviés entendu, lorsque je vous en envoyay de chaicunne
une) et par quelques formes qui, jusques à présent, en
sont restées céans toutes composées et pensois bien con-
tinuer ainsi Tœuvre, quand il pleut à Dieu visiter ledict
compositeur de la maladie hastive, dont il mourut, et
fusmes contraincts délayer jusques à quelques jours par
après,que j'y en ordonnay l'un de ceux qui avoyent beson-
gné et besongneront encores en l'impression des grandes
Bibles en diverses langues que j'imprime par le comman-
dement du Roy Catholique ; ce qui me fut incontinent
défendu,et ce jusques à quatre fois diverses que j'ay tasché
de le recommencer et mectre en train. De quoy estant
fort triste et honteux de ce que je ne vous pouvois sa-
tisfaire, je le rescrivi à Mons"" Thorins et qu'avec vostre
consentement je le ferois volontiers imprimer à Paris, à
— 223 —
quoy il me respondit que, de joyeux et placide visage,
vous luy aviés ordonné m'escrire que je vous renvoyasse
la copie et, venue l'occasion que moy-mesmes j'alois
mener ma fille espouser par delà, pensant ne pouvoir
mieux faire, je la fis mectre au cofre où j'avois faict
mectre nos habillements nuptiaux, lequel à nostre grand
rçgret, dommage et intérests, par la malice des chartiers
ou autrement, ne nous a esté délivré, ainsi que pourrés
(si ne Testes assés) estre acertené, selon mesmes que je
le déclaray, estant à Paris, à Monsieur Lambin *, pour qui
nous avions aussi empacqué avec quelque petit présent à
luy envoyer et auquel, et audict Signeur Thorins, Monsg'
Daniel * et autres, je déclaray assés combien il m'estoit
non seulement desplaisant, mais aussi coustageux et
dommageable, après avoir faict tant de cousts et d'appa-
reils pour plus^de 300 escus, de ne pouvoir poursuivre
l'impression dudict livre, que je déclarois estre prest de
faire imprimer par delà, à mes propres cousts et despens,
ou d'y entrer pour la moictié ou d'en faire tout ainsi
qu'il seroit tiouvé le mieux pour vostre contentement,
ainsi que je le proposay au S*^ André Wechel * et que
j'avois totalement résolu de vous aler déclarer et propo-
ser, si j'eusse osé.
A quoy, Monsigneur, je vous supplie vouloir consi-
dérer et appaiser la cholère et sinistre opinion que j'ay
entendu estre par vous conceue à l'encontre de moy, qui
suis et seray tousjours prest de m'employer à vous faire
1 . Denis Lambin, professeur au G)llège royal i Paris.
2. Pierre Daniel, avocat i Paris.
3. André Wechel, imprimeur i Paris, né en 1535, y travailla
jusqu'en 1573. Après la S^ Barthélemi, il se rendit à Francfort d*où
il était originaire.
— 224 —
tout humble service, autant qu'il est et sera jamais en
mon pouvoir, que scavés bien estre nul, lorsque le Roy
et Signeurs me veulent autrement commander, ainsi
qu'à mon grand regret et dommage il m'en prend main-
tenant, qu'il m'est défendu de faire chose difficile ou
d'importance, par laquelle fust aucunnement retardée la
poursuite convenable des susdictes Bibles Royales que
nous espérons achever devant huict mois et alors pouvoir
estre libres de vous fafre tout service et à qui il vous
plaira l'ordonner * .
Qui sera l'endroit, Monsignêur très honoré, où, dési-
rant que me veueilliés derechef favoriser de vostre bonne
grâce, je prieray Dieu vous maintenir en la sienne.
D'Anvers ce.... juillet 1571.
281. — Henri du Tour y le jeune, à Tlantin, "
Signeur Christofle, Toutes recommandations prémises,
soyez adverty comme j'ay embarqué hier en une mande
la deuxiesme fonte de la Garampnde en la navire de
Jean vander Sluys, qui a dict de descharger mardy à
venir. La troisiesme je la vous envoyeray, s'il plaist à
Dieu, aussy tost qu'il me sera possible. Et s'il vous
1. Le Virgile de Vaillant de Guellis, interrompu en 1570, fut re-
pris par Plantin en 1574 et parut en 1575.
2. Henri Du Tour (Van den Keere) était fils de Henri, impri-
meur à Gand. Lui-même exerçait l'état de libraire et était en cette
qualité en relation avec Plantin, dès Tannée 1567. En 1569, il lui
vendit la frappe d'une non-pareille flamande.' De 1570 à 1580, il fut
le seul fournisseur de poinçons, matrices et lettres de l'officine plan,
tinienne, comme il était le seul graveur de caractères dans les Pays-
Bas. Il mourut entre le 11 juillet et le 4 octobre i$8o.
— 225 —
plaict d'avoir la quatriesriie, vous n'avez qu'à le com-
mander. Je vous serviray vouluntiers en toute diligence
de tout ce que aurez besoing, aussy longuement qu'il
me sera possible.
J'espère de vous envoyer, de ceste sepmaine, une
fonte des Capitales de l'ascendonica sur deux lignes de
la Brévière. Sy vous en avez affaire davantage, vous
n'avez que de m'en advertir et combien.
Quant à vostre matrices pour Jan Maes \ je le luy
ay rescript, je ne les useray point, ny celles-là ny
aultres, que je pourroy avoir de vous, comme aussy je
n'ay faict jusques à présent, point pour une seule ma-
trice.
Je pense que Loys de la Bccque sera le porteur de
ceste, vous le pourrez contenter le mieux qu'il vous
sera possible.
Je n'ay point encore parlé à l'Évesque * pour luy dire
que le missel est quasy achevé, mais son Chappellain
estoit hier auprès de moy, auquel je le disoy, et comme
je luy disoy aussy que vous aviez escript d'en envoyer
un à Sa Révérend"*® S***, il me dict incontinent : « escri-
vez-luy qu'il en envoyé un relié ». Vous luy ferez
grand plaisir; mais de ce vous pourrez faire ce qui vous
semblera le mieulx. Quant à moy, je ne diray point que
je vous en ay escript. Et aussy il me semble qu'ilz vous
sçaivent petit gré de tout les despens et fraiz que vous
avez desjà souffert pour leurs libvres d'église, et j'en oy
I. Jean Maes, imprimeur à Louvain.
2 Cornélius Jansenius, premier évêque de Gand. Né à Hulst,
il fut professeur â Louvain et à Tabbaye de Tongerloo, et curé de S*
Martin à Courtrai. Il fut envoyé au Concile de Trente par Philippe
II et mourut à Gand, le ii avril 1576.
— 226 —
bien peu qui les demandent, mais disent qu'ils se pas-
seront bien sans cela.
Je vous prye de m'envoyer un petit Bréviaire relié de
la plus petite Romaine nonpareille; mectez-le sur mon
compte.
Je vous envoyé icy le Registre avec le compte de
ceste 2® fonte.
En oultre, s'il y a chose en quoy nous vous puissions
faire service aggréable, commandez et vous serez servy
et obéy devant touts, d'aussy bon cœur que je prye
Dieu vous donner sa garde.
De Gand, ce 29*^ de juillet 1571.
Le tout vostre à commandement serviteur et amy
Henry du Tour le Jeusne.
282. — Plantin à Gilbert d'Ognies,
Au R"''= S"" de Tournay.
Très noble et R*.
Estant retourné de Paris, j'ay trouvé deux lectres de
V. R°« S'% Tune du 21*^ et l'autre du pénultiesme du
passé, auxquelles, bien que mon gendre m'ait dit avoir
respbndu, je n'ay voulu faillir, ayant aussi présentement
receu certain mémoire par Monsg"" d'Oienbrugghe ' de
respondre aux poincts contenus ausdictes lectres et mé-
moire.
Et premièrement, quand au chant, je supplie V. R°*
5«c Qi Messigneurs de son chapistre entendre que je ne
l, Conr^rd d'Oyenbrugghe, chantre de la cathédrale de Tournai.
— 227 —
sui pas autre chant que celuy qui m'est prescript par
Monsieur le chantre' de Malines, lequel me dict muer
peu de chose, et non sans avoir ses raisons, à l'exem-
plaire à luy envoyé par Tauctorité de mesdicts S" du
Chapitre. Vray est qu'après avoir receu ledict exem-
plaire des mains dudict S*^ Chantre ou du Maistre des
Cérémonies de Malines, je le fay, pour plus grande seu-
reté de nos ouvriers et pour éviter au danger de perdre
rien,transcrire, à mes grands despens, au net par ung cer-
tain religieux de ceste ville qui n'y change ni adjouxte
aucunne autre chose sinon que là, où la quantité des
sillabes (chose qui expressément m'est enchargée de
Rome) ne peut souffrir nombre de plusieurs notes, il
les transporte où est de besoing, sans rien oster ni
changer du chant.
Quant au prix du Psautier, qui leur semble cher à
huit florins, je leur supplie considérer quels et combien
de fraiz il m'a convenu et convient faire pour telles
œuvres et aussi que je n'ay imprimé desdicts Psautiers,
comme je n'imprime aussi des Antiphonaires que envi-
ron quatre cents exemplaires, sur lesquels faut que je
recouvre tous les frais de l'impression, n'ayant pas le
moyen, pour la cherté du papier et longueur de temps
qu'il faudroit attendre d'en faire davantage, ce que bien
considéré, on trouvera le prix n'estre excessif; nonob-
stant quoy, je leur rabatteray ung florin sur chaicun
exemplaire dudict prix, à cause du plaisir de l'argent
advancé.
Et quant est du dernier poinct de m'obliger de don-
ner ledict Antiphonaire achevé aux Advents, je le
ferois bien volontiers si la nonchallance, yvrongnerie et
malice de mes ouvriers pouvoit estre par quelques loix^
— 228 —
raisons, ou conditions réprimée et réduicte à quelques
certaines journées de bespngner. Ce que je voy estre
impossible et par conséquent aussi que je me puisse
obliger à certain jour. Mais bien suis-je prest de m'obli-
ger de continuer l'ouvrage sans quelque interruption
d'autre, ainsi que maintenant j'y besogne, et que pour le
moins je délivreray (outre le Commune Sanctorum que
j'espère achever dedans huict ou lo jours) autant de
proprium qu'il en sera besoing pour chaicun mois au
paravant qu'on s'en doibve servir au chœur. Et de faire
aussi tout debvoir à moy possible d'advancer la besogne.
Qpant à la marge du fonds, dont mesdicts m'ont faict
advenir, j'y ay remédié, de sorte que j'espère qu'ils s'en
contenteront et ceux qui s'en voudront servir.
Reste aussi les advertir que le parchemin est fort
renchéri et renchérist tous les jours; par quoy, s'il
leur plaist m'en envoyer ou m'en faire délivrer icy par
qui il leur plaira, je le leur imprimeray volontiers, sans
leur en demander aucunne chose.
— 229 —
283. — Tlantin à Corneille Jansenius.
(Plantin se réjouit de ce que son petit présent a été agréable à
Tévêque. Il le remercie d'avoir bonne opinion de la vente qui se fera
des Psautiers, quand l'Antiphonaire et le Responsoriale seront termi-
nés. Mais il doit faire remarquer qu'ayant engagé environ cinq mille
florins dans la publication du Psautier, il ne peut dépenser de nou-
velles sommes pour l'Antiphonaire et le Responsoriale, avant d'avoir
retiré l'argent dépensé pour le Psautier. La vente de ce dernier
marche d'une manière tellement satisfaisante qu'à l'aide de l'argent
qu'il en reçoit, il peut faire face aux dépenses de la publication des
autres livres. Le Psautier est donc demandé, avant que l'Antipho-
naire et le Responsoriale aient paru. Il lui a envoyé le cahier
manquant au tome premier de Surius, avec le second volume du
même ouvrage.)
Reverendissimo in Christo Patri
D. D. Cornelio Jansenio Gandensi Episcopo meritissimo.
Gratum fuisse R"" D. V. munusculum nostrum * est
quod gaudeam.
Qpod autem de Psalterii a nobis impressi distractione,
ubi Responsoriale post Antiphonarium fuerit absolutum,
spem faciat, habeo gratias maximas. Hoc unum vero
R. D. V. non ignorare volo meas facultates non adeo
amplas esse ut, in impressione dicti Psalterii expositis
quinque plus minus milibus florenis, potuerim in Anti-
phonali imprimendo aliquanto plus impendere et rursus
ad Responsorialia multo plus insumere, antequam ad
distractionem Psalterii jamdudum impressi pervenissem.
Quare mihi cessandum fuisset omnino, nisi Dominus
Deus, ad cu)us honorem et ejus ecclesiae matris nostrse
commoditatem nos nostraque dicavimus, alio modo
nobis jam succurrisset. NonnuUos etenim excitasse video
ad Psalterii emptionem : est enim qui jam plus quam
I. Le missel envoyé à Tévêque sur le conseil de Henri Du Tour,
15
M
230
centum, est qui 15, qui 10, qui 50, qui sex redemerint
et redimant, ex quibus nonnullos annoto ex Hispania,
Lusitania et Italia evocatos, ita ut nunc, quod alioqui
non potuissem, ex pecuniis receptis aliorum librorum
impressionem, quanta per facultates et valetudinem licet
diligentia, prosequar, quo ^em meam iis ipsis prsestem
qui dicta Psalteria redemerunt et rediment, quod, ut
bene dicit R"* D. V., Psalterium et Antiphonale sine
Responsoriali parum utile esset ecclesiis qui a mercato-
ribus hic emi curassent. Hinc video impressa Psalteria
desideranda, priusquam vel ipsum Antiphonale absolva-
tur ; tantum abest ut Responsoriale sit illis expectandum
qui volent nostris exemplaribus uti. Quatemionem in
Surii * tomo primo desideratum, una cum secundo
tomo, misimus ad R"*"* D. V., cui omnia prospéra ad
gregis sibi commissi utilitatem Dominus Deus largire
dignetur.
Antverpise, 9 augusti 1571.
I. Laur, Surii Historia eccUsiastica, Coloniae apud Qjientelios,
1571, in-folio.
— 231 —
284. — Tlantin à Louis de Berlaymont. '
Au très Illustre et R"* Archevesque de Cambray,
le Signeur Louys de Berlaymont.
Très illustre et R"*' S^%
Ayant achevé d'imprimer fe Missal, j'ay prins la har-
diesse de faire présenter cest exemplaire à V. 111™* et
j^me gie^ j^ Suppliant de prendre ce mien petit office en
bonne part. Ce qu'entendant, je me réputeray grande-
ment favorisé et avoir recouvert ce que j'ay perdu au
trespas de feu de bonne mémoire le devancier de V.
Ill"*' et R™* S**" *, laquelle je prie Nostre Signeur nous
vouloir conserver et augmenter en toute bonne santé et
heureuse prospérité.
D'Anvers, en nostre Imprimerie, ce 18 jour d'aoust
IS7I.
1. Louis comte de Berlaymont, né à Bruxelles, en 1542, mort à
Môns, le 15 février 1596. Il fut élu archevêque de Cambrai, le 15
septembre 1570. Après la prise de Cambrai par le duc d'Alençon, il
quitta cette ville et se retira à Mons. Le pape Qément VII le nom-
ma administrateur du diocèse de Tournai, le 13 novembre 1591.
Cambrai ayant été repris, en 1595, par les Espagnols, l'archevêque
fut encore empêché de rentrer dans sa métropole par des difficultés
survenues entre lui et les magistrats de cette ville. Il retourna à
Mons, où il mourut.
2. Maximilien de Berghes.
285. — Plantin au Cardinal de Granvdle.
Au très Illustre et R"* Gard, de Granvelle,
Viceroy de Naples, etc.
25 aoust IS71.
Ayant bon espoir que V. 111"* et R"* Ex" aura receu
rachèvement du Missal, je la supplie me faire advertir
comment et combien il luy plaist que j 'envoyé des exem-
plaires en parchemin à Messieurs de Sainct Pierre à
Rome, pour lesquels elle m'avoit ordonné d'en impri-
mer, ce que j'ay faict, jusques au nombre de dix, des-
quels aucuns m'en demandent par deçà ; mais je n'en
ose délivrer à personne, jusques à ce qu'il ait pieu à
V. Dh* Ex^' m'ordonner ce qu'il luy plaira. *
Par mes dernières, je respondois à V. Ilh* Ex" tou-
chant l'impression des Heures, ordonnées par Sa Sainc-
teté, et la suppliois de me faire avoir le congé de Sa
Saincteté pour les pouvoir imprimer, sans lequel toutes-
fois autres libraires et imprimeurs ne faisoyent difficulté
par deçà, car ils les ont faict et continuent d'imprimer,
nonobstant la clausule d'excommunication sub pœna
latae sententiae, contenue en la bulle de Sa Saincteté,
qu'ils ne laissent aussi d 'ad jouxter au commencement et
à la fin le Privilège du Roy, et semble que les Privilèges
de Sa Saincteté n'ayent auctorité qu'es terres de son
obéissance, veu mesmes que les libraires de cestc ville
font imprimer les Bréviaires de Rome (pour le Privilège
desquels je paye grand tribut) à Liège, comme en terre
I. Le 3 octobre 1571, Plantin expédia au Cardinal de Granvelle
8 missels sur grand papier, 5 sur parchemin et 3 sur papier ordi-
naire. {Archives plantiniennes : Journal, i57i,*fo 131 v'>.)
— ^33 —
non sabjecte an Rgy catholique, sans le Privil^e
duquel, qui m'a esté concédé, ils disent qu'ils ne lais-
seroyent de les faire imprimer icy, choses que je n'ose-
rois ni vpudrois entreprendre. Et mesmes, estant requis
par diverse.^ lectres rescrittes par Monsg' le Secrétaire
Çayas de la volonté du Roy de tout incontinent impri*-
mer lesdictes Heures ordonnées par Sa Saincteté, de la
sorte de lectre et forme que j'en ay, ces années passées,
imprimé à la requeste de plusieurs Signeurs, et signa-
ment de celles que naguères j'ay imprimées par l'ordon-
nance de l'Excellentissime Monsigneur nostre gouver-
neur le Duc d'Âlbe, j'ay respondu qu'obstant la susdite
clausule contenue en ladicte Bulle des Heures dernières,
je n'oserois le faire sans congé de Sa Saincteté. Et
pourtant, je supplie très humblement V. 111"' et R"* S**
me faire advertir, si je puis bien, sans danger de con-
science, imprimer lesdictes Heures, veu principalement
qu'il me le seroit ainsi ordonné par Sa Majesté.
Cependant, je prie Nostre Signeur nous maintenir, etc.
286. — Plantin à Max Morillon.
 Monsigneur Monsieur le Provost d'Aire,
Max Morillon, Secréuire général du très illustre et
R°« Card. de Granvelle.
25 aousti57i.
Monsigneur,
Encores que j'estime bien que V. R' $*• aura esté
advertie par le S^ Malpas que, passé quelques jours,
j'avois receu trois cents florins qu'il avoit pieu délivrer
— 234 —
à Pierre de la Tombe', à BrusseUes, et depuis soixante
livres de gros du receveur, si est ce que ayant ce jour-
d'huy receu dudict receveur encores quarante livres de
gros (toutes lesdictes trois sommes faisantes ensemble
neuf cents florins carolus de XX patars chaicun florin,
pour l'asseurance desquels j'avois consigné audit S*" Mal-
pas cent et cinquante grand Psalterium), je n'ay voulu
faillir de l'en advertir et remercier grandement de telle
aide, qui m'a renforcé le courage et donné moyen de
continuer à l'impression de l'Antiphonaire, lequel nous
avançons tant qu'il nous est possible.
Qiie si nos grandes Bibles, ausquelles sont employées
toutes nos facultés et crédict estoyent achevées, je n'au-
rois pas importuné V. R. S. de telles propositions ni
requestes, veu mesmes tant de bénéfices qu'ordinaire-
ment je reçoy d'icelle et les bonnes faveurs qu'il luy
plaist me porter. En continuation desquelles, je luy prie
envoyer l'incluse à son 111* et R"* Ex", par laquelle je
la supplie m'advertir combien il luy plaist que j'envoye
à Rome des Missals en parchemin, qu'il luy avoit pieu
m'ordonner que j'imprimasse pour Messieurs de St.
Pierre à Rome. Et aussi, comment je devray faire tou-
chant les Heures de Rome dernièrement reformées par
Sa Saincteté que le Signeur Secrétaire Çayas, de la
volonté du Roy, me sollicite d'imprimer; ce que je
n'ose faire, d'autant qu'en la Bulle de Sa Saincteté im-
primée au devant desdictes Heures, il est défendu à
tous ceux de l'obéissance de ses terres et Signeuries,
soubs grande peine pécuniaire, et à tous autres, soubs
peine d'excommunication latae sententise, d'imprimer ne
I . Pierre de la Tombe, imprimeur à Bruxelles.
— ^35 —
faire imprimer, vendre ne distribuer autres tels livres
que de l'impression faicte à Rome du peuple Romain
etc. Nonobstant quoy, les héritiers de feu de bonne
mémoire Jehan Steelsius n'ont laissé d'en requérir le
Privilège à la cour qui leur a esté octroyé, sans avoir
prins esgard au contenu de ladicte bulle, à quoy il
semble qu'elle n'ait efficace es terres et Signeuries
situées sous autre obéissance temporelle. Ce qui se
practiqueroyt aussi aux Bréviaires et Messels, si le Pri-
vilège du Roy que j'en ay obtenu n'en retenoit ceux
de ceste ville qui les font imprimer à Liège et là où
ils peuvent, sans avoir esgard au brief de Sa Saincteté
que, par la grande et libérale faveur de sou 111"* et R"'
Ex" et de V. R® S** et entre vous, Messigneurs ses
officiers, j'en ay obtenu de Sa Saincteté, et dont je
me sens volontairement obligé de payer librement le
dixiesme de tout ce que j'en fay, qui se monte plus
de quinze par cent, là où sur le reste je ne gagne pas
autant, à beaucoup près., Ce que j'ay faict très volon-
tiers jusques à maintenant. Mais voyant qu'on ne tient
compte* des defFenses de Sa Saincteté, imprimant ailleurs
lesdicts Bréviaires et icy lesdictes Heures, sans aucune
licence ni congé de Sadicte Saincteté, je désirerois
estre délivré du scrupule que j'en fay et du grand
tribut que j'en paye ordinairement à chaicunne impres-
sion. Et pourtant je supplie aussi à V. R. S. qu'il luy
plaise me faire ce bien de m'en escrire ung petit mot
d'advis, en attendant la décision qu'il plaira à son 111°**
et R"* Ex" nous en donner.
Et cependant, Monsigneur, je prieray Dieu nous
vouloir etc.
— 236 — •
287- — Tlaniin à Gilbert dVgnies.
A Monseigneur de Tournay.
Très Noble et R»« S%
Ayant achevé l'impression du Missal, j'ay prins la
hardiesse d'envoyer cest exemplaire à V. I. et R"* S",
la suppliant l'avoir aggréable.
Qpant à l'impression de l'Antiphonaire, je le continue
autant qu'il m'est possible et ce d'autant plus facilement
que, grâces à Dieu, les Psautiers par nous imprimés
ayants esté veus en Italie et ailleurs sont tellement
requis que j'espère qu'il m'en restera peu ou point,
lorsque lesdicts Antiphonaires avec le Responsorial sera
parfaict. De quoy j'ay bien voulu advertir V. I. et R"*
S** pour s'en faire fournir ceux qu'il luy plaira *.
Qui est l'endroict où je prieray Dieu nous conserver
V. I. et R"* S** en toute bonne santé et prospérité.
288. — P. (FOverloepe * à Planiiti.
S' Plantin, Pay veu ce que avez escript à Michiel de
Hamont touchant l'impression des ordonnances ou plac-
cars endroit la répurgation des livres', ensemble le
1. Uévêque de Tournai et son chapitre achetèrent de Plantin, en
X572, deux Psautiers sur vélin et quinze sur papier; en 1573, encore
huit sur papier.
2. Secrétaire du conseil privé du roi, à Bruxelles*
3. Index ixpurgatorius lihrorum qui hoc seculo prodUrunt,,.. Philippi
II R^s catholiei jussu et auctoritate atque Albani ducis condîioacminis-
t$rio in Btigio concinnatus. Plantin, 1571, in-4o. Livre imprimé par
Plantin, pour compte du roi.
— 237 —
commencement de deux exemplaires imprimez de l'indice
expurgatoire, tant en thyois que françoys. Et comme
vous désirez savoir s*il sera besoing en imprimer à part,
sans ledia Indice, je vous advise que les greffiers des
consaulx de Flandres, Hollande et autres m'ont escript
pour en avoir des exemplaires imprimez. Sur quoy ne
leur ay sceu donner autre response que ce que ledict
Hamont m'avoit dit avoir entendu qu'il vous èstoit def-
fendu en distribuer aucuns, jusques à ce que ledict In-
dice seroit imprimé. Depuis je n'en ay rien entendu
d'iceulx. Parquoy et pour pouvoir donner meilleure res-
ponce à ce que demandez par vosdictes lectres, )'en ay
fait parler par le S' Mesdach * à Messeigneurs du conseil
lez son Excellence, lequel m'a respondu que vous pour-
rez imprimer lesdicts placcars, et non l'indice expurga-
toire, pourveu que ce ne soit aux despens de Sa Majesté,
dont vous ay bien voulu advertir par ceste, pour selon
ce vous y savoir régler et suivrai» .
S" Plantin, me recommanderay à vostre bonne grâce,
pryant à Dieu vous donner la sienne en santé et longue
vye.
De Bruxelles, le XIX** jour de septembre 1571.
Vostre bon amy à vous rendre service,
P. d'Overloepe.
I. Secrétaire du conseil privé.
— 238 —
289. — Tlantin à Gilbert dVgnies.
A très noble et R°* Sig' Monsg^
rÉvesque de Tournay.
Très Noble et R™** Signeur,
Il me suffist, très Noble et R"* Sig% d'entendre que le
Missal envoyé luy soit aggréable.
Quant à TAntiphonaire j'y ay besongné et continue
d'y besongner autant qu'en ce temps, dificile à recou-
vrer deniers, il m'a esté et est possible de fournir à la
despense qu'il m'y convient faire, outre ceste grande
charge de Bibles.
Nous avons de longtemps achevé le Commune Sanc-
torum et poursuivi le Proprium jusques au Quaresme et,
s'il plaist à V. R°* S** l'ordonner, je luy envoyeray de
chaicun ung cahier de tout ce qui est faict, par où elle
verra qu'on pourroit bien commencer à s'en servir à
ces Advents prochains, pourveu qu'on s'en contentast
de faire seulement couldre lesdicts cahiers ensemble
pour s'en servir ainsi, jusques à Tachèvement de la par-
tie hyemale. Et de ma part j'espère, avec la grâce de
Dieu, de tellement continuer la besongné qu'on n'aura
pas faute de ce qui restera d'imprimer, avant qu'on soit
parvenu à la fin de ce qui sera imprimé. Davantage ne
puis je faire.
Qui sera l'endroict, très Noble et R™** Sig', où, sup-
pliant d'estre recommandé à la bonne grâce de V. R°*
S",, je prie Dieu la nous conserver en toute bonne
santé et heureuse prospérité.
D'Anvers, ce 28 octobre 1371-
— 239 —
290. — Plantin à Martin T(jthomus. *
(Plantin envoie à l'évêque d*Ypres un Psautier en feuilles. Il n'a
rien imprimé de nouveau. Le Proprium de Umporc de l'Antipho-
naire est avancé jusqu'à la Q^adragésime. Le prix du Psautier est
de huit florins, mais il accordera un rabais. Il lui est arrivé plus
d'une fois que, d'un seul coup, on lui achète la majeure partie d'un
ouvrage qu'il vient d'imprimer. Le fait s'est encore produit pour le
Missel dont le roi d'Espagne a pris presque tous les exemplaires. Il
lui envoie un des vingt exemplaires qui lui restent, ainsi que des
lettres de l'évêque de Ruremonde.)
R™° in Christo Patri ac D.
Martino Rithovio Episcopo Yprensî.
Paucis ego, multis impeditus, ut R"" D. V. litteris
respondeam et, si fieri possit, sansfacere queam ego,
mitto Psalterium Chori una cum Communi Sanctorum
impresso, eaque incompacta, quod nulla haberem com-
pacta, neque hactenus curaverim compingi ; soient
namque qui emunt id pro voto suo curare.
Nihil prasterea absolvimus. Proprium de tempore ad
Qpadragesimam usque perduximus. Precium vero Psal-
terii est constitutum octo florenis, de quo, si quinque
aut decem ad summum stufferos demeremus, parum ad
nos praster sumptus factos rediret. Hoc tamen ingra-
tiam ecclesiarum jam variis solutionibus onustarum
patiar mihi detrahi.
Qpare, si aliquot exemplaria cupiat R°* D. V., mît-
tam libenter; casterum in spem venditionis hoc facere
non videretur e re mea, ne forte mihi isthinc meo
I. Martin Baudewyns de Rythoven, premier évêque d'Ypres,
mourut à S* Omer, en 1583. Il présida, en 1570, le s3mode de Ma-
lines, dont il publia, chez Plantin, les décrets et statuts : 'Décréta
et statuta sjnoài provincialis MechliniensiSy 1571, in-80.
— 140 —
sumptu revocandi essent : non semel namque mihi acci-
dit ut quae baberem Breviariorum exemplaria omnia ex
Italiis evoçata ab uno mercatore emerentur; quod mihi
etiam bis diebus de Missalibus a me impressis accidit,
nam ex Hispaniis nomine regio exemplaria fuerunt, quae
habere potui perfecta, onmia evocata, et in bac classe
quae brevi, Deo favente, bine solvet imposita, ita ut
vix pro annis abscondita servare potuerim vigind, ex*^
quibus, quod compactum mitto^ est unum. Pro eo vero
a D°^ Pastore accepi sex florenos pro compactura et
libro ipso.
Mitto quas accepi a R"'^ D. Ep. Ruremundensi ad
R" D. V. litteras, quibus si placuerit respondere, ego
illi perlibenter transmittam et^ quicquid prasterea nobis
mandaveris, bona fide et diligentia exequi conabor.
D™" Deus Reverendissimam D. V. diu nobis servet
incolumem.
Antverpiae, 8 novembris iS7i«
— 241 —
291. — Tlantin à %Andri Fabricius \
(Plantin lui envoie un exemplaire de son Catechismus Romanus
qui est enHn achevé. Jamais livre n'a vu retarder sa publication
par tant de contrariétés. Il a coUatiotmé toutes les feuilles avec le
manuscrit de Tauteur et y a ajouté une table d'errata. Il envoie le
livre dans un paquet de Georges Willer d*Augsbourg.)
Clariss, Doctissimoque Viro Domino And.
Fabricio Leodio, S. Theologiae doctori et
lUustriss. Ducis Bavariae Consiliario. *
S. P. Nunquam ego de dilatione alicujus operis mihi
commissi ita dolui ut de libro hoc tuo*, quem tandem
absolutum mitto, non certe ut voluimus impressum,
sed ut potuimus. Tantas etenim difËcultates passi sumus
inter hune imprimendum ut vix ab illo credi possit qui
prsesens ipse non adfuerit. Primum etenim ubi eum
susceperamus, accidit nobis ut alia mihi imponerentur
ab illis onera ferenda qui auctoritatem fc nos habent et
quae non paterentur me quid aiiud praestare. Postea
vero pestrs opéras huic operi laborantes corripuit et
necavit. Interque hase pmnia vix unquam licuit cor-
rectoribus nostris probas ante vigesimum folium continue
légère, ita illis aliis nobis impositis oneribus erant onusti.
Absoluto tamen opère toto curavimus iterum omnia
folia ad exemplar tua manu scriptum conferri atque
errata notari inque fine ad j ici. Quae certe plura sunt
multo quam vellem, sed quorum vix média pars absunt
ab ipso autographo. Hoc unum tamen mihi restare
1. André Fabricius, né à Hodeige dans la principauté de Liège,
étudia à Ingolstadt et enseigna la philosophie au Collège de S<e
Gertrude à Louvain. Il devint dans la suite Conseiller du duc de
Bavière et mourut à Ottingen, dont il était prévôt»
2. Catechismus romanus y 1572,
— 242 —
videtur ut a tua humanitate impetrem ut quicquid
nostra culpa peccatum est condonare mihi dignetur,
alias meliori opportunitate compensaturo.
Ego nunc exemplar hoc integrum mitto. Adposuimus
vero in sarcina Augustam ad Georgium Willerum * hinc
hodie a nobis missa exemplaria ex aliquanto meliori
papyro quam sunt reliqua exemplaria. Plura si petieris,
mittemus.
292. — Tlantin à Martin Rithovius.
(Le huitième du mois courant, Plantin a envoyé à Tévêque d'Ypres
un Missel relié et un Psautier. Sur un avis nouveau, il a fait relier
huit Missels qu'il envoie également, en même temps que deux Psau-
tiers et deux Commune Sanctorum également reliés. Il donne le
prix de ces reliures et d'autres plus ordinaires. D'après l'ordre du
curé de la Citadelle, il envoie deux exemplaires du Commune Sanc-
torum et des feuilles, imprimées du Proprium de Tempore. Il a reçu
de l'intendant de l'évêque 200 florins, pour lesquels il enverra tout
ce qui lui a été demandé.)
R°° in Christo Patri ac D. D. Martino Rithovio,
Episcopo Ypfensi.
Octava hujus mensis, secundum id quod R. D. V.
videbatur petere, misi cum Missali compacto Psalterium
et Commune Sanctorum. Postea vero, acceptis aKis
litteris, statim curavi 8 missalia compingi, quas nunc
mitto, una cum duobus Psalteriis et totidem Communi-
bus Sanctorum simul compactis ; neque plura ausus sum,
donec R™* D. V., his acceptis, indicaverit num hoc
modo placeant. Compactura uniuscujusque libri hoc
modo constat Quod si communiori modo, absque
I . Georges Willerus, libraire à Augsbourg,
— 243 —
angulis «ris et cum solis claustris communibus, consta-
bit ligatura uniuscujusque libri tantum... '. Per nuntium
vero alia duo exemplaria Communis Sanctorum et toti-
dem ex quatemionibus Proprii de Tempore impressis
mittimus, ut nobis jussit D. Pastor in Castro '.
Hodie praeterea accepi a dusestore * R"" D. V. du-
centos florenos pro quibus, qua^cumque mandaverit et
poterimus, libentissime mittemus, et omni oblata occa-
sione gratos nos perpetuo fore testari conabimur. Do-
minus Deus R™*"* D. V, nobis et reipublica^ sua^ diu
sanam et incolumem conservare dignetur.
Antverpiae, 22 novembris 1571.
293. — Plantin à Jean Gassen.
Jehan Gassan. Estants venus tant de messagers par
deçà, sans m'apporter ung seul mot de lettre de vostre
Oncle, de vous, ni de ma fille, je n'ay sceu que penser,
sinon qu'il y avoit quelques pièces (comme on dict)
mal taillées. Et depuis, estant plus acertené des petites
sottises, légèretés et manières desquelles vous vous gou-
vernés par ensemble, d'une débilité de corps et ennuy
de ne pouvoir faire les affaires communes et ordinaires,
au contentement de nos créditeurs (ainsi je vous ay
assés adverty et vostre Oncle que je tasches de tout
1 . Le prix du Missel était de 4 florins.Le premier exemplaire de ce
livre, dont il est question dans cette lettre, était doré sur tranches,
avait de doubles fermoirs et des coins en cuivre. Relié, il coûta 6
florins. Les Missels en reliure ordinaire coûtaient 4 1/2 florins.
2. Adam Andries, curé de la citadelle d'Anvers.
3. Petrus Winandus.
— 244 —
mon pouvoir), je suis tombé en une tristesse de cœur
assés véhémente d'entendre lesdicts désordres, contraires
du tout à la volonté de Dieu, à mon intention et de
tout bon ordre. Sur quoy, je vous prie considérer d'où
vient la faute et entendre que quand je vous ay par cy-
devant rescrit (comme en riant et par gayeté de cœur)
que je n'entendois pas vous avoir baillé ma fille afin
qu'elle empirasse, etc., que je n'escrivois pas tels mots
(car je sçavois bien ce que par lesdicts mots vous vou-
liés dire) sans sçavoir le but de ce que je prétendois
vous donner à entendre ou plus tost vous en faire sou-
venir.
Car souvenés-vous, je vous prie, de tous les propos
que je vous ay tenus touchant les aliances, mariages, et
sociétés ou manières d'acquérir et d'entretenir paix et
concorde entre ceux avec qui nous vivons, qui est
principalement et premièrement de nous acquérir une
trancquilité et repos d'esprit selon la loy et commande-
ments de Dieu et des hommes, à qui sommes tenus
d'obéir selon le reng et degré qu'ils tiennent, en quel-
que lieu que nous soyons, sans jamais nous entremectre
de vouloir rien changer aux affaires d'autruy, si ce ne
fût par conseil et du consentement d'iceux, en toute
équité.
Et notés aussi que telle tranquilité ou repos d'esprit
ne nous adviendra, ni ne les pourrons jamais acquérir,
par aucun moyen que ce puisse estre, que par une
bonne, douce et patiente humilité de cœur, mère seule
de tous biens et dons de Dieu, nourice de toutes vertus
divines et vray lien d'amitié, concorde, paix et union
avec les bons, et le seul refuge, force, armes, victoire,
et vengeance (si besoing est), à l'encontre des mauvais
— 24S —
et de tous ceux qui^ d'ung cœur hautain, bravçté de
cotirage, malicieuse, sotte, fine ou cauteleuse nature,
voudroyent dominer, suppéditer, ou abastardir les
autres. ▼
Et pourtant, mon très chier fils et amy, je vous sup-
plie au nom de Dieu que veueillés réduire en mémoire
tous les propos que je vous ay tenus par cy-devant, et
que je vous [ay] escrits touchant le moyen de se gou-
verner avec ung chaicun de tous ceux avec qui on
habite, ce qui doit procéder d'une bonne humilité de
cœur et de l'intérieur, afin qu'il dure; car tout le reste '
seroit hipocrisie et n'auroit pas de durée.
Considérons doncques, en premier lieu, nostre inté-
rieur ; voyons comment il s'est porté et se porte envers
Dieu à qui le devons entièrement, et ainsi nous humi-
lions à luy et s'il nous faict quelque miséricorde et
grâce, ne nous l'attribuons pas comme chose nostre,
mais usons en à son honneur et gloire envers nostre
prochain; si nous avons quelque don, science, sçavoir,
industrie, moyen d'entretenir les gens, trafficquer, han-
ter, besongner, et faire quelque chose que ce soit,
gardons nous bien d'en monter sur nos ergots, de [nous]
en estimer quelque chose d'avantage, et sur toutes
choses de nous en vouloir préférer au plus abject,
ignorant, malotru, malplaisant, malaprins et rusticque
qu'il soit point en tout le monde ; tant s'en faut qu'il
nous soit licite de le blasmer, en parler mal, mespriser,
desdaigner, ou ne tenir compte de luy pour<ela.
Car, si c'est de Dieu et non pas de nous que tout
bien vient et est donné, quelle injure luy faisons nous
donc, quand nous osons (par je ne sçay quelle outre-
cuidance et faute de bonne considération) despriser ung
i6
— 246 —
autre à qui Dieu n'auroit pas faict grâce semblable. Je
ne suis pas pourtant ignorant que la manière du
monde est contrayre à ce que j'en dy, et sçay par
trop que nostre beau semblant et justice fardée, assise
dedans nostre cœur, nous suppédite assés de raysons
et allègue assés de loix de nostre propre droict, par
lesquelles nous prononçons asseurément qu'avons bonne,
juste, et léale cause de ne nous laisser abastardîr, de
nous faire estimer vertueux, de tenir le reng que nous-
mesmes choississons, et nous semble bien que devons
tenir, sans en céder d'un seul pas, et mesmes de mon-
strer par effort qu'on sçait bien de quoy on sert, et
que nostre ferme preudhomie mérite d'estre vengée de
toute mjure que nous nous persuaderions avoir esté
faicte, en absence ou bien en présence de nous, et si
ne me veux pas aussi exempter que je ne sois maintes-
fois tombé et retombé en telles fautes, jugements, et
exécutions dépravées et meschantes.
Mais je sçay aussi comment il m'en est toujours
prins et suis asseuré de ce qu'il m'en peut advenir, et
à tous ceux qui ne se donneront de garde d'y tomber
et cognois manifestement et certainement qu'en telles
choses il n'y a que hargneuse, tempestueuse et impa-
tiente superbité et outrecuidance, mère et nourice de
tout malheur, vices, péchés et iniquités et la vraye
ennemye et meurdrière de nostre liberté et vraye vie,
et qui rompt et débrise tous liens et moyens de faire
ou tenir quelque paix en nous-mesmes et avec tous
autres : dont après s'ensuict que ne soyons jamais con-
tents de ce qu'un autre faict et que tumbions en une
servitude misérable, premièrement de' nostre esprit,
cogitations, pensées et entreprinses qui nous mastinent.
— 247 —
tyrannissent et tiennent esclaves : et par conséquent
que ne puissions jamais estre paysibles, faciles à entre-
tenir quelque manière de pais durable entre ceux avec
qui nous conversons ou devons conversi^r. Car ce
nostre esprit d'arrogance et persuasion de nostre beau
sçavoir et moyens de trafficquer, gaigner la bonne
grâce des estrangers, et autres habilités, que trouvons
alors dedans nous, sont trop braves, entendus, et grands
Seigneurs pour obéir, céder ou servir à ceux que nous
voyons estre moindres que nous et sont trop gentils
et curieux pour trouver bon, ni approuver chose faicte
par un autre, ni pour excuser, supporter, endurer ou
faire semblant de ne voir pas les fautes commises par
autruy.
Et ainsi nous plaisons nous et tenons forts et vail-
lans en la vertu de nos cogitations et beaux jugements
pernicieux et faulx, sans nous appercevoir de la trame
que nous nous ordissons peu à peu pour, en la fin, nous
envelopper et suffocquer en nos subtilités, et trop des-
guisées arrogances et supperbités. Il peult bien estre
que ces miens propos ne vous sembleront guère propres
et sembleront plus tost de quelque prédicateur en
chaire, preschant pour néant aux assistans endormis ou
à gens oblivieux, qui ni vont que pour coustume ou
pour ouïr ce qu'on y dict, sans se soucier ni prendre
paine d'en devenir meilleurs. Si est ce que (prenés le
comment que ce soit) je me sens tenu et poussé de les
vous déclarer, et vous rendre asseuré par cestes, que
je ne me sens à rien tant tenu, et aussi ne tascheray à
rien de tout mon cœur, durant ma vie, qu'à instruire
mes enfants à l'acquisition d'une vraye humilité de
cœur qui est la fpntaine et source de tous biens cèles-
— 248 —
tes et donnant suffisance des terrestres. Que si ils ne
m'escoutent ou ne veulent entendre ou croire, après en
avoir faict mon devoir, j'en tiendray ma conscience quite
devant Dieu«
Or, afin que ne trouviés pas trop estrange ces
miens propos et trop rudes pour une première fois, je
vous prie entendre qu'ils me procèdent maintenant de
rintérieur de mon cœur, comme une flamme de' feu
qui m'y brusle ou, si mieux le voulés, comme une
certaine cholère feroit d'un personnage se sentant injurié
ou accusé à tord et s'en voulant vanger contre son
adverse partie et luy monstrer, comme on dict, qu'il a
du sang aux ongles. Car, à la vérité, je me sens gran-
dement oflensé d'entendre estré injure ou faussement
(bien que peut-estre tacitement) accusé, comme si
j'estois d'intention ou voulusse bien que ma fille fiist
soustenue ou apprinse à se tenir rogue, despite, dédai-
gneuse, paresseuse, et fière, s'esgalant ou prenant
exemple aux autres et s'attribuant, et à ceux qu'elle se
persuaderoit estre ses plus proches parents ou amis,
quelque dignité ou degré pareil à ceux soubs qui elle
doibt estre subjecte et obéissante en toutes et quelcqon-
a
ques choses qui ne soyent contraires aux commande-
ments de Dieu. Et, afin que m'entendiés mieux, j'entends
que la pensés supporter etc. de ne se lever au matin,
de ne s'employer à faire les choses qui apartiennent
au mesnage, disant qu'il y a d'autres chambrières assés,
ou bien qu'elle n'est chambrière non plus qu'une autre,
et, mesmes, qu'estant question d'assister aux nopces
de la fille de la seur de vostre tante, n'avés voulu
qu'elle y allast et en rudes paroles avec vostre oncle,
tante, etc. pour vouloir monstrer juste courroux contre
— 249 —
des etc. y choses à la vérité aasquelles je n'eusse estimé
qu'eussiés encore voulu chopper. Car, croyés moy, cela
n'est qu'enfantise ou ignorance ; car les honneurs ,
biens, ni réputation dignes d'fctre conservées ne peu-
vent jamais estre blessées par telles gens, et pounant
n'en faut il faire compte, mais supporter l'infirmité,
hastiveté, légèreté, voire mesmes la malice de ceux
qu'on ne peult pas instruire ni édifier ou amender.
Mais, je vous prie, considérés ung peu quelle sagesse
ce seroit à ung homme, se voulant tenir vertueux et
noble de courage, d'aimer mieux se plonger et faire
plonger les siens en ung bourbier très profond que de
vouloir passer parmi le champ de celuy qui, en son
enfance ou ignorance, luy auroit pensé de barbouiller sa
robbe ou jette des glettrons sur ses habillemens et qui
après ce tant Tinviteroit à passer ou venir par ledict
champ ? Et de faict ne seroit-il pas estimé je ne sçay
quoy, qui se voudroit attacher et user de vengeance
contre un sot ou téméraire, alors qu'il se voudroit
monstrer ou faindre sage ? L'acte faict par ci-devant ou
tous tels, croyés-moy, ne sont pas d'autre importance
ni rayson, selon la vérité. Quant aux autres, notés et
entendez, .je vous suplie, que vous ne vous sçauriés
faire plus grand tord que de planter ou donner la
moindre occasion que ce puisse estre à vostre femme
d'estre négligente, superbe, ou de luy mectre, comme
on dict, le cœur au ventre pour s'estimer quelque chose
ou estre trop utile à d'autres affaires, ou en trop haut
estât et degré ou de trop bons père, mère ou parents
pour s'employer ou estre mise à faire choses viles ou
que chaicun autre moindre peut faire. Car cela, croyés-
moy, engendre et attraict peu à peu autres vices qui,
— 250 —
par après, viennent à autres conséquenses qu'on ne
Teust jamais pensé, et, quant telle persuasion est entrée
en la teste d'une femme, croyés asseurément qu'elle
n'est pas facile à l'en oster ni de cheoir d'elle, comme
on le voudroit et qu'il apartiendroit. J'en escry aussi à
ma fille ce que j'ay veu de besoing, et tascheray ainsi
de tout mon pouvoir à me venger de telles modes et
commencemens de faire, essayant et donnant conseil
d'en arracher la semence autant qu'il me sera possible,
devant qu'elle croysse et prenne racine trop profonde,
car l'orgueil, superbité, arrogance, outrecuidance ou la
persuasion fausse que l'homme se donne et attribue
d'estre sage, bien apprins, discret, ou autrement que le
voudrés dire selon le monde, etc., est une beste la plus
vigoureuse, la mieux croissante et la plus féconde et
tost parmi quatre mille qui se puissent trouver, car
incontinent elle s'esgale, voire et outrepasse, toutes
autres bestes et animaux et de soy-mesmes se remplist
et se nourrist toute la forest où elle se trouve, et si
n'est pas facilement chassée ni ostée du lieu où elle
s'est habituée.
Parquoy avons bon besoing de nous garder d'elle en
l'intérieur de nostre cœur, là où elle se niche et d'où
elle sort à l'impourveu, à chasque occasion, pour dévo-
rer tout ce qui luy est contraire et ainsi dominer seule
et tenir soubs sa tyrannie toute la puissance de l'homme,
^ ignorant le dommage et perdition qu'elle luy apporte et
le grand bien d'humilité, paix, tranquillité et repos
d'esprit qu'elle faict languir, opprimer et finnablement
estainct ou suffoque en iceluy. Et pourtant, je vous
prie et supplie que vueilliés prendre garde à ceci et
tascher de tout vostre cœur à éviter toutes noises, dis-
— 2SI —
cordes, rancunes et légèretés d'entre vous tous et vous
addonner derechef à supporter et bien dire et vouloir
les ungs aux aultres et à penser sur toutes choses que
sommes tous d'ung et à ung Dieu, aux commandemens
duquel il nous convient obéir de tout nostre cœur, sens
et volonté, avant que puissions avoir quelqu'autorité de
vouloir estre obéis ni de commander à nuluy, qui qu'il
soit, et n'est pas aucun subject de nous obéir (mais
entendez-may bien et à droict et si ne me pouvés pas
bien entendre, maintenant ne vous eo scandalizés pas
ou prennes en mauvaise part) en rien qui soit aucune-
ment répugnant à la volonté divine. De sorte qu'en
nous-mesmes nous devons estre honteus d'oser rien
commander à quicquonques soit de nous-mesmes,
tandis que nous nous sentons et trouvons n'obéir pas
aux commandements de nostre Seigneur Dieu, à qui
nous, nos femmes et enfants et serviteurs apartenons et
devons tout service et à chaicun de tous nos semblables,
pour l'amour de luy. Que si cela nous est trop estrange,
confessons, au moins, que nous sommes desvoyez et
taschons peu à peu de retourner où il nous convient
estre, au moins si voulons estre ou devenir bons Chres-
tiens devant Dieu. Au reste (^Manque la fin).
— 252 —
294« — Plcintin à sa fille Catherine,
Catherine, Pour vous faire entendre nostre estât en
peu de paroles, soyez advertie que tous ceux de la may-
son sont en bonne santé, grâces à Dieu ; mais, quant à
moy, il y a certaines sepmaines que je me suis trouvé
mal disposé et pesant de courage, comme si quelque
chose de mal s'en devoit suivre, et attendant de jour
en aultre des nouvelles d'entre vous tous nos amis de
par delà, espérant m'en resjouir, j'ay esté fort esmer-
veillé que trois messaigiers sont venus par deçà, sans
m'apporter un seul mot de lectres de vous, de vostre
mary, ni de mon compère vostre oncle. A quoy j'ay
incontinent conclud en moy-mesmes qu'il y avoît quel-
que choses malfaictes. Car notés que, peu souvent ou
point, je ne me suis trouvé ainsi qu'il ne m'en soit ainsi
advenu, et tenois je d'autant plus seur que de ceste
tristesse occulte et pesanteur de cœur j'en suis tombé
en une maladie corporelle de cholique qui me vexe
outre sa coustume, laquelle me seroit peu de chose, si
j'eusse peu entendre quelque occasion de me resjouir
de vostre bon portement et de vostre mary avec tous
ceux de [la^ mayson. Je dy et entends tousjours le bon
portement que je désire entendre de vous soit principa-
lement en ung bon, humble, gay, prompt et volontaire
maintien à ne désobéir à personne de la mayson en
toutes et quelquonques choses qui ne soient contraires à
Dieu. Mays ayant entendu le contraire et une partie de
la légèreté (car je ne veux pas encores l'interpréter
ou prendre pour malice) et sotte outrecuidance, et
cholérique superbité, dont vous commencés user à vou-
loir vous monstrer esire quelque chose et à soustenir,
— 253 —
non vos amis ou parents (ainsi que toutes-fois le pensés),
mais bien leur légèreté aussi et faute de modestie, je n'ay
sceu que devenir, que penser ne que faire. Vray est
que mon frère \ selon la coustume d'estre cordial et
fidèle à tous ses amys, pensant bien que vostre gouver-
nement et sottes légèretés ne me seroient celées, ains
que je les sçaurois bien tost, m'a rescrit assés d'excuses
de vos beaux faicts, pensant me dissuader qu'il n'y eust
pas eu beaucoup de vostre faute, mais seulement ung
je ne sçay quel courage de vouloir défendre ceux que
vous estimés vous toucher de plus près : mais notés,
considéretz, et remarquetz bien tous les propos que je
vous ay tenus, tant par deçà que sur le chemin en alant
par delà et depuis estants arrivés, et puis relises bien
toutes mes lecttres depuis envoyeez, et vous trouvères
appertement que j'ay bien (par la grâce de Dieu) pré-
veu et quasi cogneu cela dont il m'estoit nécessaire de
vous préadvertir. Car j'ay veu vostre inclination qui
semble bien et cordiale, mais laquelle est facile à trop
s'incliner à ce qu'il luy semble pouvoir aussi bien faire
qu'un autre, selon la mode accoustemée du monde ; de
sorte que sériés incontinent persuadée que sériés digne
d'estre ouye et d'avoir l'auctorité de parler, caqueter,
babiller, voire et tanser comme est la coustume très
mauvaise de plusieurs.
Et pourtant que je n'ay la commodité de faire ceste si
longue comme mon affection m'y pousse, et aussi que
ce seroit chose superflue de réciter tous lesdicts propos
que je vous ay tenus et rescripts, touchant la manière
comment il vous convient gouverner selon Dieu et la
ï. Pierre Porret.
— 2S4 —
volonté de vos milleurs amis, je vous remects à la
recordation et à la lecture d'iceux en mesdictes lecttres
précédentes, afin que puissiés considérer si les avés
ensuivis et si avés ordonné de vous gouverner avec ung
chaicun, ainsi que je vous ay adverti qu'il apartient de
faire. Et en attendant autres nouvelles de vous et
Tadvertissement du train que vous aurés résolu de
prendre et continuer touchant de vous gouverner avec
tous ceux avec qui vous estes ou .serés doresnavant, je
vous advertis qu'il faut en premier lieu considérer que
vous n'estes rien non plus que vostre mère ou moy
sommes, et qu'il est besoing et nécessaire de servir soi-
gneusement, diligentement, cordialement et humble-
ment à ceux à qui nous sommes obligés et tenus, et
que, aussi longtemps qu'il m'a esté possible, je me suis
levé au matin et me suis employé à tout ce que j'ay
peu, sans me proposer à personne qui soit, de jour en
jour suis prest de servir à tous, en quelque affaire que ce
soit, sans en excepter une seule, tant vile sembleroit elle,
de toutes choses licites et honnestes. Qjie si oncques
j'ay refusé, faict difficulté ou ordonné à ung aultre de
faire quelque chose, ce n'a- jamais esté pourtant que je
m'estimasse estre de trop grande qualité ou en autre
degré que le moindre de mes enfants, serviteurs ou
chambrières, mais pour que cependant je pouvois faire
autre chose qu'ils n'eussent peu faire et aussi pour
entretenir chaicun à besongner et pour leur apprendre
à n'estre oyseux.
Vous sçavés aussi ce que en cela vostre mère et moy
vous avons resmontré tousjours, et mesmes que vous
aviés tousjours esté céans comme fille de la mayson, et
que vous aliés pour estre chambrière aux filles d'unç
— 2$$ —
autre mayson^Parquoy, il vous convenoit, selon Dieu
^t la rayson, humilier et rendre de cœur, d'aflFection et
de manières de faire obéissante à faire toutes et quelc-
quoncques choses qui souflFriroyent à faire, tant du
mesnage que de la marchandise, et, pour le dire en brief,
ne vous penser pas trop digne pour faire les plus abjectes
choses qui peussent offrir en la mayson. Et de faict,
considérez que vous, ne moy, ne vostre mary ne sommes
pas d'autre masse de chair que les moindres qui soyent
au mondé. Que si Dieu nous a ou à quelques-uns de
nous ou des nostres donné quelque esprit plus apréhen-
tif, plus vif, ou de meilleur jugement qu'aucuns autres,
il ne l'a pas faict pour l'amour de nous ou nos beaux
yeux (comme on dict) ni comme chose qui soit nostre
ou de quoy nous debvions estre superbes ou estimés en
nous-mesmes plus que les abjects, viles, ignorants et
malotrus du monde. Mais, au contraire, afin que luy qui
est le Dieu souverain soit glorifié et recogneu en nous
et dedans nous et que puissions estre en aide et support
aux autres plus simples et ignorants, lesquels en tous
endroicts nous devons supporter, excuser et. entretenir
par tous moyens deus et raysonnables.
Et gardés bien de penser qu'il soit raysonnable de
supporter ou défendre aucun de vos parents ou amis en
sa présence ou de prendre sa cause contre quelques sot-
tises de propos d'autres qui puissent imaginer l'une des
parties. Mais considérés tousjours que c'est à vous de
supporter l'une partie et l'autre en leurs cholères et
tascher par tous moyens de mectre paix et accord. Vous
souvenant que tous sommes à ung Dieu et Maistre, et,
sur toutes choses, que devons cercher et entretenir
l'amitié avec ung chaicun et principalement avec tous
— 256 —
les domesticques de la maison où nous demourons, les-
quels tous, sans en excepter le moindre, nous devons
aymer comme nous-mesmes. Q.ue, si, à la fois, entre-
viennent quelques querelles, noises, discords ou diflférens
jusques à se cholérer, démentir, injurier, ou mal parler
des uns contre les autres, il ne vous convient pas incli-
ner en l'une partie ni en l'autre, par une certaine légèreté
et sottise, encores que ce fût pour vostre propre mari,
père ou mère, mais seulement tascher à les séparer et
mecttre d'accord par bonnes remonstances à chaicun des
fautes qui' pourés congnoistre et ce (si possible est) chai-
cun à part l'un de l'autre, d'autant qu'en la cholère et
présence ung chaicun (selon la despravée manière et
aflFection des hommes) se veut justifier et condamner
autruy et dict choses dont puis après il se repent.
Et pourtant, apprenés à vous cognoistre et maintenir
ainsi qu'il appartient, selon Testât à quoy vous estes
appelée, qui est de servir à tous en toutes choses ray-
sonnables. Et pourtant, gardés vous bien d'estimer que
ce ne soit pas à vous, mais aux autres chambrières, de
faire toutes les choses qui appartiennent au mesnage de
la mayson, je dy quelles qu'elles soyent, sans en rien
excepter, et notés que tant plus et mieux vousTservirés et
vous employerés à toutes et quelcquonques choses sans
exception, d'autant plus avec le temps vous trouvères
vous propre à toutes affaires, mieux dispose, mieux
aimée et prisée et si serés plus rusée et mieux apprinse
à tenir vostre mesnage et à gouverner vostre mayson,
s'il plaist à Dieu vous conduire à tel degré.
Parquoy, levés vous matin, faictes ou aidés à faire le
mesnage, à chaicune heure qu'avés le loysir, faictes ung
tour, quand aurés le moyen commode, de la boutique
— 257 —
à la cuisine ou ailleurs, pour voir s'il y a rien à faire.
Mectés la main à toutes besongnes et vous employés
autant qu'il sera possible, sans jamais rejecter la besogne
que vous pourrés faire sur ung autre des chambrières,
encores qu'il y en eust d'autres par demyes douzaines.
Car il ne vous faut pas suivre la mode, ni prendre
garde à la paresse, négligence, ou nonchallance et
sottises des autres, mais à ce qu'il appartient de faire
selon Dieu et rayson. Et surtout gardés-vous bien de
vous tenir esgale aux filles de la mayson, en telles ni
autres affaires ; considérés qu'elles sont en la mayson
de leur père, héritières d'iceluy, et sous sa seule charge
et gouvernement, ce que vous n'estes pas ni vostre
mari, ni Antoine' ni autre quiconque, soit serviteur ou
chambrière en la mayson. Et par conséquent que c'est
à vous tous à leur obéir et supporter en toutes choses
qui ne concernent point le dommage de la maison ni
l'honneur de Dieu, en quoy ne devés céder d personne
du monde; ni aussi penser pouvoir rien faire de bien par
quelque autorité, audace^ superbité, cholère, despit, ni
force quelcquonques, lesquels vices aucuns faussement
veulent colorer, cacher, et faindre sous autres noms,
comme se disans faire telles choses par leur devoir,
sçavoir, suffisance, bonne affection qu'ils portent au
bien et proffit de la mayson et par meur jugement et
la vérité de ce qu'il apartient de faire touchant Testât
et devoir de marchandise et mille autres petites hypo-
crisies qui se cachent aux cœurs des sots et sortent à la
despourveue en campaigne, quant la cervelle et outre-
cuide jugement ou courage vient à s'eschaufier.
I. Antoine, frère de Jean Gassen. La maison dont il s'a^t ici est
celle de Pierre Gassen, à Paris,
— 258 —
Or, doncques, ma fille, si vous voulés faire vostre
debvoir selon les commandements de Dieu et les volon-
tés de moy, de vostre mère et de tous vos vrays et
milleurs amys, suives les conseils que je vous ay don-
nés et donne encores yci, on vous considérant vous-
mesmes et ne regardant aucunement à la liberté, ni
sottises que quiconques ce soit puisse prendre. Mais
advisés sur toutes choses d'estre humble, modeste,
patiente, longanime, et diligente à faire toutes choses
bonnes et honnestes, sans vous en attendre ni remectre
à autruy ni escouter ceux (qui qu'ils soyent) qui vous
voudroyent faire acroyre que ne devés pas servir ou
faire les affaires id'une chambrière, veu qu'estes mariée
et pouvés servira la marchandise. Car telles persuasions
inutiles et domageables vous feroient enraciner une
plante d'orgueil, superbité et outrecuidance en vostre
cœur, ce qui enfin vous raèneroit en mille maux et
dangiers et en une infinité de rancunes, discors, haines
et malcontentements et par ainsi vous desjoindroict ou
retireroit de tout repos et tranquillité d'esprit et de
courage qui est le seul et souverain plus grand bien que
peussions jamais désirer et sans quoy tous les biens,
honneurs, ni faveurs de tout le monde ne nous peuvent
ayder ne secourir ou enrichir.
Voylà, ma fille, ce que pour le présent, en la tristesse
de mon cœur d'avoir entendu vos fautes, j'ay esté poussé
de vous escrire plus amplement et au long que je ne
l'avoys pensé, quant j'ay prins la plume en la main pour
vous escrire, car de tristesse que je portois de vos fautes,
je pensois seulement de vous faire entendre mon juste
courroux en peu de mots. Mais, entrant en matière, je
me suis oublié et enfin, considérant la fragilité humaine
. — ^59 —
d'entre nous tous et que les fautes faictes nous servent
à la fois et le plus souvent (pourveu que ne croyons
trop à nostre superbité de cœur) sont causes de nostre
plus grand amandement, j'ay reprins courage et conceu
bon espoir que toutes telles fautes par vous faictes vous
pourront servir d'espreuve et d'occasion pour commen-
cer à vous cognoistre et à vous contregarder des autres
qui s'en eussent peu ensuivre. Car ce n'est pas honte ni
mal faict que de tomber aucunesfois par itiesgarde ;
mais c'est honte et mal faict quant, après estre tumbé,
on ne prend paine à se relever et à se contregarder ne
plus chopper à telles pierres ou empeschemens dont ne
vient que tout mal. Et pourtant, ma fille, reprenés cou-
rage et faictes que je puisse entendre à la vérité autant
de bonnes nouvelles de votre ammandement es choses
susdictes que je puisse m'esjouir de quoy telles fautes
vous soyent advenues pour vous estre occasion de milleur
gouvernement et maintien, au lieu où vous estes apelée
de Dieu pour peu d'années, afin que, par après, vous
soyés avec vostre mari désirés, bien voulus, aimés et
jugés dignes d'estre mis et aidés à gouverner ung propre
mesnage et train de marchandise. En quoy vous me
ferés un singulier plaisir et ferés prolonguer mes jours
sur la terre, lesquels autrement me seroyent abbrégées,
ne prenant rien plus à cœur que d'entendre que mes
enfants s'addonnassent à quelque orgueil ou supperbité
indigne [de] toute personne qui se puisse vanter d'estre
chrestien et de vouloir vivre chrestiennement.' Et ne
nous faut pas regarder, ne prendre exemple à quiconques,
soit plus grand, petit ou moindre que nous, mais seule-
ment adviser à nostre chemin et à marcher droict (lais-
sant courir çà et là par les fanges, boues, eaus et ordures
— 26o -T-
ceux qui voudront estre dévoyés, enordis, moullés et
gastés) par le vray chemin et droict qui nous est pro-
posé. De quoy je prie à Dieu nous faire la grâce.
Rescrivés moy souvent et me celés rien de vostre
courage ni mesmes de vos fautes ou inconvénients qui
ppurroient vous survenir ou aux vostres, afin que je vous
puisse aider de toute ma puissance et que plus tost je
les puisse sçavoir de vous que par autruy ; car aussi
bien ne vous peult il rien advenir que je ne puisse sça-
voir tost ou tard et prendre de meilleure part tout ce
que vous me rescrivés que cela que je sçauroy par autre
moyen. Cependant, je prie Dieu qu'il luy playse vous
inspirer et donner une vraye humilité et une afiection
et courage de suivre sa volonté.
D'Anvers, en haste, ce 23* de novembre 1571
Vostre Père et autant amy que il vous
expérimentera estre humble et modeste
C. Plantin \
I . Ces deux longues lettres nous ont été conservées par une copie
de la main de Martine Plantin. Ceci explique certaines obscurités ou
corruptions du texte que nous n'avons pas toujours été en état
d'éclaircir et de rétablir. Les abréviations marquées par des eU, ne
se rencontraient probablement pas dans Foriginal. La copie de la
lettre à Jean Cassen remplit deux feuillets pleins ; un troisième
feuillet, contenant la fin de la lettre, doit s'être perdu.
— 2él —
295. — Tlanttn à Valerius Serenus.
(Plamin a reçu la lettre de Valerius Serenus et le catalogue dans
lequel Tévêque de Cuença a annoté les livres qu'il désire. Il les fera
immédiatement relier et demande 'les armoiries du prélat pour en
orner les couvertures. Of&es de services. Plaise à Dieu que la victoire
remportée par nos armées sur les Turcs (à la bataille de Lépante)
nous rende la paix ou, mieux encore, ramène les dissidents dans le
sein de l'Église catholique.)
Clarissimo doctissimoque viro Domino
Valerio Sereno, Canonico Cameracensi, etc.
Patrono colendissimo, Cameratum.
Acceptis litteris tuis, vir clarissime, una cum catalogo
librorum a R"° D**° meo Episcopo Conchensî, confessario
Regio, notatorum, nihil prius mihi faciendum judicavi
quam ut te primum certiorem facerem me nihil libentius
conaturum quam ut tanti viro satisfacére possim et tibi
quacunque in re gratificari. Ego itaque statim compin-
gendos dedi eos libros quos indicasti ilico mittendos, et
catalogos librorum novorum omnium perquiram et pri-
mo nuntio ad illum mittam. Interea vero, quoniam ego
R««> Domino meo non ingratum officium me praestitu-
rum credo, si supra libros quos ad illum missurus sum
insignia seu arma ejus curem imprimi, oratum te velim
ut si forte, quod credo, illa habeas vel designare possis,
vel crassiori modo delineata nobis communicare velis '•
I. Le 12 décembre 1571, Plantin envoya par l'intermédiaire de
Pierre d'Isonça les livres demandés par l'évêque de Cuença qui, dans
l'intervalle, avait passé au diocèse de Cordoue. Le compte montait à
48 florins 13 1/2 sous. Le 16 septembre 1576, les livres furent ren-
voyés sans avoir été payés, sous prétexte que l'évêque ne les avait pas
demandés. (Journal 1S71 [XLIX, f.i63T; Grand-livre + + [XVIII,
f. 40] aux archives du musée Plantin-Moretus.)
17
— 262 —
Nihil etenim non libencer conarer quo gratî animi
aliquod indicium illi demonstrare possim. Tibi vero, si
qua in re mea digneris uti opéra, indica vel verbo :
paratum me namque perpetuo et gratum experieris.
Faxit Deus opt. max. ut Victoria ilia de Turcis ' nobis
tantam quantam spero a vicinis jam corruptis aut cor-
rumpendis tranquilitatem pariât et malos vel terrore
coerceat aut, quod •malim, ad Ecclesias sanctas matris
nostrae catholica; gremium redire cogat.
27 novembris 1571.
296. — Vlantin à VÊvique de Cuatça.
(Plantin annonce à Févêque de Cuença Tenvoi, par l'intermédiaire
de Pierre d*Isonça, des livres dont il est question dans la lettre pré-
cédente. Il y ajoute deux autres livres qu'il vient d'imprimer.)
111"** et Rev°° in Christo Patri ac D"°
D"° Episcopo Conchensi, Régis Catholici Confessario.
Valerius Serenus R"* D. V. addictissimus, quod,
propter necessariam residentiam canonicatus nuper adepti,
Cameraco non posset exire, litteris suis me admonuit
R™«« D. V. velle ut sibi a me mitteretur Catalogus li-
brorum novorum ab hinc duobus annis in theologia edi-
torum, et simul curarem compingi aliquot libros in hac
schedula descriptos, quos^ ut etiam praescribebat, omnes
D. Petro d'Isonça tradidimus, adJitis duobus libellis a
me non ita diu impressis; uni inscriptio est : Humana^ Sa-
lutis Monumenta auctore B. Aria Montano; alteri vero :
I. Victoire de Lépante, remportée sur les Turcs par don Juan
d'Autriche, le 7 octobre 1571.
— 263 —
Catechismus Romanus ex decreto Concilii Tridentini
etc. luculentis quaestionibus, quae mox rei propositse
materiatn oculis subjiciant, distinctus etc. opéra Andréas
Fabricii Leodii etc.
297. — Tlantin à Pierre Serranus.
(PI an tin a entrepris dMmprinier les Commentaires de Serranus sur
Ézéchiel et sur le Lévitique, à la demande d'Arias Montanus, son
élève, et par respect pour la grande science de l'auteur. Il avait bien
recommandé à ses correcteurs de ne laisser échapper aucune faute.
A peine, cependant, avaient-ils commencé leur travail qu'ils se plai-
gnirent que le manuscrit était fautif et illisible en beaucoup d'endroits.
Arias Montanus qu'il alla consulter, lui conseilla de suivre le manus-
crit dans les cas douteux. C'est ce qu'il fit. Grande fut sa perplexité,
quand il apprit par une lettre de Serranus à Montanus que de nom-
breuses fautes étaient restées dans les deux premiers cahiers, dont il
*^avait envoyé un exemplaire à l'auteur. Il rentra chez lui et coUationna
le manuscrit avec le texte imprimé. Il trouva que certains des errata
signalés s'expliquaient par la différence entre l'orthographe adoptée
généralement par les correcteurs et celle de l'auteur; d'autres
étaient dus à la négligence des correcteurs; le plus grand nombre à
l'inexactitude du manuscrit. Plantin reprend une à une les fautes
signalées et les justifie autant que possible. Il présente les excuses de
ses correcteurs pour les erreurs qui leur sont imputables et fait res-
sortir combien difficile est leur tâche. Il termine sa lettre en invo-
quant pour lui-même la bienveillance de Serranus.)
R**° admodum Patri D"° Serrano etc.
Illustri Viro D"° B. A. Montano propter ejus doctis-
simam pietatem, animi candorem, beneficentiam et in
reipublicae Christianae utjlitatem infinitos labores, non
solum omnia quae in potestate mea sunt sed meipsum
quoque debere fateor; proindeque nihil omnino esse
quod non ejus gracia libenter suscipiam et quanta possim
sedulitate pra^stare coner. Is vero nihil unquatn a me
— 264 —
majore contentione petiit quam ut commentarios tuos
R. P. (cui se discipulum fuisse maxima cum gratia pro-
fitetur) in Leviticum et Ezechielem conscriptos, qua pos-
sem diligentia et fide, imprimendos susciperem ; quod,
tum ejus primum caussa, tum vero ob doctrinam in-
signem et prasclaras dotes quas in te sitas esse intelligo,
libentissime feci, adque operis editionem, quamprimum
licuit, me accinxi, correctoribusque meis mandavi ut,
quanta possent diligentia, observarent, ne errata inter
imprimendum irreperent.
Quod cum se bona fide facturos recepissent, inchoato
vixdum opère, conquesti sunt exemplar esse mendosum,
dictiones aliquas requiri, nonnuila se non intelligere.
Ego vero illos ad dictum D""" Ariam Montanum comita-
tus sum ab eo consilium petituri. Is, cum.quaedam
legisset in quo vix nos juvare posset, jussit in dubiis*
exemplar nostrum, in apertis id quod certum foret se-
queremur. Quod se omnino facturos spoponderunt neque
de fide eorum unquam dubitavi, donec a dicto D**° Pa-
trono nostro B.A.Montano vocatus, majori quam verbis,
nedum scribendo, explicare possem pudore correptus et
animi dolore, ne dicam perturbatione, affectus fuerim,
cum intelligerem quot et q nantis in duobus tan tum
missis ternionibus vitiis indicatis illorum summam osci-
tantiam accusares, neque ob id pacari poteram, quod
jam opéra ipsa paene ad finem usque impressionis per-
ducta essent. Domum itaque anxietate pressus et curis
plenus festinavi.Autographum arripui, in ordinem redegi,
ad impressa folia loca accusata contuli, bene inter se quae
alicujus erant momenti convenire deprehendi, leviora
autem vitia (qua; non adeo multa suni ; utinam tamen,
quod numquam in libris impressis vidi, nulla essent)
— 265 —
correctores, graviter accusati, partim institutioni aut
consuetudini seu juri suo tamquam municipali, partim
suas fragilitati humanaî adscribi debere et sibi condonari
petunt, flagitant et postulant, ut qui omnetn diligentiam,
âdem et studium se adhibuisse proâteantur quo libri isti
tui in publicum prodirent paucioribus quam fieiri posset
mendis inspersi. Neque etenim est aliquis mortalium
tam sagaci aut perspicaci ingenio et judicio praeditus
quem non frequentius fugiant mendie et vitia correctoria
(si ita vocare placet) quam quis in hac artc omnium
artium certe diflScilIima et periculosissima, non diu serio
et bene exercitus percipere, credere aut fateri possit.
Paucis proinde mihi quaeso, Pater Révérende, pace
tua liceat quae nostra sunt vitia meo et illorum nomine
deprecari et quae exemplaris sunt excusare. Q.uas primum
itaque contra fidem exemplaris correctores ad orthogra-
phiée rationem pertinentia, in dictionibus littera, quattuor
in primis et id genus, illos peccasse scfibis, fatentur et
veniam sibi abs te non denegatum iri confidunt, si tibi
id, quod res est, probaverint: se non deindustria, negli-
gentia aut oscîtantia uila quicquid illud est vitii corn-
misisse, sed mera fragilitate humana, ut qui jamdiu
consuetudine et quasi )ure quodam municipali se et
nostrorum aliquot collectores typorum formaverint ad
eam sequenidam orthographias rationem, quam in orato-
rum et poetarum antiquorum libris et suis scribendis et
imprimendis sequendam et servandam contendunt, ple-
rique hujus temporis iiumanarumlitterarum periti : inter
quos primas tenere videtur Manutius in libro suo quem
de orthographiae ratione conscripsit, cujus quasi Epitomen
olim a nobis impressam fidei faciendae gratia mitto.
Vix namque inter probas, ut aiunt, legendas potuerunt
— 266 —
primo talia vitia omnia observare, et rejicere quorum
contrarium in multis aliis libris nobis vitio verteretur.
In sequentibus vero foliis spero illos cautiores et exer-
citatiores sese prasstitisse.
Âlia vero singulatim ut bene et ordine expendamus
culpaque maxima ex parte nos et nostros facilius pro tua
aequitate absolvere velis, ecce remitto ea folia exempla-
ris in quibus videas et judices ipse graviora vitia illi
adscribenda vel qui scripsit vel ei qui, ut debuit fieri,
postea eu m vestro autographo contulerit.
1 . Erratum itaque primo notatum est f* 4 * versu 22,
ubi originale, ita ut impressum, habet admovere ■ ; d
manifeste in recta ipsius contextus linea primum et a
postea, ut videtur, additum.
2. De secundo, folio 6, infra num. 25, quod est
continens pro concinnens, manifestius etiam est cum ex
priori c sit factum t, de cujus auctore cum alio atramento
pictum sit, quis posset dubitare, nisi unicum n satis tes-
taretur, scriptorem continens et non concinnens Armasse.
3. Tertium, quod est dammandum pro damnandum^
etiam si aliter haberet exemplar, fragilitatis suse humana^
faterentur, cum manifestum sit omnino ita debuisse.
4. Quartum : suspicantur pro suspicabantur est etiam
exemplaris.
3. Quintum, ubi scribis déesse wcvhum avocareiur y msL-
nifestissimum etiam vides non esse correctorum culpa
factum, qui, ut vix unquam dictionem aliquam in exem-
plar iscriptam prsetermitti sinerent, ita nunquam adder^
ex praescripto nostro auderent.
1. P. Serranus, In E^echielemy p. 4.
2. Imprimé pour amovàre.
— 267 —
6. Sextum, etsi sit etiaro exemplaris, corrector tamen
(postquam omnibus jam coUatis et ad exemplar emen-
datis inchoata esset illius folii impressio) dum solus pro
more dictum folium rursus percurrit et examinai, vides
judicavit reponendum, ut videre est in omnibus praeter-
quam in aliquot foliis primo impressis.
7. Septimum est de duplici // in littera et quattuoty
quae principio confessa sunt.
8. Octavum ubi scribis nos folio 8 post n** 50 im-
pressisse /an'ttm, contra exemplar in quo scriptum est
fasciumy fatentur idque judicio se fecisse, quod fasces
Romanorum insignia, non autem tedarum aliquod genus
(quod huic loco quadrare videtur) significare intel-
lexerint ; qua in re, si quid contra voluntatem tuam
peccatum erit, sibi condonatum cupiunt.
9. Nonum vero erratum folio 9 infra n° 55 lin. 6,
ubi notatum est verbum exercebat abundare ; non possum
invenire, etiamsi dictam paginam nonam integram et
duas aut très immédiate sequentes ad id legerimus, neque
facile crediderim aliquid prasterquam quod habeat origi-
ginale additum correctores reliquisse.
10. Decimum quoque erratum fol. 14 supra n° 9 no-
tatum, in quo scribis déesse colon, non potuimus invenire.
11. Undecimo notatum habitu pro halitUy etsi ipsum
quoque exemplar opponere possint, malunt fateri tamen
se non omnino culpa carere et veniam petere.
12. Duodecimum fol. 14 versu 32, ubi scribis déesse
ccelutHy vides etiam exemplar culpandum.
13. De decimotertio folio 16 versu 50 ubi notas irriii
pro irritatiy itidem ut de aliis exemplari est tribuendum.
14. In decimo quarto et postremo folio 21 versu 25,
ubi notas nos habere(,) ubi originale habet colum, non
— 268 —
videmus in quo impressum discrepet a dicto originali, eu jus
folia de quibus accusamur mittimus, quo dispicias, videas
et judices homines, quantumcumque doctos et bene exer-
citatos, pronos esse et contra mentem suam et judicium
proprium faciles ad committenda errata, etiam dum ipsi
aliéna describenda suscipiunt et totis viribus vitia eflfugere
conantur, et istinc apud te perpendas et intelligas quam
sit difficilis et periculis exposita provincia corrigendi,
atque illis quibus ea est demandata et nobis tandem sis
aequior et facilior in excusandis vitiis nostris, cum nos
non (ut detractores aliorum operum) uni tantum operi
incumbamus, neque unius ingenio vel sententias animum
applicare possimus vel cum paucis operis rem habeamus.
Nos siquidem in hoc pelago impressorio tôt tamque
variis operibus et hominum ingeniis exercemur et urge-
mur ut, singulis fere momentis varietate ventorum agitati
et tentati, vix sciamus, in quam partem vêla vertere
debeamus, taceo operarum nostrarum morositatem et
difficultatum numerosam multitudinem a quibus tam-
quam a scopulis nos cavere debemus.
Proinde nos te iterum atque iterum rogamus et obse-
cramus, Pater multum Révérende et Doctor pientissime,
ut nostros conatus boni consulere et quae interea, ut
homines sumus, nolentes volentes nos fugiunt, vitia
condonare digneris. Sic etenim nobis animum addes ad
onera ista gravia sequiori animo ferenda et ea prosequen-
da quae in Reipublicae Christianse usum, Régis nostri
Catholici decus et D"' Dei nostri Jesu-Christi gloriam
nostrae fragilitati imposita et mandata erunt. D""* autem
eis te, Pater venerande, tuosque piissimos conatus omnes
conservare et adjuvare dignetur.
Antverpiae, 9 decembris 1571.
-^ 269 —
298. — Tlantin à Gilbert d'Ognies.
Au très noble et R"* S' Monsigueur
rÉvesque de Toumay.
Très Noble et R«« S',
Pour response aux lectres de Vostre très Noble et
R»e S'*, je ne vois moyen aucun qu'il fust possible de
pouvoir achever du tout Timpression entière des An-
tiennes et Respons devant le Noël prochain.
Mais bien, comme je l'ay jà plusieurs fois déclaré,
pourroit on bien s'en servir aux Esglises en faisant seu-
lement coudre les cahiers imprimés qui se pourroyent
envoyer quelque semaine devant les jours qu'on devroit
chanter les offices contenus es dicts cahiers^ ainsi que
font Messieurs de l'église de Malines, d'Ypre et autres.
Au reste, j'espère, avec la grâce de Dieu, d'avoir achevé
les parties d'hiver (contenantes les offices depuis l'Advent
jusques au dimenche de la Trinité) pour les pouvoir
faire lier devant le Quaresme prochain.
Quant aux livres nouveaux, j'en envoyé ici le cata-
logue, afin que V. R"* S'* puisse eslire et ordonner ce
qu'il luy plaira. Et cependant, je la supplie très humble-
ment de recevoir ce petit livret d'odes et figures * en
bonne part.
*
I . Humatke Saîutis Monumenta 'B. ^Aria Montani studio constructa
et decantata. Plantin, 1571. Avec 71 gravures.
— 270 —
299- — Plantin à ^Philippe d'oiuxi.
Au Signeur Philippe d'Auxi,
Gentilhomme de la Chambre de Sa Majesté.
19 décembre 157 1.
Après avoir bien considéré les catalogues de vostre
tant belle Bibliothèque, lesquels de vostre grâce il vous
a pieu me communiquer et prins maintesfois la plume
pour vous marcquer ceux que je pensois n'avoir pas
esté imprimés, je reste quasi confus et esmerveillé de
voir les tiltres de si beaux et rares volumes et, finable-
ment, je me suis résolu de ne marcquer rien, car, no-
tant les uns, je penserois faire grand tord au reste,
veu l'antiquité de Tescriture d'iceux, ainsi que me les
spécifiés.
Parquoy je ne fay pas moins d'estime de ceux qui
ont esté imprimés par cy-devant que de ceux qui ne le
furent oncques, veu que par iceux se peuvent amender
les fautes commises es livres imprimés ; chose que
j'estime bien autant et davantage que d'en mectre d'autres
en lumière, car de ce qu'on n'a poinct veu ne peut il
venir tel inconvénient que de ce qui est divulgué incor-
rectement.
Et pounant je conclud, très cher Signeur, que ces
vostres Indices qu'il vous a pieu m'envoyer sont de
choses si rares qu'on doibt tenir toutes telles pièces en
révérence esgale. Ce que peuvent très bien et mieux
juger ces personnages tant doctes, comme est Monsg'
Hoperus, le Signeur Christophe Calvete Stella, le R"*
Covarruvias ' et autres, principalement par la veue et
I . Didacus de Covarruvias, évêque de Ségovie, président du con-
— 271 —
collation d'iceux avec les exemplaires imprimés, sans
quoy nous seroit impossible de rien juger.
Au reste si de mon petit pouvoir, je vous puis faire
quelque service, commandés et serés obéy d'aussi bon
cueur que je désire mes humbles recommandations
estre aggréables à vostre bonne grâce, et je prieray Dieu
vous donner de plus en plus les siennes.
300. — Planiin à Gilbert (TO^nies.
Au R"* de Tournay.
J'envoye les livres demandés par Vostre très noble et
R«« Sig"*, selon le billet cy-joinct, auquel est contenu
le prix de chaicun.
Quant à TAntiphonaire, entendant la volonté de
Messieurs du Chapitre, je me suis résolu d'adjouxter
encores tant d'ouvriers à la besogne que nous puissions
en faire deux feilles entières tous les jours, et ce incon-
tinent après les festes de Noël, et alors feray je le
compte entier de toutes les feilles qu'il restera d'impri-
mer et des jours qui nous resteront et advertiray V.
R"« S'* du temps que je le pourray justement livrer
parachevé, avec l'aide de Dieu. Et envoyray les autres
feilles qui resteront pour les deux exemplaires envoyés.
Cependant je prie Dieu nous conserver V. I. et R"*
Sig"* en prospérité et santé.
D'Anvers, ce 19 décembre 1571.
seil de Castille, né à Tolède, le 25 juillet 1512, fut d'abord profes-
seur de droit canon à Salamanca et juge à Burgos et à Grenade. Il
écrivit de nombreux ouvrages sur le droit civil et canon. Il mourut
à Madrid, le 27 septembre 1577.
— 272 —
301. — 'Plantin à M. de Goneville,
A Monsigneur Mons' de Gonueille, etc.
Passés sont quelques jcJurs, Monsigneur très honoré,
que, par le moyen du Chappelain de monsieur le
Doyen de Taxis \ je vous envoyé quatre livrets de la
manière de lire le Bréviaire de Rome ' et maintenant
je luy eusse envcfyé encores autre quatre à Tadventure, si
les autres n'estoyent encores parvenues entre ses mains.
J'ay grand désir d'entendre si le reste des feilles du
Missel, tant en papier qu'en parchemin, ne seront pas
arrivées, car Monsg*^ le Provost d'Aire m'a rescrit qu'il
les avoit toutes envoyées et m'a aussi adverty que soh
111°*' et R°* S'' a receu une basle, que je luy avois
envoyée dès le 19 de novembre de l'année passée, et
qu'il s'est trouvé quelques livres dont elle ne sçait que
faire.
Or est-il ainsi que mondict Signeur Morillon m' ayant
ordonné d'envoyer toutes les Centuries des Magdebur-
giens ' et l'ayant adverti qu'il n'estoit ordre de les pou-
voir envoyer d'icy, mais qu'il les faudroit envoyer de
Basle, me replicqua que je les envoyasse comment que
1. Roger de Taxis, seigneur de Hemixem, né à Malines vers 1S13»
fut doyen d'Anvers depuis le 6 mars 1545 jusqu'au moment de sa
mort, arrivée le 15 mars 1593.
2. Ordo legetidi divinum officium, juxta Breviarium T{ofnanum ex
décréta Concilii Trideniini restitutum. Nous ne connaissons ce petit
volume que par la mention que Plantin en fait dans sa corres-
pondance et dans ses catalogues imprimés et manuscrits. Il com-
prenait deux feuilles ; l'édition en rouge et noir coûtait trois quarts
de sou ; l'édition en noir un demi sou.
3. Voir plus haut, page 188.
— 273 —
ce fust et avec ce ung Fasti Romanorum ' et JuliiCaesaris
Numismata '; parquoy j'ordonnay de faire ladicte basle
des livres contenus en une facture ou bulletin que j'en-
voyay dedans mes lectres à V. S., le 1 6 jour de décembre
dernier, duquel aussi j 'envoyé derechef icy le double et
adjouxtois que l'un des Theatrum Orbis ' estoit pour
son Ill"« et R"* Signeurie et l'autre pour vous avec ung
des livres de Montanus in Prophetas * desquels il y
avoit deux exemplaires de fin papier dont je désirerois
l'un estre aggréable à son Ill°" S** et l'autre, si j'ay
bonne mémoire, au très illustre Cardinal Sirleto et
CarafFa*^ ou qui eust pieu à son 111"* S"*.
Et pensois bien lors que ladicte basle seroit rendue
bien tost à Rome et qu'ayant esté adverti de ce que son
Ill™« et R°* S** et la vostre auront eu aggréable desdicts
livres, j'ordonnerois le reste estre consigné à quelque
libraire de Rome qui en rendroit la voicture et m'en
payeroit la valeur, car je n'adjouxtay, à dire le vray, les
quatre derniers exemplaires desdicts commentaires de
Montanus sur les Prophètes que pour achever la Basle,
qui autrement eust esté par trop petite, encores l'estoit
elle, à mon advis, assés.
1. Failos t^agistratuum et Triumphorum ronianotum S, P, Q. R.
Hubertus GoU\ius dedicavit. Brugis, 1 566, in-folio.
2. C. Julius Casar sive Historia Imperatorum Casarumque Ro-
manorum Huberto Golt\io auciore. 2 vol. in-fol. Bruges i563-;574.
3 . Tfjeatrum Orbis Terrarum d'Abraham Ortelius.
4. Benedicti ârle MontanI) Commentaria in duodecim prophetas,
Plantin 1571, in-fol.
5. Antoine Caraffa, cousin du pape Paul IV, nommé d'abord
chanoine de S* Pierre, dépouillé de ce titre à Tavènement de Pie IV
et exilé à Padoue. Rappelé par Pie V, il fut fait cardinal en 1586 et
nommé chef de la congrégation pour la correction des bibles. Il
mourut en 1591.
— 274 —
Voylà quant à la basle, de laquelle ne pouvant rien
sçavoir en quelques mois et craignant qu'elle eust esté
perdue du tout, veu que derechef Monsig' le Provost
m'advertissoit que son 111"* S** désiroit avoir lesdictes
Centuries, je fis venir de Basle icy ung exemplaire que
je pacquay moy-mesmes et le contenu en la facture, que
j'envoye aussi avec la présente en divers pacquets, et les
délivray au Sig' Piscatori * pour les envoyer à Rome et
les délivrer es mains de Sadicte Signeurie très Illustre
et R*"*, comme s'ensuict, de la réception desquels aussi
je suis en doubte et désire pouvoir estre adverty que le
tout soit arrivé à bon port, ainsi que je fais parellement
d'une autre basle que nous avons aussi faicte au mois
d'octobre dernier et consignée aux Hannoni, conduc-
teurs, pour la délivrer entre les mains de V. S., selon
que, par mes précédentes, je l'en ay aussi advertie et
suppliée, comme je la supplie encores de vouloir faire
que les très illustres Seigneurs comme Sirleto, Caraffa
et que son 111"* et R™* Sig"* et la Vostre trouvères bon
de présenter des Missals, etc., prennent de bonne part
le mien petit service et debvoir que j'ay prétendu faire
en le leur envoyant. Ce qui me donnera courage de
faire mieux avec la grâce de Dieu, lequel je prie nous
conserver V. S. en santé et prospérité.
I. N. Consignée à Garibaldi, le 19 novembre 1570-
2 Comment. Mont, grand pap. *
1 Id. du commun
6 Horae 8° cum fig. aen. petit pap.
2 Id. de grand pap.
1. Egide de Visschere, dit Piscatori, négociant à Rome.
2. Arl£ Montani, Commentaria in duodecim propheias.
— 275 —
2 Theatrum orbis
2 Exemples de Perret '
I Fasti Rom. Goltzii *.
I Julius Caesar Goltzii
pour remplir la Basle
4 Commentaria Montani
Le susdict Garibaldi doibt mectre en ladicte basle
estant à Basle les Centuries de Magdeb.
4 julii 1371^ P^ï* Piscatori en divers pacquets :
I Cent. Magdeb. i Grevinus'
I Encycli. ' i Canieri Variae lect. *
I Psalt. magnum. 6 Monumenta.
Quicquid Miss, impressum erat.
Le 3 octobre 1571 consigné
à le Hannoni " pour Naples
4 Psalterium Chori
8 Missale, grand papier
5 Missale, parchemin
3 Missale, papier commun
4 Humante Sal. Monumenta.
1 . Exercitatio àlphabetica nova et utilissima variis expressa linguis
tt characteribus rarisy arnamentis, umbris et recessihus pictura architec-
turaqtu spectosa^ démentis Perrtti 'Bruxellani nondum 18 anntim
e^essi industria. Plantin, 1569, folio oblong.
2. Jacobi Grevini, de Venenis lihri duo, Plantin, IS7I| in-40.
3 UEncyclU des Secrets de VÈtemiti, par Guy ht Fèvre de la 'Bo-
d«rf>. Planlin, 1 571, in-40.
4. GuuELMi Canteri Ultrajectint ^ Novarum lectionum lihri octo,
Plantin, 1571, in-8<».
5. Négociants italiens établis à Anvers.
— 276 —
302. — Arias Montanus au Conseil privé du roi.
Translation^de la requeste latine faicte par Monsg'
le Docteur B. A. Montanus, le 4 janvier 1572.
A Messigneurs le Président et conseillers du Roy
nostre Sife en son conseil privé.
Remonstre humblement à vos Signeuries le Docteur
B. A. Montanus, serviteur du Roy Catholique et Chap-
pelain de sa cour, comme il a par cy-devant esté envoyé
par Sa Majesté en ses Païs-Bas de par deçà, avec charge
et commission expresse de faire, à Futilité publicque de
la saincte Église catholique et à la commodité de tous
les amateurs .ou studieux des lectres sainctes, bien et
duement imprimer les S. Bibles Catholiques es trois
langues Hébraïcque, Grecque et Latine, avec l'entière
paraphrase Chaldaïcque ancienne et les interprétations
latines du Grec et du Chaldée^ selon la copie des Bibles
jadis imprimées à Complute en Espagne, en y adjoux-
tant les Grammaires et Dictionnaires et autres traictés
qui pourroyent. plus amplement et commodieusement
servir pour plus facilement apprendre lesdictes langues
et les phrases d'icelles qu'il n'avoit esté faict ausdictes
Bibles de Complute, et avec ce plusieurs figures et pour-
traicts et le tout en beaucoup milleur papier et charrac-
tères que n'estoyent lesdictes Bibles. Et comme ainsi
soit que par la grâce divine l'œuvre quasi parachevée
doibve, selon l'intention, conseil et volonté de Sa Majesté,
estre mise en lumière et qu'outre une bonne somme de
deniers y employés par Sa Majesté, Christophle Plantin,
serviteur aussi de Sadicte Majesté et son prototypographe
en ses Païs-Bas de pardeçà, y a semblablement par
— 277 —
l'espace de quatre ans faict et employé, et continue
journellement de ce faire, maints cousts, fraiz et despences
avec le continuel travail, diligence, soing et industrie
de soy et des siens, sans y avoir rien espargné à recou-
vrer et faire faire toutes sortes de charactères propres et
quelconques autres choses qui ayent peu estre advisées
propres pour la commodité et dignité de telle œuvre ;
toutes lesquelles choses seroyent bien plus faciles à imi-
ter qu'elles n'ont esté à trouver ni premièrement faire
faire, ce qui retôurneroit au grand préjudice et dommage
inestimable dudict Prototypographe. Et pourtant supglie
ledict commissaire de Sa Majesté le Docteur Ben. A.
Montanus et, selon sa légation et office, requiert de Vos
Signeuries qu'il leur plaise, en la faveur dudict Christofle
Plantin, luy donner Privilège avec défense que nul
autre de quelque estât, condition ou qualité qu'il soit,
ne puisse, durant l'espace de vingt ans entiers et consé-
cutifs, imiter ou imprimer ni ailleurs imiter ou impri-
mer, vendre ou distribuer ledict œuvre entier, ne
aucusnes des parties d'icelles comme sont les Gram-
maires, Dictionnaires, diverses leçons ni quelques autres
(comprins sous le tiltre de Âpparatus sacer) traictés
et livres, lesquels il apparoist par la testimoniale de
l'Université de Louvain estre bien et deuement approu-
vés et dignes d'estre mis en lumière pour le profict ec
utilité de la République Chrestienne et vous ferés . . •
i8
— 278 —
303. — Plantin à de GonevilU.
A Monslgneur de Goneveille, auditeur
du très illustre Cardinal vice-roy de Naples.
Le 29 du passé, j'ay rescrit à V. S. et envoyé les fac-
tures des livres envoyés, tant en deux basles particulières
qu'en une de celles du Sig*^ Piscatori, et avec ce 4 Modus
legendi Officium juxta Breviarium Romanum.
Maintenant, je luy envoyé icy deux exemplaires des
Bréviaires que j'ay imprimés quasi tout au long, en la
faveur des bons Signeurs d'Espaigne qui m'en avoyent
requis, et que j'imprimasse les Saints péculiers à part.
Je supplie à V. S. de prendre l'un en gré et de vouloir
présenter l'autre à son 111°** et R™* Signeurie avec les
très humbles recommandations de moy, son petit et très
affectionné serviteur, et si je puis entendre que mondict
Signeur très illustre et V. S. trouvîés bonne ceste ma-
nière de Bréviaire ainsi ad longum, je mectray inconti-
nent la main à l'œuvre pour l'imprimer ainsi en grande
forme, pour s'en servir en la chambre.
Au reste, d'autant que pour les grandes affaires néces-
saires, ausquelles je sçay son Dl^* S** estre occupée, je
n'oserois l'interpeller et que dedans deux mois nous
espérons achever tout ce qui appartient ad Apparatum
Bibliorum Regiorum et que nous n'avons pas receu la
fin des observations du très illustre Cardinal Sirleto, je
vous supplie, Monsigneur, qu'il vous plaise en advertir
sa susdîcte très illustre S'* pour entendre et nous adver-^
tir de ce qu'en devons espérer, et, d'autant aussi que je
luy fay desjà relier les sept volumes achevés desdictes
Bibles, sçavoir d'icelle et nous advertir s'il luy plaira bien
que je les luy adresse à Naples pour gagner temps ; en
— 279 —
attendant que le huictième s'achèvera et se pourra en-
voyer après, avec les Antiphonaires et Responsoriaux
pour le Chœur, que j'espère aussi achever de bref^ pour
accompagner les Psautiers et avec telle autre chose qu'il
luy plaira, ou à vous, d'ordonner que j'envoye avec. Car
je désirerois grandement qu'avant la distribution desdictes
Bibles, j'eusse le moyen de faire le debvoir d'humble et
affectionné serviteur à SadicteSign** très illustre, à laquelle
je me tiens obligé et dévoué moy-mesmes. Et sur ce
poinct, je prieray Dieu, pour une bonne estrene de ce
nouvel an, qu'il luy plaise nous conserver Vostre S*' en
bonne santé et la faire tousjours bien prospérer.
D'Anvers, ce 3 janvier 1572.
Depuis ces présentes escrittes, j'ay receu de Rome
certaines lectres de monsigneur Don Fernando deTorres,
par lesquelles il se dict estre agent à Rome de mon très
illustre Signeur le cardinal nostre maistre, et pour cela
que le très illustre Card. Carafa luy a délivré un certain
livre qu'il m'envoye pour imprimer, et avec ledict livre
y avoit lectres dudict S*^ Carafa, par lesquelles il luy plaist
me recommander l'impression dudict livre et d'autres
d'un Signeur qui se dict estre serviteur dbdict Signeur
Carafa et se soussigné Flaminio Filonardi, qui m'cscrit
avoir tousjours escrit les corrections qui se sont faictes
au Missal et en avoir délivré la copie à V. S., à condi-
tion d'en avoir deux autres de mon impression, lesquels
il me prie de luy envoyer, avec ceux en parchemin pour
les chanoines de S* Pierre. Or, combien que, pour ignorer
le tiltre dudict Sig', je n'osasse bonnement luy respondre,
si l'ay jefaict, au mieux que j'ay peu, l'advertissant que
puisque V. S. luy avoit promis lesdicts Missauls, que
i»
— aSo —
i'esp^rois que le ferlés volontiers, après avoir receu la
basle en laquelle j'avois empacqué lesdicts Missals en
parchemin pour mesdicts Signeurs et quelques autres
en papier, outre ceux que je désirois estre présentés en
mon nom aux très illustres cardinaux pour les distribuer
à ceux qui nous avoyent esté ou estoyent favorables : que
si V. S. pense lesdicts exemplaires envoyés ne debvoir
suffire au nombre des bons Signeurs à qui j'en suis re-
devable, je la supplie très humblement de m'en vouloir
advertir et je ne faudray d'en envoyer incontinent d'une
autre impression que j'ay commencée, depuis avoir achevé
la première, et laquelle, comme j'espère, outre ung bon
nombre de nouvelles et plus propres figures, ne se trou-
vera moins belle que la première. J'en imprime aussi par
mesme moyen encores quelques-uns en parchemin, mais
plus grands assés que n'ont esté les premiers^ à cause de
quoy et que les parchemins sont fort renchéris par deçà,
ils seront plus chers, car ils reviendront bien chacun
Missel à 2j escus.
Depuis encores avoir aussi escrit ceci, j'ay receu celles
de V. S. du 13 décembre, et suis fort triste que nul des
Missals ne soyent arrivés parfaictsj mais j'espère, suivant
•ce que m'a escrit mons' le Provost, que le reste des
feilles seront maintenant arrivées par delà et, s'il plaist
à Vostre Signeurie advertir de ce qui défaut au Missal
envoyé avec la tapisserie ou autrement, je l'envoyeray in-
continent avec tout ce qui luy plaira m'ordonner davan-
tage, ainsi qu'à bon droict je m'y sens tenu et oblige et
désire de n'estre jamais tenu ingrat de tant de bénéfices
receus par son moyen.
— 2Sl —
■
304. — fPlatttin à Ferdinand de Torres.
(11 a reçu les lettres de Ferd, de Torres, par lesquelles celui-ci se
fait connaître comme l'agent du Cardinal de Granvelle. II a appris
avec le plus grand plaisir que le pape lui permet d'imprimer les
nouvelles Heures. Il n'a pas de désir plus vif que de rendre service
â ceux qui lui veulent du bien, mais il a dû répondre plus d'une
fois à ceux qui lui demandaient d'imprimer les Heures, qu'il ne le
pouvait sans l'autorisation du pape.)
Dlustri admodum viro Domino Ferdinando de Torres,
Régime Catholicae Majestatis famulo et Agent! in
Curia Romana, Domino meo coiendissimo.
Fascicuium et litteras 111"* Gard. Carafse hodie sanum
tectum accepi una cum litterisIU" D.V., ex quibus ma-
gnitudinem amorîs ejus lU"»^» et D. Gard. Granvellanum
me percepisse videor intelligere, cura se illius Agentem
Romae profiter! velit. Quanto autem gaudio inde, tum
ex promissa facultate S. P. N. Domini Papae ad Horas
novas imprimendas perfusus fuerim verb!s,nedum scripto,
declarare non possem. Dlius namque me famulum esse
merito addictissimum maximo mih! honor! duco, hujus
vero adeptionem non tam certe privât! commodi causa
ambio quam quod D°° meo Régi nostro catholico et
plurimis viris maximis et Patronis meis observandissimis
satisfacere posse desiderem : qui a me jam saepius petie-
runt ut illas. imprimerem ; quod non prius ausus sum
neque vellem quam id mih! a S. P. N. Papa liceret.
Quod supèrest, obsecro ut me servo, quacumque in re
placuerit, utt pon dedignetur 111. D. V. quam D"**' Deus
incolumem servare dignetur.
Antverpise, 5 januari! 1572.
— 202 —
305. — Plantin au Cardinal Caraffa.
(Plantin avait désiré depuis longtemps envoyer un Missel au Car-
xlinal Caraffa qui avait tant contribué à lui faciliter l'exécution de
cet ouvrage. L'occasion qui jusqu'ici lui avait manqué s'étant offerte,
il le prie de bien vouloir accepter cet humble présent et se déclare
son reconnaissant et dévoué serviteur.)
Christophorus Plantinus Â. Card. CaraEse.
Et benevolendam erga me tuam hamanitatemqae
singalarem eas littéral qaas diversis temporibus binas
dedisti, aperte mihi significarunt. Qjaarum priores simal
atque mihi sant redditas, etsi meum fuit de isto tuo in
me animo tibi per litteras gratias agere ; tamen id sine
aliqua testificatione meas in te observantias fieri nolebam
atque bac de causa Missale tuis laboribus diligentiaque
correct um tuaque et 111"* Cardin. Granvellani opéra et
favore mihi, illud ut imprimerem, commissum, una cum
meis litteris ad te deferendum dono in animo habebam.
Qpod cum veredarii propter sarcinas pondus praeter
meam spem récusassent, fuit id quidem mihi tam mo-
lestum quam fuisset gratum si illud ad te' perlatum
libenti, ut confidebam, animo accepisses. Cum vero
aliam in singulas horas occasionem expectarem, qua mec
hac in re desiderio satisfacere pbssem, obtulit iila sese,
qua ad eum quem dixi Cardinalem majorem quamdam
sarcinam Neapolim, ubi ipse est, V Non. Octob. defe-
rendum dedi, simulque a Dno D. Geneveille meum ut
illud munusculum tibi meo nomine oflFerret per litteras
majorem in modum petii. Jam vero cum altéras huma-
nissimas scriptas ad me dederis, vereor ne iis prius fue-
rim oppressus quam eas quas ad te dedi acceperis. Quod
si est, meae me tarditatis abs te veniam petere oportet :
quam quidem, pro insigni illa qua pra^tus es morum
— 283 —
facilitate^ me facile impetraturum puto. Qpem ad me
misisti libram^ eam propediem imprimam, nam et banc
et eas omnes res quas ad te tuosque pertinebunt summo
studio diligentiaqae semper curabo, mihique antiquius
erit plane nihil quam ut ea quse abs te ad me mandata
perferentur quam diligentissime exequar. Equidem me,
ut sum, ita tibi esse devinctum non solum confiteor sed
etiam vehementer gaudeo, daboque operam ut omni
tempore quam gratissimus erga te esse cognoscar ;
meaque in t& observantia efficiam ut tuam summam
amplitudinem ac dignitatem non minori esse curas quam
caeteris iis quos in gratiam recepisti tuam, et tu ac
omnes homines intelligant. Vale.
Ântverpias, 8 Idus januarii 1572.
306. — Plantin à Ferdinand de Tarres.
(Plantin a reçu les lettres du Cardinal CarafTa. Ayant appris que
Fernando de Torres est un agent du Cardinal de Granvelle à Rome,
il est prêt à lui rendre service. Il le remercie de ce qu*il lui a promis
le bref du pape pour imprimer les Heures et lui serait encore plus
obligé pour un privilège plus étendu, ne mentionnant pas les états
de Flandre et d'Allemagne. Il n'a pas voulu mettre la main à ce
travail avant qu'il n'ait reçu rautorisation de Sa Sainteté quoiqu'il
eût appris par deux lettres que de Torres faisait des démarches pour
la lui faire obtenir. De même qu'en lui envoyant le Bréviaire et le
Missel, le pape les avait £ût corriger à Rome, il lui serait fort re-
connaissant si Sa Sainteté voulait bien lui envoyer également un
exemplaire des Heures imprimé là-bas et corrigé, au besoin, ou du
moins signé par un des cardinaux mentionnés dans le bref papal.
Il lui recommande en tout cas de faire toute la diligence possible.)
Al m* Senor Don Fernando de Torres mi Senor, Agente
y criado del Rey Catholico en Corte Romana.
Con la de V. M. y del 111. S^' drdinal Caraffa recibi
— 284 —
el paquete entero con el libro y las demas pieças que
llego bien accondicionnado a mis manos, y, por ser cosa
que toca al servicio y contente del 111"° Cardinal, pome
yo en lo que se me manda toda la diligentia a mi pos-
sible, porque tambien entiendo sirvo en esto al Cardinal
Granvela mi Senor, cu5^a amistad V.M tiene tan familiar
que se nombra su agente, de que résulta ser y mas
aflScionado y obligado al servicio deV.M., allende de lo
que antes era, ansi por la notitia que tengo de quien
V. M. es, como por saver que esta en estît corte en ser-
vicio del Rey Catholico, cuyo criado y ministro yo soy
en estos Estados, y en tal nombre me puede V.M.tener
por suyo proprio y mandarme que sera muy grande
contcnto mio emplearme en lo servir. A V.M. beso las
manos muchas vezes por la que me haze en prometerme
la brevedad de la Lie* para imprimir las horas, y le
supplico procure la mayor brevedad y mas larga gratia
que sea possible, sin nombrar los estados de Flandes y
d'Alemania etc. sino, si ser pudiere, lie* senzilla para
que puedo imprimir las en mi emprenta, por que Su
Magestad y otros muchos de su corte Senores mios me
las piden con instantia. E yo no he querido ni quiero
poner mano en ellas hasta tener la Lie* y bencdicion de
Su S*, aunque por dos cartas tengo aviso de parte de Su
Magestad que V.M. ténia el cuidado de me hazer sacar
esta lie* y, para mas autoridad y commodidad deste, me
la haria V.M. muy grande, si Su S* me ha embiado el
Breviario y Missal de alla corregido y mention fecha
dello en las lie**, ansi se me embiassen tambien un
exemplar de las mismas horas impresso alla y correcto
en los margines, se ha menester correction que en esto
me hara mereed el 111'"° Card. CarafFa de mandarlo corre-
— 285 —
gir como lo ha hecho en el Missal que aca tengo y, si
no tienen que corregir, toda via se me embie un exem-
plar firmado de alguno de esses mios S" Card'" de! quai
se haga mention en la Lie* de su S*. Empero si V. M. la
tiene ya sacada con' otra manera con qualquiera partida
y condicion que sea, sera muy bien, y lo que mas desseo
es la brevedad. Yo tomo el cuidado que devo de
servir a V.M. con las cosas que de mi casa salieren que
sean de su gusto y Ib mismo hare al S°' don Alonso de
Torres, hermano de V.M en Espaiia.
N''° Senor la 111. persona y casa de V. M. prospère por
largos tiempos.
En Anvers al Vil de Enero 1S72.
Dl. S*'' besa las manos de V.M. su muy afficionado ser-
Christophoro Plantino.
307. — Tlantin à Charles Tisnacq,
A Monsigneur Monsieur Ch. Tisnacq,
Président au conseil Privé du Roy nostre sire, etc.
Monsigneur très honoré,
Par les lectres de Sa Majesté que j'envoye icy pour
tesmoignage, V. S. peut voir ce qu'il pleut à Sadicte
Majesté m'ordonner, il y a jà. quatre ans ou peu s'en
faut, touchant l'impression des Bibles en Hébrieu,
Chaldée, Grec, Latin et Syrien, lesquelles nous avons,
par la grâce de Dieu, auctorité de nostre Roy et faveur
de miens Signeurs et amis, tellement poursuivies que
nous espérons les achever dedans deux mois; et d'autant
que, suivant l'intention et volonté de Sadicte Majesté,
dont je suis adverty, il nous les conviendra incontinent
— 286 —
mectre en lumière, j*ay adverty Monsg^ le Docteur B.
Arias Montanus qu'il ne me sembleroit pas convenable
ne seur pojir moy de ce faire, sans en avoir première-
ment aussi obtenu le congé et Privilège du conseil de
Sa Majesté es pays de par deçà, chose qui luy a semblé
bonne et, à ceste occasion, m'a il faict faire ceste requeste,
soussignée de sa main, à laquelle je supplie V. S. donnef
telle favorable apostile qu'elle trouvera convenir pour
l'auctorité de Sa Majesté, la dignité de l'œuvre et la fa-
veur d'infinis travaux, despenses et fraiz y consumés et
ce au plus tost et en la milleure forme que faire se
pourra, à cause que de brief il nous convient imprimer
les feilles ausquelles doibvent estre comprins les Privi-
lèges. Et je prieray Dieu qu'il luy plaise nous conserver
et garder V. S. en toute bonne santé et heureuse pros-
périté.
D'Anvers, ce 9 de janvier 1372.
.308. — Plantin à Max Morillon.
^ Le 10 janvier 1572.
A Monsieur le Provost d'Aire, Max Morillon.
Monsigneur, Je remercie très aflFectueusement V. R. S.
de la faveur qu'il vous plaist de me continuer en toutes
nos affaires et de l'offre qu'il vous plaist de me faire des
Psautiers qui, à ce que j'ay entendu depuis par les mar-
chants qui m'en avoyent parlé, ne sont pas au contente-
ment de ceux à qui ils en avoyent envoyé pour monstre,
et n'y allèguent autre cause que de la faceon des charac-
tères de l'escriture qu'ils se plaignent estre lectre flamende
dont ils ne veulent point avoir. J'ay, grâces à Dieu,
— 207 —
achevé la partie d'hiver pour le Propriam de Sancds de
l'Ântiphonaire et suis parvenu jusques à la sexagésime
du Proprium de Tempore que j'espère achever devant la
my-febvrier et alors n'auront excuse de s'en pouvoir
servir ceux qui voudront. Car j'espère d'avoir aussi
achevé les parties d'esté, avant qu'ils s'en doibvent ser-
vir. De la Bible Royale feray je comme V. S. me l'or-
dohne.
Monsigneur le Docteur a receu avec plaisir les re-
commandations de V. R. S. et m'a ordonné de luy pré-
senter réciproquement les siennes très affectueuses.
J'ay achevé une impression de Bréviaires ordonnés
quasi ad longum en la faveur des bons Signeurs en
Espagne qui ainsi me l'avoyent ordonné, dont j'en ay
faict lier deux en parchemin que je désirerois estre en-
voyés à Naples à son 111°' et R°' S*« et pour Monsg' de
Geneveille et que pleust à V. S. recevoir l'autre de bonne
part. Q}ie si je puis entendre que tel ordre plaise....
309. — Tlaniin à Gilbert d*Ognies.
Au très noble Révérendissime Seigneur,
Monsigneur de Toumay.
Très noble et R°* S., Je remercie très humblement
V. R. S. des 47 pats, que j'ay reçeu pour le payement
des livres envoyés à icelle ; j 'envoyé maintenant le ggg
désiré in Canisio de Corruptelis * et les 100 petits Caté-
chismes *.
1. P. Canisius, Commentariorum de Verhi Dei corruptelis liber
primus. Dilingae, Sebaldus Mayer, 1571, in~4o.
2. P. CanisiuSi Summa doctrina Christiana, Plantin, i569,m->i6o.
— • 288 —
Quant à l'Antiphonaire, nous aurons, passé quelques
jours, achevé la partie de Sanctis et se peut bien asseu-
rer V. R. S. que, avec la grâce de Dieu, nous aurons
achevé de Tempore pour la partie d'hiver au i6 jour de
febvrier prochain, pour les pouvoir faire lier alors. Et si
ay faict mon calcul d'avoir aussi achevé les parties d'hi-
ver avant Pasques, de sorte qu'on n'attendra point après
l'impression.
310. — Plantin à l'abbé de Hasnon.
Au Révérend Père en Dieu Monsigneur
Monsieur l'abbé de Hasnon, à nostre Dame la Grande,
à Valenciennes.
Monsigneur, Pour response aux lectres de V. R. S'*
du 28 du passé, je luy prie se persuader que je voudrois
m'employer pour son service en tout ce qu'il me seroit
possible et principalement en chose qui concerne le bien
public, comme j'espèrç que faict l'impression du livre
escrit par Mons"" le Prieur intitulé Conciones Catechisicae
mesmes, estant approuvé par les théologiens deDouay;
mais j'ay tellement este atténué de mes facultés, em-
ployées depuis quelques années en ça es grandes Bibles
et autres grandes œuvres d'esglise, qu'il me seroit im-
possible de rien entreprendre pour le commencer à mes
despens, devant la Pentecouste prochaine : après quoy,
j'espère bien avoir milleur moyen. Que si mons' le
Prieur peut tant attendre de l'impression de sondict
livre et qu'il plaise à Vostre R.S'® me l'envoyer pour, le
veoir par l'espace de quelque journée, j'espèreray de luy
en donner incontinent après certaine résolution et con-
tentement.
_ 289 -
Quant aux livres d'église, le Missal et les grands
Psautiers notés pour le Chœur sont achevés, passés quel-
ques mois. Des Antiphonaires et Responsoriaux les par-
ties d'hiver, Dieu aidant, le seront dedans quinze jours
et celles d'esté devant l'Ascension, de mode qu'on peut
commencer à s'en servir maintenant, ainsi qu'on faict
desjà en aucunes esglises par deçà, qui ont levé les
feilles à la mesure que les avons imprimées, et dedans
quinze jours, comme dict est, pourront faire lier lesdictes
parties d'hiver, et celles d'esté seront aussi achevées pour
les pouvoir faire lier assés longtemps avant qu'on s'en
doibve servir. Quant aux prix, le Missal se vend 4 fl.
10 patt.; le Psautier 8 fl.; les parties d'hiver, tant de
Tempore que de Sanctis, avec le commun, se vendra à
mon advis (car je ne puis encores faire juste calcul avant
que d'avoir achevé) autres 9 fl.
Les grandes Bibles qui seront, avec la grâce de Dieu,
achevées dedans ung mois de ce jourd'huy se vendront
30 escus en blanc.
Nous aurons aussi achevé dedans quelque six se-
maines les grandes et nouvelles concordances des Bibles *
qui se vendront quelque sept florins, le tout en blanc.
S'il est chose que je puisse pour le service de V. R.
S., elle me trouvera tousjours prest et délibéré à son
commandement. Et cependant je prie Dieu, Mons', qu'il
nous veuille garder V. R. S. en bonne santé et heu-
reuse prospérité.
D'Anvers, ce 4 febvrier IS72.
I . Œconomia methodica Concordaniiarum scriptura sacrée : authçre
Georgio 'Bulhco, Plantin, 1572, grand in-folio,
— 290 —
311. — Plantin à Gilbert d*Ognies.
»
Au très noble et R™* Évesque de Tournay.
Suivant les lectres de V. très noble et R"' S*% j'en-
voye ici la feille de Ggg, au lieu de Gggg renvoyée.
Les petits cathéchismes valent demy patart la pièce.
Les Antiphonaires, suivant mes précédentes, seront,
avec la grâce de Dieu, achevés avant le jour des cendres,
mais pour bien les relier, comme il appartient, ils ne le
sçauroyent estre en moins de quinze jours de temps,
parquoy seroit impossible de les envoyer d'icy tous re-
liés devant ledict teinps de quinze jours après, et peut
être seroyent ils encore quelque huict jours sur le che-
min. Je désirerois aussi entendre si V. R"^ S** voudroit
qu'on reliast le Commune Sanctorum avec le Proprium
de Sanctis et de Tempore, aussi pro parte Hiemali ; ou
bien s'il luy plaira faire lier ledict Commune Sanctorum
(ainsi qu'ont faict aucuns) avec le Psautier. J'eusse
maintenant envoyé le suplément des deux exemplaires
commencés d'envoyer, mais je ne suis pas assés mémo-
ratif quels ternes j'ay envoyés, parquoy je supplie d'en
estre adverty.
Quant à la Remonstrance faicte au Roy de France
par les Théologiens de Paris, j'ay esté fort joyeux de la
veoir et l'imprimerois volontiers pour l'utilité du peuple,
maïs d'autant qu'elle touche à la Majesté du Roy et que
l'effect s'est ensuivi au contraire de ce à quoy elle estoit
deuement faicte, je ne l'oserois pas imprimer, sans com-
mandement exprè;^ de son Ex", parquoy je la renvoyé
ici à V. R™* S., laquelle je prie Dieu nous voulpir con-
server en bonne santé et heureuse prospérité.
Le 6 febvrier,
— 291 — "*
312. — Planttn à Érasme Vendius.
(n s'étoqpe de lire dans la dernière lettre de Vendius qu'aucune
lettre n'a été échangée entre eux depuis un an et demi, lorsque
l'année passée il a reçu une lettre et y a répondu longuement. Il
rappelle le contenu de cette missive. Il donne des nouvelles sur
quelques-uns de ses derniers travaux : la Bible royale, le Caté-
chisme de Trente, le Missel, le Bréràire, le Diumal, les Heures en
différents formats).
Praestantissimo doctissimoque viro Dno Erasmo Vendio
111°** Ducis Bavarise consiliario, frumentorum
praefecto prudentissimo.
Litterae tuae 13 januarii Monachi scriptae mihi abhinc
paucis diebus redditae sunt, vir praestantissime ; lectîs
autem vixdum earumdem primis lineis, miratus suçi
quod initio scribas sesquiannum esse ex quo litteris in-
vicem destituimur mutuis, cum ègo anno superiori
unas abs te 25 martii Monachi scriptas ego 25 aprilis
acceperim, et, paucissimis postea diebus interjectis quibus
de illis quorum certior fieri volebas inquirebam, respon-
derim satis prolixe^ nempe nos jam a mense januario
praecedenti absolvisse corpus Bibliorum regiorum, impe-
ditos vero fuisse tum temporis in aliis plurimis impri-
mendis, quae ex hoc librorum a me impressorum cata-
logo légère poteris qua^ ad Sacrum Bibliorum Apparatum
pertinent. De Hanardo viros probos omnem spem ab-
jecisse; Eyckii mores quoque non placere cordatis viris,
nos vero Jesuitarum opéra unum atque alterum alios
invenisse satis aptos, quorum unus ad me hos libellos
tibî mittit et ut primum suo nomine 111°° Duci offerre
digneris, alterum ut tibi habere velis rogat : miror itaque
ubinam hasserit vel perierit nobis illa mea satis tunt
prolixe scripta responsio.
* — 292 —
Ad has postremas vero jam paucis respondebo. Biblia,
Deo favente, enint ab hinc mensem absoluta neque prius
(tantae molis sunt), etiamsi ab impressione eorum quae ex
S. Concilii Tridentini decreto restituta sunt ecclesiastica
officia feriassemus, absolvere potuîssemus. 500. exem-
plaria, quorum unumquodque bic 8 stuferis vendimus,
Cathechismi Concilii a clarissimo doctissimoque viro
D. And. Fabricio îllustrati una in sarcina ad vos transira
Jiesterno composuimus atque lis quse sequuntur addi-
dimus, ut petiisti : Missaie novum in f**, Breviarium
Romanum 8* forma commune, Id. in 16°, Breviarium
Romanum, Hispanico more, hoc est ad longum sine
paucioribus require, quod aiunt, Diurnale in ié°, Id.
in 24° minori forma. Id. in 24 minîma forma. Horas
impressi quidem, sed jam desunt nobis exemplaria. Recu-
demus, Deo favente, et mittemus.
313.-^ Tlantin à Gilbert Genebrard * .
Monsigneur, Monsieur Genebrard, personnage très docte
aux langues et lecteur du Roy es sainctes lectres etc.
Monsigneur, L'humanité que j'ay congneue en vous
de long temps m'a tousjours faict désirer d'avoir un jour
I. Gilbert Genebrard, né à Riom en Auvergne vers 1537, prit
rhabit de Bénédictin et, ayant fait ses études à Paris, il fut nommé
professeur d'hébreu au collège royal, titre qu'il possédait au moment
où Plantin lui écrivit. En 1592,11 fut nommé archevêque d*Aix. Il se
jeta avec fougue dans le parti de la Ligue et fut un de ses plus vio-
lems champions. Après le triomphe d'Henri IV, Genebrard se retira
dans le prieuré de Sémur en Auxois, où il mourut en iS97- L*appro-
bftion de la Bible royale que sollicite de lui Plantin fut octroyée le
4 avril 1572 et signée par Genebrard et six autres docteurs de la
Faculté de Paris.
— 293 —
le moyen de vous pouvoir faire quelque service, plustost
que d'en requérir plaisir, et toutesfois icelle me donne
la hardiesse maintenant de ce faire en chose utile à la
républicque et que je tiens vous estre facile. C'est que,
comme nous avons depuis quatre ans en çà travaillé et
consumé tout nostre pouvoir en l'impression de ces
grandes Bibles es langues primitives et que sommes
quasi prests de le mectre en lumière, je vous supplie
qu'il vous plaise me faire ce bien d'en visiter les parties
qui sont par delà et celles que j'envoye maintenant
exprès, et de vouloir nous faire ce bien et honneur de
nous en donner vostre censure et approbation par escrit,
sur chaicune partie que trouvères n'en estre du tout in-
digne, et de faire tant envers quelques-ungs de vos sem-
blables, à sçavoir personnages très doctes en la saincte
théologie, experts aux langues et amateurs du bien pu-
blic, qu'ils approuvent et rendent tesmoignage que nous
n'ayons pas au moins du tout perdu nostre temps et mal
employé tant de fraiz à l'impression desdictes Bibles et
autres parties qui en. despendent, et par cela asseurent les
doubteux et bons catholiques de se pouvoir servir des-
dicts livres, non seulement sans danger, mais aussi à la
confusion des ennemis de nostre mère saincte Église,
s'estans par cy-devant si bravement vantés de la con-
gnoissance desdictes langues primitives, comme si le sens
dénoté par la signification des mots de l'Hébrieu, Grec
ou Chaldée eust faict à la confirmation de leurs inventions
fantastiques et que, par le moyen de ladicte approbation,
nous puissions obtenir du Roy quelques années de respit
que nuUuy ne nous puisse contrefaire aucunne desdictes
parties et que d'icelle approbation puissions aussi hono-
rer et auctoriser ceste nostre édition. Et en ce faisant,
19
— 294 —
monseigneur, vous nous inciterés à poursuivre d'exécu-
ter autres miennes, conceptions et désir de m'employer
à faire chose que vous et autres tels personnages doctes
et religieux puissiés juger donner quelques secours à
Tadvancement de Tintelligence des langues et à la con-
gnoissance du vray fundement de nostre saincte foy ca-
tholique.
314. — Plantin à Gui le Fèvre de la Boderie.
A Monsigneur, Monsieur de la Boderie.
Comme ainsi soit, monsigneur et très cher amy, que,
par la grâce de Dieu et l'aide de vous et mes autres
milleurs amis, je me voye quasi au bout de ceste tant
moleste et si coustageuse ouvrage des Bibles en divers
langages et des autres livres servants à l'intelligence
d'icelles, je me suis ad visé d'essayer par le moyen d'entre
vous, mes amis, fauteurs et promoteurs de tout ce que
scavés* estre utile à la républicque chrestienne, d'obtenir
la censure et approbation desdicts livres de quelques-ungs
des plus doctes et mieux renommés en l'intelligence des
langues et congnoissances de la sainte théologie et qui
ne soyent aucunnement suspects en la cour de Rome,
ainsi que j'estime qu'est monsigneur le R°** de Lavaur,*
Monsieur Estienne,* Monsieur le R"* Général des Cor-
1. Pierre Danes (1497-1577), évêque de Lavaur, professeur de
langue grecque au Collège royal de Paris, l'un des doaeurs signa-
taires de Tapprobation de la Bible royale.
2. Henri II Estienne, le célèbre imprimeur et auteur du Thésaurus
îingua graca.
— ^9$ —
deliers ^ qui est ores par delà, Monsieur Genebrard et
autres tels personnages que vous et autres nos amis pour-
rés le mieux choisir par delà et que ceux aussi qui nous
voudront favoriser tel honneur trouveront estre bon, sur
quoy je vous advise que je n'oserois pas y mectre le nom
de nostre Seigneur et amy Postel, à cause du renom qu'il
a par le catalogue romain etc. '
Et pourtant, monsigneur, je vous supplie d'assister en
ceci à mon frère * qui, au reste, prendra la peine de so-
liciter ceux que par ensemble trouvères bon, et fera les
despens qu'il y conviendera faire.
315. — Tlantin aux docteurs de l'Université de Taris.
Messeigneurs,
D'autant que, par la grâce et bonté divine et soubs la
faveur et auctorité du Roy Catholique, nous avons, à
l'utilité publicque de nostre mère la saincte église et à
la demande de tous les amateurs et studieux des lectres
1. Christophorus a Capite Fontium (de Cheffontaines), naquit en
Basse-Bretagne vers 1532, entra de bonne heure dans l'ordre des
Frères-Mineurs et fut élu général de son ordre en 1571. H fut nom-
mé archevêque de Césarée vers 1586 et mourut à Rome en 1595.
Parmi ses nombreux ouvrages théologiques, Plantin en publia deux :
Fidti majorum nostrorum defensio qua hareticorum saculi nostri actus
ac stratagemata deteguntur^ IS75» in-S», et De libero arbitrio et mentis
honorum operum assertio cathoîica, 1575, in-80.
2. Malgré le scrupule que Plantin exprime ici, on lit le nom de Guil-
laume Postel sous l'approbation donnée à la version de Santés Pa-
gnino reproduite par Plantin dans la Bible royale. Cette approbation
figure dans les liminaires de la Bible royale et porte outre la signa-
ture de Postel, celle de cinq autres docteurs parisiens.
5. Pierre Porret.
— 29^ —
sainctes, tellement advancé, depuis quatre ans en çà> noti
seulement l'impression des Sainctes Bibles es langues
Hébraïcque, Grecque, Latine, Chaldée et Syrienne^
mais aussi les Grammaires, Dictionnaires, Extrcitations
et autres divers livres et pourtraicts servants à rintelli-
gence desdictes langues et matières y contenues, que,
de bref, nous espérons achever le tout et estre prests
de l'exposer en vente, et que je ne doubte pas qu'il ne
se trouve aucuns malicieux, d'autres ignorants, quel-
ques-ungs aussi craintifs et doubteux qui voudroyent
par adventure calumnier, rejecter ou tenir ceste nostre
entreprinse pour suspecte et superflue et par ainsi dé-
gouster les catholiques de s'oser servir de l'aide qu'en
cela nous avons, sans rien y espargner du nostre, ni de
celuy de nos amis, tasché leur faire et présenter : Pour-
tant est ce, Messigneurs, que, me confiant en vostre hu-
manité, bonne affection, sainct désir et piété que vous
portés à l'advancement de ceux qui sont amateurs et
studieux des sainctes lectres et de nostre très saincte
foy et religion catholique, je vous supplie très humble-
ment et requiers, au nom de Dieu de qui est et provient
toute bonne œuvre, qu'il vous plaise nous faire ce bien
de visiter lesdiaes Sainctes Bibles et autres livres et
nous faire tant d'honneur que de vouloir nous donner
vostre censure de chaicun desdicts livres et approbation
pa/ escrit, sous la confirmation de vos signes, afin que
d'îcelle nous puissions honorer la fin de ceste nostre
entreprinse et ouvrage.
Quoy faisant,
Messeigneurs très honorés, vouis ferés service à Dieo,
profict à la république chrestienne et à moy ung singu-
Uer plaisir, duquel je tascheray toute ma vie de n'estre
— 297 —
veu ingrat envers nul de tons ceux qui m'âufês honoré
d'un tel bienfaict et prieray Dieu pour vostre prospérité
et bonne santé.
D'Anvers.
316. -— Plantin à Gilbert 4'Ognies.
^Martij 1372.
Au très noble et R°* Évesque de Toumay.
J*envoye icy à vostre très noble et R"* S* le reste des
cahiers de TAntiphonaire pour la panie d'hiver. Et,
d'autant que les gellées ont tellement continué depuis
avoir achevé lesdictes parties qu'impossible eust esté de
faire faire bonne reliure, j'ay tousjours diflféré d'en
bailler à relier. Je désirerois aussi estre adverty com-
ment je doibs conjoindre lesdictes parties ; asçavoir, si
du Commune Sanctorum et du Proprium de Sanctis je
doibs faire faire ung volume, ou bien si je doibs faire
conjoindre le tout avec de Tempore, car aucuns trouvent
mieux qu'on relie le Commune Sanctorum avec le
Psalterium, les autres le veulent autrement. Mesmes
aucuns disent qu'ils veulent attendre que pars iEstivalis
de Tempore soit aussi du tout achevée, pour faire lier
les deux ensemble et l'autre aussi de Sanctis, pour les
£aire aussi lier ensemble avec ledict Commuoe.
Et ainsi, je supplie V. R°* S*' de me faire entendre
sa volonté. Quant aux parties d'esté, tant de Tempore
que de Sanctis, elles seront achevées. Dieu aidant, à
l'Ascension pour les pouvoir faire lier alors, ainsi qu'il
plaira à chacun de l'ordonner.
Cependant je prie Nostre Seigneur qu'il nous veuille
conserver V. très noble et R"' S*' etc.
- 298 -
317. — Plantin à !^C' de Gonemlle (de Geneuille) *.
Monsigneur, Monsieur de Geneueille,
audiencier de rUl"' Gard, de Granvelle, vice-roy, etc.
Monsigneur, J'ay esté et suis plus triste que son Dl"*
S** n*ait peu avoir contentement de la réception d*an
Messel entier que de la perte des exemplaires qui reste-
ront icy imparfaicts. Et, n'eust esté que Mons' le vicaire
général de son Ill°* S'* m'avoit acertené que toutes les
feilles avoyent esté envoyées, je n'eusse failli de les
envoyer, dès la réception des lectres de V. S. du 14 de
septembre dernier, aussi bien que je le fay ores, car
j*ay présentement envoyé à mondict Seigneur le Vicaire
général* toutes les feilles destinées aux registres* des
lectres de vostredicte signeurie,tant du 14 de septembre
dernier que du 3 de janvier dernier, qui m'ont premiè-
rement esté délivrées avant hier, et sont comme s'en
suict :
Du premier en parchemin :
¥. ¥¥. ¥¥¥. ¥¥¥¥. ¥¥¥¥¥, qui sout les cahiers du
commencement.
1, Plantin orthographie de façons très diverses le nom de Tau-
diender du cardinal de Granvelle. Par une sorte de fatalité, il n*est
guère possible de distinguer, dans les nombreuses répétitions de ce
nom, si la première voyelle est un « ou un 0 et comme Vu et le v
sont la même lettre dans l'écriture de ce temps, on pouvait lire
Goneville ou Geneuille. Le nom du personnage ne nous étant pas
connu par d'autres documents, nous avons adopté jusqu'ici, mais
non sans hésitation, la première orthographe. Nous croyons nous
être trompé. En effet, il existe en Belgique une localité Geneuille,
dont probablement l'audiender portait le nom. Ce fait, joint à la
forme ambiguë des lettres, nous fait préférer la dernière orthographe.
2. Max Morillon.
— 299 —
A. B. C. D. E. O. P. O., qui est du Proprium de
Tempore et avec cela :
c. d. e. f. g. h. i. k. 1., qui sont du Proprium de
Sanctis.
EE. FF. GG. HH. II., qui est du Commune Sancto-
rum.
Les semblables en papier.
Item pour parfaire l'autre exemplaire annoté le 3 jan-
vier :
Q, R. S. T. V. X. Y. Z. et le canon 1. HH. II., qui
est tout ce qui restoit pour parfaire les trois Missels
envoyés par diverses parties.
Suppliant V. S. de m'excuser envers, son Ill*°* et R"®
S^® et m'entretenir en sa bonne grâce, suppliant aussi
d'estre recommandé à celle de V. S. et je prieray Dieu
nous la conserver en la sienne.
D'Anvers, ce 6 mars 1572.
318. — Tlantin à Max Marillan.
A monsigneur Max Morillon, vicaire général
du très illustre Card. de Granvelle.
Suivant l'ordonnance de mon très illustre seigneur le
Cardinal et les spécifications de M' de Geneuelle, j 'en-
voyé ici à V. R. S. les cahiers qui défaillent aux trois
Missaux envoyés à diverses fois par les postes, durant la
première impression dudict Messel, asçavoir de deux
en papier et d'ung en parchemin, lesquels j'ay séparé
en trois parties, afin que V. S. les puisse discerner et^
^ 300 —
envoyer à sa commodité. J'ay adjouxté une feille en
laquelle, pour la commodité de ceux qui disent les
messes sans chanter, j'ay imprimé les préfaces, sans
notes et à la fin l'image de nostre Seigneur en la croix
qui, à mon advis, ne desplaira pas à V. S., à laquelle je
supplie recevoir mon aflfection pour humble service et
me vouloir conmiander en tout ce qu'il luy plaira. Et
je prieray Dieu la nous conserver en santé et heureuse
prospérité.
D'Anvers, ce 8 de mars 1572.
319. — Vlantin au Cardinal de GranvelU.
Au très illustre S', monseigneur le cardinal de Granvelle,
vice-roy, etc.
Très illustre S%
Le 5 du présent, j'ay receu les lectrcs de Vostre très
illustre Ex*^* dattées du dernier de décembre, avec les
vers du S' Gambara, lesquels j'ay incontinent délivrés
entre les mains des censeurs de livres en ceste ville
pour les approuver, afin de les envoyer à Bruxelles
pour en obtenir le congé de les imprimer, ce que je
ferây en' la plus grande diligence qu'il me sera possible,
ainsi que de livrer, incontinent après, les 60 exemplaires
à Monsieur le Provost d'Aire, pour les envoyer par la
poste, ainsi que maintenant j'ay faict des feilles désirées
aux Messels, suivant l'advertissement que m'en a faict
Mons' de Geneueille.
Nous désirons grandement le reste des corrections
s|ir l'Ecclésiasticque de Monsigneur l'illustrissime Sirlet,
— 3^^- —
car piéçà avons recea celles qu'il a faictes , sur les
Pseaumes et jà les avons imprimées entre les diverses
leçons de TApparatus sacer des grandes Bibles royales *
que nous espérons achever dedans 15 jours et ne fau-
dray d'en garder trois exemplaires pour les Bibliothèques
de V. Ex" très illustre et de m'employer de toutes mes
forces et toute ma vie en tout ce que je sçauray estre
utile ou commode aux Églises -et à Tadvancement de
nostre saincte foy catholicque, apostolique et Romaine
et, par conséquent, agréable à V. Exe" très illustre,
laquelle je prie Dieu nous yçiiloir conserver en bonne
santé et bien heureuse prospérité.
D'Anvers, ce 6 mars 1572.
320. — Tlantin à Louis del T(jo '.
A Monsigneur Monsieur le conseiller del Rio.
Qjiand les lectres de V. S. ont esté délivrées en mon
logis à mon gendre Jehan Mourentorf, j'estois chez
Monsg^ le docteur, fort empesché à faire contregarder
les parties des Bibbs royales, qui y sont, des eaux du
dégel, qui autrement nous les eussent gastées; le
mesmes me convint il aussi faire en nostre logis qui fut
la cause que mondict gendre respondit de bouche à
1 . Ulustr, 'D, SirUii S. %,, 5. Cardinalis, annotationes variarum
Uctionum in Tsalmos, ad Sacri 'Bibîiarum apparatus instructionem.
Les notes sur l'Ecclésiastique n'ont pas paru.
2. Louis del Rio naquit à Bruges, en 1537, ^^ parents espagnols.
Il revint aux Pays-Bas à la suite du duc d'Albe avec le titre de con-
seiller. Il fut successivement membre* du Conseil des Troubles et du
Conseil privé et mourut le 51 juillet i$78.
— ^oz —
monsignear vostre cousin Jeronimo Delrio ^ et depuis
s'oblia de me monstrer lesdictes lectres jusques à ce
jourd'huy, que j*ay incontinent escrit ce mot pour sup-
plier vostredicte Signeurie qu'il luy plaise m*excuser
dé ce que je n'aurois incontinent respondu moy-mesmes,
comme je l'eusse faict sans ledict accident. Quant aux-
dictes Bibles Royales, elles sont achevées passé long*
temps et deux des volumes de l'Apparat, et les envoyray
quant il plaira à V. S. de le mander, et le troisiesme
volume (auquel ne restera que certaines feilles du Die*
tionnaire Grec), incontinenr qu'il sera achevé, ou ce qui
en est faia, quand il luy plaira, aussi. Mais, quant au
prix, je n'entreprendray pas de le constituer à l'endroict
de Vostredicte Seigneurie, joinct que j'espère d'aler par
delà dedans huict jours et porter toutes les parties en cour,
pour en obtenir la taxe de Vos Seigneuries, ausquelles
j'exposeray lors les fraiz immenses y employés et sup-
plieray m'estre gracieux pour ladicte taxe à les j^endre
au public; mais, quant à mes bons amis, signeurs et
fauteurs dont je tiens V. S. l'un des principaux. Us en
payront ce qu'il leur plaira seulement, sans avoir esgard
à ladicte taxe qu'il vous aura pieu lors de me. favoriser.
Et ainsi m'incitera V. S. de tascher à faire mon debvoir
de plus en plus pour faire choses qui puissent estre
utiles à la république et honorables à Sa Majesté. Â
quoy toute ma vie je m'employray d'aussi bon cueur
que je prie Dieu nous y vouloir conserver et augmenter
V. S. en bonne santé et heureuse prospérité.
D'Anvers, ce 9 mars 1572.
I . Riche négociant, à Anvers.
— 303 —
321. — Tlantin à Gilbert d'Ognies.
Au très noble et R°** S% monsigneur
rÉvesque de Tonrnay.
Très noble et R°« Seign%
J'auray possible par mes précédentes oblié de faire
entendre à V. R°** Seigneurie comme j'auray, Dieu ai-
dant, achevé, dedans 3 jours d'icy, l'office de Tempore
jusques à la Trinité et le pourray faire lier, s'il luy
plaist, et à Messieurs de son Chapitre pour estre prests
à envoyer d'icy le Samedi de Pasques fleuries, de sorte
qu'on s'en pourra servir dès Pasques. Et, quant au reste
qui ne sera si grand que la moictié de ce qui en est
faict, le tout sera parachevé. Dieu aidant, devant
l'Ascension, et pounant j'attendray encores autre advis
devant que commencer à faire lier les 7 volumes ordon-
nés par l'exprès de V. R°' S., à laquelle j'envoie les
feilles pour le second exemplaire, et cependant je feray
estendre les feilles de ce que j'ay depuis imprimé et ce
que j'acheveray, comme dict est, ces trois prochains
jours en une estuves que j'ay céans, de sorte qu'elles
seront prestes pour les commencer à relier, sans aucun
dommage dès le Vendredi prochain, affin que lesdicts
livres soyent prests, comme dict est, pour les empacquer
et envoyer, dès le Vendredi ou samedi devant le S. Di-
manche des Rameaux.
Qpant aux Graduels, j'espère aussi les imprimer, si,
après les Antiphonaires achevés, la vente d'iceux me
peut fournir aux despens qu'il y conviendra faire, et
cependant Mons' le maistre des cérémonies de l'esglise
de Malines besongne à ordonner la copie.
— 304 —
J'ay imprimé des Missels en bon vélin jusques au
nombre de 24, desquels j'ay envoyé 6 à messieurs de
S* Pierre à Rome selon que, dès le temps que Sa Sainc-
teté m'envoya de Rome la copie corrigée par ses députés,
lesdicts signeurs m'avoyent ordonné de ce faire par mon
très illustre S' le Cardinal de Granvelle, qui m'a faict
entendre que chaicun désire fort nostre Impression en
Italie. Depuis j'ay vendu encores autres desdicts exem-
plaires en parchemin, desquels j'en ay encores quelques-
ungs qui sont au commandement de V. K^^ S***.
Je fay mes apprestes pour imprimer les Bréviaires en
grand volume, incontinent que j'auray du tout achevé
nos grandes Bibles royales et commencé à en retirer
argent pour fournir aux fraiz qu'autrement je ne pour-
rois porter tout à la fois, de tant et si coustageuses ou-
vrages en ung mesme temps. Au reste, je remercie très
humblement vostre très noble et R™" S'* des biens qu'il
luy plaist me faire et offrir, ce qui me rend d'autant
obligé à me sousmectre en tout ce qu'il luy plaira me
commander et à prier Dieu pour sa prospérité et bonne
santé.
D'Anvers, ce 15 mars.
322. — Tlantin à Joannes Sylvius *.
(Plantin avait reçu une lettre de Sylvius écrite à Tadresse d* Arias
Montanus et de lui-même. Arias Ta chargé de répondre à la partie
qui concerne l'imprimeur et Plantin s'acquitte de cette tâche. Il
I. Joannes Sylvius (Jean du Bois;, natif d'Arras et seigneur de
Sapigny en Artois, écrivit et commenta des ouvrages religieux en
grec. Plantin imprima de lui, en 1571, Cathemerinon ex precaioriis
gracorum libelîis congestum, texte grec et latin.
— 305 —
s'étonne que Sylvius ait traité sur le même pied un personnage aussi
éminent qu'Arias Montanus et un homme aussi modeste de naissance
et de position que lui-même. Il est tout prêt à imprimer les écrits
de Sylvius, si quelqu'un en veut porter les frais, mais lui-même
n'ose se charger de publier des livres, très savants et pieux, mais
d'un débit difficile.
Sylvius lui a reproché de ne s'être point donné assez de peine
pour faire connaître son Cathemerinon; ajoutant que, %i le volume
avait été suffisamment annoncé et envoyé aux libraires, il n'en
resterait plus un seul exemplaire en magasin. Beaucoup se plaignent
de ne pas recevoir son livre, quoiqu'ils l'aient demandé.
Plantin répond qu'il voudrait connaître ceux qui font entendre
cette plainte. Lors de la publication de l'ouvrage, il a envoyé des
exemplaires aux libraires, mais personne n'en a commandé. Il en a
expédié bon nombre à Paris ; mais son représentant en cette ville,
qui est en ce moment à Anvers, lui assure qu'il n'est point parvenu
à vendre, à tous les autres acheteurs ensemble, autant d'exemplaires
que Sylvius seul en a pris lorsqu'il était dans cette dernière ville.
C'est pourquoi, Plantin lui offi-e volontiers ce qui lui reste de l'édition.
Sylvius n'a point à s'excuser de la mauvaise vente de son livre.
Plantin ne s'en plaint point, mais il n'ose se charger d'impressions
nouvelles. Il y a dans la ville d'Anvers et à Paris un grand nombre
d'imprimeurs capables : que l'auteur traite avec eux ou lui amène
quelqu'un qui réponde des frais. Dans ce cas, il se chargera d'impri-
mer ses ouvrages sans profit personnel. Pour permettre à Sylvius
d'agir en tout ceci à sa guise, il lui renvoie son sac et tout ce qu'il
a reçu de lui et du recteur du collège des jésuites à Paris.)
Doctissimo Viro Domino Johanni Silvio Atrebatensi.
Hestema die fascicuium 111. viro Dno B. Arias Mon-
tano ascriptum, vel in ejus absentiâ mihi, postquam
accepi, vir doctissime, ego statim pro more ad aedes
regiaSy ubî vir ille tamquam legatus Regias. majestatis
agit, me contuli, cumquè illi obtulissem, jussit aperiri,
lectaque communi inscriptione litterarum tuarum, mihi
îllas reddidit legendas. Quod cum facerem intelligeret-
que nunc se nunc me illis interpellari, jussit mecum
illas ut domam reportarem tibique prius ad ea quae ad
me spectant responderem, tum vero illî remitterem
easdem postea, si opus fuerit, responsuro per otium quo
Dunc omnino se carere dicebat.
Paucis itaque, meas ut partes agam : miror primum
quid tibi venerit in mentem, mi Silvi, litteris tuis con-
jugium tato inaequale facere ; quid namque mihi parvi
momenti homini cum tanti viro commune ?
Benedictus siquidem Ârias Montanus doctor est S.
Theologiae, S. Jacobi ensigeri in Hispania miles, Régis
nostri in causa pia ad bas regiones legatus quique auc-
toritate sua apud Regem, Ducem Âlbanum et alias pro-
ceres plurimum valeat ; ego vero plebeius homo, libro-
rum impressor^ famulorum régis infimus et omnibus piis
et doctis viris addictus, inter quos te merito habeo^et
magni facio, tuaque libenter, cathegorice ut respondeam,
praelo committerem si qui sint qui sumptus facere velint;
me vero ita maximis oneribus ferendis attenuatum tsse
sentio, ut jam non ausim docta ista quidem et pia opé-
ra, sed quae vulgo non distrahantur, meis humeris im-
ponere.
Audio quidem adhortationes tuas, nempe ut hue illuc
mittam, distribuam, faciam ut innotescant ; hoc si de
Cathemerinis ' factum fuisset, nuUum nobis restaret, ut
scribîs, exemplar ; quotidie a pluribus hic et illic effla-
gitari, tum a Bibliopolis tum ab aliis, neque uUa tamen
a nobis mitti exemplaria, adeoque jam complures tecum
expostulare ac si ipsis inviderentur.
Vis tibi dicam, mi Silvi, nescio qui sunt illi con-
I . Cathemerinon ex *Precatoriis gracorum libeîlis a Johanne Syhio
Atrehatio congestum. Item brève aliud cathemerinon ah eodem Syhio he-
roicis versibus conscriptum : utrumque in pietatis et lingiue graca candt-
datorutu gratiam latine redditum, Plantin, 1571, in-80.
— 307 —
questores aut quam vere conqnerantar. Scio tamen et
nos iiltro, cum primum fuissent impressi/ misisse, ut
solemus, libros novos ad omnes Bibliopolas, qui quid
aliud a nobis evocarunt ut innotesçerent. Postea vero
nemo evocavit, neque scio alium modum libros distra-
hendi. Lutetiam misi satis bonum numerum. Jurât vero
institor noster *, quem illinc hue certis de causis evoca-
tuniy cum tibi nunc respondeo, prsesentem habeo, se
non tôt alia omnibus obtrusa potuisse divendere exem-
plaria quot tu ipse solus, dum illic esses, ab eo emisti,
unde et tibi majores habeo gratias et reliqua omnia quse
nobis restant exemplaria libentissime oflfero. Non est
proinde quod de non satis fructuosa Cathemerinorum
editione meis querelis a te expressa veritate veniam
petas, non sunt certe quae scripsi querelae sed testimonia
certa, quare non audeam haec tua jam suscipere impri-
menda. Atqui commendantur a sunmiis viris, expetantur,
efflagitantur. Respondeo : impressores sunt hic, alii sunt
Parisiisy plurimi paratissimi et aptissimi ; cuiïl illis agas,
vei prodeat aliquis qui, ut dixi, suis sumptibus mihi
mandet imprimi, parebo ilico et de meo nonnihil in
gratiam reipublicae Christianae sine uila lucri spe addam,
Utque hoc tibi sit liberum, ecce saccum tuum ad te
remitto cum omnibus illis quse, tum ab ipso doctissimo
et pientissimo rectore coUegii Societatis Jesu Parisiis,
tum abs te, accepi et gratias habeo.
I. Gilles Beys qui, depuis 1567, gérait la librairie plantinienne à
Paris et qui, le 7 octobre 1572, épousa Madeleine PiantiQ.
— 3o8 —
323. — Tlantin à François %ichardot,
A Monseigneur monsieur le R°® Évesque d'Arras.
Je remercie très humblement V. R°** S*' de ce qu'il
luy plaist avoir aggréable mon petit mais très affectionné
service, la suppliant d'ainsi vouloir continuer; ce que je
cognoistray, lorsqu'icelle m'employera en choses que je
puisse pour son service. Quant aux fautes advenues en
l'impression de ses sermons sur l'oraison Dominicale et
Missus \ soit par nous^ soit par l'exemplaire, s'il luy
plaist me les faire sçavoir, je les imprimeray très volon-
tiers en quelque feillet pour les concoudre aux livres
imprimés.
Et cependant, je prieray Dieu nous vouloir conserver
V. R. S** en bonne santé et heureuse prospérité.
D'Anvers, ce 21 mars 1572.
324. — Tlantin à Gilbert d'Ognies.
Au très noble et R"*" S'^ monsigneur l'Évesque de
Tournay.
J'ay receu 50 patars pour le paquet des Catéchismes
envoyés par cy-devant et, suivant l'ordonnance de V.
très noble et R. S., je luy envoyé le Gjmmune Sancto-
rum, déjà accompagné de ce qu'avons imprimé des An-
dphonaires jusques à la Trinité, pour avoir les deux
I. Six Sermons sur V explication de V oraison dominicale et aultres
quatre sur l'histoire de l'incarnation de nostre %idempteur Jésus-Christ,
insérée au premier Chap, de S^ Luc que Von dit communément VÈvangile
de Mbsus est : Tous faicti en la ville de Douay par O^essire Françoys
%ichardoty Évesque d'%Arras. Plantin, 1572, in-80.
— 309 — ,
exemplaires parfaicts de la partie Hyémale, et avec ce
deux Missals en parchemin, desquels celuy du plus
petit parchemin est de la première édition et vaudroit
quarante florins; l'autre est de la dernière (qui n'a rien
que des figures davantage) et cousteroit cinquante flo-
rins, le tout sans relier, asseurant V. R"* S** que je ne
pourrois maintenant trouver tel parchemin audict prix,
sans en rien compter l'impression ni autre travail et
menues despenses que convient faire beaucoup plus qu'au
papier. S'il est chose davantage que je puisse pour le
service de V.R"** S'*, me l'ordonnant, je m'y employeray
d'aussi bon cueur que je prie Nostre Seigneur Dieu la
nous maintenir en bonne santé et heureuse prospérité.
D'Anvers, ce 25 mars.
325. — TIantin à Henricpetri \
(Lettre de recommandation donnée^ par Planùn à Louis Ferez et
adressée à Henri Pétri.)
Henrico Pétri,
S. P. Q.ui has vel reddet vel tibi tradi curabit frater
est illius Marci Perezii ' qui apud vos nuper diem suum
obiit, vir cerie omnium bonorum virorum commenda-
tione dignissimus. Quare ego illum quanto possum ani-
mi aflcctum tibi commendatum esse avidissime pcrcupio
1. Henricpetri (Henri Pétri), fameux imprimeur de Bâle, né en
1508, mort en 1579, <^û-igea l'imprimerie fondée par son grand oncle
Jean Pétri et continuée par son père Adam. U avait étudié la méde-
cine et fut anobli par Charles V.
2. Marco Perez, d*origine espagnole, riche négociant à Anvers,
fut chef du consistoire des calvinistes et joua un rôle considérable
dans les troubles de la religion. Son frère Louis, également négociant
à Anvers, était en continuelle relation d'aâaires avec Plantin.
20
— 310 —
et rogo atque obsecro ut illum omnibus in rébus consi-
lio et re, si opus fuerit, juvare velis et, quicquid illî
feceris, mihi prorsus reipsa praestitum habebo, atque hac
mea schedula propria manu scripta ■ me tibi omnibus
modîs liberaliter satisfacturum polliceor et aflSrmo et
proinde iterum rogo ut, si is vir aliqua forte summa pecu-
niarum indiguerit, ut nuUo modo dubites illi credere et
statim, ubi vel verbo significaveris, ego bona fide curabo
tibi restitui cum gratia débita. Hac in re si, ut spero,
mihi gratificare dignatus fueris, tu me totum tibi et
tuis obligabis. Vale.
Antverpiae, 2 aprilis 1572.
326. — Plantin à Mathieu Galenus *.
(Plantin répète ce qu'il a déjà dît au doyen du collège théologique
de Douai et affirme qu'il b'a eu entre les mains que pendant une
demi-heure le livre d'Aruch, le temps de le montrer à Gui Lefèvre
et de Tenvelopper de nouveau. Ce dernier savant, ayant terminé son
ouvrage sur le Syro-Chaldéen et n'ayaat pas le temps de comparer
celui de Galenus avec le sien, ce voulut point le priver de son livre.
Il n'a jamais reçu de lettres de Galenus auxquelles il n'ait répondu
et n'a jamais rien appris de Vandevillius touchant cette affaire.)
Domino Matthaeo Galeno, etc.
Id quod pridem respondi et dixi Domino Decano
CoUegii theologici Academiae Duacensis idem nunc
confirmo et sancte juro verissimum esse, nempe me
I. Matthieu Galenus, né à Westcapelle en Zélande, étudia à Gand,
succéda à Guillaume Lindanus comme professeur à l'université d'In-
golstadt, devint plus tard prévôt de Douai et chancelier de l'univer-
sité de la même ville. Il écrivit plusieurs ouvrages de théologie et
mourut en 1573.
— 311 —
Aruch tuum nunquam diutius habuisse quam dum,prae-
sente nuntio qui sarcinulam attulerat, aperirem et nostro
Guidoni Fabricio ad hoc evocato ostenderem, quod
semihorulae spacio factum fuisse contenderim, atque illico
eadem papyro et chorda rursus involutum et ligatum
eidem nuntio qui attulerat reddidi et litteras nostras
etiam ex tempore scriptas addidi, quibus idipsum quod
jam hic dixi scribebam, causa addita, partim quod dictum
Dominum Guidonem Fabricium jam ad ânem perduxis-
sct suum opus Syrocaldaicum, partim quod, cum illi
tune non vacaret tuum cum suo conferre, noUemus tua
studia et pios conatus retardare, maxime cum significares
te non posse sine dispendio eo libro carere.Quare omni
prorsus culpa me carere sentio et testor, neque me
unquam litteras . abs te uUas récépissé quibus non
responderim memini. A D. Vandevillio ' vero de hac re
nuUas quod sciam unquam accepi.
I . Jean Vendevillius (Vandevillius, Vandewillius, Vande Wid ?)
naquit à Lille, le 24 juin 1327, étudia le droit à Paris et à Louvain
où il conquit le grade de docteur. Il Tut nommé successivement pro-
fesseur de droit à l'université de Douai, conseiller et maître de re-
quêtes au conseil privé du roi. Étant devenu veuf, il fut nommé
évêque de Tournai. Il écrivit plusieurs ouvrages de droit et mourut
à Tournai, le 15 octobre 1592.
— 312 —
327. — Plantin au cardinal de Granvelle.
26 apvril I 572.
Au très illustre et Révérendissîme S' Monseigneur le
Cardinal de Granvelle, Viceroy dç Napjes, etc.
Très illustre et R"^ Seigneur,
Cejourdhuy retourné de convoyer monsieur le Doc-
teur Benedictus Arias Montanus, qui, par ordonnance
de la majesté Catholique le Roy nostre maistre, à la
bonne heure, accompagné de monsieur Tarchidiacre Lié-
vin Torrentius,' s'en va à Rome, j'ay trouvé les lectres
de V. S* très illustre du XXIII du passé, avec le Bref
que, de sa grâcç singulière, il luy a pieu me faire pro-
curer et obtenir pour pouvoir imprimer les Heures de
Nostre Dame, selon la nouvelle correction et sans mes-
prendre contre la bulle de Sa S'*^ et que non seule-
ment il luy a pieu me faire ce bien, que le S^ Çayas
faisoit procurer de la part de Sa Majesté, que je les
peusse imprimer pour ks royaumes d'Espagne, mais
aussi par tout où la distribution s'en pourra faire. De
I. Laevinus Torrentius (Liévin Van der Beken), naquit à Gand,
le 8 mars 1525, étudia à Louvain et y prit le grade de licencié en
droit canon et civil. Il devint chanoine de S» Lambert de Liège, en-
suite archidiacre de Brabant, dans la même église, et enfin vicaire
général de Tévêque Gérard de Groesbeeck. Nommé évêqued* An vers,
en 1576, il ne put prendre possession de son siège qu'en 1587.
Désigné comme archevêque de Malines vers 1594, il mourut à
Bruxelles, le 26 avril 159$, avant d'avoir reçu ses bulles. Plantin im-
prima de lui : luevini Torrentii poemata, 1579; Suelonii Tranquilli
XII Cifsares^ 1578 ; Jean Moretus publia : Q. Horatius Flaccus cum
erudito Lavini Torrentii Commentario, 1608. Torrentius publia encore
chez Plantin, en 1580, les œuvres posthumes de Joannes Goropius
Becanus.
■ni
— 313 —
quoy, outre une infinité de bienfaicts que je recongnois
avoir receu d'icelle, tant s'en faut que je la peusse assés
remercier ou rendre grâces, que je confesse ne pouvoir
jamais m'en tenir, ni moy ni les miens, trop obligés à
icelle et par conséquent tenus d'obéir et de nous em-
ployer de cueur et de corps à l'exécution de tout ce
qu'il luy plaira commander par soy et par les siens,
comme aussi, à toutes occasions, je tascheray toute ma
vie de le déclarer et monstrer par effect. Lequel, si à la
fois ne respond à l'expectation de V. 111"® S'*, je la
supplie très humblement de se persuader que ce n'aura
esté par quelque faute de bonne volonté, affection et
désirs miens, mais de sçavoir et pouvoir.
328. — Tlantin à de GeneuilU.
A Monseigneur monsieur de Geneuelle, auditeur du
très illustre cardinal de Granvelle,vice-roy de Naples etc.
Monseigneur, L'affection* que j'ay de faire très humble
service à nostre bon Seigneur et maistre, monseigneur
le cardinal, me faict désirer d'entendre si la basle où
j'avois faict mectre les Missals et baillée en octobre aux
Hannoni pour la délivrer es mains de V. S. y sera par-
venue bien conditionnée, et les feilles aussi que j'ay
envoyées le 6 du passé à monseigneur le Vicaire général
de son Excellence très illustre, pour le parfournissement
desdicts Missels en papier et d'un en parchemin envoyés
à diverses fois par les postes, tandis que premièrement
les imprimions.
J'ay depuis faict (comme j'estime avoir par cy-devant
— 314 —
adverty V. S.) une seconde impression desdicts Missals",
en laquelle sont quasi toutes les figures propres selon
quelque histoire de chaicun Évangile et les dimenches
vacants d'après les Rois répétés au long après ceux de
la Pentecouste, dont j 'envoyé icy le cahier du canon,
auquel, par le consentement de Sa Saincteté impétré par
Sa Majesté, est adjouxté ce mpt : Et rege nostro N. et une
feille en laquelle j'ay, pour la commodité de ceux qui
disent les messes sans chanter, imprimé les préfaces et
communicantes sans notes et ung (à mon advis) beau
crucifix de taille douce, afin d'en faire ce que bon vous
semblera.
J'achèveray aussi, Dieu aidant, en bien peu de jours
une autre édition de la mesme forme et manière de
Missels, où le chant est selon la coustume des Espagnes
que je fay par l'ordonnance de Sa M** catholique. Des-
quelles impressions ou d'autre quelconque chose qui soit
en mon pouvoir, pensés que son Ex" très illustre print
à gré de voir ou faire voir à ses amis, je supplie V. S.
m'en advertir et aussi de faire mes excuses envers icelle
de ce que, jusques à présent, il ne m'a esté possible
d'imprimer les poèmes sacrés du S' Gambara ; car,
encores que, dès le cinquiesme jour du mois précédent,
incontinent les avoir reçu, je les eusse mis entre les
mains d'un des commissaires pour l'impression des
I. La première édition du Missel plantinien fut commencée le 26
janvier 15 71 et achevée le 24 juillet suivant; la seconde fut com-
mencée du 13 au 18 août 1571 et terminée le 24 mars 1572; la
troisième, destinée à l'Espagne, fut commencée du 18 au 24 novem-
bre 157 1 et terminée le i^r mai 1572; la quatrième, destinée au
même pays, fut commencée en mai 157e et achevée au mois d'août
suivant. (Voir Max Rooses, Christophe Phintin, imprimeur anversois,
page 162.)
— 3IS -
livres, qui me promîst de me les rendre le lendemain
soussignés, si est ce que, le jour mesmes, il partit de
ceste ville pour certaines siennes affaires et me convint
luy escrire, afin d'avoir Tauctorité de reprendre ledict
livre de sa maison, pour le bailler à autre qui m'en fict
milleure diligence. Ce que fist volontiers, selon sa cous-
tume et incrédible diligence de faire plaisir à ses amis,
monsieur le Docteur Benedictus Arias Montanus qui, le
mesme jour que je les luy baillay, les parlent et approuva.
Et depuis ont resté quelques jours à Brusselles entre les
mains du Secrétaire, de sorte qu'il est advenu que je ne
les ay sceu recevoir devant le partement dudict S*^ B.
Arias Montanus, lequel pour certaines^ causes j'ay dû
convoyer quelques journées et, à mon retour, ay trouvé
raporté de Brusselles lesdicts Poèmes que je vay faire
commencer et poursuivre. Dieu aidant, jusques à la fin,
pour envoyer, incontinent après, le nombre déclaré par
son Ex" très illustre, en la bonne grâce de laquelle si
vostre S** me faict la faveur de m'entcetenir, je me tien-
dray à jamais de plus en plus obligé à icelle et à prier
Dieu pour la bonne santé et heureuse prospérité d'icelle.
D'Anvers, ce 26 jour d'apvril 1572.
329. — Plantin à 3^ax Morillon,
A Monsigneur Monsieur Morillon, Vicaire Général du
très illustre Cardinal de Granvelle,vice-roy de Naples etc.
Monseigneur,
Estant présentement retourné de convoyer pour quel-
ques journées monseigneur le Docteur B. Arias Monta-
- 3'6-
nus, j'ay trouvé les lectres de mon très illustre S% avec
le Bref de Sa S** et icelles de V. R. S. du 22 du pré-
sent, suivant la teneur desquelles, puisque il plaist à V.
R. S. m'offrir ce redoublement de bénéfice de m'obtenir
Toctroy pour l'impression des Heures de Nostre Dame,
je luy renvoyé icy ledict Brief de Sa S****, avec le billet
y joinct, et feray, quant au datte de celles de mon très
illustre S., ce qu'il a pieu à V. R. S. de m'advertir.
Priant Dieu la nous maintenir en bonne santé et heu-
reuse prospérité.
D'Anvers, ce 26 avril 1572.
330. — Plantin à Michel de Malen '.
(L'ouvrage de Bullocus prend des proportions si considérables
qu'il ne pourra le terminer que dans un mois. Son gendre est revenu
de Francfort et a rapporté le catalogue des livres nouveaux. Dans
trois semaines, la Bible royale sera terminée; die se vendra 70 florins
non reliée.)
R**** in Christo patri ac Domino Domino Michaeli a Malo
Ninivitarum Abbati dignissimo.
Opus D. BuUoci *, paucis ut R. P. V. litteris respon-
1. Michel de Malen, abbé de Ninove. Il avait prêté 1600 florins à
Georges Bullocus, l'auteur de Œconomia methodica Concordantiarum
scriptura sacra, ouvrage imprimé par Plantin en 1572. Plantin était
resté garant de cette somme et, le 10 janvier 1573, l'auteur étant
mort, l'imprimeur s'engagea vis-à-vis de Michel de Malen de la lui
rembourser en trois paiements de six mois en six mois. Les paiements
se firent beaucoup plus lentement. A la mort de Plantin, 1554
florins étaient remboursés ; le reste fut acquitté par Jean Moretus.
(joirchives plant iniennes. XlXy 24.) ^
2. Œconomia methodica Concordantiarum scriptura sacra : atithore
Georgio BuIhcOy Plantin, 1572, grand in-folio. L'ouvrage fut terminé
— 317 —
deam, ita in dies excrevit ut, cum ante mensem credide-
rim" me absolvere potuisse, nunc videam nos vix ante
mensem etiam nunc posse perficere. Gêner meus Fran-
cofordia sanus, laus Deo, rediit atque hoc catalogo des-
criptos libros novos nobis advehi curavit. Biblia quoque
Regia nos, laus Deo, ad finem omnino intra 3 hebdo-
madas emittemus ; ea vero sestimatione Regia 70 florenis
venduntur incompacta. Si quid sit quod nomine R.P.
V. possumus, imperet illa, nos libenter parebimus atque
Deum opt. max. interei pVecabimur ut illum nobis diu
servet incolumem.
Antverpiac, 28 aprilis 1572.
331. — Vlantin à Mathieu Galenus.
(Le 29 avril, Plantin a reçu les lettres écrites par Galenus, le 19
du même mois, en même temps que des lettres et d'autres objets
destinés à Tévêque Lindanus. Il enverra ces derniers le plus tôt pos-
sible. Quant à TAruch, il est indigné de la perfidie du messager (qui
probablement n*avait plus donné de ses nouvelles) et témoignerait
volontiers en justice contre lui, s*il le connaissait. Mais comment
aurait-il songé à demander le nom d'un commissionnaire qui ne
faisait que venir reprendre ce qu'il avait apporté, et comment le re-
connaîtrait-il, après un si long délai, lui qui est occupé de tant de
choses diverses, quand le licencié en théologie qui a remis l'ouvrage
ne le reconnaîtrait plus. Si Galenus avait quelqu'envie d'intenter
une action en justice à Plantin, celui-ci aimerait mieux lui faire don
d'un ouvrage imprimé du même genre pour l'indemniser en partie.
le 30 avril 1572. L'auteur, un docteur en théologie de Cambridge, qui
avait dû quitter sa patrie, enseigna la théologie à l'abbaye de S^
Michel, à Anvers. Il dédia son livre à Michel de Malen qui, par un
prêt généreux, l'avait aidé à le publier. Cette dédicace est datée
du 8 juillet 1572; le 10 janvier suivant, l'auteur était mort.
. - 3i8 -
Si cela ne lui suffisait pas, il attendrait avec patience ce que Galenus
tenterait contre lui.)
D. Mattheo Galeno.
Litteras tuas, doctissime Galène, Duaci 13 Kalendas
maij scriptas, ego 3 Kalendas ejusdem accepi, atque
cum eis una eas quas ad R°"" D. Lîndanum destinabas,
quas per primum nuntium cum aliis nonnullis, quas ad
eumdem habeo, mittam. Ad Aruch tuum quod attinet,
doleo equidem jacturam et perfidiam nuntii cui tu vel
tuus commisit, prorsus detestor et, si eum nossem, pro-
derem libenter ut cum eo jure agi posset. Sed qui,
quasso, in menrem venisset nomen latoris interrogare
praster omnem consuetudinem, cum nihil illi prorsus
aliud comtnitteremus quam quod prius illi commissum
erat. lUius namque omnino est, pace eorum omnium
dixerim qui aliter putant, annotare nomen ejus cui quid
crédit, non autem ejus qui veluti recusando eidem
eodem tempore reddit quod illi creditum erat, et sic
perpetuo solemus. Quod si quid aliud quam quod attu-
lerat aut non eodem tempore reddidissemus, culpa nos
non carere fateremur, si illud a nobis praetermissum
aut neglectum fuisset. Quod si bonus ille S Th. Licen-
tiatus ob diuturnitatem temporis ait se non posse re-
minisci cuinam tradiderit, qui fieri posset ut nos tôt
tamque variis distracti negociis id possemus, cum ille
secundo aut ad summum tertio fortasse postea die attu-
lerit neque nos unquam ne eodem quidem tempore
honiinem cognoverimus. Satis etenin^ nobis fuit tum
eidem veiuti relinquere quod concrediium fuerat.
Quod si quis sit tibi auctor ut mecum jure agas, patiar
libçns niodo non summo vel captioso ut certe hac in
— 3ï9 —
re mihi videretur fieri, si ex confessione acceptî, sed
statim eidem nuntio cui vos commiseratis reddiii libri
actionem mecum intendere velles.
Qjiod si ex aequo et bono, ut decet, agere f élis, pa-
ratus ero liberaliter quodvis istiusniodi vel recentioris
seu auctioris impressionis^ ut fateor esse nostrum ad
Bibliorum Regiorum exemplar, liberaliter mittere ;
alioqui componam me ad patientiae scuto exçipienda
tela quse frustra in nos ejaculabuntur. Vale.
Pridie Kal. maii 1572.
332. — Tlantin à Gilbert d'Ognies.
A Monsieur de Tournay.
Très noble et R"^ S,
J'envoye à V. R"* S. la partie de l'Antiphonaire de
Tempore depuis la Trinité jusques aux Advents, afin
qu'icelle voye le volume que le tout peut faire. Quant
à la partie de Sanctis, elle sera, avec la grâce de Dieu,
parachevée huict jours devant la pentecouste et contien-
dra encores quinze tels cahiers que sont les quatre que
je luy envoyé icy, commenceants à la Vigile de S* Jehan.
QjLiant à mectre tiltres aux conunencements dudict An-
tiphonaire, je n'en ay encores rien conclud et peut bien
ainsi deraourer ; aussi ^seray je prest d'y en faire ung
tel qu'on me pourra advertir estre propre '.
I. Plantin imprima les Antiphonaires sans frontispice ni titre.
Nous avons rencontré des exemplaires eh cet état. Plus tard, il y
mit un frontispice et se servit à cet effet du bois gravé pour le Pscd-
terium de 1571, dans lequel il fit tailler une ouverture carrée pour y
imprimer une partie du titre.
— 320 —
Or d'autant que, par les lectres de V. R"" S*« du 20
mars, icelle m'ordonnoit de faire lier lesdicts Antipho-
naires en deux temps, l'un commenceant aux Advents
jusques 4 la Trinité et l'autre de la Trinité aux Advents,
et que par les siennes ensuivantes, escrites le 29 dudict
mois, icelle spécifie que lesdicts temps se séparent des
Advents à Pasques et desdictes Pasques aux Advents et
que ceste division dernière n'accorderoit pas si bien
avec le Proprium de Sanctis, duquel aussi ni du Com-
mune, elle ne faict mention en nulle de sesdictes
lectres, je n'ay sceu bonnement comment m'y gouver-
ner. Et me semble bien d'attendre à luy en respondre
que j'eusse achevé les parties de Tempore et voir com-
bien pour certain contiendroyt la dernière partie de
Sanctis, ce que je fay maintenant, suppliant V. R. S.
qu'il luy plaise me faire advertir particulièrement du
tout. Car, aucuns Sig" d'autres Esglises m'ont ordonné
de lier le Commune Sanctorum avec le Psalterium et
le Proprium de Tempore et de Sanctis des Advents
jusques à la Trinité et de la Trinité jusques aux Advents
en ung autre volume.
Autres m'ont ordonné de faire lier toutes les parties
du Proprium de Sanctis avec le Commune en ung vo-
lume et toutes les parties de Tempore en ung autre.
Et incontinent estre adverty, je ne faudray à faire
toute diligence pour la relieure desdicts livres et de les
envoyer pour son service au temps que commodément
il Juy plaira ordonner.
* 1*
f